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1677, 06, t. 4 (2e éd.)
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LE NOUVEAU
MERCURE
GALANT.
Contenant les Novvelleîs
du Mois de Juin 1677.^
& plufieurs autres./'
f *
TOME
SECONDE EDITI®
A PARIS,
Chez Claude Barbin, au Palais, fuf
le fécond Perron delà S.Chapelle.
M. D. LXXVII.
AVEC PRIVILEGE DK ROI.
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•* •
/ • i

Ce rieft point dans l'efferance
de 'vous faire un Prefènt
digne de Vous, que je prens U
liberté de <vous offrir cet Ouvrage.
C'efl à quoy les plus
délicates P lûmes aur oientpeine
0* • • a ij
EPISTRE.
J réüffir s & je fuis trop per- fùade de ma foiblefie, pour me fouffrir un fent'tment fi pré- fomptueux. Mais enfin, MADAME ,1e Mercure Galant va pa,r toutyvous efies connuë par tout, & je ne puis plus refifler a l impatience que j'ay de faire favoir à tout le monde qu’il > ,> ■< ny A ptrjonne qui vous regarde avec plus d’efiime plus de reffeiï que je fais. Le coeur eLi quelquefois plus à confide- rer que l'offrande s & fi vous me daigne^ rendre quelque juf tice de ce cofie là, peut eLire ne defiiprouvereT^vous pas tout-
E P IS T R E.
a,, fait U témérité démon entre- prifè. Je faay, MADAME, que ne fiant pas moins difiinguée du refie du monde par ce merveilleux Efirit qui vous fait juger de toutes chofes avec le plus jufte difcernement, que vous l'elles par une naifiance qui ne vous laifie voir que nos ^Maifires au dejfius de Vous, on ne vous devroit rien offrir que d achevés mais je riignore pas aufft que vous nave^pas moins de bonté, que de ces belles lumières que ceux qui ont l'honneur de vous approcher trouvent tous les jours fa jet
h
EPISTRE. d'admirer en Fous-, & cefi de cette bonté, MADAME,^ ; non pets du mérité de mon Ouvrage , que j ofè attendre la protection que je vous demande pour luy. êlle efi digne de cette *Ame genereufe qui vous élete fi fort au défias de celles de vofire Sexe, dont les plus foli- des avantages ne confifient ordinairement que dans laEeauté. fie n oje vous parler de l heureux partage que la Nature vous en a fait. C efi un endroit que les Peintres du Siecle fe feront un honneur de conferter À la Pofierité. Plût au Ciel,
EP1STRE.
M A'D AME, que f eujfe autant de bonheur queux, & qu enfùifant vivre voflre Nom apres Nous , il me fufi pofible dempefcher le mien de mourir! C'eft une gloire dont fdurois
1 Poftërité connoijfant mes fènti- ’ pas déplû. Du moins elle de- L
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fans-doute d me flater,fi cette Ti flnimw&e CowH-
!* mens, pouvoit apprendre que
' mes Ouvrages ne vous eufiènt
meurera d'accord d'une cbofè, qui efi que f ay eu l'avantage de vous connoifire parfaitement, quoy que je ne vous aye prefque veuë que de loin. On louera quelque jour mon goufi,
■j n
epîstre.
comme on Je rapporte aujout- d'huy au vofire fur ce qui eft efiime de plus parfait-, & je ni puis m empcfcher de croire qui nos Neveux auront quelqw confideration pour moy, quaid ils fçauront qu'une de met plut ardentes pajfions a efié d’obtenir de Vous la permijfion di me dire,
7
MADAME,
Vofire tres-humble & très* obeiflànt Serviteur. V* \
N O ÜVEAU
MERCURE
GALANT.
T Z^.
beau . faire»
ne, c’eft plûun
Reciieil de
Nouvelles par mois,que les
Nouvelles du Mois, que je
vous/nvoye. Pour n’en refer
ver jamais aucune* il fau-
Tome 4. A
z LE MERCURE droit vous écrire tous les huit jours : la matière me ferôit plus facile à trouver que le temps. S. Orner me i’auroit fournie pour une Semaine, la Viéloire de Monfieur le Comte d’Ef- trées pour une autre, & je n’aurois pas efté en peine de chercher par où fupléer au refte. Ce que je vous dis, Madame, eft aflez glorieux pour la France; il s’y pafte tous les jours de fi grandes Aérions, & tantde Perfon- nes d’un haut mérite donnent
tout à la fois ôccafion
GALANT., f
de les diftinguer, qu’il eft
prefque impoffible d’embrafTer
tout. C’eft comme
un Champ fertile dont oti
à beau amaffer les abondantes
moiffons, on y trouve
toujours quelque chofc
à recueillir ; & je fatisferois
mal fans doute à l’engagement
où je me fuismisavec
vous de vous mander tout
ce que je croirois digne de
voftrecurîofité, fi m’arref»
tant précifement à ce qui
arrive dans le Mois où je
vous e'cris, je nerappellois
pas quelquefois plufieurs
A ij
'4 LE MERCURE diofes donc je n’avpûvous parler dans les précedens. Ce n’eft point dans celuy- cy que l'Académie Fran- . çoiie a fait complimenter Monûeur le Cardinal d’Ef- trées, qui comme vous fça- vez eftl’un des Quarante qui compofent cecte Illuf- cre Compagnie-, mais vous ne laiflerez pas d’eftre bien- aife d’apprendre que ces Meilleurs qui ne l’avoient point veu depuis fa Promotion au Cardinalat, ne furent pas plutoft avertis de fon retour à Paris , qu’ils
«
GALANT. 5
' nommèrent fix Perfonnes
de leurs Corps pour l’en
aller féliciter. Ces Gx furent
Mrs Charpentier, Talde
Madame,Teftu Abbé de
Belval,TallemantPrieur de
S.Albin, l’Abbé Regnier
des Marais, & de Benferade.
MonGeur le Duc de
S. Aignan voulut lesaccompagner,
& MonGeur le Cardinal
d’Eftrées qui les reçeur
dans fon Anti-chambre
les ayans conduits dans
> fa Chambre, Mr G harpen»
6 LE MERCURE chargé de la parole, sac- quita de (à commiffion en ces termes.
"K Æ Onseigneur, XVJL En nous approchant de V.E. nous[entons une douce émotion qui n'efi pas toutefois[ans quelque mélange d amertume. Nous vous revoyons avec les marques de la plus haute dignité de l’E- glife s Quel plus agréable [eciacle à nos yeux ! Quelle plus [enfible joye a no&re coeur ! Mais quand nous nous teprefentons que cette éleva-
GALANT. 7 lion vous je pare de nous., & vous arrache de nos Exercices y qui ont Autrefois partagéles heure* de voflre loi- fir, nous ne figurions p enfer quavec douleur à une abfen- ce qui nous paroift irréparable. tA voflre départ. Monseigneur , tous nos Voeux vous accompagnèrent 3 Nous ne fouhaitdmes rien avec plus d'ardeur que de vous voir bientôt reveftu de l’éclat du a voflre mérité, à voflre naïf fance, & à la grandeur de vos ^Alliances Royales. A voflre retour nous voyons en V.E.
A^ • • •
lllj
I accomplijfement de nos *uoeux} mais nous ne 'vous trouons plus d l’Academie. Hé bieny Monfigneur, n'en murmurons point.; Nous vous perdons d une maniéré trop noble pour nous en fâcher. Nous fouhaitons mefme de <vous perdre encore da^van- tage& que U Pourpre Romaine qui vous ajfcie â h première Compagnie de l'V- nivers, vous place quelque jour^du confentementde tou~ tes les Nationsy dans ce Trône fondeJur la Pierre que toutes les Puijfances de l'Cnfen
GALANT. 9 ffiuroient ébranler. Mais pourquoy vous conter perdu pour nous, Monseigneur, dans l'augmentation de vof- tre gloire, puis que le plus grand Roy du monde,Loii[& le Vainqueur, mais le Vainqueur rapide, le Terrwle-, le, Foudroyant, a bien trouvé des momens pour fingcr & nous parmy la pompe & le tumulte de fis Triomphes? Jfite dis-je pour finger a nous ? Ah c eft trop faiblement s expliquer pour tant de grâces extrdôràin(iires\ Di- fins plutofipour nous appel-
10 LE MERCURE
1er a luy par une adoption glorieufi ; Difins pour nous établir^ un repos inébranlable a l'ombre de fa Palmes. V.E. Monfeigneur, ri a-t-elle pas admiré cet événement, gÿ quoy fuflfa m
Pais des grands Exemples* quoy que vous re sfr affale me fineair que Scipion & que Pompee}pûtes-'vous apprendre fans furprife qu’un fi grand CMonarque. fe déclarai le Chef de l Académie , voulufi mettre fin Nom Au- gufie é la te fie d'une Lifte de Gens de Lettres ? Nofire R0-
GALANT. ii
h en fitâ-cUc P^ etonYicCy
■& ne jugea-t-elle pas alors
que le Ciel préparoit a la,
France la mefme proscrite
joüyfous les Augufles ,Jous
les tAdriens & fus les Antonins
? Vous nous avec^
quitte^ Monfeigneur, dans
l’Hoflel Seguier, dansl’Pof
tel d’un Chancelier de Fr-angrandes
avions. V. E- nous
retrouve dans le Couvre.,
dans la Maifon Sacrée de nos
n LE MERCURE
Rof nos Mufe s n ont plus d'autreféjour que celuy de la Majefte. Il faut ne vous rien celer encore de tout ce qui peut tenir rang parmy nos heureufes devantures , puis que V. E. y prend quelque part. Un Archenjefque de Paris qui honore fà Dignité par fa Vertu3 par fon Eloquence 3 & par la noblejfe de fa conduite- Un E'vefque d une érudition confmmee 3 que mille autres rares qua- hte^ ont fait choijir pour cultiver les eferances d'un yeune Héros,, de qui tous
GALANT. 15 l'IDnivers attend, de fi grandes chofes ; Vn Duc gÿ Pair également recommandable par fion Efprit & par fa Valeur } & avec qui toutes les Grâces ont fait une alliance et e me lie ; des Gouverneurs de Province 3 un Prefident du Parlement; plufieurs Per- finnages célébrés en toutes fortes de Sciences, font les nouveaux Confrères que nous vous avons donnez^ fins parler de ce Grand Homme, que T intime confiance du Prince, un <gele infatigable pour le bien de l'êtat, &une
7
7
u le mercure paffion ardente pour Vavancement des Belles Lettres, diftinguent ajj'c^ pour na- voir pas befoin deftre nomméplus ouvertement. L'Academie a fait la plufpart de ces précieu/ès acquifitions, tandis que T. E. defendoit nos droits d Rome, & s'op- pofoit aux brigues de nos Ennemis. C'eft fur vos foins & fur ceux de M. le Duc vofire Frere, que la France s'eft reposée avec feureté de fes inter e fis, en un Pais où déjà depuis longtemps le courage, l'intrépidité, & l'amour de
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l-
GALANT. ï; !'i la Patrie, ont rendu fameux les Noms de Cceuvres &d'Sfi. trées. C'efi avec la mefme K fermeté que V", E. a foûtenu
k l honneur de la Couronne, k contre les injufies défiances rj que la profierité des cArmes à du Roy faifoit naijlre dans des Ames trop timides. .Quels Eloges, quels applaudijfe- ’l mens ri a- t-elle point méritée^ 'f encore au dernier Conclave, cette fermeté coefrageufe & !- falutaire, qui dans une occa- i fon fi importante ria pas ?, moins envifagéles avantages ’e de la RépubliqueChrefiienne,
7
>6 LE MERCURE que fuivy le plan des pieufes intentions de Sa Majeftéi Toute U Terre fixait combien ces grandes veuës ont donné de part à V. E. dans T Exaltation de ce Pontife incomparable} à qui la pureté des moeurs, le mépris des richef fes , la tendrejfe cordiale envers les Pauvres, l'humilité magnanime des anciens Evef ques , & le parfait dégagement des chofes du monde, avaient acquis la réputation de Sainteté, avant que d en obtenir le Titre attaché a la Chaire Apoflolique. Il efl
GALANT. 17 apres ce U, Monfiei- gneur, que nous ne nous fin- lions de quelque ficrete com- plaifiance , en voyant qu’il fort de T Académie fies Princes du Sacré Sénat y gÿ que <vofire fuffrage que nous a- vons conté quelquefois par- my les noflres, concourt maintenant avec le S. Efirit au gouvernement de fion Eglifie. Avance fionc toûj ours, Mon- fiigneur, dans une fi belle route, permette^-nous de croire que V. E. confirmera quelques fientimens d’affection pour une Compagnie fur Tome 4. B
Pour une Compagnie y qui apres La vénération toute finguliere quelle doit avoir pour fon Royal Protecteur, n aura point de mouvement plus fort que celuy du ctple qui l'attache d V. E. (ÿ qld trouvera toujours une des principales occafions de f joye dans l'accomplifement de toutes vos glorieufes en- treprifes.
7
Il ne faut pas s'étonner fi le Public a donné tant
GALANT. >9 d’approbation à ce Compliment, puis qu’il a mérité celle du K oy, qui fe l’eft fait lire à f Armée par M1 de Breteüil, Ledeur de Sa Ma- jefté. Aufii Monfieur le Cardinal d’Eftrées le re-
çeut-il d’une maniéré trcs- obligeante.il dit à MrChar- pentier qu’il n’cntreprenoir point de répondre.fur le champ à un Difcours {l plein d’éloquence -, mais qu il le prioit d’afFurer la Compagnie qu'il ne per- droit jamais le fou venir des marques quelle luy don-
B ij
»
zo LE-MER CURE
noie du lien-, Qu’il s’en tei
noit tellement obligé, qu’il
ne luy fuffifoit pas de l’en
• • i c • r •
mie pour luy en témo igner
plus fortement fa reconnoiffance.
U s’étendit en
fuite fur les Louantes des
naire dont il demanda particulièrement
des nouvelles.
11 adjoûca qu’il efperoit
beaucoup de la grandeur &
de l’exaébitude de cette en-^
Z
GALANT. 2® vent entretenu des Gens d’Efprit d’Italie qui en a- voient admiré le Plan ; & apres quelque convention il reconduifit les Dépurez jufqu’àla porte de la Salle proche le Degré. Il leur tint parole quelques jours apres, & fe trouva au Louvre aune de leurs Séances. 11 eft Protecteur de l’Academie de Soldons, où M* Hebert Treforier de France luy avoit déjà fait le Compliment qui fuit au nom de cette Compagnie. Je trouveray l’occafion.
zt LE MERCURE Madame, de vous en faire connoiftre une autrefois le mérité & letablifTemenc.
MOnseigneur,
Quelle joyé ne doit pas répandre dans ces lieux l honneur de vofire prefienct apres une abfence fi longue & fi ennuyeufe ! Quelle joye pour une Compagnie qui vous doit tant : & qui ^ous honore a proportion de ce quelle vous doit, de vous y voir dans cet éclat qui frape aujourdhuy fi a~ gre&blement nos yeux} &
GALANT.- 2.7 dont l'idée avoit remply fi longtemps nofire imagination ! Nous fçavons bien, éMonfeigneur, que toutes les Grandeurs humaines efiant au deffous de cette élévation d'efirit & de cette grandeur d'ame, qui difiingue fi excellemment Vofire éminence desautres Hommes, c’efi vous: rabaiffer en quelque façon, que de vous loïter d une Dignité, quelque grande, quelque élevée quelle foit, Mais vous nous permettre^ de vous dire, que regardant: ceUe-çy comme un pur effet de
LE M'ERCUPxE coffre mérité, vous ne de', pas trouver mauvais que nous nous réjoüi/fions de vous en voir revefiu, 3? que nous vous fajfions refibuve- nir quen augmentant vofire Gloire, elle achevé gÿ con- fomme ce lle de vofire Mafion. Cette grande, cette illufire SMaifin, Monfieigneur rfub- ffrloit depuis plusieurs Siècles dans une fplendeurpeu commune. Tout ce que la valeur unie a. la conduite- peut acquérir de Titrez éclatans, tout ce que la fidelité jointe aux lumières peut procurer d'importans
GALANT. i; d'importuns Emplois, tout ceU, Monfeigneur, s'y woyoit enfouie s & de tous les honneurs de Ia Terre, on peut dire que Ia feule Pourpre luy munquoit 3 mAis le Ciel qui trAvuilloit depuis f longtemps a fon AgrAndiJfementf qui pAr Ia production continuelle de tAnt de Héros qu'il en fuifoit finir fuc ce fixement , lu difiofiit pour Ain fi dire a recevoir cet honneur, fit nAiftre. enfin V. S.
toutes les quAlite< qui en pourvoient eftre dignes. Vous le reçûtes donc 3 M^nfeiz
T ome 4. Ç
avec
7-
U LE MERCURE
part des Etrangers, jur le
feul raport de la Renommée,
& fur la fîmple Nomination
d'un Prince qui le demande
pour fon Sujet. Rome vit
bien deux Royaumes fe difpurer
l’avantage de vous le
vous l’accordât, Rome vit
auffi briller â l’envy ces bel-
Elle connut vofire mérité, &
pour vous, Monfeigneur,
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GALANT, if ' d'avoir acquis par une voye f fi b elle une Dignitéftfub lime!
Quel honneur d'avoir mis le * comble a la gloire d'une Mai- fon des premières & des plus fameufes de TVnivers! Mais quel honneur pour l'Académie de Soiffons, de je pourvoir glorifier d'un tel P rote ^eur! Quel honneur pour nous, que V. E. ait bien voulu v fie charger de ce Titre, & naît pas dédaigné de le joindre d tant d'autres fi glorieux! Quelle joye encore un coup de voir ce Protecteur & de luy parler! Mais quelle peine ç ij
ig LE MERCURE
de le voir pour fi peu de
tempsj Jÿ de luy parler fans
parler dignement de
luy ! Jfiuel embarras, quelle
confufion de devoir tant &
de pouvoir fi peu rendre,
de fentir une reconnoiflance
cette reconnoifiance, Monfeigneur
, que nous voudrions
pouvoir bien dépeindre aV.ê.
Plut à Dieu que vous puf
fie^ voir quels mouvement
elle excite dans nos coeurs,
quels Voeux, quels Souhaits
elle y forme. Nous les conté
GALANT. i? nuirons , Monfeigneur, ces Voeux & ces Souhaits / & puis que nous ne pouvons autre chofe, nous les ferons du moins avec tout le %ele çÿ toute l'ardeur dont nous jommes capables. Nous ne dirons pas icy à V. E. quelefi prefentement leur objet; puis quil ny a plus qu'un degré entre le Ciel & Vous, il ne si pas mal-aisé de le comprendre. Nous vous dirons feulement, SMonfeigneur, qu'il faut quelque chofe de Suprême pour récompenfer une fu-
?o LE MERCURE a rien de fi grand, ny de fi haut dans le onde, où V. 8.
ne PulJJ'e prétendre avec juf. tice, où elle ne fait déjà placée par les ardens Çÿ jufi- tes defirsde cette Compagnie.
Pour pafler de la Profe aux Vers, en voicy qui furent faits pour le Roy incontinent apres Tes trois nouvelles Conqucftes. Ils font de M'de la Çitardie. C efl: un Gentilhomme qui n a pas befoin de parler longtemps pour faire con- noiftre qu’il a infînimeM
GALANT. ?.î <[e l’efprit-, mais, comme je ne tiens pas ces Vers de luy-mefnie, & qu’il m’en, eft tombé entre les mains plufieurs copies diferentes l'une de l’autre, je ne fçay fi j’auray choifi la véritable.
EPISTRE AU ROY.
SI RE, je T avoueray> la Gloire a bien des charmer.
Il efi beau de vous voir an milieu des a U arm es.
ptleràfes cofte^, & triomphant toujours.
Conter far vos Exploits le nombre de vos jours. 1
111}
p LE MERCURE
il eft beau de vous voir fia cri fi et <
four elle
T oui ce qu'on peut jamais attendri
Hais fardonne z^-moy 5 Si RE 3
gereux appas.
Quand je fonge aux périls^ où four
luy rendre hommage
Vofire intrépide coeur a toute heure
Car fi j'ofe aujourd'hui m'expliquer
avec vousy
le Sceptre ny les Lys ri exemptent
point des coups.
Ce rang de Souverain qui voue met
fur nos tefies^
'It e met point vos beaux jours a-
Guerriers
J/''a jamais des Héros refpeïïéles
L awriers,
Et ceux dont vofire front s'efifait
une Co uronpe
J 1
jen ofiey.penfier^
ri
fie placer.
Ah, Sire, c en efi tropyvene\re^
voir La Seine,
Voules^vous II Madrid aller tout
d'une haleine, (d'îcy,.
Et? toujours- oublier ce qu éloigné
^Therese, à l'Etat,vouscau^
fiez^de fioucyl
Vous avez^ en un mois mis trois
Villes enpoudre,
Vofire coeur au repos ne peut-il fie
LE MERCURE
Et ces fruits que la Gloire a refer*
ver^pourvous^
'Z es coûtant dans le calme, en fe
ront-ils moins doux ?
Vous favex^ qu autrefois un Hé*
ros dont P H foire
Confervera toujours la pompeufc
mémoire,
Apres avoir finy de moins nobliï
Eitvoirquon peut donner des bornes
aux Héros.
ame vuemere*
carrière* *
Si pour vous arrefer^ vous voulez
voirfournie
T out ce qui peut encor vêtus refer
d* Ennemie i
Contente\:vous au moins de cei
foins politiquesr
GALANT. iï
iQui font plus que le fer fleurir les
Republiques,
Jnftruifezyos Guerriers a marcher fur vos ,
Marquent'heure, le temps, difpo- fendes Combats,
Etfonpez^u'un Grand Roy qui fui nommé le Sape,
Fit de fon Cabinet trembler fon voifinape,
Tandis quen feuretcypaifible dans fa Cour,
Jl donnoit quelquefois des heures à l'Amour.
Monfîeur le Comte de Bregydont je vous ay parlé dans maLettre precedente, a fait le Sonnet qui fuit pour Son Al ce île Royale. Je croy
0 LE MERCURE que vous n’aurez pas de peine à luy donner la mef- me approbation qu’il a re> çeucicyde tout le monde.
i . .* • - Z. -• < - ? J : 2? ». - • ' • - * 1*1 - ». .‘ÀxîJfc’
POUR MONSIEUR.
S O N N E T.
T V fervira/ d'exemple un jour à nos Neveux,
IDiqneFrere d'unR oy leplus^rand Roy du mondes
S'il paffe les Ce fars, ta Valeur h fécondé,
Et foùtient fes Lauriers par des Exploits fameux.
>
GALANT.
#4 tes traits délicats, à ton air
gracieux
Tu fembles eftre né pour une Paix
profondes
£t dans le Champ de Mars dés
que le Canon gronde,
Ton coeur anime tout , ton bras
frape en tous lieux*
'*$4 prefent qu apres toy tufais marcher
la Gloire y
Que tu ne combats point fans avoir
. la Viiioire^
J^oüis n efi plus le feul qui triomphe
de tous s
'Maie luy foui toutefois des Princes
de la Terre.
De ceux qui font en paix* ou qui
nous font la guerre,
LE MERCURE
Rien ne fçauroit mieux
fuivre les Vers deMonfieur
de Bregy, que la Profe de
Madame la ComtefTe de
Bregy fa Femme. Jugez-en
par cette Lettre. Elle eft
écrite à M1 l’Abbe'Bourdelot,
fi connu par ce grand
jufqu’en Suede, obligea la
Reyne Chriftine de l’y appeller
auprès d’elle, non
feulement comme un treshabile
Médecin, mais comme
un Homme confbmmc
en toute forte de Sciences.
GALANT. che leftime particulière dont Monsieur le Prince l’honore, & la confiance au’il prend en fes confeils fur le régime de vie qui luy cft neceffaire pourfafanté. Il fait des Vers fort agréables, quand les grandes occupations luy en peuvent laifler le temps, & nous en avons veu defuy fiir differentes matières, qui ont efté leus par tout avec
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’j plaifir.
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1 I ,ï
&
LE MERCURE
LETTRE DE MADAME
la Comtcfle deBregy.
A Monfieur l’Abbé Bourdelot.
I
SI vous me regarde^ du
cofié de la capacité fie demeure
d'accord que mon
droit nefi pas bien fondé à
me plaindre de vous de ne
m avoir point montré vos
Ouvrages. Mais s'il vous avoit
plu, Monfieur, de confiderer
ceux qui vous aiment
le mieux 3 par cette réglé U
faurois reçeu de vous let
t,
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ni m
t
4. n ?» /< le.
GALANT. 4I y’ers que vous ave g faits pour /Monfieur Colbert, dont le feul harzyrd me fit hier prefent. Cela, efi beau que ce ne Joit pas devons que je les aye reçeus. Nefave^-vous pas bien que tout ce qui fert d vofire gloire, fert au(fi d ma, joye, & que d’ailleurs bien des chofes ne m en donnent pas tant qu il fait ne- cefidire de m en retrancher? Ce rieft pas la ce que les A- mis doivent faire, au contraire il faut qu ils fongent d procurera ceux qu ils aiment tous les petits biens, rieflant
Terne 4. D
-A
4 »
7
•41 le mercure pas en eflat de Leur en fiirf avoir de grands 3 mais vous efies dans un embarras d 'amour propre qui' vous tient de trop près pour vous laif- fer le temps de p enfer a ceux de qui vous elles aime, e? il vous fait fins cejfe courir a- près ceux que T Envie empeft che de convenir de voflre me - rite. Ne cberche\plus a les en convaincre. Efles-vous Ù fsavoir que la Vérité s'éta* b Ut par elle-mefine, gÿ qf( ééli fbn privilège de perces tous les nuages pour fie de* couvrir l C’efi une preuve"dfy
v<
U.
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II à
GALANT. 43 >! parfait mérité, de vivre a- ni vjec nonchalance fins briguer 4. fi approbation■, il faut qu elle ‘«i vienne à la fin payer tribut if. fins que l'on en prenne foin. Regarde^ le Héros auprès de 'U qui vous efies attaché. Voye^ a. comme il fimble efire de loi- ’J fir, il ne fait plus rien, parce quil a tout fait, car il n eft point d'efirit qu'il riait parfaitement ajfujetty à croire qu il efi un des plus grands Hommes du-monde, pour
peu qu il commençât a s’ennuyer dans fi fihtude, U fi trouve un rernede tout preffi D ij
?
44 LE MERCURE Jl rid qu’à tourner les y eu* - du cofté de fa gloire, pour •voir le plus beau fpectacle que jamais Mortel ait pu donner à I'JJnivers. Msvec une telle, fauvegarde il ri eft point de chagrin qui le puifle attaquer. La mort mefme qui efe tout ne pourra rien contre luy, car lors quelle croira s’eftre enrichie d’une fi noble proye, elle ri aura fait que le debarrafier de ce qu’il avoit de commun avec le refte des Hommes pour le laijfer plus purement en eftat d’aller prendre place entre les derny
4 " * ’ - . \ • • ' H
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QKLK^T. 4Î trïeux. Mais s’il trouvait fin compte a cela, nous riy trouverions pas le noflre en le perdant s ceSt pourquoy, Monfieur 1’Abbé, nefonge^ pas tant a écrire en beau langage , que vous ne refvie^ profondément a ce que l'Art de la Medecine peut fournir de Secrets pour prolonger fur la terre une fi belle vie, & par la voflre Siecle vous
7
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it fera beaucoup plus redeva- « ble que de toutes les çhojes que vous pourrie^ d'ailleurs faire pour fon ornement. En mon particulier je ne vous
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4< LE MERCURE quitte point à moins de me promettre pour ce Grand Homme encore une centaine d’années 3 & pour vous en récompenfer^je fiouhaite qui tout le monde convienne avec moy que Monfieur l'Ab be Bourdelot efi tout compte & rabattu, un des Homtyet du monde de la plus agréable converfiation,
Je devrois eftre déjà devant S. Orner; mais je ne puis me defendre de m’ar- refter encor un moment icy pour vous faire rire d’u-
GALANT. 47 ®e Avanture dont un Cavalier que vous connoiflcz a toutes les peines du monde àfe confoler : c’cft celuy qui au dernier Voyage que vous filles icy, vous dit tant d’agreables Bagatelles aux Tuilleries. Vous fçavez,, Madame, combien fa con- verfacion eft enjouée. C’cflr un talent merveilleux pour fe faire fouhairer par tout. Ï1 dit les ehofes finement, fait un Conte de bonne grâce, & il feroit prefque fans defaut, s’iln’avoitpas celuy de fe mettre quelquefois dç
4§ LE MERCURE
trop bonne humeur quand
il reçoit un Défy dans la
Débauche. Il s’oublie pourtant
aff z rarement là-defjoye,
il ne s’en eft jamais
fait d’affaires, que celle que
je vous vais conter. On l’avoir
mis d’un fort grand Repas
chez Bergerat. Un
Comte & un Marquis defes
plus particuliers Amis s’y
trouvèrent; ils eftoient tous
deux
GALANT. 49
deux defa confidence, & ils
^voient habitude l’un &
l’autre chez une Dame qui
ne montroit pas d’indifference
pour luy „ La Dame
eftoit digne de fès foins,
jeune,aimable, mais d’une
fierté à gronder longtemps
pourpeude chofe. Toutes
ces circonftances font à
fçavoir pour l’intelligence
de l’Hiftoire. On fe met à
Table, on rit, on chante,
on dit des folies, & le Cavalier
porte fi loin la joye,
qu’il la fait aller jufqu’à l’excès.
Ilboitlafantédes Bel-
Tome 4. E
jo LE MERCURE
les,exagere leur mérité, &
laide égarer fa raifon à forcé
de vouloir rationner. Apres
quelques rafadcs un peu
trop largement réitérées, il
fe jette fur un Lit de repos,
l’aftoupiftement ly prend,
& il eft tel que l’heure de fe
ftparer arrive avant qu’il ait
cefte de dormir. Ses Amis
fe croyent obligez d’en
prendre foin. On le porte
dans le CarroHe du Comte
qui le fait mener chez luy.
SesLaquais le deshabillent,
& on le couche fans qu’il
faftè autre chofe qu’ouvrir
GALANT. yi en peu les yeux & fe rendormir. Ce long oublyde luy-mefme mec le Comcc en humeur de luy faire pièce. Il oblige une de fes Amies d’aller chez la Dame dont je vous ay fait la peinture. Elle la met fur le chapitre d u Cavalier, & luy demande G elle efloit brouillée avec luy, parce qu’il seC-
1 toit trouvé en lieu où il n’aJ : voit pas parlé d’elle comme ’ il devoir, La Dame eftoic i fiere,elle prend feu, &: luy préparé une froideur plus propre à le chagriner que
E ij
jt LE MERCURE ne pourroient faire fes plaintes. C’edoitlà ceque le Comte vouloir. Il va trouver le Marquis leur Amy commun, & concerte avec luy le perfonnage qu’il doifjoiier. Lanuidepafle, le. Cavalier s’éveille, & eft fort (ùrpris de fe trouver chez le Comte, qui entre un moment apres dans fa Chambre. Il s’informe de l’enchantement qui l’a mis oùiifevoit. LeComte foû- fe
es
folies qu’il a faites depuis
rit, & luy demande s’il ne fouvient plus de toutes 1
V| ’J
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GALANT. 55 )e Repas de Bergerat. Il luy fait croire qu’il î’avoit trouvé chez une Duchefte d’où il I’avoit ramené chez luy, parce qu’il n’eftoit pas dans fon bon fens. 11 adjoute qu’il venoit de fçavoir qu’il avoit rendu viiite a ion Amie, à qui il avoit dit force impertinences -, qu’ on ne luy avoit pu dire précifé- ment ce que c’eftoit, mais quelle en eioit fort indignée , & d’autant plus que c’eftoit en prefence duMar- quisqu’il luy avoitdit toutes les choies def obligeantes
——, • • • L nj
dont elle fe plaignoit. Le
Chevalier ne fçait où il en,
eft. Il le Convient du Repas
de Berge rat, mais il ne fe
fouvient de rien autre chofè.
Il ne laille pas d’eftrc
perfuadé que comme il eù
enu couc lier c he z 1 e C o mte
fans s en eflreapperçeUy
il peut bien avoir fait toutes
les extravagances dont on
M court chez le
cftoit inftruit débute avec
luy par une grande Mercuriale.
Il luy dit qu’il ne
comprend point comment
I
GALANT. JJ il a pû s’oublier au point qu’il a fait, qu’on ne traite point une Femme qu’on ef- time, comme il a traité fon Amie , & q»’û nreriteroit bien qu’elle ne renouât jamais avec luy. Le Cavalier veut fçavoir (on crime. Ce crime eftqu il a reproches la. Dame devant luy qu’elle avoir de faufïes Dents, qu’il ne sert pas contenté de le dire une fois,qu’il 1 a répété, & qu’elleen eft dans une fi grande coIctc , quil fcra bien d’aller l’appaifer fur l’heure,afin qu’elle ne s’af-
E mj
j6 LE MERCURE fermifle pas dans la rel’oîu- tion de ne luy pardonner jamais. Je ne vous puis dire, Madame, fi le Marquis crut luppofer ce defaut à la •Belle, ou s il fçavoit au’il fnc efteâif; mais la vérité eft que toutes fes Dents ^eftoient point à elle. Le malheur de les perdre eft inévitable a bien des Gens, & on n’eft point blâmable y remédier j mais les Dames qui le cachent avec loin, ne font pas bien ajfcs qu on s’en apperçoive, &il wut toujours avoir la dif-
GALANT. 57 cretion de n’en rien voir. Le Cavalier aimoit la Dame, il donne dans le panneau, va chez elle apres a- voir quitté le Marquis-, & ne jugeant pas qu’une injure de fauffies Dents reprochées fuit difficile à oublier^ parce qu’il ne croit pas qu’elle en ait de fauffes , il commence par des excufes. generales d’avoir, laiflé é- chapcr quelque chofe qui luy ait déplu. La Dame qu’on efEoit venue avertir du peu de confideration. ' qu’il a-voit montré pour
& LE MERCURE elle répond fièrement qu’elle fe mettoit fort peu en peine de ce qu’il avoir pu dire fur fon chapitre, que ceftoitrant pis pour luy, & qu elle fe croyoit à couvert de route forte decenfures fi on ne difoir que des verircz. C’eft par là que le Cavalier prétend qu’on luy doit aife- ment pardonner, puis qu- eflant dans un état à ne fçavoir pas trop bien ce qu’il difoit,il l'avoit accufeed’avoir defauffes Dents, elle qui les avoir (i belles & fr Bien rangées par la Nature.-
»
GALANT.
La Dame qui fe fent attaquée
par ion îuiuicuv jjuut
plus le retenir» elle croit
qu’apres avoir mal parlé
d’elle,il a encore l’infolencc
de la venir infiïker. Elle
éclate-,. & plus elle marque
de colere, plus il demande
cequ’ily a decriminel dansl’article
fuppofédes faulfes
Dents. Elle le chafle, il
s’obftine à demeurer , revient
encor à fes Dents, &
la met dans une telle impatience
quelle lequite,.&va
s’enfermer dans fon Cabû
net. Le Cavalier demeure I
éo LE MERCURE
dans une furprife inconcevable.
Il s’adreffe à fa Surfaire
fa paix. La Suivante
1 entreprend, luy demande
dequoy’il s'eft avifé de
parler des Dents de fa Maiflrede,
& luy ayant dit quelle
ne doit compte à perfonne
fi elle en a d’appliquées
ou non , elle luy fait
enfin Soupçonner qu’il pouroit
avoir dit vray en n’y
penfantpas. Cependant il
eft obligé de fortir fans avoir
pû faire fatisfaélion à
la Dame. 11 eft retourné
GALANT. gi dix fois chez elle depuis ce temps là, & elle ne la point encore voulu recevoir. Voila, Madame, en quel eftat font les choies. Le
•/ * ~
Cavalier a découvert depuis deux jours la pieceque fes Amis luy avoient jouée, il en eft fort piqué, & il y aura peut-eftre de la fuite . que je ne manqueray pas à vous apprendre.
Cependant comme j’ay déjà commencé à vous parler des Pages du Roy dans niaderniere Lettre, j’ache- ve icy ce que j ay encore à
èi LE MERCURE Vous dire. Ceyx qui ont toutes les qualitez necef- faire s pour eûre du nombre, font fouvent obligez d attendre long-temps, cet avantage çftant recherché à l’envy par tous ceux qui defeendent des plus grandes Maifons du Royaume. Comme ils fervent dans les Armées de's leur plus grande jeunefle, & qu ils méritent dans un âge peu avancé les Charges qui leur font données, il ne faut pas s’étonner fi la plufpart deviennent bien-toft capables de
3 "*•' < ■ •
y
k{
GALANT.
commander, & fi nous
voyons Couvent les premiers
Emplois entre les
mains de plufieurs qui ont
et eu l’honneurd’eftre elevez
Pages du Roy. Sa Majefté
s’efiant rendue fur la Fron-
1. tiere avec précipitât ion, ne
?, mena avec elle qu’une paris
rie de fes Pages. Voicy les
i. Noms deceux qui la fuivii.
rent.
I
Pages de U Chambre.
M. des Chapelles.
M. de Guebriant.
.M- de Neuville.
7-
64 LE MERCURE
Pages de la Grande Ecurie.
M. de Braque.
M. du MetsTiercelin.
M. de Chevigny.
M. de Gange s..
M. deSerignan, aine & cadet.
M. de Pelot.
M.deMonfrein.
Pages de la Petite Ecurie.
M. de Boifdcnnemets,
M.de Nadaillac.
M. de S. Gilles-Lenfant.
M. de là Grange, cader.
M. deRenanfart.
M.deBonnefonds, aîne & cadet.
GALANT. éy
M. de Laval.
M- de Marmagne.
M.de Boufy.
M- de Moiffet.
M. de Melun.
Je ne parleray point icy
n'en peut douter, puis que
obligez d’en faire preuve
avant que d’ellre reçeus;
SaMaiefté voulant donner
moyen à tous ceux dont
je viens de parler , d’apprendre
le meftier de la
Guerre, les a fait fervir tour
a tour d’Aydes de Camp à
Tome 4. £
/'.1/annAc Ar z4<■» m •• ^a.
fes Aydes de Camp pem
compagnerfouvent les Officiers
Generaux, & de fe
Trouver dans les endroits’
qu’ils ont tous fait paroifire
un courage digne de leur
naiiïancc, cependant je ne
puis rien dire de particulier
que de ceux dont le hazard?
ou leurs Amis m’ont inf*
fruit. Je fçay feulement que
la plufpart fe font fouveni?
échapiz pour aller comme
I
GALANT. 67 Volontaires aux Attaques qui fe font faites les jours qu’ils nettoient point de Garde.
M'de Braque, d’une dès plus anciennes Maifonsdu Royaume, & Mrs de Boif- dennernets Si le Feron fe : Signalèren t à la teftedù Régiment des Gardes, le jour que la Ville de Valenciennes fut emportée-, ils prirent plufieurs Officiers des Ennemis, aulquels ils donneront la vie. Ils lés mirent entre les mains des Mouf- quetaires Noirs, & allèrent F ij
en fuite au Guichet de fe
Ville où ils arrivèrent des
xembourg & de Danjeatr
ayant trouvé une grande
confufion entre les Soldats
qui s’efforçoient d’entrer,
peut-eftre dans l’efperance
Pages que je viens dénommer,
de les faire retirer fur
une hauteur, & d’einpcfcher
qu’ils n’approchaffent.
Apres avoir exécuté
cet ordre, ils entrèrent
dans la Ville, où avec plus
GALA N T.
V o i t a 11 c n d r e d c s P e r fo n ne s de leur âge, ils empefche- rent le defordre, & arrêtèrent quantité de Soldats qui fe preparoient à piller.
Mrs de Braque,du Mets- Tiercelin ôedelaGrange, fe trouvèrent à l’Attaque de la Demy-lune qui fut prife la veille que la Ville dcCam- bray compofa.
Les deux premiers avec • Mrs de Ganges Se de Peloc f furent à l’Attaque de la t Contrefcarpe de la Cita- $ delle de Cambray,où ils fe ■ fignalercnt à la refte des
70 LE MERCURE Gardes. Ce dernier eft Fils’ de Monfieur de Pelot Premier Prefident au Parlement de Roüen. Le mérité de ce grand Homme cil a-Hez connu, & chacun fçait que fa haute capacité, &’ l’cxaéle juftice qu’il a toujours rendue,& dans cette grande Charge & dans fou Intendance de Guyenne, luy ont acquis auprès du Roy une eftime qui luy permet l’efperance des plus importuns Emplois.
M" de Serignan,aîné & cadet, fe diftino-uerent aufli ' O
GALANT. 71’
5
a T'Attaque de la Demy^ lune qui fut reprifc.
M’ le Chevalier de la. t( Grande reçeut à la Tran- ,n / & i
' ohee de Valançiennes urr 1,1 coup de Moufquet dans let J bras, qui ne luy fît qu’una 1 contuhon: Il en eut encor tf une devant Cambray , qui )1! luy fut caufe'e par un c'clat IC: de Grenade^ NT du Mets-
Tiercelin y eut fes cheveux 'r brûlez en foûtenant les: ® Travailleurs avec Mr le
Chevalier des Gaux , & NT
6
de B raque.
lü Me Roy ayant ordonné
A* ' Z
7i LE MERCURE comme je vous a y déjà marque, que fes Pages lervi- rbient d’Aydes de Camp à fes Aydes de Camp, Mon- fleurie Prince d’Elbeufqui 1 eftoit de Sa Majefté, retint M1 de S. Gilles Lenfant pour le lien. Il eut lieu d’en eftre fatisfait, puis que ce Page s’eft trouvé dans toutes les occafiqps perilleu- fes j il entra dans Valenciennes ax^ec les Moufque- taires G ris y il alla avec Moniteur le Prince d’El- beufà la Demy-lune qu’on prie la veille que la Ville de
'GALANT.- 7j de Cambray fe rendit, & il donna avec les Volontaires
* - C - • s • ? ®
à l’attaque de la Contre/- carpe de la Citadelle, où iï entra des premiers, avec Mr le Marquis de Ma lofe, & M'le Comte de la Vau- guyon. Quand on fut rentré dans la Tranche'e, on leur ordonna de prendre des Fafcines & de les porter au Logement, pour donner exemple aux Travailleurs.’ Mr le Chevalier de Tilladec qui commandoit enqualité de Brigadier, donna quatre ou . cinq Commiffions à
Tome 4. G
74 LE MERCURE
M‘de S.Gilles,quilreconnut
eftre de bonne volonté,
6c dont il s’acquita heureukfement.
Il le nomma le
lendemain à Monfieur de
Louvois- & Monfieur le
Prince d’Elbeuf qui rendit
compte au Roy de ce qui
s’eRoit pafle pendant la
nuit, dit auffi du bien de luy
à SaMajefté. Le mefme fe
trouva encore avec Mrs de
Serignan à 1 attaque de la
Demy-lunequi fut emportée
d’abord, & que les Ennemis
reprirent ; & lors que
Mr le Marquis d’Uxellcs y
i
GALANT. 75 : vînt pour encourager nos
Gens, ce Page fit une a&iori I . . r
de vigueur qui rut remar- que'e. Des raifons parti- I culicres m’empefchenc de vous en faire le détail; mais | je ne dois pas oublier à vous dire qu’il n’a pas moins d’efprit que de coeur. Il a fait ce Carnaval une ving- [ taine de Rondeaux fur des
Fables d’Efope,.& les a pre- fenrez à Monfieur le Duc I du Mayne d’une maniéré route finguliere. Ils ont efté fort bien reçeus, je vous en envove trois. &
g v
i
a
76 LE MERCURE vous feray parc des autres, ■s’ils plaiCent autant dans voflre Province qu ils ont plu aux premières Perfoib nés de la Cour.
: <>M!p : ’Îp îü'5&
/F ,-F -t* ♦ -f- F ♦ " ♦ F; ♦
A MONSEIGNEUR
LE DUC DU MAYNE..
Rondeau.
QV'un tour de Pa<ze eu/lajfe^ £ agrément
P oui vous fervirdc divertiffcment, Prince où l'efprit avec la qrdCt abonde, '
N'efi un bonheur où mon efpoir fe fonde,
Grand tort j'aura h dy f enfer fefr lemeiit.
GALANT, //
Mes petits Fers ri ont point apurement
jju tour poly i.agréable ornementy
£t P on riyvoitJi ionyfait la rodey
un tour
Ce ri efl prifir l'ouvrage aucunement^
Mais tel qriil eflffoy d'homme qui
ne mcnt-i
ai vous l'offrir ma joye efl flans fécondé
>
- * * Jl efl remply de Morale profonder
Quoy qu'il ne floit, à parler franchement^
78 LE MERCURE
DE LA CIGALE,
ET DELA FOU RM Y,.
Fable,
RONDEAU.
E temps ri efi plus de la beut
TEtyver approche, 77cige à
gros flscon
Tombe du Cial, Cigale verdelette
'JEe chante plus-, autre foin l'inquiété,
•C’efi de difiier dont il efi quefiioik
’JvPais où difneri car de provifion
'Jl n’en efi point 3p oint de précaution ;
D'aller aux Champsfuccer la tendre
bcrbette,
Le temps riefi plus.
GALANT. 79
Êlle va droit à l ’habitation J)e la Fourniyflelle réception^ yMati rie depliïsjlfaut faire dicte> Quand on efl vieux c efl trop tard quon reprete
Les jours perdus y & de faire rhoiffotè Le temps riefl plus.
ÊïiSüiûiS &&3 V/.'?A?S*iî^93àâ S&*
A U R O Y,
RONDEAU ACROSTICHE»
>Vo us, G rand R oy, ferait g;ran* de bonté
Vouloir foujfrir quavec que liberté.
Où i 'on pardat refpetl & reve- ronce
Gn Pape vinfl dire tout ce qriil penfe
vsur voflre plaire ayant bien me* ditL-
So LE MERCURE
grande en feroit certes la noa^
veauté,
cofié^
>vant que fer parler avec licence
A Vous, Grand Roy.
< X3 autres bien mieux voflre los ont
chanté.
\^aifonr.refpecl, tout m'impcfefilence,
iQ« ne pourroit malgré ma fuffitrouver
rien égal en majeflé,
A Vous, Grand Roy.
Avouez, Madame, que
raïTujettiflenient à tant de
GALANT. Si Rimes ne caufe pas peu de peine dans ces forces d Ouvrages, & que lors que celuy qui les fait envient agréablement à bouc, il en mérité plus de loüanges. A propos d’Ouvrages d’Ef- pric, je me trouvay dernièrement chez une Dame qui en juge admirablement bien -, au ffi-voit elle ce qu’il y a de plus beaux Efprits en France Elle entend les Langues, fait des Vers qu’il feroic difficile Se mieux tourner^ & la plupart de nos Illuftres de. L’Académie

GALANT.
ne convinft que cous les
trois eftoienc écrits avec
une facilité &une pureté de
pas moins les oreilles, que
leurs folides raifonnemens
remplifloient l’efprit. Oit
parla en fuite de l’H'eroïne
Moufquetaire qu’on loüa
qu’on prie pour une Hiftoire
faite à plaifir, quoy
qu’on nous la donne pour
véritable. Quelqu’un prétendit
que Chriftine qui
tué fon Frere croyant tirer
E
§4 LE MERCURE trc chofe que la Fable de Procris & de Cephale; & fur ce qu’une partie de l’Af- femblée fut du mefme fen- timent, un autre prit la parole, & dit qu’il arrivoit quelquefois des chofes extraordinaires qui pour n’avoir rien de vrayfembla- ble, ne laiflbientpasd’eflre vrayes,&qu’on luy en avoif mandé une de Hollande dont il ne doutoic point que toure la Compagnie ne ; fuft furprife. Il tira en mefme temps une Lettre de fa poche écrite à AmRerdam;l

*
GALANT.
& datée du quinziéme de Juin ; & en ayant pafTé les trente premières lignes, il leur F Article qui fuie.
! Il y a, prefentement icy un
i Prophète weflu d’une Robe J de toute forte de couleurs, la- | quelle ri a point de couture, I quoy quelle fit de plufieurs I pièces. Elle riefl ny de fil, ny de coton, ny de fbye , ny de \ laine, ny de poil, ou de peau j d'aucun ^Animal, gÿ elle nefl j point faite de main d Flom- me. Je nefçay ce que ce pre-
i tendu Prophète peut a/voir
A
fs LE MERCURE de commun avec les SeEh- teurs de l<t ridicule Opinion des Pré- Adamites, mais on fuit courir le bruit que ceux dont il tire fin origine ont précédé Adam, Il porte une Couronne fur fit te fie, & il nef point marié > quoy qu’il ait plufieurs Femmes. Elles vivent toutes avec luy fins jaloufie, tant il établit un bon ordre entrelles. Jl efi tres-fiobre, ne suivant pont l’ordinaire que du rebut des Chiens. Il méprife l’or $ l'argentnen a jamaisf^ aucun cas. Il va toâjouïS
I
>
9 •
GALANT. 87 ■pieds nuds Aufii-bienl'Hyper que 1'Cfié, & il marche fort: gravement. On ne mapu dire de quelle croyance il ef- ,toit ; mais il est certain quil commence à rendre fes louanges à Dieu dés U nuit, a- vantle lever du Soleil. Illes continue prefque à toutes les heures du jours & malgré ce foin il ne pratique point l’humilité, au contraire il efi courageux & fier. Ceux qui fi conno fient en phifionomie, M prétendent quil court rifque /«■ de ne mourir point de fa mort » naturelle, mais d'une mort
\ violente.
1 •
SS LE MERCURE
Chacun raifonnafur cette
, & ils adjoûterent
Nouvelle. Les uns dirent qu’il n’eftoit pasfurprenant qu’on vi’ft de temps en temps de ces faux Prophètes ou Se&ai.res en Hollande, parce qu’on y fouf- froic toute forte de Religions
qu’il n’y avoit pas encor longtemps qu’il s’y en ef- toit rencontré un qui cate- chifoit & prefchoit publiquement, & qui avoit elle enfin confiné par le Magif- , trat dans une étroite Prifon à Embdem, où il devoir fiI
t[( GALANT. 89 j nii'fes jours -, Qu’on n'igno- J roit pas le bruit qu’avoir 1 fait en Angleterre pendant J l’Interregne un Quaker,ou J Chef de Tremblturs, à qui 1 le Parlement avoit fait cou- per la langue-, & que vers 1 l'Arabie on en avoit veu un 1 autre depuis douze ans, qui Ct fe difoit le Meffie-, qu’il E: elloit fuivy quelquefois J de plus de cinquante mille Hommes, & que le Grand
1 Seigneur avoit elle' obligé ? d envoyer contre luy une 01 Armée confdérable pour 1 ■ le détruire avec fon parry.. Tome 4. H
90 LE MERCURE On revint à celuy de Hollande, & il n’y eut perfonne qui ne dift qu’il meritoitle feu, & que le Phifionomifte avoir eu raifon de juger que fa mort feroit violence. 11 pritlà-dcfTus un fort grand éclat de rire à celuy qui avoit montré la Lettre. Il ne voulut plus cacher qu’il l’avoit fait écrire pour fc divertir, qu’elle ne conte- noit qu’un Enigme, &que le Prophète eftoit le Coq qui annonçoit la venue du jour. On n’eut pas de peine à faire l’aplicacion du refte*
i
«
GALANT. 9t & cette folie fut un.agréable diverciflement à ceux qui n’avoient point de part aux férieufes relié/ qu’on y avoir faites.
Enfin , Madame , voila devant S. Orner
me
, ou l’abondance de routes les choies que j ay eues a vous dire m’a empefche' d'arriver pîutoft. Avant que de palTer au récit de tout ce qui s’eft fait pendant le Siégé de cette Place, je croy vous en devoir entretenir un moment. Elle tire fon nom de celuy de Saint
H ij
LE MERCURE
O mer qui cftoit Evefque
deTeroüanne ; & elle eftft
forte à caufe de fa fituation*
& d’un nombre infiny de
Canaux qui l'environnent*
que perfonne avant Louis
le Grand n’avoit encore eu
l’avantage de s’en pouvoir
dire le Vainqueur. Cette
gloire elloic referve'e à les.
Armes qui luy ont fait perdre
le titre de Pucelle quelle
avoir conferve' jufques
là. Ses Edifices font tresbeaux,
& elle fe peut vanterd’avoir
dans l’enclos defeS’
GALANT.
Jes Abbayes de l’Europe,
foir pour ce qui regarde fes
Baftimens, foit pour cequi
regarde fon Revenu. Cette
Ville eft la fécondé du
Comté d’Artois. Elle eft
tres-ancienne, & la Mec
qui l’a autrefois côtoyée,,
n’en eft qu’à huitlicu'és. Sl
Ion en croit Ortelius, le
Port d’Iccius où Cefar s’em«
•‘Jf
• I
94 LE MERCURE pouffe, & elles font quelquefois agitées comme des Vaiïfeaux, le vent qui donne dans les Arbres produiront prefque lemefme effet des voiles. Quand le calme eft grandi, on attache des cordes à ces Arbres, Se on tires ces Ifles où l’on veut.
Elles font fouvent remplies de toutes fortesd’Animaux qu’on y mene paiftre. Les Poiffbns du Lac fe retirent defTous pour fe mettre a couvert du froid, & pour éviter les grandes ardeurs du Soleil5 de maniéré qu'on
Revenons à la Ville. Lors
qu’on fît deflein de l’affiéger,
elle eftoic munie de
toutes les chofès necefîaires
pour une vigoureufe
refiftance. Monfieur le
de Robec, de
d’Artois, & M1 le Comte de
S.Venant comme Gouverneur
de la Ville. 11 cfl: teifi ps
LE MERCURE
de voir de quelle maniéré
ilsfe font défendus,&conv
ment ils ont efté attaquez^,
mais il faut que j e vous dife
auparavant les Noms des
Officiers Generaux qui ont
fervv pendant ce Sieçe.
Monfieur de Humieres>(
Marefchal de France.
Lieutenant Generaux.
M. le Comte du Pie ffis.
M.le Prince deSoubife,
M. le Marquis de U
Trou (Te.
Marefchaux de Camp.
M. le Marquis d’Albret.
&L de Sourdis.
M.de
GALANT.
M. de la Motte, Commandant d’Aire.
M.Stoupp.
B rigadiers.
M. d’Aubarede.
M. de Maulmont, Major General.
M
Plufieurs autres qui a- voient mene' des Troupes à Moniteur pour la Bataille de Caflel, ont fervy en fuite pendant le Siégé. M1 de Tracy aeftéde ce nombre. nAydes de Camp deMonfieur*
M. le Chevalier de Tau- riac.
M. de Grave, Fils. v Tome 4. 1
M. de Vertot.
M. le Chevalier de Silly
M. le Chevalier de Courrenay.
Son AlrefTe Royale fît
encor fervir plufieurs autres.
Je les nommeray en
vous marquant les Commiffionsqu’Elle
leur donna.
M. le Marquis de laFréfcliere
a commandé l’Artil-,
lerie.
M. de Choify a fcrvy de
premier Ingénieur.
Dés que Monfieur fut arrivé
devant S. Orner, il vifita
tous les Quartiers, &
<
GALANT. ÿj
choifit celuy de Blandek,
parce qu’il eftoit le plus
proche, & qu’il le trouva le
plus commode pour avoir
fouvent des nouvelles de ce
qui fe palferoit. Il ne fie
pendanr plufieurs jours que
reconnoifire la Place, examiner
par où elle pouvoir
eltre fecouruë, & obferver
les Polies qui nous pouvoient
nuire. Les Ennemis
occupoient deux Redoutes
dans lefquelles il y avoit du
Canon. Elles furent emportées
par des Détachemens
de Navarre, desVaif-.
roo LE MERCURE
féaux & de Conty. Pendant
ce temps, ceux de la Place
qui eftoient maidres du
Fort de S. Michel, fitucfur
un Tertre naturel,j égoalement
élevé de tous collez,
travailloicnt à faire achever
l’embellidement de ceFort,
comme s’ils eulFent eu deffein
de faire admirer ceBiGALANT,
loi îï’avoit pas encor quatorze ans, combatit feu! à fcul contre un Colonel ennemy quiavoit la mine d’un Mars, & le fit prifonnier.
Moniteur ne pût ouvrir laTranche'e fitoft qu’il au- roit voulu. Il avoit fi peu de Troupes, que les Quartiers n’auroient pûfe donner du fecours les uns aux autres. La Circonvalation eftoit grande, & il eftoit impoffi- blequ’ellefuft autrement à caufe des Marais -, de maniéré qu’il faloit plus de cent mille Hommes pour I üj
•f
loi LE MERCURE
attaquer cette Place dans
les formes, ou qu’elle fuft
affiegée par des François,
que le nombre n’a jamais
épouvantez.
Les Ennemis firent une
Sortie avant que la Trantoient
cent Hommes comchée
fufi: ouverte. Ils efGALANT.
ioj
qu’Elle avoit réfolu défaire
attaquer.
M‘ d’Albretfoûtintquelmain.
Il eut un Cheval tue
fous luy. M1 le Chevalier
de Souvray fît merveilles
en cette occahon. M' le
Marquis de la Vieuville s’y
trouva , & fon Ecuyer fut
tué à fes codez. Le Major
de la Place qui commandoit
la Sortie, fut pris avec
fon Ayde-Major, à vingt
pas de la Contrefcarpe.

GALANT. iof
riva à un Gentilhomme de
Moniteur le Chevalier de
Lorraine. 11 enfonça fi
avant dans les bouës, que
ne pouvant fe retirer, il
demanda le lècours de deux
« ff * î
du colle du Fort des Vaches,
& l’on fit quelques
Logemens fur la Digue du
collé de la grande AttaGALANT.
S07
Le / au matin
Les Ennemis qui n’avoient
pas fait grand feu
pendant la nuit, tirèrent le
matin cinq cens coups de
Canon, dont un boulet emporta
M‘de Vins B rigadier
de Cavalerie.
La Nuit du f au
Les Travaux fe joignirent.
On fît des Communications,
& l’on avança
jufques à fix-vingt pas de
Le f
Moniteur de Soubife qui
avoit fait conduire le Caîo8
LE MERCURE non pendant la nuit, le fie tirer de fore bonne heure,. & il fut très- bien fervy. Mr de Sourdis fit aufiî travailler à une Baterie. Nos Détachemens pouffèrent leur Travail du cofié du Fort des Vaches, & chaf- ferent pendant le jour les Ennemis de leurs Loge- niens. On acheva un Batardeau pour détourner le cours de la Rivière, A l’on prit un Soldat chargé d’une Lettre du Duc de Villa- Hcrmofa,qui mandoit sur Affiegcz qu’ils feroient Recourus,
GALANT. 10*
La Nuit du 6 au 7
O n pouffa des Ram aux.
L’eau fut de'rournée,& donna
lieu de faire quelques
Logemens. Une nouvelle
Baterie commença à tirer.
La Nuit du 7 au 8
i
Monsieur ayant choify
le Régiment des Dragons
Dauphins pour attaquerle
Fort des Vaches, ordonnas
Monsieur le Comte deLon«
gueval qui le commande,
de fe trouver à l’entre'e de
pagnies de fon Quartier à
î’Abbaye d’Arque,où M'de
*
*♦
no LE MERCIME Chevilly Lieutenant Colonel le devoit joindre a- vec les fix autres qu’il com- mandoit. La Compagnie des Grenadiers du Régi-
O ment de Humieres efloit au Rendez-vous pour faire ce qu’ on ordonneroit. Avant toutes chofes Mr de Longueval fit deux Déra- chemens de foixante Hommes commandez chacun
par les deux premiers Capitaines de fon Régiment, pour foûtenir les Grenadiers, & commencer l’Attaque. Les fix premières
I
GALANT. pnt Compagnies marchoienc apres eux, & les fix autres fui voient à quelque diftan- ee. Il eftoit demeuré beau-- | coup de Dragons pour garder les deux Quartiers, &il [ ne reftoit que quatre cens ; Hommes pour TA traque. ! Les choies eflant ainfi dif- [ polees, on marcha le long j de la Digue droit à la Baterie, où ayantpris les ordres l de M? le Comte du Pleflis
l
it, d’ataqueraux troispremiers a.’ coups de Canon qu’on ti- !• reroit, on avança environ :s cent pas derrière un petit
m LE MERCURE Logement que les Ennemis avoienc abandonné , & quelesNoftres occupoient pour lors. Le terrain pour aller jufqu’au Fort eft tres- difficile. Sur la gauche, la Riviere eft le long de la O . «
Digue. Elle pafTe au pied du Fort, & luy fervant d’avant- FoïTé, va entrer dans S. O mer. Au delà de la Ri-
viere il y a une Campagne inondée jufques à la Ville* Sur la droite eft un autre bras de Riviere, qui tombant pareillement à l’autre collé du Fort, va palier au-

9J
u4 LE MERCURE du Logement dont on à parlé cy-defîus, pour pouvoir païTer plus ai[ëment,& •Mr de Chevilly ayant eu ordre de Mr de Longueval démarcher, pendant que de fon codé,*pour ne point perdre de temps, il eftoit occupé à faire porter des Echelles & des Clayes, il s’avança à deux cens pas du Fort. Il fît mettre alors tout fon monde fur le ventre, & alla reconnoifîre a quellediftance on en eftoir, & fî lansefîre découvert on pouvoir encor s’en appra-
;
GALANT. v? cher. Il trouva que cela fe pouvoir, les Ennemis n’ayant point de Sentinelle avancée -, fi-bien qu’on fe trouva infenfiblement à cinquante pas du Fort. Le foin qu’avoicnteu les Grenadiers de cacher leurs mèches, & le filence qu’on ob- ferva dans tous les mouve- mens qu’on fit, contribua beaucoup à faire furpren- dre i’Ennemy, qui ne fe réveilla qu’aux trois coups de Canon qu’on tira environ deux heures avant le jour. Alors nosGens commence
K ij
rentpar un grand feu ; mais
celuy des Ennemis eftant
fupéricur & plus feûr, parce
qu’ils ne tiroient qu’à couvert,
nos Grenadiers, &
noftre première troupe de
D ragons , fe trouvèrent
bientoft hors de combat;
la plupart des Officiers furent
tuez ou bleffez. La fécondé
Troupe eftant rebutée
par ce méchant fuccés,
avoir de la peine à fe réfoudre
de donner; fi-bien que
NT de Chevilly fut oblige
défaire marcher les fis premières
Compagnies, à la
GALANT. 117
telle defquelîes eftoienc
tous les Officiers. 11 les
mena à la Paliffade, & pour
payer d’exemple, il fauta
par deffius, n’ayant trouvé
aucune ouverture
aue le Canon ne l’avoit au-
A J ' ' cunemenc endommagée.
On en arracha quelquesunes
j mais foit'par la difficulté
d’entrer, foir par la
trop grande défenfe des
Ennemis, Mr de Chevilly
ne fut fuivy que des Officiers,
& d’un fort petit
nombre de Dragons, mais
il les trouva d’une L bonne
u8 LE MERCURE volonté , qu ’ apres avoir pafle deux Foflez pleins d’eau, ils les chaflerent le- pée à la main d’un Ouvrage à l'autre, jufques au chemin couvert de la Redoute. Ce fut là où ils firent plus de re- flftance, & leur Commandant ayant rafle mblé les Officiers que les N offres trouvèrent telle pour telle, on difputa longtemps le terrain, & il y eut de fort grands coups de main donnez. M1 de Chevilly fut bl e fle dans ce moment. Le Commandant luy ayant
GALANT. H9
porté un coup de Pertuifanne
dans la cuilfe, qui ne l’ateignit
que legerement, it
fauta à luy pour h luy arracher;
mais s’eftant trop avancé,
il fe trouva envelome
temps blefle a l’épaule
d’un coup dont il tomba, &
les Ennemis nefe trouvant
plus preffez des Noftres,
eurent le loifir de fe retirer
dans leur Redoute, aparemment
pour y faire leur
compofition, mais cela ne
leur fervit de rien, car Mrde
no LE MERCURE Longueval quiattaquoitle long de la Digue avec les fix autres Compagnies, & qui avoit toujours chafle les Ennemis devant luy avec beaucoup de vigueur,& tué tout ce qui luy avoit fait re- fiftance, fe trouva à mefme hauteur fur laRedoute, Les Ennemis qui fe virent pris des deux collez, perdirent toute e(perance,& mettant les armes bas, ils demandèrent quartier. Il n’y eut que le Colonel Forfaits leur Commandant qui n’envoti- lut point recevoir, & qui aim*
GALANT. m ' f • • •’
aima mieux fe faire tuer, que de fe rendre. On prit douze Officiers, & environ cent Soldats ; le refte fut rue, le grand feu des goul- drons éclairant fi bien, qu’on put aife'ment n’en laifferéchaper aucun. Ainfi finit cette affaire, & l’on peut dire que dans cette Aélion il s’eft fait des cho- fes d’une intrépidité & d’u-1 ne bravoure qu’il fèroic difficile d’exprimer. Les Offi-' ciers & les Soldats ennemis avoientefté choifisfiir toute la Garnifon pour defea-
Tome 4. L
ni LE MERCURE dre ce Pofte qui leur effoir de la derniere confequen- ce, comme il a paru dans la fuite par laprife delà Ville, & il faloit autant d'opiniâtreté & de fermeté qu’on en eut pour le forcer. Tous nos Officiers y firent éclater beaucoup de valeur; mais ceux qui s’y font le plus diftinguez, apres M‘le Comte de Longueval fut qui roule tout l’honneur de l’Aétion, font M« de Ca- zemont, le Chevalier de Montmas, & l’Angellerie, tous trois Capitaines, &
/
GALANT, ni
tous trois bleflez : le premier
en eft mort. M le
Roux Major y a aufli tresbien
fait.
La prife de ce Fort a efté
une des plus vigoureufes
Avions dont on ait oüy
parier depuis longtemps.
Il avoit efté attaqué depuis
quatre ou cinq jours par
Tranchée ouverte, & il avoit
efté batu inutilement
par vingt-quatre Pièces de
Canon. On força dans la
mefme nuit trois Retranchemens,
& I on pafla un
nombre infiny de Canaux
laquelle il y
{leurs Pièces d’artillerie.
a4 LE MERCURE quidefendoient l’approche du Fort. 11 eft de figure ronde, conftruit de gazon & de terre à l’épreuve du Canon. Il y a une Redoute au milieu, encor de figure ronde, toute de brique, fur avoir plu-
)
Elle eft plus élevée que le Fort. Le tout eft environné d’un grandFoffé plein d’eau de dix-huit à vingt pieds de large, fur lequel il n’y avoir qu’un petit Pont de deux planches pour entrer dans le Fort. On l’attaqua, partie
GALANT. ùf à la nage , & partie fur les deux planches. M1 le Corn- te de Longueval entra dedans des premiers àlatefte de quelques Dragons, & força les JEnnemis qui s’ef- toient retirez dans laTour. Moniteur le Marefchal de Humieres, & Monfieur le Chevalier de Lorraine^ vinrent quelque temps apres voir ce Fort: ils furent fur- pris , & ne croyoient pas qu’il fuft h confiderable, IlsfeliciterentM* le Comte de Longueval de l’a&ion qu’il venoit de faire. Ce- L ni
né LE MERCURE pendant il arriva des Nouvelles à Monfieur de la marche du Prince d'Orange, &
O '
il envoya M1 le Chevalier de Tillecourt dire à Mon- fieur le Marcfchal de Hu- mieres, à M'le Chevalier de Lorraine, & à M' le Comte du Pleffis,qu’il avoit quelque chofe à leur communiquer. Ces Meilleurs le vinrent trouver, & on fe prépara pour la Bataille. Je n’ay plus rien à vous en dire, mafeconde&matroifiéme Lettre vous en ont alfez parlé. Laiflons-les donc
irt toujours avantageux d'air
fe force de celuy-cy. Il feint
i
GALANT. Î17 aller au Combat, & jufques î( à leur retour parlons d autre chofe que de la Guerre.
4 Pendant qu’on prefloit "’j en mefme temps les Sieges M deCambray &de S. Orner, K: voicy des Vers qui furent li faits à la gloire du Roy,, & que je ne doute pas que tu vous ne lifiez avec plaifir. as Je fuis fâché de n’en con- if: noiftre pas l’Autheur pour Il vous le nommer. Il luy fera
vouer un Ouvrage de la que Pallas prcfente Mon- ' Jr". ' s' ' ■ •
L. mj,
s
feigneur le Dauphin aux
Mufes, & qu’elle leur parle
ainfi fur le ParnaïTe.
S O us les deux Noms que l‘on
me donne,
le joins aux dons de Mars vos aimables
flrefensS
le prèfide aux Héros, je profile
aux Sçavans,
£t ma main tour d tour de L auritrS
les couronnes
'l'ay fait du Grand Loürs le fin*
qrand des Guerriers,
l'ay remply pourvus Arts ce Prince
de lumières
GALANT, n?
'Mais il faut que le Fils cherche icy des Lauriersy
ï'ay cüeilly tous les miens pour couronner le Pere.
«S» ■
Des Allions fi fur prenantes^ Obligent la Victoire ù me les arracher}
A peine pour ce Roy j’ay le temps d’en cher chery,
Qùyls me font enlevez^ par fes mains triomphantes',
Son Bras fait des Exploits qu’on, n'euf ofè penfer^
Quand me fine ils font publics, peine ils font croyables",
Et ces Murs qu'en huit jours noms, l'avons veu forcer;
Avant que d’efrepris, eftoient crus-, imprenables..
>j.o LE MERCURE
c'efi encor peu pour'falloire^ Ce Cambrayfi fameux qu'il réduit aux abois y
Auroit en moins de temps déjareçe» fes L oixr
S'il vouloir a demy remporter U V illoir e^
%
Saint Orner le va fuivre, & mon plus grand employa
(fiefi de tenir toujours plufieursCo»- vannes prefies ;
Aye^donc foin dit P rince, &j'a& ray foin du Rcy*
Travaillezfour C Etude, & pour les Conque fie s.
( crainte 'Mais quoyl vous marquez^ de A* Depuis qu un fi beau Prince eft dds voflre fejour y
LKlufes, vous le prenezfieut-efiï pour l'Amour,*
GALANT. ï3i
Et voflre liberté redoute quelque atteinte ?
2Eon, non, dèfaites-vou* de cette injufle peur :
Quoyquil ait de lf Amour les traits & le viflage,
lEllluflre Montaufler eflant fon Gouverneur,
Quand il feroit /’ Amour, aurait fait l'Amour fdqe.
-t-
Ma^ve/lre erreur efifans égahs Si de ce Dieu volage il a les agrément r
Son ame a des attraits mille fois flus charmant
Que ceux que vous voyez^ quefiw vifage étale.
Elle efl grandezelie e(l belledans fon jeune coeur
INaiJfent des fcntimens dlun f bçau caratiere^..
LE MERCURE
Qtfeny reconnoi(fiant Pefprit du Gouverneur^
On y remarque auffi la rna]e(lé du Pere. —
•JS*
Toua vos Emplois font fies delicesr Son efprit y pénétré avec facilité^ Et dans fa Cour fçavante on voit a fon cofié
Geux qui font les premiers dans tous vos Exercices5
'Il vous rend bien P éclat quil reçoit de vos Arts.
Donnez^ luy donc au moins fon rang fur le Parnaffie:
JToua avez^elevé les plus -grands des Cefars.)
Ce Prince avec raifon doit occupa leur place.
J aioureray à ces S tances
dame la Marquife de Louvois
par Moniteur Galand
Secrétaire du Cabinet.
Vous la trouverez d’une
nouveauté finguliere. Elle
eft toute en diférens Couplets
de Chanfon fur les
Airs les plus connus. Madame
de Louvois eftoit allée
paifer quelques jours à
la Campagne, & Mr Galand
qui ne le cede à perfonne
en délicatelTe d’efprir9
euft eu peine à luy marquer
plus agrablement le
chagrin qu’il avoit de fon
LE MERCURE
abfence. La Lettre eft en
partie fur les grandes Actions
du Roy, & c’eft pour
cela que j’ay crû la devoir
placer icy.
LETTRE
EN CH A N S O NSSur
le Chant de Lancelot Turpiti*
F L ore-dan s nos Champs
Ejl enfin défendue,
Les 0 y féaux par leurs chants
Annoncent fa venues
Jetais que fert le Printemps
Quand on votes a perdue i
GALANT.
Sur le Chant de T^eyeille^e^ TSeUe endormie*
I
Du Zéphir la douce influence
Chan<ie en vain nos Bois & nos
Prez^ Bous nefentirons faprejence, Que du jour que vous reviendrez^
* <1 • • '
Sur F Air du Traquenart, Madame9 que faites- vous D e vous éloigner de noue ?
De ma propre main^
Si je croyois mon courage
De ma propre main le me percerois le fein.
Sur F Air de * * *
A qui connoifi voflre beauté charmante,
Comme nousfaifons tous^
i
LE mercure
Toute fai fin eft aimable & riante
Quife pajje avec voice.
Nul temps rieft doux
Quand voue eftes a b fente,
Et ceft par le me fine efprit
Que T heureux Coulante rit,
Et Galand lamente.
Sur le Chant de P E dette du T
Sur le Chant de Landerirette.
Niais a quoy bon tant de douleurd
Nos cris, nosfiùpirs, & nos pleuré
Landenrette,
No vous ramènent pas icyi
S
Landeriry.
GALANT. K7
Sur l’Aïr de ** *
fi U nis les Gens de bon^oufi J'ay toujours oiiydire, Que quand l'adreffe efiabaut,, Il faut bénir Dieu de tout, Et rire, & rire> & rire-
Sur le Chjint de?atnnee ejlbonne. Mais venons anoflre Grand Roy, A luy voir tout remplir d'effroy, ll riefi bon François qui ri entonne^ □ Z’Année efi bonne.
Sur le Chant de Fuijjant Roy. llrie/lpas permis de saffliger SousfesLoix\^\s\sva tout râ^er.- Célébrons les Miracles étranges^ , Qu^ont fait pour nous fon efprit&^ fon coeur,
Al* envy prodiguons nos louâmes ; '
Tome 4. M
‘ 1 ; ' * z *
Sur F Air ■'Baftom à nom quatre,
t \ * LK* ' lK *
JMais quoy quon l'adore3
On a du: dépit
De voir qu'au bout du Récit
Il en refie encore
Plus qu'on rien a diti
Sur l’Air de Frere Fr dp art.
Pfous cefierons enfin d'entendre
Comparer au plus grand dès Refit
Achilley Céfary Alexandre^
Et tous les Héros d'autrefois :
Quel que foit l'éclat qu i leur dotlt^
Cequ eftC^i^nuln a jamais efie^
jl n'imita jamais perfonne, >
fit ne fera point imité.
f
GALANT. ïjp
Sur le Chant du Toidailler de ‘Pontoife.
Quelque èloqe quil nous coûte Ayons- en toujours pour luy, A cent ans comme aujourd'hui Euijfe- t-il efire (ans qoute> Qufa (es pieds il ait cent Rote Qfia la Chine en le redoutes Et pour tout dire a la fois^ Quil ait encorfon Louvois.
Sur F Air des Sauts de Bordeaux
Dans le me (me Sacrifice Où Louis eft a dore y Son Minifire avec jufiic& Se voit aujjî révéré : Toute médifiance crève, L'envieux tombe en defaut" lorsque la vertu s'élève Jwfqu'aw degré le plus haut M ij;
* *

340 LE MERCURE
Sur IéChant de Vous aye^ trois Filles'*
Cette grande Brune
Dont il ejl' Mary 5
FF efl p as la moindre fortune; De ce fage Favory..
Sur le Chant des Feuillantines,.
Finiffons, car du Méfier De louer, jl ne faut pas fe jouer J De tout ce que Fonrêver et' llfaitbon\.
Il fait bon neparler guère;..
» V ' * l
i. * î s P 1 ' ’ •
Sur T Air de***"
Croyezjlonc que Fa4uthcur Tres-faligné d "écrire S Croyez donc que l 'Aùtheuw JFfivoftre Serviteur.
Fe fuis fans ceremonie
B
* • . JÏ ** ’ <
GARANT. i4p '^e tres-fidele Valet De la noble Compagnie Qui ri aura que ce Couplet.
Retournons à S. Orner;, nous n’y demeurerons gue- res : ce n’eft pas l’ordinaire des François d’eftre longtemps devant une Place., La nuit que Moniteur par- ‘ rit de Blandec r on abandonna l'attaque de Tatin^1 gue, & l’on en tira tout le Canon, que l’on conduilit à Arques. On fe contenta de garnir la Tranchée des Vaches fous le commandement de Mr de la Troufle
*
• * >
r4-i le mercure
& de Mr Scoupp. M1 de
Tracy les y vint joindre
apres avoir mené neuf
Bataillons à Moniteur. Le
Gouverneur de S. Orner
n eut pas plutoft appris que
l’on eftoic aux mains, qu’il
fit tirer tout fon Canon, &
voulut perfuader au Peuple
que le Prince d'Orange
avoir gagné la Bataille. On
en fit autant dans noftre
GALANT. j4j dans fon mefme Porte, pour empefcher que le Prince d’Orange ne jettâs quelques Troupes dans S. Orner du débris de fon Armée, & pour faire fub- fifter fa Cavalerie qui trou*, voit du fourrage au delà du Canal. Pendant ce tempsà Son Alteife Royale en- voyoit tous les jours quatre Bataillons monter la Garde de la Tranchée à l’attaque du Fort des Vaches, & fit faire une Baterie de vingt Pièces qui ne tira que fis jours apres? à caufe du inau2
’l
X
1^4 LE MERCURE vais temps & de la difficulté qu’ily avoit à mener lé Canon. Il falut que la Cavalerie portât des Fafcines pendant deux jours, & l'on fut obligé de fe lervir désSuif- fes pour mettre les vingt Pièces en baterie Reprenons l’ordre que nousavôs interrompu. Si l’on n’a pas pouffé le Travail pendant quelques nuits, on a gagne une Bataille5& préparé toutes les chofes que je vous La Nuit du ij au td Tranchée %
yiens de marquer.
On pouffa la
GALANT. ï4î à la gauche, on approcha de lavant-Fofle à la Contref. carpe, on fit un Logement fur la Digue, & une communication à un autre; on mie encor quatorze Pièces de Canon en baterie.
La Nuit du i f au 17
On e'tendit les Loge- mens.
Le 17
On travailla à une Ba- z ♦ terie de vingt Mortiers. M'de la Motte Marefchal de Camp, reçeut un coup de Moufquet à la tefte.
* ’ *
Tome 4. N
La Nuit du 17 au 18
Quelques IIngéniieurrs
ayant arîhrc que nous n’eftions
pas à cinquante pas de
la Contrefcarpe, & qu’il efîoic
très-facile depaïTerl'avant
Folle, on réloltft del’ataquer:
on leur donna pour
cela autant de Travailleurs
& de Grenadiers qu’ils en
demandèrent. Mr de U
Cardonniere Lieutenant
General commandoit h
gauche, Mf Stoupp U droite,
& M1 de Villechauvc
Brigadier le Corps du milieu.
L’impatience où Mon‘
GALANT. 13. y
fleur efbt o•i t dfe fç avoir ce qui
fe pafloir, luy fit envoyer
Mrs d’Afpremont, d’Ôbfon,
de Tillecourt, & de la
Cauviniere, pour en avoir
des nouvelles de moment
en moment. Le Signal
donné, les’Grenadiers delà
gauche, commandez par
M le Marquis de la Frefeliere,
s’avancèrent à découvert
; ils marchèrent bien
deux cens pas, efluyanc
tout le feu de la Contrefcarpe,
du Chemin couverr,
de la Demy-lune & du
Rempart; ils ne laiïTerent
148 LE MERCURE pas d’approcher des Palif- fades. Quelques-uns mef- me montrèrent tant d’intrépidité, qu'ils s’abandonnèrent dans laContrefcar- pe -, mais il fallut fe contenter défaire un Logement à quinze pas du bord de l’a- vant-Folfé. Mr le Marquis de laFrefeliere y reçeut un coup de Moufquet dans le ventre, dont il mourut le lendemain. Mrde laFrefeliere fon Pore prit la place, & fe mit à la telle de fon Régiment pour foûtenirles Travailleurs. Cette
GALANT. j49
fut d'autant plus admirée,
que l’état où eftoit fon Fils,
& fa Charge de Lieutenant
General de f Artillerie, pouvoient
1 empefcher de s’exïechauve
fut bleflé au genoüil,
en faifant au fit faire
fon Logement. Moniteur
apprenant ce qui s’eftoir
fait, dit, Qu il ne s efioit
point trompé, & qu'il avait
bien cru ciue cédait tout ce
La Nuit du iS au
On s’étendit par des lapes
fur l'avant FoïTé, on fit
le mercure un établiflèment d’environ cinquante pas,.& i’on commença à jetter des Fafcines pour combler l’avant Fofie. Les Ennemis abandonnèrent le Fauxbourn du Haut- pont, M1 Phifer Brigadier fe jetta dedans.
La Nuit du i* au 20
O n conrinua le mefme Travail pour embraflèr l’a-- yant-Fofle.
Le zo
Les Ennemis voyant que Moniteur eftoit revenu depuis quelque temps à fon Quartier de Blandec,& que
GALANT.
fes Troupes eftoient routes
fur la Hauteur d’Arques,
battirenak Chamade
fur les fix heures du foir.
On donna des Oftages de
part & d autre, & Moniteur
envoya les Articles au Roy
par M' leChevalier de Nantoüillet
fon Chambellan
ordinaire. Sa Majcilc ne
les voulut point voir, &
dit, Que Son Altcjfe Royale
avoit trop bien commencé,
pour ne pas achever de mefl
me. Moniteur accorda- aux
Affiegez de fortir avec arîji
LE MERCURE
ces de Canon. Ils fortirent
deux mille Hommes de
en fuite le tour des Remparts,
& alla voir toute Ilnnondation,
& les Marais
qui font du collé du Haut-
Pont.
Toute la Maifon de Monfieur
n’a pas fervy avec
moins d’ardeur, tant qu’a
duré ce Siégé, qu’elle a fait
le jour de la Batail le. Ceuxmefmes
dontl’employ n’ef
GALANT. 155 toit point de tirer l’Epée, firent voir qu’ils fçavoient s’en fervir dans les occasions. M'de Mannevilÿtte Secrétaire des Commande- mensde S.AltefTe Royale, dont j’ay oublié à vous parler, fut de ce nombre. 11 prit la place de M1 le Chevalier de Silly, Ayde de Camp de Monhcur, qui fut tue dés le commencement de la Bataille, & s’acquita de cet employ tant que dura le Combat, de mefme que s’il n euft fait autre chofe toute fa vie. Je dois
J54 LE MERCURE
vous dire encore que ccluy
dont je vous ay parlé fous
le nom du Chevalier Tiller
dont le Cheval fut blefle I
recourt
auprès de S.Altefle Royale,
eft Mr le Chevalier de Til-
Quoy que je vous aye
déjà entretenu des Ifles dotantes,
je ne puis m’empefcher
de vous dire encore
une chofe tres-particuliere
& très-curieufe touchant
ces Ifies-Ja. U y a environ
une centaine d’Habitans
qui les font mouvoir, & qui
£vec lapermiffion des Sou-
I
À.
ont leurs Lois, & pour perpetuer
leur race fans {ortir
de leurs Lies, tous les Confins
peuvent époufer leurs
Confines. Le Roy Confirma
leurs Privilèges, & leur
donna une fomnie con(i>
derable.
croy cjuevous ne lerez pas
fâchée d’accompagner Ma.-
dame la Duclieffe au CoL
ïjô LE MERCURE lege de Clermont. Leurs AltefTesSereniffimes Mon- fleur le Prince & Monfieur le Duc, qui ont bien voulu confier le jeune Duc de Bourbon aux Peres de ce
College pour y faire fes Etudes, l’y avoient amené depuis flx mois,& Madame la Ducheflc fut bien aife il
y a quelque temps de leur venir témoigner elle-mef- me, qu elle fe tenoit obligée de leurs foins. Plu- fleurs Dames de la première Qualité eftoient avec elle; ôcles Jefuites qui f<p-
GALANT. 157 venc toujours bien faire les chofes, répondirent à l’honneur quelle leur fai- foit par tous ceux qui font deûs aune PerSonne de Son. Rang. Us ne fe contente- rent^pas de luy marquer eux^mefmes combien ils eftimoient la grâce qu’il luy plaifoit de leur faire. Ils choiSirent deux de leurs plus confidérables Pensionnaires, qui Suivis de quantité d’autres des plus Illuftres Maifons deFrance, luy vinrent faire compliment, & Se Servirent pour
I
iy8 le mercure cela des Vers que je vous envoyé. M' le Prince de Tingry commença par ceux cy, & vous ne fçau- riez croire, Madame, avec combien de grâce il les prononça. C’eft le Fils aîné de Mr le Duc de Luxembourg, & fon nom fuÆt pourvous faire concevoir à quels imporrans Emplois il ell un jour delliné par fa naiffance. Il a tout-à-fait de l’efprit, aufli.bien que M'le Marquis de la Chailre qui fut choifï comme luy pour cet Employ, & îlsniar-
galant.
?
quent l’un & l’autre je ne fçay quoy de grand qui répond* parfaitement à ce qu’ils font nez.
DEux Princes, deux Héros fameux également,
Nous ont depuis fix mois fait un honneur femblable
A celuy que de vous, Princeffe incomparable,,
Nous recevons prefentement.
C'efl un honneur pour nous trop remarquable
Pour ne par en Ravoir le temps précisément:
Mais il nef p<& de fort grande importance
fie vous dire les Noms de ces Héros fameux,
i6o LE MERCURE
lin'efl point de Héros en France
En mille autres P aïs on les connoit
, tous deux,
On les connoit en Flandre, en
Allemagne 3
Et mefme dans toute l9 Efpaÿw
On trouve peu de Nomsp lus fameux
que le leur.
On doit ilavoir appris en plus d'une
Campagne,
Car on fçait toujours bien le Nom
de fon Vainqueur.
li n en faut point de marques plus
certaines,
Je dis djfezfleur Nom ne difant que
cela,
Et des Héros comme ceux-là
1 "accourus pourlesvoir,&
venu
GALANT. i6î
la pws lointaine Province.
jls avaient avec eux an joly petit
Prince*
Déjà dans toute fa maniéré
]l fait ri un v.ray Héros paroiflre
l 'ame fiere :
jl a les yeux brilians, feins de feu,
pleins d'efprit^
Et c’eftle Portrait en petit
De fon Ayeul & de fon Pere9
Ce ri efipM tout que l'a fierté ;
Je reconnus d'abord en voya nt fa
beauté,
Qriil pouvoit bienauffî reffemb 1er
à fa Mere.
Auffïtoft pour tout Compliment
On recita des Vers de chaque
efpece.
Vous méritez^ grande Princeffes.
Qfnn en faflepourvoies autant*
O
161 le mercure
.Mais nous s’ômesdesGcns étranyÇ Nous voyons. peu de Princeflffi cheynous, ;■ 1
Et le Colley enfin n'apprend pvint de loüarys
pour dire auxDames domemouSï. 11 nous feroit moins difficile
De louer de Condè. la farce & les ■ Exploits^.
Nous fiommes icyplus de-mille, P refis à dire pour luy tous lesPers queViryle^
Pour de moindres Héros compofoit autrefois.
Mais je nepenfie pas que Plrglty ou qitelqu autre
Des mieux, difans dans l "Empire Patin v
dit jamais fait un Eloy afic\ f® pour en pouvoir tirer le modeltd&j wfre^
GALANT. 16J
Airf (cachant comme je fais,
Que le mieux quelquefois four- fe
tirer d'affaire,
&eff d'admirer & de (e taire,
J?rmccffe, j'admire &me tais.
recita. Il eft l’Aîné delà
Maifon de la Chaftre, &
petit Fils de Mr le Comte
de laChaftre,. Colonel Général
des Suifles.
Vand le mérité efi véritable,
On ne petit le- defavoüery
Et Don fçait toùjours bien louer
Ce qu'on trouvetoùjoursloüable.,
Ainfi moins nous femmes verfe^
Dds l Art que la Courautorifey
T) ans cet Art fia leur qui dégiife
Tous les defauts qu'on a penfez^
Plus^ Princelfé, pour vous nous
avons dd éloquence >
Quand on peut dire cequ on penfer ,
On peut toujours en dire affe%*
Ce n ef donc point en ces lieux que
les Dames
Doivent attendre les douceurs^
Et tous les Eloges flateurs
Qui pîaifent tant à la plupart diï
F emmes\
ETous aimons trop la vérité
a
GALANT. ifipour
bien fçavoir /’art desfleurettes
,
LJous ne traités point de parfait e£
Celles de qui la vanité
beauté.
ETous cherchons la vertu, L'cfprity
Etpour avoir des louanges de nousy
Princeffe, il faut avoir le folide
mire en vous.
Clef en vain que par mode fie
Vous en cache gune partie,
'La Renommée en parle, fl malgré
les Emplois
Que de vos deux Héros elle reçoit
fans ce fie,
'Et du Prince fl du Duc a conté
les Exploit^
Prccept.es des Science^.
Elle trouve encor de la voix' Pour nous parler de la Ducbcfe,-
Il ne faut donepoint employer Les lonçs
Pour (obtenir lesefp crames Que vous donne aujourd'hui? vofln llluflre Ecolier, Prince, luydira-t- on,imitc^Z'oft
Pere,l
Et voflre j4yeul,&vo(lre-Mert} Toujours de leurs Vertus regard le Portrait*.
Voila, P rince ' corne il faut fultt Pourfe rendrc:unPrineeparf^
On m’a dit que le Pere de Villiers efloit l’AutlW de ces Vers-, je n’ay pas^e j?eine aie croire,car ilsfbn£
■1
I
1
S
1
1
1
GALANT. 1&7 très - agréablement tournez, & nous avons feu quelques Pièces de; luy qui font aifez du cara&ere. de ; cclle-cy.
Deux mots, s’il vous plaift, fur une Avanrure de l’opéra: car comme vous fçavez, Madame, I Opéra elbfort: propre à faire naif- tre des Avantures & depuis que les troifiemes Loges qu’on a retranchées à la Livrée, s’occupent fans honte par des Personnes de Qualité, la rencontre des Brancards) de Scaron eft
168 le mercure moins divertifîànte que celles qu’on y Fait tous les jours.
Une Marquife du plus haut rang ( il en eft de toutes les fortes) mariée depuis fix ans à un des principaux Officiers d’un fort grand Prince, auroitd’aflez méchantes heures à pafTêr par les fréquens fujets qu’il luy donne de jaloufie, fi elle n’avoit la prudence d’accommoder fon coeur a h
neceffitéde fa fortune. Ce n’eft pas qu’il n’ait de h tendrefle, &: une confiée-
«
)
GALANT.
; ration toute particulière
ii pour elle , mais il fe laiife
entraîner à un panchant
i'i coquet qu’il ne fçauroit
oi vaincre j & quoy qu’il ne
4 foit pas fort jeune, il eft
ii| tellement né avec la GaîJ
lanterie, qu'il n’a pu s’en
î défaire par le Sacrement.
I II faut qu’il voye les Belles,
jï II les régale, les mene à la
t| Comédie & à l’Opéra, leur
i donne des Feftes la fage
i Marquife qui fçait com-
( bien 1 éclat eft dangereux
; avec un Mary fur ces fortes
é de commerces, n’a point
i(| Tome 4. p
*
*
i7o LE MERCURE trouvé de meilleur party a prendre que celuy d’en plaifanter, & de fe divertir de fes Rivales quand elle en peut découvrir l’intrigue. Le Marquis qui commence déjà à grifonner, a fuit habitude depuis peu avec une aimable Bretonne qui eft venue icy pour- faivre un Procès avec fon Mary. La Belle eft une de ces Femmes qui ne veulent point effre aimées à petit bruit, qui trouvent de la oloire dans le fracas, & qui aiment mieux entendre
G A L A N T. lyt
dire un peu de mal d’elles,
que de n’en point faire parler.
Elle n'eft pas la feule
de ce caraétere, & nous en
voyons tous les joursquife
mettent peu en peine du
tant qu’il vous plaira, l’innocence
de leurs intrigues
eft un témoignage qui les
fitisfait, & n’ayanr rien de
honteux à fe reprocher,
elles prétendent que c’eft
P ij
J7i le mercure une folie de s’aflbfjettir à vivre félon le caprice des Sots, qui fans vouloir pénétrer les choies, ne con- fultent que leur malignité dans le jugement qu’ils en font. Voila l’humeur de la belle Bretonne. Le faite luy plaid, & elle ne haït pas les ConnoifTances d éclat. On a beau en médire, il fuffic qu’elle foit contente d’elle-mefme, pour ne pas renoncer aux plaifirs quelle s’en fait. Une VihtC du grand air la réjouit ; & comme leMarquis fait alte*
GALANT. i75 bonne figure à la Cour, elle s’accommoderoit fort des fiennes , fi en les faifanc trop longues, il ne rompoic pas les mefures qu ■elle prend pour me'nager trois ou quatre Proteftans donc elle aime à fe divertir. Elle en aunConfeiller, un autre de profeflion de Bel Eïprit (car il luy faut de tout) & elle trouve moyen de rendre leurs présentions compatibles avec les foins d’un Etranger, donc la finance & l’équipage luy font quelquefois d’un fort grand fe- P iij
e
j7+ LE MERCURE cours. Le Mary n’y trouve rien à dire. Il a un Procès qui Iuy tient plus au coeur que fa Femme Les fortes Sollicitations font des a-
bondances de Droit qui ne le doivent jamais négliger; &de quelque maniéré que ce puifle eftre, quand on a des Juges à faire voir, il eft bon de fe faire des
• * • .* « A*, * 1 K * ' < ?
Amis. Le Marquis n’eut pas veu trois Fois la belle Bretonne, que la Marquife fa Femme en fut avertie. Elle voulut voir li elle ef- wirdiffne des afliduiicz
W-' ’ ...._ -- ------------------------------ - -
GALANT. 175 fon Mary, fe la fie montrer à l’Eglife, luy trouva de la beauté, & jugeant par les aorémens de fa perfonne L tï *
que l’attache-ment du Marquis pourroic avoir de la fuite, elle ne fongea plus qu’à s’informer à fond de Eefprit & de la conduite de fa. nouvelle Rivale. Elle n’eut pas de peine à découvrir fes habitudes. On luy nomma fur tout l’Etranger, qui luy eftoit déjà connu par la grande dépende qu’on luyvoyoit faire. Cet éclaircifTement ne luy fuffit
P iiÿ
i;6 LE MERCURE
pas. Elle pratiqua des Espions
qui la fervirent fi hdellement,
qu’il ne fe paffok
plus rien chez la belle
Bretonne, dont elle n’euft
aufiitort avis. Elle fçavoit
toutes les Vifites que luy
rendoit fon Mary, les heule
Confeiller, & les refteà-
tefte que l’Etranger en
obtenoit. Sur ces lumières
elle mouroit d’envie de
trouver cette Rivale en lieu
ou feignant de ne la point
connoiftre,elle puft luy renGALANT.
,177 qu’elle luy caufoit. L’oc- cafion s’en offrie par une rencontre fort inopinée. La Marquife fçavoit que fon Mary avoit retenu la Loge du Roy à l’Opéra, quand fesEfpions luy viennent dire que la belle Bretonne y alloit aufli, fans qu'ils enflent pu découvrir avec qui. La Loge par le Marquis ne luy permet point de douter que ce ne foit elle qu’il y mene. Elle veut eftre témoin de fes maniérés avec elle pendant ce Divertiflément. La
chofe ne luy eft pas difficile.
Elle prend un habit
négligé, & avec une feule
Suivante, elle fe fait ouvrir
les troifiémes Loges oppofees
à celle où devoit eftre
fon Mary. Elle y trouve un
Laquais qui gardoir des Places,
reconnoirt la Livrée;
& s’imaginant qu’il y avoit
de l’avanture, parce que la
une marque de Rendezvous,
elle prend les fiennés
furie mefmeBanc, &
avec •4 '

GALANT. 179 ceux qui viennent un moment apres occuper les autres. C’eftoit l’Etranger avec une Datne, qui ayant ofté deux ou trois fois fon Loup, tant à caufe de 1 ob- fcurité du lieu, que dans la penfée qu’elle eut que rien ne luy devoit eftre fufpeâ: aux troifie'mes Loges, fit connoiftre à la Marquife qu’elle avoir auprès d’elle cette mefnaeBretonne pour qui elle croyoit que fon Mary euft fait garder la Loge du Roy. L’occafion çftoic trop favorable pour
i§o LE MERCURE n’en pas profiter. La Marquife demeure mafquée, les laifle joüir quelques momens du tefte-à-tefte, & fe mer enfin adroitement de la converfation fur des matières indiférentes. On commence d’allumer les Chandelles, on ouvre la Loge du Roy, le Marquis y entre avec des Dames qu’il fait placer, & l’Etranger l'ayant nommé d’abord, & adjoûté qu’il falloir qu’il fuit toujours avec lesBelles, la Marquife prend la parole, & dit qu’il y auroirde-
GALANT. i8f quoy faire un Volume de fesdiférentes intrigues d’a-’ xnour, fi on les fçavoit aufli particulièrement qu’elle. En mefme temps elle commence l’Hiftoire de deux ou trois Femmes que la belle Bretonne n’eftoit pas fâchée d’écouter, s’imaginant qu’elle ne viendroit pas jufqu’à elle, ou que du moins elle ne parleroitque de quelques Vibres qui ne dévoient pas avoir fait grand bruit dans le monde. CependantlaMarquife qui avoit fon but* la voyant rire
xSi LE MERCURE
de quelque Avanture de fon Mary : ce qu’il y a de plaifant,pourfuit-clle, c’eft que le bon Marquis qui donne à tout, a quité la Cour pont *la Province, ç’eft à dire qu’il fait prefen- tement fon quartier chez Madame de*** C’eft une
* ' •’ ’ < *■' a - Sr *
Bretonne qui a des Amans de toute efpece , qui E’s ménage tous à la fois, & qui entr’autres fait fa Dupe d’un Etranger qu’on tient d’ailleurs honnefte Homme,
& qui meriteroi: bien de ne pas mettre comme il
GALANT. fait fa tendreïfe à fond perdu avec une Belle3 qui en aimant d’autres que luy., ne le conftdere que pour la dépenfe qu’il fait auprès d’elle. La Bretonne defef- perée de ce commence- nient, interrompt la Mar- quiie, & tâche à tourner le dilcours fur l’Ope'ra. Mais elle a beau faire, l’Etranger qui eft bien-aile de s’éclaircir de ce qui le regarde, la prie de continuer, & malgré les interruptions de là Rivale, la Marquife informée de toute fa conduite
il4 le mercure par fes Efpions, .n’oubüe rien de ce qui luy eft arrivé. L’Etranger connoift parla que quand elle a quelquefois refufé depairerl’apref- dînée avec luy, c’eft parce qu’elle l’avoit déjà promife à un autre, & qu’elle ne luy eft venue parler depuis huit jours dans fon Anti-chambre, d’où elle avoir grand hafte de le congédier, que pour l’empefcher de voir quelle difnoit tefte-à-tefte avec le Marquis en l’abfen- ce d&fon Mary. Toutes ces particularitez mettent b
GALANT. jgj
bretonne dans la derniere
furprife, elle croit que le
lieu où ils font donne l’efpric
de Prophétie ou de Révélation;
& l’Opéra commençant,
elle feint de l’écouter,
mais apparemment
' elle‘n’eftoitpas fort en état
de juger de la bonté de la
Mufique. La Marquife
fort contente du rôle qu’elle
avoit joiié, s’échapa
avant la fin du cinquième
Aéte. Il eft à croire que l’Etranger
qui eftoit demeuré
fort refveur depuis l’inftrudion
qu’il avoit reçcuÿ
Tome 4. Q_
4
iB6 LE MERCURE dit de bonnes chofcs à là Bretonne apres le departde la Marquife. On a fçeu depuis, qu’ils avoient rompu enfemble, & voila comme quelquefois un Rendez- vous de tefte-à-tefte produit des effets tous contraires à ce qu’on s’en promet.
Le Roy en partant de Cam b ray p ou r D u nkc rqu e, nomma Monfieur le Duc de Créquy Ambaffadetir Extraordinaire auprès de Sa Majefté Britannique, laquelle en mefme temps fit choix de Mr le Comte de
GALANT. ;S7 $undcrland, pour venir en France avec la mefme qualité. De femblables Ceremonies fe pratiquent ordinairement entre les Roys lors qu’ils vifitent Frontières & qu’ils approchent de celles de leurs Vol- fins. Vous fçavez,Madame, de quelle maniéré M' le DucdeCréquy forment de pareils Emplois : il a de î’cfprit, de la prudence, & un air de grandeur qui n’cft méfié que de la fierté ne- etffaireaux Perfonnesde fa naifBnce. M! le Comte de Qjj
r
etfrs
I
1S8 LE MERCURE Sunderland eft jeune encor, mais il entend tres- bien Ls Affaires-, & ceux qui connoiffenc fon mérité l’eftiment infiniment. Monfieur le Duc d’York envoya auffi le Milord Duras pour faire Compliment à Sa Majefté. Il eft de la Maifon de Duras, Frere du Duc de ce nom, & de Monfieur leMarefchal deLorge. Son mérité & fa valeur l’ont fait eftimer du Roy d’Angleterre , qui luy a donne des Em plois dignes de fa naiffmce pour le retenir dans fa Cour.
Jf y
GALANT. 1S9
Le Roy apres avoir vi fi té les Places maritimes, revint à S. O mer. Il rencontra en Bataille auprès de la Ville le Régiment des Dragons Dauphins, à la telle duquel il fut faliié par Moniteur le Duc d’Elbeuf, comme Gouverneur de laProvince, & par M1 le Comte de Lon- gueval, qui eftoit accompagné de deux Regimens de Cavalerie. Sa Majefté demanda à voir la Tranchée qui eftoit du collé de la Porte-Neuve, & apres l’avoir vifitée depuis la telle
r9o LE MERCURE jufqu’à la queue. Elle alla en fuite au Fort de S. Michel qui eft à là portée du Canon de la Ville. Elle le trouva admirable,tant pour fa beauté, que pour fes Fortifications. Ce Pofte coru tient cinq cens Hommes de Garnilbn. Le Roy en retournant à là Porte de U Ville, vifita tous lés Dehors & la Contrefcarpe tres- bien paliffadée, & accompagnée de belles & fortes Redoutes quiauroienr rendu l’abord du Fofte imprenable, fi la Place avoit efte
GALANT. 151 attaquée pardesComman- dans moins hardis, & par des,Soldats moins accoutumez à vaincre. Le Roy en continuant fa Vifite,rai- fonnoit fur les endroits les mieux fortifiez d’une maniéré qui le faifoit admirer de tous ceux qui 1ecou- toient. Sa Majefté fut haranguée à la Porte de la Ville par f Abbé de Clair- maretSi & en fuite par tous les Magiftrats qui furent charmez de l’obligeante réception que ce Prince leur fit. Quoy que lapluye qui
I9X LE MERCURE n’avoit point cefle depuis longtemps continuât toujours, il monta fur le Rempart,accompagné de Mon- fieur le Marefchal de la Feüillade, de Moniteur de Louvois, de Moniteur de S.Geniés, &de tres-peude fuite, ayant donné ordres tous fes Gardes de l’attendre à l’entrée de la Porte. Sa Majefté le vifita d’un bouta l’autre jufqu’aux moindres endroits. Elle en admir3 non feulement la beauté, mais la régularité des Fortifications qui font au dcfltis des
Z
G A L A N T. 195
des Demy-lunes doubles Se
frequentes. Les Foflez luy
parurent d’une prodigieufe
grandeur. Ils font environnez
de Canaux & de Marais
d’une très-grande étenduë,
qui rendent les environs de
la Place inaccedibles. Le
Roy qui eftoit monté par la
droite, vint defcendre par
la gauche, au mefme cndroitdu
Rempart, quia du
moins une lietië d circonférence.
Sa Majefté entra
dans la Ville toujours à cheval,
accompagnée de Monteur
& de toute la Cour, &
Tome 4. R
I94' LE mercure fuivie de fes Gardes, les Rues eftant bordées des Troupes de la' Garnifon. Les Dames eftoient aux fe- neftres très-parées, &mar- quoient beaucoup de joye de voir Sa Majefté qui les falüa toutes malgré la pluye continuelle. Le Peupiê rempliffoit les Remparts, & eftoit en confufion dans les Places publiques, & à l’entrée des Rues de tra- verfe. Lesunscrioient le Roy, les autres Zz^ Roy de France, & d’autres le Roy Louis &c noftre bon
G ALAN T.
ffîoy- Le lendemain ce Prince
s’occupa tout le jour à
vifiter les beaux endroits Sc
les Forts qui font hors de
S.Orner. Il al la voir les Ifles
dotantes, & le Fort des Vaches
5 dont la prife a fore
conrribué à la réduâion de
la Ville. Je vous ay fait le
détail de cette merveilleule
adion , dont Sa Majefté
loiia la vigueur. Elle die
beaucoup de chofes obligeantes
à Mrle Comte de
Longueval, & il fut lotie'de
u M
J96 le mercure tout le Corps des Dragons Dauphins. Le Roy n’ayant plus rien à voir dans Saint Orner, en partit pour vifi- ter lesautresPlaces,continua à prendre beaucoup de fatigues pendant que les Troupes qu’il avoir fait mettre en Quartier de ra- fraifchifTement fe repo- foient. j'ay oublié à vous dire en vous parlant du Siégé de S.Orner, qu’on ne peut mieux fervir le Roy qu’a fait M' le Duc d’Au- mont. Il y mena malgréles mauvais chemins, toutes
GALANT. 197
les Milices du Boulonnois
avec une diligence inconcevable
: Elle furent utiles
à beaucoup de chofes,
ôc il feroic difficile d en
trouver de meilleures dans
le Royaume.
Je croy devoirvous avertir
(& vous ferez fans doute
bien-aife de l’apprendre)
que quand le Courrier de
Flandre qui portoir à Dom
Juan la Nouvelle de nos
dernieres Conqueftes arriva
à Madrid, la plufpârt des
grands Seigneurs de laCour
fe rendirent chez ce Prince
R iii
J9S LE MERCURE pour fçavoir le fucce's de nos Sièges. 11 ne tarda gueres à fatis faire leur cu- riofitéj & s’imaginant bien que des Exploits fi furpre- nans ne pourroienc eftre long-temps cachez, quelque précaution que l’on prift pour en dérober la connoiftance aux Peuples, il fortit de fon Cabinet, & dit à tous ceux qui eftoient dans fon Anti-chambre. Que le maleftoit trop gr^d pour le diffimuler; Que trôiï de leurs meilleures Phctt 'venaient d’efire prijes, &
GALANT. que le Prince d’Orange a- voit perdu une Bataille. Un Grand d’Efpagne repartie auffi-toft, Que l'Etoille du Ray de France allait bien vifte. Dites fes forces & fi valeur, répondit Dom Juan, & avoile^ avec moy) continua ce Prince, Que la Fortune ne fepeut débarajfer de fongrand mérité. A votiez à voftre tour,Madame, que Doih Jüan a rendu juftice au Roy, & que lors que la vérité force un Ennemy faire l’Eloge de fon Vainqueur , on y doit adjotker
R iiij
X
2,
xoo LE MERCURE
plus de foy qu’à toutes les
louanges qui peuvent eftre
loupçonnées de flateries.
Le Roy ayant fait raffembler
Ion Armée de FlanGALANT,
zoi
Charge de Cornete des
Moufquetaires de la Première
Compagnie, qui va-
Moiflac, à Mr de Monpapou
Lieutenant aux Gardes-,
c’eft un fort honnefte
Homme, & qui s eft toujours
fait aimer par tout où
rte la fatisfaâion qu’Elleàvoit
reçeuëdes fervices de
Mr le Chevalier de Tauriac,
en le faifant Enfeigne des
Gens-d’arrnes Ecoffois.
Mr Courtin, Confeiller
201 LE MERCURE
d’Eftat, & Ambalfadeur
pour Sa Majefté en Angleterre
, a eu congé de venir
icy à caufe de fon indifpofition.
Il a rendu des fèrvices
importais en plufieurs
grandes Ambafiades. 11 a
eftéen Suede, & on lavoir
déjà envoyé en Angleterre
avec Monfieur deVerneüil.
Il a efté auffi employé en
Allemagne & en Flandre,
pour travailler au Reglement
des Limites, avant
fon Ambaffade d'Angleterre
oùileftencor. Ils’ef
toit trouvé aux ConfercnGALANT.
ces de la Paix à Cologne avec Monsieur le Duc de Chaunes, & M1 deBarillon qui vient d’eftre choifi pour aller occuper fa place auprès de Sa Majefté Britannique. Leur efprir a confirmé ce qu’on a veu de tout temps, en faifant connoif- tre que les Gens de Robe ne font pas moins capables des grandes AmbaïTades que ceux d’Epée.
Avant que le Roy eufë quitté la Frontière, il avoit 3ommé M* l’A bbé de Maa-
peou, Fils du Prefident de
«
io4 LE MERCURE
ce Nom, & Paren t de Mr de
Pompone, au Doyenné de
S.Quentin, & ayant fçcu
que cette Nomination appartenoit
au Chapitre, il
voulut biffer aux Chanoines
l’entiere liberté de leurs
D roits. Ils s'aifemblerenr,
digne Sujet pour en faire
leur Doyen, que la Perfonne
de Mr fAbbé de Maupeou,
toutes leurs voix fe
réunirent à celle de SaMajefté.
Meilleurs les Premiers
GALANT. zo5 Souveraines ont fait Compliment au Roy à fon retour fur fes nouvelles Conquêtes. Ils ont été conduits avec les Ceremonies accoutumées. Mr de Lamoignon a parlé pour le Parlement,Mr Nicolaï pour ia Chambre des Comptes, Mrle Camus pour la Cour desAydes,& M de Chau- vry pour celle des Mon- noyes. Mr de Pomereüil a fait fon Compliment au nom de la Ville, & Mr le Prefident Barentin pour le Grand Confeil. Vous me
206 LE MERCURE difpenferez,Madame, d’entrer dansun plus grand détail fur cet Article. Vous pouvez croire qu’il s’eft dit de belles choies fur une matière qui en fournit tant. Le Nonce de Sa Sainteté, & Meilleurs les Ambalfa- deurs de Venife & de Savoy e ont auffi fait leurs Complimens à Sa Majefte fur le mefme Sujet avec la délicateffe qui eft fi naturelle à ceux de cette Nation.
Vous pouvez croire, Madame, que l’Académie Françoife n a pas manque
GALANT. 107 q 3e s’acquiter auffidecede- M voir. NT Quinàut Direc- q teur de la Compagnie porta M la parole, accompagné des q Perfonnes du plus haut m rang qu’il y ait dans cet q llluftre Corps. Mr le Mar- q quis de Dangeau, qui en q eft, les traita en fuite avec q une magnificence qui ne fe furprit point, parce qu’elle Il luyeftordinaire. Jenevous q dis rien du fuccés qu eue q cette Harangue , j’efpere q vous en entretenir ample- îit ment une autrefois.
oe Moniteur le Duc du
2.oS LE MERCURE Mayne partit ces jours paf- fcz pour aller prendre les Eaux de Barrege,par l’Avis de M-Fagon.qui paffe pour un des plus habiles Médecins que nous ayons, & qui connoift le mieux les Simples. Ces Eaux avoient commencé à foulager ce jeune Prince dés l’annee derniere. O une peut avoir plus d’efprit pour Ion âgç- Il a du jugement, de la vi«
V. / *
vacité, du feu & des re- parties admirables. Voicy des Vers qui ont efté faits fur fon départ, par Mrlc
1
«Il
'ai
fl
fj
ni
?o
’G A LA N T. 109
Prefident Nicole, à qui les
agréables Traductions qu’il
a donne'es au Public, de nos
Poëtes les plus Galans, ont
acquis ranc d’eftime & de
réputation. Il fait parler
ny,Maifon deplaifànce,
ou Monfreur le Duçdu
Mayne va fe divertir quel»
due fois.
K
)itl
fan
Tome 4.
2,to LE MERCURE
C L AG NY.
A MONSEIGNEUR
LE DUC DU MAYNE,
Sur fon Voyage de Barrege.
QyOy, -vous m'abandonne^ & fans fia ter ma peine,
Vous méditez^ monPrince,une ab- fence inhumaine ?
Vous .partez^ de Cla^ny quand U faifon des Fleurs
Vient mailler ces lieux de leurs vives couleurs: ,
Vous partez^ de Claçny, lors vec le zéphire
Flore y vient établir fon açrea Empire,
s
GALANT. 111
charmant fejour*
JS a faire luire ailleurs les pompes
de fa Cour.
Déjà mes Orangers retiregde leur
Qui d'un vert d'émeraude enrichif
(oient la terre ï
Trifles de ce départ quils nont pu
preffentir.
De leurs (ombres Palais ont regret
de fortir:
Leur couleur fe dément leur
feuille moins vertey
LUarque ajfez^ la douleur de leur
Leur odeur eft (ans force, g? leurs
fruits pàliffans
Demeurent fans éclat fur leurs
troncs langui[fans.
e ejt neureux
envie!
m LE MERCURE
il me vole des jours de voflre illufre
vie 3
£i quoy que ce larcin me donne de
l'ennuy\
Jen'ofe en foupirer,ny me plaindre
. de luy,
Le fujet qui le caufe, & qui fait
cette abfence,
Fourny pas confentiryn
d'importance,
£t le dernier fuccès que fes eaux ont
>
o4vec trop de bonheur m'en ont fait
voir le fruit.
Fie bien réfo huons-nous, donnons
noflre fuffrage,
Ccnfentons fans chagrin a cet heureuxvoyage
3
Mais,mon Prince, du moins hafte^
vojlre retour,
Rendez^ moy promptement h Ob jet
de mon amour,
GALANT. nÿ
Rende ^raoy mon Héros, g? cal-?
rnexjnatrificjjè^
Ramenezji Clayny toute
alleareffe^
Revenezjiour me plaire, & pour
plaire aux beaux yeux
De la Divinité qui préfide en ces
lieux.
Je vous envoyé le Son»
nccpar Echodont on vous
a parlé, & qu’on appelle le
Sonnet des quatorze Autheurs.
Il eft adreffé à quelque
Abfenc qui doit eftre
de Gafcogne, & apparemment
la clef ne s’en peut
trouver que dans le quartier
de Clery.
XI4 LE MERCURE
N^/ na depuis trois mois au' quartier de Clery R y, Chacun d s'exempter de frais & de dèpenffe^ - Penfe,
Jris à ton ennuy prend depuis ton départ., Parr,
P eut-on voir un de fin à qui pour toyffoupire, Pire?
*
•JJf»
Je fçay bien qu'il ffaudroit un Semblable rniftere Taire,
JvJais pour fe retenir onferoitun effort Fort?
Et de plus un Gaffe on qui ne tient du vulgaire Guere,
Aime ces bruits flateurs, & n\en prend de chagrin G rair1.
GALANT.
X1J
| , Z + •
Entour fous d'autres Loix le Pfàl- mijle D orange Range,
Phebus hors du Quartier va prendre fort fouvent V en r,
La Femme d' A Ici don eftoit pour l'Hymenée Née,
r "
L|. /. -• -b " •
Z e Treforier Tir fis droit à l'argent comptant Tend,
On prend l'air à Jfiry pendant que la verdure, Dure-,
pour t'en apprendre plus, il faudrait te pouvoir Voir.
/
Je païTe à l’Artide que vous m’avez demandé de
zi6 LE MERCURE
Mon fieur le Marefchal
Duc de Vivonne; & puis
que vous vous intereffez fi
je vous écriray ce qui en eft
venu à ma connoiflance.
Les Secours que le Roy luy
a envoyez de François & de
Suifles, font, dit-on, arrivez
&fe mettront bientoft
en eftat d’executer les Projets
qu’il a faits pour affermir
l’authorité du R oy dans
la S icile, & éten dre fes Conqueftes.
Vous fçavez,Madame,
que ce Sage Vice-
Roy a é de mettre

nS LE MERCURE contribue pas peu à la con- fervation de l’authorité du Roy en ces Païs-là. On confiderc en luy une bonté extraordinaire, une affabilité où les Efpagnols n’a- voient jamais accouftume les Siciliens, une jufticc que rien ne fçauroit corrompre, & un def- intereffemenc ’ 4 • r * • ® / "f* * t
dont il ne peut eftre affez loüé. Ces nouuveaux Sujets de la France ont admire comme nous fa Valeur, quand ils font veu arriver chez eux dans l'extremite où ils effoient réduits,
GALANT, ni leur portant l’abondance^ apres avoir défait les Ennemis dans un Combat inégal. Ils ont efté entretenus dans cette opinion par la refolution qu'il avoit faite d’entreprendre fur l’Armée Navale des Efpagnols dans le Port de Naples. Elle ae trouva d’obftacle que par l’impoffibilité qui s’y rencontra quand on fut fur ie point de l’executer. Ileftoic difficile que Nïonfieur de Vivonne n’acquift pas leur amitié., par les foins continuels qu’il avoit de leur Tij
Zto LE MERCURE
faire venir des Vivres, & de
faire des Prifes confiderablesfiir
leursEnnemis, pour
ramener chez eux 1 abondance
dans un temps ou ils
eftoient privez de tous les
Secours de leur Pais. La
confiance qu’ils avoient en
ennemie, commandée par
le fameux Admirai Rüy ter.
Il modéra l’envie qu’il avoit
d’acquérir de la gloire, dans
un Combat où il devoir
G A L A JM î . i**
avoir le premier Commandement
pour fe rendre à
l’amour de fes Peuples qui
defefperoient de leur confervation
, s ils laifloient
éloigner celuy qu’ils regardoient
comme leur Pere.
Apres le gain de la Bataille
où Monfieur du Quefne fit
belles choies, & où
les Commandans fe
..&.„.erent, noftre Arme'e
Navale fut obligée de fe
retirer en Provence, tant
nnnr faire radouber les
I
I
I
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I
1
II OU ï
c de £
[I tous
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1!
î,
J VaiiTeaux, que pour f
J dre des Vivres qui
T. • •
nj
it i LE MERCURE voient manquer. Alors Monfieur le Marefchal de Vivonne confiderant qu’il en reftoit fort peu dans Mefline, & qu’il n’y avoir pas de feurete' pour le paf- fage de M’ de Chafteaure- naud, quivenoit de France avecunConvoy, parce que les Ennemis qui n’avoient pas tant de chemin à faire, feroient toujours en eftac de luy empefcher l’entre® du Phare , il conclut la fa" meufe Expédition de Paler- me dont vous fçavez le de tail, malgré lesoppofitiona
GALANT. 2x3 dequclques unsquivoyoiét le danger plus grand que JUyf ou qui n’avoient pas tant d’ardeur pour la gloire. Les chofcs luy réüffirenc comme il l’avoir efperé, le Convoy arriva heureufe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n’avoient point encore veu d’exemple, & noftre Marefchal retourna triomphant dans Meffine. L’amour des Peuples redoubla pour luy comme il redoubla fes foins pour les conferverj il découvrit beau-coup de Cou-
A x
T* • • • inj
214 LE MERCURE
pirations, & mefme contre
fa vie , & il ne prie cependant
de précaution que
pour empefeher les entreprifes
des Ennemis fur les
nouveaux Sujets d’un Roy
que ccuxquileconnoiffent
fçavent qu il aime uniquement,
& pour qui il facrifîëroit
de bon coeur toutes
chofes. Ainfi quelque paillon
qu’il ait pour la gloire,
elle n’aproche point de l’amour
qu’il a pour leRoy fon
Maiftre. Vous croyez bien,
Madame, que pour faire
I

ïi6 LE MERCURE luy ne manquent jamais, ne peut rien contre la réputation que les belles actions luy ont acquife. La prife d’Agoufte & de tant de Places qui fortifient le party desMeffinois3renverfe tout ce qu’on peut inventer pour obfcurcir 1 éclat de fa gloire. Il ne la veut devoir qu’aux fervices qu’il rend à fon Prince, & il en laifle le foin à ceux qui écrivent les Evenemens de ce Siecle, fànsfemettre enpeineda- voir des Prôneurs à la Cour. Je ne vous dis rien de la
GALANT. 117
grande Adion dcPalerme.
ignorez peur-eftre que le
bruit qu’elle fit chez les
Turcs y porta tant de terreur,
qu’ils redoublèrent
les Garnifons de toutes les
de ce cofté là.
Les belles chofes eftant
veux pas différer à vous
faire part d’une Elegie qui
vient de m’eftre remile entre
les mains, quoy qu’il y
ait déjà trois ou quatre ans
qu’elle foit faite. Je fçay
zi8 LE MERCURE
que F Academie l’a fort eftime'e.
ElleeftdeMonfîeur
le DucdeS.Aignan, &jene
doute pas que fes Vers ne
vous plaifent autant qu’a
fait fa Profe dans les Lettres
qu’il a écrites au Roy fur fes
Conquefîes. 11 fît ceux cy
dans une Maifon de CarnGALANT.
ELEGIE
une retraite,
£t firtant de la Ville apres cent
maux fiuffcrts.
Je viens chercher du Bec les aimables
Deferts.
Çefejour agréable, encor qu'il fait
champ offre,
Bfe Çertque rarement à fin lüuflre
Maiftre î
Et l'obligeant Emire en tout lieux
révéré,
A ma Barque agitée offre un Port
affuré.
1-50 LE MERCURE
Trompcufe ambition! Grandeur imaginaire !
Qfien vous le bien eft rare5 C? le mal ordinaire !
Que le plus infenfible & le mieux préparé*
Boit che\ vous de Poifbn dans un yafe doré!
Qidune foule importune au fetil gain attachée*
Sous un fa fie apparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amis fe trouvent peu fouvent!
Quyn bàttt de projets fur un fable mouvant!
Et qu heureux eft celuydot üadroite Science (fiance*
S^ait joindre le fecret avec la àé^ A peu devrais Amis qui fiait fe retrancher*
GALANT. zj«
garde bien le nombre, & ri eft
va point chercher,
Et qui fur Caparence enfin jamais
ne fonde
La folle opinion déplaire à tout le
monde! ( chevé*
■Qtfon feroit vicieux pour un goufi
dépravé 1 >
L'on a veu comparer l'honneur*
l es libéralité^ Cinfâme avarice\
à la bontés i
Aux lâches allions lagenerofti)
Le modefte à celuy qui fait le necef
faire)
Et l'ame la plus fourbe> au coeur le
plus fncere.
Cependant du menfonge infante
g
U
LE MERCURE
Vn Monjtre vous dévoré, & fait
des Partifans,
y oit dans [es interejls ceux qu'il
favorables.
On vante fa conduite, on vantefon
écrit,
£'amour de l'intevefifait far tout
des Efclaves,
£t régné quelquefois dans les coeurs
les plus braves.
A l'éclat de la gloire on préféré le
Et pour en acquérir, les Crimes ne
font rien.
Quels divers embarras ne ma t-oiï
point fait naiftre !
Combien où je commande ay-jeve^
plus d'un Mai fin ?
GALANT, xi; ffitn Roy victorieux la jufte autorité
Jpeine a pu fléchir un Sujet irrités Ceux que j'aimoiï le mieux, emporte zjrar la brigue,
Qnt-iïs à ce torrent oppofé quelque digue 1
La Gloire qui rn a fait un grand Corps affembler
Contre les Ennemie qdi voudraient noue troubler,
JMPapprefîe des Lauriers dans une v a(lePlaine,.
Et je voie dans la Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Erinemy qui fort defon devoir y
Songe à mefaire te fie, &ne fefait par voir,
Devient l'injufteChefduneinfâme Cabale,
, Tome 4.
Y >.
z54 LE MERCURE
Trouve des Courts fans fans partir de fa Salle,
Et dans fes noirs defeins doit eftre falisfait
D’avoir ofé combatreY encor quil ' foit défait.
Jl me force à rougir lors que je le furmonte^
Vlu plus fort de ma gloire il me couvre de honte^
Etdtinepar caprice en cette occafon aiVainqueur fi? Vaincu me fine confufion.
ai h ! que de mon dépit lajufte violence. ...
le Roy nous lordonne, imposons-nous filence^
Mon coeur* il faut donner en ces. fâcheux momens^
aiu plus grand des Mortels totts nos rejfentimem*
r/j
GALANT. X3.5 0 paifible retraite, aimable foli~ tilde, ( quiétude,
Qui, des plu#fortune^ charmezj?iw- JA1arrachant aux plaifirs que voue pouve^donner, jih! que j'aÿ de regret de vous abandonner,
£e préférer au mien l'avantage des autres,
Et ne voir de longtemps des lieux comme les vofires !
Maie deux jours fans agir me font à regretter,
Et ce temps, d mon gré, ne fe peut racheter, \ ;
Pourons-nous bien changer dans ma plainte inutile,
L innocence desChamps auxfracaoe de la Ville ?
• * - x », JI, \
De cent Beaute+en'vain onvant» l'es dppa>rt
Vij
Jtfon coeur ne feue aimer ce qu'il
n’eftime -par j
Comme Une fut jamais capable de
foibleffe,
Vn effort généreux rompt le trait
qui le bleffe,
£t panchantvers laGloireri eftant
plus qu'a luy,
il peut haïr demain ce quil aime
aujeurd' huy ;
Hais pour vos beaux deferts , il
rien eft pas de meffme,
Voftre repos flateurdone un plaifir
extrême,
Sans Iris, (dns mon Maiftre, b
Séjour fortuné,
Vous aurier^tout le coeur que je leur
ay donnéle
quite donc l'émail de vos vertes
7
Prairies,
£t tout ce qui flatoit mes douces
refveries.
GALANT. z37 plions tendre les bras a no s illufires fers,
Allons notes redonner auGrandRoy que je fers*
Qbferver les projets d>une foule im*> portune* &
Et trouver des plaifrs dans ma noble infortune 3
Mais il faut bien penfer à ce que nous ferons ■>
Relier nos fentimens par ce que nous fcaurons.
Et fuivant les confeils que la raifon in fa ire*
/ *
Voir; écouter beaucoup3agir, rien d ire
7
'I
?
L’Illuftre Duc qui a fait ces Vers, eft retourne' depuis peu dans fon Gouvcr-
zjg LE MERCURE nement, pour appliquerfes foins à ce qui re garde le fer- vice du Roy avec le mefme zele qu’il a fait les anne'es dernières. eCe ne fl: pas qu’il ne donne de fi bons ordres en fon abfence, qu’il ne foir difficile que les Ennemis tirent avantage de fon éloignement-, & vous l’allez voir, Madame, pat l’Article qui fuit.
Il n’y a pas longtemps qu’un Câpre Oftendois attaqua près des Colles du Havre de Grâce& dans ce Gouvernement,, deux
*
J
GALANT,
Barques Marchandes de
■ Dieppe, qu’il auroit prifes
: indubitablement, fi M' de
G Cofte ne s’y fuft prompteil
ment & vigoureufemenr
I qui lont fous fa charge. Le
________________________ ______________________________ _ L. . ..
I
it
j oppofe' avec les Habitans
V fous la Capitainerie de
is Mr de Cauville , qui fit h
lu mefmechofe en repouffant
q ledit Câpre, qui fe retira
q fans ficn tenter davantageâ
LE MERCURE
apres avoir tiré plus de
trente coups de Canon, &
force coups de Moufquet.
de Monfieur le Duc de
S. Aignan, imitent avec
tant de bonheur & d’emfible
aux Ennemis depuis
la Déclaration de la Guerre,
jufquesàprefentjde réiil&
dans aucune de toutes les
entreprifes qu’ils ont faites
fur les Coftes de fon Gouvernement./
BV ■■
GALANT.
J’allois fermer maLettre.
J’avoue qu’elle m’embarafle,
& il vous fera aife' de
le connoiftre, puis quefavois
pafle legerement fur
1 Article que vous me demandez
plus étendu. Je ne
fuis poinc furpris que les
tes au Roy à fon retour par
Meflieursdes Premiers Prefidens,
ayent fait allez de
curiofité d’en fçavoir les
principales penfées ; mais
quand vous m’ordonnez de
i+i LE MERCURE la fatisfaire. je ne vousdé- guife point que je ne fçay par où m’y prendre: car que vous puis-je dire là- deffus qui approche de ia beauté de ce que vous me demandez? Vous fçavez, Madame, que les plus beaux endroits dun Ouvrage paroiflent toujours moins en fragmens, que lors qu’ilsfont placez où ils doivent eftre-, ce qui les devance ou ce qui les fuit, leur donne louvent des oraces qu’ils n auroientpas fans cela, & tout ce que
V
24?
GALANT. 245 Fon en dit lors qu’on ne les fait pas voir de fuite eft toujours infiniment audeflbus de ce qu’il feroit dans le corps entier de l’Ouvrage. Je de'fere pourtant trop à vos (entimens, pour ne pas faire des aujourd’huy une partie de ce que vous fou- haitez Je vay donc vous dire ce que je fçay de deux Harangues feulement, en attendant que je puiffe m’informer plus particulièrement des autres. Je commence par celle de Monfieur le Prefident Ni-
X ij
LE MERCURE
colaï-, & ce que je prétens
vous en dire, n’eft ny fa Hatangue,
ny un Extrait, ny
mefme un fragment, c’eft
moins que tout cela, & il ne
doit fervir qu à vous faire
concevoir une legere idee
de quelques-unes de fes
penfëes. Il a dit au Roy, en
parlant de Valenciennes,
qu’on ne pouvoir aïfez admirer
qu’il euft pris en n
peu de jours une des plus
grandes Villes qui put marquer
la puiflance de fesEnnemis;
une Ville vafte Par
fon ëtendu'é, fiere ies
GALANT. z0 Privilèges, orgueilleufe par fes Boulevarts, forte par la valeur & le nombre de fes Citoyens, fameufe par fon Commerce, & redoutable par nos pertes. Il a adjoûre à tout cela qu’on fçavoit allez de quelle forte le Roy s’eftoit rendu maiftre de cette puiffante Place, & que de la maniéré que leschofess’eftoientpaffées, on ne pouvoit trop loiier la grande bonté, & la prudence de Sa Majefté, qui par un feul mot de fa bouche avoit défendu cette
X iij
pru-
*+6 LE MERCURE
Ville du plus grand malheur
qu’elle puft craindre,
êî dont elle navoit pu eftre
bras, & par tant de Princes
intereffez àfadefence. lia
fait voir encor qu’on avoir
admiré fur tour, que dans
un temps où l'on ne pouvoic
faire un pas dans 1 Europe
fans trouver quelque
Ennemy de la France, le
Roy avoir conquis trois
Places dont la force n’eftoic
avoir trouvé des Ennemis,
z47
GALANT, efte' que pour fervir de matière à fon triomphe-, Qu’on luy avoit veu fecourir par fa prudence &par une prévoyance merveilleufe, les lieux où il ne pouvoir fe trouver en Perfonne, en y envoyant le puiflant Secours qu’il leur fit recevoir, quand il fçeut que les Ennemis amaffez en fi grand nombre, venoient pour jet- de nouvelles forces
dans S. O mer-, Que fes Armes avoient efté viâorieu- fes fous la conduite d’un Prince qui ne voit rien dans
A y • • • •
X ni)
ter
*
a4§ LE MERCURE le monde au défions de luy, {bit par fa naifiance, foit par fon mérité & fes grandes vertus, que fon feul Souverain. Il a dit encor d’une maniéré qui a charme'tous ceux quifont entendu,que pendant que route l'Europe eftoit enfevelie dans un
A A H * •’ ’ • • ■ \ . , , '
profond fommeil, Sa*Ma- jefié feule veilloit, la gloire & le bien de Ion Royaume luy tenantles yeux ouverts, & que les Ennemis n’ef- toient revenus de ce profond aflbupificment, que pourvoir en mefme temps
dent, je vous ay parlé de la
grandeur de fâ Maifon &
de fon mérité, lors que je
vous écrivis dernieremenÈ
xyo" LE MERCURE
h mort de M'le Marquis
de CdufâïnvïlIeTon Fils.
«
Jepaffe au fujetde la Harangue
de M1 le Prefident
Barentin, Il a dit quequoy
qu’il euft efté bien difficile
de pouvoir pre'voir de plus
grandes chofes que celles
ne laifloient pas d’eftre incôme
Valenciennes, qu’on
croyoic imprenable par fa
ficuation & par fes forces,
GALANT, xp
& dans un temps qui rendent
cette entreprise prefque
impoffible, &la Place
ce, en s élevant au deffus de
la Nature & del’Artjilavoit
Surmonté tous les obftacles;
& au lieu de fe donner
de aélion & tant de fatigues,
il avoir affiegé deux
Places des plus fortes des
Païs-Bas quifedéfendoient
par leur feule réputation, ôc
principalement Cambray,
XJ1 LE MERCURE dont le feul nom inlpiroit de la crainte & de la terreur, laquelle, prife eftoit fi importante à l'Etat, qu’elle difpofoit toutes choies à la ruine de ceux du Royd’Ef- pagne, autant qu’elle con- tribuoit à mettre la France en feûretéj Que S.Orner eft oit tombé fous la puif- Jànce du Roy par la valeur de S. A. Royale, apres un Combat glorieux ; Que les Actions du Roy & de Moniteur avoient trop de raport pour les pouvoir féparer, Moniteur ayant trouvél'art
GALANT. 155
Je s’élever au delTus des
tant le plus parfait des Roisj
Qu’il nefalloit pas s’étonner
de tant de grandes Actions,
SaMajefté eftant foûtenuc
de la protection vifible de
Dieu contre fes Ennemis
leur offroit contre lintereft
Voila à peu près,Madame,
ce qui rut pprroonnoonnccee aavveeuc
une grâce merveilleufe par
Mr le Prefident Barentin.
11 eftoit Confeiller au Parij4
LE MERCURE mens de Paris arrivèrent On le fie Colonel de fon Quartier, & ce fut luy qui par fa prudence fauvaM'le Marefchal de Lhofpital qui en eftoir alors Gouverneur. 11 alla le prendre chez M? Croifet, & paffa cinquante Barricades avant que de le pouvoir remettre dans fon
• 1 .*• t r \ 1 ’ * I
HofteL Vous pouvez croire j qu’il luy fallut de l’adrefTe pour en venir à bout, & j qu’il ne le fit pas fans ef- fuyer tous les périls où la révolté d’un Peuple expofe ceux qui tâchent à le re-.
GALAhFT. xjj
mettre dans le devoir. Le
Roy fut fi fatisfait des fervices
qu il luy rendit dans
ces temps là, qui eftoient
des temps fort difficiles,
qu’il le fit Confeiller d’Etat.
lia elle enfuiteMaillre
des Requeft.es, & Prefident
du Grand Confeifi & apres
fes Intendances, il s’eft
trouvé à la telle de cette
' t* • • Compagnie , qui a pour
lyy toutes les confidérationsqu
on peut avoir pour
un Cnef d un fort grand
mérité. Il ell doux &honLE
MERCURE lité à sénoncer & à parler en public, & donne tous les jours tant de marques d’intégrité, qu’il ne faut pasdemanderparoùil peut s’eftre acquis une cftime fi generale. 11 cil: tres-bien fait de fa perfonne, aufli neftoit-il autrefois connu dans Paris, que fous le nom du Beau Colonel. Son élévation luy eft d’autant plus gloricufe, que la faveur n’y ayantjamais eu aucune part, on peut dire quelle eft l’ouvrage feul de foti mérité & de fa conduite.
GALANT. 157
Vous fçavez qu’il eftOncla
de Madame la Marquife
de Louvoys, Heririere de
eft fi Illuftre & fi connue,
qu’il fuffit de vous la nommer.
Comme je vous manday
la derniere fois la jove
Monfieur le Duc de Roquelaure,
je croy vous desvoir
apprendre aujourd’huy
lès honneurs qu’on luy a
le mercure
harangué par Meilleurs du Prefidial
Sc par les Confiais de la
Ville. Il le fur en fuite par les
Députez de Mr le Senefchal de
Tarbe, & ce fut M* Caftelviel,
Juge-Mage deTarbe,,qtii porta
la parole avec tout le fuccés
qu’il pouvoir attendre d’u'n ditcours
digne de ceîuy à (}ui il éftoit
adrefle. Apres «es premières
Cérémonies, Monfieur le
D uc de Roquelaure fe prefenta
au Chapitre, & fur reçeu par
M1 le Doyen de N oftre - Dame, • J ' ’ .
pets, Prevoft de cette Egü^
Il prefta le Serment comme
Baron & Chanoine honoraire,
&: vint prendre fa place dans
le Choeur, où on luy donna
part aux Diftributions. Je ne
GALANT.
fçay, Madame, fi vous cftes
inftruite de ce que c’eft qu’eftre
Chanoine honoraire de cotre
Eglife. H y en a cinq, dont le
ftoy eft le premier, comme
rre autres font appeliez Barons
d’Armagnac, & ce font ceux
qui pofledent les Baronnies de
Montant, de Montefquiou, de
Pardaillan, & de I’Ifle. Monsieur
de Roquelaure en eft l’un,
à caufe de laTerre de Montefqniou
qui luy appartient. Au
l’Archevefché,& traité magnifiquement
par les Officiers de
MTArchevèfque d’Auch, qui
eftoit abfenr.
Je croy avoir oublié à vous
dire que le Roy a donné à
Z6o LE MERCURE Monfieur le Marquis de Mor- vair, Lieutenant de Roy de Brefle, la Charge de CommiT- faire General de la Cavalerie qu’avoit M'de la Cardonniere. Il s’eft fignalé en beaucoup d’endroits, & fur tout au Paf- fage du Rhin.
Sa Majefté a eu auflila bonté d’accepter la Démiffion de l’Abbaye de Troiiars, près de Caen, faite par M'TAbbé de Sourches, en faveur d’un Fils de Monfieur le Marquis de Sourches Grand Prevoft de France, fon Neveu. Cette grâce eft d’autant plus particulière, que le Roy ne l’accorde jamais a pèrfonne, & que les raifons qui l’ont porté à vouloir bien distinguer en cela M1 de Sourches,
GALANT. z.6i l’ont fait admirer de tous ceux à qui elles font connues. Toute la Cour en a témoigné de la jpye , ôc l’on ne peut recevoir plus dè Complimens qu’il en a reçeu des Perfonnes du plus haut rang.
J’ay à vous dire que la Prin- ceiTè Marie-Anne dont vous me demandez des nouvelles, n’eft point du tout changée de Ca petite verole. Elle accompagna; Madame la Ducheflede \¥zir- temberg fa Mere à Verfai Iles, un- peu apres l’arivée du Roy,& elle y parut avec autant d’éclat & de beauté qu’elle en avoit avant ' cette maladie. Je croy, Madame, que vous n’ignorez pas que cette Duchefle eft Veuve du Prince Ulric de V^irtemberg,
xôl LE MERCURE
fameux par tant de grandes
Actions qu’il a faites dans les
Guerres d’Allemagne & des
Païs-Bas, & qu’elle eft prefentement
en deu.il par la mort de
Madame la Princeffe de Barbançon
faMere,qui mourût es
fa Maifon proche de Liège, il y
a environ,deux mois. Elle étroit
Heritiere de la Maifon de
Barbançon , & avoit époufé
le Prince de Barbançon , de
l’Illuftre Maifon d’Aremberg,
Originaire d’Allemagne.
Mr deThorigny, & Mr Goëlard.
onnnrt peffit ép rrpérçpeiui'cs ddpenpiuiiissqu2*-
ques jours Confeillers au parement,
apres avoir donné tou’^s
fuffifance qu’on peut attend12
de ceux qui fe deftinenc
GALANT. 265
Emplois de h Robe. Le premier
eft Fils de Lambert
Prefident de la Chambre des
Comptes. Madame fa Mere eft
une Perfonne d'un fort grand
mérité ; elle eft de la Maifon de
Laubelpine, Soeur de Mr le
Marquis de Verderone, Gendre
de M1 le Chancelier.
Je n’adjoûteray rien à cela
que le Mariage d’un de nos
Ulûftres , que je fçay que vous
eftimez beaucoup. C’eft celtry
de M1 Racine, qui a époufé
Mademoifelle Romanet. Elle
a’du bien, de l’efprit, &. de la
naiffance; & Mf Racine meritoit
bien de trouver tous ces
avantages dans une aimable
Perfonne.
•<
164 le mercure
Article des Modes, Si vous parler des riches Erofes qui fe pré • paroient ; mais la Defence de l’Or Sc de l’Argent qui a elle publiée icy, a rompu toutes mes mefures. On a fait courir le bruit qu’il eftoit arrivé du delbrdre en arreftant quelques Particuliers qui avoient ofé contrevenir à cette Defence5 mais j’ay de la peine à croire qu’on s’y foie voulu expofer, dans la connoiffance qu’on a de i’exaditude avec laquelle Monfieur de la Reynie maintient lés Ordonnances du Roy. Sa Majefté a bien lieu de fe repoferfar les foins de ce grand Homme pour l’execution de fes volon- tez. Jamais la Police n’a elle ny fi bien, ny fi avantagent jïjeût
GALANT. 16;
t • ■ *
ment obfervée que depuis qu’elle luy a efté commiîé; Sc on peut dire que Paris luy eft redevable de quantité de choies commodes ou utiles , qu une moindre vigilance que la fienne ne feroit pas venu- à bout d’établir.
Je ne vous dis rien de noftre Armée d’Allemagne. Ces fortes de Nouvelles appartiennent à la Gazette. Elle a foin d’en informer le Public chaque Semaine à mefure que les chofes- arrivent, & je vous y laiflèprendre part comme les autres. S’il' m’arrive de vous entretenir de quelque grande Action de Guerre, ce n’eft jamais qu’âpres- qu’elle eft entièrement confom- mée. Il ne m’importe en quel
Tome 4. Z
temps j’en ramafle les circonftan
ces, & ce q ue je vous en envoyé
fe doit plutoft appeller un
morceau d’Hiltoire qu’une
Nouvelle que vous ignoriez.
Ainfi, Madame, vous ne devez
point eftre furprife fi j’ay méfié
le Siège de S. Orner aux Nouvelles
de ce Mois, qnoy qu’il y
en ait déjà trois que cette Place
s’eft rendue. Je remets à vousparler
dans ma première Lettre
du mérite de ceux à qui le Roy
a donné des Evefchez & des
Abbayes, ou qui ont efté faits
Premiers PrefiJens, J’ay des
Vers du Grand Corneille furies
Victoires de Sa Majefté ; j’enay
de M’ deFontenelle fonNeveu,
qui vous pl liront encor davantage
que l’Amour Noyé que
GALANT. 2.67 vous approuvez tant, & je ne manque pas d’Avantures pour faire d’agreables Hiftoriettes. Je fuis toujours, &c.
A Paria ce i.luillet 167 7*
FIN.
■ • • “ - * • ■ • X
► 1 "'••/.y
• à * V
• . < '•>
• t 1
. * 1
ON donnera un Tome du Nouveau Mercure Galant, le pre^ tnïer jour de chaque Mois (ans aucun retardement II fe diftribuëra toû- jours en blanc chez-le Sieur Blageart, Imprimeur-Libraire, Rué S. Jacques, à rentrée de la Rué du Plaftre. Et au Palais, où on le vendra vingt fols relié en Veau , 6c quinze relié en Parchemin.
Extrait du T riy i le re du 7^oy t
PAr Grâce & Privilège du Roy, Donné
à S. Germain en Layc le iy. Fev. 1672;
Signe, Par le Roy en fon Conleil, Ville T,
Il eft permis au Sieur Dan. de faire i 1-
primer, vendre & débiter par tel Impri*
meur & Libraire qu’il voudra choifir, un
livre intitulé Le Mercure Galant, en
Un ou plusieurs Volumes, pendant le temps
de dix années entières , à compter du jour
que chaque Volume fera achevé d’imprimer
pour la première fois. Et defenfès font
faites à toutes Perfonnes de contrefaire
leflits Volumesj à peine de fix mille livres
d’amende, ainfî que plus au long il eft posté
efdites Lettres.
Regiftré fur le Livre de la Communauté
le 27. Février 1672,
Signé, D.Thierry, Syndic»
X \ » * •
Kt ledit Sieur Dam. a cedé'fon droit de
Privilège à C. Blageart, Imprimeur-Libraire,
fuivant l’accord faitentr’eux.
imprimer pour la première fois
le premier Initie t 167y.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le