→ Vous voyez ici les données brutes du contenu. Basculez vers l'affichage optimisé.
Nom du fichier
1710, 09-10 (Gallica)
Taille
60.10 Mo
Format
Nombre de pages
398
Source
Année de téléchargement
Texte
MERCURE
GALANT.
A PARIS,- M.DCCX.
Avec Privilege du Roy.
M ERG URE
GALANT.
Par le Sieur Du F***
Mois
de Septembre&Octobre;
1 7 10.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal,au bout du Pont S.Michel
ducôtédu Palais.
PIERRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la LUC
du Foin; du côté de la ruë
Saint Jacques
MERCURE
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
EXTRAIT
D'un Procésquisepoursuit
au Conjeil.
Roman,Gondol, & Lati,
tous trois Officiers Mariniers
du Département de
Toulon, s'embarquerent à
Marseille sur un Vaisseau
Marchand,
En saisant route vers le
Havre de Grace ils furent
attaquez & pris parunVaisseau
de
-
Guerre Anglois qui
lesconduisit à Baston; ils y
resterent ¡' quelque temps
gardez à vue.
Le 20. Décembre 1709,
on les embarqua dans un
autre vaisseau Marchand
qui partoit pour Londres,
ou bien il s'y embarquérent
de leur bon gré, car c'çft
là l'un des points que les
Avocats se disputent. Le fait
dont ils conviennent tous,
c'estqu'il y avoir sur le Vaisseau
dont il s'agit huit Anglois,
sçavoir leCapitaine,
un Capitaine passager, un
Pilote & cinq Matelots.
Nostrois prisonniers
conspirérent la mort des
deuxCapitaines & du Pilote,
chacun deux se
chargea detuersonhomme;
tous trois réunirent, & les
cinq Matelots voyantleurs
Chefs morts, se fourmirent
ànos troisFrançoisqui se
trouverent enfin maistres
du Vaisseau Anglois.
Avant que d'achever
le recit du fait on pouroit
faire une premiere question
curieuse sur l'action
de ces trois François :
Est-elle louable ou blâmable?
S'ils avoient esté prisonniers
sur leur parole,
leur action feroit sans
doute un crime énorme.
S'ils sont prisonniers
forcez & mal-traitez,
l'action change de nature
: celuy qui traite
cruellement un prisonnier
le met en droit de
tenter jusqu'aux voyes
cruelles pour se délivrer;
On leur allegue qu'ils
n'étoientpoint du tout
prisonniersen cette occasion,
s'estant engagez &
embarquezde bonne
volonté,&qu'étant à la
solde & même à la table
du Capitaine
,
leur
cntreprife a esté une trahison.
Ils prétendent que telles
circonstances peuvent
se rencontrer dans
pareille entreprise, quelle
ne seroitpas indigne
d'un Héros. La question
est donc de sçavoir si
l'action est heroïque ou
criminelle.
J'appuye beaucoup sur
cette premierequestion,
car ilme paroist que c'est
le principalfondement
de celle que je vais expliquer
en continuant le
recit du fait.
Ce fut le 10. de Janvier
1710, que ces trois François
se rendirent maîtresduVaisseau.
Ilsfaisoientroutevers
la France lors qu'ils rencontrerent
à la hauteur des Sorlingues
un Armateur de
Roscoff, Armateur François,
qui voyant un Vaisseau
de la Fabrique Angloise,
s'enréjouit comme
d'une capture qu'il pouvoit
faire.
Nos François de leur
costé se réjoüirent à Tafped:
duVaisseauFrançois, dont
ils esperoient du secours,&
se laissant aborder, se declarerenc
François & amis de
l'Armateur. Mais l'Armateur
voulut toujoûrsqu'ils
fussent-ennemis & Anglois
comme leur Vaisseau qu'il
vouloit gagner; en un mot
il s'en empara & jetta à terre
les François qui s'en étoient
emparez sur les Anglois.
La grande question c'est
de sçavoir à qui doit appartenir
ce Vaisseau. On a déja
jugé par provision qu'il
napparcenok a pas un
d'eux, parce que l'Armateur
n'ayant pas droit de conquerir
sur les François, sa
Commissiond'Armateur
est nulle à leur égard,& que
les François n'ayant point
du tout de Commission
n'ont pû le conquerir sur
les Anglois.
C'est pour revenir contre
ce Jugement de l'Amirauté
que les trois François ont
presenté Requeste, au Conseil.
Ils prétendent que le
Vaisseau leur apartienr par
le droit des gens comme le prix
d'une dEiion légitimé & glorieuse.
Ainsi, selon euxmesmes
la question se réduit
à sçavoir s'ils ont tué &
conquis de bonne guerre,
car mauvaise guerre ne peut
jamais établir qu'un mauvais
droit.
NOUVELLES,
Lettre de Lerida du i6<
Aoust. Je
ne doute pas, Monsieur,
que vous n'ayez vû quelque
Relation da combat donnele20
de ce mois entre tArmEe du
Roy & celle de l'Archiduc;
mais je doute que vous en aje^
vû de plus veritable&mieux
circonflanciée que celle que je
me donne l'honneur de ruous
envoyer.
Le 19 l'armée du Rrry
étant campéeprés de Saragoj]e}
& celle des ennemis en dcçade
la Chartreuse,Monsieur le
'Marquis de Baj alla les reconnoître
pendant que Sa Majestéfit
avancer toute l'Armée
qui ptfja la nuit en bataille,
"ltinji que celle des ennnemis.
Lecombatcommença le lendemainmatin
par une canonade
qui dura depuis six heures jusaprèsdemidy
que les troupes
vinrent aux mains.
Les ennemis ayantrenforcé
leur aîle gauche de la plus
grandepartie de leur Cavalerie,
voulurent d'abord prendre en
flanc la droite de l'Arméedu
PKoy
,
qui rfioit commandéepar
MessieursdeAmezaga c-
Mahoni. Mais les Gardes du
Corps &les Dragons leschargerent
avec tant de vigueur.•'
qu'ils en firentungrandcarnage&
pousserent le restejusqu'à
l'Ebre,ouils'ennoyaungrand
nomWfi,
Le reste de la Cavalerie de
la droite aprés avoirachevéde
défaire la premiere ligne des
Ennemis, fut arrestée&mise
en desordre par leur seconde
ligne
,
sans que Monsieur le
Marquis de Bay, qui (yporta
promptement, pust la rallier
à cause qu'elle fut mal soustenuë
par l'Infanterie dont la
pluspart des Soldatsestoient
nouvellement leve%.
:
Ce General envoya en mê..
me temps ordre à Don joseph
de Armendariz&à Don Pedro
Ronquillo qui commandoient
la gauche de la premiere
Ligne de le venirjoindre avec
toute leur Cavalerie,àla reserve
ve de huit Escadrons ; çya
Monsieur le Comte de Merode
&à MonsieurleMarquis
de Lançarotte,qui commandoient
lasecondeLigne,deprendre
les Postes de Messieurs de
Armandariz&Ronquillo.
Dés qu'ils furentarrivez ils
chargerent si vigoureusement
les Ennemisqu'ils les firent
plier; mais le desordrede nostre
seconde Ligne de la droite
estoitsigrand qu'ils ne purent
faire une seconde charge.
Monsieur le Comte de Merode
& Monsieur le Marquis
deLançarottes'avancerent antcc
la seconde Ligne de la gauche
qu'ils commandoient; mais
s'estans aperçusque les Ennemisavoient
détaché de leur
droite trois Bataillons pour
prendreenflancles Gardes IUilonnes
qui estoient à la tesse de
la premiere Ligne de la gauche,
Monsieur le Marquis deLancarotte
marcha à eux avec deux
Escadrons
, & les défit entierement.
Il alla ensuiterejoindre le
reste de la Cavalerie & trois
Bataillons
, & marcha avec
Monsieur le Comte de Merode
pour charger unesecondefois,
mais les Ennemis ayant détaché
dix Escadrons &plusieurs
Bataillonspour les enveloper,
ils furent obligez de se retirer
en couvrant deux Bataillons
des Gardes Walonnes quise
posterent sur les hauteurs de la
Guerba.
La Brigade de Rupelmonde
oerrefta les Ennemis, & ne fit
saretraitequ'a lafin delaBataille
,
apréslaquelleellese retira
sans estre poursuivie, non
plus que le reste de l'Armée,
dont la plus grande partie se
rassemblaàTudela aute Mon-
Jieur le Marquis de Bay4 &
unepartieà Daroca avec Monsieur
le Duc de Pratameno.
Les Ennemisfont demeurez
maistres du ChampdeBataille,
mais cette Victoire leur a coûté
cher; leur Infanterieayant
d'abordestéfort mal-traitéepar
le canon; leuraîlegauche ayant
estédeffaite, '& à laquelle on
apris cinq Etendarts, çj$r ensuite
plusieurs autres Bataillons
ausquels on a enlevéquatre
Drapeaux.
On n'a encore pu sçavoir le
nombre des morts de l'Armée
du R..oy.,parce qu'ilrevienticus
lesjours desgens qu'on awit
cru tt4fZ oufaitsPrisonniers,
On ria perdu d'Officiers de consideration
que Monsieur le Duc
d'Havré, quifut tuéd'un coup
de canonavant que l'aéîionfut
tout àfaitengagée.
Les Habitans de Saragojfc
ont donné des marques de leur
zelc au Roy en fournissant à
son Armée du pain, du vin
j&ode lauviandre pesnda.nt trois, Nostre Garnison a enlevé aux
Ennemis un Convoy de cinquante
Chariots de vivres &
de munitions; &quarantemil
écus en especes qui estoient destinez
pour payer leurs Troupes.
Jesuis, &c.
Les Ennemis commencerent
à investirBethune le lj
Juillet, ce qui fut achevé le
18 au foir.
La tranchée fut ouverte la
nuit du 23. au 24., les Bateries
commencerent àtirer
le 30. Le28 Aoust les Allie..
gez battirent la Chamade,
& la capitulation fut reglés
le i«j. en 28. articles conforme
à celle de Douay.
Le 3 1. la Garnison sortit
au nombre de 1500. hommes,
outre 700. ma'ades~Ô6
blcfièz) & futconduiteàS.
Ome.
Mr le Juge, l'un des Fermiers
Généraux de sa Majessé
, mourut le
1 5 Aoust.
Messire Robert Aubery,
Seigneur d'Andilly
,
qui avoit
esté requ Maistre des
Comptes en IG55. mourut
le
2. 3. Aoust. Il estoit hohoraire.
Mre Louis Anne Aubery,
Docteur de SorbonnePrieur
Delcampe, & de S Sauveur
de Lomine
, mourut le lendemain
,
il estoit de lamême
famille que le precedent
Dame Charlotte de Besançon
est morte dans ses
Terres prés de Verneuil,
âgée de 44. ans. Elle estoit
fille de Mre Charles de Besançon
,
Seigneur de Courcelles,
Baron de Bazoche,
Vicomte de Neuf-Chastel
&c. & de Jeanne de Vanboringar,
elle avoit épousé
Mre Gabriel de Laval la Faigne
,
Seigneur de Montigny,
&c. neveu de François
de Laval, mort Evêquc de
Quebec, de la branche aînée
de Lavai Bois-Dauphin,
Il ne rclk plus du nom
de Besançon que Mela Princesse
de Courtenay,fillede
MreBernard Besançon du
Plessis Besançon;Lieutenant
General des Armées du Roy
& Gouverneur d'Aussonne,
& Ambassadeur de S. M. à
Venise. Il estoit frere de Mre
Charles de Besançon, Seigneur
deCourcelles, Lieutenant
& Commissaire General
des Armées du Roy,
Intendant en Touraine & en
Champagne.
De luy sont sorties Dame
ElizabethJacqueline de
Besançon
,
& Dame Anne
Marguerite de Besançon qui
a épousé Mre Gabriel du
Mont, Chevalier Seigneur
& Baron de Blaignac ancien
Officier de la Marine.
Mre René de Brizay,Marquis
de Denouville
,
Sous-
Gouverneur des Enfans de
France, est mort âgée de 73
ans. Il estoit frere de Mr
l'Evesque de Comminges le
dernier mort.
MreJules Adrien, Comte
de Noailles, l'un des fils de
feu Monsieur le Maréchal
Duc de Noailles,est-mort à
Perpignan. Il avoit estédestiné
pour l'Eglise
,
mais sa
Famille voyant en luy toutes
les dispositions qui peuvent
promettre un excellent sujet
pour la Guerre, consentit
qu'il embrassâtla profession
des Armes. Il efl: mort à 20
ans Lieutenant General de
la Province d' Auvergne,&;.
Colonel du Regiment de
Cavalerie de Noailles.
Mre Nicolas de Blanpi.:.:.
gnon, qui estoit Curé, &:
Chefcier de S. Mederic depuis
40 ans,est mort le 2. 7.
Septembre âgé de 68. ans.
Il estoit Doyen de tous les
Curez de Paris, & Docteur
en Théologie de la Maison
de Navarre.
Mr l'Abbé Anselme qui
avoit esté nommé à cette
Cure, a remis sa nomination
au Collateur qui l'a
donné à Monsieur deVivant
Docteur de la Maison & SociccedeSorbonne,
& Chanoine
de Nostre- Dame,auquel
Monsieur le Cardinal
de Noailles a donné son agrément.
Il en prit possession
le 7. Octobre, & il a
donné son Canonicat à
Mr l'Abbé d'Antin.
; Le Chevalier Guillaume
Godolsin, cy-devant Grand
Tresorier d'Angleterre
,
mourut d'apoplexie le 7.
Septembre âgé de prés de
80 ans. Il estoit frere aisné
de Milord Godolsin,& beau
frere de Jean Churchill,
Mylord Duc de Marlborough.
Mrd'Albergothi,Prélat
du S. Siege, &Gouverneur
de Macerata pourSaSainteté,
est mort à sonGouvernement.
Ilestoit frere de Mr
d'Albergothi , Lieutenant
General, Chevalier des Ordres
du Roy.
Mre Pierre François Gorge
d'Antraigues, épousale
22. SeptembreDamoiselle
Louifc Madelaine Therese
de Brichanteau, fille de Mre
LouisFauste de Brichanteau,
Marquis de Nangis, & de
Marie Henriette d'Aloigny
Rochefort.
La nouvelleépouse est
foeurdeMr le Marquis & de
Mr le Chevalier deNangis.
Le nouvel époux sera presentement
appellé Comte de
Melllant,dunom d'uncTerre
qui est dans le Berry, sa
mere estoit de la Maison d'Etampes
Valancey
,
niéce de
feu Mr le Maréchal, Duc
de Luxembourg, &de Me
la Princesse deMeKelbourg;
& sa soeur a épousé Mr le
Marquis de Bethune
,
petit
fils de Mr le Duc deBethune.
Mr deSenneterre,aépousé
Mademoiselle d'Ortans,
niece de Mr de la Poëpe
Vertrieu, Evesque de Poitiers
, & qui estoit Chanoine
& Comte de S. Jean de
Lion. Elle cft aussi proche
parente de Madame la Du-.
chesse d'Angoulesme, belle
fille du Roy Charles IX.
l, Elle estretirée au Convent
des filles de sainte Elifabcth
du Marais.
MrePierre Delpech
,
Avocat
General de la Cour des
Aides, &frere de Mr Delpech,
Conseiller au Parlement,
épousa le 20.Octobre
Elisabeth le Févrede
Caumartinde S. Port, Dame
de Cailly, niece du Commandeur
de Caumartin.
Saint Venant fut investi le
5.Septembre,& la tranchée
fut ouverte la nuit du 16.
au17. lesinnondations qui
en faisoient la plus grande
forceayant estésaignées, la
Garnisonfutobligée decapituler
le 29. au soir. Elle
sortit le 2. Octobre avec armes
&bagages, deux pieces
de canon, & toutes les autres
marques d'honneur, &
sur conduite à Arras. Cette
Garnison estoit au nombre
de deux mil hommes.
Les Ennemis ont eu à ce
Siege prés de mil hommes
tuez ou blessez.
Nous n'y avons, perdu aucun
Officier de consideration
que Mr le Comte de
Bcrenger du Gua, Colonel
du Regiment de Bugey, qui
fut tué le 24. Septembre. Il
avoit entrepris une sortie où
il ne fut suivi que d'une trentaine
de Grenadiers, la planche
sur laquelle tout son détachement
devoir passer s'étant
rompuë, ilne laissapas
de se jetter dans la tranchée
& de culbuter les Ennemis.
Il faisoitensuite sa retraite
avec toute la conduite & la
valeur possible ; lors qu'il
receu un coup dans la teste
dont il mourut.
Il servoit depuis sa plus
grande jeunesse,& il ne s'étoit
point pasle de Campagne
qu'il ne se fût distingué.
La derniere année il enleva
le poste considerable de la
Tuyle
,
dans la Val-d'Aost.
Il fit la même année cette
belle retraite à Constans,où
il arresta les Ennemis, &se
retiraavec les deux seulsBataillons
de son Regimenr.
Il estoit filsde Mr leComte
du Gua
,
Maréchal de
Camp, quia serviavecdistinction
depuis 1670 &pcn,
dant la derniere Guerre d'Italie
,
où il a esté estropié
d'un bras; & de Damoiselle
N de Symiane, soeur
de Mr le Marquis de Symiane,
Premier Gentilhomme
de la Chambre de S-- A. R.
Monsieur le Duc d'Orléans.
Tout le mondeconnoist
l'illustre Maison de Berenger
en Dauphiné, &la Genealogie
en a esté imprimée exactement
par feu Mr Chorier,
Historien decette Province.
Mr leComte duGuaavoit
trois fils, dont l'aîné est
enterré à Aire, le second à
S. Venant,&le Roy a donné
au troisieme le Regiment
de Bugey.
Mr le Marquis de Listenay,
Maréchal de Camp,
estant mort dans une sortie
faite à Aire le 24. Septembre,
le Roy a donné son Regiment
à son frere; sa Charge
dans la Gendarmerie à sa
fille pour la vendre, & sa
pension de sixmil livres à sa
Veuve.
Mr de Listenay estoitl'aïné
de l'illustre Maison de
Beauffremont
, au Comté
de Bourgogne.
Le Roy a donné à Mr de
Langez, Capitaine de Cavalerie,
un Guidon de Gendarmerie,
avec permission
de vendre sa Compagnie.
APOLLON
ET
L'AMOUR,
Par M' ROY.
DIALOGUE.
APOLLON.
Si matin au Parnasse, Amour
, qu'y vienstufaire?
L'AMOUR.
J'y vienscuëillirun Boti.-
quet pour Cloris
APOLLON.
UnBouquetpourCloris!
ehj'enfais mon affaire
Va va, retourne vers
Cypris,
Les fleurs entre mes
mains deviennentimmortelles,
Dans les tiennes,Amour,
qu'ont-elles à
durer?
Seuljesçayfaçonner les
Guirlandes nouvelles
Dont les Heros ont droit
de separer,
Efi-ce
Est-ce à d'autres qu'à
moy de couronner les
Bellesl
L'AMOUR.
Ma Mere ne vapoints
parer de vosfleurs,
MJeserseClorriseco.mme ma
APOLLON.
Si Venus connoist mal le
prix de mesfaveurs
Clorisfaitmieux, Cloris àl'Amour meprefere.
L'AMOUR.
EptlCaloirirseme.ddooiittIl"'aarrtt*ddee
APOLLON.
Atoy! Quoy donc, l'air
gracieux,Lesourireplein ddeeffiînneefjffee,1?
Lebaâinageingénieux
5 Art où Cloris ejïfi maitresse.
Tout cela ne vient pas
du plusbrillant dis
Dieux?
Quel autre, s'il vous
plaist, auroit mis dans
fisyeux
Cette prompte vertu de
guerir la tristesse ?
Maistu l'entenschanter,
parle de bonnefoy,
Enadmirant les sons
cette aimablecadence,
Seroit-cepas luyfaire offense
Que de croirequ'elle eût
d'autre Maistre que
moy?
Songe à l'Hiverpassé,
qu'un moment te rapelle
Le Bal avec tousses ap-
PtU,
Cloris dansoit,sa danse
teplut-elle?
Je luy montray les pre- mierspas.
Enfin cejlmoyfeulquelle
aime.
Veux-tu la voir dans un
Festin
Je lU) mets le verre en
main,
Bacchus en convient luymême.

L'AMOUR.
C'est donc de messuccés
quetu tefais honneur?
Tu parles de sa voix &
tu m'en dis merveille,
Maisjy donne un charmevainqueur,
Par toy les Chants neflattent
quel'oreille
Et , c'est par moy qu'ils
1-vontaucoeur.
Quefais-tu dansun Bah
tuprepares les Festes,
Moy j'y regne>fy jÙis
Clorissansla quitter,
Je luy sers chaque jour 4"
faire des Conquestes, Et tu n'és bon qu'à les
chanter.
Les repassont grossiers
avec le Dieu des Treilles,
Ilssontserieux avectoy,
Cloris à tespropos sen*
dormiroitsans moy Et renvoyroit bien des
Bouteilles.
APOLLON.
J'en ay trop dit, tu 'VtUX
mepiquerà ton tour,
Faisonsmieux, souffre
unyartage*)
Mêle ton nom au mien,
faisons-luy nostre cour,
Qu'elle reçoivethomma.
ge,
D'Apollon & de
mour.
REPONSE
de Cloris aux quatrederniers
Vers du Bouquet,
Je reçoisd'Apollon le
Bouquet & l'hommage,
AIais qu'Amour porte
ailleurslesien;
Un present d'Apollon à
quelques Vers m'engage;
Les voila bien-tostfaits;
ils ne me coûtent rien,
Maisl'Amour voudroit
davantage.
C'ejl unTyran, je le
sias bien.-
CONSEIL
Qu'on me donne dans
une des Lettre Critiques
qui ont couru
sur mon Mercure.
Je conseille ÀPAutsurde
se défaire auplutost d'un
certain air de gayeté &
de plaisanterie dont son
stile est injecre,Il a réjouy
d'abord;maisacoupseur
il déplaira dans la suite:
le Publicse lasse bien-tost
deplaisanterie, &c. 4
Cette critique est tressensée
, car on se lassede
tout.Ainsi dés que je m'apercevray
qu'on se lasse
ra de mon stile, j'en changeray
promptement ; &
au lieu que je ne suis sericux
que dans les endroits
où il le faut estre,
je le seray par tout; je
prendray un stilesi serieusement
uniforme qu'il
m'ennuyra moy-même,
& j'en seray bien fâché.
Plût auCiel que je fusse
toujours en humeur de
me réjouïr , car il faut être
réjouy le premier pour
pouvoir réjouïr les autres.
Ouy,je fouhaiterois pouvoir
joindre à mon stile
celuy des Lettres Provinciales,
de Rablais, de Moliere.
En un mot je souhaite
de réjoüir tout le
monde,excepté ceux qui
font malignement chagrins
de voir que lesautres
se réjoüissent..
Lapluspart de ces critiques
atrabilaires ne ju.
gent de lasolidité d'un
ouvragequepar le degrq
de serieux qu'ils y trouvent,
désqu'une maxime
solide est plaisament
travestie
,
ils la méconnoissent,
mais qu'unemaxime
petite ou fausse se
presente pour ainsi dire
en habitserieux,ils la respectent.
Tout serieux
leur paroistgrand; tout
badinage leur paroist petit
: ils n'y sçavent autre
chose.Cen'est point à ces
Messieurs là que je veux
plaire
, un Livretelqu'ils
le veulent ne plairoitqu'a
eux seuls,,&jeveux plaire
à la meilleure partie,
ne pouvant plaire à tout
le monde.
Ces Critiques austeres
veulent être plus fages
que la Nature qui atache
presque toujours un goût
agreable aux nourritures
les plus solides
qu'elles produit pour les
hommes. Je veux nourrir
les esprits le plus agreablementque
jepourray.
Le serieux instruit,
j'en conviens; mais le
badinage peut instruire
réjouir: je le prefere,
& je ne prétens pas
mesme m'abstenirabsolument
de cette espece
de plaisanterie qui ne fait
queréjouïr sans instruire;
n'est-ce donc rien
que de réjouir-
Ceux qui tâchent de
suspendre par leurgayété.
les ennuis &les chagrins
dont l'esprit humain est
accablé
.> ne sont
-
ils pas
plus utiles à la societé
que ces Pleureurs de prosession
qui vous entretiennent
dans latristesse,
en vous representant vos
maux encore plus grands
qu'ils ne sont?
Examinons sérieusement
combien il est utile
de répandre la joye dans
le Public; voyez ce qu'en
'm
adit là- dessus feu Mrde
Pelisson
,
l'un des plus
beaux esprits de nostre
siecle.
Les plus grands Législateurs
en fondant des Républiques,
onteu pour but general que
les Citoyenspussent 'vivre
ensemblevertueusement, paisiblement,
c- agreablement.
Ces trois choses font donc
necessaires
, & tout ce qui
contribuë à la derniere sans
nuire aux deux autres ,
bien
loin de s'écarter de l'utilitépublique,
yvaquelquefoisparle
chemin le plusdroite&leplus
court. Par Qtemple les écrits
d'un célébréJurisconsultesont
utiles, qui le peut nier? Ils
instruisentl'Avocat pour bien
deffendre sa cause ; l'Avocat
bien instruit fait que le Juge
prononce justement; LeJuge en
rendantjustice met lesJCitoyent
en repos. Mais on voit fouirent
que les différentes mains
de tant de diversArtisans détournent
l'Art de son intention
naturelle
, & il en aryvt
comme de ces Machines belles
&bien inventéesenapparence,
qui pour estre composées de frofi
depieces, dontquelqu'unevient
toûjoursàmanquer, s'arrêtent à
toute heure,&renversent quelquefois
ce qu'elles devoientporterAu
contraire ces autres écrits
qu'on traite communement de
Bagatelles, quand ils ne serviroientpas
à reglerlesmoeurs,
ou àéclairer l'esprit, comme ils
le peuvent , comme ils le doivent,
comme ilsfontd'ordinaire
directement ou indirectement;
pour le moinssans avoir besoin
qued'euxmêmes, ils plaisent,
ils divertissent, ilssement&ils
répandentpar tout lajoye, qui
est aprés la vertu leplusgrand
de tous les tiens,
CHAPITRE
','
oùje voudrois bien P'
1:' réjoüir.
Ce feroit un tresor qu'-
un.Chapirre comique
qui suspendroit à coup
seur le chagrin, comme
le Quinquina suspend la
fièvre. Je vous composeray
pour le mois prochain
une prisede ce Quinquina
pour les chagrins;mais
afin qu'il puisse faire effet
sur tous les temperamens,
il faut faire entrer dans
cette composition toutes
fortes de drogues. Il y entrera
des boufonneries,
des équivoques; des jeux
de mots ; & peut-être du
bas Comique ; du Burlesque
; des Trivelinades;
des Arlequinades.
Il faut de tout cela quelques-
fois pour épanoüir
la Rate, Se le bon comique
ne fait rire que l'efprit.
Le premier Chapitre
de bas comique que je
vous donneray fera peutestre
extrait des plus ferieux
Auteurs Grecs &
Latins; on m'en a promis
bon nombre de traits
& j'enay déjà quelques.
uns,
Ceux d'entre ces Auteurs
anciens quiontdeliberé
des jeux de mots
dans leurs ouvrages, ne
dédaignoient pas apparemment
d'enrire.
Socrate rioit quelquefoisdes
plaisantes injures
que sa femme vomissoit
contre luy, & j'ay connu
un Socrate moderne, qui
par maniere de recreation
estimoit sa femme
jusqu'à l'irriter, parce
qu'elle avoit la colerecomique,
comme certains
yvrognes ont le coeur
gay.
Aprés avoir fait l'Apalogie
du bas comique, je
devrois vous en donner
icy tout du meilleur ;
mais jen'ay rien à present
dans ce genre-là, si ce
n'est une Lettre de jeux
de mots que je n'eusse jamais
osé placer dans un
Livre aussi grave qu'on
prétend que doit estre le
Mercure Galant; mais
je puis tout mettre dans
ce Chapitre-cy., car il est
privilegié: j'y proteste
contre la Critique.
11) Pour autoriser le stile
de la Lettre qui fuit,citons
icy un jeu deiiiotî,
Grec traduit d'un Au-
,
teur grave. Voicy la tra- j
duction dans ces quatre
Vers.
L'Escamoteur Doc/es"
un jourjetta la vûe
SuruneCouped'orqu'avoitLisimacus,
Aujfl-tojl que Docles
l'eutvue,
Lisimacus ne la vitplus..
LETTRE
LETTRE CRITIQUE
d'un MaitredePaulme
sur , monpremierMercure.
MONSIEUR,
Vous avez assez bien peloté
en attendant partie;
mais on dit que vostreJeu
est trop vif, & qu'au lieu
d'atendre la Balle au bond,
vous prenez tout de Volée.
En effet, avec vous la Balle
ne tombe pas à terre. Les
bons Critiques vous promenent
de coin en coin: ne
relevez point leurs coups.: *
remarquez les chasses &
vous les gagnerez en jouant
bien. A l'égard despetits
Joüeurs qui font fâchez de
vous voir la Balle à la main,
forcez au dedans; ils craignent
laBalle:ilsbaisseront
la tesse & perdront quinze.
Il y en a d'autres, qui faute
desçavoirjuger la Balle,
prennent vos coups coupez
entrebond & volée,&leurs
raisonnements se perdent
dans les filets. Défiez-vous
de cctix qui vousferventsur
.J
les deux toits; ils feignent
leur jeu en flattant le coup :
mais ils vous attaqueront
par. bricole, & prendront le
défaut, car vous ne pouvez
pas être par tout. On dit
que quelques enfants de la
Balle prennent l'avantage
sur vous quand il y a faute;
mais attendez qu'ils ayent la
Raquette à la main, ils
mettront dessous, & vous
ferez à deux de Jeu, quoy
qu'ils ayent pris leur Bisque.
Enfin Monsieur, si l'on
vous chicane trop, faites
demander fous. la Gallerie
à, ceux qui ont bien vû le
coup,ils jugeront tous que
vostre Mercure a porté, &
que vous avez gagné une
chasse au premier; mais
tirez droit au second si vous
voulez gagner la partie.
Nous mettrons tous argent
fous corde, & le public
payera les frais.
,
SIEGE &J1RE:
Aire fut investi le cinquième
Septembre
,
& la
tranchéefut ouverte la nuit
du 12.au 13.
Mr le Maréchal de Villars
fit avancer l'Armée prés
de Hesdin, la gauche à Auchy
sur le Ternois, la droite
à Valiere, le Centre à
Eftruval ayant la Canche
derriere; le24. il partit pour
aller aux eaux, & Mr le Maréchal
d'Harcour arriva le
xj. pour commander 1Armée
en sa place.
Le 19. au matin les Ennemis
commencerent de tirer
avec 33. piécesdecanon.
à l'ataque gauche, &avec
44.à lataque droite.
Lanuit du 20.au21. ils
avancerent jusqu'auFossé de
la Redoute de la Laquete ,
mais ils furent obligez d'abandonner
leur tranchée
,;
parce que les Assiegez ayant
fait une ouverture à laDigue
laremplirent d'eau.
Le lendemain ils travailler
rent à la Baigner pour faire
écouler les eaux.
Le 22. ils avancerent
jusqu'à laRedoute qu'ils emporterent
après avoir perdu
trois cent hommes.
Le lendemain les Affiegez
firent une sortie pour
la reprendre; mais ils furent
repoussez après un rude
combat ; voicy ce qu'en a
mandé un Officier de l'Armée
Ennemie.
Mr d'Audencourt, Cadet,
de Mr le Comte de la Motte
Colonel de Loraine
, ayant de.
mandé 200. Grenadiers pour
reprendre la Redoutéque nous
avions enlevée,ilnousestvenu
ataquer. Ily aeu une
grande tuerie de part. d'au.'
tre;il a eu la cuisse cassée.
Noustravaillons à present
à nous rendre Maistres du
Chaussoir
,
qui est encore un
ouvrage avance , après cjuoy
nous travaillerons à saigner
l'innondation ; nous esperons
estre les Maistres de la Place
à la Toussaints.
AUTRE LETTRE
du même Officier.
DU CAMP
devantAire le 2.5SeptembrÓ
Le 22.Monsieur le Comte
JtEfteing, Lieutenant General
Commandant à S. Omer ,
fit un détachement de goo..
Chevaux commandépar Mrs
de Mortagny (Cf d*Ejlaghol
Brigadiers; MÏS du Palais ,
de S.Sernin &d*Houdetôt
Colonels
,
Neufchastel (7
Montvert Lieutenants-Colonels
; ilspasserentl'Ax
, &
se posterent dans des fonds de
l'autrecosté, au delà des
hauteurs qui sont à une lieue
demie de S. Omer. Ils envoyerent
devant euxtrois cens
Chevaux
, en deux corps , sous les ordres de Mrs d'Houdetot
~& de Montvert
,
du
cofté du Village d'Heuderin.
ghem
, avec ordre de recevoir lefleurHergeuft 30Hous
fards
,
qui avec15Dragons
poussentjusques dans le quartier
du Comte deNassauWeilbourg
à S. yiugujlm
,
où ils
sabrerent. Une Garde de 60.
Cuirassiers y estans accouruë
fut battuë renvesée; mais
tous nos Houssards ejlantallc%.
au secours avec 300. Maîtres
quise trouvoientcommandez
pousserentvos Houssards. Mr
de Montvert
, au lieu de les
attendre de se rejoindre à
Mrd'houdetot,marcha à eux,
fut renversé,& ces trois cents
Chevauxfurentrepoussezvivementjusqu'à
ce que Mr de
Mortantnousayantàsontour
envelopé,il ne s 'ensauva que
ce qui put penetrer au travers
de vos Troupes. On nous en
tua beaucoupy & nous eûmes
68. Cavaliers de pris.
Mr de Mortani aprèss'estre
remis en bataille
, voyantque
toutnostre piquet alloit au Je*
çoursrepassa la petite rivure
&jia ou quelques uns de nos
gens le suivirent, (y tomberent
dans une embuscade de
Grenadiers que l'on avoit pofdtez
deanscle Vqillague deeBla.n-
Les François perdirent Mr
de MontnjertLieutenantColonel
,
deux Lieutenants avec
cÓmmiflion de Capitaine, deux
Autres, trois Cornettes,sept
Maréchaux des Logis,&une
quarantaine deDragons ou Ca-
Valiers.
Nous avons perdu en tout
trois cents hommes.
Lanuit du21.au13,les
Ennemis pousserent une paralelle,
maislesassiegez ayant
fait une sortie à une heure
aprèsminuit ruinerent
une partie de leurs travaux.
Le soir du 2. 3. Mr le
Marquis de Flavacourt avec
quatre cents Grenadiers gu
trois cents Travailleurs ruerent
presque tout ce qui se
trouva dans la tranchée &
ruinerent tous les travaux
des Ennemis,Mr de Flavacoure
y fut blessé.
RELATION
de l'Affaire de Vive
Saint-Eloy.
Le 24. Septembre Mr le
Chevalier de Valence, CapitainedeGalere,
arriva d'Ipres
& rendit compte au
Roy de ce qui fuir. Mrriatendant
ayant donné avis à
Mrde Ravignan, Maréchal
de Camp, que les ennemis
faisoient remonter un gros
Convoy par la Lys, il partitle
18. à dix heures du soir
avec Mrs d'Houk, & de Jarnac
Brigadiers, Mrs de Valence
, de Noailles, de Nogaret,
de Louvigny
,
d'Angennes
,
& de Montesson
Colonels) 19. Compagnies
de Grenadiers, 1500. Fuseliers,
& leRégiment de
Dragons de S. Chaumont.
Il marcha toute la nuit
dans les Bois, prés de Vive
S. Eloy, passa à la veuë de
Menin, & à la demi portée
du canon de Courtray, à
troislieues de Deins en deça
de Gand, & arriva à deux
heures après midi à Oucghem
sur le bord de la Lys.
Trente Houssards qu'il
avoit envoyez à la découverte,
vinrent avertir que
les Ennemis se mettoient en
bataille à Vive S. Eloy sur
le bord de la riviere,&qu'ils
rangeoient leurs Batteaux
derriere eux; il pressa la
marche de ses Troupes, &
ayant pillé le Village, pendant
que l'Infanterie se
mettoit en bataille,ilalla
reconnoitre les Ennemis.
Mr le Comte d'Arhlone,
qui commandoit l'Escorte
du Convoy, avoit
13oo. hommes d'Infanterie
& 600.Chevaux. Il
avoit appuyé sa gauche à un
Mardis impratiquable joignant
la Lys. Son front qui
croit fort étroit, se trouvoit
couvert d'une prairie coupée
par trois fossez, & une
levée de terre; il avoit posté
sa Cavalerie, à sa droite
qui nestoit point retranchée.
Mr de Ravignanprit lemeilleur
party qui estoit de
se poster de maniere qu'en
allongeant sa gauche
,
il y
postast Mr de ,Jarnac
,
Mr
de Louvigny, Mr deMontesson
avec 6oo.Fuseliers,
à costé d'eux , & le Regiment
de Dragons de Saint-
Chaumont,avec 30. Houssarts
qui faisoient face à la
Cavalerie ennemie. Monsieur
d'Houk Brigadier,Mrsde
Valence & de Nogaret
Colonels avec les Grenadiers
,
Mrs d'Angennes &,;
de Noailles Colonels, avec
le surplus desFuseliersoccupoient
la droite jusquau-
Marais.
- Comme on avoitobservé
que la Cavalerie ennemie
pouvoir pénétrerparunchemin
& tomber sur la gauche
de l'Infanterie, on posta à
l'entrée, de ce chemin60.
Fufeliers. Au signal, qui étoit
de battre aux champs,
les Fufeliers de la droite firent
feu sur les ennemis pour
les occuper. En même temps
tous les grenadiers passerent
les trois fossez sans tirer, &
tombèrent sur les ennemis
la bayonnette au bout du
fusil, se mêlercnt & culbuterent
les premiers rangs,
firent un grand carnage,&
poufferent sivivement les ennemis,
qu'ils n'eurent pas Ictemps
de se jetterdans deux
vieilles Redoutes ruinées.
Nos Dragons cependant
chargèrent sià props & si
brusquement la Cavalerie
ennemie, qu'ils la défirent
en tres peu de temps. Les
Houssards qui estoient à la
teste des Dragons fabrerent
avec tant de fureur,qu'elle
fut renversée. Mr de Jarnac
<
fc replia sur la droite, &

prit en flanc l'Infanterie ennemie
qui estoit déja presque
tout à faitrenversée par
<
les Grenadiers.
âe Des 1300.hommes d'Infanterie
, tout fut tué ou
noyé à l'exception de C09+
qui furent conduits à Ipres,
& d'une trentaine deblessez
à mort, qu'onlaissa dans
les Villages. On compta que
des 600. Chevaux la moitié
avoit estétuez ou noyez, le
reste s'estant sauvé du costé
de Deins. Le Comte d'Athlone
qui commandoit l'efcorte
, fut fait prisonnier,
avec un Lieutenant Colonel,
un Major &36. autres Officiers.
On prit beaucoup de
Chevaux des Cavaliers ÔC
tous ceux qui remontoient
les Belandres sur lesquelles
les soldats se chargèrent de
Burin; dix furent choisis
pourmettrele feu aux poudres
avec précaution,ils le
firent, & secoucherentensuite
à terre a près s'estre
bouché les oreilles, ce qui
n'empêcha pas que deux ne
furent estoussez. Le bruit
fut si furieux que le Village
de S. Eloy vive fut renverfé
,
& que la terre fut ébranlée
jusques à Valenciennes,
&S. Quentin ou
les vitres en furent cassées;
laLys fut separée en deuxbras
au travers des Terres,
& les Batteaux furent tous
brifez. Il yavoir treize cent
quatre - vingt milliers de
poudre, de l'Artillerie, &
une grande quantité de boulets,
de bombes chargées,
de carcasses
,
de grenades;
de vinaigre & d'eau de vie.
Après cette expédition
,
qui ne coûtaque50. hommes
tuez ou blessez
,
Mr de
Ravignan, marcha lentement
vers Rouffelar où il
arriva le lendemain à midy;
ses Troupes estant fort satiguées
, a cause qu'elles e''
toient cliarcyées&embarassées
deprisonniers. Il y reçût
avis que les ennemisenvoyoient
plusieursdétachemens
pour le couper. En
effet une heure après 600.
Chevaux ennemis parurent
avec quelque Infanterie, &
attaqueront un poste à la
portéedefusil de Rouffelar.
Mr du Bois, Lieutenant Colonel
de S. Chaumont partit
avec 100. Dragons, fou.
tenus de quelques Grenadiers,
commandez par Mr
de Valence. Les ennemis se
retirèrentavec précipitation
Monsieur
Mr Dubois les poursuivit
leur , tua 15.hommes, prit
un Officier avec 10. Chevaux;
ensuite Mr de Ravignan
marcha par le grand
chemin d'Ipres, où il arriva
le 10 au soit.
Le 14. Septembre leChapitre
de l'Eglise Métropolitaine
de Treves
,
élut le
Prince Charles deLorraine,
Evêque d'Osnabruck
, &
d'Olmuts
,
Coadjuteur de
&
l'Evesque & Eleveur de
Monsieur le Duc de Lorraine,
qui la reçue le Vendredy
16.elle luyfut confirmée
par MonficurSchmittbourg
neveu de l'Electeur
de Trêves,quivint la
complimenter de la part de
son oncle. Peu de temps
après S. A. R. envoya ordre
au Chapitre de l'Eglise
primatiale de Nancy pour
le Te Deum; Elle l'avoir fait
chanter d'abord àLuneville
sans a cune Ceremonie.
Mais le soit elle le fit chanter
en musique
,
jetter de
l'argent au Peuple
,
couler
des Fontaines de vin. Il y
eut des illuminattons pendant
trois jours,un feu d'artifice,
un grand repas & un
grand bal. Monsieurle Duc
de Lorraine pour faire honneur
àMrde Schmittbourg
lui donna à CouperchezMr
le Marquis de Lenoncourt
son grand Chambellan
,
avec S. A. R. Madame la
Duchesse de Lorraine. S. A.
R.fit presentàMrdeSchmittbourg
de son Portrait.
enrichi de diamants.
Onm'aaverti sur l'article
d'Aglaé dans monpremier
Mercure, que l'Intendant
de cette Dame Romaine
nes'appelloic pas Bonaventure
; mais Boniface ; on
a eu raison
,
& j'ai tort de
n'avoir pas verifié les Mémoiresoùj'ay
pris aussi les
soixante Intendans que j'ay
donnez àAglaé Loind'être
fâché qu'on me reprenne de
pareilles fautes, j'en serois
exprés si j'estois feur que
chacune m'attirât uneLettre
aussi pleine d'érudition celledeMrl'AbbéH**q*ue
:
Voicy les remarquesqu'il fait
sur les soixante Intendants
d'Aglaé,DamèRomaine.
Les Intendans estoient une
forte d'Esclaves. On les
nommoit jéclores servi; les
Economes des familles, des
mai sons,des biens.
Il y avoit autant d'Esclaves
que d'occupations dans
les maisons des Grands; on
en comptoit jucqu'à cinquante.
Actorservus, l'Intendant
d'une Maison.
Atrienfis servus, Concierge;
c'estoit le plus considerabledes
Esclaves ; ilavoit
tout en garde.
Procuratoservus, qui vacquoit
aux affaires pour les
Procès.
Négociatorservus, qui negocioit
pour son Maistre.
Libripensservus, Treforier.
Dispensator servus, qui
achetoit & payoit.
Capsarius servus,qui donnoit
l'argent à interest
, un
espece d'Agioteur
,
d'Usuner.
Calculatorservus, qui calculoit
& supputoit.
Strvus ab Epijhiisy qui
écrivoit les Lettres.
Librariusservus
,
qui écrivoit
des Livres par notes
abregées, dont on se fervoit
avant l'Imprimerie.
Servus ab Ephemeridé, qui
avertissoit des Calendes, des
Nones & des Ides, des Fêtes
& des autres jours du
mois, sur tout de celui que
les Romains nommoient
dies Ater,ledeuxièmeJanvier,
& de celui duPatricide,le 15.
Mars,mort de Cesar.
Cubiculariusservus, Valet
de Chambre ou Camerier.
Vertipicus Servus,Valet
de Garderobbe.
UnÛorfervus.qnx frotoit
le corps d'huile de (encoure
le parfumoit aux Bains.
Balncator servus
,
Baigneur.
Fornacator servus
3
qui
allumoit le fourneau des
Bains.
MedicusSefvns, Medecin.
Admissionalisservus
,
Introducteur
pour admettre
aux Audiences particulières
ou publiques.
Silentiarinsservus, quifaisoit
faire silence dans la
Chambre ou dans les Salles.
Procope dit qu'ils estoient
établis pour tenir les A(G&
tans dans le respect.
jinte ambulo servus, qui
marchoit devant pour faire
faire place.
Salutigerulus servus , qui
porroit le bon jour.
Nutritifsprvits avoit
soindd'élever les enfans,Precepteur,
InflruâcLr.
Structor servus
,
Mâiftrv
d'Hostel.
Pocillatorservus,Echansom
Cellarius servus, qui gardoit
les vins, d'où le Celerier
est venu.
Proegqjïatarfervtts
,
qui
faisoitl'essay du vin avant
qu'on le presentât à boire.
Obcoenator servus, qui
achetoitles vivres.
Vocator servus
,
qui alloit
convier a mander.
Dioetariusservus, qui avoit
foin d'orner la Salle des Festins.
^rjdlefiaJervtts3 qui ramarrait
les restes destables,
Esclaved'oeconomie.
Poeniculusservus, qui netroyoit
les tables avec uncéponge.
Cursor servus, qui portoit
des nouvellesverbales.
Tabellariusservus , Porteur
de lettres.
Calator servus, uicon.
voquoit les Assemblées.
Nomenclator servus, qui
nommoit ceux qui briguoient
les Charges de la
Republique. Il falloit 2 5.
ans pour estre Quæsteur
,
30. pour estre Tribun,37.
pour estre Edile, 39. pour
cttrcPrxteur~ 43. pour
estreConsul
,
selon Julie*
Lipse.
Villicus fernsus> qui avoit
foin des biens de la Campagne.
Viridariusservus
,
Jardinier.
Topiariusservus,qui tondoit
les Parterres & les Arbusses,
VenatorServus, Chasseur.
Salvariusservus, Garde
de bois.
Pastor Servus, Berger.
Pijlor servus, qui battoit
le bled pour en tirer la farineavant
l'u(1ge des Moulins.
Ostiarius servus Portier.
Servus à pedibiis Valet
de pied, Laquais.
-4quarlusfervus Porteur
d'eau.
Scoparius servus, quibalayoit
lesmaisons.
Lecticariusservus, Porteur
de chaises.
Polinctor servus, qui lavoit
les corps, & les embaumoit
après le deccds.
Designatorservus, Maître
des Ceremonies, & l'OrdonnateurdesPompes
funebres.
Ulpren raporte que
sa fonction estoit considerable.
Il marchoit accompagné
de deux Licteurs;
Horace & Tertulien enfont
mention.
Emissarius/?ro/#jJntrigant
pour lesplaisirs deson Maître.
On s'est plaintquemesNouvelles
estoientseiches &avortédj
quo'n les vouloitétoffées,
nourries &c. J'ay déjà prosité
de cet avis, & dans la
fuite je les nourriray encore
plus de détails &de circonstances;
mais jamais de reflexionsnide
raisonnemens
politiques. Un particulier
qui ne voit que le dehors de
la machine politique sans en
connoistre les ressorts cachez,
ne peut jamais raisonner
solidement.
On s'est plaint aussi de
machanson contre lePays
Normand,dont j'ai dit:
N'en attendez ni bon njinf
ni franchise.
Je fais reparation d'honneuraux
Normands;ils excellent
en prudence & en
force d'esprit,& s'ils pêchent
un peu en sincerité, c'est
un pêché originel qui est
commun à toutes les
Nations. Ainsi dés qu'on
aura planté des vignes en
Normandie, je feray volontiersNormand,
&jeme
dédiray de tout ce que j'ay
dit dans ma Chanson.
Je me dédis aussi paravance
des choses les plus innocentes
que je pouray dire,
& dont quelqu'un se choquera
par malice.
Tout homme qui jetteraune
pierre en l'air dans
les ruës de Paris ne peur
pas jurer qu'elle ne blessera
personne, par exemple tous
les Amantsinconstants doivent
estre choquez de la
Chansonqui suit.
GHANSON
Anacreontique
JurïAirt Reveillezvous
1
Belleendormie.
JPhilis plus : avare- quetendre
Negagnant rien a:
refuser,
Un jour exigea de Lifandre
Trente Moutonspourun
baiser.
Le lendemain seconde
affaire,
Pour le Bergerletrocfut
bon,
Il exigea de la Bergere
Trente baisers pour un
Mouton.
Le lendemainPhilis plus
tendre,
Craignantdemoinsplaire
au Berger,
Fut trop heureuse de luy
rendre
Tous les Moutons pour
un baiser. ® Le lendemainPhilis peu
fige
Voulut donner Moutons
» & Chien
, -- Pour un baiser que le
volage
A Lizette donna pour.,
rien.
SVITE
Des Nouvellesd'Espagne
depuis la Ba-
- taille de Saragosse.
Le 14.Aoustle liloy0
d'Espagne arriva à Madrid,
oùaprés avoir donné les ordres
necessaires pour grossir
son Armée par de nouvelles
Troupes ,&la bien faire
fournir d'argent, de vivres,
d'artillerie,& demunitions,
il jugea à propos de conduire
la Reine & le Prince
des Asturies àValladolid
où les anciens Rois deCastille
faisoient leur sejour ordinaire.
Sa Majesté Catholique
fit declarer à tous ses
Conseils, qu'elle ne prétendoit
contraindre personne
às'y rendre, maiscettedispense
ne servit qu'à redoubler
le zele de tous les Tribunaux,
de tous les Grands,
& des autres personnes les
plus considerables qui fuivirent
leurs Majestez Catholiques
à Valladolid, oàelles
arriverent le 16. Scp.
tembre. L'Armée des Ennemis
estoit alors à Ariza
sur le Xalon en Arragon
,
au delà deCalatayud.
Cette Ville du temps des
Romains, s'appelloitBilbilis ;
c'estoit la Patrie du Poëte
Martial.
Monsieur le Marquis
de Bay estoit campé du
costé d'Aranda de Duero,
sur le grand chemin de Burgos
à Madrid,où les Troupes
qu'il atrendoit devoient
aller le joindre,pendant que
DonJuan Antonio de Amezaga
estoit avec un corps
de Cavalerie aux environs
de Madrid, pourempêcher
les courses des partis EnnemEis.
XTRAIT
d'une Lettre de Lerida,
duig. Septembre.
Mrle Comte de Louvignies,
qui commande icy
,
ayantesté
avertj que les Ennemis faisoientconduire
à Barcelone cinq
cent Officiers ou Soldats,qu'ils
avoient faits prisonniers à la
bataille el," Sarragosse
,
estant
sorti avec une partie de nostre
Garnison pour tâcher de les delivrer,
a reussidans son dessein.
Ila battu lEforte & ramené
les Prisonniers.
Plusieurs RegimentsFrançoissont
arrivez à S. Jeande
pieddePort
,
où ils attendent
les ordres pour entrer en Navarre.
Les Miquelets s'estoientempare'{
du passage de Canfranc
dans les Pyrenées ; mais ils
en ont bientost eftéchaJjèz,&
le passage estàpresent libreentre
cette Ville,Monçon &saca
qui font les plusfortes Places,
d'Aragon
,
&quifont bien
pourvues de toutes îeschofesnece[
faires
-
cessaires
>
en cas de Siege ; mais
on ne croit pas les Ennemis en
estat d'en entreprendre aucun.
Mr le Duc de Noailles est
arrivé à Valladolid le même
jourque leursMajestez Catholiquesquiy
arriverent avant
hier
, & Mr de Vendôme y
devoit arriver hier.
Les dernieres nouvelles que
nous avons receuës del'armée
des Ennemis , portent que le
Comte de Starremberg avoit
fait cuire une grande quantité
de biscuits
,
&qu'on lui avoit
écrit que sa presence efloit necessaire
en Catalogne,
, parce
qu'on attendoit un 7randcorpsi
de Troupes Françoises dans le.
Roussillon ; nous ne croyonspasi
que ce Genralrisquedese laisser
enfermer avec l'Archiduc
&son Armée, qui estbaucoup
diminuée à cause des grandes
fatiguesqu'elle a essuyées.
SUITE
des nouvelles d'Espagne:
Le18. Septembre lesGrands
d'Espagne, en continuant
leur zele pour la justecause
de leur Roy legitime,lui de
manderent permi/Iîond'é«:
:'Crire une Lettre à Sa MajestéTresChrétienne
;cette
Lettre est écrite dans les
termes les plus forts, les plus
touchants &les plus respectueux.
Ils y protestent au
nom de toute laNoblesse&
des Peuples d'Espagne qu'ils
sacrifieront leurs biens &
leur vie pour faire passer
à la posterité un nouvel
exemple de l'amour & dela
fidélité de la Nation Espagnole
pour leur Souverain.
Dés que le Courier fut arrivé
,
S. E. Monsieur le Duc
d'Albe, tout malade qu'il
(fiait partit pour porter
cetteLettre au Roy, & il
renvoya le même Courrier
aux Grands avecune réponse
tcllç qu'ils pouvoient la
souhaitter.
DE VALLADOLID
le 1 3. Septembre.
LeRoy arrivaicyle16avec
la Reine le Prince des
Asturies, les Tribunaux, les
Grands, & routes les personnes
les plus distinguées
de Madrid, excepté Mr le
Duc de Veraguasqu'estoit
à l'extrémité lors du déparc
de leurs Majestez Catholiques.
Mr leDuc de Noailles
y arriva le même jour,& Mr
de Vendôme le lendemain.
Aprésfonarrivéc on tint un
grand Conseil où tous les
Généraux assisterent,&aprés
lequel le Roy dcclara qu'il
semettroit à latestedel'Armée
avec Mr de Vendôme,
& que Mr le Comte d'Aguilar,
Mr le Duc de Popoli-,
Nir le Comte de Las Torres,
&Mrs les Marquis de
Val de Cains, d'A itona
,
& de Thouy
,
serviroient
en qualité de CapitainesGeneraux;
que Mr le Marquis
de Bay retourneroit en Estremadure,
& que la Reine,
le Prince des Asturies, &
tous les Conseils iroient à
Vittoria.
Les Gouverneurs de Lerida,
deMonçon,&de Jaca,
font continuellement des
courses. Celuy de Lerida a
délivré 500. Prisonniers que
les Ennemis conduisoient à
Barcelone:un parti a arrêté
un Courrier de l'Archiduc
qui mandoit à l'Archiduchesse
que son Armée
avoit manque de vivres pendant
plusieurs jours, qu'on
leconduisoit à Madrid malgré
luy
, & contre. l'avis du
Comte de Staremberg
, quc
les Généraux des Alliez n'avoient
pas voulu écouter,
& que les Peuplesestoient si
affectionnez à Philippes V.
qu'il n'y avoir pas lieu d'esperer
de tirer d'autres avantages
de sa victoire que quel.
ques contributions pour
payer les Troupes.
Le19 l'Armée Ennemie
arriva à Alcala
,
d'où l'Archiduc
alla à Madrid avec
un détachement. A ion approche
Mr de Amezaga se- r toit retiré avec son corps de
Cavalerie.
EXTRAIT
d'une Lettre deLerida
du29. Septembre,
Nostre Commandant a esté
dans un mouvement continuel
depuis laBataille de Sarragope.
Il ne s'estpas contentéd'avoir
délivréla plusgrande partie des
Prisonniers que les Ennemisy
avoientfaits
, & qu'ils faisoient
conduire à Barcelone. Il
méditaitdepuis long-tempsun
moyendesurprendre Balaguer,
posse important, que les Ennemis
avoient fortifié, & à la
faveur duquel ilssesont maintenus
si long-temps dans nostre
Voisinage.L'ocasion s'est presensée,
& il en a profité. Sur
l'avis qu'ilavoit receu que les
Ennemis y conduisoient un
Convoy
,
il sortit avec une
partie de nostre Garnison, &se
posta demaniéréque ce Convoy
venant àpasserdanssonembuscade,
l'Escortese trouva envelopée.
Il lafittouteprisonniere,
à la reserve ae quelques joi-
(lats quifurent tue Ensuite Il
fîtmarcher leConvoy
,
à la tête
duquel il mit des Soldats qui
sçavoientparlerAllemand,qui
ayant ditàlaporte qu'ils estoient
de l'Escorte qui amenoit le
Convoy entrerentdans la Ville
sansaucuneresistance. LaGarnison
qui estoit de 800. hommes
, après avoir reconnu la,
surprise,se mit en défense; mais
ellefutcontrainte decederaprés
en avoir eu plus de trois cents
de tuez Ceux qui resstoientfurent
faits prisonniers avec le
Gouverneur. Onstrnfititefàuter
les jortificatîons
, & on a
Amené icy tous les Prisonniers,
douzepiecesdecanon, quatre
mortiers & quantitédevivres
& demunitions.
Le 19.Septembre l'Armée
ennemiearriva à Alcala,d'où.
le General Stanhope s'avan.
ça avec un détachement de
tjoo. Chevaux. Mais l'Archiduc
n'y efloit pas encore
entré le 2.3. LaVille de Tolede
se fortifioit
,
& avoit
pris les armes. Les Ennemis
ayant envoyé deux Regiments
de Cavalerie pour la
sommer de prêter ferment
à l'Archiduc,les Habirans
les obligerent de se retirer.
Le Village de Vallejas,qui
fournissoit une grande partie
du pain qui se consommoit
à Madrid, a esté bruslé par
les ordres du General Stanhope,
parce que lesHabitans
avoientrefusé d'en fournir à
ses Troupes. Mr le Duc de
Veraguas , President du
Conseil desOrdres,qui estoit
àl'extremité lors du départ
du Roy d'Espagne pour
Valladolid, mourut le lendemain,
& Mr le Marquis
de Jamaïca son fils, après
lui avoir rendu les derniers
devoirs, suivit Sa Majesté
Catholique.
Tous les Grands & les
autres personnes les plus
distinguées,ontoffert tous
leurs biens au Roy d'Espagne.
La Reine & le Prince des
Asturies,arriveren le premier
Octobre à Vittoria,
avec un grand nombre de
personnes de distinction.outre
tous les Officiers des Conseils.
L'Armée Espagnole,forte
d'environ 14000. hommes,
estoit campée à Penafiel
sur leDuero. Elle devoit de
là continuer sa marche vers
Valladolidoùle Royd'Espagne
l'attendoitpour se
mettre à la telleavec Mrde
Vendôme,& marcher du
cofté de Salamanque,.
Suite du Sièged'Aire.
La nuit du 17. au 28.
Septembre les Assiegez brulèrent
tous les Ponts des
Assiegeants, & la nuit du
28. am9. ils firentune sor- liede00. hommes qui
juinerent une partie des travaux
& renverserent tout
ce qui se presenta devant
eux, & ne se retirerent qu'aprés
que le General Gromkau
y eut conduit deux Régiments
quifurent aussi fort
maltraitez.
Le 3.Octobre les Ennemis
attaquerent la Redoute
qui est sur la Chaussée de
Bethune; mais ils furent repoussezavec
beaucoup de
- perte , & le lendemain ils y
donnerent un nouvel assaut
voiùveilms efunrtent repoussezaussi
qu'au premier. Ils
remporterent enfin le 5.
mais comme elle est ouverte
du costé de la Place ils
perdirent plus de 300 hommes
en s'y logeant,tant par
le Canon, que par la Moufqueterie
des Assiegez, du
nombre desquels estoient
plusieurs Officiers. Le General
Efferenyfut blclfé
,
& le Comte de Dhona eut
la teste emportée par un
boulet.
Le 7. les Ennemis ayant
fait un logement du costé
de l'avant fosTé à l'attaque
gauche) les Afficuez sirent
une sortie & le ruinerent. La
nuit suivante les Assiegeans
travaillentà lerétablir; mais
le lendemain les Assiegez
y jetterent une si grande
quantité de Bombes qu'ils
le ruincrent de nouveau.
La nuit du9. au 10.les
tranchées de l'attaque gauc
he furent inondées,quoy
que les Ennemis eussent fait
des ouverturespour faire écouler
l'eaude l'avant fossé
Le 10. lesEnnemis travaillerent
encore à faire écouler
les eaux, ce qui n'empêcha
pas que la nuit leurs tranchées&
même une Batterie
furent inondées de nouveau,
mais les jours suivants
ayant encore fait écouler
des eaux, ils pousserentleurs
ouvrages jusqu'àl'avant fossé
& jetterent des Ponts pour
attaquer le Glacis de la Contrescarpe.
Le 16. ils y donnerent
l'Assaut, & ils se rendirent
Maistresd'une partie du
chemin couvert après un
combat fort opiniâtre. Mais
le lendemain ils en furent
chassezavec une perte considerable.
Lesjours suivants,
jusqu'au24.ils y donnerent
plusieursassauts inutilement
ayant toûjours esté repoussez
avec beaucoup de perte;
maisenfin aprèsl'avoir encore
attaqué plusieurs fois,
ils en demeurerent les Maîtres
le 27. à l'exception
d'une Place d'Armes.
La nuit du 28. au 29.
lesEnnemis attaquerent cette
d erniere place d' Armesqu'il
leur restoit à prendre, & s'en
emparerent aprés une vigoureuse
resistance.
Les pluyes estant furvs*
nuës ont si fort incommo
dé lesEnnemisàl'attaque de
la Porte d'Arras, que leurs
Troupes avoient de l'eau
jusqu'à l'estomach
, en sorte
qu'ils furent obligez d'abandonner
cette attaque où
il y avoir trois batteries
qu'ils ne purent retirer des
bouës. Ils avoient déja abandonnéuneautreattaque
& il n'y avoit plus que celle
d'entre la Porte de Nostre-
Dame&cellle d'Arras,d'où
l'on battoir la Place.
Le.29. Mr le Comte
d'Esting , qui estoitcampé
derriere la Colm entre Bergues
&S.Orner,alla camper
avec ses Troupes sous
le canon de la Citadelled'Ipres,
où Mr le Comte de
Villars qui doit commander
dans cette Place,étoit ar.
rivé avec trois Régiments.
Les Ennemis avoient un
Camp de 8000. hommes le
long de la Lis pour favoriserunConvoy
de 300. batteaux
chargez de toutes fortes
de munitions de Guerre
& de bouche qui devoit leur
venir de Gand; mais après
enestre sorci& rentrédeux
fois, ils resolurent de lefaire
escorter par quinze mille
hommes,sur ce qu'ils avoient
esté informez que
nous en avions dix mille du
costé d'Ipresqui devoient
l'attaquer.
Le 30.au soirun party
enleva cent Chevaux aux
Ennemis prés de Lille.
Un de leur Régimentsde
Dragons qu'ils envoyoient
en garnison à Mons
àcause dumauvais cRac ouT,
*1! eftoic, fut attaqué prés de
Tournay par le Partisan Jacob
quien tua cinquante
& en fit pluficurs Prisonniers.
COMBAT.
del'Amour & du rcfpeét. àMadame de R*'**
parMrL. B.
L'Amour
estoit dans ÏEfclavage3
Lerespectletenoitsous de
severesLoix* Iln'ozoitdesyeux même
emprunter le langage,
Le respect étoufoitsessou
pirs &savoix,
Las de voir trop longtemps
sa pmjjance
asservie,
Lv'Aomolutrêenf.in sesi re-
Il combat poursaliberté;
Venez lesecourir
, ilyva
de ma vie,
Faites le triompherenfaisan
tmonbonheur,
Vous mettrez le comble
à sagloire;
Vous ejlie'{ l'objet du
Vainqueur,
Soyezleprix desa Victoire,
BOUTS RIMEZ
DONNEZ.
DANS LE MERCURE
PRECEDENT
REMPLIS PAR
MR DUPUIS.
DEUX JOUEURS DE PIQUET.
PREMIER JOUEUR. * 'Ahma
soyj'ay beau jeu
,
deux
Qumtes me font trente
Q.u.¡nd ton point seroit bon je
feray mes quarente
Car j'aygarde à mon Roy)tr4
Maspas garde au tien.
Maisvoyonssiton point est meilleur
que le mien,
SECaND JOUEUR.
j'avois quatre-vingtpoints, &
c'est en cent. cinquante
J'ay sixiéme & le point, jeferayle
soixante.
Tu croyois tonjeu bon, chacun vantele.Sien
Tes Quintes, tu le vois, teserventde
rien
PREMIER JOUEUR.
Je ne le vois que trop, tu feras tes septante
Une Carte deplus, j'auroisfait
le 0 nonante
Mais mon neufécarté me fait
perdre mon bien.
Pour écarter sonpoint ilfaut
estre un grand. chien.
Je tascheray de donner
tous les mois quelque
Historiette ou
Françoise ou Espagnole,
ou mesme quelque
Conte Arabe. On m'a
promis des Mémoires
pour tout cela, outre
lesAvantures du temps
que je prefereray toûjours
aux autres; en
voicy une.
Dans le mois dernier
un Agioteur aesté
trompé par des Filoux,
J'ay voulu m'assurerxactement
descirconstances
en me faisant
raconter le fait par plufleurs
personnes. Il
m'est arrivé ce qui arrive
toûjours en cas pareil.
Unechose se passe
en presence de plulieurs,
& cependant
elleest racontée differemment
par chacun
des spectateurs.
L'AGIOTEUR
DUPE.
Un deces Juifs Parisiens,
non pas de ceux
qui dans la Synagogue
des Halles sçavent faire
d'un vieux Manteau
deux Justaucorps
neufs; mais de ceux
qui achetant, revendant
& rachetant le
mesmepapier plu sieurs
fois en un jour, en gagnent
la valeur en
moins d'un mois. Un
de ces Juifs, dis-je , qu'on nomme depuis
peu Agioteurs, des plus
rafinez, des plus avides
& des plus défiants,
calculoitunjour sur le
midy le gain de sa matinée
en attendant pratique
nouvelle.
Arrive un Picard,
franc Gaulois par la
mine, homme grossier
en apparente,& foy
disant pressé de faire de
l'argent d'un Billet de
Change pour s'en retourner
àAmiens.L'Agioteur
luy dit qu'il a
de l'argent à son service
; mais que depuis
deux jours les Billets
font à trente-cinqpour
cent. Le bon Picard fait
l'étonné
,
luy aflUla':l('\
qu'hier encore mCI"
Franchard n'avoit pris
di luy que-trente poup
cent. Cela ne Ce peut
luy dit l'Agioteur ;
mais quiest donc Mr
Franchard? Si je n'étois
pas si pressé de partir
, continua naïvement
le Picard, je ferois
retourne a luy;
mâisil loge bien loin
d'icy* : ça Monsieur
voyons viste si vous me
voulez faire aussi bon
marché que luy. Je
m'en garderay bien,dit
l'Agioteur; en Jepressantde
luy direquiestoit
cethomme si desinteressé.
Le bon Picard
-- en s'en allant
comme un homme
presse.expose la franchise&
le desinteressement
de Mr Franchard
avec des circonflances
a faire apetit au plus
degoustéAgioteur d'agioter
avec Monsieur
Franchard.Il lâche ensuite
comme par abondance
de coeur & de
verbiage les tenants ,
les aboutissants, la ruë

& le logis de Monsieur
Franchatd,disant qu'il
va au plus viste recevoir
son argent, & laisse
nostre Agioteur dans
les reflexions 8c dans
l'im patience de lier
commerce avec un
homme si bon & si
facile. Il prend dans
son Bureaupour quinze
mille francs de papier
, pour aller faire
conoissance avec Monseur
Franchard. Pendant
que nostre Agioteur
va chercher fortune,
il faut vous instruire
qu'clles estoient les
bonnes gens avec qui--
il alloit negocier.
Monsieur Franchard
&le Picardprelsé de
partir estoient chefs de
cinq ou six Filoux dela
haute volée, de ceux
qui par un long apprentissagedans
l'exercicedespetitsvols
acquierentl'habilite&
les moyens d'en faire
de plus grands.
-
Il y avoit autrefois
à Paris un grand nombre
de ces Filoux; mais
à present la Police y
met bon ordre,& ceux
cy ne porteront pas
loin le tour qu'ils ont
fait à nostre Agioteur.
Monsieur Franchard
avoit Joué depuis quelques
mois un grand
Cabinet garni d'Armoires
avec des Clorsons
à barreaux, en y
joignantquelquesTables,
de vieux Cosses
forts, & des Balances,
il en avoit fait
un Bureau en forme. Il
avoir assemblé force
Registresovieux& nouveaux
&force sacs bien
ronds, bien numerotez
& de riche apparence.
Ces Régistres & ces
sacs arrangez dans ces
Armoires formoient
une Bibliothèque de
Financier des mieux
assortie. Avec cetestalage
& le secours de lès
Compagnons qui se
deguisoient tantost en
gens d'affaires,tantost
en porteurs d'argent
pour achalander le B ureau
,
il avoit estably
son credit chez son hoftesse
& dans [on voisinage.,
ce quiluy produisit
de petits gains
courants d'Agiotage
qui payoient leurs dépens
; mais ilsattendoient
du hazardquelques
bonnes qcaGQn-s)
celle cyen fut une>
Commenostre Agioteuresoit
tres défiant,
il demanda le logis
de Monsieur Franchard
a toutes les Boutiques
du voisinage
pour avoir occasion de
s'informer finement
quel homme c'estoit ;
maisplus il s'informa
&plus il fust trompé
,
car
car tous les voisins
estoient prévenus pour
luy. Il arrive au logis
de MonsieurFranchard
dont il reconut l'hotesse;
elle avoit esté autrefois
de ses am ies.Il
avoit grande confiance
en elle, & elle en avoit
tant en son hoste qu'elle
ne pouvoit s'en taire.
Il luy avoitfait mille
plaisirsc'étoitun hoste
charmant. Il n'y avoit
qu'une incommodité
avecluy , c'estqu'estant
logée directement
fous son Bureau elle
avoit la teste rompuë
de la quantité d'argent
qu'on y remuoit à la
pelle. Eneffet,ilavoit
deux ou trois sacs de
bon argent blanc avec
quoy il faisoit le plus
de bruit qu'il pouvoit;
passons laconversation
de l'hosteste & de l'Agioteur.
Elle court le
presenter à son hoste
, qui promet tout à sa
consideration : elle les
laisse parler d'affaire,
& s'en va. Monsieur
Franchard l'amusa par
des discoursvagues sur
le courant de l'Agiotage
,
& l'amufoit à
dessein, car il ne pouvoit
faire son coup
qu'il n'entendit pour
signalun Carossearriver
à grand bruit à sa
porte. Pendant que
Monsieur Franchard
étale en verbiage sa
probité& sa Franchise,
l'Agioteur leconfidere
de la teste aux
pieds;ilest charméde
saphisionomie,C'estoit
un de ces visages
pleins, unis, faits de
façon qu'on croit les
connoistre de vue parce
qu'on, en voit souvent
de semblables; sa
taille étoit courte &
ronde, des épaules, du
ventre,jambes renforcées
,
jarrets bas, bras
courts, &C main large;
main à compter les
écus dix à dix, vray
moule de Caissier ; enfin,
homme devant lequel
vous vous mettriez
a genoux pour
luy faire prendre vostre
argent la veille
d'un déeri.
Voici un Carossequi
arrive;c'estoit le signal:
venons au fait, dit
franchard. Lefaitest,
répond l'Agioteur,que
j'aylà pour quinze
mille francs deBillets,
& sur ce qu'un Marchand
d'Amiens m'a
ditque vous en aviez
pris à trente pour cent.
Qu'estce à dire ?
interrompit l'autre *
avec un air de franchise
brusque
, vous mocquez-
vous ? ils font à
trente cinq, tout ce
que je puis faire en faveur
de mon hostesse,
c'est de perdre un pour
cent.
Ils en estoientlà
qnand un petit Filou
quiestoit venudans le
Carosse vint faire le
personnage d'un jeune
Ecolieren Droit à qui
sa Mere achete un'!-
Charge de Conseiller
en Province. C'estoit
un petit .Blondin ar
voix gresle, graffoyant
un peu & ricanant
beaucoup. Il entre étourdiementsans
se fai,.
te annoncer , &£ d'un
air é1 vaporéIl court cmbrasser
Franchard en
luy criant avec joye
qu'il avoit conclu le
marché de sa Charge.
Il
Il me faudra luy ditil
, vingt mille francs
deBillets de Monnoye.
Je les prendray de vous
sur le pied que vous
voudrez, je vous ay
tantd'obligationsd'ailleurs
: autres embrassades
, mais cenest pas
le tout, il faut dans le
moment quatre sacs de
mille francs à ma mere
pourm'acheterun Carosse.
Monsieur Franchard
ne répond qu'en
tirant quatre sacs d'une
Armoire comme un
homme qui les donnoit
aussi facilement que
l'autre donnoit des embrassades.
Il en ouvre
un ,
& le répand sur sa
table pour le compter:
Vous vous mocquez
Je moy , s écrie le petit
Conseiller, a-t'on jamais
compté aprésMr
Franchard ? Donnezmoy
une plume que je
vous fasse mon Billet.
Vostremere m'en fera
un tantost dit froidement
Franchard, vous
estes trop jeune pour
signer, emportez toujours,
nous souperons
cesoir ensemble.Deux
5 grands Laquais s'avancent,
prennent les sacs,
& le jeune homme s'en
-
vacourant & cabriolant
comme il estoit
entré. P ij
Je ne reconduis point
Ics jeunes étourdis
5
sécrie
Franchard, jen'ay
pas assez de jambes
pour les suivre.Ensuite
se tournant vers l'Agioteur
,
l'occasion effc
heureuse pour vous, luy dit-il, je luy feray
prendre vos Billetsde
Monnoye à trentedeux
pour cent; c'est
trois de gain pour
vous. Je veux bien fairece
plaisir à mon hostesse
aux dépens d'un
jeune fol qui jette l'argent
par les fenestres ;
ça voyons vos Billets.
Pendant que l'Agioteur
les tire de sa poche
en faisant mille remerciements
, Franchard
arrange plusieurs
sacs sur une autretable,
en prend un
qu'il renverse sur le
comptoir. Comptez ,
dit-il, à l'Agioteur,je
vais examiner vos Billets.
L'Agioteur com pte,
& Franchard prend
la liasse. Pendant qu'il
la feüilletoit sans la dc_e
lier, nostre jeune Cf-,
tourdy rentre avec une
Dame venerable qu'il
tenoitsur le poing, 6C
riant de toute sa force,
conte àFranchard comme
une chose fort plaisante
que samere qui
n'avoit pas voulu monter
la premiere fois de
peur de le déranger,venoit
par excez d'exact*
tude luy faire son Billet.
Franchard court au
devant d'elle, se fasche
de cette exactitude offençante
pour luy, jure
qu'il ne recevra le Billet
qu'en luy donnant à
souper. La Dame venerab
le cede de peur de
le fascher
, & regagne
son Carosse, où Franchard
, plus ceremonieux
avec les Dames
qu'avec les jeunes ef-
Tourdis, voulut absolument
la reconduire.
Il la suit, tenant toujours
à la main la liasse
deBillets & l'Agioteur
rcfte iàns se defier
de rien. Il compte toûjours
son sac pour gagner
du temps;maisil
n'osa pas toucher aux
autres quen prsience
de Franchard
, trèsfasché
mesmed'avoir
trouvé deux Ecus de
manque dans le sac,
car l'ayant compté sans
témoins,il prenoit déjà
laresolution de perdre
deuxEcuspar politesse.
-
Il s'assit
,
& attendit
fort tranquilement pen
dantun quart d'heure;
c'est le moins que puissent
durer les Corn-*
phmentsd'une femme
à qui on précèdet~<
gent.
Voyons cepen dant si
nosFiloux munis des
quinzemi lle francs en
Billets sont montez en
Carosse.Non,ils s'ex.
quivent plus finemenr;
ils laissent le Carosse de
louage à la porte, ô£
Franchard feignant
d'accompagner la Dame;
jusques chez un
Notaire voisin, la suit
à pied jusques dans une
rue tournante où un
autre Carosse les attendoit,
& touche Cocher
, voila les quinze
mille francs partis.
Imaginez vous l'impatience
inquiété da
l'Agioteur & de l'hôtessequi
le fut rejoin.
dre au Bureau pour
voir s'il étoit content
de son hoste. Leur con..
fiance étoit si bien establie
que les sou p çons
ne leur vinrent que
pardegrez; mais il fallutenfinen
veniraux
craintes, aux éclaircisfements,
auxalarmes,
l'Agioteur veut emporter
quinze sacs y 1hostessè s'y oppose, il
faut des formalitez. Je
parte fous silence l'arrivée
du Commissaire,
l'ouverture des sacs;
remplis de cailloux 6C
de ronds d'ardoise. Je
ne vous diray point
quelsfurent à cet afpeét
les fremissements
& les mines de l'Agioteur
dupé; vous imaginerez
le dénouement
de tout cela plus plaisamment
que je ne
pourrois vous le décrire.
Le mot d'Agioteur
vient du mot Italien
Adgio Supplément ou
Ajustement.Adjiuflamento,
Ajustement ou
Convention d'interest
entre les Agents de
Change ou Banquiers.
Quel vantaggio chési da
o ricevé per adjoustamenodella
valuta diunamoneta
aquelta d'unaltra.
BOUTS RIMEZ
DONNEZ
DANS LE MERCURE
PRECEDENT
REMPLIS PAR.
MR D.F.
LE MARY FIDELE.
MAfemmeavoit quinze
ans lorsque j'enavois trente
Elle ena doncvingt-cinqpuisquejenay
quarente
Tout va bien jusques là, son
gracieuxmain
,
tien
Etson oeilençorvifplaisent
encoreau mien
Mais dans dix ans 3heUs !
quandj'en auray cinquante
Ma femme à trente-cinq m'en
paroidtra.. soixante
Mon âge alors fera moins
convenable au.sien.
VieuxChat
, jeune Souris, un
Ancienditfort bien
L'Epoux seraconstantpour
femme de,"',. septante
SS''iillppeeuutt,nneec,coommmmeenncceerr aà l'aimer
qu'à nonante
Dans cessolides coeurs les,ans
nechangent rien
Il n'estfidélité siure que de
vieux chien.
SUR LES MESMES
BOUTSRIMEZ.
Par MR £Abbé L ** *.
QVoyqu'en ait décidé le
Concile de Trente
Entre les gras Abbez
, j'en
sçayplusde.. quarante
A Benefice double, ayant doubleentre.
tien
iQtii non contens des leurprendroientencor
le mien
Un Disciple de Pierre environ
l'an cinquante
Préditqu'en milsept cens dix
ou trente ou soixante
Maint Apostreferait plus riche
que /f. lien
Qui desonjuperflu ne reformerait
rien
Parlons par Parabole à linflar
des septante
Combien de bons Passeurs
voit-on entre. nonante
Peut estre dix; ceuxlà ne
veulentd'autre bien
Que leurpetitTroupeau, leur
boulette &leur chien
SUR.LESMESMES
BOUTS RIMEZ-
., ParM.Dam. ***
Damon à son Amy.
JEpardonne l'amour,avingt
ans jusqu'à trente
On peut secrettementaimer
jufqua quarente
Alaïs pour lors d'un amy le
solideentre. tien
Doit faire les plaisirs de ton
coeur & du.. mien
Taschons d'avoiracquis environvers.
cinquante
Des amis des honneurs
, &
des bienspour soixante
Car on ne doit compter pour
lorsquesur le..j ben
Asoixante ans d'autruy je
n'esPere plus rien
Gardes-toy d'avarice
,
asoixantea.
septante
Onpeut estrecberymesmejusqu'à
nonante
Lorsque l'on sçait gayement
fairepartdeson. bien
Manger seul en grondant
.) c'est vivre comme un chien
LISTE
DES TROUPES
envoyées en Roussillon,
Je vous donne cette
Lifte en attendant
l'Articledes nouvellesd'Espagne
dont j'attends
des Relations.
MrDillon, Lieutenant
General de Dauphiné.
CAVALERIE.
ESCADRONS. ADanujpohuin..5Paràbelle. 3 Pucange. 2, Flèche. 2Germinon. zValgran, zz
DRAGON S.
La Lande.., Chasselas. 3 3
FSomomeiri.x.••. 3>
Total des Escadrons.
28.
INFANTERIE.
BATAILLONS.
Normandie..«.$
La Couronne.I Auvergne. ;2,
LFaMlanardcrhee..&2.
Oleron. Vermandois.1r
Soiflonnois., 1
Tierache. Baujollois.. zForez. zEDgarmigans.i. i2, L
Vivarez: , Perigord.tl Lubautfe., Villeneuve.. r j Yalouzq.., Chanlpigni.. r
1 Léon. Seye.*rj Total des Bataillons.
36.
Messieurs de Trevoux
doivent mettre
dans leur Journal du
mois prochain une
Dissertation en forme
de Lettre dont je vais
vous donner l'extrait,
sur lafoyque j'ay du
bon choix qu'ils sçavent
faire des Pieces
,
car je n'ay par moymesme
nulleérudition
sur les Monuments ,&
sur les InfcriptiowKantiques.
Cette Lettre cft
du P.fE.J.
-.
J'ay V€U.,Monjteurxles
Monuments etantiquitéde la
capitale desLeuquois, qu'on a
trouvez prés de Leucey dans
le pays des anciens Leucois ou
Leuciens ; & à' ce nom de
Leucey
3
je vous avoue que
j'ay cru avoir trouvé la capi.
tale decepeupleGaulois qu'on
cherche encore AUjourd'huy
Pour rendre mon systême
probable, aprés avoir
avoüé que Toul étoit la premiere
Ville de Leuciens du
temps dePtolemée 3je montrerois
quellen'est devenuë leur
capitale que par laruine d'une
Villeplusancienne qui portoit
leur nom.
N'est-ce pasainsi que nous
prouvons que Treves étoit la
capitale du pays Trevois ?
Met!{j de celuy quon nom-
tnoit Mediomatrices;
Reims, des Rémois, Soisson),
des Sucssonnois ,
Amiens
,
des Ambianois
, Chartres,des Carnutes, Le
Mans
,
des Cenomans, Pa-
- ris,desParisiens,Sens
,
des
Senonois, & Langres, des
Lingonois? Toutes les capitales,
disons-nous, ont pris le
nom de leurs Peuples,excepté
celles de la Province Romaine.
& les Villes voisines (font les
Romains avoientfixéou changé
le nom, comme Aquæ
Sextiæ, Lugdunum, Vesontio
,
Augustodunum.
Puisdonc que noustrouvons
au milieu du Peuple appellé
anciennementLeuci un lieu
nommé Leucey , ne devonsnous
doncpascroire que le Lieu
quiporte le nom du Peuple qui
l'environne
, en estla capitale
?
Le P. l£ refuteenfuite
l'opinion de feu
Mrl'AbbéRiquet.
Ilavoitdonné, dit-il,aux
Leuquois une Capitale qui
n'étoitpas mesmede leur Pays,
car si noussuivons la division
des anciens Dioceses qui a esté faite Sur Ii division
des anciens Peuples del'Empire
,
Gran devoit estre du
Pays de Langres, parce qu'-
elle a esté long-temps du mesme
Diocese.
Gardez-vous bien de croire
ne nmoins, Monsieur, que le
donnedans cette illusion; ou--*
tre que les Capitales n'ont pris
le norll de leurs Peuples que
quand leurs Tyrans leur ont
oste le leurpropre,& en un
temps où elles ne pouvoient
tftre ni connues aux Geographes,
ni mesme aux Geographes
du bas Empire ,
fuis
qu'elles ont gardé leur nom
jtiféJu'à ce temps-là.
L'Auteur soutient
ensuite le caractere
d'un veritable Sçavant,
qui ne refute
point l'opinion des autres
par l'envied'établir
les siennes.
Je n'aime point
,
dit-il
, à changer les bornes que nos
peres ont posées; re puisque
Toul a toûjours esle la Capitale
des Lo ucois, je ne luy disputeray
point ce nom. Je
conviendray que ma regle n'cft
pasgenerale,&que les Mandubiens
,
les Nerviens
,
les
Menapiens, &plusieurs autres
Peuples avoient des Capitales
à qui ils n'ont paslaissé
leur nom; que l'Analogie du
nom est une preuvelegere lorsquellerieftpasappuyéed-
'ail*
leurs; & qu'enfin quand on
auroit trouvé à Lucey mesme
les Monuments d'antiquité
qu'on a trovuez auxenvirons,
je ne prétendrons point me signaler
par une nouvelle OPInion
capable de m'attirer tous
les Antiquairessur les bras.
LeP.l'E.propose
sansopiniastreté une
opinion nouvelle;c'est
ce qui la rend plus
probable. Un Sçavant
qui n'est point aveuglé
par ses préventions.,
voit plus clairqu'un
autre.
Il rassure ensuite un
de ses Amis sur un
doute qu'il a.
Vous craigne^ fort, luy
dit-il
, que les Monuments
qu'on a trouvez cbek vous ne
soientpasantiques,parce qu'il
ne vous paroist pas que certaines
Lettres qu'on voitsur une
petite Urne lachrymale qui
fait une partie de ces Monuments,
soient de la beauté que
font ordinairement les Lettre.s.-
Romaines dans les Inscriptions
antiques Pensez-vous
quil n'y paiffi avoir d'Inscription
antique si elle n'efi bien
écrite?
Je vous avoüeray que j'ay
estémoy-mesme en cette erreur.
Lapremierefois que je vissur
les Medailles d'Albin des A.
qui navoient pasla simplicité
ordinaire aux Lettres Ramai.
nes ,
j'enfussurpris.A la vûe
d'une Inscription sur Bronze
pour la Déesse du Peuple Bi - bractin,laquelleestconservée
dans le Cabinet de Mr Moreau
de Mautour, où je remarquay
de pareilles Lettres.
Je doutay de l'antiquité de i'Jnjcriptwn; mais lorsquej'eus
prisgarde que nous avionsplusieurs
MedaillesConsulaires
dont les Legendes n'estoientpas
si bien écrites que celles des
Medailles du haut Empire
fr compris qu'une Inscription
pourvoitestre antique & malécrite
tout ensemble, & que
souventmesme la difformité de
ces Lettres étoit une marque
dune plusgrande antiquité.
Maislorsque je vis les
Tombeaux des Soldats de lahuitième
Legion qui furent
trouvez àStrasbourgen1663.
e,,,7 dontBebel fait la description
,
je connus qu'une Inscription
pouvoit estre mal écrite
~& avoir estéfaite dans le
haut Empire, c'est-à-dire, au
temps qui nous a laissé les pltiè
telles Inscriptions
, car enfin
voilà lesEpitaphes dont ils*a*
gif.-
On lit sur les trois
premiers Tombeaux.
LEG. VIII. AVG.
Sur le quatriéme
Tombeau.
LEG.VIII. AG.
L'Impression n'a pû
imiter icy les Caracteres
malformez de ces
InscriptionsJe suisfasché
de diminuer en cela
le
-
plaisir des Curieux,
plaisir que j'approuve
,puisque la curiositéantique
est une
espece de joüissancedu
tempspassé. Si quelqu'un
deces Sçavants
a citationsGrecques &C
Latines
,
blasme l'incertitude
qu'on voit
chez les Antiquaires,
je luy répondrais volontiers:
Des Livres Grecsoriginaux
Vous croyez, concevoir les
objcurespensées
Mais souvert elles sont
encorpluseffacées
Que les Inscriptionsqu'on
trouve aux vieux Tombeaux.
L'Auteur prouve enfuite
que ces Inlcrip-^
tiens quoyque mal
écrites, sont neanmoins
du temps de la
plus belle Antiquité.
Premierement , dit - il,
elles Ifr-sontpointdu bas EriJpire,
car il n'yavoit en ce
tempslà que deux Legions
d'August
,
l'une en Thrace
> &l'autre dans [Jllllirie
, encore
partoit-elle le nom de Pre-
~torienne,d''Etrangère,
nomque celle-cyneporte pas.
Elles sont donc du hau-
Empire jCT mesme du comt
mencement del'Empire,carce
riefîoit qu'en ce temps-là qu'il
y avoit une huitième Legion
qui porta le nom d'Auguste.
Nous la voyons en quartier
sur le bord duRhin dans le
Pays des Vangions & des
Tribocces t1
,
pendant l'Empire
de Tibere,& nous Ij voyons
encore sousl'Empire d'Antoninaurapport
de Ptolemée,
aprés que L'histoire n'en parle plus.
Les Soldats de cette Legion
furent donc enterrez à Strasbourg,
bourg, ou sous l'Empire de
Tibere ousous l'Empire d'An-:
tonin. Desçavoir precisement
le temps de leur sepulture
,
je
crois que ce riefl pas une chose
aisée.
LesInscriptions de la Republique
ancienne oudu bas
Empiresontmalécrites parce
qu'au temps de Republique l'écriture
Romainen'avoit pas
encoresa perfection
, &qu'au
temps du bas Empire, elle l'avoit
perduë C'estainsi
que les Medaillesd'Albinfrapées
dans les Gaules ont des
A. Gaulois : que l'Inscription
de la Déeffi de Bibraaé., a
des R. &des T Gaulois, &
que lesEpitaphes de Strasbourg
dont nous venons de parler
,
ont des Lettres toutes Gauloises.
Nevoyons-nouspas encore
aujourd'huy que les Allemands
qui ont retenu quelques-unes
des manieresGauloisesnesçauroientformerune
Lettre Romainesans
en alterer lasimplicité.
Ils nepeuventse resoudre
àfaireunI. qui estlaplussimple
de toutes les Lettres,sans
y ajouster quelque ornement.
Je suis,Monsieur
,
vostre ,
Cm,r.
Le 14. septembre ,
Me de Belzunce
,
Abbesse
de l'Abbaye Royale d'A ngers,
dite du Ronceray
,
fut
bénite dans sonEgliseCollegiale
de la Trinité, par
Mr l'Evesque de Marseille,
son frere
, & assistée par
deux autres Abbesses, toutes
deux ses Tantes. La Trinité
est immédiatement
dépendante de l'Abbesse•
Dés que le Prélat eut
ptis ses ornements Pontificaux
, il alla chercher la
nouvelleAbbesse dans le
Choeur, d'où il vint en
procession.LesChanoines
en Chapes,les Chapelains
& autres Ecclesiastiques
au nombre de trente, en
Dalmatiques, précedoienc
l'Abbesse qui étoit suivie
de toute sa Communauté,
marchant deux à deux.
Elle avoit à son costé droit,
Me de Lauzun Abbesse de
Saintes, & à son costé gau- che, Me de Lauzun, ancienne
Abbesse de la mesme
Abbaye du Ronceray,
dont elle s'est démise en
faveur de sa Nièce. Dans
cet ordre la Procession sortit
du Choeur
,
traversa
l'Eglise Abbatiale; & se
rendit dans celle de la Trinité
qui la joint, au son
des Cloches des deux Eglises.
Après la Messe,la procession
se rendit dans le
Choeur du Ronceray, où
le Prélat ayant intronisé
l'Abbesse, il entonna le
Te Deum qui fut chanté en
Musique par les Religieuses.
Cette nouvelle Abbesse
est de la Maison deBelzunce
dont on a parlé lorsque
son frere fut nommé Evesque
deMarseille.
L'Abbaye Royale du
Ronceray d'Angers, est si
ancienne que l'on ignore
sa premiere fondation. On
sçait feulement qu'avant
que le Roy de Sicile Duc
d'Anjou l'eutrétablie dans
son premier lustre, & luy
eust fait prendre la Regle
de Saint Benoist
,
c'estoit
une AbbayedeChanoines.
ses, donr les Religieuses
ont gardé quelque chose de
l'habit, & quelques usages
particuliers pour les ceremonies
,
sur tout à leur
Prsession, aprèslaquelle
on fait la Bénédiction des
Vierges comme elle cil:
marquéedanslePontifical
Romain. On croit que les
feules Religieuses du Ronceray
,
& les Chartreuses
ont confervé cet usage.
Les Dames Religieuses
du Ronceray ne sont reçues
qu'après avoir fait les
mesmes preuves que l'on
exige à Malthe pour les
Chevaliers. Il y a huit
Prieurez que l'Abbesse
donne à des Religieuses
qui en sont Titulaires, &
les peuvent resigner.
Cette Abbaye a de grands
droics.L'Abbesse est Dame
d'une grande partie de la
Ville d'Angers, ce quiest
cause qu'elle s'appelloit
Dame d'Angers,jusqu'à ce
qu'uneStatuemiraculeuse
de la Sainte Vierge, trouvée
dans des Ronces, eust
fait donner le nom du
Ronceray à l'Abbaye où
l'on conferve avec beaucoup
de vénération cette
Image dans une Chapelle
très,ancienne qui est fous
terre, d'où il fort une Ronce,
ce,quiestverte en tout
temps.
Il y a eu des Abbesses
du Ronceray des Maisons
de Vantadour
,
deChampagne
, de Rohany&de la
Tremoille. Les dernieres
font Mesdames Simonne
& Ivonne de Maillé Brezé;
Antoinette du Puy,Charlotte
de Grammont qui vie
encore, &qui s'est démise.
Elleest Tante de Me de
Belzunce du codé de pere
& de mere ,
Françoise de
Caumont de Lauzun qui
demeure avec sa Nièce, en
faveur de qui elle s'est demire;
& enfin Anne-Marie-
Loüise de Belzunce qui
vient d'estre benite. Elle a
esté Grande-Prieure de
l'Abbaye de Saintes,Coadjutrice
du Ronceray le 10.
Février 1708. & Abbesse le
19.Mars de l'année suivante.
Elleestsoeur deMr
leMarquis deCastelron,
BrigadierdesArmées
du Roy, Capitaine des
Gendarmes de Monseigneur
le Duc de Bourgogne
, Se commandant actuellement
la Gendarmerie.
CHANSONS.
J'avois prévû que
quelqu'un me chicaneroit
sur l'ancienneté
de mes Chansons, sans
me sçavoirgré des
Nouvelles que j'y
joins; mais le goust de
quelques particuliers
quine cherchent dans
les Ouvrages que la
nouveauté seule, ne
l'emportera pas sur le
goust du Publie. Il y a
long-temps quon s'attendàvoirun
Recueil
demes Chansons caracterisez
, comme l'Opéra
,le Tabac, les Cloches,
les Siflets,&c.. Je
les donneray toutes en
détail à deux par mois.
Je prie ceux qui les
souhaitteroient toutes
à la fois
,
de prendre
patience : ceux qui
n'en voudroient point
du tout, prendront












patience aussi, car j'en
ay provision pour deux
années.
CHANSON
A SIFLER.
prés de la jeune Iris, un
Marquisscelerat
ylprts mille ferments qui
valloient un Contrat
Avoit tant presse1*^4-
DiintitY.*
5
JQue la Belle a JarJ tour
pressoit lasignature.
Un jour avec empressement
Elle conjuroit cet Amant
De hnfter thymenée
3 Et luy sans s'émouvoir
fifloitnonchalemment
LE MARQUIS, StHe. uuuuuu
Iris d'abordfutallarmée*
Ellefremitpleurant amerement
Mais le Marquis touché
siflaplus tendrement.
Ufifle.
u u u u u
Etmesme par pitiépour
l'aimableaffligée
Sijia l'Echo plaintif de
ses tristes accens.
LE MARQUIS
Sifle 1 Echo du Chant précedent.
u u u u u u
T iiij
IRIS.
Parlez-moy donc, ditelle,
helas!
LE MARQUIS
Sifle l'Echo.
u u u u u u
IRIS.
AïaurteZj'{voHS'abusée?
LE MAR QJJis
Siflel'Echo.
u u u u u u.
IRIS.
J'ay comptésur vosferments.
LE MARQUIS
Sifle l'Echo.
u u u u u u
IRIS.
Il est temps demontrerque
Vous m avez aimée.
LE MARQUIS
Sifle l'Echo.
UUUUUIX
IRIS.
Il 97 temps definir.
LEMARQUIS.
Je veux finir aussï ,
il Sifle,
u u u u u u
IRIS,
Mes Parents sontd'accord,
le Notaire
esticy
,Ternline{,) tout ejî prejl.
LE MARQUIS.
Je suis toutprest aujji;
il Sifle une Boutade,
u u u u u u
IRIS.
Allons donc, toutest prejît
LEMARQUIS.
Je fuis tout prest au/Ji.
il Sifle le mesmeChant,
•4 Iris.
Mafamille assemblée
LEMARQUIS,
Jesuis toutprest
il Sifle.
u uu u u u
¥outprejl;
il Sifîe. UuuuUe
TONIprestl
ilSifle; uuuu uu
Je fuis tout prest a partir
pour l'Armée,
On n a pas pu mettre
dans la Musique la
Basse continue comme
on la mettra dans la
fuite dans toutes les
Chansons que je donneray
, parcequecette
Basse- a relation avec
une Cantate de Flures
que Mr. De la Barre a
faite surcetteChanson.
Cette Cantate de Flutes
se vend chez Mr.
Foucault, ruë S. Honoré
à la Regle d'Or,
vis-à-vis la rue des
Bourdonnois.
PARODIE
NOVVELL E.
Sur le mesme Air du
Marquis scelerat.
Prés d'un Chaleur de
Cour, l'autre jour
un siuteur3
Auteur en mesme temps
heroïque &flateur
Le flatant , briguoit son
Hraie
-121 pour estre ifate luyli,
soitson Ouvrage.
pendant que fauteur
déclamoit,
Etque luy-mesmeilse
charmoit
Desapropre Eloquence
LeChasseur attentifsifloit
nonchalemment.
LeChasseurnfle.
u u u u u u
L'Auteur
L'Auteurpicqué luy recommence
Le bel endroit avec des
tons nouveaux,
Dont le Cbasseursiflant
imite lesplus beaux.
Ilfisle.
u u u u u u
L'Auteur croit que ses
Vers par leur vive
cadence,
Du SijlèUf déclamant
excite les Echos.
LE CHASSEUR
Siss l'Echodu Chantprécèdent.
u u u u u u
L'AUTEUR.
Voicy un des beaux traits
LECHASSEUR
Sifle l'Echo.
u u u u u u
L'AUTE UR.
Suivesvous la pensée?
LECHASSEUR,
Sifle l'Echo.
u u u. u u u
L'AUTEUR.
Dela Stropheque voicy.
LECHASSEUR
Siflel'Echo. uuuuuuu
L'AUTEUR,
Elleestenmesme temps
poétique f5sènsée.
LECHASSEUR
Sifle l'Echo.
u u u u u u
L'AUTEUR.
Je fuis tousjours aufait.
LECHASSEUR.
Jesuis au faitaussi,,
ilSifle. uu u uuu
L'AUTEUR.
Tous les autres Auteurs
n'exprimentpoint
ainsi.
^eJensce que je dise
LECHASSEUR.
Et moyjesens aussi.
il Sifle une Boutade. uu u uuu
L'AUTEUR,
J'entends lefin.
LECHASSEUR,
Et moyj'entendsaussi,
il Sifle le mesme Chant, uuuuu u
L'AUTEUR.
Ecoutez-nwy degrâce?
LECHASSEUR.
J'entends,j'entends ;
il Sifle.
u u u u u u
J'entends;
il Sifle.
u u u u u u
J'entends;
il Sifle.
uu uuu u
J'entends la voix des
Chiens qui m'appellent
àlaChasse.
RECEPTION
D E
Mr.LE LIEUTENANT CIVIL.
Le Samedy 4. Octobre,
Mr d'Argouges de Rannes
fut instalé dans la Charge
de Lieutenant Civilpar*Mr
Godard Conseiller de la
Grand'-Chambre.
Mr Godard le conduifit
d'abord au Parc Civil
où présidoit pour lors Mr
Pasquier Lieutenant Particulier
avec plusieurs Confeillers.
Là MrGodard prir
la place du Président, &
mitMr le Lieurenant Civil
à sa droite, ou l'Avocat du
Roy luy fit un Discours.
EnsuiteMr Godard, que
Mr le Lieutenant Civil
avoit prié de bonne foy de
ne luy point composer d'Eloge
, ne luy dit que quelques
mots sans préparation
sur le choix du Roy. Ce
choix
,
dit il
,
d'un Roysi
juste & siéclairé,estun gage
àses puples des lumieres &
de l'équitéduJuge qu'il leur
donné.
Il
Il luy propola ensuite
pour modelle dans saFamillemesme
,
Mrs le Pelletier
,
qui remplirent si
dignernent les premieres
places de l'Etat & qui
joignent, continua-t'il
,
à
tant de vertus, celle qui les
releve toutes;cess cette modeflie
,vertusi rare dans l'élévation
, &surtout avec les qualitez
brillantes quevous poJJedez
; mais cette modestie que je
louë en vous m'imposeJtlence.
Mr Godard prononça enfuite
les mots essentiels au
Cérémonial de l'instalation
; c'est icy
,
dit-il, que
mous rendrezjustice aux Sujets
du Roy.
La mesme modestie
qui fait craindre les
éloges à Mr le Lieutenant
Civil, luy fit prononcer
sa réponse si
bas, que peu de gens
l'entendirent. Comme
j'estois assez prés pour
entendre,je hazarday à
la faveur du sens que
j'ay retenu de faire tort
au tour & aux exprcfsions
qui peuvent m'estre
échapées.
Persuadé quejesquis
3
Mon.
fleur
:J
de l'importance de mes
devoirs
,
je ressens combien il
m'est difficile de les remplir.
L'illustre Magistrat auquel je
succede
,
est un de ceux dont
l'exempleeg toujours ref^efiabley
& toujours redoutable à
ses successeurs. Ce Tribunal
est encore tout plein desgrandes
idées de juflice qui estoient le
principe & la réglé de ses
jugements. Son image estgravée
dans vos coeur, dit-ilaux
Conseillers
, je ne viens
point l'effacer.Heureuxsije
puis la retracer soiblement.
Vous my aiderez ,Mersieurs,
& en entrant icy je
compte sur les lumieres etune
Compagniesiaccoustumée à
connoistre la juflice
, .& à la
rendre.
1
, Lejour qu'on instale un
Lieutenant CIvIl, on plaide
une Cause devant le
Conseiller de la Grand'- Chambre dont le prononce
est un Arrestquoyqu'au
Chastelet
,
parcequ'ilrepresente
là leP-arleillent,
Cette Audiance finie,
le Conseillerc'est-à. dire,
le Parlement, va instaler
le Lieutenant Civil à la
Chambre Civile, & de là
àla Chambre du Conseil,
où sont le Lieutenant Criminel&
le Lieutenant Particulierqui
vont au devant
du Parlement jusqu'à la
porte, & c'etf à la Chambre
du Conseil que le Lieutenant
Civil commence Ces
fondions.
Feu Mr le Camus a esté
Lieutenant Civil prés de
quarante ans. il fut nomme
pour remplir cette placeau
mois de Juillet i6-jia*
J'attendois les Mémoires
suivants pour par lerde
la more de Dame Marie-
Magdelaine Seguier
,
née
le 10.Aoust1618. & âgée:
de 92. ans & 20. jours
elle fut enterrée le 1. Septembre
aux Ursulines du
Fàuxbourg Saint Jacques.
Elle ctoît veuve en fécondés
noces de Mre Guy
de Laval Boisdausin, dit le
Marquis de Laval Lieutenant
General des Armées
du Roy, qui mourut la
nuit du 17. au 18. qétobre
1646.en sa 24e année, d'un
coup de feu qu'il reçut à la
teste devant Dunkerque,
laissant une fille unique,
Magdelainede Laval mariée
le 30. Avril 1662. a
Henry-Louis d'Aloigny
Marquis de Rochefo
Maréchal , de France, Capitaine
des Gardes du
Corps, & Gouverneur de
Lorraineyqui a laisse po-
-)
iferite.
Marie Seguier étoit veuve
en premieres nôces de
Pierre-Cesar du Cambout
Marquis de Coislin
,
Lieutenant
General, & Co!o^
nel General des Suinej ô,,,
Grisons
,
qu'elle avoit épousé
le5.Fevrier 1634 ôc ,
qui mourut le 10. Juiiieci
1641 âgé de ans d'une.
blessure qu'il reçutau Gegei
d'Aire,elle eut dece premier
mariage. "1
Pierre du Cambout (né
en 163g.) Cardinal de
Coislin
,
Evesque d'Orleans
,
Grand Aumosnier,
de France., Commandeur
de l'Ordre du Saint-Espris,
mort à Versailles le 5. Fç->
vrier 1706.
Charles Cefa-- du Canibout
Chevalier de Malthe,
mort le r. Fevrier ¡&<i9.âgé1
de59.ans.
Armand du Cambout ,
Duc de Coislin
,
Pair de
France,Chevalier des Ordres
du Roy, né le i. Septembre
1635. mort le 16,
Septembre 1-01. âgé de
67. ans 15. jours. Il avoit
épou é Magdelaine du
Halgoët morte le 9.Sep.
tembre 1705.laissantentr'-
autres enfants
Pierre du Cambout Duc
de Coislin,Pair de France,
more sans posterité le 6.
May 1710. de Loüise d'Alegre
qu'il avoit épousée le
6. May168morteenSeptcn)
bre1692.
Magdelairre-Armande
du Cambouc, ( dont Mr
l'Evesque de Metzest l'ait»
né-)mariée le 18. Avril
*689: avec Maximi lien-
Pierre- François
-
Nicolas
de Bethune, Ducde Sully,
Pair d., France, dont il n'a
point d'enfans.
Henry Charles du Cambout,
Evesque de Metz,
Commandeur de l'ordre
du Saint - Esprit, & premier
Aumosnier de 5a
Majesté,qui vient d'estre
reçu à l'Académie FrançQi*
fe à la place de feu Me
leDucde Coislin son frere.
Il y vint prendre seance
le Jeudy 25. Septembre,&
prononça un Discours , dont aychoisi quelques
endroits, non comme les
plus beaux. Les autres ne le
font pas moins;mais ceuxcy
marquent les obliga-,
tions de l'Académie Françoife
envers MrsdeCoislin
donc ilell: question dans
cet Article. Mr de Merz
commença ainsi Ton Di£
cours.
.A,iefFeurs
, en maccordant
Cette place
, a laqu île je rianroisesépretendre
demememe
y ne craignez-vous point
qu onpuiUe vous accuser d'avAr
trop écouté les grands
motos qui vous parlent en ma
faveurf Mevous reprocherat'on
pas que vous avekvoulu
mefaire un merite de celuy de
mes Amètres 3 & que voué
a''V(':{ conjiderécomme un th..,
voir à leur égardJ ce qui nefioit
qu'un excès etindulgence
pour moy.,,
Grâces avos bontéz j'occupeunepUce
dans cette Assemblée
où residetcfyrit d)Armand
mon grand oncle ; de ce
Cardinal, quifousle plusjujje
des Rotsy médita vojlre irzjlitutions
régla vos Statuts
dirigea , vos Exercices
)
fondât
ce Tribunal où l'Eloquence et
la Poëjie doivent couronner à
jamaisles Sages, les Sçavants, et les Heros. Projet digne
d'untelMinistre
y
moins pour
sa propregloire que pour celle
4efin Roy et desa patrie ;
moins pour leregnesous lequel
il a vescu3 que pour tous les
régnés àvenir
Mr de Metz parla enfuite
du Chancelier Seguier
son Ayeul3 & du
Duc de Coislin son pere.
Monfrere,continua-t'il,
leur a succedé
3
jesuccede a
mon frère. Unesigrande proximité
,
le fowvenirdouloureux
desaperte,mempeschent
defuture l'usage qui mobli*
'geroitalouer mon predeces
feur. Vous le loüez njous-mef
nie
3
Afejjieurs, &son éloge.
-
fcd mieux dansnjoflrebouche
- que danslamienne. w
Cela donna lieu à Mr
l'Abbé de Choisi de rendre
justice à Mrs de Coislin
dans la réponse qu'il fitenfuite
comme Directeur. Il
peignit le caractere des
deux Neveux dans le Cardinal
de Coislin leur oncle
,
dont la dignitééminente,
dit-il
,
n'avoit point changé
la situation naturelle,& dont
la vertu toujours aimable,
toujours pure ,
toujours dans
/'innocence, riavait pû estre
alterée par la contagion du
monde ni par les charmes de la
Cour. Ony remarquera particulierement
le caraÛere des
Coiflins, -hautssansorgueilJ
fjoltssans baJJeffe
,
aujji attentifs
a ce qu'ils denjoientaux
autres qu'a ce qu'ils se de.
voient a eux-mesmes.
Achevons de mar- cCujieierlreJecacraarac&reerree,ddeess
Coiflins par ce zele
pour le Roy qui leur
cft naturel, &quianime
icy le Discours de
Mrde Metz; ç'eftdônç
Mr de Metz qui va
par ler.
Comblé des bienfaitsdu
Roy,
Roy, attachésans ce[je auprès
d'un si grand Maistre
,
j'ay
toujours offert à mongloire les
plus parfaites idées de gloire,
de grandeur, de Religion
,
de
bonté,desagésse
, &depieté;
mais ou mon 'Zcle prendra-t'il
destraits etdes couleurs qui
puissènt le representer.
O vous
Richelieu,
o vous
Seguier, dontjevois les Images
auprès de celle de cegrand
R<y,vous qui avez ouvert
cette Carriere immortelle ou
ses vertus doivent estre à jamais
celebrées3 quand Vostre
Presenceanime icy mon comage
, que ne minjpire%-'V0H$
aussivostregenie ? Seray-je
réduitadesimples voeux et
peut-on enfaire pour luy qui
ne soient en mesmetemps pour
toussessujets, &formezpar
tousses Sujets
Finissons cet Arti-;
cle, par un trait qui
finit le Discours de Mr
l'Abbé deChoisy.
FasseleCiel, dit-il, que
nouspuissions bientostemployer
nos talents àcelebreruneheureusepaix,
que cegrandPrin-
Il noflrePereaussi- bien que
nostre Roy
,
desire avec tant
d'ardeur, nonpour une gloire
mondaine dontil a esté rassasie
tant de fois; mais uniquement
pour nostrebonheur,& pour
la tranquiliteuniverjelle,
A la findela seance
on pria Mr de la Motte
de faire part à l'Assemblée
de quelqu'un de
ses Ouvrages. Il recita
l'un des Livres de l'Iliade
qu'il a depuis peu
traduite en Vers, si
pourtant on peutappeller
Traduction un
Ouvrage où ila beaiw
coupmis Julien. M
-IIlla'arreenndduupplluussvviiffss
les endroits où bonm
dormitat Homerm
>
&
abrégé les endroits où
Homerene dort point,
mais où les digressions
allongées pourroient
endormir ceux qui ne
se piquenr point d'estre
gavants.
L'Assemblée ne fut
pas toute,si contente
de Monsieur delaMotte
qu'elle le parut,car
quelques-uns murmurerent
tout bas de l'au.
dace d'unModerne qui
ose changer toute l'oe;
conomie d'un Bouclier
dont la description
tient tant de place dans
le chef-d'oeuvre du
PrincedesPoëtes. En
effet ceftunc témérité
Ínoüie; Mr de la Motte
l'a euë pourtant. Il na
paslaisse dans ses descriptionsnouvellesune
feule Figure de la graveure
Grecque.
Voilà donc un Bouclier
moderne tout different
de l'ancien.Faifons
en peu demotsle
paralelle de ces deux
Boucliers, & chacun
en jugera selon qu'il
fera plus ou moins prévenu-
oupour les Ânciens
ou pour les Modernes.
-
Le Poëte ancien fait
graver par un Dieu sur
le Bouclier d'un guerrier
terrible & irrité,
des Dances de Villas
geois& de Villageoises
; des Avocats qui
plaident, &: cent autres
su jets aussi peu
convenables à l'actionpresente
,
ëe au caractere
du Héros.
Le Poëte moderne
asupposé queVulcainforgeant
un Bouclier
ex piés pourAchille&
pour la guerre de
Troyes, dévoiey graver
des su jets ouieussent
rapport à cette
guerre.
Les noces de Thetis
&C de Pelée troublées
par la Discorde qui
tient en main la Pomme
d'Or.
Le
Le JugementdeParis
qui attire la colere
de Junon sur les
Troyens.
L'Enlevement d'Helene
par Pâris qui fut si
fatal à Troye.
Nostre Poëte modernes'estcontenté
de
faire parler les expressions
Lr les attitudes
des Figures gravées
dans le Bouclier d'Achille.
Homere y met des
Figures vrayeraient
parlantes. Il rapporte
leurs conversations en
Dialogue, & cela suppose
qu'on voyoit fortir
dela bouche de chaque
Figuregravée de
longs Rouleaux de papier
où leurs conversations
estoient écrites,
comme on voit dans
nos Tapisseries Gothiques.
Homcre fait plus,
il nous peint jusquau
son des voix & des
Harpes. La graveurs
des Anciensrepresentoit
donc les sons;c'est
dommagequ'un sibeau
secret sesoit perdu.
Une chose m'estonne
encore dans leBoucher
ancien. J'ay calculé à
peu prés combien pouvoient
tenir de place
toutes les Figures dont
Homere compole ses
Groupes. En donnant
à ses Figuresfeulement
un pouce de hauteur,ce
Bouclier devoit avoir
plus de trois toises de
largeur.
Le Bouclier de Mr
de la Mothe est moins
chargé d'ouvràge, &
les Figures n'y changent
point de place ni
d'attitude comme dans
Homere, qui fait du
Bouclier d'Achille un
Tableau changeant
comme ceux qu on
montre à la Foire.
NostrePoëte n'a mis
dans sa description que
ce qui pouvoitvraysemblablement
estre
gravé surun Bouclier,
en supposantmême les
Figures assez grandes,
pour estre veuës par les
Compagnonsd'Achille
; que la reprefentation
(par exemple) de
l'enlevement d'Helene
devoit exciter à la yen*
geance.
De tous les Vers que
Mr de la Motte recita ,
je n ay pu retenir exactement
queles sederniers.
Par cet Ouvrage ainsi VuFcainfait
éclater
Lagrandeur du Heros qui le
devoit porter; De sa gloire prochaine illuy
donne l'augure
Et pressi la vengeance en retrançantl'injure.
C'eut estépeu pour luy de futprendre
lesyeux,
Le beau,s'iln'est utile, est
indigne des D ieux.
Jean - Baptiste Voile
,
Sieur de la Garde, Conseiller
du Royen ses Conseils,
Maistre des Requetfes*.
ôc Secretaire des Commandements
de S. A. R.
Madame
»
est mort le 5.
Octobre.
René Roland le Vayer,
Seigneur de Boutigny ,
Conseiller au Parlement,
est mort à la campagne. Il
estoit de la mesme Race
dont estoit le célébré La
Motte le Vayer.
Florent deCreil Bourneseau,
fils de feu Mr de
Creil, Maistre des Requelles,
est mort le 24.
Octobre. Mr d'Argouges,
Lieutenant Civil,a epOU4
se sa soeur.
Anne- Françoise- Marc
de la Ferté, veuve d'AlexandreTarteron,
Seigneur
de Monciers, &c. President
au Grand-Conseil, est
morte le
2. 7. du mesme
mois.,
Marre-CamillePalavicini
,
qui avoit épousé le
12.. Janvier 1670. Jean-
Baptiste Rospigliosi3 Duc
de Za(y,.i,-ole
,
Neveu du
Pape Clement IX. mourut
à Rome le 4. Septembre,
Elle laissedeuxFils, dont
l'un aura le Palais de Rospigliosi
, &l'autre le Palatia.
Elle a donné quarante
mille écus pour l'establissement
de six Chapelains
,
en saveur de sixstudiants,
On a déja appris par les
Nouvelles publiques la
mort duCardinal Vincent
Grimani Vice-Roy de Naples
depuis la derniere revolution.
Il mourut le26.
Septembre d'une retention
d'urine,âgé de 58. ans.
Il avoit esté fait Cardinal
le22.JuilletI697.àla nomination
de l'Empereur,
Personne n'ignore qu'il avoit
encouru lesCensures
dont il aesté absous à l'occasson
de sa mort.
Dés qu'un Vice-Roy de
Naples est mort, on fait
une élection pour remplir
la place per interim. On a
éleu le Comte Borromée
de Milan.
On a obmis dans le
Mercure dernier que Mr
Deschiens de laNeuville
Maistre des Requestes, , a
esté nommé Intendant de
Pau, par la mort deMrle
Camus de la Grange, &
Mr du Fenoil, aussi Maistre
des Requestes, a esté
nomme Premier President
de ce Parlement.
Pierre Cardin le Bret,
aussi Maistre des Requestes
, & Intendant de Provence,
a esté nommé Prémier
President du Parlement
d'Aix, par la morf
de Pierre Cardin le Bret,
son pere.
Comme l'émulation des
Boutsrimez a esté grande,
& que j'en ay reçu beaucoup
, j'ay esté obligé de
les distribuer en plusieur
end roits, & d'en obmettre
plusieurs de bon,ausquels
j'ay prcferé les autres, seulement
parce qu'on avoit
augmenté ou diminué des
Rimes contre les regles.
BOUTS RIMEZ
, DONNEZ
DANS LE MERCURE
PRECEDENT.
LES AGES.
NOs jeunes Débauchez 4
vingtansenont. trente
Ilssont vieux à trente ans,
caducsà. quarerente
JesuisGarçon,mon âge étant
égal au tien
Toy marié,ton âge est le double
du mien
L'ambitieuxguerrierviellit
avant cinquante
L'Imbecille&le Folsontjeunes
à soixante
L'Esprit vieillit le corps , Pascal usa le sien
Pensant trop, dormant peu, ne
mangeantpresque rien
Qui pense
, mange &dort,
peutpasserles. septante
Un CampagnardoisifpajJèrd, les nonante
Sisans trop raisonner il sçait
reglerson. bien
Ses repas,ses désirs
, & l'ardeur
deson chien.
SURLES MESMES
BOUTS RIMEZ
PARMrDe N***.
Semper homo stultus.
L'Homme
a tout âge estsol,
a quinze ans comme a trente
Autrement fol pourtant à
'VIngt ans qu'à quarente
Et mon âge en folie est diffe-
-
rentdu tien
Quoyque ton âgesoit aussifol
quele
, mien.
Semper homo juvenis.
JJhoïime a tout âge estjeune,
à quinze ans a cinquante
Tousjours jeunes désirs
,
il
méditeà. soixante
Pottr unsiecle futur qu'il s'imagine
sien
Des projetsreculez dontil ne
verra rien,
Semper homo vetulus.
L'homme à tout âgeestvieux -,'
àseptansà septante
Tousjours prés de la mort a
neufcomme à nonante
On radoteensuivantlesplaijirJ
le bien
On radoteenun mot quand on
vit comme un chien.
STANCES.
BOUTSRIMEZ.
Tourterelle
Mouton
; Haneton
Hirondelle
Peroquet
Linotte 0 Marmote il Roquet
; ,
Guenuche
: Vaux Chevaux
4 Chevaux Peruche
G; :elinotCehast
- ; Barbotes
.i 1lu1- Rat
•;; Genisse Poulet
: Mulet EcrcYÎflê
Becassine
Pigeon
Esturgeon
Sardine.
J'ay choisi ex prés
des Stances pourBouts
rimez ,
afin que ceux
qui n'ont pas beaucoup
de temps a donner à la
Poësie, puissenten détacher
à leur fantaisie,
deux,trois ou quatre
Stances plus ou moins,
selon la durée de la verve
qui les prendra.
QUESTION BADINE
On a demandé pourquoyl'onaimoitmieuxla
maison que celle deson
voisin
, c,uo)-qtie l'on trouvastsafemmedeson
qJoÎ--
fin plus aimable que la
sienne.
Comme cette Questionn'a
esté faite que
pour donner lieu à des
jeux d'esprit, il ne la
faut pas prendre à la
lettre commegénérale.
mentvraye ,
caril ya
des Maris qui aiment
mieux leurs Femmes
que celles d'autruy, &Z
qui ne trouvent point
de piremaison que la
leur.
Ces fortes de Questions,
pour donner
lieu au badinage qu'on
y cherche,doivent estre
pluscaptieuses que
solides,ainsi on a eu
raison d'y répondre sur
lemesmeton.
RESPONSES,
Par le Philosophe marié.
Ne seroit-ce point
par Amourpropre qu'on aime
mieux sa Maison que
sa Femme. On aordinairement
fait ou choisi sa
Maison. On nous loüe en
loüant la magnificence, la
propreté, le goust de nostre
Maison. Elle est donc
uneoccasion aux autres de
flaternostrevanité ou nostregoust.
Nous l'aimons
pour cela. Ma Femme au
contraire donne souvent
aux autres de me blasmer
ou de me nlépriCer, &
pour cela je ne l'aime
point. Ce mesme Amour
propreest toujours plusflatté
par la femme d'autruy
que par la nostre, car une
femme donne moins de
louanges à son Mary qu'à
celuy de savoisine.
1 AUTRE.
Par le Perroquet de Mr
/aD***
Sionselassedesasemme
plustost que de sa Maison,
c'est qu'on a épousé sa
femme
3
& qu'on n'a pas
épousé saMaifott.
A UT RE.
ParMr de Gi>f*¥
Cher njoïjîn j'aime mieux
ma Maison que la tienne
jPen connois tout le bon
, pour
celajem'yplaist.
Si lafemme d'autruy me plaist
plus que la mienne
3. Cçjl que je connois moins ce
quelle a de mauvais,
AUTRE.
AUTRE.
ParL.C.D.M,
Tout le monde s'ap.
perçoit bien que c'est par
inconstance qu'on trouvesa
femme moins aimable que celle
du voisin. Mais peu de gens
peut-êtreont fait reflexion
que c'est par inconstance
au ssi qu'on aime mieux si
Maison que celle d'autruy.
Cela est pourtant vray. On
aime une Maison dont on
fsft le maistre, parce qu'on
peut y contenter son inconfiance
en la changeant
de cent façons.On s'y ptaift
à deranger aujourd'huy ce
qu'on y arrangeoithier, ne
fusse qu'en changeant un
siege de place ou un Tableau.
Ne voit-on pas de
ces inconstants qui s'ennuyent
dans leurs Maisons
& dans leurs Jardins dès
qu'ils les ont mis à leur degré
de perfection.
Peut-être que si l'on
pouvoit changer tous les
jours quelque chose à la
beauté ou à l'humeur de sa
femme
, on l'aimeroit
mieux que celle d'un autre
;mais par malheuron
accomode sa Maisoncomme
on veut, & l'on ne
tourne pascomme on voudroit
lateste de faiemme*-
AUTRE.
ParMrleM.de***
LA femmedu Voisin
est toujours mieux arrangée
pour nous que pour
luy.C'estpournous qu'elle
se pare, & non pour son
Mary y c'est pour nous
qu'elle est de belle humeur,
quelle arrange son
esprit & son éloquence. La
Maison d'autruy, aucontraire,
n'est jamais a no£
tre goulè si bien rangée que
la, nostre.
Dans la chambre d'autruy je - suismalàmonaise,
Damon place la. Table ou je
voudrois la Chaise ;
Oùje veux avoirchaud
,
il a
voulu de l'air,
Et boucheune Croisée où je
voudrois voir clair.
J'ensuis blessê quelle injuJH* ce:
Mais ce qui fait mon grand
chagrins
Ma femme,ensuivantfort
caprice,
,
Est à peu près pour moy la
MaisonduVoisin.
1 AUTRE. '•
ParleMarylibertin.
ON
trouve la liberté
esn roentrannt d.ans sa Mai^
lib'ertç,
-',
On perd sa libertrçei^2
retrouvant sa femme,*
AUTRE.
Par Me la Comwffi: --
de*** Unmaistre demaison
fait toutce qu'il peut pour
la rendre gaye, gracieuse,
aimable, un mary faittout
ce qu'il faut pour rendre si
femme de mauvaise humeur
; S'il devenoit complaisant
poursa femme de
qu'illaissât dépérir samàison,
lecontraire de fô
question seroit veritable.
Je conviens avec Me
la C.que les Maris ont
grande part à tous les
torts qu'on donne aux
femmes.
AUTRE.
ParMrdeS.P***
ON
ne se contraint
point dans sa maison ; cela
fait qu'on l'aime.
On ne se contraint point
avec sa femme
,
cela fait
qu'on ne peut pas l'aimer
long-temps
., car en ne nous
contraignantpoint nous
laissons voir nos défauts
y.
ceux qui les voyent nous
meprisent
,
& nous aiffons
bien-tost: ceux qui
nous meprisent.
Voilà tout ce qu'on
m'a envoyé sur la premiere
question propoee1
. 0On n'a rien r1epoii,
du sur la seconde; mais
on ne pouvoir pas manquer
de faire attention
sur la troisiéme,
QUESTION
POETIQUE.
1 On a demandésous
quellefigureDianeparost
plusaimable, ou lorsque
Jons un habitd'dmoeforîe
elle chale avec ses Nymphes
dans les bois de
Marly, ou lorsque la
hautau milieu dès étoiles
elle reçoitquelques rayons
du Soleil dont elle prend
plaisir a gratifier les hiimains
?
Une des Nymphes
de cette Diane
,
qui a
reçu d'elle depuis peu
quelque grâce, m'a envoyé
ce Remerciement
en Vers.
REMERCIEMENT
A DIANE.
Par Me D ***
D
lane mafait une grâce'$
Dun air si gracieux, que lté
grace ilsurpasse.
Très- humbles graces je Itty
rends *
Toutesses gracesje ressents
Et , toutessesgrâces j'admire.
<krace enJon airmajestueux
Grace à prendre part à nos
0 feux.
Grâce à penser & grace à
dire
Ce qu'avectantde graceon ne
pourroitécrire
Graces brillantes dans ses
yeux
Grâcesqui Dont au coeur des,
Dieux
Grâceasefaire aimer,grâce
àsefaire craindre
,,:.ordces à comparer puifqiioiï
ne les peut peindre,
Des trois Graces
,
soeurs del
Amours
Je compose une Grace & ce
tout luy ressemble.
Par ses graces enfin l'onjteuf
compterfisjours.
Grace au Ciel d'avoir mis tant
degraces ensemble. ?•
NOUVELLE
QJJESTION, -,
<,
En quoy sont diffé-
Mrenatreys la jalousiecTu'ii ,&loussed"Uti
d'un Aniant.
je ne donne qu'une
Question ce mois-cy, parce
quon n'aurait pas le
loisir d'y repondre avant
lepremier Mercure que je
donneray au commencement
du mois de Decernbre.
Si quelqu'un a com-.
posé quelque chosesur les
Ouestionsprecedentes
, je
le recevray encore avec
plaisiry carpour donner le
temps de faire de petits
Ouvrages st-sr les Questions,
j en repeteray toujours
quelques-unes du
mois precedentpeur joindre
à celles du mois present,
parexemple, ce que
j'ay déja sur la Quejlwn
suivante, je le joindray
à ce qu onmenvoyera
pourle moissuivant.
QUESTIONMORALE.
On demande si la
belle Galanterie,c'està-
dire celle qui a un
but légitimé, est plus
utile que nuisible aux
loix de la societé civile.
Le 15. Septembre Mr
leMarquis d'Argence presta
ferment entre les mains
du Roy pour la Ch irge
de Lieutenant de Roy de
Bourgogne au departement
de l'Auxois, Autunois,
& Auxerrois, vacante
par le déceds de Mr de
Creancé son Beau-pere.
,
La Maison d'Argence
est tres ancienne. HuC?gues
Tison d'Argence fit en
itiC. une échange de la
Terre de Dirac, quiest
encore dans cette Famille,
avec une Duchesse de
Guienne,&Contesse d'Angoumois
qui fut dèpuis.
Reine d'Angleterre. Certe
princessedonna la Terre
de Dirac en échange du
Chasteau de Toulure &
ses dépendancesdont les
Comtes d'Angoumois firent
depuis leur lieu de
plaisance. Pasquier dans sa
recherche de la France,
dit que la Riviere qui
prend sa source dans cette
Terre
Terre) & qui porte aussi
le nom de Toulure
,
est
couverte de Signes, pavée
de Truites, bordée d'Ecrevisses
, & lardéed'Anguilles.
François Watel, cinquième
General de la MissiondeS.
Lazare,mourut
le 3. Octobre âgé de 63
ans.
Le Pere Nicolas Sarrebource,
Bibliothequaire de
l'Abbaye de Ste. Genevieve
du Mont, mourut le ,.
Octobre âgéde 63. ans.
Mr Phelyppeaux,fils
de Mr Phelyppeaux Conseiller
d'Etat ordinaire, &
Intendant de Paris, a épousé
M11* Voisin deS.
Paulfille de Mr Voisin de
S.Paul, Presidentau Parlement
de Roüen. Le nouvel
Epoux est Neveu <fe
Monsieur le Chancelier.
:
Helene Gilloc , Veuve
dePierre
.,
Ferand, Seigneurce
Janvry Conseiller
au Parlement, mourut
le23.O&abre âgée de
8t. ans. Elle estoit Mere
d'Helene Ferrand qui é~
pauftenICJJ. Loüis.FouIcaulc
) Marquis de S. Germain
Beaupré, Gouverneur
& Lieutenant General
de la Province de la
Marche.
1 MrBontemps,premier
Valet de Chambre du
Roy, eut le 20. Délobre
l'agrement de la Charge
de Capitaine des Chasses
dela Garenne du Louvre,
avec un Brevet de retenue
de vingt mille Ecus.
:
Je ne manqueray pas
dans la suite de donner
les Noms de ceux qui
auront deviné lesenle
mes; mais tout le monde
a deviné celle-cy.
J'en aurois trop à mettre,
& j'ay mesme un
pretexte pour m'en dispenser.
Car quoyque
tout le monde ait deviné
le mot qui est la
Langue, personne n'a
deviné l'Enigme toute
entiere ; j'avois mis
pour ainsi dire, une
Enigme dans l'Enigme.
C'est après ce Vers,
DeCalvin enpublicj'ay
soutenu l'erreur.
que j'ay placé exprés
pour obscurcir les suivants
; car on a pris
le scavant Compositeur
pour un Heresiarque,
& ce n'est qu'un Cuisinier.
Lorsqu'unscavant Compositeur
Dufeu etEnferbravant
larage
çAfaitpour meflater un dangereux ouvrage,
J'en fuisJuge déctfij\
Monsentiment primitif
N'efl pointsujet à dispute.
ENIG.ME.
ON peut en plaisantant
m'appeller une
Vflie.
Jouons doncsur ce mot>
putfque fIlM de cent
mille,
HomYMs, Femmes, Car»
çons, Filles,Vieillards,
Enfantsy
Pendantle cours d'un an
sefontmes habitants.
Chez, moy bravoure ni
Noblesse,
Vert,ni talents ni riches
fè,
Nedonnent point la primauté.
*
Le plus ancien Bourgeois
la prend d'autorité, -
Hors de mes murs,&par
prudence
Mon Gouverneur tient
saseance,
Et fournis à tousmes
BourgeoiJ,
Atix bestes seulement il
peut donner des loix.
jBeJles quon met dehors
pour estreplusutiles,
Hommesen mouvement,
f5 pourtant immobiles
Changeantde lieusansen
changer,
2slj demandent qu'à deloger.
Et fartant la mat par
Cohortes,
Ils vont dormir hors de
mes portes,
Etviennent lejourplusieursfois
Se mettreà couvert sosis
mes toits.
illaisme dira bientostun
Devineurhabile
L'Enigme à deviner me
paroist tropfacile.
Veicj le mot ,jel'ay trouvé,
Cette 'tlle,c'est un Caffe.
Peut-estre; dans Paris il
enestbienplus d'une,
Onyprend enpublieune
liqueurcommune.
Les Habitantsy sontci-
/ifs,
GrandsDisputeurs &
décisifs
; Mais hors deladispute
ilssonthumains,
affables;
Et s'ilsdebitoient moins.\
defables
, ;
Ils seroientgrandsHistoriens.
C'est un Caffesans doute,
a ce motjereviens,
Et depeur qu'onne le devine
Je , le disfranchement, cettefranchiseestfine
Carquipeutme croire asfezlot
Pour dire en mesme temps
(S)lEnigme &le mot.
Autre Enigme courte
& facile pour ceux
qui n'ont pas le loisir
de lire ni de deviner.
JEcontiens celuj qui
porte
Celle qui contientceluy.
Dont lastructurepeuforte
Porte pourtant des aujourd'huy
Celle qui contient celuy
Qui portera plus loin
qu'aucunMousquet
ne porte,
Extrait d'une Lettre d'Aranda
du 31.Septembre.
DOmJoseph Vallejo
, Colonel deCavalerie
,
qui
avoit estédetachépour inco rmoder
les Ennemis, ayant esté
informé que le General Wet-
ZCI
,
qui commande les Troupes
de VElecteur Palatin marchoit
vers L'Aragon avec un
Colonel. L'Ï une escorte de
deux cens Chevaux
,
marcha
le 30. dans le dessein de les
combattre.Illesjoignità Vaidés
et deux lêltCStcy.) où il
les attaqua si vivementque
malgré la grande resistance
qu'ils firent ils furententièrement
défaits. Plus de cinquante
furent tuez, &soixante
faitsprisonniers avec
un Capitaine C, unautre
Officier &' on prit tous U$
Equipages du General dans
lesquels on trouva plus detrois
mille Pistolesen or, &beau*
coup de Vaisselled'Argent
le toutfut pillé. Ce. General
(fg- le Colonel avec le reste de
leurs Cavaliers,sesauverent
aSizuenca<5oùlesEn.emii It Siguença ou CS.- n ': em¡.~ avaientzoo.Fantaffins$
mais ne s'y croyant pas en
seureté
, par la crainte qu'ils
avoient des habitans
,
demanderent
à capituler. On leur
accorda un passeportqu'ils demanderent
pour quatorze personnes.
Aprés cette action qui
ne cousta que quelques Cavaliers
à Mr de Vallejo
,
il envoya
icy les prisonniers
, &
marcha le lendemain à Guadalara
afin de pouvoir observer
les Ennemis de plus prés.
LEtrois Octobre le
Roy d'ESpsgne,& Monsieur
de Vendosme arriverent
à Tordesillas sur l£
Duero pouraller se mettre
à la teste de l'Armée
qui estoit à Salamanque
& qui devoit estrejointe,
par les Garnisons de Pampelune,
de Jaca en Aragon,
de Fontarabie, de S.
Sebastien & du Passage
ces Garnisons devant estre
relevées Dar d'autres Tioupes
;)
sçavoir celles de Pampelune
& de Jaca; par trois
Regiments tirez de Bayone
,
& celles de S. Sebastien
, de Fonrarabie & du
Passage par de nouvelles
Troupes que les Estats de
Biscaye
,
d'A lava & de
Guipuscoa doivent lever
& entretenir à leurs dé- pens.
DesLettres deMadrid du
4, portent que l'Archiduc
n'y estoit entré que le 28.
Septembre,qu'il estoit precedé
parle Regiment de
Cavalerie de Galvés,&
accompagné de ses Gardes
; qu'il entra par la ruë
d'Alcala &: qu'il continua
sa marche par la Grande
ruë jUÍllutà la Porte de
Guadalaxara, qu'il allai
l'Eglise deNostre-Dame
d'Atocha où il entendit la
Messe ; qu'il alla ensuite,
sansentrer au Palais; à la
Maison de Campagne de
Ivlrle Comte d'Aguilar&
-de-'li'auPirdo où ilestoit
encore le 4. qu'une partie
estoit dans le Voisinage ,
ôtl'autre le long de la Riviere
deXarama ;qu'elle
n'estoit composée que de
14000. hommes de Troupes
reglées &d'environ
Z500. Miquelests ou Bandits
qui faisoient de grands
desordres
,
ayantpilléplusieursVillages
aux,,, environs
du Pardo, & commis
plusieurs Sacrileges dans
les Eglises en emportant
les Vases, Sacrez & en jettant
les hosties consacrées
par terre; que les Curez
quiavoientesté en demander
justice au Comte de
Staremberg avoient ea
pour reponse, qu'il ne pouvoit
empescher ces desordres
faute d'argent dequoy
payer les Troupes ,
que la Ville de Madrid
n'estoit gouvernée que pas
les Alcaldes; que les Generaux
avoient reglé la contribution
à quarente deux
mille Ecus par mois, &
qu'on en avoit fait le premier
payement d'un Magatin
de farine que la Reine
avoitordonnéde jetter
parce q'uelle estoit gastée,
& de laquelle neanmoins
les Ennemis faisoient faire
du pain pour leurs Troupes
;qu'ils tiroienc des contributions
en grains des
autres lieux, ce qui n'empeschoit
pas que le pain ne fustbeaucoup plus cher à
Mad11d qua 1ordmairc.
Voicy ce que porte uneletre
de Madrid. Malgrécette
cherté du pain le peuple ria
pointvouluramasserl'Argent
que l'Archiduc a fait jetter
dans les rucs,CM ce mesme peuple
ordinairement amateur des
Spectaclesserenferma dans le
temps des Illuminations, &
assomma quelques Comediens
qui avoient joüé dans un des
Fauxbourgs un Prologue de
rejoüissance
,& mesme que le
Poëte qui l'avoitcomposé,
avoit aujjt esté trouvé mort le
lendemain dans la rot,
:' LE Roy d'Espagne
arrivaà Salamanque le 5.
avec Monsieur de Vendosme
,
où ils ne demeurerent
qu'un jour parce que l'Arméecontinuoit
de marcher
vers Placentia quoy
que toutes les Troupes
n'eussent pas encore joint.
Elle trouvoit par tout une
grandeabondance de vivres
& de fourages, & il
arrivoit ous les jours des
Recruës & des Corps de
Troupes tirées de divers
endroits.
• tes Regiments de Castille
& de Madrid passerent
le 15.enrevûë devant
sa Majesté Catholique qui
les trouvacomplets &en
tres bon estat. On a distribué
des Officiers François
quiestoient sans employ,
dans les Regiments où il
en manquoit. L'Estramadure
a donné des Chevaux
de remonte pour la Cavalerie,
& il y avoit quarente
pieces de Canon en estat
de marcher.
On a mis la Cavalerie
en quartier de rafraichissement
en attendant la
jonction du r<.fte des
Troupes
,
à l'exception de
neufcens Chevaux qui ont
esté detachez vers Talavera
de la Reyna,pour mieux
observer les mouvements
des Ennemis.Les Dragons,
commandez par Mr le
Comte Mahoni sontallez
a Oropezaen deçade Talavera;
toute l'Infanterie
partit le 17. pour aller camper
à Casa Tejada à huit
lieues de Placentia.
Un détachement de la
Garnison de Pampelune,
joint
joint par un bon nombre
d'habitans armez ayant
pane l'Ebre s'est emparé
de la Ville de Corella où
les Ennemis avoient des
Troupes, entre Calahorra
,
& Tudela
,
& a fait la
Garnison prisonniere.Plusieurs
Maisons de mal intentionnez
ontesté pillées,
entr'autres ce ledu nommé
Ferrer qui a esté aussi
rasée parce queson Fils
estoit à teste dela Garnison.
Copied'uneLettre écrite
deVittoria du 21.
Octobre. JE reçois une lettre de
D. Henriquez deCavaillas
Capitaine au Regiment
de Toledequin'a point
quitté le Roy depuis sa
sortie de Madrid. Il me
marque que depuis l'arrivée
de S. M. C. à Placentia
les Troupes estoient
campées entreCoria &Almara
; que Mrde Vendosllle
estantentré dans cette
derniere Place avec un
gros detachementen avoit
fait rompre le Pont le 14.
& que ceGeneral ayant ensuite
marché le long du
Tage pourreconnoistre la
disposition de l'Armée de
l'Archiduc dans laCastille
, il s'avança jusquà une
lieuë d'Oropesa où il fut
attaqué par 500. Cavaliers
Alemans embusquez qui
le prirent par derriere 6c
crurent pouvoir l'enveloper.
Son detachemenc n'estoit
que de 260. Cavaliers
avec lesquelsil fit une
sivigoureiife deffense qu'il
mit les ennemis en fuite
,
entua ou blessa plus de
ioo. & en prit 41. quiont
eslé amenez hier icy. Il dit
que l'Archiduc ne paroilt
plus avoir le dessein defaire
la jonction des Troupes
de Portugal depuis que
8000. hommes de (es troupesqui
s'estoient avancez
vers Albuquerqueavoienc
retourné sur leurs pas à l'aproche
de l'ArméeEfpagnole.
Mr de Vendosme
alla encore hier reconnoiftre
rAmee Ennemiequi a
remonte le lage. Mr b
Marquis de Bay tient les
Portugais dans le refpetl:.
On amena hier au Camp
ii. Miquelers qui couroient
les Montagnes de
Tolede dont quelqoues-uns
assurent que l'Archiduc
meditoit La retraitte dans
l'Arragon. Nous attendons
lereste de l'Artillerieavec
les munitions Se les provisions
de bouchepour8jours
qui feront prêtes au plus
tard le 18. après quoy nous
marcherons aux Ennemis
qui desolent la Castillepar
leursvexations. On nous
écrit icy de la frontiere de
Navarrecjue les Ennemis
retirent les petites garni-*
fons qui font sur la Frontiere.
d'Arragon dont ils
forment un Corps a Saragosse
avec lequel ilspré-,
tendent assurer le paisage
dCe cettae Proivilncelpear la.
Extrait d'une autre
Lettre de Vittoria.
LE Roy d'Espagne a
devancé huit mille Portugaise
de2,4.heuresy &sejtemparédu
Pontd'Almaraz. On
erojoit quilefloïtimpojjïble de
les prévenir & on a admiré
la diligence quesa M. C. c-
Mr de Vendosme ont fait
ainsi que Mr le Marquis de
Bay qui les a ensuite con•>'
traints de se retirer:LArchiduceffort
embarrassépourfç
retirer noyant que quinze
mille hommes dont trois mille
font malades. Il ravage les
Maisons & Chasteaux des
Grands & brusle beaucoupde
Villages aux environs de
Madrid. On a surpris une
lettre de /'Archidu:hejje 2
Aiadamefd Mere par laquelle
elle luy mande que les affaires
du Roy son Mary*
vont si mal que ii cela continueelle
apprehende que
les Catalans ne prennent
des resolutions violentes.
&Armée J^Jpagnolc efl
presentement de vingt deux
mille hommes effiaifs. Le
Roy cherche à donnerBataille
; maisMonsîeur de Vertdosme
le retient, le suppliant
de temporiser enattendantMr
le Duc de Moailles. La Ville
de Cadiz a vingt quatre Bataillons
y
taillons
y
& a offert au Roy
J'Espagne de luyen envoyer ce
quilluy plairoit. Sa Majeflé
atémoignéqu'il ejioitnecejfau
requ'ils restassentJ & qu'elle
estoit très Jatisfaite dailleurs
.de leur bonne volonté.
A Vittoria le13.
«
Offabre.
L'Armée du Roy
d'Espagne est prefente-
Hienc composée de douze lmille hommes de pied & de sept mille chevaux; &
, cp nombre est effedtify- le
Roy attend encore deux
millechevaux dans peu de
jours, de forte qu'il (ira.
bien plus fort en Cavalerie
que sesEnnemis. l'A rgent
n'a pointmanquéjur.
qu'àpreient,$d'onne/çauroit
pouffer plus loin la ûr
délité que le font tous les
peuples d'Espagne. Le
Royaume de Murcie a pri$
les Armes dans la refoluçion
de se bien deffendre si
les Ennemis viennent 1attaquer,
celuy de Valence
en a fait autant. Il court
un bruit depuis hier midy
que les Ennemis feignant
-d'envoyer un detachemenc
à Tolede se retirent
véritablement ce qui est
fort naturel à croire s'il est
vray que les Portugais se
soient retirezcomme on
le publie. La Province de
Biicaye vient de donner
5000. pistoles à la Reine;
Il vient de tems en tems de
pareils petits lecours icy
aussi bien qu'à tArmée du
Roy d'Espagne.
Quelques traitres avoient
tramé une conspirationà
Tortose; mais elle a ellé
decouverte, & les auteurs
ont été pris &arrestez. Un
autretraître avoit livré aux
Ennemisla Ville de Xerès
de los Cavalleros vers
la Frontière de l'Alentejo,
mais il n'en ont pas profité
j'en estant retirez après
avoir néanmoins fait farter
quelques fortifications
lX. bruslé quelques munitions.
On vient de recevoir
nouvelle que les Ennemis
marchentàS. Pozuelo qui
est sur le chemin de Tolede
; cestaussi celuy d'Aragon
& de Valençe. On ne
sçait point lequel ils prendront,
Latesse de Armée
du Roy decpaone ea à
Talavera de la Reina àn.
lieuës de Madrid On dit
mesme que le Colonel Vallejo
est à Alcala. Nous
sommes icy dans un tresvilain
pays entouré de
montagnes;mais qui est
bon pour la feurecé de la
Reine.
A Vînoriale 3°,Oélobrea
tat-des affaires ¿,Ef.
P (,-;?Ï' n'est pas augi mauvais
que vous l'avek. pu croire.
LesEnnemis font toujours
campez aux environs de Madrid.
L'Archiduc est au Pardo.
Les Villagessontpillez &'
bruslezjusqu'aux Eglises où
les Anglois& les Holandois
font des impietez & des sacrileges
abominables.LesMaisons
de tous lesFrançois&de
tous ceux qui ont suivi la
Couront estépilléesà Madrid,
& la noflre par consequent ,
ejl du nombre. Les François
ont eu ordre de sortir de cette
Ville dans 24. heures sous
peine de la viey &les Dames
qui font restées à Madrid,
ordre d'aller à Tolede ; la plus
part ontdéja obey
, & les autres
se disposent à le faire.
Ellesfont prés de 60. dans le
cas. On nefait quelle peut
estrel'intentiondel'Archiduc,
à moins qu'il ne croye engager
par-là les Marisqui font auprès
du Roy & de la Reine
d'aller trouver leurs femmes.
Ony a ordonné encore à tous
ceux qui ont des Armes
,
de
les porter a la Caza delCampo
; on craint que ce ne foit
dans la vue defaire un pillage
général ensortant de Cette
Capitale. Mrle Marquisde
Manfera, qui ayant prés de
cent ans, n'avoit pas pusuivre
le Roy,quelque bonne en'"
viequ'ilen eust, estant rcflêà
Madrid, le GeneralStanhope
lalla voir pour l'exhorter
d'allerse mettre aux pieds du
Roy Carlos tercero. illuy
répondit qu'il pouvoit le
mettre aux pieds de l'Archiduc
d'Autriche, ter~
dontse servent les Espagnols
pour dire assurer de leurs respects;
qu'ill'honoroitcomme
un grand Prince; qu'il
pouvoit luy dire de sapart,
quil n'avoit qu'un Dieu,
uneLoy & un Roy; que
son Dieu & sa Loy H1y
estoient connus; que pour
son Roy,s'il ignoroit qui
il estoit,il luy apprenoit
quec'estoitPhilippeV. de
Bourbon legitime Roy
d'Espagne, a qui il avait
presté le ferment defidèle

;
qu'il ne vouloit pas que
le peu de joursqu'il avoità
vivre, fussent tachez,
de l'infamie de luy estre
parjure; quec'estoitlà tout
ce qu'il pouvoir dire de sa
part à l'Archiduc. Ilfiâit
son discours, en disant qu'il
estoit las d'estre debout,
& qu'il s'alloit coucher.
De-la le General Stanhope
fut chez Mrle Marquis de
Frezno, qui luy répondit en
substance la mesmechose,ajoustant
que l'Archiduc estoit
maist. e de le traitter comme
prisonnier; mais que
sans son grand âge & ses
infirmitez qui l'avoient
mis hors d'estat de suivre
son Roy, il ne l'auroit pas
trouvé à Madrid.
Monsieur de Vendosme efi
charmé de lafidélité des peuples.
Elle va dela de tout ce
que l'on en peut dire.Je ne vous
enciteray qu'un exemple qui
vousferajuger du reste. Les
Ennemis ayant ordonné dans
un Village près de Madrid
qu'oncriastvivat Carlostercero,
tes habitants crierent
vivat Felippé Quinto. On
les menaça dufeu;ils crierent
encore plus fort; onmit lefeu
à leursMaisonsilss'assemblerent,
& danserent autour
desflames jusqu'à ce que tout
just redu t encendres, disant
que c'estoient leurs illuminations
& leurs feux de jojt
qu'ilssaisoient par avarie?
pour le retour de leur Roy à
Madrid.Ce détail, & les
réponses de Mr de Manfera
& de Mr de Frezno au
General Stanbope ontesté envoyées
à la Reine dans ces
mesmes termes.
Le R<jy esttousjours depuis
le 19. à Casa Tejada
,
soft
Armée en quartier
,
qui se
peutassemblerendeuxjoursa
trois lieues de-là. Mr de Vallejo
est avec un détachement
entreSegovie & Madrid;
Mrde, Bagamonteavec500.
Chevaux, à Torre Lodana
prés l'Escurial ; MrMahoni,
avec lesDragons de l'Armée
à Calçada d'Oropeza
, &
MrLanceroti avecun autre
détachement, à Talavera de
la Reyna. On estinformé par
ces Officiers. Generaux
,
de
toutceque font les Ennemis.,
les paysans ayant un grand
foin de les en instruire, & les
Ennemissontsipeu informe";\.
de ce qui nousregarde
, que
dans des lettres qu'onleura
surprisces derniersjours, leurs
Generaux demandaient s'il
estoitvray que Mr de Vendosme
eust joint Philippe V.
Onprend la plupartde leurs
Courriers, ce qui nous est trèsutilepoursçavoirl'eflat
omils
sont
, & quellessont leurs
intentions: lesilencedes paysans
à leur égard, & le peu
d'avisquonleur donne, ont
fait dire icy 3quele secours
de France qui vientjoindre
Mrde JSloailIcs enCatalogne,
aura joint avant quils sçachent
quilsoit party de Dauphiné'.
Il
y d'autres Lettres
qui portentqueMrdeVendosmeavoitdétache
4000.
Chevaux sur les ailes de
l'Arméedel'Archiduc;
,qu'il avoit plus de seize
,cens prifonners ; que les
Ennemis ayant fait une
descente sur les Costes du
Royaume de Valence, Mr
Gaëtano les avoit repoussez
avec les Troupes de
Murcie, & qu'il y en avoit
eu quatre cens Tele pris ou
de tuez.
Suite du siege d'Aire.
Au Carrtp devant Aire
leI.Novembre,
LE Prince Eugene &
MylordDuccroyoientque la
Place ne durerait quejusqu'au
I. Novembre
, &seplaignentfort
de l'attaque du P.
D. qui nous faitperdre bien
du monde. Les 4jJicgez nous
ont donné deux fois de l'eau
dans nos Logements, que nous
avons dans le chemincouvert.
La premiere fois nous avons
eu
eu 160. Grenadiersnoyez&e
laseconde 40. Nous
-
avions
cru nous pouvoir passer de la
DemiLune;mais nous trouvons
que nous sommes o!J/ige':{
de la prendre ce qui demande
encore bien du temps.Cette attaque
vasimal que nous allons
continuer celle de la gauche
que nous avions abandonnée.
Nous sommes maistres du
dJrmin couvert depuis deux
jours que nous avons gagne a lasappe; nous n'avons pas une
piece de Canon qui tire , &
les Assiegez au contraire ont
mis 20.piecesen batterie, C,
nous ont en une matinée rasé
nostre Tranchée de la. droite
qui n'estoitquedefascinesparce
cation ne peut leverde terre àcausedeseaux.Noussommes
obligez d'aller tout à decouvert
en cet endroit où ton
nous tué beaucoup de monde.
On nesçait plus quand nous
serons maïstres decette place;
les uns disent le 12. les ausres
le
1 5. 'Voila une rude Carnpa.
gne.
Deux cens Maistres ont
esté hier pour marquer un
Camp de 1200. hommes à
Haubourdin à deux lieues
de Lille. Quatre de vos Parsis
en ayantejle informez
Il Jefont joints ensemble & les
ont ejlé attaquer. Ils en ont tué
soixante
.)
& un Lieutenant
Colonel qui commandoit le detach
ement.
Du Camp devant Aire
le3. Novembre.
LE
31. Octobre à l'ataque
dela droite, nous
donnafmes un assaut à la
Demi- Lune où nous entrasmes,
& d'où nous fufmes
repoussez avec perte de
4. à 500. hommes. Lanuit
du1.au 2.nous l'attaquasmes
de nouveau,& nous
y entrasmes encore; mais
les François ayantfait semblant
des'enfuir, rebrousserent
en mesme temps
chemin
, & tomberent sur
nous avec sept Bataillons,
& nous ont chassé la
Bayonnette au bout du
Fusil,ainsi que la premiere
fois. Vous jugez bien
quetoutcelane se fait pas
sans une grosse perte de
nostre part.
o.
Les sentiments sont prelentement
bien différents
de ceux que l'on tenoit il y
a quelque temps ,
puisque
l'on apprehende que nous
ne soyons obligez de rester
encore tout ce mois devant
cette Place. Il fait un temps
affreux
, & Ton a ordonné
de faire de nouveaux chemins
jusqua Merville,au
travers des Jardins.
AVIS.
Vousn'aurez point
de Supplément, parce
que le Mercure de Novembre
que je donneray
au premier Decembre,
suivra de si prés
celuy-cy qu'il pourra
luy servir de Supplement.
J'y ay rejetté
tout ce que j'avois de
trop pour remplir les
vuides qu'il y auroit
eu dans ce Volume impromptu
que je feray
en dix ou douze jours,
pour pouvoir establir
un jour fixe pour mes
Mercures que je donneray
regulierement le
premier jour de chaque
mois.
ERRATA,
Page69. ligne 12. délibéré,
lisez mis.
Page 70. ligne 7.estimoit V//ye^obftinoit. ,
Page 200. ligne 3. Lucey , lisez Leucey.
Pagez04.derniere ligne AG.
lisez AUG.
23*.//g«e 8. appellent
, lisezappelle.
2-$7.ligne3 mon gloire
, lisez monEsprit.
57
Chapitre où l'Autheur voudroit
sabuiernscrérjiotiuqiru. ed'unIdaijlud67e
dePaulme,
Siege à!Airs. 77
Relation de l'Affaire de vive
S.Eloy. 86
LePrince Charlesde Lorraine
esleu Coadjuteur de Treves. 97
Avis donné à l'Autheur, &f:
100
Chanson Anacreontique. 113
Suite des Nouvelles cCEJfiagne.
116
Suite du jiege d'Aire. 134
Combatde £Amour&du Refsets.
143
BoutsRimez. 145
L'Agioteur dupé. •147
BoutsRimez. 183
Zifie des Troupes qui ont passé
inReuffillon. 189
LettreduP.l'E.J. 194
Me de Belzunce, benite Abbsjje
du Ronceray. 211
Chansons. 219
Reception de Mr le Lieutenant
Civil. 239
Mort. 246
Mr l'Evesque de Metz prend
seance à l'Académie Françoîse.
251
NouveauBouclier. 159
Morts, &c. 271
Bouts Rimez.. 277
,
Nouveaux Bouts Rimez.,, Stances.
181
Questions&Réponses. 284
NouvelleQuestion. 300
Prestation de Serment. 303
Mortsy &c. 305
Bn-zmcs, 307
Suite des Nouvellesd'Espagne.
317
SuiteduJîejed'Aire. 352
Avis. 357
PRIVILEGEDUROY.
LOUIS par la grace de Dieu, Roy de
France & de Navarre: A & feaux Conseillers nos amw. les gens tenants nos Cours de Parlements, MaîtresdesRequêtes
ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Conseil,
Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs
Lieutenants Civils, & autres nosJusticiers
& Officiers qu'il appartiendra, S A LUT, Ayant choisi Nôtre tres-cher
,
& bien amé CHARLES DUFRESNY, Sieur de
Riviere, Nôtre Valet de Çl»>inil)reordinaire
; pour continuer de faire le Recueil
de plusieurs nouvelles
,
Relations
,
& Histoires
; & le faire imprimer sous le titre
de Mercure Galant ; il Nous a trés-humblement
fait lupplier de lui vouloir accor- f der nosLettres de Privilege sur ce nécessaires.
ACES CAUSES Nous lui avons permis & permettons
, par ces Prefentes
,
de faire Imprimer
le Livre intitulé LI MIRCHS
GALANT, Contenantplusieurs Nouvel- les, Relations,Histoires, &generalement
toutce qui dépend Judi, Livre, &qu'on
à coutûme d'y mettre depuis trente ans, en telle forme,marge,caractere
,
& autant de fois que bon lui semblera, par tel Imageur
& Libraire qu'il voudra ciigi/ir
& de le faire vendre & débiter par tout
nôtreRoyaume
,
pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jourde
la datte des Presentes
;
Faisons défenses à
toutes fortes de personnes de quelque qua-
Eté & condition qu'elles soient d'en introduire
d'Impressions Etrangeres en aucun lieu
le nôtre obéïssance
,
& àtous Imprimeurs,
Libraires, & Colporteurs
,
& tous autres
de faire Imprimer, vendre, & débiter,&
contrefaire ledit Livre, ni Graver aucunes
Planches servant à l'ornement d'icelui, nimême de le donner à lire pendant ledit
temps sous quelque pretexte que ce soit,
sans la permission expresse
,
& par écrit
dudit Exposant
, ou de ceux qui. auront
droit de lui, à peine de confiscation des
Exemplaires contrefaits; de six mil livres
d'amende contre chacun descontrevenants,
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiers au Dénonciateur
,
& l'autre tiersaudit
Exposant
,
& de tous dépens dommages&
interests à la charge que ces Presentes seront
enregistrées, tout au long sur le Registre
de la Communauté des Imprimeurs
Libraires de Paris, & ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles; que l'impression
dudit Livre sera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
Reglemens delaLibrairie; & qu'avantde
ecxfofcr
en vente, ilen sera mis deuïExçmires
dans notre Bibliotheque publique,
dans celle de nôtreChâteau du Louvre,
un dans celledenôtre trés-cher & féal
[evalier Chancelier de France, le Sieur HiifïEAwx, Comte dePontcharn
» Commandeur de nos Ordres, le tout )cine de nullité desdites Presentes, du
tenu desquelles
, Vous MANDONS, &
oignons de faire joüir & user ledit sieur
volant
, ou ses ayant cause, pleinement
paisiblement sans souffrir qu'il leur foit
sé aucun trouble, ou empêchement.
ulons qu'à la copie des Presentes qui se-
Imprimée au commencement, ou àla
dudit Livre, soit tenue pour bien, &
ment signifiée, & qu'aux Copies colonnées
par l'un de nos amez & fèaur
nseillers & Secrétaires foy foit ajoutée
me à l'original. Commandons au Preer
nôtre Huissier ou Sergent de faire pour
recution des Presentes tous Astes requis,
necessaires sans autres permissions, no- ostant Clameur de Haro, Chartre Nornde
,
& Lettres à contraires: CAR
est nôtre plaisir. D'WN E' àVersailles
trente-uniéme jour d'Août, l'an de o-race
sept cent dix, & de nôtre Regne le soite
huit. Par le Royen son Conseil.Sié,
DEVANOUBS.
Regiftrc sur le Hegrftrt num. 3. de la mmHMutt des Imprimeurs&Libraires
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le