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1814, 01-06, t. 3, n. 13-18 (Mercure étranger)
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MERCURE ÉTRANGER,
t '
ou
ANNALES
DE LA LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE,
PAR
MM. Langlès, Gikgvené, Amaukt-Duval, Membres de l’institut Impérial de France ; Vanderbourg, Sevelinges, Durdent, Catte au-Callevïlle, et autres Hommes de Lettres, tant français qu'étrangers.
Poma que non notis Ir git ab arboribus.
Tib.
TOME TROISIÈME.
fc'f·*
DE L’IMPRIMERIE DE D. COLAS.
A PARIS,
W-CÉ
ÎARTHUS-BERTRAND , Libraire, rue Hail
feuille , N° a3 j te,
D. COLAS, Imprtmeur-LibraiâIj rue du V ieik* \ Colombier, N* 26 j χ 'V ’
Et chez les principaux LIBRAIRES de l’Europe.
18 14
I
I
·; ‘■ ·"
I
J
MERCURE ÉTRANGER.
N° XIII.
LANGUES ORIENTALES.
LANGUE CHINOISE.
Notici sur une traduction inédite de Confucius par Μ. Abel db Remvsat, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Le nom de Confucius est plus connu erTEurope que ses ouvrages, dont les jésuites η’οήΐ fait que des paraphrases trop médiocres pour trouver des lecteurs. Aussi les hommes qui s’occupent des sciences morales et politiques, désirent-ils encore une traduction fidelle de ces livres célèbres où se trouvent l'ensemble des principes du. •age de la Chine. Mais depuis bien des années , il n’y avait personne en France qui pût entreprendre un semblable travail, parce qu’il demande une profonde connaissance dé la langue chinoise dont l’étude est fort négligée aujourd’hui. Les élémens de cette langue offrent de grandes difficultés à ceux qui veulent l’apprendre , et vingt années de séjour à la Chine ne suffisent pas pour les surmonter, c’est ce que prouve l’ignorance des négociant qui ont résidé long-tems à Canton.
Le défaut d’alphabet et le nombre des signes qu’il faut connaître pour savoirle chinois, exigent de longs travaux, et les longs travaux découragent toujours. Aussi, ny aura-t-il jamais que quelques sayaps qui se résoudront è
4 MERCURE ETRANGER.
4tadîer la langue d’un peuple que la prévention ou l’enthousiasme ont jugé jusqu’à présent.
Celte langue est digne cependant de tontes les méditations des philosophes , car elle est aujourd'hui dans 1· même état où elle était il y a trois notile ans r elle n’a pas plus varié que le caractère de la nation qui la parle et elle durera autant qu’elle. Des sages persuadés que le pouvoir appartient à la vertu et au génie, ont arrangé ses élémens de manière que les hommes vertueux et les savons en eussent seuls la clef. Elle est donc née ail
milieu de la civilisation , et t bien différente des autres langues qui ont leur enfance r leur âge viril et leur vieillesse , elle a été aussi parfaite à son origine, qu’elle l’est main-, tenant. On comprend les livres chinois dès qu’on peut les lire ; mais l’art d’apprendre à lire est tellement hérissé de difficultés qu’en Chine même , il n’y a que les lettrés , c’est-à-dire , le petit nombre , qui le possèdent. La plebe parle sa langue par l’usage , et ne sait pas lire. L’emploi des caractères alphabétiques rendrait moins difficile l’élude du chinois , mais les lettrés qui savent qu'une haute philosophie a présidé à la composition de leur grammaire, repousseraient sans doute comme dangereux , les essais de ce genre , et ce n’est peut-être pas un paradoxe de dire que la prospérité et la longue existence de l'empire de la Chine, tiennent au caractère de la langue qu’on y parle.
Μ. Abel de Rémusat surmontant avec courage les nombreuses difficultés de cette langue, et celles que la malveillance opposait à ses efforts , est enfin parvenu à l’apprendre et il est peut-être en France le seul qui puisse lire les livres de Confucius. Sous le modeste litre à'Essai
sur la langue et la littérature chinoises , il a publié il y a trois ans un ouvrage qui l’a placé à côté des habiles sinologues de l’Europe , dont le nombre est bien peu considérable , mais dont les connaissances sont si étendues, qu’ils passeraient pour de savans chinois , parmi les mandarins lettrés. L'essai de Μ. de Rémusat contenait l'an-
LANGUES ORIENTALES. 5
nonce d’une édition da texte de Confucius, accompagné de deux versions fune Ialine cl l’autre française. Ce grand travail fait pour exciter l’allenlion publique est presque achevé , et Fauteur ayant bien voulu me confier son manuscrit, j’ai pensé qu’on accueillerait avec intérêt une notice sur les traités dont il projette l'édition. Je laisse à de plus habiles que moi, le soin d’apprécier son travail sous le rapport philologique: c’est la tâche d’un Klaproth ou d’un Montucci , et j’aime mieux présenter aux lecteurs quelques pensées morales de Confucius , après avoif fait connaître les livres d’où elles sont tirées. Ils sont au nombre de quatre et ont été rédigés par ses disciples qui réunirent en corps d’ouvrage , les leçons qu’il leur donnait , en conservant autant que possible ses propres expressions.
L’histoire de la philosophie des Grecs offre un exemple du même genre. Socrate n’écrivit jamais rien. Mais Platon «t Xénophon, deux de ses plus célèbres disciples , nous ont transmis sa doctrine. Il est vrai que le premier,se laissant égarer par une imagination vive et désordonnée, a souvent mis des rêveries ridicules et inintelligibles dans la bouche de son maître ; mais on ne peut reprocher d· semblables altérations aux disciples de Confucius.
Le premier des quatre livres moraux est intitulé î Tai- hio , ou la Grande étude. H traite de la nécessité d© savoir se gouverner soi-même , avant de prétendre gouverner les autres.
' Le second et le Tchnung-Young , ou Hnvariabìe milieu. C’est le seul des quatre livres que Μ. Abel de Ré- musat ait traduit en français. Nous y reviendrons bientôt.
Le troisième est un recueil d’entretiens philosophiques entre Confucius et ses disciples , il est intitulé : Loun-Îu, qui signifie Discours.
Enfin le dernier porte le nom de Meng-Tseu , son auteur.
a Voilà , dit Μ. de Rémusal dans la notice qui précède » son travail, voilà les ouvrages moraux les plus estimés
6 MERCURE ETRANGER.
r des Chinois , ceux que doit posséder à fond et même a savoir par coew tout homme qui se destine à la carrière » des lettres et de l’administration. Je crois qu’on aurail η tort de traiter de puérile , noe élude si approfondie des R quatre livres, avant de les avoir examinés arec attention a cl impartialité: non-seulement ils contiennent une foule r de préceptes moraux excellens , mais ou y trouve en- R cure la substance de l’histoire qui est à la Chine bief r plus qu’ailletirs la leçon des gens en plance , et ce qui r vaut mieux , un recueil d'exemples d'actions honnêtes r et de vertus sans éclat , qui doivent servir de leçons à r tous les hommes, r
Je vais lâcher de donner maintenant une idée du livre intitulé l'invariable. milieu , en citant quelques-unes dej maximes qu’il renferme. uTsai-sse, petit fils de Confu- r eins , est , dit Μ. de Rémusat, fauteur de ce livre qui r a trente-trois Tchang qu chapitres ; il y cite h chaqtrç r instant les paroles de çon aient , comme autorité , oq r comme texte , d’où il déduit ses principes. Ce livre r roule sur differens points de morale, et en particulier r sur le milieu, moi abstrait de convention , par lequel r les Chinois entendent la conduite vertueuse par excel- r lence , et celte partie de la sagesse qui consiste à éviter r tous les excès. Celui qui sait bien lire le Tchoung- R Young ( le juste milieu ), dit Tchou-hi} trouve toujours r à y acquérir de nouvelles connaissances , gt quand U r Γ étudieroit toute sa vie, il ne saurait en épuiser le r contenu. Sans adopter entièrement ce jugement d’ua r lettré enthousiaste , je puis dire que le Tchaung-Young, r n’est pas indigne de Confucius dont il contient la doc- R trine, et s’il ne peut rien apprendre à des Européens r qui ont d’autres traités de morale plus méthodiques et r plus parfaits, il peut au moins assurer à Tseng-Tscu r une place à côté d’Epictètc et de Marc-Aurèle , avec r lesquels il serait même assez curieux de le comparera»
I/invariable milieu est divisé en chapitres qui contiennent des maximes de morale , des conseils pour se
6 MERCURE ETRANGER.
r des Chinois , ceux que doit posséder à fond et même a savoir par coew tout homme qui se destine à la carrière » des lettres et de l’administration. Je crois qu’on aurail η tort de traiter de puérile , noe élude si approfondie des R quatre livres, avant de les avoir examinés arec attention a cl impartialité: non-seulement ils contiennent une foule r de préceptes moraux excellens , mais ou y trouve en- R cure la substance de l’histoire qui est à la Chine bief r plus qu’ailletirs la leçon des gens en plance , et ce qui r vaut mieux , un recueil d'exemples d'actions honnêtes r et de vertus sans éclat , qui doivent servir de leçons à r tous les hommes, r
Je vais lâcher de donner maintenant une idée du livre intitulé l'invariable. milieu , en citant quelques-unes dej maximes qu’il renferme. uTsai-sse, petit fils de Confu- r eins , est , dit Μ. de Rémusat, fauteur de ce livre qui r a trente-trois Tchang qu chapitres ; il y cite h chaqtrç r instant les paroles de çon aient , comme autorité , oq r comme texte , d’où il déduit ses principes. Ce livre r roule sur differens points de morale, et en particulier r sur le milieu, moi abstrait de convention , par lequel r les Chinois entendent la conduite vertueuse par excel- r lence , et celte partie de la sagesse qui consiste à éviter r tous les excès. Celui qui sait bien lire le Tchoung- R Young ( le juste milieu ), dit Tchou-hi} trouve toujours r à y acquérir de nouvelles connaissances , gt quand U r Γ étudieroit toute sa vie, il ne saurait en épuiser le r contenu. Sans adopter entièrement ce jugement d’ua r lettré enthousiaste , je puis dire que le Tchaung-Young, r n’est pas indigne de Confucius dont il contient la doc- R trine, et s’il ne peut rien apprendre à des Européens r qui ont d’autres traités de morale plus méthodiques et r plus parfaits, il peut au moins assurer à Tseng-Tscu r une place à côté d’Epictètc et de Marc-Aurèle , avec r lesquels il serait même assez curieux de le comparera»
I/invariable milieu est divisé en chapitres qui contiennent des maximes de morale , des conseils pour se
LANGUES ORIENTALES. 7
eonduire au «ein de la eociété , ries modèle· à enivre pour régner sur ses paesions et dea -exemples de ttrtaB.
Afin d’éviler l’uniformité inséparable dea recueil· de ce genre, le philosophe chinois a rocours à la narration qui réveille l'attention en excilaDt la curiosité et à l'apostrophe qui anime le discours. Tantôt il s’adresse au lecteur dont il frappe l’imagination par des express ions rapides et figurées ou des images vives et fortes. Tantôt il raconta les conversations des sages , et ces fot ru es dramatiques donnent bien plus d’intérôi à l’eXposilion des principes de sa morale.
Mais pour l’intelligence dos citatione , il faut savoir es que le philosophe entend par invariab le milieu , en chinois Tchoung-Young. Le premier de ces mole indique ce (fui n'est pas dévié , corrompu , c’est-à-dire » cette loi universelle que l’auteur de la nature a gravée en caractère· ineffaçables dans la conscience de chaque homme , et qui nous montre le ô/en pour le Juive $ le mal pour Véri- ter. Le mot Young , signifie ce qui ne change pas , c’est- à-dire , que les lois delà morale sont invariables tomme la vertu et la vérité, les deux phis nobles attributs do la nature humaine. *. <
Je vais citer en entier le chapitre dixième de l'invariable milieu.
« Tseu-Lou consulta Koung-Tseu sur la force d’ame.
n Koung-Tseu lui dit : Est-ce de la force d’ame des » contrées méridionales» de ceüea du nord, ou de la vortu » que vous voulez parler. *
n Avoir de la capacité et de la douceur pour instruire t n n’êlre pas trop' sévère envers les criminels , voilà la n force d’ame des contrées méridionales , et c'est à elles w que s'attachent les sages.

" Coucher sur.le fer et les peaux de bêtes , savoir » mourir sans peine, voilà la force d’ame des pays du » nord,.et c’est à cela que s’attachent les braves.

» Mais quelle force que cello du sage qui sait vivre en n paix avec les hommes , sans avoir la mobilité de l’eau , » et rester au milieu d’eux ferme et incorruptible. Quelle
MERCURE ETRANGER.
n tòrce que celle du’sage qui lorsque son pays est fiori»— >» sant el bien gouverné, sait ue pas se laisser corrompre
son pays est sans
w lois et sans vertus , sait être immuable jusqu'à la w mort. »
Ces distinctions aussi ingénieuses que vraies entre la force d’ame des peuples dû nord et celle des peuples du midi 9 prouve que le philosophe chinois avait observé jusqu’à quel point les hommes sont soumis à L’influence des climats. Mais la peinture de la force d’ame du sage est sublime , et jamais fecole de Zenon plus renommée par la sévérité de quelques-uns de ses principes , que par la pureté de L'ensemble de sa doctrine , n'a prêché uno morale plus austère.
On sent en lisant le philosophe chinois que ses principes sont gravés dans son coeur, au lieu que les disciples de Zénon ne furent pour la plupart que des charlatans de
en pratiquer aucune. ..
« Celui qui est sincère et attentif à ne rien faire aux » autres de ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fît , n’est
w qu’il ne le fasse pas lui-même aux entres.«
Celte maxime qui n’est que l’expression du cri de la conscience , se trouve chez tous les législateurs-moral isles de l’antiquité. Ne. fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas. qu* on te fit. Fais aux autres ce que tu voudrais qui te fut fait, ont dit les plus célèbres d’entre eux ; mais il semble qu’ils n’ont rien vil au-delà. Le philosophe chinois va phis’loin en disant s ■ celui qui ne fait pas ri autrui ce qu'il ne voudrait pas qu’on lui fît n’est pas loin de la loi ύ c’est-à-dire, de ce qui est copforme à la nature ou à Fordre établi par le ciel. Or, la perfection consiste xlans l’entière observation de cellp loi qui ne peut varier de F épaisseur d’un cheveu. Ainsi l’homme qui agit envers •on prochain comme il voudrait que son prochain agît envers lui est très-voisin de la perfection t mais n'est pas encore parfait.
LANGUES ORIENTALES. 9
Une semblable morale cet bien sévère , et le philosophe chi Dois, quia parcouru la route de la sagesse et de la perfection, est le meilleur guide à suivre pour parvenir au terme où il est arrivé. Ecoutons son expérience.
•»Le sage preud le chemin de la vertu et le parcourt w sans s’arrêter; il dirige ses passions vers le but où il n aspire, et il supporte les peines , la douleur, l'adversité n et la persécution, avec force dame; il est sans orgueil w au sommet des grandeurs et sans bassesse dans la w pauvreté. Il connaît les devoirs que lui imposent sa μ qualité de membre d’une famille , et il est bon fils , bou w époux, bon père ; il méditesur les principes des gouverne- w mens, et Tétai n’apasdemeilleurcitoyen. S’iln’outrepassc j» pas la voie de la vertu, il ne reste jamais en arrière , et w il sacrifie tout pour atteindre Finvariable milieu, qu’il
*
est plus difficile de garder, que de gouverner les empires w ou de fouler aux pieds les épées nues. Lorsqu’il est w parvenu à saisir une vertu , il s’y attache avec opinià- « treté, la renferme dans son coeur, et ne la perd plus : « mais avant tout, il doit beaucoup apprendre, soigneu- » semeut interroger, méditer avec respect, distinguer avec j» clarté, agir avec solidité. Il se comporte toujours con-

venablement à son état, et ue désire pas ce qui lui est
*
étranger. L’union règne dans sa famille, et ses heureux w parens jouissent de sa piété. Comme il ne se relâche λ jamais, sa vertu est durable ; personne ne le hait, car il » n’apporte du dommage à personne. Il veille contiuuel- « lement sur lui ; il est l’objet des louanges éternelles, et » son nom se répand au loin. Soit qu’il parle , soit qu’il se

taise, sa sincérité ne l’abandonne pas. Il donne tout« b son attention à ce qu’il n’y ait rien sous son toit qui » puisse le faire rougir. Il éclaire les autres par son » exemple. Ses vertus se montrent par des aclious, et non b par des paroles. Il hait le faste, et l’éclat des ornemens , -b et c’est en suivant les conseils et les exemples des sages » qui font précédé, qu’il parvient à la perfection par w laquelle il est conduit à V intelligence des choseset » alors on dit en parlant de lui : Louange ci amour à
io MERCURE ETRANGER.
» l'homme vertueuxi gloire! gloire à sa vertu! il rend » aux peuples , il rené aux hommes ce qui est ci eûx : » efesi du ciel qu’il tient ses richesses : ses ordres sont yt pour conserver et pour protéger, et le ciel redouble de 9 bienfaits (l). "
Tel est le précis de la doctrine de Y invariable milieu > Tundes plus beaux monumensde la philosophie humaine» car l’évangile n’a pas été écrit par la main des hommes. Il «si le premier des livres, pour un peuple dont la civili*· sation remontant aux premiere âges du monde» a toujours conservé ses formes primitives ; pour on peuple qui depui» plus de trois mille aus est soumis a»rx mêmes institi!- trous, et obéit à des lois dictées par la sagesse et. 1» connaissance de l'homme, de ses devoirs et de ses droits». Elles ont triomphé du teme et des révolutions politiques. De grandes nations que les Chioois virent naître, ont disparu de la terre depuis plusieurs siècles; les lois da Lycurgue , de Solon , do Numa n’existent plus, et la législation chinoise ne s’est poiot altérée , parco que la moral? en est h base-
C’est en vain que les Tartarea ont plusieurs fois soumis la Chine ; le fer et les ravages des conquérant ont opéré HD changement de dynastie sans altérer la constitutio» de TEmpire, et les vainqueurs bientôt civilisés se sont soumis aux lois des vaincus. Ces événemens, dont l’histoire seule de la Chino offre l’exemple, attestent le pouvoir de la morale,* meme sur les peuples les plus barbares; et les soldats de Geogis~K.an devenus disciples de Confucius offrent le plus étonnant de tous le9 spectacles.
On doit cependant reprocher aux philosophes chinois» d'avoir séparé la morale des idées religieuses qui parlent à h sensibilité, lorsqu’elle parle à la conscience. Mais ils l’ont trouvée toute entière dans les rapports qui unissent Tlmmme à l’homme, dans nos passions, dans nos besoins^
(I) Cet exposé »’est point une citation; je crois nécessaire avertir le lecteur. pour qu'il n’attrihuepas àM. de Réqjujat les fautes <£ui pourraient m'être échappées.
LANGUES ORIENTALES. ·η dans ces intérêI» divers sana cesse armés l’un contre l'autre, et que la nature force à 1er rallier pour former l’interet général des sociétés.
Je suis bien loin en parlaci ainsi de prétendre que l’accusation faite aux philosophes chinois de ne pas reconnaître une cause première} ait quelque fondement. On ne peut nier malheureusement qu’iln’exisle des athées systématiques dans les diverses classes de la société, mais il serait absurde de prétendre qu’il se trouve no Etat d<».nt le premier ordre lasse profession $ athéisme. Celte doctrine insensée et perverse appartient ö quelques particuliers et non pas à de grande» corporations. Il suffit qu’un peuple ait une morale pour qu’on ne puisse l'accuser d'athéisme, car elle dérive nécessairement du principe social et démontré de l’existence d’un dieu surveillant , protecteur, rémunérateur et vengeur. Lç sentiment intime de toutes les nations a proclamé son existence, et si celle idée sublime qui naît avec l’homme et $c développe ep lui à mesure que se» facultés acquièrent plus de développement, perd trop souvent sa pureté primitive, on doit en accuser le desputisrne et la superstition.
Les lettrés chinois ont un des plus beaux codes d^ morale, donc ils reconnaissent up dieu. Ecur athéisme et leur matérialisme prétendus son/ des sottises bonnes seulement pour le Dictionnaire de Silva in Maréchal ou pour ^'Encyclopédie de Naigeop.
La traduction de Confucius par Μ. de Rémusat, est une de c«s entreprises faites pour honorer Ihomme qui a osé la concevoir et l’exécuter. Elle mérite (es plus grands cncouragemens , parce qu’elle sefQ doublement utile , d’abord en nous faisant connaît^ qp bon livre, ensuite en offrant aux savans une édition du texte chinois , accompagné de In version littérale d’un sinologue dont les plus habiles reconnaissent les lumières , les talons et l’érudition.
L. A. Μ. Boubgeat , membre de la Société Philotechnique Λ de celle des Antiquaires de France, de Γ Académie de Grenoble, etc.
ία
MERCURE ETRANGER.
LITTÉRATURE GRECQUE MODERNE.
Π<ρ&χάρι Διομν&αίόζ. — La DiomÎDTADE, Poeme épique de Μ. Michel Perdicaris. — ( Fragment. )
' ( DEUXIÈME ARTICLE. )
Novs nous sommes arrêtés dans le premier article au moment où Vénus, escortée par les monstres marins, entre dans le palais de Neptune. Nous allons donner la discription que le poète grec fait de ce palais.
» L’architecture du palais était parfaite. La noblesse du » style relevait la richesse et la beauté de la matière. Les w pierres étaient unies et adaptées régulièrement les unes • w aux autres, et manant avec goût leurs séduisantes cou- *» leurs, elles représentaient, tantôt les fleurs de nos jar- » dins, tantôt ces astres éclatons qui promènent dans les » cieux leurs globes de lumière. Des colonnes élégantes, w rangées par ordre at artislemenl façonnées soutenaient n un dôme majestueux, tout rayonnant d’or et d’argent , w et dont la vue était aussi magnifique que la description μ en est difficile. Là brillaient confondus le porphyre , le » topase, le corail, l’hyacinthe, les diamans, les éme- λ raudes et les perles. Tel était le séjour de Neptune. « C’est-là qu’environné des attributs de sa dignité, il te- » naît à la main , son trident , sceptre redoutable qui * commande aux flots , dompte leur fureur et les relient » dans ces bornes insurmontables, sans lesquelles ih en- μ vahiraient la terre , ou menaceraient l’OIympe lui- n même, n
Il ny a rien iei de neuf. L’imitation esttrop manifeste pour ne pas être reconnue. Ovide a fourni quelque chose de la description du temple d’Apollon,
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LANGUES ORIENTALES.
Regia solis trat sublimibus alta columnis.
Materiam superabat opus. .................................
et Μ. Perdicaris s’est trop ressouvenu de Virgile,
........................« . . . Celsa sedet aroltis arce Sceptra tenens, mollit gite animos , </ temperat iras ,
Je ne prétends pas, je le répète, excuser ou blâmer ces nombreuses imitations , qui pourraient passer pour des traductions, et qui ne laissent plus à celui qui les fait que le mérite d’habiller en vers grecs des idées et des images qu’il a empruntées à des poètes étrangers; mais elles prouvent , en faveur des Grecs , de ces hommes malheureux, soumis À la farouche domination des Turcs, et que des voyageurs légers nous ont peints injustement comme avilis et trop dégénérés , qu’ils sont moins éloignés qu’on ne le pense de leur premier état, et qu’ils n’ont pas entièrement perdu la trace de cette antique poésie , de cette saine littérature que les anciens ont transmises. Tous les bons auteurs grecs et latins sont actuellement lus, traduits et commentés dans les gymnases d’Asie; les écrivains européens ne sont pas exclus de cet hoaueur. Je citerai, entre autres, notre Télémaque, qui est traduit et fort répandu en Grèce. C’est en étudiant ainsi les bons modèles, en les imitant, en les copiant même, que les Grecs modernes ramènent leur littérature à sa beauté première et répandent dans leurs écrits cette sagesse de conception , ce goût qui sont le fruit des principes puisés λ l’école de l’antiquité.
» Vénus s’avance près du dieu. Sa voix est douce, son n oeil est languissant. Un certain ait de tristesse répandu » sur elle , prête un nouvel intérêt à sa beauté : son sein » à demi nu trahit, non sans intention, les charmes les » plus irrésistibles.
4 MÈRCBRE ËTRANGEft.
h Neptune, lui dit-clle, je viens implorer too secours; *■ c’est co toi seul que repose maintenant mon espoiT.
*
Depuis loDg-tcms , je le l'avoue , je me suis adressée
*
aux autres dieux, ils m’ont cruellement refusé leur ap- » pui. Mars hli-même , doot je craignais d’éveiller les r soupçons ou la jalousie en allant porter ailleurs mes w prières. Mars est sourd à ma voix, et soit faiblesse, R soit perfidie, l’ingrat m’abandonne. Je n’ai plus d’es- » poir qu’en toi, daigae m’açççrder ce que je te demande, R et désormais unie à loi par les liens de la reconuais- R sance , je te sacrifie sans regret un rival indigne de ma R tendresse. Cet ennemi commun des dieux, ce mortel » insolent qui brave mon courroux, le fils de Tydée tra- R verse aujourd’hui tranquillement ton liquide empire. R Tu connais le sujet de ma haine ; tant que Diomède » respire, mon coeur, rongé de chagrins , brûle à la fois « de dépit et de rage. O Neptune, exauce ma prière! R entr’ouvre tes noirs abîmes, submerge sans pitié les r vaisseaux qui portent ce traître ; que lui-même frappé r expire en implorant mon secours, ma pitié , et roule » englouti sous les flots. Voilà ce que je te demande, n mon coeur sera le prix du service que j’attends de toi. »
Quelque ressemblance que ce passage oflïe avec celui oh Virgile amène Junon devant Eole, le poète grec a enchéri sur le poète latin , en ajoutant quelques nouveaux traits. Vénus s’adresse à Neptune , et mesurant sa reconnaissance sur le rang de son bienfaiteur, attache un prix bien flatteur au service qu’elle attend. Neptune est trop faible devant la déesse de la beauté , qui se montre à lui sous les dehors les plus séduisans, pour résister à ses prières , et Diomède sera sans doute une victime immolée aux soupirs et aux plaintes de Vénus.
R A la vue de celle belle suppliante , Neptune attendri R se sentit pénétré d’une joie qu’il ne put cacher; tout r dieu qu’il était, il s’appercut que les traits de l’Amour n bravaient sa puissance , et que son coeur n’était pas R à l'abri de leurs atteintes. Son visage sérieux s’adoucit
LANGUES ORIENTALES. i5
*
malgré lui , le sotlrire se répand sur ses lèvres r se· h regards plus dont se portent sur Vénus et lui décèleut λ le trouble qu'elle cause. Il s’approche d’elle» et pres- »» sant de sa main dure et velue le sein délicat <le cette » déesse, il l’embrasse tendrement et rouvre de baisers
*
tes yeux tout humides de pleurs. Cesse, lui dit-il, ô
*
ma bien-aimée , cesse de t’afliiger, calme tes chagrins, »» leur cause est légère, ordonne, je serai trop heureux de « fobéir. Voie ce trident, il ne m’appartient plus, je le w remets en tes mains , dispose de sa force et de la r mienne. Et pourrais-je voir , sans être ému , ton visage λ flétri par la douleur et les yeux baignés de larmes· ·» Quoi ! tu t’affligerais ainsi pour un faible mortel ; les h dieux te refusent leur appui , toi leur véritable sou· » veraine , toi qui' portes une couronne d’étoiles et qui
*
gouvernes en humbles esclaves les déesses les plut w fi è re s. Commande donc·, et tu es obéie ; j’enlr’ouvre à w ta voix rties gouffres les plus profonds.
*· Neptune lève*aussilôt son trident ,· et d’un ceup re^ » doulable frappe le vaste sein de la mer. Le· digue· λ puissantes qui tenaient les îlots captifs sont rompues· λ Les vagues écume Uses s’échappent avec furie, bondis- e sent les unes sur les autres et s'entrechoquent avec « <in fracas épouvantable· Tel du haut des monts, deux n lorrens destructeurs précipitent dans la prairie leur» r ondes tumultueuses , la mer fait entendre sa mugis-
*
»ante voix, et grondant en courroux sous l'écume n bouillante , soulève des îlots noirâtres qui montent , « retombent et se dérobent soirs d’autres flots. Tantôt r s’entassant en montagne audacieuse , ils s’élèvent jus- λ qu'aux deux 5 tantôt s’écroulant avec bruit , ils s’en-
*
foncent dans Pabîmeet découvrent* &* l’a*il‘effrayé les
w plus horribles profondeurs. . ’ . ·· · .· . . · ·
Ici se termine le fragment incomplet que je possède· Je demande pardon'aux lecteurs d’avoir cherché à éveiller lèdr curiosité pour lui fournir aussi peu d’aliment;
10 MERCURE ÉTRANGER.
j’ose croire cependant qu’ils n’ont pas vu sane intérêt ce que j’ai essayé de traduire, et qu’ils désireraient comme moi pouvoir lire en entier ce poème, qui s’annonce asse& favorablement. La versification en paraît belle, et sans avoir la prétention de m’ériger en connaisseur, j’ai trouvé des vers qui m’ont semblé parfaitement faits. Simples ,coulans dans les récits ordinaires, légers t gracieux dans les idées riantes, ils étaient énergiques, pleins, rapides lorsqu’ils exprimaient des sentimene de haine, de colère, ou des situations frappantes- Le passage de la tempête est digne d’Homère. L’auteur de la Diomédiadc f fixé en Orient, travaille encore, m’a-t-on dit , à son ouvrage, qui dort bientôt toucher à sa fin. Il est inutile de dire par quel hasard le fragment que j’en ai a traversé le Bosphore pour venir jusqu'à moi j les anecdotes particulières n’intéressent pas le public , et d’ailleurs il n’y a rien de très-piquant dans celle qui m'a procuré la Dio média de.
Je serais amené naturellement ici à faire quelques réflexions sur les Grecs modernes, leur langue , l’état actuel de leur littérature , à parler de ses beautés , de ses défauts , et à montrer la supériorité qu’elle peut avoir sur les autres langues orientales , supériorité que lui donne la mythologie ancienne , dont elle tire les plus fines allégories, les plus belles images , les plus gracieuses peintures, au lieu que l’arabe, le persan, le turc , privés de cette ressource, n’ont pour l’ordinaire que la poésie descriptive, dont le ressort étroit ne peut donner que des productions du second ordre, et se prête difficilement aux grandes conceptions du génie. Je pourrais aussi faire voir que le grec moderue , se rattachant essentiellement au grec ancien, ouvre aux littérateurs une carrière, sinon entièrement neuve , digne au moins , sous bien des titres, de leurs recherches et de leurs études. Mais ces observations seraient trop importantes pour figurer à la fin de mon petit article j elles méritent une plume savante et plus habile que la mienne. Espérons quelles seront un jour présentées par quelque laborieux helléniste , ou par
LANGUES · ORIENTALES. ij
le jeune cl savant professeur qqi s’est chargé de répandre) panni urnis la connaissance de sa langue maternelle » Al. Rhaxii, dont je me dis avec plaisir l’élève et Fami. . . . DuVAIz-DjWTAJ»·.
LANGUE PERSANE.
Gazkd, qu chanson érotique do S AD Y.
On , qu’il eßt parfait cet amant qui supporte les rigueur· de sa biep-aimée, e| qpi , par uu noble dévouement», sacrifie sa volonté à colle d© sa bien-aimée!
Si un amant véritable est en butte au| cruautés cl aaix dédains superbes de l’objet de son ?mour, il ne voit qnt la punition de ses fautes et y’aeçuse point sa bien-aiméo. t II ne convient pas de prendre une maîtresse pour se Ijvrer au délire turbulent de ses sens; moi, je réprimq mes impétueux désirs afin de me rendre digne de m& bien-aimée.
- J’ai appris que des arpaps s'étaient retirés dans le de-< sert, parce qu’ils ne pouvaient endurer ni les reprochas des hommes ui les caprices do leur bien-aimée.
Pour moi , jç ne dirige mes pas que vers les lieux oft demeure ma obarmante anpie; je ne pose ma tête que. sur les pieds chéris de ma bien-aimée.
O doux zéphir si tu traverses le riant séjour des esprits célestes, murmure autour de mon ancienne et tendre amie les voeux que forme pour elle son bien-aimé.
Chacun à Tenvi veut paraître dans les assemblées brillantes; mais Sady retiré dans l’angle de la solitude, étranger à tout le monde» ne connaît et ne désire que sa bien-aimée.
. Gazxl extrait de la vie des poètes persans par Daüxet Schah.
Dis-MOI, ma bieu-aimée , quel est le plus agité de la fortune ou des ondes de ta chevelure, ou de ma eitua- Tom, JH, — 18>4* 2
iS MERCURE ETRANGER.—LANG. ORIENT.
• lion ? le plus petit, d’un atôme ou de ta bouche, oti de mon coeur consurrié de douleur?
Quel est le plue noir, de ton coeur perfide ou de mi position, ou de la pelile tache qui orne ton visage? le plus doux , du miel ou de tes lèvres, ou de ma bouche qui verse les pierreries de l'éloquence?
Quel est le plus enchanteur, du collier des pléiades ou des perles , ou de tes dents? le plus élevé, de ta taille ou du cyprès, ou de mes paroles?
’ Quel est le plut ravissant, du charme de tes caresse# ou de mes tendres poésies ? le plus déchirant, de ton absence ou de mes accens plaintifs?
Quel est le plus brillant, du soleil ou de la lune, ou de mon esprit, ou de ton visage ? le plus inconstant, du ciel, de ton caractère, ou de ma situation?
Quel est le plus courbé , do mon dos ou de Tare da tes noirs sourcils? qu’est-ce qui varie le plus, de te# paroles on du vent, ou de mes espérances?
Quel est le plus fragile , de ma patience ou de la fidélité des belles, ou de la crainte que tu as de me déplaire? ta beauté est-elle plus grande que la douleur qui m’accable?
Qui fait couler le plus de sang, de les yeux ou de la fortune, ou du sabre de Schahfour? qui perce te coeur d’une manière plus cruelle, de ton regard ou de l’épée, ou de mon état déplorable?
Traduit dit persan par Gjllngxret di Lagrangc.
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LANGUE ANGLAISE.
Coup-d’oeil sur les Temples circulaires et les Eglises rondes, extrait d’un ouvrage anglais , intitulé : The architectural antiquities of great britaìn , by John- Britton.
La nature a gravé dans le coeur des hommes des notions de la divinité qu’ils portent toujours en eux dans quelqu’état de société ou de civilisation qu'ils se trouvent ; mais leurs manières de lui rendre hommage varient suivant que ce même état est plus ou moins avancé. L’histoire des premiers âges de ch’aque pays prouve cette vérité et nous montre que c’est toujours quelque stalueou quelqu’autre objet pluspropre encore à faire impression sur Les sens , qui reçoit d'abord les adorations des peuples. Rien n’est plus naturel 5 car comme les hommes dans l’étal d'ignorance ne reçoivent d'impressions que par les sens et qu’ils sont beaucoup plus frappés de ce qui parle à leurs organes que de tout ce qui s’adresse à leur entendement, les législateurs et les prêtres offrent aux hommages des nations naissantes , des figures symboliques pour leur rendre sensibles les objets métaphysiques qui sont au-dessus de leur portée. Parmi ces diverses figures le cercle est celle que les auteurs citent comme la plus ancienne, la plus mystique et la plus respectée: elle est le symbole de l'éternité et de l’infini. Les Hindous la représentaient par un serpent formant un rond, qu’ils ornaient d’ailes et qui était pour eux l’objet d’une profonde vénération. Les Egyptiens avaient aussipour symboles de la divinité un globe ailé, et un serpent qui sc mord la queue ; celle dernière
i
»e MERCURE ÉTRANGER.
figure se retrouve encore sur les portes des temples chinois.
Les temples circulaires les plus anciens que Ton connaisse , si même ce ne sont pas les premiers, sont ceux epe l’on appelle vulgairement druidiques (j). Ils n’of- firent que des masses informes de pierres disposées en cercles, et se composent d’une, de deux ou de quatre rangées circulaires de pierres brutes, mises de bout (i). 11 existe encore aujourd'hui plusieurs de ces temples dan* le pays de Galles, de Cornouailles, de Cumberland, en Ecosse , en Irlande et dans quelques autres îles dépendantes de la Grande-Bretagne , ainsi qu’en Bretagne , en Danemarck , etc. Ils varient en dimensions et en figures , mais les plus considérables en étendue et les plus reconnues sont ceux de Stonehenge ét d’Aveibury dans le Wiltshire. Le premier de ces deux temples jouit d’une célébrité extraordinaire. Le Second , quoique bâti sur un site et d’après un plan, bien plus étonnans, est rarement cité par les antiquaires et est même peu connu des Anglais (3). Au centre est dne rangée circulaire de pierres immenses, au nombre de cent , qu'environnent qu«’re autres cercles ; le tout ést fermé par un fossé profond et une espèce de retranchement assez élevé. Deux avenues divergentes ou plutôt une double rangée de pierres dressées partent du
■ (ï) Moyse en éleva. Voy. Exod.. chap. XXIV . ver. 4.
(2)
Le temple de Stonehenge est. je crois, le seul dans les îles Rrilanniques dont les pierres aient été taillées avec des instrument trancliaos ; ce qui a porté quelques antiquaires gallois à croire qu’il u’était pas d’une construction purement druidique.
(3)
Slnkeley a écrit sur ce temple une longue dissertation qu’il a publiée en 1743 « en un volume ju-folio , avec un grand nombre de gravures j mais ce livre rare et cher ne se trouve que dans les bibliothèques des curieux, et n'est lu par conséquent que d'un très- petit nombre de personnes.
LANGUE ANGLAISE. ‘ «
centre du tem^p et s'étendent chacune jusqu’à plus d’un mille de là, où elles «ont terminées par deux rangées de pierres disposées en ovale.
Le soleil, la lune et les autres astres ont été et sont même encore aujourd’hui l'objet du culte de plusieurs nations. La plupart ont choisi pour le lieu de leurs adorations le sommet des montagnes ou une enceinte fermée seulement d’un fossé , parcequ’il leur paraissait ridicule de confiner leurs hommages entre quatre murailles ; tandis que là le temple n’a d’autre voûte que celle des cieux et la vue d’autres bornes que celles de l’horison. Les Perses, les Scythes , les Numides , les Bythiniens, les Celtes ont, au rapport des écrivains , adopté oe noble système d’adoration; mais l’idée en est plus sublime que raisonnable : en effet si elle est praticable dans les pays méridionaux et sous un ciel pur et serein , on est forcé dans les contrées du nord, où l’empire de fair est presque toujours occupé par las orages , les neiges et les gelées , de se défendre contre Fin temperie xi es saisons et de se retirer dans des antres ou dans des temples consacrés au culte.
Selon Hérodote et Strabon c’est par les Egyptiens que fut -bâti le premier édifice régulier consacré à la religion ; cependant le tabernacle que Moïse éleva ,dans le désert et le superbe temple de Salomon sont encore plus anciens. Mais c’est assez nous occuper de ces idées- générales sur les temples, revenons à notre sujet et passons seulement en revue ceux qui sont bâtis sur un. plan circulaire (4).
’ ■ 1. ........................... 1
(4) Vitnive désigne le* temples rond« sous, les ooms de τη·ηορ- terat et de piripteral. Par le premier terme, il entend le« temple« qui n’ont ni murailles, ni chapelles, mais seulement une coupole soutenue sur des pilliers« et par le second, ceux qui sont formés d'une enceinte de murailles environnée de colonnes détachées.
33 MERCURE ETRANGER.
Quoique l’on puisse raisonnablem4^|| supposer que la Grèce dans ses beaux siècles d’architecture a dû offrir plusieurs modèles en ce genre, cependant on n'y connaît maintenant qu’un seul temple de cette forme. Il est à Athènes et se nomme le monument choragique de Lys is träte ; quoiqu'il soit de petite dimension, puisqu’il n’a pas plus de six pieds de diamètre, il est parfait dans ses proportions et remarquable par se· ornemens. il est d’ordre corinthien et a été bâti environ trois cents ans avant 1ère chrétienne, du tems de Démosthènes , d'Appelle et d’Alexandre-le-Grand. La tour des vents qui se trouve également à Athènes est bâtie en octogone.
Les Romains qui ne furent que les imitateurs des Grecs ont bâti beaucoup de temples tant Λ Rome que dans les provinces ; mais ce ne fut pas toujours antérieurement à la révolution , qui arriva sous Jules- César , époque à laquelle ils commencèrent seulement à produire quelque chose de remarquable dans les arts. Parmi leurs temples circulaires on cite les sui- vans.
Sur les bords du Tibre il y a un édifice rond , qui , selon l'opinion générale , dit Palladio , a été élevé par Numa Pompilius en l’honneur de la déesse Vesta. Hors des murs de Rome , près la porte Viminialis ( maintenant lu porte de Sai ale-Agnès ) on volt un temple circulaire dédié à Sainte-Agnès et qu’on suppose avoir été autrefois consacré à Bacchus (5). Sur la voie Ap- pienne , non loin de la porle Appia ( maintenant la porte de Saint-Sébastien ) on trouve encore les ruine* d’un bâtiment de forme ronde.
(5) Selon Palladio , lei temples de Bacebui et d· Vénui étaient loujowr» 41or4s hou d· l'fDcïibU ik·» rill<4- ·
LANGUE ANGLAISE. >3
. Les temples dédiés à Vesta étaient ordinairement circulaires. Plutarque remarque que Numa éleva, pour renfermer le feu sacré , un temple rond afin qu'il fût le symbole de l’univers. Ce temple de Vesta avait un Atrium et un bois sacré, proche la fontaine de Juterna. C'était dans la partie la plus secrotte de ce bois que l’on conservait le feu sacré que les vestales étaient chargées d’entretenir. A côté du palais d’Auguste il y a aussi un édifice d'une structure semblable que l’on appelle le temple de Vesta Palatina. On voit à Tivoli, près de la fameuse cascade d’Anio un autre temple .circulaire dédié à la déesse Vesta j il est quelquefois appelé le temple de la Sibylle Tiburtine. Il est d'ordre corinthien et très-vanté par les voyageurs. Il existe aussi à Home sur le mont Célian un vaste temple circulaire qui, suivant quelques écrivains, a été bâti par Claudius et qui était dédié au dieu Faune. Il se compose d’une muraille circulaire, qui enveloppe deux rangées de colonnes. Maintenant on l'appelle Saint- Etienne le rond z il a environ 190 pieds.de diamètre. Mais celui de tous les temples ronds qui est le plus célèbre , c’est le Panthéon à Rome. On croit commnuné- ment qu’il a été bâti par Marcus Agrippa τ pendant son troisième consulat, quoique Palladio pense que îa * partie circulaire de l’édifice , qui en forme le corps, ’ a été bâtie du tems de la république, et que le portique seul a été ajouté par Agrippa. It fut réparé en 609 et dédié pai· le pape Boniface IV à la Sainte-Vierge. To is ans après le pape Grégoire IV le consacra à tous les saints.
IL est bon de remarquer que tous les temples que nous venons de citer ont été originairement bâtis en “l’honneur des faux dieux (6) et que ce ne fut qu après
(4) U faudrait peut-être «a excepter l’église de Saint-Agafei, qui
*4 MERCORÈ ETRANGER.
avoir été consacrés à leur culte que quelques-uns d'entr’eux ont été convertis en églises chrétiennes, ainsi que beaucoup d’autres édifices semblables; parce qu’à mesure que la nouvelle doctrine étendtfit son heureuse -influence ,’ il fallait nécessairement fournir atik mî- 'nietres et à leufe prosélytes des temples où-ils pussent dignement célébrer leurs mystères, et auxquels on donna les noms d’églises et de basiliques. Mais après fla conversion de Constantin-le-Granâ , qui fut te pltis -puissant appui de la religion , les chrétiens, grâce à la libéralité de ce prince , virent s'élever en l'honneur de leur dieu des temples dont le nombre alla toujours croissant à mesure que l’Empéréur s’affermissnit davantage dans sa foi. Les églises d’Anfhioche, d’Alexart- drre, de Jérusalem, de Contantinople furent des mo- nurticns de la pieuse ostentation dece prfaçe et de l’ant- bition qu’il eut dans sa vieillesse d’égaler les plus célèbres travaux de l'antiquité. Enfin pendant les drdx siècles qui s’écoulèrent depuis le règne de Constantin -jusqu’à celui de Justiriien , dix-huit dents églises chrétiennes s’élevèrent sur la surface de TEmpiéë.
^Maintenant tournons nos regards vers les Iles Britanniques, où nous apercevrons briller à travers les ténèbres du paganisme les saintes clartés de la religion chrétienne. Au commencement du septième siècle, saint Austin ou Augustin fut envoyé de Rome avec quarante autres moines par Grégoire-le-Grand pour visiter l’Angleterre. Ce pape aussi zélé que sage leur recommanda sur-tout, « de ne point détruire les tem- n pies consacrés aux faux dieux ; mais d’en enlever
• · ■.
selon quelques écrivains, est, il est vrai, un ancien temple de
Bacchum; mais qui, selon d’ai) 1res , e été‘élevé· par Tempêreùr
ConslaDlio.
LANGUE ANGLAISE. *5
*
seulement les idoles, d’en purifier les murs avec de » l’eau bénite, d'y élever des a g telò, d'y déposer des » rèlique· et de les convertir ainsi en églises chrétien- n nés. n On ne sait pas très-bien quelles étaient la forme et l’étendue de ces temples; on suppose généralement que les premières églises saxonnes avaient la forme dim demi-cercle dont les extrémités regardaient l’Orient, Stukeley, en parlant des églises rondes, s’exprime d’une manière étrange. « Je pense, dit-il, que ce sont » les plus anciennes-églises de l’Angleterre et qu'elles μ ont été probablement bâties dans le dernier tema da » séjour des Romains, ou an moins dans le commen- ·» cement du règne des Saxons (7). » Comme cette opinion est rarement contredite, nous allons essayer de fixer avec qnelqu apparence de fondement et de raison l’origine , le caractère et le style des églises mondes de l’Angleterre. Elles forment parmi les anciens ‘édifices une classe particulière et rare , éminemment 'digne de l’attention des amateure de l'architecture ancienne. Leur origine en Angleterre a été long-teins ntliibuée aux Juifs, et cette opinion a prévalu à Cambridge, jusqu’à ce que Μ. Essex l’eût détruite par les i&bserVations historiques, qu’il publia dans le sixième colarne de VArchaotogta. « Leur temple de Jérusalem , » dit-il, n'était point circulaire, non plus que le taber- •3) nacle de Moïse, ët nous ne voyons pas que les Juifs ·» tnoderhes nient adopté^celle forme dans la construe- ··» lion de ‘leurs synagogues. Cependant on suppose
» généralement que l’église ronde de Cambridge, celle
*
-de Northampton et quelques -aulree -encore ont été n bâties par les Juifs pour leur servir de synagogues »'dans le tems où on leur permit de s’établir dans ces
(7j Tfintrariu/n^curioJum , p. 35.
*6 MERCURE ETRANGER.
» villes ; mais comme cette conjecture n’est appuyé· j» d'aucune raison solide, et qu’il parait encore certain » que les Juifs qui étaient à Cambridge avaient leur » synagogue , et demeuraient même tous ensemble , » dans le quartier de la ville appelé maintenant la i Juiverie, il me semble raisonnable de conclure de-là » que les églises rondes bâties dans les diverses parties ·» de ce royaume ne sont point des synagogues élevée· j> autrefois par les Juifs, quels que soient d'ailleurs le· » noms que Ton donne aux places qu'elles occupent (8). » JÜr, comme l’architecture de ces églises prouve quelle· n'ont pas plus été bâties par les Romains que par le· Juifs, il devient intéressant de découvrir quels en sont les véritables auteurs et quelle a été l'époque de keor construction.Les quatre plus beaux édifices enee genre qu’il y ait en Angleterre sont l’église du Sairtt-Sépulcre à Cambridge , celle du même nom à Northampton, l'église du Temple à Lonçhes, et une petite église à Litile Maplested dans le comté dEssex- Toutes ce· ^églises, ainsi qu'une qui se trouvait à Temple-Bruer et une autre à Aslackly, dans le comté de Lincoln, sont aujourd'hui généralement altiibuées aux templiers, qui les auront fait élever pendant le tems de leur puissance et de leur prospérité en Angleterre (9). Ce singulier ordre de chevaliers avait, comme l'on sait, pris naia- .•ance à l’ombre des murs de l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem et avait répandu de-là sa renommée par toute h terre. Cet édifice sacré était pour les saints chevaliers l'objet de la plus profonde vénération. Dans
(B) sircftaolopia, roi. VI, p. 166.
>(9) Les Templiers étaient établis dans plusieurs endroits de l’Angleterre « et ils avaient des teunples à Londres, à Cambridge , b Bristol, à Cantorberj, à Douvres , k Warwick., eie.
LANGUE ANGLAISE. η
leur enthousiasme, ils avaient attaché des vertus miraculeuses aux moindres pierres de ce temple, et ils avaient pensé que consacrer leurs vies λ sa défense était un sûr passeport pour le ciel. Aussi leur premier devoir était-il de protéger contre les Sarrasins les chrétiens qu> venaient en pèlerinage au tombeau du Sauveur. Cette origine des templiers, et ces institutions premières qui les attachaient à la conservation de l'église du Saint- Sépulcre fait conjecturer avec autant de raison que de vraisemblance qu’ils auront voulu imiter la construction de cet édifice sacré qui était rond, lorsque leur corapaw gniese sera répandue par la suije dans toute l'Europe, et qu’ils auront trouvé l’occasion d’élever quelque nouvelle église. On est persuadé maintenant que c’est ainsi qu’ont agi ceux qui étaient en Angleterre. L’histoire du tems prouve qu’ils avaient dans différens endroits du royaume des églises rondes, et que quclques-unesétaienl même consacrées au saint Sépulcre : peut-être la plus ancienne de toutes est-elle celle de Cambridge.
L. F.
• Revue de quelques ouvrages publiés récemment en Angleterre.
Avant de commencer celle Revue, il ne sera pas inalile de revenir encore, pendant quelques 'instans, snr let Calamités des Auteurs, ouvrage de Μ. d’Israeli, analysé dans le ΧΠ* np du Mercure Étranger.
On sail que cet écrivain a jugé utile de faire contraster avec la détresse de plusieurs gens de lettres, les Calamités d'une autre espèce que, malgré son opulence, Horace Walpole dût à son caractère et à ses prétentions au génie. Par malheur pour le noble auteur , Ics raisonnemens do Μ. d’Israeli sont appuyés sur des faits incontestables; mais comme il serait sans exemple que les opinions fus-
28 MERCURE ETRANGER.
sent unanimes sur le compte d’un écrivain et de ses ouvrages, Horace Walpole a trouvé un défenseur très-zélé· C’est un anonyme qui, dans une lettre signée H. R. el insérée dans quelques feuilles périodiques de Londres, ar? gumen te avec chaleur en faveur de Walpole. Le Chateau d'O Crante, ce roman qui, sans prétendre vouloir établir •entre les genres un rapprochement déplacé , est à ceux de Μ"* Radcliffe comme les tragédies de Maire! sont à celles de Corneille, parait à l’anonyme une production merveilleuse. Il passe bien condamnation sur l'insolent dédain que Walpole affectait envers les auteurs; mais il cherche A le justifier sur son défaut de générosité envers eux, en .assurant que l’on exigeait trop de lui. Ce qui ne prouve? •Tait pas que Walpole n’eût point cherché à concilier, comme an le lui a reproché, les jouissances de l’avarice avec La réputation honorable d’un protecteur des lettres et des arts. Au reste, cette lettre parait bien moins écrite •pour 'justifier Walpole que pour adresser à Μ. d’Israeli des critiques exprimées avec une extrême amertume. ‘Rien ue serait peut-être plus propre à démontrer que son livre a , comme on l’a dit dans l’analyse , uu mérite réel \ et jouit d’un véritable succès. Après avoir ainsi remarqué qu’il est en Angleterre, comme daus certains autres pays, des gens qui .« maigrissent de l’emboopoint d’autrui w .et que la critique y prend aussi quelquefois le ton du sarcasme, passons à la Revue qui doit nous occuper.
Effusion qf Fancy » etc. —■ Effusion de l'imagination ; σμ les Naissances de ΓAmitié, de Γ Affection et de la Sensibilité, par miss Mac aule y t Petit vel.ûn-8*.
Outre les idée« douces et aimables que présentent ces trois allégories , écrites en prose, mais d’un style élevé et presque poétique, elles se recommandent encore par l’in- •térêt que l’auteur ne peut manquer d’inspirer. Miss Macau ley donne sur elle-même, dans-sa préface , des détails qui lui auraient pu valoir le triste privilège d’obtenir une place dans l’ouvrage de Μ. d’Israeli. Elle était actrice-è
'LANGUE ANGLAISE.
Cork, lorsqu’en 1811, tes médecins lui ordonnèrent de renoncer pendant quelque tems à sa profession ; mois miss Me eau ley , toute malade quelle élajl, avait à soigner une soeur qui mourut dans ses bras, et une mère âgée et sans fortune. Elle résolut d’avoir recours à sa plume quoiqu’elle n’ignorât pas, comme elle le déclare exprès· •énient, que si les ouvrages de mérite finissent parfaire leur chemin, l’auteur qui n’a pas d’autres ressources, court risque de mourir avant qu’ils aient parcouru la dixième partie de la roule. Au reste, miss Ma eau ley, douée de (alens, comme actrice, et d’un caractère très-· recommandable, a reprisé Southampton avec un grand succès, l’exercice de sa profession. Ainsi, les partisans que sa préface et son livre ne peuvent manquer de kii avoir faits doivent être rassurés sur son sort.
Lives of the British Admirais> etc. — Vies des Amiraux: anglais;par Yorke. 3* volume.
. 11 contient l’histoire maritime d’Angleterre , depuis le règne de Charles Π jusqu'à la fia de celui de la reine Aune, et est orné d’un beau portrait de l’amiraL Montague, premier comte de Sandwich. Les deux autres volumes renfermaient ceux du vice-amiral Benbow et do sir Cloudesley Shovel.
The Yeary etc. — L'Ànnh , pothne j par le docteur Bidlake.
A en juger par un grand nombre de passages , et par la. dédicace que l’auteur adresse au docteur Hughes , un des chanoines résidons de Saint-Paul, le docteur Bidlake est encore un de ces écrivains dont on peut dire que « le malheur a passé par là. n Son poème, écrit en vers non rimes, est d’un style nerveux et semé de réflexions mélancoliques. On peut s’en convaincre par ces fragraens de son début.
μ Que d’étranges événemens verra l’année naissante ! * Que de plaisirs divers ! Qu· de chagrins cuisaas ! Que
3o MERCURE ÉTRANGER.
» d’espérances! Que de nouveaux désirs Mais qui
» peut dire, lorsque l’année encore enfant commence sa » carrière, combien de fois la triste et solennelle cloche da » la mort affligera nos oreilles, et nous parlera de veuves w en pleurs et d'orphelins exposés, sans nul asile, aux » orages de la vie. Tandis que des enfans pieux gémissent » sur l’irréparable perte de leurs parens , qu’ils soutien* w dront avec résignation , des amis regretteront leurs λ amis : plus de conversations agréables , ni d’épanche- » mens intimes. Mais combien l’amant se désolera plus « encore, lorsque la tombe renfermera l’objet de sa ten* n dresse ! Oh ! combien il est peu sage de délirer que lo * tems précipite sa marche, tandis qu’en avançant, il n nous dérobe quelques joies ; pourquoi souhaiter farri· « vée du lendemain, lorsque peut-être il nous arrachera n le bonheur que nous possédons! Hélas! quand sem- n blable à un fidèle intendant, le tems nous présente ses n comptes , il balance les gains par quelques pertes , et il n n’est pas de plaisir qui n’ait un chagrin pour associé (i). » Pendant les frimais de Thiver nous soupirons après les w chaleurs de l’été : cet été arrive, et nous prive de l’ami n qui, dans les soirées de l’hiver, nous faisait jouir auprès » dn feu, de sa conversation intéressante ou de son in- » nocente joie. »
Le docteur Bidlalte pourrait être plus gai ; mais on voit que son âme est belle , et qu’il mérite le nem de philosophe, si la philosophie, comme le prétendaient, quel- anciens doit être la méditation de la mort.
Taies t etc.— Contes parle révérend Georges Crabbe.
Voici encore un docteur, un poète, un moraliste ; mais sa poésie et sa morale sont moins sombres que celles
(i) Quelques lecteurs français n’aimeront peut-être pas cette métaphore singulière et mercantile; mais ces traits d’une physionomie originale et étrangère doivent être coDseryés dans ua recueil tel que celui-ci.
LANGUE ANGLAISE- 3ι
de son confrère. Μ. Crabbe cat un de ces observateur» •piritucls de l’homme en société , qui aiment à instruire en plaisantant, et pensent que pour corriger notre espèce (si toutefois la choie est possible), le ridicule vaut mieux que la dureté. Quand les censeurs de celte sorte ont, comme lui, un vrai talent, ila sont à peu près sûrs de captiver les suffrages des lecteurs. Aussi les joli» contes de Μ. Crabbe ont ils un grand succès chez ses compatriotes· 4
TFielt/è, etc. —Vie et administration du Cardinal Wolsey, ^arJohn Gall j un vol, in-40.
Μ. Galt est un de ces écrivains qui ayant cultivé avec soin un heureux naturel , peuvent s’exercer dans des genres différons, sans être taxés d’une trop grande présomption. A peine ses Voyages avaient-ils reçu un accueil favorable, qu’il s'est présenté comme historien aux regards du public. Il a de plus composé cinq tragédies. . Quant à la vie de Wolsey , il a , dit-il, eu la pensée de la composer parce que tout ce qu’il avait lu jusqu’ici, sur cet liomme fameux, ne lui avait pas paru le présenter eous son véritable aspect. Le choix du sujet est heureux pour un biographe, et peu d’hommes méritent mieux de fixer, si non l’intérêt, du moins l’attention que ce fila d’un boucher d’Ipswich, qui parvint à devenir prince de Fégïise et premier ministre d’un des plus redoutables mo- monarques dont l’histoire ait conservé le souvenir (Henri VIII). Μ. Galt n’a épargné ni soins ni recherches pour que son euvrage méritât d’être lu avec fruit , et il a retiré de ses travaux le prix qu’il devait en attendre, lap· probation et l’estime des gens éclairés.
An account, etc. — Aperçu politique et statistique de l'Irlande ; par Wakefield. Deux vol. in-40.
Quand il existe sur un pays un grand nombre d’ouvrages plus OU moins recommandables , l’écrivain qui arrive lo dernier n’a plus besoin que de posséder l’esprjt
3» MERCURE ETRANGER.
d’analyse et de soigner sa production pour se fiiire tiré avec intérêt. C’est le parti qu’a pris Μ. Wakefield, et, il a été attentif à ne rien négliger dans tin sujet qui se pré* sentait à lui sous une infinité d'aspects différent. Il a su de plus montrer une impartialité d’autant plus louable qu’on ne l’attendait peut-être pas d'un Anglais , écrivant sur l’Irlande. On en pourra juger d’après celle courte citation. Il donne des éloges aux protestane Irlandais, armés par ordre du gouvernement ; mais il ajoute : « dans » un vaste pays, tourmenté long-lems par le choc des λ opinions religieuses , quand une partie très-faible delà n population a le droit d’être armé, et que le reste est » ignominieusement privé de cet avantage , une telle * distinction ne sert qu’à augmenter le mécontentement « qui est déjà dans les esprits, et à établir une ligne do n séparation entre deux classes d’hommes que l’on devait μ instruire à se considérer comme n’en formant qu’une n seule n.
A historical tour, etc. — Voyage historique dans le Pembrokeshire ζ par Richard Fenton , écuyer. — Un vol. in-4·. ’
C’est la production d’un homme instruit , qui se bornant à décrire son pays natal, a eu l’attention de semer son récit d’anecdotes piquantes et de descriptions agréables.
Ä/CÄ/ , etc. — Psyché , poëme suivi de quelques pièces fugitives $ par M“c Henri Tighe. Un vol. in-8e.
M”*® Tighe est morte avant d’avoir pu jouir du succès qu’a obtenu son ouvrage. Elle a eu l’art de rajeunir au· tant qu’il se pouvait une allégorie si charmante et si connue , en Rempruntant rien aux nombreux imitateurs d’Apulée. Cat auteur lui-même n’a pas été servilement copié.
Temper, etc. — Le naturel, ou Scènes domestiques , par Miss Opie.
C’est un recueil de préceptes en action pour l’éducation des en fa ns. Miss Opie est persuadée, comme son
LANGUE ANGLAISE. 33
épigraphe l’annonce , qu’il faut modifier de bonne heure leur caractère ; et la plupart de ses exemples tendent à prouver la nécessité de celte conduit*.
Ce roman , qui offre de l’intérêt , et qui est tré s-moral, a été traduit récemment en français, et se trouve à Paria , chez Dentu, libraire r au Palais-Royal.
The accidents qf human life, etc. — Des aceidens de

Ja pie humaine , avec des conseils pour les prévenir ou en éviter les conséquences ; par Newton Basworlh , membre honoraire de la Société philosophique de

Londres. Un vol. in-12.
Un plaisant anglais e’était avisé de présenter sous un aspect comique ce qu’il appelait les miseres de la vie ( Μ. Newton Bosworth a pensé que celte matière pouvait et devait même être traitée sérieusement. Sans avoir au-

cune prétention littéraire , il n’a voulu qu’être utile. Il serait difficile do croire qu’au moment où l’on éprouve quelques-uns des accidens dont il fait l’énumération t Ton eût toujours la présence d’esprit d’y appliquer les remèdes qu’il indique; mais il en peut-être quelquefois ainsi; et c'en est assez pour recommander son livre. On reconnaîtra un véritable ami de l’humanité dans l’écrivain qui, ne se bornant pas à fournir aux hommes des moyens de défense contre les maux purement physiques , leur a enseig
sultani d’une excessive sensibilité. « Si ceux pour qui ces maux sont à craindre ne forment pas la plus grande partio de noire espèce, on ne niera pas du moins qu’ils n’ea soient la plus intéres^nte. Au reste, ceux que la lecture du livre de Μ. Newton Bosworth aurait pu trop afflige» par cette raison que des remèdes nombreux supposent .nécessairement des maladies également nombreuses, trouveront une sorte de consolation à parcourir l’ouvrage suivant.
né de plus à se précautionner « contre les maux ré-
Tom. J21.— 18>4· ·»
3
34 MERCURE ÉTRANGER.
The pleasures of human life. — Les Plaisirs de la vie humaine; par Anna Jane Wardill.
C’est la première production d'une jeune muse, qui l’a mise sous la protection de la princesse Charlotte de Galles. Ces diverses circonstances sont faites pour excite/* Tintérèr. Dans le premier de ses deux chants , Mn‘,p Wardill p as se en revue les plaisirs de l’enfance , cenx que promet la jeunesse , etc. , et n’oublie pas ceux que procure « le retour d'un amant n ; mais s’il y a jusque» là quelque chose d’un peu mondain dans ses tableaux , la morale et la religion reprennent tous leurs droits dans le second chant, aussi bien que la culture des sciences et la philantropie, l’auteur reconnaît qu’elles sont la source des plaisirs 4es plus purs et les plus durables. Une imagination brillante et une expression habituellement très- poétique caractérisent avantageusement la manière de Μ“· Wardill, pour qui un tel début doit être du plus heureux augure.
Sketches, etc.— Essais sur les moeurs, tes usages, les caractères, etc., des Ecossais j par Elisabeth Isabella Spence , auteur des Excursions d'été, eU. Deux vol» lu-ia.
Void encore une dame douée du talent de décrire , et jqui avant vil accueillir favorablement ce qu’elle avait jusque là publié , a entrepris de peindre toute une nation. Sa tâche eût été un peu forte , si elle ne s’était sagement •bornée à rendre compte de ce qui l’avaitplus spécialement drappée. Elle a pensé qu'après tant de descriptions et de remarques on pouvait encore dflb quelque chose sur i’Eoosse. Cette observation est juste et peut s’étendre à Ions les pa_ys j car l«s nuances , les particularités se renouvellent sans cesse; et de plus , chaque voyageur se place à UH point de vue différent. La manière dont Μ“· Spence juge le caractère des Ecossais f dans les diverses classe» de la Société donne du sien la meilleure idée. On
LANGUE ANGLAISE.
35
sent que sa plume n’eßt peint guidée par cet esprit de misantropìe et de pessimisme que Ton n'aime jamais à trouver chez les auteurs de son sexe.
An accunt, etc. — Description de la Côte-d'Or , en Afrique , avec une courte histoire de la Compagnie d'Afrique ; par Henri Meredith , écuyer , membre du conseil et gouverneur du fort Wiunebah. —* Un gros vol. in-#·. w
Il était impossible qu’un grand nombre des passages de ce livre présentassent rien de bien nouveau sur une partie de l’Afrique souvent observée et décrite , mais la situation où Μ. Meredith se trouvait placé lui permettait de donner quelques détails aussi curieux qu'authentiques sur le lieu de son séjour et ses environs. C’est ce qu’il a fait, .et ce dont il faut lui savoir gré. Au reste , il ne fait que confirmer tout ce que Ton savait déjà sur l'affreux caractère des Africains. A cel égard le passage suivant , que sa brièveté me porte i traduire , ne paraîtra que trop décisif.
R Dans quelques endroits il y a des sacrifices humains aux funérailles , et l’on choisit les victimes d’après le rang et la qualité du mort. En ιδσο, quand un roi d’Apollonia cessa de vivre , on immola chaque samedi un ou deux hommes , jusqu’au moment de la grande cérémonie funèbre 9 et elle n’eut lieu que six mois aprèssa mort. A cette occasion plus de cinquante personnes furent sacri« fiées 9 et on enferma dans sa fosse deux de ses plus jeunes femmes. Le dessus du »offre était souillé de sang humain, et Ton y voyait en même tems briller de la poudre d’or. On mit aussi dans la tombe beaucoup d’or et de riche» vêlemens n.
Dérogeant, pour une seule fois, et vu la singularité du fait , à ma coutume de ne m’occuper que d’ouvrages purement littéraires, je vais donner le titre d’uu pamplet <k 5x pages f imprimé à Londres. Le voici :
A Portraiture, etc. — Portrait dç l'hypocrisie t ou Rdcit
36 MERCURE ÉTRANGER.
de faits > appuyés de lettres et d’autres document J relatifs à la conduite et aux nombreux artifices du révérend Joseph N»t-gJe.
L’auteur de cette étrange productio π , somme celui qu’il accuse, de se défendre, et déclare que s’il ne parvient pas à se justifier , lui accusateur se félicitera d’avoir éclairé le public sur des actions qui n'en sont pas moins condamnables , parce que la loi ne peut les punir» Il faut avouer que l’Augletcrro est peut-être le seul pays qui puisse fournir des anecdotes de cette espèce j et que do pareils traits sont caractéristiques pour faire connaître les moeurs d’une nation.
Fauna Orcadensis , etc. — Histoire naturelle des quadrupèdes, oiseaux, reptiles et poissons des îles Orcades et Shetland ; par le révérend George Low , ministre d· Birsa et de Haray.
C’est aux savana à prononcer sur le mérite de cet ·η- Viage, dont l’auteur tf compté sir Joseph Banks au nombre des personnes qui s'intéressaient à ses travaux j mais foot homme doué de raison et d’équité peut reconnaître , sans être naturaliste, que Μ. Low a donné tous ses soins à ces observations continuées pendant 19 années de sa vie , et que les lieux dont il a décrit les productions naturelles , étant presque étrangers au reste de l’Europe et même à la Grande-Bretagne, son ouvrage n’en devient que plus précieux. Scs descriptions sont faites d’un ton simple et avec une exactitude vraiment consciencieuse j et quand l’occasion s’en présente , >1 ne manque pas de montrer un coeur compatissant. C’est ainsi qu’il intéresse ses lecteurs au sort des troupeaux qui errent dans ces îles. Poursuivis par les aigles et les corbeaux, souvent engloutis , en hiver, par les flots de la mer quand ils cherchent quelque nourriture sur ses bords, ils sont de . plus complètement abandonnés par les hommes qui ne daignent même pas leur ménager quelques abris pria de leurs demeures.
»
LANGUE ANGLAISE. 3;
Worte of Mis tris s Cowley. — OEuvres de A4“· Cowtey, Trois vol. in-8®.
L’auteur soutenait avantageusement un nom qui »’était pas sans gloire dans les fastes de la poésie anglaise, lorsque la mort l’a frappée. Estimée comme auteur dramatique Μ”* Coweley De s’est point montrée inférieure à elle-même, au jugement du public anglais, dans les poésies mêlées qui sont jointes ici A ses onze pièces de théâtre. En un mot elle est du très-petit nombre de poêles dont on peut présumer que lelcms accroîtra la réputation. Il est certain , du moins , que ses ouvrages offrent des pensées élevées, et uoe énergie d'expression fort remarquable.
Essays , etc. — Essais sur les sources des plaisirs que procurent les ouvrages de littérature. Deuxième édition.
Si l’auteur écrit sur une matière souvent traitée par de grands maîtres, du moia»'il ne s’écarte point de leur» principes. Horace, Longin , Quinlilien, Laharpc, Hughes Blair, etc. , ne le désavoueraient point, et s’il a les honneurs d’une seconde édition , tout prouve qu’il la mérite. Fidèle à suivre la marche adoptée par scs modèles, il appuie toujours ses préceptes sur des exemples bien choisis. Ainsi lorsqu’il parle de la terreur, il établit quo les poètes et les peintres ne peuvent parvenir à exciter co sentiment qu’en ayant soin de ne pas introduire dans leurs compositions trop de personnages principaux, etc.; aussitôt il cite le déluge de notre immortel Poussin. Il lui eût été impossible de rapporter en faveur do son opinion une autorité plus décisive.
A. J. Durdekt.
»
LANGUE' ALLEMANDE,
LEONORA.
Le petit peëme intitulé Léonora, par Μ. Burgher, poêle allemand , obtint, lorsqu’il parut, un succès prodigieux.
Μ. W. R. Spencer qui le traduisit en anglais , sut faire passer dans sa langue tous les charmes de l’original, et l'Angleterre partagea , pour cet ouvrage , l'enthousiasme de l’Allemagne.
C'est sur la version anglaise qu'a été faite la traduction que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. Elle est de Μ. de la Madeleine, fils , qui a bien voulu nous permettre d’en disposer dans le Mercure étranger.
I. Tourmentée par de tristes rêves, fruit de son malheureux atnowr, Léooora se levait avant l'aurore : « Combien, de tems seras-tu encore éloigné de moi, » mon Alfred?...... Est-ce la mort qui t'empêche de
» revenir, ou serais-tu assez injuste pour croire quelque » faux rapport sur ton amie? »
Depuis qu’Alfred, sous les drapeaux du Grand-Frédéric, avait, pour la première fois, affronté l'ennemi près des murs de Prague , Léonora désirait en vain des nouvelles de son amant. Rien n’adoucissait l'ennui des heures solitaires qu’elle passait dans les pleurs, et la vçix si prompte mais si souvent infidèle de la renommée, ne lui avait pas même appris les succès ou les malheurs de cet amant adoré. ·
IL Frédéric et sa redoutable rivale, également fatigués, venaient de faire cesser l’orage des combats. L'amitié joignait leurs mains désarmées et cherchait à guérir, par la paix f les blessure® encore sanglantes du
MERCURE ETRANGER.— LANG. ALLE. 39 »onde. Les chansons, les cris de joie, se mêlent au bruit des cymbale®. « Ils reviennent, ils reviennent cou- * verts de nouveaux lauriers. » Ces mots sont à l'en vi répétés de toutes parts ; et chaque guerrier, lassé de vaincre, ne songe plus qu’à orner de ses trophées la tranquille demeure que depuis long-tejjûs il brûlait de revoir.
r
III.
Tandis que le bonheur particulier de chaque famille produisait le bonheur général de la contrée, l’Amoor tressait des guirlandes de fleurs pour toutes ces têtes qu’avait déjà couronnées la Victoire. Combien d’époux, de fils, d’amans reçus avec trartsporl! Que de larmes de joie, que de baisers couvrent le brave! Malheureuse Léonora, tu es seule plongée dans la tristesse, tu n’as personne à qui prodiguer tes baisers et tes larmes.
IV.
Emportée par sa passion, elle court dans tous les rangs, interroge jusqu’au moindre soldat; mais personne n’a connu , même indirectement, le sort de l’intrépide Alfred. Quand elle eut en vain parcouru ces bataillons dont la joie ajoutait encore à sa douleur; hors d’elle-mème , elle arrache ses cheveux plus noirs que l’ébène , elle se roule sur la froide poussière , et s'abandonnant à un désespoir poussé jusqu'à la frénésie, elle tombe dans les plus affreuses convulsions.
V.
Sa mère toute effrayée se hâte de voler vers elle , la soutient dans ses bras affaiblis par l äge : « O Dieu , λ jette un oeil de miséricorde sur les chagrins de ma » fille, calme les craintes qui déchirent son coeur trop » fidèle. »
Leonora. — « Ah! ma mère, tout est fini!.... tout est » fini pour moi ! Je renonce au monde, aux plaisirs, à
4o MERCURE ETRANGER.
H
»l'espoir!.... Ton Dieu n’a plus de pitié de mes » peines !.... Oui !....«Oui ! je suis le malheur même ! >»
VI.
— La mère. — «Seigneur, écoute, écoute nous » avec bonté !... Mon enfant, adresse tes prières an » ciel! Il ne peut errer dans ses desseins; soumettons- » nous à ses volontés; Dieu nous envoyé des peines\ » mais Dieu les soulage. »
Leonora. — u A quoi sert de mettre sa confiance » dans le ciel? Dieu est injuste!.... Quel bien m’a-1-il » fait? Je lui ai adressé des prières lorsqu'elles pou- » vaient encore être exaucées; maintenant les prières » sont inutiles, Alfred n’est plus? »
VII.
— La mère. — « Ün père entend toujours les » cris de ses enfans dans leurs jours d’affliction. Tu » trouveras , au pied des autels , un adoucissement à » tes Cruelles soulfrances. »
Leonora. — <« O ma mère, rien ne peut calmer des n tourmens aussi déchirans que les miens! Qui pourrait » rendre le souffle de la vie à des cendres glacées. »
VIII.
— La mère. — «Mais, ma fille, peut-être dans » des pays lointains, oubliant ses premiers sermens , » ton parjure recherche d’autres noeuds, d'autres bai- » sers, une autre épouse!.... Abandonne l’infidèle; de » nouvelles amours ne lui feront point trouver le bon- n heur; et quand son corps sera rendu à la terre , les » maux que le perfide t’a causés déchireront son aine » par des supplices éternels. »
IX.
— Léokora. — « Je ne veux ni remède ni sou- « lagement à mes douleurs ! Je hais également et la » joie, et l’espoir, et la vie! mon espoir est la mort, » ma joie est la tombe!.... Que maudit soit le jour qui
LANGUE ALLEMANDE. . 4*
» me vit naître!.... Eteins, éteins-toi détestable flam- ji beau de ma vie! éteins-toi dans l’éternelle nuit de la >» mort !... Je ne connais plus d'autre dieu qu'Alfred !. . » c’est Alfred seul que ma voix défaillante invoque à » mon dernier soupir! »
X.
— La. mèrï. — n Grand Dieu , ne juge point ma » coupable fille; son coeur est innocent ; vois le trouhlp » de ses pensées , et pardonne ses blasphèmes!... ne la » frappe point de la mort du pécheur!... O mon en- » fant, oublie ton malheureux amour : pense au bon- » heur des élus, à la douce miséricorde de Dieu. Ton » ame trouvera dans le ciel un époux éternel et plein de » gloire. »
XI.
— Lêoxora. — « Oh ! ma mère , que me fait la » félicité des cieux! Oh! ma mère .’ ma mère! que me » fait Ten fer !.... Avec Alfred tout devient félicité pour » moi! l’enfer est pour moi par-tout où je ne suis pas » avec Alfred ! Laisse, laisse descendre dans la pai- » sible tombe ce coeur déchiré et ces yeux voués aux » larmes!.... Mon amour pouvait seul me rendre heurt reuse; sans lui, ni le ciel, ni la terre ne peuvent plus a m’oflïir de bonheur! »
XII.
C’est ainsi qu’égarés par le démon du désespoir, ses esprits déréglés sont en. proie à la plus noire folie. C'est ainsi que par d’impies clameurs elle ose condamner l’éternelle sagesse. Ses mains cruelles frappent, déchirent son sein d'albâtre, jusqu’à ce que le soleil,, dans un char de lumière , sc précipite vers l’occident et laisse la nuit, comme une veuve désolée , s'envelopper d’un, manteau lugubre , que d’innombrables étoiles viennent parsemer de diamans.
XIII.
Ecoulons!.... Sous les efforts d'un destrier fougueux, qui sé cabre ayee orgueil, la porte ébranlée
43 MERCURE ETRANGER.
crie et résiste à peine.... Un cavalier descend.... On entend le bruit de ses armes...· Qui peut-il être?...* Mais écoutons?.... Il agite la cloche..·, elle rend de faibles sons; et bientôt la brise de la nuit, avec un léger murmure, apporte à Léon ora ces paroles consolantes :
XIV.
u Ma femme! mon amie! Léonora! veilles-tu, n ou serais-tu plongée dans les bras du sommeil?.... n Ton coeur entend-il encore mes voeux?..·. Léonora n est-elle consumée de douleur, ou s’abandonne-t-elle » à la joie? n
Léonora. — « Alfred ! est-ce toi !... Mes yeux , bai- » gnés de larmes brûlantes , sont, depuis ton départ, » privés de tout repos!... Oui, la crainte, le malheur, » ont toujours plané sur ma tête !... Ah ! pourquoi tant » différer ton retour , que hâtaient sans cesse mes n désirs? »
XV.
— Alfred. — « L’obscurité de la nuit pouvait » seule favoriser notre voyage. Je viens des champs » de la lointaine Prague , et le jour avait déjà éteint son » flambeau avant que j’eusse obtenu ce noir palefroi » qui doit à l’instant porter chez moi mon amante. »
Léonora. — « O mon Alfred , repose-toi d’abord ici. j) Un vent froid rugit dans les vallées et dans les bois. » Vieni délasser sur un lit, que te préparent la joie » et les amours , tes membres fatigués par les com- » bats. »»
XVI.
—Altbed. — « Que nous fait le rugissement » des vents, mon amie? Nous ne pouvons nous arrê-
ter. Mon ardent coursier brûle d’être parti. Tout » est prêt î monte sans crainte ; ton amant sera ton sûr » défenseur. Notre voyage doit être terminé avant que » la lune ait achevé son cours, et cependant nous
LANGUE ALLEMANDE. ’ 43'
» avons un espace immense à parcourir pour atteindre n notre lit nuptial, λ

.XVII. — Lkqnqra. — « Γη espace immense!.... Il » est si tard, l'obscurité est si profonde!.... La cloche » vient de faire retentir onze fois ses sons argentins. »
• ·
Alfred. — « La lune nous prête sa clarté secourable ; » nous devons profiler de la nuit; elle hâte sa marche, b pressons notre départ. Quelque long , quelqu’etTi ayant b que soit le trajet , il finira sans que le soleil fait » éclairé de ses premiers rayons. »
XVIII. —Leonora. — « Où veux-tu donc me con- » duire ?»
Alfred. — « Dans ma nouvelle et solitaire demeure. » Nous y jouirons ensemble d’une éternelle paix. »
. Leonora. — « A-t-on pris soin d’y réserver une place » pouT ton épouse? »
Alfred. — « Oui ! oui ! ta plate y est marquée. » Fartons ! Les fêtes qu’on nous destine sont déjà » prêtes, quoique préparées par des mains peu exer- » cées à un semblable emploi. »
, Léobora. — « Mais quels témoins doivent présider » à la solennité de notre heureuse union? »
Alfred. — « Ils nous attendent, et jamais hyménée » n’en eut de pareils. »
XIX. Léonora était presque nue, ses cheveux en désordre tombaient par longues tresses sur son sein , qui n’avait point d’autre voile ; cependant le confiant amour l’emporte sur la crainte. Elle saute légèrement sur le bondissant coursier, qui part avec la rapidité du vent. La terre tremble sous scs pas , dont on entend au loin le bruit. Ils font jaillir des tourbillons de pous-
44 MERCURE ETRANGER.
sière , de pierres , d’étincelles. Le cavalier et le cheval, tout haletans, peuvent à peine respirer (i).
XX.
Avec quelle promptitude les collines et les plaines semblent fuir derrière eux ! Rien ne peut arrêter le fougueux destrier. Les barrières, les ponts, les rochers cèdent, avec fracas, à son impétuosité.
Alfred. — « As-tu peur , mon amie ?...... Hâtons-
» nous : la lune brille encore de tout son éclat; mais » bientôt les morts, échappés des tombeaux, vont y R rentrer effrayés par l’approche du jour. Leurs mânes » errans t’inspirent-ils de l’effroi? »
Léonora. — « Non, Alfred, non ! cependant, je » t’en conjure, ne parle pas des morts. »
XXI.
Quels cris longs et sinistres font entendre ces
corbeaux!............ La cloche des morts retentit, et
l’hymne funèbre répète : « Mortel, tu n’es que pou*- » sière ; rentre dang la poussière dont tu fus tiré. »
Une pompe funéraire paraît, et la sombre lueur de ses torches , loin de dissiper l’obscurité, ajoute encore à son horreur. Portant un froid cercueil, des prêtres s’avancent d’un pas lent et mesuré sur leurs chants lugubres , plus tristes mille fois que les plus frisisi accens des oiseaux de nuit.
XXII.
— Alfred. — « Tandis que vos voix ùppo- » santés nous répètent que nous ne sommes que pous- » sière et que nous devons rentrer dans la poussière; » tandis que la nuit répand la rosée de ses pleurs sur i> les tombes des morts; moi je conduis vers mon Lit
(i) Cette phrase et celle qui est relative aux apparitions dee mona, se trouvent répétées ici plus d'une fois. £Ues reviennent de même dans le texto anglais j dont on n’a pas dû s'écarter.
LANGUE ALLEMANDE. 45
» nqpîial la plus belle , la plus parfaite des femmes. » Approchez-vous , musiciens des tombeaux ; venez, » prêtres , venez bénir nos éternels noeuds ; et avant » que nos têtes reposent sur l’oreiller qui les attend , » célébrez du moins notre union par vos accords plain- » tifs et vos soupirs.»
ΧΧΙΠ. Les prêtres, le cercueil, tout a disparu, et l’hymne funèbre se perd insensiblement dans les échos les plus éloignés.
Bientôt la marche rapide d’êtres invisibles vient exciter encore l’ardeur du bondissant coursier, qui vole avec la rapidité du vent. La terre tremble sous ses pas , dont on entend au loin le bruit. Ils font jaillir des tourbillons de poussière t de pierres, d’étincelles. Le cavalier et le cheval , tout haie tans, peuvent à peine respirer.

XXIV.
Les montagnes et les forêts , les villes , les villages et les châteaux disparaissent aux yeux de Léo- nora avec une rapidité que ne peut plus soutenir sa vue fatiguée.
Alfred. — « As-tu peur , mon amie?..... Hâtons-
» nous : la lune brille encore de tout son éclat ; mais » bientôt les morts , échappés des tombeaux , vont y 5» rentrer, effrayés par l'approche du jour. Leurs mânes *» errans t'inspirent-ils de l’effroi? »
Léonora. — «Ah ! laisse, laisse en paix les morts?»
XXV.
Au milieu de ccs herbes sauvages toutes dégoûtantes de sang , voyez cette roue présenter ses pointes encore fumantes aux cadavres sans sépulture des meurtriers qui viennent d y expier tant de forfaits. Leurs fantômes hideux forment à l’entour d effroyables
46 MERCURE ETRANGER. ‘
danses , auxquelles la lune , à moitié voilée f prête avte peine son pâle flambeau.
Alfred. — « Venez , spectres effrayans des coupa- >» blés ! venez tous ! suivez-nous ! vos horribles jeux n nous serviront de fêtes avant que nous soyons cou- » chés sur notre lit nuptial ! »
XXVI. Les fantômes s’empresssant d'obéir à $a voix , l’entourent de tous côtés. Leurs pieds ne laissent aucune trace , et font entendre seulement un bruissement sourd, semblable à celui des vents d'automne qui frappent de leurs coups redoublés les chênes et les hêtres dépouillés de verdure. Le coursier vole avec la rapidité de l'éclair. La terre tremble sous ses pas, dont on entend au loin le bruit. Ils font jaillir des tourbillons de pouseière, de pierres , d’étincelles. Le cavalier et le cheval, tout haletans, peuvent à peine respirer.

XXVII. — Pour Alfred et son amante l'astTe des nuits éclaire sans cesse de nouvelles scènes. Les montagnes succèdent aux montagnes, et fuient à leur tour; les forêts succèdent aux forêts , et même les étoiles qui couvrent le firmament semblent changer de cours et se précipiter vers l’orient qui les vit naître.
At.tred.— «As-tu peur, mon amie 2... hâtons-nous! » La lune brille encore de tout son éclat ; mais bientôt » les morts, échappés des tombeaux, vont y rentrer » effrayés par l'approche du jour. Leurs mânes errans » linspirent-ils de l'effroi n?
Léonora. — « Oh ! Dieu ! Alfred , laisse , laisse les n morts ! n
XXVIII. —Alfred. — « Coursier, bouillant cour- » sier, j’entends les cris perçans de l’oiseau de Mars ! Ils
LANGUE ALLEMANDE. 4?
λ nous apprennent que nous touchons au terme de nos .» fatigues. Coursier, bouillant coursier , les vents lé- » gers, précurseurs de l’aurore, nous annoncent déjà -»» son approche. Redouble tes efforts ! ses feux ne doi· » vent point éclairecoìótre voyage.. Mais il est achevé !.. » notre carrière est parcourue !... le lit nuptial attend » l’épousée !... Celte nuit les morts se sont hâtés de « rentrer dans leurs tombeaux !.... Ici ! ici finissent » toutes nos courses nocturnes ! »

XXIX.
L’ardent destrier s’élance avec impétuosité contre une grille massive qui s’opposait à son passage. J /C choc effroyable fait voler en éclats et les barreaux, et la porte , et les murs. Tout cède et tombe en ruines avec un affreux sifflement... Quel spectacle horrible !... A travers des sentiers jonchés d’os et de crânes que le tems n’a point encore entièrement dépouillés, une foule de fantômes effrayans enveloppés de linceuls , erre lentement en poussant des cris lamentables !... De tous côtés les rayons sangla ns de la lune n’éclairent de leur sinistre clarté que des fosses et des tombes.
XXX.
Tout-à-coup d’épais nuages viennent augmenter l’obscurité. Le-merveilleux cavalier change de forme;sa chair tombe par lambeaux, qui tombent eux- mêmes en poussière , comme un bois que le feu réduit en cendres. Sans yeux , sans paupières , dépouillée de tous ses agrémens, sa tête devient un crâne décharné; et ce corps, jadis si charmant, n'est plus qu’un squelette hideux : un dard terrible brille dans ses mains.
XXXI.
Le cheval fantastique souffle avec furie, et de ses narines sortent en abondance des flammes bleuâtres ; il secoue sa crinière hérissée,, frappe la terre qui s entiouvc sous ses pas et l’engloutit. Des esprits infera
4» MERCURE ETRANGER.—LANG. ALLE, nauxamoncèlent, agitent les nues... elles se déchirent.·· La foudre éclate de toutes parts... Les morts ébranlant leurs tombes poussent d’affreux hurlemens, et le coeur de Léonora, déchiré par le dard de la mort, palpite déjà tout sanglant au bout de ce fer terrible.
XXXII. A l’ombre des nuages qui éclipsent la lune, une troupe de spectres , de fantômes, de démons , se rassemble et danse en chantant autour de Leonora expirante. Leurs 3pcens effrayans font entendre cette auguste leçon : « Mortel, quelles que soient tes souf- » Frances , soumets-toi avec résignation s il ne t’appar- » tient pas de blâmer les décrets de la providence !.... » Maintenant, ülle criminelle , tu nés plus qu’une » froide poussière ! La terre s’ouvre pour te recevoir « dans son sein ; mais le ciel, touché de tes maux , u s’ouvre aussi pour recevoir ton ame. »
LANGUES DU NORD.
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Traits remarquables de la vie et du règne de Gustavi
• Was a , roi de Suède, tirés des écrivains nationaux,
Gustave Wasa , ou Gustave Ipr, fui un des plus grands hommes du seizième siècle. On sait généralement qu après avoir bravé tous les périls et surmonté les plus puissans obstacles, il délivra sa pairie du joug étranger, et que porté sur le trône par le voeu unanime de sa nation , il régénéra la ^uède , et lui donna un rang parmi les puis- ' sauces de l’Europe. Maison connaît moins les traits particuliers relatifs à son caractère, à son administration et à sa vie privée. Ils ne sont développés suffisamment et exactement ni dans Vertot, ni dans les autres historiens étrangers, et il faut recourir aux auteurs nationaux pour les apprécier et pouT en saisir l’ensemble. Nous allons exposer ceux qui méritent le plus de fiter l’attention (i).
La famiileWasa était connue en Suède depuis le treizième siècle, et avait contracté des alliances dans la puissante maison de Foibe, qui occupa long-tems le trône. Une autre alliance l’avait illustrée depuis; l’aïeul de Gustave, Jean Christierson Wasa, avait épousé une soeur de Stenon Sture rancieri, administrateur du royaume pendant les troubles occasionnés par le traité de Calmar, et l’un des hommes les plus remarquables que le Nord ait produits. Gustave Ericson Wasa, destiné à ceindre le
(i) Ce nom doit avoir été pris des armes de la famille, qui selon les uns représentaient une gerbe (le blé, en suédois was g, selon d'autres une fascine de guerre , storm >pa.«r. Voyez les généalogies des jmajsoos ré gnau les en Suède, par Lagerbring et Je baron de Rosenhane , et le Glossarium suso gothictuei de Jean Ihre , au mot Ware, T. II. Il y a aussi une Dissertation de Jean Ihre sut Je même sujet.
Tom·“· i8j4-
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'·'■ MERCURE-ETRANGER.
diadème, naquit en 1490 à Lindholm , seigneurie située à peu de distance de la espilale dans la province d'Upland. Il n’existe plus que les ruines du château où il reçut le jour. Son père, Eric Wasa , possédait plusieurs seignen- nés considérables, et tenait en lief de la couronne Vile d’Aland. Sa mère se nommait Cécile Eka , et appartenait également à une famille distinguée.
Slenon Slurc voulut présider λ l’éducation de Gustave. Il lui inspira de bonne heure des scniimvns nobles, élevés, et sur-tout l’amour de la patrie. Après l’avoir fait étudier quelque turns k l’école de Strcngnes , une des meilleures qu’il y erti en Suède à cette époque, il l’eu vo va h Upsal, où il venait de fonder une Université. Les hè tireuses dispositions que Gustave avait reçues de la nature se développèrent de bonne heure, et il n ’avait que dix à onze ans, lorsqu’il commença à fixer l'attention. Jean, roi de Dan- nemarck, qui se fondant sur le traité de Calmar, parvint à régner en Suède, ayant eulcnda parler de lui pendant un séjour qu’il fit daus le royaume, voulut l'emmener en Dannemarckj mais le père de Gustave l'avait fait partir pour Hie d’Aland , où il sc tenait caché dans une retraite inconnue. Jean n'ayant pu le découvrir, en eut beaucoup de regret, et dit : le louveteau s'est échappé du filet (2).
Christiern ou Christian II, successeur de Jean en jÔanemarck, renouvela les prétentions sur la Suède. Dans une expédition qu’il fil à Stockholm en i5i8, il demanda desôtages; parmi ceux qu’on remit se trouva Gustave. Il fut traité en prisonnier, comme les autres, et envoyé en Danne- marck. S’étant échappé du château où il était détenu, et ayant atteint la ville de Lubeck, il obtint du magistrat de celte ville un vaisseau pour retourner en Suède, et la promesse d’un secours d’hommes et d’argent contre Christiern; mais ce prince s’était rendu maître de la Suède et y répandait la terreur. Gustave $c cacha et atlen-
(a) Pojrez la Description J’filari J, par Radluf.
LANGUES DU NORD. 5t
dit que les circolisiances devinssent plus favorables à scs projets. IL se rendit d’abord chez un de ses parens duus la seigneurie de Terna en Stidernianic. On montre encore au château une poutre dans laquelle il traça le récit des aventures qu’il venait d’éprouver. Il se relira ensuite dans une terre nommée Reines , située à quatorze hencs environ de Stockholm , et qui appartenait à sa famille. Dans celte retraite, il se livra tour-à-tour à felude, à la chasse et aux travaux champêtres. On voit un chêne qu’il piaula sur les bords du lac Maelar, et le jardin où la culture des plantes et des fleurs occupait ses loisirs solitaires Le lit dont il fit usage a aussi été conservé avec beaucoup de soin ! il est d’une forme antique et ne se distingue par aucun ornement. Le chêne de Gustave est lin des plus beaux de la contrée; mais sa tête commence à s'incliner, et quelques-uns de ses rameaux se dépouillent de leur feuillage (3).
Ce fut dans cet asile que Gustave reçut la nouvelle dti massacre de Stockholm ordonné par Clinsliern. 11 apprit en même lems que son pére avait été du nombre des victimes , et que sa mère était condamnée à passer le reste de ses jours dans les prisons de Copenhague. La voix de la nature se joignit alors à celle du patriotisme, et pressé par les sentimene douloureux qui remplissaient son amc , Gustave conçut un projet dont il dirigea l’exéctìtion avec autant de prudence que de courage, et dont l'heureuse issue le conduisit au troue. Quoique sa tele eut été mise h prix, et qu’il fût poursuivi par les émissaires de Cliris- tiern , il prit la route de la Dalécarlie dans lespériincc de faire déclarer en sa faveur tes habitans de cell·· provìnce, connus par leur haine pour la domination éuangere. Déguise tantôt en ouvrier des mines , tantôt en pnvs.’ti , il ne se lit connaître que lorsqu’il vil le moment arrivé de le faire avec suceès. La ferme de Rankhj 11a oil il battit 1«
(3) I-’auleuT de cet article a vu luî-inêrne plusieuv» fuis les ou- droits qui rappellent dei souvenirs de Gustave "Wasa.
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blé , celle d’Orne«, où il fut sauvé par la femme dü fermier qui allait le livrer, l'endroit de la paroisse de Raelwik , où. il sc cacha pendant trois jours sous un sapin renversé , sont encore les objets de la curiosité des voyageurs. On ne visite pas avec moins d’intérêt la place de Mora, où. non loin de l'église du lieu , il harangua les Dalccailiens r après avoir quitté son déguisement, et fit sur eux, par son extérieur imposant et noble, par son éloquence mâle et vigoureuse , une telle impression qu’ils jurèrent de 1» suivre. La victoire accompagna Gustave dans sa marche sur Stockholm. Après avoir été nommé, d'abord administrateur du royaume, il fut proclamé roi par les États en i5â3 dans cette même ville de Slrcngnes,où il avait fait ses premières études. Un décret postérieur rendit le trône héréditaire dans sa famille.
Le nouveau monarque trouva le royaume dans une situation déplorable. Les champs avaient été laissés en friche parles paysans sans cesse en armes pour combattre l es factions intérieures ou pour résister aux Danois. Les villes, en petit nombre, étaient sous le joug delà ligue aDséaliquc , cl sur-tout des Lubcckois qui s’étaient emparés du commerce. Il n’y avait point d’armée régulière 9 point de flotte, point de trésor, et les lois avaient perdu leur vigueur. Les grands , dans leurs châteaux forts, bravaient l’autorité , et sc livraient à tous les excès de l’ambition , de la haîne , de la vengeance. Le clergé s'était accoutumé aux intrigues politiques , et fier de ses richesses, il se regardait comme un corps indépendant. Il fallait le venie puissant d’un grand homme pour reconstruire fèdi- lice social, et pour donner au trône une base solide.
Gustave chercha d'abord à se mettre en sûreté du tôle du Dannemarck. Cliristiern, déposé par les Suédois, l’avait été peu après par les Danois, qui s’étaient donnés pour roi Frédéric , duc de Holstein. Ce.prince montra le désir de faire revivre l’union de Calmar, et de maintenir les droits sur la Suède· qu’avaient fait valoir ses prédécesseurs, depuis Marguerite, fille de Valdemar.
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Mais Gustave le prévint en engageant les Etats du royaume à ne point reconnaître les prétentions d'un monarque étranger, et à renouveler leur serment et leurs décrets. Frédéric cédu, et vécut en bonne intelligence avec le roi de Suède; il rechercha même l’amitié de celui-ci , lorsque Christiern eût entrepris une expédition en Norwège , pour remonter sur le trône.
Les opinions de Luther s’étant répandues dans le Nord, Gustave résolut de les faire adopter en Suède. Il consulta les représentans de la nation qui, par le décret deVesterus, porté en 1627, mirent à sa disposition les richesses de l’église, et lui donnèrent l’autorité suprême sur le clergé. Le roi conserva cependant la hiérarchie à-peu-près telle que la cour de Rome j’avait établie. Il maintint l’archevêché d’Upsal , les évêchés, les archidiaconats, et leur laissa même des revenus considérables et une représentation imposante. Encore de nos jours, il n’y π point de pays protestant, si ce n’est l’Angleterre, οά le clergé soit aussi riche et aussi puissant qu’en Suède (4)· Les terres qu’il possède jouissent de plusieurs immunités, et il torme à la diète un des ordres du rovanme. Il siège cependant après la noblesse , qui a eu le premier rang depuis la diète de Vesteras en ΐ52γ. Pour maintenir la succession apostolique, Gustave fit sacrer quelques évêques par Petrus Magni, évêque de Vesteras , qui avait été sacré lui- même à Rome. Ce furent ces prélats qui officièrent au couronnement du roi, en J528, dans l’église d’Upsal. Petrus Magni sacra aussi, en i53i , le premier archevêque protestant d’Upsal, Laurent Pétri, auquel le roi donna une garde de cinquante hommes , et qui épousa
(4) Le prélat le plus TÎcbe est celui de Vesteras, en Wesliuanie ; il a un revenu de prfcs de quatre vingt mille francs. L’archevêque d'CJpsal en a soixante mille; les autres évêques ont de treute à cinquante militi francs ; celui de Linkoeping est le premier en rang après l'archevêque. Il y a plusieurs cures qui rendent vingt taille francs.
MERCURE ETRANGER.
Elisabeth M^Nsdolcr, lille d’ope scriir de Gustav*?« T/ar- chevèqiic, lorsqu il trouva quii polirmi al* passer de sa garde , employa I argent que demandait soi» rnlrelien » faire elever cinquante jeunes gens à l’Universitc d’Upsal (5).
Ayant idlrrnii son pouvoir, et pouvant compter sur des ressources solides, le monarque adopta un système de gouvernement et d'ad ministration , dont toutes 1rs pallies ^enchaînaient les unes aux autres. Sans précipiter l’cxccu· lion de ses projets , il y veillait sans cesse, et observait les circonstances favorables. Pour assurer d’autant plus le succès de scs travaux, il en conférait nvec le Scuri cl Ira
Etals du royaume. Connaissant la jalousie des grandes familles, il ménagea leurs prerogatives autant que le jtpermellaionl la dignité de la couronne, et la sûreté du.
peuple Il contracta même deux alliances dans ces familles. 5a première femme, Catherine de Lauenbourg, étant morie, il épousa Marguerite Lrionhunud, cl «près la mort de celle-ci , il plaça sur le liùne Catherine Stenbock. Ces alliances lui firent des partisans dans un corps riche et puissant ; niais d’un autre côté, elles entrelioreul l’ambition de ce corps, et amenèrent dos suites iiiuesles sous les règnes suivons, lorsque le génie de Gustave eût cessé du diriger le destin du royaume.
Convaincu que les produits cl 1er subsistances soni la base la plus solide de la prospérité d’un étal , Gustave donna les pins grands soins h l ogricullure , et à l’exploitation des mines répandues dans la plupart dus province· du Suède. Il lit publier plusieurs instructions pour le» laboureurs, ordonna de dresser des cadastres, el voulu-t qu’où fil tous les ans un recensement exact des habitant de toutes les villes, pour répartir entre les campagnes les bras qui ii claient pas nécessaires aux métiers. Il sc rendait souvent liu-mêinc à la grande foire d’JJpsal, où se rassemblaient lus paysans de la province, et s’en (retenait
(6) f^nyes Lagerbring, Abrégé de l’Hisioire de Suède, T. I; Gezelius, Dictionnaire biographique de Suède, etc.
'LANGUES WJ SORD. 55
avec eux pour leur duulier des avis utiles. La pepi ila liuti fit des progjtès rapides , cl Γαμ pi»! iuèiiie ctiçicr a f elf auger du bétail cl dea grains...Le ujiUfcrai de fer, dç cuivra et d'argent avait été expuilé pisqu'alurs ltd qu'un le je lirait des entrailles de la torre, .et sans aucune pré paralion. Gustave lit élublir des tTo.uuuiaux de fonte, H dtifoudit l'cxporlaliou .dns métaux brulç. Π en résulta de grands .profile pour les liabitaos , cl une balance a van lagonae d.»ne lu commerce. lai mine d'argent de Salberg, rnoiivsépuisée qu’elle Tesi mMDlenenl, fut exploitée avec une alleu lion particulière; elle donna on 1^44, 21,281 marcs , æi une partie du-cet Argent ini 4 rau s porle e on AugbJwre où elle rendit de grands ser^ioe^ dans le monnayage , qui avait -été négligé quelque temei à cause du manque de -lingots, -comme Hume le rapporte datas son fheJotrc dj/ftgie- ferre (G).
Gustave ménagea assez luüg-lcms les Lubcckoie : il Jour Avait des obligations ; cependant il ne pouvait préférer ic-urs intérêts à ceux de son peuple. Quand d leur eAl remboursé les sommes .qu’ils.lui av.aimkt avancues , il restreignit leurs privileges commerciaux rn«Suède. Pour eu co 11 r.f g or ses sujets» faine le commerce1, il fil équiper -lui-même des vaisseaux qui ae «rendirent dans Jus ports d'Angleterre, d Espagne et de «Fcance. Laminari ne militaire lixa «nisuite son aUe^ùüii.-«On voit ,<pbr «une proclamation qu ii «adressa au pe«A<plei«Miédoifcins .1642, dans quel état celle marine s,c -ptNjdaui'des'premiers
Jems du son règne* : il ii’v* a tjans nos pori» rdit le roi (Lane cette proclamation, que r dm s bateaux ut dba-aa-rciisses, qui ne peuvent donner ni secourir, ni consolation. Quelques années après , iGtiMav/e ont une flatte dé plus de vingt vaisseaux; ses am ira ifx .tépn mèrco t los eüiropnstts auda-
(6) P'oyex Lager brin g, Celsius, Histoire Je Gustane Prf‘\e discours sur Gustave , parle comte de Bielle, et celui de SandeL. sur [es etrpo stations et les importations Je la Suède depuis les anciens teins jusqu'à nos joute, . .
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MERCURE ETRANGER.
rieuses de l'amiral danois Norby, qui s’était établi darr* l’ile de Gotland ·, battirent près de Bornholm la flotte des Lubeckoie, et arrêtèrent les pirateries des Russes sur les côtes de Finlande. Le roi leva aussi des troupes de terre , et entretint un corps permanent de 6 à 8000 hommes, la plupart allemands ou écossais. Il appela des ouvriers de plusieurs pays pour fabriquer de la poudre, et pour faire des armes. Les mesures qu’il prit pour avoir des milice® dans le pays , et pour les faire subsister servirent de base à l'organisation militaire qui eut lieu sous les règnes ■suivans (7).
Ne trouvant pas dans ses Etats assez d'hommes capables dele seconderdans les diverses parties de l'administration, Je roi s’adressa souvent à des étrangers. Il se trompa quelquefois dans les choix qu il fit ; mais il rencontra aussi des talens distingués dont il put tirer parti. Conrad Von Phy, autrement nommé Peutinger devint son chancelier; •c’était un homme très-éclairé , également versé dans les affaires et dans les sciences qu’il avait étudiées dans les meilleures Universités d’Allemagne; mais il avait du penchant à l’intrigue, et ses moeurs notaient pas à l’abri de tout reproche? Luther et Melanchlon recommandèrent au roi le docteur Normann, que Gustave nomma d’abord précepteur do son fils aîné , le prince Eric. Il l’employa ensuife-duns l’prganisation du nouveau culte et de l’instruction publique, et lui confia des missions importantes auprès de plusieurs sôuvêïains. Normann fut remplacé dans sa charge de précepteur du prince Eric par un français nommé Denis Bourée, qui fut un des premiers disciples de Calvin. Bourée gagna la confiance de Gustave, mais fut en controverse avec l’archevêque Laurent Pétri, zélé partisan des dogmes de Luther. Le roi laissa les deux théologiens disputer librement, et continua de se servir
(7) la Dissertation sut la marine suédoise insérée dans les
Mémoires Je Γ.Λcodé mìe des Belles-Lettres de Stockholm ,· Lager-, bring «t Fandt, Histoire Je Suède.
LANGUES DU NORD. 5j
de leurs talens et de leurs connaissances pour F exécution de ses plans (8).
C’était avec ces étrangers et avec plusieurs Suédois , qui avaient fait leurs études en Allemagne, que Gustave s’occupait du progrès des sciences et des lettres. Il était très-versé lui-même dans l'histoire, dans les mathéiua- •tiques , et faisait des vers avec facilité. La nature Pavait
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doué du talent de la parole , et il avait cultivé ce talent de manière qu’il entraînait les suffrages des représentans du
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1a nation par les discours qu'il leur adressait, plus que par toute autre influence (9). Il se connaissait en tableaux, en musique, et il fut le premier roi de son pays qui eut une cour composée régulièrement, et tenue avec un ordre imposant. Ily admettait les femmes,et donnait quelquefois des fêtes ou des repas publics. Le luxe ne put cependant s’introduire dans celte cour parce que le roi avait line économie sévère. On lui reprocha même un désir exagéré d’amasser de l’argent. En effet, il eut un trésor considérable; mais ce trésor lui était nécessaire dans les circonstances oii il se trouvait , et lui assura des ressources dans les crises que firent naître , plus d’une fois, pendant son règne, la jalousie et l’ambition. 11 y eut des insurrections en Dalécarlie, en Vestrogolhie, en Smoland , et quelques méconlens formèrent même un complot contre la vie du roi., complot d’autant plus dangereux, qu’il était appuyé par Anderson , et le frère de l’archevêque , Olaus Pétri, qui avaient l’un et l’autre beaucoup d’ascendant surle peuple, et qui avaient les premiers prêché le luthé-
(8)
Λ'ορΌ Gezeliua , Dictionnaire biographique , articles Norman» et JDjirJt. et Lagerbring.
(9)
Les historiens suédois de Gustave, et en particulier Celsius, ont rapporté plusieurs discours de ce roi qu’ils prétendent avoir été prononcés dans des occasions solennelles. Mais il y en a peu qui soient authentiques ; le discours qu’on reconnaît généralement pour tel est celui que le roi prononça lorsqu'il prit congé des Etats peu avant sa mort. Nous le ferons Connaîtra b la fin de cet article.
MERCURE ETRANGER, îles auspices Go si ave. Ces d
5S
ranis me sons les auspices 4e Gnxtave. Ces deux homme# ardens cl ambitieux trouvaient les principes du roi trop modérés et sa marche trop lente. Gustave leur lit grâce de la vie en faveur des représentations de plusieurs personnes eslLmabks ; mais les exila de sa cour , ætâeur ôta sa confiance.
Parmi les insurrections, celle <pii éclata en Srooland , vers l’année -iS^o, fui la dernière , mais la plus dangereuse et la plus remarquable. Elle SVQi-t pour <hel u/i paysan nommé Nicolas Daokc , homme bajodi, plean de ressource« , et même assez versé doue l’art mdilaire pour pouvoir commander iwie armée. Il souleva les paysans de la province en leur promellaot le rétablissement de l'aiw
cienne religion et la suppression des impôts
nnécuulees, des gentilshommes jaloux de l’élévation 4e •Gustave , etjplusieursvmissaires des princes d’Allemagne, parcus de ClmsUern , se réunirent eiilçmr de lui, et lui fournirent des secours. .11 rassembla dix natile combattane,

et s’entoura d’une garde de cent hommes. Les châteaux

du roi et ceux de ses partisans étaient livrés aux ilammce, on mettait à mort les préposes qui entreprenaient de résister , et qui prenaient des mesures contre l’insurrection»

Le roi essaya d'abord la voie des négociations, ?ol envoya •à Dackn quelques députés pour lui ofltir un sauf-conduit.
Mais fier desos succès , Dacke refusa tout accommodement, et marcha en avant; Il voulut engager Swankc Sture, eoa nsi« ri de ni de S tege borg, à prendre le litre de -roi de Suède, et se ntoit en relation avec le duc de Me- klenbou rg.
Gustave prit le parti de recourir aux armes, et fit marcher des troupes contre les insurgés. Dacke consentit h une trêve qui fut négociée par le sénat; mais il reprit bientôt les hostilités, et vit arriver dans son camp des députés de la part des princes allemands intéressés à le soutenir : l’empereur lui-même chercha à le gagocr. Mais le moment de sa chute approchait ; attaqué pair les généraux du roi., il recul uuc blessure, et fut réduit à linac-
LANGUES DU NORD.
5n lion ; s'étant rétabli, il recommença la guerre , et menaça la forlerease do Calmar, enfin , une action générale s’engagea où ses troupes furent battues et dispersées, et ii s« vit réduit à chercher un asile dans les bois. Quelques soldais de l’armée royale l’ayant rencontré , le tuèrent à coups de fusil en 104.3$ il ne lui riait resté qu’un bâton pour se défendre ; son corps, transporté à Calmar, fut écartelé , et la tête placée sur la rouo avec nue couronne de cuivre (10). Ayant perdu leur chef, les Smolandah rcHlrèneut dans le devoir, cl le roi leur accorda un généreux pardon.
Chartee-Quint désirait le rétablissement de Cbrishern , son beau-frère, sur le trône de Dfennetnarck et de Suède, e1 menaçait oes deux pays de sa vengeance. Christian JH, qui régnait en Dannemerck, pour se ménager un Appui respectable , avait conclu une nllinnce avec François I. Gustave prit le meme parti, il envoya son secrétaire Tre· bow à Paris pour commencer la négociai iod , etFrançsoifcf ht partir pou après pour Stockholm , Clrrraiophe Richer. En 1042 une ambassade solennelle sl* rendit en Fronce de la part du roi de Suède. Elle était composée dtï chancelier Conrad von Pliy , de Sien Ericson Lcionhuvod, beau-frère du roi , d'André Lilié, et de George Normann. Instruit des grandes qualités de Gustave , François I reçut celle ambassade de la manière la plus distinguée. Le 1er juillet on signa une alliance entre les deux rois. Lee principaux artici»! du traité étaient qu’on s as sistemi l ré- ciproq nement avec un corps de six mille hommes, qui selon los circonstances, pourrait dire :porté è vingt-cinq mille, et avec cinquante bâtit noti S de guerre, qui pourraient être tirés de France pour la Suède, sans payer de droits, du sel pour la valeur de six mille durais, et que l’on comprendrait dans l'alliance-, Henri 'VIII, roi d’An-
(10) Tel est le rapport de plusieurs historiens et la tradition en Snudando; d'autres disent que Dacie se saura en Allemagne.
I
fio MERCURE ETRANGER.
gleterre , Jacques V, roi d’Ecosse, Alberi, duc de Prusse, el Albert , duc de Clèvcs cl de Gueldres. Scion quelques mémoires, il fut même question du mariage des deux fils aînés de Gustave avec des princesse'« de France. Ce traité fut confirmé sous Henri II, et renouvelé sous François II; on y ajouta un article portant que les Suédois seraient exempts du droit d’aubaine en France. L’ambassade s’était dispersée en retournant. Von-Phy qui en avait été le chef apporta à son retour l’ordre de Saint- Michel, que François I envoyait 5 Gustave; il avait aussi reçu de riches présens pour le roi son maître; mais il s’était cru autorisé à les convertir en argent pour enrôler des soldats en Allemagne. Luther écrivit dans le même lems en Suède pour se plaindre du scandale que le chancelier avait donné en enlevant une jeune fille i Léipsick. Von- Phy tomba en disgrâce et fut mis en prison à V esteras. On I accusa de dilapidation et d’intrigues dangereuses ; mais il prétendit qu’il n'avait perdu la faveur du roi q»i» parce qu’il avait réprimé en France l'humeur violente du beau-frère de Gustave, Eric Leionhiivud , qni s’était oublié à la cour. Cet étranger , qui avait en long-tems mie grande influence, et qui avait joué un rôle brillant, mais qui s’était attiré un grand nombre d’ennemis par une conduite peu mesurée, périt misérablement dans sa prison. Un employé de la chancellerie le tua d’un coup do pierre qu’il lui porta à la tête (il).
Gustave avait, à l’est deses Etats , un voisin inquiet et ambitieux , c’était le tzar de Russie , Iwan Wasilie- witch II. Vers la fin de son règne , il fut entraîné dans les troubles de Livonie , et se vit menacé du côté de la Finlande par les armées russes. Désirant la paix , il se borna à défendre ses frontières, et entra en négociation; une trêve de quarante ans fut conclue entre les deux pays, et le roi rie Suède s’abstint de prendre part aux révolutions
fn) Koycs Fandt * Histoire de Suède, T. II, et Lagrrbring, de Γ IJixtcdee de Suède , T. I.
LANGUES DU NORD.
* 6ι
de Livonie. Pendant les pourparlers avec la Russie , Gustave avait envoyé quelques ambassades a Moscou. La plus remarquable fut celle qui amena la pacification et que diri-
avant le départ de l’ambassade , le czar demanda que far- chevêque suédois voulut entrer en conférence sur la religion avec le patriarche de l’église russe. On convint du jour, 4*>une nombreuse assemblée se réunit dans le palais. Le premier objet fut le plus difficile λ décider; c’était dans quelle langue la conférence aurait lieu. Le
tendait pas le Russe. Le czar ayant proposé l’allemand , il se trouva que le patriarche n’entendait pas celte langue. Enfin, il fut décidé qu’on ferait usage du grec, au moyen d’un iuterprête. Le patriarche fui accablé du grand nombre de termes métaphysiques que l’archevêque employa, éj Knterprèle ne fut pas moins en peine pour traduire ces termes au czar, il disait ce qui lui venait à l’esprit, et quelquefois le contraire de ce qu'avaient dit les
parmi les assistans, et ce fut ainsi que la conférence se
iaelion à l’archevêque ; il lui suspendit au cou une belle chaîne d’or, et lui, souhaita un heureux voyage (12).
Des chagrins domestiques troublèrent les dernières années de Gustave Wasa. Eric, son fils aîné , qu’il avait «n de Catherine de Laueubourg, avait hérité de sa mère une humeur violente et farouche*, un caractère ombrageux et jaloux. Le roi prévoyant qu’il se laisserait égarer par scs passions, quand il serait parvenu au trône, crut devoir donner aux princes nés de son second mariage, des duchés et plusieurs prérogatives, et favorisa sur-tout Jean, qu’il nomma duc de Finlande. Eric regarda Jean comme
(12) Gexçlim , Dictionnaire biographique de Suèdet art.
Pétri ( t-dureni ).
(h · MERCURE ETRANGER.
un rivo! dangereux, et la désunion commença à régne* entre les deux frères. Us se réconcilièrent neanmoins, et l'autorité paternelle eut assez d'ascendant pour suspendre une rupture dangereuse , qui n’éclata qu’après la mort du roi. Denys Beuréc, précepteur d’Eric , avait suggéré à ce prince le projet d'épouser Elisabeth d’Angleterre, Gustave qui avait d’autres vues , eut peine à donner son consentement au projet de son fils mais celui-ci insista , et il fallut le satisfaire^ Elisabeth donna quelques espérances, mais point de promesse positive, et le prince Eric vivement aflcclc* de cette réponse illusoire, se laissa aller i des emportemens qui affligèrent son père. La négociation commencée par Beuréc fut reprise plusieurs fois, mais •ans succès : dans le même terns , Jean s’occupait, avec l'approbation de son père , λ s’assurer la main de Catherine Jagellon , lille de Sigismond , roi de pologue. Cette alliance eut lieu après la mort du roi, et il en résulta deux branches de la maison de AVhsu , l'une établie en Suède, l’autre en Pologne , et rivales pendant près d’un siècle ( 13).
Gustave avait soutenu pendant quarante années le poids du gouvernement j toujours fidèle à son importante vocation , toujours attentif aux devoirs sacrés qu'elle lui imposait , il s’était dévoué pour la nation et l’avait rendue heureuse. Parvenu à l’âge de soixante-dix ans, il éprouva plusieurs infirmités , et sentant sa fin approcher, il assembla les Etals à Stockholm. Conduit par ses fils , il se rendit dans In salle où étaient réunis les députés de la noblesse, du clergé , delà bourgeoisie et des laboureurs. Son testament leur avant été lu par le chancelier, il prit Ιιιί-mêruc la parole. Il remercia les représentons de la nation de la confiance qu’ils lui nvaient toujours témoignée , et montrant ses cheveux blancs et les rides de son visage , il protesta qu’il n'avait point épargné ses efforts
(i3) Jenn Casimir, qui nbdiqtia, et qui mourut en France, uù il avait obtenu l'abbaye de Saint-GcrniaÎD*de<-Pr^j & Pari«. et celle de Sdim-Mditm à Nevers, termiti· Id brauche polonaise, ea 1673.
LANGUES DU NORD. 63
pour assurer le bonheur public. Rapportant ?i fEtre- Su preme la gloire de ses succès, il reconnut qu’il avait pu Im échapper des erreurs, des faîbleseea , al il en demanda pardon. Il adressa aussi des exhortations Inurba nies à ses fils, et enfin , il ajouta : « Ma dernière heure approche , je n’ai pas besoin , pour en cire convaincu, de consulter les astres ; Erpiiisement de mes forces me dit assez , cpie c’est pour la dernière fois que je m'entretiens avec vous , et que bientôt je paraîtrai devant le roi des rois. Accompagnez-moi de vos voeux au pied du trônes éternel; souveiicz-votts de moi , et que mes cendres dorment eu paix parmi vous quand j’aurai fermé les yeux à la lumiere, n Ayant cesse de parler , il étendit scs mains puur donner sa bénédiction à l’assemblée. Ses cheveux blancs , scs traits abattus et altérés , mais toujours nobles ut imposuns, les larmes , qui souvent coupaient sa voix, firent une telle impression, que tonte la sulle retentit des accens de la douleur. Leroi se retira appuyé sur ses fils r et en se retournant souvent pour saluer encore de ses regards les représentais de la nation. L’assemblée entière se leva et lu suivit jusqu’au palais. Quelques mois après , le 26 septembre 156ο, Gustave expira; ses cendres reposent dans la cathédrale d’Upeal, et son nom est inscrit dans les fastes de l’IIisloire parmi les noms de ces hommes supérieurs, qui fixent l’attention de la postérité (14).
J. P. Catteau-Callkvillk.
(14) La scbne tondi dite des adieux de Gustave aux Etats du royaume est rapportée dans l’oraison funèbre du roi par l’évcqne Pierre Niger, cpii avait été long-tenu anmonier de la coût; celte oraison funèbre, qui aet très-longue cl contient tons les événement mémorables du règne de Gustave fut imprimée en ι6λο. p.ir les soins de Sylv. Phrygius, qui y joigail une préface et dtj avtcs.
àe=*
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X. An Essay an a punie inscription, etc., c’esl-è-dire, Essai sur une inscription punique , trouvée dans File de Mal*e par sir Wiliam Drummond. Un vol. in~4*, imprimé par Valpy.
— ΓΙ a paru à Edimbourg, dans l'année i8i3, un ouvrage très-important intitulé. î AShort accunt, etc., c’est-à dire , Courtes expositions des expériences et des instrument fondée sur les rapports de l'air arec la chaleur e l'humidité ; par John Lesbe, de la Société royale , professeur de Mathématiques dans FUniversilé d'Edimbourg. Un vol. in-8·.
■ — On publie à Cambridge depuis le 1er mai 1813 , un excellent journal de littérature ancienne et de critique , rédigé en langue latine, et intitule: Museum criticum. Lea Rédacteurs de ortie intéressante feuille oc signent point j on sait seulement qu’elle a été entreprise par plusieurs membres de FUniversilé de Cambridge.
• — La onzième livraison du magnifique ouvrage intitulé : Eondina illustrata a paru il y a quelque terns. Elle est som posée de quatre planches et d'une feuille de texte Ü1-4·.
— Μ. John Wilson vient de mettre au jour ses poésies diverses , parmi lesquelles 00 distingue Xlsle des Palmiers.

Mias Porter, auteur de deux romans estimés, savoir? E)on Sebastien et les Frères Hongrois, n publié récemment un vol. in-B", composé de ballades , romances et autres poèmes assez jolis.

On a publié en 1813 une quatrième édition des Frogmens d'anciens poêles anglais t accompagnés d’un essai historique sur l'origine cl les progrès de la poésiu
eorges Ellis. Trois vol.
m-8«>.
et de la langue anglaises ; par G
Tom. 111. — 181 i.
66 MERCURÈ ETRANGER.
— Μ. Valpy mettra incessamment sous presse une nouvelle édition du Thesaurus lingua graca de Henri Etienne, accompagnée des deux glossaires, de VAppendijc de Scott, de plusieurs corrections et additions nouvelles. Sans doute , Μ. Valpy rendra un service très-important aux lettres grecques par la publication d’un tel ouvrage. Celte nouvelle édjlion formera 24 livraisons en beau papier. On souscrit chez Μ. Valpy ; Took*s court, chancery Lane, à Londres.
— Μ. Boosley a publié en langue anglaise un Essai
* pour simplifier la notation de la musique, éclairci par des exemples de musique sacrée et profane. Un vol. in-40.
— Le libraire Longman a mis au jour un ouvrage intéressant , intitulé : Les Conférences qui ont eu lieu entre les Missionnaires Danois résident à Tranquebar et les habitans indigènes · de t’Indostan. Un vol. in-12. Cet ou· vrage, qui contient des détails très-curieux sur les moeurs et la religion des Indous , a été traduit sur le manuscrit original par un officier anglais de la compagnie des Indes.
— On a mis en vente Touvrage suivant 5 The organic Remains , etc. , c’est-à-dire , Débris organiques de Landen Monde , contenant la description des restes pétrifiés d insectes , de coquilles , d’amphibies , d’animaux terrestres, etc. ; par James Parkinsou. Trois vol. in-4· , accompagnés de 53 planches coloriées, représentant plus de qualre-cent espèces de fossiles. L’exécution typographique de cet ouvrage est brillante ; les planches sont de la plus grande beauté.
— Le libraire Rivington a publié , il y a quelque tems F une très-belle édition des OEuvres complètes de Locke , en 10 vol. in-8®, oruées du portrait de fauteur.
— Le docteur Burney nous a donné un Essai sur tes choeurs d'Eschyle et le Lexique de Philemon, dont feu de Villoison avait souvent fait mention dans ses différentes notes. Il se propose de publier incessamment trois autres ouvrages : le Dictionnaire étymologique d’Orion 1*
GAZETTE LITTÉRAIRE. 67
Thébain, dePhry nichiis, el \c Lexique intitule »
Αλλος Αλφάβητοζ. Ces trois ouvrages sont fort remarquables, et intéressent beaucoup les Hellénistes, à cause des nombreuses citations prises dans les anciens poètes , dont la plupart sont perdus.

Μ. Emsley nous a récemment donné une édition des Héraclides d’Euripide, avec d’excellentes notes. Tl s’était déjà fait connaître parses éditions des Achamiens d’Aristophane et de l’OEÂpe-Âoi de Sophocle. C’est lui qui a revu le Thucydide d’Edimbourg. 11 a donne de très-bons articles de littérature ancienne à ans Y Edimbourg-Kevietv, et dans le Quaterly Review. La critique qu’il a faite dans cette dernière feuille des Suppliantes et des Deux tphi- génies d’Euripide, de l’édition de Marchiando est regardée par nos philologues comme un petit chef-d’oeuvre. On attend de ce digne successeur de Wakefiedet de Porson une nouvelle édition de VHélène d’Euripide.

Autres ouvrages publiés à Londres sur la fin de 1813.
OEuvres complètes de philosophie, de politique et de morale, du feu docteur Benjamin Franklin , recueillies pour la première fois avec les mémoires de sa vie, écrits par lui-même.

Esquisse de Caractères, ou Tableau de la vie réelle. Nouvelle.
—Les f^ies de Marcus Valerius, Messala Corvinus, et de Titus Pomponius Atticus , avec des notes , auxquelles est jointe une notice sur les familles des cinq premiers Césars; par le rév. Edouard Berwick, traducteur de la V'ie d'Apollonius de Tyanes*

L'Avare marié. Nouvelle; par Catherine Hutton.

Les OEuvres de Beaumont et de Fletcher, enrichies de notes critiques et de notices biographiques , imprimées pour la première fois sur le manuscrit original.
—Frogmens des poètes anglais du premier âge, précèdes (Fune esquisse historique de la naissance et des progrès
6β MERCURE ETRANGER..
de la poésie et de la langue anglaise ; par Geörge· Elli· , écuyer.
—Echantillons de romances métriques anglaises, écrite· la plupart dans le quatorzième siècle , précédées d'une introduction historique pour servir λ développer la naissance et les progrès de la composition romanbqu« en France et en Angleterre, par Georges Ellie, écuyer.

Explication d'Homère, du Dante et d'Eschyle , par Flaxman.

Voyages pour découvrir la source du Nil,Jaits dane es années 1768, 1769, 1770, 1771 , 1772 et 1778, par Jame Bruce de KioDairel, en 7 vol.

Nouvel ouvrage satirique sur le grand monde, par Tauleur de Célia cherchant un mari.

Histoire d'Allen.agne, y compris ΓAutriche, la Sasret la Bavière, la Hollande et la Suisse, depuis les terns lei plus reculés jusqu'à nos jours j par William Navor.

Les Nuits arabes, traduites par Edouard Forster, Quatrième édition.
—Histoire naturelle des insectes britanniques, où on les décrit dans leurs différens étals , avec les périodes de leurs transformations , de leur nourriture , économie, etc. j pat E. Donovan , auteur de V Histoire naturelle des oiseaux , coquilles, etc.
—On devait publier en janvier le troisième volume, pour compléter l’ouvrage intitulé , Nouvelle analyse de chromo- logie. Ce troisième volume contiendra une histoire chronologique des Assyriens , Babilonico· , Mèdes , Persans v Tydiens , Egyptiens , etc. , adaptée à l’histoire et chronologie saintes j par le docteur William Haies , professeur de langues Orientales à l’université de Dublin.

Voyage en Suède, pendant l'automne de 1812, enriclii de cartes, de portraits et autres dessins, par Thomas Thomson.
—On devait publier en janvier un nouveau journal philosophique , sous Le titre à1 Annales de Philosophie, ou Magasin de Chimie, Minéralogie, Mécanique, d* Histoire natiti elle, d'Agrieull urr et des Arts, parTbomas Johnson .
GAZETTE LITTERAIRE.
—Analyse de T anatomie du corps humain dans l'état de Santé et de maladie, par Alexandre Monzo, professeur de médecine, d'anatomie et de chirurgie, à l'université d’Edimbourg. Quatre vol.

Voyage dans l'île d* Iceland, pendant l'été de 1810 v par sir Georges Stuart Mackenzie , membre de la Société royale d’Edimbourg. Deuxième édition. Uu vol. 10-4“.

Abregé de l'histoire universelle ancienne et modemé, depuis les tems Tes plus reculés jusqu’à commencer de cette année $ par Francis Baily. Deux vol.
. -—Lettres de la Méditerranée, conlen anione Description civile et politique de la Sicile, de Tripoli, de Tunis et de Malte, arec des esquisses biogràphiques , anecdotes et remarques sur l'état actuel de ces pays , et leur situation relative par rapportala Grande-Bretagne, par Edouard JBlaquier , éouyer.

^cuveau Dictionnaire de Médecine, contenant un«
Explication des fermes cT Anatomie, de* Philosophie , de Chimie, de Pharmacie, d'Accouçhement, etc., et les différentes branches de la philosophie naturelle , en rapport avec la médecine ; par Robert Hooper. Un grqs voh in-8*. ·
—Abrégé pratique des maladies cutanées, avec un court aperçu des symptômes diagnos tiques et la méthode de traitement ; par Thomas Baleman. Deux vol. Deuxième édition. ;
— Biographie dramatique, coutenanl des Mémoires historiques et critiques f et des anecdotes sur des écrivains dramatiques anglais et irlandais , depuis le commencement des représentations théâtrales en Angleterre , avec une description alphabétique et des tables chronologiques de leurs ouvrages et des remarques sur leur mérite j dédiée au prince régent , par miss Owenson. Trois vol.
— Voyage au Canada et au.r Etals-Unis d'Amérique, comprenant une Description de Terre-Neuve, des îles Magdelaine , de Québec , Montréal, New-Yorck , etc., de leurs coutumes et costumes curieux, et des anecdotes, du
70 MERCURE ETRANGER.
commerce du Canada, dans la Caroline méridionale, i Boston, Charlstown , Savanacb ; de leur littérature , histoire naturelle, etc.; par John Lambert. Deux vol. in-B·.·; deuxième édition , revue et corrigée. >

Lorimer, conte. Un vol.
—L’art de conserver la sue jusqu* à Text rème vieillesse , et de la rétablir et la Jortifier lorsqu’elle devientJaibif. Un vol.

Essai sur Γéducation , par John Evans.

Jane de Dunslanuille, ou Caractères tels qu’ils sont ; par Isabelle Kelly. Quatre vol. Cet ouvrage a été dédié à S. A. R. la princesse de Galles.
Oxtord. — Μ. Gaisford , professeur de littérature grecque , a publié une excellente édition du traité d’Ré- phestion , de Metris, revu sur plusieurs manuscrits des bibliothèques d’Angleterre. Il y a joint la Chrestomathie de Proclus. Μ. Gaisford est l’auteur du Catalogue des Manuscrits du docteur Clarke , dont il n’a paru jusqtï’ici que la première partie. Elle contient les notices des manuscrits orientaux. Notre Université s’est empressée d’acheter tous les manuscrits du docteur Clarke. Ils font maintenant partie de la bibliothèque Bodlcicnne.
ALLEMAGNE.
Vienne. —Le célèbre orientaliste Μ. Hammer est sur le point de publier en langue allemande une tragédie en cinq actes, intitulée : Djafar ou ta chûfc des Barmécidcs* Μ. H ammara dédié cet ouvrage aux mânes de Colhns.
— Μ. Zang, docteur et* médecine , a publié on Traité , des opérations chirurgicales, en 2 vol. in*tl·. Cet ouvrage, écrit en allemand , a obtenu beaucoup d’éloges.
GcETTnïGUï. — On a achevé l’impression de l’ouvrage de Μ. Heeren , ayant pour titre : Ideen über die politick , etc., c’est-à-dire, Idées sur la politique, les rela- ' fto/rr et le commerce des principaux peuples de rancieri
Monde, et notamment des Grecs. Trois vol. in-8e. Cet ouvrage coudent des aperçus neufs, et des détails très- curieux sur l’antiquité.
GAZETTE LITTÉRAIRE. 71
— Le libraire Roewcr a mis an jour le tome 9 de l’excellent ouvrage , intitulé : Geschichte der poesie > eie, , c’est-à-dire, Histoire de la poésie et de l'éloquence, depuis la fin du treizième siècle jusqu’à nos jours; par Bouter* week. Un vol· in-8·, de 52# pages.
BëRLIN.—Daus sa dernière séance publique , consacrée à la mémoire de Leibnitz, Γ Académie des sciences a témoigné ses regrets , de la manière la plus touchante , sur la mort de Lagrange, ci-devant directeur de l’Académi· de Berlin. Μ. Traites a lu un éloge de cet illustre malhé- matieien , qui a été entendu de toute l'assemblée avec la plus vive sensibilité. Ensuite Μ. Schleyermacher a lu un excellent mémoire sur les differentes méthodes de traduire , et Μ. Uhgen une savante dissertation sur le plan et les betiutés de ITphigénie en Aulide d’Euripide.
Leipsick. — Le libraire Schwikert a mis sous presse una nouvelle édition de Tacite,avec une introduction, des tables chronologiques et généalogiques et des notes, par Μ. Weikert. Les notes sont écrites en allemand. Cette édition formera plusieurs volumes in-8°; Le premier volume a déjà paru, il contient la Germanie, la vie d’Agricola, et le dialogue de Oratoribus, attribué à Tacite.
Μ. Spalding, philologue très-distingué, a publié une nouvelle édition de Quinlilien, sous ce titre : Quintiliani Μ. Fab. de Institutione oratoria lib. JCH ad codd. veter, ß dem recensuit et annotatione explanavit G. L. Spalding. Quatre vol. in-8°. Chez Vogel·
SUISSE.
Arau. — On a publié dens cette ville les OEuvres dramatiques de Μ. le comte Jules de Soden, en 2 vol. grand in-8*.
Le premier volume renferme trois pièces : Sadi, Che- tonis et Frantz de Sekingen. Dans le second, on trouve les tragédies intitulées Médce, François Pisarre et F7/·- ginie.
ITALIE.
ViRONE. — On a mis en vente la cinquième édition A* Arminio > tragédie, accompagnée d’un Mémoire sur la déclamation théâtrale, et sur une nouvelle réforme de la
ji MERCURE ÉTR ANG.—GAZETTE LITT, scène, d’un discours sur la poésie tragique, el de deux lettres de Voltaire sur la Merope de Mallei. Un vol. in-H*·
Lucques. — On a publié dans celte ville une doik velle traduction du Manuel d’Epictète , sous ce litre ; Il Manuale cTEpicleto, tradotto da Lazzaro Popi. Uh voL in-8®. Μ. Papi s’élait déjà acquis une réputation méritée par une traduction en langue italienne du Paradis perdis de Milton.
Pise. — Le libraire Rosini a publié dernièrement une nouvelle traduction du Voyage sentimental de Sterne, par Μ. Didimo Chierico. Celle traduction a obtenu un grand succès.
Milan. — Μ Muai se propose de publier incessamment une belle édition des OEuvres complètes de Machia· velj accompagnée de plusieurs ouvrages inédits du même auteur.
Perugia.— Le savant antiquaire Giov. Battista Ver- miglioli, professeur d'archeologie à l'Universile de Perugia, conservateur du cabinet d’antiquité» de cette ville, et membre de plusieurs Académies, vient de publier ua ouvrage important et très-curieux,sous ce titre : Memorie di Jacopo Antiquarii e degli studii di amena letteratura esercitati in Perugia nel secolo decimoquinto , con un* appendice di monumenti t etc. In Perugia, i8l3. Un gros voi. iu-8* de 447 pages» accompagné d’une preface considérable el de notes nombreuses Cet ouvrage de l’estimable Μ. Verniiglioli a été accueilli de tous les savana d’Italie avec le plus vifiutérêl. Jacopo Antiquarii était, comme on sait, natif de Perrugia. 11 fut par ses talena un des plus beaux ornamene de sou siècle et de sa patrie.
Brera- — Μ. Fumagalli, peintre distingué, et membre de l Académie royale de Milan , va publier par souscription les ouvrages de Léonard de Vinci. Celle collection formera au moins trente livraisons, de format grand 10-4®, de six planches chacune. Elle sera intitulée ; Scuola di Leonardo da Minci in Lombardia. Les planches seront accompaguccs d’un Discours préliminaire , d’observations el du notices sur la vie des auteurs. L’ouvrage sera tiré A 5oo exemplaires seulement. On soiibcrit è Brera, chez 1 éditeur, età Milan, chez les libraires Molini et Landl.
MERCURE ÉTRANGER.
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Na XIV.
LANGUES ORIENTALES.
LITTÉRATURE CHINOISE
Plan d'un Dictionnaire chinois, brochure in 8® Je8opag.f par Μ. Abel de Rémusa r, docteur en médecine.
Je déclare, en commercant Paralyse du plan de Μ. de Rémiisat, que je ne sais pas le chinois, et que je dois aux récits des voyageurs et aux travaux des Missionnaires tout ce que je connais de la littérature (Pim peuple sur les institutions duquel ou porle encore atijoui d’hui des ju"emens si opposés. Les sinologues vont sans dónt·· dire, après cef aveu» qu'il ne m’appartient pas de juger leurs travaux. Ils auraient raison, si je me permettais de donner mon avis sur des ouvrages purement philologiques et sur des discussions qui auraient pour objet d'analyser ou d’écla'rcir des textes chinois; mais ce n’est point de cela qu’il s’agit ici, puisqu’il est facile de démontrer que le Mémoire du docteur Rémusat . peut être aussi bien apprécié par tous ceux qui s’adonnent aux lettres, que par un sinologue. Ce Mémoire a deux parties très-bien distinctes. La première renferme une suite de faits pour servir b l’histoire de lajûzo/o^û* ? on trouve dans la seconde des pians d’ouvrages propres h faciliter l’étude du chinois ! ainsi l’on voit que pour juger le travail de Μ. de Rémusat, il suffit d’appliquer à un cas particulier les lois de
Tom. III. — 1Ö14L 6
7*
mercure etranger.
la grammaire générale, et de n'ètre pas étranger a l'histoire des littérateurs. C’est en l'analysint de cette manière que je vais tâcher de le faiie connaît re.
L’auteur parle en premier lieu des dictionnaires chinois composes jusqu'à ce jour par les Européens. Il paraît que Mathieu, Ricci est le premier qui en ait rédigé un , car M.deRémusat croit que l’ouvrage du pèreCoôo ne mérite pas ce titre. Malheureusement le manuscrit <le Ricci est perdu. C’est, sans doute, une grande perte; mais si Ton considère que le pere Kircher, l’homme le plus mal-savant -qui ait jamais existé , devait en être l’éditeur, les regrets diminueront : car ce visionnaire, manquant des connaissances grammaticales et de l’esprit méthodique qu’exige la publication d’un dictionnaire chinois» aurait gâté bien certainement le travail du père Ricci, qui serait par la devenu tout-h- fait inutile , et peut-être meme dangereux. Μ. de Rémusât fait ensui'e connaître les ti.ivaux du père Ccllado, de Ga- bricl AliTgaillans, de Bouvet, de P a rennin, de Dias et de plusieurs autres sinologues qui avaient entrepris de rédiger des dictionnaires et des vocabulaires chinois; il donne surtout de grands détails sur les essais du docteur Monlucci, également célèbre par son goût pour la polémique, par le style mordant avec lequel il défend la vérité, et par l’éten- due de ses connaissances.
Apres avoir exposé les travati* des Missionnaires et des savons, sur la langue chinoise, l’auteur donne des notices de plusieurs dictionnaires manuscrits qu’il possède. Le premier est une copie du Han Iseit Si i, ou Sinorum characterum Europea expositio, composi· par Basile de Glérnona, Frcrr-Mineur de l'Etroite Observance. Voici le jugement que Μ. de Réni usai porte sur ce dictionnaire : « Le « nombre des caractères qui y sont expliqués est trop peu « considérable, mais le choix en est généralement bien fait· « Les caractères homophones ne sont pas toujours disposés «suivant cet ordre analogique, dont Fournuont s’était «peut-être exagéré l’importance, mais qu’il est du moins «1res-utile de conserver dans un dictionnaire tonique 5 lei
LANGUES ORIENTALES.
75 « variantes d’écriture manquent souvent et ne sont pasrnp- « portées en assez grand nombre ; il règne quelque désordre «dans les différentes acceptions du niènti· mot, et f.iuteur « ne s’est pas assez rigoureusement conformé pour cet < b jet «h la méthode chinoise. Le nombre des phrases et des «exemples est trop petit, et d’ailleurs ils ne sont écrits «qu’en lettres latines, ce qui diminue beaucoup de leur «utilité.))
Le Han tseu Si i se divise en trois parties· La première est le dictionnaire lui-moine, qui contient les caractères rangée dans l’ordre alphabétique, d’après le système d’orthographe particulîvr h l’auteur, et dans celui des cinq tons, adoptés par les Missionnaires lexicographes.
La seconde partie renferme des tables assez bien rédigées. Une entre autres, qui est intitulée Usus specialis parli- Auliti Ta, nife cent vingt-un exemples des changcmcns que celte particule fait éprouver au sei.s des caractères avec lesquels on la joint. Une autre table est consacrée aux particules numerales. « Les Latins, dit Μ. deRémusnt, «distinguent par des adverbes de quantité differens, les « objets qui se mesurent de ceux qui se comptent. LusClii- « dois distinguent, de plus, les objets de différente nature « qui peuvent se compter, par des particules ajoutées aux « nombres.» La troisième table, intitulée Mvdus enumerandi annos more sinico , offre le cycle'sexagénaire. Il y a encore plusieurs autres tables , dont la dernière contient les noms de familles presents , par ordre cle Γempereur. elle est rangée suivant le système orthographique adopté par. le père Basile.
Enfin , la troisième partie d.i Han tien Si i est un index des caractères qui ont été expliqués dans la première. Ils sont rangés par ordre de clefs, et la prononciation en lettres latines qui les accompagne sert de renvoi pour les retrouver dans le dictionnaire.
Le second manuscrit dont parle Μ. de Remissnt est cn- epre une copie du Han tseu Si i, mais elle diffère de la précédente, en ce que l’orthographe du père Basile a clé
I
MERCURE ETRANGER.
remplacée par la prononciation portugaise et ses explications latines, pari ielle ment traduites, soit en portugais, soit en français; mais l'an g mentation des caractères, dont le nombre s’élève à plus de quatorze nulle dans la seconde copie, forme entre les deux manuscrits une différence bien autrement importante que celles du changement d’ortlio- graplie et de la traduction des explications latines.
Le docteur Réni usai parle ensuite d'un dictiounaire chinois espagnol , antérieur et préfe’rablç au Han tseu Si i qui n’est qu’un vocabulaire. « L<$> caractères , dit-il, y sont « bien suivis de leurs principales sign ideations en espagnol, « et un petit nombre seulement en sont dépourvus^ Mais ce
«
« tingile de tons ceux du même genre dont j’ai connaissance, 6 c’est l’attention qu’a donnée son auteur aux phrases et <c aux expres.dons complexes dans lesquelles peut entier K chaque caractère ; elles y sont toutes dures en chinois, « d'une manière extrêmement nette, et accompagnées de « leur lecture et de leur interpretation en espagnol. » L’auteur enire ensuite dans quelques détails sur les particules, sur la proôoncialion d»'S caractères, Sur la langue mandarine et sut les avantages qui donnent au dictionnaire chinois-espagnol une grande supériorité sur tous les autres. Les divers rapprochemens qu’il fait sont très-curieux, mais je nfabs-
connaissaoce de cause, et je n’ai pas l’honneur de l’être.
Le dernier ouvrage dont Μ. de Rémusat donne la notice est un vocabulaire de plus de sept mille caractères, avec de comtes explications ; il est redigi suivant les deux cent quatorze clefs, telles que les ont enseignées Founnont et Dcsbauterayes , et telles qu elles ont été adoptées par les auteurs des dictionnaires chinois les pins méthodiques et les plus répandus en Europe. L’orthographe de ce vocabulaire éiant la même que celle du Han tseuSi i, il peut de cette manière lui servir d'index, et s’il est insuffisant pour traduire, il facilite du moins le recours aux dictionnaires
toniques.
LANGUES ORIENTALES.
77
Μ. de Rémusat expose ensuite son plan d'un dictionnaire chinois. Il propose de choisir, pour base d'un travail de ce genre, le Tsching-tteu-thong, dont la meilleure édition est celle qui porte le titre de K hang-hi- ióeu-tian^ c’est le dictionuaiie que les lettrés estiment le plus. « On y prendi ait , dit - il, la série des caractères, « dont le nombre s’élève h plus de trente mille, que Fon « pourrait, au moyen de quelques additions, porter a qua- « rante mille, qui formeraient comme le fonds de la langue et chinoise.
Il veut qu’on place sous tous les caractères la forme antique, les dégradationsqu elle a successivement éprouvées, et les variantes d'orthogiapbe dont chacun d eux est susceptible.
«On joindrait aux caractères, ajoute-t-il, leur prononciation eu lettres françaises, non pas seulement suivant la laugue mandarine 9 mais aussi suivant celles de Tchang- tçhevu OU du Pou-lian^ du Kouang- lûungj de An-nan, avec tout ce qu’on pourrait se procurer des patois de la Chine et de la langue des peuples qui se servent des caractères chinois. On noterait aussi avec soin ce qui nous leste des anciennes prononciations
«
«
«c
«
«
«
«
« des caractères", surtout a une époque antérieure au séjour « des empereurs chinois dans le Kian-nan· »
Μ. de némusat pense judicieusement qu’on doit rapporter les caractères synonymes, les opposés et les dvfiniuons en chinois, d’après le Tseu-Mn^ avec une interprétation latine, et placer ensuite ks expressions complexes, en ajoutant a chaque caractère nue phrase ou un exemple pour chacune de ses acceptions.
« Enfin il faudrait, dit-il, que les differens tons, les dif- « ferentes prononciations, les acceptions variées d’un même « mot fussent soigneusement distinguées, et quìi chaque « section on marquât les variantes cl les syuouymes; car le « caractère qui peut se prendre pour un autre en un certe tain sens, ne le pourra pas dans tel autre sens, et c’est et * qu’il est essentiel de déterminer, jj
MERCURE ETRANGER. ·
"8

Tel est îe plan proposé par Μ. Réinnsat ; mais poor le concevoir il ne suffisait pas d'être habile sinologue, il fallait encore avoir fait une étude approfondie de la grammaire générale, de la métaphysique des langues, et d>i mécanisme par- lieu lier de celle des Chinois. C’est nui sinologues qu’il est permis de juger le projet proposé; mais en ma qualité de grammairien, j’ose assurer qu'il me parait bien conçu, et je désire qu’il soit promptement exécuté.
Je ne suivrai pas l’auteur dans scs considerations sur les difficultés de l'entreprise, et je ne puis prononcer s'il a de bonnes raisons pour préférer l’ordre des clefs a celui des tons, et parmi les differens systèmes des clefs, celui qui en contient deux cent quatorze, a ceux où Ion en trouve un moindre ou un plus grand nombre. Les motifs qu'il donne me semblent fort plausibles, mais les partisans de l'opinion contraire pourraient aussi en avoir de tres-puissans.
Non nostrum tantas componere Utes.
C’est la tâche de ceux qui savent le chinois, et qui me récuseraient si j’avais I? présomption de le faire. La mienne est d’exposer les idées du docteur Rémusat«
A la suite de son plan de dictionnaire, ce savant fait Phis- foirrdeMra vaux des Européens sur la granimaireet les élémens de la langue chinoise. C'est dans ce chapitre qu’il distribue a ses prédécesseurs, avec mesure, mais sans passion, l'éloge et le* blâme qu’ils méritent. Ses examens des Meditationes sinicoe et de la Grammatica sinica, Av Fminnont, sont inspirés par une judicieuse critique, et il juge les hommes sans se laisser Imposer par l’éclat des Tiens. Les travaux de Defilimi ieraies, et ceux du Père J/nc/Zo, sont également appréciés avec justice ; il n’oublie ni la lettre du Père^rrwoi, a Γoccasion d«» paradoxe de N cedam sur les hyéroglyphcs égyptien*, ni les Remarques philologiques , dans lesquelles le docteur Montucci fait preuve d’une érudition fort incommode pour ses adversaires, et il donne de grands détails sur lesouvragcs de Μ. Marshman.
L’auteur termine sorriDcmoire en y traçant le plan d’une
LARGUES ORIENTALES.
introduction a l’étude de la langue dii noise. Les personnes qn> voudraient rapprocher ce plan de celui du dictionnaire, j trouveront les mêmes connaissances grammaticales unies a ime vaste erudition, et elles applaudiront sans doute au voeu que je forme de voir Μ. Réninsntle remplir un jour.
Quoique orientaliste, ce savant écrit sa langue avec correction et élégance; la brochure qu’il vient de publier se fait lire avec plaisir, même par ceux qui sont étrangers, aux lettres orientales. Je pourrais citer tels littérateurs bien fameux dont on n’en dit pis autant, et je connais certains professeurs de grammaire française qui auraient besoin des.leçons de l’hdbilc sinologue.
L. A. Μ. Bojrge.st (de Piscio), membre de la Üociélé Philolechniqut, de celle des Antiqua ir es de France f de l Académie de Grenoble , etc.
DicùonnaireCldrwis-Français·, par Μ. deGuignes, etc. Imprimerie impériale, x8iô. x vol. in-fol.
[premier article.]
La publication du premier dictionnaire chinois, expliqué en langue européenne, es* un événement trop important dans la république des lettres, pour que nous ne nous empressions pas d’anuoncer que Μ. de Guignes vient de terminer celui dont la lédaction et la publication lui avaient été confiées par un decret impérial en date du··...· îjog. Il est digne de remarque que, le jour meme où un journal lies-répandu reprochait b l’auteur, en termes peu mesurés, son long silence, celui-ci remettait au ministre de l’intérieur le premier exemplaire de son grand et mémorable ouvrage. Comme nous devons attendre qu’il soit livré au public pour en rendre un compte aussi satisfaisant qu’il dépendra de nous, dans un second , et peut-être même dans un. troisième article a nous nous bornerons a observer que ce.
8o MERCURE ETRANGER.
Dictionnaire renferme plus de treize mille caractères chinois , rangés suivant l’ordre des clefs , avec une cxplicaiiott française et une synonymie latine. L’exécution typogra- ph’tpie de cet ouvrage fail le plus grand honneur a l’Imprimerie impéiîale ; c’est l’unique é ahlissement de ce genre, en Europe, qui possède les hulllines et les matériaux nécessaires pour l’achèvement d'une aussi belle entreprise. On y trouve maintenant plus de cent trente mille caracteies chinois de différentes grosseurs, et, ce qui est pins précieux encore, un prote dont I intelligence égale le îèle. Je me plais h rendre ici cet hominane public de mon estime et de ma reconnaissance personnelle au modeste Μ. La Rue. On conçoit aisément que faire l’éloge de cet habile typographe, c’est, en même temps, faire celui de ses chefs. En effet, MM. Marcel et A unisson Du perron, qui savent l’apprécier, l’encourager, s’empressent de lui procurer tous les moyens d’exécuter les ouvrages qu’on lui confie.
LITTÉRATURE PERSANE.
Refrain* d'Hdfiz,
Un article que j’ai inséré dans le9· numéro de ce Mercure, sur Hàfiz et se» poésies, me dispensed« parier de nouveau de ce poète j je me contente d’y renvoyer le lecteur. La pièce dont Je vais offrir la traduction fera encore mieux Connaître le talent et la manier«· décrire d’Hdliz, le plus voluptueux des poètes persans. Frul-êiien’y veri a-1-ou pas beaucoup de suite et d ciichaineiuuiil dans les idees, ni de variété duns Ls images j mais c’c?l, comme 011 a pu déjà le remai q .er , le defaut commun à tous les poetes orientaux. Leurs idées seul souvent si p< u liées les unes aux autres , que , da ns leurs po aies dcsciiptives et dans les peintures qu'ils font de /amour , il serait presque indiiférent de commencer par le dernier vers et de Unir par le premier II n*esi pas rare qu’un ver» fusse à lui seul un se » particulier, et Mc depende eu neu de celui qui te précédé. De-là vient que ,
LANGUES ORIENTALES.
81
dans les manuscritsdespoetespersanssurtout,il y a des trans· Îjosilionsde vers très frequentes, et quecependanlleaens de a pièce r^ste toujours le même, et n'en devient pas pl us obscur. Enfin, p »estes arabe* et persanes nesonl le p'us coin-/ munément que des pensées détachées, sans liaison avec ce qui précède et ce qui suit Cet ordre et celle suite qui manquent chez les écrivains orientaux, on ne p’ut les exiger, cerne »enable, dans les poètes qui chantent l'amour et le vin. La passion n’observe point une marche méthodique et ordinaire; elle se jette dans des écarts, et ne va que par bon s et par saillira : tout en elle est brusque, impétueux, desordonné. Mais ce qui fatigue et rebute dans les poètes arabes et persans, c’est ce retour uniforme des mêmes figure·», qui plairaient davantage si elles étaient plus variées et répan uns avec moins de profusion; ce sont des meta- £ bores dures et birdies qui blessent le gofct et choquent le
•n sens; ce sont encore des pensées si gigantesques et si extravagantes, ou si niaise*et si puériles, qu’il serait impossible de les faire passer en français telles qu’elles sont dau< l’original·
La ptèc»»qu · je vais présenter aux lecteurs n’est pas tout- à-fait exemple de ces éfauts. J’ai donc cru pouvoir adoucir certains passages, les mettre dans un jour plus favorable , et leur donner une couleur qui blesse moins ks regaidb. C’est une liberté qu’un traducteur peut et doit prendre quelquef >is. En lisant la pièce d’Hàfiz , on v verra quelques traits de ressemblance avec Anacréon et Horace. J’aurais pu multiplier les citations grecques et latine ; maisceserait un soin superflu et un vain étalage de savoir 1-e lecteur fera t aussi bien que moi. ces sortes de rapprochemens, et il semblerait peut-être ridicule que je lui fisse toucher au doigt ce qu’il peut trouver aisément.
* O toi qui as livré au vent l’amour que tu me témoignais, est—ce donc là la fidélité que tu m'avais jurée ? Est-ce ainsi que tu m’ai (des ?
Jusques à quand retiendras-tu captif, dans le filet des soucis amoureux, ce coeur blessé et en proie à la plu» amère douleur?
O chère àmc de ma vie ! faut-i! donc que tes rigueurs et
MERCURE. ETRANGER.
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tos mépris déchirent continuellement le tendre et faible coeur de celui qui t’adore ?
Les boucles de ta noire chevelure m’ont jeté dans le dé - lire; tous mes sens sont bouleversés.
Quoique le zfeu dévorant de tes cruautés me consume, eependaul je me suis fait une douce habitude des tourmens que j’enduie.
• Je jnc suis écrié Soie touchée de mes peines, et mets un terme à tes cruautés.
Mais, hélas! puisque je n’ai pas l'espoir qu’un jour tu· veuilles prendre pitié d’un malheureux amant que les chagrins accablent,
1) vaut mieux ne pas détourner mon visagedeh patience, peut-être obtiendrai-je ce que mon coeur désire.
*** ***** *** v*****
« Quaxd même je mourrais victi me des lourmens de l’a- ipour, non, ma bien-aimée, je ne pourrais détacher mon coeur de la passion qu’il a pour toi.
A h ! si les cris que je pousse s’élevaient jusqu’à la voûte dc$c?e:<x, l’astre du jour et celui de la nuit seraient sensibles à mon infortune.
A chaque instant l’arc de tes sourcils décoche des traits acérés qui me déchirent le coeur.
Est-il une plume capable de décrire la violence de mon amour? Mercure lui-même ne le pourrait, quand même j’en ferais mon interprète.
Déjà je suis vieux enamour, quoique je ne sois qu'un enfant; mais ccl amour n‘estencore que celui d’un enfant, quo que j’aime depuis longues années.
Puisque la lortuoe cruelle , en m’éloignant de loi , me retient captif dans les chaînes de la douleur,
11 faut qu’à l’exemple de S/idyt j’apporte le calme à mes sens agiles , cl qu^ je prenne patience.
Il vaut iireuxnep.it détourner mon visage de la palien. c, p mt-être obtiendrai j î ce que mon coeur désire.
u ÉcwAN.tox! fait couler un vin parfumé ; rempli$»en deux on trois coupes aux -arges bords; donne que je les vide avec délices.
LANGUES ORIENTALES. 85
Tant que n>a tele conservera un reste de raison , verse- moi celle douce liquear, dont s’abreuve la troupe sacrée des Mages.
Déjà les oiseaux qui habitent ce jardin préludent à leurs tendres concerts; ils chantent, et mes oreilles charmées croient entendre la voix harmonieuse de David.
Et toi, musicien , fa is-nous entendre le bruit du tambourin; fais frémir mélodieusement 1rs cordes de în lyre.
Que Ice feux de l’amour l’inspirent de voluptueuses chansons. Soupire doucemen comme un luth, au souvenir du bonheur que je savourai dans les bras de tnn bien-aimée.
Hàfiz ! bois à pleine coupe ; abandonne-toi au délire do ta gaîté- El pourquoi t’inquiéter des caprices de la fortune?
Puisque l’oeil n’aperçoit point de rivage à la mer de la séparation,
Il vaut mieux ne pas détourner mon visage delà patience, peut-être obtiendrai-je ce que mon coeur désire.
• O toi qui esun obje’ de jalousie pour toutes les belles,dé* tourne ce voile importun qui me dérobe un visage éclataot comine l’astre de la nuit !
Que je puisse, en contemplant les divins attraits, briser tous les liens qui me retiennent au monde , et ne m'attacher plus qu’a toi !
O ma charmante amie! nos mu'uels et passionnés regards ont trahi partout le secret de nos coeurs.
Hélas! l’exil et sestourniens ont commencé. Quelle sera la fin de mon amour ?
Drôle, ô mon coeur ! sur le feu de l’exil et dans la cassolette de la doii'enr ; exhale doucement le parfum de l’aloès.
Il a donné au vent le principe de sa vie, celui qui a consacré tous scs jours à t’aimer.
Μ intenant que je ne puis baiser les pieds de cette beauté fié e e! dédaigneuse.
I! vu ut mieux ne pas détourner mon visngeJe la patience, peut-être obtiendrai-je cc que mon coeur désire.
«O toi dont la taille a l’éléganceducyprès,le sein ,lablan-
I
«4 MERCURE ETRANGER.
clieur du lis, toi dont le vidage ravissant efface l’cclat de J.» lune,
Reviens ; car je suis accablé sous le poids de l’tbsence , et mou âme impatiente ne peut goûter un instant de repos.
La petite tache qui rehausse l’éclat de too charmant visage , les boucles de tes cheveux sont le» appât» qui ont fait tomber mon coeur dans le piege de l’amour.
Seul, en proie aux doukur déchirantes de la séparation 9 que devienti rat-je ? quelle sera ma triste fin?
Eloignédj ta présence chérie, il semble que ton malheureux amant, en butte à tous les tra.ts du sort, n’ait reçu en partage que peines et que tourmeus.
Hâfiz! doit -on en cet'e vie se proposer autre chose que de caresser une maitresse adorée, que de presser umourcr.se— ment les bords parfumés d’une coupe remplie d’uu vin délicieux !
M.iintenant , ô beauté enchanteresse ! que je ne puis étancher sur tes lèvres la soif qui me dévore,
11 vaut mieux ne pas détourner mon visage de la patience, peut-être obtiendrai’je ce que mou coeur désire.
• O toi qui peux ca’mer les transports de mon âmeagitee! toi l’unique, le doux espoir de mon coeur!
Ab ! combien m’est agréable l’amour que tu m’inspires! Que je supporte volontiers les flamme» qui me consument !
O ma douce maîtresse! depuis que je ne te serre plus dans mes bras, à chaque instant mou âme est pi es de m’abandonner.
Soupirant sans cesse après ta délicieuse présence, je passe mes jours à espérer.
Quo ! cette nuit s’est écoulée sans que je t’aie pressée contre «non jejn ! Au souvenir d’un bonheur évanoui , des torrens de larme* on inondé ma couche solitaire.
Oui, je le le jure, rant que la mort ne déchirera pas le vêtement de mon existence, je ne cesserai de l’adorer et d'être tout à toi.
Puisqu’en dépit de tous tues efforts, je ne puis satisfaire les désirs de mon coeur brisé de douleur,
LANGUES ORIENTALES. U5
Ï1 vaut mieux n* pas détourner mon visa^· cie la patience, f peut-être obtiendrai-je ce que mon coeur désire.
«Blessures de Γ Amour, que vous êtes douces ! Vous répandes sur mon coeur le bauin de la vie. L’amour que je ressens pour ma belle maîtresse est l'aiui, le confident de mon coeur.
Les boucles de ta noire chevelure sont les lacs qui retiennent rnon à me captive. Le rubis de tes lèvres est comme un précieux chaton enchâssé dans Panneau de mon coeur.
Depuis que Ion oeil règne en souverain dans mon coeur j tes sourcils s >ni comme deux arcs placés entre les ma ns d’un satellite sévère, occupé à épier tous les mouvement de mon âme.
Ma bîen-aimée est dans mon coeur, et moi je suis dans le feu ; c’est pour eli·’ qu ■ je crains, et non pas pour mou coeur.
Les douleurs de I » séparation ont été si grandes, qu’a tout moment je me suis vu près, ou de rendre le dernier soupir, ou de perdre la raison.
MA fu ! ah ! quel bonheur, si celle qui te tient lieu du monde entier daignait faire descendre dans ton coeur un rayon d’espérance. .
Eh bien, puisqu’il n’est pas en mon pouvoir de savourer à ton loisir et les délices de l’union et le charme des caresses, Il vaut mieux ne pas détourner mon visage de la patience, peut-être obtiendrai-je ce que mon coeur désire. »
Gaakgeret de Lagrahgk.
LITTÉRATURE ARABE.
Poésies fugitives, traduites Duval-Destains.
Les petits morceaux des traductions qu’on va lire , sont détachés et tirés des différens poè’es arabes. Ils pourrontdon- ner une idée des compositions orientales dans le genre gracieux et léger.
«Non, je n’oublierai jamais ce moment heureux où, sem-
J
86 MERCURE ETRANGER.
. J
Liable à Tast/e des nuits, une belle, dont ftaleine est plus douce que le miel, vînt me trouver dans ma retraite solitaire. Ah! me dit-e’le avec transport, prisse-moi sur ton sein, puise sur mes lèvres des torrens de volupté, .ne crains p.'.s l’arrivée subito du censeur. Ole, lui répondis-je,ce voile importun qui me dérobe ton charmant visage.ii) Je nyQii»e pas le rameau c*clié sous les feuilles, l'épée dans le fourreau, la lune sous les nuages, ni la fleur prisonnière dans son bouton, ·
« O ma bien aimée! presse ta joue contre la mienne, et tu verras une merveille qui ravit en une extase volup- tueuse.Tes joues deviend ront un parterre délicieux , que les miennes inondées de larmes arroseront en abondance, ·

• Dfrniertmfnt ma bien-ainiée me présenta une coupé dont les bords étaient empreints du cachet embaumé de ses lèvres. Ah! m’écriai-je, que celte liqueur est douce! N’esfr eie pas extraite de tes joues .’Non, reprit-elle, levinfnt-U jamais extrait delà rose? » ·
• · · · · 4 · *
λ La pomme que j’ai prise des mains de ma bien-aiinée, elle l’a cueillie sur un rameau aussi délicat que sa taille. Celle pomme a l’incarnat el le poli dç.scs joues, le parfum et le goût de son haleine. »
Ces pensées galantes sont assez dans le goût du madrigal français.
(i) Un poète fraeçais a dit quelque part · ;
voiki k» plu» delicati
- ft>n« ·η Qutregvk ]« «»Fuit.; ■
•f » ”·.·
I
LANGUES ORIENTALES.
*
LITTÉRATURE GRECQUE MODERNE.
*Γυτ^»κ'ί. etc ; c’est-à-dire : Rhetpriqjie d'après les plus célèbres rhéteurs findens él modernes ; rédigée par Nêophytos Bam bas» et publiée aux frais de ses «.ouipatriotes. L’n vol. in-S° (le 4 >5 pages, avec un Discours pré .'i mi nuire de 58 pages. Faris, ι8«5·
Μ. Ba mb as , nati f de I’i ! ß Je Cinos, re aidant à Pans , est un jeune ecclésiastique qui fail beaucoup d honneur a sa patrie, et particulièrement au clergé do la nation grecque- Mathématicien fort Labile et litterateur distingue, il a.fixé de bonne heure l’attention de ses concitoyens ,ct a ui'rilé il y a quelque temps l'honneur d’être nommé, par un décret, professeur de ni. thématiques et de physUjuedaiis le collège public qui fait toute la gloire de Chios. On lui a écrit à ce suj t pour le prier de retourner dans sa pairie, en lui faisant s ntir combien elle avait besoin de ses lumières. Mais Μ- Bambas, qui s’occupait déjà de la l'Jiétoiique que nous annonçons, a fait savoir à ses généreux compatriotes , qu’il desirait, ayant Je quitter la grande.capitale, le foyer des sciences et des arts, y publier sou ouvrage. A peine les Greçs de Chios ont-ils reçu ses lettres, qu’ils lui ont fait parvenir tous les fonds nécessaires pour l’impressiou de sou utile travail.
C’est ainsi que les Grecs modernes honorent le mérite, encouragent les savans, cl contribuent à répandre le goût des lettres. L’ardeur pour les progrès de l’esprit humain est transmise chez eux de père en fils, cornine le plus Leau et le plus précieux héritage, .
La méthode que Μ. Bambas a adoptée dans sa F.héiorl- ÿz/£,nous paraît fori simple. Il attache de plus le lecteur par un style correct et coulant, par la varierò des exemples , relatifs à l’art oratoirè , à l’histoire ou à la morale. Tous ces exemples sont bien choUi«,et prouvent le goût et les excellentes intentions de l’auteur. Nous avons surtout remarqué •à côté d’une fonie de passages de Demo· ihèncs, plusieurs beaux morceaux de Cicéron, que Μ. Bombas a traduits eg
«8
MERCURE ETRANGER.
grec moderne avec beaucoup de bonheur* Si l'ouvrage qui no us occupe est déjà connu de quelques he’lénistcs Français» noue ne aoûtons point qu ils n'y aient rencontré avec salis- faction des passages de Corneille, de Racine de Voltaire, de Massillon» de Thomas, etc., également traduits avec une rare élégance.
S’il fallait faire la part de la critique, nous dirions que l’on aurait désiré que l’auteur eût d»nné plus d étendue à certains chapitres, comme par exemple à celui qui est consacré à la métaphore, et dont la sécheresse ne peut pas être excusée dans un homme aussi savant que Μ. Bambas C’est Blair qui a traité de cêtte partie importante dans toute son étendue et avec une profondeur digne du vrai philosophe.
Les n^iy^r«. ou discours préliminaire,dont Μ Bambas a fait précéder sou excellent ouvrage, renferment des aperçus fort in téressans sur différens sujets L’auteur y parle de l’origine et def progrès de l’art oratoire, se plaint noble· π ent des détracteurs de la philosophie, donne â ses compatriotes des conseils salutaires, témoigne avec candeur la vive joie qu’il éprouve en apprenant les nouveaux progrès que font tons 1rs jours les Grecs modernes, et plein d’un juste enthousiasme, il s’écrie :
« Celui qui reste indifférent, en voyant celle émulation ■ pour le birn public, celui qui du moins ne s’en réjouit pas.
*
n’y pouvant contribuer en rien autre chose, celui-là est
*
sans contredit traître à sa nation et à sa patrie. »
Ce peu de lignes , que nous venons de transcrire, suffisent pour faire voir quel.* sont les sentimene qui animent l’auteur , ci que a été soi» but, en composant ces piolé^omènes.
Notre jeune ecclésiastique parle aussi ovecélogedes principales écoies de la Grèce moderne. « De toutes les villes « grecques, dit-il, Chios, Cydonie(i) et ômyrnesont celles - qui ont eu le bonheur de trouver d«s professeurs phi’oso-
*
pbes.·. . Chios, ma très-chère patrie, possède le cell bre « mathématicien loannis; Cydonie possédait le savant Vé-
(i) Petite ville de Myaîe dans l’Asie mineure, non loin de Per- pune, et vis-à-vii des pHitesîlcs appelées anciennement Hécaton- K n'csrs, et aujourd'hui Jlosehcnntssia.
MERCURE ETRANGER. — LANG. ORIENT. 89
« niamin, qni maintenant est premier professeur au col —

lége Je Constantinople; Smyrne enfin a des professeurs « fort habiles dans les sciences et dans la littérature, parmi

lesquels on distingue Koumasel Îes frères O'konomos.. .
*
Dans toutes les écoles de la Grèce on a fait et Ton fait en- « core des progrès étonn.ms ; mais c’est surtout celle de « Smyrne qui est fréquentée par une foule d’élèves de tout « âge et de toute condition » et qu’un patriote ne saurait
*
voir sans éprouver une joie inexprimable , etc.etc. »
L’estimable auteur termine son beau discourt, par des réflexions profondes et judicieuses sur les qualités et les devoirs de l'orateur sacré. Ces réflexions décèlent un homme également versé dans la vraie théologie et dans la connaissance du coeur humain.
Pour terminer cet article, je me contenterai de dire que l’ouvrage de Μ. Bambasest un vrai monument du patriotisme des Grecs modernes, et réfute complètement lésas— sortiens injustes et outrageantes de quelques savane du nord , qui ont prétendu et prétendent encore que les Grecs "·· ■ «·· · ·■· a· · ·· η
des
Constantin Nicolopoulo, de Smyrne « professeur de littérature grecque , attaché à la Bibliothèque de I'.Institut impérial de- France.
Tom. III. — 1814.
7
LANGUE ESPAGNOLE.
FROFECIA DEL TAIO, por FR. LÜI5 DE LEON.
Folg a ta el rey Rodrigo Coa L her mòia c-ba en la ribeta Del Tajo eirattstigo , El rio mcò iuera El pechu, y lo hablò deste menare ;
En mal punto te gocci Injusto Forçador, que ya el sonido Oyo ya, y las voces, Las armai, y el bramirlo Do Morte, y de furor, y ardor emide.
Ay î ease tu aiegri* '
?ue llantoa acirree, y esta hermoae
Que viò el sol en mai dia) A Espana, ay ! quan Horos«, Y al cetro de loi Godo· quan costosat
Llama·, dolore·, guerra·, Muertoa, assolaoiiento, fi oro 3 male· Entre tu· braço» cierras , Trabajos inmortae», A ti y à tiu vassallo» naturalei ;
A los que en Constantin· Rompo n el fertil auelo , à loi que bina El Ebro, A la vecina $ansuena, a Lusitana, A to da la es paciosa y triste Espana.
Ta drude Cadiz llama
El inj ui i ado Conde, A la vengança Atento y no à h fama , La barbar· pujança, En quien para tu dano no ay tardança.
Oye que al cielo toca Con temerono son la trompa fiera, Queen Africa convoca El moro à la venderà , Que cl ayre desplegada va ligera.
La lança y a blande»
MERCURE ETRANGER. — LANG. ESPAG.
El Arabe cruel, y hier« el virato
1,1amandò à la pelea j
Iiinumrrable cuento
De eequadras juntas veo ea un momento«
Cubre la gente el sudo
Debaxo de las telas de s pa rec e
Lamar, la voa al cielo
Confusa y varia croce F
£1 polvo roba ci Dia , y le «curcce.
Ay ! queya presurosoa
Subeû las largas naves j ay que tienden
Los braços vigoroso«
A loe remos, y endenden
Las mares eepurnosas pur dobienden.
El Eolo derecho
Hin che la tela en popa , y larga entrada
For el Herculeo estrecho
Conia punta ace rada
El gran padre Neptuno da i la Armada.
Ay triete! y aun la tiene
El mal-dulce regalo f pi Hamid·
Al mal quo sobrevieoe
No accores, occupa do
No voa y a il puorlo à Horculce ss grado ? ,
Acudt, acorre, buelt,
Trasparsa el alla sierra, occupa clUanot
No per dene« la espuela.
No des pasA la maao, Menta fulminando el bierreinsano.
Ay quanto de fatiga!
Ay quanto de sudor està presentet
Al quo viste Ioriga,
Al infante vallerete 3
A hombres y à cavallo· jeu ta mente I
Y tu Betis divino ,
De aangre agens y taya amancillado.
Darà· al marvecino
Quanto yelmo que brado ?
Qaanto cuerpo do nobles destroçado?
El furibundo Marte
Ci neo luces las hazes desordena
fgual à cada parte;
La enta , ay ! te condent,
Ο cara patria IA barbara cadetta.
9*
MERCURE ETRANGER.
TRADUCTION.
LA PROPHÉTIE DU TAGE , par FR. LOUIS DE LÉON. (l )
Cette ode célèbre en Espagne, et l'un des plus brillane morceaux de poésie des siècles modernes, est une imitation du Pastor cum traheret d’Horace* Elle est fondée sur une tradition historique qui attribue la chute de la monarchie des Gotbs h l’attentat de leur dernier roi Rodrigue, ou Îjlntôi Rodéiic, contre la pudeur de la fille du comte Ju- ien. Ce dernier, exerçant la plus criminelle de toutes les vengeances, appela les Maures <F Afrique en Espagne, dont ils ne furent entièrement chassés qu’au quinzième siècle, après une domination de huit cents ans.
Sur la rive du Tage , le roi Rodrigue folâtrait, sans témoins , avec la helle Caba (2) .... Le fleuve indigné mon-
« Tu jouis sous des auspices funestes (5), injuste ravis-
(1) Ce poète est né à Grenade , en 1517· Bouterwek, dans son Histoire de la Littérature espagnole , lui »’consacré un assez long article : « C’est, » dit-il, a saus exception , !e plus correct des poètes espagnols. Il faisait des vers par l’asceudaut de son étoile, non par choix, ni de propos délibéré : mais dès sa plus tendre jeunesse, il avait lu et relu les odes d’Horace; et l’élégante correction de ce pocte avait formé son goût à son insu. La grâce noble et simple da ce style était le modèle toujours présent à son imagination ; mais le caractère de 1<i poésie d’Horace convenait trop bien su caractère de son esprit; il se l’appropriait trop naturellement, pour risquer jamais de l’imiter d’une manière servile. Aucun poète n’a connu mieux que Louis de Léon la véritable manière d’imiter les anciens dans la poésie moderne. »
(a) La fille du comte Julien , que d’autres ont nommée Florinda,
c . . . Jam galeam Pallas et ægida,
Cunuaque et rabiem parai. »
Hom,
(3)
LANGUE ESPAGNOLE.
95 leur !·.... J’entends déjà le bruit affreux des armes; j’en·* tends les voix plainlives, le cri du terrible Mars qui marche accompagné de la fureur et de la rage.
« Hélas! ces voluptés dont tu t’enivres, que de larmes elles feront répandre! Et toi, beauté fatale qui naquis en un jour malheureux, que tu coûteras de pleurs à l'Espagne.1 que tu coûteras cher à l’empire des Golbs!
« Insensé ! tu serres dans tes bras l’incendie, la douleur, la guerre et tous ses fléaux, la destruction, la mort, les immortelles souffrances qui te menacent toi-même et tes sujets malheureux;
« Et ceux qui fendent avec le soc les fertiles plaines de Constantine (4) ; et ceux qui boivent les eaux de l’Ebre ; et les paisibles habitans de Sansuena; ceux de la Lusitanie; tous les peuples nombreux qui couvrent la spacieuse cl triste Espagne !
« Moins occupé de sa gloire que de sa vengeance , déjà , dans Cadix, le comte offensé (5) appelle avec des cris furieux toute U puissance des Barbares; elle arrivera trop tôt pour ta ruine !
« Entends-tu la trompette menaçante qui frappe le ciel de son bruit redoutable? Elle appelle le Maure sous la ban-r ni ère déployée qui ondoie légèrement dans les airs.
« Déjà l'Arabe cruel branditsa lanceet demande à grands cris la bataille; je voie se réunir en un moment d’innombrables escadrons.
h 11$ couvrent la face de la terre; la mer disparaît sous leurs voiles; le bruissement varié dé leurs voix confuse* grandit toujours et remplit l’étendue des cieux; d’immenses nuages de poussière obscurcissent la clarté du jour.
* Hélas !· les voilà qui se préci pîtent et s’élancent sur leurs vastes navires! Je vois leurs bras nerveux s’apesantîr sur
(4)
Ville d’Andalousie.
(5)
Le comte Julien..
»
ÿ4 MERCURÉ ÉTRANG ER. — LANG. ESPAG.
les rimw; les mers, qu'il· fend eut avec ardeur, blanchissent d’écume.
« Eole enfle leurs voiles d’au souffle favorable, et l’anti* que Neptune, d’un coup de son trident de fer, ouvre à leur »ottante armée une large voie à travers le Detroit d'Hercule.
« Oh ! déplorable roi ! Et ta ne t’arraches pas à ces doux et perii les embrassera en«! Et tu ne cours pas au-devant de l’ennemi qui va fondre sur toi ! Ne vois-tu pas qu’il occupa déjà le Port sacré et Hercule? (6)
« Va ! cours ! vole et bouillonne de courage ! Franchis la montagne escarpée! Empare-toi de la plaine! Ne donne joint de trêve à l’éperon ! Que ton bras ne se lasse point de frapper! Fais jaillir les éclairs de ton épée ivre de carnage!
« Hélas! que de travaux, que de sueurs, (y) et pour celui qui combat armé de la cuirasse, et pour le fantassin valeureux, pour les hommes et les coursiers !...
« Et toi, divin Bel is! (8) teint du sang étranger et du sang espagnol, que de heaumes brisés, que de nobles cadavre» déchirés en lambeaux, tu rouleras àia mer voisine!
* Pendant cinq jours entier«, Mars en fureur tient la ha- lance égale entre le· deux armées, et enveloppe leurs bataillons dans une ruine commune.........La sixième aurore te
condamne, ô chère patrie! à porter les fers des Barbares. *
S... É.
(6)
Tarifa , où les Maures débarquèrent.
(7)
« Ehen I quantus «quia , qunut us adest riris Sudor ! quanta moves funera Dardan» Genti! .... »
Hox.
(8)
Lo Quadalqiaivir.
LANGUE ITALIENNE.
Revub de plusieurs ouvrage* publiée depuis quelque temps en Italie»
Compckdio della Storia (Thalia, etc. — Abrégé de l’Hïe- toire d’Italie, depuis la décadence de l’empire d’Occident jusqu’au couronnement deNapoléon-le-Grand, comme roid Italie. Florence, îB 12.2 vol. in-12.
L’auteur anonyme dece petit ouvrage a pensé aree raiion que l’Italie moderne devait avoir son Florus, ainsi que la France, l’Eipagne, l’Angleterre, etc. En conséquence il a extrait des auteurs le» plus estimés le» principaux événement d’au pays ei justeuieul célèbre. Dan» ce cadre circonscrit, on sent plus vivement qu’à la lecture d’histoires partielles, combien les destinées de l’Italie furent extraordinaires. Long-temps la terreur ou la maîtresse du reste de l'univers connu, ce pays , depuis l’invasion des Barbares, no semble plus remplir qu’un rôle passif dans les annales de d’Europe. Cependant, même alors,de grand» caractères s’y montrent, et, du moins, on ne peut lui refuser la gloire d’avoir fait renaître le goût des lettre» et des arts. Ce livre, Composé pour servir de guide À la jeunesse de la belle contrée, que partage l'Apennin que la mer et les Alpes en· vi/tonnent, (1) est généralement exact dans le récit des faits; et si l'abréviateur n’a pas pu se défendre de quelques préventions pour tels ou tels personnages, on voit qu’il & cherché à être impartial autant qu’il lui était possible. Ainsi, par exemple, s’il prétend que Constantin possédait toutes les qualités qui forment un héros, ce qui pourrait être contesté, il avoue que ce prince commença la ruine de
(1) Ceci est lesens de ce beau passage de Pétrarque, cité par- l’auteur ;
.......................... . U bel pwie
Cil* Appenrûu pirU, « il a*f (jirioOd* · l’AJpi.
MERCURE ETRANGER.
96
Vempìre, en transportant à Byzance la résidence des souverains·, et en partageant l'étal en deux parties distinctes.
5i oous avons loué, en général,l’exa illude <’e l’auteur > ce n’csl pas qu’en plusieurs points il n’ait commis des erreurs. Nous nous contenterons d’en indiquer une seule; elle est d’une espèce assez singu fière. Au chapitre des Croisades, Fanonyine dii que les deux plus iUuslres héros dans la première de tes expéditions» furent Bohéiuond et son neveu Tancrè le. Comme il rend d’ailleurs justice à Godefroi, il n’y aurait rien à lui dire, s’il n’ajoutait pas ·» à l’exception, de Renaud d’Esl. *» Un historien, un auteur né en Italie, aurait dû savoir que ce Renaud n’est illustre que par la vo- 1 lonté du Ta'8e, et doit être considéré comme un personnage à peu p> es fabuleux. Si l’un des ancêtres du ducete Ferrare, Alphonse, fut au nombre des croisés,il ne se dislingua par nul fait éclatant; et le grand poète n’en a fait l’Achille de son immortelle épopée que pour flatter le prince, dont il éprouva dans la suite *ant d'ingratitude. Il faut avouer qu’ici la distraction de l’historien esi un peu forte. Quoi qu’il en soit, on ne trouverait p^ut-êlre pas dans l’ouvrage une seconde faule de celte espèce; et comme il manquait à l’Italie, on peut croire qu’il y aura été favorablement accudii.
Illustrazione, etc. — Explication de deux urnes étrusques et de quelques va^es de la collection d’Hamillon, par l’abbé J.-B. Zannoni, antiquaire de la galerie impériale de Florence. Florence, 1812. 1 vol.in>8.
Il n’est pas de science à laquelle on n’adresse quelque re- proche.Celle des antiquaires a toujours paru un peu conjecturale, même aux personnes Its plus empressées de rendre justice aux sa vans, doat clic fait les délices et assure la réputation. Le livre de Μ. Zannoni, composé d’ailleurs avec un soin extrême, sera peu propre à luire cesser celte prévention. Ôelon lui le bas-ι eliti du premier vase représente OEdt'pe que Γοη prive de la vue ; mais a vani lui Gauri et le Père Pauli y avaient vu l’un l'aveuglement de Poly innestar par ordre d’Hécube, l’autre celui de Phénix , fils d’A— my ni or. Le second vase a été l’objet d’un plus gr^ud nombre
LANGUE ITALIENNE.
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d’explications différentes. On y voit une femme emmenée de force vers un homme assis, près duquel est un vaisseau. Est-ce Augé, mère deTélèphe? Hélène, enlevée par le fils de Priam ? Hipsypile s’enfuyant de Lemnos ? Ou enfin l’ar- tisie a-t-il voulu représenter les Pélasges ravisseurs de quelques jeunes Athéniennes? Chacune de ces opinions avait été défendue par quelque savant. Aujourd'hui, Μ. Zannoni les réfute tous, et prétend que le véritable sujet est Helène .conduite à Ménélas après la prise de Troie. Il fait surtout valoir eu faveur de son sentiment, la répugnance très-prononcée de la femme è s’avancer vers le personnage vers lequel on la conduit. Hélène, en effet, devait craindre un peu les explications, lorsque Μ ènei as se fut rendu maître d’elle, .après tant d’années de séparation. Au reste, Μ. Zannooi, qui «»’exprime toujours avec une vérité faite pour lui mériter l’intérêt de ses lecteurs, a déjà eu l’avantage de voir son idée adoptée par plusieurs habiles antiquaires. Son livre pla;ra sans doute aux amateurs de la science ; mais ils pourront bien 'rouver fort médiocres les gravures au trait de ces deux bns-re'iefs. Les beaux jours de l’école florentine auraient-ils donc à jamais disparu avec le siècle des Medicis?
L'Immortalità del! anima, etc. — De l’immortalité de l’âme, poème dithyrambique de Jacques Debile , traduit en vers italiens par Jean-Antoine Poggio, pasteur arcadico, etc. Verceil, 1812.
Il serait inutile de s’arrêter long-temps sur cette traduction d’un ouvrage si connu en France. Μ. Poggio, faisant choix de vers non rimes et d’une mesure inégale, est par- ,
sa version le mouvement du poème original.Quant à la fidélité , il fout faire une distinction. Il est fidèle, en ce qu’il a rendu à peu près toutes les pensées de notre illustre compatriote , mais quelquefois aussi, surtout à la fin des périodes, il a jugé convenable d’ajouter au sens quelques mots qui lui donnent plus d’étendue. Il est des lecteurs qoi
de Delille ; mais d’autres se rappelleront SftDS doute l’ancien dicton i In sylram ne ligna feras.
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MERCURE ETRANGER.
Memorie, etc. — "Mémoires et Notices sur la terre de Monte- catini, dans le Valdiuievolc, par le docteur Léjne Livi.
Voltai ni fait quelque part une remarque ironique: c’est que les anciens se contentaient d’écrire les faits les plus interessane, tandis que de son temps « on donnait in-folio l’histoire de quelque village. » Quoique Μ. Livi se soit borné à IV/i-occero, cette critique pourrait bien lui être appliquée par ceux qui penseraient comme Voltaire. Peu de villes fameuses ont trouvé un historien aussi exact; mais aussi l’amour du lieu natal a conduit sa plume. Si sa patrie, comme il faut bien qu’il l’avoue, n’occupe qu’une très-petite place dans l’univers, il s’en console par des ressouvenir^, Monte Catini n’a pk s qu’une ou deux portes, mais il en eut autrefois sept, comme la Thêbes des deux fils d’OEdipe. Réduite à cinq cents habitans, cette commune en compta quatre mille cinq cents dans les jours de sa gloire. Alors encore elle eut l’honneur de soutenir, à différentes époques, jusqu’à trois assauts. A la vérité, le courage de ses habitans ne put jamais l’empêcher d’être prise et après la dernière de ces attaques, le duc Cosme de Medici» fit détruire ses fortifications. Elles sont aujourd’hui changées en promenades, et les habitans jouissent d’une vue charmante dans ces lieux ou combattirent leurs pères. Μ. Livi a porté l’exactitude jusqu’à parler d’un grand nombre d’événeraens qui pourraient n intéresser que les seuls Montécatiniens. Il est douteux que, même dans le reste de la Toscane, on soit aujourd’hui très-curieux de savoir que les religieuses du monastère de Sainte-Marie à Ripa, s’enfuirent un jour à Pistole, et que, de retour dans leur demeure, elles firent des conventions avec les soeurs du couvent de Ripetila situé dans cette même ville de Pistoic. L’auteur paraît avoir eu plus raison de songer à repousser l’assertion de Villani, qui donne pour fondateur à Montecatini les compagnons de Catilina, par l’outrageante addition d’une syllabe. Ce lieu possède des bains que l’on dit utiles pour la santé, et que Μ. Livi ne pouvait passer sous silence, liest aussi parvenu, à force de recherches, à prouver que sa patrie avait déjà produit trois hommes célèbres, dont deux mcdeciDs. San
s
LANGUE ITALIENNE.
99 livre doit faire penser auxbabîtans de Montecatini qu'ils en peuvent compter aujourd'hui quatre.
Au reste, si l’imporlance que l’auteur a voulu donner à son lieu natal, a quelque chose d’un peu ridicule, 1· senti» ment qui lui a fait écrire sa notice n’en est nas moins res- peclab'e, et son exactitude est réellement digne d’éloges. D’ailleurs, combien de lieux dans l’ancienne Grèce sont à jamais fameux, et qui, par le fait, n'avaient pas plus de droits à la renommée que le village de Montecatini !
Nous pourrions terminer celte en parlant d’une
traduction en vera du Paradis perdu, par Μ. Mariottini> imprimée □ Rome en i8i5 , avec le texte de Milton en regard; mais l'importance d’un tel ouvrage, et les comparai- sonsqu’il rend nécessaires, nous déterminent à lui consacrer un article particulier.
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LANGUE ANGLAISE.
PRIÈRE A LA LUNE.
IMITATION LIBRE DE MILADY MONTAGUE.
Abtrx dee nuits , fill® aimable des cietxx , Témoin discret dec plaisirs amoureux, Guide me< pas à travers le bocage ; Que ton flambeau, pâle et mystérieux, Pour me conduire à l'objet de mes feux, De la forêt pénètre le feuillage, Et d’un amant........favorise les voeux.
Js vois déjà ta lumière paisible Percer des bois les ombrages épais, Ses doux rayons animent les bosquets j Et la beauté qui n'est pas insensible .Vient de son coeur y conter les secrets.
Parais aux lieux, déesse que j'implore, Et devant moi fais briller ton flambeau j Eleonore a quitté son hameau, Mon iceur m'appelle auprès d’Eléonore. D'un vieux mari, trompa ut les yeux jaloux, Elle s'échappe, et vient au rendez- vous, Quand de tes feux l’horizon se colore.
Ahi sers l’amour, dont le charme autrefois Soumit ton coeur à ses puissantes lois.
Si dans les bois, témoins de ta faiblesse , D’Endymion la grâce et In beauté Ont saus efforts enchaîné ta fierté;
, Si dans ses bras tu connus cette ivresse Qu’aux seuls amans donne h volupté; Et si la nuit, des voiles du mystère Do vos baisera protégea la douteur, Reine charmante, exauce ma prière Et donne-moi le signal du bonheur.
L. A. Μ. Bourgeat.
MERCURE ETRANGER. — LANG. ANGL. 101
sur l’existence de troie,
Ccttb ville et ΓIliade viennent d'etre eo Angleterre le bu jet <Tu ne contro verse littéraire faite pour attirer l’attention de tous les savans. L’attaque et la défende ont paru dans le Classica! Journal, ouvrage qui renferme de» morceaux de la plus profonde éruJiliou , qui n’a de commun que le titre avec le» journaux ordinaires, et que l’on pourrait en quelque sorte comparera nos Mémoires de ΓAcadémie des belles-lettres. Μ. Bryant, l’un des hommes les plus érudits de nos jours, avait écrit pour démontrer que la cité de Priam, que celte capitale de la Pbrygiedont nous pensions tous avoir une connaissance à peu près aussi exacte que de notre lieu natal , n’exisla jamais! Μ. Brent a reproduit ses argumens dans une lettre adressée a l'éditeur du Classical Journal, et un autre écrivain qui signe C. V¥. lui a répondu. L'étendue de leurs dissertations^ elsurtout celle de la dernière, m’a fait renoncer au projet de les traduire textuellement; mais je vais reproduire avec exactitude et une impartialité que je regarde comme un devoir rigoureux les principaux arguirtene des deux antagonistes. Si Ton faisait jamais l’histoire de toutes les discussions auxquelles Homère et ses poèmes oui donné lieu , ce débat n’y tiendrait pas, sans doute, une place peu importante.
« L’ouvrage de Μ. Bryant, dit Μ. Brent, a excite une horreur et une consternation universelles. » Mais déjà plusieurs écrivains s’étaient rapprochés de son opinion, dont voici le résumé :
La Grèce, alors à demi-barbare , n’a ja mai« pu avoir envoyé en Phrygie un armement si considérable. Ses petits Erinces étaient désunis et sans asile fixe. Des bandits déso— lient la contrée. Comment de tels flibustiers auraient-ils pu s’obliger par serment à venger une injure qui leur était étrangère ? Jamais les annales du genre liumaiu n'ont rien, offert de semblable.
De plus, comment à un si faible degré de civilisation, les Grecs auraient-ils pu rassembler une flotte de doute cents
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MERCURE ETRANGER.
vaisseaux, tandis que leurs descendatis, menacés plusieurs siècles après d’une destruction inévitable, s’ils n’eussent réuni tou« leurs efforts pour s’y éch >pper, ne purent mettre en mer que trois cent soixante-dix-huit navires? Hélène devait être avancée en âge dès le commencement du siège ; on doute d'ailleurs encore qu’elle ait jamais été enlevée : comment s’effectua l’incroyable conservation des vaisseaux? Comment se fit-il que les chefs de l’a· race assiégeante furent pendant dix ans sans nouvelles de la Grèce, dont ils notaient éloignés que de trois jours de navigation? Peut-êire une λetite expédition de pirates a-t-elle servi de fondement à la able d'Homère, qui, comme les autres poètes , aura ou totalement inventé, ou beaucoup embelli son sujet. Au reste, cettp assertion ne tend nullement à diminuer la gloire de cet illustre poète. Il n’y a n u Ile profanation à croire qu’it a presque toujours écrit d’après sa brillante imagination.
Voyons maintenant si Troie a jamais existé dans la Phrygie. Jamais son site n’a été déterminé avec eiactitude 9 même parmi les anciens. Quoique plusieurs de leurs meilleurs géographes fassent Phrygiens de naissance, ils ne purent jamais trouver de vestiges de cette ville qui correspondissent h la description d’Homère. Alexandre, dont les recherches dArent être fort exactes, bâtit une ville sur un terrain tout différent de celui qu’aurait occupé l’ancienne Troie Les naturels ignoraient jusqu’au nom de cette ville, quand les Grecs commencèrent à vouloir s’assurer du lien ou elle avait existé. Les descriptions du pays par les voyageurs modernes, offrent entre elles d’étonnantes différences. MM. Chevalier, Gell, Mori It, Wood , etc., attestent tous l’exactitude de leurs diverses cartes, et elles ne se ressemblent pas. Que conclure de tant de contradictions, sinon qo’il u*y eut jamais de ville de Troie? Comment, s’il n’en était pas ainsi quelques siècles eussent-ils suffi pour en faire disparaître les moindres vestiges ? Mais Μ. Bryant a résolu la question. Il existait , d’après une tradition fort ancienne qu’ Homère connut dans un temple d’Egypte, un poème sur l'attaque d’une ville appelée Troie, et voisine de Memphis. Il traduisit en grecj il embellit ce poème, et plaça le lieu de la scène sur la rive de l’Asie Mineure opposée à son pays. Le poème lui-même prouve la justesse de cette assertion. La
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mythologie employée par Homère était inconnoe durila Grèce à l’époque où l’on place la guerre de Troie. Μ. Bryant a analysé un grand nombre <le noms et les a fait dériver des dialectes égyptiens : ainsi donc la guerre de Troie est fabuleuse, du moins dans ce qui a rapport à la Grece. Ses bases sont faibles, peu certaines, et les circonstances qui l’accompagnent contradictoires et improbables au plus haut degré.
Μ. Brent regarde ces argamens comme si décisifs, que plutôt que de voir dans la guerre de Troie autre chose qu’une fiction poétique, il se déciderait à croire avec le docteur Bentley i que V Iliade et l’OJywée furent composées par le roi juif Salomon. ( Système qui, pour le dire en p s<anî, aurait mérité d’avoir pour inventeur notre fameux Père Hardouin. )
Μ. Brent termine par jeter le gant aux littérateurs, et h demander si quelqu'un d’entre eux veut s'engager dans cettt lutte contre Μ. Bryant.
< U s'en présentera, gardez-vous d'en douter ; *
lui répond aussitôt Μ. C. W. Ce vigoureux adversaire commence par établir que des hommes de mérite dédaignent quelquefois de suivre les routes battues, dans la vue de se aingulariser, et abandonnent ainsi la réalité pour l’ombre. Il trouve que Μ. Bryant eilt pu faire un bien meilleur usage de son temps et de son érudition ; pois il commence sa réfutation des arguirtene employés par Μ. Brent. A ce que dit celui-ci de l'impossibilité ou les Grecs encore barbares a ciraient été deformer une expédition aussi considérable, etc.« il répond que dans des temps plus modernes, des peuples bien plus sauvages sortirent du nord, enbeί ucoup plus grand nombre, et vinrent fondre sur le midi. Comment d'ailleurs la Grèce entière n’eût-elle pas été capable, au temps du siège de Troie, de réunir cent mille hommes? M.C. VK. entre ensuite dans d'assez grands détails pour prouver que les Grecs, adonnés dès-lors au commerce maritime, et faisant de fréquentes expéditions contre les îles de la mer Egée, purent rassembler douze cents b&timensde transport, dont chacun ne portait qu’un petit nombre d’hommes. Fai-
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sant ensuite le calcul des guerriers qui combattirent stif mer près de Salamine, il trouve qu’ils é'aient au nombre de soixante-quinze raille tommes, et que s'ils n’avaient que trois cent soixante-dix-huit vaisseaux, ces vaisseaux étaient des galères très-supérieures en étendue et en force aux navires des vengeurs de Ménélas. Enfin l’armée de terre des Grecs, qui livra peu de temps aprèe la bataille de Platée, était de cent dix mille hommes : de sorte que ces peuples mirent alo s sur pied quatre-vingt-cinq mille hommes de 5lus qu’au temps de l’expédition de Troie. D’ailleurs, lors e l’invasion des Perses, ceux-ci avaient sous leurs drapeaux, selon le témoignage d’Hérodote, plus de cinquante mille Macédoniens, Phocéens ou béotiens.
Lors du siège de Troie, les Grecs n’étaient pas aussi sauvages que Μ. Brenl le suppose. Ils habitaient des villes ; leur commerce avec les Phéniciens et les Egyptiens prouve qu’ils avaient atteint un certain degré do civilisation. Enfin même, en supposant pour un instant qu’ils ne fussent que des peuplades à demi-barbares , le serment qu’ils avaient prêté pour se faire rendre Hélène n’a rien d'extraordinaire. Le Sauvage de l'Amérique Septentrionale, l’Arabe du Désert tiennent leurs sermens au péril de leur vie.
L’insulte faite au frère d’un des plus puissans princes de la contrée, et la violation de l’hospitaI*le suffisaient pour exciter les Grecs à la vengeance; le désir de faire un riche butin dut aussi leur faire prendre les armes. L’art de prendre les villes était peu connu; ainsi le siège de Troie ne pouvait être qu’un blocus. Les Grecs , au reste, ne furent point inactifs pendant dix années; ils ravagèrent les pays circon voisins.
Mais Pàris enleva-l-il réellement Hélène? Rien n’était alors, répond Μ. G. W., plus ordinaire que ces rapts des femmes distinguée» par leur rang ou par leur beauté. Le» • histoires d’io , d’Ariane , deMedée, etc., en sont la preuve. Ici, pour démontrer que des entreprises telles que celle de Paris ont souvent eu lieu, même dans des temps p!us modernes, Μ. G. W. rapporte l’aventure de D rmot, roi de ■Leinster, en Irlande, qui, dans Je douzième siècle de 1ère vulgaire , enleva Dcrr.orghal, célèbre par ses charmes , à ORuaik, roi de Leitrim. Les chefs voisins s’unirent à
LANGUE ANGLAISE.
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l’époux outragé i ayant à leur tête, le roi de Connaught, le plus puissant prince de la contrée. Lu belle fugitive fut re— f»rise ; et Der mot, chassé de son petit élat, alla implorer e secours de Henri Ί, roi d’Angleterre, qui, peu de temps après, conquit l’Irlande, u Bie:-t , ■ dit Μ. C. W., « peut * tout aussi bien refuser de croire une histoire que l’autre» « elles sont toutes deux également probables et également « vraies. ·> Elles ont du moins plusieurs traits de la plus
nte ressemblance.
. ôi Hérodote et Euripide disent, eur l’autorité de quelques prêtres d’Egypte, qu’Hé'one resta dans ce pays, ce» prêt res purent se tromper aussi bien qu’Horucrej et ceci prouve seulement qu’il y eut plusieurs traditions sur le sort d’Hélène. Au reste, les Egyptiens ne direot pointa Hérodote qu’Homère ei\t dérobé u quelqu’un de leurs poètes l’iu- vention du siège de Troie.
Dans ces temps reculés, les poètes furent les premier» historiens, et aucun d’rux n’aurait pu faire considérer comme vraie une histoire reconnue dans l’origine pour totalement fabuleuse. Alors il importe peu de déterminer ce qu’Hotnère a pu ajouter à la vérité. Si Μ Brent révoque en doute le siège do Troie, parce que le chantre d’Achille »’est permis des fictions ; il doit aussi penser que les Croi- endes n’ont jamais ru lieu, attendu que la Jérusalem du Tasse e.-Λ en partie fabuleuse.
Μ. C. W. discute ensuite ce que son adversaire dit contre l'existence de Troie. Si Alexandre ne put pas déterminer la situation exacte de cette ville, il trouva du moins les tombeaux et le» autres objets désignés par Homère et divers auteurs. Il visita les monti mens d'Achille et de Patrocle, et, selon Arrien , offrit un sacrifice sur celui du premier de ces héros. Si 1? nouvelle Troie que le monarque macédonien fit bâtir ne fut pas placée précisément au même lieu que l’ancienne, c’est qu'il choisit un emplacement plus convenable, selon lui, à une cité qui devait devenir floris, sanie par le commerce, ou que les traces d* la ville de Priam n’existnient plus Mais cet anéantissement de tout vestige ne prouve rien contre l’existence antérieure d’une ville ; et, à l’appui de ce raisonnement, Μ C. W.cite Abydos» Tyr, la fameuse Thêbes Hécalompylei ou aux cent portes;
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MERCURE ETRANGER.
en remarquant , avec raison , qu’il pouvait en nommer ub grand nombre d’autres.
Il ajoute que les rapports des voyageurs modernes ne sont pas aussi contiadîcl«‘ircs que le prétend Μ. Brcnt.ô’il» diTeienl sur quelques points peu importans, ils sont d’accord sur les grands et principaux traits qui établissent là vérité de tout le système.
Quant à la tradition d’après laquelle Μ Brent préten 1 que la guerre de Troie était une ancienne fable égyptienne, son ad versa ire demande que, si on s’appuie d’un côté sur les traditions , l’on puisse aussi, de l’autre, y avoir recours. Or, chez presque toutes les nations, il on a existé sur le siège de Troie; il y en avait cri Asie, en Egypte, à Carthage , à Rome cl dans la Grande-Bretagne. 'I ne serait pas surprenant que les noms des chefs de la Grèce fussent dérivés dcM dialectes égyptiens, puisque l’on soit que la plus grande partie de la Grèce fut peuplée par des colons venus » ’Egypte. Ce fait ne fortifierait donc en rien l’hypothèse de Μ. Brent.
Μ. C. W. termine ainsi : « Considérant, au total , les « fortes présomptions en faveur de la véracité d’Homère , « la connexion de la guerre de Troie avec l’histoire primi-
• portent, et l’état actuel de la Troade, je n’hesile point A « prononcer que la supposition de Μ. Bryant est précisé- « ment aussi improbable et aussi extraordinaire que la « théorie du docteur Bentley dont parle Brenl. *
Les lecteurs ont pu se convaincre , par celte simple analyse des deux opinions, que chacun des adversaires avait fait, sur cette matière importante, toutes les recherches
ment généralement établi, Μ. C. VV. a joint celui de réfuter, par des argument pleins de force, un deces sys^ tèmes plus brillane que solides, dans lesquels on cherche moins à convaincre qu’à éblouir. Je n’ai nulle intention de révoquer en doute !a since· ite de Μ. Brcnt ; mais on le lisant, je me suis plus d’une fois rappelé involontairement cette exclamation d’un homme auimé de l’esprit de prose-
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LANGUE ANGLAISE. 107
Ijrlîsme- « Ah! si vous saviez que) plaisir on éprouve h « faim croire aux autres ce que Ton ne croit pas soi- « même ! *
R. J. pURj>£j<T.
ANECDOTES ANGLAISES,
Μ. J a mes Pelles Malcolm, auteur de Londinum Redivi- y:tm , a fait prailrc en 1610 un autre ouvrage sur la capitale de I « Graude-Bretugne , dont voici le titre : Anecdotes of the Manners, etc. Anecdoies des Moeurs et des Coutumes de Londres pendant le dix-huitième siècle > renfermant les charités , les dépravations, modes et amu semens des citoyens de Londres pendant cette période , avec une revue de Létal de la société en 1807, etc. etc. En attendant que Ton fasse connaître d’une manière plus détaillée cet ouvrage curieux, et qui ne renferme que des faits authentiques >on croit devoir,en donner une idée aux lecteur».
Au chap tre de* Dépravations , l’auteur a rassemblé 11Λ grand nombre de particularités peu honorables pour certains individus , et même pour‘»’état social, lei qu’il est toujours dans une grande cité. On cd rapporte ici quelques- unes, avec la double attention de supprimer les inutilité· et de n’altérer en rien la vérité des récits.
— Après la prise de Vigo par les A ng'a is, un habitant de Londres eut l'effronterie de faire voir pour six sous (doux« eous ) ce.qu’il appelait les principales dépouilles enlevées de cette ville. En consequence il offrait aux regards de la multitude un devant d’autel en argent, avec six figuresd’anges ; quatre apôtres et quatre autres anges ayant des encensoirs , plus , un pot à eau bénite, une couronne enrichie de pierres tord creuse s, etc. Le tout, disait-il, transporté de Vigo dans la tour de Londres.
— Dans l’enceinte du lieu où se donnait le grand bal masqué de l’Opéra , on avait établi une salle de jeux de hasard. Un particulier y joua cinquante livres sterling et les perdit. Il en perdit encore cent cinquante autres suri· pa-
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1Ò3 MÉRCURE ETRANGER.
role,et qaand ou lui en demanda le paiement, il déposa quatre rouleaux qui devaient contenir chacun cinquante guinées. On eut des soupçons; on les ouvrit, et l’on ne trouva que des demi-sous. Le fripon, arrêté aussitôt, déclara fièrement qu’il était homme de loi et parfaitement informé des peines décernées par l’autorité contre les jeux de hasard. 11 avertit de plus l’officier qui s’était rendu maitre de sa personne, de ne pas encourir la punition décernée çontre ceux qui se permettent envers un sujet anglais une arrestation illégale. « Quand on l’amena devant un magistrat, continue l’auteur, il obligea ce respectable conservateur de la tranquillité publique à reconnaître qu’il ne pouvait rien faire de lui, et eu conséquence il fut renvoyé absous. »
— Rien n’eat plus commun que de rencontrer des gens qui emploient toutes sortes de moyens pour exciter la commisération publique; mais peu d'entre eux te sont avisés d’un stratagème aussi périlleux que celui dont od va parler. Une femme, assez bien mise, âgee de trente à quarante ans, avait pris, pour solliciter des secours,le parti de se pendre. Quana elle avait choisi le lieu qui lui convenait, elle se passait une corde au cou , que bientôt un homme aposté se bâtait de couper. Il disparaissait alors du milieu de la foule. Souvent quelques personnes présentes transportaient l’intéressante victime aaiis leurs maisons, ou , du moins, ils lui faisaient quelque aumône; et quand elle avait recouvré la faculté de parler, elle leur apprenait qu’ayant joui de quinze cent livres sterling, elle s était mariée à un capitaine irlandais, qui lui avait volé jusqu’au dernier sou : alors le désespoir l’avait portée au suicide. Cct’e femme fit assez long-temps des dupes avant que sa fraude fût découverte.
— Un suicide d’une toute autre espèce, un suicide très- rcel et qui fut accompagné de circonstances affreuses, fut celui de Richard Smith et de sa femme , que Voltaire a fait connaître à toute l’Europe, dans scs Lelires philosophiques sur les Anglais. Tout son récit est très-exact; mais Μ. Malcolm y ajoute des détails importans. Il n’est que trop vrai que ces deux forcenés donnèrent la mort à leur enfant: c’était une petite fille, qu’ils tuèrent dans son berceau d'un
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109 conp de pistolet. L’auteur anglais rapporte en leur entier les lettres dans lesquelles ils recommandent à la charité d’un ami leur chien et leur chat, et affirment, cornine Voltaire le dit, qu’ils sont fermement persuadés de ^existence de Dieu. Ih manifesti ni cctleopi nioa à p'usîrurs reprises,et de la manière la plus énergique; usais a la tin de leur lettre, éga : es sans doute par le parti désespéré qu’ils ont pris, ils •apriment avec non moins de force une façon de penser hicA différente. On se contentera d'en rapporter une phrase originale. Elle suit im média; ement l'epiiaph.· qu’ils se destinent t et qui utire l’expression la plus positive d’un matérialisme absolu h C’est, dirent-ils, l’opinion des naturalistes, (ju’à certaines époques de la vie, nos corps sont composés <1 une nouvelle matière; de sorte qu’un grand nombre •de pauvres gens ont plus souvent des corps nouveaux quo de nouveaux habit s. ■
— Μ. Malcom a placé , avec une très-grande raison, au nombre des actions dépravées la conduite des conducteurs de voitures dans les environs de Londres, au milieu du siècle dernier. 1 b s’attachaient avec une persévérance remarquable à renverser les cabriolet· , les chaises, etc., dçs particuliers , sans, s’inquiéter des accideqs funestes qui en résultaient. L’auteur cite un de ces hommes pervers qui poursuivit une voiture avec la tienne , ahso umeal comme s'il eàt été un corsaire empressé de.se rendre maître de quelque riche vaisseau marchand. Il vint enfin à bpul de sop mauvais desspin,et continua sa route après avoir brisé cette chaise, où étaient un gentleman et trois dames qui se rendaient à Windsor. Ce qu’il y avait de plus odieux dans cotte coutume, c’était que les propriétaires des voitures publiques encourageaient et récompensaient leurs cochers t. souvent meine ils corrompaient ceux des particuliers; de sorte qu’il fut un temps oii l’on ne pouvait sortir de Londres, dans son propre équipage , sans être à-peu-près sàr d’être blessé, Ou même de perdre la vie sur la route. Ces événement se multiplièrent tellement, qu’il fallut que le gouvernement prit contre les coupables des mesures sé_- Ycres,
-T» Des bateliers furent aussi, pendant quelque temps.
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de dangereux ennemis de la sûreté des particuliers. L’auteur rapporte que l’un d’eux, passager entre Queenhitbe et Windsor, noya exprès d’une serie lois quinze personnes, après s’étre long-temps moqué de leurs frayeurs et des prié; es qu’elles lui adressaient pour qu’il les rntl à terre. Use • eauva seul A la nage, et, le lendemain , il edi l’impudence de se présenter chex la veuve du plus distingué de c< ux dont 'il avait ainsi causé la mort. Il la trouva livrée à une profonde tristesse , aussi bien que le reste de sa famille; lui fit une histoire çontrouvée des causes du désastre, et termina en disant ‘l’un ton suppliant, « qu’il espérai! que sa bonne dame voudrait bien lui donner un demi-écu (5 fr. ) pour boire à sa santé, et pour l'indemniser d'une paire d’avirons et d’une voile qu’il avait perdus le soir précèdent , lorsque son époux avait été noyé »» Il est triste et peu honorable pour les organes de la loi en Angleterre que cet assassin n'ait pas expié son crime sur un échafaud.
— Une aventure très-long-temps fameuse parmi le peuple de Londres, fat celle du revenant de Coiù-Lanc* Cet esprit se fit entendre d’abord daws le lit d’une petile fille de deme ans, dont le père, appelé Parsons, était clerc «le l’église du Saint-Sépulcre Au milieu des agitationset des tourments qu’il paraissait faire éprouver à la jeune innocente et à une petite soeur qu’el*e avait, le mort déclara qu’il était l’âme d’une fem me qu’ur» particulier du voîrinage a voit épousée , et ensuite fait périr par le poison. L’accuse venait de se remarier depuis six mois à nne li rès-aimablc personne ?ui lui avait apporté unc dot de trois mille livres sterling.
I avait eu une seconde feiuine,aur jootsde laquelle l’espul affirmait qù’tl avait aussi attenté. Il fit toutes les déinaichec nécessaire* poor découvrir mie fraudi* aussi coupable, et demontier Son innocence. Dc$ gens raison nabi es le secondèrent , et on parvint à 'prouver que l’ccctésiastique, ennemi de cet homme, avait fait jouer celte picce tragi-comique à sa‘fille qui était'ventri loque. Il fut condamné à un emprisonnement de trois mois , et a trois jours d’exposition au pilori ; mais Ih populace , totijouiÿ aveugle dans ses jn- gemeDS , eut pitié de lui, et lui fit de fréquentes aumônds.
— Au nombre des établisse mens où des abus ti cs-rcpré-
LANGUE ANGLAISE.
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hemibles se sont commis à Londres« Μ. Malcolm cite plusieurs maisons particulières, ou Mon renfermait des personnes qu’on disait atteintes de folie. Il résulte de quelques exemples qu’il cite, que , dans un pays cii Ton montre en général un très-grand respect pour J a libe.té individuelle , des parens, des maris parvinrent Quelquefois à exercer impunément de cruelles vengeances. N ous terminerons cet article en reproduisant textuellement le plus remarquable deh faits qu’il rapporte.
« Le docteur Baltic , célèbre pour sa science dans tout ce 3ui était relatif à l’aliénation d’esprit, rapporte l'aventure ’un particulier qu’il visita dans la maison de fous d’un nommé Macdonald, Le docteur pense qu’il avait déjà été plusieurs années dans cet état de réclusion.Ce Macdonald avait invité Μ. Baltic, d’après le désir d’un parent dû malade , à venir le visiter. Le docteur trouva ce malheureux enchaîné dans son lit ; il n’avait eu jusque-là le secours d’aucun u.é- ckcin. Quelque temps après, Μ. Battie, ayant été appel· chez une des personnes de Ja famille du prétendu fou , on lui dit que Macdonald n’avait reçu aucun ordre pour le faire venir près du malade. Le docteur conclut qu’on Pavait fait disparaître. En effet, il n’en entendit plus parler, jusqu’à ce qu’un jour Macdonald lui dit que cet homme était mort de la fièvre , sans avoir été assisté d’aucun autre médecin , et qu’il avait laissé en .mourant une somme d’argent au docteur qui a va il pris soin de lui.
Ces traits d’inhumanité devinrent assez nombreux, et Ton présenta un bill au parlement, pour soumettre à un réglement les maisons de fous dans la Grande-Bretagne.
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LANGUE HOLLANDAISE.
Extrait du dernier compte t endu par les quatre classes de Γ Institut d'Amsterdam , de leurs travaux pendant lannie iQi?·
{PRIMIER ARTICLt.]
TRAVAUX DE LA PREMIÈRE CLASSE.
Parmi les animaux-plantes, le/â-morin mérite parlici^ librement d’être observé avec attention. La decouverte d’z/ne nouvelle espèce appartenant à cene classe , communiquée par Μ. Bennet, ne pouvait donc manquer d’être d'une grande utilité. Nous regrettons qu’une description de ce genre ne soit pas même susceptible d uo extrait general» I^ous essaierons néanmoins de rassembler ici les resultat· que présente le discours de Μ Bennet.
i° L'animal «piante decritparM. Bennetdi ffèreentièrement de» la première et seu le espèce à'Encrinus, connue jusqu’à ce jour, et décrite par Guet lard , tant par la contexture de la tige ferme et pleine, que par la forme de l’orga uisation de la couronne, la division d,es rayons en brandies, la nature et l’effet de leurs articulations, et en outre par tout l’eo- semble de s.on mécanisme et de sa conformation.
Cet te espèce nouvelle d’Encnour diffère entièrement de tous les encrinites connus jusqu’à présent, et par conséquent elle ne doit pas ê<rç regardée comme l’original perda Ct retrouvé de quelques espèces (V encrinites déjà connus.
5e Outre les autres particularités intéressantes que pré-, sente sa conformation , cet Ençrirtus s* distingue par une forme d’articulation entièrement nouvelle.
4* Cet te espèce à'Encrinus offre u ne faç u 11 é mot rice gêné.»
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râlement répandue et une richesse d’articulation dont il n’y a guère d’exemple, puisqu’on découvre très « facilement à l’oeil , dans la couronne seule, au-delà de six mille articulations, nombre plus que quadruple de celui de I’jE/i- crinus de Gueuard.
Nous croyons devoir entrer dons quelques de'ta»ls sur les essais d’une description géographique de la flore ho IIan· daise , presente.· par Μ. ficinwanû.
Le so! des departemens hollandais étant un terrain neuf, formé de h va^e qui s’y est déposée, l’auteur n recherché en premier lieu quelles sont les flores d’Europe d’où la plu- Sari de nos plantes indigènes tirent leur origine II résulte e ees recherches que c’est dans les pays limitrophes , situés comme celui-ci dans le voisinage de la mer, que les flores (familles des plantes) conservent le plus Ioni-,-temps, et sur une plus grande étendue, leur conformité avec les nôtres ; que beaucoup d’espèces de la plupart des familles naturelles aux climats tempérés se trouvent également dans ce pays-ci, et qu’il produit en outre diverses pl -ntes indigènes qui sont inconnues* ou du moins extrêmement rires dans les contrées cirçonvoismes. ,
L’examen des plantes sauvages qui croissent naturellement sur notre sol devient surtout remarquable et intéressant pour l’histoire naturelle de ces departemens, si l’on considère l’analogie qui se trouve évidemment entre les p'anles indigènes et la terre qui les nourrit. Μ. Reinhardt s’en est occupé, surtout par rapport aux terrains sablonneux et à ceni qui renferment de la tourbe; et sans doute il n’est pas de p.:y$ p’us propre que la Hollande, pour fournir dans de pareilles recherches des résultats conciuans. La propriété qu’ont les terres sablonneuses de produire des plantes fermes, dures, vivaces, abondantes en carbone , a auggéré à Μ Rçinwnrdl l’idée que le« bancs d’ocre dure, composes do fer et do sable, et qu’on rencontre communément dans les bruyères , tant ici que dans les pays plus sep* tentnonaux , sont une production du sol même’de ces bruyères. Il conjecture que les substances dures et carbonées qui sont la dépouille des plantes aréneuses , ont produit, en se mêlant avec le sable et l'eau , le minéral ferru-
ni
MERCURE ETRANGER.
gineux, et qu’il s'est fòt, par conséquent, une transfer-* Mia:ion de cartonne en fer.
Il en est autrement des terres à tourbe. Les plantes des terres basses ou des tourbières, croissant en liberté longtemps et vigoureusement , déposent chaque année , dans la terre, une quantité étonnante de matière carbonique ; mais le manque de aable et la surabondance d’eau empêchant cette matière de se transformer en fer, elle reste carboné« dans un état déterminé de fixité, et devient de la bonne tou rbe.
Orf sait qu’au milieu de tous les avantages dont la ville
merce, la navigation de celle ville trouvait un grand inconvénient dans l’obstacle que les bas-fonds, dits Pampus et Wîertngerrlaak présentent an passage des navires pessm- ment chargés: cet obstacle étant de nature âne pouvoir être écarté, on a dû chercher les moyens d’alléger pour quelque temps les vaisseau», et de -les soulever en quelque sorte au- dessus de ces bancs. L’emploi de barriques vides, dont on avait commencé à faire usage depuis iGGj , a cté trouvé insuffisant·
Bientôt le génie de Meuu>is Bu hier inventa les allèges, vu'gaireinent appelés cfiameaux, et on parrint dès 1690, au moyen de ces allèges, à auginenler de deux pieds la flottaison des navires portant quatre-vingt-dix pieces de canon , ce qui suffisait pour ce tempe-lii.
Mais comme on a depuis augmenté peu ò peu la grillest
devenu en
même temps indispensable, non seulement d’augmenter la dimension des chameaux, mai^ encore de faire de grands chan gemens dans leur construction et dans leur ensemble.
Μ. (rlavimans a expliqué tout cela dans une dissertation lumineuse, à laquelle il a joint des dessins et des modèlei exécûlés avec la plus grande précision.
Apkès quelques considérations sur la nature et la solution des problèmes géométriques en général, et leur division en solution» purement géométriques, et en solutions mécaniques ou IrauMceadeûtales, Μ, Floryn propose pour pro·
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blême la division dun cercle donné, en un nombre de par· lies quelconque , dont les aires cl les contours soient tous jgaux entre eux : et cela au moyen d'une solution purement géométrique.
Cette solution est très-ingénieuse, et d’n u ta ni plus remarquable qu'elle est purement géométrique, taudis que Je problème appartient par sa nature à la géométrie trans- ce nd eu tu le, ce qui peut être regardé cornine un paradox« mathématique. ,
Voici cette solution ·. qu’on partage le diamètre en autant de parties égales qu'on veut avoir de parties dans le cêrcle donné ; qu'on décrive Sur la première, sur les dcüx, sur les trois, etc, premières parties, des demi-cercles, tous du même côté du diamètre ; qu’on décrive de même des demi· cercles sur la dernière, sur les deux, sur le» trois, etc., dernières parties, tuais de l'autre côté du diamètre : et le problème est résolu. Les parties du cerclé renfermées entre les circonférences de ces demi-cercles, prises ensemble de» deux côïébdu diamètre, auront Louies des aires et des contour» égaux.

Avawt qu'on eût, il γ a quelques années , pris pour la base d’une mesure universelle, la grandeur du globe que pouà habitons, des mathématiciens avaient pr posé pour cet effet la longueur du pendule simple. Le célèbre Huîgens en fit la proposition dar s son ouvrage de Horologio oscillatorio , en 1670 j tandis que d’autres attribuent teproj»·! de tirer du pendule une mesure universelle à lord firouttchner^ et que d’autres en font honneur à Gabriel Mouton, dont J ouvrage avait paru avant celui de Huigeas.
Μ. Λαη S winden s’est proposé de décider ce point de l’histoire de la physique d’après des pièces authentiques, et pour la plupart inédites. Il a fait part à la Classe de ses Recherches sur Γ histoire du Pendule, considéré comme étalon d une mesure univer selle, auxquelles il eu a joint sur les Découvertes les plus importantes de HuLgens.
Il résulte clairement de ces recherches que quoique lord B rounchner soit le premier qui ait indiqué , après lin venation des pendules çycloidaux par ZZiu'gtfns, et à leur occaw sion j l'idée de tirer du pend ule unç mesure universelle) néan-
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moins la cWe n’aurait pu se faire avec exactitude en suivant 'e procédé qu’il propose. Suivant ce physicien, il n’y aurait qu’à prendre pour mesure universelle un pendule, consistant en une boule de métal •‘uspenlue à un fil de fer d’une longueur déterminée ; mais Htiigens avaipdéjâ prévenu les savans anglais de l’incertitude de celte expérience.
Les expériences faites par Mouton, pour déterminer la mesure générale par la longueur du pendule, sont de l’an 1665 ; elles s’accordent avec cel’es de lord ÆrouncÂnar, quoique Mouton n’en eût ni n’en pût avoir aucune connaissance.
La détermination d’une mesure universelle exacte dépendrait d’une autre découverte dont Hidgens s’était occupé dès l’an 1660, et qu’il avait dèvlors complètement démontré. Cette découverte consiste à trouver le centre d’oscilla- tion, et à déterminer par ce moyen la longueur du pendule simple, dont les vibrations coïncideront avec celles du pendule composé donné. Il en fit part, en 1661, à la Société Royale et à plusieurs savane.
Cette invention et les conséquences que Huifens en avait déduites pour parvenir à une mesure universelle, obtinrent Ta plus grande approbation de la Société de Londres,et celle de lord ßrouchner en particulier: deso-rte que la doctrine des pendules corn posés, qui ne fut publiée par Hui geni qu’en i6y5 , avait été créée pour lui douse ans auparavant, et communiquée dès-lors à nombre de sa vans. ·
L’auteur de cette dissertation a puisé tous ces détails*, qu’il expose avec la plus grande exactitude dans plusieurs manuscrits de Huigens et d’autres. La copie de trente pièce» inédites, consistant en lettres entières ou en extraits , vient à l’appui de son gentiment.
En réunissant les quatre classes de l'institut en un seul corps, l’intention du fondateur a été sans doute qu’elles travaillassent de concert autant qu’il serait passible. L’Institut a plus d’une fois éprouvé les avantagesde ccttc mesure salutaire, et vient d’en recueillir une nouvelle preuvedans l’interprétation de quelques termes appartenant à VAgri- culture, et qui ne se trouvent point dans les Dictionnaires 47ni exisren/,communiquée à la premièreclassepar M.Æopj, l’un de ica membres^ pour servir au dictionnaire de la laix
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gu e hollandaise, dont »’occupe la seconde classe de l’institut. Celle-ci a reçu ces matériaux et en a témoigné sa reconnaissance.
Μ. Bonn ayant dessein d’offrir un traité des causes prochaines et principales des défauts corporels extérieurs, et des difformités que certains individus apportent en naissant, en a donné un échantillon dans une dissertation sur l’hydrocéphale. qu’il attribue à une sécrétion et à une accumulation extraordinaire de la lymphe naturelle qui arrose les cavités de la téle et du cerveau.
L'âuteur a fait observer comme tin phénomène très-ordinaire le développement et l’extension de» si nu osi tés-extérieures du cerveau, tandis que les parois membraneuses et osseuses qui protègent Je cerveau, se gonflent et s’étendent par l'effet de l’eau.
Dans une dissertation postérieure, Μ. Bonn a entretenu la classe sur la maladie vulgairement appelée hernie da cerveau, et sur les prétendus mont ires sans cervelle. Il regarde cçs difformités comme des suites de Γhydrocéphale, soit que la substance du cerveau ait été entièrement dissoute et absorbée par l’eau, ou qu’ayant été antérieurement .jpoussée à travers les ouvertures contre nature, entre le· ecartemens des os Supérieurs du crâne, aplatis ensuite par Je gonflement, elle soit descendue, eu prolongeant en forme de poche les legamene membraneux (t unique-membrane cl ait ainsi formé ces hernies.
Des dessins exacts et des préparations délicates ont beaucoup ajouté à l’utilité de ces deux dissertations.
Der vis long-temps les physiciens sont partagés d’opinion sur la question, si la propagation de la lumière se fait par une véritable émission de corpuscules lumineux, comme Je veut Newton ;«ou si elle consiste simplement dans des .ondulations d’un milieu élhéré. Après les tentatives infructueuses de plusieurs physiciens, en particulier de Horn· berg et de AJuiran, pour démontrer, .par des expériences, que cette propagation se fait par une véritable émission de la lumière , uu physicien anglais) nommé Michel> a paru . y ayoir réussi.
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. Μ. Warum a formé le projût de répéter l’rxpértt'Rce de Michel, mais en se servant pour celo d*i:u appareil beau* coup plus exaci que celui qui avait été employé par le physicien anglais, et de jugerensuite du résultat.
Il a fait tOHiber le foyer d’un grand miroir ardent sur un plan perpendiculaire (vertical fixé à l'extrémité d’une ai* cuille de douze pouces, suspendu , connue l’aiguille de boussole, très-légèrement sur un pivot dans une petite cage 3e verrej cl il a vu effectivement, ainsi que Michel l’expose , le plan se porter en avant au rnomeul où il est atteint par le foyer d’un miroir ardent. Mais il ne tarda pas à s’a* Îiercevoir que ce mouvement ou ce heurlemenl du plan, au ieu de devoir être attribué h l’incidence des rayons de lu* .roière, comme Michel le prétend , n’eat, au contraire, que l’effet de la dilatation violente etsubite de l’air qui se trouve devant ce plan.
• Au nombre des matériaux les plus importans pour éta* blir une statistique des départemens hollandais·, appar* .lient, sans cou I redit, une connaissance exacte de l’état du ■ciel et de l’atmosphère. Un des ob ervateurs les plus habiles quel’ nslitut comple pirmi ses membres, s’en est occupé pendant plusieurs années avec «ne constance infatigable. Μ. f^an Swinden avait déjà fourni, pour la première partie des mémoires de la première classe, un tableau com* p iratif des observations du baromètre : dernièrement il s fait part à la même classe d’un relevé raisonné des observa·4· •fions météorologiques faites en ce pays. I. y a joint dit tables contenant les réductions nécessaires et les résultats généraux deces observations.
L’ensemble de ces tables présente la réduction la plus complète qui ait jamais été exécutée, d’observations météorologiques fuites dans ce pays. La classe en reconnaît ici ■Je mérite, et elle tâchera de faire , dans ^exposé de son histoire littéraire, un usag ·. convenable , tanl decotte dissertation que des productions des autres membres dont il vient .d’être fait mention.'
L’Institut devant aussi rendre compte des ouvrages présentés à la classe, et qui sont destinés à être impriuiéf.
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it les· a partagés en deax classe!; dòfit la première contient les pièces sur le>qiie!le.i la dusse a déjà porté un ja gainent, et la seconde, celles sur lesquelles elle n’a pu encore prononcer.
’ La première des pièces est de Μ ,* elle a pouf
titre .· Exposé d'une maladie de nerfs extraordinaire.
Cet exposé contient un narre exact des phénomènes très- frappans observés dans un spasme extraordinaire et violent qui s’est fait sentir à une jeune perenne dèa l’âge de dix— sept ans , qui a duré consecutiveiawit an-delà d'un demi- siècle et qui tourmente encore sa malade à l’âge de près da •oixanle-dix ms»
La seconde pièce est de Μ. BrugmanS, Elle Contient des Observations sur les moyens à l'aide desquels les poissons se meuvent en général et en particulier y sur l'expiration à laquelle ce mouvement est dit.
Après un résume exact de Lout ce qu’oot écrit Sur cello matière Barelli, Duhamel, Bonnet, Blumenbnch, Gouan et Barthez, Για leur propose quatre différenits cause» auxquelles il rapporte le mouvement des poissons.
La première consiste dans une tension et an relâchement alternatif de certaines parties appartenant particulièrement au corps du poisson, de manière que l’équilibre de l’eau qui presse sur ses parties se trouve par là détruite , et que le corps avance suivant la direction uè celte pression propor· tionnellement diminuée.
La seconde cause de mouvement réside dans les Dogeoi— rcs. Dans cette partie» fauteur explique complètement faction des nageoires d’après leur placement, leur nature et leur mouvement. Il démontre en même temps les erreurs dans lesquelles sont tombés ceux qui ont considéré les nageoires comme organes du mouvement.
La troisième cause corniste dans la faculté qu’ônt les poissons de varier, surtout au moyen de nwseles latéraux qui servent en même temps de légutnens an-dessous de la peau , la forme et la pesanteur spécifique, soit du corp# entier, soit de quelqu’un· de scs partie·, et pur conséquent surtout la faculté de s’élever et de s’abaisser pèrpendicuiui- jement.
La découverte d’une quatrième cause appartient exclusi·
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MERCURE ETRANGER.
vera en là Va n tear, et il est le premier qui l'ait publiée. Elle consiste dans la pression de l'eau expulsée au moment de ^expiration par les ouvertures des ouïes.
L'auteur ne s'est pas contenté de démontrer que l’emploi de cette quatrième torce motrice est dans la nature même de la chose, et qu'elle a le pouvoir de produire »’effet qu’il lui attribue. Il a voulu aller plus loin, et il est parvenu à confirmer sa théorie par de» exp rieuces3 au moyen d’un appareil très-ingénieux.
Cet appareil consiste en deux planchettes disposées de man ere qu'elles imitent une tête de poisson dont les ouïes sont ouvertes, A ces planches , est ad-'plé un ressort qui tend à !es fermer, mais dont l’action est arrêtée par une petite cheville placée à l’intérieur. Au moment où on λousse la cheville, le ressort abat le couvercle des ouïes; 'eau contenue à l'intérieur s’échappe avec violence, et le poisson factice part d’un mouvement très-rapide.
Tels sont les travaux de la première classe auxquels l’institut doit pour cette fois borner son exposé raisonné. H doit né/inmoins ne pas passer sous silence une liste nombreuse d’autres pièces réservées pour un autre volume de ses Mémoires, après que la classe aura émis le jugement qu’elle en doit porter- Il »ufßra d’en citer les titres, pour en faire pressentir l'intérêt et le mérite. Ces pièces sont les suivantes :
i° Hennert. Sur les orbites des comètes.
2® Bennert· Sur le mouvement que suivent les corp· entourés d'une corde , pendant lé développement de la corde.
5° Hennert. Sur les écoulement des eaux par les orifices.
4® Hennerl* Mémoire concernant la vitesse moyenne des eaux courantes.
5® Floryn. Considérations sur le mouvement des corps tombans et de ceux qui descendent sur un plan incliné, pour autant que ce mouvement est retardé par la résistance de l’air ou par d’autres obstacles.
6® Barneveld» Observation relative à l’électricité médicinale.
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7· Serrurier: L'agriculture considérée comme digne «Tetre admise au nombre des sc.ences que cultivent les membres de l'institut.
8e Kandcr Borch Kan Kerwolde. Esquisse de l'état de l’agriculture dans les parties arides et les plus reculées du royaume de Hollande.
9” Glavimans. Un vaisseau considéré comme corps homogène et comme corps hétérogène.
10® Kan Swinderu Des nombres anâgrammiques.
11· Fokker. Observations sur la comète de 1807.
ία® Goudrinan. Considérations sur les observations à faire par rapport à la hauteur de l'eau dans divers courant et brat de rivières près de la mer, et contenant en outre la description d’un instrument très-simple, au moyen duquel la hauteur de l'eau , le l'urub et la force du vent s'indiquent d'eux-mêmes, tant la nuit que le jour.
l5° C. L. Brünings. Sur la congélation et le dégel delà glace formée , suivant les degrés de température indiqués par le thermomètre.
4e Æmntngi. Pieces pour faire suite à son mémoire sur la congellation.
4 5° Orîessen. Considérations sur des objets de physique et de chimie.
i6° Floryn. Sur la dilatation du fer par la chaleur.
t7® Orienten. Coup d'oeil sur quelques objets de physique et de chimie.
La première classe n’a reçu * dans le courant de l’année, de personnes non attachées à l'institut, qu’une seule pièce* consistant en un télégraphe que l’on peut facilement transporter d’un endroit à l’autre , Λ la suite d’armées , présenté leg juillet dernier par Μ.ΛΓ. ΓΡ. Koot> avec une explication de son mécanisme.
IJ n’est guère possible dedonnpr, au moyen d'une simple description^ une idée précise de la construction et du mécanisme de cet appareil. L’ ostilut cependant emit devoir déclarer que la première classe le met au nombre des inven-
Tom.III. — 1814, 9
ans MERCURE ETRANGER. — LANG. HOLL.
tions les plut io génie uses et les plus utiles, et qu’elle pense que l’inventeur mérite de justes éloges;
Que, néanmoins , la classe désirerait qu’avant de prononcer complètement et définitivement sur la force requise pour dresser un semblable appareil construit en grand, il fût fait quelques expériences sur cet objet ;
Qu’en conséquence il a été adressé , de la part de la première classe , une lettre à Μ. le préfet de la marine, pour l'inviter à faire faire ces expériences qui seront peu coûteuses, dans le chantier imperial, en présence d’une com·; mission des membres de la classe et de l'inventeur.
(La suite au numéro prochain.)
»
LANGUES DU NORD.
Analyse dun drame suédois intitulé .· Suzanne λ Babylone.
Cette pièce, eo cinq actes et en vers, est une de celles qu'on donne le plus souvent sur le théâtre national de Stockholm. Elle est de Μ. Valeaborg, long-temp* professeur au college de Golhenbourg; et c’est dans le Recueil de la ôociété des sciences et des belles-lettres de la même ville, que nous avons lu la première fois cette production dramatique. Quoique le plan puisse donner lieu à quelques observations , et que l’auteur se livre quelquefois,comme la plu* part des auteurs dramatiques de son pays, aux déclamations longues et emphatiques qui nuisent a l’effet des fit Dations et du dialogue, le drame de Suzanne a toujours du •accès à la représentation , parce qu’il est plein de noblesse, d’elévatiou , de sensibilité, ci que le style est gêner a le meat harmonieux et soutenu. Une actrice d’une figure très-lieu — reuse répand ordinairement beaucoup d’iulérêt sur le rôle de Suzanne.
Cette victime de la perversité de deux vieillards criminels est abandonnée à la douleur et à la honte, ou sein, d’une prison. Jujakim, son époux, qui lui a toujours été tendrement attaché, ne peut se persuader qu’elle est coupable : mais les odieux vieillards insistent ; ilsallègucnt des preuves 61 plausibles , qu’ils pai viennent à le convaincre ; son âme se remplit de toutes les fureurs de la jalousie , il ne respire que vengeance.
Pendant qu’Esra et Joram méditent une nouvelle perfidie ■contre Suzanne, la prison est représentée ouverte , et l’on y voit cette femme vertueuse chargée déchaînés. «Ne craint point, » dit—elle à Thyrsa , sa confidente, qui a obtenu la permission de l’accompagner; « ne crains point pour mon »ort j mes soupirs s’élèvent vers celui dont la main puis- tante dirige les destinées de k terre; il sait mettre un
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frein aux forfaits des méchans, et il les fait tomber eux· mêmes dans les pièges qu’ils dressent à l’innocence. C’est le vice qui doit craindre ; la vertu se montre calme et tranquille, même dans les fers. O toi dont l’oeil pénètre dans les coeurs, comme dans les abîmes de l’Océan! tu lis dans le mien , et tu sais que l’aspect même du supplice ne ru’arra- chcra pas des larmes honteuses, Mais j’ai un père qui réclame sa fille; j’ai une mère qui me regardait comme la consolation de sa vieillesse; j’ai un époux, qui regrette une compagne qu’il chérissait tendrement. et qui, peut-être, jette sur rna ver’ u des soupçons odieux ! Si la crainte ne peut m'accabler, la douleur me lait verser des larmes. Dieu tout- puissant! épargne mon père, ma mère, mon époux! c’est ass z d’une victime Impire-leur du courage; donne-lcurce que lu me refuses, la paix et le bonheur ! «·
Jojakim est introduit dans la prison; il veut accabler Suzanne de reproches; mais il s’arrête, étonné du calme qui règne sur son front, attendri par les paroles pleines de douceur et de sensibilité qu’ellc-lui adresse. Cependant les perfides rapports que lui ont fait les vieil lards se ret racent à son esprit, et la jalousie renali dans son âme. Suzanne tâche en vain de détruire ses soupçons ; elle lui rappelleen vain le souvenir de leur union et de leur bonheur. « Puissance éternelle et sage! » s’écrie-t-elle enfin, « comment expliquer tes décrets ? La v*rtu va donc succomber sous les traits de la calomnie ! Maïs je l’ai mérité , ■ ajoute-t-elle; « ma douleur est un châtiment de ta justice ; une idole, grand Dieu ! avait pris ta place dans mon coeur; infidèle à ton service , j’avais rendu à mon époux, fragile mortel, un hommage, insensé et téméraire ; je m’étais dévouée à lui, comme je ne devais me dévouer qu’à toi. Oui « cruel Jojakim , c’est vers toi, qu’au mépris du Seigneur, s’est porte mon profane encens; arme ton bras contre c< coeur, qui trop long-temps t’a fait jouir d’uu cul te criminel, et, en répondant mon sang, donne au monde une leçon effrayante. Viens, frappe, mon crime est grand, le ciel doit être apaisé; j’adore scs décrets, et je t’abandonne ma vie! χ
Jojakim al laits»’apaiser, lorsqu’on vient lui remettre, par une indigne trahison , une lettre , ou Joram, d'intelligence avec Lsra, offre à Suzanne de la délivrer de sa prison , et
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de s’enfuir avec eile. L’époux indigné, transporte de fureur, menace et Suzanne et Joram. Après avoir fait à son cpouse les plus terribles reproches : « El toi, » s’écrie-t-il , * mortel pervers, lu tomberas sous mon glaive! Les abîmes te cachassent-ils dans leur sein, lu périras! »
Ileikia, père de Suzanne, paraît dans ce terrible moment, et les accens de la douleur paternelle retentissent au milieu des cris du désespoir de Jujakin. Cette scène produit toujours le plus grand effet. « Enfant coupable dit le vieillard, tu répands donc sur les cheveux blancs de ton père le chagrin et la honte ! Il est donc réduit à voir son nom flétri p-ir ton crime . et le dernier rejeton de son antique race va tomber sous le fer du bourreau Suzanne , me di.-ai.<-jc souvent , fermera ines yeux éteints; c’esl elle qui recueillera mon dernier soupir !Que mon espoira élécruclleinentdéçu ! Tu flétris ma vieillesse et tu me feras descendre au tombeau sous le poids de la douleur et de l’opprobie! Le coupable est-il jamais digne de pitié? Mais tu es mon sang, tQ es ma fi.!le ! Le nom de père retentit au fond de /non âme, et mon juste courrotfx ne peut arrêter mes larmes! O! malheureux enfant! je vais encore te serrer dans mes bras! Prends ces gages de l’amour paternel : ce sont, hélas ! les derniers ! La yoix de la justice va remporter sur celle du sang. »
Joram, qui a appris que Suzanne va périr, se rend à la Îirison ayec un des juges, et cherche à la gagner ; mais elle e repousse avec indignation. Jojakim survient, aperçoit Joram , et lui enfonce un poignard dans le sein.
Cependant les juges, insensibles à l’honneur, et trahissant leur conscience, prononcent que Suzanne est coupable et doit être livrée au supplice. Elle en est instruite, mais conserve son courage, et se livre à une tou hante résignation. « L’arrêt est donc prononcé ! dit-elle , et I heure du trépas approche ! D’où vient que mon âme est si tranquille? Il me semble que ma douleur, mes angoisses s'apaisent de plus en plus,et que je respire avec plus de liberté. Est-ce aonc là ce redoutable fantôme , qu’on n’envisage qu’en tremblant? Une main céleste me délivre de tous les liens terrestres ; insensible a la joie , insensible à la peine, je voit du même oeil l'échafaud et les trônes, le monument funèbre
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et les palais. Messagère d’un Dieu qui prend pitié des mal* heureux, ô mort! viens fermer mes yeux , qui ont répandu laut de larme.«! Rends à la terre les débris de cette enveloppe mortelle, et que mon âme paisse,après tant de souffrances, trouver la consolation dans un autre séjour ! ■
On vient annoncer à Suzanne que le moment fatal est venu. « Je suis prête, répond-elle. Adieu Thyrsa, ina compagne fidèle! Adieu sombres murs, qui avez écouté mes gémissement·, quand les hommes y étaient sourds ! Que je sois enfin délivrée deces fers qui, destinés au crime, ont couvert des mains innocentes! El toi (fixant le portrait de sort mari, qu’elle a conservé), chère et douloureuse'image «Tun époux adoré, reçois les dernières preuves d’un attachement qui ne peut plus compter sur un tendre retour! ( Elle baise le portrait et fond en larmes) Dieu, pardonne ces pleurs ! Ils coulent pour un mortel ; mais j’ai dû l’aimer et je l’aime encore 5 j’oublie ce qu’il est, pour me rappeler ce qu’il fut long-temps: accorde-lui, Seigneur, la protection : accorde-la à ceux qui m’ont donné le iour. O mon
• Il - · I · a ■ 1 · J Έ ·
pere : o m.i mere ; je ne vous verrai plus| mais mon dernier Soupir sera One prière pour vous. Approchez (à ceux qui doivent la conduire). Vous paraissez émus ; dites à ceux dont vous êtes les ministres, que je leur pardonne. *
Déjà tout est prêt pour le supplice j la prison disparaît, et l’échafaud te montre. Mais Daniel arrive soudain : instruit du procès intenté à Suzanne,il a cherché à découvrir la vérité. Il parle au peuple, expose la perfidie et l’injustice des juges, et les force à en convenir. Suzanne est reconnue innocente, aux applaudissero en* de la foule, et sa vertu re· çoit un hommage solennel. Joj.ik.im, accablé de remords, présente ses mains pour recevoir les chaînes portées par Suzanne. Cette tendre épouse s’approche de lui,et le serre dans ses bras, en lui disant : « Voilà, cher Jojakirn , les liens que je te destine. »
J.-P. Catteàu-Cilleville.
VARIÉTÉS.
SUR LES VOYAGES D’ALI BEI (1) EM AFRIQUE ET EM ASIE·
Daws le mois de novembre dernier, on communiqua aux trois classes de l’institut, (la première, la troisième et la quatrième classes) un extrait des JKoya^es en Afrique et en Asie , faits par Ali Bei,
Les découvertes , les observations qu’a faites ce voyageur célèbre, intéressent également les savans , les érudits, les artistes.
Cet extrait a excité, au plus haut degré, l’intérêt du premier des corps savais; c’est ce qui nous engage à en donner une esquisse dans cet ouvrage périodique , dont le principal objet est de rendre compte des travaux et productions littéraires, ainsi que des progrès de l’esprit humain dans les pays étrangers.
Ali Bei s’adonna de bonne heure à l’élude des sciences de l’Europe. Après avoir voyagé en France et en Angleterre, il résolot de passer à Tanger, dans le* i royaume de Maroc, et de faire son pèlerinage à la Mecque. Il fut reconnu comme fils du prince Otliman Bey el Abbassi, et aujourd’hui on ne le connaît en Orient que sous ce nom.
s
(i) Il y a eu plusieurs Ali Beis, qui ont joui de plue on moins du célébrité , à diverses époques; il ne faut pas confondre notre voyageur avec ceux-là, comme l’ont déjà fait quelques écrivains icettft. méprise ne serait pas sans inconvénient.
Il arriva à Tanger le ^5 juin iSo5. Le noui qu’il portait, ses connaissances} lui méritèrent bientôt la vénération des Musulmans, et par sa conduite il s’en fît aimer, emorte que, peu de jours après son arrivée à Tanger, un le vit déjà jouir des plus grands honneurs , et acquérir daus le pays une grande influence. Comme il avait fait ses études en Europe, et qu'il pratiquait l’astronomie, il prédit à
MERCURE ETRANGER·
Tanger une éclipse de soleil, qui eut lieu peu de temps après son arrivée. Il avait dessinécl expliqué d’avance toutes les circonstances de l'éclipse, tel le qu’on la vit effectivement à Tanger. Dès lors Ali Bei passa pour un homme divin parmi les Musulmans.
L’empereur de Maroc, Muley Solimanr, vint peu de temps après à Tanger; Il se prit d'amitié pour Ali Bei, qu’il invita à le suivre à Mikines et à Fes. Là il observa deux grandes éclipses de soleil et de lune. Le sultan partit ensuite pour Maroc, où bientôt après Ali Bei vint le trouver. Le sultan 'lui fit une donation de biens considérables, et ordonna qu'on lui rendit de grands honneurs publics. Ali Bei visita Mogador, et revint à Maroc, où il fut atteint d’une maladie grave.
Le sultan , qui était allé à Fes , revint aussi à Maroc ; et Ali Bei lui annonça son prochain départ pour la Mecke. Lé sultan aurait voulu le retenir , et«pour y parvenir il lui fit les offres les plus brillantes -t mais Ali Bei fut inébranlable j il ne se laissa séduire ni par l’aiubiliou, ni par les plaisirs, prit congé du sultan, retourna a Fes, et en partit bientôt après pour le levant. La révolution survenue à Alger, dans ce temps-là , le força de s’arrêter dans le désert il’Angad. Il y resta campé plus de deux mois , entouré de tribus arabes qui se faisaient la guerre j mais l’empereur lui envoya un corps de tioupes qui l’escortèrent jusqu’à la sortie du désert, et il passa àLaraisch , où il s'embarqua sur une frégate tripolitainc , le i5 octobre iBo5, pour Tripoly de Barbarie.
Ali Bei, clans tous ces voyages, et pendant sa résidence dans les villes, faisait des observations astronomiques, avec des instrument excellens, consti uits sous ses yeux, , par les meilleurs artistes de Londres , et il prenait des informations sur les lieux qu'il ne connaissait pas, ensorte cn’il donnera une carte précieuse’ du royaume de Maroc, . formée sur neuf cartes routières.‘II faisait aussi des observations météorologiques, et examinait en même temps le paysen géologue. Il donnera le plan de la ville de Maroc, et y joindra d’autres dessins intéressa«» , ainsi que des descriptions en tout genre. Il fit aussi des collections d’histoire naturelle très-importantes j enfin , il acquit la certitude de
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VARIÉTÉS.
129 l’ex fol enee d'une Mer intérieure au centre dr l'Afrique » semblable à la mer Caspienne d’Asie : ce qui a été confirmé, cinq an» après , par Ni. Jackson , consul anglais à Mogn- . dor. Il croit que l’ancienne lie Atlantide n’est autre que ia chaîne des monts Allas, entourée de la mer ; ce qu’il démontre autant qu'uue pareille hypothèse peut être démontrée.
Dans ta traversée de Laraisch h Tripoly, le bâtiment· % d’Aii bei se trouva enveloppé d'un météore singulier , qu'il attribue à l'électricité , et, peu de jours après, notre voyageur fut exposé à périr par uni· bourrasqu.* affé use.
A Tripo ly» il acquit l’a mi lié du pacha Youssouf, et il y fit le Ramadan. Aussi offrira-t-il une description du pays. Il observa dans cette ville une grande éclipse de lune. Il y dessina le plan et le profil de la grande Mosquée , et recueillit beaucoup d’objels d’histoire naturelle et dea médailles.
Le 26 janvier 1806 il s’embarqua pour Alexandrie sur un gros bâtiment turc ; mais les bou 1 risques le forcèrent: d'aboi der , premièrement à Modon , sur la cote de la Morde , dont il dessina une vue . et ensuitedans l'île de Chypre» où il séjourna deux mois ; il visita ces lieux classiques da Cytbèic, dalie , Paphos et AmaÜionte,en fixa les posi— * tions ge<)graph;ques, fit des observations et des collections en tout genre : il nous en donnera des descriptions inléres— * santés et des dessins. C'est là qu’il se lia d’amitié avec l’arche v eque grec Chrysanthos , prince de Chypre.
S’éiant rembarqué sur un briganlin grec, il passa à.* Alexandrie, où il arriva le 1 2 mai 1806, et resta cinq mois et demi» vivant dans l’intimité du capitan pacha de la Porte-Ottomane et de Moussa-Pacha. Il y fit quelques observations et dessins, entre lesquels il y a une vue générale d’Alexandrie très-complète , et continua de former des col· Jeciioos 1res considérables en tout genre.
A la fin d’octobre » il partit pour le Caire. Il s’y rendit er» remontant le IX il, et il y fi· son Ramadan, jouissant de la considération particulière de Méheuied-Ali-Pacha du Caire» et des grands de la ville. Le i5 décembre il partit poor Suez avec une grande caravane.
A Suez j il s'embarqua pour Cedda , sur un LÀtiment *
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MERCURE ETRANGER.
ar i be de la Mer-Rouge , le *6 décembre 1806. La singulière construction de ces bâti mens, et la manière de na· yiguer sur cette mer toute semée d’écuci Is, seront décrites par notre voyageur avec une extrême précision. Comme ces bâtiment vont toujours très-près de la côte d’Arabie, et que l'on jette l’ancre tous le® soirs, il profita de ces circonstances pour continuer ses observations, et enrichir ses collectioni de nouveaux objets,
La nuit du 5 au 6 janvier 1807, une tempête terrible cassa tous les câbles des ancres; le bâtiment frappait des coups horribles sur un rocher. Ali Bei, avec quatorze hommes , sauta dans la chaloupe, et débarqua snr un îlot désert, nommé El-Okadi j mais le bâti ment ayant été secouru par un autre. Ali Bei put se rembarquer, et continua sa route pour Gedda , où il arriva le i5 janvier.
• Après avoir fixé la position géographique de Gedda , et fait d’autres observations curieuses, Ali Bei partit pour la Mecque , et il entra dans cettecapilale de l'islamisme dans la nuit du 92 au 25 janvier 1807.
A li Bei resta à la Mecque trente-huit jours, pendant lesquels il fixa la posit ion géographique de cette vtI lé par dé nombreuses observa lions astronomiques. Il en fit le plan et celui du temple, ainsi que son profil : il peignit aussi, de grandeur naturelle, la fameuse pierre noire appelée hhagera- el-assuad, qui attire la vénération des fidèles dans El- jKaaba, ou Maison de Dieu; il dessina les lieux sacrés, Saffa , Mcroua et la montagne Aarafat Tous ces dessins et beaucoup d’autres seront accompagnésde descriptions.
-Ali Bei , pendant sa résidence à la Mecque, fut dans une relation intime avec le sultan shérif Ghnleb* qui lui donna des lettres pour S Μ. l’Empereur et Roi. Ceci rappelle les lettres que Charlemagne reçut dukalife Haroun Arrechici« Ali Bei, avec le sultan Schénf, lava et parfuma l’intérieur de El-Kaaba , qui est toujours fermé, et qu’on ouvre une fois dans l’année, pour cette cérémonie , avant l’époque du pèlerinage. Dès lors il put porter le titre de Khaddem fielt .Allah el Haram, Servileurde la Maison de Dieu la défendue. C’est pour obtenir ce titre que lout nouveau sultan de Constantinople enyoie le pacha de Damas, qui balaye en aon nom.
VARIETES.
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Reniant la réagence d*A li Bei à la Mecque, le sultan des Webbabis, Saaoud , avec ses deux fils et une armée de quarante-cinq mille hommes, prit definitivement possession de la ville, en même temps qu’avec une armée plus considérable sur les frontières de la Syrie , il empêchait le pacb:· de Damas de venir en pèlerinage avec sa grande caravane de Turquie. Ali Bei donne des rcnseign»’mens sur ces réformateurs, et le détail des cérémonies du pèlerinage*
La vil le de la Mecque est grande et belle j mais située dans un désert, sans une goutte d'eau y si l’on excepte l’eau que
chaude et saumâtre. La Mecque n’existrrait pas sans la superstition, qui, en ayant fait lecentredra pèlerinages,même avant Mohamed , la rendit encore l’entrepôt d’un commerce immense, sans compter qu’elle reçoit beaucoup en donations pieuses.
Cette partie du voyage d’Ali Bei sera véritablement da plus grand intérêt pour nous, parce que, jusqu’ici, aucun chrétien n’avail pu pénétrer dans ces lieux , conformément à une défense expresse du Prophète, et que les Musulmani 3 ni y sont admis ne sont pas en état de nous en transmettre es informations exactes. C’est donc pour nous une espèce de mystère, qu’Ali Bei nous dévoilera en homme instruit. TVois ans après lui, le savant allemand Μ. Seetzen, s’étant fait Musulman, a rempli le devoir du pèlerinage à la Mecque, et on a publié déjà quelques extraits de son voyage j mais malheureusement nous avons remarqué que presque tous les noms arabes sont dénaturés ou tronqués , ce qui ne donne pas une idée favorable de l’ouvrage. Au reste, il pourrait se. faire que la cause de ce défaut vînt de ce que Μ. Seetzen se sera toujours adressé aux Turcs , qui parlent urt erabedétestable, et qui sont encore moins instruits en tout genre que les Arabes. On a aussi publié une petite brochure, sous le nom de Poyaçe à la Mecque ,· mais elle est absolument insignifiante, puisqu’on n'y dit presque rien de cette ville. Enfin , les descriptions que noua connaissons , sont fondées sur les relations des pèlerins turcs , extrêmement imparfaites et même erronées.
Ali Bei partit de la Mecque pour Gedda, le 2 mars 1807, et continua son voyage à l’Ienboa.
MERCURE ETRANGER.
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Les Wehbabis ayant prohibé tout acte· de vénération au. Prophète , ont défendu aux pèlerins d’aller à Médine visiter le tombeau. Ali Bei, malgré la prohibition, voulut aller à Medi ne ; mais il fut fait prisonnier par ccs réformateurs , à Gideïda , dans le désert de Médine. 11 fut ensuite renvoyé, ainsi que les chefs et employés turcs, du temple de Médine 5 ils ne leur permettaient point de séjour dans le territoire sacré. A ce sujet, Ali Bei remarque que le Prophète n’a jamais eu de tombeau proprement Jit , puisqu’il fut enseveli simplement d ms la terre; que le temple de Médine n'a jamais été un lieu de pèlerinage, mais seulement de dévotion, de laquelle se dispensaient le p’.us grand nombre des pèlerins. Les lieux de pèlerinage ont été la Mecque et Jérusa’em.
■ Etant revenu à T'enbo.v, Ali Bei partit avec une nombreuse flotte de bâtimens arabes pour Suez. Les détails de cette traversée maritime sont très-curieux j mais après ua mois de navigation, dans laquelle on éprouva toutes sortes de désastres, il débarqua à Gadiahia : c’est une rade de la côte d’Arabie , à dix lieues *ud sud-ouest d.u Monl-Sinaï, d’où il est venu par le dé-sert El-Ssaddor à Suez : pendant la routo, il observa une éclipse lunaire à Wadi-Corondel.
Dans toutes ces traversées, Ali Bei faisait continuellement des observations et des collections intéressantes. Sa carte géographique de l’Arabie eide la Mer-Rouge , faite sur ses prop-es observations asironotniqu.es, est du plus grand intérêt, ainsi que ses observations sur les pétrifications j et sur la différence du niveau de la même mer.
Après une relâche de vingt jonrsà Suez, Ali Bei · se réunissant à une grande caravane , revint au Caire , où il fut reçu en triomphe par les grands de la ville ; il y fit sou entrée publique le 14 juin 1607.
Le 3 juillet, Ali Bei partit du Caire avec une caravane Îui traversait le désert pour Gaza , où il laissa la caravane. I passa à Jérusalem , ou il fut étonné de la magnificence du Temple que les Musulmaris ont élevé sur les restes de l’ancien temple de Salomon: il fit le plan et le profil de ce temple. Ce sera encore pour nous un résultat important des travaux de notre voyageur. En effet, ce temple n’a jamais c.é vu par aucun chrétien, et le» Musulmans neu ont
VARIÉTÉS. 133
Jonne presque aucune description ; aussi cette partie du voyage a-t-elle excité l'admiration des Savane d’EuTope à qui elle a été communiquée. On appelle le temple Eeit el Mokkaddes e Scherif, ou Maison Sainte principale; et c'est un lieu de pèlerinage pour les Musulmans, qui croient qu’il l’a été pour tous les prophètes dès l’origine du monde.
Ali Bei visita tous les saints lieux des chrétiens lieux qui sont aussi révérés par les Musulmans. Tout près de Bethléem il vît en plein jour un météore lumineux de la plus grande beauté U visita les scpu|cre* -d’Abraham et de ta famille, et celui.de David ; il vit le sépulcre de Jésus- Christ, que les Musulmans ne révèrent pas, parce que le koran dit que Jésus-Christ ne mourut pas.
Ali Bei passa à Saint-Jean d’Acre, et y drssina le Mont- Carmel. Delà il vint à Nazareth; et continuant sa route entre le Mont-Tabor et la mer de Galilée, il traversa le Jourdain par le pont de Jacob, qu’il dessina , et entra h Damas le 22 août. Legrand commerce et les fabriques de Damas fixèrent l’attention de notre voyageur.
Il passa ensuite dans le voisinage de Paimire, par la ville de Homs , et par celle de llama sur le livage de l’Oronte, dans l’intérieur de la Syrie. Celte contrée est très-peuplée et très-riche.
Le 5 septembre, Ali Bei arriva à Alep ; et continuant sa route avec des Tartares, il franchit la chaîne du Mont— . Taurus et toute l’Asie-Mineure par son centre. Et traversant aussi la chaîne de lOlympe et le Bosphore, il arriva à Constantinople le21 octobre 1807. La carte routière d’AI£ Bei, depuis le Caire à Constantinople et plusieurs dessins et observations intéressantes, sont les fruits de cette traversée.
Ali Bei fît, à Constantinople, le plan du temple ou mosquée d’Eyub, où se fait une grande cérémonie, dont l’objet est de ceindre le sabre au nouveau sultan , ce qui équivaut au couronnement de.s monarques d'Europe. Jaunis aucun chrétien n’a pu pénétrer daus l'enceinte où el le s’exécute ; aussi n'en connaissions-nous qu’une description incomplète, donnée par Μ. Ohsson, dans son grand Tableau de Empire Ottoman»
Le 7 décembre. Ali Bei partit de Constantinople; et tra-
134 MERCURE ETRANGER. — VARIÉTÉS.
0 versant le mont Hæmus et le Danube , il arriva à Bukarest dans la Valschie, le 15 décembre 18·7.
Là se termine la relation de notre voyageur.
Cette relation offrira le plus grand intérêt, tant par les descriptions qu'elle contient, que par les nombreux des* sins, les plans , les caries géographiques qui Paccompagne— tori. Cesi une espèce d Odyssée tant à cause des relations continuelles du voyageur avec les souverains, ou les princes des paye qu'il a visités, que par les événemens singuliers qui y sont racontés, et qui paraîtraient incroyables, s'ils n'étaient attestés par les agens et négociant européens dans ces pays.
On va publier la partiehistorjque descriptive des voyages d’Ali Bei, en trois volumes et un atlas ; et quand les circonstances permettront de réunir ses nombreuses collections , on publiera la partie scientifique, qui sera assez étendue, et dans laquelle on trouvera aussi le dépouillement de ses observations astronomiques et météorologiques.
ANGLETERRE.
Londres.— Μ. Murray, libraire et homme de lettres distingué , a publié récemment un grand nombre de bons ouvrages, dont voici les principaux·:
I.
Childe Harold's Pilgrinage , etc. ; c'est-à-dire : Le Pèlerinage du'fils cT Harold poème: par lord Byron, ϋα vol. in—4°· Ce poème, plein de mérite, a été composé pendant les voyages de l’auteur en Portugal, Espagne, l’Albanie > et en differentes contrées de la Grèce. Il est accompagné de notes nombreuses et de quelques autres poésies. L'auteur y a aussi inséré la traduction de plusieurs chansons grecques , et des observations fort intéressantes sur la littérature grecque moderne.
II.
Paganism and Christianity compared ; c'est-à-dire: Le Paganisme comparé avec la Religion chrétienne ; par John Ireland , sous-doyen de Westminster. Un vol. in-8".
III.
Life of Michel Angelo , etc»} c’est-à-dire : Pie de Michel-Ange, etc·', par le chevalier Du ppa. Un vol. in-4·, supérieurement imprimé par Bensley ; deuxième édition , ornée du portrait do Michel-Ange par le célèbre Barlo- Iozlî , et de cinquante autres gravures. L’auteur a accompagné son excellent ouvrage des lettres et des poésies de Michel—Augé. Ces dernières ont été traduites en vers par MM. Southey et Wordsworth. L’ouvrage est terminé par une dissertation critique sur le mérite de Michel-Ange, considéré comme sculpteur, comme peintre, comme architecte et comme poète.
IV.
Typographical Antiquities s or, the History of Printing in England, Scotland, and Ireland, etc. ; e’est-a-dire ; Anu qui tes typographiques, ou Histoire de l'imprimerie
156
MERCURE ETRANGER.
en Angleterre , Ecosse et Irlande ; oavrage commencé par feu Joseph Ames , considérablement augmenté par VVilliarn Herbert, et maintenant beaucoup plus augmenté par le révérend Thomas Frogna11 Dibdin. I el II volumes in-4®. Cet important ouvrage renferme de longues notices sur les anciens imprimeurs anglais, des listes de tous les ouvrages sortis de leurs presses, un grand nombre de portrait« et d’autres gravuresr une histoire de la littérature anglaise, un aperçu général sur les progrès de la gravure dans la Grande-Bretagne, etc. L’exécution typographique de cet ouvrage ne laisse rien à désirer.
V.
The Costume of the Ancients ou Costumes des An· cîensy avec une introduction descriptive; par Thomas Hope. Deux vol. gr. in-8*.
VI.
Marine Dictionary, etc- j c’est-à-dire : Diction- naire de la 'Marine, auquel on a ajouté la traduction des termes et des phrases de la marine française, puisés dans les ouvrages de MM. du Hamel, Aubin, ôavérion , etc.; par William F Iconer. Nouvelle édition, contenant des corrections et additions considérables; par William Burney, professeur de l’académie navale-de Gosport. Un vol. in-4·.
VII.
The origine nature , and object of the new xyx- tem of education ; c’est-à-dire · Γorigine, la nature et l'objet du nouveau système d'éducation. Ua vol. in-8°.
VI’.I. The life of Nelson . c’est-à-dire t La Tie de Nelson , par Robert ôouih^y. Deux vol. in-8% ornés de jolies gravures. Cet ouvrage, écrit avec impartialité et avec chaleur, a obtenu un grand succès.
Μ. Murray doit a ossi a voir publié un grand poème français , dont voici le titre : Charlemagne t ou Rome délivrée 9 poeme épique en vingt-quatre chants ; par L. B.
Voici comme J’éditeuc annonçait ce poëme l’année dernière dans un journal anglais :
« Cet ouvrage sera imprimé d’une manière brillante, et formera deux volumes in-4° impérial. U sera orné de superbes planches, auxquelles travaille déjà Μ. Châ les Heath. Le sujet du poème est Rome de livree des Lombards
GAZETTE LITTÉRAIRE.
207
'pnr Charlemagne , et I’ctabbsseinent du second empire d’Occident. L’auteur -a joint à récits la description »les er plot ts militaires de Charlemagne contre les ôuxons et les Huns, un tableau de leur culte . et la conversion de VVit.— kind , leur chef, qui est regarde dans l'histoire comm^ la tige des rois de France de la troisième d ynastie. Le poêle y peint aus-i les excès des iconoclastes grecs, et y chante les coutumes civiles et militaires des Maures en Espagne, les exploits de Roland et d’autres chevaliers. Le merveilleux dv poème n’a r»en de coru;nun avec la mythologie payenne j il est entièrement fondé sur la religion catholique. Toutes les principales cérémonies de ce culte sont successivement introduites dans la narration, et contribuent à son développement. Le poème est très - étendu ; il se divise en vingt- quatre chants. Sa composition et les connaissances variées qu’il exigeait, ont clé l’objet de l’occupaiion principale dô l’auteur, pendant huit ans, depuis qu’il s’est letiié des affaires politiques. On continue main ;e rant à le solliciter de le publier, et l’on espère qu’avant quelques moisson manuscrit sera er. état «Petre livré à ’’impression. Le texte sera accompagné d’une traduction poétique en lang eang'ai-sc.
— Μ. Monk , philologue d’un grand ménte. <·1 professeur de littérature grecque à Cambridge, n publié, il y a quelque temps, une ex· «diente édition de I’Hippolyte d’Euripide, sous ce titre : Euripidis Hippolytus Coronijer. Ad jidem mnnnscriptorum ac veterum editionum emendavit, et annotationibus instruxit J. /i. Monk, etc. Un vol. iu t).®. Les not· s de ce savant décèlent un homme profondément Terse dans la langue d’Euripide , et font désirer Iju’il donne une édition compì eie de ce gr arid poète.
— Le révérend R. Pol whole a publié une élégante traduction anglaise des oeuvres de Theocrite/de Bion, de Moschus et de Tyrtce, en un vol. in-8°.
— Μ. le chevalier John Jackson a publié un excellent ouvrage intitule : A Grummur of the Aeolo-ldoric , or modern greek tongue,c’r»t-à dtre ; Grammaire de la langue Aeolo- onque , ou grecque moderne. Un ν<>·. Hi-40 L’ouvrage est accompagné de dialogues familiers, d’un chapitre du Ficaire de Wakefield en grec moderne, avec le texte an-
Torn, III. — 1814. 10
MERCURE ETRANGER,
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piai» à côté, et d’un très-bon vocabulaire. L’a u tear y a joint également un drame héroïque. en vers , écrit en langue Aeolo-Dorique. Il est hors de doute que Μ. Jackson a pris pour base, dans la composition de sa grammaire , l’important ouvrage intitulé; rje^eri« τίτ Aùto/açtc««, publié à Vienne, il y a quelques anuérs , par Mi. Albana*— sios Christopoulos , homme de beaucoup d’esprit, littérateur et poète très-distingué, et qui doit à ses grands la Irne le poste élevé qu’il occupe depuis quelque temps à Bucharest en Valachie.

Le libraire Cawtliorn a publié, en 1815, un ouvrage
très-intéressaut, ioti lu e : A journey through Albania and ether provinces of Turkey in Europe and Asia to Constantinople, during years 1809 ana (810; by J· C. Hobhouse, c’est-à-dire : Voyage à Constantinople, par l'Albanie et d'autres provinces de la Turquie d'Europe et dAsie^ pendant les années 1809 e/ 1810; par J. C. Hothouse. Un grand volume in-4* de 115?. pages. Ce grand ouvrage contient une infinité de détails nouveaux et très- curieux sur les moeurs et les usages des Albanais , et notamment sur h langue singulière de celte nation , peu connue des Européens éclairés. L’au leur s’étend aussi beaucoup sur Ja littérature d&s Grecs modernes, et fait le plus bal éloge de leur zèle patriotique. Parmi plusieurs morceaux de littérature , il cite de préférence quelques pages de l'excellente géographie de Melelius dans l’original, le fameux poème intitule : *Arfcu , et une harangue de
Thucydide, traduite en grec moderne par le savant père Néophytes Doukas L’ouvrage est orné de plusieurs gravures de h plus grande beauté, et il est imprimé avec beaucoup deluxe.

Le libraire White a fait paraître l’année dernière un ouvrage très-curieux intitulé : An Essay on the probability, etc. } c’est-à-dire : Essai sur la prohab:litè de la sen· sation dans les végétaux, accompagné d'observations sur Γ instinct, la sensation, Vin stabilité, etc. ; pr James Percha rd Tlipper. Un vol. in-8°.

M.W.Wit’e, docteur en médecine, d’un mérite très- distingué, a publié un excellent ouvrage, dont voici le
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GAZETTE LITTERAIRE. χ5$
titre : Observations on the contracted intestinum rec· tum y etc., c’est-à-dire ; Observations sur la contraction da iintestinum rectum , cl la manière de la traiter, accompagnées de différeoi cas de cette maladie. Un volume io-ô® avec planches.

Le libraire Longman a mis en vente un bel ouvrage , intitulé : A Treatise on some practical points, etc., c’est- à-dire : Traité de quelques points pratiques relatifs aux maladies des yeux ; par feu John Cunningham Üaundere. Un vol. gr. in-8°, avec huit planches et le portrait de l’auteur. L’ouvrage est précédé de la vie de l'auteur , et de sa méthode de traiter la cataracte, par le docteur Farré, son ami intime.

Μ. Syek a donné au public l’ouvrage suivant : A Treatise on the management of infants , etc. , c’est—h— dire : Traité de la manière de soigner les enfins , uvee l'histoire et la méthode de traiter les principales maladies auxquelles ils sont exposés. Un vol. iri-~ô°.
• — Μ. Thomas Haynes , savant agronome , a publié on ouvrage très-utile et très-curieux , intitule : A Trealisd on the improved culture , ere., c’est-à-dire : Traité de là culture améliorée du fraisier, du framboisier et du gro- seilfer, contenant une nouvelle méthode de cultiver ces differens genres et d’en obtenir les plus beaux fruits. Un voî. in-8®,
Oxvord. — M.Copleston vient de publier un ouvrage rempli de vues profondes,dont voici le titre: Pratlectiones .Academice* Οχοηϋ habita* ab Eduardo Coplesion S, T. B< collegii O rie lens is socio et poetic oe publico praelectore f nunc Ecclesia? Cathedralis Londinensis prebendario,etc. i vol. in-8° de 46I) pages. — Cet ouvrage contient les leçons de liante poésie ancienne, que l’auteur a donnée aux élèves de notre Académie. Ces excellentes leçons sont le résultat de longues méditations et de pénibles recherches. Elles sont diviseci en trois parties; la première est intitulée : Te Imitatione} la seconde, De Affectibus; et ln troisième, De Phantasia. L’ouvrage est écrit avec une méthode toul-à- fait philosophique; ce qui le rend un peu obscur. Mais tel qu’il est, il a oblcDu uu succès complet > et fera époque daPK
ι4α MERCURE ETRANGER.
les annales de la pbîln'ogie moderne. L’auteur l’a dédié au Baron Grenville, digne chancelier de l’académie.
Cambridge. —On a publié ici, il v a quelque temps, un ouvrage posthume du celebre Person, sous ce titre: /11— cardi Personi adversat in. frotte et emendationes in Poetas Grtrcos, quas ex Schedis manuscript is Personi, apud Col· leρ·Um SS. Trinitatis^ Cant abri già*, reposais deprompserant ci ordinarunt nec nun Indicibus instruxerunt J.H. Monk A. Μ, C'../. Blotnfield A. Μ.. etc.— Cet ouvrage a été accueilli de tous nos Hellénistes, et augmente nos justes, regrets sur la mort de l’illustre Person.
ALLEMAGNE.
Goettinguk. — Le deuxième volume de l’ouvrage du’ eé’cbre Bumenbach, intitulé: Zfcüruege zur fralurges— · chichtc etc., ou Mémoires d'histoire naturelle. est. composé <le cent quarante-quatre page's in-8 ■. Il renferme deux mémoires Irë -importans: le premier a pour objet Vhomo sapiens ferus de Linné,et \ nomme sauvage de Hameln. Le savant auteur prouve, d’une manière fort ingénieuse > que la plupart des prétendus hommes Sauvages , cités par Linné, n’étaient que des sourds-muets absolument imbéciles ; le second mémoire est consacré aux momies humaines d'Egypte. Cet écrit n’est que la réimpression de celui quo Fauteur avait antérieurement publié sur le même objet, et qu’il a cette fois-ci considérablement augmenté, à l’occasion d’une momie parfaitement conservée, que le duc de Saxe-Golba lui avait envoyée.
Vienne. — Le docleur Beer publie depuis quelque temps par cahiers, un ouvrage important. intitulé: Geschichte der Auqeiikunde » etc.. c’est-à-dire : Histoire de la connais- particulier. Le
sanec des yeux et de lents maladies < même docleur a déjà publié un ouvr.-ige en deux volumes ïn-î5ot cl dont le titre est
du »nenie genre , î Leitfaden etc.* suries maladies
c’est-à-dire; Manuel des Cours publics desyeux, et de Γinstitut clinique de ces maladies.
VUuxzLBEnG.-—Les sectateurs de la nouvelle philosophie
• * ·
GAZETTE LITTÉRAIRE. ι4ι
deScbellrng par 1 ent avec éloge de FouvrflgedeM.de Ha-* gen, intitulé: Kosmologische Geschichte der Katar, etc·, cV-jl’à-dire : Histoirocosmologique de la l\ aiuterete.— Cet ouvrage, écrit dans les principes s nguliers de Schel'ing , contient, à côté de p usieurs as^eitions paradoxales, des aperçus neufs et curieux sur la structure des plantes et des minéraux.

Μ. Schelver a publié un ouvrage de quatre-vingt-six page* in-8% qui a pour titre Kiitik der Lehr e von den Ges· chie ch te tn der Pflanzen etc., cVst-à ditet Critique de la théoiie du système sexuel des Plantes, etc.— L’a u leur comtal le système sexuel, et veut prouver que les plantes ne peuvent avoir de sexe : en quoi il est d’accord avrcTourne· fort et d’autres célèbres botaniste-. Tous ceux qui on* lucet ouvrage on' remarqué avec satisfaction que Fauteur développe des connaissances profondes en physiologie végétale.

Le troisième volume des Annales de la Société d'his— toire naturel e de la TKeiterarie a paru il y a quelque temps à Hanau.
—Le dernier ouvrage qu’a public le docteur Al. Haindorf, * pour titre: Versuch einer ρ^/Λο/ο^ίβ. e/c., c’est-à-dire : Pissai d’une pathologie çt d'n>.e thérapie de l’esprit. Un volume de quatre cent trente-six p ges in-8° — L’auteur expose le* differens genres des ma ladies de l’âme , leurs liaisons et leu is rapports avec l’organisme physique. Ces maladies sont divisées en quatre classes, savoir :
I.
Egoïsme animal maladif, qui dégénère en cupidité, avarice et désir de s’approprier tout exclusivement,et dont le siège est dans la moelle ép-nîèrr.
II.
Maladie«· du sy.Ίèine »les sensations.
III.
Ma Indien de la faculté appétitive.
IV.
Maladies du sentiment intérieur.
D ms la deuxième partie, l’auteur traite particulièrement 1®, des maladies causées par l’idée objective des sens ; □ , des maladies dr l’imagination j 5e, des maladies du jugement ; ή®, des maladies de la raison.
L’anteur a voulu créer un système scientifique des maladies de l’esprit humain. Il semble qu’il a beaucoup profité
MERCURE ETRANGER.
d« opinions physiologiques du docteur Gall, son Signé confrère et compatriote.
Be n lin. — Ha paru dan» cette viftc on ouvrage très- utile pour les amateurs des jardins, intitulé: /fcsthetische Pflanzenkunde , etc., c’est-à-dire.· Botanique esthétique , ou Choix des plus belles plantes cTornement, divisées par classes, et accompagnées de la manière de /es cultiver dans les appartement, les serres èt les jardins, rédigée par F. Th. Dietrich.

Le célèbreIîufeland a publié dernièrement unescconde édition de son ouvrage intitulé : Geschichte der Gesundheit , ere-, c’est-à-dire: Histoire de la Santé, avec un Essai sur le caractère physique du temps actuel. Un vol. in-8°.

Μ. Hubert a donné au public un vol. in-8° qui porle ce titre s Die Wartung der schaajè f etc., c’est-à-dire: 'Traité de la manière d'élever et de soigner les moutons , et d'en améliorer les prodaiis. Un vol. ìq-8°» avec deux planches
SUISSE.
Zurich. La dernière exposition des objets de beaux-arts de cette ville a eu lieu vers la fin de l’été dernier. Plusieurs vues pittoresques de la Suisse et un grand nombre de paysages et de portraits ôC faisaient remarquer.
Parmi les paysages on dialing· /t une Marine au crépuscule, peinte à l’huile , par Schoenbergrr j deux paysages de la Suisse, à l’huile f par Larive, de Genève } un paysage entre Rome et Naples, peint à l’huile, par Lory, de Berue ; la vue de l’ancien temple de Paestum , peiut à l’aquarelle , par le même. La plupart des paysages étaient peints d’aprcs nature. Il y avait aussi quelques ma ri h es deGaspard Huber, de Zurich , et quelques gouaches de Landott.
Le seul tableau u’hisieire qui mérite d’etre cité est celui de G. Wolmar, de Berne , représentant un sujet de l’His- toirc de la Suisse.
Μ. Henri Keller, de Zurich , a exposé un panorama 1
GAZETTE LITTÉRAIRE,
faqaarello, représentant une vue d« risola Belle, dans Μ Lagom agniore.
Plusieurs amateurs ont enrichi çette expositio? de leur· productions, qui, pour la plupart, annoncent de« ta lens.
Toute l’exposition se montait à-peu-près | cent Cloquante pièces, tant tableaux que dessins.
En fait de sculpture, il n’y ?vait qyc quatre pièces en marbre, entre autre« deux petitsbas-reliets, représentant l’Amour et Psyçhé, faits par Martin de Mçiralt , çle Zurich. On remarquait encore trois petites figures du professeur Sonnenschein, et une Hébé et une Vénus de Christen , le tout en terre cuite.
Les instrumens de mécanique consistaient, i* en un rouet de laiton , construit par Ziegler, de Winthertur ; 2° une règle dioptrique, par George Oeri; une boussole et un Ιέτ- lcscope de Henri de Murait, et une gui tare-) y re de nouvelle invention, de Ferdinand May,
Μ. Müller d’Engelberg avait exposé dans une autre pièce nn relief des plus hautes montagnes de la Suisse. Ce relief embrasse toute la partie méridionale du canton de Zurich, les cantons de Zug, Scbwylz , Ury, Untçrwalden , et une partie des cantons de Lucerne et de Berne.
ITALIE:
Niniâ. Le gouvernement a regard· comme très-avantageux de rendre au théâtre son ancien éclat, ot de le diriger vers le grand but à'ùist'ruire en amusant î ausai avait-il cru devoir instituer un concours diamoli que, Les résultats dece concours sont déjà très-satisfaijsans. De toutes les parties de l’Italie » ou s’est empressé d’envoyer des compositions dramatiques : on en comptait cent au moine de toute espèce. Un jury de cinq hommes de lettres, choisi parmi ceux qui se sont le plus distingués par leurs propres productions , a prononcé avec sagesse et impartialité sur ces diverses compositions.
D’après le rapport que Je jury-a fait à Sa Majesté , par l’intermédiaire da ministre de l’intérieur, le prix de la/rz?- fédic j consistant en une médaille d’or de 1^20 fr., a été
144 MERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT.
décerné à la Sapho de l’abbé LouZ$ ScevoZa , de Brescia , vic**-président de la bibliothèque de Bologne ; l’accessit à la tragédie nationale intitulée : Ferdinand /<r, roi de Na- pies y pièce de Μ. Gabriel Sperduti , attaché au ministère de la justice- Le jury, ayant pensé que celte production méritait non seulement celte seconde distinction , mais aussi un des deux prix destinés aux mélodrames , et qui n’ont point été décernés, ôa Majesté a bien voulu accordera l’au· teur outre l’accessit. le prix debbofr. Deux autres tragédies, un Annibai et un Arminius i ont obtenu des mentions honorables.
Le prix de la comédie (de 880 francs) a été décerne à la Femme exemplaire y comédie en cinq actes, de Μ. Emmanuel Mistireiti , napolitain ; l’accessit à une autre pièce en trois actes , du même auteur, et qui est au»si intitulée : la Femme exemplaire. Un second accessit a été accordé à une comédie de ΓIrrésolu, envoyée de Gênes.
Un mélodrame tragique , intitulé Oreste » par l’avocat napolitain Bucchiarelli9 λ paru digne d'être distingué dans Ja foule des autres ouvrages du même genre envoyés au. concours. Il a obtenu une mention Lonorable.
Florence. L’académie impériale della Crusca , après avoir reçu l’autorisation de S. A. 1. madame la grande-du- chesse de Toscane, vient de publier le programme du concours pour le prix de ôoo napoléons :
« Sei ont admis au concours les ouvrages tant manuscrits qu’imprimés dans le cours de 18«5. Il»devront être adressés, francs de port , au secrétaire de l’académie, dans le courant du mois de février 1814· Farmi les traductions, on h'admettra quecrlles qui srrunt faites des anciennes langues savantes. Les ouvrages manuscrits qui seraient couronnés seront publiés avec les noms de leurs a u leurs , avant la distribution du prix établi par la munificence de S. Μ I. et R. en laveur des écrivains qui ont le plus efficacement contribué à maintenir la langue italienne dans toute sa pureté. Tous les ouvrages envoyés au concours resteront dans les archives de l’Académie. »
MERCURE ÉTRANGER.
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N° XV.
LANGUES ORIENTALES.
NOTICE DE QUELQUES OUVRAGES DE LITTÉRATURE INDIENNE y PUBLIÉS EN BENGALE.
(Suite *).
Public DisruT ition , etc. —Exercice public des élèves du collège du Fort-IPilliam au Bengale , en présence de lord Minio , ^wrer/zeur général du Bengalaet visiteur du collège y etc-, le 20 septembre i8i5, imprimé à Calcutta, réimprimé à Londres en avril 1814 x in-8® de 48 pages.
Chez Black et Parry, etc., libraires Je la Compagnie des tilde s-Orientales.
J’éprouvê f je l’avoue , un véritable plaisir à continuer on travail commencé et publié à une époque où il y avait quelque courage peut-être à se montrer partisan zélé des sav:·ns Anglais , et même admirateur de cette nation à laquelle nous devons maintenant tant de reconnaissance.
( ) Voyez la première parue de cette HoTiçxy 1.1, p. 1 eta dec© Mercure.
Tom. ΠΙ. — i8jl4.
il
MERCURE ETRANGER.
146
Nos lecteurs apprendront avec intérêt que plusieurs des Anglais Indianistes , à qui j'ai plus d’une fois payé un tribut d’estime et de gratitude, non contens d’ap!anir , dans d’ex cel lens ou vi ages élémentaires , les difiicu lies qu’ils ont eues â surmonter, s’occupent eux-mêmes de l’enseignement des langues orientales dans le college du Fort- William à Calcutta (i;, et forment des élèves dignes de leur succéder. Ce college , fondé eu juin 1800 (2), prend annuellement de nouveaux accroissemens, et L'on y enseigne maintenant le samskrit, le bengali, l’hindoustani , l’arabe et le persan. Des professeurs Anglais donnent 1rs principes de ces langues, en expliquent les meilleurs ouvrages, dont ils publient même d’excellentes éditions/ D’autres savans , originaires des contrées ou se parlent ces langues, en rendent l’usage familier aux élèves, qui sont pour la plu- fiart des employés civils ou militaires de la Compagnie des ndes. Ces éleves soutiennent, tous les ans, en présence du gouverneur général du Bengale , un exercice public sur les differentes langues qu’ils étudieuL C’est du dernier de ces exercices que nous allons rendre le compte le plus rapide qu’il nous sera possible ; car , pour beaucoup de personnes , l’intérêt de l’objet' dont il s’agit n’égale p:.s son importance.
S. E. le comte de Minto ayant fixé au lundi 20 septembre 1815 l’exercice public sur les langues orientales, que l’on doit soutenir chaque année , conformément aux statuts du collège , le président, les membres du conseil· de cet établissement, les officiers, professeurs et étudiaus se tendirent à l’hôiel du gouvernement où étaient réunis le grand-juge , les principaux membres du conseil suprême du Bengale , les plus notables Anglais de Calcutta , et plusieurs grands personnages du pays.
Dans la thèse persane, il s’agissait de prouver que « l’uniformité qui existe eu Ire toutes les histoires des Orien-
(1) Voyesci-detiiie, tome I, p. 12;
fxjVoy. dsiatic arenai register for 1800, p. io4. Supplement tot ha chronicle.
LANGUES ORIENTALES. 147
taux, doit être attribuée à l’influence du climat et à la situation de leur pays »
La thèse hindouslanie reposait sur cette assertion : « Les arts, les sciences cl la littérature sont mieux cultive's dam l’Hindoustan que dans toute autre contrée de l’Orient. »
Les éludians en bengali ont cherché à prouver que « le style oriental dans les compositions littéraires , est plutôt le caractère particulier d’un siècle que celui d’uns nation, »
On a soutenu dans la thèse arabe que «cette langue est une des plus abondantes , des plus riches et des plus énergiques de toutes celles qui se perlen* dans le monde. »
Un étudiant a lu une am p'i ficai ion composée en samskrit sur l’élégance et la précision de cette antique langue des Brahmanes.
Après ces exercices, que nous espérons faire connaître dans un des numéros suivans par des analyses d’une certaine étendue, Son Excellence le gouverneur général distribua les prix et les récompenses aux élèves les plus distingués. Il leur fit ensuite un discours paternel et en même temps honorable pour rétablissement, dont il proclama Jes progrès et futilité. Parmi les détails administratifs dans lesquels il est entré , nous devons remarquer une importante addition faite nu collégedu Fort-William Dans le cours de 181 2 , on a ajouté des élèves militaires aux élèves civils. On conçoit aisément tous les avantages que la Compagnie des Indes tirera d’officiers familiarisés avec les langues des pays où iIs commanderont, ou bien qu’ils seront obligés de parcourir. Chaque professeur a pria ensuite la parole . pour décerner de justes éloges à ceux de ses élèves qui se sont distingués. La plupart de ces noms ne tarderont certainement pas à figurer dans ce Journaf et sur la scène Ji Itérai re du monde. On nous permettra au moins de prendre ici l'avance à l’égard de l’enseigne Ha tiglon, du lieutenant Ayton et surtout de MM. Sutherland elGlyn,dontlesrapi- des progrès dans l’arabe et le persan, ont étonné leurs professeurs. Les deux derniers ont, en outre, acquis une profonde connaissance de la langue et de la littérature samskritea. Plusieurs professeurs se sont plu à proclamer les titres que ces élèves ont déjà à la renommée > et à reconnaître les obli·
148 MERCURE ETRANGER.
gâtions quê leur aurait à son tour le collège du Fort» William.
Quoiquelesamskrit doiveêtre regardé comme la langue- mère de toutes celles que l’on parle maintenant dans l’Inde, et malgré les richesses littéraires qu’on peut y puiser , il se trouve peu d’éleves assez courageux pour braver les difficultés que présente celte étude. En outre, les élèves du college du Fort-William ayant principalement pour but de leurs travaux le service delà Compagnie, préfèrent apprendre le persan, l’hindoustani et le bengali , langues qui leur sont indispensables pour remplir convenablement les places civiles ou militaires qui leur sont confiées. Ces considérations n’empêchent pas la cour des directeurs d’en» courager l’étude du samskrit et même celle de l’arabe) mais ces eneo u rage men s ne sont accordés qu’aux hommes studieux , déjà employés activement pour la Compagnie , et qui préfèrent cet aride , mais utile et honorable travail aux amusernens que sc procurent à grands frais les Anglais établis dans l’Inde.
Nous passons sous silence beaucoup de détails relatifs à l’ex amen des élèves , à leurs progrès , pour arriver à un article d’un intérêt plus général; c’est la notice des principaux ouvrages exécutés ou seulement entrepris depuis le dernier exercice. \
Le docteur Lumsden, professeur d’arabe et de persan , avait distribue le prospectus d’une collection des meilleurs traités de jurisprudence musulman«; qu'il voulait publier successivement. II. ava il même déjà préparé une édition de l’achbahoiiel-ruidhair; mais les frais prodigieux qu’entraînerait une pareille entreprise en ont empêché l’exécution. Cependant on espère que le conseil supreme la favorisera , en prenant, comme il a coutume de le faire pour les ouvrages importans, une souscription de cent exemplaires; de manière que l’on ne doit pas encore renoncer à l’espoir de pofseder un choix peu nombreux de jurisconsultes Musulmans, publiés sous la direclion de Μ. Lumsden et des savans natifs attachés maintenant au collège de Calcutta.
Lecapitaine Roebeck,secrétaire-adjoint et examinateur, prépare une nouvelle edition très-augiuentée du diction-
LANGUES ORIENTALES.
ï4g nairc hindoustani-anglais du docteur Hunier. Le proies* seur de samskrit et de bengali, le docteur Carey, à qui l’on doit déjà une savante et volumineuse grammaire samt- krite-anglaise(3), a terminé l’impression d’une grammaire duPendjâb(contrée’septentrionale du haut Hindoustan); il a mis sous presse deux grammaires, l’une talinga, et l’autre carnate. Il compose maintenant des grammaires des lan- 8ues du Kachmyr, de Puchna, de Balolche et d’Oriça.
ulre ces importans et pénibles ouvrages, notre infatigable missionnaire s’occupe de son dictionnaire bengali , et espère le livrer au public au plus tard dans deux ans.
Son digne fils, Félix Carey, qui marche sur les traces de ce vertueux père dans la carrière religieuse confine dans la carrière littéraire, a livrea l’imprimerie des Missionnaires à Sérampour une grammaire de la langue des Sarmahs.
L’éditeur des OEuvres de Confucius, Μ. Marshman, fctson jeune élève , devenu aujourd’hui son associé, s’occupent sans relâche de la grammaire et de la littérature chinoises.
Μ Marshman a composé un ouvragesous le litre de Clavis Sinica (Clef de la langue chinoise) ;cc ne devait être d’abord qu’une édition augmentée de sa dissertation sur la langue chinoise, insérée dans le premier volume des oeuvres de Confucius ; mais, la matière s’étant étendue sous sa plume, il a composé un ouvrage absolument neuf. La première partie est déjà imprimée, et contient deux dissertations , l’une sur les caractères chinois , et l’autre sur la langue vulgaire. (Jne grammaire chinoise formera le complément de cet ouvrage, qui sera composé de 4 ou 5oo pages in-4e. Μ. Marshman a le projet d’ajouter, en forme appendix , un vocabulaire contenant les caractères du Confucius. On sait que la complication , et surtout la multiplicité des caractères chinois a obligé jusqu'à présent les imprimeurs du pays, même les imprimeurs européens, à employer des planches ou au plus des types en bois. Μ. Marshman et ses collaborateurs sont parvenus
(3) Voy. ci-dessus, t. I, pa^es 16-19·
ι5β
MËRCÜRE ETRANGER.
par lèi procédés les plus ingénieux à imprimer les textes chinois avec des types de métal , mobiles (ÿ).
Μ. Coiebrooke a présenté au college un dictionnaire pendjâbi.
Μ. Lockett prépare un catalogue, raisonné et détaillé des manuscrits qu’il a recueillis en Arabie; le public attend avec impatience la relation de son voyage , qui intéressera l’antiquaire, l’historien et le philologue.
L’impression du beau dictionnaire jamsint et anglais par Μ. Wilson, se continue; mais malgré l'activité qu’il y met l’auteur n’espère pas pouvoir le livrer ou public ayant deux ans. Les immens de foisir de Μ. Wüson ne sont pas perclus pour la littérature sam^krite, ni pour l’instruction des Orientalistes; il s’est amusé à traduire en très-heureux vers anglais le poëme de Calidasa , intitulé Megha Douta (5), ou le Nuage Messager.Cet ouvrage jouit d'une grande réputation parmi les naturels, qui ne se lassent pas d’admirer la beauté et la simplicité du style, la richesse des descriptions, la justesse des idées, et la chaleur, le charme des sentimene. En effet. la versification du Megha Douta , l’harmonie du rhythme , les grâces de l’idiome embellies par des allusions aux coutumes, aux opinions , et à l'histoire de la nation , qui peut conséquemment en saisir la finesse et la beauté, devaient naturellement exciter l’intérêt d’un amateur de la poésie samskrile, poète lui-même, et justifient le choix du sujet sur lequel il a exercé â-la- Fois sa verve et son érudition Nous n’insisterons pas plus long-temps sur le mérite d’un pnëme que nous nous réservons de faire connaître per un extrait d’une certaine
(4)
Un typographe , profondément versé dans son art et d’une rare industrie , que je nommerai quand il sera temps, a trouvé un procédé semblable à celui de Μ. Marshmnu , et dont le résultat est au moins Aussi satisfaisant.
(5)
La Bibliothèque du Roi possède trois copies de ce beau pnëme ■amekrit, l’une en caractères dèva-nagary, n° 44, deux en caractères bengalie, n°· io5 et 170 du Catalogue des Manuscrits sams— krits, etc. Paris , 1807. 1 vol. in-8°. Caliaasa , un des poètes Indiens les plus justement estimés , florissait dans le onzième siècle de Pére- vulgaire.
LANGUES ORIENTALES. ι5ι
%
étendue. Nous nous bornons à remarquer ici que le poète étant conduit par son sujet à faire des allusions, à présenter des images relatives à l'ancienne géographie de l’Inde , à plusieurs articles de la croyance aux moeurs et aux usages des Indiens , Μ. Wilson a cru devoir ajouter un assee grand, nombre de notes très-instructives ; il a en outre fait des rapprocherions entre certains passages de l’ouvrage samskritet les poètes anglais classiques. Enfin , pour l’instruction de ceux qui se livrent à l’élude de la langue samskrite, il a donné en notes la traduction littérale des passages, du sens desquels il a cru devoir s’écarter dans sa version poétique. Ces passages sont éclaircis par des citations textuelles de plusieurs autres ouvrages samskrits , et de discussions critiques et étymologiques sur certaines constructions , certains mois ou sens du texte original.
Cette brochure est terminée par la liste nominative de dix-neuf élèves qui ont quitté le college au mois de septembre 1815. A la tête deces élèves, on distingue Μ. Glyn t le premier en bengali, le premier en samskrit, et le second en persan.
Langlès.
GENERAL PRINCIPLES, eie. —( Principe* généraux d'inflexions et de conj ugaisons du Bradje BJiahfla, langue vulgaire parmi les Hindous dans le pays de Bradje, dans le district de Goualyor, dans les domaines du Râdjd de Bharatpour, ainsi que dans les vastes contrées de Bocsouara , de BJuidawar , j4ntary Bed et Boundel·hand, composés pour l'usage des élu diane en Hindouslani ; par Chry Lallou • Lall Küvî, mounchy (c'est à- dire, écrivain et maître') de BJiâi.hâ au collège du ForC-William. Calcutta, de Γimprimerie de la gazette de l'Inde. 1811. In-4° de 15 pag.,plus, l'introduction de ιό pages.)
Des essais de grammaire sônlencorc moins susceptibles
i5ü MERCURE ETRANGER.
d’analyse qu’une grammaire suivie et complète. Ainsi j’insisterai bien moins sur la strut ture du BradjeBjhàkjhâ que sur l’origine, les rapports de cet idiome et le pays où on le parle.
Suivant les idées généralement reçues parmi les Hindous, l’univers est divisé en trois régions nommées Zola. Dans chacun de ces loka on parle une langue différente.
I
° La i ég'on céleste , saura loka , on suppose que c’est la · évidence des anges.
2° L< palala loia , région souterraine et entièrement habitée par les serpens.
5° La terre qu’on nomme nara loka y région des mâles , ou martya loka , région, de l’espèce humaine.
II
existait autrefois, avant l’àge présent, des communications fréquentes entre ces trois régions; mais lMFai- blissemenl de l’espèce humaine la priva des moyens de se transporter dans les autres contrées. De là le soura bani^y, ou langue du pays de Soura, nomme aussi soura bjiakjiâ et dèva bany, que l’on suppose être le même que le sarnskril^ lut perdu.
Le nag boni (2) ou langue des serpens, nommé aussi prakrit, «iflire du byhakyhâ , en ce que Γη nasal ( nouai ghouna)^ est beaucoup plus fréquent que dans le byhàkyhâ,
(1)
Qu'il me soit permis <Tîndjquer en passant quelques conformités <l<s differens noms samskrits |de l’homme avec lee mêmes noms dans d'autres langues. i® Martya , en persan mard et ma rd s · de là le nom d’un peuple ( les Mar des ) ; le root latin Mars, Martis , désigne le dieu de la guerre Λ l'homme brave par excellence. Nara , le mot person ner, désigne un mâle , de quelque espèce que cc soil. 5® Djana tappelle le mot chinois d/tn, homme. Ajoutons que te dernier mot, métamorphosé quelquefois en fin, par un vice de prononciation , est chesses voisins le nom de la nation mente. On sait que plusieurs nations asiatiques , et presque toutes les nations sauvages v ce désignent elles-mêmes par le root qui signifie homme dans leur langue. (Lahglès.)
(2)
Byhlâyhâ , bani, bhacha, mots samskr ît s qui signifient langue ; les lettres k, ha et chat se changent facilement l’une pour l’autre. Ou donne principalement ce uoru à la langue dont il s’agit.
LANGUES ORIENTALES.
155
et que la plupart des lettres y sont doublées, arrangement nécessaire pour rendre cette langue convenable à la con- foimation des organes de <es reptiles.. Il y a long - temps que cette langue ne se parle plus ; on peut la regarder comme ayant été en usage à une époque intermédiaire entre celles où a fini le samskrit et commencé le bjiakjia moderne, nommé, comme nous l’avons déjà dit, narbani· C’est proprement la langue vivante des Hindous ; on la parle surtout dans le pays de Bradje et dans le district de Guualyor. Bradje est un district situé entre Delily et Agra h , jouissant parmi les Hindous d’un vénération particulière, parce qu’il a été le lieu choisi pour la dernière incarnation de Vicnnou sous la forme de Krichna. 11 a pour capitale Mathourah, et renferme aussi les villes de Brindaben et de Gokoul, toutes deux célèbres par les amustmens et les miracles de leur divinité favorite, ainsi que les domaines du Râdjà de Bharatpour, les montagnes ae Govardhen. On nomme plus communément Gbohéd le pays dépendant de la fameuse forteresse de Goualyor. C’est dans ces deux districts surtout que l’on parle le bjidkjid le plus pur, considéré par les Hindous comme la langue la plus abondante et la plus éloquente.
Quoique Pon n’ait pas de renseignemens bien positifs sur l’époque où le bradje bjidkjid est devenu une langue écrite et savante , on a, lieu de croire que les livres les plus anciens de cette langue ne remontent pas au-delà de l’invasion des Musulmans dans l’Inde , sous la conduite de Mahmoud le Gliaznevyde, c’est-à dire, au commencement du onzième siècle de l’ère chrétienne.
On connaît encore deux ouvrages écrits vers celte époque; mais c’est à dater du règne d’Akbar, c’est-à-dire , de la fin du seizième siècle, que cette langue a été cultivée et employée par des écrivains hindous. Ces deux observations suffisent pour expliquer d’une manière satisfaisante l’introduction des nombreux mots arabes et persans qu’on trouve écrits en caractères dèra-nagàry dans le bradje bjidkjid^ quoique le fond de cette langue ^oit
154
MERCURE ETRANGER.
évidemment samskrit, comme le prouve aussi la forme des mots.
Le monnchy, auteur de l’ouvrage que nous annonçons, s’étant borné à donner les déclinaisons elles conjugaisons de la langue dont il s’agit, nous ne présenterons ici aucun détail sur son système synthétique : iJ nous suffira de remarquer, c>m me nous l’avons déjà fait dans le sixième volume de la nouvelle édition de la Géographie de MM» Pinkerton et Watcknaer» qui- la svntaxr du bradie bJiàkJià a beaucoup de conformité avec celle de l’Hiadoustani, dont on doit une excellente grammaire et un copieux dictionnaire à Μ. Gilchrist, orientaliste anglais aussi savant que laborieux.
(Langlìs.)
Rapports entre la langue sanscrite et la langue Russe > présentée à Γ Académie Impériale Russe» Saint-PélersbQurg, 1811 (i).
Du moment où l’on a commencé à envisager et traiter
que les anciennes hypothèses sur la langue primitive et sur la filiation des idiômes anciens et modernes ne pouvaient
(1) Cette petite brochure in-4°, dont l’auteur n’a pas cru devoir ee nommer, contient, outre le texte que noua publions ici fidèlement, un vocabulaire comparatif de cent soixante-dix-huit mot« samskritsetruMes qui ont entre eux une parfaite ressemblance. Nous avons supprimé cette partie de l’ouvrage , qui n^offre qu’une sèche nomenclature ; il suffit de remarquer qu’elle renièrme les mots qu’on peut regarder comme fondamentaux dans toutes les langue·, tels que les noms de partcité, les verbes être, donner, aller, les nom» desueti{ferente s parties du corps humain, des élérueus, des astres, des nombres , etc. ( Laxglès )
LANGUES ORIENTALES. i55
phis tenir. C’est particulièrement b la connaissance plus eiacte que nous avons aujourd’hui de l’Inde, que nous devons la lumière qui guide maintenant les sa vans dans leurs travaux sur l'affinité des langues; quelque faible qu’elle soit encore, cette lumière n’a cependant pas manqué d’indiquer déjà la route, qui désormais sera probablement la seule h suivre pour tous ceux qui aiment a conduire çe$ recherches plus loin, et h les pousser jusqu’à un resultat analogue a la nature des langues, h l’histoire de l’homme et ainç données, que l'histoire, la langue et les moeurs de chaque peuple en particulier nous en fournissent. A mesure que les sa vans Anglais, les Jones, les Colebrooke (2), les Hamilton (5), et avec eux les Ànquctil du Perron, les Langlès,
(a) Μ. H. T. Colebrooke , membre de la Société Asiatique de Calcutta .a enrichi 1rs tomes VI-XÏ des Mémoires de cette illustre Académie de dissertations savantes et curieuses sur la langue et la littérature sanoskrites. On lui doit aussi une excellente édition du Cocha, ûii Trésor de la langue sarnskrite , par Amara Singha , en caractères dêva-nàgary , accompagnée d'une traduction anglaise. (LanolMs.)
(5) Μ. Alexandre Hamilton , membre de la Société Asiatique , de la Société Royale <le Londres , professeur de littérature indienne au collège de Hertford, cet venu exprès, à Paris, pour examiner et consulter la collection nombreuse et Li en choisie de manuscrits sa mskrits et bengalis que possède la Bibliothèque du Roi, et c’cst d’après se· savantes notes que j'ai publié le catalogue de ce6 manuscrits, en 1807. i vol. in-8°. Le même orientaliste, dont la complaisance et la douceur égalent sa vaste érudition , m’a communiqué d’excellentes observations, dont j’ai enrichi les additions que j’ai faites à la traduction française des deux premier· volumes des Recherche» risia tiques^ ou Mémoires de la Société établie au Bengale , etc», en citant celui à qui je les devais arec les éloges et les ex pressions de gratitude qui lui étaient dus. Μ. Alexandre Hamilton a bien voulu aussi ,à ma prière, Lire un examen des Relations des indes et de la (ÿiùte , par deux voyageurs .Arabes aiti y allèrent dans le neuvième siècle, traduit de Paratie, par l’abbé Renaudot. lia lait sur ces relations des notes et des observations très-importantes , dont je compte enrichir la nouvelle traduction que je prépare , et qui doit Accompagner le texte original de cet ouvrage, qui est déjà imprimé sous format in-18, avec les beaux caractères arabes de l’ImprimerieRoyale. Si cet upus · cule , dont l’authenticité et l’existence même ont été contestées, peut avoir quelque prix aux yeux des Orientalistes, c’est aux notes de Μ. Hamilton qu’il le devra. Il me sera doux de lui avoir moi-même
j 56
MERCURE ETRANGER.
les Silvestre de Sacy, Ics Sebiegei et d’autres, osèrent lever le voile «îystcrieux qui couvrait jusqu’aux traits de la langue sanscrite («), on fut frappe du rapport qu’elle présentait avec beaucoup d’autres langues principales, et on fut bientôt porté h croire que le sanscrit devait être la langue mère, ou du moins la soeur aînée de la plupart des langues vivantes, pour ne pas dire de tontes. C’est ainsi qu’on y a retrouvé l’hébreu, le persan, le grec, le latin, le celtique, Valle- iiiand, et même le slavon (6).
cette nouvelle obligation , et de pouvoir lui payer publiquement un nouveau tribut de l’estime qu’il a inspirée à tous ceux qui l’ont connu pendant son séjour à Paris. (Lànclbs.)
(a) Sanscrit ou sanscrita, est, d’après le savant Colebrooke ( Fl· son mémoire : On tire sanscrit and prar.rit languages t dans les Asiatici researches, r. Vil, p. qq.), le participe d’un verbe composé du mot cri, auquel on ajoute h lettre s, pour lui donner la signifi- cation de beati* et dela preposti ion sam. Sanscrita, ou samscnla , signifie donc orné, formé, cultivé ( polbhed). Les philologues indiens emploient ce terme pour «lire formé ou dérivé.
C’est un dialecte pur , dont les formes et le» inflexions forment la "base de la grammaire de l'Inde. Comme je n’ai pas le dessein de citer ici tous les livres qui traitent de cette langue, je dois renvoyer le lecteur à l’ouvrage immortel de feu Μ Adelung, qui porte le titre: Mithridates oder allgemeine Sprachkunde * etc. Berlin, 18o6, m-8®, vol· I, p. »34. ( Note de l'auteur. )
(A) De Affinitate qua lingua samscredamica cum ea Persarum ita conjuncta est* ut potius ab hac tlla , auam ab dia hoc naturali ordine sit derivanda. Auct. Othm. Frank V. Ejusd. Commentarii de Persidis lingua et genio. Nuremberg, 1809. 8.— Mémoires de l’Aca- dèrnie des Inscriptions , t. 4ο, ρ. 647-712. — Correspondance de Μ. Anquetil du Perron et Paulin de Saint-Barthélemy, avec le jésuite Cceurdoux, sur le rapport du Muscrit avec la langue grecque et latine. — F. Paullini a J. Uartholoniæo , Diss. de latini sermonis orìgine et cum orientalibus linguis connexione. Roms·, 1802, 4. — Ejusd. Diss. de antiquitate et affinitate linguarum Mendicai , sams- Itritanicce et germanica?. Padove , >79«· 4. .— Übereinkunft des sanscrit mit den waertern anderer alten sprachen , dans le Mithridates de feu Μ. Adelung, vói. 4, v. 169. (Note de l'auteur.)
Nota· J’ai profité de ces différons ouvrages ρουτ rédiger plusieurs articles des langues de l’Inde , auxquels j’ai ajouté quelques observations qui me sont particulières , dans le sixième volume de la Géographie moderne de MM. Pinkerton et Walkuaer. (Langue.}
LANGUES ORIENTALES. i57
Ce n’est pas le but de ces feuilles de donner tout le développement littéraire que demanderait cet objet, elles sont uniquement destinées à justifier leur titre, et à fournir l’occision et des matériaux pour des recherches ultérieures. Elles se borneront donc a faire connaître l’étonnant rapport qu’il y a entre la langue sanscrite et la langue russe.
Ce rapport qui, d’après les preuves que la suite de ce petit mémoire donnera, ne laisse plus aujourd'hui aucun, doute sur une affinité directe ou indirecte entre ces deux, idiomes, fut déjà soupçonné il y a soixante-dix ans, bien avant que les savans anglais nous eussent appris h connaître la Lingue sacrée de l’Inde. J’en trouve les premières traces dans les manuscrits d’un certain Μ. Paton-Baud.iii (c), que la Bibliothèque Impériale de l’Enuitage possède.·Cet homme extravagant dans ses hypothèses, mais extrêmement laborieux, a laissé une quantité prodigieuse d’ouvrages, dont aucun n'a été imprimé, et s’occupent tous de recherches philologiques. Il s'y trouve entre autres un des plus volumineux qui porte le titre de Dictionnaire Ama· zonien, et qui doit prouver que lesSlavons et les Scythes, jadis voisins de l’ancienne Mèdie, s’étendaient jusqu’aux provinces limitrophes de l’Inde,et parlaient la meme langue qu’on retrouve encore aujourd’hui dans l’idiôme de cette presqu'île. JLe ce'lèbre Μ. Rüdiger, k Halle, indiqua déjà cc rapport en 1791 (d). Le savant Fr. Schlegel en découvrit encore plus de nuances, et montra principalement une grande concordance dans la structure grammaticale des deux langues (e). Μ. Anton, professeur a Wittenberg, eu
(c)
L'auteur se propose- de donner ù une autre occasion, aux amateurs de ces recherches , une connaissance plus détaillée <lo ces production· curieuses et d'un travail immense. (Note de l auteur.)
(d)
Avelar's kalvinrhuckam· oder sittenspr'ùche aus tamulischen
Îatiublat lern übersetzt, mit Bemerkungen über Indischogelehrsain- eit von J. C. C. Küdiger. Halle, 17^1. 8 v.üG, ( Traité de murale? traduit du tamoul, écrit sur feuilles de palmier.) ( Langi.ês.)
(e)
Dans son excellent livre î Uber die spräche und Weisheit der
I
158
MERCURE ETRANGER.
e
a fait enfin le sujet d’une dissertation particulière, qui a paru en i8og, sous le titre : De Lingua Rossica, e.v eadem eum samscrdamica matre orientali prognata ; ad- jectce sunt observationes de ejusdem linguee cum aliis cognatione et de primis Russorum sedibus, Vitembei gæ, 46 p. in-8°. Je ne dois pas ici passer sous silence un ouvrage très-interessant qui a paru l’année passée, sous le titre modeste d’un Projet d'une Académie Asiatique (j"), et dont le savant auteur a démontré avec autant de clarté que d’élégance, combien la connaissance plus exacte de 1 inde, de sa littérature et de sa langue doit eue importante a la Russie, sous beaucoup de rapports, et aussi sous celui de l'histoire et de la perfection de sa langue.
Crestati Karamsin, aux Krug et aux Lehrberg, de démêler l’origine véritable des Slavons, et d’expliquer par la le phénomène surprenant de trouver les Russes d’aujourd’hui rapprochés des habitans du Gange par leur idiome. Le phénomène est extraordinaire, il parait incroyable, mais il n’en est pas moins vrai. C’est enfin à l’illustre Académie Impériale russe, à ajouter h tant d’autres services importans rendus ’a la langue russe, encore celui de s’occuper a dessein de ces recherches curieuses, de les poursuivre et de leur donner toute l'étendue que ce sujet intéressant demande, et que ses moyens lui permettent. C’est 'a ses membres savans et patriotiques que j'adresse ces feuilles, pour les inviter à un travail aussi fructueux que méritoire. C’est d’eux que je réclame des perquisitions ulté-
Jridfr', etc‘ Heidelberg, 1808. 8. (Sur la langue et la sagesse des ladiens ) Note de l'auteur.
Nota. Il serait à désirer que cet ouvrage, résultat de vastes con- naissances, analysé dan· une tele bien faite, fût traduit en français· il contribuerait beauconpà répandre parmi nous la connais— tance et le goût de la littérature indienne. ( Langues )
(f) Projet d'une Académie Asiatique. Saint-Pétersbourg, 1810. 5o n. 4*> avec <luatre ,a b,c3· C Note de t auteur. )
Nota- Sons ce titre bien simple, le trop modeste auteur a caché une immense érudition et (le· aperçus aussi vastes que juste·. Tous les ami· des lettres, les Orientalistes surtout, doivent
LANGUES ORIENTALES. 1S9 .
rieures, capables de répandre plus de lumières sur une matière , dont le résultat pour la langue russe, déjà si riche, si énergique et si harmonieuse, sera peut-être encore un accroissement d’idées, de tournures de phrases et de termes, et en tout cas l’avantage de se voir alliée à une soeur, dont elle n’aura sûrement pas h rougir.
Je passe aux épreuves^ i). Elles ne peuvent quatre défectueuses, le souscrit étantencore trop peu connu parmi nous, et les moyens de le comparer avec les autres langues étant encore trop rares en Europe (g). C’est plus particulièrement par les rapports grammaticaux, que par uue connaissance
désirer ardemment de voir exécuter ce beau projet dans la vili· de l’Europe la plus avantageusement située pour le succès d’un pareil établissement. Il m’est doux d’avoir l'occasion de répéter ici Vopinion que j'énonçai et les vaux que je formai, quand la classe d'histoire et de littérature ancienne de l’Inetitut me chargea de lui rendre compte de cet ouvrage, de lui faire connaître les vue· Aeuves et U belle classification qu'il renferme. ( Lànolés.)
(4) Ces épreuves consistent en cent soixante-dix-huit mots russe· compares avec autant de mots samskrits. Je crois Ica avoir suffisamment remplacés par la note insérée au commencement de cet article. Noua nous permettrons d’observer qu’il est à regretter que l’auteur n’ait pas pu consulter le Cocha , ou Dictionnaire samskrit, publié par Μ. Colebrooke. (Langlìs. )
(g) Voici les titre·des principaux ouvrages sur la grammaire du •anskorit : tyàçarana seu locupletissima samscrdaimcoi lingwr institutiones, Guet. Paolino de S Bartholomaéo. Roma», ι8οά,4.—Lea grammaires dé Colebrooke et Carrev. ('■erainpore , 180G , in 4 ); de C. Wilkins. ( Londres, 1808. in-4”. ) — Voves le Moniteur^ 1810 , n. 146 -; et l’ouvrage de Μ. Schlegel : Uber die spräche und Weisheit der Indier, auquel il faut ajouter ; Note* necessarie ad prrma capita operis ger mani cis : über die eprache und Weisheit der Indier, dans les Commentaris de Persidis lingua et gemo , auct· Otkm. .Franck· ( Note de l'auteur )
Nota. Ce «ont en eßet de très-bonnes note· faite* sur un très- bon ouvrage. Ceux qui connaissent Its ouvrages de Μ. OthraarFrauck et son goût pour l'étude doivent regretter que ses travaux sur les ma- ' nuacrits orientaux de la Bibliothèque du Roi aient été inter rom pus; mais nous avonx tout lieu d’espérer que le retour de la paix nous ramènera cet estimable savant , et en attirera beaucoup d'autres, dont nous nous empresserons de faciliter les recherches , autant qu’il dépendra da nous. (Langlès.)
ι6ο
MERCURE ETRANGER.
plus profonde du sanscrit, que l’affinité entre cette langue et la langue russe, pourra être rendue plus évidente. Je profite, en attendant des matériaux, que la précieuse collection des Recherches asiatiques, les travaux du Père Bar- iholomée , de MM. Anquetil du Perrou, Langlès, Hamilton et Schlegel, nous fournissent, pour mettre ensemble tout cc que j’y trouve d’analogue à la langue russe, pour Jn concordance des mots dans leur prononciation comme dans leur signification (5).
(5) Notre auteur, écrivant à Saint-Pétersbourg, en 1810 , ne Îiouvait pas avoir connaissance de differens ouvrages relatifs à la angue et à la littérature samskritea , que j’ai fait connaître dans le premier numéro dece Journal. Puisqu’il cite les Recherches -Asiatiques » on me permettra de consigner ici un fait important, je crois, pour l’histoire littéraire, et qui n'est pas sans intérêt pour l’histoire Ïolitique. Un ami zélé dee lettres, dont le nom sera toujours cher ceux qui l’ont connu , Estimable et infortuné Μ. Adrien Duqucs- tarty, conçut le projet de publier Une traduction française des Re· cherches Asiatiques· 11 pria MJI. Delnmbre, Cuvier, Dclamark, Olivier et moi, de revoir la traduction des Mémoires Telatile à l’objet denos travaux respectifs, chacun s’empressa de seconder l'auteur d’un projet aussi honorable et aussi utile. L’impression fut confiée à l’imprimerie Royale. MM. Duboy-Laverne et Marcel, directeurs successifs de cc magnifique établissement, montrèrent un zèle qu'on ne saurait trop louer ; ils me prièrent de diriger la gravure des caractères bengalis, oïgours, mongols , etc·, qui leur manquaient· Les deux premiers volumes parurent enrichis de longues et nombreuses additions, et citations de textes arabes, persans, turks, samskrits , mantchous, etc. Un événement lamentable empêcha la continuation de l'ouvrage. Les deux premiers volumes imprimés furent presque tou? vendus à l'encan, achetés pnr des spécula tours de licences pour les denrées coloniales, et jetés à la mer, par suite de cette opération commerciale. (Lan g iis,)
LANGUES ORIENTAMES.
161-
LIJTÉRATÜRE ARABE,
L'AMOUR FRATERNEL, Conte traduit de l'arabe par Grangeret de Lagrange (i).
Dhohak, roi de Perse, s’attirait l'amour et la vénéra- • tien de ses sujets, par la sagesse de son gouvernement et la bouté de son caractère, il était doué des qualités les plus brillantes, et le bruit de sa justice se répandait par toute h terre, lin jour certain génie malfaisant ayant revêtu une forme humaine, se présenta devant lui et lui dit; Grand, roi, je suis un habile cuisinier, j’offre mes services λ votre majesté. Le roi accepta; dès lors le génie couvrit chaque jour la table de Dhohak de mets si exquis et si recherchés, 3ue personne n’en pouvait préparer de semblables. Ce perlant il ne demandait aucun salaire pour des services si importans, mais son crédit croissait de plus en plus auprès du roi; il continua encore de le servir de la sorte pendant long-temps. Les hommes, et surtout les riches de notre siècle, consentent volontiers h être servis sans qu’on exige d’eux aucun salaire. Mais un jour Dhohak appela son cuisinier: Mon ami, lui dit-il, je t’ai de grandes obligations. Quoi! tous les jours tu nie prépaies des mets délicieux, et tu ne demandes pas de récompense ! dis-moÂonc ce que tu désires, et sois assuré de ma reconnaissance. Je désire, répondit le génie, baiser vos épaules; je serai tout glorieux d’avoir obtenu une telle faveur. Oui, je veux qu’ou dise : le cuisinier de Dhohak a touché de ses levies les épaules du
il) Ce conte est extrait de l’onvrage qui a pour titre : pcilci/iet fiolcfu wa mojifâtihet aezeréfa ; c’est-à-dire : Le plaisir des princM et le diverlisseinenl des fiens· d'esprit f par Bbu-Arabschah , auteur de la Fie de Tamerlan , traduite eu français par Vallier.
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MERCURE ETRANGER.
roi son maître. Dbobak étonné d’une pareille demande 9 met b nu ses épaules, et les présente au génie, qui bien vite y applique deux baisers, et disparaît aussitôt. Dhohak ressentit à l’instant une forte démangeaison à l’endroit où le génie avait posé ses lèvres; ensuite une tumeur brûlante se forma sur ses épaules, et lui fit éprouver d’horribles douleurs, qui, telles qu’un feu dévorant, le consumaient sans relâche. Enfin, deux sei pens effroyables prirent naissance sur ses épaules. Nuit et jour Dbobak poussait des cris perçons et douloureux, il demandait des secours et personne ne pouvait le secourir »i le soulager; les médecins ne connaissaient rien h son mal. Après avoir essayé mille remèdes, Dbohak reconnutqu’il rfy avait que des cervelles humaines qui pussent calmer la violence de sa douleur. Dès ce moment il étendit la main de la cruauté pour se procurer des cervelles humaines. Ses sujets étaient désespérés; ils gémissaient, ils criaient, ils demandaient grâce. Enfin, après bien des débats et des cris, on résolut qu’il fallait avoir recours au sort, comme étant Punique moyen de s’accorder; et que celui sur qui tomberait le sort, on lui briserait la tête pour en arracher la cervelle; qu’ainsi il délivrerait les autres de toute inquiétude pour leur vie. On appliqua donc sur les ulcères de Dhohak des cervelles humaines qui, servant de pâture aux deux serpens, diminuaient le feu qui embrasait ses épaules, et tempéraient l’excès de ses souf-^ frances. Une fois le sort tomba sur trois jeunes hommes. Aussitôt ils forent chargés de chaînes et traînés en prison , pour y subir le même traitement que les autres. Comme ils étaient dans la prison , livrés au plus affreux désespoir, une belle femme vint se jeter aux genoux de Dbobak, pour tâcher d’émouvoir son coeur en faveur de ces trois infortunés. Dhohak lui ayant ordonné de se relever, lui demanda c· 3u’elle désirait. Hélas! reprit-elle, trois jeunes hommes, ’une meme famille, ô ciel! puis-je supporter une telle barbarie ! Non, votre majesté ne sc laissera pas aller a une injustice aussi criante, h une tyrannie aussi horrible. Un fils qui est l’âme de ma vie, un frère qui est mon soutien ,
LANGUES ORIENTALES.
163
et un époux qui est le dépositaire de mes pensées; eh bien , tous les trois sont indignement renfermés dans une prison, et tout a l’heure on va leur présenter la coupe d’un trépas ignominieux. Attendri par les larmes et par les prières de cette femme, Dhôhak lui répondit : Ils ne périront pas tous les trois, je vous le jure, ô femme suppliante et désolée. Allez, et sauvez celui qui vous est le plus cher. Aussitôt celte malheureuse femme vole 'a la prison, et son epoux s’offre d’abord h ses regards. 11 souffrait cruellement, et désirait qtfon le tirât de l’état affreux où il était. Celle-ci se rappelle les heureux momens qu’elle avait passés avec lui, et ces jours et ces nuits où, transportés, hors d’eux-mêmes, ils puisaient dans les bras l’un de l’autre des délices inexprimables. Le souvenir d’un bonheur encore récent la ht incliner d’abord en faveur de son époux. Mais bientôt scs yeux s’arrêtent sur son fils, les déliées de son coeur, la joie de ses entrailles : elle admire la fraîcheur et l’éclat de ses joues, l’élégance de sa taille; elle se rappelle son enfance aimable et folâtre, les tendres soins qu’elle lui avait prodigués, le breuvage salutaire que ses mamelles lui présentaient tous les jours, et les douces paroles qu’elle murmurait h ses oreilles en le pressant contre son sein. A ce souvenir délicieux ses entrailles maternelles s’émurent, son sein palpita de tendresse, elle voulut sauver son fils, elle voulut une seconde fois lui donner la vie. Mais elle regarde son frère; elle le voit pâle, défait et tremblant. Les yeux fixés constamment vers la terre, il pleurait et attendait une mort cruelle*, car il savait bien que sa soeur n’abandonnerait pas son époux et son fils, et que son coeur ne balancerait qu’entre eux deux. Cette femme infortunée hésita longtemps sur le choix qu’elle devait faire; ses combats et scs souffrances étaient horribles. Tantôt c’était son époux qu’elle voulait sauver, tantôt c était son frère, tantôt c’était son fils. Mais non, elle voulait sauver a la fois son époux, son fils et son frère. Enfin, après de profondes réflexions, elle s’écrie î Mon cher frère, c'est toi que je délivre! Dhohak instruit du choix qu’elle venait de faire, lui demanda pour-
164 MERCURE ETRANGER.—LANG. ORIENT.
cuoi elle avait préféré son frère h son époux et b son fils* Si vous me donnez une réponse juste et sage, lui dit-il, je vous les rendrai tous ies trois, et de plus vous recevrez, de magnifiques présent mais si vos raisons sont faibles et frivoles, songez bien'que vous serez la quatrième victime. O graqd roi, répondit-elle, sachez que m’étant jappelé la vie lieureuse que j’avais passée avec mon époux , et les voluptés pures dont je m’étais enivrée on confondant mes soupirs avec les siens, et en m'endormant dans ses bras, je penchai d’abord en sa faveur. Je portai ensuite mes regards sur mon fils, re (flier enfant que j’avais nonni, ce doux objet de mes soirs les plus assidus. L’amour que j'avais eu pour lui sc réveilla de nouveau dans moti coeur: je fus toucbe'e de son extreme jeunesse et de sa beauté merveilleuse. J’allais l’arracher aux horreurs du trépas, lorsque je fixai mes yeux sur mon frère, mon frère que je connaissais depuis si longtemps* Je le mis dans la balance avec mon époux et mon fils. Je flottai, j hésitai, incertaine du choix que je devais faire. Enfin , je dis en moi-môme : je suis jeune encore ; j'ei delà beauté, des glaces et de l’esprit; toutes ces qualités pourront me faire rechercher. Si mon éjioux doit périr, j'en trouverai facilement un autre, j'aurai des enfans; et mes désirs seront satisfaits en retrouvant ce que j’avais perdu. Mais quant à mon Irorc, oji1 non, je ne puis en avoir un autre, car il y a long-temps que mon pere et ma mere n’existent plus. Voila, ô grand roi, les réflexions que j'ai faites, et qui m'ont engagée h donner La préférence à mon itère.
Dhôhak enchanté de la réponse de celle femme, lpi rendit son époux, son fils et son frère, et U renvoya comblée de presenj.
ιλλλλλλλαλλλ*λλαλ*αλαλλλλλλ
LANGUE ITALIENNE.
Il Paradiso perdalo, etc. — Le Paradis perda , de Jean Milton, trad. en vers italiens, parFelice Mariol- liai, avec le texte anglais eu regard. Rouie, ibi3.
Ce ne sont pas les lecteurs du Mercure Étranger qui peuvent désirer de longs détails sur la personne de Milton ou sur son poème. Persuadé que les défauts et les beautés de celle admirable production leur sont également connus, je vais m’occuper spécialement de la traduction italienne.
Un court avertissement nous apprend qu'on l’année >794« le premier ebani on fut publié â Londres avec Je,texte, la vie de Milton , les remarques d’Addisson , et des notes appartenant en partie à Μ. Mariottini. Deux ans plus tara , parut la traduction complete, à laquelle les critiques an* gl a is les plus estimés accordèrent de grands éloges 5 mais à peine en eut-on connaissance enlialie. Cette nouvelle édition l’y rendra sans doute familière aux amateurs de la. haute poésie et des idées extraordinaires. Il est d’ailleurs, dans ce pays* une classe particulière de littérateurs qui ne peut manquer d’accueillir avec satisfaction le travail de Μ. Mariottini. Milton doit plaire aux admirateurs du. Dante.
. Le traducteur s’est rapproché de l’original de toutes les manières possibles. Il a écrit, comme Millon, en vers non rimes ; il s’est, en outre, assujeti à une scrupuleuse fidélité. Dans nos traductions en vers, la difficulté, ou, pour mieux dire , l’impossibilité de suivre cette marche fait que Ton est convenu de se contenter d’équivalens ; mais en Angleterre et en Italie, la facilite de secouer le joug de la rime permet plus d’exactitude; et les traducteurs font bien de profiter d’un si précieux avantage.
Le vers héroïque anglais est de dix syllahei, celai do a.
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MERCURE ETRANGER.
Italiens de onze. Il semblerait donc, au premier aperçu , que Milton aurait pu être traduit à-peu-près vers pour vers ; cependant cela n’est pas, et ne pouvait être. Les mots anglais sont habituellement plus courts que ceux qui leur correspondent 'en italien (i). La traduction est donc plus étendue que le poème d’environ un cinquième ou un quart, sans que l’on puisse accuser Μ. Mariottîni d’avoir voulu paraphraser son autenr. Celte exactitude est vraiment digne dé’oges; car enfin, quelques raisonnemens spécieux que l’on puisse alléguer en faveur des traductions libres , le pre· inier devoir de celui qui traduit est de faire connaître , autant qu’il le peut, à .«es compatriotes, un écrivain dont ils ignorent la langue : or , ce ne sera jamais en substituant ses propres idées â celles de son modèle qu’il y pourra parvenir.
Celte fidélité que je prise dans Μ. Marioltini^ se manifeste dès le début du poème. Par une inversion hardie, Milton a rejeté au commencement du sixième vers ces mots; « Chante, céleste Muse »» qui, dans notre manière exacte de construire les phrases Retrouveraient au commencement. Le traducteur a pris le même p «rti et son huitième vers commence par « Canta , o celeste Musa I *
Il est cependant, comme on peut le présumer, plus d’une occasion où il s’est écarté de cette imitation scrupuleuse, et quelquefois sa traduction y perd quelque chose. Ceci doit être éclairci par un exemple. Les poètes doués d’un véritable génie sentent, pour ainsi dire, sans qu’ils s’en rendent compte, le meilleur effet qui peut résulter de l’arrangement des mots. Ainsi Milton, après avoir tracé en quelques vers delà p'us grande énergie, le tableau des demeures inferna·» les, ajoute pour dernier traili <· L'Espérance n’y vient ja· mais, elle qui vient partout. »
. · .... Hope never comes, That comes to all...........................
(i) Si ce fait avait besoin de preuves, on les trouverait dès les premiers vers du poème. Man , fruit, tree , death, etc., n’ont pu être pendus que par les mots l'uomo , fruito , arbore j la morte, etc.
LANGUE ITALIENNE. 167
Et en ajoutant ainsi à la pensée contenue dans ce fameux vers que le Dante lut sur la porte de l’Enfer ,
Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate,
le poète anglais a trouvé le mdyen d’etre original , même en imitant. De plus, les mots «elle qui vient partout, »»devaient être placés comme ils le sont, à la fin delà phrase. Tout le monde conçoit que l’effet en serait affaibli si Millon eût dit « L’Espérance,qui vient partout, n’y vient jamais.» C’est cependant ce qu’a fait le trad ucteur. Il dit :
Dove la speranza,
« Chea tutto ghigne, giammai non si appressa.»
On se tromperait beaucoup si l’on réduisait à la seule exactitude le mérite de cette traduction. Μ. Marioltinî cherche toujours à se pénétrer du feu dont Millon est animé: il lutte avec lui ; et si sa langue, si riche, si harmonieuse , lui fournit de grandes ressources,il sait très-bien en tirer parti, Satan est précipité dans l’Enfer, « afin, dit Milton, ·< qu’il y demeure au milieu de chaînes de diamant et d'un « feu vengeur, lui qui osa défier aux combats le Tout-Puis- « sant. »*
...........................There to dwell
In adamantin chainsand penal flro Who durst defy th’ Omnipotent to arms.
La traduction de cos beaux vers est un peu moins concise, x mais toute la force des expressions s’y retrouve.
Onde di lacci d’adamante cinto,
E fra peunace fuoco ivi sua stanza Quegli rinvenga , il qu$L d’arme alla prova Colui sfidare osò , che tutto puote.
Je ne crois pas devoir muhiplier les citations : inutiles à ceux qui connaîtront cette traduction, elles seraient lou- jeurs insuffisantes pour lesautres lecteurs,quelque étend ues qu’elles fussent. Je me borne donc à recommander l’ou y rage
%
i88 MERCI'RS ÉTRANGER.
de Μ. Marioliini m Fràngi i> <piî retendent l*:falien, et qui no peuvent coûter les beanies du Paradis perdu darti Ja langue ou cet ouvrage de génie fut originai veinent composé.
De quelques auteurs de Bxnivelles, peu connus hors de ΓItalie.
La vivacité de l'imagination des Italiens, la richn$sç de leur langue et les facilités qu’eltc off e pour la versification , les ont portes à composer des poèmes, plutôt qhé dès ro- mars; mais ils n’en ont pas moins écrit ave un grand suc·» cè-j des Aoz/veZZef.Gelles de Boccarc, dont plusimus onï été imitées en tant de langues, sont celebres par toute ffcurope, aussi bieYi que le Belphegor de Machiavel D’autres écrivains dans ce genre ont aussi obtenu tine célébrité qui à dépasse les limites de leur pays nalàl. Cependant plusieurs d’entre eux ne sont guère connus que de n’otà hors de l'Italie. Nous pensons qu’il entre dans uotrè plan de donner de temps en temps la traduction de quelques-unes de leurs productions. Elle ne servira pas moins à l’histoire des rhmurs qu’à ce*le de la littérature de l’Italie. Pietro Fortini, autour de la Nouvelle que non.» publions aujourd’hui, a dans son style une naïveté piquante, que l’on s’est «appliqué à conserver dans une version dont on garantii l’exactitude.
l'our joué par le bòuffon donneila c· un abbé riche et avare $ nouvelle de Pietro Foi tini.
« Gonnella, étant un jour venu à Naples, alla saluer lo το» Robert. Ce prince et ses barons, le connaissant bien , ne voulurent lui faire aucune libéralité, s’il ne parvenait MipaYavant h obtenir qireîqnc présent d’itu abbé napoli ta in , 1res-riche et très-avare. Ils savaient que jusqu'alors personne n’avait pu obtenir de lui un verre dienti. Gonnella ne refusa pas la proposition, Ü sut oit demeurait cet abbé, et,

LANGUE ITALIENNE.
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formant aussitôt son plan, s’affubla du costume indigent d’un pèlerin. Prenant congé du roi et des barons, il leur Üit : je we dispose a vous obéir; je vais où vous me com** τη nude z d’aller, et je risque l’aventure. Il se mit en chemin ; et, arrivé à la porte de l’abbaye, demanda l’abbé, en disant qu’il avait grand besoin de lui parler. Le portier alla trouver l’abbé, et lui parla ainsi : Il y a un pèlerin h la porte qui prétend avoir grand besoin de vous parler. L’abbé, > ces mots, répondit : C’est quelque pauvre diable qui demande l’anmône. Alors il se rendit h l’église, en ajoutant :Dis-lui qu’il V retato evens moi. Le pèlerin se rendit près de lui; et,s’a1· genrouillant, te pria de vouloir bien le confesser. L’abbé ré* pondit qu’il lui donnerait quelqu’un de ses moines qui le confesserait. Mais le pèlerin répliqua : Père Saint, je voufc prie en grâce de me confesser votas-même, parce que j’ai h révéler un péché si grand, que je ne peux le confier qu’à un piètre supérieur en dignité a un moine. Rendez-vous à mes instances, je vous en conjure, pour Pamötir de Dieth L’abbé, l’entendant parler ainsi , résolût d'accéder h sa prière ; il désirait connaître ce péché si grand , et il lui dit d'attendre un peu. Quelques instans après, il revint de sa chambre, vêtu d’une belle robe, liée de cordons de soie, et suivi île plusieurs moines. Alors s’asseyant sur un des sièges du choeur, il dit au pèlerin d’approcher de lui. Celui1· ci se bâta d'obéir, et s’éiant mis aux pieds de l’abbé, commenda ?à ttòtafcssson. 11 hésitait h tooitainer $<rti grand péché, tant îl craignait, disait-il, que Dieu ne le lui pardonnât pas. L’abbé, selon l’usage, le réconforta et l’encouragea. Alors le pèlerin lui dit s Monsieur l’abbé, je suis d’un naturel si pervers, que souvent je deviens loup, et si enragé, que je dévore aussitôt tous ceux qui m’approchent. Je ne sais d’où cela vient. Je dévore alors un homme armé, connue s’il était nu : cela m’est arrivé très-souvent; et, quand je vais devenir loup, je commence a trembler et 'a hurler fortement. L’abbé fut très effrayé et changea de couleur. Gonnella , qui avait les yeux d’Argus, s’eu aperçut bien , et commença aussitôt ses tremblements et ses cris. Ab ! ah ! disait-il, je
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MERCURE ETRANGER.
commence a devenir loup ; et il ouvrit la bouche, comme pour mordre l’abbé. Celui-ci, tout effrayé, se leva, et s’en- •fuit vers la sacristie. Le pèlerin s’élaît saisi de la robe, et comme il ne la quittait pas, l’àbbé défit les cordons, la lui abandonna, et s’enferma. Les autres religieux s’étaient déjà dispersés çh et la par frayeur. Le pèlerin mit la robe sous ses babirs, et courut promptement à la cour. Là, ayant quitté Subitement ses haillons, il se présenta devant le roi et ses barons, et leur apprit ce qui venait de se passer. Le prince et ses courtisans éclatèrent de rire, applaudirent *a l’adresse de Gonnella, et lui firent de grandes largesses. Quand ce tour fut connu dans la ville, Gonnella se remit en route. L’abbé, rempli de terreur aussi bien que les moines, crut que très-certainement l’ennemi de Dieu était venu sous la forme d’un pèlerin châtier son avarice. Il en parla dans ce sens à plusieurs personnes, de sorte que le roi en eut connaissance. Ce prince le fit venir, et lui demanda si ce qu’on lui avait dit était vrai. L’abbé lui confirma la vérité du récit, attesta de rechef que c'était le diable , et finalement soupira de douleur d’avoir perdu sa robe. Le rôi et ses barons, qui étaient instruits de la vérité', ne s’en amusèrent que plus à ses dépens, et je crois qu'à la fin l’abbé lui-même connut la supercherie ; car il évita de parler davantage de sa mésaventure. »
Nota, On a cru ne pas devoir traduire 1rs deux dernières phrases qui ne contiennent que des invectives très-fortes contre les gens d’église, et qui, au fond, ne prouvent rien. Au reste, si Fortini a eu tort en ceci, ce tort lui est commun avec la plupart des écrivains de son siècle cl de son pays. Pour peu qu’on soit versé dans la littérature italienne , on a eu occasion de remarquer combien de tels reproches se renouvellent souvent dans des livres qui n’en ont pas moins été fréquemment réimprimés con licenza de' superiori. C’est une dee cent mille bizarreries et contrariétés de l’esprit humain.
LANGUE ITALIENNE.
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TRADUCTION DE V A MORE FUGGITIVO DU TASSE. (1)
J’âi quitté le troisième ciel, dont je suis reine et déesse, pour chercher» mon fils, le fugitif Amour; hier, en folâtrant sur mes genoux, l’ingrat, soit maladresse, soit malice, m’a perce le coeur avec une flèche d’or, et pour éviter un juste châtiment, d’un vol rapide il s’est élance loin de moi ; j'ignore, hélas! dans quel lieu il a fui.
Indulgente et eensib'e comme le sont les mères, mon courroux s’est bientôt changé en pitié, et j’ai toût fait pour retrouver l’ingrat : mais c’est en vain que j’ai parcouru ma planète, celle de Mars, et les autres globes errans ou fixes, il ne se cache pas dans les cieux.
Heureux uuortels , je descends sur la terre ou mon fils eéjou rue souvent. Ah . si ce fugitif est p: rmi vous, donnez· m’en des nouvelles.
Je ne yous le demande pas, femmes aimables ; car si son aile legete caress’* souvent vos charmes, s’il joue souvent avec vos beaux cheveux , et s’il implore souvent votre pitié pour avoir un asiie, c’est en vain; aucune de vous ne veut le lecevoir dans son coeur, où siègent le dédain et les cruautés.
J’espère le trouver parmi vous, mortels courtois qui ne lui refusez jamais l’hospitalité. Oh! je vous en conjure,, mes bons amis, dites-moi donc ou est mon fils : je veux que
(1) Nous ne connaissons en Prance que les grands ouvrages du Ta sac ; mai» ses poésies légères lui auraient seuls lait une rêpu'ation distinguée. Son poème de l'amour Jugiiij, imité d'une idylle de Moschus, est un chef-d'oeuvre, et je Pai traduit pour eng»»g*r les personnes qui s'occupent de la littéiature italienne à 1:τβ les petites pièces que le chantre de Godefroi a marquées «lu sceau de son génie. On demandera peut-être pourquoi le Mercure Etranger, consacré plus particulièrement à faire connaître les ouvrage» nouveaux , <on- tient la traduction d’une idylle fort ancienne. Je réponds que ce qui n’est pas connu étant nouveau, le petit poème du Tasse aura e* ftp# tQUS lçs charme? de h η,ο uveale.
i7B MERCURE ETRANGER.
celui qui me l’apprendra cueille sur mes lèvree le baiser le plus doux qu'il me soil powAW· 4assaisonner ; tuais celui qui lr ramonera de son exil volontaire obtiendra de moi un prix si grand , que le don même d’vn empire ne saurait l’é- gulor. Ma ptorneae est sacrée , et j'en jure par le Styx. Oh ! dites-inoi où se cache inn fils.
Vous von» i leee !.... Ne l’âuriex»Tous pas vü ! Peut-être est-il déguisé pormi vous» Sms doute il aura quitté les ai le* .oriH-Hirns de ses épaules, son carquois , son afe et ses flèches, armes triomphantes et terribles dont il est tou*· jour» chargé. Mau je vois voua donner de tels signes que vous le reconnaîtrez facilement·
Gel Amour qui terre d'échapper à vos yeui, a l’Agé et* l’astuce d’un vieillard . e! cependant il est ei petit, que par sa tail) Jene il resemble à un infant; il est dans une agitation continuelle, en dirait qu'aucune place ne peut lui convenir : 'es amuse ruens enfantins lui plaisent seuls , mai* «es jeux >ont environnés de peines et de douleurs; il s’irrite et sapais»· avec une égale facilité , et les chogrina ainsi que le> plaisirs naissent en même temps sur son visage.
Se·» beaux cheveux brillent en boucles d’or, et, comme la fortune . ΐ’ A «»tour les a longs et touffus sur le front, tandis que le derrière de sa lêle en est dépouillé.
Son teint est plus éclatant que le feu, on voit sur ses traits une voluptueuse audace; tes yeux , qu’anime une joie trompeuse, lancent en dessons de furtives oeillades, et ne regardent p mais en face t le son de sa voix est plus doux que le lait; il n’achève pas ses phrases, son parler est agréable et 4Ltleur, et ses discours séduisent et trompent : un doux sourire naît toujours sur ses lèvres. mais tel que lo Sèi peni qui se cache au sein des fleurs, ce sourire couvre la ruse et la pci lìdie.
Il a d’abord des manières polie« et caressantes, comme ©elles du pauvre étranger qui réclame en tremblant UU asile ; mais quand on l'a reçu, son orgueil renaît par degré, et il devient d’une insolence extrême s alors il veut seul avoir la clef des coeurs, y recevoir de nouveaux habitans à le place de^ anciens qu’il en chasse , soumettre la raison à ses caprices, et maîtriser le jugement : c’était d’abord un hôte plein de douceur, il u’est plus qu’ua tyran impitoyable ; il
LANGUE ITALIENNE. v5
itliqoe arec furie ce qui s'oppose à ses volontés, et 1> mort suit toujours la résistance.
Vous connaisses à présent les traitset les moeurs de mou fis: s’il est au milieu de vous, donnee-m’en des nouvelles, je vous en conjure..... Vous gatdez le silence, et peut-être
croyez-vous pouvoir ine le cacher plus long-temps.... Intenses.... prétendre dérober l’Amour à tpus les yçux, c’çst la plu· grande des Folies; il .^annoncera bientôt lui-même par vos discours, par vos regards, et par mi île au Laos indices).... Ab! malheureux , vous ressemblez à celui qui veut caçjief un eerpent dans son sein , tandis que ses cris et son sang Ira h i$senl son secrgt.....
Puisque je ne puis retrouver mou fils dans ces lieux, je vais le chercher par toute la terre avant de remonter au ciel. · - ’· ·*
L. Λ. Μ. Bpvkqeat (4« l’fcçr»).
LANGUE HOLLANDAISE.
Extrait dit dernier compte rendu par V Institut d'Amsterdam, de ses travaux pendant Vannée
[dernier. article.]
TRAVAUX DEA SECONDE ET TROISIÈME CLASSE. -
Seconde classe.— La seconde classe possède diverses pièces qu'elle destine à I impression , elle a, par exemple, entre les mains, iô une disscL'laiion historique sur un des uionu— meus les plus anciens et les plus obscurs qui existent sur notre sol ; 20 des recherches théoriques concernant un sujet intéressant pour la poesie dramatique tant ancienne que moderne ; 3° une dissertation remarquable et trè$-élendue de Μ. Jdeermun , sur Je roi de Danemarck Christiern 11, et sur les démarches que fil ce prince dans ce pajs-ci, pour reconquérir ses étals.
Μ. l'an ΤΡγη, ancien conservateur des archives de la Hollande, avait déjà enrichi notre collection d’un mémoire travaillé avec soin sur un privilège donne par Gui de Hainaut à la ville d'Amsterdam , et inconnu jusqu’ici. Il a de même tiré des archives de l’état un 7'idi mus remarquable du second octroi de péage accordé à la même ville par le comte Florent V. La classe en connaissait déjà l’original , et voulait en donner une copie figurative.
Μ. Bilderdyk avait remis, l’année dernière, à la classe , Sur la déesse Néhalennia, un mémoire qui se rapportait principalement à celui que Μ. P.ougens a publié en fran-
MERCURE ETRANGER. — LANG. HOLL. i75 çats sur le même sujet. La classe a jugé cediscours digne, tant par la na( ure du sujet que par les vues qu*il présente , d’être remis entre les mains de l'auteur , en l’invitant à lui donner la forme d’un traité complet, pour pouvoir être in— iéré»dans les mémoires de Γ mlitut.
Une pièce lue par Μ. Bilderdj k sut les choeurs dans la tragédie, a paru assez intéressante, tint par son contenu que par le sujet dont il traite, pour trouver lace parmi les ouvrages adoptés par l’institut ; mais on a jugé qu’il serait pour cela nécessairededonner à cette pièce uneautre forme, et l’auteur s’en occupe actuellement.
Μ. Fan Lennep a donné un petit ouvrage de poésie sur Danaè, dans lequel il a rempli les lacunes du fragment grec de Simonide t qui est parvenu jusqu’à nous, et en a fait ainsi un morceau complet aussi touchant que rempli de beautés poétiques.
I
Μ. Bilderdyk a donné en meme temps une traduction en vers hollandais de la célèbre Epithalame de Catulle sur Pelée et Thélis} et, plus tard , une pièce de poésie de sa composition, ayant pour litre le Bonheur.
hl.^Loots a fait hommage à l’institut d’une pièce de sa composition , remplie de beautés. Cette pièce a pour titre : Z’Homme considère comme être Intelligent.
La classe & reçu deM. Bus singh pia sieurs morceaux choisis de Cats 9 auxquels ila donné une tournure moderne.
Μ. Scheliame a donné une histoire complète du séjour du czar Pierre-le-Grand dans ce pays. 11 a tiré Jç$ faits qu’il raconte de sources authentiques, mais où l’on n’avait pas encore puisé. Cet ouvrage est une nouvelle preuve du zèle avec lequel cet auteur recherche tout ce qui a rapport h l'ancienne histoire de la Hol lande , et de son application à exposer les faits avec la plus grande exactitude.
Outre une dissertation de Μ. Bilderdyk sur la lettre K, et une autre sur la traduction de l’imilalion des pièces de poésie, le même auteur en a présenté à la classe une troi-
a?6
MERCURE ETRANGER^
sième sur la Lange Chinoise, «laus laquelle il s’est attaché à réfuter les idées qu'on s’est formées jusqu’à préseut de celici langue, et particulièrement l’opinion d’Adeltmg et de se· partisans, qqi croient y voir une langue très-ancienne et même une mère-langue, et qui fondent leur opinionser s» prétendue monosyllable. Μ. Bilderdyl· a fait voir que sa gangue chinoise est, co rouie toutes les autres , susceptible de déi ivatiçns, et qu'elle présente en effet des mois dérivés ; •n même temps qu’il a prouvé, en quelque manière, i’in- flyence nuisible qu’ont eue sur la langue du Chinois les
caractères
Nous pouvons encore citer une courte dissertation du même auteur sur l’invention de l’iniprirperie, où ce sujet est considérç sous un point de vue n< «veau , et la question raipcqée à de toqt autres ternies qu’qu ne Ta fait jusqu présent L’auteur n’y trouvequ’une simple application, ou. un nouvel emploi de l’ancienne écriture encaustique en lettres d’o«· et d’argent sur le parchemin , dont on s’est servi dans le moyen âge et avant ce temps-là , sans que l’idée •'en soit jamais perdue, au qu’on ail ces.té d’en faire usage.
Les travaux de la seconde classe ne se bornent pas à ce9 pièces qui lui ont été présentées ; son attention s’est particulièrement fixée sur l’extrait d’un avis publié sur A* découverte , récemment faite à Bamberg , d'une par aphrase évangélique t au sujet de laquelle on disputait cri Aile— magne sur la question de savoir si elleétait écrite en franc- teuton ou en bas-saxon.
•»r n.t i » ι f, · _ 1 · _ _ · _ i ·
est écrite est la langue franc-teuton pure; mais qu’il s’y trouvait intercalé en quelques endroits ( et sur - tout au commencement ) , des mots saxons,ajoutés postérieurement en forme de notes explicatives, et qui, ayant été insérées dans le texte par les copistes, ont altéré le premier extrait qui en a été publié.
Il a reconnu en outre que la pièce était en vers, du mètre ordinaire frane-teuton , qui est une espèce àe carmen ado- nium , et il est venu à bout de rétablir la versification pri-
LANGUE HOLLANDAISE. 177
miti ve de toute la partie qui avai télé publiée, presque sans autre changement que 1’elimination des glosses saxonnes.
Une découverte d’un intérêt direct pour la «Masse est celle qui a été faite à Combourg en Souabe, de plusieurs manuscrits en vieux hollandais , dont les plus importans pour la littérature sont : Une pièce intitulée : Reinteje de vos, différente de celle de Hendrib van Alhmaar > une traduction du fameux R otti an de la Hose, dont il n’existait plus de traces; un manuscrit contenant le Mystère des Mystères de Haerlant, et une Chronique hollandaise, qui se termine à la mort de Marguerite de Hainaut,
La classe s’est adressée, â ce sujet, i Μ. Grimm ,bibliothécaire à Cassel, qui avait fait parvenir en Hollande la premier avisde cette découverte. En conséquence la classe a jeçu des détails plus étendus et plus satisfaisons, et elle croit pouvoir se flatter d’obtenir la communication des autres pièces, à l’exception du Reinaert , qui est sou«presse.
En s’occupant de recueillir ces découvertes faites chez l’étranger . la classe n’a pas nég'igé ce qui était à sa portée. Dans la bibliothèque de La Haye se trouve un manuscrit ancien et très-beau , de l’ouvrage de Haerlant, intitulé : la Fleur de la nature. Cet ouvrage renferme l’histoire naturelle de l’homme, des animaux, des plantes, des sources, des pierres et des métaux ,suivant la manière de considérer et ae cultiver cette science du temps de I auteur, qui vivait au treizième siècle. La classe, a obtenu ce manascrit du maire de La Haye, pour en faire l’usage convenable à ses vues, il a été remis entre les mains de Μ Biiderdyk , qui l’a transcrit lui-même en entieb; de sorte qu’on pourra maintenant le comparer avec les autres copies qui en existeut.
Avec cette pièce de Haerlant, se trouvait relié en un même volume, unpuvrage préliminaire sur le Calendrier, le Système des astres . la Méiêrologie, les prétendus Aspects et influences des planètes , et une Astrologie médicale et physîognomîqne. Μ. Rilderdyb , après avoir examiné cet ouvrage , a non seulement prouvé que c’était à tort que plusieurs bibliographes l'avaient attribué à liner· latti \\\ Ta en outre restitué à ses véritables auteurs. Il constç Ύοτη. III. — 1814. 13
MERCE RE ETRANGER.
*7«
en effet qu’environ 58.j vers de cet ouvrage ont pour auteur un certain Hcndìs le Hollandais, tandis que i*o vers au moins appartiennent au célèbre frère Geraerl van Gent contemporain de Haerlant^ mais p'us jeune que lui de quelques années.
Les diverses découvertesd’anciens écrits, tant en hollandais qu’en vieux allemand , qui ont cto faites dans le cours dece siècle à peine commencé, ont fait prendre la resolution d'adresser une circulaire à tous les membres et correspondons »le l’institut , pour les -inviter de communiquer à la classe tous les manuscrits et autres morceaux rares d’an- tiquilc, dont ils pourraient avoir connaissance, concernant la langue hollandaise ou l’histoire de la Hollande , ou bien se rapportant aux anciens idiomes qui ont de l'affinité avec le nôtre.
Cette mesure a déji valu à la classe quelques renseigne- inens importans, quelques dessins et un ancien poème brabançon sur la Guerre de Grimberg.
C’est, en partie, en conséquence de la même circulaire adressée aux membres et aux corre ponda ns dola seconde classe, en partie à la nature même de son institution , que la classe est redevable d’une multitude d’informations sur l’étal de délabrement dans lequel se trouve une très-grande quantité d’anciens papiers , manuscrits , livres et morceaux d’antiquités, qui ont appartenu aux corps de régence ou aux collèges d'administra (cou actuellement dissout dam les ci-devaut Provinces-Uuies.
Troisième classe. — Si Ton se montre, en général, porté à rendre hommage à h gloire que les Hollandais se sont acquise dans la carrière des lettres et des arts , il s'en faut de beaucoup qu’on apprécie, comme il faut les apprécier, les progrès qu’ils ont faits dans ces différentes branches des connaissances humaines. Celte considération , jointe à fatten te où est le public que l’institut sauro meli re à cet égard le uiéritede la nationdans tout son jour, a particulièrement excité le zèle de la troisième classe dans le cours de l’année qui vient de s’écouler; et, persuadée que le principal but dea sociétés littéraires , est d’assurer par la réunion de tous ses membres le succès de leurs travaux, elle a invité les autres
LANGUE HOLLANDAISE.
V9 classe· de l’Inititut à se concerter avec elle pour dresser un état exact des sciences , des lettres et des art· en Hollande, ·
et donner un relevé authentique du mérite des Hollandais en ces divers genres.
La troisième classe s’est immédiatement occupée, pour ce qui concerne la littérature et l’histoire ancienne, de régler le mode le p us convenable pour mettre ce projet à exécution. Elle a, pour cet effet, vivemeni sollicité tous se· membres d’j concourir ; elle a distribué des tra vaux entre eux, et a fixé le commencement du dix-huitième siècle , comme le terme, non d’oii l’on devra partir , mais au*delà duquel on pourra remonter, pour faire le relevé propose par la classe. Elle tirera ensuite , du dépouillement des di vers rapports particuliers, les résultats qu’ils présenteront pour dresser un état général.
Unarlicle, inséré dans le Moniteur au mois d’octobre de l’année dernière, concernant la découverte, faite ^ans les fouillesde Pompeja, de fragtnens d’un poëmeép:que en latin sur la guerre civile entre Antoine et Auguste , avait engagé la classe a prier son correspondant, Μ. Galdi de Naples, de lui faire parvenir une copie de ces fragmen» £ mais jusqu’à présent son attente n’a pas été satisfaite.
Au reste , tandis que la classe donne en toute occasion un exemple de zèle pour atteindre le but de son institution , elle a eu aussi la satisfaction de voir qu’en général scs membres sont animés du même esprit,et d’en recevoir des preuves indubitables.
La dissertation de Μ. TPlarda . sur l'ancienne loi frisonne y a été trouvée digne d’être imprimée parmi les ouvrages de l’institut , comme renfermant un grand nombre de points intéressans, en meme temps quelle fait le pl us grand honneur au jugement et à la sagacité de l’auteur.
Quanti la pièce présentée par Μ. Kinhery sous le titre de Pensées détachées sur les Schemata musica de Sappho, de Μ.-F. Magnus Koller insérés à la suite de son édition des oeuvres de Sappho , avec quelques remarques de Μ. Rinker sur cet objet, la classe a jugé que ces Pensées détachées d’étaieot pas de nature à pouvoir être admise·
ι8ο
MERCURE ETRANGER.
dans le recueil des ouvrages de la clasSe, à moiUS qtt’on n’y · insérât en même temps les Schemata même de Folger , et qu’on n’a joutât à ceux-ci les poésies et les frogmens qu’ils ci-· cent,ctauxqucl$ilsappartiennent.Ce mode de communiquer ' les idées de Μ. Rinker ne paraissant ni le plus commode pour le public, ni plus avantageux pour la classe, celle-ci a résolu que cette pièce serait remise entre les mains de son auteur, et qu’il serait instamment prié de composer un traile sépara et complet sur la partie musicale du mètred e anciens. Μ. Rinker s’est rendu à cette invitation.
L’Institut avait annoncé, dans son rapport des travaux de l’an 1810, le projet aussi hardi qu’intéressant, formé par Μ. Rinker , de donner un introduction à la science generale du langage. Dans le rapport de 1 Si r , l’institut rendit compte de plusieurs morceaux de cet ouvrage, lus consécutivement par l’auteur dans les séances de la troisième classe. Maintenant l’institut a la satisfaction de pouvoir annoncer que ce travail , dont l’auteur a continué de lire de temps en temps des extraits à la classe , se trouve entièrement achevé. Μ. Rinker a divisé son ouvrage eu deux parties· Dans la première partie il traite , <7« Des formes générales de la pensée» et des lois de l’en- tenderuent 5
k. De l’application de ,ces formes ou de ces lois à la sensibilité générale ;
c. Des significations primitives qui sont objectives et du. sens extérieur j
</. Dés significations primitives qui sont Subjectives et du sens intérieur ou de la conscience de la pensée; et
e. Il prouvequela table des significations primitives dressée d’après cette méthode est complète, et il traite de la manière dont ces significations y sont classées.
La seconde partie, comprenant la manière d’appliquer ces significations primitives au langage, en fait ensuite l’application.
zf. Aux mots, ou aux signes en général.
k. A ce qu’on appelle vulgairement lea parties du discours, qui, dans toutes les langues , sont des instrumens an.
LANGUE HOLLANDAISE. i8t
moyen desquels nous représentons et nous lionsentr’elîes nos pensé«» suivant une certaine symétrie reçue ;
e, A la manière dont ces parties composent une proposition ou une phrase ; et enfin
d. A l’enchaînemenw synthétique de ces signes delà pensée, ou à Ja syntaxe.
Mais, comme (felles des parties du discours, qui sont flexibles, s’expriment dans certaines langues avec plus de force subjective , dans d’autres avec plus de force objective, tantôt d’une manière plus développée et plus analytique, tantôt d’une manière plus cachee , plus concentrée et plus synthétique ; comme, dans les unes , le symbolique du langage approche plusd’une représentation allégorique, et que, dans d’autres , il s’assimile davantage à une figuration mystique de la pensée, et que , pour diversifier lout cela, il faudrait des connaissances pratiques plus étendues et plus détaillées , tant de ccs divers dialectes que de leurs éléinens grammaticaux que l’auteur ne prétend en posséder, il a invoqué , au sujet de cette application, le savoir de ses confrères, qui désirent vivement de faire des essais de sa théorie sur les langues qu’ils cultivent particulièrement, ou. de lui eu fournir les matériaux.
La classe a reçu de Μ. Fc/n Hemert un commentaire sur le cantique funèbre de David sur S«ül et Jonathan. Ce coin, men ta ire, écrit en latin et accompagné d’une épitre très— agréable dans la même langue, est très-détaillé et enliè- * renient prélologique. La classe n’a pas encore reçu, à ce sujet, le rapport de ses commissaires.
Μ. J^an Hall » qui avait présenté h la classe un mémoire Sur l’ordonViance criminelle do Philippe, a cédé aux instances de la c’asse , qui l’a prié d’y faire les changemens, et les modifications qu’il a proposés lui-même, comme les plus convenables pour donner à cette pièce la forme qu’exigent nos mémoires.
Μ. Boscha a fait part à la classe d’une pièce de vers latins , qu’il a .composée à la louange du savant grec Coi ay^
i8z MERCURE ETRANGER. — LANG. HOLL.
et qu’il a intitulée: Auspicia instauranda; Groecorum fa- r pia· f ad Diamantium Coray, virum doctissimum.

Μ. Fan Kooten a Tu à la classe une élégie latine, qu’il a composée uniquement comme il a*pu la modestie dele dire,i/£ hisce suis nugis imponeret finem,
Μ. Falci a surpris agréablement la classe,en lui faisant la leture d’une traduction en vers français des deux petites Î décès latines de Μ. Fan Kooten, intitulées,l’une Hiemem, 'autre in Æsiatem,
M.Crara présenté à la classe un exemplaire de la lettre écrite par lui en latin à feu Μ. Jeronimo Bosch, l’année qui a précédé la mort de ce savant. La classe se flatte de pouvoir lui assigner une place dans scs mémoires.
<
LANGUE ALLEMANDE.
Trjitè du droit des gens, dédié aux Souverain* Alliés et â leurs Ministres.
. AVERTISSEMENT.
Le Traité que nous publions n'est qu’un morceau détaché d’un plus grand ouvrage qui a paru en 1796 , sous le titre d'Elémens Métaphysiques de la Jurisprudence et du Droit des Gens. L’importance du moment nous a engagé à le mettre en français. Kant semble avoir écrit de pressentiment ; ses vues s’adaptent aux circonstances actuelles. Les Souverains alliés ont porté la civilisation morale dans la guerre et la politique, que le préjugé vulgaire n’en croyait pas susceptibles. D’après ce dont nous avons été témoins dans l’espace de peu de jours, il est permis d’espérer que le congrès permanent qu’on propose ne restera pas un simple voeu.
CE.
• I
§ Ier.
Principes élémentaires du Droit des gens·
Les sociétés politiques sont, de leur nature, indépeo·
j84 MERCURE ETRANGER,
dantes/i) l’une de l’autre, et elles tendent h se maintenir telles.
Dans l’état d’judépeodance sauvage rien ne règle leurs relations extérieures.
L’arbitraire et la force s’y exercent de plein droit.
Il en résulte un état de guerre perpétuelle, qui subsiste, quoique les hostilités ne soient pas absolument permanentes.
La lassitude amène la trêve.
Mais la trêve n’en serait pas une, sans un accord mutuel.
Cet aceord , pour s’assurer un repos momentané , est le λrentier pas que font les sociétés politiques pour sortir de ’état sauvage.
Elles substituent, h des procédés bruts, un procédé de méthode.
Le terme de la trêve détermine le commencement des hostilités.
Cependant la permanence de la guerre expose les so- ciéiés politiques b des hasards perpétuels de la part du plus fort.
Pour obvier b cet inconvénient, des unions se forment entre deux ou plusieurs puissances.
Le but de l'union est la défense contre les attaques extérieures.
Elle n’a aucun droit de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’un ou de l’autre des alliés.
L’union ne connaît point d’autorité souveraine, comme la société civile.
C’est une simple confédération dissoluble, selon les intérêts du moment, et qui a besoin d’être renouvelée de temps eu temps.
Elle ne saurait exercer qu’un droit de secours (in subsi· dium), pour empêcher qu’on ne retombe dans l’état de guerre {foedus Λ mphy elio num).
(i) Toute société politique, soumise à la loi d’une autre , n'est qu'une puissance équivoque (civitas hybrida) comme l'Irlande avant racle de réunion , et la Confédération du Rhin sous le protectorat.
LANGUE ALLEMANDE. i85
A Falde de ces unions, les relations extérieures de peuple a peuple cessent d'être exclusivement hostiles; elles habituent les sociétés politiques h des formes de conduite qui, subsistant indépendamment des traités, constituent ce qu’on peut appeler l’étiquette du droit des gens.
§11.
Des Traités·
I
Pour traiter, il faut avoir la qualité requise, celle de puissance. L’étiquette exige qu’on soit recount· pour telle.
Les traités, embrassant plus ou moins de rapports, selon que les intérêts se multiplient et que la prévoyaoee se développe, ne doivent définitivement avoir ep vue que la paix.
S'il en était autrement, ils tendraient a perpétuer la guerre.
Ce but serait absurde, puisqu’il fendrait à ramener l’état sauvage, qui ne connaît point de traités.
Pour le temps que dure le traité, il arrache au vague de l’arbitraire toute cette portion de droits que la convention embrasse.
La guerre qui lui succède n’est plus qu’un état de passage pour arriver a des relations pacifiques.
§ III.
Du Droit des gens au renouvellement de la guerre.
Tant qu’il n’y aura pas d’arbitre pour juger les différends de peuple à peuple dans les formes d'un procès entre particuliers, une société politique rentrera dans l’état de guerre chaque fois qu’elle se croira lésée.
JN ’ayant d’autre mode légitime pour obtenir justice que son propre pouvoir, elle remploiera de plein droit.
MERCURE ETRANGER;
186
Il faut djstingner la première öffenso de la première hostilité , puisque la lésion effective peut être précédée par def menaces.
, Les menaces consistent :
D’une part, dans les arméniens (a) sur lesquels est fondé le droit de prévenir l’ennemi {jus prceventionis)·.,
De l’autre, dans Γ accroissement des forces, par lequel une puissance devient très-Tedou table aux autres(/poce/ilû» /re/nertcia)·
Cet accroissement,·par le fait seul de son existence, et précédemment a tout acte d’hostilité, est de la part du plus fort une lésion des autres.
Dans l’état d'indépendance sauvage3 cette lésion n’a rien d’illégitime ; mais c’est de ce genre de lésion que provient d’une autre part le droit d’équilibre de toutes les puissances qui se touchent réciproquement.
Quant h la lésion effective, elle comprend les représailles (retoraio), c’est-à-dire, la vengeance qu’on exerce de son propre chef, à cause d’une offense reçue, et sans avoir au- para vaut cherché la réparation par des voies pacifiques. Les représailles ressemblent dans ce cas à une guerre entreprise sans déclaration.
L’opinion exige comme un devoir le préalable de la déclaration.
Cette déclaration fait supposer que le mode d’action, proposé par elle, a été accepté, et que les adversaires sont convenus de poursuivre leur droit par la voie des hostilités.
La guerre entreprise sans déclaration est regardée comme un acte d’assassinat (3).
(a) La conscription militaire, telle que nous l'avons vue établie en France , peut être considérée comme un armement continuel.
(3) Telle était la dernière guerre que Bonaparte a faite à l’Empe- teur de Russie.
LANGUE ALLEMANDE.
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§ IV.
Du Droit des gens pendant la guerre.
Le droit des gens pendant la guerre est la chose la plus délicate qu’il soit possible de concevoir. Comme ut prescrire des lois b un état d'indépendance qui n’en reconnaît point? ( in 1er a rma silent leges. )
Un principe cependant paraît incontestable, c’est celui de faire la guerre d’après des maximes qui Lissent la possibilité de revenir b la paix.
La guerre entre des puissancesnepeut.acaiisedeleur indépendance réciproque, être une guerre de punition ( bellum punitivum)·. car la punition ne peut avoir lieu que dans le rapport d’un supérieur (imperantis) a un sujet (subditum)) et les puissances ne se trouvent pas dans celte relation.
La guerre ne saurait être non plus une guerre h’mort ( bellimi i n terne cinum ) y ni une guerre d’asservissement (bellum siibjii gator iurn) y qui est Vertermi nation morale d'un état dont le peuple est, ou fondu dans la masse du vainqueur, ou réduit b l’esclavage.
Cette dernière ressource pour arriver h la paix , n’est pas en contradiction avec le dioit absolu du vainquent 5 triais elle est contraire à la conception primitive du droit des gens.
Fondé sur Vidée d’une opposition exercée d’après le principe d’indépendance extérieure pour sc maintenir dans la possession de ce qu’on tient, le droit des gens 11e saurait admettre un mode d’acquisition qui, par l'accroissement de la puissance d’un état, deviendrait dangereux et menaçant pour tous les antres. ·
l otis les moyens de défense sont permis a l’état qui est en butte à des hostilités, h l’exception de ceux dont 1 emploi effacerait dans ses sujets la qualité de citoyens, et les rendrait incapables d’etre membres d\me société politique ; car
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MERCURE ETRANGER.
le résultat de ces mesures rendrait le prince, ou l’Etat lui- même, incapable de jouir, dans se supports extérieurs, dei mêmes droits que les autres puissances.
Ainsi l’Etat ce doit pas employer ses sujets h lui servir d’empoisonoeurs et d’assassins, il ne doit pas même les ejnployer comme'espions, comme chasseurs - tyroliens (4), ni comme faussaires et faux monnoyeurs, ni comme colporteurs de fausses nouvelles.
11 faut qu’il évite tous les moyens perfides qui détruiraient la confiance nécessaire h l’établissemeut futur d’une paix soli« le.
La nécessité de vivre pendant la guerre permet b l’ennemi d’imposer des contributions et d’exiger des fournitures des pays qu’il occupe ; il n'a pas le droit de piller les individus, parce que ce n’est pas aux sujets, mais à l’Etat qui leur commande qu’on fait la guerre.
§ V.
Du Droit des gens après la guerre , et au moment où ïon traite de la paix.
Le vainqueur fixe les conditions dont il faut convenir avec le vaincu , pour arriver h la paix.
II les fixe , non pas en vertu de quelque prétexte de droit qui lui revient à cause de la prétendue lésion de la part de son adversaire; il les fixe en vertu de son pouvoir.
C’est pourquoi le vainqueur ne doit pas prétendre b être indemnisé des frais de la guerre, parce qu’alors il déclarerait la guerre de son adversaire injuste; et, quoiqu’il puisse agir par ce motif, il ne lui est pas permis de le révéler, parce qu’alors il déclarerait sa guerre une guerre de punition, ce qui serait une nouvelle offense.
(4) On entend, par cette expression, des chasseurs de métier placés on embuscade.
LANGUE ALLEMANDE. 189
L'échange des prisonnière sans rançon et sans égard k leur nombre, fait partie du droit des gens après la guerre.
L’Etat vaincu, ou ses sujets,, ne perdent pas, par la conquête de leur pays, leur existence ou liberté politique , de manière que l’Etat vaincu devienne «ne dépendance de l’autre et ses sujets des serfs; car ce serait une guerre de punition.
La servitude peut d’autant moins être le résultat de la guerre, que ce serait punir l’Etat sur ses sujets, qui n’ont été que ses instrumens, et n’ont fait qu’obéir.
Une servitude héréditaire est encore moins admissible, parce que c’est une chose absurde de prétendre que quelqu’un puisse hériter de la punition, d’autrui.
§ VL
Du Droit des gens durant la paix.
Le droit de la paix consiste da us le droit,
i° De garder la-paix, tandis que le voisinage est en guerre : c’est le droit de la neutralité; «
2e De se faire donner une garantie de la durée de la paix ;
3e De former des associations mutuelles, pour se mettre h l’abri des attaques.
Le droit de la paix ne donne pas celui de former une Confédération pour attaquer et pour s’agrandir.
S VH.
De ΓEnnemi pervers.
Le droit des puissances contre l’enoemi perrers ne connaît point de bornes, non pas relativement a l’espèce, mais bien relativement k la force des moyens; c’est-k-dire, elles
190 MERCURE ETRANGER.
Mais qn’est-ce qu’il faut entendre par l’ennemi pervers? C’est un ennemi plus que barbare, qui ne se contente pas de jouir de l’exercice du pouvoir que lui permet l’état d’indépendance sauvage où chaque puissance est son prbpre juge daos sa cause y mais dont la volonté, publiquement énoncée par des paroles ou des faits, trahit une maxime de conduite qui, si elle devenait loi générale, rendrait l’état de paix impossible, et servirait a perpétuer celui de la brutalité guerrière.
Telle est la lésion de tous les traités publics et de toutes les habitudes conventionnelles (5); lésion qui attaque tous les peuples, puisqu’elle menace la libellé et l’indépend.nice de tous ; lésion qui les provoque tous à se rallier, ροιμ· lui ôter la puissance dont il abuse.
Mais les peuples alliés, pour mettre un terme a l’abus du pouvoir, n’ont pas le droit de sc partager le pays de l’ennemi pervers, ni d’effacer, pour ainsi dire, un plat de la tene : car ce serait une injustice contreie peuple, qui ne peut pas perdre son droit primitif de constituer une société
On peut néanmoins forcer ce peuple d’adopter une nouvelle constitution, qui, de sanature, soit contraire aux projets de l’ennemi pervers.
Des Progrès du Droit des gens.
Comme l’état brut des peuples est un état dont il faut esssayer de sortir, parce qu’il ne remplit pas le voeu de la raison , qui nous sollicite d’arriver a une existence régulière,
(5) La conduite <lc Bonaparte envers le p«pe, l'Espagne et lclea- teur de Hesse.
LANGUE ALLEMANDE.
ί9ί
tout le droit des peuples, ainsi que toute possession acquile, ou maintenue par la guerre, n’est qu’un état provisoire, et ne peut devenir définitif que par une association générale de toutes les sociétés politiques, suivant l’analogie du con-· trat par lequel un assemblage de familles deviem un état, g© qui amènerait une véritable paix.
Mais comme par l’extension géographique nn seul corpi· ne serait pas capable d’accorder b tous les membres de fa confédération une protection égale et süffisante, et que plusieurs de ces réunions retombent nécessairement dans l’état de guerre, fa paix perpétuelle, ce dernier but du droit der gens, devient une idee inexécutable.
Mais, en prenant pour base de l’indépendance les limites naturelles des habitudes et du langage, il est possible de suivre des maximes tendant h réaliser des unions politiques qui nous rapprochent continuellement de la paix perpétuelle.
Ces maximes sont exécutables j la raison les commande comme un devoir.
Ainsi le droit des gens est fondé sur celui de l’être raison-* nable et sur le droit des sociétés politiques en général.
Une pareille union de differens Etats constituerait un congrès permanent, et il serait permis b tout voisin de s’p associer.
Relativement b l’étiquette du droit des gens, autant qu’elle peut contribuer à maintenir la paix, un semblable congrès a existé déjà pendant la première moitié do diK~ huitième siècle. Les états-généraux, assemblés à La Haye, représentaient un congrès d’étiquette diplomatique. Les minis! res des principales cours de 1 Europe, aussi bien que ceux des républiques, y énonçaient leurs griefs contre les iniquités éprouvées de la part d’une autre puissance ; ils regardaient l’Europe comme une confédération commune, que les puis« lances choisissaient pour arbitre de leurs différends.
Dans la suite, cette idée du droit des gens a disparu des cabinets, ou ne s’est reproduite qu’après l’exercice des hostie lités, dans des déductions destinées h être ensevelies dans les archives.
MERCURE ETRANGER.
Ob entend par congrès une réunion arbitra ire de plusieurs Etats, dissoluble dans tous les temps.
L’union qui, comme les Etats-Unis d’Amérique, fondée sur une constitution, et par conséquent indissoluble, est tout-à-foit étrangère <1 notre idée.
Le congrès, tel que nous le proposons, est Punique moyen de rendre réelle L’idée d’un droit public. Si elle était exécutée , Les querelles politiques pourraient, jnsqu’k un certain point, être jugées dans une forme civile, au lieu qu’âujour- d’bui on en décide, à la manière des Barbares, par la force des armes.
Ou Droit cosmopoliticpie.
L’idée d’une relation universelle et pacifique, quoiqu’elle ne soit pas encore amicale, de tous les peuples de la terre entre lesquels il peut y avoir de la réciprocité d’action, n’est pas seulement un principe de philantropie, mais un principe de droit.
La nature les a renfermés tous dans des limites déterminées par la forme sphe'rique de leur séjour (globus terraaueus ) ; et comme la possession du sol sur lequel rivent les nabitans d’un pays, n’est jamais que la possession d’une partie du gîand ensemble déterminé sur lequel chacun exerce un droit primitif, tous les peuples se trouvent originairement dans une communauté de sol.
Cette communauté n’est pas celle de la possession légitime (communio), ni par conséquent celle de la disposition ou de la propriété du sol, mais celle du contact (corn- mercium), en vertu de laquelle ils ont le droit de se mettre en relation, sans que la tentative de le faire puisse être regardée comme hostile.
Ce droit, autant qu’il aboutira réunir tone*les peuples autour de quelques principes généraux qui puissent servie
LANGUE ALLEMANDE.· jgS
debases h leurs relations possibles, s’appelle le droit cosmopoli tique {jus cosmopolilicum).
Les mers semblent mettre les peuples hors de toute communication; mais elles sont, par le moyen de la navigation, les voies les plus heureuses pour communiquer. Ainsi la liberté des mers est de droit cosmopolitique.
Il est vrai que les étnblissemens qu'entraîne la navigation deviennent la cause de beaucoup de violences. Cet abus ne détruit pas le droit de l'habitant du globe d’essayer de communiquer avec tous, et de visiter dans ce dessein toutes les contrées de la terre.
Le droit de communiquer avec un autre peuple n’amène pas celui de s'établir sur son sol. Pour cet effet, il faut une convention (jus incolatus).
Mais on a le droit de faire des établissemens dans un pays nouvellement découvert, et dans le voisinage d’un peuple qui en a déjà pris possession , même d’en faire sans sou consentement, h condition que l’établissement se fasse h une distance convenable, et n’attaque point l’usage d’autrui.
Lorsque l’établissement se fait dans un pays occupé par des peuples nomades-pasteurs, comme les Hottentots et les Tunguse s, ou chasseurs, comme les indigènes du nord de l’Amérique, dont la subsistance dépend d’une grande étendue de sol, il faut un contrat fait de bonne foi.
Il ii’est pas permis d’employer la force ou la ruse, pour tirer profit de 1 ignorance de ces peuples.
Les publicistes n’ont pas hésité de soutenir le contraire. La force et la ruse, employées dans une boone intention 9 soit pour étendre la civilisation et pour améliorer le sort de l'espèce humaine en général, soit pour purger un pays de malfaiteurs et a dessein de corriger ceux-ci, ainsi que leur postérité, leur paraissaient permises.
C’est ainsi que jadis on justifiait les moyens sanguinaires employés pour propager la foi.
Lu bonne intention ne saurait jamais effacer la tache d'injustice.
Si Ton objecte que c'cst la violence et la ruse qui ont Tom. III. — 1814. 14
ig4 MERCURE ETRANGER·
fondé l’existence légale des peuples, et que, sans la violence et la ruse, le monde entier serait encore barbare, on répond que ceci ne renverse pas le principe de droit qui interdit de fonder la justice sur l’injustice; car, s’il en était autrement, on renverserait également un principe de saine logique qui dit, qu’une chose ne peut pas être et n’ètre pas en même temps.
APERÇU DÉFINITIF.
Lorsqu’on ne pent pas prouver qu’un objet existe, on essayera de prouver que cet objet n’existe pas. Si l’un ni l'autre ne peut réussir, chose qui arrive souvent, on peut demander s’il importe d’admettre l’un on l’autre, comme par hypothèse. Celte hypothèse sera ou spéculative, comme pour expliquer un phénomène quelconque, ou elle aura une direction pratique.
Dans ce dernier cas, elle aura en vue un résultat purement technique, ou un résultat moral. On appelle moral tout but quelconque qui se rapporte à une maxime de con-* dulie que la raison nous prescrit comme un devoir.
Le devoir n’est pas dans la supposition que le but se réalisera, Cette supposition est un jugement spéculatif et en même temps problématique , et il n’y a pas de loi qui nous oblige de croire quelque chose.
■ Mais quoiqu’il n’y ait pas la moindre probabilité de theorie que le but qu’on se propose doive s'exécuter, il suffit que l’impossibilité ne puisse pas être démontrée, pour que l’action dirigée d’après l’idée de ce but, c'est-à-dire, les moyens qui peuvent en approcher, soient de devoir.
C’est ainsi que la morale religieuse interdit jusqu’aux simples désirs.
La raison appliquée h la morale s’oppose, d’une manière absolue, h lu guerre. Elle interdit ce mode de poursuivre son droit aux particuliers et aux Etats.
Ainsi, il n’est pas question de savoir si la paix perpétuelle
LANGUE ALLEMANDE.
ιθ3 est ime réalité ou une chimère; ni si nous ne commettons pa$ d'erreur en admettant qu’elle puisse s’effectuer.
Il s’agit pour nous de nous conduire comme si ce qui peut-être ne s’effectuera jamais, devait avoir lieu.
En conséquence, nous devons chercher h parvenir a un ordre de choses qui puisse amener la paix perpétuelle, et mettre pour toujours un terme au fléau de la guerre.
La guerre est malheureusement encore le but principal sur lequel sont dirigées toutes les institutions intérieures des Etats.
Et si le changement qu’on se propose ne devait rester qu’un simple voeu , nous ne commettons certainement pas «l’erreur, en réglant notre conduite sur la maxime dopt l ap- plication générale pourrait conduire h la paix 5 car si nous pouvions regarder comme une erreur la loi morale qui noua commande celte maxime, il vaudrait mieux renoncer a la raison, et nous abandonner par principe au simple mécanisme de la nature, a l ’exemple des autres classes d’animaux.
ALEXIS ET DORA,
ÉLÉGIE TRADUITE DE GOETHE(i).
IIÎlâs! le vaisseau s’efforce de fendre sans cesse les vagues tournantes ; il s’éloigne de plus en p’us : la quille forme un long sillon dans lequel les dauphins suivent en sautant le vaisseau,comme si leur proie s’envolait. Tout annonce un voyage heureux ; le tranquille marinier déploie encore plus celte voile flexible qui travaille pour tout Téquipage. L’ima-
(1) Cette élégie est, dans l’original, en vers hexemètics et pentamètres , ce qui lui donne beaucoup d’harmonie ; on sent combien elle doit perdre dans une traduction en prose.
MERCURE ETRANGER.
gination des navigateurs parcourt d’ayance le chemin qu€ lui tracent le pavillon et les banderoles.
Un seul voyageur, appuyé tristement contre le mât, tourne ses regards vers le rivage qu’il vient de quitter s il voit fuir les montagnes qui se couvrent déjà d’un nuage bleuâtre; enfin leurs sommets mêmes disparaissent, et tout reste de joie disparaît en même temps de son âme.
Pour toi aussi, Dora , le vaisseau a disparu, le vaisseau qui te ravit ton Alexis, ton ami, ton amant... En vain tes regards se tournent vers moi : nos coeurs battent encore l’un pour l’autre; mais, hélas! ils ne se touchent, ne »e pressent plus ! Seul instant où j’existai! 'u vaux tous les jours qu'avant toi je passais dans l’insensibilité! Ce ne fut que dans ce moment, dans ce dernier moment, qu’une nouvelle existence parut pour moi descendre des vieux. Ετχ vain, Apollon, ta éclaires l’atmosphère; tes rayons reame
fatiguent.—Je veux me rappeler et· temps oii
je la voyais low les jours. Etait-il possible de voir tant de beauté, et de ne pas en être frappé 2 Os attraits divins ne t luchcrcnt donc point ton âme insensible!... Ne t’accuse pas, malheureux. — C’est ainsi qu’un poète propose au cercle de ses amis une énigme cachée avec art : chacun est charmé de la liaison des idées, de l’élégance des images; mais le mot de J’enigine est encore ignoré ; s’il est enfin découvert, l’esprit de tous s’épanouit et trouve dans les vers un sens bien plus réjouissanl. Pourquoi. Amour, pourquoi tardais· tu si long-temps à m’arracher le bandeau dont tu ro’aveu- if t\ · i a _ i _ · *. i ■
I
du côté tant désire. <
Temps écoulé de ma jeunesse, que tu me parais vide, in- . sipide! .Songes de l’avenir, vous êtes disparus. Je ne vois dans ma vie entière qu’un .seul moment; mais il me reste avec le bonheur Tu me restes, Dora ! car l’espérance ne cesse de m’offrir ton image.
Souvent je te vis aller au temp’e, parée et modes le, et ta mère marchait d’uu air grave à tes cète». J admirais la
LANGUE ALLEMANDE,
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vivacité et ta fraîcheur, quand tu portais les fruits au marché; la dextérité, quand, retournant de la fontaine, ta tete balançait hardiment la cruche pleine d'eau : alors je vis dans leur beauté ton cou , tes épaules; j’admirai surtout la grâce de tes mouvemens. Combien de fois je craignis qoe la cruche ne vint à tomber; mais elle tenait toujours ferme sur le coussin.
C'est ainsi, charmante Dora , que je te contemplais; ainsi l’on voit un astre, on l'admire, on jouit, éclairé doses doux rayons, sans que l’âme tranquille sente le moindre (lcsir de la posséder ; ainsi long-temps te je vis, l’admirai eu silence.
A peine une distance de vingt passéparait nos maisons, et jamais mon pied n’a louché le seuil de ta demeure. Maintenant, nier fatale, lu nous sépares! le ciel, que réfléchissent les vagues, n’est qu’un mensonge; ce bleu céleste a pour moi la couleur de la nuit....
Tout était en mouvement; un garçon accourut vers la maison de mon père, et m’appela au rivage ; On tend la voile, dit-il, déjà le« vents la font ondoyer, et l’ancre, tirée avec force, se dégage du sable; venez, ô Alexis, venez! Alors mon vénérable père posa sa main bénissante sur nia tele , et ma mère, toujours tendre, m’apporte une corbeille que sa prévoyance avait préparée pour les besoins du voyage. Reviens, me disait-il, reviens riche et heureuxI Je m’en allais, la corbeille sous le bras, le long du mur de ton jardin ; je te trouvai à la porte, lu souris, en me disant ; • Sont-ce là , Alexis , tes compagnons de voyage , ceux qui la bas font tant de bruit?.... Tu vas donc voir des contréei lointaines, et acheter des marchandises précieuses et des orneraens pour les riches dames de notre ville, apporle- rnoi aussi un petit collier, je te le payerai avec reconnaissance ». Je m’étais arrêté , et, selon l’usage des marchands, je le demandai quelle devait être la valeur du collier que tu désirais: tu m’en dis un prix médiocre, et moi je regardais alors ton cou digne de porter le collier d’une souveraine. — On cria plus fort du côté du vaisseau. Tu me dis d’un toji affable : Prends avec toi quelques fruits de mon jardin K
MERCURE ETRANGER,
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prends les oranges les plus mûres, les figues blanches ; I« mer ne donne pas de fruits, tout pays même n’en produit pas. J'entrai donc; tu cueillis diligemment les fruits les plus mûrs, tu remplissais d'une charge de pommes d’or ta robe retroussée. Plusieurs fois je te priai de cesser, en disant : c’est bien assez ; mais toujours un fruit p'us beau encore, touché à peine, te tombait dans la main. Enfin tu vins vers le berceau î le myrte tout en heurs nous ombra-* geait, un panier s’y trouva , et tu commenças en silence à ranger les fruits · d’abord l’orange pesante comme une bouied’or, et puis la figue molle qu’écraserait le p us faible poids; tu couvres ensuite et pares ton présent avec les feuilles du myrte; mais je ne songeais point à le prendre. Je restais immobile ; nos yeux ee rencontrèrent, et les miens se mouillèrent de larmes de tendresse. Je sentis ton sein pressé contre le mien : mon bras entoura ce cou superbe, sur lequel mes baisers ardens laissèrent mille ein·· Freintes; la tête se pencha sur mon épaule, et tes beaux ras formèrent un lie» autour de l'heureux Alexis. Je sentis les mains de Γ Amour nous serrer encore plus.. .Trois fois le tonnerre .se fit entendre dans l'air serein î mes p’eurs coulèrent en abondance ; tu pleurai* avec moi et de douleur et de joie; le monde nous sembla périr : les cris qui parlaient du rivage redoublèrent, mais mes pieds refusaient de me porter. Je m’écriais î Dora, n’es-tu pas ά moi? A jamai$\ nie dis-tu. Alors nos larmes se séchèrent, emportées comme par un souffle divin. Ces cris Alexis! Alexis! approchèrent. Le jeune garçon qui me cherchait m’a perçoit, accourt. Comment le pannier se trouva-1—il dans ses mains? Comment me poussa-t-il hors du jardin? Comment te serrai-je encore la main? En quel é’at suis-je arrivé au vaisseau? Tout ce quep sais, c’cst que je paraissais ivre, insené. Mes compagnons me crurent te!, et épargneront le malade ; bientôt de tristes nuages couvrirent la ville qui s’éloignait de mes yeux. A jamais! as-tu dit; ce son retentit encoro dans mes oreilles, ce son que j’entendis en inêrtic temps que le tonnerre du maître des dieux. Sa fille, la déesse (le l’Ainour , se trouvait sans doute près de son trône 2 les Grâces l'entouraient; ainsi notre union est sanctionné? par les Dieux. Avance donc, ô vaisseau ! avance, poussé par
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Jea vents propicea! et toi, quille, fend, brise les vagues éc limantes.
Conduis-moi vers le port étranger ; que l’orfévre fabrique aussitôt pour moi le gage céleste. Oh oui, Dora ! le petit collier que tu m'as demandé deviendra une chaîne! neuf fois elle tournera autour de ton cou; tu auras encore d’autres ornernens de toute espèce; des bagues d’or brilleront à tes mains; que le rubis et l’émeraude s’y disputent le premier rang; que l’aimable saphir y soit opposé à 1 hyacinthe, et que ces pierres précieuses soient enchâssées dans l’or d'une manière agréable â la vue. Oh! que l’ornant se plaît à parer l’amante! Quand je vois des perles, je pense a toi : chaque bague me retrace la belle forme de ta main. Je veux échanger et acheter, tu choisiras ce qu’il y a de p’us beau; ah! je formerais volontiers toute la charge du vaisseau d’objets destinés à ta parure; mais ce n’est pas seulement des bijoux que ton ami aura soin d’acquérir pour toi, it L’appçrteia aussi ce qui réjouit une bonne ménagère ; des couvertures de laine fine, avec des bords de pourpre, pour préparer le lit qui nous recevra mollement; de belles pièces de toile. Tu t’occuperas à coudre, à faire mes habits et les tiens, etpeut-élreceuxd’un troisième encore.... Images de Γ espérance , venez, touchez mon âme ! modérez,ô Dieux! celte flamme ardente qui embrase mon coeur.
Et pourtant je la redemande encore cette joie douloureuse, quand la froide jalousie s’empare de moi. Non, ni la torche des Euménides, ni l’aboiement des chiens infernaux n’effrayent autant le criminel dans les lieux où règne le désespoir , que me saisit d’horreur ce specire calme qui me montre de loin mon ornante ! EU quoi ! la porte du jardin est encore ouverte! un autre vient! Pour lui aussi tombent les fruits , à lui aussi la figue prodigue son miel nourrissant! Fatti re-1-elle aussi vers le berceau? et la suit-il? Rends-moi aveugle, ô Dieu puissant, efface dans mon âme toute image de souvenir. Oui, elle est de ce sexe inconstant; et celle qui donne facilement son coeur à un homme, peut le donner aussi facilement â un autre. O Jupiter ! que cette fois les sermens d’amour, imprudemment violés, n’excitent pas ton sourire-Tonne, dieu terrible, frappe !
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— Mais non; retiens tes foudres! envoie après moi tes nuages épais! Qu’au milieu des ténèbres de la nuit tes é lairs étincelans frappent ce malheureux niât, dispersent les poutres , donnent ces marchandises en proie aux vagues tumultueuses, et que moi-même je serve de pâture aux dauphins.
C’est assez* Muses! En vain vous tâcheriez de peindre comment la joie et la douleur se succèdent dans un coeur amoureux; vous ne sauriez guérir les plaies dont Amour nous frappe ; mais vos faveurs seules savent les adoucir,
S**.
LANGUE ANGLAISE.
A Description, etc, — Description de la collection des terree cuites du Musée Britannique·
Cet ouvrage de luxe forme un volume in-4°, imprimé sur vélin , avec des gravures d’après les dessins de Μ. Wm. Alexander; les noi ices sont de Μ. Taylor-Combe.
Les morceaux antiques rassembles dans le Musée Britannique ne peuvent être comparés h ceux qui composent le Μ usée de Paris. Ce dernier renferme aujourd’hui la presque totalité des statues généralement reconnues pour des chefs- d’oeuvres de Part, et même les bustes et bas-reliefs les plus célèbres. Mais les sculpteurs anciens ont produit un si grand nombre d’ouvrages depuis la naissance de l’art en Grèce, jusqu'au siècle d’Adrien , et même jusqu’h des époques encore plus rapprochées de nous, que, malgré les ravages du temps et des barbares} il existe aujourd’hui en Europe plu- ·· sieurs collections dignes de fixer 1 attention des amateurs et des antiquaires. Le Musée Britannique est de ce nombre, et la salle où sont exposées les terres cuites n’est pas la moins digne d’être examinée. Au moyen des gravures et des descriptions que j’ai sous les yeux, je vais donner une idée de cette salle, en ne m’attachant qu'aux morceaux les plus remarquables 1 soit par la beauté du travail, soit par quelque singularité dans le sujet.
11 convient de dire, avant tout, comment cette collection s’est formée. La plupart des bustes, bas-reliefs, etc., qui la composent, appartenaient a Μ. Charles Townley, et furent acquis a sa mort, par le parlement, pour le Musée Britannique. Μ. Nollekens avait aussi acheté en Italie des morceaux précieux : on les réunit h la collection; enfin , on y en ajouta quelques autres qu’avait possédés sir Haus Sloane.
2οα
MERCURE ETRANGER.
Toutes les statues, a l’exception d’une seule, furent decouvertes par hasard, en i;?5, h Rome, près de la Porte Latine, dans un puits entièrement desséché. Μ. Nollekens en rejoignit avec soin les fragmens. Quant aux bas-reliefs, voici ce qu’en dit Μ. Taylor-Combe :
« Ces bas-reliefs ont, sans nul doute, été moulés 5 ensuite on les fit cuire, et peut-être on les retoucha au ciseau en quelques endroits. Plusieurs des sujets sont romains-, mais ils paraissent avoir été copiés, pour la plupart, d’après les ouvrages d’artistes grecs, »
Un des bas-reliefs représente le combat de deux Ama- zones contre deux Griffons. Μ. Taylor-Combe est surpris qu'Hérodote, Pausanias, et les autres écrivains qui ont parlé de ces femmes belliqueuses, ne lésaient jamais représentées luttant contre de tels ennemis. Ce n’aurait été, en effet, qu’une fobie ajoutée h taut d’autres, dont elles ont été l’objet. Les statu »ires anciens ont rarement flatté les Ama— ■zones. Je n·' Crois pas avoir vu un seul bas-relief original ou gravé, où, malgré leur valeur si renommée, elles ne soient presque toujours sur le point de céder la victoire. L’auteur île celui-ci, en leur opposant des adversaires fantastiques, les a encore plus maltraitées. Les deux guerrières ont.un genou en terre ; Γιιιιβ d’elles ne peut même plus faire usage de sa hache d’armes, ni de son bouclier; et déjà les Griffons impriment, sur le sein de chacune, leurs ongles redoutables. A11 reste, dans un autre bas-relief, des guerriers barbares, en qui Μ. Taylor voit des Arimaspes, ou des habitans du nord de la Scythie, combattent les mêmes monstres avec encore plus de désavantage.
La Réunion de Bacchus et de Γ Amour, cette réunion allégorique si vantée, si recommandée même par les poètes erotiques de l’antiquité , a fourni le’sujet d’un charmant bas-relief. Le dieu du vin, jiortant une barbe , serre dans ses bras l’Amour adolescent et ailé, taudis que devant eux une bacchante, dans une attitude très-gracieuse, danse an son du tambourin, Bacchus et sa suite joyeuse se retrouvent
LANGUE ANGLAISE.
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lonvent dans cette dolkctioD. Un bas-relief qui le représente donnant des ordres à un faune, est surtout dune rare beauté.
Un autre bas-relief, très-remarquable par la disposition pittoresque des figures, représente une femme la iétc entourée d'ungrandmile , et assise sur le dos d'un cygnc^ guise dispose a s'élancer dans les airs» Μ. Taylor-Combe veut que cette femme soit Vénus, et il cite Ovide, Horace, Stace, qui ont suppose' que des cygnes, et non des colombes , étaient quelquefois attelés au char de celte déesse. Il avoue cependant que jamais lés poètes ne l’ont placée sur un cygne. Une circonstance que l’écrivain n’a pas relevée, et qui pourrait augmenter la difficulté, c’est qu’ici cetto figure de femme est couverte d’une longue robe qui ne laisse eus que ses bras et une de ses épaules.
Les statues sont, en général, drapées avec beaucoup de goût, et principalement celles a qui Ton a donné les noma de Jiinon et de Thalie,
Le nombre des sujets gravés dans cet ouvrage est de 79. Le succès qu’il eut en 1810 détermina les auteurs à faire paraître dans le meme format, et d'après le même plan, la /description des Marbres antiques du même Musée ; et la première partie de ce nouveau recueil parut en 1812· C’était encore a Μ. Cbarles Townley qu’avaient appartenu presque tous ces morceaux.
Ils ne sont qu’au nombre de seize, et le travail de quelques-uns est assez médiocre ; mais il en est d’autres qui méritent l’admiration des amis des arts. Peu de statues offrent un aspect aussi noble qu’une Caryatide plus grande que nature et d’une très-belle conservation. Il faut distinguer aussi, comme un chef-d’oeuvre de pensée et d’exécutioD, une Bacchanale, sculptée autour d’un très-beau vase, et une statue de Fénus, drapée seulement h la partie inférieure du corps. Μ. Gavin Hamilton fit la découverte de celte figure, l’an 1776, dans les ruines des bains maritimes de l'empereur Claude, h Ostie.
Uae petite Fontaine domestiqueΛ en forme de colonne
2o4 MERCURE ETRANGER. — LANG. ANGE.
d’environ cinq pieds de haut, est un monument curieux et d’un travail très-élégant.
Parmi plusieurs têtes colossales, il en est deux qui représentent Minerve : l’une d’elles est des premiers temps de fart chez les Grecs. Le sculpteur moderne qui l’a restaurée a placé un hibou de chaque côte du casque. Cette particularité ne mériterait pas d’être remarquée, s’il n’avait imité mie médaille d’argent de la ville de Noie, où ces oiseaux sont ainsi représentés au nombre de deux, contre l’usage le plus généralement établi.
Les descriptions de Μ. Taylor-Combe sont faites avec soin, et uDe simplicité digne d’éloges. Non seulement il a donné la mesure exacte des morceaux, mais il a encore distingué ce qui était antique d’avec les restaurations. Il y a plus ; pour que, sous ce rapport, il n’y ait rien a désirer, ces mêmes restaurations sont aussi indiquées sur les estampes par un trait fort léger, et qui ne s’aperçoit que lorsque l’on regarde de très*près. A ce moyen, tout est concilié, et l’effet de l'ensemble ne se trouve pas détruit, par cette attention que l’on devrait peut-être imiter dans les recueils de cette espèce. Quant au mérite des gravures, il faut faire une distinction : tout ce qui tient h la netteté et au fini ne mérite que des éloges; mais le dessin n’offre pas habituellement cette correction, cette fermeté que l’on désire toujours dan· des estampes exécutées d’après l’antique.
R. J. Durdent.
LANGUES DU NORD.
Notice sur Jeâw Robeck, auteur d'un Ouvrage sur le Suicide \ tirée du suédois (i).
Le personnage singulier que nous allons faire connaître , est une preuve que , dans tous les pays, dans tous les climats et dans tousles temps, l’esprit humain a été sujet à d’étranges êgareiuens, et que la faculté de combiner des idées a produit au:ant de conceptions bicarrés, de travers déplorables, que de vérités et de résultats satisfaisans. Jean Robeck naqui t, en 1672, à Ca huar, en Suède , où son père était bourguemestre. Il se fit remarquer, dès son enfance, par une imagination très-vive et facile ù être frappée. Ayant été envoyé à l’université d’Üpsal , il y passa dix années , et se distingua par son zèle pour l’étude. Parmi les ouvrages qu’il lisait avec le plus de plaisir, était le livre de Marc-Aurcle Antonin, La lecture fréquente de ce livre fit 6ur lui la plus forte impression ; il prit un éloignement et un dégoût décidé pour tousles soins qui tendent à la conservation du bien-être et de la vie. Rempli d’idées exaltées sur la vanité des choses humaines, il entreprit de 1rs publier, et demanda à soutenir sur ce sujet des thèses publiques à Upsal j mais le conseil do l’université rejeta sa demande. 11 obtint peu après au college de Calmar une place de régent, dont il se dégoûta bientôt. Les théologiens suédois étaient
(r) Cette notice est tirée du 'Mercure Suédois, ouvrage périodique, publié, pendant une suite d'années , à Stockholm , p^r le bibliothécaire Gjoerwell , et du Dictionnaire Biographique de la Suède, par George Gezelius, qui a paru de 177# à 17Ö7, en quatre volumes in-®, à Stockholm, Upsal et Âbo. Ces deux ouvrages renferment beaucoup do notices littéraires très cnrieusea . nue nous ferons connaître successivement. Fo?ex, pour celle dont il s’agit maintenant, le Mercure Suédois pour l'année 1768, et le Dictionnaire Biographique , t. 4,. art. Jean Robeck.
*o8 MERCURE ETRANGER.—LANG. DU NORD.
L’auteur y a rassemblé, aaus ordre et sans méthode, tout ce qu’il a trouvé de fort et de faible } de réel ou d’imaginaire , pour défendre son opinion. Les notes du professeur Funccius sont très-savantes, et forment une réfutation raisonnée de Robeck.
Nous a jouterons quelques anecdotes de -Jean Bureus (3), autre savant suédois remarquable par ses rêveries. Il vivait vers le milieu du dix-septième siècle. On l’estimait pour ses connaissances dans les antiquités et dans les mathématiques. Ma is il abandonna ces objets pour se livrer à la cabalistique , et prétendit prédire la fin du monde; il assura que ce aérait au printemps de telle année, et fixa même le jour. Un apothicaire d'Upsal, qui avait médité sur le même sujet, ne fut pas d’accord avec Bureus, et soutint que l’événement n’aurait lieu qu’au printemps de l’année suivante. Ils firent un pari, et attendirent l’issue, qui Jes trompa l’un et l’autre. En attendant, Bureus, qui s’était cru sur de sou fait, avait distribué son bien aux pauvres, et serait mort dans la misère, si la reine Christine n’elait venue à son secours. Il avait dédié à cette princesse le traité où il développait ses opinions mystiques. Ce traité, écrit en suédois, avait pour titre s De la supputation da temps t des Chérubins j et du rugissement du lion du Nord. L’auteur y annonçait tiès<sérieusement que le premier terme de la fin du inonde arriverait le 5 mai 1647, et le dernier l’an 1674* II vécut lui-même jusqu’en i65a , et fut dans sa vieillesse un objet de risée pour le public, qui avait long-temps estimé ton savoir el ses talens.
J.-P. Cattiau-Cxllevillx.
r
tianorum ; recensuit, animadversionibus notavit, praefatus est et indicem addidit J. N. Funccius, Rinteln iy3ô ,4*·.
(5) 11 faut distinguer ce Bureus du savant André Bureus, ou Bure; celui-ci fut le père de la géographie ea Suède. IL fit graver les premières cartes de ce pays, et publia un ouvrage ayant pour titre: Or bis arctoi imprinûsqut regni Succia nova et accurata descriptio. Witteub. i65o. r
F
‘tYlWrtVVWVfcWlirilVl.l.T.mi-Hi
y aaette littéraires.
ALLEMAGNE*
Λ Λ/. le Rédacteur du Mercure étranger.
It y a long-temps , monsieur , que je n’ai rien fourni au Mercure étranger.
Voici la liste des ouvrages de Kant ; elle pourra faire plaisir aux. amateurs de sa philosophie, s’il en existe en France. Ce penseur a mis en mouvement une prodigieuse masse d’idées , et je ne conuais point d’écrivain qui, depuis Voltaire, ait exercé plus d’empire que lui j avec cette différence cependant qu’il cherche à mettre un termo au sceptisisme que l’esprit du dix-huitième siècle a poussé fort loin. Mais l’influence de Kant s’est arrêtée aux latitudes septentrionales : le midi l’a repoussée, parce que la pliil osophie spéculative en généra! y est tombée dans le plus grand discrédit. Celle de Kant a la réputation d’être obscure) ses écrits le sont quelquefois ; mais ce défaut est compensé par une foule de qualités éminentes. Il n’est pas à présumer qu’un écrivain , quel qu’il soit , se soutienne long-temps e’il n’a un véritable mérite, dans un ècle de lumières et chez des nations savantes.
Je vous prie , monsieur , d’agréer l’assurance de me haute considération.
OEfcSIfER. Le 7 avril.
Liste des ouvrages de Kant.
T. Recherches sur les forces vives et examen des preuves employées par Leibnitz et par d’autres mécaniciens dans cette discussion , 1746.
2. Histoiregénérale de la nature et théorie du ciel,
5. Principiorum metaphys. nova dilucidai io , 1755.
Tom. III. — 181*. »5
MERCURE ÉTRANGER.
2id
4· De principiis primis cognitionis humana*, 1755.
5. Monadologia physica Spec. /, 1756.
5. Histoire dis fails les pins remarquables du tremblement de terre de Lisbonne, 1-56.
7.
Traité du mouvement et du repos , et des expérience· physiques qui y ont rapport, 1 ?58.
8.
Pensées sur l’optimisme, 1759.
9· Projet d’une géographie physique, 175g.
10.
Recherches sur l'humidité des vents d’ouêst dans les contrées septentionales, 175g.
11.
Démonstration de la fausse subii li té des quatre figures syllogistiques, 1765.
12.
Essai pour introduire dans la philosophie l’idée des grandeurs négatives , 1765.
i5 L’unique démonstration possible de l’existence de Dieu, 1765.
14· Observations sur le sen ri ment du beau et du sublime, 1764.
j5. Sur l’évidence dans les sciences métaphysiques.
16.
Supplément à la théorie des vents , 1765.
17.
Rêves d’un visionnaire, expliqués par les rêves de la métaphysique, 1766.
18.
De mundi sensibilis atque intelligibilis formd et principiis , 1770.
19.
Critique de la raison pure, 1781.
20.
Préliminaires de toute métaphysique à venir , 1765.
21.
Idée d’une histoire universelle, 1784*
22.
Base de la métaphysique d’actions, 1785.
a3. Métaphysique élémentaire des sciences physiques, 1786.
24. Critique de la raison pratique , 1786.
□5. Critique de la faculté du jugement, 1790.
26.
Parallèle entre l’ancienne et la nouvelle critique de la raison pure, 1792.
27.
De la religion dans les limites de la seule raison z 1795.
28.
Projet d’une paix perpétuelle, 1795.
29.
Elémens métaphysiques delà jurisprudence, 1796.
30.
Eléincns métaphysiques de la morale, »797;
5j. Discussion entre les quatre facultés académiques, 1798.
GAZETTE LITTÉRAIRE. 5η
52. Anthropologie , 1-98.
35. ^ur la fabrication des livres, i 798. '
54· Des forces de l’âme pour maîtriser les sensations douloureuses, 1798.
35. La logique.
On trouve dans ses mélanges :
56. Correspondance entre Lambert cl Kant.
δγ. En quoi consistent les lumières.
38. Sur les volcans dans la lune.
3g. Sur rillégit·mité de la contrefaçon.
40.
Commencement probable de l’histoire humaine.
41.
Sur remploi des principes théologiques dans la philosophie.
4î. Sur le non succès des tentations dé la philosophie en fait de théodicée.
45.
Sur l’application de la théorie à la pratique.
44· Sur la fin des choses.
45.
Sur l’influence de la lune en fait de météorologie.
46.
Préface pour l’ouvrage de Soemmering sur l’organe de l’âme.
47.
Sur les prétentions philosophiques.
48.
Accommodement d’une mésintelligence mathématique.
49.
Sur un prétendu droit de mentir par humanité.
50.
Sur la question ; Si l’espèce humaine se perfectionne cans cesse.
5 i. Sur le vice radical de la nature humaine.
62. Examen de Mendelsohn et de Jacobi.
55. Polémique contre Sletvin.
54-'l'«aile de métaphysique , i8oî.
55. Traité de géographie physique.
ANGLETERRE.
Londres. — Μ. Murray vient de publier un ouvrage fort intéressant, dont voici le titre : A Collection of the most beautiful poems of 1 he Minor Poets of G reece, etc. ; c’est-à- dire , Collection des meilleures poésies des Petits Poètes Grecs, conservées dans les Anthologies de Brunch, d·-
21 2
MERCURE ETRANGER,
Jacob«, etc., et traduite.« dê l'original grée, par le révérend Robert Bland et autres. Un volume in-8°. L’ouvrage est imprimé avec une élégance qui fait honneur aux pressesangJaises.il est accompagne d’excellentes notes, et d’éclaircisseinens biographiques d'une grande importance.

Μ. Nathaniel Howard a fait paraître chez Longman un Vocabulaire anglais et grec, à l’usage de ceux qui s’appliquent à l’histoire naturelle. Les rédacteurs du Critical Hevîew ont rendu compte de cet intéressant ouvrage, et en ont fait l’é'oge.

On a publié une deuxième éditiou de l’excellent ouvrage de John Jones , intitulé : A Grammar of the greeJç language, etc.; c’est-à-dire, Grammaire de langue grecque , d’après un plan nouveau , rédigée en anglais et en grec. Un vol. in-ia. Cette grammaire a obtenu uu grand succès dans toutes les écoles d’Angleterre.

L’ouvrage suivant a paru dernièrement ( en i8i5 ) chez Longman : Journal of a lour in Iceland, in the summer of ιβυθ,ό/ William Jackson Hooker, eie./c’esbà’ dire, Journal d'un voyage en Islande pendant Véle de l'année 1809, par William Jackson Hooker , membre de plusieurs académies Deux vol. in-8°;deuxième édition considérablement aiigmeiitée.Cet excellent ouvrage contient des détails très - curieux sur l’histoire naturelle d’Islande. Il est enrichi d’une jolie carte géographique et de plusieurs autres gravures supérieurement exécutées.

Μ. Crosby, libraire, a publié une traduction anglaise des Odes d'Anacréon, accompagnée de notes par Girdlestone. Un vol. in-8*-

Le même libraire a également publié l'ouvrage suivant j Ovicts An of love etc. ; c’est-à-dire, VArt d’aimer d'Ovide, et autres pièces du même genre, traduits eu anglais par Hopwood. Un vol. in-8°, orne de jolies gr*. vu res.

Oi| a donné une troisième édition de l’ouvrage intitulé : The four books of Justinian’s Institutions , eie,; c’est-à-dire 5 les quatre livres des Institutes de Justinien t traduits en anglais et accorupagués de notes, par Georges Harris. Un yol. in-4·.
GAZETTE LITTÉRAIRE. 2iS
Μ. Longman a publié une nouvelle édition , revue et augmentée de l’histoire de Thucydide , traduite par Thomas Hobbes. Deux vol. in-8®.

Μ. Rivington a mis en vente une très-jolie édition de Cornelius Nepos, accompagnée d’une traduction et de notes anglaise* par John Clarke. Un vol. in-ra.
—-Le meme libraire a publié un ouvrage important, intitulé : Z’Ae Chronicle of John Hardy n g, etc, i c’est— à-dire, la Chronique de John Hardyng , contenant la relation des événement publics depuis la première .période de l’histoire d’Angleterre jusqu’au règne d’Edouard IV, avec la suite de cette Chronique jusqu’au règne de Henri VIH, par Richard Grafton , accompagnée d’une préface biographique et littéraire, par Henri Ellis , Un vol. grand in-40.

On a publié une nouvelle édition des Phéniciennes d’Euripide, avec les excellentes notes du célèbre Porson. Un vol. in-8°.

Μ. Stevens , savant musicien , a donné au public un ouvrage très-méthodique , intitulé z A Treatise on the Expression, eie.; c’est-à-dire, Traité de ['Expression du Forte-piano, ou Principes de l'art de bien jouer de cel‘instrument.\5n vol. in-fol. avec planches. Cet ouvrage est accompagné de differens exercices composés d’après les principes de l’auteur, et d’une sonate qui ne laisse rien à désirer.

Il a paru chez Harding un ouvrage intéressant, sous ce titre : The History of Cambria Ί etc. ; c’est-à-dire , Histoire de la Cambrie, ou Pays de Galles , écrite en vieux breton il y a deux siècles , traduite en anglais par Humphry l’Hoyd ; édition revue, augmentée et continuée par David Powel. Un vol. grand in-4*.

Μ. Boosey a publié l’ouvrage suivant : Historia , etc.} c’est-à-dire, Histoire de Charlemagne et de Roland ,
£ar Turpin, avec les plus belles *ballades citées dans le Ion Quichotte, en espagnol et en anglais. Deux vol. in-8·.
— L’ouvrage suivant a paru . il y a quelque temps , chez Hamilton : The Life of John Knox, etc. , c’cst-à- dire , Pie de John Knox; contenant des éclaircisse- ppms sur l’hiôtoirç delà reformation en Ecosse, avec des
214
MERCURE ETRANGER.
notices biographiques des principaux réformatenrt, et υ» Essai sur les progrès de la littérature en Ecosse pendant nne grande partie du seizième siècle, accompagnée de notes et d’un appendix de lettres et d’autres document inédits ; par Thomas Crie. Un vol. grand in-8*.

Le célèbre professeur Dugald Stewart a publié un ouvrage intéressant, qui a pour titre î Biographical Memoirs, etc.; c’est-à-dire, Mémoires biographiques ÆAdam Smith, de William Robertson et de Thomas Reid, lus à la société royale d'Edimbourg , et recueillis en un volume. Μ. Stewart a accompagné cet ouvrage de notes très- curieuses et très-instruclivcs. Il l’a aussi orné de trois portraits qui 5ont d’une exécution paia ile. L’ouvrage entier forme un grand volume in-^·.

Μ. Longman a mis en vente l’ouvrage suivant î Memoirs of Joan d'Arc, etc. ; c’est-à-dire , Mémoires de Jeanne d'Arc, ou la Pucelle ^Orléans, accomp^ncs de notes et d’un appendix, par G. A. Grave. Un vol. in—Β”· Ces mémoires sont principalement tirés de l’ouvrage de l’abbé Lenglet du Fresnoy.

Le savant William Mudford a publié un excellent ouvrage dont voici le titre: The Life of Richard Cumberland, etc.; c’est-à-dire, Tie de Richard Cumberland, et Analyse critique de ses ouvrages, avec des recherches sur le· temps où il a vécu , et sur les contemporains qui l’ont illustré. Un vol. in-8®. L’auteur considère Cumberland comme poète, auteur dramatique et comme littérateur. Il examine ensuite scs ouvrages avec beaucoup de profondeur. Les analyses qu’il en donne sont entremêlées de plusieurs anecdotes intéressantes et peu connues sur les auteurs contemporains les plus célèbres.

Μ. John Blac, quia entrepris une traduction anglaise du grand ouvrage de Μ. de Humboldt, intitulé: Essai politique sur le royaume de la nouvelle E spugne, vient d’en publier les tomes III el IV , grand in-Ö°, avec neuf cartes supérieurement exécutées.

Μ. Pinkerton a fait paraître ledouzième volume in-4· de sa Collection des Toyages. Cet important recueil continue à obtenir tout le succès qu’il mérite.

Ou trouve chez Longman l’ouvrage périodique et
GAZETTE LITTERAIRE.
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très-intéressant, intitulé TA e Planter's Kalender ; c’est- à-dire , Calendrier du Cultivateur, ou Guide du Pépiniériste et du Forestier , commencé par Walther bicol , et continué par Edward Sang. XJn vol. in-S°.
—: Μ. Harding , libraire t a public un ouvrage important, sous ce titre : Observations on the influence of soil and climate upon wool; c’est-à-dire, Observations sur Vinfluence du sol et du climat sur la laine. Un vol. in- 8°. L’auteur expose une excellente méthode de perfectionner les laines , et des règles pour conserver la santé des moulons. Il passe ensuite à des recherches sur la stricture , l’accroissement et la formation de la laine et des poils. L’ou· vrage est terminé par des remarques sur les moyens de conserver et soigner les moutons de race d’Espagne dans les différens climats.
. — On a publié une seconde édition de l’ouvrage intitulé : 77te History of the Campaigns , etc. ; c’est-â-dire , Histoire des Campagnes des années 1796, 1797, >79804 1799» en Allemagne, en liai je et en Suisse , etc., accompagnée de seize cartes et plans. (Quatre vol. in-8®.

Μ. Daniel Dewar a publie un intéressant ouvrage sous ce litre; Observations oit the character, etc-j c'est- à-dire , Observations sur le caractère , les coutumes et les superstitions des Irlandais, et sur les retardé jusqu’ici le perfectionnement mo de cette nation. Un vol. in-8*. Cet ouvi
clarté par un savant distingué , ami sincère de l'humanité, contient des réflexions sages et des vues profondes.

Μ. Charles Butler , biographe et nisorien d’un grand mérite, a donné au public , l’année dernière, les deux ouvragessuiyans ; i* Some Account of the life, etc.·, c’est- à-dire, Quelques Détails sur la vie et les écrits de Jacques- Bénigne Bossuet, évêque de Meaux. Un vol. petit in-8®.
2° A succinct History of the revolutions of Germany ; c’est-à-dire ; Histoire succincte des révolutions géographiques et politiques de Pempire d’Allemagne, ou des principaux états qui composèrent l'empire de Charlemagne, depuis son couronnement jusqu à Van 1806, Un vol. in-8°.
— Μ. Graves a publié une nouvelle traduction de l’ou-
causes qui ont al et politique age, écrit avec
316 MERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT.
vrage de Marc-Aurèle, De Rebus suis, sous ce titre ! The Meditations of the emperor Marcus-Aurelius An·* toninus , etc. , ou Méditations de l empereur Marc-Au- rèle Antonin , traduites du grec. Un vol. in-8* L’ouvrage est accompagné d’une notice biographique sur cet empereur philosophe, de notes historiques et critiques, et d’un expellent aiscourssur la philosophie stoiaue.

La première partie du onzième volume des Transactions de la Société Linéenne de Londres, a paru il y a quelque temp«. Elle renferme douze Mémoires fort importans sur diirérens sujets d'histoire naturelle, accompagnés de très-jolies gravures.

Μ. Thomas Thomson , docteur en médecine, membre de la société géologique , de l’académie chirurgico- médicale de Pélersbourg, etc., a publié un ouvrage très- intéressant, intitulé: History of the royal society , from its institution to the end of the eighteenth century ; c’est- à-dire , Histoire de la société royale, depuis son établis- aement jusqu’à la fin du dix-huitième siècle- Un vol. grand in-4* de 65o pages. Cet excellent ouvrage est destiné à faire suite à celui qu’a publié sur le mêmesujet le célèbre Thomas Birch, secrétaitcde la société royale. Μ. Thomson a dédié le sien à sir Joseph Banks, président de ladite société. Il y a joint un long Appendix contenant des pièces justificatives, et une liste chronologique de tous les membres de la société royale, depuis sa fondation jusqu’à l’année 1812 , par ordre de leur élection.

On publie depuis quelque temps un excellent abrégé des Transactions philosophiques, avec des notes et des éclaircisse mens biograpiques ; par MM. Charles Hutton, Georges Shaw , et Richard Pearson. L’ouvrage s’imprime d’une manière brillante sur papier dit royal, et formera dix-huit volumes grand in-4®. L’extrême difficulté de se procurer la collection complète des Transactions philotrésor
, a engagé les trois.savans, que nous venoni de nommer , à en publier un abrégé plus parfait et beaucoup mieux rédige que louj ceux qu’on a publiés jusqu’à présent.
**********W*WWWWWWW
MERCURE ÉTRANGER.
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N° XVI.
LANGUES ORIENTALES.
Obsextstiovs sur Us Mtlle'et une nuits, et particulièrement sur Us Voyages de Sind-Bad.
La plupart des romans, et même des contes orientaux, ont pour base des faits réels, plus ou moins altérés par la féconde imagination des écrivains ou des narrateurs. Un eia- men attentif du texte original, ou seulement des traductions de quelques-uns de ces ouvrages, suffit pour se convaincre qu’ils sont antérieurs à nos anciens romans historiques, aui* quels ils pourraient bien avoir servi de modèle. Je ne serais pas en effet très-cloigné de croire que les Arabes d’Espagne nous ont procuré, avec beaucoup d’autres connaissances infiniment plus utiles, dont nous nous croyons redevables aux fanatiques des Croisades, ce genre de littérature bizarre, réprouvé par le goût, et dangereux, pour la véritable histoire, mais aussi agréable pour le commun des lecteurs, que facile et même lucratif pour ceux qui le cultivent. Malgré mm aversion bien prononcée pour ces roiuans, dans lesquels une plume sacrilège dénature les faits les plus importans, se joue des noms consacrés par l’histoire, cl prête a des personnages investis de l’estime et de. la vénération des siècles,des actions ou des discours dignes de leur inventeur, je ne dois pas envelopper dans le même anathème le récit d’aventures ima-
Tom. III. — i«iA. ιό
■ji8 MERCURE ETRANGER.
gînaircs, ornés de quelques noms connus,, et où l’on peut même discerner différentes circonstances historiques ou géographiques Ainsi je ne crains pas qu’on me reproche de m’être écarté de mes principes littéraires, en m’occupant d’un petit roman dont le héros est de pure invention ·, mais quelques détails répandus dans ses aventures, également fantastiques, prouvent que l’auteur a visité on décrit, d’après les mémoires de quelques navigateurs, les côtes et plusieurs îles de l’Inde.
Gc fait m’a semblé ai positif, que je croie pouvoir indiquer les noms donnés, par les géographes européens, aux pays que Sind-bàd me paraît avoir visités dans chacun de ses voyages Le titre de^Hhâ-rAdjâ, eous lequel il désigne le souverain de l’ile qui était le but de son premier voyage, me semble indiquer Sumatra , nommée par Aboulfédâ, et par plusieurs autres géographes orientaux, lie du MAhà-râajA, quoique, selon Μ. Marsden (i), il n’y eût que le prince de la partie orientale de cette grande île, qui portât ce titre, dérivé de la langue samskrite, et qui ôiguifie grand Monarque. Je u’i- gnore pas que les anciens souverains Hindous du Dekhan, maîtres de ta côte de Coromandel, se nommaient aussi Mâhâ- meès^eovnment supposer ratsomnlde que Sind-hâd, qiAm Hieiftwt pae voyager eur cette eôte, a pu voir le souve- rata'Ae Detta*, «font «es posse *HÎ<ms ne s’étendaient pas jus- qtitai -cap Ommiu, eetde portion du continent de l’Inde qà^l para insevi vefar connue r 11 «avait même combien elle est fertrte en•épiee*^ productions qui lui ont valu le surnom de etMe du
• l^ coRtee^répaBrius narTHi foe Oritateux, touchant le· éfojrtisns de Orylatret «s jnerres précieuses dont abonde cette die, devaient ntfturéflement trouver place dans un Voyage auvnows a <èemi-imagfoaire, et l’on doit savoir gré à l’auteur du soin avec lequel· il a recueilli et disposé ces contes dans sa seconde relation. On sait d’ailleurs que les éléphans Chinculais sont très-nombreux et de la plus grande espèce actuelle vient 'existante, mais non de la plue grande espèce contine, puisqu’ils n’ont guère au-delà de quinze à seiie
(i) Malayan Grammar, introduction, p. 5« Le nom de Mdhd- r&djà était îucooau à Java.
/
qu’on trouve en bibcrie, doivent avoir appartenu à des individus hauti» de vingt cinq à vingt—six pieds Cette taille gigantesque diminue de beaucoup l’invraisemblance du Combat eutre l’clêpbant et le rhinocéros, et de lu facilité avec laquelle le premier enlève son adversaire; le meme fait est raconté avec les memes circonstances pur Hauteur du dictionnaire persan, intitulé î Chemt-êl- LvaLAt. Ce lexicographe convient d’ailleurs que c’est une fable. JXoue partageons volontiers son opinion ; ma is no us avons déjà remarqué que presque toutes les fables oricotalcs ont un fuit réel pour base. En outre, serait il impossible que les Orientaux eussent co n serve quelques souvenirs du mammo ut, et quelques anecdotes relatives à la force extraordinaire dont devait etre doué cet animal si extraordinaire lui-même? La meme observation est applicable au rokh, dont le corps, l’envergure elles oeufs ont sans doute été immeiisémeut amplifies par les écrivains de l’Orient; mais il pouvait être aussi gigantesque parmi les volatiles, que le raammout l’était parmi les quadrupèdes. Puisque nous traitons ici sérieusement les points d’histoire naturelle relatifs aux voyages de Sind-bâd, je re-
lyfe Hâroun-al-Racbyd. Il est aisé de reconnaître le même
passe pour avoir appartenu au même kbalytè, et que j’ai tiré autrefois des dépôts littéraires provisoires, pour en enrichir la bibliothèque du Roi. L’animal qui fourxut ce vélin, est une gare lie ou antelope, nommée llauu par les Orientaux, Jlog-deer en anglais
Quoique nous ue puissious pas désigner avec autant de précision , que nous venons de le faire pour Sumatra et pour Ceylan, les autres îles visitées par bind-bdd, d nous est aisé de deviner queSclâbâtb ouChelàhàth, Kelatei Kaceifont partie des lies de la bonde, situées a L’est de Cej ia.ii, comme le remarque un géographe oriental relativement à Chriubath, que je crois être Timor. KélaouKala est Visiblement æ Calabar des Orientaux, que Μ Hamilton place non ioni de la presqu’île de Malakka. Les îles de cet Archipel ue nous sont pas assez connues pour que nous essayions d’expliquer les
350 MERCURE ETRANGER·
détails consignés et dénaturés par notre romancier, en sup* posant toutefois que ces détails ne sont pas relatifs à d’autres ■contrées; car nous sommes très-disposés à croire qu’il a souvent fait voyager des anecdotes accréditées ailleurs depuis long-temps. Ainsi nous doutons beaucoup que les habitans de File de Sérendip, nommée par les Européens Ceylan, aient jeté des morceaux de viandes crues sur des rochers inaccessibles et couverts de pierres précieuses, pour qu’elles s’y attachassent, et que des oiseaux de proie les leur rapportassent. Cependant saint Epiphane, dans un TYaité des pierres précieuses qui ornaient le rational du grand-prêtre des Juifs, décrit un procédé absolument semblable à celui-ci, et qui était employé parles Scythes pour le même objet. Les Scythes, suivant saint Jérôme, enterraient les mûris à la mort de leurs femmes. Si jamais un pareil usage eût prévalu à Ceylan, quel moyen d’arrêter l’émigration des femmes indiennes, qui se seraient réfugiées dans cette île tutélaire d’un sexe si cruellement traité Λιγ le continent voisin!
- L’aventure de Sind-bâd avec le géant noir rappelle celle d’Ulysse et de ses compagnons avec Polypheme ; mais je suis loin de conclure que cette dernière fable ait donné naissance à l’autre : car il serait assez difficile de concevoir comment l’auteur original de notre petit roman aurait pu avoir connaissance de l’Odyssée. N’est-U pas plus vraisemblable d’i- magîner que ces deux fablee font partie de ces traditions antiques, répandues dans l’Orient, et dont quelques-unes n’étaient pas inconnues à Homère, ni même aux anciens Grecs : car ceux-ci avaient ejes relations plus intimes, et même plus amicales qu’on ne pense , avec les Persans , nation célèbre de tout temps par son goût pour les lettres et les arts, per son excessive politesse, son caractère souple Ct rusé, et surtout par son talent pour les contes et pour toutes les productions littéraires qui tiennent à l’imagination. Parmi ces productions, la plus remarquable sans doute est l’immense collection des Mille et une Suits ; car, de l’aveu même des écrivains arabes , ces contes ont été originairement écrits en langue persane. C’est un fait assez importanten littérature, pour que nous cherchions à l’établir de manière, non seulement à réfuter les différentes conjectures, formées par des savaus, dont l’opinion est
221
LANGUES ORIENTALES.
d’un grand uoicis aux yeux de ceux qui cultivent la littérature orientale, maïs encore à ccarler tous les doutes qu’on pourrait conserver sur celte question. Nous rappellerons d’abord, avec quelques dêveloppemens, une remarque dont nous nous plaisons à reconnaître toute la justesse : tous les noms des principaux personnages appartiennent à la langue persane.
« Chehryâr signifie le Monarque du Monde, monarque « absolu : on nommait ainsi la cour de Nouchyrvàn ; (CJtems- « ei-Loghât. ) Chehryâr est le titre d’un Roi plus puissant, « plus grand que tous les rois de son temps ; ou appelle enei core ainsi une grande ville : {Borhân. Cdthè. ) » Ces explications, tirées des deux excellens dictionnaires persans, et conformes à celles qu’on trouve dans nos dictionnaires persans-latins, diffèrent un peu de celles que Μ. J. Scott donne» du même mot. Ce savant divise ce mot en deux, et traduit: ami de la ville ou de la nation. Il est fâcheux que cette idée, d’ailleurs assez ingénieuse, se trouve contredite par le témoignage des meilleurs lexiques. On lit dans quelques ma-, n user its CMirbâz ; ce nom est aussi, selon le Borhân-Cdtùè , . le nom d’une ville du canton de Samarcande. Ou lit aussi Chehr-bAn* çe mot, qui est également persan, signifie gardien de la ville.
Chdhzenân (roi des femmes) · Μ. J. Scott propose, avec assez de raieon, delire Châh zémân (roi du temps, du siècle ).
Chehr-âzâd est un nom propre persan, qui pourrait signifier le cyprès, la beauté de la ville. Suivant le Ckems- tl-Loghilty c’est aussi le nom d’un roi. Plusieurs manuscrits portent Oiehr-zady et on lit ainsi dans les fragmens publiés, par MM. Ury etOueeley : ce mot composé appartient à la langue persane, et peut signifier né dans la ville. Al-Ma- çoudy écrit Chyr-zàd , ils ou fille de lion*
OynAr-dzàd est un mot persan, qui peut signifier affranchi , à prix d’or, ou qui n’a pas besoin d’or. MM. Ury et Ouseley écrivent Byn^zàd (enfant de la religion); il faut lire, je crois, Dyndzâd(libre de dettes). On sait d’ailleurs qu’il ne faut pas attacher trop d’importance à la signification des noms propres ; il SulliL do bien reconnaître à quelle Ungue ils appartiennent, et tous ceux que nous vouons de
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citer, sont incontestablement d’origine persane, aussi bien que ccax de Sind-bûd et Hind-bdd. On reconnaît d’abord uans le premier le nom du canton de l’Inde, voisin du Sind Ou Hinaus·, et dans l’autre, celai de la partie septentrionale du liaut-Hindoustân, voisin du Kachmyr. Quanta la monosyllabe bâdt qui termine ces deux noms, c’est évidemment 1 mot persan uâdy écrit à la manière des Arabes, qui ne Connaissent pas le />, et le remplacent, tantôt parò, et tantôt par/: ce mot signifie en même temps, an gardien, un gouverneur et un trône; originairement il s’écrivait avec un /. Ainsi les deux noms dont il s’agit signifient gardien du S nd et gardien du Hind , comme Pddu'hâh signifie monarque du trône. Dans ce dernier mol, pdd a la signification du trône , et non celle de conservateur, comme on pourrait l’imaginer d’aprcs 1rs dictionnaires persans ex-* plaqués en langues européennes, et qui n’offrent aucun del details que je donne ici, et que j’ai puisés dans le Borhdn* Cathè et le Chenu-ΛΙ- Loghdt. Je me permettrai aussi de contester la justesse de l’explication des noms de Sind* bild et d’Hind-bild, donnée par Μ. Scott. J’ignore d’après quelle autorité cct orientaliste écrit Sin-bad ( leçon qui n’est appuyée sur aucun manuscrit;, et d’après quel dictionnaire il traduit &in-bdd du souille heureux, et Hind-bâct du soufflé noir ou malheureux. « Sin-brid in persian signifies of the prosperous, and Hind-bdd of the black or inforta-. nate gale, etc. » Μ. J. Scott a confondu J ία nd x nom de la partie septentrionale de l’Hindoustan «npérieur, avec hindou (noir, hleu fonçé). Je ii’ai pas besoin de remarquer que les noms propres dont il s’agtt n’ont aucun rapport avec les personnages qui les portent dans notre petit roman; il· offrent seulement une nonvelle preuve en. faveur de mon opinion, touchant l’origine persane de cet opuscule; opî-: mon fondée, en outre sur te témoignage positif d’un de« plus judicieux et des plus savans historiens arabes, qui nous apprend que les Mille et une Nniu ont été originairement composées en persan ancien, ç’est-à-dire, en. penlvy.
« Quant aux livres qu’on nous a apportés, dit Al-Maçou- « dy, et qu’on nous a traduits du persan, de l’indien, du « grec, et à la manière dont ils avaient été composés, nous «t avons déjà fait mention, par exemple, de l’ouvrage inti-i
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« tuTé (en persan) : Héiâr dfiânéh ( les Mille Contes), dont « la paraphrase arabe , faite d’après le texte persan, est in*- « titulée : KhirAfit-, or KÂirAfrl est le synonyme du
« mot persan dfiânéh, et Ton désigne communément ce « livre sous le titre à'AUf LÂiüt on Käht ( Mille et une « Nuits). C'est l'histoire du roi, du vézyr et de ses deux filles, « dont l'une se nomme Chyrzad , et Pautre Dvoarcad. Noos « avons aussi parie da livre de Tsegyl et de Chymaa, et des a anecdotes qu'il contient relativement an roi de l’htde et ** à son vézyr; enfin da livre deSind-bàd et a a très ours*- « ges du même genre. »
Je dois remarquer d'abord que le livre de Si nd-Hid, ou en persan Sind-bîd Nâméh, ne doit pas être confondu avec les voyages de Sind-bld 1« marin, a Le premier renferme « des avis, des sentences, des préceptes de conduite ; ü a été « mis en vers par Ilakym Aserqy ( Eorhdn-Cdlhb). μ L’auteur du Modjemel-4l~TtmiArybh (fol. 6>, recto,*du manuscrit persan, 62 de la bibliothèqnetta Roi), nous apprend que cet ouvrage a été composé sous la dynastie persane des Achganiens, on Arsaeides, laquelle conimene* nói avant J.-C., «t finit vers l’an »3 da 1ère vulgaire. Noua ignorons le sort de la version poétique de Hakyai Naeerqy. Le livre moral de Sind-bÀd ■’existe plus, *t en persan moderne, ni en arabe j mais on en cewodl encore pltMieue» traduction* hébraïques, sous le titre de Paraboles ch Sinthbâd os BincL·· bdd. Consultez le savant ouvrage, intitulé : Manuscrtpii Co- dices debraici bibliosh, J. B, ch Rirun , accurah ab eochm descripti êt illustrati f etc. Parme», >8o3, et le tome IX des Naiicss et Extraits des manuscrits <h> la hiliothèque du Roi, dans lequel Μ. Silvestre’ de Sacy a donné une curieuse et savante notice de Inversion héhraïqne des tables deBidpoi et des Parabole* de Sindahad, etc., première partie, pages
Un témoignage, ausai formel que celui (PAhn&foody, me dispense, je crois, de réfuter les eonjrolures de di fierens savane , touchant l’origine arabe ou même européenne des Mille et une Nuits. Quant aux noms et aux moeurs arabes, qu’on reconnaît dans un grand nombre de contes de ce volumineux recueil, ce sont, comme je l'ai déjà indiqué, des iulerpolations des traducteurs ou des imitateurs arabes ; et
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Fon doit être d’autant moins étonné d’y voir fréquemment figurer le nom de Hàroun-âl-Rachyd, que ce khalyfe est encore aussi célèbre parmi les romanciers arabes, que Charlemagne, son contemporain, l’était parmi nos anciens romanciers français. Ajoutons que, sous les khalvfats et les auspices de Hâ- roun, d’Al-Amyn , et surtout d’Al-Mâmoun, c’est-à-dire, ▼ers la fin du VIH’, siècle de l’ère chrétienne, et au commencement du IX ., la littérature arabe s’enrichit des traductions d’un grand nombre d’ouvrages cofthes, grecs, syriaques, persans et indiens. Les Arabes, devenus civilisés, et même savana, cherchèrent avec soin , dans l’ancien persan, le petit nombre de livres échappés à la fureur dévastatrice de leurs belliqueux ancêtres; ces précieux débris littéraires devaient être bientôt anéantis au milieu des guerres civiles et des malheurs de toute espèce qui accablèrent la Perse, après la chute du khalyfatde Baghdâd, au mois de février 1258. Proscrits, errans, obligés de fuir loin de leur malheureuse patrie, lesGuèbree ne purent emporter avec eux , soit du côté d’Yezd, en Perse même, où quelques uns se cachèrent, soit dans la presqu’île du Guzarate, qu’ils prirent Sresque tous pour asile, que des frogmens informes du code e Zoroastre, leur législateur- Un de leurs dcstour$ ou docteurs , entreprit, il y a environ cinq cents ans, de fondre cee fragmens avec ses propres rêveries; et osa décorer du titre de Zend-avesta, cette fastidieuse et ridicule compilation, qui ne contient que des prières dépourvues de sens et d’onction, des cérémonies multipliées et futiles — « Ou Zoroastre « n’avait pas le sens commun, ou il »’écrivit pas le livre que « vous lui attribuez », dit sir William Jones, dans une lettre un peu trop acrimonieuse, mais aussi spirituelle que savante, et écrite en français, qu’il adressa à Μ. Anquetil du Parron, en 1771, l’année même de la publication du Zend· αν esta L’auteur de l’excellent et magnifique dictionnaire pçrsan-anglais, dont la première édition parut Cil 1778 et 1780, Μ. Richardson, affirma, d’après le témoignage formel des Guèbres du Guzarate, que, loin ».’avoir conservé le code de leur ancien législateur, leurs ancêtres n’avaient pu en soustraire un seul exemplaire à la fureur des premiers conquérans musulmans, et que les formulaires qu’ils possèdent maintenant, ne sont que les copies d’une prétendue
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traduction faite, il y a près de cinq cents ans , par un destour, nommé Ardecbyr. Le meme savant que nous venons de citer plus haut, et dont la sage critique égalait la vaste érudition, sir AVilliam Jones, est revenu sur le même sujet, dans un discours prononcé à la Société Asiatique de Calcutta,en 1788; loin d’avoir chanzé d’avis, il persiste à le soutenir avec plus de politesse qu’il ne l’avait fait d’abord. Il s’appuie du témoignage de Mohammed Mohsen Fâny, qui, dans son curieux et important ouvrage, intitulé : Da-* bistdn, affirme que « l’ouvrage de Zoroastre est perdu, et « qu’on l’a remplacé par une compilation récente (1). »
Je ne pousse pas cependant l’incrédulité jusqu’à nier qu’il n’existe pas un apophthegme, pas un préeepte, un mot de Zo· roastre dans la longue et minutieuse liturgie publiée par
Μ. Anquetil du Perron5 mais pour les y découvrir, il fau drait avoir la, ou plutôt le bonheur de la poule di
bon La Fontaine*.
Si telle a été la triste destinée des livres sacrés des anciens Persans, on conçoit aisément que leurs ouvrages littéraires n’ont pas dû être plus épargnés. En effet, leurs des- cendans ne connaissent ces ouvrages que par les traductions, probablement bien inexactes, qu’en ont faites les Arabes. C’est dans ces traductions que Daqyqy, Ferdoucy, Myrkhond, Hocéin Al-Kachefy, etc., et autres poètes, historiens ou moralistes, Persans modernes, paraissent avoir puisé leurs matériaux pour l’ancienne histoire de leur patrie* et les anecdotes antérieures à l’invasion des Musulmans*, mais ils n’ont pas encore revendiqué tous les ouvrages composés originairement par leurs ancêtres : du moins, je ne connais pas de traduction des Mille et une Nuits t ni même .des Koyages de Sind-bdd, en persan moderne. L’orîgînal pehlvy*, du premier ouvrage qui renferme le second , et dont parle Al- Maçoudy a péri depuis long-temps. Les nombreuses traductions ou imitations arabes, qui en ont été faites, ne different généralement entre elles que par le style et par quelques détails - le fond, ainsi que les épisodes, sont toujours les mêmes.
1) Voyez le discoure sur 1rs Persam , par sir Williams Tones , t. II. y, de» Recherches Asiatiques f traduction française.
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mais on peut compter autant de rédactions que de conteurs. Les uns, dans un style fleuri, pompeux, et cadencé, observent lrès-9crupuleueement les plus minutieuses règles de la grammaire arabe; les autres, afin de ae mettre à la portée d’un plus grand nombre d’auditeurs, emploient l’idiome vulgaire, qui est beaucoup pluè simple que le littéral. Quoique cet idiome soit eo usae ré aux relations habituelles de la société, et répands parmi «tes gens qui n’eatendraient pas le littéral, il a aussi sa littérature, laquelle cône iste principalement en romans , eouteà ci chaasons> Cet idiome mérite dono d’attirer l’a t ten lion dee personnes qui μ livrent à l’étude de l’arabe, de celle« surtout qui ont le projet da parcourir le Levant, soit pour faire des rtaherebea savmuea, aoii pour remplir quelque mrwori diplomatique» Il nte wrabla qu’une édition complète du texte origami <ka MM» af une Nuit» serait un important service rendu à la littérature età la diplomatie. Jusqu’à present on n’a imprimé que de fjien tablée fragmen s de ce texte. Les premiers, je croîs, coasiateal en vingt pages in-4°., imprimées à Oxford, saus mdication d’annee, sans nom d’éditeur, In 16a', et 163 . nmt, ta56’.f la 58. ,5g®. ,6o·.» 61·. > €2*., 63·., g4·., et les premier» lignes de la 65e. On en trouve aussi de nombreux fragmen« répeadus dans les Orientai Collection» dé Μ. le major OueeUy ; mais tout cela ne forme pas un ouvrage suivi et complet, cornue les voyages de Sind-bâd, que 1rs littérateurs arabe· sc soot plus à séparer de l’immense recueil dout il tait partio· Il en existe en effet plusieurs rédactions, les unes en arabe vulgaire, les autres en arabe littéral. La Bibliothèque du Boi possède deux exemptaires de la premiers rédaction, et je dois à la complaisance amicale de mou savant confrere, Μ. Gauscio de Perceval, ta coraxaaaicatioa d’un trotaième exemplaire. Ce· copies offrent entre elles plusieurs variétés; aaaia oui sont peu considérables, et ne peuvent être comparées à la différence que présente ta rédaction du même conte en style Littéral , comme je m’en suis convaincu, en etxanuiuml une copie de cette dernière rédaction, que m’a communiquée mon excellent confrère , Michel Sabbagh , littérateur arabe, employé à l’école spéciale des langues orientales vivantes. Je ne veux pas terminer cette notice sans faire mention d’un Xftanuscrit apporté du Caire, par Μ. Marcel, directeur de
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l’imprimerie royale, et en tête duquel pnlit: AdsaM-K*- t&bj etç. ·< Ce livre renferme la première partie de le vie « de Sind-bân (lises Sind-bÀd) le maria, et de Hind-bàn « i Hind-bâd ) le porte-faix, en sept chapitres. Chaque histoire « torme un dyvdn (un recueil de vers), les histeiree mer- « veilleuses, les choses surprenantes qui sont arrivées entre « eux deux, a
Il n’y a presane aucune ôonfoflfnlté entre cet ouvrage et le petit roman dont nous nota occupons. Ιλ sehne se passe au Caire, ou y voit figurer les enfans de Sind-hâd, un mani- io uk des femmes eeclaved, plusieurs des persotina>gfcs recitent des vere Menai. U serait nuis doute eurkm de vérifier si ces vers ne renfevweni pae des sentente» extraites du Traité de politique et de mirale , oompoaé en ancien persan, COuS le titre de SinddAd NAntéh^^re de Sind-béd, dont l’original n’existe probaMeftient plue, et que noua ooonais- •ons par la version hébraïque Mets il n’y a euvwie conformité entre cet ancien livsfc de 6vhd-Wd et les aventures de notre Sind-bAd. Noua ne pou see ran· pas plus loin nos recherches , H nous n’av4n· parlé dn manuscrit de Μ. Marcel, que pour prouver que noua l’atinns compulsé, et sinrtaut pour donner un témoignage public de notre reaoniiMSiMine pour le propriétaire,
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LITTÉRATURE RUSSE.
Fragment Iun Poemt en langue russe*
jLàïttérattire des Ruseesttt presane hicoun ne en France. Nous avons le projet de recueillir oca matériaux qui puis- sent mettre nos lecteurs h portée de lui assigner le rang qu’elle mérite d’occuper parmi les autres littératures de VEurope.
Il parut en 1810, un choix des meilleurs morceaux de
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la littérature russe, traduits en français par MM. Pappa do Ponto et Gallet. Mais cet ouvrage fit peu de sensation : h cette époque, de plus grands intérêts fixaient l’attention générale.
Dans le discours préliminaire, les traducteurs cherchent h démontrer con.bien est injuste le dédaiu que témoignent les autres peuples pour la littérature dos Russes. Nous répéterons ici une partie de leurs raisonnemens.
« La littérature des Russes n’est pas au point de dégradation où on la croit, et on la regardera favorablement , lorsqu’on observera que le Russe est un peuple presque naissant : son existence ne date sans doute que du règne de Pierre-le-Grand; avant il n’était guère plus policé et plus éclairé que les Tartaree. Nous croyons devoir observer que, jjour juger sainement du génie de ce peuple et du période ou il peut atteindre, il faut mettre en opposition celui des autres nations de l’Europe, en se reportant à une époque aussi rapprochée de leur naissance. Que la France se transporte à celle du quatorzième siècle; que l’on compare à du Barine en pendent avec Lomonosow, et l’on verra qu’i l y a des pensée s et des images d ans les ouvra ges de celui-ci, dont une seule vaut mieux que des ouvrages entiers de l’auteur français; enfin l’avantage sera évidemment du côté du premier : nous dirons, même, que les progrès des écrivains russes ont été plus rapides que ceux des nôtres. On répondra qu’ils avaient des modèles dans la littérature européenne, et nous répliquerons que nous en avions, dans la grecque, la latine, etc. On ne désavouera pas, qu’à cette époque, la langue latine était plus familière à l’Europe, puisque tous scs écrivains la parlaient, que la française, l’allemande etl’i taiienne ne l’étaient en R ussie. Nous observerons, en outre, que lorsque Lomonosow produisit ses ouvrages, il n’existait en Russie ni dictionnaire, ni grammaire. Tredia- kowki, qui l’a précédé dans la carrière de la poésie, invita l’académie, dans un discours qu’il prononça lors de sa réception) en 1735, à s’occuper de ces deux objets, fonde- mens de la langue, et mobile de son accroi ssement et de cel uî des arts. Les premières odes de Lomonosow furent écrites
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325 peu de temps après; donc» il travailla sans autre guide que son génie et son goût naturel. »
Les traducteurs font connaître ensuite plusieurs odes de ce Lornonosow, qui paraît avoir été un poète très-distingué, et donnent la traduction entièrede son poème héroïque en deux chants, intitulé Pierre-iè-Grand. Nous allons extraire de ce poëine l’épisode des Strelitzs, qui occupe la pins grande partie du premier chant. Cette citation fera connaître la maniere du poète*
C’est Pierre le-Grand qui raconte lui-même la révolte des Strelitzs.
« Ma cruelle soeur, pour s’assurer du trône, cherchait à verser tout mon sang. La trahison et la méchanceté, en s’alliant contre ma vie, s’étaient couvertes du voile d’une sainte dissimulation, et fortifiaient par leurs conseils le parti de» ennemis du bien public, ainsi que la calomnie contre moi et mes parons. Mon frère aîné, avant sa fin, ayant reconnu que sou puîné était faible de corps, et n’avait aucune vigueur dans Pâme, préféra le mérite au droit naturel, et me lé- Îjua l’empire de la Russie. Ma soeur, sous prétexte de défendre ce frère, le fit monter avec moi sur le trône : méprisant en lui son impuissance et en moi ma jeunesse, sa main téméraire tertdait à nous ravir l’empire à tous deux. Avant l’exécution de ses projets qui devait couronner ses désirs, elle forma un conseil, dans lequel elle admit les boyars et to us les grands offici ers de l’Etat, etou figurait, avec dignité, Joachim, la colonne inébranlable de notre sainte religion, dont elle ne put vaincre la grande âme. Après avoir montré dans ce conseil une douleur simulée qu’elle cherchait à prouver par de fausses larmes, elle commença ce discours artificieux, qui excjta celles de tous les assistane :
« En nous privant de notre cher Théodore, ô ciel, dans quelle affliction tu nous as plongés! Les divisions se fomentent parce que le droit naturel a été violé en faveur du cadet, qui enlève le sceptre à son aîné : les Strelitzs et le peuple sont prêts à prendre les armes, et menacent la Russie d’une des-
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truetiôn totale. Tom demandent pourquoi Iwan est eCarté du trône; ils veulent l’y placer en marchant sur des monceaux de cadavres qu’ils feront tomber soue leurs coups. » A ce début, le saint prélat, découvrant son but perfìdie , l’interrompit ainsi : a Quand ton père et ton frère quittèrent le séjour terrestre, ils nous chargèrent d’élire Pierre à leur place, et nous avons suivi leurs ordres souverains. »—La princesse > furieuse de cette réponse, prononcée avec force, repartit: « C’est avec le peuple, que cette nomination a dà être faite: oui, c’est avec le peuple qu’il faut élire le monarque, conformément aux lois divines et humaines, » Tolstoï et Mi* loslawski, partisans de Sophie, soutinrent la proposition de ja princesse avec la même hardiesse, en déclarant qu’il n’y avait rien de plus juste ni de plus sacré. Joachim, avec le reste de l’assemblée, leur répliqua : « Nous avons élu Pierre, et par nos suffrages libres, et par notre attachement pour sa personne; c’est à lui qu’est confiée la suprême puissance : le faire descendre de son trône cela serait incompatible avec le devoir des fidèles sujets, u Sophie voyant leurrésistanceopinàtre forma aussitôt un autre projet, et sr flatta de faire triompher scs désirs par ce moyen. Elle conseilla de couronner les deux princes; mais le pontife fut inflexible, et s’y refusa par ces paroles : « Le partage du pouvoir est dangereux dans un. empire, et Dieu me défend d’y donner mon consentement. » Il se leva à ces mots, et se retira avec les autres prélats. La passion de regner aveugla alors Sophie , et la porta éclater. Les insurgés, d’après ses ordres, se partagent dans les différens quartiers de Moscow, en se préparant à verser des torrens de sang. Ils sont précédés par la rage, la violence, le délire, la haine acharnée, et sont déjà eu proie à l’ivresse, qui conduit à tous les désordres. Ils s’emparent des marchés, de toutes les rues et des ponts de la ville : les endroits qui doivent être livrés au pillage sont désignés Ces scélérats avaient passé la nuit sans fermer les paupières, la seule innocence se livrait au doux sommeil, ne prévoyant pas le sort affreux qui la menaçait.
« Enfin l’aurore de pourpre parut sur l’orieut, amenant un jour de sang et de désolation. Le complot éclate, et les desseins pernicieuxdeSophie,etles mesures qu’avaient prises ces complices, se découvrent. Déjà les barbares Strelitts se rangent
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en ordre, et ^Tolstoï, digne compagnon, de Miloslawski * Tolstoï parcourt leurs rangs, et excite la rage de ces audacieux, par de faux discours: il crie que le jeune tsar Iwan vient d’être étouffé par les mains des INarichskins. Alors ces cruels sonnent le tocsinj c’était l’heure où le soleil, après avoir parcouru sa vaste carrière, se cache au-dessous de l’horizon. Moscow, dans un horrible effroi, les voit aussitôt^ en armes, et portant leurs drapeaux déployés, se précipiter contre le Cremle. Les roues (ont un bruit épouvantable sous le poids des machines à feu, et les yeux de ces désespérés étincèlentde rage. A peine ils arrivent au palais des tsars, qu’ils auraient dû respecter, qu’en mugissant comme des bêtes féroces, ils demandent qu’on livre à leur vengeance les Narichskins , et menacent de massacrer, sans cela, tous ceux qui tomberont sous leurs mains. Les plus vieux et les plus vénérables d’entre les boyars, Matweew et Dolgorouski, s’étant présentés, offrent leurs personnes en otage : ils leur disent que le bruit qui les fait soulever et qui leur met les armes à la main est sans fondement ; qu’lwan ainsi que Pierre sont en vie: ils ajoutent que ceux-ci les invitent à se retirer, et qu’ils s’affligent vivement de ce trouble. — Ces discours suspendirent un moment l’audace de ces furibonds, et ils paraissaient n’attendre que de voir les jeunes princes pour se retirer-, lorsque Sophie s’apercevant, du haut de son palais , que ses projets criminels allaient échouer, ordonna qu’on distribuât des liqueurs fortes pour enflammer de nouveau le sang des forcenés, et allumer le feu de la guerre intérieure. Alors les Strelitzs, comme des animaux farouches, renouvelleront leurs clameurs, et commencèrent un horrible massacre : il semblait qu’un incendie dévorait toute la ville de Moscow. La princesse ma mère, pressée par les instances des boyars, et pour détourner le malheur qui menaçait tous les habitans, méprisa le danger qu’elle courait, et parut avec nous sur le grand escalier. Elle nous montra moi et mon frère aux insurgés, qu’elle exhortait avec autorité à rentrer dans le devoir. Il» s’clancèoeat aussitôt en. foule sur l’escalier pour nous reconnaître, et en nous appelant par nos noms : enfin leur errearétant dissipée par notre présence, ils semblèrent vouloir renoncer à la vengeance, et une partie d’entr’eux battit en retraite. La princesse voyant
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que le calme va se rétablir, imagine une nouvelle supercherie pour ranimer le massacre, et porte de nouveau ses tisons ardens dans les coeurs des Strelitzs. En leur représentant leur propre péril, elle leur fait voir qu’une punition, horrible les attend, et que ceux'qui sont en ce moment en leur puissance se vengeront d’eux le lendemain : elle leur fait entrevoir enfin que le temps favorable, une fois échappé, ne revient plus, De même que, dans les campagnes, l’incendie étouffe dans le commencement, renaît tout à coup de dessous la cendre, excité par un seul souffle, dévore les roseaux secs, l’herbe dans les jours d’été, et détruit tous les obstacles qu’on lui oppose ; de même la crainte ranime la barbarie dans les coeurs des Strelitzs, enflammés par des insinuations perfides. Us se jettent avec violence dans le palais des tsars, et y entrent en massacrant tout ce qui ose s’opposer à leur audace. Dans cet affreux péril, ma mère au desespoir, peut à peine se sauver avec nous dans la salle où est le trône de mes pères : elle attend sou sort dans cet asile sacré, et se met sous la protection du Très-Haut. — Bientôt on n’entend dans les appartemens du palais que les cris plaintifs des mourans, les lamentations et le pillage, mêlés aus. rugissemens des chefs des barbares, et aux ordres cruels de frapper, percer et mettre en pièces, que donnaient ces derniers. Les seuls appartemens de Sopliie furent respectés; car ce n’était que contre nous que leur fureur était dirigée.... Tout à coup un bruit tumultueux jette l’effroi dans nos âmes, Na richskin est en proie à la fureur de ces monstres : il se réfugie sur l’autel sacré*, mais l’autel n’est point pour lui un asile; il en est précipité , il tombe frappé de leurs coups, et leurs cris et leur joie éclatent en voyant son sang ruissel- ler. Son âme innocente prend son vol vers les cieux, en laissant sa dépouille terrestre à ses bourreaux. Ils tirent aussitôt leurs épées étincelantes et mettent en pièces son corp9 qui palpitait encore. Ces forcenés exercent la même férocité sur ceux que la princesse ma mère, envoie pour les engager à se contenter du sang innocent qu’ils viennent de répandre ; ils jettentceux-ciduhaut de l’escalier sur les pointes de leurs piques et les percent. Un destin aussi fatal est réservé aux plus anciens boyars, et aux stolnics les plus distingués. Ro- mananauskoï, ô fia terrible ! voit périr son fils dans les tour-
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mens. Le corps du vénérable Dolgorouaki est enseveli soin des membres ensanglantée; et le malheureux Matweew , q ui, par son éloquence, avait un instant désarmé ces monstres, est aussi massacré. Mort, il paraissait vivant* et sa tète pule, par le mouvement de ses lèvres» semblait vouloir terminer ses pa roles pathétiques. Combîen d’autres ne périrent-ils point, arrachés par eux des mains de ma mère, pour les mener à une mort aussi injuste qu’ignominieuse! Enfin ce jour terrible finit; mais l'effroi resta dans tous les coeurs.
« O jour désastreux et douloureux ! o jour terriblement barbare! jour plein de périls pour moi, et fatal pour mes parens! tu n’es pas effacé de nia mémoire, non plue que celui où le téméraire Borisse, ce serpent mortel, détruisit Dé- métrius ; ce jour où le parricide enfonça son dard dans sa $orge, et où le coeur de ma mère mourait de désespoir Mou propre exemple m’a instruit. Quoique je fusse jeune alors, je me rappelle à quels excès sc portèrent les fanatiques;, je iue retrace leurs regards alfrcux et terribles» et mou esprit se trouble à ce souvenir. La terreur et Tiudiguatiou soulèvent mon coeur, quand je me représente nue ma mère , en me tenant dans ses bras» arrosait de ses larmes ma téle et son sein, et attendait avec une horreur sombre son dernier moment : il me semble voir l’affreux instant où l’un des parricides, insensible dans sa témérité, portant sur ma gorge le fer cruel : lui disait : « Où est ton frère ? rûpouds, ou c’est le dernier moment de ta vie et de celle de tou fils » O Providence ! dans cet instant tu opéras un miracle; tu écartas la main du scélérat par celle d’un autre. Parmi ceux qui étaient altérés de mon sang, il s’en trouva un qui voulut prendre soin, de mon salut,
u Dans le même temps, Théodore, Mattemian et Léon erraient dans les campagnes, ou se cachaient dans les boie, en se représentant la mort de leurs proches, et la leur était sans cesse devant leurs yeux. Alors le méprisable et vieux Cyrile, le dernier de mes aïeux , s’enferma dans le plus secret appartement du palais. Il ne fuyait point sa propre perte ; mais il redoutait qu’on ne répandit le sang de ses fils sous scs yeux.
« Nous passâmes une nuit pareille à la mort, et dévorés par le désespoir et les angoisses. L’air farouche de nos gardes f
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et la pâleur des détenus montraient à-la-fois, et la violence de ceux-là, et l’état pitoyable de ceux-ci. Moscow, où régnait une anarchie horrible, paraissait ensevelie toute vivante dans un gouffre,et la douleur omelie, comme un ver dévorant, rongeait le coeur de ses habitans. La lumière du jour amena de nouveaux crimes et de nouveaux malheurs. Partout la générale bat : les cris des révoltés remplissent la ville désolée , et se font entendre jusqu'aux cieux. Leurs mugiâsemens féroces éclatent de nouveau, et leur audace redouble · ils demandent avec un acharnement sans exemple , le supplice d’iwan Narîchskin, et annoncent que scs semblables subiront le même sort, et que Moscow nagera dans des flots de sang et dans des torrens de pleurs. Hélas! la fin de ce malheureux n’était pas arrivée; le destin lui laissait Encore un jour pour accroître scs douleurs. L’insurrection du Cremle se propage dans toute la ville.· Dans les marchés, dans les maisons, dans les temples, on ne voit que le viol et le pillage : la soif de l’oret la violence s’unissent pour envahir les richesses. Le mépris de tout ce qu’il y a de plus sacré, l’affront fait aux ministres du culte, les outrages exercés sur les femmes des nobles, et les excès commis envers les vierges, étaient des maux bien plus grands que le pillage des trésors; la honte des coeurs justes surpasse toutes les douleurs.
« O que les*téncbres de la nuit qui mirent une fin à ces horreurs, et cachèrent l’aspect deers scélérats, furent désirées et bénies! Ces enragés, fatigués des excès de la journée , se bâtent de gagner leurs cavernes, accablés sous le faix des richesses pillées danâ les maisons, taudis que les portes de la ville sont gardées par leurs complices
« Sophie, voyant que le temps s’écoule et que scs projets ne tirent pas à leur (in, ordonne aux Strclitzs de faire de nouvelles attaques Jejôur suivant; et, réunissant l’insolence à la perfidie, elle envoie quelques-uns des premiers boyars à la princesse ma mère, pour rengager à livrer sans opposition son père et son frère aux Strclitzs, annonçant qu’ils assailliront de nouveau ’le palais, si on ne se décide à ce sacrifice, et que la revolte ne s’apaisera point. Pour donner plus de force aux conseils des boyars, elle se rendit elle- même dans les appartimene de ma mère, où elle lui repré-
LANGUE RUSSE. ’
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Sinta îe danger «les princes, et voulut lui persuader qu’elle étoit venue exprès pour le prévenir. Apaisez l’humetir féroce desStrclitxs, leur dit-elle,et sauvez-vous, ainsi que les vôtres en suivant mon conseil. Faites paraître votre père et votre frère, dans le temple , qui osera lui enlever au milieu de l’enceinte sacrée? » — Nar ich skin , suivant son destin, et s’abandonnant à ces paroles flatteuses , sort des lieux secrets où il s’est réfugié , et entre duns le temple. Il embrasse et baise .en pleurant le saint autel ; l’esprit phrin d’un bernique zèle, il entend le service divin, et se prépare à recevoir le martyre, κ Dien jugera, dit-il, l’innocence, n Alors ma mere, prenant les mains de la princesse, les baisa en 1rs arrosant de ses larmes; elle mourait à chaque instant en voyant le péril de son frère ; elle tint enfin ce discours, qu’entrecoupaient ses gi.niissciuens; car scs pleurs, arrêtés par la douleur, ne coulaient plus: « Au nom de l’amour que ton père, mon époux, a eu pour toi et pour moi, ne verse plus le sang innocent de mes parens. Réfléchis que, par moi, celui-ci est frère d’Alexis et oncle et père de ses enfans». Sophie , en relevant Nariehskin de sa main , lui ordonna de La suivre vers les Strelitrs, en affectant une douleur simulée; et ma mère le tenait par le bras. A son aspect, lee Streliizi sautèrent sur lui, comme des loups allâmes sur l'agneau; ils l’arrachèrent des mains de ma mère, dont ils méprisèrent l’autorité et la sainteté, et le traînèrent ignominieusement, par les cheveux, aui affreux fourmetis qu’on lui avait destinés. Pendant ce temps, ma soeur faisait entendre au bas peuple que, par ce sang, elle sauvait ses frères. La princesse m.i mère, hors d’elle-inéme, et ne sachant pas que son père, dans son absence, forcé par le danger, avait pris l’habit nio- · nautique, suivait de ses yeux dem ι-mou rana, son frère qui * soutirait tout ce qu’on pouvait imaginer de plus horrible Les scélérats l’avaient Irainédans In place publique, là, sans aucune honte, ils Face usèrent, par les calomnies les plus fausses, «l’avoir, écoutant sa passion effrénée pour le pouvoir,cherché a s’emparer du sceptre de l’Erapire : Payant ensuite massacré, ils l’élevèrent sur les pointes de leurs piques, finirent par lui couper , avec une barbarie inouïe , la irte et les mains Cette atrocité sans pareille répandit l’hommr parmi le peuple, les esclaves fidèles menacèrent alors ces crimi-
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MERCURE ETRANGER.
neh : « Par votre trahison, leur dirent-ils, vous a vex mérité un juste châtiment : un glaive vengeur vous dévorera ; nous n’attendons que le signal : la Russie est grande, elle anéantira votre méchante race, et punira les forfaits que vous venez de commettre. » Les Strelitzs, pour se sauver, formèrent alors le dessein de donner la liberté aux esclaves, eu proposant
détruire les titres qui constataient leur servitu
noncèrent au peuple j mais cela n’eut aucun succès. Voyant qu’il serait difficile de se soulever contre tous, ils n’insistèrent point ; et, en attendant l’occasion de montrer de nouveau leur férocité , ils célébrèrent une fête solennelle, où ils placèrent sur le trône mon frère et moi. Sophie ayant récompensé par des honneurs les criminel», ordonna de publier dans toute la ville de Moscow la disculpation des parricides. Les noms de ceux qui avaient péri étaient proclamés; ce qui porta la terreur dans les coeurs de tous Ie9 sujets fidèles.
« Λ peine ce tourbillon tempétueux était-il apaisé, que je me tournai du côté des sciences; je m’occupais à réunir autour de moi les connaissances , lorsqu’un autre orage s’éleva ; c’est des ténèbres de Ja superstition et de la grossièreté qu’il sortit; et son apparence religieuse me causa un double effroi. Tu connais l’hérésie dont llabbacuc était le chef, et la scélérate hypocrisie attachée à ses projets; l’ignorance réclama bientôt en faveur de l’ancienne religion. Aux Strelitzs se joignirent
dans le conseil de ces pervers. Ces masses de pierres que je vois ici sont les mon umens de la victoire que l’EgLse remporta sur l’Iiérésie. Moscow vit en ce moment des pierres jetées contre les lois divines. O temple ! ô autel plein de sainteté ! comment de viles créatures ont-elles osé vous profaner ? Eljes ne doivent pas être comptées parlai les êtres intclli- gens; elles étaient sans raison, sans conscience et sans honneur. Joachim, personnage plein de sagesse, était dais le temple où il offrait le divin, sacrifice, quand tout ù coup les révoltés y entrèrent, en couvrant leur attroupement du nom de concile. Jls insultèrent le pontife, qui les exhorta avec douceur à réprimer leur audace, en leur promettant une assemblée pour traiter paisiblement la question dont il s’agis*· sait. Alors ils lui crièrent, avec des vociférations terribles ;
LITTER ATURE SLAVE.
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.« Tu es un loup vorace ·, » et jetèrent, en même instant sur lui et sur son clergé, une grêle de pierres. Le pontife, que menaçait la fureur de ces hérétiques, ne put trouver un asile sur qu’auprès des monarques.
LITTÉRATURE SLAVE.
Le Journal de l’Empire a publié plusieurs feuilletons fort curieux sur la littérature slave. L’auteur, Μ. Ch. Nodier, pendant son séjour dans l’antique Illiricon > a élc à même de connaître les meilleurs morceaux des poètes qui, dans ces climats homériques, ont essayé de faire fleurir La poésie. Le séjo ur que j’ai fait dans le même climat, n’a pas été assez long pour que j’aie pu connoî tre la langue slave, celte mère langue dont les nombreux dialectes s’étendent depuis les bords de la Netva jusqu’aux montagnes de la Thessalien mais j’ai eu fa- vantage d’être lié avec des savans qui en avaient fait une étude approfondie.
Cette langue est sans doute le résultat du mélange des langages des peuples du Nord et de l’Orient qui remplirent si souvent le vaste espace entre les Monts-Oural et les Alpes Juliennes. On sait que quelques savans ont pensé qu’elle avait des rapports avec lcsarnscrit, que quelques hypotheses nous présentent comme la plus ancienne langue qu’aient parlé les nommes.
Le petit poème que je présente ici, est une imitation d’un épisode d’un poème slave, qui a pour titre ; les Fureurs de VAmour·,
Cet épisode est un des meilleurs mor.ceaux de ce poème. qui contient quelques détails agréables, mais qui renferme des longueurs, defaut général des poèmes slaves, et de la plupart des poésies qui n’ont point été perfectionnées.
Le sujet de cet épisode pourrait bien avoir été pris des Ercmiere siècles de l’histoire russe. On y voit une reine arbarc, appelée Rauca, qui, après avoir réduit à la dernière extrémité le » rebelles habitais d’uue ville de son em-
MERCURE ETRANGER.
aïs
pire , les força à capituler. Par lee conditions du traité, le* habitans de cette ville devaient conserver la liberté, en donnant à leur reine un cerlaiu nombre d’animaux necessaires à la nourriture de ses troupes. Elle exigea surtout un nombre considérable de pigeons, Quand on les eut apportés dans sou camp, elle fit attacher de petites torches à leurs pieds, et les fit lancer dans Pair. Les oiseaux dirigèrent leur vol vers la ville, et rentrèrent dans leurs colombiers où ils mirent bientôt le feu. La cruelle reine profita de l’incendie pour faire entrer ses troupes dans la ville, dont elle fit massacrer les habitans.
L’auteur slave a donné à ce sujet une forme plus convenable ù la poésie. Lesagrémcns du style, la naïveté des détails ont sans doute ai dé au succès de ce morceau; cependant, l’auteur n’a pu sauver le défaut d’invraisemblance. On s’aperçoit, en examinant les poésies slaves, que le lieu de leur Baissance est voisin des climats que la poésie orientale a peuplés de fées et de génies; et, malgré les clian gemens que j’ai çrudevoir me permettre, je crains qu’on ne trouve ici l’ap-. plication de ce vers :
a Le vrai peut quelquefois a’être pas vraisemblable. »
LES COLOMBES D’EULIZAME,
POEMI IMITÉ DU SLAVE.
Improbe Λτπογ, quid non mortalia pectora cogiì!
(VlRG. Ém. , rv.)
·· ·
C'écait l’heure où la luae , au sommet des montagnes, Promène son croissant cl sourit aux campagnes.
Le Tanaïs au loin faisait gronder ses flots,
El les vents de la nuit invitaient au repos.
Osvain seul, près du fleuve, appuyé sursa lance, Au milieu des malheurs, méditait la vengeance.
Osvain était vaincu : son palais dévasté Avait reçu les lois d’un rival détesté ;
LITTERATURE SLAVE.
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Et la jeune Euliiame, amante infortunée, Aux transports du vainqueur était abandonnée: Euliiame, seul bien qui, dans ses longs malheurs » Pour son âme abattue avait quelques douceurs.
S’il en croit le récit d’un esclave Gdèle, Eulizame partage une ardeur criminelle ; La terreur a détruit sa timide pudeur, Et le vainqueur d’Osvain est aussi son vainqueur.
Alors, sur son palais il lève un ail farouche, Et des soupirs a (Freux échappent de sa bouche. Il voit ce pavillon où les jeunes Amours, Au retour des combats, le ramenaient toujours; Il le voit et frémit ; et d'horribles images Epouvantent son coeur des plus affreux présages. 11 croit voir, au travers des brouillards de la nuit, Son rival, un flambeau qui marche et le conduit, Et qui, voilant bientôt sa douteuse lumière, Laisse aux soupçons cruels nne immense carrière.
Soudain s’abandonnant aux Iran.sports du courroux : « Aux armes! compagnons-, vengeance. Courons tous. « Courons briser ces murs , égorger ces per G des : « Egalons leur forfait à force d’homicides......
« Je m’égare, et j’oublie , en mes justes transports, «c Quels désastres affreux m’enchaînent sut ces bords. « C’en est fait : mon malheur lasse mon espérance. « Faut-il sitôt le perdre, espoir de la vengeance! « Mon , jusques à ma mort viens flatter ma fureur.
« Un seul moyen me reste : il Lit frémir d'toorrcuT !
* « Daus mon char fugitif, avec soin conservées, « Je conduis avec moi deux colombes privées, a Eulizame autrefois les nourrit de sa main ; a Souvent elles venaient s’endormir sur son sein; « Et les gémissemens de leur voix caressante « Attendrisaient mes sens et charmaient mon amante, a Elle sut leur apprendre à porter dans lee airs « Ces billets amonreux à l’absence si chers. -
24ο
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λ Fidèles messagers des doox secrets de l’âme, ir Ils volent en tout temps vers leur chère Eulizame..... a Ü istalli qui, dans les camps, m'apportiez. le bonheur, <c Votre aspect aujourd’hui me fait frémir d'horreur.
< Editarne est perfide, hélas 1 je fai perdue.
« Venget-rnoi : qu'une torche à vos pieds suspendue « Aille verser ses feux sur ce fatal palais « Où le crime imprudent jouit de ses succès;
« Portez jusqu’à son lit votre flamme homicide $ « Embrasez mon rival, sans sauver la peiGde. »
Il dit. On obéità cet ordre fatal ;
On attache la torche ; on donne le signal. Les timides oiseaux, que la torche épouvante, Fendent les vastes cicux d’une aile chancelante ; Vers leur belle maîtresse ils dirigent leur cours Pour chercher ses baisers x hélas! et ses secours.
On eût cru voir dans l'air l'éclatant météor» Qu'en sillons embrasés allume le phosphore. Le triste oiseau des nuits, dont il blesse les yeux , Des plus lugubres cris fait retentir les cicux.
Cependant Eulizame, au milieu des alarmes, A son lit solitaire a confié ses larmes. D’un farouche vainqueur elle a fui les regards; Elle maudit la guerre et se» cruels hasards j F.lle demande Osvaîn à toute la nature ;
• ' · · · T Déjà son corps languit privé de nourriture. Loin du vaillant Osvain peut-elle ainarr le jour? Osvaîn, tes longs malheurs ODt accru son amour.
L'Aurore renaissait, cl son front sans nuage Venait porter l’espoir d’un ciel exempt d’orage. Alors , et la croisée et les rideaux ouverts Laissaient un libre accès à la fraîcheur des airs. Eulizame, aux rayon«de l’aurore naissante, Abandonne au sommeil «on âme languissante. Sa douleur s’est lassée à conjurer les Dieux , Elles pleurs un instant m’inondent plus sesyettX«;
LITTERATURE SLAVE.
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Lee oiseaax, accabi é» sous leur charge pesante» Reconnaissent le toit où repose l’amante. L'espoir accroît leur force et l’amour leur ardeurj Leurs longs gémis»·mens annoncent leur douleur : ‘
Ils yont arec effort vers leur belle ma1ires«.e , Portant jusqu’À son lit la flamme vengeresse.
Par leurs tendres baisers, par leur roucoulement, Du réveil d’Eulizame ils hâtent le moment. Elle ouvre la paupière, et leur douce présence Fait glisser dans son cwur un éclair d’espérance. « Est-ce tous , mes oiseaux , e*t ce vous que je vois? « Osvain, le tendre Osvain se rend-il à ma voix? «Vient-il briser mes fers? s’écriait Euliume.......
« O surprise ! ô terreur ! Et quelle est celte flamme? « Le feu brille partout et va tout dévorer......
a Déjà jusqu’à ma porte il vient de pénétrer......
« Plus d’espoir!.... Ah! du moins, mes colombes Gdiles, « Libres de vos liens , échappez sur vos ailes: n Voies nuprès d’Osvain5 qu’il apprenne mon sort. »
Elle dit : et soudain fait un pénible effort, Ecrit en gémissant : « Adieu, ta tendre amie « Verra donc loin de toi finir sa triste vie· « Hélas! je meurs sans gloire ; et je t’avais promis « De mourir près de toi devant te» ennemis. « Un monstre eu mon palais a porté l’incendie, a Venge-moi des tourmens d’une affreuse agonie.......
« Et vous, tendres oiseaux , porter à mon Osvain «i Le baiser de ma bouche et l’écrit de ma m-.in. »
Efle attache la lettre à leur pale tremblante : Leur bec prend le baiser sur sa lèvre expirante. Elle veut les lancer ; mais ces oiseaux chéris Périssent dans les mains qui les avaient nourris.
BRES. N.
MERCURE ETRANGER.
<ÜR IGSaZIO GBÔACI j POETB SLAVE
Il y a un point de la terre, où suivant les expressions de Μ. de Chateaubriand, expire le souffle des ails, et commence la barbarie, et vers lequel Ignazio Giorgi naquit le δ février 1675. Celle de see pièces qui est la plus connue hors des peins étals de Raguse, est intitulée : la Luciole. C’est le nom du ver-luisant ailé, que Fabrici us appelle Lan- pyris italicus , et qui est si commun dans les contrées transalpines. J'essaie de donner nue idée de cette Idylle slave, où, parmi quelques traces du mauvais goût des Concetti, on trouve toutefois des beautés ties - remarquables. Elle est écrite en quatrains riiués, dont tous les vers sont de Luit syllabes·
D£ia la froide nuit commençait sou vol immense et silencieux j et le choeur mystérieux, des astres, secret complice des larcins de l’amour, commençait à se mouvoir en cercles bril- lans dans l’Etcr.
Je vais, je cours à la demeure de ma maîtresse, mais elle fenêtre eu laissant tomber un billet, trop fai- d’amour.
Et cependant le désir de connaître les sentimene de ma bien-aimée dévore mon coeur ; niais la nuit, la nuit aveugle et cruelle, m’envie ccttc consolation.
Qvi pourra me secourir? l’étoile du matin ne déploie pas encore sur le sommet des montagnes, les ondes de sa cheve- lure brillante. Les astres trop éloignés reposent au fond du çîel.
LITTERATURE SLAVE,
II est ri ardent, le désir qui me consume, que je ne crain- (Irais pas d’implorer la lumière des orages, et de 1 ire ees caractères, ces doux caractères de l’amour, au triple feu du tcmucrre*
Qui le Croirait ! entre quelques herbes délicates , mouillées d’une tendre rosée, s’offre à mes yeux un insecte ailé, si faible et si doux, et dont Le sein étincelle d’un or lumineux et mobile.
Je saisie d’une main avide I’insecte qui m’eet ci cher, et dans lequel le dieu prévoyant des amours a pl*çé Jç flambeau que sollicitait mon impatiente ardeur.
Je le promène de ligne en ligne, la main suspendue, l’oeil attentif, sur la feuille chérie qu’il éclaire d’un jour pâle , et qui me révèle les doux secrets de l’amour.
Graces te soient rendues mille foie, étoile amie des prés, belle lumière ailée , étincelle divine et inextinguible d’amour !
Pourquoi déguiser ma ioie! Pourquoi te refuser les hommages qui te sont dus ! Belle , céleste Luciole y qui n’a pas méprisé les peines d’un amant, et qui as porté remède à ses douleurs !
Au moment où le soleil se couche , douce Luciole, honneur de l’été, il te laisse derrière lui comme un atòme de son immortelle splendeur. Tu es l’amour des plantes et les délices des fleurs.
Lw feux dont reluisent les métaux sont obscurs devant les
a44 MERCURE ETRANGER. - LITT. SLAV.
tiens; ceux du jour lui-même sont moins doux ! Une étincelle extrêmement vive repose en toi, et y resplendît comme les diamans de l’Inde.
OEil étincelant des prés, lorsque tu voles à la chute da jour , tu ressembles à une jeune vierge amoureuse, qui brille malgré elle, au milieu des ténèbres naissantes, quoiqu’elle ait eu soin de sortir sans parure.
An ! puisses-tu recevoir de la nature toutes les faveurs qu’elle te doit, pour les grâces que tu m’as faites ! Puissenties vallons propices ne manquer jamais pour toi du miel des fleurs, ni le ciel de roséte!
Cu. Nodieb.
LANGUE ITALIENNE.
LES NOCES D’ASCLUSA ET DE RAGNAR,
CHANT DE» SKALDES,
traduit de l'italien de Giuseppe-Feliçe R OMAN!,
Quels sons mélodieux s'élèvent dans le palais do roi ! un cri d’allégresse se répand au sein de la tranquille nuit,et réveille l’écho des rochers de la montagne; mille flambeaux effacent l’éclat du jour , et la mer réfléchit leur tremblante lumière. C’est l’heure du festin royal. Ragnar est l’époux & Asciusa. O palais des héros! les plaintes de la douleur ont assez long-temps frappé tes murs. Les cris perçans de Ragnar sur sa couche solitaire, ont assez long-temps appelé dans tes salles Thora , Thora enlevée à son amour, à la fleur de ses âns. Que désormais l’éclat de tes lambris annonce le séjour des plaisirs ! Tes voûtes retentissent du nom d’Asclusa. Les esclaves, les jeunes filles, les guerriers chantent ; et le roi, tournant son regard sur la vierge de son amour, qui baisse ses yeux timides vers la terre, écouté avec ravissement les harpes mélodieuses , et se réjouit aux chants des Skatdes ses compagnons. ·
LE POEMI ER SKALDE.
L’aurore vient de’paraître. Le zéphyr caresse Jes fleurs hunaides de rosée; les .troupeaux Frappent .la porte de Ja bergerie, les cerfs bondissent sur la mousse de la colline. Tu sors de ta chaumière., belle Asci usa, pour conduire tes chèvres au pâturage. La voilà. Brillant« comme les rayons du jour, elle parait, et s’avance dans les.prairies du rivage de H mer. L’air qui circule avec douceur autour d’elle,
546 ' MERCURE ETRANGER*
agite les anneaux de sa chevelure ; partout où elle jette le» yeux . partout où elle porle ses pas , le h’s fleurit, la rose s’ouvre. Elle s’assied auprès de la fontaine limpide, et Jai.'Se errer ses chèvres de prairie en prairie. Elle chante, et sa bionde chevelure , disposée ^’une manière nouvelle, s'ente b ce et se répète dans l’onde; et l'onde amoureuse de tant de beauté, murmure, touche et caresse son pied de ne g*. Bel e vierge, que béni soit le jour où tu conduisis ton tr» u peau prè* d»· la ruer ! Les nochers de Ragnar vinrent à la fontaine ; ton visage frappa leurs yi ux, et ta beauté les remplit d’etonnemeoi. Ils restèrent muets et n’osèrent s’a p- λrocher. Pleins d’ndmiratîon , île retournèrent vers le roi;
e roi voulut te voir. R agnar jura de îcspecler ta pudeur i tu allés à lui, et il fut enflammé d’aiuonr. Jeune vierge , soit béni l’instant où les beaux yeux rencontrèrent ceux de l’amoureux Ragnar!
2« SECOND SKALD!.
.. Que tu es belle, Asciusa ! ion sein est blanc comme l’é- çvme de la mer, tes yeux bleus bri lient cotti me l’azu r d’un ciel serein; ta chevelure a la couleur do l’or , et ta bouche vermeille ressemble à la coquille ouverte sut le rivage. Que tu es belle, jeune bergère ! viens d*ns les bras d un roi qui l’adore, aimable rayon d’amour! s’écrie Ragnar.—Elle répond en rougissant î Tu oublies ton serment, seigneur; ah! que ta vertu ine permette de retourner dans le sein de pion père, en liner ses tendres sollicitudes. Elle, dit, et de «es yeux coulent de* pleurs qui augmentent le pouvoir de ses charmes. — Ah! ta pudeur te rend plus aimable encore; contente mes désirs, jeune beauté viens, je tê fais don de ce riche vêtement que T’bora port it jadis , et que ses mains ont. tissu. — Ma pauvreté, ô roi ! n’est pas digne de ce,·* ornerhens nangniflquea; je c«nnda£s le· chèvres au pâturage; mes habits sont grossiers , il ejl* vrai ; mais beala ils me conviennent. Ainsi s’exprimaient, sur le rivage, Ragnar enflammé d’amour, et la sévère Asciusa. belle vierge, il t’offre alors les noms d’épd use et d<‘ re<oe,si tu Consens h partager ses feux ; nmUu veux qu’il aille auparavant cueillir les lauriers qu’Odin lui destine , et qu’il
LANGUE ITALIENNE.
abandonne aux vents les voiles de «a flotte. Le jour qu’il reviendra vainqueur sera celui de votre union. Guerrier , vole aux batailles, et ne redoute ni les périls ni la mort; les doux souvenirs d’amour te soutiendront dans les combats.
Vole, triomphe, reviens vers la beauté, et la vierge amoureuse essüiera le sueur de ton front poudreux.
LE TROISIÈME SKALD E.
Vents favorables, enflez les voiles ; flots de la mer , dormez tranquilles , l'amant fidèle retourne auprès d’Àsclusa. Du rivage , la jeune bergère tient ses yeux errans fixés sur la mer, et pense à son héros. Elle redoute mille dangers pour lui 5 maïs quand elle voit une proue ansie sillonner la plaine liquide, et lepanache du guerrier flotter au gré des vents, elle palpite d’espérance et de joie. Voilà le roi; le roi revient couvert de lauriers : il a vaincu, belle Asciusa ; il a yaincu pour toi seule. Vois, vois les guerriers sur le rivage ! ils s’élancent couverts de leurs nefs, tout armés. Le ci;i de leur allégresse se fait entendre , et ce cri retentit dans ton coeur. Tu te précipites dans les bras de ton amant victorieux; il dépose à tes pieds les dépouilles de l’en ne mi, les couronnés de la gloire, et demande le prix de la victoire des juains de l’amour. Laisse les champs et les troupeaux , aimable bergère; monte sûr le trône de Ragnar. Ancienne demeure des héros, voici Asciusa; Asciusa s’avance. Ornes les temples , semer les fleurs, hâtëz-vous, accourez pour lu voir, immolez des victimes , et que des chants d’allégresse s’élèvent vers toi, déesse de l’amour. Jeunes vierges, accordez vos harpes; prosternez-vous à ses pieds ; Asclasa s’approche de l’autel ; elle est l’épouse de Ragnar.
L. A. Μ. Boukgeat ( de l’Isère. )
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MERCURE ETRANGER.
L’ORIGINE DE LA POÉSIE,
fable composée en italien, d’après une tradition scandinave par Giuseppe-Felice Romani, et traduite enfrançais par L. A. Μ- Bocjrcea-t (de l’Isère. )
Sur une plage solitaire, s’entr’ouvre une caverne ceinte de rochers arides et nus, oit l’onde blanchissante de la nier se brise avec un sourd fréniissenaeut, lorsqu’elle est frappée par la rame des nantonniers Une forte haie de ronces aiguës protège l’entrée de cette vaste caverne, et l’aigrette du chardon armé de pointes, y voltige au gré des vents. Mais le sombre silence et la profonde obscurité régnent dans l’intérieur de ce lieu si triste qu’habite un pur rayon d’amour, la belle Gitnloda, fille Je Suttung.
Lorsque des nains cruels eurent tué freies er eri trahison, ils mêlèrent son sang avec du miel, et en firent la boisson puissante qui inspire les poètes. Mais ces perfides, chargés de fers, et livrés à la fureur des ondes, sur un écueil, par Suttung qu’ils avaient offensé , rachetèrent leur vie et leur liberté en Ini donnant la précieuse liqueur. Le jaloux magicien voulant empêcher que des lèvres profanes y touchassent, la renferma dans un vase d’or, dont il confia la garde à sa fille Gunioda, et qu’il déposa au sein d’une caverne. C’est là que séjourne la beauté. Mais soit que le soleil se lève et dore les sommets de Sulitjetma, soit que la lime répande scs rayons sur les collines solitaires, elle n’ose s’éloigner de ces tristes lieux, Hclas! elle a quitté les monts paternels j les forêts ne la voient plus poursuivre les daims fugitifsj les vierges, ses compagnes, la cherchent; lés jeunes chasseurs amoureux soupirent de son éloignement, et ses chiens plaintifs, couchés sur des rochers déserts, remplissent les vallées de leurs aboiement» douloureux.
Mais lorsque la nuit silencieuse a couvert le ciel de son voile sombre, G un Loda sort de sa retraite, et, assise sur un écueil, elle unit ses soupirs au son de sa harpe. Les légers Zéphyrs s’arrêtent pour l’écouter ; la mer murmure dou-
LANGUE ITALIENNE.
s49 cementavi milieu des algues du rivage, et il semble que la lune veuille la caresser en dirigeant sur elle un de ses rayons mélancoliques. Son sein de neige palpite corame la feuille agitée par le vent. Une larme secrète coule sur sa paupière. Elle est seule, un désir inconnu s’éveille dans son coeur et court de veine en veine î elle s’appuie alors sur sa harpe, avec tristesse, et demeure immobile et pensive ; sa tête est penchée, et le Zéphyr qui se joue dans sa chevelure, la répand sur son cou éclatant de blancheur.
Infortunée! pourquoi ton père t’a-t-il enlevée aux salles de sou palais antique? pourquoi te laisse-t-il seule dans ces déserts? I/insensé! ne devait-il pas confier sa précieuse liqueur à des mains plus puissantes que les tiennes. Les Dieux lui envient son trésor; en vain voudrait-il s’opposer à leurs désirs, il gémira inutilement près de son vase épuisé, et toi, belle vierge, douce Gunî&da, tu vas pleurer la perle de cette fleur d’amour qui t’est si chère.
Déjà la nouvelle de la mort du sage /Fewaer, et la connaissance des propriétés divines de la liqueur formée avec son sang, était parvenue dans V Asgard} aux oreilles de» Dieux rassemblés en foule au pied du trône du puissant Odin. Ils la cherchent dans leur céleste demeure. Mais le Dieu suprême, tournant ses regards vers la terre, où tout se λrésente à ses yeux comme sur un vaste miroir, aperçoit e vase caché dans la caverne de Suttung; et, mesurant la puissance du magicien, il veut le ravir lui-même, et s’expose aux dangers de l’entreprise pour exaucer les voeux des divinités suppliantes 11 quitte son sceptre; et voilant sous des traits grossiers la majesté de son visage divin, il se dé-· guise en moissonneur, va dans la demeure de Bauge, et lui offre de moissonner seul ses Vastes domaines. H n’exige pour récompense qu'une gofitte de la précieuse liqueur de Weisser; et, comme Bauge l’avait en vain demandée à son frère Suttung, le Dieu rusé entre furtivement dans la caverne , erpénètre jusqu’au centre, où vivait la triste Gunlvda,
11 était nuit; et la jeune vierge, dont les membres éclatant de blancheur reposaient mollement sur unlit de mousse, avait déjà fermé ses beaux yeux fatigués par la veille. Jamais peut- être l’innocence endormie n’offrit tant de charmes. Les. batteinens de son sein virginal vuilé seulement par sa chevc·*
Tom. III. - 1814. 18
MERCURE ETRANGER.
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lure ondoyante > indiquaient les désirs de la beauté ; ses lèvres si pures s’en Couvraient pour sourire , et laissaient échapper des soupirs plus doux que le parfum de la rose i uu de ses bras soutenait le poide de sa tète charmante, et Je tranquille sommeil colorait son visage enchanteur de l’incarnat le plus pur.
Odüis la voit et brûle de mille feux. Penché sur le bord de, son lit, son afide regard dévore mille charmes. Il n’ose soupirer, çar il craint de troubler ce sommeil si doux. Ah ! quel fut ton effroi, Gunfoda, lorsque, réveillée tout- 4-coup, tu vis un Dieu ivre d’amour auprès de toi’ Infortunée ! tu voulus en vain appeler du secours ou prendre la fuite! tes forces et ta voix trahirent ta volonté : telle que la tourterelle, enlevée de son nid par un cruel épervier, tu ne pus t’échapper des bras d’OAn. Vierge innocente! ses propos flatteurs, ses prières, la noblesse de ses traits et sa taille majestueuse, furent les traits qui le vainaui rent. Hélas! ton coeur tendre et n belle te parla pour lui ! La même couche vous reçut tous dfeux, et l’aurore du lendemain te vit l’épouse bien-aimée du roi des immortels; enfin, séduite par ses caresses et ses baisers, lu lui offris toi-même la liqueur confiée à ta garde.
Gunloda sentit trembler sa main, lorsqu’elle l’approcha du vase fatal : son coeur annonça ses remords par de rapides batte me ns ,etla caverne, témoin de sa faute, trembla. Le Dieu infidèle l’épuise, se transforme en aigle; et, déployant ses ailes, s’élance dans les cieux. L’infortunée fait entendre un cri de désespoir; pâle, égarée, les cheveux épars, et meurtrissant ses charmes, elle sort de sa caveruc, suit des yeux son perfide amant, et l’appelle encore.
Soudain le père de Gunloda, qui venait visiter sa fille, parait sur la colline voisine. Odin le voit et en est vu. ôut- tung soupçonnant le vol, pousse les hurleinens de la rage; et, sc métamorphosant en aigle, il s’élance, avec la rapidité d’une flèche, à la poursuite du ravisseur, qui vole ver· Y Asgard pour éviter le combat; mais accablé sous le poids de son fardeau, son vol est moins rapide que celui de Sut· tung, dont il entenfl les cris redoutables, ei dont les robustes ailes sont prêtes à l’atteindre.
Le ciel gronde. Aussitôt les portes du céleste palais s’out
LANGLE ITALIENNE.
Trent. Lesdi vini ics de la cour d’ Odin en sortent ; les viertes immortelles volent sur les vents à la rencontre de leur roi, et lui apportent des rases d’or pour mettre ia précieuse liqueur à l’abri des dangers du combat qui va suivre. L’aigle ravisseur la répand et yole; mais elle ne sort pas toute d’une source pure : dans sa précipitation, l’oiseau fugitif en laisse échapper une partie par une voie immonde. Apportée sur la terre, la foule des mauvais poètes s’en abreuva ; telle est l’origine d’un si grand nombre de poèmes sans harmonie; car il n’est pei-mis qu’à un petit nombre de mortels privilégiés d’approcher leurs lèvres de cette liqueur si pure qui enflamme le génie.
Le dieuyblwnanÿ, environné d’orages, est maintenant préparé au combat : il se retourne vers Suttung, le suit à travers les tempêtes qui sifflent derrière lui, et l’attaque avec la rapidité de l’éclair; mais ce père infortuné, prêt d’etre atteint par le Dieu redoutable, fuit, aperçoit la malheureuse Gu-nloda dans sa caverne, et disparaît.
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LANGUE ESPAGNOLE.
Nous désirions donner quelque idée de Pétat actuel de la littérature en Espagne. Mais la lettre ci-jointe indiquera suffisamment ce que nous pouvons attendre de ce pays-lh. Pour que l’on ne puisse nous accuser d’en avoir altéré quelques phrases pour la rendre plus ridicule et plus atroce, nous imprimons le texte en regard de la traduction.
ZéSTTRE insérée dans la Feuille périodique intitulée Sentinelle de la Manche, publiée à Madrid, le samedi 21
- mai 1814.
Monsieur l’éditeur, nous pouvons dire que le diable était à sou ai$e, et qu’il marchait avec tant de liberté, que nous l’avons échappé belle de n’êlre pas tombé dans ses griffes. IL était question de faire payer l’écot uniquement aux loyaux, catholiques, hommes de bien, dans la grande fête qu’avaient préparée les gens de la Farandoule. Si Dieu, par sa grande miséricorde, n’eût dit à notre bien-aiméFerdinand t arrêté à Valancey : « qu’est-ce ue tu fais là ?.........sors de cette
« prison , et ne crains pas, puisque je suis avec toi : marche « en Espagne pour être son sauveur et le libérateur de tant « de bonnes gens qui t’attendent comme le Messie; s je sais très-bien qu’à cette heure, il·y aurait eu grand tapage, et que rien ne serait resté à sa place. Pauvre prétrailk ! malheureux moines! non moins malheureux nobles et militaires; vous tous, enfin braves Espagnols, quel sort funeste vous était préparé! l’impiété, l’hérésie, l'athéisme, ccs ennemis nés de la Divinité et de la souveraineté royale, se promettaient bien de donner au public un spectaole plus somptueux et plus intéressant que les jeux Olympiques et les combats du Cirque. On devait y entendre les cris de l’allégresse, des mugisseiuens et des vivat scandaleux et iniques, mêlés aux
t
LENGUA ESPANOLA.
Carta inserta en la Atalaya de la Mancha, publica da en
. Madrid, el sabado, 21 de mayo de l8i4.
Se kor éditer, bien pedemos dec ir que el Diablo andaba sue Ito, y tan à sus anchuras que mui poco ha faltada Para me ter nos en calzas prietas : ahi es un lacco de pavo la friole· rilla de querer que los leale* y catolicos hombres de bien hi· cieran lodo el gas io en la gran funcion que tenia proyectada la gentecilla de la Farandula!... Si Dice por su gran misericordia no hubiera diche à nuestro ìdo la trado Fernando preso enKalancey : « ; que hac es aqui?... sai de esaprision, y no « te mas, queyo esluy contigo : camina à Èspana à ter salva· « dory libertador de tantos bue nos que te eeperan corno à su (( Mesias; » bien se yo que à. estas horas hubiera andado una mari morena en que no quedase titere con cabeza.j P obre clerigalla! J infili! fray 1er ia! j deedic ha da no b le za! ; des· graciado soldado ! ; miserables Espaniolee ! ( que suer te tan infausta os tenia prevenida la malaventura! Ea impiedad* la heregia, el ateismo son los dansantes que corno e ne mi go s natos de la Divinidad, y'de la real soberania , tenian decre· tado dar al publico un e spec iaculo mas suntuoso y diver tido- que los juegoe Olimpicos y Circenses. En el habian de resonar la algazara, el istruendo, los relinchos y los iniquos y escandalosos vivas, meiclados con los tristes ayes de La ino-
154 MERCURE ETRANGER.
tristes accens de l’innocence sacrifiée à la fureur (i). Ces maudites Furies marchaient à pas de géant par toutes les Provinces. Non seulement dans les capitales, mais même dans les plus misérables hameaux , le cancer destructeur de la foi et des bonnes moeurs, se propageait avec rapidité ; et sans être aperçu, le parti des infidèles et des hommes sans religion s’accroissait tellement, que le nombre des pervers était presque égal à celui des véritables fils de L’Evangile et de la Patrie. Si l’on eut encore tardé de quelques jours d’appliquer le remède à un si grand mal, toute la masse aurait été corrompue, ou bien une épouvantable explosion aurait ruiné le Temple et l’Âutel, en les couvrant d’un opprobre éternel. Elles sont bien dignes d’être citées, et très-applicables à nos fatales circonstances, les expressions dont se servit l’infâme hérésiarque Cazalla, lorsqu’on vint lui annoncer sa condamnation par le eairit Tribunal de PJnquwtion : « ón/2r « eussent attendu quatre mois, nous eussions été autant « qu’eux j et s’ils en eussent attendu six, nous eussions fait <i contre eux ce qu’ils font contre nous. >» Voilà comment ils avançaient dans leurs entreprises .. j Et quel autre résultat pouvaient espérer les Espagnols catholiques, les dignes sujets du meilleur des Rois, sinon la plus sanglante proscription? on les eût chargés des plus pesantes chaînes; ils seraient morts dans des cachots profonds, ou sur les échafauds. La famine, la misère, l’expatriation, les poisons, les feux et le fer: tel était l’héritage que nous assuraient les bienfaisans régénérateurs de la triste -Espagne, les partisans des bonnes institutions ,les libérateurs de l’humanité affligée, (a) Ceux- là qui, rusés comme des renards , faisaient semblant de frémir au seul souvenir de toua ces fabuleux tourmens, de ces poulies, chevalets à donner la-question, grilles, broches à rôtir, chaudière», goudron cl huile de laeaM/e Polle à frire de P Inquisition /ce» mêmes hommes, athées de nature, confi)
Totot ce msrceaa rst plein d'ironies aussi exagérées que ridicule», eide maussades plaisanterie».
(□) Il ne faut pas avoir beaucoup do pénétration pour cnnnnîire la fhusselc de toutes ces propositions, et l'esprit de patti et de vengeance qui icadictc.
LANGUE ESPAGNOLE.
cencio sacrtficadà à su furor ( 1 ) Estas ma ldi tas Furia» cami- naron àpcutoSde gigante por lodcte las Provincias. No solo en las capitales, sino hasta en las aldeas mas infelices y escon- didas, propagaba rapidamente el cancer destructor de la je y bue no» eoe tu ni b res ; y sin ser sentilo creda el par lido de la infideltdad e irréligion f de tal manera que ccfti halanceaba el numero ile los malos eon el de loi verdaderos hijós del Evan- getio y de la Patria. En pocos dias nue se retardas» el »ficai remedìo pura cortar tanto mal, o se huilera corrompido Coda la masao una espantoea explosion- Indierà arruinado el Templo y el aitar , cubriendolos con eterno op rob io. Son dignas de cftarse y de aplicarse il nuestras fatales circunstaneias , las expresiones con que contesto el infame ^eresiarca Casella al liempo de intimarle su condona el santo Tribunal de la Inquisition .· Si espèraran quatro mrses, fueranios tantos conio ellos, y si scis hicieramos <le éllos Io quo ellos de no- sotros : fan avanzada Uevabdn la empresa.......y que otra
cosa podian esperar los catolicos Espanoles, lbs dignos va- Salica del mejor de los Reyes, sino la mas san grien ta proscription , que los conditjese targa dos de pesadas cadenas à morir en los calabosox , y a espirar en los cadaLsos. El harnbre } la miseria, la expatriation t los veneno» Λ»1 fuegoy
cos regenerndores de la triste Espana, los amantes de siis buenas institutiones, los iiber tad ores de la humanidad afli^ sida (2). .4 quelles que con los fi ngnnien tos de'sorras astutas sé hor ror isobari solo con la memoria de los sonados y fabulosos tormentos , potros , garruchas, parrillas , asadores calderas de pe: y acryte del santo Fredderò; estes mismos desnatura-
(1)
Torlo estepasage esta lituo de chantas tau pesadas coaio accia«, y de ironìa» Un exagéra das cumo ridicula».
(2)
Noes monester tener mocha pcnetracion para ronocer la faisedad de iodo* entas propuiiciones, y el «spiritu de parlido y de reogft.za que las dicta.
256
MERCURE ETRANGER.
damnaient à de plus grands et de plus cruels supplicesles partie «ansile la maison de Dieu etdulrùnede Ferdinand.... (i)Mais le grand Maître qui voit tout, auquel rien ne peut échapper , a détruit tout cet édifice, l’a fait tomber sur eux, les a pris dans leurs filets, et les a mis entre les mains d’un Boi catholique, du vertueux Ferdinand. Ils ne pourront lui échapper, parce que Dieu a élu ce religieux Prince, pour qu’il fasse de cette plante maudite des javelles, les brûle , et agisse avec eux comme, ils voulaient agir avec nous. Feu donc nur eux , puisqu’il n’est pas possible de s’opposer à la contagion d’une autre manière, à l’infection que répandent ces hommes pestiférés et cancéreux. Feu donc sur eux , puisqu’avec des mensonges, des inventions ridicules, des faits fabuleux, et leurs doctrines envenimées, ils ont voulu éteindre le saint Jeu que les Rois catholiques allumèrent, pour consumer tous ceux que l’Eglise déclarait criminels et dignes d’une telle punition. Feu donc sur eux, sur leurs personnes, sur leurs dogmes, sur leurs livres; qu’ils finissent comme ils voulaient 2u’e.issentfini les Espagnols catholiques. Maintenant je vous e manderai, monsieur l’éditeur , qu’est - ce qu’on fera de tan: de productions et delivres, tels que : la Fer tu. à la mode; le Fain et Taureau de Jovellanos ; la traduction de Γ Art d'aimer d'Ovide ; les Prières d'un Galicien ; le Contrat Social de Rousseau ,· V Emile ; le Dictionnaire Critique burlesque , et beaucoup d’autres de la même trempe, qui ont parcouru et parcourent le momie avec tant de succès et tant de profit pour ceux qui les débitent; mais avec tant de scandale pour le christianisme?... Je voudrais savoir aussi quelle sera la destinée de ces comédies du Diable prédicateur ; de la Mort d'Abel; du Père Lucas, ou le Monarchisme évanoui ; du Fénelon, et de toutes les autres, qui, dans ces années de liberté de conscience, ont été représentées sur les théâtre» de cette capitale avec la plus grande fourberie, et malgré les anathèmes foudroyés coulre des semblables représentations? Je ne doute pas que vous serei de la même opinion que moi. Feu, et toujoursf-u. Inquisition et toujours Inquisition. Et celui qui sera Juif, qu'on le brûle. Mais nous de-
’) De quelle tête en delire sera-t-elle «ortie, cette assertion *
LANGUE ESPAGNOLE.
’s7
iisadosateos condenaban à may ores y mas crue le* sacrifie ics à las seladore* de la cava de Dio* t y del Trono de Fernando (t ). Pero aquel gran senor que esta viendo lo de antuno y ogano , y nada se le escapa de quanto atisba disarmo todo el artificio , les echo la casa à cuestas, los cogio en la trampa, y les ha pues to en manos de un catolico Rey , de un virtuoso Fernando, de donde no podran escapar,por que Dios ha elegido à este religioso Principe, para que haciendo gavillas de tan maldita tisana, las abrase, y haga de elles lo que ellos hi- cîeran con nosotros. Fuego en ellos, pue* no deotro modo pue- de cor tarse el contagio, y la in fier ion de los apes tad os y ran- cerados. Fuego en elles, pues con mentiras , calumnias atroces , inventiones ridiculas , con hechos fabulosos y doctrinas envenenadas han querulo apagar el fnego santo que encen- dieron los Reyes cu to li cos , para consumar à quantos la Yglesia declare reos de tal pena. Fuego en ellos, en sus personas, en sus nombres, en sus dogmas, en sus libros, y aca- hen corno querian que acabasen los catolicos Es pan oies. Por esta razon quieropreguntar à Vs ted , senor editor , ; que para- dero deb eran tener tantos librilo* y papeles , verbi gracia: La Virtud al uso; el Pan y Toros de Jovellanos; Àztraducion del Arte de Amar de Ovidio ; os Rogos de un Gallego ;eZ Paçto Social de Rouscan ; el Emilio ; eZDiccionario critico-burlesco, y otros machos de esta catana que ban corrido y corren con tanta aceptacion, utilidad de sus vendedores y escandalo del cristianismo ?... / Que destino tendran las corned ias del Diablo Predicador ; la Muerte de Abel; el Fr. Lucas oMongio deshecho ; el Fénelon, y quantas en estos ano* de libertad de concieneia se han representado en lus teatro* de esta Corte con. el mayor descaro en desprecio de lus anatema* fulmi- nad ou contra taies representaciones? No dudo que Vm. sera de mi opinion . Fuego y mas, fuego. fnquisicion y mas Inqui- sècion, y al que sca judio , que lu quemen. Pero descansemot
(i) De que cabczaendeliri'· babra salido tan desMtvada supojicion?
»58
MERCURE ETRANGER.
Tons nous reposer dans le catholicisme de notre bièù-aimé Ferdinand, lequel nous donnera la récolte toute nette, et à Fabri des moineaux.
Toujours à votre disposition.
Z-e souffleur de la Poêle à frire.
Voilà un échantillon de la littérature en Espagne, et des
A. A-
dique, dont on sou lire In publication ; et c’es^ la Nation qui donna les Cervautes, lesQuevedo, les Mariana, et lantd’aulres écrivains qui se sont illustrés dans toutes les branches des sciences et de la littérature!....
La lecture de cette feuille cause une horreur inexplicable, et on ne pourrait croire , sans le voir et le toucher, 3u’il y eut présentement une nation dans le monde, où on emande du feu, et encore du feu, pour brûler tous ceux qui sont Juifs; c’est-à-dire, tous ceux qui ne pensent comine l’intolérant et atroce rédacteur de Y Λ Calava de la Manche.
LANGUE ESPAGNOLE.
en el catolicismo de nuesiro amado Fernando , que nos dara la parba limpiay libre degorriones.
Queda si empre de Vm.
El Soplador del Freidero.
A A.
Horroriza la leclura de estepapel nopuede créé rte, sino olendolo y palpandolo, que baya una nacion en el mundo donde se clame por Itiego y mas fuegu para que. mar a lus que seatt judius, es Lu es, a todos Los que no piensrn cornu el atroz é intolerante redactor de la Axi- Jaya de la Mane La,
I
LANGUE ANGLAISE.
PLAINTE ADRESSÉE A L’AMOUR,
PAR VK AMANT SEX AO ÉNAIRK j
PIÈCE IMITÉE D’EDMOND WALLER.
« Il wat doubtless a wntcher lower, etc. »
Cl fut Mas doute un malheureux amant Qui dessina tes traits d'un pinceau si tîdcle , Amour! Il U peignit sous lei train d’un enfant :
Qui plus que loi chérit la bagatelle !
En tais le plaindrais-tu que son pinceau léger A décoré ton dos de deux bri liantes ailes;
Si tu ne pouvais voltiger, Serais-tu tant chéri des belles ?
Mille traits acéré» garnissent ton carquois :
Un flambeau brille en tea mains téméraires :
Percer cl brûler à la fois,
Ce sont là tes jeux ordinaires.
Va voile épais mis sur tes yrux
Te fait souvent vaciller sur la route : Tu n’es jamais plus dangereux , Traître, que quand tu n’y vois goutte.
BkulÉ de mille feux, en vain depuis long-temps Je cherche à repousser tes atteintes cruelles.
Ah! quand l’amour visite un coeur de Soixante ans, Devrait-il oublier SCI aile»?

MERCURE ETRANGER, — LANG. ANGL. î6i
Va , crois-nini, désormais tes traits sont superflus i M'attends plus riea d’un vieillard e«cechinae , Qui, se cherchant soi même et ne se trouvant plusy Ne sauTaitdans tou temple immoler de ricti me.
U a amant suranné mérite-t-il tes soins ?
Ne dois-tu pas plutôt rougir de ta victoire ?
Ah! perfide, épargne, du moins, Les écrivains de ton histoire.
de Boukniseaüx , de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Paris,
REVUE DE QUELQUES JOURNAUX LITTERAIRES ANOLALS (1J.
Montjtly Ββγίβη>, — Ce Journal annonce le livre suivant :
Téie Philosophical transactions of the Royal society of London abridged, etc., c’est-à-dire, les Transactions pliilo-
quelles sont jointes des notes. I<e parti qu’a pris l’éditeur de cet abrégé obtient en Angleterre l’applaudissement îles amis des sciences. Plusieurs mémoires sont insérés presque entièrement dans leur forme originale, un petit nombre est réduit, quelques autres sont tout-à-fait omis. Ceux qui avaient été écrits en latin, ont été traduits.
Le dixième volume contient trois des volumes originaux,
1-755, inclusivement, les mémoires de la chimie sont au nombre de quinze, dont quatre par Haies. Trois sont l’ouvrage de Tringle. Il y développe sa doctrine sur la putréfaction. On ne le» regarde plus guère aujourd’hui que comme les ingénieuses productions d’un homme habile. Parmi ces mêmes mémoires sur la chimie, sont classées les expériences
(1) Non» consacrerons désormais quelques pages, par chaque No-
mèro, à des Revues de journuui liliéruircs étrangers.
^2 MERCURE ETRANGER.
de Μ. Hérissant, sur les poisons végétaux que préparent les Indiens du Pérou.
On trouve, dans ce même volume, vingt-quatre essais biographiques. Ceux qui ont rapporta Heberden, Fringle et Russel sont les plue estimables.
Neuf traitent de l’anatomie. Il y en a six écrits par sir Ev. Home, avec dix de phvsiologie, et trois seulement de médecine et de chirurgie presque littéralement transcrits. La seule notice biographique est celle du docteur N. Halme.
« Il est certain, dit en terminant l’auteur de l’article dont nous venons de donner un aperçu, que ces transactions abrégées contiennent une grande quantité de matières importantes·, mais ü\> is sommes portés à croire que le public aurait été satisfait soit d’une réimpression exacte des ouvrages eux-m mes, soit d’un abrégé moins étendu. »
A Report upon the Herculean manuscripts}etc.— Rapport sur les manuscrits d’Herculanum, dans une seconde lettre adressée au prince de Galles ; par le Rev. John Hayter, chapelain ordinaire du prince, et surintendant de ses manuscrits.
Μ. Ha V ter veut prouver que les Napolitains qui l’aidèrent clans ses recherches, firent nreüve de faiblesse, d’ignorance, de jalousie et de fraude. Malheureusement, que ses assertions soient plus Ou pioins fondées, il est Constant que le seul fruit de sa mission se borne aux copies de quai re-vingt-quatone manuscrits peu intéressants, et de plus à quelques masses réduites en charbon qui ne peuvent être d’une grande utilité à la littérature
Outre le récit de cette découverte, et de la méthode de dérouler les manuscrits, ce volume contient quelques dessins représentant le Papyrus en differens étals. Μ. Hayter annonce que le dialecte des fragmens des huit livres d’Êpi- cure est altique. Celui d’un traité sur la colère lui paraît l’être aussi, ou dii moins en approcher beaucoup Le style de ce traité, en général, est très-supérieur au reste. A l’exception d’un poème écrit en latin, les sujets des manuscrit* remis par Μ. Hayter à l’université d’Oxford, sont Biographiques, physiques, philologiques, moraux, ou théologiques. En. différens endroits de ces ouvrages, on trouve de petites citations tirées de poètes dont les ouvrages sont perdus. Une
langue anglaise.
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citation del’Odyssée est extrêmement précieuse parce qu’on y trouve une ressemblance exacte avec les diverses éditions <le ce pocme. ·
<t On peut, conti nue le rédacteur, tirer des lettres de Μ . Hay- ter, quelques autres résultats susceptibles d’intéresser nos lecteurs; mais nous terminons ici cet article, en exprimant le regret qui accompagne toujours nos réflexions sur les trésors présumés d’Herculanum. Pourquoi l’université d’Oxford ne
par exemple. Elle essaierait du moins de satisfaire la curiosité du public, trompée par le Traité de Philodême sur la musique, et le Fragment sur les Dieux? Nous né pouvons ici que répéter cc que nous avions dit à l’occasion de la première lettre : Carbonem pro thesauro invenimus. »
Annual Register. — Character of the people of the, isle o Man ; c’est à-dire, Caractères des habitans de l’îlc de Man, tirés d’une description de cette île; par G. Woods.
Ces habitans sont naturellement indolens et crédules, souvent d’un tempérament mélancolique, et adonnés à la su· ScrâliliOD. Je ne crois pas qu’aucun d’eux se soit distingué ans les arts ou les sciences; mais il n’est pas rare de trouver en eux des vertus. Quelques femmes d’un rang distingué sont assez instruites; plusieurs de celles des classes communes sont civiles et industrieuses Elles sont très-prolifiques après le mariage, et quelquefois avant. Une servante honnête et industrieuse n’est' point déshonorée en devenant mère, quoique, par respect pour la décence, elle perde sa place.
Ce peuple est attaché à ses montagens et à ses vallées, à see anciennes coutumes et à ses loi*. Il se considère comme dépendant de l’Angleterre. La démence n’est pas rare en ce pays-, elle est mélancolique plutôt que violente. Les personnes affligées de ce malheur, ont la permission de vivre en public, a moins que leurs amis ne les retirent chez eux.
Cc9 gens sont d’une disposition charitable·, très-hospitaliers; un de leurs proverbes est: « que quand un pauvre <« homme en secourt un autre, Dieu lui-même est transporté « de joie. » On n’encourage point les mendians, et il est rare
d’en rencontrer. 11
école de charité, et souvent une petite bibliothèque. Elice
I
MERCURE ETRANGER.
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ont été fondées par les évêques Barrow et Wilson, et sont soutenues par des contributions volontaires. Plusieurs d’elles ont des fonds qiy proviennent de legs et de donations.
Dans un pays ou tout ce qui a rapport à la politique est accueilli avec tant d'empressement, on peut penser que les événement de la grande crise dont l’Europe vient de sortir, ont fait naître une foule de brochures, nous n’entreprendrons pas de les faire connaître toutes; ce serait un travail trop long, et q\ii pourrait devenir fastidieux pour nos lecteurs; mais nous croyons devoir en distinguer une qui a paru cette année, et dont le titre est :
Narration uf the most remarkable events, etc. — Récit des événemensles plus remarquables qui onteu lieu dans Leipsick et près de celte ville, immédiatement avant, pendant, et après la suite des combats sanglans entre les armées combinées et l’armée française, du 14 au 19 septembre 1813, orné de cartes militaires retraçant les mouveniens des armées, tiré et traduit de l’allemand, par Frédéric Shoberl, un vol. in-8°.
Cet ouvrage est un de ceux qui font le mieux connaître des événemens dont il importait tant à la France d’etre instruite, et qu’on avait tant soin de nous cacher dans les temps déplorables où nous étions entraînés avec une telle rapidité vers notre ruine, que notre conservation doit paraître quelque chose de miraculeux. L’auteur a eu la sagesse de* sentir que, pour inspirer la confiance, lorsque l’on traitait de pareils sujets, la meilleure, ou plutôt la seule bonne méthode était de raconter les faits avec exactitude, et d’en déduire les conséquences, sans sC livrer à la déclamation. Voici ce qu’il dit de cette effroyable lutte.
« Elle n’eut point d’égale sous le rapport de sa forme, car on combattit dans un cercle qui embrassait plus de quinze ipilles — Elle 11’eut point d’égale, par rapport aux armées prodigieuses qui combattirent, car près (l’un demi-million • de guerriers venus de tous les pays de l’Europe et de l’Asie, de Fcmboiichure du Tage au Mont* Caucase, se trouvèrent opposés lîs uns aux autres, avec près de deux mille pièces de
LANGUE ANGLAISE. 2G5
èanon. — Elle n’eut point d’égale par rapport à sa duree, qu i fut pres de cent heures. — Elle n’eut point d’égale par rapport au plan combiné, et si prudemment exécuté par les alliés j il fut caractérisé par un ensemble, par une unité dont on n’aurait jamais cru susceptible une niasse gigantesque, composée de tant de diverses parties. — Elle n’eut point d’égale, per rapport à scs conséquences que le temps seul pourra développer, efdont les premiers ont été l’anéantissement de la confédération du Kliin , celui du système continental, et la délivrance de l’Allemagne. — Enfin, elle n’eut point d’égale, sous le rapport d· s particularités extraordinaires dont elle fut accompagnée, et dont la plus remarquable, est que la plupart des allies de la grande année, qui avaient combattu dans tant de circonstances sous les bannières de la France avec une valeur et une obstination remarquable, semblèrent, au milieu de l’action, comme frappés d’une commotion électrique, passèrent par troupes considérables, avec leur artillerie , et tambours battans du côté des ennemis, et tournèrent immédiatement leurs armes contre ceux qui, naguère , étaient leurs compagnons. »
Nous avons d’autant moins hésité à transcrire ce passage, que s’il prouve dans quels dangers l’ambition sans bornes Cl l’irréflexion d’un seul homme avaient plongé la France, il fait également sentir coinlyen il fallait de courage, de consta n ce, d’efforts presque surhumains aux guerriers de la France, pour acquérir tant de gloire dans une lutte si disproportionnée. Un autre motif que nous croyons également bon, nous porte à traduire un passage d’un autre genre, c’cst celui où un vénérable gentilhomme .Saxo.i, le comte Schoenfeld rend compte des ravages qui furent exercés dans ses tçrrcs,
« Les batailles à jamme célèbres, qui sr livrèrent du 16 an 19 octobre , commencèrent exactement sur et entre mes deux terres de Stoernilhal et de Liebcrtwolkwiiz. Tout ce que le3 impôts oppressifs, les contributions, le s< jour ella rapacité de Buonaparte avaient épargne , devint, dans ces effroyables jours, la prbie des flammes, ou fut pillé. Quiconque sauva ses jours et les habits qu’il uva it sur le corps, put se vanter de son heureuse destinée, car beaucapp de ceux qui, le coeur déchiré, furent obligés de (Quitter Leurs maisons en flamme.«, perdirent aussi tout ce qui les couvrait. Du produit d’une Turn, TT T. — 18 VL 19
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MERCURE ETRANGER.
moisson assez abondante, il n’eat pas resté un grain pour semer ; le peu qui se trouvait dans les granges fut consommé au bivouac, ou le lendemain matin brûlé en riant, malgré les prières et les réclamations des propriétaires. On ne trouve maintenant ni un cheval, ni une vacne, ni un mouton; ou pour mieux dire, plusieurs races d’animaux semblent être entièrement exterminées en Saxe. J’ai perd» on troupeau de deux mille moutons espagnols, du bétail suisse et tyrolien, tous mes chevaux,chariots et ustensiles. 11 ne me reste ni un miroir, ni un pan de croisée, ni une chaise* Les parquets même de mes chambres ont été détruits. Ma vaisselle d’argent, mon linge et des papiers importans Ont été enlevés ou détruits. La même calamité a frappé mes pauvres fermiers dont les malheurs me font presque oublier les miens. Tout est désolation i 9 · » i . · _ _ t _ J _ 1.
de misères, si Dieu ne juge à propos de le faire, par le moyen de ces personnes généreuses auxquelles je suis forcé de m’adresser , ne pouvant aider inoi-méme ceux qui ont tant souffert. »
Quand on lit de semblables détails, quand on songe à tout ce qu’ils ne font qu’indiquer de souffrances et de fléaux de toute espèce, il faut avouer que la gloire des conquérons, cette gloire si lâchement exaltée par des écrivains mercenaires n’inspire plus que l’horreur. Quand on félicita LouisX V sur la victoire de Fontenoi, ce prince, dont l’àme était douce et humaine répondit : « Oui, la victoire a des charmes , mais il y a le lendemain la visite de l’hôpital. » On pourrait ajouter : et la visite des contrées dévastées. Grâce au ciel et aux plus terribles expériences, nous semblons en fin arrivés à cette époque heureuse ou les nations et leurs chefs ne regardent plus comme légitime que la guerre entreprise pour la défense de la patrie, ruissent ces idées généreuses se propager de plus en plus ! L’Europe, depuis si long-temps ensanglantée, pourra se livrer alors à la culture des sciences, dea lettres et des arts, et dire, comme l’Aménaïde de Voltaire :
Mod bonheur est an comble ; hélas ! il m*est bien dû.
11 semblerait qu'à de Ârlaincs époques, on ne peut sortir d’un certain cercle d’idées. Résolus de ne plus entretenir nos lecteurs de malheurs réels, et de mettre sous leurs yeux quel-
LANGUE ANGLAISE.
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Sire composition purement littéraire, nous coqs occupions ’un poëme de lord Byronf non moins bien fait pour capti - ter leur attention et la nôtre; mais voici que le titre de ce boeme nous prépare à entendre parlée encore de rapines et d’injiastices.
En effet, il est intitulé le Corsaire. Dans plusieurs de ses productions poétiques, et spécialement dans le pèlerinage du jeune Hardie (ChMe Harold’s pilgrimage), outrage du reste fort estimé, et fort (ligne de l’être, lord Byron paraît déterminé à voir les hommes et les événemens sous un aspect passablement sombre Sa fiction nouvelle porte aussi ce ea* ractère : nous allons Fin: tiquer en peu de mots.
Conrad est, comme nous venons de le dire, un corsaire, mais il ne laisse pas d’avoir dans les «entimens une certaine élévation. Il est d’ailleurs susceptible d’affection , d’amour meme, ce qui annonce un brigand dont il ne faut pas tout-à- fait désespérer. La belle Médora lui a inspiré un amour qu’elle partage. Cependant, comme il faut que chacun suive sa vocation; tout amoureux qu’il est, Conrad abandonne sa belle pour aller tenter de nouveau la fortune sur la Méditerranée, théâtre habituel de ses exploite. Tandis que Mé- dora se livre à des regrets que le talent du poète rend fort touchant, Conrad, après lui avoir fait les adieux les plus tendres, court attaquer Seyd, pad)a de Coron , et l’un de ses plus grands ennemis. Seyd se livrait aux plaisirs, et donnait .dans son palais, une fête magnifique, lorsque le corsaire annonce sa venue en mettant le feu à la ville. Cependant, par suite de cette affection pour les femmes, qui est un de ses traits caractéristiques, dès qu’il voit que le harem du pacha feat embrasé, il se précipite au milieu des flammes, et sauve G ulnare, esclave favorite de Seyd. Celui-ci qui a rassemblé »es forces, attaque son généreux, mais peut-être imprudent Adversaire, et Conrad, après avoir perdu presque tous ses gens, est fait prisonnier, chargé de fers, et-jeté dans un cachot. Il n’attend plus que l’arrêt de son supplice.
Cesévénemens ont rempli deux chants. Au commencement du troisième, lord Byron montre d’abord à ses lecteur^ les restes des compagnons du corsaire, allant apprendre à Médora le désastre dans lequel il est'tombé. Ensuite nous ▼oyons la reconnaissante Gulnare implorer, en faveur de
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MERCURE ETRANGER.
Conrad, la clémence du pacha. Ses prières ne produisent d’autre effet que d’exciter le jalousie de cet homme. Il accable sa maîtresse de reproches, et la menace de sa vengeance. Gulnare connaît, sans doute, qu’il est capable de se porter à tousles excès, car elle prend aussitôt un parti très-violent. Elle va trouver Conrad, un poignard à la main, et l’excite à le plonger dans le sein du pacha endormi. Conrad a horreur du rôle d’assassin > et presse Gulnare de l’abandonner à son malheureux sort ; mais sa résolution est trop bien formée pour qu’elle en change. Elle se décide à frapper elle-même le pacha ; puis elle parvient à s’échapper avec Conrad.
On voit que si lord Byron aime à tracer des portraits d’hommes assez séduisans, il en agit quelquefois de même à l’égard des femmes; du moins , quant à ce qui concerne le caractère. Son dénouement est remarquable par sa singularité. La nouvelle de la captivité du Corsaire avait déjà causé la mort de Médora, et le poète dédaigne de noue dire ce que deviennent Conrad et Gulnare.
Tout en souscrivant aux louanges que ses compatriotes donnent à son talent, il nous est impossible de ne pas trouver Ce dénouement doublemeut défectueux ; d’abord parce que l’action n’est pas terminée, ensuite pnree que cette incertitude sur le sort des personnages laisse à penser que Gulnare a fort bien pu ne pas ctre punie, il semble que, dans la fable conçue par le poète, il y avait une manière toute naturelle de dénouer cette action dramatique. Médora n’aurait f>oint succombé à sa douleur , le retour de son cher Conrad ui aurait sauvé la vie; et celui-ci faisant de sages réflexions sur tant d’inconvéniens attachés à sa profession, se serait déterminé à passer le reste de ses jours près de Médora. Cette métamorphose d’un Corsaire en honnête homme peut n’étre pas dans l’ordre des choses ordinaires; mais elle n’est pas impossible , et c’en est assez surtout pour un poème. Quant à Gulnare, témoin du bonheur des deux époux, elle aurait trouvé la juste punition du meurtre qu’elle avait commis d’abord dans les tourmens delà jalousie , ensuite dans une mort funeste j car il est à eroine qu’une femme susceptible de passions si violentes, aurait fort bien pu se percer au même poignard dont elle n’avait pas craint de percer le coeur de son maître et son époux.
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LANGUE ALLEMANDE.
TRADUCTION DE DEUX ODES DE SCHILDER.
Les deux pièces de l’immortel et sublime Schiller, dont je donne ici la traduction libre, jouissent dans le monde littéraire de toutes les nations européennes de la plus grande célébrité. Le choix que j’ai fait de ces deux pièces pour payer un premier tribu th une entreprise utile aux lettres, pourrait, sous le rapport moral pour l’une, et sous le rapport politique pour l’autre, être l’objet de quelques observations auxquelles je m’empresse de Te'pondre d’avance. Je n’ai pu me dissimuler que la pièce intitulée la Résignation t présentait sous la forme séduisante de la plus belle poésie , une doctrine funeste, mais heureusement non moins insensée, et que le coeur et la raison réprouvent également. Cette considération était de nature a me faire hésiter; mais d’un autre côté , les principes éternels que la conscience et la vérité proclament sont si universellement répandus, et si irrévocablement reconnus; l’empire de ces principes consolans et salutaires est si général et si naturel, que mes premiers scrupules m’ont parti ensuite pusillanimes et peu fondés. Schiller lui-même, dans une foule de productions, a réparé le tort de quelques écarts d’imagination dont sa jeunesse s’était rendue coupable, eu ornant de l’expression d’une poésie sublime, une morale édifiante et religieuse.
Le poème de la Résignation tient, parmi les productions de Schiller, un rang éminemment distingué par lit- pensée, l’imagination, le style, et par le mérite de ht
MERCURE ETRANGER.
s;o
versification la plus pat faite et du rhyihme le plus hsr< monieux. J’ai essayé d’en donner une traduction libre , qui, par la nature de ce travail, et h mesure de mon faible talent , ne peut qu’être extrêmement imparfaite. Je le répèle, ce morceau de poésie jouit d’une réputation universelle. Il a été traduit dans presque toutes les langues , il est répété chez tous les peuples, non seulement de l’Europe, mais d’un autre hémisphère, dont la culture intellectuelle fait tous les jours de nouveaux progrès : j’ai éprouvé une certaine honte patriotique de ce qu’un pareil morceau fût tout-à-fait inconnu parmi nous; et mettant toute autre considération de côté, j’ai dû faire une tentative qui peut-être sera répétée aveç plus de succès par une main plus habile.
Quant k la seconde pièce, dont je donne la traduction, elle nécessite une explication d’un autre genre: on trouvera, sans doute, des injustices marquantes dans les sentimens qu’exprime l’auteur ; on blâmera la rigueur avec laquelle il juge une illustre nation, judis notre rivale, et dont les intentions généreuses pour le repos du monde se sont montrées d’une maniere si éclatante, et sans doute h l’avenir, se montreront encore davantage; la rigueur non moins dépourvue de fondement avec laquelle il semble confondre le noble et véritable caractère national do Français avec l’in- I'uslicc de l’aggression dontson propre pays semblait alors être ’objet, rigueur qui doit paraître d’autant plus étrange, que c’est dans le moment où nos armées étaient conduites h d ’immortelles et légitimes victoires par le noble et modeste vain- 3neur de Hohenlinden, que Schiller, entrevoyant les maux ont sa patrie allait être la victime, exprima sa dotile irr patriotique. Ce fut pour lui te chant du cygne; car il mourut dans la force de son âge , celte même année , qui ouvrit le siècle dont il déplorait ainsi les sanglans auspices. Mais la cause même , qui rendait le digne chantre de l’indépendance de la Germanie injuste appréciateur des véritables senliniens des deux grandes nations entre lesquelles, riuftuencc du monde semblait alors se balancer, doit expli-.
X
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Slier et justifier cette exagération poétique du patriotisme, ’ai pensé qu’il régnait dans cette pièce de Schiller non moins célèbre que la Résignation 9 et comme elle, ornée des richesses de la versification la plus harmonieuse, lé sentimeot d’une tristesse profonde, et d’une philantropie d’un genre dont il serait assez difficile de trouver la ressemblance chez les anciens ou les modernes5 j’y ai vu d’ailleurs un monument à-lafois littéraire et politique, qu’il me paraissait intéressant de consacrer parmi nous. Pourquoi Schiller n’a-1·il pas vécu assez long temps, pour être témoin de l’époque où les idées de repos, de bonheur et de justice, cessent d’ètre du seul domaine de l’imagination ?
On sait assez généralement en France, qu’il a fait des pièces dramatiques qui, sans être des modèles de goût et de régularité, sont marquées an coin du génie, et brillent de ses plus vives étincelles ; qu’il tient, comme historien philosophe, un rang distingué dans la littérature. Mais ce qu’on ne sait ras assez, c’est que, dans un reeneil de poésies lyriques. il semble avoir épuisé toutes les ressources- pathétiques et sublimes du sentiment, de l’imagination et de l’harmonie, et c’est sous ce rapport, qu’il importerait de le mieux faire connaître. Dans un moment où le bienfait de la paix fait tomber les barrières qui séparaient les peuples les uns des autres, lorsqu’une femme oui n’a pas moins prouvé la pénétration de soq génie, que h rélévation de son talent,fait connaître avec une profondeur admirable les vraies beautés delà littérature allemande dans un ouvrage qu’il sera plus facile de critiquer superficiellement que d’appréder eu l’étudiant ; j’ai pense que la traduction de deux morceaux célèbres du premier poète de l’AI- lei» ago«, serait lue avec quelque intérêt par les amis des lettres , que je pourrai compter sur leur at tea lieu et surtout sur leur indulgence.
MERCURE ETRANGER.
LA RESIGNATION.
«Et mofaussi jenaquisen Arcadie » ! La nature, lorsque je quittai le berceau, me fit du bonheur la promesse solennelle!· Je naquis en Arcadie! mais un printemps fugitif ne »’apporta que des larmes.
Le rapide mai de la vie brille une fois et sans retour, en peu d’instans, il s’est flétri pour moi. Le Dieu silencieux du temps, versez, amis, des larmes de compassion, ce Dieu silencieux, baisse déjà von magique ILuubeau, l’apparition fuit.
Seul, interdit, me voilà donc devant ton redoutable et sombre pont, incompréhensible éternité ! Je rends en ta pré·» scuce la promesse fallacieuse de bonheur que le destin rae donna; je la rends telle qu’on me la donna jadis, et la joie- m’est inconnue.
C’est devant ton trône, que j’élève ma complainte, mvt- té rie use et céleste rémunératrice ! Une douce crovance s’est répandue sur notre étoile ici bas ; là haut, dit-on f tu-es.assiso tenant en main la balance de la justice et du châtiment, le glaive inexorable.
La, dit-on , de noires terreurs attendent le méchant, des. joies célestes deviennent h part du juste. Là . tu sais découvrir les replis les plus cachés du coeur , résoudre les problèmes imposans de la Providence et de l’éternité, et tenir à l’infortune compte de ses souffrances,
La, dit-on,le proscrit retrouve les douceurs du lieu natal x et là se trouve le tenue du sentier épineux de U vertu. Avec, le nom d’un être céleste que l’on me désigna sous le no» de vérité, que le grand nombre fuyait, qui ne recevait l’hom^
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mage que de quelques-uns, fut retenu de ma vie orageuse le frein trop rapide à s’échapper.
Dans une autre et suprême existence, de tes oeuvres tu trouveras le salaire, me dit une voix inconnue; mais ta jeunesse m’appartient ici-bas, ton salut dépend de ta passive obéissance; j'acceptai, résigné, la promesse de la rémunération à venir, et sans murmure, de mes félicités je consom?· piai le sacrifice.
« Donne-moi l’épouse si chère à ton coeur, Laura, la moi- * lié de toi-même; au-delà du tombeau, tes douleurs te rap- « porteront avec usure. » Je l’arrachai, saignante, de mon âme déchirée; mon coeur se brisa, elle me fut enlevée, et le cruel arrêt s’accomplit pour toujours.
C'est de l’empire des morts que tu dois donc attendre tes tardives compensations, répétaient d'oulrageans railleurs groupés autour de moi. Promesses mensongères , espérances fallacieuses*; brillantes illusions, pour des vérités consolantes. Toi-même, lu ne seras plus quand le prestige sera évanoui soudain. '
J’entendais ainsi les serpens de l’impiété exhaler leur venin en blasphèmes sacrilèges : « Quelle frayeur et quel espoir te causent, osait-elle dire, ces prestiges consacrés par le seul néant? Que peuvent ces créations fabuleuses, appuis in- tuffîsans appelés au secours d’un monde débile, créés par l’i- tnagination des hommes pour souLager leur désespoir ! »
« Quel est cet avenir couvert par des tombeaux? cette Μ éternité dont tu parles avec emphase, imposante par le « voile dont elle est enveloppée? Ombre gigantesque enfan- μ tée par nos propres frayeurs dans le miroir effrayant do Μ notre conscience timorée ?
MERCURE ETRANGER.
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« L’tmàoi mensongère de formes jadis virantes, la momie « pétrifiée du temps, retenue en imagination dans les froids u déserts du tombeau parle baume puissant de l’espérance, « n’est-ce pas là peut-être l’immortalité dont ta confiance ente trevoit les régions lointaine», à travers les miaèree rétré- « ciea de U réalité ?
« Pour des espérances démenties journellement par les « coups de l’anéantissement universel, tu donnas des bien» a certains et légitimas. Six mille ans, la mort a gardé le si- « lence ; quelle ombre consolatrice sortit du tombeau pour u annoncer les jugement de ton augu&te remunoratrioe? a
Incorruptible cependant dans ma çroyanoe, je vis, ô in- pénétrable avenir, le temps et la nature dans son éclat s’enfuir vers tes rivages mystérieux. Abandonné par elle, je restai seul, pareil à un cadavre flétri *, en vain, je fis retentir ma voix vers l’empire des ombres; inébranlable, je restai appuyé sur le serment céleste, et j’attendais la délivrance.
De mon bonheur, je t’ai sans partage consommé le sacrifice, m’écriai-je enfin, en me précipitant devant le trône de la justice éternelle. Avec le dédain courageux de la foi, je repoussai toujours les outrages d’une foule impie. Éternelle rémunératrice, tes biens seuls me parurent dignes d’amour, donne, donne enfin le prix de ma constance,
« D’une égale amour, j'aime tous mes enfans, s’écria sou»· « dain la voix d’un génie invisible. Deux fleurs, continua-
<
t-elle, entende«-le, enfans des hommes; deux fleurs sont
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épanouies pour cedi qui les cultivent avec sagesse; elles • s’appellent espoir et jouissance. Gelui qui sut cueillir Fane, « qu’il eesee aussitôt de prétendre λ l’autre: Jouisse quiconque « ne peut croirv? le précepte est éternel comme le monde.
LANGUE ALLEMANDE. 27S
« Qu’il se prive de jOuip le mortel a··« heure un pour croire V. rUistoire du genre humain est son jugement irrécusable.
« Tu as espéré, ton destin fortuné déjà t’échut en partage, « et ta croyance même fut ton secours consolateur, tu pou- « vais le demander à tes sages, et savoir que ce que le tempa « arrache peadan ides minutes J’étemité ne sa lirait le rendre. »
A L’ENTRÉE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE;
iriTRI A VN ÀMI(
Noni* ami> où s’ouvre à 1a paix» où s’ouvre à la liberté» pn lieu de refuge? Un siècle vient de s’écouler an sein de* tempêtes, un autre commence avec le carnage.
Hélas ! les liens dea peuples sont rompus, et les anciennes farines s’écroulent; ni le vaste Ocean. ni le dieu du Nil, ni le vieux Rhin, n’arrêtent plus les fureurs de la guerre. Deux Puissantes nations luttent l’une avec l’autre pour posséder empire du monde; pour subjuguer les contrées les plus lointaines, elles font briller dans leurs mains l’éçlair et le trident.
Ix faut que, par chaque région, le tribut de l*Or devienne leur partage ; et comme Brennus, dans les temps à demi-bar- b,nree» l’on voit encore le Franc inexorable mettre son épée d’airain dam la balance de la justice.
Insatiable, avide, le Breton étend au loin ses flottes m- Ntombrables comme des hraa de Polypes, et prétend fermer comme sa propre demeure l’empire inviolable d’Amphy- trite.
Yxas les côtes inconnues du pôle méridional» se dirige
MERCURE ETRANGER.
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incessamment sa course infinie, sans bornes, sans terme, sans entraves ! Quelles régions lointaines, quelles immenses contrées qu’il ne sut découvrir! il n’en est point, si ce n’est encore le paradis.....
L’immensité du monde s’étend devant ses regards j le génie de la navigation mesure à peine ses plages tributaires! et dans ces espaces incommensurables, il n’est point de place pour dix heureux.....
***** %*K\A****A ******
II est donc vrai, des tristes régions de la réalité, le bonheur fuît vers les plaines vagues et heureuses de l’imagination ! Le repos, la liberté ne se trouvent plus que dans les songes, et le beau moral ne peut briller que dans les chants·
Μ..... B...
• Élégie sur la mort d'une jeune fille de campagne. (1)
Do haut de la tour couverte de mousse, la cloche fait entendre scs tinte men s sourds et lugubres. Les pères, les mères, lesenfans, les jeunes mariées versent des larmes, et le fosso veur creuse tristement une tombe. Enveloppée d’un drap mortuaire, une couronne de fleurs sur sa blonde chevelure, Rose sommeille, Rose qui était la joie de sa mère, l’orgueil et l’ornement du village.
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Ses compagnes chéries, pénétrées d’une vive douleur, ne songent plus aux danses ni à leurs jeux folâtres : elles restent
(1) Celt« élégie charmant« et pleine Je douceur, est de Hoelty. Le
mètre doutk poète alkmaod a fuit usage est le trochée. Ce retour con*
linu d’une longue et d’une brève produit une harmonie sourde et lugubre
qu’il serait difficile de conserver dans une traduction quelconque.
J’ai suivi le plus fidèlement que j’ai pu l’ordre des idées et b marche
des vers.
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langue allemande. 277
immobiles auprès du cercueil ; et, les yeux mouillés de pleurs, tressent pour leur tendre amie, une couronne de cyprès. Hélas aucune jeune fille ne fut plus digne de larmes que loi , ô fille aimable et vertueuse ! et dans le ciel, il n’existe pas une «ime plus pure que celle de Rose.
On l’eût prise pour un ange, lorsque, clans son habit de bergère, elle était assise devant la porte de son humble cabane. Les fleurs de la prairie lui servaient de bijoux, et un bouquet de violettes faisait la parure de son sein : l’aile caressante du zéphir était son éventail ; et, au matin, elle cueillait dans le bocage ses plus beaux ornemens. Cette source argentée lui tenait lieu de miroir, et l’onde fraîche de ce ruisseau était le fard dont elle colorait son visage.
La modestie se répandait comme la douce clarté de la lune sur ses joues Yermeilleset dans ses regards; jamais, non jamais l’ange de l’innocence n’abandonna cette fille charmante. Les yeux des jeunes garçons du village se portaient, ivres d’a- înour, vers les appas de l’aimable bergère : mais aucun autre que son fidèle amant ne put jamais émouvoir sou coeur.
Aucun autre que son cher Guillaume! la fête du printemps appelait ce couple vertueux dans le bois de hêtres; là, sous le vert feuillage que pénétrait l’azur des cieux, ils dansaient en se tenant parla main. Lorsque la moisson arrivait, Rose donnait à Guillaume des noeuds de rubans pour orner son chapeau de moissonneur, Elle s’asseyait auprès de lui sur une gerbe, et par un doux sourire, elle l’encourageait au travail.
Elle liait en gerbe les épis que Guillaume faisait tomber sous la faucille, et en même temps, elle jetait sur son amant, des regards passionnés. Leurs occupations cessaient, lorsque la fraîcheur se faisait sentir, et que le soleil du couchant commençait à dorer les pâles nuages. Guillaume n’avait ricu
57a MERCÜRE ËTRAtiGEh —tANÖ. Alie«.
au monde de plus cher que Ròse; elle était pendant le jouf, l’unique objet de ses pensées, et pendant la uüît, Pu niqué objet de ses songes Lesesprits célestes ne s’aiment pas plul que ne sUhnaient fìnse et son fidèle Guillaume.
Guillaume ! infortuné Guillaume! les sons de lâ cloché funèbre se font entendre, et les chants lugubres commencent ! couvert de crêpes, le triste cortège s'avance avec leu· teur et la guirlande de cyprès flotte au uré des vents Guillaume se traînelanguissammentavec son livre de cantiques au bord de la fosse; il essuie, avec le linceul blanc, les larmes qu’il répand en abondance.
Repose doucement, Ame innocente et pieuse, jusqu’au moment où le sommeil de la mort disparaîtra pour jamais. Sensible Philomèle! gémis au déclin du jour sur son tombeau, et chante un air triste et douloureux. Et vous, zéphires du soir, soupires mélodieusement comme la lyre, a travers leu /leurs qui oroissent sur sa tombe; et puissent deux tendres tourterelles A faire leur nid sur le tille tu du cimetière !
GfujiomT de la Gonge.
i
VARIÉTÉS.
LE PLUS ORAND QUADRUPEDS DU MONDE.
Drnns long-temps l’attention du monde savant est eicitét, paT ces restes fossiles d’animaux d’une espèce inconnue, qu’on t trouvés à plusieurs reprises en differens endroits, mais principalement dans l’Araerique septentrionale, et en Sibérie.
I^a première découverte de ce genre, dont on ait un témoignage authentique eut lieu à New-York en 170ό. Comme on trouva successivement des os fossiles, en d’autres endroits, on crut qu’ils appartenaient à desgéans, à des éléphans, ou à des hippopotames; mais en Russie et en Amérique, ils fu-* rent désignes par le nom d’ossemens ou dents de mammoth.
Ces dents et ces ossem eu s mutilés, épars, et sans cohérence, il était très-difficile de deviner la classe des animaux auxquels ils appartenaient; mais à la fin du dernier siècle, on a obtenu deux squelettes complets: Vun se trouve conservé au Musée de Philadelphie, et l’autre, dont je vais rendre compte, je l’ai vu à Londres en i8o3, chee son propriétaire, Μ. Rembrandt Peate, qui le faisait voir au public, et qui me dit qu’il le porterait dans toutes les capitales de l’Europe.
Ce squelette colossal avait été trouvé k New-Yorl ou 1799, il y en manquait d’abord plusieurs parties, ce qui fit répéter les recherches dans le même endroit; et l’on parvint enfin à compléter l’animal en 1801. Dans ces recherches, on découvrit ausai les ossemens qui composent le squelette qui est conservé à Philadelphie.
Cet animal est décidément carnivore ; et à le considérer pai; sa grande masse, on peut dire, que de même que l’éléphant est à la tête des frugivores, le mammoth est le premier dads l’échelle des carnivores.
Le mammoth a deux défenses énormes connue l’éléphant, mais d’une oontexture un peu différente, et retournées en spirale. On a cru devoir les placer comme celles de Télé-
MERCURE ETRANGER.
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pliantj la pointe dirigée en hautj ruais bien des personne.·» pensent qu'on devrait les diriger Vers là terre.
La forme des dents et des mandibules, indique absolument que c’était un «mimai carnivore, extrêmement différent de celui dont le squelette est conservé au cabinet royal d’Ilis- toire Naturelle à Madrid. Ses pieds ont quelque analogie avec ceux du Rhinocéros 11 a dix-neuf paires de côtes, lesquelles sont arquées, et non plates comme celle de l’éléphant.
Les Indiens de l’Amérique septentrionale conservent une tradition très-antique, qui confirme l’existence et l’extirpation de cette espèce d’animaux. Elle mérite d’etre rapportée par sa singularité. Voici ce qu’elle contient;
« 11 y a déjà dix mille lunes, que cette terre occidentale « était entièrement couverte de forêts épaisses. Long - temps « auparavant, des hommes pâles qui commandaient le ton- « nerre et la foudre, se jetèrent sur les ailes du vent pour deli truire ce jardin de la nature. A celle époque, où des bandes -« de bêtes féroces, et des hommesaussi libres qu’elles, étaient a les seuls maîtres du pays, il existait une race d’animaux « grands connue un. précipice affreux, cru<*l$ connue des « panthères sanglantes, légers comme l’aigle qui se préci- « pile, et terribles comme l’ange de La nuit. Les chênes oraci quaient sous leurs pieds, et le lac diminuait quand ils vc* « naient y éteindre leur soif. C’était en vain qu’on tirait contre . « eux le fort javelot j la flèche aiguë était également inutile. « Les forêts étaient dévastées et réduites par ces animaux, en n farine : on entendait de tous côtés les gêmissemens des ani- -« maux etpirans, et des contrées entières habitées par des « hommes, étaient détruites dans un moment.
« Les clameurs qu’excitait cette désolation , s’étendant de <c tous côtés jusque dans la région de la paix qui est à l’oüest, « l’Esprit bon s’interposa pour sauver les malheureux ; un « éclair fourchu brilla, et un très-grand co<<p de tonnerre » ébranla le globe f Les feux du ciel furent lancés seulement « contre les cruels destructeurs, et les echos des montagnes i< retentirent des mug-ssemens de la mort.
« Tous furent tues, excepté un mâle, le plus feroce de la « race, contre lequel les traits du ciel frappaient en vain. « Inanimai monta sur le sommet le plus bleu, d’où sort la
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VARIEÉTS. aÖj
« Source du Monangvhilti , et par scs terribles rugisse· « mens, il bravait toute vengeance. La foudre rouge cassa tf un très-haut chêne, et lança contre lui les éclats de cet « arbre; mais à peine effleurèrent ils la peau du monstre en· » ragé. A la fin, la fureur le rendit fou ; il fit un grand saut « par-dessus les vagues de l’ouest, et il règne actuellement « monarque absolu du deaeri; il règne malgré la toule-puis- « sance divine (1). »
Il paraît qu’anciennemcnt, il exista en Amérique, peut- être en même temps, quatre genres d'animaux d'une grandeur énorme, et d'une nature très-différente, ou même opposée : i °, le mammoth, qui est carnivore ; — 2°. un animal frugivore, très-différent de l’éléphant, et plus grand que lui ; — 3®. un grand taureau indien ; — et 4°. un animal paisible, tel qu’on le voit par lee restes trouvés en Virginie, et par le magnifique squelette découvert dans l’Amérique méridionale , et qui se trouve dans le cabinet rojal d’Histoire Naturelle à Madrid.
Quoique, à la rigueur, il fût possible que ces genres d’animaux existassent encore dans les contrées jusqu’à présent inaccessibles à nos recherches au centre de l’Afrique, aux pôles, ou au fond de l’océan, cependant tout porte à croire par d’autres considérations, que ce sont des genres ou des espèces perdues ; mais dans ce cas aussi, quelle foule de conséquences présente ce problème !
Je crois que Strahlenbérga dit, que le nom russe marn- moth, est une corruption de memo/A; lequel nom sort de l’arabe inehemot, qui ala même signification que le behemat de Job, dans l’Ecriture-Sainte; et il paraît qu’on l’a appliqué à tous les animaux d’une grandeur extraordinaire.
Les dimensions de ce squelette rapportées dans une description donnée par le propriétaire, en mesures angla ises sont les suivantes ;
Hauteur sur l’épaule, 11 pieds. — Hauteur jusque sur hanches, 9 p. — Longueur de la barbe jusqu’à la croupe, 15p.— Longueur de la pointe des défenses jusqu’au bout de la queue, en suivant la courbe , 31 p. — la. en ligue
(1) Quelle allégorie !
Tom. Ill, — 1814.
282 MERCURE ETRANGER. — VARIETES.
droite, 20 p. — Diamètre du corps, 5p. 8p. —Longueur de la mandibule inférieure, 2 p. 1 o. p. — Le poids de la même, 63 livres et demie. — Longueur de la tête, 3 p. 2p. — Longueur du fémur, 3 p. 7p.—Sa plus pet. circonfér., 1 p. 6 p.— Longueur du tibia, 2 p. — Longueur de Phumerus, 2 p. 10 p.— Sa plus grande circonférence , 3p. 2p. et demi. — La plus petite, ip. 5p.—Longueur du radius, 2p. 5p. et demi.— Circonférence du coude, 3p 8 p. — Longueur du scapula }
3
p. 1 p. — Longueur de la pl us grande vertèbre du dos, 2 p.· 3p. — La còte la plus longue, hors le cartilage, 4p. 7 p.— Longueur de la première côte, 2p. — Longueur de l’os de la poitrine ,4p. — Longueur des défenses, 10p. 7 p. — Circonférence d’une dent, 1 p. 6p. et demi. — Poids de la même,
4
livres dix onces. — Poids total du squelette, plus de mille livres.
Le Ch. B.
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ANGLETERRE. .
Μ. le major Ouscley, qui, par ses utiles travaux , et d’immenses sacrifices pécuniaires s’est acquis une juste célébrité parmi les orientalistes d’Angleterre, méditait depuis longtemps le projet de parcourir plusieurs contrées de l’Asie. La nomination de sir Gore Ouscley , son frère, à l’ambassade de Perse, lui a procuré l’occasion de réaliseç ce louable projet. Ces deux freies qui se sont rendus également recommandables dans leurs carrières respectives, partirent de Londres au mois de juillet 1810. Ils visitèrent Madeire, Rio de Janeiro, Ccylan, Cotchin et Bombay; en suivant la roule du célèbre capitaine d’Alexandre, Near que, qui a aussi remonté le golfe Persique, nos voyageurs abordèrent à Aboucheher au mois de mars 1811.Delà,ils se rendirent à Cliyràz, où la légation séjourna plusieurs mois. Μ. le major Ouscley profila de cette circonstance pour satisfaire un désir bien naturel à un savant qui s’est occupé comme lui de l’ancienne histoire de Perse (1). 11 alla visiter les vénérables et imposantes ruines de Persepolis, que les Orientaux nomment Tctehet-Mìrtàr ( les quarante colonnes), il sc rendit ensuite à Ispahan, examinant avec une attention toute particulière, les places remarquables situées sur la route qu’il parcourait, et dont il s’est plus d’une fois écarté, par des motifs que l’on conçoit aisément. Les observations qu’il a recueillies pendant un sé-
(l) On d )it à Μ· le major Ouscley la publication du texte et une traduction anglaise du Djèhdn-àrd, Abrégé du l'ancienne histoire de Perse. Londres , 1809. Cette traduction et les notes qui l'accompagnent n’étaient que des études pour le grand ouvrage dont il est fait mention à la fin de cette notice. Μ. Ouscley a aussi inséré des notes fort curieuses relatives à l’histoire cl à la littérature des anciens fer so os dans ses Oriental Collections.
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MERCURE ETRANGER.
jour de plusieurs mois dans l’ancienne capitale des Sofys, ne seront pas moins intéressantes pour le philosophe qui médite sur la chute des empires, que pour le philologue, qui met trop souvent les mots à la place (les choses. Arrivé à Thehrân , capitale actuelle de la Perse, Μ. Ouseley quitta la légation fiour faire une excursion extrêmement intéressante le long de a mer Caspienne. 11 a traversé en différons sens le Mazendé- rân, le TabaristAn (l’IIyrcaïue des anciens', en suivant la route de Feyrouz-Kouh et de Damavend; il visita les villes de Jàry, d’Achref, de Balfrouch, d’Aniol, etc. il se trouvait dans l’été de 1812a Tebryz, que nous nommons improprement Tauriz j mais ayant été chargé de porter à S. A. R. le prince régent des lettres et des présens de Fath Aky-Chàtb, empereur de Perse , il partit de Tauriz au mois de juillet 1812, pour se rendre en Angleterre, en traversant l’Armcnie par Nalbdjcvân, Eryvân, Erzeroum, K arc, Thocât, Amasie, etc. Arrivé à Constantinople, notre voyageur trouva cette vaste capitale désolée par la peste, et ses apathiques habitans , plus obstinés que jamais (fans leur résignation et dans leur imprévoyance Frappé d’une juste horreur à la vue de ces scènes de désolation, Μ. Ouseley repassa sur la côte d’Asie , et prit le chemin de Magnésie et de Sniyrne. Dans cette dernière ville, il trouva une frégate de sa nation, qui le conduisit en Angleterre, non pas sans qu’il eut visite Scio, la Hotte en croisière devant loulon, Minorque, Alicante, Té- touan, sur la côte d’Afrique, Gibraltar; enfin vers la mi- novembre 1812, il toucha le sol de son pays natal. 11 suffit de connaître le zèle de Μ. Ouseley, sa passion pour la solide instruction , et d’avoir une idée de l’étonnante variété de scs connaissances, pour imaginer tous les genres d’acquisition qu’a dû faire cet infatigable savant, dans le cours de ce scientifique pèlerinage. Pierres gravées, médailles, bas-reliefs , inscriptions, manuscrits, etc. etc., il n’a rien négligé, et aucun sacrifice ne lui coûtait pour acquérir les objets qui lui paraissaient dignes d’attention;et nous connaissons assez son caractère libéral, et la noble ardeur dont il est animé, pour croire qu’il ne mettra pas moins d’empressêment et de générosité à faire jouir le public de scs belles acquisitions. Nous ne craignons donc pas d’affirmer que scs trois cents dessins de cartes, de vues, de costumes, ne resteront pas ensevelis
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GAZETTE LITTERAIRE.
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(Uns son porte-feuille: ce sera d’agréablrs et utiles ornement pour la relation de son voyage, dont il s’occupe déjà, et <juî formera au moins deux vol. in-4®. Ce grand travail retardera nécessairement la publication d’un ouvrage très:i apportant, dont Μ. Ouseley s’occupe depuis long-temps, et qui a été interrompu à cause de son voyage. Mais l’auteur et le public seront amplement dédommagés de ce retard, par le perfectionnement que ces deux circonstances procureront à ce grand ouvrage. Je veux parler ici de 1’/Ustuire dr Alexandreis- Grand f composée d'après les auteurs grecs, latins Pt orientaux , comparés entre eux. Elle allait être livrée à l'impression, quand l’auteur partit d’Irlande.en 1810. Ses voyages, scs recherches, ses acquisitions, et surtout ses remarques personnelles sur une bonne partie de la route qu’a suivie te conquérant Macédonien à travers la Perse, procureront un nouveau degré d’importance et d’authenticité à ce grand ouvrage, qui soutiendra le parallèle avec 1’Examen critique des historiens d'Alexandre ) dont la seconde édition, prodigieusement augmentée , n mis le sceau à la réputation du respectable et infortuné baron de Sainte-Croix.
Lakcles.
Londres. — Μ. Longman, l’un des plus riches libraires de notre capitale, a public, il y a quelque temps, un grand ouvrage de luxe, qui a pour titre ; Interesting selections, etc., c’est-à-dire, Choix intéressant d'objets de la nature animée , accompagnés de scènes pittoresques , gravées et coloriées, par le célèbre "William Daniell. Un vol. gr. in-4°. contenant 5o planches avec un texte descriptif. »—On a tiré de ce superbe ouvrage, vingt exemplaires sur papier des Indes.
— Le même libraire a publié une quatrième édition de l’excellent ouvrage d’Eloy Brater, intitulé : Rural philosophy , etc., c’cst-à-dire, Philosophie rurale , ou Réflexions sur les sciences, la vertu et le bonheur f relativement d une oie retirée; à l'occasion de l'ouvrage sur la $olitude,/>^Z>Z/ee/t allemand par Zimmermann, 1 vol. in-8°.
— Μ. Miller, libraire, amis au jour les deux ouvrages sui-
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MERCURE ETRANGER.
rants : Sketch of the political history , etc. , c’est-à-dire , Essais sur Chistoire politique de l'Inde, depuis l*introduction du bill de Μ. Pitt en 1784 jusqu1 À nos jours ; par John. Malcolm, résident à Mysore, et ci-devant envoyé à la cour de Perse. Deuxième édition, vol. gr. in-8®.

z/ Chronological Abridgement, etc. Abrégé chronologique de l’histoire de la Grande-Bretagne , depuis la première invasion des Romains jusqu'au commencement du présent règne ; par A. F. Bertrand de Molleville, 4 vol. in-8°.

Le même Μ. Miller a aussi publié un ouvrage très- important intitulé : Memorandumt ou Souvenirs du voyage de lord Elgin en Grèce, avec un supplément contenant deux lettres du président de la Société royale ; des notes sur Phidias, et son école j et la description d'un bas-relief du Panthéon, actuellement au Musée Napoléon, par Μ. Millin ; vol. in-8®., avec trois planches gravées par À/osea, d’après d’anciens bas-reliefs. Cet ouvrage a obtenu un grand succès dans toute l’Angleterre.

Le célèbre auteur des AfMâresite la vie humaine a publié un ouvrage satirique, qui a pour titre: Bibliosophia, etc., c’est-à-dire , Bibliosophie, ou la Science dee livres, contenant un aperçu de la gloire, du plaisir et des prérogatives de la vocation importante de rassembler des livres, vol. in-8 . — L’auteur a ajouté à son ingénieux travail, un Parallèle entre les douze travaux d'un éditeur, et les douze travaux d'Hercule.
— Μ. Miller a publié une cinquième édition du fameux ouvrage intitulé : An Essay on the art of tormenting, etc., c’est-à-dire, Essai sur l'art de tourmenter ingénieusement, avec des règles pour l'exercice de cette étude amusante, et quelques instructione sur les moyens de faire enrager toutes nos connaissances. "Vol. in-80., orné d’une gravure. — Cette . spirituelle satire cstattribuée à Miss Jane Collyer, intime amie de Fielding. La planche gravée par Gillray représente un chat tourmentant une souris.
— Μ. Longman a donné au public la troisième édition d’un excellent ouvrage dont voici le titre : Essays on the nature and principles of Taste ,e to,, c’est-à-dire, Essais sur lana-
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GAZETTE LITTÉRAIRE. 287
* tureet les principes dugoût,par Archibald Alison, 2 vol.in-8°. , Celte troisième édition a été augmentée d’observations sur l’origine de la beauté de la forme humaine.
— C’est à Μ. Miller que nous devons encore la publication de l’ouvrage suivant : Twenty four large views, etc., c’est-à- dire, F ingt-quatre grandes vues en Arabie, en Abyssinie, en Egypte, etc., exécutées d'après les dessins de Μ. Henry Sait, pendant ses voyages avec le lord Valentia, et par ordre du. gouvernement anglais. Un vol. gr. in-fol. —Ces Vues supérieurement gravées et coloriées sont de vingt-quatre pouces de hauteur, sur dix-huit de large, et renfermées dans un porte-feuille.
f — Μ· Longman a publié, en faveur des Hellénistes, un intéressant ouvrage intitulé ; The Remains of Hesiod, etc., c’est-à-dire, Fragrisene d*Hésiode , traduits du grec, en vers anglais, accompagnés d'une introduction et de notes ; par Ch. A. Elton. Vol. in-8°. On a ajouté à cet ouvrage, quelques fragmens de la version des Georgi ques d’Hésiode, par Georges Chapman.
ALLEMAGNE.
Halli. —Μ. J. Eberhard a publié un ouvrage curieux, qu’il a intitulé : Handbuch der Aesthetik, etc., ou Manuel des beaux-arts et des belles-lettres, 3 vol. in-8°.
— Le savant orientaliste, Μ. de Dietz, nous a donné un très-bon ouvrage intitulé : Wesentliche Betrachtungen, etc., ç’est-à-dire, Observations essentielles, ou Histoire de la guerre entre les Ottomans et les Russes, pendant les années 1768 à 1774,écrite par Resui-Abmed-Efendi; traduite du turc, et accompagnée d’observations. Un vol. gr. in-8ô.
Bxrlin. — Μ. Rudolphi a publié, il y a quelque temps, un ouvrage intéressant qui a pour titre : Beitraege zur anthropologie , etc,, c’est-à-dire, Mémoires # anthropologie et histoire naturelle. Un vol. in-8°. de 188 pages — L’ouvrage commence par un discours surla vie et les écrits du célèbre Pallas, accompagné de son portrait. Les mémoires sont au nombre de trois. Ils reufermeut des idées neuves sur la ejas-
j88 MERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT.
litica lì on des animaux. L’auteur termine sou travail par des considérations sur les rapports de la beauté entre les deux sexes parmi les hommes et les animaux.

Μ. Roues vient de publier le dixième volume du Repertorium commentationum a societatibus litterariis editarum. — Ce volume a été accueilli avec autant d’empressement que ceux qui l’ont précédé.

Μ. Hossfeld a donné au public un ouvrage important intitulé : Stereometrie, etc., ou Traité de stéréométrie théorique et pratique , avec une méthode de taxer la capacité des arbres isolés et celle des forêts entières. Un vol. in-49. de q56 p. f accompagné de six planches et de huit tableaux. — Cet ouvrage ne forme qu’une partie d’un travail plus étendu 6iir la Science forestière-mathématique , que l’auteur se propose de publier par la suite.
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Goettikoue. — On vient de publier une nouvelle traduction allemande de l’excellent ouvrage de Μ. Chrestien , médecin français, qui a pour titre : Méthode fatroleptique. Un vol. in-8ô. de 48o pa^es. — Cette traduction a été faite d’a- ftrès la troisième édition française, et elle contient, toutes es corrcctious et additions de l’auteur.
RUSSIE.
PéTERSROüKO. — Μ. Théodossios Komas , savant ecclésiastique Grec, nûtif de Tricca en Tliessalie, a publié, il y a quelque temps, un excellent Dictionnaire grec-moderne , russe et français, qu’il a dédié à S. Μ. l’Em perçu r Alexandre. Cet ouvrage forme deux vol. grand in-40., imprimés avec beaucoup de soin.
Moscov. — La Société d’histoire naturelle de celte ville vient de publier le troisième volume de ses Mémoires. Ce volume renferme d’excellentes notions sur la zoologie, la botanique et la minéralogie de la Russie.
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MERCURE ÉTRANGER.
Ν’ XVII.
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LANGUES ORIENTALES.
LITTÉRATURE HÉBRAÏQUE.
Traduction du prologue d'un Poème hebreu , composé à Berlin, dans le dix-huitième siècle.
Le poème hébreu, dont je traduis, dans ce numéro, le prologue, et dont je traduirai successivement dans ce journal, plusieurs des principaux et des plus brillane chapitres, a été composé h Berlin, il va vingt-cinq ans, par Hardvvig- Veselise, qui passa une grande partie de sa vie dans cette capitale, et mourut a un âge extrêmement avancé h Hambourg, comme rabin des Juifs portugais de cette ville. Dans les études de ma première jeunesse, j’ai traduit presqu’entiè- rement ce poème, dont la leime et le sujet sont aussi an· tiques que la composition en est moderne. Les orales d’une vie agiiée m’ont empêche' jusqu’ici de mettre ce travail en ordre et de songer h sa publication. Eloigné en ce moment de tout ce qui me rappellerait mes premiers travaux, je refais, pour continuer à paver mon tribut h une entreprise dont je m’honore d’être devenu Collaborateur, pour justifier d’honorables suffrages et en mériter d’autres qui ne le seraient
Tom. III. — 1814. ai
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»
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ago MERCURE ETRANGER.
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pas moins, ce que fai commencé, il y a déjà de longues années et dans des circonstances bien differentes.
Je donnerai peiit-êtie, dans un des prochains N°’,une notice plus détaillée sur la vie et les ouvrages de Hardwig-Veselise, et j’aurai en même temps peut être l’occasion défaire remarquer le phénomène singulier, et même unique dans l’histoire, d’une languequireprendsoudainaprèsdelongssiècles d’oubli et de corruption, l’éclat et la pureté qui la caractérisaient dans les premiers temps de sa force et de sa splendeur. Tel est Je phénomène que présentent les écrits composés en hébreu h Berlin, alors que florissait, dans la littérature et la philosophie en général, et dans sa secte en particulier, le célèbre Moses Mendelshon. Haidwîg-Veselise est, sous ce rapport t un des hommes les plus justement célèbres de son école ; cet homme étonnant a fait retentir les bords de la Spree, des accens de la lyre d’Asaphe et de David; dans ses poèmes écrits dans un hébreu digne des temps qui appartiennent a l’âge d’or de cette langue, on retrouve souvent la douceur de l’un, et l’imagination de l’autre, et toute la pompe du style oriental. Il y a près de dix ans que j’ai publié dans le Magasin encyclopédique de l’infatigable et savant Μ. Millin de l’institut, une notice historique sur le livre de Job, très- probablement le plus ancien monument littéraire que nous offre la plus ancienne langue du monde:quelques années après j’ai publié la traduction de ΓAppréciation du Monde de Brdrachi ou Jedaîa, célèbre docteur Juif, qui florissait au treizième siècle(i) : en publiant maintenant la traduction
Dâô< le dernier précis des travaux de la société academique de Nancy, Μ. Michel Bêrr a aussi donné no nouveau travail sur la lit— tiratore hébraïque, et qui a* rapporte à la même époque de cette littérature. C’est la traduction d’un ouvrage du célèbre May moni de, doo- leur juif du douzième siècle, Iss Huit Chapitres , ouvrage de morale et de m^tapbvMqu·* , avec ane notice sur la vie et les ouvrages de Majrrooaide. Ce travail, analysé dans le précis de La société dont ΒΟαί vanoas de parler, sera publié en entier.
(iVote cfw Editam»)
Langues orientales. 291
tPun pôëmé hébreu du dix-huitième siècle, j’aurai cherché }faire connaître successivement les trois époques marqua o tes de la laogiie hébraïque t d’abord l’époque qui est incontestable nie ut la plus ancienne, et qui précéda sans doute même scelle des prophètes de l’ancieune loi ; ensuite l’époque lif moyen âge, quand la langue de l’inspiration et de l'enthousiasme était devenue, après s’être altérée et dénaturée, la. langue de la métaphysique et de la philosophie, et enfin celle où, par une étrange métamorphose, le plus antique idiôine de la terre en renaissant deses cendres, reparut dan> les temps les plus modernes avec la teinte caractéristique qui lediatin- guait autrefois. Havdwig-Veselise a ‘ompose des ouvrages de tnorale et de théologie, et des poèmes lyriques sur des sujets de divers genres; et enfin un poème épique, dont je fais connaître ici le prologue. Ce dernier ouvrage est intitulé en hébreu Sir Hatifereson Chant de la Majesté : il a pour objet l’histoire et les événemens du législateur divin des Hébreux, depuis sa première vocatiou jusqu’aux Tables de la loi. On n’en a jamais rien traduit en français; des littérateurs allemands très distingués en ont donné des traductionsen vers,entr’au- tresM. Houffnagel, célèbre prédicateur de Francfort. L’auteur se sert, dans tout le cours du poème, d'un rhythme mesuré et métrique, inconnu dans l’aocienne poésie des Hébreux ( qui ne consistait que dans un retour irrégulier ou périodique du même nombre de mots ou de syllabes) et qui a été employé par les héhranans modernes. Dans le prologue , Vesfelise a même employé la rime, qui ajoute en hébreu a la richesse de la versification, sans ajouter b sa difficulté, funi formile de la terminaison, qui est dans cette langue le résultat de la ressemblance de genre, de nombre ou de personnes, y rendant l’usage de la rime beaucoup trop facile. Le genre ascétique que comporte le sujet de l’ouvrage ne sera peut-être pas du goût d’un grand nombre de lecteurs; cependant, la loi donnée sur le Mont- Sinai, le Règaedes Pharaons en Egypte, sous quelques rap- Ïorts encore couvert d’un voile mystérieux, même pour le ambe a u de l’histoire ét de la critique, sont des événe-
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292 MERCURE ETRANGER.
mens qui, pour les hommes de tou les les opinions et de toutes les croyances religieuses , paraîtront sans doute , rappeler une époque digne , par sa nature et son importance, des méditations du philosophe, des recherches du savant, de la piéié et du recueillement du croyant, et enfin de l’enthousiasme du poète. La source respectable et inspiratrice dans laquelle Veseljse a puisé les antiques traditions qu’il a chantées, ont fourni aussi parmi les modernes, les sujets d'immortelles compositions poétiques a Milton, Gesner et Bitaubé. Si l'admiration pour leurs ouvrages 11'est pas encore épuisée , il me paraît encore plus naturel de penser que Ton apprendra avec intérêt h connaître un auteur qui a traité avec succès des sujets semblables dans une langue que, depuis un si grand nombre d’années, on avait perdu l’habitude d’écrire et de parler. La renaissance très- firochaine de toutes les études utiles et intéressantes, a ombre de l’olivier de la paix , sous l’auguste influence d’un monarque éclairé , libéral et religieux, qui honore et aime les lettres, parce qu'il les connaît, et sait apprécier leur heureuse et puissante influence, me confirme dans cette idée. Enfin je n’aurai plus rien h ajouter h l’éloge de l’ouvrage de Veselise, quand j’aurai dit qu’il a paru digne dans . son ensemble de l’estime, et dans quelques-unes de ses parties, de l’admiration de l'illustre et modeste Orientaliste français, qui doit a l’étude et aux travaux de la langue hébraïque une grande partie de la gloire attachée è son nom dans la république des lettres européennes. 11 n’est pas besoin de nommer Μ. le baron S. de S. La mémoire de Hardwig-Veselise a été l’objet d’homiuages honorables , mérités , non seulement dans sa secte , au milieu de laquelle il a exercé h la suite de Moses Mendelshon, une grande influence morale, mais non moins dans le monde littéraire, par les amis de la littérature orientale, cultivée avec tant de succès en Allemagne, par les admirateurs d’une imagination féconde et riche, et des plus touchantes .vertus sociales > domestiques et îeligicuses.
LANGEES ORIENTALES
DiEtr tout-puissant, qui habite avec les chérubins, quêta majesté est redoutable! ce que renferme cette terre ici-bas, et le vaste firmament; sont également l’ouvrage de tes mains. Aux créatures animées, aux séraphins célestes, tu ordonnas d’exister. Dieu redoutable, qu’est-ce que l’homme, pour mériter ton attention! Qu’est-il pour que tu approfondisses son coeur, que tu remarques ses actions diverses; et qu’au milieu, de scs demeures tu choisisses un sanctuaire!
Dès l’origine du monde, tu le plaças dans un jardin planté de ta main divine; Là, tu fis reluire sur lui les rayons de U gloire, tu lui fis connaître ta loi auguste. Que n’observa-t-il cette loi sacrée, sa vie serait éternelle! 11 embrassa le crime : de l’Eden céleste il fut expulsé avec justice; mais sa race ne tomba pas dans une disgrâce irrévocable. La gloire de ton nom luit encore sur la tète du juste, conimela couronne royale sur la tête des monarques.
Les enfans de l’homme se jetèrent de nouveau sur la terre ; dans les voies de la perversité ; dans ton juste resscutiment, tu juras leur perte, tu juras de les exterminer sans retour; mais dans la coupe de ta colère tu mêlas les gouttes de la grâce divine; par ton arrêt un juste survécut aux ravages du déluge : ta main le préserva des flots destructeurs; tu sauvas sa famille. Sur Noé et ses enfans se répandirent les faveurs de tes bénédictions.
Cependant le fils de l’homme se multipliait encore ,1e vice embrassa tous les coeurs, le frein des moeurs fut brisé partout, les ténèbres les plus profondes allaient couvrir la terre ; mais la lumière d’Abraham fit briller son éclat sur elle, et le premier, il fit connaître à ses habitans les merveilles de ta grandeur.
Tel que les cieux racontent ta majesté, tel que le firma-
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MERCURE ETRANGER.
ment raconte les oeuvres de tes mains, tel sa bouclie proférait ta sagesse et la grâce découlait de ses lèvres. De ce mortel aux mains pures, au coeur irréprochable, I’«misers apprit que l’homme n'est pas créé en vain , et que même le ciel et l’éter- Ailé sont le but de ses actions ici-bas.
Tu te révélas à lui apres de longues années : long-temps déjà, et au sortir de sa maison paternelle, il avait suivi les sentiers de la vertu. 11 entra dans l’éternelle et sainte alliance ; vierge encore, sa future postérité fut consacrée à ton service. De ses destinées futures, il fut instruit avant qu’elles eussent été ameuées parle cours des temps ; dans une nocturne vision, tu lee Gs apparaître à ses yeux.
Aux temps de sa vieillesse, tu lui fis un présent miraculeux. Cent années étaient écoulées sur sa tête, presqu’autant sur celle de bara , son épouse, lorsqu’Isaac naquit; j)ar un sacrifice héroïque, il allait sur l’autel devenir la victime, lorsque du haut du ciel, l’ange que tu envoyas, cria au malheureux père : Arrête, c’est pour éprouver ta foi, que ce cruel ordre te fut donné.
De l’homme juste auquel Abraham avait donné la vie, sortit un mortel dont la pureté mérita les faveurs de ton amour; en lui apparaissant, tu donnas à son coeur la force et le courage; d’une lutte merveilleuse avec un être plus qu’humain îl sortit vainqueur , tu te révélas de nouveau à lui, lorsqu’à Bethel il venait accomplir de sainls voeux; là, tu le bénis en consacrant pour lui et ses descendans, le nom impérissable d’Israël.
De cette tige sainte, sortirent des hommes inébranlables dans la vertu, des tribus vouées à Dieu ; de là sortit le peuple devenu ton partage et tes enfans heureux de porter ton nom; fruit brillant d’une vigne céleste, fruit délicieux que rien ne pourra flétrir; Joseph prospéra comme un arbre toujours vert. Tu permis que la haine en Egypte enchaînât son
LANGUES ORIENTALES. *95
innocence. Maie en vain, elle le précipitait dani un ahimè, ta grâce le fit remonter soudain sur le trône de la domination.
Au peuple de Pharaon tu inspiras l’amour envers le sage, du sein de la captivité appelé par ta sagesse sur le trône des λrinces, et revêtu de la pourpre paT ton arrêt immuable. Il ui fut réservé de préserver du châtiment de la famine, et les frères persécuteurs de son innocence, et la vieillesse de son vertueux père, et le vaste pays sauvé par son génie. Cela fut, ô Dieu, par la parole éternelle qui maintient le firmament, et dont la volonté est indestructible.
ParIcs sujets de Pharaon, Tsraël et ses tribus, furent reçus avec transport ; dans les portes de leurs villes, ile entrèrent triomphans, ils prospéraient fortunés et paisibles au milieu de leurs plus fertiles pâturages, leur race s’y accrut ; leurs en fan s s’y multiplièrent comme les habitans de l’onde, leurs biens croissaient, leurs trésors se multipliaient tous les jours. Sous les tentes des fils de Cham, ils vivaient sans crainte et sans orages.
Soudain l’éclat de la lumière du jour se change en ténèbre« profondes, la terreur tout à coup s’empare de l’âme du juste, et les angoisses succèdenti l’heureuse sécurité. Le coeur de« fils de Cham s’est lassé d’etre généreux et protecteur. Le troupeau que tu protèges est devenu l’objet de leur baine, ils forgent de noirs projets, ils s’abandonnent à la ruse et au mensonge, ils tendent des piégée affreux, et le coeur des pervers enfante de sinistres orages.
Voyez le germe fécond plongé au sein de la terre, encore humble et invisible. Un jour il n’étendra pas moins au loin ses racines profondes, ses branches un jour s’élèveront avec orgueil, et ses fruits délicieux parviendront à l’heureuse maturité. Tel fut aussi le sort de la vigne auguste plantée de tes mains, elle parut un instant semblable à la ronce vile et foulée aux pieds. Tes enfans éperdus étaient sans force et sans confiance, mais tu vis leur détresse.
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MERCURE ETRANGER.
Du haut du firmament, tu dirigeas sur tes fidèles serviteurs les rayons de U grâce ; sur le front de Moïse tu posas le sceau de la sagesse. Par lui tu accablas de cliâtimens les pervers qui ravageaient ta sainte montagne, et foulaient ton héritage. Ils surent que, pour les actions d’ici-bas, il existe une justice suprême. Ils le surent, quand par ton bras invincible, ton peuple fut arraché de leurs mains.
Créateur du monde, à rocs frères dispersés je veux raconter ces merveilles ; remplis mes voeux ardens, accompli? mes désirs, et du séjour de la gloire, laisse venir vers mon aine quelques rayons i nspi rateurs ! Seuls, i ls peuvent raffermir ma faiblesse, relever mon humilité , et me donner cette force secourable que tu ne refuses jamais à tes pieux adorateurs.
Dieu d’amour, qui, sur les justes qui te sont fidcles, répands des souilles de grâce, permets que j’accoure vers toi, que j’entre dans ton sanctuaire; que je me plonge au sein des mystères de ta foi ineffable et profonde; réservoir inépuisable de sagesse , de vertus et de justice! Là mon coeur et mon esprit pourront s’enivrer à la fois de nobles et éternelles jouissances.
Dicte à ma raison des pensées, à ma langue des paroles de sagesse. Que nia lyre soudain fasse retentir de nouveaux chants à ta gloire; que je puise aussi quelques perles dans l’océan de ta sagesse , mer immense et sans fond , abîme sans lin ! Je voudrais en vain essayer de marcher au milieu de ses ondes, si tu ne soutiens l’impuissance de mon zèle.
Alors seulement la joie s’emparera de l’âme de ceux qui écouteront mes accens; ils oublieront alors la crainte et la douleur, quand leurs coeurs seraient flétris par l’infortune, pareils à une lueur prête à s’éteindre, qu’un secours bienfaisant rappelle à u.ie clarté salutaire. Je ferai connaître au monde les merveilles augustes de ton premier prophète; je
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raconterai sa mission sublime, et des problèmes des premiers jours ma voix dévoilera les mystères.
D’itn sentier trop étroit ta grâce aplanira les voies tortueuses; dans les ténèbres les plus profondes, une clarté soudaine éclaircira nies pas; le juste écoutera les paroles de ma bouche, le récit de tes merveilles; les prévaricateurs de ta loi sainte retourneront verseile, et mes préceptes rappelleront à la sagesse ceux qui suivront le chemin du délire.
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Aux natiorts de la terre ils apprendront les voies de ta puissance, et feront connaître aux peuples les trésors de ta sagesse. Sous le voile d’une fraternité commune, il s réuniront les en fans d’un même père. J’apprendrai aux tribus dispersées que, sileurs aïeux vivaient sous des despotes inexorables, leurs fils plus heureux vivent sous les lois de monarques vertueux ; que des bienfaits d’une loi commune, ils jouissent comme les autres peuples de la terre, et qu’ils vivent avec eux sous le boucher de la même tendresse.
PuissENTmes chants être des accords harmonieux pour l’oreille attentive, un baume pour l’àmc égarée , un frein pour la raison éperdue, pour les fils dispersés de l’antique Israël un encouragement consolateur! quand leur coeur sc flétrit, quand le chagrin les consume, qu’ils entendent de ma bouche les faits de leurs ancêtres ; qu’ils relèvent leur courage abattu ; Sue d’un Dieu rémunérateur , ils espèrent aussi la fiu de leurs ouleurs, de celui pour qui l’éternité des temps n’est qu’un point de son existence.
Tribus éparses du couchant au lever de Paurore, d’un bout du monde à l’autre, écoutez le récit d’antiques merveilles, effroi du pervers, et l’espérance du juste. Joseph n’était plus, aux enfaus de Jacob avait succédé une génération nouvelle. Des descendans du sauveur de l’Egypte, je veux raconte^' dans mes cbauts et les malheurs et la délivrance,etc.
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MERCURE ETRANGER.
BIBLIOGRAPHIE ORIENTALE
FinÈLK à l’engagement que nous avons pris envers nos lecteurs, de leur faire connaître, autant qu’il dépendrait de nous, les ouvrages de littérature orientale publiés dans l’Inde, nous nous ciuoressous de traduire le catalogue suivant, placé à la suite du tifegha douta dont nous avons donné une légère idée dans le Λ·* précèdent.
GRAMMAIRE.
A Grammar, etc. — Grammaire de la langue earns- krite , par H. T. Colcbrouke. Calcutta , i8o5 , premier volume.
An Essay on the Principles of the Samecrit Language , by II. Γ. Forster, Esq. vol. the fort. in-4®. Calcutta, iBio, — Essai sur les Principes de la Grammaire Samskrite, etc. in- i°. de 6<j i pages j plus, 22 pages de préface. C’est la première tentative faite pour développer la grammaire Samskrite, et la mettre à la portée des Européens. La composition de cet ouvrage, que l’auteur a gardé manuscrit pendant plusieurs années , est bien antérieure à la publication des grammaires Samskrites de MM. Carey, Colebrooke et Wilkins..
7’Âe grammatical sutras ar Aphorisms of' P ci n9 ini with selections from various commentators. Nagari character, 2v. octavo. Calcutta , 1809. — Soulra grammaticaux, ou Aphorismes de Panini, avec un extrait de diâcrcus commentaires, en caractères Déva-Nâgary, 2 vol. in-8°.
The Si d'd hanta Caumudi a grammar conformable to the system of Pa' n ini, by Ahallo'ji Diesiti ta. Nagari character, one vol. in-4 . Calcutta, 1812. — 7x» Siddhanta Camoudi , grammaire rédigée d’apres le système de Panini; par Bliatodji Dikchdta , imprimée en caractères Dèva - Vagary , in-4· oblong de a63 feuillets et une page, imposes dans leur longueur; les caractères du recto de chaque page étant disposes
LANGUES ORIENTALES.
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dans le sens inverse de «eux du verso, de maniere à se présenter toujours dans la position convenable au lecteur qui retourne la page. Ce procédé a été imité des Ollcs, ou Manuscrits indiens sur feuilles de palmier.
The Kocabulary of Héinachandra^ Nagari character, Calcutta, 1807. — Le Vocabulaire de Hematchandra,ex\.ca- ractères Dèva-Nagory, 1 yoI in-8°.
The Amerà Cbs’ha , Me1 dini Còs3hat Trica' n3 da S* esilici 9 and Hàràvali, four original Vocabularies, onevdl. in-8·. Nagari character. Calcutta, 1807. — L* Amera Cócha, lo Midini Cócha, le Tricanda Sécha et le Il a ravait , quatre dictionnaires originaux, imprimés en caractères Deva-Nagary.
socs FRISSE.
An alphabetical Dictionary Samecrit andenglieh , translated and enlarged from a modern compilation by Raghu- mani Vidya fihu’shana, by II. H. Wilson, Esq.— Dictionnaire Samskrit-anglais-, suivant l’ordre alphabétique, traduit et auaiuenté par Μ. H. H. Wilson, d’après une compilation moderne faite par Raghoumani Videya Bouchana-
l£qi8Lât ion.
7'λλνϊ&ύτ/ον of a Digest of Hindu law compiled, by Ingannai*ha Tercapanchàrtana, by II. T. Colebrooke, Esq. 4 vol. large in-8°. Calcutta , 1798. — Digeste des lois hindoues, compile par Djngannatha Tercapantchanaua, et traduit par Μ. H. T. Colebrooke. Calcutta, 1798; réimprimé à Londres, 1801. 3 vol. in-8®.
TheDayabh’ga or law of in herilance, two treatises translated from, the chapter of the Mitacshara, and the work of Jimu’ta V'ahatta; by H. T. Colebrooke, Esq. 1 vol. in-4®. 377 p. Calcutta , 1810. — Le Dayabaga , ou Loi sur les Aé- rilages ,deux Traités traduits du chapitre du Mitakchara, et <le l’ouvrage de Djiraouta Vàhana. Nota. La préface du traducteur et ses nombreuses notes placées au bas des pages, renferment les documens les plus précieux sur la juris prudence , les coutumes et U littérature des Hindous.
3oo,
MERCURE ETRANGER.
Menu Sanhita, or the institutes of Men u in the original text, with the gloss of CuU'uca B batta. Nagari character, I vol. in-4v. Calcutta 1813. — Menou Sanhita, ou le Texte original des Institutes de Menou, avec la glose de Callouca Bhatta , imprimé en caractères Dèva-INâgary. Nota Ce Code si fameux chez les Hindous a été traduit en anglais, par sir William Jones.
Mitàcshara , or a Commentary on the legal work of Ya’jnyavalca ; together with the original text. Nagari character, i vol. in-4°. Calcutta, 1812. — Mitakhara, ou Commentaire sur le Traité Juridique d’Yadjnyavalca, avec le. texte original, en caractères Dèva-Négary.
. POESIE.
RiTtr Sanhàra or Assemblage of the Seasons, Bengali character, 1 vol. in-8®. Calcutta, 1792. — Ritou San/uira, ou Assemblage des Saisons, en caractères Bengali.
Gita Qovinda or the Songs of Sayadlva, Nagari character, 1 vol. in-8°. Calcutta, 180K — Guita Govinda, oti les Chants de Djayadêva, en caractères Nâgary. Nota. Sir William Jones a traduit ce poème en anglais, sa traduction a été insérée dans le troisième volume des risia tick Researches,
Rhagavat Gita. Nagari character, 1 vol. in-8°. Calcutta, 1808. — \jcBhagavat Guita, ou les Dialogues d’Ardjoun es de Krichna. Nota. Ce fragment du fameux poème intitulé Mahd tìhàrata a été traduit par Μ.. Charles Wilkins, et publié à Londres, en 1785· 1 grand volume in-4°. On trouve à la fin, des notes fort importantes sur la théologie et la philosophie hindoues. Celte version anglaise a été traduite en français par Μ. Parraudj 1 vol. in-8 ’, 1787.
The Chan’di , or De’vi Mah* a tmy a from the Mar can* deya Puràn’a, Nagari character, 1 vol. in-8°. Calcutta; 1808. — Le Tchandi, ou Devi Mdtmeya , tire du Mara~ candeya Pourana.
Ghat? a Carpata, and Amerà S’ataca, two poems, Na- gary character, 1 v, ΐη-β°. Calcutta, 1808.— Ghata Carpara, Amera Salava, deux petits poemes eu caractères Nâgary.
LANGUES ORIENTALES.
Soi
77n? three first volumes of the Ràmàyana with a prose Translation ; 6y Λ/ùbT. Carey et Marshman. Serampore^ m-4°. — Les trois premiers volumes du Rayamayena , le texte imprimé en caractères Déva-Nàgary,et accompagnés d’une version anglaise de MM. Carey et Marshmann. Nota. Nous n’avons encore pu nous procurer que le premier volume de cet important ouvrage, et nous remarquerons, à notre grand regret,que les libraires de Londres témoignent fort peu d’em- Ïiressement à faire venir les livres imprimes dans l’Inde; par a même raison , les imprimeurs et libraires de l’Inde et de Seram pour mettent peu d’empressement à les leur expédier.
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TneMAgha Ca’vya with the commentary of Malli Na’Ch. — IrtMegha Câvya, avec un commentaire de Malji Nalha,
( LanouLs. )
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LANGUE ITALIENNE.
Là C.tMrLr.BîDX, ossia la Distruttone di Fejo; —c’est-a- (lire : La CamiUéide, ou ta Destructionde Kejes ; poème héroïque; par Μ. le chevalier Carlo Botta.
[premier article.]
Le Temps, infatigable destructeur de toutes choses , opiniâtre ennemi de toute stabilité, qui semble mesurer ses efforts pour renverser, sur les précautions que nous prenons pour conserver; qui traîne à sa suite les vicissitudes et les ruines ; non content de ronger de sa dent acérée les temples, les palais, les édifices les plus solides et qui semblaient destinés à braver ses coups , le Temps se fait également un jeu d’anéantir la puissance des nations, de changer leur physionomie, et quels qu’aient été leurs travaux, leurs exploits, leur grandeur, d’en affaiblir peu à peu la mémoire, et de ne livrer aux siècles à venir que (levains noms, avec des décombres , dont les traces mémo disparaissent enfin, anéanties par l’éternelle continuité de son action. C’est ainsi que, pour nie restreindre au sol classique de l’Italie, l’antique Î{luire des Umbres, des Aborigènes, des Sicules et des Pé- asges s’est éclipsée et n’a conservé qu’un bien faible éclat dans l’histoire et dans les souvenirs dos érudits ; c’est ainsi 3uc, après avoir enchaîné à leur domination tous les peuples e la péninsule et Les deux îucrs qui baignent ses côtes , les
........................................................... Popolo pio,
Cbc fè '1 mondo con Parli ornato, e bello,
ont été soumis à leur tour par une troupe d’aventuriers que la nécessité força de s’établir sur les rives du Tibre; c’est ainsi que la langue des Romains, si brillante, si sonore, si pompeuse, si favorable aux grands mouvement de l’élo-
MERCURE ETRANGER. — LANG. ITAL. So3
enee et aux charmes de la poésie, a cessé d’être au nombre
des langues -vivantes , et que leur majestueuse cité , la métropole du paganisme et de l’univers, est devenue la capitale d’un très-petit Etat ; c’est ai nsi que les restes des monumens des arts, dont le génie et le goût des conquérans avaient, pour ainsi dire , jonché leurs conquêtes, ne se rencontrent
Mais si les ravages du Temps se font remarquer à chaque pas, et nous forcent journellement à gémir sur la perte de la grandeur et des illustres travaux des peuples les plus pu issane dans les fastes de l’antiquité, la Muse de l’Histoire et l’auguste Poésie sont là , comme sur un roc inattaquable, pour nous commander l’admiration , et, par le tableau des vicissitudes passées, préparer les changemens heureui qui doivent élever et soutenir des nations que le sort désarmés et le plus affreux despotisme s’étaient plu «l’abord à désoler, ou que l’anarchie avait plongées dans l’humiliation d’une déplorable décadence.
De tous les peuples qui ont brillé sur la terre, le plus étonnant dans le malheur, le plus heureux, dans ses entreprises, le plus hardi, le plus fier et le plus adroit dans sa
, fut, sans contredit, le peuple romain. Du néant,
Il sut arriver au dernier degré de splendeur, et fonder l’empire le plus vaste qui ait jamais existé. Aussi, tant qu’il y aura des âmes pensantes, la fondation de Rome, l’histoire de ses nombreuses révolutions politiques, son existence colossale , ses écrivains et sa fia tragique , seront l’objet des études et des méditations de tous les âges. L’historien, le poète et l’artiste y trouveront les motifs d’un noble enthousiasme; le philosophe y puisera des termes de compara.·· son , pour donner à ses idées uu nouveau de^ré d’importance; le politique y découvrira le principe de cette malheureuse collision de voeux et d’effervescence d’esprit qui décide des révolutions, et par suite y verra les utiles leçons qu’il faut imprimer aux peuples et aux êtres privilégiée que leur· vertus et leur courage ont placés à leur tète.
Rome est un de ces phénomènes politiques destiné à changer la face du Monde et à imprimer des souvenirs immortels. Semblable à Hercule, pour qui, selon les mythes anciens t les puissance· Les plus grandes offraient à peine la
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MERCURE ETRANGER.
résistance d’une toile d’araignée, Rome, dès les premiers instans de son établissement, annonce ce qu’elle sera toujours, l’asile d’un peuple turbulent, aussi incapable de se gouverner, que difficile sur ceux auxquels il confiait ce soin·, d’un peuple ambitieux, toujours prêt à se soulever contre ses magistrats et à porter la guerre chez ses voisins.
Les moissons et les troupeaux furent d’abord le véritable,
l’unique objet des conquêtes des Romains 5 mais elles ne tardèrent pas àun (tout autre caractère. Pour forcer
les Sabins à une alliance· qui leur importait essentiellement , ils les invitent à des fêtes publiques, et leur
nouvelle; et, tout en proclamant leur amour pour la justice, ils s’emparent successivement des terres fertiles que cultivaient les Latins, les Rutules , les Eques, les Héroïques et les Aurunces, les Volsques et les Marses si redoutables, les vertueux Samnites, les Picentins, défendus par des monts inaccessibles, les peuples religieux de la Tyrrhénie, les pasteurs Eugancens , les Venètes , grands amateurs de chevaux , et les Ligures , célèbres par leur ardent amour de la liberté et leur invincible courage ; en un mot, ils envahissent tout, et l’heureux pays des Campanîens, et celle Grande- Grèce, où vinrent s’établir les colonies d’Arcadiçns conduites par Peucetius et CEnotrus.
Gensque virum truncis et duro robore nata.
L’art funeste de la guerre était l’élément naturel des Romains; mais ce ne fut qu’a près qu’ils curent pris le violent parti de chasser leurs rois, qu’ils songèrent réellement à s’agrandir. Alors, l’ftalie lie suffit plus à leur extrême ambition; il leur faut, sur la foi des augures et des oracles, envahir le Monde entier; il leur faut dicter des lois à tous les peuples;· il faut que tout ploie sous le joug de l’aigle du Capitole. Les succès les enorgueillissent; mais ils ne les rendent ni plus sages, ni plus heureux.
Leurs moeurs n’offrirent jamais cette innocence, cette aimable simplicité qui distingua les républiques de la Grèce et
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bi , dans le malheur, elle ne désespéra jamais <le la patrie^ si l’équité de ses premiers juge me ns, le retour de Régulus à Carthage, l’avertissement donné à Pyrrhus, l’austérité du citoyend’Utique , la continence du jeune Scipion annoncent des hommes familiarisés avec les vertus les plus héroïques , qui peut voir, sans frémir d’horreur , une nation toute entière blâmer Manlius d’avoir rejeté avec indignation la trahison contre les Falisques ; outrager de mille manières Sopho- nisbe, l’épouse de Massinissa; applaudir au triomphe insultant de Scipion l’Africain , et permettre au Sénat de violer les lois de l’honneur, de la foi publique et du droit naturel, en attirant Jugurtha dans une conférence où il fut arreté , traduit devant la première autorité de Rome, et condamné à mourir de faim ? Ces taches indélébiles flétrissent les plus nobles lauriers. Ajoutons encore le hideux tableau de ces dissensions intestines , où les Romains, sans cesse armés les uns contre les autres, se portèrent aux excès les plus inouïs, et nous nous étonnerons de l’aveuglement des nations sur lesquelles pesait le joug de fer de Rome, qui ne surent point profiler de ces temps de délire , pour se révolter toutes ensemble , et écraser, sous son propre poids, une ville qui, du sommet de ses sept montagnes, remplissait le Monde entier d’horreurs et d’épouvante.
Le caractère des Romains se ressentit toujours de l’inquiétude, de la force et de la ruse de leurs premiers fondateurs; mais c’est surtout à cet amour de la patrie, que Ninna et ses successeurs ( qui, selon la remarque de Montesquieu, furent une suite de grands hommes ) cherchèrent sans cesse à inspirer à leurs sujets-, c’est à ce sentiment auguste , si noble et eri commun dans l’antiquité, si faible, ou, pour mieux dire si nul dans nos temps modernes; c’est à ce sentiment, dis-je, qui fait la force et la longue prospérité des Etats, que Rome dut ses premiers succès, cette rare intrépidité qui caractérisait ses soldats , celte politique adroite de ne jamais faire la paix qu’aprèsdes victoires, de n’avoir jamais deux ennemis puissans à combattre à la fois , et de tout souffrir de l’un jusqu’à ce que l’autre fut anéanti. C’est encore par l’amour que· chacun de sesenfanslui portait et par les moeurs militaires 3u’elle sut adopter après l’expulsion desTarquins, que Rome ’une simple bourgade, devint la maitresse de l’univers.
Tom. III.— 1814. **
MFRCERE ETRANGER,
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La discipline austère qui régnait dans les légions forçait les hommes au courage. Abandonner son poste * changer ses armes ou les jeter par crainte du danger, était puni de mort. Perdre son enseigne, était autant que perdre la vie. Combattre , prendre uile ville sans ordre, quand même le succès eût couronné l’entreprise, était un crime capital ; une loi ' défendait de pleurer et d’ensevelir ceux qui s’en rendaient coupables ; rien n’était respecté, ni les liens du sang, ni les services rendus antérieurement. Ces grands exemples de sévérité firent une impression si profonde sur les voluptueux Asiatiques , sur l'Africain que le soleil dévore de ses feux ardens , et même sur les peuples belliqueux de l’Europe, que tous subirent le joug de l’aigle romaine. Des exercices continuels façonnaient de bonne heure la jeunesse aux travaux les plus extraordinaires, à la fatigue et à l’obéissance la plus absolue. Le détail de ces exercices, qu’Arrien nous a conservé , effraie l’imagination et quintuple la distance qui sépare à jamais les siècles de la renaissance des siècles de l’antiquité.
L’agrandissement de Rome , la puissance sans bornes qu’elle exerçait sur toute la terre, changèrent en guerres civiles les tumultes populaires; le noble sentiment de la patrie se perdit au milieu de tant de nations si différentes les unes des autres par le langage, les moeurs et les costumes. On ne quitte pas impunément ses pénates. Du moment qu’on s’en éloigne, la vie simple de nos pères n’a plus de charmes ; on change ses habitudes , le bonheur fuit; il en résulte pour Pànie un vide que Tien ne peut plus remplir; la corruption arrive : le mal est consommé. Celle qui fut introduite à Rome par les dépouilles de Carthage, par la conquête de la Macédoine, par tout le luxe de l’Asie, excita l'audace de Marius, et, par contre-coup , les proscriptior» de Svila. L’idée seule de la liberté devint alors pour les Romains le fardeau le plus pénible et le plus embarrassant : ils changent de maximes, Aug uste s’affermit sur le trône que Jules Cesar avait tenté d’élever sur les débris épars du vaisseau de ia république , et Rome rampe ignominieusement aox pieds de Tibère, de Néron , qui se succédèrent, pour la punir de son faste et de son orgueil. C’est ainsi que tout s’enchaîne dans l’ordre social. La prospérité dépend de l’harmonie des moeurs avec les
langue italienne. So7 lois ! la plus légère atteinte détruit en un moment ce lien in· Visible qui tient unies ensemble toutes les pnrties du grand tout, et l’édifice le mieux établi s’écroule avec fracas , pour ne plus être relevé.
La décadence de l’empire romain entraîna celle de ses colonies, et le changement de siège du gouvernement dut contribuer à la rendre plus rapide encore. Ce fut Constantin * qui conçut et exécuta le projet «le fonder une nouvelle capitale, lui qui avait eu tant de peines à conserver l’ancienne. Borne et son antique gloire s’anéantirent alors sous le double fantôme politique qu’on nomma V Empire d* Orient et V Empire dJ Occident,
Au sein même des vertiges qui présidèrent aux destinées de la ville éternelle, on voit quelques familles se distinguer par leurs rares vertus et l’austérité de leurs principes. On citera toujours les Cincinnatus, dont la race se perpétua à travers les siècles, et vint s’éteindre, sous le règne du pape Paul V, par le meurtre juridique de la jeune et trop belle Béatrice Cenci ; les f abius, qui moururent tous au champ de l’honneur; les Brutus qui , par une fatalité sans exemple, signalèrent les trois époques les plus remarquables de la république ; les Scipions , dont le nom est le synonyme de la victoire, rtc., etc. Mais aucun Romain n’effaça jamais Furius Camillus. Ce grand homme fut le modèle de toutes les vertus: c’est le héros par excellence , comme Epaminondas le lut chez les Grecs, en France le grand Turenne, et dans les Etats-Unis, l’illustre Wasiifghton.
Simple citoyen, Camille se fait distinguer par son courage , la beauté de son Ame et la solidité de scs principes. Magistrat, il laisse bien loin derrière lui scs collègues , et, tt l’art de leur faire pardonner sa supériorité , il a celui plus rare encore de la leur faire aimer; censeur, il est l’exemple tic la sagesse; guerrier, il entasse trophéessur trophées; à la tête des armées, il est grand sans effort, brave sans jactance, calme et serein dans les plus imminens dangers, indomptable aux plus grands revers; son habileté le place au- dessus des plus grands capitaines; sa justice et sa modération dans les succès le rendent l’idole des vainqueur» et des vaincus; eu exil, il étouffe tout ressculimcnt , et oublie Για-
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MERCURE ETRANGER.
gratitude de sa patrie , en cultivant les champs que ses pères avaient défrichés ; mais Rome est-elle sur le point de tomber sous la hache des Gaulois, il reparaît au milieu de ses frères, punit l’audacieux Brennus, sauve sa patrie, et acquiert le noble titre de second fondateur de Rome. Né pour la gloire et le salut de Rome, Camille en fut, par ses talens et ses vertus , l’espérance dès sa plus tendre jeunesse, l’orgueil et l’exemple toute sa vie. En mourant, il lit couler plus de larmes , il inspira plus de regrets que tous ceux, qui , en en même temps que lui, succombèrent au fléau de la peste.
Comme on le voit, Camille est un personnage éminemment dramatique; celui qui veut peindre ce sublime caractère n’a pas à craindre de montrer son liéros tel qu’il fut dans toutes les circonstances de sa longue carrière, soit qu’il vive dans les derniers rangs de la société, soit qu’il brille au sommet des honneurs où l’élevèrent ses nobles qualités; il n’a nul besoin de recourir au beau idéal, de se créer des situations : il lui suffit d’avoir une âme. Il n’en est pas de même des héros de Γ* liadc.encore moins du pieux Enée. CeTroyen nous intéresse, nous attache dans les vers du Cygne de Mantoue; mais quand l’Histoire implacable nous le montre vendant sa patrie^ pillant les temples de Troie, et, après la ruine de cette ville,courant le monde avec Ulysse, il n’est plus qu’un homme très - ordinaire , disons mieux, il n’est plus qu’un traître, digne du mépris de tous les âges.
Le plus beau trophée de Camille fut la prise de Vejes. Cette république, la plus riche, la plus puissante, la plus belliqueuse et la pins irréconciliable ennemie des Romains, occupa pendant dix années toutes leurs forces. Non seulement elle fut la rivale de Rome pour la gloire et pour l’empire, mais elle ne voulut, dans aucune circonstance, se résoudre à plier , ou seulement a traiter avec une puissance dont elle avait vu les faiblescommencemens Bâtie au pied d’uu mont bien défendu, «umt J «p* ΰψηλύ Λίβπίλκ > ntptpfùyef, au milieu des ruines d’une antique forteresse des Pesla- ges , la formidable ville des Vejens, que Denys d’Haly- carnasse compare, pour l’étendue,.à la capitale de l’Atti- que (1), brave les efforts de ses bouillans ennemis. Cepcn-
(’) Anti?, Rom,t lib. a , p, $7, La circonférence d’Athènes cuit,
LANGUE ITALIENNE.
309 flant, pressée sur tous les points par les armées romaines, trop confiante dans cette antique gloire que les Etrusques s’étaient j ustement acquise , elle dut succomber et périr misérablement. Un moment elle crut pouvoir se relever. Les Gaulois venaient de livrer aux flammes les chaumières et les temples de la ville éternelle : on propose de transporter à Vejes la métropole du Monde ; mais Camille s’y oppose en vrai Romain, en orateur éloquent, en politique habile. Sa voix retentit dans tous les coeurs; le projet est rejeté, à la honte des tribuns qui l’avaient enfanté : Rome renaît de ses cendres, et Vejes s’anéantit sous ses derniers vestiges, pour ne révéler son ancienne existence qu’après vingt-deux siècles du plus profond oublia).
La prise de Troie par les Grecs amena sur la còte du La* tium la révolution politique la plus extraordinaire. A l’approche des héros de l’Enéide, celte terre de Saturne , si riche et si magnifique , jugée par les poètes digne d’être la scène du siècle d’or, voit ses paisibles habitans quitter la houlette et la bcche pour prendre les armes, et être témoins actifs de cette lutte, qui décida, par la suite, du caractère et de Fexistencc de Rome.
La prise de Vejes vint terminer ce grand oeuvre des siècles
selon Thucydide (lib a , cap. 13) , de soixante stades , c’est-à-dire deux lieues six cent soixante-dix toises, d’après le calcul de fauteur du du Jeune jt'uschnrsis , torn. 3 , chap. 6.
(1) Les antiquaires ont long temps cherche' la position de Vejes. Les moins raisonnable» l’ont vue à Civiu-Castellana , petite ville distante de Rome de trente-cinq milles, et dont la situation a quelque chose de pittoresque. Cluvier Imitai. Λ ntt η.. lib. a, cap. 3 ) la trouvait à Scrofano , dont le territoire est coupc par de larges veines de soufre ; J-lolalrnius f sin not., p. 56) prés du petit vil’oge de la Storla ; Zanchi ( Il Kejo illustralo, p. 88·ι3|) dans la forêt de fiaccano , près de 1« voie Cassienne, au lieu dit Monte-Cupo H. Un monument fort curieux , trouve le i6 mai 1811, dans les fouilles faites par Μ. Geprgi de Rome , nous apprend que cette ville uri* opulentissima /I et rusci nominis , comme l’appelle Titc-Lîve ( lib 5 , cap. aa) , occupait le même territoire qu’occnpe aujourd’hui le village dit l’isola Farnese, à dome milles N- O. de Rome.
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passés, et décider à son tour de la destinée de l’Jtobc, do l'Europe, du Monde entier, depuis les Romains jusqu’à nous, par les changemens moins qu’elle apporta dans les habitudes de ses vainqueurs
Ce fut à celle époque célèbre que Rome prit réellement une attitude formidable , et exerça cette prépondérance qui (it tout trembler à l’aspect de scs aigle*. Jusque-là le soldat pourvoyait lubmcme, en temps de guerre comme en temps de paix, à ses besoins, en empruntant, pour faire la campagne, les sommes qu’il devait rendre sur le pillage et le butin · du moment que Vejes n’est plus, le trésor public se charge de toits les frais de nourriture, d’équipement et d’entretien journalier; la cavalerie est organisée, et la troupe contrainte de demeurer sous les armes en hiver, comme pendant la belle saison, et à fermer ses camps de rclranchetnens et de fortins.
La première de ces deux grandes époques est le sujet du drame des six derniers livres de l’Enéide , où Virgile se montre lour-à-tour grand poèt(*et le fidèle historien des plus antiques peuplades qui occupèrent la contrée à jamais illustre située entre la mer, le Tibre et l’Anio , aujourd’hui le Teverone.
Le sac de Vejes est le sujet d’un poëme entrepris par un savant italien f qui, par sa Topographie médicale de Corfou, s’est fait connaître comme bon observateur, et qui, par son excellente Ifistaire de la guerre de l* indépendance des Etats· Unia d* Amérique (3), s’est placé parmi les meilleurs écrivains de la célèbre péninsule, et au premier rang parmi les plus illustres historiens de son siècle. Le choix du sujet est noble, entièrement neuf pour les Muses, et d’autant plus heureux, qu’il est national et très-poétique. J1 fait l’éloge du goîlt et du coeyr de Μ. Carlo Botta. D’après la manière dont
(3) Wons possédons maintenant en France une bonne traductioa de celte histoire. Oii la doit à Μ. L. de Sevclinges. Elle est précédée d’usé introduction, où l’auteur fait preuve de goût et de so- l ilcs connaissances sur les événement de la guerre de l'indépea- da .ee. $a traduction est encore enrichie de plans et de cartes géographiques.
LANGUE ITALIENNE.
Su
il Cn a disposé , je crois pouvoir assurer à l'auteur de la Camilléide la palme du triomphe.
Deux, qualités essentielles sont exigées dans le poeme épique, la facture du vers et le charme des fictions qui doi-* vent soutenir l’intérêt , développer les pensées et embellir les faits historiques consacrés par l’épopée. Je les trouve réunies dans le beau poëme de la destruction de Vejes. Ecoutons le début du chantre de Camille ;
La guerra io canto , eli’ in Etruria nacque P-er nuovo »rva ,
Oc de gli antichi, e bellicosi 'Toschi Contro la stirpe di Romolo invitto Λ gii odi, a farmi, ed a mortai ciaicnlç Addotti furo, per cui tanti corpi Di nobilitale in su Taren· stes» Giacquero a morte indegnamente in preda ; Cremria , e Tebro di lor sanatu liuti Gonfi, nundaro, e rosseggiami al m^re, Eia gran Vrjo de l*im|>er<» losco Capo, c regina già famosa e ricca Fuutie abbattuta, desolata, rcj arsa.
Le poème est divisé en doaze chants · chacun d’eux a son caractère particulier, et tous, par la variété des tableaux, lo jeu des passions, la rapidité des événement, les nobles idées qui sc pressent sous la plume de l’auteur, la richesse du style et les descriptions qui viennent procurer d’ufilef repos à l’cs- Îirit, font «le ce poeme un d<s plus heaux mQnumeus que ’Italie moderne puisse offrir au monde savant, comme uço suite naturelle de l’Enéide.
Absennî TuUsavt οι
5j3
MERCURE ETRANGER.
A EGERIE;
IMITATION LIBRE DE METASTASE.
Vetren succède aux feux du pur,
Quittons nos champs, belle Égérie , Laissons les jeux de la prairie, Et cherchons ks plaisirs dans un autre séjour.
Viens de la mer visiter le rivage,
Y respirer une douce fraîcheur 4
Le murmure de l’onde et le zéphyr volage
Invitent les amans à rêver le bonheur.
Quand la nuit sur nos bois étend son voile sombre ,
L’Océan réfléchit les rayons lumineux
De mille astres divers qui brillent dans les deux „ Et semble eq augmenter le nombre.

J'admirerai le jour tes grâces, ta beauté',
Et si de tes refus j’adoucis la fierte', *
Ivre d’amour alors j’oserai, sur ma lyre, Du chantre de Corinne imiter les transports; Et si toa doux regard m’encourage et m’inspire , Qui pourra se flatter d’égaler mes accords !
Souvent notre barque rapide Au gré des vents sillonnera les flots;
Souvent une amorce perfide Mous livrera les habitans des eaux; Souvent aussi, sur ta bouche charmante, J’oserai prendre un baiser amoureux ;
El peul-êlte un matin, dans les bras d’une amante, Obtiepdrai-je le prix que méritent rues feux !
L. A. Μ. Boürgeat (de l’Isère.)
LANGUE ITALIENNE.
5)5
TRADUCTION DE QUELQUES SONNETS.
I.
LA VISION,
SONNET TRADUIT DE PETRARQUE.
Lcvommi il mio pentief. .......
Daits un heureux transport de mon coeur agité, J'ai cru monter au lieu par ma Laure habité.
Là, lont-à-coup, s’offrit, parmi h troupe sainte, Qui, du troisième ciel peuple l’auguste enceinte , Plus belle, mais moins fière , à mes regards émus , Celle qu’ici je cherche et ne retrouve plus.
Elle me prit la main, et dit : « Dans cet asile Tu pourras avec moi jouir d’un sort tranquille, Si j’en crois mon amour et le voeu de mon coeur. C*est moi qui, sur la terre, ai causé ton malheur. J’ai rempli mes destins : ma rapide journée, Flétrie avant le soir, est déjà terminée.
e De ma félicité la source est dans le ciel :
Mon bonheur en ces lieux n’a plus rien de mortel j J>e ce voile si beau , qui séduisit ta vue , La dépouille terrestre à la terre est rendue ;
Mais ce coeur est à toi : c’est toi seul que j'attends. »
Elle dit et se tut. Ah ! pourquoi ccs accent Ont-ils cosse? Sa main ne pressa plus^ mienne j
Mon ime, avide encor de recueillir la sienne,
Si j’avais prolongé cet entretien d’amour, S’allait fixer près d’elle an céleste séjonr.
314
MERCURE ETRANGER.
II.
TRADUCTION LIBRE
d’un ßOK»lT I7ALIÏS »’alfieri.
um nORENCE.
Michbl-Axce ta ces lieux a reçu la naissance ;
Dans ce* lieux , de l’amour la louchame influence Du sensible Pétrarqut inspira les accords.
Ici le grand poète(i), interprèle des morts* Pénétrant de l’Enfer les voûtes téoébreuses ,
Fil retentir au loin leurs clameurs douloureuse».
Ici, d’un vol bardi, s’élevant jusqu’aux Dieux » Un mortel mesura les mou ve mens des cieus(a).
Ici, penseur profond ri roi par sou genie*
Un Tacite nouveau flétrit la tyrannie (3).
C’est dans ces mômes lieux qu’il fut jadis permis De pensfr, d’exprimer, dans de mâles écrits, Les nobles senti mens des âmes magnanimes, Qu’en nos jours malheureux ou appelle des crimes.
Alors n’existait point celte affreuse terreur,
Des maux des nation» funeste avant-coureur, El d’un vil délateur le talent mercenaire De la vertu jamais n'usurpail le salaire.
(a) U· Dant«. (a) Galilée.
(S) Machia rei.
LANGUE ITALIENNE.
315
HL
TRADUCTION LIBRE
D*UN SONNET EN VERS ITALIENS, SUR ^ITALIE,
PAR VELICA! A.
Belle et triste Italie ! Ô terre généreuse, Riche de» dons du ciel, et toujours malheureuse ! Hélas ! pourquoi faut-il, source de pleurs amers, Que u beauté fatale ait produit tes revers?
Italie! ah ! pourquoi la fortune cruelle
Ne te fit-elle pas plus pui$Molc ou moins belle?
Plus puissante, ton bras eût défendu tes droits. Moins belle, la fureur.. l’ambitioo des rois , Avec leurs légions , franchissant les montagnes, N’eût point de flots de sang inonde tes campagnes.
Te» rempart» de rochers, hérisses de frimas, Contre les oppresseurs impuissante» barrières, N· seraient point couverts de farouches soldats , Qui portent ton opprobre écrit sur leurs bannières:
Ton oeil ne verrait point le superbe etranger, Qui, t’imposant des lois, prétend te protéger. Et de tes propres Gis les bandes mercenaires S'unir à tes tyrans, pour enchaîner leurs frères.
Le fer de l'étranger a brillé duns leurs mains , El nés tes défenseurs, ils sont tes assassins.
Belle et triste Italie I ô reine détrônée ?
Telle est done à jamais ta dure destinée !
Porter d'indignes fers, ramper sous des tyrans ; Voir rhomioide acier, dont s'arment tes enfans, D’un conquérant cruel secondant la furie, Lui consacrer le» bras qui l’auraient dû punir ;
5 j6
MERCURE ETRANGER.
Ensanglanter le sol de leur triste patrie; Pour prix de leurs exploits, condamnés à servir; Et vainqueurs ou vaincus, lui donner en partage Le joug de l’étranger, la honte et l’esclavage.
JuLIXN l’aLNÎ, Inspecteur aux Relues.
LANGUE ANGLAISE.
• *
OBSERVATIONS on the topography, etc. — Observation sur ία Topographie de ία plaine de Troie, et sur les principaux objets de cette plaine et des environs qui sont décrits ou indiqués dans l'Iliade, montrant que le système de Μ. Le Chevalier, depuis si longtemps en vigueur 9 est basé sur une Topographie entièrement erronée, et que les deux sources, dont Tune est nommée cil AU DB et Vautre FROIDE, sur lesquelles ce système repose, ne présentent point de contraste , mais sont exactement semblables sous le rapport de la température, c'est-à-dire toutes deux ‘ FROIDES ; avec six caries sur une seule feuille, qui offrent la Topographie de Μ. Le Chevalier, mise 'en confrontation avec celle de trois autres voyageurs et un Essai Géographique sur la région du mont Ida; par J. Rennell, membre des sociétés de Londres , d'Edimbourg, de GoetlÎDgue et de l'institut royal de France. In-4U de 156 pages.— Londres, i8i4.
Μ. Rfnnell, dans cet ouvrage, reporte à l'orient ou à la droite du Minder, la plaine de Troie, que les recherches de Μ. le comte deChoisenl-Gouflier, de Μ. Le Chevalier, vérifiées et approuvées par un grand nombre de voyageurs et de savaus, semblaient avoir solidement établie b l’ouest ou à la
LANGUE ANGLAISE. 3ι;
gauche du Minder. L’idée principale d’après laquelle Μ. Rennell a construit sou système, n’est pas entièrement nouvelle. Μ* Clarke, dans le second volume de ses Voyages, chap; 4 , pag. , qui a paru en 1812, avait déjà combattu l’opinion commune. Ses observations sur ce sujet sont accompagnées d’une petite carte , ou la plaine de Troie se trouve placée a h droite du Minder ou du Scarnando de Démétrius Scepsis. Le ruisseau qui prend sa source près de Tchi black et se décharge dans le Minder près de Kallifalti y que Μ. Clarke nomme Callifat-Osraack , est, suivant cet auteur, le Simoïs. Mais d’après les observations faites sur les lieux par le professeur Carlyle , et communiquées k Μ. Rennell, ce ruisseau est encore plus considérable que ne l’a cru Μ. Clarke , il prend sa source dans la chaîne de l’Ida, au nord d’Eskî-Atclie—Kui on du vieil Alche-Kui ; et il se nomme encore dans Je pays Sfamar ou Simore.
« Je regrette beaucoup, dit Μ. Rennell, que le profes- « seur Carlyle n’ait point assez vécu pour cire témoin de3 « grands avantagés qui résultent de Sa belle découverte du, « cours supérieur du Shimar, qui a plus que toute autre con- « tribué h rétablir l’ancien système de la topographie de la « Troade. » Si nous croyons, au contraire, quelqu’un qui a visité ce sol célèbre eu observateur scrupuleux, Μ. Rennell se serait beaucoup hasardé en se confiant h la périlleuse parole du professeur Carlyle. Mais en admettant l'existence de ce cours supérieur du Shimar, que ni l’ingénieur Kauf- fer, ni Μ. Gell, ni Μ. Le Chevalier, ni Μ. Clarke , ni Μ. Franklin , ni Μ. Hammer, ni tant d’autres, n’ont ’aperçu ; en admettant que le nouvel Jlium et l’ancien bourg des lléens étaient dans les lieux que leur assigne Μ. Gell ; en admettant enfin que le Minder est le Scaman- dre de Démétrius Scepsis, et même que le Shimar est son Simoïs, il en résulterait que la topographie de la Troade, aux temps de Strabon et de Démétrius Scepsis, se trouverait connue etdétermiuée dans quelques-uns de ses points principaux; mais les objections de Sirahon qui prouvent que celte topographie n’est point applicable au temps d’Homère
Ìi8 MERCURE ETRANGER.
et de l’Iliade, subsistent dans toute leur force ; elles subsistent si bien, que, dans ce système, Μ. Rennell n’a pu trouver un emplacement convenable pour l’an tique ville de Troie , ni rien qui puisse correspondre aux fameuses sources décrites par Homère. Μ. Rennell, pour échapper a cette objection, dit d’abord que la topographie de cette contrée n’est pas suffisamment perfectionnée, ce que nous croyons comme lui; mais prévoyant sans doute que de nouvelles vérifications ne seront pas plus favorables a l'existence des sources en question dans l’étendue du territoire qu’il leur assigne , il appelle h son secours les trembkmens de terre. Nous avons cependant de fortes raisons pour croire que Μ. Rennell aurait pu trouver dan* les mesures que donnent Démétrius Scepsis et St raion, dans celles des itinéraires et de la table , dans quelques lignes de Pline , des preuves que ce terre in célèbre n’a éprouvé aucune altération notable depuis dix-huit siècles; ce qui laisse l’espoir de retrouver les principaux traits qui le caractérisent dans Homère. Les doutes que Démétrius Scepsis avait sur fern· placement de l’antique Troie et les objections de Strabon Dons prouvent que, dès cette époque reculée, le fil de la tradition était entièrement rompu; ce qui laisse aux modernes la liberté d’abandonner les conjectures des anciens, et de comparer Homère avec la nature.
En considérant la discussion sur ce dernier point de vue, Μ. Rennell a senti l’importance de la découverte des deux sources, l’une chaude et l'autre froide; et il emploie plusieurs pages a affaiblir ou a détruire cette grande prouve du système contraire à celui qu’il veut établir. De quatre expériences qui ont été faites en differens temps et a differente^ époques de l’année, il résulte eu effet que ces deux sources ont une température égale, et ne présentent point, a cet égard, de contrastes entre elles ; mais ce qui étonnera beaucoup , après avoir lu le titre du mémoire de Μ. Rennell, c’est que cette température est au moins tiède et non pas froide , et lui-même l’avoue, puisqu’il dit qu’ci le excède de six degrés celle de l’eau ordinaire. Les expériences faites par Mtllawkios, le captainc Ilaycs, le docteur Clmkc, et Μ. Ilob-
langue anglaise.
Sig
house, en différens temps de Tannée , ont donné des résultats à peu près semblables, et dont le terme moyen est 63e- thermomètre de Faienheît· Mais tout le inonde avoue que la source qui, dans le pays, est réputée chaude, fume, et que Tallire De fume pas. A cet aveu , Μ. Rcnnell aurait dû ajouter ce que dit 'a ce sujet le docteur Claike. Ce voyageur f dont le témoignage n’est pas suspect , puisqu’il a le premier mis en avant le système que Μ. Rennell cherche aujourd’hui ù établir, nous apprend que, lorsqu’il visita ces sources, il trouva celle qui est réputée chaude dans un état d'ébullition telle, qu’elle ressemblait à de l’eau qui bout fortement. Or, a moins de supposer qu’Homcre et ses contemporains ne connussent la théorie du dégagement des fluides aëriformes, qui donne Tei plicat ion de ce phénomène, l’ébullition devait alors présenter l’idée d’une graode chaleur. C’est ici le lieu de rapporter l’explication que nous donne Μ. Gell en faveur de la véracité' des personnes qui ont trouvé un grand contraste entre la température de ce3 deux sources. La source réputée chaude est à découvert , a sa sortie de tetre, tandis que celle qui est réputée froide, sort de dessous les rochers, et se répand aussitôt dans un large bassin, où elle prend la température de l'air. Quand on a soin de passer son bras b travers les rochers, pour mesurer le degré de chaleur de Cette source, on le trouve égal à celui de l’antre source ; mais si on se contente de plonger la main ou le thermomètre dans le bassin , où elle s’épanche , elle présente, avec In source fumante et bouillonnante, un contraste d’autant plus grand, que l’air extérieur est plus froid. Je ne pousserai pas plus loin ces observations. On sait que les pièces les phis authentiques de ce grand procès ne sont pas publiées ; et le mieux armé de tous les combattans n’est p»s encore descendu dans la
(i) Lo célèbre auteur du Koj'uÿe pittoresque de la Grèce (Μ. le , eoiule <le‘Choiseul-GoiiHier ) vient iTcnvoycr bui les lieux un dessina-
520
MERCURE ETRANGER.
Memoirs of his Royal Highness, the Prince of Wales^ — Mémoires tie S. Λ. R. le Prince de Galles ; avec cette épigraphe :
« Dans ces temps malheureux, Sire, le monde examine « la conduite des princes avec un oeil jaloux , scruta- « teur, malveillant. Personne n’en est plus persuada «que moi, et personne, en conséquence, n'est plus a determine à se placer au-dessus du soupçon, u
( Ltllft du Prince de Galles au liai son père. )
Il ne faut pas le dissimuler, ces Mémoires sont une apologie ; mais puisqu’il existe sur la terre une contrée où les princes eroi eut devoir soumettre leur conduite à un examen public , nous allons donner un aperçu de ces Mémoires , sans jamais perdre de vue que le prince, sous les auspices duquel ils ont paru , est un de ceux qui maintenant brillent du plus grand éclat; sans oublier surtout qu’il nous a précieusement conservé, pour nous les rendre en temps opportun, les dépôts les plus sacres.
L’auteur anonyme a cru devoir débuter par une généalogie de la maison de Brunswick. Il la fait remonter jusqu’à Pliaiamond, et meine beaucoup au-delà. Sans doute il a de bonnes autorités, et nous nous garderons bien de le contredire ; niais les héros modernes que celle maison a produits, et les murailles de bois de la Vieille-Angleterre, sont aussi des moyens d’illustration que le Prince Régent ne dédaigne sûrement pas.
Passons sur les premières années du Prince et sur le mérite de ses précepteurs : Tauteur a exposé le tout un peu longuement. Examinons le Prince a cette époque de la vie où l’existence éprouve un changement remarquable. Le
teur babitc , qui lui rapportera le plan le plus exact de la Plaine de T mir. Ainsi l’on pourra bientôt décider, sans appel. la question que discute, dans cct article , l’un de nos géographe« les plus <ltstï*igue$ , Μ. W***. S’il oc partage pas, en cette circonstance, l’opinion de Μ. Rennelt, il sc plaît à rcc »nnaître avec nous le mérite et les lumières de ce savant anglais. ( dole de l’Editeur, )
LANGUE ANGLAISE. 3ai
prince de Galles (ses portraits en font foi) a un extérieur noble et aimable : nul doute que, dans un pa^s où les belles femmes ne sont pas rares, il ü’ait trouvé de fréquent es occasions d’aimer. L’auteur dont la discretion est très-remarquable, ne parle d’abord que des liaisons de S. A. R. avec mistress Robinson. N’écrivant pas pour des Anglais, nous révélerons a nos lecteurs que Mary Robinson ‘était une actrice du théâtre royal de Drury-Laue. Elle avait vingt-un ans et le Prince dix-neuf, lorsqu’ils se connurent; et l’ez$- chanUresse Perdita (îj, ainsi qu’on l’appelait dans le grand monde , eut l’avantage d'attirer les premiers regards du prince (si toutefois il faut s’en rapporter a sou historien « Tout se passa comme a l’ordinaire. » Cetle phrase d'A- myot, dans sa traduction de Daphnis et Chloé, est d’un grand secours aux narrateurs d’intrigues amoureuses; et, par celle raison, nous n’hésitons pas à nous en servir. Il parait toutefois, ou plutôt il est prouvé, que cette intrigue we fit pas de longue duree. Mistress Robinson eut du moins la consolation de pouvoir exprimer ses regrets dans des •vet's. Elle les adressait ά celui qui tes entendra : ils méritaient vraiment d’être entendus; et, pour p.viler im instant le langage du pays où ils fuient composés, de faire couler quelques hunes sympathiques. Seulement, mistress Robinson affecte de ne parler que d'amitié. C’est un peu fort pour la belle Perdita. Où l’hypocrisie va-t-elle se nicher !
Une gloire qu’on ne peut contester an pi incede Galles, c'en que, devenu niqeur, et preuantséance dans la Chambre des Rail's, il commença par avoir pour amis ( ou assure que les princes en ont eu Angleterre ) p’usieurs des premiers hommes de la nation. Ce furent ce Burke, dont les éloquentes Pli:1.ippiq ues corn re les désastres de la révolution française retentirent dans toute l’Europe, et troublèrent
(1) Ce nom, sous lequel on la connaiisaii le plu« habituellement, était celui d’un de« rôles qu'elle jouai laver le plus de sucer«· Y avait- il eu quelque malignité à le lui donner? C’est ce que nous ignorons et ne cherchons pas a savoir.
Tom. IH. — 1814.
2J
322
MÊRCURE ETRANGER.
plus d’une fois, dans leur triomphe odieux, les agitateurs de notre patrie; ce Fox, homme extraordinaire, qui sut commander l’admiration h ceux-mêmes dont peut-être il n’eut pas obtenu toute l’estime; enfin, Μ. Sheridan, que l’Europe connaît comme auteur d’une comédie pleine de verve, et dans laquelle se trouvent des caractères admirablement tracés ζϊ). Il est de plus honore' dans son pays par tous ceux qui aiment qu’un homme public, qu’un membre • du Parlement soit invariable dans ses principes, autant du jnoins que la chose est possible.
Ces amitiés illustres et les affaires de l'Etat n’occupaient pas tellement le Prince, qu’il ne cherchât des délassemens. Son biographe avoue qu’h la trop sensible Perdita succéda . mistress Fit2herbert. Le Prince, de plus, contracta des dettes, et eliesvdevinrent le sujet de violens de'bats. Mais bientôt une circonstance plus importante attira son attention, celle des deux Chambres d'Angleterre, et même celle de l’Europe entière. Le respectable monarque, dont les vertus avaient captivé le coeur de tous les Anglais, éprouva les premières atteintes de la maladie fatale sous laquelle il est encore maintenant abattu. Les deux Chambres déférèrent la régence au Prince; et dans cette occasion, comme dans la suite, le fils aîné du roi de la Grande-Bretagne tint une conduite si sage, si mesurée, qu’il se concilia l’affection et Je respect même des adversaires assez nombreux que lui avait faits sa jeunesse orageuse.
L’auteur a eu l’attention de ne parler, que de la manière Ja plus circonspecte, des tristes et loDgs débats qui suivirent le mariage du Prince ; nous imiterons sa retenue. Ces débats durent encore : comment finiront-ils? C’est ce que nous ne pouvons ni ne voulons prévoir. Il est tout au moins très-suffisant que les journaux anglais , copiés ou «analysés sur le continent, tiennent trois ou quatre lois par semaine
(2) Tfie School for te and ni On sait qu'elle a été imitée heureusement en français, par feu Μ. Cheron, sous le litre du Tartufe de Moeurs.
LANGUE ANGLAISE.
5ï5
les amateurs du scandale au fait de ces discussions. Jamais nous ne nous sommes plus félicités que le Mercure Etranger ne soit pas un journal.
Considéiée sous le rapport politique, la conduite du prince de Galles est, pour son historien, le sujet d’un grand nombre d’éloges; et il faut bien avouer ici que l’on peut être quelquefois panégyriste, sans tomber dans la flatterie et la fausseté. Une digue fut opposée par FAneletene au torrent qui menaçait d’envahir l’Europe; et si le prince de Galles fut favorisé par la fortune , en se trouvant placé à la tète des hommes courageux qui établirent cette digue, il faut avouer aussi qu’il se montra toujours digne de ses haut es desti nées. Sou biographe n’est pas allé jusqu’à l’époque la plus glorieuse de l’histoire de son héros : mais ce qu’il n’a Î)u dire, d’autres ou lui-même le diront. L’Histoire un jour, ’Histoire représentera le prince de Galles rendant aux voeux de la France le successeur de Saint-Louis et de Houli IV. N'hésitons pas a Tallinner : cette circonstance aura été la plus belle de sa vie; et si quelques frondeurs moroses songeaient encore h des pécadilles de jeunesse , ce ne seraient pas du moins les Français qui se joindraient à eux : toujours le prince de Galles sera l’objet de leur respectueuse estime. Eût-il besoin d’iudulgence dans quelques- circonstances, ils diraient avec attendrissement, en songeant à leur souverain et à sa famille : Que beaucoup de choses soient remises au prince deGalles; car il a beaucoup aimé!
Ces Mémoires, écrits avec une rare élégance, renferment une foule de particularités intéressantes, que .nous U’avons pu indiquer, parce qu’elles auraient nécessité de longues explications sur l'état politique de l’Angleterre,etc. Nous sommes fondés à croire qu’on en va faite incessamment paraître en France une traduction abrégée ; et nom ne doutons pas qu’elle n’obtienue du succès;
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LANGUE ALLEMANDE.
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J’ai donné dans le dernier numéro la traduction de deux morceaux de poésie de Schiller, qui, tous les deux, m'avaient paru susceptibles d’observations de divers genres; je m’empresse de donnerau jourd’hui la traduction de deux autres morceaux du poésie du même auteur, qui réunissent h toutes les convenances morales, les plus touchant es beautés littéraire». Quel juste appréciateur du mérite des femmes, quel homme impartial pourra lire la première de ces pièces, sans éprouver les seutimens de (’enthousiasme, de la reconnaissance; même du repentir ! On trouvera dans Tune de ces pièces ce charme de la mélancolie, cette vague et magique schver- meme, .dont les Allemands seuls possèdent le nom, comme ils possèdent la chose. Le mot de dignité, dont je me suis servi pour exprimer un mot allemand analogue, rend assez mal l'idée de l’auteur et la mienne. 11 est cependant le seul dont j'aie pu me servir. Schiller, pour les strophes qui expriment les seutimens doux, pacifiques et recueillis de la femme, se sert de strophes longues, de rhytbmes solennels, graves etoncUicux. Pour exprimer l’inconstance sauvage et 1 apre vivacité du caractère de l’homme, il se sert de strop) es extrêmement courleß,d’un rbytluue entraînant, d’une harmonie péniblement imitative. L’eflèt de ce contraste est admirable. Sans docte il est d’innombrables exceptions a faire a l’idée que Schiller a donnée de l’influence et du caractère des deux sexes. Il est panni nous de véritables zélateurs de la vertu; et les vices de la société déparent trop souvent chez les femmes les beautés morales de la natine. Mais quel fond de vérité! quelle peinture frappante et fidèle ! Si ma faible traduction, ou un jour quelque imitation plus heureuse, faisait éprouver aux amis d’une pué :e
, LANGUE ALLEMANDE.
325
noble et pifre, comme les sentanens qu’elle exprime, quelque enthousiasme pour ces productions de Schiller, je leur dirai, s’ils n’ont.point lu cet auteur dans sa langue., ce qui fut dit h ceux qui admiraient Demosthenes, en entendant réciter ses discours : « Que .serait-ce donc , si vous l’aviez entendu Ini-même ? »
DIGNITÉ DES FEMMES.
Honores les fcramcs! ellee tressent et entrelacent dans le tissu de la vie terrestre, les roses célestes du bonheur; c’est elles qui forment le lien enchanteur de l’amour;-et, sous le voile pudique des grâces, attentives et vigilantes, de leurs mains consacrées, elles entretiennent la flamme éternelle des sentimene sublimes.
Toujours hors des homes de l’invariable vérité, la force sauvage de l’homme erre à l’aventure, et ses pensées inçpns- · tante&le poussent en et là sur la mer orageuse tics passione ; sJt main avide cherche à saisir dans le lointain, son coenr est insatiable, et son in fa li gable imagination poursuit ses conceptions bizarres jusque dans les régions étoilées.
·’ ·»·**'*'*'·»* ·—'*»w··
De leurs regards enchanteurs, les femmes rappellent et enchaînent le fugitif. Des plaines trop sonvent chimériques de l’avenir, elles le rappellent dans le cercle de la réalité; clics n’ont point quitté le modeste asile maternel; elles y sont restées , chastes filles de la sainte nature, avec* te cortège des vérins et de la pudeur.
Trot souvent la haine inspire les efforts de J’horame ; impétueux, armé d’une puissance destructrice, il courta travers la vie , sans connaître de frein et sans trouver de repos, (ic qu’il créa hier, demain il le détruit; ses désirs luttent l’un avec l’autre dans son propre coeur; éternels comme la tête de l’hydre, ils renaissent, s’éteignent, et renaissent encore.
5î6
MEROUIlE ETRANGER.
Mam contentes d’une gloire paisible, les femmes cueillent avec modestie la fleur fugitive de l’instant; elles la Cultivent Avec les soins de la sagesse, de la vigilance et de l’amour; dans les bornes circonscrites de leur influence , plus libres auc lui dans les plaines incommensurables de la pensée, et ans l’horizon infini de l’imagination trompeuse.
Insensible, orgueilleux, plein de lui-même, l’âme glacée de l’homme connaît à peine les inspirations généreuses et la volupté céleste de l’amour; il connaît neu le doux, échange des coeurs; des larmes de tendresse coulent rarement de ses yeux ; les combats mêmes de la vie semblent redoubler l’ai* rain de son coeur.
Mais telles que les cordes de la harpe éoliennequi reten· tissent soudain, au moindre souille du zéphir, tel le coeur sensible des femmes s’ouvre en un instant aux inspirations de la pitié; la souffrance des douleurs d’autrii fait palpiter leur sein, lçs pleurs de la compassion brillent dans leurs yeux comme la rosée céleste et les perles de l’Océan,
******* %%* ******* * ***
Sous l’injuste domination de l’homme, s’exerce le droit insolent de la force; le Scythe inexorable fait briller son glaive, et le Persan devient esclave. Rien n’apaise les passions impétueuses de l'homme, et la voix sauvage des Furies retentit dans des lieux où les Grâces fuient épouvantées.
Mais avec l’éloquente persuasion, la douce et insinuante prière, les femmes tienneut dans leurs mains le sceptre pa-· cifique des moeurs; elles éteignent le feu de la discorde, qui éclate, brûle et cons urne ; elles enseignent l’art d’étouffer par lesétreîntesdc l’intimité leshaines les plus implacables, et do réunir miraculeusement ce qui senablajtse fuir pour toujours.
LANGUE ALLEMANDE.
5>7
L’ESPÉRANCE.
D’un âge heureux, d’un avenir fortuné, les hommes, depuis de nombreux siècles, rêvent, parlent, et s’occupent sans cesse ; vers un but lointain de félicité, on les voit incessamment tendre, et se précipiter. Cependant le inonde vieillit, il retrouve son éclat j les hommes espèrent toujours une tardive regeneration.
!
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C’ist l’Espérance qui nous ouvre les portes de la vie. Autour du berceau de l’enfant, elle folâtre avec légèreté Sa ma- Î;ique apparition enflamme l’adolescent· au bord même de a tombe , elle ne quitte pas le vieillard, et lorsqu’arrivé ait terme fatal, il trouve la (inde sa carrière pénible, devant cette demeure dernière, il arbore encore l’étendard de l’Es- pérance.
Unje voix intérieure, puissante, nous dit : Consolante immortalité , non, tu n’es pas une chimère î Le délire de l’insensé ne te donna pas naissance , la raison et le coeur le proclament, de nobles destinées deviendront notre partage, et çe nue proclame la voix de la raison, la voix du coeur, pour· l’enfant de l’homme, ne sera pas une Espérance trompeuse.
Μ .... B..
VU%M4*WM*AM>
LANGUES DU NORD.
AMOURS DE TÏAGWARD ET DE SIGNILD,
FRAGMENT D’UN OUVRAGE SUR LE3 SUIDES.
Parmi les Siafdes, dont les annales du Nord font mention, il en est peu qui soient plus célèbres que JHagward, lils de Hoemund. Les chroniques nous fournissent des preuves non équivoques de sa valeur et de son génie ; et Saxon le Grammairien a consacré plusieurs pages de son histoire au récit des amours et de la fin malheureuse de ce héros-poète. 11 y a sans doute plusieurs détails roiuauesques dans cette histoire, mais le fond en est vrai ; et si l’imagination des Skalde s l’a embellie, ce n’est pas un motif pour la rejeter entièrement. D’ailleurs on conserve encore des fragmensde Hagward, dont l’authenticité n’a jamais été révoquée en doute par les critiques.
Srr^RDf roi de Danemarck, avait une fille ætine rare beauté, nommée Signild : Haguxird. la vit, l’aima, et en fut aimé. Hildigel, qui n’avait en sa faveur que l’éclat si vain de sa naissance, l’aimait aussi, et la demanda en mariage. Mais il manquait de valeur et de probité : aussi la princesse, qui n’aimait que les belles actions et le courage, ne lui témoigna-t-elle que du mépris. On sait que les jeunes vierges Scandinaves, préférant la gloire à la heaute, étaient moins fières des charmes de leurs amans , que de la renommée qu’ils s’acquéraient dans les combats. Les seuls braves obtenaient leurs coeurs.
MERCÜREETRANGER.—LAIÌG. DG NORD. 5 g
Haguürd revenait d’une expédition avec les fils de Si- vard, qui ne savaient pas que leur soeur, égarée par son amour, devait s’unir secrètement à lui. On eiït occasion , pendant le voyage, de parler du vaillant Toi Hftkon. Hag- M'wcfl’éleva bien au-dessus du bel Hildigei qui étaitpré- Rent, et justifia cette préférence par des vers improvisés que je traduis ainsi :
« Hakon a peu de blancheur , mais il brille par sa proti bité , et l’on voit sa vaillance empreinte sur son visage, u Son courage rachète les difformités de son corps, et fait « oublier les défauts de sa taille. Ses charmes sont dans sa « valeur ; ses traits respirent le feu de la guerre , et l’on ne « le distingue que par scs belles actions. Sa vertu fait lh « beauté de son âme, et la beauté de son âme fait celle de « son corps. Il doit sa réputation à Sa force, au nombre de *t scs exploits , et non à l’élégance de ses formes. Mais une « tête charmante , un visage éclatant de blancheur et des « cheveux, blonds et ondoyans font reconnaître Hildigel. « Les soins qu’il donne à sa figure le déshonorent, et le vain « éclat de sa parure n’en impose pas. La vertu et la beauté « n’ont jamais été soumises aux memes lois : Tune est tou- «.jours constante; l’autre s’enfuit et disparaît avec le cours « des ans , après n’avoir produit que des vices : mais ta « vertu , assise sur des bases bien solides, fortifie le courage « et sc relève plus forte après une chute. Le vulgaire, séte du it par de vaincs apparences, méconnaît les principes du « juste ; mais ma raison , plus ferme, n’aime que l’homme « vertueux, et méprise le soldat efféminé. »
Haggard avait l’intention. d’humtlier, par ce parallèle Satirique, Hildigel, dont il n’ignorait pas les prétentions aiir Srgnitd. De son côté , Hikligei, qui soupçonnait peut- être les liaisons de Hagward et de la princesse , jura de se venger. Il entreprit d’abord de le brouiller avec les frères <le son amante; et il séduisit pour cela un vieillard nommé Jiolafisfi, que S iva rd avait mis auprès de ses fils 9 pour leur donner des conseils pendant leur expédition..
l^es manoeuvres et les calomnies de RoIwûîs servirent bien la vengeance de Hildigel. Le rusé vieillard parvint sans
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MERCURE ETRANGER.
peine à faire naître la haine entre les fils de Âtwcfet l’amant de Srgnild. Celui-ci avait deux frères, -Helivin et Hoemund, Les fils de Sivar, Alf et Alger, les attaquèrent et leur donnèrent la mort. Hagward> survenant lorsqu’ils expiraient, les vengea , en immolant leurs vainqueurs et Hildigel (i), dont la blessure fit connaître la lâcheté.
Après ce combat , Hagivard, couvert d’un habit de femme, alla vers son amante. Sa confiance dans sa fidélité, l’emportant sur la crainte de Sivard, il brava tous les dangers pour se réunir à elle , et entra de nuit dans son palais. Les esclaves qui lui lavaient les pieds par ordre de leur maîtresse , lui témoignèrent leur étonnement en les voyant si. ▼dus. Hagward leur répondit pai· des vers, dont voici la traduction :
« Pourquoi vous étonnez-vous de la dureté de mes pieds? « N’ont-ils pas été froissés mille fois par les débris des ro- « chers? Mes jambes ne sont-elles pas sans cesse déchirées « par les ronces? Tantôt je m’élance dans les forets , tantôt « je fends les îlots orageux. La mer, la terre et les fleuve» « me sont également ouverts Sans doute une poitrine qu’en- « tourent des liens de fer ; qui soutient le poids des flèches et « des javelots , ne doit pas être débile comme celle que pro- « tégent sans cesse les replis d’un manteau-, comme celle . « qu’une large tunique enveloppe toujours : la quenouille « et le fuseau ne sc trouvent jamais dans mes mains; mais « elles pdrtent des armes teintes du sang de mes ennemis. »
Signildreconnut sans peine son amant sous les habits qui le cachaient, et dit, pour prolonger l’erreur de ses femmes, qu’il n’était pas étonnant qu’on trouvât rude la peau d’une main qui savait blesser dans les combats, mais non filer la laine et faire les autres ouvrages de ce genre; que les bras de cette Amazone s’étaient endurcis par lçs travaux de la guerre et de la navigation , et qu’il ne fallait pas être Surft)
Hildisgisleus ambos nates (ein trajectus ebibitur, dii 5airn Ic Grammairien (liv. 7 ), qui ajoute de suile : Qua res insectandarum ritu Tculònunt occasio eaiilil, quod opprobrii , nota plance , deformitas nnn curerei.
LANGUES DU NORD.
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£rig que ses pieds, après tant de courses sur les rocs et dans !S-forêts, eussent acquis une si grande dureté. Les deux amans, qu’environnaient des dangers de toute espèce, les oublièrent, pour ne songer qu’à leur bonheur, et l’amour les aveugla sur le sort qui les menaçait. Au milieu de leurs transports toujours renaissans, Hagward parla ainsi à son ornante ;
« Si ton père me fait prisonnier et m’envoie au supplice, « oublieras-tu la foi que tu m’as jurée , pour chercher un « autre époux ? Car si je tombe entre les mains du farouche « Sivard y je ne puis espérer aucun pardon; il vengera sur « moi sa race que j'ai privée du jour. Mon bras a immolé « les frères , et maintenant ton père ignore que je partage ta « couche : rien n’apaisera son courroux. Dis, ô ma bien- « aimée! quelle sera ta conduite, si l’on m’arrache de tes « bras? »
Ifagward parlait en vers; Çignild, qui savait improviser, cornute la plupart des vierges de la Scandinavie , répondit à SOn amant en ces termes :
« O mon bien-aimé! si le sort a résolu ta perte, je mour- α rai avec toi. Ah ! pourrais-je supporter la vie quand tu Tau- « ras perdue. Que Je fer du bourreau tranche tes jours , ou « que la cruelle maladie te conduise lentement au Nisfiteim ; « que tu tombes dans un abîme, ou que la terre s’entrouvre « sous tes pas! jamais je n’outragerai ta mémoire , en brù- « lant de nouveaux feux ; car je partagerai tou destin. Le « même Supplice unira deux amans que la même couche a « reçus. La crainte de la mort ne me fera pas abandonner, u l’époux que j’ai jugé digne de mon coeur; celui qui a « cueilli sur ma bouche les premiers baisers de l’amour ; « celui à qui j’ai sacrifié cette fleur, le plus beau trésor des « vierges. Ne doute pas de ma promesse : le temps prouvera « que les sermons d’une femme ne sont jamais vains. »
Ces promesses , où respire un amour si pur et si passionné, enflammèrent encore davantage Hagward, qui ne songea pas meme à fuir le péril dont il était menacé. Trahi bientôt apres par les femmes de Signild, des gardes furent
MERCURE ETRANGER.
envoyés pour le saisir. 11 se défendit avec courage, et en tua plusieurs; mais le nombre l’emporta sur la vaillance: il fut pris, chargé de chaînes , et traîneau conseil de Sivard, pour y être jugé. Quelques-uns des juges étaient d’avis de le traiter avec indulgence, à cause de la gloire dont il s’était couvert dans les combats, et de celle dont il ponvait encore se couvrir. Mais Bolivtsn, ami de Hildigel, et par conséquent ennemi de liagtvard> fut d’avis de le punir rigoureusement, et trouva de justes motifs pour sa condamnation, dans la mort d’Alf et Alger, dans la séduction de Signildet dans la douleur de Sivarcl, Bolivian entraîna les suffrages de la majorité des juges, et l’on condamna le malheureux. Jdag- n>ard à mourir par le gibet.
Ce jugement fut l’ouvrage de la haine, puisque le héros n’étail coupable d’aucune action qui méritai la mort. Si les lils de Sîvard étaient tombés sous ses coups , il les avait vaincus , et non assassinés. Or, chez les peuples de la Scandinavie, le duel était consacré par le point d’honneur, depuis la plus liante antiquité. S’il avait séduit Signild, ce crime de l’amour pouvait être réparé par une union que les deux amans désiraient; enfin, s’il avait fait ressentir une •grande douleur au roi, ce malheur n’était pas un motif sufli- sant pour l’envoyer a l’échafaud. Au reste, il supporta son sort avec beaucoup de fermeté : un supplice ignominieux n’ébranla point son courage , et il fut aussi lier devant scs juges , qu’il était terrible dans les combats.
L’épouse de Siva rd assista au jugement ·, et, lorsqu’on eut •prononcé la condamnation de //«givard * elle lit apporter une coupe remplie de liqueur, la lui offrit pour étancher sa soif; mais elle lui dit ces paroles outrageantes, en la lui 'présentant :
« Audacieux //agivard, maintenant que tes juges t’ont dèce claré digne de la mort, tu vas sans doute boire , pour te dèce sallerer, la liqueur renfermée dans celte coupe de corne. « Avant d’expirer, approche tes lèvres hardies de ce ]>reute vage : bientôt descendu dans le Niafleim , hôte nou- <c veau du palais de la mort, ton aine ira au séjour de la i « douleur, et tou corps restera fixé à l'instrument de tqn <t supplie«, *
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* Le jeune héros, saisissant la ooupe qui lui était offerte , répondit en souriant par (les vers demi voici le sens ;
« Je prends cette coupe (le la main qui a frappé tes deux « fils jumeaux. Je n’entrerai pQintsans vengçancc au palais « des Braves; et, grâces à mes coups , ils m’ont précédé dans· « le séjour de la mort. Ce bras s’est baigné dans leur sang ; « ce bras t’a ravi ceux qui te devaient le jour; ceux que tu « n’as pu défendre du glaive fatal. Femme insensée et fu- « rieuse, mère infortunée et gémissante, tu es privée pour « jamais dé tes enfans chéris : les jours et les années Secourt leront; mais tu ne dois pluâ revoir les objets de ta ten- <î dreese. »
I
Cependant Signild t au milieu de ses femmes éplorées, leur demande si elles veulent favoriser ses projets : toutes jurent de les exécuter fidèlement. Alors, baignée de larmes, elle s’étrangle avec un lacet, et fait mettre le feu à son palais Laflamme s’élève, et va frapper les yeux de }iagu>ard. L’iti- fortuné guerrier marchait au gibet, élevé Sur une montagne qui depuis lors a pris son nom. A cette preuve de la fidélité de son amante, il fait éclater sa joie, et improvise son chant de mort, que j’ai imité de cette manière ;
Compagnons de ma gloire , envier mon destin !
L’échafaud , du bonheur va m'ouvrir le chemin.
amante chérie,
En mourant, je bénis mon sort.
Pourrais-je regretter la vie ,
r
Lorsque U voix m’appelle au palais de la mort?
J'écoute, en souriant, h flamme pétillante
Qui dévore fusile où nous fûmes heureux;
El mon oeil aperçoit la fumée ondoyante
Qni monte sur les vents vers la voùio des cieui.
Ta promesse est remplie : un moment snr la terre,
<Jai* par des lien» qu’avait liilus l’amour,
53 i MERCURE ÉTRANGER.—LANG. DU NORD.
Nous j ari mes qu’un n^nje jour Achèverait -notre carrière;
Et nous entrons ensemble au funèbre séjour.
Vous , ministres de la vengeance ;
Vous qui d’un noir tyran secondez I« fureur j Les menaces , la mort n’cbratileot point mon coeur : Je brave le supplice , et mon bonheur co-mmence.
Te ô'kaltlc à l’a venir appreodra nos revers , Et les jeunes amans répéteront ses vers.
L. A. Μ. Bourciat (3el’Isère.)
I
VARIÉTÉS.
jVorr sur la Bibliothèque et les Collections du célèbre naturalia te Joseph Banks.
De tous les amateurs qui cultivent avec succès les différentes branches de l’histoire naturelle à Londres, le savane lir Joseph Banke , baronet, est celui qui a peut-être le plu# contribue à l’avancement de ces sciences par ses propre# travaux et par les encourage mens qu’il donne à tous ceux qui les cultivent. Ce savant respectable mérite donc bien la reconnaissance des amis des sciences ; et c’est ce qui nous engage à présenter ici une esquisse légère de ses travaux et de ses collections, telles que nous les avons vues en i8o3.
Sîr Joseph Banks fit le tour du monde avec le célèbre ca-* Îïitaine Cook - il fit d’autres expéditions à ses frais. 11 publia es Reliquioe HoiLStonianoe ; la collection de JCoempfer du Japon ; et il travaillait à celle des plantes de la mer du Sud.
La maison de sir J. Banks est nu véritable Musée, qui renferme une bibliothèque nombreuse et choisie, dont la porte est toujours ouverte aux savans et aux hommes studieux, tant anglais qu’étrangers : c’est là qu’il consacre tous ees moyens à l’avancement des sciences.
Sir J. Banks a donné au Musée Britannique ses collections de minéraux et d’animaux; mais il conserve chez lui . une collection d’insectes véritablement magnifique; une petite collection, de coquillages; et des herbiers, dont les plus remarquables sont :
Toutes les plantes coroliferes de l’herbier de Tour ne fort, ' qui formaient son principal fonj; l’herbier de Miller, qui servit à la composition de son dictionnaire; l’herbier du second voyage de Forster, avec lequel il forma son. Florulæ insularum australium Prodromus ; la collection des plantes «< dés insectes, faite par sir J. Rinks et par Solander, pen-
MERCURE ETRANGER.
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«laut leur vovage^avec le capitaine Cook ; l’herbier de Zo/<- r»/7v», qui servit à la composition de sa Fiora Cochinchi· nens'ut (celui-ci est dégradé); l’herbier ιϊ Herman oit de b Flora Ceylanica de Linnée , qui est compose de quatre volumes de plantes, don tie dernier en comprend aussi quelques- unes d’Afrique, et un volume de quatre cents dessins ; l’herbier de Pronovius, qui est la collection originale de la Flora Firginica complète; l’herbier <l’/f«Z>Zei, qui servit à la formation de la Flora Guiarwisis, dans lequel il manque la Ginandria et la classe sixième; l'herbier de Hortus Clif- Jbrtianus de Linnée, dans lequel il manque quelque chose; l’Iierbier de J acquiti, qui servila la composition de 1’ Hortus Fiudobonensis et tie la Flora Austriaca ( il paraît que Celui de sa Flora Americana a été |>erdu , excepté quelques frogmens); l’herbier de Haller, avec la collection des deux Bahuines. On y trouve egalement la collection que le célèbre Kami g légua, avec ses manuscrits, à sir J. Bauks.
Si celte magnifique réunion de collections mérite l’intérêt des connaisseurs , le catalogue des manuscrits singuliers qu'on trouve à la bibliothèque du même savant ne doit pas moins exciter la curiosité des amateurs des sciences naturelles. Entre CÇUX.-CÎ on doit distinguer les suivans ;
Un volume de poissons et un autre de places , dessinés et coloriés en Chine d’une manière surprenante et supérieure à tout ce qu’ôn peut imaginer ;
Dix-neuf volumes manuscrits de Jean Girard Koenig t contenant les descriptions des plantes de l’Inde , avec quelques-unes des animaux et des minéraux ;
Archetypa Iconum historice Muscorum r aut. Dillen io; mais il en manque quelques-uns;
Codex Chartaceus, de re Accipitraria. C’est tui manuscrit de 54o pag. în-fol., par l’espagnol Besalis;
Catalogus Plantarum in America observatarum ; par Guillaume Houstoun. Manuscrit de 229 pages in-4·', avec d’autres manuscrits cl des dessins du même auteur;
Codex membranaceus in (pio continentur .· Apulejus, de virtutibus herbarum. ; Sextus Placidus, de medicamentis ex animalibus , et quelques autres traités de médecine;
VARIÉTÉS. 55/
Le manuscrit original des voyages de Bartram. Deux voL in-4e ;
Les premier et second volumes des Guillielmi Scherard observationes in Raji historia plantarum manu Raf i ins· criptoe ; avec le manuscrit autographe qui a pour titre: — Dc Scherard* observations of plants sent me from Bad- mîagton ;
Catalogue des plantes que Μ. Pittori de Tournefort trouva dans ses voyages d’Espagne et de Portugal , copié sur l’original de Μ. de Tournefort ;
Le manuscrit autographe î Nova genera plantarum in Cochinchina sponte nascentium ;
• Volumina quinque, empta e Bibliotheca Johannis corniti» de Bute, quibus continentur 311 icones Plumeriance ; quadam ex editis in diversis operibus ejus, sedplurima? inedita; alice coloribus fucatce j alice partim colorâtes , alia: absque coloribus ; paucce alienee immixtee. In-fol. j
Volumen. 54 foliorum continens icones animalium st plantarum in Promontorio Bonee-Spei pictas. In-fol.;
Icones plantarum , in Bengala picta· adscripCa nomine (Jlindostanicip} Persicis caracteribus f serpe etiam Lin· neana. Trois vol. in-fol.;
Volumen continens icones plantarum 65 ab Ehretio pictas. Emptas a collectione iconum Roberti Mora Armigeri» In-fol. ;
Archetypa iconum Horti Ksivensis, eleganter picta;
Franciscos Buchanan. Enumeratio plantarum , quas in' abeundo Barmanorum regiam et dehinc redeundo anno 1795 observavit, — Etiam, icones picta* 53 plantarum , quas rariores in hoc itinere observavit Fr. Buchanan. In «fol. ;
Volumen continens 4o ectypa picta iconum, quas in India Orientali pingi curavit Johannes Sideon Loten, e qui·
• bus exscripta suntfiguroe operis; the Indianfaunula. In-fol. Il paraît que les Archétypes de cet ouvrage n’existent plus ;
Jam. Dickson Archetypa iconum, fasciculi 2, et 3 plan· tar. Crypt. Britan, a Jac. Gotverbi. 60 in-fol.;
Tom. III. — 1814. 2 4
35«
MERCÜKÉ ETRANGER.
Original Letters of John Bartràhi to D* Fothergill from aug 12, 1769, to sept. 3o, 1771 j
. 102 continens icones animalium, et plant, quas
in Carolina, Georgia, èt Florida, delineavit J. Bartram, quad, color.:
* . V ........I.... _ . ..· ,’.S. » . ‘V .
William Young, Natural History of Plants of Nord and South Carolina, 2 vol, in-foL, avec 3oo espèces coloriées en 1767. dd. 3o2 icones pul eie rudes plant, in follile ^6. Et encore un voi lidie âvec lès échantillons des plantés ÊeCà et collés ;
Ricardue Pulteney, Flora Malabarica. In-fol. ;
Les dessine originaux de PHißtoire des Plantes de Fa Guyane, par Jublet, en 3 vol. — Il v en a d’autres in-fol., contenant des plantes non publiées. Et un manuscrit aiitcn
graphe de descriptions , dont il y en a quelques-unes qui
sont pas dans l’ouvrage Je la Guyane j
Un ouvrage en parchemin, écrit par Bartholomeus Jn- glicus , de re rum proprietatibus , au commencement du siècle XVe, ou sur la fin du XIVe.
Un cahier avec le titre : Figuras 'animalium et pianta- rum , pictas , quai in nova Cambria prope Fort Jacis oh delineati. In-fol. ;
Copies of Letters written by Dr Blair, and of Letters written tò him. 1725-27 ;
Catalogue of the botanical discoveries made by ÏF Blair.
Autocraniié :
delineavit Gulielrnus Webber. In-fol. 5
leones pict.anirnaliam n5 , quae in eodem itinere delin. Gulielrnus Bilie;
Icones animalium , quas in Cookii 2'1 itinere delineavit Georgius Forster, quarum quoedam, plumbagine delineata, quoedam picta: : harum plurima: nondum absoluta:. Deux vol. in-fol. j
Tepnes plantarum, quas in codent itirlere delineavit Forster. Deux vol, in-fol. ;
VARIÉTÉS.
Folumìna 1, fol. 200, contin. iconce animalium ttplan* tarum,, color, quod. Sinenti , ante annum 1776. Fol. obL
Archetypa iconum Filicum, Britann. ;
Declaraiaon daa arborea , arbustos, plantas, trapadeiras e erbas virtuozas que se a ch a on pintadas no autro liuro, cuias raices, cascae, follia«, flores, frutos , cernentes , e inhames Servai para se aplicar à varias doentasdeclaradus pellos Fui- cos deste Anjenga, boge 11 de julho 1760.
Nous croyons que les amateurs de l’histoire naturelle nous sauront gré de leur indiquer ces précieuses sources de connaissances.
NÉCROLOGIE.
Lu» ou μ. — Au moment où tes barrières qui nous séparaient de nos voisins ontdisparu,comme le gigantesque pouvoir qui les avait élevées 5 les relations amicales, littéraires, politiques et commerciales entre toutes les nations de l’Europe ont repris leur ancien cours, il m*a été bien doux, je l’avoue* de me rappeler au souvenir de differens savons étrangers, dout les témoignages d’amitié étaient profondément gravés dans mon coeur. Le silence de l’un des plus célèbres orientalistes d’Angleterre f dont les sentimens et l’exactitude m’étaient bien connus, m’a donné d’abord de vives inquiétudes, cl j’ai enfin reçu l’explication de cette triste énigme : une maladie de langueur, dont je n’avais pas meme etc informé depuis deux ans, a conduit mon malheureux ami au tombeau, dans le cours du mois de juin dernier. Les importuns services qu’il a rendue aux lettrée orientales, les seuiiiuens qui nous unissaient, me font un devoir de consigner ici à sa piémoire quelques ligne? simples et véridiques comme lui-même.
Μ. Joseph Wiitte, docteuren théologie,professeur d’arabe et de persan dans l’université d’Oxford, chanoine de l’église
34ο
MERCURE ETRANGER.
du Christ, professeur royal d’hébreu, était fils d’un fabricant de draps établi dans le comté de Gloucester. Dès son bas-âge, il fut envoyé par son père pour faire ses études à Oxford. Il obtint bientôt une de ces bourses fondées, dans le collège de Wadhatn, par le docteur Hody, dont le nom jouit d’une estime méritée dans le monde littéraire, principalement à cause de ses doctes travaux sur la Version des Septante. Gomme les fondations de ce vénérable savant ont pour but principal d’encourager l’étude de l’hébreu , on dirige vers cette langue toute l’attention des jeunes gens admis à jouir de ces utiles bienfaits. C’est dans ce collège que le jeune "White conçut pour les langues et la littérature asiatiques un goût qui devait avoir des résultats si utiles pour ceux qui s’engageraient dans cette vaste carrière , et si honorables pour celui qui les y précédait. A peine avait-il fini see études, qu’il fut nommé membre, puis directeur du collège où il les avait faites. Λ travers les nombreuses occupations administratives dont ilétait accablé, il trouvait encore quelques instans à donner à l’étude de l’arabe et du persan. Ses progrès furent si rapides, qu’en 1778, il succéda au docteur Hunt dans la chaire d’arabe fondée par le docteur Laude. En acceptant ce poste honorable, il crut avoir contracté l’euga^ement de termirifer un important ouvrage que Pococke, le fils du célèbre professeur de ce nom, avait laissé imparfait. Une mort prématurée l’avait empêché de terminer la traduction latine du précieux ouvrage de A’bdollathyf 6ur l’Egypte, dont l’unique manuscrit connu se trouve dans la bibliothèque Bodleyenne d’Oxford. Μ. White suivit une marche différente de celle de son prédécesseur. Au lieu de continuer la publication de la traduction , il s’occupa du texte, qu’il fit imprimer sous format in-8°; mais peu satisfait de l’exécution typographique et de la correction, il allait anéantir cette edition qui lui avait coûté une somme assez considérable, quand un professeur de langues orientales à léna, l’estimable et laborieux Μ. Paulus, le détourna de ce projet. Μ. White lui remit généreusement l’édition toute entière, que celui-ci publia en 1789 , avec une intéressante préface. C’est ce texte arabe que j’ai consulté pour les Notes et éclaircissement que j’ai ajoutés à la nouvelle édition îq-4° du Kvyage <U Norden, et qui en composent à
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peu près le troisième volume. Il m’a été d’une grande utilité, Surtout pour mon Mémoire sur les Pyramides et sur le Sphinx. Ce troisième volume a paru en 1798, c’est-à-dire deux ans avant l’édition in-4° arabe-latine que Μ. “White Ïoublia à Oxford; car loin de se décourager et d’abandonner ’honorable tâche qu’il s’était imposée, à peine la première édition in-8n était-elle partie pour l’Allemagne, que notre infatigable professeur livra de nouveau le même texte arabe à l’impression : mais il choisit un format plus convenable au Sujet de l’ouvrage original et au travail de l’éditeur ; car non content de revoir soigneusement et de compléter la traduction latine de Pococke le fils, il recueillit une quantité considérable dcvnatcriaux sur l’Egypte et sur les nombreux objets dont s’est occupé A’bdollathyf. On doit regretter qu’il n’ait publié qu’une faible portion de ses nombreuses recherches ; car le volume intitulé Ægyptiaca, qui parut en 1802, c’est-à-dire deux ans après la publication de l'édition arabe-latine d’A’bdollathyf, offre un modèle pour les érudits qui veulent traiter les antiquités égyptiennes. Ce volume est entièrement consacré à la colonne dite de Pompée y sur laquelle depuis on a découvert une inscription grecque. Cette inscription} qui porte assez visiblement le nom de Dioclétien , semble présenter au moins quelques données sur l’époque où fut élevé ce monument. Tious sommes portés à conjecturer que, peu satisfait de la plupart des résultats de ses immenses recherches, Μ. White aura abandonné un travail aussi ingrat que pénible, pour se livrer tout entier à un autre, plus analogue encore à son goût, à ses devoirs et a ses études spéciales, c’est-à-dire l’édition de la version svriaque du Nouveau Testament de Philoxene, d’après lift manuscrit que Μ. Radley avait reçu du Levant. Il n’est pas nécessaire de démontrer ici toute l’utilité d’une pareille enr- treprise pour la critique et les discussions bibliques.
Dans une brochure que notre laborieux professeur adressa ou docteur Low th, archevêque de Londres, il attira l’attention des savans sur la révision du texte des Septante d’après la collation des plus anciens manuscrits } et les citations qui s’en trouvent dans les écrits des premiers Pères de l’Eçlise. Ce beau projet a été depuis exécuté par le docteur Holmes; et, au moment où nous écrivons, on imprime,
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MERCURE ETRANGER.
aux frai» de l’uni versi té d’Oxford, le résultat de ces collations ; l’impression du. premier livre de Samuel doit ètra terminée.
C’était avec de pareils travaux que le docteur White se délassait des importâmes et pénibles fonctions de renseignement, et de ses profondes méditations sur une matière aussi aride qu’elle est abstraite. Il avait entrepris de mettre en opposition le christianisme et l’islamisme , tant pour le but que pour le* effets de ces deux religions. Il est difficile d’imaginer un sujet plus heureux pour un orientaliste, doo leur en théologie. «Si vous ajoutez à ces titres la justesse de l’esprit, l’aptitude à la méditation , vous ne serez pas surpris des éloges pompeux que l’auteur de l’Zfùtosne du déclin et de la chute de ΓEmpire Romain fit des üempUn Lee* turee , qui parurent eu 1802, et qui, depuis cette époque 9 ont été fréquemment réimprimées. Tel est le titre de l’im- § or tant ouvrage dont nous parlons. 11 oonsiste en une suite
e sermons prêché* conformément aux volontés d’un ecclésiastique nommé Bempten, qui a fondé des lectures annuelles dans l’université d’Oxford. Celte fondation a fait éclore plue d’un bon ouvrage, mais dont aucun n’est comparable à celui de notre savant professeur. Ses succès ne se bornèrent pas à obtenir de pompeux maU stérile» éloge»; k docteur More (alors archevêque de Cantorbery ) voulut le connaître personnellement, et lui donna des témoignage» •du plus vif iptérét. Le lard-chancelier le nomma chanoine de Gloucester. Cette place exigeait résidence. Une année ne s’était pas écoulée depuis son installation à Gloucester, que Μ. Wlnte contracta un mariage aussi avantageux pour se» intérêts que pour sa considération personnelle. 11 demanda •et obtint la main de miss Turner, eoeur du colonel de ce -nom, que le célèbre Μ. Waren Hastings, son proche parent, envoya auprès du grand Lama , et qui nous a donné une -relation du Tibet extrêmement intéressante.
La mort du docteur Blagney, arrivée en 1802, ayant laissé vacante la chaire d’hébreu dans l’université d’Oxford, Μ. White y fut nommé par le gouvernement Un canonical de l’église du Corpus Christi dépend de cette chaire. Μ. White jouissait des fruits de ses long» travaux; il faisait de sa foramele plus honorable emploi. et savourait les douceurs de
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h plus heureuse existence, quand la mori lui enleva uri^ épouse chérie et bien digne de l’être. J’otir comble de malheur, celle épouse mourait tou If entière, pt ne laissait aücup fruit d’une aussi douce union. Nqus n’essayerons pas même de poudre la douleur wueLiç qt concentrée J’qn infortuné nui pmi l’appui de ses vieux ans, qui se voit séparé de la plus chère portion de son existence. Désormais étranger au monde, à ses amis, même à scs travaux, Μ. Wbixp ne véçqt que pour souffrir : ses souflï uic<-s dunrcni encore deu^ •ns; clics eurent enfin un terme , et, dans les premiers jour^ .du mois de .juin dernier, il p<»<a le pied sur le seuil de Péter· jaité, avçc le calme d’up tendre époux, qui, de çetie valtif 4e binnen , sciane· dans lp sein de la félicité céleste, où il p la douce cl intime conviction de s·· réunir pour toujours p l’objet de scs uniques, de ses éternelles affections. Il avait à peine atteint sa soixante-septième année.
Le dernier travail.dont sa santé chancelante Ini ait permis de s’occuper, est une nouvelle édition du Specimen hiator ice Arabum de Pococke , qui parut en 1806. Les exemplaires de la première édition étaient devenus extrêmement rares. Μ. White répandit un très-petit nombre de notes dans la réimpression, qui acquiert, aux yeux des orientalistes , une grande inmorlance , par l’additiou d’un fragment considérable de l’histoire d’Aooulfédâ, accompagné d’une version latine. Ce fragment, omis dans l’édition arabe-latine de celle histoire , publiée par Adler, en cinq volumes in-4*, a été transcrit d’après le manuscjil autographe d’Aboulfédà que nous possédons à la bibliothèque du Roi, et ne contient pas moins de t$o pag. in-4°, y compris la traduction latine de Μ. Silvestre de Sacy, Ce dernier travail de "Μ. White me rappelle qu’il débuta dans la li lté rat u re orientale p«i r tran scr ire et éditer le texte persati des Institute politiques ci ni Uitaises de Tamerlan , accompagné de la version anglaise de Μ. lé major Davy. Cet ouvrage, remarquable autant par son contenu que par le nom de son auteur, ayant paru lorsque je commençais à nie livrer à l’étude des langues orientales, j’en fis l’objet spécial de mes travaux, et j’enlrepris de le traduire en frqpçais. Ma traduction par ut,eu 1787, sous les auspices de L’Académie Royale des Inscriptions et Be lies-Le lires, qui CH agréa la dédicace. J’y joignis une vie de Ί amtrb n, d’après
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MERCURE ETRANGER.
les auteurs orientaux. Ceux qui ont pris la peine de la lire, peuvent juger si j’ai attendu les tristesévénemens dont nous avons été les témoins et Jes victimes , pour apprécier à sa juste valeur la gloire chimérique des conquérans.
Mais pour terminer cette notice par des idées moins affligeantes et surtout plus analogues au caractère de celui qui en est l’objet, je m’empresserai de nommer le savant qui a eu la complaisance de m’en fournir les principaux matériaux. Je les dois au successeur de Μ. Ford dans la chaire d’arabe d’Oxford, Μ. le docteur M’Bride, confrère de Μ. White , et membre de l’une des plus savantes et des plus célèbres universités de l’Europe ·, nous ajouterons même une des plus heureuses, puisqu’elle trouve les moyens de donner d’aussi dignes successeurs que MM. M’Bride et Winstanley eux illustres professeurs que la mort lui enlève.
L. Lanolìs.
^RTICIJS nécrologique sur Benotl Solari , évêque de Noli»
L’ordre des Dominicains a fourni, en Italie surtout, des hommes très-distingués par leurs talens, et par les places éminentes qu’ils ont occupées. De ce nombre, était Benoît Solari, savant dans les langues orientales, qui, aptes avoir professe' avec succès la philosophie dans son ordre, fut invité en 1773, par le gouvernement de Gênes, a remplir la chaire de théologie vacante dans l’université de cette ville; bientôt après, il fut élevé sur le siège de Noli. Ce petit diocèse n’ayant pas de séminaire, l’évêque réunit les élèves du sacerdoce dans sa maison épiscopale, et voulut êti$ lui- même leur instituteur; quoique ses reveaus fussent très-modiques, ils excédaient encore les besoins auxquels il s’était
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volontairement réduit; dans une frugalité rigide, il trouvait le double avantage de se livrer aux exercices de la pénitence, et de faire des économies au profit des pauvres. Il était le père, l’a mi et le modèle de son clergé; l’amabilité de son caractère, la dignité de ses manières, la sainteté de sa conduite, sa douceur et sa modestie lui conciliaient tous les coeurs.
Tendrement attaché au chef de (’Eglise, qu’il ne confondait pas avec la cour de Rome, il discerna toujours avec sagacité, et soutint avec intrépidité les droits respectifs des deux puissances.
Lorsqu’en 1794, Pie VI publia contre le synode la bulle Auctorem Fidei9 bulle repoussée par les gouver- nemens de Naples, de Toscane, de Milan, Solari dénonça courageusement au sénat de Gènes cet acte qui condamne les quatre célèbres articles de nos libertés proclamées par Bossuet et par l’assemblée du clergé français en 1682. Il consigna dans un savant mémoire imprimé, ses motifs d’opposition. Cette démarche et ses liaisons avec le clergé assermenté de France irritèrent la cour de Rome , et pour la venger, le cardinal Gerdil écrivit contre lui deux volumes qui sont le plus faible des ouvrages de cette éminence, nouvelle preuve que le talent le plus distingué échoue lorsqu’on soutient une mauvaise cause.
L’évêque de Noli réfuta, ou plutôt pulvérisa l’ouvrage de Gerdil, par une élégante apologie en trois parties in-12. Gènes, 1314. La première a pour objet de justifier le serment exigé par l’Assemblée Constituante. Quoiqu’on ait beaucoup écrit sur ce sujet, il faut avouer miele prélat italien en établit la légitimité par une forcé de logique et un assemblage de preuves supérieures h tout ce que nos ecclésiastiques français avaient publié sur le même sujet. On en a donne un abrégé dans notre langue sous ce titre : Vancien Clergé constitutionneljugépar un évêque d'Italie, in-80., Lausanne , 1801. La plupart des exemplaires ont a la fin un tableau comparatif qui présente sur deux colonnes, la formule du serment prêté par le légat Caprara telle qu’elle
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•st dans le Bulielia des Loû, et qifelk est altérée dàqe l’édition du concordat, faite a Rome, où Pou a supprimé les clauses relativos aux libertés gallicanes.
Le dernier ouvrage publié par l’évêque de Noli est une lettre pastorale pour supprimer dans^on diocèse la légende de· Grégoire VU, comme attentatoire aux droits de Factor rité civil·.On se rappelle le courage que déployèrent cqntx$ cette légende vers 1729 , nos parlement .et ceux des.évcques français qu’on désignait connue jansénistes.
Le vertueux Solari, préparé depuis long-temps a la mnr-t f l’attendait avec un courage chrétien qui ne se démentit ja- mais. Le 13 avril dernier, âgé de soixante-douze ans, il termina sa vie édifiante, et passa tranquillement à l’étecnité, laissant à son diocèse et h toutes les personnes qui Foui ecmnu le souvenir de sa piété et de.ses vertus.
N01ICZ .su* LU »aiNCITÀUX OITVAAOJES BE AAVAJLY. (.1)
J’a vais été chargé ,il y p quelques mois, de rendre compte dans ce Mercure, d’une grammaire delà langue arabe vulgaire et littérairej par Μ. Savary, ouvrage posthume, im* primé sous la direction et les soins de Μ -Langlès, et augmenté de quelques contes et chansons arabes publiés par ce laborieux orientaliste. Ce travail ,que plusieurs circonstances particulières ont retardé, me porta naturellement à relire les principaux ouvrages de Sßvary, et me donna l’idée d’offrir pu public une ççurte nopce sur cet auteur ipt^rcs^apt^d’pu,-
(t) Le(hes sur Γ, ^te, Paris, 3 vol. iunft ’. ~ Lettres au/ la Grèce, faisaDtsiiitc a celles sur l'Egypte, i vol. in-,8·. — Zc Coran, traduit de l’arabe, accompagné de not«·», et précédé J’uu Abrégé de la vie de Mahomet, tiré de* écrivains orientaux k-s plus ç«limés j a vol. in 8*.— Graiwnaire de la langue ara(>e, lil/âr^.el vulfaiçe ,.i yoh Ûl-4°· Péri», Imprimerie loapéçUle , i$i$.
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tant mieux que je ne crue pas qu’il en existât encore, et que je ue connaissais à ce sujet, qu’une Lettre adressée au rédacteur
du Journal de
dans laquelle il annonçait la mort de Savary, à qui il était uni par les liens de l'amitié. J’aurais désiré que cette lettre fût plus étendue, et qu’elle renfermât quelques renseignemeu· biographiques; je les eusse communiqués aux lecteurs) mais je suis forcé de garder le silence sur la vie de l’auteur qui nous occupe , et je ne parlerai que deses ouvrages.
Savary sortit très-jeune de France pour alleren pays étranger. Doué d’une imagination forte, ardente et sensible, d’un reprit aussi juste qu’éclairé, la carrière des voyages dutavoir de grands attraits pour lui 3 et l’on voit qu’il la parcourut en homme de goût, en philosophe et en sage. Ce fut à vingt-six
caractère tel que Le sien, le spectacle des moeurs d’Asie! Le charme en était si puissant, qu'on ne peut lire encore sans une espèce de séduction, Les lettres particulières qu’il écri- vaità ses amis intimes. Ce sont ces mêmes lettres qui ont servi avec d'autres recherches ultérieures à la rédaction de son
Avant de quitter sa terre natale, Savary s’était bien pénétré
de tous les devoirs imposés au voyageur
jugée de l’éducation, et n’ayant conservé que des idées libérales, il vit tout sans étonnement, sans partialité , et ses jug emens ne portent jamais l’empreined’un fol enthousiasme, ou d’une injuste prévention, u Les voyages, dit- il quelque part, soul l’école la plus instructive de l’homme. C’est en voyageant, qu’il apprend à connaître ses semblables. C’est en vivant avec differens peuples, en étudiant Leur religion, Leur gouvernement, qu’il a un terme de comparaison pour juger des moeurs, de la religion, du gouvernement de son paya. .Environné de préjugés, soumis à La loi de l’habitude, tant qu'il ne sortira pas de sa patrie, il ne verra les autres nations uu'à travers un verre opaque, qui, changeant à ses yeux leurs formes et leurs couleurs, lui en fera porter des jugement faux- Il s’étonnera de leurs erreurs, quand lui-même paiera tribut à des erreurs aussi frappantes; il rira du ridicule de leurs unges, quand lui-même sera l’esclave d’usages nqn
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3't8 MERCURE ETRANGER.
moins extra vagans. Maïs après qu’il aura examiné avec une attention réfléchie, les moeurs et le génie des peuples divers ; après qu’il aura calculé jusqu’à quel point l’éducation, les lois, le*cli mat influent sur leurs qualités physiques et morales; la sphère de ses idées s’étendra , la réflexion saura l’affranchir du joug des préjugés, elbrisera les liens dont la coutume avait enchaîné sa raison. C’est alors que, tournant ses regards vers sa patrie, le bandeau tombera de ses yeux, les erreurs qu’il y avait puisées s’évanouiront, et il la verra sous un jour différent.....Devenu citoyen de l’univers, U s’élèvera au-dessus de
la partialité et de l’opinion; et en décrivant les villes, les pays, il remettra à la vérité le soin de conduire ses pinceaux. Mais qu’il évite de se placer, comme tant d’autres voyageurs sur le devant de ses tableaux, de s’entourer de clarté, de laisser dans l’ombre le reste des personnages; qu’il se montre sans affectation, ou pour l’intelligence du sujet, ou pour donner du poids aux faits qu’il expose. »
C’est avec ces idées saines et philosophiques, que Sâvary a rédigé ses voyages , et en traçant aux autres voyageurs les obligations qu’ils avaient à remplir, en leur prêtant son feu , eon ardeur, il n’a parlé que dans l’esprit qui l’avait animé. Egalement instruit en histoire et en géographie, et familier avec les auteurs anciens et modernes, il compare leurs differens rapports, les oppose les uns aux autres; souvent aux observations des premiers, aux decouvertes des Sicard , de Pocoke, de Nieburh, de d’Anvïlle , il joint des remarques ou des critiques très-judicieuses. Les trois années qu’il passa en Egypte, furent consacrées à apprendre la langue, à reconnaître les monumens antiques, à étudier les moeurs, la religion, les coutumes et le gouvernement de ces contrées. Je ne Suis indiquer tous les objets qu’il traite, et qui sont l’objet e ses lettres : s’il s’est livré aux détails les plus sérieux, les S lus importans, il est aussi descendu dans les moindres.
lous le voyons couvert d’un habillement turc, parcourir CCS terres étrangères, et à la faveur de l’épais turban qui change et fait méconnaître sa tète européenne, reçu chez le musulman , partager sa pipe et sa tasse de café , ou goûter à ses mets, croiser les jambes sur les coussins, et d’un oeil observateur, considérer tranquillement ce qui se passe sous ses yeux. Il entend les chansons de la voluptueuse Aimé, il
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54g applaudit à ses danses ·. souvent plus hardi, il pénètre dans la mosquée, ou non. moins indiscret, il regarde le harem: une autre fois, il descend dans les bains, y fait brûler des parfums qu’il respire avec toute la mollesse d’un Asiatique. Ces scènes variées sont décrites avec art, et présentées a%ec tout le charme de la diction et de la pensée. En général, dans ses lettres, Savary a adopté un style qui convient parfaitement, aimable et fleuri, sans être trop légers sa mémoire lui fournit encore beaucoup de citations d’auteurs anciens , souvent heureuses, quelquefois néanmoins peu necessaires , et sentant la prétention.
On s’attend bien aussi que, dans le tableau de l’Egypte > Savary n’aura pas oublié les mon umens qui s’y rencontrent à chaque endroit, et qui rappellent de si împosans souvenirs. I l leur a payé tribut. Tantôt il nous amène aux pieds de ces fameuses pyramides, ouvrage d’hommes inconnus, qui élevé peut-être depuis plusde trente siècles, lasse tous leseiîôrtsdes temps conjurés pour les détruire: tantôt nous parcourons ave c lui la Haute-Egypte, l’antique foyer des lumières du monde, tombée aujourd'hui au pouvoir de peuples barbares et superstitieux qu'une religion mal entendue condamne à l’ignorance en les éloignant de la société des autres nations, et dont la fanatique inertie anéantit à-la-fois l'agriculture qui nourrit les hommes, le conimeree qui les met en rapport ensemble, et qui les fait jouir de tous les bienfaits de la civilisation. L’Egypte n’existe plus·, et, si quelques monumens témoins de sa splendeur première, n’avaient survécu à sa ruine, si quelques lieux où se passèrent plusieurs scènes importantes conservées dans l'histoire, ne frappaient vivement le coeur et - Γ imaginat ion , nous serions tentés de révoquer en doute tout cc que les anciens nous ont dit sur ce pays fameux. Mais ici nous rencontrons le lac Moeris, plus loin nous retrouvons , l’antique Tlièbes, là paraissent le vieux temple consacré jadis a Jupiter, la statue de Memnon , celle d'Hercule, où nous croyons encore entendre laine de Pompée géiuir sur les rivages de Pel use.
Je ne quitterai pas cet ouvrage sans parler d’une relation de l’expédition de Sa ini-Louis en Egypte, tirée de Joinville, et des écrivains arabes. L’auteur a animé ce sujet de tout l’intérêt dont il était susceptible, et malgré les bornes étroites
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qui le renferment, il ß tracé aveo une sage économie dei matières, tous les principaux événemens, lei premiers succès des Français, leur derôt nte à Damiette, leurs combats, leurs défaites, et les catastrophes sanglantes qui terminèrent cette malheureuse croisade. Ou voit le courage des preux chevaliers aux prise· arec le malheur, et Saint-Louis, toujours grand, auguste, et au-dessus de l’infortune, imprimant te respecta ses farouches cane mis. « Saint-Louis, dit (iemal Ed* « aen, historien arabe, était d’une belle figure, il avait de u l’esprit, de la fermeté, de b religion. Ses belles qualités « lui attiraient la vénération des ch retiens qui avaient en lui « une extrême confiance. Il eût pu échapper aux mains des u Egyptiens en prenant la fuite, soit à cheval, soit dans un « bateau; mais ce roi généreux ne voulu! jamais abandon- « ner ses troupes. » Si un Turc a tracé d’un prince chrétien j d’un infidèle, un tel portrait» il fallait qu’il eût une bien haute idée de ses vertus. .
Les Lettres sur ία Grèce t qui complètent à peu de chose près, 1. relation des voyages de Savary, font suite à celles -qu’il a écrites sur l’Egypte. Je ne sais si je me trompe dans mon jugement,mais cet ouvrage ne m’a pas paru de la même ■touche que l’autre, soit qu’il ait été fait avec plus de précipite tien, soit que, rédigédans des momens où Sa vary était livré .· quelques peines asbcs vives qui l’affectaient trop, il se res- -âeutitaés distractions de son auteur. Cependant il sc fait lire ^avec pbisir,etl’on n’y verra pas, sons intérêt, quelques dé- .tails sur l’anoienne Patire, sur Rhodes, et sur les îles de T Archi pel.
Nous devons aussi à Μ. Savary une traduction française de ♦1’\ACcoretn. Tout le monde sait que ce fameux livre renferme les préceptes et tes lois que Mahomet donne aux peuples .qui adoptent sa religion La croyance en un Dieu unique, .dont Mahomet est le prophète, en est le premier dogme, et la prière, l’aumône, le jeune, le pèlerinage en sont lee prin- . cipea fondamentaux. Ce fut eu Egypte, et sous les yeux des Arabes, au milieu desquels il vivait, que Savary entreprit oet important travail qu’il noue a présenté avec toute la perfection qu’on peut désirer. Eloquent, vif et serré, il a su prendre tous les tons, et digne de son original, le reproduire en fran- . -paie sous um formte capable de jushüer à nos peux Fopûùon
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des Orientaux qui regardent V/4 Icor an comme un livre inspiré et trop sublime, pour être l’ouvrage d’un mortel. Nous avions déjà une traduction française de l’.ZZcüra/i, par da Ryer, fidèle, peut-être, mais pâle, froide, décolorée, et qui ne permettrait jamais de croire que l’original, indépendamment des matières religieuses auxquelles il est consacré, est, comme nous venons de le dire, le livre por excellence, le modèle de style, d’élégance, de poésie, la source à laquelle tous les écrivains orientaux viennent puiser, ci qui est pour QUX ce quç les ouvrages d’Homère, de Virgile, de Cicéron, de Démostbène sont pour les Européens. « Si lp Coran, exulté dans tout l’Oriant pour la perfection du style, dit Savary, et la magnificence des images, n’ofTresous la plume de du Ryer, qu’une rapsodie plate et ennuyeuse , il faut en accuser sa manière de traduire. Ce livre est divisé en versets comme les /^soumet de David, genre d’écrire adopté par les prophètes , et qui permet à la prose les tours hardis, les expressions fiffu- yéeâ de la poésie. Du Ryer, sans respect pour le texte , o lié les versets les uns anx autres, et en a fait un discours suivi. Pour epe re r cet ass^nblage difforme , il a recours à de froides conjonctions, à des bouts de phrase qui, détruisent la noblesse des idées, le charme de la séduction , rendent l’original méconnaissable...· Persuade que le mérite d’une traduction consiste à rendre l’original avec vérité, je me suis efforcé de faire □passer dans notre langue les pensées de l’auteur, avec le coloris, la nuance qui les caractérisent·, j’ai imité, autant qu’il a dépendu de moi, La concision, l’énergie, l’élévation de son style, et pour que l’image soit ressemblante au modèle, j’ai traduit verset pour verset. Le tou prophétique que prend Mahomet, fait qu’il s’enveloppe souvent d’ombres qui lai donnent un air mystérieux j j’ai respeoté cette obscurité, aimant mieux lnissèi* la pensée obscure, que de l’âffaibi ir eu l’éclaircissant. » J’ai rapporté ccs phrases, parce que celles qui regardent du Ryer, peuvent donner la mesure exacte de son ouvragé, et épargner aux personnes qui ne te connaissent pas, ta peine et l’inévitable ennui de le lire, et qu’à l’égard des derniers, j’ai reconnu que Savary avait réalisé dans son travail ce qu’il avait avancé, et que sa traduction cuit tellement supérieure, qu’il était autorisé à juger kii-inéme son rival, «ans qû'il prit même entrer dans l’esprrt -d’êtublir «îtK-eux deuxTa moindre comparaison.
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On a reproché à Savary d’avoir profité de la traduction la-* tine de Maracci, et l’on a cité à l’appui quelques passages mal traduits par l’un et par l’autre, dans lesquels ils s'étaient rencontrés: loin de garantir la justesse de cette critique, je suis même trcs-disposé à la croire mal fondée, d’abora en ce que Savary ayant séjourné long-temps en Egypte, et fréquenté des Arabes de toute classe, des gens savana comme des gens du peuple, devait avoir appris l’arabe vulgaire et littéral, et être en état de lire les poètes, les grammairiens et les commentateurs j ensuite, parce que deux traducteurs peuvent entendre de même, sans qu’on ait le droit d’accuser celui qui a écrit le dernier, de s’être aidé du travail de son prédécesseur. Il y a, je crois, dans cette critique, plus de malignité que de justice ; et, n’avous-nous pas dans Pindare , dans Sophocle , des passages difficiles, obscurs, où quelques traducteurs également malheureux n’ont pas rencontré le vrai sene, et ne se sont trouvés d’accord que dans les fautes qu’ils ont faites mutuellement. Ce n’eetpas que l’alcoran soit difficile à entendre, mais il est tel passage qui, elliptique, brusque et sans aucune liaison, distrait,embarrasse les Lecteurs,et met en défaut leur sagacité. Je sais que ces reproches, et l’aigreur avec laquelle les ennemis de Savary, plus offensés peut-être de son mérite que de scs fautes, ont relevé ses moindres er- • reurs, lui causèrent des chagrins très-vifs, auxquels son âme douce et trop sensible ne put résister, et qui aggravant des maladies qu*il avait déjà, rendirent très-malheureux les derniers jours de sa vie, et le conduisirent promptement au tombeau. Bien coupables sont les critiques qui ont agiainsi envers > cet homme estimable: étaient-ils plus infaillibles, ou avaient- ils droit à plus d’indulgence ?
Dat veniam corvis, vexat censura columbas (Jüv.).
Savary avait mis à profit tous les instans qu’il avait passés en Egypte, car outre les ouvrages précités, il avait composé une grammaire arabe. C’est celle qui a été publiée récemment par Μ. Langlèa. Π appartenait à un homme aussi obligeant qu’instruitdetirercetouvrage de l’espèce d’oubli où il paraissait condamné , et de le mettre au jour. La préface contient en quelque sorte l’historique de cet te gra mmai re, et fait voir a isé- meut que les soins et le travail que Μ. Langlès a apportés à
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Pimpresàîon.j luì permettent de regarder le titré d’éditeur, comme’trop simple et trop modeste.
Parmiles nombreuses grammaires orientales faites en. latin ou en diverses langues d’Europe, nous n’en avions encore aucune qui pût servir à l’étude de l’arabe moderne. Les Vri- moet, les Ilohte, les Guadagnole, les Erpénius, et le dernier ouvrage qui les efface tous, la grammaire arabe de Μ. Silvestre de oacy, sont destinés à l’arabe ancien; il manquait une grammaire qui guidât dans la connaissance du moderne, o’est-à-d.ire,la langue parlée au Cai re, en Egypte, en Syrie, etc. Un ancien élève de l’Ecole spéciale 'des langues orientales de Paris, Μ. Herbin, mort trop jeune pour les lettres et pour sa famille, avait bien donné, il y a quelques années, un cours d’arabe moderne avec des dialogues. Mais, quel qu’ait été le talent de cet orientaliste, on ne peut guère louer aans l’ouvrage que l’exécution typographique, les essais de calligraphie et la bonne volonté de l’auteur. Il a traduit Erpénius , en y ajoutant les modifications et les changemens qu’ila crus nécessaires pour l’arabe vulgaire; mais qui sont bien incomplets. Herbin n’avait pas voyagé, chose indispensable, lorsqu’on veut travailler pour une langue parlée. 11 n’avait fréquenté que quelques naturels répandus dans Paris depuis l’expédition d’Egypte, et dont la société ne pouvait suffire. C’est ce que l’on reconnaît facilement au vague et à l’incertitude de la plupart des règles vulgaires qu’il propose.
La grammaire de Savary s’annonce comme devant servir également à l’arabe littéral et vulgaire; cependant c’est beaucoup plus pour ce dernier qu’elle est nécessaire , car pour le littéral, nous avons tout ce qu’il nous faut, etclle ne renferme meme que peu de règles qui lui soient applicables, excepté celles qui sont communes aux deux dialectes. Elle est écrite en latiu et en français, nouvel avantage qui la recommande aux étrangers peu familiers avec notre langue. Ce latin n’est pas , il est vrai,de la première élégance, on y chercherait vainement des modèles de style, des phrases cicéroniennes; la matière ne L’exige pas. On sait, d’ailleurs, qu’il existe un certain latin, un peu dur et barbare qui eût paru peu flatteur à des oreilles romaines, mais qui est consacré pour les ouvrages des savans modernes. C’est une monnaie courante.
La syntaxe est très-courte, quoique suffisante pour l’arabe Tom. 111. — ιδι4. ab
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vulgaire. L’auteur a compensé cette brièveté par de nombreux dialogues qui forment la partie principale de l’oùvrage. Ces dialogues sont comme tous ceux répandus dans les grammaires anglaise, italienne, etc. destinés à établir les bases de a conversation, et à exprimer les premiers besoins de l’économie domestique. Je ferai remarquer aussi que cet ouvrage est sotti de l’imprimerie ci-devant Impériale, et qu’il offre dans ses caractères, toute la pureté et la correction qu’on peut désirer. La grammaire de Savary peut être fort utile aux personnes qui veulent voyager en Orient; je la recommande d’une manière particulière aux élèves des écoles de langues orientales-françaises, qui.se proposent de servirle gouvernement. Ils doivent espérer enfin que leurs écoles condamnées à l’oubli sous le règne de Buonaparte, vont prendre so us· un gouvernement pacifique et plus favorable aux talens, une forme plus régulière, plus avantageuse, et qu’ils retireront de leurs travaux, de leur constance , des résultats plus satis- faisans; car, une chose vraiment remarquable et fort triste pour les amis des lettres, c’est que lorsqu’en Angleterre, en Allemagne, en Prusse, et dans les autres pays de l’Europe, où l’on étudie les langues orientales, les personnes qui s’y livrent, reçoivent tous les eneouragemens possibles, il n’ait encore été rien fait en France en faveur de cette partie, et que-si elle est cultivée, elle ne le doit qu’au zèle désintéressé des personnes qui l’ont embrassée. 11 existe en France quatre écoles de langues orientales, trois à Paris, une Marseille, à la tète desquelles se trouvent des hommes recommandables par leurs talens. On voudrait enseigner l’arabe ,1e persan, le turc,le grec moderne,l’arménien , etc., et qqefajt-ou pour les jeunes gens laborieux qui consacreut alette étude sérieuse, les plus belles années de leur vie? Quel encouragement, quel prix flatteur est venu soutenir leur ardeur,* ou récompenser leur succès? Rien encore. Ces écoles ne seraient-elles qu’un objet de luxe de gouvernement, ou n’a-t-on aucun besoin de personnes qui sachent les langues d'Oricnt ? Je reviendrai plus tard sur cet objet
Jusqu’actuellement je n’ai parlé, dans la grammaire de Savary, que de l’auteur, il me reste un nvot à dire du travail de Μ. Langles. Il consiste, comme je crois l’avoir dit en un. conte assez long, les sept voyages du Marin Sindebad, el
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de plusieurs chansons arabes. Le Conte a déjà été traduit daue les Mille et une Nuit} mais Μ. Gallanti croyant rendre sa traduction plus agréable, s’était affranchi du joug de la fidélité. Μ. Langlès a joint à une traduction plus exacte, plus élégante, un texte très-pur et fort bien corrigé. Le même scrupule se reconnaît dans les chansons qui terminent le volume. On voit combien ces additions sont intéressantes, et combien elles ajoutent de prix à l’ouvrage de Savary. Je croyais, à une première lecture , avoir quelques remarques à faire sur la partie qu’on doit à Μ. Langlès; les bornes de ce Mercure, et les égards qu’un jeune homme ,oans être indiscret, ne peut oublier envers un maître qui a dirigé ses premiers pas, m’im- Sosaient le silence, lorsque j’ai reconnu que j’étais moi-même ans l’erreur, et que je n’avais plus que quelques observations très-légères et purement de détail, qui ne pouvaient entrer ici. Une de mes observations tombait sur un vers de la dernière chanson traduit ainsi :
« Lorsque la la verras passer sut tes chameaux bieq parée.
Μ. Langlès paraît avoir lu gimal, pluriel de gantai t chameau , et avoir regardé maraha, passage,comme venant de marra, passer. Ne pourrait-on pas lire aussi gamal beauté, et maraha, aspect, comme nom d’action de raa, voîrj c< traduire, lorsque lu considéreras son aspect/elatant de beauté. Je ne tais pas si les Arabes se serviraient de marraha bilgi~ mal, pour dire passer sur des chameaux. Au reste, je soumets mon doute à Μ. Lauglès, en lui demandant pardon de ma témérité.
Je termine ici un article que j’ai rendu involontairement plus long que je n’aurais dù, et je réclame l’indulgence des lecteurs, persuadé que ceux d’entr’eux qui liront les ouvrages de Savarv, et ceux qui les connaissent déjà, me sauront quelque gré de mon travail, et que même , en faveur du sujet et de l’intérêt qu’il inspire, ils me pardonneront la faible manière dont je l’ai traité.
D. DE8TÀI NS-
Çajeüe littéraires.
ANGLETERRE.
Londres. La Société biblique a fait traduire en chinois ΓEvangile de Sain arc et les .Actes des Apôtres. Cette traduction a été faite par les missionnaires anglais a Calcutta, et imprimée sur papier de la Chine, accompagnée de gravures en bois. On continue à traduire les autres livres du No uveau- Testa me n t.
— Voici l’extrait d’une lettre de Μ. Court de Magadore à Μ. Robert Mitford, de l’Audi t-Office, le .15 mai i8l4.
« Un Maure arrivé aujourd'hui, de Houssa m’a appris qu’une grande caravane, avec laquelle il a quitté Tombuc- * too, a parmi elle trois chrétiens qui ont été ^rendant plusieurs années dans l’intérieur de l’Afrique j qn’il a voyagé avec eux. pendant six jours, et qu’il en est séparé depuis environ soixante-dix jours^ la caravane ayant pris la route du Tuart, et lui-mcme avec une partie étant venu de Totta ; que la caravane se rend probablement aux environs de Tunis ou d’Alger ; que les trois personnes en question paraissaient appartenir à la classe des marins, qu’elles ne sont point esclaves mais libres de suivre la caravane ou tous les autres Voyageurs : elles ont quelques papiers, des écrits et des dessins. Le Maure ajoute quelles sont venues du côté du Nil ou du Niger, dans un petit vaisseau, et qu’elles ontété prises; que leur nombre était plus considérable, mais qu’il en est mort plusieurs à Houssa ou aux environs; que le roi ou chef de Houssa a mis les trois chrétiens sous la protection d’une personne de marque dans la caravane^ avec l’ordre de les conduire à Tombuctoo, de les y remettre à quelque caravane qui pût les conduire dans leur pays. Celte nouvelle est extraordinaire., car il y a long-temps qu’on a cessé ici toute
JÆERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT. 55;
rrecherche relativement à Μ. Mungo-Parck. Ce Maure n’avait aucun intérêt ni aucun motif pour inventer une telle histoire j et s’il Fa inventée, il est remarquable que son in- ' venti on rappelle en plusieurs points l’histoire de Mungo- Parck et ne ses compagnons. «
( The Star. )
ALLEMAGNE.
Les libraires de Leipsick ont célébré dernièrement une fête de la renaissance de la liberté de la presse en Allemagne , depuis la chute de Buonaparte.
— Le libraire Stein , à Nuremberg, annonce qu’il publiera incessamment V Histoire de l’jfssassihat du Libraire Palm, fusillé par orde de Napoléon, le 10 août ι8ού.
— Le célèbre historien Luders, à Jena, a publié une brochure intitulée : Tableau de 1Λ Europe au mois d'octobre 1813.
— Il a paru à Leipsick une brochure très-intéressante, écrite en langue française, intitulée ; Manuel diplomatique sur le dernier état de controverse, concern.nt les droits des neutres sur mer, ou Coup-d’(Rii sur le système maritime de Napoléon Buonaparte,
— Un auteurdistingué, MadameLamotte-Fouqué, épouse d’un descendant d’un réfugié français à Berlin, se dispose à publier en allemand une brochure pour réfuter quelques as- * sertions avancées par Madame de Staël dans son livre sur l’Allemagne.
SUÈDE.
Stockholm. Un libraire de cette ville a fait une entreprise importante, et qui prouve que le goût de la littérature française continue de régner en Suède. 11 publie une collection dr5 écrivains classiques français : il a déjà perù viDgt-trois volumes de cette collection j les trois derniers co mien nent un choix des pièces de Molière.
358 ·
MERCURE ETRANGER.
—- Le Tournai official a annonce la nomination de Μ. Cat-i tea u-Calle vi lie , comme membre étranger de F Académie royale des sciences , et de celle dea belles-lettres, histoire et antiquités de Stockholm.
— Suivant le même journal, l’Académie (les sciences de Stockholm a nommé de plus, comme membres étrangers , MM. Wollaston, secrétaire de la Société royale de Londres, Herschel, astronome ; Blumenback, professeurs Goëttingue; Haussman, professeur dans la même ville, et Μ. de Lastey- rie, qui a voyaeé dans le Nord , et qui a écrit sur l’état de l’économie rurale dans cette partie de l’Europe.
-—Les arts viennent de faire une perte bien sensible. L’habile et célèbre sculpteur suédois Sergel est mort à Stockholm , le 2^ février, à 1’4ge de soixante-quatorze ans; il avait séjourné près de vingt ans à Rome, et n’avait quitté l’Italie qu’aux sollicitations réitérées de Gustave III, qui désirait vivement que le pays où ce grand artiste était né, tirât parti de ses telens. Revenu dans sa patrie , Sergel y fut comblé de distinctions et d’honneurs. Le roi lui donna uu logement vaste et commode, lui assigna un traitement considérable, le nomma intendant de la cour et chevalier de PEtoile polaire.
Le mérite de Sergel n’a pas été moins apprécié et honoré depuis la mort de Gustave III. Ses principaux ouvrages sont le groupe de Psyché et de P Amour, et celui de Mars et Vénus; le monument érigé à Descaries dans l’église d’Adolphe- Frédéric à Stockholm, et la statue pédestre de Gustave III, placée près du château. Le 24 janvier 1808, jour où celte statue fut découverte, Sergel reçut des lettres de noblesse. H a laissé à sa famille une fortune considérable, et une collection précieuse d’antiques, de tableaux et de dessins qu’il avait rassemblés pendant son séjour à Rome. L’institut de France avait placé ce sculpteur suédois parmi scs associés étrangers.
— On a fondé l’année dernière, à Stockholm, une académie d’agriculture. Iæs travaux de cette académie doivent avoir pour bat de perfectionner les méthodes de culture, et de répandre, parmi les cultivateurs, des connaissances utiles. Èlle a déjà publié quelques cahiers de mémoires, et
GAZETTE LITTÉRAIRE.
55g
proposé des prix sur divers sujets intéreâsans. Le gouverne-
fonds de deux cent mille riksdalers (environ un million de francs). Le prince royal est président de cette académie»
—Le baron d’Hermelin va terminer son Atlas de la Suède. Il s’occupe maintenant de la dernière carte de cette importante collection, celle du gouvernement de Calmar. Le graveur Akrel a publié depuis peu une carte de la Suède occidentale, destinée spécialement à faire connaître les substances qui composent le aol et les ramifications des montagnes.

Un libraire de Stockholm vient de publier dans cette ville une Notice sur la vie et les ouvrages de la baronne de Staël Holstein. 11 a aussi donné une édition de l’ouvrage sur l’Allemagne, d’après celle de Londres.

En creusant la terre dans une grande plaine, aux environs de Skara , en Weslrogothie , on a trouvé un grand nombre de tombeaux, a une profondeur considérable. Ils ressemblaient à des catacombes 5 et l’oi'dre dans lequel le·
heureusement ces restes de l’antiquité n’ont pas obtenu les soins que demandait leur conservation. Un amateur des arts en a cependant fait prendre quelques dessins.
RUSSIE.
Le cabinet d’histoire naturelle du célèbre Pallas a été acheté par S. Μ. l’empereur Alexandre, et placé dans quel- ques salles du palais de l’IIerrnitage, à Pétersbourg. Ou a réuni dans le même palais, 1®. une collection de tableaux, au nombre de quatre mille, la plupart de l’école flamande ; □°, une collection de dessins des premiers maîtres;. 3°. une collection de gravures, au nombre de trente mille*, 4e. une collection de pierres gravées, au nombre de treize mille; 5e. un cabinet de médailles et d’ancienneâ monnaies russes; 6*. un cabinet d’objets d’art et modèles; 7®. un cabinet d’objets précieux anciens et modernes > tels que des bouquets
3fio MERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT.
de perles fines et de diaroans, des montres singulières, des tabatières et a utres ustensiles précieux de jaspe, de porphyre ; 8°. une collection de machines de bronzes, de bustes de grands hommes et d’autres ouvrages de sculpture; 9*. une biblio-J· tlièque d’ouvrages russes; les bibliothèques de Foltaire, Diderot , d'Alembert et H Use hin g, formant ensemble plus de
— La bibliothèque du cou ventde Saint-Alexandre Newsky a été augmentée par l’acquisision d'une bibliothèque particulière, et contient un grand nombre de manuscrits scla- vons et grecs, de décrets des conciles, et une quantité de livres de théologie et de dévotion en langues russes et étran-
ITALIE.
Gênis. — Parmi les ouvrages italiens qui ont paru dans cette ville, depuis quelque temps, on distingue celui de l’abbé Giammaria Picconi, intitulé : «uZZ’ economia
olearia, ou Essais sur la culture et les usages économ iqtus de V olivier, précédés <Z’un discours préliminaire sur le rétablissement de l'agriculture. 3 vol. in 8®., avec beaucoup de λhuches. Cet ouvrage a obtenu un grand succès dans toute ’Italie, et mérite d’être traduit dans toutes les langues.
AMÉRIQUE.
Philadelphie. — Μ. Jar^b Montgomery, poète distia^ gué, a publié un petit poème fort joli, intitulé: The ÌVanderer of Switzerland, ou le Rôdeur en Suisse. Un vol. in-ià de 126 pages. L’auteur y a joint plusieurs autres pièces, parmi lesquelles on distingue celle qui porte le titre de the west Indies, ou les Indes occidentales. L’auteur fait mention, dans ses notes, du célèbre auteur de l’ouvrage sur la Littérature des IS èpres.
Mim,
*
MERCURE ÉTRANGER.
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N° XVIII.
LANGUE HÉBRAÏQUE.
GRAMMAIRE hébraïque, ou Méthode facile pour ap* prendre cette langue t par L. P. Sétîer. fils, Impri-' me ur-Libraire du Consistoire central des Israélites*
Paris, chez Γauteur, cloître Saint-Benoît, a’ 21 ,
et 2 5*—- 1814»
Parmi les bienfaits inappréciables que la paix va produire et multiplier; après ceux qui se relâchent h la cau9< gène'raie de Γhumanité, il faut compter au premier rang la renaissance des études solides, negligees depuis long-temps au milieu du tumulte des armes et de l'agitatiou des peuples. L’imagination qui ne pourra plus travailler comme naguère sur les grands événemens qui se passaient sous nos yeux et dans le cercle desquels chacun était entraîné avec p’us 011 moins d’activité et d’importance, cherchera désormais dans la culture de la pensée, dans l’interprétation et les recherches des temps anciens, un aliment qui lui est indispensable, L’étude des langues anciennes offrira, comme de tout temps, un charme particulier aux amis des lettres* Le» Muses latines seront cultivées avec un nouveau succès,
Tom. III. - 1814. fl6
56ü
MERCURE ETRANGER.
d'habiles hellénistes promettent de succéder un jour à la renommée et aux talens de ceux dont on déplore la perte irréparable, et de seconder les doctes et illustres travaux des Dacier, La Porte Dutheil, Clavier, Gail, et Boisso- nade ; enfin, les langues orientales seront cultivées avec avantage, non seulement par le petit nombre de savans qui en font depuis tant d’années les plus grands titres de leur gloire; les Sacy, Langlès, Caussin et Lanjuinais (1), mais . aussi par de jeunes et estimables émules qui s’efforceront de mai cher sur leurs traces, et s’il est possible un jour, de les imiter. Comme monument littéraire, religieux et historique, la langue liébraïqne mérite une attention d’autant plus particulière, qu’elle n’en a peut-être pas été' assez souvent l’objet. Dans le dernier numéro, j’ai parlé d’un poème hébreu composé b Berlin dans le dix-huitième siede, que je ferai mieux connaître par la suite : dans le prochain , remontant dans le cours des âges à une époque plus an- cienne de cette langue, je parlerai d’un ouvrage hébreu du moyen âge, composé par Salomon Gabirol, et traduit en vers italiens il y a quelques anuces,par Μ. Michel Boilafi, lit« térateur estimé, actuellement h Paris, membre des académies de Turin, de Florence et Venise, et qui a traduit de la même manière, avec un succès également honorable, les Stances sur l’immortalité de l’âme , de notre célèbre abbé Debile ; mais avant tout, je vais m’acquitter d’une obligation contractée plus anciennement en parlant de la grammaire hé-
(i) Si quelques personnes s'étonnaient d’entendre citer parmi les orientalistes distingues un citoyen qui depuis long-temps avait acquis d’au 1res droite À restitue des Français et des amis die l’humanité, je leur rappellerai» que c’est à la suite d'in 1er essam travaux sur l’histoire, les langues, la littérature et les monument de l'Inde , que Μ. le comte Lanjuinais a été nommé, il y a eaviroQ scoi ans , membre de la classe d’histoire et de littérature ancienne de Γinstitut de France, en remplacement du respectable et illustre traducteur d’Homére, feu Μ. Erlaube. C'est dans ces importans travaux qu’il trouva quelque consolation aux seotimens douloureux qui, à celle époque , devaient remplir son âme.
LANGUE HEBRAÏQUE.
563
braîque que l’on doit h Μ« Sétïer fils ; ce jeune et estimable philologue est imprimeur des langues orientales et du consistoire central des Israélites de France. Il se livre avec beaucoup de succès à l’étude et aux travaux de la langue hébraïque, et a mérité, sous ce rapport, autant d’encouragement que d’éloges; déjà il a publié le texte hébreu d’une Bible complète, et qui se distingue par une grande.exactitude et une rare élégance typographique. 11 a publié aussi les textes hébreu et français des décisions du grand Sanhédrin de France et d’Italie , qui fit connaître les véritables bases d'une doctrine religieuse que quelques magistrats fanatiques et quelques écrivains intolerans avaient voulu faire envisager d’une manière différente par le guerrier qui, du sein des camps et des batailles, avait été appelé à gouverner la France, et auquel les plus hautes questions de politique et d’adminstration étoient presque toujours en-
pub liant aujourd’hui les élémens d’une Grammaire hébraïque, Μ. Setier s’acquiert de nouveaux droits à la considération et à la reconnaissance des amis de la littérature orientale.
Son ouvrage est dédié aux membres du consistoire central des Israélites de France, institution précieuse, arrachée avec peine par les amis des idées libérales dans un moment où. ils avaient h surmonter les obstacles les plus nombreux , dont les effets sur l’amélioration morale et la culture des Israélites, sont déjà aussi nombreux qu’imporlans , et dont Ja conservation , sons un gouvernement qui ne veut détruire que ce qui est nuisible, est aussi désirable que naturelle. Dans une courte préface, Μ. Setier fait connaître le but de son ouvrage, en apprenant qu’il le destine principalement k l’enseignement de cette partie de la jeunesse Israélite que Fon voudra instruire de bonnebeuie dans la langue, antique dépositaire des traditions de leur croyance, et il fait connaître les motifs pour lesquels il n’a nas balancé b regarder les points-voyelles comme indispensables pour le premier en-
364 MERCURE ETRANGER.
seignement de l’usage vulgaire de l’hébreu, malgré l’opinioa contraire et trop commune de quelques érudits, dont on peut estimer les talens sans partager l’opinion. Masclef, Houbigan, et le respectable savant Μ. Audran , professeur d’hébreu au Collège royal de France, ont, à dille.entes époques, publié diverses grammaires hébraïques qui diffèrent plus ou moins entre elles sur cello question importante, supérieurement approfondie, dans les principaux ouvrages des premiers philologues et érudits de l’Allemagne, E’chorn , Michelis, riche et quelques autres. J’aurais moi- même exposé et développé lotis les motifs qui rendent k mes yeux l’opinion dont je viens de parler tout-a-fait indubitable, et qui me font regarder comme certain que la convention de l’usage des points-voyelles a été substituée h des convent ions non écrites, ni plutôt, ni plus ta rd que les premières époques qui suiyiient la dispersion des Juifs dans les provinces de l'empire romain, lorsque leur lingue cessa d’être vulgaire parmi eux , et que la tradition de sa connaissance commença h se perdre dans la multitude : d’où il résulte que les docteurs de l’école de Tibériade ne firent •que donner une organisation plus régulière a un lisage établi. Riais j’ai trouvé la même opinion supérieurement développée par l’autorité des faits, des principes, des raisonnemeus •et des exemples, dans un excellent morceau de littérature ■sur cette question même,parM. le chevalier de Cologna , de JMantnne, grand rabbin et président du Consistoire central des Israélites de France, et qui a paru en niai iô 11, dans le encyclopédique de Μ. le chevalier Millin, de l’institut, recueil précieux, que son savant et infatigable auteur ne cesse d’enrichir des plus utiles trésors de l’érudi- tiou et de la critique (2). Je ne pourrais soutenir la même
(a) Dans le premier voluine d’un ouvrage publie' en i8o5, par l’abbé Cou Uni .le la Mobile, satant distingue, et auteur de beaucoup de recherches profondes sur des questions à'extgèse , ouvrage intitulé: « te Levi U que expliqué d’anrès les lexles primitifs, av<c des disserta- « lions et des réponses aux ciifljcu liés des incrédules », on trouvera éga-
LANGUE HEBRAÏQUE, -
565
thèse, sans me servir, sous d’autres formes, des memes idées et des mêmes moyens; j’engage le lecteur a recourir h cene dissertation , qui lui procurera le plaisir de s.’édairer sur une question importante et difficile d’histoire et de philologie, et celui d’admirer l’élégance et l’exactitude avec lesquelles un étranger peut parvenir a écrire dans notre langue, et je saisis avec empressement l’occasion de rendre ce juste hommage aux lalens, à la modestie et à la piété éclairée d’un ami qui n’a pas besoin demon faible suffrage pour jouir d’une
honorables.
Μ. Sérier rend aussi plusieurs fois hommage, dans sa préface , aux secours utiles qu’il a trouvés dans les conseils et la complaisance de Μ. le chevalier Cotogna, pour la composition de sa Grammaire. Cet ouvrage se iecommaodc par rorthodoxie littéraire de ses principes, et par la s »ge distribution des chapitres qui le composent; mais surtout par une rare exactitude typographique, qui doit être doublement attribuée aux soins éclairée de l'auteur, comme In primeur et homme de lettres. Enfin, je dois encore faire remarquer avec éloge, la table méthodique et perfretonnée dans laquelle il a présente les verbes avec les dilTéiens temps et leurs differentes acceptions, ce qui forme dans la langue hébraïque une des particularités le s plus rem arquables ci 1rs plus caractéristiques, et en même temps d<*s plus difficiles à bien saisir. Du reste, on pourrait reprocher à Μ. Sérier d’avoir négligé de parler de quelques règles de construction et de grammaire qu’il était a’autant plus naturel de ne pas oublier qu’elles ue sont en cette languequ’en très-petit nombre,
lenient plusieurs chapitres , pleins d’érudition et de logique, sur fio- çontcstanle Decessile de ne servir de la ponctuation dr MassnrclL , pour renseignement, l’usage et la propagation de la langue hébraïque, et je ne puis qu'inviter tous le* amis de la littérature orientale à lire ces exc ri lens morceaux, trop peu connus, et aussi remarquables par k’abofidâûcc et l’intérêt des faits, que parla force des raisonnemens et. bd style parfaitement approprié â la matière.
566 MERCURE ETRANGER.
d’avoir gardé un silence complet sur quelques notions pini ou moins positives , que par des conjectures et des recherches, ou est parvenu h se procurer, sur ce qui formait chez les anciens hébreux, le mécanisme de la verification; d’avoir été en généra! trop sobre d’exemples , qu’il étoit convenable de mettre a la suite des préceptes ; de ne pas avoir mentionné quelques principes, il est vrai, inutile» et d’un genre suranné, introduits h Pépoque du moyen âge, par Elie le Lévite, Kimchi et quelques autres, principes, à juste titre, tombés en désuétude h mesure que l'enseignement de la langue hébraïque prit un caractère plus régulier / mais dont il est important de conserver un souvenir historique. Enfin, j’aurais désiré un aperça rapide sur les differentes époques de cette langue, depuis les premiers et brillons jours de sa gloire dans les livres de Γ Ancien-Testament, et dont la décadence se fait d’abord sentir dans les livres d’Esther, Néhéini, etc., jusqu’h sa chute totale, qui suivit les temps de la seconde dispersion , et depuis l'époque où elle refleurit, sous la‘protection libérale des califes j dans les célèbres écoles juives de l’Espagne, avec unfc teinte et un alliage métaphysique et caractéristique de l’es- Iirit du temps, époque après l’entière expiration de laquelle a culture régulière de cette langue se ralentit considérablement, par des causes multipliées, et surtout par Γ effet de la persécution religieuse, pour reparaître, avec la renaissance des éludes solides, dans le monde savant, par l’influence du protestantisme, et plus tard , parmi les Juifs allemands, avec un éclat par.iculier, 'a l’apparition du célèbre Moses-Mendelsshon, à Berlin, et de Harzvîg-Veslise,son contemporain» Il est vrai que Μ. Setter, en donnant à son ouvrage le nom d’Zi7émc/M de Grammaire , semble avoir voulu lui-même borner sou objet et son étendue. J’ai cependant d’autant moins balancé a lui reprocher ces omissions que je sais qu’il est parfaitement a même d’y suppléer dans une nouvelle édition, dont son ouvrage me paraît digne d’obtenir les honneurs : tel qu'il est, il mérite à tous égards du succès et des suffrages j pour l’enseigne-
LANGUE HEBRAÏQUE. 067
ment des écoles et les études des commençans, sa grammaire me parait préférable a toutes celles qui ont paru jusqu’ici. La composition d’un nouveau vocabulaire hébreu serait, dans ce genre, un nouveau service à rendre; ce serait un travail auquel il appartiendrait h Μ. Setier de se livrer, et qui serait un digne complément de ceux par lesquels il s’est préeédemment distingué.
Très jeune encore, Μ. Sétier se livre donc, d’un côté, à l’exercice d’une profession distinguée, et, de l’autre, à d’utiles travaux littéraires, dans un genre que peu de personnes cultivent en France, même dans les classes les plus érudites î en continuant^ suivre ainsi une carrière estimable et laborieuse, il peut justement prétendre aux succès les plus avantageux, anx encouragemens les plus flatteurs, et aux suffrages les plus honorables.
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LANGUES ORIENTALES.
MÉMOIRE
Sur V Origine et Progrès des Turcs, des Kurdes > des Tribut* turcomaneSj des Oghoui-Turcs, o> Ottomans , et de quelques autres peuples; avec quelques détails sur leurs expé·* ditionsj dans la partie méridionale de l'Asie, depuis l'an 510, avant J,-C, , jusqu'à l'an 1299 de Vére vulgaire.
(Extrait d’un ouvrage manuscrit sur l'Qisioire d'Arménie ; par Μ. CiwtEa, professeur d’arménien, membre de l'académie d· Vile de Saint-Lazate de Venise.)
Les Turcs, avant d’être les conquérons de la partie occidentale de l’Asie, y avaient déjà fait à différentes époques, 5 lusieurs expéditions, soit pjur chercher fortune, soit pour onner dessecours aux souverains dé Porse, de Mèdie, u’Ar* ménie, de Géorgie, aux empereurs de Constantinople.
Anciennement les Turcs avaient fait aussi des invasions dans la Tartaric orientale jusqu’aux royaumes de Tibet et de Tangot ; et ils avaient donné leur nom a toutes les régions dont ils s’étaient rendus maîtres.
Leur propre pays qu’on nomme Tisrcan, ou Turcam, Turkesdan, ou Tedalie t ou bien Abahhdar, (1) occupe au-»
( ») Moïse de Khorène , p. 365. Mikitar, Diet, géogr., au mot Turcs.
Michel, patriarche Syrien 9 Misi. univers, Maausc- arm- de la Biblio** théque du roi, o'* 90, feuillet 13{.
MERCURÈ ÉTRANGER. — LANG. ORIENT. 36g îourd’hui les bords du lac d’Aral, entre les Kara-Kalpak, la mer Carmen ne et les Khourkhans,ou Sokis; mais aulrefo'S les Turcs formaient une nation plus nombreuse, et s’éien- daient au-delà des chaînes de montagnes, appelées par les Arméniens, les Mamelles du Nord (z); Moïse de Khorène semble comprendre eous le nom de pays des Turcs, presque toute la Scylhie asiatique, depuis le fleuve d’Etil jusqu’au mont Ymaiis (3). Un autre auteur arménien étend les frontières du Turkesdan jusqu’aux déserts de l’Inde (4).
D’après les notions que nous ont données, sur ce pays, les différens historiens et voyageurs, tant anciens que modernes, on est obligé, ce me semble, de croire que les limites du Tur- kesdan ont varié en diverses époques. C’est peut-être cette différence qui donne lieu aux géographes de le placer, les uns sur les bords de la mer Caspienne-, d’autres sur les côtes orientales du lac d’Aral; et quelques-uns au milieu même de la grande Tartaric.
Michel, patriarche syrien d’Antioche, qui vivait dans le douzième siècle, fait descendre les Turcs de Thorgom, arrière petit-fils de Japhet-, Thorgom, dit-il, fut le père de Goç, de Magog et de plusieurs autres enfaus qui peuplèrent la Scylhie. 11 est certain, ajoute cet auteur, que les Turcs sont de la race de Thorgom, et que, par cette raison, on leur a donné ce nom (5). Quelques pages après, il appelle leur pays Tedadie et dans un autre endroit, il paraît comprendre par ce nom, les tbntrées de la Géorgie, ou d’au-
(а) Mchel, patriarche, feuillet 13a. Par une similitude entre la terre et la femme, on donne le nom de mamelles à tout* s les montagaes qui s'élèvent sur le sein Je la terre. Les Arméniens appellent le* mamelles du nord les chaînes de montagnes qui, depuis le Caucase inférieur des environs d’Aklialziké , s'allonge dans le nord <le l'Asie jusqu'à l'extrémité orientale de ce continent; autrement on appelle ces montagne« le Caucase oriental. On nomme aussi généralement les mamelles du midi les ’l’auras, les Gordiens , ks Paropamisus QDT Ima iis qui séparent les Indus de la Scylhie.
(3)
Moïse de Khorène, ibid.
(4)
Hétonm, on Haïton, /{ist. de la Turtarie, ch. 3.
(5)
Ibid, feuillet 13a.
(б) 7àûf, feuillcti34»
5yo MERCURE ETRANGER.
très peuples voisins d’Arménie (7): L’bistorien Cîamcien fait dériver le nom des Tedaliens, de celui deTbobal, dont fait me n ti on la B ible (8). Ce dernier pays de Tedalie, ou de Thotol, est peut-être celui dont parle Moïse de Khorène dans son 'Traité Géographique, sous le nom de Thowu ($}sur le mont Caucase, près les Huns et les Amazones. Les Thovaliens étaient anciennement des peuples guerriers; ce sont, me semble , les Tibarîeus dont il est fort question chea les auteurs grecs.
Au rapport de l’auteur syrien ci-dessus mentionné, les Turcs ne reconnaissaient qu’un seul Dieu, qu’ils appelaient Gueug-Tangri, c’est-à-dire, Dieu du ciel. Ils n’avaient ni lois, ni ordonnances par écrit; car leur pays n’eut jamais de législateur. Aucun prophète, ou apôtre, n’est entré chez eux (10). Ils se nourrissaient ordinairement de viandes d’animaux, même de ceux qu’ils trouvaient morts. Leurs vête· mens étaient de laine ou de poil, parce qu’ils n’avaient pas d’autres étoffes.
Cet historien ajoute que les Tures étaient doux de caractère; qu’ils étaient sobres et modérés dans leur manière de vivre et dans leurs plaisirs. En effet, malgré leur humeur òpre en apparence, ces hommes formaient, dans l’origine, un peuple frugal et modéré dans ses passions. Us ne doivent les changemens qui se sont opérés en eux, leur vie efféminée, la corruption des moeurs établies chez eux en principe, qu’aux relations et aux exempts des Persans et.des Arabes, qui leur ont communiqué tant d’habitudes vicieuses. Ce- Sêndant on découvre encore avec plaisir chez les Turcs ’aujourd’hui bien des choses de leur ancien caractère, et de leurs moeurs antiques, sur lesquelles les lois n’ont dû avoir aucune influence pour les changer. Ils conservent pour la ^les usages privés de leurs ancêtres. Ils ont toujours généreux et humain.; ils sont hospitaliers envers les
" »— ■ ■ -..........— ■ ■——————
(7)
Ibid, feuillet a8.
(8)
Genèse,oh. io, v. i ; Joseph, Anûq. Jud. lit. 1, ch. 6; Cianciali , tom. r, p. 61. .
(9)
Moïse de Kborène, p. 355.
(10)
Michel, ibid.
LANGUES ORIENTALES. 3; i
Aran gers,sincères dans leurs paroles, justes et pressés d’exécuter leurs promesses, reconnaissans pour toute la vie des bienfaits qu’ils reçoivent, soit des mahométans, soit deschrétiens. Enfin, leurs vertus apparentes ne sont pas toujours un masque qui les déguise. Le motif le plus puissant qui dirige ainsi la conduite des Turcs, o’oet le dogme de la vie future et la récompense des Bonnes ou des mauvaises actions : cette idée est présente dans leur esprit presque toujours, et ils la répètent souvent (il). ·
Parmi le grand nombre de peuples qui habitent la Scythie asiatique, on regarde toujours ceux du Turkesdan, comme lès moins ruses et les plus compatibles avec les nations voi· Îines, tant pour leurs moeurs que pour leurs usages sociaux, ►u temps de leurs conquêtes, ils ont été moins violens que les Tartaree du Nord : dans leurs excès de vexation et de ruine, ils montrèrent souvent desactions de grandeur d’âme et de générosité j ils protégeaient quelquefois le commerce et les religionsj ils respectaient lés femmesf et rendaient justice avec équité et promptitude.
ITaprèsle témoignage de Mathieu «FEdesse (12), un essainl de Turcs qui entrèrent en Arménie vers l’an 1020 de J.-C , portaient leurs cheveux longe comme les fcmipes, et ils ne rasaient jamais leurs figures. Ils se servaient dans les combats d’une espece d’arc a’une forme grossière, lourd et grand excessivement; mais ses effete étaient terribles, et leurs ennemis ne savaient point résister à cette espèce d’arme ; le plus souvent c’était au moyen de cesarea, qu’ils rempor-
(11) Il y à quelques années qu’au particulier turc, de Smyrna, avait acheté, «l’un marchand arménien, pour une somme considérable de perle«, pour l’usage de ses femme«. Selon leur coutume, la vent« avait été faite sans écrit, sur leur simple parole, et le paiement devait s'en fa ire au bout de quelques mois ; mais avant l'époque de l’échéance convenue entre eux, ce particulier tomba dangereusement malade. Äßn de ne point comparaître , chargé de cette dette, devant le tribunal de l’Etcroité ού il allait entrer, pour être jugé devant Dieu, il envoy« chercher un jour le marchand arménien dés les quatre heures du matin j il lui paya tout ce qu’il lui devait, et, selon leur usage dans pareil cas , il l’invita à déclarer eu conscience s’il était parfaiicnaent libéré de toute dette envers lui.
(13) Manose. Ar™· de la Bibliothèque du Koi, Do ^5, feuillet 69.
MERCURE ETRANGER.
(nient la victoire. lueurs armes offensives et défensives étaient l’arc, la lance, le sabre,le bouclier, le marteau d’armes (13) et la fronde pour jeter des pierres.
Les Turcs avaient dans leur pays fort peu de villes, ib menaient, pour la plupart une vie nomade, s’occupant beaucoup de la chasse, et faisant souvent des incursions elles leurs voisins. Ils avaient deux entrées dans la partie méridionale de l’Asie, l’une par la Perse, et l’autre par le pays des Alains. Les Persans, devenus formidables, fermèrent par une porte l’entrée que les Turcs avaient de leur côte : ils y bAti- rent six forteresses, et mirent des garnisons pour empêcher ces peuples nombreux de faire des incursions dans leur pays (14).
L’autre porte par où pouvaient entrer les Turcs dans les pays occidentaux de l’Asie, en-deçà de la mer Caspienne, étaient les chaînes du mont Caucase, et la forteresse île Der- bend. Selon le patriarche Michel, Alexandre-le-Grand y employa pendant six ans trois mille ouvriers maçons, en fer et en airain, pour fermer, par une large porte, le passage qui se trouve entre la mer et la montagne à l’endroit où est bâtie la ville de Derbend (15).
(13) Voyez les InstituU de Timcur, trad, par Μ. Langlès f p. 86.
(t.J) Le patriarche Michel, feuillet -3a. Μ. de l’Islc, dans^a cart· de Turante , dr l'Arabie et delà Perse, indique une porle de fer dans le pays des Tartare» EuzbeKs, au nord du fleuve Gtlioun, appelé' par les anciens OÂus. Et, dans son Théâtre historique, sans indiquer précisément cette porte , il la désigne soun lenoni de Pylae, u'enaroit où ce savant géographe place celle porte s’accorde avec ce que dit ici le patriarche Michel.
(i.S) Une tradition tr£s*répanduc chez les Orientaux porte nue Derbend fut bâtie par Alexandre le Grand. ( Michel, ibid, et Vartan ,
lie du Roi, Do 74 » rant Macédonien ne
porta jamais ses armes ver» le nord de l’Asie. ( Naliaa , Trésor des Notices, p. 3ia.) Ce qui pouvait empêcher , en quelque sorte, l’entrée aux Scythes du côté du mont Caucase, c’était la grande muraille, dont on voit encore les restes sor un chemin de plus de soixante lieues ou cent cinquante milles, (logician , Gêog. d'y/rtn., 618.) On attribue cemonument de grandeur, diasi que la construction de Derben d , à bcmirajni8, rcjne de l’Assyrie j car Adam Olearius a trouvé, sur upq
LANGUES ORIENTALES.
575
Les Arméniens et les Géorgiens appelaient quelquefois les Turcs à ledr secours du côté de cette porte pour se battre contre les Persane (i 6). Les Mèdes et les Persans pour se faire réciproquement la guerre, firent souvent venir des troupes mercenaires de la Scjthie Turque (17).
L’historien syrien rapporte que Ce fut vers l’an 510, avant l’ère vulgaire, que les Turcs furent appelés pour la première fois par les princes de la Perse ; et il appelle cette première venue des Turcs, la première sortie ou expédition de ces peuples : il en ajoute une seconde faite du côte de la Perse. Mais cet auteur semble y mêler quelque trait fabuleux, quelque fait historique inexact. Je vais donner ici un petit extrait de ses propres paroles traduites littéralement, qu’il ex* prime dans la manière suivante : « On dit que leur première <c sortie (des Turcs) s’est faite cinq cents dix ans avant la te naissance de J.-C. Voici quelle en fut l’occasion. Les rois « de Perse attiraient les Turcs chez eux, lorsqu’ils en avaient « besoin pour les employer contre leurs ennemis; comme <c Cambyse, fils de Cyrus, que quelques auteurs «appellent Naic buchodonosor, en fit venir des troupes pour se battre con- « tre les Attirions (Assyriens). Ilolorapherne qui fut un en- « voyé dans la Palestine, était de ce pays Mais lorsque la « guerre était finie, ils s’en retournaient, cl rentraient dans « leur patrie, chargés de toutes sortes de biens qui nais· « sent de la terre, c*est*à-dirc,de l’or, de l’argent, des vête- «< temens précieux et des productions du pays. Ces richesses « excitèreut leur envie, et 1rs firent sortir différentes fois « de leurs propres pays pour trouver les moyens de faire « fortune; et suivant leur coutume, ils rapportaient dans « l’enceinte qu’ils renfermaient, les richesses qu’ils pou-
poTte de celte ville, des iascriptions en ca act ères syriens. Les Syriens ou Assyriens ne portèrent leurs armes vers ce pays que du temps de Sé mir .un is.
(τβ) Le patriarche Michel, ibid. Les rnis Arsaçidcs d'Anncoie, Titulate rt Arsace Hi, curt ul, «laus le quabième siècle, des relations avec les K'iakans tuics, p ur en obtenir dus secours contre la Perse. Dhns I. cinq ticuie siècle , après la < liule de leur royaume, les Arméniens ciblèrent de nouveau les lures coutre les PcrsanA-
(17) Michel, ibid.
MERCURE ETRANGER.
« vaicnt amasser* Un jour voyant que la garnison qui doit fendait les passages n’était pas nombreuse, ils s’appro- « obèrent de la barrière, se jettèrent sur les soldats et sur « les gardes de la porte, ils les tuèrent:ils prirent une des « forteresses, et s’en rendirent les maîtres; puis ils avertirent « les plus proches de leurs compatriote* qui venaient à leur « secours; ils s’emparèrent des autres châteaux et s’y forti— « fièrent. Les peuples les plus éloignés de leurs pays où il « y avait des princes et des personnages puissans en furent « aussi avertis, et un animal blanc qui paraissait devant « eux, sous la forme d’un chien, leur servait de conducteur : « s’ils s’égaraient, ou s’ils se perdaient en chemin, le chien *« aboyant de toute sa force, les faisait revenir à lui. Ces « peuples adorèrent alors cet animal, et le suivirent avec t< conuance : il les conduisit jusqu’à la porte qui était ou* « verte, et il les fit passer par là avec lui.
« Lorsque la multitude des gens de cette nation s’y fut « augmentée considérablement, ils en sortirent, ils refer- « nièrent la barrière, et s’avancèrent jusques dans la proti vince d’Aralie ( 18) voisine de la Perse. Alors les Turcs « formèrent trois camps, et tirèrent au sort en jetant trois « verges eu l’air. La première alla du côté du midi, et la .« première armée se mit en marche vers les Indes. La sert conde verge fut portée vers le nord-ouest, et le second « corps de troupes alla s’établir proche de la province de « Trakia (19). Êt du nom du pays qu’ils occupèrent, ils furent « appelés Goman iks (20). La troisième verge étant tombée
(18) Arabe , qn’on écrit en arménien Araghie, eut le pajrs à'Ara~ chisdun ou d’Â tAata/ae , appelé autrement JrnJi-a genti, ou i'aocienne Mèdie. ( Militar, Dici. Geog., au mot Ecbalane.)
(»9) Trakia ; c'est la Trachèe, ou Cilicie Trachèe des anciens, qui désigne la partie qpontagneuse de l’Isa uric et de la Cilicie. Aujourd'hui ces montagne sont connue« «nus le nom de ASirrac ou Karsakh, et le P·? celui de K a remanie. ( logigian , Gcog. d'Arm., 36ο ) Un traité géographique eitrémcmeutabrogé, qui se trouve dans le Manuscrit Armenian de la Bibliothèque du Koi, nn 74 cl feuillet 1^9« donne quelque détail sur les habitans de la Trakia. « La nation des Trakt, « dit-il, qui chérit la musique , est connue sous le rions dç Karamanie. »
(ao) Gomaniks. Ou appelle ainsi les babitaus de deux villes €<
LANGUES ORIENTALES.
375
« An milieu du terrain, ils entrèrent dans la Perse, et se « mêlèrent avec les habitans de ce royaume, auxquels ils u demeurèrent assujettis dans tpus les endroits ou ils s’eta- « Mirent.
<r La barrière qui les renfermait du côté de la Perse, fut a ouverte une seconde fois; d’autres Turcs en sortirent en « grand nombre, et refermèrent la porte. Us avaient avec « eux soixante-et-dix princes qui firent un cercle , autour « duquel ils se placèrent en rond, ayant chacun une bay on- « nette à la main; ils iettèrent leur baguette dans l’air, après « être convenus que l’on déclarerait rois, ceux dont les baie guettes retomberaient dans le cercle ; il en tomba neuf, « dont l’une se fixa dans la terre. Ils nommèrent sttr-le- « champ neuf rois; les huit furent soumis au neuvième au- « quel ils donnaient letitre de kliakan (21). Informèrent alors
tons de la petite Arménie, dont l'une, Paneienne Cornandoti Cornine, était située au nord de Tokat, sur la rivière d’iris; l’autre, qn’on nomme Cornane de C'a mir on de Cappadoce , était près delaÆilicie , au nord du mont Taurus.r Milutar, Dici, Gcog,) C’est de celt* secunde Cornana ou GomnmAr que veut parler ici le patriarche Michel. La manuscrit que ic viens deciter, dit , au feuillet i5r, que Majak ou U Cesaree de Cappadoce, est bi capitale de la Trakia. Il paraît que le nom «le Trakia se donnait anciennement aux l'aurus et Anti.-Taurus de l’Asie mineure, et celui de Karamanic à tous les pays qu'occupaient les princes Scljoucidcs d’iconie.
(ui) Les sultans de Constantinople portent eucore jusqu’aujourd’hui les titres honorifiques de leurs ancêtres Ae khakan eide khan, qui est un abrégé du premier, (logigisn > Jfetcrip. de Constantinople , p. 43·) Il parait que les Persans ont emprunté des Turcs ce dernier nom de dignité, qu’ C*t fort en usage cliex eux. Khakan signiGe grand roi. (instituts de Timour, par Μ. Langlès, p. 0|3.) Les mots arméniens dVakh et Ischkhan ont aussi des rapports avec ces noms turcs : l’un, 3ui désigne premier ou chef, est une anagramme du mot de khan. Un érivé de celui-ci, Nakharar, signifia un satrape, un préfet ou un chef de province. L’autre nom, ischkhan, indique un prince ou un dominateur. On trouve de pareils rapports en grand nombre entre la langue arménienne et la turque ancienne ; et cela fait conjecturer à l’appui de l’opinioa de ceux qui croient que le Turkesdan fut peuplé par une colonie d’Arme’niens, parce que ces deux peuples descendent également deTorgom , et ils portent toujours le nom de Torcomicns, Torcamans, Turkmènes ou Turcs. Quoi qu'il en soit sur l’origine primitive deces peuples, aujourd’hui on ne peut les confondre. Les Turcs
576 MERCURE ETRANGER. ·
« un établissement durable dans cet endroit, où le pays est « fort étendu.
a Leur domination, était bornée auparavant par la porte <c qui les resserraitj mais cette porte ne leur sert plus de « barrière, parce que, maintenant, elle est leur place forte; <c ils ne s’en éloignent jamais, et ils veillent à sa sûreté. Un μ grand nombre de ces Turcs se sont mêlés depuis avec les « Arabes, et ils s’appellent comme eux Mislimau, surnom « emprunté de Misiima (22). Les deux peuples se réunirent « d’autant plus volontiers, que les uns et les autres ne rett connaissent qu’un seul Dieu ; les Arabes leur ayant dit de « u’adorer pointlcs créatures, ils s’accordent à rejeter la croix « ctl’Eglise de Jésus-Christ. Mais les Turcs qui se répandirent « parmi les chrétiens vers le.couchant et vers le midi, se « tirent chrétiens ; et ceux qui se jetèrent dans des pays ido- « làtres, embrassèrent l’idolâtrie ; tant ces peuples sont aisés K à persuader.
« De même les Arméniens et les Géorgiens appelaient ces « peuples à leur secours du côté de l’autre porte (Derbend ); « ceux qui vinrent λ se réunir avec eux , se firent obretiens, « et s’appelèrent Khutehaks3 du ruot khu, qui signifie val· « lée, et de tchakh, qui veut dire vase; car ila étaient rente fermés dans leur vallée comme dans un vase. Chaque fois « que les Arméniens et les Géorgiens avaient besoin de ces « gens, ils en faisaient venir pour les employer à leur service.
viennent de la S-cythie. Les Turcomans sont Armeniens d’origine. Les Arméniens ont porté en tout temps , dans leur langue, le nom de Tur- cowans, La différence qn’il y a entre ces deux derniers peuples, c’est que les premiers sont aujourd’hui Mahometans et les autres Chrétiens: les nos s'occupent à vierer dus troupeaux, et changent de demeure selon les changenicris de Mitons; les autres'habitent constamment leurs villes ou villages. Cepeud.ml ces deux peuples se regardent toujours comme des parens et issus de même origine.
(aa) Le premier chef mahoméran qui porta les armes arabes cher Jcs Turc* , fut un rénéfal Sarraxiu appelé Mislim , ou MsJim , d’après no témoignage du patriarche lui-même ; il indique ce faitSTjs le r< gne du calile Solimun, '*u vers fan 716 de J.-C. 11 suppose peut-être que les Turcs portaient alors le nom de Μ isliman, du nom de ce général qui remporta sur eux quelques victoires éclatantes, et établit l’islamisme dan· leur pays. ( Michel, feuillet x 15· )
LANGUES ORIENTALES.
« Jusqu’ici on compte deux expéditions des Turcs, il en u doit arriver une troisième , scion le prophète Ezéchiel(a3). « Us ravageront la terre jusqu’à la Palestine peu de temps ü avantl’arrivéedel’Ante-Cbrist. En effet, Jeanl’Asiatiqne(24) « raconte queTibèreenvoya des députés verscespeuples (s5) ; « le kliakan voyant ces ambassadeurs, répandit des larmes, « et comme on lui demandait le sujet (Uses pleurs, il répon- « di ten disant: nous avons chez nous une prédiction que j’ai « entendu raconter par nos pères, elle nous apprend que la « ruine du monde ne serait pas éloignée quand les empereurs « grecs enverront leur soumission aux Turcs.
« Lek.hak.an leur demanda ensuite s’ils pavaient des tri- * buts auxPerses. Les députésayaiil répondu que c’étaient les « Perses qui payaient^des tributs aux Grecs, le kliakan fut <x étonné de ce quel’Empire des Romains était si grand.
« Le même Jean l’Asiatique ajoute aussi que les peuples « d’Arie imposèrent un tribut aux Perses. 11 remarque eu « meme temps, que quand les députés (Grecs) vont cher les <c Turcs, ils n’entrent point dans leur pays originaire ; mai» <c ils se rendent seulement à la cour du kliakan, qui demeure <c hors de la porte au-delà de la Perse et du mont Caucase (26), <i comme l’ont raconté les ambassadeurs que Justinien et <c Héraclius avaient envoyés chez eux. Leur roi s’est toujours <c appelé khakan. Schapouh (27) envoya dans ce pays cinq « mille vierges.
(a3) Ch. 3θ, V. î.
(□4) Le patriarche Michel nous apprend, dans sa préface, que Jean 1Ί Λ sialique était l'auteur d’une histoire qui commence au règbcde l'empereur Anastase, et fiait à celui de l’empereur Maurice, c’est-à-4 dire depuis l’an 4qo juequ'à 600 environ.
(a5) Si ce f it est réel, il aurait dû arriver sous le règne de l'empereur 'Tibère 11, lorsque ce prince , faisant la guerre à la Perse, cherchait plus séricuscmcut à condurr vue paix honorable avrc.eui, vers l’an 58<>. A cette époque, il envoya des amb^-adeurs en PerSej peut- être qu’il expédia en même temps des dépmts auprès du khukan des Turcs. ·
(aG) Cesile Caucase oriental de Se ythie, appelé autrement Paro- pamaUus.
(27} Le nom de Schapouh est ici une erreur. Ce fut Khosrov I*»/ Tom. III.— 1Ö14. >7
MERCURE ETRANGER
S78
« Celte contrée s’appelle Aralie, et ces peunles s’étendent « jusqu’à Tedalie, qui est le Turkesdan. C’est de là que Mah- u moud (28) émire de Korassan , emmena de£ captifs. Togliti labak (29) qui devint sultan , était de leur nation. Après la u mort dece sultan, les Turcs gardèrent les usages de leur « pays; mais ils s’abstinrent seulement de manger de la chair u humaine, comme ils avaient eu la coutume de le faire dans « leur pays » (3o).
Malgré les soins qu’a eus le patriarche Michel de nous la is^ ser ces details curieux, et interessane sur l’histoire des anciens Turcs, il reste encore quelque chose à désirer sur cet objet; car cet auteur néglige de désigner d’une manière Ì»recise, et l’époque de la seconde expédition des Turcs, et es lieu* ou ils se fixèrent- Il dit dans certains endroits, que les Turcs s’arrêtèrent hors dé leur barrière qui était au-delà de la Perse et du mont Caucase, dans un pays fort étendu; que le kha kan de ce pays, ou d’Arie, avait un puissant empire, et exigeait des tributs des princes de la Perse. Mais dans les passages suivans, il confond ce royaume avec celui de 1Ά- ralie, ou Mèdie, et coïncide les faits des temps et des lieux differens.
Cependant d’apres les témoignages de plusieurs historiens, du patriarche Michel même, on pourrait, me semble, distinguer ou éclaircir ces faits,autant que l’histoire d’un temps obscur, ou d’un pays peu connu pourrait (louner de probabilités. Quant aux époques, on peut supposer, ift que l’établissement
roi de Perse, surnommé Nouscbirnvan, fils de Gavad Ier, qui envoya an klnkan turc mille ou cinq mille vierge* prises sur les Grec* vers l’an 5.J r, et lui demand«« en échange des troupes pour entreprendre une nouvelle guerre contre l’empereur de Consta otinop le. ( Μαηγι^- loge^lnn., le 5 septembre ; Ciarq , //«#<, d'Arm, , 1. a , p. 2$5.)
(28) Get émire Mahmoud est sans doute le sultan Amnd Thnha , que kt Arménien* appel Inni Aiahmouci /fnvna l'aula , fils <Jc Sbck- tan , qui, l’an de J.-G. 901, s’empara du Khorassan, et fit une expédition chea les Turcs, da^la Khorazmie.
29: Quelques auteurs arméniens écrivent le nom de^e conquérant Thoghrdosbek. Le patriarche Michel croit que c'était un desdeseca- dans des Turcs captifs emmrne's par sultan Mahmoud.
(?o) Michel» dans le Manusc. Arm., n” 90, feuillets 139-13$.
LANGUES ORIENTALES.
579
Jes Turis dans PArie eut lieu vers le milieu du cinquième siècle envirou, ou quelques ans avant ; car on ne trouve aucun iudioe ou fait annoncé dans uu temps plus antérieur pour cette seconde expédition des Turcs qui, en fondant un empire si puissant, auraient du se faire connaître en quelque sorte aux peuples voisins; 2° que PAralie n’a été habitce*par les Turcs venus en masse qu’un siècle après cette époque, c’est-à-dire, verste milieu au sixième siècle. Mais quant aux diverses contrées que l’auteur Syrien semble confondre , on n’a nul doute que la Mèdie ou l'Arabe est un pays différent de l’Arie, et que celui-ci, qui était d’abord une contrée séparée de la Tedalie, ouTurkesdan, commença à en ßire partie lorsque tes Turcs y formèrent un empire, vers l’an 44a de J. C. Et il me paraît, en outre, que la Mèdie, où s’établit une colonie turq ue dès Van 557, ne por la ce nom de Tur kesdan que depuis l'etablissement des beljoucides sur te trône de la Perse et du Korassan. Ces conjonctures, si elles en sont telles, sont confirmées pourtant par différens faits que l’on va indiquer.
Le pays que conquirent les Turcs, et où ils établirent ua empire, était, d’après Dotre historien, celui où se trouvait la. fameuse barriere, ou la porte de fer, c’est-à-dire, la contrée des Eusbeks-Tatars, com meno us tes a stona désignés dans une note ci*dessus, selon 1e témoignage de Μ. deΓ1 sie,conforme à celui du patriarche Michel. i
Un historien arménien du cinquième siècle appete Elisée, fdace dans te paye des Huns ou Kouscbans, près des Teda- iens (31) , un passage auquel il donne tantôt te nom de Bahl ou Parthe, et tantôt celui de porte ou de forteresse de Djor (3a).
Un second auteur arménien du môme siècle (33), fait men-
(3a) Ibid. Le mot arménien Djor, signifie peine nu pénible. Ce nom P été donné aussi à la forteresse ou au passage de Derbeod. Quelques auteurs arméniens put confondu sauvent cette forieresse des Huns du
(5i) Hist. d'Elisée t ch. i et a. L’édition de cet ouvrage qu’on a donnée à ConMa-n’innple en îj6|. porte quantité de fautes de noms propres, sans compter celles ucla langue. Dan» le chap, a, pag. 17 , au lieu de mettre pays teda lien , On écrit pays ita tien.
(33) Larari de Parbe, p. a68 cl suivais.
MERCURE ETRANGER·
58b
tion de ce pays, sous le nom de Hepta gbs. Un troisième écrivain , Moïse de Khorène, qui mourut l’an 4θ2 de J.-C., met les peuples Heptaghs elles Sokis, qui est l’ancien nom des Euzbecks (34) dans la Scythie, ou le Turkesdan (55). Ciam- cian, d’après les anciens auteurs arméniens, comprend par les noms d’Arie, de Huns, deHeptaghs, de Kouschans eide Kousdi-Korassan, le royaume que noas connaissons aujourd’hui sous le nom de Khorazmie, entre le Turkesdan et le Kho* rassan (36).
Tous ces détails nous servent de preuves pour montrer que du temps de Moïse de Khorène, la Kborazmie faisait partie du Turkesdan, et que les Turcs, que les Arméniens d’alors appelaient Huns ou Heptaghs, ou Kousclians, y avaient fonde un empire puissant et redoutable aus. Perses. En effet l’historien Eli sée fait men tion des guerres sanglanteset cruelles qui eurent lieu entre la Perse et ces peuples Kousclians ou Huns, depuis la quatrième année du règne de Yazghert II, jusqu’à la seizième, c’est-à-dire, jusqu’à l’an 454ou 456 de Jésus-Christ (37).
Beroz 11, (ils et successeur de ce prince , entreprit aussi la guerre deux fois contre ces Turcs ou Heptaghs; à la première, il fut vaincu êt Battu comme son père, et fut obligé de souscrire un traité de paix, honteux pour lui, en faisant des sermens an nom des Dieux, d’observer inviolablcment ses paroles. A la seconde guerre qu’il voulut faire contre ses engagemens, il périt avec une partie de sa famille et toute son armée vers l’an 483 (33).
Après cette défaite qui coûta à la Perse une immense quantité d’hommes et de trésors, Valarcc, frère de Beroz, conclut
' ,C’4) Une grande carte d*Armen le, publiée par l’Acaddmie armé-
nienut de Venise, indique, narces deux noms, uu même pays, qu’on appelle aussi vulgairement Λ horkhan.
(35)
Moue de Khorène, p. 365.
(36)
Ciara., àia lin de Son Histoire, table des matières, p »$5. (3;) Elisée, ch. i, □ , 3 et 8; Ciara. , l. a, pag. 15,19, 38 , 10a;
Lazare de Parbe, p. i^8-i4g.
(38 Lazare de Par be , p. 368 cl suiv.j Pr<icop., Bel, Pert, t liv. ob. 3 et $ ; Giam., L a, p. 160 et suiv. ; i65 et suiy.
MERCURE ETRANGER. — LANG.ORIENT. 581
une paix durable avec le roi des Heptaghs. Vers Van 5oo de J.-C. , Gavad ou Kobad I, roi de Perse, étant détrône par «ou · peuple, se sauva chez les Heptaghs, épousa une des filles - de leur souverain, et fut rétabli sur son trône par la protection de ce prince. Depuis cette époque, la Perse eut constamment des relations d’intérêt ou d’amitié avec les Turcs, Ce fut pour s’assurer les bonnes grâces de leur kbakan., que Khosrovl lui envoya en 541 des femmes grecques faites prisonnières dont j’ai parlé plus haut, et lui demanda des troupes auxiliaires pour employer contre l’empereur de Constantinople.
(La tuite au prochain numéro. )
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langue allemande.
Sì/λ Lf,S rapports des forces organiques entre elles} dans la série des differentes organisations, ainsi que sur les lo's et les conséquences de ces rapports ; par le docteur Charles* ERÉdÉrIO SlELMBltSH (1).
Lorsqu’on divise par la pensée les phénomènes que l’esnace et le temps réunissent dans un ensemble d’action, ceux (le la nature* animée, c’est-à-dire, les phénomènes des organisa- lions, nous frappent plus que le reste Ils ne présentent Îias, il est vrai ,des masses, ('es volumes, des distances comme es phénomènes que nous voyons au haut du oiel ; ils n’en ont pas moins de grandeur par la multitude , la diversité etl’har- pionu· des effets dans un espace et dans une durée moindres.
La superlicie du globe, bien circonscrite, relativement à la superficie du soleil, nous offre, d’après une estimation très-modérée, environ cinq mille differentes formes d’organisation. Chacune de ces formes renferme, au moins, dix mille créatures composées individuellement chacune d’une multitude d’organes dont le nombre, dans les êtres les plus
(1} Ce di’cours, prononcé dans le grand auditoire de l'ncad croie Caroline de Stultgardt, lei! février t?p3, à l’occasion de Tanniver- •aile du eouverain-duc Charles de AVirlembcrg, a etc réimprimé l’année dernière. Dans une longue carrière d’ensrisnement, Μ. Kiel- meyer, aujourd'hui professeur a l’universiic de Tubingue , a formé un grand nombre d rlt'vc·, doni plusieurs sont devenus des écrivains mar- t qunns. Lui-même n'a presque rien imprimé ; mais ses leçons ont été recueillies· Le discours que nous traduisons contient, à ce qu’il paraît, les germes des idôsque ce savant naturaliste a développées depuis. ÎAnns laisserons de côté tout ce qui n’a rapport qu’à la circonsunct particulière.
!
MERCURE ETRANGER.—LANG. ALLEM. 585 petits et les plus simples, s’élève, d’après Lyonet, à plusieurs milliers, et jusques à dix mille.
Si les phénomènes, étalés dans un espace resserre, ne suffisent pas à notre admiration, qu’on fasse attention au temps, on. verra combien il est rempli de ces phénomènes
D’un instant à l’autre, chaque organe éprouve dos changemens qui s’ajustent aux changemens des autres organes, s’accordent avec l’ensemble des modi fica lions qui s’exécutent en même temps, ou se succèdent de manière que chaque mouvement est réciproquement la cause et l’effet des autres.
Tout organe animé s’avance par un plus ou moindre cs- Î>ace de temps. A chaque distance qu’il parcourt , sa vie ou ’ensemble de ses effets, se modifie ainsi que celui de ses dispositions.
L’enfance,la jeunesse, la vieillesse et la mort, se donnent réciproquement la main. Dans chacun de ces differens étals, les effets de l’être particulier se joignent aux effets des autres individus de la meme espèce, pour remplir une plus ample sphère.
L’enfance de l’un s’attache nia vieillesse dé l’autre, la jeunesse de l’un à la jeunesse de l’autre, et cette union est si étroite, qu’on dirait que la nature a confondu dans une meme r ni* la. ila *
I
commun.
Veut-on sc donner la peine d’examiner l’histoire du genre humain, on trouvera que le vaste système d’action qu’on appelle la vie de l’espèce, poursuit une progression de development, lente, et qui ne devient sensible qu’après de longues époques, Inais dont nous connaissons déjà quelques termes, uc l’histoire ne nous montre qu’un ires-petit bout de la
carrière.
En dernier lieu, il faut considérer les effets des êtres d’une espccc sur ceux de toutes les autres, souvent en opposition, mais avec lesquels ils sont rassemblés dans le grand système . du monde organique. Cette immense machine aussi parait poursuivre une carrière de développement.
Admettons, corame hypothèse, que la nature dans la succession ingénieuse, et dans la co-ordonnance des phénomènes,.ne se soit proposée aucun butj il faudra convenir
Γ~
• 331 MERCURE ETRANGER.
pourtant que » la plupart du temps, l’encbaîncmcntdes cause» et des effets que nous y voyons, ressemble si bien à un enchaînement de moyens et de vues, que la raison ne peut se dispenser d’y supposer un but d’intention.
Au milieu des phénomènes de la nature organique, celui qui excite le plus d’étonnement, c’est de voir que, malgré les forces qui se combattent et qui s’entre-détruisent, la nature dans son ensemble, se maintient toujours la même, poursuivant sans perturbation sa marche silencieuse.
' Quelles sont les causes et les forces qui produisent cet effet? Cette question qui se présente d’abord, en amène d’autres; car, en recherchant les causes dont il s’agit, dans les opérations de l’être particulier, et dans les rapports que ces opérations ontent re elles , nôussonimes obligés de dem «ander: 1°. quelles sont les forces qui se trouvent réunies dans là plupart des êtres organisés?
2. Quelles sont les rapports où ces forces se trouvent dans les différentes especes d’organisations, et d’après quelles lois se modi fient ces rapports dans la série des différences?
3°. De quelle manière ces effets, et ce (pii s’en suit; le maintien , et la marche du monde organique, ainsi que des espèces qui le composent, sont-iLs motivés pae ces forces comme par leurs causes? z
On se propose de répondre à ces qucsLons; particulièrement à la seconde, et de présenter les aperçus qui se sont offerts dans la recherche des lois en question.
La simplicité des moyens et des causes que la nature emploie pour obtenir les résultats qu’elle a en vue, est bien capable d’augmenter l’idée de Saf puissance. La grandeur et la difficulté du sujet serviront d’excuse ù l’erreur, s’il nous arrive d’en commettre. (2)
(a) Ce discour.* , tel qu’il est, serait resté manuscrit, si la circonstance qui l’a fait natlre et le yocu de qnrlqucs personnes avaient permis à l auteur de rester fidèle à h determination de ne rien imprimer* encore. Comme on ne peut donner ici que des roorc-aux détachés, le lecteur est invité, si celie pièce parvenait à quelque juge compétent, de ne pas prononcer de su: te sur les idées qu'on lui présente. Ayant Je projet'dv les exposer plus amplement dans une théorie historique (ta développement J es organisations, de les étendre cl de les rectifier, l'Auleur a pense qu’il était superflu d’amener un grand nombre da f<its pour sertir d’mduelion aux lois qu'iL a déduites.
LANGUE ALLEMANDE.
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La premiare question que nous venons d’énoncer, savoir: *« Quelles sont 1rs forces au monde organique les plus généralement répandues , ou celles qu’on découvre dans la plupart des iiraividus? » ne présente que peu d’embarras.
En divisant, selon la ressemblance ou la dissemblance, les opérations d’un être Organique , nous composons des classes d’eftkts, dontlescauses, en attendant qu’on parvienne à les connaître , reçoivent le nom des forces.
Ln différence des classes suppose la différence des forces. Jusqu’à ce que de nôuvcnax efforts d’une sagacité heureuse effacent les différences que nous apercevons, nous désignerons cinq causes ou forces, comme pouvant être distinguées par leurs effets·
i° La sensibilité ou la faculté de recevoir des perceptions simultanément avec les impressions que nos nerfs éprouvent ;
2° ^irritabilité ou la faculté des tiifférens organes , particulièrement des muscles , de se contracter et de produire des mouvemens;
3« La force reproductive, ou la faculté des organes de produire et de s’assimiler, par partie ou par ensemble, des êtres qui leur sont analogues ;
4» La force secrétoire, ou la faculté de séparer continuel- lement de nouveau, de la masse des liquides, des matières qui en sont différentes, formées à des endroits déterminés et d’une qualité précise j φ
5o La force de propulsion (3), ou la faculté des organes de
(3) On λ pris celte expression comme h première qui »’est présentée. En établissant l’ideo de celte force, il est clair qu'on a particulièrement en vue 1rs plantes ; car tout ce qui a étf dii a Edimbourg snr l'irritabilité de leurs vaisseaux lymphatiques cl autres, et ce que dernièrement (1792) Μ. le docteur Girtanncr s’est plu d'affirmer , n’est pac une observation du fait, niais une supposition qu’on a ciu devoir adopter. Quoique relativement au mouvement de |a lymphe, je regarde les plantes de préférence, je ne m’y renferme pas en établissant l'idée de fa force de propulsion. Dans les animaux qui ont’un coeur, Firr Habilité de ce muscle ne suffit pas pour expliquer la circulation des liquides, et l’irritabilité des artères est aujourd hui loul-â-Lit proscrite.
Les phénomènes pathologiques, l’absorption elle cheminrmcntdes liquides dans les vaisseaux lymphatiques, où je o’ai point retrouve les
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MERCURE ETRANGER.
mouvoir et de distribuer les liquides dans les parties solides » d’après un ordre toujours le même.
Ces deux dernières facultés diffèrent évidemment de celles qui précèdent, quoique des esprits étroits, sectateurs aveugles d’un grand homme (Haller) qui les désavouerait, n’y voient jamais que de l’irritabilité.
C’est par ces facultés générales et parles differentes branches île la faculté de percevoir, dont la recherche nous est étrangère, que le monde organique se maintient dans son ensemble. Mais ces facultés sont réparties aux différentes org.-uisaliens dans des proportions variées.
Pour j i.%cr de la relation des forces , il faudrait d’abord s’entendre sur une échelle ou un étalon qui dût servir à mesurer et à comparer ce qu’elles ont de commun , X—— la grandeur.
l e nombre et la multiplicité des effets dans des temps semblables , leur diversité, h résistance que d’autres forces leur opposent,ou la permanence des effets , sous des circonstances analogues, nous peuvent servir d’étalon aussi longtemps que nous n’en aurons pas qui nous fusse connaître directement l’intensité des forces.
Un coup d’oeil superficiel Sur les plantes et les animaux nous montre l’extrême difference entre les rapports des facultés des differentes organisations.
*.n isolant d’abord chaque force pour en comparer les résultats aux résultats analogues dans les autres espèces, et en réunissant ensuite les forces d’où ils partent a d’autres forces, nous parviendrons à découvrir les lois générales qui doivent eu découler.
fibres musculaires que d'antres prétendaient avoir découverte tout nouvellement et qu’on a cru nece Maires a l'existence de Pirrilabililé , viennent à mon secours. Ce sont des phénomènes d'une classe particulière, ^u’on n’a pas encore expliques, ni pu rapporter à l’irri- tabiliie.
I
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I.
la Sensibilité.
Parmi les forces que nous avons désignées , la sensibilité mérite La première place , parce que la nature, dans la distribution des organisations, Fa regardée comme la plus éminente des forces, et celle dont elle a été très-économe.
Hors de nous-mcme, il nous est impossible de la reconnaître ou de l’apercevoir directement. L’existence de cette faculté dans les autres nous est prouvée par l’existence des organes et des nerfs, conformes à ceux qui, chez nous, sont les médiateurs ordinaires des sensations.
En appréciant l’existence et la diversité de cette force, d’après l’existence et la diversité des organes qui y ont rapport, le premier coup d’oeil sur les organisations nous con··
uit à l’observation suivante;
La faculté de recevoir des faisceaux divers de sensations diminue à partir de Γkomme dans une série descendante.
Dans cette série , les organes des sens disparaissent successivement, et les mouvemens acquièrent une régularité qui est incompatible avec la supposition de perceptions con- sidérées cornine auteurs ou compagnons de ses mouvemens.
Chez les quadrupèdes, les oiseaux , les serpens, les poissons, nous trouvons encore tous les organes des sens que nous reconnaissons chez nous comme des organes distincts. Quoique différemment simplifiés, ils y existent même dans une assez grande perfection (4).
«
(4) Le» recherches de Geoffroy, de Camper, de Virq d’Aiyr et de Scarpa prouvent suffisamment que, chez lesanimaux d’un ordre supérieur, les oiganes des sens reçoivent graduellement des modification, très-considérables, particulièrement l’organe de l'ouïe. Us diffèrent autant par leur construction que par le degré de perfection qu’il* pré- ' sentent. Un simple coup d’oeil sur l’extérieur de ccs organes le prouve. Mais comme pour éviter la diffusion , on compare ici des masses, et que chi z les animaux des classes supérieures les organes extérieurs sont encore très-dévcloppés, cotre assertion concernant le degré de por-.
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MERCURE ETRANGER*
Chc2 les insectes, l’organe de l’ouïe, ce conduit par lequel l’esprit des autres se communique à notre individualité, disparaît presque tout-à-fait. L’odorat et son organe y manquent plus généralement encore; et, quoique l’oeil des insectes paraisse ingénieusement multiplié, cet organe, par lequel nous communiquons avec l’univers da ns ses plus grandes distances, est ici presque immobile, à découvert et accessible seulement à un petit nombre de nuances de lumière.
Chez les vers, l’organe de la vue, comme organe distinet, disparaît presque entièrement, de même que les organes de l’ouïe et de l’odorat s’évanouissent avec les nerfs et le cerveau (5). Il ne subsiste à la fin que l’organe du tact, très- sensible aux impressions de la lumière, ce qui paraît résulter des mouveraens irréguliers et vifs de ces animaux.
Chez les plantes, la susceptibilité pour des impressions qui se manifestent par le mouvement, ne sc laisse apercevoir que dans des vestiges obscurs, dont la régularité ne permet pas de soupçonner qu’il y ait là quelque analogie avec nos perceptions.
-Ainsi les organes des sens, par lesquels se révèle à nous nn monde de sentiment, s’évanouissent l’un après l’autre dans cct ordre-ci, que ceux par lesquels nous embrassons Je plus d’étendue, disparaissent les derniers. L’absence de ces OTgancs ne nous autorise pas à soutenir l’absence des sensations qui s’y rattachent. Cependant nous sommes eu droit de présumer qu’il existe une plus grande uniformité de sensations là où l’oeil et l’oreille deviennent peu à peu tout à-fait semblables, et où la surface du tact tient à la fin la place de tous les autres organes (6).
faction de ces organes relativement aux animaux des classes inférieures est tout-à-fait admissible.
(5) Les recherche» faites sur les méduses, les vers solitaires , les polypes, les vers d’une construction plus simple, el par consequent »or le plos^rând nombre d'espèces de cette classe, n’ont rien démontre concernant l’existence du cerveau et des nerfs dans ces animaux. Monro n’a pas même Lrouvé de système eu question dans les hérissons de mer, où cependant il doit exister.
(6J La ressemblance cuirs l’organe de l’ouïe, comme Scarpa l’ex-
LANGUE ALLEMANDE.
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D’un autre côté, on ne saurait se dissimuler que U où nous voyons disparaître l’organe d’un sens quelconque , et par conséquent décroître la diversité des perceptions, la nature gagne plus de terrain pour les sens qui restent ; et que là où run est moins développé, l’autre en acquiert d’autant plus d’étendue.
Les insectes et les vers qui, en grande partie, sent privés de la vue et de l’ouïe, nous présentent des organes de tâtonnement avec lesquels les mains de L’homme, celles du singe, Ct ce qui, dans les animaux des classes supérieures, peut avoir rapport aux mains, ne soutiennent pas la comparaison. Les inconveniens de l’oeil rappe lissé et enfoncé de la taupe paraissent compensés par la délicatesse de scs mains et par la finesse de son nez. C’est de la même manière que clic« d’autres animaux la débilite de la vue est compensée par la force des organes de l’ouïe et de l’odorat.
Les classes animales lontra-fait inférieures , où l’on ne distingue plus d’organe des sens , montrent, dans la surface de leur tact, une capacité de recevoir les impressions de la lumière, que souvent on ne trouve pas au même degré dans les animaux qui sont doués de l’organe de la vue.
Le nombre des faits, qu’il serait aisé de multiplier, n’ajouterait rien à nos observations, d’où paraît découler la Loi suivante :
La diversité den sensations possibles diminue dans la série des organisations , comme (7) la facilité et la finesse des autres sensations augmentent dans une sphère plus resserrée.
Ainsi le défaut de diversité des perceptions ou des sensations se trouverait, dans les animaux des classes inférieures, racheté par l’inleasitc et la finesse des sensations dont ils jouissent.
pose à l’égard des écrevisses, avec l’oeil de plusieurs insectes, et méta· avec l’oeil des écrevisses, est quelquefois teile , qu’on peut demander si cefr animaux entendent par les y eux cl voient par les oreilles ?
(7) Au lieu de comme, nous devrions «lire durant, ainsi que cela résulte de l’expvsé ultérieur. Non* avons employé le mot coi^me, peur mieux représenter la loi par la forme de TcxpressioQ usitée.
7
5jo MERCURE, ETRANGER. '
Mais lorsqu’on serre les phénomènes de plus près, on remarque que le défaut d’étendue ne reçoit pas «ne compensation pleine cl entière.
Dans les plantes, dans un grand nombre d’animaux des classes inférieures et dans plusieurs des classes supérieures, le défaut de finesse et d’intensité se joint au défaut de diversité et d’étendue.
Donc la loi, telle que nous l’avons énoncée, quoique applicable à beaucoup d’entre les phénomènes que nous venons de rapporter, n’est pas d’une valeur générale; car la diversité des sensations décroît dans une proportion plus grande que la finesse et la facilité des sensations n’augmentent.
La manière de rectifier la loi proposée et de la conformer aux modifications de la sensibilité dans la série des organisations, nous sera indiquée par l’examen des deux autres forces dont nous allons traiter.
IL
De VIrritabilité.
9
Le domaine de l’îrritahilitc , plus étendu que celui de la sensibilité , n’embrasse encore, autant que les effets de cette force sont susceptibles d’être démontrés , qu’un nombre limité d’organisations.
Quoique scs effets se confondent souvent avec ceux de l’élasticité (8), il est cependant possible, l’irritabilité n’étant pas une faculté purement interne (q) comme la sensibilité,
(8) Si l’on veut s’accorder sur quelques notions indispensables, o· dira nun seulement que les manifestations de l'élasticité rl de l’irritabilité 5·€·>υί'υα dent, mais que les manifestations de l'irritabilité ne sont autre cboScque de l’éiaslicitc. On le peut, lors même qu’on ne fait pas attention aux expériences galvaniques, et qu’on se renferme exclusive ment dan> les phénomènes qui, dans l’idée commune , constituer] L ciux de finit., bili, lé,
fa) L’auteur original s'est servi du mot unveraeuterlich, expression inexacte, parce qu’cliç »’exprime ai qç saurait exprimer l’idée qu’jl y
I
LANGUE ALLEMANDE.
5gt
de décider avec certitude sur l’existence ou la non-existence de cette force dans les organisations. Vu celte certitude, et ses effets qfant en plus grand nombre, elle offre un champ plus riche , pour comparer les effets entre eux.
La nature a établi des différences frappantes, non seulement quant à la diversité età la facilité des effets de l’irritabilité , mais aussi quant à la durée de ses effets, sous des circonstances d’ailleurs semblables.
Chez les animaux à sang chaud, les quadrupèdes et les volatiles, l’irritabilité qui se manifeste avec vigueur dans la contraction des muscles vivons , disparait immédiatement après que le tronc a été séparé du foyer commun, et apres la séparation des membres du tronc.
C’est tout autre chose dans les animaux à sang froid; les manifestations de l’irritabilité y adherent aux organes d’une manière presque indestructible.
Les grenouilles , dont on a coupé la tète, s’en vont sautant, comme s’il leur avait été enlevé un fardeau inutile. Les tortues, à qui l’on a arraché le coeur et tranché la tète, continuent à se mouvoir pendant plusieurs jours. Rou® avons des observations analogues sur les poissons et sur les insectes On a vu les pieds des différentes especes d’araignées continuer à vivre et à se mouvoir pendant sept jours. Dans la classe des vers, les exemples de la continuation de l’irri- t tabilité ne sont pas rares, de meme que dans celle des plantes, qui réellement ont de l’irritabilité. Les feuilles du liêdy- tarinn^o), attachées à des brandies qu’on a séparées du tronc , ainsi que les étamines de la berberis, continucut leurs mouvemens. On peut les réveiller par l’irritation.
y attache. Μ le cnmte «le Slabrnndnrf, qui cannati les inépuisables mine* de la langue μ II-mando, co a lire quarante tpmlr»· mol* de qualité. qui, tou* également justes, jxptimenl l’idée de Μ Kielineyer. CQ prc-çisaal ses différentes inaJiticaiions.
( Noie du Traducteur.}
(io) Les observations que j’ai ici en vue ont etc' eipoares dans le /tfa- fasin de Gotha, ( G^tha Ache* Μ, gazin', sixième volume , mimer.· 3 , Îar un auteur anonyme , dont le raé «vire est d’une excellence parfaite.
I s traite d<s mouvraient du hédysarum tyrans, et des effets de rélvçlriçilé sur ces muuvvmeas.
3^2
MERCURE ETRANGER. *
Π semble donc que la durée de l’irritabilité et son indépendance du reste de l’ensemble organique , s’accroît dans une série descendante de l’homme, plutôt qu’Âle ne diminue.
Lorsqu’on recherche les autres symptômes par lesquels elle se manifeste dans les organes , on remarque que quelques-uns des animaux qui présentent une durée d’irritabilité si frappante , sont ceux-là même à oui la nature a distribué un moindre nombre de muscles distincts d’organes irritables.
C’est ce qui a lieu dans les plantes, où ordinairement un très-petit nombre d’organes ont de l’irritabilité, et dans les huîtres, où le nombre des organes susceptibles d’irritabilité ne consiste souvent qu’en deux, ou trois organes distinçts l’un de l’autre (11 ).
Dans les autres animaux , doues aussi d’une irritabilité permanente , la nature, quoiqu’elle leur ait distribué un
formeraient que cher les animaux qui ne jouissent pas d’une grande permanence d’irritabilité. Ainsi, les 4,o5j muscles que Lyonet a découverts dans la chenille de saule, sc ressemblent beaucoup plus entre eux que ceux de l’homme, d’un nombre bien moindre ( t a).
La môme observation regarde la multitude des muscles dans les poissons.
Il est à remarquer que la plupart de ces animaux, qui jouissent d’une irritabilité si soutenue , sont plus lents dans tous ou dans quelques-uns de leurs inouvcinens, que les espèces dénuées d’une si haute irritabilité.
Les mouveiDCiMS de la plupart des amphibies sont paresseux, et leur coeur palpite, comme celui des poissons, con-
(11) Je m’en rappòrto ici à la description anatomique, non imprimée, de ces animaux j mais les descriptions connues prouvent la même chose. '·
ίία) Qu’o· regarde , pour s\'n convaincre, le« tables de l'ouvra»· de Lyonet, ou h sèrio des muscles que présente toute chenille qu oa a fend de.
LANGUE ALLEMENDE.
SjjJ
tiderablcmcnt plus lentement que le coeur des animaux à sang chaud.
Les expériences enfin nous prouvent que la plupart des animaux doués d’une grande durée d’irritabilité, lorsque la nature ne les a pas négligés ni relativement au nombre, ni relativement à la disposition des muscles, ni relativement à la vitesse avec laquelle ils manifestent leurs effets, sont justement ceux chez lesquels la diversité des sensations est déjà sensiblcmcut bornée.
L’opposé se trouve chez les auimaux à sang chaud, dont l’irritabilité est très-passagère. A ces animaux, la natirre a prodigué les muscles , ou les a disposés du moins-avec plus de diversité, et de manière à les rendre susceptibles d’un plus grand nombre de mouvemens dans des temps égaux.
Des phénomènes que nous venons d’exposer, en laissant de côté d’autres co-existences très-remarquables (13), il résulte la loi suivante :
L* irritabilité, évaluée sur la permanence des phénomènes r augmente dans la même proportion que la vitesse t la multiplicité et la diversité de ces manifestations, ainsi que la diversité des sensations diminuent.
» t » ï_ J * t I»·· ·.
la multitude, la diversité et la vitesse des mouvemeus, et par une sensibilité plus variée.
Ainsi, la loi dont nous avons fait mention plus haut, et en vertu de laquelle se modifie la sensibilité, reçoit ici une partie de la rectification dont elle avait besoin, a
Mais on s’aperçoit bientôt que cette loi meme, qui détermine les changemens de l’irritabilité, a aussi besoin d’être rectifiée ; car les rapports dans lesquels la permanence de l’irritabilité augmente , nous donnent souvent un exposant plus élevé ou moins élevé que lçs rapports suivant lesquels
(13) On a ici en vue les differences du me'dium , dans lequel livrât les animaux, et qui souvent se trouvent en parallèle avec les differences de Pirriubilllé dont il est ici question.
Tom. II!· — 1814.
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MERCURE ETRANGER.
Ja dÎYrrsîtc dei uaoii vemens de l’irriuhilité et dei sensationi di mi n Je.
La durée de l’irritabilité dans les coquillages et dans plusieurs autres animam, de même que dans les plantes, est, malgré le défaut de diversité, moindre· que dans les amphibies. Dans ces mêmes coquillages et dans Ira plantes , la sensibilité est presque réduite à rien , et définitivement l’irritabilité manque en même temps que h sensibilité dans la plus grande partie des plantes.
11 faut donc rechercher ici des coexistences d’ua autre Îjenre qui déterminent plus particulièrement la loi suivant aquelle, dans la série des organisations, l’irritabilité se modifie, et qui indiquent en mçiue temps la loi d’après laquelle la sensibilité et l’irritabilité disparaissent.
Nous obtiendrons ce résultat, du moins en partie, par l’exposé de quelques observations sur la troisième des trois classes de forces dont il a été question plus haut.
III.
a
De la Force de Reproduction.
La force reproductive au génératrice est celle qui a été prodiguée aux organisations le plus genera lenteat et dans la plus grande proportion.
On pourrait la nommer la force particulière et caractéristique de la nature, differente de tousses autres produits, s’il »’était pas demonstrable qu’elle est, aussi bien que la précédente (l’irntabiAilc), fondée dans la nature inorganique, et qu’elle est un residui des forces qui y sout indigènes (lì).
Vu qu’elle s’attache généralement à toutes les organisations , il faut déjà , par cette raisou , s’attendre à une plus grande diversité.
En effet, il n’y a rien de si varié que la richesse et la mul-
(»4» Jl n*«$t pas question ici de m.ots d’affinité ou d’attraction. L’idée de Fauteur sera développée dans un auto; cudaoic.
LANGUE ALLEMANDE.
ttplicité des formes que cette force communique à ses productione.
Ici, elle se montre sous’un volume démesnfé ; là, dans des points presque imperceptibles , et que nos yeux, à l’aide d’instrmtiens , peuvent à peine saisir : ici, elle est toujooes uniforme; là, elle montre la physiognomie mobile d’une enchanteresse ; «ici, elle se maintient la même pendant des siècles·, là, pour nous servir d’une expression algébrique, c’est une fluxion momentanée qui renferme ses opérations: ici, elle annonce sa fécondité par des millions d'êtres nouveaux ; là , c’est une production solitaire, qui semble accuser sa pauvreté : ici, elle revient exactement avec le retour du soleil, après une eourt· absence; là, les feux du soleil ne sont plus en état de la ramener, une fois qu’elle est partie : ici , elle brave tout effort destructeur ou renaît sans cesse; là, un léger souffle suffi pour la dissiper : ici, elle sé fixe de préférence à un seul endroit; là, elle eet présente et toujours également active dans toutes les parties du corps : ici, elle a la célérité de la lumière; Jà, elle se traîne péniblement comme une salamandre, ét il lui faut dél attnéêe pour donner une légère idée de son existence.
Lorsqu’on n’est pas étourdi par la multiplicité des phénomènes , on s’aperçoit bientôt que , malgré leur immense diversité, ils peuvent être ramenés à un petit nombre de lois simples. Un coup d’oeil rapide sur les faits les plus décisifk nous développera ces lois.
Le nombre des petits que les quadrupèdes à semg chaud émettent, après leur grossesse, est limité entre le nombre d’irti et de quinze, comme entre leurs extrêmes; et te dernier terme a déjà chez eux quelque chose de très-extraordinaire (15).
Dans la classe des oiseaux, les deux extrêmes donnent chacun un nombre plus élevé ; et le fermé de quinze , qui, dans les quadrupèdes, était très-rare, y devient extrêmement fréquent.
(15) On a , il enivrai, des exemples d'êtres d’une espèce produisant dix-neuf A vingt petit*.* La sarete avec laquelle ce fail sc renouvelle dans de« iudividus parûcuthrs ne sons pejmet pas de faire attention à cette MFOiDidic.
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Μ
Dans les amphibies, on trouve des gen res oùle plus grand terme s’élève à ernt mille, tandis que le plus petit équivaut presque le plus grand terme des‘animaux à mamelles.
Dans la classe des poissons , enfin, la nature parait avoir trouvé plus de facilité de produire en foule de ces êtres qui ne trahissent aucune expression de Pànie. Ici, le calcul et la balance nous donnent des oeufs par millions. Celles même des espèces de poissons envers lesquelles la nature a été moins prodigue, montrent encore en règle une fécondité qui surpasse de beaucoup celle des autres animaux.
Mais dans les classes plus subalternes, dans les insectes, les vers, les plantes, quoique la multitude des irtdividusqui y sont produits d’un seul coup* surpasse le nombre usité cher les animaux à mamelles, chez les oiseaux et chez plusieurs amphibies et poissons , elle est cependant, la plupart du temps, beaucoup moindre , comparativement à ce que nous avons donné comme le terme le plus élevé dans les amphibies et les poissons.
Dans les plantes et les vere , mats particulièrement cho les plantes , le plus petit extrême est souvent excessivement petit, tandis que la différence entre les deux termes est infiniment plus grande que dans toute autre classe.
D’après cet exposé, le nombre des nouvelles productions qui se succèdent d’un seul coup, paraît, en descendant de l'homme, augmenter dans chaque classe particulière, ainsi que dans de plus grands assemblages comparés ensemble. Cet accroissement cependant n’a lieuqu’après une oscillation sensible entre l’augmentation et la diminution.
Si nous faisons attention aux endroits où cette série s’étend ou se resserre, nous arriverons aux observations suivantes :
Les animaux d’un ordre supérieur, cher lesquels un très- petit nombre d’individus est produit d’un sent coup , sont ceux chez lesquels le volume du corps, sous lequel ils ap- Ïiaraissent après la naissance, et auquel ils parviennent dans a suite, est plus considérable que chez les animaux des autres classes.
Les insectes et les vers sont, à cet égard, au-dessous des oiseaux , de même que les amphibies et les poissons.
De plus, les quadrupèdes qui se distinguent par leur fé-
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397 condite, sont justement les plue petits j les plus grands, au contraire , en ont moins.
D’une seule fois, le rat met bas dix ou douze petite, Undis que la baleine n’en donne qu’un seul.
De la co-existence des phénomènes découle la loi suivante:
Laforce de produire des êtres nouveaux , formés à un endroit déterminé, augmente , quant au nombre des individus produits, comme la grandeur des êtres procréateurs ; ou plus généralement celle des êtres procréés , tels qu'ils apparaissent après la naissance, diminue, j
Mais cette loi a besoin d’etre plus particulièrement déterminée, pour devenir d’une application plus générale. A cet effet, il faut considérer quelques autres phénomènes qu’on remarque comme également co-existans.
Ainsi les animaux qui manifestent moins de fécondité, sont en mçme temps ceux dont le corps est plus composé, et chez lesquels les petits, après la naissance , paraissent plus développés. Ce sont aussi ceux pour la procréation desquels la nature a besoin de beaucoup plus de temps.
Pour former un éléphant, elle emploie deux ans, tandis qu’un petit nombre de semaines suffisent pour former un rat Enfin, les animaux qui, d’un seul coup, prodiguent moins leur force procréatrice , sont aussi ceux qui sc trouvent en état d’en dépenser pendant un plus long espace de temps. »
Le papillon, et en général la plupart des insectes, se flétrissent, ainsi que les fleurs, dès qu’ils ont communiqué leur existence à d’autres êtres (16), tandis que la plupart des ahi- maux d’un ordre supérieur prouvent, non seulement en arrivant à un âge plus avancé, mais aussi en répétant plus fré-
(16) Aristote a remarqué la même chose concernant Ics seiches, au moins relativement à quelques espèces de ccsanimaUï bi/.ai ree, comme on peut voir d<ins les Ca/umentaircs de Μ. le professeur Schneider, qui a réuni cl explique, avec k plus rare appareil de connaissances physiques et philologique·, tous les passades qui ont rapport à ce sujet. On trouve cet intéressant mémoire dao6 les Melanges de Μ. bçhneidtr, pour servir à l’histoire de la zoologie et du commerce.
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5g8
quemment Facte de procreation , combien la force de reproduction qui leur est inhérente est longue et durable.
En conséquence de ces observations, la loi précédente re* çoit cette détermination plus générale et plue exacte, savoir :
Plus la force reproductive se manifeste par le nombre des nouveaux-nés à un endroit déterminé, moins le corps de ces lires nouveaux a de volume , plus il est d3une structure simple , plut le temps employé à le former dans le sein procréateur est court, plus la force reproductive est passagère ou défectueuse dans quelques-uns de ses attributs.
Quoique cette loi comprenne un immense nombre de faits, il reste beaucoup d’exceptions ; car les poissons et un grand nombre d’amphibies arrivent, malgré leur large fécondité , à un âge très-avancé, et marquent chaque année par un nombre de productions nouvelles.
Si Fon s’avisait de prendre l’inverse de la loi, on n’expliquerait pas comment les petite insectes et les vers sont, ea général, au-dessous des poissons et des amphibies, relativement à la fécondité.
En examinant de plus près les animaux de ces dernières classes, plusieurs exceptions semblent purement apparentes, et nous conduisent à une nouvelle loi spéciale.
Il est à remarquer que ceux des insectes qui , relativement aux poi6sons, au total leur sont inférieurs pour la fécondité , se trouvent être ceux chez lesquels se manifeste au plus haut degré la faculté des reproductions artificielles et des reproductions naturelles, mais partielles.
Tremblay retourna des polypes et en écartela d’autres , et île fie complétèrent. Spalanzani enleva les tètes aux limaçons, et ils en produisirent de meilleurs à leur place. Dicquemare retrouva le miracle de» polypes aux anémones de mer (17).
Il està observer également que, parmi les amphibies,les
(16) Risultati di esperienze sopra la riproduzione della testa nelle li mache terrestri. — Memorie di matematica r fisica della società italiana , t 1, |> 58i. — Philosophical transactions, vol. 6i and 65. — I.oMards elucidating the history of the sea aoemonics, by A. Dicquemare.
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serpens et les lézards de terre, sont ceux dont l’accroisse- ment, comme chez les poissons qui leur ressemblent, n’a point de bornes. Parmi les amphibies, au contraire , ceux dont l’accroissement est limité, comme les grenouilles, se font remarquer par leurs métamorphoses, ou, comme la plupart des lézards d’eau , à côté dès métamorphoses, par des manifestation? extraordinaires de reproductions , artificiellement excitées.
Bonnet arracha aux salamandres les veux et les pieds. Au bout de quelque temps, il les vit rétablis, quoique dans un état moins parfait.
Nous ne devons pas oublier non plus que parmi les animaux à mamelles, et parmi les oiseaux, qui les uns et les autres manifestent le moins de fécondité, les êtres nouvellement produits diffèrent davantage entre eux par leurs parties génitales; dans toutes les autres classes, au contraire, où, soit qu’il y ait des métamorphoses , soit (pie l’accroissement se trouve limité, soit enfin qu’il y ait de grandes reproductions partielles, comme dans la plupart des insectes et des vers, les deux sexes se ressemblent le plus, ou finissent par disparaître entièrement.
De toutes ces observations réunies, il résulte que beaucoup de phénomènes qui ne se soumettent pas à la loi precèdente, peuvent être réunis sous cette nouvelle loi que voici :
Moins la force reproductive se manifeste dans le nombre des nouveaux-nés, plus elle se manifeste, ou dans les métamorphoses que subit le corps , ou dans les reproductions extraordinaires et artificielles , ou dans l'un et l'autre à-la- fois t et dans un accroissement indéterminé t ou dans une plus grande aberration , ou différence parmi les individus nouvellement produits.
Il subsiste, il est vrai, des exceptions, comme, par exemple , celle de trouver chez plusieurs amphibies une immense fécondité avec des métamorphoses, et meme une reproduction artificielle très-extraordinaire, comme chez les poisson» un accroissement indéterminé, réuni à une propagation excessive.
Ces exceptions, il faut les expliquer comme les exceptions
4oö MERCURE ETRANGER.
semblables que nous avons remarquées concernant l'irritabilité, d'après les lois que nous donne la nature, du médium dans lequel vivent les animaux, la température, et beaucoup d’autres considérations qui y ont rapport.
Différentes circonstances, au contraire, réunies aux exceptions que nous avons indiquées, nous conduisent à une nouvelle loi. C’est justement dans les classes inférieures où l'irritabilité et la sensibilité n’existent plus qu’en de pénibles restes, dans les plantes et dans un grand nombre devers, que toutes les différentes manifestations de la force reproductive, se trouvent rassemblées au plus haut degré.
La plante répare ce qu’elle a perdu; elle produit une immense quantité de graines, et s’élève à un volume qui l’emporte sur celui des plus grands animaux,
11 existe également parmi les coquillages des exemples qui réunissent à un très-haut degré les différentes manifestations de la force reproductive.
Dans les animaux d’un ordre supérieur, où la sensibilité subsiste encore avec une assez grande diversité, les manifestations de celte force sont formées à un moindre nombre, ou elles n’ont pas de grandes dimensions.
De ce que nous venons d’exposer, résulte la loi générale que voici :
Plus tous les genres de manifestations de la force reproductive se rencontrent dans un organisme , plus la sensibilité en est exclue} et plus l’irritabilité est prèle à en disparaître.
Une explication plus particulière des autres forces dont il a été question plus haut, de la force de propulsion et de · la force secrétoire, pourraient servir à déterminer davantage les ’ois réparées que nous venons de découvrir , car ces forces amènent des observations analogues a celles que nous venons de faire; mais nous les mettons de côté pour, ne pas donner trop d’étendue à notre discours,
»
LANGUE ALLEMANDE.
4ol
APERÇU OÎNÎRAI^
Voilà donc les lois d’après lesquelles, dans la série des organisations, chacune des forces se modifie.
Ces lois séparées nous conduisent à un aperçu plus général, ou à la recherche du plan d’après lequel la nature modifie les rapports des différentes forces réunies ensemble. Nous y répondrons de la manière suivante ;
Dans la série des organisations, la faculté de sentir est écartée successivement par l’irritabilité et par la force de reproduction , à laquelle l'irritabilité finit par céder entièrement la place.
Plus une de ces forces est élevée, moins est élevée l’autre. La sensibilité et La force de reproduction sont très-incompatibles. Chacune de ces forces ne se déploie d’un côté sans ^ue d’un autre elle ne perde du terrain.
On ne peut d’ailleurs se dissimuler non plus que, malgré le^ compensations, les forces particulières diminuent les unes. au dépens des autres. Mars que de même la somme totale des forces décroît dans des rapports inconnus , et dont on ne saurait rendre raison, ni <raprès le médium dans lequel se trouvent les animaux, ni d’après d’autres circonstances.
Du reste la modification des forces suit, ainsi que nous avons vu, des lois très-simples.
La simplicité de ces lois, oui se diversifient à l’infini, devient encore plus frappante, lorsqu’on pense que ces mêmes lois, d'iprès lesquelles les forces sont réparties aux différentes organisations, sont encore les mêmes d’après lesquelles se fait la distribution des forces aux differens individus de la même espèce, et jusqu’au simple individu dans les différentes époques de ses dcveloppcmens.
L’homme et l’oiseau ressemblent dan9 leur premier état aux plantes, la force reproductive y est dans la plus grande 1, dans l’élément humide où. ils irritabilité. Le coeur de ces ani- tclle, qu’elle semble presque inactivité.
un peu plus tari vivent, se développe leur piaux est d’une irritabilité
MERCURE ETRANGER.
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destructible'i 8) Plus tard les sens se développent l’un après l’autre , presuue dans le même ordre d’après lequel ils apparaissent dans la série des organisations, et ce qui d’abord n’était que de l’irritabilité, se déploie à la fin en. faculté de percevoir, ou au moins en son organe invisible et immédiat. La nature paraît encore plus uniforme, lorsqu’on cou- sidère <^ue dans la distribution des forces, en temps differens et a des organes séparés, elle pours iit la même loi.
Dans l’utcrus des femmes, c’est d’abord la force secretaire qui est en activité, bientôt après elle se change exclusivement en force reproductive-, à la fin celle-ci est remplacée par l’irritabilité.
Sans discuter ici les conséquences qu’on pourrait tirer de ces lois, sans entrer dans un développement ultérieur de ce qu’on a désigné, sous le nom de forces propres, sans nous engager même dans l’eiamen. de la cause qui les distribue aux différentes organisations, nous ne saurions nous dispenser cependant de faire remarquer combien ces lois si simples sont riches en conséquences.
Attendu que, non seulement dans la série des différentes organisations, mais encore dans les individus de la même espèce, aussitôt qu’une force s’évanouit une autre apparaît, sans, qu’on reconnaisse quelque phénomène ultérieur et plus généra], et attendu que la même chose a lieu dans les or- canes sépares, on peut regarder la disparition de l’une comme La cause de l’apparition de l’autre.
En recherchant la cause de ces phénomènes, nons parvenons à présumer une cause commune (19), et si la cause
1 -----------------------------------------------------------------------—------------------y- ■■■
(18)
Cette « μ erti 01» eut fondée *ur des obscrvalîonn qtie j’ai faites sur te coeur des poulets, des canards, des oies . nui, d>ns l’oeuf Savaient encore que la moitié du temps nécessaire à i« ur «levt-loppemcnl.
(19)
On obtient la mßnae conséquence par d’autre* prémisses , et le» espèces de prémisses qu’on peut employer à cet eff. t «tont eu très- grand nombre. Mes lettre«, insérées .«»ans le Journal fie Ιλ Physique de Gren, présentent l’erposé d’une de ces prémisse·, avec sre con- etasiona. L.a conséquence . »inst que nous l’av-ns tirée ici. est dune appuyée de différentes manières, et en acquiert plus de solidité.
LANGUE ALLEMANDE. 4o5
materielle d’un dee phénomènes est connue , on pourra haï** dimeni conclure à ta même cause chez l’autre.
De plue, comme la distribution des forces dans la série des organisations suit la même marche que leur distribution, dans les differens états de dcveloppemens d’un même individu , on peut conclure que Ja force par laquelle est effectuée U procréation, c’est-à-dire la force reproductive, s’accorde dans ses lois avec la force par laquelle les différentes organisations de notre globe reçoivent leur existence.
Comme dans les classes inférieures, ou les individus sont $i excessivement nombreux, se produit aussi le plus grand nombre d’espèces; les raisons augmentent pour admettre quo la force par laquelle est produite la série des eipèces, se trouve par sa nature et dans ses Ipis, être la même que celle par laquelle sont produits les différens états de develop-* pement.
S’il s’agissait d’étendre davantage l’idée qui nous occupe , il noue serait aisé de démontrer que des analogies soigneusement recueillies nous conduiraicntâ admettre, pour expliquer les phénomènes de développement, une cause physique semblable à celle qu’on peut se représenter, comme ayant agi à U première procréation, organique, qui a pris naissance sur notre globe (20).
En écartant ces conséquences et autres, nous saisissons ce qui nous est plus proche, pour répondre en peu de mots/ à la troisième question que nous nous sommes proposée , savoir : Comment pent-on expliquer la marche soutenue de la nature animée, d’après les lois que nous pouvons indiquer concernant les changemens dans iFs rapports des forces.
Comme par la répartition des forces aux organisations, il ne naît point d’inégalité sensible dans leur réunion, et que
(30) Je m*en rapporte un* seconde fois à h première note de cedis- cours , et à ce que j’y ai dit concernant mes recherche« sut les phénomènes de développement. (Aspace ne nous permet pas «le justiGcr plus amplement ce que je viens de soutenir, quoique je risque d'etre traité de visionnaire. ·
4o4
MERCURE ETRANGER.
la force prépondérante d’une classe est réparée par la force prépondérante d’une autre classe Qui, en cas que la première tendrait à la destruction, par la même nécessité maintiendrait la conservation, la consistance du monde organique résulterait de l’équilibre des forces destructives avec les forces conservatrices. Mais outre la consistance du monde organique, sa marche doit également résulter du balancement des forces, puisque les forces qui se balancent ne sont pas toujours les menées, mais di lièrent et se manifestent de différentes manières.
Ainsi les plantes privées de sensibilité et d’irritabilité , repoussent par leur force de reproduction tousles pouvoirs destructeurs du rèene animal.
Ainsi, malgré le brigandage perpétuel que toutes les classes d’animaux se permettent à l’égard des vers, et malgré les persécutions que les vers exercent les uns contre les autres, cette classe de créatures résiste à toutes les tentatives à s’anéantir, par son indestructible irritabilité, et par sa force de reproduction.
Ainsi les animaux supérieurs, donile volume les assujettit à commettre plus de ravages sur les animaux inférieurs, ne sont pas soutenus dans cette guerre à mort par le nombre d’individus.
Ainsi les animaux dont l’irritabilité est plus vive et plus fréquente,et qu’une grande sensibilité porte au pillage, ne peuvent que peu de chose par leur nombre.
Dono, la destruction exercée par une force est sans cesse refoulée par l’autre, ou bridée par un de ses côtés différens.
L’espèce est conservée et les individus se voyent sacrifiés, lorsque comme chez, les plantes et les vers, leur individualité est peu de chose, et que, au danger qui Us menace plus fréquemment, s’associe une plus grande incapacité de sentir la douleur.
Quoique de cette manière la consistance du monde organique soit fondée dans les lois que nous venons d’exposer, on ne saurait nier d’un autre côté que çe sont aussi ces mêmes forces qui permettent qu’on demande s’il n y a peut- être pas de la prépondérance dans les forces destructives, et si des espèces dont lçs forces conservatrices succombent, ne
LANGUE ALLEMANDE.
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«essent à la fin d’exister ? Car, à côté de la plus grande équilibration des forces j les unes relativement aux autres, nous avons remarqué, plus comme d’accord avec le plan de la nature, une diminution successive de la somme des forces dans la série des organisations\ donc, une pareille prepone dérance est plus que possible.
Si l’on approche de plus près du sujet de l'observation, on conçoit la possibilité d’indiquer les points du monde or- ' 1 * ** ce se trouve, et où elle agit de
C’est ainsi que plusieurs coquillages, avec les faibles moyens de résistance qui leur sont départis, et avec la richesse des forces que la nature a communiquée à leurs destructeurs, les animaux supérieurs, se trouvent placés sur une pointe très-dangereuse. Elle est telle qu’on peut regarder comme infiniment vraisemblable la décadence successive de quelques-unes de ces espèces, s’effectuant et s’étant effectuée déjà plus d’une fois.
Ce que plusieurs animaux réunis, d’un ordre supérieur, sont en étatd’opcrer contre plusieurs espèces de coquillages, l’homme le fait tout seul contre plusieurs animaux d’un ordre supérieur.
La raison qui se trouve dans son organisation lui donne la faculté de modifier à son gré, quoique dans de certaines limites, les rapports des autres forces qui lui sont communes avçc les autres animaux. A l’aide des instrumens qu’il a inventés, il est parvenu à élever sa faculté de percevoir et de sentir; il a perfectionné la vue et l’ouïe. Peut-être lui est-il réservé d’en faire autant pour l’odorat et le tact. Pour augmenter la faculté de se mouvoir, il a enchaîné les autres animaux, le feu et les vents.
Par ces changemens dans les rapports des forces, et par
rance décidée sur les autres espèces d’animaux, et sur leurs forces conservatrices.
En effet, il a refoulé des espèces d’animaur, il leur a assigné des petits districts comme à des étrangers, tandis qu’il a pris possession du reste de la terre, comme de son
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MERCURE ETRANGER.
domaine ; il a subjugué des espèces, et il forcera plusieurs autres à lui céder entièrement la place , comme a un organe, d’un autre coté réparateur dans la grande machine.
Ainsi la marche de développement du règne organique est fondée sur la manière dont les forces particulières sont distribuées. Ces forces réunies n’en forment qu’une, qui se manifeste divisée en rayons divers, ravons mêlés daos des rapports infiniment variés. Celte force commune fait mouvoir l’organe k plus simple, aussi bien que l’organe le plus complique de l’immense machine. 11 est probable qt/orrgi- nairement elle a été raise en action par la lumière, comme elle a encore tous les jours besoin de l’intervention et du secours de la lumière»
APPENDIX.
Avant de terminer ces considérations, il bous aera permis de revenir d’un pas rapide sur les idées dont nous sommes partis. »
L’esprit humain dans les différentes périodes de son développement, modifie sans cesse les rapports des forces ?[u’il réunit. Les sensations sont les compagnes de Penance ·, L’imagination entraîne l’adolescent-, le jugement distingue l'homme mûr. Les différentes qualités se développent Tune de l’autre, comme la graine des fleurs, comme les fleurs des tiges, et à mesure qu’une de ces qualités s’avance vers sa maturité, l’éclat de l’autre se flétrit.
Mais non seulement dans les différentes époques de la vie, l’esprit humain non« présente le spectacle de ces changemens. La difference des circonstance» nous offre les meines phénomènes chez le même individu, dans un temps plus resserré.
Aujourd’hui le monde des sena se resserre, et cède à P imagination un empire plus étendu, ou laisse à l’euleudemeut fortifier l’édifice de la raison Demain l’imagioation revient à ses justes limites , et reud leur ancien domaine aux sens. Le bonheur qu’on éprouve dans une de ces positions, est
t.
\r·.
LANGUE ALLEMANDE.
4o7
Les mêmes développemens que nous voyons alterner, ou se succéder dans un être particulier, la nature nous les présente comme séparés et contemporains dans plusieurs individus. L’homme dir Nord, à qui la pauvreté au climat offre si peu de jouissances sensuelles, en trouve la compensation dans les rêves de son imagination et dans le raisonnement, tandis que l’habitant du Midi, pour qui le soleil éclaire un monde de sens très-riche, se dispense des jouissances de l’abstraction.
11 est évident qu’il y a de la ressemblance entre les lois, d’après lesquelles se modifient les forces organiques, et celle® d’après lesquelles se modifient les facultés de l’esprit humain., et comme les premières assurent le mouvement et la dur^ô du monde organique, les autres garantissent à l’espèce humaine les jouissances intellectuelles.
1
4o8 MERCURE ETRANGER.
AN NAPOLEON DEN EROBERER
18t t.
Mag das Volk im t hör i Eten Erstaunen Knechtisch deiner Macht Verehrung weilfa Immer wirst du nur das Spiel der Launen Eines blinden Zubik Günstling wyn. Wender Skiai im Staube dich bewandert Von der Grösse deiner Th «teil spricht : Freier h£h · in künftiges Jahrhundert Leber dich sein Strafgericht.
Wie du grausam , was bestand, xerlrüramcrl
Stürzt auch in Ruinen einst dein Reich;
Und die Krone die dein Haupt umschimnuertf Macht die Thränt* der Verzweiflung bleich. Wer mit sicheln der Zerstörung nifthet. Färbt den Purpur mit der Unschuld Blut. Erndten wird er, was er Auegen&et Uulergelxn in sciati Feinden Wuth.
Finen Frdkrcis hast du dir errungen —
Ferae Polr mit Gewalt vereint—
Viel lausend Knechten dir erzwangen Doch— für deinen Kummer keinen Freund.
Bist du einst des Blutvergiessens müde, Reicht dir Liebe keinen Labetrunk ;
Selbst das Losungswon der Tugend : Friede-^ Wird dutch dich zur Lästerung.
Einsam sitzest du auf drinrn Throne
Wie die eiserne Notwendigkeit ;
Dein Name lönt ron jeder Zone
Als die Blut*gt geisel deiner Zeit.
WaS du wünschest, wirst du nie vollenden , Von Begierden grausam aufgczchrl ;
Nur ein Werkzeug in der Rache Händen .Wirst auch du von ihr zerstört.
LANGUE ALLEMANDE.
409
A NAPOLEON LE CONQUERANT (1).
Qu’on vil peuple honore d’un étonnement insensé ta puissance révérée : tu ne seras toujours que le jouet ou le favori des caprices d’un aveugle hasard, Quoique l’esclave t’adore prosterné dans,la poussière, et parle de la grandeur de tes actions, crains qu’un siècle futur ne te juge avec plus, de sévérité.
Dans ta férocité tu as détruit ce qui existait : de même un jour ton empire s’écroulera en ruines, et les larmes du désespoir feront pâlir la couronne qui, brille sur
ta tête. Souviens-toi que celui qui moissonne avec la faux de la destruction, teint la pourpre dont il se couvre, avec le sang de l’innocence, et qu’en périssant par la rage de ses ennemis, il recueillera les fruits de ce qu’il aura semé.
Tu t’es soumis une partie du monde par la force ; tu as réuni sous ton empire les pôles éloignés. — Tu t’es acquis des milliers d’esclaves ; mais aucun ami qui partage tes soins. Si un jour tu es fatigué de verser le sang, l’amitié ue te donnera pas la consolation désirée. Même la paix, ce mot si doux à la vertu devient un blasphème dans ta bouche.
Détesté par la race humaine, tu es assis sur ton trône comme le destin de fer. Ton nom abhorré est répété sous chaque zone comme celui du desolateur du genre riumain. Rongé par ton ambition indomptable , tu ne pourras jamais exécuter ce que tu désires. Instrument de la vengeance, tu seras détruit par elle.
( 1) Celte ode fut composée eu 1811, lorsque Napoléon était au plus haut degré de sa puissance. L’original est remarquable par son énergie , que j’ai tâche , peut-être en vain, de rendre en français.
Tom. III.— 1Ö14. 29
» VWWW^VWVWV AAV******·'
LANGUE ITALIENNE.
U·. ■ ■ ■ ■ ,
Qwu navali della Monarchia Inglese dal Grande Alfredo sino a questi tempi, etc. — Actions navales de la Monarchie Anglaise, depuis le Grand Alfred jusqu’à notre temps t pc'eme italien de Stephano Egidio Pe- troki , membre de VAcadémie italienne, de la Société Philotechnique de Paris, et d’autres Académies de U Europe , avec des préfaces et des notes historiques et politiques , en français 3 par Joseph Lavallée , secrétaire perpétuel de la Société Philotechnique de Paris, membre de la Société royale des Sciences de Goëttingue, de VAcadémie italienne, etc. — A Londres, de l’imprimerie de Scbuke et Dean, 13, Poland, street, Oxford street, ι8ι4, petit in-4".
Μ. Petroni, poète italien , s’est fait connaître en France par nu poème divisé en cent odes, et intitulé la Ndpoléonide , titre qui en dit assez le sujet; par des traductions élégantes et faciles des Fables de la Fontaine, des Proverbes de Salomon, de la Phèdre et de ï’Andromaque de Kacine ; et par plusieurs autres productions qui ont obtenu du succès. Les derniers événemens lui ont inspiré le désir et fourni l’occasion de visiter l’Angleterre. Frappé de la gloire maritime de la moderne Tyr , il s’est senti le besoin de la célébrer; et, remontant jusqu’à l'origine de ses fastes, il a entrepris de les parcourir règne par règne jusqu’à nos jours , en chantant les rois sous lesquels la marine anglaise a pris le plus d’accroissemcns et jeté le plus d’éclat, les grands hommes de mer que l’Angleterre a produits, et les victoires navales par lesquelles ils se sont illustrés.
Dans ce plau , l’histoire était nécessairement appelée au secours de la poésie. Μ. Petroni s’est associé un homme do lettres français, counu par un grand nombre d’ouvrages
Mercüre etranger. — lang. ital. 4n
en verset en prose, et qui s'est chargé de développer dans des notes les cvénemens, qui ne peuvent qu’être indiqués dans le poème. Le poète chante, l’annotateur historien raconte et explique. « Nous avons pensé, disentails, dans leur préface, que, par le concours peu usité de ces deux genres, notre Ouvrage pourrait tout à-la-fois amuser l’imaginatioa
et tourner au profit de l’instruction.........Sans doute lee
combinaisons politiques préparèrent plus d’une fois les expéditions navales. Il était donc indispensable de chercher dans les événemens mêmes les motifs de ces combinaisons. De cette manière de procéder il est nécessairement résulté un «fcrégé de l’ilistoire d’Angleterre; et cet abrégé, facilité par
l’ordre chronologique que le poète a suivi, se trouve dans
les notes qui succedent aux. chants, etc. »
L’ouvrage paraît par livraisons. Il doit y en avoir seize formant deux volumes, élégamment imprimes sur papier vélin, et ornés de seize portraits gravés au trait, dans le
premier volume est complet. 11 embrasse jusqu’à la fin du règne de )a maison Stuart. Les cahiers se succèdent rapidement; il n’est pas douteux que l’ouvrage ne soit entièrement terminé daue deux mois.
Le premier chant ( Carme primo ) est consacré à Alfred-
comme il le met vivement en scène dès le début de ce premier chant.
A te conwcro il primo Carme, Alpiido ; Tu sorgi Ί prim > tra gl’ illustri figli Pe l’equorea Albion, che a me davanti Mar stoso si faccia e »diolg* il labbro.
Vieni, Re grande, i sensi tuoi mi s*eia : « · ·
Avvezzo i* sono a contemplar gli eroi ,
Έ a tesser lodi a i loro eccelsi fatti, etc.
<t Je te consacre món premier chant, ò Alfred ! Tu e< le premier des illustres enfans de la maritime Albion , qui t’élèves majestueusement devant moi, et dont la voix frappe mon oreille. Viens, grand roi! dévoile-moi tes pensées- je
412
MERCURE ETRANGER.
sais accoutumé à contempler les héros, et à décorer de mes louanges leurs hauts foils.
« Ecoute-moi donc, me dis-tu· oui, écoute-moi. Ne regarde ni les siècles antiques, ni les usageset les coutumes barbares des vieux Anglais, ni le faux zèle et l’hypocrisie féroce des coupables Druides, tyrans farouches d'âmes ignorantes et crédules...........Descends rapidement jusqu’à
moi. Dès le printemps de mes années, je ceignis le bandeau royal, etc. » Et, dans un discours rapide, Alfred retrace toutes les merveilles de son règne ; ses victoires sur les Danois ; ses lois , ses sages réglcmens pour le progrès des lettres et des arts, pour la prospérité au commerce, pour la discipline des armées, pour la création d’une marine. O dernier bienfait ramène le poète au sujet de son poème; et tels sont les derniers mots qu’il met dans la bouche d’Alfred.
L’ulil commercio è vostro i Angli felici,
Or co farti acquistile ogni ricchezza ;
Or cominciale i corsi ardimentosi;
Or gite io cerca di straniere merci Sino a l’iadiche ponde. .. . Arbitri un giorno Del mar »trete e de la terra. »Yle m eoo Angli. felici , rammentate allora.
« Le commerce vous appartient ; heureux Anglais, acquérez maintenant par les arts tontes les richesses du monde; maintenant commencez vos courses audacieuses ; maintenant, allez jusqu’aux rivages indiens chercher des productions étrangères.........Un jour vous serez les maîtres de la
mer et de la terre î Alors, heureux Anglais, ressouvenez- vous d’Alfred. »
Tel est le genre, et telle est la marche de cet ouvrage singulier, dont la forme sort des routes communes, et qui doit plaire aux Anglais par son air de nouveauté et d’originalité.
• Les notes ne doivent pas moins les satisfaire, par la clarté avec laquelle elles sont écrites, dans une laugue qui est
LANGUE ITALIENNE. 4ιδ
familiäre à tous les Anglais bien élevés, et par la connaissance que l’auteur montre de leur histoire.
Après toutes les jouissances que le cours de cette année a offertes à leur orgueil national, ce n’est peut-être point pour eux une circonstance indifférente , que de voir à Londres cet orgueil encensé par une lyre italienne et par une plume française.
G.
/
MMr ΛΑΛΛΑΛΜΑ«*****·1
VARIÉTÉS.
NOTICE
SUB LA VILLE DE WASHINGTON.
La position de Washington est à 3o*53' !at. du nord, et 76" 53 6 lat. 27 long, de Greenwich. Cette ville est située sur le Botomah, où cette rivière forme une jonction avec celle A'Annacofitia, ou Bastoni-Brunch.
La distance de Washington à Philadelphia est de 144 milles S. O. par O. de Baltimore,43; de Richmond, 13a; d’Anna- polis, 4q; de Monticillo, 124.
La ligne méridionale qui se dirige par le Capitole, fut établie par Μ. Ellicot, et Μ. Lambert calcula la longitude.
Autorise par le congrès et l’assemblée constituante de Ma·, lyland^ de B irginic, le président des Etats-Unis, dans sa proclamation datée en mars , 1791, détermina les limites du district qui doit être le siège permanent du gouvernement des Etats-Unis. Ce territoire qui s’étend sur les deux rives de Botornali, renferme un espace de dix milles quarrés. On ne peut imaginer une position plus magnifique que celle où se trouve la ville de Washington. C’est une espèce de vallée circulaire environnée de tous côtés des collines les plus pittoresques. La rivière Botomah traverse le milieu de cette vallée, et permet l’arrivée à Washington des frégates de h plus grande dimension C’est un spectacle bien curieux que celui que présentent les voiles deces bdtimensflottans au milieu des arbres magnifiques qui bordent cette rivière.
Le plan de la ville est universellement admiré. Les édifices publics ont été établis dans les lieux les plus élevés et les plus propres à leur destination Toutes les maisons sont bâties en briques ou en pierre. Les eaux de sources et çelles du Tybre sont conduites partout, même dans les parties les plus élevées de la ville.
Les rues sont régulières et percées du nord au sud, et de l’est à l’ouest : çelles qui sont dans la direction de çes points-
MERCURE ETRANGER. — VARIÉTÉS. 415 cardinaux, sont couples diagonalement par de grandes rues, dont plusieurs vont d’un point de la circonférence à l’autre, et forment à différens intervalles des carrefours et des places spacieuses : elles ont cent soixante pieds de longueur; celle a ut s’étend du capitole au palais du président, a un mille
e longueur. Ce palais, ainsi que le Capitole, ont mérité l’admiration des voyageurs les plus distingués.
Des mains aussi barbares que celles des Vandales, viennent de livrer aux flammes et à la destruction, ces beaux <nonumens avec tous les objets curieux qu’ils renferment, telles que les bibliothèques, statues, tableaux>entre autres, un beau portrait de Louis XVI, et même les archives.
Une pareille conduite , en dévoilant jusqu’à quel decrc le gouvernement anglais est jaloux de l’industrie et de la prospérité des Etats-Unis , n’a pas manqué d’exciter en Europe l’indignation de tous les hommes susceptibles d’aimer leur patrie.
Si l’Angl ais cherche son excuse dans cet affreux adage. Dolus an virtus quis in hoste requirat? (firg.) et que le droit ne soit pour lui que la loi du plus fort, il ne peut en même temps oublier que ces maximes sont condamnées par la religion , la saine politique et le droit des nations; qu’elles sont réprouvées par des jurisconsultes de tous les. pa-s, particulièrement par ceux d’Aneleterre, et que ^histoire impartiale livrera à l’opprobre les auteurs de semblables forfaits.
Quand même la guerre contre les Etats-Unis aurait été entreprise par des motifs justes et légitimes, les lois de la guerre u’autorisent que la destruction des objets militaires et ceux qui peuvent fournir des ressources à l’ennemi, tandis qu’elles prennent sous leur sauve-garde les monumens des arts et des sciences, les temples et les tombeaux.
Si, après tant de siècles et tant de révolutions , Rome an-, tique offre à nos regards les chefsrd’teuvres de l’art et les superbes monuuiens respectés par le temps et la main victorieuse des hordes barbares , la nouvelle Rome du continent d’Amérique aura vu dès son aurore détruire ses palais * ses chefs-d’ceuvrcs de l’art et ses beaux monumens qui présa;· geaient sa grandeur et sa gloire future.
W. Américain*.
r
4i6 MERCURE ETRANGER*.
JfÎCROLOGIl.
L’Altbmrgne a perdu un de ses auteurs dramatiques les 5lus féconds et Je plus grand de ses acteurs dans la personne u célèbre Lfland, mort dernièrement à Berlin. Les honneurs extraordinaires qui ont été rendus à sa mémoire, lors de son convoi funèbre, sont un noble témoignage de la grande considération dont la littérature et les arts jouissent maintenant en Allemagne; maie l’on se tromperait cependant beaucoup, si l’on jugeait par là de l’estime accordée à ses ouvrages. On convient assez généralement qu’ils jouissent bien plutôt d’une grande vogue théâtrale que d’une estime et d’une réputation véritablement littéraire, et qu’en se distinguant par une morale édifiante, mais exprimée avec trop de prolinté, et par de touchans tableaux de famille, ils manquent presque tous de force comique, et d’un intérêt soutenu. 11 faut cependant excepter les Chasseurs , Comédie sérieuse en cinq actes,qui occupe un rang très-distingué dans le théâtre allemand. Comme acteur, lfland laissera un vide qu’il ne sera pas de sitôt possible de remplir. 11 a mérité le Surnom de Garrick des Allemands. C’est a ce talent d’acteur consommé dans tous les genres, aux qualités personnelles qui le distinguaient, aux services qu’il avait rendus très- long-temps comme directeur du grand théâtre de Berlin , et enfin à l’émulation qui règne maintenant dans la monarchie prussienne, pour tout ce qui est relatif à la culture des sciences, des lettres et des arts, qu’il faut attribuer les honorables regrets exprimés sur la tombe d’Jfland, et dont on a lu les détails intéressa ns dans les feuilles publiques. Dans Sa longue carrière dramatique , il a été constamment le rival et le compétiteur du célèbre président de Kotzebue, auquel, malgré les imperfections de son talent, les connaisseurs accordent la préférence.
(Jn des collaborateurs de ce Journal donnera sur lfland une notice plus complète, lorsque les principales feuilles littéraires de l’Allemagne lui auront fourni les matériaux necessaires pour ce travail. L’auteur a lui-mcme écrit This-
• VARIÉTÉS. . 4i7
toire d’une grande partie de sa vie dans le premier volume de ses ouvrages , qui sont tous écrits en prose , et qui forment treize volumes. Ses principales pièces de théâtre sont: Zé Chasseur, le Joueut, Achmet ti ZetuCbé , f igaro en Allemagne > la Comète , la Paix du. Ménage , une Journée d* Automne , V E tour der ie , Frédéric d'Autriche, Elise de FaE berg, la Conscience, le Souvenir, l’Ancien et le Nouveau. Tempe , les Réfugiés , Γhomme de Parole , le Foyage à la Fille, le Vétéran, la Ferme Résolution , le Désir d'obli- ger, le 'luteùr, les Artistes, etc.
B.
A Μ. le Rédacteur du Mercure Étranger.
Gironde, Baias> le z i octobre t8i4.
Mqî<$ixv a,
Τύϋ· VOS abonnés ont sans doute la , avec un vif intérêt, lé Traité du Droit des Gens, extrait, par Μ. (Biscuer, «lu grand ouvrage de Kant sur la jurüprudence, qui parut en 1796. Μ. OEUaener , ami de l’illustre philosophe, assure que ses vues philantropiques s’adaptent aux circon*- tances actuelles, et que les rois alliée ont porte' la civilisation morale, dan· la guerre ella politique, au-delà de toutes les espérances. Son coeur se flatte que le congrès permanent propose ne restera pas un «impie voeu; 3u’une si belle théorie du droit des gens peut et doit avoir enfin une nrectiou pratique , et que les destinées de l’Europe , eolie les mains de» potentats réunie à Yienne, vont bientôt μ consolider sur les baacs d une paix perpétuelle.
Cene» ce ne aera pas nous, dont h raison dédaigneuse *e refuserait à croire à la possibilité de l’exérution d'un si beau plan; nous qui l’avons toujours admiré dans ica éciits du vertueux abbé de Saint-Pieise , en dé- Slorani l’aveuglement des rois ou tie leurs ministres, qui, avec un souris e pitié, regardaient ce projet de paix perpétuelle comme le reJe d'un homme de bien ; nous qui, depuis le* rrvoiulion» et le* guerres qui ont bouleversé l’Europe, sommes plus persuadés que jamais qu'eufio l’Europe , lassée de tant de massacres privilégies, verra ce rêve sublime se réaliser, si l’homme est rraimrni perfectible. ·
Mais que d’obstacles s’opposent encore à cette civilisation morale de la politique européenne ! Cherchons d’abord ceux qui existaient avant la révolution de 1789 , et puis nous ciac liner on· s’il est pruLablc que les obstacles s’apkmiascnt dans le congres de V'icoae de î8jv.
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MERCURE ETRANGER.
Il fatti l'avorter àvec franchise, le projet de l’abbé de Sain t-Pîerre t si semblable dan· ses résultats à celui de Kant, noua parait plu» difficile à exécuter que celui de son émule. Le philosophe allemand, le flambeau de la raison à la main , observe la nature des sociétés politiques, et fonde sur les lois générales la théorie du droit dea gens. Le philosophe fraudi* , jetant un coup d’oeil sur h situation physique, politique et morale de l’Europe, sur les intérêts qui tendent tour à tour a diviser ou à rapprocher ses états, pi opnie un congrès permanent, fondé sur les intérêts Lieu entendus de chacune d'elle ; il prévieut toutes les objections qu'on pourrait faire aux principaux règlemena présentés, les résout, et semble leur dire : a Mettez^-les en pratique, si réellement vous été» jaloux d’acr quérir une solide gloire, et de taire le bonheur de vos peuples. » Au reste, pour en être convaincus, nous n’avons qu’à rapprocher de h théorie de Kant, insérée dans le Mercure Etranger, l’aualyse du projet, bieu plus ancien , qui réduit cette théorie en pratique.
L’abbé de Saint-Pierre prouve d’abord que les peuples anciens, trop admirés de nos jours, ont méconnu , bien plus que les modernes, le véritable droit des gens ; et, quoique les Grecs aient eu leurs Antphyc- tiqns j leur ligue Ache'enne, le» Latius leurs Feries , nulle d* ce» confédérations ne tendait au sage et noble but de celles du corps germanique et de la ligue belt clique. Au contraire, les républiques de la Grèce et de Home étaient essentiellement fondées Mir l’esclavage rée/et domestique : étals anti-sociaux , où l’on oe pouvait être à la fois homme et citoyen (1). De pu i« I« chute de l’empire romain , les peuples de l’Europe moderne , excepté les Turcs (ajoute un autre philosophe} tirent quelques pas vers le droit des gens, soit par la situation géographique de le ut» Etats qui, m filant leurs bornes naturelles, établit entre eux des relations commerciales , soit par la propagation du cbrisiiaoisme , dont les lois ont mis une certaine conformité dans leurs moeurs, suit par le» lime du sang qui unissent la plupart des rois , soit, en un mot, par une foule de circoustauces , telle·que le· colonie·, l'invention de l’imprimerie et le goût de· beaux- arts , circonstances qui les ont singulièrement rapproché» les uns des autre·. De sorte que ces relations multipliée» Ont formé entre les Européen» un estèrne d'équilibre qui le» conservait dans un lut station«aire, (jusqu'à l’époque de la révolution française, dout les causes morales étaient encore trop cloignce», pour que l’abbé de Saint-Pierre l'entrevit.)
Mais le mge écrivain, en montrant l’espèce de fraternité existante dan· la grantle famille européenne , expose ensuite les division» intestine» qu’alimente celte complication même d’intérêt» qui la rapproche. Ln vain des traités partiels entre puissance» étouffeut par intervalle ce» germe· de discorde : ce »ont de» trêve», et non de» traite» ; car où est la garantie des droits respectifs, juvent mal fixés? Où est le chef supérieur qui , dans le cas où Ire droit» fussent him connu» , puisée obliger à leur exécution les parties coutiaclauics? Où est même le. Co de politique
(1) L’ixc-Hcnlr Histoire rriti-]ur de i'f.tat Républicain de Rene, p«r f·« Pierre l*>v6iir, dr ΓΙηΊΐΙηΙ » prouve d’une manière évidente que ers peuple« it vanté* *on| r upabltt rie l-.us let ennui civil» et paltoquet des moderaci Kuropêcaa, et surtout «ira Kraiiçaii cl du AojUü, leur* ambitieux imitateur·.
VARIÉTÉS. 4ig
du droil <lre gens, encore si contradictoire, ai imparfait ebne 1rs livrea «le» philosophes, qui, sanctionné par les peuples et le» rois , set ve à ré- dcrlvtir« dit cru» pre te alio»· , quand rué nie il» voudraient être justes ··* 11 fam donc recourir aux armes, aux bronze» tonnan» de» bataille», d’où •ort, comme on Va «Ht, Vult ima ratio Regum. De là , dit l’auteur avec riunitoti, ce» maesacrr» rpt»u mutables, ce» brigandages royaux , cea u»ur- pilions révoltantes qui désolent , qui scandalisent l'Europe.
(·) L<· nomade toueerain , d«· puiievice »er »i ont pour la raiion et la justice «ociah» »biardei , laondriicux , »nc<«niprvücniibl' » , ii p«r «ouverai» et paisà» ne«, un n'antcQ- dait pF» <lt ligner la reunion cl du prince oldu peuple. Ainii la repi&rcntant du prince •t du peuple devrait (Ire néccMairoaimt , pour chaque Bui. un membre du <erp*-bd- gialaln ou de la Chambre des Bcputéi nationaux : on «eut bien qa'un arobasiadetir ou Sinistre no puurrait le lupplôcr au congri». C’at, je croi», la pen».c de |‘»t»bi· do lint—Pierre.
(■1) J. J. Aouiietu, édit, da Genève , tou. χχχτ.
Le ver de Γητβίκϋ ambitieux qui s'attache aux racine* de l’arbre so« ini, ti ne fois dienti rrtt, l'abbé de Saint*-Pierre »“cirorec de le détruire ; il rn cherche le» moyen» dans une force coactjve qui diri, gelt l’action «t ta reaction des puiMance», afin de neutraliser ou d’éciaser l’ambition de» conquérait»·; afin que celle force légale dounât aux intérêts commun*, aux traile· partiel· La garantie et la solidité qu’il* ne sauraient avoir par eux-mëint·». Or , de tous le» moyen» d’atteindre à ce but, il n’en voit pas de meilleur que celt»» «le former , de la réunion de civique corp* poli- tique , une diète generile, un congrès permanent, d’où s'élèverait un tribunal judicjairf , dont toute· les puissances (2^ seraient membre», »ou* la présidence amovible «Kim souverain qu’on élirait; et ce président F d’après les Ini» convenues, aurait le pouvoir de contraindre chaque Etat, par la force de tous, a se soumettre aux deliberations suprême·, ean· qu’aucun d’eux pût se détacher de l’intérêt »ncial, quanti il le croirait contraire à l'intérêt national, qui est ei souvent le masque d^c l'ambition. '
Il faut voit, dan* l’ouvrage de l’nbbé de Saint-Pierre ou dan» J. J. Rousseau /3^, qui l'a miadau» lout son jour, les règlcmens détaillé» qu’il propose. Les plu» essentiels sont ceux-ci : 10 Le» souverains «le l’Europe, ayant contracte une alliance perpétuelle et irrévocable, »’engageraient I régler età terminer tou* leur» difiércu· par le» voie* d’arbitrage , devant le tribunal ci-dessus désigné. 2° L’ordre et le temps de la présidence , le nombre de» juges, la quotité des dépense» néceMaîrr· ser· ient CDeuite fixé·. 3* La Confédération garantirait, depuis les dernier· traités, le· possession· actuelles dee diver· Etats , leurs »uccc»sinns élective» ou héréditaires , avec: promesse de renoncer à toute prétention antérieure. V Tout allié qui refuserait d’exccuter lespigrmens du tribunal, ferait dcssrme- meus , ou négocierait de» traités contraire· aux intérêt· de la Confédération , serait mis au han de l'empire et proscrit comme ennemi public : l’armée confédérée le poursuivrait comme tel jusqu’à ce qu’il eût réparé K» tort». &° L«*»ouvci?in» allié» pourraient, tou* le» cinq »ne, faire,! b pluralité des voix ,de» règlement qu’il jugeraient utile» à la République
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MERCURE ETRANGER.
Européenne; mai· il leur ferait interdit de rien changer aux lois fonda» mental«»· du congrès permanent.
L’abbé de Saiul-Picrre, après avoir établi et organisé le tribunal suprême , cherche quels en seraient les avantages pour les peuples et pour les rois de l’Europe. Je ne jetterai qu’un coup d’oeil sur les plus marquans. Nul doute que les peuples, si souvent massacrés dans des guerre« qui divisent leur· rois, ne gagnassent« l’exécution du plan proposé. l>a suppression d’impôts excessif· , l’accroissement de la population, eu ranimant les mille bras de l'agriculture eucouragée et du commerce respecté, multiplieraient chaque jour les richesse· des particuliers comme celles de l’Etat. Les propriétaires, riches ou aisés, pourraient donner à leurs enfana une éducation plus libérale ; de là, les pro- Srè· sensibles des sciences , des lettres et des arts , l'élude nlu» cteudue e la nature et de l’homme , la connaissance plu» parfaite des droits et des devoirs respectif» entre Ica peuples et les gouvernant; de là la destruction totale de l’ambition conquérante et de la tyrannie , que ferait disparaître la double crainte du ban de l’Europe et des dota de lumière dont elles seraient poursuivies. Les rois, de leur côté, gagneraient beaucoup à cet heureux changement. Le droit de la force et des conquêtes anéanti, parce qu’il serait désormais impossible de l’exercer, même aux plus puissant Etats; leurs princes aspireraient à une gloire plus solide, celle de rivaliser entre eux, eu fonuaot des écablusemeos publics utiles ou magnifiques ; en favorisant le règne du travail, source de l’aisance et de la probité civile; en extirpant la lèpre ambulante de la mendicité, aussi honteuse pour l’Etat qui la souffre, qu’immorale pour ceux qui en font profession ; en faisant , en un mot, le bonheur dos peuples. Ils trouveraient cnc-ore Ictus propret intérêts dans ce nouveau système politique : certains que tous leurs differens entre eux se- raient termine» san» guerre·, et qu’ils ne perdraient rien de leur· possessions garanties , ils seraient rassurés , eu mourant, sur la crainte des révoltes ou des crises révolutionnaires où l’ambition d’un grand cliange quelquefois les djuaslics, si leur couronne s'est pas élective, ou se trouve »ur U tête d’un faible héritier. En supprimant d'énormes dépende· militaires, et par conséquent les impôts indirects, sortes de monopoles, leurs revenus en seraient et plus surs et plus considérable·. C’est peu ; ils »’attacheraient encore les coeurs de leurs nations par leurs facile», mais importans bienfait·. Alors les publiciste· de l’Europe, et le» ministre» dans leur» proclamations , pourraient , sans s'exposer au ridicule , comparer les peuple» à une grande Jamillc, dont les monarques ne seraient que les pères chérisΛ cl les déléguée visible· de la Prost- Gence.
Au reste , le philosophe français va lui-même au-devaat de» objections raisonnables qu’on peut lui faire, pour le convaincre que jamais ce beau rêve n< æ réalisera. «Si lapaix perpétuelle existait, lui dira-t-on peut- être , voilà les forteresses de chaque Etat désarmées, l’art militaire tom- b ml dan» l’oubli : or, Γ Europe, tranquille sur sa propre sûreté, n’aurait- elle rien à craindre , pour son commerce maritime, des corsaires d’Afrique, et, pour ea puissance territoriale, de la Turquie ou de quelque nouvel Attila ? Comment donc se défendrait-elle sans de redoutables furteresaes , sans d’habiles généraux , sans de» soldat· Aguerris? » A cela ,
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l’abbé Je Saint-Pierre répond qu’il arriverait de deux choses l’une : Ou cil peuplée , voieios de l’Europe , oseraient l’a ita quer ; «Ion les armées de la Confédération , rassemblée! mr tel frontières communes que dea forts inexpugnables défendraient contre les invasions, repousseraient bientôt le conquérant asiatique , ou les pirates africains les plus redoutés : les écoles militaires de tous les Etats alliés enfanteraient plus de Jean-Barte et de Rnytfre, plus de Turarne· et de GuilUumes-Tellequ’il n’en faudrait pour les réduire; c’est, pour défendre le droit des gens, qu’il serait beau de mourir au cliamp d'honneur , et de célébrer la gloire des vrai· héros dans des poèmes immurici·. —* Ou bien , ces ennemi· étrangers, voyant la Confédération armée , laisseraient en paix les Etais qui la composent; et alors de quelle utilité serait ce vatic et ruineux appareil militaire dont le vain éclat blesse partout l’oeil de L’humanité ? La France individuelle en est-elle moins aguerrie et naoìustraaquille, depuis qu’on ne voit plus, comme daus les guerres féodales, Icecliâtels comme les villes entourés de remparts, et parce que scigncuiset citadins, tout cet maintenant soumis à l’unique autorité du monarque , grâce au génie du cardinal de Richelieu (dont l’utile despotisme, pour Je dire eu passant, favorisa en secret la liberté publique. )» —Telles sont les réponses de l’auteur aux objections les plus spécieuse· contre son projet Je paix perpétuelle : j'en neglige une foule d'autres qui ne me paraissent avoir rien de bien solide, comme la prétendue corruption des peuples por les sciences, les lettres et le· arts; ridicule outrage fait à l’intelligence et aux travaux de l’homme civilisé; car les moeurs dépravées des soldats oisif· sont toujour· les germes de l’avilissement et de la chute d’un Etat, siasi qu'on levit dans l’empire romain. Je passe également sous silence l’objeo lion que ne manquent paode faire quelques politiques sur les iucouvéuiens d’une population trop nombreuse pour la tranquillité de l’Etat; comme si Ica Européen», enchaîné» sur leur territoire comme les Chinois qui se détruisent quaud ils se sont trop multipliés , n’avaient pas des colonies à feupler, à cultiver, en hommes sages et labor ieux , à la place de ccs mainar eux nègres que nous allons voler sur les côte· d’Afi ique.
Qu’on pèse maintenant dans la même balance les maux qui accablent, qui désolent le· corps politiques, lorsqu’ils repoussent , par un aveuglement déplorable, le beau projet de l’abbé de Saint-Pierre ; qu’on. le· pèse , dis-je, aiec le· avantages qu'ils en retireraient en le mettant eu pratique ; on conviendra , sans doute, que la raison sociale , que les intérêts bien entendu· dea jieuples et de! soi· , la gloire et le bonheur de tous , leur fout uu devoir d’way«· au moins ce grand système politique, lequel n’est, ce noue semble, que le droit des gens réduit eu action, pif la vertu du sentiment d’une morale universelle.
Par quelle fatalité faut-il donc que, jusqu’au dix-neuvième siècle , ce projet de paix et de confédération si juste , si avantageux pour tous, n’ait jamais excité que les misérables risées de nos politiques? Le voici; et cela •era l'éloge de notre bon abbé de Saint-Pierre, qui, avec beaucoup de génie , avait une caudeur de caractère incapable de deviner les secrets liot- ribles du coeur humain. Notre raison, souvent erronée, produit une
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tuelle , leur intérêt apparent. jusqu’à no* jour* , l’a emporté, qüarid ila •ong«ûe<»t ait vain orgueil d'une independence absolue , nu triste pouvoir d’être injuste· et despote· à leur gré ; de'sorte qu'ils aimaicnTtnieu* être soumis aux caprices de h Fortune qui leur dodue souvent de si teni- bles leçon·, q»«’à l’empire salutane de la diète currq>érnne. Tous Je· princes consentaient assurément à régner par la grâce de Dieu ; mais ils ressemblaient à je ne sais quel visìr, qui disait dans eon coeur : « Dieu est bien haut, le sultan est bien loin , et je suis maître ici. » II· protestaient encore dan· leur* édits qu’ils a’intéressaient au bien public, à la. gloire de la nation; mais auraient-ils souffert de soumettre leur· diffère«· à un tribunal ennrême, eux qui pouvaient en trancher les noeuds avpc leur» épée·? D’ailleurs, quelque» bonnes guerre» , faite· par intervalles, n’c- taient-eìles pa» nécessaire·, selon leurs ministres , pour délivrer les Etats de ce» têtes ardente· qui, comme à Home, y eussent excité de* divisions intestine»? Il fallait donc p>u»*<r ver· le» frontière· cette effervescente écume de la nation, pour l’occuper à des conquêtes. En vain Tabla* de Saint-PiciT« et de· sages à court* vue pretendraicnt-ils que les conquêtes affaiblissent le» Etats, en les étendant : les ministre· des princes, meilleur· calculateur», savaient très-bien qu’elles ne ruinent que les peuple· J car des conquêtes à garder «ont un exceUeut prétexte pour lever de nouveaux impôts, et, en rusés économiste·, il· n’ignoraient pi* auui qu’avec des soldats on lève de» imjxjls toujour· croissons jusqu’au dernier ecu. C’est ainsi que les décret· de» roi» de l’Europe ne tendaient qu’à faire la guerre par tou* Ice moyens possibles , sans trop s'embarrasser »'ils étaient les bon· ou le» mauvais génies de l’espèce humaine , et si leur puissance ne serait pas tôt ou tard écrasée.
Aux calculs d’une raison pervertie , à ce» intérêts personnels qui aveuglaient les roi», ejoulou· une foule d’opinions ermuées et de préjugés nuisibles dont 60 composaient le· habitude· sociales des peuples européens j on «era convaincu que cet instinct de justice et de conservation donné à l’bornine porté à h sociabilité , »’était inson»iblement effacé de tou» les cocure. En effet, ce* peuples, et même quelques-uns de leurs philosophes, ont-ils eu une véritable idée du principe et de la fin des corpe politiques? Les institutions des anciens u’oat-clle» pas servi de modèle» à celles des mode-roc·, dans les Etats , »oil raonarclnqucs, soit •rittoemtiques, soit républicains? De tous les peuples de l’Europe, les uns courbe» tous la verge d’uu despote qui «e dit monarque , u’obri»- saient'ils pas , comme Ir» Verecset le» Assyriens, à leurs décret* arbitraire»? Le»*utres .poursuivant les Grecs ci surtout les Romains de leur admiration stupide, «’avaient-iU pas plu» ou nioiu»adopt<: leur» faux •yrtèntcs sur la souveraineté du peuple , la liberté et l’égalité, sur leur gloire destructrice et leur orgueilleuse panilcur ? Les autres enfin , en adoptant une monarchie mixte ou un gouvernement fédératif, comme le» Grec«, fanatique» comme eux de leur exclusive liberté, ne regardaient-ils pe» fe· peuple· voisine , avec un orgueil révoltant, comme des Barbare·? 11 est donc vrai de dire que, dim còte, l'abrutissement de l'esclavage , qui fait d’un peuple de »oldais d’aveugles machines , et que, de l’autre , les fausses idéee et le» abus de la liberté se sont apposés jusqu'à present à ce que le» nations connussent leur* véritables intérêt» *o-
VARIETES.
4îS
«iaux indiques pur h raison politique qui a dicté à l'abbé de Saint-Pierre 8υη projet de paix perpétuelle; projet le plu· beau, le plu· utile qui soit »orti de l’esprit humain.
Maiali, pour le faire adopter, celte raison sociale ne pouvait rien sut k volonté égoïste de· roi· et sur l’eeprit de· peuple·, corrompu par leur» préjugés , qui devait donc briser l'une, et amener l'autre a des idée· plu· saiare? N’eu doutons pas, c’était la force de» chose·, la force de» Té volutions , la force de ce· grand· homme· qui e'élèvenirpour changer la face du inonde. La force dee chose· ! la nature méconnue ne perd jamais aea droite; elle épure tôt ou tard le· préjugé· des peuples dépraves dans le creuset du malheur, et cette paix qu’il· repoussaient, il· l’implorent enfin. La force des révolution· : que voyons-nous dans l'histoire de ces crises terribles? Dca peuples s’armant des débris de leurs chaîne· contre leur· despotes, dei palais embrasé· , des trône· foudroyé·, des dynasties changées ; niai· ces malheureux peuple· , bientôt lasse» de leur· agitationset de leurs fureur·, ou teinrubênt sou· un joug plus inflexible, comme le· Polonais, ou obtiennent, comme l’Angleterre, une constitution qui n’oflrt que le simulacre d’une liberté fondée sur un système de division et de conquêtes. La force de· grands hommes peut encore violemment conduire l’Europe à un état de paix stable : il parut, au commencement du dix-tepiirme siècle, un monarque qui, réunissant les qualité· de l’Àme aux dons du génie, avait conçu un grand projet (celui de la République chrétienne ), dont l’heureux succès, long-temps préparé , mûri dan» le silence, fondé sur les intérêt· individuels de presque tou· le· roi» de l'Europe, aurait exécuté d'avance, eu rabaissant la grandeur colossale de Charlee-jQuiat, le projet de paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre ; ce monarque, c'eet le père de· Bourbon· , c’est Je giaud Henri IV. Malheure uecment pour le icpos du monde , 1« -poignard d’un monstre fanatique trancha la vie de ce bon prince au moment de l’exécution de son projet, et replongea l’Europe dans de· guerre· intermiuables. Malgré ce régicide , toujours est-il certain que la triple force dont je parle agitera plu· ou moina cette partie du mou·le, jnsqu'a ce que aa politique, ramenée aux principes et à la fin de la société, ait pour objet la paix perpétuelle.
Les dernière· année· du dix-liuitième siècle et le· premières dn siècle actuel , si fécondes en grandi événement, ont déjà trop prouvé ce que j’avance· Le monde, après la mort violente du meilleur de· roi», a vu s'élever un Homme extraordinaire, qui a d'abord, dans l'intérieur de la France, retire le trône des ruine» de l'annrchic, brisé les tables de proscription , rétabli le· culte· , indiqué de bonne· loi·, créé de belles imtitutieus , et jeté partout le» ba»es de la grandem nationale ;zil l'a vu cet homme , au milieu de l'Europe, défendre nos droit· à la tête d’uue armée inviociMe , ôter , rendre ou donner de· sceptres . cl Μ foire dire Iirotecteur d’uue confederation de princes, pour le rétablissement de la iberté maritime. Quel· bien* immenses rien ont pis espéré lessale· de» nations aux premier· lui de aa carrière ! Qu’il eût été grand, »’il avait eu l’âme de fleuri IV! Pouiquoi faut-il qu’une ambition vulgaire, dont le Sénie devrait être exempt, l’ait lait aspirera un trône qu'il eût été si beau e céder avec un nouvel éclat, à l'exemple de Munck, · «es antiques héritier» ? Commeat a-t-il pu , s'égarant dan· le» tortueux systèmes de Ma-
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MERCURE ETRANGER.
chia vel, croire He» assassinats politique*, de» crime» de lète-n»tion» nécessaires à Taffermi&teine dl de sa dynastie, lui qui avait bravé nia ga a Dirne ment Ics polpi ardi de se* ennemis ? Par quel inconcevable mépris du droit des gens a-t-il oh', »nus piélextc de faire jouir l'Espagne des lumière» «]e la civilisation européenne, humilier son orgueil , eu lui enlevant se* princes, y porter le 1er et la flamme,y désoler tou te une génération ? Quelle funeste imprévoyance lui a l'ait concevoir et entreprendre des plans gigante μ]ues, avapt de re'tablir la Pologne , et sans mesurer la juste éteoilue de ses moyens? Qu’cst-il arrhé? Le monde a vu ce Héros, abhorré de tons scs peuples, le front ceint de lauriers flétris , s’évader ■ travers les ruine* de la graude-armée engloutie dans les glaces du nord; il Ta vu réunir en vain les restes disperses de scs plia langée dans les champs de Lutzen , s’y Lattre encore comme un lion iudigue' de ses blessure* , refuser une paix honorable, cl tourner contre lui cette confédération que naguère il dirigeait; il l’a vu enfin repoussé vers le* limites de son empire, tralû par le* pi incc» de sa Camille, abandonuc de quelques-uns de »es lieutenant, hoi r d’étal de soutenir le poids de l’Europe , se dessaisir, niais trop tard , du sceptre de Henri IV ; puis se retirer daus une ile étroite , où la Fortune s’etouor de le voir survivre à tant de revers , Ce debout, comme la colonne mutilée d'un graud édifice renversé.
A la faible esquisse de cet homme extraordinaire, qui méconnaîtrait toutefois Napolcon-Buon.-iparte; Napoléon, dont la force politique et g ne nié re eût pu faire de si grandes choses, *i, au lieu de se montrer le tyran des rois et l’oppresseur des peuple», il eut su ménager les intérêts des uns, et gouverner les autres avec plus de justice , afin de le* faire tous concouûr au Lieu général de l’Europe , c’est-à-dire, à la liberté maritime, et à celte paix solide , qui, selon lui, était le but définitif de ses immense» projets. Ou il n’a pas bien connu le coeur humain., ou il a voulu trop tôt achever son ouvrage, en renversant le» obstacles que lui opposait la politique.
Je ne saurais, Monsieur, terminer ccttc longue lettre, sans me demander si, en optimiste, je n'étais pas dupe de mes idées, lorsqu'à l'exemple d’un écrivain célèbre, je voyais «Lus Napoléon, premier consul, « un de ccs hommes que la Providence donne au monde en signe de réconciliation. » (PrÉFaCF. d' Ata La. ) C’est bien possible. et un petit écrit »<tr la défeuse du gcuéral Moreau , dont je hasardai Teu- woi (4), et qui me valut six mois de surveillance, me le persuade assez. Mais je ne pense pas aussi qu’eu pessimiste t il soit rigoureusement juste de peindre le même homme, devenu empereur, »nus le» traite d’un vil despote , « dirigé par les maximes de Néron, armé sans aucun but , du glaire <T Attila. » (De Bonapaivte et de» Bourhoss, p. 3ô.) Napoléon n’a-1-il réellement aspiré qu’a b monarchie universelle? C'est bien assez, pour l’en punir, de le faire descendre de la gloire qui lui e'iail
O) Cella «tcfen.c laaniurrilc fut direlrrernt adreiiéc à N·poi-on lui-même. La police fui charge« air |» riidre de» rtiuuijnomcra» »ar l'auteur aupr. » de Μ. le préfet de I« Gironde , etc. Qu’avais-ic à craindre? Ce» renseigne men*, de raie ot m'être lavonblr»; il· le furent, et la tnrvciüanre inutile ne gêna point ma liberté, Seulement je fu» cxcîiu d» touie« le» piarvi ; c’êlail un petit Btilbrur.
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promise, et «le le ranger auprès de Charles-Quint, etc. Au rette , «nielle qu’ait été l’arrière-peusce Je »a politique , c’est λ l’histoire impartiale à la juger. Pour noue, Français, remercions le ciel que sa chute ait rétabli t sur le trône de Henri IV, Louis le Désire, dont la sagesse , les lumières et la Cermete'raniment toutes nos cspcianccs : Ce lie ilnps-nous encore que la farce btisée <1 un guerrier redoutable ait lait sentir aux potentats élira) es de l’Europe le besoin de celle raison sociale qui devrait toujours maintenir l’équilibre de la balance politique. Les voilà tou· rassembles à Vienne, ces rois magnani nice : Irai peuples atten<L*ut , dans un respectueux silence , les oracles de cr fameux, congrès , dont dépendent leurs f utures destinées. Sans prétendre lever le Vöde qui couvre les accreta de leur» majestueuses décision» , la sage politique de Louis, l'âme généreuse d’Alexand e, et l'intérêt de l’Angleterre, tout fait pésumer que ce congrès jettera les bases d’une paix durable et du bonheur soçÿd j tout donne lieu de croire qu’il eu soi tira un code du droit des gens, fondé sur les principes naturels que ï’sbbc de Saint-Pierre et le philosophe allemand ont rappelé» dans leurs écrits d une manière si lumineuse. Que si, au contraire , contre notre attente, on ne discute dans ce congrès que les intérêts partiels des maisons régnantes, en négligeant les intérêts des peuples, nn ne peut trop le répéter, la triple force des choses, des révolutions et des grands hommes qui s’y rencontrentt va tôt ou tard lutter de nouveau contre lee prétentions des princes, jusqu’à ce que l'arbre du despotisme , dont l'ombrage étouffe la vie et la chaleur , soit enfin arraché de U terre européenne.
J'ai l’honneur, Μ ou sieur, de vous saluer, avec la considération la plus distinguée et la plus respectueuse.
Charles MVLLOT (de la. Giromdb.
Torn. III. — 1814.
3o
Çct^ette littéraires.
ANGLETERRE.
Londres. — MM. A. et C. R. Aikin, ont publié , il y a quelque temps, un ouvrage important, intitulé : Λη account of the most important discoveries , etc.; c'est-à-dire : Aperçu des découvertes et améliorations les plus importantes , faites de nos jours en chimie et en minéralogie· 1 vol. in-4°. Cet ouvrage n’est que le supplément au Dictionnaire de chimie, publié par les memes auteurs , dont le zèle pour la science qu’ils professent mérite les plus grands éloges.
— Μ- William Haies a mis au jour un grand outrage très-curieux, qui a pour titre t A Neu> Analysis of chronology > etc-i c’est-à-dire : Nouvelle Analyse de la chronologie j ou Essais pour expliquer Γ histoire et les antiquités des nations du monde primitif et les oracles qui s’y rapportent , pour reel fier et accorder les systèmes jusqu’ici adoptés Cet ouvrage qui forme 4 vol. graud in-4”., est imprimé d’une manière brillante; mais il coûte fort cher, comme presque tous les ouvrages anglais,
— Μ. Cadell, libraire distingue, a dernièrement publié le sixième volume de l’excellent ouvrage intitulé : The Lives of the Admirals, etc. ; c’est-à-dire : Kies des Amiraux d’Art· gleterre ; par W. Stephenson , auxquelles on a ajouté les biographies des principaux héros sur mer, omises dans l’édition de Berkenhout, depuis la mort delà reine Anne. ·νο). in-8°. orné du portrait de l’amiral Boscawen, d’après le tableau original conservé dans le cabinet de lord Falmoulb. Iæ septième volume de ce bel ouvrage est maintenant sou· presse.
MERCURE ETRANGER. — GA7. LITT, faj
— Le révérend Joseph Berington vient de donner au public > en i vol grand in 4°. l’ouvrage suivant : A Lite· rary History of the Middle Ages, etc. ; c’est-à-dire : ZZw- iwrt Littéraire du Moyen, Affi, contenant un aperçu, de i'état des sciences , depuis la fin du règne d’Auguste , jusqu à leur renaissance dans le quinzième siècle. Cet intéressant ouvrage qui remplit 143 pages, a obtenu tout le succès
qu’il meri te (1).
—Μ. A. J. Valpy, membre de l’université d’Oxford, et l’un des plus savana imprimeurs de Londres (2), a publié récemment un grand nombre d’excellcos Ouvrages, dont voici les principaux :
I.
Fri gi li i opera, in usum juventutis ; 1 vol iu-8°. Celte édition est également jolie et correcte; Μ. Valpy a mis à contribution celles de Burmann, Heyne et autres.
II.
Ciceronis de Amicitià et de Senectute ; 1 vol. in-8e*. L’éditeur a suivi le texte d’Ernesti. L’om rage est accompagné de toutes les notes et citations de ce célèbre philologue, de son index latuius, et des observations critiques dé S. Brotier.
HI. Classical and SiblicaI recreations,etc, ; c’est-à-di re : Récréations classiques et bibliques, contenant un commen- taire critique et explicatif de la Germania de Tacite ; des observations sur les éditions de MM. Monk et BlombÎield , et d’autres articles de critique classique et bibliques ; par E‘. H. Barker, membre du collège de la Trinité; etc. 1 vol. in-β®. imprimé avec beaucoup d’élégance.
IV. A History of Windsor, etc.; C’est-à-dire: Histoire du château de Windsor et de ses environs, 1 vol. grand- iu-4°. Cet ouvrage imprimé avec beanco rp de soin, faîtlç plus grand honneur anx presses de Μ. Valpy. Ce savant et ingénieux imprimeur est sans contredit le seul en Angleterre qui puisse rivaliser avec le célèbre Didot. L’ouvrage
(1) Μ. Bmilatd vient de traduire en français IVmvrag* «Je VT. Herington; Le premier volume de celte traduction parati eo ce moment.
(a) Μ. Valpy est l’éditeur du Classical Joüuxax, ouvrage dee·· tine à entrrlcuii le feu mclc de la belle littérature.
•Ia8 MERCURE ETRANGER.
est orné d’un grand nombre de gravures supérieurement exécutées.
V.
Memoirs of général Moreau, etc.; c’est-à-dire : Afé- moires du général Moreau, più liés par John r'hi lippa rt. i vol in-8''. Cet interessant ouvrage est dédié à K.ponse de ce héros de France, et il est accompagné de son portrait, d’après un tableau tait peu de temps ava.it sa mort il contient une copie exacte <ie sa dernière lettre à Madame Moreau; une carte, et un plan du fameux siège de Kehl, et du passage du Rhin en 1796 La biographie offre eucore la relation de la grande retraite faite en 1796 avec l’année du Rhin et de la Moselle ; et plusieurs circonstances de la vie de cc grand capitaine , depuis son départ de l’Amérique jusqu’à la bataille de Dresde.
VI.
Geographical and historical Dictionary, etc. ; c’est-' à-dire : Dictionnaire géographique et historique de l’Amé· rique des Indes occidente lta>, entièrement traduit de Γespagnol du colonel dòn Antonio de Alcedo f et accompagné d’un grand nombre d’additions extraites des voyages et rapports authentiques, modernes ; par G. A Thompson , 5 vol. in-4°. Cet important ouvrage j qui honore lu littérature espagnole , â obtenu dans toute L’Angleterre, un.grand succès. Les additions du traducteur sont généralement fort intéressantes.
— Le célèbre James Forbes a publié, il n’y a pas longtemps la relation de ses voyages sous ce titre : Oriental Memoirs : Selected and abridged from a series of ft miliar letters written during seventeen years residence in India : including observatio ns on parts of Africa and South America, and a narrative of occurences in four India voyages, h vol. · grand in-4*. Ce magnifique ouvrage est corichi de planches d’une beauté parfaite. L’auteur résidait en France, il y a Suelqucs années, comme prisonnier de guerre. Il témoigne ans sa préface beaucoup Je reconnaissance à l’Jnstitnt qui, sous le gouvernement de Napoléon, avait puissamment contribué à sa liberté, accordée par un décret spécial de l’exempereur..
— Voici quelques détails sur la colonie écossaise de Karras, près du Caucase : ils nous- sont transmis par un
GAZETTE LITTERAIRE.
42g voyageur qui a visité, depuis peu, les sources minérales de celle chaîne de moutagnes :
« La colonie écossaise qui , suivant quelques-uns, porte le nom de Carres, village tartare voisin, est située 6ur le penchant d’une colline près du mont Beiseli to'*. Elle a plus de 7000 desstptiiws de terres labourables , qui sont urrosées par trois rivières, le Podhimot, la Schimucha et Je Tchi· pral· t et trois ruisseaux d’une eau limpide, qui descendent du Betschtow 11 y a dans la colonie trente-cinq maisons et une église. Elle compte cent quatre-vingt-huit habitans des deux sexes, parmi lesquels se trouvent six familles écossaises, trente allemandes; six familles circassiennes baptisées, et une famille tartare. Quoique les habitations des colons ne se distinguent pas des chaumières des paysans du pays, elles sont cependant propres et pourvues de tout ce qui est nécessaire pour le ménage. Presque toutes ont des jardins où se trouvent des cerisiers, des pruniers et d’autres arbres, qui, bien que plantés depuis pende temps, portent déjà des fruits. La vigne y réussit aussi assez bien, de même que le mûrier ; cependant on n’a pas encore essaye d’élever des vere à soie : ce qui serait, si l’on peut y parvenir, d’une grande utilité, tant pour la colonie que pour tout le pays. Λ la demande des Ecossais , le conseiller d’état Malansk*. , gouverneur civil des contrées caucasiennes, a fait venir pour eux, le printemps dernier, de Risia r , toutes sortes de semences qui ont fort bien réussi , surtout celle du coton. Depuis que les colons allemands se sont joints aux Ecossais, on leur a assigné un terrain fort étendu pour cultiver le tabac, les pommes de terre cl les choux. En j8o3, ila été vendu beaucoup de pommes de terre, de légumes, et deux mille puds de tabae, produit par ces plantations. Depuis quelque temps on commence à y Cultiver celui de Virginie avec succès. La colonie a maintenant cinq cents betes à cornes , soixante-sept chevaux, et plus de cinq cents ruches, qui donnent un miel dont le g 04h et l’odeur sont fort agréables. On a établi depuis 1807 des fabriques en cotons, laines de CirCASsie. toiles, etc. Le beurre et le fromage se font à la manière anglaise. Enfin , les Ecossais ont une imprimerie qu’on leur a envoyée d’Edimbourg ; ils impriment en ture, en tartare,
43o MERCURE ETRANGER,
en anglais et en allemand. Dans le premier de ces idiomes À ils ont imprimé cinq cents exemplaires de l’Evangile de S. Mathieu, deux mille cinq cents exemplaire du Tioiivcau- Testamcnt, et plus de cinq mille exemplaires du Catéchisme. On a distribué beaucoup de ces differens {exemplaires aux Mahometans du voisinage et de la Crimée. »
RUSSIE.

Il s’est formé depuis quelque temps, à Pétersbourg, une société mèdico - pkUantropique composée d’un, president, de six membres ordinaires qui ne reçoivent point d’ap- poinlernens. Le but de celte société est, 1°. de soigner à domicile les malades de tout rang , âge, sexe et religion ; a0, de venir au secours en cas d’accidensmalheureux dans les rues; 3°. de combattre la superstition et les préjugés nuisibles; 4°. de répandre l’usage de la vaccine; 5°. de prévenir la propagation des maladies contagieuses; et 6°. de former des éta- blisscmens d’instruction pour les sourds-muets, et autres institutions de bienfaisance. Un médecin, chargé de venir au secours des malades, est placé dans chaque quartier de la ville, avec 6oo roubles d’appointemens.
Celte société est sous la protection immédiate de l’Empe- reur, qui donne une somme a4,ooo roubles par an pour subvenir aux frais; le surplus est fourni par des contributions volontaires qui se montent ordinairement de io. à 12,000 roubles par an.
~*-M—******··**·*..
ITALIE.
La comédie le Pygmalion italien par Μ. Apostoli, a été représentée avec succès à Milan sur le théâtre de la Ca.no- biana, On a conseillé à l’auteur d’y supprimer quelques longueurs et quelques scènes languissantes. Le dialogue et le style ont surtout obtenu des éloges.

Μ. Biaminia publié les premiers chants d’un poëmç. épique intitulé Camillo,
LANGUE HOLLANDAISE.
451

L’Or^/r J’AI fièri a été récemment donné à Florence, avec beaucoup de succès. C’est la pièce la plus dramatique > la plus rapide, la mieux coupée du grand tragique italien.

Les Martyrs de Μ. de Chateaubriand vont enfin être offerts, dans une traduction, au public religieux et littéraire de l’Italie. L’éditeur est le libraire Giambattista Orcij de Berga me.

Μ. Michel Léoni} de Parme, a commencé à publier à Florence une traduction nouvelle des Tragédies de 8har tespeare.
( Lo Spettatore. )
SUÈDE.
Extrait d'une lettre de W. Ayel Silverstolpe, membre de Vacadémie des sciences de Stockholm} à Μ. Cattcau Calle- ville f membre de la même académie.
Stockholm, xa septembre )8i4.
Vous savez peut-être qu’un de vos amis, le baron de Ro- senhane est mort ; son dernier ouvrage intitulé : Mémoires pour servir à V académie des sciences de Stockholm 9 en suédois, vous sera envoyé par cette académie. Pour moi, malgré de nombreuses occupations étrangères à la littérature, je ne suis pas resté entièrement oisif dans ce dernier genre. Les ouvrages de ma composition , qui ont paru depuis l’année 1809, sont, 1° Etudes pour s'exercer à traduire du français en suédois j d'après une méthode nouvelle ; Tun volume de poésies suédoises; 3° Théorie d'un nouvel alphabet pour la langue suédoise ; b* Traduction de la Constitution , oa Fórme de gouvernement de Suède en français; 5° Discours sur la vérité et la justice considérées comme les bases principales de l'éducation morale de l’homme, en suédois, lu dans une séance publique de l’académie des sciences ; 60 Développement des principes fondamentaux de la constitution suédoise, en français et en suédois; 7’ Développement nou-
t
45s MERCURE ETRANGER.
veau des principes fondamentaux de la Grammaire générale «n suédois; 8- Ί'raditelion de la Vie d’Agricola de Tacite, en suédois. Ce qui m’occupe pour le moment, c’est une grammaire française pour les Suédois, d’après une méthode nouvelle et basée sur mes principes de grammaire générale.......
Les mauvaises traductions de mauvais romans, qui nous inondaient il y a quelques années , commencent visiblement à disparaître, et des traductions d’ouvrages historiques en prennent la place; ce qui est un excellent échange. Mais ce qu’on a publié le plus , ce sont des livres élémentaires pour les jeunes gens, surtout depuis que le gouvernement a établi une commission pour proposer des réformes dans l’instruction publique. Mon frère , prine'pal du college de Nor- koeping (J/. G. A. Silverstolpe, auteur d’un Abrégé de l’histoire de Suèdef continue ses travaux dans ce genre. Mais l’ouvrage le plus marquant est une esquisse de l’Histoire générale, en deux volumes, avec une carte sans noms du Monde Ancien, et un tableau indiquant au moyen de lignes plus ou moins larges et coloriées, l’origine et lee vicissitudes des Etats. L’auteur de cct. ouvrage est le comte Schwerin, doyen de l’église de Sala, en "Westmanîe. On parle beaucoup de deux ouvrages nouveaux de Μ. Berzelius , membre de l’Académie des sciences , qui continue ses expériences avec beaucoup de zèle et de succès... L’Académie suédoise des dix-huit découvre quelquefois des poêles , et en dernier lieu,elle a donné des encouragemens à MM. Thegner, Granberg et Gravander. L’évêque Lehnberg est mort il y a quelques années ; scs sermons qui ont paru en trois volumes , sont extrêmement recherchés. Le Recueil des Mémoires de l’Académie suédoise est maintenant complet jusqu’à l’année 1801 inclusivement; les matières qui restent, formeront un nouveau volume, qui s’étendra jusqu’à l’année 1813.... Depuis l’année 1801, où le journal demon frère cessa, nous n’avons pas eu de journal permanent littéraire jusqu’à l’année dernière. Depuis cette année, il en paraît un à Upsal. Quoiqu’il soit rédigé par des hommes instruits, il ne pourra obtenir un succès général, tant qu’il continuera sur le ton exclusivement allemand en philosophie et littérature Les rédacteurs semblent cependant commencer à devenir plus équitables.
I
GAZETTE LITTERAIRE.
453
Extrait d'une lettre de Μ Bioerkegren , bibliothécaire du roi de Suède à Μ. Cat tea u-Cal le ville.
Stockhom, septembre î8i$.
L’année passée, le prince royal a acheté la collection des manuscrits de feu l’eveque N or din, et en a fait présent à la bibliothèque de l’Université d’Upsal. Celte collection précieuse pour l’histoire du Nord, forme a )oo volumes. Le catalogue de la bibliothèque d’Upsal vient d’etre imprimé en deux volumes. Μ. A. fceliu. démonstrateur de botanique à Upsal, a été nommé professeur de médecine : c’est le même qui a fait le voyage à Sierra Léona , dont la relation est achevée en manuscrit. Il a été remplacé comme démonstrateur, par Μ. Waldenbergy connu parses Voyages en Laponie, et qui, en dernier lieu, a voyagé en Suisse. La faculté de philosophie vient de perdre le professeur Hoyer, qui a écrit plusieurs ouvrages sur la philosophie de Kant. Μ. Sioeborg, professeur à l’université de Lund, a été chargé de faire un voyage dans ce pays pour examiner les anciens mouumens, et pour prendre les mesures nécessaires pour leur conservation.
AMERIQUE.
Extrait d'une lettre adressée à Μ. D. B. W. à Parti, par Μ. le docteur Mitchill, de New-York, datée le 13 juillet 1814.
« Je me suis occupé depuis quelque temps de faire une description des poissons de New-York, et des parties voisines de l’Amci ique au nord. Quoique presque toute ma vie j’aie habité une région maritime , et beaucoup aimé la pèche, je n’avais aucune idée qu’if y eût tant d’espèces de poissons que j’en ai constatées. On ne pouvait pas espérer de trouver dans une colonie établie, il y a deux siècles, tant d’espèces inconnues des naturalistes de la mère-patrie. Les espèces et les variétés montent à cent vingt-quatre, cl il y en a beau-
454
MERCURE ETRANGER;
coup que nous n’avons pas encore trouvées. Je promets qu’il y en a cinquante que je ne pourrais trouver ni dans l’ouvrage de H loch (collection ae Paris), ni dans la Zoologie générale de Shau>.
« Je me propose d’étendre mes recherches sur le meme sujet. Déjà j’ai fait une esquisse de nos animaux cétacés ; j’ai commencé les crustacés , et ce qui sera plus difficile, je décrirai ensuite nos testacéstx nos mollusques. Déjà j’ai recueilli environ soixante-dix espèces de ces derniers.... Je publierai, dans le courant de l’hiyer prochain , le résultat de toutes mes recherches ».
— On publie à New-York un ouvrage périodique , intitulé : The Analictic Magazine, qui contient la critique des journaux d’Angleterre. Le rédacteur y ajoute quelquefois des articles nouveaux relatifs aux Etats-Unis, et particulièrement aux combats sir mer, d’après lesquels il fait voir que les Anglais ont été battus à forces égales.
1æ rédacteur qui est aussi probablement l’auteur de ces articles , est Μ. Izving de New - York , jeune homme plein de talents , ainsi que l’ont reconnu les Anglais mêmes dans l’ouvrage périodique , qui a paru pendant quelque temps à New-York , intitulé : Salmagundi. L’AruilecticMa· gazine, a commencé en janvier 1815, et paraît tous les mois, 11 est très-bien imprimé.
— Muhlenberg, ministre protestant, à Lanca s tre , en Pensylvanie, dans les Etats-Unis, vient de publier un catalogue des plantes de l’Amérique du nord , classées d’après le système sexuel de Linné. Cetaàgw? plantarum America; septentrionalis hucusque cognitarum indigenarum Λ etc., in-8" pct. p. na.
Ce savant botaniste, né en Allemagne, et connu par lee botanistes de toute l’Europe, a fmi cet ouvrage en i8oq. Chaque page est divisée en cinq*colonnes : la première cODr- tient la description du ca/«?e;la deuxième, celle de la corolle; la troisième ,ie nom systématique; la quatrième, le nom anglais, en vulgaire; la cinquième renferme le nom du paysoù la plante croît, ainsi que le temps de sa floraison.
GAZETTE LITTERAIRE*
435
Le Medical Repository de New-York se continue avec succès. Les rédacteurs sont MM. les docteurs MUMU, Raocalis et Ahedy. Cet .ouvrage a conimene· en 1797, et depuis· cette époque, il en a paru un numéro tous les trois mois. Le prix est de trois piastres par année. Cet ouvrage comprend non seulement la Médecine, mais encore la Chimie , et {'Histoire Naturelle.
— Monsieur Rodman, avocat distingué, à New-York, dans les Etats-Unis, vient de publier une traduction en anglais du Code de Cotnmerce de France, avec les motifs, ou les discours des conseillers d’état prononcés devant le Corps-législatif pour éclaircir les principes et les règles de ce Code. Pour plus de lucidité, il y a ajouté des notes et une table des matières. Ccl ouvrage est sorti de la presse de Μ. B. Willey, en 1814. 583 pages in-8.
Dans sa préface, le traducteur observe que, quelle que soit l’opinion des individus sur le gouvernement actuel de la France, sa stabilité et sa durée; quel que soit le résultat definitif de la puissante coalition actuellement formée contre elle, et quoique l’étoile de sa gloire ait perdu de son éclat, néanmoins aussi long-temps que la société civilisée existera; tant que la raison, la vérité et la justice seront appuyées, les Codes de l’Empire français, ces monnnoens honorables de la jurisprudence , qui sont établis par les talens et la sagesse de cette nation, dureront et répandront sur leurs auteurs la gloire la plus durable.
Dans un siècle éclairé, où l’amour des sciences, des lettres s’est conservé, ce sentiment d’admiration et de re- connoissance dé à ceux qui ont eu part à celte conservation, et qui ont fait naître en dépit des troubles dont ce siècle est fécond, le bonheur public et particulier, et qui, par leurs exemples, oui maintenu la morale et les moeurs; ceux-là, dis- je, mériteront dans tous les temps et chez tous Jes peuples, un tribut d’éloges qu’il sera doux de payer à leur mémoire lorsqu’ils ne seront plus.
Si le ('oile qui se présente à nous, est celui de Georges, de Napoléon, ae Frédéric qu $ Alexandre , pourquoi n’exa- jniuerions-nous pas ses principes et son but? 11 peutcontenir quelques découvertes, quelques réglemens importans qui,
436 MERCURE ETRANGER. — GAZ. LITT, au lieu d’être incompatibles avec nos Ιοίβ, pourraient servir à les enrichir et à les améliorer? Qui osera affirmer que notre jurisprudence est déjà élevée à sa perfection ? Qui la jugera suffisante pour les demandc^Se la justice et les besoins de la société? »
La traduction de ce Code est très-bien exécutée : elle est fidèle, et indique que ce littérateur distingué a bien profité de son séjour à Paris, pour acquérir une connaissance profonde de la langue française.
Le texte est imprimé en regard pour donner la facilité aux avocats d’avoir recours à l’original, et aussi pour Futilité de ceux qui ne sont pus dans la langue française.
Si le travail de Μ. Rodman est approuvé (ce que nous ne pouvons mettre en doute), il se propose de publier le Code Napoléon et le Code de procédure civil avec les motifs.
— On a publié à Nevv-Brunswic (Amérique septentrio- • naie), une seconde édition de l’ouvrage de Μ. Charles With , intitulé :
Ærooy on the causes of the variety of complexion and figure in th* human species, etc. Essai sur les causes de la va riè té de la constitution et de la forme humaine, voi. de 412 pages gr. in-8·.
L’ouvrage se compose de plusieurs lectures faites à la société littéraire, philosophique de Menchester. La nouvelle édition a été augmentée de quelques fragmens du discours de lord Kaim&ur la variété primitive du genre humain, et d’un appendix de Samuel Stanhope Smith > président du college de New-Yersey.
*— Μ Hugh Williamson a publié à New-York e n 1811, un ouvrage contenant des observations sur le climat des différentes parties de l’Amérique, vol de 200 pages in-8·’.
Cet ouvrage doit servir d’introduction à Y Histoire de la Caroline septentrionale que l’auteur se propose de publier. Le climat de l’Amérique y est considéré sous differentes latitudes, et comparé avec les latitudes correspondantes de l’ancien contiuent. L’auteur a ajouté des observations sur la différence de la constitution physique du genre humain, et une notice sur les habitans primitiis de l’Amerique.
TABLE
DU TOME TROISIÈME. — 1814.
MERCURE ÉTRANGER.
LANOUE ALLEMANDE.
Page» Léomora , noënae allemaod de Μ. Rurgher. «.................................38
Traité «lu Hroit «le» gens; par Kant...........................· · ^ c i8î
Alrxurt Dora, élégie- de Goethe................................................. . ig5
Traduction de deux oJe» de ^chiller : la Résignation t et
l'Entree du dix- neuvième siècle........................................ . jGç
Elegie Mir la moti d'ntie jeune fille, tfâdirte de Η·>εΙΐγ. . . . a?6
La Dignité de* femme» — L‘Esperance.— Morceaux traduits de
Schiller......................................................................................................3a$
Sur les rapnorr» «les force· organiques entre elles , dans la série
d«*s differentes organisations, «ansi que sur les lois et 1rs. conséquences de c«k rapports; par Charles-Frcdcrio Klcmeyer 38a
Λ Napoléon le conquérant j ode traduite de l’allemand. . . 4υ^'4°9
LANGUE ANGLAISE.
Coup d'oeil sur 1 s temples circulaires, etc. ; extrait d’un ouvrage
-inglaib de J«»bn Britton ...............................................................
Revu· u.- quelques ouvrages nouveaux , publiés en Angleterre. . Plainte à Γ Amour j de Malier. .......... Revue oc quelques journaux littéraire» anglais. ...... Observation·, sur la topographie de la plaine de Troie........................
Mémoires du Prince de Galles. ..........................................................
17
atio
261
3i6
3ao
LANGUE ESPAGNOLE.
La Prophétie du Tage , par Francois-l.ouis de Léon. . . .
Lettre insérée dans la Sentinelle île la Manche t traduite de l’es-
9?
a5?
LANGUE ITALIENNE.
Abrégé de TbisLoire d’Italie....................................................................
96
»
438
TABLÉ.
• 92
Ibid . 171
De Titnmortalité de Pâme....................................................
Mémoire sor la terre de Montrcaiini, etc. ■ . . . f
Le Paradis prrdu ; ir duil par Felice Mariottini. . . . . · 165
De quelques nuteurs de Nouvelles , peu connus hors de l'Italie. 168 Μ ou ve Ile de Pietro Fariini. . . . .
Traduction de Pintore/«41 frPo du Tasse
Les Nwrs d' \sclusa et dr lìappar ; poème de Çiuseppe Romani 24$ VOri»«ne de h Poésie ; fabk par le muiie. . .......................
La kide -, poème <|. Μ. Carlo Boita......................................3ox
A Egèrie ; imitation de Mét.iataae............................................................3ia
Traduction de quriques sonnets . ......................................... . 3lî
Actions navales de la Monarchie angldsr. . depuis le grand Alfred jusqu1· ces derniers temps. p »ënie italien de Stephano Egidio Petroni. .......................................................... 4ltf
LANGUES ORIENTALES.
Lingue chinoise — Notice sor une traduction inédite de Confucius,
par *1· Abel Renouai. ................................................... 3
Plan d'un Dictionnaire chinois , par le même...........................................?3
Dictionnaire chinois-français, par Μ. de Guignes..................................79
Mémoire sur l’origine et 1rs progrès de* Turcs, des Kurdes, etc ;
extrait d'un ouvrage manuscrit de THistoire Arménienne· par
Μ. Ctrbied, professeur d'arménien............................ 368
Lilterature grecque moderne. — Notices de qucLqucs ouvrages de
littérature indienne, publiés au Bengale. (Suite.). . . 146-S98 La ï'iomédiade, poeinc épique........................«.................................13
.Rhétorique d'après les plus célèbres rhéteurs ; par Neophyto»
Bombar........................................................... ...................................85
Langue persane — Gaze), ou chanson erotique de Sady. . . 17
Traduction de diverses poésies d'/idfit..................................................80
Littérature arabe.— Poésies fugitives ......... 85
L’Amour fraternel ; traduction de l’arabe...........................................161
Observations sur les Mille cl une Nuits..............................................317
LANGUE UÎBRALQUE.
Grammaire hébraïque; par L. P. Setter. . ,................................36^
Littérature hébraïque. — Traduction du prologue d'un poème
hébreu. ...................................................................................................289
LANGUES DU NORD.
Traits remarquables de la vie de Gustave Wasa ; extraits des au-
teors suédois......................................................................................
Analyse d'un drame suédois, intitulé : Suzanne à Babylone. ·. 193 Notice sur Jean Robecki auteur d’un ouvrage sur le suicide. . . ao<z
TABLE.
45g
Pages Fragment d’un poème en bogue russe. ........ .227
Littera lure slave. — Les Colombe! d’Eulizame; poème imité du slave.................................................... 2^2
Amours de Hawgard et de Siguild , fragment d’un ouvrage sur les Skalde·...........................................................................................3a8
LANGUE HOLLANDAISE.
Extrait du dernier compte rendu par 1er quatre classes de lins· litui d’Amsterdam. · .............................................................112-174
YARlArfa»
Sue les voyages d’AII-Bey eu Afrique et en Asie................................
Notice sur le plus grand quadrupede du monde. ...... Notice sur la bibliothèque et les collections de Μ. Banks. . . .
Notice sur Joseph White, docteur en théologie, et professeur d’arabe dans l’uni versi té <1’0 iford. . . <.............................
Notice sur Benoit Solari, évêque de Nòli............................................
Notice sur les principaux ouvrages de Savary...................................
Notice sur la ville de W’asin^thoo........................................................
Nécrologie. — Notice sur la vie et les ouvrages d’Ifland , auteur allemand.........................................................
Lettre de Μ. Mullot (de la Gironde) à Μ. le rédacteur du Mercure Etranger. ...........................................................................
4i6
4*7
GAZETTE LITTERAIRE.
Allem acme. — Eloge de La Grange, prononcé dans l’académie
de Berlin. ........................................ 70
Ouvrages nouveaux.......................................................70, j$o, 287, 307
Liste des ouvrages de Kant. . ·.......................................................209
AmÉsiqoe. — Publication à Philadelphie d’un poème intitulé :
La fiddeur Suisse....................................... . 36o
AwGLLTeaax. — Ouvrages publiés, en i8i5, à Londres, Edimbourg,
etc. .......................................................................64, 135, 3ri
Notice sur le major Ouseley.................................................................283
Anuonce d'une traduction , en chinois, de l’Evangile de
Saint-Marc èt des Actes des Apdtree.................................................555
Extrait d’une lettre relative a frluDgo - Pirck. ... . . 356
Ouvrages publics en 18t t........................................................ 3.6
Scisse.— Ouvrages nouveaux....................................................................7t
Exposition des objets des beaux-arts à Zurich..................................14a
Kvssie.— Ouvrages nouveaux. ·...........................................jr , 36o
Acquisition faite, par S. Μ. l’empereur Alexandre, du cabinet
d'histoire naturelle du célèbre Pallas. . ·..... 35q
»
b

44o
·/
41>8
36o
’45 ’4Î
430
357 publiés (Uns coite tille...................................Ibid
*>kara, en Wc.slr o- tibie , d’un grand nom-
35g
43<
431
'7--·<·’γ'·
. TABLE.
. r*5e»
Forowû<n>, a P^Ursbnurg , d’une société mèdico - philanlm- f)iquei.......................................................................................................
Italie — Ouvrages noureunx.................................. 71,
Jugement du concours dramatique institué par le roi de Naples......................... . ................................................................
Programme d'un concours ouvert par l’académie della Crusca. Prwniclions drarnatqirts. ..._·.···............................·
iati £ de. — M«>rt dt» célèbre sculpteur ^urdnis Sergcl. ....
Ouvrages nnuvesnxpubliés dASSH^tte ville................................
Décru*erte faite à-bka bre de looeb’atiT. .
Extrait d’rfbe lettre de Μ. Ayel Silverstople à Μ. Catteau- Catt· ville........................................................................................
FxLraitd'une lettee de Μ. Bmerkegren au même...........................
Amérique. — Extrait d’une lettre de Μ. le docteur Milchill. . Ibid Ouvrages nouveaux publiés à New-York età Laucastre- · · 4^4
X
I
f
f
FIN DU TOMB TROISIÈME.
DE L’JMPRIMERIE D’À. ÉGRON.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le