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MERCURE
A PARIS,
M.DCCX.
.4vec Privilege du Roy.
;.MERCURE;
GALANT.
par le Sieur Du F**..
-
Mois
de Novembre
171o.
iLe prix est 30. sols reliéen veau, &J
• 25. sols, brochez.
A PARIS,
,,'Chez DANIEL JOLLET, au Livre
-."-:Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë
du Foin, du côté de la ruë
SaintJacques,
MERCURE
GALANT.
EPITRE
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
ACADEMIE
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées. EXTRAIT
de la dissertationsurl'utilitédelasoye
des Araignées,
par Mr Bon,
AssociéHonorairede
la Société Royale des
Sciences , & Premier
President ensurvivance
de la Cour des Comptes
deMontpellier.
On fera surpris d'apprendre
que les Araignées
font une soye aussi belle,
aussi forte, & aussi luArec
que la soyc ordinaire. La
prévention ou l'on est contre
un Insecte aussi commun
que meprisé
,
est cause que
le Publica ignoré jusqu'icy
toute l'utilité qu'on pouvoir
en tirer ; & comment l'auroit-
il feulement soupçonné.
Celle de la foye si
considerable, a demeuré inconnuë
& négligée longtemps
après sa découverte.
Ce fut dans l'Isle de Cos que
Pamphilia,fille dePlatis,trouVa
la première l'invention delamertreenoeuvre;cette
;. découverte fut bientost
connuë chez les Romains.
On leur aporta de la soye
du Pays des Seres, où les vers
qui la font croissent naturellement.
Bienloin de profiter
d'une nouveauté si utile
ils ne purent jamais se persuader
queces vers produisissent
des filsaussi beaux &:
aussi pretieux, &tirerent sur
cela mille conjectures chimériques.
Leur ignorance
jointe à ieurparede, rendit
pend ant plusieurs siecles la
foye d'une rareté & d'une
chereté siextraordinaire,
qu'on la vendoit au poids
de l'or. Vopiscus assure que
l'Empereur Aurelicn refusa
par cette raison à l'Imperatrice
sa femme, un habit
de soye qu'elle lui demandoit
avec beaucoup
d'empressement. Cette rareté
dura fort longtemps,
& nous devons la maniere
d'élever les vers à soye à
desMoines qui en aporterent
des oeufs en Grecc fous le
Regne de rEmpcreurJufUnien.
Nous l'apprenons de
Godefroy dans ses Notes
sur laLoy premièreauCode
Livre quatriéme. Quoe res
venire nonpossunt, &la Loy
Emptori 37.d'Uipien paragraphe
premier au 21. Livre
du Dlgdle, assure que le
prix de la foye estoit égal
àcelui des Perles.
La France n'aprofité que
bien tard de cette découverte
, puisqu'HenryII,
porta aux Noces de sa fille
&desa soeur, les premiers
bas de soye qu'on eut veu
dans le Royaume. C'est à
ses soins & à ceux de ses
Successeurs que nous devons
l'ecabtinement des Manufactures
de Tours & de
Lyon, qui ont rendu les
Etoffes de foye si com- munes.&c
Ensuite Mr Bon fait observerque
lesmoindres découvertes
avoient souvent
donné lieu à des établissements
considerables
, par
exemple, dit-il. -
L'ingenieusefable d'Arachné,
ne fait elle pas bien
voirque cestaux Araignées
àqui l'on doit les premie- rsidées d'ourdir les toiles,
-& de tendre des Filets aux
animauxiaiiiifl'utilitéconftante
que j'assure qu'on en
peut tirer, les fera sans doute
regarder dans la suite
f comme les Vers à foye &
j
les Abeilles, qui sont de
tous les Insectes les plus necessaires
& les plus admirables
dans leurs ouvrages.
Mr Bon fait ensuite plusieursObservations
sur les
différentes efpcces d'Arai-
- gnées,& dit qu'on lesdistingue
par lenombre&par
l'arangement de leurs yeux,
t les unes en ayant [IX, lesautres
huit,les autres dix,
rangez differemment sur le
sommetde la teste;&qu'on
voit ces yeux sans aucun secours;
mais beaucoupmieux
avec celui de la Loupe.
En parlant desMamellons
de ces Insectes,ilfait obferver
une Mechanique fort
singuliere dont lesAraignées
se serventlorsqu'elles veulentpasser
d'un lieu à un aurre.
Elles se pendent perpendiculairement
à un fil; tournant
ensuite la teste du côté
du vent, elles en lancent
plusieurs de leurs-Anus., qui
partent comme destraits,
& si par hazard le vent qui
les allonge les cole contre
quelque corps solide ,ce
quelles sentent par. la resistance
qu'elles trouvent en
les tirant de temps en temps
avee leurs pattes,elles se fervent
decette espece de pont
pour alleràl'endroit où ces
fils se trouvent attachez ;
mais si ces fils ne rencontrent
rien à quoy ils puissent
se prendre, ellescontinuent
toûjours à les cacher jusqu'àce
que leur grande Ion..
gueur ,& la force avec U*
quelle le ventles pousse &
les agite, furmonrant l'équilibrede
leurscorps,elles
se sentent fortement tirer.
Alors rompant le premier
fil qui les tenoit suspendues,
elles se laissent emporter au
gré du vent, & voltigent
sur le dos,les pattesétendues;
c'est de ces - deux; manieres
qu'elles traversent les chemins
,
les rues & les plus
grandes Rivieres, &c.
Il s'étend en suite sur la ,
qualité des soyes & sur la
maniere de les fabriquer; il
conclud
conclud que les Araignées
fournissent beaucoup plus
queles Vers à foye;marque
-toutes les experiences qu'il
afaites,tant pourleurnourriture
, que pour l'oecono-
- - mic du fruit qu'on en pour-
, ra tirer.
- Ilajointàcela l'execution;
il aenvoyé des mitaines
& des basà l'Academie
- Royale des Sciences qui les
vit avec plaisir. Comme elle
cherche d'abord dans les
nouvelles découvertes cc
qui peut contribuer à l'utilité
publique, elle chargea
Mr de Reaumur de taire les
Observations làdessus,non
pas sur la possibilité de l'etablissement
;MrBon J'avoit
démontré d'une maniere
aussi certaine quecurieuse
; mais pour examiner si
les frais des Manufactures
n'emporteroient pas le profit
qu'on en tiretoiten un
mot pour compenser & pefer
en touteschoses si l'on
devoit préferer lesAraignées
aux Vers à soye.
Mr de Reaumur,après avoir
donné à Mr Bon tous
les éloges que les vrais Sçavantssedevroient
toûjours
donner les uns aux autres,
continua le discours donc
je vais vous donner un Extrait.
EXTRAIT
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-

ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
MAKIAGES.
Mr le MarquisdePoyane,
a épousé l'une des fillcs
de Mr Martin Fermier general.
Elles sont quatre
soeurs ;
l'aînéeaépouséMr
de Bouville Intendantà
Alençon; la seconde
,
Mr
Chauvelin Intendant à
Tours, la troisiéme,Mr de
Bethune. MrleMarquis de
Poyane,est delaMaison
de Bailens, fils, petit fils,
-
êc arriere petit fils de Chevaliers
du Saint Efprir. Sa
mereestoit fille du Comte
de Pordeac Bassabat.
Il yaeuunBassabat Mousquetaire
du Roy,vers l'année1681.
qui estoit d'une
force prodigieuse & sur
tout du poignet ; voicy
quelques unes des experiences
qu'ilfit de ses forces.
Un jour un malheureux
Breteur & filou
l'ayantinsulté , & luy
disant qu'ils serencontreroientl'épée
à la main Mr deBassabat d'une,
bravoure éprouvée,&ne
voulant pas se commettre
avec un tel maraut,
luy dit d'un grand sens
froid, je feray ravy d'avoir
l'honneur de vous
rencontrer;maisj'espere
que vous m'attaquerez,
car je luis observateur
regulier des ordres du
Roy. L'autre,faisant le
fierabras
, & jurant le
nom de DIeu, luy dit ,
-
oüy je vous attaqueray
avant qu'il soit peu. Vous
me le promettez,luy dit
froidement Mr deBassabat
; luy presentant la
main ,touchez donc là,
l'autre mit la main dans
la sienne, & celuy -cy
la luy serra si fort, qu'il
luy cassa le bras en deux:
l'autre quifaisant des cris
effroyables Mr deBassabat
luy dit froidement;
vous me ferez avertir
quand vous ferez ça
estat de manier l'épée.
Une autrefois Mr de
Bassabar, pour se réjoüir,
entra chezunMaréchal,
comme pour faire ferrer
son cheval, & regardant
unfernouvellement forgé,
luy dit:Il me paroist
que ton fer est bien aigre;
c'est le meilleur fer du
monde,reprit le Maréchal
; luy de Ctng froid,
prit le fer avec les deux
mains & le cassaen deux
comme s'il eut elle de
verre. Ce Maréchal crut
qu'il estoit forcier parce
quedans le moment,illuy
avoit entendu dire tout
bas quelques paroles. Mr
de Bassabat ensuite luy
dit de luy forger un fer
pour son cheval; le Maréchal
obéït en tremblant,
& dans l'un de
ces intervales où ce Marrcécchaal
. aapprreéss aaVvOoIirrfroorrggeé:
son fer sur l'enclume se
retourne pour le porte
au feu avec sa pince, Mr
deBassabat enleva ôcmit
fous son manteau l'enclume-&
le patin, c'est-àdire
ce qu'àpeine quatre
hommesauroient pû
remuer. Le Maréchal
se retourne avec precipitation
pour battre le
fer pendant qui estoit
chaud. Imaginez vous
la surprise ne trouvant
plus son enclume & le
sens froid de Mr de
Bassabat qui la tenant
sousson manteau cachée,
luy disoit qu'undémon
l'estoit venu enlever par
la cheminée qu'il l'avoit
vû vû de ses propresyeux,
ce fut pour le coup que
le Maréchal le crut forcier.
Mr de Bassabat l'instruisit
par pitié des paroles
qu'il faloit prononcer
en mettant la teste
dans la cheminéepour
rappeller le diable & son
enclume. Et remitadroitement
l'enclume à sa
place pendant que le
Maréchal faisoit [0111
évocation.
,1 Claude François Formier,
Seigneur de Montagny Conseiller , au Parlement épousa le30. Octobre,N.,.
- de Bar fille de N. de Bar,
Secretaire du Roy.
Mr le Comte de VaiJIac"
filsde Gourdon deGenoülllac
,
Comte de Vaillac
, a
épouseuneniéce de feu Mr
de Saint Gelais, Maréchal
de Camp tué à Valcourt ;
lamere dela nouvelle épouteJ
estoit laRoche-soucaulr.
MORTS.
LaPrincesse Charlote Felicité
deBrunswik Hanover,
mourut le 26Septembre;elle
fut mariée le 18. Novembre
J69). avec Renault d'Est
Duc de Modene.Elleestoit
soeur aînée de Guillemine
Amelie deBrunswikHanover,
à présent Imperatrice;
niéce de Madame la Princesse,
& cousine germaine
de Madame.
Elle estoit fille de Madame
dame la Duchesse Doüairiere
d'Hanover, soeur de
Madame la Princesse,& de
Madame la Prince sse de
Salms, qui avoient toutes
trois pour Mere,Madame la
PrincessePalatine.
Jean d'Aligre Commandeur
de Malthe
, mourut
le 13.Octobre âgé de 27.
ans. Ilestoit fils d'Estienne
d'Aligre,Chancelier de
France, dont le pere estoit
aussi Chancelier de France.
iîiorc dune pleuresie.
Il estoit de la même race
quefeu Mr IcCoplte de
Modene qui a écrit t~oi.
re de feu Mr le Duc de Guise
surla Révolution de Naples.
Catherine Alfoncine de
Renty
,
Epouse de Claude
Comte de Choiseul, Maréchal
de France,& Chevalier
des Ordres du Roy, mourut
le 17.Octobre en sa Terre
de la Rouë, âgée de 74.ans.
Marie Françoise de Soülllac,
épouse de Jean George
de Nupces,President à Mortier
au Parlement de Toulouse,
cft morte dans un â,.
ge assez peu avancé. Elle
estoit fille de feu Mr le
Marquis de ChaihHon.Chef
de laBranche de Soüillac du
Bourg, Lieutenant General
des Armées du Roy & dela
Province de Roussillon
, &
Gouverneur de Perpignan,
Elle estoit loeur de François
Louis Jean-Baptiste de Souillac,
Marquis deChastillon,
Colonel d'un Regiment de
Pragons,
Madame de Ravetot cO:
morte à son Chateau de
Bas,auPays de Caux. Elle
avoit épousé Mr de Ravetoc,
d'une des premieres &
plus anciennes Maisons du
Pays de Caux.
- Sa mere estoie soeur de
feu Monsieur leMaréchal de
Grammont. Madame de
Ravetot estoit fille de Mr le
Marquis de Perchuis.
JMIQR. iO - BENEFICES.
Le Roy a donné l'Abbaye
de Flaran,à Mr l'Abbé
de Monchan,
Celle du Palais, à Mr
l'Abbé de la Deveze. Il y a
un Bourg nommé Palais,
sîtué à quatre lieuës de la
Ville de Nantes,& renommé
pour avoir donné la
inelance au fameux Pierre
Abélard, Précepteur &ensuite
Mary de la Belle Heloïse,
niéce de Fulbert)Cha..
noine de Nostre-Dame.
CelledeNifors,del'OrdredeCisteaux,
àMrl'Abbé
Ollé. Cette Abbaye
appellée autrementBénissons
Dieu.cil dans le Diocese de
Comminges,& elle fut sondée
en iil3.
Celle d'Aroüaise.au Pred'Ambrine.
Il y a un Bourg
de ce nom ,
situé entre Bapaume&
Perone.
Celle de Landeve - , ou
Landevenech
, au Pere de
Vau.Elleestdel'Ordre deS.
Benoist, & dans le Diocese,
de Quimpercorentin.
POESIES.
-'
Je n'ay pas voulu placer
ces Bouts rimez cy dans le
Mercure du mois paflféy
parce qu'il y en avoir déja
trop, & que je placeray
toûjours les Ouvragesdes
autres préferablement aux
miens,
PETITE EGLOGUE
sur des Bouts-rimez.
J'ay prés de cent Brebis,
Lise rien a que trente
Jen'ay que dix Agneaux
&Lise ena quarente
Elletesuit, Amour,son
Troupeau c'estle tien
Je te meprise moy , tu negligele
mien
Cacomptons mes Adoptoncs;
jeinn'enqvois que uante
Amour, voilà testours.
ah!Liseenasoixante
Quoi donc de mes Troup-
eauxveux tugrossirle sien
MesMoutonsamoureux
se vontréduireà rien
Mais reprenonsles miens
elle en a bien septante
Cherchons,comptons. O
Dieux!fen voisplus de 0 nonante Ilnem'en refle plus
, tu
m'ostes tout mon bien
Amour prens doncencor
le Bergeretle Chien.
MADRIGAL
de feuMrLainais.
LetendreAppellesoeujour
de ces jeuxsivaxtez*
Qu'Athenessurses bords
consacroità Neptune,
Fit au sortir de l'Onde
éclatercent beautez,,
Etprenant un trait de
chacune
Ilfit desa Venus le Portrait
Immortel.
Helas! s'ilavoit veula
divine Martel
Il n'en auroit employé
qu'une.
LA J O Y E
à Madame B.
Parmi les Dieux que te-
Fable revere
2/1onp-ortrait nese trou-
V"Pas
LaJoye cJff njïvt& si
legere
Sj£auxpinceauxlesplus
promptséchapentses
appas.
Cependant mon pouvoir
n'estpoint imaginaire
CesDieuxsicelebrezsont
tous aneantis,
Je leur ay survecu. Ce
temps cy m'est contraire
Ilmojîc des amis, ilme
changeilm'altere
> Meshommagessont ralentis,
A toute autre qu'a vous
Climene
Il faudroit décl,inermon
nom,
Maisvous meremetrez,
sanspeine;
Je vous quittesipeu,même
avec la raisons
Vous m'avez mise en
liaison
,
Chezlesfillesjesuisgênée,
Laseinte,l'airconcerté,
M'y tient en captivité
PourlePays à,Hjmenêe>
L'aj-je jamais habité ?
Ce n'est qu'un lieu de
passage,
Hymen lespremiersjours
mefera bon visage
Et , nous en restonslà. Vive
l'heureux veuvage,
Des plaisirs leseul appanage,
usyledela liberté,
Precieux avantage,
Dontles Dieuxsontexclus
par l'Immortalité.
furons nous donc , vewve
aimable>
Une alliancedurable
Aunom des ris, desjeux,
tant dansans,quechantans,
Ceux dujour
, de la nuit,
ceux du bal
,
de la
table.
Car j'en tiens prés de
rvous un cortege in -
nombrable,
Vous en a-vez, pour tous
les temps, Je garderay la porte~&
veilleray sans cesse
9 Pour empêcher l'ennuy
d'entrer,
Sousquelqueforme qu'il
parojffe
, De Prudes du quartier,
cherchantacensurer,
De compteurs de tristes
nouvelles ,
Gens en deuilpour tout
l'Univers,
Ou d'Auteursempressez
de reciter leurs Vers
Ou de ces vieilles Damoiselles
Quitrouventsigrossier le
siecle d'aujourd'huy;
Sous ces masques divers
nous connoiflronsl'en»
nU),
NOUJ leferons bien fuir.
UAmour, l'Amour
lui-même,
J'ilprenoitunairserieux,
Un ton languissant &
blême,
Un ton trop imperieux,
A vostreavis le traiterions
nous mieux?
A propos de joye,il faut
encore en dire un mot.
ARTICLE
Burlefque»
Le sçavant Hipocrates
a dit,dit-on,car-ce n'est
que par oüi-dire que je
sçai ce qu'Hipocrates a
dit, suposez donc qu'Hipocrates
ait dit qu'on
doit une fois le mois s'enyvrer
pour la santédu
corps; un sage Philosophe
ne pourroit-il point
dire aussi, que pour la
santé de l'esprit il faut
extravaguer une fois par
mois. Non,l'on ne doit
jamais perdre la raison de
vue; maisonpeutlalaisfer
reposer. Elle a besoin
derepos, & chez les Sa--
ges sur tout; plus l'on cft
fage
,
plus la raison travaille,
plus elle fatigue.
Je crois que rien n'est
meilleur pour procurer
du repos à la raison que
le Burlesque,car elle ne
se mesle point de cette
façon de penser.Tâchons
donc de rire un peu pendant
que la raison repose;
mais rions innocemment
, la se peut. Il y
a des plaisanteries qui ne
blessent point les moeurs
quoi qu'elles blessent le
bon sens. Je voudrois
bien en pouvoir écrire
de celles-là
, car j'en ay
promis un Chapitre tous
les mois; mais contentez
vous d'une chanson
dans ce genre là, car je
n'ay eu que huitjours de
temps pour remplir ma
tâche.




CHANSON
Burlesque & Morale.
BURLESQUE.
Tarelutureluturelure
lure
Voila ma Chanson dans
un RepaJt
Trop d'esprit en mangéantfaittort
à
nature.
Un profond raisonneur
ne digerepas.
MORALE.
Un Scavantparsa ture
lure
Sur des mots regle la raison
-
Mais tout ce qu'on en
peut conclure,
Ture lure, cest ma chanfort.
BURLESQUE.
En tapinois quand les
nuitsfont brunes,
Au JArdin ma femme vasansmoy;
Maissansdoute elley va
pourcüeillirdesprunes2,
Elle-memele dit, ~& moy
je lacroy.
MORALE.
Q!crédulité'desirable,
Ceux qui te blâmentsont
lessots;
Croyons jusquesà l'incroyable,
Qui nous procure durepos.
BURLESQUE.
Faisonstant, tant,tant
detope~&tingtte,
Que Bacchus augmente
monTresor,
Quandj'ay bii,mon oeil
trouble àpeine distingue
Si messols, mes deniers
sont de suivre ou d'or.
MORALE.
Que ce trouble heureux
puisseencore
Mecacher le Monde &'
son train;
Ilfaut qu'unsage Ivrogneignore
Tout le mal quefaisson
prochain.
BURLESQUE.
Au Tric- tracpetit coup
desespere;
Parlesgrands coups nous
nousenfilons,
J'ay le Dé malheureux
toutcoup m'estcontraire;
J'ay le Vinplus heureux,
tous coups mesont bons.
MORALE.
Pournous recréer, ditle
Sage,
Unissons lesJeux & les
Ris,
Les jeux unis avec la
rage
Sont pourtant nos jeux
favoris.
BURLESQUE.
Tictocchocestbon à coup*
de verre,
si. coups de mousquet il
n'estpasfain;
Ce Guerrierestmort brave
, on le meten terre;
Ce Buveurestmortyvre; ilboirademain.
MORALE.
Lucifer, d'afreufr memoire
Dans nos , coeurs grava
de sa main
,
Que les humains mettroient
leur gloire
A détruirelegenre humain.
BURLESQUE.
Plusje bois & plus ma
femme, cric;
Mais fins elle crie ~&
pluslebois:
Trop crier ~& trop boire
abrege la vie:
Faisons tant qu'elle ou
moysoyons aux abois.
MORALE.
peux époux, dit un
grandOracle,
Tout-à-coup deviendront
heureux
Quanddeux épouxpar
unmiracle
pourront devenir veufs
tous deux.
AUTRES
BOUTS RIMEZ
Du Mercure précèdelit,
remplispar Mr
d?Aub***
Jeteplaisois Iris À<vingtcinq
ans,à trente
Tu m'as souffert encor
mêmejusqua quarente
Pour'quelques ans de plus
quel caprice estle tien
Tu reprends donc ton
coeur & tu me rends
le mieil:
jetesçaisquarenteans,
je rien ayquecinquante.
Tu devrais bienm'aimer
du moins jujquà
Soixante
L'âge passe, dit-tu, l'on
veutjouirdu sien
Dequoi Ioâtras-tu., ta
beautévient à rien
Faisons mieux> par raison
,
prévenons les
septante
Soyonssimples Amis ; on
peut l'estre à nonante
Une amitiésolide à tout
âge ejiun bien
cOIG?:s avjjiconfiants
re/un Aveugle~&son
chien
LETTRE
de Florence.
A Florence ,ce 4. Octobre
1710.
Le premier de ce mois Mf
le Comte de Ger,) Lanquet,
Envoyé Extraordinaire de Sa
Adajefié Très- Chrestienne en
ceU: Cour, fit son Entrée PUblique
,(!ifut vers les 4. heures
à l'Audience du Grand Duc
qui le reçoit avec toutes les
marques d'estime acnés àson
caractere ~& à son mérité. Il
estoit parti l'après -midy d'une
maison de plaisance qu'il apriseà
deux mille de Florenc-e,e
se reiék au Palais du Marquis
Nicola Ridolfi
,
qu'il a
choisi pour sa demeure dans
cette Vilie.Issut receu à la
descentedesa chaise
, par ce
Marquis accompagnéepar une
partie deses parens,~& ensuite
conduit dans sonappartement,
où ilfut régalé d'une tres-belle
Musique,suivie de quantité.
de rafraichissements.
Mrle Comte de Gervymonta
ensuite dans son premier carosse
,
accompagné du Bailly
Lorencey
,
chargé par intérim
det affaires du Rey, çy Gentilhomme
de la Chambre ditPrince
François Marie. Ce premier
carosse passe pour un des plus
beaux qu'on aitvû depuis Ion!;
temps dans aucune Cour d'Italie.
Dans lesecond qui ne cedoit
presque en rien au premier
efloÚnt Mrs de Riancourt ~&
Maillet, le premier Consul à
Livouine; & lesecond, cydevant
Consul en Egipte. Les
troisième ~& quatrièmecarosses
estoientremplisd'OfficiersFrançois
~& EspAgnOL.\ ~& de ceux
dela Maison de cet Envoyé.
L'onpeutassurerquejamais
Ministren'a paru dans cette eour-avec plusd'éclat ~& de
magnificence que celui-ci.
Mrle Comte de Gergy qui
tJ1 Gentilhomme ordinaire de
la Chambre de Sa Afajejlé est
firty d'une ancienne famille
de Bourgogne3 dont le nom est
Langunt; ce qui est departiculier,
est qu'un de ces ancêtresnommé
Hubert Languet.
Ministre d'Auguste
,
Electeur
de Saxe, ayantestéenvoyépar
ce Prince dans plusieurs Cours
del'Europe, ~crprincipalement
en France pendant le Réégné de
la Reine Catherine de Medicis
; il eut en 1570. sa premiere
Audience de cette Princessè
,àpareiljour que celui-cy
l'a euë de Cosme de Medicis à
present Grand Duc.
Mr le Comte de Gergy Il
ejiéprécédemment envoyéen du
vepfis Cours d'Allemagne,
en dernier lieu vers Mr le
Duc de Mantouë.
LIVRES NOUVEAUX.
Il paroist un Livre intitulé
Histoire du Dauphiné, ouse
trouve l'Histoiredes
Dauphins,&plusieurs faits
Historiques; diverses particularitez
sur les usages
duDruphiné & sur les
familles,tirez des Originaux
, avec les Généalogies
des plusillustres Maisons de
ce Pays-là, & une Carte
Géographique;orné de figures.
Par Mr de Valbonnay
,
premier Presidenc dela
Chambre des Comptes'
de Grenoble.
1. Ce Livre estin folio,&se
vend à Paris, chez Imbertde
Bats, ruë S. Jacques, à limage
S. Benoilt ; le prix est de
15 livres relié en veau.
Il paroistaussi depuis peu
un Livre intitulé, Paragrrase
sur leLivre de l'Ecclesiastique,
par MonsieurMénard Prieur
d'Aubort.
Pour donner quelque idée
de ce Livre
,
je vais ra pporter
icy quelques endroits de
la Préfacé.
L'Ecclesiastique a esté déclaré
Livre canonique del'EcritureSainte.
Le troisiéme
Concile de Carthage, dans
le Canon 41. le decret d'Eugene
IV. dans l'instruction
donnée aux Arméniens à
Florence aussi toit aprés; le
le Concile où se fit J'union
des Grecs
, reçu de toute
l'Eglise unanimement; le
Concile de Trente dans la
quatrième Session
, en onc
fait par leur décision un Article
de Foy, &c. 1
On ne doute point maintenant
que Jesus
,
fils de
Sirach, n'en foit l'Auteur,&
que ce ne foit celuy qui
estoie petit fils ouarrière
petit fils de Jesus ou de Josue
souverainPontifedesJuifs,j quirevint delacaptivitédeI
Babylone avec Zorobabel. 1
Quelques uns ont voulu
¡]ire que ce Jesus estoit un
des septante- deux Interpretés
que Ptolomée philadelphe
Roy d'Egypte fit venir
de Jerusalem à Alexandrie
pour traduire en Grec la
Bible Hebraïque) & en faire
un des plus beaux ornemens
de cette fameuse Bibliote-
,que, qui félon Aulugelle
estoie composée de sept
cents mille Volumes ; du
moins il est feur qu'il vivoic
en ce temps là.) & que son
nom se trouve parmi ceux
de cesillustres Traducteurs,
Quoi qu'il en loïc il composa
ce Livre en Hébreu,
-
qui estoitsa langue naturelle.
S. Jerôme assure,dans
laPréface du Livre des Proverbes
de Salomon, qu'il en
a veu un exemplaire; mais
cet exemplairene se trouve
plus, & nous l'avons seulement
en grec& en latin,&c.
Quoi que le stile de ce Livre
loit dur, les sujetsqui
y font traitez
,
font d'une
utilité merveilleuse ; cest
une Morale complette; on
y apprend tous les principes
de la veritablesagesse,
tous les devoirs de la Religion
j & tous ceux de la
vie civile; tout ce qu'on
doit à Dieu; tout çe qu'on
doit à son prochain; tout
ce qu'on se doit à foy même.
La pratique de toutes les
vertus depuis les plus grandes
jusqu'aux plus petites,
depuis celles qui nous portent
à Dieu & qui contribuent
à nofirc salut, jusqu'à
celles qui ne font que
purement politiques ou
ceconomiqucs.
- On y voit par tout des
i Sentences qui renferment.
en peu de mots tour ce qu'il
y a de plus essentiel dans la
Doctrine des moeurs ; des
exhortations qui pressent le
LeaeurJ qui le touchent &
qui le persuadent;des exemples
qui l'animent, ou qui
le confondent
,
& de ces
vrais éloges qui font les récompcnfcs
de la vertu ,
&
qui le persuadent. &c.
Comme cet Auteur ne
se contente pas de donner
les preceptes de sagesse à
1 ceux qu'it instruit
,
& qu'il
veut encore leur fournir des
exemples pour leur faire fuivre
par une sainte émulation
les règles qu'il leur prefcrir;
il en tired'excellens de l'Ecriture
sainteil leur propose
les plus grands hommes du
Peuple de Dieu pour modèles
,
& en lesleur proposant
il en sait le Panegyrique avec
tant d'éloqence, que jamais
ces Patriarches & ces
Prophetes si renommez dans
l'ancienne Loy, ne furent
louez plus magnifiquement-,
ni plus véritablementqu'ils
le sont icy. Ce sont des
Porrraits en grand, mais ce
sonc des Portraits fidcles ;
leurs vertus y sont mises
dans tout leur jour;
leur Religion y en:rcprcsensée
avec tour l'éclat de
leur zele; leur courage avec
tout la fermetéde leur coeur;
leur magnificence avec tout
ce quelle avoit de plus pompeux
& de plus riche; & leur
qualitcz héroïques avec toutes
les circonstances qui peuvent
relever la beauté de
leurs grandes avions. Il y
ramene ces fameux conducteurs
du Peuple de Dieu,
ces illustres deffenseurs d'ïsraël
, ces grands Sacrificateurs
du Seigneur. Ilyfait
- voitles grâces que ces grands
Hommes&ceserandsSaints
ontrcceus du Ciel. &c.
Voicy quelques unes des
Maximes dont cc Livre est
rempli.
Le caractère de la vraie
charité c'est d'cfûe vive &,,
prevenante; mais quoi
qu'elle doiveestre prompte
ellene doit pas êtreaveuglée;
il ne faut pas qu'elle se condusse
seulement par les lumières
de la foy ; mais encore
par celles de la rai son; il
faut qu'elle pese, qu'elle
consulte
,
qu'elle examine
ordinairement ce qu'ellefait,
de peur de favoriser le crime
au préjudice de l'innocence.
Le faux ami est plus vif
que *le verita ble
, car l'intcrest
qu'il a de tromper l'anime
plus que la simpleai-nitié
n'anime ordinairemenr.
Humiliez-vous, mais ne
ne vousavilissez pas; l'humilité
prudente & moderée
, nous éleve en nous
abaissantjmais celui qui s'abaisseplus
bas qu'il ne doit,
s'attire du mépris & le mérité.
Ne cachez point par
cet excèsd'humilité les talens
que vous avez receus ;
quand on peut estre urileaux
autres, il ne faut pas par
paresse se persuader qu'on
n'estbonàrien.
Si quelque grand Seigneurvousconvie
à sa table
, ne soyez nitrop libre.,
ni trop retenu; trop de liberté
marque peu de refpeét,
mais trop de retenue
marque peude confiance. Un
juste milieu vous fera aimer
des Grands; c'est à dire de
ceux qui ont l'ame grande
& le don du discernement.
Le mensonge est le premier
de tous les desordres
& le plus grand de tous les
maux,puisqu'il est opposé
directement a la venté) qui
eu le souverain bien.
Celui quiments'anéantir
,,.- carrien ne subsiste que par la
verité; & qui détruir la vérité
, se détruit soi-même
puisque l'homme n'existe y en
Dieu qu'autant qu'il est
vray ;c'està-dire qu'autant
qu'il aime laverité.
>
Ce Livre est in OCIAVO, 3C
se vend a Paris, chez Daniel
Jollet, au bout du Pont S.
Michel, du costé du Marché
neuf
, au Livre Royal
le prix estde 3. liv. 10. foisy
I.c:liécn veau.
PROCEZ
D'UNE PETITE FILLE
reclamée par deuxmeres.
Ce Procez sepoursuit
presentement à
Lyon ; mais je prendray
l'histoire de plus
loin, car on vient de
m'envoyer des Mémoires
secrets sur l'origine
de cette Avanture.
Ce sont les amours
d'un jeune Lyonnois
& d'une jeune Lyon.,-
noise. Je tairay le nom
de ces deux Amants;
l'histoire est pourtant
publique. Tout Lyon
les connoist
, toute la
Ville les nomme;je ne
les nommeray point ,
je veux estre plus difcret
qu'uneVille entiere.
Leurs noms de
1 galanterie
-
seront , si
vous voulez, Cleonte
& Angelique; & sans
rien changer au fond
de l'Avanture
,
je déguiseray
feulement les
noms, & les qualitez
des principauxActeurs.
Angelique & Cleonte
se rencontrerent par
hazard dans uneAssemblée.
Angelique fille
sage & modeste regarda
tant Cleonte dés la
premiere fois ,-que dés
la seconde ellen'osoit
plus le regarder; mais
C leonte moinstimide
fixasi tendrement ses
yeux sur elle qu'il en
devint passionnement
amoureux.
,-. SiAngeliqueestbrune
ou blonde,si Cleonte
a beaucoup d'esprit
: ous'ilenapeu je n'en
sçay rien. On ne m'a
pas fait le détail de
leurs perfections; mais
j'ay sçuqu'ilss'entr'aimerent
comme s'ils
eussentesté parfaits.
Cleonte trouva un
jour l'occasion de parleren
particulier à Angélique;
d'abord'illuy
fitune déclaration d'amour
à la françoise, &
sans s'amuserà luy apprendre
qu'il l'aimoit,
il commença par luy
jurer qu'il l'aimeroit
toute savie; mais Angelique
le conjura de
ne la point aimer,parce
que des raisons defamille
l'empescheroient
de pouvoir jamais estre
àluy.
Que je fuis malheureux
! s'écria Cleonte,
un Pere avare que j'ay
m'empeschera aussi
d'estre à vous. Ils se
conterent l'un à autre
toutes les raisons de samille
qui s'oppoloienç
à leurunion, & là dessus
ils resolurenttresprudemment
de ne se
plus voir. Angélique
s'en alloit, mais par un
excez de prudence elle
revint sur ses pas pour
défendre à Cleonte de
penjferjamais à elle,,
Ouy ,dit-elle
, pour
vostre repos je vous defends
de maimer. Que
vous estes cruelle! s'é.
cria Cleonte, de soup-.
çonner feulement que
je puisse vous obéir !
ah ! me défendre de
vous aimer c'est me
prouver que vous ne
m'aimez P"ueres.Enfui.
te il se plaignit de [on
malheur en des termes
si tendres, si passionnez
qu'Angelique en soupira,
& luy dit en
voulant fuir
,
he bien
Cleonte aimez moy
donc; mais jevous deffends
de me voir jamais.
Cleonte l'arreste,
se jette à ses genoux, se
desespere;vousaimer
sans vous voir , vous
voulez donc que je
meure. Helas! luy répond-
elle, (croyant
déja le voir mourant)
helas voyez-moy donc;
mais ne me parlez plus
de vostreamour.Autre
dcfefpoir : autres menaces
de mourir.He
bien (dit Angelique
toute troublée ) vous
me parlerez donc; mais
que personne n'en sçacherien
;car si j'y con*
sens,c'est dans fefpe*
rance qu'il arrivera
quelque changement
dans nos affaires.Il en
arrivera sans doute, reprit
Cleonte ; mon amour
m'enassure.~urf
Ils se quitterent dans
l'esperance de pouvoir
obtenir par leurs soins leconsentement de
leurs parents, &C se virent
plusieurs fois pour
se rendre compte des
facilitez qu'ils se fia-,
toient d'avoir trouvées.
Cependant les
obstacles estoient tousjours
lesmesmes; ilsne
diminuoient qu'à leurs
yeux; mais ils se 1es
diminuoient l'unà l'autreàmesure
que Ie.de-!
sir. de les surmonter
augmentent dans tous
les deux. En un mot
leur amour les aveugla
si fort qu'en peu de
jourstoutesles difficultez
di sparurent. Ils se
persuaderent fermement
que rien ne pouvoit
plus s'opposer à
leur Mariage, & qu'ils
n'avoientcontreeux
qu'un peu de temps à»
attendre. Ils remirent
donc lesformalitezà
ce temps- là;mais dés ce
mesme jour la foy de
Mariage fut donnéereciproquement.
UnAnneau
fut mis au doigt
de l'Epouse, & tous
deux convaincus que
lafoy mutuelle& l'anneau
nuptial suffisoient,
tous deux enfin
dans l'aveuglement &
dans la bonne foy s'imaginerent
estrsassez
mariez pour pouvoir
s'assurer qu'ilsl'estoient..
Le Pere de Cieonte
estoit pour lorsà Paris.
SonconsentementcC*
toit necessaire, & nos
Epouxestoient convenus
que c'estoit par la,
qu'il falloitcommencer.
AinsiCieonteresolut
de partir au plustost.
Les adieux furent:
plus tendres que tristes,
parce que Cleorite
estoit seur, disoit-il,
de rapporter le con fen^
tement de son pere. Il
ne quittoit Angélique
que pour aller saffurer
le bonheur de passer avec
elle le reste de la
vie. Il part enfin, 84
laisse Angelique fort
triste de son dépare,
mais tres - persuadée
que le mariage se confirmeroit
à ion retour.
Quelques semaines
secoulerent: Angéliqueentrela
tristesse &
l'esperance n'estoit pas
tant à plaindre qu'elle
le fut dans lafuite. Les
reflexions commencèrentà
la troubler:elle
envisage sa faute, elle
en a honte; maiselle
se flate quecette honte
seratousjours Ignoree, ,
ne sedoutant point jusques-

ques-là quelle portoit
dans son sein une preuve
qu'on ne peut tenir
cachée qu'env iron huit
ou neuf mois. Elle ne
connoissoitencore quune
partie du mal qu'-
elleaveit fait: ainsielle
n'en estoit qu'à demi
repentante. Ses regrets
estoient moderez par
un souvenir agréable ;
les regrets sinceres ne
luy vinrentqu'avec les
maux de coeur. ;
Imaginez-vous ses
allarmes & sa douleur;
joignez à cela l'absence
de san Amant : elle
n'en recevoit aucunes
nouvelles; elle se crut
oubliée, trahie, abandonnée.
A quis'en
plaindre? à qui se con- «
sier dans une situation
si cruelle?elle ne trouve
de sou lagement que
dans ses larmes. Laifsons-
la pleurer à loisir
pendantque nous parlerons
des autres personnes
qui ont part à
cette avanture.
Une femme debien,
avoit épousédepuis
quelques années un
bon Bourgeois fortcurieux
d'avoir lignée
,
& fort mal intentionné
pour ses heritiers
collateraux. Cette femme
que je nommeray
Donmene ,va fraire icy
un personnage tout Opt
posé à celuy d'Angelique,
Dorimene avoit le
malheur d'estre sterile,
& c'est ce qui la de[c!:
peroit, car cette sterilité
la faisoit presque,
haïr de son Mary. Le
bon. Bourgeois qui se
preparoit pour lors à
faire un long voyage,
estoit au desespoir de
partir sans sestre assuré
un ,
héritier. Un soir
qu'il rentroit chez luy
triste & rêveur, sa sens"
me qui avoit médité
tout le jour la maniéré
dont ellele recevroit,
attend le momentqu'il
rentre dans sachambre,
court, à luy comme
une femme transportée
de joye
y
se jette à son
col encriant d'unevoix
entrecoupée
,
bonne
nouvelle mon cherMary
! bonne nouve lle !
j'ay tant de joye que je
ne puis parler. Quelle
joye?dit le Mary,de
quoy s'agit-il?Elle, au
lieu de repondre
, recule
quelques pas comme
une femme qui
chancelle, & se laiflc
tomber sur un fauteüil
, en feignant de sévanouir.
Le bon homme
allarmé s'empresse à la
fairerevei-iirellerevient
un peu, le regain
de tendrement, & luy
dit d'une voix soible
ah mon cher maryî
voicy la troisiéme fois
que je m'évanouisdepuis
ce matin
,
& ce
font ces cvanoiiilïcments
qui j-ont ma
joye. Elle recommence
à lembrasser:nouvelle
joye; nouveaux transports.
Estes-vousfolle?
dit leMary Je vous le
repete répliquala femme
, ce sont ces éva- nouiflèments,& ces
maux decoeurqui me
charment, car ils confirment
les doutes que
j'aydepuis quelque
temps. Oïïy mon cher
Mary,jecroisqu'enfin
je suis en estat de vous
donner un gcag9e v0ivant de ma tendresseconjugale.
Ah Ciel! s'écrie
le
le bon Bourgeois3quoy
vous feriez enceinte ?
-cfc-ilpossible?Ellejure
qu'ellele croie. Il
-cmbra& à on tour cetle
qu'ilcroit fécondé;
il est plus charmé qu'-
elle ne seignait de l'estre.
Ce n'e st plus entr'eux
que"mnfports,
que larmes de joye
feintes & veritables.
En un mot depuis ce
moment jusqu'à son
dépare elle joua cette
alternative de joye Se
d'évanoüissement. Et
il partit convaincu qu'-
il trouveroit à Ion retour
Je fils aisné de plusieurs
autresqu'elle luy
promit en iuy disant
adieu.
Dés que leMary fut
parti, Dorimene ne
s'occupa plus que du
foin de paroistre grosse
aux yeux de ses voisiÎIGS
)
& de terminer
cette grossesse comme
si elle eust esté veritable.
Pourcela-ilfalloit
un Enfant d'emprunt;
il falloit confier son
dessein à quelqu'un qui
pust l'aider. Elle fut
trouve£r uneJSage-fem- me qui avoit été autrefois
sa Servante, femme
habile, inventive,
une intriguante enfin,
qui s'appelloit Nerine.
Aprésavoir promis
- une grosse recompense
à cette Nerine
,
Dorimene
luy dit en deux
mots que son dessein
estoit dedonner un fils
à son Mary.
Nerine pleine de ze- lecommenceà luy faire
l'éloge du plus dis-
* cret de tous les jeunes
Lyonnois qu'elle connoissoit.
Dorimenel'interrompt
avec coleré.
Estes-vous folle? ne
po. ,,>
me., connoissez * pas?Jevous - vous pas? Je vous ccoonnnnooiiss
de reste, dit Nerine ;
mais pour faire plaisir à
son Mary,une honneste
femme ne pourroitelle
pas Taisezvous
Nerine. Mais
comment faire donc
Madame ? Comment
faire? reprit Dorimen-
e, je vais vous expliquer
mon dessein,
Dorimene & Nerine
eurent ensemble une
conversation fort
longue. Pour conclure
en deux mots ,
qu'il
fcilloit chercher dansla
Villequelque femme
ou fillequi craignift autant
de paroistreMere
que Dorimene souhaitoit
de lcHre,afin qu'-
elle voulust bien luy
cederson droit de male
ternité.
rendant que nostre
intriguante va cher- ,
cher cet enfant de hazard
chez les plus jolies
personnes de la
Ville,quoyquecela se
trouve aussi chez les
plus laides, Dorimene
commence à joüer toutes
les affectations &
les grimaces d'une premiere
grossesse. Propose-
t-on à Dorimene
une Promenade , elle
l'accepteroit, dit-elle ;
mais la difficulté c'est
la voiture. Le Carosse
la blesserois ; la Chaise
à Porteurs luy souleve
lecoeur; elleapeuren
Batteau ; à pied on fait
des faux pas, le plus
leurest de rester chez
elle; mais elle craint
d'y donner à joüer. Les
grimaces & les contorfions
des Joüeurs luy
sont horreur;elle ne
veut voir que des femmes
gracieuses &C de
beaux hommes. Point
de Spectacles, surtout
I ni Comed ies niOperai,
elle accoucheroit d'un
Neptune ou d'un Arlel.
quin. Elle se reduit
donc au plaisir de la
bonne chere ; elle s'y
dédommagé en se jettant
sur les plus friands
morceaux. Elle les arrache
à ses voisins de
Table: tout permis,
dit-elle,c'est une envie
de femme grosse ; elle
veut mangerde tout ce
qu'elle voit, & dire
tout ce qui luy vient
en pensée,jusqu'à des
médisances, de crainte
que son Enfantn'en
foit marqué.
Parmy toutes ces
feintes, elle n'oublie
pas la principale; il
sautfigurerpar laceinture.
Elle applique
fous un large Corcet
un Coussinet de satinbien
matclasséferriblable
à ceux dont les femmes
maigresse font des
hanches majestueuses.
Dorimene s'en garnit,
& prend foin d'augmenterdemoisenmois
cette grossesse de cotton.
En un mot ,
elle
joüe son rolle si naturellement
que les plus
sins y sont trompez.,
Retournons à la pauvre
Angélique qu_i- prend a*utant de peine,<,
àcacher les défauts de
1 la taille, que celle-cy.
etnipreendnpounr gaester.la
Angélique estoit ro.
peu prés sur son septicme
mois lorsqu'elle sucj
contrainte par une mere
imperieuses qu'elle^
avoit dalleravecelle,
misiter une voisine,&
cette voisine effoit
stement Dorimene.
Cette Mere dd''AAnnggecil'il--
que estoit scrupuleuse
sur Je cérémonial des
visites. Elle '- en devoit
,
une à Dorimene;elle
veut absolument que
[1. fille l'accompagne
dans ce devoir indis-
I pensable. Angelique obéït,&
les voilà chez
I Dorimeneoù plusieurs
autres voisines scitoientassemblées.
;:;.
Angelique souffre 8c
gémit de se voir emprisonnée
dans un habit
serieux ; son corps
la ferre cruellement
quoyqu'il foit lassé
.bien lasche.Ellesetient
droite & se guinde en
hauteur pour tenir
gmoines deuplaceren.lar- Dorimene au coiw
traire estale la grossesse
avec ostentation, bien
à son aise, sans ceinture,
sa Robbe ouverte
à deux battans , appuyant
nonchalemment
ses deux bras
croisez sur l'honorable
fardeau dont chacun
la selicite. Quel crevercoeur
pour Angelique!
quel contraste ! Helas!
dit-elleenellemesme,
que cette femme effc
.t.Jcureu!e de pouvoir
ainsi fairegloire de ce
qui fera ma honte
,
si
l'on s'en apperçoit.
La Sage-femme eCtoit
pour lors dans la
chambre de Dorimene
qui affeotoit de la tenir
prés d'elle depeurd'accident.
Dés qu'Angeliqueavoit
paru cette
rusée avoit remarque
sa taille renforcée &
contrainte
,
sa démarche
che pesante&embarxaffée;
il n'en falloitpas
davantage pour donner
des soupçons à une
connoisseuse. Elle observe
de plus unvisage
affligé & maigri dont
les traitss'a longent. -
Angélique s'apperçoit
qu'on l'examine;elle
est troublée
,
il n'enfaut
pas davantage
pour mettre Nerineau
fait. Cette intriguante
s'approche de Dorimene,
& luydit à l'oreille
: voilà une fille qui
a bien la mine d'avoir
de trop de ce qui
vous manque.
Angeliqua la voyant
parler bas ne douta
plus du jugement
qu'on faisoit d'elle, 8c
pour surcroist de malheur
quelqu'un s'avisa
de dire à Dorimene
qu'elle cfkoit en de boa*
nes mains davoir Nerine
pour Sage-femme.
Au mot de Sage - femme
Angelique paslit
comme un Criminel
qui voit son Juge. La
Mere crut quelle se
trouvoit mal. Nerine
officieuse courut la secourir
par avance, &
c'est ce qui acheva de
lu troubler. Dés que la
Sage-femme a mis la
main sur elle se croit à
terme; lapeurlasaisit;
- elle tombe en foiblesse.
Onla porte sur un lit}-
dans une chambre voisineoù
fous prétexte de
la laisser rcpofcr
,
sa
Mere& lesautres femmes
qui avoientaidé à
la faire revenir de sa
foiblesse, la laisserent
feuleavec Nerine.
Ce fut là le premici:
moment de bonheur
pour Angéliquedepuis
le départde sonAmant,
car Nerine, aprés toutes
les façons que vous
pouvez vous imaginer,
luy fit tout avoüer,
devint sa Confidente ,
& luy promit de la ri.
rer d'affaire sans que sa
Mere mesme puft s'en
appercevoir. En effet,
depuis ce jour-là Ntri,
ne & Angélique prirent
secretement des
mesures.Angélique avoit
une Tante qu'elle
aimoitfort;elle resolut
de luy confier son secret.
Cette Tante avoit
une Maison de Campagne
fort prés de la
Ville. Àinsï quand Nerine
jugea qu'il estoit
temps, la Tante obtint
de la Mere que sa filfe"
iroit passer quelques
jours avec elle à la campagne.
-
Ce fut là qu'Angelique,
parle lecours de
Nerine, se debarassa de
ce qui pouvoit nuire a
sa réputation. Elle retourna
bientost aprés à
la Ville où elle parut
plusbelle, plus fraische,
& plus fille que
jamais.
--
Voicy où comment
cele sujet du Procez.
LaTante& laNièce,
à la sollicitation de Ne- Il-le, conv inrent qu-):-
elle se chargeroit de
l'Enfant qu'elle pro-
~,
mitparunBilletdereprefencerroutes
les fois
que l'amour maternel
d'Angelique la presseroit
de voir en secret
cette petite fille, car
c'eneftoitune, 6L qui
ressembloit parfaitement
à saMere.
Nerine part avec la
petite fille, & court
d'abord chez Dorimene
nequi n'attendoit que
l'heure d'accoucher de
l'Enfant d'Angelique.
Elle s'estoit mise depuis
quelques jours au
lit, oùplusieurs voisiries
la venoient voir.
Les témoins luy efc
toient necessaires afin
qu'on ne pust dans la
fuite luy chicaner la
proprieté de l'Enfant
qui alloit paroistre. Il
falloit donc que ces
voilines vissent & ne
vissent pas; c'e st ce qui
l'embarassoit; car elles
estoient trop curieuses
& trop empressées à la
secourir. Ilestoitdifficile
d'éluder leurs curiositez
ind iscretes.
D'un autre côté Nerineestoitarrivée
avec
l'Enfant parune petite
ruë destournée oùdonnoit
un Jardin de la
maison.Ellegagnapar
un degré dérobe une
Garderobeoù ellelaissa
l'Enfant. Cette Garderobe
donnoit dans la
ruelle du lit de Dorimene
; Nerine entra
seule dans la chambre a donnalesignal.Ausc?
si-tost Dorimene pria
lesvoisines delalaisser
reposer.Elless'éloignèrenttoutesjusqu'à
l'autre
bout de la chambre
,
& bien ditDorimene
impatiente, a
-
quoy en sommes nous.
Tout va bien répond
tout bas Nerine;nous
avons tiré d'affaire nostre
pauvre fille enceinte,
& je vais vous faire
acoucher de l'Enfant
de cette fille-là.
Pendant qu'elles parloient
bas de la maniere
dont elles alloient
joüerdes gobelets l'Enfant
quis'ennuyoitseul
dans la Garderobese
mità crier comme un
Enfant déjà né; lesvoisines
entendirent ces
cris, prématurez
,
6c
tout estoit perdu si Dorimene
n'eu a eu la prefence
d'esprit de couvrir
les cris de l'Enfant
par les siens.Nerine
crioitaussi
, courage,
Madame, courage, &
cela fit un chorus pareil
à celuy que firent
jadis les Corybantespour
cacher àSaturne
les cris du jeuneJupi- ter.
Dans ce moment
Nerine escamota siadroitement
l'Enfant,
que l'ayant glissé sur le
bord du lit, elle l'en
tira comme s'ilfustvenu
de plus loin,& le fit
voir à ces connoisseuses
qui s'estoient avancées.
Elles admirerent sa
beauté, le trouvant
pourtant un peu trop
fort pour sonâge. Nerine
leur figne que la
malade avoit un grand
mal de teste.Elles sortirent
doucement sur
la pointe du pied en
attendant le Baptesme
qui se fit le lendemain
soletnnel lement.
Voila un Enfant
bienvrayemblablement
establidans lafamille
deDorimene.Il y
fut élevépendantquel:
que temps sans qu'Angelique
sceutque c'efroit
le sien. On ne m'a
point dit comment eJ-*
Je en fut in struite;mais
faites attention icy à
ia circonstance la plus
eftonnante de toute
l'histoire. Vous avez
veu la timide Angelique
cacher en tremblant
les fuites de son
mariagesecret, &C on
la voit à present reclamer
publiquement le
témoin de sa faute. Ellenecraint
plus de publier
sa honte: cechangement
neparoist pas
vraysemblable ; c'est
cependant un fait public
, dC qui, comme
j'ay dit, fait à present à
Lion lesujet d'un
grandProcez. L'Avocat
dit que l'amour, matemelseul
la déterminéeàfaireuntel
éclat;
maiselle a eu des raisons
particulières que
je ne puis encore reveler
au public, quand le
Procez sera jugé
,
il
me fera permis dedire
ce que je sçai de ce dé..
nouement,quinerouleencoreà
Lyon, que
sur ladéclaration de la
Sâge- femme.
ACADEMIE
*RoyaledesMédailles1
1G*3Inscriptïons. 1 j LeVendredy
14.
Meilleurs de l'Académie
Royale des Médaijles
& Inscriptions
tinrent leurAssemblée
publique à l'ordinaire
dans la Semaine de la
S. Martin.
Mrl'AbbédeBoissy
ouvrit l'Assemblée pas,
la lectureciun Discours
sur les Expiations.
Mr l'Abbé Couture
en lut ensuite un sur
le Souper des Romains.
EtMrl'AbbéSimod
en lut un sur les Présa-
* ges.
Extrait du Discours de
MrfabbdeBoe
Mrl'AbbédeBoissy
marque dans le commencement
de ionL)acours,
l'importance Sç
l'ancienneté des expiationSjfic
prouve que les
plusanciens Autheurs
delaTheologie Payenne
, ont reconnu cette
Providence divinc,qui
recompense le bien ôC
punit le mal
, & que
dans tous les temps on
avait cru les expiations
ducrime, une Loy indispensable
de cette
Providence. Il montré
l'abus que les Payens
faisoient de cette Loy,
en immolant des Victimes
humaines
,
Sacrifices
cruels, dit-il
dans lesquels on offinçoit
la nature , en voulant révérer
les Dieux, &c.
Ensuite aprèsavoir
expose cette vérité consiante,
qu'avant la Loy
deMoïse, levrayDieu
avoit establi les Sacrisices.
Ilfait voir l'abus
que la superstition en
a fait par degrez.
Voicy ce qu'il rapporte
d'Hellode sur la
punition des crimes &
la necessité des Expiations.
Hefîodedit-il, dans sa.
Theogonie raconte que la
Nuit enfanta les cruelles
Parques Clotho
,
Lachesis,
& Atropos
,
fatales dispensatrices
du bien & du mal,
dont la severité s'attachant
à poursuivre le crime, le
punit également dans le*
hommes&dans les Dieux,
& dont la colere ne s'aplpeassse
qu'après avoir f appé
criminels.Il ajousteque
la Nuit eut encore pour
fille
,
Nemesis
,
Déesse si
redoutable aux malheureux
mortels que les Grecs
ont aussi connuë fous les
noms de Rhamnusienne
d'Adrastée
,
& que les Romains
qui ne luy avoient
point donné de nom propre
en leur Langue, n'ont
pas laissé de reverer dans
le
le Capitole,suivant le témoignage
de Pline. Plutarque
qui luy donne pour
auteurs de sa naissance, Jupiter
& la Niceffité, nous
la reprefenreplacée dans
un lien fort élevé d'où elle
ordonna des chastiments
pour tous les crimes. Point
de Scélératquela force ou
l'adresse puisse soustraire à
sa poursuite. Trois autres
Déesses luy fervent de Ministres,
& sont employées
à l'execution de ses ordres;
l'une prompte& legere appellée
Panée, s'attache aux
coupables qu.i des cettevie
sont condamnez à des peines
corporelles; elle est
moins cruelle que les autrès,
& laisse mesme passer
des fautes legeres, qui semùbleroient
demander quelque
sorte d'expiation.Ceux
dont les mauvaises habitudes
sont plus difficiles à
corriger
,
tombent après
leur mort entre les mains
de Dicée, la seconde de ces
Divinitez vengeresses.. A
l'égard des Criminels les
plus endurcis,aprés avoir
estérepoussezparDicée
ils sont livrez à la fureur
d'Erenys, plus implacable
que le s deux autres. Elle
les poursuit sans relasche,
& après les avoir fait longtemps
errer dans la douleur
& dans l'affliction les précipice
dans un abysme affreux,
&c.
lu
M. l'Abbéde Boiflfy
tire de cette allegorie,
& de plusieurs autres
partages aussi anciens
,
cette vérité crue dans
tous les temps, que les
Dieux punisoient les
crimes, & qu'ils se laissoient
fléchir par les
Expiations.
Ilobservedeplus queles
Philosophes
,
& sur tout
les Pythagoriciens, se proposoient
dans l'expiation
une fin beaucoup plus noble
& plus élevée.
Leur Purification celebre
dans l'Antiquité, fous
le nom de kadaroysavoient
quelque rapport à ce que
nosMystiques appellent la
vie Purgative.Ellesestoient
,;J,iO:inguées en différents
degrez par le moyen dei:
quelsils prétendoient l'amedegagée que de toutes
les soüil eures qu'elle avoir
contractée par sonunion.
avec la Matiereestoit restablie
dans toute la pureté
de sa premiereorigine *,
de
forte qu'après sa separation
d'avec le corps, elle parvenoit
enfin à estre déïfiée,
C'est ainsi que s'exprime
un decesPhilosophes dans
les Vers dorez attribuez
communement à Pythagoj:
e.'
1
Et quand ton Ame separée
de ton Corps
,
fera;
parvenuë dans la région
de l'air le plus pur , tu de'::
viendras un immortel,incorruptible.
Mais ce n'est
pas icy le lieud'examiner
cette opinion que nous reservons
à développer dans
la suite,&c. ., 1 , M.l'AbbédeBoissy
paffe de là à un détail
tres curieux, des differents
termes que les
Grecs & les Romains
appliquoient aux Sacrifices
expiatoires.
-15?: Kjia^c m;Î
'!lcIl remarque ensuite que le
surnom de Fehruata chez
lesSabins,&chez les Romains
celuy de Februlis,
parce que tous les ans dans
la Feste des Lupercales; on
faisoit l'expiation de la
Ville de Rome, par cette
raison ce jour se nommoit
Februatus. C'est delà au
rapport de Varron & de
Festus que le mois de Fé.,
vrier a tiré son nom d'au.
tant que cette ceremonie
se pratiquoit pendant ce
mois;PlineLiv. 15.ch.19.
fait mention deVenus Cluà.-
cirra del'ancien motcliïereJ
purifier.
Cetteexactitude à specifier
les noms des Dieux
passoit pour un point tellement
important dan s la
TheologiePayenne, qu'on
la poulloit jusqu'au scrupule,
& qu'on croyo t n'y
pouvoirmanquer sans encourir
leur indignation.
C'est ce qu'on peur voir
danslePhilebus de Platon.
Un des Personnnges d ce
Dialogue avoit avancéque
la
la Déesseque l'on appelloit
communement Venus, pouvoitestre nommée plus
proprement & plus veritablement
la Volupté: Ma
crainte est excessive
,
répond
Socrate,lorsqu'il s'agit de
donner des noms aux Dieux,
4,'infipuifquil a plû à cette |.Deesse dese faire appeller
Venus,je parlerayd'ellesous le
nom qu'elle aime le mieux.
Les Anciensapprehen-
1- doient tellement d'omettre
ce nom favori de chaque
1
Divinité qu'ils chargeoient
leurs invocations de tous
ceux dont ils pouvoient
s'aviser, c'est ce qu'on peut
aisément remarquer dans
la pluspart des Hymnes
anciennes qui ne sont le
;
plussouvent qu'un tissu de
<,
surnoms & d'épithetes.
Ainsi Carulle aprés avoir
invoque Diane de différentes
maniérés; Soye% revérée
j luydit-il
y
soustel
nom qu'il vous plaira de prendre.
Ainsi dans le Poëme
seculaire d'Horace, ce Poete
s'adresse à la mesme
Déesseen ces termes : FavorableHithyie,
OHLncine>
soitque vous choififlie'{ ce nom,
soit que vous luy préferiez
celuy de Déesse qui préside
aux Nôces.
Quelquefois au lieu de
demander aux Dieux quel
nom leur estoit le plusagreable
, on se contentoit
de mettre au pluriel un de
ceux qu'ils portoient, comme
pour embrasser par là
toute la Divinité
,
8c ne
rien oublier de ses attributs.
C'est en ce sens que
l'oracle des Sybilles a dit:
Aprésles Parques ilfautappaiser
les Hithyies par des SA*
crifices comme il est convenable.
EnfuiteM.l'Abbéde
Boissy donne aprés les
anciens,au terme d'Expiation>
une ligniifcation
plus étenduë,&
dit:
Qu'ils se servoient des
mots expiare & lustrare,
nonfeulementpar rapport
auxcrimes5mais encore a
l'égard de tout ce guils regardoient
comme la fuite
.ou l'effet de ces mesmes
crimes. Ainsi, expier ne
signisioit souvent autre
chose que faire certains
actes de Religion dans la
vûë d'éloigner quelques
malheurs soit qu'on les ressentit
actuellement
,
soit
que l'on en fust seulement
menace par des prodiges
ou par d'autres ifgnes, &c, •#•••*t -
Ce n'estoient passeulement
lesparticuliers qui
avoient besoin d'expiation,
des Villes toutes entieres
se croyoient obligées d'y
avoir recours. La pluspart
d'entr'elles avoient un jour
fixe pour cette Ceremonie
que l'on renouvelloit couY
les ans. Elle se faisoit à
Rome le 5 de Février. Le
Sacrifice se nommoit Amburbale
ou Amburbium, se-
Ion Servius
, & les Victimes
que l'on yemployoit
dmburbiales,au rapport de
Festus.
On la celebroit à Athenes
le 6. du mois Thargelion,
qui répondoit à celuy
d'Avril. C'est Diogene
laërce qui nous en assure
dans la vie de Socrate. •
Chez les Romains , aprés
le dénombrement des
Citoyens, qui fut institué
par Servius Tullius, il y
avoit une Expiation [0-.
lemnelle pour tout le peuple
, & parce qu'elle se faisoit
tous les cinq ans, ctefi:,
du mot lustrare
,
expier ,
que cet espace de temps a
pris le nom de Luflmra.
Dans les Jeux Seculaires, *
qui comme l'on sçait se
celebroient tous les 110.
ans ,
la pompe commençoit
tousjours parune Expiation
généra le, & les
Prestres distribuoient tout
ce qui estoitnecessaire pour
la pratiquer. ~r '1,
Mais avec ces Festes déterminées
a certains jours
fixes, on ordonnoit en certaines
occasions des Expiations
extraordinaires.Ainhy
selon le témoignage de
Denis d'Halicarnasse
,
la
Ville de Romefut purifiée
aprés que les Tarquins en
eurent esté chassez. Selon
Je mesme Autheur
,
elle le
fut encore neu fans aprés
au sujet du meurtre d'un
grand nombre deCitoyens,
qui avoient esté tuez en
voulant restablir les mesmes
Tarquins
,
& quoyqu'unejustenecessité
l'eust
fait commettre, le Senat
arresta neanmoins que tout
le Peuple ferait, expié d'autant , que sans cette précaution
il ne leur eust pas
esté permis d'approcher
des Autels, & de faire les
Sacrifices ordinaires.rr-
Ce n'estoitpas seule
ment sur les Villes entieres
que tomboient les Expiations.
Elles s'exerçoient encore
sur certains particuliers
qu'on jugeoit devoir
estrepurifiez. Lorsqu'on
pratiquoitces Ceremonies
à l'égard des Carrefours
,
on les nommoit Compitalia, &c.•»•• Les Atheniens purisioient
aussi les Theatres &
les lieux où se tenoient les
A*ssemb•lées p•ubliq•ues. Chez les Romains clou.,
ze personnes nomniéesr-,ra.
tres Arvales,purisioient la
Campagne aunloÍs de
May, & les Expiationsqui
netomboientque sur les
perionnes estoient ou publiques
ou particulieres.
Les Expiations du premier
genre (ont celles dont
on usoit dans les Armées.
On les expioit ordinairement
avant £c après le
combat. Lapremiere de cesExpiations
se faisoit pour prevenir
les malheurs que le sort
des armes pouvoit faire
apprehender;l'autre estoit
destinée pour se purifier dixcarnage
qu'on avoit fait
dans l'action,& pour appaiser
les Manes de ceux
qui y avoient esté tuez, &
toutes les deux estoient appelléesArmilustrium.
Quand aux Purifications
particulieres,elles estoient
d'un ressort beaucoup plus
estendu,puisqu'il n'y avoit
ni Nôces ni Funerailles qui
n'y fussentégalementassujetties.
Mais la superstition
des Anciens nes'arrestoit
pas à ces actions communes.
Elle multiplioit tellementàleursyeuxles
objets
de frayeur,qu'ils'imaginoientvVoOiIrr
à tous 1m11o0--,
mentsla Nature soulevée
se declarer contre eux, &
les Elements irritez se déchaisner
pour declarer la
guerre au genre humainde
la part des Dieux. Un Orage
imprévu
,
la chute de la
Foudre, le debordement
des Rivieres nesefaisoient
pas craind re seulement
pour les dommages réels
cjiuls causoient ; ils passoient
pour autant de presages
de malheurs encore
plus redoutables
Theophraste en faisant le
Portrait d'unSuperstitieux,
ditque les vapeurs d'un
Songe, la rencontre d'une
Belette, ou le cris d'une
Souris,troublent l'esprit
d'un homme timide, &
l'arrestent tout court au
milieu de sacourse & de
ses projets.
Ecoutons Aristophanes.
Qu'un Tremblement de
Terre se faffe [cotir, dit ce
Comique , qu'un feu de
mauvaiseaugure brilletout
àcoup dans l'air, qu'une
Belette vienne à passer dans
le lieu de l'Assemblée publique,
ne se reparera-t-elle
pasàl'instant,&c.
Dans le temps qu'on faisoit
l'élection de Fabius
Maximus àla dignité de
Dictateur, & de C. Flaminius
à celle de General de
la Cavalerie
, on entendit
le cris d'une Souris, &c'en
fut assez ,au rapport de
Valere Maxime, pour obliger
ces Magistrats à se déposer.
A l'égard des Songes,
Plutarque nous fait une
vive peinture de cette superstition.
Le sommeil
, ditce Philosophe
,
fait oublier
aux Esclaves la dureté
de leursMaistres. Iladoucit
les peines des matheu"
reux enchaisnez dans une
prison. Il donne du rclaCche
a la douleur la plus
vive; tout s'abandonne a
ses charmes, & la superstition
feule y est insensible.
Elleagiteceuxqu'elle
captive jusques dans lesein
du repos, & leur suscite
des visionsterribles de
Monstres & de Furies.
-
Tourmentez de ces cruelles
chimeres ils ne peuvent
cesser de les craindre, lors
,,Inetme qu'ils son éveillez,
&
& pour se délivrer d'un
supplice que leur crédulité
feule leur fait souffrir, ils
achètent à grand frais le
secours des Devins. Si vous
apprehendez l'effet de quelquevision,
leur crient ces
Charlatans
,
si vous êtes
poursuivis par Hecate la
terrestre, appeliez laVieille
qui paistritvostre pain,
plongez-vous dans la Mer,
&tenez-vousassis à terre
tout le long d'un jour,&c.
Après avoir parlé de
L'Expiation des homfc
cides , Mr l'Ablpé de
Boissyenrapportédans
un seul point d'hill:oi:
re les circonstances IC$
plusessentielles,
** • <w
Jason
,
chef des Argow
nautes,après avoir enlevé
la Toison d'or avecMedéê,
fut poursuivi par les Peuples
de Colchos commandez
par le jeunt Abfyrte,
frere de cette Princesse. Les
Grecs, qui seftoient' retirez
dans une des Bouches
du Danube, présd'être
accablez par le nombre,,
deliberaient déjà de livrer
Medée
, pour obtenir le
passage qui leur était fermé
lors que cette Princesse
le? tira d'embarras par cette
ruse. Elle envoya de magnifiques
presens à son frere.
Elle luy fit dire qu'on
l'emmenait contre son gré,
& luy proposa de se rendre
seul vers le soir dans
une Ile voisine, l'aÍfurJl}t
qu'elle s'y trouverait seule
desoncoté
, & qu'elle
voulait retourner aveclui
àColchos a près avoir tiré
laToison d'entre les mains
des Grecs. Absyrte vint
imprudemment au rendez-
vous où il croyoit ne
rencontrer que sa iceur;
mais Jason qui s'y était
caché de concert avec elle,
attaqua tout a coup le jeunePrince
qui n'était point
sur ses gardes, & le tua
sans beaucoup de peine.
Aussi tôt il coupe les extrem
itez de ce Cadavre; il
lèche trois fois le sang qui
en sortait & observe de
le cracher trois fois ieion
la coutume des Meurtriers
qui pretendoient s'expier,
ainsi que le remarque le
Poëte
, à quoy le Scoliaste
ajoute que l'usage des Assassinselloit
des'attacher
! au col les extremitez du
Corps de ceux qu'ils
avoient massacrez. Aprés
cette action sanglante
,
Jason
& Medée se baftereiic
de regagner leur Vaisseaus,
& les Argonautes ayant
surpris quelques Batimens
de Colchos, se fan--
verent à la fayeur., de la
nuit. Ils abordèrent dan$
l'Ile d'Acca, où Jason &;,
Medée prirent terre pour
se faire expier par Circé
qui en était Souveraine.
CettePrincesseSoeur d'Æetes,
& Tante de Medée-.,
les reçut avec bonté sans les
connaitre
, & voulut en
vain les faire asseoir. L'ua
& l'autre sans proférer une
feule parole,&. tenant les
yeux baissez, s'avancerent
promptement jusquau
foyar
,
sélon la coutume
des Suppliants, & s'y tinrent
assis après que JaforJ
eut fiché en terred'épés
dont ilavait tuéAbsyrte
Leur silence ôe leur situationfirent
aisément comprendre
à Circé qu'ils estaient
fugitifs & coupables
de~~ quelque homicide.
Alors, continue le Poëte ,
touchée de rerpea- pour
Jupiter protecteurdes supphants>;*
clleordonne les
apprets duSacrifice. On
apporte d'abord un petit
Cochon qui tettoietcrxôrr,
ellel'égorge ; ellefrotte de
Con. faiïg les mains de Jason
& de Medée, & fait
des Libations en invÓqtiant:
JupiterExpiateur. Ensuite,
ayant fait jetter dehors par
ses femmes les restes du
Sacrifice elle., brulle sur
l'Autel des Gateaux paitris
de Farine, de Sel &
d'Eau, êc accompagne
cette action de Prières propres
à flechir la colere des
cruellesEumenides , sait
qu'ilseussènt trempé leurs
mains dans un fang étranger,
soit qu'ils les eussent
foüillées du meurtre d'un
de leurs Citoyens ou de icursprocllcs*
Dés
Desqueces Ceremonies
furent achevées, Circé
ignorantencore le fort & le
nom de ses hôtes
,
lesfie
asseoir sur des sièges magnifiques
,3e leurdemanda
qui ils estoient
,
d'où iisvenaient quelsujet
lesavoit engagez d'implorer
son secours. Medec,
qu'elle souhaittaitsurtout
d'entendre parler, n'eut
pas plustot levé la teste
3 qu'ellesefit reconnaitre à
ses ycux brillantd'unéclat
particulier à
-
la famille
fr!'y£etes fils du Soleil,puis
s'exprimant en la langue
deColchos, ellese justifia
d'une voix timide,rejettant
sur de mauvais conseils
tout ce qu'elle avait
fait, & passant legerement
sur la mort d'Absyrte.Mais
Circé n'en comprit pas
moins toute l'atrocité de
ses forfaits. Malheureuse
Princesse
,
s'écria-t-elle
dont la suite n'est pas
moins indecenre que criminèlle
? comment éviterez-
vous la fureur d'y£etes
, qui pour venger la
mort de son fils vous poursuivra
sans doute jusqu'au
fond de la Grece? Pour.
moy, dont vousavez imploré
la protection en état
-,
deflipplilatirelein"abfliendray
de rien entreprendre
contre vous; maisn'attendez
point que j'approuve
ni vos desseins ni vostre
fuite, & queje vous donne
aziledans ce Palais non
plus qu'à l'inconnu que
vous suivezcontrele gré
de vostre Pere. Aces mots, ,
Medée toute tremblante
& fondant en larmes
,
fut
emmenée par Jason avl-c
lequel elle rejoignitlesArgonautes
, &c.
Le foyer estoit aussi un
azile sacré chez les Romains;
car selon Plutarque
Coriolan qui avoit esté
banni de son Pays, contraint
de chercher un azile
chezTullusAufidius,
le plus considerable des
Volsques, & son ennemi
particu lier, prit en entrant
chez luy le party de s'asseoir
prés du foyeroù il
demeura sans parler, &
sans le découvrir la teste
lx. le visage, ce qui est afsez
conforme à la contenance
de Medée cliczCiri
cé.
On pourroitestre surpris
de voir dans ces exemples
d'illustres malheureux
se jetter entre les
bras de leurs ennemismes
mes,mais ils estoient trop
seures du respect <111011
avoit de leur temps pour ledroit des suppliants que
les plus scelerars eussent à
peine osé violer; senti-
-mènes louables, sur lesquels
on a-sansdoute formé*
ce Proverbe qui fait tant
d'honneur aux moeurs de
l'Antiquité
,
Res rft- sacra
misèr.
On a vu dans la purification
de jason & deMedée
,
que les restes du Sacrifices
avoienr esté jettezdehors,
& c'estce quis'observoit
scrupuleusement
dans routesles Expiations,
tantàl'égard des Victimes
que des autres Offrandes.
Agamemnon, dans le I,
de l'Iliade, commande de
purifier l'Armée
,
ensuite
dequoy l'on jette dans la
Merlesrestes du Sacrifice.
LesEgyptiens,auxrapport
d'Herodote velidoientaux
Grecs prévenus
apparemment contre leur
Religion, la teste de la
VicUmcimmoiéejOÙ s'ils
ne trouvoient point de ces
Marchands Etrangers, ils
la jettoient dans le Nil
en prononçant ces paroles:
Puissant tomber sur
cette teste, les malheurs qut
prenacent l'Egypte où celuy
qui fait ce Sacrifice.
Surquoy l'on doit remarquer
quec'estoit tousjours
dansla Mer, dans les Fteur*
ves ou dans les Ruliteaux'
qu'on easevelissoit autant
qu'il estoit-possible, ces
restes de testes. Pour ceux
qui estoient trop eloignez
des eaux, ils se contentoient
de les faire porter
dans les Carrefours ; on.*
s'abstenoit encore en jectant
ces restes, de regarder
derriere soy,de peur d'attirer
en les voyant, les
malheurs qu'on se figuroit
y estreattachez.
Il y avoit une forte:
d'expiation de l'homicide
bien plus commode&
plus facile queles autres; elle consistoit à se laver
simplement dans un Eau
courante. Elle avoit efiré
pratiquée dés les premiers
siecles
,
sur tout par les
Grecs qui- la transmirent
aux Latins,
On employoitsurtout,
cette derniere espece de
Purification en forçantdes
Batailles.Achille , à soin
de se purifier à Milet dans
une Source d'eau courante
a près avoir tué Strambellus
Roy des Leleges.
Xuéc , au II. Livre dc-'
FEneïde
,
assure qu'il ne
luy est pas permis de se
charger des Statuës des
Dieux jusqu'à ce qu'il se
foit expié par cette Ceremonie.
'- Horace après avoir tué
sa Soeur fut expié de )~
maniere que les Loix le
prefcrivoienr pour les
nielirtresinvolontaires.Lee
Prestres éleverent alors
deux Autels, l'unà Junon
Infpearice des Soeurs, &
l'aurre à un Dieu ou Genie
du Pays, que lesRomains
eiit- appelléjanus & ont
surnomméCuriace
,
du
nom de ces Albain, infortunez
c]a'Horaceavoit1liez
en deffendant sa Patrie.
Lors que les Sacrifices &
les Expiationsfurentachevécs
, on fit enfin passer
Horace sous le joug coustume
pratiquée par les
Romains à l'égard des ennemis
qui se rendoi nt à
discretion.Tite-Live, qui lit à peu prés le mesme
dérail ,ajouste seulement
que l'expiation se fit aux
dépens du Public; qu'on
couvrit la teste d'Horacelorsqu'il
passasous le joug
&quelapratique desCeremonies
qu'on avoit observées
à son égard fus
transmise à sa famille comme
une espece d'heritage.
Je voudrois bien donner
au Public de petites
Dissertationssur les
nouveautez de nos
Theatres : mais je
crains de blesser la sins
cerité,ou les Autheurs.
S'ils vou loient m'envoyer
eux-mesmes un
nota des deffauts de
leurs pièces
,
dont ils
me permetcroient dp
parler
)
je fournirois
moy mes remarques
surlesbeautezqu'elles
contiennent
,
& cela
feroitune vrayecritique.
Jattends le consentement
par écrit du
premier Autheur de
bonne foy qui voudra
bien convenir que sa 41
piece a des deffauts,&
qu'il a cela de commun
avec Corneille
,
Moliere,
Raciiie, & Quinaut.
BOUTS RIMEZ
D0NNEZ
DANS LE MERCURE
PRECEDENT.
Remplis par l('Amantjaloux
Tufiu jadispourmoy
confiante
Tourterelle
Pourmoyfiulje te vis
douce comme
un Mouton
Adaiston coeurplusleger
qf-te n'est
un Haneton
Te terannsfotrvmeoalamgesjeeux
Hirondelle.
Mon indigne rival an
neZ
de.Perrocuet
Gwi-îidant sur son vieux
corps sa tejîe deLinote
Quandje veux tapprocher
entre ses dents.marmore
H veutjure le Dogue
,
&
QTce?iest un,Roquet.
Dece Singel'hymen te
jfjt donc
la Guenuche
Il est puissant Seigneur , dit-il,brides a Veaux
ildoitau Maqtiignon[es
deux'
maigfes.. Chevaux
Etsépargnant le vin
y
boitmoinsque vin
taPeruche.
Sa
tàcj
notirri ne
-
SaTable3luy nourri, ne
peustnoourrinr .Chat
ChtZ. luy Merlesrotis
passent
pour. Gel inotes
Mange-t-il desGougeons,
il les
nomme.Barbotes.
Tu le crois riche enfin il eji:
guemux com.meRatT
Très d'un gros Boeuf
Amant dune
jeune. Genisse
Il s'entremet,il rampe,
il porte
le Poulet
A la porte du riche il
garde
le mulet
A lafortune il court,
maisa
d'Ecrevisse..
<~
Iltjça*tit porur toeut m'retien Tu m'as quitté pourtant
pourplumer cePigeon
Mais telle en sesfilets
croitprendre
un Esturgeon
QQuuii rni'yy ttrroouurvvee aà Ilda, fsian'
qu'une
maigre.. Sardine.
BOUTSRIMEZ
LESQUATRE
SAISONS.
ILE PRINTEMPS.
LeRamierbequetant la
Pendre
Tourterelle
LaBergere dijlraiteégarant
fpnMoutcn,
Et la Terre en Amour
formant
le.-Hanetafr
D*esignneennrt lLee PPtr*i;nïjtteeemyppss
annonçoit
/'Hirondelle,
VEST E'
Quad ïEjléfaitjaserle
frilieux
Perroquet
La chaleur rends muets
Rossignol
e5 Linote
Le Foureursans travail
dort comme une. Marmote
JEtla BourgeoiseauMail
fasitobaignner RRooqquuecrf..
L'AUTOMNE,
Jr vois la noix nouvelle
amuser
la - -Guenuche,
L'Hommeva s'amusera
boire vins
nou veaux
EtPbebu* séloignant
faittourner ses. Chevaux
Versles climats brullants
d'ok- nom vient
la Peruche.
L'HYVE R.
LHyverqui dans Parisfait
hznjjer le Chat
Tfaitvenir du Alans
Plaideurs eS. Gelinotes
L'Officiery mangeantCf
Perdrix
€5*. Barbotes
Parmille autres plaisirs , devientgueux comms un Rat.
BOUTS;
Boutsrimez
HEROIQYES
ET
CHAMPESTRE S. MG10uuesrreiLteautrrieesrs •Lisette
: Cesars 0 Etendars •Houlette
Folette
intrépidité
immortalité
• ramages BOCARG€SF
On a demandé enquoy
font différentes
la jaîoufïedun Maiy,
&C la jalousie d'un A-*j
mant.
REPONSE.
Par MrileGi *LA jalousie des A
mantsdure moins que
Celle des Maris, carun
Amant ell gueri de sa
jalouiîe en cédantdaimer
;mais un Mary ne
peut se guerir de sa jalousse
qu'en cessant d'estre
jaloux.
REPONSE.
l!ar le Marquis de* *
Lajalousefureur antme
les Espoux,
L'Amant est accablé de
Jessoupçonsjalouxy
Sursafemme un Mary
cherche à punir
l'offense ;
Et l'Amant sur luymesme
exercesa
vengeance.
REPONSE.
Par Aie de**,
Les Amanrs font
plus fols dans leur jalousseque
les Mans,
car l'Amant jaloux épouse
quelques fois;
mais le Mary jaloux se -
dcmarieroics'il pouvoit.
- Les Maris font fols
de souffrir si impatiemment
un mal qu'ils ne
peuvent e-rn peschers &
les Amants font fols
de s'affliger d'un mal - dont ils peuvent sedé-
Jivrer.
REPONSE.
ParMrdeChen.
La jalousie des Maris
est plus soupçonneuse;
celle desAmants
est plus capricieuse.
Les jalousies des Maris
sont souvent mieux
fondées que celle des
Amants;& par con sequent
celles des Amai^
ts fontplus bizarres
&: plus injustes,car
ilestplusvray-semblaible
, vertuà part,qu'- uneMaiftrelfeloitfidel*
le qu'une Femme.
REPONSE.
Par M. de la M.
Souvent la jalousieesteint
l'amour des
Maris; &C ne fait au
contraire qu augmenter
celuy des Amants. (LcursCceurs sont des brasiers
ardents
jettcZj-j de l'eaujamriers,
craindre
Mais l'amourd'unEpoux
ressemble aux
feux mourants
Qu'unegoutte d'eaupeut
esteindre.
REPONSE. -
Par LicidvU.
La jalousie des Amants
est ordinairement
plus delicate, &
plus discrette: celle des
Marisestplus grossiere&
plus brutale; elle
est gravée par des rides
sur leur front: celle des
Amants respectueux , n'est gravée que dans
leur coeur.
REPONSE.
Par M. P **
De l'Amantau Mary,
voicy la différence,
Dans leurjalouse extravagance
• L'un ifl jaloux de fort
- honneur,
Vautre tft jaloux des
droits du coeur.
REPONSE.
ParM,des* *
La 0 jalousieen géné-
,
ral n'est plus gueres à
la mode ni dans les Aniantsni
dans les Maris.
-
,
Les Amants sont à
Jprefent si vifs dans leur
pourfuÍre, & si inconstants
dans leur bonheur,
qu'ils n'ont pas
le tem ps d'estre jaloux.
A l'égard des Maris,
s'il yen. a beaucoup
qui le soyent
,
il y en
a peu qui le paroissent.
Si l'Epoux inquiet riofè
pluslepavotfin>
C'cfiqutletfparmynous»
honteuxdesorejaloux
Etqu'il n'estplus honteux
d'avoirsujet de l'estre,
-
On n'a pas eu le loisiren
huit jours de répondre
à cette Question.
Je vous donneray
le mois prochain
le reste des réponses
qu'on m'envoyera.
Nouvelles Questions.
Pour donner occasion
à des réponses
convenables au mois
prochain qui tombera
dans les Etrennes, voirçy
deux Questions sur
les mots de donner &
de recevoir.
< PremiereQiiejlion.
On demande si
dans le Monde ondonne
plus qu'on ne re-.
çoit.
Seconde Question,
Ondemande lecjuelert
le plus ancien
à l'égard de chaque
homme en particu lier,
de donner ou de recevoir.
Cetteseconde Qjiefion
ejlém^matique ; il riya
qu'une réponse juste à faire
: cejl ce quilfaut. deviner.
Troisiéme Quejlion.
S'ilestplus
généreuxde
donner que de
recevoir.
NOUVELLES
d'Espagne.
ZD
Du Camp RoyaldeCasa
Texada le 2. Novembre.
LE Roy reçut ilya
deuxjours un CourrierdeMr
le Duc de Noailles qui luy
mandoit qu'ilentreroit le 10.
en Catalogne & hier il reçut
avis que l'Archiducavoit
quitté son Camp du Pardo;
qu'ilavoit marche à Pinto,
& qu'il auoït passé le Tage à
Aranjuez où son armée êfloit
campée.
L'Armée du Roy grossit de
jour en jour. Tous les Magazins
sontfaits à Talavera de
la Veja, & à Talavera de la
Reyna. Mr l'Evesque de
Murcie a envoyé à Sa Majesté
Catholique, un grand
nombre de Chariots chargez
degrains
, & toutesles Villes
d'Andalousies'efforcent à
ïenvi pour donner des marques
de leurzeles;les unesmvoyent
de grosses sommes
d'autres des chevaux , tout équipe%;
de maispresque toutes
l'argent & desvivres.
UnPartyennemi de cent
quatre-vingt
Quatre-vingtCavaliers
,
qui
avoit esté envoyé pour s'informer
denostre situation, a
estédéfait par Mr le Marquis
deLança ote.
LeRebetleFerrer avouluse
venger de ce que les habitans
de Corella avoient rasé sa
maison
, aya nt assemblé à Saragosse
environ mille hommes
tant Fantassins que Cavaliers,
ilse mit en marche pour tascher
de nouveau dese rendre maistre
de Corella. Mais les habitans
de cette Ville
,
de Tudela
C- des autres lieux des
environs
,
s'estant joint aux
Troupes, avec lesquelles ils
avoient auparavant chassé les
ennemis
}
marchèrent au devant
de luy, le chargèrent si
vivement,qu'ilfutobligéde
si retirer aprés avoir perdu
prés de cent cinquante hommes.
Deux Regimens de Dragons
.,
Ér un détachement des
troupes de Navarre , ont reçu
ordre de s'avancerpourempescher
les courses des Partis
Ennemis. Les Deserteurs qui
viennent en ajJezgrand nombre
,
assurent que l'Armée de
l'Archiduc estfortdiminuée,
parce que la trop grande hcew*
ce que les Generaux donnent
4ux soldats
,
les excitantàse
disperser pourpiller, ily en a
un grand nombre d'ajJomme:(.
par lespeuples, qui ne laissent
paffir que ceux quise disent
CatholiquesDeserteurs.
Le bruitqui s'estoitrépandu
que Archiducauoit fait
sortir toutes les Dames deMadrid
dans le dessein de donner
cette Capitale aupillage, s'est
trouvéfaux. Peut-estre que le
refus que les habitans ontfait
de porter leurs armes à la Caza
del Campo,les a préservez.
Ce qu'il y a decertain, c'est
que ce Prince estfort irrité
contre eux&on assure mesme
qu'il a ditque s'il peut devenir
leur Maistreabsolu,ilen
fera une Colonie.
Mr de Valejo a enlevé
aux Ennemis un Convoy de
provisions
y & défait deux
censchevaux qui l'escortoient.
Il pleut icy depuis dix jours;
mais heureusementleterrain
est une especede gravier qui
ne tourne pas aisement en
bouë; en forte que nous n'en
serons pas incommodez dans
les marches.
D'autres Lettres du 8.
portent que l'Archiduc avoitfait
enlever à Madrid
deux mille chevaux pour
remonter sa Cavalerie, <5é
que quelques maisons avoientestépillées
;queles
Miquelets avoient voutuf
s'emparer de Segorbe, anciennement
Sagunte, dans
le Royaume de Valence;
mais qu'ilsavoientesté repoussez
avec perte de cent
soixante hommes; que le
Roy d'Espagne ayant appris
la marche des Ennemis,
avoit détaché sept
mille chevaux pour les suivre,
& pour charger leur
arriere Garde s'ils pouvoient
la joindre.
ARTICLE
des Enigmes*
Le mot dela grande
Enigmedumois
dernier; c'est leCoche.
Voicy les noms de
ceux qui l'ont devinée;
car je ne veux rien retrancher
des anciens
Amufemencs du Public.
J'ay vû des gens
de bonesprit condamner
ces liftes de noms
badins& pueriles;
mais j'ayvû aussi des
gens de bon esprit s'amuser
à les lire.Je veux
croire que ceux qui me
lesenvoyent sontaussi
censezqueceux qui les
condamneront ; &£
puis qu'ils prennent
plaisir à les imaginer
bien ridicu les, je puis
sans deroger au borï
sensmettreicy les plus
extravagants qu'ors
pourra m envoyer.
E N V O.Y
du nom de l'Enigme.
Carossedevoiture;oüy
ceji lemotje croy
-
Mon nomd'Enigme c'est
la Roche;
Surle Registre écrivez- moy, Carjeretiensmaplace au
Coche.
Noms
Noms,Dictons,&Rébus, 1
de ceux qui ont deviné
.- l'Enigmedu Coche.
LapetiteEmerillonéedela
ruë des Hodriettes
; le Beau Tenebreux
; le Coche
part,belleHermiones
vous avez oublié que
laVilledaCoche n'effc
point pavee quoyque,.
le pavé l'incommode
beaucoup; l'Espritmal
leché de laruë aux.
Ours; labelle negligéeàlaPortiere
duCoche;
le Hurlubrela l'a
devinée sans y tase her;
les Inseparables du
quartier; la Ville du
Coche;lesFauxbourgs
sontdans leMagasin; toucheCochertu atlras
pour boire; le Solitaire
de Blois;
E N I G ME.
LabrlleAlix rebute
parfierté
ToussesAmants, jusqu'à
celuy quelleaime;
Etconsumantautruypar
sa beauté,
Parsa vertu se consume
elle-mesMe.
DanssontLogis ellerevint
un soir
Pensanttousjours à son
tristedevoir:
Moysanspenser a rien;
ce qu onnepourra
croire,
J'attendois son retour caché
dans un Armoire.
Elle entre en révant sans
mevoir,
Etdanssonfauteüilvient
s'asseoir.
Qiion m'allume dufeu,
dit-elle,&que l'on forte.
On allume
, on la laisse,
dïonferme saporte.
Pour adoMetr ses maux
elles'assoupissoit
Tandisqu'unfeu naissant
surmon ameagissoit >
Deja me contenirn'estpas
chosefacile
Agité, petillant, tout
mon corpsfremissoit,
Ne pouvantm'exprimer,
j'emprunte icy lestile
De Malherbe ou deThedphile,
Pour vous découvriqr quuii
je sais,
En roou* le cachantsije
puis.
Je brujle pour une inhw*
maine
Quidompteparfiertéson
penchant amoureux.
Quoyqu'elle ne foit pas
insensible à mesfeux
Elle est insensible à P;4t
peine.
O vous jeunes aimants>
trop vifs dans vos
îranJJjorts,
se Prés d'elle vous ferez.
d'inutiles ïftlrts
Vom serez, jJ commemoy
eviBimts de vos
flammes:
Plaignons ensemble nojlre
sorts
La vivacité de nos
Ames
Npelsuesrtpqroum'àpntoeums ednotnlnaer
mort.
Capitulation de la Ville
£Airt.
LaVilled'Airea capitulé
le 10.& la Garnisonen
,Ca sortie le 12. ainsi que du
Fort S. François, pour estre
conduite à S. Orner.
Ladeffense de cette place
mérite bien une relation
particulière ; on aura des
Mémoires exactspourenr
faire un Journal qu'on
donnera lemois prochain; 1
en attendant voicy l'Etat
des trou pes qui sont sorties
de cetteplace.
Etat de la Garnison
dslîre.
îVlonfieur le Marquis
de Goesbriant Coinmandant.
Mr le Comte d'Eltrado
Mareschalde Camp.
Mrde Liftenois Mares
chal deCamp.
MrdeGrimaldi
Brigadier.
MrdeBüeil }
Brigadier.
M. de Cursi
,
Brigadier:
Mr deFlavacour
Brigadier.
MrleGé Gouverneur.
Mr de Capestan Lieutenant
de Roy.
Mr Major.
Mrde Robelin, Ingenieur
enchef.
•' Mr deValiere, Commandant
rAmiIeric.
Etat des Régiments.
Biiejl 2. Bataillons.
GrederSuiffe 3,
Du Fort 2. Provence 2.
La Reine 2. Mr
Doudancour Colonel.
Aunis 2. Mr le
Marquis de Lyonne.
Mauriel 1. atf
fort S. François.
-
Brancas
, T.
Listenois-Dragons. f.
Cfcad rons.
Belabre
,
Dragons ;
3. Escadrons.
Flavacour r.Escadron,
Extratt dune Lettre .d,e
Lilledu17% Novembre.
Le PrinceEugene arriva
avant hier icy, quoyqu'on
ne l'attendift pas; nostreArtillerie & nos
gros Equipages ont campé
hier depuis le Bourdin.
iùfqu-à cette Ville, &: toute
l'Armée doit venir camper
aujourd huy dans la
Plaine. On ne délivre point
le fourage, ce qui cause de
grands desordres.La Cavalerie
est en assez bon citaCy
mais l'Infanterie est entierement
ruinée. Les troubles
augmentent en Angleterre
, ce qui nous inquiettes,
fort par le retarde.
ment quecela donnera aux
Finance, La Reine Anne
a ordonné à Mylord Duc,
d'y passer incessamment.
Le Prince Eugene va à Cologne
d'où il se rendra à
Vienne.
- -
Extrait d'uneautreLettre
deLille du10.
4 Toute nostre Armée
estenfin passée aprés avoir
ruiné & pillé tout le Paysj
les Eglises n enont pas esté
exemptes. Plusieurs Partie
de France ont faitde gros
butin; un entr'autresapris
un Officier avec deux mille
Louis d or ; & hier un
autre Parti a pris un Officier
dans un Carosse à six
chevaux avec neuf cens
Loüis. On nous a pris aussi
plusieurs Colonels.
Ily a toûjours un petit
Corps de troupes campé à
S. Venant pourescorter
l'Artilleriedu Sieged'Aire
que l'on charge sur laLys.
Le Prince Eugene & Milord
Duc sont partis hier
pour la Haye.
Suite des Nouvelles
-d'Efpagnc.
A Vittoria le ij,
Novembre.
Depuis
ma derniert, on
afçu que les Ennemis estoient
tousjours à Val de Moro, qui
riejlquà 4. lieues de Madrid,
qu'ils avoient mis4000.
hommes dans Tolcde;J
qu'ils l'alloient fortifier.
Par leCourrier qui arriva
hier icy,on a apprisque lesEnnemis
vendoientle boisJecharbon
& les autres choses quils
avoient amassées à Madrid,
obligeantmesme lesBourgeois
à les acheter; ce qui afait
dire qu'ils ne veulentpas garderMadridnirefierà
Tolede;
maison ne peutpas encore efire
long tempssanssavoir la- resolution
qu'ilsprendrontquand
ils sçauront que la tesie des
Troupes que le Roy envoye à
son petit Fils entre actuelle-
Menten Roussillon, & que le
tout
toutyfera le20. de cemois ,
de maniere que Mrde Noailles
agira dans peu de jours.
On ne peut rien comprendre
aux desseins des Ennemis
ni à leurs vues, le Roy d'Espagne
ayant actuellementplus
de vingtmille hommes,
estant bienplusfort, en Cavalerie
que
les
Ennemis, ce qui
le met en estatetenlever les
vivresdes Ennemis de quelque
part qu'ils veulent les tirer.
Mr de Noailles entrant
en Catalogne avec53. Bataillons
53. Escadrons
,
est en
estat detout entreprendre. Ensin
noussommes à la Deïllc db:
quelques grande action, &
tpeut-estre de la decisionde ton? £cettegrande affaire.
,
':':\ De Vittoria le 14.
Novembre.
LA Reine a reçu un
Courrier du Roy, quiluy
écrit qu'il avoit fait la revuedesonarmée,
qui consiée
en seize mille cinq
cens hommes d'Infanterie,
& onze mille cinq -cen$.
chevaux,sanscompter lez
tambours & les trompettes;
l'Archiduc se fortifié
toûjours à Tolede, Scl'èn
ne peut encore pénetrer (es
desseins.
L'ouverture duParlei
ment se fit le n. de ce
mois lendemain de la
S. Martin,avec les Ceremonies
ordinaires. La Messe
qu'onappelle Messe ROllge
,
à cause que tous les
Présidents & les Conseillers
y assistent en Robes
Rouges, fut celebrée par
Mr l'Evesque de Chartres.
Messieurs estant entrez
dans la Grand'Chambre,
Mr l'Avocat Generalfit un
Pifcours sur l'Eloquence.
Mr le Premier Présidens
parla ensuite sur la Probité
& le désinteressement
necessaires aux Avocats, -
J'espere vous donner au
mois prochain une idée
plusestenduë de ces Discours,
aussi bien que de
ceux qu'on a prononcez le
jour des Mercuriales.
'-,
On ne vous parle point
encore des Charges delx,
Maison de Monseigneur le
Duc de Berry; ori attendi
qu'elles soient toutes remplies
pour en donner une
Liste.
FIN.
1
A VIS.
Ondonneraapréfent
les Mercures les
premiers joursdes
mois, trèsregulierement.
Il y aura tous les mois
à la fin de chaque Mercure,
un Arricle des
Nouvelles les plus ressentes,
afin qu'on aie
aij moins dans celleslà,
l'agrement de la
nouveauté
, qu'on ne
peut avoir dans celles
qu'on a recueillies dans
le cours du mois. Cela
produira sans doute
quelques fautes d'Impression,
car dans les
Impressions precipitées,
onn'a pas letemps*
de corriger exa&ev
ment les Epreuves.
On avertitqueceux
qui enverront des Lettres
sans en avoir affranchi
le port,ne trouveront
point dans le
Mercure les Articles
qu'ils auront envoyez,
parce qu on ne peut recevoir
que les Lettres
qui sont franches.
Ceux qui enverront
des Memoires , n'auront
qu'à les adresser
au Bureau du Mercure
TABLE.
TA BLE.
Académie Royale desMèdailîes
&Jnfcriptions. *05
Digrcftion. 15a
Bouts Riment 255
.dve. 30*
APPROBATION.
J'Ay lû par ordre de Monseigneur
leChancellier le
MercureGalant des mois
de Septembre & Octobre,
& celuy du mois de Novembre.
A Paris ce 2. 7.
Novembre 1710. CAPON.
PRIVILEGE DU ROY.
LOUIS par la grâce deDieu,Royde
France & de Navarre: A nos amez
& -tèam: Conseillers les gens tenants nos
Cours de Parlements, Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtreHôtel, Grand Confcil,
Prevôt de Paris, Bailifs,Sénéchaux
,
leuïs
Lieutenants Civils, & autres nos Justiciers
& Officiers qu'il appartiendra
,
SALUT. -
Ayant choisi Nôtre tres-cher
,
& bien aîné
CHARLES DU FRESNY,Sieut de
Riviere, NôtreValet de Chambre ordicaite;
ponr continuer de faire le Recueil
jle plusieurs nouvelles, Rélations
, & Bii**
toires ;
&lefaireimprimer sous le titre
de Mercure Galâm;il Nous a trés-hum- -
blement faitsupplier de lui vouloir accorderssosLettres
dePrivilegesur ce néceffaipes»*
A CES CAUSES Nous fui avons permis & permettons
, par ces Presentes
,
de faire Imprimer
le Livre intitulé L'E MERCURE
GALANT, Contenant plusieurs Nouvelles,
Relations, Histoires, &generalement
toutce qui dépend duditLivre
, & qu'on
a coutûme d'y mettre depuis trente ans.
en telle forme, marge, caractere
,
& autant
de fois que bon lui semblera
, par tel Immeur
& Libraire qu'il voudra choisir ,
-" dele faire vendre & <îéï>fcer partwaC
nôtre Royaume, pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jour de
la datte des Presentes
;
Faisonsdésenses à
toutes sortes de personnes de quelque qualité
& condition qu'elles soient d'en introduire
d'ImpressionsEtrangeres en aucun lieu
de nôtre obéissance, & à tous Imprimeurs,
Libraires, &Colporteurs ,& tous autres
de faire Imprimer, vendre, & débiter,&
contrefaireleditLivre, ni Graver aucunes
Planches servantà l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendant ledit
temps sousquelque pretexte quecefoit,
sans la permission expresse
,
& par écrit
dudit Exposant
, ou de ceux qui auront
droit de lui
.,
à peine de confiscation des
Exemplaires contrefaits ; de six mil livres
d'amende contre chacun des contrevenants,
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiersau Dénonciateur
,
& l'autre tiers audit
Exposant
,
& de tous dépens dommages&
interests à la charge que ces Prefenres seront
enregistrées tout au
1
long sur le Registre
de la Communauté des Imprimeurs
& Libraires de Paris, & ce dans trois mois
du jour& datte d'icelles; que l'impression
dudit Livre fera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
Reglemensdela Librairie; & qu'avantde
Fexposer envente, il en feramis deuxExerapaires
-dans nôtfe Bibliotheque publique»
undans celle denôtre Châteaudu Louvre,
"un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France, le Sieur
PHELIPPEAVX, Comte dePontchartrain,
Commandeur de nos Ordres,le tout àpeine de nullité desdites Presentes
,
du
contenu desquelles ,Vous MANDONS, &
enjoignons de faire jouir & user ledit sieur
Exposant
, ou Ces ayant cause, pleinement
& paisiblement sans souffrir qu'il leur soit
causé aucun trouble, ou empêchement,
Voulons qu'à la copie des Presentes qui sera
Imprimée au commencement, ou àla
fin dudit Livre, soit tenuë pour bien, &
duëmentsignifiée, & qu'aux Copies coilationnées
par l'un de nosamez & feaux
Conseillers & Secrétaires foy soit ajoutée
comme à l'original. Commandons au Premier
nôtreHuissier ou Sergent de faire pour
l'execution des Presentes tous Actes requis
-!X necessaires sans autres permissions, norobstant
Clameur de Haro, Chartre Normande
,& Lettres à ce contraires:CAR
ici est nôtreplaisir. DON NE' à Versailles
le trente-uniéme jour d'Août, l'an de grace
mil sept cent dix, & de nôtre Regnele soiyante
huit. Par le Royen son Conseil. Signé,
DEVANOLLES.
Regifiré sur le Registre num. 3. de lét
Communauté des Imprimeurs & Libraires
de Paris
, page 63 num. 3<f. conformémens
eux Reglements
, & notamment à l'Ar—
ress du 13. Août 1703. A Paris
, ce 2. Scf—
Pumbre 1710. Signé, P. DE LAVHkr..
Syndic.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le