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1793, 07-08, t. 4, n. 101-103, 105-109 (6, 13, 20 juillet, 3, 10, 17, 24, 31 août)
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LIBERTÉ , ÉGALITÉ.
( No. 101.
)
fift. Lijn K be
SAMEDI 6 Juillet 1793
l'an
deuxieme de la
République.
MERCURE
FRANÇAIS ,
2.
HIST OR I QUE
POLITIQUE
ET
LITTERAIRE.
Tous les Livres , Cartes , Eftampes , Mufique
& Arts divers , doivent être adressés au Citoyen
la Harpe , rue du Hasard , nº . 2.
Le prix de
l'Abonnement eft de 36 livres
frante de port.
CALENDRIER
POUR L'ANNÉE 1793 .
Juillet a 31 jours & la Lune 30. Du premier au 31 ,
les jours décroiffent , matin & foir , de 29 minutes,
JOURS J. PHASES
du NOMS DES SAINTS . del de la
Mois.
lundi Martial , évêque .
Tems moyen
air Midi vrai .
L. LUNE H. M. S.
24
mardi La vifitat . de la Vierge. 25
3 merc. Anatole , év . de Laodic . 26
4jeudi La tranflat. des . Martin. 27
Svend. ste. Zoé , mart . à Rome. 28
6fam. Tranquillin , Martyr.
77 D. Aubierge.
Slundi ste . Elifabeth , reine .
9mardi Cyrille , évêque .
Iomerc . ste . Félicité .
11jeudi Tranflation de s . Benoît.
12 vend , Gualbert .
13fam. Turiaf , évêque .
148 D. Bonaventure , évêque.
Ilundi Henri , empereur
16 mardi Euftate , évêque.
29
+
3.24
03736
3 47
$3 58
30
4 8
4 18
428
I N. L. 4 37
le 84 4 46
3 h . 42 m. 455
4 du mat. 5 3
S SII
5 18
7 5.25
5 31
991 P. Q. S 37
5 42
5 46
s so
$ 54
$7
39
9
GI
6
17merc ., Sperat & fes compagn . 10le 16, à9
Sjeudi Thomas d'Aq . docteur. (1 h . 3 m.
19 vend . Vincent de Paule , prêt . 12 du mat.
20fam. te . Marguerite. 13
219 D. Victor , martyr à Marf. 14
22 fund . ste . Marie Madeleine. IsIS PL.
23 mardi Apollinaire , évêq. & m.116 le 23,379 24 merc.ste. Chrifline . 17h . 31 m.
18 du mate
45 jeudi Jacques le maj.18 du mate
46 vend . Chriftophe.
17 fam. Georges ,
2810 D.ste . Anne & s , Joachim.
29 lundi. Loup , évêque.
30 mardi Abdon.
merc. Germain d'Auxerre .
19
20
22 le29,2105 59
21 D. Q : 6 I
Ꮎ
23 h.ss £ $7
124)du foir. Po S 54
Jer . 135.
MERCURE
FRANÇAIS
HISTORIQUE , POLITIQUE
ET LITTÉRAIRE ,
PAR UNE SOCIÉTÉ DE PATRIOTES.
Samedi 6 Juillet 1793 , l'an II . de la
République.
BIBLIOTE
POLY
MOXAUENSIS
A
PARIS ,
Au Bureau du Mercure , rue des Poitevins ,
No. 18.
Gravures , Annonces .
Epigramme , Logogriphe .
L'Ami des Lois , Comédie .
TABLE des matieres littéraires , depuis le 4 Mai jusqu'au
CHANSON
29 Juin 1793.
HANSON à Madame *** Logogriphe .
Catherine , ou la Belle Fermiere , comédie ,
Musique..
Conte : Suite des Souvenirs du coin du feu .
Vers à M. Dumouliér .
Enigme , Charade..
Maximes et Pensées , par Charles Pougens.
Σ
• page
3 .
4 .
ibid .
6 .
49.
ibid .
50 .
57 .
97 .
98.
Musique , Spectacle .
Traduction de la IIe . Elégie du IIIe . Livre de Tibulle ...
Charade , Enigme , Logogriphe ..
Vues sur la réformation des Lois civiles , parJ. P. Agier .
Géographie , Gravures , Annonces , etc....
107 .
145.
146.
148.
152 .
Spectacle....
154.
Chanson , Charade , Enigme.. 193 .
Logogriphe ..... 194.
Virginie , tragédie , par le Citoyen Laharpe . 195 .
Annonces , Spectacle ..
201 .
La raison du Buveur ... 241 .
Charade , Enigme , Logogriphe ..
ibid .
Des qualités et des devoirs de l'Instituteur public ,
par P. V. Chalvet ... 242 .
Gravure , Spectacle ...
247 .
Corancey aux mânes de son fils ... 289 .
Charade , Enigme , Logogriphe . 291 .
Les Préjugés détruits , par J. M. Lequinio .. 292 .
Spectacle.... 298.
Pétition des jeunes filles de Sancy .
337.
Charade , Enigme , Logogriphe .
339.
Voyage en France , par Young.
341.
Annonces
346 .
Lettre au Rédacteur , par A. Ximenez . 385.
Charade , Enigme , Logogriphe .
387.
Politique des cabinets de l'Európe , pendant les regnes
de Louis XV et de Louis XVI....
389.
Spectacle , Annonces .
391 .
Bayerische
Staatsbibliothek
München
( No. 101. N° . 101. -
1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 6 JUILLET , l'an deuxieme de la République .
IMITATION
De ces vers de la 2eme . Églogue de Virgile .
Quem fugis , ah demens ! habitarunt dii quoquè sylvás , etc.
Pourquoi , cruelle Églé , fuyez-vous les forêts ?
Les dieux out habité sous leurs ombrages frais .
Long- tems le beau Fâris a chéri ces asyles.
Laissez Pallas se plaire au tumulte des villes,
Aimez , ainsi que nous , et brûlez une fois ;
Vous ne vous plairez plus qu'au silence des bois.
Le lion est suivi du chasseur intrépile ;
Lui-même il suit le loup ; le loup ; l'agneau timide :
L'agneau suit en tout lieu celui qui le conduit ,
Et moi les pas d'Églé qui sans cesse me fuit.
Mars brûla pour Vénus , Narcisse pour lui - même :
Chacun suit son attrait ; c'est vous , Églé , que j'aime.
Voyez ce's boeufs tardifs , au hameau de retour ,
Et l'ombre s'agrandir des derniers traits du jour.
Je brûle cependant d'un feu qui croît sans cesse.
Ah ! malheureux , étouffe une folle tendresse .
Ah ! Sylvandre , Sylvandre , appelle ta raison ;
Mais que peut - elle , hélas !' contre un si doux poison ?
( Par J. LA SERRIE . )
CIBLUT
CHARADE.
BLUI qu'un sort funeste a mis sans mon premier
A bien peu de penchant a faire mon dernier.
Mais il doit oublier pour un moment sa peine ,
S'il voit mon tout éclos sur la bouche d'Hélène .
A 2
-4)
ENIGME.
A L'AIDE de la paille et d'un faible zéphyre ,
Dans les champs de l'air emporté ,
Je plane avec légereté ;
Et l'aréostat si vanté
Que l'on fronde et que l'on admire ,
Me cede au moins l'honneur de la priorité.
Je suis rond comme lui ; comme lui je renferme
Un élément à qui je dois l'activité ;
Si son enveloppé est plus ferme ,
Mon volume est moins grand , j'ai moins de gravité ;
Mais il n'est point de parité ;
Car parmi les dangers que le ballon essuie ,
On sait qu'il peut en feu tomber du firmament.
Lecteur , je suis bien différent ,
Puisque je ne tombe qu'en pluie.
AVEC
LOGO GRIPHE.
VEC six pieds je suis un instrument utile ;
Qu'à la campagne on voit plus souvent qu'à la ville .
Du sage quelquefois je fais l'amusement ;
Je soigne son parterre , et le tiens proprement.
A présent , pour me bien connaître ,
Ami lecteur , décomposez mon être .
Vous trouverez un vilain animal ;
Un des quatre élémeus ; deux notes de musique ;
Un outil nécessaire en plus d'une boutique ;
Un endroit où l'on passe à pied comme à cheval .
Si vous voulez enfin dévoiler le mystere ,
Apprenez que mon fort est de gratter la terre .
Explic . des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 100.
Le mot de la Charade est Rissole ; celui de l'Enigme est la lettre R;
celui du Logogriphe est Bronze , dans lequel on trouve Bonze , zéTO ,
zobe , zone , onze , Noé , Eon , Nero , or.
( 동 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES."
2
Euvres philosophiques de M. Hemsterhuys , 2 vol . in-8 ° . A Paris ,
de l'imprimerie de H. J. Jaussen , cloître St. Honoré ; et se
trouve chez Framart , commissaire en librairie , quai des Augustins ,
n°. 27.
F
£
Sut alb
RANÇOIS HEMSTERHUYS , mort en 1790 , était premier commis
de la secrétairerie du conseil d'état des provinces - unies des
Pays -Bas . Son pere était médecin à Groningue en Frise ; son
ayeul était un érudit très - versé dans les langues grecque et
latine ;
on a de lui des éditions de plusieurs ouvrages des
anciens , de Lucien , d'Aristophane , de Xénophon , etc. , avec
des commentaires estimés des savans . F. Hemsterhuys , marchant
sur les traces de son ' pere et de son ayeul , se consacra
comme eux à l'étude des sciences et des arts , mais particu
lierement à la métaphysique , qui fut toujours du goût des
Allemands ; nation réfléchissante , et qui reunit deux qualités
dont l'assemblage peut paraître singulier , une humeur calme
ét froide , et une imagination exaltée , non pas de cette imagination
qui invente dans les arts , mais de celle qui se pas
sionne pour des illusions sentimentales , et que la contempla
tion habituelle des matieres abstraites conduit jusqu'à l'amour
du merveilleux . C'est chez eux que les rêveries du fameux
Swedenbork et de quelques autres illuminés ont fait une grande
fortune ; c'est aussi chez eux qu'a été composé le roman de
Werther ( 1 ) , qui ne contient autre chose que le développe
ment mélancolique des pensées d'un malheureux amant qui
voit entre les bras d'un autre la maîtresse qu'il comptait épouser
, et finit par se défaire de la vie qu'il ne peut plus supporter.
Cette production de Goethe a un caractere particulier
que vous chercheriez vainement dans aucun de nos romanciers
français , et c'est ce qui fui donne du prix aux yeux des
connaisseurs et des philosophes .
Il n'est pas inutile de considérer de combien de manieres la
même erreur peut entrer dans les têtes humaines , et par combien
de routes diverses , ou même opposées , l'homme peut
arriver au même but , c'est - à - dire à la déraison . On croirait ,
par exemple , que la vivacité française est ce qu'il y a de plus
(1) Intitulé très -improprement les passions du jeune Werther , qui
' en eut qu'une en sa vie , et bien malheureuse : c'est une méprise.
du traducteur. Les Allemands assurent et ils sont croyables ) què le
titre original signifie les sonffrances du jeune Werther et le bon sens
en est d'accord .
2
3. A 3
( 6Y
susceptible de la folie du merveilleux cependant il serait facile
de prouver par les faits que jamais cette folie n'a été parmi
nous que passagere , et que toujours elle tenait ou à l'esprit de
secte, comme les convulsions au jausénisme , ou à l'empire de
la mode , comme le magnetisme , le martinisme , etc. et toutes
ces sottises , après avoir enrichi quelques charlatans qui avaient
profité de la vogue , passaient rapidement ou avec la secte
qui les avait fait naître , ou avec la mode qui faisait place à
une autre . C'est chez un peuple flegmatique et sérieux que
les sciences occultes , la doctrine des esprits intermédiaires ,
l'évocation des morts , etc. se sout comme naturalisées depuis
des siecles , et jouissent aujourd'hui d'un très- grand crédit. La
secte des illuminés embrasse toute l'Allemagne , et l'on sait
que les prodiges du mesmerisme étaient renouvelles non pas
des Grecs qui n'aimaient gueres le merveilleux que dans la
poésie , mais des Allemands , qui vers le milieu du dernier
siecle ont écrit vingt ouvrages que nous avons encore sur ce
même magnétisme animal que l'on donnait aux bons Parisiens,
comme une découverte toute neuve , que les adeptes
devaient payer cent louis .
་
J
Pourquoi des hommes naturellement calmes et même graves,
occupés ou de soins domestiques , ou d'études laborieuses , et
généralement fort éloignés de la vivacite des passions et des
intrigues qui ont toujours agité l'esprit, français , se sont- ils
précipites plus que tous les autres dans la recherche des arcanes ,
dans l'alchymie , dans l'astrologie , dans la démonologie , dans
tous ces rêves de la curiosité ignorante ? Ne serait-ce pas qu'il
faut toujours que l'esprit humain se passionne pour quelque
chose , et s'égare d'une maniere ou d'une autre en cherchant
e qui est hors de lui ? C'est ainsi , sans doute , que l'Allemand
méditatif et bon s'est élancé vers un autre ordre de
choses , vers un monde idéal , et a voulu réaliser dès celui - ci ,
-au moins dans son imagination , tout ce dont nous ne pouvons
avoir aucune idéc . Ce qui le confirme , c'est que la plupart
des personnes attachées à la doctrine des illuminés sont d'un
caractere religieux et de moeurs pures il faut en excepter
les profès qui sont toujours un peu charlatans : le bon
Swedenbork l'était comme un autre ; nous en avons la preuve ,
quoique d'ailleurs il paraisse dans ses étranges ouvrages un
visionnaire de très -bonne foi .
J
Si l'on aa jetté en avant ce peu de réflexions sur les rêveries
mystiques qui ont regné , et qui reguent encore dans ce siecle
de lumieres , ce n'est pas que F. Hemsterhuys y ait donné ,
au moins dans ses ouvrages. Il a écrit en allemand , et il est
extrêmement passionné pour la spiritualité , dont il prétend
même donner une nouvelle théorie , quoiqu'au fond ses principaux
argumens soient les mêmes que ceux de Fénelon , de
Locke , de Klarke sur l'existence d'une cause premiere et sur
l'immatérialité de l'ame , c'est-à- dire , les seuls que l'on puisse
( 7 )
fut
admettre en bonne métaphysique ; encore Locke , plus réservé
que les autres , après avoir affirmé que la faculté de penser
est distincte en nous
de ceсе que nous appellons matiere ou
corps , n'affirme pas qu'il soit impossible , ni contradictoire ,
que la matiere soit organisée de maniere à penser ; et ce doute ,
coupable aux yeux des théologiens , a paru très sage aux vrais
philosophes qui ont senti que nous ne pouvions jamais connaître
les premiers principes des choses , que nous ne pouvions
qu'observer exactement les faits , et en tirer des résultats
physiques ou mathématiques bornés à noue petit globe
et au petit systême planétaire dont il fait partie , et qui est
la limite de nos connaissances , tandis que le grand tout échappe
nécessairement à notre vue ; qu'en un mot , la boune philosophie
consistait bien plutôt à savoir ce qui n'était pas que
ce qui est ; et cela même est beaucoup ; car l'essentiel n'est pas
d'acquérir des connaissances qui certainement vous sont inutiles
, puisqu'elles vous sont refusées , mais d'éviter les erreurs
qui ne peuvent être que nuisibles .
F. Hemsterhuys n'a pas cette circonspection des esprits
justes qui savent ignorer : c'est un homme doué à la fois
d'une imagination extrêmement sensible , comme on le voit
par quelques morceaux écrits d'un style presque poëtique , et
qui se sert d'une dialectique plus subtile que solide , pour
se démontrer à lui -même comme aux autres ce qu'il semble
avoir besoin de croire . Il combat les matérialistes et les athées ,
quelquefois même avec amertume . Au reste il est bon de
savoir que chaque pays a sur ces matieres un ton dominant
déterminé par diverses causes . L'esprit général des écrivains
Allemands et Anglais est religieux : chez les Anglais , la religion
purgée du papisme romain , ne paraît pas trop absurde ,
et de plus fait partie de leur systême politique auquel ils
tiennent beaucoup ; on peut dire même qu'à Londres comme
à Genève , le socinianisme , qui est si près du déisme , a fait
de grands progrès parmi tout ce qui n'est pas presbytérien .
Chez les Allemands , l'attachement à la religion comme au
gouvernement est d'habitude : l'esprit de ces peuples , pai
sible , lent et mesuré , répugne à toute innovation ; on s'en est
bien apperçu par l'opposition qu'éprouva Joseph II aux divers
changemens qu'il s'efforça d'introduire , même à ceux qui
étaient le mieux conçus . A cette disposition naturelle il faut
ajouter l'influence nécessairement puissante du regne aussi long
que florissant de Marie-Thérése , qui fit aimer sa devotion , quorque
minutieuse , parce qu'elle y joignit la popularité et la
bienfaisance , deux choses que tous les hommes sont également
à portée d'apprécier , même sans instruction . La croyance
des peuples est toujours modifiée plus oumoins par ceux qui gouveruent,
et toute la France fut dévote , à commencer par les plus
grands esprits , parce que la piété de Louis XIV, victorieux
pendant trente ans parut un gage de la protection divine , et
A 4
( 8 )
devint dèslors une partie de sa gloire , et parce que cette
gloire le présentait lui et sa cour comme un modele à suivre
en tout . La régence qui rompit toutes les sortes de frein , et
fit tomber tous les masques , permit à la liberté de penser , de
se répandre par - tout à la suite de quelques philosophes , même
de la cour , qui commençaient à secouer le joug. Cette liberté
fut restreinte par l'inquisition jalouse et secrette du cardinal
Fleury , qui redoutait toute espece de force dans les esprits .
Le ridicule et le scandale des querelles du jansénisme dont
on était fatigué , la profonde immoralité de la cour de Louis XV ,
le mecontentement des peuples augmenté par le faste du
cergé , favoriserent cette foule d'écrivains hardis qui sappaient
de tout côté l'edifice des préjugés religieux ; et ces écrivains
étant les premiers de la nation , la mode de l'esprit , alors
prédominante parmi nous , fit de l'irréligion un précepte de
bon air et de bon ton , et l'on fut incrédule pour n'être
pas un sot . Enfin , la révolution ayant mis à découvert l'alliance
intime que le sacerdoce avait contractée avec le despotisme ,
l'un et l'autre ont reçu les derniers coups ; et , c'est parce
qu'ils ne peuvent plus se relever que tous deux ensemble ,
que j'insiste pour que l'on fasse regner le plutôt possible la
religion des peuples libres , la loi naturelle avec la loi répu
blicaine.
Les excursions métaphysiques de F. Hemsterhuys sont bien
loin de ce but ; mais aussi la littérature et la philosophie seraient
bientôt resserrées dans des bornes trop étroites , si elles ne comsidéraient
que nous seuls Français dans le monde ; et la variété
des objets doit être un des caracteres principaux de ce journal ,
écrit pour les hommes instruits , devant qui je me propose
de faire passer successivement tous les genres de connaisances
qui peuvent les intéresser. L'écrivain Hollandais dont il est
ici question n'est pas indigne de les occuper un moment.
Ses études philosophiques ne sont pas à mépriser , et ne
l'ont point rendu étranger aux beaux arts . Il est familiarisé
avec les poètes grecs et latins qu'il cite souvent , et parmi
les différens traités que contient son livre , se trouve une lettre
sur la sculpture qui mérite d'être lue et méditée par les artistes .
A l'égard de sa métaphysique , les idees principales sont
empruntées soit des anciens , soit des modernes , et les conséquences
qu'il en tire tiennent à son systême chéri , c'est- àdire
au desir qu'il a de prouver par des inductions philosophiques
les dogmes fondamentaux de la théologie chrétienne .
Il n'annonce pas ce dessein aussi formellement que Pascal ; il
s'enveloppe dans des théories extrêmement abstraites , dans
une dialectique très - épineuse , souvent même hérissée de formules
d'algebre , à l'exemple de Maupertuis . On l'a reproché
à celui - ci et avec raison. En effet , autant l'algebre a été utilement
appliquée à la géométrie , autant elle est déplacée dans
la métaphysique . On conçoit aisément que la méthode de
( 9 )
calculer par des signes convenus les quantités quelconques ,
comme l'arithmétique calcule les quantités numériques , doit
faciliter et simplifier les opérations de la géométrie , qui considere
sans cesse les rapports des grandeurs , des masses ,
des
vitesses , des distances , etc. dans l'étendue et le mouvement.
C'est avec ces signes si heureux et si simples que la géométrie
peut peser et mesurer des mondes sur un quarré de papier ,
comme l'arithmétique y suppute des milliards, et cette méthode
imaginée par Descartes , suffirait seule pour le mettre au rang
des bienfaiteurs de l'esprit humain . Mais dans la métaphysi
que , où il ne s'agit que des êtres intellectuels et du rapport
des idées , à quoi peuvent servir des signes artificiels ? Sontils
un moyen d'évidence ? Les caracteres A , B , C , pour représenter
des idées , en rendent - ils la connexion ou l'opposition
plus claire ? C'est un petit charlatanisme scientifique ,
qui a l'air de n'adresser qu'aux savans ce qui aurait un mérite
infiniment plus réel , si on le mettait à la portée de tout
esprit raisonnable , comme ont fait Locke et Condillac . Quand
il s'agit de l'existence de Dieu , de celle de l'ame , une formule
algébrique qui ne peut être entendue que de ceux qui savent
l'algebre , vaut-elle deux ou trois raisonnemens clairs et simples
que tout le monde peut comprendre ?
Ce que dit l'auteur de l'amour et du desir , qu'il fait consister
dans une tendance attractive de l'individu à s'identifier
avec un autre individu , est pris de la doctrine d'Epicure , de
cet atomisme , de ces simulacres , de ces émanations qui ont
fourni de si beaux vers à Lucrece . Il en conclud qu'il y a dans
le systéme des êtres animés deux forces opposées qui se combattent
sans cesse , l'une qui tend à l'unité , l'autre qui en
éloigne c'est à peu près la force centripete et la force centrifuge
transportées du physique au moral . Cette hypothese ,
quoiqu'ingénieuse , n'est , comme tout autre , qu'un objet de
discussion sans résultat ; mais l'auteur en trouve un , c'est
que cette tendance universelle doit un jour être remplie , quand
tous les êtres animés seront identifiés dans l'unité qui est Dieu .
Cette conclusion qui n'est pas plus neuve que le reste , l'embarrasse
pourtant un peu , parce que dans cette hypothese les
ames des animaux , qui ont la même tendance que les nôtres ,
devraient aussi être confondues dans l'unité divine . Mais , en
derniere analyse , il n'y voit pas d'impossibilité , et il est vrai
qu'il n'y en a pas ; mais les ames des méchans seront- elles aussi
fondues dans l'unité divine ? ou seront - elles d'abord épurées
pendant mille ans , comme le disait l'école de Pythagore ? On
a beau faire en ce gente , l'imagination des modernes retombe
toujours dans celle des anciens il y a si long- tems que l'on
rêve sur ces matieres qu'il est difficile que les rêves ne se ressemblent
pas.
Dans un autre traité , l'auteur établit une série d'argumens
qui revient en définitif à la doctrine de Pascal ; que le mé(
19 )
contentement habituel de l'homme , dont la pensée et les
desirs ,vont toujours au-delà de ce qui est , prouve une dégra- ,
dation dans la nature humaine , et sa destination pour un autre
ardre de choses. Voilà le péché originel , quoique l'auteur ne
le nomme pas , et l'on sait que par-tout les hommes ont imaginé
que leur espece, avait commencé par être parfaite , et
devait enfin le redevenir. Cette persuasion n'est pas très-mo- ,
deste , et je n'ai jamais compris ce qu'il peut y avoir de com-;
mun entre un être aussi faible et aussi borné que l'homme et;
la perfection. Autant vaudrait dire que nous avons commencé
par être des dieux , ou tout au moins des anges . Platon l'a
dit à peu près il y a quelques deux mille ans et depuis
qu'il l'a dit , ne sommes -nous pas bien avancés ? Il échappe
de tems en tems à l'auteur de singuliers aveux , sans qu'il
paraisse se douter des conséquences ; car sûrement il a écrit
de bonne fois Les religions passant par les mains de tous
les hommes , leurs accroissemens en sont d'autant plus
hétérogenes et monstrueux : par conséquent , il est presque,
impossible de se représenter la religion chrétienne dans toute
" sa pureté , et de se former une idée juste des jours et des
événemens de sa naissance .
Si l'auteur n'était pas mort , on serait tenté de lui demander
comment il conçoit qu'une religion , révélée par Dieu luimême
, prenne des accroissemens hétérogenes et monstrueux , au
point de devenir méconnaissable par la suite des siecles . Quoi !
Dieu n'a pu rendre inaltérable une révélation dont dépendait
le salut de ses créatures ! Que lui a - t-il donc manqué pour
cela ? la volonté ou les moyens ? L'un , et l'autre répugne au
bon sens. Quand F. Hemsterhuys ressusciterait pour répondre
à cette question , je ne crois pas qu'il en viut à bout .
Du moins , il ne flatte pas les chrétiens d'aujourd'hui . Considérez
, je vous prie , de quelle façon ils se conduisent
envers Dieu : ils lui demandent pour eux ou pour leurs
princes une longue vie , des richesses , des propriétés , des
victoires qu'ils ne sauraient obtenir qu'à la charge de leurs
, semblables , qui demandent exactement les mêmes choses
> au même Dieu . Ils veulent lui faire accroire que toutes leurs
" guerres ne sont que défensives , ou qu'ils ne font tous que
prévenir ou empêcher des injustices . Les payens en agis-
> saient plus conséquemment , ea demandant la destruction de
leurs ennemis , chacun à son Dieu tutélaire et national :
» ces dieux pouvaient être mal ensemble. Enfin , ils ne rou-
1 gissent pas de rendre graces à l'Etre dont émane la vie de
> l'univers entier , d'avoir ôté , par ses bénédictions , la vie ,
autant qu'il fut en eux , à un certain nombre de leurs
99 freres . " ,
L'observation est très -juste , quoique cette prose pût être
beaucoup plus soignée , ainsi que celle de toute cette traduction
généralement assez défectueuse . Mais heureusement
•
( FF )
Voltaire nous avait dit , il y a long-tems , la même chose en
vers charmans . Il s'était déja moqué , dans son Dictionnaire
philosophique , de cette coutume bizarre de chanter un cantique
d'actions de graces , un Te Deum laudamus , à chaque bataille
gagnée ou même indécise , et ce qui le choquait le plus , tou
jours le même cantique , monotonie bien pauvre dans une naš
tion si renommée pour les chansons nouvelles . Mais il y revint encore
dans une piece de vcrs intitulée la Tactique .
6.64
Le lendemain matin on les mené à l'église
Rendre grace au bon Dieu de leur noble entreprise ,
Lui chanter en latin qu'il est leur digne appui ,
Que dans la ville en feu l'on n'eût rien fait sans lui ,
Qu'on ne peut ni voler , ni violer son monde ,
Ni massacrer les gens , si Dieu ne nous seconde.
Il faut avouer continue l'auteur ) qu'en regardant l'homme
de ce côté il paraît bien absurde et bien petit . , Hélas !
qui , de ce côté et de beaucoup d'autres . Il ne l'est pas
" pourtant. Heureusement sa petitesse est son ouvrage et la
suite nécessaire du méchanisme de la société artificielle , "
Cet heureusement est bien extraordinaire . Qu'y a - t-il donc là
de si heureux ! et que veut dire que la petitesse de l'homme est
son ouvrage ? La petitesse est dans sa nature , ainsi que la grandeur
relative à sa pelitesse , c'est -à - dire , qu'il est de sa nature
ou bon , ou méchant , ou éclairé , ou absurde ', selon qu'il est
modifié par son tempérament , par l'éducation , par les cir
constances. Mais rien de tout cela n'est son ouvrage : c'est la
suite nécessaire du systême physique et moral dans lequel il est
placé , et non pas du méchanisme de la société artificielle . Ces mots
n'ont point de sens un philosophe aurait dû savoir que la
société n'est ni ne peut être artificielle , parce que la sociabilité et
la perfectibilité sont naturelles à l'homme . Et où a- t - il vu que
la petitesse , l'absurdité et l'atrocité ne se trouvassent pas dans
I'homme le plus sauvage ? Quoi ! la raison ne pourra jamais
faire disparaître ces insignifiantes déclamations ! et on les retrouve
même chez les plus tranquilles raisonneurs ?
Nous avons eu bien des éloges , et l'article nécrologie , où
l'on jelle toujours quelques fleurs sur des tombes souvent fort
ignorées , est consacré beaucoup moins aux morts qu'aux
vivans qui ont la prétention de jetter des fleurs . Mais je ne
crois pas qu'en ce genre on ait rien vu de semblable à l'éloge
de François Fagel , greffier des Etats - généraux , mort en 1772.
On peut assurément appeller éloge , tout au moins , ce que
F. Hemsterbuys appelle description philosophique du caractère de
feu M. Fagel. Je crois de tout mon coeur que c'était un homme
de mérite , qui a bien rempli sa place ; mais il eût fallu nous
dire au moins en abrégé ce qu'avait fait de grand ce greffier
des Etats , dont l'éloge commence ainsi : Les grandes ames
( 12 )
" qui se manifestent de tems en tems parmi les hommes sont-
" des ouvrages de la providence , destinés à une fin qui ne
9 tient pas à ce monde : ce sont des germes qui poussent dans
» l'éternité . » Si la gloire de M. Fagel ne tient pas à ce monde ,
il ne fallait pas en parler dans ce monde : il valait mieux
attendre qu'elle eût poussé dans l'éternité .
Fagel lui-même avoua à ses amis les plus intimes des talens
prodigieux dont il ne faisait aucun usage . En ce cas , c'était
pure malice à lui ; mais en revanche c'étaient de bonnes gens
que ees amis intimes qui croyaient si aisément à l'aveu de ces
talens prodigieux dont on ne faisait rien .
“ Pour les beaux arts , il parut que la nature, l'avait dis-
" pensé de toute étude . J'aurais cru que cela n'apparte-
" nait qu'à nos grands seigneurs de l'ancien régime et à nos
grands écrivains du nouveau . Mais enfin puisque cela est si
commun parmi nous , il n'y a pas tant de quoi se récrier sur
M. Fagel . Ce qui suit est plus remerquable : Son tact était
99 si fiu , son goût si exquis , et la rapidité avec laquelle il
s embrassait un ensemble était si grande , qu'il portait dans le
» moment un jugement dont il ne revenait jamais . » Et sans doute
le jugement etait bon , d'où il suit que M. Fagel était infaillible
: c'est au pape à voir ce qu'il en dira.
Parmi nous l'exagération des louanges se joint ordinairement
à l'emphase des figures et aux convulsions de la chaleur ; mais
ces hyperboles monstrueuses débitées avec le flegme allemand
sont vraiment une nouveauté .
MUSIQUE.
Nouveau cours d'éducation pour le piano , ou collection
de differens genres de Musique propres à l'étude , premiere
partie par L. Félix Despréaux , prix 7 liv. 4 sols , port franc.
Sixieme cahier du Journal de Guitarre , contenant un rondeau
de la Belle-Fermiere , un air de l'Amour filial , un air de
Martini et un de Ducrai Dumenil , prix liv. 10 sols ; l'abonnement
est de 20 liv .
No. 4 du Journal de Violon , contenant deux Duos concertans
; par Cartier de l'Opéra , prix 3 liv .
Tous ces Ouvrages se trouvent chez Porro , rue Tiquetonne
, no. 10.
( 13 )
SPECTACLE S.
THEATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL.
La petite piece intitulée : Le Coin du Feu , donnée dernierement
à ce thatre , y a fort bien réussi . Le cannevas n'en est
pas très- fort ;; ce n'est qu'une broderie agréable sur une gaze
légere , et quoique les moeurs dont l'auteur y présente le tableau
ne soient plus à l'ordre du jour , le sentiment qu'il y développe
a suffi pour en assurer le succès .
et
Un mari volage , un homme à bonnes fortunes , de la
classe de ceux qui formaient autrefois le grand monde , époux
d'une femme charmante , qu'il néglige pour des beautés subalternes
, obtient un rendez - vous d'une certaine Chloë , à laquelle
il fait sa cour. Le billet qui le lui indique est sans adresse ,
par une méprise de Suisse , il tombe entre les mains de sa femme,
qui désolée de son infidélité , sent que le meilleur moyen d'enchaîner
un volage est de lui plaire de nouveau . Elle l'attend
donc sous les armes de la coquetterie , sans lumieres , du coin
du feu. Ce moyen lui réussit à merveille ; elle n'a jamais paru
si charmante à son mari , qui lui sait gré d'ailleurs de substituer
des carresses aux reproches dont elle pourrait l'accabler.
Cette scene voluptueuse , mais décente , amene un dénouement
gai ; la lumiere est apportée par un petit - cousin de la
dame , qui avait un intérêt fort opposé à ce raccommodement.
Cette piece , écrite avec grace , est du citoyen Favieres ,
auteur de Paul et Virginie , et connu par d'autres succès .
La musique est du citoyen Jadin , dont les talens depuis
long-tems sont chers aux amateurs , et à qui il n'a manqué
jusqu'ici , pour les faire connaître universellement , que des
paroles plus heureuses . Quelques morceaux offrent peut- être
plus de travail que n'en comportait le sujet , mais on en trouve
plusieurs autres d'un mérite très - distingué ; tels que l'ouver
ture , une espece de rondeau très - bien chanté par le citoyen
Michu , un duo de sommeil parfaitement exécuté par le citoyen
Mainier et l'aimable Rosalie , etc. Le duo du raccommodement
ferait aussi beaucoup d'effet , s'il était un peu moins
long , et s'il n'était au milieu d'une scene dont on voudrait
ne perdre aucune parole .
Il suffit de nommer les charmantes actrices Saint-Aubin ,
Carline et Rosalie , avec les acteurs déja cités , pour donner
une idée de la parfaite execution .
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ON
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 12 juin 1793.
N mande de Pétersbourg , en date du 21 mai que fa
princesse Louise de Bade a été fiancée solennellement ce
même jour avec le prince Alexandre , fils aîné du grand- duc
après avoir adopté la veille la religion Grecque , sans laquelle
elle ne pourrait devenir impératrice , et avoir pris le nom
d'Elisabeth Alexiewna . Le nouvel envoyé de Pologne
comte Wielohorsky a eu avant-hier une audience de l'impé
ratrice dans laquelle il a remis ses lettres de créance . On ne
sait pas
bien précisément quel est l'objet de sa mission . Mais
ce qu'on sait bien positivement , c'est que la confederation générale
de Grodno a chargé son ex maréchal le comte Felix
Potoki , toujours résident à Pétersbourg de mettre sous les
yeux de la Czarine l'état des dettes du roi qu'il lui est absolument
impossible de payer dans l'état actuel des choses .
Dans le fait ce serait aux trois puissances co- partageantes à
les acquitter , puisqu'elles se sont emparées de presque tout
-ce que possédait ce malheureux prince non - seulement comme
roi , mais même comme particulier. Car on assure que ses
domaines sont compris dans l'envahissement. Cependant les
créanciers de Stanislas ne s'attendent point à cet acte de justice
qu'ils appelleraient volontiers de générosité. Que de têtes
couronnées , indignes de porter le bonnet rouge , mériteraient
au contraire d'être coëffées du bonnet verd . Les exemples
de rois banqueroutiers frauduleux ne sont pas rares dans
T'histoire . Il y a pourtant un excellent argument à produite
en leur faveur . C'est de droit divin que ces maîtres du monde
emportent le capital et les intérêts aux malheureux prêtears .
En effet , images de Dieu , représentans de Dieu , presque
Dieux sur la terre , les rois sont une seconde providence .
Or , qui a droit de se plaindre de la providence lorsqu'elle
permet que les moissons et le champ même qui les portait
s'engloutissent dans un abyme . Tous les théologiens de Salamanque
, de Varsovie et de Pétersbourg vous diront qu'il ne
vous reste qu'à vous écrier avec résignation dans ce dernier cas ,
Deus dedit , Deus abstulit , et dans le premier , nos ames sont
à Dieu , nos corps et nos biens , au roi. Cette même confédération
a cassé tous les sénateurs et ministres nommés à
-
l'époque du 3 mai 1791 ; elle a assigué par décret un délai
( 15 )
1
de 3 ans au comte Potocki pour l'acquittement de ses dettes ,
moyennant 3 pour 100 d'intérêt jusqu'à leur entiere extinction
. Des lettres de Varsovie ajoutent que la plupart des
nonces ou députés à la nouvelle diete sont en route pour
Grodno . Par-tout ils ont été élus sous la bénigne influence.
des Russes . C'est le général Derfeldt qui succede au feu
général Kretzetników dans le gouvernement des nouvelles
provinces dont ils se sont emparés . Le prince Poninski :
dégradé , chassé même par la derniere diete , où il y avait
encore quelques restes de sentimens d'honneur est arrivé dans
la capitale depuis le 26 mai . Il revient de Grodno blanchi ,
réhabilité par la nonvelle confédération qui lui a rendu son
honneur , si tant est qu'on puisse donner ce qu'on n'a pas .
Suivant des lettres de Dantzick du 6 juin , le peuple et les
bourgeois sont réduits au désespoir. Les nouveaux impôts et
le loyer des maisons sont ruineux ; il en est de même du
prix des denrées et de tous les objets de consommation . Par
le plus absurde brigandage , on exige des marchands l'état de
leurs magasins et des contributions sur ce qu'il est arbitrairement
supposé qu'ils vendront : on leur suppose des spéculations
trop actives , et la ville est dans une sombre consternation.
1
Les derniers avis de Stockholm s'expriment ainsi : nous
avons vu défiler le 3 de ce mois , par cette capitale , les troupes
destinées au camp de Ladugar , au nombre de 8000 hommes .
L'aile droite était sous la conduite du duc - régent lui - même ;
le centre sous celle du général- major baron de Cederstroem ,
et l'aile gauche commandée par le général comte de Moerner.
Le corps était composé d'un régiment de cuirassiers , d'un de
dragons , de deux de hussards et de cinq d'infanterie et de
mariniers . Il faut joindre à cela l'artillerie volante. Le camp
tiendra jusqu'à la fin du mois , mais pas plus long-tems . Le
régent campe comme les autres , et veut camper depuis le
commencement jusqu'à la fin . La division de la petite flotte
qui est ici doit aller se stationner sur un des flancs du camp ;
cependant ce ne sera que le 15 de ce mois qu'elle s'y rendra.
Le jeune roi donne toute son application à l'art militaire ,
et pour cet effet reçoit tous les jours au château de Haga la
visite d'un officier qui vient lui donner des leçons .
De Francfort- sur - le - Mein , le 21 juin.
Suivant les dernieres nouvelles de Vienne , le baron de Herbert
, internonce impérial à Constantinople , vient d'arriver
dans la capitale de l'Autriche . S'il faut en croire des lettres
venues par cette occasion , le divan pense tout autrement
qu'on ne l'avait cru jusqu'ici relativement au partage de la
Pologne. La Porte est outrée , disent ces lettres , contre la
Russie , à laquelle elle aurait déclaré la guerre sur- le champ ,
( 16 )
si les circonstances le lui eussent permis ; disposée à saisir la
premiere occasion favorable , elle sonde dès-à - présent les dispositions
des différentes cours , et montre une politique qui
ne lui est pas ordinaire. On prétend qu'elle a fait offrir à celle
de Vienne de lui céder la Bosnie , à condition qu'elle garde
rait la neutralité . Il est fort douteux que cette offre ait
été faite , et lors même que cela serait , il resterait encore à
savoir si les Bosniaques ' consentiraient à un changement pour
lequel ils n'auraient pas été consultés , et il faudrait peut- être
que l'Autriche commençât par conquérir cette nation belli,
queuse. L'avantage ne serait d'ailleurs pas assez grand , ce
semble , pour porter l'empereur à renoncer à ses liaisons avec
la Russie .
Cependant ce qui paraît prêter quelque vraisemblance à ce
bruit , c'est la maniete dont on pense généralement à Vienne,
sur le dernier partage , où l'on trouve que l'Autriche a été
cruellement la dupe des deux autres puissances co-partageantes .
Voici comment s'expriment à cet égard des lettres du 12 :
Notre cour n'a joué jusqu'à présent dans cette affaire qu'un
rôle passif ; elle n'a pris possession d'aucune partie du terri
toire , et si elle doit se contenter de celle qu'on lui assigne)
et qu'à la vérité elle convoitait beaucoup en 1772 , il n'y a
plus de proportion entre ce lot et les lots russe et prussien .
Cette circonstance fait faire bien des conjectures , et sur-tout ,
aussi celle que nous levons un corps franc de 6000 hommes ,
qui sont la plupart des Polonais mécontens de l'ordre actuel
des choses dans leur patrie. La politique prévoit dans tout
ce qui se passe un nouveau germe de division , qui , à la longue
, tournera au profit des peuples . ",
·
L'empereur y regardera , sans doute à deux fois , avant de
s'engager dans une nouvelle guerre il a bien assez de celle
qu'il soutient aujourd'hui contre la République Française ,
à l'aide du roi de Prusse , le seul allié vraiment utile par le
nombre d'hommes qu'il fournit ; car l'Angleterre , qui n'a pas
d'intérêts communs lui vendra cher ses services si elle lui
en rend , et son argent si elle lui en prête . L'Espagne ne fait
pas sur ce dernier point tout ce qu'on avait attendu d'elle ; il
faudrait pour cela que les prêtres qui dominent dans ce pays ,
et dont le regne ne peut être renversé que par la liberté de
la presse , qui ne s'établira pas de si - tôt dans ce pays où l'inquisition
a tant d'influence , se résolussent à sacrifier une
partie de leurs richesses . Or c'est ce qu'ils ne feront qu'à la
derniere extrémité .
En attendant il faut , et on le fait , continuer les préparatifs
quelque dispendieux qu'ils soient , et par cela mème qu'ils
le sont , parce qu'on craint de perdre tant d'avances . Aussi
plusieurs des puissances coalisées cherchent - elles à faire des
emprunts à Amsterdam , à raison de cinq pour cent . On ne
s'étonnera pas de voir offrir ces intérêts par les cours de
Pétersbourg
1
( 37 )
Pétersbourg et de Vienne , déja chargées de beaucoup de dettes
d'Etat ; mais on s'en étonne , lorsqu'on apprend que la Prusse ,
qui n'a pas encore de dettes , les offre aussi , elle veut emprunter
Cinq millions de florins . Quant aux hypotheques à fournir , on
ne sait pas trop où elles les prendrait ; tout est calculé rigoureusement
dans les Etats Prussiens ; il y aurait le plus grand
danger à créer un nouvel impôt : l'économie est la seule base
sur laquelle on pût assurer le paiement des intérêts et le rem♣
boursement du capital ; mais l'économie a disparu avec le grand
Frédéric , dont les épargnes sont réduites à 12 ou 15 millions .
-Pour l'Autriche , si elle se borne aujourd'hui à 2 millions
dans l'emprunt qu'elle projette en Hollande , il ne faut pas ou
blier qu'elle en a deja fait de considérables à Gênes , a Franc
fort et dans ses propres Etats.
L'empereur a réussi à se faire seconder par le Corps Germa
nique dans ses dispositions contre les Français . Voici son
ordonnance , présentée le 17 mai à la dictature de la diete qui
en est l'organe :
Nous voulons , en vertu de ces lettres patentes :
1°. Que tous et un chacun de nos sujets , ou sujets et habitans de
l'Empire , de quelque rang qu'ils soient , qui se trouvent dans le
service civil ou militaire de nos ennemis les Français , en vertu
des avocatoires donnés le 19 décembre de l'année derniere , et par
la ratification qui en a été faite à la diete de l'Empire le 22 mars
suivant , sous toutes les peines portées par les lois , se retirent dudit
service de France civil ou militaire , qu'aucun de nosdits sujets ou
de l'Empire n'entre désormais dans ce service pendant la présente
guerie . Et comme une triste expérience a démontré jusqu'ici que les
principes français , qui ne tendent qu'à semer le trouble dans tous
les états , ont déja eu leur pernicieuse influence dans l'Empire d'Allemagne
; que pour exciter les sujets de l'Empire à la désobéissance ,
aux soulevemens et à la révolte , on a employé tous les artifices
de la séduction , et que dans tous les lieux où la force pouvait
atteindre , on a fait usage de tous les moyens de la violence ; et
qu'outre les émissaires étrangers , il s'est trouvé parmi les sujets
de l'Empire des gens assez perdus à tout sentiment patriotique ,
et à tout honneur du nom Germain , pour se présenter d'euxmêmes
ou se laisser gagner à être les instrumens de la séduction ,
et travailler sous divers prestiges , entre autres sous la confusion des
termes de liberté et d'égalité , à renverser toute autorité et toute
forme de gouvernement légitime . Nous avertissons et faisons souvenir :
7. En second lieu , très- sérieusement , tous les vassaux , sujets
et habitans de l'Empire , de la fidélité , et de tous les devoirs aux
quels ils sont tepus euvers pous , envers l'Empire , la patrie et leurs
magistrats , qu'ils ayent à se garder sur - tout de cette classe dan
gereuse de pervertisseurs du peuple , qui , n'ayant pour la plupart
rien à perdre , ne cherche qu'à fonder une existence intéressée ou
ambitieuse sur le malheur de leurs concitoyens . Nous les exhor
tons particulierement à ne se laisser employer en aucune maniere
à être les instrumens iufideles et perfides de la séduction des peuples
à ne prendre aucune part active à de pareils désordres , soit pour
opérer uu changement dans la constitution , en répandant de bouche
Tome IV.
動
( 18 )
ou par écrit , les principes de cette liberté et de cetté égalité , qui
ne produit que du malheur dans le monde , en élevant des clubs ,
en établissant de nouvelles municipalités , représentans , ou administrateurs
, en y acceptant des places ; soit pour amener aucune
révolution de cette nature que plutót fermes dans leurs principes ,
et dignes du nom et de la fidélité allemande , ils se montrent en
exemple à la majorité de leurs compatriotes , pour les faire persister
dans leur devoir , puisque d'ailleurs tout ce qui n'a pas sa cause
dans les voies légitimes , mais qui a été produit par la séduction
ou la violence exercées contre les sujets , ou qui contre notre attente
pourrait encore être produit par ces moyens pendant la précédente
guerre avec la France , ne peut acquérir aucun droit légitime , et në
pent être de durée , mais doit être regardé comme nul . Nous ordonnons
de notre autorité impériale :
3º . En troisieme lieu , que tous les sujets de l'Empire , de quelque
condition qu'ils soient , qui dans ces circonstances , au mépris
de nos avertissemens et exhortations paternelles , se sont laissés
séduire à être les instrumens du trouble parmi les peuples , et ont
servi aux vues révolutionnaires des Français , ou qui , de quelque
maniere que ce soit , y ont pris une part active , soit publiquement
, soit en secret , soient regardés comme criminels de leze-ma
jesté envers nous et envers l'Empire d'Allemagne , et leur paurie ;
qu'ils ne soient sonfferis nulle part dans les états de l'Empire ,
mais que par- tout où l'on pourra les atteindre ils soient saisis
dans quelqu'état que ce soit , comme s'ils étaient trouvés sur les
terres de leur propre souverain ; qu'il soit procédé cquire cux ,
qu'ils subissent sans rémission les peines portées dans nos avoca →
toires . Nous commandons et ordonnons :
ct
4° . En quatrieme lieu , que durant les hostilités actuelles de la
France , aucun ministre chargé d'affaires , agent ou correspondant
de cette nation , ne soit souffert en quelque lieu que ce soit dans
l'Empire d'Allemagne ; mais que tout Français en général , de quelque
état et coudition qu'il soit , soit mis hors des terres de l'Empire
, à moins qu'il n'ait obtenu du magistrat du lieu où il réside ,
la permission d'y demeurer , ou qu'il ne se la procure spécialement ,
et soit ainsi toujours en état de se légitimer à cet égard .
sexe ,
Nous défendons , 5º . en cinquieme lieu , sous les peines portées
par les statuts de l'Empire , et en particulier sous celles qui sont
dénoncées dans l'ordre d'exécution , et en conséquence de nos inhibitoires
publiés le 19 décembre de l'année derniere , renouvellés
dans les conclusions de l'Empire , du 30 avril de cette année , toute
sortie et transport chez l'ennemi , d'armes , de pondre , de plomb ,
de soufre , de salpêtre , de cuivre , de laiton , de fer , d'habillement
uniforme , de toiles dites commis , ou autres toiles grossieres , soit
en pieces , soit qu'elles soient préparées en habillemens , de tout
cuir propre aux équipages , ainsi que celui qui sert aux semelles ,
aux empeignes , aux traits , et chevaux de selle , de toute corne et
griffes , de toute espece de bled , soit en grain , soit en farine , de
tout légume , avoine , foin et paille . Toutes autres brauches de
commerce , dont les objets ne sont pas défendus on désignés expressément
dans nos susdits inhibitoires , peuvent être regardées comme
permises , pendant cette guerre générale de l'Empire , du moins
tout autant que cette partie du commerce ne sera pas interrompue
et troublée par la France .
6. En sixieme lieu , nous voulons et statuons par un effet de
( 19 )
nos soins paternels envers les sujets de l'Empire , pour prévenir
la perte qu'ils pourraient essuyer sur les assignats fabriqués en
France , ainsi que sur la quantité de faux qui s'en est introduite ,
que le cours desdits assignats n'ait lieu dans aucun endroit de l'Em
pire , et qu'ils soient regardés par-tout comme marchandise défendue.
Et comme la sûreté publique et la prospérité générale de l'Empire
exige que pendant la guerre présente on porte un oeil attentif
la correspondance en général , et en particulier sur les bu
reaux de campagne et des villes frontieres , nous déterminans ici
qu'on ne regardèra comme correspondance défendue que celle qui
a rapport aux opérations de la guerre , et qui est capable de pro
curer quelqu'avantage à l'ennemi.
7 ° . Nous recommandons , en septieme lieu , à tous les magistrats ,
à leurs subordonnés et substitués , d'ordonner très - sérieusement à
tous les bourgeois et habitans , et en particulier aux négocians et
marchands de n'expédier aucune lettre ni paquet suspects qui pour.
raient leur parvenir ; mais de les remettre à leurs magistrats , et
que ceux-ci observent leurs devoirs à cet égard ; nous exhortons
en même-tems tous les maîtres de postes , commis , buralistes et
autres à qui il est permis de remettre des lettres , que chacun dans
son emploi observe la plus grande vigilance , que les lettres et paquets
délivrés soient soigneusement annotés , afin que s'il y a quelque
lieu à la suspicion , la chose soit communiquée sans retard au magistrat
, qui en avertira ses supérieurs , pour en ordonner comme il
conviendra .
8 °. Nous défendons enfin , en huitieme lieu , très-séverement , la
distribution et dissémination de tous écrits , soit de production
française , soit de l'intérieur du ' pays , propres à exciter des soulevemens
, principalement ceux qui pourraient tendre à la subversion
de la constitution actuelle de l'Empire , et renouvellons ici ,
en vertu de notre autorité impériale , toutes les peines portées .
contre les fauteurs , auteurs , éditeurs et distributeurs de pareils
écrits. "
Les lettres de Ratisbonne du 6juin nous transmettent un nouvel
article du décret de ratification impériale touchant les conclusum
de la diete des 18 février et 22 mars , parvenus le 17 - mai
à la dictature . Le chef de la maison d'Autriche termine ainsi
le tableau des prétendus attentats d'une faction sanguinaire
contre la tranquillité de l'Europe .
" Contre un tel ennemi , contre les plans qu'il a formés et les procédés
auxquels il s'est porté contre l'Empire , dont la volonté déterminée
, qu'il a déclarée et manifestée par des , faits , est de ramener
tout à sa convenance ; qui a formé le projet sanguinaire de poner
la guerre civile parmi toutes les nations paisibles , de rompre tous
les liens des sociétés ; dont l'ambition dévorante est de sacrifier à
son opinion particuliere les sentimens de tous les peuples , et les
relations les plus respectables ; dont la passion furieuse et dévas .
tatrice veut assujettir toutes les nations , contre tous les droits de
l'humauité , à un systême insensé de liberté et d'égalité ; dont le des
potisme , sous la forme épouvantable d'une puissance de révolus
tion , prétend réduire le monde à une seule forme de gouverne
meut ; qui , dans sa rage forcenée , déclare tous les princes tyrans
el despoles , est agité d'une haine implacable contre tous les jois ,
B 2
( 20 )
princes , seigneurs , et tous leurs fideles serviteurs et sujets ; qui enfim
vient de se déshonorer par un décret de sang contre son légitime
souverain contre un tel ennemi , tout le monde vait évidemment
qu'il n'y a pas d'autre moyen à prendre que celui de la force , aucune
autre ressource que celle des armes ; toutes les nations policées sont
intéressées à faire cause commune contre lui , à le combattre et à
le vaincre ; c'est une défense nécessaire et légitime de l'Empire d'Allemagne
contre des insultes sans exemple ; c'est un noble o bạt
eu faveur de la religion , des droits de l'humanité et de la prospérité
générale ; pour la conservation des droits acquis à grand prix ,
pour la conservation des droits acquis à grand prix , pour la défense
de nos frontierer , pour le maintien de la constitution de
l'empire , tant dans son entier que dans ses parties : c'est encore
une défense nécessaire contre des maximes de convenance , contre
l'anarchie et la force révolutionnaire : c'est une défense nécessitée
pour maintenir l'honneur , la dignité , la souveraineté de l'Empire
pour obtenir le respect qui lui est dû , la sûreté de ses frontieres , et
une juste réparation de tous les torts qui lui ont éré faits .
" C'est dans cet état des choses que S. M. I. et S. M. le roi de Prusse
out fait les plus grands sacrifices pour venir au secours de l'Empire et
en prendre la défense , et que l'empereur a mis sur pied une armée de
225,074 combattans , y compris l'armée de réserve , mais non pas
l'artillerie et le charriage . L'empereur ratifie en conséquence , nonseulement
le conclusum du 22 mars , mais encore le sixieme article
de celui du 18 février , dans tout leur contenu , et ne peut s'ima
giner que lorsqu'il est question d'une défense aussi necessaire , il
puisse se trouver un seul état de l'Empire , qui daus les principes
d'un intérêt privé , ou d'une politique contraire à la constitution ,
ou sous quelqu'autre prétexte et subtilité , voudrait se dispenser de
remplir consciencieusement ses devoirs et obligations envers l'Em
pire. Sa Maj. , plutôt pleine de confiance envers chacun des états
de l'Empire , ose se confier qu'ils s'empresseront à l'envi de mon 、
trer leur patriotisme , et feront même plus dans cette occasion que
ne l'exige un stricte devoir . "
?
On sent bien que d'après une pareille piece les préparatifs
doivent non - seulement se continuer , mais même se pousser
avec plus d'activité . Aussi l'Autriche et la Moravie fourniront
- elles de nouveau quelques mille recrues , et l'on
ramasse tout ce que l'on peut de boulangers pour les armées . On
augmente aussi de 60 le nombre des chirurgiens il doit y
en avoir disette , puisque les éleves actuels au lieu d'un cours
de deux ans n'en font plus qu'un de six mois . Les deux
dernieres divisions du régiment de Wallisch , cuirassiers , ainsi
les troisiemes bataillons de Charles Toscane et de Preiss ,
vont aussi joindre l'armée . On y a envoyé dernierement beaucoup
de fusils , et entr'autres mille carabines à vent qui seront
distribuées parmi les tireurs . On fait partir pour Ra
tisbonne , en remontant le Danube , un assez grand nombre
de bâtimens chargés de farine et d'avoine : ce convoi sera trangporté
ensuite aux armées du Rhin et du Brisgaw.
que
- Des lettres
de Vienne du 12 s'expriment ainsi : ce matin , l'on a encore
fait partir d'ici des chariots chargés de munitions et d'argent ;
( 1 )
拳
a vont à Francfort escortés par une demi- compagnie de
canonniers et de quelques dragons . D'un autre côté une compagnie
et demie d'artilleurs du premier régiment et une com .
pagnie et demie du second se sont mises en marche pour
le corps du général Wurmser avec un certain nombre de car
nons et d'obusiers de moyen calibre . Ainsi de tous nos régimens
d'artillerie il ne nous reste plus par ici que six compagnies
, dont trois à Vienne , une à Prague , une à Olmutz
et une à Brunn . Ces mêmes lettres ajoutent que la nouvelle
armée de réserve est de 64 bataillons d'infanterie et de 35
divisions de cavalerie . Mais voici un aveu qui leur échappe :
le 9 , il est venn de Hongrie beaucoup d'argent . Il y a apparence
qu'on ne le gardera pas long- tems dans les coffres du
trésor si tant est qu'il y ait été déposé . L'armée , ce goufre
toujours ouvert , l'engloutira comme tant d'autres . Heureux en
core qu'on ait pu fournir à ses besoins immenses et sans cesse
renaissans ! Au reste , peut- être est- ce là l'argent qu'on vient
d'envoyer.
Le comte de Pellegrini est de retour du voyage qu'il vient
de faire dans la Lombardie Autrichienne pour en visiter les
places et les fortifications . Il en a rendu compte à l'empereur
qui vit avec l'archiduc Palatin au château de Laxembourg dans
la plus grande retraite . On assure qu'il a rapporté que des
frégates Espagnoles sont attendues à Triest , et que le chevalier
de Lellis , consul d'Espagne , a fait pour cet objet tous
les arrangemens nécessaires . Si l'on y a craint quelque visite
de la part des Français , cette crainte est dissipée aujourd'hui ,
d'autant que le port et tout le rivage qui n'a qu'une lieue
d'étendue , sont en bon état de défense ses piquets y ont
été généralement renforcés , et l'on en a établi où il n'y en
avait jamais eu . -- On apprend aussi par la même voie que
la cour d'Espagne est mécontente de la République de Venise
, au point qu'elle rappelle son ministre le comte de Cafas
pour l'envoyer à la Haye . La principale cause de ce mécontentement
vient de ce que le gouvernement Vénitien a
reconnu la République française , et permis que les armoiries
nouvelles fussent arborées à la place de celles du roi de
France. Il porte même le scrupule dans sa neutralité jusques
à défendre de prêter de l'argent à aucune des puissances belligérantes.
Voici la traduction littérale de l'ordre prescrit par le roi de
Prusse aux officiers de son armée , et qui leur sert de texte.
à commenter dans les prônes militaires qu'ils font tous les
jours aux soldats .
Chaque officier- commandant , et sur- tout les capitaines
qui fournissent de leurs compagnies des hommes pour Les
postes avancés et les détachemens , seront tenus d'adresser
B 3
( 22 ) ·
à leurs soldats , avant que ceux - ci se mettent en marche ,
une exhortation , en les encourageant de se battre avec courage
pour leur roi et leur patrie . Les officiers expliqueront
en outre aux soldats la cause de la guerre , en leur faisant comprendre
, que c'est la cause des rois et des princes de combattre
la rébellion et l'irréligion des Français , parce que sans cela la
confusion se répandrait dans tout le monde , et que personne
ne voudrait plus reconnaître ni dieu , ni magistrats , deux
points qui sont cependant indispensables pour le salut des
hommes . Les officiers rappeleront aussi aux soldats leurs anciennes
victoires , et la réputation de valeur qu'ils ont acquise
dans le monde , et leur représenteront que ce serait une honte
indélébile pour eux , de se laisser vaincre par des hommes qui
ont assassiné leur roi , et qui ne croient point en Dieu .
Quelque chose qui sera plus utile à ce prince , c'est que la
reserve Autrichienne arrive successivement dans les environs
de notre ville , et qu'il y en a déja une partie de campée .
Graces à ce renfort , le siege de Mayence a effectivement
commencé dans la nuit du 16. Les ouvriers de l'armée en
général se sont assemblés près de Hechtsheim où est le dépôt
du siege. A 5 heures du soir tous ont été pourvus , l'un
après l'autre , des instrumens nécessaires , et mis en ordre afin
de se mettre en marche la nuit tombante. Le roi qui s'est
trouvé jusqu'ici dans son quartier-général de Bodenheim , est
entré ce soir avec le premier bataillon de la garde du corps
dans le camp de Marienborn pour diriger de- là le siege . Il
à été construit une batteric flottante à Geinsheim garnie de
canons et d'obus pour s'en servir à déloger les Français de
l'isle dite la tête du Rhin . A dix heures du soir commença
tine canonnade terrible des batteries de Mayence et de Cassel
qui dura sans discontinuer jusqu'au lendemain matin ; les
signaux furent allumés tote la nuit , et des pelotes ou balles
à feu d'artifices furent jettées des deux forteresses en l'air
pour éclairer les camps et tous les mouvemens qui se faisaient
autour d'elles . Ce n'est pourtant-là qu'une sorte de préparatif
au siege ; car la véritable attaque à échoué ; les impériaux
devaient bombarder la forteresse de Mayence , tandis que les
Prussiens et les Hessois attaqueraient en même- tems Cassel :
mais les Français ayant été avertis par leurs espions , nonseulement
se tinrent sur leurs gardes , mais même firent
de tous côtés à la fois de vigoureuses sorties , dans ' lesquelles
ils renverserent une partie des ouvrages disposés contre
eux et maltraiterent extrêmement le corps des ingénieurs
Prussiens qui se trouve presqu'entierement dispersé , de sorte
qu'il a fallu renvoyer encore l'entreprise .
:
Cépendant à s'en rapporter à des nouvelles du 20 juin , les
troupes combinées ont été plus heureuses depuis elles ont
uvert , dans la nuit du 19 , les tranchées devaut Mayence ,
tfois cents pas en dessous de l'endroit dit Sainte - Croix.
( 23 )
"
Cette opération n'a coûté que deux hommes tués et cinq
blessés . Il en est résulté l'établissement de quatre batteries,
On ajoute même que la ville a envoyé deux trompettes , mais
qu'on ignore quelles sont les propositions dont on les à
chargés .
D'un autre côté , les habitans de Treves et même ceux de
Coblentz sont dans la plus vive inquiétude. Notre situation
devient plus critique qu'elle ne l'était il y a six mois , disent
des lettres de cette premiere ville , datées du 13. On nous
menace de tous côtés d'invasions ennemies . Il faut que Mayence
tombe pour que nous ayons du repos ; car l'ennemi veut
secourir cette ville coûte qui coûte , et s'ouvrir un passage
quelque par' . Ne pouvant y parvenir près de Landau , il
cherche naiutenant à tenter fortune de notre côté. Le coup
de pénétrer dans le pays de Luxembourg lui ayant réussi
quoiqu'au prix de beaucoup de sang , il s'est avancé jusqu'à
deux lieues de Luxembourg , d'où nous sommes menacés d'une
attaque , et l'on dit même que l'ennemi est en marche .
Il paraît que l'inquiétude a été jusqu'au point d'ordonner à
la tribu. des bateliers de cette ville de tenir assez de batteaux
prêts pour transporter en lieu sûr les magasins de Grevenmacker
et l'hôpital impérial . Des lettres de Coblentz , du 21 ,
ajoutent que 10,000 Autrichiens , tant à pied qu'à cheval , ont
depuis deux jours passé sur la rive gauche du Rhin , pour se
rendre à Treves avec une telle håte , que l'infanterie a fait
12 lieues dans une journée , et que l'on a employé tous les
chariots et charettes que l'on a pu trouver , pour transporter
avec plus de cél.rité les soldats hors d'état de supporter cette
fatigue . Quelques lettres de nos environs annoncent déja la
ville de Treves comme entiérement détruite , et Coblentz a
une seconde fois une terrible peur.
PROVI GES - UNIES ET BELGIQUE. -
Un nouvel avis de la Haye porte que les Etats - Généraux
ont chargé leurs ministres à Londres , Vienne et Berlin , de
proposer à ces cours l'établissemens d'un congrès pour y délibérer
sur les conjonctures actuelles , et d'indiquer cette ville
comme le lieu le plus propre à la tenue de ce congrès , puisqu'il
est à - la- fois à portée du théâtre de la guerre et des puissances
belligérantes . La résolution prise à cet effet le 21 mai
dit en substance : que L. H. P. se flattent d'avoir donné des
preuves convaincantes du desir qu'elles out de coopérer de
tout leur pouvoir aux mesures à prendre contre l'ennemi commun
; mais que par un juste retour sur elles mêmes , elles doivent
aussi songer à n'être pas entraînées au delà de leurs
forces ; ce qui leur fait souhaiter la formation d'un congres ,
B 4
(24)
tant pour y convenir des mesures qu'exigent les opérations de
La guerre , que pour s'entendre sur les ouvertures qui pourtaient
être faites de la part de la France pour la terminer.
Suivant des lettres d'Amsterdam du 20 juin , on avait apperçu
la veille à la hauteur du Texel quatorze voiles , reconnues pour
être douze navires de retour de la compagnie des Indes orien
tales , marchant sous l'escorte du Zéphir et du Faucon , vaisseaux
de guerre de la République : on est presque sûr que cette riche
Botte est arrive à bon port.
-
On écrit de Bruxelles que l'archiduc Charles est parti le 12
juin pour se rendre a l'armée , et assister au commencement du
siége de Valenciennes , qui devait s'ouvrir à cette époque .
Des lettres d'Aix -la- Chapelle , du 10 , avouent que le feu
que fait Valenciennes sur les travailleurs est terrible et bien di
rige , et qu'il a retardé les travaux des assiégeans beaucoup
plus qu'auparavant ; mais elles ajoutent que 200 bouches à feu
sont prêtes à agir contre cette place , et que l'ouverture de la
tranchée reste fixée au 12. Le général Ferrand qui y commande
sera bien secondé par un ingénieur nommé la Fite , un des meil
leurs qu'ait la France , et qui , dans la derniere guerre , à rendu
aux Turcs des services signalés.- On raconte que, pendant qu'on
s'occupait du travail des approches , plusieurs émigrés Français
avec de longues vues s'approchaient plus ou moins , pour examiner
tantôt les travailleurs et tantôt la ville , à l'aide de leurs
lunettes d'observation le prince Cobourg les a , dit- on , fait
enlever par un piquet de hussards , et leur a donné de l'occupation
parmi les pionniers . La garnison de Condé fait un
feu infernal sur ceux qu'on emploie actuellement devant ses
murs et qui sont au nombre de 4000. Elle a lâche les grandes
eaux ; une partie des ouvrages des assaillans est inondée . En
général ces deux places sont décidées à faire la plus grande ié-
Bistance ,
--
ITALIE.
en
On écrit de Rome qué , dans les derniers jours du mois
'ȧernier , une des chaloupes gardes- côtes de l'état ecclésiastique
, étant aux environs de Piombino , rencontra une tartane
française chargée de grains , dont elle s'empara et la conduisit
à Civita-Vecchia . Sur l'avis qu'on reçut à Rome de cette prise ,
le saint-pere ordonna qu'elle fût sur-le - champ relâchée ,
même-tems qu'elle serait escortée jusques dans les eaux où
elle avait été arrêtée . La raison qu'on a donnée de cette conduite
, c'est que la cour de Rome n'est point en guerre avec la
France, Chacun raisonne ici à sa manière sur ce procédé généreux
le ministre de France lui -même , M. de Mackau , en
paru étonné ; il a dit publiquement que la conduite de la
cour de Rome est d'autant plus singuliere , que toute l'Europe
3
( 25 )
la regarde comme en guerre avec la France , puisqu'elle në '
permet à aucun Français l'entrée de ses Etats .
Des lettres particulieres nous expliquent un peu mieux la
raison qui porte la cour de Rome à en user ainsi ; c'est la
peur qui la rend réservée ; la maniere dont les Français se
soutiennent vers Nice , l'impossibilité dans laquelle se trouve
le roi de Sardaigne de leur résister , et par conséquent le
risque qu'il court de voir franchir ses montagnes ; tout cela
inquiette Rome et la rend timide et généreuse . On sait qu'elle
ne peut pas trop compter sur les milices qu'elle a rassemblées
ponr sa défense ; ces soldats lui font aujourd'hui la loi , et il
n'y a pas de jours qu'ils ne se livrent à de nouveaux excès.
On peut juger de leur disposition par ce que nous apprennent
les mêmes lettres . Le bruit s'étant répandu que le pape
étais de nouveau tombé malade , on entendait dire dans tous
les quartiers où sont rassemblés ces soldats : Qu'il meure bien
vile , ce sera à nous aujourd'hui à faire le pape ..
Le Piémont offre le tableau le plus pitoyable ; les campagnes
en sont presque abandonnées par les cultivateurs , que l'impos
sibilité de payer leurs loyers et les impôts met au désespoir.
Les nobles , assujetis à des taxes qui leur étaient inconnues ,
qui s'étendent jusque sur leurs domestiques , les privent non-
- seulement de leur luxe , mais de leur aisanse , desirent presque
aussi sincerement que le peuple la venue des Français .
Le peuple à Turin craint les troupes autrichiennes ; ils
font de grandes patrouilles , particulierement la nuit pour dissiper
toutes les assemblées de trois ou quatre personnes . Beaucoup
d'espions de toutes qualités courent les cafés et les promenades
. On enferme tous les jours des citoyens dont on n'entend
plus parler ; les bons citoyens n'osent plus se montrer ; la
haute et petite noblesse conspirent entre elles ; les paysans des
campagnes , malgré les sermons des prêtres contre les Français
, témoignent de l'impatience de leur esclavage et de leur
misere .
Il y a une désertion continuelle dans les troupes autrichiennes ly
et piémontaises , lesquelles vivent trop misérablement ; elles
sont mal vêtues et mal payées , et dans un état pitoyable . Le
régiment de Sardaigne à plus d'une fois manqué de pain : les
désertions sont si fréquentes , que les régimens sont plus ou
moins réduits .
A Bazelusso , dans le Tortonais , les bourgeois et les paysans
ont , le jour de la Fête - Dieu , crié vive la liberté et arboré la
cocarde tricolore : le gouverneur féint de l'ignorer.
ANGLETERRE . De Londres , le 20 juin.
M. Pitt n'a pas assisté le 3 à la séance du parlement ; une
( 26 )
:
----
attaque de goutte le retient à sa maison de campagne de
Holwod il y a donné le 6 une audience au général Valence
qui venait lui demander un asyle pour Dumourier son ami ;
non-seulement sa demande lui a ete refusée , mais il lui a été
Įnsinué à lui - même qu'il devait songer a evacuer l'isle de la
Grande- Bretagne . Le 7 , la cour est allee à Windsor pour
y passer la belle saison ; mais le roi viendra deux fois par
semaine à Londres , le mercredi et le vendredi . Ce n'est
point lord auckland , fraîchement arrivé de son ambassade de la
Haye , qui va remplacer M. Dundas dans le ministere de l'intérieur
; cette place , du moins à ce qu'on assure , sera donnée
au comte de Carlisle . Le commerce souffre prodigieusement
de la guerre actuelle on en jugera par le nombre des
banqueroutes consignées dans la gazette de la Cour , depuis le
premier janvier jusqu'au 31 mai . Il est de 642. Toutes
ces banqueroutes , il est vrai , ne portent pas sur des maisons
de commerce.— On vient d'établir entre Londres et la Corogne
une poste qu'on expédiera jusqu'à nouvel ordre tous les quinze
jours en géneral on cherche à multiplier les rapports avec
l'Espagne , et à les rendre aussi fructueux que ceux que l'An,
gleterre a déja avec le Portugal. Lord Grenville a promis de
recommander à l'ambassadeur de S. M. Catholique les négo
cians Anglais qui ont des créances sur des maisons françaises
dont on a sequestré les biens en Espagne , pour obtenir de
les faire payer sur ces mêmes biens ,
)-
Un exprès du due d'Yorck , arrivé le 5 , a apporté la nouvelle
que l'attaque de Valenciennes n'avait encore pu se réaliser
, parce qu'on avait heureusement découvert que les Français
avaient miné tout le terrein qui se trouve entre le camp
des Anglais et les ouvrages de la place . La paix semblait , il
ya quelque tems , une chose qui pouvait u'être pas absolument
éloignée ; mais l'amiraute a pourtant mis le 6 encore
denx vaisseaux de ligne en commission , et le 7 il y a eu
conseil en présence du roi ,
L'amiral Hood a écrit le 6 de la hauteur de Plymouth ; il
a ramené en Angleteire une riche flotte marchande venant de
Pinde , qui va lui donner mille à douze cents matelots .
L'ex - général Dumourier s'est en effet présenté dans la caphale
, apres avoir fait sonder les voies par son précurseur
Valence ; mais soit que les traitres déplaisent toujours , quoi ,
qu'on ait profité de la trahison , soit qu'on juge cet homme
Inutile à présent , ou même dangereux , il lui a été signifié
le 14 , en vertu.du bill contre les étrangers , qu'il eût à se
retirer , saus quoi on procéderait d'après ces lois rigoureuses ,
Cependant tout le monde est fort surpris de cette mesure ; quel
ques personnes prétendent même que c'est un jeu joué , et
qu'on se servira de Dumourier .
( 27 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONAL L.
PRÉSIDENCE
Séance du mardi , 25 juin .
DE MALLARMÉ.
La séance est ouverte par la lecture d'une foule d'adresses
d'adhésion à l'insurrection du 31 mai ; on a distingué celles
de Montauban , Provins , Clamecy , Doles : l'Assemblée en
a ordonné la mention honorable .
Le secrétaire de la commune d'Evreux a demandé au nom
de ses concitoyens , le rapport du décret qui transfere à Bernay
l'administration du département de l'Eure ; après avoir rétracté
sa signature et fait l'éloge des habitans de cette commune ,
dont tout le crime est d'avoir été trompé par des relations ,
empoisonnées de l'esprit de parti sur les derniers événemens
qui ont eu lieu à Paris , l'Assemblée a paru satisfaite ,
renvoyé la pétition de ce député extraordinaire au comité
de salut public .
et à
Un secrétaire donne lecture de la liste des députés qui
se sont trouvés absens au dernier appel nominal ; les uns sont
absens pour cause de maladie , les autres par congé ou par
mission , d'autres sans aucune mission ou congé ; ces derniers
au nombre de huit , sont Lemaréchal , Laroche , Montaigu ,
Godefroi-Yzarn dit Valady , Giron , Bourgeois , Lahaie , Manion .
L'Assemblée décrete que le comité des inspecteurs fera passer
à celui des décrets la liste des députés absens sans raison ,
pour appeller leurs suppléans ; elle décrete en outre que la
liste des députés en commission sera envoyée aux départemens
et aux armees , afin que les traîtres soient connus ,
Le président a annoncé qu'il avait entre les mains plusieurs
lettres de députés qui demandent des congés . L'Assemblée
a passé à l'ordre du jour .
Lettre du citoyen de Boileau.
Paris , le 25 juin , l'an 2 de la République .
Citoyens mes collegues , depuis plusieurs jours je crache
le sang ; c'est un fait que les médecins attestent . Je demande
à avoir , comme par le passé , ma chambre pour prison . Je
jure de ne point m'enfuir les sermens d'un républicain valent
mieux que les portes et les verroux des prisons ; je demande
de plus a être chez moi sous la sauve - garde de ma bonne
foi , sans antre gardien .
On a fait encore lecture d'une lettre du citoyen Lehardy ,
député , également détenu . Il demandait la justice la plus
( 20 )
promptes qu'on me donne , disait-il , la liberté ou la mort. s
L'épouse du citoyen Gardien sollicitait la permission de partager
, avec ses quatre enfans , la detention de son mari ; sur
la motion de Legendre FAsssemblée passe à l'ordre du jour.
Le comité de division propose , et l'Assemblée décrete que
le ci-devant comté d'Avignon formera un 87cme , département
sous la denomination du département de Vaucluse , dont Avignon
sera le chef- lieu .
Séance extraordinaire du mardi soir .
Les sections du Luxembourg et de la Croix-rouge présentent
sucessivement des petitions sur les subsistances . Elles demandent
la taxation des denrées de premiere nécessité. Renvoyé au
comité d'agriculture.
>
Une députation de la section des Graviliers réunie à des
citoyens de celle de Bonne- nouvelle et du club des Cordeliers ,
est admise à la barre . Jacques Roux , orateur de la députation ,
a dit : Mandataires du peuple , depuis long-tems vous premettez
de faire cesser les calamtés du peuple ; mais qu'avezvous
fait pour cela ? vous venez de rédiger une constitution.
que vous allez soumettre à la sanction du peuple . Y avez
vous proscrit l'agiotage ? Non . Y avez - vous prononcé une
peine contre les accapareurs et les monopoleurs ? Non . Eh
bien ! nous vous déclarons que vous n'avez pas tout fait. ! Jusqu'à
quand souffrirez vous que les riches boivent encore dans
des coupes dorées le sang le plus pur du peuple ...... Si vous
montriez de l'insouciance pour l'extirpation de l'agiotage et
de l'accaparement , ce serait une lâcheté qui vous rendrait
coupables du crime de lese -nation . Il ne faut pas craindre
d'encourir la haine des riches , c'est - à - dire , des méchans.
Il faut tout sacrifier au bonheur du peuple . Vous avez à craindre
qu'on ne vous accuse d'avoir discrédité le papier - monnaie et
d'avoir ainsi préparé la banqueroute ...... De violens murmures
ont interrompu l'orateur . On demandait qu'il fût arrêté.
Nop , s'écriaient d'autres membres , il faut l'entendre jusqu'au
bout. L'orateur a continué. Les Sans- culottes opprimés
des départemens vont arriver ; nous leur montrerons ces piques
qui ont renvoyé la bastille , ces piques qui ont dissipé la faction .
des hommes d'état , ces piques qui ont détruit la putréfaction de
la commission des douze ; alors nous les accompagnerons dans
e sanctuaire des lois , et nous leurs montrerons le côté qui
voulut sauver le tyran , et celui qui prononça sa mort. "
De nouveaux murmures éclatent avec plus de force .
ર
Un citoyen de la députation déclare que ce n'est pas la
pétition à laquelle la section des Gravilliers a donné son
adhésion . Thuriat observe que ce vil orateur de l'anarchie
est un prêtre. Legendre demande qu'il soit chassé. Cette pro
position est adoptée . Tous les pétitionnaires , excepté l'orateur ,
sont admis aux honneurs de la séance . Sur la motion de
!
( 99 )
Thuriot , le comité d'agriculture et de commerce est chargé
de présenter ses vues sur le moyen de faire diminuer le prix
des denrées .
On annonce l'évasion de Vergniaux . ( Voyez la matice de
cette séance dans le dernier numéro. )
Séance du mercredi , 25 juin .
Cette séance , comme la précédente , s'est ouverte par la
lecture d'un grand nombre d'adresses d'ahésion . La société
populaire de Nevers , le conseil - général de la commune de
Figeac , les citoyens sans- culottes du district de Dreux , le
département de l'Yonne , les citoyens d'Auxerre , réunis en
assemblée génerale de section , la société populaire de Vienne ,
département de l'Isère , celle d'Anneci , etc. etc. expriment
les mêmes sentimens d'adhésion au décret du 2 juin. On fait
lecture de la lettre suivante :
Lettre des représentans du peuple près l'armée des côtes de Brest ,
datée de l'Orient ' , le 21 juin 1793 .
Citoyens nos collegues , Sevestre que nous avons envoyé
auprès de vous , pour vous instruire de ce qui se passe dans
les cinq départemens de la ci - devant Bretagne , n'aura sans
doute négligé aucun des détails qui pouvaient vous faire connaître
sous quels rapports y étaient envisagées les journées des
31 mai , premier et 2 juin.
dans
De toutes parts on a crié aux armes , pour aller , disait
on , délivrer la Convention de l'oppression sous laquelle l'on
croit qu'elle gémit . Des députés infideles ont été secouer ,
quelques- uns de ces départemens , le flambeau de la guerre
civile ; une force départementale a été levée et s'avance vers
Paris . Des ordres ont été donnés , à Brest , pour mettre Sévestre
et Cavaignac en état d'arrestation . Ce n'est sans doute
qu'à la sage ciiconspection de la municipalité de l'Orient ,
que ce dernier et ses collegues , Merlin et Gillet , doivent
la liberté dont ils jouissent encore . Cette situation extrêmement
pénible , ne nous empêche pas de remplir nos devoirs ,
et de faire respecter la représentation nationale .
Les malveillans ont cherché à profiter de la mauvaise dis
position des esprits à notre égard ; mais nous éprouvons déja
le retour de la confiance . Les corps administratifs de Nantes ,
qui d'abord avaient paru s'éloigner de nous , nous appellent
avec instance dans leur ville , où l'on délibérait , il y a peu
de jours , de nous arrêter .
Vous devez espérer que les dangers qui nous pressent de
toutes parts feront taire les haines et l'esprit de parti qui divisent
maintenant les citoyens , et que les mesures extrêmes
que certains départemens ont adoptées , se changeront en
moyens de défense contre nós ennemis communs. Hâtez l'ache
yement de la constitution , et tout est sauvé . Il est une autre
(30 )
mesure que nous croyons propre à réunir tous les esprits ,
Tous les citoyens qu'on a armés pour marcher sur Paris
d'après les renseignemens que nous avons , sont bien intentionnés
; leur opinion actuelle n'est fondée que sur des rapports
faux ou exagérés ; ils sont convaincus que les représentans
de la nation sont subjugués , et qu'ils ne décretent
plus que d'après le voeu de la commune de Paris , il faut
donc les désabuser , leur prouver qu'ils ont été trompés . Si
nous étions au sein de la Convention nationale , nous lui proposerions
de décréter que la fédération républicaine , fixée au
10 août , aura lieu le 14 juillet . Par ce moyen , elle changerait
en une fête civique et fraternelle ce qui , dans l'espoir
des ennemis de la République , devait être une guerre des
départemens contre Paris . Les dangers qui peuvent résulter
de la différence d'opinions des départemens sur les derniers
évenemens , seraient à jamais écartés .
Nous partons demain pour Nantes . Nous n'avions pas attendų
l'invitation des corps administratifs pour nous déterminer à
nous y rendre , et déja ils en ont reçu l'avis . Nous avions
dû oublier nos dangers personnels pour ne songer qu'à ceux
que court cette partie de la République. Notre départ n'a
été différé que par la nécessité , où nous étions de visiter le
port Liberté que nous avons trouvé en très - bon état , et de
régler plusieurs affaires importantes .
MERLIN , GILLET , CAVAIGNAC .
7
l'on
Fonfrede annonce à la Convention que c'est à tort que
a dit que Vergniaux avait pris la fuite ; il assure qu'il est chez
lui et qu'il attend qu'on l'emprisonne.
L'Assemblée , sur le rapport de son comité de la guerre ,
duquel il résulte que Catherine Pochelot , jeune artiste , née
dans le département de la Côte- d'Or , et domiciliée à Paris ',
section des Gravilliers , a donné des preuves éclatantes d'un
courage héroïque et au -dessus de son sexe ; que , le 10 août ,
elle a dirigé les canons qui ont foudroyé la tyrannie ; que
depuis elle a continué , sans interruption , ses services dans
les journées de Bossu , de Gemmappe , où elle a aidé le 71 .
régiment à repousser celui de Cobourg ; qu'elle a reçu des
blessures honorables et a eu son cheval tué sous elle ; qu'elle
a obtenu , pour son intrépidité et sa bonne conduite , le grade
de sous-lieutenant dans la légion des Ardennes : déclare que
Catherine Pochelot a bien mérité de la patrie , et qu'il lui sera
payé une pension annuelle de 300 liv . , à dater du 1er . de ce
mois.
On fait lecture d'une lettre du général Biron . Dubois-
Dubay rend compte d'un léger avantage remporté par les
troupes de la République sur les Autrichiens , auprès de
Maubeuge .
A la fin de cette séance , la Convention a rendu un décret
( 31 )
d'accusation contre Félix Wimpfen . ( Voyez la notice de celle
séance dans le dernier numéro . )
Séance du jeudi , 27 juin .
Après la lecture d'un grand nombre d'adresses , Taillefer
appelle l attention de l'Assemblée sur les désord es qui ont
été commis hier soir , daus quelques quartiers de Paris , où
l'on a pillé le savon . Ce député observe que c'est au moment
où la constitution va être présentée au peuple , que les mal
veillans excitent des troubles et attisent la guerre civile. Il
demande que le ministre de l'intérieur prenne , de concert
avec les autorités constituées de Paris , les mesures nécessaires
pour arrêter is violation des propriétés .
Couthon donne les renseignemens qui sont parvenus au coa
mité de salut public sur les causes de ces mouvemens . Hier ,
on annonçait dans Paris que des bateaux , arrivés de Rouen ,
chargés de savon , aliaient repartir pour la même ville , sans
avoir déchargé leurs marchandises . Le peuple conçut des in
quiétudes ; les mauvais citoyens en profiterent pour crier qu'on
voulait empêcher l'approvisionnement de Paris . Cette impos
ture prit d'autant plus de consistance , qu'on avait été instruit
dans la matinée que des paniers de beurre , destinés pour
Paris , avaient été arrêtés à Evreux .
Des femmes se porterent , hier à 4 heures de l'après - midi ,
au port de la Grenouillere où elles se firent délivrer 8 caisses
de savon à un prix médiocre . De-là elles se rendirent au port
Saint-Nicolas , où elles firent la même chose . Cependant les
officiers municipaux étaient parvenus à arrêter ces excès ; au= '
jourd'hui il paraît qu'on a le projet de renouveller les désor
dres . L'orateur demande que les propositions de Taillefer
soient mises aux voix ; mais il ne suffit pas , ajoute- t -il ,
d'arrêter le pillage , il fant encore s'attacher à la recherche
de ces mouvemens qui tendent à perdre le peuple de Paris .
Je demande que le comité de salut bublic soit chargé de faire
un rapport à se sujet , et que les propriétaires qui ont été
pilles soient indemnisés sur les fonds provenant des sous addia
tionnels .
Deux causes , dit Thuriot , produisent le désordre ; le prix
exorbitant des denrées et la malveillance de l'aristocratie . Il
y a des hommes arrivés de la Vendée qui semblent n'avoie
d'autre objet que d'exciter du mouvement . On veut s'opposer
à l'acceptation de la constitution . Je pense que la Convention
ferait un grand acte de sagesse si , pour prévenir les mouvements
qu'on prépare dans les départemens , et dans lesquels of
ne manquera pas de se servir du prix des denries pour
attirer les citoyens , des drapeaux de la liberté sous ceux du
despotisme ; si , dis - je , elle s'en rapportait aux administrateurs
fixer un maximum aux prix des denrées . Cette pro pour
( 32 )
position est renvoyée au comité de salut public ; et la mesure
présentée par Taillefer est décrétée .
Dentzel se plaint de l'inexécution du décret qui défend la
vente du numéraire . Il assure avoir vu à la rue Vivienne
des particuliers qui offraient pour un louis d'or cent livres
en assignats. Un membre fait aussi-tôt la motion de supprimer
entierement la bourse . Sur la proposition de Thuriot , la
Convention décrete que la bourse sera provisoirement fermée.
Le comité de salut public fera dans trois jours un rapport
sur l'agiotage .
savon .
Une députation de blanchisseuses demande la taxation du
Renvoyé au comité de salut public , pour examiner
si , dans ces circonstances , il ne serait pas à propos de
fixer momentanément les denrées de premiere nécessité .
Une commune du district de Sarbourg adhere aux mesures
prises par la Convention . Rhul a observé que cette commune
porte un nom allemand , et sur la motion de plusieurs membres
son nom est changé en celui de la Montagne,
On a dénoncé plusieurs administrateurs du département de
la Meurthe pour avoir envoyé des émissaires dans le département
de la Meuse à l'effet de l'engager à une coalition
perfide. L'Assemblée a décrété la suspension de ces admi-
――
nistrateurs .
-
Ceux du département de la Somme viennent de nouveau
présenter à la Convention leur rétractation formelle et leur
soumission à ses décrets .. L'Assemblée décrete que ces administrateurs
sont rendus à leurs fonctions , excepté le citoyen
Julien , qui n'a point voulu se rétracter. Legendre prend la
parole pour déclarer un fait en présence des administrateurs
de la Somme , car cela les engagera , dit- il , à redoubler de
surveillance . Hérault - Sechelles a reçu une lettre d'Amiens
dans laquelle on lui annonce que l'on devait piller , le 25 de
ce mois , des bateaux chargés de savon ,
Le ministre de l'intérieur paraît. Il annonce que le mouvement
se calme et que la garde est vigilante : ces nouvelles
agitations , a t -il dit , sont les manoeuvres des ennemis de la
constitution . Il faut que la commune de Paris redouble en ce
moment de surveillance. L'Assemblée ordonne l'impression du
Tapport du ministre ,
Louis -François-Joseph Bourbon , ci-devant Conti , écrit du
fort Saint -Jean à Marseille , qu'il a été déclaré innocent par
le tribunal de cette ville ; il sollicite de l'humanité de l'Assemblée
un prompt élargissement , attendu que ses infirmités
pe lui permettent pas d'être concentré dans une étroite prison ;
il déclare que la représentation nationale serait injuste de le
punir pour cela seul qu'il est de la famille des Bourbons ;
il représente que depuis la révolution , il s'est acquitté des
devoirs d'un bon citoyen . Le comité de salut public est
chargê de faire un rapport sur sa demande .
-
La
( 38 )
1
de 30 mille
pupi Le comité de la guerre fait décréter que la levéed
hommes de cavalerie , démandée par le comité de sudang c
sera fournie par tes départemens , en raison du
leur contingent d'infanterie.
10curer
Baniere , après avoir peint le bonheur que va p
la constitution , fait adopter un projet de décret dont voici
les principales dispositions :
La declaration des droits et l'ace constitutionnel seront
envoyés aux départemens , aux communes et aux armées .
Les administrateurs convoqueront les assemblées primaires
huit jours après la piomulgation du présent decret.
- Le
peuple français est invité à émettre son vau. Les assemblées
primaires enverrout un commissaire , porteur des votes ,
qui se rendra à Paris le 10 août. Le recensement général
des votes se fera dans la Convention , en présence des commissaires
des assemblées primaires , et sera proclamé sur
l'autel de la patrie le 10 août . Aussi-tôt après Facceptation
de la constitution , les assemblées primaires seront convoquées
pour nommer les députés du corps legislatif. ,
Bariere soumet encore plusieurs autres projets de décrets
à la délibération de l'assemblée ; tous ont été adoptés , en
voici les dispositions les plus remarquables.
10. Les recompenses territoriales accordées aux défenseurs
de la patrie par le décret du 21 février ; seront portées
à 600 millions .
2º . L'instruction publique et les secours publics sont
à l'ordre du jour , jusqu'à ce qu'ils soient terininės.
3° . Le traitement des ecclésiastiques fait partie de la dette
nationale .
" 4° . Le comité des finances est chargé de présenter un'
mode pour assurer la dette nationale .
19 5º . Chénier et Carlier se rendcont incessamment dans'
les départemens de la haute Garonne , du Tarn , de l'Hérault
et voisins , pour éclairer les citoyens et les porter à l'union ; ils
sont autorisés à prendre toutes les mesures qu'ils jugeront convenables
.
Séance extraordinaire du jeudi soir.
On a procédé à l'appel nominal pour la nomination d'un
président et le renouvellement du bureau. Thurior est porté
au fauteuil. Les nouveaux secrétaires sout Thomas Lindet ,
Bilaud - Varennes et Levasseur. La Convention a reçu au
nombre de ses membres le suppléant de Buzo,
.. Gossuin , sur le témoignage d'une lettre qu'il a reçue , informe
l'Assemblée que la garnison de Valenciennes a repoussé
l'ennemi dans une sortie .
Guyomard annonce que le 20 de ce mois , le général Beysser
commandant à Nantes , a chassé les rebelles qui investissaient
cette ville , les a poursuivis pendant deux lieués , leur a pris
Tome IV. C
( 34)
trois postes importans du côté de Verneuil , et tué 300 hommes .
La veuve du citoyen Hébert , lieutenant de gendarmes , tué
en combattant les rebelles , présente son fils à la Convention .
Cet enfant , âgé de 14 ans , a vu tomber son pere à ses côtés ..
Il a eu le courage de venger sa mort , en tuant son assassin
d'un coup de pistolet. Pour toute récompense , il a demandé
qu'il lui fût permis de venir à Paris soulager sa mere . Le
général lui accorda sa demande , et lui donna un cheval pour
faire son voyage. Le jeune homme s'égara , et se trouva au
milieu des rebelles . Sa présence d'esprit ne le servit pas moins
cn cette occasion que son courage , et il parvint à s'échapper.
Après avoir entendu ce récit touchant , la Convention a
adopté ce jeune homme , et décrété qu'il serait élevé aux frais
de la République . Elle accorde un secours provisoire de 1000 1 .
à la mere .
Séance du vendredi , 28 juin .
PRESIDENCE DE THURI O T.
Cinq administrateurs du département de l'Eure viennent de
rétracter les arrêtés qu'ils ont signés . La Convention décrete
qu'ils seront mis en liberté , et renvoyés pardevant le
comité de sureté générale pour y déposer leur déclaration .
Carra de retour de la Vendée , d'où il avait été rappellé
par un décret , demande que tous ceux qui l'ont calomnié
La Convention l'a renvoyé par- signent leur dénonciation . -
devant le comité de salut públic.
L'Assemblée a adopté un projet de loi sur les secours généraux
à accorder aux enfans dits naturels et aux vieillards .
Au nom du comité de salut public , Saint-André a fait dé
crêter que dorénavant les ingénieurs , attachés aux ports de la
République , ne seront chargés que de la construction et du
radoub des vaisseaux . Il sera nommé des officiers de.marine '
chargés des mouvemens des ports . Il y en aura six à Brest ,
quatre à Toulon , quatre à Rochefort , et deux à l'Orient .
On a fait lecture d'une lettre de Westermann , dans laquelle
il aunonce un avantage remporté sur les rebelles .
Séance du samedi 29 juin.
Les administrateurs du département de l'Isere réclament
contre une fausse interprétation d'un de leurs arrêtés ; ils déclarent
que jamais ils n'ont eu l'intention de violer l'unité et
l'indivisibilité de la République . La Convention à décrété
l'insertion au bulletin de cette adresse.
-
Un membre a annoncé que les brigands qui assiégent Nantes ,
ont envoyé deux députés dans cette ville , pour proposer aux
autorités constituées de leur livrer les quatre représentans du
peuple qui se trouvent à Nantes , ainsi que les caisses publiques ,
( 35 )
"
et d'arborer la cocarde blanche. Les Nantais ont répondu fierement
que la liberté ne transigeait point avec le despotisme.
La Convention adopte un projet de1 loi sur la réunion des
postes et des messageries ..
Plusieurs communes envoient leur adhésion . D'autres se
plaignent des administrateurs de la Gironde. Robespierre a
demandé le décret d'accusation contre ces administrateurs .
Quelques membres ont proposé d'attendre l'effet du décret
qui a ouvert une porte au repentir des administrateurs da
département. Cette mesure est adoptée .
Le comité de sûreté générale informe l'Assemblée que le
citoyen Kervélegan , l'un des membres détenus , a été enlevé
par trois citoyens , à l'aide des députés Vernier et Babey . La
Convention décrete que ces deux membres se rendront au
comité , pour nommer les citoyens qui ont enlevé Kervelegan .
Sur la dénonciation faite par Legendre , qu'on vient de
mettre sous presse une prétendue constitution , pour l'envoyer
dans les départemens avec la véritable , la Convention décrete
la peine de mort contre tous ceux qui feront circuler une
constitution sous le nom de la Convention , et contre les
imprimeurs , vendeurs et colporteurs de ces criminels écrits .
On fait lecture du bulletin de l'armée du Nord , d'une lettre
du général de l'armée d'Italie , d'une autre du général Leveneur,
qui toutes annoncent des succès . La Convention apprend
en même tems que dans la Vendée nous avons remporté encore.
deux avantages , et que Bellegarde se défend toujours avec
courage , et va recevoir du secours .
Hérault , au nom du comité de salut public , fait dékréter
qu'il sera mis à la disposition du ministre de l'intérieur une
somme de 10 millions pour les secours à accorder aux départemens
qui réclament des subsistances .
Séance du dimanche 30 -juin .
La section du Museum a fait passer à l'Assemblée l'arrêté
qu'elle a pris le 27 de ce mois , par lequel elle rend responsables
tous les citoyens de la section dont les femmes ou les
domestiques se porteraient à la violation des propriétés. Mention
honorable .
Les administrateurs de la police communiquent à l'Assemblée
l'état actuel des prisons . Il en résulte que les détenus
sont au nombre de 1337 .
Mallarmé , organe du comité des finances , présente un
projet de décret relatif au certificat de civisme , pour faciliter
le paiement des pensions ; l'Assemblée , après avoir confirmé
son décret du 19 , qui ordonne qu'aucune pension ne sera
payce au trésor public sans certificat de civisme , décrete que
sur le certihcat il sera fait mention de la résidence , du ccrtificat
de non- emigration , de l'acquit des impositions , en un
mot de toutes les formalités exigées par la loi ; de maniere
C &
36 )
qu'une seule piece suffira pour toucher les pensions : les certificats
de civisme devront être visés par le directoire de dis
trict du département.
-
Le rapporteur du comité d'aliénation informe l'Assemblée
que le departement de Paris vient de s'emparer du collège
des Quatre Nations , et que déja des ouvriers y travaillent
par ses ordres. Il propose , au nom du comité , de suspendre
les travaux que le département a fait entreprendre , d'arrêter
le déplacement de la bibliotheque , de renvoyer au comité
des domaines , d'aliénation et d'instruction publique , l'examen
des motifs de la conduite du département de Paris , enfin de
faire de nouveau très - expresses defenses à totout corps admi- *
nistratif de disposer d'aucun édifice national, sans y être autorise
par un decret . Après quelques débats , toutes ces propositions
ont été adoptées .
On fait lecture d'une lettre du procureur - syndic du département
des Landes , dans laquelle il annonce que les Espagnols
ont entièrement évacué notre territoire.
Des petitionnaires sont admis à la barre . Les citoyens de
Tonnerre, adherent à tous les décrets de la Convention . Les
patriotes fugitifs du Midi demandent 1 ° . que les liquidations
des sommes dues aux villes rebelles du Midi soient suspendnes
, et qu'elles servent à accorder des secours aux patriotes
pendant leur exil ; 2 ° . que les villes fidelles soient exceptées
de cette loi . Renvoyé au comité de salut public.
Les citoyens de Versailles et la société populaire de cette
ville , viennent féliciter la Convention sur son travail constitutionnel.
Des citoyens de la ville de Moissac , département du Lot ,
demandent que les députés mis en état d'arrestation par un
decret qu'ils disent avoir été arraché par la force , soient jugés
par un tribunal établi hors de Paris . L'Assemblée passe à l'ordre
du jour.
Génissieux instruit la Convention que les sections de Lyon
ont incarcéré à Pierre- en- Cise le citoyen Couturier , qui venait
de Grenoble à Paris , pour y remplir les fonctions de juré
auprès du tribunal révolutionnaire. Un membre de la députation
de Rhône et Loire ajoute que l'administration du departement
a déclaré ne pas vouloir reconnaître la nouvelle constitution
, attendu que la Convention n'était ni libre ni respectée
au moment où elle l'a décrétée . Renvoyé au comité de salut
public .
Delacroix assure que les administrateurs qui sont en révolte
ouverte contre la Convention prennent les fonds dont ils ont
besoin dans les caisses de district , et même obligent les acque,
reurs des biens nationaux à payer les anuuités et en verser le
monaut dans leurs mains . Ils demandent que la trésorerie nationale
fasse passer à la Convention l'état des administrations
qui ont tenu cette conduite - criminelle. Il demande en outre
·( 37 )
que dans les départemens dont les administrations sont en
révolte , il soit fait défense à tout citoyen de payer les annuites
eu les contributions , sous peine de payer deux fois .
propositions ont été adoptées .
£ Séance du lundi 1er juillet.
Cés
Cette séance s'est ouverte par la lecture d'un grand nombre
d'adresses d'adhésion aux mesures révolutionnaires prises par
la Convention .
Les représentans du peuple près l'armée des côtés de Brest
drivent de Nantes , en datuée de presque tous les côtes par
u 26 juin , que la situation
•
' les rebelles , les a mis dans la nécessité de la déclarer en étát
de siége. En conséquence , de l'avis du comité central er du
général Canclos , commandant -général des côtes de Brest, ils
ont publié une proclamation , dans laquelle , après avoir rappellé
aux Nantais leur énergie de 1788 , et leur avoir démontré
les inconvéniens qui résulteraient , pour leur intérêt et leur
défense contre leur ennemi commun ; de sa mésinteligence
plusieurs autori és qui marcheraient difficilement d'accord ,
ils out investi le général Canclos sons sa responsabilité , de
toute l'autorité , tant pour le civil que pour le militaire , conformément
au décret de la Conventinn , relatif aux places frontieres
déclarées en état de guerre . Ces mesures sont confitmées
par l'Assemblée .
entr
-
Le district de l'Aigle instruit la Convention qu'il vient d'atrêter
un courier des administrateurs de la Gironde . Ce courier
était porteur des arrêtés de ce département , adressés à celui
de la Seine inférieure et autres . Le but de ces arrêtés est d'engager
les départemens à se confédérer , à lever des troupes et
à marcher sur Paris . Les administrateurs du district de l'Aigle
annoncent én même- tems qu'ils ont refusé d'obéir aux arrêtés
du département de l'Orne , qui leur ordonnait une levée
d'hommes destinée contre la Convention . L'Assemblée ordonne
' la mention honorable de la conduite dn district de l'Aigle ,
Coupé , député du département des Côtes du Nord , qui.
' avait fui à la suite des événemens du 31 mai , a été arrêté à
Mantes , non muui de passe - port . Sur la proposition du comité
de sûreté générale , il sera transféré à Paris et son suppléant
appellé pour le remplacer.
Barrere , rapporteur du comité de salut public , a donné
connaissance d'un fait qui a excité l'indignation de l'Assemblée
. Le navire américain le petit Cherubin , ayant à bord
trente Français , que les Espagnols avaient chassés d'une
maniere barbare , les débarqua le mois dernier au Havre ; lå
prit un passe- port pour Hambourg . Le 6 il fut pris près
Dunkerque par le corsaire français le Vrai-Patriote . Son équipage
fut fort maltraité , quoiqu'il n'eût fait aucune résistance .
2
G33
( 38 )
Un Français prit le lieutenant au collet , et sans être provoqué
par aucune insulte , il lui brûla la cervelle .
Le comité de salut public a requis , de la part des ministres ,
la plus prompte exécution du décret qui défend aux corsaires
de courir sur les vaisseaux américans , et la Convention a
chargé le ministre de la justice de faire faire sur - le-champ
toutes les informations nécessaires sur la conduite tenue par
le capitaine et par l'équipage du corsaire le Vrai -patriote , contre
le capitaine et l'équipage du navire américain le Petit-cherubin .
Ce navire sera relâché , et le ministre de la marine est tenu
de faire statuer sur l'indemnité qui peut lui être due , et de
prendre des renseignemens sur la famille du lieutenant Américain
assassiné , pour l'indemniser des pertes que cette mort
lui a occasionnées .
David , organe du comité d'instruction publique , a fait
rendre le décret suivant , relatif aux artistes . 1º . Les jeunes
éleves qui ont remporté les premiers prix de peinture , d'architecture
et de sculpture , soit en Italie , soit en France , dans
les écoles approuvées , toucheront tous les ans une somme de
2400 liv. pendant cinq années . 2 ° . Chacun des autres éleves
envoyés à Rome , et qui y étaient entretenus aux frais de la
nation , recevront une pareille somme pendant l'espace de
cinq ans. 30. La trésorerie nationale sera tenue de leur payer
cette somnie .
Au nom du comité des finances , Mallarmé a proposé une
économie de 1800 mille liv . par la rédution des vicaires épiscopaux
, et d'une partie de leur traitement. La Convention n'a
pas goûté ce projet ; elle a enjoint seulement aux évêques de
faire desservir les paroisses vacantes par leurs vicaires episcopauxjusqu'à
la prochaine réunion des assemblées électorales .
Barrere a fait lecture d'une lettre de Delcher , de laquelle
il résulte que la contre révolution est complette en Corse .
Bastia , Saint - Florens et Cálvi sout les seuls points prononcés
dans l'isle pour la République . Barrere , au nom du
comite de salut public , a présenté plusieurs projets de décrets ,
dont voici les dispositions fondamentales .
-
--
La Corse sera divisée en deux départemens , l'un en-deçà
l'autre en- delà des monts . Les arrêtés pris , le 13 et 17 mai ,
par les commissaires dans l'isle de Corse sont approuvés .
Les actes de convocation des assemblées primaires sont déclarés
nuls , ainsi que tout ce qui en est résulté . Le'traitement
des fonctionnaires publics en Corse cessera d'être payé ,
et le décret d'arrestation porté contre Paoli et contre les administrateurs
de ce département sera mis à exécution . Les
ministres de l'intérieur et de la marine se concerteront pour
la défense des villes maritimes de la Corse restées fideles.
Il sera accordé aux patriotes Corses des indemnités propor
tionnées aux pertes qu'ils auront essuyées , sauf le recours
envers les contre-révolutionnaires.
( 39 1
PARIS , le 4 juillet 1793.
COMMONE. - Conseil-général , du 27 juin.
Le conseil- général de la commune étant informé hier par
une lettre du maire , qu'il se formait au port St.-Nicolas et
à la Grenouillere des rassemblemens de personnes qui voulaient
enlever des bateaux du savon à un prix inférieur à celui du
marchand , a député six de ses membres pour se réunir au
maire et ramener le calme .
Il a pris ensuite :
Le conseil-général instruit par les commissaires nationaux
envoyés dans les départemens de l'Ouest , que des scélérats
payés par les brigands de la Vendée , après avoir été faits
prisonniers , étaient arrivés à Paris pour y exciter des troubles ,
afin d'étouffer dans son berceau la constitution naissante ,
et de diviser les citoyens ; "
Instruit en outre qu'il se commettait des pillages sur les
ports , et que les propriétés étaient menacées par les cris de
vrais contre - révolutionnaires , qui , après avoir volé les sommes
à eux délivrées pour leur enrôlement , sont venus gagner à
Paris celles qui leur ont été distribuées par les révoltés de la
Vendée.
›› Considérant , 1 ° . que la loi met les personnes et les propriétés
sous la sanve - garde des bons citoyens ;
2º . Que tout citoyen a juré de les faire respecter ou de
mourir à son poste en les défendant ;
99.
30. Que dimanche 23 juin , le peuple de Paris réuni
au champ de la Fédération avec la Convention nationale ,
a prêté solemnellement le même serment , et que les seuls
hommes payés par les brigands et les puissances étrangeres ,
peuvent enfreindre le serment sacré ;
Considérant que ces mouvemens ne sont qu'une manoeuvre
. atroce pour empêcher l'approvisionnement de Paris , y faire
naitre la diserte , et par suite y exciter la guerre civile ;
" Considérant enfin que les ennemis de Paris et les partisans
du fédéralisme , désespérés du calme avec lequel les Parisiens
ont , pendant et depuis la révolution des 31 mai et
2 juin , travaille au salut de la patrie , veulent par ces ressorts ,
tant de fois éprouvés , d'une tactique qui les a trop souvent
servis , porter les citoyens de Paris à des mesures violentes
à des effets qui justifient enfin aux yeux des départemens coalises
, les calomnies dont cette ville est depuis ti long- tems
l'objet ;
Arrête , qu'à l'instant où dans l'arrondissement d'une
section quelque mouvement menaçant les propriétés se mat
G 4
( ( 40 )
1
•
nifesterait , les commissaires de police et de section seront
tenus de se transporter sur le lieu du rassemblement et dans
le même quart - d'heure , d'instruire le maire et le département
de police , de l'état et de l'objet du rassemblément , à peine
d'être poursuivis comme responsables et comme prevaricateurs.
Autorise dans ces circonstances le citoyen maire à faire
battre un rappel , soit dans la section où le mouvement se sera
Imanifesté , soit dans les sections environnantes , soit un rappel ,
général , de maniere que la force en impose aux malveillans
soudoy's qui prêchent le pillage.
99 Arrête qu'à l'instant où le rappel battra pour un pareil
motif , et quelle que soit l'heare , soit de jour ou de nuit ,
chaque membre du conseil général sera tenu de se rendre à 7
son poste.
" Invite tous les bons citoyens qui tiennent au serment
qu'ils ont fait de maintenir la sûreté des personnes et des
propriétés , à se rendre en armes dans leurs corps- de - garde
respectifs , au moment dudit rappel ; déclare mauvais citoyen
tout individu qui sollicitera , conseiliera le pillage , et y parti
cipera ; ordonne à la force armée de les arrêter et de les conduire
à la mairie ..
Le conseil général déclare qul met l'exécution du présent
arrêté sous la surveillance des vrais Republicains , de
ceux qui veulent la liberté , l'égalité , la republique et la
constitution . "
Du 2 juillet. D'après la lecture d'une lettre du comité de
salut public de la Convention adressée au maire de Paris ,
pour qu'il engage les citoyens à faire de nouveaux eefforts pour
défendre la liberté , et à former denx bataillons pour protéger
les subsistances qui arrivent à Paris , le conseil a pris l'arrêté
suivant :
10. Il partira de Paris sous Sixjours 1800 hommes, lesquels
seront organisés en compagnies , et formeront deux bataillons .
2º. Ces deux batillons , destinés seulement à ramener le
calme , faire respecter la loi et les autorités constituées par da
ville d'Evreux , à fraterniser avec les bons citoyens , en imposer
aux malveillans ; enfin à rétablir et protéger la circulation
du commerce, et l'arrivée des subsistances , ne seront point
tenus d'être en uniforme , mais seulement armés.
3º. Ces deux bataillons auront à leur tête , chacun une
compagnie de canonniers avec deux pieces de canons .
4. Ils iront à Evreux , et y resteront jusqu'à ce que nos
frères aient juré avec eux l'unité et l'indivisibilité de la République
française.
5°. Quatre commissaires du conseil- général marcheront en
tête de ces bataillons .
Le couseil général arrête que deux officiers municipaux por
C
eront demain à quatre heures du soir l'acte constitutionnel
dans chaque section , et le présenteront définitivement à l'acceptation
du peuple , qui prononeera sur cet objet?
Du 4 juillet. L'acte constitutionnel a été accepté par les
assemblees primaires de cette ville au milieu des plus vifs
applaudissemens . Le canon a été tiré en signe d'alegresse .
Sur 15 mille 334 votans ,, Henriot a réuni 9 mille 84 suffrages
Raffey 6095 : il y a eu 155 voix de perdues , d'où il
résulte qu'Henriot sera proclamé commandant général provisoire
de la force armée Parisienne . Les sections de la Cité
´et des Amis de la Patrie n'ont pas envoyé leurs procès- verbaux.
Baaclard- d'Arnaud , si connú par ses Epreuves du Sentiment et
son drame du Comte de Comminge , vient d'être mis en état d'arrestation
, pour avoir , dit-on , été trop sensible sur le sort
d'un émigré auquel il a donné l'hospitalité . Le tribunal
Prévolutionnaire s'occupe de l'affaire d'Orléans . L'acte d'accusation
, présenté à ce tribunal par l'accusateur public , porte
sur 26 citoyens , accusés d'avoir pris part à l'assassinat du
député Bourdon .
Le département de Paris a arrêté dans une de ses dernieres
séances , sur la proposition faite par Momorò , l'un de ses
membres , député dans les départemens de l'ouest , que dans
le courant de ce mois pour tout délai , les propriétaires et principaux
locataires seraient invités , au nom du patriotisme , à
faire peindre sur la façade de leurs maisons , en gros carac
teres , ces mots : Unitė , indivisibilité de la République , liberté .
égalité , fraternité , ou la mort . De plus , il a arrêté qu'il sera
placé an dessus des édifices publics une flamme aux trois
couleurs , surmontée du bonnet de la liberté le même arrête
invite les propriétaires à en faire placer de semblables au- dessus
: de leurs maisons .
·
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NO R D.
Extrait d'une lettre de l'adjudant - général Guerin , au quartiergénéral
de Paillancourt près de Cambrai , le 25 juin .
La garnison de Valenciennes fait des merveilles , ` c'est une
autre Mayence ; 13 pièces de canon prises ou enclouées ; les
troupes qui gardaient la tranchée taillées en pieces , 2 généraux
ennemis tués . D'un autre côté , je reçois des nouvelles officielles
de Maubeuge , qui m'annoncent un avantage marquant
remporté par nos troupes à Thuin- sur -Sanibre ; 500 hommes,
( 42 )
tant d'infanterie que de cavalerie , ont été surpris dans le
sommeil on en a tué un assez grand nombre , pris beaucoup
d'hommes et de chevaux ; le reste a pris la fuite et count
encore . 99
Le général Leveneur , commandant les armées du Nord et des
Ardennes , en l'absence du général Cust ne , aux citoyens compo
sant le comité de salut public.
Ne pouvant avoir de nouvelles officielles des villes de Va-
Jenciennes et de Condé , j'ai dû faire les plus grands efforts
pour me procurer quelques renseigneinens sur l'état de ces
deux places ; je vous fais passer , citoyens, un détail extrait
dune infinité de rapports concordans qui m'ont été faits , et
dont je crois pouvoir garantir l'authenticité.
Le résultat de ces rapports est , que le 15 , la garnison de
Valenciennes avait trois portes ouvertes , à la suite d'une sortie
faite le matin , qui fut très - meurtriere pour l'ennemi ; une autre
sortie , le soir du même jour , eut le plus grand succès , ainsi
que celles des 16 , 17 et 18 ; celle du 17 principalement doit
avoir coûté 5 à 6000 hommes tués , bléssés ou prisonniers ;
18 à 20 pieces de canon démontées ou enclouées , lesquelles
ont été conduites à Mous , comme hors d'état de service.
Il paraît que le 19 , le commandant de cette place a été sommé
de la rendre , et qu'il a répondu à la sommation par une vigoureuse
sortie , à la faveur de laquelle il a chassé une infinité
de bouches inutiles et de personnes suspectes.
Je reçois confirmation que dans la nuit du 20 au 21 , nos
braves républicains ont encore fait une sortie par laquelle ils
ont enlevé de vive force trois redoutes , se sont emparés de
13 pieces de cañon , se sont saisis des grilles et fourneaux , ont
blessé ou tué un si grand nombre d'hommes , que 126 voitures
de blessés ont été conduites à Mons ; nos troupès sont restées
maitresses du retranchement de l'ennemi et du fauxbourg de
Marly.
Condé se défend toujours vigoureusement . On assure que les
généraux Waldex et Clairfait tués : cette nouvelle mérite confirmation
. Nos avant -postes depuis Maubeuge jusqu'à Douay
sont toujours en présense des ennemis ; et malgré l'infériorité
de nombre de nos troupes légeres , nous avons presque toujours
eu l'avantage dans les différentes escarmouches qui ont
eu heu depuis une dixaine de jours il a été tué ou pris à
l'ennemi une soixantaine d'hommes et autant de chevaux dans
ces différentes affaires .
LILLE, le 23 juin.
Hier matin , les soldats de la République ont attaqué le
poste de Wattrelos avec l'énergie qui anime la division du
général Lamarliere , et l'ont forcé de se replier sur celui de
Moneron , où les ennemis ont été poursuivis avec intrépidité .
( 43 )
L'évacuation de Wattrelos et la retraite des Autrichiens ayant
été prévues , le général Lamarliere avait ordonné des dispo
sitions pour mettre en déroute ce dernier poste . L'attaque
a également été vive et terrible . La valeur de nos braves dé
fenseurs Républicains s'est surpassée dans cette affaire ; seize
Autrichiens ont mordu la poussière , le même nombre a été
fait prisonniers avec chevaux , armes et bagages..
DU CAMP DE LA MAGDELEINE , le 28 juin .
Les armes de la République se relevent sur cette frontiere ,
et nous avons presque toujours l'avantage dans les affaires de
poste; à mesure que les braves soldats Français s'animent et
reprennent leur énergie , leurs ennemis se découragent et se
ralentissent. Il paraît même que le dégoût s'est mis dans un
grand nombre de régimens Autrichiens ; car il arrive sans
cesse des déserteurs . Le général en chef Custines a , comme
Lamarliere , notre entiere confiance , et son austérité républi
caine a quelque chose qui l'inspire à la premiere vue ; aussi
a-t-il été reçu dans ce camp avec toutes les démonstrations de
la joie. Il n'a pas été moins bien accueilli dans toute sa tournée
sur la frontiere , et particulierement à Dunkerque où il est
actuellement.
Condé résiste à 30 mille assiégeans avec un courage surna
turel. treat
Les environs du Quesnoi sont libres , et les alliés ne peuvent
encore en approcher . La place est en état de défense. Les
enuemis n'ont fait jusqu'ici aucune tentative sur Maubeuge ;
ils se sont seulement présentes plusieurs fois , et toujours ils
ont été où surpris ou battus . L'armée des Ardennes n'est pas
dans de moins bonnes dispositions . Toutes ses places sont
approvisionnées , et celle de Philippeville - sur-tout est , par les
soins du général de Wich , dans le plus bel état de défense .
Telle est jusqu'à Longwy la situation des armées du Nord
et des Ardennes , et c'est au bout de cette ligne que le général
de Laage vient de remporter une victoire à Arlon .
ARMÉE D'ITALIE.
Escavana. Le 17 juin , le général Brunet a attaqué encore
une fois le formidable camp des Fourches sur cinq points
différens . Dans cette attaque les troupes françaises ont été jusqu'aux
pieds des retranchemens de l'ennemi ; mais surpris de
la résistance , ils se sont rétirés ; l'ennemi n'a pas ose sortir
de ces retrauchemens pour les poursuivre. Nous avons fait un
grand nombre de prisonniers aux Piémontais , parmi lesquels
se trouve le neveu du commandant. Cette affaire nous a coûté
environ 100 hommes tués et 200 blessés : les ennemis ont perdu
suivant le rapport des déserteurs la valeur d'un bataillon et
le double de blesses .
· D'un autre côté ños troupes ont attaqué le camp de Saours ,
€
A 44 ?
cette nouvelle attaque n'a pas mieux réussi. Les Piemontais
ne sont pas sortis de leur retranchement.
PYRÉNÉES ORIENTALES.
La forteresse de Bellegarde vient d'être enfin ravitaillée pour
trois mois. Comme c'était la famine seule qui pouvait engager
la garnison à se rendre , les Espagnols seront encore
témoins de bien de traits de valeur , à moins qu'ils ne se retirent,
fatigués d'une si héroïque resistence .
"
L'armée des Pyrénées orientales se remet , comme celle des
Basses-Pyrénées , sur un pied respectable . Quelques avis anuoneent
que les Espagnols songent à etablir un camp sur les
hauteurs de Corneilla , près de Perpignan. On leur prête
aussi le projet d'élever une batterie qui menacerait Collioure .
Mais ce qu'il y a de certain , c'est que deux fregates de la
République croisent à l'entrée du port de cette derniere ville ;
et comme on a vu dans ces mêmes parrages une frégate anglaise
et une espagnole , on s'attend à un engagement prochain.
را
Voici l'état de l'armée Française à Perpignan : au camp de
Masros et avant, 12,403 hommes ; à Perpignan set citadelle ,
2700 hommes ; dans divers forts et places hors de Perpignan,
6067 hommes . Total 21,170 hommes . Ne sont pas compris
dans cet état les troupes qui se trouvent dans le département
de l'Arriege , sur les côtes et dans l'intérieur . Le district de
Perpignan a levé un nouveau bataillon.
PYRÉNÉES OCCIDENTALES .
Lettre du procureur-général- syndic du département des Landes ; Monde-
Marsan , le 28 juin..
Je vous aprend que les Espagnols ont évacué le territoire
de la République près de S. Jean. Le défaut d'aprovisionnement
les a forcés de rentrer dans leurs foyers . On apprend que
la disette des commestibles est extrême à Pampelune , et que
la viande y est d'une cherté épouventable. Il y a plusieurs
jours que la livre de boeuf valait une piastre sur la frontiere
de la Biscaie et de Navarrė .
Je vous dirai que je viens de recevoir du procureur de
la commune de Saint- Esprit un avis officiel , portant que les
Espagnols ont été mis en déroute , et forcés à évacuer les
postes et deux camps qu'i's avaient en-deça d'Andaye . L'attaque
a commencé hier 22 à deux heures du matin ; les ennemis
ont été poursuivis jusqu'au pas d'Iren . Ils ont abandonné leur
équipage : Audaye est en notre pouvoir. "
Etat actuel des armées Républicaines qui combattent les rebelles ,
par le citoyen Carra , ci- devant commissare dans ces armées .
Nous avons aux Sables d'Olonne , sous les ordres du brave
Boulard et du brave Baudry , une armée de 14 mille hommes
( 45 )
sur laquelle on peut compter ; et à qui on n'a pas rendu
assez de justice , car à peine en a - t - on parlé dans les jour
naux et dans les bulletins de la Convention nationale. Cette
armée , qui a garanti jusqu'à présent les côtes de la Vendée
et qui dans son origine , au mois de mars dernier , n'était
que de 5 mille hommes , a chassé les brigands d'une étendue
quarrée de plus de 50 lieues , les a battus dix à douze fois de
suite , sans éprouver un seul échec . Cette armée est composée
de plusieurs bataillons des deux Charantes , de deux ba
taillons de la Gironde , qui , j'espere continueront à servir
la République une et indivisible , comme ils ont fait jusqu'ici ,
avec une bravoure vraiment heroïque , de quelques troupes de
ligue et de quelques braves volontaires des deux Sévres et de
la Vendée.
L'armée de Niort , à quinze ou vingt lieues des Sables d'Olonne
, est composée d'environ 22 c 23 mille hommes , dont
17 à 18 mille sur lesquels on peut compter. Les grenadiers
de la gendarmerie de la Convention et les troupes de ligne
qui s'y trouvent y donnent l'exemple de la meilleure discipline
, du bon ordre et des bonnes moeurs . Les bataillous
de volontaires des départemens voisins s'y comportent également
bien Burk
Ceux des habitans des campagnes qui sont en
réquisition , desertent chaque jour en partie pour aller faire
leurs foins et ce n'est pas une grande perte . La conduite
de la minorité de quelques bataillons de Paris est seule répréhensible
, les 500 livres qu'on a données à chacun de
lontaires en ont corrompa malheureusement beaucoup .
50 ces vo
L'armée de Tours , organisée par les soins et les talens de
Berthier , présente aujourd'hui une masse d'environ 20 mille
hommes , dont la moitié au moins peut être regardée comme
très -disposée à se bien battre contre les brigands , dès qu'elle
sera suffisamment approvisionnée d'artillerie et de munitions
de guerre et de bouche .
TOURS , le 26 juin..
Les députés et les généraux se sont réunis hier , pour
aviser aux moyens de porter des secours à Nantes .
Le general Menou reçoit à l'instant une lettre de Chambon,
commandant le détachement de 1000 hommes qui occupe le
poste de Chinon , par laquelle il nous informe que la Roche-
Jacquelin et les autres chefs de la prétendue armée royale se
sont retirés hier 5 à Doué , au nombre de 250 , après avoir
fait fusiller sept prisonniers qui sont vraisemblablement des
nôtres . Ils ont fait jetter à l'eau cinq pieces de canon , et fait
cesser les démolitions des redoutes du château de Bournay.
IS LE DECOR SE
Bastia , le 27 juin , l'an 2c . de la République. Tont est consom
mé , la contre-révolution est complette . Paoli est nommé géné
ralissime , c'est-à - dire , souverain , le clergé a été réintégré ; les
( 46 )
émigrés sont rentrés. Paoli s'est couvert du masque de la reli-,
gion ; il a été nommé président de la Consulta ; assemblée
extraordinaire de députés de toutes les communes de Corse ) il
a égaré les habitans sur l'état de la France et sur les disposi
tions de la Convention nationale ; il a daigné verser des larmes
sur le sort de sa patrie ; les quatre cinquiemes des habitans sont
séduits et égarés ; j'espere cependant qu'avec le tems , de la
prudence et des instructions , on pourra les faire revenir de
leur erreur. Dans plusieurs points ils se sont armés au nombre
mille à douze cents , et cela au frais de la République , en,
s'emparant des magasins . On fusille ceux qui montrent quelque
courage à soutenir le parti républicain . Les villes sont
déclarées rébelles quand elles sont pour la République ; elles
sont contenues par de fortes garnisons . Paoli a publié un
écrit contre les commisaires , qu'il appelle des désorganisateurs
et des agens de Gènes . Saint - Florent , Bastia et Calvi sont
assurés à la République. Le bataillon de l'Aveyron est enfin
arrive fort a propos pour renforcer nos garnisons .
L'ouverture de la consulta s'est faite le 26 mai . Paoli en est
président ; Léonardo , vice-président , et Pozzo - di - Borgo secré
taire. Le premier a été proclamé généralissime , et chargé du
pouvoir exécutif de Corse . Cette assemblée a proscrit Salicetti ,
Caza-Bianca , Arena , et tous les députés patriotes . Leurs fa
milles ont eté mises en arrestation , leurs maisons incendiées .
Ils ont arrêté que tous les militaires qui étaient pour la Répu
blique seraient invités à quitter leurs drapeaux sous trois jours
sauf à obtenir un pardon , faute duquel ils seront enfermés
dans des bastilles , avec confiscation de leurs biens .
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et dn
mercredi.
Du Mardi 2 juillet . Lecture d'une foule d'adresses d'adhésion
aux décrets de la Convention nationale . -Arrêté des administrateurs
de district dû Pont- l'évêque , et convocation des
assemblées primaires. Nous nous déclarons , est - il dit dans
la lettre de convocation , en état d'insurrection , jusqu'à ce
que la Convention soit débarrassée du joug des factieux de
la Montagne et des représentans de la commune de Paris . Nous
abhorrons le royalisme , la dictature et toute autre tyrannie ;
nous protestons contre les décrets rendus le 31 mai , arrachés.
à la Convention par la commune de Paris. L'administration
après cet exposé arrête , qu'il sera ouvert dans chaque commune
un registre pour inscrire le citoyen qui voudront se former
en corps , destiné à marcher de concert avec les autres départemens
, et à se réunir à leurs freres de Paris .
Les assemblées primaires ont été convoquées , a dit Lacroix ;
Le registre a été ouvert , mais personne ne s'est fait inscrise .
Le régiment de chasseurs qui est à Falaise avait reçu des
ordres du pouvoir exécutif pour se rendre à Orléans . Getic
476
troupe a refusé d'obéir. Voici le décret rendu d'après cet
exposé.
Art. 1er . Le conseil exécutif est chargé d'envoyer direc
tement les décrets aux communes et aux districts restés fideles .
99 II . Il indiquera à la gendarmerie qui se trouve dans le
Calvados d'autres quartiers .
III . Tout gendarme attaché aux administrations rebelles sera
privé de son traitement .
IV. Le conseil exécutif donnera ordre au seizleme régiment
de chasseurs , qui est actuellement à Falaise , de se rendre
Orléans dans un délai déterminé ; les officiers qui ne Ÿ
rendront pas seront cassés et punis , et les soldats qui y seront
arrivés au jour marqué , recevront une gratification ..
Mercredi 3 juillet . Le maire et les officiers municipaux de la
ville de Lille , informent la Convention que les sections de
Marseille , ayant envoyé des paquets à la municipalité et aux
sections de Lille , il a été unanimement arrêté que les écrits
qui venaient de Marseille devaient - être suspects , et qu'ils se
raient jettes au feu ; ce qui a été sur- le-champ exécuté.
Lettre du général Custine , datée de Cambrai le 30 juin .
Dans cette lettre le général se plaint des calomnies journelle
ment insérées contre lui dans deux feuilles imprimées , l'une
sous le nom de Marat , et l'autre sous celui de Laveau. Il
termine par le post-criptum suivant :
Il a été mande d'Angleterre l'arrivée de 12,000 Russes partis
par mer de Petersbourg. On les dit dans ce moment à Quié
vrain . Cette comparution subite complette la coalition des
tyrans de l'Europe ; mais ces féroces soldats venus du Nord
n'étonneront pas de braves républicains , qui sauront les détruire
s'ils ne peuvent les faire reculer.
Nos succès seront certains , car le Français , guidé par
l'amour de la liberté , doit triompher de tous ses ennemis , si
le choix d'un ministre de la guerre n'est pas guidé par les intrigues.
Le grand voeu de la constitution
que Vous venez d'achever
, va faire le, désespoir de ses ennemis , bientôt nous n'anrons
plus à craindre que la République n'ait été un songe
et la France verra s'affermir sur des bases solides , le plus heu
reux des gouvernemens , et s'élever avec gloire l'arbre triom
phant de la liberté.99
Autre lettre de ce général , de Cambrai le 2 juillet.
" Citoyen
président , je vous annonce avec plaisir que les troupes
de la République ont été attaquées dans plusieurs avant- postes
par le double de celles que nous avions ; mais les soldats
Français ont repoussé avec grande perte les janissaires des
despores coalisés . "
" A Pont-à-Marque , l'action a été des plus vives , les ennemis
y arrivaient avec la confiance d'une victoire assurée après
une action longue et très -vive , ils ont été obligé d'abandonner
leur entreprise , et se sont retirés avec une grande perte la
( 48 )
1
nôtre a été beaucoup moindre , et la communication de Lilled
Douai par Pont- à-Marque se trouve encore conservée .
- Pont-à- Rache a été aussi attaqué , ainsi que l'abbaye de
Stines ; mais à tous les postes l'enuemi n'a eu aucun avantage , 1
et il a été forcé à la retraite , après un combat rude et sans hous
avoir fait perdre du terrein , malgré la très -grande supérioté des
ennemis en nombre et en artillerie ,
Lettre du général Biron au comité de salut public . Leag
brigands ont été repoussés de Luçon , le 28 , avec une perte
considérables; mais des nouvelles que je reçois à l'instant m'ap
prennent qu'ils se disposent à m'attaquer de nouveau . Il est
certain qu'il y a eu une affaire aux Sables , dont je ne sais pas
encore le résultat . Le général Boulard et la division qu'il come
mande donnie droit d'espérer des succès .Ayant appris hier que les
brigands s'étaient portes sur Partenay dans la uuit précédente ,
j'y ai fait marcher le général Westermann avec un détache
ment de 2500 hommes ; les brigands , au nombre de 8,600 , n'ont
pas osé l'atendre , et ont évacué Parthenay plusieurs heures
avant leur arrivéc .
Des citoyens de Lyon ont dénoncé les dépositaires actuels
de l'autorité publique dans cette ville ; ils ont dit que nonseulement
un grand nombre de patriotes étaient incarcérés , mais
que les amis les plus énergiques de la liberté gémissaient dans
dans l'oppression . Sur le rapport du comité de salut public , las
Convention a décrété d'accusation de procureur- général syndic
du département des Bouches -du- Rhône , le procureur-syndic
du district et le procureur provisoire de la commune de Lyon. 7
Deux députés extraordinaires de Pacy annoncent que la
force armée des départemens de l'Eure et du Calvados , composée
d'environ 30,000 hommes , s'est emparé de cette ville, distante
de 161lieues de Paris ; et opriment les patriotes qu'elle renferme
. Au moment de leur , départ , la générale battait , ils
se plaignent du comité de salut public qui les a compromis
par son indifférence , et du conseil- exécutif qui n'a fait aucune
démarche , et leur a annoncé ces troupes qu'il n'a pas envoyées
Le président : La loi vous doit protection et la nation vous
doit force. Il y a trop long -tems que nous n'avons consulté.
que des sentimens d'humanité , il faut enfin qu'une grande
énergie se développe , que les bons citoyens se levent en masse
pour écraser ces fédéralistes . ' . ! .
Sur la motion de Saint -André , les commissaires dans le
département de la Seine infericure sont autorisé à employer
la force armée de Rouen contre celle de l'Eure et du Calvados ,
Errala pour le numéro 100. C'est par oubli qu'on n'a pas
indiqué que le post-criptum tout entiei de la page 400 est tiré
textuellement de la gazete de Francfort et de celle de Cologne .
Au bas de la page 399 , article de Londres , au lieu de pars
tager leur commerce , lisez , protéger leur commerce.
Jer . 135.
( N°. 102. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS.
SAMEDI 13 JUILLET , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE.
LES CONTRASTES.
Dialogue entre un directeur de spectacle et un auteur dramatique .
AH vous voilà ! monsieur , que nous apportez- vous ?
Du triste , du plaisant ? du neuf , pour tous les goûts ;
Du sombre Crébillon empruntant la maniero ,
J'ai su l'amalgamer à celle de Moliere ,
Et par ce composé de comique et d'horreur ,
Inspirer à la fois la joie et la terreur ;
Je fais tire et pleurer .
Que vous pourrez nommer tragi - comi -lyrique .
Souvent les nouveautés aux malheureux auteurs
Fout moins de partisans que de persécuteurs ;
Cet ouvrage sur-tout doit mériter l'envie ,
Et va faire , à coup sûr , le tourment de ma vie ;
Mais op brave aisément l'inclémence du sort
Quand on est assuré de vivre après sa mort ..
Votre nom de l'histoire enrichira les fastes ;
Mais , au fait ? Mon talent est celui des contrastes.
J'ai grand soin d'opposer l'honnête homme au fripon ,
Le bel esprit au sot , et le brave au poltron. ·
C'est un drame ? En musique
Bien ! ..
---
Je vais commencer par la scene premiere.
A droite est un palais , à gauche une chaumiere ;
Une tente superbe occupe le devant ,
Et la toile du fond offre un moulin à vent.
On voit un chevalier aux pieds de sa princesse ,
Il exprime en hurlant sa terrible tendresse ,
Tandis qu'à leurs côtés un semillant Frontin
Hasarde avec Lisette un geste libertin .
-Passons au deuxieme acte . - Il n'est pas moins étrange
Le machiniste sifle , et le théâtre change .
apperçoit au fond d'un obscur souterrain
Un pâle prisonnier tourmente par la faim,
Tome IV.
A
( 30 )
Qui privé de ses sens déchire ses entrailles ,
Se tortille le corps et frappe les murailles ,
Tandis que le geolier , tout barbouillé de vin ,
Sur un air de Pont-neuf vante son jus divin .
-- Fi donc voyous la fin, ----- La n est plus piquante ;
Des soldats abattus sur la terre sanglane ,
Qui tout couverts de sable et de contusions .
Font , pour mieux nous toucher , mille contorsions ;
Les vainqueurs , ennuyés de leurs plaintes cruelles ,
Sabrant de toutes parts et brûlant des cervelles .....
- Ce passage est affreux .. -- Vraiment c'est ce qu'il faut ;
Le trop en fait d'horreur est un fort bon défaut .
Mais qui pourra souffrir cette execrable image ?
Al vous ne sentez pas le prix d'un beau carnage
Tant pis ... du tableau j'adoucirai l'effet………….
-
Non . -
C'estfort bien ; mais comment ? -Comeat! Parunballet,
Les massacres finis une noce s'apprête ;
On danse , op chante , on fit , rien ne manque à la fête ;
L'effroi dans tous les cours fait place a l'enjouement ,
Et chacun au logis s'en retourne gaiement.
Mon genre vous parait ? .. Très-extraordinaire .
Tant mieux ; ce qu'on a fait je ne veux pas le faire.
Nos ayeux ont tout dit ; l'esprit n'est plus nouveau ;
Au défaut de l'esprit il faut bien un tableau ;
Non pas de ces tableaux si communs au théâtre ,
Dont l'unique sujet est décent ou folâtre ;
Où l'on ne voit pas même un monstre furieux ,
Qui serve de contraste aux objets gracieux ;
Mais un roc sourcilleux , un palais qui s'écroule
Et me fait en tombant venir la chair de poule ;
Un orage et des vents qui soulevent les flots ;
Un vaisseau qui s'abyme avec les matelots
De ces Loriens fougueux qui du haut des montagnes
Vont en degringolant désoler les campagnes
Des bombes , des pétards et d'horribles combats ,
Des brigands à moustache et des assassinats ;
L'objet le plus hideux me plait quand il m'étonne .
Tenez .., vous êtes laid , mais non pas monotone ,
Votre il louche produit un fort heureux effer
Auprès de ce grand nez , si large et si mal fait ;
je renconite par-tout de beaux yeux qu'on admire ,
Mais je n'ai vu qu'à vous ce regard de satyre ;
( 51 )
Enfin , de tous vos traits l'irrégularité
A l'artiste surpris plaît mieux que la beauté . —
Ah ! vous êtes trop bon ! .. si mon nez peut vous plaire ,
Vos oeuvres m'ont produit un effet tout contraire ;
Oui , monsieur , le beau seul a pour moi des appas ,
C'est pourquoi vos tableaux ne me conviennent pas ;
A d'autres directeuis présentez cet ouvrage .
Je suis voue valet . - Écoutez done ? .. j'enrage ;
Pour la dixieme fois me voilà refusé ,
genie ! en tout tems seras- tu méprise !
CHARADE.
Par le citoyen PILLET.
La ferre produit mon premier ;
L'air est Frappe par mon dernier.
C'est dans l'eau que vit mon entier.
1
ENIGME.
A L'AMITIÉ cher lecteur , je ressemble ;
Deux objets séparés , c'est moi qui les rassemble ;
Et comme elle toujours je suis prête à punir
Ceua qui voudraient les désuuir .
Par G. D. Ch.
LOGO GRIPHË.
REVANT profondément au bien de sa patrie ,
Le froid législateur sur mon tout appuyé
Pese , médite et passe une part de sa vie
A servir le pays auquel il est lié.
Arracheż -moj le coeur , vous voyez son ouvrage ;
Du bonheur des humains il doit étre le gage .
Mon chef encore à bas , de la froide raison
Je ne suis plus le solide langage ,
Et c'est par moi qu'on fait parler la passion,
Par M. Ch . M. D. V. J
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 101 .
Le mot de la Charade est Sourire ; celui de l'Enigme est Globe de
savon ; celui du Logogriphe est Rateau , où se trouvent rat' , can , ut ,
et ré , laran , rue.
D
( 5% )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Abdelazis et Zuleima , tragédie en cinq actes et en vers , par M. de
Murville , représentée pour la premiere fois sur le théâtre français
de la rue de Richelieu , le lundi 3 octobre 1791. A Paris , chez
Maradan , libraire , rue du Cimetiere - St. -André-des- Arts , no. 9.
O
N ne peut nier qu'une intrigue fondée sur une ressemblauce
de visage , n'appartienne beaucoup plus à la comédie
qu'à la tragédie ; et en effet , depuis les Ménechmes de Plaute ,
ce moyen , quoiqu'un peu forcé , a été souvent employé , et
toujours avec succès , parce qu'il donne lieu à une foule de
méprises plaisantes qui remplissent le premier objet de la
comédie , celui d'amuser et de faire rire . Cependant il ne
faudrait pas affirmer qu'un grand talent ne pût venir à bout
d'enuoblir ce moyen , et de le rendre tragique . Quinaut , qui
n'avait pas ce grand talent , mais qui du moins avait beaucoup
d'esprit et de ressources , soit celles de l'art , soit celles de
l'imagination , essaya de fonder sur une ressemblance son
Agrippa ou faux Tyberinus , que pourtant il eut soin de n'intituler
que Tragicomédie : c'était un roman très- compliqué , mais
qui excitait beaucoup de curiosité , et quelquefois même d'intêrêt
, quoiqu'aux dépens de la vraisemblance. Il eut long-tems
du succès , jusqu'à ce que le goût public , formé peu
par l'habitude de voir les chefs - d'oeuvre de Racine et les belles
Scenes de Corneille eût rejetté tous ces drames faibles ou
monstrueux , tels que ceux de Thomas Corneille , de Campistron ,
de la Grange , etc. , que le grand tragique des pieces de Voltaire
acheva d'andantir , et qui depuis trente ou quarante ans.ont
entierement disparu de la scene française .
à
peu
L'auteur d'Abdélazis , en travaillant sur un fond à peu près
semblable à celui du faux Tybérinus , c'est-à - dire én prenant
pour son héros un personnage qui , à la faveur d'une ressemblance
, se fait passer pour un prince qu'il a vu mourir , et
dont il s'approprie les droits , a traité ce sujet d'une maniere
toute différente : il n'a ni les avantages ni les défauts de l'ouvrage
de Quinault ; il n'a ni cette foule de situations piquantes qui
prouve quelqu'invention , ni cet embarras de ressorts multipliés
et pénibles qui laisse bientôt sentir tout le faible et tout
l'inconvénient de cette manière d'inventer. La marche de la
piece est fort claire et fort simple ; mais elle a le plus grand
de tous les défauts , le manque d'action , de noeud et de ressorts
. Les obstacles et les dangers sont gratuits et factices ,
des qu'on les considere avec attention ; et l'on sent que
si les personnages avaient une conduite raisonnable , c'est-àdire
s'ils faisaient ce qu'ils doivent naturellement faire dans
( 53 )
leur situation donnée , la piece pourrait finir au second acte ,
ou plutôt il n'y aurait point de piece . Il est facile de le
démontrer .
Un chevalier Maure , nommé Abdélazis , couronné dans un
tournois par les mains de Zaleïma , fille d'Almanzor , roi de
Grenade , est devenu amoureux de cette princesse . Il apprend
qu'elle doit être unie au prince Abderame ; il se propose de
combattre son rival , et arrive dans le moment où ce prince
livre bataille aux Chrétiens. Il le voit tomber , griévement
blessé , à côté de Nasser son gouverneur , qui est blessé comme
lui ; une pitié géréreuse l'engage à secourir celui qu'il était
venu défier ; il le traîne auprès d'une source , et c'est- là qu'en
lavant ses blessures il est frappé de la ressemblance des traits
du prince avec les siens , qu'il retrouve à la fois dans les eaux
comme dans un miroir ; il prend son parti sur-le- champ ; il
revêt l'armure d'Abdérame , et sous son nom et sous ses armes
il rallie un escadron , et rend la victoire aux Maures. Il arrive
ensuite à la cour de Grenade , et toujours pris pour Abdérame
il épouse Zuleïma .
C'est lui -même qui raconte au quatrieme acte tous ces faits
un peu étranges à la vérité , et qui ne soutiendraient pas le
moindre examen , si l'on voulait y chercher le vraisemblable .
Mais ce sont des faits de l'avant- scene ; ils se sont passés ,
il a sept ans , et ce n'est jamais sur le passé que
y
le spectateur
se rend difficile . L'auteur aurait pu sans doute échafau
der avec un peu plus d'art ; mais l'essentiel , c'est le bâtiment :
voyons sa construction . Au moment où la piece commence ,
Grenade est assiégée par Ferdinand , roi d'Espagne . Abdélazis
ou le féint Abdérame est un héros , le défenseur de cette
ville , l'effroi des Chrétiens , l'appui de la couronne et de la
vieillesse de son beau-pere Almanzor ; il est entré sur la scene
chargé de trophées , et vainqueur des Chrétiens qu'il vient
de repousser sous les remparts . Il est chéri du peuple et
d'Almanzor , qui même lui propose de regner à sa place ; il
est adoré de son épouse . Voilà quel est Abdélazis ; il ne faut
pas l'oublier.
•
Arrive au second acte un vieillard , ce même Nasser qui a
élevé le véritable Abdérame : celui - ci , prisonnier comme lui
chez les Chrétiens , depuis cette bataille où on le crut mort ,
est mort réellement il y a trois ans , et a chargé Nasser de
porter ses derniers adieux dans une lettre à la princesse
Zuleima . Nasser n'a pu s'acquitter plutôt de ce devoir ; il se
présence à elle de la part d'Abdérame mort , et la princesse
répond qu'Abdérame est très -vivant. Le vieillard se récrie que
ce prétendu Abdérame est un imposteur , et l'imposteur paraît .
Observez que depuis le commencement de la piece il n'a été
question que des remords du faux Abdérame : voici l'effet de
ces remords dans un homme qui est le héros de la piece , et
dont on exalte les vertus. 11 commence par traiter ce pauvre
D 3
( 54 )
vieillard comme un scélérat digne du dernier supplice ; ensuite
il essaie de lui prouver à lui- même qu'il est le véritable Abdéfame
; il lui prodigue toutes les tendresses d'un ami , toutě
la reconnaissance d'un élevé ; en un mot , c'est une scene de
Tartuffe. C'est à coup sûr la premiere fois que le héros d'une
tragédie a été présenté sous de pareils traits. L'auteur répons
dra sans doute que l'amour excuse tout ; mais on lui répli
quera qu'il n'a jamais excusé dans un héros l'hypocrisie , la
bassesse et l'atrocité , parce qu'il est reconnu que chacun aime
avec son caractere , et que si tel est celui de Fartuffe , ce n'est
pas celui de la chevalerie , ni de l'héroïsme . Il répondra encore
que la scene a été applaudie , et pour cette fois ce n'est pas
lui qui aura tort .
Cet innocent vieillard est envoyé à la tour , et condamné
a mourir pour avoir dit la vérité ; mais Abdélazis est assez
généreux pour le faire évader , et Nasser y consent ; et s'en vas
C'est dans ce même instant que la vérité est reconnue. Nasser
avait laisse tomber dans le camp, espagnol cette lettre d'Abdérame
écrite de la main de ce prince . La lettre est retrouvée ,
et renvoyée à Almanzor : Tous les guerriers , compagnons d'Abdérame
, reconnaissent sa main , et la fourbe d'Abdelazis est
démasquée. Observez que depuis 7 ans , de tous ces guerriers.
dont l'entretien pouvait étrangement embarrasser un étranger
faussaire , aucun n'a jamais conçat ni élevé le moindre doute .
Observez qu'apparemment aucun de ceux qui connaissaient si
bien l'écriture d'Abdérame n'a jamais vu celle d'Abdelazis ....
Mais que d'observations de ce genre , s'il s'agissait ici de bon
sens Continuous .
Almanzor montre cette lettre à Zuleima qui devrait dire
d'abord mais qui donc m'attestera que cette lettre est du véris
table Abdérame ? C'est-là certainement la premiere question
qu'elle doit faire , puisqu'elle ignore absolument que l'écriture .
a été vérifiée et reconnue . Point du tout , elle commence par
s'évanouir cela est plus court , et encore une fois qu'importe
le bon sens ? Si chacun des personnages n'avait pas juré d'y
renoncer , et le vieux roi de Grenade tout comme les autres ,
que ferait , que devrait faire ce bon Almanzor qui s'est montré
jusqu'ici le meilleur des hommes et le meilleur des peres ,
qui aime tant sa fille et son gendre et qui a tant besoin de
ce dernier ? Assurément rien n'est plus simple et il n'y a
pas deux partis à prendre. Le véritable Abdelazis est mort ;
celui qui a pris sa place fait , depuis sept ans le bonheur
de Zuleima , il en a un enfant ; il est la gloire et le ders
nier soutien du royaume de Grenade , réduit à la capitale.
qui est assiégée et qui peut à tout moment être prise. A quoi
servira de le punir d'un artifice qui n'a fait de mal à personne ,
qui même a tourné à bien , et qui a mis les choses dans un
ctat où il n'y a point de remede , à moins que ce n'en soit
un d'ôtef à Zuleima un époux qu'elle adore un pere...
1
\( 53 )
*
leur enfant , et à Grenade son seul appui ? Il est évident
que dans la situation d'Alaianzor il ne peut prendre ce
parti sans être un insensé ou un monstre de ferocité , et
eertes il a paru jusques-là tout le contraire . Aussi l'auteur ,
pour motiver la fareur horrible qu'il lui prête , est obligé
de le faire déraisonner : il traite sans cesse Abdélazis de vil
aventurier ; mais on n'est point vil avec des talens , du courage
et des vertus , sur- tout chez les Maures , nation géné
reuse et éclairée , qui savait estimer toutes ces qualités , et
qui conservait encore l'esprit de chevalerie ; on n'était point
vil chez ces peuples pour n'être pas prince. L'auteur fait parler
Almanzor commie un de ces puissans despotes d'Asie dont
la race est consacrée par un préjugé religieux , et près de qui les
autres hommes sont des esclaves et des chiens ; et il oublie que
ce n'étaient point-là les moeurs des Maures d'Espagne ; qu'il n'était
point du tout rare chez eux qu'un guerrier, sans autre recommandation
que ses exploits , épousât une princesse , ou même
parvint à régner sur quelqu'une des principautés qui formaient
leur empire : l'histoire en offre plus d'un exemple . Il oublie
qu'Almanzor ne peut , sans se contredire ridiculement , traiter
avec tant de mépris celui que tout à l'heure il voulait
placer sur son trône . Mais enfin il fallait bien qu'Abdelazis
fut en danger ou parût, l'être ; car sans cela il n'y a point
de tragédié , et l'auteur n'a rien trouvé de mieux que de faire
tout-à - coup de cet honnête vieillard un fou furieux , qui vent
faire périr non-seulement son gendre , mais même son petitfils
, âgé de six ans , apparemment pour consoler sa file . Il
est vrai que c'est par le Divan qu'il fait rendre cette belle
sentence ce qui est encore un ridicule de plus ; car Almanzór
n'a aucun besoin du Divan pour commettre cette
extravagante cruauté , s'il en a envie .
Et Zuleima , que va -t- elle faire ? Elle sera aussi raisonnable
que son pere . L'amour même qu'elle a pour son époux , et
celui qu'il a pour elle depuis sept ans , et dont elle est s re
pendant les trois premiers actes , cet amour ne lui suggere pas
la plus légere excuse en faveur d'Abdélaziš ; elle est tout
aussi furieuse que son vieux pere , et ne voit dans ce qu'Abdélazis
a fait pour la posséder qu'un forfait atroce et irrémissible.
Voici pourtant , quand les premiers transports sont
calmés , ce que la pitie lui inspire pour ce malheureux
Abdelazis ; c'est d'aller le poignarder dans sa prison pour
le dérober au supplice et de se poignarder ensuite auprès
de lui ; à l'égard de son enfant , il deviendra ce qu'il pourra ;
elle n'en parle pas ; mais elle exige absolument que
la confidente
Fatime ne meure pas avec elle , par la raison qu'Almanzor
a besoin de cette confidente pour survivre à sa fille. Ce
sont les propres termes de l'auteur . Il faut avouer que cette
Zuleima est une singuliere créature .
Nous allons de merveilles en merveilles , suivant le précepte
D 4
( 56 )
?
•
de l'Art poétique : Zuleima qui était si sure d'être aimée , et
qui en effet doit en savoir quelque chose depuis sept ans
s'imagine tout-à- coup que puisqu'Abdélazis n'est pas Abdé
rame , c'est qu'il ne l'a jamais armée , qu'il ne l'a épousée
que par ambition , et qu'il n'a fait autre chose depuis sept
ans que de feindre de l'aimer. C'est feindre long- tems , et il
est difficile qu'en pareil cas une femine ne sache pas à quoi
s'en tenir . Mais qu'importe ? La voilà donc qui vient la nuit
dans la prison , un poignard à la main , et c'en était fait
d'Abdelazis si son fils , cet enfant de six ans qui se trouve là
pour dormir à côté de son pere , ne se réveillait au bruit ; il se
jette aux pieds de sa merc , et sa mere qui se souvient qu'elle
l'est , jette son poignard . Je suis persuade que l'auteur a pris
cela pour un coup de théâtre une prison , un enfant qui
dort car il faut toujours des enfans ; c'est aujourd'hui , avec
les incendies , la ressource banale de nos drames ) un poi ,
gnard levé et jetté ; oui , c'est là un coup de theatre : il est
aussi neuf que bien amené.
Abdélazis n'est pas plus surpris que le spectateur ; il
gouve tout simple le beau projet de Zuleïma ; mais il lui
proteste que jamais il n'a eu d'autre envie que de la posséder .
Est-il possible? s'écrie Zuleima : quoi ! "ardeur de régner !.. C'est
en ce moment qu'il lui coute toute son aventure , et Zuleïma ,
comme si elle venait d'avoir une révélation , comme si dans
un pareil moment Abdelazis ne pouvait pas feindre encore
tout aussi bien qu'il a su feindre pendant sept ans , en un
mot , comme s'il s'était passé quelque chose qui pût mon
trer son époux autre qu'elle n'a dù le voir de tout tems ,
revient enfin à elle -même , et prend le seul parti qu'elle aurait
dû prendre d'abord , celui de faire entendre raison à
son pere qui a perdu l'esprit . Mais le vieillard est inflexible .
On voit que c'est le fond de cette belle situation d'Inès .
ridiculement de figurée ; mais que fait on aujourd'hui le plus
souvent , si ce n'est de gâter ce qui a été bien fait ? L'auteur
, pour se tirer d'affaire , a recours au peuple qui se
souleve en faveur de ce vil aventurier : et le met à sa tête pour
aller repousser les Espagnols qui donnent l'assaut à la ville . Ils
sont si bien repoussés que Ferdinand reste seul : Abdelazis l'ap
pelle , et lui propose de terminer la querelle des deux nations
par un combat singulier. Ferdinand ne manque pas de l'ac
cepter ; il est vaincu , désarmé ; Abdélazis qui pourrait dé
faire sa patrie d'un ennemi si dangereux , lui laisse la vie
en faveur de son épouse Isabelle qu'il ne veut pas désespérer.
Une épouse ! ...... jamais , j'en jure mes douleurs ,
Mon épée à leurs yeux ne coûtera de pleurs .
Il est clair , d'après ce serment , qu'il ne tuera jamais que
des célibataires , et qu'apparemment il aura soin de demander
( 57 )
tous ceux qu'il combattra s'ils sont mariés , veufs ou garçons.
En attendant , il se contente d'exiger de Ferdinand un
autre serment , celui de ne jamais troubler la paix de Grenade.
Ferdinand le jure par l'Evangile ; mais Abdelazis qui ne veut
point de ce serment si vulgaire , le fait jurer par l'honneur et par
Isabelle ; après quoi tout s'arrange bientôt entre Almanzor et
le vil aventurier , et la piece finit.
Ce combat singulier , accepté par Ferdinand , qui reste seul
sous les murs de Grenade ; par Ferdinand , connu pour le plus
grand poltron et le plus grand fourbe de son tems ; qui n'assié
gea point Grenade , mais qui la fit prendre par ses généraux
et mit fin à la domination des Maures en Espagne ; ce com
bat du plus puissant roi chrétien de ce tems- li avec un chef
Maure , prouve que l'auteur a connu et observé l'histoire et
les moeurs d'Espagne comme celles des Maures de Grenade
On a répété mille fois ( et il n'y a pas de dicton plus con
nu , ) que pour faire une mauvaise piece il faut toujours de
l'esprit . Ce qui prouve que mille fois on a dit une sottise ,
e'est qu'il y a mille pieces qui non seulement ne prouvent
point d'esprit , mais même prouvent l'absence totale d'esprit ,
et celle - ci est assurément du nombre . Comment done ( dirat-
On ) a - t- elle eu du succès ? Comme tant d'autres qui en ont
eu un moment , et qu'on a oubliées un moment après . Et que
sera ce si l'on considere combien l'indulgence est devenue
plus générale , depuis que l'attention publique , détournée par
d'autres objets , a été nécessairement moins severe pour les
objets de littérature et d'amusement ? Aussi rappellez - vous
tout ce qui a été composé en ce genre depuis la révolution ,
et vous verrez ce qui en restera .
On a loué dans quelques journaux la versification d'Abdė.
lazis ; il est vrai qu'elle n'est en général ni dure , ni ridicule ,
ni barbare , et peut-être cela seul a - t - il paru une sorte de
mérite parmi tant d'ouvrages où il n'y a pas un mot de Fran
çais . Mais pourtant on peut , sans tomber dans ce dernier
excès , être encore fort au- dessous du médiocre. La versifica
tion d'Abdelazis est ce qu'on appelle un centon , c'est- à - dire
un style d'écolier , composé d'une foule d'hémistiches pris
par- tout , rassemblés quelquefois avec un peu de tournure et
de nombre , le plus souvent avec mal - adresse ; les chevilles ,
les termes impropres , les expressions vagues et insignifiantes ,
les disparates , la disconvenance de ton et de pensées , la
déclamation ou lě prosaïsme ; voilà les défauts dominans dans
ces sortes de compositions , dont l'auteur ne pouvant avoir
le style de ses idées , parce qu'il manque d'idées , s'en fait
un au hasard de tout ce que sa mémoire lui fournit si vous
voulez en avoir la conviction , voyez la multitude de fautes
graves qu'un lecteur un peu exercé remarquera › seulement
dans les premieres pages , dans le premier couplet.
Le peuple ne voit plus du moins leurs étendarts.....
( 38 )
On sent que du moins est placé là contre tous les regles dé
structure du vers .
Du sommet de tes tours insulter os femparts ,
Quelles sont ces tours ? Ce sont apparemment celles qu'on
élevées dans le camp des assiégeans pour battre les remparts
: il fallait absolument le dire.
Ferdinand , qu'un revers rend toujours dangercuss
Rien de plus louche et de plus entortille que cette phrase
Fauteur veut dire , Ferdinand , toujours plus redoutable , quand
il est vaincu ; le dit-il ?
Autour de nous encore étend un camp nombreux.
Etend un camp est trop dur.
Ce toi qui sur l'Espagne insolemment domine .
L'auteur s'est rappellé fort mal - à -
nombreux du Tancrede de Voltaire .
- propos eet hémistiche
Le hardi Solamir insolemment domine
Sur les fertiles champs couronnés par l'Etna , etć .
Insolemment est ici très - bien placé , parce qu'il s'agit des usurpations
passageres de quelques chefs Musulmans dans un pays
chrétien ; il l'est très -mal , quand il s'agit d'un monarque
puissant dont la famille regne en Espagne depuis des siecles ,
et il est encore plus déplacé dans la bouche d'un Maure
réduit à défendre les murs de Grenade , contre ce roi qui
possede tout le reste de l'Espagne.
Sans la prudence enfin la victoire imparfaite
Souvent trompe la gloire et se change en défaite .
C'est exprimer fort mal une pensée très - commune . Qu'est- ce
en effet que la victoire qui trompe la gloire ? verba et voces.
Almanzor en ces lieux va paraitre , et ma voix
Saura l'entretenir de vos nombreux exploits
Que signifie saura l'entretenir ? Saura est une cheville
faire le vers l'entretiendra disait tout .
Vous devez être aussi satisfaits qu'Abdérame .
pour
L'ameur n'aurait pas dû être satisfait de ce vers , qui est
extrêmement plat.
Mais votre chef , amis , qu'un zele pur enflamme ,
Ne prend point pour lui seul , daus cet heureux hasard ,
La gloire d'un succès où vous avez tous part.
Il n'y a nulle liaison d'idées entre cet hémistiche , qu'un
1
(( 59 )
zale pur enfiamme et les deux vers qui suivent , et sane liaison
d'idees il n'y a point de style . S'il eut dit : Votre chef ,
incapable d'un orgueil jaloux , ne prend point pour lui
9 seul la gloire d'un succes qu'il doit à votre courage , 19
Il eut parle raisonnablement. Où vous aver tans part , est une
chute misérable pour l'expression et pour l'harmonie dans un
couplet qui devait finir d'une maniere beaucoup plus soutenue
. Sur ce simple exposé , qui est évident , il n'y a point
de connaisseur qui ne décide que Hauteur qui a fait tant de
fautes de cette nature en vingt vers , est un apprentif.
Dom Sebastien vaincu ..
Prouve que des chrétiens la valeur indiscrete
A , chez les Musulmans , trouvé plus d'un écueil , etc.
Indiscrete est une épithete très-impropre , c'est imprudente ,
que le bon sens demandait , et c'est la rime qui a mis indiscrete.
?
Lorsqu'à Zuleïma , j'ai donné pour époux ,
Le fils deja fameux du sultan d'Almérie
J'ai cru servir mon trône ensemble et ma patrie .
Servir mon trône n'est pas le mot propre fallait j'al
cru honorer mon trône et servir ma patrie ; mais ces vers
peuvent fournir une autre observation . C'est le fils du sultan
d'Almérie qu'Almanzor a cru choisir pour gendre , et Abdélazis
dit dans un autre endroit qquue son pere a préside à son
hymen avec Zuleima . De deux choses l'une , ou le père du véritable
Abdérame aa pris un étranger pour son fils , ou Abdelazis
a fait paraître un pere supposé. Lequel des deux ? L'auteur
n'en dit rien ; et dans les deux suppositions , que d'invraisem="
blances ! Mais il y en a tant d'autres à dévorer !
T
Trop fier pour lui de voir un nouveau monde éclore ,
Ferdinand , etc.
སྱཱ ཎྜ
Un nouveau monde qui éclo est bien ridicule : pour lui est
place d'une maniere, qui ne l'est pas moins . Il y a des inversions
inadmissibles , et telle est celle ci trop for pour lui
de voir ne saurait se mettre à la place de trop fier de voir pour
lui , etc. tout le monde en sentira les raisons .
Ton père a de tout tems desiré sa présence ,
Ma fille , mais mon coeur plus vivement du tien
N'a peut- être jamais souhaité l'entretien .
Plus vivement du tien offre encore la même faute , c'est une
construction, baroque . Quelque chose de pis , c'est le premier
vers . Almanzor veut dire que dans tous les momens it
aime à voir sa fille : l'auteuria cru que dans la bouche d'un
( 60 )
pere desirer la présence était la même chose que voir avec
plaisir ou aimer à voir ; il a eru que de tout tems signifiait la
même chose que dans tous les momens . Je laisse aux lecteurs
instruits à juger à quel point il s'est trompé. Ne savoir pas
s'exprimer juste dans les choses les plus communes , est un des
caracteres de l'impuissance de bien écrire. Je n'irai pas plus.
loin ; les mêmes fautes et de plus choquantes encore s'of ,
frent à toutes les pages . Que dire de ce vers par exemple !
Je suis ton maître au moins dans l'art de pardonner.
L'art de pardonner quel abus des mots , et comme il demontre
l'absence des idées ! Je m'arrêterai encore moins aux
réminiscences , quoique j'aie l'honneur d'y être assez souvent
pour ma part , et je n'en suis pas plus fier. Je n'en
citerai que deux.
C
Je veillais près du lit où l'une de nos soeurs
D'une lente agonie éprouvait les horreurs.
C'était d'un long malheur l'histoire attendrissante ,
Que l'accent de la mort rendait plus déchirante , etc.
MÉLANIE.
Là du sort Abdérame accusant les rigueurs ,
D'une lente agonie éprouva les langueurs.
Je crois le voir encor d'une main défaillante
Tracer de ses malheurs l'histoire attendrissante , etc.
Il est vrai que les langueurs sont substituées aux horreurs ;
et quand il est question d'agonie , le changement n'est pas
envier.
2
Feut-être qu'on préfere avec quelque plaisir
L'orgueil de pardonner à l'orgueil de punir.
VARVICX.
L'opposition de ces deux orgueils présente une idée qui est
dans le sujet , mais que Zuleima dise à son pere :
Eh bien , n'immolez point à l'orgueil de punir
Taut ce qui peut pour vous enchanter l'avenir.
Cela n'a aucun sens ; car il n'y a aucun orgueil dans A
manzor à exercer une vengeance facile sur son gendre , et
c'est placer d'ailleurs dans de bien mauvais vers un hémistiche
connu , parce qu'il a le mérite d'être à sa place .
Au reste , il y a dans Abdélazis une vingtaine de vers assez
bien tournés , et trois qui sont heureux , et qui meritaient les
applaudissemens qu'ils ont obtenus ils sont dans la bouche
de Zuleima.
Puisqu'il m'aima , mon pere , il ne m'a point trompée.
( 61 )
Au trône , à l'échafaud , ma place est avec lui .
Je ne vois point de crime je vois tant d'amour.
ce
Pourquoi ces vers sont - ils heureux ? D'abord c'est qu'ils
naissent de la situation , et de plus c'est qu'ils disent avec
netteté , avec précision , avec force ce qu'il y a de mieux
à dire dans cette situation . Et pourquoi Zuleima parle-t -elle
si bien ici ? C'est qu'elle pense raisonnablement ; que
qu'elle exprime , elle doit le sentir . Mais c'est le seul moment
de la piece où il y ait de la raison , et comme je l'ai prouvé
s'il y en avait dans la conduite des personnages , tout ce qui
se dit au 4. et au 5. acte , se dirait au second , et tout
serait fini .
Scribendi rectè sapere est et principium et fons..
C'est toujours là qu'il en faut revenir .
HOR.
ANNONCE.
Maradan , libraire , rue du Cimetiere- Saint-André -des-Arts ,
n° . 9 , mettra en vente ce mois - ci l'ouvrage annoncé ci-après ;
il prévient les personnes qui desireront des premieres épreuves
de se faire inscrire chez lui ; cette précaution est d'autant
plus intéressante qu'il y a un volume entier de gravures.
tions exactes ,
Voyage de M. P. S. Pallas en différentes Provinces de l'Empire
de Russie et dans l'Asie septentrionale ; contenant des observa
des faits intéressans et curieux sur l'Histoire
naturelle , les Minéraux , la Botanique , la Physique , l'Astronomie
et tout ce qui concerne les moeurs , les usages , les
religions , les cultes , les langues , les traditions , les monumens
et antiquités , etc. traduit de l'Allemand ; par M. Gauthier
de la Pergronnie , 6 vol . in-4° . , dont un de planches
où se trouve la carte générale de l'Empire de la Russie d'après
la nouvelle division de cet Empire en 42 Gouvernemens į
prix ......
120 liv.
Le même papier fin dont il n'y a que 25 exemplaires 200
Les tomes III , IV , V , avec leurs figures ..
Les mêmes , papier fin .
72
108
Nota, On prévient que les 3 derniers volumes ont été
imprimés à un moindre nombre que les deux premiers .
ERRATA . Dans le Mercure , no . 100 , page 389 , à l'article
Annouce , ligne 7 , au lieu de 9 liv . 10 sols , lisez 10 liv.
MERCURE
1
HISTORIQUE ET POLITIQUE,
CATHERINE
ALLEMAGNE,
De Hambourg , le 23 juin 1793 .
[ATHERINE II qui s'entend appeller du trône au tombeau
veut du moins avant de quitter cette terre désolée par son
ambision multiplier autour d'elle les successeurs de sa puissance
; elle a cru s'environner d'un nouvel éclat en formant
une cour particuliere à son petit- fils ie grand- duc Alexandre
et à sa future épouse la grande- duchesse Elisabeth , princesse
de Bade ; en conséquence , elle a nommé les trois princesses
de Galitzin dames de la cour de cette princesse ; le comte de
Golokiu , maréchal de la cour du grand- duc ; le prince de
Galitzin , les comtes Potocki , Fohtoi et Puschkin , et MM, de
Tutilmin et d'Adadurof , ses chambellans ; et les princes
Tusofkin , Komenskoi , Gortscharoff , les comtes Schnwalof et
Orlof, et M. de Schahowskoi , gentilshommes de sa chambre.
:
Le sentiment de complicite qui semblait devoir resserrer les
liens dont cette princesse et Frédéric - Guillaume sont unis “,
n'empêche pourtant qu'elle ne conçoive des inquietudes sur
le projet du ministre prussien Struensée , d'établir une flotte
prussienne dans la Baltique , à Dantzick et dans les autres
ports. Ces méhances commencent à prendre de la consistance .
Les mésintelligences entre les souverains deviennent de jour
en jour plus fortes , leurs cabinets sont déroutés aussi l'am,
bitieuse Catherine qui craint l'aggrandissement de son co-partageant
, et qui ne pouvant avoir de commerce très avantageux ,
voudrait que les autres n'en eussent pas non plus , prend-clie
des précautions de toute nature ; tandis que ses agens diplo
matiques travaillent à tromper les différentes cours de l'Eu
rope auxquelles elle peut avoir affaire ; elle arme sur terre et
sur mer , ou du moins elle se dispose à rassembler des forces
capables , non - seulement de la defense , mais même de l'aggression
. Non contente d'avoir vu passer à son service 15 à
18 mille hommes de troupes polonaises qui étaient dans la
Lithuanie et ailleurs , elle déploie enfin ses forces maritimes"
dout on parle depuis quelque tems .
L'escadre russe , partie de Cronstadt et de Revel , est com
mandée en chef par l'amiral Tschitgakof ; il a sous lui l'amiral
Kruse, le vice-amiral Mussin Puschkin et les contre- amiraux
Gids , Malkarow et Felt..
Cette escadre est composée des vaisseaux suivans :
Le Tschede de 100 canons ; les trois Jaraschwis , idem ; les
1
( 63 )
12 Apôtres , idem : l'Ewsewy , idem ; le Sarotow , idem ; le
Tschurfotworez, idem ; le Rotislaw , idem ; le Prince Wladimir,
) idem ; be Jaroslaw , de 74 çanons ; le Boris , idem ; l'Helene ,
idem; le Gleb , idem ; le Gwiatoi- Pierre , idem ; le Wieslaw
idem ; le Maksin-Ispowednik , idem ; le Pierre , idem ; le Mstis
law , de 70 canons ; le Kir-Joam , idem ; le Sopui- Welilloi , idem ;
le Pobedonosez , de 65 ; 1'0mgheton , idem ; le Parrmen , idem ;
le Swiatelely , idem ; le Nikener , idem ; le Pimen , idem ; le
Pichot , idem,
En tout 26 vaisseaux de ligne ; le nombre des frégates est de
9 , et 6 celui des cutters .
On ne sait point encore bien précisément qu'elle est la des
tination de cette flotte ; mais ce qu'on sait d'avance d'après
le caractere donné de celle qui l'envoie , c'est qu'elle exccutera
tout ce qu'on lui laissera faire juste ou injuste , nin
porte. L'exemple du dernier démembrement de la Pologne ,
prouve assez que la crainte d'encourir le soupçon , ou même
le reproche bien fondé d'injustice , n'arrêtera jamais celle qui
yeut tout ce qu'elle peut , mais qui par un bonheur qu'il faus
compter pour beaucoup ne peut pas tout ce qu'elle veut au
reste , on ne saurait se dissimuler que la jalousie l'aveugle su
ses véritables intérêts comme on va le voir par l'ukase
suivante,
?
Ordonnance remise au sénat , pour être publiée avec la signature
de la main de S. M. l'Impératrice de Russie,,
A
En conséquence de nos ordonnances d'interrompre tout commerce
et toute communication avec la France , jusqu'à ce que l'ordre es
l'autorité légitime soient rétablis en la personne du roi , nous
avons jugé nécessaire de défendre l'entrée des marchandises de
France dans cet Empire , tant par vaisseaux russes que par navires
étrangers , aussi bien que par terre ; d'autant plus que la plus grande
partie de ces marchandises ne sert qu'au luxe et à des dépenses rui
neuses , et que d'autres peuvent être , suppléées par l'industrie et les
manufactures de nos sujets Russes , ou qu'ils peuvent se les proaurer
par d'autres voies par un commerce permis et plus avanta.
geux ; et afin que cette ordonnance puisse être mise en pratique
avec exactitude et au plus grand avantage de nos fideles sujets , es
prévenir tout abus et toute collusion dans l'introduction desdites
marchandises , sous prétexte qu'elles puraient été fabriquées ailleurs ,
nous avons étendu la prohibition sur plusieurs autres marcha dises
comprises dans la désignation ci-jointe , à laquelle nous donnons
force en attendant que nous ayons publié un nouveau tarif.
1º , Il est donc défendu d'importer ou de faire venir de l'étranger
, soit dans nos ports , soit dans les douanes de nos frontieres ,
aucune des marchandises spécifiées dans ladite designation ; tong
ce qui sera introduit en contravention sera réputé contrebands et
sujet aux châtimens portés par les lois .
2 °, Toute autre marchandise de quelque espece que ce scat ,
nant de France , soit par terre , soit par mer , quand meme elle
ne serait pas expressément spécifiée dans ladite désignation , est
pareillement défendue et sora réputée contrebande ,
nut
( 64 )
3. Nous recommandons réitérativement à nos gouverneurs-géné,
raux , gouverneurs - commandans et inspecteurs de nos frontieres
aux magistrats , tant des villes que du plat pays , aux directeurs
des douaues et gardes établies à nos frontieres , d'avoir un oeil
attentif à ce qu'il ne soit rien entrepris de contraire à notre vo
lonté connue ; et qu'en cas qu'on découvre quelque chose de pareil ,
les coupables subissent incessamment et irrémissiblement les peines
décernées . Les susdits supérieurs et magistratures seront responsa
bles de la surveillance fidelle , soigneuse et exacte qu'ils doivent
apporter à l'exécution de cette ordonnance . Les procureurs et fis .
caux sont tenus , en cas qu'il se manifeste quelque contravention ,
à la même responsabilité , puisque c'est leur devoir de porter plainte
contre la violation des lois , et d'insister pour que les procédures
soient instruites et amenées à une prompte décision ,
4º . Afin de prévenir toute collusion , et lever tout doute par
rapport aux marchandises fabriquées qui peuvent être introduites ,
soit par terre , soit par mer , des pays avec lesquels nous sommes
en relation d'amitié , nous ordonnons que lesdites marchandises
Fabriquées ne soient introduites dáns nos ports et douanes frontieres
, que sur l'exhibition de témoignages authentiques par écrit ,
qui fassent foi que les marchandises dénommées sont de produit
et de fabrique de tel ou tel endroit , avec désignation de leur
qualité et du tems dans lequel elles ont été expédiécs . Un tel
témoignage doit être signé d'un consul Russe , s'il y en a dans le
licu en question ; à défant , il sera sigué et scellé du magistrat de
l'endroit. Toute marchandise qui ne sera pas accompagnée , d'un
tel certificat , sera réputée contrebande et sera traitée comme telle
suivant les lois .
5. Les marchandises prohibées par cette défense , lorsqu'elles
auront été découvertes ou surprises en contravention , seront dé,
truites , et par rapport aux coupables , il sera procédé comme il est
dit ci -après ; mais quant aux marchandises qui de leur nature ne
peuvent être ai brûlées , ni détruites , lorsqu'elles seront trouvées
dans le port , elles seront taxées à la douane , et seront ensuite
vendues publiquement , sous la réserve qu'elles seront expédiées
des magasins pour l'étranger et par mer , le tout sous l'inspection
des directeurs de la douane , dans le terme de deux semaines au
plus tard , ou même plus tôt.`
9
1
Dans le cas où pareille confiscation aura lieu aux frontieres , ces
marchandises défendues , après avoir été taxécs , scrent envoyées ,
pas plus tard que dans l'espace de trois jours , dans le premier
endroit au-dela des frontieres , pour y être vendues . On agira alors
contre le coupable pour exiger de lui , comme il va être dit dans
l'article 6 , l'amende fixée au profit de celui qui a découvert ou
saisi la marchandise en fraude . Le provenu de la marchandise vendue
șera tenu à la disposition du college des établissemens publics
du gouvernement où la saisie aura été faite . Que si celui qui doit
payer l'amende n'a rien , dans ce cas , le produit de la marchandise
sera donné à celui qui a découvert la fraude . pour sa récompense
et il sera procédé envers celui qui a faiɩ venir ou introduit la marchandise
, ainsi que les lois le prescrivent envers les debiteurs insolvables
de la couronne ,
6º . Nous ordonnons que , pour récompenser le zele et la fidé-
Lité des employés aux douanes , des gardes aux frontieres , inspecteurs
, ainsi que de tout autre , de quelqu'état que ce soit , qui aura
decouvert ,
( 65 )
découvert , surpris , fait capture ou annoncé avec des preuves suffi
santes , des marchandises introduites secrettement contre notre défense
; la valeur désdites marchandises leur soit assignée sur celui
qui les a fait venir , ou qui a voulu lès introduire , et que le coupable
soit forcé à leur en faire le paiement sans aucune déduction .
Nous exceptons le cas auquel la marchandise envoyée au - delà des
frontieres pour être vendue , dont le produit doit étre abandonné
au profit du délateur ou capteur , comme il est prescrit dans le
cinquième article ; les frais faits à l'expedition de la marchandise
seront déduits de son produit ; mais ceux qui seront trouvés cou .
pables d'avoir demandé ou introduit des marchandises en fraude ,
seront livrés à la justice , pour qu'il soit procédé contre eux , suiyant
que les lois le prestrivent contre les contrebandiers,
7° . Dans le cas où les marchandises défendues , soit en balles
soit en ballots , auraient été expédiées par mer , délivrées au capitaine
avec connaissement à ordre , et déposées à la douane dans
les magasins , jusqu'à ce que le propriétaiic se fasse connaitre dans
le tems prescrit , il sera procédé , tant à leur égard qu'envers le
coupable , ainsi qu'il est prescrit dans les cinquieme et sixieme
articles.
8. Lorsque dans la saisie aux frontieres des marchandises prohibées
, les propriétaires , leurs commis ou ceux qui en favorisaient
l'entrée se seront échappés , abandonnant les voitures qui
les portent ; dans ce cas , la marchandise sera transportée dans le
premier endroit au- delà des frontieres , pour être vendne , et le
produit , ainsi que les voitures , chevaux ou boeufs qui y sont
attelés , adjugés aux capteurs.
9. Nous recommandons içi de nouveau à tous les préposés aux
douanes des ports ou des frontieres , et à ceux qui font inspection
sur les gardes , de n'établir que des gens fideles et surs , et de ne
les instituer dans leurs postes et offices , qu'après qu'ils auront
donné des preuves d'honnêteté , de fidélité et de zele pour le service
, et de ne point se contenter de destituer ceux qui sont suspects
ou négligens ; mais dans les cas de fautes commises ou de
négligence , de les livrer à la justice pour être punis .
10 °. L'exécution de cette ordonnance aura lieu dans les offices
des douanes , des ports , à commencer du 1-12 juin . Cependant
Nous voulons qu'à l'égard des navires neutres ou russes qui pourront
arriver dans nos ports , il soit observé si ceux d'entre eux
qui auraient à bord des marchandises prohibées , le 12 juin , sout
partis avant le 10 janvier de cette année , et si la chose peut etre
prouvée par des témoignages juridiques et dignes de foi , pour lots
les proprietaires ne seront pourtant pas admis à décharger leurs
marchandises ; mais il leur sera signifié qu'ils ont la liberté de les
transporter dans tel port étranger qu'ils trouveront à propos ; et
dans le cas où néanmoins , après cette signification , ils tenteraient
de les introduire dans d'autres ports de cet Empire , il sera procédé
à leur égard comme il est prescrit par rapport à l'introduction
des marchandises .
Dans les douanes , aux frontieres , l'exécution de cette ordonnance
aura lieu aussi - tot après sa publication . Quant à ce qui est
prescrit dans le quatrieme article , touchant les certificats qui doivent
être donnés par les consuls , ou à leur défaut par les magistrats
des lieux , qui attestent la fabrication de pareilles marchan
Tome IV. E •
ㄓ
( 66 )
dises ; l'exécution n'aura lieu que quatre mois après, la publication
de cette ordonnance,
营业
11 ° . A l'égard des marchandises défendues par cette ordonnance ,
qui ont été introduites jusqu'ici , nous ordonnons que dans nos deux
capitales , ainsi qu'à Riga , Revel , Archangel , Neschin , Kiour ,
Cherson et autres lieux , où , depuis l'établissement de nos douanes
aux frontieres , il y a grand abord ; les marchandises défendues cidessus
qui pourront s'y trouver , soit sur les marchés , soit dans
les boutiques ou magasins , soient visitées et marquées d'un nouveau
timbre , outre celui qui y a dû être imprimé précédemment , suivant
le nouveau réglement de notre college de commerce ; que ce timbre
ou cette marque désigne le lieu , l'office de la douane , et l'année en
Taquelle le premier timbre aura été mis , et qu'il soit envoyé au
susdit college ainsi qu'au gouvernement général , et en son absence
, aux gouverneurs des départemens où se fait la visite .
Que s'il se trouve des marchandises étrangeres qui ne portent pas
le timbre de la douane ; on procédera en ce cas , ainsi qu'il est pres
crit , suivant les lois . A l'égard des marchandises de soie , de lainë ,
de coron , et autres menus articles , nons fixons , pour s'en défaire
un terme jusqu'au 1-12 janvier 1794 , lequel étant écoulé , elles
ne pourront plus , même avec le nouveau timbre , se trouver ni sur
les marches , ni dans les boutiques , ni dans les magasins , nt être
vendues ou achetées nulle part , à défaut de quoi le vendeur et
T'acheteur seront soumis à l'amende imposée ci - dessus sur les mar
chandises prohibees .
12 ° . Après la publication de cette ordonnance , deux membres
de la chambre des finances ou de nos autres cours de justice ,
seront envoyés dans chacun de nos offices de douane , pour demeurer
là jusqu'au premier juin , pour avoir l'oeil sur le commence .
ment de l'exécution de cette ordonnance , afin que chacun de ceux
qui sont employés aux douanes et en général chacun de ceux qui
ont quelque fonction à remplir , s'y conforment exactement : les
susdits membres de nos cours de justice sont tenus , eu égard aux
offices de nos douanes des ports , de faire , chaque semaine , un
rapport signé d'eux et des directeurs des douanes , qui désigne la
quantité de marchandises importées jusqu'au premierjuin , et combien
il en aura été timbré , lequel sera envoyé tant au college de
commerce qu'à la chambre des finances , et aux préposés des gou,
vernemens. Pareillement deux membres du collège des finances ou
de nos cours de justice se rendront dans le mois aux douanes
des frontieres pour la même inspection ; car , quoique l'exécution
de cette ordonnance doive commencer d'abord après sa publica
tion , une attention scrupuleuse à son exécution ponctuelle et exacte
'n'en est pas moins nécessaire .
13. Tous les ordres donnés dans les offices des douanes par
rapport aux marchandises étrangeres , qui n'y ont pas êté annoncées
et qui n'ont pas été timbrées sont renforcés ici ; et pour que
l'exécution en soit faite , nous ordonnons que dans nos deux ca.
pitales , les marchandises soient visitées deux fois l'an , dans des
époques indéterminées , sur les marchés , dans les boutiques et les
magasins , en présence de deux membres du collège des finances
et deux de la police nommés à cet effet ; que la visite ait lieu
bans les autres gouvernemens et distrites en présence des commandans
ou baillis des villes et de deux assistans du magistrat , qu'il
en soit de même aux folres annuelles des villes et même il y
( 673
a des villages où il se tient aussi des foires auxquelles on expose
en vente des marchandises étrangeres , les mêmes visites y seront
Faites dans le tems de la foire par les chefs des districts , actompagnés
de deux assistans ; e la régence des gouvernemens est tenue
d'envoyer son rapport au sénat sur ces visites , lequel nous ch
remettra un court exposé dans l'année..
Nous ordonnons à notre sénat de publier cette ordonnance en
langue russe et dans les autres langues étrangeres , et de faire ou
ordonner là où il appartiendra les expéditions nécessaires . Au reste ,
nous espérons que nos fideles sujets reconnaîtront dans cette ordonnance
les soins infatigables que nous nous donnons pour leur
véritable avantage , puisque dans le tems que nous restreignons dans
cet empire l'importation des marchandises dont on peut se passer ,
nous ne faisons que favoriser à leur industrie les moyens de perfectionner
et d'étendre leurs fabriques et manufactures pour le bien
général et pour le leur en particulier . Le sénat dirigeant a ordonné
que cette volonté de S. M. I. soit publiée , et parvienne à la connaissance
de chacun pour être duement observée ,,ce qui a lieu, par les
présentes . L'original est confirmé de la main de S. M. I. ces
mots : Qu'il soit ainsi. A Petersbourg , le 8 avril 1793 .
› en
Il est évident que la cour de Russie n'a pas eu seulement
pour objet un systême prohibitif à l'égard des marchandises
françaises , ou bien en rédigeant cette ordonnance on a dit
plus qu'on ne voulait dire ; car on y a donné à ce systéme
une latitude beaucoup plus étendue , qui , nuisible à un grand
nombre de places de commerce , ne manquera sûrement pas
de les indisposer ; mécontentement dont la Russie pourra
recueillir , en tems et lieu les fruits peut-être bien amers : ea
attendant , toutes les marchandises défendues se trouvent
'consignées dans une longue liste qui a été annexée à cette
ukase .
L'ambassadeur ou plutôt le vice- roi Siewers fait toujours
tout dans la partie non - envahie de la Pologne . L'élection des
nonces à la dicte de Grodno est entierement achevée ; la Vaivodie
de Cracovie en fournit 8 , Sendomir 7 , Kiovie et Chelm
Volhinie 6 , Lublin 2 , Podlachie 6 , et Braclaw 4. La durée de
la diete ne se prolongera , dit- on , gueres au delà de 15 jours.
Tous les matériaux sont préparés ; on n'a qu'à lire les projets
de décrets , et les sanctionner . Le corps diplomatique étranger
se rend aussi à Grodno , à l'exception cependant du ministre
d'Espagne.
* Le souveraine de toutes les Russies vient encore de donner
une preuve du vif intérêt qu'elle porte au sort des émigrés
Français , en faveur desquels doit peut- être agir la flotte cont
nous avons parlé plus haut. La famille Radziwill , malgré son
luxe et sa prodigalité , avait encore laissé en Lithuanie et en
Pologne des biens immenses qui sont échus par héritage à un
jeune prince de cette maison encore en tutelle . Les Bouillons ,
aujourd'hui résidans à Pétersbourg out formé des piétentions"
sur cette succession comme descendans et héritiers du roi Jean
Sobiewski . L'impératrice vient d'annoncer par son ministre à
E 2
( 08 )
Grodno , qu'elle accordait sa protection à la famille de Bouil
ton , et qu'elle avait en grande considération les prétentions
de cette famille sur l'héritage des princes Radziwill . On ne
doute nullement que l'héritier légitime de cette succession n'en
soit dépouillé en partie ; ainsi , tout en faisant aux malheureux
chevaliers Français des générosités qui ne lui coûteront gueres ,
la Bienfaisante Catherine anéantira une maison qui depuis
long-tems lui faisait ombrage .
en
Il paraît que malgré les bruits contraires qui ont circulé
pendant quelque tems , la Russie reste en paix avec la Suede
et le Danemarck. Voici ce qu'on mande de Stockholm ,
date du 11 juin. On n'apprend rien de la flotte Russe qui
puisse nous donner de l'inquiétude. Le gouverneur de cette
capitale a fait annoncer à la bourgeoisie , que tout sujet de
crainte était chimérique . La circulaire du contre- amiral Lagerbielke
, adressée aux officiers de la marine de la flotte des
galeres , pour leur demander le lieu de leur demeure , a été
mat interprétée ; son motif n'était pas leur rassemblement ,
mais seulement de savoir si les sujets portés sur les états
existent réellement. Cependant ou travaille toujours avec
activités dans notre chantier. Un transport de matelots est
arrivé ici avant- hier venant de la province de Nordlande.
300 autres matelots doivent se rendre de la province de Hollande
à Carlscron ..
3
Le départ du roi et du duc-régent pour les provinces méridionales
est fixé au 3 du mois prochain ; leur absence sera
d'un mois.
Notre militaire aux frontieres de la Finlande , ajoutentices
mêmes lettres , est fortement occupé aux fortifications de nos
deux places , l'ine près de Warkans vis - à-vis de la forteresse
russe de yslot , elle doit couvrir la vaste province de Savolax
; l'autre est élevée sur les terres de la famille des barons
de Wrede : le nom de cette terre est Willikala , à un mille
d'Anjala , si renommé dans l'histoire de la derniere guerre et
du fleuve Kimene . Le but de cette derniere forteresse est
d'assurer la route, par terre à Tarvastahus où nous avons de
grands magasins , et de couvrir le reste de la Finlande , ainsi
que Louisa convie la route de Forga et de Hersingfors . On
a transporté à Stralsund les canons de la forteresse de Colmar
qui vient d'être rasće.
De Francfort-sur- le - Mein , le 2 juillet.
La cour de Vienne s'attend , d'après les nouvelles qu'on resoit
de cette capitale , à se voir paut - être forcée de faire une
roisieme campagne ; ells s'y résigue , non sans peine , vu les
prodigieuses dépenses faites en hommes et en numéraire ,
( 69 )
erredes
dépenses qui , pouvant aller jusqu'à l'épuisement le
parable , finirait par decevoir ses vues d'aggrandissement au
point de l'exposer même à perdre le fruit des ruses ,
violences et des mariages ( car ça été anssi un des moyens
d'aggrandissement employés par la maison de Hausbourg ) qui
l'ont portée au point où nous la voyons aujourd'hui."
Les Etats héréditaires doivent fournir 18,000 hommes ; ceux
de Hongrie en en faisant marcher 6000 , se sont mis en mesure
de se procurer , par voye d'engagemens , pareil nombre
de recrues destinées à recompléter le corps . Quant à la Gallicie
, elle fournit 37 régimens d'excellentes troupes . Indépendamment
de ses forces , plusieurs nobles de la capitale , ainsi
que les peres qui ont plusieurs fils , ont demandé à S. M. de
vouloir accepter les jeunes gens comme volontaires , et S. M.
a agréé leur offre . On sait en outre que le prince George de
Darmstadt vend à l'empereur Sooo Hessois . La Basse - Autriche
doit fournir nombre de chevaux de trait , et déja plusieurs
centaines de chariots de bagage sont commandés . Un nombre
considérable d'ingénieurs ont été envoyés partie à l'armée
d'Italie , partie à celle du Rhin , et ils seront bientôt suivis
d'une compagnie de mineurs et de sapeurs , à laquelle il est
question d'en joindre une autre .
ft
Tous ces grands mouvemens , ces préparatifs se font pourtant
pour se montrer digne de la confiance dont Monsieur
régent de France , honore plus particulierement depuis quelque
tems sa majesté impériale ; car on remarque qu'à partir
du 5 juin plusieurs estafettes envoyées par ce heros que distinguent
toutes les grandes qualités physiques et morales , ce
Titus , cet objet de l'amour du genre humain , ont fait passer
par la capitale de l'Autriche des dépêches pour la cour de
Pétersbourg, qui ont été communiquées auparavant à celle de
Vienne et que c'est à dater de cette époque qu'on mét encore
plus d'activité dans les mouvemens et les dispositions
militaires et diplomatiques.
La démarche d'un régiment de dragons Polonais , composé
de 1200 hommes , embarrasse beaucoup notre gouvernement ;
la déserté la Pologne avec ses chevaux , ses armes , ses bagages
et la caisse militaire , et est venu s'établir dans le district de
Tzalestzeik ; il offre d'entrer au service de l'empereur. On
a désarmé cette troupe , fait passer un rapportà Vienne sur cet
événement , et on en attend une décision . Toute la brigade du
général Suchortzewsky se propose de passer de ce côté. Dans
toute autre circonstance on aurait vu avec plaisir cette désen i
tion. Mais aujourd'hui vu la position avec la Russie , on nee
sait trop que faire de ces hommes dont cependant on aurait
grand besoin.
( 70 )
céla
Au reste , quand on aurait des hommes à discrétion , ce
n'est que la moitié de ce qu'il faut . On a besoin d'argent .
pour les nourrir et les payer , et quelque faible que soit la
solde du soldat Autrichien le plus malheureux de tous ,
forme de grosses sommes lorsqu'on est pauvre , et qu'on tient
de grandes armées sur pied . C'est afin de subvenir en partie à
ces dépenses que des commissaires de la noblesse immédiate
de la Franconie se sont rendus à Wirtzbourg pour y régler
avec le comte de Schlick , ministre impérial , le don ou le
subside caritatif ( d'aumône ou de charité de cette noblesse"
pour la guerre actuelle . Le subside de la noblesse de Souabe
est réglé il monte à 170000 florins payables en trois termes.
Frédéric - Guillaume n'est gueres moins embarrassé que
François I. Les troubles survenus dans la Silésie ne sont pas
encore appaisés , et ne sont pas prêts à l'être . L'interruption
du commerce des draps légers avec la France est une chose
très - fâcheuse pour le pays. Voici ce que portent des lettres
de Breslaw du 15 juin . Une patente royale , datée du quartier
général du roi à Bodenheim le 20 mai , est arrivée ici ;
elle a pour objet les troubles qui ont éclaté ici et dans
d'autres endroits de la Silésie , et qui ne sont pas entierement
appaisés. Une commission doit examiner toutes ces circonstances
, et en faire le rapport au roi . Ceux qui provoqueront
de nouveaux troubles seront punis de mort sur- le - champ .
Tout rassemblement est défendu . Toutes ces menaces et ces
punitions en imposeront momentanément ; elles ne guériront
pas le mal qui est dans la stagnation absolue de l'industrie
et du commerce de la Silésie , suite naturelle de la guerre
actuelle avec la France. On pense que notre roi aurait pu se
dispenser de joner un rôle dans cette guerre qui ruine ses
états et épuise ses trésors .
5
C'est à Mayence que le roi de Prusse espere réparer sa
gloire , et se dédommages de toutes ses per es , et c'est peutêtre
à Mayence qu'il en fera de nouvelles ; ce qu'il y a de
constant , c'est que la fameuse sortie du 31 mai a coûté aux
assiégeans plus de 2000 hommes et près de 1500 chevaux ,
et qu'elle a valu à la garnison beaucoup de bétail dont elleavait
grand besoin . Toutes les bêtes à cornes des villages de
Marienborn , Brezenheim et Zahlbach furent enlevées et conduites
à Mayence. On ne peut pourtant pas se dissimuler
que les forces nombreuses et redoutables qui environnent la
place n'aient fait depuis beaucoup de mal aux assiégés que
I'on attaque aujourd'hui par presque tous les moyens connus
et possibles , et que l'on serre effectivement d'assez pres pour
concevoir des espérances , fondées de s'emparer de cette ville
si elle n'est pas scourue à tems . En effet , le 27 nous avons
entendu long- tems le bruit d'une canonnade qui ne discon
( 71 )
tinuait point ; le bruit venait du côté de Mayence , et sur le
soir , tant de nos tours que du pont du Meiue , nous vîmes
s'élever de la même partie une fumée très - épaisse . L'obscu--
rité devenant plus grande , ce ne fut pas de la fumée que l'on
vit , mais des flammes et de grosses flammes. Aujourd'hui
nous apprenons que ça été l'effet des ombes qui ont mis le
eu à l'eglise Notre-Dame et à 7 ou 8 autres édifices . La
canonnade et le bombardement durent encore sans interruption,
et l'état de la place commence à devenir des plus critiques .
Dans ce moment on vient nous dire que les Français ont
été absolument déloges de Weissueau, et poussés dans Mayence ;
on leur a tué , à ce qu'on assure , beaucoup de monde avec trèspeu
de perte du côté des Allemands . C'est une faible compensation
de l'accident'arrivé aux Prussiens dans la nuit du 17 ,
ils avaient annoncé pour ce jour - là le commencement du bombardement.
Les curieux furent établis sur une élévation où
ils attendirent vainement jusqu'au jour le feu des batteries .
Au lieu de cela il n'y avait eu qu'une fusillade très - soutenue
qui ne cessa qu'avec la nuit ou vit alors que deux colonnes :
Prussiennes s'étaient chargées chacune croyant avoir les Fran
çais en tête . On dit qu'il a péri dans cette action jusqu'à 1500
hommes. On ajoute que le calme qui regnait dans Mayence
a entretenu les Prussiens dans l'erreur , parce qu'ils imaginaient
qu'on ne tirait pas , dans la crainte de nuire à la garnison que
chaque colonne croyait combattre...
Voici des nouvelles encore plus récentes du siege ; le bom - 1
bardement de Mayence continue ; le feu que l'on fait est terrible
; l'église de Notre-Dame et environ cent maisons sont
déja devenues la proie des flammes . Les français ont quitté
l'isle du Rhin ; ils ont fait , de Mayence le 29 juin , une
sortie très-vigoureuse sur les impériaux près de Bulleheim ;
ils leur ont fait beaucoup de mal , mais ils furent obligés
de rentrer et d'abandonner quelques pieces de canon.- Le
feu qui s'est manifesté à Mayence s'étend depuis la blanchisserie ,,
par la rue des Juifs , jusqu'au marché aux bêtes .
.
Si les Prussiens et les Impériaux se promettent du succès
du côté , de Mayence , ils paraissent craindre pour l'électorat
de Trèves ; nne division de grenadiers impériaux a passé par
Coblentz pour se rendre en diligence à Trèves ; elle sera
suivie de 6000 hommes et de quatre escadrons de cuirassiers .
Il passe aussi beaucoup de troupes impériales par cette
ville pour se rendre du côté de Luxembourg. Le géneral )
Prussien , prince de Hohenlohe , est parti pour ce côté avec
un de troupes ; il fait des marches forcées .
corps
d'arnrée qui se forme à la hâte dans l'électorat de Trèves scra
de 16 à 18 mille hommes. Le général Français Kinsky, le •
-- Le
corps
E 4
( 72 )
commande. Un brnit qui ne se confirme pas , c'est que
l'empereur était attendu le 3 à Coblentz avec 14 bataillons de
grenadiers d'élite ,
PROVINCES - UNIES ET BELGIQUE.
--
On mande de la Haye que le prince Frédéric d'Orange ,
fils cadet du Stathouder , a été nommé colonel du corps ›
d'artillerie au service de la République , et a prêté , le 18 , en ›
cette qualité le serment d'usage . Nous sommes également
informés par la même voie de la mort du prince Louis de
Waldeck à qui la blessure , reçue au combat du 12 , a coûté
la vie . Un boulet de canon lui a fracassé l'épaule . Son frere
le prince réguant , général - lieutenant au service de la Répu
blique est depuis peu à l'armée. Les troupes combinées occupent
dans cette partie de la Flan dre les postes suivans
Marchiennes , Orchies , Cisoing , Lennoy , Roubaix , Turcoing
, Wintheros , Neuville , Roncq , Ronsbeeq , Werwick
et Warneton , de sorte que Lille et le camp du général Lamarliere
qui est auprès sont resserrés de tous les côtés , Les
postes correspondans de l'ennemi ont chaque jour de vives
et chaudes escarmouches avec nos troupes Hollandaises . Outre
les détachemens Autrichiens et Prussiens qui nous soutiennent ,
nous avons été encore renforcés par une nouvelle division "
de cavalerie Anglaise venue d'Ostende . - Suivant des lettres
de la même ville , en date du 26 , le jugement de M. de
Byland , gouverneur de Breda , a été prononcé ces jours derniers
. Ce commandant , pour avoir capitulé avec les Français
et avoir rendu la ville , qu'il était chargé de défendre , a été
condamné à être reconduit à Breda , et là , en présence de la
garnison , à avoir son épée brisée avec infamie , le sabre passé:
sur la tête , à être déclaré indigne de servir l'état , à être
ensuite conduit à la forteresse de Loewestein pour y être
detenu le reste de ses jours ,
Le graud bombardement de Valenciennes a commencé dans
la nuit du 18 au 19. Pour peu qu'il dure , la place s'en trouvera
métamorphosée en un tas de cendres et de ruines . Le
feu des assiéges u'est pas moins vif que celui des assiégeans .
Ils ont fait le 19 une nouvelle sortie . Le sang y a coulé , voilà
à quoi se réduit son effet . Les travaux que le prince de Cobourg
a entrepris , pour assurer et accélérer la réduction de
Valenciennes , sont dignes d'admiration . Des témoins oculaires
affirment que jamais les Romains n'auraient pu en entreprendre
de plus hardis , ni les exécuter plus promptement , Comme
le prince redoutait les inondations qui pouvaient détruire ses
approches , il a fait creuser un canal de l'étendue de près de
deux lieues , pour y donner un nouveau lit à l'Escaut , et
détourner ses caux des murs de la place . D'un autre côté
( 73-)
se trouvánt gêné par l'intervalle qui sépare les deux hauteurs ,
dout la forteresse est dominée , il a conçu et exécuté le projet
d'unir les deux hauteurs par leurs sommités. Pour cet effet ,
un pont conduisant d'une sommité à l'autre a été construit
de très- grosses poutres . Il est si solide , qu'on y a établi des
batteries .
Condé , toujours bloquée , tire toujours sur les travailleurs .
Le commandant refusait de croire que le camp de Famars fût
pris . On lui a permis d'y envoyer un officier qui pût s'en
convaincre par ses propres ycux , et que nul cours ne peut
plus venir dela . , .
Vers Lille , il se manifeste des apparences qui font croire à
une attaque prochaine , dirigée contre le camp de la Madeleine
, qui couvre cette ville . Custine , en attendant , met de
l'ardeur et du nerf à disposer ses lignes de défenses . Entre
Douay et Bouchain , il a un camp retranché qu'appuient l'Es
caut d'un côté , et la Ceusée de l'autre. Là se trouve une grande
partie de son armée qui , si Valencieunes et Coudé tombent ,
deyra être chassée de ce poste avantageux , avant que l'on en
vienne à entamer les places de seconde ligne . Un autre camp
retranché se forme sous les murs de Cambrai , et cette posi
tion , connue sous le nom de camp de César , est l'une des
plus fortes qu'il y ait en Europe ."
Sous les murs de Dunkerque , les Français travaillent aussi
à un camp retranché , où doivent se rassembler vingt mille
hommes .
Le feu de Valenciennes a démonté quelques canons de la
batterie no. 15. C'est vers ce point que l'artillerie française
dirigeait ses plus violens efforts . Dans la nuit du 20 au 21 ,
un grand incendie dans la ville a été l'effet du bombardement.
Au demeurant , le mauvais tem a un peu retardé le travail de
la tranchée . Un espion , qui a été pris , a racheté sa vie , en
découvrant au prince de Cobourg que les Français ont miné
leurs batteries à l'endroit où ils présument que pourrait leur
être livré un assaut' ; leur dessein est de les faire sauter en
l'air au moment où les assiégeans s'en rendraient maîtres.
L'on a conduit à Bruxelles , le 21 , un grand nombre de
blessés . Un événement triste y avait eu lien la veille dans un
des hôpitaux un magasin , au- dessus des salles des malades ,
a rompu les plafonds , qui , en s'écroulant , ont fait perdre
la vie à beaucoup des malheureux souffrans , sur lesquels ils
sont tombés avec leur poids , 恿
A Bruxelles , on est assez généralement dans la pensée qu'il
faudra se résoudre à donner un assaut à Valenciennes. Čela
est dur. On y sacrifiera peut - être 5000 hommes ; et encore
( 74 )
n'est - on pas sûr de la réussite. On assure que 15,000 hommes
ont été détachés de l'armée , pour mettre le Luxembourg à
couvert de touse insulte ultérieure . C'est un affaiblissement
de ce côté- ci . Au reste , on portait à 180,000 hommes les
forces de l'armée combinée , en prenant tout ce qui s'en
trouve depuis Furnes et les garnisons jusqu'aux Ardennes.
Sur ce nombre , il y a 35,000 hommes formant l'armée d'observation
, qui tient l'ennemi en respect vers la plaine de Denain
; 40,000 sont au siége de Valenciennes , et 20,000 couvrent
la Flandre.
On témoigne par - ici de la surprise de ce que le général
Custine semble abandonner Valenciennes et Condé à leurs
propres forces. Se déferait-il de l'armée qu'il commande ? On
dis qu'il l'exerce à toute outrance et qu'il la retranche de
même. S'il faut en croire les rapports que l'ou dit avoir reçus ,
il a auprès de lui 80,000 hommes . Avec une pareille force
il est difficile de ne pas succomber à la tentation de faire des
mouvemens en avant.
•
Dumourier chassé de l'Angleterre est revenu dans la Belgique.
Ce fugitif avait sollicité lors de son séjour en Allemagne
, un asyle dans les états d'un prince dont on nous tait
le nom. Ge prince répondit à sa demande par un refus doublement
motivé. Je ne pourrais , dit-il , vous recevoir comme
émigré , et comme Jacobin je serais obligé de vous faire pendre.
ANGLETERRE. De Londres , le 24 juin .
L'amiral Hood s'est remis en mer après avoir réparti sur
sa flotte 1000 à 1200 matelots tirés des vaisseaux de la compagnie
des Indes qu'il avait escortés.
Le parti de l'opposition vient de se fortifier ou plutôt de
s'affaiblir d'un membre que l'on ne s'attendait probablement
pas d'y voir ; c'est le duc de Clarence , fils cadet du roi ; ainsi
voilà le fils contre le pere , du moins en apparence. Le par
lement a été prorogé au 13 août par les ordres du roi , dont
Voici le discours à ce sujet.
*T!
Milords et Messieurs ,
#
La fermeté , la sagesse et le patriotisme qui ont si éminemment
distingué votre conduite dans les événemens nombreux et impor
tans qui ont eu lieu pendant la session actuelle , demandent de
a part une reconnaissance particuliere.
Votre détermination bien prononcée de maintenir la constitu
tion établie , et les sentimens analogues que mes sujets ont si
fortement et si généralement manifestés , ne pouvaient manquer
(175 )
de rendre inefficaces toutes les tentatives faites pour , troubler la
tranquillité intérieure de ce royaume. Je ne doute aucunement que
vous n'encouragiez dans vos comtés respectifs , la continuation de
la mème attention vigilante sur cet objet important .
ر
Les succès rapides et signalés qui ont accompagnés , dès le commencement
de la campagne , les opérations des armées combinées ,
les forces respectables et puissantes que vous avez mis en état
d'employer par mer et par terre , et les mesures que j'ai concertées
avec d'autres puissances pour la continuation efficace de la
guerre , font espérer que le conflit important , dans lequel nous
nous sommes engagés , aura des résultats heureux,
Ce n'est que par la persévérance dans nos efforts vigoureux , et
en essayant de tirer parti des avantages que nous avons déja obtenus
, que nous pouvons atteindre le grand but que j'ai toujours
eu en vue , le rétablissement de la paix , fondé sur des
bases qui pourront assurer notre tranquillité permanente et celle .
de toute l'Europe .
Messieurs de la chambre des communes
Je vous dois le témoignage de ma reconnaissance particuliere
pour le zele et la promptitnde avec lesquels vous avez accordé les
subsides nécessaires , et j'observe , avec plaisir , que vous avez
été en état de pourvoir libéralement aux besoins du service public
d'une maniere très -peu onéreuse pour mon peuple.
Milords et Messieurs ,
Les arrangemens que vous avez pris pour le gouvernement des
possessions britanniques dans l'Inde , et pour régler notre commerce
avec cette partie du monde , assureront et augmenteront
indubitablement les grands avantages que nous avons déja retires
de ces possessions précieuses .
ing
Je n'ai pu voir , sans intérêt , les embarras qui se sont récem
ment manifestés dans l'état du crédit commercial , mais les
sures que vous avez prises pour arrêter les progrès de ce mal
raissent dėja avoir produit des effets très - salutaires , et tandis qu'e
ont été une nouvelle preuve de votre attention aux intérêts de »
peuple , leur succès ne laisse aucun doute que les embarras ca
a éprouvés ne proviennent d'un concours de causes tempore
et non d'une diminution réelle des richesses nationales et des
sources permanantes de ce pays .
F AS
je vois avec la plus grande satisfaction , les résultats de la rotection
efficace que j'ai été mis en état d'accorder au commerce de
mes sujets depuis le commencement de la guerre , je suis persuadé
en même tems , que si par des revers inevitables , notre intérêt
commercial eût été lézé , d'une maniere encore plus sensible ,
n'aurait pas oublié que nons combattons pour notre sûreté et
pour la conservation permanente des avantages les plus frappans
et les plus estimables , dont la providence ait jamais permis &
aucune nation de jouir.
on
( 76 )
DISCOURS DU CHANCE LIE
Milords et Messieurs ,
La volonté royale de S. M. est , et il lui plaît , que ce parlement
soit prorogé jusqu'à mardi 13 août prochain , pour étre
alors assemblé ici , et ce parlement est en conséquence prorogé ,
jusqu'à mardi 3 août prochain .
Les banqueroutes qui ont désolé depuis six mois le commerce
s'élevent à une somme plus considérable
numéraire existant dans la Grande-Bretague .
que tout le
On sait aussi
de bonne part , que loin que les troubles s'appaisent en
Irlande , la révolte y paraît générale ; on y brûle même des
chateaux. Ce mécontentement est occasionné par les mitrnises
.
Voici une nouvelle dont nous n'assurons pas positivement
la fausseté , mais qui nous paraît très - douteuse ; le lieutenant
Mudge est arrivé de Nootka- Sund dans une chaloupe . Il y a
des gens qui prétendent qu'il n'a pu échapper autrement aux
Espagnols qui , selon eux , se sont rendus maîtres du fort ,
et ont commis plusieurs autres hostilités . Si ces faits avaient
de la vérité , on ne parlerait pas comme on le fait de rendre
le riche vaisseau de registre qui nous avait donné tant de beau
métal .
L'amiral Gardiner , arrivé aux Barbades le 26 avril , a dit avoir
apperçu dans le lointain une escadre Française forte de neuf
vaisseaux de ligne et de cinq fregates portant à toutes voiles
sur la Martinique : l'escadre Anglaise n'aura pas la jonction
des vaisseaux qui étaient déja aux indes occidentales qu'une force
á peu près équivalente , d'où il est permis de conclure qu'à moins .
d'être favorisé par des circonstances particulieres sur lesquelles
il serait déraisonnable de compter , on aura plus de
peine qu'on ne le pensait à se rendre maître des isles Françaises
. En attendant les Français nous out enlevé dans ces
pers-là plusieurs vaisseaux marchands qu'ils ont conduits et .
vendus dans les ports d'Amérique.
P. S. S'il faut en croire des lettres de Constantinople , du
15 mai , M. Chalgrin y a déployé le caractere de chargé des
affaires de la monarchie française pendant l'absence de l'ambassadeur
Choiseul - Gouffier ; ce caractere lui a été déferé par
le ci-devant Monsieur , se qualifiant régent de France , M. Chalgrin
a notifié par un billet sa nouvelle qualité à tous les Français
résidans à Constantinople ; ceux qui s'étaient , mis sous la
protection d'autres ministres étrangers , se sont remis sous celle
du nouveau chargé d'affaires ; tous les interprêtes ont aussi
repris leurs places. Ces mêmes avis disent aussi que les Frané
çais ont ea à Smirne des querelles très - vives avec les Anglais ;
que ceux-ci , aidés des Vénitiens , ont attaqué les premiers,, en
oat tue 11 et blessé plus du 20. T
1
( 77 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
1
CONVENTION NATIONALE.
PRESI NCE DE THURIOT..
Séance du mardi , 2 juillet.
Le président annonce , à l'ouverture de cette séance , ' qu'il
a trouvé sur son bureau un paquet renfermant des dépêches
qui jettent un grand jour sur la conduite des sections de
Marseille , et qui constatent qu'elles ont fait subir un interrogatoire
aux représentans du peuple envoyés par la Convention
dans le département dés Bouches-du-Rhône .
Levasseur , au nom du comité de correspondance , présente
F'analyse des adresses envoyées à la Convention . Toutes ont
obtenu la mention honorable .
Une députation des administrateurs du département de l'Aine
vient protester , au nom de toute l'administration , de son
sincere attachement à l'unité et à l'indivisibité de la République .
Deux citoyens de la commune de Blangis , district de Perotl'évêque
, expriment les mêmes sentimens. Ces citoyens ,
a ajouté Lacroix , ne sont pas envoyés par une commune ,
mais par une assemblée primaire du district de Perot-l'évêque
. Je demande à faire connaître un arrêté liberticide des
administrateurs du district , et à vous annoncer que le royaume
99 de Puzor commence à passer . 68 communes en assemblées
2 primaires se sont réunis pour émettre leur voeu sur cet arrêté ,
99 et ont résolu de mourir plutôt que de se révolter contre
da Convention nationale .
** Lacroix fait lecture de cet arrêté . ( Voyez la notice de cette
émice dans le numéro précédent. )
******* 3. I 930
Sur sa demande la Convention décréte ce qui suit :
10. Le paiement des contributions et des annuités dues
pour acquisitions de biens nationaux , demeure suspendu
dans les départemens qui se sont déclarés en insurrection contre
la Convention .
2º le conseil- exécutif déterminera les départemens en in-
'surrection ."
130. 11 est défendu aux administrés de payer les sommes
dont il sont redevables , sous peine de payer deux fois. 1s
pourront néanmoins se libérer directement à la trésorerie nationale.
4. Il est défendu à la trésorerie nationale de faire passer
aucuns fonds aux districts des départemens insurges.
5. Le paiement du traitement des fonctionnaires publics
( 78 )
*
dans ces départemens est suspendu , à l'exception de ceux
qui ont improuvé les arrêtés liberticides .
Le comité de législation fait décréter qu'il sera accordé 18 1 .
par jour à chacun des jurés du tribunal révolutionnaire .
Lebreton présente un projet de décret sur les postes et messageries
que l'Assemblée renvoie à l'examen des comités d'alié
nation , de commerce et de finances .
Maure instruit la Convention qu'à la réception de l'acte
constitutionnel le canon fut tiré dans la ville d'Auxerre . Tons
les citoyens ont témoigné leur alegresse , et le soir la ville fut
illuminée .
L'Assemblée a passé à la discussion relative au rapport quia
été fait sur l'éducation publique . Elle a entendu la lecture
de divers projets de décrets sur cette matiere,
Séance du mercredi 3 juillet.
J
On fait lecture d'un grand nombre d'adresses d'adhésion aux
décrets de la Convention Le citoyen Phelippaux , représentant
du peuple dans les départemens du Centre et de l'Ouest ,
zend compte du bon esprit des trois corps administratifs
qu'il a visité et de l'état de défense des villes de la Rochelle
et de Niort. L'acte constitutionnel y a été reçu avec enthousiasme.
Un camp de 10 à 12 mille hommes vient de se former
sous les murs de la ville du Mans . Des milliers de famille de
Mayenne et Loire ont reflué dans le département , et celui
d'Eure et Loir ne pouvant fournir à leur subsistance , Phelippeaux
vient d'écrire à ce sujet au ministre de l'intérieur.
-
On fait lecture de deux lettres du général Custines à la
Convention nationale . Voyez la notice du précédent numéro. ) —
Après avoir annoncé les avantages que viennent de remporter
les troupes de la République , Custines ajoute ces mots : Si
nous obtenons une organisation militaire qui puisse nous promettre
une nerveuse discipline , caractere distinctif du militaire
des républiques florissantes , nos succès sont assurés , et
Bientôt les rois et leurs vils courtisans seront forcés de renoncer
à ces insolentes prétentions , de donner des lois à une
nation qui apprit à tous les peuples à connaître leurs droits
et leurs pouvoirs . 19
Barrere lit plusieurs dépêches . La premiere est une lettre
datée du 1er juillet , dans laquelle le général Biron annonce
que les révoltés menacent de nouveau Luçon , malgré leur
défaite , et semblent vouloir tenter une attaque sur les Sables :
Le général a pris toutes les mesures pour prévenir leur
dessein..
Westermann , à la tête de g mille 400 hommes , les a repoussés
du côté de Partenay , où ils étaient au nombre
de 8000.
La seconde lettre est de Servan , qui envoie de Bayonne la
relation de la reprise d'Audaye par les Français , de la disper
( 79 )
sion des cinq camps espagnols et de la bataille qu'ils ont
perdue le 22 du mois dernier. C'est dans cette journée mémorable
que des Français montrerent que s'ils sont quelquefois
inférieurs aux ennemis par le nombre , ils savent les surpas
ser en courage dans l'action ; un grenadier eut son bras droit
emporté d'un coup de canon ; l'adjudant général d'Arnaudat
s'approche pour lui témoigner sa sensibilité : Ne me plaignez
pas , répond le grenadier , j'ai encore un bras pour servir ma
patrie. Un chasseur de la Haute - Garonne tombe blessé ; un
de ses camarades s'approche pour le plaindre ; tu as tort , dit
le chasseur : Pate , non dolet.
t- Une députation de Paey-sur-Eure , admise à la barre , annonce
que les troupes d'Evreux se sont emparé de leurs communes
et de tous les bourgs environnans . Elle ajoute que les patriotes
et leurs familles sont sous l'oppression . Des députés de
Vernon assurent que le tocsin sonne , que la général bat ,
que la crise est grande , que le comité de salus public et le
conseil exécutif les a compromis , et qu'on veut les punir
d'avoir été patriotes . D'après cet exposé , la Convention décrete
que lles citoyens Prieur et Lecointre , qui sont également dans
la ville de Rouen , sont autorisés à prendre , dans le département
de la Seine -inférieure , toutes les mesures nécessaires pour
réprimer les rebelles de l'Eure et du Calvados , et dissiper
tout rassemblement armé qui prétendrait marcher contre Paris
ou exercer quelqu'acte de violence contre les bons citoyens .
?
Des députés de la commune de Lucienne annoncent qu'ils
viennent d'arrêter la ci -devant comtesse Dubarry. Ils lui repro
chent d'avoir reçu chez elle des aristocrates , et d'avoir fait
plusieurs voyages en Angleterre où elle serait vraisemblablement
retournée , sans la destitution du ministre Lebrun . L'Assemblée
applaudit au zele de la municipalité de Luciennes , et
renvoie son adresse au comité de sûreté générale .
Une lettre de Carnot , représentant du peuple à l'armée
du Nord , datée de Bergues le 30 juin , apprend à la Convention
que Dumourier a été fort mal reçu en Angleterre ; il est
actuellement à Ostende sous la sauve - garde du commandant
de cette ville , parce que les émigrés veulent le mettre en piece.
On vient de publier ici , ajoute Carnot , la nouvelle constitution.
Toutes les cloches sont en branle pour la carillonner ;
le peuple y voit la fin de ces maux : cela vaut mieux que vingt
batailles gagnées .
Couthon a fait un rapport sur la situation des patriotes de
Lyon. Voyez la notice de cette séance dans le précédent numéro.)
Séance du jeudi , 4 juillet.
Les administrateurs de Loir et Cher , les citoyens de Montargis
et plusieurs autres communes félicitent , et remercient
la Convention du bienfait de la constitution . La commune
d'Amiens instruit l'Assemblée qu'à l'imitation de celle de
( 80 )
+
Lille , elle a fait bråler un paquet d'arrêtés qui lui était envoyé
par les sections de Marseille ..
Les citoyens d'Argentan ont écrit à leurs magistrats que
s'ils prenaient des arrêtés contre la Convention et les Parisiens ,
ils étaient priés de ne point les leur envoyer; mais que s'its se
décidaient à marchier sur Paris , ils étaient invités à passer par
leur ville , et ils verraient de quelle maniere ils seraient
reçus .
Quarante- deux sociétés populaires se sont réunies dans la
ville de Valence , chef- lieu du département de la Drôme , pour
y protester contre les arrêtés contre - révolutionnaires des
administrateurs du Gar , de Rhône et Loire , des Bouches - du-
Rhône , etc. Les membres qui composaient cette assemblée
ont dressé procès-verbal de leur séance , et l'ont envoyé à la
Convention qui en a ordonné la mention honorable .
Sur la motion de Lacroix le comité de législation est tenu
de présenter une loi pénale contre les fonctionnaires publics
qui oseraient attenter à la liberté des sociétés populaires .
Un membre s'est plaint de la destitution de plusieurs offi
ciers ordonnée par le conseil exécutif sans énonciation de
motifs ; il a demandé qu'il fût tenu de les faire connaître .
Ce n'est pas le conseil exécutif , à repliqué Chabot , ' qu'il
faut interroger , c'est le comité de salut public ou plutôt quel :
ques-uns des membres de ce comité ; ce sont eux qui font
les nominations et les destitutions . Pourquoi Servan , homme
inepte et patriote dans le sens de Roland , est- il encore à la
tête de nos arniées , tandis qu'il a été appellé ici ? Pourquoi
le mandat d'arrêt décerné contre ce général par les commissaires
de la Convention n'a - t-il pas été mis à exécution . ,, —
Ramel a observé à la Convention que le comité de salut
public ne fait aucune nomination , il présente les sujets à
Assemblée qui les adopte ou les rejette . Quant à ce qui
concerne le général Servan , il est appellé à Paris , et le général
d'Orbec est parti pour le remplacer. Cette discussion
s'est terminée par un décret qui enjoint au ministre de le
guerre de rendre compte des destitutions qu'il a faites .
Une députation des chasseurs de l'Eure qui se sont rendus
à Versailles , d'après le décret de la Convention , est admise à
Ja barre. Vous voyez devant vous , a dit l'orateur , des sol¹
dats qui sont toujours restés fideles à la République ; ils se
sont soustraits à la tyrannie et au fedéralisme , pour venir
ous offrir leurs bras ; ils veulent s'en servir pour combattre
les ennemis de la République une et indivisible , sous quelque
forme qu'ils se présentent.
Lindet a pris aussi - tôt la parole pour se plaindre de la négligence
du comité de salut public . Citoyens , a - t - il dit , si
vous ne prenez des mesures vigoureuses et promptes , les départemens
de l'Eure et du Calvados ressemblerout bientôt à
ba Vendee. Deja vous avez appris qu'une force armée s'était
emparé
3D
( 81 )
emparé de Pacy- sur-Eure. Vernon craint d'être attaqué ; si
cette ville est prise , les subsistances ne pourront plus arrives
à Paris , ni par terre , ni par eau. Les citoyens du départem
ment
de l'Eure se sont levés contre ce départemet ; mais vous
n'avez pas secondé leur zele ; l'inaction du comitén de asalus
public et du conseil executif est bien reprehensible ,
$
3
Duroy a pensé qu'il était d'autant pluse instant d'apporter
les plus courts remedes aux maux qui désolcut la ville d'Ereux
et le département de l'Eures que les contre- révolution*
naires se sont emparés des caisses publiques et qu'il est, int
formé que Buzot arrive incessamment à Evreux avec 4,000
hommes. Il dénonce , ainsi que Lindet , le comité de salut
public pour n'avoir pas pris des mesures plus vigoureuses
Saint- André a justifié ce comité qui ne ces ait , a - t - il dit
de prendre les mesmes les plus efficaces pour parvenir à
étouffer l'insurrection fédérative , moblesome
2
Après quelques débats , l'Assemblée , sur la motion de
Taillefer , a décrété que Lindet , Duroy , Francastel et Lacroix
, s'adjoindraient au comité pour coopérer au rétablisse
ment de la tranquillité publique dans leur département
"
Les sections du Luxembourg de la place des Fédérés ,
des Gravilliers , du Museum , de l'Unité , du Panthéon Français
de Beaurepaire ét - plusieurs autres , ont été admises à
faire connaitre leur voeu sur la constitution qu'elles ont adoptées
à l'unanimité . Une citoyenne de la section de Beaurepaire
, a demandé que les femmes fussent admises dans les
assemblées primaires et qu'elles pussent remplir les devoirs
eiviques, La section des Lombards a demandé la taxation
des denrées de premiere nécessité ; y
--
2
15 Les citoyens et les citoyennes de ces différentes sections
ont défilé dans la salle aux applaudissemens universels , aux
cris de vive la République Vive la Constitution ! Vive la Mon
tagné !
f
རཱ ཝཱ ཚཱ ཙཱ ཎྜ
Séance du vendredi , 5juillet.
On a fait lecture , au commencement de cette séance , d'une
lettre des citoyens Bourbotte et Tureau, représentans du peuple
près l'armée des côtes de la Rochelle . Nous sommes arrives
disent-ils , le 30 juin à Saumur , avec l'avant -garde de l'armée ;
nous avons été reçus au milieu de l'alégresse publique . Les
citoyens qui avaient trahi la cause de la liberté , et qui compo
saient le comité contre-révolutionnaire des brigands , ont été
arrêtés ; nous avons pensé que les biens de ceux qui ont pris
la fuite devaient être séquestrés , confirment nos arrêtés . Nous
av sollicitons des lois qui
fait arrêter plusieurs agens
et nombre de partisans des rebelles parmi ceux- ci il s'en est
trouvé un qui s'est dit fils d'un ci-devant comte de Monts
boissier. 3
L'ordre et la confiance regnent dans notre armée ; l'avant
Tome IV,
( 82 )
garde , composée de six mille hommes , est dans les meilleures
dispositions : le corps d'armée s'approche des murs de Saumur,
Nous savons , par des voies très-sûces , que l'armée catholique
est dans la plus grande détresse . La plupart des cultivateurs
les quittent pour renter dans leurs foyers ; tout nous
présage des succès : nous avons établi un comité charge de
rechercher et connaître ceux qui ont trempé dans les prot
fets des révoltés . Nous n'oublirons rien pour faire triompher
la cause de la liberté.
la Con
quela
Cambacerès a observé qu'il était nécessaire
vention s'expliquât sur ce qu'elle entend par chefs de bri
gands ; car plusieurs des prisonniers qui sont en ce moment
livrés à la justice , reclament contre la peine de mort prononcée
contre eux , sous prétexte qu'ils ne commandaient pas les
rebelles . Sur la proposition de Génissieux la Convention a
'désigné comme chefs des rebelles , les administrateurs , les
membres des comités des rebelles , les prêtres et les nobles
qui sont dans leurs armées .
Dans plusieurs départemens , les corps administratifs gênent
la circulation des grains , sous prétexte que le recensement
ordonné par la loi du 4 mai n'est pas encore finie . Pour
faire cesser cet inconvénient très-préjudiciable à quelques départemens
qui manquent de subsistances , la Convention a
décrété ce qui suit :
Art. Jer . Les administrateurs du département presseront ,
autant qu'il sera possible , le recensement des grains ordonné
par la loi du 4 mai. to "
,, II . Il ne sera apporté aucun obstacle à la libre circu-
* Tation des gtains nécessaires pour la subsistance des villes et
départemens qui en manquent , sous prétexte que le recensement
n'est pas achevé.374
Marat écrit à la Convention , il renouvelle sa motion de
mettre à prix la tête des Capets fugitifs . Cette lecture est
interrompue , l'Assemblée passe à l'ordre du jour.
Le reste de la séance a été consacré à la réception d'un
grand nombre de sections de Paris qui après avoir annoncé
leur acceptation , donnée à l'acte constitutionnel , ont défilé
dans la salle.
Séance du samedi 6 juillet .
Au nom du comité de sûreté générale , Julien a fait un
rapport sur la sédition qui a eu lieu dans la ville de Beaucaire
, le 1er avril . La Convention en a ordonné l'impression
et l'ajournement. Uue lettre du général Beysser , commandant
de la ville et du château de Nantes , apprend à la Conven .
tion que les rebelles ont attaqué cette ville sur tous les points ,
mais Lu'ils ont été repoussés avec un courage auquel ils ne
s'attendaient pas . Leur armée a été mise dans une déroute
( 98 )
complette , et ils ont été forcés de se retirer précipitamment ,
après avoir éprouvé une perte considérable,
Sur l'observation faite par Mallarmé , que les suppléans des
députés fugitifs ne sont point encore convoqués , la Convention
décrete que le comité des inspecteurs de la salle remettra ,
séance tenante , au comité des décrets , la liste nécessaire
pour la convocation .
Eusuite d'un rapport du comité des finances , la Conventiqu
décrete que les électeurs de Paris recevront une indemnité
prise sur les sous additionnels du département . Cette disposition
est étendue aux électeurs des autres départemens .
On a dénoncé le procureur-général- syndic du département
de la Dordogne , qui regarde la Convention comme soumise
à une poignée de factieux , et la journée du 31 mai comme
la journée du crime. L'Assemblée décrete que le ministre de
Pinterieur rendra compte , séance tenante , de l'exécution du
décret porté en faveur des administrateurs de départemens
qui viendront à résipiscence sur les arrêtés qu'ils ont pris
relativement aux événemens du 31 mai et des premiers jours
du mois de juin.
T
Bientôt après , le ministre de l'intérieur est venu annoncer
à la Convention que le décret signifié aux administrateurs
partisans du fédéralisme , namene aucune rétractation ; mais
il est un fait dont il donne connaissance à la Convention ;
c'est que les administratious rebelles n'ont point cessé de correspondre
avec lui , et que le département du Calvados et la
ville de Tours ont demande des subsistances . Le ministre n'a
point fait passer de grains aux départemens en insurrection ;
mais il a eu soin d'en envoyer aux communes qui se sont sé
parées d'eux pour rester fideles à la Convention nationale.
Barrere , au nom du comité de salut pablic , a donné lecture
d'une lettre du citoyen Chaudron- Rousseau , commissaire
dans le département de la Haute-Garonne. Il en résulte que le
décret d'arrestation , lancé contre plusieurs individus de la
ville de Toulouse . a êté exécuté ; que plusieurs districts de la
Haute - Garonne out rejetté la convocation des assemblées primaires
, et que huit sections de Toulouse ont déclaré ne recon
naitre que la Convention pour centre d'unité .
Pour
avec
prouver que l'insurrection de Toulouse était liée
selle de Bordeaux , Baudot fait lecture d'une lettre de Faguet
et Ruffat , commissaires des autorités constituées de Toulouse ,
datée de Bordeaux , le 26 juin . En voici le précis :
Douze , cents hommes d'élite doivent partir d'ici du 1er.
au 4 juillet , avec du canon et une compagnie de canonniers .
Nous pensons que vous aurez accéléré la formation de votre
force pour se joindre à celle -li et à toutes celles qui partent
ou sont deja en marche pour se rendre à Perpignan , lieu de
rassemblement général des troupes départementales de cette
partie. Les départemens situés dans la ci-devant Bretagne ,
F
( 84)
Normandie et lieux circonvoisins , sont ou vont être rendus å
Eyreux au nombre de 30,000 hommes ; les Marseillais et autres
sant rendus à Lyon , où doivent se joindre aussi les forces
des autres départemens de cette partie . Chaque département
fera suivre des munitions suffisantes pour fouruir aux besoins
de ses troupes . Renvoyé au comité de salut public .
Levasseur instruit l'Assemblée qu'il y a dans l'armée que
commande Biron deux bataillons de la Gironde qui veulent
la quitter pour retourner dans leur département. Il demande
que les bataillons qui quitteront leur poste soient déclarés
traîtres à la patrie , et traités comme tels .
Robespierre assure que dans les armées des Pyrénées et
de la Vendée on excite des dissentions entre les bataillons
Parisiens et Bordelais ; que le cri des premiers est vive la
République , une et indivisible ! et celui des autres , vive la Rëpublique
à bas les anarchistes à bas les factieux ! Plusieurs com-
Bats particuliers dans lesquels plus de vingt défenseurs de la
République ont péri , ont été lé résultat déplorable de ces
differences d'opinions.
Les mesures coalisées proposées par divers membres ont
été renvoyées au comité de salut public .
Un membre s'est plaint de ce que la procédure du traître
Charier , détenu dans les prisons de Rhodes , n'était pas encore
commencée , la Convention a décrété , après quelques
débats , qu'il sera jugé par le tribunal eriminel du département
de l'Aveyron , et que les commissaires Malthe et Châteauneuf-
Randon , qui se trouvent sur les lieux , recevront les
déclarations que Charnier a annoncé qu'il avait à faire .
Barrere a fait un rapport sur l'arrestation de Treilhard et
Mathieu , commissaires de la Gonvention à Bordeaux, Il en
résulte que le département de la Gironde n'a pas reconnu leur
caractere , ai par conséquent l'autorité de la Convention , et
qu'il leur a dit que le seul moyen d'obtenir la paix était de
sevir contre les factieux qui ont asservi la représentation nationale,
Tout ce que les commissaires ont pu découvrir de la situa 、
tion politique de Bordeaux se réduit à peu de choses ; seulement
ils ont remarqué que les assignats frappés au coin de
la République ont une valeur inférieure à ceux qui portent
l'effigie de Louis XVI ; ils ajoutent qu'un particulier étant
allé au spectacle , s'écria : Vive Louis XVII ! Les commissaires
ajoutent qu'il a été arrêté , L'Assemblée a décrété l'impres
sion de ce rapport , l'envoi aux départemens , et a enjoint au
ministre de la justice de s'assurer si l'individu qui par ses
cris a provoqué le rétablissement de la royauté a été puni.
Des nouvelles de Nantes confirment la déroute complette
des révoltés ,
Seance du dimanché 7 juillet,
Une lettre de Westermann , datée de Châtillon-sur-Sévre ,
( 85 )
A
le 3 juillet , annonce de nouveaux succès sur les rebelles
qu'on peut regarder comme décisifs .
Les représentans du peuple auprès de l'armée des Pyré
nées orientales , envoyent de Saint-Jean - Pied- de - Port de nouveaux
détails sur l'évacuation du territoire de la Republi
que par les Espagnols . Ils annoncent que l'armée Française
est forte de 25 mille , hommes , dont dix mille sont sous la
toile .
Les administrateurs d'Indre et Loire assurent la Convention
de leur sentiment civique et de la résolution où ils Sout
de faire exécuter tous ses décrets .
ملا
Plusieurs sections sont venues notifier leur acceptation de la
-constitution , au milieu des acclamations et des cris réitérés de
vive la République . Drouet a demandé la parole pour rendre
compte d'une démarche faite par le comité de surveillance ; des
malveillans , a-t-il dit , ou des imbécilles se plaisent à répandre
le bruit que le fils de Capet est évadé et qu'on le porte
en triomphe à Saint- Cloud . Quoiqu'il connût l'impossibilité
d'une telle évasion votre comité de sûreté générale nous a
- nommés Maure , Chabot , Dumont et moi pour constater la
présence des détenus . Nous nous sommes transportés au
Temple ; et dans le premier appartement nous avons trouvé
le fils de Capet jouant tranquillement aux dames avec son
mentor . Nous sommes montés à l'appartement des femmes et
nous y avons trouvé Marie -Antoinette sa fille et sa soeur
jouissant d'une parfaite santé..
1.
2
197
EX A
On se plaît encore à répandre chez les nations étrangeres
qu'elles sont maltraitées , et de leur aveu fait en présence
des commissaires de la commune , rien ne manque à leur
commodité. Tel a été le récit de Drouet.
Citoyens , a continué Robespierre , quoique l'on ne puisse
douter que le projet d'enlever le fils du tyran ne fût trèsconforme
au voeu de l'aristocratic , s'il était en son pouvoir
de l'exécuter , il paraît certain que le bruit dont on vous a
entretenus , a été répandu par les ennemis hypocrites de
la liberté que vous avez frappés car on assure qu'ils répandent
quec'est la montagne , que c'est le peuple de Paris , que
c'est le conseil- néral de la commune , que c'est vous , fondateurs
de la constitution républicaine. et populaire offerte à
la France , qui voulez relever , en faveur du fils , 1 trône
du tyran que vous avez puni . " ,
?
Après s'être indigné que l'on mélåt des noms aussi méprisables
à la joie que, vient manifester le peuple , au milieu,de
ses représentans , Robespierre fixe l'attention de l'Assemblée
sur la nouvelle intrigue de ces laches éonspirateurs qui ,
depuis plusieurs mois , s'efforçaient d'égorger la liberté avec
Te poignard de la liberté. Ces conspirateurs sont les Buzot ,:
les Barbaroux , etc. etc. etc. toutes leurs factions, Rebespierre
a terminé , en demandant que la Convention insérât
董
F3
( 86 )
1
ces réflexions dans le bulletin . Il a interpellé en même -tems
les écrivains qui rendent ces debats autres que ceux qui sont
soudoyés par Pitt , et par la faction Iberticide qui á levé
l'éteudard de la révolte , de ne pas les passer sous silence.
La Convention décrete que le discours de Robespierre sera
inséré au bulletin .
Le dixieme bataillon du Calvados , en garnison à Dieppe ,
écrit à la Convention qu'il improuve la conduite des administrateurs
de leur département .
Séance du lundi Sjuillet.
La séance s'est ouverte par la lecture de plusieurs lettres
d'adhésion et de félicitation . Les administrateurs du département
de la Dordogne adherent aux décrets de la Convention ,
Ceux du district de Verneuil , dans le département de l'Eurre ,
ont rétracté les signatures qu'ils avaient données aux arrêtés
du département , ils ont cessé de correspondre avec lui .
རྩ་
La Convention a écarté un projet de décret présenté par
le comite des finances , sur la réclamation du paiement de la
rente de deux millions , déposés an trésor national , par lexministre
Neker. Elle a ajourné la question de savoir si Neker
doit être réputé émigré ou non , et suspendu provisoirement
du paiement des intérêts de deux millions , dont il s'agit ,
attendu que le créaucier se trouve comptable envers la Nation ,
à. raison de sa gestion ministérielle .
Saint-Just , au nom du comité de salut publique , a fait
un rapport sur les 32 membres mis en état d'arrestation . Voici
l'esquisse de ce travail dont la Convention a ordonné l'impression
.
Depuis que la Convention s'est assemblée , deux partis
se sont manifestés dans son sein . Soit qu'on ait voulu préparer
une usurpation étrangere ou relever le trône pour l'ancienne ..
dynastie , un dessein a été suivi . Il y eut un monstre parmi
vous ; cet homme défendit autrefois les rois ; il parut défendre.
la République ; il fut trop défiant pour avoir des complices :
cet homme est Brissot. Il y en eut comme lui qui tendirent
au rétablissement de la royauté par la conformité de leur
humeur et de leur ambition : il marcherent plutôt ensemble
qu'ils ne marcherent d'intelligence .
´,, Les détenus , avant le 10 août , avaient marqué beaucoup
d'attachement à la monarchie ; ils favorisereut la déchéanee ,
mais ils faisaient la guerre au parti républicain. Les uns voulaient
placer le fils de Louis Capet sur le trône , et faire déclarer sa
mere régente . D'autres favorisaient l'usurpation de ce duc
d'Yorck qui vons fait aujourd'hui la guerre avec tant de politesse
; et c'est alors qu'ils dénoncérent une faction d'Orléans .
Enfin , quel que fût leur projet , la République leur était en
horreur.
" Pétion signa , le 10- août , l'ordre de tirer sur le peuple, et
( 87 )
Vergniaux , aidé de ses complices , fit suspendre le roi pour caliner
Te peuple : on. temporisa ; on ne condamnait point ouvertement
Ta révolution du 10 août , mais on déplorait avec affectation
tous ses accidens . On flattait le peuple , on persécutait les
citoyens. Buzot et Barbaroux provoquaient avec adresse des
lois répressives contre les mouvemens populaires . On se servait
de Roland pour livrer des combats au parti républicain ,
et Roland excitait en même tems les troubles de Lyon , et
le mécontentement des aristocrates . Il ne cessait de rappeller
les malheurs du 2 septembre , et cependant Pétion et Manuel
, alors magistrats du peuple , pressés de les arrêter , répondaient
qu'ils ne voulaient pomt exposer leur popularité.
Brissot demandait si Morande son ennemi , était assassiné .
On sait que , lors de l'évacuation de la Champagne ,
Kalkreuths fit des propositions de paix à Kellermann . Cè
général les transmit au comité diplomatique , au conseil ;
mais les détenus qui dominaient alors , les ensevelirent dans
le secret ; cependant ce furent ensuite les mêmes hommes ,
qui , pour sauver le tyran , parurent s'effrayer des menaces
de l'Europe .
Le roi n'était plus , les conjurés changerent de plan et
préparerent la guerre civile dans l'intérieur de la Républi
que. On excitait des pillages à Paris , on décourageait nos
soldats , ou désorganisait les armées , on partisait avec les
ennemis , où se liguait evec Dumourier. On répandait dans
les départemens qu'on égorgeait à Paris ; on disait à Paris qu'on
égorgeait dans les départemens. On agitait Bordeaux , Marseille
, Lyon , le Nord et la Corse où Paoli déclamait aussi
contre .l'anarchie .
Au milieu de ce boulversement , la commission des douze
fut formée pour rechercher les conspirateurs , mais elle fut
composée de leurs partisans . Le peuple vint reclamer la liberté
d'Hébert . C'était un jour de deuil ; ce moment était le même
que le premier jour d'août , où le peuple réclamait contre
les persécutions de la cour .
Les conjurés devaient enclouer le canon d'alarme , s'emparer
de ceux de la commune et du temple , proclamer le
fils du feu roi , Louis XVII , et sa mere regente, Ceux qui
étaient chargés de l'exécution de ce complot auraient été
gardes - du - corps , et ceux qui se seraient distingués auraient été
décorés d'un ruban mordoré et blanc , avec une médaille représentant
un aigle renversant l'anarchie .
Aujoud'hui ces mêmes conjures agitent l'Eure et le Calvados
; leurs agens les servent à Lyon , à Marseille , ` à Bordeaux
, etc. " 9
ཏི
Après cet exposé , Saint-Just a présenté le projet de décret
suivant. La Convention nationale déclare traître à la patrie ,
Buzot , Barbaroux , Gorsas , Lanjulnais , et tous ceux qui ont
pris la fuite pour se soustraire au décret d'arrestation , porté
contre eux le 2 juin . 92
F 4
K
lamoqlor al achosomus ( 88 ) tron
Hey a lieu à accusation contre Gensonné , Guadet , Ver
gniaux , Birotean , prévenus de complicité dans ces complots
29 120 60 • of gende
La Convention nationale rappelle dans son sein , Bertrand
et les autres détenus plus trompés que coupables.. 950
La discussion sur ce rapport s'ouvrira trois jours après.
l'impression des pieces,
PARIS , le 11 juillet 1793.
COMMUNE.CONSEIL GÉNÉRAL CONSEIL GÉNÉRAL , du 3 juillet .
Sur le requisitoires du procureur de la commune , le con
Seil a pris l'arrêté suivant :
Le conseil - général , considérant que le voeu de la ville de
Paris pour la constitution doit être porté à la Convention nationale
d'une maniere prompte et solennelle , digue enfin du
-peuple qui a porté ce , vau , précurseur du bonheur , public
Arrête 1. que toutes les sections enverront à la maison
commune les procès- verbaux qui constatent l'emission de leur
voeu sur l'acte constitutionnel , pour y être recensés .
$
20. Que sous deux jours , l'administration des travaux publics
lui présentera le mode qu'il doit suivre pour porter avec
pompe à la Convention nationale le voeu du peuple de Paris
pour l'acceptation de la constitution .
Du 4. Les commissaires de la garde au Temple font part
au conseil général qu'en vertu de l'arrêté du comité de salut
public de la Convention , ils ont transféré le fils d'Antoinette
dans l'appartement désigné. Voici le procès - verbal de cette
translation .
Nous commissaires de service au Temple , sommes entrés
dans l'appartement de la veuve Capet , à laquelle nous avons
notifié arrêté du comité de salut public de la Convention , en
l'invitant de s'y conformer, " f
Après différentes instances , la veuve Capet s'est enfin
déterminée à nous remettre son fils , qui a été conduit dans
l'appartement désigné par l'arrêté du conseil d'aujourd'hui, et mis
dans les mains du citoyen Simon , lequel s'en est chargé ; nous
observons au surplus que la séparation s'est faite avec toute la
sensibilité qu'on devait attendre dans cette circonstance
que les magistrats du peuple ont eu tous les égards compatibles
avec la sévérité de leur fonction .
et
Du 5. Le conseil ajourne au 14 la cérémonie qui devait
avoir lieu demain pour porter à la Convention nationale les
procès -verbaux d'acceptation de la constitution .
( 89 ) 3
5
Des citoyens de Vernon et de Pacy - sur-Eure sollicitent
avec instance des secours contre une poignée de scelerats
qui veulent mettre le trouble dans le departement de l'Eure.
Réal prend la parole . Il se plaint de l'insouciance des Parisiens
, lorsque les brigands sont près Paris ; il fait le tableau
du danger qu'il y a de laisser prendre germe à une division
que le plus pet peut détruire . Il demande que les
membres du conseil se transportent sur-le - champ dans les sec
tions , pour leur représenter le danger de nos freres , et les engager
à faire partir demain s'il est possible , des bataillons
pour voler à leur secours .
La discussion s'ouvre sur cet objet différentes propositions
sont faites . Un membre demande que le conseil- général , pour
donner l'exemple , porte le fusil et le sac sur le dos , et
Pecharpe municipale au cou . Il soutient que c'est le seul moyen
de lever dans un instant une force considérable . Cette
proposition est applaudie , mais non adoptée...
Deux membres du comité de salut public se présentent au
conseil ; ils confirment les nouvelles affligeantes du départe
ment de l'Eure : il demande encore un effort des Parisiens :
Aussi-tôt les membres du conseil se distribuent dans les sec
tions pour ranimer le zele des citoyens.
622
[
Du. 6. Les membres envoyés dans les sections pour les
inviter à presser le départ de la force armée pour les départemens
qui se disposent à marcher sur Paris , rendent Compte
de leur mission et des difficultés qu'éprouve la levée du contingent.
La section du Temple fait part des troubles qui ont eu lieu
ce sujet , et des mesures de rigueur qu'elle a cru devoir
prendre envers des citoyens qui ne s'étaient pas rendus ' à
T'appel
Le conseil , après avoir pris connaissance de l'arrêté des
commissaires du Temple , qui porte que les commissaires de
garde ne pourront monter à la tour sans être accompagnés
du porte- clef pour ouvrir les portes et les refermer , ordonne
le rapport de cet arrêté , et maintient celui précédemment pris
par le conseil dans lequel il est dit les clefs seront
confiées à un des six commissaires . I ordonne en outre que
Simon et sa femme resteront auprès du petit Capet , avec le
même traitement qu'avaient Tison et sa femme auprès de son
pere.
que
Du 7. Plusieurs observations ont été faites sur les difficultés
qui se présentent dans les sections pour former le contogent
qui doit aller dans le département de l'Eure . Le conseil airête
qu'il s'assemblera demain matin extraordinairement pour délibérer
sur les mesures à prendre sur cet objet .
( 90 )
2
1
Du 8, Le consell arrête que toutes les sections qui n'ont
pas encore fourni leur contingent de deux hommes par compagnie
sont tenues , au terme de la loi du 30 mai , de rassem
bler sur-le- champ tous les citoyens de la premiere requisition ,
et de tirer au sort le complément de leur contingent . Le
conseil a ensuite nommé des commissaires pour porter cet
arrêté aux sections . Dans la séance du soir , ces commissaires
ont rendu compte de leur mission . Il résulté de leur rapport
qu'un génie malfaisant domine les sections et s'agite en tous sens,
pour empêcher le recrutement. On apprend qu'à la section de
Arsenal les jeunes gens veulent partir en masse sans tirer
au sort , et cherchent ainsi à éluder la loi ; ce qui prépare des
Tixes dont les suites seraient funestes. Pareilles nouvelles
arrivent de la section de la Cité. Le conseil nomme des com
missaires qui l'autorisent à prendre toutes les mesures nécessaires
pour faire exécuter la loi sur le recrutement , et à se
faire assister d'une force armée en cas de résistance .
Chabot , au nom du comité de sûreté générale , a demandé
ensuite la parole pour dénoncer un fait qui est une suite de
la conspiration de Brissot et de ses adhérens . Je tiens en
main , a dit Chabot , un écrit d'un de vos membres qui avait
cherché à soulever le département de l'Aisne . Cet écrit est
intitulé : Aux citoyens Français , sur la nouvelle constitution par
Condorcet. Vous serez étonnés de l'audace avec laquelle on
décrie cet ouvrage sublime . " Après avoir lu quelques
paragraphes de l'écrit de Condorcet . Chabot a demandé que
'ce député fût mis en état d'arrestation , traduit à la barre pour
être entendu , et que les scellés fussent apposés sur ses papiers.
Un membre a ajouté qu'il tenait en main un paquet
signé par Deverité , rémis par lui au bureau du coutre - seing ,
et contenant l'écrit qui venait d'être dénoncé . Il a demandé
que ce député fût mis lui-même en état d'arrestation ,
--
On applaudissait , et on demandait à aller aux voix , lorsque
Guyances a prétendu qu'il fallait d'abord s'assurer si l'écrit
dénoncé est intitulé , Projet de Constitution , ou si c'est simplement
un écrit sur la constitution , et s'il est signé de Condorcet
car , disait- il , si ce ne sont que des réflexions sur le
projet de constitution , c'est bien différent d'une fabrication
de ce projet que vous avez vous -même soumis à la discussion
et à l'acceptation libre de tous les citoyens.
Chabot a répondu que l'écrit dénoncé n'était pas un plan
de constitution , mais une diatribe contre la constitution et
contre la Convention ; qu'il n'avait pas la preuve juridique que
cette , diatribe fût de Condorcet , mais qu'on y trouvait absolument
ses mêmes phrases que dans une lettre originale de ce
député , adressée aux adininistrateurs de l'Aisne pour mettre
le feu dans ce départements
On a fermé a discussion , et l'Assemblée a décrété que
Cordorcet et Devérité seront mis en état d'arrestation , que les
( 91 )
scellés seront appasés sur leurs papiers , et que le premier
sera traduit à la barre pour avouer on désavouer l'écrit qui
lui est imputé.
La levée des 1800 hommes demandée par le département
de l'Eure , est à peu près achevée . Dans la plupart des sec
tions on a eu recours à la voie du sort . On convient presque
généralement , que c'est moins ici une expédition militaire
qu'une démarche amicale auprès de quelques freres qu'on
croit égarés , et qu'on veut ramener , non par la force des
armes , mais par celle de la raison , et par la manifestation
solemnelle des vrais sentimens qui animent les habitans de
Paris . C'est Mantes qui paraît choisi pour être le quartier ge
néral de cette petite armée . Le comité de salut public y a renvoye
un inspecteur pour y préparer les magasins . Toute la gendarmerie
qui était à Paris et dans les environs s'est déja rendue
.de ce côté ,
On prépare au Luxembourg les appartemens que doivent
occuper les députés détenus , en vertu du décret du 2 juin
dernier ; les croisées de ces appartemens sont à moitié murees
elles sont de plus séparées à l'extérieur du bâtiment par des cloisons
, qui sont appuyées sur les corniches . Ces précautions
ont été prises pour qu'il ne puisse s'établir aucune communication
d'un apparteinent à l'autre . }
Des lettres de Marseille annoncent que l'on s'occupe de
l'instruction du procès du fameux Jourdan , si connu dans
l'histoire de la guerre civile d'Avignon . On rédige l'acte d'ac
cusation pour le soumettre ensuite au tribunal extraordinaire
de Marseille .
Le 30 du mois dernier , deux chefs de rebelles ont eu la
tête tranchée à Tours. Le premier était le ci-devant marquis
de Sanglier ; le second était un prêtre réfractaire qui parcón
rait les campagnes , et exhortait les paysans à la révolte. Ils
ont subi l'un et l'autre leur supplice avec ce courage et cette
fermeté qu'inspire le fanatisine qui les égarait.
Le citoyen Soulaire est parti pour Geneve et le Velay ca
qualité de chargé des affaires de la République .
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NORD Ordre du générul en chef.
Sur la demande expresse du général d'armée , les représentans
du peuple ont consenti à faire lire à tous les soldats
( ge )
republicains les calomnies aussi atroces qu'absurdes insérées
dans différens journaux , notamment dans celui rédigé par
Laveaux , sous la dénomination du journal de la Montagne.
Le général en chef , sûr du bon esprit qui anime l'armée du
Nord et des Ardennes , dont le commandement lui est confié ,
a sollicité les représentans du peuple de lui faire les détails
des manoeuvres ténébreuses de ces hommes qui veulent perdre
la chose publique en désorganisant tout , certain que des Ré
publicains s'empresseraient de désigner l'homme assez ennemi
des lois de son pays , pour imiter un semblable exemple parmi
eux .
ARMÉE DES PYRÉNÉES ORIENTALES.
Perpignan , le 26 juin . Bellegarde est au pouvoir des Espagnols
. Voici quel était l'état de cette forteresse , lorsqu'elle
s'est rendue. Sur 42 pieces de canon , 30 ne pouvaient supporter
le service . Point d'affûts , ni d'écouvillons , ni refou-
Toirs , ni leviers de rechange . Les crapauds de sept mortiers
'étaient vermoulus. Les premiers coups les ont réduit en pou-
'dre ; nos bombes rongées , percées même par la rouille , faisaient
plus de mal aux assiégés qu'aux assiégeans . Il fallait
des pots à feu , des rechauds , des matieres pour monter les
mines ; tout cela manquait, Il fallait du bois de charrenage ,
du fer , du charben , etc. tout cela manquait. Il fallait des
pompes à incendie , des chevres et autres machines de guerre ;
presque rien de tout cela n'était à la disposition des soldats
de la République . La seule pompe qui avait été annoncée
lors du ravitaillement , ne fut pas envoyée . Ajoutez à cela le
défaut de vivres , point de médicamens , aucun outil nécessaire
à la cure des blessés ; la rage de la douleur , sans espoir
de secours , ne laissait que la mort pour tout refuge.
Les Espagnols admirerent eux-mêmes le courage de nos freres
d'armes ; à peine maîtres de la place , ils leur firent passer
des viandes fraîches , des médicamens, et autres objets dont
ils avaient le plus grand besoin. Les Français qui rendent
sans efforts justice à leurs ennemis , ne la rendront- ils donc
jamais à ceux qui ont laissé cette clef de la France dans un état
aussi déplorable sous tous les rapports .
ARMÉE DE LA VENDÉE.
Nantes , 30 juin . Cette ville était depuis long-tems entourée
par les brigands . Une premiere attaque fit connaître aux
Nantais quels ennemis ils avoient à combattre , et aux eunemis
quelle est la valeur des républicains . Voici les détails de cette
affaire La prise de Niort avait déterminé à Tever le camp de
Saint-George , qui n'offrait plus à la ville qu'une faible défense.
( 93 )
La 29 à deux heures et demie , de fréquentes décharges
d'artillerie annoncerent l'arrivée des brigands. La veille , 50 à
60 cavaliers ennemis étaient venus insulter les avant - postes de
Nantes; quelques-uns même avaient osé sommer le fauxbourg
de la Solimiere de se soumettre à l'armée catholique , et de
mettre bas les armes . Vu l'inutilité de ce poste pour la défense
de la place , le commandant Beysser l'abandonna et fit
rentrer la tre ape qui le gardait dans la ville , après avoir invité
les habitans patriotes à le suivre avec leurs familles et
leurs effets . Ce fut par- là que commença l'attaque. Les brigands
de la lande de Vaugeon se porterent en foule à la Solimiere
avec trois pieces de canon et leurs pierriers ; Beysser, avait
déja fait tous ses préparatifs . Une piece de 18 , placée en batterie
dans la prairie d'Aurillac , enfilait le village de Solimière ; on
avait abattu les arbres qui pouvaient cacher ou protéger les
ennemis ; enfin les postes nombreux défendaient les lieux les
plus exposés . L'artillerie des ennemis ne nous causaient aucun
dommage ; le succès de la nôtre fut si complet que trois
fois le drapeau blanc fut renversé . Un grand nombre de brigrands
mordirent la poussiere .
Les camps de Claon et de la Croix furent défendus avec
vigueur par le général Boisguyon, Les ennemis se porterent
avec tant de fureur sur ces deux points , que cette attaque
devint la principale. Instruits d'une nouvelle colonne qui se
portait sur la route de Rennes , Beysser y accourut et pourvut
à tout. Ses troupes marcherent avec fermeté , malgré le
feu des ennemis ; notre artillerie démonta la plupart de leurs
pieces. Enfin , après une canonnade de 18 heures , les rebelles
se disperserent. La nuit se passa sans aucun mouvement. Au
point du jour la canonnade recommenga , et les rebelles furent
encore un fois repoussés avec perte.
Les brigands ont perdu plusieurs de leurs chefs. Les routes
de Vannes et de Rennes sont déja parfaitement libres ; bientêt
la rive droite de la Loire sera balayée jusqu'aux confins
du département de la Loire inférieure . La rive gauche ne
sera pas aussi facile à dégager , mais , écrivait le général
Canclaux , à l'aide de Beysser , avec des troupes dont la valeur
et de patriotisme se manifestent de telle sorte , et surtout
si le général Biron soutient et appuye ma
droite , j'es
perre parvenir à exterminer dans ces malheureux cantons la
révolte et les révoltés .
Extrait d'une lettre du général Westermann , datée du quartier
général de Clisson , château de l'Escur , le a juillet.
Le coeur encore navré des horreurs commises à Parthenay
par les brigands , j'ai marché droit sur Amaillon , cheflieu
du rassemblement les rebelles ont fui devant moi . Je
1.34 )
:
n'ai de prisonniers que quelques membres de leur comité ,
et tué 78 prêtres leur general Beaurepaire est de même
ue , à ce qu'on m'assure , car je ne le connais point. J'ai cru
devoir venger les bons patriotes de Parthenay , auxquels on
n'a laissé que les yeux pour pleurer ; j'ai livré Amaillon au
pillage ; tout ce qui a été pris , je l'ai fait charger sur des
voitures , et l'ai envoyé aux malheureux habitans de Parthes
nay , en récompensé de ce qu'ils ont perdu , et en quittant
le village , j'y ai mis le feu , étant désigné comme le pre
mier ou se sont cominis tous les désordres. Je vous envoie
trois membres du comité de l'armée catholique prétendue , et
quelques autres prisonniers .
C Je suis parti d'Amailion , hier à 2 heures après midi , et
je me suis porté au château de l'Escur. J'ai manqué l'Escur
de 4 heures , il a quitté son château à 5 heures du soir , et
J'y suis arrivé à 9 heures et je n'y ai trouvé que quelques
malheureux domestiques , et un déserteur Français . Ma troupe
ya rouvé de quoi se nourrir ainsi que mes chevaux . Je verrai
s'il est possible de procurer des voitures pour conduire le
mobilier à Parthenay , au profit de ses malheureux habitans ,
Si je ne puis n'en procurer , les meubles comme le château
deviendront la proie des flanimes ; car je veux donner le
souvenir à la postérité de l'asyle 'd'un monstre tel que l'en.
fer a vomi , qui est la principale cause des maux qui affligent
ces contrées Après cette expédition , je me porterai
argit sur Bressuire , où l'on dit que l'ennemi m'attend au
nombre de 15,000 . Fattaquerai ce bourg de vive force , et
j'espere battre complettement les rebelles ; après quoi je me
porterai sur Châtillon , où est le quartier-général de l'armée
catholique. Je forcerai encore cetic place. La cause que je
défends me dit chaque jour qu'elle sera victorieuse .
1 Enfin , j'ai résolu de poursuivre ces brigands par - tout
aù ils fuiront devant moi. Dans tous les villages où je passe ,
je fais arracher le drapeau blanc qui est au haut des clochers
partout je prêche aux habitaus l'obéissance à la loi ;
je leur dis que je viens pour les protéger contre les rebelles
et non point les combattre, Jexige de chaque commune qu'elle
ne fournisse des contingens , et je leur déclare hautement que
je brûlerai les villages qui fourniront des hommes à l'armée
des rebelles. De cette maniere je parviens à grossir ma petite
arinée de piques et de bâton , " 9
Westermann a tenu parole , Ce général merche en colonne
sur Chatillon dans l'intention d'attaquer les rebelles dans cette
ville , dont ils avaient fait leur repaire , qu'ils appelaient leur
quartier- général. A deux lieues de cette ville , Westermann
a rencontré les brigands , portes sur une hauteur et defendus
par 10 pieces de canon . Le corps français n'a bien reconnu les
ennemis que lorsqu'il s'est trouvé à la portée du canon braqué
1.95
3
&
sur eux. Le général voyant leur position avantageuse
hésité un moment àà en venir aux mains mais bientôt
fiant à l'ardeur de sa troupe , il a attaqué avec impétuosité !
alors les brigands ont déployé une au re colonne , et telle
ment étendu leur front qu'ils out environné la petite armée
Française . Westermann se voyant investi et serré , commande
une charge vive de sa cavalerie sur un point
Sint du front ennomi
il fait une large trouée , et par une seconde manoeuvre , vient
attaquer les brigands par derriere . Les rebelles ne peuvent
résister à tant d'impétuosités , la frayeur s'empare d'eux , leur
déroute est complette . Plus de deux mille de ces fanatiques
mordent la poussiere , an de leurs généraux a le même sort ,
et la meilleure partie de leur artillerie reste au pouvoir des
Français.
09721 $ 0
Après cette défaite , le général s'est porté sur Châtillon
mais à une petite distance de cette ville , et encore sur unre
hauteur , il a trouvé une seconde armée de rebelles , qu'il a
dissipée comme la premiere , Enfin , après avoir vaincu tant
d'obstacles , il est entré dans Châtillon , à 7 heures du soir .
et il a eu le bonheur de délivrer environ 600 prisonniers de
troupes de ligne , et toutes les épouses des administrateurs et
juges de la malheureuse ville de Parthenay que les brigands
avaient amenés en ôtage .
En rendant compte de cette glorieuse journée , Westermann
termine sa relation par ces mots II m'est impossible de
pousser jusqu'à Châtel , faute de munitions , tant pour Partillerie
que pour l'infanterie . Je me contenterai de bruier
les châteaux de l'Escur et de Laroche -Jaquelin ; deux
• chefs de bande. Je ferai ensuite retraite sur Bressuire en
», attendant qu'il m'arrive du secours ; car on m'assure que
" toute l'armée de Nantes doit marcher sur moi.
་
•
man-
Les commissaires écrivaient de Niort , le 5 juillet , à la
Convention , qu'elle ne devait point concevoir d'alarmes sur
l'article de la lettre de Westermann , cù il se plaint de
quer de munitions , et où il demande des renforts . Comme
bes communications sont difficiles dans un pays coupe de
hayés et de bois , le général Westermann ne savait pas que
les munitions et les renforts graient prêts à lui arriver .
? :
Notice des séances subsequentes de la Convention du mardi et du
mercredi
Mardi 9. Le général Sandos , inculpé grièvement dans l'affaire
de Luçon , a été mis en état d'arrestation par les commisaites .
La Convention décrete qu'il sera traduit pardevant le tribunal
révolutionnaire . Y
Un membre annonce , d'après une lettre qu'il a recu de
( 96 )
T
Cambrai que le 7 , dans une sortie , la garnison de Valenciennes
a détruit tous les ouvrages de l'ennemi , qui n'a pas
une seule position dans laquelle il puisse faire le siege de la
place.
*
1
Saint-André dénonce des arrêtés liberticides d'un comité
soi-disant de salut public de Montpellier. Un membre du côté
droit applaudit à un article de cet arrêté , Grand tumulte .
Couhay ( c'est le nom de ce membre ) est envoyé à l'abbaye
pour trois jours . La Convention décrete que le maire de
Montpellier , le président et le secrétaire du comité de salut
public de cette ville seront mis en état d'arrestation et traduits
à la barre.
།
Le ministre de l'intérieur vient rendre compte de l'envoi et
de la réception de l'acte constitutionnel dans les départemens .
Déja il a été reçu avec enthousiasme
parties de la Republique .
*
1
ཀཱ ལུ ༩ ན་ བ
,
dans presque toutes les
ག
Ce ministre annonce que dans un échange de prisonniers
entre nous et les Prussiens on a répondu à notre état por
tant : La République française au roi de Prusse ; par un état dn
roi de Prusse portant : Le roi de Prusse à la République française .
Vifs applaudissemens .
Une lettre de Kellermann annonce un avantage de postc
obtenu par nos troupes sur les Piemontais et les Autrichiens .
23 4
་་་ ་ ་
Mercredi 10. Westermann qui s'était rendu maître de Châtillon
vient
de se laisser envelopper par les rebelles . L'ennemi
fait feu de toutes parts sur son armee composée de trois
mille homines , lui a pris onze canons , et l'a mise presque
entierement en déroute . Westermann s'est échappé avec sa
legiondu Nord, et s'est replié ensuite sur Parthenay. Les comhmissaires
qui rendent compte de cette affaire à la Conventionfont
ensuite plusieurs réflerious sur la conduite de Westermann et
sur sa prédilection pour la légion qu'il commande !
02
197
Saint-André demande que Westermann soit rappelé . Rhul
fait qu'il soit traduit au tribunal - révolutionnaire . Chabot demande
qu'il soit simplement arrêté , et traduit à la barre . Cette
derniere proposition est décrétée .
༈ ,
Les mêmes commissaires annoncent que le général Chalbos
qui devait marcher sur Mantes , a fait feplier son armée sur
Saint - Maixent , sur Parthenay par la désertion de deux bataillons
de Bordeaux qui ont rejoint leurs foyers avec leurs armes .
Une foule de propositions ont été faites sur les moyens de
punir les déserteurs elles ont été renvoyées à l'examen du comité
de la guerre.
Plusieurs inculpations sent dirigées contre le comité de salut.
public , l'Assemblée décrete qu'il sera renouvelle ."
Jer . 135.
( No. 103. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 20 JUILLET , l'an deuxième de la République.
POÉSIE.
Quatrain à Mde. *** qui s'était amusée à écrire ,
L'auteur , un billet doux à une de ses amies.
COMME
au nom de
OMME vous l'inspirez , vous peiguez la tendresse ;
Ce billet supposé n'est pas moins vrai pourtant .
Vous avez deviné mon secret sentiment ,
Cloris ; mais il fallait y mettre votre adresse .
Par le citoyen BENOIT LAMOTTE.
CHARADE.
On fait de mon premier mon tout et mon second ;
L'un pour le pannetier , l'autre pour l'échanson.
D'UN
ENIGM E.
'UN des mysteres de la foi ,
Lecteur , j'offre l'heureux emblême.
L'égalité réside en moi ;
De tout côté je suis le même.
Aidé de la combinaison ,
Aisément tu dois me connaître ,
Si tu peux découvrir le nom ,
Qui trois fois se trouve en mon être .
POUR
LOGO GRIPHE.
OUR mc former il faut du feu :
Avec cinq pieds je suis fragile ;"
Avec quatré je suis un jeu ;
Avec trois une plante utile ;
Avec deux un pronom ; avec un seul je suis
Le nombre de mes pieds multiplié par dix .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 102 .
Le mot de la Charade' est Poisson ; celui de l'Enigme est Epingle
eelui du Logogriphe est Coude , dans lequel on trouve code et ode.
•
Tome IV G
( 98 )
NOUVELLES
LITTÉRAIRE
S.
NECROLOGIE.
Notice historique sur Laplace et sur ses écrits.
L était né en 1707 , et mourut au commencement de 1793.
Il s'appellait le doyen des gens de lettres , et dans les dernieres
années de sa vie il ne signait pas autrement ; sur quoi l'on a
dit qu'il se faisait le doyen d'un corps dont il n'était pas .
se donnait pour philosophe et républicain , et pouvait dire en
ce cas :
J'avais quatre-vingt ans quand cela m'arriva.
Il
Car sa vie et ses écrits avaient été un cours complet d'adulation
et de charlatanisme . Il peut être utile de faire voir comment
cet homme sans talens , sans esprit , sans connaissances , '
saus savoir même écrire en français , parvint cependant à une
sorte de fortune dans les lettres ; j'entends fortune d'argent ,
c'est la seule qu'il put faire . Un petit précis à ce sujet peut fournir un article à des mémoires sur l'état des dans
Lettres l'ancien gouvernement , et un apperçu critique sur ses volumineux
ouvrages prouvera ce que je viens de dire de ce prétendu
Nestor de la littérature.
pour
å
A l'âge de 7 ans , on l'envoya de Calais , où il était né ,
St.-Omer , pour y étudier dans un collège de Jésuites Anglais , espece de seminaire qui était en possession de fournir des
predicans et des missionnaires au parti catholique et jacobite d'Angleterre. On ne parlait gueres qu'anglais dans cette maison. Le jeune homme apprit donc cette langue de la maniere la
plus sûre la bien savoir , c'est- à - dire en la parlant tous
les jours ; mais en même tenis il désapprit si bien la sienne , qu'au sortir de ce collège , à l'âge de 17 ans , il fut ( de son
aveu ) obligé de se remettre à l'étude de sa langue naturelle
qu'il avait oubliée . Il faut croire qu'il ne fit pas de grands pro- grès dans cette étude ; car il a écrit toute sa vie le français comme le parlent ceux qui en ignorent les premiers principes
. Au reste , cette ignorance ne lui fit aucun tort : qu'im- porte de savoir sa langue , lorsqu'on n'a pas de talent pour. ecrite ? mais la connaissance de l'anglais fut la cause de sa
petite fortune.
ཏི་
11 ˜était alors fort rare , même parmi les gens de lettres ,
d'étudier cette langue . Voltaire fut le premier qui la mit à
la mode : les lettres sur les Anglais , qui parurent en 1732 , n'avaient
pas besoin du bruit qu'elles firent par les ridicules persécution
qu'elles attirerent à l'auteur ; il suffisait pour les
( 99 )
7
поце
faire lire avidement , de la foule de détails eurieux et nous
veaux sur les plus célebres écrivains Anglais , sur Shakespeare ,
Milton , Pope , Addisson , Locke , Congreve , Wicherley , et
de la tournure originale et piquante de quelques morceaux de
traduction de ces divers auteurs , alors fort peu connus en
France , et que bientôt , graces à lui , tout le monde voulut
connaître. C'est cette curiosité nouvelle qui contribua le plus
à faire accueillir la faible traduction de l'Essai sur l'homme
par
l'abbé Duresnel , et celle du Paradis perdu par Dupré de St.-
Maur , et leur procura'd'abord un succès fort au - dessus de leur
mérite , au point que cette version du poëme de Milton , en
prose fort médiocre , parut un titre suffisant pour faire entrer
l'auteur à l'academie française .
Laplace profita de res circonstances pour risquer en 1746
de faire jouer une Venise sauvée , assez fidelement traduite
d'Otwai. Le fond du sujet était heureux et tragique , et avait
fourni à Lafosse son Manlius , Tune des meilleures pieces du
second rang , et à laquelle il ne manque , pour être du premier
, que le style de Racine et de Voltaire . Mais il y avait
long- tems qu'on n'avait joué ce Manlius on annonça Venise
sauvée comme un ouvrage absolument anglais , et en effet l'auteur
n'avait retranché que des épisodes et les disparates grosșieres
, qu'alors le moindre écolier était en état de rejetter ,
et que le goût du public , qui n'était pas encore corrompu ,
n'aurait pn supporter. Cette espece de nouveauté , recomman
dée à l'indulgence par un compliment que récita un acteur aimé
( Roselli ) presentée comme le coup d'essai d'un jeune homme ,
cette énergie brute de la tragédie anglaise , faite pour piquer
la curiosite à une époque où tout ce qui était anglais commençait
à être de mode , tous ces motifs réunis firent aadopter
avec complaisance sur le théâtre de Paris cet avorton du
théâtre de Londres , et Venise sauvée , malgrél'incorrection et
la faiblesse du style , malgré des fautes de toute espece , eut
une réussite passagere et bien passagere ; car ce ne fut que
40 ans après que l'auteur , persuadé qu'il avait fait un bon
ouvrage ( comme il le dit lui-même ) , obtint malheureusement ,
à force de sollicitation , qu'on remit au théâtre cette tragédie
entierement oubliée : elle fut siffléc , et Laplace prêtendit que
c'était la cabale de Voltaire qui l'avait fait tomber.
•
Ou n'avait pas attendu jusques - là pour ouvrir les yeux !
peu de tems après la représentation de Venise sauvée , Lekain
dans ses débuts fit reprendre Manlius qui eut tout le succès
qu'il méritait , et qu'il a toujours eu depuis . Chacun fut à
portée de comparer , et l'on sentit que Fenise sauvée ne valait
pas une scène de Manlius .
Laplace , qui n'était pas de cet avis , continua de faire des
tragédies et des comédies dont il serait bien inutile de rappeller
les titres ; la plupart ne purent même être jouées , à
plus forte raison être lues. Cependant l'autorité du maréchal
G &
1.
( 100 )
de Richelieu en fit jouer une intitulée Adèle de Ponthien , que
les comédiens s'obstinaient à refuser. Laplace , pour piquer
d'honneur le vieux gentilhomme de la chambre lui adressa un
quatrain dans lequel il rapprochait aussi heureusement que
modestement les deux plus beaux titres de gloire ( selon lui )
qui recommanderaient à la postérité la mémoire du maréchal ;
Tu pris Minorque , et fis jouer Adéle .
Causa patrocinio non bona pejor erit. Laplace pour cette fois
n'avait plus de poëte anglais derriere lui pour le soutenir
Adéle était de son crû ; elle fut mal reçue , et abandonnée au
bout de quelques jours. Il essaya quinze ou vingt ans après
s'il serait plus heureux dans le comique : il donna une piece
en trois actes , qui n'alla pas jusqu'à la fin . Telle est l'histoire
du talent dramatique de Laplace .
Dans cet intervalle il publia son Théâtre anglais : c'est un
recueil informe de pieces tant tragiques que comiques , traduites
en tout ou en partie , ou analysées par extraits , en fort
mauvaise prose mêlée de tems en tems de plus mauvais vers
Cependant comme c'était le premier ouvrage qui fit connaître
bien ou mal un théâtre, fort different du nôtre , cette compilation
se débita ; mais depuis qu'on s'est familiarisé davantage
en France avec la langue et la littérature anglaise , ce recueil
aussi mal fait que mal écrit a été apprécié et relégué parini
les livres qu'on ne lit plus .
Il fut plus heureux dans sa traduction de Tom Jones , le
seuall ouvrage de lui qui soit resté , ce n'est pas qui n'ait défiguré
et même étrangle inhumainement ce chef-d'oeuvre de
Fielding ; mais ce roman , le meilleur des rousans , offre tant
d'intérêt et de variété , que ceux qui ne savent pas l'anglais le
liront toujours même dans la plate version que nous en avons ,
ju qu'à ce qu'une meilleure plume vienne quelque jour venger
Fielding..
Laplace qui , au défaut d'autres talens , étais accort , souple,
actif , et qui de plus était homme de plaisir et de bonne chère ,
s'était lie , particulièrement à ce dernier titre , avec des auteurs
qui , sans être du premier ordre , avaient plus ou moins
de mérite et de réputation , tels que Piron , Duclos , Collé ,
Crébillon fils et autres , qui aimaient comme lui la table et le
abaret. Ces liaisons lui donnerent accès chez le frere de la
célebre favorite Pompadouri, le marquis de Marigni , le marquis
de Vaud, eres , le marquis de Menard ; car il porta tour-
-tour le nom de ces trois marquisats on sait que le sien
etait Poisson. Laplace eut occasion de rendre un petit service
à ce Poisson et à sa secur ; c'est lui même qui raconte
ce fait ( 1 ) , et quoiqu'il fût de son naturel grand hableur , il a
(1) Sous des noms anagrammatiques , dans ses picces intéressantes
et peu connues.
( 101 )
1
1
dit la vérité. Le ministere Français avait fait acheter en Hol
lande l'édition entiere d'une Vie de madame de Pompadour ,
écrite en anglais . On voulait en avoir la traduction et d'une
main sûre. Le marquis crut devoir s'adresser à Laplace , qu'il
connaissait pour un écrivain courtisan , grand faiseur de petits
vers pour tout ce qui avait du pouvoir ou du crédit. Laplace
traduisit le livre en 15 jours , et peu de tems après , il cut
pour recompense , vers 1762 , le privilége du Mercure . I
prétend , il est vrai , que le marquis se fit un mérite , auprès
de sa soeur , de cette traduction , dont il ne fit pas connaître
l'auteur ; mais ce reproche est destitué de toute vraisemblance ,
et Laplace mêle à un récit qui d'ailleurs est vrai , un peu de
ses hableries accoutumées . Que pouvait-il revenir au marquis
de cette reticence ? Sa soeur savait trop combien il était ignorant
pour croire qu'il eût traduit un livre anglais ; et qu'importait
alors que ce fat Laplace ou un autre qui en fût le
traducteur et quel besoin encore le frere de la favorite ,
comblé de toutes sortes de graces , pouvait il avoiirr auprès
d'elle d'un mérite de cette nature ? Cependant Laplace crie à
l'ingratitude des grands ; il semble croire que cette version
devait lui valoir une grande fortune on va voir te privilege
du Mercure en était une et trop grande pour lui car
il ne put pas la garder.
M
que ì
a
une
Ce privilege était une concession du gouvernement ,
espece de ferme donnée sous la condition de payer telle ou
telle somme en pensions , pour des gens de lettres que l'on
voulait récompenser ; et la ferme valait plus ou moins , selon
les mains qui l'exploitaient . Celles de Laplace ne furent pas
heureuses les abonnés déserteren : cu foule et au bout de
trois ans , il fallut lui retirer le privilege , parce que les pensions
n'étaient plus payées ; les pensionnaires perdirent même
six mois de leur revenu qui ne furent jamais remplacés.
Veul- on savoir comment la cour traita cet homme qui elle
était obligée d'âter un fonds qu'il n'était pas en état de faire
valoir ? Il eut 5000 francs de pension de retraite c'est- à - dire
un traitement tel que n'en avait aucun des geus de lettres les
plus distingués qu'il venait de dépouiller , puisque la plus
forte pension n'etait que de 2000 francs . Lui seul pour ses
bons et loyaux services en eut 5000 , dont il a joui jusqu'à
l'année derniere , et toujours en se plaignant de ce que ses
travaux et ses titres litteraires n'étaient pass
appréciés. Il a
rempli son recueil intitulé Pieces intéressantes , etc. d'historiett
rǝlatives à lui- même , et il rappelle souvent avec autant de
complaisance que d'emphase , le tems qù il était breveté dn
Mercure de France ; mais parmi tant d'anecdotes qu'il débite
à sa maniere , il s'est bien gardé , comme de raison , d'insérer
celle-là , non plus que le mot qui courut alors , que le Mercure
était tombé sur la place.
1
13
Ce n'était pas faute de flagorneries habituelles pour JtAoNuVtEes
G 3
( 102 )
-}
$
fes puissantes du jour , entr'autres pour ce vil Saint-Florentin ,
que Louis XV appellait le doyen des ministres de l'Europe , et
qui n'était parvenu à l'être , que parce qu'en était le plus
méprisable . Trois ou quatre mercures furen remplis des détails
d'une fête qu'on lui avait donnée dans ses terres , où il
avait été faire un voyage , et Laplace en parlait du même ton
dont on aurait parlé des hommages rendus à Titus ou à
Marc-Aurele. Il commençait un autre Mercure par une piece
à la louange de Louis XV , dont tout le monde remarqua le
premier vers à cause de l'équivoqué plaisante qu'il offrait :
Quelle race , grand Dieu que celle des Bourbons !
Si Laplace eût été un
quelque malice dans ce
et l'on fut bien sûr qu'il
juger dé
philosophe , on aurait pû soupçonner
; mais l'homme était trop connu ,
t été plat de bonne foi . On peut
ontact par une correction fort singuliere qu'il fit
2
à une autre piece de vers qu'on lui avait envoyée pour son
Mercure il s'agissait des profits d'une gouvernante chez un
garçon :
Le service du lit lui rapporte encor plus.
Laplace pour rendre le vers plus décent , l'imprima ainsi :
Le service duo . lui rapporte encor plus ,
a
Le Mercure était alors renommé dans ce que nous appellions
le genre bère : pour qu'il n'y manquât rien , on avait
associé à Laplace un certain Lagarde , qu'on appellait Lagarde-
Bicêtre , à cause de sa bonne réputation : c'était encore un protégé
de la marquise de Pompadour , qui l'avait fait breveter ( car tout
se faisait alors par brevet ) pour la partie des spectacles . II
s'en acquittait d'une maniere si originale , que plus d'un cu-
Tieux s'amusait à faire un recueil des phrases de Lagarde. En
voici que leur singularité à fuit retenir M. d'Auberval , si
55 justement celebre pour avoir perfectionné le genre infernal....
Cette piece est dramatique pour le théâtre et pittoresque pour
le tableau . Et en parlant de Mie . Maure , la fameuse
cantatrice , il disait : Mechanisme incompréhensible par
lequel cette in
inimitable actrice trouve dans le matériel même
de sou organe l'intelligence motrice de son jeu . La garde
bicêtre avait deux mille francs d'appointement pour faire , à la
journée , de ces le ces phrases là : ce n'était pas trop paye.
Nous ne dirons rien des romans de Laplace , à peu près aussi
oublies que les drames , si ce n'est de ceux pour qui tous les romans
sont bons , et il y a de ces gens-là ; mais il faut bien faire
mention de l'idée assez bisarre qui lai vint un jour de faire
en quatre gros volumes un recueil de toutes les Epitaphes de
Ta langue française ; ce n'etait peut- être qu'un pretexte pour
en imprimer quelques centaines de sa façon ; mais ce qu'il y
avant d'extraordinaire , c'est que beaucoup de ces epitaphes
་ ་
66
9
( 103 )
"
pour
étaient faites des personnes vivantes et sur-tout
pour
celles
qui étaient de ses amis ; c'etait un petit cadeau qu'il leur fai- sait de leur vivant pour servir après leur mort ce que de raison , et un genre tout neuf de madrigal qu'il avait inventé pour varier la forme des louanges et des complimens. Il semblait dire comme Boniface Chrétien :
Mourez quand vous voudrez et comptez là - dessus .
Peut-être aussi voulait-il d'une maniere ou d'une autre faire
l'épitaphe du genre humain .
On imagine bien que son recueil mortuaire eut peu de
lecteurs ; mais il en trouva pour les pieces intéressantes et peu
connues , compilation d'une autre espece , dans laquelle il vint
à bout de duper fort adroitement le public voici comme
il s'y prit. Duclos lui avait laissé un manuserit intitulé mémorial
: c'était un composé d'anecdotes et de traits curieux , que
Duclos avait ramassés pour son usage , et que ses études et
ses liaisons l'avaient mis à portée de bien choisir et de bien
rédiger. Laplace qui faisait argent de tout , imprime ce mémorial
qui fut enlevé en peu de jours , et voyant que le public
était alléché par ce premier volume , que l'enseigne était
achalandée , il en donne bien vite un second , où il У 'avait
encore quelques morceaux de Duclos , qu'il tenait exprès
en reserve . Ce second volume se débite aussi , quoiqu'il y eût
deja bien à décheoir du premier ; et Laplace , calculant fort
bien que ceux qui avaient ces deux volumes voudraient avoir
les suivans , en fait paraître successivement six autres , copiés
sur les Ana , sur les dictionnaires d'anecdotes , sur toutes
les collections du même genre , et farci de toutes les
vieilleries les plus usées qu'il soit possible d'imaginer. Ce
n'est pourtant que demi - mal encore quand il copie ; mais
il profite de l'occasion pour vuider son porte - feuille poétique
et son sac d'historiettes ; il donne impunément ses
romances ses épîtres , ses madrigaux , ses impromptus , etc. ,
'il y fait rentrer même ses malheureuses épitaphes , et nous
raconte de quel ton , bon dieu ! et de quel style ! ) toutes les
aventures de M. L. P. , tout ce qu'il a dit à ses amis à déjeûner
ou à dîner , tout ce que ses amis lui ont dit , tout
ce qu'il a fait pour eux , etc. etc. etc. ; et tout cela s'appele
des pieces intéressantes et peu connues ! I est sûr que
quand il nous donne ses vers , ce sont des pieces peu connues ;
mais il n'y avait que lui qui put les donner compie intéressantes
; et c'est ainsi qu'on se ocqne du public .
+
7
Tout ce qui , dans cette rapsodie de sept volumes ( car il
ne faut pas compter le premier ) est de la façon du doyen des
gens de lettres , soit pour le choix , soit pour l'exécution , est
vraiement un` modele de bêtise ; il n'y a pas moyen de se
servir d'un autre terme . Il faut voir quelle importance il met
à des minuties , ce qu'il trouve de sel aux choses les plus
insipides , avee quelle emphase il débite des trivialités et
1
2 IG 4
( 104 )
une diction ! une ignorance de la langue , à peine compréhensible
! La plupart de ses phrases sont construites de maniere
que plusieurs membres ne tiennent à rien et qu'il est
impossible de lier la fin avec le commencement . En voisi un
exemple pris entre mille : il s'agit des lettres de deux Français
écrites de Vienne , il y a trente ans , à la louange de Marie-
Therese d'Autriche . L'éditeur se fait un plaisir de leur
surprise , lorsqu'ils verront , après trente ans ,
dans ce
" recueil ces mêmes lettres qu'un déménagement imprévu
,, vient de lui faire retrouver dans un porte - feuille dont il
" regrettait le perte , et dont l'hommage si légitimément dù zux
99 rares et respectables qualités de l'impératrice reine ne lui
" permet pas de priver plus long- tems une nation telle que
,, la Française , c'est- à - dire , ' si bien faite pour en connaître
tout le prix , ainsi que pour lui en savoir le plus grand
‚ì gré . ,,
Le lecteur peut s'amuser à chercher dans cette phrase un
sens qui puisse s'acorder avec la construction ; quant à moi
ce que j'y vois de plus clair , c'est que Laplace devait l'hommage
de son porte -feuille aux rares qnalités de l'impératrice-reine ,
que cet hommage ne lui permet pas de priver la nation Française
de ce même porte -feuille , d'autant que cette nation est si
bien faite pour connaître tout le prix de ce porte -feuille , et pour lui
en savoir le plus graud gré.
Parmi les phrases grotesques , celle- ci est remarquable :
Le testament politique du maréchal de Bellisle n'est plus que
probablement pas de lui . " ,
Mais le fort de l'auteur , c'est le style niais . On trouve
,, un exemple de cette espèce dans la vie d'un de nos héros
„ , Français , dont le courage intrépide nous disposait d'autant
,, moins à l'imaginer susceptible , qu'il est plus fait pour
surprendre le lecteur. " ,
Remarquez toujours les constructions ordinaires de l'auteur :
c'est le héros qui est susceptible d'un exemple , et c'est le courage
intrépide du héros qui est fait pour surprendre le lecteur ;
enfin en d'autres termes , cet exemple est d'autant plus surprenant
dans le héros qu'il doit plus surprendre le lecteur .
Ailleurs : 66 Il laissa le duc aussi effrayé que consterné d'une
" si vive leçon.
•
Il est de la même force de pensée dans ses vers :
Dût le crime en frémir , toute ame honnête a droit
De rendre à la vertu l'hommage qu'on lui doit.
Cet axiome moral finit un chapitre , et il est profond.
M. de Dudeffaud disait d'une femme de sa société qui débitait
souvent des sentences de ce même genre : Tout ce que
dit cette dame est fort vrai.
Cependant Laplace n'est pas toujours si vrai , par exemple ,
lorsqu'en parlant de Diane de Poitiers J'ai cru devoir
" ( dit-il ) à cette femme singuliere l'épitaphe suivante , eci. »
( 105 )
Or , demandez - moi pourquoi il a cru devoir une épitaphe à
Diane ? Voilà une plaisante obligation .
Un dernier exemple d'ineptie , et finissons . Tout le monde
a entendu citer ce mot célebre de Pascal sur l'immensité de
Dieu C'est un cercle dont le centre est par-tout , et la
" circonférence nulle part. Laplace croit avoir découvert
que cette idée sublime est empruntée d'une préface que
Mlle. de Gournay mit au- devant d'une édition des oeuvres de
Montagne , en 1635. D'abord il se trompe dans le fait , en
attribuant ce trait fameux à une femme qui était bien peu
capable de le trouver ce trait est originairement du savant
Guillaume Duval , professeur de philosophie grecque et latine
dans l'universite de Paris , et se trouve dans une priere d'action
de grace ( oratio eucharistica ) adressée à Dieu à la fin d'une
analyse latine de la philosophie péripatéticienne , dont ce
même Duval enrichit son édition en 2 volumes in -folio , des
oeuvres d'Aristote , imprimée en 1629 , et la meilleure que
nous ayons c'est de -là que Mile . de Gournay l'avait tiré .
Voici la phrase latine : Sphæra intelligibilis cujus centrum ubique ,
circumferentia nullibi ! Sphere intellectuelle , dont le centre est ,
par- tout et la circonférence nulle part !
C'est assurément le plus petit tort qu'ait pu avoir Laplace ,
de ne pas connaître ce passage ; je crois bien qu'il n'avait de
sa vie feuilleté Aristote. Mais ce qui confond , c'est la maniere
dont il renverse en entier la phrase de Pascal : Cercle dont
la circonférence est par- tout et le centre nulle part ! Il est clair qu'il
ne l'a pas entendue , et qu'il ne s'est pas apperçu que c'était
la négation de circonférence qui marquait l'absence de toute
limite , et par conséquent l'infini . Mais aussi de quoi ce pauvre
homme s'avise- t-il de vouloir placer un trait de philosophie
transcendante au milieu de ses historiettes ? Pourquoi ne
Songeait-il pas plutôt à apprendre l'orthographe comme
M. Jourdain ? Il écrit toujours ne fusse que , au lieu de nefût-ce,
et ce ne saurait être une faute d'impression ; car le même mot
revient.cent fois dans tous les volumes , et toujours écrit de
même .... Et ce sont là des gens de lettres !
SPECTACLE S.
THEATRE DE LA RUE FEY DEA U.
On a donné dernierement à ce théâtre un opéra comique
intitulé la Partie quarrée , qui a été fort applaudi. Ce n'est
qu'une bluette où l'on ne trouve ni fonds ni intrigue , mais
qui se soutient par la gaîté des détails , le charme d'une jolie
musique , et le soin des acteurs dans l'exécution . C'est
core un couvent, Des nonnes viennent d'être remplacées par
en(
106 )
un régiment de dragons ! Des capucins séparés par un mur
mitoyen ignorent cet échange . Un pere , qui a des intrigues
dans le couvent , instruit un jeune novice de ce manége et
l'invite à le seconder , en faisant un déjeûner avec deux soeurs .
Deux jeunes dragons qui ont entendu le complot , se proposent
de persifler les deux moines. Ils revêtent un habit de
religieuse , et se laissent entraîner sans trop de façon au déjeûner.
On rit , on jäse , on raisonne , on chante même et surtout
on boit beaucoup . Les deux caffards s'en ressentent . Ils
proposent aux deux prétendues religieuses d'aller achever la
partie quarrée dans le fond du bosquet . Mais le tambour qui
se fait entendre appelle les deux jeunes officiers à d'autres
exercices ! Ils se font connaître et le pistolet à la main , veulent
rentrer dans leur gîte . Grand bruit parmi les capucins ,
au désespoir d'être démasqués . Cependant ils prennent leur
parti , et changent leur capuce contre un bonnet de dragon
ce qui termine la piece.
Elle est du C. Hennequin qu'on a demandé à grands cris
et qui a paru , La musique est du citoyen Gavaux et soutient
fort bien la réputation qu'il s'est déja faite à ce théâtre .
ANNONCEE S.
Considérations sur l'impôt relativement aux campagnes , avec
un moyen simple et facile d'assurer l'approvisionnement des
marchés ; par un Maire de village , broch. in- 8 ° . A Evreux ,
chez Ancelle , imprimeur du département , et se trouve à
Paris chez Froullé , libraire quai des Augustins .
Le systême de l'auteur consiste à faire payer l'impôt foneier
en nature , comme on le payait au clergé , c'est - à- dire ,
en affermant la dixme à des décimateurs qui la payaient en
argent au propriétaire . Ce systême est fort connu ; mais l'auteur
d'appuye par les raisonnemens , c'est-à-dire , par des faits
( car en cette matiere il n'y a pas de meilleurs raisonnemens
que les faits ) qui paraissent concluans . Son moyen facite
d'approvisionner les marchés est une conséquence du même
systême ; il le tire de l'intérêt direct et prochain qu'auront
tous les décimateurs de l'état à se défaire promptement de
leurs grains pour payer leur redevance au trésor public , et
cet intérêt , qui éloigne les spéculations nécessairement tardives
du monopole , oblige de recourir à la vente habituelle et
prompte dans les marchés . Cette brochure mérite d'être lue .
1
Plan de la ville et citadelle de Perpignan , dans son état actuel ,
in -folio , prix 2 liv . A Paris , chez le citoyen Moithey , rue de
Laharpe , n . 109 , et chez les libraires de Paris .
e
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLEMAGNE.
De Hambourg, le 26 juin 1793.
LA tache habituelle des journalistes ,
tache habituelle des journalistes , ou du moins de ceux
qui tiennent les yeux ouverts sur les projets ambitieux des
princes , sera vraisemblablement , tant qu'il existera une Catherine
II , un François II et un Frédéric- Guillaume , d'avertir les
peuples de ce que leur ambition prépare contre le repos et la
liberté de l'Europe . Fideles à ce devoir , nous avons dénoncé
dans le tems les desseins des trois puissances co-partageantes
contre la Pologne , plus récemment l'intention de l'Autriche
de s'emparer de la Baviere ; et nous croyons devoir dénoncer
aujourd'hui les prochaines tentatives de l'impératrice de
-Russie contre la Porte Ottomane . Ce n'est point une chose
nouvelle , comme on le sait bien ; l'ambitieuse impératrice ne
fait que reprendre son projet favori .
+
Voici ce qu'on apprend par des lettres de Varsovie du 20 juin.
Des avis de Cherson portent qu'on y travaille sans relâche ,
ainsi qu'à Sebastopol , à la construction de 4 vaisseaux de
70 canons , de 7 de 64 , et de 6 de 54 , de 12 frégates de 24
- à 38 cañons ; on y construit aussi un grand nombre de barimens
plats . Tous ces préparatifs ne peuvent avoir d'autre
objet que le renversement projetté depuis long- tems de l'empire
ottoman.
"
:
Malheur à la Porte Ottomane pour peu qu'elle montre de
faiblesse ; >son ennemi ne saura que trop en abuser. C'est
pourtant ce que font craindre des lettres de Constantinople
du 25 avril qui s'expriment ainsi le Reis - Effendi a eu dernierement
une conférence particuliere avec le ministre de
Russie , au sujet de la demande faite par la cour de Pétersbourg
, d'un libre passage par le canal pour quelques frégates
des ci devant flotilles du général Tamara et de Lambro Cazioni ,
frégates qui doivent entrer dans la mer Noire. L'on pense
que la Porte accordera facilement le passage demandé malgré
que le traité de Kainardgick ait mis de grandes restrictions
sur cet objet.
Tandis que Catherine II rassemble des forces qui la mettent
en état devioler impunément ce traite , elle en prépare d'autres
contre la France . Il paraît néanmoins que son escadre n'a
pas encore pu voler au gré de son impatience à la défense
des malheureux chevaliers français opprimés ; car voici ce qu'on
( 108 )
1
en dit de Stockholm et de Copenhague l'escadre russe qui
est venue si près de cette capitale est destinée , dit - on , pour
la Mediterranée , 12,000 hommes de troupes sont à son bord;
ils doivent passer à la sotde de l'Angleterre . Cette escadre
pas encore paru dans la capitale du Danemarck ; on n'y a
vu jusqu'à présent qu'une frégate qui a pris des vivres pour
quatre mois . t.
n'a
•
En attendant l'arrivée et le débarquement de ces 12.000
hommes qui vont mourir sur les côtes de France d'une chaleur
à laquelle ils ne sont pas accoutumés , et des blessures que leur
feront les Français , l'i pératrice de Russie poursuit l'exécution
de ses desseins dans a malheureuse Pologne . M. Siewers son
ambassadeur et le général en chef de ses forces dans ce pays
ont fait partir pour Grodno ceux qui doivent composer la
prochaine diete . Plusieurs de ces dignes représentans ayant.
dépensé une partie des 200 ducats alloués par la caisse impériale
pour leur voyage , se sont vus obliges de s'entasser pèle
mêle sur des chariots de paysans . M. Siewers a loue dans
Grodno plusieurs coridors du couvent des dominicains qu'il
destine à leur servir de logement . Deja sur la porte de chaque
cellule sont écrits les noms de ceux qui les occuperout. Il
avait d'abord été question de dissoudre complétement la confédération
de Targowitz ; mais l'on s'est ravisé . C'est par
M. Wielanski qu'elle sera présidée , c'est- à - dire qu'il en sera
Je maréchal . On est sûr d'avance qu'on y passera sans récla
mation , comme loi de la République , du royaume , en un
mot de tout ce qui plaît aux puissances co-pariageantes les
réglemens arrêtés par le cabinet de Pétersbourg . Les nouveaux
sénateurs postiches seront trop heureux de gagner l'argent
qui a servi à les corrompre en leur donnant force de
loi. Quelques- uns jaloux d'avoir tout à la fois le profit et
l'honneur Dieu sait quel honneur ! ) sont bien aises de sauver
les apparences en ayant l'air d'être contraints . On leur laisse
ça pardessus le marché de leur conscience , assez bien payée
d'ailleurs pour qu'elle se taise et se plie à tout ce que l'on
veut . I paraît qu'il existe entre les oppresseurs et les oppri
més , également méprisables , quelques intrigues qui ne valent,
-pas trop la peine qu'on en parie en détail , mais dont le sé-
Bultat est que M. Siewers a demandé ou reçu son rappel , et
qu'il sera remplacé par un certain Markow qu'on a dû voir
à Paris , il y a quelques ann es , employé en qualité de compagnon
d'ambassade d'un certain prince Bariatinsky , lequel
par parenthese ne savait pas dire deux , mais remplaçait ce
défaut d'élocution par le mérite précieux pour certaines
femmes d'être en état d'étrangler leur mari en cas de besoin
action héroïque dont il avait payé l'honneur , non pas dc son
sang , mais de la perte de trois doigts estropiés par les morsures
de la célebre victime immolée à l'ambition et à la lubricité
d'une femme à laquelle aucune sorte de crime n'est
étrangere .
•
·
4
( 109 )
.
Le fable Stanislas est retouiné le 12 du mois dernier de
Bialis ock où il était chez sa soeur à Grodno, Les opérations
de la d'ete ont commencé le 17. Mals ou les tient encore
sectettes et vraisemblablement on les fera connaitre toutes
semble lorsqu'elles auront été arrangées au gré de la Russie .,
Le roi a perdu jusqu'aux petites prerogatives de donner les
places dans le ministre , qui étaient du ressort de la couronne .
Ce sont les membres de la confédération de la Lithuanie qui se
sont emparés de ces nominations .
Il court un bruit assez singulier qu'on ne saurait néanmoins
regarder comme absolument destitué de vraisemblance : c'est
que si la Prusse et l'Autriche , et particulierement cette der
niere puissance échouent dans leurs efforts contre la Répu
blique Française , le roi de Prusse n'aura jamais que ce dont
il est en possession dans la Pologne et l'empereur rien du tout ,
sauf à lui à se dédommager s'il le peut sur la Bavière .
Le Danemarck vá , dit- on , recevoir M. Grouvelle , ci - devant
secrétaire du conseil de la République Française , en qualité
d envoyé : c'est une preuve de la bonne intelligence qu'il
desire entretenir avec la France . Il se borne à la neutralité .
Mais on sait qu'en général il egna dans ce pays des dispositions
encore plus favorables . Les vaisseaux des puissances
ennemies y trouvent néanmoins l'entrée des ports libres en
vertu de la neutralité . On écrit de Copenhague , en date du 15 ,
qu'il est arrivé à Helsingor un vaisseau de ligne hollandais de
64 canons et une fregate denx frégates anglaises y sont aussi
entrées. Jusqu'à présent la plupart des bâtimens anglais ont
navigué sans escorte.
L'utile entreprise du mesurage des profondeurs dans le
Cattegat , commencée depuis plusieurs années , scra continuée
cet été. C'est l'habile lieutenant Koos qui en a la direstion
.
尊
Les rois veulent être les maîtresnon-seulement chez eux mais
même chez les autres . Notre ville de Hambourg avait déja éprouvé
l'affront de se voir intimer des ordres du roi de Prusse au
sujet du citoyen Lehocl, ministre de France. Un nouvel attenfat
vient d'être commis par le même prince contre les droits
de cette cité , en attendant sans doute qu'il veuille consommer
le dernier de tous les crimes comme à Dantzick . Frédéric
Guillaume a donc ordonné au magistrat de Hambourg de
répondre qu'aucun magistrat ne chargera des marchandises ou
des denrées , quelles qu'elles soient , pour la France , pas même
sur des vaisseaux neutres ; et en cas de désobeissance une
garnison prussienne fera raison de ce qu'on osera nonmee
opiniâtrete , quoique ce ne fût après tout que l'usage du droit
de se conduire chez soi comme on juge à propos . L'indignation
publique est à son comble , mais la stupeur aussi est générale ;
on s'observe , on rouge son frein et l'on garde un silence
qui n'annonce que trop à nos despotes qu'ils peuvent tout
2:
( 110 )
oser. Aussi ne doute - t- on pas d'après cela qu'ils seront tout.
La coalition des puissances prépondérantes du Nord finira par
détruire la liberté , et jusqu'à l'existence politique des villes
impériales et commerçantes.
Ceux qui ont la curiosité de savoir à quoi la Pologne va
être réduite , vont trouver des renseignemens assez exacts dans
le tableau suivant :
La Pologne avait !
milles quarrés
9630
villes villages habitans contributions .
1214 28,944 7,660,787 25,844,893 flor.
Les Russie a pris :
milles quarrés
4553
La Prusse :
1061
Tot. 5614
villes villagès habitans
255 10,081 3,011,688 .
contributions .
8,691,072 flor .
262 8274 1,136,389 3,594,640 flor .
417 18,355 4,148,077 12,285,712
Il reste donc à la Pologne :
4016
697 10,589 3,512.710 13,559,181
De Francfort-sur- le -Mein , le 9 juillet.
aux
Suivant les dernieres nouvelles de Vienne , le jeune empereur
tient fréquemment des conseils d'Etat pour aviser
moyens de soutenir une guerre dont les funestes effets commencent
à se faire sentir cruellement à la maison d'Autriche ,
sur laquelle en porte le principal poids. Si d'un côté l'on
a reçu des nouvelles satisfaisantes du progrès, des troupes Espagnoles
sur le territoire français , communiquées par le courier
de l'envoyé d'Espagne à Gênes ; de l'autre , la chené des
grains se fait sentir d'une maniere extraordinaire en Italie :
la Toscane sur - tour est affligée de ce flcan , qui s'étend même
jusques dans les Deux - Siciles . La récolte de cette année ne
leur promet rien . L'empereur , sollicité par ces provinces
vient de permeure en leur faveur la sortie des grains de la
Hongrie .
On a aussi reçu à Vienne des lettres d'Italie qui annoncent
d'une maniere fort positive que le général Devins , qui devait
avoir le commandement de l'armée combinée des Autrichiens
et des Piemontais , est en route pour revenir en Allemagne .
La résolution qu'il en a prise est l'effet , dit - on , des contrariétés
auxquelles son plan a été en bute sur - tout relativement
à la discipline et à la subordination . D'autres prétendent que
la rivalité et la jalousie qui aussi ont pu élever des obstacles
contre le plan du général et ses accessoires , se sont encore manifestées
par d'autres endroits , et ont beaucoup contribué à
( 111 )
1
aigrir l'humeur de M. Devins . Il paraît néanmoins que l'ar
mée qu'aurait commandée ce général n'aurait pas tardée d'être
renforcée , puisqu'à la sollicitation du roi de Sardaigne , les
6000 hommes qui devaient marcher vers le Rhin , ont reçu le
18 du mois dernier l'ordre de se rendre en Italie . Ils seront
vraisemblablement remplacés à leur premiere destination par
des
cuirassiers de Wallich et des troupes de Hesse - Darmstadt , que
le prince George arrivé depuis peu à Vienne s'est engagé de
fournir. Un transport de grosse artillerie parti derniérement
doit s'arrêter à Inspruck et y attendre de nouveaug
ordres.
--
Dans le conseil- d'Etat tenu le 19 juin , on agita la question
si l'impératrice pourrait assister à ses séances. Tous les mem
Lres ayant été comme l'on peut bien penser pour l'affirmative
, S. M. 1. se rendra au conseil toutes les fois qu'elle le
jugera à propos. Il se fait quelques changemens dans l'administration
subalterne du cabinet . Le premier secrétaire , M.
Schlossneg , a donné sa démission ; tous les autres en conservant
leurs appointemens actuels , seront employés dans d'autres
départemens.
-
La ci- devant gouvernante des Pays - Bas et le duc de Saxe-
Teschen son époux ont le gouveinement de l'Autriche antérieur
; ils résideront à Clagenfurth.
On mande de Berlin qu'il a paru , le 8 juin , un édit du roi
composé de 7 articles dans lequel les sujets de sa majesté
trouveront des renseignemens sur la conduite qu'ils doivent
tenir pendant la guerre actuelle contre la France . Ce regle
ment est parfaitement conforme à celui qu'a fait publier la
cour de Vienne sur le même objet. On ne doit point recevoir
d'agens Français ; les assignats sont proscrits ainsi que
les écrits révolutionnaires ; on surveillera les correspondances :
et l'on confirme de nouveau les inhibitoires du 3 janvier
dernier concernant le commerce . On voit aussi par cette piece
que le roi agit comme partie principale belligérante et non
comme auxiliaire des Autrichiens .
*
Voilà la position intérieure des deux principales puisances
coalisées contre la République Française , du moins d'après les
lettres que nous recevons de l'Autriche et de la Prusse . Nous
allons faire connaître où les alliés en sont , vis - à - vis de leurs
' ennemis . Nous avons là - dessus des données plus exactes ,
puisque nous en sommes en partie témoins , et que les choses
' se passent dans notre voisinage .
Le roi de Prusse est décidé à ouvrir la tranchée de Mayence.
Les renforts de l'Autriche et de l'empire sont arrivés . La saison ,
les sorties et les escarmouches volantes et meurtrieres , les
cris et le mécontentement général de l'armée , exigent, un
effort ; après avoir épuisé tous les moyens de seduction . Ce
prince a quitté le quartier général de Bodenheim ; il s'est rendu
avec le premier bataillon de ses gardes à Marienborn d'où
( 112 )
จ
-
H dirige le siege de Mayence . Le duc de Brunswick est aussi
de ce côté. Les Autrichiens , aux environs de Landau ont
reçu des renforts et le général Wurmser est à Weingartens;
il a 53,000 hommes à ses ordres . Les Autrichiens
ont profité d'un moment où la garnison de Mayence était occupée
à éteindre le feu pour s'emparer de Weissneau que les
Français comptaient d'ailleurs abandonner incessamment. Mais
cette prise n'a pas laissé de leur coûter de l'aveu même du
colonel Heister qui a donné une relation de cette attaque.
Les troupes autrichiennes qui jusques aux premiers jours de
ce mois étaient réunies aux Prussiens , et formaient l'aile
droite , ont quitté cette position : elles se sendent dans le
duché des Deux-Ponts , où l'on craint les mouvemens des
troupes Françaises . Le duc de Brunswick est aussi parti pour
aller reconnaître l'armée de la Moselle , En général le feu
ne cesse point de part et d'autre depuis le 18 , et jamais place
n'a été si vivement attaquée et si bien défendue .
-
-
La garnison de Mayence a exécuté le 28 juin une sortie
générale par toutes ses portes qui a fait perdie beaucoup de
monde aux assiégeans ; ils ont été entamés de plusieurs côtés
malgré leurs batteries et leurs lignes . Cependant le bombardement
de cette place contiuue presque sans interruption . On
ajoute que la nuit du 30 l'incendie y est devenue considérable ,
sur- tout aux environs de la blanchisserie . Une lettre de
Weisseneau, datée du 2 juillet , dont nous ne garantissons pas
l'authenticité , s'exprime ainsi : A l'instant où je vous écris le
siége de Mayence touche à sa fin ; un quart de la ville a été
consumé par les flammes ; il n'y a plus de vivres que pour
15 jours au plus . On ne croit pas que la prise de la ville
soit différée de plus de 8 jours . Les troupes allemandes en
entrant dant cette ville ne pourront se dispenser de rendre
justice à la valeur que leurs ennemis ont témoignée pendant
tout le tems du siége.
Cette lettre a besoin d'un correctif. Nous doutons fort ,
malgré qu'elle en dise , que Mayence soit déja entre les mains
de l'ennemi . Vraisemblablement l'armée voisine aura tenté
quelque diversion , dans laquelle la garnison l'aura secondée.
D'ailleurs les braves troupes enfermées dans Mayence ne mauquaient
de rien d'essentiel à la vie elles étaient abondamment
pourvues de pain et de vin , et avaient pris , il y a
quelque tems , dans une sortie une certaine quantité de bétail.
Il est vrai que ces provisions auront dû être consommées un
peu plutôt , parce que les généreux Français ont rouvert leurs
porte à un troupeau de femmes et d'enfans qu'ils avaient
d'abord mis hors de la ville , comme étant des bouches inutiles
, lorsqu'ils ont vu que les alliés avaient la barbarie de
airer sur eux .
Le 28 au matin on n'était plus qu'à 200 pas de Mayence .
Les Français sont maintenant obligés de quitter l'isle du Rhin
pour
( 113 )
se
pour n'être plus exposés à deux feux. Le bruit du canon
e fait toujours entendre. Plusieurs maisons de Mayence ont
été la proie des flammes . Dans la nuit du 28 au 29 la tour
de l'église cathédrale fut consumée par le feu , ainsi que 59
à 60 maisons du voisinage. Dans la nuit d'hier il y a en
40 maisons de brûlées .
Voilà ce qu'ajoutent des lettres de Francfort en date du 4 ,
lorsque l'incendie se manifesta ces jours derniers , nous pous
vions voir les flammes des greniers de nos maisons ; mais
depuis 24 heures nous ne voyons plus de feu , et le canon
qui se faisait entendre avec une telle violence qu'il semblaie
n'être qu'à une lieue d'ici , se réduit à quelques coups tirés
de tems en tems , comme cela se faisait il y a quelques semaines.
Ce repos bienfaisant fait conjecturer à quelques , personnes
qu'il a un armistice entre les assiégés et les assiégeans . D'autres
vont même jusqu'à présumer des négociations entamées entre
les deux partis .
{
Suivant des lettres d'Hockheim , 12 bâtimens hollandais ,
destinés à faire sauter le pout qui est entre Mayence et Cassel ,
arriverent il y a quelque tems à Eltwil . La plupart sont remplis
de matieres combustibles , de bombes , eres , dont l'explosion
doit se faire près du pont . Le roi de Prusse se rendit
le 26 du mois dernier à Eltwil , et conduit dans un petit yacht
à bord des grands bâtimens ; il fut régale par le commandant.
Les galliotes bombardieres manoeuvrerent devant lui , et il s'en
retourna aux acclamations des matelots . On voulut profiter
dans la nuit du 29 au 30 de ces batteries flotantes pour atta
quer Mayence ; mais la chose manqua ; le cable par lequel une
des batteries était attachée cassa et le courant entraina la
chaloupe canonniere , les hommes et les pieces d'artillerie au
Français qui s'en emparerent . Le major Massow , auteur de
cette invention , et:
quelques- uns de ses soldats eurent bica
de la peine à se sauver à la nagf Un batelier de Weissenau
est accusé d'avoir trahi en faisant une entaille dans le cable ; ce
malheureux court risque d'être pendu ,
La garnison de Mayence eleve , dit- on , des batteries dans
les rues , des décombres des maisons détruites ; de sorte que
quand même les Allemands auraient pris la ville d'assaut , ils
seraient encore obligés de faire pour ainsi dire le siége
chaque rue,
La gazette de Francfort du 1f . du mois a publié la réponse
faite le 16 mai par l'électeur de Cologne à l'ex - général Dumourfer.
On avait traité cette lettre d'apocryphe , mais elle
est très -vraie . Le traître y a reçu toutes les leçons qu'il a méritées
. Le mépris universel dont il s'est couvert servira
d'exemple à d'autres qui voudraient l'imiter.
Tome IV.
( 114 )
17.1.1&
'Lettre de l'électeur de Cologne au général Dumourier , datée de
Bonn , du 16 mai .
5 ... ba
66 J'ai reçu , monsieur , votre lettre du 12 , et j'ai été fort
étonné d'apprendre que vous étiez encore à Mergentheim .
J'avais espéré que vous rendriez justice aux ménagemens que
j'avais mis , en ordonuant à mon staidhouder de vous engager
choisir un autre domicile ; mais il , paraît que vous cherchez
une explication ultérieure de mes sentimens , que je ne
veux pas tarder à vous donner .
Tout esprit d'ordre et de gouvernement était bouleversé
en France , mais tout le reste de l'univers était tranquille }
ée n'est qu'à vous , monsieur , et à votre ministere, qu'on est
redevable d'avoir entraîné la plus grande partie de l'univers
à se mêler dans ces malheureuses affaires ; c'est vous qui avez
le premier décidé la France à porter ses armés dans un pays
étranger , à attaquer ses voisins , et à chercher d'y étendre le
Heau qui la déchire dans son sein. Le sang versé , les impositions
et vexations cruelles qu'entraîne une guerre aussi gé,
nérale et désastreuse pour la France , ainsi que pour toute
J'Europe , retombent sur vous , comme le premier auteur et
moteur de ces calamités , et la maniere, distinguée et brillante .
avec laquelle vous avez commandé les armées , ne peut effacer
ni faire oublier les maux que vous avez causés à l'humanité . L
Je ne parle point de la façon dont vous avez quitté l'are
mée française . Mon jugement , dirigé uniquement comme celui
d'un particulier , par les sentimens d'honneur , de loyauté et
de probité , pourrait ne pas vous convenir , et je suis charmé
pour vous que vous ayez pu prendre pour marque d'estime la
curiosité des peuples de voir l'auteur de leurs malheurs et
Pobjet de leur crainte hors d'état de leur nuire.
Ce ne sont pas vos principes , mais les circonstances qui
ont change ; et si les grandes puissances croient que vous puissiez
leur être utile , et que vous croyez qu'elles vous seront
redevables , je vous assure que pour moi , comme simple particulier
chargé de l'administration de quelques contrées qui
m'ont voulu lire pour leur chef , je ne puis penser de même ,
ni me mettre en aucune relation avec vous ; mais je dois plutôt
réitérer les ordres donnés à mon statdhouder d'accélérer votre
départ.
+
97 C'est avec ces sentimens , ect. "
Le corps d'armée qu'on rassemble à la hâte dans l'électorat
de Treves pour l'opposer aux Français , de la part , desquels
on craint une forte diversion , sera de 16 à 18,000 hommes ,
Sous les ordres du général François Kinski.
( 115 )
Le
e prince Xavier de Saxe , connu sous le nom de comte
de Lusace, quitte l'Italie pour aller joindre l'armée des émigrés
Français.
PROVINCES - UNIES ET
BELGIQUE.
#
De Bruxelles , le 4 juillet,
M. de Fierlant , chevalier de l'ordre royal de St- Etienne
conseiller d'Etat de l'empereur et président de son grand
conseil , et qui vient d'être élevé par sa majesté à la dignité
de chef et président de son conseil privé aux Pays - Bas ,
prêté serment , en sa nouvelle qualité , vendredi dernier 28
jain , entre les mains de S. A. R. monseigneur l'archiduc ,
notre sérénissime gouverneur- général .
•
M. le conseiller d'Etat et privé le Clerc , qui remplace M.
de Fierlant dans la charge de président du grand conseil , a
prêté également , entre les mains de S. A. R. , le serment de
sa nouvelle charge , landi dernier 1er.
> Le même jour , son excellence le ministre
plénipotentiaire juillet
installa , au nom de l'empereur , le conseil privé , nouvellement
rétabli et composé , en suite des ordres de S. M. , de M.
le chef et président de Fierlant , et de MM . les conseillers
de Limpens l'aîné , de le Vieilleuse de l'Hove , de Berg , du
Rieux , baron Joseph de Bartensteim , et de Petit - Jean--
de - Prez.
Son excellence adressa à cette occasion un discours au conseil
, auquel M. le chef et président répondit par un discoure.
analogue .
Nous apprenons du camp devant Valenciennes 'que le flanc
droit de l'ouvrage à Cornes , au centre de l'attaque , est démentelé
au point de ne pouvoir plus supporter de batteries .
Les rues St. -Géry , Delsaut , Cardon et de Mons , sont fert
endommagées , ainsi que l'hôtel- de -ville . L'arsenal a fusil , le
Couvent des Carmes , la boulangerie militaire , l'église Saint-
Nicolas , sont détruits . En général il est peu de quartiers qui
soit intact. i
- L'empereur fait tout ce qu'il peut pour s'assurer les Pays-
Bas , dont la trahison de Dumourier lui a facilité le recouvreient.
On sait néanmoins que la noblesse et le haut clergé ne
sont rentrés qu'avec peine sous le joug de la maison d'Autriche
, et qu'il ne faudrait peut - être pas beaucoup d'efforts
pour faire perdre de nouveau la Belgique à l'empereur , qui
s'exprime ainsi dans une déclaration publiée le 24 juin , où îĮ
cherche sur- tout à mettre adroitement les prêtres de son côté.
L'université établie à perpétuité dans la ville de Louvain
est et demeurera corps Brabançon ; qu'en conséquence elle
doit et devra être traitée en toutes choses conformément à la
joyeuse entrée, S. M. reconnaît également et confirme tous
H
( 116 )
sutres droits et priviléges de la même université , et nommé»
ment sa jurisdiction , ainsi que le droit de nomination duquel
ce corps jouira pleinement et dans toute son étendue , de
mème que la faculté des arts dans ladite université , comme
ce corps a pu et dû en jouir antérieurement à l'édit du 24
novembre 1783. S. M. étend aussi , autant que de besoin ,
à la province de Limbourg , les effets de l'amnistie accordée
à celle de Brabant par la déclaration du 17 mai dernier.
-
ANGLETERRE. De Londres , le 4 juillet.
Les banqueroutes continuent de désoler Jaon seulement la
capitale , mais même les principales villes commerçantes de
la Grande-Bretagne . En conséquence M. Fox a fait , au nom
du parti patriotique , le 18 du mois dernier , une motion tendante
à mettre fin à la guerre . Elle a donné lieu à de vifs
debats , où M. Pitt a joué un grand rôle à son ordinaire .
Dans le discours qu'il a prononcé à cette occasion , et que
nous ferons connaître d'une maniere plus étendue , il a remonté
à l'origine des différends avec la France , et a rappelé les
griefs suivans : 1 ° . les Français avaient rompu le traité avec
la Hollande ; 2 ° , ils avaient développé les vues les plus dan
gereures d'aggrandissement ; 30. enfin ils s'étaient mêlés de
L'état intérieur de tous les pays de l'Europe , et en particulier
de celui de la Grande-Bretagne .
Extrait de la liste du café de Lloyd's des 25 et 28 juin .
-
La fregate le Phaeton a pris et envoyé à Portsmouth la corvette
la Prompte , de 22 canons , et le Poisson- Volant , corsaire
français , de 10 canons . Un sloop - corsaire , de la Barbade
, portant trois canons de huit , a pris et envoyé à la
Dominique un bâtiment français d'environ 200 tonneaux ,
venant d'Angole avec 680 esclaves et des marchandises des
Indes , restant de sa cargaison . La Minerve , capitaine
Morgan, de la Jamaïque , a été saisi au Port - au -Prince . La
Liberté , capitaine de Joung , allant de Cadix à Amsterdam , a
été repris et renvoyé à Liverpool , par le Susannah , cọг .
saire de ce port. L'Albemarle , capitaine Boulton , allant de
Bombai à Londres , a été pris et envoyé à Morlaix , → La
frégate le Tartare a pris le Général-Washington , corsaire frangais
de 20 canons et de 180 hommes , et l'a envoyé à Gibral
tar, La fregate la Flore a pris et conduit à Lisbonne le
Phanix , corsaire français de 12 canons . La frégate le Groissant
a pris , le 22 juin , le Club-de- Cherbourg , et un cutter från ,
çais de 10 canons , parti depuis deux jours de Brest , cingiant
vers la côte d'Irlande , où il avait pris 4 bâtimens de valeur ,
dans une premiere croisiere, Le corsaire espagnol le Saint-
Joseph a envoyé à Malaga la Catherine-Marie , capitaine Tricquet
, allant de Cette à Altona ; l'Espérance , capitaine Bahusen ,
( 117 )
·
allant dudit lieu à Brême ; le Drontheim , capitaine Stable
allant dudit lieu à Amsterdam , et le Bolsave Spaave , capis
taine Hadding , allant dudit lieu à Koningsberg. Les trois
premiers sont danois , et le dernier un suédois . - Le Rubis
capitaine Deater , allant de Beaufort à Londres , a été pris et
envoyé à Morlaix. Le Dauphin , capitaine Kuittle , allant de
Curaçao à Amsterdam , a été pris et envoyé à St.- Domingue,
Un grand bâtiment français , de 15 mille barils de farine,
a été envoyé à Gibraltar par l'escadre de l'amiral Goodall .
Le Bon-Murage , capitaine Basin , de Saint- Malo , venant de
l'Inde et Malimbe , a été pris par l'Amitié , capitaine Spellin , et
envoyé à la Dominique avec 670 esclaves. La Fortune , capi
taine Kock, allant de la côte d'Espagne à Calais , a été pris par
les Espagnols et envoyé à Almeria. Le Pelham , capitaine
Calley , allant de Plymouth au nord de l'Irlande , a fait voile
de Waterford , vers la fin de mars ; depuis ce tems on n'en a
pas eu de nouvelies . Le Jupiler , capitaine Disting , allant du
détroit à Londres , a été pris et envoyé à Toulon. La Providence
, capitaine Leddup , et la Providence , capitaine Cockerel,
et un bâtiment sorti de Leith pour Campvere , ont été pris par
deux corsaires français , un brick et un lougre , et envoyés en
France .
ITALIE. De Gênes le 26juin .
༩༤༥
Depuis le 16 du courant , nous avons vu entrer da notre
port le vaisseau amiral et deux autres vaissçaux de l'cadre espagnole.
Sept autres ont jetté l'ancre le long de côte et au
large. Quelques- uns sent restés dans le golfe Cagliari , et
d'autres croissent à la hauteur des bancs de St--Boniface . Le
reste avec les frégates couvre les côtes depr l'ile Sainte - Marguerite
jusqu'au cap Corse . Cette divisionde l'armée espagnole
prouve assez qu'on ne craint aucun mavement des forces de
la marine française à Toulon ; car 810 vaisseaux français au
raient suffi pour battre l'escadre enemie ainsi séparée .
On ajoute que Paoli et son ne eu ont mis l'ile de Corse en
pleine révolte , et qu'aides des Espagnols , ils en ont pris pos
session au nom de S. M. T, C. Louis XVII .
De Rome le 25. Ce n'est que le 14 de ce mois , que le pape a
déclaré au consistoire des cardinaux , en forme publique , la
mort du fils aîné de l'église , en comparant cet événement au
supplice de Marie Stuard. Quant aux cérémonies d'usage , la
messe de requiem et le panegyrique du défunt , elles sont remises
à l'époque où l'on espere proclamer un roi Louis XVII . — Les
tantes sont obligées de diminuer tous les jours de leurs dépenses ,
et leur maison est réduite à l'état le plus succint. - Les abbés
Maury et Bernis figurent aux églises dans les cérémonies religieuses
de fondation française. lis se donnent l'air de chefs de
sonservateurs de la monarchiag
H 3
EX ( 118 ) 118 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE THURIOT.
Séance du mardi , 9 juillet .
Sur un rapport du comité de sûreté générale , la Convention
a décrété que le procureur-général- syndic de la Dordogne
sera traduit à la barre cet administrateur est prévenu d'avoir
propagé les principes girondins dans son département .
Billaud - Varennes a fait lecture d'une lettre qui lui a été
adressée par le commissaire national près le tribunal crimin
de la Rochelle : cette lettre , datée de la Rochelle le 4 juillet ,
est conçue en ces termes :
L'affaire de Luçon , de vendredi dernier , est d'une grande
importance les brigands au nombre de 6,600 , sont venus
T'attaquer ; ils avaient deux pieces de canon de 4 et de 8 :
,
notre côté il n'y en avait que deux de 4 , et une troupe
de 500 hommes environ . A peine la canonnade a - t- elle été
comncée , que Sandos a donné un ordre de retraite , et l'a
ex cut avec une partie de son armée , qui l'a suivi à la débandade
, et entrainant son artillerie à travers les marais , dù
il était inévable qu'elle ne fût prise . Il s'est retiré jusqu'à
Marans , où la répandu que la ville de Lugon était prise
et certainement lle l'eût été , et nous serious peut- être assiegés
si toute son amée eût fait comme lui ; mais une partie
a cru indigne de fu devant de tels ennemis , et sans génėral
, sans canons , rédure à 6 ou 700 hommes , elle a complettement
battu la horde infernale , lui a pris ses canons et
caissons , a tué 4 ou 500 homes , fait 1200 prisonniers , saus
compter ceux qui ont pèri en se précipitant sur un pont étroit.
Cet événement , fait pour immotaliser les Républicains , doit
couvrir Sandos de honte , et le faire traduke en jugement ,
sinon pour trahison , au moins pour affreuse ineptic et lacheté
impardonnable. On ne doit pas oublies que dans cette affaire
les brigands avaient mis au premier rang 17 soldats du 4º . regiment
, ci - devant Provence , qu'ils avaient faits prisonniers , il
y a deux mois ils les avaient tirés de prison pour les mener
au combat ; mais dès qu'il a été engagé , les 17 soldats se sont
souvenus qu'ils avaient une patrie ; ils ont fait volte face , se
sont réunis aux troupes de la République , et n'ont pas peu
contribué au succès de la journée . Quelque chaude qu'ait été
l'action , la perte de notre côté s'est réduite à très - peu de
monde. ››
#
( 119 )
Après la lecture de cette lettre , Gasparin annonce à l'As
semblée que les représentans du peuple près l'armée des côtes
de la Rochelle , ont destitué le général de brigade , Sandos ,
et l'ont remplacé par le citoyen Boissiere , le même qui a
battu les rebelles avec une poignée de braves gens . La
Convention décrete que le général Sandos sera traduit au tribunal
révolutionnaire.
―
Une lettre de Bardoux , adjoint aux commissaires nationaux
dans la Vendée , annonce que le citoyen Rossignol , bon
patriote , commandant une division de gendarmerie , a été
arrêté à Niort , et jette dans un cachot par ordre du général
Biron . Saint - André demande que Rossignol soit mis en li
berté. Cette motion est décrétée . J'observe , a dit Thirion ,
que Biron qui est à la tête de 20 mille hommes n'a encore
rien fait pour l'honneur de la République tan dis
petits détachemens battent journellement les rebelles . Voilà
ce qui arrivera , lorsque vous aurez des ex - nobles , des ex - constitans
à la tête des armées. La Convention charge le
comité de salut public d'examiner la conduite de Biron ,
de lui présenter le résultat de cet examen . Voyez le complé
ment de cette séance dans la notice du précédent numéro . )
t
--
Séance du mercredi , 10 juillet.""
94318
a
ว que
de
et
Le comité de salut public communique à l'Assemblée une
lettre des commissaires de la Convention près les côtes de
la Rochelle , en date du 7 juillet. En voici l'extrait :
Nous étions en marche pour nous rendre à Châtillon ,'
lorsque nous avons appris l'échec que nos troupes venaient
d'essuyer auprès de cette ville, Le 5 , les rebelles ont entouré
Châtillon et s'en sont emparés . Pour fixer notre opiron sur
cet évenement , auquel nous devions si peu nous attendi , nous
nous sommes rendus à Partenay , où était le général Westermann
. Il a attribué cet échec aux bataillons de volontaires
et sur-tout à ceux levés à Orléans , il nous a parlé d'eux avec
beaucoup d'aigreur.
“ Le petit corps d'armée qui était à Châtillon a été singulierement
maltraité ; il a été dispersé çà et la . Onze piecesde
canon sont tombées au pouvoir des rebelles . Westermann
nous a dit ne pas connaître encore notre perte en hommes ,
Nous avons peine à concevoir qu'un homme qui sait son métier
ait pu se laisser surprendre , malgré le bruit, du canon , qui ,
annonçait l'approche des brigands . Nous pensons que l'on
ne peut pas laisser sans danger Westermann à la tête d'une
armée de volontaires , dans lesquels il n'a pas confiance il
serait également dangereux de laisser subsister , un corps par
ticulier. Les principes et l'intérêt national demandent que la
légion de Westermann , entierement dévouée à ce general ,
soit organisée comme les autres troupes de la République ,
avec lesquelles elle doit être confondue. Ce corps est le sujet.
de beaucoup de dilapidations , et lui-même est accoutumé au
H4
( 120 )
pillage , ce qui indispose les paysans : Le général Chalbot
a fait replier sur Saint-Maixent les débris de l'armée , qu'i
a réorganiser ... Pour comble de malheur , deux bataillons
de la Gironde , qui etaient ici , retournent dans leurs foyers . "
Après la lecture de cette lettre , Saint-André a demandé
le rappel de Westermann . Il ne suffit pas , a dit Rhul , de
rappeler Westermann ; il a trahi : il faut le livrer au tribunal
révolutionnaire , et faire tomber sa tête sous le glaive de la
loi. Chabot voudrait que Westermann fût préalablement
traduit à la barre ; Saint-André , qu'une commission militaire
examinat sa conduite. Après quelques débats , l'Assemblée
ordonne, la tradition de Westermann à la barre , et décrete
qu'il ne lui sera plus accordé de service militaire .
La discussion
s'est ensuite portee sur la retraite des deux
bataillons
de la Gironde. Gasparin a observé que leur conduite
ne tient nullement aux évenemens
du 31 mai et 2 juin .
Ces deux bataillons
avaient été levés extraordinairement
; ils
étaient composes presqu'en
entier de marchands
qui ne s'étaient
enrôlés que sous la condition
qu'au premier juifi , ils retour
heraient dans leurs foyers .
I
A cette époque ils demanderent à partir sur les repré
sentations du général , ils se déterminerent à rester jusqu'au
premier juillet . Le premier juillet étant arrivé , ils se sont
retires malgré les invitations du général , celles du conseil
exécutif et des commissaires auprès de l'armée de Niort. On
a voulu les désarmer ; mais , comme ils étaient dans un poste
bù on ne pouvait leur opposet de resistance , ils sont partis
avec leurs armes . Renvoyé au comité de salut public .
9 sur
Unmbre demande , par motion d'ordre , le renouvelle
ment du comité de salut public , aux termes de la loi . Je sais
adit Camille-Desmoulins , qu'il y a dans ce comité des pa
triotes , ils ont toute ma vénération ; mais cependant on ne
peut se dissimuler que c'est sous son regne que sont arrivés
fes désastres les plus humilians pour la République ; je vais
vous le prouver. Depuis à - peu - près trois semaines
91 pieces de canon qui étaient à l'armée de la Vendée , 70
sont tombées au pouvoir des rebelles ; l'armée du Nord , campée
à Famars , au nombre de 40,000 hommes est surprise par
huit colonnes d'ennemis qui marchaient à petites journées , et
dont l'approche ne pouvait pas être ignorée ; car je vous demande
s'il est possible que, huit colonnes ennemies marchent
pendant trois fours
irs sur notre territoire , sans qu'on en swit
informe. Eh bien ! le fait est arrivé au camp de Famars . A
3 heures du matin , l'ennemi avait déja surpris trois redoutes:
L'armée eennttiieerree était livrée au sommeil , et si , par un heu-
Feux hasard , les Autrichiens n'eussent été reconnus par le 7 .
régiment de dragons ; qui avait été commandé cette nuit pour
une expédition si te brave régiment ne se fut fait presque
Entitlement tuer, Bodr arteret pendant quelque tems la marche
f iii )
de l'ennemi , notre armée entière eût été détruite. Cette même
armée a perdu 52 pieces de canon . Je vous demande si ces
événemens ne supposent pas une complication de trahison
pour laquelle je n'accuse pas les intentions du comité , mais
que son incapacité n'a pu déjouer . Je conclus au renouvellement
du comité , et je demande qu'il ne s'érige plus en chambre
haute , et qu'il ne royalise plus ses fonctions .
Bréard a prétendu que la haine de Camille - Desmoulins
contre le comité de salut public , venait de ce que ce comité
n'avait pas voulu acquiescer à sa proposition , de donner le com
mandement de l'armée du Nord à Dillon . Camille arépondu , en
faisant l'éloge de Dillon . Les débats se sont prolongés . Enfin
un décret de l'Assemblée a indiqué la séance du soir pour
le renouvellement du comité de salut public.
Un secrétaire a annoncé la mort de Charles Villette , député
à la Convention . Une députation de douze membres assistera
à ses funérailles .
Le reste de la séance a été consacré à des décrets sur des
objets particuliers d'administration . Une lettre du procureurs
général-syndic du département des Pyrénées orientales annonce
que les Espagnols ont été forcés dans leur camp d'Espégouy .
et que les troupes de la République sont maîtresses de la
vallée de Bastan. ( Voyez la notice de cette séance dans le numéro.
précédent. )
Seance extraordinaire du mercredi au soir.
Cette séance a été presque entierement remplie par l'appel
nominal pour le renouvellement du comité de salut public.
Les membres élus sont les citoyens Jean-Bou-Saint - André
Barrere , Gasparin , Couthon , Thuriot , Saint Just , Prieur ( de
la Marne ) , Hérault -Sechelles et Robert- Lindet.
Plusieurs adresses d'adhésion aux décrets de la Convention
ont obtenu la mention honorable.
Chabot a annoncé que le département du Gers , où l'influence
des Brissotins et des Girondins avait perverti l'esprit
public , vient de se manifester avec énergie contre le fédé
talisme .
Le ministre de la guerre a fait passer les détails des affaires
qui ont eu lieu à Expilly et à Lacroix-des -bouquets le 1er juillets
Séance du jeudi , 11 juillet.
La séance s'est ouverte par la lecture d'une lettre du mis
nistre intérieur , qui , en exécution du décret par lequel il lui
est enjoint de désigner les autorités qui méconnaissent la Convention
, déclare que les départemens de l'Eure , du Calvados ,
dn Finistere , de la Gironde , du Gard , des Bouches-du-Rhône
et Loire , de l'Ain et du Jura sont les seuls à sa connais
sance qui aient protesté contre sès décrets.
( 122 )
Lacroix annonce qu'un tailleur de pierre , excellent patriote ,
est venu lui apporter une lettre qui lui est écrite par son
frere , établi à Caen . Lacroix demande à l'Assemblée si elle
veut en entendre la lecture . Oui , disent plusieurs membres .
Cette lettre qui est datée du 4 , porte que les complots des
conspirateurs sont échones ; leur avant - garde n'est que de
300 hommes , et les citoyens qu'on veut forcer de s'enrôler
s'éclairent , et refusent de marcher . Wimpfen est général sans
armée ; gain , le peuple du Calvados est revenu de son erreur,
et son opinion est formée sur le compte des députés qui sout
venus à Caen chercher un asyle . La Convention a applaudi
à cette missive . Un membre a saisi cette occasion pour annoncer
que le département de l'Isle et Vilaine adhere aux
décrets du 31 mai.
Des députés de 25 communes du département du Calvados
sout admis à la barre , et jurent fidélité à la Convention . Ils
sout accueillis avec applaudissemens . L'Assemblée décrete , sur
Ja proposition de Lacroix , que les administrations seront
incessamment renouvellées dans les départemens insurgés : les
assemblées primaires seront convoquées à ce sujet.
Le comité de salut public propose à l'Assemblée de décréter
que le général Biron , qui a fait avec tant d'insouciance la
querre de la Vendée , serà remplacé , et que le ministre de la
guerre présentera sar- le- champ à la Convention un nouveau
général.
1
Des Corses fugitifs , et dont les biens sont la proie du
traltre Paoli qui vient de s'emparer d'Ajaccio , réclament des
secours. La Convention met à la disposition du ministre de
l'intérieur une somme , de goocco liv . pour secourir les Corses
persécutés .
La commune de Tours , après avoir protesté de sa haine
pour le fédéralisme , demande que les suppléans de Salle et
„Molvoau , qui ont quitté leur poste , soient appelés sans délai
pour le remplacer . Cette demande , convertie en motion par
un membre ,, est décrétée ..
Cambon a fait un rapport sur la conduite du comité de
.salut public , renouvellé hier soir , il a d'abord tracé l'état de la
Képublique à l'époque de l'institution de ce comité . Les
armées étaient absolument désorganisées ; les câtes dégarnies ;
Jes frontieres d'Espagne et de la Vendée ouvertes aux enne
mis . Le comité à tout réparé . Son premier soin a été d'envoyer
dans les départemens 180 représentans pour provoquer
le patriotisme des citoyens . Sans la coopération de ces commissaires
, le recrutement de 300 mille hommes ne se fût jamais
effectué. A peine en cussions nous obtenu 10 mille. Il est
vrai qu'on a appellé ces commitsaires des maratistes ,
inventé par nos ennemis pour signaler les patriotes les plus
énergiques .
་
mot
Cependant le comité s'appergut que 180 représentans dans
1231
C
les départemens , désorganisaient trop le corps législatif. Il crut
devoir organiser une espece de pouvoir exécutif de surveil
lance auprès de chacune de nos armées ; et c'est par les soins
de ces nouveaux commissaires que les soldats ont été armés
et équipés.
•
Les armées du Nord et des Ardennes ont été réorganisées après
la malheureuse affaire du camp de Famars . Le soldat , voyant
la discipline renaître , a repris son courage . Il l'attribue au
général Custines , et les commissaires de la Convention s'accor .
dent sur ce point. Les dernieres lettres annoncent que Valencien
ncs a fait une sortie sur les assiégeans, on leur perte a été considé
rable , et la notre très - petite . Ce qui est vraiment étonnant ,
c'est que Condé , qui est bloqué depuis trois mois , résiste
tonjours , quoique d'après les états il n'avait que pour cing
semaines de vivres .
Les armées du Rhin et de la Moselle sont sur un pied
formidable ; il y regne une exacte discipline ': de toutes parts
les soldats ne demandent qu'à combattre .
32
2
•
"
L'armée des Alpes est , à ce qu'on assure , bien organisée .
Elle est divisée sur plusieurs points pour défendre les passages
des montagnes ; elle est assez forte pour la défensive .
2
L'armée d'Italie a été jusqu'à présent sur l'offensive ; elle a
augmenté nos conquêtes par la prise de plusieurs forts . Les
escadres combinées d'Espagne et d'Angleterre , au nombre
de 33 vaisseaux de ligne , à ce qu'on assure après s'être
emparées du fort Saint - Pierre que nous avions pris en Sardaigne
dans la derniere campagne , croisent sur les côtes de
Nice, et de Villefranche. Peut- être leur projet est - il de nous
enlever ce pays ou de tenter quelque attaque sur les côtes
de la ci - devant Provence . L'armée d'Italie est destinée à les
repousser.
•
Dans l'état actuel , la frontiere des Fyrénées orientales est
défendue , outre les garnisons de Perpignan et des autres places ,
par une armée de 3 à 10 mille hommes . Malheureusement
formée trop tard , elle n'a pas pu s'opposer à la prise de
Bellegarde , poste important , et qui est de ce côté , la clef de
la France. Mais cette armée a été renforcée depuis le 26 de
4000 hommes de vicilles troupes et de 4000 de nouvelle levée
que le comité de salut public et les representans du peuple
y ont fait arriver en poste et à graudes journées . Elle sera
encore renforcée le 10 ou le 12 d'un grand corps de cavalerie
qui n'a pas pu faire des journées de poste.
L'armée des Pyrénées occidentales est déja sur un pied res
pectable . Elle a non seulement expulsé les Espagnols de notre
territoire ; mais elle leur a pris la vallée de Bastan .
L'armée de la Vendée est forte d'environ 60,000 hommes.
Il ne s'y trouve plus de troupes de requitition ; ce sont des
troupes venues du Nord , ou levées pour le tems de cette
campagne , ou enrégimentées . Elles sont placees sur divers
( 224 )
points. Les rebelles avaient été repoussés à Nantes et à Lus
con. Westermann avait repris Parthenay , Bressuire et Châ
tillon. La division de Tours , forte d'environ 20,000 hommes ,
avait repris Saumur , Doué et le pont de Cé ; elle marchait
au secours de Nantes , tandis que la division de Niort avane
çait dans le même sens. Vous avez appris hier que Wester
mann a perdu Châtillon avec toute son artillerie , et que son
armée s'est replice en désordre sur Partenay et St. Maixent.
Cette perte peut se réparer ; mais elle retarde nos succès.
Quant à l'armée des côtes de Brest et de Cherbourg , Cam
bon l'a dit avec douleur , elle n'est pas formée . Peut - être ,
e-t-il ajouté , sommes - nous à la veille de perdre la Corse.
Tout l'interieur de l'isle est en révolte .
Après avoir tracé ce tableau des succès et des revers de nos
armées , Cambon a jetté un coup - d'ail sur l'état de la Répu
blique , relativement à la coalition des départemens . On s'est
flatté , a-t-il dit , d'avoir pour soi 69 départemens , par con
séquent la majorité ; mais on s'est étrangement trompé. Nous
avons la satisfaction de vous annoncer que l'accélération de
constitution a été un moyen de salut public ; car avantbier
il y avait déja 49 départemens qui réclamaient avec impatience
l'envoi de cette constitution , outre le nombre de
ceux qui ont déja annoncé leur acceptation . Cambon a en
suite parlé des calomnies inventées pour perdre cette Montagne
qui a fait la révolution , et pour égarer l'opinion pa
lique.
Cambon a terminé son rapport en rendant compte d'un
complot qui avait été formé de donner un roi à la France.
Le 15 juillet , on devait enlever le fils de Capet et le procla
mer Louis XVII ; le général Dillon devait être à la tête de
Tarmée des conjurés avec 12 autres officiers- généraux . Le pre
mier moyen qu'ils devaient employer , était d'enclouer le
canon d'alarme , et de s'emparer de ceux des sections. Ils se
seraient ensuite divisés en deux colonnes ; l'une serait allée
enlever le petit , et l'autre se fût portée à la Convention pour
la forcer de le proclamer roi , Dillon et deux de ses complices
ont été arrêtés par ordre du comité de salut public qui a cru
devair prendre en même tems des mesures pour mettre en
sûreté le fils de Louis Capet , et il a signe un ordre de
séparation du fils et de la mere...... Ici Camille Desmoulins
s'est écrié qu'il n'y avait rien de plus absude que la fable
qu'on venait de débiter. De violens murmures l'ont interrompu .
Cambon a poursuivi. Il a annoncé qu'après la découverte de.
cette premiere conspiration , le comité de salut public ayant
appris que le général Miranda avait envoyé un courier extraordinaire
à Bordeaux , et qu'il était disposé à s'y rendre luimême
, le comité avait requis la municipalité d'empêcher pro
visoirement de départ de Miranda. Le maire de Paris l'a fait
mettre en arrestation chez lui .
( 125 )
La Convention a ordonné l'impression du rapport fail
par Cambon , et elle a rendu , à l'égard des mandats d'arret
le décret suivant :
La Convention nationale , ouï le rapport de son comité de
salut public, approuve la conduite qu'il a tenue en chargeant
le maire de Paris d'éloigner Capet , détenu au Temple , de sa
mere , et de mettre en état d'arrestation le général Arthur
Dillon , Esprit-Boniface Castelane , Ernest Bucher dit l'Epinay,
Edme Rameau , Louis Levasseur , sur la dénonciation qui lui
a été faite d'un projet de conspiration pour rétablir la
royauté. Elle approuve aussi l'arrestation du général Miranda,
Camille Desmoulins insistait encore pour avoir la parole , mais
l'Assemblée a passé à l'ordre du jour , et a levé la séance.
Dans le cours de cette séance , David a présenté la description
de la fête civique et fraternelle qui doit se célébrer , le
10 août. L'Assemblée en a ordonné l'impression et l'envol
aux départemens . Elle a chargé le conseil exécutif de pourvoit
aux dépenses nécessaires,
Séance extraordinaire du jeudi soir.
Un député de Sainte- Menehould est venu présenter l'adhe
sion des citoyens de cette ville aux décrets de la Conven
tion ; il a dénoncé en même-teus l'administation du dépar
tement de la Marne , comme faisant parti de la conspiration des
fédéralistes.
Le procureurgénéral-syndic de ce département était à Paris
depuis 15 jours ; Bachelier a demandé qu'il fût mis en état
d'arrestation , et traduit au comité de sureté générale.c
Collot-d'Herbois a appuyé cette demande en observant que
procureurs-syndics étaient en général peu patriotest - La
décret d'arrestation est rendu, od
jes
Couthon a communiqué différens renseignemens donné par
le commissaire Maulde et un administrateur du district d'Isoire
sur la situation de Lyon. Il en résulte que Biroteau étant
arrivé dans cette ville , ainsi que Chassey , il s'y est formé un
congrès départemental, composé d'administrateurs et d'électeurs,
dans lequel il a été arrêté que le département de Rhône et
Loire ue reconnaissait plus la Convention ; cet arrêté a été
proclamé en grande pompe , et le soir il y a eu illumination
générale dans la ville . Le lendemain , le congrès a mis hors
de la loi les membres de la Montagne , et a voué les tribunes
à l'exécration publique, Il s'est rendu maître des dépôts publics
pour les armées , de celui de la manufacture de Saint-Etienne.
La Convention a déclaré ce congrèsaraitre à la patrie et
ordonné l'arrestation de Biroteau er de Michette , Foret, Petrina
Chassey et Vitet , députés de Rhône et Loire.
Legendre proposait de couper toutes les communications
entre cette ville et Paris , d'arrêter les personnes et les lettres
qui partent pour Lyon, d'y faire marsher des troupes , et enfin
( 126 )
de décréter que si cette ville ne se prononçait pas sous 15 jours ,
fa Convention donnait quittance à tous ses créanciers ; si la
Convention , disait-il , veut rendre ce décret, je me charge de
le porter à Lyon pour le faire exécuter.
Un autre membre demandait que la ville de Lyon fût déclaréc
en état de rebellion , et traitée comme telle . Delacroix
voulait que les biens de tous ceux qui ont participé aux déli
herations du congrès fussent distribués aux Sans - culottes qui
prendront les armes contre eux . La Convention a chargé
Couthon et Delacroix de lui présenter la rédaction des diverses
propositions qui lui ont été faites. 17 q 15 s
a 1
Une lettre de Dubois Dubay , député à l'armée du Nord ,
datée de Maubeuge le 10 juillet , annonce que les citoyens
de cette ville ont accepté l'acte constitutionnel , fet que depuis
3jburs on h'entend plus tirer le canon du côté de Valenciennes
,; ' iPen - augure que l'ennemi a dû abandonner cette
place qui lui a coûté plus de monde que trois batailles
perduesa Pajonte que Custines vient de passer en revue la
garnison de Maubeuge , et qu'il enflamme le soldat par des
harangues républicaines .
•
Après la lecture de cette lettre vivement applaudie , l'Assemblée
a procédé par Pappel nominal au renouvellement du bureau
. Jean - Bon- Saint - Andre est proclame président' ; "Julien
Raul et Dupuis sont nommés secretaires .
SLBK.
Seance du vendredi , 12 juillet.
PRÉSIDENCE DE JEAN - BON -SAINT - ANDRÉ………,
"
Pour prouver que les troubles qui agitent la République
doivent être attribués aux membres du côté droit , Chabot
demande que leurs correspondance soit transmise à la Convention
par les départemens . Et par des citoyens et toutes
les sociétés populaires , a dit Billaud - Varennes. Il faut , a
repris Chabot , qu'ils fassent connaître toutes les lettres qu'ils
enssonuregues à dater duner, avril. Et moi, j'opine pour
lea ejanvier , a dit un autremembre. Vous ne saurez rien encore
si vous ne remontez à l'origine de la Convention , a
dit un troisieme.nquei
h
Ces propositions : sont décrétées ; mais l'instant après le dé
cret est annuilé sur la réclamation de Thuriot .”
Un secrétaire lit la lettre suivante de Miranda Détenu
chez moi , en vertu d'un ordre du maire de Paris , je prie la
Convention des m'admettre demain à la barre ; je lui découvrirai
des faits qui intressent singulierement la liberté et la
sûreté publique . Ondait que Miranda fût entendu au
comité de sûreté généiMob mais sur la motion de Breard , l'Assemblée
décide qu'il sera raduit le lendemain à la barre. O
99
Chabot annonce qu'un grand complot se trame à l'instant
contre la liberté , et que plusieurs membres de la Convention
adetam
( 127 )
out tremp dans cette nouvelle conspiration ; il demande que
le comite de sûreté générale soit autorisé à faire apposer le
scellé sur leurs papiers , à la charge de rendre compte de cette
opération à l'Assemblée sous 24 heures : décrété .
Sur un rapport du comité de sûreté générale , l'Assemblée
décrete que les soldats et officiers de la legion Germanique ,
détenus à Tours et à Saumur , seront traduits à Paris , pour
être interrogés par le comité de sûreté générale.
Les chasseurs du 16. régiment , en garnison à Falaise , se
sont rendus pour la plupart à Orléans conformément à la loi ;
mais il en est un très - grand nombre qui out refusé d'obéir
et ont resté à Falaise . Le ministre de la guerie propose de
sévir contre eux , s'ils ne sont pas rendus à leur destination
dans 15 jours . Cette proposition convertie en motion , est
décrétée.
Les commissaires à l'armée du Nord, écrivent que la cons
titution a été acceptée à Lille et dans toutes les villes frontieres
au bruit de l'artillerie ; ils transmettent une adresse
souscrite par les soldats de la rere . division de l'armée du
Nord aux ordres du général Lamarlieje . Ces braves soldats
félicitent la Convention sur ses travaux . Les commissaires teiminent
par annoncer que . dzns toutes les attaques d'avantposte
, les troupes de la République ont continuellement l'avan
tage . Dans ces diverses attaques , nous avons fait 1100 prísonniers
, et reçu 123 déserteurs .
2
Il résulte d'une lettre des représentans dn peuple près l'ar
mée des côtes de Brest , datée d'Ancenis le 8 juillet , que les
troupes aux ordres du géneral Canclaux , sont entrées la
veille dans cette ville , sans coup ferir , puisqu'elle était éva
cuée , et que la jonction de l'armée de Nantes avec celle de
Tours s'est opérée le lendemain matin . Biron est à Angers ;
les représentans du peuple ajoutent qu'ils vont s'y rendre ,
pour concerter avec lui le plan de campagne. Ils ignoraient
le décret qui rappelle ce général . Le commandement de son
armée a été déféré au citoyen Beysser. ,
C
--
Les commissaires pres l'armée des Pyrénées bccidentales
écrivent de Saint-Jean- de- Luz , en date du 5 juillet , que les
troupes de la République viennent de remporter un avantage
sur les Espagnols . Ceux-ci ont fait un effort pour s'établit
en deça de la Bidassoa ; ils ont été repoussés avec perte."
Le géneral Sandos , mis en arrestation , vient d'être conduit
à Paris , et traduit dans les prisons de l'Abbaye .
Voici le sommaire du décret relatif à la ville de Lyon ,
adopté par la Convention .
Art . Ier , Biroteau , représentant du peuple , réfugié à Lyon ,
et l'un des chiefs du congrès départemental etabli dans cetre
ville , est déclaré traître à la patrie.
b
II . Sont aussi déclarés traîtres à la patrie , et destinés
leurs fonctions , les administratctts et teheridansitus jurikes
(, 128, )
qui sont membres , ou ont favorisé l'établissement du congrès
départemental. P
Ill. Le comité de salut public donnera les ordres nécessaires
pour détruire les autorités illégales de la ville de Lyon .
3
ر.
IV. Les biens de ceux qui auront pris part à la révolte
seront confisqués ; les paiemens dûs par l'Etat aux citoyens
de Lyon demeurent suspendus.
V. Il est enjoint aux citoyens de Lyon' de quitter cette
ville sous trois jours ; à défaut par eux d'obeir , Icurs biens
seront confisques , et ils seront réputés complices des attentats
du congrés départemental .
VI. Il sera envoyé des représentans du peuple dans le département
de Rhône et Loire , pour faire exécuter ces mesures
par tous les moyens qui seront en leur pouvoir.
=
A la suite de ce décret , la Convention , sur la proposition
'Hérault Sechelles , a autorisé les habitans du département
de Saône et Loire à lever une force armée pour s'opposer
aux entreprises de Lyon .
1
Chabot a ensuite dénoncé les administrateurs du département
de l'Aveyron ; il les a accuses d'avoir cherché à federa
liser cette partie de la République , d'avoir fait arrêter l'évêqué
du département , plusieurs patriotes , et d'avoir porté la scélératesse
jusqu'à faire emprisonner des octogénaires , parmi lesquels
se trouvent son pere et sa mere . Il a reproché aux
membres du côté droit d'être les auteurs de ce désordre . Il a
désigné plus particuliérement Saint- Martin , député de l'Aveyon
. Celui- ci s'est défendu et a prouvé , par sa correspondance
avec les administateurs , qu'il avait employé tous ses efforts
pour leur faire adopter la nouvelle constitution.
મૈં
11 a parlé ensuite des plaintes qui lui ont été adressées sur
la conduite de Chabot dans les départemens , conduite qui
a révolté tous les citoyens. Voici , par exemple , la morale
il prêchait à Toulouse : Filles et femmes , disait- il ,
croissez et multipliez, ( Les plus vifs applaudissemens éclatent
dans toute les parties de la salle . ) Vous n'avez besoin pour
cela ni de prêtres ni de ministres . ( Nouveaux applaudissemens.)
Après quelques débats de personnalités , l'Assem
blée a décrété que les citoyens détenus arbitrairement dans le
département de l'Aveyron , seront mis en liberté et elle a
ordonné la traduction à sa barre, du président de ce département
et du citoyen Gerard .
Séance du samedi 13 juillet .
43 ...
Les parens de neuf citoyens d'Orléans , condamnés à mort
par le tribunal révolutionnaire , comme auteurs et complices.
de l'assassinat de Léonard Bourdon , demandent à presenter
une pétition plusieurs femmes fondant en larmes , et poussant
des cris de douleur sont introduites. Un homme , dont
tous les mouvemens annoncent le désespoir , les accompagne.
Citoyens ,
i
Citoyens , dit-il , c'est au nom de l'humanité êt de la fusd.
Sice que nous nous présentons devant vous ; on conduit au
supplice nos peres , nos freres , nos enfans. L'un d'eux est peré
de 19 enfans , dont quatre sont dans les armées combattant
pour la République. Léonard Bourdon lui-même ne nous dés
mentira pas. Nous croyons qu'il est assez généreux pour
d'unir à nous , afin d'obtenir un sursis qui donne à nos mak
heureux parens les moyens de prouver leur innocence. ‚
On demande l'ordre du jour. On entend des sanglots et
des gémissemens. On demande de nouveau l'ordre du jour.
Les pétitionnaires se prosternent à genoux , et prononcent
des paroles entrecoupées ; mais la loi est inflexible , elle avait
prenoncé. Le président fait retirer les pétitionnaires.
Carrier dénonce plusieurs écrits séditieux des administrateurs
du Cantal ; il les accuse de complicité avec les fédéra•
histes . Sur sa motion , l'Assemblée met le président et deux
autres administrateurs en état d'arrestation. Elle charge son
comité de division d'examiner s'il ne convient pas que le
siége de l'administration soit définitivement fixé à Aurillac.
On donne lecture d'une lettre de Duroy , représentant du
peuple dans le département de l'Eure. Elle est datée de Nantes
le 19 juillet. Arrivé dans cette ville , écrit-il , j'ai eu une
conférence avec les corps administratifs ; ils sont dans les meil
leures dispositions : l'acte constitutionnel a été accepté dans
sette ville avec enthousiasme ; je me suis rendu à Vernon
il m'a été rapporté que nos patrouilles avaient rencontré celles
de l'armée de Buzot , et qu'elles avaient fini par s'embrasser.
Les dragons de la Manche devaient venir le lendemain dîner
Vernon avec nos troupes ; ils n'ont pas tenu parole , et même
ils ont fait mine de vouloir nous attaquer ; nos soldats ont
montré la plus grande ardeur , mais l'ennemi ne les a pas
attendus , il s'est retiré. Je dois les plus grands éloges aux
gendarmes de Paris : l'un d'eux a suffi pour mettre vingt dra
gons en fuite. „
Une lettre de Toulouse annonce que les sections de cette
ville qu'on disait être d'intelligence avec les fédéralistes du
Midi , ont accepté l'acte constitutionnel , et adherent aux dégrets
du 31 mai et jours suivans. Un décret d'arrestation avait
té rendu contre le procureur-syndic du département de là
Nievre. Des commissaires envoyés par les administrateurs dé
ee département se présentent à la barre; ils font l'apologie du
procureur-syndic , et annoncent que la constitution sera una
Bimement acceptée par le peuple de la Nievre . Le procureurs
syndic paraît lui-même ; il proteste de son innocence , et dés
pose sur le bureau des pieces justificatives . Renvoyé at
comité de sûreté générale.
Les administrateurs du district d'Eure et Loire se plaignent
d'avoir été injustement , suspendus de leurs fonctions. Rens
Voye cu comite de sârett .
Tome IV.
1
( 130 )
Mirenda est introduit à la barre . Il avait demandé à y être
dinis pour révéler des secrets importans , mais il n'a fait que
rappeller les faits qui ont occasionné le procès dans lequel
il a été absous . Il a accusé Pache de lui susciter de nouvelles
persécutions. Il a terminé son apologie , en disant qu'il ne
connaissait aucun crime , aucun traitre , que s'i en avait con
us il les aurait denoncés au tribunal . Apres quelques débats,
Assemblée a passé à l'ordre du jour , et Miranda s'est retiré.
La division de l'armée du Nord , commandée par le général
O-Morand, a reçu l'acte constitutionnel au milieu des plus vives
acclamations d'allegresse ! L'armée des Ardennés , campée
à Carignan , a fait serment de lui rester fidele , et de la dé
fendre contre tous ses ennemis .
Séance du dimanche 14 juillet.
La séauce est ouverte par la lecture de plusieurs procès-ver
baux de l'acceptation de l'acte constitutionnel .
Le comité de salut public införme la Convention que Kellermann
demaude un décret formel pour marcher contre la
ville de Lyon. La Convention décrete que les commissaires
l'armée des Alpes sont autorisés à requérir de Kellermann la
force suffisante pour ramener l'ordre dans la ville de Lyon .
Ce décret sera envoyé par un coutier extraordinaire.
Ici , le président a annoncé qu'il venait de recevoir des pieces
un représentant du
relatives à l'assassinat commis hier sur
peuple. La section du Pantheon-français , en faisant part de cet événement , dit qu'elle demanderait pour Marat les hon- neurs du Panthéon , si un décret n'accordait cet honnncur
aux grands hommes que vingt ans après leur mort ; cependant
cette section pense que ces honneurs sont dus au citoyen
Marat : nous reconnaissons , dit-elle , qu'il les a bien mérités . La calomnie meuit et la vertu survit , et les coeurs de tous
Jes Français seront pour lui un Pantheon encore plus du
rable , etc.
Sur la , demande de Bentabole , la Convention décrète que
le comite de sûreté générale fera sur - le- champ le rapport
details qu'il a recueillis sur l'assassinat de Marát.
<1
Une députation dé la section du Contrat -social est admise. Peuple , Secric-t- elle , tu as perda ion ami ; Marat n'est
plus ..... Nous ne venons pas chanter tes louanges , immortel
législateur , nous venous te pleurer , nous venons rendre hommage aux belles actions de ta vie ...... Législateurs , dé crêtez un nouveau supplice pour l'assassin de Marat. Il n'eä
est pas d'assez alleux pour venger la ation d'un aussi énorme
atentat. 24
A
Quelques instans après , Chabot se présente à la tribune
nom du comité de sûreté générale , un rapport
pour faire,
evenement
. Sur ce tragique eve Il déclare que , depuis trois semaines , le comité avait des rensei .
I
( 13 )
gnemens sur le complot qui a été exécuté hier soir : il n'était queses
tion de rien moins que d'operer une contre révolution, Cette irame ,
était liée avec celle qui a onrdie dans le Calvados ; des membres
qui siege encote aujourd'hui dans la Convention devaient
en favoriser l'exécution par tous les moyens qui étaient en lenr
pouvoir. Le jour meme cu Charlotte Cordé qui a assassine Marat
est arrivée à Paris , Duperret a reen un de Caen , et ce,
c'est ce jour
meme que nous vous avons démandé à être ' ulotisés à mettre les
scellés sur les papiers de certains , députés . Ceux de Duperret ont
été saisis , etje sais qu'ils contiennende quoi le confondre.
13
courier , dit le rapporteur , était Chay Court
dé
;
A
Chabot entre dans des détails pour prouver que le plan des cons..
pirateurs était da faire de Paris une autre Marseille , il croit que
Eaucher , évêque du Calvados , a trempé dans tous les projets li
bericides de la faction des hommes d'état . Voici , ajoute - t- il , les
circonstances de l'assassinat."
" 3
Ten sa inside
" L'assassin'a
parusêtre
une de ces femmes à caractere
, capă ble de tout entreprendre
; c'est un de ces monstres qui naissent
pour le malheur de la société ; du reste elle a de l'esprit , des
graces , de la beauté , une taille superbe , pont exécuter son projet
elle écrivit à Marat a pen près la lettre turvanfe':
-2791
Je viens de
2 sumer que yo Caen , voire amour pour la patrie me fait pré
connaitrez avec plaisir les malheureux évenemens
de cette partie de la République . „
Elle se preseas chez Marat , on lui refusa Fentrée ; d'après če
refns elle écrivit la lettre suivante :
2 Je vous ai écrit ce› matin , Marat , avez-vous reçu ma lettre ?
» Vous ne me refuserez pas une entrevue , insuffit que je sois bien
malheureuse pour avoir droit à votre protection . ~,
a Introduite auprès de Marac , Charlotte Cordé lui parla de
la rébellion du Calvados Marat répondit que cela n'irait pas loin ,
e que l'échafaud attendait les traitres . A ces mots , cette femme
qui avait un poignard caché , le tire et le plonge dans le sein de
Marat ; la coup fut si bien porté , qu'il n'eut que le tems de dite : je
me meurs.
23.9.10
Après ce meurtre elle sort avec audace et sans crainte , mais -
on l'a arrêtée ; j'ai assisté à son interrogatoire ; il m'a paru qu'elle
se flatte d'une contre- révolution prochaine on l'a menacée du
supplice ellesa répondu par un sourire de mépris .
1 .
* On a trouvé sur elle 150 écus en numéraire ; elle est âgée
de 25 ans moins 15 jours elle est natives de Saint-Saturnin , près
Séez ; elle demeurait : ordinairement à Caen elle arriva à Paris
jeudi dernier , avec un passe-port délivré dans la ville de Caen? *
le Sadu courant. Interpellée de déclarer ses complices , a répondu
n'avoir communiqué son projet à persomies ; interrogée sur les
motifs qui l'avaient portée à une action aussi atrode , a dit que
voyant Jalguerre, civile prête à éclater par - tout , et croyant que
Marat était l'auteur de ce désastre elle avait fait le sacrifice . des
sa vie à sa patrie . Elle a ajoute qu'elle avait, ácheté le poignard le
matin au Palais- Royal , et qu'il lui avait côùté 40 sous . na siy
A la fin de son rapport , Chabot a annoncé ques, deux jours
ayant le comité avait mis les scellés sur les papiers de Claude Duo i
perret député des Bouches- du - Rhône ) qu'il soupçonnait tenir à
cette conspiration ; que depuis il a acquis la preuve que Duperret
avais reçu chez lui , jeudi dernier , l'assassin qui lui avait remis z
jab test si s 1 s
{ r5i }
unt ” puquet de la part de Barbaroux , et que le lââdemain if emif
allé deux fois chez cette femme à l'hôtel qu'elle habitaît.
Faucher et Duperret se présentent à la tribune . Après de
wifs debats , la Convention décide qu'ils ne seront entendus
qu'à la barre. Sur 12 motion de Maure , la Convention lance
préalablement le décret d'arrestation contre Duperret. Julien
soutient que Duperret ne peut plus être entendu , et qu'il ne
doit plus paraître que devant les juges qui lui seront donnés.
Chabet demande à être autorisé à faire trois questions &
Duperret. Cette proposition est adoptée.
Chabat. Jeudi soir n'as -tu pas reçu un courier venant de Caenji
at ce courier n'était- il pas la femme Cordé ?
Bai
Duperret. Rentrant chez moi , jeudi pour y diner , on me remit
un paquet venant de Caen . qui m'était adressé par Barbaroux ,
dans lequel paquet il y avait une lettre de Barbaroux que j'aurais
pu soustraire , mais que j'ai dans ma poche et que je comminique
i ; car on avait décrété que les scellés seraient mis sur mes papiers."
Je vois que le but de cette apposition de scellés est pour savoir si
je corresponds avec Caen , avee Marseille. Eh bien ! je ne coiresponds
pas avec Marseille par une saison bien simple , c'est que
je ne confie aucune lettre à la poste depuis qu'on viole le secret
des lettres... Il est inutile qu'on me hue , parce que je suïš un
vrai républicain , et je le serai jusqu'à la mort.
Rentrant donc chez moi , jeudi , j'ouvre ce paquets, et j'y trouve
plusieurs imprimés de Caen qui sont déja repandus dans l'avis¸«
et une lettre que je donnerai à lire , afin que tout le public bacher
ce qu'elle contient. Dans le tems que nous étions au dessert , la
citoyenne dont il s'agit , vint me demander. Je ne la connaissais
pas ; elle entre. Est-ce au citoyen Duperret que j'ai l'honneur des
parler ? Oui. Je voudrais vous dire quelque chose en particu
lier ; j'entrai dans une chambre à côté , je lui demandai des nou
velles de nos collegues de Caen ; après qu'elle m'eut satisfait sur
les personnes de ma connaissance , je lus las lettre de Bárbarous
en sa présence ; il s'y trouvait quelque chose qui la concernait.
Elle me pria de l'accompagner chez le ministre de l'intérieur, je lut✨
dis : la chose u'est pas possible en cet instant puisqué › je suis en
compagnie. Demain , reprit-elle , si vous voulez vous donner la peine
de passer chez moi dans là matinée , nous iròns ensemble chez
le ministre, Oui , et cela résolu je elle ses retiramen me laissant
son nom et son adresse sur une carte.-- En rentrant chez moi , je
dis la plaisante aventure ! cette femme m'a l'air d'un intrigante.
par les expropos qu'elle m'a tenus , elle me phraît extraordis
maire. J'ai vu dans ses raisons , dans son allure , dani sa conte
nance , quelque chose qui m'a paru singulier. Je saurai demain
se quis en pest, Le lendemain je m'y rendis ; elle m'attendait,
"
Avant d'aller chez le ministre , lui dis -je , il faut que vous ayer
la bonté de me parler de votre affaire. Elle me répondit que cette
affaire ne la regardait pas personnellement ; mais une demoiselle
Forbin qui avait été dans un couvent plusieurs années , que avaitpassé
en Suisse , et qui faisait des réclamations pour une pension,
qu'elle les avait depuis long-tems portées au ministre , etc... Om
nous dit que le ministre n'était pas visible , que les députés
taient admis que le soir depuis huit heures jusqu'à dix,
( 3 )
notre
.
Le spir , je me rendis chez seue femme , etje lui dis : Je craina
que ma présence chez le ministre , qui est d'un parti opposé su
ne vous soit plus nuisible qu'utile. Je vous conseille
prendre quelqu'autre pour vous accompagner. D'ailleurs , vous
n'avez pas de procuration de la personne pour laquelle vous soll .
citez , et sur votre simple demande , il ne vous remeitra pas set
papiers . Elle répondit : vous avez raison ; j'irai une autre fois..
Voici la lente de Barbaroux.
༡༣ !
Caen le 7juillet , lana de la République , une et indivisible.
pole
" Je t'adresse , mon cher bem ami , quelques ouvrages qu'il faut
répandre. Il Y un ouvrage de Salles sur la constitution. C'est
celui qui , dans ce moment , produira le plus prompt
Il faut en faire un grand nombre d'exemplaires. Je t'ai écrit
effet.
» par la voie de Rouen pour t'intéresser à une affaire qui regarde
wune de nos concitoyennes: Duperiet interrompent. Je n'ai rien
wi reçu de eela . ) Il s'agit seulement de retirer du ministre de l'inté
rieur des pieces que tu lui rendras. La citoyenne qui te remettta
» ce paquet , 'intéresse à cette même affaire, Wache de lui procurer
» accès auprès du ministre, 10
TO AL
être sous les
S. Ici tout va bien; nous ne tarderons pas
» murs de Paris . ».
SunChabot. Je demande à Duperrat, s'il n'a pas montré cette lettre
un de ses collegues , député du Loiret. Dupennet. A plus de trengs.
Chabot. Je vous demande si vous n'avez pas rassemblé plusieurs fois
chez vous des députés du côté droit. Duperrot. Je déclare à l'Aişem.
blée et à la France que rien n'est plus faux.
D'autres questions ont été faites à Duperrer. Billaud-Varennies
lui a demandé s'il n'avait point distribué desimprimés et reçu
des assignats pour leur impression : ce fait et hux ,zrépondu
Duperret ; Maur l'a interpellé de dire si Charlotte Cordé me
Jui avait pas demandé l'adresse de Marate Duperret a répondu
négativement. ap well - peng si à moltes
Hérault demande que le ministre de l'interieur soit entendu
parce que , dit Hérault, il nous a parlé hier d'une lettre qu'I
a regue du Calvados , et par laquelle on le menaçait de l'as
sassiner. Cette proposition, ' a pas de suite. Cauthen voit
d'après tout ce qu'on a entendu que Duperret et les députéo
du Calvados sont complices de l'assassinat de Marat. Il fait
plusieurs propositions. Voici , celles que l'Assembléen adopte.
Elle décrete d'accusation Duperret , enjoint au tribunal revo
lutionnaire de poursuivge en diligence des assassins de Marat ;
alle décrete que Fauchet scra mis en état d'arrestation à l'Abbaye.
t
Ici Fauchet observe qu'on ne peut articuler aucun fait contre
Jai , et qu'il a toujours sw horreur du meurtre. La Convention
maintient son décret.
Le cortege des 48 sections de Pazis , qui est venn féliciver
la Convention de ses travaux et de son courage, a occupa
Jee derniere momeną de la jeanss, Elle apportains les
provei
1341)
verbaux de l'acceptation de l'acte constitutionel : ce qui a
donné lieu à un décret portant que les sections de cette ville
depuis 1789 , et la municipalité depuis le 10 août 1792 , n'ont
pas cesse de bien mériter de la ppaattrirei, energ
Séance du landi 15 juillet . qmaju stanu
ॐ
35 .
*9
La Convention renvoie à l'examen du comité de législation
un projet de décret sur le mode de jugement des prêtres déportés
et rentrés en France. Il y a dans ce moment ; addit
Taillefer , d'autres missionnaires bien plus dangereux que les
prêtres ; ce sont les commissaires federalistes qui parcourent
Tes départemens . Je demande que les comites de sûreté gene-
Tale et de legislation soient chargés d'examiner si ces agens
de l'aristocratie ne doivent pas être regardés et punis . comme
des ,contre-iévolutionnaires . Le renvoi est décrété . • >
Billaud-Varennes demande que la discussion s'ouvre aujourd'hui
sur le rapport de Saint -Just, concernant les députés mis en état
d'arrestation llest tems , disil, d'éclairer le peuple . On observe
que le rapport n'est point distribue. Couthon , qui d'abord avait.
demandé qu'on qe présentât dans cette séance que l'acte d'accusation
contre Brissot , se range à l'avis de Billaud-Varennes .
La conspirations, dit-il est bien claire maintenant. Duperret
mous l'aassez fait connaître hier nous ne sommes pas jei
iseulement au milieu de conspirateurs , mais encore entourres
d'une bande d'assassins.
Ici tour-à- tour , Couthon et droit , en lui reprochant ses chevasseur s adressent au côté
Chabot atteste que Fauchet , qui a dit hier qu'il n'avait pas
vu - l'assassina de Marat , la conduisît jendi dans une des tribunes
de l'Assemblée , et lui offrit de l'accompagner avec
* Duperrer chez le ministre de l'intérieur. Enfin Bréar , ramenant
la délibération à la proposition qui y a donne lieu , demande
que Billand Varennes soit entendu décrété .
Surla proposition de Chabot, la Convention décrète qu'elle
assistera aps funérailles de Mar. Il s'est sacrifie pour la rẻ-
volution pajoute Bentaballes il a vécu dans l'indigence ; je demande
que la mation pare ses dettes décrété . Sur la motion
de Drouet , on décrete qu'il seva nomme une commission pour
faire l'inventaire de ses papiers et constater l'état de ses affaires .
Ce décret est bientôt après rapporté sur cette observation de
Lacroix qu'il n'appartient pas aux députés de faire de tels
actes et que le soins de cet inventaire doit être, laissé au ministere
public.
Billaud- Varennes monte à la tribune. Il fait un discours
très -long pour mettre en évidence les crimes des députés détenus
et de leurs adhérens , leurs liaisons avec la cour , leurs
efforts pour sauver Louis Capet , lent correspondance avec Dumoutier
, las protection qu'ils ont toujours accordée aux mal
veillans , aux aristqorates , aux émigrés , la haine qu'ils ont
( 135 )
constamment manifestée contre les patriotes , les effors qu'ils
ont faits pour les opprimer, la joie qu'ils ont témoignée toutes les
fois qu'il arrivait de mauvaises nouvelles à la Convention , leur
correspondance avec les administrations des départemens , pour,
les porter à l'insurrection qui éclate dans ce moment : tels sont
les principaux chefs d'accusation . L'orateur a conclu par de
mander le décret d'accusation contre ceux qui ont été désignés
par le comité de salut public . L'Assemblée a vivement ap
plaudi le discous de Billaud-Varennes , et en a ordonné l'impres
sion , la distribution et l'envoi aux départemens , afin d'éclairer
l'opinion publique .
-
Le comité d'alienation a fait adopter , après une longue dis
eussion , un projet de décret , portant la suppression des droits
casuels et féodaux indistinctement , saus indemnité , et le bra
lement des titres de ces droits le io août prochain dans chaque
commune . La peine de deux ans de fer est portée contre cens
qui en garderaient ; toutes procédures civiles, et criminelles re
fatives à la perception de ces droits sont annulées et les dépens
compensés .
J
On donne lectura d'une lettre dés représentans envoyés dans
le département de l'Eure ; ils annoncent que deja les hostilités
out commence , mais que les soldats de Buzot out évacué Pacy
et fui vers Evreux .
Les commissaires à l'armée de la Vendée annoucent quedes
rebelles ont évacué plusieurs de leurs postes les plus importanss
Nantes est entiérement dégagé ; les communications avec Renues
et Brest sont rétablies .
Une lettre de Biron annonce sa démission.
Séance extraordinaire du lundi soir.
Cette séance a été presqu'entiérement consacrée à recevoit
des citoyens ou députations de sections , qui sont venus témoi
gner leur douleur et leurs regrets de la perte que le peuple
venait de faire en la personne de son plus zélé défenseur.
Frappez tous les conspirateurs , ont dit les hommes du 10.
août ; mettez à prix la tête des Capet fugitifs : pourquoi laisser
encore au Temple des individus de cette famille.
Quelques pétitions particulieres out été renvoyées aux comites
qui les concernaient.
Barrere donne lecture d'une lettre du général Beauharnais ,
en date du 8 , sur l'etat où se trouve Mayence , d'après le raps:
port de deux citoyens échappés de cette place. La garnison fait
toujours bonue defense ; les approvisionnemens sont en abon
dance : les commissaires Rewbel et Mer in partagent la gloire
et les dangers des soldats . Il es vrai que le commandant Meye
nier est mort de ses blessures ; c'est Aubert Dubayer qui cong
manie actuellement dans Cassel. Les deux citoyens qui ont
rapporté ces faits , oat confirmé la nouvelle que le fils du roi
de Prusse et alkreath oat failli tomber entre les mains des
Français.
I
4
( 136 )
le PARIS , k 18 juillet 1993.
COMMUNE. - Conseil-général , du 10 juillet,
Un membre annonce que la sestion de la Fraternité
envoyé des commissaires dans le département de l'Eure ; qu'u
de ces commissaires , Mouchet , est porteur d'un manifeste
des rebelles qui se trouvent dans le département de l'Eure
que la section de la Fraternité , induite en erreur , a invité
des commissaires de chaque section pour en entendre la lec
ture , que cette piece est une véritable déclaration de guerre
civile , un manifeste contre la constitution et contre la Con
vention ; que son but , et sur-tout son résultat , est d'empêcher
le recrutement. Sur le requisitoire du procureur de
la commune , le conseil prend pour dénonciation les faite
articulés ci-dessus , arrête qu'ils seront sur-le-champ communiqués
au département de police , comme empêchant le reerutement
ordonne que le comité de police prendra dans
Fintant toutes les mesures pour étouffer ce nouveau ferment
de contre-révolution.
Du 11. Le procureur de la commune donne lecture d'une
lettre qu'il vient de recevoir du département de l'Eure ; cette lettre
annonce que la guerre civile est prête à y éclater. Les citoyens
orient : vive la République , et ils ne veulent pas reconnaitre
la représentation nationale . Wimpfen a fait afficher une preclamation
où il est dit que le département de l'Eure ne marche
pas sur Paris , mais vers Paris et pour Paris. Gette lettre contemait
d'autres faits que Chaumette n'a pas éru devoir lire en
public.
Du 12. Le conseil- général casse un arrêté pris par l'assem
blée-générale de la section de la Fraternité , par lequel elle
déclare que les scellés apposés par l'administration de police
sur les papiers du citoyen Mouchet , l'un des commissaires
qu'ellé a envoyés dans le département de Eure , seront levés
par des
arrête
commissaires
nommés
par
elle. Le conseil
général arrête en outre que l'administration de police poursuivra pardevant
le tribunal révolutionnaire les auteurs et signataires
dudit arrêté , comme tendant à propager les principes du
fédéralisme.
Un membre fait le rapport de l'état du contingent. Il en ré
sulte qu'à l'exception des trois sections dont le contingent
n'est pas encore complet , toutes l'ont fourni.
Du 13. On annonce au conseil l'assassinat et la mort de
( 13,4
4
Marat, Hebert requiert le conseil de demander à la Cop
vention les honneurs de l'apothéosé pour l'Ami du Peuple. Us
membre propose de plus que son buste soit placé dans la
salle da conseil -général le réquisitoire et la proposition sont
adoptés. Le conseil nomme une commission pour aller sur-le
champ apposer les scellés sur les papiers de Marat.
Malgré la douleur qu'a excité parmi le peuple l'assassinas
de Marat , la tranquillité publique n'a pas été un instant trou
blée ; on allait en foule dans l'église des Cordeliem voir son
corps embaumé , et exposé sur un lit de parade , le même
qui servit aux funérailles de Lajouski. Le convoi a eu lieu le
16 au soir ; on y voyait la baignoire dans laquelle il était
lorsqu'il reçut le coup mortel , et la chemise ensanglantée qui
l'enveloppait. Le corps était porté à découvert. Plusieurs
orateurs ont en diverses stations , prononcé des discours
Féloge de l'Ami du peuple. Sorti sur les 7 heures de l'église
des Cordeliers , le convoi n'est entré qu'après minuit dans le
jardin qui porte ce nom. C'est là que les restes de Marat ont
été inhumés sous les arbres . La porte du jardin était tendne
d'une tentaré aux trois couleurs , et illuminée. Elle avait pour
inscription : Temple de la liberté.
On avait répandu qu'il y avait à l'Hôtel-Dieu une maladie
contagieuse. Ce bruit a été entièrement démenti par la section
de la Cité et par le rapport des médecins. Ils assurent même
qu'il y a moins de malades qu'à l'ordinaire , relativement à le
saison et aux chaleurs excessives qui nous donnent depuis
quelques jours la même température qu'à St.-Domingue.
On assure que le comité de salut public a destitué le général
Custines. Un courier , dit- on , est parti de Paris le 14 pang
lui annoncer cette nouvelle .
Condorcet s'est soustrait par la fuite au décret d'arrestation
lancé contre lui. Le citoyen Castellaune , prévenu de compli
cité dans le complot forme de faire monter le fils de Lenie
Capet sur le trône , à et a Neuilly ett traduit l'Ab,
baye. On assure que Miranda a été conduit à la Forec.
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
Il y a environ 15 jours que le tribunal révolutionnaire était
occupé de l'affaire des accusés d'Orléans . On connaît le fond
de ce procès . Les accusés étaient au nombre de treize . Quatre
seulement ont été acquittés . Les neuf autres ont été condam
nés à mort d'après la déclaration du juri , portant qu'ils étaient
( 138 )
les auteurs ou les complices d'un assassinat commis sur la
personne de Léonard Bourdon , représentant du peuple. Ils
ont subi leur jugement le 13 , sur les trois heures . Voici
feurs noms : François Couet , agent-de -change ; Joseph Buissor ,
négociant ; Jean Duvivier , marchand de bas ; Jacques Jacquet
le jeune , propriétaire ; Jean-Baptiste Poussot , propriétaire ;
Jean- Baptiste Quesnel , musicien ; Charles-Philippe Nonneville,
propriétaire ; Pierre Tassin Moncourt , ci devant seigneur ;
Jacques Broue de la Salle , blanchisseur de circ .
Le tribunal révolutionnaire s'est cccupé hier , tout le jour ,
du procès de Charlotte Corday. L'affluence des spectateurs
était prodigieuse. Duperret et Fauchet .ont aussi comparu . La
meurtriere de Marat a tout avoué ; elle n'a montré ni craîute ,
ni remord. Elle a répondu à toutes les questions qui lui ont
été faites avec une précision , une imperturbabilité et un sang.
froid qui étonnaient tout l'auditoire . Elle a constamment nié
toute espece de complicité avec qui que ce fût , et prétendu
qu'elle ne s'était déterminée à cet attentat que par la persua
sion que celui qu'elle avait pris pour victime était le principal
auteur des maux de la France : elle était tellement résolue à commetire
ce meurtre , que si elle n'eût pu le trouver Marat ailleurs ,
elle l'eût poignarde au sein même de la Convention . Elle a
été condamnée à mort , et exécutée à 7 heures du soir sur la
place de la Révolution . Elle a marché au supplice avec le plus
grand calme.
Interrogatoire de la fille Corday.
Premierement , à elle demande ses noms , surnoms , âge
qualités , pays et demeure ; a repondu se nommer Marie -Anne-
Charlotte Corday , ci-devant Darmant , natives de la paroisse
Saint-Saturnin -des - Lignerets , ci - devant Deséez , agée de 25 ans
moins quinze jours , vivant de ses revenus , demeurant ordinairement
à Caen , lieu de sa
le sa résidence , et presentement logée
rue des Vieux - Augustins , hôtel de la Providence . d
A elle demandé depuis quel tems elle est à Paris , et quel à
été l'objet
son voyage dans cette ville ; a répondu y être
de jeudi dernier avec un passe-port qu'elle avait obtenu à Caen ,
dont elle est partie le
ville sans aucun
de
d'avant , et être venue dans cette
A clle demandé s'il n'est pas vrai qu'heure présente elle
s'est introduite chez le citoyen Maat , qui était alors au bain ,
et s'il n'est pas également vrai qu'elle a assassiné ledit Marat
avec le couteau que nous lui représentons à l'iustant. A répondu
que oui , et qu'elle reconnaît le couteau.
et
A elle observe qu'il ne nous parait pas naturel qu'elle ait
concu ce dessein execrable de son propre mouvement ,
interpellée de nous declarer les persones qui l'ont engagée
à cette attentat , ainsi que de nous nommer les persones
qu'elle fréquente ordinairement dans la ville de Caen. A ré-
.97 9.
( 139 )
pondu qu'elle n'a communiqué son projet à ame qui vive
qu'il y avait quelque tems qu'elle avait le passe -port qui lui
a servi pour venir à Paris ; qu'en partant mardi dernier de
Caen , et quittant une vieille parente chez laquelle elle de
meure la citoyenne Coutelier de Breteville , veuve , âgée de
60 et quelques années ) ; elle répondante a seulement dit qu'elle.
allait voir son pere ; que très- peu de personnes fréquentaieut
la maison de cette parente , et qu'aucune n'a jamais rien si
de son dessein.
1
$1.26600 Sh
A elle observé que suivant sa réponse antécédente ,Pily a
tout lieu de croire qu'elle n'a quitté la ville de Caen que
pour venir commettre cet assassinat dans la personne du
citoyen Marat ; a répondu qu'il est vrai qu'elle avait ce dessein
, et qu'elle aurait pas quitté la ville de Caen si elle
n'eût eu l'envie de l'effectuer.
Sommée de nous déclarer où elle s'est procuré le couteau
dont elle s'est servi pour commettre ce meurtre ; somme de
nous dire quelles sont les personnes qu'elle a vues depuis
qu'elle est à Paris ; et enfin de nous rendre compte de ce qu'elle
a fait à Paris depuis le jeudi qu'elle y est arrivée. A répondy
avoir acheté le couteau dont elle s'est servie pour
assassiner
Marat, le matin à 8 heures , au Palais - Royal , et Pavoir paye
40 sous. Qu'elle ne connaît personne à Paris , où elle n'est jamais
venue. Qu'arrivée le jeudi , vers le midi , elle s'est conchée
, n'est sortie de son appartement que le vendredi matin
pour se promener vers la place des Victoires et dans le Palais-
Royal ; que l'après midi elle n'est point sortie ; qu'elle s'est
wise à écrire differens papiers que nous trouverons sur elle ,
qu'elle est sortie le matin , a été au Palais - Royal vers les sept
heures et demie , huit heures ; y a acheté le couteau dont nous
avons parlé ci -dessus ; a pris une voiture place des Victoires.
pour se faire conduire chez le citoyen Marat , auquel elle n'a
pu parvenir ; qu'alors retournée chez elle , elle a pris le parti
de luf écrire par la petite-poste , et sous un faux prétexte de lui.
demander une audience ; qu'elle repondante , sur ics 7 heures
et demie du soir , avait pris une voiture pour se présenter ekez
le citoyen Marat , y recevoir la réponse à sa lettre ; que crainte
d'essuyer encore un refus , elle se tait precautionuée d'ane
autre lettre qui est dans son porte- fenille et qu'elle se propo
sait de faire tenir audit citoyen Marat ; mais qu'elle n'en a point
fait usage , ayaut été reçue à cette heure ; enfin , que son projet
n'était point un projet ordinaire ,
z A elle demande comment elle est parvenue cette seconde for
auprès du choyen Marat , et dans quel tems elle a comihis ce
crime envers sa personue. A répondu que des femmes lut
avaient ouvert la porte ; qu'on avait refusé de la laisser entree
auprès de Marat ; mais que ce dernier ayant entendu la repon
danté insistèr , il avait lui-même demande qu'on l'introd
auprès de son bain qu'il avait fait plusieurs questions à la’res
( 140 )
gandante sus les députés de présent à Caen , sur leurs noma of
Feux des officiers municipaux ; que la répondante les lui aval
nommés ; et que Marat ayant dit qu'ils ne tarderaient pas à être
guillotinés , c'est alors qu'elle répondante a tiré son couteau
qu'elle portait dans son sein , dont elle a anssi-tôt frappé le cir
40yen Marat dans son bain.
A elle observé si, après avoir consommé ce crime , elle p'a
à
pas cherchée parla fenêtre a répondu que non
qu'elle n'a eu aucun dessein de s'évader par la fenêtre , mais
qu'elle se fût en allée par la porte , si on ne s'y fût opposé..
NOUVELLES DES DÉPARTEMEN 8 ,
3.A
Extrait des lettres des commissaires Robert Lindet et Durog daws
le département de l'Eure.
De Vernon le 14juillet . Les rebelles qui s'étaient approche
Vernon le 12 , et qui avaient été repoussés, ont reparu le 15
'armée a été au-devant d'eux. Le chef de brigade Imbert , qu
avait le commandement de l'armée en l'absence du general ,
fait les plus sages dispositions. Il a déploye les forces qu'il come
mandait avec un avantage qui en a imposé. Les révoltes ont tire
*
ou 5 coups de canon l'armée de la République , qui n'avait
jusqu'alors opposé que des évolutions , des marches et des
mouvemens , attendait l'ordre du général pour repousser la
force par la force. Le général a ordonné aux canonniers degiver.
30 ou 40 conps , tirés avec une extrême vivacité avec
deux pieces de quatre , ont forcé les révoltés à quitter le champ
de bataille et faire une retraite assez prompte du côté de la ville
d'Evreux Pacy s'en trouve évacue. Larmée a bivaque ; le
général a fait toutes les dispositions nécessaires pour prévenit
sonte surprise , toate alarme , et repousser les rebelles, s'ils se
présentent encore. şi
Le général Sepher arrive ce soir. f IIC 1 h si..
Pasy , le 15 juillet. Les citoyens de la ville d'Evreng
ont pas été plutôt délivrés de la présence des rebelles , qu'ile
ent librement émis le van, de tester attacher à la Républi
que et à la Convention, sent arrêté d'aller
118 -devant de
représentans du peuple , et de fraterniser avec l'armee qui viens
ge des délivrer du joug de leurs oppresseurs. La ville d'Evreux
est entierement libre. Les rebelles fuyent et se retirent dans
Le Calvados, L'avant-garde de l'armée de la République est as,
zivée à Pacy , où l'état-major est réuni . Nous avons reçu ef
embrassé les députés de la commune d'Evreux , qui attendait
sotre arrivée pour convoquer les assemblees primaires et ace
cepter la constitution. Nous nous rendrons demain avec l'asq
( 141 )
9
mée à Evreux où nous ne trouverons que des freres et des
amis. Les administrateurs coupables les chefs de la cons
piration out pris la fuite , leurs troupes se dispersent et seme
lent s'évanouir.
D'Avignon te 8 juillet . Le cinq de ce mois on apprend que
Jes Marseillais sont en marche de Tarascon vers Noyes. On
bat la générale. On envoye 500 hommes et deux pieces de
canon qui se portent en avant de l'auberge de la Barque sans
penser à aller occuper la Chartreuse. Les deux compagnies
Marseillaises viennent le même jour s'emparer de ce poste
important. Le lendemain 6 , à 4 heures du matin, les Marseillais
envoyent un gendarme avec ue proclamation pour s'annoncer
comme amis. On arrête le gendarme et l'on tire , pour toute
réponse , les deux canons sur les Marseillais ; ils ripostent
avec leurs pieces de 18 : nos gens se débandent et abandon-
Bent leurs canons. Les Marseillais passcut la Durance à leur
dise et viennent camper aux environs de la grange d'Islaud . On
Bat encore la générale , le même soir , dans la ville ; mais
elle produit encore moins de monde que la premiere fois,
Les fédérés Orangeais et autres , voyant les Aviguouais la
sher le pied se reuxent , et ils pe reste que les detachemens
d'Aubignan , de Châteauneuf et Entraigues. Dans la anit du 6
Su 7, arrive une lettre du général Marseillais portant qu'on ait à
lui ouvrir les portes , à vider les postes , à ne se montrer nulle
part en armes dans les rues , a ous peine de mort, Le matis
on apperçoit les Marseillais ; on vient conseil dans le tumulte
st après bien des délibérations inutiles , en finit par charger
Arnoux ,
curé d'Aubignan d'aller traiter des conditions. Una
moment après , sans attendre ni réponse , ni ordre on re
fire les canons , on ouvre les portes , et à 5 heures et demie
quartier- maître du bataillon Marseillais arrive seal , engage
les corps administratifs à aller au-devant des Marseillais. Ils
marchent accompagnés de quatre fusiliers. Au milieu de la
grande rue, les commissaires Marseillais se présentent aux corps.
administratifs. Le maire était applandi par-tout , comme ayans
sauvé la ville . Quelques pas plus loin , un officier de gen
darmerie Marseillaise arrive à cheval et signifie au maire qu'il
sit à faire fermer les portes de la ville , excepté selle de
Saint-Lazare. Le maire hésite ; l'officier réitere imperieusement
Fordre ; un valet de police part pour le faire éxécutér. A la
porte de Saint- Lazare était le commandant Marseillais qu
Parle au maire avec indignation des coups de canon tirés la
veille et qui menacent les factieux , on se mot en marche ș
la garde de la maison commune est désarmée , quelques personnes
sont arrêtées. Il paraît qu'on va faire un désarmement
général. Extrait des nouvelles politiques.
?
( 142 )
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NORD. Valenciennes .
On ignore encore si Condé , dépourvu de vivres et de munitions
, a été obligé de se rendre ; mais alors Valenciennes
éprouverait un feu plus vif et ses dangers seraient très -grands .
Dès le 21 juin , les Autrichiens avaient fait répandre avec profusion
, dans cette derniere ville , un manifeste où ils invitaient
Jes habitans à se livrer à eux , et il fallait que cette place eût
déja bien souffert , puisqu'à cette époque une partie des habitans
firent des démarches auprès du commandant pour l'inviter
à écouter ces propositions. Le commandant y répondit
proclamation suivante :
Citoyens , le conseil-général de la commune m'a rendu
compte des représentations que plusieurs citoyens et citoyennes
lui ont faites , relativement à la malheureuse situation dans
laquelle ils demeurent : 97་
å
A
Comme vous , chers citoyens , je suis sensible à ce malheureux
événements j'en verse même des larmes ; mais je ne
peux envisager qué non devoir envers la patrie. La loi me preserit
, sous peine de mort , de ne pas abandonner la defense des
remparts ,jusqu'au terme qu'elle indique ... Songez, citoyens, que
la ville de Valenciennes appartient à la nation entiere . Elle est
une des principales clés de la France . Voulez -vous que je trahisse
25 millions de nos freres , qui se reposent sur la force de
cette place , et qui vraisemblablement font marcher une armée
considerable pour venir à notre secours ....... Vous pouvez dis-
Poser de ma vie , mais jamais de mon devoir. Je vais m'occuper
des moyens de donner des syles à toutes les femmes et à tous
Fes enfans. Je vous exhorte à maintenir le calme et la tranquillité
publique ; car , si je voyais le moindre tumulte , le moindre,
rassemblement où le moindre acte défendu par la loi , je ne
pourrais plus ine dispenser de faire mon devoir et d'user de la
plus grande rigueur , quoi qu'il pût en coûter à non coeur et à
mon affection pour vous tous. 19%
315 FERRAND , générat de division , commandant la place .
• SANDINGAN JA
Du 10 juillet. La puisance des rois coalisés est venu se bril
ser contre les murs de Valenciennes , ils pourront faire de?
cette malheureuse ville un monceau de ruines et de cendres
mais ils ne pourront jamais dompter le courage invincible
de ses habitans , et des soldats républicains qui défendent ses
remparts l'histoire me founit pas d'exemple d'ua bombardeş
ment aussi cruel que celui qu'éprouve cette place. Depuis trois
semaines près de 200 bouches à feu jouent nuit et jour sur
འ་
( 143 )
la ville ; la garnison fait journellement des sorties non moins
funestes pour l'ennemi , que des batailles perdues . Cobourg
voyant que la place modérait son feu , crut qu'elle était dépour
vue de munitions , et résolut de tenter une escalade dans la
nuit du 5 au 6 , par les Anglais , les grenadiers Hongrois
et les Hanovriens , ar moyen de barques charges d'échelles
qui furen lances dans les fossés . Le géneral Ferrand s'apperçut
du dessein des ennemis , les laissa approcher , et comme ils se
disposaient à appliquer les échelles , il les assaillit aussi-tôt d'une
pluie de balles et de mitraille qui les atteiguit de toutes parts.
On évalue à 6000 hommes le nombre de cex qui sont restés
victimes de cette téméraire entreprise . On sait d'une maniere
positive que Cobourg était déterminé à sacrifier 5000)
hommes pour en assurer le succès . Les assiégeans repoussés
pirent la fuite en désordre , et furent poursuivis jusques dans
leur camp. L'explosion d'une mine qu'on fit saer dans le
même instant au Roulleux , acheva leur défaite .
2.6.4
Depuis le commencement du siege , l'ennemi a perdu une
giande quantité de pieces prises , enclouées ou mises Hors
d'état de servir. Une maladie épidémique , causée par les
exhalaisons fétides des bois de Raismes et du camp de Famars
porte la désolation dans l'armee des alliés . Les hôpitaux de
Mons et de Bruxelles ne peuvent suffire pour contenir tous
les malades et les blessés .
C
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi et du
mertredi. Bu
Mardi 16juillet. , Nouvelles désastreuses arrivées de Saint-
Domingue où l'anarchie est à son comble. Polverel et Santhonas
sont accusés d'être les autents des maux qu'éprouve aujours
d'hui cette colomie. 11 paraît que le projet de ces perfides.
agens est de la livrer aux Anglais. Decret d'accusation contre
Polverel et Santhonax.
-
Dubois-Dubay , représentant député , écrit de Maubeuge ,
en date du 12 juillet , que le general , Tourville a pris une 12
redoute autrichiennee en avant de cette ville ; l'action , a été
brillante , toutes les troupes qui y ont eu part se sont parfais
tement bien conduits. yapeet
Custines cerit de Cambray , le 17 juillet : 66 Hien , les troupes
de la République ,, forcées d'abord par l'ennemi à se retires
du poste de Saint -Amand , l'out a leur tour forcé à la retraite.
après un combat qui a duré deux heures. Dix-huit de nos
soldats ont été pris ou tués dans cette action , un grand nombre
d'ennemis ont perdu la vie. Le même, général envoie plusieurs
lettres et imprimés qui lui ont été adressés par les fédéralistes
de Bordeaux et de Caen , et par Félix Wimpfen ; ik envoie en
même-tem les réponses fortes et républicaines qu'il a faites.
( 244 )
Costines se plaint, de ce que le ministre de la guerre enlève &
Farmée du Nord des bataillons entiers et de la cavalerie
pour les faire marcher ailleurs , it déclate qu'il donnera les
ordres les plus formels pour empêches qu'aucun des corps qui
composent les deux armées du Nord et de la Moselle se
mettent en marche pour l'intérieur , sans une autorisation
expresse de la Convention. - Renvoyé au comité de salut
public,
"
La piece de Bordeaux , datée de 30 juin , est signée Grangeneuve
le jeune , président. Il
y est dit
que
80 mille hommes an
oinsarriveront sous peu de jours à Paris poury mettre les anarchistes
à la raison , rétablir l'intégralité de la Convention , etc.
Le général y est invité à s'unir d'intention avee les Bordelais ,
rester inébranlable à son poste , pour combattre les ennemis
du dehors , tandis qu'eux combattront les ennemis du
dedans , pour affermir et consolider la République une et indi
visible.
Celle de Wimpfen , datée de Caen , le 2 juillet , est à peu
près dans ce même sens.
Les deux réponses de Custine's sont , qu'il regarde la dé
mande des départemens réunis comme un attentat contre
T'unité et l'indivisibilité de la République ; que fidele à ses ser
mens dans la majorité il reconnaît la Convention ; et danë
la minorité , des factieux dont Wimpfen est le chef, etc.
Mercredi 17. Chabot demande que , pour s'être soustraits
an décret d'arrestation porté contre eux , Grangeneuve et
Condorcet soient mis hors de la llọoii.. Reavoyé au comité
de salut public.
4-
- Lacroix demande que la Convention déerete que la maison
Buzov sera rasée. Il faut savoir , observe un autre membre ,
si vraiment Buzot a une maison qui lui appartienne en propre.
Cela supposé , répond Thüriot , ce sera rendre service au
eitoyen auquel elle appartient que de la faire consumer pår leg
fammes. Décrété . -
Les commissaires près l'armée des côtes de la Rochelle ,
éerivent, en date du 11 que les corps administratifs de Id
Ville de Nantes avaient adhéré , le 5 dé ce mois , à la coalition
départementales et que le général Beysser , s'était mis à la
tête de la garnison de Nantes pour marcher contre Paris .
Lag Convention à déclaré traîtres à la patrie , et mis hors la
boi , Beysser , les signataires de l'arrêté , et Constard , député
➜ la Convention , qui a refusé de se rendre dans son sein.
ERRATA. Dans le Mercure précédent , nº. 102 , à l'article
Commune de Paris , page 90 , deuxieme paragraphe , an lit
Chabót au nom du comité de sûreté générale. Tout ce morceau
eat transposé. Ildois faire suite à du séance du lundi page v 88
1
( No. 105. 1793. )
Jer . 135.
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 3 ACUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE.
A mon ami qui me reproche mon inactivité poétique .
QUAND
UAND la foudre à grand bruit épuisant ses carreaux ,
Nous fait craindre ou gémir sur nous et sur nos freres ,
Quand la patrie en pleurs , au sein de ses miseres ,
Voit ses propres enfans devenir ses bourreaux ;
Quand l'airain meurtrier de toutes parts résonne ,
Puis-jé mêler sans honte , en ce désordre affreux ,
Les chants du dieu des vers aux cris des malheureux ,
Et la fûte de Pan au clairon de Bellone ?
Non , non de l'Hélicon les bosquets sont déserts ,
Les neuf Soeurs du fracas semblent épouvantées ;
Et qui pourrait porter , sans troubler leurs concerts ,
Sur leur paisible luth des mains ensanglantées ?
O mes concitoyens ! quel démon odieux
Agite parmi vous sa torche incendiaire ?
Fermerez-vous long-tems , égarés , furieux ,
Vos coeurs à la raison , vos yeux à la lumiere ?
Pourquoi contre vous-même êtes-vous conjurés ?
Voulez-vous transformer , enfans dénaturés ,
Vos sillons nourriciers en vaste cimetiere ?
Liberté ! liberté ! non , ne le pérmets pas ;
Sur les bords de l'abîme arrête enfin leurs pas.
Qu'à ta voix l'anarchie et son hideux cortege
Purge le sol français de son aspect impur.
Viens , montre- toi ; replonge en son repaire obscur
De tes profanateurs la horde sacrilege.
Sous la pourpre ou la bure écrase les tyrans ;
De son trône usurpé fais tomber l'ignorance ;
Sois le soutien du peuple et l'effroi des brigands ;
De ce peuple abusé fais cesser la souffrance .
Daigne de trois fléaux le sauvant à la fois
L'arracher au désordré , à la famine , aug rois ;
Tome IV. N
( 194 )
F
Et qu'au sein de la paix retrouvant l'abondance ,
Pour être libre et grand , il obéisse aux lois.
Alors , ô mon pays ! ma lyre détendue
Saura se ranimer pour peindre mes transports ;
Et si durant tes maux le deuil l'a suspendue ,
Ton bonheur pourra seul lui rendre ses accords .
LA CHABEAUSSIERE.
SIMPLE
CHARADE.
IMPLE et modeste en sa parure ,
Philis ignore mon premier.
Son sopha n'est que de verdure ;
Son miroir n'est que mon dernier.
Quelques fleurs forment sa couronne :
Celle qu'on porte sur le trône
Serait pour elle mon entier,
Par le cit. H***. , vieaire épiscopat.
ENIGMĘ.
Je suis latin, français : en veux tu voir la preuve ?
Latin , je donne rien ; français , je donne un fleuve,
LOGO GRIPHE.
Ja suis cet utile théâtre
Our Cérès aux jaunes épis ,
Se fait battre par ses amis .
Mes pieds sont au nombre de quatre.
Quand on m'en ête le premier ,
Je pousse les humains jusqu'à s'entredétruire :
Et par moi tout vit et respite
Qusad on m'en ole le dernier.
ちょPar le cit. H*** ,, vicaire épiscopal,
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 104.
Le mot de la Charade est Dépouille ; celui de l'Enigme est Limaçan ;
celui du Logogriphe est Sore , dans lequel on trouve soi et aye.
( 195 )
CONTE.
LE BON FILS.
M. DUVAL , commerçant estimable par son intégrité ,
tenait à Rouen une bonne maison qu'il avait commencée
ties-jeune . Chef d'une nombreuse famille , il exerçait sur elle
F'autorité paternelle avec toute la rigueur d'un caractere violent,
opiniâtre et despote. Sa femme , modele de douceur et des agré
mens de son sexe , faisait son unique étude d'adoucir les
effets des emportemeus de son mari , de charmer son humeur
de le maintenir en paix avec ses enfans et lui-même ; mais
trop souvent ses efforts étaient rendus inutiles .
Léonard , leur fils ainé , avait reçu de la nature une de
ces trempes que modiñent aisément la prudence et la sagesse
d'un instituteur modéré , mais qui se révoltent ouvertement
contre Fexercice d'une autorité arbitraire on passionnée . 11
fut dont impossible d'éviter de fréquentes altercations entre lui
et son pere dont l'austérité , la rudesse déterminaient sa rési
tance et finissaient par la rendre indomptable .
Ces malheureuses dissentions augmenterent avec l'âge
dont la bouillante chaleur ne connaît plus de frein lorsqu'il
n'a pas été imposé de bonne heure par une main habile ;
Léonard avait atteint dix-huit ans , lorsqu'un jour , à la suite
d'une violente querelle , son pere furieux de ne point obtenir
une soumission qu'il n'avait jamais su qu'exiger , le mit à la
porte avec defense de se représenter devant lui .
Le jeune homme avait trop de fierté pour qu'il fût néces
saire de répéter deux fois cette defense ; dépourvn de tout ,
mais rempli de cette confiance qui tient au sentiment de ses
forces et de son courage , il sortit de la ville à l'instant , et
se mit en chemin pour le Havre. Arrivé dans ce port , fatiqué
d'une route précipitée , il rencontra un capitaine de
wisseau avec lequel sa famille avait en quelques relations , et,
à force d'instance , il obtint la permission de l'accompagner
dans le voyage qu'il était sur le point d'entreprendre pour
. Domingue,
Quelque violent qu'eût été l'emportement de M. Duval , la,
nature ne perdait pas ses droits , et ce pere tyrannique ne
put échapper au regret d'avoir été și bien obéi. La tendresse
maternelle fit éprouver de plus vives douleurs à sa sensible
epouse ; elle fut long-tems inconsolable de la perte d'un fils
dont sa touchante bonté lui avait assuré l'amour et le res.
pect. Son attachement pour ses autres enfans , lui conserva
une vie toujours marquée par des sacrifices , et remplie de
ces soins généreux qui suppléens au bonheur. Ses rechers
N
( 196 j
ches ne lui apprirent que l'embarquement de Léonard sang
l'éclairer sur les événemens subséquens qui pouvaient le concerner.
A cette cause de chagrin se joignirent bientôt des circonstances
fâcheuses ; des faillites inattendues , des pertes répétées
, une entreprise considérable dont le succès fut manqué
par les différends survenus entre M. Duval et les associés qu'il
s'était choisis , ébranlerent successivement sa fortune et son
crédit , et finirent par les ruiner. Après fort peu d'années
de revers et de tentatives pour en réparer les suites , il fut
obligé de se retirer à la campagne , où , consumé de mélancolie
et avec une santé altérće , il élevait sa nombreuse'
famille dans l'obscurité d'un état plus voisin de l'indigence
que de la médiocrité .
L'infortune de M. Duval lui valut cependant un avantage
qui ne peut êtrẻ trop payé ; son caractere se modera par
degrés . Sa raison reçut , de la puissante adversité , une force
que rien autre n'avait pu lui procurer ; il apprit à subjuguer
ses passions en s'efforçant de les maîtriser pour diminuer
les souffrances de ses compagnons de malheurs , et il
ne considérait plus qu'avec attendrissement sa digne femme
dout les qualites aimables lai devenaient chaque jour plus
précieuses .
Durant cet espace de tems , Léonard avait éprouvé les
vissicitudes du sort. Sa premiere navigation avait été malheureuse
; le capitaine , dont il s'était bientôt fait chérir par
l'activité de son esprit , par ses manieres franches , mourut
dans la traversée ; le jeune abandonné fut jeté au Port-au-
Prince sans argent , sans patron , sans ami. Il serait péri
de besoin sans un richie négociant qui prit compassion de
lui et l'emmena dans sa maison ; après s'être assuré de son
intelligence et de sa fidélité dans un emploi de peu de conséquence
, il l'initia dans la connaissance de son commerce .
La pénétration , l'exactitude et la diligence de Léonard le
rendirent si recommandable que des soins plus importans lui
färent confics ; il fut envoyé successivement aux Antilies et
dans les Etats - Unis ; il traita plusieurs affaires majeures avec
tant d'habileté qu'il augmenta la confiance de toutes les correspondances
, et assura des avantages immenses à la maison pous
laquelle il travaillait , et aux intérêts de laquelle il fut assodie
. Sa fortune , commencée à cette époque , s'accrut avec
rapidité .
L'impression que lui avait laissée le traitement qui lai fit
quitter la maison de son pere , la nécessité de travailler au
soutien de son existence et le train des affaires au milieu
desquelles il était plonge , suspendirent pendant long - tems et
semblaient avoir efface toute affection filiale . L'asyle paternel
ne s'offait à sa pensée que comme le théâtre d'un châtiment
cruel et non merite . Cependant , la nature le lui pré-
J
( 197 )
A
de son
sente par degré sous un aspect moins repoussant ; un grand
tervalle , une situation heureuse adoucissent le ressentiment
coeur ; il s'attendrissait au souvenir de la constante
bonté de sa mere , des jeux et des caresses de ses freres et
saurs. Tous ses sentimens se lient , se rappellent , et lorsque
les plus affectueux reprennent leur empire sur un coeur
généreux , il n'en est pas un seul qui n'acquiere un nouveau
développement.
Léonard réfléchissant sur lui - même avec impartialité , vint
à excuser la sévérité de son pere , à condamner sa propre
obstination , enfin à la trouver également blamable .
Aux emportemens de la premiere jeunesse avait , succédé
chez lui cette raison dont l'expérience d'une vie agitée hâte
la maturité ; l'homme impétueux , coeur sensible , approchant
de l'époque où il peut senger à devenir pere à son tour
devient aussi plus juste appréciateur de ce qu'il doit à ses
parens .
Les douces impressions reçues dans l'enfance auprès d'une
mere chérie , l'attrait que ne perdent jamais les lieux où le
coeur s'ouvrit au sentiment de l'existence , les affections que
tous ces événemens particuliers à Léonard éveillaient chez
lui , le presserent si vivement , qu'il résolut d'abandonner les
flatteuses espérances que sa situation pouvait offrir , pour
l'accroissement de ses richesses : il recueillit celles qu'il avait
acquises , pour repasser en France , où il arriva après une
absence de neuf ans . Il apprit en débarquant le triste change.
ment de l'état de sa famille ; il s'informa de sa retraite , et , le
coeur plein d'une tendre émotion , il se rendit , avec empressement
au lieu qui lui fut indiqué.
-
C'était vers le soir , au moment où le couple infortuné
s'entretenait mélancoliquement auprès d'un sombre foyer. Une
lettre que M. Duval avait reçue ce jour même du propriétaire.
de sa petite habitation , jettait toute la famille dans la douleur
et l'abattement, Que ferai - je ? s'écriait- il , en tenant à la
main cette lettre ; il menace de nous mettre dehors faute
du paiement de quelque tems de loyer. Homme cruel !
mais , hélas puis - je espérer d'un étranger plus d'humanité
que je n'en ai montré à mon propre fils ? La réflexion
était trop pénétrante pour que madame Duval pût la supporter;
elle joint ses mains , gémit et pleure amèrement . La considération
de sa situation présente ne fixe pas sa pensée un seul
instant ; elle ne voit et ne pleure que sou fils , perdu depuis ,
long-tems . 1
La fille aînée , dont l'habillement commun cachait mal les
formes agréables et la taille élégante , s'approche tendrement
de sa mere , et tandis que des pleurs sympathiques se succedent
sur ses joues brillantes , elle joint une main aux siennes
et soutient de l'autre sa tête penchee. Le pere soupire du fond
du coeur , et deux jeunes garçons , les plus âgés de ceux qui
N 3
( 198 )
restent , fixent douloureusement leurs regards sur cette scene
pénétraute.
Quelques enfans , de cet âge où l'on n'a point encore lá
conscience du chagrin , étaient assis devant la porte ; ils
accoutent avec la nouvelle qu'une chaise vient de s'arrêter
près de la maison , et qu'un beau monsieur est descendu de cetté
voiture. Il entre le moment d'après, mais à là vue du grouppe
qui se présente devant lui , ses forces l'abandonnent , il tombe
sur le premier siege . La famille l'envirotiue ; la mere , jettaut
sur lui des regards avides , s'écrie : mon fils , on fils et
demeure évanouié à ses côtes ; M. Duval arrêté , dans un étounement
presque stupide , leve au ciel ses mains recounaissantes ,
met un genou en terre et ne fait entendre que cette exclamation
Grand Dieu , je te remercie ! Alors , il couit
à son fils , le presse sur son sein , et le rappelle à la vie par
ses tendres embrassemens. Léonard n'a pas putot recouvré ses
facultés qu'il implore de son pere le pardon des torts' de fa
jeunesse . Te pardonner , Léouard c'est toi , mou enfant
, que je dois inviter à oublier le cruel traitement que je
t'ai fait subir ! Il le prend dans ses bras et baigne sou
visage de ses larmes . La mene cependant restait sans connais
sance dans ceux de sa fille ; le reste de la famille confus ,
effrayé , ne sait que penser de cette scene , et les plus petits
commencent à jetter les liauts crits pour leur mere , dont
l'état ressemble à la mort.
:
Les soins de son mari , de son fils , furent long-tems employés
avant de lui faire donner quelques sigues de vie , et lorsque ses
yeux s'ouvraient sur l'objet chéri qu'ils avaient tous pleuré , elle
succombait de nouveau à des accès de faiblesse ; il fallut la
mettre au lit , où , par degré , elle reprit la force de considérer
ét d'embrasser le fils qui lui était rendu. La saur aînée , qui
reconnut aisément le compagnon bien-aimé de ses premiers
aus , lui témoignait la plus vive sensibilité .
J.
Après les douces et tumultueuses effusions succéderent les
questions ; Léonard raconta brièvement ce qui lui était arrivé ,
sans s'appesantir sur les circonstances pénibles , pour ne pas
renouveller des impressions douloureuses ; il finit par déclarer
à ses parens que ce qu'il avait acquis était à eux ; qu'il le
mettait à leur disposition , et qu'il ne voulait y avoir qu'une
part égale à celle de chacun d'eux tous . Sa piété filiale , la
générosité de son prócedé exciterent cette tendre admiration
qu'inspire la vetiu sins faste , et ajouterent aux regrets du
pere d'avoir si pen connu un tel fils . Il ne voulut point accepter
l'offre de Léonard dans toute son étendue , mais , empruntant
seulement une partie considérable de ses fonds , il se l'associa
dans de nouvelles entreprises de commerce , dont les succès
Je nient en état d'elever , de pourvoir honorablement ses
zuures enfaus , et de passer le reste de ses jours dans l'aisance
et la paix.
Par un anonyme.
( 199 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES
Fournal d'un vayage fait dans l'intérieur de l'Amérique septentrios
nalé , traduit de l'Anglais , et enrichi de notes , par M. Noët
ancien professeur de belles lettres au collège de Louis-le - Grand ,
avec cartes et figures ; 2 ' volumes in-8°. A Paris , chez Lavillette
· libraire , rue du Battoir , nº . 8.
713
Ce journal , qui embraise l'espace de cinq années , depuis
1776 jusqu'en 1781 , c'est -à - dire à peu près tout le tems que
dura la guerre des colonies américaines contre l'Angleterre .
est l'ouvrage d'un jeune ollicier Anglais qui servait dans l'armée
de Burgoyne , et qui resta prisonnier chez les Américains depuis
la journée de Saratoga , où l'armée anglaise mit bas les arines ,
jusqu'à la conclusion de la paix . On pourrait croire d'abord
qu'il est difficile à un prisonnier de faire un journal de voyage ;
mais si l'on considere que le congrès embarrassé plus d'une
fois de la garde de trois mille cinq cents hommes dans un
pays expose de tout côté aux invasions de l'ennemi , les
transporia successivement d'un endroit à un autre , et ea dernier
lieu les envoya de la baie de Massachuset en Virginie ,
on concevra aisément que dans une route de trois cents lieues,
du Nord au Midi , faite en corps d'armée , c'est - à - dire à petites
journées , et en séjournant souvent suivant le besoin et les
circonstances , ou a le teins de voir et d'observer. Les marches
font connaître le pays , et les séjours , pius ou moins longs ,
font connaitre les habitaus. Cependant , les observations de
l'auteur sont en général assez bornées et fort superficiellese
les détails d'histoire uaturelle se retrouvent à peu près pari
tout les détails militaires pourraient être beaucoup plus
curieux ; mais passé la première année , l'auteur ne fut plus
portée de les voir ; et même avant la défaite de Burgoyne , il
est fort concis sur les operations de la campagne . Pendant les
trois autres années , ce qui l'occupe le plas , c'est , comme o
peut se l'imaginer , la situation où il est avec ses camarades
d'infortune , et le traitement qu'ils reçoivent des Américains.
In'est pas étonnant que ce soit un sujet presque continuet de
plaintes et de reproches ; mais il serait fort hasardeux de
décider à cet égard entre les vainqueurs et les vaincus , dont
les récits seraient vraisemblablement fort différeus , et ici lon
n'entend qu'une partie . On peut croire qu'avec la meilleure
volonté du monde , le congres ne pouvait pas toujours veiller.
dans un si grand éloignement , à tous les besoins d'une armée
prisonniere. Quant aux procédés , ce qu'on apperçoit asser
distinctement c'est que les Anglais , malgré leur disgrace , da
1
N4
( 200 )
»
y
peut-être à cause de cette disgrace même , étaient fort loin de
s'être corrigés de cet orgueil insultant qui s'obstinait à ne voir
que des sujets révoltés dans ces nombreuses peuplades qui
voulaient être libres , et qui en avaient le droit ; qu'au lieu de
eette dignité calme et fiere qui sied toujours à de braves gens ,
ils laissaient trop percer un injurieux dêdain , mêlê de Fai
greur et du ressentiment qu'inspire le souvenir d'une défaite
et la honte de se voir captifs de ceux qu'on a méprisés ; que
les Américains , de leur côté , de plus en plus ulcér par
l'acharnement des Anglais à les asservir , et par la guerre
cruelle qu'on leur faisait , étaient enfin passés de ces anciens
sentimens de fraternité , qui avaient long-tems suspendu la rup
ture , à une violente animosité , à une aversion, profonde qui
ne laissait plus d'espérance de retour ni de conciliation . Ces
sentimens se manifestent également dans l'exposé des démêlés
dont ce journal nous rend compte ; mais il n'en est pas moins
juste de penser que , malgré cette disposition générale et
réciproque , les torts ont été personnels , et que le sort des
prisonniers dépendait naturellement du caractère des officiers
Américains qui les eurent tour à tour sous leur garde
eut non -seulement des duretés et des insultes , mais des violences
et des assassinats . Il ne paraît pas que les conseils de
guerre en aient fait une justice assez sévere mais l'auteur
n'en est pas plus autorisé à affirmer , comme ibale fait que
les Américains avaient formé l'horrible projet de massacrer
tous leurs prisonniers . S'il s'est trouvé un ou deux hommes ,
assez féroces pour maltraiter les vaincus , et même -ppour lever
le glaive sur eux , est - ce une raison pour attribuer à toute une
nation une atrocité dont aucun peuple policé west capable ?
L'auteur reconnaît lui-même que dans d'autres occasions et
sous d'autres officiers les Anglais furent traités aussi bieû
qu'ils pouvaient l'être , et l'on sait que tous revinrent dans
leur patrie , excepté ceux qui prirent le parti de s'établir en
Amérique. Il cite même un trait qui fait le plus grand hon
neur aux vainqueurs de Saratoga , et qui mérite d'être rap
porté dans les termes de l'auteur. « Quelque malheureuse
que soit notre situation , ce n'est pas le premier exemple
" d'une armée obligée de se rendre , témoin la capitulation
de Closter-Séven si honteusement rompte ( 1 ) ; et si vous
( 1 ) Cette capitulation était bien plus étonnante que celle de
Saratoga , puisqu'on y fit mettre bas les armes à une armée de
trente mille hommes ; ce qui , pour le dire en passant , était la
suite des belles dispositions du maréchal d'Etrées et de la victoire
d'Hastembeck , dont le maréchal de Richelieu në fit que recueillir le
fruit. Au reste , on ne comprend pas pourquoi l'auteur Anglais
trouve de la honte à ce que cette capitulation ait été rompue . Le
cabinet de Versailles refusa de la ratifier ; dèslots les Hanovriën.
étaient libres .
201 )
' ouvrez l'histoire vous trouverez dans le siècle dernier que
l'armée commandée par le duc de Saxe- Eysenac , consides
" rablement affaiblie par les fatigues et les pertes de la cama
pagne , fut obligée de se rendre au maréchal de Créqui. Ce
général accorda au duc un passe-port conçu dans les termes
les plus honnêtes , par lequel il lui permettait de passer avec
son armée par une route désignée , et défendait à tout officier
" ou simple soldat de l'armée française de faire la moindre
insulte an duc ou à ses troupes pendant leur séjour en
Allemagne . Le général Gates a imité le maréchal à cet égard ;
car après que nous avons eu rendu nos armes et que notre
" marche a été réglée , nous avons passé au milieu de l'armée
" américaine sans que j'aie remarqué un seul regard d'risulte
» ou de mépris ; et c'était une douce satisfaction pour nous
» de voir que l'antipathic qu'on nous a si long- tems témoi
guée avait fait place au traitement que prescrivent les maximes
de la guerre , c'est-à dire une conduite pleine de politesse ,
2 sans que Pennemi prisonnier eût à se plaindre de l'inso
"
lence des vainqueurs . Pas un seul regard d'insulte ou; de
mépris à des hommes venus de deux mille lieues pour les
asservir et les exterminer Voilà qui est plus beau que là
victoire ce peuple se montrait grand ; il méritait d'être libres ;
Mais conçoit - on que l'auteur qui vient de lui rendre cè
témoignage , apparemment dans un premier mouvement de
reconnaissance , n'en parle ensuite qu'avec un mépris conti
nuel ? A la légèreté de ses jugeinens on s'apperçoit qu'il est
jeune , et à sa partialité son sent trop qu'il est Anglais voilà
en deux mots ses torts et leur excuse. On jugera de l'excès
de ses préventions et de son animosité par quelques traits que
j'en vais rapporter.
Si les Américains possédaient en général dos sentimens
* aussi nobles , on n'aurait pas vu les cruautés et les persé
cutions qui sont résultées de cette guerre contre nature et
" qui ont couvert le nom de l'Amérique d'une haine qu'aucun
tems ne peut effacer , ' qu'aucun mérite ne peut faire ous
blier 3 India three 1) 1.15 a.
1:
Qui aurait crû qu'il fût contre nature que des habitans d'un
hémisphere separé du nôtre par deux mille lieues de mer , nê
voulussent pas en recevoir des lois oppressives , et prétčizssent
de se gouverner par leurs propres lois ? Voila pourtant les sujej
de la guerre d'Amérique il n'y en eut jamais de plus légitime ,
A l'égard des cruautés et des persécutions , il y a pea de quetres
où les deux partis n'aient la dessus quelques reproches à sẽ
faire . Mais sied - il- ax Anglais d'en parlor , cux qui seals ois
à répondre à l'humanité des ravagés alhaus , das mantapPCÍ
barbares commis par ces hordes sativapes qu'ils arine, ent.court
les paisibles cultivateurs de l'Améliure .
Quan temerè in nosmet legem sa cius ipiquáin 1
( 202 )
Ast- on meilleure grace à tourner en ridicule fe mauvais
équipage des troupes continentales , à en tracer cette peinture
dont quelques traits ne sont que burlesques et d'autres atroces?
Elles sont composées des plus curieuses figures que vous
ayiez jamais vues. Quelques soldats , comme le petit Poucet
9 n'ont qu'une botte ; d'autres moins heureux n'en out point
Ceux- ci n'ont point de bas , et feurs pieds nuds paraissent
* à travers leurs souliers , Ceux - là ont des culottes indécemment
dechirces ; les uns ne portent qu'un gillet ; les autres
⚫ ont un habit trop long. Mais tous ont de beaux bounets
de dragous et de grands sabres attachés à leur ceinture.
Quelques- uns ont à leur selle des fourreaux de pistolets s
d'altres n'en ont point ; mais quant aux pistolets eux-mêmes,
its t'en ont pas entre eux tous une paire et demie. Ils sont
cependant assez bien montes , c'est la seule chose qu'on
puisse louer dans leur équipage ...... C'est réellement une
chose curieuse de voir ce regiment couvert de haillous
dont on pourrait dire , en empruntant l'idée de Shakespeare ,
• qu'on a fraudé les gibets pour le composer. "
Ah !jeune homme , on ne peut pardonner qu'à l'étourderie
de votre âge er aux prejuges de métier et de parti , de ne
pas sentir que tout le ridicule que vous amassez ici contie
vos edinemis hetombe sur vous . Ši le tems a muri vos idées
depais que vous avez écrit , vous devez aujourd'hui reconnaître
que vous faisiez , sans le savoir , le plus grand éloge de ceux
que vous voulice rabaisser . Ce peuple agricole et commerçaut,
qui n'avait jamais songé à la guerie et n'avait rien de prêt
pour la faire , la Et pourtant plutôt que de rester l'esclave
d'une métropole tyrannique ; accoutume à tirer tout de voue
pays , il consentit à manquer de tout plutôt que de recevoir
le jougs il eut le double heroïsme de braver a -la-fois et les
dangers et les besoins , de combattre sans expérience comme
sans moyens ; et comment n'avez - vous pas vu que son dénue.
ment rendait sa résistance plus respectable et ses victones plus
glorieuses ? Comment vous êtes - vous permis de peindre ces
hommes gencreux , qui risquaient et souffraient tout pour être
libtes , comme des brigands échappés au gibet ?. Certes , ricu
n'était plus éloigné du brigandage que les moeurs simples et ,
de votre aveu , généralement pures des colous Américains ; et
l'on sait , au contraire , combien il est commun sur vos grandes
routes d'Angleterre et dans vos tavernes de Londres , qui sont
également en possession de gaunir les gibets de Tyburne : c'est
le mal des grandes vilics , teles que votre capitale et la nôtre ;
c'est ce qui a seuidé notre revolution de galit de crimes , Les
brigands , mons:eur , sont ceux qui viennent porter le fer et
la Haumme chez un peuple innocent , qui n'a d'autre tort que
de ne vouloir pas leur être soumis . Heureuse l'amerique ,
qui n'ayant chez elle m villes monstrueusement peuplees , ni
Castes dominatrices , ni clergé opulent et ambitieux , ni cour
1 203
"
1
• dévorante et perverse s'est trouvée , par son état naturel
tout près des maurs et des vertus de la Liberté , et nous ,
hous avons été obligés de placer son berceau dans les palais
du desputisme ; cette masse immense de Paris qui a renversé
le monstre , renfermait en même tems dans son sein ce levain
de tous les vices que les despotes y entreteuaient , et que
l'ambition alimente encore ; et de toutes les contrées voisines ,
la lie des peuples de l'Europe est venue circuler et fermenter
daus les fanges de cette capitale.
Qu'aurait dit M. l'officier si son correspondant , capable
d'apprécier ses belles plaisanteries , lui eût répondu comment
donc avez - vous fait , yous qui aviez de si beaux uniformes
et de si bounes armes , pour vous laisser battre par
ces pauvres sans- culottes d'Amérique , et pour finir pár rendre
les armes à des gens qui n'avaient pas de souliers ? Mon ami ,
la raillerie est ici fort peu de saison . Tu aurais dû te souvenir
qu'à la guerré la honte n'est pas de montrer le derrière , mais
de le tourner à l'ennemi?
Ce qu'il y a de plus intéressantt pour nous dans cet ouvrage ,
c'est la conformite frappante entre la maniere de penser et de
parler , que l'on remarque dans les Anglais par rapport à la
revolution des colonies , et dans les ennemis de la liberté par
rapport à la nôtre. « J'ai voulu vous donner une idée de l'anarchie
et la cónfusion où ils tomberaient ( dans le cas où ils
3 obtiendraient leur indépendance ) , faute de magistrats doucs
29 d'un coeur droit pour meure en vigueur les lois de la justice .
13. Le nuage qui couvre lés jeux des Américains se dissipera bientôt,
et alors its verront clairement avec quelle funeste precipita
tion ils ont renoncé au contentement , au bonheur , aux droits
» et priviléges innombrables dont ils jouissaient sous notre gouver
99 nement. Peuple abusé ! tu vas reconnaitre ton erreur , mais
il sera top tard. Ce n'est point par esprit de parti que j'en
parle ainsi. Je suis sûr qu'il n'en existe pas un seul , si aveuglé
29 qu'il soit par les attraits de l'indépendance , qui , la main
9 sur son coeur, puisse dire qu'il éprouve la paix et le bon-
15 heur
auxquels il était accoutumé , et qui puisse se flatter ,
en jettant les yeux sur l'avenir , selon les probabilités
humaines , d'en jouir encore lui et ses enfans ....... Un siecle
* s'écoulera avant que les Américains puissent se relever de
„, l'état où les a jettés cette mallieureuse guerre . ››
Ne sont- ce pas là les propos que nous eutendons depuis
quatre ans ? Pour ce qui est des Américains , ils y ont
repondu d'une manière qui ne laisse plus lieu à la réplique
et ce sont eux aujourd'hui qui sont bien en droit de dire à
M. l'Oficier : mettez la main sur le coeur , et dites-nous sì
dans la situation florissante où vous nous voyez , vous nous
eroyez réellesbeut fort disposés à nous repentir d'avoir ac
quis none indépendance.
Quant à nous , il est trop vrai qu'elle doit nous coûter
plus cher , et j'en ai dit ci-dessus la maison , d'après les dif
( 204 )
ferences essentielles qui se trouvent entre l'Amérique et la
France ; mais avec plus de tems et de peine , l'issue doit
être la même , si nous nous souvenons bien que l'état d'un
peuple qui de la liberté retombe dans l'esclavage est pire
que tout ce que l'on peut imaginer : c'est celui de cet homme
de l'évangile , obsédé de sept démons au lieu d'un ; et fiunt
novissima illius hominis pejora prioribus .
L'auteur se croit exempt d'esprit de parti le lecteur est
assez à portée de voir ce qu'il en faut penser ; mais un seul
trait , plus fort que tout le reste , peut faire voir ce que c'est
en effet que l'esprit de parti , et à quel point il dénature toutes
les idées morales. Certes s'il y a un crime odieux et lâche
c'est celui d'attenter à la foi publique , fondement de toutes
les sociétés humaines , en alterant et falsifiant le signe représentatif
de tous les échanges et de toutes les valeurs ; en un
mot , la fausse monnoie est la science des brigands eh !
bien , l'auteur de ce journal se glorifie , au nom de son
pays , de la facilité d'inonder l'Amérique de faux papiers ; il
en détaille les moyens , non - seulement sans pudeur et sans
scrupule , mais du même ton dont on se vanterait d'un triom
phe legitime ; et il est sûr que ce détestable moyen fut une
des armes familieres aux Anglais contre les Américains , et
l'est encore aujourd'hui contre nous . Hommes libres , vous
dénoncez cette infâmie à tous les hommes qui respectent les
principes imprescriptibles de la justice et de la probité ; vous
pensez que rien ne peut justifier de pareils moyens , même
contre les ennemis les plus acharnés. Hommes libres , placez
yous vous - mêmes dans la balance où vous pesez vos ennemis
; ayez toujours devant les yeux le tribunal des nations
et de la posterité. Croyez , quoi qu'on puisse vous dire ,
que jamais la liberte ne peut être en opposition avec la moale
, et que leurs principes sont invariablement les mêmes.
Croyez que jamais cette liberté ne peut qu'être exposée et
compromise , quand elle emploie , sous quelque prétexte que
ce soit , les armes de la tyrannie ; car le premier fondement
de la liberté est l'estime de nous-mêmes et le profond sentiment
des droits de l'homme et dès que nous y portons
atteinte , nous attaquons , nous détruisons le principe de
notre force. Comme la liberté et la tyrannie sont diamétralement
opposées , il est contre la nature des choses que l'une
puisse en aucun cas penser et agir comme Pautre ; ce que
les tyrans eux - mêmes ne font , qu'en rougissant , ne peut
jamais honorer ni servir des républicains ; et si de cette théorie ,
incontestable , on passait à l'application , l'examen des faits
démontrerait avec la plus irrésistible évidence , que jamais
les mesures illegales et arbitraires , colorées du prétexte du
bien public . n'ont été de la moindre utilité , et qu'au contraire
elles n'ont fait que déshonorer très - gratuitement une
canse que l'on ne peut jamais mieux servir qu'en la faisant
toujours respecter.
69
3
MERG URE
14..
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE ..
De Hambourg , le 00 juillet 1793 .
CATHERINE II et Frédéric - Guillaume semblent desirer que
Stanislas et la diete de Grodno sanctionnent leurs établisse
mens . Ils demandent à ce prince de leur céder de bon gré
ce qu'ils ont pris de force . Ce dernier outrage a rendu quel
qu'énergie à l'ancien amant de la . Sémiramis du Nord , qui ,
après avoir consenti à sa perte , refuse du moins de signer sa
honte. Voici ce qu'on apprend par des lettres de Varsovie du
3 juillet.
Les notes remises le 19 juin par l'ambassadeur de Russie
et l'envoyé de Prusse , pour la nomination d'une délegation
chargée de pouvoirs de traiter avec eux , ont produit des
débats très-vifs . La plupart des membres de la diete s'opposaient
à cette proposition . Le roi se rangea de leur côté . Le
maréchal de la diete était pour la proposition que l'évêque
Kossakowski voulait faire passer moyennant quelques modifications
. Mais dans la séance du 26 on adopta , à la pluralité ,'
le projet du nonce Jankowski , portant qu'il fallait s'adresser
aux personnes amics de la république , et demander leur mé
diation , afin que les cours de Pétersbourg et de Berlin rendent
les provinces qu'elles ont fait occuper , et retirent leurs troupes
du territoire de la république. Après cet arrêté , on reprit
l'affaire de la nomination d'une délégation ; elle passa à læ
pluralité de 107 voix contre 24 , mais de maniere que cette
délégation n'aura des pouvoirs que pour négocier avec la cour
de Pétersbourg. Le comte de Woyna , qui était ministre de la
république à la cour de Vienne , a été de nouveau nommé
ministre auprès de cette cour. Voici la réponse du roi au sujet
des notes de l'ambassadeur de Russie et de l'envoyé de Prusse
Je déclare devant les états , qu'en accédant à la confédéra
tion de Targowitz , assemblée sous les auspices de l'impéra
trice de Russie , je ne l'ai fait que sur l'assurance positive que
les possessions de la république resteraient intactes . C'était
dans cette vue que j'ai fait cette démarche ; il est de mon devoir
d'en prévenir les états qui , je l'espere , auront les mêmes sentimens
que moi , relativement à l'intégrité de notre patrie . Je
vois bien qu'il faut faire à ces notes une réponse mesurée ;
mais notre demande n'a d'autre objet que de nous faire rendre.
nos provinces. J'espere que l'impératrice et le roi de Prusse
guides par des sentimens de sagesse et de justice , reconnaî
เ
( 206 )
tront que la nation polonaise n'a fourni aucun suje propre &
déterminer ces puissances à se partager plusieurs de ses provinces.
11
Tandis que le roi de Prusse et l'imperatrice de Russie con
somment en Pologne l'oeuvre d'iniquité dont l'Autriche voudrait
être encore plus complice , le Danemarck et la Suede se
preparent dans le silence de la paix à se mettre en état de
repousser d'injustes aggressions si jamais la Russie et l'Angleterre
entreprennent de leur faire la loi chez eux , comme
en effet la Grande-Bretagne l'a tenté il y a quelque tems à
l'égard du Danemarck au sujet de la neutralité que ce pays
conserve avec la France . Au reste , l'union la plus étroite regué
entre les deux puissances du Nord qui seules peuvent par leur
position mettre de ce côté des entraves à l'ambition alarmante
de leur dangereuse voisine .
―
On mande de Stockholm , que le roi , accompagné du dne
régent et d'une suite nombreuse , em est parti le 3 juillet pour
faire une tournée dans les provinces ; son retour dans la capitale
a été fixé au 6 août. Les vaisseaux arrivés ici de l'Inde
ajoutent les mêmes lettres , ont apporté une grande quantité
de sucre. Cette branche de commerce commence à prendre
assez d'étendue pour fournir non - seulement aux besoins du
pays , mais même promettre incessamment un excédeut à
vendre à l'étranger. Cela console un peu de la perte d'un
vaisseau de ligne de 64 canons qui a sauté à Carlscrone. Qu
y faisait bouillir de la poix , et le feu y a pris par l'impru
dence de ceux qui s'en occupaient. Cet accident , arrive le 4 .
a coûté la vie à 70 personnes , et la perte est évaluée à
$40,000 rixdalers.
La cour , ou pour mieux dire la régence , nommée par le
duc de Sudermanie pour gouverner pendant le voyage ins
fructif qu'il fait faire à son pupile , a cru devoir éclairer l'opinion
publique par une espece d'état de situation qu'elle a fait publier :
elle y dément les assertions , erronées ou calomnieuses , avancées
par quelques journalistes qui prétendaient que la Suede chèrchait
à dissimuler son embarras réel , surtout du côté des
finances.
Malgré les bruits sans fondement répandus par des gens
mal-intentionnés , la régence assure le peuple suédois que la
situation du royaume est bonne , aussi bonne qu'elle puisse
L'être après une guerre violente et l'ébranlement qu'elle y a
causé.
,, Quant à nos relations avec les puissances étrangeres
Leus sommes avec toutes en bonne intelligence , et nous n'avons
absolument rien à craindre d'aucune .
à
" A l'égard des dettes du royaume , le crédit de la nation
augmente on paie peu peu des sommes considerables ,
et les intérêts s'acquittent régulierement.
( 207 )
" On a établi dans la maison du roi la plus sévere économie
; toutes les dettes du roi qui allaient au-delà de 13,000
rixdalers , sont acquittées , et les dépenses de la cour sout
diminuées de 33,000 rixdalers par an.
" La régence ajoute , relativement aux contributions , que
quoique les besoins de l'état ne permettent pas d'en rien
retrancher, il est certain cependant qu'ils n'exigent point qu'elles
soient augmentées , et qu'elles ne le seront certainement pas.
" Enfin , on donne l'assurance qu'aucune diete ne sera con◄
voquée pendant la minorité , attendu que ce serait une con
travention à la volonté expresse consignée dans le testament
du feu roi , "
Les nouvelles de Copenhague portent que le commerce de
cette ville se maintient dans un état de prospérité ; il y est
arrivé beaucoup de navires de la Chine et des Indes , ce qui
a fait hausser considérablement les actions de la compagnie
Asiatique , dont les magasins contiennent en ce moment une
grande quantité de marchandises précieuses . Il venait d'ar
river au départ de ces lettres deux navires des Indes occiden
tales , chargés de café , de rum et de sucre des isles danoises .
et qui annonçaient qu'on pouvait s'attendre à la plus belle
récolte de ce dernier article ; ce qui vraisemblablement fera
baisser en France le prix de cette précieuse denrée , où remé
diera en partie à sa disette , si elle est réelle .
Nous apprenons ici , par la voie du Danemarck , que la division
de l'escadre russe sortie de Revel a été obligée de regagner
le port , pour réparer les dommages qu'elle a essuyée dans une
tempête. Personne ne plaint ces barbaresques du Nord , cent
feis pires que ceux du Midi,
Suivant des avis de Constantinople , du 24 juin , quelques
jours auparavant la flotte du capitan Pacha avait fait voile pour
la mer Blanche .
De Francfort- sur- le- Mein , le 25 juillet.
Les cours de Pétersbourg et de Berlin , qui trompent impće
rialement et royalement l'Autriche , Ini font jouer un rôle bien
singulier dans les conjonctures présentes ; elles prennent plaisir
à lui faire gagner le chétif lot qui lui revient dans ce nouveau
partage de la Pologne , où il semble que les trois puissances
co-partageantes , n'ayant pas plus de droit l'une que l'autre ,
auraient dû fidelement partager le gâteau , dont elles ne laissent
qu'une bouchée à l'Autriche .
Voici ce qu'on mande de Vienne à ce sujet : les affaires de
Pologne sont un grand objet des délibérations politiques de
notre cabinet. Il a fait remettre à ce sujet un mémoire trèse
détaillé aux cours de Pétersbourg et de Berlin . On veut
éviter des mésintelligences dans les conjonctures "actuelles ;
pour les prévenir , il a été arrêté une nouvelle convention
! 908 )
entre les trois couts on assure qu'elle pofte que les cours de
Pétersbourg et de Berlin garderont tout ce qu'elles ont fait
occuper en Pologne , et que notre cour , si d'autres, affairès ne
reussissent pas , aura aussi sa part dans ce pays ; on l'evalue à
1200 milles carrés . $
Quant aux affaires de France , il paraît que toute la poli
ique du cabinet autrichien se tourne sur celui de St-James :
on expédie fréquemment des couriers à Londres ; le dernier
qui en est revenu , nommé Morris , a rapporté , disent les
lettres du 12 juillet , des dépêches fort importantes , puisque
Je conseil s'est assemblé sur le champ , et que la séance a
duré très - long- tems . Les faiseurs de dons patriotiques ne dis
simulent pas plus que les autres l'impatience de voir finir cette
guerre ruineuse , pour laquelle on est forcé d'ouvrir des amprunts
, qui ne manquent pas , comme on sait , d'amener des
impôts ou la banqueroute , dont la seule crainte peut produire
une révolution .
* 1 100
Des lettres d'Erlangue du 12 juillet , en faisant remarquer
qu'il éclate successivement dans toutes les parties de l'Alle
agne des mouvemens , d'insurrection , ajoutent : ils prouvent
au moins le mécontentement où l'on est de la position actuelle
des choses. Le commerce et l'industrie sont dans une stagnation
presque absolue , et le poids des charges publiques augmente.
Il y a eu derniérement des troubles à Nuremberg , excités , dits
on , par les tailleurs d'habits ; pour les appaiser , il a fallu faire
venir 200 hommes de troupes du cercle de Franconie .
On craint même jusqu'à l'ombre de liberté , puisqu'on re
doute les sociétés.de franc - maçons , honorées d'abord en Allemagne
, et persécutés si cruellement depuis en Allemagne et
en Italie . Les priviléges dont les écoliers jouissaient depuis
an tems immémorial dans les universités , les confrairies , les
associations de tout genre portent ombrage aus gouvernans
qui deviennent de jour en jour plus soupçonneux et ont
transformé la dicte de Ratisbonne en une espece de tribunal
d'inquisition , comme le prouve la lettre suivante datée
de cette ville le 4 juillet .
Dans toutes les délibérations sur l'abolition des ordres secrets
dans les universités , qui ont occupé la diete depuis le 3 juin ,
ii a régué , par rapport à l'objet même , la plus grande unanimité
parmi tous les votans : il n'y a eu de diversité dans
les opinions , que sur la maniere de remplir ce but et sur
l'extension de la défense . Les uns étaient d'avis que la loi
devait porter sur tous les états et sur tous les ordres secrets.
It , en effet , le conclusum de la diete est parti du principe
que tous les ordres sont nuisibles et dangereux dans un état ,
mais pour cette fois , on n'en a voulu faire application qu'aux
ordres académiques . D'autres , par exemple, l'Autriche , proposaient
une visitation, prompte dans toutes les universités . ct
redressement de tous les abus par l'autorité des cercles 2
D'autres
( 209 )
D'autres encore étaient d'avis , et de ce nombre étaient Gotha
Altenbourg , Auxbourg , Passaw , Constance et Spire , qu '
fallait aussi soumettre à la visitation les instituteurs acadé
miques , et que chacun d'eux , lorsqu'il entrerait dans son emploi
, déclarât , sous serment , qu'il u'est lié jusqu'ici à aucun
ordre secret , et que désormais il ne prendrait d'engagement
dans aucun , ni ne le favoriserait d'aucune maniere.
Le résultat de cette délibération a été le conclusum de la diete
du 14 juin , qui parvint à la dietature le 19 , et qui porte ce
qui suit :
Conclusum de la diete du 14 juillet.
Les hauts états de l'empire portés à redresser par des moyens
convenables les abus introduits dans les écoles supérieures , ont
ttouvé à propos de faire précéder une défense générale , par
laquelle tous les ordres de confrérie secrette sont supprimés .
En conséquence tout étudiant qui , après cette publication ,
sera convaincu d'avoir persisté dans ces ordres secrets ,
puni :
19. Par la relégation , sans aucune rémission .
2º. Il ne sera admis dans aucune université.
sera
30. Il ne pourra être éligible à aucune place dans sa patries
Cette défense sera insérée expressément dans les lois de
l'université , et lecture en sera faite à tous les étudians par
le recteur ou protecteur qui y joindra une exhortation ener
gique de ne point la transgresser .
le
Les papiers Allemands dévoués à l'Autriche nous préparaient
depuis quelque tems à un emprunt ou à une
taxe extraordinaire , précisément en disant qu'il n'y en
aurait pas. Cependant , on apprend aujourd'hui que la
maison Frege et compagnie de Leipsic vient d'ouvrir pour
compte de l'empereur un emprunt de 2,000,000 de florins à
un intérêt de 4 et demi pour cent. Ce n'est pas le premier
et ce ne sera sûrement pas le dernier. On peut s'attendre
aussi à voir mettre de nouveaux billets de banque en circulation
. Déja plusieurs gazettes Allemandes les comparant
aux assignats , et leur donnant la préférence , disent que comme
il n'existe de ces papiers que pour la somme de 20,000,000 de
lorins , il y a des gens éclairés qui prétendent qu'il n'y aua
ait aucun inconvénient d'en émettre encore pour pareille
somme .
Malgré quelques mésintelligences entre l'Autriche et la
Prusse , ces deux cours sentent l'indispensable nécessité de
diriger , si - non leurs vues , du moins leurs efforts dans le
même sens c'est-à- dire contre les armes de la République
française , et sur- tout contre l'affermissement d'un ordre de
choses qui en lui faisant mettre de l'ensemble , de l'unité dans
ses moyens de défense les rendrait plus vigoureux . Aussi ne
négligent- elles rien à cet égard , et le cabinet de Londres
Tome LV.
( 210 )
seconde merveilleusement cette maniere inique , immorale e
fache d'attaquer son ennemi .
On dépense peut- être autant pour soudoyer chez lui des
agitateurs , des traîtres , des désorganisateurs , des corrupteurs
de toute morale publique et privée , que pour le faire attaquer
force ouverte par des troupes qui fassent la guerre
avec la franchise , la loyauté , le courage dont les Français
donnent l'exemple. Le reproche fait aux trois cours de cette
peridie carthaginoise, n'est que trop bien fondé , puisqu'il est
constant aujourd'hui que l'on fabrique en Prusse de la fausse
monnaie destinée à acheter à vil prix en France les bons
assignats , tandis que d'un autre côté dans la Grande-Bretagne
et dans plusieurs parties de l'empire existent des manufactures
de faux assignats ( nous ne dirons pas précisément avouées ,
mais nous oserons bien dire connues du gouvernement ) , dont
on a dessein de répandre dans la République une masse capable
d'ébranler son crédit . Heureusement ces trames odienses sont
déjouées , et il ne restera aux puissances que la honte de les
avoir mises en usage , et l'inquiétude de payer cher un jour
le petit profit qu'elles ont pu faire par ces infames manoeuvres .
La nécessité de finir cette guerre, ruineuse fait presser
vivement le siége de Mayence et de Valenciennes . Nous allons
donner les differens rapports des puissances combinées où l'on
rend compte des dernieres opérations militaires contre ces
deux villes . Nos lecteurs ne seront sans doute point étonnés
de les trouver en général à l'avantage des Autrichiens , des
Prussiens et des Anglais. Les relations françaises doivent servir
de correctif , et c'est de la comparaison des deux récits qu'on
peut obtenir un résultat exact .
De Mauheim le 21 juillet.
S. A. R. le prince Louis - Ferdinand de Prusse s'est fait
transporter ici , par eau , des environs de Mayence , pour se
rétablir de la blessure qu'il a reçue , le 16 , en emportant de
vive force une redonte des Français . H est arrivé le 19 à quatre
heures de l'après-midi , et est descendu à l'hôtel ducal de
Deux-Ponts . A la prise de la redoute , le prince y était le
premier , et un Français , qui le coucha en joue , lui brûla
le visage qu'effleura la balle ; un instant après il reçut une
blessure à la hauche , au moyen d'une grosse balle à cartouche
. algré cela , il n'eut pas plutôt fait bander la plaie
qu'il rejoignit les bataillons qu'il avait conduits , et y resta
encore quatre heures consécutives , c'est-à - dire jusqu'à ce que
tout fût fini. Le roi , pour récompenser le talent et la bravoure
dont le prince a donné une nouvelle et si grande preuve dans
'cette occasion ; l'a fait général - major.
Une canonnade violente et sans discontinration , que nous
entendimes vendredi dernier , depuis le matin jusqu'au soir
( 211 )
et qui venait du côté de Landau , nous annonçait une scene
sanglante , Sur le soir , nous apprimes que les Français avaient
attaqué les Allemands sur plusieurs points , et en avaient été
repoussés de ouies parts En attendant le rapport officiel sur
cette journée , voici ce qu'en dit une lettre d'Edinghoven :
*
De très -grand matin , les Français déboucherent d'Arxheim
par Aldesweiler , et attaquerent , comme d'ordinaire ,
avec une force très - supérieure en hommes , le cordon de la
montagne depuis Gleisweile et Frankweiler jusqu'à Burweiler.
A l'autre aîle , vers Germersheim et Nusdorf , ils faisaient une
fausse attaque . Leurs grands efforts , comme leurs grandes
forces , étaient dirigés contre la montagne . A Frankweiler , le
corps frane Ture , les chasseurs de Rohan et quelques Croates
se battirent comme des lions contre le nombre d'ennemis
dont ils se trouverent environués ; et long - tems ils les empêcherent
de se porter plus en avant ; mais ils céderent enfin
à la force trop disproportionnée des attaquans , et les Français
entrerent dans Gleisweiler et Frankweiler . Alors s'avancerent
des Esclavons qui étaient à Edesheim. Ils furent suivis
par le régiment prussien de Kleist , et , au moyen de ce secours
, les Français furent chassés de Gleisweiler . Quelques
compagnies de Tercy étaut encore arrivées de Rath , on poussa
l'ennemi hors de Frankweiler , jusques dans la plaine , où il
est resté. Lorsque les Français ont été débusqués de Gleisweiler
, les rues étaient jonchées de leurs morts . L'on
amena ici les blessés des Autrichiens et des chasseurs de
Rohan. Il y en avait plus de cinquante des premiers ; peutêtre
autant des autres , qui ont eu huit hommes de tués ; le
baron d'Ichtersheim le cadet est du nombre des blessés . Le
regiment de Kleist ,a beaucoup souffert il a peedu quelques
officiers , parmi lesquels un major . Il se passera encore quelque
chose ; on s'y attend.
1
Pendant que ceci se passait vers Landau , les Français faisaient
des mouvemens dans le duché de Deux- Ponts ; niais
à cet égard , on n'a encore reçu aucun avis relativement au
résultat.
Mayence est aux abois . Cette malheureuse place ne peut
pas tenir plus de deux fois 24 heures. Le commandant a demandé
au roi de Prusse la permission d'envoyer à Paris un
des commissaires nationaux , pour en avoir des instructions
relativement à la reddition de Mayence ; mais cette demande
lui a été refusée net.
De Cassel , près Magence , le 23 juillet.
Nous voyons enfin le terme de l'un des sieges les plus
memorables dont ait parlé l'histoire . Mayence est à nous .
Cette malheureuse place vient de capituler . C'est le général
de Kalkreuth qui a signé la capitulation , au nom de S. M.
Q &
( 212 )
le roi de Prusse , et le commandant de la place , M. Donaré
pour les Français . Je ne puis , en ce moment , vous donner
que la substance des articles de cette capitulation . Voici ce
qu'ils portent : L'armée français livre à S. M. le roi de
Prusse , la ville de Mayence , celle de Cassel , et toutes les
fortifications qui protégent ces deux villes . La garnison sortira
avec tous les honneurs de la guerre , et ira rejoindre l'armée
française , dite de la Mozelle ; mais elle ne pourra servir , avaut
l'année expirée , contre les troupes de S. M. Les officiersgénéraux
, sous - officiers employés , et généralement tous les
individus de l'armée , emmeneront leurs chevaux , leurs voitures
et leurs effets . La garnison restera dans la place , 48 heures
après la signature de la présente capitulation . Si ce délai ' est
pas suffisant , elle pourra séjourner 14 heures. La garnison
se mettra en route par plusieurs colonnes , et à termes différens
; elle sera protégée par des colonnes prussiennes . Un
article du projet de capitulation portait que la garnison pour
Fait emporter avec elle sept pieces de canon et sept caissons ;
ruais cette clause - là a été refusée .
Tout porte à croire que la prise de Mayence influera d'une
maniere puissante sur le sort des Français . Les puissances
coalisées auront 80 mille hommes des meilleures troupes de
l'Europe à leur opposer de plus qu'elles n'en avaient pendant
le siège . Aussi croit- on que le roi de Prusse ne tardera pas
à se porter sur Landau , à la tête de cette armée formidable .
Foici les articles de la capitulation proposée par le général de
brigade Doyré , commandant en chef à Mayence , Cassel et places
qui en dépendent.
Art. Ier. L'armée française livrera à S. M. le roi de Prusse
la ville de Mayence et Cassel , ainsi que leurs fortifications et
tous les postes qui en dépendent , dans leur état actuel , avec
les bouches à feu , tant françaises qu'étrangeres , munitions de
guerre et de bouche , à la réserve des objets mentionnés aux
articles suivans .
II. La garnison sortira avec les honneurs de la guerre , emportant
les armes , les bagages et autres effets appartenans en
propre aux individus de la garnison , et des vivres pour sa
Toute. Accordé , à condition que la garnison ne servira point
durant un an contre les armées des puissances coalisées , et que
elle emmène quelques chariots couverts , sa majescé prussienne se
réserve de les faire visiter , en cas où elle le jugerais à propos. )
si
II. Il sera accordé à la garnison d'emmener avec elle les
pieces de campagne , etc. , caissons . ( Refusé.´ )
IV. Les officiers -généraux et particuliers , commissaires des
guerres , chefs , etc. , employés des différentes administrations
à l'armée , et généralement tous les individus français emmeheront
leurs chevaux , voitures et effets .
213
V. La garnison restera dans la place 48 heures zprès la
signature de la présente capitulation , et si ce délai n'était pas ...
suffisant pour les dernieres divisions , il lui sera accordé une
prolongation de 24 heures .
VI. Il sera permis aux commandans et chefs d'envoyer un ou
plusieurs agens munis d'un sauve - conduit de sa majesté prussienue
, pour aller chercher les fonds nécessaires pour l'échange
de la monnaie de siége , et jusqu'audit échange , ou jusqu'à
l'époque d'un arrangement pris à ce sujet , la garnison française
demande à laisser des ôtages qui puissent compter sur
la protection de sa majesté prussienne . ( Accordé. )
VII. La garnison de Mayence et dépendance , lors de son
évacuation , se mettra en route pour la France sur plusieurs
colonnes , et partira à termes différens à chaque colonne ; il
sera fourni une escorte prussienne jusqu'à la frontiere pour
sa sûreté. Le général Doyré aura la liberté d'envoyer à l'armée
des officiers de l'état - major et des commissaires des
guerres , pour pourvoir à la subsistance et à l'établissement
des troupes Françaises . ( Accordé )
VIII . Dans le cas où les chevanx et voitures appartenans à
l'armée Française , ne suffiraient pas au transport de ses effets
de campement et autres objets désignés par les articles précédens
, il leur en sera fourni du pays en payant .
ne IX . Le transport des malades , et sur-tout des blessés ,
pouvant se faire par terre sans compromettre leur exissence ,
il leur sera fourni , aux fraix de la nation Française , les ba
teaux nécessaires pour s'effectuer par eau sur Thionville et
Metz , en prenant les précautions nécessaires pour la subsistance
de ces honorables victimes de la guerre . ( Accordé . )
X. Jusqu'à l'entiere évacuation de l'armee Française , il ne
sera permis à aucun habitant , actuellement hors de Mayence ,
d'y rentrer.
XI . Immédiatement après la signature de, la présente capitulation
, l'armée assiégeante pourra faire occuper par ses troupes
les postes suivans , savoir :
Le fort Charles , le fort Velche , le fort Elisabeth , lé fort
Philippe , la Double -Tenaille , le fort Luisenberg , le fort
Hauptrem , le fort Mars , l'islé Saint - Pierre , et les deux
portes de Cassel allant à Francfort et Wisbadin ; elle pourra de
plus occuper , conjointement avec les troupes françaises , la
porte Neuther et l'extrémité du pont du Rhin , adjacent à la
rive droite de ce - fleuve . ( Adopté . )
XII . Dans le plus court délai possible , le colonel Douay ,
directeur de l'arsenal , le lieutenant- colonel Verine , remettront
au chef de l'artillerie du génie de l'armée prussienne , les
armes , munitions , plans , etc. relatifs au service dont ils seront
respectivement chargés.
XIII . Il sera également nommé un commissaire de guerre
pour la remise des magasins et effets qu'ils contiennent.
0 3
Article additionnel.
XIV. Les déserteurs des armées combinées seront rendus
avec exactitude.
Fait à Marienbornn , le 23 juillet 1793 .
Signé , le lieutenant-général commandant l'armée combinée
devant, Mayence , KALKREUTH .
Le général de brigade , commandant en chef à Mayence ,
Cassel et dépendance . Signé , DOYRÉ.
Ce matin 23 , le comte de Wartensleben , passant par ici
en courier , nous a donné , en volant vers Vienne , la trè -
importante et agréable nouvelle que ce jour , à cinq heures
du matin , la garnison de Mayence a capitulé .
Elle a obtenu , ainsi que les commissaires de la Convention
nationale et les clubistes , la libre sortie , après avoir mis les
armes ba་s sur les glacis.
Il y eut hier précisément neuf mois que cette ville était au
pouvoir des Français . On assure que des divisions parmi la
garnison , et qui ont dégénéré en rixes sanglantes , ont avancé
la reddition de cette place .
Plus de 25 couriers s'expédient pour porter, cette grande
nouvelle en Angleterre , en Holiande , à Berlin , en Italie , etc.
PROVINCES - UNIES ET BELGI, QUE.
-
Suivant des lettres de Bruxelles , du 10 , on avait encore
envoyé au siége meurtrier de Valenciennes une grande partie
de l'artillerie de réserve qui était à Ath . Mais de l'aveu
même des assiégeans , ils avaient eu trois jours auparavant un
aecident dont ils rendent ainsi compte dans la nuit du 7 ,
on a continué de travailler aux banquettes et gradins de la
troisieme parallele ; et ce travail a presque été conduit à son
terme dans le courant de la journée . Sur le midi , une bombe
ennemie mit le feu à un magasin à poudre de la premiere
parallele . Cet accident a coûté la vie au premier lieutenant
Wassermantel et à un caporal de l'artillerie ; un sous - canonnier
et un Hanovrien y ont été blessés. D'ailleurs l'ennemi ,
pendant ces 24 heures , n'a раб fait grand usage de son artil
lerie. Il y a suppléé par le feu de sa mousqueterie , parti du
chemin couvert. Nous ne sommes pas restés sans y répondre ,
mais nous en ignorons le succès . Nous avons eu 5 morts et 22
blessés , non compris ce qui vient d'être annoncé comme
effet de la bombe tombée dans la premiere parallele .
Une lettre du quartier -général de Herin , après avoir parlé
de la reddition de Condé , s'exprime ainsi la conquête de
( 215 )
cette place nous offre de grands avantages. Notre armée est
maîtresse de l'Escaut jusqu'à Valenciennes ; nous avons dans
Condé un lieu de dépôt pour nos magasins ; enfin les troupes
employées au blocus seront un renfort , soit pour le siége de .
Valenciennes , soit pour l'armée d'observation qui le couvre .
Enfin des lettres particulieres , qui rendent compte de la
vigoureuse attaque et de la vigoureuse défense de Valenciennes ,
disent que malgré le feu continuel des assiégés , qui a tué
dans la nuit du 8 aug le comte de Hend , capitaine d'artil
lerie , les assiégeans ont perfectionné leurs batteries de troisieme
parallele , et en ont élevé deux nouvelles de communication
: ils ont aussi élargi les fossés dans celle du 9 au 10 ,
ils ont travaillé avec tant d'activité que deux batteries de dé
monte de la troisieme parallele , et une de la seconde , se
sont trouvées absolument finies . Les Français ont fait de la courtine
de la porte de Mons un feu terrible sur les batteries des
assigeans . Mais enfin plusieurs de ces batteries , particuliére,
ment celles servies par les Anglais , ont joué à leur tour avec
tant de succès , qu'elles ont imposé silence au canon de la
place , momentanément néanmoins ; car il a tonné, de nouveau
dans la nuit do 10 au 1 ; il paraît que depuis que les travaux
des assiégeans sont presque achevés , ils ne perdent plus que
très -peu d'hommes ; cela ne va gueres qu'à 5 à 6 par jour et
une vingtaine de blessés .
S'il faut en croire de derniers avis venant à la suite de lettres
dattées du 23 qui parlent de la reddition de Mayence , où elles
assurent que les balles et pierres à fusils manquaient , Valen- '
ciennes est aussi tombée au pouvoir de l'ennemi c'est le 19
que ce grand évenement a eu lieu . Cependant cette fâcheuse
nouvelle a besoin d'être confirmée .
L'armée d'observation commandée par le général Clairfait
qui protége le siege de Valenciennes vient de faire un mou
vement sur le Quesnoy son but est d'empêcher un corps
d'armée qui s'est rassemblé aux environs de Givet , de joindre
une partie de celle du général Custines , dans la vue sans doute
d'opérer une diversion en tachant de pénétrer sur Namur.
--
Une lettre de Liége , du 17 , annonce qu'un incendie considérable
a consumé une quarantaine de maisons à Spa . Cette
ville est absolument déserte en ce moment . Quelques miserables
émigrés , auxquels elle sert de refuge , vivent tristement
dans ce même lieu , où il n'y a que quelques années ils faisaient
rouler l'or sur les tables de pharaon. Le prince - évêque
y exerce une autorité despotique a nsi qu'à Liège . On '
jugera par le trait suivant de la mansuétude de ce digne prelat
, et comment il tient la parole qu'il avait donnée dans une
amnistie . On a banni avant hier de la ville et du territoire
pour le terme de 101 ans deux chartiers Liégeois , dont le
crime énorme était d'avoir été employés à la conduite de
04
( 216 )
voitures pour la République Française : on a fouetté de verges
le même jour trois autres Liégeois pour avoir chanté des cou
pléis patriotiques . Le lendemain et lé surlendemain il devait
y avoir une nouvelle flagellation encore pour cause de patriotisme
. Il n'est sorte de barbarie qui ne soit exercée par
le gouvernement épiscopal de Liége . Voilà les fruits de l'ampistie
, dernièrement accordée par le digne évêque de
pays.
ce
Suivant une lettre de la Haye , du 16 , on a jugé la veille ,
les officiers qui , comme membres du conseil de guerre à
Breda , ont signé la capitulation de cette ville. Neuf , tant
colonels , lieutenans - colonels , que majors , ont été condamnés
à un an et six semaines de prison , et à leuis frais ;
ce terme a été réduit à trois mois par le stathouder. L'ingé
nieur en chef Schraster a subi la peine de dégradation : on
l'a fait passer en qualité de simple sous - lieutenant dans une
compagnie de pontoniers .
ESPAGNE. De Madrid , le a juillet ,
Le duc d'Alcudia , premier ministre , vient d'être fait capitaine
général ; il a donné à cette occasion un très -grand repas ,
où l'on a remarqué qu'une partie était servie en vaisselle d'or
dont le roi lui a fait présent. C'est assurément du gré de la
reine , si ce n'est pas à sa sollicitation . On lui a récemment
apporté des drapeaux tricolors et des écharpes municipales ,
dont l'orgueilleux ministre a fait des trophées à la porte de
son hôtel . D'autres dépouilles de ce genre ont été déposées
dans l'église de Notre - Dame d'Antocha .
On a aussi conduit à Fontarabie l'artillerie , les munitions
et tous les effets de guerre qui se trouvent à Andaye . Cela
consiste en un canon de fer du calibre de 30 , en cinq autres
de 24 , en trois de 12 , avec trois canons de bronze de même
portée , des mortiers , beaucoup de bombes , de grenades ,
de poudre , etc. A la suite de la notice où sont contenus ces
détails , on a rendu publique une résolution royale de la teneur
suivante :
1
Le roi desirant donner aux habitans des pays conquis en
Roussillon et en Cerdagne , par son armée de Catalogne
une preuve de son amour royal et de l'intérêt qu'il prend à
leur bonheur , a résolu que les natifs desdits pays conquis
qui auront prêté le serment de fidélité , puissent , aussi longtems
qu'ils seront sous sa domination , introduire dans ses
royaumes , par les douanes de la frontiere , leurs bestiaux et
deurées , à l'exception toutefois du vin , au sujet duquel ,
comme à celui des objets de manufacture , S. M. ne pretend
rien changer aux dispositions antérieures , jusqu'à ce qu'elle
ait pris une résolution définitive que demande l'azienda royal .
relativement au commerce et à l'industrie de ses vasmx et
des pays susdits . 22,
( 217 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE JEAN - BON - SAINT - ANDRÉ .
Séance du mardi , 23 juillet.
La séance s'est ouverte par la lecture d'une adresse des
administrateurs du Bas-Rhin , dans laquelle ils protestent contre
un arrêté des représentans du peuple . Get arrêté enjoint aux
administrateurs de fournir une quantité considérable de grains
pour l'armée de la Moselle , sous peine d'être déclarés traîtres ,
et mis hors de la loi . Ils observent qu'ils en ont à peine assez
pour aller jusqu'à la récolte . Renvoyé au comité de salut
public .
Rouyer et Brunet , commissaires de la Convention , écrivent
de Lyon pour justifier la conduite des eitoyens de cette ville ,
et demander le rapport des décrets rendus contre eux . Leur
lettre est renvoyée au comité de salut public sans qu'il en soit
donné lecture,
Letourneur a pris la parole pour instruire l'Assemblée comment
il se faisait que Rouyer et Brunet étaient à Lyon : il a
dit que c'était par ordre du comité de salut public . Saint- André
a déclaré que la mission de ces commissaires n'était pas de fléchir
devant la tyrannie lyonnaise ; il a demande qu'on prit
des mesures pour atteindre les rebelles , et que la conduite des
deux députés qui ont avili leur caractere fôt examinée .
Le comité de salut public a fait un rapport sur la situation
actuelle de Lyon . ( Voyez la notice de cette séance dans le numéro
précédent. )
"
Sur la demande de Chabot , il est décrété qu'il n'y aura plus
qu'une cloche dans chaque paroisse , et que les autres seront
converties en canons .
Châteauneuf- Randon a fait passer de Rhodès les dépositions
de Charrier , qui croyant avoir sa grace a fait des aveux importans
sur la conjuration à la tête de laquelle il s'était mis. Il a
été exécuté le 17 de ce mois . Renvoyé au comité de salut
public .
-
Gambon annonce que les assemblées primaires de la ville de
Montpellier viennent d'être convoquées , et que tout promet
que la constitution y sera acceptée . Le voeu du peuple , ajoute-t- il ,
n'est pas douteux pour la constitution ; malgré les intrigues
des malveillans , il est certain qu'elle sera acceptée par plusieurs
millions de votans ; alors on fera voir aux puissances
étrangeres que la République n'est pas l'ouvrage d'une faction ,
( 218 )
qu'elle est le résultat de la volonté nationale . Je demande qu'une
Commission de cinq membres , qui vous seront designės par
le comité de salut public , soit chargée de dresser le projet
des lois politiques et réglémentaires nécessaires pour mettre
la constitution en activité.
Ramel propose de nommer une autre commission pour tout
ce qui peut améliorer les finances de la Republique .
Toutes ces propositions sont décrctées .
Séance du mercredi , 24 juillet.
La correspondance annonce , comme à l'ordinaire , beaucoup
d'acceptations de l'acte constitutionnel. Les armées des
côtes de Cherbourg et des Pyrénces orientales l'ont accepté à
l'unanimité.
Le comité de salut public fait décriter qu'il y aura dans
la ville de Montauban une manufacture d'armes et de ca
nons.
On fait lecture d'une lettre des commissaires du pouvoir
exécutit à Lyon.
Iyon , le 14 juillet , l'an 2 de la République Française.
Législateurs , aujourd'hui la fédération a eu lieu dans notre
ville de Lyon ; les administrateurs y avaient invité toutes les
communes du département , et il s'y en est trouvé peut- être
douze ou quinze , lesquelles , au retour de la cérémonie , ont
été célébrer un banquet , que dans chaque Section on leur
avait préparé . Là , après avoir satisfait à la réfection , les présidens
de sections ont proposé une prestation de serment pour
le soutien de la République Lyonnaise et fédérative ; mais
quelle a été leur surprise , lorsqu'un refus formel de la part
des braves habitaus des campagnes et des braves canonniers
des troupes de ligne s'est opposé énergiquement leur dessein !
Ces agens des administrations rebelles ont essayé tous les
moyens pour séduire les campagnes , et les soulever contre
vous et vos décrets ; ils ont appelé des députés de toutes les
communes qu'ils voulaient payer à 6 livres ; et sans leur
avoir annoncé l'objet de leur mission ; ils se sont rendus à
Finvitation. Là , on leur a proposé une levée d'hommes pour
une force armée départementale , pour aller contre Paris , et
les autres departemens qui sont dans les bons principes , et en
ontre une imposition pour subvenir aux frais de cette force armée .
Une séance de 36 heures s'est passée dans de longues et mielleuses
propositions de la part des administrateurs , et de longs
et serieux détails d'opposition de la part de la majorité des
députés , sur lesquels ils n'ont rien pu obtenir , malgré les
menaces et les atrocités lancées contr'eux , et dont la plupart
sont rentrés dans leurs foyers , outrés de la scélératesse
et du brigandage qui dominent danus Lyon , et sur les patriotes
qui gémissent sous la plus grande oppression. Fastent le Ciel , et
( 219 )
les mesures que vous allez prendre à ce sujet , que le terme de
tant d'abominations et de tyrannie soit enfin terminé ! Contage ,
législateurs , usez de la justice et des moyens qui sont en
votre pouvoir , et les patriotes délivrés et triomphans , vous
comblercut de bénédictions .
Signės , les commissaires du pouvoir exécutif.
Le président instruit la Convention que ses commissaires
l'armée du Nord , Duhem et Lesage- Senault , l'invitent à
approuver sur-le- champ l'arrêté suivant :
Nous , représentans du peuple , considérant que les dénonciations
qui nous ont été portées contre le général Lavallette,
out un caractere de gravité ; considérant que , les différends
entre lui et le général Lamarliere , tendent à occasionner l'insubordination
des soldats ,
" Arrêtons , 1º . que le général Lavalette gera suspendu de
ses fonctions ; 2 ° . que Lavalette et Lamarliere se rendront
sur-le-champ auprès du comité de salut public ; 3 ° . que Duffroi,
aide de- camp de Lavalette , sera mis en état d'arestation et
interrogé par le juge de paix , et que les scellés seront apposés
sur ses papiers ; 4° . que Dupont emplacera provisoitement
Lamarliere ; et Chevano , Lavalette .
Le salut public , a dit Robespierre aîné , exige que l'on
répande quelques lumieres sur cette affaire . Personne n'ignore
que Lamarliere est l'intime de Custines , qu'ils ont tous les
deux tramé une conspiration qui sem aussi déjouec . Vos com
missaires sont tombés dans une grande erreur. Je connais tout
ce qui s'est passé à Lille . J'ai en main la preuve de tous les
faits . J'atteste sur ma tête à toute la France , qu'il n'y a pas
de precaution que Lamarliere n'ait prise pour livrer Lille aux
Autrichiens , et qu'il n'y a pas de moyen que Lavalette n'ait
employé pour s'y opposer. Rappellez - vous la trahison de Du
mourier , ce traitre envoya Miaczinski à Lille , pour faire
tomber cette place entre les mains de vos ennemis ; Lavalette
hit chouer ce complot. Depuis , il a déjoué , autant qu'il a
été en lui , les manoeuvres de Lamarliere , qui s'est obstiné à
rester à Lille , malgré les ordres du conseil exécutif qui lui
avait assigné un autre poste . Il est étonnant , citoyens , que
celui qui a fait tant d'efforts pour faire triompher la cause du
peuple , ait succombé au tribunal de vos commissaites . "
,, Lavalette a pour lui les soldats , la société populaire
tous les patriotes , et c'est contre Lavalette qu'on prononce !
J'espere que le génie de la liberté protégera encore une fois
les patriotes , et qu'il les fera triompher de cette lutte. Lavalette
viendra à Paris , et le comité de salut public et le con - `
seil exécutif mieux instruits , rendront justice à son républicanisme
, et le renverront bientôt à son poste . La trahison dé
Lamarliere et de Custines , son protecteur , sera mise à dé-
Couvert ; je prends l'engagement de les confoudre . Voilà les
( 220 )
faits que je voulais faire connaitre à la Convention ; il y a ici
des soldats , de vrais républicains , qui ont des faits importans
à révéler ; je demande qu'ils soient entendus , et que demain le
comité de salut public nous fasse un rapport sur cet objet , afin
qu'on ne perde pas un instant pour conserver à la ville de Lille
un homme bien utile à la défense de cette place , et qui est
persécuté par des généraux perfides . "
Bentabole annonce qu'il a vu , il y a quelques jours , une
lettre de Duhem , commissaire de la Convention , dans laquelle
il faisait un éloge pompeux de Custines .
Robespierre demande qu'il soit rappellé à l'instant. - Duhem
est rappellé.
Une lettre des commissaires à Evreux apprend que la tranquillité
est entierement rétablie dans cette ville , que la constiaution
a été acceptée , que les contributions s'acquittent , et
que dans peu les auteurs des troublés seront connus.
7
Les commissaires à l'armée des côtés de la Rochelle annoncent
que les villes de Nantes , l'Orient , Vannes et Ancenis ont
accepté la constitution . Ils font passer une lettre de Beysser ,
qui n'ayant en vue que le bien et l'intérêt de sa patrie est
prêt , dit-il , à succéder à Biron , et à marcher au poste qu'on
lui désigners.
Les commissaires ont fait des requisitions pour le faire
arrêter.
Nota. Il s'est élevé dans le cours de cette séance des débats
sur le mode d'exécution du décret du corps législatif , portant
que les prêtres réfractaires seront déportés à la Guyanne fran
çaise. Voyez la notice de cette séance dans le précédent numéro . )
Le nombre des juges qui composent le tribunal extraordi
naire , fixé à cinq par le décret d'institution de ce tribunal
est porté à sept . Il sera formé une liste de candidats pour
la nomination des deux nouveaux juges.
Séance du jeudi , 25 juillet .
Fourcroy , suppléant de Marat , est admis au nombre des
représentans du peuple .
Un des plus grands maux qui affligent la République , a
dit Drouet , et le plus aisé à détruire , parce que pour y
parvenir il ne faut que des lois rigoureuses , c'est l'agiotage
et l'accaparement . On est parvenu à spéculer usurairement
sur les assignats royaux et les assignats républicains . Je demande
que la Convention décrete que dans un tems déterminé
les assignats portant l'effigie de Louis Capet n'auront plus
cours .
Cette motion incidente a été fortement appuyée par Lacroix
et plusieurs autres membres . L'Assemblée en a fait le renvoi
aux comités des finances et des assignats réunis , pour lui en
Eaire le rapport sous trois jours .
Le comité de legislation présente et l'Assemblée adopte le
( 221 )
décret suivant contre ceux qui tenteraient de dissoudre on de
gêner les sociétés populaires.
Art. 1er . Toute autorité , tout individu qui se permettrait,
sous quelque prétexte que ce soit , de porter obstacle à la
réunion , ou d'employer quelque moyen pour dissoudre les
sociétés populaires , sera poursuivi.comme coupable d'attentat
contre la liberté , et puni comme tel .
II. La peine contre les fonctionnaires publics qui se seraient
rendus coupables de l'un ou de l'autre de ces délits , est de
dix années de fers .
III . Les commandans de la force publique qui agiraient ou
qui donneraient des ordres pour agir , à l'effet d'empêcher la
réunion , ou pour dissoudre les sociétés populaires , s'ils sont
porteurs d'une réquisition écrite , seront condamnés , à cinq
années de détention ; s'ils ont agi sans réquisition , ils subi
ront dix années de fers .
IV. Les particuliers coupables des délits ci - dessus , et ceux
qui auraient enlevé , ou donne l'ordre d'enlever les registres
ou documens des sociétés populaires , seront poursuivis et punis
de cinq années de fers . I 413
V. Les administrations de département et de district , et les
municipalités sout tenues , sous leur responsabilité , de veiller
à ce que les délits de cette nature , qui se sont commis avant
la promulgation de la présente loi , soient promptement réparés.
VI. Les procureurs - généraux - syndics , les procurers -syndics
et procureurs des communes , seront tenus de dénoncer , et
les accusateurs publics de poursuivre tous les délits de cette
espece qui viendront à leur connaissance , à peine de desti
tution .
La discussion s'est ensuite portée sur un projet tendant à
résilier les marchés de Despagnac pour le service des charrois
militaires , et à faire établir une régie . La résiliation a
eu lieu. Il sera établi une régie composée de sept régisseurs
qui devront fournir un cautionnement de 300 mille livres
chacun
9
La
Une lettre des représentans du peuple à l'armée des Pyrennées
orientales , en date du 18 de ce mois , annonce à la
Convention un avantage remporté , par les troupes de la
République . L'ennemi a laissé 1000 hommes sur le champ
de bataille : cette victoire a forcé les Espagnols à lever leur camp.
Le général Deflers confirme cette nouvelle et y ajoute de
nouveaux détails . Il se plaint de manquer de cavalerie .
Convention décrete que tout garde national à cheval dans toute
l'étendue de la République est en réquisition permanente ; que
les représentans du peuple et les généraux peuvent les faire
marcher sans qu'aucun d'eux puisse donner sa démission ;
que les corps administratifs fourniront à chaque cavalier qui
ne serait pas monté , un cheval de luxe et son équipement.
( 222 )
4
Earrere obtient la parole au nom du comité de salut publique.
Valenciennes tient toujours , dit Barrere ; mais depuis
la reddition de Condé , l'ennemi peut disposer une majeure
partie de ses forces sur cette place . Le comité s'est
occupe de toutes les mesures d'ensemble propres à en faire
lever le siége . Il a pris , le 23 , différens arrêtés . On a pris
en même- tems tous les moyens d'exécution ; ils doivent encore
'être tenus secrets . Il n'y en a plus que deux à prendre , et
ils dépendent de la Convention : l'un est un envoi de commissaires
, l'autre a pour objet le mouvement des départemens ;
'c'est Lille qui a donné l'initiative . Le comité vous propose d'envoyer
Delcher et Roux -Fuzillac aux armées du Nord et des
Ardennes , et Lacoste et Guyardin auprès de celle du Rhin ,
et de la Moselle . Il vous propose de les autoriser à prépa
rer les mouvemens des départemens environnans sur toute
cette frontiere , à y requérir momentanément des troupes , et
à faire les dispositions nécessaires pour remplacer de suite
toutes les garnisons: 99 **
les nouvelles de la Vendée në
Toutes ces mesures sont adoptées par la Convention qui
met en mème-tems deux millions à la disposition du ministre
de la guerre pour les dépenses qu'elles devront occasionner.
Barrere annonce ensuite que
sont pas favorables. Il promet un rapport à ce sujet pour le
lendemain . Dartigoyte demande à Barreré pourquoi le comité
ne pense plus au remplacement de Bouchotte , ministre de
la guerre. Il y a un mois , dit - il en s'adressant à l'Assemblée
que vous avez décrété qu'il serait fait une liste de
candidats : ce décret n'a pas été exécuté , et cet ignorant est
toujours en place. Il faut enfin que ce ministère marche . Je
ne sais par quelle intrigue , par quelle magie , on eachaîne
T'opinion de l'Assemblée et l'exécution de ses décrets ... Après
quelques débats , l'Assemblée decide qu'il sera fait une liste
de candidats , pour l'organisation du ministere de la guerre.
Une lettre des administrateurs du district des Sables annonce
la prise d'un corsaire Anglais par des marins français qui le
poursuivirent sur la côte avec quelques chaloupes. Plusieurs
migrés Français se sont trouvés parmi l'équipage.
Séance extraordinaire du jeudi soir.
Appel nominal pour le renouvellement du bureau : Danton
est élu président,
A Séance du vendredi , 26 juillet .
PRESIDENCE DE DANTON,
Ou donne lecture d'une lettre du général Beauharnais , annonçant
at un nouveau succès de nos troupes sur les ennemis.
Une députation de la société des Cordeliers vient se plaindre
des persecutions qu'éprouve le ministre de la guerre ,
( 223 )
Bouchotte , et demande qu'il soit conservé . Elle instruit en
même -tems la Convention que , dimanche prochain , elle éles
vera , dans le lieu de ses séances , un autel au coeur de Marat.
La Convention décrete qu'une députation de 24 de ses
membres assistera à cette cérémonie .
Robespierre prend ensuite la parole pour un objet qui ,
dit- il , intéresse le salut public. Pour le rapport du décret
qui ordonne implicitement le renvoi d'un ministre patriote ,
de Bouchotte. L'Assemblée rapporte son décret ; les choyens
des tribunes applaudissent à plusieurs reprizes.
>
Deux administrateurs du département de Rhône et Loire
envoient leur rétractation .
Bareire fait un rapport sur l'état de la Vendée . En voici
le précis :
Le lendemain de la bataille de Flines ( le 15 ) , notre armés
s'avança sur Montiviliers . A peine les représentans y furent
arrivés , qu'une lettre du général Mencu leur annonça que
l'ennemi venait d'évacuer Vihiers . L'armée s'y rendit après
une marche de 48 heures . On s'occupait à la faire rafraîchir ,
lorsqu'on apprit que les rebelles s'avançaient sur deux colonnes
en nombre considérable. Le combat s'engagea et ne finit qu'à
F'approche de la nuit . Le lendemain à midi , l'ennemi sortit
du bois et se présenta à notre avant-garde , qui fut forcée de
se replier sur le corps d'armée . Au lieu d'avancer , les bataillous
prirent la faite avant qu'on eût tiré un seul coup de
fasit . La lâcheté fut grande , et la déroute générale . Les traits
des chevaux d'harnois furent coupés pour se sauver ..
Plusieurs soldats jetterent leurs sacs , leurs armes , leurs
gibernes , pour être moins chargés pendant la fuite . L'ennemi
ne tarda pas à s'appercevoir de cette désorganisation , il sut
en profiter ; if nous a poursuivi jusqu'à Doué. Notre perte
ne peut être considerable en hammes tués ; car, à l'exception
de quelques bataillons qui sont restés fermes à leur poste,
tous les autres ont fui. Une partie de nos bagages est devenue
la proie des brigands ; ils ont pris environ 20 ou 21 cang
dont plusieurs avaient été encloués par nous .
1 Le général Mepou a chargé une trentaine de révoltés avec
ses sculs officiers - généraux . Ajusté à 15 pas , il a rTeegu une
balle au travers du corps , dont la blessure fait craindre pour
jours.
Bourbotte , représentant du peuple , a eu un cheval tué sous
lui ; il a été entouré plusieurs fois , et n'a échappé à la tra
hison et à la mort qu'après six lieues de marche à pied dans
les bois .
Les lettres des administrateurs de Tours , en date du 21 ,
annoncent que nos troupes se sont retirées , partie auront
de Ce , partie à Chinon et à Saumur. On travaille en ce
moment à les réorganiser sur ces trois points différens . A lå
même époque les ennemis s'étaient retirés à Cholet.v
( 224 )
Dans le département d'Indre et Loire , les administras
teurs ont arrêté , et l'on est décidé à faire sonner le tocsin
dans toutes les communes du département , pour que tous les
hommes , depuis seize jusqu'à soixante ans , prennent les
armes au premier signal . Pour ne pas rendre ce mouvement
inutile ou funeste , on attend que l'armée soit organisée , afin
d'agir de concert avec elle . Alors tous ceux qui refuseraient
de marcher seront déclarés traîtres et punis comme tels ..
On est occupé a fortifier le château de Saumur , de maniere
que 2000 hommes pourront facilement faire tête à 30 mille
assiégeans .
3
La commission militaire est partie pour juger à Chinon les
lâches et les scélérats qui ont crié , pendant la déroute ,
vive le roi , à la trahison , sauve qui peut . Ils sont au nombre
de neuf à dix arrêtés , et seront probablement fusillés à la tête
de l'armée .
Il y a dans l'armée des lâches , des fuyards , quelquefois des
pillards . L'administration des vivres ne fait pas son devoir ;
les commissaires du conseil exécutif désorganisent tout ; les
malveillans répandent de faux bruits . Un volontaire a écrit
aujourd'hui au comité de salut public : On dit ici que Paris
se bat , et veut un roi : faites- nous connaître la vérité. L'immensité
de nos équipages embarrasse presque toujours les manoeuvres
de nos troupes dans un pays couvert de bois et de
montagnes ; on a même compté jusqu'à cent soixante voitures
à la suite de l'armée . Nos ennemis au contraire n'emportent
avec eux que leurs armes et du pain pour trois à quatre jours ;
' ne connaissent point les tentes ; ils se reposent par - tout
où ils se trouvent , et combattent de même . "
ils
n
Les nouvelles de Tours portent , qu'il arrive à tout moment ,
à Chinon , dés soldats , les uns de gré , les autres de force ;
que le château de Saumur est en état de défense , et qu'on d
lien de croire que les brigands n'attaqueront pas cette ville.
Une lettre du commissaire civil au département de Maine
et Loir , annonce un avantage remporté auprès du pont de
Cé , sur les rebelles qui s'étaient retranchés dans le château
de la Cressonniere . Après leur fuite , le château a été livré
aux flammes .
Il nous reste maintenant , a dit Barrere , des généraux
changer , des lâches, à punir , des taillis et des moissons à couper
, car les moissons des rebelles appartiennent à la République
; des commissaires du conseil exécutif à rappeller , des
compagnies de pionniers et de tirailleurs à former. Il n'y a que
deux points à défendre aujourd'hui , Valenciennes et la Vendée .
Vous avez pourvu à la défense de Valenciennes , il s'agit
actuellement de la Vendée... La Convention adopte les mesures
proposées par Barrere .
Collot-d'Herbois , rapporteur de la commission chargée de
présenter
( 225 7
présenter des mesures contre les accaparemens, présente un
projet de décret qui est adopté ainsi qu'il suit ;
Art. 1er. L'accaparement est un crime capital .
II. Sont déclarés accapareurs ceux qui dérobent à la circulation
des marchandises ou des denrées de premiere nécessité ,
qu'ils adherent pour les tenir renfermées , sans les mettre en
vente publiquement et journellement.
¿
III . Soat pareillement déclarés accaparenrs , ceux qui font
périr ou laissent périr volontairement les marchandises , ou les
denrées de premiere nécessité .
IV. Les denrées de premiere necessité sont le pain , la viande ,
le vin , les grains , les farines , les légumes , les fruits , le
charbon , le bois , l'huile , l'eau- de-vie , le savon , le suif;
le chanvre , la laine , les cuirs, le fer , le cuivre , les drapsi
la toile , et généralement toutes les étoffes , les soièries ekceptées.
ul . Pendant les huit jours qui suivront la-promulgation de
la présente loi , ceux qui tiendront en depôt , dans quelque
lien que ce soit , des deurees on marchandises de premiere
nécessité , seront tenus d'en faire la déclaration à leur muni
ipalité qui en vérifiera l'existence.
VF. La verification faite , le propriétaire déclarera s'il veut
Smettre en vente ses marchandises en petits lots à tour venant ,
trois jom san plus tard après la déclaration , sous Pinspection
d'un dom nissaire de la municipalité.
Vil. Si le propriétaire vent ou ne veut pas faire la vente
en petits lots , il remettra copie des factures de ses marchandises
a la municipalité , qui , après lui en avoir passé une
reconnaissance , nommera un commissaire pour faire cette
venteen fixant le prix de maniere que le propriétaire obrienne
-un bénéfice commercial; si cependant le prix des factures cult
trop fort la vente n'en aurait pas moins lieu suivant le cours
ordinaire : etu« qui produiront de fausses factures seront
traites gompe accapareurs.
ป
VIII. Huit jours après la publication du présent décret
ceux qui ne feront pas ces déclarations seront réputés accapareurs
, et comme tels punis de mort , leurs marchandises et
denrées seront confisquées.
9
dX . Les négocians en gros et les marchands en détail seront
tenus de mettre sur leurs magasins une inscription" qui en
exprimerà la quanuté et la qualité , sous peine d'ême traites
compre , accapareurs .
X. Ceux qui feront de fansses déclarations , ou qui auront
fté prête-uams , seront puni, de mort . Tont fonctionnaire
public qui aura prévariqué dans l'exécution de la présente loi ,
sera également puni de mort.
XI. Tout citoyen qui dénoncera un accapazenr ou une
contravention à la présente loi , aura un tiers du prix des mar
Tame IV. P
( 226 )
chandises , le second tiers sera distribué aux indigens , à la
municipalité ; le dernier tiers appartiendra à la Répu
blique .
Séance du samedi 27 juillet.
Le ministre de l'intérieur écrit à la Convention pour savoir
s'il doit continuer les primes accordées aux négocians , et s'il
ne convient pas de supprimer entierement celles qu'on donnait
aux commerçans negriers . Cette derniere proposition donne
lieu à Grégoire de s'étonner qu'une telle prime , qui autorise un
commerce aussi infâme que celui de la traite des Negres , existe
encore . Renvoyé au comité de commerce .
Les représentans du peuple à l'armée du Nord instruisent
Ja Convention, qu'ils ont appellé le citoyen Desrues au cammandement
de la division à la tête de laquelle Lamarliere
était ci - devant ; ils lui ont adjoint le citoyen Dupont en qualité
d'adjudant- général. Renvoyé au comité de salut
public,
--
On fait lecture d'une lettre de Custines , datée des prisons
de l'Abbaye , le 26 juillet . La voici :
Citoyen président , je ne parlerai point de la surprise que
m'a causée mon arrestation ; qu'il me soit seulement permis de
dire à la Convention que je n'ai jamais cessé de prouver que
je méritais la confiance de mes concitoyens et des armées dont
le commandement m'avait été confié . Détenu depuis lundi dans
les prisons de l'Abbaye je n'ai pu obtenir d'être encore interroge
; je sollicite mon prompt jugement et la rédaction de l'acte
d'accusation ; j'apprends qu'il court dans Paris des libelles diffamaus
contre moi : ma probité fut et sera toujours sans tache : je
ne demande qu'à confondre mes accusateurs , et à détromper
les citoyens de bonne foi . Respect aux lois , fraternité aux
Français qui veulent la République une et indivisible .
Signé , GUSŢINES,
3011
Toutes les autorités constituées du département du Calvados
ont rapporté leurs arrêtés des 7 et 9 juin dernier. L'adresse
qui contient ce fait a été communiquée par le comité de salut
public. En voici le précis :
Nous , administraleurs et procureur-général - syndic du départemene
du Calvados , les membres du conseil général de la commune
de cette ville de Caen , les président et accusateur public du tribunal
criminel du département , les membres du tribunal de district
de Caen , les juges de paix et de commerce de la même ville , procureur-
syndic du district de Lisieux et commissaire national de
Pont-l'Evêque , à la Convention nationale.
Les citoyens de la ville de Caen , dans un moment où ils
crurent la dignité de la représentation nationale avilie , où
ils crurent voir la liberté en péril , s'assemblerent dans fes
( 227 )
sections , et nommerent des commissaires pour rédiger et présenter
une adresse à la Convention .
an
"Les commissaires envoyés , de retour à Caen , firent part
peuple des inquiétudes qu'ils avaient conçues eux mêmes
sur les dangers de la patrie ; le peuple s'assembla de nouveau
dans les sections , ainsi que dans les sociétés populaires : tous
les citoyens se déclarerent en état d'insurrection et de résistance
à l'oppression .
༈་ རྟེན་ རྒྱུ་ནར
Chaque section , chaque société populaire , nomma des
députes pour composer une assemblée générale , dans le lieu des
séances du département. }
Le premier mouvement porta à des mesures extrêmes ; les
représentans du peuple , alors résidant à Bayeux , furent arrêtés
comme ôtages ; une force départementale devait être organisée
pour rendre à la Convention,sa dignité et sa liberté , et maintenir
l'unité et l'indivisibilité de la République .
Pendant cet intervalle , l'acte constitutionnel a paru . On
a vu dans cet ouvrage les bases d'un gouvernement libre et
républicain ; au milieu des déchiremens qui affligent la patrie ,
on a considéré cet acte constitutionnel comme le palladium
de la liberté , et le point de ralliement de tous les Français .
Le , moment est arrivé où toutes les discussions doivent
cesser ; les derniers succès des armées étrangeres offrent encore
à tous les bons Français un motif sacré de se rallier plus
étroitement que jamais sous une même baniere , et de réunir
leurs efforts pour écarter les ennemis de la patrie .
Pourquoi , déterminés par les considérations toutes puissantes.
de salut public , de l'amour de la liberté , du désir de la paix
intérieure , du maintien de la République une et indivisible ,
et craignant sur - tout les funestes effets de la guerre civle prête
à naître ,
Nous rapportons nos arrêtés des 9 juin dernier et jours suivans ,
dont nous nous rétractons.; déclarant que , dès ce moment ,
notre intention est d'enregistrer , promulguer et faire exécuter
les lois qui ne l'auraient point été depuis l'époque desdits
arrêtés ; que des exemplaires de la constitution vont être envoyés
aux municipalités en même tems que la convocation
des assemblées primaires sera ordonnée ; que la présente déclaration
sera envoyée , sans délai , à la Convention nationale .
Nous déclarons en outre aux représentans du peuple , que
nous nous occupons de rendre à leurs fonctions ceux de leurs
collegues qui ont été retenus parmi nous . Nous avons tout
lieu de penser que ces citoyens nous rendront justice , et
feront connaître nos principes et nos sentimens .
Arrêté en l'assemblée réunie des autorites constituées de
la ville de Caen , ce 25 juillet 1793 , l'an second de la Républi
que une et indivisible .
Suivent les signatures .
Les administrateurs , les membres des autorités constituées ,
P 2
( 228 )
les députés des sections.de la ville d'Evreux composant l'assem
blée générale de l'Eure , sousignés , mus par les mêmes mouts
que l'assemblée des autorités constituées de la ville de Caen ,
déclarent qu'ils retractent l'arrêté pris par eux , le 6 juin
dernier , ensemble tous ceux qui en ont été la suite , et auxquels
ils ont participé .
Is déclarent en outre qu'ils adherent à la constitution présentée
au peuple Français par la Convention nationale ; que le vieu
le plus cher à leur coeur , est que la démarche qu'ils font
én ce moment , fasse cesser promptement l'arnarchie , et
assure le salut de la République , pour laquelle ils ont juré
et jurent de mourir...
Fait et arrêté lesdits jour et an . Suivent les signatures .
Les administrateurs et procureur- général - syndic du département du
Calvados , les membres du conseil - général de la commune de cet e
bille , le président et accusateur public du tribunal criminel du
département , les membre du tribunal du district de Caen , les
juges de paix et juges de commerce de cette ville , à la Convention
nationale.
Nous devons maintenant , législateurs , à la vérité de déclarer
que le général Félix Wimpien n'a eu aucune part à
l'arrestation des commissaires de la Convention nationale , faite
par le peuple , et dans un tems où il n'avait aucun moyen pour
l'empêcher.
罩
Que , dans les premiers momens de l'insurrection , le généra
insista pour donner sa demission , et qu'il ne consentit à reprendre
ses fonctions ' qu'en cédant à la volonté du peuple , unanimement
prononcée ; il n'a cessé , par ses actions et ses discours
, de témoigner son desir pour le retour de la paix
intérieure .
Tout l'état-major et les officiers supérieurs de l'armée on
manifesté les mêmes principes et les mêmes sentimens.
Arrêté en l'assemblée des autorités constituées , réunies,
de la ville de Caen , le 25 juillet 1793 , l'an second de la
République .
Le conseil exécutif a annoncé à la Convention qu'il a
confié le commandement en chef de l'armée des côtes de
la Rochelle , au général de division , Rossignol , le même que
Westermanu avait fait emprisonner.
Nota. Il a été décrété un article additionnel à la loi relative
aur accapareméns . Cet article porte que les scellés serons
mis sur les magasins et entrepôts de la compagnie des Indes.
Séance du dimanche 28 juillet.
A l'ouverture de cette séance , Bréard a annoncé que des.
( 229 )
3
eitoyens de la Gironde sont bien éloignés de partager les
sentimens de leurs administrateurs , et qu'ils vont bientôt
accepter l'acte constitutionnel . --La société républicaine
d'Auxerre demande que toutes les bannieres données aux fédérés
des 83 départemens . à la fédération du 14 juillet 1790 , soient
rapportées à Paris par les députés des assemblées primaires ,
pour y être brûlées le 10 août , parce qu'ciles rappellent le souvenir
de la royauté : ces Républicains demandent encore que
ces bannieres soient remplacées par de nouvelles , sur lesquelles
seront empreints les emblêmes de l'unité et de l'indivisibilité
de la République .
Gette demande est convertie en motion ; mais sur l'observation
d'un membre , que plusieurs départemens lointains
sont en marche , et qu'ils ne pourront apporter ces bannieres ,
la Convention décrete qu'elles seront brûlées dans les chefslieux
des départemens .
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple ,
datée de Lyon le 25 juillet. La voici :
Citoyens nos collegues , vous avez vu par notre dépêche
du 20 , que nous mettions notre arrestation à profit pour désabuser
les citoyens du département de Rhône et Loire , et les
exhorter à se railier à la Convention, nationale . Aujourd'hui
nos voeux sont en partie remplis . ' .
Les corps administratifs réunis , ainsi que l'assemblée départementale
, ont pris les délibérations ci -jointes , en nous
priant de vous les faire parvenir par un courier extraordinaire :
nous nous prêtons d'autant plus volontiers à solliciter Findu'-
gence de la Convention à leur égard , que nous avons lien
d'espérer que le peuple dans ses assemblées primaires , convoquées
pour le 28 , s'empressera également , en acceptant la
constitution , de reconnaitre la Convention nationale , de
respecter et exécuter ses décrets .
" L'assemblée départementale vous assure par ses commissaires
qu'elle se dissout à l'instant ; notre collegue Derbez et
le commissaire Buanoroti sont en liberté ; nous recouvrons
aussi la nôtre , et nos papiers nous seront remis demain . Nous
allons donc suivre de près le courier pour nous rendre à notre
poste ; il nous tarde de convaincre la Convention que dans
le cours de notre longue mission nous avons mis tout en usage
'pour faire le bien et répondre à la confiance dont nous étions
honorés .
A
P. S. Nous joignons encore les rétractations individuelles
des administrateurs du département et des citoyens Gilibert
et Morillon qui nous en ont prié ; nous devons la justice à
ces derniers , de déclarer qu'ils n'ont pas peu contribué , à
propager le principe de réunion et de ralliement à la Conven
tion nationale .
Signés , ROUYER, BRUNEL.
P 3
1230 )
1
L'Assemblée entend ensuite la lecture des pieces qui étaient
jointes à cette lettre , et qui contiennent la rétractation des
arrêtés précédemment pris par les administrateurs du départe
ment de Rhône et Loire , au sujet de l'insurection du Si mai
et des évenemens qui l'ònt suivi . Dans leur séance du 25 de
ce mois , tous les pouvoirs constitués de Lyon ont reconnu
leur erreur ; ils sont résolus de faire exécuter toutes les lois
émanées de la Convention ; toutes les assemblées primaires
de leur canton sont convoquées pour exprimer leur voeu sur
la constitution : enfin ces fonctionnaires publics assurent qu'ils
ont été horriblement calomniés ; ils prient l'Assemblée de rapporter
les décrets de proscription qu'elle a lancés contre eux ;
ils déclarent qu'ils resteront en état de résistance à l'oppression
jusqu'à ce qu'ils aient obtenu cette justice .
L'Assemblée ne décide rien sur cette réclamation ; elle se
contente d'ordonner le renvoi de ces pieces aux comités de
salut public et de sûreté générale .
66
Au nom du comité de salut public , Barrere obtient la pa
role et dit Telle est la destinée des Républiques ; elles
ne peuvent se fonder qu'au milieu des orages et des trahisons .
Nous avons reçu , ce matin , des lettres qui seraient alarmantes
pour tous autres que pour des hommes libres , mais qui ne
feront , au contraire , que vous encourager à affermir la République
que vous avez établie en France . Les voici :
Au quartier -général de l'armée de la Moselle , le 26 juillet.
Citoyens , nos collegues , lorsque nous vous entretenions
de nos espérances , et que nous vous annonçions des succès
presque assurés ; nous étions bien loin d'imaginer que Mayence
était alors au pouvoir de l'ennemi , et qu'une infame capitulation
eût été signée le 23. La garnison avait encore du pain ,
la place n'avait souffert aucune breche , et Mayence s'est rendue
au moment où deux armées victorieuses allaient à son
secours.
" Nous ne pouvons vous dire combien ce revers nous est
funeste et dérange la position de nos armées . Houchard , après
avoir délivré Mayence , devait prendre les Autrichiens par
derriere , et les forcer d'évacuer le département du Nord.
Custines s'est toujours opposé à cette expédition , en disant
qu'il ne fallait s'avancer sur Mayence que vers le 15 août
ce général perfide triomphe ; voilà l'effet de ses trahisons , il
voulait livrer Valenciennes et Condé en même tems que
Mayence .
·
" L'officier , porteur de cette affreuse nouvelle , nous a parlé
d'un billet , signé Custines , qui doit exister entre les mains
du commandant ou du conseil de guerre . Nous lui en avons
demandé une déposition signée , que nous vous faisons passer .
Une autre preuve de la trahison de Custines , c'est que Ho(
231 )
henlohe , dans des notes écrites de sa main , avait grand soin
de s'informer si ce général conservait encore quelque influence
dans l'armée . Attendrons -nous toujours , pour punir les traî
tres , qu'ils aient consommé leurs trahisons. Nous vous envoyons
copie de la capitulation ; ce sont des Frauçais qui l'ont,
eux-mêmes dressée ..... Ici Barrere fait lecture de cette piece .
(Voyez l'article Mayence , page 212. )
Les représentans du peuple ajoutent qu'ils ont fait mettre
en état d'ariestation le citoyen Vidalot , qui a eu la bassesse
de se charger d'une pareille capitulation . Voici la déclaration
de cet officier :
Quelques jours après le commencement du blorus de la
ville de Mayence , le général Doyre fut invité , par le général,
Prussien , à une conference avec un agent de Custines , con
férence qui devait avoir lieu en présence du général Frussien .
99 Cette conférence eut lieu , et fut suivie d'une seconde.
Dans l'une d'elles , l'agent de Custines glissa au général Doyré
un billet signé de la main de Custines , mais écrit par une
main étrangere . Ce billet engageait le géneral Doyré à entrer
en négociation pour la reddition de Mayence . Ce billet doit
exister dans les papiers du conseil de guerre ou dans ceux
du général Doyré. Le citoyen Rewbel , commissaire de la
Convention , les citoyens Dapincourt , Kleber , Dedieu ,
Deville et Beaupuy ont assisté à ces conférences , et ont eu
connaissance de ce billet . "
A Coussey , le 25 juillet 1793 , l'an 2º . de la République Française.
Signé , VIDALOT DESERAT.
Le systême qu'a constamment suivi Custines , ajoute
Barrere , essemble à celui qu'avait adopté le traître Dumourier.
Celui- ci livrait la Belgique avec les mêmes moyens que
Custines préparait l'invasion de l'Alsace ; Dumourier portait
dans la Eelgique une nombreuse artillerie Française pour la
faire tomber au pouvoir des ennemis , Custines dégarnit nos
places fortes , et renferme dans Mayence une grande quantité
de bouches à feu . Meynier et Levasseur tiennent du général
Houchard , que Custines en partant pour l'armée du Nord ,
lui dit : Je vous abandonne les Autrichiens et les Hessois ; mais de
grace , pargnez les Prussiens , Ce systême de ménagement en
vers les Prussiens , acquiert encore un degré de probabilité
lorqu'on voit le fils de Custines chargé par Dumourier d'une
mission secrette pour, la Prusse. Custines arrivé à l'armée da
Nord , degarnissait Lille de 76 pieces de canon , ( pour en
armer les redoutes et les retranchemens du camp de la
Magdelaine malgré le refus constant du général Favart qui
commandait dans cette ville ; le fait est, constaté par la correspondance
des deux généraux . 19
6
0
.6.021
P 4 J
( 232 )
7 • Espérons , dit Barrere , en terminant son rapport , ques
cette nouvelle trahison servira à l'établissement de la Répus
blique ; mais , en attendant que nous connaissions tous les
conspirateurs , trappons sur ceux qui sont en notre puissance.
"
Barrere lit deux projets de décret qui sont adoptés en ces
termes :
***
Premier décrct.
Art. Ier. Il y a lieu à accus tion contre le - ci - devant géneral
Custines .
H. Le général de brigade Doyré , commandant à Mayence ,
et tous les officiers de l'état major de cette garnison , som mis
en état d'accusation , et seront conduits incessament sous -bonne
et sûre garde à Paris.
III. Les representans du penple près la garnison de Mayence
se rendront sur-le-champ dans le sein de la Convention nationale
pour être entendus sur la reddition de Mayence .
IV. La garnison de Mayence rentrera dans l'intérieur .
V. Le présent decret sera envoyé par des couriers extraor
dinaires aux représentans du peuple près les armées de la
Moselle et du Rhiu . Le conseil exécutif prendra toutes les me→
sures nécessaires pour sa prompte exécution.
Second décret.
Art. 1er. La Convention nationale déclare traîtres à la patric
Buzot , Barbaroux , Gorsas , Laujuinais , Salles , Louver ,
Bourgoing , Birotean , Pétion , Chassey , Cussy , Fermout ,
Meillau , Lesage d'Eure et Loir , Valady , Kervelegan ; qui
Je sont soustraies au décret rendu contr'eux e 2 juin dernier
et se sont mis en état de rébellion dans le département de
PEure , da Calvados´ et de Rhône et Loile , dans le dessein
d'empêcher l'établissement de la République , et de rétablir la
Foyauté. 2
21
My a eu accusation contre Gensonné , Guadet ,
Vergníaud , " Molleveau , Gardien , Fauchet , Boileau , Valazė ,
Grangeneuve , prévenus de complicité avec ceux qui ont pris
la fuite et se sont mis en état de rébellion .
3
$
ab III. La Convention nationale ordonne l'impression des pieces
Témises au comité de salut public , et décrete l'envoi aux de→
partemens! {
SA Gaston demandait aussi le décret d'accusation contre Fonfrede
, Ducos et Carra ; mais l'Assemblée à renvoyé cette pros
position au comité de salut public . Sur la demande de
Harpere , la Convention , dérogeant à la loi sur l'avancement
militaire , decretè que les ministres de la guerre et de la mas
rine me consulteront point le rang pour la nomination des
officiers supérieurs .
( 233 )
Sur la demande de Lacroix , elle accorde à son comité de
salut public la faculté de lancer des mandats d'arrêt.
Cette séance a été terminée par la lecture d'une lettre du
général Labourdonnaye , qui annonce un avantage sur les
Espagnols.
Séance du lundi 29 juillet.
Duhem de retour de l'armée du Nord , a exposé l'insuf
sance du nombre des commissaires actuellement auprès de
cette armée , forte de 180 mille hommes , et qui va être ren--
forcée , non-seulement par les hommes que l'on est sur le
point de tever dans les départemens frontieres , mais encore .
par les troupes que le comité de salut public a donné ordre
d'y faire porter. Il a ensuite rendu compte des motifs qui ont
fait suspendre de leurs fonctions les citoyens Lamarliere et
Lavalette . Il a dénoncé plusieurs abus , et déclaré qu'il y a
des intrigans d'autant plus dangereux qu'ils s'annoncent sous
hs delors du jacobinisme le pins prononcé . Sur la proposi
tion de Duhem , FAssemblee adjoint de nouveaux représen
taifs à ceux déja nommés à l'armée du Nord , et décrete le
renvoi des denonciations au comité de salut public.
Billaud- Varennes a demandé et obtenu la parole pour une
motion d'ordre. Plus Custines est coupable , a-t- il dit , plus
son jugement doit être prompt. La marche que vous avez
adoptée est Inte ; la rédaction de l'acte d'accusation entraîne
des longueurs interminables , et ce n'est certainement pas votre
intention de reculer le supplice de ce grand coupable. Il faut
que son procès lui soit fait cette semaine , et que dimanche
il n'existe plus. Outre les pieces qui ont été lues à sa charge , it
est certain qu'il existe une lettre de ce général au comman
daut de Mayence , dans laquelle il l'engage à livrer la place.
Custines a des complices qui ont cherché à égarer l'armée qu'il
commandait , en répandant qu'il n'avait été mandé à Paris
pour être sacrifie à la Montagne .... Le fils de ce traître ose
salir les murs de Paris de ses affiches , qu'il soit aussi arrêté .
que
Ici Couthon a assuré que dès hier Custines fils a été mis
´en état d'arrestation , ainsi que plusieurs autres citoyens suspects
.
2
Billaud- Varennes a repris la parole pour communiquer une
lettre qu'il a reçue de Bordeaux , et qui est datée du 23
-de ce mois. Elle porte que la mort de Marat n'a pas fait
grande sensation ; mais ce qui en fait beaucoup , c'est Fattente
où l'on est de la reddition de Mayence et de Valen
ciennes . D'après ces nouvelles observations , l'assemblée
a rapporté son décret relatif au général Custines , et la
renvoyé devant le tribunal révolutionnaire qui , tonte affaire
cessante , instruira son procès . Le comité de salut public est
autorisé à lancer des mandats d'arrêts contre les complices de
Gustines.
( 234 )
D
Il me reste , a ajouté Billaud , une autre mesure à vous
proposer. Vous avez d'autres traîtres à punir. Ce sont les
messagers des administrations infideles qui ont parcouru les.
diverses villes de la République pour les soulever contre la
Convention . Décrétez que tout individu qui aura séjournė
dans les villes rebelles , sera déclaré émigré , s'il ne peut pas
prouver que des affaires particulieres l'y appelloient.
――
Cette proposition a été fortement appuyée par St. André .
Il a observé qu'il n'y avait que de grandes mesures qui pussent
sauver, la République ; qu'il ne fallait point se laisser séduire
par le simulacre d'acceptation de la constitution ; que plusieurs
administrations feignaient d'y adhérer , pour mieux cacher
leurs projets ; que Bordeaux n'avait point renoncé à l'espoir .
de marcher sur Paris , que déja même ses troupes étaient en
marche. Après quelques débats , cette proposition a été
renvoyée à l'examen du comité de salut public . Enfin Billaud
a proposé une derniere mesure . On vous a dénoncé , a - t - il
dit , le général Kellermann . On vous a assuré qu'il avait refusé
d'obéir aux requisitions des commissaires Albitte et Dubois-
Crancé , de marcher sur la ville de Lyon. Si ce fait est vrai ,
Kellermann ne peut plus commander vos armées . Je demande
que le comité de sûreté générale vous fasse un rapport sur
cet objet. Cette proposition est décrétée , ainsi qu'une autre
de Bentabole , tendante à enjoindre au comité de legislation.
de s'occuper , sans désemparer , de la rédaction des actes
d'accusation de Brissot et des autres députés détenus.
Une lettre de Kellermann , en date du 23 , rend compte
d'un aavantage qu'il a remporté sur les Piémontais . Il y a eu
sur les hauteurs voisines de la vallée de l'Arche une affaire
qui a duré sept heures , où les ennemis ont eu cent hommes
tués et vingt prisouniers. "
PARIS, lleev1eerr , août 1793.
COMMUNE. Conseil-général , du 24 juillet.
Op a ta
-
a fait lecture ddaannss cette séance d'une très - longue lettre
du général Santerre , datée de Tours le 20 juillet . En voici le
précis : Vous savez quelle fatale journée nous cûmes hier ; avant
hier le feu prit au parc d'artillerie , et malgré cela nous battimes
T'ennemi qui nous attaqua ; mais alors la troupe était tranquille :
il n'en était pas ainsi hier ; l'ennemi nous attaqua au moment
des distributions ; il venait de pleuvoir beaucoup de mauvais
citoyens , sous le vain prétexte que leur poudre était
mouillée , tirerent plus de deux mille coups de fusil . L'ennemi
qui était en présence s'apperçut bien que nous avions du
désordre. Les canonniers du septeme bataillon de Paris me
7
1
( 235 ) .
A
inrent mille mauvaises raisons . Au moment du combat
un ivrogne mit le trouble , et les talens trop faibles du
citoyen Houdain , lieutenant- colonel ne lui suffirent pas pour
tirer partie de ce bataillon , dont les sept huitiemes sont
excellens .
;
" Les officiers , en grande partie , ne sont pas au niveau de
leur place , et ne peuvent réprimer le désordre . Les sept
huitemes des soldats sont de vrais républicains qui gémissent
de cet abus . Hier , il y avait trois jours que des compagnies
n'avaient eu de pain . Comparez , je vous prie , citoyens
quelle différence il a d'attaquer l'ennemi aux frontieres , où
Fon est appuyé de droite et de gauche , d'une armée ou d'un
fleuve comparez la difficulté de se battre contre un ennemi
qui differe de celui de l'extérieur , parce qu'il n'a pas d'équi
page , et qu'il trouve des soldats où il va , en sonnant le
tocsin ; comparez l'embarras où nous nous trouvons
lorsque
les vivres sont retardés , de n'avoir aucune subsistance
dans ce pays , parce que les habitans sont nos ennemis et no
espions . J'ajouterai à ma longue lettre une réflexion consolante
sur notre perte , c'est que cet évenement , d'après mes opinions ,
forcera Nantes à recouvrer notre amitié. 99.
Signé , le général de brigade , Santerre.
Du 25. Une députation de la société des défenseurs de la
République est venue annoncer au 'conseil que , samedi prochain
, elle ouvrira sa séance à quatre heures du soir ; elle se
propose de réunir tous les bons citoyens , pour délibérer sur
les intérêts de la République .
Sur la demande de la séction du Théatre Français , il a été
arrêté que la rue des Cordeliers serait appellée rue de Marat ,
et la rue de Marseille , place de l'Ami du Peuple.
"
Du 27. Un des commissaires , nommé pour présider à la
levee des scellés apposés chez Marat , a fait son rapport. Cette
opération a fait briller dans tout son jour le désintéressement
de l'ami du peuple . On n'a trouvé , a dit le rapporteur , chez
ce citoyen , accusé depuis si long- tems d'être vendu aux puissances
étrangeres ; on n'a trouvé chez lui qu'un assignat de
25 sols.
Du 28. La section des Lombards est venue s'informer s'il
était vrai que des boulangers eussent réclamé , auprès du procureur
de la commune , une indemnité pour une grande quantité
de pain rassis qui leur restait , et dont ils ne savaieut
que faire . Un membre a répondu que cette réclamation avait
été adressée au citoyen maire Le conseil a passé à l'ordre du
jour , et renvoyé les commissaires de la section des Lombards
par- devant le citoyen maire pour plus amples éclaircissemens.
( 236 )
Du 29. On a lu une lettre du citoyen Garin , administrateur
des subsistances , qui amionce qu'il vient d'être mis en état
d'arrestation par ordre du comité de salut public de la Convention.
Cette lettre a donné lieu a de légers débats un
membre a dit que si Garin était coupable , le ministre Garat
Ferait aussi , et qu'en conséquence l'un et l'autre devaient
subir le même sort , Le conseil a nommé des commissaires
pour prendre connaissance des motifs qui put fait arrêter Garin
et des faits à la charge de Garat , et réclamer la prompte liberté
de l'administrateur des subsistances , s'il n'est point coupable.
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
François Coqueiaux- Boisbernier , accusé d'avoir entretenu
une correspondance avec les royalistes , colporté des écrits
incendiaires , et arboré la cocarde blanche , a été condamné
mort. Il a subi son jugement.
Custines a subi le 29 son premier interrogatoire secret.
Comme le tribunal révolutionnaire est incomplet , son procès
pourra tire différé de quelques jours.
Les députés mis en état d'arrestation ont été transfėrės au
Luxembourg. Des sentinelles sont placés à leur porte , d'autres
sont placés au bas de leur fenêtre , dont la vue donue sur la
promenade .
Le service de la garde , composée de 25 hommes , est fait
tour à tour par les sections.
Le transport du coeur de Marat s'est fait , dimanche dernier
, avec une grande solemnité . On avait dans le jardin
du Luxembourg , dressé un théâtre couvert de tentures trilores.
C'est- là que ce sont rendus , vers le soir , la députa
tion de la Convention , les autorités constituées , les sociétés
populaires et une foule de citoyens . L'éloge funebre de Marat
a été prononcé par plusieurs orateurs . Son coeur déposé dans
une use , a été transporté ensuite dans le lieu où la société
des Cordeliers tient ses séances .
On dit l'ex -général Binon arrêté . Des lettres d'Evreux
annoncent qu'on y est occupé à démolir la maison de Buzot.
La société populaire dont les portes étaient fermées , depuis
six semaines , a repris ses séances ; elle a été présidée par
Lidet , eveque de cette ville et représentant du peuple.
Ou maude d'Amiens que des commissaires son>t arrivés pour
faire réparer les fortifications de cette ville et la mettre en état
de défense.
( 237 )
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro l'arrestation
à Chartres du citoyen Pétion pere . Hi vient de nous écrire
pour réclamer contre ce faux bruit , et nous nous empressons
de rectifier une erreur où nous avions été induit par divers
journauxkt om on
IC
Réponse à la proclamation de Cobourg ( 1 ) , général autrichien , par
le représentant du peuple Dubois - Dubais.
Maubeuge , le 24 juillet 1793 , l'an 2 de la République .
Tu prends possession , dis - tu , des ville , forteresse et
district de Condé , qui sont soumis au pouvoir de ton empes
reur et roi , par les valeureuses troupes que tu commandes ...
" Ton imposture est bien digne d'un esclave et d'un vil
suppôt du despotisme ; car ce n'est pas la valeur qui admis,
en ta possession cette ville républicaine ; tu la tiens du monstre
Dumourier qui a empêché de l'approvisionner. Si tu avais
voulu la devoir au courage seul , tes satellites n'eussent jamais
souillé cette place in as dû t'en convaincre par la faim que
les courageux Républicains qui la défendaient out su souffrir
Jong- tems avant de la rendre.
$
Tu parles de maintenir la sûreté des propriétés ÿneiom
violes la plus essentielle et la plus sacrée de toutes , celle de
la liberté , en défendant les clubs , et en asservissant ainsi jusqu'à
la pensée ; pour des hommes qui en connaissent le prik
et qui sentent toute leur dignité , il n'existe point de propriété
sans celle -là ; ainsi l'ordre et la tranquillité publique que
tu promets à ce prix , ne sont , à proprement parler , que te
sombre et cruel repos de l'esclavage. Déja les malheureux
habitans de Condé n'entendent plus autour d'eux qué l'affreux
cliquetis des chaînes que tu leur préparés ; mais sous
leur poids douloureux ils conserveront une ame libret
leurs malheureux , & cres , crois -le bien , ne souffriront pas longtems
qu'ils , supportent le joug odieux de la tyrannie qui pese
sur leurs têtes .
3
?
Vois tes aveugles satellites terrassés sous les murs de Vàlenciennes
; › vois les braves républicains de cette ville affrontér
tes foudres et mépriser tes hordes innombrables de brigands
venant de toutes les parties de la terre esclave pour la conquérir.
Tu apprendras bientôt par eux ce que c'est que la valeur ,
et ce que tu dois attendre du courage invincible des hommes
libres. Ose faire encore un pas de plus sur la terre de la
liberté , et ta perte est certaine ; un peuple indigné se levera
en masse écrasera de son seul poids tes armées d'esclaves , et
daus sa rage , aussi légitime qu'indomptable , il purgera la
(1) Insérée dans notre dernier numéro .
( 238 )
terre des tyrans et de tous leurs vils suppôts ; je te le prédis
encore une fois . ( Le citoyen Dubois-Dubais , représentant du
peuple , pendant son séjour à Valenciennes , lui avait déja fait
la même prédiction dans une réponse à une de ses procla
mations. Malgré tes jactances méprisables et celles de la sé
quelle qui t'entoure , la nation Française sera libre et don
nera au monde entier l'exemple de ce que peut un peuple
qui a resolu de l'être .
Glorific - toi , Cobourg , de ta conquête , qui ne t'a coûté ni
un grain de poudre , ni une goutte de sang ; tu ne la dois
qu'à la trahison , et tu la rendras à la valeur . La seule conquête
sur laquelle tu peux compter , pour toi et tes bandes
de satellites , c'est le tombeau ; chaque jour tu en creuses la
profondeur chaque jour tu amonceles les victimes qu'il doit
devorer , et à mesure que tu avances sur le territoire français ,
tu en approches ; frémis et sois convaincu que telle sera
Ja fin de tes sanguinaires et imbécilles efforts !
Signé , DUBOIS-DUBAIS .
LANDAU . Extrait d'une lettre du général Beauharnais .
J'annonce avec plaisir à la Convention , un nouveau
succès. Hier 22 , j'ai fait marcher une partie de l'armée sur trois
colonnes , et j'ai fait attaquer les Prussiens retranchés sur les
hauteurs de la chapelle Sainte -Anne , où ils étaient dans une
espece de fort , et d'un accès difficile par les ouvrages que
Part avait ajouté à une fortification naturelle . Ces montagnes
ont été escaladées et tournées par les hauteurs de la maniere
la plus étonnante , et la plus courageuse . La brigade du 6e .
égiment , dirigée par le général Meynier , défenseur de Kanigstein
, de concert avec des bataillons d'infanterie légere ,
conduite par le jeune Delmas , d'une valeur distinguée , ont
emporté , la bayonnette au bout du fusil , ce poste important ,
malgré le feu des redoutes . Les ennemis ont ensuite été forcés
de village en village , au pied des Vosges , par notre infanterie
, tandis que la cavalerie de notre avant-garde , aux ordres
de Landremont , repoussait l'ennemi dans la plaine : une division
d'infanterie et de la cavalerie occupait , pendant ce
tems - là , les Autrichiens et les émigrés du côte de la forêt
de Boruhem et les hauteurs d'Esseingen . De toutes parts le
feu a été très - vif, et l'on s'est battu à-peu-près par-tout depuis
neuf heures du matin jusqu'à plus d'une demi -heure: après le
coucher du soleil . Il est résulté de cette journée , que nous
nous sommes considérablement étendus le long des montagnes
, que nous avons fait des prisonniers , emporté plusieurs
redoutes et retranchemens des ennemis , particuliérement la
montagne Sainte- Anne et Nyer, quartier-général , d'un des généraux
Frussiens ; que nous avons forcé les Prussiens à quitter
leur position d'Edenkossen , et que nous leur avons fait perdre
un monde considérable .
( 239 )
<
Je n'ai rien à reprocher à mes troupes que trop d'ardeur.
La perte des Autrichiens a été très - forte , lorsque leur cavalerie
a été chargée par une partie de la brigade du neuvieme régiment
de cavalerie , aux ordres de Baurevoir. Les Autrichiens , Prussiens
et émigrés , peuvent avoir eu tant tués que blessés 12 à
1500 hommes. Il ne m'est possible de présenter qu'en apperçu
nos pertes ; j'évalue cependant que nous pouvons avoir eu
150 tués et 400 blessés , dans le nombre desquels il se trouve
beaucoup d'officiers . Parmi les traits d'héroïsme à distinguer
dans cette journée , on remarque celui de Guéret , maréchal
des logis , portant l'étendart du ge régiment de cavalerie ;
il a été somme par quatre ennemis de se rendre ; sa réponse
a été d'en tuer deux et d'en blesser un troisieme , il a été
renversé par le quatrieme , mais il s'est débarassé de son
cheval , et a rapporté à son corps son étendari fracassé . 99
ARMÉE DES ALPES. Extrait d'une lettre du général Kellermann ,
datée de Grenoble , le 23 juillet .
« J'avais ordonné au général Carcazadel de faire tous ses
efforts pour protéger les malheureux habitans de la vallée de
' Darche dans le transport de leurs récoltes . Il résolut de s'emparet
de la montagne de Tête-Dure , dont la position remplissait
son but , et fit ses dispositions qui réussirent . L'action a eu
lieu le 18 , et après un combat de 7 heures , pendant lequel
les ennemis tenterent de nous empêcher de prendre cette
position ; ils furent enfoncés de toutes parts , et se retirerent
sous le canon de leur camp . 346
Suivant le rapport des déserteurs , les Piémontais ont
perdu plus de 100 hommes ; nous leur avons pris 7 "tentes :
nous n'avons eu que 20 hommes blessés , dont 2 dangereusement.
Parmi les prisonniers se trouvent le commandant du
poste , le marquis de Spiccala , lieutenant du régiment des
gardes du despote Sarde ; quatorze de ces prisonniers sont
de ce corps- là . ,,
ก
LA VENDÉE. Diverses lettres nous donnent des détails sur
l'armée des rebelles et sur leur tactique militaire . Si l'on en
* croit ces relations particulieres , cette armée est dans ce moment
composée de 120 mille hommes ; 80 mille sont armés
de fusils ; ils ont 150 pieces de canon : les 120 mille hommes
sont divisés en quatre armées , sous la direction d'un conseil
de guerre , composé de quarante personnes les principaux
chefs sont Gaston , Bernard de Marigny , d'Autichamp , Dêsessart
, Castelinaux , Langremede , Laroche Jacquelin , Stoffet ,
Lescure ; chacune de ces quatre armées a un général en chef,
avec un corps de troupes réglées toujours en activité , qui se
trouvent renforcées par les paysans des paroisses voisines au
moment d'une attaque , ou d'une défense générale . Chaque soldat
, dans une expédition , se pourvoit d'une provision de
- pain pour trois ou quatre jours ; chaque paysau prend son fusil ,
qu'il ne quitte pas même en dormant : lorsqu'ils sont menacés
11-240 )
sur un paint , des couriers sont expédiés au conseil général ,
et le tocsin sonne dans toutes les paroisses : au commencement
d'une affaire , ils se replient presque toujours , afin d'engager
nos troupes à les poursuivre , et alors à un signal convena
entr'eux, ils enveloppent nos troupes embarrassées dans des pays
difficiles qu'elles ne connaissent pas. Ils ont fait cette manoeuvre
dans la derniere affaire , où nous avons fait une perte immense.
Nolige des séances subsèquentes de la Convention du mardi et du
512
mercredi ,
Mardi 30juillet. Julien , au nom du comité de sûreté générale ,
a fait un rapport sur Westermann , Après l'examen reflechi
d'un grand nombre de faits à charge et a décharge , le comité
n'a pas cru pouvoir fixer un jugement sur la conduite de ce
général . La Convention a décrété qu'il serait jugé par un tribunal
militaire , conformément aux lois . Rapport et décret
sur , le tribunal révolutionnaire . Il sera composé de deux sections
qui auront la inême compétence . Decret d'arrestation
porté contre Montané , présideut de ce tribunal , accusé d'ête
lui- même un contre- révolutionnaire.
** ; Mercredi 31. On annonce un avantage remporté par nos
troupes sur les rebelles de la Vendée . Elles se sont emparées du
pont Charron et Saint-Philibert ; les retranchemens qui couvraient
Chantenay et cette ville ont été pareillement empor
tés. Les révoltés ont perdu 400 hommes , on leur a fait 40 prisonniers
. Parani le nombre des morts se trouve le chevalier de
la Mayrie , commandant les retranchemens .
Uue seconde lettre d'Angers , en date du 28 juillet , porte
que l'ennemi qui s'était avancé à une demi -lieue de cette ville
a battu en retraite sur le pont de Cée , où il s'est retranché
en coupant le premier pout, et s'emparant du châicau . Nos
troupes ont rétabli le pout , et une attaque impétueuse , a remis
le château en notre pouvoir. L'ennemi a été poursuivi jusqu'au
dela de Mande la bayonnette dans les reins . Nous n'avons cu
que deux blessés , e
f : 11 2009
Débats sur l'agiotage et sur les assignats à face royale . D'après
la proposition de Chabot , il est décrété , 19. à compter de
ce jour , que les assignats a face royale au- dessus de tool, n'auront
plus cours forcé de monnale ; 29 , ces assignats ne se ont
oreçus qu'en pajement des biens nationaux , en acquit de contributions
de la dette nationale et de l'emprunt force is
seront ensuite brûles . 3. Le nombre des assignats qui se
trouve dans les caisses publiques sera constaté , pour que ces
assignats soient échangés contre des républicains , d'après le
mode qui sera presenté par le comité des finances.
M
( N°. 106. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS.
SAMEDI 10 AOUST , l'an deuxieme de la République.
A
STANCES.
L'AMOUR fermez votre coeur ;
Craignez déprouver son délire .
En vain il promet le bonheur ;
Un aveugle n'y peut conduire.
Je m'étais rangé sous ses lois ;
Je voyais briller l'espérance .
Le charme cesse , et j'apperçois
L'erreur de mon adolescence.
Suivi de l'essaim des desirs
Le fripon vole à tire d'aile .
Sa présence invite aux plaisirs ;
Mais son feu n'est qu'une étincelle .
2 Inconstant , trompeur et malin ,
Il fuit à l'instant qu'il vous blesse.
Il rit en nous perçant le sein :
Mérite-t-il qu'on le caresse ?
Par le citoyen TALEYRAT.
Ꭰ
CHARADE.
Du doux plaisir à la tristesse ,
Et de l'aisance à la détresse` ,
Il n'est souvent que mon premier.
La fortune change et varie :
S'attendre à sa bizarrerie
C'est être vraiment mon dernier .
Le bien après le mal arrive
De l'une à l'autre alternative
Toute la vie est mon entier.
Tome IV.
Par le cít. H***. , vicaire épiscopal.
4242
ÉNIGM E.
SANS que je sois un arbrisseau ,
Deux branches forment tout mon étre.
L'art fait de ma tête un fourneau ,
Où le feu meurt au lieu de naître .
Cependant mon premier devoir
Est de l'entretenir sans cesse ;
Vesta ne pouvait pas avoir
De plus vigilante prêtresse."
Sur ma voisine en certain cas
J'opere une cure nouvelle ;
En lui mettant le chef en bas ,
five
Je la rends plus et plus belle.
On ne me voit guere à la cour ;
Mais il est rare en récompense
Que j'aille établir mon séjour
Sous l'humble toît de l'indigence .
Enfin , pour parler sans détour ,
De la nuit compagne fidelle ,
Je ne fais rien pendant le jour ,
Et je travaille à la chandelle.
SANS
LOGO GRIPHE.
ANS cesse l'on me bat sans que je sois coupable .
A l'un je suis nuisible , à l'autre favorable .
Dans mes cinq pieds , lecteur , tu peux fort aisément
Trouver de Cupidon le fatal ornement ;:
Une note en musique ; une petite ville
Que renferme un pays en bons vins très - fertile ;
Ce qui d'un bon cheval en peut faire un mauvais ;
De plus , un animal : tout est dit , je me tais .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 105 .
Le mot de la Charade est Fardeau ; celui de l'Enigme est Nil ;
celui du Logogriphe est dire; ôtez l'a reste ire , ôtez le reste air.
( 243 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
}
OEuvres de Lucien , traduites du grec , avec des remarques historiques
et critiques sur le texte de cet auteur , et la collation de
six Manuscrits de la Bibliotheque ci-devant royale. 6 vol . in-8° .
Prix , 36 liv . reliés en carton . A Paris , chez J. F. Bastien .
pour
2
LUCIEN , quoique , né à Samosate en Syrie , et du tems des
Autonins , à une époque où les Lettres grecques et romaines
étaient également déchues , n'en est pas moins regardé par
tous les critiques judicieux , comme un Erivain classique
la pureté , l'élégance et le goût . Son nouveau traducteur
l'appelle même le plus bel esprit de la Grèce,; mais cet
éloge qui pourrait , ce me semble , convenir beaucoup mieux
à Xénophon , me paraît un peu exagéré à l'égard de Lucien .
Nous trouvons dans ses pombreux ouvrages beaucoup d'esprit
, de finesse et de gaîté satyrique ; mais ils roulent presque.
tous sur un même fond d'idees et de plaisanteries ; l'auteur se
repete , souvent ; sa philosophie toujours renfermée dans un
même cadre , celui du dialogue , reproduit toujours les mêmes
objets , des dieux et des sophistes ; il se moque sans cesse
des uns et des autres , et ses satyres contre eux ne différent
gueres que par les titres. Sa hardiesse à tourner en ridicule
la religion des Payens , prouve, la tolérance du gouvernement
romain sur les matieres religieuses : on peut croire que Lucien
n'eût pas tant osé impunement , lorsque la superstitieuse
Athenes jouissait de toute sa puissance , et que des hommes
tels que Socrate , Pericles , Alcibiade , Auaxagore étaient
recherchés pour leurs opinions , infiniment plus réservées que
Jes ecrits de Lucien,
ر
I
Il est bien étrange que quelques auteurs aient imaginé que
ce rieur de profession , cet impitoyable censeur de toutes les
superstitions humaines , ait éte chrétien et qu'ils aient cru
voir dans son prétendu christianisme la source de ce déluge
de railleries qu'il a répandu sur les divinités payennes . Quand
le Philopatris , dialogue où il se moque de tous les mysteres
de la foi chrétienne , ne serait pas de lui , ( comme on l'avance
sans aucune preuve , il suffirait de faire attention à l'esprit
general qui regne dans tous ses écrits : on s'appercevra aisément
que s'il penche pour quelque doctrine , c'est sans contredit
pour celle d'Epicure ; c'est la scule qu'il se plaise à
soutenir de toutes les forces de son esprit , et dont il ne dise
janais de mal . Il n'y a qu'à lire son Jupiter confondu , son
Jupiter tragique , on sentira que ses deux interlocuteurs favo
ris , Menipe et Damis , à la mauiere dont il les fait parler,
à la victoire qu'il leur fait obtenir , sont en effet les inter-
2
( 244 )
prêtes de ses pensées ; et l'on sait qu'ils rejettent l'existence
des Dieux et n'admettent qu'un ordre de choses éternel et
nécessaire .
Lucien , en invectivant avec raison contre les sophistes qui
avaient succédé aux philosophes des beaux jours de la Grèce ,
cut grand soin de distinguer ceux - ci de leurs indignes successcurs
ou plutôt de leuts singes ridicules ; il proteste soavent
de son respect pour Platon , Aristote , Chrysippe , Epicure ;
il a même fait un ouvrage exprès , les Ressuscités , où il les
représente comme les suivans de la vraie philosophie , qu'il
fait paraître personnifice , pour confondre mieux les imposteurs
qui debitaient sous son nom les plus extravagantes futi-
Fites et les principes les plus odieux . Cependant il ne faut
pas croire qu'il s'abstienne de toute attaque , même contre
ces grands hommes qu'il révere ; ce serait trop exiger de son
métier de plaisant , et de plus il faut convenir que malgré
leur mcrite réel , ils ne laissaient pas de prêter au ridicule et
même à un ridicule fort bien appliqué ; d'ailleurs il est reconnu
que l'on peut quelquefois s'égayer doucement aux dépens
de ceux même que l'on estime le sujet , le ton de
Pouvrage , l'a - propos et la mesure peuvent justifier ce genre
de plaisanterie . Mais Lucien va jusqu'à l'inconséquence , et
c'est un des reproches les plus fondés que l'on puisse lui
faire ; emporté par sa verve satyrique , il ne songe pas assez
à être d'accord avec lui- même ; par exemple , il poursuit partout
les cyniqués , comme des aboyeurs impudens et dé
lâches parasites ; et c'est ce qu'ils étaient ; et en mêmetems
il prend pour un des héros de ses Dialogues des Morts ,
le cynique Diogene qui certainement ne le cédait à personne
en impudence et en grossiéreté. Il présente toujours ce Diogene
comme l'oracle de la morale et de la vertu , au jugement
meme des dieux des enfers , et ne parle jamais de Socrate que
pour en dire du inal : je crois qu'entre ces deux hommes on
pouvait faire un meilleur choix.
Si fait paraître Aristote dans les ressuscités , c'est pour hi
rendre hommage ; et dans un dialogue enire Alexandre et
Diogène , il fait d'Aristote un portrait affieux ; c'est , si l'on
en croit son propre disciple , un vil - flatteur , un homme avide ,
un fourbe plein d'artifices ; et l'on ne voit point dans les
témoignages qui nous sout restés sur Aristote , ni qu'il ait en
tous ces vices , ni qu'Alexandre lui ait jamais fait de pareils
reproches.
Il n'y a qu'une voix sur la fermeté tranquille de Socrate ,
au moment où il but la ciguë : Platon faisait , à des témoins
oculaires le tableau de cette mort vraiment admirable ,
puisqu'elle fût sans faiblesse et sans faste . Lucien , dans ses
dialogues des morts , assure , par la bouche de Menipe et sur
la toi de Cerbère , que Socrate n'était qu'un faux philosophe ,
chatlatan qui ne voulait qu'en imposer aux spectateurs , et
un
( 245 )
qui affectait le mépris de la mort , tandis qu'il la craignait
réellement. Cerbère prétend que pour le faire , entrer dans
les enfers il fut obligé de le tirer en bas par le pied , en le
mordant avec de la ciguë. Ce n'est pas -là de la fine plaisanterie ,
ce sont tout simplement des calomnies fort plates . En général
il résulte des écrits de Lucien , ou qu'il n'avait point en
effet , pour la véritable philosophie , ce respect dont il se
pare , et qu'au fond il était jaloux de la grande reputation
qu'avaient laissée ses fondateurs , et eût bien voulu fa rabaisser
au-dessous de son talent satyrique ; ou que la bassesse et les
vices des sophistes de son tems , qui étaient véritablement
les derniers des hommes , avaient aigri sa bile , au point de
la rendre injuste envers tous ceux qui avaient porté le nom
de philosophes. ,、,
Cette inconséquence de l'auteur dans ses jugemens se
retrouve aussi quelquefois dans les raisonnemens qu il
prête aux interlocuteurs ,.de ses dialogues ; le traducteur a en
la bonne foi de l'observer dans quelques-unes de ses notes ,
et aurait pu le faire beaucoup plus souvent, Lucien ne garde
pas toujours les convenances dans le rôle qu'il fait jouer à
ses personnages . Frappez , frappez , accablez cet homme
abominable d'une grêle de pierres ; redoublez à coups de
mottes de terre ; redoublez encore à coups d'écailles d'huîtres ;
traitez ce scélérat à coups de bâton ; prenez garde qu'il
" n'échappe ; allons , Platou , frappe , et toi Chrysipe , aussi ;
élançons- nous tous à la fois contre lui , etc. elé . 19
Et qui tient ce langage ? Le devinerait - on ? C'est Socrate ,
le véritable Socrate , parlant aux véritables philosophes qui
viennent avec lui sur la terre , à la suite de la philosophie ,
pour faire justice des sophistes : c'est contre Lucien
que Secrate
anime ainsi ses confreres ! Mais jamais ce sage n'a passé
pour violent ni pour brutal , et Lucien lui - même qui ne
l'épargne pas ne lui reproche rien de semblable : Socrate a
toujours passé pour le plus doux et le plus modéré des
hommes , quoique , de son aveu , il fut né enclin à la colere
. Où est l'observation des convenances ?
Indépendamment de l'uniformité de ton et d'objet qui se
fait sentir dans les dialogues de Lucien , il y a aussi une
inégalité marquée plusieurs paraissent être sans aucur but
et sont vagues et insignifians , d'autres sout plus ou moins
dépourvus de sel ; plusieurs sont fort insipides ; mais le plus
grand nombre de la raison et de la saillie , quoique
sans doute l'à propos et l'allusion doivent souvent être perdus
pour nous.
Il faut bien citer au moins un morceau qui donne une
idée de la maniere de Lucien et du tour qu'il donne à la
satyre Je le tirerai de la description de l'isle des bienheureux.
J'y yis Socrate , fils de Sophronisque , qui passait
1 le tems à babiller avec Nestor et Palamede ; il avait saus
Q 3
( 246 )
99 souvent ses argumens
c'était ans
. On me dit
གཉི པའི
", cesse antour de lui une fonie de beaux jeunes gens ,
99 Hyacinthe de Lacédémone , Narcisse de Thespies , Hylas
" et plusieurs autres . Il me sembla qu'il était amoureux
" d'Hyacinthe , du moins c'était à lui qu'il adressait le plus
que Rhidamanthe
se plaignait beaucoup de lui , qu'il l'avait même
" menacé plus d'une fois de le chasser de l'isté , s'il ne
,, cessait son bayardage et ne quittait son ironie pendant le
" festin . Platon est le seul philosophe qui ne soit point en
" ces lieux . it habite , dit - on , la République qu'il s'est
" formée , et dans laquelle il vit suivant ses propres lois ,
A l'égard d'Aristipe et d'Epicure , on leur défere les premiers
honneurs , à cause de la douceur et des graces de
,, leur caractere , et parce qu'ils sont de joyeux convives .
Esope le Phrygien se trouve aussi là ; il sert aux autres
" de bouffon. Diogène de Sinope a tellement changé de
, moeurs , qu'il a épousé la courtisanne Lais , et que souvent
-échauffé par l'ivresse , il quitte sa place pour danser et
99 fait toutes les folies qu'inspire le vin . Aucun Stoïcien n'est
adnis dans ce séjour heureux : on prétend qu'ils sout en
" coré occupés à gravir le sommet escarpé qu'habite la vertu .
On nous dit aussi que Chrysipe n'obtiendrait l'entrée de
" , cette isle , qu'après qu'il se serait purge une quatriemė
fois avec de l'ellebore . Les Académiciens ne demanderaient
" pas mieux que d'y venir ; mais ils s'abstiennent ( 1) encore ,
et considerent ; car ils n'ont pas la perception que cette islé
soit réellement telle qu'on le dit ; d'ailleurs ils redoutent
je pense , le jugement de Rhadamanthe , eux qui detruisent
toute espece de jugement. On assure que plusieurs d'entr'eux
se sont mis en devoir de suivre ceux qui viendraient
ici ; mais que leur lenteur les empêche d'arriver , ou que
faute de comprendre , parvenus au milieu de la route", ils
, étaient retournés sur leurs pas .
1995
'On voit que chaque phrase porte coup , que chaque idée
est un trait de censure , une intention épigrammatique c'est
un peu l'humour des Anglais et la maniere de leur Swift , que
l'on peut nommer , sous plus d'un rapport , le Lucien de
l'Angleterre , puisque dans son conte du Tonneau il s'est diverti
aux dépens des diverses religions de son teins , comme le satyrique
de Samosate a joué celles du sien . C'est aussi de lui que
Swift a évidemment emprunté l'idée et le plan de ses Voyages
de Gulliver qu'on lise l'écrit intitulé Histoire véritable , l'un
des ouvrages de Lucien le plus agréable , et d'un genre de
merveilleux fort bizarre et fort plaisant , on verra que c'est
l'original du voyage de Cyrano dans la Lune , de ceux de
Gulliver et même de Micromégas ; mais ce dernier morceau
:
( 1 ) Les mots marqués en italique sont les termes sacramentaux
de la secte académique.
( 247 )
qui est charmant , et qui mêle à la gaieté des fictions un fond
de bonne philosophie , est aussi supérieur à Lucien et à Swift
que celui-ci l'est à Cyrano .
C'est encore de l'Ane de Lucien , autre roman fort joli , et
dans ce même genre de merveilleux , qu'Apulée a tiré son
Ane d'or , fort inférieur , selon moi , à l'original , et pour l'invention
et pour le style ; c'est une preuve que Lucien avait
de l'imagination , puisqu'il a inventé de maniere à produire.
des copies estimées .
:
Un morceau remarquable chez lui , parce qu'il est à peu
près le seul qui soit tout entier d'un style sérieux , c'est le
Foxaris ou de l'Amitié , espece de traité en dialogue ( car Lucien
ne quitte gueres cette forme ) entre un Grec et le Scythe
Toxaris , qui disputent à qui des Grecs ou des Scythes l'emporte
en beaux exemples d'amitié c'est de là qu'est tiré le
fameux testament d'Eudamidas , qui a fourni un sujet à la
peinture , et qui pourrait en fournir un au théâtre . L'on ne
saurait reprocher ici à Lucien de n'avoir pas observé les convenances
caractéristiques : comme les Grecs sont grands conteurs
, et qu'on ne trouve pas ailleurs les faits qu'il raconte ,
on a présumé qu'ils étaient d'invention , au moins en partie ,
et l'on ne peut nier que les exemples d'amitié , cités par Toxaris ,
n'aient un caractére d'énergie sauvage qui frappe à la fois
d'étonnement et d'horreur , et qu'on ne peut admirer qu'en
fremissant. Un Scythe offre sa personne pour la rançon de
son ami , prisonnier chez les Alains , autres peuples barbares :
ceux-ci , par respect pour son dévouement magnanime , ne
veulent point le priver de sa liberté ; mais ils lui demandent
ses yeux il les donne , et on les lui arrache ; son ami , qu'il
ramene à ce prix , lui sert de guide et pourvoit à tous ses
Besoins rien n'est plus naturel ; mais ce qui l'est un peu
moins , c'est que Scythe délivré ne voulant pas que
son ami ait rien à lui envier s'arrache aussi les yeux .
Toxaris trouve cela sublime ; bien d'autres n'y trouveront
qu'une atrocité fort absurde ; car qu'y a - t- il de plus fou
que de croire sacrifier à l'amitié en se mettant hors d'etat
de rien faire pour elle ? et comment ce Scythe ne s'est- il pas
apperçu que ses yeux n'étaient plus à lui , depuis qu'ils étaient
nécessaires à son ami ? Je sais bien que de nos jours un Anglais
se fit couper une jambe pour épouser une femme qui n'en
avait qu'une ; mais ce n'est pas tout à- fait la même chose ; il
s'en faut même de beaucoup , et chacun peut aisément s'en
rendre raison.
Les traductions de Lucien les plus connues sont celle de
d'Ablancourt dans le siècle dernier , et celle de l'abbé Massieu
dans le nôtre . On n'ignore pas que d'Ablancourt , qui n'eut
d'autre mérite que d'écrire assez purement dans un tens où
ce mérite étoit encore fort rare , fut d'ailleurs un traducteur
très-peu fidele. L'abbé Massieu l'est beaucoup plus que lui ;
mais il est prouvé dans les notes de la nouvelle traducties
Q4
( 248 )
1
qu'il s'est encore trompé plus d'une fois en traduisant d'après
la version latine ; ce qui est en effet un moyen sûr de commettre
beaucoup de fautes. C'est d'abord un inconvénient
de mettre un tiers entre l'original et vous ; et de plus , ces
scholiastes latins passent souvent par dessus les difficultés , et se
contentent de mettre un mot latin pour un mot grec ; ce qui ,
vu la différence de génie d'une langue à une autre , ne s'appelle
pas traduire . Quiconque est à portée de comparer ces
versions latines au texte grec trouvera dans la plupart bien
des contre- sens , non- seulement dans les endroits difficiles ,
mais même dans des phrases où le vrai sens de l'auteur s'offrait
de lui- même. Le traducteur nouveau n'a pas eu besoin
de ce dangereux secours ses notes et ses variantes prouvent
un homme très- versé dans la connaissance du grec et dans
toute la littérature ancienne ; c'est un véritable érudit , un
excellent philologue . Mais il paraît avoir poussé l'amour des
langues savantes jusqu'à négliger un peu la sienne . Sa diction ,
quoiqu'en général claire et saine , offre assez fréquemment des
fautes de grammaire et de construction , des termes impropres ,
et quelquefois du néologisme . Il porte l'exactitude jusqu'à
traduire en vers les citations des différens poëtes grecs qui se
trouvent souvent daus Lucien : cette exactitude est louable
et peut même faire pardonner la faiblesse de la versification ,
d'autant plus que dans ces fragmens cités il s'agit moins du
style que de l'a - propos ; mais pourtant , lorsqu'on fait des vers
français , il faut en savoir les regles , et ne pas faire de fausses
rimes et des hiatus , tels que celui- ci.
Son souffle empoisonné infecte tous les lieux .
"
Au reste , ces fautes qu'il serait facile de corriger en consultant
de bons juges , n'empêchent pas que cette traduction de Lucien ,
la seule complette et la plus fidelle de toutes , ne soit un véritable
service rendu aux lettres et un titre honorable
pour celui
qui a entrepris et achevé avec succès cet ouvrage long et pénible
, que doivent se procurer tous ceux qui aiment les auteurs
grecs , et qui ne peuvent les lire qu'en français.
ANNONCES .
"
La Constitution de la Lune , par le cousin Jacques ; rêve
politique et moral , avec cette épigraphe : Vous proposez la
mort à quiconque proposera la monarchie !..... Eh bien , voici une
République ; mais une République sans athées , sans factieux , sans
tyrans , sans enthousiastes ; où la religion , les moeurs , la justice
la paix , el sur- tout l'horreur du sang , font le charme de la vie et
l'essence de la liberté. Cet ouvrage est en un vol , in- 8 ° . , et divisé
en quatre parties : il est enrichi de notes intéressantes , et
contient soixante-douze chapitres. Il se vend 3 liv . 15 sols ;
franc de port 4 liv. 10 sols. A Paris , chez Fioullé , imprimeur-
libraire , quai des Augustins , nº . 30.
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
T
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 18 juillet 1793.
ANDIS que l'impératrice de Russie travaille à son aise à
river les fers de la Pologne , la Suede et le Danemarck qui
sentent tout ce qu'ils ont à craindre de cette voisine ambitieuse
, se mettent en mesure de lui résister , si jamais elle
vent étendre jusques sur eux ses mains avides .. Une chose
consolante pour les amis de la liberté , qui sont nécessairement
les ennemis de l'injustice et de l'oppression , c'est de voir qu'à
mesure que la Russie s'épuise , la Suede et la Danemarck se
fortifient . Sans doute les dernieres acquisitions faites par cette
puissance envahissante ont un certain poids dans la balance.
politique , sans doute cet assemblage incohérent de pays que,
la différence des laugues et des climats semblait devoir préserver
d'être réunis sons la verge d'un même despote , et qui
le sont pourtant aujourd'hui , lui prêteraient une force passagere
bien dangereure pour le moment , si les vues ultérieures
de Catherine II venaient à se remplir. Mais il n'en
est pas moins vrai que l'agrandissement même de la Russie la
perdra . Le principe de vie est et doit être mal distribué dans
ce corps politique , dont le coeur ne jouit point d'une action.
suffisante pour animer les membres disproportionnés . Toute
la corruption , tous les vices , tout le luxe d'une cour asiatique
regnent dans celle de Pétersbourg, voisine des glaces polaires ..
Cette capitale attire le peu de richesses réelles de l'empire
qu'elle ne reverse et ne redistribue pas par la circulation dans
les provinces qui les lui rendraient de nouveau pour les reccvoir
encore. Tout est sacrifié à l'ostentation la plus fastueuse ,
aux jouissances d'un petit nombre de favoris et aux prépa
ratifs de nouveaux projets d'ambition qui finiront vraisemblablement
par échouer. D'ailleurs , les contrées nouvellement
conquises qui perdent , comme on vient de le voir , au changement
de maître , au lieu d'y gagner , peuvent- elles être bien
attachées au tronc auquel on les a réunies par force ? Nou ,
sans doute et la moindre possibilité de secouer le joug en
inspirerait le desir , en ferait tenter l'entreprise .
Nous ne uoas arrêterons pas à développer ici ces idées dont
la justesse sera suffisamment sentie par les têtes accoutumées
à réfléchir , et qui ont su profiter de la lecture de l'histoire .
Nous nous contenterons de dire que malgré les apparences
250
1
contraires en ce moment , le tems n'est peut- être pas éloigné où
la Russie tremblera pour elle-même , nonobstant ses liaisons
plus resserrées que jamais avec l'Angleterre , à la veille d'être
écrasée par le fardeau de sa dette publique , soutenue jusqu'ici
par un crédit auquel des banqueroutes multipliées viennent de
porter des coups mortels .
Au reste ce sera du nord de l'Europe que viendra plus directement
son salut , quoique le mécontentement réel de la Porte
et ses inquiétudes justement éveillées puissent y contribuer ,
ainsi que le ressentiment de cette même Pologne dont les fers
ne sont pas encore aussi bien rivés que l'on s'en flate peutêtre
à Pétersbourg , et qu'on le craint dans le reste de l'Europe.
En attendant cette explosion , le duc de Sudermanie continue
de faire voyager le jeune foi pour l'instruire . Voici ce
qu'on mande de Stockholm en date du 12 juillet le roi était
le 6 avec sa suite à Adelsnas où il a vu les mines de cuivre
qui étaient magnifiquement illuminés, La fregate Suédoisé
Bela Fersen a fait voile de Carlscrone avec un yacht royal .
Ces deux bâtimens vont dans la mer du nord . Leur destination
est d'exercer des cadets de notre marine ; mais il y a
apparence qu'ils ne négligeront pas de suivre en même-tems
la course de la flotte Russe . C'est le major Tonquist , habile.
officier , qui commanderà cette croisiere d'exercice .
-
On maade de Copenhague en date du 16 , -sans pourtant
l'assurer positivement que la flotte Russé se trouve enfin à la
Hauteur de l'isle Bornholm . Depuis le 12 jusqu'au 15 , il a passé
242 vaisseaux par le Sund." Une autre lettre adressée à un
Français s'exprime ainsi nous pouvons vous assurer de la réso-
Fution de notre ministère de soutenir la neutralité la plus
exacte. Voici l'extrait de la Convention arrêtée à cet égard
et la spécification des articles qui seront réputés être ou n'être
pas de contrebande .
霉
Articles fixés et réputés comme contrebande pendant le tems de la
guerre , et qui défendent la réclamation des navires à bord desquels
ils se trouveront , destinés pour les ports des puissances en guerre.
Fusils et toute espece d'armes avec lents appartenances , tels
que canons , mortiers , mousquets , pétards , bombes , grenades
, saucissons , etc. poudre à canon , mêché , salpêtre , balles
et boulets , piques , épées , casques , cuirasses , hallebardes
longues et courtes lances , séliés et équipages de chevaux
porie pistolets , bandoulieres , et en général tout ce qui sert
l'équipement.
·
"
De plus , bois de construction de navires , bray , goudrón
plaques de cuivre pour doublages des vaisseaux , voiles ' er
( 251 )
toiles à voteshanvres , cordages , et tout ce qui tient direc
tement à la construction des vaisseaux et leur armement , dont
cependant est excepté le fer non travaillé , ou non encore prépare
au service des navires , ou articles de guerre. Sont aussi
exceptés les poutres ou planches de sapin.
1
Mais ne pourront être réputés articles de contrebande les
poissons frais , sales ou séchés , viandes fraîches ou salées , froment
, farines , ou aucune espece de grains , pois , fêves
etc ; non plus que le vin , les hulles , ni en général ce qui
tient à la nourriture de l'homme et le soutien de la vie , qui
pourront , aussi bien que tout article de commerce non spécifé
comme contrebande , étre vendus et pontés même aux
royaumes et pays en guerre ou en possession des puissances
belligerantes pourvn cependant que leur destination ne soit
pas pour nue ville ou forteresse bloquée , "
1
De Francfort - sur - le-Mein , le 1er août.
Molau 3 , .. J5
}
La récolte promet en général d'être abondante, dans toutes
les contrées de l'Europe , excepté l'Italie . Les possessions de
l'Autriche sont entre autres très - favorisées cette année de la
nature . On en profitera pour former trois nouveaux di
immenses magasins de froment, seigle , avoine, foin , paille , etc. a
fun dans l'Autriche antérieure , l'autre dans le Luxembourg
et le troisieme dans les Pays - Bas . On se propose aussi
d'établir dans toutes les provinces , aux frais du trésor public ,
come on a déja fit dans quelques cantons , des magasins -
de bled contenant jusqu'a 100,000 buisseaux . On trera de
ces greniers d'abondance ce qu'il faudra pour les cantous exposés
à la disette petlles avances seront toujours rendues à la récolte
suivante . Cette sage opération s'exécutera d'autant plus faci
lement , que l'on va donner aux cultivateurs la liberté de payer
on nature leurs impôts et redevances.
Malgré l'espoir d'une récolte abondante en tout genre , le
gouvernement a redouble de sévérité contre lés spéculateurs
qui tenteraient de profiter de cette abondance pour exporter
des grains aux Français . Plusieurs ont été découverts , et seront
punis . Mais la cour s'est relâchée en faveur de sa majesté napolitaine
à qui elle permet de tirer des bleds de l'Autriche .
Au reste , l'Autriche avait grand besoin de ces ressources
à en juger par ce passage d'une lettre de Vienne du 17 juillet ?
" On est aaux abos ; on demande aux moines leur argenterie ,
et les moines murmurent. Les dons patriotiques ne viennent
plus , et ce qu'ils ont produit est peu de chose . On projecte
tous les jours des emprenis , et ils ne réussissent pas dans
le dernier on a offert 7 pour 100. Rien n'égale , l'embarras
du ministere la cour- ne pourrait pas suffire à une nouvelle
campagne . Si les Français tiennent bon , et qu'ils fassent un
( 252 )
leur liberté est sauvée à jadernier
effort de courage ,
mais . "
Quand bien même il y aurait un peu d'exagération dans
cette lettre , toujours est- il certain que les finances de l'empereur
sont en très-mauvais état ; ce qui est fort inquiétant dans
un pays qui n'a pas beaucoup de ressources par lui - même ,
et où l'industrie est encore au berceau . Une nouvelle preuve
de l'embarras où l'on se trouve ,, c'est le renouvellement prochain
et entier du conseil d'état . Il sera composé , dit- on ,
de cinq ministres , l'un aura le département des affaires étrángeres
, l'autre les finances , le troisieme les affaires politiques
intérieures ou l'administration , le quatrieme les affaires de
justice , et le cinquieme le département de la guerre . Outre
les ministres , il y aura encore cinq conseillers ou référendaires
d'état . On nomme déja , pour les finances , le baron
de Bolza ; pour la guerre , le baron de Turkheim
; pour l'in
térieur , le baron de Grenner ; pour les affaires étrangeres ,
le baron de Collenbach , et pour la justice , le baron de Haan .
Le bruit se répand de nouveau que l'empereur se rendra
incessamment dans les Pays-Bas , et qu'il emmenera avec lui
l'archiduc Palatin de Hongrie et l'archiduc Joseph . En attendant
, l'humidité , qui résulte des inondations ordinaires dans
cette saison sur le terrein où est situé le château de Laxembourg,
a déterminé la famille impériale à le quitter pour celui d'Hetzendorf.
Il vient d'arriver un accident cruel , et qui coûte à la cour
de Vienne non - seulement des hommes , mais même de l'argent
dont elle n'a pas de trop . Le 5 de ce mois , 11 chariots chargés
de poudre passaient près de Schwartzkirck , non loin de Brunn ;
trois de ces chariots sauterent en l'air avec 102 quintaux de
poudre. Il y eut à cette occasion 5 hommes et 8 chevaux de
tués avec g hommes et 2 chevaux de blessés . Un autre homme
a manqué .
Des lettres dé Heilbron , datées du 20 , s'accordent à dire
qu'il est arrivé plusieurs couriers portant l'ordre exprès de
faire partir sur- le - champ l'artillerie de réserve qui était déposée
ici pour Philipsbourg. Ces ordres si pressans étaient signés
du général comie de Wurmser , ce qui fait présumer qu'il
doit y avoir une affaire du côté de Landau . L'artillerie demandée
est partie à la bâte .
L'expédition des Français dans le Duché de Deux - Ponts leur
a réussi , comme tous les coups de main qu'ils entreprennent ;
ils se sont présentés dans la capitale , et à peine les avait-on
reconnus qu'ils étaient déja entrés au nombre de 1200 , avec
deux canons ,
un chariot de poudre et autres munitions : ils se
sont contentés cette fois de vider la riche cave d'un certain
( 253 )
M. d'Esbeck , ci - devant premier min'stre du duc : ils se sont
en outre saisis d'une douzaine de chevaux appartenans à des
riches ; e après avoir fait la récolte des foins et autres fourrages
se sont rapprochés de leurs forteresses. En général ,
leurs incursions dans le Luxembourg sont fréquentes et toujours
heureuses . Dans la derniere , un parti de troupes légeres
est tombé sur un poste avancé d'Autrichiens , et les a enlevés
presque tous . Plusieurs villages ont été pris , et la belle et riche
abbaye d'Orval a été enfin détruite de fond en comble ; l'église
a même été abattue à coups de canon , après avoir été dépouillée
de l'orgue , de l'autel et de ses colonnes de marbre.
Il faudra pourtant que ces excursions cessent et bientôt ;
ear l'armée des alliés se renforce. La moitié de celle de réserve
est arrivée dans le Luxembourg , et le corps de 3000
grenadiers, de Bohême a joint l'armée devant Valenciennes.
Les troupes hessoisses qui sont entrées à la solde de l'Angleterre
sont en marche . Depuis quinze jours nous voyons
continuellement passer la cavalerie impériale et hessoisse .
La reddition de Mayence a fait dans notre ville la señṣation
la plus étonnante . Deja les troupes allemandes que ce
long siege avait découragées , se promettent les plus brillans
succès . Cependant elles ne peuvent se dispenser de rendre
une justice éclatante à la valeur de leurs ennemis , la situation
de la place et de la garnison étant telles qu'il était impossible
qu'elle tint plus long- tems. Quelque formidables que
fussent les fortifications , cette place - là n'est assurement pas
imprenable , et sur-tout quand , foudroyée par une artillerie
nombreuse et bien servie , elle éprouvait disette de vivres et
de munitions nos plus valeureux soldats ont peri sous ses
urs ; un plus grand nombre-encorey ont éte blessés . Cinq jours
avant la capitulation , il est arrivé plusieurs bateaux charges de
Prussiens et d'Autrichiens qui ont été déposés dans les hôpi
taux de Francfort.
La marche de la garnison , continuent les mêmes lettres ,
est dirigée sur Metz. On sait aujourd'hui positivement que
ce qui a déterminé les assiégés à se rendre a sur- tout été le
manque de drogues pharmaceutiques et de fourages . Le roi
de Prusse a refusé de traiter avec les commissaires de la Copvention
, au nom de la République , et par conséquent de la.
reconnaître. On raconte comme chose remarquable que le
dernier coup tiré par les Français , a tué un Autrichien sur
la batterie la plus éloignée .
Suivant des avis d'Aix - la- Chapelle , l'empereur a écrit aù
duc d'Yorck et au prince héréditaire d'Orange une lettre de
felicitations et de remercimens , sur les services que ces deux
princes ont rendus à la cause commune dans l'attaque du
1
camp de Famars. Ils en ont été l'un et autre si flattés qu'ils
en ont fait faire des lectures publiques .
On écrit de Manheim , le 24 , que depuis le 19 les troupes
sont continuellement aux prises les unes avec les autres . Les
Français cherchent à fatiguer leurs ennemis par des escarmouches
, et à éviter une bataille à laquelle les Allemands
paraissent décidés . Depuis le 23 an soir tout le monde s'enfuit
de Neustadt sur la Hardt et de Turkheim . Un renfort du corps
devant Mayence est parti pour porter du secours dans ces
environs -là . On est étonné de cet empressement à engager une
action décisive ; en effet , si les Autrichiens la perdaient , on
ne voit pas trop où seraient leurs ressources : il faut que la
population ait bien souffert, puisque , suivant des lettres de
Vienne du 18 , l'ordonnante qui prescrit une nouvelle levée
d'hommes est très -rigoureuse. Les fils de bourgeois de cette
capitale et même les hommes mariés n'en sont pas exempts .
PROVINCES UNIES ET BELGIQUE .
Les Français firent , dans la nuit du 10 au 11 , une attaque
infructueuse sur toute la ligne des avant-postes du général de
Latour. Dans celle du 12 , ils commencerent du côté de Maubeuge
une autre attaque combinée sur tous les points possibles
, mais dont le premier succès finit par se démentir. Le 19 ,
Je général Prussien Knobelsdorff essaya de tourner et d'enfermer
Singia les Français évacuerent ce poste . Un détachement
Prussien du flanc leur ayant démonté deux canons près de
Pont- à- Marque s'avança jusqu'à Lezenne et Asq , et revint'
presque sans perte après avoir effectué une reconnaissance du
côté de Lille.
Suivant le même bulletin de l'ennemi , la garnison de Valenciennes
recommença , dans la soirée du 18 , de la courtine
de la porte de Mons un feu très - vif contre la seconde parallèle
, qui , soutenue par le feu de la troisieme , empêcha les
Français de renforcer le leur , du moins pour le moment ;
car ils réussirent dans la nuit à placer dans l'angle droit de
l'épaule de cette courtine plusieurs petits mortiers , au moyen
desquels , secondés par un feu très - vif de leurs autres ouvrages ,
ils assaillirent à la pointe du jour les batteries assiégeantes ;
mais enfin la plupart des embrasures ayant été ruinées par le
feu de ces batteries , ils ne purent se maintenir, long - tems dans
Tangle . Pendant cette même nuit on avait poussé vigoureusement
les travaux de la tranchée , et achevé les deux batteries
nouvelles de Mont-Anzin . - Dans l'après -midi du 19 , la garnison
tenta d'élever une iedoute dans la lunette du petit ouvrage
cornes ; elle échoua , grace à quelques coups de cartouche
bien dirigés , et à l'explosion d'un de ses dépôts de poudre.
Dans la nuit du 20 ; les batteries du Mont-Anzin et de la
-
( 255 )
1
1
courtine de Mons ayant été garnies réciproquement , le lendemain
il y eut un feu très -vif , sur-tour de notre part ; les batteries
à ricochet et à mortier ont balayé en partie le chemin
couvert : cette journée n'a coûté que 8 morts et 19 blessés .
. Le 21 on écrivait de Marly que les mines étaient pres-'
que au moment de jouer ; op en espérait le plus heureux effet
et l'on se promettait d'attaquer le chemin couvert . Enfin
on écrivait de Tournai le 26 : Valenciennes est aux abois .
Cette malheureuse ville est en feu ; et on n'y voit plus que
des cendres et des décombres . Encore 24 heures et elle sera
en notre pouvoir .
On vient d'apprendre d'une maniere très - positive la prise de
Valenciennes.
D'après des avis de Bruxelles , du 19 , l'archiduc Charles
est revenu la veille de l'armée à 11 heures du soir . Il a eu
la satisfaction d'entrer dans Condé à la tête des troupes qui
doivent en former la garnison . Il était accompagné du duc
d'Yorck et de plusieurs autres généraux .
La jointe impériale et royale , chargée de l'administration
des pays conquis , vient de faire publier dans Condé la déclaration
suivante :
De par l'empereur el roi.
"
La jointe établie pour l'administration provisoire du pays.
conquis , déclare : 1 ° . Que les autorités quelconques constituées
depuis la révolution de 1789 , sont abolies ; qu'en conséquence
les magistratures des villes , bourgs et villages conquis
sont rétablies telles qu'elles existaient avant la révolution ,
bien entendu cependant que les individus qui composaient
alors ces magistratures , ne pourront rentrer en place qu'après
y avoir été spécialement réadmis par la jointe , et que ,
vu l'impossibilité de connaître dans les premiers momens la
conduite tenue depuis la révolution par ces individus , il sera
nommé des magistrats provisoires , sans préjudice aux droits
des respectifs seigneurs , et de concert avec eux , autant que
faire se pourra , en attendant qu'il puisse être jugé si et jusqu'à
quel point on établira les individus susdits . Les seigneurs
des lieux , ou leurs officiers , remettront en conséquence le
plutôt possible à la jointe des listes des personnes dont les
magistrats ou corps de justice et de police de leurs seigneuries
, pourraient être composes provisionnellement . 2 ° . Les
lois relatives à la police générale et aux propriétés , sont rétablies
comme elles existaient au commencement de 1789. 3º . On
suivra pour les appels des jugemens de premiere instance ,
l'ordre des jurisdictions qui était établi à cette époque , et dans
les cas où suivant ce ordre l'appel se portait à un tribunal
( 256 )
་
supérieur , siégeant dans un lieu soumis encore à la France ,
les stataux resteront suspendus jusqu'à ce qu'il y ait un tribunal
d'appel désigné sous la dénomination de sa majesté.
4°. Quant aux impositions et charges publiques , le pied établi
depuis 1789 , sera provisionnellement maintenu jusqu'à autre
disposition . 5. Tous les administrateurs , receveurs ou colleci
teurs des impositions et charges publiques , receveurs des domaines
et tous autres ayant manié des deniers publics quelconques
dans l'étendue du pays conquis , devront se présenter
à la jointe dans le terme de trois jours , avec un état ,
pertinent de leur caisse et de leur administration , à peine
qu'il sera pourvu à leur charge , ainsi qu'il appartiendra .
6. Le cours légal des assignats est aboli : on les tolérera
cependant dans la circulation comme marchandise . 7º . Le '
cours des monnoies françaises sera provisoirement toléré sur
le pied où elles sont actuellement , et il sera fait incessamment
, pour le pays conquis , une évaluation des mounoies
aux coins de sa majesté. So. Les corps religieux , ecclésiasti
ques et politiques , fondations et autres établissemens publics ,
ecclésiastiques et civils supprimés depuis la révolution ,
qui desi cront d'être réintégrés , devront s'adresser à la jointe
pour y être statue. 9. Le séquestre des biens des émigrés.
français sera levé à mesure que les propriétaires se présenteront
à la jointe et se legitimeront. 10°. Il ne sera permis à
ancun émigré français de séjourner dans les lieux conquis ,
excepté nniquement ceux qui y sont possessionnés , ou qui
y étaient fixement établis et domiciliés avant la révolution , et
encore seront-ils obligés , pour pouvoir y rester , de s'adres
ser par écrit à la jointe à l'effet d'en obtenir la permission
expresse.Et sera la présente déclaration imprimée , publiée,
et affichée par- tout où il appartiendra. Fait à Condé , ce 20
juillet 1793. Etait paraphe le C. vt . et signé par ordonnance
de Hesdin , et y ait apposé le cachet de S. M.
ITALIE. De Turin , le 10 juillet.
et
Le roi est allé visiter , en personne , nos frontieres et nos
divers camps. Le duc de Chablais est toujours au camp formé
pour la défense de l'important poste de Raus , et que l'on
vient de rendre encore plus respectable par de nouvelles fortifications
. Le duc d'Aoste est au camp de Demonté , et le
duc de Montferrat à celui du Val d'Aoste . Quant au prince
de Carignan c'est vers l'Argentiere qu'il se tronve . Il paraîtrait
par la suite de ces mêmes lettres de Turin que le
général Strasoldo a remporté quelques avantages sur les
Français . Le 13 juin , il s'établit à la Maison -Méanne , terre
située sur les confins du Dauphiné dont elle fait partie et
exigea des contributions . Le 21 , il euleva les positions d'Arche
et Mairolles dont il fut débusqué le 24. Il revint à la tête
A
de
( 257 )
de 400 grenadiers allemands et de beaucoup de Piémontais .
Mais la peur d'être enveloppé par un corps supérieur le fit
retiker en brûlant Arche et la Maison - Méanne et en emmenant
130 mulets chargés de vivres et de munitions . Au reste ,
Ces troupes sont restées campées sur le Col - de- Madelaine
poste assez bon , encore du territoire de la République.
Le 28 , les Français faisaient de grands préparatifs pour ane
nouvelle attaque devant Saorgio , mais il ne l'ont pas exé-
Cutée.
" 1 I
Un bâtiment de Gênes venu de la partie du Ponent a pu
blié que le premier juillet on avait entendu une vive canonnade
du côté de Nice ; on suppose que les Espagnols y ont
tenté quelque chose , mais on n'a encore aucun détail sur cette
affaire .
150
-246547
Suivant une lettre de Livourne , du 3 juillet , 16 bâtimens
Français de commerce , chargés de vivres , ont fait reporter
à terre leurs cargaisons ; ils craignaient de tomber au pou
voir de l'escadre Espagnole qui croise de ce côté.
Il passe pour certain que la cour de Londres a signé , le
26 avril dernier , un traité avec celle de Sardaigne , sous la
garantie du toi d'Espagne , partie également garante et contractante.
Cette piece diplomatique , de l'authenticité de laquelle
on avait doute , porte les noms du lord Grenville et de M. de
Saint - Martin - de- Front. En voici les principales dispositions
:
-¡e L'Angleterre ' s'oblige de ne faire aucune paix avec la
France que d'un commun accord avec le roi de Sardaigne et
P'Epagne , rappellant à cet égard les engagemens antérieurs
avec la cour de Madrid .
9. L'Angleterre
garantit
dans
toute
son intégrité
et d'un
commun
accord
. accord
avec
l'Espagne
toutes
les propriétés
et Etats
du roi de Sardaigne
, la Savoie
et le comte
de Nice
spécialement
compris
. 22 .
79.06 "
L'Angleterre s'oblige de payer 300 mille liv. sterling de
subside au roi de Sardaigne , jusqu'à l'époque de trois ans après
la paix générale .
L'Angleterre s'oblige , concurremment avec l'Espagne , à
´entretenir une flotte de chacune des deux nations dans la Méditerranée
pendant tout ce tems .
M
Le roi de Sardaigne s'oblige d'entretenir 20,000 hommes
de cavalerie entièrement à la disposition de l'Angleterre ,
pour l'execution des plans communs dans la présente
guerre.
Tome IV. R
( 258 )
TRIPOLI.
De Barbarie , le 4 juin .
Le citoyen Guys , consul général et chargé des affaires de
la République française , auprès du pacha , lui a tenu le dis
cours suivant , en lui présentant ses lettres de créance :
« La nation française , constituée en république , m'envote
vers vous pour vous poster l'expression de sa bienveillance
et de son amitié , Son intention est de maintenir scrupuleu
sement les anciens traités qui existent entre la France et votre
régence . Elle me charge d'assurer votre excellence , que son
desir sincere est de voir perpétuer cette bonne harinome . Elle
y concourra de tout son pouvoir , dans la persuasion où elle
est que les Français que leurs intérêts appellent dans vos états ,
éprouveront de votre part toute protection , et qu'ils serout
traités comme des anciens et fideles amis , membres d'un état
dont le courroux fut toujours fatal à ses ennemis. ››
Réponse du Pacha.
TI
Je vois avce plaisir , dans mon pays , les Français , mes
plus anciens et plus fideles amis . Je reçois avee sensibilisé les
témoignages de bienveillance de la République , et je ne manquerai
jamais d'y correspondre , en procurant aux Français
tous les secours dont ils pourront avoir besoin , et toutes les
facilités qui pourront tendre à faire prospérer leur commerce .
Le consul qu'elle enyoje résider auprès de moi peut lui pro
mettre de ma part une bienveillance constante , à laquelle
je suis disposé d'avance , par la réputation , les égards cufin
dûs à une nation liée depuis si long - tems d'affection avec
moi , et pour l'activité d'un commerce de la prospérité du
quel dépendent le bien - être et le bonneur de mes sujets . Je
ne veux ni ne dois
point laisser ignorer aux Français rassemblés
ici dans ce moment , l'extrême satisfaction que j'ai toujours
eue des services du consul Pellegrin , et je saisis avec
plaisir l'occasion de rendre hautement et publiquement jus
tice à son zele pour l'honneur et les intérêts de sa nation .
L'estime que de pareils sentimens m'ont inspirée , m'a déterminé
daus plusieurs circonstances notoires , à ne pas me renfermer
dans les traités . A l'époque de l'inauguration du pavillon
de la République , j'ai cédé à ses vives instances , et
aux désirs ardens qu'il m'a temoignes de lui rendre des honneurs
extraordinaires et je l'ai fait saluer de
de 21 coups de
canon , honneurs que j'ai refusé à tout autre et nominement
à celui d'Espagne , etc.
6462
&
231
1
( 259 )
3
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE D ANTON.
Séance du mardi -30 juillet.
Sur la proposition de son comité de sûreté générale , la
Convention a porté le décret d'arrestation contre Duprat jeunë ,
Vallée er Mainvielle , prévenus d'avoir entretenu une correspondance
criminelle avec les départemens méridionaux .
Un citoyen a accusé Brissot d'avoir soustrait , du comité
diplomatique , une piece qui aurait pu jetter un grand jour
sur les intrigues de Fex-ministre Lebrun . La Convention
renvoyé cette dénonciation au comité de salut public.
* Le rapport smr Westermann est présenté par Julien , au
nom du comité de sûreté générale : Westermann a répondu
d'une maniere assez victorieuse à toutes les dénonciations
portées contre lui , et le comité a pensé que cet officier ne
peut tout au plus être accusé que d'avoir commis des fautes
militaires , le jour de sa défaite à Châtillon . ( Voyez la notice
de cette séance au n° . précédent. ") { bussia)
Prieur , au nom du comité de salut public , a présenté un
projet de décret tendant à augmenter le nombre des juges
du tribunal révolutionnaire ce projet a été adopté. Le croiriez-
vous , citoyens , a dit ensuite Priear ; le president de ce
tribunal est lui - même un contre révolutionnaire. Les preuves
de ce fait ont été envoyées au comité de salut public par
Faccusateur public et le greffier de ce tribunal . A l'article
du Jugement des assassius de Leonard Bourdon , portant ,
confiscation des biens des condamnés , le président a , de son chef ,
et malgré l'opposition du secrétaire , ôté de la minute le mot
confiscation . Des même à l'article III da jugement de Charlotte
Corday , portant , à dessein prémédité et contre - révolutionnaire , le
même presidenta ôté de la minute le mot contre- révolutionnaire,
Le président de ce tribunal , a continue Prieur , est prévenu
de deux délis ; le premier , d'avoir voulu empêcher la confiscation
des biens des assassins de Léonard Bourdon parini
lesquels il y avait plusieurs millionnaires le second , d'avoir
voulu établir , en faisant retrancher du jugement de la fille
Corday , les mots avec des intentions contre- revolutionnaires ,
qu'un assassinat commis sur la personne d'us représentant du
peuple, u'était pas un crime de leze-nation. Le caraeure du
crime de Montané est assez comu. Vone comité vous propose
A
R 2
( 260 )
de le renvoyer à la seconde section du tribunal révolutionnaire
pour y être jugé . Cette proposition est adoptée .
Séance du mercredi 31 juillet.
De nouvelles réclamations ont été faites à l'ouverture de
cette séance contre la loi du 4 mai qui fixe le maximum du
prix des grains . La Convention a décrété que sous trois jours
les comités de salut public , d'agriculture et de commerce
réunis lui feront un rapport sur cet objet.
Saint-André fixe l'attention de l'Assemblée sur les inconvéniens
que pourrait entraîner le décret relatif à la nouvelle
organisation du tribunal révolutionnaire. D'après ses observations
, la Convention rapporte son décret , et statue que
le nombre des juges du tribunal sera de dix , y compris le
président ; qu'au besoin , le tribunal pourra se diviser en deux
sections ; que l'accusateur public aura trois substituts ; que le
nombre des jurés du tribunal sera porté à 30 , et qu'entin
il sera fait le lendemain une liste des candidats pour le con
plément des juges et des jurés , et qu'il sera procédé ensuite
à l'élection par la voie du scrutin .
•
Legendre et Taillefer demandaient , que cette liste fût faite
par le comité de salut public , et non par l'Assemblée. Gette
proposition , après avoir élevé quelques débats , n'a pas eu de
suite.
Vous avez décrété une loi sévere contre les accaparenrs ,
a dit Chabot , je viens vous proposer aussi des mesures contre
les agioteurs. Je m'attends à des objections mercantiles , mais
nous leur répondrons par ce mot : Le salut du peuple Ici
Chabot a proposé de décréter que les assignats royaux au- dessus
de 50 liv. ne pourraient plus être reçus qu'en paiement de
biens nationaux ; que les assignats royaux d'une valeur audessous
de 30 liv . seraient échangés dans les caisses publiques ,
et qu'au mois de janvier tous ces assignats fussent annullés .
31
Cambon était bien de l'avis de Chabot , mais il voulait que cette
mesure ne portât que sur les assignats au- dessus de 100 liv . Plusieurs
membres en demandaient le renvoi au comité et l'ajournement
: Danton s'y est opposé, Quels sont ceux , a-t- il dit ,
qui supportent la misere publique , qui versent leur sang pour
la liberté , qui combattent l'aristocratie financiere et bourgeoise?
ce sont ceux qui n'ont pas en leur pouvoir un assignat royal
de 100 liv. Frappez que vous importent les clameurs des
aristocrates : lorsque le bien sort en masse de la mesure qué
vous prenez , vous obtenez la bénédiction nationale ... Soyez
comme la nature , elle voit sa conservation de l'espece ; ne
regardez pas les individus .... Les despotes de l'Europe diront :
Quelle est cette nation puissante qui par un seul décret améliore
la fortune publique , soulage le peuple , fait revivre le
crédit national , et prépare de nouveaux moyens de combattre
les ennemis .
( 261 )
La discussion s'est terminée ppar un décret dont nous avons
donné les dispositions dans la notice de cette séance au dernier
numéro .
Des altercations s'étaient élevées entre Lamarlière et Lavalette
. Les commissaires à l'armée du Nord avaient mis Lavalette
en état d'atrestation , et l'avaient envoyé à Pari Ils
avaient aussi ordonné à Lamarliere de sy rendre , pour que
la Convention pât les entendre contradictoirement , et pronon
cer sur cette querelle . Il résulte du rapport du comité de
salut public que Lavalette n'a été que la victime des calomnies
et des intrigues employées contre les patriotes . Lamarliere ,
complice de Custines , n'a pas manqué d'user de toutes les
ruses pour perdre Lavalette , et deux officiers qui étaient attachés
à ce dernier , Calambini et Dufresse . Le comité a proposé
de décréter qu'il n'y a pas lieu à inculpation contre
Calambini , Dufresse et Lavallette , et que Lamarlière sera renvoyé
par- devant le tribunal extraordinaire , pour y être jugé,
Adopté.
Séance du jeudi 1er . avût.
-17
Saint- André , au nom du comité de salut public , a fixé l'attention
de l'Assemblée sur les manoeuvres des administrateurs
en révolte contre elle , dans le nombre desquels se trouvent
ceux du district et les membres de la municipalité de la ville
de Montauban . Les commissaires de la Convention nationale
avaient établi dans Montauban un comité de salut public ;
après le départ des commissaires , les membres qui compos
saient ce comité furent en butte aux persécutions des administrateurs.
Une proclamation du district et de la municipa
lité réunis , invita les citoyens à articules des faits à leur charge.
Cette invitation eut son effet ; les ennemis de la liberté accumalerent
les dénonciations , et une procédure s'instruit en ce
moment contre eux . Saint - André a proposé de destituen
les administrateurs , de mander à la barre le procureur
de la commune , et d'annuller les procédures . Ces proposi
tions. ont été décrétées ..
Couthon , après avoir rappellé le décret salutaire rendu hier
sur les assignats , a fait une nouvelle peinture des maux causés
par l'agiotage . Il s'est établi , a- t- il dit , un systême qui consiste
à refuser les assignats , ou à ne les accepter qu'avec pérte.
Cette manoeuvre est de Pitt qui soudoie au milieu de vous les
agens chargés de l'exécuter ; de Pitt qui a reçu du gouverne
ment anglais cinq millions sterlings en or. Couthon a pros
posé le décret suivant :
Art. Ier . Tout Français convaincu d'avoir refusé en paiement
des assignats-monnaie , de les avoir donnés ou reçus à
une perte quelconque , sera condamné , pour la premiere fois ,
à une amende de 3000 liv. et six mois de détention ; en cas do
R 3
récidive , l'amende sera double , et-il sera condamné à vingt
de fers . 4
II . Les Français , débiteurs de particuliers résidans dans les
pays en guerre contre la France , seront de droit acquittés de
leurs dettes , si ceux- ci refusent en paiement les assignatsmonnaie.
III . Tout Français convaincu d'avoir agioté sur la valeur de
ces assignats sera banni ; ses biens confisqués et acquis à la
République .
Le premier article de ce décret a été adopté : les deux autres
ont été renvoyés au comité des finances pour en faire le
tapport 13 ..
Citoyens , a dit Saint- André , des mesures très - importantes
à prendre , sur lesquelles le comite de salut public vous prie
de le dispenser de donner des développemens , l'obligent de
vous proposer de confirmer le choix qu'il a fait de Collotd'Herbois
, Isore , Lequinio et Lejeune , pour aller dans les
département de l'Oise et de l'Aisne faire les requisitions que
nécessite la defense de la République . La Convention a
confirmé le choix du comité.
-
--
L'administration du département de l'Ain s'est rétractée de
tous les actes émanés d'elle qui seraient contraires au principe
de l'unité républicaine . Une lettre des commissaires
de la Convention , Mathieu et Treilhard , annonce que l'armée
des Bordelais qui avait fait naître des inquiétudes , se réduit
à 1200 hommes non organisés . Les Sans- culottes répugnent
à s'enrôler depuis que la constitution a été acceptée par toutes
les sections de Bordeaux ..
On a fait lecture d'une lettre de Custines , à-peu -près conçue
en ces termes :
Mon interrogatoire n'est pas terminé , et j'ai besoin de
ma correspondance pour me justifier . Il est faux que j'aie ja̸-
mais conseillé la reddition de Mayence . Si j'ai dit de ménager
les Prussiens et si j'ai abandonné les Hessois et les Autri
chiens , c'est que les premiers traitant nos prisonniers avec
plus de ménagemens que les autres , j'ai cru qu'il était juste
d'user de représailles ; c'est uniquement dans ce sens que je
l'ai écrit. L'acharnement de mes ennemis est grandpmais ma
anquillité l'est autant . Ma conscience ne me reproche rien .
Si l'on veut absolument mon sang ; qu'il coule : mọn scul
regret eera de ne pouvoir le verser en défendant la patrie.
?21
On observe que c'est au tribunal révolutionnaire à fairẽ
venir cette correspondance ; en conséquence la lettre de Custines
lui est renvoyée . Sur la demande de Lacroix , 1Assem
blée ordonne que le citoyen Vaillant , capitaine au 83e régis
ment d'infanterie , sera transféré à Faris , pour donner des
renseignemens relatifs à Custines . Vaillant , fait prisonnier par
les Autrichiens , avait été chargé de plusieurs missions rela
tives à l'échange des prisonniers dans un voyage , il fut 7
( 263 )
arrêté par ordre de Custines , et,
détenu dans les prisons de Cambrai.
dans ce moment , il est
Un citoyen de Tonnerre se plaint des persécutions qu'éprou
yent dans cette ville des patriotes , pour avoir abattu les armoiries
qu'on affectait de conserver sur quelques châteaux . Il
demande la suspension des procédures . Accordé . - Duques
noi , qui , dans le département du Nord qu'il vient de parcourir
, a vu encore beaucoup d'armoiries , demande que les
maisous où elles seront conservées par les propriétaires , soient
confisquées au profit de la République . Cette motion , appuyée
par Lacroix , est décrétée en ces termes :
La Convention nationale décrete que dans huitaine , à
compter de la publication du présent décret , tous les parcs ,
jardins , enclos , maisons et édifices qui porteraient des armoi
ries , seront confisqués au profit de la nation .
T
Le ministre de la guerre écrit que les maladies ont réduit
l'armée du Nord à cent mille hommes , et qu'il existe un grand
nombre de corps incomplets , dont les états - majors soet trèsonéreux
à la Republique . L'Assemblée décrete que tous les
orps particuliers qui sont incomplets seront réformés , pour
être ensuite distribués dans les cadres de l'armée : elle déclare
nulles toutes les nominations d'officiers - généraux faites par le
comité des Belges . On n'imagine pas , disait à cette occasion
Dahem , combien ces prétendus patriotes Belges ont mangé
d'argent à la République : à mesure qu'on parlera d'eux , on
découvrira de nouvelles intrigues. Une seconde lettre du
ministre annonce que Diettmann a refusé le commandement
en chef de l'armée du Nord Le conseil exécutif a non int
Houchard pour le remplacer ; Ferrieres passe au commandement
en chef de l'armée de la Moselle ces choix sont approuvés
.
Barrere annonce , au nom du comité de salut public , que
Valenciennes a capitulé , et que l'ennemi occupe maintenant
cette place . On ne connaît pas encore les articles de la capitulation
. C'est dit Barrere , le résultat d'un vaste complot
qurdi par l'Angleterre . Des papiers déposés, au comité de salut
public , lui ont donné la certitude que Pit entretient des
émissaires à Paris et dans les départemens pour préparer, des
incendies à Donai , à Valenciennes , à l'Orient , Bayonne ,
pour faire assassiner les patriotes par les femmes . Les habitans
de Lyon ont reçu quatre millions en numéraire de la part de
Pitt . Un vaisseau anglais parlementaire a été reçu à Marseille ,
Voici , dit Barrere , la traduction d'une lettre trouvée sur
un Anglais à Lille ; l'original est entre nos mains .
Juin 29 1793 , 7 heures du soir.
Nous vous remercions de votre promptitude . Vos deux
exprès sont arrives ce matin à huit heures , le double à une
heure , et deux heures après vint M... de Cambray Les plans
R 4
( 264 )
que vous avez envoyés dernierement sont plus directs que les
premiers , quoique pas très- exacts ; les nouvelles augmentations
faites pour les mortiers ne sont pas lisibles . Priez R.... de
vous en donner un autre , il peut être bon ingénieur , mais il
n'est pas très - expérimenté . Il y a une grande différence entre
les siens et ceux de Lille . Vous êtes prié d'ordonner à W....
b ... ,rde payer celui de Lille 100 liv. sterling de plus ; vous
Vous arrangerez comme vous pourrez avec R.... N'épargnez
rien , et ne perdez pas de vue C.... ; il´est sûr comme l'or , et
étant ami de Lamarliere il pourra nous procurer un double
de tous les autres . S'il a peur d'être découvert , qu'il résigne
sa place ; payez - lui le double de ce qu'elle lui rapporte.
Donnez- lui tout de suite 500 liv. sterl. , et ne doutez pas de
son zele d'après les preuves qu'il en a déja données . Milord
lui demande un état exact des poudres et de toutes les mu
nitions quelconques , et son opinion sur le camp de Cassel .
" Soyez toujours ani de K...... : il peut nous être utile!
Priez le commandant de le faire venir chez lui de tems en tems
et de faire ses efforts pour former les plans nécessaires de F.....
de G..... Priez Greenw... de donner de tems en tems à
dîner aux parties choisies . Les plans de Cobourg sont sûrs si
toutefois le succès de la guerre est pour les chieus . S'il en est
ainsi , le plan d'incendie des fourrages doit être exécuté , mais
à la derniere extrémité , et il doit avoir lieu dans toutes les
villes le même jour. A tout événement , soyez prêt avec votre
partie choisie pour le 10 ou le 16 août. Les mêches phosphoriques
sont suffisantes on peut en donner cent à chaque
ami fidelle sans danger , vu que chaque centaine ne forne
qu'un volume d'un pouce trois quarts de circonférence et
de quatre pouces de long. Nous aurons sein de pourvoir
chaque comité d'un nombre suffisant de ces mêches avant ce
tems.
Mylord desire seulement que vous gardiez toujours de votre
eôté pour cette affaire , les personnes qui vous sont les plus
affidées ; mais ne confiez rien de cette affaire à N.... ; il boit
trop dans l'affaire de Douai , il a manqué d'arre découvert par
sa trop grande précipitation.
Faites venir O.... de Caen et C.... de Paris . Faites ensorte
que W....b..... ait la premiere main dans l'affaire de Dunkerque
; il sera nécessaire de le renvoyer de Lille pour ac
quérir des connaissances sur différentes places . Faites ensorte
que H .... w.... d aille avec lui , et que sa femme aille ? Calais
pour garder sa maison. La maniere hardie avec laquelle ils
sont partis de Calais avec leurs quatre chevaux , et la maniere
avec laquelle ils ont échappé à ceux qui les poursuivaient , a
été un coup de maître. Ils ne pouvaient craindre aucun évenement
avec de tels chevaux . Qu'ils n'épargnent pas l'argent,
et qu'ils soient généreux par- tout . Faites que Stap..tu et
C....w....t sachent combien S. A. R. récompensera leur zele.
( 265 )
Que feri ons -nous sans le college ? Faites hausser le change
Jusqu'à 200 liv. pour une liv. sterl. Faites que Hunter soft
bien payé , et assurez- le , de la part de Mylord , que toutes
ses pertes lui seront remboursées de plus du double de sa commission
. Que Greg..... y en fasse de même. Faites de tems
en tems quelque chose avec S ... p ...rs. Il faut discréditer le
pus possible les assignats , et refuser tous ceux qui ne portent
pas l'effigie du roi . Faites hausser le prix de toutes les denrées
. Donnez les ordres à vos marchands d'accaparer tous les
objets de première nécessité .
Si vous pouvez persuader à Cott ...i d'acheter le suif et la
chandelle à tout prix faites-la payer au públic jusqu'à cinq
livres la livre. Mylord est très- satisfait pour la maniere dont
B .... E.... Z t. agi. Dites - lui que S. A. R. le duc a fait enre
gistrer son fils avec le vôtre pour cornettes . Ils jouissent
des - a-présent de la paie attachée à ce grade . Que Ch ....f.... tr...
aille de tems en tems à Ardes et à Dunkerque . Je vous prie
de ne pas épargner l'argent. Nous espérons que les assassi
nats se feront avec prudence ; les prêtres déguisés et les femmes
sont les personnes les plus propres à cette opération . En
voyez 50,000 liv . à Rouen et 50,000 liv . à Caen. Nous n'avous
pas reçu de nouvelles depuis le 17 Qu'est-ce qu'ils font
done ? Renvoyez A.
201
" Que M.... s ....t . soit rappellé de Cambray; son incommodité
lui serait nuisible dans une violente commotion ; qu'il
reste à Saint-O .... et que Wh ...... mr. aille à Boulogne. Ou
regrette la mort de Dyles ; ses avis nous auraient été d'un grand
secours. Que W..m..er le remplacé à Boulogne et à Calais .
,, M...... ..r devait être à Paris , connaissant mieux , comme
banquier , les moyens de faire hausser le numéraire ,
Les différens plans de Milnes sont approuvés par Pitt ,
mais sa derniere fievre le retiendre encore quelques tems en
Angleterre .... Dites à St.... z que son fils sera rappellé de Vienne ,
et aura la place de ministre à Madrid après guerre . Le duc
est très reconnaissant des services du pere., qu'il embrasse en
personne...... Si on peut se fier à D ...... le maire , comme
l'ami d'O .... , il sera la personne la plus propre à être associée
avec lui. Que l'argent ne soit pas épargné , ros
Milord desire que vous ne gardiez n'y n'envoyiez aucun
compte ; il désire même que tout indice soit brûle , comme dan
gereux pour tous nos as residans en France , au que
l'on vint à en trouver sur vous . Votre zele pour notre cause
est si bien counu du duc , pendant votre séjour en Suisse
l'année derniere , et depuis à Saint- O ..... qu'il regardé commé
superflus les comptes que vous pourriez lui rendre de vos
dépenses .
¿ ‹ La derniere nouvelle que nous avons reçue du prince de
Condé nous annonçait qu'il avait une fievre vidlente ; S. A. R.
le duc lui a envoyé son premier médecin.
( 266 )
99 Si Michel est sûr , envoyez-le de tems en tems à Paris.
et à Donkerque.
L. AS....Bror espere de l'embrasser bientôt à Ardes .
Ne, laissez , point B.......z quitter Saint- O...... même pour
un jour ses avis sont toujours utiles . Dites à Nels qu'il peut
être sûr d'ètre nommé membre du parlenient à la premiere
vacance.
Adieu. Your's most affectionaly.
P.S. « Envoyez sur-le -champ à Lyon et Grenoble 150,000l .
Nous sommes très - inquiets de nos amis à Nantes et Thouars ;
nous regrettons sincerement la mort de L.... La pension de
sa veuve de 600 livres, sterling par an , lui sera exactement
payée à elle et à son fils après sa mort ; envoyez-leur 200 livres
sterling par la premiere occasion à Bordeaux . Faites savoir
à la femme de Cobbs , à Bourbour , que son mari est monté
en grade le premier mai , par ordre de l'amiral Macbride.
Qu'il soit accordé à Morel 100 liv, sterlings par mois : nous
esperons occuper les appartemens qu'il nous a préparés pour
le quartier d'hiver, Ne lui permettez point de loger d'autres Fransais
que ceux du parti choisi ,
i
- Quand vous irez à Dunkerque , prenez avec lui ou avec
son cousin les moyens sûrs pour le transport de l'argent d'Ostende
à Dunkerque . Nous avons de prêt , pour les différens
comités sous votre direction , quarante mille guinées.
Que Chest... ret S ... soient toujours pourvus de gui
nées . Les caves du college sont propres au plan de F .....g . Ne
laissez pas Morshop, louer sa maison à Cambray , mais qu'il
la quitte seulement. Ne le laissez pas demeurer avec vous : il
est prudent d'avoir des logemens , séparés ?
On lit sur l'adresse ces mots : Pour le président du comité à
Saint- Qmer ; ou à défaut , à Dunkerque. En double par Lille.
Après la lecture , de cette piece , Barrere a proposé les
décrets suivans qui ont été rendus à l'unanimité.
sub i Premier décret.
J
Art. Ier. Il sera forme un camp entre Paris et l'armée du
Nord - le comité de salut public se concertera sans délai ,
avec le conseil exécutif , pour cet objet
29 II. Les représentans du peuple , Prieur , Saint-André, et
Lebas , se rendront aux armees du Nord , des Ardennes ,
de
Ja Moselle , du Rhin , pour se concerter avec les généraux
sur les circonstances, actuelles .
III. La Convention, approuve la nomination du général
Houchard au commandement des armées du Nord et des Ardepnes
, et celle du général Ferrieres , pour le remplacer à
l'armée de la Moselle . ,,
6
Second décret?
" Art. Ier. La Convention confirme la nomination faite
( 267 )
par le comité de salut public , et l'envoi des citoyens Billaud
Varennes et Niont en qualité de représentans du peuple dans
les départemens du Pas- de-Calais et du Nord , et les investit
de pouvoirs illimités pour prendre toutes les mesures de sûreté
générale nécessaires au succes de leur mission ; ordonne aux
autorités constituées et à la force armée d'exécuter leurs arrêtés
et d'obéir à toutes leurs requisitions.
99 II . Les ministres , les corps administratifs et les municipa
lités sont particulierement chargés de donner sur - le - champ,
les ordres les plus précis pour la surveillance la plus sévere
de tous les ports , arsenanx , magasins , et autres établissemeus
nationaux et des caisses publiques.
III. La déclaration de Charrier , la lettre anglaise et les
notes anglaises renfermées dans le porte-feuille déposé au comité
de salut public , seront envoyées par des couriers extraordinaires
à tous les départemens , ainsi que le rapport du comité de
salut public , et il en sera delivré six exemplaires à chagne
deputé,
IV. La Convention nationale dénonce , au nom de l'humanité
outragée , à tous les peuples , et même au peuple Anglais ,
la conduite lâche , perfide et atroce du gouvernement, britan
nique , qui soudoie l'assassinat , le poison , l'incendie , et tous
les crimes pour le triomphe de la tyrannie , et pour l'aneantissement
des droits de l'homme .
ti
199 V. Les biens de toutes les personnes qui ont été et qui
sont hors de la loi , par décret de la Convention , sont déclares ,
appartenir à la République.ileno dol
,, VI . Marie-Antoinette est renvoyée an tribunal extraordi
naire ; elle sera transférée sur -le- champ à la Conciergerie .
" VII. Tous les individus de la famille de Capet seront
déportés hors du territoire de la République , à l'exception
des deux enfans de Louis Capet et des individus de la famille,
qui sont sous le glaive de la loi .
" VIII, Elisabeth Capet ne pourra être déportée qu'après
le jugement de Marie - Antoinette .
IX. Les membres de la famille Capet qui sont sous le
glaive de la loi , seront déportés après le jugement, s'ils sont,
absous .
X. La dépense des deux enfans de Louis Capet sera
réduite à ce qu'il est nécessaire pour l'entretien et la nourriture
de deux individus .
XI. Les tombeaux et mausolées des ci - devant rois élevés
dans l'église de Saint- Denis , dans les temples et autres lieux ,
dans toute l'étendue de la République ,, seront détruits le 10 ,
août prochain .
Troisieme décret...
D
Art. Ier . Le ministre de la guerre donnera sur - le - champ ,
les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit
( 268 )
transportée en poste dans la Vendée . Il sera mis à cet effet , à la
disposition du ministre de la guerre 3 millions pour l'exécu
tion de cette mesure .
1
,, II. Il sera procédé à l'épurement de l'état - major et des
commissaires des guerres de l'armée des côtes de la Rochelle ,
pour leur substituer des officiers généraux et des commissaires
d'un patriotisme prononcé .
III. Les généraux de l'armée de la Rochelle tiendront la
main à l'exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs
, les fuyards , les traitres et ceux qui jettent les armes
et vendent leurs habits .
" IV. L'organisation des " compagnies de pionniers et des
ouvriers sera accélérée ; ils seront choisis dans les communes
les plus patriotes .
" V. Les généraux feront un choix pour former des corps
de tirailleurs et de chasseurs intrépides.
" VI. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des mavieres
combustibles de toutes especes pour incendier les bois ,
les taillis et les genêts .
}
VII. Les forêts seront abattues , los repaires des rebelles
seront détruits , les récoltes seront coupées par les compagnies
d'ouvriers pour être portées sur les derrieres de l'armée , et
les bestiaux seront saisis .
" VIII. Les femmes , les enfans et les vieillards seront conduits
dans l'intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance ,
à leur
sûreté , avec tous les égards dus à l'humanité .
" IX. Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre
pour préparer tous les approvisionnemens d'armes et de munitions
de guerre et de bouche , de l'armée qui à une époque
prochaine fera un mouvement général sur les rebelles.
" X. Aussi-tôt que les approvisionnemens seront faits , que
l'armée sera réorganisée , et qu'elle sera prête à marcher sur
la Vendée , les représentans du peuple se concerteront avec
les administrations des départemens circonvoisins qui se sont
maintennes dans les bous principes , pour faire sonner le
toesin dans toutes les municipalités environnantes , et faire
marcher sur les rebelles les citoyens depuis l'âge de 16 ans
jusqu'à celui de 60 .
XI. La loi qui expulse les femmes de l'armée sera rigourensement
exécutée. Les généraux en demeurént responsables .
XII. Les représentaus du peuple , les généraux veilleront
à ce que les voitures d'équipages , à la suite de l'armée , soient
réduites au moindre nombre possible , et ne soient employées
qu'au transport des effets et des matieres strictement nécessaires.
XII. Les généraux n'emploieront désormais pour mots
d'ordre que des expressions patriotiques , et que les noms
des anciens Républicains ou des martyrs de la liberté , et dans
aucun cas le nom d'aucune personne vivante . ´
{ 269 )
" XIV. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés
appartenir à la République ; il en sera distrait une portion
pour indemniser les citoyens qui serout , demeurés fideles à
leur patrie , des pertes qu'ils auraient souffertes.
" XV. Le présent decret sera envoyé sur- le- champ au ponvoir
exécutiff,, au ministre de la guerre et aux représentans du
peuple près l'armée des côtes de la Rochelle.
Ces décrets venaient d'être rendus , lorsque Barrere a ajonté
qu'il restait à faire une loi severe sur les étrangers . Le comité
, a- t- il dit , vous propose de décréter que tous les Anglais
on domiciliés en France avant le 14 juillet 1789 , seront
tenus d'en sortir sous huit jours . Croyez -vous , a interrompu
Cambon , que les Autrichiens qui sont en France ne soient
pas , comme les Anglais , des agens de Pitt ? Je demande qu'on
sassure provisoirement de tous les étrangers contre les gouvernemens
desquels la nation est en guerre , et qu'on respecte
les Anglo-Américains et les Suisses. Et que les barrieres
soient en conséquence à l'instant fermées , a ajouté un autre
membre.
Ces motions sont décrétées .
Le gouvernement anglais nous fait une guerre d'assassins
a dit Čouthon ; vous ne l'imiterez pas dans ses crimes , mais
vous avez quelques représailles à exercer contre lui. Ce gonvernement
a déclaré traitre à la patrie tout Anglais qui plaserait
des fonds , en France. Eh bien ! payons-le de récipro
cité. Décrétons que tout Français qui placera des fonds sur
les banques des pays avec lesquels nous sommes en guerre
sera déclaré traître à la patrie ; décrétons en outre que tout
Français qui a des fonds , sur ces banques , sera tenu , dans le
délai d'un mois de déclarer sous peine d'une amende égale
à la somme placée , et sera comme suspect mis en état d'arrestation
.
Cette motion est décrétée.
Danton a demandé que le comité de salut public fût converti
en cornité de gouvernement provisoire , qu'il eût à sa disposi
jon 50 millions pour dépenses politiques et secrettes , que les
six ministres fussent chargés , et responsables de l'exécution des
arrêtés de ce comité , mais qu'ils ne pussent prendre collecti
vement aucune délibération ; et qu'en conséquence , le conseil
exécutif cessât toutes fonctions . Plusieurs membres du comité
ont déclaré qu'ils donneraient leur démission si on les chargeait
du moindre maniement de deniers ; d'autres membres
ont combattu la proposition en son entier. Elle a été renvoyée
à l'examen du comité de salut public.
Séance du vendredi 2 août. Adugan at
J
Le maire de Nantes , à la tête des officiers municipaux
d'autres citoyens de cette ville , après avoir présenté l'accep
tation de l'acte constitutionnel par cette ville , donne lecture
อ
( 270 )
des pétitions des sections de Nautes , dont le but est de redeander
Beysser pour commandant provisoire de cette place ,
de décharger Coustard des inculpations dirigées contre luis
attendu que ce représentant n'a eu aucune part aux arrêtés
pris par les administrateurs du département de la Loire inféricure
, et qu'au contraire , il a combattu avec eux les rebelles
de la Vendée . L'orateur demande ensuite , au nom de ses
concitoyens , que la Convention exerce seule le pouvoir suprême
, et que dorenavant la volonté particuliere d'un indi
vidu ne soit plus substituée à la loi . Il l'invite à remettre les
rues du gouvernement en d'autres mains , après l'acceptation
de l'acte constitutionnel ; enfin il exprime le desir de voir ,
á époque du 10 août , les Français réunis jurer le respect
des lois eet l'oubli de toutes les haines ......
De vicléns débats s'élevent sur cette petition . Thuriot y
voit une nouvelle trame des conspirateurs pour dissoudre la
Convention . Les homines qui sont à la barre , s'écrie -t- il , ont
soulfié dans la ville de Nantes le feu de la guerre civile ; le
crime ne doit point siéger parmi les représentans du peuples
ces hommes en se déclarant les protecteurs de Beysser vien
nent de se dévoiler. Je demande qu'ils soient chassés de la
barre et mis en état d'arrestation .
Chabot respecte le droit sacré de pétition . H demande
seulement que les pétitionnaires soient honteusement chassés
du sein de la Convention. Il faut , ajoute-t-il , que la France
sache que nous ne quitterons notre poste que lorsque nous
allmons affermi la Républiq , et que nous ne coufierons
jamais les rênes du gouvernement à des hommes aussi cor
rompus que ceux que vous venez d'entendre .
les
Collot - d'Herbois demande que ceux - là seulement qui approuvent
la pétition , se retirent avec le maire , et que
autres reçoivent les honneurs de la séance .
L'orateur pétitionnaire ineuipé , ( Baco ) , obtient de nouveau
la parole et dit : il est bien douloureux pour des cisyens
depuis le commencement de cette malheu
reuse de la Vendée , n'ont cessé de combattre ,
qui depuis trois mois soutiennent seuls les efforts des
rebelles , et garantissent Nantes de l'invasion des brigands ,
( ici le pétitionnaire montre une blessure non encore fermée
qu'il a reçue ) de se voir traiter de contre- révolutionnaires.´
Tous les citoyens qui m'accompagnent se sont battus comme
poi , ils ont tous des Blessures à vous montrer. →→ J'ai tout
perdu ; je ne demande rien pour moi , et vous voulez me
mettre en état d'arrestation Au surplus , si ma tête peut
servir au, bonheur de la République qu'on la coupe.
མ་
Colle - d'Herbois en rendant justice au peuple de Nantes ,
ne pardonne point à Tapologiste de Coustard , Il persiste à
vouloir que
ue Baco soit chassé de la barre , et que les autres
pétitionnaires soient admis aux honneurs de la séance . Un
d'entre eux s'élance auprès du maire et s'écrie : c'est notre
( 272 )
maire , nous avons combattu avec lui ; nous l'aimons et nous
ne le quitterons pas .
Un membre soutient que l'attachement de citoyens de Nantes
pour leur maire est une erreur ou une malveillance. Il'accuse
Baco de complicité avec les rebelles. Bâco était député à
l'Assemblée constituante ; il doit être ennemi de la Républi
que . Oui , Bâco , tu savais que dans une maison dont les
fenêtres n'ont pas été ouvertes pendant le siége , il y avait
douze cents couverts préparés pour les rebelles .
Tu en as menti , s'écrie l'orateur pétitionnaire .
-
Grand mouvement. Le président de la Convention nationale
, dit Danton , vous défend d'interrompre . Le membre
continue et se charge de porter les preuves de ce qu'il avance
au comité de sûreté générale , La petition est renvoyée au même
comité avec le maire que tous les petitionnaires suivent.
Legendre demande que cet homme qui a donné un démenti
à un représentant du peuple , soit conduit à l'abbaye . Sa
proposition est décrétée .
Collot d'Herbois était allé hier avec d'autres membres
nommés , comme lui , commissaires à l'armée du Nord ,
chez le ministre de l'intérieur pour avoir une voiture , et
ne l'ayant pas trouvé , ils se rendirent auprès de Cham
pagneux , son premier commis , qui était occupé à faire des
envois d'une circulaire contenant une série de questions , que
le ministre propose à résoudre aux communes des départemens
. Vous croyez peut-être , dit Collot , que ces questions
tendent toutes à l'intérêt général ? Pas une seule . On y de
mande à quel âge les filles sont nubiles ; s'il y a beaucoup de
fausses couches ; si les coqueluches sont communes . Parmi
ces questions il en est de dangereuses. Que direz - vous en
voyant un ministre de la nation oser demander à toutes les
communes si les bonnes moeurs sont en vigueur , si les propriétés
sont respectées ? Quand vous le verrez demander encore
a- t- on confiance dans les assignats ? Y a - t- il du numéraire
en circulation ? Enfin vous sentirez la perfidie de ce
dernier article quel est l'état des closes , et quels seraient
les moyens de l'améliorer ? Je demande qué Garat et
Champagneux soient mis en état d'arrestation ,
A
Quelques instans après paraît le ministre . J'avais été ap
pelle , dit-il hier matin vers onze heures au comité de salut
public , où je restai jusqu'à cinq heures du soir. A cette
heure , je fus prendre le repas et je rentrai chez moi à sept
heures. On me dit que les citoyens Collor d'Herbois , Les
quinio et Lejeune m'avaient demande , et que ne m'y ayant
pas trouvé , ils avalent to moigné beaucoup d'indignation ; its
passerent ensuite dans le bureau de Campagneux , et voici de
billet que ce citoyen m'a écrit : Des députés parmi lesquels
je ne connais que le citoyen Lequinio , vinrent hier sor
les six heures pour vous parler ; ils firent beaucoup d'ins
""
( 279 )
:
99- lances pour vous voir , quoique je leur disse que vous étiez
,, absent ils m'accablerent de reproches et de menaces à
99 tout cela , je n'opposai que le calme de la raison. On mè
dit qu'on allait au comité de salut public l'inviter de me
faire mettre en état d'arrestation , Pour conserver ma liberté ,
1 j'ai cru devoir , sortir du bureau et ne pas y rentrer ; je ne
2 puis continuer mes fonctions , je vous donne ma démis
sion . Entre tous les reproches qu'on m'a fait , le lus sensible
a été celui - ci que je m'étais réjoui de la prise de
: Valenciennes . Tandis que j'essuyais encore mes yeux des
1 larmes que j'avais versées sur la prise de cette ville , où
j'avais un neveu et un fils qui sont partis , comme vous le
99 savez , comine simples volontaires . ,,
2
Passant ensuite aux inculpations de Collot , le ministre ré
pond , qu'il n'a eu d'autre but que de connaître à fond l'esprit
de toutes les contrées de la France pour en faire de justes
rapports à la Convention , afin qu'elle puisse agir avec entiere
certitude . Accusé de n'avoir pas assez travaillé à détruire l'influence
de Roland , il répoud que craignant à son tour d'exercer
une influence nuisible , il a cru devoir laisser à la Convention
seule le soin de diriger l'opinion publique par ses
propres opinions et par ses decrets .
Collot dit que le ministre n'a point répondu sur les motifs
qui lui ont dicté les questions contenues dans sa circulaire. Le
ministre répond , comme auparavant , que ses intentions n'ont
été que de saisir les moyens d'éclairer la Convention .
Seyestre , d'après les explications du ministre , dit qu'il y a
là , une intrigue ; que Collot s'est emporté parce qu'il n'
n'avait
pas eu assez tôt une voiture . Il demande le rapport du décret
rendu contre le ministre , et que celui - ci donne une voiture
à Collot.
Collot persiste à voir des intentions, criminelles ; il déclare
qu'il ne partira pas pour être à même de poursuivre cette
intrigue.
•
E
Danton rend hommage aux services que Garat a rendus
dans la révolution du 31 mai , Seulement , il l'accuse de n'avoir
pas assez de vigueurs dans les circonstances critiques . Il demande
le rapport du décret rendu contre le ministre et le renvoi
de cette affaire au comité de salut public . Décrété. Pour
Champagueux , il reste sous le décret d'arrestation .
ນ Mallarmé présente l'historique de l'établissement des eaux
de Paris et des actions hypothéquées sur les fonds de cette
compagnie . D'après la proposition de Cambon , la Convention
decrete que les administrateurs de cette compagnie seront
mis en état d'arrestation jusqu'à la parfaite, reddition de leurs
comptes . Les comites des finances et des domaines cxamineront
la question de savoir s'il ne conviendrait pas de convertir en
établissement national celui des eaux de Paris .
D'après la proposition de Chabot , au nom du comité de
sûreté
(( 273 )
1
sûreté générale , la Convention décrete d'arrestation Rouyer
et Erunel , représentans du peuple , arrivés de Lyon , et convaincus
d'avoir entre dans la coalition des 32 .
Couthon , au nom du comité de salut public , dénonce
plusieurs passages des feuilles de Carra avant le 10 d'août ,
dans lesquels ce député regardait comme moyen de sauver la
France d'appeller au trône Brunswick ou le duc d'Yorck.
Carra est décrété d'accusation . Il était sorti il rentre et
veut répondre. Un discours de Robespierre le fait renvoyer
devant les juges du tribunal révolutionnaire .
On propose aussi le décret d'accusation contre Sillery.
Le comité de sûreté générale , fera , son rapport sur cette
proposition.
Herault présente le rapport sur la demande faite hier par
Danton d'ériger le comité de salut public en gouvernement ,
et de mettre à sa disposition 50 millions . Le comité , après
de mures réflexions , n'accepte que dans ce sens qu'il restera
tel qu'il est ; qu'il sera mis à sa disposition 50 millions qui
ne sortiront de la trésorerie nationale que pour être mis dans
les maius des agens exécutifs , qui toujours seront responsables .
Adopté.
.
Séance du samedi 3 août.
Un membre instruit la Convention cue le département des
basses Alpes s'étant laissé entrainer dans la coalition avee les
departement de la Gironde , il en est résulté des arrestations
de patriotes . Sur la proposition de Julien de Toulouse , il est .
decreté que tous les citoyens qui ont été emprisonnés par
ordre des administrateurs fedéralistes depuis le 31 mai der- ›
nier , seront remis en liberté et que ceux qui ont été mis
en état d'arrestation par les commissaires de l'Assemblée , ei
qui auraient recouvré leur liberté par l'ordre desdits adminisraters
, seront réintégrés dans les maisons d'arrêt.
: Sur la proposition de Brcard , la Convention rend un décret
d'arrestation contre tous les agens de l'administration de
Ibabillement des troupes de la République . Il sera procédé
sans délai à l'inventaire des marchandises existantes dans les
magasins de cette administration .
Ou fait lecture d'une lettre qui annonce que les Marseillais
ont été repousses d'Avignon. Deux pieces de canon leur
ot été enlevées par les troupes de la République .
Une leure de la municipalité provisoire de Lyon annonce
que l'acte constitutionnel a été solemnellement proclamé et
accepté dans cette ville . Elle se flatte que cette acceptation
convaincra l'Assemblée de son attachement à la République
unc et indivisible , et que les commissaires auprès de l'armée
des Alpes ne s'occuperont plus des dispositions hostiles
dpur ils menacent cette ville. Cette lettre est renvoyée au
comité de salut public.
Tome IV.
( 274 )
Garnier présente un projet de loi sur les étrangers ; l'A
semblée en ajourne la discussion à lundi prochain . Un
secrétaire annonce le résultat du scrutin pour la nomination
des juges qui doivent compléter le tribunal révolutionnaire ,
Les juges elus sont d'Obsan , commissaire national près le
tribunal du 65. arrondissement de Paris ; Coffinal , commis,
saire national du tribunal du 2º . arrondissement ; Gribauval ,
premier secrétaire de l'accusateur public ; Petit-Dauterive , juge
dy tribunal du 5e . arrondissement ; Deliege , ex-législateur ,
Lubin et Cellier. Les suppléans sont Thullier , Hermaud
et Régaud ,
✓
Seance du dimanche 4 août.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple à
l'armée des Pyrénées occidentales , qui contient de nouveaux
détails sur le combat qui a été livré aux Espagnols le 23 du
mois dernier . Les ennemis ont perdu 7 à 800 hommes , tant
sués que noyés ou pris ; le régiment du roi , cavalerie , a lui
seul perdu 79 hommes et autant de chevaux , outre 16 blessés .
Caro a été renversé de cheval , et serait prisonnier , sans
les contrebandiers espagnols qui l'ont ramené à Iron . Ce
général s'est fait saigner le 24.
Le lieutenant - général Dumouillet est très - griévement blessé;
jl en est de même du jeune Crillon et de plusieurs officiers
de marque. Un autre officier-général a péri sur le champ dé
bataille ; c'est sans doute celui dont nos braves soldats ont
apporté l'uniforme .
De notre côté , le nombre des morts ne s'éleve qu'à 7 à 8,
et celui des blessés à 26. Un de nos dragons a été fait prisonnier.
Le général de division , Labourdonnaie , a montré dans l'action
beaucoup de sang froid et de prévoyauce. Il en est de
même du citoyen Latour-Dauvergne , capitaine de la premiere
compagnie des grenadiers au 80. régiment d'infanterie cet
officier joint à beaucoup de talens une intrépidité héroïque.
Merlin ( de Thionville ) , sur le sort duquel les patriotes
avaient déja témoigné leur sollicitude , est de retour de Mayence.
Les plus longs et les vifs applaudissemens l'accueillent à
son entrée dans la salle , Monté à la tribune , citoyens , dit-il ,
je ne suis pas préparé , et je ne vous ferai que le sommaire
du rapport sur la reddition de Mayence . Cette ville s'est rendue,
parce que trois jours plus tard nous ne pouvions sauver les
patriotes et 16,000 braves soldats qui combattaient depuis
quatre mois contre 80,000 hommes des meilleures troupes de
l'Europe , qui leur ont résisté et les ont empêché de mettre
le pied sur le territoire de la République .
Cinq mille hommes de cette valeureuse garnison sont morts
dans les sorties fréquentes que nous avons faites . Nous avons
rendu Mayence , parce que , dans les derniers jours dú siege ,
( 275 )
1
fi fallait , grace aux soins qu'avait pris M. de Custines pour
approvisionner ceue place , manger les animaux les plus vils .
Un chat mort coûtait 6 liv . La livre de cheval crevé se ven,
dait 40 sous , Dix - neuf cents blessés étaient dans les hôpi
taux , manquant de tout. Nous avions des pieces de 16 , es
point de boulets de calibre . Nous avions des mortiers , et
point de bombes. L'ennemi venait de plus de mettre le feu à
notre magasin d'artifice . Si nous avions tenu encore trois jours ;
nous aurious été obligés de jeter nos chevaux dans le Rhin.
La capitulation proposée est , dit on , infâme . Eh oui , elle
Test ; mais nous en avons proposé dix , et aucune n'a été
acceptée. On a bien voulu accepter celle- ci qui a été signée ,
que par vénération pour le courage de la brave garnison
qui , deux jours plus tard , aurait perdu ses armes , et aurait
été faite prisonnière de guerre.
Je croyais , moi , ne pas pouvoir souscrire à une capitula
tion ; mais j'ai signé celle - ci pour enlever à la vengeance
des despotes de si braves soldats . J'ai moi-même attaqué une
redoute qui portait mon nom avec 25 braves , et dont l'ennemi
s'était emparé ; j'emportai cette redoute et je poursuivis 5000
ennemis l'épée dans les reins . Je laisse aux ames sensibles à
demander le rapport du decret rendu contre la garnison de
Mayence.
A ce récit , Thuriot ajoute d'autres détails. Chaque jour
la garnison de Mayence donnait de nouvelles preuves de son
courage, Cette garnison a tué aux Prussiens et aux Autrichiens
v
plus de 30 mille hommes . On a mangé , à Mayence , les rats
les souris et le cuir ; les soldats sont comme des spectres . 11
faut , continue Thuriot , rapporter un décret qui lui enleve
son honneur. L'état-major de cette garnison a fait des prodiges
de valeur , et pour prix de tant de services il se voit
trainé à Paris par des gendarmes . Je demande qu'il soit décrété
que la garnison de Mayence a bien mérité de la patrie ;
que ce décret soit envoyé à tous les départemens par un
Courier extraordinaire ainsi qu'à cette brave armée ; que son
état-major soit libre ; qu'Aubert Dubayet soit délivré de ses
gendarmes , et vienne à la barre donner des renseignemens ,
qui sans doute mériteront des couronnes civiques.
Les propositions de Thuriot sont adoptées en ces termes :
Art. Ier. La garnison française qui était à Mayence a bien
mérité de la paurie.
II. Les membres de l'état- major de cette garnison , qui sont
actuellement en état d'arrestation , en exécution du décret ,
seront mis sur - le- champ en liberté.
6
III. Les gendarmes qui accompagnent le citoyen Aubert-
Dubayet , chef de brigade , seront tenus de se rendre à leur
poste ; ledit Aubert Dubayet viendra à Paris faire son rapport
ala Convention .
IV. Le présent décret.sera envoyé par des couriers extraor
$
f
( 276 )
dinaires aux départemens et aux armées ; expédition en sera,
remise aux citoyens Merlin et Rewbel , représentans du peuple
qui se rendront sur-le- champ à Nancypour le notifier , au nom
de la Convention , à l'armée venant de Mayence .
C
Le président fait donner lecture d'une lettre adressée à la
Convention par le géneral de brigade Aubert Dubayet , datée.
de Saare-libre , le 30 juillet. Après avoir, dit ce général ,
fourni une carriere pénible et dangereuse , je viens de remplir
une tâch bien precieuse à mon coeur ; j'ai ramené dans sa
patrie 8000 soldats courageux et fideles . J'ai escorté les représentans
du peuple , Rewbell et Merlin les commissaires du
pouvoir exécutif , et tous ces hommes intéressans et malheureux
que la celere des petits despotes avait destinés aux plus
sanglantes vengeances . Maintenant , citoyens representans du
peuple , il me reste encore un devoir à remplir , et je m'en
acquitte avec sincérité ; j'ose , au nom d'une armée dont je ne
consulte que les sentimens de civisme , vous assurer de l'adhesion
, du respect et du dévouement le plus absolu à tous
vos travaux ; elle reçoit votre constitution comme un bienfait ,
et elle saura la defendre contre tous les ennemis de la liberté
et les vôtres . Ordonnez , et oubliant aussi - tôt ses fatigues et
ses veilles , cette brave armée est prête à marcher. "
Au nom du comité de salut public Barrere fait lecture d'une
lettre des représentans du peuple , Prieur et Rome , datée de
Caen le 29 juillet , lis annoncent qu'après 50 jours de détention
is ont été rendus à la liberte , avec la solemnité due à
la représentation nationale trop long-tems outragée. Leur sortie
s'est faite au milieu des autorités civiles et des corps mili
taires . Le brave Labretêche commandait les dragons de la
Manche. Ils desirent que la Convention les rappelle dans son
sein , pour lui rendre un compte exact de ce qui s'est passe
dans le Calvados... )
Barrere fait lecture d'une autre lettre datée de Caen le 30
juillet elle est adressée à la Convention par les corps admi
nistratifs et judiciaires du Calvados . Nous avons reconnu
notie erreur , disent-ils pét nous vous l'avons avoué de bonne
foi. Aujourd'hui tout est rentré dans l'ordre . Il n'existe plus
de force departementale . Vos collegues viennent d'être remis
en, liberté. Déja nos assemblées primaires déliberent sur la
constitutions elle sera sans doute acceptée à l'unanimité . Partout
le peuple respire l'amour de la liberté , et sent le besoin
dese tadier à l'autorité suprême de la Convention nationale :
entraines par le premier mouvement d'effervescence , les fonctionnaires
publics sont rentrés dans les limites de leur devoir .
Nous espérons que ces preaves de civisme vous engageront à
accueillir favorablement notre rétractation. 1 ,, ?
La Convention des foiestessiteatres au comité de sûreté
générale.
*
22
( 277 )
Sur la proposition de Barrere l'Assemblée ordonne que les
barrieres seront ouvertés dès aujourd'hui .
Séance du lundi 5 août.
On annonce l'arrivée des citoyens Romme et Prieur , qui
avaient été arrêtés à Caen : avant qu'ils soient entendas , le président
fait donne lecture d'une lettre du citoyen Carrier ,
représentant du peuple , datée de Caen'le 2 août . En voici le
contenu ":
Le trône de Buzot est enfin renversé ; il s'est enfui avec
ceux qui conspiraient avec lui la perte de la pattie , du sol où
ils avaient allumé les torches de la guerre civile . Ils vont
encore les secouer dans les contrées qui semblent favoriser
leurs criminelles espérances ; nous tâchons de découvrir parfout
la fuite de ces traitres ; nous prenons toutes les mesures
les plus efficaces pour empêcher qu'elle ne leur assure l'impunité
due à leurs forfaits .
Je suis entré dans Caen aujourd'hui à deux heures après
midi ; j'ai eu le plaisir d'y voir mes collegues Prieur et komme
rendus à la liberté , après 51 jours de captivité.
,, L'armée de la République , que nous n'attendions que
demain matin , s'est rendue et a fait son entrée aujourd'hui
entre neuf et dix heures du soir .
" Lindet , Duroy et Brunet arrivent demain .
* A ) , Nous avons déja mis en état d'arrestation quelques agens
de la conspiration ; Fourni , général de la division de Coutances
, qui y avait trempés, s'est brûlé la cervelle .
4.
La femme de Pétion , leur fils et la femme d'un autre
fugitif ont été arrêtés à Honfleur ; on va les emmener à Paris ;
j'en ai donné l'ordre avec mon collegue Pochelle que j'ai laissé
à Rouen . Ça va , ça va , et dans peu de jours , ça ira encore
bien mieux le peuple revenu de ses erreurs par la propaga
stion des vrais principes qui doivent fonder sa liberté et son
bonheur , secondera avec plaisir , nous osons l'espérer , les
jefforts que nous ferons pour les lui assureriting
Caen sa accepté la constitution à l'unanimité ; l'acceptation
sera annoncée demain par plusieurs salves d'artillerie .
Romme, obtient ensuite la parole , et il ne fait qu'annoncer
que son collegue et lui donneront au comité de salut public
les renseignemens qu'ils ont acquis sur la rébellion du Cat
vados .
Cambon dénonce des faits qui sont attestés par nn procèsverbal
de deux commissaites du département de l'Hérault , qui
après la constitution acceptée dans ce département , avaient été
envoyés dans celui des Bouches - du -Rhône , pour l'engager
à en faire antant. Ces commissaires , à peine arrivés à Tarascon
, furent arrêtés et conduits à un prétendu comité central
-de salut public présidé par un certain Manson : Après avoir
connu l'objet de leur mission , on leur dit que le département
des Bouches - du - Rhône avait pris un arrêté qui déclarait traitres
8 3
( 248 )
1
à la patrie , non- seulement ceux qui accepteraient la consi
titution , même ceux qui la présenteraient à l'acceptation des
assemblées primaires .
Une députation du corps municipal se présente à la barre.
L'orateur fait sentir la nécessité de se lever en masse rour
écraser d'un seul coup les têtes de l'hydre sans cesse renais
santes du despotisme . Le moment est venu , dit-il , où les
grandes mesures doivent obtenir leur exécution: Décrétez que
les rôles prescrits par la loi du 30 mai seront dresses daus
le plus court délai ; ordonnez qu'il sera fait un tirage génés
ral dans les sections , et le sort assignera son rang aux citoyens
de chaque classe. Alors aucun citoyen ne refusera . Renvoyé
au comité de salut public.
La correspondance transmise par le comité de salut public
annonce que les troupes de la République ont remporté un
avantage considérable sur les rébelles auprès de Luçon : deux
mille sont restés sur- le-champ de bataille d'un autre côté
la garnison de Givet à fait une sortie vigoureuse . Le feu a
duré trois heures . Nous avons tué quelques hommes et fait
douze prisonniers :
:
PARIS , le 8 août 1793.
On fait de grands préparatifs pour la célébration de la fête
du 10 ; l'autel de la patrie , au champ de la Fédération , se
répare et présentera une nouvelle forme: A la place de la
Révolution , sur le piédestal de la statue équestre de Louis XV ,
on érige une statue colossale de la Liberté . Sur le milieu de
la place qui est devant les Invalides , on élevé un rocher , å
la cime duquel sera un Herenle terrassaut la tyrannie : Sur le
boulevard des Italiens , on construit un arc de triomphe .
Cette fête de la fraternité séta pompeuse et imposante. Elle
doit être le gage de la paix , de la concorde et l'époque de
Ja félicité générale . Les députés des assemblées primaires quí
viennent apporter le veu des départemens ; peuvent maintenant
apprécier , par eux- mêmes , la situation de cette ville et
les calomnies qu'on a dirigées contre elle . La tranquillité pu
blique y regne les lois y sont observées et les propriétés
respectées.
Oa s'est occupé de mettre à exécution le décret contre les
étrangers suspects . Un des meilleurs moyens dont on s'est
servi pour les trouver , a été de faire entourrer , vendredi
dernier , les différens spectacles , au moment où ils allaient
finir , et d'obliger les citoyens qui y étaient de montrer leurs
cartes civiques et les pieces qui constatent leur domicile en
France. Le même jour , une force armée a investi l'Observa
toire , et les eommissaires y ont fait les perquisitions les plus
exactes : Des visites semblables ont été faites dans differens
Endroits:
( 279 )
Gensonné et Gardien ont été transférés du Luxembourg
l'Abbaye. Valazé et Vergniaux à la Force. ,, !
Les généraux Chazot et Biron ont été conduits à l'Abbaye .
Manuel a été arrêté à Fontainebleau .
Le bruit se répand que Wimpfen et plusieurs députés qui
s'étaient réfugiés à Caen , sont passés en Angleterre.ng
Marie-Antoinette a été conduite à la Conciergerie vendredi
dernier , à trois heures du matin : on lui a donné une femme .
pour la servir .
On écrit de Strasbourg que Landau est bloqué ; cette ville
est bien défendue ; on craint seulement que la sécheresse et
la rareté des denrées n'aient retarde son approvisionnement.
La ville de Cambrai est menacée d'un siége prochain : déja
toutes les maisons du fauxbourg ont été démolies. Le quartiergénéral
de l'armée du Nord est toujours à Bouchain. Celui
de l'armée du Rhin est à Weissembourg .
ĈOMMUNE. - Conseil-général , du v1eerr. août.
Une lettre de Brulé , l'un des commissaires nationaux dans.
la Vendée , donne les détails les plus affligeans sur notre situa
tion dans ce département. Il dit que les hommes que nous
avons achetés 500 liv . sout indignes du nom de soldat . Ils se
livrent aux plus grand excès , ils pillent , volent , violent , et
enfin refusent de se battre . Il cite un trait à l'appui de cette
assertion la fille du maire de Saumur , agée de 19 ans , a été
violée dans les bras de sa mere. D'un autre côté , ajoute-t- il ,
les chefs ne preunent aucune mesure pour remédier aux abus
de toute espece qui se commettent sous leurs yeux ; ils semblent
au contraire les autoriser par leur conduite lâche et
pusillanime. Deux autres letttes , l'une du même citoyen Brulé.
et l'autre du citoyen Lachevardiere , en confirmant l'exposé
de la précédente , annoncent cependant quelques succès , et
donnent quelques espérances. La conduite des citoyens d'An -i
gers n'a pas peu contribué à nos dernieres victoires .
On a lu ensuite le décret du jour portant , art . VI : Que:
Marie- Antoinette est renvoyée au tribunal révolutionnaire , et
sera transférée à la Conciergerie. Le conseil a chargé la
police de le mettre à l'instant à exécution . Il a arrêté de plus ,
1º. Qui sera donné des ordres pour qu'il ne passe aucun
batelet sur la riviere ; 2 °. que les sections nommeront des
commissaires civils pour se rendre daus les corps-de-garde .
près les barrieres , diriger la force qui doit les garder , et
inspecter les citoyens qui entreront dans Paris , et ceux qui
en sortiront ; 3 ° . il sera rédigé une instruction en forme .
d'adresse , laquelle sera envoyée dans les communes environnantes
pour leur tracer la conduite à suivre , relativement aux
$
4
( 280 )
approvisionnemens de Paris. Le conseil a ensuite pris un
arrêté tendant à faire proclamer solemnellement à son de tambour
la loi contre les accapareurs .
.d
Du 2. Des commissaires de la majorité des sections se présentent
avec des pouvoirs qui les autorisent à prendre connaissance,
de l'état des subsistances . Quelques debats s'élevent
à ce sujet. Le corps ,municipal les termine en arrêtant qu'il
ajourne toute discussion à cet égard jusqu'au 15 août , époque
à laquelle l'administration des subsistances rendra ses comptes
généraux à la commission qui sera nommée par les sections .
Le corps municipal arrête en outre que les membres de cette
commission seront épurés par les sociétés populaires , de crainte
qu'il ne s'y glisse quelques malveillans .
Sur la motion d'un de ses membres , le conseil arrête
quaaucun conducteur de messageries ou de diligences par terre
ou par eau , n'inscrira sur sa feuille et ne recevra dans sa
voiture aucun citoyen qu'il n'ait exhibé des passe- ports duement
en regle , et visés par la municipalité .
Du 3. On s'est plaint de l'inexécution de l'arrêté qui ordonne
aux boulangers de marquer leur pain , Après de longs
débats , le conseil , en maintenant les arrêtés qu'il a precé- r
demment pris à ce sujet, a ordonné que les boulangers qui no
s'y conformeraient pas sous huitaine seraient traduits au tribunal
de police municipal .
Du 4. Il s'est élevé une longue discussion sur les subsistances ,
quelques citoyens sont venus se plaindre de ce qu'un trèsgrand
nombre de pains sortaie tous les jours de Paris ; et de
ce que beaucoup de boulangers revendaient leurs farines. Le
conseil a nommé une commission chargée de réprimer ces
sortes d'abus.
Du 5. Les élections, pour la munitipalité définitive sont
enfin achevées . Le corps municipal vient de proclamer les
48 offçies municipaux nouvellement nominis , et les a couvoqués
pour mercredi prochain , jour auquel de conseil général
procédera à leur installation .
3
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE .
Ce tribunal a condamné à mort Pierre - Maurice Collinet
de la Salle , ci - devant noble , et ancien lieutenant - général
d'Epinal , convaincu d'avoir entretenu des correspondances avec ,
les émigrés , de leur avoir fait passer des fonds et d'être l'auteur
de plusieurs ouvrages tendans à la dissolution de la représ
scutation nationale et au rétablissement de la royauté .
( 251 )
*
Jean-Baptiste Lourtier , ci- devant noble , âgé de 67 ans ,
convaincu d'avoir tena des propos contre-révolutionnaires a
subi la même peine .
Ce tribunal vient de confirmer un premier jugement qui.
condamnait Antoine Bayard , se disant Victor-Amédée - Xavier
Broglie , comte de Lyon , à six années de fer , pour avoir
négocié na eflet qu'il savait être faux , et à être ensuite déporté
ala Guyane française , pour avoir tenu des propos , et écrit .
des leases contre - révolutionnaires dans un acces de désespoir.
Le même tribunal s'occupera lundi de l'affaire de Custines.
COLONIES DE ΣΑ REPUBLIQUE.
Les dernieres nouvelles reçues des colonies sont loin d'être
satisfaisantes . L'horrible guerre civile désole la Martinique .
Tabago a été indiquement livré aux Anglais . Une insurrection.
a éclaté à la Guadeloupe , jusqu'ici plus tranquille ; les negres
y ont brûlé plus de 60 habitations , et massacré tout ce qu'ils
ont trouvé. Mais c'est sur la malheureuse ile de Saint - Domin
gue que pesent tous les ficaux réunis ; elle est en proie à la
plus complette desorganisation et à tous les maux de l'anarchie.
Voici l'extrait de deux lettres qui contiennent ces détails
affligeans :
Saint-Eustache , le 25 avril .
Les affaires sont entièrement arrêtées ici depuis la guerre,
et Saint - Barthelemi n'en fait pas plus que nous , parce qu'ils
n'y a point de bâtimens européens sur lequel on puisse charger
en sûreté. Le commerce des îles françaises est presque
nul aussi , parce que les corsaires anglais interceptent presque
tout ce qui en approche . Elles sont encore dans une agitation
cruelle les habitans de la Martinique sont en armes contre le
le général et contre les villes qu'ils veulent détruire absolu
ment.
:
Il paraît que les Anglais attendent journellement une
escadre , avec des troupes de débarquement , pour faire le siége
des isles françaises du Vent ; c'est ce qui anime les habitans
qui n'ont pas abandonné le projet d'y faite une contre-révolution
, dont il est également question pour celle que vous
habitez à présent , et tout ne présage que des malheurs sans
nombre pour le commerce et l'humanité . "
J Du Cap- Français , le 5 mai.
Je profite de la seule occasion qui se soit offerte depuis
long- tems pour vous faire tenir la présente . Aucun bâtiment
ne peut sortir , de, nos rades ; les Anglais viennent même les
prendre jusques dans celles qui sont les mieux défendues , t
1
( 282 )
il n'est presque pas de jour que de petits caboteurs cu de
malheureux habitans , chargés de provisions pour la colonie ,
ne soient pris et conduits à la Jamaïque . Un autre danger
non moins grand , que courent les infortunés qui échappent
au premier , c'est de tomber entre les mains des brigands
nombreux qui infestent et désolent continuellement le pays ,
et rendent tout chemin impraticable. Les excès auxquels ils
se livrent par-tout , et principalement dans la province du
Nord , ont fait adopter quelques mesures de vigueur qui
jusqu'à présent ont été sans succès . L'on vient encore , il y
à quatre jours , de tenter une expédition pour expulser ceux
qui sont réfugiés dans les mornes derriere celui du Cap ,
d'où ils sortent souvent pour attaquer nos convois , faire des
excursions , massacrer jusqu'aux portes de la ville , et narguer
nos gens jusques dans leurs retranchemens . C'était par
cette expedition que l'on devait commencer , au lieu d'aller
au loin s'emparer de leurs camps ce qui n'a fait que diviser
nos forces déja si faibles , et augmenter la difficulté des
communications . Le résultat de l'entreprise n'a pas été à notre
avantage ; blancs de notre armée , gravissant les mornes
les plus difficiles , ont en vain donné l'exemple aux troupes
digne ; la principale colonne a refusé d'avancer et d'aller
s'emparer d'un poste intéressant , sous prétexte qu'il y avait
plus de 8 mois qu'elle n'avait été payée , qu'elle mourait de
faim , etc. L'officier qui la commandait voyant cette désobéissance
formelle à ses ordres , et sa troupe d'ailleurs avancée
dans des chemins perdus et impraticables , s'est brûlé la cervelle
, en disant à son sergent : Mon ami , nous sommes trahis
et perdus.
" Il se nommait Després , du régiment d'Orléans , infanterie.
Comme il n'était pas mort , et qu'on le descendait , les bri
gands sont survenus , et la déroute qu'ils ont mise dans nos
rangs a fait abandonner le malheureux Després , dont ils ont
consommé le martyre. Les autres colonnes n'ont pas eu plus
de succès ; toutes les blessures ont été graves ; beaucoup
ont été tués ou pris , et beaucoup ont jetté leurs armes pour
fuir plus à l'aise . Arrivés dans la plaine , il a fallu livrer un
nouveau "combat ; Saint-James , capitaine des dragons , y a
perdu la vie . L'attaque ayant été également malheureuse pour.
nous , les tristes debris de notre armee sont rentrés dans la
ville.
29 Il eût été infiniment avantageux pour nous que ces audacieux
brigands eussent été expulsés entierement de notre territoire
; libres et tranquilles sur ce point , nous eussions pu
nous livrer sans réserve aux mesures à prendre contre l'ernemi
extérieur ; mais malgré toutes les précautions prises ,
tous les pitges tendus pour les cerner , l'on n'est gueres plus
avancé que le premier jour ; la pénurie d'hommes et de vivres ,
( 283 )
T
et l'insubordination des troupés de ligne sur -tout , ont fait
échouer les projets les mieux concertés : il n'y a pas de doute
d'ailleurs que les rebelles n'aient parmi nous des intelligences
sûres et en grand nombre , qui les avertissent la veille de
chaque attaque , et leur font passer des munitions en iout
genre . Toutes ces difficultés réunies désesperent les bons
citoyens , en ne leur laissant entrevoir aucun terme à leurs
maux ; en effet , il semble que tous les fléaux soient réunis
Pour éteindre la race des Blancs.
་
La municipalité et la commission intermédiaire viennent
encore de faire une proclamation pour forcer tout le monde
4 sortir en armes , et arracher des maisons ceux qui refusent
de retourner. Nous allons donc donner encore ce coup de
collier , afin d'éviter l'horrible spectacle de voir descendre
des mornes qui dominent le Cap et le touchent ces hordes
de scélérats , qui d'un moment à l'autre peuvent y fondre de
concert avec nos esclaves , et nous anéantir pour jamais. Nos
palissades sont ouvertes de tons côtés , et par-tout nous sommes
environnés d'ennemis . Les autorités promettent de se charger
des femmes et des enfans ; les vieillards et les impotens garderont
la ville avec la marine .
Le
gros
des révoltés
est retranché
dans
les quartiers
de
l'Est
de notre
province
, où nous
sommes
forcés
de les laisser
en repos
faute
de forces
; on se contente
d'en
garder
quelques
postes
, et d'y rester
sur la défensive
. Voilà
les effets
de l'affreuse
guerre
civile
qui nous
déchire
, et de l'incroyable
despotisme
qui tyrannise
les blancs
exclusivement.-
“ Nos deux commissaires ont fait le siège du Port -au-Prince
par terre et par mer , et y sont entrés pour effectuer leur projet
d'embarquer un grand nombre de citoyens : c'était justement
à quoi on avait voulu s'opposer : on était d'accord pour les
y recevoir sans force armee ; ils avaient emmené des troupes
d'ici , mais surtout beaucoup d'hommes de couleur du cap
de Saint-Marc et autres lieux . Le vaissean l'América , monté
par ces délégués de la République , s'est embossé et a com-
Inencé le siège les forts de la ville lui ont envoyé quelques
bombes qui n'ont point fait de mal ; mais il a été atteint de
deux boulets roages , dont l'un a traversé la grande cham
bre. Il y a eu deux combats ; le premier a duré depuis neuf
heures du matin jusqu'à quatre heures du soir deux frégates
soutcuaient le feu du vaisseau . J'observe que toutes les couleurs
étaient dans la plus grande union dans cette ville , à
part les intelligences des chefs des mulâtres , qui n'abandonnent
nulle part les commisaires . Enfin , on est entré , après
avoir renversé et fortement détérioré plusieurs maisons , t
beaucoup de monde ; cinq femmes dans une chambre ont
péri d'un même coup . Borel , capitaine- général des troupes
nationales du Port- au-Prince , a fui avec 300 negres armés
tué
(.28% ):
et 200 blenes ; les hommes de couleur sont à sa poursuite .
Les commissaires Polverel et Santhonax reviendront au Cap.
d'ici à trois semaines ou un mois , avec Lasalle , gouverneur .
par interim ils ont mis aux fers et embarqué un grand nombre
de citoyens . Chacun tremble dans les trois provinces . Que
faire si les Anglois arrivent avec une escadre , ainsi qu'on
nous l'annonce de Saint Eustache ? Nous sommes sur le bord
du precipice ; il faut abandonner le pays , et encore ne peut- on
fair. Tabago est pris ; Behague y était réfugié : les Anglais n'out
pas en de peine à en faire la conquête . La Martinique est en
guerre civile Rochambeau et les citadins sont contre les
habirans qui voudraient , dit- on , un autre ordre de choses . La
Guadeloupe vient d'essuyer une terrible insurrection , et il est
à présumer que le mal n'a fait qu'augmenter depuis les negres
de deux quartiers ont brûlés co habitations , et massacré les
habitans.
:
566 Nous venons d'apprendre , par un navire de Charles -Town
que la fregate l'Embuscade y a porté l'ambassadeur de France ,
d'où il doit se rendre , par terre , à Philadelphie ; elle y a
conduit aussi deux bâtimens anglais richement chargés , qu'elle
avait pris en route. Nous ne recevons aucune nouvelle de
France; la voie de la nouvelle Angleterre est notre seulé ressource
pour cet objet.i
" Depuis quelque tems les Americains du continent nord ne
nous apportent que des bois de construction , au lieu de farines
, dont nous manquons. L'alarme commence , et le fléau
terrible de la famine va nous désespérer , s'il n'en arrive au
plutôt, Nous manquons d'ailleurs de numéraire pour les payer;
et la plaine , dont nous ne sommes pas entierement maîtres ,
ne peut fournir qu'une infiniment petite quantité de vivres .
Toutes ces calamités font redoubler les émigrations .
*
" Les Anglais visitent les navires américains ; s'il y a des
Frauçais , ils prennent leurs effets , ils voient les connaissemens
et s'emparent de leur cargaison , en les inaltraitaut et
en leur disant beaucoup d'injures . Il est bien singulier qu'ayant
ici 25 bâtimens de l'Etat , dans quatre ou cinq en rade , aucun
n'aille en course ne protege nos caboteurs , ou si un petit
nombre va d'un endroit à l'autre , c'est pour être spectateur
des prises ; ils disent que leurs équipages sont beaucoup trop
Faibles , etc. Grands dieux ! que de choses j'aurais à vous dire ;
thais j'ai le malheur de n'être pas assez laconique , et j'aime
mieux finir là , car les Européens ne peuvent se former , une
idée de tout ce qui se passe dans cette colonie ; ils sont trompes
, malgré tous les rapports .... En outre , on ne saurait s'imaginer
combien il est difficile , pour ne pas dire impossible , que
Je patriotisme soit , dans les colonies d'Amérique , égal à celui
de la métropole , et que le systême actuel puisse le maintenir.
Si l'on est trop partisan de la République , on est embarqué
l'on est tout opposé , on est encore expuisé c'est und
( 285 )
confusion à n'y rien comprendre . Le rédacteur Tangui et son
imprimeur sont aux fers. Le premier avait été mis à bord du
Jupiter , il y a plus d'un mois ; le second est emprisonné
d'hier . "
P. S. Le convoi d'ici , très - richement chargé , estimé 60
millions , ne peut espérer de sortir de la rade que lorsqu'il
nous sera arrivé des forces .
Nos voisins les Espagnols disent qu'ils s'attendent de jour
en jour à recevoir les nouvelles officielles de la guerre avec
la République ; ils nous font dire qu'ils respecteront le parti
royaliste , et qu'il ait à se rallier ; qu'ils nous feront arborer
le pavillon blanc , sinon point de quartier. Il ne manquais
plus que cela pour mettre le dernier coup à nos miseres,
DÉPARTEMENT DE CORSE . Bastia , le 28 juin.
6. Il s'est tenu , à Corté , une consulte à laquelle se sont trouvés
deux ou trois députés de toutes les pieves du pays . Il a été
décrêté que l'on chasserait de l'isle les commissaires fran
gais , et que l'on ordonnerait à tous les paysans enrôlés au
service de la République française de rentrer chez eux dans
L'espace de quatre jours , sous peine d'être traduits , en cas
de désobéissance , pardevant la justice corse , et sévèrement
punis .
1 Cela a produit généralement l'effet que les révoltés s'em
promettaient. Tous les nationaux , tant les officiers que soldats ,
qui étaient en cette ville , ont quitté le service de France , et se
sont retirés dans leurs foyers.
,, L'évêque constitutionnel est dans les prisons d'Ajaccio , et
son neveu dans celles de Corté plusieurs autres partisans
de la République Française ont éprouvé le même sort .
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi, et du
mercredi .
Mardi 6 août. Une députation de 24 membres de la Convention
assistera . jeudi prochain à une cérémonie qui sera
célébrée dans l'église Saint-Eustache en l'honneur de Marati
Son araison funebre y sera prononcée en présence des députés
des départemens qui sont ici pour la fête du 10 août .
On annonce que 6000 hommes de la garnison de Mayence
sout arrivés à Metz , où ils ont été reçus avec tout l'accueil
qu'on devait aux services qu'ils ont rendus à leur patrie . Les
représentans du peuple , Briez et Cochon , échappés aux dan
gers qu'ils ont conrus dans Valenciennes , sout maintenant à
Cambrai , Ils envoient un procès -verbal sur la reddition dé
Valenciennes , il en résulte que Valenciennes n'a été, obligée
( 286 )
de se rendre que par la trahison des pervers , qui pendant
presque toute la durée du siége ont agité et tourmenté les
citoyens .
Les habitans , entraînés par les suppôts de l'Autriche , ne
tarderent pas à former des attroupemens ; bientôt les femmes
se mirent en insurrection , toujours par l'instigation des agitateurs
qui de tems en tems paraissaient , c'est- à - dire à mesure
que le danger augmentait. Cependant de sages et civiques proclamations
partiurent à calmer un peu les esprits ; il restait
encore un prétexte pour légitimer en quelque sorte ces mouvemens
, c'était que les habitans n'avaient point de local pour
se mettre à l'abri des bombes : eh bien ! la garnison leur abandonpa
ses souterrains.
" Le 14 juillet arriva ; cette fête fut célébrée par la garnison
la garde nationale dans un ouvrage à corne du côté de la
porte de Cambray , et qui était moins exposé au feu de l'ennemi.
Plusieurs citoyennes assisterent à cette cérémonie , qui
fut terminée par une décharge de l'artillerie des remparts , diri
gée sur les batteries ennemies.
5. Tel était l'état des choses , lorsque dans la nuit du 25 au
26 juillet , la trahison la plus manifeste se découvrit ; car l'ennemi
avait des intelligences dans la ville , Trois fois il avait
essayé jusqu'à ce jour l'attaque des palissades , et trois fois il
avait été repoussé ; il fit sauter , dans cette nuit , trois globes
de compression sur les palissades : la terreur et le désordre
se répandirent parmi les soldats , qui quitterent les palissades ,
et tous fuirent en confusion , jusqu'aux canonniers , qui abandonnerent
leurs canons . En vain le général Ferrand et l'un des
représentans du peuple , Cochon , chercherent à rallier les
fuyards ; leurs efforts furent inutiles , et ils ne purent détruire
J'effet de cette terreur panique. Sans la prudence et l'audace
du général , l'ennemi serait entré dans la place : il pouvait
le faire , mais il n'en eut pas la hardiesse .
1
,, Le 25 juillet , le duc d'Yorck menaça de passer toute la
ville au fil de l'épée , si elle ne capitulait pas alors recommencerent
les attroupemens , les séditions , les insurrections .
Des troupes de ligne se joignirent aux citoyens ; trois - brêches
étaient déja faites , 145,000 bombes avaient détruit la moitié
de la ville , et il n'était plus possible de résister , quoique
l'ennemi eût perdu , de son propre aveu , 20 à 22,000 hommes
dans les terribles sorties que la garnison a faites , et qu'elle
aura long- tems sur le coeur enfin , après 41 jours d'un bombardement
dont l'histoire n'offre pas d'exemple , Valenciennes
be rendit ; mais sans les trahisons , sans les intelligences des
Autrichiens , elle serait encore au pouvoir de la Republique.
Dès le 27 juillet , la cavalerie bourgeoise , qui ne s'était pas
montrée pendant le siège , fit enlever le drapeau tricolor , et
livra la place au prince de Lambesc , accompagné de plusieurs
émigrés.
( 287 )
-
Des commissaires des assemblées primaires demandent å être
edmis à la barre: Plusieurs membres témoignent leur étonnement
, ei craignent qu'il n existe quelques menées sourdes et
dangereuses . Ils demandent que le président s'informe du sujet
de cette pétition . Le président ayant exécuté l'ordre de l'assemblée
, apprend que cette pétition a pour objet , de demander
que les envoyés du peuple , ne soient pas aussi gênés
à l'égard des sections , et qu'il leur soit donné un vaste local
pour se connaître et fraterniser. On admet les pétitionnaires.
Leur pétition était simplement ce que le président avait annoncé.
Un membre assure que l'orateur est un intrigant , qu'il l'a
vu hier au parquet du tribunal révolutionnaire , et voulant
être le défenseur de Custines . Léonard - Bourdon dit qu'hier
a été fait une pareille pétition aux Jacobins et que cette
société a offert son local depuis le lever du soleil jusqu'au
moment où la société ouvrirait ses séances , et il pense que
la question faite à la Convention , n'a d'autre but , que de
former une assemblée contraire à celle qui va avoir lieu aux
Jacobins .
9
Le membre qui avait dit que ce citoyen voulait être défenseur
de Custines , renouvelle son assertion que c'est un
homme suspect
.
-
Ce citoyen s'écrie : ce n'est pas vrai . Bruit. On demande
que la Convention , n'ayant pas deux mesures , agisse envers
ce citoyen comme elle a agi envers le maire de Nantes.
Lacroix s'oppose à cette mesure , qui blesse la majesté du
Souverain dans son commissaire . 11 demande qu'on se borne
à insérer le nom de ce commissaire dans le procès - verbal ,
dont l'extrait sera envoyé à son assemblée primaire , et qu'on
passera à l'ordre du jour sur le reste .
Cette proposition est décrétée . Le citoyen donne son nom . Il
se nomme Becquet , envoyé de l'assemblée primaire de..... dis
trict de Boulogne- sur - Mer.
Une lettre du général Sépher annonce l'entrée des troupes
de la République à Caen.
Les représentans du peuple près l'armée des côtes de Cherbourg
, annoncent , en date du 3 août , que Pétion , Barbaroux
, Buzot , etc. y sont aués à l'exécration publique ;
que Wimpfen y a laissé 150 chevaux ; et que la Républi
que a recouvre 87 pieces de canon qui sont dans le château
de Caen.
Ils demandent d'être autorisés à commettre provisoirement
des citoyens pour remplir les fonctions administratives et mu
nicipales , à remplaser les fonctionnaires publics qui ont coo
péré ou adhéré aux arrêtés liberțicides pris par les administra
tions , et à faire démolir les donjon et château de Caen qui
ont servi de bastille à deux représentans du peuple . Sans cela ,
ajoutent-ils , la ville dépendra du premier intrigant qui voudra
s'y loger.
( 288 )
Leurs demandes , appuyées par Barrere , sont décrétées
avec un article additionnel , savoir ; que sur les ruines du
doujon et du château de Caen sera plante un poteau sur
lequel seront inscrits les noms des députés déclarés traîtres à
Ja patrie ,
Du 7. Le général Beisser est admis à la barre . Il expose
la conduite qu'il a tenue depuis le 17 mars jusqu'au 5 juillet. La
Convention le renvoie au comité de sûreté générale .
Aubert Dubayet , commandant au siége de Mayence , présente
ses hommages à la Convention qui lui témoigne sa satisfaction
sur sa bonne conduite .
Le général Ferrand , commandant à Valenciennes , a annoncé
şon arrivée à Paris .
Une députation des commissaires des départemens qui ve
naient de fraterniser avec les autorités constituées et les sans-
Culottes de Paris dans la salle de l'évêché , a annoncé qu'elle
allait se réunir dans la salle des Jacobins et rédiger une circulaire
aux départemens . Les commissaires et les députés
s'embrassent au milieu des applaudissemens et des cris , uigala
montagne.
D'après les observations de plusieurs membres , sur la difficulté
d'avoir du pain , le maire de Paris est mandé ; il arrive ,
et il démontre clairement que cette difficulté est l'effet de la
malveillance . Les subsistances , à la vérité , ne sont pas d'uné
grande abondance ; mais elles sont encore loin de manquer .
Un convoi est arrivé ce matiu ; on en attend encore un autre
ce soir , et un très- grand nombre de voitures sont sur la route
l'Etampes . Rien n'est plus vrai que ce que vient d'avancer le
maire de Paris , dit Breard ; mais je demande que demain il
nous fasse un rapport plus général par écrit. Décrété .
Chabot annonce que demain il présentera la loi qui doit
fixer le prix de la livre de pain à 3 sols dans toute l'étendue
de la République.
Une lettre du général Chilly , commandant l'armée du Rhịn ,
annonce l'incendie de l'arsenal d'Huningue.
La Convention décrete que tous citoyens surpris en fausse
patrouille seront punis de mort ; que tout homme qui sera surpris
dans des rassemblemeus , déguisé cu femme , sera également
puni de mort .
La Convention a ensuite déclaré Piat , ministre du gouver
nement Britannique , ennemi de l'humanité .
( No. 107. - 1993. )
MERCURE
FRANÇAIS
SAMEDI 17 AOUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE. 3 I
CYPARISSE CHANGÉ EN CYPRÈS. ›
Suite de la fable intitulée les arbres attirés par la lyre d'Orphée
UN
1
no.
75.
insérée dans le
N cerf au bois rameux au front large et superbe ,
› Cher aux nymphes de Cée , errait en paix sur l'herbe ,
Un ruban , par un noeud mobile et voltigeant ,
Attachait à son front une étoile , d'argent .
2
Son bois est garni d'or , et deux perles pareilles ,
Ornemens assortis , pendent à ses oreilles.
D'un triple collier d'or les sinueux chaînons
Suspendus à son cou , flottent sur ses fanons :
Affranchi de la crainte aux cerfs si naturelle
Docile , il obéit à la voix qui l'appelle ,
Fréquente les enclos habités des humains ,
Et se laisse au hasard caresser par leurs mains .
Qui l'aima plus que toi , jeune et beau Cyparisse
Tu Le menais aux prés parfumés de mélisse ;
Tu le désaltéfais dans les plus purs ruisseaux ;
Tu le parais de fleurs , ou porté sur son dos ,
Avec un frein de pourpre , écuyer intrépidễ
Tu guidais les élans de sa course rapide .
Le soleil embrâsait le céleste Cancer :
1) 11
A l'heure où le midi souffle ses feux dans l'air ,
Caché dans le taillis d'un bois épais et sombre ,
Le cerf goûtait le frais , et le repos et l'ombre .
L'imprudent Cyparisse , atmé de javelots ,
L'atteint d'un trait mortel à travers les rameaux .
Il a vu son erreur : son chagrin est extrême ,
Et quand le cerf expire , il veut mourir lui - même .
Ami , dit Apollon , cesse de t'affliger :
Pourquoi de deuil si grand , pour un malheur léger ?
Ce dieu lui parle en vain : il gémit , il soupire.
Eterniser son deuil est tout ce qu'il desire ,
Tome IV.
17020
1
T 290)
Tout ce qu'attend du ciel le voeu de ses douleurs .
Cependant épuisé par l'excès de ses pleurs ,
De son sang , par degrés , les canaux se tarissent.
Sou corps maigrit , se seche , et sesmembres vcrdissent.
Ses cheveux autrefois flottans en longs anneaux ,
Redressés sur son front s'allongent en rameaux ;
Et leur tige élancée en pointe se hérisse.
C'est un arbre . Apollon regrette Cyparisse.
Sois , dit-il , à jamais un embléme de deuil .
Que tes rameaux plaintifs , consacrés au cercueil ,
Éternels monumens de ta douleur si tendre ,
Groissent auprès des morts , et pleurent sur leur cendre .
Par SAINTANCE
CHARADE.
FILLETTE a toujours mon premier
Ville de guerre mon dernier ,
Et labyrinthe mon entier..
3271
ENIGM E.
LECTEUR , il faut dans un seul mot
Trouver pic , repic et capot.
05
$
MON
Acs sup cul
791 81181 @it
LOCOGRIP H Leb
.
ON destin , lecteur curieux ,
Peut te paraître assez risible ;
Car la nuit m'expose à tes yeux ,
22.
Et le jour me rend invisible.
Me coupes -tu la tête ? après ta cruauté
Il me reste de quoi couvrir la nudité .
&
M'attaques-tu plus bas ? je suis , aux jours de fête ,
M
Un ornement sacré pour qui prêche la foi .
Si tu veux me couper et la queue et la tête
En cet état que me reste-t- il ? toi .
76
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 106 .
Le mot de la Charade est Passage ; celui de l'Enigme est Manchette ;
celui du Logogriphe est Carte à jouer , où l'on trouve arc , ré ,
( petite ville de Bourgogne écart , rat.
( 291 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
NECROLOGIET
$
31
3
Les lettres ont perdu le mois dernier Antoine le Mierre
de l'Académie Française , mort à l'âge d'environ 79″ ans : îl
y avait déja quelque tems que l'affaiblissement progressif de
sa tête et de ses facultes annonçait une fin prochaine . On
serait porté à croire que cette espece d'anéantissement moral
qui précede la dissolution de la machine , est plutôt un bienfait
qu'une rigueur de la nature , puisqu'il nous ôte le seul
mal qu'il y ait dans a mort , c'est-à -dire , Fidée de notre
destruction ; mais malheureusement cette idée était la seule
qui lui fût restée pendant les derniers tems de sa vie : il en
était sans cesse frappé , et croyant voir toujours à ses côtés
la mort qui le mienaçait , il était sombre , silencieux et
obsédé de terreurs religieuses . Au reste , c'est la seule espece
d'agonie qu'il ait eue ; il a fini sans s'en appercevoir , et il
a expiré comme on s'endort. 15
Il ne paraît pas que le talent de la poésie se soit développé
en lui de bonne heure , du moins aux yeux du public
quand il donna sa premiere piece de théâtre , Hypermnestre
, en 1757 , il avait 36 ans : il avait remporté aupara
vant le prix de poesie , à l'Academie Française , à dater de
1753. Ces essais couronnés et oubliés comme tant d'autres ,
quoiqu'il les ait réimprimés depuis dans un recueil de pieces
fugitives qu'on ne lit pas davantage , annonçaient déja le cometere
général de sa composition. On n'y voit aucun sentiment de
eeue harmonie , aucune idée de ce tour heureux de phrase
et d'expression qui font de la poésie une langue a part ;
mais il 'y ä de l'esprit et de la pensée et quelquefois des
veis remarquables. On en a retenu trois de ces quatre pieces
académiques , celui- ci qu'il appellait le vers du siecle ,
Le Trident de Neptune est le sceptre du monde .
et ces deux antres , dont l'idée est très-ingénieuse :
Croire tout découvert est une erreur profonde :
C'est prendre l'horison pour les bornes du monde.
Son coup d'essai dramatique eut beaucoup de succès et a
mérité de rester au théâtre. Il faut sans doute se prêter aux
invraisemblances mythologiques , et même à l'impossibilité
réelle de marier en un jour cinquante filles d'un même pere
à cinquante fils de son frere le monde entier n'en fourni
rait pas un exemple , et encore moins de cinquante jeunes
T 2
( 292 )
(
par
épouses qui s'accordent à égorger leurs maris la premiete
nuit de leurs noces ; c'est une monstruosité , absolument hors
de nature ; mais aussi c'est une donnée de la fable ; le
les autres
Danaides sont hors de la scène , et la seule Hypermnestre
est sous les yeux du spectateur , qui passe assez volontiers
ce qu'il ne voit pas . On a done raison de pardonner au poète
cette invraisemblance sans laquelle il n'y aurait point de
sujet , et ce sujet d'ailleurs est tragique ; la marche de la
piece l'est aussi elle est claire , simple , rapide , attachante ;
elle offre des situations théâtrales ; les scenes d'Hypermnestre
avec son pere sont vives et pathétiques , et l'intérêt de son.
rôle rachete la faiblesse des autres. Le tableau que présente
le dénouement avait été mis plusieurs fois sur la scène ,
ticulierement dans Metastase ; il est d'une beauté frappante
et d'un grand effet de terreur , ce qui demande et obtient
grace pour l'espece d'escamotage qui le termine , et d'autant
plus qu'il était à peu près , impossible de s'en tirer
autrement. Hypermnestre sous le poignard de son pere , et
Lyncée , à la tête de ses soldats , plein de fureur et d'effroi ,
et ce cri déchirant , un moment , chers amis , qui retentit dans
le cliquetis des armes , forment un spectacle si terrible qu'au
moment où Hypermnestre sort de danger ou n'examine pas
trop comment elle en est sortie ; et ce dénouement même fit la
fortune de la piese. A l'égard du styles, il y a quelques
beaux vers , et le reste est ecrit comme écrit ordinairement
l'auteur .
+
ри
Térée qui suivit Hypermnestre tomba entierement , et je
doute que même dans des mains plus habiles ce sujet eût pa
réussir ; il n'offre que des horreurs révoltantes , et par conséquent
froides L'auteur , plus de vingt ans après , essaya de le
faire revivre sous une nouvelle forme il tomba encore .
Idoménée , son troisieme ouvrage , ne fut guères plus heureux
: il était , à la vérité , meilleur que celui de Crébillon ,
et ce n'est pas dire beaucoup ; l'auteur s'était gardé du moins
de rendre son Idoménée ridiculement amoureux ; mais il s'en
fallait bien qu'il eût assez de , ressources pour vaincre le grand
inconvénient de ce sujet , la monotonie d'une situation toujours
la même et qui ne présente d'autre issue que
la mort
d'un prince innocent . Idomenée , abandonné aux premieres
représentations , n'a jamais été repris .
Artaxerce eut un peu plus de réussite et n'était pas plus
fait pour se soutenir sur la scène : c'était une copie du
Silicon et du Xercès . On sait que celui- ci , malgré la faveur
attachée au nom de Crébillon , avait essuye une chute complette
: au contraire le Silicon de Thomas Corneille , conduit
avec assez d'art , avait eu de la vogue dans un tems où l'Imbroglio
tragique était encore de mode . Il avait disparu , lorsque
les chef d'oeuvres de Racine eurent mûri le goût du
public. Métastase avait répandu de grandes beautés de detail
( 293 )
dans son Artasersé , qui est le même sujet que Stilicon , et
qui fut très-accueil en Italie et en Allemagne . Mais il y
une grande différence entre un opéra et une tragédie : on
exige dans celle - ci une observation beaucoup plus exacte de
la nature et des vraisemblances , et l'on ne peut se prêter
à tout ce qu'il y a d'improbable dans la conduite et le caractere
d'Artabau qui commet tous les crimes de l'ambition
non pas pour lui , mais pour son fils qui n'est nullement
ambitieux ; un pareil fond de piece sera vicieux dans tous
les tems Rien n'est plus froid que ddeess crimes qu'on ne
commet pas pour soi , mais ppour un autre . L'Auteur avait
bien prévu l'objection , puisqu'il fait dire à son Artaban dès la
premiere, scène :
un
5.0 90
297 Rarement pour un autre on ravit la couronne.
1.
ก .
318 S1 2 12251 sb je"
Mais il y répond très-mal par les deux yers suivans
Mais sous le nom d'un fils je donnerai la lõi ;
• 03 246
53
946
1802
Le rang sera pour lui , la puissance pour moi . 92102 1od 25
के
J
Et qui te l'adit ? Ton fils est-il un imbecille , incapable de
régner sspar lui - même ? Rien moins que cela , puisque tu
scomptes sur sa renommée et sur ses grandes qualités pour le
faire monter au trône de Perse , malgré deux fils qui survivent
sa Xercès et sio tu as la puissance et les moyens de
faire périr encore ces deux princes , si tu as pu assassiner le
pere et si tu peux encore perdre les deux fils , qui t'empêche
de réguer soi- même ? On pourrait faire bien d'autres
objections contre un plan aussi absurde que celui d'Artaban ;
mais tout le monde est à portée de sentir combien ce plan
est loin du précepte de l'art poétique egizing fur : bot
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher. $
“
h
Je ne dis rien des autres invraisemblances de détail qui se
joigBniecnet à celle du fond quoi de plus fou , par exemple ,
que que tait Artaban dès le début de la piece , lorsqu'au
hieu de jetter l'épée sanglante dont il vient de frapper Xercès ,
<il la remet à son fils qu'il rencontre au milieu de la nuit ?
N'est- ce pas exposer très- gratuitement au plus éminent danger
ce même fils qu'il veut couronner ? Toute l'intrigue est
fondée sur cet embarras d'Arsace , innocent et cru coupable ,
qui ne peut se justifier qu'en accusant son pere . Ces ressorts
forcés peuvent exciter un moment la curiosité , mais ne peuvent
jamais soutenir la machine entière du drame , qui doit
être plus solidement constraite ,
10:
Guillaume Tell fut accueilli d'abord encore plus froidement
qu'Artaxerce ; mais j'ose dire que c'était beaucoup moins la
faute de l'auteur que celle de l'esprit public , qui à cette époque
était encore peu fait aux pieces républicaines. On ne vit
T 3
( 294 )
alors dans celle- ci que l'extrême simplicite d'un drame sans
amour et presque sans intrigue ; car il n'y en a pas d'autre
que la noble conspiration de Tell et de ses braves camarades
en faveur de la liberté de leur pays et une intrigue de ce
genre ne paraissait pas suffisante sur un theâtre où l'on vous
fait que les femmes occupassent toujours une grande place .
L'inule rôle de Cléofé , femme de Guillaume Tell , ne rem
plissait pas ce vide , et c'est encore aujourd'hui la partie de
fectueuse de l'ouvrage . Ce rôle est de plus assez mal conçu
Cléofé s'annonce d'abord comme une Porcie ; elle veut arracher,
le secret de son mari , parce qu'elle prétend être digue
de partager ses généreux projets , et dans le reste de la piece,
elle ne montre que les alarmes communes d'une épouse et
d'une mere . Cette nullité du rôle de Cléofé tenait ay peu
d'invention et de ressources que Lemierre a montré dans toutes
ses pieces même les meilleures , où il n'y a jamais qu'un
seul rôle dessiné avec quelque force et quelque étendue . En
géuéral ses cadres sont étroits et resserrés , parce que ses
ceptions sont pauvres .
pauvres . Mais il vint à bout par la suite de
" L
ses col
fortifier l'action de son Guillaume Tell par une hardiesse
très -heureuse . Il n'avait d'abord mis qu'en récit Faventure
de la pomme, abattue sur la tête du jeune fils de Tell ; ib a
osé depuis la mettre en action et il a très -bien fait. Cette
aventure célebre dans la Suisse , et consignée dans toutes nos
histoires , a été traitée d'apocryphe par Voltaire , dans, son
Histoire générale , mais c'est une des occasions où il a soumis
les faits historiques à des calculs de probabilité souvent tronpeurs.
Sans doute un chapeau mis dans une place au bout
d'une pique avec ordre de le salues , en d'idée cruelle de
forcer un pere à signaler son adresse en exposant les jours
de son fils , sont un excès d'insolence et d'atrocité fort bisarre
. Mais la tyrannie féodale n'a - t - elle pas signalé mille fois
de semblables caprices dans ces tems d'ignorance et de barbarie,
où le plus grand mépris pour l'humanité était un des
caracteres de la puissance ? A quelle sorte d'esprit d'ailleurs
attribuer de pareilles inventions ! Ne ressemblent - elles pas
beaucoup plus à des fantaisies de tyrans qu'à des contes
-populaires ou à des mensonges historiques ? anth
Quoi qu'il en soit , il était assez hasardeux de les montrer
sur le théâtre ; car la bisarrerie touche de près au ridicule ,
et j'avoue que je n'en avais d'abord vu que le danger ; mais
la représentation , veritable pierre de touche les effets dramatiques
, m'a entiérement convaincu . U est impossible de ne
pas fremir au moment où le malheureux Tell se résout à cette
douloureuse épreuve , et pressant son enfant dans ses bras
lui fait sentir que son salut déperd de son immobilité , lui
met un bandeau sur les yeux , Fattache à un arbre , et adressaut
sa priere au ciel protecteur de l'innocence , lance à geuoux
la flêche Fatale ……………. Et la joie , les transports de la nière',
1
( 295 )
elle se
quand
quand elle rentre sur la scene , au bruit des cris de vive Tell,
qui
lai on fils est sauvé , annonceut que son, prepite
vers lui et le serre contre son sein !...... L'attendrissemeut
se mêle ici à la terreur ; l'extrême peril fait disparaitre
toute autre idee , et rien n'est plus dramatique . Ajoutez à ee
grand mérite celui de l'exécution , d'autant plus remarquable
qu'il est plus rare dans l'auteur , les personnages disent ce
qu'ils doivent dire , et la diction est naturelle , vraie , intéressante
, Le Mierre a su en cet endroit ( et il faut avouer que cela
n'est pas assez commun chez lui ) , il a su parler au coeur , sans
offenser l'oreille . Il faut dire plus dans cette piece où la
dureté des noms du pays semblait devoir augmenter celle qui
est ordinaire à l'auteur , sa vérsification est généralement beau-
Il bien encore
quelques vers étranges et durs,; mais sa diction est ici plus
saine , plus correcte ; il y a souvent de la précision et du
.
nerf sans que l'oreille ou la langue soit blessée ; le rôle de
Tell est plein de beautés , soit de pensée , soit d'expression
soit de dialogue ; on en a retenu des vers où de grandes idées
sont rendues avec une simplicité énergique ,
foup meilleure
que dans ses autres
tragédies
. y ac
plus
21
་
Que la Suisse soit libre , et que nos noms périssent .
>
[ 19 : 138
* 1 231
Jurons d'être vainqueurs : nous tiendrons le serment.
Et lorsqu'à cet excès l'esclavage est monté ,
L'esclavage , crois-moi , touche à la liberté.
175
Jun ོ འི
Ces derniers vers sont d'une vérité éternelle , qui , rarement
est une leçon pour les tyrans , mais qui souvent, est ume pros
phietie ,.༣ ་ ༩ 21.30
*
Enfin , get ouvrage où il semble que le génie de la liberté
ait élevé l'auteur au - dessus de lui-même , me paraît être , avec
Hypermnestre, ce qu'il a fait de meilleur au théâtre ; et quoique
la révolution ait du nécessairement ajouter beaucoup à l'effes
de la représentation , et qu'avant cette époque , la seule reprise
que cetle piece eût eue depuis la nouveauté , n'ait pas obtenu
beaucoup de succès , je suis persuadé qu'elle en aurait eu an
grand même dans l'ancien regime.graces à la belle scène
ajoutée à son quatrieme acte , et qui le rend si théâtral ,
Ce fut en effet un changement beaucoup moins considé
rable , qui en 1780 fit aller aux nues la veuve du Malabar
tombée à peu près dix ans auparavant ; c'est, si l'on en excepte
le magnifique spectacle du dénouement , une très mauvaise
piece de tout point; c'est une déclamation dialoguée , une suite
4ie lieux communs , sans action , sansTessorts , sans aucune de
ces alternatives de crainte et d'esperance qui sout l'ame de la
tragédie ; une situation purement passive et toujours la même
une reconnaissance au deuxieme acte , aussi froide que
T 4
( 296 )
*
;
·
brusque , et qui ne produit rien , si ce n'est de donner à la
veuve un frere qui gémit inutilement avec elle . Cette veuvé est
fort pen interessante , parce qu'elle est uniquement résignée
amourir , et qu'elle est d'ailleurs sans passion ; car on ne
sanrai donner ce nom à un ir inquille souvenir d'amour pour
un orcier français depuis long-tems perdu, pour elle ; l'amour
de ces officier ne produit pas plus d'intérêt parce qu'il en est
à peine question , qu'il ne sait pas même si celle qu'il a aimée
est encore au monde comme elle ignore de son côté s'il
existe , et que pendant cinq actes Montalban n'est oceupé
d'autre chose que de faire au grand prêtre de tres - inutiles
sermons d'humanité . On voit bien que le dessein de l'auteur
a été de rendre la surprise plus forte au dénouement , quand
Montalban retrouve une maîtresse dans la victime inconnue , qu'il
ne delivrait que par un sentiment de générosité . Mais cette fausse
idée de l'auteur est ce qui a le plus nui à son ouvrage il
ne faut pas refroidir cinq actes pour ajouter un moment de
surprise à un dénouement , dont l'effet tenait sur- tout à un
grand perit et a un grand spectacle ; il est constant que pour
animer la piece et la rendre tragique , il fallait que l'amour
réciproque de la veuve et de Montalban tint une grande place
dès les premiers actes , puisque c'est-là le vrai mobile de l'intérêt
; qu'au troisieme , les deux amans devaient se reconnaître,
et que le danger devait augmenter eu ce moment par des
incideus que Fart apprend à menager. C'est alors qu'il y aurait
eu une véritable action tragique . Philosophiquement parlant ,
il est plus beau d'arracher des flammes une femme inconnue
que d'en sauver sa maîtresse ; mais ce dernier cas est bien
autrement dramatique , parce qu'au théâtre ce qui est passionné
vaut toujours beaucoup mieux que ce qui est moral .
Maintenant qu'est- ce qui a pu procurer à cette piece des
destinées si differentes , à dix ans de distance ? Un simple
changement de décoration . Dans la nouveauté , le bûcher où
devait se jetter la veuve était représenté par une espece de
petit trou d'où soitalent quelques petites flammes , et Lanassa
declamant sur
le bord de ce trou avant de s'y précipiter ,
'disposait le spectateur à ré d'autant plus volontiers que la
piece Favait ennuyé. Montalban sortait avec les siens par
un autre trou , et venait par derriere tiver Lanassa de celui
où elle allait tomber. Cette complication de trous étaît endre
un autre ridicule. à la reprise , on sentit qu'il fallait
effrayer les yeux pour émouvoir Timagination , et un vaste
bûcher tres - exhaussé et très - enflammé , la veuve y montant
au milieu des feux , et un bel acteur ( la Rive ) l'enlevant
avec des bras d'Hercule du milieu de ces flammes qui allaient
la dévorer , tout cet appareil parut admirable , et Pètait . Tout
Paris voulut voir ce merveilleux enlevement , et la piece
eut trente représentations . J'ignore si ce genre de beauté qui
est à la portée de tout le monde , fera rester la piece au théâtre ;
( 297 )
mais ce que je sais , c'est que jamais le plus beau coup d'oeil
d'un moment ne fera supporter à des gens de goût l'ennui de
cinq actes dépourvus de toute espece de mérite col
Barnevelt vaut un peu mieux ily a quelques beautés];"' la
scène entre le grand peusionnaire et son fils , imitée de l'Edouard
de Gresset , dans lequel l'ami de Vorcesthe Arondel , exhorte
sonjami, prisonnier et innocent à se dérober par une mort
volontaire à un supplice injuste , est fort inférieure à la scène.
originale ; mais elle finit par un vers sublime :
' cuod ob gan
Caton se la donna- Socrate l'attendit.
39
01 95 A 137
Du reste , la piece est froide , aussi seche de sentiment que
de style , toute en discussions politiques , mal conduite et mal
dénouée ; le rôle de Mde. Barnevelt est postiche , et ne sert
qu'à recevoir des confidences déplacées : c'est un ouvrage
mort né , qu'un beau vers ne saurait faire revivre.9
100
Le Mierre avait fait encore deux
et,
Virginie
ee
HASE RESTU Jeux autres tragédies Céramis
f'une eut trois ou quatre représentations
, et n'a
jamais été publiée ; l'autre n'a ete encore ni représentée , ni imprimce, 2313109 2
291007760
2
1002
Dans d'autres genres de poésie , neus avons de le Mierre un
recueil , de, poésies diversessile poëme des- Fastesnet, celui de
la Peinture. Le recueil de spoésies n'est gueres qu'un assemblage
de grotesques : ôtez eu deux ou trois pieces , où parmi
beaucoup de fautes ; on rencontre du moins quelques tirades
assez jolies , une sur un bon de fermier général , une autre
sur , la mort d'un enfant de huit ans , qui finit par es traî
heureux ,
*uch #
Quelque part qu'il soit , il repose .
?
Le reste est un modele dermauvais goût.
11-91 97 sf
wallb
Gemauvais goût a pu seut fur suggérer l'idée du poëme
des Fustes et a préside le plus souvent à l'exécution . Ce n'était
gueres que dans ce siecle que l'on pouvait s'aviser de faire.
un prétendu poëme de seize cliants , où il n'y a ni plan , ni
suite , ni distribution de parties , ni fiction ; en un mot , rien
de ce qui peut attacher le lecteur , pas même de sujet ; car
en bonne foi est- ce un sujet de poënte que la description des
mascarades du fauxbourg Saint- Antoine , de la cavalcade des
huissiers, des courses du Landit et des joûtes de la Rapée , etc. ?
Il y a pourtant dans cet énorme amas de détestables vers deux
ou trois morceaux agréables , un sur- tout que le meilleur ver
sificateur ne désavouerait pas ; c'est la description d'un clair
de lune . Un amateur déchire la page où se trouve ce morceau
si étranger au reste , et jeue le livre au fen.
Il n'en est pas de même du poème de la Peinture. Joignez
( 298 ),
:
cet ouvrage aux deux tragédies que les connaisseurs ont distinghecs
des autres . Hypermnestre et Guillaume Tell , voilà tout ce
qui peut rester des écrits de ' le Mierre le meilleur pour la
versification est ce poëne de la Peinture ; c'est le seul que'
L'on puisse dire de suites avec quelque plaisir ; non qu'il n'y ait
encore beaucoup de mauvais versoet quelquefois de l'amphigourise
mais d'abord il y a un sujet intéressant soit comme
didactique soit domme descriptif ; et si l'auteur ne fait le
plus souvent que traduire ou imiter le poëme latin de l'abbé
de Marsy , samoins aveo assez de succès , et les fautes
sont rachetées par beaucoup de bons morceaux et par de beaux
vers . Il y a de l'originale dans l'expression des procédés
chimiques nécessaires pour la formation des couleurs , et la
difficulté est heureusement vaincue en total cet ouvrage est
animé de Tespri pɔcrique, i
D
11 resulté de ce résumé que le Mierre , dans la très- grande
partie de ses productions est demeuré au-dessous du médiocre
soit pour l'invention dramatique qui , chez lui , etait trèsfaible
, soit pour le style qui est unanimement regardé comme
rès-manvais . La sécheresse : fa dureté , l'incorrection , le
prosaïsme habitnel , la barbarie , les tournures et les expressions
baroques , tels sont les caracteres dominans
de sa versification , et l'on cite aqus les jours nombre de ses
versidevenuss fameux par le ridicule Trois de ses ouvrages
outsun mérite réel , soft dramatique , soit poétique , et monwent
au milieu des fautes assez de beautés pour échapper
L'oubli et placer leur auteur parmi les poëtes de cette secondesclasse
, qui ne laisse pas d'être honorable ; parce qu'elle
n'est pas encore très nombreuses et que la multitude de ceux
dont il ne reste rien , est infinie .
9
2
XO ...
C'était d'ailleurs un fort honnête homme , d'un esprit doux
et de moeurs fort simples , sans intrigue , sans cabafe , exclusivement
occupé de ses vers en bou et franc métromane , les
écitant par- tout , même dans la rue et à tout ce qu'il rencontrait
, les louant outre mesure et avec une franchise d'an
mour -propre, propre qu'on ne supporterait pas dans un écrivain supérieur
mais qui n'était dans un auteur reconnu mediocre
qu'un ridicule dont on s'amusait, Les hommes ne pardonnent
fien à celui qui allarme leur amour-propre ; ils pardonnent
tout à celui qu''ils ne craignent pas ...
4917
T
ም "
24
Il fut regu fort tard à l'Academie française ; il avait alors
plus de soixante ans . Il mit beaucoup d'esprit dans son dis-
Equfs 3-6 sur-tout à prouver que les longs refus de l'Académie
étaient une preuve de son estime pour lui c'est s'en
trer en galant homme dès qu'il était content , tout le
monde , devoit l'ére
147
1.3.16
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ད་ལྟ་ དྲུག I S •
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SPECTACLES
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k.
ALOE F.
THEATRE DE LA RÉPUBLIQUE,
21
0853
On a donné à ce théâtre une tragédie nouvelle , qui est le
coup d'essai d'un ' jeune homme. On peut , sur cet ouvrage
concevoir de grandes espérances du talent de l'auteur le
eitoyen Luce. )
Son sujet est le trait de Mutius Scenolas , et il n'a presque
rien ajouté à l'histoire
Aruns , cet ambassadeur Toscan qui joue un rôle dans le
Brutus de Voltaire , iconseille à Porsenna de donner à la ville
de Rome un demier astant. Certoi , qui n'est point isangui
paire , aime mieuxleffrayer les Romains par la famine que les
détruire par l'épée . Cependant les assleges font une sortiel .
Aruns va les combattre ; il est près de les vaincre quand
Horatius Coclès seul arrête l'armee Toscane à l'entrée du pout .
Grand récit de ce trait desvaleur et de force . Mais pour consoler
des Toscans , Mutius a péri dans la mêlée et Junier
fille du consul Bruasiet amante de Mutius , est faite prison
Diere. Elle pleurer son amant morup lorsqu'elle le reconnaît
skéguisé en soldat Toscan. C'est lui -même qui a fait répandve
as dessein de bruitvde son trépas . Hifait confidence à Junie de
son dessein d'assassiner Porsenda sselle , veut l'en: detournera
il invoque , pour se justifier , l'amour de la patrie , et daifilte
de Brutus cede à ce sentiment. Porsenna qui s'est enfin décidé
à l'assaut , veut faire un sacrificē aux Dienx avant de le livrer .
Mutius vient au lieu où l'on sacrifie . Il voit Aruns habillé
comme le roi , sses trompeset le tue . Od Barrête ;zilsbrûdë, sa
main pour la punir de sa méprise . Le roi Toscan , effraye
de cet excès de courage , pardonne au héros, le renvoie libre ,
ainsi que Junio et love le ssiége . » 515945
Il était difficile qu'une piece si simple et avec si peu d'incidents
ne fut pas dans certains endroits , faible d'action et
d'intérêt. Mais elle est soutenue par un style pur et souvent
energique; ony a nonve de beaux vers , de grandes images
quelquefois un peu d'emphase thetoricienne ; en general ,
fouvrage a obtenu un succès mérité. Mutius devait êtrẻ ' applaudi
pour des sépublicains.
39
DIT
VANNONCES.
1 .
4. J. c.
Les Nuits d'Young , en veis français , avec le texte de Letourneur
; et Telemaque aussi en vers français , avec le texte
( 300 )
de Fénélon , des notes et des citations ; poëmes , chacun de
24 chants.
On souscrit à Paris , chez J. E. Hardouin , auteur et édi
teur , rue Saint-Antoine , no . 64 , vis - à- vis celle de Fourcy.
La souscription des Nuits est de 24 liv. pour les 4 volumes ;
et celle de Télémaque est de 48 liv . pour les 6 volumes ; en
tout , 10 volumes in - 12 , papier vélin , presse de Didot l'aîné
Les trois premiers, volumes de chaque ouvrage paraissent ,
et se distribuent à l'adresse sus-énoncée.
་
J. 11.
ནནྟེ ཏ ༔
Mémoires de Henri Masers de Latude , aanncciieenn iinnggéénniieeuurr , prisonnier
pendant trente-cinq années , à la Bastille et à Vincennes
, sous le nom de Daury ; à Cháranton , sous celui
de Dauger ; et à Bicêtre , sous celui de Jédor. Nouvelle édi
sion revue , corrigées et augmentée par le scitoyen Thierry.
2 vol. in-8° , prix 4 liv. broch . à Paris ; chez Latude , rue
de Grenelle à l'Abbaye de Panthemont Desenne et Deuné ,
libraires aus Palais de l'Egalité et chez les marchands de
nouveautés. 11 , 9stedine ) ed.
1319776 4292 29b500
11
23: 53
5.3 5
Constitution républicaine , décrétee parida Convention hatios
nale de France en 1793 , et présentée à l'acceptation du peuple
Français , précédée du rapport fait surexen sujée par Hérault
de Sechelle's membre du corps constituant , in- 18 , prix 8
sels , papier commun , et 10 sols pour des départemens , franc
de port , et 1 livinen papier velin , eter sliv 5 sals pour les
départemens à Paris , chez Lepetit , libraire , quai des Au
ustins nº . 32. bi Teig de 1h0q 9716
IP ENGSTON
EYG RAVURE 2111 385)
90.75. €
e Tableaux gravés de la révolution française ou les principaux
événemens arrivés en France depuis l'assembléer des
notables en 1787 , avecs une explication des sujets qu'ils re
présentent ; la premiere et deuxieme livraison paraissent depuis
le 25 juillet , les, sujets sont l'assemblée des Notables , le
lit de justice tenu à Versailles et Charles - Philippes d'Ar
Lois , sortant de la Cour des Aides des Paris en 1787. Le
prix de ces deux livraisons est de 12 liv. imprimées sur papier-
vélin in- folio , il paraîtra régulierement une livraison tous
les trois mois et plus souvent s'il est possibleh,olde
"
On souscrit à Paris chez le citoyen l'Epine , graveur , rue
Saint-Hyacinthe , no . 675 , près la plaee Saint-Michel ; chez
tes principaux marchands d'estampes , et libraires de la Répu
blique française et des principales villes de l'Europe.
3
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE.
De Hambourg , le 26 juillet 1793 .
Les personnes qui prétendent se connaître en opérations
militaires assurent que la flotte russe ne sortira point cette
année de la Baltique : elles se fondent sur une lettre de Copenhague
qui s'exprime ainsi : A quelques milles de notre
ville , dans la baje , se trouvent à l'ancre sept vaisseaux
trois ponts et cinq pavillons d'amiral , seize idem de ligne .
sept frégates , un cutter ; l'on ignore s'ils passeront dans la
mer du Nord , nul officier ne s'étant rendu jusqu'ici à Copen
hague les troupes de débarquement qu'il ya à bord font
présumer que son but est d'opérer une descente sur quelque
plage ennemie . Si les sept gros vaisseaux de cent canons devaient
passer at Sund , nous devrions déja avoir ordre de
leur expédier des bâtimens pour les alléger , puisqu'ils tirent
'26 pieds , et qu'il n'y en a que 23 devant Dragoë.
Nous avons encore ici deux frégates et un cutter russes.
Une autre lettre dit positivement que cette flotte est dépourvue
de provisions ; elle n'en aurait pas besoin de beau
coup pour insulter les côtes suédoises , si c'est effectivement
ce qu'elle se propose , comme le bruit en a couru . Mais i
serait bien étrange que la Russie qui compte autant d'ennemis
que de voisins cherchât à leur faire prendre une attitude hostile.
Cependant comme l'ambition et le ressentiment ne calculent
pas plus que les autres passions , cela ne serait pas impossible.
Quoi qu'il en puisse être des vues encore peu connues de
la Russie dans l'armement de cette flotte , qu'on avait d'abord
dit être destinée à agir contre la France , il est certain que le
Danemarck se tient en mesure aussi bien que la Suede , donc
on dit même que le jeune roi , après avoir resté quelques jours
aux caux de Rulmof en Scanie , viendra sur le territoire danois
pour avoir une conférence avec le prince de la couronne. H
est également certain qu'un courier d'Angleterre , qui avait
pris sa route par Berlin pour se rendre à. Stockholm , est
arrivé le 18 a Copenhague . On n'a pas tardé d'apprendre que
ce courier portait la declaration suivante de la cour d'Angle
terre, au sujet des navires chargés de grains et de farine pour
les ports de France.
2
L'amirauté a reçu depuis quelques jours des instructions
ultérieures ; elle déclare qu'il sera légitime à l'avenir d'arrêter
tous les navires chargés de grains , farines et vivres destinés
1 302 )
pour les ports de Frange , et d'acheter la cargaison pour le
compte de l'Angleterre , et de permettre au capitaine de la
vendre à quelque allié de la Grande- Bretagne ; de plus , d'enleverles
navires et de confisquer les cargaisons qui sont destinées
pour les ports bloques , excepté les navires et cargaisons sue
doises et danoises qu'on se contentera pour la premiere fois
d'avertir et d'empêcher de parvenir à leur destination ; mais
à une seconde tentative le navire et la cargaison seront sujets
à confiscation lorsque les capitaines auront pu néanmoins
tenter d'y entrer . " 9
On voit d'après cette coalition de la Grande - Bretagne avec
Ja Rossie que la Suedé et le Danemarck ne sauraient en effet
sumir trop étroitement pour résister à la force et déjouer les
intrigues de ces deux puissances accoutimées à coudre la
peau du renard à celle du lion . Il parait que rette' anitude
terme a déja produir que que bon effet ; car les Espagnols ont
relâché tous les navires danois , er défendu à leurs corsaires ,
sbus les peines les plus graves , d'offenser en aucune maniere
le pavillon de cette nation .
ad
choses
.
1
Quant à la Pologne , voici où en sont les ་ ་ 14 J 13.93764
t
;་ r02
-La résistance de Stanislas a la conclusion dit traité de partage
de son malheureux royaume a beaucoup deplu aux ministres
de Prusse et de Russie . Le premier n'y jouit pas à la vérité
d'une grande considération ; ni d'une importance aussi préponderante
que le second , et la diete même établit d'une
maniere sensible cot différence entre les deux ambassadeurs :
mais dans cette occasion sces deux agens se sont réunis ct .
ent de concerts signé, et présenté une note définitive dans
La quelle après avoir témoigné leur étoupement de la dé
marche tendante à séparer les deux cours qui s'étaient réunies
dans leur sagesse , et dont le concours pouvait sent régémener
la Pologne , its insistent sur la nomination la pius prompre
d'une délégation demandée pour terminer enfin l'affaire du
partage. Cette pieces fit d'abord une triste impression , et le
marechal parut en vouloir profiter en proposant une dipusation
pour la Prusse ; mais l'esprit de la chambre etait dé
xide , lebda motion du, marɛchal n'étant pas appayee"' n'ent
d'autre suite que l'ordre donué au grand chancelier de déclarer
adlenvoyé de Prusse que les états ne traiteraient pas directe
mentravecosa cour. Les debats devinrent plus vifs et plus
importans dans la discussion du projet d'instruction qu'on mit
à l'ordre da jour. must gas
.
(
En attendant, l'ambassadeur Siewers accable le roi Stanislas
d'humiliations , et semble vouloir subcrdonner la decilité de
Le prince à des embatias particuliers ; il a defendu à le commission
du trésor de ne faire à ce roi aucun paiement, et qui
plus est ces défenses onplété étendues jusqu'à la chambre
royale´b coves d'administration créé par le roi pour l'intérieur
Jantal , eukazy sh ayında attivo ;
ก
( 303 )
de sa maison ) , en lui enjoignant de ne plus rien fournirà
la cour , pas mêine en nature .
ว
On a donné ordre à la garnison polonaise à Varsovie d
se tenir prête à quitter cette ville avec artillerie , pontons
ba gages , etc. Les uns sont persuadés, qu'elle sera appellee A
Grodno pour protéger la diete ; les autres ne voient dans cette
démarche qu'une nouvelle ruse de convention pour forcer
les états à tout accorder , en menaçant de plus grands maux
les misérables restes de la Pologne.
108 91649
ง
Le preambule du projet d'iustruction pour les délégations
chargées de traiter avec l'ambassadeur de Russie , consiste em
cinq articles , portant sur les bases suivantes !
10. Il faut s'attacher par des liens indissolubles avec la
cour de Russie , implorer l'assistance de Catherine , et arrêter
le plan d'une alliance permanente entre la Russie et la Potogne.
1.12 15 19026)
2º . Les délégués doivent être autorisés à rédiger les points
qui , sans avoir la valeur intrinseque d'un traité, auront néan
moins la même force . 77
3º . Proposer un traité de commerce entre les deux étatsib
4º . Les délégués devront solliciter la garantie du roi de
Prusse .
5º. Défendre d'écouter aucune insinuation contraire aux
sentimens des états , dans leur réponse à l'ambassadeur de
Russie.
་ །
La noble , la généreuse Catherine s'est emparée de tous les
biens du prince Radziwil , ou du moins ils sont tombés sous
la domination russe ; cela aidera à faire grandement l'aumône
à M. Choiseul-Gouffier , fraîchement arrivé de Constantinople
à Pétersbourg, Cela aidera aussi à réparer un navire de 70
canons , qui a été tellement endommage dans un choc violent
, dans la route de Cronstadt à Revel , qu'il a fallu le
ramener dans ce premier port , et qu'il ne pourra remettre en
mer de cette année . Enfin cela aidera à payer les gazetiers , qui
ont vendu tant de paragraphes d'eloges , et qui en livrant leur
marchandise ont droit à leur argent. La Russie vient de
modérer , en faveur des Anglais , les droits de douane et de
péage qui se perçoivent sur la mer Noire et sur celle d'Asoph .
Cette bienveillance tient en partie aux soins que l'Angleterre
a eu de servir per fas et nefas l'animosité de Catherine II contie
la République Française . En effet ils lui ont cherché par-tout
des ennemis non contens d'avoir tout tenté pour détacher le
Danemarck de la neutralité , lord Harveypa dit positivement
dans sa déclaration au ministre desToscane qu'on ne veut pas
de neutralité , et la même déclaration a été faite à la cour de
.I.V .
Naples.
malla :8.
2019 206
2000
Les conventions suivantes assez técemment connues , malgre
leur date deja ancienne , prouveront encore mieux jusqu'à
quel point la Grande - Bretagne et la Russie que l'on a va il y
( 304 )
a peu de tems prêtes à commencer des hostilités , sont aujour
d'hui d'accord :
Convention entre S. M. Britannique et l'impératrice de Russie.
Les personnes qui ont exercé les pouvoirs du gouvernement en
France , après avoir plonge leur propre pays dans les malheurs les
plus effroyables , ayant adopté envers les autres puissauces de l'Eu-
1ope des mesures également injustes et offensives , se conduisant à
cet égard d'après des principes incompatibles, avec la sûreté et da
tranquillité de tous les états indépendans , et même avec l'existence
de out ordre social , et s'étant en effet rendues coupables de
l'aggression la plus injuste et la plus injurieuse , en mettant un
embargo sur tous les navires Britanniques et Russes , qui étaient
dans tous les ports de la France , aggression qui a été suivie d'une
déclaration de guerre contre S. M. Britannique et son alliée , la République
des Provinces -Unies ; L.M. le roi de la Grande - Bretagne
et l'imperauice de toutes les Russies , ont jugé à propos de se
concerter sur les moyens d'opposer une barriere suffisante , aux
dangers qui menacent toute l'Europe , en conséquence de ces principés
de ces vues , et de cette conduite. 1.
« Art . I. “ L. M. , conformément aux anciens liens d'amitié qui
les ont liées , ainsi que leurs prédécesseurs , et qu'elles désirent
de renouer et d'étendre autant que possible , feront tous leurs
efforts , et se concerteront ultérieurement ensemble , pour s'aider
et se secourir mutuellement , dans le cours de la présente guerre ',
pour se procurer pour elles - memes , à la paix , la satisfaction et
la sûreté qu'elles ont droit d'attendre , et pour garantir pour l'a
venir la tranquillité publique , et la sûreté de l'Europe.
» II . A cette fin , L. M. s'engagent à employer leurs forces rèspectives
, autant que les circonstances dans lesquelles elles peuvent
se trouver le pérmettront' , à continuer la guerre juste et nécessaire
, dans laquelle elles sont engagées contre la France , et elles
se promettent réciproquement de ne mettre bas les armes que d'un
commun9 consentement , et qu'après avoir obtenu la restitution de
toutes les conquêtes que la France peut avoit faites sur l'une ou
l'autre de feursdites M. , ou sur toute autre des puissances amies ,
ou alliées de leursdites M. , auxquelles elles jugeront à propos
d'étendre cette garantie d'un commun consentement.
Xx
[ III Leursdites M. s'engagent réciproquement à fermer tous
leurs pons aux navires Français , à ne permettre , en aucun cas
l'exportation de leursdits ports en France , d'aucunes munitions
militaires , ou navales , de bled , grains , viandes salées , ou autres
provisions , et à prendre toutes autres, mesures qui seront en
leur pouvoir , pour nuire au commerce de la France ; et pour
l'amener , par ces moyens , à de jusies conditions de paix.
IV . L. M. s'engagent à réunir tous leurs efforts , pour em
" pêcher d'autres puissances , non impliquées dans cette guerre , de
donner dans cette occasion qui intéresse tous les états civilisés ,
aucune protection quelconque , directement ou indirectement , en
conséquence de leur neutralités , au commerce , où à la propriété des
Français sur mer , ou dans les ports de France .
" V. L. M. desirant mutuellement et ardemment de confirmer ,
et consolider , autant que possible , l'amitié et l'union qui
subsistent maintenant car elles , et de protéger , ainsi que d'étendre
le commerce entre leurs sujets respectifs , autoriseront leurs
ministres
( 305 )
ministres à travailler sans délai à la formation d'un arrangement
définitif pour un traité d'alliance et de commerce . En attendant ,
et jusqu'à ce que cet heureux ouvrage puisse étre consommé
elles sont convenues de renouveller provisoirement le traité de
1766 , par un accord préliminaire de la méme date que cette
convention , et qui sera échangé de la même maniere , entre les
ministres ci -dessous mentionnés .
» VI . S. M. Britannique et S. M. Impériale de toutes les Russies ',
s'engagent à ratifier la présente convention ; les ratifications en
seront échangées dans l'espace de trois mois , ou plutot si cela
peut se faire , à compter du jour de la signature
99
Fait à Londres , le vingt- cinquieme jour de Mars 1793. Signés , Gren♣
ville . ( L. S. ) comte de Woroniow. ( L. S. )
Autre Convention entre S: M. Britannique et l'impératrice de
Russie.
3. a Art . I. Le traité d'amitié de commerce et de navigation ,
tonclu à Saint - Pétersbourg , dans l'année 1766 , entre les deux
monarchies , reprendra sa force et son activité , qui continueront
dans toutes les clauses et stipulations , durant l'espace de tems
qui sera fixé ci - après ; et les deux hautes parties contractantes
s'engagent à s'occuper dans l'intervalle de l'arrangement d'un nouveau
traité de commerce , dans le but d'assurer , d'une maniere
permanente , tout ce qui peut tendre à consolider et à tendre le
commerce et la navigation des sujets Britanniques et Russes . En
conséquence S. M. Britannique , et S. M. l'Impératrice de toutes
les Russies s'engagent , et se promettent réciproquement d'exécu ♦
ter , d'observer et d'accomplir dans tous les points , les clauses et
stipulations ci - dessous mentionnées du traité de commerce de l'année
1766 , comme si elles étaient insérées ici pour mot , et de la
même maniere dont elles étaient exécutées et accomplies , avant
l'année 1787 , époque de l'expiration dudit traité , exceptant seu
lement les changemens dont on est convenu par le présent acte
et dont mention sera faite dans les articles suivans .
" II. Le college de commerce n'étant plus une cour de justice
les procés et autres affaires des négocians Anglais , établis en Russie ,
seront jugés et réglés par les tribunaux établis pour cette fin , de
la même maniere que cela se pratique à l'égard des autres nations
qui ont des traités de commerce . En conséquence , les sujets Russes
établis en Angleterre , seront sous la jurisdiction des mèmes tribunaux
, devant lesquels sont portées les affaires des autres nations
qui ont des traités de commerce avec. l'Angleterre .
" HI S. M. impériale de toutes les Russies , pour continuer à
donner l'encouragement qu'elle a constamment accordé dans ses
états , an commerce et à la navigation des sujets Britanniques , s'engage
à les faire jouir , datis les poris de la mer Noire , et sur la mer
d'Asoph , de tous les avantages et de toutes les diminutions des
droits de douane , qui sont spécifiés dans le sixieme article de
l'édit qui précede le tarif général de l'année 1782 , et qui est de
la teneur suivante :
66
Quoique ce tarif général doive servir aussi pour tous les ports
situés sur la mer Noire , et sur la mer d'Asoph , nous diminuo
cependant , dans lesdits ports , d'un quart , les droits fixés dans
ce tarif , afin d'encourager le commerce pour l'avantage de nos sujets ,
et celui des nations avec lesquelles nous stipulerons des avantages
réciproques à cet égard , en compensation des priviléges que cas
Tome IV.
( 306 ) .
i
nations accorderont à notre commerce ; exceptant cependant de cette
diminution les marchandises spécifiées nominativement dans le présent
tarif , comme sujettes à payer les mêmes droits dans les ports
de la mer Noire qu'aux autres douanes de notre empire , ainsi
que celles pour lesquelles le présent, tarif fixe des droits, particu
liers dans les ports de la mer Noire , "
IV. Le present arrangement de commerce , dont L. M. le oi
de la Grande -Bretagne , et FImpératrice de toutes les Russies,sont
convenus , et par lequel ils confirment tout le traité de 1766
l'exception des changemens ci -dessus convenus , subsistera , et sera
obligatoire , durant l'espace de six années. Ce terme étant pleine
ment suffisant , pour en venir à un accord définitif , sur toutes
les stipulations d'un nouveau traité de commerce , calculé pour en
venir à un accord définitif , sur toutes les stipulations , d'un nouveau
traité de commerce , calcule pour perpétuer , et pour étendie
les avantages de leurs sujets respectifs . Les hautes parties contrac-
Lantes s'engagent , en conséquence de cet acte , de pourvoir de la
maniere la plus efficace , et d'après les formes établies dans chacun
des deux pays , à l'entiere exécution de tout ce qui est stipulé , sans
la moindre restriction .
» V. S. M. Britannique et S. M. Impériale de toutes les Russies
s'engagent à ratifier le présent acte ; et les ratifications en serout
échangées , dans l'espace de trois mois , ou plutôt , si cela peut
se faire , à compter du jour de la signature .
Fait à Londres , le vingt-cinquieme jour de mars 1793 , Signés , Grenville .
L. S. ) comte de Woronow ( L. S. )
De Francfort-sur- le-Mein , le 10 août.
L'amitié , politique , du moins , semble se resserrer entre le
roi de Prusse et l'empereur ; clle tiendra tant qu'ils ne seront pas
trop divisés d'intérêt , c'est -à- dire tant que l'empereur ne mainfestera
pas l'envie de réaliser le plan favori de la maison d'Autriche
, la réunion de la Bavicie à ses domaines deja trop
nombreux , trop puissans pour ne pas inquiéter le roi de
Prusse , qui ne consentira sans doute à cette augmentation de
moyens que s'il obuent l'équivalent de cette importante acquisition
. En attendant , voici comment s'exprime Frederic- Guillaume
dans un rescript adressé à la légation à Ratisbonnes
S. M. Impériale donne trop d'attention et de soin à la
constitution de l'empire pour qu'il puisse lui échapper que
la coopération de l'empire à la nomination erà l'établissement
de la généralité impériale est fondée sur cette même consti .
tution , et qu'en outre l'inégalité des religions , observée à cet
égard jusqu'ici , exige les delibérations de la dicte. La capitulation
de S. M. Imp. à son élection garantit là- dessus les sentimens
de S. M. , et requiert de l'empire et des états évan.
geliques que Fon observe à cet égard les formes et l'ordre
prescrits par la constitution . Il vous est donc enjoint par les
presentes de coopérer de votie part à ce but , de l'avancer
et de le poursuivre à la diete avec une vigueur et une assi .
dité proportionnée à son importance . Nous enteadous aussi
f.
( 307 )
aux que vous donniez votre approbation et consentement
généraux, d'empine désignés en dernier lien par S. M. Imp.
Pour parvenir en général sur ce point à l'inégalité des religious
ednformément aux constitutions de l'empire , vous vous en
tiendrez à la non - ination des sujets et candidats qui vous sont
déja counus . Vous vous conduirez surtout dans cette affaire
de maniere que S. M. Imp . reçoive par-là une nouvelle preuve
de la haute considération et de l'amitié que nous lui avons
vouée , et qui fasse connaître en même tems notre attache
ment constant à la constitution de l'empire .
Ce prince a aussi écrit au général Schoenfeld pont le remercier
de la prise du villagede Kostheim , le meilleur poste de la gar
nison de Mayence , dont ia parte la accélérésila reddition de
la place. Il se lone de la bravoure des plusieurs officiers ,
accorde aux soldats une gratificatione pecuniaire qu'il appelle
douceur , et termine ainsi sa lettre : Au reste , vous pouvez
faire savoir au majer Dyrhn que je vais fairebensorte que la
belle conduite de son bataillon et de celui de Gotha soit
connue de mon ben ami l'électeur de Saxe . Le capitaine Wrbell ,
du régiment de Wohlframsdorf , a aussi obtenu l'ordre pour le
mérite. "
Des lettres de Bamberg , du 22 juillet , disent : Les quatre
commissaires de la Convention sont attendustici ce soir , l'exministre
Beurnonville n'arrive pas avec eux ; ' une indisposition
l'a forcé de s'arrêter à Wirtzbourg . Trente hommes sont confmandés
pour garder l'auberge où descendront les prisonniers
importans que l'Autriche regarde , dit - on , comme des otages
qui lui répondent de la tête de Marie -Antoinette .
Suivant des lettreso de Nuremberg , la brigade 'des troupes
du cercle de Franconie , par ordre du comte de Grumbach ,
a leve on camp près de Furth le 21 eble 22 ; elle dirige
sa marche sur notre ville mais on dit qu'elle ne fera qu'y
passer, et que sa veritable destination est pour Luxembourg.
!
S'il faut en croire les comptes des receveurs Autrichiens ,
depuis le mois d'avril jusqu'au 30 juin , les dons patriotiques
des particuliers dans les étais héréditaires, se sont élevés à
2.080,000 florias en argent , et à plus de 1,000,000 en especès
d'or transportés à la monnaie de Vienne.
PROVINCES - UNIES ET BELGIQUE
Les troupes des puissances coalisées se sont montrées du
côté d'Evrange en face d'Etange où les Français ont établi un
camp de 7000 hommes. On est aussi instruit de bonne part
que 22000 hommes , dont gooo de cavalerie , remontent par
par les eaux de Namur à Luxembourg. Quelle peut être la
destination de cette troupe ? nos ennemis aurateut- ils encore
la volonté de se représenter dans les plaines de Chalons pendant
qu'une de leurs armées chercherait à pénétrer vers Paris ,
V 2
( 308 )
cet
après avoir passé la Somme , ou traversé le pays qui est ron»
fermé entre cette riviere et l'Oise ? Au reste , quelques pré
cautions pourraient faire de Longwi une place imprenable :
on en dit les fortifications bonnes , la garnison excellente , les
commandans on ne peut pas meilleurs ; mais il n'y a pas assez
d'approvisionnemens. Cette place , il est vrai , peut être tournée
par la vallée de Wirton ; cependant rien n'empêcherait , co
semble , les Français de se rendre maîtres de ce poste , et d'établir
au mont Quintin un camp dont on tirerait encore
avantage que Montmedi se trouverait couvert. Il suffirait pour
faire de Longwi une place de la premiere force , de couper et
d'applanir le rideau de Romain , qui dans le cas de projets
hostiles servirait aux assaillans à mettre à l'abri leurs mortiers.
Qu'on joigne à cela le soin d'exhausser le Cavalier , et d'établir
de ce côté un ouvrage dont la tête se présenterait en
forme d'éperon ; il n'en faudrait plas qu'un autre petit à la
porte des Ardennes , et Longwi deviendrait nne forteresse en
état de faire la plus vigoureuse résistance.
Les Français ont besoin de se mettre en état de faire une
belle défense ; car suivant toutes les lettres qui nous arrivent
de Vienne , on continue de faire des approvisionnemens immenses
pour l'armée des Pays- Bas et pour celle du Rhin.
Tous les jours il part des chariots et des hommes pour l'une
et pour l'autres La commission-économique - militaire fait faire
pour l'époque du 15 août 10,000 habits d'uniforme , 12,000
paires de souliers et 2000 paires de boties . On fait à Liége
16,000 autres paires de souliers . On engage un grand nombre
de chirurgiens. La cours pour suffire aux énormes dépenses
de la guerre , fait frapper beaucoup de monnaies nouvelles
; la monnaie de Kremnitz fournit par jour 40,000 pieces
de 20 et de 34 kreutzers .
On écrit d'Amsterdam , en date du 20 juillet , que la troisieme
colonne des troupes Hollandaises , sous le commande .
ment du prince Frédéric de Hesse - Cassel , và être mise sur le
pied de guerre ; mais ces troupes ne seront pas jointes à la
premiere colonne ; elles doivent servir uniquement à la com-
Nous ap- pletter et à relever le reste qui sera rappellé ici .
prenons que cette opération est en effet achevée .
-
Des lettres de la Haye ajoutent que le corps d'armée sous
les ordres du prince de Wirtemberg va être employé à faire
le siége de Douay .
Suivant des lettres de Bruxellés , il est impossible de peindre
la satisfaction qu'on y a ressentie en apprenant la capitulation
de la ville de Valenciennes . Déja les puissances coalisées se
flattent de rétablir en France l'ancien système sans aucune
sorte de modification . Le gouvernement redouble de vigueur
sur tout ce qui a quelque rapport à la révolution . On ne
reçoit plus ni gazettes ni journaux de ce pays ; xt le plus
( 30g )
terrible des despotismes , le gouvernement militaire , va pro
bablement s'établir dans toute l'Europe . Valenciennes , rendu
le 28 juillet , a fait , de l'aven même des assiégeans , une des
plus belles défenses ; et sans le soulevement des bourgeois ,
la garnison , quoique très - affaiblie , aurait encore tenu quel
ques jours .
Capitulation de la ville de Valenciennes.
12
Le général Ferrand remettra à son altesse royale le due d'Yorck ,
commandant en chef l'armée combinée employée au siége de Valenciennes
, pour sa majesté l'empereur et roi , la ville et citadelle
de Valenciennes , aux conditions ci -après stipulées :
Art . I. La garnison sortira avec les honneurs de la guerre , ainsi
que tout ce qui tient au militaire . inde
La garnison sortira par la porte de Cambrai avec les honneurs
de la guerre , et mettra bas les armes à la maison dite la Briquette ,
où elle déposera ses drapeaux et canons de campagne , sans les
avoir endommagés d'une maniere quelconque , il en sera de même
des chevaux de cavalerie , artillerie , des vivres et autres services
militaires ceux des officiers leur seront laissés avec leurs épéestis ,
II . Toutes les munitions quelconques , pieces d'artillerie et tout
ce qui compose et fait partie de l'armée , lui sera conservé.
Refusé
y
III. La garnison sortira de la place le sixieme jour après la signature
de la capitulation , par la porte de Tournay , pour se rendre
dans tel lieu de la République que le genéral Ferrand jugera convenable
, avec armes et bagages , chevaux , tambours battans , mêches
allumées par les deux bouts , drapeaux déployés , et tous les canons
qu'elle pourra emmener..
« La garnison sortira le premier d'août , ainsi qu'il est dit à
l'article premier , et comme elle sera prisonniere de guerre , il lui
sera indiqué , vingt - quatre heures avant sa sortie , l'endroit où
elle se rendra en France pour y prendre la parole d'honneur et le
revers des officiers , ainsi que les autres arrangemens relatifs aux
soldats , qui s'engageront à ne pouvoir servir pendant toute la
durée de la présente guerre , contre les armées de S. M. et celles
de ses alliés , sans avoir été échangés conformément aux cartels et
sous les peines militaires . »
IV. Les autres pieces d'artillerie seront évacuées dans la huitaine
, après le départ de la garnison , ainsi que les munitions et
le mobilier militaire.
" Refusé pour ce qui concerne l'artillerie et généralement toutes
les munitions de guerre et de bouche et autres objets militairės
mais accordé pour tout ce qui est du mobilier personnel des offi
ciers et soldats de la garnison . "
V. Les voitures et chevaux nécessaires pour le transport des ba
gages et pour monter les officiers , seront payés de gré à gré.
>
« Il sera fourni , parmi payant , à la garnison ce qui lui sera
nécessaire en voiture et chevaux pour le transport de ses bagages
et les commissaires de guerre qui resteront de sa part dans la
place , seront personnellement responsables du retour desdites voitures
et chevaux. "
c'est-
VI. Il sera fourni le nombre de douze chariots couverts ,
à- dire , qui ne seront point visités . Les soldats convalescens en éta£
V 3
( 310 )
-
d'être transportés , seront emmenés , et les voitures nécessaires pour
ce transport seront fournies également par les assiegeans . Refuse!
VII. Quant aux malades qui ne pourront souffrir le transport i
ils resteront dans les hopitaux qu'ils occupent , soignés aux frais
de la
République
P les officiers de santé qui y sont attachés
sous la surveillance commissaire des guerres ; et forsque les
malades seront en état d'être transportés , il leur sera fourni des
voitures .
Accordé , bien entendu que les commissaires restes pour l'administration
économique des hopitaux seront soumis à la police
militaire , ainsi que ceux dont il est question dans l'article V , et
que les convalescens, seront prisonniers , comme il est stipulé à
l'article III . „
¡ VIII. Les représentans du peuple et toute personne attachée à la
République , sous quelque dénomination que ce puisse être , participeront
à la capitulation „ du. militaire , et jouiront des mêmes
conditions . ! a
Tout ce qui n'est pas militaire étant réputé bourgeois , jouira
du traitement accordé à cette classe. »
» » IX ; › Les déserteurs resteront réciproquement dans les corps où ils
sont , sans être , inquiétés ; à d'égard des prisonniers , ils pourront
être échangés . 11 2999
1
Refusé ; les déserteurs seront livrés scrupuleusement avant la
sortie de la garnison , et l'on fera les perquisitions nécessaires
pour trouver ceux qui pourraient être cachés , okos prisonniers Autrichiens
et ceux des puissances alliées seront rendus de boune -foi .
-XII - gera nommé de part et d'autre des commissaires pour cons,
tater les objets qui seront adjugés à la République , ainsi que tous
les papiers concernant l'artillerie , les , fortifications et greffe mili,
taire , tant ceux de cette place que de toute autre place apparte,
bant às la République , il cu sera de même pour les papiers de
toutes les administratiansiciviles et militaires.
gou Ihtera'nommé des commissaires de tous les départemens mili ,
taires eo civils , pour recevoliales papiers , effets et bâtimens mili,
Laires , artillerie ; » fer coulés, Larsenaux , munitions de guerre et de
bouche , caisses militaires et civile enam mot , tous les autres
objets appartenans au gouvernement , ssous quelle dénomination
que ce puisse être Les commissaires seront introduits dans la place
immédiatement après l'échange des otages ; les chefs des différens
corps seront personnellement responsables des infidélités qui se
seraient commises dans la remise des papiers , caisses , artillerie et
autres objets ci - dessus nommés . „ i'
XI. Les habitans des deux sexes actuellement dans cette ville , ou
y réfugiés , les fonctionnaires publics et tous les autres ageus die
4a République Française , auront leur houneur , leur vie et ledas
propriétés sauves , avec la liberté de se retirer où ils le voudront
L'ordre et la discipline des arces alliées garantissent les bourgeois
de toute espece dunsulte dans leur personne et leurs effets .
XII. Pour le maintien de l'ordie , de la police , la surete des
personnes et la conservation des propriétés , les autorités constir
tuées et les tribunaux resteront en fonctions , jusqu'à ce qu'il y
y soit autrement pourvu. Les jugemens des tribunaux seront main
tenus , et aucune autorité constituce ne pourra être . recherchée pour
les faits légaux de som administration ou de sa jurisdiction .
Refusé ; mais les corps administratifs et judiciaires seront maių
( 311 )
texas jusqu'à ce qu'il y ait été autrement pourvu par sa majesté
imperiale.
III. Personne ne pourra être inquiété pour ses opinions , telles
qu'elles aient été , ni pour ce qu'il aura dit ou fait également , avant
ou pendant le siège .
L'intention de sa majesté l'empereur et roi est que les habitaus
ne soient aucunement inquiétés .
XIV Les habitans ne seront pas assujettis au logement des gens
de guerre.
99
Accordé , autant que l'existence et la capacité des bâtimens militaires
le permettront. "
XV. Les habitans ne pourront être obligés à aucun service mili .
taire ; et ce qui l'ont fait jusqu'à présent ne pourront être considérés
comine tels .
Les habitans ne seront obligés de faire de services militaires
que dans le cas susité dans les provinces de sa majesté l'empereur
aux Pays - Bas ; quant à ceux qui seront armés ou en uniformeils
scrontfaites comme les autres militaires , selon l'article III . „
XVI. Les habitans ne pourront non plus étre tenus aux corvées
militaires.
Renvoyé l'article XV . „
XVII! Ceät qui voudront habiter ailleurs , seront libres de sortir
de lás villė savệc leurs ménages , bagages , meubles et effets , " de dis !
poser de leurs immeubles , ou réputés tels , au profit de qui bol
leur semblera , dans le terme de six mois.
66
sera permis aux habitans de se retirer avec leurs effets , dans
l'espace de six mois , où bon leur semblera , et il leur sera délivre
des passe -ports en conséquence ,
29
XVIII. Tous ceux qui voudront rester ou venir habiter en cette
ville , y seront reçus et joufront des mêmes avantages que les auties
habitans . -Accordé.
XIX. Les monnaies actuelles , notamment les assignats , com
nueront d'avoir cours .
Refusé de reconnaitre les assignats comme monnaie , jusqu'à
disposition ultérieure , "
XX. Les domaines nationaux , vendus en conformité aux lois
existentes , seront conservés aux acquéreurs .
« Cet article n'étant point du rapport militaire , sera réservé
comme le précédent , à des dispositions ultérieures .
XXI . La commune continuera de jouir des propriétés qu'elle pos
sede actuellement , tant mobiliaires qu'immobiliaires , notamment
les bleds qu'elle a en magasin pour la subsistance des habitans.
66 Renvoyé l'article précédent. Quant aux bleds , aux magasins ,
on en disposera au profit de celui à qui il appartiendra de droit .
XXII . Les colleges , hôpitaux et autres établissemens de charité ,
demeureront en la libre et paisible possession et jouissance de
tous leurs biens , tant meubles qu'immeubles .
id asunet
29
Accordé pour toutes les propriétés légitimes .
XXIII . Toutes dettes contractées avant et durant le siégé par la
municipalité
et le conseil -général de la commune et autres autorités
constituées , tant liquidées qu'à liquider , seront tenues pour légales
et bien contractées .
bour?
" Les dettes contractées par la garnison , les militaires ,
geois et habitans quelconques , seront liquidées à la satisfaction des
parties. "
( 312 )
XXIV. S'il survient quelques difficultés dans les termes et con
ditions de la capitulation , on les entendra toujours dans le sen
Je plus favorable à la garnison de la place et aux habitans.
Toutes les réponses ci - dessus étant clairement énoncées. cet
article est sans objet. "
Voici quelques détails intéressans qui nous sont parvenus sur
les quatre journées antérieures à la prise de la ville.
Dès le 24 juillet , les assiégés jugeant avec raison que la
tranquillite , dont les assicgeans les laissaient jouir depuis plusieurs
jours , semblait annoncer une entreprise decisive , firent
une vigoureuse sortie , dans la vue d'entamer les retranchemens
de la troisieme parallele ; mais après un combat vif et opiniâtre ,
ils furent repoussés avec une très- grande perte . Le 25 à 10
heures du soir, les trois globes de compression , creusés sous
Je chemin couvert et sous une partie du glacis de la place ,
auxquels l'on travaillait depuis 17 jours , étant entierement
perfectionnés , on les fit sauter avec le plus grand effet : la
contrescarpe ayant été entamée en trois endroits différens , nos
troupes déboucherent sur plusieurs colonnes , pour attaquer
le chemin couvert. Après une affaire de courte durée , cependant
assez sanglante , les alliés s'en rendirent les maîtres . Ce
premier succès les ayant euconragés , ils se déciderent à pousser
plus loin leurs avantages ; à cet effet ils résolurent d'emporter
le grand ouvrage à corne , et pour y parvenir ils marchereut
sur les débris de la contrescarpe avec une intrépidité incroyable
, au milieu d'une grêle de coups de canon et de
fusil qui pleuvait sur eux. Les troupes françaises après une
résistance assez faible abandonnerent l'ouvrage à cornes avee
17 pieces de canon qui s'y trouvaient , pour se retirer dans
l'intérieur de la place . Pendant que cette attaque se livrait la
garnison de Valenciennes acconrait avec précipitation sur les
remparts pour les défendre contre les entreprises des assaillans
; le tocsin sonnait dans tous les quartiers de la ville , dont
les habitans effrayés , et craignant un assaut , poussaient au
ciel des cris plaintifs . Au milieu de l'alarme et de la terreur
générale le bombardement et l'envoi des boulets rouges étaient
si actifs , si bien dirigés que les incendies se succédaient avec
rapidité dans cette malheureuse place . En combinant tous ces
motifs d'effroi , l'on se formera une légere idée de la situa
tion pleine d'angoisse et d'horreur où s'est trouvée Valenciennes
jusques hier. Suivant tous les rapports qui nous sont parvenus
, l'important avantage remporté par les assiégeans n'a pas
coûté aussi cher que l'on s'y était attendu ; notre perte en
tués et blessés se monte à peu près à 250 hommes ; mais parmi
les premiers l'on compte un officier du premier mérite et de
la plus haute réputation dans son art ; c'est le lieutenantcolonel
du génie de Querlonde ; un boulet de canon lui a
emporté la tête, - Un fantassia Hongrois a rendu dans cette
( 313 )
journée un service des plus signalés ; il a tué un mineur enpemi
au moment où celui- ci allait mettre le feu à la mine du
grand ouvrage à cornes , dans lequel nos gens étaient déja
logés . Dans le tems que cette attaque avait lieu , des Croates
passerent l'Escaut à la nage le fusil en bandoulière , pour attaquer
la redoute de St. - Roch , dont ils s'emparerent ; ils y
prirent à l'ennemi une trentaine de bêtes à cornes en pâturage
sur le glacis , qu'ils ramenerent au camp sans coup férir .
Selon toutes les apparences , Valenciennes ne tardera plus
long- tems à se rendre ; l'on calcule encore sur huit à dix jours
de résistance , peut- être même moins . ››
ITALIE E T SUISS E.
Suivant des lettres particulieres de Gênes du 24 , il est
arrivé dans cette ville quatre députés de Sardaigne qui vont à
in reclamer , au nom des habitans de Cagliari , et de toute
1º . le rappel de toutes les troupes Piemontaises qui
se trouvent dans le pays ; 2 ° . le droit de conférer aux nationanx
exclusivement les évêchés et les bénéfices ; 3 ° . celui
bien autrement important d'élire eux - mêmes , et parmi leurs
concitoyens , le vice - roi qui doit représenter sa majesté ;
4° . et enfin le rétablissement de tous les priviléges et exemp
tions que les traités leur assurent. Ces demandes paraîtront
exorbitantes à la Cour de Turin ; mais l'embarras que lui
donne la guerre contre la France , fera que les Sardes en tireroat
probablement neilleure composition .
Une partie de la notte Espagnole reste toujours dans les
parages Genois , et sa présence tient en échec les puissances
d'Italie qui voudraient encore rester neutres contre la volonté
positive de la Grande-Bretagne , volonté manifestée du ton le
plus impérieux . Il faut espérer que cette violation scanda
feuse du droit public de l'Europe aura quelque jour sa juste
punition : il faut espérer que la République française triomphante
et débarrassée par - là même d'une partie de ses enuemis
exercera de justes représailles contre le cabinet de Londres
qui aura perdu le droit de se plaindre. Les puissances du
second et du troisieme ordre devenues alors les alliées naturelles
de la France , et sachaut bien que ce n'est pas à elles
qu'elle en veut , ne pourront , et sur-tout ne voudront pas se
refuser à prendre ce parti , légitime par un exemple , auquel
d'ailleurs on pourrait les forcer ; elles aideront à perdre les
ennemis de la République ; elles le feront sans scrupule ,
sans remords , puisqu'elles auront été justifiées d'avance dans
cette espece de manque de foi , d'après l'odieuse tyrannie qui
les contraint aujourd'hui de sortir de la neutralité contre leurs
véritables intérêts .
On assure que MM. Sémonville et Maret allant l'un à So
leure et l'autre à Naples , ont été arrêtés dans la Valteline et
transférés à Milan .
( 314 )
17
QUE
FRANÇAISE
.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE DANTON.'
Séance du mardi , 6 août.
f
7.17
La séance s'est ouverte par la lecture de plusieurs pieces
datées de Cambray , adressées à la Convention par les citoyens
Cochon et Briez , commissaires envoyés près l'armée du
Nord . Quelques - unes de ces pièces contenaient des acceptations
de la constitution : la plus importante était un mémoire
relatif à la reddition de Valenciennes . Nous en avons donné
l'analyse dans la notice de cette séance au dernier numéro .
Toutes ces pieces ont été renvoyées au comité de salut
public .
Au nom du comité de sûreté générale , Chabot a pris la
parole . Je vous apporte , a - t - il dit , une nouvelle preuve des
conspirations de quelques - uns de nos membres . Ici Chabot a
fait lecture d'une lettre que Laplaigne , député du département
du Gers , écrivait à ses commettans : Oui , leur disait - il
la représentation nationale sera sauvée par le peuple entier :
non par d'inutiles adresses , mais par des actes eclatans de
sa toute - puissance ; non par l'acceptation commandée et aveugle
d'une constitution en miniature , dont la préface , consacrant
le ridicule droit d'insurrection , renferme le germe certain de
son instabilité et de sa prochaine destruction , mais par la
punition terrible des usurpateurs de sa 'souverainete . , . Mais ,
a ajouté Chabot , les assemblées primaires du département de
Laplaigne ont reconnu le piege , et ont fait justice de cette
lettre en vouant son auteur à l'infame .
Le décret d'arrestation est porté contre Laplaigne. Les
scelles seront apposes sur ses papiers.
Une députation de commissaires des assemblées primaires
s'est présentée a la barre , et a demandé un local pour fraterniser
avec ses freres des départemens . Voyez la notice . )
C'est sans doute avec plaisir , a dit Bazire , que les Parisiens
et les autorités constituées de Paris voient les lieux publics .
Templis par les commissaires des départemens . Cependant le
comité de sûreté générale est instruit que plusieurs sont venus
avec une mission particulière . Ils veulent tenir des assemblées
où ils travailleront à faire partager leurs opinions aux autres députés
des assemblees primaires qui en ont de diferentes . Ce sont
des hommes connus pour des aristocrates dans les lieux d'où ils
sont députés. Leur intention est d'exciter des troubles à Paris ,
(( 73 ))
et d'y allumer le fel de
2
terre civile . Le comité m'a m'a charge
de vous proposer de l'autoriser à s'assurer de la personne del
ceux qu'il aurait reconnus , suspects .
"
Cette proposition', après avoir élevé quelques débat , estdécrétée
en ces termes , La Convention nationale autorise
son comité de sûreté générale à faire observer et surveiller
ceux des commissaires députés qui tenteraient d'engager leurs
collegues à des démarches contraires au mandat qui leur a
été décerné par les assemblées primaires , à les faire appeller
devant lui pour les entendre , à la charge d'en rendre compte
immédiatement à la Convention nationale .
Au nom du comité de salut public , Barfere a fait lecture
d'une lettre des représentans du peuple , Duror et Lindet , datée
de Caen le 3 août. ( Voyez le notice ,
"
Assemblée decrete le principe de la démolition des forts
ét chateaux de l'intérieur , et charge le comité de salut públic
de lui présenter le mode d'execution .
•
Harrere a lu ensuite une lettre interceptée dans la route de
Toulon à Bordeaux effe italt adressée par un commissaire de
1 quatrieme region à la commission de salut public du dépar
fenient de la Giroide. En voici l'extrait :
z
Je vous af appris heureuse révolution opérée à Toulou ,
La présence d'un commissaire de la Cironde a produit le
meilleur effet dans cette ville , délivrée depuis 12 jours , du
plus horrible esclavage fal'installe di ibunal ' populaire à
l'instar de celui de Marseille ; de club de l'anarcirie est fermé ;
les sections m'ont.remis l'acte de leur adhésion aux mesures
prises par le déparément de la Gironde . Il est heureux que
Cette revolution se soit opcrce au moment où deux escadres ,
T'une espagnole et l'anise anglaise , croisent dans la Mediter
fance à la vue de ce port. Chaque section de Marseille love
54 Hommes aimes ; ies communes des campagnes en fero
autant.
118 1
" le ministié de la marine , d'Aibaride d'accord avec lẻ
comité de salut public de la Convention a donné ordre dintercepter
les subsistances destiuces pour Marseille et Toulon .
Le peuple , pour punir cet auteuiat , a prononce Tarrêt de
nort contre ce ministre.
D
» Les brigands out réussi à faire rapporter à unes las mesures
que cque ville avait prises cone Toppression ; mais t
grand mouvement s'y prépare , le peuple murmure de se voir
rente sous la domination , des selerasi Les deux montagnards
Bayle et Beauvais sout arrêtés à Toulon .
L
Une autre lettre du direcicur de la monnaie de Bordeaux,
afonce qu'en vertu d'un arrêté du coupe cele central de cette
ville , il a été forcé de remeure à ta municipalite sur le
récépissé de trois commissaires , 351,820 plastres appartenantes
A la République , dopostes entic ses main's
८
ي ف
་ ་ ས་
DOUT Fe service
de la marine et des culotes . L'aire portat que cette solame
( 316 )
Bendrait lieu des deux millions promis à la ville de Bordeaux
par la Convention nationale en son décret du 30 mars , pour
des achats de subsistances . Il portait en outre que ces 357,380
piastres seraient rétablies en nature dans les caisses publiques,
sur le produit des ventes particulieres des grains achetés .
Vous voyez , a dit Barrere après cette lecture , que les conspirateurs
du Midi conservent encore , toutes leurs espérances ,
et qu'ils accumulent chaque jour de nouveaux attentats,
Ce membre présente un projet de decret : la premiere disposition
porte l'anihilation de tous les actes du prétendu
comité de salut public établi à Bordeaux . Par la seconde , les
membres composant ce comité sont mis hors de la loi . Leurs
biens seront confisqués au profit de la nation . Par la troisieme
, la commune de Bordeaux est obligée de réintégrer
les piastres à la monnaie de Bordeaux . Par la quatrieme ,
toutes les autorités de cette ville sont déclarées responsables
sur leurs têtes de la prompte exécution du décret.
4
Et comme en frappant les têtes coupables , a ajouté Barrere ,
il est de la dignité de la Convention nationale de prouver
au peuple de Bordeaux , qu'elle s'intéresse vivement à son
sort , votre comité vous propose d'ordonner que la trésorerie
nationale fera passer sur-le- champ à Bordeaux les deux mil
Lions dont elle a disposé en sa faveur par son décret du 30
mars dernier. ·
Toutes ces dispositions ont été adoptées.
Séance du mercredi , 7 août.
Le général Beisser est admis à la barre ; il présente sa justi-
Fcation : après l'avoir entendu , l'Assemblée l'a renvoyé par
devant le comité de sûreté générale pour y être interroge.
Des députés des assemblées primaires 1sont introduits dans
la salle . L'un d'eux , prenant la parole , instruit la Convention
de la réunion fraternelle qui vient d'avoir lieu dans la salle
de l'évêché , et de celle qui va se faire dans la salle de la
société des Jacobins . ( Voyez la notice de cette séance. )
On annonce le général Aubert Dubayet : il se présente
accompagné de quatre officiers . De toutes parts les applau
dissemens éclatent : Peres de la patrie , dit ubert , les chefs
de l'état- major et moi , à la tête de plus de 9 mille gardes
nationales , nous sommes revenus avec les honneurs de la
guerre , nos drapeaux tricolors déployés , et nos bayonnettes ,
qui nous avaient si bien servi contre les ennemis de la Ré.
publique , étaient au bout de nos fusils . Elles étaient destinées
à purger le sol français des brigands qui le déchirent ,
et jamais nous ne les aurions déposées aux pieds des esclaves
que nous avions si long- tems combattus ; mais la jalousie , la
calomnie nous avaient précédés dans cette patrie que nos
coeurs idolâtrent ) elles avaient noirci des hommes de bien
qui l'avaient servie avec simplesse et désintéressement ; nos
( 317 )
1
coeurs en étaient navrés. Mais , peres de la patrie , votre fas
tice nous a rendu avec solemnité l'estime de nos concitoyens.
Je vais narrer avec rapidité quelques-uns des événemens de
ce siége.
Le blocus de Mayence a duré quatre mois ; les ennemis
avaient achevé toute la circonvallation de la place. La garnison
dans ses sorties força plusieurs postes importans. Weissenau, d'où
les ennemis nous avaient deloges , fut repris une demi - heure
après à la pointe de l'épée , Marienborn , quartier - général des
puissances confédérées , fut aussi emporté de vive force , et
nous avons les trophées de cette victoire . Arrivé au généralat ,
je traçais le plan d'une bataille ; si ce plan eût été éxécuté ,
m'en doutez pas , nous aurions marqué les premiers momens
du blocus par une victoire décisive , qui nous aurait ouvert
le chemin jusqu'aux portes de Francfort ; le combat était commencé
, et nous allions assurer notre triomphe ; mais 3 mille
des notres , trompés par les ténèbres , nous fusillerent et nous
forcerent à la retraite . Meunier , l'intrépide Meunier qui joignait
au génie le plus audacieux un courage qui ne connut jamais
de dangers , commanda des soldats qui vécurent deux mois
sous une voûte de feu ; cinquante pieces de canon tiraient
continuellement sur eux à mitraille . Il ne craignit pas d'attaquer
les ennemis retrauchês sur leurs montagnes qu'ils
avaient crues inexpugnables , et les deux combats de Rostheim
leur ont appris s'ils pouvaient compter sur une prompte capitulation
.
" Il fallut s'emparer des isles du Mein , appellées les isles
Meunier et la Carmagnole , car ce fut à la prise de la premiere
que Meunier périt ; elle fut prise malgré le feu d'une
redoute de dix pieces de canon. Pour communiquer avec celle
de la Carmagnole , il fallut établir un pont qui fut bâti malgré
le feu d'une autre redoute de quatre pieces de canon.
pont fut nommé le Pont- des-morts à cause du nombre de
braves gens que nous y perdions toutes les fois qu'il fallait
relever des postes . Nous gardâmes ces isles pendant six
semaines .
Ge
Jamais , au milieu de ces fréquens combats et des privations
les plus dures , on entendit , je ne dis pas un seul mur
mure , mais une juste réclamation . Ces braves soldats ont
commencé par vivre de cheval , ils ont fini par se nourrir de
chiens et de chats . Moi-même je me glorifie d'avoir invité tous
mes amis à dîner au quartier général , parce que j'avais un
chat à leur servir . Les soldats faisaient leur soupe avec de l'huile
de poisson , quelques-uns y mêlerent une herbe vénéreuse qui
des fit devenir fous . Ils supportaient tous ces maux avec résigna
tion , et je leur en donnai l'exemple.
" Vous voyez , citoyens représentans , que ce qu'on vous a
dit de ces guerriers républicains était non-seulement eloigné
de la vérité , mais qu'il était impossible d'imaginer ce qu'ils ont
(.318. )
souffert. Nous ne vous demandons qu'une faveur pour prix de
" nos travaux, c'est de marcher an plutôt possible dans la Vendee .
Si nous ne scellons pas la liberte de notre sang , je vous
' S
assure , citoyens representans , vous n'aurez pas de Républi
cains plus zélés et plus fideles .
Ca
2 Braves citoyens , repond le président , in entreprendrai
pas de vous consoler d'une injustice momentance.Les applandssemens
dont vous avez été converts en entrant dans le sein de
la Convention vous ont pronvé que si les représentans du
peuple ont pu être un moment trompes , ils nn'ont pas attendu
que vous leur fissiez le tableau de votre conduite pour honorer
votre courage . Ce uarre d'un sige anssi honorable , le
spectacle touchant du brave Aubert dans les bras , du prési
dent qui lui donne l'accolade , fraternelle , penetre tous les
coeurs , et de nouveaux applaudissemens , des cris mille fois
répétés de vive la République fent retentir les voûtes de la
salle . Le discours d'Aubert et la réponse du président seront
imprimés.
99
T
*
1
Barrere au nom du comité de salut public présente l'anayse
de la corespondance des départemens. La premiere lettre
dont il donne connaissance est celle du géneral Chilly commandant
l'armée du Rhin. Cette lettre annonce l'incendie de
PArsenal de Huningue . Outre d'immenses approvisionnemens
2 de guerre , plusieurs maisons ont été endommagées . Le général
demande de prompts secours et de nouvelles. munitions i il
a donné les ordres les plus précis pour la recherche des coppables.
5.
Barrere annonce ensuite que le comité reçu des renseignemens
, qui lui apprennent que des homes deguises en
femmes se mêlent aux rassemblemens • qui chaque jour obstruent
les portes des boulangers , et y répandent des defiances
dangereuses . D'autre part, de fausses patrouilles parcourent
les rues de Paris , la nuit. Voyez dans la notice , le décret
rendu à la suite de ce rapport. )
Une lettre du commandant d'armes à Brest , apprend à la
Convention , que le premier août une escaire Auglaise de
29 voiles et celle de la République , commandes par le viceamiral
Mérard de Galles , se sont trouvées en présence à huit
lieues de distance du Bec de Ratz . L'escadre de la République
se ralliait sur Croix . Une autre flotte Anglaise de dix - huit
voiles a appareillé de Torbay et cingle vers le Sud . Quels
que soient les desseins de l'ennemi , ils seront dejoués par les
mesures promptes que l'on a prises . Des côtes qui avoisinent
Brest , et l'entrée de la rade sont dans un état respectable de
défense et hors de toute insulte ,
,9
Séance du jeudi , & moût. 5 ▲
La commission de salut public , etablie Lyon , écrit à la
Convention nationale pour se plaindre de n'avoir encore reçu
( 319 )
aucune réponse aux diverses lettres qu'elle lui a adressées . Se
rait- ce , dit-elle , qu'on nous prendrait pour des agens stipendies
de Pitt et de Cobourg comme Dubois- Crancé et Gautier l'ont
publie dans une , proclamation qu'ils ont répandue avec pros
fusion ? Nous vous les dénonçons comme ayant négligé de
combattre un ennemi véritable , pour tourner les forces de
la République dans cette partie, contre une chimere qu'ils
ont créée. Nous n'avons jamais été des contre - révolutionnaires.
Nous vous les dénonçons pour avoir effrayé par les menaces
les plus terribles , ceux qui fourniraient à la ville de Lyon
les moyens de subsister. Dans cet instant la disette est extrême !
les esprits sont exaspérés . Parlez- nous le langage de la paix
ne craignez rien de la force que nous avons, organisée ; tour
rentrera dans l'ordre si les personnes et les propriétés sont
respectées , parce que nous ne sommes nous levés que contre des
hommes de sang. La Convention renvoie cette lettre à son
comité de sûreté générale .
Les députés des assemblées primaires sont admis au sein
de la Convention . L'un d'eux fait lecture de l'adresse circulaire
qu'ils vont répandre dans les départemens , pour détruire
les calomnies qui les égarent , pour leur peindre l'accueil
touchant et les témoignages d'amitié qu'ils ont reçus de leurs
freres de Paris ; pour les inviter enfin à repousser les calomniateurs
, à punir les traîtres , et à se réunir pour écraser
les tyrans .
Le doyen d'âge des commissaires , un vieillard de 83 ans ,
ne pouvant se faire entendre lui -même , exprime par l'organe
d'un de ses voisins , les sentimens de joie qui l'animent en
ce moment. Il monte ensuite vers le fauteuil du président et
reçoit l'accolade fraternelle au milieu des applaudissemens . Robespierre
demande que l'adresse dont l'Assemblée vient d'entendre
la lecture soit imprimée et envoyée à toutes les puissances
étrangeres , afin qu'elles connaissent le voeu du peuple
Français . Cette motion est décrétée. -
"
Grégoire fait , au nom de comité d'instruction publique , un
rapport sur les académies littéraires , des sciences et des arts .
Il démontre le nécessité de supprimer ces corporations qui
loin d'encourager le génie l'ont souvent étouffé dans sa naissance
, ou entravé dans ses projets . Sur sa proposition , le décret
suivant est rendu : 19. Toutes les académics et sociétés littéraires
patentées ou dotées par la nation sont supprimées ; 20. les
jardins botaniques , les cabinets , museum , bibliotheques et
autres monumens des sciences et des arts , attachés aux açadémies
et sociétés supprimées , sont mis sous la surveillance
des autorités constituées , jusqu'à ce qu'il en ait été disposé par
les décrets sur l'organisation de l'instruction , publique .
La séance s'est terminée par la lecture d'une lettre de Saumur
, datée du 5 août. En voici l'extrait depuis plusieurs
jours l'ennemi cantoune à Boué , menaçait d'attaquer Sat.
( 320 )
mut. Le général Rossignol a crn devoir les prévenir. Ce
matin 3000 hommes se sont portés de ce côté , sous les ordres
des généraux de brigade Salomon et Ronsin . L'avant - garde
à attaqué l'ennemi avec beaucoup de résolution : il a bientôt
été forcé et mis en déroute , malgré la supériorité de son
nombre et de son artillerie . On porte à 400 hommes la
perte des révoltés . Il se trouve , parmi les morts , plusieurs
chefs et plusieurs prêtres . Nos troupes ont montré la plus
grande ardeur.
Séance extraordinaire du jeudi soir .
Cette séance a été consacrée au renouvellement du bureau .
Hérault- Sechelles est élu président.
Séance du vendredi , 9 août .
PRÉSIDENCE DE HERAULT - SECHELLES .
Montaut , qui arrive de l'armée de la Moselle , demande la
parole pour dénoncer des faits relatifs à la reddition de
Mayence . Sans doute , dit-il , la garnison à bien mérité de la
République ; elle est composée de vrais Républicains ; mais
il faut bien distinguer la garnison , des meneurs ; je veux
dire du conseil défensif : ce conseil a renda la place sans
avoir communiqué la capitulation à la garnison , et la raison
c'est que la garnison ne voulait pas capituler. On a dit qu'elle
manquait de vivres : elle avait encore du bled pour trois mois
Montant accuse ensuite ses collegues , commissaires
à Mayence , d'avoir contribué par leur faiblesse à la
reddition de cette ville , et il finit par demandei que ceux
qui ont fait la capitulation soient jugés par un conseil de
guerre.
entiers . ---
Une telle dénonciation surprend beaucoup de membres .
Lacroix demande qu'elle soit écrite et signée par Montaut ,
afin que les commissaires inculpés , et absens , puissent y répondre.
Thuriot accuse à leur tour Montaut et ses collegues ; il
leur impute la prise de Mayence , parce qu'ils sont restés
quatre mois à l'armée de la Moselle sans lui faire faire le
moindre mouvement pour secourir cette place . Après
quelques autres débats on ferme la discussion , et l'Assemblée
adopte la proposition de Lacroix .
Gossuin fait le rapport de la commission chargée de recueillir
les procès - verbaux d'acceptation de la constitution . Il
en résulte qu'à l'exception des départemens de Corse , d'une
partie de ceux troublés par les rebelles , de la ville de Marseille
et des communes envahies par l'ennemi , l'acceptation
de la constitution a été unanime dans la République . L'impression
et la distribution de ce mémorable procès - verbal sont
décrétées .
( 321 )
décrétées . Cette époque sera consacrée par une médaille , dont
David s'est chargé de donner le dessin.
Cambaceres donne ensuite lecture d'un plan de code civil .
Il sera imprimé , et la discussion en est ajournée à huitaine .
Barrere , au nom du comité de salut public ; communique
de nouveaux détails sur l'incendie qui a eu lieu à Huningue.
L'arsenal a été très endommagé . Cependant on a reussi à
sauver la poudre et le plomb . Les braves canonniers ont ,
comme de coutume , donné les plus grandes preuves de dévouement.
On a vu des soldats intrépides arracher des barrils
de poudre du milieu des flammes .... Une chose bien remar
quable fut qu'au moment où l'incendie commença ', les fontaines
manquerent et ne recommencerent à couler qu'après
que le feu fut éteint. Maigré ses pertes , Huningue sera bientôt
en état de défense .
Barrere entretient ensuite l'Assemblée d'un objet bien important
, celui des subsistances . Il propose , à l'exemple d'un
peuple ancien , d'établir dans les principales villes de la République
des greniers d'abondance , et de consacrer cent millions
à la subsistance du peuple. Vous devez faire plus
pour le peuple , ajoute Barrere il faut qu'il ne soit plus
obligé d'avoir recours aux boulangers pour se procurer du
pain. Il faut que chaque famille fasse elle - même le pain nécessaire
à sa subsistance . De vifs applaudissemens couvrent
ces propositions bienfaisantes . Elles sont décrétées dans les
hermes suivans :
Art . Ier . Il sera formé dans chaque district un grénier d'abondance
. La trésorerie nationale tiendra cent millions à la disposition
du conseil exécutif , sous la surveillance immédiate
des comités de salut public et des finances , pour l'achat des
grains.
1757
,,,
II . Les conseils -généraux de district choisiront parmi les
maisons d'émigrés ou autres maisons nationales , qui sont les
plus sûres et les plus propres à ce grand établissement.
,, III. Les citoyens sont invités à acquitter en nature dans
les greniers d'abondance les contributions publiques arriérées
courantes , en totalité ott en partie .
Ou
IV. Les percepteurs d'impositions prendront pour comptant
la reconnaissance du versement des grains au prix courant ,
laquelle reconnaissance contiendra la quantité , poids de mare ,
et le prix des grains fournis aux greniers d'abondance.
3, V. Les percepteurs de contributions publiques accéléreront
par tous les moyens que la loi a mis en leur pouvoir , le
recouvrement des contributions publiques dans les délais pres- crits .
99
VI . Il sera construit sur - le - champ et à la diligence des
corps administratifs des fours publics dans chaque section
des villes , en proportion de la population de chaque section ,
et indépendamment des fours particuliers existans .
Tome IV.
( 322 )
" VII. Les boulangers des villes seront n , en cas de
besoin , en réquisition par les municipalités , pour l'activité
des fours publics ; aussitôt qu'ils seront construits , il leur
sera payé une indemnité.
,, VIII. Les opérations des boulangers seront surveillées
par des commissaires choisis par les sections , lesquels prendront
toutes les mesures nécessaires pour prévenir et arrêter
les abus.
,, IX . Les noms des boulangers qui , dans les circonstances
actuelles , auront redoublé d'efforts et de moyens pour assurer
les subsi tances du peuple , seront proclames solemnuellement
au sein de la Convention nationale , comine ayant bien mérité
de leurs, concitoyens .
,, X. Ceux des boulangers qui cesseraient ou suspendraient
lens travaux seront réputés étrangers à la République , et
comme tels destitués de leurs droits de citoyens , pendant cinq
années , et punis d'un an de gêne .
XI. Le comité d'agriculture présentera dans huit jours
le projet de décret sur l'organisation des greniers d'abondance
et i administration des fonds publics.
Séance du dimanche 11 août.
"
A l'ouverture de la séance , Lacroix a demandé la parole
pour une motion d'ordre. Nous avons , a- t- il dit , presenté
la constitution républicaine hier ; elle a été accepice par les
commissaires des assemblées primaires. Notre mission est
remplie , et si l'acceptation de la constitution n'eût pas changé
be mode d'élection nous pourrions être remplacés sui -je - champ ;
mais vous avez à connaître la population par
Je demande que les administrations de district en
ent.
l'état
à la Convention , qui d'après un rapport du comité de divi
sion, convoquera de suite les assemblées primaires. Cette proposition
est décrétée .. 9
On fait lecture d'une lettre de Gauthier et de Dubois-
Crance , en date du 6 août.
靠
1
J
Citoyen président , écrivent- ils , dis à la Convention
nationale que nous partons avec Kellermann , du camp du
Bourg , pour nous porter sur Lyon , que nous l'attaquerous
vendredi matin avec vingt mille braves Républicains qui ont
tous juré de rétablir dans cette ville rerebelle le regne des lois ,
et que nous le retablirons . Voici notre sommation :
heute , apies des bombes et du canon.
une
Les rebelles de Marseille , chassés du Comtat , ont fui vers
leur repaire , que nous ne tarderous pas à purger des miasmes
aristocrates et royalistes qui l'infectent. Les districts des
·· Bouches - du - Rhône , que notre petite armée a delivrés ,
accepté la constitution . Tu peux compter sur noue zele .
Kellermann va bien , et la paix sera rétablie dans le Midi .
out
Il y a un mois que depuis le Jura jusqu'à Bordeaux presque
13231
-
toutes les administrations étaient coalisées , presque tout le
peuple était égaré ; aujourd'hui , excepté Marseille , Toulon et
Lyon , tous bénissent la Montagne , tous ont juré l'union et
legalité sur le livre sacré de la constitution . Les succès de
nos ennemis ne seront pas de longue durée .
A cette lettre est jointe une proclamation qu'ils ont en
voyée dans Lyon . Voici , annoncent-ils , les conditions que
-nous mettons à l'admission fraternelle des troupes de la République
; 19. aucune hostilité apparente , tout citoyen qui
paraitra en armes , soit dans les rues , soit aux fenêtres , sera
Traité en rebelles . 2 ° . Toute autorité civile ou militaire cesse
dans Lyon , les représentans du peuple y pourvoiront . 3 ° . La
remise de l'Arsenal et de tous les moyens de défense à l'avantgarde
que le général enverra. 4 ° . Indemnité pour les frais de
l'expédition et gratification aux soldats de la République qui
protegent la paix intérieure et extérieure dans l'armée de la
Republique. 5º . Reconnaître et assurer l'exécution des décrets
de la Convention nationale rendus avant et depuis le 31 mai
dernier.
a A ces conditions , les représentans du peuple promettent
aux hahitans de Lyon paix et fraternité , et ils ont l'assurance
du général et le serment des troupes qu'il ne sera fait dommage
à aucun citoyen ni dans sa personne , ni dans ses proprietés.
Si uue de ces conditions était refusée , les représentans du
peuple déclarent qu'ils mettent sous la responsabilité collective
des citoyens de Lyon tous les maux qui peuvent en ré-
-sulter , et d'avance ils déclarent rebelle et traître à la patrie ,
avec entiere confiscation des biens au profit de la nation , tout
individu dont le fils ou le commis , ou même le serviteur ou
'ouvrier d'habitude serait reconnu pour avoir porté les armes
contre les troupes de la République , ou contribué aux moyens
de résistance .
Eu exécution de l'arrêté des commissaires , le général Kellermain
a sommé les Lyonnais de lui ouvrir les portes de la
-ville , d'y recevoir toutes les troupes qu'il jugera nécessaires ,
sinon ils seront traites en rebelles . Il ne leur a donné qu'une
heure pour répondre . La Convention approuve textuellement
les mesures des commissaires .
L'Assemblée se faitt ensuite donner lecture d'une lettre du
général Saubadere , commandant de Landau . La tâche qui
m'est imposée , dit-il , est pénible et glorieuse . De la défense
de Landau dépend le salut de ma patrie. Nous nous ensevelirons
sous les ruines de nos murailles , plutôt que d'entendre
parler de capitulation .
On avait invité les commissaires des communes à se transporter
au champ de la Réunion pour y prende le faisceau
départemental , l'arche d'alliance et les accompagner jusque
dans le sein de la Convention. Ils entrent dans la salle
X 8
324 Y
Assemblée entiere se leve et reste découverte . Cette arche
et le faisceau sont mis sous la responsabilité des représentans
du peuple .
Séance du lundi 12 août.
On fait lecture de la correspondance. Gossuin éleve des
doutes sur l'activité du ministre de la guerre. Déja , dit-il ,
six puissances coalisies ont envahi une partie des départe
mens du Nord ; déja Condé et Valenciennes sont en leur
pouvoir ; Cambrai est cerné , et elles marchent en ce moment
sur Péronne ...... Le ministre de la guerre n'est qu'un manequin
qui ne fait rien par lui -même il ne prend conseil que
des clubs ; il s'adresse aux Jacobins , et leur dit : Je suis
patriote. Pendant ce tems l'ennemi avance , et le ministre
ne fait rien pour l'arrêter. Gossnin demande que , séance
tenante , le comité de salut public et le conseil exécutif declarent
s'ils peuvent sauver la France , et que le comité dise
franchement ce qu'il peuse de Bouchotte.
―
:
Lacroix appuie la motion de Gossuin , mais il ne croit pas
qu'on doive appeller les ministres dans un moment où les
Occupations sont très-multipliées. Il demande que le comité de
salut public vienne seul , et présente un rapport sur la situation
actuelle des affaires et sur la conduite du ministre de
la guerre. Cette proposition est décrétée ..
-
Julien de Toulouse fait un rapport sur des vexations exercées
par un évêque sur un cure ; il fait décréter généralement
que toutes les destitutions de prêtres ou de curés , prononcées
par les évêques ,,
pour fait de mariage , sont déclarées
nulles ; lesdits prêtres ou curés reprendront leurs fonctions.
On fait lecture d'une lettre de Poulier , commissaire dans
le département des Bouches-du - Rhône , datée d'Avignon le 6
août ; en voici le précis :
•
... Nous ue pouvons profiter de nos succès , si vous ne
secondez nos mesures . Nous avons chassé du département de
Vaucluse les brigands armés qui le dévastaient ; ils n'osent
nous combattre et fuient devant nous comme un troupeau de
laches. Doppel , l'un des chefs des allobroges , avec 50 hommes
a mis hier en déroute leur avant- garde. Nous joignons à cette
lettre un imprimé qui ne laisserait aucun doute sur la trahison
du coutre-aniral Trogost , si nous n'en avions pas d'autres
preuves. Robespierre et icard vous apprendront bientôt que
Brunet est un des plus grands protecteurs des fédéralistes .
Les officiers de la marine à Toulon ont corrompu nos
troupes , et les fout marcher contre nous .
" Les contre-révolutionnaires de Marseille ont fait publier
que le premier qui prononcerait le mot de constitution serait
puni de mort ; cela n'empêche pas que le peuple commence
à murmurer sou vou d'accepter la constitution. Ceux qui
( 325 )
composent l'armée Marseillaise sont , ou des émigrés , ou de
jeunes gens qu'on fait marcher de forcer Ces derniers attendent
selon ce qu'ils écrivent , le moment favorable pour abandonner
leurs bataillons .
" Le peuple de Marselle souffre ; il commence à ouvrir
les уст
eux , et médite les moyens de secouer le joug sous lequel
il gemit. Les assignats au timbre de la Republique perdent
dix pour cent , lorsqu'on les change contre des assignats au
timbre royal. Tous les négocians disent hautement qu'il leur
faut un roi. Ils vont envoyer d'Orléans en Espagne par un
parlementaire . Leur projet en marchant sur Paris était de déli
vrer les prisonniers du Temple , et de proclamer Louis XVII.
Ils n'ont pas encore perdu cette espérance . Bordeaux , Lyon ,
Digne , Nantes , Caeu , avaient le même projet ; et pour être
appuyés par les administrateurs , on devait les perpétuer dans
leurs places. La Montague , les Jacobins devaient périr sous
la guillotine , Buzot , Pétion et Barbaroux étaient les chefs de
cette conjuration qui n'est plus un problême pour nous depuis
la lecture des différentes picces que nous avons interceptées
et que nous ferons passer au comité de sûreté générale .
Cette lettre est renvoyée au comité de salut public.
Barrere s'est présenté à la tribune pour faire le rapport
ordonne dans cette séance , d'abord il fixe l'attention de
l'assemblee sur les forces départementales , levées dans quelques
départemens , et il fait adopter le décret sujvant :
Art. Ier. Toute force armée , dont la levée n'a pas été
autorisée par un decret ou en vertu d'une réquisition des
représentans du peuple , est dissoute. 9
I. Le conseil exécutif est chargé de donner les ordres
les plus prompts pour la dissolution des forces départemen
tales à Perigueux , à Tulles et autres lieux !
,, II . Les chevaux de la force départementales de Périgueux
sont confisqués au profit de la République , et mis à la disposi
tion du ministre. ab C
IV. Tous ceux qui provoqueront une force armée , sont
déclarés fauteurs de contre- révolution , et seront traduits au
tribunal révolutionnaire . 99
942
a
Bartere a fait part de l'opinion particuliere, du comité sur
Bouchote , il reconnaît en lui un républicanisme assuré , une
probité exacte , un homme extrêmement laborieux . Passant
ensuite à la situation de la Républiqne dans le midi , il a
montré , dans la révolte de Lyon , un grand attentat à la
libeites de la nation : " pour réduire cette ville rébelle ,
fallu affaiblir les foes d'une partie de nos frontieres , edy
employer un général edes besoins de la République appellaient
ailleurs.- Ici arrere a donné lecture des lettres qui
sont parvenues au com de salut public : voici ce que les com-
-missaires , près l'armée des Alpes , écrivent du camp de Saint-
Remyle 3 août : Hen³est aucune mesure que nous ne
X 3
( 326 )
t
soyons disposés à prendre pour empêcher la jonction des
Marseillais avec les Lyonnais . Vous connaîtrez leurs intentions
par les propos qu'on leur a entendu tenir ; les habitans
de Marseille , ceux de Lyon , les commissaires de la
Gonvention près l'armée des Pyrennées nous accusent hautement
de vouloir livrer Perpignan anx Espagnols . Les citoyens
de Marseille et de Toulon se sont unis pour faire la contre- révolution.
Dans cette derniere ville , les officiers de marine sont
les principaux instigateurs , les patriotes y sont persécutés ;
quatre représentans du peuple y gemissent exposés à la veugeance
de l'aristocratic . L'armée des rébelles composée de 4
à 5 mille hommes , est à Aix avec une artillerie formidable ;
elle est composée d'émigrés , de mobles et de gros négocians .
Nous avons passé la Durance ; nous occupons les villes d'Arles
, de Tarascon , de Beaucaire , etc. Nous sommes à la
veille d'une affaire . Nos ennemis se grossissent tous les
onrs . 11.32
Un courier venant de Lyon a apporté les dépêches suivantes :
République une et indivisible ; résistance à l'oppression .
Les corps administratifs de la ville de Lyon et les commissaires
des sections de cette ville , à la Convention nationale.. — Lyon,
le 9 août 2
-
62 Citoyens représentans , au moment où nos commissaires
vous donnent la plus grande preuve , de notre attachement å
la République , en vous portant notre acceptation de l'acte
constitution , yous nous traitez en rebelles . Hier , 8 août , les
hostilités ont commencé , et le sang a coulé . Dubois Crancé
nous a envoyé une proclamation , sur laquelle il nous fallait
délibérer dans , l'espace d'une heure . Ce terme n'était pas encore
expiré que notre avant - garde a essuyé une décharge
d'artillerie . On demande à fraterniser quelques - uns de nos
cavaliers s'avancent , on eu fait deux prisonniers . Nous avons
imité leur violence , notre feu a recommencé , et nous avons
repoussé les assaillaus .
" Après les preuves d'attachement à la République que vient
de donner la ville de Lyon , vous voulez nous reduire par la
force . Les emissaires que vous avez envoyé ont outre- passé
lears pouvoirs. Citoyens représentans , rendez justice à Lyon ;
l'effusion du sang suivra nécessairement de voire refus , nous
périrons tous plutôt que de retourner sous le joug de l'anarchie
, sinoilleen sm's
"
t
La lettre des commissaires des asserlées, primaines de Lyon
contient les mêmes faits que la preciente . Elle finit ainsi :
- Pressez la Convention de nous rendre justice ; nous sommes
déterminés à mourir pour résister à l'oppression . Deja le gené
nal: Genest a fait mordre la poussière à 200 anarchistes ; de
( 327 )
notre côté nous n'avons eu que deux blessés , et deux autres
n'ont été faits prisonniers que par trahison .. 19
De la situation de Lyou , Barrere a passé à celle de Bordeaux
. Les fédéralistes , a - t- il dit , n'osent plus y lever la
têje ; mais soyez loin de penser qu'ils aient changé de sentiment.
Les 300,000 piastres qui avaient été employées à la
levée de la force départementale out été réintégrés dans la
caisse du receveur .
A
La derniere lettre que le comité a regu de la Vendée an
uonce un succès de plus.
*
-
Les nouvelles de Brest sont bonnes ; nous avons une armée
navale très bien organisée et très patriote une lettre nous
apprend que si l'escadre anglaise ne se fut pas éloignée , elle
allait être a taquée par l'escadre républicaine .
L'armée du Nord a fait une belle retraite entre Arras et
Douai . L'ennemi a cerné et tourné Cambrai , et il marche sur
Saint- Quentin ; le géneral Honchard vient d'écrire qu'il arrive
au secours de l'armée du Nord avec 30,000 hommes de l'armée
de la Mozelte .
Le département de l'Aisne vient de faire arrêter les ci - devant
nobles , les fils et les femmes d'émigrés , et les fait refluer
dans l'intérieur .
Il y a de la fermentation en Angleterre . On lit dans une
lettre de Hanbourg en date du 2 août : Une pétition de
deux cent mille signataires est présentée au roi ; on lui demande
la paix avec la France et justice des ministres ; on lui
déclare qu'on est prêt à marcher sur Londres ..... ??
Après le rapport de Barrere , les commissaires des assemblees
primaires ont obtenu la parole . Ils ont invité les légis
lateurs à faire un appel au peuple , à faire mettre en état.
d'arrestation tous les gens suspects pour les mener au combat
, au premier rang , suivis des sans - culottes. Soyez terribes
, législateurs , a dit celui qui portait la parole ; point
d'amnistie sauvez la liberté.
7
Plusieurs membres appuyent les commissaires . Les arisocrates
ont été mis hois de la loi , dit Fayau , et aucun d'eux
n'a eu une égratignure : les traîtres restent impunis . 66 —— Ci,
toyens , s'écrie Danton les envoyés du peupie viennent
d'exercer parmi vous initiative de la terreur contre les ennemis
de la Republique ; signalons la vengeance populaire par
le glaive de la loi . Je demaule qu'on mette en état d'arrestation
, non pas comme on l'a fait jusqu'à ce jour , mais réellement
, toutes persones suspectes. Entermons-les , ce sera
nos ôtages . Je demande encore qu'on investissse , par un décret
solemnel , les commissaires des assemblees primaires de la
qualité de représentans du peuple , chargés d'exciter l'énergie
des citoyens , et de les pousser à l'ennemis que de concert
avec les autorités constituées , ils soient chargés de faire l'in
X 4
( 328 )
ventaire des grains , des armes , la requisition des hommes
et que le comité de salut public dirige ce sublime mouvement .
L'auties propositions sont faites . Robespierre demande que
Custines soit jugé sous 24 heures ; que le zele du tribunal
révolutionnaire soit stimulé , et que le glaive de la loî se
promene avec une 1apidité terrible sur la tête des conspirateurs.
Lecointre de Versailles demande que la femme de Louis
Capet soit jugée sous huitaine .
.
Couthon propose de décréter que tous les grains de cette
année se ont sous la main de la nation , à la chaige d'en payer
le prix au taux fixé par la loi .
La Convention decrete les deux propositions faites par
Danton , et renvoie les autres au comite de salut public.
Dans le cours de cette séance plusieurs deputés ont demandé
des couges , d'autres ont offert leurs demissions . L'Assemblée
a passé à l'ordre du jour , motive sur l'existence de la loi ,
qui charge le comité des décrets d'appeiler les suppleans des
députés qui donnent ou qui sont censes avoir donné leur démission,
PARIS, le 15 août 1793.
La fête de l'unité et de l'indivisibilité de la République a
été célébrée avec cette pompe et cette solemnité dignes d'un
peuple libre et républicain . Aucun accident fâcheux n'a troublé
la joie vive et pure qui animait la foule immense des acteurs
et des spectateurs de cette fête mémorable . Le rassemblement
s'est fait au lever de l'aurore sur l'emplacement de la Bastille .
Au milieu de ces décombres s'élevait la fontaine de la régénération
, représentée par la nature portant cette inscription :
Nous sommes tous ses enfans . De ses fécondes mamelles qu'elle
pressait de ses mains jaillissait avec abondance une eau pure
et salutaire. Quatre-vingt- six commissaires des assemblées primaires
, doyens d'âge de cette députation , out bu de cette eau
dans la même coupe.
La marche du cortege s'est dirigée ensuite par le boulevard ,
Les sociétés populaires formaient le premier groupe elles
portaient une banniere sur laquelle était point l'oeil de la surveillance
, pénétrant un épais nuage.
Le second groupe était composé de la Convention nationale ,
chacun de ses membres portait un bouquet formé d'épis de
bled et de différens fruits ; huit d'entre eux portaient sur un
brancard une arche ouverte , destinée à renfermer les tables ,
sur lesquelles seront gravés les droits de l'homme et l'acte
constitutionnel . Les commissaires des assemblées primaires
formaient une chaîne autour de la Convention nationale.
( 329 )
1
Le troisieme groupe était composé par toute la masse respectable
du souverain . Les intéressans éleves de l'institution
des aveugles étaient traînés sur un plateau roulant. Un char
triomphal que formait une simple charrue . conduisait un
Vieillard et sa vicille épouse . Ils étaient traînés par leurs propres
enfans Parmi les attributs de tous ces différens métiers on
lisait ces mots : Voila le service que le peuple infatigable rend d
la société humaine.
Un groupe militaire conduisait en trioniphe un char atteić de
six chevaux blancs. I contenait une une dépositaire des
cendres des héros morts glorieusement pour la patrie ; enfin ,
la marche était fermée par un détachement d'infanterie et de
cavalerie , dans le centre duquel étaient traînés des tombereaux
vêtus de tapis , parsemés de fleurs de lys , chargés des dépouilles
des attributs de la royauté et de la noblesse. Parmi ces som
bereaux , sur les bannieres on lisait ces mots : Peuple ! voila
ce qui a fait toujours le malheur de la société humaine.
P
Sur les débris existans du piedestal de la statue de Louis XV,
à la place de la Révolution , était elevée la statue colossale de
la liberté des chênes touffus formaient autour d'elle une masse
imposante d'ombrage et de verdure . Le feuillage était couvert
des offrandes de tous les Français libres ; rubans tricolors .
bonnets de la liberté , hymes , inscriptions , peintures , tels
sont les emblèmes qui décoraient la déesse : à ses pieds était
un énorme bûcher avec des gradins au pourtour . C'est-là que
dans le plus profond silence ont été offerts en sacrifice espatoire
les attributs de la royauté . Les quatre-vingt-six commis
saires des députés des assemblées primaires , chacun une torche
à la main , se sout empressés à l'envi d'y mettre le feu , et
aussi -tôt après des milliers d'oiseaux rendus à la liberté, portant
à leurs cols de légeres banderoles , ont pris leur vol rapide
dans les airs , et ont porté au ciel le témoignage de la liberté
rendue à la terre .
Le cortège s'est rendu sur la place des invalides . Au milieu
de cette place , sur la cine d'une montagne était representé
par une figure colossale le peuple Français . De ses bras
vigoureux il lie le faisceau départemental . L'ambitieux federalisme
, sortant de son marais fangeux , s'efforce d'en deta
cher quelque portion . Le peuple Français l'apperçoit , prend
sa massue , le frappe et le fait rentrer dans ses eaux croupissantes.
Arrivés au champ de Mars , le président de la Convention
nationale , la Convention nationale , les 86 commissaires des
encoyés des assemblées primaires , les envoyés des assemblees
primaires ont monté les dégrés de l'autel de la patrie . Le
président de la Convention a déposé sur l'autel tous les
acies de recensement des votes des assemblées primaires. Le
vou du peugle Français sur la constitution , a été proclamé
en présence de tous les envoyés du souverain , et jsous la
"
( 330 )
voête du ciel. Le peuple Français a fait le serment de défendre
la constitution jusqu'à la mort , au bruit d'une salve genérale
d'artillerie , et des cris mille fois répétés de vive la Řèpublique
! Le serment fait , les 8 commissaires des assemblées,
primaires ont remis au president de la Convention la portion,
du faisceau qu'ils avaient porté à la main tout le tems de la
marche. Le president s'en est saisi , il les a rassemblees et
lices toutes ensemble avec un ruban tricolor ; puis il a remis
au peuple le taisceau étroitement uni , en lai représentant
qu'il sera invincible , s'il ne se divise pas ; il lui a remis.
aussi l'arche qui renferme la constitution . La cérémonie a
été terminée par des chants , des danses , des baisers et des
banquets fraternels .
fto
3
Le comité de salut public a envoyé sur la frontiere des com
missaires pour faire arrêter les couspirateurs qui lui ont été
denoncés , déja le commandant de Saint - Omer á été mis en
état d'arrestation avec plusieurs personnes suspectes parmi les◄
quels se trouvent quelques Anglais .
Le général Valence , qui avait , après sa désertion , cherché
un asyle en Angleterre , vient de partir pour les Etats- Unis
de l'Amérique . On dit que Dumoutier , qui possede de grands
biens dans ce pays , s'est aussi déterminé à s y retirer.
Bienne , évêque de Sens , l'ex - ministre Joly et son secrétaire
, ont été arrêtés .
Le général Lavalette a été mis en état d'arrestation par ordre
du comité de salut public de la Convention . Le général Arthur
Dillon , détenu aux Madelonnettes , a été ramené chez
lui , où il reste sous la garde d'un gendarme. Les généraux .
Sparre et Alexandre Beauharnais , l'un cominandant de Strasbouget
Fautre chef de l'armée du Rhip , ont écrit aux
commissaires de la Convention , qu'ayant le malheur d'être
ipus d'une caste proscrite , ils se croyaient , en republicains ,
obligés de demander leur démission , pour ôter à leurs coucitoyens
tous les sujets d'inquietude qui pourraient s'élever
Config eux dans ces momens de crise .
On vient d'arrêter le général O Morand , qui commandait
le camp de Cassel ; on l'accuse d'avoir voulu livrer ce camp
à une colonne ennemie dans la nuit du ro au 11 de ce mois.
4
A
La division de l'armée du Rhin commandée par le général
Ferrieres , a demandé aux commissaires de la Convention la
destitution de ce général , qu'elle accuse d'impéritie .
On écrit des frontieres du Nord que la garnison de Va
lenciennes est arrivée à Laon , d'où elle se dispose à partir
419
03310 )
pour la Vendée : celle de Mayence a dû arriver ces jours-cià
Fontainebleau..
Des lettres de Nantes annoncent qu'on a signalé à la hau
teur de 20 leues une flotte anglaise de 24 voiles , suivie de
beaucoup de chaloupes canonnieres propres à exécuter une descente
. I parait certain que cette flotte apporte des sécours
en hommies et des munitions à l'armée des rebelles . L'arrivée
d'une autre flotte anglaise , qui doit paraître dans la Méditerranée
, a été annoncée à Gênes, par trois, frégates de cette nation
. On croit eu général que cette flotte , de 48 voilês , est ?
destinée contre l'isie de Corse.
La flotte portugaise , qui devait joindre à Gibraltar l'escadre
Anglaise aux ordres de l'amiral Cosby , a
a été lorcée , par une
tempête , de rentrer dans le Tage .
"
་
La flotte Espagnole , forte d'environ 25 voiles , croise sur
les côtes de France .
1
La fregate de la République , la Carmagnole , est entréel
daus la rade de Brest , annonçant qu'elle y a été forcée par
les Anglais , qui , au nombre d'environ 29 voiles , sont en
presence des forces navales de la République ; on s'attend , en
conséquence , ' à une action prochaine .
ف ت ت ل ها
abslubo .
NOUVELLES DES ARMÉE S.
9
#
A ARMÉE DU NORD .:
**
A peine Valenciennes a été au pouvoir de l'ennemi , que
les bruits les plus alarmans , les nouvelles les plus exagérées
se sont répandues sur ses progrès dans cette partie de nos
frontieres . Voici ce que les lettres officielles nous apprennent
des derniers événemens militaires et de la situation respective
des armées . Le 8 août , le général Kilmain écrivait au ministre
de la guerre , du camp de Paillencourt , autrement de César i
Hier matin , une colonne enuemie de 22,000 hommes a
tourné , notre position , et dans le même moment tous nos
postes , ont été attaqués . Ils ont soutenu avec intrépidité cette
attaque j'ai été obligé de changer de position . J'ai pris pendant
la nuit celle de la Fontaine - Note- Dame , pour protéger
la retrané . Elle n'était pas tenable , et j'en prends une autre
entre le canalɔde Dquay. et la Gensée . J'étais suivi de Goo
kommes de cavalerie je n'en avais que 2000. Nous avons
chargé trois fois les canentis , nous leur avons co6ochommes
; notre audaçe, les a, dégoûtes , nos forces sont réunies , et
nous sommes entrés dans nos cantondemens . La cavalerie
sest battuenen veritables héros nous laissons Cambray pies
( 332 )
que cerné , mais bien approvisionné ; des convois en grain
sont entrés dans Landrecy , le Quesnoi ; je me charge de Douay
et de Lil'e . L'ennemi a trois fois plus de cavalerie que nous.
Rien ne nous serait plus nécessaire .
" On s'étonnera que nous ayons pu faire une retraite avec
une cavalerie aussi inférieure à celle de l'ennemi , et sans
perdre un seul homme ; car nous n'en avons eu que trois
blessés. " 1 T +
Une lettre du même général , dù quartier-général de Vitry ,
le 9 août , annonce que Cambray , abandonne à ses propres
forces , pour plusieurs mois de vivres , confirme que des
mouvemens de grains se font sur Landrecy et le Quesnoy ,
et apprend que le contingent des départemens se remplit avec
activité.
Une lettre , datée du 10 , annonce que des détachemens de
cavalerie venant des Ardennes ont été surpris. e 3e . regiment
d'hussards s'est fait jour le sabre à la main , et a tué
beaucoup de monde à Venuemi . Le 16. régiment de cavalerie
a été moins heureux , et sa perte est plus considérable .
112 1
Le général Hauchard , nommé commandant en chef des
armées du Nord et des ardennes est arrivé à Vitri il écrit
de ce quartier général , en date du 10 août , qu'il va prendre
connaissance de l'état des choses , et que l'ignorance des officiers
paraît avoir produit de grands maux. Bouchain , Cambray
, Landrecy , Lequesnoi sont bien approvisionnés .
-
Une lettre des administrateurs du département de l'Aisne
confirme la nouvelle du cernement de Cambray , et ajoute
"
les ennemis avancent à grands pas sur Saint - Quentin .
Déja les femmes , les enfans les vieillards du Catelet sont
réfugiés dans cette ville qui offre peu de ressources si elle est
attaquée . L'ennemi voulant pénétrer dans ce département pour
y enlever toutes les moissons qui approvisionnent l'ermée ,
les administrateurs ont sur le champ fait mettre en arrestation
tous les ci- devant nobles , les femmes et enfans des émigrés ,
leshommes inciviques et suspects , et ils demandent un endroit
près Parisi où l'on puisse les envoyer , et les tenir de si près
qu'il ne puissent plus conspirer contre la patrie. On a ordonne
le recensement dans trois jours des hommes et des
armes la formation des compagnies de canonniers , d'exercer
la jeunesse aux évolutions militaires , de disposer les hommes
pour marcher à la premiere réquisition . On a aussi invité le
peuple de l'Aisne à se lever en masse . Un commissaire est
allé à la Fere constater l'état de l'Arsenal , et tenir des voitures
prêtés pour faire refluer sur Laou tout ce que contient cet
établissement , dans le cas où l'ennemi pénétrerait plus avant.
Les dépôts et la garde nationale sont requis de se porier sur
Saint-Quentin ; les armes manquent CLites campagnes TES
!
( 333 )
tiennent encore beaucoup de bras . On va faire rentrer dans
l'intérieur les bestiaux et les moissons ; vingt mille hommes
tires de l'armée de la Moselle sont partis pour aller camper à
Péronne . C'est une troupe d'élite composée en grande partie
de gienadiers . Cette extraction a causé quelques inquiétudes
motivées sur l'approche des troupes prussiennes qui environnaient
Mayence , sur l'arrivée de vingt mille hommes des Pays-
Bas , et sur la considération que l'ennemi a déja des forces
dans le Luxembourg . La société des républicains et des républicaines
de Metz ont pris un arrêté pour demander la rentrée
de ses forces dans l'armée de la Moselle .
Strasbourg vient d'être déclaré en état de siége . Deux représentans
du peuple resteront en permanence dans les murs
de cette ville , et comptant sur le courage et le Républicanisme
de ses habitans , ils ont juré de s'ensevelir sous ses ruines
avec ses généraux , plutôt que de capituler avec les ennemis
de la liberté et de l'égalité . Lille qui paraît aussi mena
cée d'un siège prochain vient de prendre des mesures de
précaution. Tous les ci - devant nobles des deux sexes et leurs
enfans , toutes les personnes qui sont actuellement attachés à
leur service , tous les prêtres qui ne sont ni vicaires , ni cleres
de paroisses , ni aumôniers , seront obligés de sortir tant de
la ville que de toute l'étendue du district de Lille et dê še
retirer à 20 lieues au moins des frontieres .
451
.2.7
On dit que l'hôpital général , établi à Péronne , revient sur
Senlis et les villes voisines.
"} ; !
TJ
Le bruit court en ce moment que le général Houchard a
repoussé les ennemis à trois lieues de Cambrai.d
ARMÉE DE LA MOSELLE.
1
Saar-Libre , le 3 aout . L'armée de la Moselle a repris à peu
près la même position qu'elle avait il y a quelques jours ; elle
occupe Saarbruck , Hornebach et les environs . Quelques partis
ennemis venant du côté de Trêves volligent sur notre frontiere
, mais la bonne disposition de nos troupes leur en impose.
reef subaA
COLONIKE SUSS
2 .
ន u b
Nous avons donné dans notre dernier n° . des nouvelles
peu satisfaisantes de la colonie de St-Domingue , elles étaient
datées du 5; mai dernier. Nous en recevons de meilleures aujourd'hui.
Elles feront connaître la véritable situation de cette
isle au 5 juin dernier. Il résulte de plusieurs lettresonet du
rapport des passagers dignes de foi qui ont quitté la colonie
à cette époque et sont maintenant à Paris á
10. que la colonie de Saint Domingue commençait à
"
(-334 )
e
se remettre des ravages occasionnés par les atteliers révoltés
et que le nombre des brigands était considérablement
diminué ; qu'il est vrai que dans le mois de mars
les révoltés ont surpris une colonne de citoyens qu'ils ont
repousse ; mais que cet échec n'était que le résultat del'ignorance
de l'officier qui commandait , ón celui des intrigues de Santhonax
, Polverel , et Delpech , qui favorisent la révolte autant
qu'il est en eux .
2 °. Que le général Galbau est arrivé au Cap sur la frégate
la Concorde ; que tous les citoyens ont senti le besoin de se
rapprocher, en sorte que ce général est devenu un centre d'activité
autour duquel ils se sont tous reunis ; ce qui fait présager
la cessation des fléaux qui désolent St- Domingue . C'est ainsi
qu'aux Isles - du - Vent tous les colons ,jusqu'alors dis isés se sont
rapproches pour résister à l'ennemi qui descendait sur ses ri
2012
vages .
3°. Que les tremblement de terre qui a eu lieu , le 25 mai ,
à trois heures de l'après-midi , n'a produit d'autre effet au
Cap , que de llezarder trois maisons , dont une seule a besoin
de réparations . La chute de l'urne qui couronne la fontaine
publique de la place d'armes du Cap , a tué une négresse .
Cephenomene , assez frequent dans ces contrées , produit souvent
dans les villes des effets plus désastreux , sans nuire aux
campagnes.
T
4° . Enfin , que si les corsaires Anglais ont pris quelques
bâtimens, Français soit de ceux qui se sont trouves dans des
ass isolées et sans protection , soit de ceux qui fut le cabotage
; ils n'en ont pas inoins respecté le pavillon américain .
Saint -Domingue n'éprouve de disette queelle du vin et
autres approvisionnemens d'Europe , qui ne peuvent lui être
portés par des bâtimens de l'Amérique du Nord .
£21 beings ..
alle
AO TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE.
.989 6. L
André Jonas , ci - devant garde- française , et depuis cavalier
convaincut dans la gendarmerie nationa , âgé de 31 ans ,
d'avoir tenu des propos séditieux et tendans au rétablissemen
de la royauté , a été condamné à la peine de mort.
Pietre Testar, imprimeur du département de la Vendée ; Pierre
-Robertprésident de bureau de conciliation à Fontenay-le-
2 Pouple Pierre- Augustin Queluault , homme de loi ; Louis
Grimoire , ancien officier de cavalerie , étaient accusés d'avoir
Poété membres du comité que les rebelles avaient formé à Fontonay
lors de leur entrée dans cette ville , et d'avoir entretenu
dés relations criminelles avec les ennemis de la République .
( , 335 )
Le tribunal n'ayant aucune preuve des délits qui étaient im
putés aux accusés , les a acquittés de l'acte d'accusation portée
contre eux ; en conséquence , ils ont été rendus à la liberté.
Charles -Joseph Ecuyer , général de division de la gendar
merie nationale , a été condamné à la peine de mort. Il a été
convaincu d'avoir app : ouvé la rebellion et les principes anticiviques
de Dumourier ; d'avoir attenté à la liberté d'un
membre de la Convention nationale , en cherchant par des
moyens perfides à mettre à exécution l'ordre suivant. Il est
ordonné au general l'Ecuyer de s'emparer de la personne du
citoyen Bellegarde , député de la Convention , et de le mener,
à la petite pointe du jour , an quartier general des Baius-der
Saint-Amant ; le 1er avril 1793. Signé , ĎUMOURIER. 99
P. S. Si le général Ferrand s'oppose à cette expédition il
sera respousable ...
3
Le tribunal a entendu la lecture qui lui a été faite parl'accusa
Public de l'acte d'accusation , rédigé contre Carra . -
C'est aujourd'hui que doit commencer le procès de Custines.
Marie - Antoinette n'a pas encore comparue publiquement
devant le tribunal révolutionnaire. zap
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi et du
mercredi:
Du mardi 13. Cette séance n'offre aucuns details bien importans.
€
t
assid , iste
Du mercredi 14. On fait lecture de la lettre suivante :
མཚན་ སྐྱེ JI 21
"Lettre des représentans du peuple près l'armée du Nord , datée
d'Arras , le 11 août 1793 , Dabocamb
de Vous
Citoyens nos collegues , nous nous empressons
faire part que nous nous sommes rendus hier à six heures
du soir à l'armée campée à 3 lieues d'ici , que nous avons
trouvée rangée en bataille . Nous l'avons parcourue d'un bout à
l'autre , et les cris de vivé la République ! se sont fait entendre
de toutes parts ; ensuite le général Houchard a ordonnella
salve d'artillerie , aprés laquelle tous les états - majors , tous
les bataillons d'infanterie , et les régimens de cavalerie , ont
prêté le serment de vivre libres ou de mourir ; de maintenir
l'unité et l'indivisibilité de la République , de soutenir la
( 336 )
constitution républicaine que les Français viennent de se
danner.
La joie et la gaite qui régnait dans l'armée nous assirrent
les heureuses dispositions dans lesquelles elle est de
tenir son serment , et de combattre les satellites des despotes
dont le régime cause le desespoir. Signés , DELBRET ,
COLOMBEL
L'armée des Ardennes a aussi accepté la constitution avec
le plus vif enthousiasme .
Les commissaires près l'armée Mayençaise annoncent que
cette arme est en marche pour se rendre à la Vendée , que
les soldats craignent d'arriver trop tard pour écraser les rebelles.
Ils demandent qu'on lui fasse passer tous les objets
dont elle a besoin . Ils ajoutent qu'ils ont fait lecture de l'acte
constitutionnel au milieu des cris de vive la République qui
Les empêcha ent de se faire entendre dans peu de jours ,
disent ils , l'armée sera à Orléans,
105 $
Julien de Toulouse apprend à la Convention que o vaisseaux
marchands , appartenans à la France , qui étaient dans
les ports de nos colonies , sont rentrés dans les ports de la
République ; qu'ils ont rapporté 6000 matelots qui pourront
Hous servir contre la flotte de Pitt.
Barrere fait décréter que les commissaires des assemblées prímaires
, de retour dans leurs foyers , sont chargés de faire
un appel au peuple , de propager l'esprit de l'unité et de l'in
divisibilité de la République , d'extirper les germes du royalisme
, etc.
Danton s'écrie : « les pouvoirs que vous venez de donner
aux commissaires ne sont pas assez étendus . Il faut qu'au nom
de la Convention nationale, qui'a la foudre populaire entre ses
mains....... applaudissemens. Il faut que les envoyés des
assemblées primaires , là où l'enthousiasme ne produira pas
ce qu'on aura droit d'en attendre , fassent des requisitions
la premiere classe . Je demande que la Convention leur
donne des pouvoirs plus positifs et plus étendus , et
qu'ils puissent faire marcher les citoyens en requisition .
Je demande qu'il soit nommé des commissaires , pris dans
le sein de la Convention pour se concerter avec les délégués
des assemblées primaires , afin d'armer cette force nationale,
´de pourvoir à sa subsistance et de la diriger vers un même
but. 19
Les propositions de Danton sont décrétées au milieu des
applaudissemens.
J:
5.)
21 igs,
( N°. 108. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS .
SAMEDI 24 AGUST , l'an deuxieme de la République. i
VERS
Présentés àfeu M. le duc de Bouillan ( a ) lejour de sa fête , lorsqu'il
était languissant d'une maladie chroniques à laquelle il succomba
environ un an après ; par la duchesse son épouse , âgée de 18 ans.
Non , non , je ne croirai jamais
Que les rêves soient des mensonget ;
C'est bien plutôt d'après nos voeux secrets .
Que le sommeil fait éclorre nos songes.
Cet te nuit transportée aux Cieux ,
J'arrive au moment même où le maitre des dieux ,
Sentant du sombre ennui s'épaissir le nuage
( car jusqu'au ciel l'ennui s'ouvre un passage ),
Par passetems , des charges de sa cour
Ordonnait un nouveau partage.
Soit caprice , soit badinage
Ou peut- être esperant me jouer quelque tour
Tel qu'il en fit par fois à mes pareilles ,
Il me fait avancer dans le sacré pourpris ,
J
Et m'honorant de son divin souris ,
M'abandonne le choix de ses rares merveilles .
Aussi -tôt on présente à mes yeux éblouis
La brillante écharpe d'Iris ,
Le char radieux de l'aurore ,
Et d'Hébé le frais coloris ,
Une place auprès de Cypris ,
Et les dons séduisans de Flore ,
Et les talens de Terpsicore.
1
Tout m'est offert , et tout est rejetté.
Hé quel est donc ce dédain affecté ?
Dit Jupiter presqu'en colere.
Quoi ! dans ce séjour si vanté
( 1 ) Ee duc de Bouillon était prince souverain.
Tome IV.
ཀ་
Y
: I
#T
338 1
L'on n'aura rien qui puisse plaire
A cette orgueilleuse beauté !
Le trait est neuf en vérité.
Mais il ne tarda pas à percer le mystere ,
En voyant les transports de mon coeur enchanté ,
Dès qu'il fut parle de me faire
La déesse de la santé ( 1 ).
CHARA DE.
Iz suis fleur , et ma tête , ami , vit de ma queue .
J₂
ENIGM E.
E suis un vrai sultan , au milieu de ma cour.
Toujours un menu peuple autour de moi criaille .
Mes sujets sont de plume , et mon trône est de paille
Et je suis toutefois, le prophête du jour .
TANT
LOGO GRIP HE.
ANT pis pour toi , lecteur , si tu connais ma mere ,
Etique , laide en diable , on la prend pour Mégére.
Elle répugne au sage , et ne plaît qu'aux méchans.
La ruse et les détours lui servent d'agrémens .
A ce portrait , lecteur , que dis-tu de mon être ?
Crois - moi , suis -je chez toi , vite par la fenêtre ;"
Malgré mes six grands pieds fais- moi faire le saut.
En me décomposant ( pour me voir il le faut )
Tu trouveras d'abord ce dont jouit le sage ;
Cet instrument de fer qui sert au labourage ;
Une piece d'échecs qu'on nomme aujourd'hui tour ;
Le nom d'un vieux roman qui par un malin tour
Jadis à Clopinel fit baisser la calotte ;
L'attribut d'Euphrosine ; et la seconde note ;
Et ce qu'en me lisant , ami , tu ne lis pas .
Tu me connais , lecteur , au revoir : je m'en vas .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 105.
Le mot de la Charade est Detour ; celui de l'Enigme est Apothicaire
celui du Logogriphe est Étoile ; où l'on trouve toile , étolé , toi .
(1 ) Ces vers sont faciles , agréables , l'idée en est ingénieuse , et il
n'y a pas une trace de mauvais goût. Ces considérations , et l'âge , et
le sexe de l'auteur ont engagé à les imprimer , quoiqu'adiessés à un
prince, y
( 339 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
le
Description du Pégu et de l'Isle de Ceylan , renfermant des détails
exacts et neufs sur le climat , les productions , le commerce ,
gouvernement , les moeurs et les usages de ces contrée.. Par
W. Hunter , Chr. Wolf et Eschelskron ; traduite de l'anglais et
de l'allemand par K. H. in - 8 ° . A Paris , chez Maradan ,
libraire , rue du Cimetiere Saint-Andre- des - Arcs , nº. 9 .
C E volume est composé de trois morceaux qui sont de trois
différentes mains : une description du Pégu par Hunter ; une de
Ceylan , par Wolf ; une autre enfin de cette même isle par Eschelskron
, qui peut servir de supplément à la premiere .
Le Pégu est un assez grand royaume situé à l'extrémité
de l'Inde , dans la partie orientale de la baye du Bengale ; il
confine a Siam par le sud- est , et il touche par le nord à une
chaine de montagnes voisines de la Chine. Il a éte jusqu'ici
peu fréquenté des Européens , et a par conséquent conservé
son indépendance , si l'on peut se servir de ce mot en parlant
d'un peuple esclave comme tous les peuples de l'Inde , excepté
les Marattes ; mais du moins les Péguans , asservis au despotisme
de leurs rois et de leurs prêtres , se sont préserves
jusqu'ici du despotisme encore plus dur de l'avarice européenne
, et c'est toujours un fléau de moins .
CES
la
On ne peut même dire que l'empire du Pégu soit indépendant
, qu'en le confondant avec les peuples d'ava , ies
Birmahs , qui en ont fait la conquête et s'y sont établis en
maîtres , comme les Tartares orientaux à la Chine . Les Péguans
et les birmahs , ainsi réunis , forment aujourd'hui une
nation puissante et belliqueuse , dans un beau climat et sur
un sol fertile , très - capable de tenter l'avidite usurpatice des
nations commerçantes de l'Europe , s'ils ne prenaient les precautions
les plus rigoureuses pour écarter et dego aer
dangereux étrangers . L'auteur de cette nouvelle relation , l'anglais
Hunter , envoyé en 1782 du Bengale au Garnate , par
compagnie des Indes , ne visita que malgré lui les côtes du Pegu ,
où il fut jetté par la tempête ; le vaisseau qui le portait ay t
été désemparé , fut obligé de remonter le fleuve Syriam jusqu'à
Rangoun , capitale du pays. Voici ce qu'il rapporte de accueil
que les Peguans font aux navires d'Europe qui abordent
chez eux : A peine a-t-on mouille qu'il faut amener à tene ,
" les canons et le gouvernail . On ne les rend point avant .
" que toutes les affaires soient terminées et qu'on ait accordé .
,, la permission de mettre à la voile . Souvent l'autorité d'une
seule persone mal intentionnée fait naitre des cultés ,
1 Y 2
( 340 )
et n étranger se voit retenu bien plus de tems qu'il ne
, lui en faut pour terminer toutes ses affaires . Il doit en outrẻ
se résigner à recevoir toute sorte d'insultes personnelles ,
,, sans en avoir jamais raison . "
L'auteur Anglais avoue assez franchement que cette conduite
est justifiée par la défiance et même par l'espece d'hor
reur que doit inspirer le nom européen dans ces immenses
contrées de la Ligne et des Tropiques , où ils ont porte la
tyrannie , la dévastation et le brigandage , après s'y étre présentés
comme des hôtes et des amis . C'est un aveu que fait
Fauteur , comme philosophe Cosmopolite dit - il ) ; mais comme
membre d'une compagnie commerçante , et sur- tout comme Anglais
, il exhorte ses compatriotes à ne pas se rebuter des
difficultés , et pense qu'il y aurait des moyens de rassurer et
d'apprivoiser les Birmahs , et d'obtenir l'entrée d'un pays
dont le commerce procurerait de grands avantages à la compagnie
du Bengale . On ne peut douter que si les vues de
Hunter sont justes sur ce point , l'ambition commerciale, des
Anglais , qui a tant d'activité et de ressources , ne se fraie
cette nouvelle route. On sait qu'en ce même moment ellè
s'efforce d'en ouvrir une bien plus importante encore , celle
de ce vaste empire de la Chine , fermé depuis 1720 , par la
sagesse d'Yongiching , à tous les Européens sans exception ,
si ce n'est à la rade et dans le port de Kanton . L'infatigable
patience des Anglais a obtenu la permission d'envoyer une
ambassade solemnelle à la cour impériale de Pekin , et cette
ambassade vient de partir avec une pompe et une magnificence
de présens qui annonce de grandes espérances . S'ils
obtiennent des établissemens et des comptoirs sur les côtes
de la Chine , ce voisinage pourrait être beaucoup plus dangereux
pour les Chinois , que la caravanne russe qui va tous
les ans commercer à Kiacia , près de la grande muraille , aux
frontieres septentrionales du Katay , et qui ayant à parcourir
des longs déserts , ne peut jamais être à craindre .
n
Le Pegu produit de l'or , des grains , de l'étain , de la cire ,
du nitre , de l'arec , du cachou , etc .; mais le principal objet,
du commerce d'exportation , c'est le bois de constructio
appellé tech , qui passe pour être moins corruptible à l'eau
que tous les autres bois dont on fait des navires . Cependant
les Anglais de Bombay assurent que les bois qu'ils tirent
des montagnes de Balagate , sont encore préférables pour la
solidité au tech du Pégu .
La relation de Ceylan commence par un assez long récit
des aventures de l'auteur , l'Allemand Wolf , fils d'un marchand
de la derniere classe , et qui , parti à 15 ans de la maisón
paternelle , avec deux chemises , une paire de bas , une
paire de culottes de grosse toile et six groschens , après avoir
fait toute sorte de métiers et essuyé toute sorte de traverses
de dangers et de besoins , finit par être secretaire d'état des
( 841 )
Provinces-Unies à Jaffanapatnam , l'un des principaux établis
semens hollandais dans l'isle de Ceylan . On ne lit pas sans
quelqu'intérêt le détail des diverses destinées du jeune voya,
geur , qui écrit avec une extrême simplicité , et se regarde
comme un enfant de la Providence . On voit que l'éducation
de cet enfant fat aussi laborieuse et aussi dure qu'il est pos
sible , et qu'il acheta bien cher la fortune qu'il fit dans l'an
cienne Taprobane . Personne n'ignore que le commerce.exclusif
de la canelle qui croît dans cette isle , où elle est meilleure
que dans aucune autre contrée du globe , est une source de
richesses pour la compagnie hollandaise : cette plante n'exige
presqu'aucuns frais de culture , et se vend fort cher. Ce n'est
autre chose que l'écorce du cauelier. La compagnie possede
trente bois remplis de ces arbres précieux , et le roi de Candi ,
très humble vassal des Hollandais qui sont maîtres de toutes
les côtes par les forteresses qu'ils y ont élevées , est encore
oblige de leur envoyer l'écorce de tous les caneliers qui croissent
dans les pays de l'intérieur qu'on a bien voulu lui laisser . I
essaie de tems en tems de secouer le joug ; mais toujours trèsinutilement
, et chaque tentative lui coûte de nouveaux trie
buts . Indépendamment de la supériorité des armes européennes
, les Hollandais ont encore un moyen particulier de
le réduire . Ils ont à leur disposition toutes les salines du pays ,
et quand ils sont mécontens du roi de Candi , ils ne lui donnent
pas un grain de sel . On doit concevoir que la privation d'une
denrée si nécessaire , sur-tout dans les pays chauds , est un
fléau qu'on ne peut supporter long- temps . Dans les sables brû
lans de l'Afrique , l'usage du sel est tellement indispensable ,
que les peuples de l'intérieur qui viennent à de certaines
époques commercer avec ceux des rivieres et des côtes ,
échangent l'or qu'ils ont en abondance contre le sel qui leur
manque , et l'échangent en quantité presqu'égale on voit
souvent donner une poignée de paillettes d'or pour une
poignée de sel tant la premiere mesure de toutes les valeurs
est le besoin .
par
Nous avions déja plusieurs descriptions de cette isle par
des voyageurs renommés , entr'autres le baron de Lahontan
ainsi l'on doit s'attendre à retrouver ici bien des choses que
l'on a vues ailleurs , sur les moeurs , les usages et les produce
tions du pays . Il y a pourtant ici des détails nouveaux , particulierement
sur les Hollandais , et sur le pouvoir absolu qu'ils
exercent dans l'isle depuis qu'ils en ont chassé les premiers
possesseurs , les Portugais . Mais il ne faut pas s'attendre
non plus qu'un secrétaire d'état de Hollande nous révele ce
qu'il y aurait de plus important à connaître , c'est- à - dire les
secrets de l'administration commerciale : ils sont toujours pre
les mains d'un très - petit nombre d'hommes intésessis à la
discrétion , et toutes les compagnies de l'Inde observent scrn
puleusement le même silence. L'auteur même déclare en pus
Y 3
( 342 )
1
d'un endroit qu'il ne dira pas ce qu'il sait sur tel du tel article ¿
d'où l'on peut inferer qu'il se tait de même sur beat up
d'aut es. Il s'etend davantage sur les naturels du pays , les
Chingulais il resulte de ce qu'il en dit que dans leur gou
vernement et dans leurs lais il y a genéralement plus de douceur
et de raison que dans la plupart des contrées soumises
au despotisme oriental . 11 distingue des Chingulais les Malabares
, habitans de Jaffanapatiram , qui sont originair de
cette partie du continent de l'inde appellée Malabar , et sont
venus autrefois s'établir à Ceylan , dans le temps où les Portugais
ravagerent les côtés de l'Inde . Ces Malabares , qui sont
aujourd'hui sous la domination hollandaise different des Chingulais
par le langage comme par les moeurs. Ils sont partagés
en diffe
rentes castes , suivant la coutume générale des nations
indiennes , et ces castes ne se confondent jamais . L'auteur
quoiqu'il ne soit pas malin , s'égaie un peu sur la noblesse malabare
, dont il prétend que l'orgueil est insupportable ; et l'on
peut le drove aisément ; car l'orgueil est toujours en raison
de l'igno auce. " L'origine de cette noblesse ne remonte qu'à
l'époque de la conquête de Ceylan par les Portugais qui
eurent recours à cette invention pour en tirer de l'argent.
Ils persuaderent aux Malabares qu'il ne convenait pas qu'on
tût chef ou inspecteur sans quelque distinction particuliere
et que tout baillif de village devait être ennobli . Le bon Ma-
, labare demanda combien coûteraient des lettres de noblesse ,
5 et quand il sut qu'on pouvait se les procurer moyennant
99 cent florins , il épuisa sa bourse pour obtenir cet honneur ,
et voici de quelle maniere on le lui conferait . Le gouverneur
prenait une petite plaque sur laquelle le nom du Malas
bare qui voulait être ennobli était gravé avec le titre de
don il le lait - sur le front du récipiendaire qui se tenait
à genoux pendant toute la cérémonie ; enfin , lui mettant
99 la main sur l'épaule , il lui disait avec gravité : Don tu es ,
95 Dox tu vivraset Don tu mourras, Le nouvel ennobli s'en
9 allait très- content . Peu de tems après i venait demander à
9 être etabli chef de son village , et pour obtenir cette autre
::
dignite il fallait encore financer. Cette invention fut très-
99 lucrative aux Portugais ; car à peine un Malabare avait- il
amassé la somme necessaire qu'il venait se faire ennoblin
Les Hollandais ont bien gâté le métier ; car ils ont donné
1 le titre de Don pour 60 , 50 , 25 , et enfin, 10 florins. ,, II
faut avouer que cela n'est pas cher , et pourtant c'était encore
trop payé.
On voit parmi nous des paysans qui s'amusent à porter
des conlenvies dans leur chemise ; ils savent que ce reptile
n'est point dangereux . Les Chingulais sont plus hardis ; ils
font des serpens ce que, nous faisons des ours ils les font
-dansersan son du tambour de basque. Ces sortes de charia,
tans , nommes' chasseurs de viperes , des promeneut pour gagner
!
( 343 )
sortent
leur vie. Le maître chante en frappant sur son tambouri
9 alors ces animaux , au nombre de dix ou douze ,
" de leurs cellules , se levent droits sur leur queue , qui roulée
99 à terre leur sert de point d'appui ; en même tems ouvrant
leur cabel ( espece de chaperon qu'ils portent sur la tête ) ,
, ils font différens mouvemens avec leurs corps . Le conducteur
danse au milieu d'eux , comine un maître à danser avec
" ses écoliers , faisant des révérences et des sauts , prenant
, tantôt l'un , tautôt l'atre , et mettant leur tête dans sa
bouche , etc.
:
que
les ser-
2
Si Rameau eût vu ce spectacle , il se serait écrié
pens aimaient la musique , quoi qu'on en ait voulu dire . Il faut
pourtant supposer que ces chasseurs de viperes connaissent et
emploient la méthode usitée dans l'Orient d'ôter à ces reptiles
tout ce qu'ils ont de redoutable , en faisant sortir leur venin
placé entre les dents et les gencives . Au reste , il y a bien
peu d'animaux , même parmi les plus féroces et les plus forts
qui ne s'accoutument à obéir plus ou moins à l'homme qui
les a élevés et qui les nourrit : c'est l'empire naturel de la
raison sur l'instinct , et le produit de l'habitude . On voit sou
vent un enfant conduire un lion et s'en faire craindre , et l'on
sait que dans l'Inde les enfans même savent gouverner les
éléphans . Cette masse énorme , dont l'intelligence approche le
plus de celle de l'homme , et qui semble entendre son langage ,
est sous ce rapport une des merveilles que les philosophes
naturalistes ont pris plaisir à observer , et dont les voyageurs
nous ont le plus entretenus c'est aussi l'animal sur lequel le
voyageur allemand a rassemblé le plus de notions . Il décrit
très-exactement les diverses méthodes dont on se sert pour le
prende et pour l'apprivoiser , et toutes sont plus ou moins
ingénieuses . On connaît bien des traits de la douceur , de la
docilité et de la bonté serviable et adroite de ce colosse animé
que la nature a fait si formidable , et que nous avons rendu
si utile . Mais s'il est prodigue de ses services quand on le traite
bien , il est terrible dans ses ressentimens quand on l'offense :
c'est vraiment une sorte de puissance alliée de l'homme , que
celui- ci doit ménager. Voici deux exemples que l'auteur rapporte
comme témoin oculaire , et qui peuvent faire voir ce que
l'on doit attendre de l'éléphant , et ce qu'on en doit craindre.
J'étais présent quand le Vidan on inspecteur des éléphans
" reçut , suivant l'usage annuel , ordre du gouverneur , d'aller
, avec ses gens et ses éléphaus recruteurs chercher ceux qu'on
venait de prendre , pour les conduire dans leurs écuriest
L'ordre était précis de prendre toutes les précautions pos
" sibles pour amener la troupe entiere et en bon état . En conséquence
le Vidan , ayant assuré sa prise , les ramena . Mais
en route un d'entr eux fut chassé par les tres et devina
X 4
( 344 )
an rankedor ( 1 ). Aussi- tôt l'inspecteur détaché le meilleur
de ses éléphans approvoisés qu'il appellait schilli ( mignon)
* en lui disant : va tirer de peine un honnête homme et
19 tâche de ramener le fugitif. Schilli ( c'etait une femelle }
a párt , et le cunkedor la suit , loin du reste du troupeau :
on les perd de vue . Le soir , on arrive à un fort où on
passe la nuit . Le lendemain le commandant du fort qui
était Allemand , attend que le Vidan continue son voyage .
Gelui- ci s'arrête et demande qu'on prépare de la nour
riture pour les éléphans , parce qu'il veut attendre son
,, Schilli . Le commandant instruit du fait rit de la simplicité
du pauvre Vidan , qui insiste pour rester jusqu'au lende-
55 main . Là nuit , Schilli revint avec sa proie. Le lendemain
i on les attache ensemble sans la moindre opposition de la
5 , párt du måle , et tout artiva sain et sauf au bout de trois
1 jours à sa destination ....
4.
5 Un paysan qui demeurait près d'un endroit où l'on me
19 nait boire tous les jours quelques éléphans , qui pendant qu'ils
5 passaient se trouvait toujours assis à la porte de sa hutte ,
5 avait pris une prédilection particulière pour un de ces aniɔɔ
maux , et lui donnait de tems en tems quelques feuilles
și de figuier , nourriture que l'éléphant aime de préférence
, et que celui - ci mangeait dans sa main , à la grande satisfac .
tion du paysan . Un jour il s'avisa de vouloir attraper son
4 vieil ami ; il enveloppa une pierre de feuille de figuier , et
, dit au kornac : Je vais regaler ton éléphant d'un mets
, qui , j'en reponds , ne lui sortira pás si- tôt de l'estomac . Il
99 n'est pas assez sot pour l'avaler , répondit le kornac . Il est
5 plus avisé que vous ne pensez . Le rustre entêté persista
5 dans sa fantaisie , et offrit la pierre à l'éléphant qui a prit ,
59 le porta à sa bouche avec sa trompe , et la laissa tomber.
Eh bien s'ecria le kornác , né vous avais -je pas dit qu'il
3 , ne l'avalerait pas ? Après ce peu de mots , il amena son
3 troupeau pour boire et se baigner , et le ramena aussi - tôt .
i , Le paysan était encore à la même place : dans l'instant , et
, presqu'aussi vite que la pensée , l'éléphant sort du chemin ,
, enveloppe son homme avec sa trompe , le traîne après lui ,
le renverse , et d'un coup de ses défenses lui fait sortir les
i entraillés du corps .
7 (1) Les éléphans , soit dans l'état sauvage , soit dans cèlui đe
domesticité , s'apparient de maniere que chaque mâle se fait suivre
par sa femelle . Quand un mâle n'en trouve pas , les autres le chassent
du troupeau , et il devient runkeder , c'est - à - dire errant jusqu'à ce
qu'il ait trouvé une femelle .
?
(.
( 345 )
en vers ,
SPECTACLE S.
THÉATRE DE LA NATION.
et les remon-
Pamela , ou la Vertu récompensée , comédie en cinq actes.
est une imitation de la Pamela nubile , de Goldoni .
Milord Bonfil , passionnément amoureux de sa servaute
Paméla , après avoir vainement tenté de la séduire , veut
pour s'en distraire , tantôt la mettre au service de sa SALE
Myladi Davers , tantôt la marier , et tantôt la renvoyer à ses
parens . Enfin , malgré les reproches de sa soeur
trances du lord Arthur son ami , il est décide à l'épouser luimême
, lorsque le bonhomme Andrews , pere de Pamela ,
tombe à ses pieds , et lui découvre qu'il est le comte Oxpen ,
un des chefs des montagnards Ecossais dont la tête est proscrite.
Milord Bonfil est presque fâché de ne pouvoir faite à Pamela
le sacrifice des préjugés , en lui donnant la main cependant
il se trouve que le peré du lord Arthur avait obtenu la grace
du comte Oxpen . Cette circonstance met le comble au bonheur
de mylord et de Pamela , dont le mariage se trouve
très - bien assorti .
:
Le fond ressemble , comme on le voit , à celui de Nanine ,
par la raison que Voltaire avait , ainsi que Goldoni , puisé son,
sujet dans le roman de Paméla , par Richardson ; mais ni l'au
teur anglais , ni Voltaire , n'a fait sou heroïne fille d'un comte
tous deux ont senti que c'était manquer le but moral de leur
ouvrage , qui était de combattre le préjugé de la naissance.
Voltaire s'en est tiré en homme habile ; car de son tems il
eût peut- être risqué son succès , s'il n'eût composé en quel
que sorte avec la faiblesse de ceux à qui la leçon était destnée.
Il a fait sa Nanine fille d'un vieux soldat , dont le métier
était alors bien moins honoré qu'honorable . Son comte d'Olban ,
très-grand seigneur , immolait toujours un sot préjugé à la raison
et à son bonheur ; mais dans la piece italienne , milord
Bonfil épouse son égale ; et si la vertu est récompensée , ce n'est
point par lui ; c'est par le eiel même , par une espece de
miracle..
Tous les rôles , dans la piece nouvelle , sont bien faits et
bien soutenus à l'exception peut être de celui de Miladi
Davers , dans lequel on ne trouve point ces développemens
d'orgueil de qualité qui plaisent tant dans le roman anglais et
dans la piece italienne , et qui font un contraste si piquant
avec la candeur et la modestie de Paméla . Ce rôle a fourni
à Voltaire celui de la baronue . Le vieil intendant Locmana
ressemble beaucoup à Blaise de Nanine ; mais deux persoa
nages qui répandent du comique et ajoutent à l'intérêt , ce
( 546 )
sont le lord Arthur , homme à demi- raisonnable qui se soumet
aux piéjugés , tout en les blamant , et un sir Arnold ,
neveu de milord Bonfil , jeune voyageur qui ne rapporte
dans sa patrie que les travers des pays qu'il a parcourus.
9 On reconnaît , pour le fonds des scenes la maniere si
naturelle et si vraie de l'auteur du Bourru bienfaisant ; et dire
que ceue piece est écrite par François de Neufchâteau , c'est
dire , pour ceux qui connaissent les ouvrages de ce poète ,
qu'elle est du style le plus pur et le plus élégant. Elle a cu
beaucoup de succès .
ANNONCES.
Voyages de M. P. S. Pallas , en différentes provinces de l'empite
de Russie et dans l'Asie septentrionale , contenant des
9
?
observations exactes , des faits intéressans et curieux sur l'histoire
naturelle , les minéraux , la botanique , la physique
l'astronomie , et tout ce qui concerne les moeurs les usages ,
les religions , les cultes , les langues , les traditions , les monumens
et antiquités , etc. traduit de l'allemand par Gauthier
de la Peyronnie , commis des affaires étrangeres , six volumes
in-4° . , dont un de planches , où se trouve la carte générale
de l'empire de Russie d'après la nouvelle division de cet
empire en 42 gouvernemens ; prix , broché en carton , 150 l . ,
les tomes III , IV et V. , avec le volume de figures go liv. , .
les mêmes tomes III , IV et V , papier fin , fig . 120 liv . On
pourra se procurer l'exemplaire complet on les volumes de
suite francs de port dans tous les departemens , en ajoutant
au prix de l'ouvrage 20 sols par volume . A Paris , chez Maradan
, libraire , rue du Cimetiere - Saint- André- des - Arcs , nó . 9.
Nola . On prévient que les trois derniers volumes ont été
imprimés à un moindre nombre que les deux premiers .
Mémoires historiques et politiques sur la révolution de la Belgique
et du pays de Liège en 1793 ; par Publicola Chaussard ,
homme de lettres , envoyé dans ces contrées en qualité de
commissaire national par le conseil exécutif provisoire de
la République Française , in- 8°. A Paris , chez Buisson , imprimeur-
libraire , rue Hautefeuille , nº , 20 .
Fabius , tragédie lyrique en trois actes , dédiée à l'académie
de musique , et représentée pour la premiere fois sur son
théâtre le vendredi 9 août 1793 ; prix 30 sols . A Paris , de
l'imprimerie de l'Académie de musique , rue de Cléry , n ° . 97-
( On en trouve des exemplaires à la salle de l'Opéra. )
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE.
De Hambourg , le 5 août 1793.
LA Porte Ottomane ouvre enfin les yeux , quoiqu'un peu
tard , sur les projets de la Russie , dont l'inquiette ambition
vise plus évidemment que ne le fit jamais Louis XIV à la
monarchie universelle , reprochée si amèrement à ce prince ,
dont le despotisme opéra quelques grandes choses , en faveur
desquelles ses sujets éblouis et ses ennemis effrayés lui donnerent
le nom de Grand , qu'une postérité plus éclairée et plus
juste a démenti depuis , et qu'enfin une race d'hommes plus
Libres vient de proscrire avec la royauté , de même qu'un jour
les arriere - petits fils de ces Russes , aveugles instrumens de
l'ambition de Catherine II , maudiront un nom auquel ils
prodiguent en ce moment tant d'hommages .
-
On mande de Constantinople , en date du 1er juillet , que
l'envoyé de Russie , M. de Guastow , s'est donné toutes sortes
de mouvemens pour obtenir du divan le passage d'une frégate
russe de 34 canons , sous l'apparence d'un navire marchand
; mais il n'a pu l'obtenir ; on lui a opposé à cet égard
le sens clair et l'esprit des traités . Une chose contribue
sans doute encore au peu de complaisance de la Porte en cette
occasion ; c'est ce second partage de la Pologne exécuté sous
ses yeux , et qui lui prouve que la Russie ne manquerait pas
d'abuser des facilités qu'on pourrait accorder sans danger à
une autre puissance plus juste , ou du moins plus modérée . ,
On sait en ellet que le divan ne voit qu'avec une jalousie
bien fondee deux de ses plus grands ennemis s'enrichir des
dépouilles de la Pologne , et menacer les possessions européennes
du graud-seigneur. D'autres nouvelles de Smyrne.
disent qu'on est parvenu à appaiser le tumulte qui a eu lieu
entre les Anglais et les Français ; elles ajoutent , et c'est sûrement
un mal- entendu , que 4 fregates françaises se sont avancées
jusqu'à la rade de ceue ville , et que le grand amiral craignant
de voir troubler la neutralité a envoyé , pour la faire respecter ,
un vaisseau de guerre et deux frégates qui doivent être incessammeni
suivis du reste de la flotte . Ceci semblerait démentir
ce qu'on sait pertinemment d'ailleurs , que les dispositions de
la Porte commencent à être plus favorables pour la France ,
qui réussira probablement à lui faire reconnaître avant peu
nouveau gouvernement. On imagine que les Français
n'auront pas la mal- adresse de gâter leurs affaires , en voulant
son
-
X ( 348 )
tirer vengeance à Smyrne même des insultes de la nation Anglaise
. C'est à Londres , c'est dans les villes stadthoudériennes
de la Hollande , c'est sur - tout dans l'Inde , aidés de Tippo-
Saib qui ne demande pas mieux , qu'ils doivent demander
raison à leurs ambitieux voisins de, leurs griefs et les en punir.
Quand on a la politique de Carthage et sa mauvaise foi ,
l'on doit s'attendre à son sort , et le fer de la liberté finira
par conquérir l'or du commerce , dont Fesprit servile ou du
moins insouciant avilit les nations .
Si les menées astucieuses de Catherine II échouent auprès de
Ja Porte qu'elle n'osé en ce moment attaquer de vive force , elles
ont un plein succès en Pologne , où des nationaux corrompus®
et des étrangers armés sont prêts à les appuyer par la violence .
Le nouveau traité de partage avec la Russie a été signé le 22 ,
jour de l'anniversaire de la naissance de la petite fille de l'impératrice
de Russie ; la dicte s'est laissée entraîner à l'exemple
et aux conseils du roi . Après avoir épuisé toutes les petites
ruses de la faiblesse qui veut se donner un air de courage
après avoir employé les petites mesures , les petits moyens
dilatoires , il n'a pu tenir contre les menaces faites dans une
note officielle lue publiquement à la diete , le 16 , par l'ambassadeur
de Russie , et dans laquelle celui - ci déclarait que si
dans la journée du lendemain la diete ne donnait point à la
délégation un plein pouvoir pour signer le traité de partage
avec la Russie , il enverrait aussi- tôt des troupes pour séquestrer
et même confisquer les biens de tous les nonces opposans
et les domaines du roi . En conséquence , après la plus
vive opposition de la majorité de la diete , le roi prononça
dans la séance du 17 un long discours , dans lequel il déclara
que cent mille soldats étrangers entouraient le lieu des délibérations
nationales , qu'aucun député ne pouvait sortir de la
chambre , et que sous cette oppression il ne restait plus qu'a
mourir ou à se soumettre . Cependant il conseilla prudemment
de prendre le second parti , attendu que le premier ne présentait .
aucun avantage pour le pays , etc. D'après cette invitation ,
projet d'autorisation pour la délégation présentée par M. Labarzeusski
, nonce de Czernicchow , passa à la majorité de 69
voix contre 20. Il n'y eut que 5 votans au sénat .
le
Voici le précis du traité signé et passé entre la délégation
de la diete et M. Siewers , ambassadeur de Russie.
Il est dit dans l'avant- propos que l'impératrice de Russie
a acquis des droits incontestables à la reconnaissance des Polonais
, et à des indemnités de leur part , pour les sacrifices
et les dépenses qu'elle avait faits , afin d'anéantir la révolution
du 3 mai 1791 , les troubles qui en avaient été la suite ,
et les dangers que courait la tranquilité et la sûreté des états
voisins . Qu'en consequence , elle s'était arrangée avec les puissances
limitrophes , et que la note présentée le 9 juin aux
états assemblés à Grodno , par l'ambassadeur de Russie et par
( 349 )
l'envoyé de Prusse , avait été l'effet de ces arrangemens . Que
le roi , d'accord avec son conseil permanent , ayant convoqué
la diete confédérée , pour répondre aux desirs des cours de
Pétersbourg et de Berlin ; et cette diete ayant décidé qu'elle
entrerait en négociations amicales avec chacune desdites cours ,
l'impératrice avait nommé M. Siewers pour son plénipotentiaire
, et le roi , conjointement avec la diete , avaient nom
mé une délégation pour le même objet ; qu'ainsi , les deux
partics contractantes s'étaient accordées sur les articles suivans
:
1º. Il y aura dorénavant paix et amitié constante entre les
deux pays et leurs souverains ; oubli du passe , anéantisseraent
de tout gerne de discorde pour Favenir.
2º. Assignation des limites entre la Russie et la Pologne ;
cession absolue par le roi et les états de Pologne à l'impératrice
, de tout le pays compris derriere la ligne de démar
cation depuis Drujia jusqu'à Jahorlik ; promesse de n'avoir
jamais aucune prétentien directe ni indirecte à ces pays .
3. Le roi et les états de Pologne , non - seulement promettent
de n'avoir aucune prétention aux pays susdits , ni à ceux que
la Russie possédait auparavant , mais en eutre ils garantissent
à la Russie la possession de toutes les contrées que l'impéra
trice a sous sa domination actuelle en Europe .
4° . L'impératrice , en revanche et en preuve de son amitié ,
renonce , en son nom et en celui de ses successeurs , à toutes
prétentions sur le reste du territoire polonais ; elle garantit au
contraire à la Pologne l'intégrité du pays que celle - ci possede
actuellement , comme aussi tous les droits de souveraineté sur
ce pays .
I
50. L'impératrice promet de ne point s'opposer a aucun
changement dans la forme du gouvernement qui serait desire
par toute la nation , énoncé clairement par ses députés , ˇet
statué par le roi d'accord avec la diete . Pour ne laisser aucun
doute sur ses intentions , l'impératrice promet , non- seulement
de reconnaître la constitution que se donnera ainsi la nation
mais même d'y accorder sa garantie si elle en était requise .
6º . Promesse mutuelle de faciliter les rapports commerciaux
entre les deux nations ; tout ce qui sera arrangé là- dessus séparément
aura la même force que le présent traité .
7º. Obligation réciproque de nommer sans délai des commissaires
pour la démarcation des limites , et l'applanissement
de toutes difficultés , et querelles limitrophes . On nommera à
l'avenir de pareils commissaires toutes le fois qu'il se treuvera
quelques procès concernant les frontieres .
8°. Libre exercice du culte garanti aux catholiques romains
des deux rits qui passent sous sa domination russe ; assurance
de leurs propriétés , de leurs églises , de leurs prérogatives et
de leur discipline ecclésiastique , donnée au nom de l'impérawrice
et de tous ses successeurs; promesse même de ne jamais
( 350 )
user des droits monarchiques pour empiéter sur la religion
catholique des deux rits..
9º. Tout ce que les parties contractantes , arrangeront sépa
rément entre elles pour le bien-être réciproque , auia valeur
comme si cela était inscrit dans le présent traité.
10° . Le présent traité sera ratifie par l'impératrice d'une
part , par le roi et les états de Pologne de l'autre , dans l'espace
de six semaines , à compter du jour de la signature , ou même
plutôt ; après quoi , il sera inscrit tout au long dans le livre
constitutionnel de la diete . Fait à Grodno , etc.
M. l'envoyé de Prusse a presenté , le 20 juillet , une seconde
note , dans laquelle il insiste sur la nomination d'une delé
gation pour traiter avec la Prusse , et signer la cession , des
pays que celle - ci a envahi .
On écrit de Danemarck que la destination de la flotte russe
est toujours un mystere impénétrable. Quelques personnes
craignent ou affectent de craindre pour le Holstein , d'autres
disent que c'est contre les Turcs qu'on l'envoie ; enfin , les
émigrés répandent , et ce brut est confirmé par les propos
de quelques officiers Russes , qu'elle sera employée contre la
France , sur-tout pour empêcher la nouvelle republique de
s'approvisionner . On va jusqu'à dire qu'il est question d'une
descente , et l'on se fonde sur ce que cette loue contient
12,000 hommes de troupes . Tout ce qu'on sait positivement ,
c'est qu'elle est arrivée le 21 juillet à Tisle de Moën. Il y a
30 et même 39 voiles , y compris les deux fregates , le Saint-
Michel , la Venus , et le cutter Mercure ; elle est sous les ordres
de l'amiral Tchitchagoff : la division destince pour la Mediterranée
est composée de 9 vaisseaux et 4 fregates , com,
mandés par l'amiral Kreuse . On parle , pour point d'attaque
de Marseille ou de la Corse . Au reste , elle ne do ouvrir
ses ordres qu'au Categat ; elle a quitté la rade de Copenhague
le 29 et le 30 juillet .
: la
La Russie vient de faire une perte assez considérable
ville de Wiborg , située dans la partie de la Finlande qui lui
appartient , a été presque entièrement reduite en cendres . 1
La Suede continue de prospérer sous le sage gouvernement
du duc de Sudermanie. Ce prince , avant de faire voyager
son éleve et de le conduire en Danemarck pour le faire abou--
cher avec cette cour , a eu soin de remettre les rênes de
l'administration entre des mains faites pour les manier. La rés
gence sera présidée par le duc d'Ostrogothie ; les autres membres
sont le comte , Wachtmeister , maréchal du royaume ; le
chancelier baron Sparre , et les barons Lurk et Reuterholm .
Il en est de même du Danemarck. On a brûle le 24 , sur la
place d'exercices , en présence des commissaires de la banque
, pour la valeur de 7 tonnes et demie d'or ( 760,000 floris
hollandais ) de billets de l'ancienne banque . Il y en a depuis
deux ans pour 1,200,000 rixdallers d'annullés . Ce soin de ne
( 351 )
-
pas laisser accumuler de dettes est du meilleur augure . Le
jeune roi de Suede est attendu incessamment à Copenhague.
On a député MM. de Bulcher et de Hauch pour le compli
menter à Gothenbourg en Scanie. On sait par une lettre de
Carlscrone , du 14 , que ce prince , parti de Calmar le 12 , a
visité les chantiers , les vaisseaux de guerre ; qu'il a reçu et
donne des fêtes à son passage , et qu'en général il a montré
par- tout la plus grande affabilité , moyen de séduction qu'il
est heureux que les rois ne songent pas plus souvent à employer.
De Francfort- sur- le - Mein , le 18 août .
La haine de l'empereur et du roi de Prusse contre la République
Française se fortifie de jour en jour , mais les moyens.
de la satisfaire s'affaiblissent aussi de jour en jour. Il existe
d'ailleurs des germes de mésintelligence entre ces deux princes
qui se craignent et s'observent réciproquement , parce qu'ils
ont assez pénétré les arrieres pensées l'un de l'autre , pour
savoir que chacun d'eux tend à un aggrandissement exclusif.
En un mot ils sont amis aujourd'hui , comme devant être ennemis
un jour , qui n'est peut- être pas bien éloigné . Il suffit à
la République Française de médiocres succès pour n'être pas
obligée de payer les frais de cette guerre. Ces médiocres
succès , déja obtenus en partie , en promettent de plus grands :
résister est assez ; la France a résisté , la France résistera
parce que, même travaillée par quelques dissentions intestines ,
elle en a la force , et qu'elle aurait celle d'attaquer si toutes
les javelines du faisceau départemental se serrant l'une contre
l'autre , en faisaient une seule lance à 83 pointes ; arme tcrrible
que nulle force humaine ne pourrait briser dans la main
puissante du génie qui préside aux destinées de la France ;
arme victorieuse qui prendrait possession irrévocablement , au
nom de la liberté , de tout pays où elle serait dardée par elle !
Que restera- t-il donc à François II et à Frédérié - Guillaume
à la suite d'une guerre trop vive pour être opiniâtre , où l'un
aura dépensé tous les trésors , toute la réputation , toute la
gloire de son oncle , et Fautre aura mal- adroitement proclamé
à son de trompe , dans toute l'Europe , les projets à l'exécn
tion desquels l'ambition constante de la maison d'Autriche .
travaillait sourdement. Il approche néanmoins ce grand jour
où les deux speculateurs rompaut leur société d'intérêt , voudront
appurer leurs comptes retirer leur mise de fonds avec
des profits , ou du moins sans une perte qu'ils chercheront à
rejetter l'un sur l'autre . Quel sera le dépit de l'orgueil humi
lié , de l'avarice trompée? Que de reprches , d'appels aux
parties du corps Germanique ! Comme on voudra faire revivre
de prétendus droits réciproques ! Et qu'arivera- t - il après cette
guerre de plume ? Ce qui arrive dans les déserts de l'Afrique :
deux tigres se réunissent contre un lion & le lion reçoit et
( 352 )
fait des blessures , mais il finit par les repoussef ; alors Tes
ennemis de l'animal généreux s'elancent l'un ser l'autre , se.
déchirent et acheveut de venger son sang ; duel terrible que
se gardent bien d'empêcher les autres animaux auxquels if
assure la paix , et qui finissent quelquefois par se l'assurer
encore mieux en se jettant sur le vainqueur épuisé . L'histone
naturelle ressemble plus qu'on ne croit à l'histoire politique
et l'instinct peut donner d'importantes leçons à la raison .
En attendant ce dénouement , on mande de Vienne , en date'
du 25 juillet , une chose qui ne l'empêchera peut - être pas !
On parle d'un grand plan auquel travaillent avec activité
les cabinets des puissances alliées , pour procurer le repos à
l'Europe ; il sera , dit - on , communiqué aux puissanees neutres
pour obtenir leur agrément. 99 Comme on n'est pas sûr
néanmoins de la réussite de ce plan , d'autres lettres de même
date ajoutent : Plusieurs regimens ont reçu ordre de marcher
avec de l'artillerie en Gallicie et aux frontières de la Pologne .
Les derniers événemens de la Pologne font redoubler la vigi
lance de notre cour. Tout ce qui se trouve encore ici de
troupes va se rendre aux bords du Rhin . La presse des
recrues continue . Notre cour vient de négocier un emprunt
de 10 millions de for. à 5 pour 100 sur la Suisse . — Les
comités du cercle de Souabe ont fourni pour frais de guerre la
somme de 17,086 florins . — Ces emprunts , ces subsides pécuniaires
qui seraient réellement considérables si c'etait une
addition à un trésor public bien garni , sont réellement peu
de chose , et , pour le dire en un mot , de bien miserables , de
bien chétives ressources , quand ce qui devrait être à peine
nn accessoire se trouve le fonds même de la chose. De grands
mouvemens des armées ne sauraient se continuer long- tems
avec d'aussi petits moyens ; on aura payé cher le malheur
d'échouer.
Cependant les papiers allemands , stipendiés pour la plupart
, ou achetés à meilleur marché par la crainte , exagerent
tout à leur aise les derniers avantages réels , mais qui ne
sout point décisifs , que les puissances coalisées ont remporté
sur les armées de la République naissante . Voici quelques
passages ces papiers du 6 août. de c
L'échec qu'uue colonne prussienne a essuyé à Carlsberg
n'est plus un fait douteux . Honchard a eu l'avantage , il avait
trois fois plus de monde , mais il n'a pas joui long-tems de
son succès , Les Autrichiens ont pris bientôt la revanche et
ont expulsé les Français de leurs postes . C'est lors de cette
retraite que les Français ont ravagé l'habitation du duc de
Deux- Ponts , brûlé les campagnes et enlevé les bestiaux .
Jusqu'ici la marche du roi de Prusse n'était pas bien cer
taine , mais elle paraît décidément dirigée sur Weissembourg
et Sarre- Louis. Tous les corps autrichiens qui occupaient le
pays de Trêves ont reçu ordre de se joindre à lui ; le -projet
est de livrer une bataille générale à Houchard .
La
( 353 )
4
La conduite de l'Autriche affecte de plus en plus les princes
Français. Cette cour paraît n'avoir d'autre projet que celui de
s'aggrandir sans aucunes vues ultérieures pour la destruction de
l'anarchie et le retablissement d'un monarque ; mais la Russie
et la Prusse témoignent le desir le plus sincere de servir une
cause qui , à dire vrai , est celle de tous les souverains . Les
vues du cabinet de Saint -James sont très - équivoques . Son
systême fut toujours de mettre les autres en avant et de
mesurer sa marche sur les circonstances . Cependant un courier
de Londres vient d'arriver au roi de Prusse . L'objet de ses
dépêches est d'engager ce prince à presser sa marche en
France.
"
Ces mêmes papiers donnént , en date du 22 , les détails suivans
sur les suites de la prise de Mayence.
9
On ne saurait exprimer quelle joie cause ici la prise de
Mayence ; par-tout on s'embrasse on se félicite : ce soir "
toute la ville sera illuminée . On ignore encore les articles de
la capitulation ; on sait seulement que la garnison sortira le 24,
abandonnant armes et bagages , pour être conduite à Landau
par division de mille hommes ; elle s'est engagée aussi à ne
pas servir d'un an , les clubistes ne sont point compris dans
la capitulation ; et le roi de Prusse a invité tous les émigrés
Mayençais à venir être témoins de la sortie de la garnison Française
, afin de reconnaître ces clubistes , et qu'aucun d'eux ne
puisse s'échapper.
On savait depuis quelques jours que Mayence ne tiendrait
pas long-tems encore mais on ne s'attendait point a la voir
capituler avant le mois prochain. Plusieurs circonstances ont
concouru à l'y contraindre. D'abord , dans la nuit du 16 .
un grand magasin à poudres , qui en contenait plus de cent
quintaux , avait sauté en l'air et causé les plus grands dégâts ;
cet accident coûta la vie à plus de 400 Français , et l'explosion
fut telle qu'on la ressentit dans les camps des alliés , et
même à Francfort . Les redoutes de Saint,Alban et de Saint-
Charles étaient détruites ; les mines des assiégeans s'étendaient
jusques sous les palissades ; tout était prêt pour l'assaut ; enfin,
la garnison n'avait aucun secours à espérer.
Six cents canons , mortiers , et la plupart du butin fait en
Allemagne sont tombés au pouvoir des Allemands ; au reste
la place est dans l'état le plus déplorable.
↑
Dans la nuit du 16 , le prince Louis de Prusse avait été
blessé au pied à l'attaque d'une redoute qui fut emportée :
S. A. R. s'est fait transporter à Manheim , où elle demeurera
jusqu'à sa guérison .
Dès le 14 , Rewbell et Merlin , commissaires de la Convention
nationale à Mayence , avaient assemblé un conseil de
guerre pour délibérer sur le parti à prendre dans la sitnation
où se trouvait la place. Rewbell voulait que l'on capitulât
vu l'impossibilité du succes d'une sortie qui ne pouvait que
Tom: IV.
Z
( 354 )
3
30
devenir funeste : Merlin prevalut ; la sortie eut lieu du 16 an
17 , et les Français furent repousses avec une perte considerable.
Alors Rewbell se décida à rendre la place ; il fit demander
au roi les conditions de la capitulation : elles furent
donnie .
Quand la garnison sortit de Mayence , beaucoup de clubiste
, munis d'uniformes et de moustaches postiches , s'étaient mis
dans les rangs des soldats ; mais on avait eu la précaution de placer
près de la porte par où les troupes devaient defiler , des habitans
émigrés de la ville qui recounurent les déguises à mesure
qu'ils passaient. Ils ont tous été saisis dans les rangs . Ruffel ,
l'un d'eux , s'était placé à la tête d'uue compagnie de hussards ,
comme s'il en eût été le capitaine ; il fut reconnu , maltraitė
et trainé dans un cachot : il en fut de même de tous les autres
clubistés ; dès qu'ils étaient reconnus , les Français les chassaient
eux-mêmes de leurs rangs pour les livrer aux Mayençais
, quoique jadis on leur eût promis de ne jamais les abandonner
. Les Français se sont vantés aussi que dans trois mois
au plus tard ils rentreraient dans Mayence . La galuison a été
conduite à Metz .
On ne saurait au reste se faire une idée de la fureur du
people contre ces clubistes . Plusieurs de leurs maisons out
été pillées ; on a eu beaucoup de peine à l'empêcher de dechirer
tous ceux que l'on traînait dans les prisons . La plupart
n'y arriverent que dépouillés .
na
C
Du 28. L'armée combinée , dont une partie était déja allée
joindre celle du général Wurmser , se met en marche aujour
d'hui pour s'approcher des frontieres de France .
2 410 )
On prétend que les Français ont du recevoir des renforts
qui portent actuellement leur armée autour de Landau à
70,000 hommes . Si cela est , comme c'est assez vraisemblable ,
on doit être étonné d'apprendre par les dernieres lettres de
Vienne , que le recrutement de 50,000 hommes dans les Etats
hereditaires est différe . Cependant une chose explique ce ralentissement
, c'est qu'il n'est plus gueres possible d'arracher
des bras à l'agriculture sans la perdre tout- à-fait . Suivant ces
mêmes lettres il est à présumer que le duc de Brunswick
fournira aussi , pour le service de l'empereur et de l'Empire ,
un corps de 6000 hommes de ses troupes , Le bruit court
d'un autre côté que les petits princes Allemands commencent
à ouvrir les yeux
ux et ne fournisseau qu'a regret leur contingent
, excepté ceux qui , comme le Tandgrave de Hesse ,
c'est les excepterr presque tous , fon metier de vendre des
soldats et esperent être promus quelque dignité . Au reste ,
cette marchandise devient rare en Allemagne le prince que
nous venons de citer le plus gros fournisseur connu , chez
qui l'on trouvait autrefois un assortiment de regimens de cason
ou il
173
C
et
alerie et d'infanterie
à juste prix , a vidégimens
de ča((
355 )
2
n'y a plus que des articles qui ne sont point de défaite . La
matiere premiere lui manque , et le prince -soldat- négociant
est obligé de refuser les commandes que lui font ses pratiques .
per
Une des raisons qui contribuent à dégoûter des princes Alle
mands de cette guerre , c'est qu'il paraît que les deux Agamemnons
les regardent comme de purs outils dont on peut
user et abuser à son gré ; ce qui sera bien prouvé , si la nouvelle
suivante se confirme . Voici ce que disent des lettres d'Allemagne
l'archevêque électeur de Mayence a demandé à être
réintégre dans la possession de cette ville , en remerciant
d'ailleurs bien poliment le roi de Prusse de s'être donné la
peine de la reprendre . Frédéric - Guillaume , qui veut quelque
chose de plus réel.que des complimeus , a refusé net de restituer
ce qui lui coûte tant de trésors et de sang. Il s'appuie
sur ce que cette place était non seulement devenue la conquête
des Français , mais même avait été reune à la Républi
que , en sorte qu'il éconduit très - poliment de son côté le
sonnage doublement monseigneur et comme archevêque et
comme électeur . Peut- être veut-il des indemnités que le prélat
n'est pas en pouvoir ou en volonté de donner : si l'archevêque
se plaint à l'empereur , celui- ci , comme chef du corps
Germanique , sera obligé d'interposer d'abord ses bons offices
auprès de Frédéric- Guillaume pour le determiner à cette restitution
, et ensuite d'en venir à la force , au cas qu'il continue
de s'y refuse . Si cette nouvelle , qui a besoin de confirmation ,
es vraie , voilà la pomme de discorde jettée entre les deux
plus puissans ennemis de la France , et Mayence perdue lui
serait peut - être plus utile que Mayence gardee, Ce serait aussi
la preuve du vice radical de cette constitution germanique ,
dont la gothique ordonnance doit crouler d'elle - même dans
un siecle de lumieres , où les rapports entre les différens Etats
ont d'ailleurs prodigieusement changé.:
?
1
Le neveu trop peu philo ophe d'un roi trop philosophe ,
un prince entête des folies du mantinisme , du swedenborgisme ,
que l'on régale d'apparitions , de visions , le jouet de toutes
les chimeres qui dishonorent l'esprit humain , Frédéric- Guil
laume qui s'inquiette fort peu dans le fond de sa religion
luthérieune , doit vraisemblablement encore moins s'inquiéter du
rétablissement de la religion catholique . C'est donc une grande
duperie aux mécontens de tous les genres d'attendre quelque
chose d'un prince qui ne songera qu'à lui et qui gardera tout
ce qu'il aura la force de garder ; il fera comme en Pologue .
François II ne traitera pas mieux les émigrés , mais du moins
avec plus de justice. Voici ce qu'on mande de Hamm en date
du 6 août.
Monsieur et le comte d'Artois s'imaginant que l'empereur
ne prenait des villes que pour eux , ont été fort étonnes de
lire dans la proclamation du prince de Cobourg , qu'il prenait
possession de Condé au nom de l'empereur , à qui cette ville-
Z 2
( 356 )
appartiendrait à titre de conquête ; ils ont éerit au prince
pour lui en demander la raison . Celui- ci leur a repondu qu'il
n'était qu'un mandataire , qu'il exécutait ses ordres , que ,
voulaient avoir de plus amples instructions , ils pouvaient
s'adresser à Vienne . Peu satisfaits de cette lettre , ils ont protesté
solemnellement contre la proclamation , et ont fait accompagner
cet acte d'une lettre signée par leurs agens ( c'esc
la marche de leur politique ) , dans laquelle pour détourner
sans doute les émigrés de se rendre à l'armée de Condé ,
ils leur assurent qu'ils ont des relations directes avec Gaston ,
et que dans peu ils les conduiront en France cueillir des
lauriers plus honorables , et dont les fruits seront moins amers
que ceux qu'on leur offre en Allemagne.
PROVINCES - UNIES IN BELGIQUE.
De Bruxelles , le 9 août.
Dumourier , toujours inquiet , toujours remuant , n'avait pas
encore perdu tout espoir de se faire un parti dans le Brabant.
11'avait des agens français , et était même parvenu à mettre dans
ses intérêts , quelques maisons dont le crédit pouvait consis
dérablement håter ses succès . Tous les jours on voyait des
groupes se former dans les rues ; à tous les coins de rue on
lisait des placards par lesquels on excitait la noblesse française
à se réunir et à prendre enfin un parti digne d'elle , en s'opposant
aux conquêtes de l'empereur , qui loin de songer à
rétablir l'ordre dans la France , et à placer Louis XVII sur le
trême , ne faisait au contraire la guerre que pour son propre
intérêt , pour s'approprier les dépouilles de la France. On
leur parlait du décret de Ratisbonne qui ne leur laissait plus
d'existence que dans le sein des armées , sous le bâton d'un
caporal Autrichien . Le gouvernement , alarmé de tous ces
mouvemens a fait arrêter le nommé Lasonde , officier Français
on a découvert dans ses papiers toute la trame du com
plot. A l'instant même on a chassé les émigrés , et on s'est saisi
de quelques bourgeois suspects
" On voit que les alliés , après la conquête de Valenciennes,
ont pris quelques jours de repos : l'on ignore jusqu'ici sur
quel point leurs efforts vont se diriger présentement : on sait
seulement qu'une colonne de notre artillerie marche sur Ypres
et Menin , tandis qu'une seconde colonne s'avance sur Maubeuge.
Les Français ne voulant point sans doute hasarder le
sort d'une bataille ont levé le camp de César pour se retirer
derriere Cambray ; celui de la Magdeleine devant Lille a été
également abandonné , après avoir jetté dans cette place une
garnison suffisante pour sa défense. La même opération a eu
lien à Douay ; ainsi l'on peut dire que toutes le villes fortes
( 357 )
de la frontiere française sont à la disposition des armes alliées ,
qui peuvent les attaquer sans courir les risques d'une bataille.
Les ci-devant généraux Français , Marassé et Berneron , dont
le premier a commandé à Anvers , et le second au siége de
Willemstad , sont en état d'arrestation chez eux par ordre
du gouvernement. Leur célebre confrere Dumourier a échappé
toutes les recherches que l'on a faites jusqu'à présent pour
s'assurer de sa personne . Il existe , d'après les rapports pu
blics , des griefs fort graves contre eux , et on les accuse d'avoir
conjointement avec des malveillans de ce pays voulu
exciter de nouveau les esprits à la révolte ; en effet , c'est à
regret que l'on est obligé de le dire ; mais l'union et la tran
quillité que les bons citoyens se flattaient de voir renaître dans
la Belgique , cette union si desirable pour le bonheur commun ,
semble ne pouvait plus se naturaliser sur notre sol . L'ancien
esprit de parti commence à se remontrer , et malgré tous ses
menagemens et ses condescendances le gouvernement ne satisfait
ni les états de Brabant et leurs adhérens , ni les défenseurs
du systême de Joseph II . Les premiers , insatiables pour ainsi
dire dans leurs prétentions , sont peu contens des sacrifices .
nombreux que notre jeune souverain a déja faits pour le
retour de la paix : ils en exigent tous les jours de nouveaux
effets incompatibles avec la dignité du monarque : telle est
une espece de liste de proscription , où ils demandent l'éloignement
des places du gouvernement de toutes les personnes qui
avaient montré du zele et de l'attachement pour l'administra
tion. Présentement l'empereur ayant nommé à la place de
chancelier de Brabant M. Vanvelde , ce choix cause des murmures
, et déja les états ont expédié un courier à Vienne pour
faire de fortes représentations à ce sujet. La personne de M.
Vanvelde n'est pas suivant eux agréable au peuple , et c'est
cependant pour plaire à la nation belgique que son prédécesseur
et ceux qui suivaient les principes dans la gestion des
affaires ont été écartés d'une maniere qui excite leurs plus
vives réclamations : ils les ont consignées dans une brochure ,
qui a paru depuis peu de semaines sous le titre d'Adresse de
la saine partie de la nation flamande à S. M. l'empereur François
II , pour servir de réfutation à un imprimé portant pour
sitre : Adresse du peuple de la province de Flandre à S. M. l'empereur
François II , datée de Gand le 24 mai 1793. Cette
espece de contre-adresse , datée de Gand le 22 juin , atta que
fortement le parti des états , en exposant les motifs de la fermeté
avec laquelle il s'est opposé à l'établissement du systême
français dans la derniere révolution ; révolution néanmoins
provoquée par les négociations que ses émissaires en France
entamerent pour engager l'Assemblée nationale à déclarer la
guerre à l'empereur , ainsi que par celles qu'ils eurent avec
le général Dumourier. On s'y plaint que le gouvernement
vient d'éloigner , sans ménagement , de la magistrature tous
Z 3
( 358 )
ceux qui sont toujours restés fidels à la cause du souverain ;
et réellement il y a une quinzaine de jours qu'un courier değ
Vienne a apporte leurs demissions formelles , accompagnées
néanmoins de pensions considérables : le chef et président du
conseil , baron de Crumpipen , conserve ses apponiemens de
12 mille florins par an , en forme de pension ; son frere , le
chevalier de Crumpipeu , en a une e 7000 ; les autres membres
des colleges , magistrats , ou officiers démis en @nt aussi obtenus
de proportionnées à leurs charges . En considérant
qu'avec toutes ces condescendances d'un côté , et ces graces
de l'autre , le gouvernement voit les deux partis mecontens¸-
l'on dira encore avec nous : Ne Jupiter quidem omnibus. Pour
obvier en attendant aux efiets de cette disposition des esprits ,
et naintenir la police ' avec la tranquillité dans Eruxelles , ib
y arrive à aujourd'hui un corps de troupes d'empire quien
formera la garñison , „
Les Autrichiens et les émigrés , d'après un ordre de la junte
impériale ( nous le donnerons dans le prochain numéro ) ', "
réorganisent complettement l'ancien despotisme avec toutes
ses formes dans les villes de Valenciennes et de Condé . En
voici un exemple : à Condé , un médecin qui avait achetés
du bien d'émigrés , s'est non seulement vu déposséder , mais
même contraint de payer 1500 liv . de location et pour des
redevances de droits feodaux à l'ancien possesseur qui a été":
réintégré , jusqu'à ce que les armes françaises le chassent des
nouveau .
འགོན་ གྲྭ་
“ Eན ཆ Y
ANGLETERRE. De Londres , le 30 juillet...
On sait déja depuis long-tems ici que , quoique le gouver
nement des Etats - Unis de l'Amérique paraisse vouloir s'en ”
tenir à la neutralité dans la guerre contre la République Fransgaise
, il est dans les dispositions les plus favorables pour ce "
pays , dont il se souvient que les braves habitans Pont aidé /
a conquérir sa liberté . M. Geneta obtenu sans difficulté l'avance ”
d'un million de dollars sur l'argent destiné par le congres au 2
paiement de la dette envers la France :
༣ "% རྟེ , *
Tandis que nous soutenons coutre cette puissance une
guerre funeste à notre commerce , nous avons à gémir sur ;
Les troubles multipliés de l'intérieur. Le 14 juillet ûne émeute
populaire a eu lieu à Mitchel's Town , qui n'est qu'à 22 Neues
de Cork : les mutins ont détruit la maison de lord - Kinsbor
tough et la grande manufacture de coton de M. Sadler .
Une assemblée générale des habitans de Paisy en Ecosse , -
Convoquée pour aviser aux moyens de soulager un grand
nombre d'ouvriers sans ouvrage et par conséquent sans pain ,
à reconnú que la gnerre ruineuse qu'on faisait à la France
( 359 )
était la seule source de ces calamités ; elle a nommé un co
mité de 21 membres pour présenter au roi une pétition tendante
à obtenir la plus prompte fir de cette guerre désastreuse
on peut juger de notre position d'après le tableau
suivant , qui n'est malheureusement que trop fidele .
Une dette nationale de 280 millions sterling.
Un établissement de paix qui demande 17 millions par an.
Une guerre qui coûte un million par mois .
Des lettre de change sur la marine , qui ne sont pas payées
depuis decembre dernier .
- La banque en avance pour la liste civile. En avance sur
En avance pour les dividendes . les eommissaires . ―
avance sur la taxe sur la drèche . .
-- En
Et sur- tout en avance sur
les billets de l'echiquier de plus de cinq millions.
La trésorerie , l'échiquier et les douanes dans une situation .
extraordinairement basse.
L'accise en déficit .
Le droit de timbre en déficit .
ว I
Les billets de l'échiquier émis pour paiemens publics au lieu
d'especes.na
La stagnation des manufactures . ioxi
La staguation du coinmerce.
3
V
3
Les marchands se presentant à la bourse avec des billets protestes
cotte eux.u'
Les billets ou lettres -de - change escomptés à la banque , et
les banquiers ou marchands non payés jusqu'a concurrence d'un
demillion . Pemata 250 5.b.
Les ministres et leurs créatures nageant dans le luxe , et le
pauvre manufactufier mourant de faim.in
4
22
Des lettres de Plymouth , du 28 , portent que la flotte de
l'amiral Howe , grrivee la veille dans ce port , est restée quelque
tems à l'ancre pour attendre le Samson et l'Intrépide de
64 canons . Cette flotte sera renforcée de plusieurs autres
vaisseaux et fregates , parce que les Français ont 17 vaisseaux
dans la baye de Quiberon ct 4 dans les eaux de Brest , et
qu'on ne veut les attaquer qu'avec des forces supérienres , en
un mot à coup sûr. Le 28 les frégates la Nymphe , le Crescent
, la Concorde , la Thames ont mis à la voile de Portsmouth '
pour une expédition secrette dont on se promet beaucoup :
en attendant ees succès , les dernieres nouvelles de l'Inde'
donnent de l'inquiétude Tippoo- Saïb refuse de faire le der
nier paiement , sous prétexte que Majée Scindiah , qui est allé
à Poonah , lui a demande une partie de la somme qui , par
le traite de paix , devait être remise aux Marattes . Il prétend
qu'il ne sait qui il doit payer , et l'on crat que ce ne soit
un jeu concerté avec Scindiah.
Les corsaires français ont pris dans la Baltique plus de
30 vaisseaux anglais ou hollandais .
1
Z 4
( 360 )
REPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE D HIRAULT .
Séance du mardi 13 avût.
Chabot , au nom du comité de sûreté générale , fait annuller
plusieurs procédures intentées contre les patriotes du département
de l'Aveyron .
-
w
Le comité de sûreté générale est autorisé , attendu la multiplicité
de ses travaux , à désigner six membres pour lui être
adjoints. Hérault-Sechelles prévient l'Assemblée que les
pouvoirs du comité de salut public sont terminés depuis le
10 août. Lacroix observe que ce serait une calamité publique
de renouveller en tout ou en partie ce comité , dans
les circonstances actuelles , parce que ceux qui le composent ,
tiennent dans leurs mains les fils que font mouvoir toutes nos
armées . La Convention confirme pour un mois les ponvoirs
du comité de salut public .
Une lettre des administrateurs du département du Pas- de-
Calais , annoncent qu'ils out mis en état d'arrestation tous
les sujets des puissances avec lesquelles la République est en
guerre .
La section de la Butte -des -Moulins est venue exposer à la
Convention ce qui s'était passé la veille dans l'assemblée générale
de cette section , où il fut question de se porter en
masse contre l'ennemi. Les malveillans : ' opposerent à cette mesure
, ils éleverent des troubles ; mais . n les Sa s- culcites .
surent leur imposer silence : trois des perturbateurs aurent saisis
et envoyés au comité de sûreté générale de la Convention .;
L'Assemblée a applaudi à la conduite des Sans - culottes de la
section de la Butte - des - Moulins .
La discussion s'est ensuite portée sur l'éducation publique.
Voici le décret qui a été rendu : L
Il y aura des établissemens publics nationaux où les
enfans des citoyens seront reçus ; ils y seront nourris et élevés;
aux frais de la nation ; il y aura en outre des classes où les
citoyens qui voudroni garder leurs enfans chez eux pourront
les envoyer s'instruire .
Séance du mercredi 14 août.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple à
( 361 )
d
l'armée du nord. ( Voyez la notice de cette séance au dernier
nº. )
ว
Cambon annonce qu'il présentera incessamment le rapport
de la commission des cinq sur la dette publique. Béja , dit-il ,
le bruit de ce rapport s'est repandu dans le public ; les agioteurs
en ont profité ; ils veulent prévenir ce rapport par un
mouvement qu'ils s'efforcent d'exciter ; ils répandent que l'on
veut s'emparer de toute l'argenterie des particuliers. Eh bien ,
j'annonce que la loi que j'ai à proposer ne touche en rien
aux propriétés des particuliers . Nous ferons voir que ce
systême est combiné de maniere qu'en 1794 les assignats seront
rentrés , et que tout le monde alors connaîtra l'actif et le passif
de la dette . J'en ferai demain lecture , et j'espere que l'agiotage
cessera.
Aprés ce que vient de dire Cambon , ajoute le Gendre ,
je dis que si les agioteurs ont l'impertinence de lever la tête ,
le peuple est là; et tout financier qui oserait chercher à exciter
des troubles , sera pulvérisé et rentrera dans la poussiere .
pour
Cn
Delacroix , de la Marne , présente un projet de décret
le paiement des dettes contractées par le ci - devant roi .
demande la question préalable . Après quelques débats , Danton
fait décréter ce qui suit : 1 °. L'Assemblée rapporte
son décret du 10 juin qui ordonne la liquidation des créances
de la ste civile ; 2 ° . elle déclare qu'elle ne payera pas les
créances de ceux qui ont prêté à Louis Gapet ; 3° . il sera
imprimé une liste des autres créanciers de la liste civile , tels
que fournisseurs , etc. afin qu'elle puisse être épurée . "
Barrere au nom du comité de salut public fait un rapport
sur la proposition adoptée dans la séance de lundi dernier , de
charger les envoyés des assemblées primaires de faire un appel
au peuple ; ( voyez dans la notice de cette séance de discussion
et le décret qui a suivi ce rapport. )
Adresse aux Français .
Ils retentissent sans doute dans toute l'étendue de la Répu
blique , ces cris de joie qui ont proclamé devant vos représentans
la constitution que vous avez acceptée ! Jamais depuis
qu'il existe des hommes et des empires un plus grand.
acte social , n'a reçu son accomplissement dans une fête aussi
auguste et aussi touchante . Que vos envoyés à Paris , rendent
témoignage à cette cité célebre , qui n'a été l'objet de toutes
les calomnies , que parce qu'elle a fait toutes les révolutions ;
qu'ils disent s'ils n'ont pas trouvé ici dans chaque citoyenun
ennemi inexorable des tyrans et de l'anarchie ; dans chaque
homme , un ami ; dans chaque repas , un banquet fraternel ! ê
spectacle le plus magnifique et le plus attendrissant que la
terre ait jamais déployé sous les regards de l'éternel ! aux armes
Français !
66 Al'instant même où un peuple d'amis et de freres se tien(
36% ))
nent serrés dans leurs embrassemens , les despbtes de l'Europe
violent nos propriétés et dévastent nos frontieres : aux armesi !
Levez- vous tous , accourez tous , la liberte appelle les bras de
tous ceux dont ellé vient de recevoir les sermens . C'est la
seconde fois que les tyrans et les esclaves conjurés souillenti
sous leurs pas la terre d'un peuple souverain , la moitié de
keurs armées sacrileges y ont trouvé la premiere fois leurs
tombeaux , que cette fois tous périssent , et que leurs ossemens
blanchis dans nos campagnes s'élevent comme des
trophées au milieu des champs , que deur sang, aura rendus
plus féconds . Aux armes , Français ! couvrez - vous de la gloire
la plus éclatante en défendano cette liberté adorée , dont lest
premiers jours tranquilles , répandrout sur vous et sur les
générations de vos descendans , tous les genres de biens et
de prospérité. 99 is
?
2
Sur la proposition de Barrere , la Convention adjoint au
comité de salut public , Prieur et Carnot.
Séance du jeudi 15 août.
On attendait avec impatience le rapport de Cambon sur
la situation des finances de la République . Nous allons présen
ter une analyse rapide de ce travail dont la lecture a duré plu
sieurs heures .
Avant de s'occuper de Forganisation des finances de la
République , la commission des cinq a cru devoir d'abord consta→
er l'état de la dette publique . Elle se divise en trois natures
de créance ; dette constituée ; emprunts à terme ; et delle étrang
gereges
La dette constituée se divise en deux classes . La premiere
dont le moutant est parfaitement connu, consiste enancious titres,>
en contrats passés au nom des rois . Elle était de 65,424,546 liv .
de rentes ; mais divers titres trouvés dans les maisons et ordres
supprimés , l'ont réduite au profit de la nation à 60,717,167 liv .
de rentes annuelles . Elle se paie par l'office des payeurs de
rentes de l'hôtel - de - ville de Paris , par semestre de six mois
et par ordre de lettres . Les formes bizarres auxquelles le
paiement de ces rentes est assujett , les abus sans nombre
qu'elles entraînent , nécessitent un changement stotal dans
l'ordre de comptabilité.
La seconde classe de la dette constituée n'est pas connues
positivement ; elle est soumise au travail d'une liquidation ;
elle résulte des anciens emprunts des pays d'états , des corps
privilégiés. On peut joindre à cette classes, la dette des fabriques
. Le corps législatif ordonna la vente de leurs biens ;
mais il ordonna que l'intérêt du prodairnet , leur serait payėt
à raison de 4 pour 100. Les dettes des villes ne peuvent aussi .
entrer dans cette cathégorie. Toute cette partie est encore
dans les tenebres . Le 5 août le corps legislatif , décréta que
ces dettes seraient constitués en 6 millions de rentes , ct que
( ( 363 ))
1
le reste serait payé par les 72 millions de bénéfice promis
sur la vente des biens nationaux . £ .
-Vous , avez donc , a dit le rapportenr , 81,246,735 liv. de
rentes perpétuelles payables annuellement , et qui n'ont été
sujettes à aucune liquidation , parce que le corps constituanti
les reçût comme elles existaient , sans vouloir se charger de
réparer les injustices des rois qui les avaient successivement
réduites.
La seconde nature de créance est composée des emprunts>
à terme . Ils ont été faits sous le gouvernement de Louis XVI ;
c'est une dette purément d'agiotage Cette dette aida beau
coup la révolution ; les porte-feuilles régorgeaint d'effets royaux.
Les proprietaires qui en craignaient la chûte prirent le masque
révolutionnaire. Jusqu'à ce jour cette dette leur a'été exactes
ment payée ; mais il est tens de les traiter comme les autres .
créanciers . Le gouvernement qui défendait de traiter à pluss
de 5 pour 10 , ne pourrait se le permettre à lui- même ..
- Cette dette sé montait avant la révolution à 7 ou 800 millions ,
aujourd'hui , elle est réduite à 465 millions . 4
La dette étrangere forme la troisieme et la derniere nature
de créance ; ce sont des emprunts faits à Gênes , eni
Hollande , et dans d'autres pays. L'intérêt en a été fixé à 5
pour 100. Cette dette est sacrée.
Cambon fixe ensuite la dette provenant de la liquidation .
Le total est de 11,896,781 liv. liquidées , et de 37582,517 live
à liquider
1610007 to 1 0 .
Il existe encore une dette parfaitement révolutionnaire , ce
sont les assignats . Le corps constituant le corps législatif
er la Convention en ont crée à diverses fois , pour
5,100,040,840 liv .
Au premier août il avait été retiré de la circulation , par lea
brûlement , 837 millions .
Les assignats à face royale , qui ont été démonétisés , s'é- >
levent à 144 millions ..
La masse totale des assignats , en circulation , est de
2,943,306,953 liv . Voici le plan que le comité propose pour !
diminuer cette masse . L'emprant forcé , a dit Cambow
est notre moyen principal ; vous l'avez fondé sur le respect
des propriétés , et une lor aussi salutaire doit recevoir son
exécution . En effet , pour retirer les assignats de la circula
tion , il faut les prendre où ils sont , dans la poche de ces
hommes qui , speculant sur les marchandises , enront doubles
la valeur. Voici comment nous rembourserons cet emprunt. H«!
ne portera point intérêt ; il ne sera rémboursable qu'en biens
nationaux , et seulement deux ans après la paix . Mais l'inst
tention de votre commission' a toujours été de n'employer
la rigueur qu'à la derniere extrémité , et il vous propose de
faire précéder l'ouverture de l'emprunt forcé d'un décret qui
permette à tout propriétaire d'assignats- monnaie de les porter :
H
( 364 )
dans la caisse publique où ils seront reçus , seulement pendant
l'espace de trois mois , à compter de la publication du décret.
La Nation leur en payera l'intérêt à 9 pour 100 ,
seront autorisés à faire déduire de la cote de l'emprunt forcé
la somme qu'ils auront déposéc .
"
Voici maintenant le plan général de la dette publique .
et ils
L'operation consiste à écrire sur un grand livre , que nous
appellerons livre de la dette publique , toutes les espéces de
créances de la nation : chaque créancier sera porté par ordre
alphabétique . Ce livre sera triple ; un exemplaire sera déposé
aux archives nationales ; le deuxieme aux archives de la trésorerie
; le troisieme restera dans les mains du payeur général,
Nous aurons sur ce livre le total général de la dette nationale.
Alors nons la consoliderons à raison de 5 cent .
pour
· Unc
fois couché sur le grand livre , le créancier perd son titre
ancien qui est annuilé.
} 7
--
Après avoir analysé les avantages de ce plan , Cambon a
présenté l'état général de la dette ; un mode de remboursement
et un projet de décret en 200 articles .
Le principe relatif aux effets au porteur a été décrété de
la maniere suivante :
ART. 1er : Tout propriétaire d'effets au porteur ,
de 1000
livres et au-dessus , sont tenus de les déposer d'ici au 1er janvior
1794 , dans les mains du liquidateur de la trésorerie nationale
, pour être enregistrés sur le graud livre , sur le pied du
denier 20 , pour ceux qui seront portés d'ici au 1erjanvier prochain
.
11. Ceux des propriétaires d'effets au porteur et d'annuités ,
qui ne les déposeroient dans les mains du liquidateur de la
trésorerie nationale , que trois mois après , ne seront admis que
sur pied du denier 18.
III. Les effets au porteur et les annnités qui ne seraient pas
déposés au 1er juillet prochain dans les mains du liquidateur
de la trésorerie nationale , seront nuts et de nul effet.
IV. Les porteurs d'effets de l'emprunt de 125 millions de
l'édit de 1784 , seront crédités pour les lots sortis et pour le
capital à 5 pour 100. Il ne sera point fait de tirage en 1793 .
Barrere , parlant au nom du comité de salut public , dé--
clare qu'il existe un complot d'avilir et d'affamer Paris . Il
propose et la Convention adopte le projet de décret suivant :
Art. 1er . Tous propriétaires , fermiers , possesseurs ou détenteurs
de grains dans les départemens qui seront requis par
les représentans du peuple nommés par la Convention nationale
, seront senus , à Finstant de la requisition qui leur scra
faite par les représentans du peuple ou par des personnes
déléguées par eux , de déposer dans le lieu qui leur sera indiqué
, quatre quintaux, de grains par charrue appartenante
aux propriétaires et fermiers , et par les détenteurs non propriétaires
ni fermiers , la quantité qui sera requise . Les com(
365 )
missaires de la Convention sont chargés expressément de faire
payer le prix desdits grains au lieu du département et au
moment de la livraison .
II. Ceux qui , dans les vingt-quatre heures , n'auraient point
satisfait à la requisition , seront traités comme ennemis publics
, arrêtés sur le champ , et tous les grains dont ils se
trouveront possesseu seront confisqués au profit de la Republique
.
-
III. Les membres des autorités constituées sont personnellement
responsables , et sur leur tête , de l'inexécution des
mesures qui leur seront prescrites par les commissaires de la
Convention nationale , pour l'exécution du préseut décret .
Le ministre de l'intérieur envoie sa démission . Elle est
acceptée.
:
D'après l'avis donné au comité de salut public que des bataillons
de Seine et Oise veulent quitter l'armée des côtes de
la Rochelle , pour retourner dans leurs foyers , la Convention
décrete , sur la proposition de Danton , que tout officier
ou soldat qui quittera son poste dans les momens de danger
sera puni de mort .
Séance du vendredi 16 août.
Les administrateurs de police de la commune de Paris font
passer l'état des prisonniers . Leur nombre se monte à mille
cinq cents quatre - vingt.
Sur la proposition de Lacroix , le décret suivant est rendu :
La Convention nationale décrete que les corps de cavalerie
levés dans les départemens du Calvados , de la Manche
et Seine inférieure , sous la dénomination des dragons de la
Manche , seront incorporés dans les différens régimens de cavalerie
et troupes de la République. Le ministre de la guerre
se concertera avec le comité de la guerre de la Convention :
pour opérer cette incorporation , et sur les moyens de rappeller
ceux des dragons de la Manche qui se sont retirés chez
au lieu de se rendre à Versailles , en execution du decret
du ...... !!
eux ,
Sur la proposition de Génissieux , la Convention décrete que
tous les jurés des tribunaux criminels de la République recevront
une indemnité de trois liv . par jour .
Chabot fait un rapport sur la conduite du procureur- sindie
du district de Dôle. I observe que de tous les adminis
trateurs du Jura , mandés à la barre ; celui- là seul s'est conformé
à la loi ; que la conduite des administrés de ce district
n'est pas moins digne d'éloges . Its ont fait tous leurs efforts
pour ramener sous les étendards de la loi leurs freres égarés .
Ils ont même levé une force armée qui s'est transportée à
Lons-le-Saunier pour y rétablir le bon ordre. La Convention
nationale a décrété que les citoyens du district de Dôle ont
bien mérité de la patrie ; qu'il sera fait mention au procès((
366 )
a
verbal de la conduite des administrateurs , et que le procuren
- syndic du district de Dôle sera renvoyé à ses fonctions ,
avec une indemulte qui sera fixée par le comité des finances . I
Charlier , au nom du comité de législation , vient reclamer
la justice de la Convention en faveur des Français chassés
Espagne. I demande qu'il soit sursis à la poursuite de leurs
creanciers pour les dettes qu'ils auraient contractees avant leur
expulsion de ce royaume . Ce rapport était à peine terminé
que Barrere a fait lecture d'une cédule du roi d'Espagne , en
vertu de laquelle il a été formée une commission pour s'emparer
de tous les biens des Français qui ont été expulsés de
ce royaume .
La Convention a répondu au roi d'Espagne par le décret
suivant :
Art. 1er. Les biens et les propriétés que les sujets et vassaux
du roi d'Espagne ont en France , sous quelque dénomination
qu'ils puissent être , soit en immeubles , soit en
meubles , en marchandises , rentes viageres ou perpétuelles ,
seront saisis et sequestrés au nom de la Republique .
II. Le produit en sera appliqué à l'indemnité et aux secours
dus aux citoyens Français qui ont été expulsés ou dépouillés
de leurs biens en Espagne . Le résidu du produit de ces biens ,
s'il y en a , sera employé à dédommager les Français qui auront
souffert quelque perte ou préjudice de la part des armees
espagnoles.. :
+
III. Il sera sursis , jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné
, à toutes poursuites qui pourraient être exercées contre
les Français expulsés d'Espagne , par leurs créanciers , en vertu
de titres antérieurs à leur expulsion ..
IV. Les moyens d'exécution du décret ci- dessus seront présentés
, sous trois jours , par le comité des frances .
Les commissaires des assemblées primaires paraissent dans
le sein de la Convention réunies aux sections de Paris .
Législateurs , disent - ils , nous vous avions proposé une
mesure de salut public , en vous demandant que le peuple
se levât en masse , et déja vous avez réduit à un recrutement
particulier. Des demi - mesures sont mortelles dans un
grand danger. Si vous demandez 100,000 hemmes peut- être
e les trouverez - vous pas ; si vous demandez des millions
de républicains , vous les verrez se lever pour aller écraser
les ennemis de la liberté . Décrétez que tocsin de la liberté
sonnera dans toute la République à une heure fixe . Qu'il
n'y ait d'exemption pour personne . Que l'agriculture scule
conserve les bias nécessaires à l'ensemencement des terres et
aux récoltes . Que le cours des affaires soit interrompu . Que
la grande et universelle affaire des Français soit de sauver la
République. Que les moyens d'exécution ne vous inquietept
( 367 )
pas. Décrétez seulement le principe nous présenterons
au comité de salut public les moyens de faire éclater la
foudre nationale sur tous les tyrans et leurs esclaves . ››
3
Les commissaires sont accueillis par des applaudissemens .
La Convention ordonne le renvoi de leur adresse au comité
de salut public pour en faire le rapport séance tenante .
Barrere obtient quelque tems apres la parole . Les généraux
Français , dit- il , ont méconnu jusqu'à present le véritable tem
pérament national . L'irruption , Fattaque soudaine sont les
moyens qui lui conviennent ; il faut donc aujourd'hui user
de ce tempérament ; il faut que par un effort sublime nous
soyons bientôt délivrés des hordes barbares . Quand un peuple de
$25 millions d'hommes veut être libre il l'est.
Barrere fait aussi - tôt porter la déclaration suivante : -
募
Le peuple Français declare , par l'organe de ses représ
sentans , qu'il va se lever tout entier pour la defense de son
-indépendance , de sa liberté , de sa constitution , et pour dévrer
son territoire de la présence des despotes et de leurs
satellites .
en
9 Les commissaires des assemblies primaires feront ,
conséquence , toutes les requisitions : d'armes et de subsis-
Stances .
Les autorités constituées marcheront à la tête du peuple
elles seront remplacées provisoirement par des citoyens d'un
patriotisme reconnu.
ཙྪཱ ;
" Les commissaires ne pourront , dans aucun cas , choisir
ni conserver aucun des administrateurs qui aurajėnt coopéré
à des arrêtés liberticides , ni même ceux qui ont donné leur
rétractation . ‚ ¦
3
و ; 37
Un officier de la garnison de Cambraia paru à la barre.
Ila rémis une lettre du général Declaye , qui annonce que
l'ennemi a fait sommer la place de se rendre. Voici, la ré-
-ponse du général je ne sais point me rendre , mais je sais bien
me battre. Le même militaire annoncé ensuite que l'ennemi a
disparu des environs de Cambrai.sl fait hommage à la Convention
d'un drapeau pris sur les Anglais dans une sortie
* vigoureuse . " poltava
F
6 pound La
2
si * "
Nota. Dans le cours de cette séance Cambon a présenté la
" suite du décret de la liquidation de la dette publique non
viagere , et l'inseription sur le grand live national. Il est décrété
que les dettes des communes et les créances des émigrés
serent inscrites sur un grand livre , et fiquidées de la même
maniere que le reste de la dette publique tous les intérêts
Pseront réduits à cinq pour center st
9
Sur la proposition du même membre le décret suivant est
encore reudu. *
Les assignats ayant cours de monnaie pourront être
convertis en centrats de rente qui produiront 5 potre499 . U
( 368 )
Ceux qui voudront profiter de cet avantage verseront leurs
assignats dans les caisses publiques : les versemens ne pour
ront être moins de 2000 liv .; les assignats seront anéantis å
fur et à mesure qu'ils seront versés . Ceux qui auront fait des
versemens seront inscrits sur le graud livre comme les autres
créanciers de la nation .
,, Toutes les rentes inscrites sur le grand livre national seront
assujetties à la contribution fonciere . "
Le rapporteur fait adopter ensuite une longue série d'articles
relatifs aux formalités à suivre pour le paiement.
Séance du samedi 17 août.
Les représentans du peuple près l'armée des côtes de Brest
écrivent qu'à Brissac , près d'Angers , les rebelles ont tout pillé ,
tont ravagé indistinctement. Ils font connaître les noms des
principaux chefs de ces brigands , que les patriotes des dépar
temens environnans s'apprêtent enfin à exterminer sans miséricorde
. Ces chefs sont Desriaux , d'Autichamp , l'Escurre et
la Roche- Galatin .
Les representans du peuple , près l'armée des côtes de
Larochelle , annoncent un très - grand succès remporté sur les
rébelles . Depuis 4 jours , écrivent- ils , nous apprenions que
les rebelles se rassemblaient en nombre très considérable à
Chantonay et à Mortagne pour attaquer Luçon ; Chalbos en
avait averti le général Tunck , commandant de cette division.
·
Aujourd'hni ( 14 août ) l'ennemi s'est avancé en effet sur
trois colonnes , au nombre de 40 mille , tant en infanterie
qu'en cavalerie . Le combat s'est engagé ; en moins d'une
heure et demie la plaine de Luçon a été couverte des cadavres
des brigands : nous pensons qu'il en a péri 5 mille ,
taat sur le champ de bataille que dans leur fuite. Ils ont été
poursuivis par nos troupes pendant quatre heures : l'avantgarde
est actuellement à Saint- Hermand .
Cette victoire ne nous a coûté que 30 soldats. Nous avons
pris 16 pieces de canons avec 6 caissons.
Nous devons rendre compte à la Convention d'un fait dont
il faut qu'elle soit instruite le général Tuncq avait été envoyé
à l'armée de la Vendée en qualité de général de brigade;
il eut ordre du général en chef de se rendre à Luçon , pour
y prendre le commandement des troupes qui y étaient cantonnées
, et depuis cette époque il avait baitu les rebelles au
pont Charron , le 25 juillet dernier , et dans les plaines de
Luçon , le 30 du même mois.
Cependant hier sur les 11 heures du soir le général Tuncq
reçut une lettre du ministre de la guerre qui le suspend de ses
fouctions , ( il se manifeste un mouvement unanime d'ind'enz◄
tion dans l'Assemblée ) et lui enjoint de se retirer à 20 lieues
dans l'intérieur de la République : cette lettre timbree de
Tours ,
( 369 )
Tours , était sans doute une circulaire envoyée par le ministre
à quelqu'un de confiance à Tours ; car nous nous
sommes apperçus que les noms du général Tunq sont d'une
écriture différente nous avons pensé que cette suspension
ne pouvait être que l'ouvrage de l'erreur ou de l'intrigue .
Nous fûmes bien étonnes de cette suspension ou plutôt de
cette injustice. Nous savions que l'ennemi devait nous attaquer
le lendemain ; le général Tunq avait fait ses dispositions ,
Ini seul connaissait son plan . Nous craignions de compromettre
le succès de la bataille , si la lettre du ministre avait son
exécution. Nous ne balançâmes pas à continuer le général
Tung dans ses fonctions ; la victoire d'aujourd'hui prouve
que nous avons eu raison . Nous ajoutons qu'il a 31 ans de
service , dont 8 en qualité soldat , et qu'il s'honore d'être als
d'un honnête tisserand . Signés , GOUPILLEAU , BOURDON.
Après la lecture de cette lettre , Bréard a avoué à la Convention
qu'ayant été le premier à servir d'appui à Tunq , il
était aussi cause de sa suspension , presque sans le savoir
ayant été instruit de faits particuliers à Tunq , mais qui ne
touchent point à ses talens militaires . La Convention passe
à l'ordre du jour sur ces explications , et confirme l'arrêté
de ses commissaires par lequel le général Tunq est maintenu
dans ses fonctions .
x
Beauharnais écrit du quartier- général de Weissembourg ,
sous la date du 13,1pour donner des détails d'une expédi
tion qui avait pour objet de favoriser un convoi assez considérable
de vivres et de munitions dans Landau. La garnison
l'a secondé par une sortie , et le succès a couronné son entreprise.
Beauharnais rend aussi compte d'un autre avantage
remporté par le général Gillot qui s'est emparé de Cheinza
burg et d'Alsamburg . Beauharnais persiste à donner sa démis,
sion , il ne veut plus servir que comme soldat .
Rewbell et Merlin avaient été dénoncés dernierement par
Montault , ils demandent que leur dénonciateur se présente .
Ils sont prêts à le confondre , mais Montault était absent.
Barrere arrive sur ces entrefaites , i annonce , au nom du
comité de salut public , que les aristocrates d'Orléans s'agitent
pour royaliser la garnison de Mayence , qui est actuellement
dans cette ville , et il propose d'y envoyer Rewbell et
Merlin pour déjouer leurs manoeuvres . L'assemblée adopte
cette proposition.
Sur la demande de Barrere , l'Assemblée décrete que des
commissaires , pris dans son sein , se rendront dans le département
du Jura , pour examiner les causes des mouvemens
contre-révolutionnaires qui s'y sont manifestés .
Séance du dimanche 18 août .
Barrere obtient la parole pour rendre compte de la situation
de la ville de Lyon. Voici le précis de son rapport.
Tame IV, A a
11
( 370 )
Le citoyen Seguin qui vient de Lyon a donné à votre
comité des détails douloureux , mais qui doivent être entendus
avec fermeté par les représentans du peuple . Vos commissaires
ont cru long- tems que Lyon entrerait aisément dans l'obéissance
, et qu'il suffirait de déployer la force nationale pour
intimider les conspirateurs ; mais l'esprit de contre- révolution
était organisé depuis trois mois dans cette ville , et ses habitans
favorisaient trop les princes réfugiés , les ci- devant nobles
et les prêtres pour être ramenés par la seule persuasion ;
cependant Lyon renfermait encore des patriotes ; ils en sont
sortis , et composent quatre compagnies dans l'armée de la
République.
La premiere affaire s'engagea le 8 près le village Calvire ;
les troupes de la République battirent les rebelles , et s'einparerent
de ce poste , nous eûmes cinq hommes de blessés et
un seul mort; dix rebelles sont restés sur le champ de
bataille .
Ici Barrere donne lecture d'une nouvelle sommation de
Kellermann aux Lyonnais .
Les rebelles demanderent trois heures pour délibérer ;
mais une heure était à peine écoulée que leurs avant - postės
tirerent plusieurs coups de canons à mitrailles , qui nous tuerent
deux hommes .
? Lé
s'en- 9 , il n'y eut que quelques fusillades. Le 10 , on s'
voya de part et d'autre des trompettes , pour s'inviter à la fête
républicaine . Les Lyonnais ne tirent point de réponse positive
; mais pendant que le serment se prêtait dans la ville et
dans l'armée ils firent une canon nade très-vive . Le 11 et le 12 ,
les tirailleurs recommencerent ; le 13 à six henres du soir ,
les troupes de la République tenterent de s'emparer d'une
batterie établie près le village de Calvire , elles furent repoussées
; les chasseurs des Alpes se signalerent , et perdirent
caq hommes ; le 14 , vos commissaires nous écrivirent ; le 15 ,
un bataillon fut envoyé avec des obus et des pieces de siége
occuper le poste de la Guillotiere. 99 .
Les commissaires ont écrit de nouveau , le 15 , au comité
de salut public ; ils envoient copie d'une proclamation qu'ils
ont adressée aux Lyonnais ; ils annoncent que depuis 12 heures
elle est sans réponse ; ils présument que les sections déliberent
à ce sujet : en attendant , ils usent de ménagement envers la
ville .
Le citoyen Paris , commissaire des guerres , porta cette
proclamation à Lyon. Là , il vit tous les attributs de la Republique
, les emblêmes de la liberté . Les citoyens l'embrasserent
, et crierent : Vive la République ! Mais 200 pieces de
canons sont sur leurs affuts , 30 mille hommes sont sur les
*armes , et les batteries établies du côté de la Saône sout formidables
; est-ce ainsi que l'on obéit aux lois ?
" Le comité vous propose d'envoyer une force addition371
)
nelle contre Lyon , et pour cet objet il a jetté les yeux sur
la garnison de Valencienes ; mais il y a des différences à faire
entre les bataillous qui la composaient : tels d'entre eux ont
sédé à la corruption que répandait le duc d'Yorck ; tels autres
sont restés incorruptibles ; de ce nombre sont les premiers
bataillons de la Charente , de la Côte d'or , de Mayenne et
Loire , de Loir et Cher , de la Nievre , de la section des
Gravilliers de Paris , les grenadiers de Paris , et tous les canonniers
volontaires ; plusieurs autres bataillons de la Côte- d'or
iront aussi renforcer cette armée. Voilà les bataillons que l'on
a jugés dignes de combattre les rebelles , et de rendre une
ville importante à la liberté . 19
Les propositions de barrere sont décrétées . La trésorerie
nationale tiendra à la disposition du ministre de la guerre
deux millions pour l'execution du présent décret.
On fait lecture d'une lettre de l'accusateur public du tribunal
révolutionnaire , dans laquelle il annonce que l'affaire
de Custines , occupant tous les jurés , il n'en reste pas assez
pour instruire celle des 23 accusés de Rouen , dans laquelle
200 temoins sont appelles à deposer. Il demande à être autorisé
à completter le nombre des jurés , en tirant au sort parmi
ceux de service au tribunal criminel da département de
Paris.
Cette demande , convertie en motion , est décrétée après
quelques débats .
L'Assemblée rend le décret suivant :
La Convention nationale approuve les arrestations faites
par les sections de Paris , de voitures chargées de marchandises
partant pour lyon , Marseille et autres villes en rebellion
, les autorise à continuer provisoirement ces arrestations ;
charge la municipalité de faire inventaire desdites marchandises
, et de veiller à leur conservation , et renvoie au ministre
de l'intérieur , pour indiquer un magasin propre à les
recevoir . 11
Le reste de la séance a été consacré à l'admission des péțitionnaires
.
Séance du lundi 19 août.
Après la lecture de plusieurs procès - verbaux , Mallarmé
denonce à la Convention les dégradations considérables qui
se commettent dans toutes les forêts , et sur-tout dans les fo-
1êts nationales . Dans le departement de la Meurthe , les accaparcurs
ont acheté à très - bas prix les bois de chauffage et
de consommation , de maniere qu'ils vendent près de 100 liv.
la corde qu'ils ont achetée 14 liv. Mallarmé propose et la
Convention décrete , après , une légere discussion , que les
corps administratifs taxeront le prix des bois de consommation.
Aat
+
L'accusateur public du tribunal révolutionnaire se plaint
de n'avoir encore reçu aucunes pieces relatives à Marie-An
toinette et aux députés détenus . Il ajoute qu'il n'a reçu qu une
très-petite partie de celles qui regardent le général Lamartiere .
Charlier observe quantoinette ne doit ête regardée que
comme e simple citoyenne ; qu'il n'y a pas d'acte d'ac
savion à dresser contre elle , et qu'ir suffit que le comite
sûrete générale fasse passer à l'accusateur public les peces
relatives à son altaire . Quant aux deputés détenus , la Covention
charge ses comités de législation et de sûreté géné
rale de presenter sous trois jours les actes d'accusation.
Julen de Toulouse fait , au nom du comité de sûreté génerale
, un rapport sur.Beysser. Aucune piece ne charge ce
général ; toutes prouvent sa bravoure et son civisme . Sa faute
même ne lui appartient pas , elle est l'effet d'une séduction
sur laquelle il ne pouvait réfléchir au milieu des em arras
d'une guerre telle que celle faite à des brigands.
9
Le comité propose de le mettre en liberté et de le renvoyer
à ses fonctions. Le décret est appuyé par un membre qui ,
après avoir rappellé les services que Beysser a rendu , et tait
entrevoir ceux qu'il peut rendre cite un fait qui prouve
combien Beysser est la terreur des rebelles. Un corps de ces
brigands menaçait les patriotes ; pour les mettre en fuite , on
affichi que la Convention avait reconnu Beysser innocent ,
et qu'il revenait à son poste . Les brigands disparurent aussi- tôt .
Cette séance a été terminée par la lecture d'une lettre des
Pyrénées , qui contient des détails sur un combat dont tout
T'avantage est pour la Republique .
PARIS , le 22 août 1793.
Les sections de Paris se sont empressés de donner aux députés
des assemblées primaires les marques de la plus tendre
fraternite , et de leur offrir des banquets civiques . Déja la
plupart de ces députés sont retournés dans leurs foyers . Avant
leur départ ils ont envoyé des commissaires au conseil général
de la commune , pour lui porter l'expression des sentimens
de reconnaissance et d'amitié qui les uniront à jamais aux
habitans de cette ville . On nous les avait peints , s'est écrié
l'orateur , sous des couleurs odieuses. Nous avons reconnu
Terreur dans laquelle nous avaient plongé les fédéralistes .
Nous leur jurons , au nom de la France , une haine éternelle ;
et à vous , un amour que vous méritez . "
Le président du conseil général a donné à la députation le
baiser fraternel an nom de la ville de Paris .
La plus grande tranquillité regne toujours dans cette ville ,
( 373 )
quoique la foule recommence à obséder les portes des bou
fangers ; mais les mesures sages et vigoureuses que vient de
prendre la Convention nationale nous font espérer que bientôs
cette gêne disparaîtra.
Les commissaires des 48 sections , nommés pour s'informer
de la quantité et de la qualité des farines , et examiner les
compics des administrateurs au département des subsistances,
ont ete installés par un arrêté de la commune.
Cette détermination n'a pas été prise sans de violens débats.
Voicil'avis que Pache vient de faire publier à ce sujet,
CITOYENS ,
« Les malveillans n'ont cessé depuis huit mois d'agiter sur
les subsistances ; ils ont sur-tout poursuivi avec acharnement
1 ouverture des magasins , et demandé qu'on leur remit l'état
des denrees contenues dans ces magasins . Il semblait , dès le
mois de janvier , qu'on dût mourir de faim , et cependant on
a vécu jusqu' ce moment.
La perfidie de ces demandes répétées est sensible ; elle
n'a d'autre objet que d'agiter le peuple , de gêner l'adminis
tration dans sa marche , et de donner connaissance de la situation
des magasius , soit aux vendeurs avides qui en profitent
pour en relever le prix , soit aux contre- révolutionnaires , qui
en profiteraient pour arrêter les grains environnans , et empêcher
l'arrivage ; car Paris est comme une place de guerre ;
quand on connait ses magasins , on peut juger combien de
jours elle peut tenir , et se conduire en conséquence.
Citoyens , les efforts se renouvelleut aujourd'hui en votre.
nom ; c'est en votre nom , de vous qui voulez la liberté ,
Pegalité , la constitution démocratique , qu'ils excitent des discussions
, et par suite , des mouvemens qui ameneralent leur
destruction.
Républicains francs et généreux , le corps municipal vous
offre tout ce qu'il doit vous offrir , vous offre le compte des
fonds employés aux subsistances ; demain même ce compte
sera envoyé à l'impression , pour être distribué aux sections ;
la vous le livrerez à l'examen de tous les citoyens , et ils feront
leurs observations critiques qui épureront ees objets.
99 Telle est la marche prescrite par la loi , telle est celle
que désigne la sagesse et le pa riotisme , et j'ose croire qu'elle:
aura l'approbation de tous les bous citoyens. 99.
On a exécuté à la rigueur le décret de la Convention qui
ordonnait que les tombeaux de Saint- Denis . se aient renverses.
le 10 août. Le corps de Turenue était tellement conservé qu'on
l'a retrouvé , dit- on , dans l'altitude où il avait éte place.
་
Pierre Manuel , ci- devant membre de la Convention nationale ,
et Silleri , deputés , ont etc const rues prisonnie.s a l'Abbaye.
Regnault de St-jean- d'angely , ex- depute à l'assembke
Aa 3
( 874 )
-
constituante , a été mis en état d'arrestation à Douai , par ordre
des representans du peuple. Les géneraux Ferrand , Laroque
et Villette , chef de brigade des dragons de la Manche ,
été incarcérés à l'Abb ye .
ont
Le général Houchad a été dénoncé à la société dès Jacobins
la société a arrêté que cette dénonciation serait commu
niquée au comité de salut public .
Etat général des prisons de Paris du 27 août, Total , 1612 .
Les vaisseaux la Côte- d'or , de 120 canons , commandé par le
Contre-amiral Landais ; le Tigre , de 74 canons , capitaine Vannable
; la frégate la Proserpine , de 40 canons , capitaine Blazet ,
but appareille , le 13 , de la rade de Brest , pour rejoindre l'at
mée navale de la République , près Belle- isle ; la frégate la
Bellone , capitaine Lafargue , s'est perdue en revenant de con
duire son convoi à Bordeaux .
L'ORIENTT , le 7 août.
Il est entré avant-hier au soir dans ce port un bâtiment
de commerce de Bordeaux , venant de l'isle de France , à la
consignation des négocians Louéhon et compagnie . Le 23
avril dernier , époque de son départ , on ignorait encore à
l'isle de France la guerre avec l'Angleterre. Il a rencontré ,
dant să traversée , deux frégates , l'une suédoise , l'autre anglaise
; la derniere l'a arraisonnée , et elle lui a dit que sa
nation était en paix avec la République . A son départ de l'isle
de France , tout y était tranquille .
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
Affaire de Custines.
L'accusé à d'abord assuré ses juges qu'il n'avait rien à redouter
du tribunal devant lequel il a été renvoyé , parce que
sa conscience tait pure . Après s'être plaint de n'avoir reçu
qu'hier soir l'acte d'accusation porté contre lui , il a annoncé
qu'il avait à présenter une liste de témoins à décharge.
Interrogé de ses noms , surnoms , age , qualités , lieu de
naissance et deineure.
A répondu s'appeller Adam- Philippe Custines , ci - devant.
militaire , aujourd'hui citoyen , âgé de 52 ans , né à Metz ,
demeurant à Paris , rue et hôtel Grange - Bateliere.
A lui observé qu'il avait une autre qualité.
A repondu qu'il était général en chef des armées du Nord
et des Ardennes.
Le greffier donne lecture de l'acte d'accusation , dont la teneur
( 375 )
Antoine Quentin Fouquier-Tinville , accusateur public près
fe tribunal criminel révolutionnage , etc.
Expose que par décret de la Convention rationale du 29
juillet dernier , Adam - Philippe Custines , ci- devant général en
chef de l'armée du Nord et des Ardennes , a été traduit an
tribunal révolutionnaire pour y être jugé commeprévenu d'avoir
trahi les intérêts de la République ; que depuis , les pieces
concernant son arrestation , ont été remises à l'acusateur pu:
blic , tant par la voie du comité de salut public de la Con
vention nationale , que par celle du comité de sûreté générale ;
qu'examen fait desdites pieces par l'accusateur public , il en
resulte que Custines , des l'origine de la guerre que la République
soutit avec toutes les puissances coalisées , a refusé
un moment de s'emparer des gorges de Porentru , suiyant
l'ordre qu'il
en avait reçu du maréchal Luckner , lors généraľ
en chef ; que passant ensuite en Allemagne à la tête d'une
armée assez considérable , et suivant la conduite tenue par le
traître Dumourier dans la Belgique , il s'est emparé successivement
et avec rapidité des villes de Spire , Mayence et
Francfort.
Que ces conquêtes faites , Custines , sans doute pour mieux'
couvrir la trahison qu'il tramait , a dénoncé le général Kellermann
comme un traître ou un ignorant dans l'art militaire ,
et l'a accusé de l'avoir empêché de pousser ses conquêtes
plus loin , en ne lui portant pas le secours qu'il attendait
de lui ; que quoiqu'il fût instruit que l'opinion des habitans
de Francfort n'était pas favorable à la révolution Française ,
qu'ils haissaient même , ainsi que les Français ; ce dont il
n'est pas permis de douter , d'après la maniere infame dont'
ces habitans en ont usé envers eux , lorsque les Prussiens ont
repris cette ville ; quoiqu'il fût également instruit que cette
ville , abandonnée à ses propres forces , et quelle qu'en fût
la garnison , n'était pas en état de soutenir le siege , Custines
a néanmoins laissé dans cette ville une garnison d'environ
3000 hommes , au commandement d'un étranger qui bientôt
a livré cette ville aux Prussiens qui , conjointement avec les
habitans de Francfort , ont tué et massacré une grande partie
des braves Français qui composaient cette garnison ; de maniere
qu'il s'en est sauvé à peine 800 , que quoique Custines
ne pût jamais ignorer que la ville de Mayence , abandonnée
ses propres forces , ne résisterait pas tôt ou tard aux efforts
combinés des puissances coalisées , et que ce seul motif fût
suffisant non - seulement pour le déterminer à n'y pas jeter
de l'artillerie , mais au contraire en faire retirer celle qu'il
y avait trouvée ; Custines , par un systême tout opposé , et
qui ne peut être qu'un complot profondément combiné , ainsi
que l'expérience nous l'a appris depuis ; Custines , disonsnous
, a dégarni la place de Strasbourg d'une grande partie
de son artillerie , et l'a fait jeter dans la ville de Mayence ;
á
A a
( 376 )
nonobstant toutes les réclamations qui lui ont été faites à cet
égard , en annonçant à la Convention et au pouvoir exécu ,
tif que cette ville était inexpugnable , et qu'elle serait le tombeau
des Prussiens et des Autrichiens , tandis que dans le
fond de l'ame il ne pouvait se dissimuler que cette ville serait
au contraire le tombeau d'une partie des braves Français qui
en composaient la garnison , et de l'artillerie immense qu'il
y avait fait jeter.
Custines , semblable en tout au perfide et traître Dumourier,
a , au mois de février dernier , sous prétexte d'indiscipline ,
licencié la gendarmerie qui lui était si nécessaire , tandis
que cette gendarmerie n'avait d'autres torts que d'avoir réclamé
aupres du général despote la même paie que celle qui lui était
accordce avant d'aller aux frontieres , au lieu de celle de
vint sous par jour , à laquelle il l'avait arbitrairement fixée
et réduite ; Custines enfin , de son autorité privée , sans au
cune forme , et toujours sous prétexte d'indiscipline , a fait
fusiller differens officiers et gardes nationaux volontaires , notamment
trois ou quatre dans des vigues , près de Spire , et
au moment où ces volontaires étaient à manger du raisin .
Custiues , après avoir fait faire ainsi cette fusillade , s'est écrié :
Voilà comme on établit la discipline !
Malgré la conviction dans laquelle Custines devait être
que la ville de Mayence , abandonnée à ses propres forces ,
ne pouvait tenir contre les attaques réitérées de l'armée combince
des puissances coalisées dans la crainte sans doute
que cette ville ne tombât pas assez tôt au pouvoir des ennemis
, lors de sa retraite de cette ville , il la laissa sans vivres
et sans munitions suffisantes , au point que la garnison était
réduite à manger des rats , des souris et du cuir ; Custines
feignaut lors de sa retraite de Mayence , de vouloir sauver
une partie de la garnison et de l'immense, artillerie qui y
était , donne l'ordre à une partie de la garnison de partir
avec une partie de cette artillerie ; mais quel tems choisit- il
pour faire exécuter cet ordre ? celui où le renfort qu'atten,
daient les armées combinées est arrivé ; alors cet ordre n'a
pu être exécuté , et la garnison et l'immense artillerie sont
Testees dans Mayence ; et lois de sa reddition , cette immense
artillerie est devenue la proie des ennemis de la Kés
publique.
Tandis que la ville de Mayence était ainsi abandonnée à ses
propres forces , et que Custines , malgré la forte garnison qui,
y était , savait que cette ville , dépourvue des choses les plus
nécessaires , ne pouvait résister , il écrivait à la Convention
qu'il n'y avait rien à craindre sur le sort de cette ville ; qu'elle
se soutiendrait , et que l'armée de la Moselle ne devait aller
son secours que le 12 du présent mois d'août , tranquilli
sant ainsi d'un côté sur le sort de cette ville , et paralysant
de l'autre l'armée de la Moselle
( 377. )
Cutines par cette manoeuvre criminelle a obligé la garnison
de Mayence à capituler le 28 juillet dernier , et a par cette
capitulation forcee fait perdre à la République une artillerie
aussi précieuse qu'immense.
Cependant Custines n'avait jamais ignoré un instant l'état
de détresse de Mayence , puisque dès le commencement du
blocus de cette ville le général Douairé a eu une conférence
avec un agent de Custines , en présence du général
Prussien , et que dans cette conférence l'agent de Custines a
glissé au général Douairé un billet signé de la main de Custines,
mais écrit par une main étrangere ; par lequel billet le général
Douairé était engagé à entrer en négociation pour la reddition
de cette ville , et que le citoyen Rewbell , commissaire de la
Convention , et les citoyens Darzia court , Klebert , Ledieudeville
et Beaupuy ont assisté à la conference , et ont eu connaissance
du billet en question .
Custines , lors de sa retraite de Mayence , s'est opiniâtré ,
nonobstant, les représentations qui lui ont été faites à me
vouloir pas conserver l'importante place de Guernesin , poste
d'autant plus intéressant , qu'en le conservant on aurait pu empêcher
que les ennemis eussent jamais pu pénétrer sur le territoire
français par la frontiere de Landau , et que sa perte
empêchera les armées françaises de pouvoir rien entreprendre
sur le Palatinat . Custines a annoncé , le 25 mai dernier , à l'armée
du Rhin et de la Moselle , dont il était alors le général
en chef , qu'il venait d'être nommé général en chef de l'armée
du Nord et des Ardennes , qu'il avait accepté ce comman
dement , et qu'il partirait le même soir ou le lendemain matin
; cependant nonobstant cette annonce , et le même jour ,
Custines forme un plan d'attaque générale ; il écrit à Chamberniac
, commandant au fort Vauban , de passer le Rhin avec
deux mille hommes , et d'attaquer les ennemis sur l'autre rive ,
qui étaient au nombre de dix mille .
Custines écrit le même jour , 15 mai , à Houchard , et lui
ordonne de faire marcher tonte l'armée de la Moselle , pour
s'emparer du château fort de Curourberck , et Custines s'exprime
ainsi :
Après l'expédition finie , vous vous retirerez , mon cher
Houchard , dans votre position actuelle , emmenant avec vous
le plus de Prussiens que vous pourrez : Ce sont des Prussiens ,
il ne faut pas tout luer ; mais quant aux Autrichiens et Hessois ',
je vous les abandonne ; faites - en chair à pâté.
Ces deux plans devaient s'exécuter le 17 ; mais heureuse
ment que Chamberniac désobéit à Custines , qui n'était plus
son général ; car , sans cette désobéissance , la République ,
d'après toutes les mesures prises par Custines , éprouvait encore
evidemment un échec dans cette partie .
Le même jour , 17 mai , Custines fait marcher 30,000 hommes
pour en attaquer 6,000 en avant des lignes de la Louues
1978
)
rais ses ordres sont tellement donnés ou si mal exécutés , que
les colonnes arrivant sur l'ennemi , décousues ou sans ordre
de bataille , sont repoussées avec beaucoup de perie , et ne
peuvent se rallier qu'à une certaine distance ; alors Custines
parait ; et malgré la demande réitérée des troupes de retourner
a l'ennemi , il donne l'ordre de la retraite ; et quoiqu'il ne fût
plus général de cette armée , il y reste jusqu'au 23 mai derier
, y commande toujours et ordonne des attaques demon
trées fausses et nuisibles aux intérêts de la République ; et ,
le même jour , 23 mai , l'armée du Nord , sans general , est
défaite et le camp de Famars enlevé ,
D'après un plan entre Houchard et Guillemin , tout était
préparé pour que Arlon fût attaqué le 9 juin dernier , à huit
heures du matin , par les deux armées combinées . Cette attaque
n'a été faite que par la colonne commandée par Delaage ,
et 2000 hommes commandés par Beauregard , venus de l'armée
des Ardennes , parce que Custines avait donné contreordre
à Guillemin d'exécuter ce plan , attendu qu'il ne vou◄
ait ni prendre Arlon , ni brûler ses magasins ; et si la brayoure
de 12,000 hommes n'eût fait enlever ce poste , il serait
impossible de calculer les suites funestes qui devaient en résuiter
pour la République ,
Custines est si peu républicain que , quoiqu'il affectât sans
eesse , en toute occasion , de se qualifier tel , un soir , étant à
souper chez lui , à Mayence , et entouré d'an grand nombre
d'officiers , vers la fin de janvier dernier , en parlant du cidevant
roi , dont il apprenait la mort , il dit : tout est fini ;
pais , gardant un morue silence , qui ne fut interrompu que
par une autre exclamation : ce n'était pas mon avis ; il fallait
Larder le roi pour ôtage , et non le faire mourir. D'après un pael
propos , il ne faut plus être étonné des expressions de
Barbareux , daus sa lettre imprimée , datée de Caen , du 18
Juin dernier , lorsqu'il y parle de Custines Heureusement.
dit Barbaroux dans cette lettre , ) Custines commande sur
ette frontiere ...………………. ni de celle que l'on trouve dans un
edit imprimé et intitulé ; Bulletin officiel du bureau de corres
pondance de l'armée centrale , seant à Rennes ; 5 juillet : L'as-,
semblée centrale a arrêté qu'il sera écrit au général Custines ,
pour inviter à rester à son poste , quand même la faction de
La Convention ou le pouvoir exécutif le destituerait , en lui delarant
qu'il mérite toujours la confiance du peuple,
Cette maniere de s'exprimer de la part des rebelles sur le
compte de Costines , ne permet pas de douter un seul instant
des motifs qui ont déterminé ce dernier dans la conduite qu'il
a tenue pendant qu'il ctait général .
Custines arrivé à l'armée du Nord et des Ardennes , ne s'est
pas démenti . Il a fidellement suivi la marche qu'avait tenue
le traître Dumoutier lors de sa retraite de la Eelgique ; Custines ,
sous le vain prétexte que cette armée était desorganisée et in(
379 )
disciplinéé , l'a laissée dans l'inaction la plus répréhensible ;
ne s'est occupé nullement de protéger , par aucun moyen
les villes de Conde et Valenciennes , et les autres villes : fron -i
tieres qu'il savait assiégées , de façon que , par cette indigne,
maneuvre , Condé et Valenciennes sont maintenant au pou
voir des ennemis , avec une artillerie formidable , et semblable
à celle que Custines à fait perdre à Mayence que les autres
villes frontieres sont menacées et attaquées dans cette partie , et
qu'en un mot , le territoire Français est entamé par les puissances
coalisées ; ce qui ne serait pas arrivé , si Custines avait fait faire
le plus léger mouvement a l'armée du Nord et des Ardennes
pour protéger ces deux viiles prises et celles menacées . Mais
loin d'avoir ordonné ces mouvemens , Custines , au contraire
pour consommer sans doute plus à loisir sa trahison , a cherché
à faire tirer de la ville de Lille , deja menacée d'un nouvcau
siége , soixante- seize bouches à feu , pour les transporter.
au camp de la Magdeleine ; et nonobstant les sages représen
tations à lui faites par Favart , commandant cette place impor
tante , dans sa leitie du 25 juin dernier , Custines , par sa lettic
du 2 juillet dernier , persévére à vouloir faire extraire de
cetie place , ces 76 bouches à feu ; de sorte que non content
d'avoir , par son inaction coupable , exposé les villes de Condé
et de Valenciennes à être prises , comme elles l'ont mallieureusement
été , son intention criminelle bien prononcée était ,
en dégarnissant ainsi Lille d'une artillerie qui lui était néces
saire , en cas du nouveau sirge dont cette ville était menace
, de la livrer plus aisément au pouvoir des ennemis ; ct
ce qui caractérise davantage ceue intention criminelle de Cus
tines , c'est que la marliere , aurre général aux ordres de Cas
tines , s'occupait de son côté de dégarnir la ville des appro
visionnemeus dont elle était pourvue.
Telle est la maniere perfide et combinée qu'employait Cus !
tines pour anéantir cette liberté si chere à tout éne pensant ,
étouffer et pulveriser jusqu'à la plus légere trace de la Répu
blique waissante .
D'après l'exposé ci - dessus , l'accusateur public a dressé la;
présente accusation contre Adam - Philippe Custines , ci-devant
général en chef de l'armée du Nord et des Ardennes , pour
avoir mechan.ment et à dessein abusé de la qualité de général
des arinces , et avoir , à la faveur de cette qualité , trahi les
intérêts de la République , en entretenant des manoeuvres et
des intelligences avec les ennemis de la France , et par suite
de ses manoeuvres et intelligences , d'avoir facilité l'entrée des
eunemis dans les dépendances de la République , et de leur
avoir livré des villes . forteresses , magasins et arsenaux appartenans
à la République ; ce qui est contraire à l'art . IV de :
la section tre du titre 1er de la lie partie du code pénal. En
conséquence l'accusateur public' requiert , qu'il lui soit donné
acte par le tribunal assemblé de la présente acausation ; qu'il(
380 )
soit ordonné qu'à sa diligence , et par un huissier du tribunal
porteur de l'ordonnance à intervenir , ledit Cus'ines , actuel
lement détenu en la maison d'arrêt de la conciergerie , será
écroué sur les registres de ladite maison de justice , comme anssi
que l'ordonnance à intervenir sera notifiée à la municipalité
de Paris.
Fait au cabinet de l'accusateur public , ce 14 août 1793 , l'an
2 de la République une indivisible.
Signé , FOUQUIR- TINVILLE.
( Nous donnerons l'interrogatoire de Custines dans le prochain
Suméro. )
NOUVELLES DES ARMÉES.
CAMBRAY , le 16 août.
On dit que les ennemis n'ont quitté le territoire de cette
ville que pour s'opposer à la jonction des armées du Nord
et de la Mozelle . Voici les détails de leur apparition devant
cette place , trausmis à la Convention par le general Declaye.
Le 7 août , l'armée ennemie parut devant la place de Cainbray
que je commande ; elle a paru me cerner en longeant sa
gauche depuis la porte Notre-Dame jusqu'a la hauteur de la
porte St. Sepulcre , en poussant ses postes jusqu'à Rumilly.
Réduit à moi même par la retraite précipitée de l'armée
dont je ne pus recevoir les forces qui me manquaient , dans
la plus grande de tresse par l'insouciance que l'ex general La .
marliere a apportée à mettre la ville en état de defense ; par
le defaut d'approvisionnement , par ma faible garnison , surtout
en cavalerie ; et le général en chef Kilmaine , qui m'avait
annoncé , par une lettre en date du 7 , en repouse à la mienne
de même date , que le 25e régiment de cavalerie , qui faisait
partie de ma garnison , et dont il avait disposé la veille , devait
y rentrer , avec environ 300 hussards qui avaient été le
matin à la disposition da général Kiessac , et qui devaient rentrer
, ne me tenant point parole , tout était contre moi , et me
força à croire qu'il existe encore des êtres qui , par la haine
qu'ils portent à la République , trouvent toujours les moyens
d'entraver ceux qui veulent la servir et la défendre jusqu'à la
mort ; tout enfin paroissait concerté pour m'enlever les moyens
de sauver cette place .
Non-sen! ement on ne nous avait point approvisionné malgré
toutes mes réclamations , mais encore on voulait enlever de
nos magasins deux mille sacs de froment , et cela , dans le
moment où le peuple crioit à la famine , et où le bloeus pa
zoissait inévitable.
>
seil de guerre , qui déclara la placé en état de siége , et je
pris les mesures les plus vigoureuses pour la défendre en républicain
; je me vis même forcé , après m'être concerté avee
le commandant du genie , de faire, brûler quelques maisons à
moins de deux cens cinquante toises , vu l'impossibilité de les
Afaire démolir dans ce moment préssant. 7
Le 8 , chacun à son poste , et bien disposé à recevoir l'ennemi
, je me suis occupe à faire accélérer les travaux exté
rieurs et intérieurs de la place , avec le reste de ma garnison
et les braves citoyens de Cambrai .
Vers les 10 heures , je reçus un parlementaire chargé d'une
orgueilleuse sommation , dont voici copie :
Le général-major commandant les avant-postes de l'armée combinée
de l'empereur et ses alliés , à M. le commandant de Cambrai .
Vous avez été témoin de ce que l'armée combinée vient
d'entreprendre , et vous voyez sa position actuelle .
" Bouchain est investi ; nous sommes maîtres de tous les
camps et de tous les postes occupés par vos troupes ; une
colonne nombreuse est derriere vous : je viens vous offrir la
sapitulation la plus honorable. C'est à vous , Monsieur , à
calculer maintenant si vous voulez exposer à toutes les horreurs
d'un siége , et à une destruction inévitable , dont la
ville de Valenciennes vous offre le triste exemple , la ville où
vous commandez ; ou bien si vous voulez accéder à une proposition
qui ne se renouvellera plus , et qui sauverait l'exis
tence et les propriétés d'un si grand nombie de personnes. 99
Etait signé DE BOROS.
Plus bas était aux avant - postes devant Cambrai , le 8 août 1793.
Voici quelle fut ma réponse :
Le général Declage , commandant en chef à Cambrai , au général,
major commandant les avant-postes des armées combinées.
Au quartier- général de Cambrai , le 8 août 1793
l'an 2 de la République Française.
J'ai reçu , général , votre sommation de ce jour , et je
n'ai pour toute réponse à vous faire , que je ne sais pas me
rendre , mais que je sais bien me battre. 99
Signé DEGLAYE.
" Comme les provisions manquaient absolument , je crus
devoir faire quelques sorties pour m'en procurer ; les tirailrepousses
, Je reussis ; enfin le soir je tus entiérement
bloqué ; la nuit rut assez tranquille .
Le gà la pointe du jour l'ennemis'approcha . et la fusillade
fut tres - vive , et continua jusqu'à vers le soir . Dans la nuit
l'ennemi chercha à s'établir , et à commencer les travaux ,
mais je les éclairai et les forçai à coups de canon de les abandonner
le reste de la nuit se passa en quelques fusillades . Le
10 nous
célébrâmes
le triomphe
de la liberté
sur
la tyrannie
, et la fédération
eut lien avec
tous les transports
d'allégresse
de vrais républicains
; la garnison
y assista
par
détachemens
, pour ne pas dégarnir
les postes
avancés
. Des
cris de vive la République
se firent
entendre
, et furent
répétés
mille
fois. Là , sur l'autel
de la patrie
, je prononçai
le serment
de vivre libre ou de mourir
; chaque
soldat
, chaque
citoyen
répéta
je le jure , et tous temoignerent
par leurs
gestes
qu'ils
veulent
tenir leur serment
. L'enthousiasme
était
universel
, et bien propre
à faire trembler
les tyrans
. L'apresmidi
, je fis une sortie
dans laquelle
or fi quatre
prisonniers
,
dont
un officier
Autrichien
: à l'instint
patut
un gros de cavalerie
ennemie
, que cinq coups
de canon
firent
retirer
précipitamment.-
Le 1 , à la pointe du jour , mes découvertes m'apprirent
que l'ennemi avait fait retraite de toute part ; je résolus
de faire éclairer les routes , sur- tout ' celles de Valenciennes
Saint- Quentin et Arras ; par- tout on reconnut que l'ennemi
s'était retiré dans la nuit.
Je ne rendrais pas justice à la brave garnison que je
commande , si j'oubliais de faire l'éloge du zele et du courage
qu'elle a mentre pendant tout le tems que dura le blocus ,
et sur-tout de son dévouement à plutôt s'ensevelir sous les
ruines de la place , que de consentir à se rendre.
Ce drapeau que je vous enveie est un sûr garant de
l'énergie qu'elle a déployée dans les sorties . "
" Acceptez , citoyens représentans , mon hommage et le
serment le plas sacré de défendre la République une et indivisible
, jusqu'àa derniere goutte de mon sang. "
Signé , DECLAYF.
STRASBOURG le 10 août .
"
Il parait que les ennemis vont réunir leurs forces pour altaquer
l'Alsace et la Flandre. L'armée du Brisgaw , Margraviat
et Palatinat , commandée par le general Wurmser est divisée
en trois corps qui doivent agir de concert ; les forces arrivées
de Mayence depuis sa reddition , ont été dispersées dans ces
corps . Voici la répartition des armées combinées , telle qu'elle
a été depuis le 31 juillet jusqu'au 2 août
Le premier corps d'armée du Brisgaw , commandé par le
( 383 }
général Lichtemberg , ' est d'environ 16 à 17,000 hommes ; il
est dispersé dans plusieurs petits camps et cantonnemens ,
depuis les hauteurs de Rhemfeld jusqu'au Vieux - Brisach. Il ne
reste au général Stander , qui commanda à Fribourg , qu'en
Ion 4 à 5 cents hommes , depuis les nouvelles dispositious
prises par le général en chef.
•
Le deuxieme corps d'armée s'étend depuis le Vieux -Brisach
jusqu'à Lichtenau. Le corps composé des troupes de l'empereur
et des cercles est de 12 à 13 mille hommes.
Le troisieme , commandé par le général Wurmser , s'étend
depuis Lichtenau jusqu'à la hauteur de Germersheim , sur la
rive opposée du Rhin : le camp de Salingen , en face du fort
Vauban , est leur point central : ils font des retranchemens
considérables sur toute la rive , et principalement à la droite
et à la gauche du fort Vauban , où ils projettent quelque
tentative pour favoriser les armées combinées qui se trouvent
devant Landau. Tout le reste a repassé le Rhin pour se joindre
au corps de Wurmser.
Il y a encore un corps de réserve des troupes impériales
on des cercles , dans la forêt Noire , près de Willingen ; mais
on n'en sait pas encore le nombre : on assure que ce sont des
dépôts de recrues et quelques détachemens des différens corps
qui composent l'armée du Brisgaw. Ces troupes duivent , à ce
que l'on prétend , se porter sur le Waisenthal , pour agir sur
la principauté de Porentruy , dite Mont-Terrible ,
$
L'armée combinée qui se trouve maintenant devant Landau ,
et qui va faire toutes ses dispositions pour serrer de près
cette place , est composée de Prussiens , Autrichiens , émigrés ,
Saxous , Palatins , Westphaliens et autres troupes des cercles ,
incorporés dans ces derniers ; elle forme une masse de 80 à
85 mille hommes disponibles , malgré les grandes pertes qu'ils
ont essuyées la ville de Mayence seule leur a coûté 42 mille
hommes. Le déficit de leurs armées , qui étaient tant devant
Mayence qu'en face de Landau et sur la rive du Rhin , depuis
Mayence jusqu'à Basle , est de 54 mille hommes , tant tués
que morts de maladie ou désertés . Le nombre des malades
actuellement existans dans les hôpitaux , depuis Coblentz jusqu'à
Latroh , est de 11 mille 6 cents 88 hommes selon les
Lanports officiels donnés aux généraux en chef de leurs
artiets.
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et du
mercredi.
Du mardi 20 août. Les administrateurs du département du
Mont-blanc écrivent que les Piemontais , profitant du départ
( 584 )
de quelques bataillons envoyes contre la ville de Lyon , ont
pénétré dans leur montagne ; ils demandent des secours . Un (
membre de la députation du Montblanc assure que des officiers
municipaux ont conduit les colonnes piémontaises sur
le territoire français ; que la masse des habitans est patriote ,
mais qu'il y a des traîtres et des gens susceptibles d'être fanatisés.
Il y a une grande mesure à prendre , ajoute- t- il , c'est
d'incendier tous les villages qui se révolteront . Le département
du Montblanc a eu aussi ses émigrés . L'assemblée des
Allobroges les rappella ; ils rentrerent , non par amour pour
la liberté , mais pour conserver leurs biens. Je demande que
tous ceux qui ont fui la ci- devant Savoie à l'approche des
armées françaises soient mis en état d'arrestation. Cette proposition
est adoptée .
Une lettre particuliere annonce que le siége de Lyon conunue
; que les habitans demandent à parlementer . Si les Lyonnais
veulent encore essayer la résistance , une nouvelle attaque
doit les faire succomber. Les Marseillais ont été complettca
ment battus près de Saint - Remi . On leur a pris trois pieces
de canons , et fait un grand nombre de prisonniers .
a eu
Mardi soir. Une lettre de la Vendée annonce de nouveaux
succès sur les rebelles . Les habitans des campagnes insurgées se
rebutent , et les rassemblemens qui se formaient au son du
tocsin ne sont plus aussi considérables . Une lettre de Lille ,
en date du 19 août , contient le récit d'une affaire qui
lieu entre les troupes de la République , les Autrichiens , les
Anglais , Hanovriens et Hessois . Les postes de Monvaux et de
Bondues ont repoussé l'ennemi . Dans cette journée nous lui
avons enlevé dix pieces de canon , et fait environ 200 prisonmiers
. Sa perte peut être évaluée à 500 hommes .
Paré , secrétaire du conseil exécutif provisoire , a été nommé
ministre de l'intérieur ; il avait pour concurrent les citoyens
Hébert , substitut du procureur de la commune de Paris , et
François de Neufchâteau , ex-député.
Du 21. Une lettre de Nantes s'exprime ainsi : On s'attend
un combat naval sous Belle - Isle ; on peut compter sur le
succès , car tous nos marins sont dans les meilleures dispo
sitions.
Rapport du comité de salut public sur les mouvemens contrerévolutionnaires
qui se sont manifestés dans la ville de Montbrison,
La Convention a pris des mesures pour les éteindre . '
<
( No. 109 . 1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI SI AOUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSI E.
? Lettre d'un amant malheureux , écrite à son ami , au moment d'aller
se donner la mort avec son amante. ( Tirée des lettres de
M. Léonard . )
CETTE nuit , mon ami , dans l'oubli du malheur ,
D'un instant de repos j'ai goûté douceur .
Je cours à mon réveil contempler la nature :
L'air est frais ; l'horison s'éclaircit et s'épure ;
Tout annonce un beau Jour ; tout est calme et serein ;
L'orage est dissipé ....... l'orage est dans mon sein .
L'étoile du matin déja commence à luire ;
Sa débile clarté suffit pour me conduire
Au lieu d'un rendez - vous , bien différent , hélas !
De ceux où tant de fois elle a conduit mes pas .
Mon chien , mon chien fidele accourt et me caresse
je le baise , et je pleure ! Ami , que sa tendresse ,
En méritant vos soins , vous rappelle par fois
Son maître infortuné qui vous remet ses droits ......
Déja le chant du coq a frappé mon oreille ;
Chacun reprend par- tout ses travaux de la veille ,
Et les miens vont finir Ces instrumens de mort
D'un monde plus heureux nous ouvriront le port.
Dieu puissant , je t'invoque ! Être incompréhensible ,
Au dernier de mes voeux ne sois pas insensible !
Jamais je n'ai conçu de coupables desseins ,
D'aucun crime jamais je n'ai souillé mes maius ;
Devant toi cependant sur le point de paraître ,
Je sens que je frémis ..... Grand Dieu , pourrais.tu n'étre ,
Comme des imposteurs osent le souteuir ,
Qu'un Dieu terrible , un Dieu toujours prêt à punir ?
Aurais- tu des tourmens pour celui qui délaisse
Un monde où les tourmens le poursuivent sans cesse ?
Tome IV.
Bb
2
( 386 )
que je t'implore ;
Sur le bord effrayant de l'abyme éternel ,
Accorde-moi l'appui de ton bras paternel !.....
Mais ce n'est pas , grand Dieu , pour moi
Réserve tes bontés pour celle que j'adore ,
Cet objet vertueux que ta main a formé ,
Pour celle dont le crime est de m'avoir aimé !
Pardonne son ' amour"; il fut involontaire ;
Et si l'homme ici bas ne peut , sans te déplaire
Prévenir le moment de revoler vers toi ,
Que la peine , o mon Dieu , ne tombe que sur moi ! ...
Mais l'heure sonne .... allons ! .... sur ma bouche enflammée
Viens , viens que je te presse , ô de ma bien- aimée
Présent délicieux , d'amour gage adoré ,
Ornement d'un sein pur , ruban cher et sacré !
Viens , viens , tu me suivras dans la nuit éternelle ,
Je t'aurai sur mon coeur en expirant près d'elle...
Adieu , mon tendre ami , je pense à vos bienfaits ;
Vous seul , vous seul au monde excitez mes regrets !
Adieu , cabane heureuse ! adieu belle campagne ,
Plus belle encor pour moi par ma douce compagne !
Adieu ciel ! adieu terre ! adieu brillant soleil ,
Dont les premiers rayons éclairaient mon réveil !
Adieu petits oiseaux que je venais entendre !
Adieu rives du fleuve où j'aimais à me rendre !
Adieu bosquets , yallons et tout ce que je vois !
Adieu , vous dis -je , adieu , pour la derniere fois !
NOEL DE BOULOGNE .
CHARADE.
Mox dernier du premier affaiblit les ardeurs , ON
Et mon tout ceint l'amour d'épines ou de fleurs.
Ji
ENIGM E.
E donne en dix à deviner .
Au plus expert en ce manège ,
Un champ qu'on ne pent moissonner ,
Qu'alors qu'il est couvert de neige.
( 387 )
A LA
LOGO GRIPHE.
LA ville , comme au hameau ,
Je suis d'un très -commuu usage ;
Tantôt gris tantôt blanc , ou noir comme un corbeau
Du cygne au champ de Mars j'arbore le plumage.
Veux - tu me connaître , lecteur ,
Leve les yeux , preads des airs de hauteur ;
De mes sept pieds mesure l'étendue ,
J'offrirai d'abord à ta vue
Ce doux tissu d'un satin qui te plaît ,
Sur la gorge d'Iris , sur sa main , sur sa bouche
Il est d'un si puissant attrait
>
?
Que ses charmes sans lui n'auraient rien qui te touche ;
Puis un appas pour les oiseaux ;
Un animal qui paît volontiers près des eaux ;
Un insecte cruel dont le nom rime à suce ,
Et qui suce en effet le sang
De soeur Colette et de soeur Luce ;
Cet élément dont se forme un étang ,
Ici canal , là bas source ou riviere "
Et qui dans la nature entiere
Répand la vie et la fraîcheur ;
Un promontoire , un soupir qui du coeur
Marque un desir secret , quelquefois la tendresse ,
Et la douleur encor ; certain son qui nous blesse ,
Mais qui de la voiture anime le coursier ,
Mot nécessaire au diligent courier ;
D'un oiseau l'ornement de tête ;
Celui du chantre un jour de fête ,
Ce qu'à mes pieds je puis voir tous les jours ,
Et même à mes genoux , ornemens de secours ;
D'une ville à grande cohue ,
Le nom du maire ; de la rue
Le marche-pied , enfin , un souterrain ,
Ou pour mieux dire un magasin
Où certaine liqueur fraîchement se conserve ,
Qu'à mes bons amis seuls prudemment je réserve.
C'est tout , ami lecteur : veux - tu me deviner ?
Va sans moi , si tu peux , ainsi te promener .
Bb 2
( 388 )
Explic. des Charade , Enigme et Logogriple du No. 198.
Le mot de la Charade est Chevrefeuille ; celui de l'Enigme est Gog 3
selui du L - gogriphe esi Procès , où l'on trouve repes , soe Tose fe
oman de la ) , rose ( fieur ) , ré , prose.
1
1
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Voyage en Guinée et dans les isles Garaïbes en Amérique : par
Paul Edman Iscrt , ci - devant médecin - inspec eur de Sa Majesté
Danoise , dans ses possessions en Afrique ; tiré de sa correspondance
avec ses amis traduit de l'allemand. in-8° . avec figures.
Prix , 6 liv . A Paris , chez Maradan , libraire , rue du Cimetiere
Saint-André-des -Arcs , nº. 9.
ITL y a eu de nos jours peu de genres d'ouvrages aussi multiplies
que les voyages . Qui a vu veut raconter , et qui raconte,
sur tout venant de loin , se fait écouter assez volontiers .
Historia quoquo modo scripta delectat . L'histoire amuse toujours ,
écrite , n'importe comment , a dit Cicéron , et cela est viai de
celle des voyages comme de toute autre .
L'auteur de ces Lettres sur la Guinee a parcouru les comptoirs
danois sur le golfe de Bénin , dans les contrées d'kra et
de Popo , voisines du royaume de Juida , qu'il appelle Fida ;
car les noms de ces pays varient suivant la différente prononciation
des Europeens . Il eut occasion de faire un voyage de
pure curiosité dans ce royaume de Juida , qui est plus avant
dans les terres que les établissemens qu'il devait inspecter . et
qui a été souvent décrit par d'autres voyageurs avec bien
plus d'étendue et de méthode que le médecin Danois n'er
a pu mettre dans une correspondance écrite
à ce qu'il
paraît
, et à des intervalies
plus
assez
à la bâte
,
moins longs.
Une grande partie de cette correspondance cst employce à
décrire tous les evenemens d'une petite guerre cuire deux
petites peuplades negres , les Adéens et les Augucens . Mas
quoique ce récit pût être abrégé sans inconvénient , il fournit
toujours à l'auteur quelques particularités qui conarment
ce que les autres voyageurs nous ont dit des negres , de leurs
moeurs , de leur caracture , de leurs
dit dans sa préface qu'il a sur- tout voulus .
L'auteur
nous
faire l'histoire naturèlle
des hommes : c'est un fort beau projet ; mais l'exécution
n'y répond pas toujours , et les botanistes qui cherchent la
nomenclature es la description des plantes étrangeres sefont
peut-être plus contens de lui que les philosophes qui cher
chent l'homme .
Ceux à qui nous devons les meilleures relations sur les
( 399 ).
pays arrosés par le Sénégal , la Gambra , le Niger , et
par les différentes rivieres qui sont des branches de ces grands
fleuves s'accordent à penser que le negre est généralement
bon et courageux , qu'il ne manque ni d'esprit ni d'industrie ,
et 'qu'il est doué d'une mémoire prodigieuse . La superstition
et le despotisme étouffent les fruits de ces qualités naturelles ,
et la servitude affreuse où ils sont réduits dans nos colonies
d'Amérique y substitue souvent tous les vices des esclaves .
D'après ces vices que nous leur avons donnés , la plupart
des colons nous ont représenté les negres sons des traits
extrêmement défavorables , et souvent on a cru à leurs rapports
, sans songer que le negre dont ils nous parlaient n'était
autre que celui qu'ils avaient fait , le negre de l'esclavage
et non pas celui de la nature . Mais les voyageurs éclairés qui
l'ont observé dans sa terre natale en font un portrait rout
différent , et le médecin Danois , dans les traits épars que l'òn
peut recueillir chez lui , est d'accord avec eux . On n'est jamais
stupide avec beaucoup de mémoire , et celle des negres ,
par exemple , est si fidelle et si sûre qu'elle leur tient lieu
de registres et d'annales , Au bout de 40 ans , ils se souviennent
de ce qui a été délibéré dans une de leurs assemblées
, ou de ce qui s'est passé dans un combat , ou de ce qui
a été réglé dans un traité , comme si les faits étaient de la
ville . Leurs vieillards sont les dépositaires de ces traditions ;
ce sont pour eux des livres vivans ,
4
•
A l'égard du despotisme qui les écrase , si l'on ne connaissait
l'orgueil des hommes , de quelque couleur qu'ils
soient , on ne concevrait pas que dans un pays où les jouissances
sont par une proportion nécessaire et la même partout
, anssi bornées que les connaissances , on pût ètre aussi
jaloux du pouvoir que dans ces fertiles contrees de l'Asie ,
où l'opulence de la nature semble s'être épuisée pour quelques
despotes , et qu'un miserable chef de quelques villages
formés de huttes , qui a pour principales richesses , un mauvais
chapeau d Europe , un lambeau d'écarlate et queiques.
verroteries , se jouât de la nature humaine dans la personne
de ses égaux , aussi insolemment que le graud Mogol ou le
Padisback. Rien n'est cependant plus vrai l'adoration est
font aussi humble et la tyrannie aussi crucite dans les penplades
noires que dans les palais des monarques d'Orient. La
soutume barbare d'égorger en cérémonie un certain nombre
d'esclaves sur le tombeau des rois , est établie en Guinée de
tems immemorial : on renouvelle ces mêmes massacres pour
célebrer, chaque année , le jour de ia naissance du roi régnant.
Si Fon demande au roi pourquoi il n'abolit pas une pratique
si effroyable , qui est même contraire au bien de
ses finances , puisqu'il pour it tirer beaucoup d'argent de
" ces esclaves qu'on exécute , il répond qu'il n'est pas ea
" son pouvoir d'abroger un usage aussi ancien que la mo-
Bb 3
( Sgo )
narchie , et qu'il aurait lieu de craindre quelque rébellion
" de la part de ses sujets . ››
Voilà donc ce que l'ignorance peut faire , des hommes ! Ils
se révolteraient , si on ne les égorgeait pas ! Hélas ! Oui . Tel est
l'empire des premieres idees , imprimées par la superstition
et par l'habitude . Le monde entier , ancien et moderne , est
plein de ces exemples . Ne nous assure- t- on pas que les Espagnols
se souleveraient , si l'on voulait leur ôter leur sainte
inquisition ? Etonnez- vous ensuite qu'en tout tems et en tout
lieu , le premier vau et , pour ainsi dire , l'instinct de la
'tyrannie soit d'abrutir les hommes , de consacrer l'ignorance
et de proscrire l'instruction ! Cet instinet se fortifie en raison
de la bêtise des tyrans , et quand elle est au deinjer degré
elle va jusqu'à dire quiconque aura plus d'esprit que moi
sera pendu .
L'auteur cite en preuve
du pouvoir arbitraire du roi de
Dahoay un fait qui nous paraîtra monstrueux , et qui cependant
est très- commun en Asie et en Afrique , deux parties
du monde où l'on sait que le despotisme est naturalisé de
toute antiquité . Dans une de ces fêtes annuelles dont j'ai parlé
ci- dessus le roi passait devant les malheureux lies- au bas
, de l'échafaud royal pour l'exécution de ce jour. L'un d'eux
ne pouvait se consoler et poussait de lamentables gémissemens.
O combien , s'écriait - il , est heureux celui - ci ,
" pendant que je suis plongé dans le malheur ! Le roi demanda
ce que disait ce malfaiteur on le lui rapporta : le
" roi se tournant , répondit : ce drôle-là n'est assurément pas
une bête . Aussi-tôt il le releva lui- même , fit rompre ses
liens et ordonna qu'on lui donnât des habits et de l'argent
pour retourner chez lui . Il fallait remplacer le malheureux
, qu'il avait mis en liberté . Il le fit en saisissant , parmi la
troupe qui l'environnait , le premier qui se presenta , le fit
lier avec les autres , et il fut exécuté le jour même . ",
3
A l'égard de cette espece de courage qui va au - devant de
la mort , le trait suivant, parmi beaucoup d'autres que l'on
trouve ailleurs , peut faire voir que les negres en sont aussi
capables qu'aucun autre peuple. . Le roi d'Akim , tributaire
• du roi d'Assianthe , lui demanda la permission de faire
,, la guerre à une petite nation , et l'obtint à condition qu'après
la victoire il partagerait avec la le butin . Il se mit
" en campagne , remporta la victoire ; mais comme il ne fit
9 que peu de butin , il crut pouvoir le garder tout entier.
Quelque tems après , il apprit que le roi d'Assianthe allait
99 lui envoyer des gens pour demander sa tête , et comme il
savait que cette sentence , une fois passée , ne souffrirait
" pas beaucoup d'adoucissement , il fit venir un jour ses principaux
ministres , il leur déclara le malheur dont il était
( 391 )
99 menacé , et qu'il pensait n'avoir rien de mieux à faire que
de s'expédier lui-même pour l'autre monde. Les ministres ne
trouverent pas convenable qu'il fit ce voyage tout seul ils
voulurent l'accompagner . Dans cette vue , ils firent venir
" autant de tonneaux de poudre qu'ils étaient de personnes ;
" chacun s'assit sur le sien ; ils placerent au milieu d'eux une
,, ' arieze d'eau - de - vie , dont le fond d'en haut était ouvert , et
du tabac. Ils fumerent et burent réciproquement à leur bon
" voyage . Jusqu'à ce que le roi donnat le signal auquel chacun
99 devait fourrer sa pipe allumée dans son tonneau de poudre .
Tous nos héros s'en acquitterent , et mirent ainsi une fin
" glorieuse à leur existence . "
Ce que tous les voyageurs ont dit du culte rendu par les
Negres de Juida à l'innocente espece de serpens nommés
fetiches , se trouve ici répété : voici ce qu'en dit l'auteur. Le
serpent fétiche est la premiere divinité , et est ici dans la plus
, haute vénération . Uu Européen ne se trouverait pas bien
de s'y attaquer et de le tuer. J'en ai vu plusieurs , et c'est
en effet , pour la vue , un superbe animal . Il est de la lon-
" gueur et de l'épaisseur du bras. Le fond de sa couleur est
2 gris , cutremèlé de raies jaunes et brunes . On dirait qu'il
sait que personne n'ose lui faire du mal ; car il va hardiment
dans toutes les maisons ce n'est point non plus un insecte
9 nuisible ; il ne fait de mal à personne . Me promenant un
" jour seul dans le jardin du fort , j'en vis un roulé en peloton
, qui dormait au pied d'un arbre. J'eus infiniment de
plaisir de cette découverte ; je le considérai quelques instans
" avec ravissement , et j'étais sur le point d'aller chercher up
vase pour le conserver dans de l'esprit - de- vin , lorsqu'à mon
" grand chagrin , un Negre qui travaillait dans le jardin l'ap-
"" perçut ttout comme moi. Je me vis par là privé de mon
butin il sortit du jardin dans la plus grande diligence
et reviut bientôt avec un prêtre . Celui- ci à la vue du ser-
" pent se jetta tout de son long le visage contre terre , le
baisa trois fois , marmotta quelques mots , prépara sa ceinture
ponr empaqueter la bête , la leva de terre avec tant
de précaution qu'elle ne se réveilla seulement pas ,
et la
> porta dans le temple , où il y a toujours à boire et à manger
" prêt pour ces animaux , soit qu'ils viennent pour en jouir
" ou qu'ils ne viennent pas .
99
: ་
11 est clair que la plus heureuse condition en Afrique , c'est
d'être serpent fétiche , à moins cependant qu'on n'ait le malheur
de rencontrer un de ces médecins d'Europe qui ne se
font pas le plus petit scrupule de tuer le meilleur et le plus
doux animal , parce qu'il a la peau belle , et pour le conserver.
dans de l'esprit-de- vin .
Notre Danois si mal intentionné pour ces bons fétiches s'em
Bb 4
1,392 )
+
et
barque sur un vaisseau négrier pour les isles d'Amérique .
Témoin oculaire des cruautés qu'on exerce dans la traversée
sur ces malheureux destinés à l'esclavage , il en parle avec la
juste indignation que doit éprouver tout être sensible en
voyant son semblable si indignement maltraité . Il serait inutile
de les retracer ici ; elles sont trop connues pour la honte de
l'humanité , et la philosophie et l'éloquence ont cent fois et
jusqu'ici trop inutilement dénoncé , dans les plus énergiques
peintures , ce crime de l'avarice et cet opprobre de l'Europe .
Mais ce qui est particulier à notre auteur , il faillit en être la
victime. Une de ces révoltes si légitimes et si fréquentes qui
éclatent quelquefois dans les vaisseaux négriers , mit le sien
dans le plus grand danger. Ces infortunés , attachés deux à
deux des colliers de fer , entassés les uns contre les autres ,
par
et n'ayant pour armes que leur désespoir et leurs chaînes
viennent quelquefois à bout , par un effort simultané dont les
opprimés sont seuls capables , de se délier tous à la fois ,
de fondre avec la rapidité de la foudre sur les tyrans qu'ils
égorgent avec leurs propres armes . L'auteur Danois rapporte
deux exemples de ces terribles vengeances arrivés en 1785 ,
l'un sur un navire anglais , l'autre sur un bâtiment hollandais .
Dans l'un et l'autre , tous les Blancs furent massacrés jusqu'au
dernier ; mais dans l'un , les Noirs voyant venir contre eux
des vaisseaux de la côte , se firent sauter , et périrent au nombre
de plus de einq cents ; dans l'autre , ils furent moins heureux ,
et après avoir détruit les Blancs ils furent repris par les Negres
de la côte , et rendus à l'esclavage . Une révolte semblable
se déclara sur le vaisseau danois , et le premier qui tomba sous
la main des Negres furieux fut le medecin Isert , qui reçus
plusieurs coups de rasoir , la seule arme qu'eussent alors entre
les mains ceux des Negres qui s'efforçaient de briser leurs
fers . Ils échonerent cette fois , et les Blancs , après en avoir
tué une trentaine , parvinrent à retenir les autres à la chaîne.
Le médecin fut secouru ; il avait perdu beaucoup de sang ;
mais aucune de ses blessures n'était mortelle , et il fut gueri
au bout de quelques jours .
Autant que l'on peut juger de l'original par une traduction ,
le style de ces lettres ne paraît pas de fort bon goût. le
ton familier et le ton poétique y sout maladroitement amal
gamés . On sent bien que des nuances si différentes demandent
de l'art et du choix , même dans des lettres , Quant à la diction
da traducteur , elle est extrêmement incorrecte , comme on l'a
pu voir dans le peu que j'en ai cité . Il est bien étrange , par
exemple , qu'on appelle insecte un serpent : il est difficile de
croire que cette faute grossiere soit de l'original : l'auteur
Danois est un homme trep instruit pour confondre un reptile
avec un insecte .
( 393 )
SPECTACLES.
THEATRE DE L'OPÉRA.
On vient de donner sur ce théâtre une tragédie lyrique en
trois actes , intitulée Fabius ; paroles du citoyen Martin , musique
du citoyen Moreaux .
Annibal s'avance vers Rome. Le peuple , effrayé de son approche
, veut fuir . Metellus l'arrête , eu lui représentant que
ce n'est pas hors de Rome qu'il doit se réunir pour défendre
sa liberté ; que ses ennemis les plus dangereux sont des
étrangers répandus dans son enceinte , qui y sement le trouble
et la division , qu'il faut les surveiller pour se défendre de
leurs complots ; inais Fabius est dictateur ! on doit tout attendre
de ce général , dont la lenteur prudente saura triompher de
la furie des Carthaginois. En effet , Paul Emile vient annoncer
qu'Asdrubal , frere d'Annibal , vient d'être arrêté dans
Rome . Le peuple se fie aux loix du soin de son supplice , et
fait serment de sauver la patrie et de respecter les personnes
et les propriétés . Au second acte ; les dames romaines viennent
offrir des dons patriotiques ; le grand - prêtre prophétise une
paix prochaine et durable. Proculus rend compte du supplice
d'Asdrubal , et annonce le retour de Fabius vainqueur .
Tont le monde va au- devant de lui . Au troisieme , Fabius
arrive enfin il rend compte de sa victoire , et se démet
de la dictature . On done aux alliés le tine de citoyens
romains , Valérie , féinme de Fabius , viert couronner le trioniplateur
, qui obtient la liberté des captifs , et l'opéra finit par
une marche triomphale .
;
S'il fallait considérer cet ouvrage du côte dramatique , et
le juger selon son mérite poétique et littéraire , il ne serait
pas exempt de reproche , ni du côté de l'action qui est presque
nulle , ni du côté du style qui est extrêmement négligé. Mais
il paraît que l'auteur a tont sacrifié au desir de préseater une
foule d'atlusions aux circonstances présentes , et de développer
les sentimens du patriotisme le plus pur et le plus ardent.
a parfaitement réussi dans ces deux points , les allusions y
sont d'antant plus sensibles , que l'auteur ne s'est pas cit
obligé de se conformer à l'histoire dont il s'écarte" à
moment. Il paile sans cesse de rois coalises , de la
des rois , etc. quoiqu'il sache très- bien qu'il n '
tion de rois dans les guerres puniques . Carthige
République ainsi que Rone ; il fait prease and pais po
tjar q
( 394 )
chaine par le prêtre de Sa urne , et cette guerre dura encore
dix ans . Rome ne voulut jamais la paix avec aucune puissanee
, tant qu'elle se crut en état d'opprimes , etc. Toutes
ces inexactitudes , sans doute volontaires , sont bien rachetées
par les traits de patriotisme dont cet ouvrage est rempli d'un
bout à l'autre . Ce sentiment a produit tout son effet , sur les
spectateurs , et assure le succès de l'ouvrage ; la musique n'a
pas moins fait de plaisir , et a paru digne de la réputation de
son estimable compositeur.
1
;
ANNONCES.
T
Relation des Isles Felew , situées dans la partie occidentale
de l'océan pacifique ; composée sur les journaux et les communications
du capitaine Henri Wilson , et de quelques- uns
de ses officiers , qui , en août 1788 , y ont fait naufrage
sur l'Autelope , paquebot de la compagnie des Indes Orientales
; traduit de l'Anglais de George Keute , écuyer , membre
de la société royale et de celle des antiquaires ; deux vol.
in-8° . , ornés de figures ; prix 12 liv . broc. A Paris , chez
Maradan , libraire , rue du Cimetiere St- André , nº . 9 ..
Le bonheur du Pauvre, ou réflexions philantropiques sur l'objet
le plus essentiel au bonheur du peuple Français , ou projet
d'articles additionnels à l'acte constitutionnel , décrété le 24
juin 1793 , etc. par le citoyen Antome -Alexandre Monier , -
auteur de plusieurs inventions dans les arts utiles , et de la
caste qu'on appellait ci- devant tiers-état ; broc . , in - 8° . A Paris ,
chez les marchands de nouveautés .
Questions Métaphysiques dont la solution importe à l'humanitė
, 8º. A Amsterdam , et se trouve à Paris chez les
marchands de nouveautéé.
GRAVURE .
Portrait de Raynal , gravé au lavis en couleur ; par P. M.
Alix , et peint par Garnerey , forme ovale de neuf pouces
sur 7 trois quarts , faisant suite à ceux de Voltaire , Rousseau
Mably , etc. gravé par le même d'après différens maîtres ;
tous ces portraits se vendent 6 livres chacun , chez Drouin ,
éditeur , rue Christine , nº . 2 , fauxbourg Saint - Germain .
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
-
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 13 août 1793.
L'IMPERATRICE de Russie vient d'éprouver une perte bien
cruelle sur tout au moment où des préparatifs de guerre ,
inutiles si elle se bornait à bien régir ses vastes domaines
épuisent son trésor pour l'armement d'une flotte dont la destination
n'est pas encore bien connue.
Voici ce qu'on mande d'Archangel en date du 17 juillet :
Un incendie qui a éclaté ici le 26 juin , on ne sait pas encore
comment, a détruit eu très peu de tems 877 maisons , 3 églises ,
environ 300 boutiques sur la place du marché , et un grand
nombre d'autres édifices adjacens . On était occupé précisément
à charger des navires , et cette circonstance a fait que
les secours n'ont pas été aussi prompts qu'ils auraient dû l'être .
Les malheureux habitans sont au désespoir ; ils ne savent où
se réfugier , et leur perte est immense on l'évalue deja à plus
de 3 millions de roubles , ou près de 15 millions tournois
ce qui est beaucoup pour un état aussi pauvre que l'est la
Russie .
•
Suivant des avis de Copenhague , 9 vaisseaux de ligne russes
et 3 frégates destinés pour la mer du Nord , sout toujours
retenus par les venis contraires à Elseucur ; ils prendront sous
leur escorte un grand nombre de bâtimens hollandais . Une
autre partie de cette escadre est dans la baie de Kioge ; ou
en a détaché 2 vaisseaux de ligne pour les envoyer en cicisiere
dans la Baltique . Ces nouvelles sont du 3 août : d'autres
postérieures , mais sur lesquelles on ne peut peut- être pas faire
grand fond , prétendent que la flotte a passé le Sund le 24 avec
des vaisseaux de transport et 12,000 homines de débarquement
; elles indiquent les côtes de France , ou du moins l'istė
de Corse comme le but de cette expédition .
Voici la liste de tous les vaisseaux qui composent cet armement.
Ceux mouillés à la baie de Kioge près Copenhague .
Le Rostislaff de 108 can . Commandant , Tchichagoff. Les
Douze - Apôtres, id. Baschmanoff. Le St- Nicolas , id. Puschin . Ewey,
id. Korbejeff. Schesme , id. Boviso . Savatort , id. Oboljanenoff.
Trois - Gerach , id . Tiruoscheff. Sisoi - Velicki , id. Killenia .
Saint-Pierre de 74. De Barsch. Pierre , id . Burdukoff . Alexandre ,
d. Soghok. Jurostaff , id . Bilan . Amstistaff , id . Mesojedoff.
( 395 )
Prechor de 64. Von Heinheil . Pobedanolez , id. Samarokoff.
Ceux sortis pour la mer du Nord.
Helena de 74 ; amiral , Krusse . Comm. Von Breyer . Gseb , id .
vice amiral , Gibs, Commandant , Von Tiescher. Kyrivann , id.
contre-amiral , Teff. Commandant , Von Eken . Baris , id . , conmandant
, Von Zellin . Frochschwetises de 66. Von Sakin. Parmon , id .
Von Greffnitz, Pimen , id. Von Kolokohoff. Omhetem , id. Von
Losimen. Nezionor , id . Von Labroff.
Frégates . Archangel Michaël de 44 canons ; comm . Schllinson .
Archipelay , id . Aklischeff. Britscheslaw , id. Von Aplischeoff.
Pomoschne , id. Von Schwiten .
Sept cents quatre-vingt- six Français et Françaises ont abjuré
leur patrie et inscrit leurs noms sur le livre de servitude en
prêtant à Pétersbourg le serment exigé par l'ennemie de la
liberté. Il n'y en a que treize à Cronstadt et aux environs qui se
soient ainsi déshonorés. Quelques autres retenus par des maladies
n'ont pu se présenter au gouvernement , mais ont promis
par écrit de venir prêter en personne le serment , dès que
leur santé le leur permettrait ; la gazette de la cour en a aussi
donné la liste , La Russie ne fait pas une grande acquisition ,
et la France ne fait pas une grande perte .
Tout s'arrange d'ailleurs en Pologne au gré de l'ambitieuse
Russie , Des lettres de Varsovie disent que le traité avec la Prusse
suivra de près celui qui a été entierement adopté et signé le
juillet ; elles ajoutent que Gatherine II a récompensé les
traitres qui lui ant livré leur patrie par des dignités propres
plutôt à faire ressortir leur bassesse qu'à la couvrir. Tyskiewicz
à été fait grand maréchal de Lithuanie Mossinski , grand maséchal
de la couronne Bielinski , maréchal de cour de la cou- '
ronne , et Zaluski , trésorier de cour de la couronne .
(
On a appris depuis que la négociation du traité avec la Prusse.
est aussi commencée . Les conferences entre la délégation et
M. de Bucholz ont même lieu actuellement. C'est pourtant
là qu'aboutit le serment prononcé par le faible Stanislas , lorsque
les députés de la delegation furent nommés à la diete. 11
est curieux de le comparer avec les traites, Je jure en présence
de Dieu tout- puissant et de la Sainte Trinité que je
n'ai jamais fait ni offres ni promesses, et qu'il ne m'en a
été fait aucunes , et que je n'en ferai un'en accepterai jamais
qui puissent nuire au bien de la République . Je prie là-dessus
Dieu et notre Sauveur de nous prendre en sa sainte garde. „
Onn ne sait pas ce que promettra et sur - tout ce que tiendra
le roi de Prusse . Mais la pieuse Catherine promet au nom
de la trés -sainte et indivisible Trinité qu'il existera dorén avant
et pour l'éternité des tems , paix constante , alliance et amitié
parfaite catre S. M. l'impératrice de toutes les Russies ,
heritiers et successeurs , ainsi que tous ses états d'une part ,
ses
( 399 )
et le roi de Pologne , grand duc de Lithuanie , sès successeurs
comme aussi le royaume de Pologne et le grand duché de
Lithuanie de l'autre .
22
11
y aurait eu un peu plus de franchise à promettre au nom
de la très -active et insatiable ambition , la seule divinité des
ames royales , qu'elle s'empaterait au premier jour , ou du
moins des qu'cile le pourrait , avec ou sans les puissances copartageantes
, da reste de la Pologue envahie à deux reprises , et
qui verra terminer la tragi - comédie jouée par la troupe des
grands acteurs couronnés par un dernier démembrement qui
fera le troisieme acte et le dénouement de cette piece fort
bien intriguee , et où les caracteres se soutiennent à merveille
depuis vingt ans .
La main qui opprime la Pologne est digne de combattre en
faveur des émigrés , et de les soutenir ; c'est aussi ce qu'elle
fait de son mieux . Cependant Choiseul - Gouffier ne profitera
pas long-tems des aumones impériales de la Sémiramis du
Nord ; on le dit dangereusement malade à Petersbourg.
La Suede et le Danemarck profitent de la neutralité ; leur
commerce prospere singulierement. M. Grouvelle doit arriver
incessaniment à Copenhague . Il a debarqué le 2 août dans notre
ville de Hambourg.
De Francfort-sur- le-Mein , le 25 août.
Suivant des lettres de Vienne du 3 de će mois , le lieutenant
Kronberg , du régiment d'Esterhazy , hussard , arrivé le 29.
juilict comme courrier , a apporté des dépêches très- impor
tantes du conte Mercy - d'Argenteau , de Londres et de la
Fiaye , qui doivent être relatives à une paix prochaine avec la
France. On doute d'autant moins ici qu'il est question de
paix , que la tande levée de recrues qui devait avoir lieu ce
mois - ci a encore été remise. Peut - être aussi ces bruits de
paix e sont - ils répandus que pour douner de l'espérance
aux prêteurs ; car on ne peut dissimuler qu'il se fait emprunt.
sur emprunt ; ce qui prouve bien l'état désespéré des finances
impériales , et l'impossibilité où sera François 11 de continuer
la guerre, sans avoir recours , en cas que ses emprunts ne se
replissent pas , somme il n'y a que trop d'apparence , à de
nouveaux impôts que le pays peut encore moins supporter .
Un vient d'en ouvrir un de deux millions et demi de florius
á aruxelles on avait déja taché précédemment d'emprunter
10 millions à la Suisse , ce qui eût été un coup de politique .
tres- habile , si cela eût réussi, puisque l'empereur demandera
peut - être au premier jour passage sur leurs terres aux bons
Helvetiens , pour attaquer la Franche- Comté et l'Alsace , et
qu'un roi debiteur parle plus haut qu'un particulier créancier .
Quoi qu'il en soit, les préparatifs de guerre continuent, mais
avec motus d'activité qu'on n'aurait dû s'y attendre. Les gens
bien lustruits attribuent le ralentissement à la disette du nus
( 398 )
meraire , auquel on supplée de son mieux par un papier qui
n'a guères de faveur , parce qu'il n'a guères d'hypotheque
papier porté à 20 millions de florins de billets de bauque.
Au reste les agens diplomatiques du cabinet de Vienne sont
e course , et l'empereur craignant avec raison que la Grande-
Eretagne n'use et n'abuse des circonstances pour tirer de la
cour de Madrid tout le parti qu'elle tire de celle de Portugal
, a nommé le prince de Kinski , son ambassadeur exuaordinaire
en Espagne . Ce ministre sera chargé de conclure un
traité d'alliance dont quelques bases importantes out deja été
Convenues .
En attendant la paix dont on parle tant , et que les Français
seront vraisemblablement forcés d'arracher à une cour
qai préférerait la guerre et qui selon toute apparence se propose
de tenter encore une seconde campagne , ie grand directoire
de la police de Vienne fait de nouvelles recherches très- séveres
au sujet des Français et Polonais qui se trouvent dans cette
capitale , et forcent à passer les frontieres tous ceux qui ne
peuvent administrer des preuves d'une conduite irreprochable .
Or une conduite irréprochable dans le sens de l'inquisition
autrichienne , consiste en des sentimens d'aristocratie bien
prononcés. Ou se tromperait si l'on croyait , d'après cela ,
que les émigrés jouissent de beaucoup de considération , et
sont très-bien traités . Ils seront obligés de marcher sous le
bâton d'un caporal Autrichien ; c'est décidément le seul parti
qui leur reste pour vivre ; ils n'aurout de pain qu'à ce prix ,
et on les forcera d'en gagner. La diete de Ratisbonne vient
de rendre un décret qui oblige tous les emigres à prendre
parti dans les armées . On n'excepte que les individus au-dessus
de 50 ans , les malades en rapportant tous les mois un certificat
du médecin , enfin les gens attachés à quelque maisonde
commerce .
On mande de Berlin , en date du 6 août , qu'il a été célébré
le 4 une fête dans toute les églises de cette ville , en réjouissance
de la prise des forteresses de Mayence et de Cassel .
Les ministres ont eu grand soin de choisir dans la bible des
textes sur l'obéissance passive que les sujets doivent à leurs
rois , images de Dieu sur la terre , et de prêcher avec beaucoup
de ferveur dans ce sens ; après quoi l'on a entonné un
Te Deum , et on a fait une décharge de tous les canons de la
ville . Quelque chose qui vaut mieux pour soutenir la cause
du roi de Prusse , c'est que 38co hommes des régimens du
dépôt ont dû se mettre en marche pour completter les régi
mens d'infanterie qui sont dans l'armée alliee . Voici quelques
étails exacts sur la situation et la force des armées combidées
en Allemague .
Armée Autrichienne.
Depuis Rheinfeld jusqu'au Vieux-Brisack , on compte 2400
<
( 399 )
hommes de cavalerie , et 19,500 hommes d'infanteric , commandés
par le comte Lichtenberg ; le quartier-général est à
Loerach , près de Basle , dans le Margraviat de Baden .
Les corps de cavalerie , sont la 3e . division d'Ederdy , hussards
, 1200 hommes ; la 3. division de Hohenzollern , cuirassiers
, 1200 homines .
L'infanterie est composée de deux bataillons de Strasoldi
3000 hommes ; deux bataillons de Ferdinand , 3000 hommes ;
deux bataillons de Croates , dont la plus grande partie sont.
mariés , et servent à empêcher la désertion , 3000 hommes ;
trois bataillons de Schroeder , 4500 hommes ; un bataillon de
guenadiers Hongrois , 1500 hommes ; un bataillon de Julai ,
Hongrois , 1500 hommes ; deux bataillons de Tercy , 30co
hommes.
Armée des Cercles .
Ces troupes qui sont répandues depuis Brisack jusqu'à Spire
sont composées de 24,100 hommes de cavalerie , et 30,400
hommes d'infanterie . Elles sont commandées par le général
Stader à Fribourg , et par le général Jordis á Kentzingen.
Depuis Spire jusque près de Candel , on compte 4800 hom
mes de cavalerie , et 27 500 hommes d'infanterie , commandés
par Wurmser , dont le quartier - géneral était à Rheinzahern
le 7 de ce mois . Kospott en commande aussi une partie . Les
corps de cavalerie sont , trois divisions de Wurmser hussards ,
1200 homines ; trois d'Eterdy , 1200 bommes ; trois de Kaiser ,
dragons , 1200 hommes ; trois de cuirassiers de la Marck ,
1200 hommes . Dans l'infanterie , on trouve trois bataillons de
Jullay , 3000 hommes ; deux de Preis , 3000 hommes ; deux
d'Ilatisky , 3000 hommes ; deux de Latermann , 3000 hommes ;
deux de Stein , 3000 hommes ; trois de Falasci , 4500 hommes ;
Valaques et Mualouski , 8000 hommes.
Armée des émigrés.
L'armée de Condé est composée de 3470 hommes de cavalerie
, et de 10,880 hommes d'infanterie ; elle tient la gauche
en descendant de Wurmser les corps dont elle est composée
, sont répartis le long des montagnes , presque dans le
duché de Deux- Ponts , sur Weissembourg et Landau . Les noms
des corps de cavalerie sont , les chevaliers de la Couronne
300 hommes les hussards de Salm , 400 hommes ; les hussards
de Mirabeau heulans , 500 hommes ; les chevaux -légers ,
division du Dauphin , 120 ; chevaux - légers , division de la
Reine , 500 deux compagnies de nobles , 100 ; deux compagnies
d'aides - de - camp , désertés de différens corps , 200 ;
dragons de Kaiser , 1500 ; l'infanterie est composée de chasseurs
à pied , 1000 ; régiment de Rohan , 800 ; infanterie de
Hohenlohe , 1500 ; chasseurs de Hohenlohe , 800 ; deux ba(
400 )
taillons dits fils de famille , 1900 ; deux bataillons de Gemmin
gen , 3000 ; deux bataillons de Klebeck , 3000 .
Cette armée est commandée par le prince de Condé dont
le quartier- général était le 6 à Schreigen . Les autres chefs sout
Boussies , d'Anville , le prince de Salms - Kirbourg. Etat-major ;
le comte de Damas , Choiseul , de Roque , Puimaigre , d'Argenteuil
, Montesu , le, Hossu , Reinach , de Rope , Fumel ,
Je Vidame de Vassé , comte de Cauvillé , Bruges , de Colmar ,
le prince Louis de Rohan , Feroniere , marquis de Kaylus ,
comte de Firmas , de Roque de Bouillon ; Rothjacob , de
Haguenau , les freres Bernard , ci -devant hussards , Lienhard ,
de Montreg , Icherazheim , Rastamhausen , les fils de la Kriecheli
, capitaine , Bergeré , Koenig , de Colmar , Labatt ,
Risier , les trois freres Spitz , Antoine , fils d'avocat , les deux
freres Muller de Marckolsheim , Dubois fils , le baron de Bobeuhausen
, Brunes , de Salestatt , Menveg de Thaun , Shirmer.
Tous ces hommes sont attachés à l'armée de Condé ..
Armée Prussienne.
Les Prussiens , postés dans la partie qui avoisine Saar-Louis ,
sont composés de 3600 homines de cavalerie , et 19,410 home
mes d'infauterie , commandés par le duc de Brunswick , dont
le quartier-général est à Kayserlauteren . Les noms des corps
de cavalerie sout Boinstætt , cuirassiers , 1300 hommes ;
Weimar , 1800 hommes . L'infanterie , les anciens et nouveaux
gardes- du-corps , 4000 hommes : Wolframsdorfs , 1800 hommes
; Ferdinand , 1800 homes ; Borwsky , 1800 hommes ;
Hessois , Cooo homines .
L'armée de Kalkreut , placée dans la même contrée que celle
des Prussiens , a 3000 hommes de cavalerie et gooo d'infanterie .
Elle est commandée par Kalkreuth ; le quartier-général esta Lauterecken
. Total général de la cavalerie , 19,670 hommes ;
d'infanterie , 108,680. hommes , faisant ensemble 128,330
hommes.
N. B. Il est bon d'observer qu'il faut retrancher au moins
un tiers de ces troupes détruites par les armes , les maladies
ou éloiguées par la désertion .
Il regne une grande division entre les troupes Autrichiennes
et Prussiennes . Les officiers Hongrois haissent sincerement les
Français ; mais parmi les impériaux , il y en a beaucoup qui
aiment la révolution . Kalkreuth n'est pas acharné contre des
troupes dont il estime la bravoure .
Il n'existe aucune armie de réserve dans la forêt noire .
On peut et l'on opposer doit à ce tableau l'état de l'effectif au
thentique et très - positif des armées Fiançaises , caut au dehors que
dans l'intérieur de la République .
Armées.
A
( 401 )
Armées.
1 Nord .
2 Ardennes ..
3 Moselle .
4 Rhin ..
5 Alpes .
6 Italie .
7 Pyrénées orientales ...
8 Pyrénées occidentales .
9 Côtes de la Rochelle .
10 Côtes de Brest .....
11 Côtes de Cherbourg..
1
Total..
Hommes.
120,585
40,132
83,268
114,577 、
40,489
29,275
24,446
30,000
41,539
32,539
15481
571,90%
12,000
18,000
: 601,90%
Armées des patriotes en réquisition sous les murs
de Lyon ....
Autre pareille sur les bords de la Durance ..
Total .....
Plus , armées nouvelles qui vont être levées en
vertu des décrets de la Convention ....
Dont de cavalerie ....
effectif act..
Ce qui donnera l'effectif ci- contre { effectif req....
400,000
50,000
601,902
400,000
Total général ....... 1,001,902
―
(Courier Français . )
Les Français n'avaient pas eu le tems d'emporter l'argen
terie du château de Nassau- Weilbourg ; elle s'y est retrouvée ,
et a été renvoyce au prince . Il se fait une restitution bien
autrement importante : nous avions été induits en une erreur que
nous uous hatons de réparer , quand nous avons dit que le roi
de Prusse voulait garder Mayence . L'électeur a signalé la reprise
de sa capitale par une proclamation datée d'Aschaffenbourg
le 25 juillet , où il annulle tout ce qui a été établi par
les Français , et réintegre dans leurs fonctions ses anciens officiers
et magistrats. -Les Mayençais réfugiés et revenus dans cette
ville sont comme des furieux ; ils exercent tous les genres de
cruautés contre leurs compatriotes des deux sexes et de tout
âge , qu'ils appellent des clubistes attachés à la cause de la
liberté. Ceux qui tombent entre leurs mains ne sont livrés
aux prisons que tout déchirés et à demi - morts. Ils exercent.
anssi leur rage sur les propriétés de ceux qui out trouvé moyen
de s'échapper. Les maisons de plusieurs patriotes et entre autres
celles de Potoki et de Pithou ont été pillées entierement et
il n'a pas moins fallu que l'opposition de la garnison actuelle
Tome IV. Cc
( 402 )
7
pour empêcher ces furieux de raser ces maisons . Les malheureux
patriotes de Mayence peuvent servir d'exemple à
Jeurs freres les Français , qui instruits de leur sort cruel ne
doivent jamais entrer dans aucune composition avec les émicrés
; ils se ressemblent tous ; ils dissimulent leurs projets de
vengeance jusqu'au moment où ils peuvent les mettre à exé
cution , et alors elle est horrible . → Les Saxons et les Prussiens
s'occupent sans relâche à la techerche des chubistes :
le 26 juillet on a conduit 26 de ces malheureuses victimes
de leur attachement à la cause de la liberté à la maison de
forse ; on leur a tout ôté , et ils sont saus attcun secours . On
vient de nommer une commission on plutôt une chambre
ardente pour les juger. Une lettre de Coblentz du 29
juillet s'exprime ainsi : Nous avons vu ce matin 41 ciubistes
de Mayence faire ici leur entrée solemnelle liés et garottes
sous l'escorte d'un nombreux détachement. Parmi eux se
trouvent deux journalistes , Metternich et Meuth ; Rompel',
premier ' curé de l'église Sainte-Croix , qui avait jugé à propos
de se marier en fixant à six mois le terme de cet établissement ;
le marchand Falciola et le chanoine son frere membre de la
unicipalité ; Cammerer , ei - devant premier magistrat de
Bingen , etc. etc. etc. Ils ont été conduits à la citadelle d'Eenherbreitstein
, où les commissaires de la Convention livrés par
Dumourier ont été si long tents détenus. Ces commissaires
sont arrivés lé rer . de ce mois , à minuit , dans la forteresse,
de Spielberg près de Brinn en Moravie . En entrant dans
cette prison ils furent obligés de se déshabiller , et il leur fut
donne d'autres vêtemens . Leurs appartemens sont garnis d'un
double grillage . Chacun reçoit quatre florins par jour pour
son entretien . Beurnonville qui était tombé malade en chemin
est attendu au premier jour.' On se propose de conduże
anssi , partie en Hongrie , partic en Bohême , ce qui n'aura
pas été échangé de la garnison de Condé.
et
La garnison actuelle de Mayence consiste en denx bataillons
de Prussiens , trois de Saxons et ciny de Hessois , et en
quelques escadrons de dragons et de hussard's Hessois et Saxons.
Ces troupes campent sur le glacis et dans les ouvrages exté-
Tieurs . Tous les camps autour de cette ville sont levés ,
les troupes se rendent par divisions vers Landau , Deux- Ponts
Treves et les Pays - Bas . Douze mille hommes sont allés à Spire .
On assure que les Français en abandonnant la place ont dit
qu'ils espéraient y entrer avant trois mois et qu'ils feraient ,
s'il le fallait pour cela , une campagne d'hiver. Cependant
les armées combinées forment plusieurs camps aux envirous
de Treves ; l'un sera à Conz , l'autre à Zerf , et le troisieme
a Merzkirchen . Les gardes du roi de Prusse et beaucoup
d'autres troupes prussiennes sont arrivées à Lautern ; ils
passent dans le duché de Deux-Ponts . Les Autrichiens se
( 403 )
rendent à l'armée du général Wurmsèr , dont le quartier ge
néra est à Weingarten.
-
Tel était l'état des choses dans les premiers jours du mois :
mais des nouvelles ultérieures par ent d'une action où les
troupes de la République auraient été repoussées jusqu'à Weisseimbourg.
De plus , deux lettres , l'une de Hambourg , l'autre
de Cailsrine du 14 août s'expriment ainsi : Nous venons d'être
témoins d'une action très- vive dans laquelle les Français ont
été très - maltraités . On leur a tué çoo hommes , fait 300 prisonniers
, pris huit pieces de canon , une voiture de fusils
6 charriots de poudre , 30 chevaux , beaucoup de tantes et de
bagages ; les Prussiens les ont poursuivis jusqu'à Neuhausen :
au moyen de eette déroute Bliescastel se trouve évacué .
La seconde lettre dit : La canennade affieuse que nous entendimes
pendant deux jours , et qui faisait trembler les maisons
de Dourlach , était un combat sanglant entre les Français
d'une part , l'armée de Condé et les Prussiens de l'autre .
Feu s'en est fallu que l'armée de Condé ne fût totalement
hachée ; on ne peut se figurer la rage des combattans . Huit
mille hommes sont restés sur le carreau , Un renfort heureusement
survenu a forcé les Français à la retraite ; ils avaient
été les premiers à attaquer. Cette terrible action fait abandonher
au roi de Prusse son projet sur Sarre- Louis . Il vient , dit- on ,
avec son armée rejoindre celle destinée pour l'Alsace . Antés
rieurement à ces actions il y avait en plusieurs combats dans
les environs de Bruchsal ; on s'était batu avec tant d'acharnement
dans l'un que le beau régiment des carabiniers de
l'empereur avait perdu 200 hommes . Dans la journée du 26 ,
remarquable par une belle manoeuvre des Français , au moyeu
de laquelle ils étaient venus à bout de s'étendre jusqu'à Fishlingen
, le corps frane des Turcs à mauteau rouge , autrement dits
de Michailowitz , ou de Wurmser , s'est précipité avec furie
sur les Français pour enlever leur artillerie . Ceux - ci ont tenu
ferme , et pas un homme n'est revenu de ce corps de barbares
qui ont enfin trouvé la juste punition de la maniere atroce
dont ils font la guerre . Les Autrichiens dounaient à ces Bosniaques
six franes par tête de patriote , et douze livres lorsqu'ils
pouvaient les amener prisonniers .
On apprend de Cologne que le roi de Prusse instruit de
l'affaire du 19 auprès de Landau en avait informé le commandant
de Mayence Doyre, et s'était appuyé sur ce succès pour le sommer
définitivement de se rendre . Il est pourtant bien reconnu aujour
d'hui que l'affaire du 19 a été une de ces actions dont chaque
parti peut revendiquer la gloire , et ce qui a fait rendre Mayence
beaucoup plutôt est le manque de médicamens , dénuement
si fatal que les blessures même les plus légeres devenaient
mortelles .
L'archevêque de Cologne s'est fait remettre un état de ses
( 404 )
finances et la désignation des biens du haut et bas clergé , de
ceux des cloîtres et ecclésiastiques séculiers , des terres seigneuriales
et de la noblesse , ainsi que des biens - fonds patrimoniaux . ,
Cet examen amenera sans doute une assiette nouvelle des contributions
, tant dans l'archevêché que dans le duché de Wes : -
phalie et l'évêché de Munster. Il n'est pas sûr que les contribuabels
s'accommodent de la nouvelle répartition faite
vraisemblablement pour presser l'éponge .
On a remarqué que les diverses colonnes de la garnison
de Condé venant d'Aix -la - Chapelle à Ruremonde pour être
transportés en Bohême portaient à leur chapeau li cocarde
nationale . Mais on la leur a fait quitter à Bruxelles et à Liege .
I paraît que les troupes qui passaient par Cologue ont cu
la consolation de la porter plus long-tems .
.
Suivant des lettres de Newied du 19 août , on avait entendu'
la veille au château de Monrepos une canonnade forte et soutenue
qui avait ronflé depuis 11 heures du matin jusqu'à 4 heures
de l'après -midi ; on a conjecturé que les Français auront voulu
disputer aux Autrichiens l'approche de Longwi.
De l'aveu même des ennemis de la République Française
leurs armées se sont singulierement affaiblies depuis le commencement
de cette campagne ; ils out fait des pertes telles
qu'il faudra les plus grands effotts pour les réparer ; aussi s'occupent-
ils déja du soin de tirer le meilleur parti de leurs forces ,
et de se ménager de nouvelles ressources pour la campagne
prochaine. La prévoyance est assurément une qualité très estimable
, mais elle n'accompagne gueres les grands succès , pas
plus que l'extrême économie n'accompagne les grandes richesses.
L'homme heureux , l'homine opulent ne regardent ni
ne comptent de si près . Les 10,000 hommes de troupes que le
Landgrave de Hesse d'Armstadt et le duc de Wirtemberg fournissent
à l'Angleterre renforceront celles qui sont actuellement
dans les Pays- Bas .
PROVINCES UNIES · IT BELGIQUE.
On mande de la Haye que l'on a fait dans les premisrs jours
du mois à Schevelingue , en présence du Stadhouder et de
Tamiral Kinsbergen , l'essai d'un moyen d'incendier les
vaisseaux sans l'usage des boulets rouges , qui a parfaitement
réussi . Cette découverte est due au génie d'un émigré Frangais
, ci- devant officier au corps du genie ; le statdhouder et
l'amiral Kinsbergen l'ont approuvé comme utile et praticable.
Une autre lettre particuliere du 13 annonce qu'on attend ,
le retour des chaloupes canonnieres , qui s'étaient rendues à
Mayence sous les ordres du lieutenant de marine Lemmers ;
elles n'y ont été d'aucune utilité , et l'on se moqne même, assez
ouvertement de cette folle expédition , qui a coûté des sommes
immenses .
( 405 )
Les Etats de Hollande ont fait déclarer , dit- on , aux puis
sances alliées qu'ils ne se pror osaient pas de faire une seconde
campagne ; ils ont avoué ne pouvoir subvenir aux frais de la
guerre et craindre une explosion chez eux s'ils mettaient de
nouvelles taxes . La caisse de la province de Hollande est dans
un état fort délabré ; celle des autres provinces n'est pas mieux
fournie : en général l'argent devient rare , le commerce languit
. Le compagnie des Indes s'est vue forcée de faire un nouvel
emprunt de 4,000,000 , et a pris le parti de ne plus envoyer
au cap de Bonne- Espérance que de petits bâtimens . Il
n'arrive presque aucune denrée des colonies dans les Indes
occidentales , faute de vaisseaux de guerre pour les convoyer';
ce qui fait hausser singulièrement le prix du sucre et des autres
articles fournis par les colonies .
Le contre - ámiral Melvill va partir pour Alger , afin de tâcher
de faire la paix avec le dey , et d'obtenir que les corsaires
barbaresques n'inquiettent plus le commerce hollandais dans
ces parages .
La levée du centieme denier dans la ville et province d'U
trecht a commencé dans les premiers jours d'août . Des murmures
se sont fait entendre , et l'on a même craint des mouvemens
, qui n'ont pourtant pas eu lieu , graces à des renforts
donnés à la faible garnison . Les craintes du gouvernement se
sont du moins trouvées utiles aux patriotes de Bréda ; tous
ont été remis en liberté , à l'exception d'un seul dont on contiaue
la procédure.
$
Le statdhouder ne néglige aucun moyen pour augmenter
farmée de terre , le principal appui de son despotisme ; la..
caisse bat du matin jusqu'au soir dans les principales villes ,
afin de se procurer de nouvelles levées , et l'on donne des
engagemens très - considérables . Les gens sensés , les vrais paniotes
gémissent de voir préférer l'armée de terre à la marine ,
véritable base de la prospérité des Provinces - Unies .
pas cette
Suivant des avis de Bruxelles l'empereur ne vieudra
année dans les Pays- Bas , comme on y avoit compté . Ce prince
a mécontenté de plusieurs manieres les Belges qui sont prêts à
entrer en insurrection . On lui eproche sur - tout la suspension
des intérêts dûs , aux différen's corps et maisons religieuses ;
es particuliers craignent que le gouvernement ne prenne les
memes mesures à leur égard ; l'ancien esprit de parti commence
à se remontrer , et les demi- ménagemens de la maison d'Autriche
ne satisfont ni les états de Brabant et leurs adhérens ,
ni les défenseurs du systême de Joseph II . Il faut dire le
mot ce pays ne veut pas être réuni à la France , dont les
opinions plus que nouvelles pour lui , et même vraiment
étranges , heurtent trop ses principes ou ses préjugés religieux.
Mais aussi ce n'est qu'impatiemment que ce pays souffre
Cc 3
( 406 )
le joug de la maison d'Autriche ,; il veut être indépendant ; les
Belges semblent regretter de ne pas avoir profité , il y a deux
siecles , pour s'affranchir de l'exemple de leurs voisins et de
leurs freres les Bataves ; et François II sent si bien que les
Pays-Bas pourraient encore lui échapper qu'on doit recevoir
incessamment dans Bruxelles un corps de troupes d'Empire
qui en formera la garnison , et que les Gantois seront particulierement
surveillés comme ceux chez qui l'esprit philosophique
et anti-servile avait fait le plus de progrès,
--
Le ci -devant baron de Breteuil réside actuellement à Bru❤
xelles . On ajoute qu'il y jouit de la qualité de ministre plé
nipotentiaire du régent titulaire , ce qui n'est guères d'accord
avec le refus fait à Monsieur , par le cabinet Autrichien , d'aller
prendre possession de Valenciennes . Une gazette du pays
dit au sujet de cette ville Dans ce moment 7000 ouvriers
travaillent à la reconstruction des fortifications des places ;
on espere que dans trois mois elles seront parfaitement retablies
. Les bourgeois craignant d'essuyer un nouveau siège
ne savaient trop s'ils devaient rebâtir leurs maisons ; mais
le prince de Cobourg leur en a assuré la garantie au nom dę
S. M. I. On varie sur le compte du ci- devant Monsieur ; les
uns prétendent que la cour de Hamni en Westphalie existe
encore dans toute sa splendeur , d'autres disent qu'elle à plié
bagage et qu'on l'a embalée dans le Fourgon pour la mener dans
un château d'émigré voisin de Valenciennes , où elle compte fixer
désormais sa résidence , et recevoir les ambassadeurs ordinaires
et extraordinaires de tous les potentats de l'univers .
le
Nous ne garantirons pas la nouvelle suivante , mais il est
possible qu'elle soit vraie ; elle porte la date de Bruxelles ,
19 août. On écrit qu'Anvers est insurge ; ce sont les émigrés
Français qui y ont donné lieu. On a mis en état d'aiestation
le duc d'Arles , les Crumpipen , d'Aremberg , Maldegem
, Saint-Génois , Merode et autres seigneurs de ce parti
pour avoir redemandé Marie- Christine : - Bruxelles est divisé
cet égard .
ITALIE ET SUISSE.
Il parait d'après des lettres de Venise , du 27 juillet , qu'il
a passé quelques troupes Autrichiennes par le Tyrol. On
ajoute qu'elles y sont retenues par le manque de vivres , Peutêtre
n'est - ce qu'une vaine montre de la maison d'Autriche
intimider Venise .
pour
·
M. Frameri , vice - consul de France à Triest , vient de passer
par cette ville en quittant son poste , d'où il a été expulsé
par le gouvernement autrichien ; cette partie des domaines de
T'empereur est dans le dernier épuisement ; on enleve tous les
bras à l'agriculture , tous les ouvriers aux fabriques pour en
( 407 )
- La cour
faire des soldats , au point que beaucoup d'habitans de l'Istrie
viennent chercher un asyle sur le territoire Vénitien .
de Toscane s'est empressée de démentir un article mis trop
à la legere dans quelques papiers publics français , où , en
parlant de Naples et de Florence , on disait que ces deux
puissances avaient fait signifier aux ambassadeurs de la République
lordre de quitter lers' Etats . Cela est faux pour cetle
derniere , qui proteste vouloir conserver la paix et la bonne
intelligence . Mais cela est très - vrai pour le royaume de Naples
; il donne 12,000 hommes à la Grande-Bretagne , qui se
charge de faire croiser douze vaisseaux sur ses côtes pour les
garantir.
Voici ce qu'on mande des frontieres du Milanais , en date
du 2 août : Hier au soir on a fait partir pour la citadelle de
Mantoue , où elle sera renfermée jusqu'à nouvel ordre , toute
la caravane de MM. Sémonville et Maret , arrêtés sur nos
frontieres. On assure que parmi leurs effets évalués à quelques
milions , il s'est trouvé plusieurs joyaux de la couronne de
France. Ce qu'on ne dit pas et qui est très - vrai , c'est que
l'arrestation de ces envoyés a été faite avec toute l'atrocité et
toute la barbarie familieie aux Autrichiens . Au reste il faut
être juste et convenir qu'il n'y a point eu de violation de
territoire . Ces me sicuss étaient guettés ; et l'ou n'a mis la
pain sur eux qu'au moment où ils passaient de la vallée de
Chiavenne sur le territoire autrichien pour le traverser à la
hâte. Mais il ya en réellement violation de territoire ailleurs
. Quatre couts chevaux , chargés de canons et d'équipages
de campagne suivis de 3000 Piémontais , sont venus au
bourg Saint - Pierre au-dessous du grand Saint - Bernard dans
le Valais , pour prendre les Français par derriere par un
chemin abrégé . La Suisse ne pourra pas s'empêcher de ressentir
cette injure . Le marquis de Sale s'est vanté de soumettre
ła Savoie avant un mois. On ajoute que la flotte anglo-espagnole
est devant Nice , et qu'elle doit delà se porter à Cette
pour y teater un débarquement.
-
ANGLETERRE . De Londres , le 6 aoûl.
X
Le commerce est ici dans les plus grandes inquiétudes . On
vient d'apprendre par les leurs de la Jamaïque que 3 vaisseaux
de ligne français et frégates croisent devant cette isle pour
intercepter une flotte marchande estimée quatre mil'ions sterling
, qui n'a pour escorte que l'Europe de 50 canons et 2 frégates.
Elle a différé son départ de la fin de mai au 24 juin ,
et était décidée à ue pas partir s'il n'arrivait des forces suffi
santes pour assurer sa marche .
Le brig la Providence qui apporte ces nouvelles dit aussi que les
CC 4
( 408 )
;
intrigues des ministres britanniques à St.-Domingne ont fini d'une
maniere très -fatale pour le parti aristocratique qui correspondait
avec eux. Leurs démarches ont été découvertes , et les
Républicains aidés des Negres ont mis à mort 50 contre révo-
Jutionnaires , et fait évanouir l'espérance de se rendre maître
des isles françaises , a la faveur des tionbles intérieurs , projet
qui a échoué à la Martinique comme à St. - Domingue . L'escadre
de l'amiral Gadner , après avoir manqué ce coup de
main est retournée aux Barbades . Son équipage est affligé
d'une maladie contagieuse , qui lui a été communiquée par un
vaisseau de Balam . Toutes ces fâcheuses nouvelles ont augmenté
de 5 pour 100 les assurances de la Jamaïque . Un convoi considérable
, parti de Cork sous la protection d'une seule frẻ-
gate , aura peut- être été enlevé par les Français . Cette isle
en avait pourtant le plus grand besoin ; car une pluie extraor
dinaire de 24 heures y a fait monter la riviere de Milk de
seize pieds ; ce qui a causé de grands dégâts et la perte d'une
infinité de Negres.
On disait il y a quelques jours , d'après une lettre d'un officier du
vaisseau la Reine - Charlotte , datée de la baie de Quiberon , que
les flottes anglaises et françaises composées de 17 vaisseaux
de ligne chacune , étaient en présence , et qu'on s'attendait à
une action d'un moment à l'autre . Ce qu'il y a de certain ,
c'est qu'on arme en grande hâte plusieurs vaisseaux , et que
la petite escadre portugaise qui a mouillé à Portsmouth ira
rejoindre la flotte de l'amiral Howe . Si les Français n'attaquent
pas tout de suite les Anglais pour rentrer dans le port de Brest ,
ils auront à combattre des forces supérieures .
Il a été proposé au parlement d'Irlande un bill pour prohiber
, sous peine de déportation , toute assemblée populaire
que les Sherifs , u'auraient pas permis de tenir ; et ce qu'il y
a de plus étonnant , c'est qu'on croit que ce bill passera. Le
pouvoir arbitraire s'essaie sur l'Irlande , et s'il réussit , il ne tardera
pas à porter dans la Grande- Bretagne les mêmes coups
à la liberté . On distribuait , le 5 , dans les rues de Londres ,
un libelle assez semblable aux affiches qui précéderent les
émeutes de birmengham. Dieu veuille qu'il n'allume pas de
ême les torches incendiaires , et ne fasse pas couler le
sang .
Notre ministre des finances est devena bien rêveur depuis ledécret
qui retire de la circulation les assignats à face royale ;
mais ce qui le désole encore plus c'est une mesure que va prendre
incessamment la Convention , mesure qu'il ne peut empêcher
et qui portera les coups les plus funestes au crédit public
de la Grande - Bretagne . Cette opération n'est que juste , mais
quand elle ne le serait pas , tout est permis contre le ministre
immoral qui tâche d'inonder la France de faux assiguats .
( 409 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCI DE HERAULT - SECHELLES .
Séance du mardi , 20 août.
Une députation de la société des Jacobins et des commissaires
des assemblées primaires est admise à la barre. L'objet de leur
petition était de demander que la Convention fixat le prix du
pain dans toute l'étendue de la Republique à 3 sous ; que
les biens des émigrés fussent vendus par petite portion ; qu'il
n'y eût plus que des gens âgés employés dans toutes les administrations
, et que les nobles fussent expulsés de toutes les
fonctions civiles et militaires . Les pétitionnaires sont admis
aux honneurs de la séance , et leur pétition est renvoyée au
comité compétent .
Genissieux fixe l'attention de l'Assemblée sur la quantité
d'étrangers qui occupent des grades importans dans nos armées
. Pour parvenir à expulser tous les hommes suspects ,
il propose de former une commission de six membres , laquelle
se fera représenter tous les états nominatifs des officiers des
armées de la République , et qui destituerait tous les étrangers
qui ne sont que des agens de nos ennemis . Cette proposition
a été décrétée .
Le département de l'Aisne instruit la Convention de l'enthousiasme
avec lequel les citoyens de ce département, se
levent pour voler à la défense de la patrie .
On fait la lecture de plusieurs adresses de différentes sociétés
populaires , dont l'objet est d'engager la Convention à rester
à son poste jusqu'à ce qu'elle ait sauvé la patrie . Mention
honorable et insertion au bulletin .
Après avoir entendu le rapport de David , au nom du comité
d'instruction publique , l'Assemblée rend le décret que voici :
Art . 1er. Il sera frappé une médaille de deux pouces de
diamètre , et en bronze , pour perpétuer le souvenir de la
réunion fraternelle qui a eu lieu le 10 août pour l'acceptation ,
de la constitution .
H. Elle représentera d'un côté la figure de la nature et la
scène touchante de la régénération qui s'est célébrée sur la
place de la Bastille ; de l'autre , le faisceau départemental et
l'arche d'alliance défendue par les vertus qui se tiennent par
la main .
III . Elle sera envoyée aux commissaires des assemblées
primaires , et distribute aux députés de la Convention ; il est
( 410 )
défendu à tout citoyen de la porter comme décoration , sous
peine d'être regardé comme ennemi de l'égalité ; il est pareillement
défendu de porter celle du 14 juillet les coins da
cette derniere sont brisés .
IV. La décoration distribuée aux vainqueurs de la Bastille
est abolie ; elle sera remplacée par une médaille de la fédération
du 10 août ,
Séance extraordinaire du mardi soir .
Cette séance a été remplie par la lecture de quelques lettres
et de la nomination du ministre de l'intérieur . ( Voyez la notice au
précédent numéro. )
Séance du crcredi , 21 août .
Une députation de la société républicaine de Toulouse présente
, au nom de cette société , une adresse dans laquelle elle
adhère aux mesures prises par la Convention dans les journées
du 31 mai et 2 juin. Elle l'invite à rester à son poste et
à se constituer en législature ; enfin , elle demande que les cidevant
nobles soient exclus de toutes les places. Mention
honorable .
-
Barrere fait un rapport sur les mouvemens contre- révolutionnaires
qui ont éclaté dans plusieurs parties du département
de Rhône et Loire , et dont la ville de Montbrison a été
principalement le théâtre. Les détails de cette rébellion sont
contenus dans une lettre adressée par les autorités constituées
d'Ambert , ville voisine du département de Rhône et Loire ; en
voici l'extrait..
Ambert , le 9 août .
Depuis long-tems nous étions inquiets, sur la disposition
des esprits dans la ville de Lyon , qui renfermait beaucoup de
personnes suspectes . Personué n'ignore qu'au commencement
de juin cette ville fit tous ses efforts pour assassiner la liberté .
A cette époque , la ville de Montbrison reçut dans son sein des
émigrés et des prêtres condamnés à la déportation , clle forma
ane armée de Muscadins , qui signala par des atrocités les
premiers jours de son existence : elle brûla les archives de
la société populaire et un tableau sur lequel étaient gravés tes
droits de l'homme ; dans toutes les rues étaient répétés les
cxis : Vive Louis XVII; à bas la Convention z-sans roi , point de lois
Ou fit une orgie dans laquelle les Muscadins insulterent à la
République par les propos les plus indécens. On y déchira
publiquement les décrets de la Convention , etc. Un citoyen
ayant témoigné son indignation contre tant d'excès , fut maltraite
par la garde muscadine , et jetté dans un cachot ..
,, Le samedi 3 avait été fixe par les habitans des campagnes
et ceux de Montbrison pour se réunir et fraterniser ensemble .
Les habitans des campagues se rendaient à Montbrison pour
( 411 )
y célébrer cette réunion , lorsqu'ils furent assaillis par des
coups de cauon . Il y en a eu plusieurs de tués et de pris ,
Les Muscadins marcherent sur Boine , en enleverent les armes
et les drapeaux de la garde nationale, Le nombre de ces brigands
s'accroît de jour eu jour. Mardi , ils se sont répandus
dans les diverses communes avec plusieurs picces de canon .
On ignore l'issue de cette marche ; mais les cris qu'ils faisaient
entendre annoncent leurs intentious . Ils criaient : Vive Louis
XVII ! à- bas la Convention ! les Sans - culottes à la guillotine !.....
Les officiers municipaux veulent , disent-ils , ia République
une et indivisible , et ils permettent la provocation de la
royauté ! ils veulent la sûreté des personnes et des propriétés ,
et ils permettent que les propriétés des particuliers soient
pillées , et que les patriotes soient incarcéres »
Une lettre de Clermont , en date du 14 , porte : Les patriotes
de Boine , ayaut tenté une attaque sur Montbrison ,
repousserent les brigands ; mais ceux - ci appellerent des secours
de Lyon et de Saint- Etienne , et marchant au nombre de 6000,
avec plusieurs pieces de canon , sur Eoine , où ils commirent
toute sorte de brigandages , Ils avaient fait une liste de proscriptions
. Vingt têtes devaient tomber sous leurs coups . Ils
ont fait défendre aux habitans des campagnes de vendre leurs
grains , sous peine de mort. Ceux qui sont à la tête des bri
gands sont reconnus pour dés aristocrates , "
Après la lecture de ces pieces , Barrere a fait accepter le
décret suivant ;
Art , Ier . Les citoyens Couthon , Châteauneuf- Randon et
Mainier sont adjoints aux représentans du peuple à l'armée
des Alpes et à ceux envoyés dans les départemens de Rhône
et Loire et départemens adjacents ; ils sont investis comme
eux de pouvoirs illimités ..
II. Le ministre de l'intérieur fera passer sur-le-champ à l'administration
du département du Puy-de - Dôme , la somme de
30,000 liv. , pour être distribuée , à titre de secours provisoires
, aux républicains du Moinget , de Boine , du district
de Montbrison , département de Rhône et Loire , qui ont été
obligés de se réfugier au Puy- de-Dôme .
III. Les biens et propriétés des chefs des révoltés qui ont
porte la dévastation dans ces diverses parties du district de
Montbrison , serviront à l'indemnité due aux habitans de la
ville de Eoine et aux autres citoyens du district qui auront
souffert de ce brigandage.
IV, Les deux pieces de canon achetées par la commune
d'Ambert serviront à la défense de la République , et seront
payées par le ministre de la guerre ; la ville d'Ambert a bien
merité de la paurie .
Ce décret venait d'être adopté , lorsque Barrere a repris la
parole : Nous avons pensé , a - t- il dit , que la Convention
devait connaître les moyens dont ses ennemis particuliers se
( 412 )
་་་
3
servent contre elle . Le comité de salut public vient de recevoir
un imprimé , placardé à Lyon pour égarer le peuple
contre ses représentans . C'est une lettre attribuée à Danton ,
mais écrite d'un style si extraordinaire qu'on peut le compa-
Fer à la caricature qu'on aurait faite d'un tableau , La voici :
Cette piece porte en titre :
1
Copie textuelle et littérale d'une lettre écrite à Dubois- Crancé , et
trouvée à Grenoble , dans un porte -feuille qu'il a perdu en quittant
cette ville. Paris , le 21 juillet . -
Mon cher collegue , la fameuse journée du 10 août approche
. Il est tems de frapper le grand coup, Il faut enfin
que la sainte Montagne triomphe. Tu sais que Lyon , cette
cité riche et superbe , entre pour beaucoup dans le projet
Emploie toutes les forces dont tu disposes , pour soumettre
les rebelles de Lyon . S'il faut abandonner le Mont Blanc ,
qu'importe ; dût- on voir les Savoisiens enchaînés deux à deux !
point de considérations particulieres , point de demi - mesures ;
il est tems que nous réguions ; il faut absolument soumettre
cette ville superbe ; alors toutes les autres tomberont à nos
pieds si l'on ne peut la forcer par les armes , il faut la ré :
duire en cendres .
Si les cultivateurs crient et demandent à qui ils vendront
leurs denrées , dis leur qu'iis aillent à Constantinople : sur tout
répands les assignats ; ne les compte pas , ils se retrouveront
à la fin . " Signé , DANTO N'.
Danton prend la parole : Il serait inutile , s'écrie- t-il , de
vous dire que je suis un peu plus malin que cette lettre ( applaudissemens
1. Je ne me sers point du style des messieurs de
Lyon , et je n'ai point de correspondance. Si j'avais écrit relativement
aux conspirateurs de cette cité , j'aurais conseillé des
mesures non moins vigoureuses contre les aristocrates , mais
plus politiques . Je prie l'Assembléc de faire inention dans son
proces- verbal de ma déclaration .
Plusieurs commissaires des assemblées primaires dénoncent
Saladin , député de la Somme , pour avoir dit que Paré , mi
nistre de l'intérieur , était un scélérat , et que les deputés de
la montagne étaient des septembriseurs , des assassins et des
volears ; que l'ex-capucin Chabot avait proposé de chasser les
irois quarts des citoyens de la République ; que la montagne
pillerait jusqu'à ce qu'il n'y eût plus rien , et que la Convention
marchait sur les traces du second parlement de Cromwel.
La Convention lance le décret d'arrestation contre Saladin .
Julien de Toulouse expose , au nom du comité de sûreté
générale , que Custines réclame le témoignage de plusieurs
généraux , notamment du général Houchard , de Ferrieres et
du commandant de l'artillerie de Strasbourg , et que les citations
sont deja parties .
( 413 )
Ce procès , ditJulien , peut réduire à rien nos armées et les
desorganiser. Je demande que les juges de paix reçoivent les
dépositions des généraux , et que les procès-verbaux en soient ,
envoyés au tribunal extraordinaire .
Thirion invoque l'ordre du jour , parce qu'il regarde l'assignation
donace par Custines comme contre - révolutionnaire.
Sur la proposition de Talien , l'Assemblée annulle toutes les
citations données par Custines aux généraux en chef des armées
; ordonne que le président et l'accusateur public du tri
bunal révolutionnaire seront mandés à la barre , pour rendre
compte des motifs qui les ont déterminés à admettre ces
citatious.
Peu de tems après , le président et l'accusateur public du
tribunal révolutionnaire se sont présentés à la barre ; ils ont
rendu compte de leur conduite ; l'Assemblée en a paru satis
faite et les a renvoyés à leurs fonctions .
Séance du jeudi , 22 août .
La société des Jacobins , réunie aux commissaires des assem
blées primaires , est admise à la barre ; en dénonçant la municipalité
de Nancy qui a voulu dissoudre la société populaire
de cette ville , elle demande l'exécution de la loi qui porte
la peine de mort contre ceux qui tenteraient de détruire ces
foyers de patriotisme . — Renvoyé au comité de sûreté générale
.
-
Le ministre de la guerre écrit à l'Assemblée que le conseil
exécutif a nommé le général de division Gillot à la place de
Beauharnais . Renvoyé au comité de salut public.
On fait lecture d'une lettre du représentant du peuple
Ferrand , qui annonce que les Espagnols ayant attaqué sur
quatre points l'armée de Saint-Jean-pied - de - port ont été complettement
battus , et repoussés à deux lieues sur leur terri
toire .
4
La discussion s'ouvre sur le code civil : plusieurs articles.
sont décrétés .
Séance extraordinaire du jeudi soir.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple près
l'armée du Rhin , datée de Strasbourg , le 19 août. La voici:
Citoyens nos collegues , occupés sans cesse de procurer
à l'armée et aux places fortes tout ce qui leur est néces
saire , soit en subsistances , soit en munitions de guerre , nous
ne prendrons de repos que lorsque les défenseurs intrépides
de la frontiere importante du Rhin seront en mesure d'exter-
-miner les hordes combinées des despotes qui sont en notre
présence . Nous avons pris les mesures les plus vigoureuses pour
hâter le versement des grains que les départemens environnans
doivent fournir , et nous déclarons que nous sommes parfai
tement secondes par les administrateurs républicains qui nous
-( 414 )
entourent. Nous avons pris des arrêtés séveres pour rehausser
le credit des assignats ; nous avons parcouru les places fortes
des Haut et Bas- Rhin ; l'un de nous a été chargé d'aller dans
les campagnes pour électriser les ames vertueuses , mais souveut
égarées , des laboureurs . Quelques communes nous ont
offert le superflu de leurs grains en dons patriotiques , et de
marcher en masse contre l'ennemi qui menace leurs foyers .
La commune d'Alkir a délivré aux magasins militaires tout
le superflu de ses grains au prix de 18 liv. le sac , tandis que
le maximum était fixé à 42 liv.
Nous avons fait paraître hier une proclamation que nous
adressons à tout le peuple Français , et en particuller aux
habitans des frontieres , afin de faire lever une armée révolutionnaire
, qui , au moment d'une bataille decisive , enfonce
de toutes parts les rangs de l'ennemi , et l'anéantisse pour jamais .
Trois mille Républicains des campagnes se sont ralliés aujourd'hui
autour du commandant de la garde nationale de
la commune de Psaffenhofen . Ils sont partis ce matin à 6 heures
avec leurs armées et des vivres pour huit jours , ils gardent
les gorges de Barneuthal . Ces nouveaux spartiates sont bien
décidés de mourir tous à leurs polies , plutôt que de laisser
passer l'armée prussienne qui se dispose à pénétrer par ce côté
sur le territoire de la ci - devant Alsace .
Nous venons d'arrêter que le superflu de tous les bleds ,
orge , avoine et fourages qui sont dans les départemens frontieres
les plus exposes à l'invasion de l'ennemi , sera transporté
sur- le- champ , d'abord dans les places fortes , et plus
loin sur le derriere dans les magasins places en échelons ,
et si enfin les armées combinées des tyrans n'attendent pas
que nous fassions contre éllès une terrible irruption , elles
ne trouveront en nous attaquant dans nos foyers que la famine
et la mort .
Signės , MILHAUD , RUAMPS , BORIE .
On a procédé au renouvellement du bureau ; Maximilien
Robespierre est élu président.
PRÉSIDENCE DE ROBES PIERRE
Séance du vendredi , 23 août.
Une lettre des commissaires à l'armée du nord transmet
à l'Assemblée de nouveaux details sur l'attaque des postes de
Lincelles et de Blaton par un détachement de l'armée du
Nerd.
L'attaque de Blaton , écrivent- ils , a été faite avec impétuosité
et a mis les ennemis dans une déroute complette. Il
s'y trouvait deux compagnies d'engrés portant la livrée d'Orange
, et une croix sur leur habit . Les soldats de la Republique
les ont presqu'entierement massacrés , et n'ont voulu
en recevoir aucun prisonnier . Le 12. régiment d'infanterie
( 415 )
chargé à l'attaqué de Lincelles avec la plus grande valear ,
et s'était emparé d'une redoute qui eût assuré notre succès
Complet sans un renfort de 4000 Anglais qui nous la fit perdre
et qui occasionna une sorte de confusion dans notre colonne.
" Les résultats de l'attaque de Lincelles prouvent que sans
cette derniere circonstance , l'affaire du 18 cut valu pour nous
fe gain d'une bataille . Il n'en est pas moins vrai qu'elle a été
très-funeste à l'ennemi , qui , accablé de la perte que nous
Fui avions fait essnyer , à évacué de son propre mouvement
les deux villages , le 19 au matin , et qu'il Y a abandonné un
caisson , des charriots et des munitions que nous avons fait
enlever sur-le-champ , en faisant occuper les deux villages par
nos patrouilles.
" Des rapports plas exacts constatent que la perte de l'ennemi
, dans la journée du 18 , a été beaucoup plus considérable
que nous ne l'avions annoncé . Plusieurs habitans du
village de Lincelles nous ont assure que l'ennemi y avait
eu plus de 1oco hommes tués , et qu'ils ont va emmener 40
charriots de blessés . 1
Après avoir applaudí à ces détails , l'Assemblée a repris la
discussion sur le code civil ; plusieurs articles ont été décrétés.
Barrere prend la parole , au nom du comité de salut public ,
pour faire le rapport si desiré , sur les moyens d'augmenter les
forces à opposer à l'ennem . Citoyens , dit- il , examinons froi
dement nos besoins et nos ressources . Sachons sur- tout ce que
nous voulons , ce que nous entendons par la levée du peuple
entier , pour la défense de la conftitution et de la liberté . Que
voulez-vons ? un contingent. Le contingent de la Francepour
sa liberté , comprend toute sa population , toute son industrie
, tous ses travaux , tout son génie . Le contingent n'est
qu'une contribution levée sur les hommes , comme sur de vils
troupeaux , et le mot n'est point de la langue des Français .
Que voulez- vous ? un nouveau recrutement . L'aristocratie
est là qui nous épie clle tient et réserve de l'or pour tenter
les citoyens foibles on pen fortunés ; des fuyards pour deshonorci
nos armées , des royalistes pour en corrompre lespritz.
ainsi , point de recrutement.
7
---
Que voulez vous une levée en masse . Qui peut douter
que cette commotion simultance , si elle pouvait exister , ne
produirait que des troubles affreux , des besoins immenses
des désordres incalculables , et des moyens précieux a l'aristocratie
? La requisition de toutes les forces est nécessaire
fans doute , mais leur marche progressive et leur emploi graduel
sout suffisans . C'est là l'esprit et le sens de la levée du
peuple en entier. Tous sont requis , mais tous ue marchent
pas les uus, fabriquent des armes , les autres s'en servent ;
les uns préparent les subsistances pour les combatians , les
auties disposent leurs habits et leurs premiers besoins
( 416 )
hommes , femmes , enfans , la réquisition de la patrie vous
somme tous , au nom de la liberté et de l'égalité de vous
destiner chacun selon vos moyens au service des armées de la
République.
A la suite de ce rapport , Barrere présente le projet de
décret suivant , qui est adopté en ces termes :
Art. 1er. Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis
auront été chassés du territoire de la République , tous les
les Français sont en réquisition permanente pour le service des
armées.
Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront
des armes et transporteront des subsistances ; les femmes
feront des tentes , des habits , et serviront dans les hôpitaux
; les enfans mettront les vieux linges en charpie , les
vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter
le courage des guerriers , la haine des rois et l'unité de
la République .
"
II. Les maisons nationales seront converties en casernes
les places pub'iques en atteliers d'armes , le sol des caves sera
lessivé pour extraire le salpêtre .
III. Les armes de calibre seront exclusivement confiées à
ceux qui marcheront à l'ennemi ; le service de l'intérieur se
fera avec les fusils de chasse et l'arme blanche .
IV. Les chevaux de selle seront requis pour completter les
corps de cavalerie ; les chevaux de trait , autres que ceux
employés à l'agriculture , conduiront l'artillerie et les vivres.
V, Le comité de salut public est chargé de prendre toutes
les mesures pour établir , sans délai , une fabrication extraor
dinaire d'armes de tout genre , qui réponde à l'état et à
l'énergie du peuple Français ; il est autorisé en conséquence
à former tous les établissemens , manufactures , ateliers et
fabriques qui seront jugés nécessaires à l'exécution des travaux
, ainsi qu'à requérir pour cet objet , dans toute la République
, les antistes et les ouvriers qui peuvent concourir à
leurs succès ; il sera mis à cet effet une somme de 30 millions
à la disposition du ministre de la guerre , à prendre, sur les
498,200,000 liv . d'assignats , qui sont en réserve dans la caisse ,
à trois clés . L'établissement central de cette fabrication exaordinaire
sera fait à Paris .
VI. Les représentans du peuple envoyés pour l'exécution
de la présente loi , auront la même faculté dans leurs arrondissemens
respectifs , en se concertant avec le comité de salut
public ; ils sont investis des pouvoirs illimités attribués aux
représentans près , les armées.
VII. Nul ne pourra se faire remplacér dans le service pour
lequel il sera requis ; les fonctionnaires publics resteront à
leur poste.
VIII. La levée sera générale ; les citoyens non mariés ou
veufs sans enfans , de 18 à 25 ans , marcheront les premiers ;
ils
( 417 )
ils se rendront sans délai au chef-lieu de leur district , où ils
s'exerceront tous les jours au maniement des armes , en attendant
fordre du départ
IX . Les représentans du peuple régleront les appels et les
marches , de maniere à ne faire arriver les citoyens armés au
point de rassemblement , qu'à mesure que les subsistances ,
les muuitious et tout ce qui compose l'armée matérielle , se
trouvera exister en proportion suffisante.
X. Les points de rassemblement seront déterminés par les
circonstances , et désignés par les représentans du peuple en
voyés pour l'exécution de la présente loi , sur l'avis des genéraux
, de concert avec le comité de salut public et le con
seil exécutif provisoire .
XI. Le bataillon qui sera organisé dans chaque district sera
réuni sous une banniere portant cette inscription Le peuple
Français debout contre les tyrans .
?
XII . Les bataillons seront organisés d'après les lois établies ,
et leur solde sera la même que celle des bataillons qui sont
aux frontieres.
XIII. Pour rassembler les subsistances en quantité saffifante ,
les fermiers et régisseurs des biens nationaux verseront dans
le chef-lieu de leurs districts respectifs en nature de grains
les produits de ces biens..
XIV. Les propriétaires , fermiers et possesseurs de grains
seront requis de payer en nature les contributions arriérées ,
même les deux tiers de celles de 1793 , sur les rôles qui ont
servi à effectuer le dernier recouviement .
XV. La Convention nationale nomme les citoyens Chabot ,
Tallien , Mallarmé , Legeudre , de la Nievre , Linnem , de la
Correze , Roux Faziilac , Paganel , Baisset , Taillefer , Beslepinet
, Fayau , Lacroix , de la Marne , Ingrand , pour adjoints
aux représentans du peuple qui sont près les armées et dans
les départemens , afin d'exécuter de concert le présent décret .
Le comité de salut public fera la répartion de leurs arrondissement
respectifs .
XVI. Les envoyés des assemblées primaires sont invités à
se rendre incessaminent dans leurs cantons respectifs , pour
remplir la mission civique qui leur a été donnée par le décret
du 14 août , et recevoir les commissions qui leur seront
données par les représentans du peuple.
XVII . Le ministre de la guerre est chargé de prendre toutes
les mesures nécessaires pour la prompte exécution du présent
décret : il sera mis à sa disposition par la trésorerie nationale
une somme de 50 millions , à prendre sur les 498,200,000 1 .
d'assignats qui sont dans la caisse à trois clés.
XVIII. Le présent décret sera porté dans les départemens
par des couriers extraordinaires.
Tome IV . Dd
( 418 )
Séance du samedi 24 août.
On fait lecture d'une adresse des citoyens de Soissons ;
dans laquelle ils invitent la Convention à rester au poste où
la confiance du peuple l'a appellée , jusqu'à ce que les destinées
de l'état soient irrévocablement fixées .
honorable .
Mention
L'administration de la police de Paris fait passer à la Convention
le nombre des détenus dans les maisons d'arrêt de
cette ville ; il se monte à 1614 .
Une lettre de Cussey, représentant du peuple près l'armée
de la Moselle , annonce qu'il a pris toutes les mesures necessaires
pour l'approvisionnement de Thionville. Il demande à
être autorisé par un décret à faire porter dans les places fortes
toutes les armes et tous les vivres qui se trouvent dans les
départemens frontieres , afin de ne laisser aucune ressource
aux ennemis , s'ils viennent à pénétrer sur le territoire de la
République. Renvoyé au comité de salut public .
:
Deux rapports ont été faits par le comité de sûreté générale
le premier avait pour objet de rappeller à l'Assemblée
les services que les citoyens de Cadillac ont rendus à la patrie
, en s'opposant au passage de la force déparmentale envoyée
de Bordeaux contre Paris . La Convention , après avoir
décrété que les citoyens de Cadillac avaient bien mérité de
la patrie , a lancé le décret d'arrestation contre le receveur
du district de cette ville et le commandant de la gendarmerie
de la Gironde , prévenus d'avoir trempé dans les projets des
fédéralistes . Le second rapport du comité de sûreté générale
était relatif aux derniers événemens de Nancy .
?? .
La
société populaire de cette ville dominée par les intrigans ,
conduite par quelques factieux en robe magistrale , voyait
l'élan de son patriotisme comprimé ; depuis long - tems elle
frémissait de se voir enchaînée et réduite dans une apathie
convulsive . Mauge , commissaire du conseil exécutif , arriva à
Nancy , et les vrais Sans - culottes se presserent autour de lui .
Il fut arrêté de faire un scrutin éparatoire ; les corps constitués
tremblerent . Mais le moment était venu où l'on frappait
sans pitié ; rien ne résistait au torrent impétueux des dénonciations
qui se , succédaient rapidemment. Le grand coup
fut frappé le 27 juillet , et 88 membres furent chassés de la
société , parmi lesquels on compte 45 fonctionnaires publics ,
des ex - deputés , des suppléans , des négocians , des hommes
de loi , tous composant une espece d'hommes dont les qualités
morales et les inclinations perverses semblent en opposition
avec l'ordre de choses nouvellement établi .
Ce parti de politiques voulut se venger sur Maugé et sur
le président de la société , de la nullité à laquelle il se trouvait
réduit . On prépara soufdement une scission , on laissa
pressentir une dissolution prochaine ; mais les membres épurés
( 419 )
se resserrerent , le peuple se porta en foule à leurs assem
blées , et jura de les défendre ; alors de nouvelles calomnies
se répandent , la municipalité fait commander la force armée.
Elle répond à la societé , qu'elle use de précautions necessaires
pour disperser des rassemblemen's dangereux ; mais
les canonniers se rendent dans le sein de la société , et se
jettent dans les bras de leurs freies et de leurs amis : tout était
calme . Au milieu de la nuit , Maugé est saisi et mis en état
d'arrestation ; la municipalité reçoit , comme par forme , quelques
dénonciations qu'elle medie , dresse un procès - verbal
, etc.
Sur les conclusions du rapporteur , la Convention ordonne
F'élargissement de Maugé ; elle décrete que le procureur de la
commune et deux autres officiers municipaux seiont mis en
état d'arrestation , et traduits à la bane ; elle porte la peine
de destitution contre le conseil général de la commune , les
membres innocens exceptés , et contré le directeur des postes
de cette ville ; elle décrete enfin , que la société populaire de
Nancy , les canonniers et les sections de cette ville ont bien
merité de la patrie .
Ala suite de ce décret , un membre demandé que le
comité fit incessamment un rapport sur toutes les administrations
en général qui se sont prêtées à des mouvemens de
contre-révolution . If demande en outre , qué le ministre de
la justice rendit compte de l'exécution du décrét qui met en
état d'arrestation les administrateurs du département du Gers.
Adopté.
4--- 4
Cambon obtient la parole au nom du comité des finances :
Vous avez , dit- il , déja porté un grand coup à l'agiotage par
le décret contre les assignats à face royale. Il a produit un
excellent effet dans les pays étrangers , et deja à Hambourg
notre change est augmenté de 25 pour 100 ; il a suivi la même
proportion à Paris ; il faut encore frapper une compagnie de
finances. Cambon propose , et l'Assemblée adopte le projet
de décret suivant . Les associations , connues sous le nom
de caisse d'escompte , de coinpagnies d'assurance à vie , et
généralement toutes celles dont le fond capital repose sur
des actions au porteur , ou sur des cliets négociables , ou
sur des inscriptions sur un Ilvre transmissible à volonté ,
9 sont supprimées , et se libéreront d'ici au 1er janvier pro-
» chain . A l'avenir , il ne pourra être etabli , formé ou conserve
de pareilles associations , ou compagnies , sans une
" autorisation du corps legislatif . si J
7
La Convention décrete en Quire , que les scellés seront
apposés sur la caisse d'escompte .
Cambon présente ensuite la rédaction de la loi sur le grand
livre , et propose un article additionnel . Par l'opération que
vous avez adoptée , dit - il , vous avez voulu nationaliser la
dette , et faire disparaître les signes royaux . Cependant beau-
Dd 2
( 420 )
coup d'individus cherchent à se soustraire à la loi ; les - notaires
, depuis votre décret , ne sont occupés qu'à délivrer
des extrais de registre , collationnés . Je demande qu'il soit
défendu de délivrer de pareilles copies , sous peine de dix
années de fer. -- Décreté.
Séance du dimanche , 26 août .
Nouvelics plaintes sur la loi du 4 mai qui fixe le maximum
du prix des subsistances , La Convention decrete que sous trois
jours le comte d'agriculture fera un rapport sur la question'de
savoir , si cette loi doit être abrogée , ou conservée .
Le general Ferrand écrit de l'Abbaye et demande que si la
reddition de Valenciennes est l'objet de sa détention , on tasse ia
visité des papiers qu'il a remis au ministre de la guerre et
de ceux qui se trouvent chez lui , et qui concernent sa conduite
militaire . Il représente que la fatigue qu'il a essuyée pendant ,
le siege de Valenciennes et cinquante - cinq ans de service , out
nis sa santé dans le plus mauvais état. Il invoque à son égard,
la loi qui porte qu'un detenu doit être interrogé dans les 24
heures après sa détention . Lecointre observe que le ministrę
de la guerre n'a reinis que la veille au comité de la guerre les
papiers dont parle Fetrand ; il demande que ce comité soit
autorisé à se saisir de ceux qui se trouvent dans le domicile du
détenu décrété .
―
-
Un membre du comité de division , auquel on avait renvoyé
la question d'une nouvelle division du territoire de la
République , conforme aux dispositions de l'acte constitutionnel
, présente les vues du comité à ce sujet. Il propose
d'augmenter le nombre des départemens , afin d'en rendre la
population moins considérable et l'administration plus simple
et plus active . Plusieurs membres se rangent à l'avis du comité,
Lacroix soutient une opinion contraire et se fonde sur
ce que moins il y aura de départemens , moins il y aura
d'autorités qui chercherout à rivaliser avec l'autorité nationale .
Il pense qu'il conviendrait de diminuer le nombre des départemeus
actuels , en augmentant celui des districts . Après quelques
débats l'Assemblée décrete l'impression des vues présentées
par le comité de division , et le charge de se concerter avec le
comité de législation pour la nouvelle division du territoire de
la République .
Julien obtient la parole pour une motion d'ordre . Vous avez
anéauti hier la caisse d'escompte , dit Julien ; aujourd'hui il
vous reste un pas de plus à faire : il faut que vous frappiez
cette compagnie des Indes dont le nom seul réveille l'idée
d'un systême oppresseur , et dont les agens avaient prêté
des sommes considérables au dernier des tyrans pour renverser
la liberté . J'ai pardevers moi de grands renseignemens ;
mais il serait prématuré de les développer dans ce moment. I
faut que votre commission des cinq soit saisie de cette al
affaire ,
et que si les preuves du délit sont acqeises , on examine si les
( 421 )
biens de cette compagnie ne doivent pas être confisqués au
profit de la République , sauf à la nation d'acquitter l'action
naire innocent . Le renvoi demandé par Jullien est décrété ,
et ce membre est adjoint à la commission des cinq .
--
L'acaccusateur
public du tribunal
révolutionnaire
réitére à la
Convention
ses représentations
sur ce qui lui est impossible
de mettre
en jugement
, Brissot
, Guadet
et autres détenus
,
cette affaire.
n'ayant
encore
reçu aucune
piece sur
comité
de sûlete generale
, assure par l'organe
d'Amar
qu'il
s'empiessera
de présenter
son rapport
aussi- tôt qu'il sera
achevé .
- Le
s'cleve une discussion sur les subsistances . Barrere expose
que la loi du premier juillet qui autorise les administrateurs des
départemens et de districts qui manquent de subsistances à
en a heter par- tout , a produit les plus grands maux. C'est , dit
Barrete , une loi revolutionnaire qui était commandée
par les
circonstances ; mais lorsque les circonstances plus fortes la
rendent nuisible , il faut la rapporter . Je demande que le conseil
exécutif soit autorisé a faire des réquisitions pour approvision
ner les departemens.
La proposition de Barrere est adoptée ; la Convention dé
crete en outre , sur la demande de Tallien , que la commissión
des subsistances , créée par les sections de Paris , será
supprimér ; que le comité d'agriculture sera renouvelle , et
qu'il présentera les moyens d'approvisionner Paris et toute la
République.
Barrere reprend la parole au nom du comité de salut public .
I fixe l'attention de l'Assemblée sur la ville de Brest où la politique
infame de Pitt a fait des tentatives . On travaille , dit-il ,
les équipages à bord de l'escadre et dans les arsenaux . Des
rapports certains nous apprennent qu'il y a dans le port de
Brest des projets d'incendie . Les ennemis de la République
ont égaré le peuple du département du Finistere . Les administrations
sont corrompues , la faiblesse des chefs militaires à
accru le mal . Les deputés conspirateurs , qui s'étaient réfugiés
à Caen , se sont rendus dans ce département où ils travaillent
les esprits , Huit cantons ont refusé d'accepter la cons
titution . A la suite de ce rapport , la Convention décrete
que les citoyens Breard et Trehouard se rendront sur-le- champ
à Brest en qualité de représentans du peuple pour y rétablir
l'ordre dans toutes les parties du service de la marine , ramener
les citoyens égarés et destituer les fonctionnaires publics de
tout genre , prevaricateurs ou rébelles à la loi . Les représentans
du peuple se rendront anssi à l'Orient pour le même
objet .
Herault de Séchelles succede à Barrere nous avons reçu,,
dit-il , des dépêchés qui nous annoncent que le département
du Mont-Blanc est dans une crise violente. Pendant qu'une
grande portion de l'armée des Alpes est occupée sous les
Dd 3
( 422 )
murs de Lyon , les Piemontais sont entrés dans le Mont-Blanc'
par trois endroits , le Faucigni , la Tarentaise et la Maurienne .
Deja les postes les plus importans , sans , le bourg Termignon ,
Soliere et Bramant dans la Maurienne , sont au pouvoir des
ennemis . Sez et le bourg Saint - Mautice dans la Tarentaise ,
ont été a an lonnés par les troupes de la République , trop,
inférieurs en nombre e forcées de se replier sur Conflant ; peutêtre
en ce moment se sont- elles encore reculées sur Montmélian,
et le fort Barraux , ensarte que ce département est à la veille,
d'être envahi , sil'on n'y fait passer de prompts secours de troupes
et sur- tout d'armes. Le rapporteut proposé au nom du comité
de salut public et la Convention adopte le projet de décret
suivant.
La Convention, considérant qu'elle doit à toutes les parties
de la République une et indivisible , la même protection pour
repousser les despotes ei lents vils satellites , nomme les citoyens
Simon et Dumas , pour se rendre sans délai , en qualité , de
représentans du peuple , près l'armée des Alpes , dans les dé
partemens du Mont-Blanc , de l'Isere et des Hautes Alpes , et
prendre toutes les mesures qu'ils jugerout propres, à les délir
vrer de ces ennemis .
Une lettre des représentans du peuple près l'armée du Rhin ,
en date du 23 août , annonce que depuis trois jours ( cette,
armée est aux prises avec les armées combinées , et que son
courage opiniâtre résiste aux nombreux ennemis, qui sont , en,
sa présence. Deja les Autrichiens ont perdu deux lieues de
terrain . Le tocsin de la liberté , ajoutent les commissaires ,
sonne en ce moment autour de nous . Huit mille habitans ét
toute la garde nationaje de Weissembourg , sont partis aui
jourd'hui , avec leurs armes et des vivres , pour aller, an secours
du général Arlande , cu : défend les gorges de Limbozi
nous espérons que , dans trois ou quatre jours , 100,000 répug
blicains viendront renforcer l'arme , qui n'attend plus qu'eux
pour exterminer, les rois et leurs vils satellites. ,
42 .
Séance du lundi 26 août.
ee
* ད །།
J.
Une lettre du procureur - général - syndic du département de
Ia Lozere apprend à l'Assemblée Farrestation de Carlier , ci-,
devant prieur de Chambolas , décrete depuis quelque tems
d'accusation , et arrêté à deux lieues de Mende avec deux de
ses complices .
Bourdon de Oise et Goupilleau , representans du peuple
près l'armée des côtes de la Rochelle , écrivent qu'ils ont
destitué le général en chef Rossignol . Voici les motifs qui les
ont forcés à cette mesure , Aussi -tôt que les représentans du
peuple furent informés de cette singuliere nomination , ils
écrivirent au comité de salut public pour l'engager à la révoquer
sur-le-champ.
( 423 )
Rossignol , chef de la 35. division de la gendarmerie à
pied , s'étant trouvé à Niort , fut cantonné avec sa troupe
dans un village voisin ; bientôt on porta des plaintes contre
lui , on l'accusa de pillage , et notamment d'avoir enfoncé une
cave où il prit le vin ; depuis le matin jusqu'au soir il était à
danser la carmagnole et à s'enivrer dans les cabarets . Dans
une conférence qui eut lieu à Niort et dans laquelle il demanda
d'être admis , il dit qu'il avait été arrêté entre ses soldats
et ses officiers que , lorsqu'on leur donnerait l'ordre
d'attaquer les rebelles , ils ne le feraient qu'autant qu'ils seraient
en nombre supérieur ; par exemple , Cooo contre 4000
rebelles. Le choix d'un pareil général indigna toute l'armée .
Nous avons cru , ajoutent les commissaires , qu'il fallait
que les soldats eussent confiance en leur chef ; confiance qui
ne peut être accordée à un homme qui vit de pillage et de
crapule. Nous avons gémi de voir promu à des grades supérieurs
des hommes qui n'avaient jamais monté de garde . Tels
sont les motifs qui nous ont déterminé à suspendre provisoirement
Rossignol. Cette suspension qui déjoue l'intrigue ,
éveillera l'envie et la calomnie contre nous ; mais le bien ри
blic sera toujours notre unique mobile ,
Après la victoire du 14 , nous nous sommes portés à
huit lieues en avant de Saint-Maixent ; deux jours après nous
nous sommes emparés des châteaux de l'Oie et de Verteuil ,
qui étaient des lieux de repaire pour les rebelles . "
Cette lettre excite de vifs débats .
Tallien ne connaît pas les talens militaires de Rossignol ;
mais il sait que c'est le premier général sans-culotte et l'un des
vainqueurs de la bastille . Il n'examine point si Rossignol boit ,
s'il pille ; mais si les commissaires ont eu le droit de le des
tituer. Eh, que m'importent à moi , s'écrie- t-il , quelques pillages
particuliers ......... ( De violens murmures interrompent
l'orateur. )
Lecointre- Puyravaux cite plusieurs faits à la charge du général
. Ce ne sont pas les représentans du peuple qui ont fait
arrêter Rossignol . Il a été mis dans les prisons par ordre du
général , pour avoir dit à Saint- Maixent , à Niort , qu'il ne
pouvait concevoir que des soldats républicains obéissent à un
général . Lecointre ne doute point que ce ne soit à l'intrigue
de Ronsin , adjoint du ministre de la guerre , qu'on a dû la
destitution instantanée de Tunck. L'arrêté des commissaires
est renvoyé au comité de salut public .
-
Des députations de diverses communes des environs de Pa
ris sont admises à la barre . Eltes exposent le dénuement où
elles sont relativement aux subsistances . Leur pétition est renvoyée
à la commission des subsistances . Les membres de
cette commission sont Jay , Sainte - Foi , Coupé de l'Oise
Boucher- Saint - Sauveur , Danton , Chabot , Marlinot.
Dd4
424
Une députation de la société des républicaines révolutionnaires
est admise à la barre. Jasement indignée des prévari
tions sans nombre qui ont eu lieu dans toutes les administrations
et surtout dans le ministere de l'intérieur , elles
viennent provoquer la sévérité de l'Assemblée . « Faites voir ,
lui disent ces citoyennes , que vous voulez sauver la patrie
par la destitution de tous les nobles . Le peuple voit avec in
dignation que des hommes s'engraissent de son sang , tandis
qu'il perit de misere . Voulez -vous que nous croyions que les
nobles n'ont pas de défenseurs parmi vous , destituez - les tous
des places qu'ils occupent . Ne dites pas que ce serait désor
ganiser nos armées en les privant de chefs expérimentés . Plus
ils ont de talent , plus ils sont dangereux . Vous avez décrété
que les hommes suspects seraient mis en état d'arrestation ;
mais n'est - ce pas là une loi derisoire , lorsque les hommes
suspects sont ceux - là même qui sont chargés de la faire
exécuter ? ...... *
Un des représentans du peuple près l'armée des Ardennes ,
instruit la Convention de l'heureux effet qu'a produit la réquisition
faite dans ce département par les représentans du
peuple qui y ont été envoyés en mission . Huit mille hommes
se sont levés sur- le - champ , et sont en marche pour Avesnes ,
lieu du rassemblement. On leur a donné six pieces de canon ;
cinquante-quatre canoniers de Sédan les accompagnent ils
out aussi avec eux cent hommes d'élite de la garde nationale
de la même ville .
Le district de Sedan seul a fourni dix - sept cent cinquantecinq
hommes. Les administrateurs des Ardennes , en rendant
compte de ces mêmes faits , écrivent aussi que cinq mille
hommes sont restés pour la défense de ce département , et
qu'il n'y a maintenant que des peres de famille de la seconde ,
classe ,
Une lettre du commandant des avants - postes de Fanssigny
département du Mont-Blanc , rend compte d'un avantage qu'ont
eû les troupes de la République sur les Piémontais .
Fréderic , duc d'Yorck , a sommé , le 23 août , le commandant
de Dunkerque de rendre la place à sa majesté Britannique .
Je saurai la défendre , a répondu Oméara , avec les braves
républicains que j'ai l'honneur de commander . "
-
PARIS , le 29 août 1793 .
Le procès de Custines a été terminé mardi dernier 27 à
heures du soir. La grande majorité du jury a été pour l'afarmative
dans les trois questions posées par le président du
7 425 )
tribunal , en conséquence il a été condamné à mort , et ses
biens confisqués au profit de la République . Il a entendu pro
noncer son arrêt avec fermeté . Il s'est ensuite écrié ; je suis
innocent.
Custines a subi sun jugement le lendemain sur les 10 heu
res du matin . Il s'est avancé vers l'échaffaut avec calme et
résignation : il était assisté d'un confesseur , dans les discours
et les prieres duquel il a paru chercher la consolation de
ses derniers momens.
Le tribunal révolutionnaire avait été dénoncé à la Convention
et aux jacobins , relativement au procès de Custines,
Voici comment le citoyen Dumont , premier juré , a répondu
dans une adresse à ses concitoyens , aux reproches d'indulgence
dirigés contre ce tribunal .
pas
L'affaire de Custines vient de donner lieu a des d'atribes
virulentes contre le tribunal révolutionnaire . Premier juré de ce
tribunal , je n'ai dû être insensible à ces injustes attaques ;
et forcé par d'autres occupations de m'en éloigner depuis près
de deux mois , tout-à-fait étranger par conséquent au proces
de Custines , c'est peut- être à moi , plus qu'à tout autre , qu'il
appartient de répondre à ces calomnies.
" Il est dans la société , des professions subordonnées aux
volontés d'autrui , et pour les remplir avec exactitude , il faut
souvent faire féchir ses , opinious personnelles ; mais la
conscience des hommes est absolument indépendante des impulsions
étrangeres : nul être n'a le droit de lui dicter des
lois . L'expression , par laquelle un homine fait connaître le
résultat de sa conviction intime , est l'acte le plus essentiellement
libre . Il n'en est pas de la conviction comme des opinions ;
celles - ci peuvent être combattues , mais la conviction , produite
par différentes causes , dont l'effet n'est sensible qu'à
l'ame qui l'éprouve , est au- dessus de toutes les atteintes : a
homme ne pouvant lire dans la conscience d'un autre , ne
saurait l'accuser d'injustice . Soyez séveres dans le choix des
jurés ; mais si vous ne pouvez les taxer de corruption , ress
pectez les augustes et terribles, fonctions dont ils sont investis
.
" Avant que l'affaire de Custiges fût commencée , des légis
lateurs , au lieu de se borner à en demander la prompte instruc» tion
,
se sont permis de dire qu'il fallait se hater de faire tomber sa tête. Pendant cette instruction l'on a entendu des colporteurs
de journaux crier l'interrogatoire du scélérat Gustines.
Depuis , on a fait un crime au tribunal de vouloir décider
sur des plans de campagne , au lieu de tirer du royalisméz
du rolandisme de Gustines , des inductions qui le meneraient
à l'échafaud ,, ; et parce que l'on craint sans doute que cette
maniere de juger ne soit pas adoptée , on accuse le tribunal
de se montrer bien peu révolutionnaire,
1426 )
·
Il difficile de concevoir par quel aveuglement des patriotes
testimables ont tenu une pareille conduite , Des législa
teurs auraient-ils dû s'exposer à influencer l'opinion des jurés
Devrait- on permettre qu'avant la décision du procès , un accusé
fût proscrit publiquemont ? S'il n'y a pas contre Custines
un corps de délit matériel , comme il y en avait contre Miaczinski
, etc. , si les faits à sa , charge : résultent de sa conduite
militaire peut- on reprocher au tribunal d'en faire la matiere
des débats ? et si , comme le dit peu adroitement un journaliste
, il ne fallait jnger ce général que d'après son royalisme ,
scu rolaudisme , son brissotisme , fut- il jamais une accusation
plus vague ? De simples opinions peuvent- elles être la matiere
d'un procès Jamais tribunal criminel a - t-il pu prononcer une
peine capitale sur des inductions.
22
quel abus des termes voudrait on qu'un tribunal révolation
fût
dispense
de juger
d'après
des preuves
, et devint
le servile instrument des vengeances populaires , et souvent
particulieres ? Un jure doit être calme au milieu des orages
des passions ; et tout ce qu'on doit attendre d'un juré révo
Intionnaire , c'est que , sans s'arrêter aux formes , il ne cherche
qu'à acquérir la conviction . De quelque maniere qu'elle lui
parvienne , sa conscience lui prescrit de faire sa declaration
avec la fermeté d'un homme libre ; mais pour prononcer , un
jure révolutionnaire doit , comme un autres, avoir cette convic
ibnet ceux - là trompent le peuple , qui veulent préparer
l'anéantissement d'un tribunal redoutable et nécessaire à l'établissement
de la République , en dénaturant Pobjet de
sa formation , et en jentant de la défaveur sur les courageux
citoyens qui le composent , sur des hommes inaccessibles à la
séduction set a la crainte , et qui , en abandonnant le poste où
la confiance nasionale les a placés , emporteront avec eux la
certitude consolante d'avoir bien mérité de la patrie .
Le vrai républicain , DUMONT.
Le tribunal révolutionnaire s'occupe actuellement de l'affaire
des accusés de Rouen' , qui sont au nombre de 27. Il s'agit
dans ce procès de mouvemens contre-révolutionnaires qui se
manifestèrent dans cette ville à l'époque du jugement de Louis
Capet : Farbre de la liberté fat abbattu , la cocarde blanche
arborée par qué ques personnes , des cris de vive le roi se
Brent entendre , etc. Cette affaire se prolongera , parce que le
nombre de tênios i entendre est de pres de deux cents .
. י ד
La Tour - du -Pin , ancien ministre de la guerre , a été arrêté
dans sa maison, d'Auteuil . Il a été conduit à l'Abbaye comme
prevenu d'émigration. Jacques Roux , prêtre connu par
plusieurs discours très -véhemens, dans les sociétés populaires .
et par des pétitions peu , mesurées à la barre de la Convention
, a été arrêté et transféré à la Conciergerie , comme pré(
427 )
venu de servir par une exagération hypocrite les desseins de
nos ennemis :
* 克
Sur la proposition de Chaumet , la société des jacobins a
arrêté de présenter une pétition à la Convention , pour lui
demauder la déportation de tous les aristocrates et de tous les
hommes suspects , Cette société étant instruite que l'ex - ministre
Garat . allait prendre la place de secrétaire du conseil exécutif,
qui se trouve vacante par la nomination de Paré au ministere
de l'intérieur , elle a arrêté de demander que Garat fut mis
en état d'arrestation , et qu'il ne pût être admis à aucune place
avant d'avoir rendu ses comptes.b sa
NOUVELLES DES ARMEES.
Bergues . Le 21 au matin , tous nos postes dans les environs
de Bergues , à 2 lieues d'ici , ont été vivement attaqués et
repousses . Sur les 8 à 9 heures le camp de Guivèlde , à
2 lieues de Dunkerque , près de Furnes , a été aussi attaqué ;
mais nous n'avons pas perdu un poute de terrain . La puit du
21 au 22 , les ennemis ont fait des approches jusqu'auprès de
de Bergues et ont investi et sommé la ville de se rendre ;
mais le citoyen Carrion , général de brigade , qui commande
la place , leur a répondu qu'il était Républicain , ainsi que
toute sa garnison' , et qu'il préférait mourir plutôt que de se
rendre. La garnison n'est composée que de 14 à 1500 hommes .
Le camp de Giivelde est à - peu - prés de 4000 hommes . A fi
henres du matin , heure de la marée montante , on a levé les
ecluses pour inonder les environs de Bergues , et l'on continue
ce soir jusqu'à grande inondation.
La nuit du 22 au 23 , le camp de Guivelde s'est replié sur
la ville , craignant d'être coupé par l'ennemi , et pour mieux
garder la communication de Dunkerque à Bergues .
2
Dunkerque , le 21 août . Voici la sommation qui vient d'être
faite de la part du duc d'Yorck au commandant de cette place."
Au quartier - général de l'armée combinée devant Dunkerque
be 23 août
MONSIEUR 2
213
Je vous préviens que l'armée que je commande est à vos
portes . Votre ville , sans défense réelle , ne peut opposer
aucune résistance aux armes victorieuses que je pourrais sarle
champ employer contre elle , si je ne voulais éviter la ruine
totale d'une ville florissante , et si l'humanité et la générosité
!'4×8 )
me me faisaient desirer d'épargner le sang humain . Je vous .
somme donc , Monsieur , de rendre la ville de Dunkerque à
sa majesté Britannique , avant que j'aie déployé contre elle
les forces considérables qui sont ma disposition , en vous
prévenant cependant que j'écouterai les propositions que vous
pourrez me faire , et qui ne porteraient pas atteinte à la
considération et à l'honneur des armies Britanniques , ainsi
qu'aux intérêts de la Grande - Bretagne et de ses alliés . Je veux
bien vous accorder un délai de 24 heures , pour délibérer
sur la présente sommation. 5952
་
Réponse à la sommation
Général , investi de la confiance de la République Frangaise
, j'ai reçu votre sommation de rendre une ville impor
tante. J'y répondrai en vous assurant que je sautai la défendre
avec les braves républicains que j'ai l'honneur de commander.
Signé , OMEARA , général de brigade.
On croit l'armée Anglaise forte de 15 à 18,000 hommes ;
elle est campée à droite et à gauche du canal de Furnes , entre
Guivelde et Lastrenhouke , et son front s'étend jusqu'aux
dunes le long de la mer. Le 25 , plusieurs postes se sont
avances ; un entr'autre a établi une batterie à une demi-lieue
au plus de la place , et plusieurs bouleis sont tombés dans la
ville. L'armée Française est campée sous les remparts. Il y a
eu pendant le jour , beaucoup d'actions de postes , et les
tirailleurs de part et d'autre ont fait un feu continuel . Sur
les dix heures , la garnison a fait ne sortie vigoureuse , et a
repoussé les avant- postes à une lieue des fortifications , et leur
a tue beaucoup de monde. Les batteries de la place ont fait
un feu terrible jusqu'à neuf heures du soir. Depuis ce mo
ment jusqu'à six heures du matin , il n'a pas été tiré un seul
coup de fusil , et la nuit entiere a été des plus tranquilles .
Les troupes , harassées de fatigue depuis trois jours , avaient
bon besoiu de ce repos . Les batteries flottantes ont été trèsutiles
, et le citoyen Castaignier qui les dirige , a fait replier
deux fois un corps nombreux de cavalerie , auquel il a ema
pêché le passage de l'Astren , ainsi qu'à un train considérable
d'artillerie. L'ennemi a élevé sur les dunes deux batteries
avec lesquelles il a canonné les batteries flottantes ; Castaignier
a fait taire deux fois de suite leur feu . Cet officier est plein
de bravoure et de patriotisme. La garde nationale est disposée
à défendre cette ville importante jusqu'à la derniere extrémité.
On écrit de Lille que le général Houchard part à l'instant
pour Cassel , afin de secourir Duukerque , et qu'il va s'occuper
de réunir un corps de 30,000 homines pour combattre les
( 429 )
anglais . La division de Cassel se trouve renforcée depuis huit
jours de 14.000 hommes de bonnes troupes , qu'y a fait passer
le général Houchard ; savoir , 8,000 hommes sous les ordres
du général de division Jourdan , et 6,000 hommes sous les
ordres du général de division Landrin . Notre position du côté
de Lille se trouve raffermie depuis quelques jours par l'abandon
total de la part des ennemis des postes de Lincelles et
de Blaton , dont ils avaient voulu nous chassér , et où ils ont
été si maltraités dans l'affaire du 18 .
Weissembourg, le 22 aoft . Lettre des représentans du peuple
près l'armée du Rhin à la Convention .
Citoyens nos collegues , voilà trois jours que l'armée
républicaine du Rhin est aux prises avec les armées combinées
des despotes ; voilà trois jours que son courage opiniâtre résiste
au nombre des esclaves qui sont en sa presence : le combat
a commencé ce matin à quatre heures ; il a été soutenu de
part et d'autre avec beaucoup d'animosité jusqu'à la nuit ;
cependant les Autrichiens ont perdu deux lieues de terrein .
Notre artillerie s'est montrée digne de toute sa réputation
et a hit taire souvent celle de l'ennemi , quoiqu'elle soit plus
nombreuse, et plus forte en calibre . Nous avons été témoin
de cette action importante qui pouvait décider du sort du
Bas-Rhin.
- nons
" Le général Landremont , qui commandait en chef
l'armée en l'absence de Beauharnais , a montré le plus
grand sang froid et la plus grande activité ; nous
sommes portés , presqu'à nuit close , avec le général Meynier,
tout auprès de l'Huisaure , où nos tirailleurs faisaient à quatre
pas de nous un feu très- vif de mousquetterie sur une maison
de cette petite ville , d'où l'on tirait sur eux . Nous avons
éte à portée de voir le nombre des morts ; nous sommes
assurés de n'avoir perdu que 30 hommes , tout au plus , tandis
que les rangs des ennemis avaient été souvent enfoncés par
violence de notre artillerie . Les vignes et les sentiers étaient
couverts de cadavres . Nous ne savons pas encore quel est
le succès de l'attaque qui a eu lieu en même tems du côté
de Lauterbourg ; c'est la partie la plus exposée à l'invasion
des ennemis . Nous allons partir dans deux heures pour savoir
par nous-mêmes ce qui s'y passe , car nous sommes assurés
qu'une attaque générale de la part de l'ennemi se renouvellera
encore demain matin .
la
,, Le tocsin de la liberté sonne en ce moment autour de
nous , déja 8000 habitans des campagues sont dans les gorges
de Bitche ; toute la garde nationale de Weissembourg est partie
aujourd'hui avec ses armes et des vivres pour aller au secours
du général Arlande qui défend les gorges de Linback ; nous
espérons que dans 3 à 4 jours 100,000 Républicains viendront
( 430 ))
renforcer l'armée , qui n'attend plus qu'eux pour exterminer
les rois et leurs vils satellites .
Perpignan. Les représentans du peuple auprès de l'armée des
Pyrennées orientales , ont destitué et mis en état d'arrestation le
général Deflers . Barbantanne lui succede dans le commandement
en chef. Le Mont- Libre est assiégé . C'est le brave d'Agober :qui
commande à ce poste, Le camp de l'armée , sous Perpignan ,
garantit la ville d'un siège . Les Espagnols ont pris le 4 le
petit fort de Villefranche .
Une lettre de Perpignan , en date du 12 , annonce que les
Espagnols cantonnés à Millac ont passé la riviere de Lalet ap
nombre de 2 à 3 mille hommes , dont plus d'un tiers de cavalerie
, pour surprendre nos avants-postes de Carmaillac . Nos
forces , dans cette partie , sont au plus de cinq cents hommes ;
ils étaient parvenus à enlever, deux pieces de canon et un obusier
; mais un détachement du 6e bataillon de l'Aube , commandé
par le brave Dejean , quelques chasseurs des Pyrénées ,
sous les ordres de Deville , et un détachement du 27e régiment
de cavalerie , sont tombés sur eux avec la bayounette et
le sabre , les ont mis en fuite , ont repris nos postes et nos
canons , dont ils se sont servis pour faire mordre la poussiere
à un grand nombre de castillans nous n'avons eu qu'un volontaire
tué et douze blessés . Cette action , quoiqu'elle ne
soit qu'une affaire de poste , fait le plus grand honneur à nos
troupes ; 500 républicains ont repoussé 30co Espagnolsr . Nous
avons conservé notre position , et nous les attendons de pied
ferme , s'ils s'avisent de revenir,
NOUVELLES DES DÉPARTEMENS.
I A MOSELLE.
,
1
Aux républicains Français nuit du 18 ou 19 août 1793 ,
l'an deuxieme de la Republique:
Les ennemis se disposaient à pénétrer dans les gorges de h
Petite-piere , le département était entice d'une incursion de
ces barbares : aussi-tôt 3oco hommes se sont levés dans les tautons
d'Ingwiller , Niederbronn et la Petite - pierre . Une seule
nuit leur a suffi pour se former , et pour occuper tous les
postes et les détours de ces gorges . Ils ont emporté des vivres
pour quatre jours , et c'est le brave Helmstarter , administrateur
du département , et leur chef de légion qui les commande
.
Telle est l'énergie de caractere chez un peuple républicain ,
qu'il sacrifie toutes ses jouissances , sa vie même , lorsque sa
( 431 )
liberté est menacée . Vous serez tous fiers , tous jaloux de suivre
ce généreux exemple les ' satellites des despotes trouveront
bientôt la mort dans un département dont ils veulent faire leur
proie , et la patrie sera sauvé.
་པ : ན “、,,
Publié par ordre du directoire du département.
Signés , BURGER , vice-président ; BARBIER , secrétaire-général.
La Vendée. Une lettre écrite de Saumur , en date du 23 , par
les commissaires de la section des Gardes Françaises , annonce
que les armées de Luçon et Niort remportent journeliement
des succès auxquels celle de Saumur biûle d'avoir part ; on
dit les villes de Cholet et de Mortagne en notre pouvoir , à
la suite d'une action où 20,000 brigands , ont péri. Le tocsin
des rebelles sonne jour et nuit , mais inutilement : nous avons
gagné douze lieues de terrein , et chemin faisant l'on met le
feu aux bois et aux genets . Le 23 , 5000 hommes de la garnison
de Mayence sont arrivés à Saumur ; 5000 autres y étaient
attendus pour le lendemain. Les représentans députés et le
général Santerre ont assisté à l'ouverture de la société populaire.
Une autre lettre porte que sept petits bâtimens anglais ,
chargés de poudre , ont été pris devant Belle Isle ; ils ont été
amenés à Guerrande . 4
Le général Canclaux écrit de Nantes , en date du 24 , que
neuf voitures chargés de poudres et munitions , destinées
pour Pon château , ont sauté en route .
Bouches-du-Rhône. Les commissaires de la Convention à Avignon
écrivent , en date du 16 août , que le 9 de ce mois un détachement
de Marseillais , appuyé par des batteries de calibre ,
s'empara des ville et château de Cadinet , er en chassa les troupes
de la République , qui n'avaient point de canons ; aussi - tôt les
commissaires requirent le général Cartand d'y faire matcher
des troupes de ligne avec du canon : 6000 hommes des districts
de Carpentras et d'Apt , réunis à un régiment d'Allobroges
et à un bataillon de ligne , marcherent vers Cadenet
sur trois colonnes on était disposé à reprendre ce poste à
tout prix , même par l'escalade ; mais l'enuemi n'a pas voulu
attendre cette extrémité . Il a pris la fuite et a passé la Durance .
On lui a fait 38 prisonniers , parmi lesquels un chef nommé
Arbaut qui etait blessé . Un seul chasseur. Allobrogehen a
pris 18 environ cent ont été tués ou noyés . Nous leur
avons pris trois pieces de canon , six quintaux de poudre ,
beaucoup de boulets et de cartouches : tous les ordies sout
donnés pour empêcher une nouvelle trouée de la part des
Marseillais . Les réquisitions ont été faites pour les chasser de
Manosque , dont ils se sont emparés . Robespierre et Ricord out
couru les plus grands dangers ; ils n'ont dû leur salut qu'à
( 432 )
quelques patriotes qui se sont ralliés autour d'eux ; ils ont
perdu leur voiture , leurs effets et leurs papiers.
Les commissaires demandent des fonds pour faire agit les
patriotes de ces départemens qui se sont joints à eux : les Marseillais
, dans l'incursion qu'ils ont faite jusqu'à Orange le
mois dernier , ont desséche toutes les caisses des districts .
Nous avons vu par les papiers publics , ajoutent les commissaires
, que le député Mainvielle avait annoncé , contre
toute vérité , que ses pere et mere avaient été assassinés par
les Marseillais , lors de leur entrée à Avignon . Vous verrez par
l'acte de notoriété que nous vous envoyons , qu'ils sont pleins
de vie , tandis que le patriotes Avignonnais , au nombre d'envirou
80 , ont été fusillés et massacrés dans leurs maisous et
les rues d'Avignon .
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et du
mercredi .
द
Du mardi 27 aout . L'Assemblée confirme un arrêté des représentans
du peuple dans le département de l'Aisne , tendant
à faire mettre en état d'arrestation tous les ci devant
nobles de ce département , excepte les femmes de plus de
50 ans , les hommes de plus de 60 , et les enfans au-dessous
de 17 ans . Rapport du comité de salut public . Barrere
donne quelques éclaircissemens sur la conduite de Kellermann.
Bourdon , de l'Oise , et Goupilleau , qui l'avaient
destitné , ont été rappellés .
་
Une lettre particuliere donne les détails suivans : les ennemis
ont attaqués le camp d'Orneback , près Bitche , dont il se
sont emparés sans la moindre résistance . Les soldats du 42º .
régimeni ont crié sauve qui peut . Le 102. régiment a jetté ses
armes et s'est enfui . La suite de cette trahison a été la prise
de Bitche .
Une lettre interceptée et écrite par une femme de Lyon ,
porte ces mots : on dit Kellermann en route , j'ai bien de la
peine à le croire je sais de bonne part qu'il est dans nos
intérêts . Cette lettre a excité l'attention du Comité ; ´il a
pris des mesures de surveillance à l'égard de Kellermann .
Du mercredi 28 août . Le général Rossignol , commandant
en chef l'arinée des côtes de la Rochelle , a été réintégré
dans ses fonctions .
Du lundi 22 juillet 1793 .
PAIEMENS DES RENTES DE L'HÔTEL - DE - VILLE
DE PARIS.
Six premiers mois 1793. Les Payeurs font à la lettre A.
Noms des Payeurs.
23. M. Legras , viager & perpétuel ...
26. M. Lamotte , perpétucl & viager .
.Lundi ,
Lundi .
28. M. Creuze , tont. viager & perpét ......... Lundi.
29. M. Lebon de la Boùtraye , tont . perp . & v... Lundi .
40. M. Taurel , perpétuel...
.Lundi.
34. M. Fauveau , perpétuel , coupons ........ Samedi.
Du Mardi 23 Juillet 1793 .
3. Nau de Sainte - Marie , perp. & viag .. .Mardi .
13. Marfellier , perpét. & viager ...
.Mardi.
15. Defays , viager & perpétuel....
.Mardi.
24. Defplaces , tont. perpét . & viager….. .Mardi.
25. Vi - illard , tont. perpétuel & viager..
.Mardi .
33. Hurel , perpétuel & viager. Mardi .
36. Debroé , perpétuel .. Mardi ..
su baštiloup
C ..
A V I S.
ON observe que les Rédacteurs n'ont rien de commun
avec l'Abonnement , la distribution , etc. C'est
au citoyen GUTH , seul Directeur du Mercure
hotel de Thou , rue des Poitevins , et non à aucun
d'eux , qu'il faut adresser tout ce qui concerne ces
objets autrement des lettres souvent importantes
pourraient rester au rebut.
Les personnes qui enverront au citoyen GUTH
des effets sur Paris , pour acquit de leur Abbonnement
, voudront bien les faire timbrer ; faute de quoi
ils ne seraient pas acquittés. Les lettres contenant
des Assignats , doivent être chargées à la Poste , pour
ne pas courir le risque de s'égarer.
LE prix de l'Abonnement est de trente -fix livres
franc de port pour les Départemens ct pour Paris.
Il faut affranchir le port de l'argent et de la lettre
et joindre à cette derniere le reçu du Directeur des
Postes. On souscrit hôtel de Thou , rue des Poitevins.
On s'adressera au Citoyen GUTH , Directeur du
Bureau du Mercure. L'Abonnement ne peut avoir lieu
que pour l'année entiere et pour six mois.
F
Messieurs les Souscripteurs du mois d'Août sont
priés de renouveller de bonne heure leur Abonnement
afin qu'on ait le tems d'imprimer leurs adresses , et
qu'ils n'éprouvent aucun retard dans l'expédition . Ils
voudront bien donner aussi leurs noms et qualités d'une
écriture lisible ; ou joindre à leur lettre une des adresses
imprimées qui enveloppent le Mercure.
( No. 101.
)
fift. Lijn K be
SAMEDI 6 Juillet 1793
l'an
deuxieme de la
République.
MERCURE
FRANÇAIS ,
2.
HIST OR I QUE
POLITIQUE
ET
LITTERAIRE.
Tous les Livres , Cartes , Eftampes , Mufique
& Arts divers , doivent être adressés au Citoyen
la Harpe , rue du Hasard , nº . 2.
Le prix de
l'Abonnement eft de 36 livres
frante de port.
CALENDRIER
POUR L'ANNÉE 1793 .
Juillet a 31 jours & la Lune 30. Du premier au 31 ,
les jours décroiffent , matin & foir , de 29 minutes,
JOURS J. PHASES
du NOMS DES SAINTS . del de la
Mois.
lundi Martial , évêque .
Tems moyen
air Midi vrai .
L. LUNE H. M. S.
24
mardi La vifitat . de la Vierge. 25
3 merc. Anatole , év . de Laodic . 26
4jeudi La tranflat. des . Martin. 27
Svend. ste. Zoé , mart . à Rome. 28
6fam. Tranquillin , Martyr.
77 D. Aubierge.
Slundi ste . Elifabeth , reine .
9mardi Cyrille , évêque .
Iomerc . ste . Félicité .
11jeudi Tranflation de s . Benoît.
12 vend , Gualbert .
13fam. Turiaf , évêque .
148 D. Bonaventure , évêque.
Ilundi Henri , empereur
16 mardi Euftate , évêque.
29
+
3.24
03736
3 47
$3 58
30
4 8
4 18
428
I N. L. 4 37
le 84 4 46
3 h . 42 m. 455
4 du mat. 5 3
S SII
5 18
7 5.25
5 31
991 P. Q. S 37
5 42
5 46
s so
$ 54
$7
39
9
GI
6
17merc ., Sperat & fes compagn . 10le 16, à9
Sjeudi Thomas d'Aq . docteur. (1 h . 3 m.
19 vend . Vincent de Paule , prêt . 12 du mat.
20fam. te . Marguerite. 13
219 D. Victor , martyr à Marf. 14
22 fund . ste . Marie Madeleine. IsIS PL.
23 mardi Apollinaire , évêq. & m.116 le 23,379 24 merc.ste. Chrifline . 17h . 31 m.
18 du mate
45 jeudi Jacques le maj.18 du mate
46 vend . Chriftophe.
17 fam. Georges ,
2810 D.ste . Anne & s , Joachim.
29 lundi. Loup , évêque.
30 mardi Abdon.
merc. Germain d'Auxerre .
19
20
22 le29,2105 59
21 D. Q : 6 I
Ꮎ
23 h.ss £ $7
124)du foir. Po S 54
Jer . 135.
MERCURE
FRANÇAIS
HISTORIQUE , POLITIQUE
ET LITTÉRAIRE ,
PAR UNE SOCIÉTÉ DE PATRIOTES.
Samedi 6 Juillet 1793 , l'an II . de la
République.
BIBLIOTE
POLY
MOXAUENSIS
A
PARIS ,
Au Bureau du Mercure , rue des Poitevins ,
No. 18.
Gravures , Annonces .
Epigramme , Logogriphe .
L'Ami des Lois , Comédie .
TABLE des matieres littéraires , depuis le 4 Mai jusqu'au
CHANSON
29 Juin 1793.
HANSON à Madame *** Logogriphe .
Catherine , ou la Belle Fermiere , comédie ,
Musique..
Conte : Suite des Souvenirs du coin du feu .
Vers à M. Dumouliér .
Enigme , Charade..
Maximes et Pensées , par Charles Pougens.
Σ
• page
3 .
4 .
ibid .
6 .
49.
ibid .
50 .
57 .
97 .
98.
Musique , Spectacle .
Traduction de la IIe . Elégie du IIIe . Livre de Tibulle ...
Charade , Enigme , Logogriphe ..
Vues sur la réformation des Lois civiles , parJ. P. Agier .
Géographie , Gravures , Annonces , etc....
107 .
145.
146.
148.
152 .
Spectacle....
154.
Chanson , Charade , Enigme.. 193 .
Logogriphe ..... 194.
Virginie , tragédie , par le Citoyen Laharpe . 195 .
Annonces , Spectacle ..
201 .
La raison du Buveur ... 241 .
Charade , Enigme , Logogriphe ..
ibid .
Des qualités et des devoirs de l'Instituteur public ,
par P. V. Chalvet ... 242 .
Gravure , Spectacle ...
247 .
Corancey aux mânes de son fils ... 289 .
Charade , Enigme , Logogriphe . 291 .
Les Préjugés détruits , par J. M. Lequinio .. 292 .
Spectacle.... 298.
Pétition des jeunes filles de Sancy .
337.
Charade , Enigme , Logogriphe .
339.
Voyage en France , par Young.
341.
Annonces
346 .
Lettre au Rédacteur , par A. Ximenez . 385.
Charade , Enigme , Logogriphe .
387.
Politique des cabinets de l'Európe , pendant les regnes
de Louis XV et de Louis XVI....
389.
Spectacle , Annonces .
391 .
Bayerische
Staatsbibliothek
München
( No. 101. N° . 101. -
1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 6 JUILLET , l'an deuxieme de la République .
IMITATION
De ces vers de la 2eme . Églogue de Virgile .
Quem fugis , ah demens ! habitarunt dii quoquè sylvás , etc.
Pourquoi , cruelle Églé , fuyez-vous les forêts ?
Les dieux out habité sous leurs ombrages frais .
Long- tems le beau Fâris a chéri ces asyles.
Laissez Pallas se plaire au tumulte des villes,
Aimez , ainsi que nous , et brûlez une fois ;
Vous ne vous plairez plus qu'au silence des bois.
Le lion est suivi du chasseur intrépile ;
Lui-même il suit le loup ; le loup ; l'agneau timide :
L'agneau suit en tout lieu celui qui le conduit ,
Et moi les pas d'Églé qui sans cesse me fuit.
Mars brûla pour Vénus , Narcisse pour lui - même :
Chacun suit son attrait ; c'est vous , Églé , que j'aime.
Voyez ce's boeufs tardifs , au hameau de retour ,
Et l'ombre s'agrandir des derniers traits du jour.
Je brûle cependant d'un feu qui croît sans cesse.
Ah ! malheureux , étouffe une folle tendresse .
Ah ! Sylvandre , Sylvandre , appelle ta raison ;
Mais que peut - elle , hélas !' contre un si doux poison ?
( Par J. LA SERRIE . )
CIBLUT
CHARADE.
BLUI qu'un sort funeste a mis sans mon premier
A bien peu de penchant a faire mon dernier.
Mais il doit oublier pour un moment sa peine ,
S'il voit mon tout éclos sur la bouche d'Hélène .
A 2
-4)
ENIGME.
A L'AIDE de la paille et d'un faible zéphyre ,
Dans les champs de l'air emporté ,
Je plane avec légereté ;
Et l'aréostat si vanté
Que l'on fronde et que l'on admire ,
Me cede au moins l'honneur de la priorité.
Je suis rond comme lui ; comme lui je renferme
Un élément à qui je dois l'activité ;
Si son enveloppé est plus ferme ,
Mon volume est moins grand , j'ai moins de gravité ;
Mais il n'est point de parité ;
Car parmi les dangers que le ballon essuie ,
On sait qu'il peut en feu tomber du firmament.
Lecteur , je suis bien différent ,
Puisque je ne tombe qu'en pluie.
AVEC
LOGO GRIPHE.
VEC six pieds je suis un instrument utile ;
Qu'à la campagne on voit plus souvent qu'à la ville .
Du sage quelquefois je fais l'amusement ;
Je soigne son parterre , et le tiens proprement.
A présent , pour me bien connaître ,
Ami lecteur , décomposez mon être .
Vous trouverez un vilain animal ;
Un des quatre élémeus ; deux notes de musique ;
Un outil nécessaire en plus d'une boutique ;
Un endroit où l'on passe à pied comme à cheval .
Si vous voulez enfin dévoiler le mystere ,
Apprenez que mon fort est de gratter la terre .
Explic . des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 100.
Le mot de la Charade est Rissole ; celui de l'Enigme est la lettre R;
celui du Logogriphe est Bronze , dans lequel on trouve Bonze , zéTO ,
zobe , zone , onze , Noé , Eon , Nero , or.
( 동 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES."
2
Euvres philosophiques de M. Hemsterhuys , 2 vol . in-8 ° . A Paris ,
de l'imprimerie de H. J. Jaussen , cloître St. Honoré ; et se
trouve chez Framart , commissaire en librairie , quai des Augustins ,
n°. 27.
F
£
Sut alb
RANÇOIS HEMSTERHUYS , mort en 1790 , était premier commis
de la secrétairerie du conseil d'état des provinces - unies des
Pays -Bas . Son pere était médecin à Groningue en Frise ; son
ayeul était un érudit très - versé dans les langues grecque et
latine ;
on a de lui des éditions de plusieurs ouvrages des
anciens , de Lucien , d'Aristophane , de Xénophon , etc. , avec
des commentaires estimés des savans . F. Hemsterhuys , marchant
sur les traces de son ' pere et de son ayeul , se consacra
comme eux à l'étude des sciences et des arts , mais particu
lierement à la métaphysique , qui fut toujours du goût des
Allemands ; nation réfléchissante , et qui reunit deux qualités
dont l'assemblage peut paraître singulier , une humeur calme
ét froide , et une imagination exaltée , non pas de cette imagination
qui invente dans les arts , mais de celle qui se pas
sionne pour des illusions sentimentales , et que la contempla
tion habituelle des matieres abstraites conduit jusqu'à l'amour
du merveilleux . C'est chez eux que les rêveries du fameux
Swedenbork et de quelques autres illuminés ont fait une grande
fortune ; c'est aussi chez eux qu'a été composé le roman de
Werther ( 1 ) , qui ne contient autre chose que le développe
ment mélancolique des pensées d'un malheureux amant qui
voit entre les bras d'un autre la maîtresse qu'il comptait épouser
, et finit par se défaire de la vie qu'il ne peut plus supporter.
Cette production de Goethe a un caractere particulier
que vous chercheriez vainement dans aucun de nos romanciers
français , et c'est ce qui fui donne du prix aux yeux des
connaisseurs et des philosophes .
Il n'est pas inutile de considérer de combien de manieres la
même erreur peut entrer dans les têtes humaines , et par combien
de routes diverses , ou même opposées , l'homme peut
arriver au même but , c'est - à - dire à la déraison . On croirait ,
par exemple , que la vivacité française est ce qu'il y a de plus
(1) Intitulé très -improprement les passions du jeune Werther , qui
' en eut qu'une en sa vie , et bien malheureuse : c'est une méprise.
du traducteur. Les Allemands assurent et ils sont croyables ) què le
titre original signifie les sonffrances du jeune Werther et le bon sens
en est d'accord .
2
3. A 3
( 6Y
susceptible de la folie du merveilleux cependant il serait facile
de prouver par les faits que jamais cette folie n'a été parmi
nous que passagere , et que toujours elle tenait ou à l'esprit de
secte, comme les convulsions au jausénisme , ou à l'empire de
la mode , comme le magnetisme , le martinisme , etc. et toutes
ces sottises , après avoir enrichi quelques charlatans qui avaient
profité de la vogue , passaient rapidement ou avec la secte
qui les avait fait naître , ou avec la mode qui faisait place à
une autre . C'est chez un peuple flegmatique et sérieux que
les sciences occultes , la doctrine des esprits intermédiaires ,
l'évocation des morts , etc. se sout comme naturalisées depuis
des siecles , et jouissent aujourd'hui d'un très- grand crédit. La
secte des illuminés embrasse toute l'Allemagne , et l'on sait
que les prodiges du mesmerisme étaient renouvelles non pas
des Grecs qui n'aimaient gueres le merveilleux que dans la
poésie , mais des Allemands , qui vers le milieu du dernier
siecle ont écrit vingt ouvrages que nous avons encore sur ce
même magnétisme animal que l'on donnait aux bons Parisiens,
comme une découverte toute neuve , que les adeptes
devaient payer cent louis .
་
J
Pourquoi des hommes naturellement calmes et même graves,
occupés ou de soins domestiques , ou d'études laborieuses , et
généralement fort éloignés de la vivacite des passions et des
intrigues qui ont toujours agité l'esprit, français , se sont- ils
précipites plus que tous les autres dans la recherche des arcanes ,
dans l'alchymie , dans l'astrologie , dans la démonologie , dans
tous ces rêves de la curiosité ignorante ? Ne serait-ce pas qu'il
faut toujours que l'esprit humain se passionne pour quelque
chose , et s'égare d'une maniere ou d'une autre en cherchant
e qui est hors de lui ? C'est ainsi , sans doute , que l'Allemand
méditatif et bon s'est élancé vers un autre ordre de
choses , vers un monde idéal , et a voulu réaliser dès celui - ci ,
-au moins dans son imagination , tout ce dont nous ne pouvons
avoir aucune idéc . Ce qui le confirme , c'est que la plupart
des personnes attachées à la doctrine des illuminés sont d'un
caractere religieux et de moeurs pures il faut en excepter
les profès qui sont toujours un peu charlatans : le bon
Swedenbork l'était comme un autre ; nous en avons la preuve ,
quoique d'ailleurs il paraisse dans ses étranges ouvrages un
visionnaire de très -bonne foi .
J
Si l'on aa jetté en avant ce peu de réflexions sur les rêveries
mystiques qui ont regné , et qui reguent encore dans ce siecle
de lumieres , ce n'est pas que F. Hemsterhuys y ait donné ,
au moins dans ses ouvrages. Il a écrit en allemand , et il est
extrêmement passionné pour la spiritualité , dont il prétend
même donner une nouvelle théorie , quoiqu'au fond ses principaux
argumens soient les mêmes que ceux de Fénelon , de
Locke , de Klarke sur l'existence d'une cause premiere et sur
l'immatérialité de l'ame , c'est-à- dire , les seuls que l'on puisse
( 7 )
fut
admettre en bonne métaphysique ; encore Locke , plus réservé
que les autres , après avoir affirmé que la faculté de penser
est distincte en nous
de ceсе que nous appellons matiere ou
corps , n'affirme pas qu'il soit impossible , ni contradictoire ,
que la matiere soit organisée de maniere à penser ; et ce doute ,
coupable aux yeux des théologiens , a paru très sage aux vrais
philosophes qui ont senti que nous ne pouvions jamais connaître
les premiers principes des choses , que nous ne pouvions
qu'observer exactement les faits , et en tirer des résultats
physiques ou mathématiques bornés à noue petit globe
et au petit systême planétaire dont il fait partie , et qui est
la limite de nos connaissances , tandis que le grand tout échappe
nécessairement à notre vue ; qu'en un mot , la boune philosophie
consistait bien plutôt à savoir ce qui n'était pas que
ce qui est ; et cela même est beaucoup ; car l'essentiel n'est pas
d'acquérir des connaissances qui certainement vous sont inutiles
, puisqu'elles vous sont refusées , mais d'éviter les erreurs
qui ne peuvent être que nuisibles .
F. Hemsterhuys n'a pas cette circonspection des esprits
justes qui savent ignorer : c'est un homme doué à la fois
d'une imagination extrêmement sensible , comme on le voit
par quelques morceaux écrits d'un style presque poëtique , et
qui se sert d'une dialectique plus subtile que solide , pour
se démontrer à lui -même comme aux autres ce qu'il semble
avoir besoin de croire . Il combat les matérialistes et les athées ,
quelquefois même avec amertume . Au reste il est bon de
savoir que chaque pays a sur ces matieres un ton dominant
déterminé par diverses causes . L'esprit général des écrivains
Allemands et Anglais est religieux : chez les Anglais , la religion
purgée du papisme romain , ne paraît pas trop absurde ,
et de plus fait partie de leur systême politique auquel ils
tiennent beaucoup ; on peut dire même qu'à Londres comme
à Genève , le socinianisme , qui est si près du déisme , a fait
de grands progrès parmi tout ce qui n'est pas presbytérien .
Chez les Allemands , l'attachement à la religion comme au
gouvernement est d'habitude : l'esprit de ces peuples , pai
sible , lent et mesuré , répugne à toute innovation ; on s'en est
bien apperçu par l'opposition qu'éprouva Joseph II aux divers
changemens qu'il s'efforça d'introduire , même à ceux qui
étaient le mieux conçus . A cette disposition naturelle il faut
ajouter l'influence nécessairement puissante du regne aussi long
que florissant de Marie-Thérése , qui fit aimer sa devotion , quorque
minutieuse , parce qu'elle y joignit la popularité et la
bienfaisance , deux choses que tous les hommes sont également
à portée d'apprécier , même sans instruction . La croyance
des peuples est toujours modifiée plus oumoins par ceux qui gouveruent,
et toute la France fut dévote , à commencer par les plus
grands esprits , parce que la piété de Louis XIV, victorieux
pendant trente ans parut un gage de la protection divine , et
A 4
( 8 )
devint dèslors une partie de sa gloire , et parce que cette
gloire le présentait lui et sa cour comme un modele à suivre
en tout . La régence qui rompit toutes les sortes de frein , et
fit tomber tous les masques , permit à la liberté de penser , de
se répandre par - tout à la suite de quelques philosophes , même
de la cour , qui commençaient à secouer le joug. Cette liberté
fut restreinte par l'inquisition jalouse et secrette du cardinal
Fleury , qui redoutait toute espece de force dans les esprits .
Le ridicule et le scandale des querelles du jansénisme dont
on était fatigué , la profonde immoralité de la cour de Louis XV ,
le mecontentement des peuples augmenté par le faste du
cergé , favoriserent cette foule d'écrivains hardis qui sappaient
de tout côté l'edifice des préjugés religieux ; et ces écrivains
étant les premiers de la nation , la mode de l'esprit , alors
prédominante parmi nous , fit de l'irréligion un précepte de
bon air et de bon ton , et l'on fut incrédule pour n'être
pas un sot . Enfin , la révolution ayant mis à découvert l'alliance
intime que le sacerdoce avait contractée avec le despotisme ,
l'un et l'autre ont reçu les derniers coups ; et , c'est parce
qu'ils ne peuvent plus se relever que tous deux ensemble ,
que j'insiste pour que l'on fasse regner le plutôt possible la
religion des peuples libres , la loi naturelle avec la loi répu
blicaine.
Les excursions métaphysiques de F. Hemsterhuys sont bien
loin de ce but ; mais aussi la littérature et la philosophie seraient
bientôt resserrées dans des bornes trop étroites , si elles ne comsidéraient
que nous seuls Français dans le monde ; et la variété
des objets doit être un des caracteres principaux de ce journal ,
écrit pour les hommes instruits , devant qui je me propose
de faire passer successivement tous les genres de connaisances
qui peuvent les intéresser. L'écrivain Hollandais dont il est
ici question n'est pas indigne de les occuper un moment.
Ses études philosophiques ne sont pas à mépriser , et ne
l'ont point rendu étranger aux beaux arts . Il est familiarisé
avec les poètes grecs et latins qu'il cite souvent , et parmi
les différens traités que contient son livre , se trouve une lettre
sur la sculpture qui mérite d'être lue et méditée par les artistes .
A l'égard de sa métaphysique , les idees principales sont
empruntées soit des anciens , soit des modernes , et les conséquences
qu'il en tire tiennent à son systême chéri , c'est- àdire
au desir qu'il a de prouver par des inductions philosophiques
les dogmes fondamentaux de la théologie chrétienne .
Il n'annonce pas ce dessein aussi formellement que Pascal ; il
s'enveloppe dans des théories extrêmement abstraites , dans
une dialectique très - épineuse , souvent même hérissée de formules
d'algebre , à l'exemple de Maupertuis . On l'a reproché
à celui - ci et avec raison. En effet , autant l'algebre a été utilement
appliquée à la géométrie , autant elle est déplacée dans
la métaphysique . On conçoit aisément que la méthode de
( 9 )
calculer par des signes convenus les quantités quelconques ,
comme l'arithmétique calcule les quantités numériques , doit
faciliter et simplifier les opérations de la géométrie , qui considere
sans cesse les rapports des grandeurs , des masses ,
des
vitesses , des distances , etc. dans l'étendue et le mouvement.
C'est avec ces signes si heureux et si simples que la géométrie
peut peser et mesurer des mondes sur un quarré de papier ,
comme l'arithmétique y suppute des milliards, et cette méthode
imaginée par Descartes , suffirait seule pour le mettre au rang
des bienfaiteurs de l'esprit humain . Mais dans la métaphysi
que , où il ne s'agit que des êtres intellectuels et du rapport
des idées , à quoi peuvent servir des signes artificiels ? Sontils
un moyen d'évidence ? Les caracteres A , B , C , pour représenter
des idées , en rendent - ils la connexion ou l'opposition
plus claire ? C'est un petit charlatanisme scientifique ,
qui a l'air de n'adresser qu'aux savans ce qui aurait un mérite
infiniment plus réel , si on le mettait à la portée de tout
esprit raisonnable , comme ont fait Locke et Condillac . Quand
il s'agit de l'existence de Dieu , de celle de l'ame , une formule
algébrique qui ne peut être entendue que de ceux qui savent
l'algebre , vaut-elle deux ou trois raisonnemens clairs et simples
que tout le monde peut comprendre ?
Ce que dit l'auteur de l'amour et du desir , qu'il fait consister
dans une tendance attractive de l'individu à s'identifier
avec un autre individu , est pris de la doctrine d'Epicure , de
cet atomisme , de ces simulacres , de ces émanations qui ont
fourni de si beaux vers à Lucrece . Il en conclud qu'il y a dans
le systéme des êtres animés deux forces opposées qui se combattent
sans cesse , l'une qui tend à l'unité , l'autre qui en
éloigne c'est à peu près la force centripete et la force centrifuge
transportées du physique au moral . Cette hypothese ,
quoiqu'ingénieuse , n'est , comme tout autre , qu'un objet de
discussion sans résultat ; mais l'auteur en trouve un , c'est
que cette tendance universelle doit un jour être remplie , quand
tous les êtres animés seront identifiés dans l'unité qui est Dieu .
Cette conclusion qui n'est pas plus neuve que le reste , l'embarrasse
pourtant un peu , parce que dans cette hypothese les
ames des animaux , qui ont la même tendance que les nôtres ,
devraient aussi être confondues dans l'unité divine . Mais , en
derniere analyse , il n'y voit pas d'impossibilité , et il est vrai
qu'il n'y en a pas ; mais les ames des méchans seront- elles aussi
fondues dans l'unité divine ? ou seront - elles d'abord épurées
pendant mille ans , comme le disait l'école de Pythagore ? On
a beau faire en ce gente , l'imagination des modernes retombe
toujours dans celle des anciens il y a si long- tems que l'on
rêve sur ces matieres qu'il est difficile que les rêves ne se ressemblent
pas.
Dans un autre traité , l'auteur établit une série d'argumens
qui revient en définitif à la doctrine de Pascal ; que le mé(
19 )
contentement habituel de l'homme , dont la pensée et les
desirs ,vont toujours au-delà de ce qui est , prouve une dégra- ,
dation dans la nature humaine , et sa destination pour un autre
ardre de choses. Voilà le péché originel , quoique l'auteur ne
le nomme pas , et l'on sait que par-tout les hommes ont imaginé
que leur espece, avait commencé par être parfaite , et
devait enfin le redevenir. Cette persuasion n'est pas très-mo- ,
deste , et je n'ai jamais compris ce qu'il peut y avoir de com-;
mun entre un être aussi faible et aussi borné que l'homme et;
la perfection. Autant vaudrait dire que nous avons commencé
par être des dieux , ou tout au moins des anges . Platon l'a
dit à peu près il y a quelques deux mille ans et depuis
qu'il l'a dit , ne sommes -nous pas bien avancés ? Il échappe
de tems en tems à l'auteur de singuliers aveux , sans qu'il
paraisse se douter des conséquences ; car sûrement il a écrit
de bonne fois Les religions passant par les mains de tous
les hommes , leurs accroissemens en sont d'autant plus
hétérogenes et monstrueux : par conséquent , il est presque,
impossible de se représenter la religion chrétienne dans toute
" sa pureté , et de se former une idée juste des jours et des
événemens de sa naissance .
Si l'auteur n'était pas mort , on serait tenté de lui demander
comment il conçoit qu'une religion , révélée par Dieu luimême
, prenne des accroissemens hétérogenes et monstrueux , au
point de devenir méconnaissable par la suite des siecles . Quoi !
Dieu n'a pu rendre inaltérable une révélation dont dépendait
le salut de ses créatures ! Que lui a - t-il donc manqué pour
cela ? la volonté ou les moyens ? L'un , et l'autre répugne au
bon sens. Quand F. Hemsterhuys ressusciterait pour répondre
à cette question , je ne crois pas qu'il en viut à bout .
Du moins , il ne flatte pas les chrétiens d'aujourd'hui . Considérez
, je vous prie , de quelle façon ils se conduisent
envers Dieu : ils lui demandent pour eux ou pour leurs
princes une longue vie , des richesses , des propriétés , des
victoires qu'ils ne sauraient obtenir qu'à la charge de leurs
, semblables , qui demandent exactement les mêmes choses
> au même Dieu . Ils veulent lui faire accroire que toutes leurs
" guerres ne sont que défensives , ou qu'ils ne font tous que
prévenir ou empêcher des injustices . Les payens en agis-
> saient plus conséquemment , ea demandant la destruction de
leurs ennemis , chacun à son Dieu tutélaire et national :
» ces dieux pouvaient être mal ensemble. Enfin , ils ne rou-
1 gissent pas de rendre graces à l'Etre dont émane la vie de
> l'univers entier , d'avoir ôté , par ses bénédictions , la vie ,
autant qu'il fut en eux , à un certain nombre de leurs
99 freres . " ,
L'observation est très -juste , quoique cette prose pût être
beaucoup plus soignée , ainsi que celle de toute cette traduction
généralement assez défectueuse . Mais heureusement
•
( FF )
Voltaire nous avait dit , il y a long-tems , la même chose en
vers charmans . Il s'était déja moqué , dans son Dictionnaire
philosophique , de cette coutume bizarre de chanter un cantique
d'actions de graces , un Te Deum laudamus , à chaque bataille
gagnée ou même indécise , et ce qui le choquait le plus , tou
jours le même cantique , monotonie bien pauvre dans une naš
tion si renommée pour les chansons nouvelles . Mais il y revint encore
dans une piece de vcrs intitulée la Tactique .
6.64
Le lendemain matin on les mené à l'église
Rendre grace au bon Dieu de leur noble entreprise ,
Lui chanter en latin qu'il est leur digne appui ,
Que dans la ville en feu l'on n'eût rien fait sans lui ,
Qu'on ne peut ni voler , ni violer son monde ,
Ni massacrer les gens , si Dieu ne nous seconde.
Il faut avouer continue l'auteur ) qu'en regardant l'homme
de ce côté il paraît bien absurde et bien petit . , Hélas !
qui , de ce côté et de beaucoup d'autres . Il ne l'est pas
" pourtant. Heureusement sa petitesse est son ouvrage et la
suite nécessaire du méchanisme de la société artificielle , "
Cet heureusement est bien extraordinaire . Qu'y a - t-il donc là
de si heureux ! et que veut dire que la petitesse de l'homme est
son ouvrage ? La petitesse est dans sa nature , ainsi que la grandeur
relative à sa pelitesse , c'est -à - dire , qu'il est de sa nature
ou bon , ou méchant , ou éclairé , ou absurde ', selon qu'il est
modifié par son tempérament , par l'éducation , par les cir
constances. Mais rien de tout cela n'est son ouvrage : c'est la
suite nécessaire du systême physique et moral dans lequel il est
placé , et non pas du méchanisme de la société artificielle . Ces mots
n'ont point de sens un philosophe aurait dû savoir que la
société n'est ni ne peut être artificielle , parce que la sociabilité et
la perfectibilité sont naturelles à l'homme . Et où a- t - il vu que
la petitesse , l'absurdité et l'atrocité ne se trouvassent pas dans
I'homme le plus sauvage ? Quoi ! la raison ne pourra jamais
faire disparaître ces insignifiantes déclamations ! et on les retrouve
même chez les plus tranquilles raisonneurs ?
Nous avons eu bien des éloges , et l'article nécrologie , où
l'on jelle toujours quelques fleurs sur des tombes souvent fort
ignorées , est consacré beaucoup moins aux morts qu'aux
vivans qui ont la prétention de jetter des fleurs . Mais je ne
crois pas qu'en ce genre on ait rien vu de semblable à l'éloge
de François Fagel , greffier des Etats - généraux , mort en 1772.
On peut assurément appeller éloge , tout au moins , ce que
F. Hemsterbuys appelle description philosophique du caractère de
feu M. Fagel. Je crois de tout mon coeur que c'était un homme
de mérite , qui a bien rempli sa place ; mais il eût fallu nous
dire au moins en abrégé ce qu'avait fait de grand ce greffier
des Etats , dont l'éloge commence ainsi : Les grandes ames
( 12 )
" qui se manifestent de tems en tems parmi les hommes sont-
" des ouvrages de la providence , destinés à une fin qui ne
9 tient pas à ce monde : ce sont des germes qui poussent dans
» l'éternité . » Si la gloire de M. Fagel ne tient pas à ce monde ,
il ne fallait pas en parler dans ce monde : il valait mieux
attendre qu'elle eût poussé dans l'éternité .
Fagel lui-même avoua à ses amis les plus intimes des talens
prodigieux dont il ne faisait aucun usage . En ce cas , c'était
pure malice à lui ; mais en revanche c'étaient de bonnes gens
que ees amis intimes qui croyaient si aisément à l'aveu de ces
talens prodigieux dont on ne faisait rien .
“ Pour les beaux arts , il parut que la nature, l'avait dis-
" pensé de toute étude . J'aurais cru que cela n'apparte-
" nait qu'à nos grands seigneurs de l'ancien régime et à nos
grands écrivains du nouveau . Mais enfin puisque cela est si
commun parmi nous , il n'y a pas tant de quoi se récrier sur
M. Fagel . Ce qui suit est plus remerquable : Son tact était
99 si fiu , son goût si exquis , et la rapidité avec laquelle il
s embrassait un ensemble était si grande , qu'il portait dans le
» moment un jugement dont il ne revenait jamais . » Et sans doute
le jugement etait bon , d'où il suit que M. Fagel était infaillible
: c'est au pape à voir ce qu'il en dira.
Parmi nous l'exagération des louanges se joint ordinairement
à l'emphase des figures et aux convulsions de la chaleur ; mais
ces hyperboles monstrueuses débitées avec le flegme allemand
sont vraiment une nouveauté .
MUSIQUE.
Nouveau cours d'éducation pour le piano , ou collection
de differens genres de Musique propres à l'étude , premiere
partie par L. Félix Despréaux , prix 7 liv. 4 sols , port franc.
Sixieme cahier du Journal de Guitarre , contenant un rondeau
de la Belle-Fermiere , un air de l'Amour filial , un air de
Martini et un de Ducrai Dumenil , prix liv. 10 sols ; l'abonnement
est de 20 liv .
No. 4 du Journal de Violon , contenant deux Duos concertans
; par Cartier de l'Opéra , prix 3 liv .
Tous ces Ouvrages se trouvent chez Porro , rue Tiquetonne
, no. 10.
( 13 )
SPECTACLE S.
THEATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL.
La petite piece intitulée : Le Coin du Feu , donnée dernierement
à ce thatre , y a fort bien réussi . Le cannevas n'en est
pas très- fort ;; ce n'est qu'une broderie agréable sur une gaze
légere , et quoique les moeurs dont l'auteur y présente le tableau
ne soient plus à l'ordre du jour , le sentiment qu'il y développe
a suffi pour en assurer le succès .
et
Un mari volage , un homme à bonnes fortunes , de la
classe de ceux qui formaient autrefois le grand monde , époux
d'une femme charmante , qu'il néglige pour des beautés subalternes
, obtient un rendez - vous d'une certaine Chloë , à laquelle
il fait sa cour. Le billet qui le lui indique est sans adresse ,
par une méprise de Suisse , il tombe entre les mains de sa femme,
qui désolée de son infidélité , sent que le meilleur moyen d'enchaîner
un volage est de lui plaire de nouveau . Elle l'attend
donc sous les armes de la coquetterie , sans lumieres , du coin
du feu. Ce moyen lui réussit à merveille ; elle n'a jamais paru
si charmante à son mari , qui lui sait gré d'ailleurs de substituer
des carresses aux reproches dont elle pourrait l'accabler.
Cette scene voluptueuse , mais décente , amene un dénouement
gai ; la lumiere est apportée par un petit - cousin de la
dame , qui avait un intérêt fort opposé à ce raccommodement.
Cette piece , écrite avec grace , est du citoyen Favieres ,
auteur de Paul et Virginie , et connu par d'autres succès .
La musique est du citoyen Jadin , dont les talens depuis
long-tems sont chers aux amateurs , et à qui il n'a manqué
jusqu'ici , pour les faire connaître universellement , que des
paroles plus heureuses . Quelques morceaux offrent peut- être
plus de travail que n'en comportait le sujet , mais on en trouve
plusieurs autres d'un mérite très - distingué ; tels que l'ouver
ture , une espece de rondeau très - bien chanté par le citoyen
Michu , un duo de sommeil parfaitement exécuté par le citoyen
Mainier et l'aimable Rosalie , etc. Le duo du raccommodement
ferait aussi beaucoup d'effet , s'il était un peu moins
long , et s'il n'était au milieu d'une scene dont on voudrait
ne perdre aucune parole .
Il suffit de nommer les charmantes actrices Saint-Aubin ,
Carline et Rosalie , avec les acteurs déja cités , pour donner
une idée de la parfaite execution .
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ON
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 12 juin 1793.
N mande de Pétersbourg , en date du 21 mai que fa
princesse Louise de Bade a été fiancée solennellement ce
même jour avec le prince Alexandre , fils aîné du grand- duc
après avoir adopté la veille la religion Grecque , sans laquelle
elle ne pourrait devenir impératrice , et avoir pris le nom
d'Elisabeth Alexiewna . Le nouvel envoyé de Pologne
comte Wielohorsky a eu avant-hier une audience de l'impé
ratrice dans laquelle il a remis ses lettres de créance . On ne
sait pas
bien précisément quel est l'objet de sa mission . Mais
ce qu'on sait bien positivement , c'est que la confederation générale
de Grodno a chargé son ex maréchal le comte Felix
Potoki , toujours résident à Pétersbourg de mettre sous les
yeux de la Czarine l'état des dettes du roi qu'il lui est absolument
impossible de payer dans l'état actuel des choses .
Dans le fait ce serait aux trois puissances co- partageantes à
les acquitter , puisqu'elles se sont emparées de presque tout
-ce que possédait ce malheureux prince non - seulement comme
roi , mais même comme particulier. Car on assure que ses
domaines sont compris dans l'envahissement. Cependant les
créanciers de Stanislas ne s'attendent point à cet acte de justice
qu'ils appelleraient volontiers de générosité. Que de têtes
couronnées , indignes de porter le bonnet rouge , mériteraient
au contraire d'être coëffées du bonnet verd . Les exemples
de rois banqueroutiers frauduleux ne sont pas rares dans
T'histoire . Il y a pourtant un excellent argument à produite
en leur faveur . C'est de droit divin que ces maîtres du monde
emportent le capital et les intérêts aux malheureux prêtears .
En effet , images de Dieu , représentans de Dieu , presque
Dieux sur la terre , les rois sont une seconde providence .
Or , qui a droit de se plaindre de la providence lorsqu'elle
permet que les moissons et le champ même qui les portait
s'engloutissent dans un abyme . Tous les théologiens de Salamanque
, de Varsovie et de Pétersbourg vous diront qu'il ne
vous reste qu'à vous écrier avec résignation dans ce dernier cas ,
Deus dedit , Deus abstulit , et dans le premier , nos ames sont
à Dieu , nos corps et nos biens , au roi. Cette même confédération
a cassé tous les sénateurs et ministres nommés à
-
l'époque du 3 mai 1791 ; elle a assigué par décret un délai
( 15 )
1
de 3 ans au comte Potocki pour l'acquittement de ses dettes ,
moyennant 3 pour 100 d'intérêt jusqu'à leur entiere extinction
. Des lettres de Varsovie ajoutent que la plupart des
nonces ou députés à la nouvelle diete sont en route pour
Grodno . Par-tout ils ont été élus sous la bénigne influence.
des Russes . C'est le général Derfeldt qui succede au feu
général Kretzetników dans le gouvernement des nouvelles
provinces dont ils se sont emparés . Le prince Poninski :
dégradé , chassé même par la derniere diete , où il y avait
encore quelques restes de sentimens d'honneur est arrivé dans
la capitale depuis le 26 mai . Il revient de Grodno blanchi ,
réhabilité par la nonvelle confédération qui lui a rendu son
honneur , si tant est qu'on puisse donner ce qu'on n'a pas .
Suivant des lettres de Dantzick du 6 juin , le peuple et les
bourgeois sont réduits au désespoir. Les nouveaux impôts et
le loyer des maisons sont ruineux ; il en est de même du
prix des denrées et de tous les objets de consommation . Par
le plus absurde brigandage , on exige des marchands l'état de
leurs magasins et des contributions sur ce qu'il est arbitrairement
supposé qu'ils vendront : on leur suppose des spéculations
trop actives , et la ville est dans une sombre consternation.
1
Les derniers avis de Stockholm s'expriment ainsi : nous
avons vu défiler le 3 de ce mois , par cette capitale , les troupes
destinées au camp de Ladugar , au nombre de 8000 hommes .
L'aile droite était sous la conduite du duc - régent lui - même ;
le centre sous celle du général- major baron de Cederstroem ,
et l'aile gauche commandée par le général comte de Moerner.
Le corps était composé d'un régiment de cuirassiers , d'un de
dragons , de deux de hussards et de cinq d'infanterie et de
mariniers . Il faut joindre à cela l'artillerie volante. Le camp
tiendra jusqu'à la fin du mois , mais pas plus long-tems . Le
régent campe comme les autres , et veut camper depuis le
commencement jusqu'à la fin . La division de la petite flotte
qui est ici doit aller se stationner sur un des flancs du camp ;
cependant ce ne sera que le 15 de ce mois qu'elle s'y rendra.
Le jeune roi donne toute son application à l'art militaire ,
et pour cet effet reçoit tous les jours au château de Haga la
visite d'un officier qui vient lui donner des leçons .
De Francfort- sur - le - Mein , le 21 juin.
Suivant les dernieres nouvelles de Vienne , le baron de Herbert
, internonce impérial à Constantinople , vient d'arriver
dans la capitale de l'Autriche . S'il faut en croire des lettres
venues par cette occasion , le divan pense tout autrement
qu'on ne l'avait cru jusqu'ici relativement au partage de la
Pologne. La Porte est outrée , disent ces lettres , contre la
Russie , à laquelle elle aurait déclaré la guerre sur- le champ ,
( 16 )
si les circonstances le lui eussent permis ; disposée à saisir la
premiere occasion favorable , elle sonde dès-à - présent les dispositions
des différentes cours , et montre une politique qui
ne lui est pas ordinaire. On prétend qu'elle a fait offrir à celle
de Vienne de lui céder la Bosnie , à condition qu'elle garde
rait la neutralité . Il est fort douteux que cette offre ait
été faite , et lors même que cela serait , il resterait encore à
savoir si les Bosniaques ' consentiraient à un changement pour
lequel ils n'auraient pas été consultés , et il faudrait peut- être
que l'Autriche commençât par conquérir cette nation belli,
queuse. L'avantage ne serait d'ailleurs pas assez grand , ce
semble , pour porter l'empereur à renoncer à ses liaisons avec
la Russie .
Cependant ce qui paraît prêter quelque vraisemblance à ce
bruit , c'est la maniete dont on pense généralement à Vienne,
sur le dernier partage , où l'on trouve que l'Autriche a été
cruellement la dupe des deux autres puissances co-partageantes .
Voici comment s'expriment à cet égard des lettres du 12 :
Notre cour n'a joué jusqu'à présent dans cette affaire qu'un
rôle passif ; elle n'a pris possession d'aucune partie du terri
toire , et si elle doit se contenter de celle qu'on lui assigne)
et qu'à la vérité elle convoitait beaucoup en 1772 , il n'y a
plus de proportion entre ce lot et les lots russe et prussien .
Cette circonstance fait faire bien des conjectures , et sur-tout ,
aussi celle que nous levons un corps franc de 6000 hommes ,
qui sont la plupart des Polonais mécontens de l'ordre actuel
des choses dans leur patrie. La politique prévoit dans tout
ce qui se passe un nouveau germe de division , qui , à la longue
, tournera au profit des peuples . ",
·
L'empereur y regardera , sans doute à deux fois , avant de
s'engager dans une nouvelle guerre il a bien assez de celle
qu'il soutient aujourd'hui contre la République Française ,
à l'aide du roi de Prusse , le seul allié vraiment utile par le
nombre d'hommes qu'il fournit ; car l'Angleterre , qui n'a pas
d'intérêts communs lui vendra cher ses services si elle lui
en rend , et son argent si elle lui en prête . L'Espagne ne fait
pas sur ce dernier point tout ce qu'on avait attendu d'elle ; il
faudrait pour cela que les prêtres qui dominent dans ce pays ,
et dont le regne ne peut être renversé que par la liberté de
la presse , qui ne s'établira pas de si - tôt dans ce pays où l'inquisition
a tant d'influence , se résolussent à sacrifier une
partie de leurs richesses . Or c'est ce qu'ils ne feront qu'à la
derniere extrémité .
En attendant il faut , et on le fait , continuer les préparatifs
quelque dispendieux qu'ils soient , et par cela mème qu'ils
le sont , parce qu'on craint de perdre tant d'avances . Aussi
plusieurs des puissances coalisées cherchent - elles à faire des
emprunts à Amsterdam , à raison de cinq pour cent . On ne
s'étonnera pas de voir offrir ces intérêts par les cours de
Pétersbourg
1
( 37 )
Pétersbourg et de Vienne , déja chargées de beaucoup de dettes
d'Etat ; mais on s'en étonne , lorsqu'on apprend que la Prusse ,
qui n'a pas encore de dettes , les offre aussi , elle veut emprunter
Cinq millions de florins . Quant aux hypotheques à fournir , on
ne sait pas trop où elles les prendrait ; tout est calculé rigoureusement
dans les Etats Prussiens ; il y aurait le plus grand
danger à créer un nouvel impôt : l'économie est la seule base
sur laquelle on pût assurer le paiement des intérêts et le rem♣
boursement du capital ; mais l'économie a disparu avec le grand
Frédéric , dont les épargnes sont réduites à 12 ou 15 millions .
-Pour l'Autriche , si elle se borne aujourd'hui à 2 millions
dans l'emprunt qu'elle projette en Hollande , il ne faut pas ou
blier qu'elle en a deja fait de considérables à Gênes , a Franc
fort et dans ses propres Etats.
L'empereur a réussi à se faire seconder par le Corps Germa
nique dans ses dispositions contre les Français . Voici son
ordonnance , présentée le 17 mai à la dictature de la diete qui
en est l'organe :
Nous voulons , en vertu de ces lettres patentes :
1°. Que tous et un chacun de nos sujets , ou sujets et habitans de
l'Empire , de quelque rang qu'ils soient , qui se trouvent dans le
service civil ou militaire de nos ennemis les Français , en vertu
des avocatoires donnés le 19 décembre de l'année derniere , et par
la ratification qui en a été faite à la diete de l'Empire le 22 mars
suivant , sous toutes les peines portées par les lois , se retirent dudit
service de France civil ou militaire , qu'aucun de nosdits sujets ou
de l'Empire n'entre désormais dans ce service pendant la présente
guerie . Et comme une triste expérience a démontré jusqu'ici que les
principes français , qui ne tendent qu'à semer le trouble dans tous
les états , ont déja eu leur pernicieuse influence dans l'Empire d'Allemagne
; que pour exciter les sujets de l'Empire à la désobéissance ,
aux soulevemens et à la révolte , on a employé tous les artifices
de la séduction , et que dans tous les lieux où la force pouvait
atteindre , on a fait usage de tous les moyens de la violence ; et
qu'outre les émissaires étrangers , il s'est trouvé parmi les sujets
de l'Empire des gens assez perdus à tout sentiment patriotique ,
et à tout honneur du nom Germain , pour se présenter d'euxmêmes
ou se laisser gagner à être les instrumens de la séduction ,
et travailler sous divers prestiges , entre autres sous la confusion des
termes de liberté et d'égalité , à renverser toute autorité et toute
forme de gouvernement légitime . Nous avertissons et faisons souvenir :
7. En second lieu , très- sérieusement , tous les vassaux , sujets
et habitans de l'Empire , de la fidélité , et de tous les devoirs aux
quels ils sont tepus euvers pous , envers l'Empire , la patrie et leurs
magistrats , qu'ils ayent à se garder sur - tout de cette classe dan
gereuse de pervertisseurs du peuple , qui , n'ayant pour la plupart
rien à perdre , ne cherche qu'à fonder une existence intéressée ou
ambitieuse sur le malheur de leurs concitoyens . Nous les exhor
tons particulierement à ne se laisser employer en aucune maniere
à être les instrumens iufideles et perfides de la séduction des peuples
à ne prendre aucune part active à de pareils désordres , soit pour
opérer uu changement dans la constitution , en répandant de bouche
Tome IV.
動
( 18 )
ou par écrit , les principes de cette liberté et de cetté égalité , qui
ne produit que du malheur dans le monde , en élevant des clubs ,
en établissant de nouvelles municipalités , représentans , ou administrateurs
, en y acceptant des places ; soit pour amener aucune
révolution de cette nature que plutót fermes dans leurs principes ,
et dignes du nom et de la fidélité allemande , ils se montrent en
exemple à la majorité de leurs compatriotes , pour les faire persister
dans leur devoir , puisque d'ailleurs tout ce qui n'a pas sa cause
dans les voies légitimes , mais qui a été produit par la séduction
ou la violence exercées contre les sujets , ou qui contre notre attente
pourrait encore être produit par ces moyens pendant la précédente
guerre avec la France , ne peut acquérir aucun droit légitime , et në
pent être de durée , mais doit être regardé comme nul . Nous ordonnons
de notre autorité impériale :
3º . En troisieme lieu , que tous les sujets de l'Empire , de quelque
condition qu'ils soient , qui dans ces circonstances , au mépris
de nos avertissemens et exhortations paternelles , se sont laissés
séduire à être les instrumens du trouble parmi les peuples , et ont
servi aux vues révolutionnaires des Français , ou qui , de quelque
maniere que ce soit , y ont pris une part active , soit publiquement
, soit en secret , soient regardés comme criminels de leze-ma
jesté envers nous et envers l'Empire d'Allemagne , et leur paurie ;
qu'ils ne soient sonfferis nulle part dans les états de l'Empire ,
mais que par- tout où l'on pourra les atteindre ils soient saisis
dans quelqu'état que ce soit , comme s'ils étaient trouvés sur les
terres de leur propre souverain ; qu'il soit procédé cquire cux ,
qu'ils subissent sans rémission les peines portées dans nos avoca →
toires . Nous commandons et ordonnons :
ct
4° . En quatrieme lieu , que durant les hostilités actuelles de la
France , aucun ministre chargé d'affaires , agent ou correspondant
de cette nation , ne soit souffert en quelque lieu que ce soit dans
l'Empire d'Allemagne ; mais que tout Français en général , de quelque
état et coudition qu'il soit , soit mis hors des terres de l'Empire
, à moins qu'il n'ait obtenu du magistrat du lieu où il réside ,
la permission d'y demeurer , ou qu'il ne se la procure spécialement ,
et soit ainsi toujours en état de se légitimer à cet égard .
sexe ,
Nous défendons , 5º . en cinquieme lieu , sous les peines portées
par les statuts de l'Empire , et en particulier sous celles qui sont
dénoncées dans l'ordre d'exécution , et en conséquence de nos inhibitoires
publiés le 19 décembre de l'année derniere , renouvellés
dans les conclusions de l'Empire , du 30 avril de cette année , toute
sortie et transport chez l'ennemi , d'armes , de pondre , de plomb ,
de soufre , de salpêtre , de cuivre , de laiton , de fer , d'habillement
uniforme , de toiles dites commis , ou autres toiles grossieres , soit
en pieces , soit qu'elles soient préparées en habillemens , de tout
cuir propre aux équipages , ainsi que celui qui sert aux semelles ,
aux empeignes , aux traits , et chevaux de selle , de toute corne et
griffes , de toute espece de bled , soit en grain , soit en farine , de
tout légume , avoine , foin et paille . Toutes autres brauches de
commerce , dont les objets ne sont pas défendus on désignés expressément
dans nos susdits inhibitoires , peuvent être regardées comme
permises , pendant cette guerre générale de l'Empire , du moins
tout autant que cette partie du commerce ne sera pas interrompue
et troublée par la France .
6. En sixieme lieu , nous voulons et statuons par un effet de
( 19 )
nos soins paternels envers les sujets de l'Empire , pour prévenir
la perte qu'ils pourraient essuyer sur les assignats fabriqués en
France , ainsi que sur la quantité de faux qui s'en est introduite ,
que le cours desdits assignats n'ait lieu dans aucun endroit de l'Em
pire , et qu'ils soient regardés par-tout comme marchandise défendue.
Et comme la sûreté publique et la prospérité générale de l'Empire
exige que pendant la guerre présente on porte un oeil attentif
la correspondance en général , et en particulier sur les bu
reaux de campagne et des villes frontieres , nous déterminans ici
qu'on ne regardèra comme correspondance défendue que celle qui
a rapport aux opérations de la guerre , et qui est capable de pro
curer quelqu'avantage à l'ennemi.
7 ° . Nous recommandons , en septieme lieu , à tous les magistrats ,
à leurs subordonnés et substitués , d'ordonner très - sérieusement à
tous les bourgeois et habitans , et en particulier aux négocians et
marchands de n'expédier aucune lettre ni paquet suspects qui pour.
raient leur parvenir ; mais de les remettre à leurs magistrats , et
que ceux-ci observent leurs devoirs à cet égard ; nous exhortons
en même-tems tous les maîtres de postes , commis , buralistes et
autres à qui il est permis de remettre des lettres , que chacun dans
son emploi observe la plus grande vigilance , que les lettres et paquets
délivrés soient soigneusement annotés , afin que s'il y a quelque
lieu à la suspicion , la chose soit communiquée sans retard au magistrat
, qui en avertira ses supérieurs , pour en ordonner comme il
conviendra .
8 °. Nous défendons enfin , en huitieme lieu , très-séverement , la
distribution et dissémination de tous écrits , soit de production
française , soit de l'intérieur du ' pays , propres à exciter des soulevemens
, principalement ceux qui pourraient tendre à la subversion
de la constitution actuelle de l'Empire , et renouvellons ici ,
en vertu de notre autorité impériale , toutes les peines portées .
contre les fauteurs , auteurs , éditeurs et distributeurs de pareils
écrits. "
Les lettres de Ratisbonne du 6juin nous transmettent un nouvel
article du décret de ratification impériale touchant les conclusum
de la diete des 18 février et 22 mars , parvenus le 17 - mai
à la dictature . Le chef de la maison d'Autriche termine ainsi
le tableau des prétendus attentats d'une faction sanguinaire
contre la tranquillité de l'Europe .
" Contre un tel ennemi , contre les plans qu'il a formés et les procédés
auxquels il s'est porté contre l'Empire , dont la volonté déterminée
, qu'il a déclarée et manifestée par des , faits , est de ramener
tout à sa convenance ; qui a formé le projet sanguinaire de poner
la guerre civile parmi toutes les nations paisibles , de rompre tous
les liens des sociétés ; dont l'ambition dévorante est de sacrifier à
son opinion particuliere les sentimens de tous les peuples , et les
relations les plus respectables ; dont la passion furieuse et dévas .
tatrice veut assujettir toutes les nations , contre tous les droits de
l'humauité , à un systême insensé de liberté et d'égalité ; dont le des
potisme , sous la forme épouvantable d'une puissance de révolus
tion , prétend réduire le monde à une seule forme de gouverne
meut ; qui , dans sa rage forcenée , déclare tous les princes tyrans
el despoles , est agité d'une haine implacable contre tous les jois ,
B 2
( 20 )
princes , seigneurs , et tous leurs fideles serviteurs et sujets ; qui enfim
vient de se déshonorer par un décret de sang contre son légitime
souverain contre un tel ennemi , tout le monde vait évidemment
qu'il n'y a pas d'autre moyen à prendre que celui de la force , aucune
autre ressource que celle des armes ; toutes les nations policées sont
intéressées à faire cause commune contre lui , à le combattre et à
le vaincre ; c'est une défense nécessaire et légitime de l'Empire d'Allemagne
contre des insultes sans exemple ; c'est un noble o bạt
eu faveur de la religion , des droits de l'humanité et de la prospérité
générale ; pour la conservation des droits acquis à grand prix ,
pour la conservation des droits acquis à grand prix , pour la défense
de nos frontierer , pour le maintien de la constitution de
l'empire , tant dans son entier que dans ses parties : c'est encore
une défense nécessaire contre des maximes de convenance , contre
l'anarchie et la force révolutionnaire : c'est une défense nécessitée
pour maintenir l'honneur , la dignité , la souveraineté de l'Empire
pour obtenir le respect qui lui est dû , la sûreté de ses frontieres , et
une juste réparation de tous les torts qui lui ont éré faits .
" C'est dans cet état des choses que S. M. I. et S. M. le roi de Prusse
out fait les plus grands sacrifices pour venir au secours de l'Empire et
en prendre la défense , et que l'empereur a mis sur pied une armée de
225,074 combattans , y compris l'armée de réserve , mais non pas
l'artillerie et le charriage . L'empereur ratifie en conséquence , nonseulement
le conclusum du 22 mars , mais encore le sixieme article
de celui du 18 février , dans tout leur contenu , et ne peut s'ima
giner que lorsqu'il est question d'une défense aussi necessaire , il
puisse se trouver un seul état de l'Empire , qui daus les principes
d'un intérêt privé , ou d'une politique contraire à la constitution ,
ou sous quelqu'autre prétexte et subtilité , voudrait se dispenser de
remplir consciencieusement ses devoirs et obligations envers l'Em
pire. Sa Maj. , plutôt pleine de confiance envers chacun des états
de l'Empire , ose se confier qu'ils s'empresseront à l'envi de mon 、
trer leur patriotisme , et feront même plus dans cette occasion que
ne l'exige un stricte devoir . "
?
On sent bien que d'après une pareille piece les préparatifs
doivent non - seulement se continuer , mais même se pousser
avec plus d'activité . Aussi l'Autriche et la Moravie fourniront
- elles de nouveau quelques mille recrues , et l'on
ramasse tout ce que l'on peut de boulangers pour les armées . On
augmente aussi de 60 le nombre des chirurgiens il doit y
en avoir disette , puisque les éleves actuels au lieu d'un cours
de deux ans n'en font plus qu'un de six mois . Les deux
dernieres divisions du régiment de Wallisch , cuirassiers , ainsi
les troisiemes bataillons de Charles Toscane et de Preiss ,
vont aussi joindre l'armée . On y a envoyé dernierement beaucoup
de fusils , et entr'autres mille carabines à vent qui seront
distribuées parmi les tireurs . On fait partir pour Ra
tisbonne , en remontant le Danube , un assez grand nombre
de bâtimens chargés de farine et d'avoine : ce convoi sera trangporté
ensuite aux armées du Rhin et du Brisgaw.
que
- Des lettres
de Vienne du 12 s'expriment ainsi : ce matin , l'on a encore
fait partir d'ici des chariots chargés de munitions et d'argent ;
( 1 )
拳
a vont à Francfort escortés par une demi- compagnie de
canonniers et de quelques dragons . D'un autre côté une compagnie
et demie d'artilleurs du premier régiment et une com .
pagnie et demie du second se sont mises en marche pour
le corps du général Wurmser avec un certain nombre de car
nons et d'obusiers de moyen calibre . Ainsi de tous nos régimens
d'artillerie il ne nous reste plus par ici que six compagnies
, dont trois à Vienne , une à Prague , une à Olmutz
et une à Brunn . Ces mêmes lettres ajoutent que la nouvelle
armée de réserve est de 64 bataillons d'infanterie et de 35
divisions de cavalerie . Mais voici un aveu qui leur échappe :
le 9 , il est venn de Hongrie beaucoup d'argent . Il y a apparence
qu'on ne le gardera pas long- tems dans les coffres du
trésor si tant est qu'il y ait été déposé . L'armée , ce goufre
toujours ouvert , l'engloutira comme tant d'autres . Heureux en
core qu'on ait pu fournir à ses besoins immenses et sans cesse
renaissans ! Au reste , peut- être est- ce là l'argent qu'on vient
d'envoyer.
Le comte de Pellegrini est de retour du voyage qu'il vient
de faire dans la Lombardie Autrichienne pour en visiter les
places et les fortifications . Il en a rendu compte à l'empereur
qui vit avec l'archiduc Palatin au château de Laxembourg dans
la plus grande retraite . On assure qu'il a rapporté que des
frégates Espagnoles sont attendues à Triest , et que le chevalier
de Lellis , consul d'Espagne , a fait pour cet objet tous
les arrangemens nécessaires . Si l'on y a craint quelque visite
de la part des Français , cette crainte est dissipée aujourd'hui ,
d'autant que le port et tout le rivage qui n'a qu'une lieue
d'étendue , sont en bon état de défense ses piquets y ont
été généralement renforcés , et l'on en a établi où il n'y en
avait jamais eu . -- On apprend aussi par la même voie que
la cour d'Espagne est mécontente de la République de Venise
, au point qu'elle rappelle son ministre le comte de Cafas
pour l'envoyer à la Haye . La principale cause de ce mécontentement
vient de ce que le gouvernement Vénitien a
reconnu la République française , et permis que les armoiries
nouvelles fussent arborées à la place de celles du roi de
France. Il porte même le scrupule dans sa neutralité jusques
à défendre de prêter de l'argent à aucune des puissances belligérantes.
Voici la traduction littérale de l'ordre prescrit par le roi de
Prusse aux officiers de son armée , et qui leur sert de texte.
à commenter dans les prônes militaires qu'ils font tous les
jours aux soldats .
Chaque officier- commandant , et sur- tout les capitaines
qui fournissent de leurs compagnies des hommes pour Les
postes avancés et les détachemens , seront tenus d'adresser
B 3
( 22 ) ·
à leurs soldats , avant que ceux - ci se mettent en marche ,
une exhortation , en les encourageant de se battre avec courage
pour leur roi et leur patrie . Les officiers expliqueront
en outre aux soldats la cause de la guerre , en leur faisant comprendre
, que c'est la cause des rois et des princes de combattre
la rébellion et l'irréligion des Français , parce que sans cela la
confusion se répandrait dans tout le monde , et que personne
ne voudrait plus reconnaître ni dieu , ni magistrats , deux
points qui sont cependant indispensables pour le salut des
hommes . Les officiers rappeleront aussi aux soldats leurs anciennes
victoires , et la réputation de valeur qu'ils ont acquise
dans le monde , et leur représenteront que ce serait une honte
indélébile pour eux , de se laisser vaincre par des hommes qui
ont assassiné leur roi , et qui ne croient point en Dieu .
Quelque chose qui sera plus utile à ce prince , c'est que la
reserve Autrichienne arrive successivement dans les environs
de notre ville , et qu'il y en a déja une partie de campée .
Graces à ce renfort , le siege de Mayence a effectivement
commencé dans la nuit du 16. Les ouvriers de l'armée en
général se sont assemblés près de Hechtsheim où est le dépôt
du siege. A 5 heures du soir tous ont été pourvus , l'un
après l'autre , des instrumens nécessaires , et mis en ordre afin
de se mettre en marche la nuit tombante. Le roi qui s'est
trouvé jusqu'ici dans son quartier-général de Bodenheim , est
entré ce soir avec le premier bataillon de la garde du corps
dans le camp de Marienborn pour diriger de- là le siege . Il
à été construit une batteric flottante à Geinsheim garnie de
canons et d'obus pour s'en servir à déloger les Français de
l'isle dite la tête du Rhin . A dix heures du soir commença
tine canonnade terrible des batteries de Mayence et de Cassel
qui dura sans discontinuer jusqu'au lendemain matin ; les
signaux furent allumés tote la nuit , et des pelotes ou balles
à feu d'artifices furent jettées des deux forteresses en l'air
pour éclairer les camps et tous les mouvemens qui se faisaient
autour d'elles . Ce n'est pourtant-là qu'une sorte de préparatif
au siege ; car la véritable attaque à échoué ; les impériaux
devaient bombarder la forteresse de Mayence , tandis que les
Prussiens et les Hessois attaqueraient en même- tems Cassel :
mais les Français ayant été avertis par leurs espions , nonseulement
se tinrent sur leurs gardes , mais même firent
de tous côtés à la fois de vigoureuses sorties , dans ' lesquelles
ils renverserent une partie des ouvrages disposés contre
eux et maltraiterent extrêmement le corps des ingénieurs
Prussiens qui se trouve presqu'entierement dispersé , de sorte
qu'il a fallu renvoyer encore l'entreprise .
:
Cépendant à s'en rapporter à des nouvelles du 20 juin , les
troupes combinées ont été plus heureuses depuis elles ont
uvert , dans la nuit du 19 , les tranchées devaut Mayence ,
tfois cents pas en dessous de l'endroit dit Sainte - Croix.
( 23 )
"
Cette opération n'a coûté que deux hommes tués et cinq
blessés . Il en est résulté l'établissement de quatre batteries,
On ajoute même que la ville a envoyé deux trompettes , mais
qu'on ignore quelles sont les propositions dont on les à
chargés .
D'un autre côté , les habitans de Treves et même ceux de
Coblentz sont dans la plus vive inquiétude. Notre situation
devient plus critique qu'elle ne l'était il y a six mois , disent
des lettres de cette premiere ville , datées du 13. On nous
menace de tous côtés d'invasions ennemies . Il faut que Mayence
tombe pour que nous ayons du repos ; car l'ennemi veut
secourir cette ville coûte qui coûte , et s'ouvrir un passage
quelque par' . Ne pouvant y parvenir près de Landau , il
cherche naiutenant à tenter fortune de notre côté. Le coup
de pénétrer dans le pays de Luxembourg lui ayant réussi
quoiqu'au prix de beaucoup de sang , il s'est avancé jusqu'à
deux lieues de Luxembourg , d'où nous sommes menacés d'une
attaque , et l'on dit même que l'ennemi est en marche .
Il paraît que l'inquiétude a été jusqu'au point d'ordonner à
la tribu. des bateliers de cette ville de tenir assez de batteaux
prêts pour transporter en lieu sûr les magasins de Grevenmacker
et l'hôpital impérial . Des lettres de Coblentz , du 21 ,
ajoutent que 10,000 Autrichiens , tant à pied qu'à cheval , ont
depuis deux jours passé sur la rive gauche du Rhin , pour se
rendre à Treves avec une telle håte , que l'infanterie a fait
12 lieues dans une journée , et que l'on a employé tous les
chariots et charettes que l'on a pu trouver , pour transporter
avec plus de cél.rité les soldats hors d'état de supporter cette
fatigue . Quelques lettres de nos environs annoncent déja la
ville de Treves comme entiérement détruite , et Coblentz a
une seconde fois une terrible peur.
PROVI GES - UNIES ET BELGIQUE. -
Un nouvel avis de la Haye porte que les Etats - Généraux
ont chargé leurs ministres à Londres , Vienne et Berlin , de
proposer à ces cours l'établissemens d'un congrès pour y délibérer
sur les conjonctures actuelles , et d'indiquer cette ville
comme le lieu le plus propre à la tenue de ce congrès , puisqu'il
est à - la- fois à portée du théâtre de la guerre et des puissances
belligérantes . La résolution prise à cet effet le 21 mai
dit en substance : que L. H. P. se flattent d'avoir donné des
preuves convaincantes du desir qu'elles out de coopérer de
tout leur pouvoir aux mesures à prendre contre l'ennemi commun
; mais que par un juste retour sur elles mêmes , elles doivent
aussi songer à n'être pas entraînées au delà de leurs
forces ; ce qui leur fait souhaiter la formation d'un congres ,
B 4
(24)
tant pour y convenir des mesures qu'exigent les opérations de
La guerre , que pour s'entendre sur les ouvertures qui pourtaient
être faites de la part de la France pour la terminer.
Suivant des lettres d'Amsterdam du 20 juin , on avait apperçu
la veille à la hauteur du Texel quatorze voiles , reconnues pour
être douze navires de retour de la compagnie des Indes orien
tales , marchant sous l'escorte du Zéphir et du Faucon , vaisseaux
de guerre de la République : on est presque sûr que cette riche
Botte est arrive à bon port.
-
On écrit de Bruxelles que l'archiduc Charles est parti le 12
juin pour se rendre a l'armée , et assister au commencement du
siége de Valenciennes , qui devait s'ouvrir à cette époque .
Des lettres d'Aix -la- Chapelle , du 10 , avouent que le feu
que fait Valenciennes sur les travailleurs est terrible et bien di
rige , et qu'il a retardé les travaux des assiégeans beaucoup
plus qu'auparavant ; mais elles ajoutent que 200 bouches à feu
sont prêtes à agir contre cette place , et que l'ouverture de la
tranchée reste fixée au 12. Le général Ferrand qui y commande
sera bien secondé par un ingénieur nommé la Fite , un des meil
leurs qu'ait la France , et qui , dans la derniere guerre , à rendu
aux Turcs des services signalés.- On raconte que, pendant qu'on
s'occupait du travail des approches , plusieurs émigrés Français
avec de longues vues s'approchaient plus ou moins , pour examiner
tantôt les travailleurs et tantôt la ville , à l'aide de leurs
lunettes d'observation le prince Cobourg les a , dit- on , fait
enlever par un piquet de hussards , et leur a donné de l'occupation
parmi les pionniers . La garnison de Condé fait un
feu infernal sur ceux qu'on emploie actuellement devant ses
murs et qui sont au nombre de 4000. Elle a lâche les grandes
eaux ; une partie des ouvrages des assaillans est inondée . En
général ces deux places sont décidées à faire la plus grande ié-
Bistance ,
--
ITALIE.
en
On écrit de Rome qué , dans les derniers jours du mois
'ȧernier , une des chaloupes gardes- côtes de l'état ecclésiastique
, étant aux environs de Piombino , rencontra une tartane
française chargée de grains , dont elle s'empara et la conduisit
à Civita-Vecchia . Sur l'avis qu'on reçut à Rome de cette prise ,
le saint-pere ordonna qu'elle fût sur-le - champ relâchée ,
même-tems qu'elle serait escortée jusques dans les eaux où
elle avait été arrêtée . La raison qu'on a donnée de cette conduite
, c'est que la cour de Rome n'est point en guerre avec la
France, Chacun raisonne ici à sa manière sur ce procédé généreux
le ministre de France lui -même , M. de Mackau , en
paru étonné ; il a dit publiquement que la conduite de la
cour de Rome est d'autant plus singuliere , que toute l'Europe
3
( 25 )
la regarde comme en guerre avec la France , puisqu'elle në '
permet à aucun Français l'entrée de ses Etats .
Des lettres particulieres nous expliquent un peu mieux la
raison qui porte la cour de Rome à en user ainsi ; c'est la
peur qui la rend réservée ; la maniere dont les Français se
soutiennent vers Nice , l'impossibilité dans laquelle se trouve
le roi de Sardaigne de leur résister , et par conséquent le
risque qu'il court de voir franchir ses montagnes ; tout cela
inquiette Rome et la rend timide et généreuse . On sait qu'elle
ne peut pas trop compter sur les milices qu'elle a rassemblées
ponr sa défense ; ces soldats lui font aujourd'hui la loi , et il
n'y a pas de jours qu'ils ne se livrent à de nouveaux excès.
On peut juger de leur disposition par ce que nous apprennent
les mêmes lettres . Le bruit s'étant répandu que le pape
étais de nouveau tombé malade , on entendait dire dans tous
les quartiers où sont rassemblés ces soldats : Qu'il meure bien
vile , ce sera à nous aujourd'hui à faire le pape ..
Le Piémont offre le tableau le plus pitoyable ; les campagnes
en sont presque abandonnées par les cultivateurs , que l'impos
sibilité de payer leurs loyers et les impôts met au désespoir.
Les nobles , assujetis à des taxes qui leur étaient inconnues ,
qui s'étendent jusque sur leurs domestiques , les privent non-
- seulement de leur luxe , mais de leur aisanse , desirent presque
aussi sincerement que le peuple la venue des Français .
Le peuple à Turin craint les troupes autrichiennes ; ils
font de grandes patrouilles , particulierement la nuit pour dissiper
toutes les assemblées de trois ou quatre personnes . Beaucoup
d'espions de toutes qualités courent les cafés et les promenades
. On enferme tous les jours des citoyens dont on n'entend
plus parler ; les bons citoyens n'osent plus se montrer ; la
haute et petite noblesse conspirent entre elles ; les paysans des
campagnes , malgré les sermons des prêtres contre les Français
, témoignent de l'impatience de leur esclavage et de leur
misere .
Il y a une désertion continuelle dans les troupes autrichiennes ly
et piémontaises , lesquelles vivent trop misérablement ; elles
sont mal vêtues et mal payées , et dans un état pitoyable . Le
régiment de Sardaigne à plus d'une fois manqué de pain : les
désertions sont si fréquentes , que les régimens sont plus ou
moins réduits .
A Bazelusso , dans le Tortonais , les bourgeois et les paysans
ont , le jour de la Fête - Dieu , crié vive la liberté et arboré la
cocarde tricolore : le gouverneur féint de l'ignorer.
ANGLETERRE . De Londres , le 20 juin.
M. Pitt n'a pas assisté le 3 à la séance du parlement ; une
( 26 )
:
----
attaque de goutte le retient à sa maison de campagne de
Holwod il y a donné le 6 une audience au général Valence
qui venait lui demander un asyle pour Dumourier son ami ;
non-seulement sa demande lui a ete refusée , mais il lui a été
Įnsinué à lui - même qu'il devait songer a evacuer l'isle de la
Grande- Bretagne . Le 7 , la cour est allee à Windsor pour
y passer la belle saison ; mais le roi viendra deux fois par
semaine à Londres , le mercredi et le vendredi . Ce n'est
point lord auckland , fraîchement arrivé de son ambassade de la
Haye , qui va remplacer M. Dundas dans le ministere de l'intérieur
; cette place , du moins à ce qu'on assure , sera donnée
au comte de Carlisle . Le commerce souffre prodigieusement
de la guerre actuelle on en jugera par le nombre des
banqueroutes consignées dans la gazette de la Cour , depuis le
premier janvier jusqu'au 31 mai . Il est de 642. Toutes
ces banqueroutes , il est vrai , ne portent pas sur des maisons
de commerce.— On vient d'établir entre Londres et la Corogne
une poste qu'on expédiera jusqu'à nouvel ordre tous les quinze
jours en géneral on cherche à multiplier les rapports avec
l'Espagne , et à les rendre aussi fructueux que ceux que l'An,
gleterre a déja avec le Portugal. Lord Grenville a promis de
recommander à l'ambassadeur de S. M. Catholique les négo
cians Anglais qui ont des créances sur des maisons françaises
dont on a sequestré les biens en Espagne , pour obtenir de
les faire payer sur ces mêmes biens ,
)-
Un exprès du due d'Yorck , arrivé le 5 , a apporté la nouvelle
que l'attaque de Valenciennes n'avait encore pu se réaliser
, parce qu'on avait heureusement découvert que les Français
avaient miné tout le terrein qui se trouve entre le camp
des Anglais et les ouvrages de la place . La paix semblait , il
ya quelque tems , une chose qui pouvait u'être pas absolument
éloignée ; mais l'amiraute a pourtant mis le 6 encore
denx vaisseaux de ligne en commission , et le 7 il y a eu
conseil en présence du roi ,
L'amiral Hood a écrit le 6 de la hauteur de Plymouth ; il
a ramené en Angleteire une riche flotte marchande venant de
Pinde , qui va lui donner mille à douze cents matelots .
L'ex - général Dumourier s'est en effet présenté dans la caphale
, apres avoir fait sonder les voies par son précurseur
Valence ; mais soit que les traitres déplaisent toujours , quoi ,
qu'on ait profité de la trahison , soit qu'on juge cet homme
Inutile à présent , ou même dangereux , il lui a été signifié
le 14 , en vertu.du bill contre les étrangers , qu'il eût à se
retirer , saus quoi on procéderait d'après ces lois rigoureuses ,
Cependant tout le monde est fort surpris de cette mesure ; quel
ques personnes prétendent même que c'est un jeu joué , et
qu'on se servira de Dumourier .
( 27 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONAL L.
PRÉSIDENCE
Séance du mardi , 25 juin .
DE MALLARMÉ.
La séance est ouverte par la lecture d'une foule d'adresses
d'adhésion à l'insurrection du 31 mai ; on a distingué celles
de Montauban , Provins , Clamecy , Doles : l'Assemblée en
a ordonné la mention honorable .
Le secrétaire de la commune d'Evreux a demandé au nom
de ses concitoyens , le rapport du décret qui transfere à Bernay
l'administration du département de l'Eure ; après avoir rétracté
sa signature et fait l'éloge des habitans de cette commune ,
dont tout le crime est d'avoir été trompé par des relations ,
empoisonnées de l'esprit de parti sur les derniers événemens
qui ont eu lieu à Paris , l'Assemblée a paru satisfaite ,
renvoyé la pétition de ce député extraordinaire au comité
de salut public .
et à
Un secrétaire donne lecture de la liste des députés qui
se sont trouvés absens au dernier appel nominal ; les uns sont
absens pour cause de maladie , les autres par congé ou par
mission , d'autres sans aucune mission ou congé ; ces derniers
au nombre de huit , sont Lemaréchal , Laroche , Montaigu ,
Godefroi-Yzarn dit Valady , Giron , Bourgeois , Lahaie , Manion .
L'Assemblée décrete que le comité des inspecteurs fera passer
à celui des décrets la liste des députés absens sans raison ,
pour appeller leurs suppléans ; elle décrete en outre que la
liste des députés en commission sera envoyée aux départemens
et aux armees , afin que les traîtres soient connus ,
Le président a annoncé qu'il avait entre les mains plusieurs
lettres de députés qui demandent des congés . L'Assemblée
a passé à l'ordre du jour .
Lettre du citoyen de Boileau.
Paris , le 25 juin , l'an 2 de la République .
Citoyens mes collegues , depuis plusieurs jours je crache
le sang ; c'est un fait que les médecins attestent . Je demande
à avoir , comme par le passé , ma chambre pour prison . Je
jure de ne point m'enfuir les sermens d'un républicain valent
mieux que les portes et les verroux des prisons ; je demande
de plus a être chez moi sous la sauve - garde de ma bonne
foi , sans antre gardien .
On a fait encore lecture d'une lettre du citoyen Lehardy ,
député , également détenu . Il demandait la justice la plus
( 20 )
promptes qu'on me donne , disait-il , la liberté ou la mort. s
L'épouse du citoyen Gardien sollicitait la permission de partager
, avec ses quatre enfans , la detention de son mari ; sur
la motion de Legendre FAsssemblée passe à l'ordre du jour.
Le comité de division propose , et l'Assemblée décrete que
le ci-devant comté d'Avignon formera un 87cme , département
sous la denomination du département de Vaucluse , dont Avignon
sera le chef- lieu .
Séance extraordinaire du mardi soir .
Les sections du Luxembourg et de la Croix-rouge présentent
sucessivement des petitions sur les subsistances . Elles demandent
la taxation des denrées de premiere nécessité. Renvoyé au
comité d'agriculture.
>
Une députation de la section des Graviliers réunie à des
citoyens de celle de Bonne- nouvelle et du club des Cordeliers ,
est admise à la barre . Jacques Roux , orateur de la députation ,
a dit : Mandataires du peuple , depuis long-tems vous premettez
de faire cesser les calamtés du peuple ; mais qu'avezvous
fait pour cela ? vous venez de rédiger une constitution.
que vous allez soumettre à la sanction du peuple . Y avez
vous proscrit l'agiotage ? Non . Y avez - vous prononcé une
peine contre les accapareurs et les monopoleurs ? Non . Eh
bien ! nous vous déclarons que vous n'avez pas tout fait. ! Jusqu'à
quand souffrirez vous que les riches boivent encore dans
des coupes dorées le sang le plus pur du peuple ...... Si vous
montriez de l'insouciance pour l'extirpation de l'agiotage et
de l'accaparement , ce serait une lâcheté qui vous rendrait
coupables du crime de lese -nation . Il ne faut pas craindre
d'encourir la haine des riches , c'est - à - dire , des méchans.
Il faut tout sacrifier au bonheur du peuple . Vous avez à craindre
qu'on ne vous accuse d'avoir discrédité le papier - monnaie et
d'avoir ainsi préparé la banqueroute ...... De violens murmures
ont interrompu l'orateur . On demandait qu'il fût arrêté.
Nop , s'écriaient d'autres membres , il faut l'entendre jusqu'au
bout. L'orateur a continué. Les Sans- culottes opprimés
des départemens vont arriver ; nous leur montrerons ces piques
qui ont renvoyé la bastille , ces piques qui ont dissipé la faction .
des hommes d'état , ces piques qui ont détruit la putréfaction de
la commission des douze ; alors nous les accompagnerons dans
e sanctuaire des lois , et nous leurs montrerons le côté qui
voulut sauver le tyran , et celui qui prononça sa mort. "
De nouveaux murmures éclatent avec plus de force .
ર
Un citoyen de la députation déclare que ce n'est pas la
pétition à laquelle la section des Gravilliers a donné son
adhésion . Thuriat observe que ce vil orateur de l'anarchie
est un prêtre. Legendre demande qu'il soit chassé. Cette pro
position est adoptée . Tous les pétitionnaires , excepté l'orateur ,
sont admis aux honneurs de la séance . Sur la motion de
!
( 99 )
Thuriot , le comité d'agriculture et de commerce est chargé
de présenter ses vues sur le moyen de faire diminuer le prix
des denrées .
On annonce l'évasion de Vergniaux . ( Voyez la matice de
cette séance dans le dernier numéro. )
Séance du mercredi , 25 juin .
Cette séance , comme la précédente , s'est ouverte par la
lecture d'un grand nombre d'adresses d'ahésion . La société
populaire de Nevers , le conseil - général de la commune de
Figeac , les citoyens sans- culottes du district de Dreux , le
département de l'Yonne , les citoyens d'Auxerre , réunis en
assemblée génerale de section , la société populaire de Vienne ,
département de l'Isère , celle d'Anneci , etc. etc. expriment
les mêmes sentimens d'adhésion au décret du 2 juin. On fait
lecture de la lettre suivante :
Lettre des représentans du peuple près l'armée des côtes de Brest ,
datée de l'Orient ' , le 21 juin 1793 .
Citoyens nos collegues , Sevestre que nous avons envoyé
auprès de vous , pour vous instruire de ce qui se passe dans
les cinq départemens de la ci - devant Bretagne , n'aura sans
doute négligé aucun des détails qui pouvaient vous faire connaître
sous quels rapports y étaient envisagées les journées des
31 mai , premier et 2 juin.
dans
De toutes parts on a crié aux armes , pour aller , disait
on , délivrer la Convention de l'oppression sous laquelle l'on
croit qu'elle gémit . Des députés infideles ont été secouer ,
quelques- uns de ces départemens , le flambeau de la guerre
civile ; une force départementale a été levée et s'avance vers
Paris . Des ordres ont été donnés , à Brest , pour mettre Sévestre
et Cavaignac en état d'arrestation . Ce n'est sans doute
qu'à la sage ciiconspection de la municipalité de l'Orient ,
que ce dernier et ses collegues , Merlin et Gillet , doivent
la liberté dont ils jouissent encore . Cette situation extrêmement
pénible , ne nous empêche pas de remplir nos devoirs ,
et de faire respecter la représentation nationale .
Les malveillans ont cherché à profiter de la mauvaise dis
position des esprits à notre égard ; mais nous éprouvons déja
le retour de la confiance . Les corps administratifs de Nantes ,
qui d'abord avaient paru s'éloigner de nous , nous appellent
avec instance dans leur ville , où l'on délibérait , il y a peu
de jours , de nous arrêter .
Vous devez espérer que les dangers qui nous pressent de
toutes parts feront taire les haines et l'esprit de parti qui divisent
maintenant les citoyens , et que les mesures extrêmes
que certains départemens ont adoptées , se changeront en
moyens de défense contre nós ennemis communs. Hâtez l'ache
yement de la constitution , et tout est sauvé . Il est une autre
(30 )
mesure que nous croyons propre à réunir tous les esprits ,
Tous les citoyens qu'on a armés pour marcher sur Paris
d'après les renseignemens que nous avons , sont bien intentionnés
; leur opinion actuelle n'est fondée que sur des rapports
faux ou exagérés ; ils sont convaincus que les représentans
de la nation sont subjugués , et qu'ils ne décretent
plus que d'après le voeu de la commune de Paris , il faut
donc les désabuser , leur prouver qu'ils ont été trompés . Si
nous étions au sein de la Convention nationale , nous lui proposerions
de décréter que la fédération républicaine , fixée au
10 août , aura lieu le 14 juillet . Par ce moyen , elle changerait
en une fête civique et fraternelle ce qui , dans l'espoir
des ennemis de la République , devait être une guerre des
départemens contre Paris . Les dangers qui peuvent résulter
de la différence d'opinions des départemens sur les derniers
évenemens , seraient à jamais écartés .
Nous partons demain pour Nantes . Nous n'avions pas attendų
l'invitation des corps administratifs pour nous déterminer à
nous y rendre , et déja ils en ont reçu l'avis . Nous avions
dû oublier nos dangers personnels pour ne songer qu'à ceux
que court cette partie de la République. Notre départ n'a
été différé que par la nécessité , où nous étions de visiter le
port Liberté que nous avons trouvé en très - bon état , et de
régler plusieurs affaires importantes .
MERLIN , GILLET , CAVAIGNAC .
7
l'on
Fonfrede annonce à la Convention que c'est à tort que
a dit que Vergniaux avait pris la fuite ; il assure qu'il est chez
lui et qu'il attend qu'on l'emprisonne.
L'Assemblée , sur le rapport de son comité de la guerre ,
duquel il résulte que Catherine Pochelot , jeune artiste , née
dans le département de la Côte- d'Or , et domiciliée à Paris ',
section des Gravilliers , a donné des preuves éclatantes d'un
courage héroïque et au -dessus de son sexe ; que , le 10 août ,
elle a dirigé les canons qui ont foudroyé la tyrannie ; que
depuis elle a continué , sans interruption , ses services dans
les journées de Bossu , de Gemmappe , où elle a aidé le 71 .
régiment à repousser celui de Cobourg ; qu'elle a reçu des
blessures honorables et a eu son cheval tué sous elle ; qu'elle
a obtenu , pour son intrépidité et sa bonne conduite , le grade
de sous-lieutenant dans la légion des Ardennes : déclare que
Catherine Pochelot a bien mérité de la patrie , et qu'il lui sera
payé une pension annuelle de 300 liv . , à dater du 1er . de ce
mois.
On fait lecture d'une lettre du général Biron . Dubois-
Dubay rend compte d'un léger avantage remporté par les
troupes de la République sur les Autrichiens , auprès de
Maubeuge .
A la fin de cette séance , la Convention a rendu un décret
( 31 )
d'accusation contre Félix Wimpfen . ( Voyez la notice de celle
séance dans le dernier numéro . )
Séance du jeudi , 27 juin .
Après la lecture d'un grand nombre d'adresses , Taillefer
appelle l attention de l'Assemblée sur les désord es qui ont
été commis hier soir , daus quelques quartiers de Paris , où
l'on a pillé le savon . Ce député observe que c'est au moment
où la constitution va être présentée au peuple , que les mal
veillans excitent des troubles et attisent la guerre civile. Il
demande que le ministre de l'intérieur prenne , de concert
avec les autorités constituées de Paris , les mesures nécessaires
pour arrêter is violation des propriétés .
Couthon donne les renseignemens qui sont parvenus au coa
mité de salut public sur les causes de ces mouvemens . Hier ,
on annonçait dans Paris que des bateaux , arrivés de Rouen ,
chargés de savon , aliaient repartir pour la même ville , sans
avoir déchargé leurs marchandises . Le peuple conçut des in
quiétudes ; les mauvais citoyens en profiterent pour crier qu'on
voulait empêcher l'approvisionnement de Paris . Cette impos
ture prit d'autant plus de consistance , qu'on avait été instruit
dans la matinée que des paniers de beurre , destinés pour
Paris , avaient été arrêtés à Evreux .
Des femmes se porterent , hier à 4 heures de l'après - midi ,
au port de la Grenouillere où elles se firent délivrer 8 caisses
de savon à un prix médiocre . De-là elles se rendirent au port
Saint-Nicolas , où elles firent la même chose . Cependant les
officiers municipaux étaient parvenus à arrêter ces excès ; au= '
jourd'hui il paraît qu'on a le projet de renouveller les désor
dres . L'orateur demande que les propositions de Taillefer
soient mises aux voix ; mais il ne suffit pas , ajoute- t -il ,
d'arrêter le pillage , il fant encore s'attacher à la recherche
de ces mouvemens qui tendent à perdre le peuple de Paris .
Je demande que le comité de salut bublic soit chargé de faire
un rapport à se sujet , et que les propriétaires qui ont été
pilles soient indemnisés sur les fonds provenant des sous addia
tionnels .
Deux causes , dit Thuriot , produisent le désordre ; le prix
exorbitant des denrées et la malveillance de l'aristocratie . Il
y a des hommes arrivés de la Vendée qui semblent n'avoie
d'autre objet que d'exciter du mouvement . On veut s'opposer
à l'acceptation de la constitution . Je pense que la Convention
ferait un grand acte de sagesse si , pour prévenir les mouvements
qu'on prépare dans les départemens , et dans lesquels of
ne manquera pas de se servir du prix des denries pour
attirer les citoyens , des drapeaux de la liberté sous ceux du
despotisme ; si , dis - je , elle s'en rapportait aux administrateurs
fixer un maximum aux prix des denrées . Cette pro pour
( 32 )
position est renvoyée au comité de salut public ; et la mesure
présentée par Taillefer est décrétée .
Dentzel se plaint de l'inexécution du décret qui défend la
vente du numéraire . Il assure avoir vu à la rue Vivienne
des particuliers qui offraient pour un louis d'or cent livres
en assignats. Un membre fait aussi-tôt la motion de supprimer
entierement la bourse . Sur la proposition de Thuriot , la
Convention décrete que la bourse sera provisoirement fermée.
Le comité de salut public fera dans trois jours un rapport
sur l'agiotage .
savon .
Une députation de blanchisseuses demande la taxation du
Renvoyé au comité de salut public , pour examiner
si , dans ces circonstances , il ne serait pas à propos de
fixer momentanément les denrées de premiere nécessité .
Une commune du district de Sarbourg adhere aux mesures
prises par la Convention . Rhul a observé que cette commune
porte un nom allemand , et sur la motion de plusieurs membres
son nom est changé en celui de la Montagne,
On a dénoncé plusieurs administrateurs du département de
la Meurthe pour avoir envoyé des émissaires dans le département
de la Meuse à l'effet de l'engager à une coalition
perfide. L'Assemblée a décrété la suspension de ces admi-
――
nistrateurs .
-
Ceux du département de la Somme viennent de nouveau
présenter à la Convention leur rétractation formelle et leur
soumission à ses décrets .. L'Assemblée décrete que ces administrateurs
sont rendus à leurs fonctions , excepté le citoyen
Julien , qui n'a point voulu se rétracter. Legendre prend la
parole pour déclarer un fait en présence des administrateurs
de la Somme , car cela les engagera , dit- il , à redoubler de
surveillance . Hérault - Sechelles a reçu une lettre d'Amiens
dans laquelle on lui annonce que l'on devait piller , le 25 de
ce mois , des bateaux chargés de savon ,
Le ministre de l'intérieur paraît. Il annonce que le mouvement
se calme et que la garde est vigilante : ces nouvelles
agitations , a t -il dit , sont les manoeuvres des ennemis de la
constitution . Il faut que la commune de Paris redouble en ce
moment de surveillance. L'Assemblée ordonne l'impression du
Tapport du ministre ,
Louis -François-Joseph Bourbon , ci-devant Conti , écrit du
fort Saint -Jean à Marseille , qu'il a été déclaré innocent par
le tribunal de cette ville ; il sollicite de l'humanité de l'Assemblée
un prompt élargissement , attendu que ses infirmités
pe lui permettent pas d'être concentré dans une étroite prison ;
il déclare que la représentation nationale serait injuste de le
punir pour cela seul qu'il est de la famille des Bourbons ;
il représente que depuis la révolution , il s'est acquitté des
devoirs d'un bon citoyen . Le comité de salut public est
chargê de faire un rapport sur sa demande .
-
La
( 38 )
1
de 30 mille
pupi Le comité de la guerre fait décréter que la levéed
hommes de cavalerie , démandée par le comité de sudang c
sera fournie par tes départemens , en raison du
leur contingent d'infanterie.
10curer
Baniere , après avoir peint le bonheur que va p
la constitution , fait adopter un projet de décret dont voici
les principales dispositions :
La declaration des droits et l'ace constitutionnel seront
envoyés aux départemens , aux communes et aux armées .
Les administrateurs convoqueront les assemblées primaires
huit jours après la piomulgation du présent decret.
- Le
peuple français est invité à émettre son vau. Les assemblées
primaires enverrout un commissaire , porteur des votes ,
qui se rendra à Paris le 10 août. Le recensement général
des votes se fera dans la Convention , en présence des commissaires
des assemblées primaires , et sera proclamé sur
l'autel de la patrie le 10 août . Aussi-tôt après Facceptation
de la constitution , les assemblées primaires seront convoquées
pour nommer les députés du corps legislatif. ,
Bariere soumet encore plusieurs autres projets de décrets
à la délibération de l'assemblée ; tous ont été adoptés , en
voici les dispositions les plus remarquables.
10. Les recompenses territoriales accordées aux défenseurs
de la patrie par le décret du 21 février ; seront portées
à 600 millions .
2º . L'instruction publique et les secours publics sont
à l'ordre du jour , jusqu'à ce qu'ils soient terininės.
3° . Le traitement des ecclésiastiques fait partie de la dette
nationale .
" 4° . Le comité des finances est chargé de présenter un'
mode pour assurer la dette nationale .
19 5º . Chénier et Carlier se rendcont incessamment dans'
les départemens de la haute Garonne , du Tarn , de l'Hérault
et voisins , pour éclairer les citoyens et les porter à l'union ; ils
sont autorisés à prendre toutes les mesures qu'ils jugeront convenables
.
Séance extraordinaire du jeudi soir.
On a procédé à l'appel nominal pour la nomination d'un
président et le renouvellement du bureau. Thurior est porté
au fauteuil. Les nouveaux secrétaires sout Thomas Lindet ,
Bilaud - Varennes et Levasseur. La Convention a reçu au
nombre de ses membres le suppléant de Buzo,
.. Gossuin , sur le témoignage d'une lettre qu'il a reçue , informe
l'Assemblée que la garnison de Valenciennes a repoussé
l'ennemi dans une sortie .
Guyomard annonce que le 20 de ce mois , le général Beysser
commandant à Nantes , a chassé les rebelles qui investissaient
cette ville , les a poursuivis pendant deux lieués , leur a pris
Tome IV. C
( 34)
trois postes importans du côté de Verneuil , et tué 300 hommes .
La veuve du citoyen Hébert , lieutenant de gendarmes , tué
en combattant les rebelles , présente son fils à la Convention .
Cet enfant , âgé de 14 ans , a vu tomber son pere à ses côtés ..
Il a eu le courage de venger sa mort , en tuant son assassin
d'un coup de pistolet. Pour toute récompense , il a demandé
qu'il lui fût permis de venir à Paris soulager sa mere . Le
général lui accorda sa demande , et lui donna un cheval pour
faire son voyage. Le jeune homme s'égara , et se trouva au
milieu des rebelles . Sa présence d'esprit ne le servit pas moins
cn cette occasion que son courage , et il parvint à s'échapper.
Après avoir entendu ce récit touchant , la Convention a
adopté ce jeune homme , et décrété qu'il serait élevé aux frais
de la République . Elle accorde un secours provisoire de 1000 1 .
à la mere .
Séance du vendredi , 28 juin .
PRESIDENCE DE THURI O T.
Cinq administrateurs du département de l'Eure viennent de
rétracter les arrêtés qu'ils ont signés . La Convention décrete
qu'ils seront mis en liberté , et renvoyés pardevant le
comité de sureté générale pour y déposer leur déclaration .
Carra de retour de la Vendée , d'où il avait été rappellé
par un décret , demande que tous ceux qui l'ont calomnié
La Convention l'a renvoyé par- signent leur dénonciation . -
devant le comité de salut públic.
L'Assemblée a adopté un projet de loi sur les secours généraux
à accorder aux enfans dits naturels et aux vieillards .
Au nom du comité de salut public , Saint-André a fait dé
crêter que dorénavant les ingénieurs , attachés aux ports de la
République , ne seront chargés que de la construction et du
radoub des vaisseaux . Il sera nommé des officiers de.marine '
chargés des mouvemens des ports . Il y en aura six à Brest ,
quatre à Toulon , quatre à Rochefort , et deux à l'Orient .
On a fait lecture d'une lettre de Westermann , dans laquelle
il aunonce un avantage remporté sur les rebelles .
Séance du samedi 29 juin.
Les administrateurs du département de l'Isere réclament
contre une fausse interprétation d'un de leurs arrêtés ; ils déclarent
que jamais ils n'ont eu l'intention de violer l'unité et
l'indivisibilité de la République . La Convention à décrété
l'insertion au bulletin de cette adresse.
-
Un membre a annoncé que les brigands qui assiégent Nantes ,
ont envoyé deux députés dans cette ville , pour proposer aux
autorités constituées de leur livrer les quatre représentans du
peuple qui se trouvent à Nantes , ainsi que les caisses publiques ,
( 35 )
"
et d'arborer la cocarde blanche. Les Nantais ont répondu fierement
que la liberté ne transigeait point avec le despotisme.
La Convention adopte un projet de1 loi sur la réunion des
postes et des messageries ..
Plusieurs communes envoient leur adhésion . D'autres se
plaignent des administrateurs de la Gironde. Robespierre a
demandé le décret d'accusation contre ces administrateurs .
Quelques membres ont proposé d'attendre l'effet du décret
qui a ouvert une porte au repentir des administrateurs da
département. Cette mesure est adoptée .
Le comité de sûreté générale informe l'Assemblée que le
citoyen Kervélegan , l'un des membres détenus , a été enlevé
par trois citoyens , à l'aide des députés Vernier et Babey . La
Convention décrete que ces deux membres se rendront au
comité , pour nommer les citoyens qui ont enlevé Kervelegan .
Sur la dénonciation faite par Legendre , qu'on vient de
mettre sous presse une prétendue constitution , pour l'envoyer
dans les départemens avec la véritable , la Convention décrete
la peine de mort contre tous ceux qui feront circuler une
constitution sous le nom de la Convention , et contre les
imprimeurs , vendeurs et colporteurs de ces criminels écrits .
On fait lecture du bulletin de l'armée du Nord , d'une lettre
du général de l'armée d'Italie , d'une autre du général Leveneur,
qui toutes annoncent des succès . La Convention apprend
en même tems que dans la Vendée nous avons remporté encore.
deux avantages , et que Bellegarde se défend toujours avec
courage , et va recevoir du secours .
Hérault , au nom du comité de salut public , fait dékréter
qu'il sera mis à la disposition du ministre de l'intérieur une
somme de 10 millions pour les secours à accorder aux départemens
qui réclament des subsistances .
Séance du dimanche 30 -juin .
La section du Museum a fait passer à l'Assemblée l'arrêté
qu'elle a pris le 27 de ce mois , par lequel elle rend responsables
tous les citoyens de la section dont les femmes ou les
domestiques se porteraient à la violation des propriétés. Mention
honorable .
Les administrateurs de la police communiquent à l'Assemblée
l'état actuel des prisons . Il en résulte que les détenus
sont au nombre de 1337 .
Mallarmé , organe du comité des finances , présente un
projet de décret relatif au certificat de civisme , pour faciliter
le paiement des pensions ; l'Assemblée , après avoir confirmé
son décret du 19 , qui ordonne qu'aucune pension ne sera
payce au trésor public sans certificat de civisme , décrete que
sur le certihcat il sera fait mention de la résidence , du ccrtificat
de non- emigration , de l'acquit des impositions , en un
mot de toutes les formalités exigées par la loi ; de maniere
C &
36 )
qu'une seule piece suffira pour toucher les pensions : les certificats
de civisme devront être visés par le directoire de dis
trict du département.
-
Le rapporteur du comité d'aliénation informe l'Assemblée
que le departement de Paris vient de s'emparer du collège
des Quatre Nations , et que déja des ouvriers y travaillent
par ses ordres. Il propose , au nom du comité , de suspendre
les travaux que le département a fait entreprendre , d'arrêter
le déplacement de la bibliotheque , de renvoyer au comité
des domaines , d'aliénation et d'instruction publique , l'examen
des motifs de la conduite du département de Paris , enfin de
faire de nouveau très - expresses defenses à totout corps admi- *
nistratif de disposer d'aucun édifice national, sans y être autorise
par un decret . Après quelques débats , toutes ces propositions
ont été adoptées .
On fait lecture d'une lettre du procureur - syndic du département
des Landes , dans laquelle il annonce que les Espagnols
ont entièrement évacué notre territoire.
Des petitionnaires sont admis à la barre . Les citoyens de
Tonnerre, adherent à tous les décrets de la Convention . Les
patriotes fugitifs du Midi demandent 1 ° . que les liquidations
des sommes dues aux villes rebelles du Midi soient suspendnes
, et qu'elles servent à accorder des secours aux patriotes
pendant leur exil ; 2 ° . que les villes fidelles soient exceptées
de cette loi . Renvoyé au comité de salut public.
Les citoyens de Versailles et la société populaire de cette
ville , viennent féliciter la Convention sur son travail constitutionnel.
Des citoyens de la ville de Moissac , département du Lot ,
demandent que les députés mis en état d'arrestation par un
decret qu'ils disent avoir été arraché par la force , soient jugés
par un tribunal établi hors de Paris . L'Assemblée passe à l'ordre
du jour.
Génissieux instruit la Convention que les sections de Lyon
ont incarcéré à Pierre- en- Cise le citoyen Couturier , qui venait
de Grenoble à Paris , pour y remplir les fonctions de juré
auprès du tribunal révolutionnaire. Un membre de la députation
de Rhône et Loire ajoute que l'administration du departement
a déclaré ne pas vouloir reconnaître la nouvelle constitution
, attendu que la Convention n'était ni libre ni respectée
au moment où elle l'a décrétée . Renvoyé au comité de salut
public .
Delacroix assure que les administrateurs qui sont en révolte
ouverte contre la Convention prennent les fonds dont ils ont
besoin dans les caisses de district , et même obligent les acque,
reurs des biens nationaux à payer les anuuités et en verser le
monaut dans leurs mains . Ils demandent que la trésorerie nationale
fasse passer à la Convention l'état des administrations
qui ont tenu cette conduite - criminelle. Il demande en outre
·( 37 )
que dans les départemens dont les administrations sont en
révolte , il soit fait défense à tout citoyen de payer les annuites
eu les contributions , sous peine de payer deux fois .
propositions ont été adoptées .
£ Séance du lundi 1er juillet.
Cés
Cette séance s'est ouverte par la lecture d'un grand nombre
d'adresses d'adhésion aux mesures révolutionnaires prises par
la Convention .
Les représentans du peuple près l'armée des côtés de Brest
drivent de Nantes , en datuée de presque tous les côtes par
u 26 juin , que la situation
•
' les rebelles , les a mis dans la nécessité de la déclarer en étát
de siége. En conséquence , de l'avis du comité central er du
général Canclos , commandant -général des côtes de Brest, ils
ont publié une proclamation , dans laquelle , après avoir rappellé
aux Nantais leur énergie de 1788 , et leur avoir démontré
les inconvéniens qui résulteraient , pour leur intérêt et leur
défense contre leur ennemi commun ; de sa mésinteligence
plusieurs autori és qui marcheraient difficilement d'accord ,
ils out investi le général Canclos sons sa responsabilité , de
toute l'autorité , tant pour le civil que pour le militaire , conformément
au décret de la Conventinn , relatif aux places frontieres
déclarées en état de guerre . Ces mesures sont confitmées
par l'Assemblée .
entr
-
Le district de l'Aigle instruit la Convention qu'il vient d'atrêter
un courier des administrateurs de la Gironde . Ce courier
était porteur des arrêtés de ce département , adressés à celui
de la Seine inférieure et autres . Le but de ces arrêtés est d'engager
les départemens à se confédérer , à lever des troupes et
à marcher sur Paris . Les administrateurs du district de l'Aigle
annoncent én même- tems qu'ils ont refusé d'obéir aux arrêtés
du département de l'Orne , qui leur ordonnait une levée
d'hommes destinée contre la Convention . L'Assemblée ordonne
' la mention honorable de la conduite dn district de l'Aigle ,
Coupé , député du département des Côtes du Nord , qui.
' avait fui à la suite des événemens du 31 mai , a été arrêté à
Mantes , non muui de passe - port . Sur la proposition du comité
de sûreté générale , il sera transféré à Paris et son suppléant
appellé pour le remplacer.
Barrere , rapporteur du comité de salut public , a donné
connaissance d'un fait qui a excité l'indignation de l'Assemblée
. Le navire américain le petit Cherubin , ayant à bord
trente Français , que les Espagnols avaient chassés d'une
maniere barbare , les débarqua le mois dernier au Havre ; lå
prit un passe- port pour Hambourg . Le 6 il fut pris près
Dunkerque par le corsaire français le Vrai-Patriote . Son équipage
fut fort maltraité , quoiqu'il n'eût fait aucune résistance .
2
G33
( 38 )
Un Français prit le lieutenant au collet , et sans être provoqué
par aucune insulte , il lui brûla la cervelle .
Le comité de salut public a requis , de la part des ministres ,
la plus prompte exécution du décret qui défend aux corsaires
de courir sur les vaisseaux américans , et la Convention a
chargé le ministre de la justice de faire faire sur - le-champ
toutes les informations nécessaires sur la conduite tenue par
le capitaine et par l'équipage du corsaire le Vrai -patriote , contre
le capitaine et l'équipage du navire américain le Petit-cherubin .
Ce navire sera relâché , et le ministre de la marine est tenu
de faire statuer sur l'indemnité qui peut lui être due , et de
prendre des renseignemens sur la famille du lieutenant Américain
assassiné , pour l'indemniser des pertes que cette mort
lui a occasionnées .
David , organe du comité d'instruction publique , a fait
rendre le décret suivant , relatif aux artistes . 1º . Les jeunes
éleves qui ont remporté les premiers prix de peinture , d'architecture
et de sculpture , soit en Italie , soit en France , dans
les écoles approuvées , toucheront tous les ans une somme de
2400 liv. pendant cinq années . 2 ° . Chacun des autres éleves
envoyés à Rome , et qui y étaient entretenus aux frais de la
nation , recevront une pareille somme pendant l'espace de
cinq ans. 30. La trésorerie nationale sera tenue de leur payer
cette somnie .
Au nom du comité des finances , Mallarmé a proposé une
économie de 1800 mille liv . par la rédution des vicaires épiscopaux
, et d'une partie de leur traitement. La Convention n'a
pas goûté ce projet ; elle a enjoint seulement aux évêques de
faire desservir les paroisses vacantes par leurs vicaires episcopauxjusqu'à
la prochaine réunion des assemblées électorales .
Barrere a fait lecture d'une lettre de Delcher , de laquelle
il résulte que la contre révolution est complette en Corse .
Bastia , Saint - Florens et Cálvi sout les seuls points prononcés
dans l'isle pour la République . Barrere , au nom du
comite de salut public , a présenté plusieurs projets de décrets ,
dont voici les dispositions fondamentales .
-
--
La Corse sera divisée en deux départemens , l'un en-deçà
l'autre en- delà des monts . Les arrêtés pris , le 13 et 17 mai ,
par les commissaires dans l'isle de Corse sont approuvés .
Les actes de convocation des assemblées primaires sont déclarés
nuls , ainsi que tout ce qui en est résulté . Le'traitement
des fonctionnaires publics en Corse cessera d'être payé ,
et le décret d'arrestation porté contre Paoli et contre les administrateurs
de ce département sera mis à exécution . Les
ministres de l'intérieur et de la marine se concerteront pour
la défense des villes maritimes de la Corse restées fideles.
Il sera accordé aux patriotes Corses des indemnités propor
tionnées aux pertes qu'ils auront essuyées , sauf le recours
envers les contre-révolutionnaires.
( 39 1
PARIS , le 4 juillet 1793.
COMMONE. - Conseil-général , du 27 juin.
Le conseil- général de la commune étant informé hier par
une lettre du maire , qu'il se formait au port St.-Nicolas et
à la Grenouillere des rassemblemens de personnes qui voulaient
enlever des bateaux du savon à un prix inférieur à celui du
marchand , a député six de ses membres pour se réunir au
maire et ramener le calme .
Il a pris ensuite :
Le conseil-général instruit par les commissaires nationaux
envoyés dans les départemens de l'Ouest , que des scélérats
payés par les brigands de la Vendée , après avoir été faits
prisonniers , étaient arrivés à Paris pour y exciter des troubles ,
afin d'étouffer dans son berceau la constitution naissante ,
et de diviser les citoyens ; "
Instruit en outre qu'il se commettait des pillages sur les
ports , et que les propriétés étaient menacées par les cris de
vrais contre - révolutionnaires , qui , après avoir volé les sommes
à eux délivrées pour leur enrôlement , sont venus gagner à
Paris celles qui leur ont été distribuées par les révoltés de la
Vendée.
›› Considérant , 1 ° . que la loi met les personnes et les propriétés
sous la sanve - garde des bons citoyens ;
2º . Que tout citoyen a juré de les faire respecter ou de
mourir à son poste en les défendant ;
99.
30. Que dimanche 23 juin , le peuple de Paris réuni
au champ de la Fédération avec la Convention nationale ,
a prêté solemnellement le même serment , et que les seuls
hommes payés par les brigands et les puissances étrangeres ,
peuvent enfreindre le serment sacré ;
Considérant que ces mouvemens ne sont qu'une manoeuvre
. atroce pour empêcher l'approvisionnement de Paris , y faire
naitre la diserte , et par suite y exciter la guerre civile ;
" Considérant enfin que les ennemis de Paris et les partisans
du fédéralisme , désespérés du calme avec lequel les Parisiens
ont , pendant et depuis la révolution des 31 mai et
2 juin , travaille au salut de la patrie , veulent par ces ressorts ,
tant de fois éprouvés , d'une tactique qui les a trop souvent
servis , porter les citoyens de Paris à des mesures violentes
à des effets qui justifient enfin aux yeux des départemens coalises
, les calomnies dont cette ville est depuis ti long- tems
l'objet ;
Arrête , qu'à l'instant où dans l'arrondissement d'une
section quelque mouvement menaçant les propriétés se mat
G 4
( ( 40 )
1
•
nifesterait , les commissaires de police et de section seront
tenus de se transporter sur le lieu du rassemblement et dans
le même quart - d'heure , d'instruire le maire et le département
de police , de l'état et de l'objet du rassemblément , à peine
d'être poursuivis comme responsables et comme prevaricateurs.
Autorise dans ces circonstances le citoyen maire à faire
battre un rappel , soit dans la section où le mouvement se sera
Imanifesté , soit dans les sections environnantes , soit un rappel ,
général , de maniere que la force en impose aux malveillans
soudoy's qui prêchent le pillage.
99 Arrête qu'à l'instant où le rappel battra pour un pareil
motif , et quelle que soit l'heare , soit de jour ou de nuit ,
chaque membre du conseil général sera tenu de se rendre à 7
son poste.
" Invite tous les bons citoyens qui tiennent au serment
qu'ils ont fait de maintenir la sûreté des personnes et des
propriétés , à se rendre en armes dans leurs corps- de - garde
respectifs , au moment dudit rappel ; déclare mauvais citoyen
tout individu qui sollicitera , conseiliera le pillage , et y parti
cipera ; ordonne à la force armée de les arrêter et de les conduire
à la mairie ..
Le conseil général déclare qul met l'exécution du présent
arrêté sous la surveillance des vrais Republicains , de
ceux qui veulent la liberté , l'égalité , la republique et la
constitution . "
Du 2 juillet. D'après la lecture d'une lettre du comité de
salut public de la Convention adressée au maire de Paris ,
pour qu'il engage les citoyens à faire de nouveaux eefforts pour
défendre la liberté , et à former denx bataillons pour protéger
les subsistances qui arrivent à Paris , le conseil a pris l'arrêté
suivant :
10. Il partira de Paris sous Sixjours 1800 hommes, lesquels
seront organisés en compagnies , et formeront deux bataillons .
2º. Ces deux batillons , destinés seulement à ramener le
calme , faire respecter la loi et les autorités constituées par da
ville d'Evreux , à fraterniser avec les bons citoyens , en imposer
aux malveillans ; enfin à rétablir et protéger la circulation
du commerce, et l'arrivée des subsistances , ne seront point
tenus d'être en uniforme , mais seulement armés.
3º. Ces deux bataillons auront à leur tête , chacun une
compagnie de canonniers avec deux pieces de canons .
4. Ils iront à Evreux , et y resteront jusqu'à ce que nos
frères aient juré avec eux l'unité et l'indivisibilité de la République
française.
5°. Quatre commissaires du conseil- général marcheront en
tête de ces bataillons .
Le couseil général arrête que deux officiers municipaux por
C
eront demain à quatre heures du soir l'acte constitutionnel
dans chaque section , et le présenteront définitivement à l'acceptation
du peuple , qui prononeera sur cet objet?
Du 4 juillet. L'acte constitutionnel a été accepté par les
assemblees primaires de cette ville au milieu des plus vifs
applaudissemens . Le canon a été tiré en signe d'alegresse .
Sur 15 mille 334 votans ,, Henriot a réuni 9 mille 84 suffrages
Raffey 6095 : il y a eu 155 voix de perdues , d'où il
résulte qu'Henriot sera proclamé commandant général provisoire
de la force armée Parisienne . Les sections de la Cité
´et des Amis de la Patrie n'ont pas envoyé leurs procès- verbaux.
Baaclard- d'Arnaud , si connú par ses Epreuves du Sentiment et
son drame du Comte de Comminge , vient d'être mis en état d'arrestation
, pour avoir , dit-on , été trop sensible sur le sort
d'un émigré auquel il a donné l'hospitalité . Le tribunal
Prévolutionnaire s'occupe de l'affaire d'Orléans . L'acte d'accusation
, présenté à ce tribunal par l'accusateur public , porte
sur 26 citoyens , accusés d'avoir pris part à l'assassinat du
député Bourdon .
Le département de Paris a arrêté dans une de ses dernieres
séances , sur la proposition faite par Momorò , l'un de ses
membres , député dans les départemens de l'ouest , que dans
le courant de ce mois pour tout délai , les propriétaires et principaux
locataires seraient invités , au nom du patriotisme , à
faire peindre sur la façade de leurs maisons , en gros carac
teres , ces mots : Unitė , indivisibilité de la République , liberté .
égalité , fraternité , ou la mort . De plus , il a arrêté qu'il sera
placé an dessus des édifices publics une flamme aux trois
couleurs , surmontée du bonnet de la liberté le même arrête
invite les propriétaires à en faire placer de semblables au- dessus
: de leurs maisons .
·
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NO R D.
Extrait d'une lettre de l'adjudant - général Guerin , au quartiergénéral
de Paillancourt près de Cambrai , le 25 juin .
La garnison de Valenciennes fait des merveilles , ` c'est une
autre Mayence ; 13 pièces de canon prises ou enclouées ; les
troupes qui gardaient la tranchée taillées en pieces , 2 généraux
ennemis tués . D'un autre côté , je reçois des nouvelles officielles
de Maubeuge , qui m'annoncent un avantage marquant
remporté par nos troupes à Thuin- sur -Sanibre ; 500 hommes,
( 42 )
tant d'infanterie que de cavalerie , ont été surpris dans le
sommeil on en a tué un assez grand nombre , pris beaucoup
d'hommes et de chevaux ; le reste a pris la fuite et count
encore . 99
Le général Leveneur , commandant les armées du Nord et des
Ardennes , en l'absence du général Cust ne , aux citoyens compo
sant le comité de salut public.
Ne pouvant avoir de nouvelles officielles des villes de Va-
Jenciennes et de Condé , j'ai dû faire les plus grands efforts
pour me procurer quelques renseigneinens sur l'état de ces
deux places ; je vous fais passer , citoyens, un détail extrait
dune infinité de rapports concordans qui m'ont été faits , et
dont je crois pouvoir garantir l'authenticité.
Le résultat de ces rapports est , que le 15 , la garnison de
Valenciennes avait trois portes ouvertes , à la suite d'une sortie
faite le matin , qui fut très - meurtriere pour l'ennemi ; une autre
sortie , le soir du même jour , eut le plus grand succès , ainsi
que celles des 16 , 17 et 18 ; celle du 17 principalement doit
avoir coûté 5 à 6000 hommes tués , bléssés ou prisonniers ;
18 à 20 pieces de canon démontées ou enclouées , lesquelles
ont été conduites à Mous , comme hors d'état de service.
Il paraît que le 19 , le commandant de cette place a été sommé
de la rendre , et qu'il a répondu à la sommation par une vigoureuse
sortie , à la faveur de laquelle il a chassé une infinité
de bouches inutiles et de personnes suspectes.
Je reçois confirmation que dans la nuit du 20 au 21 , nos
braves républicains ont encore fait une sortie par laquelle ils
ont enlevé de vive force trois redoutes , se sont emparés de
13 pieces de cañon , se sont saisis des grilles et fourneaux , ont
blessé ou tué un si grand nombre d'hommes , que 126 voitures
de blessés ont été conduites à Mons ; nos troupès sont restées
maitresses du retranchement de l'ennemi et du fauxbourg de
Marly.
Condé se défend toujours vigoureusement . On assure que les
généraux Waldex et Clairfait tués : cette nouvelle mérite confirmation
. Nos avant -postes depuis Maubeuge jusqu'à Douay
sont toujours en présense des ennemis ; et malgré l'infériorité
de nombre de nos troupes légeres , nous avons presque toujours
eu l'avantage dans les différentes escarmouches qui ont
eu heu depuis une dixaine de jours il a été tué ou pris à
l'ennemi une soixantaine d'hommes et autant de chevaux dans
ces différentes affaires .
LILLE, le 23 juin.
Hier matin , les soldats de la République ont attaqué le
poste de Wattrelos avec l'énergie qui anime la division du
général Lamarliere , et l'ont forcé de se replier sur celui de
Moneron , où les ennemis ont été poursuivis avec intrépidité .
( 43 )
L'évacuation de Wattrelos et la retraite des Autrichiens ayant
été prévues , le général Lamarliere avait ordonné des dispo
sitions pour mettre en déroute ce dernier poste . L'attaque
a également été vive et terrible . La valeur de nos braves dé
fenseurs Républicains s'est surpassée dans cette affaire ; seize
Autrichiens ont mordu la poussière , le même nombre a été
fait prisonniers avec chevaux , armes et bagages..
DU CAMP DE LA MAGDELEINE , le 28 juin .
Les armes de la République se relevent sur cette frontiere ,
et nous avons presque toujours l'avantage dans les affaires de
poste; à mesure que les braves soldats Français s'animent et
reprennent leur énergie , leurs ennemis se découragent et se
ralentissent. Il paraît même que le dégoût s'est mis dans un
grand nombre de régimens Autrichiens ; car il arrive sans
cesse des déserteurs . Le général en chef Custines a , comme
Lamarliere , notre entiere confiance , et son austérité républi
caine a quelque chose qui l'inspire à la premiere vue ; aussi
a-t-il été reçu dans ce camp avec toutes les démonstrations de
la joie. Il n'a pas été moins bien accueilli dans toute sa tournée
sur la frontiere , et particulierement à Dunkerque où il est
actuellement.
Condé résiste à 30 mille assiégeans avec un courage surna
turel. treat
Les environs du Quesnoi sont libres , et les alliés ne peuvent
encore en approcher . La place est en état de défense. Les
enuemis n'ont fait jusqu'ici aucune tentative sur Maubeuge ;
ils se sont seulement présentes plusieurs fois , et toujours ils
ont été où surpris ou battus . L'armée des Ardennes n'est pas
dans de moins bonnes dispositions . Toutes ses places sont
approvisionnées , et celle de Philippeville - sur-tout est , par les
soins du général de Wich , dans le plus bel état de défense .
Telle est jusqu'à Longwy la situation des armées du Nord
et des Ardennes , et c'est au bout de cette ligne que le général
de Laage vient de remporter une victoire à Arlon .
ARMÉE D'ITALIE.
Escavana. Le 17 juin , le général Brunet a attaqué encore
une fois le formidable camp des Fourches sur cinq points
différens . Dans cette attaque les troupes françaises ont été jusqu'aux
pieds des retranchemens de l'ennemi ; mais surpris de
la résistance , ils se sont rétirés ; l'ennemi n'a pas ose sortir
de ces retrauchemens pour les poursuivre. Nous avons fait un
grand nombre de prisonniers aux Piémontais , parmi lesquels
se trouve le neveu du commandant. Cette affaire nous a coûté
environ 100 hommes tués et 200 blessés : les ennemis ont perdu
suivant le rapport des déserteurs la valeur d'un bataillon et
le double de blesses .
· D'un autre côté ños troupes ont attaqué le camp de Saours ,
€
A 44 ?
cette nouvelle attaque n'a pas mieux réussi. Les Piemontais
ne sont pas sortis de leur retranchement.
PYRÉNÉES ORIENTALES.
La forteresse de Bellegarde vient d'être enfin ravitaillée pour
trois mois. Comme c'était la famine seule qui pouvait engager
la garnison à se rendre , les Espagnols seront encore
témoins de bien de traits de valeur , à moins qu'ils ne se retirent,
fatigués d'une si héroïque resistence .
"
L'armée des Pyrénées orientales se remet , comme celle des
Basses-Pyrénées , sur un pied respectable . Quelques avis anuoneent
que les Espagnols songent à etablir un camp sur les
hauteurs de Corneilla , près de Perpignan. On leur prête
aussi le projet d'élever une batterie qui menacerait Collioure .
Mais ce qu'il y a de certain , c'est que deux fregates de la
République croisent à l'entrée du port de cette derniere ville ;
et comme on a vu dans ces mêmes parrages une frégate anglaise
et une espagnole , on s'attend à un engagement prochain.
را
Voici l'état de l'armée Française à Perpignan : au camp de
Masros et avant, 12,403 hommes ; à Perpignan set citadelle ,
2700 hommes ; dans divers forts et places hors de Perpignan,
6067 hommes . Total 21,170 hommes . Ne sont pas compris
dans cet état les troupes qui se trouvent dans le département
de l'Arriege , sur les côtes et dans l'intérieur . Le district de
Perpignan a levé un nouveau bataillon.
PYRÉNÉES OCCIDENTALES .
Lettre du procureur-général- syndic du département des Landes ; Monde-
Marsan , le 28 juin..
Je vous aprend que les Espagnols ont évacué le territoire
de la République près de S. Jean. Le défaut d'aprovisionnement
les a forcés de rentrer dans leurs foyers . On apprend que
la disette des commestibles est extrême à Pampelune , et que
la viande y est d'une cherté épouventable. Il y a plusieurs
jours que la livre de boeuf valait une piastre sur la frontiere
de la Biscaie et de Navarrė .
Je vous dirai que je viens de recevoir du procureur de
la commune de Saint- Esprit un avis officiel , portant que les
Espagnols ont été mis en déroute , et forcés à évacuer les
postes et deux camps qu'i's avaient en-deça d'Andaye . L'attaque
a commencé hier 22 à deux heures du matin ; les ennemis
ont été poursuivis jusqu'au pas d'Iren . Ils ont abandonné leur
équipage : Audaye est en notre pouvoir. "
Etat actuel des armées Républicaines qui combattent les rebelles ,
par le citoyen Carra , ci- devant commissare dans ces armées .
Nous avons aux Sables d'Olonne , sous les ordres du brave
Boulard et du brave Baudry , une armée de 14 mille hommes
( 45 )
sur laquelle on peut compter ; et à qui on n'a pas rendu
assez de justice , car à peine en a - t - on parlé dans les jour
naux et dans les bulletins de la Convention nationale. Cette
armée , qui a garanti jusqu'à présent les côtes de la Vendée
et qui dans son origine , au mois de mars dernier , n'était
que de 5 mille hommes , a chassé les brigands d'une étendue
quarrée de plus de 50 lieues , les a battus dix à douze fois de
suite , sans éprouver un seul échec . Cette armée est composée
de plusieurs bataillons des deux Charantes , de deux ba
taillons de la Gironde , qui , j'espere continueront à servir
la République une et indivisible , comme ils ont fait jusqu'ici ,
avec une bravoure vraiment heroïque , de quelques troupes de
ligue et de quelques braves volontaires des deux Sévres et de
la Vendée.
L'armée de Niort , à quinze ou vingt lieues des Sables d'Olonne
, est composée d'environ 22 c 23 mille hommes , dont
17 à 18 mille sur lesquels on peut compter. Les grenadiers
de la gendarmerie de la Convention et les troupes de ligne
qui s'y trouvent y donnent l'exemple de la meilleure discipline
, du bon ordre et des bonnes moeurs . Les bataillous
de volontaires des départemens voisins s'y comportent également
bien Burk
Ceux des habitans des campagnes qui sont en
réquisition , desertent chaque jour en partie pour aller faire
leurs foins et ce n'est pas une grande perte . La conduite
de la minorité de quelques bataillons de Paris est seule répréhensible
, les 500 livres qu'on a données à chacun de
lontaires en ont corrompa malheureusement beaucoup .
50 ces vo
L'armée de Tours , organisée par les soins et les talens de
Berthier , présente aujourd'hui une masse d'environ 20 mille
hommes , dont la moitié au moins peut être regardée comme
très -disposée à se bien battre contre les brigands , dès qu'elle
sera suffisamment approvisionnée d'artillerie et de munitions
de guerre et de bouche .
TOURS , le 26 juin..
Les députés et les généraux se sont réunis hier , pour
aviser aux moyens de porter des secours à Nantes .
Le general Menou reçoit à l'instant une lettre de Chambon,
commandant le détachement de 1000 hommes qui occupe le
poste de Chinon , par laquelle il nous informe que la Roche-
Jacquelin et les autres chefs de la prétendue armée royale se
sont retirés hier 5 à Doué , au nombre de 250 , après avoir
fait fusiller sept prisonniers qui sont vraisemblablement des
nôtres . Ils ont fait jetter à l'eau cinq pieces de canon , et fait
cesser les démolitions des redoutes du château de Bournay.
IS LE DECOR SE
Bastia , le 27 juin , l'an 2c . de la République. Tont est consom
mé , la contre-révolution est complette . Paoli est nommé géné
ralissime , c'est-à - dire , souverain , le clergé a été réintégré ; les
( 46 )
émigrés sont rentrés. Paoli s'est couvert du masque de la reli-,
gion ; il a été nommé président de la Consulta ; assemblée
extraordinaire de députés de toutes les communes de Corse ) il
a égaré les habitans sur l'état de la France et sur les disposi
tions de la Convention nationale ; il a daigné verser des larmes
sur le sort de sa patrie ; les quatre cinquiemes des habitans sont
séduits et égarés ; j'espere cependant qu'avec le tems , de la
prudence et des instructions , on pourra les faire revenir de
leur erreur. Dans plusieurs points ils se sont armés au nombre
mille à douze cents , et cela au frais de la République , en,
s'emparant des magasins . On fusille ceux qui montrent quelque
courage à soutenir le parti républicain . Les villes sont
déclarées rébelles quand elles sont pour la République ; elles
sont contenues par de fortes garnisons . Paoli a publié un
écrit contre les commisaires , qu'il appelle des désorganisateurs
et des agens de Gènes . Saint - Florent , Bastia et Calvi sont
assurés à la République. Le bataillon de l'Aveyron est enfin
arrive fort a propos pour renforcer nos garnisons .
L'ouverture de la consulta s'est faite le 26 mai . Paoli en est
président ; Léonardo , vice-président , et Pozzo - di - Borgo secré
taire. Le premier a été proclamé généralissime , et chargé du
pouvoir exécutif de Corse . Cette assemblée a proscrit Salicetti ,
Caza-Bianca , Arena , et tous les députés patriotes . Leurs fa
milles ont eté mises en arrestation , leurs maisons incendiées .
Ils ont arrêté que tous les militaires qui étaient pour la Répu
blique seraient invités à quitter leurs drapeaux sous trois jours
sauf à obtenir un pardon , faute duquel ils seront enfermés
dans des bastilles , avec confiscation de leurs biens .
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et dn
mercredi.
Du Mardi 2 juillet . Lecture d'une foule d'adresses d'adhésion
aux décrets de la Convention nationale . -Arrêté des administrateurs
de district dû Pont- l'évêque , et convocation des
assemblées primaires. Nous nous déclarons , est - il dit dans
la lettre de convocation , en état d'insurrection , jusqu'à ce
que la Convention soit débarrassée du joug des factieux de
la Montagne et des représentans de la commune de Paris . Nous
abhorrons le royalisme , la dictature et toute autre tyrannie ;
nous protestons contre les décrets rendus le 31 mai , arrachés.
à la Convention par la commune de Paris. L'administration
après cet exposé arrête , qu'il sera ouvert dans chaque commune
un registre pour inscrire le citoyen qui voudront se former
en corps , destiné à marcher de concert avec les autres départemens
, et à se réunir à leurs freres de Paris .
Les assemblées primaires ont été convoquées , a dit Lacroix ;
Le registre a été ouvert , mais personne ne s'est fait inscrise .
Le régiment de chasseurs qui est à Falaise avait reçu des
ordres du pouvoir exécutif pour se rendre à Orléans . Getic
476
troupe a refusé d'obéir. Voici le décret rendu d'après cet
exposé.
Art. 1er . Le conseil exécutif est chargé d'envoyer direc
tement les décrets aux communes et aux districts restés fideles .
99 II . Il indiquera à la gendarmerie qui se trouve dans le
Calvados d'autres quartiers .
III . Tout gendarme attaché aux administrations rebelles sera
privé de son traitement .
IV. Le conseil exécutif donnera ordre au seizleme régiment
de chasseurs , qui est actuellement à Falaise , de se rendre
Orléans dans un délai déterminé ; les officiers qui ne Ÿ
rendront pas seront cassés et punis , et les soldats qui y seront
arrivés au jour marqué , recevront une gratification ..
Mercredi 3 juillet . Le maire et les officiers municipaux de la
ville de Lille , informent la Convention que les sections de
Marseille , ayant envoyé des paquets à la municipalité et aux
sections de Lille , il a été unanimement arrêté que les écrits
qui venaient de Marseille devaient - être suspects , et qu'ils se
raient jettes au feu ; ce qui a été sur- le-champ exécuté.
Lettre du général Custine , datée de Cambrai le 30 juin .
Dans cette lettre le général se plaint des calomnies journelle
ment insérées contre lui dans deux feuilles imprimées , l'une
sous le nom de Marat , et l'autre sous celui de Laveau. Il
termine par le post-criptum suivant :
Il a été mande d'Angleterre l'arrivée de 12,000 Russes partis
par mer de Petersbourg. On les dit dans ce moment à Quié
vrain . Cette comparution subite complette la coalition des
tyrans de l'Europe ; mais ces féroces soldats venus du Nord
n'étonneront pas de braves républicains , qui sauront les détruire
s'ils ne peuvent les faire reculer.
Nos succès seront certains , car le Français , guidé par
l'amour de la liberté , doit triompher de tous ses ennemis , si
le choix d'un ministre de la guerre n'est pas guidé par les intrigues.
Le grand voeu de la constitution
que Vous venez d'achever
, va faire le, désespoir de ses ennemis , bientôt nous n'anrons
plus à craindre que la République n'ait été un songe
et la France verra s'affermir sur des bases solides , le plus heu
reux des gouvernemens , et s'élever avec gloire l'arbre triom
phant de la liberté.99
Autre lettre de ce général , de Cambrai le 2 juillet.
" Citoyen
président , je vous annonce avec plaisir que les troupes
de la République ont été attaquées dans plusieurs avant- postes
par le double de celles que nous avions ; mais les soldats
Français ont repoussé avec grande perte les janissaires des
despores coalisés . "
" A Pont-à-Marque , l'action a été des plus vives , les ennemis
y arrivaient avec la confiance d'une victoire assurée après
une action longue et très -vive , ils ont été obligé d'abandonner
leur entreprise , et se sont retirés avec une grande perte la
( 48 )
1
nôtre a été beaucoup moindre , et la communication de Lilled
Douai par Pont- à-Marque se trouve encore conservée .
- Pont-à- Rache a été aussi attaqué , ainsi que l'abbaye de
Stines ; mais à tous les postes l'enuemi n'a eu aucun avantage , 1
et il a été forcé à la retraite , après un combat rude et sans hous
avoir fait perdre du terrein , malgré la très -grande supérioté des
ennemis en nombre et en artillerie ,
Lettre du général Biron au comité de salut public . Leag
brigands ont été repoussés de Luçon , le 28 , avec une perte
considérables; mais des nouvelles que je reçois à l'instant m'ap
prennent qu'ils se disposent à m'attaquer de nouveau . Il est
certain qu'il y a eu une affaire aux Sables , dont je ne sais pas
encore le résultat . Le général Boulard et la division qu'il come
mande donnie droit d'espérer des succès .Ayant appris hier que les
brigands s'étaient portes sur Partenay dans la uuit précédente ,
j'y ai fait marcher le général Westermann avec un détache
ment de 2500 hommes ; les brigands , au nombre de 8,600 , n'ont
pas osé l'atendre , et ont évacué Parthenay plusieurs heures
avant leur arrivéc .
Des citoyens de Lyon ont dénoncé les dépositaires actuels
de l'autorité publique dans cette ville ; ils ont dit que nonseulement
un grand nombre de patriotes étaient incarcérés , mais
que les amis les plus énergiques de la liberté gémissaient dans
dans l'oppression . Sur le rapport du comité de salut public , las
Convention a décrété d'accusation de procureur- général syndic
du département des Bouches -du- Rhône , le procureur-syndic
du district et le procureur provisoire de la commune de Lyon. 7
Deux députés extraordinaires de Pacy annoncent que la
force armée des départemens de l'Eure et du Calvados , composée
d'environ 30,000 hommes , s'est emparé de cette ville, distante
de 161lieues de Paris ; et opriment les patriotes qu'elle renferme
. Au moment de leur , départ , la générale battait , ils
se plaignent du comité de salut public qui les a compromis
par son indifférence , et du conseil- exécutif qui n'a fait aucune
démarche , et leur a annoncé ces troupes qu'il n'a pas envoyées
Le président : La loi vous doit protection et la nation vous
doit force. Il y a trop long -tems que nous n'avons consulté.
que des sentimens d'humanité , il faut enfin qu'une grande
énergie se développe , que les bons citoyens se levent en masse
pour écraser ces fédéralistes . ' . ! .
Sur la motion de Saint -André , les commissaires dans le
département de la Seine infericure sont autorisé à employer
la force armée de Rouen contre celle de l'Eure et du Calvados ,
Errala pour le numéro 100. C'est par oubli qu'on n'a pas
indiqué que le post-criptum tout entiei de la page 400 est tiré
textuellement de la gazete de Francfort et de celle de Cologne .
Au bas de la page 399 , article de Londres , au lieu de pars
tager leur commerce , lisez , protéger leur commerce.
Jer . 135.
( N°. 102. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS.
SAMEDI 13 JUILLET , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE.
LES CONTRASTES.
Dialogue entre un directeur de spectacle et un auteur dramatique .
AH vous voilà ! monsieur , que nous apportez- vous ?
Du triste , du plaisant ? du neuf , pour tous les goûts ;
Du sombre Crébillon empruntant la maniero ,
J'ai su l'amalgamer à celle de Moliere ,
Et par ce composé de comique et d'horreur ,
Inspirer à la fois la joie et la terreur ;
Je fais tire et pleurer .
Que vous pourrez nommer tragi - comi -lyrique .
Souvent les nouveautés aux malheureux auteurs
Fout moins de partisans que de persécuteurs ;
Cet ouvrage sur-tout doit mériter l'envie ,
Et va faire , à coup sûr , le tourment de ma vie ;
Mais op brave aisément l'inclémence du sort
Quand on est assuré de vivre après sa mort ..
Votre nom de l'histoire enrichira les fastes ;
Mais , au fait ? Mon talent est celui des contrastes.
J'ai grand soin d'opposer l'honnête homme au fripon ,
Le bel esprit au sot , et le brave au poltron. ·
C'est un drame ? En musique
Bien ! ..
---
Je vais commencer par la scene premiere.
A droite est un palais , à gauche une chaumiere ;
Une tente superbe occupe le devant ,
Et la toile du fond offre un moulin à vent.
On voit un chevalier aux pieds de sa princesse ,
Il exprime en hurlant sa terrible tendresse ,
Tandis qu'à leurs côtés un semillant Frontin
Hasarde avec Lisette un geste libertin .
-Passons au deuxieme acte . - Il n'est pas moins étrange
Le machiniste sifle , et le théâtre change .
apperçoit au fond d'un obscur souterrain
Un pâle prisonnier tourmente par la faim,
Tome IV.
A
( 30 )
Qui privé de ses sens déchire ses entrailles ,
Se tortille le corps et frappe les murailles ,
Tandis que le geolier , tout barbouillé de vin ,
Sur un air de Pont-neuf vante son jus divin .
-- Fi donc voyous la fin, ----- La n est plus piquante ;
Des soldats abattus sur la terre sanglane ,
Qui tout couverts de sable et de contusions .
Font , pour mieux nous toucher , mille contorsions ;
Les vainqueurs , ennuyés de leurs plaintes cruelles ,
Sabrant de toutes parts et brûlant des cervelles .....
- Ce passage est affreux .. -- Vraiment c'est ce qu'il faut ;
Le trop en fait d'horreur est un fort bon défaut .
Mais qui pourra souffrir cette execrable image ?
Al vous ne sentez pas le prix d'un beau carnage
Tant pis ... du tableau j'adoucirai l'effet………….
-
Non . -
C'estfort bien ; mais comment ? -Comeat! Parunballet,
Les massacres finis une noce s'apprête ;
On danse , op chante , on fit , rien ne manque à la fête ;
L'effroi dans tous les cours fait place a l'enjouement ,
Et chacun au logis s'en retourne gaiement.
Mon genre vous parait ? .. Très-extraordinaire .
Tant mieux ; ce qu'on a fait je ne veux pas le faire.
Nos ayeux ont tout dit ; l'esprit n'est plus nouveau ;
Au défaut de l'esprit il faut bien un tableau ;
Non pas de ces tableaux si communs au théâtre ,
Dont l'unique sujet est décent ou folâtre ;
Où l'on ne voit pas même un monstre furieux ,
Qui serve de contraste aux objets gracieux ;
Mais un roc sourcilleux , un palais qui s'écroule
Et me fait en tombant venir la chair de poule ;
Un orage et des vents qui soulevent les flots ;
Un vaisseau qui s'abyme avec les matelots
De ces Loriens fougueux qui du haut des montagnes
Vont en degringolant désoler les campagnes
Des bombes , des pétards et d'horribles combats ,
Des brigands à moustache et des assassinats ;
L'objet le plus hideux me plait quand il m'étonne .
Tenez .., vous êtes laid , mais non pas monotone ,
Votre il louche produit un fort heureux effer
Auprès de ce grand nez , si large et si mal fait ;
je renconite par-tout de beaux yeux qu'on admire ,
Mais je n'ai vu qu'à vous ce regard de satyre ;
( 51 )
Enfin , de tous vos traits l'irrégularité
A l'artiste surpris plaît mieux que la beauté . —
Ah ! vous êtes trop bon ! .. si mon nez peut vous plaire ,
Vos oeuvres m'ont produit un effet tout contraire ;
Oui , monsieur , le beau seul a pour moi des appas ,
C'est pourquoi vos tableaux ne me conviennent pas ;
A d'autres directeuis présentez cet ouvrage .
Je suis voue valet . - Écoutez done ? .. j'enrage ;
Pour la dixieme fois me voilà refusé ,
genie ! en tout tems seras- tu méprise !
CHARADE.
Par le citoyen PILLET.
La ferre produit mon premier ;
L'air est Frappe par mon dernier.
C'est dans l'eau que vit mon entier.
1
ENIGME.
A L'AMITIÉ cher lecteur , je ressemble ;
Deux objets séparés , c'est moi qui les rassemble ;
Et comme elle toujours je suis prête à punir
Ceua qui voudraient les désuuir .
Par G. D. Ch.
LOGO GRIPHË.
REVANT profondément au bien de sa patrie ,
Le froid législateur sur mon tout appuyé
Pese , médite et passe une part de sa vie
A servir le pays auquel il est lié.
Arracheż -moj le coeur , vous voyez son ouvrage ;
Du bonheur des humains il doit étre le gage .
Mon chef encore à bas , de la froide raison
Je ne suis plus le solide langage ,
Et c'est par moi qu'on fait parler la passion,
Par M. Ch . M. D. V. J
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 101 .
Le mot de la Charade est Sourire ; celui de l'Enigme est Globe de
savon ; celui du Logogriphe est Rateau , où se trouvent rat' , can , ut ,
et ré , laran , rue.
D
( 5% )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Abdelazis et Zuleima , tragédie en cinq actes et en vers , par M. de
Murville , représentée pour la premiere fois sur le théâtre français
de la rue de Richelieu , le lundi 3 octobre 1791. A Paris , chez
Maradan , libraire , rue du Cimetiere - St. -André-des- Arts , no. 9.
O
N ne peut nier qu'une intrigue fondée sur une ressemblauce
de visage , n'appartienne beaucoup plus à la comédie
qu'à la tragédie ; et en effet , depuis les Ménechmes de Plaute ,
ce moyen , quoiqu'un peu forcé , a été souvent employé , et
toujours avec succès , parce qu'il donne lieu à une foule de
méprises plaisantes qui remplissent le premier objet de la
comédie , celui d'amuser et de faire rire . Cependant il ne
faudrait pas affirmer qu'un grand talent ne pût venir à bout
d'enuoblir ce moyen , et de le rendre tragique . Quinaut , qui
n'avait pas ce grand talent , mais qui du moins avait beaucoup
d'esprit et de ressources , soit celles de l'art , soit celles de
l'imagination , essaya de fonder sur une ressemblance son
Agrippa ou faux Tyberinus , que pourtant il eut soin de n'intituler
que Tragicomédie : c'était un roman très- compliqué , mais
qui excitait beaucoup de curiosité , et quelquefois même d'intêrêt
, quoiqu'aux dépens de la vraisemblance. Il eut long-tems
du succès , jusqu'à ce que le goût public , formé peu
par l'habitude de voir les chefs - d'oeuvre de Racine et les belles
Scenes de Corneille eût rejetté tous ces drames faibles ou
monstrueux , tels que ceux de Thomas Corneille , de Campistron ,
de la Grange , etc. , que le grand tragique des pieces de Voltaire
acheva d'andantir , et qui depuis trente ou quarante ans.ont
entierement disparu de la scene française .
à
peu
L'auteur d'Abdélazis , en travaillant sur un fond à peu près
semblable à celui du faux Tybérinus , c'est-à - dire én prenant
pour son héros un personnage qui , à la faveur d'une ressemblance
, se fait passer pour un prince qu'il a vu mourir , et
dont il s'approprie les droits , a traité ce sujet d'une maniere
toute différente : il n'a ni les avantages ni les défauts de l'ouvrage
de Quinault ; il n'a ni cette foule de situations piquantes qui
prouve quelqu'invention , ni cet embarras de ressorts multipliés
et pénibles qui laisse bientôt sentir tout le faible et tout
l'inconvénient de cette manière d'inventer. La marche de la
piece est fort claire et fort simple ; mais elle a le plus grand
de tous les défauts , le manque d'action , de noeud et de ressorts
. Les obstacles et les dangers sont gratuits et factices ,
des qu'on les considere avec attention ; et l'on sent que
si les personnages avaient une conduite raisonnable , c'est-àdire
s'ils faisaient ce qu'ils doivent naturellement faire dans
( 53 )
leur situation donnée , la piece pourrait finir au second acte ,
ou plutôt il n'y aurait point de piece . Il est facile de le
démontrer .
Un chevalier Maure , nommé Abdélazis , couronné dans un
tournois par les mains de Zaleïma , fille d'Almanzor , roi de
Grenade , est devenu amoureux de cette princesse . Il apprend
qu'elle doit être unie au prince Abderame ; il se propose de
combattre son rival , et arrive dans le moment où ce prince
livre bataille aux Chrétiens. Il le voit tomber , griévement
blessé , à côté de Nasser son gouverneur , qui est blessé comme
lui ; une pitié géréreuse l'engage à secourir celui qu'il était
venu défier ; il le traîne auprès d'une source , et c'est- là qu'en
lavant ses blessures il est frappé de la ressemblance des traits
du prince avec les siens , qu'il retrouve à la fois dans les eaux
comme dans un miroir ; il prend son parti sur-le- champ ; il
revêt l'armure d'Abdérame , et sous son nom et sous ses armes
il rallie un escadron , et rend la victoire aux Maures. Il arrive
ensuite à la cour de Grenade , et toujours pris pour Abdérame
il épouse Zuleïma .
C'est lui -même qui raconte au quatrieme acte tous ces faits
un peu étranges à la vérité , et qui ne soutiendraient pas le
moindre examen , si l'on voulait y chercher le vraisemblable .
Mais ce sont des faits de l'avant- scene ; ils se sont passés ,
il a sept ans , et ce n'est jamais sur le passé que
y
le spectateur
se rend difficile . L'auteur aurait pu sans doute échafau
der avec un peu plus d'art ; mais l'essentiel , c'est le bâtiment :
voyons sa construction . Au moment où la piece commence ,
Grenade est assiégée par Ferdinand , roi d'Espagne . Abdélazis
ou le féint Abdérame est un héros , le défenseur de cette
ville , l'effroi des Chrétiens , l'appui de la couronne et de la
vieillesse de son beau-pere Almanzor ; il est entré sur la scene
chargé de trophées , et vainqueur des Chrétiens qu'il vient
de repousser sous les remparts . Il est chéri du peuple et
d'Almanzor , qui même lui propose de regner à sa place ; il
est adoré de son épouse . Voilà quel est Abdélazis ; il ne faut
pas l'oublier.
•
Arrive au second acte un vieillard , ce même Nasser qui a
élevé le véritable Abdérame : celui - ci , prisonnier comme lui
chez les Chrétiens , depuis cette bataille où on le crut mort ,
est mort réellement il y a trois ans , et a chargé Nasser de
porter ses derniers adieux dans une lettre à la princesse
Zuleima . Nasser n'a pu s'acquitter plutôt de ce devoir ; il se
présence à elle de la part d'Abdérame mort , et la princesse
répond qu'Abdérame est très -vivant. Le vieillard se récrie que
ce prétendu Abdérame est un imposteur , et l'imposteur paraît .
Observez que depuis le commencement de la piece il n'a été
question que des remords du faux Abdérame : voici l'effet de
ces remords dans un homme qui est le héros de la piece , et
dont on exalte les vertus. 11 commence par traiter ce pauvre
D 3
( 54 )
vieillard comme un scélérat digne du dernier supplice ; ensuite
il essaie de lui prouver à lui- même qu'il est le véritable Abdéfame
; il lui prodigue toutes les tendresses d'un ami , toutě
la reconnaissance d'un élevé ; en un mot , c'est une scene de
Tartuffe. C'est à coup sûr la premiere fois que le héros d'une
tragédie a été présenté sous de pareils traits. L'auteur répons
dra sans doute que l'amour excuse tout ; mais on lui répli
quera qu'il n'a jamais excusé dans un héros l'hypocrisie , la
bassesse et l'atrocité , parce qu'il est reconnu que chacun aime
avec son caractere , et que si tel est celui de Fartuffe , ce n'est
pas celui de la chevalerie , ni de l'héroïsme . Il répondra encore
que la scene a été applaudie , et pour cette fois ce n'est pas
lui qui aura tort .
Cet innocent vieillard est envoyé à la tour , et condamné
a mourir pour avoir dit la vérité ; mais Abdélazis est assez
généreux pour le faire évader , et Nasser y consent ; et s'en vas
C'est dans ce même instant que la vérité est reconnue. Nasser
avait laisse tomber dans le camp, espagnol cette lettre d'Abdérame
écrite de la main de ce prince . La lettre est retrouvée ,
et renvoyée à Almanzor : Tous les guerriers , compagnons d'Abdérame
, reconnaissent sa main , et la fourbe d'Abdelazis est
démasquée. Observez que depuis 7 ans , de tous ces guerriers.
dont l'entretien pouvait étrangement embarrasser un étranger
faussaire , aucun n'a jamais conçat ni élevé le moindre doute .
Observez qu'apparemment aucun de ceux qui connaissaient si
bien l'écriture d'Abdérame n'a jamais vu celle d'Abdelazis ....
Mais que d'observations de ce genre , s'il s'agissait ici de bon
sens Continuous .
Almanzor montre cette lettre à Zuleima qui devrait dire
d'abord mais qui donc m'attestera que cette lettre est du véris
table Abdérame ? C'est-là certainement la premiere question
qu'elle doit faire , puisqu'elle ignore absolument que l'écriture .
a été vérifiée et reconnue . Point du tout , elle commence par
s'évanouir cela est plus court , et encore une fois qu'importe
le bon sens ? Si chacun des personnages n'avait pas juré d'y
renoncer , et le vieux roi de Grenade tout comme les autres ,
que ferait , que devrait faire ce bon Almanzor qui s'est montré
jusqu'ici le meilleur des hommes et le meilleur des peres ,
qui aime tant sa fille et son gendre et qui a tant besoin de
ce dernier ? Assurément rien n'est plus simple et il n'y a
pas deux partis à prendre. Le véritable Abdelazis est mort ;
celui qui a pris sa place fait , depuis sept ans le bonheur
de Zuleima , il en a un enfant ; il est la gloire et le ders
nier soutien du royaume de Grenade , réduit à la capitale.
qui est assiégée et qui peut à tout moment être prise. A quoi
servira de le punir d'un artifice qui n'a fait de mal à personne ,
qui même a tourné à bien , et qui a mis les choses dans un
ctat où il n'y a point de remede , à moins que ce n'en soit
un d'ôtef à Zuleima un époux qu'elle adore un pere...
1
\( 53 )
*
leur enfant , et à Grenade son seul appui ? Il est évident
que dans la situation d'Alaianzor il ne peut prendre ce
parti sans être un insensé ou un monstre de ferocité , et
eertes il a paru jusques-là tout le contraire . Aussi l'auteur ,
pour motiver la fareur horrible qu'il lui prête , est obligé
de le faire déraisonner : il traite sans cesse Abdélazis de vil
aventurier ; mais on n'est point vil avec des talens , du courage
et des vertus , sur- tout chez les Maures , nation géné
reuse et éclairée , qui savait estimer toutes ces qualités , et
qui conservait encore l'esprit de chevalerie ; on n'était point
vil chez ces peuples pour n'être pas prince. L'auteur fait parler
Almanzor commie un de ces puissans despotes d'Asie dont
la race est consacrée par un préjugé religieux , et près de qui les
autres hommes sont des esclaves et des chiens ; et il oublie que
ce n'étaient point-là les moeurs des Maures d'Espagne ; qu'il n'était
point du tout rare chez eux qu'un guerrier, sans autre recommandation
que ses exploits , épousât une princesse , ou même
parvint à régner sur quelqu'une des principautés qui formaient
leur empire : l'histoire en offre plus d'un exemple . Il oublie
qu'Almanzor ne peut , sans se contredire ridiculement , traiter
avec tant de mépris celui que tout à l'heure il voulait
placer sur son trône . Mais enfin il fallait bien qu'Abdelazis
fut en danger ou parût, l'être ; car sans cela il n'y a point
de tragédié , et l'auteur n'a rien trouvé de mieux que de faire
tout-à - coup de cet honnête vieillard un fou furieux , qui vent
faire périr non-seulement son gendre , mais même son petitfils
, âgé de six ans , apparemment pour consoler sa file . Il
est vrai que c'est par le Divan qu'il fait rendre cette belle
sentence ce qui est encore un ridicule de plus ; car Almanzór
n'a aucun besoin du Divan pour commettre cette
extravagante cruauté , s'il en a envie .
Et Zuleima , que va -t- elle faire ? Elle sera aussi raisonnable
que son pere . L'amour même qu'elle a pour son époux , et
celui qu'il a pour elle depuis sept ans , et dont elle est s re
pendant les trois premiers actes , cet amour ne lui suggere pas
la plus légere excuse en faveur d'Abdélaziš ; elle est tout
aussi furieuse que son vieux pere , et ne voit dans ce qu'Abdélazis
a fait pour la posséder qu'un forfait atroce et irrémissible.
Voici pourtant , quand les premiers transports sont
calmés , ce que la pitie lui inspire pour ce malheureux
Abdelazis ; c'est d'aller le poignarder dans sa prison pour
le dérober au supplice et de se poignarder ensuite auprès
de lui ; à l'égard de son enfant , il deviendra ce qu'il pourra ;
elle n'en parle pas ; mais elle exige absolument que
la confidente
Fatime ne meure pas avec elle , par la raison qu'Almanzor
a besoin de cette confidente pour survivre à sa fille. Ce
sont les propres termes de l'auteur . Il faut avouer que cette
Zuleima est une singuliere créature .
Nous allons de merveilles en merveilles , suivant le précepte
D 4
( 56 )
?
•
de l'Art poétique : Zuleima qui était si sure d'être aimée , et
qui en effet doit en savoir quelque chose depuis sept ans
s'imagine tout-à- coup que puisqu'Abdélazis n'est pas Abdé
rame , c'est qu'il ne l'a jamais armée , qu'il ne l'a épousée
que par ambition , et qu'il n'a fait autre chose depuis sept
ans que de feindre de l'aimer. C'est feindre long- tems , et il
est difficile qu'en pareil cas une femine ne sache pas à quoi
s'en tenir . Mais qu'importe ? La voilà donc qui vient la nuit
dans la prison , un poignard à la main , et c'en était fait
d'Abdelazis si son fils , cet enfant de six ans qui se trouve là
pour dormir à côté de son pere , ne se réveillait au bruit ; il se
jette aux pieds de sa merc , et sa mere qui se souvient qu'elle
l'est , jette son poignard . Je suis persuade que l'auteur a pris
cela pour un coup de théâtre une prison , un enfant qui
dort car il faut toujours des enfans ; c'est aujourd'hui , avec
les incendies , la ressource banale de nos drames ) un poi ,
gnard levé et jetté ; oui , c'est là un coup de theatre : il est
aussi neuf que bien amené.
Abdélazis n'est pas plus surpris que le spectateur ; il
gouve tout simple le beau projet de Zuleïma ; mais il lui
proteste que jamais il n'a eu d'autre envie que de la posséder .
Est-il possible? s'écrie Zuleima : quoi ! "ardeur de régner !.. C'est
en ce moment qu'il lui coute toute son aventure , et Zuleïma ,
comme si elle venait d'avoir une révélation , comme si dans
un pareil moment Abdelazis ne pouvait pas feindre encore
tout aussi bien qu'il a su feindre pendant sept ans , en un
mot , comme s'il s'était passé quelque chose qui pût mon
trer son époux autre qu'elle n'a dù le voir de tout tems ,
revient enfin à elle -même , et prend le seul parti qu'elle aurait
dû prendre d'abord , celui de faire entendre raison à
son pere qui a perdu l'esprit . Mais le vieillard est inflexible .
On voit que c'est le fond de cette belle situation d'Inès .
ridiculement de figurée ; mais que fait on aujourd'hui le plus
souvent , si ce n'est de gâter ce qui a été bien fait ? L'auteur
, pour se tirer d'affaire , a recours au peuple qui se
souleve en faveur de ce vil aventurier : et le met à sa tête pour
aller repousser les Espagnols qui donnent l'assaut à la ville . Ils
sont si bien repoussés que Ferdinand reste seul : Abdelazis l'ap
pelle , et lui propose de terminer la querelle des deux nations
par un combat singulier. Ferdinand ne manque pas de l'ac
cepter ; il est vaincu , désarmé ; Abdélazis qui pourrait dé
faire sa patrie d'un ennemi si dangereux , lui laisse la vie
en faveur de son épouse Isabelle qu'il ne veut pas désespérer.
Une épouse ! ...... jamais , j'en jure mes douleurs ,
Mon épée à leurs yeux ne coûtera de pleurs .
Il est clair , d'après ce serment , qu'il ne tuera jamais que
des célibataires , et qu'apparemment il aura soin de demander
( 57 )
tous ceux qu'il combattra s'ils sont mariés , veufs ou garçons.
En attendant , il se contente d'exiger de Ferdinand un
autre serment , celui de ne jamais troubler la paix de Grenade.
Ferdinand le jure par l'Evangile ; mais Abdelazis qui ne veut
point de ce serment si vulgaire , le fait jurer par l'honneur et par
Isabelle ; après quoi tout s'arrange bientôt entre Almanzor et
le vil aventurier , et la piece finit.
Ce combat singulier , accepté par Ferdinand , qui reste seul
sous les murs de Grenade ; par Ferdinand , connu pour le plus
grand poltron et le plus grand fourbe de son tems ; qui n'assié
gea point Grenade , mais qui la fit prendre par ses généraux
et mit fin à la domination des Maures en Espagne ; ce com
bat du plus puissant roi chrétien de ce tems- li avec un chef
Maure , prouve que l'auteur a connu et observé l'histoire et
les moeurs d'Espagne comme celles des Maures de Grenade
On a répété mille fois ( et il n'y a pas de dicton plus con
nu , ) que pour faire une mauvaise piece il faut toujours de
l'esprit . Ce qui prouve que mille fois on a dit une sottise ,
e'est qu'il y a mille pieces qui non seulement ne prouvent
point d'esprit , mais même prouvent l'absence totale d'esprit ,
et celle - ci est assurément du nombre . Comment done ( dirat-
On ) a - t- elle eu du succès ? Comme tant d'autres qui en ont
eu un moment , et qu'on a oubliées un moment après . Et que
sera ce si l'on considere combien l'indulgence est devenue
plus générale , depuis que l'attention publique , détournée par
d'autres objets , a été nécessairement moins severe pour les
objets de littérature et d'amusement ? Aussi rappellez - vous
tout ce qui a été composé en ce genre depuis la révolution ,
et vous verrez ce qui en restera .
On a loué dans quelques journaux la versification d'Abdė.
lazis ; il est vrai qu'elle n'est en général ni dure , ni ridicule ,
ni barbare , et peut-être cela seul a - t - il paru une sorte de
mérite parmi tant d'ouvrages où il n'y a pas un mot de Fran
çais . Mais pourtant on peut , sans tomber dans ce dernier
excès , être encore fort au- dessous du médiocre. La versifica
tion d'Abdelazis est ce qu'on appelle un centon , c'est- à - dire
un style d'écolier , composé d'une foule d'hémistiches pris
par- tout , rassemblés quelquefois avec un peu de tournure et
de nombre , le plus souvent avec mal - adresse ; les chevilles ,
les termes impropres , les expressions vagues et insignifiantes ,
les disparates , la disconvenance de ton et de pensées , la
déclamation ou lě prosaïsme ; voilà les défauts dominans dans
ces sortes de compositions , dont l'auteur ne pouvant avoir
le style de ses idées , parce qu'il manque d'idées , s'en fait
un au hasard de tout ce que sa mémoire lui fournit si vous
voulez en avoir la conviction , voyez la multitude de fautes
graves qu'un lecteur un peu exercé remarquera › seulement
dans les premieres pages , dans le premier couplet.
Le peuple ne voit plus du moins leurs étendarts.....
( 38 )
On sent que du moins est placé là contre tous les regles dé
structure du vers .
Du sommet de tes tours insulter os femparts ,
Quelles sont ces tours ? Ce sont apparemment celles qu'on
élevées dans le camp des assiégeans pour battre les remparts
: il fallait absolument le dire.
Ferdinand , qu'un revers rend toujours dangercuss
Rien de plus louche et de plus entortille que cette phrase
Fauteur veut dire , Ferdinand , toujours plus redoutable , quand
il est vaincu ; le dit-il ?
Autour de nous encore étend un camp nombreux.
Etend un camp est trop dur.
Ce toi qui sur l'Espagne insolemment domine .
L'auteur s'est rappellé fort mal - à -
nombreux du Tancrede de Voltaire .
- propos eet hémistiche
Le hardi Solamir insolemment domine
Sur les fertiles champs couronnés par l'Etna , etć .
Insolemment est ici très - bien placé , parce qu'il s'agit des usurpations
passageres de quelques chefs Musulmans dans un pays
chrétien ; il l'est très -mal , quand il s'agit d'un monarque
puissant dont la famille regne en Espagne depuis des siecles ,
et il est encore plus déplacé dans la bouche d'un Maure
réduit à défendre les murs de Grenade , contre ce roi qui
possede tout le reste de l'Espagne.
Sans la prudence enfin la victoire imparfaite
Souvent trompe la gloire et se change en défaite .
C'est exprimer fort mal une pensée très - commune . Qu'est- ce
en effet que la victoire qui trompe la gloire ? verba et voces.
Almanzor en ces lieux va paraitre , et ma voix
Saura l'entretenir de vos nombreux exploits
Que signifie saura l'entretenir ? Saura est une cheville
faire le vers l'entretiendra disait tout .
Vous devez être aussi satisfaits qu'Abdérame .
pour
L'ameur n'aurait pas dû être satisfait de ce vers , qui est
extrêmement plat.
Mais votre chef , amis , qu'un zele pur enflamme ,
Ne prend point pour lui seul , daus cet heureux hasard ,
La gloire d'un succès où vous avez tous part.
Il n'y a nulle liaison d'idées entre cet hémistiche , qu'un
1
(( 59 )
zale pur enfiamme et les deux vers qui suivent , et sane liaison
d'idees il n'y a point de style . S'il eut dit : Votre chef ,
incapable d'un orgueil jaloux , ne prend point pour lui
9 seul la gloire d'un succes qu'il doit à votre courage , 19
Il eut parle raisonnablement. Où vous aver tans part , est une
chute misérable pour l'expression et pour l'harmonie dans un
couplet qui devait finir d'une maniere beaucoup plus soutenue
. Sur ce simple exposé , qui est évident , il n'y a point
de connaisseur qui ne décide que Hauteur qui a fait tant de
fautes de cette nature en vingt vers , est un apprentif.
Dom Sebastien vaincu ..
Prouve que des chrétiens la valeur indiscrete
A , chez les Musulmans , trouvé plus d'un écueil , etc.
Indiscrete est une épithete très-impropre , c'est imprudente ,
que le bon sens demandait , et c'est la rime qui a mis indiscrete.
?
Lorsqu'à Zuleïma , j'ai donné pour époux ,
Le fils deja fameux du sultan d'Almérie
J'ai cru servir mon trône ensemble et ma patrie .
Servir mon trône n'est pas le mot propre fallait j'al
cru honorer mon trône et servir ma patrie ; mais ces vers
peuvent fournir une autre observation . C'est le fils du sultan
d'Almérie qu'Almanzor a cru choisir pour gendre , et Abdélazis
dit dans un autre endroit qquue son pere a préside à son
hymen avec Zuleima . De deux choses l'une , ou le père du véritable
Abdérame aa pris un étranger pour son fils , ou Abdelazis
a fait paraître un pere supposé. Lequel des deux ? L'auteur
n'en dit rien ; et dans les deux suppositions , que d'invraisem="
blances ! Mais il y en a tant d'autres à dévorer !
T
Trop fier pour lui de voir un nouveau monde éclore ,
Ferdinand , etc.
སྱཱ ཎྜ
Un nouveau monde qui éclo est bien ridicule : pour lui est
place d'une maniere, qui ne l'est pas moins . Il y a des inversions
inadmissibles , et telle est celle ci trop for pour lui
de voir ne saurait se mettre à la place de trop fier de voir pour
lui , etc. tout le monde en sentira les raisons .
Ton père a de tout tems desiré sa présence ,
Ma fille , mais mon coeur plus vivement du tien
N'a peut- être jamais souhaité l'entretien .
Plus vivement du tien offre encore la même faute , c'est une
construction, baroque . Quelque chose de pis , c'est le premier
vers . Almanzor veut dire que dans tous les momens it
aime à voir sa fille : l'auteuria cru que dans la bouche d'un
( 60 )
pere desirer la présence était la même chose que voir avec
plaisir ou aimer à voir ; il a eru que de tout tems signifiait la
même chose que dans tous les momens . Je laisse aux lecteurs
instruits à juger à quel point il s'est trompé. Ne savoir pas
s'exprimer juste dans les choses les plus communes , est un des
caracteres de l'impuissance de bien écrire. Je n'irai pas plus.
loin ; les mêmes fautes et de plus choquantes encore s'of ,
frent à toutes les pages . Que dire de ce vers par exemple !
Je suis ton maître au moins dans l'art de pardonner.
L'art de pardonner quel abus des mots , et comme il demontre
l'absence des idées ! Je m'arrêterai encore moins aux
réminiscences , quoique j'aie l'honneur d'y être assez souvent
pour ma part , et je n'en suis pas plus fier. Je n'en
citerai que deux.
C
Je veillais près du lit où l'une de nos soeurs
D'une lente agonie éprouvait les horreurs.
C'était d'un long malheur l'histoire attendrissante ,
Que l'accent de la mort rendait plus déchirante , etc.
MÉLANIE.
Là du sort Abdérame accusant les rigueurs ,
D'une lente agonie éprouva les langueurs.
Je crois le voir encor d'une main défaillante
Tracer de ses malheurs l'histoire attendrissante , etc.
Il est vrai que les langueurs sont substituées aux horreurs ;
et quand il est question d'agonie , le changement n'est pas
envier.
2
Feut-être qu'on préfere avec quelque plaisir
L'orgueil de pardonner à l'orgueil de punir.
VARVICX.
L'opposition de ces deux orgueils présente une idée qui est
dans le sujet , mais que Zuleima dise à son pere :
Eh bien , n'immolez point à l'orgueil de punir
Taut ce qui peut pour vous enchanter l'avenir.
Cela n'a aucun sens ; car il n'y a aucun orgueil dans A
manzor à exercer une vengeance facile sur son gendre , et
c'est placer d'ailleurs dans de bien mauvais vers un hémistiche
connu , parce qu'il a le mérite d'être à sa place .
Au reste , il y a dans Abdélazis une vingtaine de vers assez
bien tournés , et trois qui sont heureux , et qui meritaient les
applaudissemens qu'ils ont obtenus ils sont dans la bouche
de Zuleima.
Puisqu'il m'aima , mon pere , il ne m'a point trompée.
( 61 )
Au trône , à l'échafaud , ma place est avec lui .
Je ne vois point de crime je vois tant d'amour.
ce
Pourquoi ces vers sont - ils heureux ? D'abord c'est qu'ils
naissent de la situation , et de plus c'est qu'ils disent avec
netteté , avec précision , avec force ce qu'il y a de mieux
à dire dans cette situation . Et pourquoi Zuleima parle-t -elle
si bien ici ? C'est qu'elle pense raisonnablement ; que
qu'elle exprime , elle doit le sentir . Mais c'est le seul moment
de la piece où il y ait de la raison , et comme je l'ai prouvé
s'il y en avait dans la conduite des personnages , tout ce qui
se dit au 4. et au 5. acte , se dirait au second , et tout
serait fini .
Scribendi rectè sapere est et principium et fons..
C'est toujours là qu'il en faut revenir .
HOR.
ANNONCE.
Maradan , libraire , rue du Cimetiere- Saint-André -des-Arts ,
n° . 9 , mettra en vente ce mois - ci l'ouvrage annoncé ci-après ;
il prévient les personnes qui desireront des premieres épreuves
de se faire inscrire chez lui ; cette précaution est d'autant
plus intéressante qu'il y a un volume entier de gravures.
tions exactes ,
Voyage de M. P. S. Pallas en différentes Provinces de l'Empire
de Russie et dans l'Asie septentrionale ; contenant des observa
des faits intéressans et curieux sur l'Histoire
naturelle , les Minéraux , la Botanique , la Physique , l'Astronomie
et tout ce qui concerne les moeurs , les usages , les
religions , les cultes , les langues , les traditions , les monumens
et antiquités , etc. traduit de l'Allemand ; par M. Gauthier
de la Pergronnie , 6 vol . in-4° . , dont un de planches
où se trouve la carte générale de l'Empire de la Russie d'après
la nouvelle division de cet Empire en 42 Gouvernemens į
prix ......
120 liv.
Le même papier fin dont il n'y a que 25 exemplaires 200
Les tomes III , IV , V , avec leurs figures ..
Les mêmes , papier fin .
72
108
Nota, On prévient que les 3 derniers volumes ont été
imprimés à un moindre nombre que les deux premiers .
ERRATA . Dans le Mercure , no . 100 , page 389 , à l'article
Annouce , ligne 7 , au lieu de 9 liv . 10 sols , lisez 10 liv.
MERCURE
1
HISTORIQUE ET POLITIQUE,
CATHERINE
ALLEMAGNE,
De Hambourg , le 23 juin 1793 .
[ATHERINE II qui s'entend appeller du trône au tombeau
veut du moins avant de quitter cette terre désolée par son
ambision multiplier autour d'elle les successeurs de sa puissance
; elle a cru s'environner d'un nouvel éclat en formant
une cour particuliere à son petit- fils ie grand- duc Alexandre
et à sa future épouse la grande- duchesse Elisabeth , princesse
de Bade ; en conséquence , elle a nommé les trois princesses
de Galitzin dames de la cour de cette princesse ; le comte de
Golokiu , maréchal de la cour du grand- duc ; le prince de
Galitzin , les comtes Potocki , Fohtoi et Puschkin , et MM, de
Tutilmin et d'Adadurof , ses chambellans ; et les princes
Tusofkin , Komenskoi , Gortscharoff , les comtes Schnwalof et
Orlof, et M. de Schahowskoi , gentilshommes de sa chambre.
:
Le sentiment de complicite qui semblait devoir resserrer les
liens dont cette princesse et Frédéric - Guillaume sont unis “,
n'empêche pourtant qu'elle ne conçoive des inquietudes sur
le projet du ministre prussien Struensée , d'établir une flotte
prussienne dans la Baltique , à Dantzick et dans les autres
ports. Ces méhances commencent à prendre de la consistance .
Les mésintelligences entre les souverains deviennent de jour
en jour plus fortes , leurs cabinets sont déroutés aussi l'am,
bitieuse Catherine qui craint l'aggrandissement de son co-partageant
, et qui ne pouvant avoir de commerce très avantageux ,
voudrait que les autres n'en eussent pas non plus , prend-clie
des précautions de toute nature ; tandis que ses agens diplo
matiques travaillent à tromper les différentes cours de l'Eu
rope auxquelles elle peut avoir affaire ; elle arme sur terre et
sur mer , ou du moins elle se dispose à rassembler des forces
capables , non - seulement de la defense , mais même de l'aggression
. Non contente d'avoir vu passer à son service 15 à
18 mille hommes de troupes polonaises qui étaient dans la
Lithuanie et ailleurs , elle déploie enfin ses forces maritimes"
dout on parle depuis quelque tems .
L'escadre russe , partie de Cronstadt et de Revel , est com
mandée en chef par l'amiral Tschitgakof ; il a sous lui l'amiral
Kruse, le vice-amiral Mussin Puschkin et les contre- amiraux
Gids , Malkarow et Felt..
Cette escadre est composée des vaisseaux suivans :
Le Tschede de 100 canons ; les trois Jaraschwis , idem ; les
1
( 63 )
12 Apôtres , idem : l'Ewsewy , idem ; le Sarotow , idem ; le
Tschurfotworez, idem ; le Rotislaw , idem ; le Prince Wladimir,
) idem ; be Jaroslaw , de 74 çanons ; le Boris , idem ; l'Helene ,
idem; le Gleb , idem ; le Gwiatoi- Pierre , idem ; le Wieslaw
idem ; le Maksin-Ispowednik , idem ; le Pierre , idem ; le Mstis
law , de 70 canons ; le Kir-Joam , idem ; le Sopui- Welilloi , idem ;
le Pobedonosez , de 65 ; 1'0mgheton , idem ; le Parrmen , idem ;
le Swiatelely , idem ; le Nikener , idem ; le Pimen , idem ; le
Pichot , idem,
En tout 26 vaisseaux de ligne ; le nombre des frégates est de
9 , et 6 celui des cutters .
On ne sait point encore bien précisément qu'elle est la des
tination de cette flotte ; mais ce qu'on sait d'avance d'après
le caractere donné de celle qui l'envoie , c'est qu'elle exccutera
tout ce qu'on lui laissera faire juste ou injuste , nin
porte. L'exemple du dernier démembrement de la Pologne ,
prouve assez que la crainte d'encourir le soupçon , ou même
le reproche bien fondé d'injustice , n'arrêtera jamais celle qui
yeut tout ce qu'elle peut , mais qui par un bonheur qu'il faus
compter pour beaucoup ne peut pas tout ce qu'elle veut au
reste , on ne saurait se dissimuler que la jalousie l'aveugle su
ses véritables intérêts comme on va le voir par l'ukase
suivante,
?
Ordonnance remise au sénat , pour être publiée avec la signature
de la main de S. M. l'Impératrice de Russie,,
A
En conséquence de nos ordonnances d'interrompre tout commerce
et toute communication avec la France , jusqu'à ce que l'ordre es
l'autorité légitime soient rétablis en la personne du roi , nous
avons jugé nécessaire de défendre l'entrée des marchandises de
France dans cet Empire , tant par vaisseaux russes que par navires
étrangers , aussi bien que par terre ; d'autant plus que la plus grande
partie de ces marchandises ne sert qu'au luxe et à des dépenses rui
neuses , et que d'autres peuvent être , suppléées par l'industrie et les
manufactures de nos sujets Russes , ou qu'ils peuvent se les proaurer
par d'autres voies par un commerce permis et plus avanta.
geux ; et afin que cette ordonnance puisse être mise en pratique
avec exactitude et au plus grand avantage de nos fideles sujets , es
prévenir tout abus et toute collusion dans l'introduction desdites
marchandises , sous prétexte qu'elles puraient été fabriquées ailleurs ,
nous avons étendu la prohibition sur plusieurs autres marcha dises
comprises dans la désignation ci-jointe , à laquelle nous donnons
force en attendant que nous ayons publié un nouveau tarif.
1º , Il est donc défendu d'importer ou de faire venir de l'étranger
, soit dans nos ports , soit dans les douanes de nos frontieres ,
aucune des marchandises spécifiées dans ladite designation ; tong
ce qui sera introduit en contravention sera réputé contrebands et
sujet aux châtimens portés par les lois .
2 °, Toute autre marchandise de quelque espece que ce scat ,
nant de France , soit par terre , soit par mer , quand meme elle
ne serait pas expressément spécifiée dans ladite désignation , est
pareillement défendue et sora réputée contrebande ,
nut
( 64 )
3. Nous recommandons réitérativement à nos gouverneurs-géné,
raux , gouverneurs - commandans et inspecteurs de nos frontieres
aux magistrats , tant des villes que du plat pays , aux directeurs
des douaues et gardes établies à nos frontieres , d'avoir un oeil
attentif à ce qu'il ne soit rien entrepris de contraire à notre vo
lonté connue ; et qu'en cas qu'on découvre quelque chose de pareil ,
les coupables subissent incessamment et irrémissiblement les peines
décernées . Les susdits supérieurs et magistratures seront responsa
bles de la surveillance fidelle , soigneuse et exacte qu'ils doivent
apporter à l'exécution de cette ordonnance . Les procureurs et fis .
caux sont tenus , en cas qu'il se manifeste quelque contravention ,
à la même responsabilité , puisque c'est leur devoir de porter plainte
contre la violation des lois , et d'insister pour que les procédures
soient instruites et amenées à une prompte décision ,
4º . Afin de prévenir toute collusion , et lever tout doute par
rapport aux marchandises fabriquées qui peuvent être introduites ,
soit par terre , soit par mer , des pays avec lesquels nous sommes
en relation d'amitié , nous ordonnons que lesdites marchandises
Fabriquées ne soient introduites dáns nos ports et douanes frontieres
, que sur l'exhibition de témoignages authentiques par écrit ,
qui fassent foi que les marchandises dénommées sont de produit
et de fabrique de tel ou tel endroit , avec désignation de leur
qualité et du tems dans lequel elles ont été expédiécs . Un tel
témoignage doit être signé d'un consul Russe , s'il y en a dans le
licu en question ; à défant , il sera sigué et scellé du magistrat de
l'endroit. Toute marchandise qui ne sera pas accompagnée , d'un
tel certificat , sera réputée contrebande et sera traitée comme telle
suivant les lois .
5. Les marchandises prohibées par cette défense , lorsqu'elles
auront été découvertes ou surprises en contravention , seront dé,
truites , et par rapport aux coupables , il sera procédé comme il est
dit ci -après ; mais quant aux marchandises qui de leur nature ne
peuvent être ai brûlées , ni détruites , lorsqu'elles seront trouvées
dans le port , elles seront taxées à la douane , et seront ensuite
vendues publiquement , sous la réserve qu'elles seront expédiées
des magasins pour l'étranger et par mer , le tout sous l'inspection
des directeurs de la douane , dans le terme de deux semaines au
plus tard , ou même plus tôt.`
9
1
Dans le cas où pareille confiscation aura lieu aux frontieres , ces
marchandises défendues , après avoir été taxécs , scrent envoyées ,
pas plus tard que dans l'espace de trois jours , dans le premier
endroit au-dela des frontieres , pour y être vendues . On agira alors
contre le coupable pour exiger de lui , comme il va être dit dans
l'article 6 , l'amende fixée au profit de celui qui a découvert ou
saisi la marchandise en fraude . Le provenu de la marchandise vendue
șera tenu à la disposition du college des établissemens publics
du gouvernement où la saisie aura été faite . Que si celui qui doit
payer l'amende n'a rien , dans ce cas , le produit de la marchandise
sera donné à celui qui a découvert la fraude . pour sa récompense
et il sera procédé envers celui qui a faiɩ venir ou introduit la marchandise
, ainsi que les lois le prescrivent envers les debiteurs insolvables
de la couronne ,
6º . Nous ordonnons que , pour récompenser le zele et la fidé-
Lité des employés aux douanes , des gardes aux frontieres , inspecteurs
, ainsi que de tout autre , de quelqu'état que ce soit , qui aura
decouvert ,
( 65 )
découvert , surpris , fait capture ou annoncé avec des preuves suffi
santes , des marchandises introduites secrettement contre notre défense
; la valeur désdites marchandises leur soit assignée sur celui
qui les a fait venir , ou qui a voulu lès introduire , et que le coupable
soit forcé à leur en faire le paiement sans aucune déduction .
Nous exceptons le cas auquel la marchandise envoyée au - delà des
frontieres pour être vendue , dont le produit doit étre abandonné
au profit du délateur ou capteur , comme il est prescrit dans le
cinquième article ; les frais faits à l'expedition de la marchandise
seront déduits de son produit ; mais ceux qui seront trouvés cou .
pables d'avoir demandé ou introduit des marchandises en fraude ,
seront livrés à la justice , pour qu'il soit procédé contre eux , suiyant
que les lois le prestrivent contre les contrebandiers,
7° . Dans le cas où les marchandises défendues , soit en balles
soit en ballots , auraient été expédiées par mer , délivrées au capitaine
avec connaissement à ordre , et déposées à la douane dans
les magasins , jusqu'à ce que le propriétaiic se fasse connaitre dans
le tems prescrit , il sera procédé , tant à leur égard qu'envers le
coupable , ainsi qu'il est prescrit dans les cinquieme et sixieme
articles.
8. Lorsque dans la saisie aux frontieres des marchandises prohibées
, les propriétaires , leurs commis ou ceux qui en favorisaient
l'entrée se seront échappés , abandonnant les voitures qui
les portent ; dans ce cas , la marchandise sera transportée dans le
premier endroit au- delà des frontieres , pour être vendne , et le
produit , ainsi que les voitures , chevaux ou boeufs qui y sont
attelés , adjugés aux capteurs.
9. Nous recommandons içi de nouveau à tous les préposés aux
douanes des ports ou des frontieres , et à ceux qui font inspection
sur les gardes , de n'établir que des gens fideles et surs , et de ne
les instituer dans leurs postes et offices , qu'après qu'ils auront
donné des preuves d'honnêteté , de fidélité et de zele pour le service
, et de ne point se contenter de destituer ceux qui sont suspects
ou négligens ; mais dans les cas de fautes commises ou de
négligence , de les livrer à la justice pour être punis .
10 °. L'exécution de cette ordonnance aura lieu dans les offices
des douanes , des ports , à commencer du 1-12 juin . Cependant
Nous voulons qu'à l'égard des navires neutres ou russes qui pourront
arriver dans nos ports , il soit observé si ceux d'entre eux
qui auraient à bord des marchandises prohibées , le 12 juin , sout
partis avant le 10 janvier de cette année , et si la chose peut etre
prouvée par des témoignages juridiques et dignes de foi , pour lots
les proprietaires ne seront pourtant pas admis à décharger leurs
marchandises ; mais il leur sera signifié qu'ils ont la liberté de les
transporter dans tel port étranger qu'ils trouveront à propos ; et
dans le cas où néanmoins , après cette signification , ils tenteraient
de les introduire dans d'autres ports de cet Empire , il sera procédé
à leur égard comme il est prescrit par rapport à l'introduction
des marchandises .
Dans les douanes , aux frontieres , l'exécution de cette ordonnance
aura lieu aussi - tot après sa publication . Quant à ce qui est
prescrit dans le quatrieme article , touchant les certificats qui doivent
être donnés par les consuls , ou à leur défaut par les magistrats
des lieux , qui attestent la fabrication de pareilles marchan
Tome IV. E •
ㄓ
( 66 )
dises ; l'exécution n'aura lieu que quatre mois après, la publication
de cette ordonnance,
营业
11 ° . A l'égard des marchandises défendues par cette ordonnance ,
qui ont été introduites jusqu'ici , nous ordonnons que dans nos deux
capitales , ainsi qu'à Riga , Revel , Archangel , Neschin , Kiour ,
Cherson et autres lieux , où , depuis l'établissement de nos douanes
aux frontieres , il y a grand abord ; les marchandises défendues cidessus
qui pourront s'y trouver , soit sur les marchés , soit dans
les boutiques ou magasins , soient visitées et marquées d'un nouveau
timbre , outre celui qui y a dû être imprimé précédemment , suivant
le nouveau réglement de notre college de commerce ; que ce timbre
ou cette marque désigne le lieu , l'office de la douane , et l'année en
Taquelle le premier timbre aura été mis , et qu'il soit envoyé au
susdit college ainsi qu'au gouvernement général , et en son absence
, aux gouverneurs des départemens où se fait la visite .
Que s'il se trouve des marchandises étrangeres qui ne portent pas
le timbre de la douane ; on procédera en ce cas , ainsi qu'il est pres
crit , suivant les lois . A l'égard des marchandises de soie , de lainë ,
de coron , et autres menus articles , nons fixons , pour s'en défaire
un terme jusqu'au 1-12 janvier 1794 , lequel étant écoulé , elles
ne pourront plus , même avec le nouveau timbre , se trouver ni sur
les marches , ni dans les boutiques , ni dans les magasins , nt être
vendues ou achetées nulle part , à défaut de quoi le vendeur et
T'acheteur seront soumis à l'amende imposée ci - dessus sur les mar
chandises prohibees .
12 ° . Après la publication de cette ordonnance , deux membres
de la chambre des finances ou de nos autres cours de justice ,
seront envoyés dans chacun de nos offices de douane , pour demeurer
là jusqu'au premier juin , pour avoir l'oeil sur le commence .
ment de l'exécution de cette ordonnance , afin que chacun de ceux
qui sont employés aux douanes et en général chacun de ceux qui
ont quelque fonction à remplir , s'y conforment exactement : les
susdits membres de nos cours de justice sont tenus , eu égard aux
offices de nos douanes des ports , de faire , chaque semaine , un
rapport signé d'eux et des directeurs des douanes , qui désigne la
quantité de marchandises importées jusqu'au premierjuin , et combien
il en aura été timbré , lequel sera envoyé tant au college de
commerce qu'à la chambre des finances , et aux préposés des gou,
vernemens. Pareillement deux membres du collège des finances ou
de nos cours de justice se rendront dans le mois aux douanes
des frontieres pour la même inspection ; car , quoique l'exécution
de cette ordonnance doive commencer d'abord après sa publica
tion , une attention scrupuleuse à son exécution ponctuelle et exacte
'n'en est pas moins nécessaire .
13. Tous les ordres donnés dans les offices des douanes par
rapport aux marchandises étrangeres , qui n'y ont pas êté annoncées
et qui n'ont pas été timbrées sont renforcés ici ; et pour que
l'exécution en soit faite , nous ordonnons que dans nos deux ca.
pitales , les marchandises soient visitées deux fois l'an , dans des
époques indéterminées , sur les marchés , dans les boutiques et les
magasins , en présence de deux membres du collège des finances
et deux de la police nommés à cet effet ; que la visite ait lieu
bans les autres gouvernemens et distrites en présence des commandans
ou baillis des villes et de deux assistans du magistrat , qu'il
en soit de même aux folres annuelles des villes et même il y
( 673
a des villages où il se tient aussi des foires auxquelles on expose
en vente des marchandises étrangeres , les mêmes visites y seront
Faites dans le tems de la foire par les chefs des districts , actompagnés
de deux assistans ; e la régence des gouvernemens est tenue
d'envoyer son rapport au sénat sur ces visites , lequel nous ch
remettra un court exposé dans l'année..
Nous ordonnons à notre sénat de publier cette ordonnance en
langue russe et dans les autres langues étrangeres , et de faire ou
ordonner là où il appartiendra les expéditions nécessaires . Au reste ,
nous espérons que nos fideles sujets reconnaîtront dans cette ordonnance
les soins infatigables que nous nous donnons pour leur
véritable avantage , puisque dans le tems que nous restreignons dans
cet empire l'importation des marchandises dont on peut se passer ,
nous ne faisons que favoriser à leur industrie les moyens de perfectionner
et d'étendre leurs fabriques et manufactures pour le bien
général et pour le leur en particulier . Le sénat dirigeant a ordonné
que cette volonté de S. M. I. soit publiée , et parvienne à la connaissance
de chacun pour être duement observée ,,ce qui a lieu, par les
présentes . L'original est confirmé de la main de S. M. I. ces
mots : Qu'il soit ainsi. A Petersbourg , le 8 avril 1793 .
› en
Il est évident que la cour de Russie n'a pas eu seulement
pour objet un systême prohibitif à l'égard des marchandises
françaises , ou bien en rédigeant cette ordonnance on a dit
plus qu'on ne voulait dire ; car on y a donné à ce systéme
une latitude beaucoup plus étendue , qui , nuisible à un grand
nombre de places de commerce , ne manquera sûrement pas
de les indisposer ; mécontentement dont la Russie pourra
recueillir , en tems et lieu les fruits peut-être bien amers : ea
attendant , toutes les marchandises défendues se trouvent
'consignées dans une longue liste qui a été annexée à cette
ukase .
L'ambassadeur ou plutôt le vice- roi Siewers fait toujours
tout dans la partie non - envahie de la Pologne . L'élection des
nonces à la dicte de Grodno est entierement achevée ; la Vaivodie
de Cracovie en fournit 8 , Sendomir 7 , Kiovie et Chelm
Volhinie 6 , Lublin 2 , Podlachie 6 , et Braclaw 4. La durée de
la diete ne se prolongera , dit- on , gueres au delà de 15 jours.
Tous les matériaux sont préparés ; on n'a qu'à lire les projets
de décrets , et les sanctionner . Le corps diplomatique étranger
se rend aussi à Grodno , à l'exception cependant du ministre
d'Espagne.
* Le souveraine de toutes les Russies vient encore de donner
une preuve du vif intérêt qu'elle porte au sort des émigrés
Français , en faveur desquels doit peut- être agir la flotte cont
nous avons parlé plus haut. La famille Radziwill , malgré son
luxe et sa prodigalité , avait encore laissé en Lithuanie et en
Pologne des biens immenses qui sont échus par héritage à un
jeune prince de cette maison encore en tutelle . Les Bouillons ,
aujourd'hui résidans à Pétersbourg out formé des piétentions"
sur cette succession comme descendans et héritiers du roi Jean
Sobiewski . L'impératrice vient d'annoncer par son ministre à
E 2
( 08 )
Grodno , qu'elle accordait sa protection à la famille de Bouil
ton , et qu'elle avait en grande considération les prétentions
de cette famille sur l'héritage des princes Radziwill . On ne
doute nullement que l'héritier légitime de cette succession n'en
soit dépouillé en partie ; ainsi , tout en faisant aux malheureux
chevaliers Français des générosités qui ne lui coûteront gueres ,
la Bienfaisante Catherine anéantira une maison qui depuis
long-tems lui faisait ombrage .
en
Il paraît que malgré les bruits contraires qui ont circulé
pendant quelque tems , la Russie reste en paix avec la Suede
et le Danemarck. Voici ce qu'on mande de Stockholm ,
date du 11 juin. On n'apprend rien de la flotte Russe qui
puisse nous donner de l'inquiétude. Le gouverneur de cette
capitale a fait annoncer à la bourgeoisie , que tout sujet de
crainte était chimérique . La circulaire du contre- amiral Lagerbielke
, adressée aux officiers de la marine de la flotte des
galeres , pour leur demander le lieu de leur demeure , a été
mat interprétée ; son motif n'était pas leur rassemblement ,
mais seulement de savoir si les sujets portés sur les états
existent réellement. Cependant ou travaille toujours avec
activités dans notre chantier. Un transport de matelots est
arrivé ici avant- hier venant de la province de Nordlande.
300 autres matelots doivent se rendre de la province de Hollande
à Carlscron ..
3
Le départ du roi et du duc-régent pour les provinces méridionales
est fixé au 3 du mois prochain ; leur absence sera
d'un mois.
Notre militaire aux frontieres de la Finlande , ajoutentices
mêmes lettres , est fortement occupé aux fortifications de nos
deux places , l'ine près de Warkans vis - à-vis de la forteresse
russe de yslot , elle doit couvrir la vaste province de Savolax
; l'autre est élevée sur les terres de la famille des barons
de Wrede : le nom de cette terre est Willikala , à un mille
d'Anjala , si renommé dans l'histoire de la derniere guerre et
du fleuve Kimene . Le but de cette derniere forteresse est
d'assurer la route, par terre à Tarvastahus où nous avons de
grands magasins , et de couvrir le reste de la Finlande , ainsi
que Louisa convie la route de Forga et de Hersingfors . On
a transporté à Stralsund les canons de la forteresse de Colmar
qui vient d'être rasće.
De Francfort-sur- le - Mein , le 2 juillet.
La cour de Vienne s'attend , d'après les nouvelles qu'on resoit
de cette capitale , à se voir paut - être forcée de faire une
roisieme campagne ; ells s'y résigue , non sans peine , vu les
prodigieuses dépenses faites en hommes et en numéraire ,
( 69 )
erredes
dépenses qui , pouvant aller jusqu'à l'épuisement le
parable , finirait par decevoir ses vues d'aggrandissement au
point de l'exposer même à perdre le fruit des ruses ,
violences et des mariages ( car ça été anssi un des moyens
d'aggrandissement employés par la maison de Hausbourg ) qui
l'ont portée au point où nous la voyons aujourd'hui."
Les Etats héréditaires doivent fournir 18,000 hommes ; ceux
de Hongrie en en faisant marcher 6000 , se sont mis en mesure
de se procurer , par voye d'engagemens , pareil nombre
de recrues destinées à recompléter le corps . Quant à la Gallicie
, elle fournit 37 régimens d'excellentes troupes . Indépendamment
de ses forces , plusieurs nobles de la capitale , ainsi
que les peres qui ont plusieurs fils , ont demandé à S. M. de
vouloir accepter les jeunes gens comme volontaires , et S. M.
a agréé leur offre . On sait en outre que le prince George de
Darmstadt vend à l'empereur Sooo Hessois . La Basse - Autriche
doit fournir nombre de chevaux de trait , et déja plusieurs
centaines de chariots de bagage sont commandés . Un nombre
considérable d'ingénieurs ont été envoyés partie à l'armée
d'Italie , partie à celle du Rhin , et ils seront bientôt suivis
d'une compagnie de mineurs et de sapeurs , à laquelle il est
question d'en joindre une autre .
ft
Tous ces grands mouvemens , ces préparatifs se font pourtant
pour se montrer digne de la confiance dont Monsieur
régent de France , honore plus particulierement depuis quelque
tems sa majesté impériale ; car on remarque qu'à partir
du 5 juin plusieurs estafettes envoyées par ce heros que distinguent
toutes les grandes qualités physiques et morales , ce
Titus , cet objet de l'amour du genre humain , ont fait passer
par la capitale de l'Autriche des dépêches pour la cour de
Pétersbourg, qui ont été communiquées auparavant à celle de
Vienne et que c'est à dater de cette époque qu'on mét encore
plus d'activité dans les mouvemens et les dispositions
militaires et diplomatiques.
La démarche d'un régiment de dragons Polonais , composé
de 1200 hommes , embarrasse beaucoup notre gouvernement ;
la déserté la Pologne avec ses chevaux , ses armes , ses bagages
et la caisse militaire , et est venu s'établir dans le district de
Tzalestzeik ; il offre d'entrer au service de l'empereur. On
a désarmé cette troupe , fait passer un rapportà Vienne sur cet
événement , et on en attend une décision . Toute la brigade du
général Suchortzewsky se propose de passer de ce côté. Dans
toute autre circonstance on aurait vu avec plaisir cette désen i
tion. Mais aujourd'hui vu la position avec la Russie , on nee
sait trop que faire de ces hommes dont cependant on aurait
grand besoin.
( 70 )
céla
Au reste , quand on aurait des hommes à discrétion , ce
n'est que la moitié de ce qu'il faut . On a besoin d'argent .
pour les nourrir et les payer , et quelque faible que soit la
solde du soldat Autrichien le plus malheureux de tous ,
forme de grosses sommes lorsqu'on est pauvre , et qu'on tient
de grandes armées sur pied . C'est afin de subvenir en partie à
ces dépenses que des commissaires de la noblesse immédiate
de la Franconie se sont rendus à Wirtzbourg pour y régler
avec le comte de Schlick , ministre impérial , le don ou le
subside caritatif ( d'aumône ou de charité de cette noblesse"
pour la guerre actuelle . Le subside de la noblesse de Souabe
est réglé il monte à 170000 florins payables en trois termes.
Frédéric - Guillaume n'est gueres moins embarrassé que
François I. Les troubles survenus dans la Silésie ne sont pas
encore appaisés , et ne sont pas prêts à l'être . L'interruption
du commerce des draps légers avec la France est une chose
très - fâcheuse pour le pays. Voici ce que portent des lettres
de Breslaw du 15 juin . Une patente royale , datée du quartier
général du roi à Bodenheim le 20 mai , est arrivée ici ;
elle a pour objet les troubles qui ont éclaté ici et dans
d'autres endroits de la Silésie , et qui ne sont pas entierement
appaisés. Une commission doit examiner toutes ces circonstances
, et en faire le rapport au roi . Ceux qui provoqueront
de nouveaux troubles seront punis de mort sur- le - champ .
Tout rassemblement est défendu . Toutes ces menaces et ces
punitions en imposeront momentanément ; elles ne guériront
pas le mal qui est dans la stagnation absolue de l'industrie
et du commerce de la Silésie , suite naturelle de la guerre
actuelle avec la France. On pense que notre roi aurait pu se
dispenser de joner un rôle dans cette guerre qui ruine ses
états et épuise ses trésors .
5
C'est à Mayence que le roi de Prusse espere réparer sa
gloire , et se dédommages de toutes ses per es , et c'est peutêtre
à Mayence qu'il en fera de nouvelles ; ce qu'il y a de
constant , c'est que la fameuse sortie du 31 mai a coûté aux
assiégeans plus de 2000 hommes et près de 1500 chevaux ,
et qu'elle a valu à la garnison beaucoup de bétail dont elleavait
grand besoin . Toutes les bêtes à cornes des villages de
Marienborn , Brezenheim et Zahlbach furent enlevées et conduites
à Mayence. On ne peut pourtant pas se dissimuler
que les forces nombreuses et redoutables qui environnent la
place n'aient fait depuis beaucoup de mal aux assiégés que
I'on attaque aujourd'hui par presque tous les moyens connus
et possibles , et que l'on serre effectivement d'assez pres pour
concevoir des espérances , fondées de s'emparer de cette ville
si elle n'est pas scourue à tems . En effet , le 27 nous avons
entendu long- tems le bruit d'une canonnade qui ne discon
( 71 )
tinuait point ; le bruit venait du côté de Mayence , et sur le
soir , tant de nos tours que du pont du Meiue , nous vîmes
s'élever de la même partie une fumée très - épaisse . L'obscu--
rité devenant plus grande , ce ne fut pas de la fumée que l'on
vit , mais des flammes et de grosses flammes. Aujourd'hui
nous apprenons que ça été l'effet des ombes qui ont mis le
eu à l'eglise Notre-Dame et à 7 ou 8 autres édifices . La
canonnade et le bombardement durent encore sans interruption,
et l'état de la place commence à devenir des plus critiques .
Dans ce moment on vient nous dire que les Français ont
été absolument déloges de Weissueau, et poussés dans Mayence ;
on leur a tué , à ce qu'on assure , beaucoup de monde avec trèspeu
de perte du côté des Allemands . C'est une faible compensation
de l'accident'arrivé aux Prussiens dans la nuit du 17 ,
ils avaient annoncé pour ce jour - là le commencement du bombardement.
Les curieux furent établis sur une élévation où
ils attendirent vainement jusqu'au jour le feu des batteries .
Au lieu de cela il n'y avait eu qu'une fusillade très - soutenue
qui ne cessa qu'avec la nuit ou vit alors que deux colonnes :
Prussiennes s'étaient chargées chacune croyant avoir les Fran
çais en tête . On dit qu'il a péri dans cette action jusqu'à 1500
hommes. On ajoute que le calme qui regnait dans Mayence
a entretenu les Prussiens dans l'erreur , parce qu'ils imaginaient
qu'on ne tirait pas , dans la crainte de nuire à la garnison que
chaque colonne croyait combattre...
Voici des nouvelles encore plus récentes du siege ; le bom - 1
bardement de Mayence continue ; le feu que l'on fait est terrible
; l'église de Notre-Dame et environ cent maisons sont
déja devenues la proie des flammes . Les français ont quitté
l'isle du Rhin ; ils ont fait , de Mayence le 29 juin , une
sortie très-vigoureuse sur les impériaux près de Bulleheim ;
ils leur ont fait beaucoup de mal , mais ils furent obligés
de rentrer et d'abandonner quelques pieces de canon.- Le
feu qui s'est manifesté à Mayence s'étend depuis la blanchisserie ,,
par la rue des Juifs , jusqu'au marché aux bêtes .
.
Si les Prussiens et les Impériaux se promettent du succès
du côté , de Mayence , ils paraissent craindre pour l'électorat
de Trèves ; nne division de grenadiers impériaux a passé par
Coblentz pour se rendre en diligence à Trèves ; elle sera
suivie de 6000 hommes et de quatre escadrons de cuirassiers .
Il passe aussi beaucoup de troupes impériales par cette
ville pour se rendre du côté de Luxembourg. Le géneral )
Prussien , prince de Hohenlohe , est parti pour ce côté avec
un de troupes ; il fait des marches forcées .
corps
d'arnrée qui se forme à la hâte dans l'électorat de Trèves scra
de 16 à 18 mille hommes. Le général Français Kinsky, le •
-- Le
corps
E 4
( 72 )
commande. Un brnit qui ne se confirme pas , c'est que
l'empereur était attendu le 3 à Coblentz avec 14 bataillons de
grenadiers d'élite ,
PROVINCES - UNIES ET BELGIQUE.
--
On mande de la Haye que le prince Frédéric d'Orange ,
fils cadet du Stathouder , a été nommé colonel du corps ›
d'artillerie au service de la République , et a prêté , le 18 , en ›
cette qualité le serment d'usage . Nous sommes également
informés par la même voie de la mort du prince Louis de
Waldeck à qui la blessure , reçue au combat du 12 , a coûté
la vie . Un boulet de canon lui a fracassé l'épaule . Son frere
le prince réguant , général - lieutenant au service de la Répu
blique est depuis peu à l'armée. Les troupes combinées occupent
dans cette partie de la Flan dre les postes suivans
Marchiennes , Orchies , Cisoing , Lennoy , Roubaix , Turcoing
, Wintheros , Neuville , Roncq , Ronsbeeq , Werwick
et Warneton , de sorte que Lille et le camp du général Lamarliere
qui est auprès sont resserrés de tous les côtés , Les
postes correspondans de l'ennemi ont chaque jour de vives
et chaudes escarmouches avec nos troupes Hollandaises . Outre
les détachemens Autrichiens et Prussiens qui nous soutiennent ,
nous avons été encore renforcés par une nouvelle division "
de cavalerie Anglaise venue d'Ostende . - Suivant des lettres
de la même ville , en date du 26 , le jugement de M. de
Byland , gouverneur de Breda , a été prononcé ces jours derniers
. Ce commandant , pour avoir capitulé avec les Français
et avoir rendu la ville , qu'il était chargé de défendre , a été
condamné à être reconduit à Breda , et là , en présence de la
garnison , à avoir son épée brisée avec infamie , le sabre passé:
sur la tête , à être déclaré indigne de servir l'état , à être
ensuite conduit à la forteresse de Loewestein pour y être
detenu le reste de ses jours ,
Le graud bombardement de Valenciennes a commencé dans
la nuit du 18 au 19. Pour peu qu'il dure , la place s'en trouvera
métamorphosée en un tas de cendres et de ruines . Le
feu des assiéges u'est pas moins vif que celui des assiégeans .
Ils ont fait le 19 une nouvelle sortie . Le sang y a coulé , voilà
à quoi se réduit son effet . Les travaux que le prince de Cobourg
a entrepris , pour assurer et accélérer la réduction de
Valenciennes , sont dignes d'admiration . Des témoins oculaires
affirment que jamais les Romains n'auraient pu en entreprendre
de plus hardis , ni les exécuter plus promptement , Comme
le prince redoutait les inondations qui pouvaient détruire ses
approches , il a fait creuser un canal de l'étendue de près de
deux lieues , pour y donner un nouveau lit à l'Escaut , et
détourner ses caux des murs de la place . D'un autre côté
( 73-)
se trouvánt gêné par l'intervalle qui sépare les deux hauteurs ,
dout la forteresse est dominée , il a conçu et exécuté le projet
d'unir les deux hauteurs par leurs sommités. Pour cet effet ,
un pont conduisant d'une sommité à l'autre a été construit
de très- grosses poutres . Il est si solide , qu'on y a établi des
batteries .
Condé , toujours bloquée , tire toujours sur les travailleurs .
Le commandant refusait de croire que le camp de Famars fût
pris . On lui a permis d'y envoyer un officier qui pût s'en
convaincre par ses propres ycux , et que nul cours ne peut
plus venir dela . , .
Vers Lille , il se manifeste des apparences qui font croire à
une attaque prochaine , dirigée contre le camp de la Madeleine
, qui couvre cette ville . Custine , en attendant , met de
l'ardeur et du nerf à disposer ses lignes de défenses . Entre
Douay et Bouchain , il a un camp retranché qu'appuient l'Es
caut d'un côté , et la Ceusée de l'autre. Là se trouve une grande
partie de son armée qui , si Valencieunes et Coudé tombent ,
deyra être chassée de ce poste avantageux , avant que l'on en
vienne à entamer les places de seconde ligne . Un autre camp
retranché se forme sous les murs de Cambrai , et cette posi
tion , connue sous le nom de camp de César , est l'une des
plus fortes qu'il y ait en Europe ."
Sous les murs de Dunkerque , les Français travaillent aussi
à un camp retranché , où doivent se rassembler vingt mille
hommes .
Le feu de Valenciennes a démonté quelques canons de la
batterie no. 15. C'est vers ce point que l'artillerie française
dirigeait ses plus violens efforts . Dans la nuit du 20 au 21 ,
un grand incendie dans la ville a été l'effet du bombardement.
Au demeurant , le mauvais tem a un peu retardé le travail de
la tranchée . Un espion , qui a été pris , a racheté sa vie , en
découvrant au prince de Cobourg que les Français ont miné
leurs batteries à l'endroit où ils présument que pourrait leur
être livré un assaut' ; leur dessein est de les faire sauter en
l'air au moment où les assiégeans s'en rendraient maîtres.
L'on a conduit à Bruxelles , le 21 , un grand nombre de
blessés . Un événement triste y avait eu lien la veille dans un
des hôpitaux un magasin , au- dessus des salles des malades ,
a rompu les plafonds , qui , en s'écroulant , ont fait perdre
la vie à beaucoup des malheureux souffrans , sur lesquels ils
sont tombés avec leur poids , 恿
A Bruxelles , on est assez généralement dans la pensée qu'il
faudra se résoudre à donner un assaut à Valenciennes. Čela
est dur. On y sacrifiera peut - être 5000 hommes ; et encore
( 74 )
n'est - on pas sûr de la réussite. On assure que 15,000 hommes
ont été détachés de l'armée , pour mettre le Luxembourg à
couvert de touse insulte ultérieure . C'est un affaiblissement
de ce côté- ci . Au reste , on portait à 180,000 hommes les
forces de l'armée combinée , en prenant tout ce qui s'en
trouve depuis Furnes et les garnisons jusqu'aux Ardennes.
Sur ce nombre , il y a 35,000 hommes formant l'armée d'observation
, qui tient l'ennemi en respect vers la plaine de Denain
; 40,000 sont au siége de Valenciennes , et 20,000 couvrent
la Flandre.
On témoigne par - ici de la surprise de ce que le général
Custine semble abandonner Valenciennes et Condé à leurs
propres forces. Se déferait-il de l'armée qu'il commande ? On
dis qu'il l'exerce à toute outrance et qu'il la retranche de
même. S'il faut en croire les rapports que l'ou dit avoir reçus ,
il a auprès de lui 80,000 hommes . Avec une pareille force
il est difficile de ne pas succomber à la tentation de faire des
mouvemens en avant.
•
Dumourier chassé de l'Angleterre est revenu dans la Belgique.
Ce fugitif avait sollicité lors de son séjour en Allemagne
, un asyle dans les états d'un prince dont on nous tait
le nom. Ge prince répondit à sa demande par un refus doublement
motivé. Je ne pourrais , dit-il , vous recevoir comme
émigré , et comme Jacobin je serais obligé de vous faire pendre.
ANGLETERRE. De Londres , le 24 juin .
L'amiral Hood s'est remis en mer après avoir réparti sur
sa flotte 1000 à 1200 matelots tirés des vaisseaux de la compagnie
des Indes qu'il avait escortés.
Le parti de l'opposition vient de se fortifier ou plutôt de
s'affaiblir d'un membre que l'on ne s'attendait probablement
pas d'y voir ; c'est le duc de Clarence , fils cadet du roi ; ainsi
voilà le fils contre le pere , du moins en apparence. Le par
lement a été prorogé au 13 août par les ordres du roi , dont
Voici le discours à ce sujet.
*T!
Milords et Messieurs ,
#
La fermeté , la sagesse et le patriotisme qui ont si éminemment
distingué votre conduite dans les événemens nombreux et impor
tans qui ont eu lieu pendant la session actuelle , demandent de
a part une reconnaissance particuliere.
Votre détermination bien prononcée de maintenir la constitu
tion établie , et les sentimens analogues que mes sujets ont si
fortement et si généralement manifestés , ne pouvaient manquer
(175 )
de rendre inefficaces toutes les tentatives faites pour , troubler la
tranquillité intérieure de ce royaume. Je ne doute aucunement que
vous n'encouragiez dans vos comtés respectifs , la continuation de
la mème attention vigilante sur cet objet important .
ر
Les succès rapides et signalés qui ont accompagnés , dès le commencement
de la campagne , les opérations des armées combinées ,
les forces respectables et puissantes que vous avez mis en état
d'employer par mer et par terre , et les mesures que j'ai concertées
avec d'autres puissances pour la continuation efficace de la
guerre , font espérer que le conflit important , dans lequel nous
nous sommes engagés , aura des résultats heureux,
Ce n'est que par la persévérance dans nos efforts vigoureux , et
en essayant de tirer parti des avantages que nous avons déja obtenus
, que nous pouvons atteindre le grand but que j'ai toujours
eu en vue , le rétablissement de la paix , fondé sur des
bases qui pourront assurer notre tranquillité permanente et celle .
de toute l'Europe .
Messieurs de la chambre des communes
Je vous dois le témoignage de ma reconnaissance particuliere
pour le zele et la promptitnde avec lesquels vous avez accordé les
subsides nécessaires , et j'observe , avec plaisir , que vous avez
été en état de pourvoir libéralement aux besoins du service public
d'une maniere très -peu onéreuse pour mon peuple.
Milords et Messieurs ,
Les arrangemens que vous avez pris pour le gouvernement des
possessions britanniques dans l'Inde , et pour régler notre commerce
avec cette partie du monde , assureront et augmenteront
indubitablement les grands avantages que nous avons déja retires
de ces possessions précieuses .
ing
Je n'ai pu voir , sans intérêt , les embarras qui se sont récem
ment manifestés dans l'état du crédit commercial , mais les
sures que vous avez prises pour arrêter les progrès de ce mal
raissent dėja avoir produit des effets très - salutaires , et tandis qu'e
ont été une nouvelle preuve de votre attention aux intérêts de »
peuple , leur succès ne laisse aucun doute que les embarras ca
a éprouvés ne proviennent d'un concours de causes tempore
et non d'une diminution réelle des richesses nationales et des
sources permanantes de ce pays .
F AS
je vois avec la plus grande satisfaction , les résultats de la rotection
efficace que j'ai été mis en état d'accorder au commerce de
mes sujets depuis le commencement de la guerre , je suis persuadé
en même tems , que si par des revers inevitables , notre intérêt
commercial eût été lézé , d'une maniere encore plus sensible ,
n'aurait pas oublié que nons combattons pour notre sûreté et
pour la conservation permanente des avantages les plus frappans
et les plus estimables , dont la providence ait jamais permis &
aucune nation de jouir.
on
( 76 )
DISCOURS DU CHANCE LIE
Milords et Messieurs ,
La volonté royale de S. M. est , et il lui plaît , que ce parlement
soit prorogé jusqu'à mardi 13 août prochain , pour étre
alors assemblé ici , et ce parlement est en conséquence prorogé ,
jusqu'à mardi 3 août prochain .
Les banqueroutes qui ont désolé depuis six mois le commerce
s'élevent à une somme plus considérable
numéraire existant dans la Grande-Bretague .
que tout le
On sait aussi
de bonne part , que loin que les troubles s'appaisent en
Irlande , la révolte y paraît générale ; on y brûle même des
chateaux. Ce mécontentement est occasionné par les mitrnises
.
Voici une nouvelle dont nous n'assurons pas positivement
la fausseté , mais qui nous paraît très - douteuse ; le lieutenant
Mudge est arrivé de Nootka- Sund dans une chaloupe . Il y a
des gens qui prétendent qu'il n'a pu échapper autrement aux
Espagnols qui , selon eux , se sont rendus maîtres du fort ,
et ont commis plusieurs autres hostilités . Si ces faits avaient
de la vérité , on ne parlerait pas comme on le fait de rendre
le riche vaisseau de registre qui nous avait donné tant de beau
métal .
L'amiral Gardiner , arrivé aux Barbades le 26 avril , a dit avoir
apperçu dans le lointain une escadre Française forte de neuf
vaisseaux de ligne et de cinq fregates portant à toutes voiles
sur la Martinique : l'escadre Anglaise n'aura pas la jonction
des vaisseaux qui étaient déja aux indes occidentales qu'une force
á peu près équivalente , d'où il est permis de conclure qu'à moins .
d'être favorisé par des circonstances particulieres sur lesquelles
il serait déraisonnable de compter , on aura plus de
peine qu'on ne le pensait à se rendre maître des isles Françaises
. En attendant les Français nous out enlevé dans ces
pers-là plusieurs vaisseaux marchands qu'ils ont conduits et .
vendus dans les ports d'Amérique.
P. S. S'il faut en croire des lettres de Constantinople , du
15 mai , M. Chalgrin y a déployé le caractere de chargé des
affaires de la monarchie française pendant l'absence de l'ambassadeur
Choiseul - Gouffier ; ce caractere lui a été déferé par
le ci-devant Monsieur , se qualifiant régent de France , M. Chalgrin
a notifié par un billet sa nouvelle qualité à tous les Français
résidans à Constantinople ; ceux qui s'étaient , mis sous la
protection d'autres ministres étrangers , se sont remis sous celle
du nouveau chargé d'affaires ; tous les interprêtes ont aussi
repris leurs places. Ces mêmes avis disent aussi que les Frané
çais ont ea à Smirne des querelles très - vives avec les Anglais ;
que ceux-ci , aidés des Vénitiens , ont attaqué les premiers,, en
oat tue 11 et blessé plus du 20. T
1
( 77 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
1
CONVENTION NATIONALE.
PRESI NCE DE THURIOT..
Séance du mardi , 2 juillet.
Le président annonce , à l'ouverture de cette séance , ' qu'il
a trouvé sur son bureau un paquet renfermant des dépêches
qui jettent un grand jour sur la conduite des sections de
Marseille , et qui constatent qu'elles ont fait subir un interrogatoire
aux représentans du peuple envoyés par la Convention
dans le département dés Bouches-du-Rhône .
Levasseur , au nom du comité de correspondance , présente
F'analyse des adresses envoyées à la Convention . Toutes ont
obtenu la mention honorable .
Une députation des administrateurs du département de l'Aine
vient protester , au nom de toute l'administration , de son
sincere attachement à l'unité et à l'indivisibité de la République .
Deux citoyens de la commune de Blangis , district de Perotl'évêque
, expriment les mêmes sentimens. Ces citoyens ,
a ajouté Lacroix , ne sont pas envoyés par une commune ,
mais par une assemblée primaire du district de Perot-l'évêque
. Je demande à faire connaître un arrêté liberticide des
administrateurs du district , et à vous annoncer que le royaume
99 de Puzor commence à passer . 68 communes en assemblées
2 primaires se sont réunis pour émettre leur voeu sur cet arrêté ,
99 et ont résolu de mourir plutôt que de se révolter contre
da Convention nationale .
** Lacroix fait lecture de cet arrêté . ( Voyez la notice de cette
émice dans le numéro précédent. )
******* 3. I 930
Sur sa demande la Convention décréte ce qui suit :
10. Le paiement des contributions et des annuités dues
pour acquisitions de biens nationaux , demeure suspendu
dans les départemens qui se sont déclarés en insurrection contre
la Convention .
2º le conseil- exécutif déterminera les départemens en in-
'surrection ."
130. 11 est défendu aux administrés de payer les sommes
dont il sont redevables , sous peine de payer deux fois. 1s
pourront néanmoins se libérer directement à la trésorerie nationale.
4. Il est défendu à la trésorerie nationale de faire passer
aucuns fonds aux districts des départemens insurges.
5. Le paiement du traitement des fonctionnaires publics
( 78 )
*
dans ces départemens est suspendu , à l'exception de ceux
qui ont improuvé les arrêtés liberticides .
Le comité de législation fait décréter qu'il sera accordé 18 1 .
par jour à chacun des jurés du tribunal révolutionnaire .
Lebreton présente un projet de décret sur les postes et messageries
que l'Assemblée renvoie à l'examen des comités d'alié
nation , de commerce et de finances .
Maure instruit la Convention qu'à la réception de l'acte
constitutionnel le canon fut tiré dans la ville d'Auxerre . Tons
les citoyens ont témoigné leur alegresse , et le soir la ville fut
illuminée .
L'Assemblée a passé à la discussion relative au rapport quia
été fait sur l'éducation publique . Elle a entendu la lecture
de divers projets de décrets sur cette matiere,
Séance du mercredi 3 juillet.
J
On fait lecture d'un grand nombre d'adresses d'adhésion aux
décrets de la Convention Le citoyen Phelippaux , représentant
du peuple dans les départemens du Centre et de l'Ouest ,
zend compte du bon esprit des trois corps administratifs
qu'il a visité et de l'état de défense des villes de la Rochelle
et de Niort. L'acte constitutionnel y a été reçu avec enthousiasme.
Un camp de 10 à 12 mille hommes vient de se former
sous les murs de la ville du Mans . Des milliers de famille de
Mayenne et Loire ont reflué dans le département , et celui
d'Eure et Loir ne pouvant fournir à leur subsistance , Phelippeaux
vient d'écrire à ce sujet au ministre de l'intérieur.
-
On fait lecture de deux lettres du général Custines à la
Convention nationale . Voyez la notice du précédent numéro. ) —
Après avoir annoncé les avantages que viennent de remporter
les troupes de la République , Custines ajoute ces mots : Si
nous obtenons une organisation militaire qui puisse nous promettre
une nerveuse discipline , caractere distinctif du militaire
des républiques florissantes , nos succès sont assurés , et
Bientôt les rois et leurs vils courtisans seront forcés de renoncer
à ces insolentes prétentions , de donner des lois à une
nation qui apprit à tous les peuples à connaître leurs droits
et leurs pouvoirs . 19
Barrere lit plusieurs dépêches . La premiere est une lettre
datée du 1er juillet , dans laquelle le général Biron annonce
que les révoltés menacent de nouveau Luçon , malgré leur
défaite , et semblent vouloir tenter une attaque sur les Sables :
Le général a pris toutes les mesures pour prévenir leur
dessein..
Westermann , à la tête de g mille 400 hommes , les a repoussés
du côté de Partenay , où ils étaient au nombre
de 8000.
La seconde lettre est de Servan , qui envoie de Bayonne la
relation de la reprise d'Audaye par les Français , de la disper
( 79 )
sion des cinq camps espagnols et de la bataille qu'ils ont
perdue le 22 du mois dernier. C'est dans cette journée mémorable
que des Français montrerent que s'ils sont quelquefois
inférieurs aux ennemis par le nombre , ils savent les surpas
ser en courage dans l'action ; un grenadier eut son bras droit
emporté d'un coup de canon ; l'adjudant général d'Arnaudat
s'approche pour lui témoigner sa sensibilité : Ne me plaignez
pas , répond le grenadier , j'ai encore un bras pour servir ma
patrie. Un chasseur de la Haute - Garonne tombe blessé ; un
de ses camarades s'approche pour le plaindre ; tu as tort , dit
le chasseur : Pate , non dolet.
t- Une députation de Paey-sur-Eure , admise à la barre , annonce
que les troupes d'Evreux se sont emparé de leurs communes
et de tous les bourgs environnans . Elle ajoute que les patriotes
et leurs familles sont sous l'oppression . Des députés de
Vernon assurent que le tocsin sonne , que la général bat ,
que la crise est grande , que le comité de salus public et le
conseil exécutif les a compromis , et qu'on veut les punir
d'avoir été patriotes . D'après cet exposé , la Convention décrete
que lles citoyens Prieur et Lecointre , qui sont également dans
la ville de Rouen , sont autorisés à prendre , dans le département
de la Seine -inférieure , toutes les mesures nécessaires pour
réprimer les rebelles de l'Eure et du Calvados , et dissiper
tout rassemblement armé qui prétendrait marcher contre Paris
ou exercer quelqu'acte de violence contre les bons citoyens .
?
Des députés de la commune de Lucienne annoncent qu'ils
viennent d'arrêter la ci -devant comtesse Dubarry. Ils lui repro
chent d'avoir reçu chez elle des aristocrates , et d'avoir fait
plusieurs voyages en Angleterre où elle serait vraisemblablement
retournée , sans la destitution du ministre Lebrun . L'Assemblée
applaudit au zele de la municipalité de Luciennes , et
renvoie son adresse au comité de sûreté générale .
Une lettre de Carnot , représentant du peuple à l'armée
du Nord , datée de Bergues le 30 juin , apprend à la Convention
que Dumourier a été fort mal reçu en Angleterre ; il est
actuellement à Ostende sous la sauve - garde du commandant
de cette ville , parce que les émigrés veulent le mettre en piece.
On vient de publier ici , ajoute Carnot , la nouvelle constitution.
Toutes les cloches sont en branle pour la carillonner ;
le peuple y voit la fin de ces maux : cela vaut mieux que vingt
batailles gagnées .
Couthon a fait un rapport sur la situation des patriotes de
Lyon. Voyez la notice de cette séance dans le précédent numéro.)
Séance du jeudi , 4 juillet.
Les administrateurs de Loir et Cher , les citoyens de Montargis
et plusieurs autres communes félicitent , et remercient
la Convention du bienfait de la constitution . La commune
d'Amiens instruit l'Assemblée qu'à l'imitation de celle de
( 80 )
+
Lille , elle a fait bråler un paquet d'arrêtés qui lui était envoyé
par les sections de Marseille ..
Les citoyens d'Argentan ont écrit à leurs magistrats que
s'ils prenaient des arrêtés contre la Convention et les Parisiens ,
ils étaient priés de ne point les leur envoyer; mais que s'its se
décidaient à marchier sur Paris , ils étaient invités à passer par
leur ville , et ils verraient de quelle maniere ils seraient
reçus .
Quarante- deux sociétés populaires se sont réunies dans la
ville de Valence , chef- lieu du département de la Drôme , pour
y protester contre les arrêtés contre - révolutionnaires des
administrateurs du Gar , de Rhône et Loire , des Bouches - du-
Rhône , etc. Les membres qui composaient cette assemblée
ont dressé procès-verbal de leur séance , et l'ont envoyé à la
Convention qui en a ordonné la mention honorable .
Sur la motion de Lacroix le comité de législation est tenu
de présenter une loi pénale contre les fonctionnaires publics
qui oseraient attenter à la liberté des sociétés populaires .
Un membre s'est plaint de la destitution de plusieurs offi
ciers ordonnée par le conseil exécutif sans énonciation de
motifs ; il a demandé qu'il fût tenu de les faire connaître .
Ce n'est pas le conseil exécutif , à repliqué Chabot , ' qu'il
faut interroger , c'est le comité de salut public ou plutôt quel :
ques-uns des membres de ce comité ; ce sont eux qui font
les nominations et les destitutions . Pourquoi Servan , homme
inepte et patriote dans le sens de Roland , est- il encore à la
tête de nos arniées , tandis qu'il a été appellé ici ? Pourquoi
le mandat d'arrêt décerné contre ce général par les commissaires
de la Convention n'a - t-il pas été mis à exécution . ,, —
Ramel a observé à la Convention que le comité de salut
public ne fait aucune nomination , il présente les sujets à
Assemblée qui les adopte ou les rejette . Quant à ce qui
concerne le général Servan , il est appellé à Paris , et le général
d'Orbec est parti pour le remplacer. Cette discussion
s'est terminée par un décret qui enjoint au ministre de le
guerre de rendre compte des destitutions qu'il a faites .
Une députation des chasseurs de l'Eure qui se sont rendus
à Versailles , d'après le décret de la Convention , est admise à
Ja barre. Vous voyez devant vous , a dit l'orateur , des sol¹
dats qui sont toujours restés fideles à la République ; ils se
sont soustraits à la tyrannie et au fedéralisme , pour venir
ous offrir leurs bras ; ils veulent s'en servir pour combattre
les ennemis de la République une et indivisible , sous quelque
forme qu'ils se présentent.
Lindet a pris aussi - tôt la parole pour se plaindre de la négligence
du comité de salut public . Citoyens , a - t - il dit , si
vous ne prenez des mesures vigoureuses et promptes , les départemens
de l'Eure et du Calvados ressemblerout bientôt à
ba Vendee. Deja vous avez appris qu'une force armée s'était
emparé
3D
( 81 )
emparé de Pacy- sur-Eure. Vernon craint d'être attaqué ; si
cette ville est prise , les subsistances ne pourront plus arrives
à Paris , ni par terre , ni par eau. Les citoyens du départem
ment
de l'Eure se sont levés contre ce départemet ; mais vous
n'avez pas secondé leur zele ; l'inaction du comitén de asalus
public et du conseil executif est bien reprehensible ,
$
3
Duroy a pensé qu'il était d'autant pluse instant d'apporter
les plus courts remedes aux maux qui désolcut la ville d'Ereux
et le département de l'Eures que les contre- révolution*
naires se sont emparés des caisses publiques et qu'il est, int
formé que Buzot arrive incessamment à Evreux avec 4,000
hommes. Il dénonce , ainsi que Lindet , le comité de salut
public pour n'avoir pas pris des mesures plus vigoureuses
Saint- André a justifié ce comité qui ne ces ait , a - t - il dit
de prendre les mesmes les plus efficaces pour parvenir à
étouffer l'insurrection fédérative , moblesome
2
Après quelques débats , l'Assemblée , sur la motion de
Taillefer , a décrété que Lindet , Duroy , Francastel et Lacroix
, s'adjoindraient au comité pour coopérer au rétablisse
ment de la tranquillité publique dans leur département
"
Les sections du Luxembourg de la place des Fédérés ,
des Gravilliers , du Museum , de l'Unité , du Panthéon Français
de Beaurepaire ét - plusieurs autres , ont été admises à
faire connaitre leur voeu sur la constitution qu'elles ont adoptées
à l'unanimité . Une citoyenne de la section de Beaurepaire
, a demandé que les femmes fussent admises dans les
assemblées primaires et qu'elles pussent remplir les devoirs
eiviques, La section des Lombards a demandé la taxation
des denrées de premiere nécessité ; y
--
2
15 Les citoyens et les citoyennes de ces différentes sections
ont défilé dans la salle aux applaudissemens universels , aux
cris de vive la République Vive la Constitution ! Vive la Mon
tagné !
f
རཱ ཝཱ ཚཱ ཙཱ ཎྜ
Séance du vendredi , 5juillet.
On a fait lecture , au commencement de cette séance , d'une
lettre des citoyens Bourbotte et Tureau, représentans du peuple
près l'armée des côtes de la Rochelle . Nous sommes arrives
disent-ils , le 30 juin à Saumur , avec l'avant -garde de l'armée ;
nous avons été reçus au milieu de l'alégresse publique . Les
citoyens qui avaient trahi la cause de la liberté , et qui compo
saient le comité contre-révolutionnaire des brigands , ont été
arrêtés ; nous avons pensé que les biens de ceux qui ont pris
la fuite devaient être séquestrés , confirment nos arrêtés . Nous
av sollicitons des lois qui
fait arrêter plusieurs agens
et nombre de partisans des rebelles parmi ceux- ci il s'en est
trouvé un qui s'est dit fils d'un ci-devant comte de Monts
boissier. 3
L'ordre et la confiance regnent dans notre armée ; l'avant
Tome IV,
( 82 )
garde , composée de six mille hommes , est dans les meilleures
dispositions : le corps d'armée s'approche des murs de Saumur,
Nous savons , par des voies très-sûces , que l'armée catholique
est dans la plus grande détresse . La plupart des cultivateurs
les quittent pour renter dans leurs foyers ; tout nous
présage des succès : nous avons établi un comité charge de
rechercher et connaître ceux qui ont trempé dans les prot
fets des révoltés . Nous n'oublirons rien pour faire triompher
la cause de la liberté.
la Con
quela
Cambacerès a observé qu'il était nécessaire
vention s'expliquât sur ce qu'elle entend par chefs de bri
gands ; car plusieurs des prisonniers qui sont en ce moment
livrés à la justice , reclament contre la peine de mort prononcée
contre eux , sous prétexte qu'ils ne commandaient pas les
rebelles . Sur la proposition de Génissieux la Convention a
'désigné comme chefs des rebelles , les administrateurs , les
membres des comités des rebelles , les prêtres et les nobles
qui sont dans leurs armées .
Dans plusieurs départemens , les corps administratifs gênent
la circulation des grains , sous prétexte que le recensement
ordonné par la loi du 4 mai n'est pas encore finie . Pour
faire cesser cet inconvénient très-préjudiciable à quelques départemens
qui manquent de subsistances , la Convention a
décrété ce qui suit :
Art. Jer . Les administrateurs du département presseront ,
autant qu'il sera possible , le recensement des grains ordonné
par la loi du 4 mai. to "
,, II . Il ne sera apporté aucun obstacle à la libre circu-
* Tation des gtains nécessaires pour la subsistance des villes et
départemens qui en manquent , sous prétexte que le recensement
n'est pas achevé.374
Marat écrit à la Convention , il renouvelle sa motion de
mettre à prix la tête des Capets fugitifs . Cette lecture est
interrompue , l'Assemblée passe à l'ordre du jour.
Le reste de la séance a été consacré à la réception d'un
grand nombre de sections de Paris qui après avoir annoncé
leur acceptation , donnée à l'acte constitutionnel , ont défilé
dans la salle.
Séance du samedi 6 juillet .
Au nom du comité de sûreté générale , Julien a fait un
rapport sur la sédition qui a eu lieu dans la ville de Beaucaire
, le 1er avril . La Convention en a ordonné l'impression
et l'ajournement. Uue lettre du général Beysser , commandant
de la ville et du château de Nantes , apprend à la Conven .
tion que les rebelles ont attaqué cette ville sur tous les points ,
mais Lu'ils ont été repoussés avec un courage auquel ils ne
s'attendaient pas . Leur armée a été mise dans une déroute
( 98 )
complette , et ils ont été forcés de se retirer précipitamment ,
après avoir éprouvé une perte considérable,
Sur l'observation faite par Mallarmé , que les suppléans des
députés fugitifs ne sont point encore convoqués , la Convention
décrete que le comité des inspecteurs de la salle remettra ,
séance tenante , au comité des décrets , la liste nécessaire
pour la convocation .
Eusuite d'un rapport du comité des finances , la Conventiqu
décrete que les électeurs de Paris recevront une indemnité
prise sur les sous additionnels du département . Cette disposition
est étendue aux électeurs des autres départemens .
On a dénoncé le procureur-général- syndic du département
de la Dordogne , qui regarde la Convention comme soumise
à une poignée de factieux , et la journée du 31 mai comme
la journée du crime. L'Assemblée décrete que le ministre de
Pinterieur rendra compte , séance tenante , de l'exécution du
décret porté en faveur des administrateurs de départemens
qui viendront à résipiscence sur les arrêtés qu'ils ont pris
relativement aux événemens du 31 mai et des premiers jours
du mois de juin.
T
Bientôt après , le ministre de l'intérieur est venu annoncer
à la Convention que le décret signifié aux administrateurs
partisans du fédéralisme , namene aucune rétractation ; mais
il est un fait dont il donne connaissance à la Convention ;
c'est que les administratious rebelles n'ont point cessé de correspondre
avec lui , et que le département du Calvados et la
ville de Tours ont demande des subsistances . Le ministre n'a
point fait passer de grains aux départemens en insurrection ;
mais il a eu soin d'en envoyer aux communes qui se sont sé
parées d'eux pour rester fideles à la Convention nationale.
Barrere , au nom du comité de salut pablic , a donné lecture
d'une lettre du citoyen Chaudron- Rousseau , commissaire
dans le département de la Haute-Garonne. Il en résulte que le
décret d'arrestation , lancé contre plusieurs individus de la
ville de Toulouse . a êté exécuté ; que plusieurs districts de la
Haute - Garonne out rejetté la convocation des assemblées primaires
, et que huit sections de Toulouse ont déclaré ne recon
naitre que la Convention pour centre d'unité .
Pour
avec
prouver que l'insurrection de Toulouse était liée
selle de Bordeaux , Baudot fait lecture d'une lettre de Faguet
et Ruffat , commissaires des autorités constituées de Toulouse ,
datée de Bordeaux , le 26 juin . En voici le précis :
Douze , cents hommes d'élite doivent partir d'ici du 1er.
au 4 juillet , avec du canon et une compagnie de canonniers .
Nous pensons que vous aurez accéléré la formation de votre
force pour se joindre à celle -li et à toutes celles qui partent
ou sont deja en marche pour se rendre à Perpignan , lieu de
rassemblement général des troupes départementales de cette
partie. Les départemens situés dans la ci-devant Bretagne ,
F
( 84)
Normandie et lieux circonvoisins , sont ou vont être rendus å
Eyreux au nombre de 30,000 hommes ; les Marseillais et autres
sant rendus à Lyon , où doivent se joindre aussi les forces
des autres départemens de cette partie . Chaque département
fera suivre des munitions suffisantes pour fouruir aux besoins
de ses troupes . Renvoyé au comité de salut public .
Levasseur instruit l'Assemblée qu'il y a dans l'armée que
commande Biron deux bataillons de la Gironde qui veulent
la quitter pour retourner dans leur département. Il demande
que les bataillons qui quitteront leur poste soient déclarés
traîtres à la patrie , et traités comme tels .
Robespierre assure que dans les armées des Pyrénées et
de la Vendée on excite des dissentions entre les bataillons
Parisiens et Bordelais ; que le cri des premiers est vive la
République , une et indivisible ! et celui des autres , vive la Rëpublique
à bas les anarchistes à bas les factieux ! Plusieurs com-
Bats particuliers dans lesquels plus de vingt défenseurs de la
République ont péri , ont été lé résultat déplorable de ces
differences d'opinions.
Les mesures coalisées proposées par divers membres ont
été renvoyées au comité de salut public .
Un membre s'est plaint de ce que la procédure du traître
Charier , détenu dans les prisons de Rhodes , n'était pas encore
commencée , la Convention a décrété , après quelques
débats , qu'il sera jugé par le tribunal eriminel du département
de l'Aveyron , et que les commissaires Malthe et Châteauneuf-
Randon , qui se trouvent sur les lieux , recevront les
déclarations que Charnier a annoncé qu'il avait à faire .
Barrere a fait un rapport sur l'arrestation de Treilhard et
Mathieu , commissaires de la Gonvention à Bordeaux, Il en
résulte que le département de la Gironde n'a pas reconnu leur
caractere , ai par conséquent l'autorité de la Convention , et
qu'il leur a dit que le seul moyen d'obtenir la paix était de
sevir contre les factieux qui ont asservi la représentation nationale,
Tout ce que les commissaires ont pu découvrir de la situa 、
tion politique de Bordeaux se réduit à peu de choses ; seulement
ils ont remarqué que les assignats frappés au coin de
la République ont une valeur inférieure à ceux qui portent
l'effigie de Louis XVI ; ils ajoutent qu'un particulier étant
allé au spectacle , s'écria : Vive Louis XVII ! Les commissaires
ajoutent qu'il a été arrêté , L'Assemblée a décrété l'impres
sion de ce rapport , l'envoi aux départemens , et a enjoint au
ministre de la justice de s'assurer si l'individu qui par ses
cris a provoqué le rétablissement de la royauté a été puni.
Des nouvelles de Nantes confirment la déroute complette
des révoltés ,
Seance du dimanché 7 juillet,
Une lettre de Westermann , datée de Châtillon-sur-Sévre ,
( 85 )
A
le 3 juillet , annonce de nouveaux succès sur les rebelles
qu'on peut regarder comme décisifs .
Les représentans du peuple auprès de l'armée des Pyré
nées orientales , envoyent de Saint-Jean - Pied- de - Port de nouveaux
détails sur l'évacuation du territoire de la Republi
que par les Espagnols . Ils annoncent que l'armée Française
est forte de 25 mille , hommes , dont dix mille sont sous la
toile .
Les administrateurs d'Indre et Loire assurent la Convention
de leur sentiment civique et de la résolution où ils Sout
de faire exécuter tous ses décrets .
ملا
Plusieurs sections sont venues notifier leur acceptation de la
-constitution , au milieu des acclamations et des cris réitérés de
vive la République . Drouet a demandé la parole pour rendre
compte d'une démarche faite par le comité de surveillance ; des
malveillans , a-t-il dit , ou des imbécilles se plaisent à répandre
le bruit que le fils de Capet est évadé et qu'on le porte
en triomphe à Saint- Cloud . Quoiqu'il connût l'impossibilité
d'une telle évasion votre comité de sûreté générale nous a
- nommés Maure , Chabot , Dumont et moi pour constater la
présence des détenus . Nous nous sommes transportés au
Temple ; et dans le premier appartement nous avons trouvé
le fils de Capet jouant tranquillement aux dames avec son
mentor . Nous sommes montés à l'appartement des femmes et
nous y avons trouvé Marie -Antoinette sa fille et sa soeur
jouissant d'une parfaite santé..
1.
2
197
EX A
On se plaît encore à répandre chez les nations étrangeres
qu'elles sont maltraitées , et de leur aveu fait en présence
des commissaires de la commune , rien ne manque à leur
commodité. Tel a été le récit de Drouet.
Citoyens , a continué Robespierre , quoique l'on ne puisse
douter que le projet d'enlever le fils du tyran ne fût trèsconforme
au voeu de l'aristocratic , s'il était en son pouvoir
de l'exécuter , il paraît certain que le bruit dont on vous a
entretenus , a été répandu par les ennemis hypocrites de
la liberté que vous avez frappés car on assure qu'ils répandent
quec'est la montagne , que c'est le peuple de Paris , que
c'est le conseil- néral de la commune , que c'est vous , fondateurs
de la constitution républicaine. et populaire offerte à
la France , qui voulez relever , en faveur du fils , 1 trône
du tyran que vous avez puni . " ,
?
Après s'être indigné que l'on mélåt des noms aussi méprisables
à la joie que, vient manifester le peuple , au milieu,de
ses représentans , Robespierre fixe l'attention de l'Assemblée
sur la nouvelle intrigue de ces laches éonspirateurs qui ,
depuis plusieurs mois , s'efforçaient d'égorger la liberté avec
Te poignard de la liberté. Ces conspirateurs sont les Buzot ,:
les Barbaroux , etc. etc. etc. toutes leurs factions, Rebespierre
a terminé , en demandant que la Convention insérât
董
F3
( 86 )
1
ces réflexions dans le bulletin . Il a interpellé en même -tems
les écrivains qui rendent ces debats autres que ceux qui sont
soudoyés par Pitt , et par la faction Iberticide qui á levé
l'éteudard de la révolte , de ne pas les passer sous silence.
La Convention décrete que le discours de Robespierre sera
inséré au bulletin .
Le dixieme bataillon du Calvados , en garnison à Dieppe ,
écrit à la Convention qu'il improuve la conduite des administrateurs
de leur département .
Séance du lundi Sjuillet.
La séance s'est ouverte par la lecture de plusieurs lettres
d'adhésion et de félicitation . Les administrateurs du département
de la Dordogne adherent aux décrets de la Convention ,
Ceux du district de Verneuil , dans le département de l'Eurre ,
ont rétracté les signatures qu'ils avaient données aux arrêtés
du département , ils ont cessé de correspondre avec lui .
རྩ་
La Convention a écarté un projet de décret présenté par
le comite des finances , sur la réclamation du paiement de la
rente de deux millions , déposés an trésor national , par lexministre
Neker. Elle a ajourné la question de savoir si Neker
doit être réputé émigré ou non , et suspendu provisoirement
du paiement des intérêts de deux millions , dont il s'agit ,
attendu que le créaucier se trouve comptable envers la Nation ,
à. raison de sa gestion ministérielle .
Saint-Just , au nom du comité de salut publique , a fait
un rapport sur les 32 membres mis en état d'arrestation . Voici
l'esquisse de ce travail dont la Convention a ordonné l'impression
.
Depuis que la Convention s'est assemblée , deux partis
se sont manifestés dans son sein . Soit qu'on ait voulu préparer
une usurpation étrangere ou relever le trône pour l'ancienne ..
dynastie , un dessein a été suivi . Il y eut un monstre parmi
vous ; cet homme défendit autrefois les rois ; il parut défendre.
la République ; il fut trop défiant pour avoir des complices :
cet homme est Brissot. Il y en eut comme lui qui tendirent
au rétablissement de la royauté par la conformité de leur
humeur et de leur ambition : il marcherent plutôt ensemble
qu'ils ne marcherent d'intelligence .
´,, Les détenus , avant le 10 août , avaient marqué beaucoup
d'attachement à la monarchie ; ils favorisereut la déchéanee ,
mais ils faisaient la guerre au parti républicain. Les uns voulaient
placer le fils de Louis Capet sur le trône , et faire déclarer sa
mere régente . D'autres favorisaient l'usurpation de ce duc
d'Yorck qui vons fait aujourd'hui la guerre avec tant de politesse
; et c'est alors qu'ils dénoncérent une faction d'Orléans .
Enfin , quel que fût leur projet , la République leur était en
horreur.
" Pétion signa , le 10- août , l'ordre de tirer sur le peuple, et
( 87 )
Vergniaux , aidé de ses complices , fit suspendre le roi pour caliner
Te peuple : on. temporisa ; on ne condamnait point ouvertement
Ta révolution du 10 août , mais on déplorait avec affectation
tous ses accidens . On flattait le peuple , on persécutait les
citoyens. Buzot et Barbaroux provoquaient avec adresse des
lois répressives contre les mouvemens populaires . On se servait
de Roland pour livrer des combats au parti républicain ,
et Roland excitait en même tems les troubles de Lyon , et
le mécontentement des aristocrates . Il ne cessait de rappeller
les malheurs du 2 septembre , et cependant Pétion et Manuel
, alors magistrats du peuple , pressés de les arrêter , répondaient
qu'ils ne voulaient pomt exposer leur popularité.
Brissot demandait si Morande son ennemi , était assassiné .
On sait que , lors de l'évacuation de la Champagne ,
Kalkreuths fit des propositions de paix à Kellermann . Cè
général les transmit au comité diplomatique , au conseil ;
mais les détenus qui dominaient alors , les ensevelirent dans
le secret ; cependant ce furent ensuite les mêmes hommes ,
qui , pour sauver le tyran , parurent s'effrayer des menaces
de l'Europe .
Le roi n'était plus , les conjurés changerent de plan et
préparerent la guerre civile dans l'intérieur de la Républi
que. On excitait des pillages à Paris , on décourageait nos
soldats , ou désorganisait les armées , on partisait avec les
ennemis , où se liguait evec Dumourier. On répandait dans
les départemens qu'on égorgeait à Paris ; on disait à Paris qu'on
égorgeait dans les départemens. On agitait Bordeaux , Marseille
, Lyon , le Nord et la Corse où Paoli déclamait aussi
contre .l'anarchie .
Au milieu de ce boulversement , la commission des douze
fut formée pour rechercher les conspirateurs , mais elle fut
composée de leurs partisans . Le peuple vint reclamer la liberté
d'Hébert . C'était un jour de deuil ; ce moment était le même
que le premier jour d'août , où le peuple réclamait contre
les persécutions de la cour .
Les conjurés devaient enclouer le canon d'alarme , s'emparer
de ceux de la commune et du temple , proclamer le
fils du feu roi , Louis XVII , et sa mere regente, Ceux qui
étaient chargés de l'exécution de ce complot auraient été
gardes - du - corps , et ceux qui se seraient distingués auraient été
décorés d'un ruban mordoré et blanc , avec une médaille représentant
un aigle renversant l'anarchie .
Aujoud'hui ces mêmes conjures agitent l'Eure et le Calvados
; leurs agens les servent à Lyon , à Marseille , ` à Bordeaux
, etc. " 9
ཏི
Après cet exposé , Saint-Just a présenté le projet de décret
suivant. La Convention nationale déclare traître à la patrie ,
Buzot , Barbaroux , Gorsas , Lanjulnais , et tous ceux qui ont
pris la fuite pour se soustraire au décret d'arrestation , porté
contre eux le 2 juin . 92
F 4
K
lamoqlor al achosomus ( 88 ) tron
Hey a lieu à accusation contre Gensonné , Guadet , Ver
gniaux , Birotean , prévenus de complicité dans ces complots
29 120 60 • of gende
La Convention nationale rappelle dans son sein , Bertrand
et les autres détenus plus trompés que coupables.. 950
La discussion sur ce rapport s'ouvrira trois jours après.
l'impression des pieces,
PARIS , le 11 juillet 1793.
COMMUNE.CONSEIL GÉNÉRAL CONSEIL GÉNÉRAL , du 3 juillet .
Sur le requisitoires du procureur de la commune , le con
Seil a pris l'arrêté suivant :
Le conseil - général , considérant que le voeu de la ville de
Paris pour la constitution doit être porté à la Convention nationale
d'une maniere prompte et solennelle , digue enfin du
-peuple qui a porté ce , vau , précurseur du bonheur , public
Arrête 1. que toutes les sections enverront à la maison
commune les procès- verbaux qui constatent l'emission de leur
voeu sur l'acte constitutionnel , pour y être recensés .
$
20. Que sous deux jours , l'administration des travaux publics
lui présentera le mode qu'il doit suivre pour porter avec
pompe à la Convention nationale le voeu du peuple de Paris
pour l'acceptation de la constitution .
Du 4. Les commissaires de la garde au Temple font part
au conseil général qu'en vertu de l'arrêté du comité de salut
public de la Convention , ils ont transféré le fils d'Antoinette
dans l'appartement désigné. Voici le procès - verbal de cette
translation .
Nous commissaires de service au Temple , sommes entrés
dans l'appartement de la veuve Capet , à laquelle nous avons
notifié arrêté du comité de salut public de la Convention , en
l'invitant de s'y conformer, " f
Après différentes instances , la veuve Capet s'est enfin
déterminée à nous remettre son fils , qui a été conduit dans
l'appartement désigné par l'arrêté du conseil d'aujourd'hui, et mis
dans les mains du citoyen Simon , lequel s'en est chargé ; nous
observons au surplus que la séparation s'est faite avec toute la
sensibilité qu'on devait attendre dans cette circonstance
que les magistrats du peuple ont eu tous les égards compatibles
avec la sévérité de leur fonction .
et
Du 5. Le conseil ajourne au 14 la cérémonie qui devait
avoir lieu demain pour porter à la Convention nationale les
procès -verbaux d'acceptation de la constitution .
( 89 ) 3
5
Des citoyens de Vernon et de Pacy - sur-Eure sollicitent
avec instance des secours contre une poignée de scelerats
qui veulent mettre le trouble dans le departement de l'Eure.
Réal prend la parole . Il se plaint de l'insouciance des Parisiens
, lorsque les brigands sont près Paris ; il fait le tableau
du danger qu'il y a de laisser prendre germe à une division
que le plus pet peut détruire . Il demande que les
membres du conseil se transportent sur-le - champ dans les sec
tions , pour leur représenter le danger de nos freres , et les engager
à faire partir demain s'il est possible , des bataillons
pour voler à leur secours .
La discussion s'ouvre sur cet objet différentes propositions
sont faites . Un membre demande que le conseil- général , pour
donner l'exemple , porte le fusil et le sac sur le dos , et
Pecharpe municipale au cou . Il soutient que c'est le seul moyen
de lever dans un instant une force considérable . Cette
proposition est applaudie , mais non adoptée...
Deux membres du comité de salut public se présentent au
conseil ; ils confirment les nouvelles affligeantes du départe
ment de l'Eure : il demande encore un effort des Parisiens :
Aussi-tôt les membres du conseil se distribuent dans les sec
tions pour ranimer le zele des citoyens.
622
[
Du. 6. Les membres envoyés dans les sections pour les
inviter à presser le départ de la force armée pour les départemens
qui se disposent à marcher sur Paris , rendent Compte
de leur mission et des difficultés qu'éprouve la levée du contingent.
La section du Temple fait part des troubles qui ont eu lieu
ce sujet , et des mesures de rigueur qu'elle a cru devoir
prendre envers des citoyens qui ne s'étaient pas rendus ' à
T'appel
Le conseil , après avoir pris connaissance de l'arrêté des
commissaires du Temple , qui porte que les commissaires de
garde ne pourront monter à la tour sans être accompagnés
du porte- clef pour ouvrir les portes et les refermer , ordonne
le rapport de cet arrêté , et maintient celui précédemment pris
par le conseil dans lequel il est dit les clefs seront
confiées à un des six commissaires . I ordonne en outre que
Simon et sa femme resteront auprès du petit Capet , avec le
même traitement qu'avaient Tison et sa femme auprès de son
pere.
que
Du 7. Plusieurs observations ont été faites sur les difficultés
qui se présentent dans les sections pour former le contogent
qui doit aller dans le département de l'Eure . Le conseil airête
qu'il s'assemblera demain matin extraordinairement pour délibérer
sur les mesures à prendre sur cet objet .
( 90 )
2
1
Du 8, Le consell arrête que toutes les sections qui n'ont
pas encore fourni leur contingent de deux hommes par compagnie
sont tenues , au terme de la loi du 30 mai , de rassem
bler sur-le- champ tous les citoyens de la premiere requisition ,
et de tirer au sort le complément de leur contingent . Le
conseil a ensuite nommé des commissaires pour porter cet
arrêté aux sections . Dans la séance du soir , ces commissaires
ont rendu compte de leur mission . Il résulté de leur rapport
qu'un génie malfaisant domine les sections et s'agite en tous sens,
pour empêcher le recrutement. On apprend qu'à la section de
Arsenal les jeunes gens veulent partir en masse sans tirer
au sort , et cherchent ainsi à éluder la loi ; ce qui prépare des
Tixes dont les suites seraient funestes. Pareilles nouvelles
arrivent de la section de la Cité. Le conseil nomme des com
missaires qui l'autorisent à prendre toutes les mesures nécessaires
pour faire exécuter la loi sur le recrutement , et à se
faire assister d'une force armée en cas de résistance .
Chabot , au nom du comité de sûreté générale , a demandé
ensuite la parole pour dénoncer un fait qui est une suite de
la conspiration de Brissot et de ses adhérens . Je tiens en
main , a dit Chabot , un écrit d'un de vos membres qui avait
cherché à soulever le département de l'Aisne . Cet écrit est
intitulé : Aux citoyens Français , sur la nouvelle constitution par
Condorcet. Vous serez étonnés de l'audace avec laquelle on
décrie cet ouvrage sublime . " Après avoir lu quelques
paragraphes de l'écrit de Condorcet . Chabot a demandé que
'ce député fût mis en état d'arrestation , traduit à la barre pour
être entendu , et que les scellés fussent apposés sur ses papiers.
Un membre a ajouté qu'il tenait en main un paquet
signé par Deverité , rémis par lui au bureau du coutre - seing ,
et contenant l'écrit qui venait d'être dénoncé . Il a demandé
que ce député fût mis lui-même en état d'arrestation ,
--
On applaudissait , et on demandait à aller aux voix , lorsque
Guyances a prétendu qu'il fallait d'abord s'assurer si l'écrit
dénoncé est intitulé , Projet de Constitution , ou si c'est simplement
un écrit sur la constitution , et s'il est signé de Condorcet
car , disait- il , si ce ne sont que des réflexions sur le
projet de constitution , c'est bien différent d'une fabrication
de ce projet que vous avez vous -même soumis à la discussion
et à l'acceptation libre de tous les citoyens.
Chabot a répondu que l'écrit dénoncé n'était pas un plan
de constitution , mais une diatribe contre la constitution et
contre la Convention ; qu'il n'avait pas la preuve juridique que
cette , diatribe fût de Condorcet , mais qu'on y trouvait absolument
ses mêmes phrases que dans une lettre originale de ce
député , adressée aux adininistrateurs de l'Aisne pour mettre
le feu dans ce départements
On a fermé a discussion , et l'Assemblée a décrété que
Cordorcet et Devérité seront mis en état d'arrestation , que les
( 91 )
scellés seront appasés sur leurs papiers , et que le premier
sera traduit à la barre pour avouer on désavouer l'écrit qui
lui est imputé.
La levée des 1800 hommes demandée par le département
de l'Eure , est à peu près achevée . Dans la plupart des sec
tions on a eu recours à la voie du sort . On convient presque
généralement , que c'est moins ici une expédition militaire
qu'une démarche amicale auprès de quelques freres qu'on
croit égarés , et qu'on veut ramener , non par la force des
armes , mais par celle de la raison , et par la manifestation
solemnelle des vrais sentimens qui animent les habitans de
Paris . C'est Mantes qui paraît choisi pour être le quartier ge
néral de cette petite armée . Le comité de salut public y a renvoye
un inspecteur pour y préparer les magasins . Toute la gendarmerie
qui était à Paris et dans les environs s'est déja rendue
.de ce côté ,
On prépare au Luxembourg les appartemens que doivent
occuper les députés détenus , en vertu du décret du 2 juin
dernier ; les croisées de ces appartemens sont à moitié murees
elles sont de plus séparées à l'extérieur du bâtiment par des cloisons
, qui sont appuyées sur les corniches . Ces précautions
ont été prises pour qu'il ne puisse s'établir aucune communication
d'un apparteinent à l'autre . }
Des lettres de Marseille annoncent que l'on s'occupe de
l'instruction du procès du fameux Jourdan , si connu dans
l'histoire de la guerre civile d'Avignon . On rédige l'acte d'ac
cusation pour le soumettre ensuite au tribunal extraordinaire
de Marseille .
Le 30 du mois dernier , deux chefs de rebelles ont eu la
tête tranchée à Tours. Le premier était le ci-devant marquis
de Sanglier ; le second était un prêtre réfractaire qui parcón
rait les campagnes , et exhortait les paysans à la révolte. Ils
ont subi l'un et l'autre leur supplice avec ce courage et cette
fermeté qu'inspire le fanatisine qui les égarait.
Le citoyen Soulaire est parti pour Geneve et le Velay ca
qualité de chargé des affaires de la République .
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NORD Ordre du générul en chef.
Sur la demande expresse du général d'armée , les représentans
du peuple ont consenti à faire lire à tous les soldats
( ge )
republicains les calomnies aussi atroces qu'absurdes insérées
dans différens journaux , notamment dans celui rédigé par
Laveaux , sous la dénomination du journal de la Montagne.
Le général en chef , sûr du bon esprit qui anime l'armée du
Nord et des Ardennes , dont le commandement lui est confié ,
a sollicité les représentans du peuple de lui faire les détails
des manoeuvres ténébreuses de ces hommes qui veulent perdre
la chose publique en désorganisant tout , certain que des Ré
publicains s'empresseraient de désigner l'homme assez ennemi
des lois de son pays , pour imiter un semblable exemple parmi
eux .
ARMÉE DES PYRÉNÉES ORIENTALES.
Perpignan , le 26 juin . Bellegarde est au pouvoir des Espagnols
. Voici quel était l'état de cette forteresse , lorsqu'elle
s'est rendue. Sur 42 pieces de canon , 30 ne pouvaient supporter
le service . Point d'affûts , ni d'écouvillons , ni refou-
Toirs , ni leviers de rechange . Les crapauds de sept mortiers
'étaient vermoulus. Les premiers coups les ont réduit en pou-
'dre ; nos bombes rongées , percées même par la rouille , faisaient
plus de mal aux assiégés qu'aux assiégeans . Il fallait
des pots à feu , des rechauds , des matieres pour monter les
mines ; tout cela manquait, Il fallait du bois de charrenage ,
du fer , du charben , etc. tout cela manquait. Il fallait des
pompes à incendie , des chevres et autres machines de guerre ;
presque rien de tout cela n'était à la disposition des soldats
de la République . La seule pompe qui avait été annoncée
lors du ravitaillement , ne fut pas envoyée . Ajoutez à cela le
défaut de vivres , point de médicamens , aucun outil nécessaire
à la cure des blessés ; la rage de la douleur , sans espoir
de secours , ne laissait que la mort pour tout refuge.
Les Espagnols admirerent eux-mêmes le courage de nos freres
d'armes ; à peine maîtres de la place , ils leur firent passer
des viandes fraîches , des médicamens, et autres objets dont
ils avaient le plus grand besoin. Les Français qui rendent
sans efforts justice à leurs ennemis , ne la rendront- ils donc
jamais à ceux qui ont laissé cette clef de la France dans un état
aussi déplorable sous tous les rapports .
ARMÉE DE LA VENDÉE.
Nantes , 30 juin . Cette ville était depuis long-tems entourée
par les brigands . Une premiere attaque fit connaître aux
Nantais quels ennemis ils avoient à combattre , et aux eunemis
quelle est la valeur des républicains . Voici les détails de cette
affaire La prise de Niort avait déterminé à Tever le camp de
Saint-George , qui n'offrait plus à la ville qu'une faible défense.
( 93 )
La 29 à deux heures et demie , de fréquentes décharges
d'artillerie annoncerent l'arrivée des brigands. La veille , 50 à
60 cavaliers ennemis étaient venus insulter les avant - postes de
Nantes; quelques-uns même avaient osé sommer le fauxbourg
de la Solimiere de se soumettre à l'armée catholique , et de
mettre bas les armes . Vu l'inutilité de ce poste pour la défense
de la place , le commandant Beysser l'abandonna et fit
rentrer la tre ape qui le gardait dans la ville , après avoir invité
les habitans patriotes à le suivre avec leurs familles et
leurs effets . Ce fut par- là que commença l'attaque. Les brigands
de la lande de Vaugeon se porterent en foule à la Solimiere
avec trois pieces de canon et leurs pierriers ; Beysser, avait
déja fait tous ses préparatifs . Une piece de 18 , placée en batterie
dans la prairie d'Aurillac , enfilait le village de Solimière ; on
avait abattu les arbres qui pouvaient cacher ou protéger les
ennemis ; enfin les postes nombreux défendaient les lieux les
plus exposés . L'artillerie des ennemis ne nous causaient aucun
dommage ; le succès de la nôtre fut si complet que trois
fois le drapeau blanc fut renversé . Un grand nombre de brigrands
mordirent la poussiere .
Les camps de Claon et de la Croix furent défendus avec
vigueur par le général Boisguyon, Les ennemis se porterent
avec tant de fureur sur ces deux points , que cette attaque
devint la principale. Instruits d'une nouvelle colonne qui se
portait sur la route de Rennes , Beysser y accourut et pourvut
à tout. Ses troupes marcherent avec fermeté , malgré le
feu des ennemis ; notre artillerie démonta la plupart de leurs
pieces. Enfin , après une canonnade de 18 heures , les rebelles
se disperserent. La nuit se passa sans aucun mouvement. Au
point du jour la canonnade recommenga , et les rebelles furent
encore un fois repoussés avec perte.
Les brigands ont perdu plusieurs de leurs chefs. Les routes
de Vannes et de Rennes sont déja parfaitement libres ; bientêt
la rive droite de la Loire sera balayée jusqu'aux confins
du département de la Loire inférieure . La rive gauche ne
sera pas aussi facile à dégager , mais , écrivait le général
Canclaux , à l'aide de Beysser , avec des troupes dont la valeur
et de patriotisme se manifestent de telle sorte , et surtout
si le général Biron soutient et appuye ma
droite , j'es
perre parvenir à exterminer dans ces malheureux cantons la
révolte et les révoltés .
Extrait d'une lettre du général Westermann , datée du quartier
général de Clisson , château de l'Escur , le a juillet.
Le coeur encore navré des horreurs commises à Parthenay
par les brigands , j'ai marché droit sur Amaillon , cheflieu
du rassemblement les rebelles ont fui devant moi . Je
1.34 )
:
n'ai de prisonniers que quelques membres de leur comité ,
et tué 78 prêtres leur general Beaurepaire est de même
ue , à ce qu'on m'assure , car je ne le connais point. J'ai cru
devoir venger les bons patriotes de Parthenay , auxquels on
n'a laissé que les yeux pour pleurer ; j'ai livré Amaillon au
pillage ; tout ce qui a été pris , je l'ai fait charger sur des
voitures , et l'ai envoyé aux malheureux habitans de Parthes
nay , en récompensé de ce qu'ils ont perdu , et en quittant
le village , j'y ai mis le feu , étant désigné comme le pre
mier ou se sont cominis tous les désordres. Je vous envoie
trois membres du comité de l'armée catholique prétendue , et
quelques autres prisonniers .
C Je suis parti d'Amailion , hier à 2 heures après midi , et
je me suis porté au château de l'Escur. J'ai manqué l'Escur
de 4 heures , il a quitté son château à 5 heures du soir , et
J'y suis arrivé à 9 heures et je n'y ai trouvé que quelques
malheureux domestiques , et un déserteur Français . Ma troupe
ya rouvé de quoi se nourrir ainsi que mes chevaux . Je verrai
s'il est possible de procurer des voitures pour conduire le
mobilier à Parthenay , au profit de ses malheureux habitans ,
Si je ne puis n'en procurer , les meubles comme le château
deviendront la proie des flanimes ; car je veux donner le
souvenir à la postérité de l'asyle 'd'un monstre tel que l'en.
fer a vomi , qui est la principale cause des maux qui affligent
ces contrées Après cette expédition , je me porterai
argit sur Bressuire , où l'on dit que l'ennemi m'attend au
nombre de 15,000 . Fattaquerai ce bourg de vive force , et
j'espere battre complettement les rebelles ; après quoi je me
porterai sur Châtillon , où est le quartier-général de l'armée
catholique. Je forcerai encore cetic place. La cause que je
défends me dit chaque jour qu'elle sera victorieuse .
1 Enfin , j'ai résolu de poursuivre ces brigands par - tout
aù ils fuiront devant moi. Dans tous les villages où je passe ,
je fais arracher le drapeau blanc qui est au haut des clochers
partout je prêche aux habitaus l'obéissance à la loi ;
je leur dis que je viens pour les protéger contre les rebelles
et non point les combattre, Jexige de chaque commune qu'elle
ne fournisse des contingens , et je leur déclare hautement que
je brûlerai les villages qui fourniront des hommes à l'armée
des rebelles. De cette maniere je parviens à grossir ma petite
arinée de piques et de bâton , " 9
Westermann a tenu parole , Ce général merche en colonne
sur Chatillon dans l'intention d'attaquer les rebelles dans cette
ville , dont ils avaient fait leur repaire , qu'ils appelaient leur
quartier- général. A deux lieues de cette ville , Westermann
a rencontré les brigands , portes sur une hauteur et defendus
par 10 pieces de canon . Le corps français n'a bien reconnu les
ennemis que lorsqu'il s'est trouvé à la portée du canon braqué
1.95
3
&
sur eux. Le général voyant leur position avantageuse
hésité un moment àà en venir aux mains mais bientôt
fiant à l'ardeur de sa troupe , il a attaqué avec impétuosité !
alors les brigands ont déployé une au re colonne , et telle
ment étendu leur front qu'ils out environné la petite armée
Française . Westermann se voyant investi et serré , commande
une charge vive de sa cavalerie sur un point
Sint du front ennomi
il fait une large trouée , et par une seconde manoeuvre , vient
attaquer les brigands par derriere . Les rebelles ne peuvent
résister à tant d'impétuosités , la frayeur s'empare d'eux , leur
déroute est complette . Plus de deux mille de ces fanatiques
mordent la poussiere , an de leurs généraux a le même sort ,
et la meilleure partie de leur artillerie reste au pouvoir des
Français.
09721 $ 0
Après cette défaite , le général s'est porté sur Châtillon
mais à une petite distance de cette ville , et encore sur unre
hauteur , il a trouvé une seconde armée de rebelles , qu'il a
dissipée comme la premiere , Enfin , après avoir vaincu tant
d'obstacles , il est entré dans Châtillon , à 7 heures du soir .
et il a eu le bonheur de délivrer environ 600 prisonniers de
troupes de ligne , et toutes les épouses des administrateurs et
juges de la malheureuse ville de Parthenay que les brigands
avaient amenés en ôtage .
En rendant compte de cette glorieuse journée , Westermann
termine sa relation par ces mots II m'est impossible de
pousser jusqu'à Châtel , faute de munitions , tant pour Partillerie
que pour l'infanterie . Je me contenterai de bruier
les châteaux de l'Escur et de Laroche -Jaquelin ; deux
• chefs de bande. Je ferai ensuite retraite sur Bressuire en
», attendant qu'il m'arrive du secours ; car on m'assure que
" toute l'armée de Nantes doit marcher sur moi.
་
•
man-
Les commissaires écrivaient de Niort , le 5 juillet , à la
Convention , qu'elle ne devait point concevoir d'alarmes sur
l'article de la lettre de Westermann , cù il se plaint de
quer de munitions , et où il demande des renforts . Comme
bes communications sont difficiles dans un pays coupe de
hayés et de bois , le général Westermann ne savait pas que
les munitions et les renforts graient prêts à lui arriver .
? :
Notice des séances subsequentes de la Convention du mardi et du
mercredi
Mardi 9. Le général Sandos , inculpé grièvement dans l'affaire
de Luçon , a été mis en état d'arrestation par les commisaites .
La Convention décrete qu'il sera traduit pardevant le tribunal
révolutionnaire . Y
Un membre annonce , d'après une lettre qu'il a recu de
( 96 )
T
Cambrai que le 7 , dans une sortie , la garnison de Valenciennes
a détruit tous les ouvrages de l'ennemi , qui n'a pas
une seule position dans laquelle il puisse faire le siege de la
place.
*
1
Saint-André dénonce des arrêtés liberticides d'un comité
soi-disant de salut public de Montpellier. Un membre du côté
droit applaudit à un article de cet arrêté , Grand tumulte .
Couhay ( c'est le nom de ce membre ) est envoyé à l'abbaye
pour trois jours . La Convention décrete que le maire de
Montpellier , le président et le secrétaire du comité de salut
public de cette ville seront mis en état d'arrestation et traduits
à la barre.
།
Le ministre de l'intérieur vient rendre compte de l'envoi et
de la réception de l'acte constitutionnel dans les départemens .
Déja il a été reçu avec enthousiasme
parties de la Republique .
*
1
ཀཱ ལུ ༩ ན་ བ
,
dans presque toutes les
ག
Ce ministre annonce que dans un échange de prisonniers
entre nous et les Prussiens on a répondu à notre état por
tant : La République française au roi de Prusse ; par un état dn
roi de Prusse portant : Le roi de Prusse à la République française .
Vifs applaudissemens .
Une lettre de Kellermann annonce un avantage de postc
obtenu par nos troupes sur les Piemontais et les Autrichiens .
23 4
་་་ ་ ་
Mercredi 10. Westermann qui s'était rendu maître de Châtillon
vient
de se laisser envelopper par les rebelles . L'ennemi
fait feu de toutes parts sur son armee composée de trois
mille homines , lui a pris onze canons , et l'a mise presque
entierement en déroute . Westermann s'est échappé avec sa
legiondu Nord, et s'est replié ensuite sur Parthenay. Les comhmissaires
qui rendent compte de cette affaire à la Conventionfont
ensuite plusieurs réflerious sur la conduite de Westermann et
sur sa prédilection pour la légion qu'il commande !
02
197
Saint-André demande que Westermann soit rappelé . Rhul
fait qu'il soit traduit au tribunal - révolutionnaire . Chabot demande
qu'il soit simplement arrêté , et traduit à la barre . Cette
derniere proposition est décrétée .
༈ ,
Les mêmes commissaires annoncent que le général Chalbos
qui devait marcher sur Mantes , a fait feplier son armée sur
Saint - Maixent , sur Parthenay par la désertion de deux bataillons
de Bordeaux qui ont rejoint leurs foyers avec leurs armes .
Une foule de propositions ont été faites sur les moyens de
punir les déserteurs elles ont été renvoyées à l'examen du comité
de la guerre.
Plusieurs inculpations sent dirigées contre le comité de salut.
public , l'Assemblée décrete qu'il sera renouvelle ."
Jer . 135.
( No. 103. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 20 JUILLET , l'an deuxième de la République.
POÉSIE.
Quatrain à Mde. *** qui s'était amusée à écrire ,
L'auteur , un billet doux à une de ses amies.
COMME
au nom de
OMME vous l'inspirez , vous peiguez la tendresse ;
Ce billet supposé n'est pas moins vrai pourtant .
Vous avez deviné mon secret sentiment ,
Cloris ; mais il fallait y mettre votre adresse .
Par le citoyen BENOIT LAMOTTE.
CHARADE.
On fait de mon premier mon tout et mon second ;
L'un pour le pannetier , l'autre pour l'échanson.
D'UN
ENIGM E.
'UN des mysteres de la foi ,
Lecteur , j'offre l'heureux emblême.
L'égalité réside en moi ;
De tout côté je suis le même.
Aidé de la combinaison ,
Aisément tu dois me connaître ,
Si tu peux découvrir le nom ,
Qui trois fois se trouve en mon être .
POUR
LOGO GRIPHE.
OUR mc former il faut du feu :
Avec cinq pieds je suis fragile ;"
Avec quatré je suis un jeu ;
Avec trois une plante utile ;
Avec deux un pronom ; avec un seul je suis
Le nombre de mes pieds multiplié par dix .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 102 .
Le mot de la Charade' est Poisson ; celui de l'Enigme est Epingle
eelui du Logogriphe est Coude , dans lequel on trouve code et ode.
•
Tome IV G
( 98 )
NOUVELLES
LITTÉRAIRE
S.
NECROLOGIE.
Notice historique sur Laplace et sur ses écrits.
L était né en 1707 , et mourut au commencement de 1793.
Il s'appellait le doyen des gens de lettres , et dans les dernieres
années de sa vie il ne signait pas autrement ; sur quoi l'on a
dit qu'il se faisait le doyen d'un corps dont il n'était pas .
se donnait pour philosophe et républicain , et pouvait dire en
ce cas :
J'avais quatre-vingt ans quand cela m'arriva.
Il
Car sa vie et ses écrits avaient été un cours complet d'adulation
et de charlatanisme . Il peut être utile de faire voir comment
cet homme sans talens , sans esprit , sans connaissances , '
saus savoir même écrire en français , parvint cependant à une
sorte de fortune dans les lettres ; j'entends fortune d'argent ,
c'est la seule qu'il put faire . Un petit précis à ce sujet peut fournir un article à des mémoires sur l'état des dans
Lettres l'ancien gouvernement , et un apperçu critique sur ses volumineux
ouvrages prouvera ce que je viens de dire de ce prétendu
Nestor de la littérature.
pour
å
A l'âge de 7 ans , on l'envoya de Calais , où il était né ,
St.-Omer , pour y étudier dans un collège de Jésuites Anglais , espece de seminaire qui était en possession de fournir des
predicans et des missionnaires au parti catholique et jacobite d'Angleterre. On ne parlait gueres qu'anglais dans cette maison. Le jeune homme apprit donc cette langue de la maniere la
plus sûre la bien savoir , c'est- à - dire en la parlant tous
les jours ; mais en même tenis il désapprit si bien la sienne , qu'au sortir de ce collège , à l'âge de 17 ans , il fut ( de son
aveu ) obligé de se remettre à l'étude de sa langue naturelle
qu'il avait oubliée . Il faut croire qu'il ne fit pas de grands pro- grès dans cette étude ; car il a écrit toute sa vie le français comme le parlent ceux qui en ignorent les premiers principes
. Au reste , cette ignorance ne lui fit aucun tort : qu'im- porte de savoir sa langue , lorsqu'on n'a pas de talent pour. ecrite ? mais la connaissance de l'anglais fut la cause de sa
petite fortune.
ཏི་
11 ˜était alors fort rare , même parmi les gens de lettres ,
d'étudier cette langue . Voltaire fut le premier qui la mit à
la mode : les lettres sur les Anglais , qui parurent en 1732 , n'avaient
pas besoin du bruit qu'elles firent par les ridicules persécution
qu'elles attirerent à l'auteur ; il suffisait pour les
( 99 )
7
поце
faire lire avidement , de la foule de détails eurieux et nous
veaux sur les plus célebres écrivains Anglais , sur Shakespeare ,
Milton , Pope , Addisson , Locke , Congreve , Wicherley , et
de la tournure originale et piquante de quelques morceaux de
traduction de ces divers auteurs , alors fort peu connus en
France , et que bientôt , graces à lui , tout le monde voulut
connaître. C'est cette curiosité nouvelle qui contribua le plus
à faire accueillir la faible traduction de l'Essai sur l'homme
par
l'abbé Duresnel , et celle du Paradis perdu par Dupré de St.-
Maur , et leur procura'd'abord un succès fort au - dessus de leur
mérite , au point que cette version du poëme de Milton , en
prose fort médiocre , parut un titre suffisant pour faire entrer
l'auteur à l'academie française .
Laplace profita de res circonstances pour risquer en 1746
de faire jouer une Venise sauvée , assez fidelement traduite
d'Otwai. Le fond du sujet était heureux et tragique , et avait
fourni à Lafosse son Manlius , Tune des meilleures pieces du
second rang , et à laquelle il ne manque , pour être du premier
, que le style de Racine et de Voltaire . Mais il y avait
long- tems qu'on n'avait joué ce Manlius on annonça Venise
sauvée comme un ouvrage absolument anglais , et en effet l'auteur
n'avait retranché que des épisodes et les disparates grosșieres
, qu'alors le moindre écolier était en état de rejetter ,
et que le goût du public , qui n'était pas encore corrompu ,
n'aurait pn supporter. Cette espece de nouveauté , recomman
dée à l'indulgence par un compliment que récita un acteur aimé
( Roselli ) presentée comme le coup d'essai d'un jeune homme ,
cette énergie brute de la tragédie anglaise , faite pour piquer
la curiosite à une époque où tout ce qui était anglais commençait
à être de mode , tous ces motifs réunis firent aadopter
avec complaisance sur le théâtre de Paris cet avorton du
théâtre de Londres , et Venise sauvée , malgrél'incorrection et
la faiblesse du style , malgré des fautes de toute espece , eut
une réussite passagere et bien passagere ; car ce ne fut que
40 ans après que l'auteur , persuadé qu'il avait fait un bon
ouvrage ( comme il le dit lui-même ) , obtint malheureusement ,
à force de sollicitation , qu'on remit au théâtre cette tragédie
entierement oubliée : elle fut siffléc , et Laplace prêtendit que
c'était la cabale de Voltaire qui l'avait fait tomber.
•
Ou n'avait pas attendu jusques - là pour ouvrir les yeux !
peu de tems après la représentation de Venise sauvée , Lekain
dans ses débuts fit reprendre Manlius qui eut tout le succès
qu'il méritait , et qu'il a toujours eu depuis . Chacun fut à
portée de comparer , et l'on sentit que Fenise sauvée ne valait
pas une scène de Manlius .
Laplace , qui n'était pas de cet avis , continua de faire des
tragédies et des comédies dont il serait bien inutile de rappeller
les titres ; la plupart ne purent même être jouées , à
plus forte raison être lues. Cependant l'autorité du maréchal
G &
1.
( 100 )
de Richelieu en fit jouer une intitulée Adèle de Ponthien , que
les comédiens s'obstinaient à refuser. Laplace , pour piquer
d'honneur le vieux gentilhomme de la chambre lui adressa un
quatrain dans lequel il rapprochait aussi heureusement que
modestement les deux plus beaux titres de gloire ( selon lui )
qui recommanderaient à la postérité la mémoire du maréchal ;
Tu pris Minorque , et fis jouer Adéle .
Causa patrocinio non bona pejor erit. Laplace pour cette fois
n'avait plus de poëte anglais derriere lui pour le soutenir
Adéle était de son crû ; elle fut mal reçue , et abandonnée au
bout de quelques jours. Il essaya quinze ou vingt ans après
s'il serait plus heureux dans le comique : il donna une piece
en trois actes , qui n'alla pas jusqu'à la fin . Telle est l'histoire
du talent dramatique de Laplace .
Dans cet intervalle il publia son Théâtre anglais : c'est un
recueil informe de pieces tant tragiques que comiques , traduites
en tout ou en partie , ou analysées par extraits , en fort
mauvaise prose mêlée de tems en tems de plus mauvais vers
Cependant comme c'était le premier ouvrage qui fit connaître
bien ou mal un théâtre, fort different du nôtre , cette compilation
se débita ; mais depuis qu'on s'est familiarisé davantage
en France avec la langue et la littérature anglaise , ce recueil
aussi mal fait que mal écrit a été apprécié et relégué parini
les livres qu'on ne lit plus .
Il fut plus heureux dans sa traduction de Tom Jones , le
seuall ouvrage de lui qui soit resté , ce n'est pas qui n'ait défiguré
et même étrangle inhumainement ce chef-d'oeuvre de
Fielding ; mais ce roman , le meilleur des rousans , offre tant
d'intérêt et de variété , que ceux qui ne savent pas l'anglais le
liront toujours même dans la plate version que nous en avons ,
ju qu'à ce qu'une meilleure plume vienne quelque jour venger
Fielding..
Laplace qui , au défaut d'autres talens , étais accort , souple,
actif , et qui de plus était homme de plaisir et de bonne chère ,
s'était lie , particulièrement à ce dernier titre , avec des auteurs
qui , sans être du premier ordre , avaient plus ou moins
de mérite et de réputation , tels que Piron , Duclos , Collé ,
Crébillon fils et autres , qui aimaient comme lui la table et le
abaret. Ces liaisons lui donnerent accès chez le frere de la
célebre favorite Pompadouri, le marquis de Marigni , le marquis
de Vaud, eres , le marquis de Menard ; car il porta tour-
-tour le nom de ces trois marquisats on sait que le sien
etait Poisson. Laplace eut occasion de rendre un petit service
à ce Poisson et à sa secur ; c'est lui même qui raconte
ce fait ( 1 ) , et quoiqu'il fût de son naturel grand hableur , il a
(1) Sous des noms anagrammatiques , dans ses picces intéressantes
et peu connues.
( 101 )
1
1
dit la vérité. Le ministere Français avait fait acheter en Hol
lande l'édition entiere d'une Vie de madame de Pompadour ,
écrite en anglais . On voulait en avoir la traduction et d'une
main sûre. Le marquis crut devoir s'adresser à Laplace , qu'il
connaissait pour un écrivain courtisan , grand faiseur de petits
vers pour tout ce qui avait du pouvoir ou du crédit. Laplace
traduisit le livre en 15 jours , et peu de tems après , il cut
pour recompense , vers 1762 , le privilége du Mercure . I
prétend , il est vrai , que le marquis se fit un mérite , auprès
de sa soeur , de cette traduction , dont il ne fit pas connaître
l'auteur ; mais ce reproche est destitué de toute vraisemblance ,
et Laplace mêle à un récit qui d'ailleurs est vrai , un peu de
ses hableries accoutumées . Que pouvait-il revenir au marquis
de cette reticence ? Sa soeur savait trop combien il était ignorant
pour croire qu'il eût traduit un livre anglais ; et qu'importait
alors que ce fat Laplace ou un autre qui en fût le
traducteur et quel besoin encore le frere de la favorite ,
comblé de toutes sortes de graces , pouvait il avoiirr auprès
d'elle d'un mérite de cette nature ? Cependant Laplace crie à
l'ingratitude des grands ; il semble croire que cette version
devait lui valoir une grande fortune on va voir te privilege
du Mercure en était une et trop grande pour lui car
il ne put pas la garder.
M
que ì
a
une
Ce privilege était une concession du gouvernement ,
espece de ferme donnée sous la condition de payer telle ou
telle somme en pensions , pour des gens de lettres que l'on
voulait récompenser ; et la ferme valait plus ou moins , selon
les mains qui l'exploitaient . Celles de Laplace ne furent pas
heureuses les abonnés déserteren : cu foule et au bout de
trois ans , il fallut lui retirer le privilege , parce que les pensions
n'étaient plus payées ; les pensionnaires perdirent même
six mois de leur revenu qui ne furent jamais remplacés.
Veul- on savoir comment la cour traita cet homme qui elle
était obligée d'âter un fonds qu'il n'était pas en état de faire
valoir ? Il eut 5000 francs de pension de retraite c'est- à - dire
un traitement tel que n'en avait aucun des geus de lettres les
plus distingués qu'il venait de dépouiller , puisque la plus
forte pension n'etait que de 2000 francs . Lui seul pour ses
bons et loyaux services en eut 5000 , dont il a joui jusqu'à
l'année derniere , et toujours en se plaignant de ce que ses
travaux et ses titres litteraires n'étaient pass
appréciés. Il a
rempli son recueil intitulé Pieces intéressantes , etc. d'historiett
rǝlatives à lui- même , et il rappelle souvent avec autant de
complaisance que d'emphase , le tems qù il était breveté dn
Mercure de France ; mais parmi tant d'anecdotes qu'il débite
à sa maniere , il s'est bien gardé , comme de raison , d'insérer
celle-là , non plus que le mot qui courut alors , que le Mercure
était tombé sur la place.
1
13
Ce n'était pas faute de flagorneries habituelles pour JtAoNuVtEes
G 3
( 102 )
-}
$
fes puissantes du jour , entr'autres pour ce vil Saint-Florentin ,
que Louis XV appellait le doyen des ministres de l'Europe , et
qui n'était parvenu à l'être , que parce qu'en était le plus
méprisable . Trois ou quatre mercures furen remplis des détails
d'une fête qu'on lui avait donnée dans ses terres , où il
avait été faire un voyage , et Laplace en parlait du même ton
dont on aurait parlé des hommages rendus à Titus ou à
Marc-Aurele. Il commençait un autre Mercure par une piece
à la louange de Louis XV , dont tout le monde remarqua le
premier vers à cause de l'équivoqué plaisante qu'il offrait :
Quelle race , grand Dieu que celle des Bourbons !
Si Laplace eût été un
quelque malice dans ce
et l'on fut bien sûr qu'il
juger dé
philosophe , on aurait pû soupçonner
; mais l'homme était trop connu ,
t été plat de bonne foi . On peut
ontact par une correction fort singuliere qu'il fit
2
à une autre piece de vers qu'on lui avait envoyée pour son
Mercure il s'agissait des profits d'une gouvernante chez un
garçon :
Le service du lit lui rapporte encor plus.
Laplace pour rendre le vers plus décent , l'imprima ainsi :
Le service duo . lui rapporte encor plus ,
a
Le Mercure était alors renommé dans ce que nous appellions
le genre bère : pour qu'il n'y manquât rien , on avait
associé à Laplace un certain Lagarde , qu'on appellait Lagarde-
Bicêtre , à cause de sa bonne réputation : c'était encore un protégé
de la marquise de Pompadour , qui l'avait fait breveter ( car tout
se faisait alors par brevet ) pour la partie des spectacles . II
s'en acquittait d'une maniere si originale , que plus d'un cu-
Tieux s'amusait à faire un recueil des phrases de Lagarde. En
voici que leur singularité à fuit retenir M. d'Auberval , si
55 justement celebre pour avoir perfectionné le genre infernal....
Cette piece est dramatique pour le théâtre et pittoresque pour
le tableau . Et en parlant de Mie . Maure , la fameuse
cantatrice , il disait : Mechanisme incompréhensible par
lequel cette in
inimitable actrice trouve dans le matériel même
de sou organe l'intelligence motrice de son jeu . La garde
bicêtre avait deux mille francs d'appointement pour faire , à la
journée , de ces le ces phrases là : ce n'était pas trop paye.
Nous ne dirons rien des romans de Laplace , à peu près aussi
oublies que les drames , si ce n'est de ceux pour qui tous les romans
sont bons , et il y a de ces gens-là ; mais il faut bien faire
mention de l'idée assez bisarre qui lai vint un jour de faire
en quatre gros volumes un recueil de toutes les Epitaphes de
Ta langue française ; ce n'etait peut- être qu'un pretexte pour
en imprimer quelques centaines de sa façon ; mais ce qu'il y
avant d'extraordinaire , c'est que beaucoup de ces epitaphes
་ ་
66
9
( 103 )
"
pour
étaient faites des personnes vivantes et sur-tout
pour
celles
qui étaient de ses amis ; c'etait un petit cadeau qu'il leur fai- sait de leur vivant pour servir après leur mort ce que de raison , et un genre tout neuf de madrigal qu'il avait inventé pour varier la forme des louanges et des complimens. Il semblait dire comme Boniface Chrétien :
Mourez quand vous voudrez et comptez là - dessus .
Peut-être aussi voulait-il d'une maniere ou d'une autre faire
l'épitaphe du genre humain .
On imagine bien que son recueil mortuaire eut peu de
lecteurs ; mais il en trouva pour les pieces intéressantes et peu
connues , compilation d'une autre espece , dans laquelle il vint
à bout de duper fort adroitement le public voici comme
il s'y prit. Duclos lui avait laissé un manuserit intitulé mémorial
: c'était un composé d'anecdotes et de traits curieux , que
Duclos avait ramassés pour son usage , et que ses études et
ses liaisons l'avaient mis à portée de bien choisir et de bien
rédiger. Laplace qui faisait argent de tout , imprime ce mémorial
qui fut enlevé en peu de jours , et voyant que le public
était alléché par ce premier volume , que l'enseigne était
achalandée , il en donne bien vite un second , où il У 'avait
encore quelques morceaux de Duclos , qu'il tenait exprès
en reserve . Ce second volume se débite aussi , quoiqu'il y eût
deja bien à décheoir du premier ; et Laplace , calculant fort
bien que ceux qui avaient ces deux volumes voudraient avoir
les suivans , en fait paraître successivement six autres , copiés
sur les Ana , sur les dictionnaires d'anecdotes , sur toutes
les collections du même genre , et farci de toutes les
vieilleries les plus usées qu'il soit possible d'imaginer. Ce
n'est pourtant que demi - mal encore quand il copie ; mais
il profite de l'occasion pour vuider son porte - feuille poétique
et son sac d'historiettes ; il donne impunément ses
romances ses épîtres , ses madrigaux , ses impromptus , etc. ,
'il y fait rentrer même ses malheureuses épitaphes , et nous
raconte de quel ton , bon dieu ! et de quel style ! ) toutes les
aventures de M. L. P. , tout ce qu'il a dit à ses amis à déjeûner
ou à dîner , tout ce que ses amis lui ont dit , tout
ce qu'il a fait pour eux , etc. etc. etc. ; et tout cela s'appele
des pieces intéressantes et peu connues ! I est sûr que
quand il nous donne ses vers , ce sont des pieces peu connues ;
mais il n'y avait que lui qui put les donner compie intéressantes
; et c'est ainsi qu'on se ocqne du public .
+
7
Tout ce qui , dans cette rapsodie de sept volumes ( car il
ne faut pas compter le premier ) est de la façon du doyen des
gens de lettres , soit pour le choix , soit pour l'exécution , est
vraiement un` modele de bêtise ; il n'y a pas moyen de se
servir d'un autre terme . Il faut voir quelle importance il met
à des minuties , ce qu'il trouve de sel aux choses les plus
insipides , avee quelle emphase il débite des trivialités et
1
2 IG 4
( 104 )
une diction ! une ignorance de la langue , à peine compréhensible
! La plupart de ses phrases sont construites de maniere
que plusieurs membres ne tiennent à rien et qu'il est
impossible de lier la fin avec le commencement . En voisi un
exemple pris entre mille : il s'agit des lettres de deux Français
écrites de Vienne , il y a trente ans , à la louange de Marie-
Therese d'Autriche . L'éditeur se fait un plaisir de leur
surprise , lorsqu'ils verront , après trente ans ,
dans ce
" recueil ces mêmes lettres qu'un déménagement imprévu
,, vient de lui faire retrouver dans un porte - feuille dont il
" regrettait le perte , et dont l'hommage si légitimément dù zux
99 rares et respectables qualités de l'impératrice reine ne lui
" permet pas de priver plus long- tems une nation telle que
,, la Française , c'est- à - dire , ' si bien faite pour en connaître
tout le prix , ainsi que pour lui en savoir le plus grand
‚ì gré . ,,
Le lecteur peut s'amuser à chercher dans cette phrase un
sens qui puisse s'acorder avec la construction ; quant à moi
ce que j'y vois de plus clair , c'est que Laplace devait l'hommage
de son porte -feuille aux rares qnalités de l'impératrice-reine ,
que cet hommage ne lui permet pas de priver la nation Française
de ce même porte -feuille , d'autant que cette nation est si
bien faite pour connaître tout le prix de ce porte -feuille , et pour lui
en savoir le plus graud gré.
Parmi les phrases grotesques , celle- ci est remarquable :
Le testament politique du maréchal de Bellisle n'est plus que
probablement pas de lui . " ,
Mais le fort de l'auteur , c'est le style niais . On trouve
,, un exemple de cette espèce dans la vie d'un de nos héros
„ , Français , dont le courage intrépide nous disposait d'autant
,, moins à l'imaginer susceptible , qu'il est plus fait pour
surprendre le lecteur. " ,
Remarquez toujours les constructions ordinaires de l'auteur :
c'est le héros qui est susceptible d'un exemple , et c'est le courage
intrépide du héros qui est fait pour surprendre le lecteur ;
enfin en d'autres termes , cet exemple est d'autant plus surprenant
dans le héros qu'il doit plus surprendre le lecteur .
Ailleurs : 66 Il laissa le duc aussi effrayé que consterné d'une
" si vive leçon.
•
Il est de la même force de pensée dans ses vers :
Dût le crime en frémir , toute ame honnête a droit
De rendre à la vertu l'hommage qu'on lui doit.
Cet axiome moral finit un chapitre , et il est profond.
M. de Dudeffaud disait d'une femme de sa société qui débitait
souvent des sentences de ce même genre : Tout ce que
dit cette dame est fort vrai.
Cependant Laplace n'est pas toujours si vrai , par exemple ,
lorsqu'en parlant de Diane de Poitiers J'ai cru devoir
" ( dit-il ) à cette femme singuliere l'épitaphe suivante , eci. »
( 105 )
Or , demandez - moi pourquoi il a cru devoir une épitaphe à
Diane ? Voilà une plaisante obligation .
Un dernier exemple d'ineptie , et finissons . Tout le monde
a entendu citer ce mot célebre de Pascal sur l'immensité de
Dieu C'est un cercle dont le centre est par-tout , et la
" circonférence nulle part. Laplace croit avoir découvert
que cette idée sublime est empruntée d'une préface que
Mlle. de Gournay mit au- devant d'une édition des oeuvres de
Montagne , en 1635. D'abord il se trompe dans le fait , en
attribuant ce trait fameux à une femme qui était bien peu
capable de le trouver ce trait est originairement du savant
Guillaume Duval , professeur de philosophie grecque et latine
dans l'universite de Paris , et se trouve dans une priere d'action
de grace ( oratio eucharistica ) adressée à Dieu à la fin d'une
analyse latine de la philosophie péripatéticienne , dont ce
même Duval enrichit son édition en 2 volumes in -folio , des
oeuvres d'Aristote , imprimée en 1629 , et la meilleure que
nous ayons c'est de -là que Mile . de Gournay l'avait tiré .
Voici la phrase latine : Sphæra intelligibilis cujus centrum ubique ,
circumferentia nullibi ! Sphere intellectuelle , dont le centre est ,
par- tout et la circonférence nulle part !
C'est assurément le plus petit tort qu'ait pu avoir Laplace ,
de ne pas connaître ce passage ; je crois bien qu'il n'avait de
sa vie feuilleté Aristote. Mais ce qui confond , c'est la maniere
dont il renverse en entier la phrase de Pascal : Cercle dont
la circonférence est par- tout et le centre nulle part ! Il est clair qu'il
ne l'a pas entendue , et qu'il ne s'est pas apperçu que c'était
la négation de circonférence qui marquait l'absence de toute
limite , et par conséquent l'infini . Mais aussi de quoi ce pauvre
homme s'avise- t-il de vouloir placer un trait de philosophie
transcendante au milieu de ses historiettes ? Pourquoi ne
Songeait-il pas plutôt à apprendre l'orthographe comme
M. Jourdain ? Il écrit toujours ne fusse que , au lieu de nefût-ce,
et ce ne saurait être une faute d'impression ; car le même mot
revient.cent fois dans tous les volumes , et toujours écrit de
même .... Et ce sont là des gens de lettres !
SPECTACLE S.
THEATRE DE LA RUE FEY DEA U.
On a donné dernierement à ce théâtre un opéra comique
intitulé la Partie quarrée , qui a été fort applaudi. Ce n'est
qu'une bluette où l'on ne trouve ni fonds ni intrigue , mais
qui se soutient par la gaîté des détails , le charme d'une jolie
musique , et le soin des acteurs dans l'exécution . C'est
core un couvent, Des nonnes viennent d'être remplacées par
en(
106 )
un régiment de dragons ! Des capucins séparés par un mur
mitoyen ignorent cet échange . Un pere , qui a des intrigues
dans le couvent , instruit un jeune novice de ce manége et
l'invite à le seconder , en faisant un déjeûner avec deux soeurs .
Deux jeunes dragons qui ont entendu le complot , se proposent
de persifler les deux moines. Ils revêtent un habit de
religieuse , et se laissent entraîner sans trop de façon au déjeûner.
On rit , on jäse , on raisonne , on chante même et surtout
on boit beaucoup . Les deux caffards s'en ressentent . Ils
proposent aux deux prétendues religieuses d'aller achever la
partie quarrée dans le fond du bosquet . Mais le tambour qui
se fait entendre appelle les deux jeunes officiers à d'autres
exercices ! Ils se font connaître et le pistolet à la main , veulent
rentrer dans leur gîte . Grand bruit parmi les capucins ,
au désespoir d'être démasqués . Cependant ils prennent leur
parti , et changent leur capuce contre un bonnet de dragon
ce qui termine la piece.
Elle est du C. Hennequin qu'on a demandé à grands cris
et qui a paru , La musique est du citoyen Gavaux et soutient
fort bien la réputation qu'il s'est déja faite à ce théâtre .
ANNONCEE S.
Considérations sur l'impôt relativement aux campagnes , avec
un moyen simple et facile d'assurer l'approvisionnement des
marchés ; par un Maire de village , broch. in- 8 ° . A Evreux ,
chez Ancelle , imprimeur du département , et se trouve à
Paris chez Froullé , libraire quai des Augustins .
Le systême de l'auteur consiste à faire payer l'impôt foneier
en nature , comme on le payait au clergé , c'est - à- dire ,
en affermant la dixme à des décimateurs qui la payaient en
argent au propriétaire . Ce systême est fort connu ; mais l'auteur
d'appuye par les raisonnemens , c'est-à-dire , par des faits
( car en cette matiere il n'y a pas de meilleurs raisonnemens
que les faits ) qui paraissent concluans . Son moyen facite
d'approvisionner les marchés est une conséquence du même
systême ; il le tire de l'intérêt direct et prochain qu'auront
tous les décimateurs de l'état à se défaire promptement de
leurs grains pour payer leur redevance au trésor public , et
cet intérêt , qui éloigne les spéculations nécessairement tardives
du monopole , oblige de recourir à la vente habituelle et
prompte dans les marchés . Cette brochure mérite d'être lue .
1
Plan de la ville et citadelle de Perpignan , dans son état actuel ,
in -folio , prix 2 liv . A Paris , chez le citoyen Moithey , rue de
Laharpe , n . 109 , et chez les libraires de Paris .
e
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLEMAGNE.
De Hambourg, le 26 juin 1793.
LA tache habituelle des journalistes ,
tache habituelle des journalistes , ou du moins de ceux
qui tiennent les yeux ouverts sur les projets ambitieux des
princes , sera vraisemblablement , tant qu'il existera une Catherine
II , un François II et un Frédéric- Guillaume , d'avertir les
peuples de ce que leur ambition prépare contre le repos et la
liberté de l'Europe . Fideles à ce devoir , nous avons dénoncé
dans le tems les desseins des trois puissances co-partageantes
contre la Pologne , plus récemment l'intention de l'Autriche
de s'emparer de la Baviere ; et nous croyons devoir dénoncer
aujourd'hui les prochaines tentatives de l'impératrice de
-Russie contre la Porte Ottomane . Ce n'est point une chose
nouvelle , comme on le sait bien ; l'ambitieuse impératrice ne
fait que reprendre son projet favori .
+
Voici ce qu'on apprend par des lettres de Varsovie du 20 juin.
Des avis de Cherson portent qu'on y travaille sans relâche ,
ainsi qu'à Sebastopol , à la construction de 4 vaisseaux de
70 canons , de 7 de 64 , et de 6 de 54 , de 12 frégates de 24
- à 38 cañons ; on y construit aussi un grand nombre de barimens
plats . Tous ces préparatifs ne peuvent avoir d'autre
objet que le renversement projetté depuis long- tems de l'empire
ottoman.
"
:
Malheur à la Porte Ottomane pour peu qu'elle montre de
faiblesse ; >son ennemi ne saura que trop en abuser. C'est
pourtant ce que font craindre des lettres de Constantinople
du 25 avril qui s'expriment ainsi le Reis - Effendi a eu dernierement
une conférence particuliere avec le ministre de
Russie , au sujet de la demande faite par la cour de Pétersbourg
, d'un libre passage par le canal pour quelques frégates
des ci devant flotilles du général Tamara et de Lambro Cazioni ,
frégates qui doivent entrer dans la mer Noire. L'on pense
que la Porte accordera facilement le passage demandé malgré
que le traité de Kainardgick ait mis de grandes restrictions
sur cet objet.
Tandis que Catherine II rassemble des forces qui la mettent
en état devioler impunément ce traite , elle en prépare d'autres
contre la France . Il paraît néanmoins que son escadre n'a
pas encore pu voler au gré de son impatience à la défense
des malheureux chevaliers français opprimés ; car voici ce qu'on
( 108 )
1
en dit de Stockholm et de Copenhague l'escadre russe qui
est venue si près de cette capitale est destinée , dit - on , pour
la Mediterranée , 12,000 hommes de troupes sont à son bord;
ils doivent passer à la sotde de l'Angleterre . Cette escadre
pas encore paru dans la capitale du Danemarck ; on n'y a
vu jusqu'à présent qu'une frégate qui a pris des vivres pour
quatre mois . t.
n'a
•
En attendant l'arrivée et le débarquement de ces 12.000
hommes qui vont mourir sur les côtes de France d'une chaleur
à laquelle ils ne sont pas accoutumés , et des blessures que leur
feront les Français , l'i pératrice de Russie poursuit l'exécution
de ses desseins dans a malheureuse Pologne . M. Siewers son
ambassadeur et le général en chef de ses forces dans ce pays
ont fait partir pour Grodno ceux qui doivent composer la
prochaine diete . Plusieurs de ces dignes représentans ayant.
dépensé une partie des 200 ducats alloués par la caisse impériale
pour leur voyage , se sont vus obliges de s'entasser pèle
mêle sur des chariots de paysans . M. Siewers a loue dans
Grodno plusieurs coridors du couvent des dominicains qu'il
destine à leur servir de logement . Deja sur la porte de chaque
cellule sont écrits les noms de ceux qui les occuperout. Il
avait d'abord été question de dissoudre complétement la confédération
de Targowitz ; mais l'on s'est ravisé . C'est par
M. Wielanski qu'elle sera présidée , c'est- à - dire qu'il en sera
Je maréchal . On est sûr d'avance qu'on y passera sans récla
mation , comme loi de la République , du royaume , en un
mot de tout ce qui plaît aux puissances co-pariageantes les
réglemens arrêtés par le cabinet de Pétersbourg . Les nouveaux
sénateurs postiches seront trop heureux de gagner l'argent
qui a servi à les corrompre en leur donnant force de
loi. Quelques- uns jaloux d'avoir tout à la fois le profit et
l'honneur Dieu sait quel honneur ! ) sont bien aises de sauver
les apparences en ayant l'air d'être contraints . On leur laisse
ça pardessus le marché de leur conscience , assez bien payée
d'ailleurs pour qu'elle se taise et se plie à tout ce que l'on
veut . I paraît qu'il existe entre les oppresseurs et les oppri
més , également méprisables , quelques intrigues qui ne valent,
-pas trop la peine qu'on en parie en détail , mais dont le sé-
Bultat est que M. Siewers a demandé ou reçu son rappel , et
qu'il sera remplacé par un certain Markow qu'on a dû voir
à Paris , il y a quelques ann es , employé en qualité de compagnon
d'ambassade d'un certain prince Bariatinsky , lequel
par parenthese ne savait pas dire deux , mais remplaçait ce
défaut d'élocution par le mérite précieux pour certaines
femmes d'être en état d'étrangler leur mari en cas de besoin
action héroïque dont il avait payé l'honneur , non pas dc son
sang , mais de la perte de trois doigts estropiés par les morsures
de la célebre victime immolée à l'ambition et à la lubricité
d'une femme à laquelle aucune sorte de crime n'est
étrangere .
•
·
4
( 109 )
.
Le fable Stanislas est retouiné le 12 du mois dernier de
Bialis ock où il était chez sa soeur à Grodno, Les opérations
de la d'ete ont commencé le 17. Mals ou les tient encore
sectettes et vraisemblablement on les fera connaitre toutes
semble lorsqu'elles auront été arrangées au gré de la Russie .,
Le roi a perdu jusqu'aux petites prerogatives de donner les
places dans le ministre , qui étaient du ressort de la couronne .
Ce sont les membres de la confédération de la Lithuanie qui se
sont emparés de ces nominations .
Il court un bruit assez singulier qu'on ne saurait néanmoins
regarder comme absolument destitué de vraisemblance : c'est
que si la Prusse et l'Autriche , et particulierement cette der
niere puissance échouent dans leurs efforts contre la Répu
blique Française , le roi de Prusse n'aura jamais que ce dont
il est en possession dans la Pologne et l'empereur rien du tout ,
sauf à lui à se dédommager s'il le peut sur la Bavière .
Le Danemarck vá , dit- on , recevoir M. Grouvelle , ci - devant
secrétaire du conseil de la République Française , en qualité
d envoyé : c'est une preuve de la bonne intelligence qu'il
desire entretenir avec la France . Il se borne à la neutralité .
Mais on sait qu'en général il egna dans ce pays des dispositions
encore plus favorables . Les vaisseaux des puissances
ennemies y trouvent néanmoins l'entrée des ports libres en
vertu de la neutralité . On écrit de Copenhague , en date du 15 ,
qu'il est arrivé à Helsingor un vaisseau de ligne hollandais de
64 canons et une fregate denx frégates anglaises y sont aussi
entrées. Jusqu'à présent la plupart des bâtimens anglais ont
navigué sans escorte.
L'utile entreprise du mesurage des profondeurs dans le
Cattegat , commencée depuis plusieurs années , scra continuée
cet été. C'est l'habile lieutenant Koos qui en a la direstion
.
尊
Les rois veulent être les maîtresnon-seulement chez eux mais
même chez les autres . Notre ville de Hambourg avait déja éprouvé
l'affront de se voir intimer des ordres du roi de Prusse au
sujet du citoyen Lehocl, ministre de France. Un nouvel attenfat
vient d'être commis par le même prince contre les droits
de cette cité , en attendant sans doute qu'il veuille consommer
le dernier de tous les crimes comme à Dantzick . Frédéric
Guillaume a donc ordonné au magistrat de Hambourg de
répondre qu'aucun magistrat ne chargera des marchandises ou
des denrées , quelles qu'elles soient , pour la France , pas même
sur des vaisseaux neutres ; et en cas de désobeissance une
garnison prussienne fera raison de ce qu'on osera nonmee
opiniâtrete , quoique ce ne fût après tout que l'usage du droit
de se conduire chez soi comme on juge à propos . L'indignation
publique est à son comble , mais la stupeur aussi est générale ;
on s'observe , on rouge son frein et l'on garde un silence
qui n'annonce que trop à nos despotes qu'ils peuvent tout
2:
( 110 )
oser. Aussi ne doute - t- on pas d'après cela qu'ils seront tout.
La coalition des puissances prépondérantes du Nord finira par
détruire la liberté , et jusqu'à l'existence politique des villes
impériales et commerçantes.
Ceux qui ont la curiosité de savoir à quoi la Pologne va
être réduite , vont trouver des renseignemens assez exacts dans
le tableau suivant :
La Pologne avait !
milles quarrés
9630
villes villages habitans contributions .
1214 28,944 7,660,787 25,844,893 flor.
Les Russie a pris :
milles quarrés
4553
La Prusse :
1061
Tot. 5614
villes villagès habitans
255 10,081 3,011,688 .
contributions .
8,691,072 flor .
262 8274 1,136,389 3,594,640 flor .
417 18,355 4,148,077 12,285,712
Il reste donc à la Pologne :
4016
697 10,589 3,512.710 13,559,181
De Francfort-sur- le -Mein , le 9 juillet.
aux
Suivant les dernieres nouvelles de Vienne , le jeune empereur
tient fréquemment des conseils d'Etat pour aviser
moyens de soutenir une guerre dont les funestes effets commencent
à se faire sentir cruellement à la maison d'Autriche ,
sur laquelle en porte le principal poids. Si d'un côté l'on
a reçu des nouvelles satisfaisantes du progrès, des troupes Espagnoles
sur le territoire français , communiquées par le courier
de l'envoyé d'Espagne à Gênes ; de l'autre , la chené des
grains se fait sentir d'une maniere extraordinaire en Italie :
la Toscane sur - tour est affligée de ce flcan , qui s'étend même
jusques dans les Deux - Siciles . La récolte de cette année ne
leur promet rien . L'empereur , sollicité par ces provinces
vient de permeure en leur faveur la sortie des grains de la
Hongrie .
On a aussi reçu à Vienne des lettres d'Italie qui annoncent
d'une maniere fort positive que le général Devins , qui devait
avoir le commandement de l'armée combinée des Autrichiens
et des Piemontais , est en route pour revenir en Allemagne .
La résolution qu'il en a prise est l'effet , dit - on , des contrariétés
auxquelles son plan a été en bute sur - tout relativement
à la discipline et à la subordination . D'autres prétendent que
la rivalité et la jalousie qui aussi ont pu élever des obstacles
contre le plan du général et ses accessoires , se sont encore manifestées
par d'autres endroits , et ont beaucoup contribué à
( 111 )
1
aigrir l'humeur de M. Devins . Il paraît néanmoins que l'ar
mée qu'aurait commandée ce général n'aurait pas tardée d'être
renforcée , puisqu'à la sollicitation du roi de Sardaigne , les
6000 hommes qui devaient marcher vers le Rhin , ont reçu le
18 du mois dernier l'ordre de se rendre en Italie . Ils seront
vraisemblablement remplacés à leur premiere destination par
des
cuirassiers de Wallich et des troupes de Hesse - Darmstadt , que
le prince George arrivé depuis peu à Vienne s'est engagé de
fournir. Un transport de grosse artillerie parti derniérement
doit s'arrêter à Inspruck et y attendre de nouveaug
ordres.
--
Dans le conseil- d'Etat tenu le 19 juin , on agita la question
si l'impératrice pourrait assister à ses séances. Tous les mem
Lres ayant été comme l'on peut bien penser pour l'affirmative
, S. M. 1. se rendra au conseil toutes les fois qu'elle le
jugera à propos. Il se fait quelques changemens dans l'administration
subalterne du cabinet . Le premier secrétaire , M.
Schlossneg , a donné sa démission ; tous les autres en conservant
leurs appointemens actuels , seront employés dans d'autres
départemens.
-
La ci- devant gouvernante des Pays - Bas et le duc de Saxe-
Teschen son époux ont le gouveinement de l'Autriche antérieur
; ils résideront à Clagenfurth.
On mande de Berlin qu'il a paru , le 8 juin , un édit du roi
composé de 7 articles dans lequel les sujets de sa majesté
trouveront des renseignemens sur la conduite qu'ils doivent
tenir pendant la guerre actuelle contre la France . Ce regle
ment est parfaitement conforme à celui qu'a fait publier la
cour de Vienne sur le même objet. On ne doit point recevoir
d'agens Français ; les assignats sont proscrits ainsi que
les écrits révolutionnaires ; on surveillera les correspondances :
et l'on confirme de nouveau les inhibitoires du 3 janvier
dernier concernant le commerce . On voit aussi par cette piece
que le roi agit comme partie principale belligérante et non
comme auxiliaire des Autrichiens .
*
Voilà la position intérieure des deux principales puisances
coalisées contre la République Française , du moins d'après les
lettres que nous recevons de l'Autriche et de la Prusse . Nous
allons faire connaître où les alliés en sont , vis - à - vis de leurs
' ennemis . Nous avons là - dessus des données plus exactes ,
puisque nous en sommes en partie témoins , et que les choses
' se passent dans notre voisinage .
Le roi de Prusse est décidé à ouvrir la tranchée de Mayence.
Les renforts de l'Autriche et de l'empire sont arrivés . La saison ,
les sorties et les escarmouches volantes et meurtrieres , les
cris et le mécontentement général de l'armée , exigent, un
effort ; après avoir épuisé tous les moyens de seduction . Ce
prince a quitté le quartier général de Bodenheim ; il s'est rendu
avec le premier bataillon de ses gardes à Marienborn d'où
( 112 )
จ
-
H dirige le siege de Mayence . Le duc de Brunswick est aussi
de ce côté. Les Autrichiens , aux environs de Landau ont
reçu des renforts et le général Wurmser est à Weingartens;
il a 53,000 hommes à ses ordres . Les Autrichiens
ont profité d'un moment où la garnison de Mayence était occupée
à éteindre le feu pour s'emparer de Weissneau que les
Français comptaient d'ailleurs abandonner incessamment. Mais
cette prise n'a pas laissé de leur coûter de l'aveu même du
colonel Heister qui a donné une relation de cette attaque.
Les troupes autrichiennes qui jusques aux premiers jours de
ce mois étaient réunies aux Prussiens , et formaient l'aile
droite , ont quitté cette position : elles se sendent dans le
duché des Deux-Ponts , où l'on craint les mouvemens des
troupes Françaises . Le duc de Brunswick est aussi parti pour
aller reconnaître l'armée de la Moselle , En général le feu
ne cesse point de part et d'autre depuis le 18 , et jamais place
n'a été si vivement attaquée et si bien défendue .
-
-
La garnison de Mayence a exécuté le 28 juin une sortie
générale par toutes ses portes qui a fait perdie beaucoup de
monde aux assiégeans ; ils ont été entamés de plusieurs côtés
malgré leurs batteries et leurs lignes . Cependant le bombardement
de cette place contiuue presque sans interruption . On
ajoute que la nuit du 30 l'incendie y est devenue considérable ,
sur- tout aux environs de la blanchisserie . Une lettre de
Weisseneau, datée du 2 juillet , dont nous ne garantissons pas
l'authenticité , s'exprime ainsi : A l'instant où je vous écris le
siége de Mayence touche à sa fin ; un quart de la ville a été
consumé par les flammes ; il n'y a plus de vivres que pour
15 jours au plus . On ne croit pas que la prise de la ville
soit différée de plus de 8 jours . Les troupes allemandes en
entrant dant cette ville ne pourront se dispenser de rendre
justice à la valeur que leurs ennemis ont témoignée pendant
tout le tems du siége.
Cette lettre a besoin d'un correctif. Nous doutons fort ,
malgré qu'elle en dise , que Mayence soit déja entre les mains
de l'ennemi . Vraisemblablement l'armée voisine aura tenté
quelque diversion , dans laquelle la garnison l'aura secondée.
D'ailleurs les braves troupes enfermées dans Mayence ne mauquaient
de rien d'essentiel à la vie elles étaient abondamment
pourvues de pain et de vin , et avaient pris , il y a
quelque tems , dans une sortie une certaine quantité de bétail.
Il est vrai que ces provisions auront dû être consommées un
peu plutôt , parce que les généreux Français ont rouvert leurs
porte à un troupeau de femmes et d'enfans qu'ils avaient
d'abord mis hors de la ville , comme étant des bouches inutiles
, lorsqu'ils ont vu que les alliés avaient la barbarie de
airer sur eux .
Le 28 au matin on n'était plus qu'à 200 pas de Mayence .
Les Français sont maintenant obligés de quitter l'isle du Rhin
pour
( 113 )
se
pour n'être plus exposés à deux feux. Le bruit du canon
e fait toujours entendre. Plusieurs maisons de Mayence ont
été la proie des flammes . Dans la nuit du 28 au 29 la tour
de l'église cathédrale fut consumée par le feu , ainsi que 59
à 60 maisons du voisinage. Dans la nuit d'hier il y a en
40 maisons de brûlées .
Voilà ce qu'ajoutent des lettres de Francfort en date du 4 ,
lorsque l'incendie se manifesta ces jours derniers , nous pous
vions voir les flammes des greniers de nos maisons ; mais
depuis 24 heures nous ne voyons plus de feu , et le canon
qui se faisait entendre avec une telle violence qu'il semblaie
n'être qu'à une lieue d'ici , se réduit à quelques coups tirés
de tems en tems , comme cela se faisait il y a quelques semaines.
Ce repos bienfaisant fait conjecturer à quelques , personnes
qu'il a un armistice entre les assiégés et les assiégeans . D'autres
vont même jusqu'à présumer des négociations entamées entre
les deux partis .
{
Suivant des lettres d'Hockheim , 12 bâtimens hollandais ,
destinés à faire sauter le pout qui est entre Mayence et Cassel ,
arriverent il y a quelque tems à Eltwil . La plupart sont remplis
de matieres combustibles , de bombes , eres , dont l'explosion
doit se faire près du pont . Le roi de Prusse se rendit
le 26 du mois dernier à Eltwil , et conduit dans un petit yacht
à bord des grands bâtimens ; il fut régale par le commandant.
Les galliotes bombardieres manoeuvrerent devant lui , et il s'en
retourna aux acclamations des matelots . On voulut profiter
dans la nuit du 29 au 30 de ces batteries flotantes pour atta
quer Mayence ; mais la chose manqua ; le cable par lequel une
des batteries était attachée cassa et le courant entraina la
chaloupe canonniere , les hommes et les pieces d'artillerie au
Français qui s'en emparerent . Le major Massow , auteur de
cette invention , et:
quelques- uns de ses soldats eurent bica
de la peine à se sauver à la nagf Un batelier de Weissenau
est accusé d'avoir trahi en faisant une entaille dans le cable ; ce
malheureux court risque d'être pendu ,
La garnison de Mayence eleve , dit- on , des batteries dans
les rues , des décombres des maisons détruites ; de sorte que
quand même les Allemands auraient pris la ville d'assaut , ils
seraient encore obligés de faire pour ainsi dire le siége
chaque rue,
La gazette de Francfort du 1f . du mois a publié la réponse
faite le 16 mai par l'électeur de Cologne à l'ex - général Dumourfer.
On avait traité cette lettre d'apocryphe , mais elle
est très -vraie . Le traître y a reçu toutes les leçons qu'il a méritées
. Le mépris universel dont il s'est couvert servira
d'exemple à d'autres qui voudraient l'imiter.
Tome IV.
( 114 )
17.1.1&
'Lettre de l'électeur de Cologne au général Dumourier , datée de
Bonn , du 16 mai .
5 ... ba
66 J'ai reçu , monsieur , votre lettre du 12 , et j'ai été fort
étonné d'apprendre que vous étiez encore à Mergentheim .
J'avais espéré que vous rendriez justice aux ménagemens que
j'avais mis , en ordonuant à mon staidhouder de vous engager
choisir un autre domicile ; mais il , paraît que vous cherchez
une explication ultérieure de mes sentimens , que je ne
veux pas tarder à vous donner .
Tout esprit d'ordre et de gouvernement était bouleversé
en France , mais tout le reste de l'univers était tranquille }
ée n'est qu'à vous , monsieur , et à votre ministere, qu'on est
redevable d'avoir entraîné la plus grande partie de l'univers
à se mêler dans ces malheureuses affaires ; c'est vous qui avez
le premier décidé la France à porter ses armés dans un pays
étranger , à attaquer ses voisins , et à chercher d'y étendre le
Heau qui la déchire dans son sein. Le sang versé , les impositions
et vexations cruelles qu'entraîne une guerre aussi gé,
nérale et désastreuse pour la France , ainsi que pour toute
J'Europe , retombent sur vous , comme le premier auteur et
moteur de ces calamités , et la maniere, distinguée et brillante .
avec laquelle vous avez commandé les armées , ne peut effacer
ni faire oublier les maux que vous avez causés à l'humanité . L
Je ne parle point de la façon dont vous avez quitté l'are
mée française . Mon jugement , dirigé uniquement comme celui
d'un particulier , par les sentimens d'honneur , de loyauté et
de probité , pourrait ne pas vous convenir , et je suis charmé
pour vous que vous ayez pu prendre pour marque d'estime la
curiosité des peuples de voir l'auteur de leurs malheurs et
Pobjet de leur crainte hors d'état de leur nuire.
Ce ne sont pas vos principes , mais les circonstances qui
ont change ; et si les grandes puissances croient que vous puissiez
leur être utile , et que vous croyez qu'elles vous seront
redevables , je vous assure que pour moi , comme simple particulier
chargé de l'administration de quelques contrées qui
m'ont voulu lire pour leur chef , je ne puis penser de même ,
ni me mettre en aucune relation avec vous ; mais je dois plutôt
réitérer les ordres donnés à mon statdhouder d'accélérer votre
départ.
+
97 C'est avec ces sentimens , ect. "
Le corps d'armée qu'on rassemble à la hâte dans l'électorat
de Treves pour l'opposer aux Français , de la part , desquels
on craint une forte diversion , sera de 16 à 18,000 hommes ,
Sous les ordres du général François Kinski.
( 115 )
Le
e prince Xavier de Saxe , connu sous le nom de comte
de Lusace, quitte l'Italie pour aller joindre l'armée des émigrés
Français.
PROVINCES - UNIES ET
BELGIQUE.
#
De Bruxelles , le 4 juillet,
M. de Fierlant , chevalier de l'ordre royal de St- Etienne
conseiller d'Etat de l'empereur et président de son grand
conseil , et qui vient d'être élevé par sa majesté à la dignité
de chef et président de son conseil privé aux Pays - Bas ,
prêté serment , en sa nouvelle qualité , vendredi dernier 28
jain , entre les mains de S. A. R. monseigneur l'archiduc ,
notre sérénissime gouverneur- général .
•
M. le conseiller d'Etat et privé le Clerc , qui remplace M.
de Fierlant dans la charge de président du grand conseil , a
prêté également , entre les mains de S. A. R. , le serment de
sa nouvelle charge , landi dernier 1er.
> Le même jour , son excellence le ministre
plénipotentiaire juillet
installa , au nom de l'empereur , le conseil privé , nouvellement
rétabli et composé , en suite des ordres de S. M. , de M.
le chef et président de Fierlant , et de MM . les conseillers
de Limpens l'aîné , de le Vieilleuse de l'Hove , de Berg , du
Rieux , baron Joseph de Bartensteim , et de Petit - Jean--
de - Prez.
Son excellence adressa à cette occasion un discours au conseil
, auquel M. le chef et président répondit par un discoure.
analogue .
Nous apprenons du camp devant Valenciennes 'que le flanc
droit de l'ouvrage à Cornes , au centre de l'attaque , est démentelé
au point de ne pouvoir plus supporter de batteries .
Les rues St. -Géry , Delsaut , Cardon et de Mons , sont fert
endommagées , ainsi que l'hôtel- de -ville . L'arsenal a fusil , le
Couvent des Carmes , la boulangerie militaire , l'église Saint-
Nicolas , sont détruits . En général il est peu de quartiers qui
soit intact. i
- L'empereur fait tout ce qu'il peut pour s'assurer les Pays-
Bas , dont la trahison de Dumourier lui a facilité le recouvreient.
On sait néanmoins que la noblesse et le haut clergé ne
sont rentrés qu'avec peine sous le joug de la maison d'Autriche
, et qu'il ne faudrait peut - être pas beaucoup d'efforts
pour faire perdre de nouveau la Belgique à l'empereur , qui
s'exprime ainsi dans une déclaration publiée le 24 juin , où îĮ
cherche sur- tout à mettre adroitement les prêtres de son côté.
L'université établie à perpétuité dans la ville de Louvain
est et demeurera corps Brabançon ; qu'en conséquence elle
doit et devra être traitée en toutes choses conformément à la
joyeuse entrée, S. M. reconnaît également et confirme tous
H
( 116 )
sutres droits et priviléges de la même université , et nommé»
ment sa jurisdiction , ainsi que le droit de nomination duquel
ce corps jouira pleinement et dans toute son étendue , de
mème que la faculté des arts dans ladite université , comme
ce corps a pu et dû en jouir antérieurement à l'édit du 24
novembre 1783. S. M. étend aussi , autant que de besoin ,
à la province de Limbourg , les effets de l'amnistie accordée
à celle de Brabant par la déclaration du 17 mai dernier.
-
ANGLETERRE. De Londres , le 4 juillet.
Les banqueroutes continuent de désoler Jaon seulement la
capitale , mais même les principales villes commerçantes de
la Grande-Bretagne . En conséquence M. Fox a fait , au nom
du parti patriotique , le 18 du mois dernier , une motion tendante
à mettre fin à la guerre . Elle a donné lieu à de vifs
debats , où M. Pitt a joué un grand rôle à son ordinaire .
Dans le discours qu'il a prononcé à cette occasion , et que
nous ferons connaître d'une maniere plus étendue , il a remonté
à l'origine des différends avec la France , et a rappelé les
griefs suivans : 1 ° . les Français avaient rompu le traité avec
la Hollande ; 2 ° , ils avaient développé les vues les plus dan
gereures d'aggrandissement ; 30. enfin ils s'étaient mêlés de
L'état intérieur de tous les pays de l'Europe , et en particulier
de celui de la Grande-Bretagne .
Extrait de la liste du café de Lloyd's des 25 et 28 juin .
-
La fregate le Phaeton a pris et envoyé à Portsmouth la corvette
la Prompte , de 22 canons , et le Poisson- Volant , corsaire
français , de 10 canons . Un sloop - corsaire , de la Barbade
, portant trois canons de huit , a pris et envoyé à la
Dominique un bâtiment français d'environ 200 tonneaux ,
venant d'Angole avec 680 esclaves et des marchandises des
Indes , restant de sa cargaison . La Minerve , capitaine
Morgan, de la Jamaïque , a été saisi au Port - au -Prince . La
Liberté , capitaine de Joung , allant de Cadix à Amsterdam , a
été repris et renvoyé à Liverpool , par le Susannah , cọг .
saire de ce port. L'Albemarle , capitaine Boulton , allant de
Bombai à Londres , a été pris et envoyé à Morlaix , → La
frégate le Tartare a pris le Général-Washington , corsaire frangais
de 20 canons et de 180 hommes , et l'a envoyé à Gibral
tar, La fregate la Flore a pris et conduit à Lisbonne le
Phanix , corsaire français de 12 canons . La frégate le Groissant
a pris , le 22 juin , le Club-de- Cherbourg , et un cutter från ,
çais de 10 canons , parti depuis deux jours de Brest , cingiant
vers la côte d'Irlande , où il avait pris 4 bâtimens de valeur ,
dans une premiere croisiere, Le corsaire espagnol le Saint-
Joseph a envoyé à Malaga la Catherine-Marie , capitaine Tricquet
, allant de Cette à Altona ; l'Espérance , capitaine Bahusen ,
( 117 )
·
allant dudit lieu à Brême ; le Drontheim , capitaine Stable
allant dudit lieu à Amsterdam , et le Bolsave Spaave , capis
taine Hadding , allant dudit lieu à Koningsberg. Les trois
premiers sont danois , et le dernier un suédois . - Le Rubis
capitaine Deater , allant de Beaufort à Londres , a été pris et
envoyé à Morlaix. Le Dauphin , capitaine Kuittle , allant de
Curaçao à Amsterdam , a été pris et envoyé à St.- Domingue,
Un grand bâtiment français , de 15 mille barils de farine,
a été envoyé à Gibraltar par l'escadre de l'amiral Goodall .
Le Bon-Murage , capitaine Basin , de Saint- Malo , venant de
l'Inde et Malimbe , a été pris par l'Amitié , capitaine Spellin , et
envoyé à la Dominique avec 670 esclaves. La Fortune , capi
taine Kock, allant de la côte d'Espagne à Calais , a été pris par
les Espagnols et envoyé à Almeria. Le Pelham , capitaine
Calley , allant de Plymouth au nord de l'Irlande , a fait voile
de Waterford , vers la fin de mars ; depuis ce tems on n'en a
pas eu de nouvelies . Le Jupiler , capitaine Disting , allant du
détroit à Londres , a été pris et envoyé à Toulon. La Providence
, capitaine Leddup , et la Providence , capitaine Cockerel,
et un bâtiment sorti de Leith pour Campvere , ont été pris par
deux corsaires français , un brick et un lougre , et envoyés en
France .
ITALIE. De Gênes le 26juin .
༩༤༥
Depuis le 16 du courant , nous avons vu entrer da notre
port le vaisseau amiral et deux autres vaissçaux de l'cadre espagnole.
Sept autres ont jetté l'ancre le long de côte et au
large. Quelques- uns sent restés dans le golfe Cagliari , et
d'autres croissent à la hauteur des bancs de St--Boniface . Le
reste avec les frégates couvre les côtes depr l'ile Sainte - Marguerite
jusqu'au cap Corse . Cette divisionde l'armée espagnole
prouve assez qu'on ne craint aucun mavement des forces de
la marine française à Toulon ; car 810 vaisseaux français au
raient suffi pour battre l'escadre enemie ainsi séparée .
On ajoute que Paoli et son ne eu ont mis l'ile de Corse en
pleine révolte , et qu'aides des Espagnols , ils en ont pris pos
session au nom de S. M. T, C. Louis XVII .
De Rome le 25. Ce n'est que le 14 de ce mois , que le pape a
déclaré au consistoire des cardinaux , en forme publique , la
mort du fils aîné de l'église , en comparant cet événement au
supplice de Marie Stuard. Quant aux cérémonies d'usage , la
messe de requiem et le panegyrique du défunt , elles sont remises
à l'époque où l'on espere proclamer un roi Louis XVII . — Les
tantes sont obligées de diminuer tous les jours de leurs dépenses ,
et leur maison est réduite à l'état le plus succint. - Les abbés
Maury et Bernis figurent aux églises dans les cérémonies religieuses
de fondation française. lis se donnent l'air de chefs de
sonservateurs de la monarchiag
H 3
EX ( 118 ) 118 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE THURIOT.
Séance du mardi , 9 juillet .
Sur un rapport du comité de sûreté générale , la Convention
a décrété que le procureur-général- syndic de la Dordogne
sera traduit à la barre cet administrateur est prévenu d'avoir
propagé les principes girondins dans son département .
Billaud - Varennes a fait lecture d'une lettre qui lui a été
adressée par le commissaire national près le tribunal crimin
de la Rochelle : cette lettre , datée de la Rochelle le 4 juillet ,
est conçue en ces termes :
L'affaire de Luçon , de vendredi dernier , est d'une grande
importance les brigands au nombre de 6,600 , sont venus
T'attaquer ; ils avaient deux pieces de canon de 4 et de 8 :
,
notre côté il n'y en avait que deux de 4 , et une troupe
de 500 hommes environ . A peine la canonnade a - t- elle été
comncée , que Sandos a donné un ordre de retraite , et l'a
ex cut avec une partie de son armée , qui l'a suivi à la débandade
, et entrainant son artillerie à travers les marais , dù
il était inévable qu'elle ne fût prise . Il s'est retiré jusqu'à
Marans , où la répandu que la ville de Lugon était prise
et certainement lle l'eût été , et nous serious peut- être assiegés
si toute son amée eût fait comme lui ; mais une partie
a cru indigne de fu devant de tels ennemis , et sans génėral
, sans canons , rédure à 6 ou 700 hommes , elle a complettement
battu la horde infernale , lui a pris ses canons et
caissons , a tué 4 ou 500 homes , fait 1200 prisonniers , saus
compter ceux qui ont pèri en se précipitant sur un pont étroit.
Cet événement , fait pour immotaliser les Républicains , doit
couvrir Sandos de honte , et le faire traduke en jugement ,
sinon pour trahison , au moins pour affreuse ineptic et lacheté
impardonnable. On ne doit pas oublies que dans cette affaire
les brigands avaient mis au premier rang 17 soldats du 4º . regiment
, ci - devant Provence , qu'ils avaient faits prisonniers , il
y a deux mois ils les avaient tirés de prison pour les mener
au combat ; mais dès qu'il a été engagé , les 17 soldats se sont
souvenus qu'ils avaient une patrie ; ils ont fait volte face , se
sont réunis aux troupes de la République , et n'ont pas peu
contribué au succès de la journée . Quelque chaude qu'ait été
l'action , la perte de notre côté s'est réduite à très - peu de
monde. ››
#
( 119 )
Après la lecture de cette lettre , Gasparin annonce à l'As
semblée que les représentans du peuple près l'armée des côtes
de la Rochelle , ont destitué le général de brigade , Sandos ,
et l'ont remplacé par le citoyen Boissiere , le même qui a
battu les rebelles avec une poignée de braves gens . La
Convention décrete que le général Sandos sera traduit au tribunal
révolutionnaire.
―
Une lettre de Bardoux , adjoint aux commissaires nationaux
dans la Vendée , annonce que le citoyen Rossignol , bon
patriote , commandant une division de gendarmerie , a été
arrêté à Niort , et jette dans un cachot par ordre du général
Biron . Saint - André demande que Rossignol soit mis en li
berté. Cette motion est décrétée . J'observe , a dit Thirion ,
que Biron qui est à la tête de 20 mille hommes n'a encore
rien fait pour l'honneur de la République tan dis
petits détachemens battent journellement les rebelles . Voilà
ce qui arrivera , lorsque vous aurez des ex - nobles , des ex - constitans
à la tête des armées. La Convention charge le
comité de salut public d'examiner la conduite de Biron ,
de lui présenter le résultat de cet examen . Voyez le complé
ment de cette séance dans la notice du précédent numéro . )
t
--
Séance du mercredi , 10 juillet.""
94318
a
ว que
de
et
Le comité de salut public communique à l'Assemblée une
lettre des commissaires de la Convention près les côtes de
la Rochelle , en date du 7 juillet. En voici l'extrait :
Nous étions en marche pour nous rendre à Châtillon ,'
lorsque nous avons appris l'échec que nos troupes venaient
d'essuyer auprès de cette ville, Le 5 , les rebelles ont entouré
Châtillon et s'en sont emparés . Pour fixer notre opiron sur
cet évenement , auquel nous devions si peu nous attendi , nous
nous sommes rendus à Partenay , où était le général Westermann
. Il a attribué cet échec aux bataillons de volontaires
et sur-tout à ceux levés à Orléans , il nous a parlé d'eux avec
beaucoup d'aigreur.
“ Le petit corps d'armée qui était à Châtillon a été singulierement
maltraité ; il a été dispersé çà et la . Onze piecesde
canon sont tombées au pouvoir des rebelles . Westermann
nous a dit ne pas connaître encore notre perte en hommes ,
Nous avons peine à concevoir qu'un homme qui sait son métier
ait pu se laisser surprendre , malgré le bruit, du canon , qui ,
annonçait l'approche des brigands . Nous pensons que l'on
ne peut pas laisser sans danger Westermann à la tête d'une
armée de volontaires , dans lesquels il n'a pas confiance il
serait également dangereux de laisser subsister , un corps par
ticulier. Les principes et l'intérêt national demandent que la
légion de Westermann , entierement dévouée à ce general ,
soit organisée comme les autres troupes de la République ,
avec lesquelles elle doit être confondue. Ce corps est le sujet.
de beaucoup de dilapidations , et lui-même est accoutumé au
H4
( 120 )
pillage , ce qui indispose les paysans : Le général Chalbot
a fait replier sur Saint-Maixent les débris de l'armée , qu'i
a réorganiser ... Pour comble de malheur , deux bataillons
de la Gironde , qui etaient ici , retournent dans leurs foyers . "
Après la lecture de cette lettre , Saint-André a demandé
le rappel de Westermann . Il ne suffit pas , a dit Rhul , de
rappeler Westermann ; il a trahi : il faut le livrer au tribunal
révolutionnaire , et faire tomber sa tête sous le glaive de la
loi. Chabot voudrait que Westermann fût préalablement
traduit à la barre ; Saint-André , qu'une commission militaire
examinat sa conduite. Après quelques débats , l'Assemblée
ordonne, la tradition de Westermann à la barre , et décrete
qu'il ne lui sera plus accordé de service militaire .
La discussion
s'est ensuite portee sur la retraite des deux
bataillons
de la Gironde. Gasparin a observé que leur conduite
ne tient nullement aux évenemens
du 31 mai et 2 juin .
Ces deux bataillons
avaient été levés extraordinairement
; ils
étaient composes presqu'en
entier de marchands
qui ne s'étaient
enrôlés que sous la condition
qu'au premier juifi , ils retour
heraient dans leurs foyers .
I
A cette époque ils demanderent à partir sur les repré
sentations du général , ils se déterminerent à rester jusqu'au
premier juillet . Le premier juillet étant arrivé , ils se sont
retires malgré les invitations du général , celles du conseil
exécutif et des commissaires auprès de l'armée de Niort. On
a voulu les désarmer ; mais , comme ils étaient dans un poste
bù on ne pouvait leur opposet de resistance , ils sont partis
avec leurs armes . Renvoyé au comité de salut public .
9 sur
Unmbre demande , par motion d'ordre , le renouvelle
ment du comité de salut public , aux termes de la loi . Je sais
adit Camille-Desmoulins , qu'il y a dans ce comité des pa
triotes , ils ont toute ma vénération ; mais cependant on ne
peut se dissimuler que c'est sous son regne que sont arrivés
fes désastres les plus humilians pour la République ; je vais
vous le prouver. Depuis à - peu - près trois semaines
91 pieces de canon qui étaient à l'armée de la Vendée , 70
sont tombées au pouvoir des rebelles ; l'armée du Nord , campée
à Famars , au nombre de 40,000 hommes est surprise par
huit colonnes d'ennemis qui marchaient à petites journées , et
dont l'approche ne pouvait pas être ignorée ; car je vous demande
s'il est possible que, huit colonnes ennemies marchent
pendant trois fours
irs sur notre territoire , sans qu'on en swit
informe. Eh bien ! le fait est arrivé au camp de Famars . A
3 heures du matin , l'ennemi avait déja surpris trois redoutes:
L'armée eennttiieerree était livrée au sommeil , et si , par un heu-
Feux hasard , les Autrichiens n'eussent été reconnus par le 7 .
régiment de dragons ; qui avait été commandé cette nuit pour
une expédition si te brave régiment ne se fut fait presque
Entitlement tuer, Bodr arteret pendant quelque tems la marche
f iii )
de l'ennemi , notre armée entière eût été détruite. Cette même
armée a perdu 52 pieces de canon . Je vous demande si ces
événemens ne supposent pas une complication de trahison
pour laquelle je n'accuse pas les intentions du comité , mais
que son incapacité n'a pu déjouer . Je conclus au renouvellement
du comité , et je demande qu'il ne s'érige plus en chambre
haute , et qu'il ne royalise plus ses fonctions .
Bréard a prétendu que la haine de Camille - Desmoulins
contre le comité de salut public , venait de ce que ce comité
n'avait pas voulu acquiescer à sa proposition , de donner le com
mandement de l'armée du Nord à Dillon . Camille arépondu , en
faisant l'éloge de Dillon . Les débats se sont prolongés . Enfin
un décret de l'Assemblée a indiqué la séance du soir pour
le renouvellement du comité de salut public.
Un secrétaire a annoncé la mort de Charles Villette , député
à la Convention . Une députation de douze membres assistera
à ses funérailles .
Le reste de la séance a été consacré à des décrets sur des
objets particuliers d'administration . Une lettre du procureurs
général-syndic du département des Pyrénées orientales annonce
que les Espagnols ont été forcés dans leur camp d'Espégouy .
et que les troupes de la République sont maîtresses de la
vallée de Bastan. ( Voyez la notice de cette séance dans le numéro.
précédent. )
Seance extraordinaire du mercredi au soir.
Cette séance a été presque entierement remplie par l'appel
nominal pour le renouvellement du comité de salut public.
Les membres élus sont les citoyens Jean-Bou-Saint - André
Barrere , Gasparin , Couthon , Thuriot , Saint Just , Prieur ( de
la Marne ) , Hérault -Sechelles et Robert- Lindet.
Plusieurs adresses d'adhésion aux décrets de la Convention
ont obtenu la mention honorable.
Chabot a annoncé que le département du Gers , où l'influence
des Brissotins et des Girondins avait perverti l'esprit
public , vient de se manifester avec énergie contre le fédé
talisme .
Le ministre de la guerre a fait passer les détails des affaires
qui ont eu lieu à Expilly et à Lacroix-des -bouquets le 1er juillets
Séance du jeudi , 11 juillet.
La séance s'est ouverte par la lecture d'une lettre du mis
nistre intérieur , qui , en exécution du décret par lequel il lui
est enjoint de désigner les autorités qui méconnaissent la Convention
, déclare que les départemens de l'Eure , du Calvados ,
dn Finistere , de la Gironde , du Gard , des Bouches-du-Rhône
et Loire , de l'Ain et du Jura sont les seuls à sa connais
sance qui aient protesté contre sès décrets.
( 122 )
Lacroix annonce qu'un tailleur de pierre , excellent patriote ,
est venu lui apporter une lettre qui lui est écrite par son
frere , établi à Caen . Lacroix demande à l'Assemblée si elle
veut en entendre la lecture . Oui , disent plusieurs membres .
Cette lettre qui est datée du 4 , porte que les complots des
conspirateurs sont échones ; leur avant - garde n'est que de
300 hommes , et les citoyens qu'on veut forcer de s'enrôler
s'éclairent , et refusent de marcher . Wimpfen est général sans
armée ; gain , le peuple du Calvados est revenu de son erreur,
et son opinion est formée sur le compte des députés qui sout
venus à Caen chercher un asyle . La Convention a applaudi
à cette missive . Un membre a saisi cette occasion pour annoncer
que le département de l'Isle et Vilaine adhere aux
décrets du 31 mai.
Des députés de 25 communes du département du Calvados
sout admis à la barre , et jurent fidélité à la Convention . Ils
sout accueillis avec applaudissemens . L'Assemblée décrete , sur
Ja proposition de Lacroix , que les administrations seront
incessamment renouvellées dans les départemens insurgés : les
assemblées primaires seront convoquées à ce sujet.
Le comité de salut public propose à l'Assemblée de décréter
que le général Biron , qui a fait avec tant d'insouciance la
querre de la Vendée , serà remplacé , et que le ministre de la
guerre présentera sar- le- champ à la Convention un nouveau
général.
1
Des Corses fugitifs , et dont les biens sont la proie du
traltre Paoli qui vient de s'emparer d'Ajaccio , réclament des
secours. La Convention met à la disposition du ministre de
l'intérieur une somme , de goocco liv . pour secourir les Corses
persécutés .
La commune de Tours , après avoir protesté de sa haine
pour le fédéralisme , demande que les suppléans de Salle et
„Molvoau , qui ont quitté leur poste , soient appelés sans délai
pour le remplacer . Cette demande , convertie en motion par
un membre ,, est décrétée ..
Cambon a fait un rapport sur la conduite du comité de
.salut public , renouvellé hier soir , il a d'abord tracé l'état de la
Képublique à l'époque de l'institution de ce comité . Les
armées étaient absolument désorganisées ; les câtes dégarnies ;
Jes frontieres d'Espagne et de la Vendée ouvertes aux enne
mis . Le comité à tout réparé . Son premier soin a été d'envoyer
dans les départemens 180 représentans pour provoquer
le patriotisme des citoyens . Sans la coopération de ces commissaires
, le recrutement de 300 mille hommes ne se fût jamais
effectué. A peine en cussions nous obtenu 10 mille. Il est
vrai qu'on a appellé ces commitsaires des maratistes ,
inventé par nos ennemis pour signaler les patriotes les plus
énergiques .
་
mot
Cependant le comité s'appergut que 180 représentans dans
1231
C
les départemens , désorganisaient trop le corps législatif. Il crut
devoir organiser une espece de pouvoir exécutif de surveil
lance auprès de chacune de nos armées ; et c'est par les soins
de ces nouveaux commissaires que les soldats ont été armés
et équipés.
•
Les armées du Nord et des Ardennes ont été réorganisées après
la malheureuse affaire du camp de Famars . Le soldat , voyant
la discipline renaître , a repris son courage . Il l'attribue au
général Custines , et les commissaires de la Convention s'accor .
dent sur ce point. Les dernieres lettres annoncent que Valencien
ncs a fait une sortie sur les assiégeans, on leur perte a été considé
rable , et la notre très - petite . Ce qui est vraiment étonnant ,
c'est que Condé , qui est bloqué depuis trois mois , résiste
tonjours , quoique d'après les états il n'avait que pour cing
semaines de vivres .
Les armées du Rhin et de la Moselle sont sur un pied
formidable ; il y regne une exacte discipline ': de toutes parts
les soldats ne demandent qu'à combattre .
32
2
•
"
L'armée des Alpes est , à ce qu'on assure , bien organisée .
Elle est divisée sur plusieurs points pour défendre les passages
des montagnes ; elle est assez forte pour la défensive .
2
L'armée d'Italie a été jusqu'à présent sur l'offensive ; elle a
augmenté nos conquêtes par la prise de plusieurs forts . Les
escadres combinées d'Espagne et d'Angleterre , au nombre
de 33 vaisseaux de ligne , à ce qu'on assure après s'être
emparées du fort Saint - Pierre que nous avions pris en Sardaigne
dans la derniere campagne , croisent sur les côtes de
Nice, et de Villefranche. Peut- être leur projet est - il de nous
enlever ce pays ou de tenter quelque attaque sur les côtes
de la ci - devant Provence . L'armée d'Italie est destinée à les
repousser.
•
Dans l'état actuel , la frontiere des Fyrénées orientales est
défendue , outre les garnisons de Perpignan et des autres places ,
par une armée de 3 à 10 mille hommes . Malheureusement
formée trop tard , elle n'a pas pu s'opposer à la prise de
Bellegarde , poste important , et qui est de ce côté , la clef de
la France. Mais cette armée a été renforcée depuis le 26 de
4000 hommes de vicilles troupes et de 4000 de nouvelle levée
que le comité de salut public et les representans du peuple
y ont fait arriver en poste et à graudes journées . Elle sera
encore renforcée le 10 ou le 12 d'un grand corps de cavalerie
qui n'a pas pu faire des journées de poste.
L'armée des Pyrénées occidentales est déja sur un pied res
pectable . Elle a non seulement expulsé les Espagnols de notre
territoire ; mais elle leur a pris la vallée de Bastan .
L'armée de la Vendée est forte d'environ 60,000 hommes.
Il ne s'y trouve plus de troupes de requitition ; ce sont des
troupes venues du Nord , ou levées pour le tems de cette
campagne , ou enrégimentées . Elles sont placees sur divers
( 224 )
points. Les rebelles avaient été repoussés à Nantes et à Lus
con. Westermann avait repris Parthenay , Bressuire et Châ
tillon. La division de Tours , forte d'environ 20,000 hommes ,
avait repris Saumur , Doué et le pont de Cé ; elle marchait
au secours de Nantes , tandis que la division de Niort avane
çait dans le même sens. Vous avez appris hier que Wester
mann a perdu Châtillon avec toute son artillerie , et que son
armée s'est replice en désordre sur Partenay et St. Maixent.
Cette perte peut se réparer ; mais elle retarde nos succès.
Quant à l'armée des côtes de Brest et de Cherbourg , Cam
bon l'a dit avec douleur , elle n'est pas formée . Peut - être ,
e-t-il ajouté , sommes - nous à la veille de perdre la Corse.
Tout l'interieur de l'isle est en révolte .
Après avoir tracé ce tableau des succès et des revers de nos
armées , Cambon a jetté un coup - d'ail sur l'état de la Répu
blique , relativement à la coalition des départemens . On s'est
flatté , a-t-il dit , d'avoir pour soi 69 départemens , par con
séquent la majorité ; mais on s'est étrangement trompé. Nous
avons la satisfaction de vous annoncer que l'accélération de
constitution a été un moyen de salut public ; car avantbier
il y avait déja 49 départemens qui réclamaient avec impatience
l'envoi de cette constitution , outre le nombre de
ceux qui ont déja annoncé leur acceptation . Cambon a en
suite parlé des calomnies inventées pour perdre cette Montagne
qui a fait la révolution , et pour égarer l'opinion pa
lique.
Cambon a terminé son rapport en rendant compte d'un
complot qui avait été formé de donner un roi à la France.
Le 15 juillet , on devait enlever le fils de Capet et le procla
mer Louis XVII ; le général Dillon devait être à la tête de
Tarmée des conjurés avec 12 autres officiers- généraux . Le pre
mier moyen qu'ils devaient employer , était d'enclouer le
canon d'alarme , et de s'emparer de ceux des sections. Ils se
seraient ensuite divisés en deux colonnes ; l'une serait allée
enlever le petit , et l'autre se fût portée à la Convention pour
la forcer de le proclamer roi , Dillon et deux de ses complices
ont été arrêtés par ordre du comité de salut public qui a cru
devair prendre en même tems des mesures pour mettre en
sûreté le fils de Louis Capet , et il a signe un ordre de
séparation du fils et de la mere...... Ici Camille Desmoulins
s'est écrié qu'il n'y avait rien de plus absude que la fable
qu'on venait de débiter. De violens murmures l'ont interrompu .
Cambon a poursuivi. Il a annoncé qu'après la découverte de.
cette premiere conspiration , le comité de salut public ayant
appris que le général Miranda avait envoyé un courier extraordinaire
à Bordeaux , et qu'il était disposé à s'y rendre luimême
, le comité avait requis la municipalité d'empêcher pro
visoirement de départ de Miranda. Le maire de Paris l'a fait
mettre en arrestation chez lui .
( 125 )
La Convention a ordonné l'impression du rapport fail
par Cambon , et elle a rendu , à l'égard des mandats d'arret
le décret suivant :
La Convention nationale , ouï le rapport de son comité de
salut public, approuve la conduite qu'il a tenue en chargeant
le maire de Paris d'éloigner Capet , détenu au Temple , de sa
mere , et de mettre en état d'arrestation le général Arthur
Dillon , Esprit-Boniface Castelane , Ernest Bucher dit l'Epinay,
Edme Rameau , Louis Levasseur , sur la dénonciation qui lui
a été faite d'un projet de conspiration pour rétablir la
royauté. Elle approuve aussi l'arrestation du général Miranda,
Camille Desmoulins insistait encore pour avoir la parole , mais
l'Assemblée a passé à l'ordre du jour , et a levé la séance.
Dans le cours de cette séance , David a présenté la description
de la fête civique et fraternelle qui doit se célébrer , le
10 août. L'Assemblée en a ordonné l'impression et l'envol
aux départemens . Elle a chargé le conseil exécutif de pourvoit
aux dépenses nécessaires,
Séance extraordinaire du jeudi soir.
Un député de Sainte- Menehould est venu présenter l'adhe
sion des citoyens de cette ville aux décrets de la Conven
tion ; il a dénoncé en même-teus l'administation du dépar
tement de la Marne , comme faisant parti de la conspiration des
fédéralistes.
Le procureurgénéral-syndic de ce département était à Paris
depuis 15 jours ; Bachelier a demandé qu'il fût mis en état
d'arrestation , et traduit au comité de sureté générale.c
Collot-d'Herbois a appuyé cette demande en observant que
procureurs-syndics étaient en général peu patriotest - La
décret d'arrestation est rendu, od
jes
Couthon a communiqué différens renseignemens donné par
le commissaire Maulde et un administrateur du district d'Isoire
sur la situation de Lyon. Il en résulte que Biroteau étant
arrivé dans cette ville , ainsi que Chassey , il s'y est formé un
congrès départemental, composé d'administrateurs et d'électeurs,
dans lequel il a été arrêté que le département de Rhône et
Loire ue reconnaissait plus la Convention ; cet arrêté a été
proclamé en grande pompe , et le soir il y a eu illumination
générale dans la ville . Le lendemain , le congrès a mis hors
de la loi les membres de la Montagne , et a voué les tribunes
à l'exécration publique, Il s'est rendu maître des dépôts publics
pour les armées , de celui de la manufacture de Saint-Etienne.
La Convention a déclaré ce congrèsaraitre à la patrie et
ordonné l'arrestation de Biroteau er de Michette , Foret, Petrina
Chassey et Vitet , députés de Rhône et Loire.
Legendre proposait de couper toutes les communications
entre cette ville et Paris , d'arrêter les personnes et les lettres
qui partent pour Lyon, d'y faire marsher des troupes , et enfin
( 126 )
de décréter que si cette ville ne se prononçait pas sous 15 jours ,
fa Convention donnait quittance à tous ses créanciers ; si la
Convention , disait-il , veut rendre ce décret, je me charge de
le porter à Lyon pour le faire exécuter.
Un autre membre demandait que la ville de Lyon fût déclaréc
en état de rebellion , et traitée comme telle . Delacroix
voulait que les biens de tous ceux qui ont participé aux déli
herations du congrès fussent distribués aux Sans - culottes qui
prendront les armes contre eux . La Convention a chargé
Couthon et Delacroix de lui présenter la rédaction des diverses
propositions qui lui ont été faites. 17 q 15 s
a 1
Une lettre de Dubois Dubay , député à l'armée du Nord ,
datée de Maubeuge le 10 juillet , annonce que les citoyens
de cette ville ont accepté l'acte constitutionnel , fet que depuis
3jburs on h'entend plus tirer le canon du côté de Valenciennes
,; ' iPen - augure que l'ennemi a dû abandonner cette
place qui lui a coûté plus de monde que trois batailles
perduesa Pajonte que Custines vient de passer en revue la
garnison de Maubeuge , et qu'il enflamme le soldat par des
harangues républicaines .
•
Après la lecture de cette lettre vivement applaudie , l'Assemblée
a procédé par Pappel nominal au renouvellement du bureau
. Jean - Bon- Saint - Andre est proclame président' ; "Julien
Raul et Dupuis sont nommés secretaires .
SLBK.
Seance du vendredi , 12 juillet.
PRÉSIDENCE DE JEAN - BON -SAINT - ANDRÉ………,
"
Pour prouver que les troubles qui agitent la République
doivent être attribués aux membres du côté droit , Chabot
demande que leurs correspondance soit transmise à la Convention
par les départemens . Et par des citoyens et toutes
les sociétés populaires , a dit Billaud - Varennes. Il faut , a
repris Chabot , qu'ils fassent connaître toutes les lettres qu'ils
enssonuregues à dater duner, avril. Et moi, j'opine pour
lea ejanvier , a dit un autremembre. Vous ne saurez rien encore
si vous ne remontez à l'origine de la Convention , a
dit un troisieme.nquei
h
Ces propositions : sont décrétées ; mais l'instant après le dé
cret est annuilé sur la réclamation de Thuriot .”
Un secrétaire lit la lettre suivante de Miranda Détenu
chez moi , en vertu d'un ordre du maire de Paris , je prie la
Convention des m'admettre demain à la barre ; je lui découvrirai
des faits qui intressent singulierement la liberté et la
sûreté publique . Ondait que Miranda fût entendu au
comité de sûreté généiMob mais sur la motion de Breard , l'Assemblée
décide qu'il sera raduit le lendemain à la barre. O
99
Chabot annonce qu'un grand complot se trame à l'instant
contre la liberté , et que plusieurs membres de la Convention
adetam
( 127 )
out tremp dans cette nouvelle conspiration ; il demande que
le comite de sûreté générale soit autorisé à faire apposer le
scellé sur leurs papiers , à la charge de rendre compte de cette
opération à l'Assemblée sous 24 heures : décrété .
Sur un rapport du comité de sûreté générale , l'Assemblée
décrete que les soldats et officiers de la legion Germanique ,
détenus à Tours et à Saumur , seront traduits à Paris , pour
être interrogés par le comité de sûreté générale.
Les chasseurs du 16. régiment , en garnison à Falaise , se
sont rendus pour la plupart à Orléans conformément à la loi ;
mais il en est un très - grand nombre qui out refusé d'obéir
et ont resté à Falaise . Le ministre de la guerie propose de
sévir contre eux , s'ils ne sont pas rendus à leur destination
dans 15 jours . Cette proposition convertie en motion , est
décrétée.
Les commissaires à l'armée du Nord, écrivent que la cons
titution a été acceptée à Lille et dans toutes les villes frontieres
au bruit de l'artillerie ; ils transmettent une adresse
souscrite par les soldats de la rere . division de l'armée du
Nord aux ordres du général Lamarlieje . Ces braves soldats
félicitent la Convention sur ses travaux . Les commissaires teiminent
par annoncer que . dzns toutes les attaques d'avantposte
, les troupes de la République ont continuellement l'avan
tage . Dans ces diverses attaques , nous avons fait 1100 prísonniers
, et reçu 123 déserteurs .
2
Il résulte d'une lettre des représentans dn peuple près l'ar
mée des côtes de Brest , datée d'Ancenis le 8 juillet , que les
troupes aux ordres du géneral Canclaux , sont entrées la
veille dans cette ville , sans coup ferir , puisqu'elle était éva
cuée , et que la jonction de l'armée de Nantes avec celle de
Tours s'est opérée le lendemain matin . Biron est à Angers ;
les représentans du peuple ajoutent qu'ils vont s'y rendre ,
pour concerter avec lui le plan de campagne. Ils ignoraient
le décret qui rappelle ce général . Le commandement de son
armée a été déféré au citoyen Beysser. ,
C
--
Les commissaires pres l'armée des Pyrénées bccidentales
écrivent de Saint-Jean- de- Luz , en date du 5 juillet , que les
troupes de la République viennent de remporter un avantage
sur les Espagnols . Ceux-ci ont fait un effort pour s'établit
en deça de la Bidassoa ; ils ont été repoussés avec perte."
Le géneral Sandos , mis en arrestation , vient d'être conduit
à Paris , et traduit dans les prisons de l'Abbaye .
Voici le sommaire du décret relatif à la ville de Lyon ,
adopté par la Convention .
Art . Ier , Biroteau , représentant du peuple , réfugié à Lyon ,
et l'un des chiefs du congrès départemental etabli dans cetre
ville , est déclaré traître à la patrie.
b
II . Sont aussi déclarés traîtres à la patrie , et destinés
leurs fonctions , les administratctts et teheridansitus jurikes
(, 128, )
qui sont membres , ou ont favorisé l'établissement du congrès
départemental. P
Ill. Le comité de salut public donnera les ordres nécessaires
pour détruire les autorités illégales de la ville de Lyon .
3
ر.
IV. Les biens de ceux qui auront pris part à la révolte
seront confisqués ; les paiemens dûs par l'Etat aux citoyens
de Lyon demeurent suspendus.
V. Il est enjoint aux citoyens de Lyon' de quitter cette
ville sous trois jours ; à défaut par eux d'obeir , Icurs biens
seront confisques , et ils seront réputés complices des attentats
du congrés départemental .
VI. Il sera envoyé des représentans du peuple dans le département
de Rhône et Loire , pour faire exécuter ces mesures
par tous les moyens qui seront en leur pouvoir.
=
A la suite de ce décret , la Convention , sur la proposition
'Hérault Sechelles , a autorisé les habitans du département
de Saône et Loire à lever une force armée pour s'opposer
aux entreprises de Lyon .
1
Chabot a ensuite dénoncé les administrateurs du département
de l'Aveyron ; il les a accuses d'avoir cherché à federa
liser cette partie de la République , d'avoir fait arrêter l'évêqué
du département , plusieurs patriotes , et d'avoir porté la scélératesse
jusqu'à faire emprisonner des octogénaires , parmi lesquels
se trouvent son pere et sa mere . Il a reproché aux
membres du côté droit d'être les auteurs de ce désordre . Il a
désigné plus particuliérement Saint- Martin , député de l'Aveyon
. Celui- ci s'est défendu et a prouvé , par sa correspondance
avec les administateurs , qu'il avait employé tous ses efforts
pour leur faire adopter la nouvelle constitution.
મૈં
11 a parlé ensuite des plaintes qui lui ont été adressées sur
la conduite de Chabot dans les départemens , conduite qui
a révolté tous les citoyens. Voici , par exemple , la morale
il prêchait à Toulouse : Filles et femmes , disait- il ,
croissez et multipliez, ( Les plus vifs applaudissemens éclatent
dans toute les parties de la salle . ) Vous n'avez besoin pour
cela ni de prêtres ni de ministres . ( Nouveaux applaudissemens.)
Après quelques débats de personnalités , l'Assem
blée a décrété que les citoyens détenus arbitrairement dans le
département de l'Aveyron , seront mis en liberté et elle a
ordonné la traduction à sa barre, du président de ce département
et du citoyen Gerard .
Séance du samedi 13 juillet .
43 ...
Les parens de neuf citoyens d'Orléans , condamnés à mort
par le tribunal révolutionnaire , comme auteurs et complices.
de l'assassinat de Léonard Bourdon , demandent à presenter
une pétition plusieurs femmes fondant en larmes , et poussant
des cris de douleur sont introduites. Un homme , dont
tous les mouvemens annoncent le désespoir , les accompagne.
Citoyens ,
i
Citoyens , dit-il , c'est au nom de l'humanité êt de la fusd.
Sice que nous nous présentons devant vous ; on conduit au
supplice nos peres , nos freres , nos enfans. L'un d'eux est peré
de 19 enfans , dont quatre sont dans les armées combattant
pour la République. Léonard Bourdon lui-même ne nous dés
mentira pas. Nous croyons qu'il est assez généreux pour
d'unir à nous , afin d'obtenir un sursis qui donne à nos mak
heureux parens les moyens de prouver leur innocence. ‚
On demande l'ordre du jour. On entend des sanglots et
des gémissemens. On demande de nouveau l'ordre du jour.
Les pétitionnaires se prosternent à genoux , et prononcent
des paroles entrecoupées ; mais la loi est inflexible , elle avait
prenoncé. Le président fait retirer les pétitionnaires.
Carrier dénonce plusieurs écrits séditieux des administrateurs
du Cantal ; il les accuse de complicité avec les fédéra•
histes . Sur sa motion , l'Assemblée met le président et deux
autres administrateurs en état d'arrestation. Elle charge son
comité de division d'examiner s'il ne convient pas que le
siége de l'administration soit définitivement fixé à Aurillac.
On donne lecture d'une lettre de Duroy , représentant du
peuple dans le département de l'Eure. Elle est datée de Nantes
le 19 juillet. Arrivé dans cette ville , écrit-il , j'ai eu une
conférence avec les corps administratifs ; ils sont dans les meil
leures dispositions : l'acte constitutionnel a été accepté dans
sette ville avec enthousiasme ; je me suis rendu à Vernon
il m'a été rapporté que nos patrouilles avaient rencontré celles
de l'armée de Buzot , et qu'elles avaient fini par s'embrasser.
Les dragons de la Manche devaient venir le lendemain dîner
Vernon avec nos troupes ; ils n'ont pas tenu parole , et même
ils ont fait mine de vouloir nous attaquer ; nos soldats ont
montré la plus grande ardeur , mais l'ennemi ne les a pas
attendus , il s'est retiré. Je dois les plus grands éloges aux
gendarmes de Paris : l'un d'eux a suffi pour mettre vingt dra
gons en fuite. „
Une lettre de Toulouse annonce que les sections de cette
ville qu'on disait être d'intelligence avec les fédéralistes du
Midi , ont accepté l'acte constitutionnel , et adherent aux dégrets
du 31 mai et jours suivans. Un décret d'arrestation avait
té rendu contre le procureur-syndic du département de là
Nievre. Des commissaires envoyés par les administrateurs dé
ee département se présentent à la barre; ils font l'apologie du
procureur-syndic , et annoncent que la constitution sera una
Bimement acceptée par le peuple de la Nievre . Le procureurs
syndic paraît lui-même ; il proteste de son innocence , et dés
pose sur le bureau des pieces justificatives . Renvoyé at
comité de sûreté générale.
Les administrateurs du district d'Eure et Loire se plaignent
d'avoir été injustement , suspendus de leurs fonctions. Rens
Voye cu comite de sârett .
Tome IV.
1
( 130 )
Mirenda est introduit à la barre . Il avait demandé à y être
dinis pour révéler des secrets importans , mais il n'a fait que
rappeller les faits qui ont occasionné le procès dans lequel
il a été absous . Il a accusé Pache de lui susciter de nouvelles
persécutions. Il a terminé son apologie , en disant qu'il ne
connaissait aucun crime , aucun traitre , que s'i en avait con
us il les aurait denoncés au tribunal . Apres quelques débats,
Assemblée a passé à l'ordre du jour , et Miranda s'est retiré.
La division de l'armée du Nord , commandée par le général
O-Morand, a reçu l'acte constitutionnel au milieu des plus vives
acclamations d'allegresse ! L'armée des Ardennés , campée
à Carignan , a fait serment de lui rester fidele , et de la dé
fendre contre tous ses ennemis .
Séance du dimanche 14 juillet.
La séauce est ouverte par la lecture de plusieurs procès-ver
baux de l'acceptation de l'acte constitutionnel .
Le comité de salut public införme la Convention que Kellermann
demaude un décret formel pour marcher contre la
ville de Lyon. La Convention décrete que les commissaires
l'armée des Alpes sont autorisés à requérir de Kellermann la
force suffisante pour ramener l'ordre dans la ville de Lyon .
Ce décret sera envoyé par un coutier extraordinaire.
Ici , le président a annoncé qu'il venait de recevoir des pieces
un représentant du
relatives à l'assassinat commis hier sur
peuple. La section du Pantheon-français , en faisant part de cet événement , dit qu'elle demanderait pour Marat les hon- neurs du Panthéon , si un décret n'accordait cet honnncur
aux grands hommes que vingt ans après leur mort ; cependant
cette section pense que ces honneurs sont dus au citoyen
Marat : nous reconnaissons , dit-elle , qu'il les a bien mérités . La calomnie meuit et la vertu survit , et les coeurs de tous
Jes Français seront pour lui un Pantheon encore plus du
rable , etc.
Sur la , demande de Bentabole , la Convention décrète que
le comite de sûreté générale fera sur - le- champ le rapport
details qu'il a recueillis sur l'assassinat de Marát.
<1
Une députation dé la section du Contrat -social est admise. Peuple , Secric-t- elle , tu as perda ion ami ; Marat n'est
plus ..... Nous ne venons pas chanter tes louanges , immortel
législateur , nous venous te pleurer , nous venons rendre hommage aux belles actions de ta vie ...... Législateurs , dé crêtez un nouveau supplice pour l'assassin de Marat. Il n'eä
est pas d'assez alleux pour venger la ation d'un aussi énorme
atentat. 24
A
Quelques instans après , Chabot se présente à la tribune
nom du comité de sûreté générale , un rapport
pour faire,
evenement
. Sur ce tragique eve Il déclare que , depuis trois semaines , le comité avait des rensei .
I
( 13 )
gnemens sur le complot qui a été exécuté hier soir : il n'était queses
tion de rien moins que d'operer une contre révolution, Cette irame ,
était liée avec celle qui a onrdie dans le Calvados ; des membres
qui siege encote aujourd'hui dans la Convention devaient
en favoriser l'exécution par tous les moyens qui étaient en lenr
pouvoir. Le jour meme cu Charlotte Cordé qui a assassine Marat
est arrivée à Paris , Duperret a reen un de Caen , et ce,
c'est ce jour
meme que nous vous avons démandé à être ' ulotisés à mettre les
scellés sur les papiers de certains , députés . Ceux de Duperret ont
été saisis , etje sais qu'ils contiennende quoi le confondre.
13
courier , dit le rapporteur , était Chay Court
dé
;
A
Chabot entre dans des détails pour prouver que le plan des cons..
pirateurs était da faire de Paris une autre Marseille , il croit que
Eaucher , évêque du Calvados , a trempé dans tous les projets li
bericides de la faction des hommes d'état . Voici , ajoute - t- il , les
circonstances de l'assassinat."
" 3
Ten sa inside
" L'assassin'a
parusêtre
une de ces femmes à caractere
, capă ble de tout entreprendre
; c'est un de ces monstres qui naissent
pour le malheur de la société ; du reste elle a de l'esprit , des
graces , de la beauté , une taille superbe , pont exécuter son projet
elle écrivit à Marat a pen près la lettre turvanfe':
-2791
Je viens de
2 sumer que yo Caen , voire amour pour la patrie me fait pré
connaitrez avec plaisir les malheureux évenemens
de cette partie de la République . „
Elle se preseas chez Marat , on lui refusa Fentrée ; d'après če
refns elle écrivit la lettre suivante :
2 Je vous ai écrit ce› matin , Marat , avez-vous reçu ma lettre ?
» Vous ne me refuserez pas une entrevue , insuffit que je sois bien
malheureuse pour avoir droit à votre protection . ~,
a Introduite auprès de Marac , Charlotte Cordé lui parla de
la rébellion du Calvados Marat répondit que cela n'irait pas loin ,
e que l'échafaud attendait les traitres . A ces mots , cette femme
qui avait un poignard caché , le tire et le plonge dans le sein de
Marat ; la coup fut si bien porté , qu'il n'eut que le tems de dite : je
me meurs.
23.9.10
Après ce meurtre elle sort avec audace et sans crainte , mais -
on l'a arrêtée ; j'ai assisté à son interrogatoire ; il m'a paru qu'elle
se flatte d'une contre- révolution prochaine on l'a menacée du
supplice ellesa répondu par un sourire de mépris .
1 .
* On a trouvé sur elle 150 écus en numéraire ; elle est âgée
de 25 ans moins 15 jours elle est natives de Saint-Saturnin , près
Séez ; elle demeurait : ordinairement à Caen elle arriva à Paris
jeudi dernier , avec un passe-port délivré dans la ville de Caen? *
le Sadu courant. Interpellée de déclarer ses complices , a répondu
n'avoir communiqué son projet à persomies ; interrogée sur les
motifs qui l'avaient portée à une action aussi atrode , a dit que
voyant Jalguerre, civile prête à éclater par - tout , et croyant que
Marat était l'auteur de ce désastre elle avait fait le sacrifice . des
sa vie à sa patrie . Elle a ajoute qu'elle avait, ácheté le poignard le
matin au Palais- Royal , et qu'il lui avait côùté 40 sous . na siy
A la fin de son rapport , Chabot a annoncé ques, deux jours
ayant le comité avait mis les scellés sur les papiers de Claude Duo i
perret député des Bouches- du - Rhône ) qu'il soupçonnait tenir à
cette conspiration ; que depuis il a acquis la preuve que Duperret
avais reçu chez lui , jeudi dernier , l'assassin qui lui avait remis z
jab test si s 1 s
{ r5i }
unt ” puquet de la part de Barbaroux , et que le lââdemain if emif
allé deux fois chez cette femme à l'hôtel qu'elle habitaît.
Faucher et Duperret se présentent à la tribune . Après de
wifs debats , la Convention décide qu'ils ne seront entendus
qu'à la barre. Sur 12 motion de Maure , la Convention lance
préalablement le décret d'arrestation contre Duperret. Julien
soutient que Duperret ne peut plus être entendu , et qu'il ne
doit plus paraître que devant les juges qui lui seront donnés.
Chabet demande à être autorisé à faire trois questions &
Duperret. Cette proposition est adoptée.
Chabat. Jeudi soir n'as -tu pas reçu un courier venant de Caenji
at ce courier n'était- il pas la femme Cordé ?
Bai
Duperret. Rentrant chez moi , jeudi pour y diner , on me remit
un paquet venant de Caen . qui m'était adressé par Barbaroux ,
dans lequel paquet il y avait une lettre de Barbaroux que j'aurais
pu soustraire , mais que j'ai dans ma poche et que je comminique
i ; car on avait décrété que les scellés seraient mis sur mes papiers."
Je vois que le but de cette apposition de scellés est pour savoir si
je corresponds avec Caen , avee Marseille. Eh bien ! je ne coiresponds
pas avec Marseille par une saison bien simple , c'est que
je ne confie aucune lettre à la poste depuis qu'on viole le secret
des lettres... Il est inutile qu'on me hue , parce que je suïš un
vrai républicain , et je le serai jusqu'à la mort.
Rentrant donc chez moi , jeudi , j'ouvre ce paquets, et j'y trouve
plusieurs imprimés de Caen qui sont déja repandus dans l'avis¸«
et une lettre que je donnerai à lire , afin que tout le public bacher
ce qu'elle contient. Dans le tems que nous étions au dessert , la
citoyenne dont il s'agit , vint me demander. Je ne la connaissais
pas ; elle entre. Est-ce au citoyen Duperret que j'ai l'honneur des
parler ? Oui. Je voudrais vous dire quelque chose en particu
lier ; j'entrai dans une chambre à côté , je lui demandai des nou
velles de nos collegues de Caen ; après qu'elle m'eut satisfait sur
les personnes de ma connaissance , je lus las lettre de Bárbarous
en sa présence ; il s'y trouvait quelque chose qui la concernait.
Elle me pria de l'accompagner chez le ministre de l'intérieur, je lut✨
dis : la chose u'est pas possible en cet instant puisqué › je suis en
compagnie. Demain , reprit-elle , si vous voulez vous donner la peine
de passer chez moi dans là matinée , nous iròns ensemble chez
le ministre, Oui , et cela résolu je elle ses retiramen me laissant
son nom et son adresse sur une carte.-- En rentrant chez moi , je
dis la plaisante aventure ! cette femme m'a l'air d'un intrigante.
par les expropos qu'elle m'a tenus , elle me phraît extraordis
maire. J'ai vu dans ses raisons , dans son allure , dani sa conte
nance , quelque chose qui m'a paru singulier. Je saurai demain
se quis en pest, Le lendemain je m'y rendis ; elle m'attendait,
"
Avant d'aller chez le ministre , lui dis -je , il faut que vous ayer
la bonté de me parler de votre affaire. Elle me répondit que cette
affaire ne la regardait pas personnellement ; mais une demoiselle
Forbin qui avait été dans un couvent plusieurs années , que avaitpassé
en Suisse , et qui faisait des réclamations pour une pension,
qu'elle les avait depuis long-tems portées au ministre , etc... Om
nous dit que le ministre n'était pas visible , que les députés
taient admis que le soir depuis huit heures jusqu'à dix,
( 3 )
notre
.
Le spir , je me rendis chez seue femme , etje lui dis : Je craina
que ma présence chez le ministre , qui est d'un parti opposé su
ne vous soit plus nuisible qu'utile. Je vous conseille
prendre quelqu'autre pour vous accompagner. D'ailleurs , vous
n'avez pas de procuration de la personne pour laquelle vous soll .
citez , et sur votre simple demande , il ne vous remeitra pas set
papiers . Elle répondit : vous avez raison ; j'irai une autre fois..
Voici la lente de Barbaroux.
༡༣ !
Caen le 7juillet , lana de la République , une et indivisible.
pole
" Je t'adresse , mon cher bem ami , quelques ouvrages qu'il faut
répandre. Il Y un ouvrage de Salles sur la constitution. C'est
celui qui , dans ce moment , produira le plus prompt
Il faut en faire un grand nombre d'exemplaires. Je t'ai écrit
effet.
» par la voie de Rouen pour t'intéresser à une affaire qui regarde
wune de nos concitoyennes: Duperiet interrompent. Je n'ai rien
wi reçu de eela . ) Il s'agit seulement de retirer du ministre de l'inté
rieur des pieces que tu lui rendras. La citoyenne qui te remettta
» ce paquet , 'intéresse à cette même affaire, Wache de lui procurer
» accès auprès du ministre, 10
TO AL
être sous les
S. Ici tout va bien; nous ne tarderons pas
» murs de Paris . ».
SunChabot. Je demande à Duperrat, s'il n'a pas montré cette lettre
un de ses collegues , député du Loiret. Dupennet. A plus de trengs.
Chabot. Je vous demande si vous n'avez pas rassemblé plusieurs fois
chez vous des députés du côté droit. Duperrot. Je déclare à l'Aişem.
blée et à la France que rien n'est plus faux.
D'autres questions ont été faites à Duperrer. Billaud-Varennies
lui a demandé s'il n'avait point distribué desimprimés et reçu
des assignats pour leur impression : ce fait et hux ,zrépondu
Duperret ; Maur l'a interpellé de dire si Charlotte Cordé me
Jui avait pas demandé l'adresse de Marate Duperret a répondu
négativement. ap well - peng si à moltes
Hérault demande que le ministre de l'interieur soit entendu
parce que , dit Hérault, il nous a parlé hier d'une lettre qu'I
a regue du Calvados , et par laquelle on le menaçait de l'as
sassiner. Cette proposition, ' a pas de suite. Cauthen voit
d'après tout ce qu'on a entendu que Duperret et les députéo
du Calvados sont complices de l'assassinat de Marat. Il fait
plusieurs propositions. Voici , celles que l'Assembléen adopte.
Elle décrete d'accusation Duperret , enjoint au tribunal revo
lutionnaire de poursuivge en diligence des assassins de Marat ;
alle décrete que Fauchet scra mis en état d'arrestation à l'Abbaye.
t
Ici Fauchet observe qu'on ne peut articuler aucun fait contre
Jai , et qu'il a toujours sw horreur du meurtre. La Convention
maintient son décret.
Le cortege des 48 sections de Pazis , qui est venn féliciver
la Convention de ses travaux et de son courage, a occupa
Jee derniere momeną de la jeanss, Elle apportains les
provei
1341)
verbaux de l'acceptation de l'acte constitutionel : ce qui a
donné lieu à un décret portant que les sections de cette ville
depuis 1789 , et la municipalité depuis le 10 août 1792 , n'ont
pas cesse de bien mériter de la ppaattrirei, energ
Séance du landi 15 juillet . qmaju stanu
ॐ
35 .
*9
La Convention renvoie à l'examen du comité de législation
un projet de décret sur le mode de jugement des prêtres déportés
et rentrés en France. Il y a dans ce moment ; addit
Taillefer , d'autres missionnaires bien plus dangereux que les
prêtres ; ce sont les commissaires federalistes qui parcourent
Tes départemens . Je demande que les comites de sûreté gene-
Tale et de legislation soient chargés d'examiner si ces agens
de l'aristocratie ne doivent pas être regardés et punis . comme
des ,contre-iévolutionnaires . Le renvoi est décrété . • >
Billaud-Varennes demande que la discussion s'ouvre aujourd'hui
sur le rapport de Saint -Just, concernant les députés mis en état
d'arrestation llest tems , disil, d'éclairer le peuple . On observe
que le rapport n'est point distribue. Couthon , qui d'abord avait.
demandé qu'on qe présentât dans cette séance que l'acte d'accusation
contre Brissot , se range à l'avis de Billaud-Varennes .
La conspirations, dit-il est bien claire maintenant. Duperret
mous l'aassez fait connaître hier nous ne sommes pas jei
iseulement au milieu de conspirateurs , mais encore entourres
d'une bande d'assassins.
Ici tour-à- tour , Couthon et droit , en lui reprochant ses chevasseur s adressent au côté
Chabot atteste que Fauchet , qui a dit hier qu'il n'avait pas
vu - l'assassina de Marat , la conduisît jendi dans une des tribunes
de l'Assemblée , et lui offrit de l'accompagner avec
* Duperrer chez le ministre de l'intérieur. Enfin Bréar , ramenant
la délibération à la proposition qui y a donne lieu , demande
que Billand Varennes soit entendu décrété .
Surla proposition de Chabot, la Convention décrète qu'elle
assistera aps funérailles de Mar. Il s'est sacrifie pour la rẻ-
volution pajoute Bentaballes il a vécu dans l'indigence ; je demande
que la mation pare ses dettes décrété . Sur la motion
de Drouet , on décrete qu'il seva nomme une commission pour
faire l'inventaire de ses papiers et constater l'état de ses affaires .
Ce décret est bientôt après rapporté sur cette observation de
Lacroix qu'il n'appartient pas aux députés de faire de tels
actes et que le soins de cet inventaire doit être, laissé au ministere
public.
Billaud- Varennes monte à la tribune. Il fait un discours
très -long pour mettre en évidence les crimes des députés détenus
et de leurs adhérens , leurs liaisons avec la cour , leurs
efforts pour sauver Louis Capet , lent correspondance avec Dumoutier
, las protection qu'ils ont toujours accordée aux mal
veillans , aux aristqorates , aux émigrés , la haine qu'ils ont
( 135 )
constamment manifestée contre les patriotes , les effors qu'ils
ont faits pour les opprimer, la joie qu'ils ont témoignée toutes les
fois qu'il arrivait de mauvaises nouvelles à la Convention , leur
correspondance avec les administrations des départemens , pour,
les porter à l'insurrection qui éclate dans ce moment : tels sont
les principaux chefs d'accusation . L'orateur a conclu par de
mander le décret d'accusation contre ceux qui ont été désignés
par le comité de salut public . L'Assemblée a vivement ap
plaudi le discous de Billaud-Varennes , et en a ordonné l'impres
sion , la distribution et l'envoi aux départemens , afin d'éclairer
l'opinion publique .
-
Le comité d'alienation a fait adopter , après une longue dis
eussion , un projet de décret , portant la suppression des droits
casuels et féodaux indistinctement , saus indemnité , et le bra
lement des titres de ces droits le io août prochain dans chaque
commune . La peine de deux ans de fer est portée contre cens
qui en garderaient ; toutes procédures civiles, et criminelles re
fatives à la perception de ces droits sont annulées et les dépens
compensés .
J
On donne lectura d'une lettre dés représentans envoyés dans
le département de l'Eure ; ils annoncent que deja les hostilités
out commence , mais que les soldats de Buzot out évacué Pacy
et fui vers Evreux .
Les commissaires à l'armée de la Vendée annoucent quedes
rebelles ont évacué plusieurs de leurs postes les plus importanss
Nantes est entiérement dégagé ; les communications avec Renues
et Brest sont rétablies .
Une lettre de Biron annonce sa démission.
Séance extraordinaire du lundi soir.
Cette séance a été presqu'entiérement consacrée à recevoit
des citoyens ou députations de sections , qui sont venus témoi
gner leur douleur et leurs regrets de la perte que le peuple
venait de faire en la personne de son plus zélé défenseur.
Frappez tous les conspirateurs , ont dit les hommes du 10.
août ; mettez à prix la tête des Capet fugitifs : pourquoi laisser
encore au Temple des individus de cette famille.
Quelques pétitions particulieres out été renvoyées aux comites
qui les concernaient.
Barrere donne lecture d'une lettre du général Beauharnais ,
en date du 8 , sur l'etat où se trouve Mayence , d'après le raps:
port de deux citoyens échappés de cette place. La garnison fait
toujours bonue defense ; les approvisionnemens sont en abon
dance : les commissaires Rewbel et Mer in partagent la gloire
et les dangers des soldats . Il es vrai que le commandant Meye
nier est mort de ses blessures ; c'est Aubert Dubayer qui cong
manie actuellement dans Cassel. Les deux citoyens qui ont
rapporté ces faits , oat confirmé la nouvelle que le fils du roi
de Prusse et alkreath oat failli tomber entre les mains des
Français.
I
4
( 136 )
le PARIS , k 18 juillet 1993.
COMMUNE. - Conseil-général , du 10 juillet,
Un membre annonce que la sestion de la Fraternité
envoyé des commissaires dans le département de l'Eure ; qu'u
de ces commissaires , Mouchet , est porteur d'un manifeste
des rebelles qui se trouvent dans le département de l'Eure
que la section de la Fraternité , induite en erreur , a invité
des commissaires de chaque section pour en entendre la lec
ture , que cette piece est une véritable déclaration de guerre
civile , un manifeste contre la constitution et contre la Con
vention ; que son but , et sur-tout son résultat , est d'empêcher
le recrutement. Sur le requisitoire du procureur de
la commune , le conseil prend pour dénonciation les faite
articulés ci-dessus , arrête qu'ils seront sur-le-champ communiqués
au département de police , comme empêchant le reerutement
ordonne que le comité de police prendra dans
Fintant toutes les mesures pour étouffer ce nouveau ferment
de contre-révolution.
Du 11. Le procureur de la commune donne lecture d'une
lettre qu'il vient de recevoir du département de l'Eure ; cette lettre
annonce que la guerre civile est prête à y éclater. Les citoyens
orient : vive la République , et ils ne veulent pas reconnaitre
la représentation nationale . Wimpfen a fait afficher une preclamation
où il est dit que le département de l'Eure ne marche
pas sur Paris , mais vers Paris et pour Paris. Gette lettre contemait
d'autres faits que Chaumette n'a pas éru devoir lire en
public.
Du 12. Le conseil- général casse un arrêté pris par l'assem
blée-générale de la section de la Fraternité , par lequel elle
déclare que les scellés apposés par l'administration de police
sur les papiers du citoyen Mouchet , l'un des commissaires
qu'ellé a envoyés dans le département de Eure , seront levés
par des
arrête
commissaires
nommés
par
elle. Le conseil
général arrête en outre que l'administration de police poursuivra pardevant
le tribunal révolutionnaire les auteurs et signataires
dudit arrêté , comme tendant à propager les principes du
fédéralisme.
Un membre fait le rapport de l'état du contingent. Il en ré
sulte qu'à l'exception des trois sections dont le contingent
n'est pas encore complet , toutes l'ont fourni.
Du 13. On annonce au conseil l'assassinat et la mort de
( 13,4
4
Marat, Hebert requiert le conseil de demander à la Cop
vention les honneurs de l'apothéosé pour l'Ami du Peuple. Us
membre propose de plus que son buste soit placé dans la
salle da conseil -général le réquisitoire et la proposition sont
adoptés. Le conseil nomme une commission pour aller sur-le
champ apposer les scellés sur les papiers de Marat.
Malgré la douleur qu'a excité parmi le peuple l'assassinas
de Marat , la tranquillité publique n'a pas été un instant trou
blée ; on allait en foule dans l'église des Cordeliem voir son
corps embaumé , et exposé sur un lit de parade , le même
qui servit aux funérailles de Lajouski. Le convoi a eu lieu le
16 au soir ; on y voyait la baignoire dans laquelle il était
lorsqu'il reçut le coup mortel , et la chemise ensanglantée qui
l'enveloppait. Le corps était porté à découvert. Plusieurs
orateurs ont en diverses stations , prononcé des discours
Féloge de l'Ami du peuple. Sorti sur les 7 heures de l'église
des Cordeliers , le convoi n'est entré qu'après minuit dans le
jardin qui porte ce nom. C'est là que les restes de Marat ont
été inhumés sous les arbres . La porte du jardin était tendne
d'une tentaré aux trois couleurs , et illuminée. Elle avait pour
inscription : Temple de la liberté.
On avait répandu qu'il y avait à l'Hôtel-Dieu une maladie
contagieuse. Ce bruit a été entièrement démenti par la section
de la Cité et par le rapport des médecins. Ils assurent même
qu'il y a moins de malades qu'à l'ordinaire , relativement à le
saison et aux chaleurs excessives qui nous donnent depuis
quelques jours la même température qu'à St.-Domingue.
On assure que le comité de salut public a destitué le général
Custines. Un courier , dit- on , est parti de Paris le 14 pang
lui annoncer cette nouvelle .
Condorcet s'est soustrait par la fuite au décret d'arrestation
lancé contre lui. Le citoyen Castellaune , prévenu de compli
cité dans le complot forme de faire monter le fils de Lenie
Capet sur le trône , à et a Neuilly ett traduit l'Ab,
baye. On assure que Miranda a été conduit à la Forec.
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
Il y a environ 15 jours que le tribunal révolutionnaire était
occupé de l'affaire des accusés d'Orléans . On connaît le fond
de ce procès . Les accusés étaient au nombre de treize . Quatre
seulement ont été acquittés . Les neuf autres ont été condam
nés à mort d'après la déclaration du juri , portant qu'ils étaient
( 138 )
les auteurs ou les complices d'un assassinat commis sur la
personne de Léonard Bourdon , représentant du peuple. Ils
ont subi leur jugement le 13 , sur les trois heures . Voici
feurs noms : François Couet , agent-de -change ; Joseph Buissor ,
négociant ; Jean Duvivier , marchand de bas ; Jacques Jacquet
le jeune , propriétaire ; Jean-Baptiste Poussot , propriétaire ;
Jean- Baptiste Quesnel , musicien ; Charles-Philippe Nonneville,
propriétaire ; Pierre Tassin Moncourt , ci devant seigneur ;
Jacques Broue de la Salle , blanchisseur de circ .
Le tribunal révolutionnaire s'est cccupé hier , tout le jour ,
du procès de Charlotte Corday. L'affluence des spectateurs
était prodigieuse. Duperret et Fauchet .ont aussi comparu . La
meurtriere de Marat a tout avoué ; elle n'a montré ni craîute ,
ni remord. Elle a répondu à toutes les questions qui lui ont
été faites avec une précision , une imperturbabilité et un sang.
froid qui étonnaient tout l'auditoire . Elle a constamment nié
toute espece de complicité avec qui que ce fût , et prétendu
qu'elle ne s'était déterminée à cet attentat que par la persua
sion que celui qu'elle avait pris pour victime était le principal
auteur des maux de la France : elle était tellement résolue à commetire
ce meurtre , que si elle n'eût pu le trouver Marat ailleurs ,
elle l'eût poignarde au sein même de la Convention . Elle a
été condamnée à mort , et exécutée à 7 heures du soir sur la
place de la Révolution . Elle a marché au supplice avec le plus
grand calme.
Interrogatoire de la fille Corday.
Premierement , à elle demande ses noms , surnoms , âge
qualités , pays et demeure ; a repondu se nommer Marie -Anne-
Charlotte Corday , ci-devant Darmant , natives de la paroisse
Saint-Saturnin -des - Lignerets , ci - devant Deséez , agée de 25 ans
moins quinze jours , vivant de ses revenus , demeurant ordinairement
à Caen , lieu de sa
le sa résidence , et presentement logée
rue des Vieux - Augustins , hôtel de la Providence . d
A elle demandé depuis quel tems elle est à Paris , et quel à
été l'objet
son voyage dans cette ville ; a répondu y être
de jeudi dernier avec un passe-port qu'elle avait obtenu à Caen ,
dont elle est partie le
ville sans aucun
de
d'avant , et être venue dans cette
A clle demandé s'il n'est pas vrai qu'heure présente elle
s'est introduite chez le citoyen Maat , qui était alors au bain ,
et s'il n'est pas également vrai qu'elle a assassiné ledit Marat
avec le couteau que nous lui représentons à l'iustant. A répondu
que oui , et qu'elle reconnaît le couteau.
et
A elle observe qu'il ne nous parait pas naturel qu'elle ait
concu ce dessein execrable de son propre mouvement ,
interpellée de nous declarer les persones qui l'ont engagée
à cette attentat , ainsi que de nous nommer les persones
qu'elle fréquente ordinairement dans la ville de Caen. A ré-
.97 9.
( 139 )
pondu qu'elle n'a communiqué son projet à ame qui vive
qu'il y avait quelque tems qu'elle avait le passe -port qui lui
a servi pour venir à Paris ; qu'en partant mardi dernier de
Caen , et quittant une vieille parente chez laquelle elle de
meure la citoyenne Coutelier de Breteville , veuve , âgée de
60 et quelques années ) ; elle répondante a seulement dit qu'elle.
allait voir son pere ; que très- peu de personnes fréquentaieut
la maison de cette parente , et qu'aucune n'a jamais rien si
de son dessein.
1
$1.26600 Sh
A elle observé que suivant sa réponse antécédente ,Pily a
tout lieu de croire qu'elle n'a quitté la ville de Caen que
pour venir commettre cet assassinat dans la personne du
citoyen Marat ; a répondu qu'il est vrai qu'elle avait ce dessein
, et qu'elle aurait pas quitté la ville de Caen si elle
n'eût eu l'envie de l'effectuer.
Sommée de nous déclarer où elle s'est procuré le couteau
dont elle s'est servi pour commettre ce meurtre ; somme de
nous dire quelles sont les personnes qu'elle a vues depuis
qu'elle est à Paris ; et enfin de nous rendre compte de ce qu'elle
a fait à Paris depuis le jeudi qu'elle y est arrivée. A répondy
avoir acheté le couteau dont elle s'est servie pour
assassiner
Marat, le matin à 8 heures , au Palais - Royal , et Pavoir paye
40 sous. Qu'elle ne connaît personne à Paris , où elle n'est jamais
venue. Qu'arrivée le jeudi , vers le midi , elle s'est conchée
, n'est sortie de son appartement que le vendredi matin
pour se promener vers la place des Victoires et dans le Palais-
Royal ; que l'après midi elle n'est point sortie ; qu'elle s'est
wise à écrire differens papiers que nous trouverons sur elle ,
qu'elle est sortie le matin , a été au Palais - Royal vers les sept
heures et demie , huit heures ; y a acheté le couteau dont nous
avons parlé ci -dessus ; a pris une voiture place des Victoires.
pour se faire conduire chez le citoyen Marat , auquel elle n'a
pu parvenir ; qu'alors retournée chez elle , elle a pris le parti
de luf écrire par la petite-poste , et sous un faux prétexte de lui.
demander une audience ; qu'elle repondante , sur ics 7 heures
et demie du soir , avait pris une voiture pour se présenter ekez
le citoyen Marat , y recevoir la réponse à sa lettre ; que crainte
d'essuyer encore un refus , elle se tait precautionuée d'ane
autre lettre qui est dans son porte- fenille et qu'elle se propo
sait de faire tenir audit citoyen Marat ; mais qu'elle n'en a point
fait usage , ayaut été reçue à cette heure ; enfin , que son projet
n'était point un projet ordinaire ,
z A elle demande comment elle est parvenue cette seconde for
auprès du choyen Marat , et dans quel tems elle a comihis ce
crime envers sa personue. A répondu que des femmes lut
avaient ouvert la porte ; qu'on avait refusé de la laisser entree
auprès de Marat ; mais que ce dernier ayant entendu la repon
danté insistèr , il avait lui-même demande qu'on l'introd
auprès de son bain qu'il avait fait plusieurs questions à la’res
( 140 )
gandante sus les députés de présent à Caen , sur leurs noma of
Feux des officiers municipaux ; que la répondante les lui aval
nommés ; et que Marat ayant dit qu'ils ne tarderaient pas à être
guillotinés , c'est alors qu'elle répondante a tiré son couteau
qu'elle portait dans son sein , dont elle a anssi-tôt frappé le cir
40yen Marat dans son bain.
A elle observé si, après avoir consommé ce crime , elle p'a
à
pas cherchée parla fenêtre a répondu que non
qu'elle n'a eu aucun dessein de s'évader par la fenêtre , mais
qu'elle se fût en allée par la porte , si on ne s'y fût opposé..
NOUVELLES DES DÉPARTEMEN 8 ,
3.A
Extrait des lettres des commissaires Robert Lindet et Durog daws
le département de l'Eure.
De Vernon le 14juillet . Les rebelles qui s'étaient approche
Vernon le 12 , et qui avaient été repoussés, ont reparu le 15
'armée a été au-devant d'eux. Le chef de brigade Imbert , qu
avait le commandement de l'armée en l'absence du general ,
fait les plus sages dispositions. Il a déploye les forces qu'il come
mandait avec un avantage qui en a imposé. Les révoltes ont tire
*
ou 5 coups de canon l'armée de la République , qui n'avait
jusqu'alors opposé que des évolutions , des marches et des
mouvemens , attendait l'ordre du général pour repousser la
force par la force. Le général a ordonné aux canonniers degiver.
30 ou 40 conps , tirés avec une extrême vivacité avec
deux pieces de quatre , ont forcé les révoltés à quitter le champ
de bataille et faire une retraite assez prompte du côté de la ville
d'Evreux Pacy s'en trouve évacue. Larmée a bivaque ; le
général a fait toutes les dispositions nécessaires pour prévenit
sonte surprise , toate alarme , et repousser les rebelles, s'ils se
présentent encore. şi
Le général Sepher arrive ce soir. f IIC 1 h si..
Pasy , le 15 juillet. Les citoyens de la ville d'Evreng
ont pas été plutôt délivrés de la présence des rebelles , qu'ile
ent librement émis le van, de tester attacher à la Républi
que et à la Convention, sent arrêté d'aller
118 -devant de
représentans du peuple , et de fraterniser avec l'armee qui viens
ge des délivrer du joug de leurs oppresseurs. La ville d'Evreux
est entierement libre. Les rebelles fuyent et se retirent dans
Le Calvados, L'avant-garde de l'armée de la République est as,
zivée à Pacy , où l'état-major est réuni . Nous avons reçu ef
embrassé les députés de la commune d'Evreux , qui attendait
sotre arrivée pour convoquer les assemblees primaires et ace
cepter la constitution. Nous nous rendrons demain avec l'asq
( 141 )
9
mée à Evreux où nous ne trouverons que des freres et des
amis. Les administrateurs coupables les chefs de la cons
piration out pris la fuite , leurs troupes se dispersent et seme
lent s'évanouir.
D'Avignon te 8 juillet . Le cinq de ce mois on apprend que
Jes Marseillais sont en marche de Tarascon vers Noyes. On
bat la générale. On envoye 500 hommes et deux pieces de
canon qui se portent en avant de l'auberge de la Barque sans
penser à aller occuper la Chartreuse. Les deux compagnies
Marseillaises viennent le même jour s'emparer de ce poste
important. Le lendemain 6 , à 4 heures du matin, les Marseillais
envoyent un gendarme avec ue proclamation pour s'annoncer
comme amis. On arrête le gendarme et l'on tire , pour toute
réponse , les deux canons sur les Marseillais ; ils ripostent
avec leurs pieces de 18 : nos gens se débandent et abandon-
Bent leurs canons. Les Marseillais passcut la Durance à leur
dise et viennent camper aux environs de la grange d'Islaud . On
Bat encore la générale , le même soir , dans la ville ; mais
elle produit encore moins de monde que la premiere fois,
Les fédérés Orangeais et autres , voyant les Aviguouais la
sher le pied se reuxent , et ils pe reste que les detachemens
d'Aubignan , de Châteauneuf et Entraigues. Dans la anit du 6
Su 7, arrive une lettre du général Marseillais portant qu'on ait à
lui ouvrir les portes , à vider les postes , à ne se montrer nulle
part en armes dans les rues , a ous peine de mort, Le matis
on apperçoit les Marseillais ; on vient conseil dans le tumulte
st après bien des délibérations inutiles , en finit par charger
Arnoux ,
curé d'Aubignan d'aller traiter des conditions. Una
moment après , sans attendre ni réponse , ni ordre on re
fire les canons , on ouvre les portes , et à 5 heures et demie
quartier- maître du bataillon Marseillais arrive seal , engage
les corps administratifs à aller au-devant des Marseillais. Ils
marchent accompagnés de quatre fusiliers. Au milieu de la
grande rue, les commissaires Marseillais se présentent aux corps.
administratifs. Le maire était applandi par-tout , comme ayans
sauvé la ville . Quelques pas plus loin , un officier de gen
darmerie Marseillaise arrive à cheval et signifie au maire qu'il
sit à faire fermer les portes de la ville , excepté selle de
Saint-Lazare. Le maire hésite ; l'officier réitere imperieusement
Fordre ; un valet de police part pour le faire éxécutér. A la
porte de Saint- Lazare était le commandant Marseillais qu
Parle au maire avec indignation des coups de canon tirés la
veille et qui menacent les factieux , on se mot en marche ș
la garde de la maison commune est désarmée , quelques personnes
sont arrêtées. Il paraît qu'on va faire un désarmement
général. Extrait des nouvelles politiques.
?
( 142 )
NOUVELLES DES ARMÉES.
ARMÉE DU NORD. Valenciennes .
On ignore encore si Condé , dépourvu de vivres et de munitions
, a été obligé de se rendre ; mais alors Valenciennes
éprouverait un feu plus vif et ses dangers seraient très -grands .
Dès le 21 juin , les Autrichiens avaient fait répandre avec profusion
, dans cette derniere ville , un manifeste où ils invitaient
Jes habitans à se livrer à eux , et il fallait que cette place eût
déja bien souffert , puisqu'à cette époque une partie des habitans
firent des démarches auprès du commandant pour l'inviter
à écouter ces propositions. Le commandant y répondit
proclamation suivante :
Citoyens , le conseil-général de la commune m'a rendu
compte des représentations que plusieurs citoyens et citoyennes
lui ont faites , relativement à la malheureuse situation dans
laquelle ils demeurent : 97་
å
A
Comme vous , chers citoyens , je suis sensible à ce malheureux
événements j'en verse même des larmes ; mais je ne
peux envisager qué non devoir envers la patrie. La loi me preserit
, sous peine de mort , de ne pas abandonner la defense des
remparts ,jusqu'au terme qu'elle indique ... Songez, citoyens, que
la ville de Valenciennes appartient à la nation entiere . Elle est
une des principales clés de la France . Voulez -vous que je trahisse
25 millions de nos freres , qui se reposent sur la force de
cette place , et qui vraisemblablement font marcher une armée
considerable pour venir à notre secours ....... Vous pouvez dis-
Poser de ma vie , mais jamais de mon devoir. Je vais m'occuper
des moyens de donner des syles à toutes les femmes et à tous
Fes enfans. Je vous exhorte à maintenir le calme et la tranquillité
publique ; car , si je voyais le moindre tumulte , le moindre,
rassemblement où le moindre acte défendu par la loi , je ne
pourrais plus ine dispenser de faire mon devoir et d'user de la
plus grande rigueur , quoi qu'il pût en coûter à non coeur et à
mon affection pour vous tous. 19%
315 FERRAND , générat de division , commandant la place .
• SANDINGAN JA
Du 10 juillet. La puisance des rois coalisés est venu se bril
ser contre les murs de Valenciennes , ils pourront faire de?
cette malheureuse ville un monceau de ruines et de cendres
mais ils ne pourront jamais dompter le courage invincible
de ses habitans , et des soldats républicains qui défendent ses
remparts l'histoire me founit pas d'exemple d'ua bombardeş
ment aussi cruel que celui qu'éprouve cette place. Depuis trois
semaines près de 200 bouches à feu jouent nuit et jour sur
འ་
( 143 )
la ville ; la garnison fait journellement des sorties non moins
funestes pour l'ennemi , que des batailles perdues . Cobourg
voyant que la place modérait son feu , crut qu'elle était dépour
vue de munitions , et résolut de tenter une escalade dans la
nuit du 5 au 6 , par les Anglais , les grenadiers Hongrois
et les Hanovriens , ar moyen de barques charges d'échelles
qui furen lances dans les fossés . Le géneral Ferrand s'apperçut
du dessein des ennemis , les laissa approcher , et comme ils se
disposaient à appliquer les échelles , il les assaillit aussi-tôt d'une
pluie de balles et de mitraille qui les atteiguit de toutes parts.
On évalue à 6000 hommes le nombre de cex qui sont restés
victimes de cette téméraire entreprise . On sait d'une maniere
positive que Cobourg était déterminé à sacrifier 5000)
hommes pour en assurer le succès . Les assiégeans repoussés
pirent la fuite en désordre , et furent poursuivis jusques dans
leur camp. L'explosion d'une mine qu'on fit saer dans le
même instant au Roulleux , acheva leur défaite .
2.6.4
Depuis le commencement du siege , l'ennemi a perdu une
giande quantité de pieces prises , enclouées ou mises Hors
d'état de servir. Une maladie épidémique , causée par les
exhalaisons fétides des bois de Raismes et du camp de Famars
porte la désolation dans l'armee des alliés . Les hôpitaux de
Mons et de Bruxelles ne peuvent suffire pour contenir tous
les malades et les blessés .
C
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi et du
mertredi. Bu
Mardi 16juillet. , Nouvelles désastreuses arrivées de Saint-
Domingue où l'anarchie est à son comble. Polverel et Santhonas
sont accusés d'être les autents des maux qu'éprouve aujours
d'hui cette colomie. 11 paraît que le projet de ces perfides.
agens est de la livrer aux Anglais. Decret d'accusation contre
Polverel et Santhonax.
-
Dubois-Dubay , représentant député , écrit de Maubeuge ,
en date du 12 juillet , que le general , Tourville a pris une 12
redoute autrichiennee en avant de cette ville ; l'action , a été
brillante , toutes les troupes qui y ont eu part se sont parfais
tement bien conduits. yapeet
Custines cerit de Cambray , le 17 juillet : 66 Hien , les troupes
de la République ,, forcées d'abord par l'ennemi à se retires
du poste de Saint -Amand , l'out a leur tour forcé à la retraite.
après un combat qui a duré deux heures. Dix-huit de nos
soldats ont été pris ou tués dans cette action , un grand nombre
d'ennemis ont perdu la vie. Le même, général envoie plusieurs
lettres et imprimés qui lui ont été adressés par les fédéralistes
de Bordeaux et de Caen , et par Félix Wimpfen ; ik envoie en
même-tem les réponses fortes et républicaines qu'il a faites.
( 244 )
Costines se plaint, de ce que le ministre de la guerre enlève &
Farmée du Nord des bataillons entiers et de la cavalerie
pour les faire marcher ailleurs , it déclate qu'il donnera les
ordres les plus formels pour empêches qu'aucun des corps qui
composent les deux armées du Nord et de la Moselle se
mettent en marche pour l'intérieur , sans une autorisation
expresse de la Convention. - Renvoyé au comité de salut
public,
"
La piece de Bordeaux , datée de 30 juin , est signée Grangeneuve
le jeune , président. Il
y est dit
que
80 mille hommes an
oinsarriveront sous peu de jours à Paris poury mettre les anarchistes
à la raison , rétablir l'intégralité de la Convention , etc.
Le général y est invité à s'unir d'intention avee les Bordelais ,
rester inébranlable à son poste , pour combattre les ennemis
du dehors , tandis qu'eux combattront les ennemis du
dedans , pour affermir et consolider la République une et indi
visible.
Celle de Wimpfen , datée de Caen , le 2 juillet , est à peu
près dans ce même sens.
Les deux réponses de Custine's sont , qu'il regarde la dé
mande des départemens réunis comme un attentat contre
T'unité et l'indivisibilité de la République ; que fidele à ses ser
mens dans la majorité il reconnaît la Convention ; et danë
la minorité , des factieux dont Wimpfen est le chef, etc.
Mercredi 17. Chabot demande que , pour s'être soustraits
an décret d'arrestation porté contre eux , Grangeneuve et
Condorcet soient mis hors de la llọoii.. Reavoyé au comité
de salut public.
4-
- Lacroix demande que la Convention déerete que la maison
Buzov sera rasée. Il faut savoir , observe un autre membre ,
si vraiment Buzot a une maison qui lui appartienne en propre.
Cela supposé , répond Thüriot , ce sera rendre service au
eitoyen auquel elle appartient que de la faire consumer pår leg
fammes. Décrété . -
Les commissaires près l'armée des côtes de la Rochelle ,
éerivent, en date du 11 que les corps administratifs de Id
Ville de Nantes avaient adhéré , le 5 dé ce mois , à la coalition
départementales et que le général Beysser , s'était mis à la
tête de la garnison de Nantes pour marcher contre Paris .
Lag Convention à déclaré traîtres à la patrie , et mis hors la
boi , Beysser , les signataires de l'arrêté , et Constard , député
➜ la Convention , qui a refusé de se rendre dans son sein.
ERRATA. Dans le Mercure précédent , nº. 102 , à l'article
Commune de Paris , page 90 , deuxieme paragraphe , an lit
Chabót au nom du comité de sûreté générale. Tout ce morceau
eat transposé. Ildois faire suite à du séance du lundi page v 88
1
( No. 105. 1793. )
Jer . 135.
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI 3 ACUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE.
A mon ami qui me reproche mon inactivité poétique .
QUAND
UAND la foudre à grand bruit épuisant ses carreaux ,
Nous fait craindre ou gémir sur nous et sur nos freres ,
Quand la patrie en pleurs , au sein de ses miseres ,
Voit ses propres enfans devenir ses bourreaux ;
Quand l'airain meurtrier de toutes parts résonne ,
Puis-jé mêler sans honte , en ce désordre affreux ,
Les chants du dieu des vers aux cris des malheureux ,
Et la fûte de Pan au clairon de Bellone ?
Non , non de l'Hélicon les bosquets sont déserts ,
Les neuf Soeurs du fracas semblent épouvantées ;
Et qui pourrait porter , sans troubler leurs concerts ,
Sur leur paisible luth des mains ensanglantées ?
O mes concitoyens ! quel démon odieux
Agite parmi vous sa torche incendiaire ?
Fermerez-vous long-tems , égarés , furieux ,
Vos coeurs à la raison , vos yeux à la lumiere ?
Pourquoi contre vous-même êtes-vous conjurés ?
Voulez-vous transformer , enfans dénaturés ,
Vos sillons nourriciers en vaste cimetiere ?
Liberté ! liberté ! non , ne le pérmets pas ;
Sur les bords de l'abîme arrête enfin leurs pas.
Qu'à ta voix l'anarchie et son hideux cortege
Purge le sol français de son aspect impur.
Viens , montre- toi ; replonge en son repaire obscur
De tes profanateurs la horde sacrilege.
Sous la pourpre ou la bure écrase les tyrans ;
De son trône usurpé fais tomber l'ignorance ;
Sois le soutien du peuple et l'effroi des brigands ;
De ce peuple abusé fais cesser la souffrance .
Daigne de trois fléaux le sauvant à la fois
L'arracher au désordré , à la famine , aug rois ;
Tome IV. N
( 194 )
F
Et qu'au sein de la paix retrouvant l'abondance ,
Pour être libre et grand , il obéisse aux lois.
Alors , ô mon pays ! ma lyre détendue
Saura se ranimer pour peindre mes transports ;
Et si durant tes maux le deuil l'a suspendue ,
Ton bonheur pourra seul lui rendre ses accords .
LA CHABEAUSSIERE.
SIMPLE
CHARADE.
IMPLE et modeste en sa parure ,
Philis ignore mon premier.
Son sopha n'est que de verdure ;
Son miroir n'est que mon dernier.
Quelques fleurs forment sa couronne :
Celle qu'on porte sur le trône
Serait pour elle mon entier,
Par le cit. H***. , vieaire épiscopat.
ENIGMĘ.
Je suis latin, français : en veux tu voir la preuve ?
Latin , je donne rien ; français , je donne un fleuve,
LOGO GRIPHE.
Ja suis cet utile théâtre
Our Cérès aux jaunes épis ,
Se fait battre par ses amis .
Mes pieds sont au nombre de quatre.
Quand on m'en ête le premier ,
Je pousse les humains jusqu'à s'entredétruire :
Et par moi tout vit et respite
Qusad on m'en ole le dernier.
ちょPar le cit. H*** ,, vicaire épiscopal,
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 104.
Le mot de la Charade est Dépouille ; celui de l'Enigme est Limaçan ;
celui du Logogriphe est Sore , dans lequel on trouve soi et aye.
( 195 )
CONTE.
LE BON FILS.
M. DUVAL , commerçant estimable par son intégrité ,
tenait à Rouen une bonne maison qu'il avait commencée
ties-jeune . Chef d'une nombreuse famille , il exerçait sur elle
F'autorité paternelle avec toute la rigueur d'un caractere violent,
opiniâtre et despote. Sa femme , modele de douceur et des agré
mens de son sexe , faisait son unique étude d'adoucir les
effets des emportemeus de son mari , de charmer son humeur
de le maintenir en paix avec ses enfans et lui-même ; mais
trop souvent ses efforts étaient rendus inutiles .
Léonard , leur fils ainé , avait reçu de la nature une de
ces trempes que modiñent aisément la prudence et la sagesse
d'un instituteur modéré , mais qui se révoltent ouvertement
contre Fexercice d'une autorité arbitraire on passionnée . 11
fut dont impossible d'éviter de fréquentes altercations entre lui
et son pere dont l'austérité , la rudesse déterminaient sa rési
tance et finissaient par la rendre indomptable .
Ces malheureuses dissentions augmenterent avec l'âge
dont la bouillante chaleur ne connaît plus de frein lorsqu'il
n'a pas été imposé de bonne heure par une main habile ;
Léonard avait atteint dix-huit ans , lorsqu'un jour , à la suite
d'une violente querelle , son pere furieux de ne point obtenir
une soumission qu'il n'avait jamais su qu'exiger , le mit à la
porte avec defense de se représenter devant lui .
Le jeune homme avait trop de fierté pour qu'il fût néces
saire de répéter deux fois cette defense ; dépourvn de tout ,
mais rempli de cette confiance qui tient au sentiment de ses
forces et de son courage , il sortit de la ville à l'instant , et
se mit en chemin pour le Havre. Arrivé dans ce port , fatiqué
d'une route précipitée , il rencontra un capitaine de
wisseau avec lequel sa famille avait en quelques relations , et,
à force d'instance , il obtint la permission de l'accompagner
dans le voyage qu'il était sur le point d'entreprendre pour
. Domingue,
Quelque violent qu'eût été l'emportement de M. Duval , la,
nature ne perdait pas ses droits , et ce pere tyrannique ne
put échapper au regret d'avoir été și bien obéi. La tendresse
maternelle fit éprouver de plus vives douleurs à sa sensible
epouse ; elle fut long-tems inconsolable de la perte d'un fils
dont sa touchante bonté lui avait assuré l'amour et le res.
pect. Son attachement pour ses autres enfans , lui conserva
une vie toujours marquée par des sacrifices , et remplie de
ces soins généreux qui suppléens au bonheur. Ses rechers
N
( 196 j
ches ne lui apprirent que l'embarquement de Léonard sang
l'éclairer sur les événemens subséquens qui pouvaient le concerner.
A cette cause de chagrin se joignirent bientôt des circonstances
fâcheuses ; des faillites inattendues , des pertes répétées
, une entreprise considérable dont le succès fut manqué
par les différends survenus entre M. Duval et les associés qu'il
s'était choisis , ébranlerent successivement sa fortune et son
crédit , et finirent par les ruiner. Après fort peu d'années
de revers et de tentatives pour en réparer les suites , il fut
obligé de se retirer à la campagne , où , consumé de mélancolie
et avec une santé altérće , il élevait sa nombreuse'
famille dans l'obscurité d'un état plus voisin de l'indigence
que de la médiocrité .
L'infortune de M. Duval lui valut cependant un avantage
qui ne peut êtrẻ trop payé ; son caractere se modera par
degrés . Sa raison reçut , de la puissante adversité , une force
que rien autre n'avait pu lui procurer ; il apprit à subjuguer
ses passions en s'efforçant de les maîtriser pour diminuer
les souffrances de ses compagnons de malheurs , et il
ne considérait plus qu'avec attendrissement sa digne femme
dout les qualites aimables lai devenaient chaque jour plus
précieuses .
Durant cet espace de tems , Léonard avait éprouvé les
vissicitudes du sort. Sa premiere navigation avait été malheureuse
; le capitaine , dont il s'était bientôt fait chérir par
l'activité de son esprit , par ses manieres franches , mourut
dans la traversée ; le jeune abandonné fut jeté au Port-au-
Prince sans argent , sans patron , sans ami. Il serait péri
de besoin sans un richie négociant qui prit compassion de
lui et l'emmena dans sa maison ; après s'être assuré de son
intelligence et de sa fidélité dans un emploi de peu de conséquence
, il l'initia dans la connaissance de son commerce .
La pénétration , l'exactitude et la diligence de Léonard le
rendirent si recommandable que des soins plus importans lui
färent confics ; il fut envoyé successivement aux Antilies et
dans les Etats - Unis ; il traita plusieurs affaires majeures avec
tant d'habileté qu'il augmenta la confiance de toutes les correspondances
, et assura des avantages immenses à la maison pous
laquelle il travaillait , et aux intérêts de laquelle il fut assodie
. Sa fortune , commencée à cette époque , s'accrut avec
rapidité .
L'impression que lui avait laissée le traitement qui lai fit
quitter la maison de son pere , la nécessité de travailler au
soutien de son existence et le train des affaires au milieu
desquelles il était plonge , suspendirent pendant long - tems et
semblaient avoir efface toute affection filiale . L'asyle paternel
ne s'offait à sa pensée que comme le théâtre d'un châtiment
cruel et non merite . Cependant , la nature le lui pré-
J
( 197 )
A
de son
sente par degré sous un aspect moins repoussant ; un grand
tervalle , une situation heureuse adoucissent le ressentiment
coeur ; il s'attendrissait au souvenir de la constante
bonté de sa mere , des jeux et des caresses de ses freres et
saurs. Tous ses sentimens se lient , se rappellent , et lorsque
les plus affectueux reprennent leur empire sur un coeur
généreux , il n'en est pas un seul qui n'acquiere un nouveau
développement.
Léonard réfléchissant sur lui - même avec impartialité , vint
à excuser la sévérité de son pere , à condamner sa propre
obstination , enfin à la trouver également blamable .
Aux emportemens de la premiere jeunesse avait , succédé
chez lui cette raison dont l'expérience d'une vie agitée hâte
la maturité ; l'homme impétueux , coeur sensible , approchant
de l'époque où il peut senger à devenir pere à son tour
devient aussi plus juste appréciateur de ce qu'il doit à ses
parens .
Les douces impressions reçues dans l'enfance auprès d'une
mere chérie , l'attrait que ne perdent jamais les lieux où le
coeur s'ouvrit au sentiment de l'existence , les affections que
tous ces événemens particuliers à Léonard éveillaient chez
lui , le presserent si vivement , qu'il résolut d'abandonner les
flatteuses espérances que sa situation pouvait offrir , pour
l'accroissement de ses richesses : il recueillit celles qu'il avait
acquises , pour repasser en France , où il arriva après une
absence de neuf ans . Il apprit en débarquant le triste change.
ment de l'état de sa famille ; il s'informa de sa retraite , et , le
coeur plein d'une tendre émotion , il se rendit , avec empressement
au lieu qui lui fut indiqué.
-
C'était vers le soir , au moment où le couple infortuné
s'entretenait mélancoliquement auprès d'un sombre foyer. Une
lettre que M. Duval avait reçue ce jour même du propriétaire.
de sa petite habitation , jettait toute la famille dans la douleur
et l'abattement, Que ferai - je ? s'écriait- il , en tenant à la
main cette lettre ; il menace de nous mettre dehors faute
du paiement de quelque tems de loyer. Homme cruel !
mais , hélas puis - je espérer d'un étranger plus d'humanité
que je n'en ai montré à mon propre fils ? La réflexion
était trop pénétrante pour que madame Duval pût la supporter;
elle joint ses mains , gémit et pleure amèrement . La considération
de sa situation présente ne fixe pas sa pensée un seul
instant ; elle ne voit et ne pleure que sou fils , perdu depuis ,
long-tems . 1
La fille aînée , dont l'habillement commun cachait mal les
formes agréables et la taille élégante , s'approche tendrement
de sa mere , et tandis que des pleurs sympathiques se succedent
sur ses joues brillantes , elle joint une main aux siennes
et soutient de l'autre sa tête penchee. Le pere soupire du fond
du coeur , et deux jeunes garçons , les plus âgés de ceux qui
N 3
( 198 )
restent , fixent douloureusement leurs regards sur cette scene
pénétraute.
Quelques enfans , de cet âge où l'on n'a point encore lá
conscience du chagrin , étaient assis devant la porte ; ils
accoutent avec la nouvelle qu'une chaise vient de s'arrêter
près de la maison , et qu'un beau monsieur est descendu de cetté
voiture. Il entre le moment d'après, mais à là vue du grouppe
qui se présente devant lui , ses forces l'abandonnent , il tombe
sur le premier siege . La famille l'envirotiue ; la mere , jettaut
sur lui des regards avides , s'écrie : mon fils , on fils et
demeure évanouié à ses côtes ; M. Duval arrêté , dans un étounement
presque stupide , leve au ciel ses mains recounaissantes ,
met un genou en terre et ne fait entendre que cette exclamation
Grand Dieu , je te remercie ! Alors , il couit
à son fils , le presse sur son sein , et le rappelle à la vie par
ses tendres embrassemens. Léonard n'a pas putot recouvré ses
facultés qu'il implore de son pere le pardon des torts' de fa
jeunesse . Te pardonner , Léouard c'est toi , mou enfant
, que je dois inviter à oublier le cruel traitement que je
t'ai fait subir ! Il le prend dans ses bras et baigne sou
visage de ses larmes . La mene cependant restait sans connais
sance dans ceux de sa fille ; le reste de la famille confus ,
effrayé , ne sait que penser de cette scene , et les plus petits
commencent à jetter les liauts crits pour leur mere , dont
l'état ressemble à la mort.
:
Les soins de son mari , de son fils , furent long-tems employés
avant de lui faire donner quelques sigues de vie , et lorsque ses
yeux s'ouvraient sur l'objet chéri qu'ils avaient tous pleuré , elle
succombait de nouveau à des accès de faiblesse ; il fallut la
mettre au lit , où , par degré , elle reprit la force de considérer
ét d'embrasser le fils qui lui était rendu. La saur aînée , qui
reconnut aisément le compagnon bien-aimé de ses premiers
aus , lui témoignait la plus vive sensibilité .
J.
Après les douces et tumultueuses effusions succéderent les
questions ; Léonard raconta brièvement ce qui lui était arrivé ,
sans s'appesantir sur les circonstances pénibles , pour ne pas
renouveller des impressions douloureuses ; il finit par déclarer
à ses parens que ce qu'il avait acquis était à eux ; qu'il le
mettait à leur disposition , et qu'il ne voulait y avoir qu'une
part égale à celle de chacun d'eux tous . Sa piété filiale , la
générosité de son prócedé exciterent cette tendre admiration
qu'inspire la vetiu sins faste , et ajouterent aux regrets du
pere d'avoir si pen connu un tel fils . Il ne voulut point accepter
l'offre de Léonard dans toute son étendue , mais , empruntant
seulement une partie considérable de ses fonds , il se l'associa
dans de nouvelles entreprises de commerce , dont les succès
Je nient en état d'elever , de pourvoir honorablement ses
zuures enfaus , et de passer le reste de ses jours dans l'aisance
et la paix.
Par un anonyme.
( 199 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES
Fournal d'un vayage fait dans l'intérieur de l'Amérique septentrios
nalé , traduit de l'Anglais , et enrichi de notes , par M. Noët
ancien professeur de belles lettres au collège de Louis-le - Grand ,
avec cartes et figures ; 2 ' volumes in-8°. A Paris , chez Lavillette
· libraire , rue du Battoir , nº . 8.
713
Ce journal , qui embraise l'espace de cinq années , depuis
1776 jusqu'en 1781 , c'est -à - dire à peu près tout le tems que
dura la guerre des colonies américaines contre l'Angleterre .
est l'ouvrage d'un jeune ollicier Anglais qui servait dans l'armée
de Burgoyne , et qui resta prisonnier chez les Américains depuis
la journée de Saratoga , où l'armée anglaise mit bas les arines ,
jusqu'à la conclusion de la paix . On pourrait croire d'abord
qu'il est difficile à un prisonnier de faire un journal de voyage ;
mais si l'on considere que le congrès embarrassé plus d'une
fois de la garde de trois mille cinq cents hommes dans un
pays expose de tout côté aux invasions de l'ennemi , les
transporia successivement d'un endroit à un autre , et ea dernier
lieu les envoya de la baie de Massachuset en Virginie ,
on concevra aisément que dans une route de trois cents lieues,
du Nord au Midi , faite en corps d'armée , c'est - à - dire à petites
journées , et en séjournant souvent suivant le besoin et les
circonstances , ou a le teins de voir et d'observer. Les marches
font connaître le pays , et les séjours , pius ou moins longs ,
font connaitre les habitaus. Cependant , les observations de
l'auteur sont en général assez bornées et fort superficiellese
les détails d'histoire uaturelle se retrouvent à peu près pari
tout les détails militaires pourraient être beaucoup plus
curieux ; mais passé la première année , l'auteur ne fut plus
portée de les voir ; et même avant la défaite de Burgoyne , il
est fort concis sur les operations de la campagne . Pendant les
trois autres années , ce qui l'occupe le plas , c'est , comme o
peut se l'imaginer , la situation où il est avec ses camarades
d'infortune , et le traitement qu'ils reçoivent des Américains.
In'est pas étonnant que ce soit un sujet presque continuet de
plaintes et de reproches ; mais il serait fort hasardeux de
décider à cet égard entre les vainqueurs et les vaincus , dont
les récits seraient vraisemblablement fort différeus , et ici lon
n'entend qu'une partie . On peut croire qu'avec la meilleure
volonté du monde , le congres ne pouvait pas toujours veiller.
dans un si grand éloignement , à tous les besoins d'une armée
prisonniere. Quant aux procédés , ce qu'on apperçoit asser
distinctement c'est que les Anglais , malgré leur disgrace , da
1
N4
( 200 )
»
y
peut-être à cause de cette disgrace même , étaient fort loin de
s'être corrigés de cet orgueil insultant qui s'obstinait à ne voir
que des sujets révoltés dans ces nombreuses peuplades qui
voulaient être libres , et qui en avaient le droit ; qu'au lieu de
eette dignité calme et fiere qui sied toujours à de braves gens ,
ils laissaient trop percer un injurieux dêdain , mêlê de Fai
greur et du ressentiment qu'inspire le souvenir d'une défaite
et la honte de se voir captifs de ceux qu'on a méprisés ; que
les Américains , de leur côté , de plus en plus ulcér par
l'acharnement des Anglais à les asservir , et par la guerre
cruelle qu'on leur faisait , étaient enfin passés de ces anciens
sentimens de fraternité , qui avaient long-tems suspendu la rup
ture , à une violente animosité , à une aversion, profonde qui
ne laissait plus d'espérance de retour ni de conciliation . Ces
sentimens se manifestent également dans l'exposé des démêlés
dont ce journal nous rend compte ; mais il n'en est pas moins
juste de penser que , malgré cette disposition générale et
réciproque , les torts ont été personnels , et que le sort des
prisonniers dépendait naturellement du caractère des officiers
Américains qui les eurent tour à tour sous leur garde
eut non -seulement des duretés et des insultes , mais des violences
et des assassinats . Il ne paraît pas que les conseils de
guerre en aient fait une justice assez sévere mais l'auteur
n'en est pas plus autorisé à affirmer , comme ibale fait que
les Américains avaient formé l'horrible projet de massacrer
tous leurs prisonniers . S'il s'est trouvé un ou deux hommes ,
assez féroces pour maltraiter les vaincus , et même -ppour lever
le glaive sur eux , est - ce une raison pour attribuer à toute une
nation une atrocité dont aucun peuple policé west capable ?
L'auteur reconnaît lui-même que dans d'autres occasions et
sous d'autres officiers les Anglais furent traités aussi bieû
qu'ils pouvaient l'être , et l'on sait que tous revinrent dans
leur patrie , excepté ceux qui prirent le parti de s'établir en
Amérique. Il cite même un trait qui fait le plus grand hon
neur aux vainqueurs de Saratoga , et qui mérite d'être rap
porté dans les termes de l'auteur. « Quelque malheureuse
que soit notre situation , ce n'est pas le premier exemple
" d'une armée obligée de se rendre , témoin la capitulation
de Closter-Séven si honteusement rompte ( 1 ) ; et si vous
( 1 ) Cette capitulation était bien plus étonnante que celle de
Saratoga , puisqu'on y fit mettre bas les armes à une armée de
trente mille hommes ; ce qui , pour le dire en passant , était la
suite des belles dispositions du maréchal d'Etrées et de la victoire
d'Hastembeck , dont le maréchal de Richelieu në fit que recueillir le
fruit. Au reste , on ne comprend pas pourquoi l'auteur Anglais
trouve de la honte à ce que cette capitulation ait été rompue . Le
cabinet de Versailles refusa de la ratifier ; dèslots les Hanovriën.
étaient libres .
201 )
' ouvrez l'histoire vous trouverez dans le siècle dernier que
l'armée commandée par le duc de Saxe- Eysenac , consides
" rablement affaiblie par les fatigues et les pertes de la cama
pagne , fut obligée de se rendre au maréchal de Créqui. Ce
général accorda au duc un passe-port conçu dans les termes
les plus honnêtes , par lequel il lui permettait de passer avec
son armée par une route désignée , et défendait à tout officier
" ou simple soldat de l'armée française de faire la moindre
insulte an duc ou à ses troupes pendant leur séjour en
Allemagne . Le général Gates a imité le maréchal à cet égard ;
car après que nous avons eu rendu nos armes et que notre
" marche a été réglée , nous avons passé au milieu de l'armée
" américaine sans que j'aie remarqué un seul regard d'risulte
» ou de mépris ; et c'était une douce satisfaction pour nous
» de voir que l'antipathic qu'on nous a si long- tems témoi
guée avait fait place au traitement que prescrivent les maximes
de la guerre , c'est-à dire une conduite pleine de politesse ,
2 sans que Pennemi prisonnier eût à se plaindre de l'inso
"
lence des vainqueurs . Pas un seul regard d'insulte ou; de
mépris à des hommes venus de deux mille lieues pour les
asservir et les exterminer Voilà qui est plus beau que là
victoire ce peuple se montrait grand ; il méritait d'être libres ;
Mais conçoit - on que l'auteur qui vient de lui rendre cè
témoignage , apparemment dans un premier mouvement de
reconnaissance , n'en parle ensuite qu'avec un mépris conti
nuel ? A la légèreté de ses jugeinens on s'apperçoit qu'il est
jeune , et à sa partialité son sent trop qu'il est Anglais voilà
en deux mots ses torts et leur excuse. On jugera de l'excès
de ses préventions et de son animosité par quelques traits que
j'en vais rapporter.
Si les Américains possédaient en général dos sentimens
* aussi nobles , on n'aurait pas vu les cruautés et les persé
cutions qui sont résultées de cette guerre contre nature et
" qui ont couvert le nom de l'Amérique d'une haine qu'aucun
tems ne peut effacer , ' qu'aucun mérite ne peut faire ous
blier 3 India three 1) 1.15 a.
1:
Qui aurait crû qu'il fût contre nature que des habitans d'un
hémisphere separé du nôtre par deux mille lieues de mer , nê
voulussent pas en recevoir des lois oppressives , et prétčizssent
de se gouverner par leurs propres lois ? Voila pourtant les sujej
de la guerre d'Amérique il n'y en eut jamais de plus légitime ,
A l'égard des cruautés et des persécutions , il y a pea de quetres
où les deux partis n'aient la dessus quelques reproches à sẽ
faire . Mais sied - il- ax Anglais d'en parlor , cux qui seals ois
à répondre à l'humanité des ravagés alhaus , das mantapPCÍ
barbares commis par ces hordes sativapes qu'ils arine, ent.court
les paisibles cultivateurs de l'Améliure .
Quan temerè in nosmet legem sa cius ipiquáin 1
( 202 )
Ast- on meilleure grace à tourner en ridicule fe mauvais
équipage des troupes continentales , à en tracer cette peinture
dont quelques traits ne sont que burlesques et d'autres atroces?
Elles sont composées des plus curieuses figures que vous
ayiez jamais vues. Quelques soldats , comme le petit Poucet
9 n'ont qu'une botte ; d'autres moins heureux n'en out point
Ceux- ci n'ont point de bas , et feurs pieds nuds paraissent
* à travers leurs souliers , Ceux - là ont des culottes indécemment
dechirces ; les uns ne portent qu'un gillet ; les autres
⚫ ont un habit trop long. Mais tous ont de beaux bounets
de dragous et de grands sabres attachés à leur ceinture.
Quelques- uns ont à leur selle des fourreaux de pistolets s
d'altres n'en ont point ; mais quant aux pistolets eux-mêmes,
its t'en ont pas entre eux tous une paire et demie. Ils sont
cependant assez bien montes , c'est la seule chose qu'on
puisse louer dans leur équipage ...... C'est réellement une
chose curieuse de voir ce regiment couvert de haillous
dont on pourrait dire , en empruntant l'idée de Shakespeare ,
• qu'on a fraudé les gibets pour le composer. "
Ah !jeune homme , on ne peut pardonner qu'à l'étourderie
de votre âge er aux prejuges de métier et de parti , de ne
pas sentir que tout le ridicule que vous amassez ici contie
vos edinemis hetombe sur vous . Ši le tems a muri vos idées
depais que vous avez écrit , vous devez aujourd'hui reconnaître
que vous faisiez , sans le savoir , le plus grand éloge de ceux
que vous voulice rabaisser . Ce peuple agricole et commerçaut,
qui n'avait jamais songé à la guerie et n'avait rien de prêt
pour la faire , la Et pourtant plutôt que de rester l'esclave
d'une métropole tyrannique ; accoutume à tirer tout de voue
pays , il consentit à manquer de tout plutôt que de recevoir
le jougs il eut le double heroïsme de braver a -la-fois et les
dangers et les besoins , de combattre sans expérience comme
sans moyens ; et comment n'avez - vous pas vu que son dénue.
ment rendait sa résistance plus respectable et ses victones plus
glorieuses ? Comment vous êtes - vous permis de peindre ces
hommes gencreux , qui risquaient et souffraient tout pour être
libtes , comme des brigands échappés au gibet ?. Certes , ricu
n'était plus éloigné du brigandage que les moeurs simples et ,
de votre aveu , généralement pures des colous Américains ; et
l'on sait , au contraire , combien il est commun sur vos grandes
routes d'Angleterre et dans vos tavernes de Londres , qui sont
également en possession de gaunir les gibets de Tyburne : c'est
le mal des grandes vilics , teles que votre capitale et la nôtre ;
c'est ce qui a seuidé notre revolution de galit de crimes , Les
brigands , mons:eur , sont ceux qui viennent porter le fer et
la Haumme chez un peuple innocent , qui n'a d'autre tort que
de ne vouloir pas leur être soumis . Heureuse l'amerique ,
qui n'ayant chez elle m villes monstrueusement peuplees , ni
Castes dominatrices , ni clergé opulent et ambitieux , ni cour
1 203
"
1
• dévorante et perverse s'est trouvée , par son état naturel
tout près des maurs et des vertus de la Liberté , et nous ,
hous avons été obligés de placer son berceau dans les palais
du desputisme ; cette masse immense de Paris qui a renversé
le monstre , renfermait en même tems dans son sein ce levain
de tous les vices que les despotes y entreteuaient , et que
l'ambition alimente encore ; et de toutes les contrées voisines ,
la lie des peuples de l'Europe est venue circuler et fermenter
daus les fanges de cette capitale.
Qu'aurait dit M. l'officier si son correspondant , capable
d'apprécier ses belles plaisanteries , lui eût répondu comment
donc avez - vous fait , yous qui aviez de si beaux uniformes
et de si bounes armes , pour vous laisser battre par
ces pauvres sans- culottes d'Amérique , et pour finir pár rendre
les armes à des gens qui n'avaient pas de souliers ? Mon ami ,
la raillerie est ici fort peu de saison . Tu aurais dû te souvenir
qu'à la guerré la honte n'est pas de montrer le derrière , mais
de le tourner à l'ennemi?
Ce qu'il y a de plus intéressantt pour nous dans cet ouvrage ,
c'est la conformite frappante entre la maniere de penser et de
parler , que l'on remarque dans les Anglais par rapport à la
revolution des colonies , et dans les ennemis de la liberté par
rapport à la nôtre. « J'ai voulu vous donner une idée de l'anarchie
et la cónfusion où ils tomberaient ( dans le cas où ils
3 obtiendraient leur indépendance ) , faute de magistrats doucs
29 d'un coeur droit pour meure en vigueur les lois de la justice .
13. Le nuage qui couvre lés jeux des Américains se dissipera bientôt,
et alors its verront clairement avec quelle funeste precipita
tion ils ont renoncé au contentement , au bonheur , aux droits
» et priviléges innombrables dont ils jouissaient sous notre gouver
99 nement. Peuple abusé ! tu vas reconnaitre ton erreur , mais
il sera top tard. Ce n'est point par esprit de parti que j'en
parle ainsi. Je suis sûr qu'il n'en existe pas un seul , si aveuglé
29 qu'il soit par les attraits de l'indépendance , qui , la main
9 sur son coeur, puisse dire qu'il éprouve la paix et le bon-
15 heur
auxquels il était accoutumé , et qui puisse se flatter ,
en jettant les yeux sur l'avenir , selon les probabilités
humaines , d'en jouir encore lui et ses enfans ....... Un siecle
* s'écoulera avant que les Américains puissent se relever de
„, l'état où les a jettés cette mallieureuse guerre . ››
Ne sont- ce pas là les propos que nous eutendons depuis
quatre ans ? Pour ce qui est des Américains , ils y ont
repondu d'une manière qui ne laisse plus lieu à la réplique
et ce sont eux aujourd'hui qui sont bien en droit de dire à
M. l'Oficier : mettez la main sur le coeur , et dites-nous sì
dans la situation florissante où vous nous voyez , vous nous
eroyez réellesbeut fort disposés à nous repentir d'avoir ac
quis none indépendance.
Quant à nous , il est trop vrai qu'elle doit nous coûter
plus cher , et j'en ai dit ci-dessus la maison , d'après les dif
( 204 )
ferences essentielles qui se trouvent entre l'Amérique et la
France ; mais avec plus de tems et de peine , l'issue doit
être la même , si nous nous souvenons bien que l'état d'un
peuple qui de la liberté retombe dans l'esclavage est pire
que tout ce que l'on peut imaginer : c'est celui de cet homme
de l'évangile , obsédé de sept démons au lieu d'un ; et fiunt
novissima illius hominis pejora prioribus .
L'auteur se croit exempt d'esprit de parti le lecteur est
assez à portée de voir ce qu'il en faut penser ; mais un seul
trait , plus fort que tout le reste , peut faire voir ce que c'est
en effet que l'esprit de parti , et à quel point il dénature toutes
les idées morales. Certes s'il y a un crime odieux et lâche
c'est celui d'attenter à la foi publique , fondement de toutes
les sociétés humaines , en alterant et falsifiant le signe représentatif
de tous les échanges et de toutes les valeurs ; en un
mot , la fausse monnoie est la science des brigands eh !
bien , l'auteur de ce journal se glorifie , au nom de son
pays , de la facilité d'inonder l'Amérique de faux papiers ; il
en détaille les moyens , non - seulement sans pudeur et sans
scrupule , mais du même ton dont on se vanterait d'un triom
phe legitime ; et il est sûr que ce détestable moyen fut une
des armes familieres aux Anglais contre les Américains , et
l'est encore aujourd'hui contre nous . Hommes libres , vous
dénoncez cette infâmie à tous les hommes qui respectent les
principes imprescriptibles de la justice et de la probité ; vous
pensez que rien ne peut justifier de pareils moyens , même
contre les ennemis les plus acharnés. Hommes libres , placez
yous vous - mêmes dans la balance où vous pesez vos ennemis
; ayez toujours devant les yeux le tribunal des nations
et de la posterité. Croyez , quoi qu'on puisse vous dire ,
que jamais la liberte ne peut être en opposition avec la moale
, et que leurs principes sont invariablement les mêmes.
Croyez que jamais cette liberté ne peut qu'être exposée et
compromise , quand elle emploie , sous quelque prétexte que
ce soit , les armes de la tyrannie ; car le premier fondement
de la liberté est l'estime de nous-mêmes et le profond sentiment
des droits de l'homme et dès que nous y portons
atteinte , nous attaquons , nous détruisons le principe de
notre force. Comme la liberté et la tyrannie sont diamétralement
opposées , il est contre la nature des choses que l'une
puisse en aucun cas penser et agir comme Pautre ; ce que
les tyrans eux - mêmes ne font , qu'en rougissant , ne peut
jamais honorer ni servir des républicains ; et si de cette théorie ,
incontestable , on passait à l'application , l'examen des faits
démontrerait avec la plus irrésistible évidence , que jamais
les mesures illegales et arbitraires , colorées du prétexte du
bien public . n'ont été de la moindre utilité , et qu'au contraire
elles n'ont fait que déshonorer très - gratuitement une
canse que l'on ne peut jamais mieux servir qu'en la faisant
toujours respecter.
69
3
MERG URE
14..
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE ..
De Hambourg , le 00 juillet 1793 .
CATHERINE II et Frédéric - Guillaume semblent desirer que
Stanislas et la diete de Grodno sanctionnent leurs établisse
mens . Ils demandent à ce prince de leur céder de bon gré
ce qu'ils ont pris de force . Ce dernier outrage a rendu quel
qu'énergie à l'ancien amant de la . Sémiramis du Nord , qui ,
après avoir consenti à sa perte , refuse du moins de signer sa
honte. Voici ce qu'on apprend par des lettres de Varsovie du
3 juillet.
Les notes remises le 19 juin par l'ambassadeur de Russie
et l'envoyé de Prusse , pour la nomination d'une délegation
chargée de pouvoirs de traiter avec eux , ont produit des
débats très-vifs . La plupart des membres de la diete s'opposaient
à cette proposition . Le roi se rangea de leur côté . Le
maréchal de la diete était pour la proposition que l'évêque
Kossakowski voulait faire passer moyennant quelques modifications
. Mais dans la séance du 26 on adopta , à la pluralité ,'
le projet du nonce Jankowski , portant qu'il fallait s'adresser
aux personnes amics de la république , et demander leur mé
diation , afin que les cours de Pétersbourg et de Berlin rendent
les provinces qu'elles ont fait occuper , et retirent leurs troupes
du territoire de la république. Après cet arrêté , on reprit
l'affaire de la nomination d'une délégation ; elle passa à læ
pluralité de 107 voix contre 24 , mais de maniere que cette
délégation n'aura des pouvoirs que pour négocier avec la cour
de Pétersbourg. Le comte de Woyna , qui était ministre de la
république à la cour de Vienne , a été de nouveau nommé
ministre auprès de cette cour. Voici la réponse du roi au sujet
des notes de l'ambassadeur de Russie et de l'envoyé de Prusse
Je déclare devant les états , qu'en accédant à la confédéra
tion de Targowitz , assemblée sous les auspices de l'impéra
trice de Russie , je ne l'ai fait que sur l'assurance positive que
les possessions de la république resteraient intactes . C'était
dans cette vue que j'ai fait cette démarche ; il est de mon devoir
d'en prévenir les états qui , je l'espere , auront les mêmes sentimens
que moi , relativement à l'intégrité de notre patrie . Je
vois bien qu'il faut faire à ces notes une réponse mesurée ;
mais notre demande n'a d'autre objet que de nous faire rendre.
nos provinces. J'espere que l'impératrice et le roi de Prusse
guides par des sentimens de sagesse et de justice , reconnaî
เ
( 206 )
tront que la nation polonaise n'a fourni aucun suje propre &
déterminer ces puissances à se partager plusieurs de ses provinces.
11
Tandis que le roi de Prusse et l'imperatrice de Russie con
somment en Pologne l'oeuvre d'iniquité dont l'Autriche voudrait
être encore plus complice , le Danemarck et la Suede se
preparent dans le silence de la paix à se mettre en état de
repousser d'injustes aggressions si jamais la Russie et l'Angleterre
entreprennent de leur faire la loi chez eux , comme
en effet la Grande-Bretagne l'a tenté il y a quelque tems à
l'égard du Danemarck au sujet de la neutralité que ce pays
conserve avec la France . Au reste , l'union la plus étroite regué
entre les deux puissances du Nord qui seules peuvent par leur
position mettre de ce côté des entraves à l'ambition alarmante
de leur dangereuse voisine .
―
On mande de Stockholm , que le roi , accompagné du dne
régent et d'une suite nombreuse , em est parti le 3 juillet pour
faire une tournée dans les provinces ; son retour dans la capitale
a été fixé au 6 août. Les vaisseaux arrivés ici de l'Inde
ajoutent les mêmes lettres , ont apporté une grande quantité
de sucre. Cette branche de commerce commence à prendre
assez d'étendue pour fournir non - seulement aux besoins du
pays , mais même promettre incessamment un excédeut à
vendre à l'étranger. Cela console un peu de la perte d'un
vaisseau de ligne de 64 canons qui a sauté à Carlscrone. Qu
y faisait bouillir de la poix , et le feu y a pris par l'impru
dence de ceux qui s'en occupaient. Cet accident , arrive le 4 .
a coûté la vie à 70 personnes , et la perte est évaluée à
$40,000 rixdalers.
La cour , ou pour mieux dire la régence , nommée par le
duc de Sudermanie pour gouverner pendant le voyage ins
fructif qu'il fait faire à son pupile , a cru devoir éclairer l'opinion
publique par une espece d'état de situation qu'elle a fait publier :
elle y dément les assertions , erronées ou calomnieuses , avancées
par quelques journalistes qui prétendaient que la Suede chèrchait
à dissimuler son embarras réel , surtout du côté des
finances.
Malgré les bruits sans fondement répandus par des gens
mal-intentionnés , la régence assure le peuple suédois que la
situation du royaume est bonne , aussi bonne qu'elle puisse
L'être après une guerre violente et l'ébranlement qu'elle y a
causé.
,, Quant à nos relations avec les puissances étrangeres
Leus sommes avec toutes en bonne intelligence , et nous n'avons
absolument rien à craindre d'aucune .
à
" A l'égard des dettes du royaume , le crédit de la nation
augmente on paie peu peu des sommes considerables ,
et les intérêts s'acquittent régulierement.
( 207 )
" On a établi dans la maison du roi la plus sévere économie
; toutes les dettes du roi qui allaient au-delà de 13,000
rixdalers , sont acquittées , et les dépenses de la cour sout
diminuées de 33,000 rixdalers par an.
" La régence ajoute , relativement aux contributions , que
quoique les besoins de l'état ne permettent pas d'en rien
retrancher, il est certain cependant qu'ils n'exigent point qu'elles
soient augmentées , et qu'elles ne le seront certainement pas.
" Enfin , on donne l'assurance qu'aucune diete ne sera con◄
voquée pendant la minorité , attendu que ce serait une con
travention à la volonté expresse consignée dans le testament
du feu roi , "
Les nouvelles de Copenhague portent que le commerce de
cette ville se maintient dans un état de prospérité ; il y est
arrivé beaucoup de navires de la Chine et des Indes , ce qui
a fait hausser considérablement les actions de la compagnie
Asiatique , dont les magasins contiennent en ce moment une
grande quantité de marchandises précieuses . Il venait d'ar
river au départ de ces lettres deux navires des Indes occiden
tales , chargés de café , de rum et de sucre des isles danoises .
et qui annonçaient qu'on pouvait s'attendre à la plus belle
récolte de ce dernier article ; ce qui vraisemblablement fera
baisser en France le prix de cette précieuse denrée , où remé
diera en partie à sa disette , si elle est réelle .
Nous apprenons ici , par la voie du Danemarck , que la division
de l'escadre russe sortie de Revel a été obligée de regagner
le port , pour réparer les dommages qu'elle a essuyée dans une
tempête. Personne ne plaint ces barbaresques du Nord , cent
feis pires que ceux du Midi,
Suivant des avis de Constantinople , du 24 juin , quelques
jours auparavant la flotte du capitan Pacha avait fait voile pour
la mer Blanche .
De Francfort- sur- le- Mein , le 25 juillet.
Les cours de Pétersbourg et de Berlin , qui trompent impće
rialement et royalement l'Autriche , Ini font jouer un rôle bien
singulier dans les conjonctures présentes ; elles prennent plaisir
à lui faire gagner le chétif lot qui lui revient dans ce nouveau
partage de la Pologne , où il semble que les trois puissances
co-partageantes , n'ayant pas plus de droit l'une que l'autre ,
auraient dû fidelement partager le gâteau , dont elles ne laissent
qu'une bouchée à l'Autriche .
Voici ce qu'on mande de Vienne à ce sujet : les affaires de
Pologne sont un grand objet des délibérations politiques de
notre cabinet. Il a fait remettre à ce sujet un mémoire trèse
détaillé aux cours de Pétersbourg et de Berlin . On veut
éviter des mésintelligences dans les conjonctures "actuelles ;
pour les prévenir , il a été arrêté une nouvelle convention
! 908 )
entre les trois couts on assure qu'elle pofte que les cours de
Pétersbourg et de Berlin garderont tout ce qu'elles ont fait
occuper en Pologne , et que notre cour , si d'autres, affairès ne
reussissent pas , aura aussi sa part dans ce pays ; on l'evalue à
1200 milles carrés . $
Quant aux affaires de France , il paraît que toute la poli
ique du cabinet autrichien se tourne sur celui de St-James :
on expédie fréquemment des couriers à Londres ; le dernier
qui en est revenu , nommé Morris , a rapporté , disent les
lettres du 12 juillet , des dépêches fort importantes , puisque
Je conseil s'est assemblé sur le champ , et que la séance a
duré très - long- tems . Les faiseurs de dons patriotiques ne dis
simulent pas plus que les autres l'impatience de voir finir cette
guerre ruineuse , pour laquelle on est forcé d'ouvrir des amprunts
, qui ne manquent pas , comme on sait , d'amener des
impôts ou la banqueroute , dont la seule crainte peut produire
une révolution .
* 1 100
Des lettres d'Erlangue du 12 juillet , en faisant remarquer
qu'il éclate successivement dans toutes les parties de l'Alle
agne des mouvemens , d'insurrection , ajoutent : ils prouvent
au moins le mécontentement où l'on est de la position actuelle
des choses. Le commerce et l'industrie sont dans une stagnation
presque absolue , et le poids des charges publiques augmente.
Il y a eu derniérement des troubles à Nuremberg , excités , dits
on , par les tailleurs d'habits ; pour les appaiser , il a fallu faire
venir 200 hommes de troupes du cercle de Franconie .
On craint même jusqu'à l'ombre de liberté , puisqu'on re
doute les sociétés.de franc - maçons , honorées d'abord en Allemagne
, et persécutés si cruellement depuis en Allemagne et
en Italie . Les priviléges dont les écoliers jouissaient depuis
an tems immémorial dans les universités , les confrairies , les
associations de tout genre portent ombrage aus gouvernans
qui deviennent de jour en jour plus soupçonneux et ont
transformé la dicte de Ratisbonne en une espece de tribunal
d'inquisition , comme le prouve la lettre suivante datée
de cette ville le 4 juillet .
Dans toutes les délibérations sur l'abolition des ordres secrets
dans les universités , qui ont occupé la diete depuis le 3 juin ,
ii a régué , par rapport à l'objet même , la plus grande unanimité
parmi tous les votans : il n'y a eu de diversité dans
les opinions , que sur la maniere de remplir ce but et sur
l'extension de la défense . Les uns étaient d'avis que la loi
devait porter sur tous les états et sur tous les ordres secrets.
It , en effet , le conclusum de la diete est parti du principe
que tous les ordres sont nuisibles et dangereux dans un état ,
mais pour cette fois , on n'en a voulu faire application qu'aux
ordres académiques . D'autres , par exemple, l'Autriche , proposaient
une visitation, prompte dans toutes les universités . ct
redressement de tous les abus par l'autorité des cercles 2
D'autres
( 209 )
D'autres encore étaient d'avis , et de ce nombre étaient Gotha
Altenbourg , Auxbourg , Passaw , Constance et Spire , qu '
fallait aussi soumettre à la visitation les instituteurs acadé
miques , et que chacun d'eux , lorsqu'il entrerait dans son emploi
, déclarât , sous serment , qu'il u'est lié jusqu'ici à aucun
ordre secret , et que désormais il ne prendrait d'engagement
dans aucun , ni ne le favoriserait d'aucune maniere.
Le résultat de cette délibération a été le conclusum de la diete
du 14 juin , qui parvint à la dietature le 19 , et qui porte ce
qui suit :
Conclusum de la diete du 14 juillet.
Les hauts états de l'empire portés à redresser par des moyens
convenables les abus introduits dans les écoles supérieures , ont
ttouvé à propos de faire précéder une défense générale , par
laquelle tous les ordres de confrérie secrette sont supprimés .
En conséquence tout étudiant qui , après cette publication ,
sera convaincu d'avoir persisté dans ces ordres secrets ,
puni :
19. Par la relégation , sans aucune rémission .
2º. Il ne sera admis dans aucune université.
sera
30. Il ne pourra être éligible à aucune place dans sa patries
Cette défense sera insérée expressément dans les lois de
l'université , et lecture en sera faite à tous les étudians par
le recteur ou protecteur qui y joindra une exhortation ener
gique de ne point la transgresser .
le
Les papiers Allemands dévoués à l'Autriche nous préparaient
depuis quelque tems à un emprunt ou à une
taxe extraordinaire , précisément en disant qu'il n'y en
aurait pas. Cependant , on apprend aujourd'hui que la
maison Frege et compagnie de Leipsic vient d'ouvrir pour
compte de l'empereur un emprunt de 2,000,000 de florins à
un intérêt de 4 et demi pour cent. Ce n'est pas le premier
et ce ne sera sûrement pas le dernier. On peut s'attendre
aussi à voir mettre de nouveaux billets de banque en circulation
. Déja plusieurs gazettes Allemandes les comparant
aux assignats , et leur donnant la préférence , disent que comme
il n'existe de ces papiers que pour la somme de 20,000,000 de
lorins , il y a des gens éclairés qui prétendent qu'il n'y aua
ait aucun inconvénient d'en émettre encore pour pareille
somme .
Malgré quelques mésintelligences entre l'Autriche et la
Prusse , ces deux cours sentent l'indispensable nécessité de
diriger , si - non leurs vues , du moins leurs efforts dans le
même sens c'est-à- dire contre les armes de la République
française , et sur- tout contre l'affermissement d'un ordre de
choses qui en lui faisant mettre de l'ensemble , de l'unité dans
ses moyens de défense les rendrait plus vigoureux . Aussi ne
négligent- elles rien à cet égard , et le cabinet de Londres
Tome LV.
( 210 )
seconde merveilleusement cette maniere inique , immorale e
fache d'attaquer son ennemi .
On dépense peut- être autant pour soudoyer chez lui des
agitateurs , des traîtres , des désorganisateurs , des corrupteurs
de toute morale publique et privée , que pour le faire attaquer
force ouverte par des troupes qui fassent la guerre
avec la franchise , la loyauté , le courage dont les Français
donnent l'exemple. Le reproche fait aux trois cours de cette
peridie carthaginoise, n'est que trop bien fondé , puisqu'il est
constant aujourd'hui que l'on fabrique en Prusse de la fausse
monnaie destinée à acheter à vil prix en France les bons
assignats , tandis que d'un autre côté dans la Grande-Bretagne
et dans plusieurs parties de l'empire existent des manufactures
de faux assignats ( nous ne dirons pas précisément avouées ,
mais nous oserons bien dire connues du gouvernement ) , dont
on a dessein de répandre dans la République une masse capable
d'ébranler son crédit . Heureusement ces trames odienses sont
déjouées , et il ne restera aux puissances que la honte de les
avoir mises en usage , et l'inquiétude de payer cher un jour
le petit profit qu'elles ont pu faire par ces infames manoeuvres .
La nécessité de finir cette guerre, ruineuse fait presser
vivement le siége de Mayence et de Valenciennes . Nous allons
donner les differens rapports des puissances combinées où l'on
rend compte des dernieres opérations militaires contre ces
deux villes . Nos lecteurs ne seront sans doute point étonnés
de les trouver en général à l'avantage des Autrichiens , des
Prussiens et des Anglais. Les relations françaises doivent servir
de correctif , et c'est de la comparaison des deux récits qu'on
peut obtenir un résultat exact .
De Mauheim le 21 juillet.
S. A. R. le prince Louis - Ferdinand de Prusse s'est fait
transporter ici , par eau , des environs de Mayence , pour se
rétablir de la blessure qu'il a reçue , le 16 , en emportant de
vive force une redonte des Français . H est arrivé le 19 à quatre
heures de l'après-midi , et est descendu à l'hôtel ducal de
Deux-Ponts . A la prise de la redoute , le prince y était le
premier , et un Français , qui le coucha en joue , lui brûla
le visage qu'effleura la balle ; un instant après il reçut une
blessure à la hauche , au moyen d'une grosse balle à cartouche
. algré cela , il n'eut pas plutôt fait bander la plaie
qu'il rejoignit les bataillons qu'il avait conduits , et y resta
encore quatre heures consécutives , c'est-à - dire jusqu'à ce que
tout fût fini. Le roi , pour récompenser le talent et la bravoure
dont le prince a donné une nouvelle et si grande preuve dans
'cette occasion ; l'a fait général - major.
Une canonnade violente et sans discontinration , que nous
entendimes vendredi dernier , depuis le matin jusqu'au soir
( 211 )
et qui venait du côté de Landau , nous annonçait une scene
sanglante , Sur le soir , nous apprimes que les Français avaient
attaqué les Allemands sur plusieurs points , et en avaient été
repoussés de ouies parts En attendant le rapport officiel sur
cette journée , voici ce qu'en dit une lettre d'Edinghoven :
*
De très -grand matin , les Français déboucherent d'Arxheim
par Aldesweiler , et attaquerent , comme d'ordinaire ,
avec une force très - supérieure en hommes , le cordon de la
montagne depuis Gleisweile et Frankweiler jusqu'à Burweiler.
A l'autre aîle , vers Germersheim et Nusdorf , ils faisaient une
fausse attaque . Leurs grands efforts , comme leurs grandes
forces , étaient dirigés contre la montagne . A Frankweiler , le
corps frane Ture , les chasseurs de Rohan et quelques Croates
se battirent comme des lions contre le nombre d'ennemis
dont ils se trouverent environués ; et long - tems ils les empêcherent
de se porter plus en avant ; mais ils céderent enfin
à la force trop disproportionnée des attaquans , et les Français
entrerent dans Gleisweiler et Frankweiler . Alors s'avancerent
des Esclavons qui étaient à Edesheim. Ils furent suivis
par le régiment prussien de Kleist , et , au moyen de ce secours
, les Français furent chassés de Gleisweiler . Quelques
compagnies de Tercy étaut encore arrivées de Rath , on poussa
l'ennemi hors de Frankweiler , jusques dans la plaine , où il
est resté. Lorsque les Français ont été débusqués de Gleisweiler
, les rues étaient jonchées de leurs morts . L'on
amena ici les blessés des Autrichiens et des chasseurs de
Rohan. Il y en avait plus de cinquante des premiers ; peutêtre
autant des autres , qui ont eu huit hommes de tués ; le
baron d'Ichtersheim le cadet est du nombre des blessés . Le
regiment de Kleist ,a beaucoup souffert il a peedu quelques
officiers , parmi lesquels un major . Il se passera encore quelque
chose ; on s'y attend.
1
Pendant que ceci se passait vers Landau , les Français faisaient
des mouvemens dans le duché de Deux- Ponts ; niais
à cet égard , on n'a encore reçu aucun avis relativement au
résultat.
Mayence est aux abois . Cette malheureuse place ne peut
pas tenir plus de deux fois 24 heures. Le commandant a demandé
au roi de Prusse la permission d'envoyer à Paris un
des commissaires nationaux , pour en avoir des instructions
relativement à la reddition de Mayence ; mais cette demande
lui a été refusée net.
De Cassel , près Magence , le 23 juillet.
Nous voyons enfin le terme de l'un des sieges les plus
memorables dont ait parlé l'histoire . Mayence est à nous .
Cette malheureuse place vient de capituler . C'est le général
de Kalkreuth qui a signé la capitulation , au nom de S. M.
Q &
( 212 )
le roi de Prusse , et le commandant de la place , M. Donaré
pour les Français . Je ne puis , en ce moment , vous donner
que la substance des articles de cette capitulation . Voici ce
qu'ils portent : L'armée français livre à S. M. le roi de
Prusse , la ville de Mayence , celle de Cassel , et toutes les
fortifications qui protégent ces deux villes . La garnison sortira
avec tous les honneurs de la guerre , et ira rejoindre l'armée
française , dite de la Mozelle ; mais elle ne pourra servir , avaut
l'année expirée , contre les troupes de S. M. Les officiersgénéraux
, sous - officiers employés , et généralement tous les
individus de l'armée , emmeneront leurs chevaux , leurs voitures
et leurs effets . La garnison restera dans la place , 48 heures
après la signature de la présente capitulation . Si ce délai ' est
pas suffisant , elle pourra séjourner 14 heures. La garnison
se mettra en route par plusieurs colonnes , et à termes différens
; elle sera protégée par des colonnes prussiennes . Un
article du projet de capitulation portait que la garnison pour
Fait emporter avec elle sept pieces de canon et sept caissons ;
ruais cette clause - là a été refusée .
Tout porte à croire que la prise de Mayence influera d'une
maniere puissante sur le sort des Français . Les puissances
coalisées auront 80 mille hommes des meilleures troupes de
l'Europe à leur opposer de plus qu'elles n'en avaient pendant
le siège . Aussi croit- on que le roi de Prusse ne tardera pas
à se porter sur Landau , à la tête de cette armée formidable .
Foici les articles de la capitulation proposée par le général de
brigade Doyré , commandant en chef à Mayence , Cassel et places
qui en dépendent.
Art. Ier. L'armée française livrera à S. M. le roi de Prusse
la ville de Mayence et Cassel , ainsi que leurs fortifications et
tous les postes qui en dépendent , dans leur état actuel , avec
les bouches à feu , tant françaises qu'étrangeres , munitions de
guerre et de bouche , à la réserve des objets mentionnés aux
articles suivans .
II. La garnison sortira avec les honneurs de la guerre , emportant
les armes , les bagages et autres effets appartenans en
propre aux individus de la garnison , et des vivres pour sa
Toute. Accordé , à condition que la garnison ne servira point
durant un an contre les armées des puissances coalisées , et que
elle emmène quelques chariots couverts , sa majescé prussienne se
réserve de les faire visiter , en cas où elle le jugerais à propos. )
si
II. Il sera accordé à la garnison d'emmener avec elle les
pieces de campagne , etc. , caissons . ( Refusé.´ )
IV. Les officiers -généraux et particuliers , commissaires des
guerres , chefs , etc. , employés des différentes administrations
à l'armée , et généralement tous les individus français emmeheront
leurs chevaux , voitures et effets .
213
V. La garnison restera dans la place 48 heures zprès la
signature de la présente capitulation , et si ce délai n'était pas ...
suffisant pour les dernieres divisions , il lui sera accordé une
prolongation de 24 heures .
VI. Il sera permis aux commandans et chefs d'envoyer un ou
plusieurs agens munis d'un sauve - conduit de sa majesté prussienue
, pour aller chercher les fonds nécessaires pour l'échange
de la monnaie de siége , et jusqu'audit échange , ou jusqu'à
l'époque d'un arrangement pris à ce sujet , la garnison française
demande à laisser des ôtages qui puissent compter sur
la protection de sa majesté prussienne . ( Accordé. )
VII. La garnison de Mayence et dépendance , lors de son
évacuation , se mettra en route pour la France sur plusieurs
colonnes , et partira à termes différens à chaque colonne ; il
sera fourni une escorte prussienne jusqu'à la frontiere pour
sa sûreté. Le général Doyré aura la liberté d'envoyer à l'armée
des officiers de l'état - major et des commissaires des
guerres , pour pourvoir à la subsistance et à l'établissement
des troupes Françaises . ( Accordé )
VIII . Dans le cas où les chevanx et voitures appartenans à
l'armée Française , ne suffiraient pas au transport de ses effets
de campement et autres objets désignés par les articles précédens
, il leur en sera fourni du pays en payant .
ne IX . Le transport des malades , et sur-tout des blessés ,
pouvant se faire par terre sans compromettre leur exissence ,
il leur sera fourni , aux fraix de la nation Française , les ba
teaux nécessaires pour s'effectuer par eau sur Thionville et
Metz , en prenant les précautions nécessaires pour la subsistance
de ces honorables victimes de la guerre . ( Accordé . )
X. Jusqu'à l'entiere évacuation de l'armee Française , il ne
sera permis à aucun habitant , actuellement hors de Mayence ,
d'y rentrer.
XI . Immédiatement après la signature de, la présente capitulation
, l'armée assiégeante pourra faire occuper par ses troupes
les postes suivans , savoir :
Le fort Charles , le fort Velche , le fort Elisabeth , lé fort
Philippe , la Double -Tenaille , le fort Luisenberg , le fort
Hauptrem , le fort Mars , l'islé Saint - Pierre , et les deux
portes de Cassel allant à Francfort et Wisbadin ; elle pourra de
plus occuper , conjointement avec les troupes françaises , la
porte Neuther et l'extrémité du pont du Rhin , adjacent à la
rive droite de ce - fleuve . ( Adopté . )
XII . Dans le plus court délai possible , le colonel Douay ,
directeur de l'arsenal , le lieutenant- colonel Verine , remettront
au chef de l'artillerie du génie de l'armée prussienne , les
armes , munitions , plans , etc. relatifs au service dont ils seront
respectivement chargés.
XIII . Il sera également nommé un commissaire de guerre
pour la remise des magasins et effets qu'ils contiennent.
0 3
Article additionnel.
XIV. Les déserteurs des armées combinées seront rendus
avec exactitude.
Fait à Marienbornn , le 23 juillet 1793 .
Signé , le lieutenant-général commandant l'armée combinée
devant, Mayence , KALKREUTH .
Le général de brigade , commandant en chef à Mayence ,
Cassel et dépendance . Signé , DOYRÉ.
Ce matin 23 , le comte de Wartensleben , passant par ici
en courier , nous a donné , en volant vers Vienne , la trè -
importante et agréable nouvelle que ce jour , à cinq heures
du matin , la garnison de Mayence a capitulé .
Elle a obtenu , ainsi que les commissaires de la Convention
nationale et les clubistes , la libre sortie , après avoir mis les
armes ba་s sur les glacis.
Il y eut hier précisément neuf mois que cette ville était au
pouvoir des Français . On assure que des divisions parmi la
garnison , et qui ont dégénéré en rixes sanglantes , ont avancé
la reddition de cette place .
Plus de 25 couriers s'expédient pour porter, cette grande
nouvelle en Angleterre , en Holiande , à Berlin , en Italie , etc.
PROVINCES - UNIES ET BELGI, QUE.
-
Suivant des lettres de Bruxelles , du 10 , on avait encore
envoyé au siége meurtrier de Valenciennes une grande partie
de l'artillerie de réserve qui était à Ath . Mais de l'aveu
même des assiégeans , ils avaient eu trois jours auparavant un
aecident dont ils rendent ainsi compte dans la nuit du 7 ,
on a continué de travailler aux banquettes et gradins de la
troisieme parallele ; et ce travail a presque été conduit à son
terme dans le courant de la journée . Sur le midi , une bombe
ennemie mit le feu à un magasin à poudre de la premiere
parallele . Cet accident a coûté la vie au premier lieutenant
Wassermantel et à un caporal de l'artillerie ; un sous - canonnier
et un Hanovrien y ont été blessés. D'ailleurs l'ennemi ,
pendant ces 24 heures , n'a раб fait grand usage de son artil
lerie. Il y a suppléé par le feu de sa mousqueterie , parti du
chemin couvert. Nous ne sommes pas restés sans y répondre ,
mais nous en ignorons le succès . Nous avons eu 5 morts et 22
blessés , non compris ce qui vient d'être annoncé comme
effet de la bombe tombée dans la premiere parallele .
Une lettre du quartier -général de Herin , après avoir parlé
de la reddition de Condé , s'exprime ainsi la conquête de
( 215 )
cette place nous offre de grands avantages. Notre armée est
maîtresse de l'Escaut jusqu'à Valenciennes ; nous avons dans
Condé un lieu de dépôt pour nos magasins ; enfin les troupes
employées au blocus seront un renfort , soit pour le siége de .
Valenciennes , soit pour l'armée d'observation qui le couvre .
Enfin des lettres particulieres , qui rendent compte de la
vigoureuse attaque et de la vigoureuse défense de Valenciennes ,
disent que malgré le feu continuel des assiégés , qui a tué
dans la nuit du 8 aug le comte de Hend , capitaine d'artil
lerie , les assiégeans ont perfectionné leurs batteries de troisieme
parallele , et en ont élevé deux nouvelles de communication
: ils ont aussi élargi les fossés dans celle du 9 au 10 ,
ils ont travaillé avec tant d'activité que deux batteries de dé
monte de la troisieme parallele , et une de la seconde , se
sont trouvées absolument finies . Les Français ont fait de la courtine
de la porte de Mons un feu terrible sur les batteries des
assigeans . Mais enfin plusieurs de ces batteries , particuliére,
ment celles servies par les Anglais , ont joué à leur tour avec
tant de succès , qu'elles ont imposé silence au canon de la
place , momentanément néanmoins ; car il a tonné, de nouveau
dans la nuit do 10 au 1 ; il paraît que depuis que les travaux
des assiégeans sont presque achevés , ils ne perdent plus que
très -peu d'hommes ; cela ne va gueres qu'à 5 à 6 par jour et
une vingtaine de blessés .
S'il faut en croire de derniers avis venant à la suite de lettres
dattées du 23 qui parlent de la reddition de Mayence , où elles
assurent que les balles et pierres à fusils manquaient , Valen- '
ciennes est aussi tombée au pouvoir de l'ennemi c'est le 19
que ce grand évenement a eu lieu . Cependant cette fâcheuse
nouvelle a besoin d'être confirmée .
L'armée d'observation commandée par le général Clairfait
qui protége le siege de Valenciennes vient de faire un mou
vement sur le Quesnoy son but est d'empêcher un corps
d'armée qui s'est rassemblé aux environs de Givet , de joindre
une partie de celle du général Custines , dans la vue sans doute
d'opérer une diversion en tachant de pénétrer sur Namur.
--
Une lettre de Liége , du 17 , annonce qu'un incendie considérable
a consumé une quarantaine de maisons à Spa . Cette
ville est absolument déserte en ce moment . Quelques miserables
émigrés , auxquels elle sert de refuge , vivent tristement
dans ce même lieu , où il n'y a que quelques années ils faisaient
rouler l'or sur les tables de pharaon. Le prince - évêque
y exerce une autorité despotique a nsi qu'à Liège . On '
jugera par le trait suivant de la mansuétude de ce digne prelat
, et comment il tient la parole qu'il avait donnée dans une
amnistie . On a banni avant hier de la ville et du territoire
pour le terme de 101 ans deux chartiers Liégeois , dont le
crime énorme était d'avoir été employés à la conduite de
04
( 216 )
voitures pour la République Française : on a fouetté de verges
le même jour trois autres Liégeois pour avoir chanté des cou
pléis patriotiques . Le lendemain et lé surlendemain il devait
y avoir une nouvelle flagellation encore pour cause de patriotisme
. Il n'est sorte de barbarie qui ne soit exercée par
le gouvernement épiscopal de Liége . Voilà les fruits de l'ampistie
, dernièrement accordée par le digne évêque de
pays.
ce
Suivant une lettre de la Haye , du 16 , on a jugé la veille ,
les officiers qui , comme membres du conseil de guerre à
Breda , ont signé la capitulation de cette ville. Neuf , tant
colonels , lieutenans - colonels , que majors , ont été condamnés
à un an et six semaines de prison , et à leuis frais ;
ce terme a été réduit à trois mois par le stathouder. L'ingé
nieur en chef Schraster a subi la peine de dégradation : on
l'a fait passer en qualité de simple sous - lieutenant dans une
compagnie de pontoniers .
ESPAGNE. De Madrid , le a juillet ,
Le duc d'Alcudia , premier ministre , vient d'être fait capitaine
général ; il a donné à cette occasion un très -grand repas ,
où l'on a remarqué qu'une partie était servie en vaisselle d'or
dont le roi lui a fait présent. C'est assurément du gré de la
reine , si ce n'est pas à sa sollicitation . On lui a récemment
apporté des drapeaux tricolors et des écharpes municipales ,
dont l'orgueilleux ministre a fait des trophées à la porte de
son hôtel . D'autres dépouilles de ce genre ont été déposées
dans l'église de Notre - Dame d'Antocha .
On a aussi conduit à Fontarabie l'artillerie , les munitions
et tous les effets de guerre qui se trouvent à Andaye . Cela
consiste en un canon de fer du calibre de 30 , en cinq autres
de 24 , en trois de 12 , avec trois canons de bronze de même
portée , des mortiers , beaucoup de bombes , de grenades ,
de poudre , etc. A la suite de la notice où sont contenus ces
détails , on a rendu publique une résolution royale de la teneur
suivante :
1
Le roi desirant donner aux habitans des pays conquis en
Roussillon et en Cerdagne , par son armée de Catalogne
une preuve de son amour royal et de l'intérêt qu'il prend à
leur bonheur , a résolu que les natifs desdits pays conquis
qui auront prêté le serment de fidélité , puissent , aussi longtems
qu'ils seront sous sa domination , introduire dans ses
royaumes , par les douanes de la frontiere , leurs bestiaux et
deurées , à l'exception toutefois du vin , au sujet duquel ,
comme à celui des objets de manufacture , S. M. ne pretend
rien changer aux dispositions antérieures , jusqu'à ce qu'elle
ait pris une résolution définitive que demande l'azienda royal .
relativement au commerce et à l'industrie de ses vasmx et
des pays susdits . 22,
( 217 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE JEAN - BON - SAINT - ANDRÉ .
Séance du mardi , 23 juillet.
La séance s'est ouverte par la lecture d'une adresse des
administrateurs du Bas-Rhin , dans laquelle ils protestent contre
un arrêté des représentans du peuple . Get arrêté enjoint aux
administrateurs de fournir une quantité considérable de grains
pour l'armée de la Moselle , sous peine d'être déclarés traîtres ,
et mis hors de la loi . Ils observent qu'ils en ont à peine assez
pour aller jusqu'à la récolte . Renvoyé au comité de salut
public .
Rouyer et Brunet , commissaires de la Convention , écrivent
de Lyon pour justifier la conduite des eitoyens de cette ville ,
et demander le rapport des décrets rendus contre eux . Leur
lettre est renvoyée au comité de salut public sans qu'il en soit
donné lecture,
Letourneur a pris la parole pour instruire l'Assemblée comment
il se faisait que Rouyer et Brunet étaient à Lyon : il a
dit que c'était par ordre du comité de salut public . Saint- André
a déclaré que la mission de ces commissaires n'était pas de fléchir
devant la tyrannie lyonnaise ; il a demande qu'on prit
des mesures pour atteindre les rebelles , et que la conduite des
deux députés qui ont avili leur caractere fôt examinée .
Le comité de salut public a fait un rapport sur la situation
actuelle de Lyon . ( Voyez la notice de cette séance dans le numéro
précédent. )
"
Sur la demande de Chabot , il est décrété qu'il n'y aura plus
qu'une cloche dans chaque paroisse , et que les autres seront
converties en canons .
Châteauneuf- Randon a fait passer de Rhodès les dépositions
de Charrier , qui croyant avoir sa grace a fait des aveux importans
sur la conjuration à la tête de laquelle il s'était mis. Il a
été exécuté le 17 de ce mois . Renvoyé au comité de salut
public .
-
Gambon annonce que les assemblées primaires de la ville de
Montpellier viennent d'être convoquées , et que tout promet
que la constitution y sera acceptée . Le voeu du peuple , ajoute-t- il ,
n'est pas douteux pour la constitution ; malgré les intrigues
des malveillans , il est certain qu'elle sera acceptée par plusieurs
millions de votans ; alors on fera voir aux puissances
étrangeres que la République n'est pas l'ouvrage d'une faction ,
( 218 )
qu'elle est le résultat de la volonté nationale . Je demande qu'une
Commission de cinq membres , qui vous seront designės par
le comité de salut public , soit chargée de dresser le projet
des lois politiques et réglémentaires nécessaires pour mettre
la constitution en activité.
Ramel propose de nommer une autre commission pour tout
ce qui peut améliorer les finances de la Republique .
Toutes ces propositions sont décrctées .
Séance du mercredi , 24 juillet.
La correspondance annonce , comme à l'ordinaire , beaucoup
d'acceptations de l'acte constitutionnel. Les armées des
côtes de Cherbourg et des Pyrénces orientales l'ont accepté à
l'unanimité.
Le comité de salut public fait décriter qu'il y aura dans
la ville de Montauban une manufacture d'armes et de ca
nons.
On fait lecture d'une lettre des commissaires du pouvoir
exécutit à Lyon.
Iyon , le 14 juillet , l'an 2 de la République Française.
Législateurs , aujourd'hui la fédération a eu lieu dans notre
ville de Lyon ; les administrateurs y avaient invité toutes les
communes du département , et il s'y en est trouvé peut- être
douze ou quinze , lesquelles , au retour de la cérémonie , ont
été célébrer un banquet , que dans chaque Section on leur
avait préparé . Là , après avoir satisfait à la réfection , les présidens
de sections ont proposé une prestation de serment pour
le soutien de la République Lyonnaise et fédérative ; mais
quelle a été leur surprise , lorsqu'un refus formel de la part
des braves habitaus des campagnes et des braves canonniers
des troupes de ligne s'est opposé énergiquement leur dessein !
Ces agens des administrations rebelles ont essayé tous les
moyens pour séduire les campagnes , et les soulever contre
vous et vos décrets ; ils ont appelé des députés de toutes les
communes qu'ils voulaient payer à 6 livres ; et sans leur
avoir annoncé l'objet de leur mission ; ils se sont rendus à
Finvitation. Là , on leur a proposé une levée d'hommes pour
une force armée départementale , pour aller contre Paris , et
les autres departemens qui sont dans les bons principes , et en
ontre une imposition pour subvenir aux frais de cette force armée .
Une séance de 36 heures s'est passée dans de longues et mielleuses
propositions de la part des administrateurs , et de longs
et serieux détails d'opposition de la part de la majorité des
députés , sur lesquels ils n'ont rien pu obtenir , malgré les
menaces et les atrocités lancées contr'eux , et dont la plupart
sont rentrés dans leurs foyers , outrés de la scélératesse
et du brigandage qui dominent danus Lyon , et sur les patriotes
qui gémissent sous la plus grande oppression. Fastent le Ciel , et
( 219 )
les mesures que vous allez prendre à ce sujet , que le terme de
tant d'abominations et de tyrannie soit enfin terminé ! Contage ,
législateurs , usez de la justice et des moyens qui sont en
votre pouvoir , et les patriotes délivrés et triomphans , vous
comblercut de bénédictions .
Signės , les commissaires du pouvoir exécutif.
Le président instruit la Convention que ses commissaires
l'armée du Nord , Duhem et Lesage- Senault , l'invitent à
approuver sur-le- champ l'arrêté suivant :
Nous , représentans du peuple , considérant que les dénonciations
qui nous ont été portées contre le général Lavallette,
out un caractere de gravité ; considérant que , les différends
entre lui et le général Lamarliere , tendent à occasionner l'insubordination
des soldats ,
" Arrêtons , 1º . que le général Lavalette gera suspendu de
ses fonctions ; 2 ° . que Lavalette et Lamarliere se rendront
sur-le-champ auprès du comité de salut public ; 3 ° . que Duffroi,
aide de- camp de Lavalette , sera mis en état d'arestation et
interrogé par le juge de paix , et que les scellés seront apposés
sur ses papiers ; 4° . que Dupont emplacera provisoitement
Lamarliere ; et Chevano , Lavalette .
Le salut public , a dit Robespierre aîné , exige que l'on
répande quelques lumieres sur cette affaire . Personne n'ignore
que Lamarliere est l'intime de Custines , qu'ils ont tous les
deux tramé une conspiration qui sem aussi déjouec . Vos com
missaires sont tombés dans une grande erreur. Je connais tout
ce qui s'est passé à Lille . J'ai en main la preuve de tous les
faits . J'atteste sur ma tête à toute la France , qu'il n'y a pas
de precaution que Lamarliere n'ait prise pour livrer Lille aux
Autrichiens , et qu'il n'y a pas de moyen que Lavalette n'ait
employé pour s'y opposer. Rappellez - vous la trahison de Du
mourier , ce traitre envoya Miaczinski à Lille , pour faire
tomber cette place entre les mains de vos ennemis ; Lavalette
hit chouer ce complot. Depuis , il a déjoué , autant qu'il a
été en lui , les manoeuvres de Lamarliere , qui s'est obstiné à
rester à Lille , malgré les ordres du conseil exécutif qui lui
avait assigné un autre poste . Il est étonnant , citoyens , que
celui qui a fait tant d'efforts pour faire triompher la cause du
peuple , ait succombé au tribunal de vos commissaites . "
,, Lavalette a pour lui les soldats , la société populaire
tous les patriotes , et c'est contre Lavalette qu'on prononce !
J'espere que le génie de la liberté protégera encore une fois
les patriotes , et qu'il les fera triompher de cette lutte. Lavalette
viendra à Paris , et le comité de salut public et le con - `
seil exécutif mieux instruits , rendront justice à son républicanisme
, et le renverront bientôt à son poste . La trahison dé
Lamarliere et de Custines , son protecteur , sera mise à dé-
Couvert ; je prends l'engagement de les confoudre . Voilà les
( 220 )
faits que je voulais faire connaitre à la Convention ; il y a ici
des soldats , de vrais républicains , qui ont des faits importans
à révéler ; je demande qu'ils soient entendus , et que demain le
comité de salut public nous fasse un rapport sur cet objet , afin
qu'on ne perde pas un instant pour conserver à la ville de Lille
un homme bien utile à la défense de cette place , et qui est
persécuté par des généraux perfides . "
Bentabole annonce qu'il a vu , il y a quelques jours , une
lettre de Duhem , commissaire de la Convention , dans laquelle
il faisait un éloge pompeux de Custines .
Robespierre demande qu'il soit rappellé à l'instant. - Duhem
est rappellé.
Une lettre des commissaires à Evreux apprend que la tranquillité
est entierement rétablie dans cette ville , que la constiaution
a été acceptée , que les contributions s'acquittent , et
que dans peu les auteurs des troublés seront connus.
7
Les commissaires à l'armée des côtés de la Rochelle annoncent
que les villes de Nantes , l'Orient , Vannes et Ancenis ont
accepté la constitution . Ils font passer une lettre de Beysser ,
qui n'ayant en vue que le bien et l'intérêt de sa patrie est
prêt , dit-il , à succéder à Biron , et à marcher au poste qu'on
lui désigners.
Les commissaires ont fait des requisitions pour le faire
arrêter.
Nota. Il s'est élevé dans le cours de cette séance des débats
sur le mode d'exécution du décret du corps législatif , portant
que les prêtres réfractaires seront déportés à la Guyanne fran
çaise. Voyez la notice de cette séance dans le précédent numéro . )
Le nombre des juges qui composent le tribunal extraordi
naire , fixé à cinq par le décret d'institution de ce tribunal
est porté à sept . Il sera formé une liste de candidats pour
la nomination des deux nouveaux juges.
Séance du jeudi , 25 juillet .
Fourcroy , suppléant de Marat , est admis au nombre des
représentans du peuple .
Un des plus grands maux qui affligent la République , a
dit Drouet , et le plus aisé à détruire , parce que pour y
parvenir il ne faut que des lois rigoureuses , c'est l'agiotage
et l'accaparement . On est parvenu à spéculer usurairement
sur les assignats royaux et les assignats républicains . Je demande
que la Convention décrete que dans un tems déterminé
les assignats portant l'effigie de Louis Capet n'auront plus
cours .
Cette motion incidente a été fortement appuyée par Lacroix
et plusieurs autres membres . L'Assemblée en a fait le renvoi
aux comités des finances et des assignats réunis , pour lui en
Eaire le rapport sous trois jours .
Le comité de legislation présente et l'Assemblée adopte le
( 221 )
décret suivant contre ceux qui tenteraient de dissoudre on de
gêner les sociétés populaires.
Art. 1er . Toute autorité , tout individu qui se permettrait,
sous quelque prétexte que ce soit , de porter obstacle à la
réunion , ou d'employer quelque moyen pour dissoudre les
sociétés populaires , sera poursuivi.comme coupable d'attentat
contre la liberté , et puni comme tel .
II. La peine contre les fonctionnaires publics qui se seraient
rendus coupables de l'un ou de l'autre de ces délits , est de
dix années de fers .
III . Les commandans de la force publique qui agiraient ou
qui donneraient des ordres pour agir , à l'effet d'empêcher la
réunion , ou pour dissoudre les sociétés populaires , s'ils sont
porteurs d'une réquisition écrite , seront condamnés , à cinq
années de détention ; s'ils ont agi sans réquisition , ils subi
ront dix années de fers .
IV. Les particuliers coupables des délits ci - dessus , et ceux
qui auraient enlevé , ou donne l'ordre d'enlever les registres
ou documens des sociétés populaires , seront poursuivis et punis
de cinq années de fers . I 413
V. Les administrations de département et de district , et les
municipalités sout tenues , sous leur responsabilité , de veiller
à ce que les délits de cette nature , qui se sont commis avant
la promulgation de la présente loi , soient promptement réparés.
VI. Les procureurs - généraux - syndics , les procurers -syndics
et procureurs des communes , seront tenus de dénoncer , et
les accusateurs publics de poursuivre tous les délits de cette
espece qui viendront à leur connaissance , à peine de desti
tution .
La discussion s'est ensuite portée sur un projet tendant à
résilier les marchés de Despagnac pour le service des charrois
militaires , et à faire établir une régie . La résiliation a
eu lieu. Il sera établi une régie composée de sept régisseurs
qui devront fournir un cautionnement de 300 mille livres
chacun
9
La
Une lettre des représentans du peuple à l'armée des Pyrennées
orientales , en date du 18 de ce mois , annonce à la
Convention un avantage remporté , par les troupes de la
République . L'ennemi a laissé 1000 hommes sur le champ
de bataille : cette victoire a forcé les Espagnols à lever leur camp.
Le général Deflers confirme cette nouvelle et y ajoute de
nouveaux détails . Il se plaint de manquer de cavalerie .
Convention décrete que tout garde national à cheval dans toute
l'étendue de la République est en réquisition permanente ; que
les représentans du peuple et les généraux peuvent les faire
marcher sans qu'aucun d'eux puisse donner sa démission ;
que les corps administratifs fourniront à chaque cavalier qui
ne serait pas monté , un cheval de luxe et son équipement.
( 222 )
4
Earrere obtient la parole au nom du comité de salut publique.
Valenciennes tient toujours , dit Barrere ; mais depuis
la reddition de Condé , l'ennemi peut disposer une majeure
partie de ses forces sur cette place . Le comité s'est
occupe de toutes les mesures d'ensemble propres à en faire
lever le siége . Il a pris , le 23 , différens arrêtés . On a pris
en même- tems tous les moyens d'exécution ; ils doivent encore
'être tenus secrets . Il n'y en a plus que deux à prendre , et
ils dépendent de la Convention : l'un est un envoi de commissaires
, l'autre a pour objet le mouvement des départemens ;
'c'est Lille qui a donné l'initiative . Le comité vous propose d'envoyer
Delcher et Roux -Fuzillac aux armées du Nord et des
Ardennes , et Lacoste et Guyardin auprès de celle du Rhin ,
et de la Moselle . Il vous propose de les autoriser à prépa
rer les mouvemens des départemens environnans sur toute
cette frontiere , à y requérir momentanément des troupes , et
à faire les dispositions nécessaires pour remplacer de suite
toutes les garnisons: 99 **
les nouvelles de la Vendée në
Toutes ces mesures sont adoptées par la Convention qui
met en mème-tems deux millions à la disposition du ministre
de la guerre pour les dépenses qu'elles devront occasionner.
Barrere annonce ensuite que
sont pas favorables. Il promet un rapport à ce sujet pour le
lendemain . Dartigoyte demande à Barreré pourquoi le comité
ne pense plus au remplacement de Bouchotte , ministre de
la guerre. Il y a un mois , dit - il en s'adressant à l'Assemblée
que vous avez décrété qu'il serait fait une liste de
candidats : ce décret n'a pas été exécuté , et cet ignorant est
toujours en place. Il faut enfin que ce ministère marche . Je
ne sais par quelle intrigue , par quelle magie , on eachaîne
T'opinion de l'Assemblée et l'exécution de ses décrets ... Après
quelques débats , l'Assemblée decide qu'il sera fait une liste
de candidats , pour l'organisation du ministere de la guerre.
Une lettre des administrateurs du district des Sables annonce
la prise d'un corsaire Anglais par des marins français qui le
poursuivirent sur la côte avec quelques chaloupes. Plusieurs
migrés Français se sont trouvés parmi l'équipage.
Séance extraordinaire du jeudi soir.
Appel nominal pour le renouvellement du bureau : Danton
est élu président,
A Séance du vendredi , 26 juillet .
PRESIDENCE DE DANTON,
Ou donne lecture d'une lettre du général Beauharnais , annonçant
at un nouveau succès de nos troupes sur les ennemis.
Une députation de la société des Cordeliers vient se plaindre
des persecutions qu'éprouve le ministre de la guerre ,
( 223 )
Bouchotte , et demande qu'il soit conservé . Elle instruit en
même -tems la Convention que , dimanche prochain , elle éles
vera , dans le lieu de ses séances , un autel au coeur de Marat.
La Convention décrete qu'une députation de 24 de ses
membres assistera à cette cérémonie .
Robespierre prend ensuite la parole pour un objet qui ,
dit- il , intéresse le salut public. Pour le rapport du décret
qui ordonne implicitement le renvoi d'un ministre patriote ,
de Bouchotte. L'Assemblée rapporte son décret ; les choyens
des tribunes applaudissent à plusieurs reprizes.
>
Deux administrateurs du département de Rhône et Loire
envoient leur rétractation .
Bareire fait un rapport sur l'état de la Vendée . En voici
le précis :
Le lendemain de la bataille de Flines ( le 15 ) , notre armés
s'avança sur Montiviliers . A peine les représentans y furent
arrivés , qu'une lettre du général Mencu leur annonça que
l'ennemi venait d'évacuer Vihiers . L'armée s'y rendit après
une marche de 48 heures . On s'occupait à la faire rafraîchir ,
lorsqu'on apprit que les rebelles s'avançaient sur deux colonnes
en nombre considérable. Le combat s'engagea et ne finit qu'à
F'approche de la nuit . Le lendemain à midi , l'ennemi sortit
du bois et se présenta à notre avant-garde , qui fut forcée de
se replier sur le corps d'armée . Au lieu d'avancer , les bataillous
prirent la faite avant qu'on eût tiré un seul coup de
fasit . La lâcheté fut grande , et la déroute générale . Les traits
des chevaux d'harnois furent coupés pour se sauver ..
Plusieurs soldats jetterent leurs sacs , leurs armes , leurs
gibernes , pour être moins chargés pendant la fuite . L'ennemi
ne tarda pas à s'appercevoir de cette désorganisation , il sut
en profiter ; if nous a poursuivi jusqu'à Doué. Notre perte
ne peut être considerable en hammes tués ; car, à l'exception
de quelques bataillons qui sont restés fermes à leur poste,
tous les autres ont fui. Une partie de nos bagages est devenue
la proie des brigands ; ils ont pris environ 20 ou 21 cang
dont plusieurs avaient été encloués par nous .
1 Le général Mepou a chargé une trentaine de révoltés avec
ses sculs officiers - généraux . Ajusté à 15 pas , il a rTeegu une
balle au travers du corps , dont la blessure fait craindre pour
jours.
Bourbotte , représentant du peuple , a eu un cheval tué sous
lui ; il a été entouré plusieurs fois , et n'a échappé à la tra
hison et à la mort qu'après six lieues de marche à pied dans
les bois .
Les lettres des administrateurs de Tours , en date du 21 ,
annoncent que nos troupes se sont retirées , partie auront
de Ce , partie à Chinon et à Saumur. On travaille en ce
moment à les réorganiser sur ces trois points différens . A lå
même époque les ennemis s'étaient retirés à Cholet.v
( 224 )
Dans le département d'Indre et Loire , les administras
teurs ont arrêté , et l'on est décidé à faire sonner le tocsin
dans toutes les communes du département , pour que tous les
hommes , depuis seize jusqu'à soixante ans , prennent les
armes au premier signal . Pour ne pas rendre ce mouvement
inutile ou funeste , on attend que l'armée soit organisée , afin
d'agir de concert avec elle . Alors tous ceux qui refuseraient
de marcher seront déclarés traîtres et punis comme tels ..
On est occupé a fortifier le château de Saumur , de maniere
que 2000 hommes pourront facilement faire tête à 30 mille
assiégeans .
3
La commission militaire est partie pour juger à Chinon les
lâches et les scélérats qui ont crié , pendant la déroute ,
vive le roi , à la trahison , sauve qui peut . Ils sont au nombre
de neuf à dix arrêtés , et seront probablement fusillés à la tête
de l'armée .
Il y a dans l'armée des lâches , des fuyards , quelquefois des
pillards . L'administration des vivres ne fait pas son devoir ;
les commissaires du conseil exécutif désorganisent tout ; les
malveillans répandent de faux bruits . Un volontaire a écrit
aujourd'hui au comité de salut public : On dit ici que Paris
se bat , et veut un roi : faites- nous connaître la vérité. L'immensité
de nos équipages embarrasse presque toujours les manoeuvres
de nos troupes dans un pays couvert de bois et de
montagnes ; on a même compté jusqu'à cent soixante voitures
à la suite de l'armée . Nos ennemis au contraire n'emportent
avec eux que leurs armes et du pain pour trois à quatre jours ;
' ne connaissent point les tentes ; ils se reposent par - tout
où ils se trouvent , et combattent de même . "
ils
n
Les nouvelles de Tours portent , qu'il arrive à tout moment ,
à Chinon , dés soldats , les uns de gré , les autres de force ;
que le château de Saumur est en état de défense , et qu'on d
lien de croire que les brigands n'attaqueront pas cette ville.
Une lettre du commissaire civil au département de Maine
et Loir , annonce un avantage remporté auprès du pont de
Cé , sur les rebelles qui s'étaient retranchés dans le château
de la Cressonniere . Après leur fuite , le château a été livré
aux flammes .
Il nous reste maintenant , a dit Barrere , des généraux
changer , des lâches, à punir , des taillis et des moissons à couper
, car les moissons des rebelles appartiennent à la République
; des commissaires du conseil exécutif à rappeller , des
compagnies de pionniers et de tirailleurs à former. Il n'y a que
deux points à défendre aujourd'hui , Valenciennes et la Vendée .
Vous avez pourvu à la défense de Valenciennes , il s'agit
actuellement de la Vendée... La Convention adopte les mesures
proposées par Barrere .
Collot-d'Herbois , rapporteur de la commission chargée de
présenter
( 225 7
présenter des mesures contre les accaparemens, présente un
projet de décret qui est adopté ainsi qu'il suit ;
Art. 1er. L'accaparement est un crime capital .
II. Sont déclarés accapareurs ceux qui dérobent à la circulation
des marchandises ou des denrées de premiere nécessité ,
qu'ils adherent pour les tenir renfermées , sans les mettre en
vente publiquement et journellement.
¿
III . Soat pareillement déclarés accaparenrs , ceux qui font
périr ou laissent périr volontairement les marchandises , ou les
denrées de premiere nécessité .
IV. Les denrées de premiere necessité sont le pain , la viande ,
le vin , les grains , les farines , les légumes , les fruits , le
charbon , le bois , l'huile , l'eau- de-vie , le savon , le suif;
le chanvre , la laine , les cuirs, le fer , le cuivre , les drapsi
la toile , et généralement toutes les étoffes , les soièries ekceptées.
ul . Pendant les huit jours qui suivront la-promulgation de
la présente loi , ceux qui tiendront en depôt , dans quelque
lien que ce soit , des deurees on marchandises de premiere
nécessité , seront tenus d'en faire la déclaration à leur muni
ipalité qui en vérifiera l'existence.
VF. La verification faite , le propriétaire déclarera s'il veut
Smettre en vente ses marchandises en petits lots à tour venant ,
trois jom san plus tard après la déclaration , sous Pinspection
d'un dom nissaire de la municipalité.
Vil. Si le propriétaire vent ou ne veut pas faire la vente
en petits lots , il remettra copie des factures de ses marchandises
a la municipalité , qui , après lui en avoir passé une
reconnaissance , nommera un commissaire pour faire cette
venteen fixant le prix de maniere que le propriétaire obrienne
-un bénéfice commercial; si cependant le prix des factures cult
trop fort la vente n'en aurait pas moins lieu suivant le cours
ordinaire : etu« qui produiront de fausses factures seront
traites gompe accapareurs.
ป
VIII. Huit jours après la publication du présent décret
ceux qui ne feront pas ces déclarations seront réputés accapareurs
, et comme tels punis de mort , leurs marchandises et
denrées seront confisquées.
9
dX . Les négocians en gros et les marchands en détail seront
tenus de mettre sur leurs magasins une inscription" qui en
exprimerà la quanuté et la qualité , sous peine d'ême traites
compre , accapareurs .
X. Ceux qui feront de fansses déclarations , ou qui auront
fté prête-uams , seront puni, de mort . Tont fonctionnaire
public qui aura prévariqué dans l'exécution de la présente loi ,
sera également puni de mort.
XI. Tout citoyen qui dénoncera un accapazenr ou une
contravention à la présente loi , aura un tiers du prix des mar
Tame IV. P
( 226 )
chandises , le second tiers sera distribué aux indigens , à la
municipalité ; le dernier tiers appartiendra à la Répu
blique .
Séance du samedi 27 juillet.
Le ministre de l'intérieur écrit à la Convention pour savoir
s'il doit continuer les primes accordées aux négocians , et s'il
ne convient pas de supprimer entierement celles qu'on donnait
aux commerçans negriers . Cette derniere proposition donne
lieu à Grégoire de s'étonner qu'une telle prime , qui autorise un
commerce aussi infâme que celui de la traite des Negres , existe
encore . Renvoyé au comité de commerce .
Les représentans du peuple à l'armée du Nord instruisent
Ja Convention, qu'ils ont appellé le citoyen Desrues au cammandement
de la division à la tête de laquelle Lamarliere
était ci - devant ; ils lui ont adjoint le citoyen Dupont en qualité
d'adjudant- général. Renvoyé au comité de salut
public,
--
On fait lecture d'une lettre de Custines , datée des prisons
de l'Abbaye , le 26 juillet . La voici :
Citoyen président , je ne parlerai point de la surprise que
m'a causée mon arrestation ; qu'il me soit seulement permis de
dire à la Convention que je n'ai jamais cessé de prouver que
je méritais la confiance de mes concitoyens et des armées dont
le commandement m'avait été confié . Détenu depuis lundi dans
les prisons de l'Abbaye je n'ai pu obtenir d'être encore interroge
; je sollicite mon prompt jugement et la rédaction de l'acte
d'accusation ; j'apprends qu'il court dans Paris des libelles diffamaus
contre moi : ma probité fut et sera toujours sans tache : je
ne demande qu'à confondre mes accusateurs , et à détromper
les citoyens de bonne foi . Respect aux lois , fraternité aux
Français qui veulent la République une et indivisible .
Signé , GUSŢINES,
3011
Toutes les autorités constituées du département du Calvados
ont rapporté leurs arrêtés des 7 et 9 juin dernier. L'adresse
qui contient ce fait a été communiquée par le comité de salut
public. En voici le précis :
Nous , administraleurs et procureur-général - syndic du départemene
du Calvados , les membres du conseil général de la commune
de cette ville de Caen , les président et accusateur public du tribunal
criminel du département , les membres du tribunal de district
de Caen , les juges de paix et de commerce de la même ville , procureur-
syndic du district de Lisieux et commissaire national de
Pont-l'Evêque , à la Convention nationale.
Les citoyens de la ville de Caen , dans un moment où ils
crurent la dignité de la représentation nationale avilie , où
ils crurent voir la liberté en péril , s'assemblerent dans fes
( 227 )
sections , et nommerent des commissaires pour rédiger et présenter
une adresse à la Convention .
an
"Les commissaires envoyés , de retour à Caen , firent part
peuple des inquiétudes qu'ils avaient conçues eux mêmes
sur les dangers de la patrie ; le peuple s'assembla de nouveau
dans les sections , ainsi que dans les sociétés populaires : tous
les citoyens se déclarerent en état d'insurrection et de résistance
à l'oppression .
༈་ རྟེན་ རྒྱུ་ནར
Chaque section , chaque société populaire , nomma des
députes pour composer une assemblée générale , dans le lieu des
séances du département. }
Le premier mouvement porta à des mesures extrêmes ; les
représentans du peuple , alors résidant à Bayeux , furent arrêtés
comme ôtages ; une force départementale devait être organisée
pour rendre à la Convention,sa dignité et sa liberté , et maintenir
l'unité et l'indivisibilité de la République .
Pendant cet intervalle , l'acte constitutionnel a paru . On
a vu dans cet ouvrage les bases d'un gouvernement libre et
républicain ; au milieu des déchiremens qui affligent la patrie ,
on a considéré cet acte constitutionnel comme le palladium
de la liberté , et le point de ralliement de tous les Français .
Le , moment est arrivé où toutes les discussions doivent
cesser ; les derniers succès des armées étrangeres offrent encore
à tous les bons Français un motif sacré de se rallier plus
étroitement que jamais sous une même baniere , et de réunir
leurs efforts pour écarter les ennemis de la patrie .
Pourquoi , déterminés par les considérations toutes puissantes.
de salut public , de l'amour de la liberté , du désir de la paix
intérieure , du maintien de la République une et indivisible ,
et craignant sur - tout les funestes effets de la guerre civle prête
à naître ,
Nous rapportons nos arrêtés des 9 juin dernier et jours suivans ,
dont nous nous rétractons.; déclarant que , dès ce moment ,
notre intention est d'enregistrer , promulguer et faire exécuter
les lois qui ne l'auraient point été depuis l'époque desdits
arrêtés ; que des exemplaires de la constitution vont être envoyés
aux municipalités en même tems que la convocation
des assemblées primaires sera ordonnée ; que la présente déclaration
sera envoyée , sans délai , à la Convention nationale .
Nous déclarons en outre aux représentans du peuple , que
nous nous occupons de rendre à leurs fonctions ceux de leurs
collegues qui ont été retenus parmi nous . Nous avons tout
lieu de penser que ces citoyens nous rendront justice , et
feront connaître nos principes et nos sentimens .
Arrêté en l'assemblée réunie des autorites constituées de
la ville de Caen , ce 25 juillet 1793 , l'an second de la Républi
que une et indivisible .
Suivent les signatures .
Les administrateurs , les membres des autorités constituées ,
P 2
( 228 )
les députés des sections.de la ville d'Evreux composant l'assem
blée générale de l'Eure , sousignés , mus par les mêmes mouts
que l'assemblée des autorités constituées de la ville de Caen ,
déclarent qu'ils retractent l'arrêté pris par eux , le 6 juin
dernier , ensemble tous ceux qui en ont été la suite , et auxquels
ils ont participé .
Is déclarent en outre qu'ils adherent à la constitution présentée
au peuple Français par la Convention nationale ; que le vieu
le plus cher à leur coeur , est que la démarche qu'ils font
én ce moment , fasse cesser promptement l'arnarchie , et
assure le salut de la République , pour laquelle ils ont juré
et jurent de mourir...
Fait et arrêté lesdits jour et an . Suivent les signatures .
Les administrateurs et procureur- général - syndic du département du
Calvados , les membres du conseil - général de la commune de cet e
bille , le président et accusateur public du tribunal criminel du
département , les membre du tribunal du district de Caen , les
juges de paix et juges de commerce de cette ville , à la Convention
nationale.
Nous devons maintenant , législateurs , à la vérité de déclarer
que le général Félix Wimpien n'a eu aucune part à
l'arrestation des commissaires de la Convention nationale , faite
par le peuple , et dans un tems où il n'avait aucun moyen pour
l'empêcher.
罩
Que , dans les premiers momens de l'insurrection , le généra
insista pour donner sa demission , et qu'il ne consentit à reprendre
ses fonctions ' qu'en cédant à la volonté du peuple , unanimement
prononcée ; il n'a cessé , par ses actions et ses discours
, de témoigner son desir pour le retour de la paix
intérieure .
Tout l'état-major et les officiers supérieurs de l'armée on
manifesté les mêmes principes et les mêmes sentimens.
Arrêté en l'assemblée des autorités constituées , réunies,
de la ville de Caen , le 25 juillet 1793 , l'an second de la
République .
Le conseil exécutif a annoncé à la Convention qu'il a
confié le commandement en chef de l'armée des côtes de
la Rochelle , au général de division , Rossignol , le même que
Westermanu avait fait emprisonner.
Nota. Il a été décrété un article additionnel à la loi relative
aur accapareméns . Cet article porte que les scellés serons
mis sur les magasins et entrepôts de la compagnie des Indes.
Séance du dimanche 28 juillet.
A l'ouverture de cette séance , Bréard a annoncé que des.
( 229 )
3
eitoyens de la Gironde sont bien éloignés de partager les
sentimens de leurs administrateurs , et qu'ils vont bientôt
accepter l'acte constitutionnel . --La société républicaine
d'Auxerre demande que toutes les bannieres données aux fédérés
des 83 départemens . à la fédération du 14 juillet 1790 , soient
rapportées à Paris par les députés des assemblées primaires ,
pour y être brûlées le 10 août , parce qu'ciles rappellent le souvenir
de la royauté : ces Républicains demandent encore que
ces bannieres soient remplacées par de nouvelles , sur lesquelles
seront empreints les emblêmes de l'unité et de l'indivisibilité
de la République .
Gette demande est convertie en motion ; mais sur l'observation
d'un membre , que plusieurs départemens lointains
sont en marche , et qu'ils ne pourront apporter ces bannieres ,
la Convention décrete qu'elles seront brûlées dans les chefslieux
des départemens .
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple ,
datée de Lyon le 25 juillet. La voici :
Citoyens nos collegues , vous avez vu par notre dépêche
du 20 , que nous mettions notre arrestation à profit pour désabuser
les citoyens du département de Rhône et Loire , et les
exhorter à se railier à la Convention, nationale . Aujourd'hui
nos voeux sont en partie remplis . ' .
Les corps administratifs réunis , ainsi que l'assemblée départementale
, ont pris les délibérations ci -jointes , en nous
priant de vous les faire parvenir par un courier extraordinaire :
nous nous prêtons d'autant plus volontiers à solliciter Findu'-
gence de la Convention à leur égard , que nous avons lien
d'espérer que le peuple dans ses assemblées primaires , convoquées
pour le 28 , s'empressera également , en acceptant la
constitution , de reconnaitre la Convention nationale , de
respecter et exécuter ses décrets .
" L'assemblée départementale vous assure par ses commissaires
qu'elle se dissout à l'instant ; notre collegue Derbez et
le commissaire Buanoroti sont en liberté ; nous recouvrons
aussi la nôtre , et nos papiers nous seront remis demain . Nous
allons donc suivre de près le courier pour nous rendre à notre
poste ; il nous tarde de convaincre la Convention que dans
le cours de notre longue mission nous avons mis tout en usage
'pour faire le bien et répondre à la confiance dont nous étions
honorés .
A
P. S. Nous joignons encore les rétractations individuelles
des administrateurs du département et des citoyens Gilibert
et Morillon qui nous en ont prié ; nous devons la justice à
ces derniers , de déclarer qu'ils n'ont pas peu contribué , à
propager le principe de réunion et de ralliement à la Conven
tion nationale .
Signés , ROUYER, BRUNEL.
P 3
1230 )
1
L'Assemblée entend ensuite la lecture des pieces qui étaient
jointes à cette lettre , et qui contiennent la rétractation des
arrêtés précédemment pris par les administrateurs du départe
ment de Rhône et Loire , au sujet de l'insurection du Si mai
et des évenemens qui l'ònt suivi . Dans leur séance du 25 de
ce mois , tous les pouvoirs constitués de Lyon ont reconnu
leur erreur ; ils sont résolus de faire exécuter toutes les lois
émanées de la Convention ; toutes les assemblées primaires
de leur canton sont convoquées pour exprimer leur voeu sur
la constitution : enfin ces fonctionnaires publics assurent qu'ils
ont été horriblement calomniés ; ils prient l'Assemblée de rapporter
les décrets de proscription qu'elle a lancés contre eux ;
ils déclarent qu'ils resteront en état de résistance à l'oppression
jusqu'à ce qu'ils aient obtenu cette justice .
L'Assemblée ne décide rien sur cette réclamation ; elle se
contente d'ordonner le renvoi de ces pieces aux comités de
salut public et de sûreté générale .
66
Au nom du comité de salut public , Barrere obtient la pa
role et dit Telle est la destinée des Républiques ; elles
ne peuvent se fonder qu'au milieu des orages et des trahisons .
Nous avons reçu , ce matin , des lettres qui seraient alarmantes
pour tous autres que pour des hommes libres , mais qui ne
feront , au contraire , que vous encourager à affermir la République
que vous avez établie en France . Les voici :
Au quartier -général de l'armée de la Moselle , le 26 juillet.
Citoyens , nos collegues , lorsque nous vous entretenions
de nos espérances , et que nous vous annonçions des succès
presque assurés ; nous étions bien loin d'imaginer que Mayence
était alors au pouvoir de l'ennemi , et qu'une infame capitulation
eût été signée le 23. La garnison avait encore du pain ,
la place n'avait souffert aucune breche , et Mayence s'est rendue
au moment où deux armées victorieuses allaient à son
secours.
" Nous ne pouvons vous dire combien ce revers nous est
funeste et dérange la position de nos armées . Houchard , après
avoir délivré Mayence , devait prendre les Autrichiens par
derriere , et les forcer d'évacuer le département du Nord.
Custines s'est toujours opposé à cette expédition , en disant
qu'il ne fallait s'avancer sur Mayence que vers le 15 août
ce général perfide triomphe ; voilà l'effet de ses trahisons , il
voulait livrer Valenciennes et Condé en même tems que
Mayence .
·
" L'officier , porteur de cette affreuse nouvelle , nous a parlé
d'un billet , signé Custines , qui doit exister entre les mains
du commandant ou du conseil de guerre . Nous lui en avons
demandé une déposition signée , que nous vous faisons passer .
Une autre preuve de la trahison de Custines , c'est que Ho(
231 )
henlohe , dans des notes écrites de sa main , avait grand soin
de s'informer si ce général conservait encore quelque influence
dans l'armée . Attendrons -nous toujours , pour punir les traî
tres , qu'ils aient consommé leurs trahisons. Nous vous envoyons
copie de la capitulation ; ce sont des Frauçais qui l'ont,
eux-mêmes dressée ..... Ici Barrere fait lecture de cette piece .
(Voyez l'article Mayence , page 212. )
Les représentans du peuple ajoutent qu'ils ont fait mettre
en état d'ariestation le citoyen Vidalot , qui a eu la bassesse
de se charger d'une pareille capitulation . Voici la déclaration
de cet officier :
Quelques jours après le commencement du blorus de la
ville de Mayence , le général Doyre fut invité , par le général,
Prussien , à une conference avec un agent de Custines , con
férence qui devait avoir lieu en présence du général Frussien .
99 Cette conférence eut lieu , et fut suivie d'une seconde.
Dans l'une d'elles , l'agent de Custines glissa au général Doyré
un billet signé de la main de Custines , mais écrit par une
main étrangere . Ce billet engageait le géneral Doyré à entrer
en négociation pour la reddition de Mayence . Ce billet doit
exister dans les papiers du conseil de guerre ou dans ceux
du général Doyré. Le citoyen Rewbel , commissaire de la
Convention , les citoyens Dapincourt , Kleber , Dedieu ,
Deville et Beaupuy ont assisté à ces conférences , et ont eu
connaissance de ce billet . "
A Coussey , le 25 juillet 1793 , l'an 2º . de la République Française.
Signé , VIDALOT DESERAT.
Le systême qu'a constamment suivi Custines , ajoute
Barrere , essemble à celui qu'avait adopté le traître Dumourier.
Celui- ci livrait la Belgique avec les mêmes moyens que
Custines préparait l'invasion de l'Alsace ; Dumourier portait
dans la Eelgique une nombreuse artillerie Française pour la
faire tomber au pouvoir des ennemis , Custines dégarnit nos
places fortes , et renferme dans Mayence une grande quantité
de bouches à feu . Meynier et Levasseur tiennent du général
Houchard , que Custines en partant pour l'armée du Nord ,
lui dit : Je vous abandonne les Autrichiens et les Hessois ; mais de
grace , pargnez les Prussiens , Ce systême de ménagement en
vers les Prussiens , acquiert encore un degré de probabilité
lorqu'on voit le fils de Custines chargé par Dumourier d'une
mission secrette pour, la Prusse. Custines arrivé à l'armée da
Nord , degarnissait Lille de 76 pieces de canon , ( pour en
armer les redoutes et les retranchemens du camp de la
Magdelaine malgré le refus constant du général Favart qui
commandait dans cette ville ; le fait est, constaté par la correspondance
des deux généraux . 19
6
0
.6.021
P 4 J
( 232 )
7 • Espérons , dit Barrere , en terminant son rapport , ques
cette nouvelle trahison servira à l'établissement de la Répus
blique ; mais , en attendant que nous connaissions tous les
conspirateurs , trappons sur ceux qui sont en notre puissance.
"
Barrere lit deux projets de décret qui sont adoptés en ces
termes :
***
Premier décrct.
Art. Ier. Il y a lieu à accus tion contre le - ci - devant géneral
Custines .
H. Le général de brigade Doyré , commandant à Mayence ,
et tous les officiers de l'état major de cette garnison , som mis
en état d'accusation , et seront conduits incessament sous -bonne
et sûre garde à Paris.
III. Les representans du penple près la garnison de Mayence
se rendront sur-le-champ dans le sein de la Convention nationale
pour être entendus sur la reddition de Mayence .
IV. La garnison de Mayence rentrera dans l'intérieur .
V. Le présent decret sera envoyé par des couriers extraor
dinaires aux représentans du peuple près les armées de la
Moselle et du Rhiu . Le conseil exécutif prendra toutes les me→
sures nécessaires pour sa prompte exécution.
Second décret.
Art. 1er. La Convention nationale déclare traîtres à la patric
Buzot , Barbaroux , Gorsas , Laujuinais , Salles , Louver ,
Bourgoing , Birotean , Pétion , Chassey , Cussy , Fermout ,
Meillau , Lesage d'Eure et Loir , Valady , Kervelegan ; qui
Je sont soustraies au décret rendu contr'eux e 2 juin dernier
et se sont mis en état de rébellion dans le département de
PEure , da Calvados´ et de Rhône et Loile , dans le dessein
d'empêcher l'établissement de la République , et de rétablir la
Foyauté. 2
21
My a eu accusation contre Gensonné , Guadet ,
Vergníaud , " Molleveau , Gardien , Fauchet , Boileau , Valazė ,
Grangeneuve , prévenus de complicité avec ceux qui ont pris
la fuite et se sont mis en état de rébellion .
3
$
ab III. La Convention nationale ordonne l'impression des pieces
Témises au comité de salut public , et décrete l'envoi aux de→
partemens! {
SA Gaston demandait aussi le décret d'accusation contre Fonfrede
, Ducos et Carra ; mais l'Assemblée à renvoyé cette pros
position au comité de salut public . Sur la demande de
Harpere , la Convention , dérogeant à la loi sur l'avancement
militaire , decretè que les ministres de la guerre et de la mas
rine me consulteront point le rang pour la nomination des
officiers supérieurs .
( 233 )
Sur la demande de Lacroix , elle accorde à son comité de
salut public la faculté de lancer des mandats d'arrêt.
Cette séance a été terminée par la lecture d'une lettre du
général Labourdonnaye , qui annonce un avantage sur les
Espagnols.
Séance du lundi 29 juillet.
Duhem de retour de l'armée du Nord , a exposé l'insuf
sance du nombre des commissaires actuellement auprès de
cette armée , forte de 180 mille hommes , et qui va être ren--
forcée , non-seulement par les hommes que l'on est sur le
point de tever dans les départemens frontieres , mais encore .
par les troupes que le comité de salut public a donné ordre
d'y faire porter. Il a ensuite rendu compte des motifs qui ont
fait suspendre de leurs fonctions les citoyens Lamarliere et
Lavalette . Il a dénoncé plusieurs abus , et déclaré qu'il y a
des intrigans d'autant plus dangereux qu'ils s'annoncent sous
hs delors du jacobinisme le pins prononcé . Sur la proposi
tion de Duhem , FAssemblee adjoint de nouveaux représen
taifs à ceux déja nommés à l'armée du Nord , et décrete le
renvoi des denonciations au comité de salut public.
Billaud- Varennes a demandé et obtenu la parole pour une
motion d'ordre. Plus Custines est coupable , a-t- il dit , plus
son jugement doit être prompt. La marche que vous avez
adoptée est Inte ; la rédaction de l'acte d'accusation entraîne
des longueurs interminables , et ce n'est certainement pas votre
intention de reculer le supplice de ce grand coupable. Il faut
que son procès lui soit fait cette semaine , et que dimanche
il n'existe plus. Outre les pieces qui ont été lues à sa charge , it
est certain qu'il existe une lettre de ce général au comman
daut de Mayence , dans laquelle il l'engage à livrer la place.
Custines a des complices qui ont cherché à égarer l'armée qu'il
commandait , en répandant qu'il n'avait été mandé à Paris
pour être sacrifie à la Montagne .... Le fils de ce traître ose
salir les murs de Paris de ses affiches , qu'il soit aussi arrêté .
que
Ici Couthon a assuré que dès hier Custines fils a été mis
´en état d'arrestation , ainsi que plusieurs autres citoyens suspects
.
2
Billaud- Varennes a repris la parole pour communiquer une
lettre qu'il a reçue de Bordeaux , et qui est datée du 23
-de ce mois. Elle porte que la mort de Marat n'a pas fait
grande sensation ; mais ce qui en fait beaucoup , c'est Fattente
où l'on est de la reddition de Mayence et de Valen
ciennes . D'après ces nouvelles observations , l'assemblée
a rapporté son décret relatif au général Custines , et la
renvoyé devant le tribunal révolutionnaire qui , tonte affaire
cessante , instruira son procès . Le comité de salut public est
autorisé à lancer des mandats d'arrêts contre les complices de
Gustines.
( 234 )
D
Il me reste , a ajouté Billaud , une autre mesure à vous
proposer. Vous avez d'autres traîtres à punir. Ce sont les
messagers des administrations infideles qui ont parcouru les.
diverses villes de la République pour les soulever contre la
Convention . Décrétez que tout individu qui aura séjournė
dans les villes rebelles , sera déclaré émigré , s'il ne peut pas
prouver que des affaires particulieres l'y appelloient.
――
Cette proposition a été fortement appuyée par St. André .
Il a observé qu'il n'y avait que de grandes mesures qui pussent
sauver, la République ; qu'il ne fallait point se laisser séduire
par le simulacre d'acceptation de la constitution ; que plusieurs
administrations feignaient d'y adhérer , pour mieux cacher
leurs projets ; que Bordeaux n'avait point renoncé à l'espoir .
de marcher sur Paris , que déja même ses troupes étaient en
marche. Après quelques débats , cette proposition a été
renvoyée à l'examen du comité de salut public . Enfin Billaud
a proposé une derniere mesure . On vous a dénoncé , a - t - il
dit , le général Kellermann . On vous a assuré qu'il avait refusé
d'obéir aux requisitions des commissaires Albitte et Dubois-
Crancé , de marcher sur la ville de Lyon. Si ce fait est vrai ,
Kellermann ne peut plus commander vos armées . Je demande
que le comité de sûreté générale vous fasse un rapport sur
cet objet. Cette proposition est décrétée , ainsi qu'une autre
de Bentabole , tendante à enjoindre au comité de legislation.
de s'occuper , sans désemparer , de la rédaction des actes
d'accusation de Brissot et des autres députés détenus.
Une lettre de Kellermann , en date du 23 , rend compte
d'un aavantage qu'il a remporté sur les Piémontais . Il y a eu
sur les hauteurs voisines de la vallée de l'Arche une affaire
qui a duré sept heures , où les ennemis ont eu cent hommes
tués et vingt prisouniers. "
PARIS, lleev1eerr , août 1793.
COMMUNE. Conseil-général , du 24 juillet.
Op a ta
-
a fait lecture ddaannss cette séance d'une très - longue lettre
du général Santerre , datée de Tours le 20 juillet . En voici le
précis : Vous savez quelle fatale journée nous cûmes hier ; avant
hier le feu prit au parc d'artillerie , et malgré cela nous battimes
T'ennemi qui nous attaqua ; mais alors la troupe était tranquille :
il n'en était pas ainsi hier ; l'ennemi nous attaqua au moment
des distributions ; il venait de pleuvoir beaucoup de mauvais
citoyens , sous le vain prétexte que leur poudre était
mouillée , tirerent plus de deux mille coups de fusil . L'ennemi
qui était en présence s'apperçut bien que nous avions du
désordre. Les canonniers du septeme bataillon de Paris me
7
1
( 235 ) .
A
inrent mille mauvaises raisons . Au moment du combat
un ivrogne mit le trouble , et les talens trop faibles du
citoyen Houdain , lieutenant- colonel ne lui suffirent pas pour
tirer partie de ce bataillon , dont les sept huitiemes sont
excellens .
;
" Les officiers , en grande partie , ne sont pas au niveau de
leur place , et ne peuvent réprimer le désordre . Les sept
huitemes des soldats sont de vrais républicains qui gémissent
de cet abus . Hier , il y avait trois jours que des compagnies
n'avaient eu de pain . Comparez , je vous prie , citoyens
quelle différence il a d'attaquer l'ennemi aux frontieres , où
Fon est appuyé de droite et de gauche , d'une armée ou d'un
fleuve comparez la difficulté de se battre contre un ennemi
qui differe de celui de l'extérieur , parce qu'il n'a pas d'équi
page , et qu'il trouve des soldats où il va , en sonnant le
tocsin ; comparez l'embarras où nous nous trouvons
lorsque
les vivres sont retardés , de n'avoir aucune subsistance
dans ce pays , parce que les habitans sont nos ennemis et no
espions . J'ajouterai à ma longue lettre une réflexion consolante
sur notre perte , c'est que cet évenement , d'après mes opinions ,
forcera Nantes à recouvrer notre amitié. 99.
Signé , le général de brigade , Santerre.
Du 25. Une députation de la société des défenseurs de la
République est venue annoncer au 'conseil que , samedi prochain
, elle ouvrira sa séance à quatre heures du soir ; elle se
propose de réunir tous les bons citoyens , pour délibérer sur
les intérêts de la République .
Sur la demande de la séction du Théatre Français , il a été
arrêté que la rue des Cordeliers serait appellée rue de Marat ,
et la rue de Marseille , place de l'Ami du Peuple.
"
Du 27. Un des commissaires , nommé pour présider à la
levee des scellés apposés chez Marat , a fait son rapport. Cette
opération a fait briller dans tout son jour le désintéressement
de l'ami du peuple . On n'a trouvé , a dit le rapporteur , chez
ce citoyen , accusé depuis si long- tems d'être vendu aux puissances
étrangeres ; on n'a trouvé chez lui qu'un assignat de
25 sols.
Du 28. La section des Lombards est venue s'informer s'il
était vrai que des boulangers eussent réclamé , auprès du procureur
de la commune , une indemnité pour une grande quantité
de pain rassis qui leur restait , et dont ils ne savaieut
que faire . Un membre a répondu que cette réclamation avait
été adressée au citoyen maire Le conseil a passé à l'ordre du
jour , et renvoyé les commissaires de la section des Lombards
par- devant le citoyen maire pour plus amples éclaircissemens.
( 236 )
Du 29. On a lu une lettre du citoyen Garin , administrateur
des subsistances , qui amionce qu'il vient d'être mis en état
d'arrestation par ordre du comité de salut public de la Convention.
Cette lettre a donné lieu a de légers débats un
membre a dit que si Garin était coupable , le ministre Garat
Ferait aussi , et qu'en conséquence l'un et l'autre devaient
subir le même sort , Le conseil a nommé des commissaires
pour prendre connaissance des motifs qui put fait arrêter Garin
et des faits à la charge de Garat , et réclamer la prompte liberté
de l'administrateur des subsistances , s'il n'est point coupable.
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
François Coqueiaux- Boisbernier , accusé d'avoir entretenu
une correspondance avec les royalistes , colporté des écrits
incendiaires , et arboré la cocarde blanche , a été condamné
mort. Il a subi son jugement.
Custines a subi le 29 son premier interrogatoire secret.
Comme le tribunal révolutionnaire est incomplet , son procès
pourra tire différé de quelques jours.
Les députés mis en état d'arrestation ont été transfėrės au
Luxembourg. Des sentinelles sont placés à leur porte , d'autres
sont placés au bas de leur fenêtre , dont la vue donue sur la
promenade .
Le service de la garde , composée de 25 hommes , est fait
tour à tour par les sections.
Le transport du coeur de Marat s'est fait , dimanche dernier
, avec une grande solemnité . On avait dans le jardin
du Luxembourg , dressé un théâtre couvert de tentures trilores.
C'est- là que ce sont rendus , vers le soir , la députa
tion de la Convention , les autorités constituées , les sociétés
populaires et une foule de citoyens . L'éloge funebre de Marat
a été prononcé par plusieurs orateurs . Son coeur déposé dans
une use , a été transporté ensuite dans le lieu où la société
des Cordeliers tient ses séances .
On dit l'ex -général Binon arrêté . Des lettres d'Evreux
annoncent qu'on y est occupé à démolir la maison de Buzot.
La société populaire dont les portes étaient fermées , depuis
six semaines , a repris ses séances ; elle a été présidée par
Lidet , eveque de cette ville et représentant du peuple.
Ou maude d'Amiens que des commissaires son>t arrivés pour
faire réparer les fortifications de cette ville et la mettre en état
de défense.
( 237 )
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro l'arrestation
à Chartres du citoyen Pétion pere . Hi vient de nous écrire
pour réclamer contre ce faux bruit , et nous nous empressons
de rectifier une erreur où nous avions été induit par divers
journauxkt om on
IC
Réponse à la proclamation de Cobourg ( 1 ) , général autrichien , par
le représentant du peuple Dubois - Dubais.
Maubeuge , le 24 juillet 1793 , l'an 2 de la République .
Tu prends possession , dis - tu , des ville , forteresse et
district de Condé , qui sont soumis au pouvoir de ton empes
reur et roi , par les valeureuses troupes que tu commandes ...
" Ton imposture est bien digne d'un esclave et d'un vil
suppôt du despotisme ; car ce n'est pas la valeur qui admis,
en ta possession cette ville républicaine ; tu la tiens du monstre
Dumourier qui a empêché de l'approvisionner. Si tu avais
voulu la devoir au courage seul , tes satellites n'eussent jamais
souillé cette place in as dû t'en convaincre par la faim que
les courageux Républicains qui la défendaient out su souffrir
Jong- tems avant de la rendre.
$
Tu parles de maintenir la sûreté des propriétés ÿneiom
violes la plus essentielle et la plus sacrée de toutes , celle de
la liberté , en défendant les clubs , et en asservissant ainsi jusqu'à
la pensée ; pour des hommes qui en connaissent le prik
et qui sentent toute leur dignité , il n'existe point de propriété
sans celle -là ; ainsi l'ordre et la tranquillité publique que
tu promets à ce prix , ne sont , à proprement parler , que te
sombre et cruel repos de l'esclavage. Déja les malheureux
habitans de Condé n'entendent plus autour d'eux qué l'affreux
cliquetis des chaînes que tu leur préparés ; mais sous
leur poids douloureux ils conserveront une ame libret
leurs malheureux , & cres , crois -le bien , ne souffriront pas longtems
qu'ils , supportent le joug odieux de la tyrannie qui pese
sur leurs têtes .
3
?
Vois tes aveugles satellites terrassés sous les murs de Vàlenciennes
; › vois les braves républicains de cette ville affrontér
tes foudres et mépriser tes hordes innombrables de brigands
venant de toutes les parties de la terre esclave pour la conquérir.
Tu apprendras bientôt par eux ce que c'est que la valeur ,
et ce que tu dois attendre du courage invincible des hommes
libres. Ose faire encore un pas de plus sur la terre de la
liberté , et ta perte est certaine ; un peuple indigné se levera
en masse écrasera de son seul poids tes armées d'esclaves , et
daus sa rage , aussi légitime qu'indomptable , il purgera la
(1) Insérée dans notre dernier numéro .
( 238 )
terre des tyrans et de tous leurs vils suppôts ; je te le prédis
encore une fois . ( Le citoyen Dubois-Dubais , représentant du
peuple , pendant son séjour à Valenciennes , lui avait déja fait
la même prédiction dans une réponse à une de ses procla
mations. Malgré tes jactances méprisables et celles de la sé
quelle qui t'entoure , la nation Française sera libre et don
nera au monde entier l'exemple de ce que peut un peuple
qui a resolu de l'être .
Glorific - toi , Cobourg , de ta conquête , qui ne t'a coûté ni
un grain de poudre , ni une goutte de sang ; tu ne la dois
qu'à la trahison , et tu la rendras à la valeur . La seule conquête
sur laquelle tu peux compter , pour toi et tes bandes
de satellites , c'est le tombeau ; chaque jour tu en creuses la
profondeur chaque jour tu amonceles les victimes qu'il doit
devorer , et à mesure que tu avances sur le territoire français ,
tu en approches ; frémis et sois convaincu que telle sera
Ja fin de tes sanguinaires et imbécilles efforts !
Signé , DUBOIS-DUBAIS .
LANDAU . Extrait d'une lettre du général Beauharnais .
J'annonce avec plaisir à la Convention , un nouveau
succès. Hier 22 , j'ai fait marcher une partie de l'armée sur trois
colonnes , et j'ai fait attaquer les Prussiens retranchés sur les
hauteurs de la chapelle Sainte -Anne , où ils étaient dans une
espece de fort , et d'un accès difficile par les ouvrages que
Part avait ajouté à une fortification naturelle . Ces montagnes
ont été escaladées et tournées par les hauteurs de la maniere
la plus étonnante , et la plus courageuse . La brigade du 6e .
égiment , dirigée par le général Meynier , défenseur de Kanigstein
, de concert avec des bataillons d'infanterie légere ,
conduite par le jeune Delmas , d'une valeur distinguée , ont
emporté , la bayonnette au bout du fusil , ce poste important ,
malgré le feu des redoutes . Les ennemis ont ensuite été forcés
de village en village , au pied des Vosges , par notre infanterie
, tandis que la cavalerie de notre avant-garde , aux ordres
de Landremont , repoussait l'ennemi dans la plaine : une division
d'infanterie et de la cavalerie occupait , pendant ce
tems - là , les Autrichiens et les émigrés du côte de la forêt
de Boruhem et les hauteurs d'Esseingen . De toutes parts le
feu a été très - vif, et l'on s'est battu à-peu-près par-tout depuis
neuf heures du matin jusqu'à plus d'une demi -heure: après le
coucher du soleil . Il est résulté de cette journée , que nous
nous sommes considérablement étendus le long des montagnes
, que nous avons fait des prisonniers , emporté plusieurs
redoutes et retranchemens des ennemis , particuliérement la
montagne Sainte- Anne et Nyer, quartier-général , d'un des généraux
Frussiens ; que nous avons forcé les Prussiens à quitter
leur position d'Edenkossen , et que nous leur avons fait perdre
un monde considérable .
( 239 )
<
Je n'ai rien à reprocher à mes troupes que trop d'ardeur.
La perte des Autrichiens a été très - forte , lorsque leur cavalerie
a été chargée par une partie de la brigade du neuvieme régiment
de cavalerie , aux ordres de Baurevoir. Les Autrichiens , Prussiens
et émigrés , peuvent avoir eu tant tués que blessés 12 à
1500 hommes. Il ne m'est possible de présenter qu'en apperçu
nos pertes ; j'évalue cependant que nous pouvons avoir eu
150 tués et 400 blessés , dans le nombre desquels il se trouve
beaucoup d'officiers . Parmi les traits d'héroïsme à distinguer
dans cette journée , on remarque celui de Guéret , maréchal
des logis , portant l'étendart du ge régiment de cavalerie ;
il a été somme par quatre ennemis de se rendre ; sa réponse
a été d'en tuer deux et d'en blesser un troisieme , il a été
renversé par le quatrieme , mais il s'est débarassé de son
cheval , et a rapporté à son corps son étendari fracassé . 99
ARMÉE DES ALPES. Extrait d'une lettre du général Kellermann ,
datée de Grenoble , le 23 juillet .
« J'avais ordonné au général Carcazadel de faire tous ses
efforts pour protéger les malheureux habitans de la vallée de
' Darche dans le transport de leurs récoltes . Il résolut de s'emparet
de la montagne de Tête-Dure , dont la position remplissait
son but , et fit ses dispositions qui réussirent . L'action a eu
lieu le 18 , et après un combat de 7 heures , pendant lequel
les ennemis tenterent de nous empêcher de prendre cette
position ; ils furent enfoncés de toutes parts , et se retirerent
sous le canon de leur camp . 346
Suivant le rapport des déserteurs , les Piémontais ont
perdu plus de 100 hommes ; nous leur avons pris 7 "tentes :
nous n'avons eu que 20 hommes blessés , dont 2 dangereusement.
Parmi les prisonniers se trouvent le commandant du
poste , le marquis de Spiccala , lieutenant du régiment des
gardes du despote Sarde ; quatorze de ces prisonniers sont
de ce corps- là . ,,
ก
LA VENDÉE. Diverses lettres nous donnent des détails sur
l'armée des rebelles et sur leur tactique militaire . Si l'on en
* croit ces relations particulieres , cette armée est dans ce moment
composée de 120 mille hommes ; 80 mille sont armés
de fusils ; ils ont 150 pieces de canon : les 120 mille hommes
sont divisés en quatre armées , sous la direction d'un conseil
de guerre , composé de quarante personnes les principaux
chefs sont Gaston , Bernard de Marigny , d'Autichamp , Dêsessart
, Castelinaux , Langremede , Laroche Jacquelin , Stoffet ,
Lescure ; chacune de ces quatre armées a un général en chef,
avec un corps de troupes réglées toujours en activité , qui se
trouvent renforcées par les paysans des paroisses voisines au
moment d'une attaque , ou d'une défense générale . Chaque soldat
, dans une expédition , se pourvoit d'une provision de
- pain pour trois ou quatre jours ; chaque paysau prend son fusil ,
qu'il ne quitte pas même en dormant : lorsqu'ils sont menacés
11-240 )
sur un paint , des couriers sont expédiés au conseil général ,
et le tocsin sonne dans toutes les paroisses : au commencement
d'une affaire , ils se replient presque toujours , afin d'engager
nos troupes à les poursuivre , et alors à un signal convena
entr'eux, ils enveloppent nos troupes embarrassées dans des pays
difficiles qu'elles ne connaissent pas. Ils ont fait cette manoeuvre
dans la derniere affaire , où nous avons fait une perte immense.
Nolige des séances subsèquentes de la Convention du mardi et du
512
mercredi ,
Mardi 30juillet. Julien , au nom du comité de sûreté générale ,
a fait un rapport sur Westermann , Après l'examen reflechi
d'un grand nombre de faits à charge et a décharge , le comité
n'a pas cru pouvoir fixer un jugement sur la conduite de ce
général . La Convention a décrété qu'il serait jugé par un tribunal
militaire , conformément aux lois . Rapport et décret
sur , le tribunal révolutionnaire . Il sera composé de deux sections
qui auront la inême compétence . Decret d'arrestation
porté contre Montané , présideut de ce tribunal , accusé d'ête
lui- même un contre- révolutionnaire.
** ; Mercredi 31. On annonce un avantage remporté par nos
troupes sur les rebelles de la Vendée . Elles se sont emparées du
pont Charron et Saint-Philibert ; les retranchemens qui couvraient
Chantenay et cette ville ont été pareillement empor
tés. Les révoltés ont perdu 400 hommes , on leur a fait 40 prisonniers
. Parani le nombre des morts se trouve le chevalier de
la Mayrie , commandant les retranchemens .
Uue seconde lettre d'Angers , en date du 28 juillet , porte
que l'ennemi qui s'était avancé à une demi -lieue de cette ville
a battu en retraite sur le pont de Cée , où il s'est retranché
en coupant le premier pout, et s'emparant du châicau . Nos
troupes ont rétabli le pout , et une attaque impétueuse , a remis
le château en notre pouvoir. L'ennemi a été poursuivi jusqu'au
dela de Mande la bayonnette dans les reins . Nous n'avons cu
que deux blessés , e
f : 11 2009
Débats sur l'agiotage et sur les assignats à face royale . D'après
la proposition de Chabot , il est décrété , 19. à compter de
ce jour , que les assignats a face royale au- dessus de tool, n'auront
plus cours forcé de monnale ; 29 , ces assignats ne se ont
oreçus qu'en pajement des biens nationaux , en acquit de contributions
de la dette nationale et de l'emprunt force is
seront ensuite brûles . 3. Le nombre des assignats qui se
trouve dans les caisses publiques sera constaté , pour que ces
assignats soient échangés contre des républicains , d'après le
mode qui sera presenté par le comité des finances.
M
( N°. 106. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS.
SAMEDI 10 AOUST , l'an deuxieme de la République.
A
STANCES.
L'AMOUR fermez votre coeur ;
Craignez déprouver son délire .
En vain il promet le bonheur ;
Un aveugle n'y peut conduire.
Je m'étais rangé sous ses lois ;
Je voyais briller l'espérance .
Le charme cesse , et j'apperçois
L'erreur de mon adolescence.
Suivi de l'essaim des desirs
Le fripon vole à tire d'aile .
Sa présence invite aux plaisirs ;
Mais son feu n'est qu'une étincelle .
2 Inconstant , trompeur et malin ,
Il fuit à l'instant qu'il vous blesse.
Il rit en nous perçant le sein :
Mérite-t-il qu'on le caresse ?
Par le citoyen TALEYRAT.
Ꭰ
CHARADE.
Du doux plaisir à la tristesse ,
Et de l'aisance à la détresse` ,
Il n'est souvent que mon premier.
La fortune change et varie :
S'attendre à sa bizarrerie
C'est être vraiment mon dernier .
Le bien après le mal arrive
De l'une à l'autre alternative
Toute la vie est mon entier.
Tome IV.
Par le cít. H***. , vicaire épiscopal.
4242
ÉNIGM E.
SANS que je sois un arbrisseau ,
Deux branches forment tout mon étre.
L'art fait de ma tête un fourneau ,
Où le feu meurt au lieu de naître .
Cependant mon premier devoir
Est de l'entretenir sans cesse ;
Vesta ne pouvait pas avoir
De plus vigilante prêtresse."
Sur ma voisine en certain cas
J'opere une cure nouvelle ;
En lui mettant le chef en bas ,
five
Je la rends plus et plus belle.
On ne me voit guere à la cour ;
Mais il est rare en récompense
Que j'aille établir mon séjour
Sous l'humble toît de l'indigence .
Enfin , pour parler sans détour ,
De la nuit compagne fidelle ,
Je ne fais rien pendant le jour ,
Et je travaille à la chandelle.
SANS
LOGO GRIPHE.
ANS cesse l'on me bat sans que je sois coupable .
A l'un je suis nuisible , à l'autre favorable .
Dans mes cinq pieds , lecteur , tu peux fort aisément
Trouver de Cupidon le fatal ornement ;:
Une note en musique ; une petite ville
Que renferme un pays en bons vins très - fertile ;
Ce qui d'un bon cheval en peut faire un mauvais ;
De plus , un animal : tout est dit , je me tais .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 105 .
Le mot de la Charade est Fardeau ; celui de l'Enigme est Nil ;
celui du Logogriphe est dire; ôtez l'a reste ire , ôtez le reste air.
( 243 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
}
OEuvres de Lucien , traduites du grec , avec des remarques historiques
et critiques sur le texte de cet auteur , et la collation de
six Manuscrits de la Bibliotheque ci-devant royale. 6 vol . in-8° .
Prix , 36 liv . reliés en carton . A Paris , chez J. F. Bastien .
pour
2
LUCIEN , quoique , né à Samosate en Syrie , et du tems des
Autonins , à une époque où les Lettres grecques et romaines
étaient également déchues , n'en est pas moins regardé par
tous les critiques judicieux , comme un Erivain classique
la pureté , l'élégance et le goût . Son nouveau traducteur
l'appelle même le plus bel esprit de la Grèce,; mais cet
éloge qui pourrait , ce me semble , convenir beaucoup mieux
à Xénophon , me paraît un peu exagéré à l'égard de Lucien .
Nous trouvons dans ses pombreux ouvrages beaucoup d'esprit
, de finesse et de gaîté satyrique ; mais ils roulent presque.
tous sur un même fond d'idees et de plaisanteries ; l'auteur se
repete , souvent ; sa philosophie toujours renfermée dans un
même cadre , celui du dialogue , reproduit toujours les mêmes
objets , des dieux et des sophistes ; il se moque sans cesse
des uns et des autres , et ses satyres contre eux ne différent
gueres que par les titres. Sa hardiesse à tourner en ridicule
la religion des Payens , prouve, la tolérance du gouvernement
romain sur les matieres religieuses : on peut croire que Lucien
n'eût pas tant osé impunement , lorsque la superstitieuse
Athenes jouissait de toute sa puissance , et que des hommes
tels que Socrate , Pericles , Alcibiade , Auaxagore étaient
recherchés pour leurs opinions , infiniment plus réservées que
Jes ecrits de Lucien,
ر
I
Il est bien étrange que quelques auteurs aient imaginé que
ce rieur de profession , cet impitoyable censeur de toutes les
superstitions humaines , ait éte chrétien et qu'ils aient cru
voir dans son prétendu christianisme la source de ce déluge
de railleries qu'il a répandu sur les divinités payennes . Quand
le Philopatris , dialogue où il se moque de tous les mysteres
de la foi chrétienne , ne serait pas de lui , ( comme on l'avance
sans aucune preuve , il suffirait de faire attention à l'esprit
general qui regne dans tous ses écrits : on s'appercevra aisément
que s'il penche pour quelque doctrine , c'est sans contredit
pour celle d'Epicure ; c'est la scule qu'il se plaise à
soutenir de toutes les forces de son esprit , et dont il ne dise
janais de mal . Il n'y a qu'à lire son Jupiter confondu , son
Jupiter tragique , on sentira que ses deux interlocuteurs favo
ris , Menipe et Damis , à la mauiere dont il les fait parler,
à la victoire qu'il leur fait obtenir , sont en effet les inter-
2
( 244 )
prêtes de ses pensées ; et l'on sait qu'ils rejettent l'existence
des Dieux et n'admettent qu'un ordre de choses éternel et
nécessaire .
Lucien , en invectivant avec raison contre les sophistes qui
avaient succédé aux philosophes des beaux jours de la Grèce ,
cut grand soin de distinguer ceux - ci de leurs indignes successcurs
ou plutôt de leuts singes ridicules ; il proteste soavent
de son respect pour Platon , Aristote , Chrysippe , Epicure ;
il a même fait un ouvrage exprès , les Ressuscités , où il les
représente comme les suivans de la vraie philosophie , qu'il
fait paraître personnifice , pour confondre mieux les imposteurs
qui debitaient sous son nom les plus extravagantes futi-
Fites et les principes les plus odieux . Cependant il ne faut
pas croire qu'il s'abstienne de toute attaque , même contre
ces grands hommes qu'il révere ; ce serait trop exiger de son
métier de plaisant , et de plus il faut convenir que malgré
leur mcrite réel , ils ne laissaient pas de prêter au ridicule et
même à un ridicule fort bien appliqué ; d'ailleurs il est reconnu
que l'on peut quelquefois s'égayer doucement aux dépens
de ceux même que l'on estime le sujet , le ton de
Pouvrage , l'a - propos et la mesure peuvent justifier ce genre
de plaisanterie . Mais Lucien va jusqu'à l'inconséquence , et
c'est un des reproches les plus fondés que l'on puisse lui
faire ; emporté par sa verve satyrique , il ne songe pas assez
à être d'accord avec lui- même ; par exemple , il poursuit partout
les cyniqués , comme des aboyeurs impudens et dé
lâches parasites ; et c'est ce qu'ils étaient ; et en mêmetems
il prend pour un des héros de ses Dialogues des Morts ,
le cynique Diogene qui certainement ne le cédait à personne
en impudence et en grossiéreté. Il présente toujours ce Diogene
comme l'oracle de la morale et de la vertu , au jugement
meme des dieux des enfers , et ne parle jamais de Socrate que
pour en dire du inal : je crois qu'entre ces deux hommes on
pouvait faire un meilleur choix.
Si fait paraître Aristote dans les ressuscités , c'est pour hi
rendre hommage ; et dans un dialogue enire Alexandre et
Diogène , il fait d'Aristote un portrait affieux ; c'est , si l'on
en croit son propre disciple , un vil - flatteur , un homme avide ,
un fourbe plein d'artifices ; et l'on ne voit point dans les
témoignages qui nous sout restés sur Aristote , ni qu'il ait en
tous ces vices , ni qu'Alexandre lui ait jamais fait de pareils
reproches.
Il n'y a qu'une voix sur la fermeté tranquille de Socrate ,
au moment où il but la ciguë : Platon faisait , à des témoins
oculaires le tableau de cette mort vraiment admirable ,
puisqu'elle fût sans faiblesse et sans faste . Lucien , dans ses
dialogues des morts , assure , par la bouche de Menipe et sur
la toi de Cerbère , que Socrate n'était qu'un faux philosophe ,
chatlatan qui ne voulait qu'en imposer aux spectateurs , et
un
( 245 )
qui affectait le mépris de la mort , tandis qu'il la craignait
réellement. Cerbère prétend que pour le faire , entrer dans
les enfers il fut obligé de le tirer en bas par le pied , en le
mordant avec de la ciguë. Ce n'est pas -là de la fine plaisanterie ,
ce sont tout simplement des calomnies fort plates . En général
il résulte des écrits de Lucien , ou qu'il n'avait point en
effet , pour la véritable philosophie , ce respect dont il se
pare , et qu'au fond il était jaloux de la grande reputation
qu'avaient laissée ses fondateurs , et eût bien voulu fa rabaisser
au-dessous de son talent satyrique ; ou que la bassesse et les
vices des sophistes de son tems , qui étaient véritablement
les derniers des hommes , avaient aigri sa bile , au point de
la rendre injuste envers tous ceux qui avaient porté le nom
de philosophes. ,、,
Cette inconséquence de l'auteur dans ses jugemens se
retrouve aussi quelquefois dans les raisonnemens qu il
prête aux interlocuteurs ,.de ses dialogues ; le traducteur a en
la bonne foi de l'observer dans quelques-unes de ses notes ,
et aurait pu le faire beaucoup plus souvent, Lucien ne garde
pas toujours les convenances dans le rôle qu'il fait jouer à
ses personnages . Frappez , frappez , accablez cet homme
abominable d'une grêle de pierres ; redoublez à coups de
mottes de terre ; redoublez encore à coups d'écailles d'huîtres ;
traitez ce scélérat à coups de bâton ; prenez garde qu'il
" n'échappe ; allons , Platou , frappe , et toi Chrysipe , aussi ;
élançons- nous tous à la fois contre lui , etc. elé . 19
Et qui tient ce langage ? Le devinerait - on ? C'est Socrate ,
le véritable Socrate , parlant aux véritables philosophes qui
viennent avec lui sur la terre , à la suite de la philosophie ,
pour faire justice des sophistes : c'est contre Lucien
que Secrate
anime ainsi ses confreres ! Mais jamais ce sage n'a passé
pour violent ni pour brutal , et Lucien lui - même qui ne
l'épargne pas ne lui reproche rien de semblable : Socrate a
toujours passé pour le plus doux et le plus modéré des
hommes , quoique , de son aveu , il fut né enclin à la colere
. Où est l'observation des convenances ?
Indépendamment de l'uniformité de ton et d'objet qui se
fait sentir dans les dialogues de Lucien , il y a aussi une
inégalité marquée plusieurs paraissent être sans aucur but
et sont vagues et insignifians , d'autres sout plus ou moins
dépourvus de sel ; plusieurs sont fort insipides ; mais le plus
grand nombre de la raison et de la saillie , quoique
sans doute l'à propos et l'allusion doivent souvent être perdus
pour nous.
Il faut bien citer au moins un morceau qui donne une
idée de la maniere de Lucien et du tour qu'il donne à la
satyre Je le tirerai de la description de l'isle des bienheureux.
J'y yis Socrate , fils de Sophronisque , qui passait
1 le tems à babiller avec Nestor et Palamede ; il avait saus
Q 3
( 246 )
99 souvent ses argumens
c'était ans
. On me dit
གཉི པའི
", cesse antour de lui une fonie de beaux jeunes gens ,
99 Hyacinthe de Lacédémone , Narcisse de Thespies , Hylas
" et plusieurs autres . Il me sembla qu'il était amoureux
" d'Hyacinthe , du moins c'était à lui qu'il adressait le plus
que Rhidamanthe
se plaignait beaucoup de lui , qu'il l'avait même
" menacé plus d'une fois de le chasser de l'isté , s'il ne
,, cessait son bayardage et ne quittait son ironie pendant le
" festin . Platon est le seul philosophe qui ne soit point en
" ces lieux . it habite , dit - on , la République qu'il s'est
" formée , et dans laquelle il vit suivant ses propres lois ,
A l'égard d'Aristipe et d'Epicure , on leur défere les premiers
honneurs , à cause de la douceur et des graces de
,, leur caractere , et parce qu'ils sont de joyeux convives .
Esope le Phrygien se trouve aussi là ; il sert aux autres
" de bouffon. Diogène de Sinope a tellement changé de
, moeurs , qu'il a épousé la courtisanne Lais , et que souvent
-échauffé par l'ivresse , il quitte sa place pour danser et
99 fait toutes les folies qu'inspire le vin . Aucun Stoïcien n'est
adnis dans ce séjour heureux : on prétend qu'ils sout en
" coré occupés à gravir le sommet escarpé qu'habite la vertu .
On nous dit aussi que Chrysipe n'obtiendrait l'entrée de
" , cette isle , qu'après qu'il se serait purge une quatriemė
fois avec de l'ellebore . Les Académiciens ne demanderaient
" pas mieux que d'y venir ; mais ils s'abstiennent ( 1) encore ,
et considerent ; car ils n'ont pas la perception que cette islé
soit réellement telle qu'on le dit ; d'ailleurs ils redoutent
je pense , le jugement de Rhadamanthe , eux qui detruisent
toute espece de jugement. On assure que plusieurs d'entr'eux
se sont mis en devoir de suivre ceux qui viendraient
ici ; mais que leur lenteur les empêche d'arriver , ou que
faute de comprendre , parvenus au milieu de la route", ils
, étaient retournés sur leurs pas .
1995
'On voit que chaque phrase porte coup , que chaque idée
est un trait de censure , une intention épigrammatique c'est
un peu l'humour des Anglais et la maniere de leur Swift , que
l'on peut nommer , sous plus d'un rapport , le Lucien de
l'Angleterre , puisque dans son conte du Tonneau il s'est diverti
aux dépens des diverses religions de son teins , comme le satyrique
de Samosate a joué celles du sien . C'est aussi de lui que
Swift a évidemment emprunté l'idée et le plan de ses Voyages
de Gulliver qu'on lise l'écrit intitulé Histoire véritable , l'un
des ouvrages de Lucien le plus agréable , et d'un genre de
merveilleux fort bizarre et fort plaisant , on verra que c'est
l'original du voyage de Cyrano dans la Lune , de ceux de
Gulliver et même de Micromégas ; mais ce dernier morceau
:
( 1 ) Les mots marqués en italique sont les termes sacramentaux
de la secte académique.
( 247 )
qui est charmant , et qui mêle à la gaieté des fictions un fond
de bonne philosophie , est aussi supérieur à Lucien et à Swift
que celui-ci l'est à Cyrano .
C'est encore de l'Ane de Lucien , autre roman fort joli , et
dans ce même genre de merveilleux , qu'Apulée a tiré son
Ane d'or , fort inférieur , selon moi , à l'original , et pour l'invention
et pour le style ; c'est une preuve que Lucien avait
de l'imagination , puisqu'il a inventé de maniere à produire.
des copies estimées .
:
Un morceau remarquable chez lui , parce qu'il est à peu
près le seul qui soit tout entier d'un style sérieux , c'est le
Foxaris ou de l'Amitié , espece de traité en dialogue ( car Lucien
ne quitte gueres cette forme ) entre un Grec et le Scythe
Toxaris , qui disputent à qui des Grecs ou des Scythes l'emporte
en beaux exemples d'amitié c'est de là qu'est tiré le
fameux testament d'Eudamidas , qui a fourni un sujet à la
peinture , et qui pourrait en fournir un au théâtre . L'on ne
saurait reprocher ici à Lucien de n'avoir pas observé les convenances
caractéristiques : comme les Grecs sont grands conteurs
, et qu'on ne trouve pas ailleurs les faits qu'il raconte ,
on a présumé qu'ils étaient d'invention , au moins en partie ,
et l'on ne peut nier que les exemples d'amitié , cités par Toxaris ,
n'aient un caractére d'énergie sauvage qui frappe à la fois
d'étonnement et d'horreur , et qu'on ne peut admirer qu'en
fremissant. Un Scythe offre sa personne pour la rançon de
son ami , prisonnier chez les Alains , autres peuples barbares :
ceux-ci , par respect pour son dévouement magnanime , ne
veulent point le priver de sa liberté ; mais ils lui demandent
ses yeux il les donne , et on les lui arrache ; son ami , qu'il
ramene à ce prix , lui sert de guide et pourvoit à tous ses
Besoins rien n'est plus naturel ; mais ce qui l'est un peu
moins , c'est que Scythe délivré ne voulant pas que
son ami ait rien à lui envier s'arrache aussi les yeux .
Toxaris trouve cela sublime ; bien d'autres n'y trouveront
qu'une atrocité fort absurde ; car qu'y a - t- il de plus fou
que de croire sacrifier à l'amitié en se mettant hors d'etat
de rien faire pour elle ? et comment ce Scythe ne s'est- il pas
apperçu que ses yeux n'étaient plus à lui , depuis qu'ils étaient
nécessaires à son ami ? Je sais bien que de nos jours un Anglais
se fit couper une jambe pour épouser une femme qui n'en
avait qu'une ; mais ce n'est pas tout à- fait la même chose ; il
s'en faut même de beaucoup , et chacun peut aisément s'en
rendre raison.
Les traductions de Lucien les plus connues sont celle de
d'Ablancourt dans le siècle dernier , et celle de l'abbé Massieu
dans le nôtre . On n'ignore pas que d'Ablancourt , qui n'eut
d'autre mérite que d'écrire assez purement dans un tens où
ce mérite étoit encore fort rare , fut d'ailleurs un traducteur
très-peu fidele. L'abbé Massieu l'est beaucoup plus que lui ;
mais il est prouvé dans les notes de la nouvelle traducties
Q4
( 248 )
1
qu'il s'est encore trompé plus d'une fois en traduisant d'après
la version latine ; ce qui est en effet un moyen sûr de commettre
beaucoup de fautes. C'est d'abord un inconvénient
de mettre un tiers entre l'original et vous ; et de plus , ces
scholiastes latins passent souvent par dessus les difficultés , et se
contentent de mettre un mot latin pour un mot grec ; ce qui ,
vu la différence de génie d'une langue à une autre , ne s'appelle
pas traduire . Quiconque est à portée de comparer ces
versions latines au texte grec trouvera dans la plupart bien
des contre- sens , non- seulement dans les endroits difficiles ,
mais même dans des phrases où le vrai sens de l'auteur s'offrait
de lui- même. Le traducteur nouveau n'a pas eu besoin
de ce dangereux secours ses notes et ses variantes prouvent
un homme très- versé dans la connaissance du grec et dans
toute la littérature ancienne ; c'est un véritable érudit , un
excellent philologue . Mais il paraît avoir poussé l'amour des
langues savantes jusqu'à négliger un peu la sienne . Sa diction ,
quoiqu'en général claire et saine , offre assez fréquemment des
fautes de grammaire et de construction , des termes impropres ,
et quelquefois du néologisme . Il porte l'exactitude jusqu'à
traduire en vers les citations des différens poëtes grecs qui se
trouvent souvent daus Lucien : cette exactitude est louable
et peut même faire pardonner la faiblesse de la versification ,
d'autant plus que dans ces fragmens cités il s'agit moins du
style que de l'a - propos ; mais pourtant , lorsqu'on fait des vers
français , il faut en savoir les regles , et ne pas faire de fausses
rimes et des hiatus , tels que celui- ci.
Son souffle empoisonné infecte tous les lieux .
"
Au reste , ces fautes qu'il serait facile de corriger en consultant
de bons juges , n'empêchent pas que cette traduction de Lucien ,
la seule complette et la plus fidelle de toutes , ne soit un véritable
service rendu aux lettres et un titre honorable
pour celui
qui a entrepris et achevé avec succès cet ouvrage long et pénible
, que doivent se procurer tous ceux qui aiment les auteurs
grecs , et qui ne peuvent les lire qu'en français.
ANNONCES .
"
La Constitution de la Lune , par le cousin Jacques ; rêve
politique et moral , avec cette épigraphe : Vous proposez la
mort à quiconque proposera la monarchie !..... Eh bien , voici une
République ; mais une République sans athées , sans factieux , sans
tyrans , sans enthousiastes ; où la religion , les moeurs , la justice
la paix , el sur- tout l'horreur du sang , font le charme de la vie et
l'essence de la liberté. Cet ouvrage est en un vol , in- 8 ° . , et divisé
en quatre parties : il est enrichi de notes intéressantes , et
contient soixante-douze chapitres. Il se vend 3 liv . 15 sols ;
franc de port 4 liv. 10 sols. A Paris , chez Fioullé , imprimeur-
libraire , quai des Augustins , nº . 30.
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
T
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 18 juillet 1793.
ANDIS que l'impératrice de Russie travaille à son aise à
river les fers de la Pologne , la Suede et le Danemarck qui
sentent tout ce qu'ils ont à craindre de cette voisine ambitieuse
, se mettent en mesure de lui résister , si jamais elle
vent étendre jusques sur eux ses mains avides .. Une chose
consolante pour les amis de la liberté , qui sont nécessairement
les ennemis de l'injustice et de l'oppression , c'est de voir qu'à
mesure que la Russie s'épuise , la Suede et la Danemarck se
fortifient . Sans doute les dernieres acquisitions faites par cette
puissance envahissante ont un certain poids dans la balance.
politique , sans doute cet assemblage incohérent de pays que,
la différence des laugues et des climats semblait devoir préserver
d'être réunis sons la verge d'un même despote , et qui
le sont pourtant aujourd'hui , lui prêteraient une force passagere
bien dangereure pour le moment , si les vues ultérieures
de Catherine II venaient à se remplir. Mais il n'en
est pas moins vrai que l'agrandissement même de la Russie la
perdra . Le principe de vie est et doit être mal distribué dans
ce corps politique , dont le coeur ne jouit point d'une action.
suffisante pour animer les membres disproportionnés . Toute
la corruption , tous les vices , tout le luxe d'une cour asiatique
regnent dans celle de Pétersbourg, voisine des glaces polaires ..
Cette capitale attire le peu de richesses réelles de l'empire
qu'elle ne reverse et ne redistribue pas par la circulation dans
les provinces qui les lui rendraient de nouveau pour les reccvoir
encore. Tout est sacrifié à l'ostentation la plus fastueuse ,
aux jouissances d'un petit nombre de favoris et aux prépa
ratifs de nouveaux projets d'ambition qui finiront vraisemblablement
par échouer. D'ailleurs , les contrées nouvellement
conquises qui perdent , comme on vient de le voir , au changement
de maître , au lieu d'y gagner , peuvent- elles être bien
attachées au tronc auquel on les a réunies par force ? Nou ,
sans doute et la moindre possibilité de secouer le joug en
inspirerait le desir , en ferait tenter l'entreprise .
Nous ne uoas arrêterons pas à développer ici ces idées dont
la justesse sera suffisamment sentie par les têtes accoutumées
à réfléchir , et qui ont su profiter de la lecture de l'histoire .
Nous nous contenterons de dire que malgré les apparences
250
1
contraires en ce moment , le tems n'est peut- être pas éloigné où
la Russie tremblera pour elle-même , nonobstant ses liaisons
plus resserrées que jamais avec l'Angleterre , à la veille d'être
écrasée par le fardeau de sa dette publique , soutenue jusqu'ici
par un crédit auquel des banqueroutes multipliées viennent de
porter des coups mortels .
Au reste ce sera du nord de l'Europe que viendra plus directement
son salut , quoique le mécontentement réel de la Porte
et ses inquiétudes justement éveillées puissent y contribuer ,
ainsi que le ressentiment de cette même Pologne dont les fers
ne sont pas encore aussi bien rivés que l'on s'en flate peutêtre
à Pétersbourg , et qu'on le craint dans le reste de l'Europe.
En attendant cette explosion , le duc de Sudermanie continue
de faire voyager le jeune foi pour l'instruire . Voici ce
qu'on mande de Stockholm en date du 12 juillet le roi était
le 6 avec sa suite à Adelsnas où il a vu les mines de cuivre
qui étaient magnifiquement illuminés, La fregate Suédoisé
Bela Fersen a fait voile de Carlscrone avec un yacht royal .
Ces deux bâtimens vont dans la mer du nord . Leur destination
est d'exercer des cadets de notre marine ; mais il y a
apparence qu'ils ne négligeront pas de suivre en même-tems
la course de la flotte Russe . C'est le major Tonquist , habile.
officier , qui commanderà cette croisiere d'exercice .
-
On maade de Copenhague en date du 16 , -sans pourtant
l'assurer positivement que la flotte Russé se trouve enfin à la
Hauteur de l'isle Bornholm . Depuis le 12 jusqu'au 15 , il a passé
242 vaisseaux par le Sund." Une autre lettre adressée à un
Français s'exprime ainsi nous pouvons vous assurer de la réso-
Fution de notre ministère de soutenir la neutralité la plus
exacte. Voici l'extrait de la Convention arrêtée à cet égard
et la spécification des articles qui seront réputés être ou n'être
pas de contrebande .
霉
Articles fixés et réputés comme contrebande pendant le tems de la
guerre , et qui défendent la réclamation des navires à bord desquels
ils se trouveront , destinés pour les ports des puissances en guerre.
Fusils et toute espece d'armes avec lents appartenances , tels
que canons , mortiers , mousquets , pétards , bombes , grenades
, saucissons , etc. poudre à canon , mêché , salpêtre , balles
et boulets , piques , épées , casques , cuirasses , hallebardes
longues et courtes lances , séliés et équipages de chevaux
porie pistolets , bandoulieres , et en général tout ce qui sert
l'équipement.
·
"
De plus , bois de construction de navires , bray , goudrón
plaques de cuivre pour doublages des vaisseaux , voiles ' er
( 251 )
toiles à voteshanvres , cordages , et tout ce qui tient direc
tement à la construction des vaisseaux et leur armement , dont
cependant est excepté le fer non travaillé , ou non encore prépare
au service des navires , ou articles de guerre. Sont aussi
exceptés les poutres ou planches de sapin.
1
Mais ne pourront être réputés articles de contrebande les
poissons frais , sales ou séchés , viandes fraîches ou salées , froment
, farines , ou aucune espece de grains , pois , fêves
etc ; non plus que le vin , les hulles , ni en général ce qui
tient à la nourriture de l'homme et le soutien de la vie , qui
pourront , aussi bien que tout article de commerce non spécifé
comme contrebande , étre vendus et pontés même aux
royaumes et pays en guerre ou en possession des puissances
belligerantes pourvn cependant que leur destination ne soit
pas pour nue ville ou forteresse bloquée , "
1
De Francfort - sur - le-Mein , le 1er août.
Molau 3 , .. J5
}
La récolte promet en général d'être abondante, dans toutes
les contrées de l'Europe , excepté l'Italie . Les possessions de
l'Autriche sont entre autres très - favorisées cette année de la
nature . On en profitera pour former trois nouveaux di
immenses magasins de froment, seigle , avoine, foin , paille , etc. a
fun dans l'Autriche antérieure , l'autre dans le Luxembourg
et le troisieme dans les Pays - Bas . On se propose aussi
d'établir dans toutes les provinces , aux frais du trésor public ,
come on a déja fit dans quelques cantons , des magasins -
de bled contenant jusqu'a 100,000 buisseaux . On trera de
ces greniers d'abondance ce qu'il faudra pour les cantous exposés
à la disette petlles avances seront toujours rendues à la récolte
suivante . Cette sage opération s'exécutera d'autant plus faci
lement , que l'on va donner aux cultivateurs la liberté de payer
on nature leurs impôts et redevances.
Malgré l'espoir d'une récolte abondante en tout genre , le
gouvernement a redouble de sévérité contre lés spéculateurs
qui tenteraient de profiter de cette abondance pour exporter
des grains aux Français . Plusieurs ont été découverts , et seront
punis . Mais la cour s'est relâchée en faveur de sa majesté napolitaine
à qui elle permet de tirer des bleds de l'Autriche .
Au reste , l'Autriche avait grand besoin de ces ressources
à en juger par ce passage d'une lettre de Vienne du 17 juillet ?
" On est aaux abos ; on demande aux moines leur argenterie ,
et les moines murmurent. Les dons patriotiques ne viennent
plus , et ce qu'ils ont produit est peu de chose . On projecte
tous les jours des emprenis , et ils ne réussissent pas dans
le dernier on a offert 7 pour 100. Rien n'égale , l'embarras
du ministere la cour- ne pourrait pas suffire à une nouvelle
campagne . Si les Français tiennent bon , et qu'ils fassent un
( 252 )
leur liberté est sauvée à jadernier
effort de courage ,
mais . "
Quand bien même il y aurait un peu d'exagération dans
cette lettre , toujours est- il certain que les finances de l'empereur
sont en très-mauvais état ; ce qui est fort inquiétant dans
un pays qui n'a pas beaucoup de ressources par lui - même ,
et où l'industrie est encore au berceau . Une nouvelle preuve
de l'embarras où l'on se trouve ,, c'est le renouvellement prochain
et entier du conseil d'état . Il sera composé , dit- on ,
de cinq ministres , l'un aura le département des affaires étrángeres
, l'autre les finances , le troisieme les affaires politiques
intérieures ou l'administration , le quatrieme les affaires de
justice , et le cinquieme le département de la guerre . Outre
les ministres , il y aura encore cinq conseillers ou référendaires
d'état . On nomme déja , pour les finances , le baron
de Bolza ; pour la guerre , le baron de Turkheim
; pour l'in
térieur , le baron de Grenner ; pour les affaires étrangeres ,
le baron de Collenbach , et pour la justice , le baron de Haan .
Le bruit se répand de nouveau que l'empereur se rendra
incessamment dans les Pays-Bas , et qu'il emmenera avec lui
l'archiduc Palatin de Hongrie et l'archiduc Joseph . En attendant
, l'humidité , qui résulte des inondations ordinaires dans
cette saison sur le terrein où est situé le château de Laxembourg,
a déterminé la famille impériale à le quitter pour celui d'Hetzendorf.
Il vient d'arriver un accident cruel , et qui coûte à la cour
de Vienne non - seulement des hommes , mais même de l'argent
dont elle n'a pas de trop . Le 5 de ce mois , 11 chariots chargés
de poudre passaient près de Schwartzkirck , non loin de Brunn ;
trois de ces chariots sauterent en l'air avec 102 quintaux de
poudre. Il y eut à cette occasion 5 hommes et 8 chevaux de
tués avec g hommes et 2 chevaux de blessés . Un autre homme
a manqué .
Des lettres dé Heilbron , datées du 20 , s'accordent à dire
qu'il est arrivé plusieurs couriers portant l'ordre exprès de
faire partir sur- le - champ l'artillerie de réserve qui était déposée
ici pour Philipsbourg. Ces ordres si pressans étaient signés
du général comie de Wurmser , ce qui fait présumer qu'il
doit y avoir une affaire du côté de Landau . L'artillerie demandée
est partie à la bâte .
L'expédition des Français dans le Duché de Deux - Ponts leur
a réussi , comme tous les coups de main qu'ils entreprennent ;
ils se sont présentés dans la capitale , et à peine les avait-on
reconnus qu'ils étaient déja entrés au nombre de 1200 , avec
deux canons ,
un chariot de poudre et autres munitions : ils se
sont contentés cette fois de vider la riche cave d'un certain
( 253 )
M. d'Esbeck , ci - devant premier min'stre du duc : ils se sont
en outre saisis d'une douzaine de chevaux appartenans à des
riches ; e après avoir fait la récolte des foins et autres fourrages
se sont rapprochés de leurs forteresses. En général ,
leurs incursions dans le Luxembourg sont fréquentes et toujours
heureuses . Dans la derniere , un parti de troupes légeres
est tombé sur un poste avancé d'Autrichiens , et les a enlevés
presque tous . Plusieurs villages ont été pris , et la belle et riche
abbaye d'Orval a été enfin détruite de fond en comble ; l'église
a même été abattue à coups de canon , après avoir été dépouillée
de l'orgue , de l'autel et de ses colonnes de marbre.
Il faudra pourtant que ces excursions cessent et bientôt ;
ear l'armée des alliés se renforce. La moitié de celle de réserve
est arrivée dans le Luxembourg , et le corps de 3000
grenadiers, de Bohême a joint l'armée devant Valenciennes.
Les troupes hessoisses qui sont entrées à la solde de l'Angleterre
sont en marche . Depuis quinze jours nous voyons
continuellement passer la cavalerie impériale et hessoisse .
La reddition de Mayence a fait dans notre ville la señṣation
la plus étonnante . Deja les troupes allemandes que ce
long siege avait découragées , se promettent les plus brillans
succès . Cependant elles ne peuvent se dispenser de rendre
une justice éclatante à la valeur de leurs ennemis , la situation
de la place et de la garnison étant telles qu'il était impossible
qu'elle tint plus long- tems. Quelque formidables que
fussent les fortifications , cette place - là n'est assurement pas
imprenable , et sur-tout quand , foudroyée par une artillerie
nombreuse et bien servie , elle éprouvait disette de vivres et
de munitions nos plus valeureux soldats ont peri sous ses
urs ; un plus grand nombre-encorey ont éte blessés . Cinq jours
avant la capitulation , il est arrivé plusieurs bateaux charges de
Prussiens et d'Autrichiens qui ont été déposés dans les hôpi
taux de Francfort.
La marche de la garnison , continuent les mêmes lettres ,
est dirigée sur Metz. On sait aujourd'hui positivement que
ce qui a déterminé les assiégés à se rendre a sur- tout été le
manque de drogues pharmaceutiques et de fourages . Le roi
de Prusse a refusé de traiter avec les commissaires de la Copvention
, au nom de la République , et par conséquent de la.
reconnaître. On raconte comme chose remarquable que le
dernier coup tiré par les Français , a tué un Autrichien sur
la batterie la plus éloignée .
Suivant des avis d'Aix - la- Chapelle , l'empereur a écrit aù
duc d'Yorck et au prince héréditaire d'Orange une lettre de
felicitations et de remercimens , sur les services que ces deux
princes ont rendus à la cause commune dans l'attaque du
1
camp de Famars. Ils en ont été l'un et autre si flattés qu'ils
en ont fait faire des lectures publiques .
On écrit de Manheim , le 24 , que depuis le 19 les troupes
sont continuellement aux prises les unes avec les autres . Les
Français cherchent à fatiguer leurs ennemis par des escarmouches
, et à éviter une bataille à laquelle les Allemands
paraissent décidés . Depuis le 23 an soir tout le monde s'enfuit
de Neustadt sur la Hardt et de Turkheim . Un renfort du corps
devant Mayence est parti pour porter du secours dans ces
environs -là . On est étonné de cet empressement à engager une
action décisive ; en effet , si les Autrichiens la perdaient , on
ne voit pas trop où seraient leurs ressources : il faut que la
population ait bien souffert, puisque , suivant des lettres de
Vienne du 18 , l'ordonnante qui prescrit une nouvelle levée
d'hommes est très -rigoureuse. Les fils de bourgeois de cette
capitale et même les hommes mariés n'en sont pas exempts .
PROVINCES UNIES ET BELGIQUE .
Les Français firent , dans la nuit du 10 au 11 , une attaque
infructueuse sur toute la ligne des avant-postes du général de
Latour. Dans celle du 12 , ils commencerent du côté de Maubeuge
une autre attaque combinée sur tous les points possibles
, mais dont le premier succès finit par se démentir. Le 19 ,
Je général Prussien Knobelsdorff essaya de tourner et d'enfermer
Singia les Français évacuerent ce poste . Un détachement
Prussien du flanc leur ayant démonté deux canons près de
Pont- à- Marque s'avança jusqu'à Lezenne et Asq , et revint'
presque sans perte après avoir effectué une reconnaissance du
côté de Lille.
Suivant le même bulletin de l'ennemi , la garnison de Valenciennes
recommença , dans la soirée du 18 , de la courtine
de la porte de Mons un feu très - vif contre la seconde parallèle
, qui , soutenue par le feu de la troisieme , empêcha les
Français de renforcer le leur , du moins pour le moment ;
car ils réussirent dans la nuit à placer dans l'angle droit de
l'épaule de cette courtine plusieurs petits mortiers , au moyen
desquels , secondés par un feu très - vif de leurs autres ouvrages ,
ils assaillirent à la pointe du jour les batteries assiégeantes ;
mais enfin la plupart des embrasures ayant été ruinées par le
feu de ces batteries , ils ne purent se maintenir, long - tems dans
Tangle . Pendant cette même nuit on avait poussé vigoureusement
les travaux de la tranchée , et achevé les deux batteries
nouvelles de Mont-Anzin . - Dans l'après -midi du 19 , la garnison
tenta d'élever une iedoute dans la lunette du petit ouvrage
cornes ; elle échoua , grace à quelques coups de cartouche
bien dirigés , et à l'explosion d'un de ses dépôts de poudre.
Dans la nuit du 20 ; les batteries du Mont-Anzin et de la
-
( 255 )
1
1
courtine de Mons ayant été garnies réciproquement , le lendemain
il y eut un feu très -vif , sur-tour de notre part ; les batteries
à ricochet et à mortier ont balayé en partie le chemin
couvert : cette journée n'a coûté que 8 morts et 19 blessés .
. Le 21 on écrivait de Marly que les mines étaient pres-'
que au moment de jouer ; op en espérait le plus heureux effet
et l'on se promettait d'attaquer le chemin couvert . Enfin
on écrivait de Tournai le 26 : Valenciennes est aux abois .
Cette malheureuse ville est en feu ; et on n'y voit plus que
des cendres et des décombres . Encore 24 heures et elle sera
en notre pouvoir .
On vient d'apprendre d'une maniere très - positive la prise de
Valenciennes.
D'après des avis de Bruxelles , du 19 , l'archiduc Charles
est revenu la veille de l'armée à 11 heures du soir . Il a eu
la satisfaction d'entrer dans Condé à la tête des troupes qui
doivent en former la garnison . Il était accompagné du duc
d'Yorck et de plusieurs autres généraux .
La jointe impériale et royale , chargée de l'administration
des pays conquis , vient de faire publier dans Condé la déclaration
suivante :
De par l'empereur el roi.
"
La jointe établie pour l'administration provisoire du pays.
conquis , déclare : 1 ° . Que les autorités quelconques constituées
depuis la révolution de 1789 , sont abolies ; qu'en conséquence
les magistratures des villes , bourgs et villages conquis
sont rétablies telles qu'elles existaient avant la révolution ,
bien entendu cependant que les individus qui composaient
alors ces magistratures , ne pourront rentrer en place qu'après
y avoir été spécialement réadmis par la jointe , et que ,
vu l'impossibilité de connaître dans les premiers momens la
conduite tenue depuis la révolution par ces individus , il sera
nommé des magistrats provisoires , sans préjudice aux droits
des respectifs seigneurs , et de concert avec eux , autant que
faire se pourra , en attendant qu'il puisse être jugé si et jusqu'à
quel point on établira les individus susdits . Les seigneurs
des lieux , ou leurs officiers , remettront en conséquence le
plutôt possible à la jointe des listes des personnes dont les
magistrats ou corps de justice et de police de leurs seigneuries
, pourraient être composes provisionnellement . 2 ° . Les
lois relatives à la police générale et aux propriétés , sont rétablies
comme elles existaient au commencement de 1789. 3º . On
suivra pour les appels des jugemens de premiere instance ,
l'ordre des jurisdictions qui était établi à cette époque , et dans
les cas où suivant ce ordre l'appel se portait à un tribunal
( 256 )
་
supérieur , siégeant dans un lieu soumis encore à la France ,
les stataux resteront suspendus jusqu'à ce qu'il y ait un tribunal
d'appel désigné sous la dénomination de sa majesté.
4°. Quant aux impositions et charges publiques , le pied établi
depuis 1789 , sera provisionnellement maintenu jusqu'à autre
disposition . 5. Tous les administrateurs , receveurs ou colleci
teurs des impositions et charges publiques , receveurs des domaines
et tous autres ayant manié des deniers publics quelconques
dans l'étendue du pays conquis , devront se présenter
à la jointe dans le terme de trois jours , avec un état ,
pertinent de leur caisse et de leur administration , à peine
qu'il sera pourvu à leur charge , ainsi qu'il appartiendra .
6. Le cours légal des assignats est aboli : on les tolérera
cependant dans la circulation comme marchandise . 7º . Le '
cours des monnoies françaises sera provisoirement toléré sur
le pied où elles sont actuellement , et il sera fait incessamment
, pour le pays conquis , une évaluation des mounoies
aux coins de sa majesté. So. Les corps religieux , ecclésiasti
ques et politiques , fondations et autres établissemens publics ,
ecclésiastiques et civils supprimés depuis la révolution ,
qui desi cront d'être réintégrés , devront s'adresser à la jointe
pour y être statue. 9. Le séquestre des biens des émigrés.
français sera levé à mesure que les propriétaires se présenteront
à la jointe et se legitimeront. 10°. Il ne sera permis à
ancun émigré français de séjourner dans les lieux conquis ,
excepté nniquement ceux qui y sont possessionnés , ou qui
y étaient fixement établis et domiciliés avant la révolution , et
encore seront-ils obligés , pour pouvoir y rester , de s'adres
ser par écrit à la jointe à l'effet d'en obtenir la permission
expresse.Et sera la présente déclaration imprimée , publiée,
et affichée par- tout où il appartiendra. Fait à Condé , ce 20
juillet 1793. Etait paraphe le C. vt . et signé par ordonnance
de Hesdin , et y ait apposé le cachet de S. M.
ITALIE. De Turin , le 10 juillet.
et
Le roi est allé visiter , en personne , nos frontieres et nos
divers camps. Le duc de Chablais est toujours au camp formé
pour la défense de l'important poste de Raus , et que l'on
vient de rendre encore plus respectable par de nouvelles fortifications
. Le duc d'Aoste est au camp de Demonté , et le
duc de Montferrat à celui du Val d'Aoste . Quant au prince
de Carignan c'est vers l'Argentiere qu'il se tronve . Il paraîtrait
par la suite de ces mêmes lettres de Turin que le
général Strasoldo a remporté quelques avantages sur les
Français . Le 13 juin , il s'établit à la Maison -Méanne , terre
située sur les confins du Dauphiné dont elle fait partie et
exigea des contributions . Le 21 , il euleva les positions d'Arche
et Mairolles dont il fut débusqué le 24. Il revint à la tête
A
de
( 257 )
de 400 grenadiers allemands et de beaucoup de Piémontais .
Mais la peur d'être enveloppé par un corps supérieur le fit
retiker en brûlant Arche et la Maison - Méanne et en emmenant
130 mulets chargés de vivres et de munitions . Au reste ,
Ces troupes sont restées campées sur le Col - de- Madelaine
poste assez bon , encore du territoire de la République.
Le 28 , les Français faisaient de grands préparatifs pour ane
nouvelle attaque devant Saorgio , mais il ne l'ont pas exé-
Cutée.
" 1 I
Un bâtiment de Gênes venu de la partie du Ponent a pu
blié que le premier juillet on avait entendu une vive canonnade
du côté de Nice ; on suppose que les Espagnols y ont
tenté quelque chose , mais on n'a encore aucun détail sur cette
affaire .
150
-246547
Suivant une lettre de Livourne , du 3 juillet , 16 bâtimens
Français de commerce , chargés de vivres , ont fait reporter
à terre leurs cargaisons ; ils craignaient de tomber au pou
voir de l'escadre Espagnole qui croise de ce côté.
Il passe pour certain que la cour de Londres a signé , le
26 avril dernier , un traité avec celle de Sardaigne , sous la
garantie du toi d'Espagne , partie également garante et contractante.
Cette piece diplomatique , de l'authenticité de laquelle
on avait doute , porte les noms du lord Grenville et de M. de
Saint - Martin - de- Front. En voici les principales dispositions
:
-¡e L'Angleterre ' s'oblige de ne faire aucune paix avec la
France que d'un commun accord avec le roi de Sardaigne et
P'Epagne , rappellant à cet égard les engagemens antérieurs
avec la cour de Madrid .
9. L'Angleterre
garantit
dans
toute
son intégrité
et d'un
commun
accord
. accord
avec
l'Espagne
toutes
les propriétés
et Etats
du roi de Sardaigne
, la Savoie
et le comte
de Nice
spécialement
compris
. 22 .
79.06 "
L'Angleterre s'oblige de payer 300 mille liv. sterling de
subside au roi de Sardaigne , jusqu'à l'époque de trois ans après
la paix générale .
L'Angleterre s'oblige , concurremment avec l'Espagne , à
´entretenir une flotte de chacune des deux nations dans la Méditerranée
pendant tout ce tems .
M
Le roi de Sardaigne s'oblige d'entretenir 20,000 hommes
de cavalerie entièrement à la disposition de l'Angleterre ,
pour l'execution des plans communs dans la présente
guerre.
Tome IV. R
( 258 )
TRIPOLI.
De Barbarie , le 4 juin .
Le citoyen Guys , consul général et chargé des affaires de
la République française , auprès du pacha , lui a tenu le dis
cours suivant , en lui présentant ses lettres de créance :
« La nation française , constituée en république , m'envote
vers vous pour vous poster l'expression de sa bienveillance
et de son amitié , Son intention est de maintenir scrupuleu
sement les anciens traités qui existent entre la France et votre
régence . Elle me charge d'assurer votre excellence , que son
desir sincere est de voir perpétuer cette bonne harinome . Elle
y concourra de tout son pouvoir , dans la persuasion où elle
est que les Français que leurs intérêts appellent dans vos états ,
éprouveront de votre part toute protection , et qu'ils serout
traités comme des anciens et fideles amis , membres d'un état
dont le courroux fut toujours fatal à ses ennemis. ››
Réponse du Pacha.
TI
Je vois avce plaisir , dans mon pays , les Français , mes
plus anciens et plus fideles amis . Je reçois avee sensibilisé les
témoignages de bienveillance de la République , et je ne manquerai
jamais d'y correspondre , en procurant aux Français
tous les secours dont ils pourront avoir besoin , et toutes les
facilités qui pourront tendre à faire prospérer leur commerce .
Le consul qu'elle enyoje résider auprès de moi peut lui pro
mettre de ma part une bienveillance constante , à laquelle
je suis disposé d'avance , par la réputation , les égards cufin
dûs à une nation liée depuis si long - tems d'affection avec
moi , et pour l'activité d'un commerce de la prospérité du
quel dépendent le bien - être et le bonneur de mes sujets . Je
ne veux ni ne dois
point laisser ignorer aux Français rassemblés
ici dans ce moment , l'extrême satisfaction que j'ai toujours
eue des services du consul Pellegrin , et je saisis avec
plaisir l'occasion de rendre hautement et publiquement jus
tice à son zele pour l'honneur et les intérêts de sa nation .
L'estime que de pareils sentimens m'ont inspirée , m'a déterminé
daus plusieurs circonstances notoires , à ne pas me renfermer
dans les traités . A l'époque de l'inauguration du pavillon
de la République , j'ai cédé à ses vives instances , et
aux désirs ardens qu'il m'a temoignes de lui rendre des honneurs
extraordinaires et je l'ai fait saluer de
de 21 coups de
canon , honneurs que j'ai refusé à tout autre et nominement
à celui d'Espagne , etc.
6462
&
231
1
( 259 )
3
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE D ANTON.
Séance du mardi -30 juillet.
Sur la proposition de son comité de sûreté générale , la
Convention a porté le décret d'arrestation contre Duprat jeunë ,
Vallée er Mainvielle , prévenus d'avoir entretenu une correspondance
criminelle avec les départemens méridionaux .
Un citoyen a accusé Brissot d'avoir soustrait , du comité
diplomatique , une piece qui aurait pu jetter un grand jour
sur les intrigues de Fex-ministre Lebrun . La Convention
renvoyé cette dénonciation au comité de salut public.
* Le rapport smr Westermann est présenté par Julien , au
nom du comité de sûreté générale : Westermann a répondu
d'une maniere assez victorieuse à toutes les dénonciations
portées contre lui , et le comité a pensé que cet officier ne
peut tout au plus être accusé que d'avoir commis des fautes
militaires , le jour de sa défaite à Châtillon . ( Voyez la notice
de cette séance au n° . précédent. ") { bussia)
Prieur , au nom du comité de salut public , a présenté un
projet de décret tendant à augmenter le nombre des juges
du tribunal révolutionnaire ce projet a été adopté. Le croiriez-
vous , citoyens , a dit ensuite Priear ; le president de ce
tribunal est lui - même un contre révolutionnaire. Les preuves
de ce fait ont été envoyées au comité de salut public par
Faccusateur public et le greffier de ce tribunal . A l'article
du Jugement des assassius de Leonard Bourdon , portant ,
confiscation des biens des condamnés , le président a , de son chef ,
et malgré l'opposition du secrétaire , ôté de la minute le mot
confiscation . Des même à l'article III da jugement de Charlotte
Corday , portant , à dessein prémédité et contre - révolutionnaire , le
même presidenta ôté de la minute le mot contre- révolutionnaire,
Le président de ce tribunal , a continue Prieur , est prévenu
de deux délis ; le premier , d'avoir voulu empêcher la confiscation
des biens des assassins de Léonard Bourdon parini
lesquels il y avait plusieurs millionnaires le second , d'avoir
voulu établir , en faisant retrancher du jugement de la fille
Corday , les mots avec des intentions contre- revolutionnaires ,
qu'un assassinat commis sur la personne d'us représentant du
peuple, u'était pas un crime de leze-nation. Le caraeure du
crime de Montané est assez comu. Vone comité vous propose
A
R 2
( 260 )
de le renvoyer à la seconde section du tribunal révolutionnaire
pour y être jugé . Cette proposition est adoptée .
Séance du mercredi 31 juillet.
De nouvelles réclamations ont été faites à l'ouverture de
cette séance contre la loi du 4 mai qui fixe le maximum du
prix des grains . La Convention a décrété que sous trois jours
les comités de salut public , d'agriculture et de commerce
réunis lui feront un rapport sur cet objet.
Saint-André fixe l'attention de l'Assemblée sur les inconvéniens
que pourrait entraîner le décret relatif à la nouvelle
organisation du tribunal révolutionnaire. D'après ses observations
, la Convention rapporte son décret , et statue que
le nombre des juges du tribunal sera de dix , y compris le
président ; qu'au besoin , le tribunal pourra se diviser en deux
sections ; que l'accusateur public aura trois substituts ; que le
nombre des jurés du tribunal sera porté à 30 , et qu'entin
il sera fait le lendemain une liste des candidats pour le con
plément des juges et des jurés , et qu'il sera procédé ensuite
à l'élection par la voie du scrutin .
•
Legendre et Taillefer demandaient , que cette liste fût faite
par le comité de salut public , et non par l'Assemblée. Gette
proposition , après avoir élevé quelques débats , n'a pas eu de
suite.
Vous avez décrété une loi sévere contre les accaparenrs ,
a dit Chabot , je viens vous proposer aussi des mesures contre
les agioteurs. Je m'attends à des objections mercantiles , mais
nous leur répondrons par ce mot : Le salut du peuple Ici
Chabot a proposé de décréter que les assignats royaux au- dessus
de 50 liv. ne pourraient plus être reçus qu'en paiement de
biens nationaux ; que les assignats royaux d'une valeur audessous
de 30 liv . seraient échangés dans les caisses publiques ,
et qu'au mois de janvier tous ces assignats fussent annullés .
31
Cambon était bien de l'avis de Chabot , mais il voulait que cette
mesure ne portât que sur les assignats au- dessus de 100 liv . Plusieurs
membres en demandaient le renvoi au comité et l'ajournement
: Danton s'y est opposé, Quels sont ceux , a-t- il dit ,
qui supportent la misere publique , qui versent leur sang pour
la liberté , qui combattent l'aristocratie financiere et bourgeoise?
ce sont ceux qui n'ont pas en leur pouvoir un assignat royal
de 100 liv. Frappez que vous importent les clameurs des
aristocrates : lorsque le bien sort en masse de la mesure qué
vous prenez , vous obtenez la bénédiction nationale ... Soyez
comme la nature , elle voit sa conservation de l'espece ; ne
regardez pas les individus .... Les despotes de l'Europe diront :
Quelle est cette nation puissante qui par un seul décret améliore
la fortune publique , soulage le peuple , fait revivre le
crédit national , et prépare de nouveaux moyens de combattre
les ennemis .
( 261 )
La discussion s'est terminée ppar un décret dont nous avons
donné les dispositions dans la notice de cette séance au dernier
numéro .
Des altercations s'étaient élevées entre Lamarlière et Lavalette
. Les commissaires à l'armée du Nord avaient mis Lavalette
en état d'atrestation , et l'avaient envoyé à Pari Ils
avaient aussi ordonné à Lamarliere de sy rendre , pour que
la Convention pât les entendre contradictoirement , et pronon
cer sur cette querelle . Il résulte du rapport du comité de
salut public que Lavalette n'a été que la victime des calomnies
et des intrigues employées contre les patriotes . Lamarliere ,
complice de Custines , n'a pas manqué d'user de toutes les
ruses pour perdre Lavalette , et deux officiers qui étaient attachés
à ce dernier , Calambini et Dufresse . Le comité a proposé
de décréter qu'il n'y a pas lieu à inculpation contre
Calambini , Dufresse et Lavallette , et que Lamarlière sera renvoyé
par- devant le tribunal extraordinaire , pour y être jugé,
Adopté.
Séance du jeudi 1er . avût.
-17
Saint- André , au nom du comité de salut public , a fixé l'attention
de l'Assemblée sur les manoeuvres des administrateurs
en révolte contre elle , dans le nombre desquels se trouvent
ceux du district et les membres de la municipalité de la ville
de Montauban . Les commissaires de la Convention nationale
avaient établi dans Montauban un comité de salut public ;
après le départ des commissaires , les membres qui compos
saient ce comité furent en butte aux persécutions des administrateurs.
Une proclamation du district et de la municipa
lité réunis , invita les citoyens à articules des faits à leur charge.
Cette invitation eut son effet ; les ennemis de la liberté accumalerent
les dénonciations , et une procédure s'instruit en ce
moment contre eux . Saint - André a proposé de destituen
les administrateurs , de mander à la barre le procureur
de la commune , et d'annuller les procédures . Ces proposi
tions. ont été décrétées ..
Couthon , après avoir rappellé le décret salutaire rendu hier
sur les assignats , a fait une nouvelle peinture des maux causés
par l'agiotage . Il s'est établi , a- t- il dit , un systême qui consiste
à refuser les assignats , ou à ne les accepter qu'avec pérte.
Cette manoeuvre est de Pitt qui soudoie au milieu de vous les
agens chargés de l'exécuter ; de Pitt qui a reçu du gouverne
ment anglais cinq millions sterlings en or. Couthon a pros
posé le décret suivant :
Art. Ier . Tout Français convaincu d'avoir refusé en paiement
des assignats-monnaie , de les avoir donnés ou reçus à
une perte quelconque , sera condamné , pour la premiere fois ,
à une amende de 3000 liv. et six mois de détention ; en cas do
R 3
récidive , l'amende sera double , et-il sera condamné à vingt
de fers . 4
II . Les Français , débiteurs de particuliers résidans dans les
pays en guerre contre la France , seront de droit acquittés de
leurs dettes , si ceux- ci refusent en paiement les assignatsmonnaie.
III . Tout Français convaincu d'avoir agioté sur la valeur de
ces assignats sera banni ; ses biens confisqués et acquis à la
République .
Le premier article de ce décret a été adopté : les deux autres
ont été renvoyés au comité des finances pour en faire le
tapport 13 ..
Citoyens , a dit Saint- André , des mesures très - importantes
à prendre , sur lesquelles le comite de salut public vous prie
de le dispenser de donner des développemens , l'obligent de
vous proposer de confirmer le choix qu'il a fait de Collotd'Herbois
, Isore , Lequinio et Lejeune , pour aller dans les
département de l'Oise et de l'Aisne faire les requisitions que
nécessite la defense de la République . La Convention a
confirmé le choix du comité.
-
--
L'administration du département de l'Ain s'est rétractée de
tous les actes émanés d'elle qui seraient contraires au principe
de l'unité républicaine . Une lettre des commissaires
de la Convention , Mathieu et Treilhard , annonce que l'armée
des Bordelais qui avait fait naître des inquiétudes , se réduit
à 1200 hommes non organisés . Les Sans- culottes répugnent
à s'enrôler depuis que la constitution a été acceptée par toutes
les sections de Bordeaux ..
On a fait lecture d'une lettre de Custines , à-peu -près conçue
en ces termes :
Mon interrogatoire n'est pas terminé , et j'ai besoin de
ma correspondance pour me justifier . Il est faux que j'aie ja̸-
mais conseillé la reddition de Mayence . Si j'ai dit de ménager
les Prussiens et si j'ai abandonné les Hessois et les Autri
chiens , c'est que les premiers traitant nos prisonniers avec
plus de ménagemens que les autres , j'ai cru qu'il était juste
d'user de représailles ; c'est uniquement dans ce sens que je
l'ai écrit. L'acharnement de mes ennemis est grandpmais ma
anquillité l'est autant . Ma conscience ne me reproche rien .
Si l'on veut absolument mon sang ; qu'il coule : mọn scul
regret eera de ne pouvoir le verser en défendant la patrie.
?21
On observe que c'est au tribunal révolutionnaire à fairẽ
venir cette correspondance ; en conséquence la lettre de Custines
lui est renvoyée . Sur la demande de Lacroix , 1Assem
blée ordonne que le citoyen Vaillant , capitaine au 83e régis
ment d'infanterie , sera transféré à Faris , pour donner des
renseignemens relatifs à Custines . Vaillant , fait prisonnier par
les Autrichiens , avait été chargé de plusieurs missions rela
tives à l'échange des prisonniers dans un voyage , il fut 7
( 263 )
arrêté par ordre de Custines , et,
détenu dans les prisons de Cambrai.
dans ce moment , il est
Un citoyen de Tonnerre se plaint des persécutions qu'éprou
yent dans cette ville des patriotes , pour avoir abattu les armoiries
qu'on affectait de conserver sur quelques châteaux . Il
demande la suspension des procédures . Accordé . - Duques
noi , qui , dans le département du Nord qu'il vient de parcourir
, a vu encore beaucoup d'armoiries , demande que les
maisous où elles seront conservées par les propriétaires , soient
confisquées au profit de la République . Cette motion , appuyée
par Lacroix , est décrétée en ces termes :
La Convention nationale décrete que dans huitaine , à
compter de la publication du présent décret , tous les parcs ,
jardins , enclos , maisons et édifices qui porteraient des armoi
ries , seront confisqués au profit de la nation .
T
Le ministre de la guerre écrit que les maladies ont réduit
l'armée du Nord à cent mille hommes , et qu'il existe un grand
nombre de corps incomplets , dont les états - majors soet trèsonéreux
à la Republique . L'Assemblée décrete que tous les
orps particuliers qui sont incomplets seront réformés , pour
être ensuite distribués dans les cadres de l'armée : elle déclare
nulles toutes les nominations d'officiers - généraux faites par le
comité des Belges . On n'imagine pas , disait à cette occasion
Dahem , combien ces prétendus patriotes Belges ont mangé
d'argent à la République : à mesure qu'on parlera d'eux , on
découvrira de nouvelles intrigues. Une seconde lettre du
ministre annonce que Diettmann a refusé le commandement
en chef de l'armée du Nord Le conseil exécutif a non int
Houchard pour le remplacer ; Ferrieres passe au commandement
en chef de l'armée de la Moselle ces choix sont approuvés
.
Barrere annonce , au nom du comité de salut public , que
Valenciennes a capitulé , et que l'ennemi occupe maintenant
cette place . On ne connaît pas encore les articles de la capitulation
. C'est dit Barrere , le résultat d'un vaste complot
qurdi par l'Angleterre . Des papiers déposés, au comité de salut
public , lui ont donné la certitude que Pit entretient des
émissaires à Paris et dans les départemens pour préparer, des
incendies à Donai , à Valenciennes , à l'Orient , Bayonne ,
pour faire assassiner les patriotes par les femmes . Les habitans
de Lyon ont reçu quatre millions en numéraire de la part de
Pitt . Un vaisseau anglais parlementaire a été reçu à Marseille ,
Voici , dit Barrere , la traduction d'une lettre trouvée sur
un Anglais à Lille ; l'original est entre nos mains .
Juin 29 1793 , 7 heures du soir.
Nous vous remercions de votre promptitude . Vos deux
exprès sont arrives ce matin à huit heures , le double à une
heure , et deux heures après vint M... de Cambray Les plans
R 4
( 264 )
que vous avez envoyés dernierement sont plus directs que les
premiers , quoique pas très- exacts ; les nouvelles augmentations
faites pour les mortiers ne sont pas lisibles . Priez R.... de
vous en donner un autre , il peut être bon ingénieur , mais il
n'est pas très - expérimenté . Il y a une grande différence entre
les siens et ceux de Lille . Vous êtes prié d'ordonner à W....
b ... ,rde payer celui de Lille 100 liv. sterling de plus ; vous
Vous arrangerez comme vous pourrez avec R.... N'épargnez
rien , et ne perdez pas de vue C.... ; il´est sûr comme l'or , et
étant ami de Lamarliere il pourra nous procurer un double
de tous les autres . S'il a peur d'être découvert , qu'il résigne
sa place ; payez - lui le double de ce qu'elle lui rapporte.
Donnez- lui tout de suite 500 liv. sterl. , et ne doutez pas de
son zele d'après les preuves qu'il en a déja données . Milord
lui demande un état exact des poudres et de toutes les mu
nitions quelconques , et son opinion sur le camp de Cassel .
" Soyez toujours ani de K...... : il peut nous être utile!
Priez le commandant de le faire venir chez lui de tems en tems
et de faire ses efforts pour former les plans nécessaires de F.....
de G..... Priez Greenw... de donner de tems en tems à
dîner aux parties choisies . Les plans de Cobourg sont sûrs si
toutefois le succès de la guerre est pour les chieus . S'il en est
ainsi , le plan d'incendie des fourrages doit être exécuté , mais
à la derniere extrémité , et il doit avoir lieu dans toutes les
villes le même jour. A tout événement , soyez prêt avec votre
partie choisie pour le 10 ou le 16 août. Les mêches phosphoriques
sont suffisantes on peut en donner cent à chaque
ami fidelle sans danger , vu que chaque centaine ne forne
qu'un volume d'un pouce trois quarts de circonférence et
de quatre pouces de long. Nous aurons sein de pourvoir
chaque comité d'un nombre suffisant de ces mêches avant ce
tems.
Mylord desire seulement que vous gardiez toujours de votre
eôté pour cette affaire , les personnes qui vous sont les plus
affidées ; mais ne confiez rien de cette affaire à N.... ; il boit
trop dans l'affaire de Douai , il a manqué d'arre découvert par
sa trop grande précipitation.
Faites venir O.... de Caen et C.... de Paris . Faites ensorte
que W....b..... ait la premiere main dans l'affaire de Dunkerque
; il sera nécessaire de le renvoyer de Lille pour ac
quérir des connaissances sur différentes places . Faites ensorte
que H .... w.... d aille avec lui , et que sa femme aille ? Calais
pour garder sa maison. La maniere hardie avec laquelle ils
sont partis de Calais avec leurs quatre chevaux , et la maniere
avec laquelle ils ont échappé à ceux qui les poursuivaient , a
été un coup de maître. Ils ne pouvaient craindre aucun évenement
avec de tels chevaux . Qu'ils n'épargnent pas l'argent,
et qu'ils soient généreux par- tout . Faites que Stap..tu et
C....w....t sachent combien S. A. R. récompensera leur zele.
( 265 )
Que feri ons -nous sans le college ? Faites hausser le change
Jusqu'à 200 liv. pour une liv. sterl. Faites que Hunter soft
bien payé , et assurez- le , de la part de Mylord , que toutes
ses pertes lui seront remboursées de plus du double de sa commission
. Que Greg..... y en fasse de même. Faites de tems
en tems quelque chose avec S ... p ...rs. Il faut discréditer le
pus possible les assignats , et refuser tous ceux qui ne portent
pas l'effigie du roi . Faites hausser le prix de toutes les denrées
. Donnez les ordres à vos marchands d'accaparer tous les
objets de première nécessité .
Si vous pouvez persuader à Cott ...i d'acheter le suif et la
chandelle à tout prix faites-la payer au públic jusqu'à cinq
livres la livre. Mylord est très- satisfait pour la maniere dont
B .... E.... Z t. agi. Dites - lui que S. A. R. le duc a fait enre
gistrer son fils avec le vôtre pour cornettes . Ils jouissent
des - a-présent de la paie attachée à ce grade . Que Ch ....f.... tr...
aille de tems en tems à Ardes et à Dunkerque . Je vous prie
de ne pas épargner l'argent. Nous espérons que les assassi
nats se feront avec prudence ; les prêtres déguisés et les femmes
sont les personnes les plus propres à cette opération . En
voyez 50,000 liv . à Rouen et 50,000 liv . à Caen. Nous n'avous
pas reçu de nouvelles depuis le 17 Qu'est-ce qu'ils font
done ? Renvoyez A.
201
" Que M.... s ....t . soit rappellé de Cambray; son incommodité
lui serait nuisible dans une violente commotion ; qu'il
reste à Saint-O .... et que Wh ...... mr. aille à Boulogne. Ou
regrette la mort de Dyles ; ses avis nous auraient été d'un grand
secours. Que W..m..er le remplacé à Boulogne et à Calais .
,, M...... ..r devait être à Paris , connaissant mieux , comme
banquier , les moyens de faire hausser le numéraire ,
Les différens plans de Milnes sont approuvés par Pitt ,
mais sa derniere fievre le retiendre encore quelques tems en
Angleterre .... Dites à St.... z que son fils sera rappellé de Vienne ,
et aura la place de ministre à Madrid après guerre . Le duc
est très reconnaissant des services du pere., qu'il embrasse en
personne...... Si on peut se fier à D ...... le maire , comme
l'ami d'O .... , il sera la personne la plus propre à être associée
avec lui. Que l'argent ne soit pas épargné , ros
Milord desire que vous ne gardiez n'y n'envoyiez aucun
compte ; il désire même que tout indice soit brûle , comme dan
gereux pour tous nos as residans en France , au que
l'on vint à en trouver sur vous . Votre zele pour notre cause
est si bien counu du duc , pendant votre séjour en Suisse
l'année derniere , et depuis à Saint- O ..... qu'il regardé commé
superflus les comptes que vous pourriez lui rendre de vos
dépenses .
¿ ‹ La derniere nouvelle que nous avons reçue du prince de
Condé nous annonçait qu'il avait une fievre vidlente ; S. A. R.
le duc lui a envoyé son premier médecin.
( 266 )
99 Si Michel est sûr , envoyez-le de tems en tems à Paris.
et à Donkerque.
L. AS....Bror espere de l'embrasser bientôt à Ardes .
Ne, laissez , point B.......z quitter Saint- O...... même pour
un jour ses avis sont toujours utiles . Dites à Nels qu'il peut
être sûr d'ètre nommé membre du parlenient à la premiere
vacance.
Adieu. Your's most affectionaly.
P.S. « Envoyez sur-le -champ à Lyon et Grenoble 150,000l .
Nous sommes très - inquiets de nos amis à Nantes et Thouars ;
nous regrettons sincerement la mort de L.... La pension de
sa veuve de 600 livres, sterling par an , lui sera exactement
payée à elle et à son fils après sa mort ; envoyez-leur 200 livres
sterling par la premiere occasion à Bordeaux . Faites savoir
à la femme de Cobbs , à Bourbour , que son mari est monté
en grade le premier mai , par ordre de l'amiral Macbride.
Qu'il soit accordé à Morel 100 liv, sterlings par mois : nous
esperons occuper les appartemens qu'il nous a préparés pour
le quartier d'hiver, Ne lui permettez point de loger d'autres Fransais
que ceux du parti choisi ,
i
- Quand vous irez à Dunkerque , prenez avec lui ou avec
son cousin les moyens sûrs pour le transport de l'argent d'Ostende
à Dunkerque . Nous avons de prêt , pour les différens
comités sous votre direction , quarante mille guinées.
Que Chest... ret S ... soient toujours pourvus de gui
nées . Les caves du college sont propres au plan de F .....g . Ne
laissez pas Morshop, louer sa maison à Cambray , mais qu'il
la quitte seulement. Ne le laissez pas demeurer avec vous : il
est prudent d'avoir des logemens , séparés ?
On lit sur l'adresse ces mots : Pour le président du comité à
Saint- Qmer ; ou à défaut , à Dunkerque. En double par Lille.
Après la lecture , de cette piece , Barrere a proposé les
décrets suivans qui ont été rendus à l'unanimité.
sub i Premier décret.
J
Art. Ier. Il sera forme un camp entre Paris et l'armée du
Nord - le comité de salut public se concertera sans délai ,
avec le conseil exécutif , pour cet objet
29 II. Les représentans du peuple , Prieur , Saint-André, et
Lebas , se rendront aux armees du Nord , des Ardennes ,
de
Ja Moselle , du Rhin , pour se concerter avec les généraux
sur les circonstances, actuelles .
III. La Convention, approuve la nomination du général
Houchard au commandement des armées du Nord et des Ardepnes
, et celle du général Ferrieres , pour le remplacer à
l'armée de la Moselle . ,,
6
Second décret?
" Art. Ier. La Convention confirme la nomination faite
( 267 )
par le comité de salut public , et l'envoi des citoyens Billaud
Varennes et Niont en qualité de représentans du peuple dans
les départemens du Pas- de-Calais et du Nord , et les investit
de pouvoirs illimités pour prendre toutes les mesures de sûreté
générale nécessaires au succes de leur mission ; ordonne aux
autorités constituées et à la force armée d'exécuter leurs arrêtés
et d'obéir à toutes leurs requisitions.
99 II . Les ministres , les corps administratifs et les municipa
lités sont particulierement chargés de donner sur - le - champ,
les ordres les plus précis pour la surveillance la plus sévere
de tous les ports , arsenanx , magasins , et autres établissemeus
nationaux et des caisses publiques.
III. La déclaration de Charrier , la lettre anglaise et les
notes anglaises renfermées dans le porte-feuille déposé au comité
de salut public , seront envoyées par des couriers extraordinaires
à tous les départemens , ainsi que le rapport du comité de
salut public , et il en sera delivré six exemplaires à chagne
deputé,
IV. La Convention nationale dénonce , au nom de l'humanité
outragée , à tous les peuples , et même au peuple Anglais ,
la conduite lâche , perfide et atroce du gouvernement, britan
nique , qui soudoie l'assassinat , le poison , l'incendie , et tous
les crimes pour le triomphe de la tyrannie , et pour l'aneantissement
des droits de l'homme .
ti
199 V. Les biens de toutes les personnes qui ont été et qui
sont hors de la loi , par décret de la Convention , sont déclares ,
appartenir à la République.ileno dol
,, VI . Marie-Antoinette est renvoyée an tribunal extraordi
naire ; elle sera transférée sur -le- champ à la Conciergerie .
" VII. Tous les individus de la famille de Capet seront
déportés hors du territoire de la République , à l'exception
des deux enfans de Louis Capet et des individus de la famille,
qui sont sous le glaive de la loi .
" VIII, Elisabeth Capet ne pourra être déportée qu'après
le jugement de Marie - Antoinette .
IX. Les membres de la famille Capet qui sont sous le
glaive de la loi , seront déportés après le jugement, s'ils sont,
absous .
X. La dépense des deux enfans de Louis Capet sera
réduite à ce qu'il est nécessaire pour l'entretien et la nourriture
de deux individus .
XI. Les tombeaux et mausolées des ci - devant rois élevés
dans l'église de Saint- Denis , dans les temples et autres lieux ,
dans toute l'étendue de la République ,, seront détruits le 10 ,
août prochain .
Troisieme décret...
D
Art. Ier . Le ministre de la guerre donnera sur - le - champ ,
les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit
( 268 )
transportée en poste dans la Vendée . Il sera mis à cet effet , à la
disposition du ministre de la guerre 3 millions pour l'exécu
tion de cette mesure .
1
,, II. Il sera procédé à l'épurement de l'état - major et des
commissaires des guerres de l'armée des côtes de la Rochelle ,
pour leur substituer des officiers généraux et des commissaires
d'un patriotisme prononcé .
III. Les généraux de l'armée de la Rochelle tiendront la
main à l'exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs
, les fuyards , les traitres et ceux qui jettent les armes
et vendent leurs habits .
" IV. L'organisation des " compagnies de pionniers et des
ouvriers sera accélérée ; ils seront choisis dans les communes
les plus patriotes .
" V. Les généraux feront un choix pour former des corps
de tirailleurs et de chasseurs intrépides.
" VI. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des mavieres
combustibles de toutes especes pour incendier les bois ,
les taillis et les genêts .
}
VII. Les forêts seront abattues , los repaires des rebelles
seront détruits , les récoltes seront coupées par les compagnies
d'ouvriers pour être portées sur les derrieres de l'armée , et
les bestiaux seront saisis .
" VIII. Les femmes , les enfans et les vieillards seront conduits
dans l'intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance ,
à leur
sûreté , avec tous les égards dus à l'humanité .
" IX. Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre
pour préparer tous les approvisionnemens d'armes et de munitions
de guerre et de bouche , de l'armée qui à une époque
prochaine fera un mouvement général sur les rebelles.
" X. Aussi-tôt que les approvisionnemens seront faits , que
l'armée sera réorganisée , et qu'elle sera prête à marcher sur
la Vendée , les représentans du peuple se concerteront avec
les administrations des départemens circonvoisins qui se sont
maintennes dans les bous principes , pour faire sonner le
toesin dans toutes les municipalités environnantes , et faire
marcher sur les rebelles les citoyens depuis l'âge de 16 ans
jusqu'à celui de 60 .
XI. La loi qui expulse les femmes de l'armée sera rigourensement
exécutée. Les généraux en demeurént responsables .
XII. Les représentaus du peuple , les généraux veilleront
à ce que les voitures d'équipages , à la suite de l'armée , soient
réduites au moindre nombre possible , et ne soient employées
qu'au transport des effets et des matieres strictement nécessaires.
XII. Les généraux n'emploieront désormais pour mots
d'ordre que des expressions patriotiques , et que les noms
des anciens Républicains ou des martyrs de la liberté , et dans
aucun cas le nom d'aucune personne vivante . ´
{ 269 )
" XIV. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés
appartenir à la République ; il en sera distrait une portion
pour indemniser les citoyens qui serout , demeurés fideles à
leur patrie , des pertes qu'ils auraient souffertes.
" XV. Le présent decret sera envoyé sur- le- champ au ponvoir
exécutiff,, au ministre de la guerre et aux représentans du
peuple près l'armée des côtes de la Rochelle.
Ces décrets venaient d'être rendus , lorsque Barrere a ajonté
qu'il restait à faire une loi severe sur les étrangers . Le comité
, a- t- il dit , vous propose de décréter que tous les Anglais
on domiciliés en France avant le 14 juillet 1789 , seront
tenus d'en sortir sous huit jours . Croyez -vous , a interrompu
Cambon , que les Autrichiens qui sont en France ne soient
pas , comme les Anglais , des agens de Pitt ? Je demande qu'on
sassure provisoirement de tous les étrangers contre les gouvernemens
desquels la nation est en guerre , et qu'on respecte
les Anglo-Américains et les Suisses. Et que les barrieres
soient en conséquence à l'instant fermées , a ajouté un autre
membre.
Ces motions sont décrétées .
Le gouvernement anglais nous fait une guerre d'assassins
a dit Čouthon ; vous ne l'imiterez pas dans ses crimes , mais
vous avez quelques représailles à exercer contre lui. Ce gonvernement
a déclaré traitre à la patrie tout Anglais qui plaserait
des fonds , en France. Eh bien ! payons-le de récipro
cité. Décrétons que tout Français qui placera des fonds sur
les banques des pays avec lesquels nous sommes en guerre
sera déclaré traître à la patrie ; décrétons en outre que tout
Français qui a des fonds , sur ces banques , sera tenu , dans le
délai d'un mois de déclarer sous peine d'une amende égale
à la somme placée , et sera comme suspect mis en état d'arrestation
.
Cette motion est décrétée.
Danton a demandé que le comité de salut public fût converti
en cornité de gouvernement provisoire , qu'il eût à sa disposi
jon 50 millions pour dépenses politiques et secrettes , que les
six ministres fussent chargés , et responsables de l'exécution des
arrêtés de ce comité , mais qu'ils ne pussent prendre collecti
vement aucune délibération ; et qu'en conséquence , le conseil
exécutif cessât toutes fonctions . Plusieurs membres du comité
ont déclaré qu'ils donneraient leur démission si on les chargeait
du moindre maniement de deniers ; d'autres membres
ont combattu la proposition en son entier. Elle a été renvoyée
à l'examen du comité de salut public.
Séance du vendredi 2 août. Adugan at
J
Le maire de Nantes , à la tête des officiers municipaux
d'autres citoyens de cette ville , après avoir présenté l'accep
tation de l'acte constitutionnel par cette ville , donne lecture
อ
( 270 )
des pétitions des sections de Nautes , dont le but est de redeander
Beysser pour commandant provisoire de cette place ,
de décharger Coustard des inculpations dirigées contre luis
attendu que ce représentant n'a eu aucune part aux arrêtés
pris par les administrateurs du département de la Loire inféricure
, et qu'au contraire , il a combattu avec eux les rebelles
de la Vendée . L'orateur demande ensuite , au nom de ses
concitoyens , que la Convention exerce seule le pouvoir suprême
, et que dorenavant la volonté particuliere d'un indi
vidu ne soit plus substituée à la loi . Il l'invite à remettre les
rues du gouvernement en d'autres mains , après l'acceptation
de l'acte constitutionnel ; enfin il exprime le desir de voir ,
á époque du 10 août , les Français réunis jurer le respect
des lois eet l'oubli de toutes les haines ......
De vicléns débats s'élevent sur cette petition . Thuriot y
voit une nouvelle trame des conspirateurs pour dissoudre la
Convention . Les homines qui sont à la barre , s'écrie -t- il , ont
soulfié dans la ville de Nantes le feu de la guerre civile ; le
crime ne doit point siéger parmi les représentans du peuples
ces hommes en se déclarant les protecteurs de Beysser vien
nent de se dévoiler. Je demande qu'ils soient chassés de la
barre et mis en état d'arrestation .
Chabot respecte le droit sacré de pétition . H demande
seulement que les pétitionnaires soient honteusement chassés
du sein de la Convention. Il faut , ajoute-t-il , que la France
sache que nous ne quitterons notre poste que lorsque nous
allmons affermi la Républiq , et que nous ne coufierons
jamais les rênes du gouvernement à des hommes aussi cor
rompus que ceux que vous venez d'entendre .
les
Collot - d'Herbois demande que ceux - là seulement qui approuvent
la pétition , se retirent avec le maire , et que
autres reçoivent les honneurs de la séance .
L'orateur pétitionnaire ineuipé , ( Baco ) , obtient de nouveau
la parole et dit : il est bien douloureux pour des cisyens
depuis le commencement de cette malheu
reuse de la Vendée , n'ont cessé de combattre ,
qui depuis trois mois soutiennent seuls les efforts des
rebelles , et garantissent Nantes de l'invasion des brigands ,
( ici le pétitionnaire montre une blessure non encore fermée
qu'il a reçue ) de se voir traiter de contre- révolutionnaires.´
Tous les citoyens qui m'accompagnent se sont battus comme
poi , ils ont tous des Blessures à vous montrer. →→ J'ai tout
perdu ; je ne demande rien pour moi , et vous voulez me
mettre en état d'arrestation Au surplus , si ma tête peut
servir au, bonheur de la République qu'on la coupe.
མ་
Colle - d'Herbois en rendant justice au peuple de Nantes ,
ne pardonne point à Tapologiste de Coustard , Il persiste à
vouloir que
ue Baco soit chassé de la barre , et que les autres
pétitionnaires soient admis aux honneurs de la séance . Un
d'entre eux s'élance auprès du maire et s'écrie : c'est notre
( 272 )
maire , nous avons combattu avec lui ; nous l'aimons et nous
ne le quitterons pas .
Un membre soutient que l'attachement de citoyens de Nantes
pour leur maire est une erreur ou une malveillance. Il'accuse
Baco de complicité avec les rebelles. Bâco était député à
l'Assemblée constituante ; il doit être ennemi de la Républi
que . Oui , Bâco , tu savais que dans une maison dont les
fenêtres n'ont pas été ouvertes pendant le siége , il y avait
douze cents couverts préparés pour les rebelles .
Tu en as menti , s'écrie l'orateur pétitionnaire .
-
Grand mouvement. Le président de la Convention nationale
, dit Danton , vous défend d'interrompre . Le membre
continue et se charge de porter les preuves de ce qu'il avance
au comité de sûreté générale , La petition est renvoyée au même
comité avec le maire que tous les petitionnaires suivent.
Legendre demande que cet homme qui a donné un démenti
à un représentant du peuple , soit conduit à l'abbaye . Sa
proposition est décrétée .
Collot d'Herbois était allé hier avec d'autres membres
nommés , comme lui , commissaires à l'armée du Nord ,
chez le ministre de l'intérieur pour avoir une voiture , et
ne l'ayant pas trouvé , ils se rendirent auprès de Cham
pagneux , son premier commis , qui était occupé à faire des
envois d'une circulaire contenant une série de questions , que
le ministre propose à résoudre aux communes des départemens
. Vous croyez peut-être , dit Collot , que ces questions
tendent toutes à l'intérêt général ? Pas une seule . On y de
mande à quel âge les filles sont nubiles ; s'il y a beaucoup de
fausses couches ; si les coqueluches sont communes . Parmi
ces questions il en est de dangereuses. Que direz - vous en
voyant un ministre de la nation oser demander à toutes les
communes si les bonnes moeurs sont en vigueur , si les propriétés
sont respectées ? Quand vous le verrez demander encore
a- t- on confiance dans les assignats ? Y a - t- il du numéraire
en circulation ? Enfin vous sentirez la perfidie de ce
dernier article quel est l'état des closes , et quels seraient
les moyens de l'améliorer ? Je demande qué Garat et
Champagneux soient mis en état d'arrestation ,
A
Quelques instans après paraît le ministre . J'avais été ap
pelle , dit-il hier matin vers onze heures au comité de salut
public , où je restai jusqu'à cinq heures du soir. A cette
heure , je fus prendre le repas et je rentrai chez moi à sept
heures. On me dit que les citoyens Collor d'Herbois , Les
quinio et Lejeune m'avaient demande , et que ne m'y ayant
pas trouvé , ils avalent to moigné beaucoup d'indignation ; its
passerent ensuite dans le bureau de Campagneux , et voici de
billet que ce citoyen m'a écrit : Des députés parmi lesquels
je ne connais que le citoyen Lequinio , vinrent hier sor
les six heures pour vous parler ; ils firent beaucoup d'ins
""
( 279 )
:
99- lances pour vous voir , quoique je leur disse que vous étiez
,, absent ils m'accablerent de reproches et de menaces à
99 tout cela , je n'opposai que le calme de la raison. On mè
dit qu'on allait au comité de salut public l'inviter de me
faire mettre en état d'arrestation , Pour conserver ma liberté ,
1 j'ai cru devoir , sortir du bureau et ne pas y rentrer ; je ne
2 puis continuer mes fonctions , je vous donne ma démis
sion . Entre tous les reproches qu'on m'a fait , le lus sensible
a été celui - ci que je m'étais réjoui de la prise de
: Valenciennes . Tandis que j'essuyais encore mes yeux des
1 larmes que j'avais versées sur la prise de cette ville , où
j'avais un neveu et un fils qui sont partis , comme vous le
99 savez , comine simples volontaires . ,,
2
Passant ensuite aux inculpations de Collot , le ministre ré
pond , qu'il n'a eu d'autre but que de connaître à fond l'esprit
de toutes les contrées de la France pour en faire de justes
rapports à la Convention , afin qu'elle puisse agir avec entiere
certitude . Accusé de n'avoir pas assez travaillé à détruire l'influence
de Roland , il répoud que craignant à son tour d'exercer
une influence nuisible , il a cru devoir laisser à la Convention
seule le soin de diriger l'opinion publique par ses
propres opinions et par ses decrets .
Collot dit que le ministre n'a point répondu sur les motifs
qui lui ont dicté les questions contenues dans sa circulaire. Le
ministre répond , comme auparavant , que ses intentions n'ont
été que de saisir les moyens d'éclairer la Convention .
Seyestre , d'après les explications du ministre , dit qu'il y a
là , une intrigue ; que Collot s'est emporté parce qu'il n'
n'avait
pas eu assez tôt une voiture . Il demande le rapport du décret
rendu contre le ministre , et que celui - ci donne une voiture
à Collot.
Collot persiste à voir des intentions, criminelles ; il déclare
qu'il ne partira pas pour être à même de poursuivre cette
intrigue.
•
E
Danton rend hommage aux services que Garat a rendus
dans la révolution du 31 mai , Seulement , il l'accuse de n'avoir
pas assez de vigueurs dans les circonstances critiques . Il demande
le rapport du décret rendu contre le ministre et le renvoi
de cette affaire au comité de salut public . Décrété. Pour
Champagueux , il reste sous le décret d'arrestation .
ນ Mallarmé présente l'historique de l'établissement des eaux
de Paris et des actions hypothéquées sur les fonds de cette
compagnie . D'après la proposition de Cambon , la Convention
decrete que les administrateurs de cette compagnie seront
mis en état d'arrestation jusqu'à la parfaite, reddition de leurs
comptes . Les comites des finances et des domaines cxamineront
la question de savoir s'il ne conviendrait pas de convertir en
établissement national celui des eaux de Paris .
D'après la proposition de Chabot , au nom du comité de
sûreté
(( 273 )
1
sûreté générale , la Convention décrete d'arrestation Rouyer
et Erunel , représentans du peuple , arrivés de Lyon , et convaincus
d'avoir entre dans la coalition des 32 .
Couthon , au nom du comité de salut public , dénonce
plusieurs passages des feuilles de Carra avant le 10 d'août ,
dans lesquels ce député regardait comme moyen de sauver la
France d'appeller au trône Brunswick ou le duc d'Yorck.
Carra est décrété d'accusation . Il était sorti il rentre et
veut répondre. Un discours de Robespierre le fait renvoyer
devant les juges du tribunal révolutionnaire .
On propose aussi le décret d'accusation contre Sillery.
Le comité de sûreté générale , fera , son rapport sur cette
proposition.
Herault présente le rapport sur la demande faite hier par
Danton d'ériger le comité de salut public en gouvernement ,
et de mettre à sa disposition 50 millions . Le comité , après
de mures réflexions , n'accepte que dans ce sens qu'il restera
tel qu'il est ; qu'il sera mis à sa disposition 50 millions qui
ne sortiront de la trésorerie nationale que pour être mis dans
les maius des agens exécutifs , qui toujours seront responsables .
Adopté.
.
Séance du samedi 3 août.
Un membre instruit la Convention cue le département des
basses Alpes s'étant laissé entrainer dans la coalition avee les
departement de la Gironde , il en est résulté des arrestations
de patriotes . Sur la proposition de Julien de Toulouse , il est .
decreté que tous les citoyens qui ont été emprisonnés par
ordre des administrateurs fedéralistes depuis le 31 mai der- ›
nier , seront remis en liberté et que ceux qui ont été mis
en état d'arrestation par les commissaires de l'Assemblée , ei
qui auraient recouvré leur liberté par l'ordre desdits adminisraters
, seront réintégrés dans les maisons d'arrêt.
: Sur la proposition de Brcard , la Convention rend un décret
d'arrestation contre tous les agens de l'administration de
Ibabillement des troupes de la République . Il sera procédé
sans délai à l'inventaire des marchandises existantes dans les
magasins de cette administration .
Ou fait lecture d'une lettre qui annonce que les Marseillais
ont été repousses d'Avignon. Deux pieces de canon leur
ot été enlevées par les troupes de la République .
Une leure de la municipalité provisoire de Lyon annonce
que l'acte constitutionnel a été solemnellement proclamé et
accepté dans cette ville . Elle se flatte que cette acceptation
convaincra l'Assemblée de son attachement à la République
unc et indivisible , et que les commissaires auprès de l'armée
des Alpes ne s'occuperont plus des dispositions hostiles
dpur ils menacent cette ville. Cette lettre est renvoyée au
comité de salut public.
Tome IV.
( 274 )
Garnier présente un projet de loi sur les étrangers ; l'A
semblée en ajourne la discussion à lundi prochain . Un
secrétaire annonce le résultat du scrutin pour la nomination
des juges qui doivent compléter le tribunal révolutionnaire ,
Les juges elus sont d'Obsan , commissaire national près le
tribunal du 65. arrondissement de Paris ; Coffinal , commis,
saire national du tribunal du 2º . arrondissement ; Gribauval ,
premier secrétaire de l'accusateur public ; Petit-Dauterive , juge
dy tribunal du 5e . arrondissement ; Deliege , ex-législateur ,
Lubin et Cellier. Les suppléans sont Thullier , Hermaud
et Régaud ,
✓
Seance du dimanche 4 août.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple à
l'armée des Pyrénées occidentales , qui contient de nouveaux
détails sur le combat qui a été livré aux Espagnols le 23 du
mois dernier . Les ennemis ont perdu 7 à 800 hommes , tant
sués que noyés ou pris ; le régiment du roi , cavalerie , a lui
seul perdu 79 hommes et autant de chevaux , outre 16 blessés .
Caro a été renversé de cheval , et serait prisonnier , sans
les contrebandiers espagnols qui l'ont ramené à Iron . Ce
général s'est fait saigner le 24.
Le lieutenant - général Dumouillet est très - griévement blessé;
jl en est de même du jeune Crillon et de plusieurs officiers
de marque. Un autre officier-général a péri sur le champ dé
bataille ; c'est sans doute celui dont nos braves soldats ont
apporté l'uniforme .
De notre côté , le nombre des morts ne s'éleve qu'à 7 à 8,
et celui des blessés à 26. Un de nos dragons a été fait prisonnier.
Le général de division , Labourdonnaie , a montré dans l'action
beaucoup de sang froid et de prévoyauce. Il en est de
même du citoyen Latour-Dauvergne , capitaine de la premiere
compagnie des grenadiers au 80. régiment d'infanterie cet
officier joint à beaucoup de talens une intrépidité héroïque.
Merlin ( de Thionville ) , sur le sort duquel les patriotes
avaient déja témoigné leur sollicitude , est de retour de Mayence.
Les plus longs et les vifs applaudissemens l'accueillent à
son entrée dans la salle , Monté à la tribune , citoyens , dit-il ,
je ne suis pas préparé , et je ne vous ferai que le sommaire
du rapport sur la reddition de Mayence . Cette ville s'est rendue,
parce que trois jours plus tard nous ne pouvions sauver les
patriotes et 16,000 braves soldats qui combattaient depuis
quatre mois contre 80,000 hommes des meilleures troupes de
l'Europe , qui leur ont résisté et les ont empêché de mettre
le pied sur le territoire de la République .
Cinq mille hommes de cette valeureuse garnison sont morts
dans les sorties fréquentes que nous avons faites . Nous avons
rendu Mayence , parce que , dans les derniers jours dú siege ,
( 275 )
1
fi fallait , grace aux soins qu'avait pris M. de Custines pour
approvisionner ceue place , manger les animaux les plus vils .
Un chat mort coûtait 6 liv . La livre de cheval crevé se ven,
dait 40 sous , Dix - neuf cents blessés étaient dans les hôpi
taux , manquant de tout. Nous avions des pieces de 16 , es
point de boulets de calibre . Nous avions des mortiers , et
point de bombes. L'ennemi venait de plus de mettre le feu à
notre magasin d'artifice . Si nous avions tenu encore trois jours ;
nous aurious été obligés de jeter nos chevaux dans le Rhin.
La capitulation proposée est , dit on , infâme . Eh oui , elle
Test ; mais nous en avons proposé dix , et aucune n'a été
acceptée. On a bien voulu accepter celle- ci qui a été signée ,
que par vénération pour le courage de la brave garnison
qui , deux jours plus tard , aurait perdu ses armes , et aurait
été faite prisonnière de guerre.
Je croyais , moi , ne pas pouvoir souscrire à une capitula
tion ; mais j'ai signé celle - ci pour enlever à la vengeance
des despotes de si braves soldats . J'ai moi-même attaqué une
redoute qui portait mon nom avec 25 braves , et dont l'ennemi
s'était emparé ; j'emportai cette redoute et je poursuivis 5000
ennemis l'épée dans les reins . Je laisse aux ames sensibles à
demander le rapport du decret rendu contre la garnison de
Mayence.
A ce récit , Thuriot ajoute d'autres détails. Chaque jour
la garnison de Mayence donnait de nouvelles preuves de son
courage, Cette garnison a tué aux Prussiens et aux Autrichiens
v
plus de 30 mille hommes . On a mangé , à Mayence , les rats
les souris et le cuir ; les soldats sont comme des spectres . 11
faut , continue Thuriot , rapporter un décret qui lui enleve
son honneur. L'état-major de cette garnison a fait des prodiges
de valeur , et pour prix de tant de services il se voit
trainé à Paris par des gendarmes . Je demande qu'il soit décrété
que la garnison de Mayence a bien mérité de la patrie ;
que ce décret soit envoyé à tous les départemens par un
Courier extraordinaire ainsi qu'à cette brave armée ; que son
état-major soit libre ; qu'Aubert Dubayet soit délivré de ses
gendarmes , et vienne à la barre donner des renseignemens ,
qui sans doute mériteront des couronnes civiques.
Les propositions de Thuriot sont adoptées en ces termes :
Art. Ier. La garnison française qui était à Mayence a bien
mérité de la paurie.
II. Les membres de l'état- major de cette garnison , qui sont
actuellement en état d'arrestation , en exécution du décret ,
seront mis sur - le- champ en liberté.
6
III. Les gendarmes qui accompagnent le citoyen Aubert-
Dubayet , chef de brigade , seront tenus de se rendre à leur
poste ; ledit Aubert Dubayet viendra à Paris faire son rapport
ala Convention .
IV. Le présent décret.sera envoyé par des couriers extraor
$
f
( 276 )
dinaires aux départemens et aux armées ; expédition en sera,
remise aux citoyens Merlin et Rewbel , représentans du peuple
qui se rendront sur-le- champ à Nancypour le notifier , au nom
de la Convention , à l'armée venant de Mayence .
C
Le président fait donner lecture d'une lettre adressée à la
Convention par le géneral de brigade Aubert Dubayet , datée.
de Saare-libre , le 30 juillet. Après avoir, dit ce général ,
fourni une carriere pénible et dangereuse , je viens de remplir
une tâch bien precieuse à mon coeur ; j'ai ramené dans sa
patrie 8000 soldats courageux et fideles . J'ai escorté les représentans
du peuple , Rewbell et Merlin les commissaires du
pouvoir exécutif , et tous ces hommes intéressans et malheureux
que la celere des petits despotes avait destinés aux plus
sanglantes vengeances . Maintenant , citoyens representans du
peuple , il me reste encore un devoir à remplir , et je m'en
acquitte avec sincérité ; j'ose , au nom d'une armée dont je ne
consulte que les sentimens de civisme , vous assurer de l'adhesion
, du respect et du dévouement le plus absolu à tous
vos travaux ; elle reçoit votre constitution comme un bienfait ,
et elle saura la defendre contre tous les ennemis de la liberté
et les vôtres . Ordonnez , et oubliant aussi - tôt ses fatigues et
ses veilles , cette brave armée est prête à marcher. "
Au nom du comité de salut public Barrere fait lecture d'une
lettre des représentans du peuple , Prieur et Rome , datée de
Caen le 29 juillet , lis annoncent qu'après 50 jours de détention
is ont été rendus à la liberte , avec la solemnité due à
la représentation nationale trop long-tems outragée. Leur sortie
s'est faite au milieu des autorités civiles et des corps mili
taires . Le brave Labretêche commandait les dragons de la
Manche. Ils desirent que la Convention les rappelle dans son
sein , pour lui rendre un compte exact de ce qui s'est passe
dans le Calvados... )
Barrere fait lecture d'une autre lettre datée de Caen le 30
juillet elle est adressée à la Convention par les corps admi
nistratifs et judiciaires du Calvados . Nous avons reconnu
notie erreur , disent-ils pét nous vous l'avons avoué de bonne
foi. Aujourd'hui tout est rentré dans l'ordre . Il n'existe plus
de force departementale . Vos collegues viennent d'être remis
en, liberté. Déja nos assemblées primaires déliberent sur la
constitutions elle sera sans doute acceptée à l'unanimité . Partout
le peuple respire l'amour de la liberté , et sent le besoin
dese tadier à l'autorité suprême de la Convention nationale :
entraines par le premier mouvement d'effervescence , les fonctionnaires
publics sont rentrés dans les limites de leur devoir .
Nous espérons que ces preaves de civisme vous engageront à
accueillir favorablement notre rétractation. 1 ,, ?
La Convention des foiestessiteatres au comité de sûreté
générale.
*
22
( 277 )
Sur la proposition de Barrere l'Assemblée ordonne que les
barrieres seront ouvertés dès aujourd'hui .
Séance du lundi 5 août.
On annonce l'arrivée des citoyens Romme et Prieur , qui
avaient été arrêtés à Caen : avant qu'ils soient entendas , le président
fait donne lecture d'une lettre du citoyen Carrier ,
représentant du peuple , datée de Caen'le 2 août . En voici le
contenu ":
Le trône de Buzot est enfin renversé ; il s'est enfui avec
ceux qui conspiraient avec lui la perte de la pattie , du sol où
ils avaient allumé les torches de la guerre civile . Ils vont
encore les secouer dans les contrées qui semblent favoriser
leurs criminelles espérances ; nous tâchons de découvrir parfout
la fuite de ces traitres ; nous prenons toutes les mesures
les plus efficaces pour empêcher qu'elle ne leur assure l'impunité
due à leurs forfaits .
Je suis entré dans Caen aujourd'hui à deux heures après
midi ; j'ai eu le plaisir d'y voir mes collegues Prieur et komme
rendus à la liberté , après 51 jours de captivité.
,, L'armée de la République , que nous n'attendions que
demain matin , s'est rendue et a fait son entrée aujourd'hui
entre neuf et dix heures du soir .
" Lindet , Duroy et Brunet arrivent demain .
* A ) , Nous avons déja mis en état d'arrestation quelques agens
de la conspiration ; Fourni , général de la division de Coutances
, qui y avait trempés, s'est brûlé la cervelle .
4.
La femme de Pétion , leur fils et la femme d'un autre
fugitif ont été arrêtés à Honfleur ; on va les emmener à Paris ;
j'en ai donné l'ordre avec mon collegue Pochelle que j'ai laissé
à Rouen . Ça va , ça va , et dans peu de jours , ça ira encore
bien mieux le peuple revenu de ses erreurs par la propaga
stion des vrais principes qui doivent fonder sa liberté et son
bonheur , secondera avec plaisir , nous osons l'espérer , les
jefforts que nous ferons pour les lui assureriting
Caen sa accepté la constitution à l'unanimité ; l'acceptation
sera annoncée demain par plusieurs salves d'artillerie .
Romme, obtient ensuite la parole , et il ne fait qu'annoncer
que son collegue et lui donneront au comité de salut public
les renseignemens qu'ils ont acquis sur la rébellion du Cat
vados .
Cambon dénonce des faits qui sont attestés par nn procèsverbal
de deux commissaites du département de l'Hérault , qui
après la constitution acceptée dans ce département , avaient été
envoyés dans celui des Bouches - du -Rhône , pour l'engager
à en faire antant. Ces commissaires , à peine arrivés à Tarascon
, furent arrêtés et conduits à un prétendu comité central
-de salut public présidé par un certain Manson : Après avoir
connu l'objet de leur mission , on leur dit que le département
des Bouches - du - Rhône avait pris un arrêté qui déclarait traitres
8 3
( 248 )
1
à la patrie , non- seulement ceux qui accepteraient la consi
titution , même ceux qui la présenteraient à l'acceptation des
assemblées primaires .
Une députation du corps municipal se présente à la barre.
L'orateur fait sentir la nécessité de se lever en masse rour
écraser d'un seul coup les têtes de l'hydre sans cesse renais
santes du despotisme . Le moment est venu , dit-il , où les
grandes mesures doivent obtenir leur exécution: Décrétez que
les rôles prescrits par la loi du 30 mai seront dresses daus
le plus court délai ; ordonnez qu'il sera fait un tirage génés
ral dans les sections , et le sort assignera son rang aux citoyens
de chaque classe. Alors aucun citoyen ne refusera . Renvoyé
au comité de salut public.
La correspondance transmise par le comité de salut public
annonce que les troupes de la République ont remporté un
avantage considérable sur les rébelles auprès de Luçon : deux
mille sont restés sur- le-champ de bataille d'un autre côté
la garnison de Givet à fait une sortie vigoureuse . Le feu a
duré trois heures . Nous avons tué quelques hommes et fait
douze prisonniers :
:
PARIS , le 8 août 1793.
On fait de grands préparatifs pour la célébration de la fête
du 10 ; l'autel de la patrie , au champ de la Fédération , se
répare et présentera une nouvelle forme: A la place de la
Révolution , sur le piédestal de la statue équestre de Louis XV ,
on érige une statue colossale de la Liberté . Sur le milieu de
la place qui est devant les Invalides , on élevé un rocher , å
la cime duquel sera un Herenle terrassaut la tyrannie : Sur le
boulevard des Italiens , on construit un arc de triomphe .
Cette fête de la fraternité séta pompeuse et imposante. Elle
doit être le gage de la paix , de la concorde et l'époque de
Ja félicité générale . Les députés des assemblées primaires quí
viennent apporter le veu des départemens ; peuvent maintenant
apprécier , par eux- mêmes , la situation de cette ville et
les calomnies qu'on a dirigées contre elle . La tranquillité pu
blique y regne les lois y sont observées et les propriétés
respectées.
Oa s'est occupé de mettre à exécution le décret contre les
étrangers suspects . Un des meilleurs moyens dont on s'est
servi pour les trouver , a été de faire entourrer , vendredi
dernier , les différens spectacles , au moment où ils allaient
finir , et d'obliger les citoyens qui y étaient de montrer leurs
cartes civiques et les pieces qui constatent leur domicile en
France. Le même jour , une force armée a investi l'Observa
toire , et les eommissaires y ont fait les perquisitions les plus
exactes : Des visites semblables ont été faites dans differens
Endroits:
( 279 )
Gensonné et Gardien ont été transférés du Luxembourg
l'Abbaye. Valazé et Vergniaux à la Force. ,, !
Les généraux Chazot et Biron ont été conduits à l'Abbaye .
Manuel a été arrêté à Fontainebleau .
Le bruit se répand que Wimpfen et plusieurs députés qui
s'étaient réfugiés à Caen , sont passés en Angleterre.ng
Marie-Antoinette a été conduite à la Conciergerie vendredi
dernier , à trois heures du matin : on lui a donné une femme .
pour la servir .
On écrit de Strasbourg que Landau est bloqué ; cette ville
est bien défendue ; on craint seulement que la sécheresse et
la rareté des denrées n'aient retarde son approvisionnement.
La ville de Cambrai est menacée d'un siége prochain : déja
toutes les maisons du fauxbourg ont été démolies. Le quartiergénéral
de l'armée du Nord est toujours à Bouchain. Celui
de l'armée du Rhin est à Weissembourg .
ĈOMMUNE. - Conseil-général , du v1eerr. août.
Une lettre de Brulé , l'un des commissaires nationaux dans.
la Vendée , donne les détails les plus affligeans sur notre situa
tion dans ce département. Il dit que les hommes que nous
avons achetés 500 liv . sout indignes du nom de soldat . Ils se
livrent aux plus grand excès , ils pillent , volent , violent , et
enfin refusent de se battre . Il cite un trait à l'appui de cette
assertion la fille du maire de Saumur , agée de 19 ans , a été
violée dans les bras de sa mere. D'un autre côté , ajoute-t- il ,
les chefs ne preunent aucune mesure pour remédier aux abus
de toute espece qui se commettent sous leurs yeux ; ils semblent
au contraire les autoriser par leur conduite lâche et
pusillanime. Deux autres letttes , l'une du même citoyen Brulé.
et l'autre du citoyen Lachevardiere , en confirmant l'exposé
de la précédente , annoncent cependant quelques succès , et
donnent quelques espérances. La conduite des citoyens d'An -i
gers n'a pas peu contribué à nos dernieres victoires .
On a lu ensuite le décret du jour portant , art . VI : Que:
Marie- Antoinette est renvoyée au tribunal révolutionnaire , et
sera transférée à la Conciergerie. Le conseil a chargé la
police de le mettre à l'instant à exécution . Il a arrêté de plus ,
1º. Qui sera donné des ordres pour qu'il ne passe aucun
batelet sur la riviere ; 2 °. que les sections nommeront des
commissaires civils pour se rendre daus les corps-de-garde .
près les barrieres , diriger la force qui doit les garder , et
inspecter les citoyens qui entreront dans Paris , et ceux qui
en sortiront ; 3 ° . il sera rédigé une instruction en forme .
d'adresse , laquelle sera envoyée dans les communes environnantes
pour leur tracer la conduite à suivre , relativement aux
$
4
( 280 )
approvisionnemens de Paris. Le conseil a ensuite pris un
arrêté tendant à faire proclamer solemnellement à son de tambour
la loi contre les accapareurs .
.d
Du 2. Des commissaires de la majorité des sections se présentent
avec des pouvoirs qui les autorisent à prendre connaissance,
de l'état des subsistances . Quelques debats s'élevent
à ce sujet. Le corps ,municipal les termine en arrêtant qu'il
ajourne toute discussion à cet égard jusqu'au 15 août , époque
à laquelle l'administration des subsistances rendra ses comptes
généraux à la commission qui sera nommée par les sections .
Le corps municipal arrête en outre que les membres de cette
commission seront épurés par les sociétés populaires , de crainte
qu'il ne s'y glisse quelques malveillans .
Sur la motion d'un de ses membres , le conseil arrête
quaaucun conducteur de messageries ou de diligences par terre
ou par eau , n'inscrira sur sa feuille et ne recevra dans sa
voiture aucun citoyen qu'il n'ait exhibé des passe- ports duement
en regle , et visés par la municipalité .
Du 3. On s'est plaint de l'inexécution de l'arrêté qui ordonne
aux boulangers de marquer leur pain , Après de longs
débats , le conseil , en maintenant les arrêtés qu'il a precé- r
demment pris à ce sujet, a ordonné que les boulangers qui no
s'y conformeraient pas sous huitaine seraient traduits au tribunal
de police municipal .
Du 4. Il s'est élevé une longue discussion sur les subsistances ,
quelques citoyens sont venus se plaindre de ce qu'un trèsgrand
nombre de pains sortaie tous les jours de Paris ; et de
ce que beaucoup de boulangers revendaient leurs farines. Le
conseil a nommé une commission chargée de réprimer ces
sortes d'abus.
Du 5. Les élections, pour la munitipalité définitive sont
enfin achevées . Le corps municipal vient de proclamer les
48 offçies municipaux nouvellement nominis , et les a couvoqués
pour mercredi prochain , jour auquel de conseil général
procédera à leur installation .
3
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE .
Ce tribunal a condamné à mort Pierre - Maurice Collinet
de la Salle , ci - devant noble , et ancien lieutenant - général
d'Epinal , convaincu d'avoir entretenu des correspondances avec ,
les émigrés , de leur avoir fait passer des fonds et d'être l'auteur
de plusieurs ouvrages tendans à la dissolution de la représ
scutation nationale et au rétablissement de la royauté .
( 251 )
*
Jean-Baptiste Lourtier , ci- devant noble , âgé de 67 ans ,
convaincu d'avoir tena des propos contre-révolutionnaires a
subi la même peine .
Ce tribunal vient de confirmer un premier jugement qui.
condamnait Antoine Bayard , se disant Victor-Amédée - Xavier
Broglie , comte de Lyon , à six années de fer , pour avoir
négocié na eflet qu'il savait être faux , et à être ensuite déporté
ala Guyane française , pour avoir tenu des propos , et écrit .
des leases contre - révolutionnaires dans un acces de désespoir.
Le même tribunal s'occupera lundi de l'affaire de Custines.
COLONIES DE ΣΑ REPUBLIQUE.
Les dernieres nouvelles reçues des colonies sont loin d'être
satisfaisantes . L'horrible guerre civile désole la Martinique .
Tabago a été indiquement livré aux Anglais . Une insurrection.
a éclaté à la Guadeloupe , jusqu'ici plus tranquille ; les negres
y ont brûlé plus de 60 habitations , et massacré tout ce qu'ils
ont trouvé. Mais c'est sur la malheureuse ile de Saint - Domin
gue que pesent tous les ficaux réunis ; elle est en proie à la
plus complette desorganisation et à tous les maux de l'anarchie.
Voici l'extrait de deux lettres qui contiennent ces détails
affligeans :
Saint-Eustache , le 25 avril .
Les affaires sont entièrement arrêtées ici depuis la guerre,
et Saint - Barthelemi n'en fait pas plus que nous , parce qu'ils
n'y a point de bâtimens européens sur lequel on puisse charger
en sûreté. Le commerce des îles françaises est presque
nul aussi , parce que les corsaires anglais interceptent presque
tout ce qui en approche . Elles sont encore dans une agitation
cruelle les habitans de la Martinique sont en armes contre le
le général et contre les villes qu'ils veulent détruire absolu
ment.
:
Il paraît que les Anglais attendent journellement une
escadre , avec des troupes de débarquement , pour faire le siége
des isles françaises du Vent ; c'est ce qui anime les habitans
qui n'ont pas abandonné le projet d'y faite une contre-révolution
, dont il est également question pour celle que vous
habitez à présent , et tout ne présage que des malheurs sans
nombre pour le commerce et l'humanité . "
J Du Cap- Français , le 5 mai.
Je profite de la seule occasion qui se soit offerte depuis
long- tems pour vous faire tenir la présente . Aucun bâtiment
ne peut sortir , de, nos rades ; les Anglais viennent même les
prendre jusques dans celles qui sont les mieux défendues , t
1
( 282 )
il n'est presque pas de jour que de petits caboteurs cu de
malheureux habitans , chargés de provisions pour la colonie ,
ne soient pris et conduits à la Jamaïque . Un autre danger
non moins grand , que courent les infortunés qui échappent
au premier , c'est de tomber entre les mains des brigands
nombreux qui infestent et désolent continuellement le pays ,
et rendent tout chemin impraticable. Les excès auxquels ils
se livrent par-tout , et principalement dans la province du
Nord , ont fait adopter quelques mesures de vigueur qui
jusqu'à présent ont été sans succès . L'on vient encore , il y
à quatre jours , de tenter une expédition pour expulser ceux
qui sont réfugiés dans les mornes derriere celui du Cap ,
d'où ils sortent souvent pour attaquer nos convois , faire des
excursions , massacrer jusqu'aux portes de la ville , et narguer
nos gens jusques dans leurs retranchemens . C'était par
cette expedition que l'on devait commencer , au lieu d'aller
au loin s'emparer de leurs camps ce qui n'a fait que diviser
nos forces déja si faibles , et augmenter la difficulté des
communications . Le résultat de l'entreprise n'a pas été à notre
avantage ; blancs de notre armée , gravissant les mornes
les plus difficiles , ont en vain donné l'exemple aux troupes
digne ; la principale colonne a refusé d'avancer et d'aller
s'emparer d'un poste intéressant , sous prétexte qu'il y avait
plus de 8 mois qu'elle n'avait été payée , qu'elle mourait de
faim , etc. L'officier qui la commandait voyant cette désobéissance
formelle à ses ordres , et sa troupe d'ailleurs avancée
dans des chemins perdus et impraticables , s'est brûlé la cervelle
, en disant à son sergent : Mon ami , nous sommes trahis
et perdus.
" Il se nommait Després , du régiment d'Orléans , infanterie.
Comme il n'était pas mort , et qu'on le descendait , les bri
gands sont survenus , et la déroute qu'ils ont mise dans nos
rangs a fait abandonner le malheureux Després , dont ils ont
consommé le martyre. Les autres colonnes n'ont pas eu plus
de succès ; toutes les blessures ont été graves ; beaucoup
ont été tués ou pris , et beaucoup ont jetté leurs armes pour
fuir plus à l'aise . Arrivés dans la plaine , il a fallu livrer un
nouveau "combat ; Saint-James , capitaine des dragons , y a
perdu la vie . L'attaque ayant été également malheureuse pour.
nous , les tristes debris de notre armee sont rentrés dans la
ville.
29 Il eût été infiniment avantageux pour nous que ces audacieux
brigands eussent été expulsés entierement de notre territoire
; libres et tranquilles sur ce point , nous eussions pu
nous livrer sans réserve aux mesures à prendre contre l'ernemi
extérieur ; mais malgré toutes les précautions prises ,
tous les pitges tendus pour les cerner , l'on n'est gueres plus
avancé que le premier jour ; la pénurie d'hommes et de vivres ,
( 283 )
T
et l'insubordination des troupés de ligne sur -tout , ont fait
échouer les projets les mieux concertés : il n'y a pas de doute
d'ailleurs que les rebelles n'aient parmi nous des intelligences
sûres et en grand nombre , qui les avertissent la veille de
chaque attaque , et leur font passer des munitions en iout
genre . Toutes ces difficultés réunies désesperent les bons
citoyens , en ne leur laissant entrevoir aucun terme à leurs
maux ; en effet , il semble que tous les fléaux soient réunis
Pour éteindre la race des Blancs.
་
La municipalité et la commission intermédiaire viennent
encore de faire une proclamation pour forcer tout le monde
4 sortir en armes , et arracher des maisons ceux qui refusent
de retourner. Nous allons donc donner encore ce coup de
collier , afin d'éviter l'horrible spectacle de voir descendre
des mornes qui dominent le Cap et le touchent ces hordes
de scélérats , qui d'un moment à l'autre peuvent y fondre de
concert avec nos esclaves , et nous anéantir pour jamais. Nos
palissades sont ouvertes de tons côtés , et par-tout nous sommes
environnés d'ennemis . Les autorités promettent de se charger
des femmes et des enfans ; les vieillards et les impotens garderont
la ville avec la marine .
Le
gros
des révoltés
est retranché
dans
les quartiers
de
l'Est
de notre
province
, où nous
sommes
forcés
de les laisser
en repos
faute
de forces
; on se contente
d'en
garder
quelques
postes
, et d'y rester
sur la défensive
. Voilà
les effets
de l'affreuse
guerre
civile
qui nous
déchire
, et de l'incroyable
despotisme
qui tyrannise
les blancs
exclusivement.-
“ Nos deux commissaires ont fait le siège du Port -au-Prince
par terre et par mer , et y sont entrés pour effectuer leur projet
d'embarquer un grand nombre de citoyens : c'était justement
à quoi on avait voulu s'opposer : on était d'accord pour les
y recevoir sans force armee ; ils avaient emmené des troupes
d'ici , mais surtout beaucoup d'hommes de couleur du cap
de Saint-Marc et autres lieux . Le vaissean l'América , monté
par ces délégués de la République , s'est embossé et a com-
Inencé le siège les forts de la ville lui ont envoyé quelques
bombes qui n'ont point fait de mal ; mais il a été atteint de
deux boulets roages , dont l'un a traversé la grande cham
bre. Il y a eu deux combats ; le premier a duré depuis neuf
heures du matin jusqu'à quatre heures du soir deux frégates
soutcuaient le feu du vaisseau . J'observe que toutes les couleurs
étaient dans la plus grande union dans cette ville , à
part les intelligences des chefs des mulâtres , qui n'abandonnent
nulle part les commisaires . Enfin , on est entré , après
avoir renversé et fortement détérioré plusieurs maisons , t
beaucoup de monde ; cinq femmes dans une chambre ont
péri d'un même coup . Borel , capitaine- général des troupes
nationales du Port- au-Prince , a fui avec 300 negres armés
tué
(.28% ):
et 200 blenes ; les hommes de couleur sont à sa poursuite .
Les commissaires Polverel et Santhonax reviendront au Cap.
d'ici à trois semaines ou un mois , avec Lasalle , gouverneur .
par interim ils ont mis aux fers et embarqué un grand nombre
de citoyens . Chacun tremble dans les trois provinces . Que
faire si les Anglois arrivent avec une escadre , ainsi qu'on
nous l'annonce de Saint Eustache ? Nous sommes sur le bord
du precipice ; il faut abandonner le pays , et encore ne peut- on
fair. Tabago est pris ; Behague y était réfugié : les Anglais n'out
pas en de peine à en faire la conquête . La Martinique est en
guerre civile Rochambeau et les citadins sont contre les
habirans qui voudraient , dit- on , un autre ordre de choses . La
Guadeloupe vient d'essuyer une terrible insurrection , et il est
à présumer que le mal n'a fait qu'augmenter depuis les negres
de deux quartiers ont brûlés co habitations , et massacré les
habitans.
:
566 Nous venons d'apprendre , par un navire de Charles -Town
que la fregate l'Embuscade y a porté l'ambassadeur de France ,
d'où il doit se rendre , par terre , à Philadelphie ; elle y a
conduit aussi deux bâtimens anglais richement chargés , qu'elle
avait pris en route. Nous ne recevons aucune nouvelle de
France; la voie de la nouvelle Angleterre est notre seulé ressource
pour cet objet.i
" Depuis quelque tems les Americains du continent nord ne
nous apportent que des bois de construction , au lieu de farines
, dont nous manquons. L'alarme commence , et le fléau
terrible de la famine va nous désespérer , s'il n'en arrive au
plutôt, Nous manquons d'ailleurs de numéraire pour les payer;
et la plaine , dont nous ne sommes pas entierement maîtres ,
ne peut fournir qu'une infiniment petite quantité de vivres .
Toutes ces calamités font redoubler les émigrations .
*
" Les Anglais visitent les navires américains ; s'il y a des
Frauçais , ils prennent leurs effets , ils voient les connaissemens
et s'emparent de leur cargaison , en les inaltraitaut et
en leur disant beaucoup d'injures . Il est bien singulier qu'ayant
ici 25 bâtimens de l'Etat , dans quatre ou cinq en rade , aucun
n'aille en course ne protege nos caboteurs , ou si un petit
nombre va d'un endroit à l'autre , c'est pour être spectateur
des prises ; ils disent que leurs équipages sont beaucoup trop
Faibles , etc. Grands dieux ! que de choses j'aurais à vous dire ;
thais j'ai le malheur de n'être pas assez laconique , et j'aime
mieux finir là , car les Européens ne peuvent se former , une
idée de tout ce qui se passe dans cette colonie ; ils sont trompes
, malgré tous les rapports .... En outre , on ne saurait s'imaginer
combien il est difficile , pour ne pas dire impossible , que
Je patriotisme soit , dans les colonies d'Amérique , égal à celui
de la métropole , et que le systême actuel puisse le maintenir.
Si l'on est trop partisan de la République , on est embarqué
l'on est tout opposé , on est encore expuisé c'est und
( 285 )
confusion à n'y rien comprendre . Le rédacteur Tangui et son
imprimeur sont aux fers. Le premier avait été mis à bord du
Jupiter , il y a plus d'un mois ; le second est emprisonné
d'hier . "
P. S. Le convoi d'ici , très - richement chargé , estimé 60
millions , ne peut espérer de sortir de la rade que lorsqu'il
nous sera arrivé des forces .
Nos voisins les Espagnols disent qu'ils s'attendent de jour
en jour à recevoir les nouvelles officielles de la guerre avec
la République ; ils nous font dire qu'ils respecteront le parti
royaliste , et qu'il ait à se rallier ; qu'ils nous feront arborer
le pavillon blanc , sinon point de quartier. Il ne manquais
plus que cela pour mettre le dernier coup à nos miseres,
DÉPARTEMENT DE CORSE . Bastia , le 28 juin.
6. Il s'est tenu , à Corté , une consulte à laquelle se sont trouvés
deux ou trois députés de toutes les pieves du pays . Il a été
décrêté que l'on chasserait de l'isle les commissaires fran
gais , et que l'on ordonnerait à tous les paysans enrôlés au
service de la République française de rentrer chez eux dans
L'espace de quatre jours , sous peine d'être traduits , en cas
de désobéissance , pardevant la justice corse , et sévèrement
punis .
1 Cela a produit généralement l'effet que les révoltés s'em
promettaient. Tous les nationaux , tant les officiers que soldats ,
qui étaient en cette ville , ont quitté le service de France , et se
sont retirés dans leurs foyers.
,, L'évêque constitutionnel est dans les prisons d'Ajaccio , et
son neveu dans celles de Corté plusieurs autres partisans
de la République Française ont éprouvé le même sort .
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi, et du
mercredi .
Mardi 6 août. Une députation de 24 membres de la Convention
assistera . jeudi prochain à une cérémonie qui sera
célébrée dans l'église Saint-Eustache en l'honneur de Marati
Son araison funebre y sera prononcée en présence des députés
des départemens qui sont ici pour la fête du 10 août .
On annonce que 6000 hommes de la garnison de Mayence
sout arrivés à Metz , où ils ont été reçus avec tout l'accueil
qu'on devait aux services qu'ils ont rendus à leur patrie . Les
représentans du peuple , Briez et Cochon , échappés aux dan
gers qu'ils ont conrus dans Valenciennes , sout maintenant à
Cambrai , Ils envoient un procès -verbal sur la reddition dé
Valenciennes , il en résulte que Valenciennes n'a été, obligée
( 286 )
de se rendre que par la trahison des pervers , qui pendant
presque toute la durée du siége ont agité et tourmenté les
citoyens .
Les habitans , entraînés par les suppôts de l'Autriche , ne
tarderent pas à former des attroupemens ; bientôt les femmes
se mirent en insurrection , toujours par l'instigation des agitateurs
qui de tems en tems paraissaient , c'est- à - dire à mesure
que le danger augmentait. Cependant de sages et civiques proclamations
partiurent à calmer un peu les esprits ; il restait
encore un prétexte pour légitimer en quelque sorte ces mouvemens
, c'était que les habitans n'avaient point de local pour
se mettre à l'abri des bombes : eh bien ! la garnison leur abandonpa
ses souterrains.
" Le 14 juillet arriva ; cette fête fut célébrée par la garnison
la garde nationale dans un ouvrage à corne du côté de la
porte de Cambray , et qui était moins exposé au feu de l'ennemi.
Plusieurs citoyennes assisterent à cette cérémonie , qui
fut terminée par une décharge de l'artillerie des remparts , diri
gée sur les batteries ennemies.
5. Tel était l'état des choses , lorsque dans la nuit du 25 au
26 juillet , la trahison la plus manifeste se découvrit ; car l'ennemi
avait des intelligences dans la ville , Trois fois il avait
essayé jusqu'à ce jour l'attaque des palissades , et trois fois il
avait été repoussé ; il fit sauter , dans cette nuit , trois globes
de compression sur les palissades : la terreur et le désordre
se répandirent parmi les soldats , qui quitterent les palissades ,
et tous fuirent en confusion , jusqu'aux canonniers , qui abandonnerent
leurs canons . En vain le général Ferrand et l'un des
représentans du peuple , Cochon , chercherent à rallier les
fuyards ; leurs efforts furent inutiles , et ils ne purent détruire
J'effet de cette terreur panique. Sans la prudence et l'audace
du général , l'ennemi serait entré dans la place : il pouvait
le faire , mais il n'en eut pas la hardiesse .
1
,, Le 25 juillet , le duc d'Yorck menaça de passer toute la
ville au fil de l'épée , si elle ne capitulait pas alors recommencerent
les attroupemens , les séditions , les insurrections .
Des troupes de ligne se joignirent aux citoyens ; trois - brêches
étaient déja faites , 145,000 bombes avaient détruit la moitié
de la ville , et il n'était plus possible de résister , quoique
l'ennemi eût perdu , de son propre aveu , 20 à 22,000 hommes
dans les terribles sorties que la garnison a faites , et qu'elle
aura long- tems sur le coeur enfin , après 41 jours d'un bombardement
dont l'histoire n'offre pas d'exemple , Valenciennes
be rendit ; mais sans les trahisons , sans les intelligences des
Autrichiens , elle serait encore au pouvoir de la Republique.
Dès le 27 juillet , la cavalerie bourgeoise , qui ne s'était pas
montrée pendant le siège , fit enlever le drapeau tricolor , et
livra la place au prince de Lambesc , accompagné de plusieurs
émigrés.
( 287 )
-
Des commissaires des assemblées primaires demandent å être
edmis à la barre: Plusieurs membres témoignent leur étonnement
, ei craignent qu'il n existe quelques menées sourdes et
dangereuses . Ils demandent que le président s'informe du sujet
de cette pétition . Le président ayant exécuté l'ordre de l'assemblée
, apprend que cette pétition a pour objet , de demander
que les envoyés du peuple , ne soient pas aussi gênés
à l'égard des sections , et qu'il leur soit donné un vaste local
pour se connaître et fraterniser. On admet les pétitionnaires.
Leur pétition était simplement ce que le président avait annoncé.
Un membre assure que l'orateur est un intrigant , qu'il l'a
vu hier au parquet du tribunal révolutionnaire , et voulant
être le défenseur de Custines . Léonard - Bourdon dit qu'hier
a été fait une pareille pétition aux Jacobins et que cette
société a offert son local depuis le lever du soleil jusqu'au
moment où la société ouvrirait ses séances , et il pense que
la question faite à la Convention , n'a d'autre but , que de
former une assemblée contraire à celle qui va avoir lieu aux
Jacobins .
9
Le membre qui avait dit que ce citoyen voulait être défenseur
de Custines , renouvelle son assertion que c'est un
homme suspect
.
-
Ce citoyen s'écrie : ce n'est pas vrai . Bruit. On demande
que la Convention , n'ayant pas deux mesures , agisse envers
ce citoyen comme elle a agi envers le maire de Nantes.
Lacroix s'oppose à cette mesure , qui blesse la majesté du
Souverain dans son commissaire . 11 demande qu'on se borne
à insérer le nom de ce commissaire dans le procès - verbal ,
dont l'extrait sera envoyé à son assemblée primaire , et qu'on
passera à l'ordre du jour sur le reste .
Cette proposition est décrétée . Le citoyen donne son nom . Il
se nomme Becquet , envoyé de l'assemblée primaire de..... dis
trict de Boulogne- sur - Mer.
Une lettre du général Sépher annonce l'entrée des troupes
de la République à Caen.
Les représentans du peuple près l'armée des côtes de Cherbourg
, annoncent , en date du 3 août , que Pétion , Barbaroux
, Buzot , etc. y sont aués à l'exécration publique ;
que Wimpfen y a laissé 150 chevaux ; et que la Républi
que a recouvre 87 pieces de canon qui sont dans le château
de Caen.
Ils demandent d'être autorisés à commettre provisoirement
des citoyens pour remplir les fonctions administratives et mu
nicipales , à remplaser les fonctionnaires publics qui ont coo
péré ou adhéré aux arrêtés liberțicides pris par les administra
tions , et à faire démolir les donjon et château de Caen qui
ont servi de bastille à deux représentans du peuple . Sans cela ,
ajoutent-ils , la ville dépendra du premier intrigant qui voudra
s'y loger.
( 288 )
Leurs demandes , appuyées par Barrere , sont décrétées
avec un article additionnel , savoir ; que sur les ruines du
doujon et du château de Caen sera plante un poteau sur
lequel seront inscrits les noms des députés déclarés traîtres à
Ja patrie ,
Du 7. Le général Beisser est admis à la barre . Il expose
la conduite qu'il a tenue depuis le 17 mars jusqu'au 5 juillet. La
Convention le renvoie au comité de sûreté générale .
Aubert Dubayet , commandant au siége de Mayence , présente
ses hommages à la Convention qui lui témoigne sa satisfaction
sur sa bonne conduite .
Le général Ferrand , commandant à Valenciennes , a annoncé
şon arrivée à Paris .
Une députation des commissaires des départemens qui ve
naient de fraterniser avec les autorités constituées et les sans-
Culottes de Paris dans la salle de l'évêché , a annoncé qu'elle
allait se réunir dans la salle des Jacobins et rédiger une circulaire
aux départemens . Les commissaires et les députés
s'embrassent au milieu des applaudissemens et des cris , uigala
montagne.
D'après les observations de plusieurs membres , sur la difficulté
d'avoir du pain , le maire de Paris est mandé ; il arrive ,
et il démontre clairement que cette difficulté est l'effet de la
malveillance . Les subsistances , à la vérité , ne sont pas d'uné
grande abondance ; mais elles sont encore loin de manquer .
Un convoi est arrivé ce matiu ; on en attend encore un autre
ce soir , et un très- grand nombre de voitures sont sur la route
l'Etampes . Rien n'est plus vrai que ce que vient d'avancer le
maire de Paris , dit Breard ; mais je demande que demain il
nous fasse un rapport plus général par écrit. Décrété .
Chabot annonce que demain il présentera la loi qui doit
fixer le prix de la livre de pain à 3 sols dans toute l'étendue
de la République.
Une lettre du général Chilly , commandant l'armée du Rhịn ,
annonce l'incendie de l'arsenal d'Huningue.
La Convention décrete que tous citoyens surpris en fausse
patrouille seront punis de mort ; que tout homme qui sera surpris
dans des rassemblemeus , déguisé cu femme , sera également
puni de mort .
La Convention a ensuite déclaré Piat , ministre du gouver
nement Britannique , ennemi de l'humanité .
( No. 107. - 1993. )
MERCURE
FRANÇAIS
SAMEDI 17 AOUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSIE. 3 I
CYPARISSE CHANGÉ EN CYPRÈS. ›
Suite de la fable intitulée les arbres attirés par la lyre d'Orphée
UN
1
no.
75.
insérée dans le
N cerf au bois rameux au front large et superbe ,
› Cher aux nymphes de Cée , errait en paix sur l'herbe ,
Un ruban , par un noeud mobile et voltigeant ,
Attachait à son front une étoile , d'argent .
2
Son bois est garni d'or , et deux perles pareilles ,
Ornemens assortis , pendent à ses oreilles.
D'un triple collier d'or les sinueux chaînons
Suspendus à son cou , flottent sur ses fanons :
Affranchi de la crainte aux cerfs si naturelle
Docile , il obéit à la voix qui l'appelle ,
Fréquente les enclos habités des humains ,
Et se laisse au hasard caresser par leurs mains .
Qui l'aima plus que toi , jeune et beau Cyparisse
Tu Le menais aux prés parfumés de mélisse ;
Tu le désaltéfais dans les plus purs ruisseaux ;
Tu le parais de fleurs , ou porté sur son dos ,
Avec un frein de pourpre , écuyer intrépidễ
Tu guidais les élans de sa course rapide .
Le soleil embrâsait le céleste Cancer :
1) 11
A l'heure où le midi souffle ses feux dans l'air ,
Caché dans le taillis d'un bois épais et sombre ,
Le cerf goûtait le frais , et le repos et l'ombre .
L'imprudent Cyparisse , atmé de javelots ,
L'atteint d'un trait mortel à travers les rameaux .
Il a vu son erreur : son chagrin est extrême ,
Et quand le cerf expire , il veut mourir lui - même .
Ami , dit Apollon , cesse de t'affliger :
Pourquoi de deuil si grand , pour un malheur léger ?
Ce dieu lui parle en vain : il gémit , il soupire.
Eterniser son deuil est tout ce qu'il desire ,
Tome IV.
17020
1
T 290)
Tout ce qu'attend du ciel le voeu de ses douleurs .
Cependant épuisé par l'excès de ses pleurs ,
De son sang , par degrés , les canaux se tarissent.
Sou corps maigrit , se seche , et sesmembres vcrdissent.
Ses cheveux autrefois flottans en longs anneaux ,
Redressés sur son front s'allongent en rameaux ;
Et leur tige élancée en pointe se hérisse.
C'est un arbre . Apollon regrette Cyparisse.
Sois , dit-il , à jamais un embléme de deuil .
Que tes rameaux plaintifs , consacrés au cercueil ,
Éternels monumens de ta douleur si tendre ,
Groissent auprès des morts , et pleurent sur leur cendre .
Par SAINTANCE
CHARADE.
FILLETTE a toujours mon premier
Ville de guerre mon dernier ,
Et labyrinthe mon entier..
3271
ENIGM E.
LECTEUR , il faut dans un seul mot
Trouver pic , repic et capot.
05
$
MON
Acs sup cul
791 81181 @it
LOCOGRIP H Leb
.
ON destin , lecteur curieux ,
Peut te paraître assez risible ;
Car la nuit m'expose à tes yeux ,
22.
Et le jour me rend invisible.
Me coupes -tu la tête ? après ta cruauté
Il me reste de quoi couvrir la nudité .
&
M'attaques-tu plus bas ? je suis , aux jours de fête ,
M
Un ornement sacré pour qui prêche la foi .
Si tu veux me couper et la queue et la tête
En cet état que me reste-t- il ? toi .
76
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 106 .
Le mot de la Charade est Passage ; celui de l'Enigme est Manchette ;
celui du Logogriphe est Carte à jouer , où l'on trouve arc , ré ,
( petite ville de Bourgogne écart , rat.
( 291 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
NECROLOGIET
$
31
3
Les lettres ont perdu le mois dernier Antoine le Mierre
de l'Académie Française , mort à l'âge d'environ 79″ ans : îl
y avait déja quelque tems que l'affaiblissement progressif de
sa tête et de ses facultes annonçait une fin prochaine . On
serait porté à croire que cette espece d'anéantissement moral
qui précede la dissolution de la machine , est plutôt un bienfait
qu'une rigueur de la nature , puisqu'il nous ôte le seul
mal qu'il y ait dans a mort , c'est-à -dire , Fidée de notre
destruction ; mais malheureusement cette idée était la seule
qui lui fût restée pendant les derniers tems de sa vie : il en
était sans cesse frappé , et croyant voir toujours à ses côtés
la mort qui le mienaçait , il était sombre , silencieux et
obsédé de terreurs religieuses . Au reste , c'est la seule espece
d'agonie qu'il ait eue ; il a fini sans s'en appercevoir , et il
a expiré comme on s'endort. 15
Il ne paraît pas que le talent de la poésie se soit développé
en lui de bonne heure , du moins aux yeux du public
quand il donna sa premiere piece de théâtre , Hypermnestre
, en 1757 , il avait 36 ans : il avait remporté aupara
vant le prix de poesie , à l'Academie Française , à dater de
1753. Ces essais couronnés et oubliés comme tant d'autres ,
quoiqu'il les ait réimprimés depuis dans un recueil de pieces
fugitives qu'on ne lit pas davantage , annonçaient déja le cometere
général de sa composition. On n'y voit aucun sentiment de
eeue harmonie , aucune idée de ce tour heureux de phrase
et d'expression qui font de la poésie une langue a part ;
mais il 'y ä de l'esprit et de la pensée et quelquefois des
veis remarquables. On en a retenu trois de ces quatre pieces
académiques , celui- ci qu'il appellait le vers du siecle ,
Le Trident de Neptune est le sceptre du monde .
et ces deux antres , dont l'idée est très-ingénieuse :
Croire tout découvert est une erreur profonde :
C'est prendre l'horison pour les bornes du monde.
Son coup d'essai dramatique eut beaucoup de succès et a
mérité de rester au théâtre. Il faut sans doute se prêter aux
invraisemblances mythologiques , et même à l'impossibilité
réelle de marier en un jour cinquante filles d'un même pere
à cinquante fils de son frere le monde entier n'en fourni
rait pas un exemple , et encore moins de cinquante jeunes
T 2
( 292 )
(
par
épouses qui s'accordent à égorger leurs maris la premiete
nuit de leurs noces ; c'est une monstruosité , absolument hors
de nature ; mais aussi c'est une donnée de la fable ; le
les autres
Danaides sont hors de la scène , et la seule Hypermnestre
est sous les yeux du spectateur , qui passe assez volontiers
ce qu'il ne voit pas . On a done raison de pardonner au poète
cette invraisemblance sans laquelle il n'y aurait point de
sujet , et ce sujet d'ailleurs est tragique ; la marche de la
piece l'est aussi elle est claire , simple , rapide , attachante ;
elle offre des situations théâtrales ; les scenes d'Hypermnestre
avec son pere sont vives et pathétiques , et l'intérêt de son.
rôle rachete la faiblesse des autres. Le tableau que présente
le dénouement avait été mis plusieurs fois sur la scène ,
ticulierement dans Metastase ; il est d'une beauté frappante
et d'un grand effet de terreur , ce qui demande et obtient
grace pour l'espece d'escamotage qui le termine , et d'autant
plus qu'il était à peu près , impossible de s'en tirer
autrement. Hypermnestre sous le poignard de son pere , et
Lyncée , à la tête de ses soldats , plein de fureur et d'effroi ,
et ce cri déchirant , un moment , chers amis , qui retentit dans
le cliquetis des armes , forment un spectacle si terrible qu'au
moment où Hypermnestre sort de danger ou n'examine pas
trop comment elle en est sortie ; et ce dénouement même fit la
fortune de la piese. A l'égard du styles, il y a quelques
beaux vers , et le reste est ecrit comme écrit ordinairement
l'auteur .
+
ри
Térée qui suivit Hypermnestre tomba entierement , et je
doute que même dans des mains plus habiles ce sujet eût pa
réussir ; il n'offre que des horreurs révoltantes , et par conséquent
froides L'auteur , plus de vingt ans après , essaya de le
faire revivre sous une nouvelle forme il tomba encore .
Idoménée , son troisieme ouvrage , ne fut guères plus heureux
: il était , à la vérité , meilleur que celui de Crébillon ,
et ce n'est pas dire beaucoup ; l'auteur s'était gardé du moins
de rendre son Idoménée ridiculement amoureux ; mais il s'en
fallait bien qu'il eût assez de , ressources pour vaincre le grand
inconvénient de ce sujet , la monotonie d'une situation toujours
la même et qui ne présente d'autre issue que
la mort
d'un prince innocent . Idomenée , abandonné aux premieres
représentations , n'a jamais été repris .
Artaxerce eut un peu plus de réussite et n'était pas plus
fait pour se soutenir sur la scène : c'était une copie du
Silicon et du Xercès . On sait que celui- ci , malgré la faveur
attachée au nom de Crébillon , avait essuye une chute complette
: au contraire le Silicon de Thomas Corneille , conduit
avec assez d'art , avait eu de la vogue dans un tems où l'Imbroglio
tragique était encore de mode . Il avait disparu , lorsque
les chef d'oeuvres de Racine eurent mûri le goût du
public. Métastase avait répandu de grandes beautés de detail
( 293 )
dans son Artasersé , qui est le même sujet que Stilicon , et
qui fut très-accueil en Italie et en Allemagne . Mais il y
une grande différence entre un opéra et une tragédie : on
exige dans celle - ci une observation beaucoup plus exacte de
la nature et des vraisemblances , et l'on ne peut se prêter
à tout ce qu'il y a d'improbable dans la conduite et le caractere
d'Artabau qui commet tous les crimes de l'ambition
non pas pour lui , mais pour son fils qui n'est nullement
ambitieux ; un pareil fond de piece sera vicieux dans tous
les tems Rien n'est plus froid que ddeess crimes qu'on ne
commet pas pour soi , mais ppour un autre . L'Auteur avait
bien prévu l'objection , puisqu'il fait dire à son Artaban dès la
premiere, scène :
un
5.0 90
297 Rarement pour un autre on ravit la couronne.
1.
ก .
318 S1 2 12251 sb je"
Mais il y répond très-mal par les deux yers suivans
Mais sous le nom d'un fils je donnerai la lõi ;
• 03 246
53
946
1802
Le rang sera pour lui , la puissance pour moi . 92102 1od 25
के
J
Et qui te l'adit ? Ton fils est-il un imbecille , incapable de
régner sspar lui - même ? Rien moins que cela , puisque tu
scomptes sur sa renommée et sur ses grandes qualités pour le
faire monter au trône de Perse , malgré deux fils qui survivent
sa Xercès et sio tu as la puissance et les moyens de
faire périr encore ces deux princes , si tu as pu assassiner le
pere et si tu peux encore perdre les deux fils , qui t'empêche
de réguer soi- même ? On pourrait faire bien d'autres
objections contre un plan aussi absurde que celui d'Artaban ;
mais tout le monde est à portée de sentir combien ce plan
est loin du précepte de l'art poétique egizing fur : bot
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher. $
“
h
Je ne dis rien des autres invraisemblances de détail qui se
joigBniecnet à celle du fond quoi de plus fou , par exemple ,
que que tait Artaban dès le début de la piece , lorsqu'au
hieu de jetter l'épée sanglante dont il vient de frapper Xercès ,
<il la remet à son fils qu'il rencontre au milieu de la nuit ?
N'est- ce pas exposer très- gratuitement au plus éminent danger
ce même fils qu'il veut couronner ? Toute l'intrigue est
fondée sur cet embarras d'Arsace , innocent et cru coupable ,
qui ne peut se justifier qu'en accusant son pere . Ces ressorts
forcés peuvent exciter un moment la curiosité , mais ne peuvent
jamais soutenir la machine entière du drame , qui doit
être plus solidement constraite ,
10:
Guillaume Tell fut accueilli d'abord encore plus froidement
qu'Artaxerce ; mais j'ose dire que c'était beaucoup moins la
faute de l'auteur que celle de l'esprit public , qui à cette époque
était encore peu fait aux pieces républicaines. On ne vit
T 3
( 294 )
alors dans celle- ci que l'extrême simplicite d'un drame sans
amour et presque sans intrigue ; car il n'y en a pas d'autre
que la noble conspiration de Tell et de ses braves camarades
en faveur de la liberté de leur pays et une intrigue de ce
genre ne paraissait pas suffisante sur un theâtre où l'on vous
fait que les femmes occupassent toujours une grande place .
L'inule rôle de Cléofé , femme de Guillaume Tell , ne rem
plissait pas ce vide , et c'est encore aujourd'hui la partie de
fectueuse de l'ouvrage . Ce rôle est de plus assez mal conçu
Cléofé s'annonce d'abord comme une Porcie ; elle veut arracher,
le secret de son mari , parce qu'elle prétend être digue
de partager ses généreux projets , et dans le reste de la piece,
elle ne montre que les alarmes communes d'une épouse et
d'une mere . Cette nullité du rôle de Cléofé tenait ay peu
d'invention et de ressources que Lemierre a montré dans toutes
ses pieces même les meilleures , où il n'y a jamais qu'un
seul rôle dessiné avec quelque force et quelque étendue . En
géuéral ses cadres sont étroits et resserrés , parce que ses
ceptions sont pauvres .
pauvres . Mais il vint à bout par la suite de
" L
ses col
fortifier l'action de son Guillaume Tell par une hardiesse
très -heureuse . Il n'avait d'abord mis qu'en récit Faventure
de la pomme, abattue sur la tête du jeune fils de Tell ; ib a
osé depuis la mettre en action et il a très -bien fait. Cette
aventure célebre dans la Suisse , et consignée dans toutes nos
histoires , a été traitée d'apocryphe par Voltaire , dans, son
Histoire générale , mais c'est une des occasions où il a soumis
les faits historiques à des calculs de probabilité souvent tronpeurs.
Sans doute un chapeau mis dans une place au bout
d'une pique avec ordre de le salues , en d'idée cruelle de
forcer un pere à signaler son adresse en exposant les jours
de son fils , sont un excès d'insolence et d'atrocité fort bisarre
. Mais la tyrannie féodale n'a - t - elle pas signalé mille fois
de semblables caprices dans ces tems d'ignorance et de barbarie,
où le plus grand mépris pour l'humanité était un des
caracteres de la puissance ? A quelle sorte d'esprit d'ailleurs
attribuer de pareilles inventions ! Ne ressemblent - elles pas
beaucoup plus à des fantaisies de tyrans qu'à des contes
-populaires ou à des mensonges historiques ? anth
Quoi qu'il en soit , il était assez hasardeux de les montrer
sur le théâtre ; car la bisarrerie touche de près au ridicule ,
et j'avoue que je n'en avais d'abord vu que le danger ; mais
la représentation , veritable pierre de touche les effets dramatiques
, m'a entiérement convaincu . U est impossible de ne
pas fremir au moment où le malheureux Tell se résout à cette
douloureuse épreuve , et pressant son enfant dans ses bras
lui fait sentir que son salut déperd de son immobilité , lui
met un bandeau sur les yeux , Fattache à un arbre , et adressaut
sa priere au ciel protecteur de l'innocence , lance à geuoux
la flêche Fatale ……………. Et la joie , les transports de la nière',
1
( 295 )
elle se
quand
quand elle rentre sur la scene , au bruit des cris de vive Tell,
qui
lai on fils est sauvé , annonceut que son, prepite
vers lui et le serre contre son sein !...... L'attendrissemeut
se mêle ici à la terreur ; l'extrême peril fait disparaitre
toute autre idee , et rien n'est plus dramatique . Ajoutez à ee
grand mérite celui de l'exécution , d'autant plus remarquable
qu'il est plus rare dans l'auteur , les personnages disent ce
qu'ils doivent dire , et la diction est naturelle , vraie , intéressante
, Le Mierre a su en cet endroit ( et il faut avouer que cela
n'est pas assez commun chez lui ) , il a su parler au coeur , sans
offenser l'oreille . Il faut dire plus dans cette piece où la
dureté des noms du pays semblait devoir augmenter celle qui
est ordinaire à l'auteur , sa vérsification est généralement beau-
Il bien encore
quelques vers étranges et durs,; mais sa diction est ici plus
saine , plus correcte ; il y a souvent de la précision et du
.
nerf sans que l'oreille ou la langue soit blessée ; le rôle de
Tell est plein de beautés , soit de pensée , soit d'expression
soit de dialogue ; on en a retenu des vers où de grandes idées
sont rendues avec une simplicité énergique ,
foup meilleure
que dans ses autres
tragédies
. y ac
plus
21
་
Que la Suisse soit libre , et que nos noms périssent .
>
[ 19 : 138
* 1 231
Jurons d'être vainqueurs : nous tiendrons le serment.
Et lorsqu'à cet excès l'esclavage est monté ,
L'esclavage , crois-moi , touche à la liberté.
175
Jun ོ འི
Ces derniers vers sont d'une vérité éternelle , qui , rarement
est une leçon pour les tyrans , mais qui souvent, est ume pros
phietie ,.༣ ་ ༩ 21.30
*
Enfin , get ouvrage où il semble que le génie de la liberté
ait élevé l'auteur au - dessus de lui-même , me paraît être , avec
Hypermnestre, ce qu'il a fait de meilleur au théâtre ; et quoique
la révolution ait du nécessairement ajouter beaucoup à l'effes
de la représentation , et qu'avant cette époque , la seule reprise
que cetle piece eût eue depuis la nouveauté , n'ait pas obtenu
beaucoup de succès , je suis persuadé qu'elle en aurait eu an
grand même dans l'ancien regime.graces à la belle scène
ajoutée à son quatrieme acte , et qui le rend si théâtral ,
Ce fut en effet un changement beaucoup moins considé
rable , qui en 1780 fit aller aux nues la veuve du Malabar
tombée à peu près dix ans auparavant ; c'est, si l'on en excepte
le magnifique spectacle du dénouement , une très mauvaise
piece de tout point; c'est une déclamation dialoguée , une suite
4ie lieux communs , sans action , sansTessorts , sans aucune de
ces alternatives de crainte et d'esperance qui sout l'ame de la
tragédie ; une situation purement passive et toujours la même
une reconnaissance au deuxieme acte , aussi froide que
T 4
( 296 )
*
;
·
brusque , et qui ne produit rien , si ce n'est de donner à la
veuve un frere qui gémit inutilement avec elle . Cette veuvé est
fort pen interessante , parce qu'elle est uniquement résignée
amourir , et qu'elle est d'ailleurs sans passion ; car on ne
sanrai donner ce nom à un ir inquille souvenir d'amour pour
un orcier français depuis long-tems perdu, pour elle ; l'amour
de ces officier ne produit pas plus d'intérêt parce qu'il en est
à peine question , qu'il ne sait pas même si celle qu'il a aimée
est encore au monde comme elle ignore de son côté s'il
existe , et que pendant cinq actes Montalban n'est oceupé
d'autre chose que de faire au grand prêtre de tres - inutiles
sermons d'humanité . On voit bien que le dessein de l'auteur
a été de rendre la surprise plus forte au dénouement , quand
Montalban retrouve une maîtresse dans la victime inconnue , qu'il
ne delivrait que par un sentiment de générosité . Mais cette fausse
idée de l'auteur est ce qui a le plus nui à son ouvrage il
ne faut pas refroidir cinq actes pour ajouter un moment de
surprise à un dénouement , dont l'effet tenait sur- tout à un
grand perit et a un grand spectacle ; il est constant que pour
animer la piece et la rendre tragique , il fallait que l'amour
réciproque de la veuve et de Montalban tint une grande place
dès les premiers actes , puisque c'est-là le vrai mobile de l'intérêt
; qu'au troisieme , les deux amans devaient se reconnaître,
et que le danger devait augmenter eu ce moment par des
incideus que Fart apprend à menager. C'est alors qu'il y aurait
eu une véritable action tragique . Philosophiquement parlant ,
il est plus beau d'arracher des flammes une femme inconnue
que d'en sauver sa maîtresse ; mais ce dernier cas est bien
autrement dramatique , parce qu'au théâtre ce qui est passionné
vaut toujours beaucoup mieux que ce qui est moral .
Maintenant qu'est- ce qui a pu procurer à cette piece des
destinées si differentes , à dix ans de distance ? Un simple
changement de décoration . Dans la nouveauté , le bûcher où
devait se jetter la veuve était représenté par une espece de
petit trou d'où soitalent quelques petites flammes , et Lanassa
declamant sur
le bord de ce trou avant de s'y précipiter ,
'disposait le spectateur à ré d'autant plus volontiers que la
piece Favait ennuyé. Montalban sortait avec les siens par
un autre trou , et venait par derriere tiver Lanassa de celui
où elle allait tomber. Cette complication de trous étaît endre
un autre ridicule. à la reprise , on sentit qu'il fallait
effrayer les yeux pour émouvoir Timagination , et un vaste
bûcher tres - exhaussé et très - enflammé , la veuve y montant
au milieu des feux , et un bel acteur ( la Rive ) l'enlevant
avec des bras d'Hercule du milieu de ces flammes qui allaient
la dévorer , tout cet appareil parut admirable , et Pètait . Tout
Paris voulut voir ce merveilleux enlevement , et la piece
eut trente représentations . J'ignore si ce genre de beauté qui
est à la portée de tout le monde , fera rester la piece au théâtre ;
( 297 )
mais ce que je sais , c'est que jamais le plus beau coup d'oeil
d'un moment ne fera supporter à des gens de goût l'ennui de
cinq actes dépourvus de toute espece de mérite col
Barnevelt vaut un peu mieux ily a quelques beautés];"' la
scène entre le grand peusionnaire et son fils , imitée de l'Edouard
de Gresset , dans lequel l'ami de Vorcesthe Arondel , exhorte
sonjami, prisonnier et innocent à se dérober par une mort
volontaire à un supplice injuste , est fort inférieure à la scène.
originale ; mais elle finit par un vers sublime :
' cuod ob gan
Caton se la donna- Socrate l'attendit.
39
01 95 A 137
Du reste , la piece est froide , aussi seche de sentiment que
de style , toute en discussions politiques , mal conduite et mal
dénouée ; le rôle de Mde. Barnevelt est postiche , et ne sert
qu'à recevoir des confidences déplacées : c'est un ouvrage
mort né , qu'un beau vers ne saurait faire revivre.9
100
Le Mierre avait fait encore deux
et,
Virginie
ee
HASE RESTU Jeux autres tragédies Céramis
f'une eut trois ou quatre représentations
, et n'a
jamais été publiée ; l'autre n'a ete encore ni représentée , ni imprimce, 2313109 2
291007760
2
1002
Dans d'autres genres de poésie , neus avons de le Mierre un
recueil , de, poésies diversessile poëme des- Fastesnet, celui de
la Peinture. Le recueil de spoésies n'est gueres qu'un assemblage
de grotesques : ôtez eu deux ou trois pieces , où parmi
beaucoup de fautes ; on rencontre du moins quelques tirades
assez jolies , une sur un bon de fermier général , une autre
sur , la mort d'un enfant de huit ans , qui finit par es traî
heureux ,
*uch #
Quelque part qu'il soit , il repose .
?
Le reste est un modele dermauvais goût.
11-91 97 sf
wallb
Gemauvais goût a pu seut fur suggérer l'idée du poëme
des Fustes et a préside le plus souvent à l'exécution . Ce n'était
gueres que dans ce siecle que l'on pouvait s'aviser de faire.
un prétendu poëme de seize cliants , où il n'y a ni plan , ni
suite , ni distribution de parties , ni fiction ; en un mot , rien
de ce qui peut attacher le lecteur , pas même de sujet ; car
en bonne foi est- ce un sujet de poënte que la description des
mascarades du fauxbourg Saint- Antoine , de la cavalcade des
huissiers, des courses du Landit et des joûtes de la Rapée , etc. ?
Il y a pourtant dans cet énorme amas de détestables vers deux
ou trois morceaux agréables , un sur- tout que le meilleur ver
sificateur ne désavouerait pas ; c'est la description d'un clair
de lune . Un amateur déchire la page où se trouve ce morceau
si étranger au reste , et jeue le livre au fen.
Il n'en est pas de même du poème de la Peinture. Joignez
( 298 ),
:
cet ouvrage aux deux tragédies que les connaisseurs ont distinghecs
des autres . Hypermnestre et Guillaume Tell , voilà tout ce
qui peut rester des écrits de ' le Mierre le meilleur pour la
versification est ce poëne de la Peinture ; c'est le seul que'
L'on puisse dire de suites avec quelque plaisir ; non qu'il n'y ait
encore beaucoup de mauvais versoet quelquefois de l'amphigourise
mais d'abord il y a un sujet intéressant soit comme
didactique soit domme descriptif ; et si l'auteur ne fait le
plus souvent que traduire ou imiter le poëme latin de l'abbé
de Marsy , samoins aveo assez de succès , et les fautes
sont rachetées par beaucoup de bons morceaux et par de beaux
vers . Il y a de l'originale dans l'expression des procédés
chimiques nécessaires pour la formation des couleurs , et la
difficulté est heureusement vaincue en total cet ouvrage est
animé de Tespri pɔcrique, i
D
11 resulté de ce résumé que le Mierre , dans la très- grande
partie de ses productions est demeuré au-dessous du médiocre
soit pour l'invention dramatique qui , chez lui , etait trèsfaible
, soit pour le style qui est unanimement regardé comme
rès-manvais . La sécheresse : fa dureté , l'incorrection , le
prosaïsme habitnel , la barbarie , les tournures et les expressions
baroques , tels sont les caracteres dominans
de sa versification , et l'on cite aqus les jours nombre de ses
versidevenuss fameux par le ridicule Trois de ses ouvrages
outsun mérite réel , soft dramatique , soit poétique , et monwent
au milieu des fautes assez de beautés pour échapper
L'oubli et placer leur auteur parmi les poëtes de cette secondesclasse
, qui ne laisse pas d'être honorable ; parce qu'elle
n'est pas encore très nombreuses et que la multitude de ceux
dont il ne reste rien , est infinie .
9
2
XO ...
C'était d'ailleurs un fort honnête homme , d'un esprit doux
et de moeurs fort simples , sans intrigue , sans cabafe , exclusivement
occupé de ses vers en bou et franc métromane , les
écitant par- tout , même dans la rue et à tout ce qu'il rencontrait
, les louant outre mesure et avec une franchise d'an
mour -propre, propre qu'on ne supporterait pas dans un écrivain supérieur
mais qui n'était dans un auteur reconnu mediocre
qu'un ridicule dont on s'amusait, Les hommes ne pardonnent
fien à celui qui allarme leur amour-propre ; ils pardonnent
tout à celui qu''ils ne craignent pas ...
4917
T
ም "
24
Il fut regu fort tard à l'Academie française ; il avait alors
plus de soixante ans . Il mit beaucoup d'esprit dans son dis-
Equfs 3-6 sur-tout à prouver que les longs refus de l'Académie
étaient une preuve de son estime pour lui c'est s'en
trer en galant homme dès qu'il était content , tout le
monde , devoit l'ére
147
1.3.16
301 €
mag :: 299.3 19 asten 25 , nolin'T -5
ད་ལྟ་ དྲུག I S •
T T sado
SPECTACLES
.
4 times u0
k.
ALOE F.
THEATRE DE LA RÉPUBLIQUE,
21
0853
On a donné à ce théâtre une tragédie nouvelle , qui est le
coup d'essai d'un ' jeune homme. On peut , sur cet ouvrage
concevoir de grandes espérances du talent de l'auteur le
eitoyen Luce. )
Son sujet est le trait de Mutius Scenolas , et il n'a presque
rien ajouté à l'histoire
Aruns , cet ambassadeur Toscan qui joue un rôle dans le
Brutus de Voltaire , iconseille à Porsenna de donner à la ville
de Rome un demier astant. Certoi , qui n'est point isangui
paire , aime mieuxleffrayer les Romains par la famine que les
détruire par l'épée . Cependant les assleges font une sortiel .
Aruns va les combattre ; il est près de les vaincre quand
Horatius Coclès seul arrête l'armee Toscane à l'entrée du pout .
Grand récit de ce trait desvaleur et de force . Mais pour consoler
des Toscans , Mutius a péri dans la mêlée et Junier
fille du consul Bruasiet amante de Mutius , est faite prison
Diere. Elle pleurer son amant morup lorsqu'elle le reconnaît
skéguisé en soldat Toscan. C'est lui -même qui a fait répandve
as dessein de bruitvde son trépas . Hifait confidence à Junie de
son dessein d'assassiner Porsenda sselle , veut l'en: detournera
il invoque , pour se justifier , l'amour de la patrie , et daifilte
de Brutus cede à ce sentiment. Porsenna qui s'est enfin décidé
à l'assaut , veut faire un sacrificē aux Dienx avant de le livrer .
Mutius vient au lieu où l'on sacrifie . Il voit Aruns habillé
comme le roi , sses trompeset le tue . Od Barrête ;zilsbrûdë, sa
main pour la punir de sa méprise . Le roi Toscan , effraye
de cet excès de courage , pardonne au héros, le renvoie libre ,
ainsi que Junio et love le ssiége . » 515945
Il était difficile qu'une piece si simple et avec si peu d'incidents
ne fut pas dans certains endroits , faible d'action et
d'intérêt. Mais elle est soutenue par un style pur et souvent
energique; ony a nonve de beaux vers , de grandes images
quelquefois un peu d'emphase thetoricienne ; en general ,
fouvrage a obtenu un succès mérité. Mutius devait êtrẻ ' applaudi
pour des sépublicains.
39
DIT
VANNONCES.
1 .
4. J. c.
Les Nuits d'Young , en veis français , avec le texte de Letourneur
; et Telemaque aussi en vers français , avec le texte
( 300 )
de Fénélon , des notes et des citations ; poëmes , chacun de
24 chants.
On souscrit à Paris , chez J. E. Hardouin , auteur et édi
teur , rue Saint-Antoine , no . 64 , vis - à- vis celle de Fourcy.
La souscription des Nuits est de 24 liv. pour les 4 volumes ;
et celle de Télémaque est de 48 liv . pour les 6 volumes ; en
tout , 10 volumes in - 12 , papier vélin , presse de Didot l'aîné
Les trois premiers, volumes de chaque ouvrage paraissent ,
et se distribuent à l'adresse sus-énoncée.
་
J. 11.
ནནྟེ ཏ ༔
Mémoires de Henri Masers de Latude , aanncciieenn iinnggéénniieeuurr , prisonnier
pendant trente-cinq années , à la Bastille et à Vincennes
, sous le nom de Daury ; à Cháranton , sous celui
de Dauger ; et à Bicêtre , sous celui de Jédor. Nouvelle édi
sion revue , corrigées et augmentée par le scitoyen Thierry.
2 vol. in-8° , prix 4 liv. broch . à Paris ; chez Latude , rue
de Grenelle à l'Abbaye de Panthemont Desenne et Deuné ,
libraires aus Palais de l'Egalité et chez les marchands de
nouveautés. 11 , 9stedine ) ed.
1319776 4292 29b500
11
23: 53
5.3 5
Constitution républicaine , décrétee parida Convention hatios
nale de France en 1793 , et présentée à l'acceptation du peuple
Français , précédée du rapport fait surexen sujée par Hérault
de Sechelle's membre du corps constituant , in- 18 , prix 8
sels , papier commun , et 10 sols pour des départemens , franc
de port , et 1 livinen papier velin , eter sliv 5 sals pour les
départemens à Paris , chez Lepetit , libraire , quai des Au
ustins nº . 32. bi Teig de 1h0q 9716
IP ENGSTON
EYG RAVURE 2111 385)
90.75. €
e Tableaux gravés de la révolution française ou les principaux
événemens arrivés en France depuis l'assembléer des
notables en 1787 , avecs une explication des sujets qu'ils re
présentent ; la premiere et deuxieme livraison paraissent depuis
le 25 juillet , les, sujets sont l'assemblée des Notables , le
lit de justice tenu à Versailles et Charles - Philippes d'Ar
Lois , sortant de la Cour des Aides des Paris en 1787. Le
prix de ces deux livraisons est de 12 liv. imprimées sur papier-
vélin in- folio , il paraîtra régulierement une livraison tous
les trois mois et plus souvent s'il est possibleh,olde
"
On souscrit à Paris chez le citoyen l'Epine , graveur , rue
Saint-Hyacinthe , no . 675 , près la plaee Saint-Michel ; chez
tes principaux marchands d'estampes , et libraires de la Répu
blique française et des principales villes de l'Europe.
3
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE.
De Hambourg , le 26 juillet 1793 .
Les personnes qui prétendent se connaître en opérations
militaires assurent que la flotte russe ne sortira point cette
année de la Baltique : elles se fondent sur une lettre de Copenhague
qui s'exprime ainsi : A quelques milles de notre
ville , dans la baje , se trouvent à l'ancre sept vaisseaux
trois ponts et cinq pavillons d'amiral , seize idem de ligne .
sept frégates , un cutter ; l'on ignore s'ils passeront dans la
mer du Nord , nul officier ne s'étant rendu jusqu'ici à Copen
hague les troupes de débarquement qu'il ya à bord font
présumer que son but est d'opérer une descente sur quelque
plage ennemie . Si les sept gros vaisseaux de cent canons devaient
passer at Sund , nous devrions déja avoir ordre de
leur expédier des bâtimens pour les alléger , puisqu'ils tirent
'26 pieds , et qu'il n'y en a que 23 devant Dragoë.
Nous avons encore ici deux frégates et un cutter russes.
Une autre lettre dit positivement que cette flotte est dépourvue
de provisions ; elle n'en aurait pas besoin de beau
coup pour insulter les côtes suédoises , si c'est effectivement
ce qu'elle se propose , comme le bruit en a couru . Mais i
serait bien étrange que la Russie qui compte autant d'ennemis
que de voisins cherchât à leur faire prendre une attitude hostile.
Cependant comme l'ambition et le ressentiment ne calculent
pas plus que les autres passions , cela ne serait pas impossible.
Quoi qu'il en puisse être des vues encore peu connues de
la Russie dans l'armement de cette flotte , qu'on avait d'abord
dit être destinée à agir contre la France , il est certain que le
Danemarck se tient en mesure aussi bien que la Suede , donc
on dit même que le jeune roi , après avoir resté quelques jours
aux caux de Rulmof en Scanie , viendra sur le territoire danois
pour avoir une conférence avec le prince de la couronne. H
est également certain qu'un courier d'Angleterre , qui avait
pris sa route par Berlin pour se rendre à. Stockholm , est
arrivé le 18 a Copenhague . On n'a pas tardé d'apprendre que
ce courier portait la declaration suivante de la cour d'Angle
terre, au sujet des navires chargés de grains et de farine pour
les ports de France.
2
L'amirauté a reçu depuis quelques jours des instructions
ultérieures ; elle déclare qu'il sera légitime à l'avenir d'arrêter
tous les navires chargés de grains , farines et vivres destinés
1 302 )
pour les ports de Frange , et d'acheter la cargaison pour le
compte de l'Angleterre , et de permettre au capitaine de la
vendre à quelque allié de la Grande- Bretagne ; de plus , d'enleverles
navires et de confisquer les cargaisons qui sont destinées
pour les ports bloques , excepté les navires et cargaisons sue
doises et danoises qu'on se contentera pour la premiere fois
d'avertir et d'empêcher de parvenir à leur destination ; mais
à une seconde tentative le navire et la cargaison seront sujets
à confiscation lorsque les capitaines auront pu néanmoins
tenter d'y entrer . " 9
On voit d'après cette coalition de la Grande - Bretagne avec
Ja Rossie que la Suedé et le Danemarck ne sauraient en effet
sumir trop étroitement pour résister à la force et déjouer les
intrigues de ces deux puissances accoutimées à coudre la
peau du renard à celle du lion . Il parait que rette' anitude
terme a déja produir que que bon effet ; car les Espagnols ont
relâché tous les navires danois , er défendu à leurs corsaires ,
sbus les peines les plus graves , d'offenser en aucune maniere
le pavillon de cette nation .
ad
choses
.
1
Quant à la Pologne , voici où en sont les ་ ་ 14 J 13.93764
t
;་ r02
-La résistance de Stanislas a la conclusion dit traité de partage
de son malheureux royaume a beaucoup deplu aux ministres
de Prusse et de Russie . Le premier n'y jouit pas à la vérité
d'une grande considération ; ni d'une importance aussi préponderante
que le second , et la diete même établit d'une
maniere sensible cot différence entre les deux ambassadeurs :
mais dans cette occasion sces deux agens se sont réunis ct .
ent de concerts signé, et présenté une note définitive dans
La quelle après avoir témoigné leur étoupement de la dé
marche tendante à séparer les deux cours qui s'étaient réunies
dans leur sagesse , et dont le concours pouvait sent régémener
la Pologne , its insistent sur la nomination la pius prompre
d'une délégation demandée pour terminer enfin l'affaire du
partage. Cette pieces fit d'abord une triste impression , et le
marechal parut en vouloir profiter en proposant une dipusation
pour la Prusse ; mais l'esprit de la chambre etait dé
xide , lebda motion du, marɛchal n'étant pas appayee"' n'ent
d'autre suite que l'ordre donué au grand chancelier de déclarer
adlenvoyé de Prusse que les états ne traiteraient pas directe
mentravecosa cour. Les debats devinrent plus vifs et plus
importans dans la discussion du projet d'instruction qu'on mit
à l'ordre da jour. must gas
.
(
En attendant, l'ambassadeur Siewers accable le roi Stanislas
d'humiliations , et semble vouloir subcrdonner la decilité de
Le prince à des embatias particuliers ; il a defendu à le commission
du trésor de ne faire à ce roi aucun paiement, et qui
plus est ces défenses onplété étendues jusqu'à la chambre
royale´b coves d'administration créé par le roi pour l'intérieur
Jantal , eukazy sh ayında attivo ;
ก
( 303 )
de sa maison ) , en lui enjoignant de ne plus rien fournirà
la cour , pas mêine en nature .
ว
On a donné ordre à la garnison polonaise à Varsovie d
se tenir prête à quitter cette ville avec artillerie , pontons
ba gages , etc. Les uns sont persuadés, qu'elle sera appellee A
Grodno pour protéger la diete ; les autres ne voient dans cette
démarche qu'une nouvelle ruse de convention pour forcer
les états à tout accorder , en menaçant de plus grands maux
les misérables restes de la Pologne.
108 91649
ง
Le preambule du projet d'iustruction pour les délégations
chargées de traiter avec l'ambassadeur de Russie , consiste em
cinq articles , portant sur les bases suivantes !
10. Il faut s'attacher par des liens indissolubles avec la
cour de Russie , implorer l'assistance de Catherine , et arrêter
le plan d'une alliance permanente entre la Russie et la Potogne.
1.12 15 19026)
2º . Les délégués doivent être autorisés à rédiger les points
qui , sans avoir la valeur intrinseque d'un traité, auront néan
moins la même force . 77
3º . Proposer un traité de commerce entre les deux étatsib
4º . Les délégués devront solliciter la garantie du roi de
Prusse .
5º. Défendre d'écouter aucune insinuation contraire aux
sentimens des états , dans leur réponse à l'ambassadeur de
Russie.
་ །
La noble , la généreuse Catherine s'est emparée de tous les
biens du prince Radziwil , ou du moins ils sont tombés sous
la domination russe ; cela aidera à faire grandement l'aumône
à M. Choiseul-Gouffier , fraîchement arrivé de Constantinople
à Pétersbourg, Cela aidera aussi à réparer un navire de 70
canons , qui a été tellement endommage dans un choc violent
, dans la route de Cronstadt à Revel , qu'il a fallu le
ramener dans ce premier port , et qu'il ne pourra remettre en
mer de cette année . Enfin cela aidera à payer les gazetiers , qui
ont vendu tant de paragraphes d'eloges , et qui en livrant leur
marchandise ont droit à leur argent. La Russie vient de
modérer , en faveur des Anglais , les droits de douane et de
péage qui se perçoivent sur la mer Noire et sur celle d'Asoph .
Cette bienveillance tient en partie aux soins que l'Angleterre
a eu de servir per fas et nefas l'animosité de Catherine II contie
la République Française . En effet ils lui ont cherché par-tout
des ennemis non contens d'avoir tout tenté pour détacher le
Danemarck de la neutralité , lord Harveypa dit positivement
dans sa déclaration au ministre desToscane qu'on ne veut pas
de neutralité , et la même déclaration a été faite à la cour de
.I.V .
Naples.
malla :8.
2019 206
2000
Les conventions suivantes assez técemment connues , malgre
leur date deja ancienne , prouveront encore mieux jusqu'à
quel point la Grande - Bretagne et la Russie que l'on a va il y
( 304 )
a peu de tems prêtes à commencer des hostilités , sont aujour
d'hui d'accord :
Convention entre S. M. Britannique et l'impératrice de Russie.
Les personnes qui ont exercé les pouvoirs du gouvernement en
France , après avoir plonge leur propre pays dans les malheurs les
plus effroyables , ayant adopté envers les autres puissauces de l'Eu-
1ope des mesures également injustes et offensives , se conduisant à
cet égard d'après des principes incompatibles, avec la sûreté et da
tranquillité de tous les états indépendans , et même avec l'existence
de out ordre social , et s'étant en effet rendues coupables de
l'aggression la plus injuste et la plus injurieuse , en mettant un
embargo sur tous les navires Britanniques et Russes , qui étaient
dans tous les ports de la France , aggression qui a été suivie d'une
déclaration de guerre contre S. M. Britannique et son alliée , la République
des Provinces -Unies ; L.M. le roi de la Grande - Bretagne
et l'imperauice de toutes les Russies , ont jugé à propos de se
concerter sur les moyens d'opposer une barriere suffisante , aux
dangers qui menacent toute l'Europe , en conséquence de ces principés
de ces vues , et de cette conduite. 1.
« Art . I. “ L. M. , conformément aux anciens liens d'amitié qui
les ont liées , ainsi que leurs prédécesseurs , et qu'elles désirent
de renouer et d'étendre autant que possible , feront tous leurs
efforts , et se concerteront ultérieurement ensemble , pour s'aider
et se secourir mutuellement , dans le cours de la présente guerre ',
pour se procurer pour elles - memes , à la paix , la satisfaction et
la sûreté qu'elles ont droit d'attendre , et pour garantir pour l'a
venir la tranquillité publique , et la sûreté de l'Europe.
» II . A cette fin , L. M. s'engagent à employer leurs forces rèspectives
, autant que les circonstances dans lesquelles elles peuvent
se trouver le pérmettront' , à continuer la guerre juste et nécessaire
, dans laquelle elles sont engagées contre la France , et elles
se promettent réciproquement de ne mettre bas les armes que d'un
commun9 consentement , et qu'après avoir obtenu la restitution de
toutes les conquêtes que la France peut avoit faites sur l'une ou
l'autre de feursdites M. , ou sur toute autre des puissances amies ,
ou alliées de leursdites M. , auxquelles elles jugeront à propos
d'étendre cette garantie d'un commun consentement.
Xx
[ III Leursdites M. s'engagent réciproquement à fermer tous
leurs pons aux navires Français , à ne permettre , en aucun cas
l'exportation de leursdits ports en France , d'aucunes munitions
militaires , ou navales , de bled , grains , viandes salées , ou autres
provisions , et à prendre toutes autres, mesures qui seront en
leur pouvoir , pour nuire au commerce de la France ; et pour
l'amener , par ces moyens , à de jusies conditions de paix.
IV . L. M. s'engagent à réunir tous leurs efforts , pour em
" pêcher d'autres puissances , non impliquées dans cette guerre , de
donner dans cette occasion qui intéresse tous les états civilisés ,
aucune protection quelconque , directement ou indirectement , en
conséquence de leur neutralités , au commerce , où à la propriété des
Français sur mer , ou dans les ports de France .
" V. L. M. desirant mutuellement et ardemment de confirmer ,
et consolider , autant que possible , l'amitié et l'union qui
subsistent maintenant car elles , et de protéger , ainsi que d'étendre
le commerce entre leurs sujets respectifs , autoriseront leurs
ministres
( 305 )
ministres à travailler sans délai à la formation d'un arrangement
définitif pour un traité d'alliance et de commerce . En attendant ,
et jusqu'à ce que cet heureux ouvrage puisse étre consommé
elles sont convenues de renouveller provisoirement le traité de
1766 , par un accord préliminaire de la méme date que cette
convention , et qui sera échangé de la même maniere , entre les
ministres ci -dessous mentionnés .
» VI . S. M. Britannique et S. M. Impériale de toutes les Russies ',
s'engagent à ratifier la présente convention ; les ratifications en
seront échangées dans l'espace de trois mois , ou plutot si cela
peut se faire , à compter du jour de la signature
99
Fait à Londres , le vingt- cinquieme jour de Mars 1793. Signés , Gren♣
ville . ( L. S. ) comte de Woroniow. ( L. S. )
Autre Convention entre S: M. Britannique et l'impératrice de
Russie.
3. a Art . I. Le traité d'amitié de commerce et de navigation ,
tonclu à Saint - Pétersbourg , dans l'année 1766 , entre les deux
monarchies , reprendra sa force et son activité , qui continueront
dans toutes les clauses et stipulations , durant l'espace de tems
qui sera fixé ci - après ; et les deux hautes parties contractantes
s'engagent à s'occuper dans l'intervalle de l'arrangement d'un nouveau
traité de commerce , dans le but d'assurer , d'une maniere
permanente , tout ce qui peut tendre à consolider et à tendre le
commerce et la navigation des sujets Britanniques et Russes . En
conséquence S. M. Britannique , et S. M. l'Impératrice de toutes
les Russies s'engagent , et se promettent réciproquement d'exécu ♦
ter , d'observer et d'accomplir dans tous les points , les clauses et
stipulations ci - dessous mentionnées du traité de commerce de l'année
1766 , comme si elles étaient insérées ici pour mot , et de la
même maniere dont elles étaient exécutées et accomplies , avant
l'année 1787 , époque de l'expiration dudit traité , exceptant seu
lement les changemens dont on est convenu par le présent acte
et dont mention sera faite dans les articles suivans .
" II. Le college de commerce n'étant plus une cour de justice
les procés et autres affaires des négocians Anglais , établis en Russie ,
seront jugés et réglés par les tribunaux établis pour cette fin , de
la même maniere que cela se pratique à l'égard des autres nations
qui ont des traités de commerce . En conséquence , les sujets Russes
établis en Angleterre , seront sous la jurisdiction des mèmes tribunaux
, devant lesquels sont portées les affaires des autres nations
qui ont des traités de commerce avec. l'Angleterre .
" HI S. M. impériale de toutes les Russies , pour continuer à
donner l'encouragement qu'elle a constamment accordé dans ses
états , an commerce et à la navigation des sujets Britanniques , s'engage
à les faire jouir , datis les poris de la mer Noire , et sur la mer
d'Asoph , de tous les avantages et de toutes les diminutions des
droits de douane , qui sont spécifiés dans le sixieme article de
l'édit qui précede le tarif général de l'année 1782 , et qui est de
la teneur suivante :
66
Quoique ce tarif général doive servir aussi pour tous les ports
situés sur la mer Noire , et sur la mer d'Asoph , nous diminuo
cependant , dans lesdits ports , d'un quart , les droits fixés dans
ce tarif , afin d'encourager le commerce pour l'avantage de nos sujets ,
et celui des nations avec lesquelles nous stipulerons des avantages
réciproques à cet égard , en compensation des priviléges que cas
Tome IV.
( 306 ) .
i
nations accorderont à notre commerce ; exceptant cependant de cette
diminution les marchandises spécifiées nominativement dans le présent
tarif , comme sujettes à payer les mêmes droits dans les ports
de la mer Noire qu'aux autres douanes de notre empire , ainsi
que celles pour lesquelles le présent, tarif fixe des droits, particu
liers dans les ports de la mer Noire , "
IV. Le present arrangement de commerce , dont L. M. le oi
de la Grande -Bretagne , et FImpératrice de toutes les Russies,sont
convenus , et par lequel ils confirment tout le traité de 1766
l'exception des changemens ci -dessus convenus , subsistera , et sera
obligatoire , durant l'espace de six années. Ce terme étant pleine
ment suffisant , pour en venir à un accord définitif , sur toutes
les stipulations d'un nouveau traité de commerce , calculé pour en
venir à un accord définitif , sur toutes les stipulations , d'un nouveau
traité de commerce , calcule pour perpétuer , et pour étendie
les avantages de leurs sujets respectifs . Les hautes parties contrac-
Lantes s'engagent , en conséquence de cet acte , de pourvoir de la
maniere la plus efficace , et d'après les formes établies dans chacun
des deux pays , à l'entiere exécution de tout ce qui est stipulé , sans
la moindre restriction .
» V. S. M. Britannique et S. M. Impériale de toutes les Russies
s'engagent à ratifier le présent acte ; et les ratifications en serout
échangées , dans l'espace de trois mois , ou plutôt , si cela peut
se faire , à compter du jour de la signature .
Fait à Londres , le vingt-cinquieme jour de mars 1793 , Signés , Grenville .
L. S. ) comte de Woronow ( L. S. )
De Francfort-sur- le-Mein , le 10 août.
L'amitié , politique , du moins , semble se resserrer entre le
roi de Prusse et l'empereur ; clle tiendra tant qu'ils ne seront pas
trop divisés d'intérêt , c'est -à- dire tant que l'empereur ne mainfestera
pas l'envie de réaliser le plan favori de la maison d'Autriche
, la réunion de la Bavicie à ses domaines deja trop
nombreux , trop puissans pour ne pas inquiéter le roi de
Prusse , qui ne consentira sans doute à cette augmentation de
moyens que s'il obuent l'équivalent de cette importante acquisition
. En attendant , voici comment s'exprime Frederic- Guillaume
dans un rescript adressé à la légation à Ratisbonnes
S. M. Impériale donne trop d'attention et de soin à la
constitution de l'empire pour qu'il puisse lui échapper que
la coopération de l'empire à la nomination erà l'établissement
de la généralité impériale est fondée sur cette même consti .
tution , et qu'en outre l'inégalité des religions , observée à cet
égard jusqu'ici , exige les delibérations de la dicte. La capitulation
de S. M. Imp. à son élection garantit là- dessus les sentimens
de S. M. , et requiert de l'empire et des états évan.
geliques que Fon observe à cet égard les formes et l'ordre
prescrits par la constitution . Il vous est donc enjoint par les
presentes de coopérer de votie part à ce but , de l'avancer
et de le poursuivre à la diete avec une vigueur et une assi .
dité proportionnée à son importance . Nous enteadous aussi
f.
( 307 )
aux que vous donniez votre approbation et consentement
généraux, d'empine désignés en dernier lien par S. M. Imp.
Pour parvenir en général sur ce point à l'inégalité des religious
ednformément aux constitutions de l'empire , vous vous en
tiendrez à la non - ination des sujets et candidats qui vous sont
déja counus . Vous vous conduirez surtout dans cette affaire
de maniere que S. M. Imp . reçoive par-là une nouvelle preuve
de la haute considération et de l'amitié que nous lui avons
vouée , et qui fasse connaître en même tems notre attache
ment constant à la constitution de l'empire .
Ce prince a aussi écrit au général Schoenfeld pont le remercier
de la prise du villagede Kostheim , le meilleur poste de la gar
nison de Mayence , dont ia parte la accélérésila reddition de
la place. Il se lone de la bravoure des plusieurs officiers ,
accorde aux soldats une gratificatione pecuniaire qu'il appelle
douceur , et termine ainsi sa lettre : Au reste , vous pouvez
faire savoir au majer Dyrhn que je vais fairebensorte que la
belle conduite de son bataillon et de celui de Gotha soit
connue de mon ben ami l'électeur de Saxe . Le capitaine Wrbell ,
du régiment de Wohlframsdorf , a aussi obtenu l'ordre pour le
mérite. "
Des lettres de Bamberg , du 22 juillet , disent : Les quatre
commissaires de la Convention sont attendustici ce soir , l'exministre
Beurnonville n'arrive pas avec eux ; ' une indisposition
l'a forcé de s'arrêter à Wirtzbourg . Trente hommes sont confmandés
pour garder l'auberge où descendront les prisonniers
importans que l'Autriche regarde , dit - on , comme des otages
qui lui répondent de la tête de Marie -Antoinette .
Suivant des lettreso de Nuremberg , la brigade 'des troupes
du cercle de Franconie , par ordre du comte de Grumbach ,
a leve on camp près de Furth le 21 eble 22 ; elle dirige
sa marche sur notre ville mais on dit qu'elle ne fera qu'y
passer, et que sa veritable destination est pour Luxembourg.
!
S'il faut en croire les comptes des receveurs Autrichiens ,
depuis le mois d'avril jusqu'au 30 juin , les dons patriotiques
des particuliers dans les étais héréditaires, se sont élevés à
2.080,000 florias en argent , et à plus de 1,000,000 en especès
d'or transportés à la monnaie de Vienne.
PROVINCES - UNIES ET BELGIQUE
Les troupes des puissances coalisées se sont montrées du
côté d'Evrange en face d'Etange où les Français ont établi un
camp de 7000 hommes. On est aussi instruit de bonne part
que 22000 hommes , dont gooo de cavalerie , remontent par
par les eaux de Namur à Luxembourg. Quelle peut être la
destination de cette troupe ? nos ennemis aurateut- ils encore
la volonté de se représenter dans les plaines de Chalons pendant
qu'une de leurs armées chercherait à pénétrer vers Paris ,
V 2
( 308 )
cet
après avoir passé la Somme , ou traversé le pays qui est ron»
fermé entre cette riviere et l'Oise ? Au reste , quelques pré
cautions pourraient faire de Longwi une place imprenable :
on en dit les fortifications bonnes , la garnison excellente , les
commandans on ne peut pas meilleurs ; mais il n'y a pas assez
d'approvisionnemens. Cette place , il est vrai , peut être tournée
par la vallée de Wirton ; cependant rien n'empêcherait , co
semble , les Français de se rendre maîtres de ce poste , et d'établir
au mont Quintin un camp dont on tirerait encore
avantage que Montmedi se trouverait couvert. Il suffirait pour
faire de Longwi une place de la premiere force , de couper et
d'applanir le rideau de Romain , qui dans le cas de projets
hostiles servirait aux assaillans à mettre à l'abri leurs mortiers.
Qu'on joigne à cela le soin d'exhausser le Cavalier , et d'établir
de ce côté un ouvrage dont la tête se présenterait en
forme d'éperon ; il n'en faudrait plas qu'un autre petit à la
porte des Ardennes , et Longwi deviendrait nne forteresse en
état de faire la plus vigoureuse résistance.
Les Français ont besoin de se mettre en état de faire une
belle défense ; car suivant toutes les lettres qui nous arrivent
de Vienne , on continue de faire des approvisionnemens immenses
pour l'armée des Pays- Bas et pour celle du Rhin.
Tous les jours il part des chariots et des hommes pour l'une
et pour l'autres La commission-économique - militaire fait faire
pour l'époque du 15 août 10,000 habits d'uniforme , 12,000
paires de souliers et 2000 paires de boties . On fait à Liége
16,000 autres paires de souliers . On engage un grand nombre
de chirurgiens. La cours pour suffire aux énormes dépenses
de la guerre , fait frapper beaucoup de monnaies nouvelles
; la monnaie de Kremnitz fournit par jour 40,000 pieces
de 20 et de 34 kreutzers .
On écrit d'Amsterdam , en date du 20 juillet , que la troisieme
colonne des troupes Hollandaises , sous le commande .
ment du prince Frédéric de Hesse - Cassel , và être mise sur le
pied de guerre ; mais ces troupes ne seront pas jointes à la
premiere colonne ; elles doivent servir uniquement à la com-
Nous ap- pletter et à relever le reste qui sera rappellé ici .
prenons que cette opération est en effet achevée .
-
Des lettres de la Haye ajoutent que le corps d'armée sous
les ordres du prince de Wirtemberg va être employé à faire
le siége de Douay .
Suivant des lettres de Bruxellés , il est impossible de peindre
la satisfaction qu'on y a ressentie en apprenant la capitulation
de la ville de Valenciennes . Déja les puissances coalisées se
flattent de rétablir en France l'ancien système sans aucune
sorte de modification . Le gouvernement redouble de vigueur
sur tout ce qui a quelque rapport à la révolution . On ne
reçoit plus ni gazettes ni journaux de ce pays ; xt le plus
( 30g )
terrible des despotismes , le gouvernement militaire , va pro
bablement s'établir dans toute l'Europe . Valenciennes , rendu
le 28 juillet , a fait , de l'aven même des assiégeans , une des
plus belles défenses ; et sans le soulevement des bourgeois ,
la garnison , quoique très - affaiblie , aurait encore tenu quel
ques jours .
Capitulation de la ville de Valenciennes.
12
Le général Ferrand remettra à son altesse royale le due d'Yorck ,
commandant en chef l'armée combinée employée au siége de Valenciennes
, pour sa majesté l'empereur et roi , la ville et citadelle
de Valenciennes , aux conditions ci -après stipulées :
Art . I. La garnison sortira avec les honneurs de la guerre , ainsi
que tout ce qui tient au militaire . inde
La garnison sortira par la porte de Cambrai avec les honneurs
de la guerre , et mettra bas les armes à la maison dite la Briquette ,
où elle déposera ses drapeaux et canons de campagne , sans les
avoir endommagés d'une maniere quelconque , il en sera de même
des chevaux de cavalerie , artillerie , des vivres et autres services
militaires ceux des officiers leur seront laissés avec leurs épéestis ,
II . Toutes les munitions quelconques , pieces d'artillerie et tout
ce qui compose et fait partie de l'armée , lui sera conservé.
Refusé
y
III. La garnison sortira de la place le sixieme jour après la signature
de la capitulation , par la porte de Tournay , pour se rendre
dans tel lieu de la République que le genéral Ferrand jugera convenable
, avec armes et bagages , chevaux , tambours battans , mêches
allumées par les deux bouts , drapeaux déployés , et tous les canons
qu'elle pourra emmener..
« La garnison sortira le premier d'août , ainsi qu'il est dit à
l'article premier , et comme elle sera prisonniere de guerre , il lui
sera indiqué , vingt - quatre heures avant sa sortie , l'endroit où
elle se rendra en France pour y prendre la parole d'honneur et le
revers des officiers , ainsi que les autres arrangemens relatifs aux
soldats , qui s'engageront à ne pouvoir servir pendant toute la
durée de la présente guerre , contre les armées de S. M. et celles
de ses alliés , sans avoir été échangés conformément aux cartels et
sous les peines militaires . »
IV. Les autres pieces d'artillerie seront évacuées dans la huitaine
, après le départ de la garnison , ainsi que les munitions et
le mobilier militaire.
" Refusé pour ce qui concerne l'artillerie et généralement toutes
les munitions de guerre et de bouche et autres objets militairės
mais accordé pour tout ce qui est du mobilier personnel des offi
ciers et soldats de la garnison . "
V. Les voitures et chevaux nécessaires pour le transport des ba
gages et pour monter les officiers , seront payés de gré à gré.
>
« Il sera fourni , parmi payant , à la garnison ce qui lui sera
nécessaire en voiture et chevaux pour le transport de ses bagages
et les commissaires de guerre qui resteront de sa part dans la
place , seront personnellement responsables du retour desdites voitures
et chevaux. "
c'est-
VI. Il sera fourni le nombre de douze chariots couverts ,
à- dire , qui ne seront point visités . Les soldats convalescens en éta£
V 3
( 310 )
-
d'être transportés , seront emmenés , et les voitures nécessaires pour
ce transport seront fournies également par les assiegeans . Refuse!
VII. Quant aux malades qui ne pourront souffrir le transport i
ils resteront dans les hopitaux qu'ils occupent , soignés aux frais
de la
République
P les officiers de santé qui y sont attachés
sous la surveillance commissaire des guerres ; et forsque les
malades seront en état d'être transportés , il leur sera fourni des
voitures .
Accordé , bien entendu que les commissaires restes pour l'administration
économique des hopitaux seront soumis à la police
militaire , ainsi que ceux dont il est question dans l'article V , et
que les convalescens, seront prisonniers , comme il est stipulé à
l'article III . „
¡ VIII. Les représentans du peuple et toute personne attachée à la
République , sous quelque dénomination que ce puisse être , participeront
à la capitulation „ du. militaire , et jouiront des mêmes
conditions . ! a
Tout ce qui n'est pas militaire étant réputé bourgeois , jouira
du traitement accordé à cette classe. »
» » IX ; › Les déserteurs resteront réciproquement dans les corps où ils
sont , sans être , inquiétés ; à d'égard des prisonniers , ils pourront
être échangés . 11 2999
1
Refusé ; les déserteurs seront livrés scrupuleusement avant la
sortie de la garnison , et l'on fera les perquisitions nécessaires
pour trouver ceux qui pourraient être cachés , okos prisonniers Autrichiens
et ceux des puissances alliées seront rendus de boune -foi .
-XII - gera nommé de part et d'autre des commissaires pour cons,
tater les objets qui seront adjugés à la République , ainsi que tous
les papiers concernant l'artillerie , les , fortifications et greffe mili,
taire , tant ceux de cette place que de toute autre place apparte,
bant às la République , il cu sera de même pour les papiers de
toutes les administratiansiciviles et militaires.
gou Ihtera'nommé des commissaires de tous les départemens mili ,
taires eo civils , pour recevoliales papiers , effets et bâtimens mili,
Laires , artillerie ; » fer coulés, Larsenaux , munitions de guerre et de
bouche , caisses militaires et civile enam mot , tous les autres
objets appartenans au gouvernement , ssous quelle dénomination
que ce puisse être Les commissaires seront introduits dans la place
immédiatement après l'échange des otages ; les chefs des différens
corps seront personnellement responsables des infidélités qui se
seraient commises dans la remise des papiers , caisses , artillerie et
autres objets ci - dessus nommés . „ i'
XI. Les habitans des deux sexes actuellement dans cette ville , ou
y réfugiés , les fonctionnaires publics et tous les autres ageus die
4a République Française , auront leur houneur , leur vie et ledas
propriétés sauves , avec la liberté de se retirer où ils le voudront
L'ordre et la discipline des arces alliées garantissent les bourgeois
de toute espece dunsulte dans leur personne et leurs effets .
XII. Pour le maintien de l'ordie , de la police , la surete des
personnes et la conservation des propriétés , les autorités constir
tuées et les tribunaux resteront en fonctions , jusqu'à ce qu'il y
y soit autrement pourvu. Les jugemens des tribunaux seront main
tenus , et aucune autorité constituce ne pourra être . recherchée pour
les faits légaux de som administration ou de sa jurisdiction .
Refusé ; mais les corps administratifs et judiciaires seront maių
( 311 )
texas jusqu'à ce qu'il y ait été autrement pourvu par sa majesté
imperiale.
III. Personne ne pourra être inquiété pour ses opinions , telles
qu'elles aient été , ni pour ce qu'il aura dit ou fait également , avant
ou pendant le siège .
L'intention de sa majesté l'empereur et roi est que les habitaus
ne soient aucunement inquiétés .
XIV Les habitans ne seront pas assujettis au logement des gens
de guerre.
99
Accordé , autant que l'existence et la capacité des bâtimens militaires
le permettront. "
XV. Les habitans ne pourront être obligés à aucun service mili .
taire ; et ce qui l'ont fait jusqu'à présent ne pourront être considérés
comine tels .
Les habitans ne seront obligés de faire de services militaires
que dans le cas susité dans les provinces de sa majesté l'empereur
aux Pays - Bas ; quant à ceux qui seront armés ou en uniformeils
scrontfaites comme les autres militaires , selon l'article III . „
XVI. Les habitans ne pourront non plus étre tenus aux corvées
militaires.
Renvoyé l'article XV . „
XVII! Ceät qui voudront habiter ailleurs , seront libres de sortir
de lás villė savệc leurs ménages , bagages , meubles et effets , " de dis !
poser de leurs immeubles , ou réputés tels , au profit de qui bol
leur semblera , dans le terme de six mois.
66
sera permis aux habitans de se retirer avec leurs effets , dans
l'espace de six mois , où bon leur semblera , et il leur sera délivre
des passe -ports en conséquence ,
29
XVIII. Tous ceux qui voudront rester ou venir habiter en cette
ville , y seront reçus et joufront des mêmes avantages que les auties
habitans . -Accordé.
XIX. Les monnaies actuelles , notamment les assignats , com
nueront d'avoir cours .
Refusé de reconnaitre les assignats comme monnaie , jusqu'à
disposition ultérieure , "
XX. Les domaines nationaux , vendus en conformité aux lois
existentes , seront conservés aux acquéreurs .
« Cet article n'étant point du rapport militaire , sera réservé
comme le précédent , à des dispositions ultérieures .
XXI . La commune continuera de jouir des propriétés qu'elle pos
sede actuellement , tant mobiliaires qu'immobiliaires , notamment
les bleds qu'elle a en magasin pour la subsistance des habitans.
66 Renvoyé l'article précédent. Quant aux bleds , aux magasins ,
on en disposera au profit de celui à qui il appartiendra de droit .
XXII . Les colleges , hôpitaux et autres établissemens de charité ,
demeureront en la libre et paisible possession et jouissance de
tous leurs biens , tant meubles qu'immeubles .
id asunet
29
Accordé pour toutes les propriétés légitimes .
XXIII . Toutes dettes contractées avant et durant le siégé par la
municipalité
et le conseil -général de la commune et autres autorités
constituées , tant liquidées qu'à liquider , seront tenues pour légales
et bien contractées .
bour?
" Les dettes contractées par la garnison , les militaires ,
geois et habitans quelconques , seront liquidées à la satisfaction des
parties. "
( 312 )
XXIV. S'il survient quelques difficultés dans les termes et con
ditions de la capitulation , on les entendra toujours dans le sen
Je plus favorable à la garnison de la place et aux habitans.
Toutes les réponses ci - dessus étant clairement énoncées. cet
article est sans objet. "
Voici quelques détails intéressans qui nous sont parvenus sur
les quatre journées antérieures à la prise de la ville.
Dès le 24 juillet , les assiégés jugeant avec raison que la
tranquillite , dont les assicgeans les laissaient jouir depuis plusieurs
jours , semblait annoncer une entreprise decisive , firent
une vigoureuse sortie , dans la vue d'entamer les retranchemens
de la troisieme parallele ; mais après un combat vif et opiniâtre ,
ils furent repoussés avec une très- grande perte . Le 25 à 10
heures du soir, les trois globes de compression , creusés sous
Je chemin couvert et sous une partie du glacis de la place ,
auxquels l'on travaillait depuis 17 jours , étant entierement
perfectionnés , on les fit sauter avec le plus grand effet : la
contrescarpe ayant été entamée en trois endroits différens , nos
troupes déboucherent sur plusieurs colonnes , pour attaquer
le chemin couvert. Après une affaire de courte durée , cependant
assez sanglante , les alliés s'en rendirent les maîtres . Ce
premier succès les ayant euconragés , ils se déciderent à pousser
plus loin leurs avantages ; à cet effet ils résolurent d'emporter
le grand ouvrage à corne , et pour y parvenir ils marchereut
sur les débris de la contrescarpe avec une intrépidité incroyable
, au milieu d'une grêle de coups de canon et de
fusil qui pleuvait sur eux. Les troupes françaises après une
résistance assez faible abandonnerent l'ouvrage à cornes avee
17 pieces de canon qui s'y trouvaient , pour se retirer dans
l'intérieur de la place . Pendant que cette attaque se livrait la
garnison de Valenciennes acconrait avec précipitation sur les
remparts pour les défendre contre les entreprises des assaillans
; le tocsin sonnait dans tous les quartiers de la ville , dont
les habitans effrayés , et craignant un assaut , poussaient au
ciel des cris plaintifs . Au milieu de l'alarme et de la terreur
générale le bombardement et l'envoi des boulets rouges étaient
si actifs , si bien dirigés que les incendies se succédaient avec
rapidité dans cette malheureuse place . En combinant tous ces
motifs d'effroi , l'on se formera une légere idée de la situa
tion pleine d'angoisse et d'horreur où s'est trouvée Valenciennes
jusques hier. Suivant tous les rapports qui nous sont parvenus
, l'important avantage remporté par les assiégeans n'a pas
coûté aussi cher que l'on s'y était attendu ; notre perte en
tués et blessés se monte à peu près à 250 hommes ; mais parmi
les premiers l'on compte un officier du premier mérite et de
la plus haute réputation dans son art ; c'est le lieutenantcolonel
du génie de Querlonde ; un boulet de canon lui a
emporté la tête, - Un fantassia Hongrois a rendu dans cette
( 313 )
journée un service des plus signalés ; il a tué un mineur enpemi
au moment où celui- ci allait mettre le feu à la mine du
grand ouvrage à cornes , dans lequel nos gens étaient déja
logés . Dans le tems que cette attaque avait lieu , des Croates
passerent l'Escaut à la nage le fusil en bandoulière , pour attaquer
la redoute de St. - Roch , dont ils s'emparerent ; ils y
prirent à l'ennemi une trentaine de bêtes à cornes en pâturage
sur le glacis , qu'ils ramenerent au camp sans coup férir .
Selon toutes les apparences , Valenciennes ne tardera plus
long- tems à se rendre ; l'on calcule encore sur huit à dix jours
de résistance , peut- être même moins . ››
ITALIE E T SUISS E.
Suivant des lettres particulieres de Gênes du 24 , il est
arrivé dans cette ville quatre députés de Sardaigne qui vont à
in reclamer , au nom des habitans de Cagliari , et de toute
1º . le rappel de toutes les troupes Piemontaises qui
se trouvent dans le pays ; 2 ° . le droit de conférer aux nationanx
exclusivement les évêchés et les bénéfices ; 3 ° . celui
bien autrement important d'élire eux - mêmes , et parmi leurs
concitoyens , le vice - roi qui doit représenter sa majesté ;
4° . et enfin le rétablissement de tous les priviléges et exemp
tions que les traités leur assurent. Ces demandes paraîtront
exorbitantes à la Cour de Turin ; mais l'embarras que lui
donne la guerre contre la France , fera que les Sardes en tireroat
probablement neilleure composition .
Une partie de la notte Espagnole reste toujours dans les
parages Genois , et sa présence tient en échec les puissances
d'Italie qui voudraient encore rester neutres contre la volonté
positive de la Grande-Bretagne , volonté manifestée du ton le
plus impérieux . Il faut espérer que cette violation scanda
feuse du droit public de l'Europe aura quelque jour sa juste
punition : il faut espérer que la République française triomphante
et débarrassée par - là même d'une partie de ses enuemis
exercera de justes représailles contre le cabinet de Londres
qui aura perdu le droit de se plaindre. Les puissances du
second et du troisieme ordre devenues alors les alliées naturelles
de la France , et sachaut bien que ce n'est pas à elles
qu'elle en veut , ne pourront , et sur-tout ne voudront pas se
refuser à prendre ce parti , légitime par un exemple , auquel
d'ailleurs on pourrait les forcer ; elles aideront à perdre les
ennemis de la République ; elles le feront sans scrupule ,
sans remords , puisqu'elles auront été justifiées d'avance dans
cette espece de manque de foi , d'après l'odieuse tyrannie qui
les contraint aujourd'hui de sortir de la neutralité contre leurs
véritables intérêts .
On assure que MM. Sémonville et Maret allant l'un à So
leure et l'autre à Naples , ont été arrêtés dans la Valteline et
transférés à Milan .
( 314 )
17
QUE
FRANÇAISE
.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE DE DANTON.'
Séance du mardi , 6 août.
f
7.17
La séance s'est ouverte par la lecture de plusieurs pieces
datées de Cambray , adressées à la Convention par les citoyens
Cochon et Briez , commissaires envoyés près l'armée du
Nord . Quelques - unes de ces pièces contenaient des acceptations
de la constitution : la plus importante était un mémoire
relatif à la reddition de Valenciennes . Nous en avons donné
l'analyse dans la notice de cette séance au dernier numéro .
Toutes ces pieces ont été renvoyées au comité de salut
public .
Au nom du comité de sûreté générale , Chabot a pris la
parole . Je vous apporte , a - t - il dit , une nouvelle preuve des
conspirations de quelques - uns de nos membres . Ici Chabot a
fait lecture d'une lettre que Laplaigne , député du département
du Gers , écrivait à ses commettans : Oui , leur disait - il
la représentation nationale sera sauvée par le peuple entier :
non par d'inutiles adresses , mais par des actes eclatans de
sa toute - puissance ; non par l'acceptation commandée et aveugle
d'une constitution en miniature , dont la préface , consacrant
le ridicule droit d'insurrection , renferme le germe certain de
son instabilité et de sa prochaine destruction , mais par la
punition terrible des usurpateurs de sa 'souverainete . , . Mais ,
a ajouté Chabot , les assemblées primaires du département de
Laplaigne ont reconnu le piege , et ont fait justice de cette
lettre en vouant son auteur à l'infame .
Le décret d'arrestation est porté contre Laplaigne. Les
scelles seront apposes sur ses papiers.
Une députation de commissaires des assemblées primaires
s'est présentée a la barre , et a demandé un local pour fraterniser
avec ses freres des départemens . Voyez la notice . )
C'est sans doute avec plaisir , a dit Bazire , que les Parisiens
et les autorités constituées de Paris voient les lieux publics .
Templis par les commissaires des départemens . Cependant le
comité de sûreté générale est instruit que plusieurs sont venus
avec une mission particulière . Ils veulent tenir des assemblées
où ils travailleront à faire partager leurs opinions aux autres députés
des assemblees primaires qui en ont de diferentes . Ce sont
des hommes connus pour des aristocrates dans les lieux d'où ils
sont députés. Leur intention est d'exciter des troubles à Paris ,
(( 73 ))
et d'y allumer le fel de
2
terre civile . Le comité m'a m'a charge
de vous proposer de l'autoriser à s'assurer de la personne del
ceux qu'il aurait reconnus , suspects .
"
Cette proposition', après avoir élevé quelques débat , estdécrétée
en ces termes , La Convention nationale autorise
son comité de sûreté générale à faire observer et surveiller
ceux des commissaires députés qui tenteraient d'engager leurs
collegues à des démarches contraires au mandat qui leur a
été décerné par les assemblées primaires , à les faire appeller
devant lui pour les entendre , à la charge d'en rendre compte
immédiatement à la Convention nationale .
Au nom du comité de salut public , Barfere a fait lecture
d'une lettre des représentans du peuple , Duror et Lindet , datée
de Caen le 3 août. ( Voyez le notice ,
"
Assemblée decrete le principe de la démolition des forts
ét chateaux de l'intérieur , et charge le comité de salut públic
de lui présenter le mode d'execution .
•
Harrere a lu ensuite une lettre interceptée dans la route de
Toulon à Bordeaux effe italt adressée par un commissaire de
1 quatrieme region à la commission de salut public du dépar
fenient de la Giroide. En voici l'extrait :
z
Je vous af appris heureuse révolution opérée à Toulou ,
La présence d'un commissaire de la Cironde a produit le
meilleur effet dans cette ville , délivrée depuis 12 jours , du
plus horrible esclavage fal'installe di ibunal ' populaire à
l'instar de celui de Marseille ; de club de l'anarcirie est fermé ;
les sections m'ont.remis l'acte de leur adhésion aux mesures
prises par le déparément de la Gironde . Il est heureux que
Cette revolution se soit opcrce au moment où deux escadres ,
T'une espagnole et l'anise anglaise , croisent dans la Mediter
fance à la vue de ce port. Chaque section de Marseille love
54 Hommes aimes ; ies communes des campagnes en fero
autant.
118 1
" le ministié de la marine , d'Aibaride d'accord avec lẻ
comité de salut public de la Convention a donné ordre dintercepter
les subsistances destiuces pour Marseille et Toulon .
Le peuple , pour punir cet auteuiat , a prononce Tarrêt de
nort contre ce ministre.
D
» Les brigands out réussi à faire rapporter à unes las mesures
que cque ville avait prises cone Toppression ; mais t
grand mouvement s'y prépare , le peuple murmure de se voir
rente sous la domination , des selerasi Les deux montagnards
Bayle et Beauvais sout arrêtés à Toulon .
L
Une autre lettre du direcicur de la monnaie de Bordeaux,
afonce qu'en vertu d'un arrêté du coupe cele central de cette
ville , il a été forcé de remeure à ta municipalite sur le
récépissé de trois commissaires , 351,820 plastres appartenantes
A la République , dopostes entic ses main's
८
ي ف
་ ་ ས་
DOUT Fe service
de la marine et des culotes . L'aire portat que cette solame
( 316 )
Bendrait lieu des deux millions promis à la ville de Bordeaux
par la Convention nationale en son décret du 30 mars , pour
des achats de subsistances . Il portait en outre que ces 357,380
piastres seraient rétablies en nature dans les caisses publiques,
sur le produit des ventes particulieres des grains achetés .
Vous voyez , a dit Barrere après cette lecture , que les conspirateurs
du Midi conservent encore , toutes leurs espérances ,
et qu'ils accumulent chaque jour de nouveaux attentats,
Ce membre présente un projet de decret : la premiere disposition
porte l'anihilation de tous les actes du prétendu
comité de salut public établi à Bordeaux . Par la seconde , les
membres composant ce comité sont mis hors de la loi . Leurs
biens seront confisqués au profit de la nation . Par la troisieme
, la commune de Bordeaux est obligée de réintégrer
les piastres à la monnaie de Bordeaux . Par la quatrieme ,
toutes les autorités de cette ville sont déclarées responsables
sur leurs têtes de la prompte exécution du décret.
4
Et comme en frappant les têtes coupables , a ajouté Barrere ,
il est de la dignité de la Convention nationale de prouver
au peuple de Bordeaux , qu'elle s'intéresse vivement à son
sort , votre comité vous propose d'ordonner que la trésorerie
nationale fera passer sur-le- champ à Bordeaux les deux mil
Lions dont elle a disposé en sa faveur par son décret du 30
mars dernier. ·
Toutes ces dispositions ont été adoptées.
Séance du mercredi , 7 août.
Le général Beisser est admis à la barre ; il présente sa justi-
Fcation : après l'avoir entendu , l'Assemblée l'a renvoyé par
devant le comité de sûreté générale pour y être interroge.
Des députés des assemblées primaires 1sont introduits dans
la salle . L'un d'eux , prenant la parole , instruit la Convention
de la réunion fraternelle qui vient d'avoir lieu dans la salle
de l'évêché , et de celle qui va se faire dans la salle de la
société des Jacobins . ( Voyez la notice de cette séance. )
On annonce le général Aubert Dubayet : il se présente
accompagné de quatre officiers . De toutes parts les applau
dissemens éclatent : Peres de la patrie , dit ubert , les chefs
de l'état- major et moi , à la tête de plus de 9 mille gardes
nationales , nous sommes revenus avec les honneurs de la
guerre , nos drapeaux tricolors déployés , et nos bayonnettes ,
qui nous avaient si bien servi contre les ennemis de la Ré.
publique , étaient au bout de nos fusils . Elles étaient destinées
à purger le sol français des brigands qui le déchirent ,
et jamais nous ne les aurions déposées aux pieds des esclaves
que nous avions si long- tems combattus ; mais la jalousie , la
calomnie nous avaient précédés dans cette patrie que nos
coeurs idolâtrent ) elles avaient noirci des hommes de bien
qui l'avaient servie avec simplesse et désintéressement ; nos
( 317 )
1
coeurs en étaient navrés. Mais , peres de la patrie , votre fas
tice nous a rendu avec solemnité l'estime de nos concitoyens.
Je vais narrer avec rapidité quelques-uns des événemens de
ce siége.
Le blocus de Mayence a duré quatre mois ; les ennemis
avaient achevé toute la circonvallation de la place. La garnison
dans ses sorties força plusieurs postes importans. Weissenau, d'où
les ennemis nous avaient deloges , fut repris une demi - heure
après à la pointe de l'épée , Marienborn , quartier - général des
puissances confédérées , fut aussi emporté de vive force , et
nous avons les trophées de cette victoire . Arrivé au généralat ,
je traçais le plan d'une bataille ; si ce plan eût été éxécuté ,
m'en doutez pas , nous aurions marqué les premiers momens
du blocus par une victoire décisive , qui nous aurait ouvert
le chemin jusqu'aux portes de Francfort ; le combat était commencé
, et nous allions assurer notre triomphe ; mais 3 mille
des notres , trompés par les ténèbres , nous fusillerent et nous
forcerent à la retraite . Meunier , l'intrépide Meunier qui joignait
au génie le plus audacieux un courage qui ne connut jamais
de dangers , commanda des soldats qui vécurent deux mois
sous une voûte de feu ; cinquante pieces de canon tiraient
continuellement sur eux à mitraille . Il ne craignit pas d'attaquer
les ennemis retrauchês sur leurs montagnes qu'ils
avaient crues inexpugnables , et les deux combats de Rostheim
leur ont appris s'ils pouvaient compter sur une prompte capitulation
.
" Il fallut s'emparer des isles du Mein , appellées les isles
Meunier et la Carmagnole , car ce fut à la prise de la premiere
que Meunier périt ; elle fut prise malgré le feu d'une
redoute de dix pieces de canon. Pour communiquer avec celle
de la Carmagnole , il fallut établir un pont qui fut bâti malgré
le feu d'une autre redoute de quatre pieces de canon.
pont fut nommé le Pont- des-morts à cause du nombre de
braves gens que nous y perdions toutes les fois qu'il fallait
relever des postes . Nous gardâmes ces isles pendant six
semaines .
Ge
Jamais , au milieu de ces fréquens combats et des privations
les plus dures , on entendit , je ne dis pas un seul mur
mure , mais une juste réclamation . Ces braves soldats ont
commencé par vivre de cheval , ils ont fini par se nourrir de
chiens et de chats . Moi-même je me glorifie d'avoir invité tous
mes amis à dîner au quartier général , parce que j'avais un
chat à leur servir . Les soldats faisaient leur soupe avec de l'huile
de poisson , quelques-uns y mêlerent une herbe vénéreuse qui
des fit devenir fous . Ils supportaient tous ces maux avec résigna
tion , et je leur en donnai l'exemple.
" Vous voyez , citoyens représentans , que ce qu'on vous a
dit de ces guerriers républicains était non-seulement eloigné
de la vérité , mais qu'il était impossible d'imaginer ce qu'ils ont
(.318. )
souffert. Nous ne vous demandons qu'une faveur pour prix de
" nos travaux, c'est de marcher an plutôt possible dans la Vendee .
Si nous ne scellons pas la liberte de notre sang , je vous
' S
assure , citoyens representans , vous n'aurez pas de Républi
cains plus zélés et plus fideles .
Ca
2 Braves citoyens , repond le président , in entreprendrai
pas de vous consoler d'une injustice momentance.Les applandssemens
dont vous avez été converts en entrant dans le sein de
la Convention vous ont pronvé que si les représentans du
peuple ont pu être un moment trompes , ils nn'ont pas attendu
que vous leur fissiez le tableau de votre conduite pour honorer
votre courage . Ce uarre d'un sige anssi honorable , le
spectacle touchant du brave Aubert dans les bras , du prési
dent qui lui donne l'accolade , fraternelle , penetre tous les
coeurs , et de nouveaux applaudissemens , des cris mille fois
répétés de vive la République fent retentir les voûtes de la
salle . Le discours d'Aubert et la réponse du président seront
imprimés.
99
T
*
1
Barrere au nom du comité de salut public présente l'anayse
de la corespondance des départemens. La premiere lettre
dont il donne connaissance est celle du géneral Chilly commandant
l'armée du Rhin. Cette lettre annonce l'incendie de
PArsenal de Huningue . Outre d'immenses approvisionnemens
2 de guerre , plusieurs maisons ont été endommagées . Le général
demande de prompts secours et de nouvelles. munitions i il
a donné les ordres les plus précis pour la recherche des coppables.
5.
Barrere annonce ensuite que le comité reçu des renseignemens
, qui lui apprennent que des homes deguises en
femmes se mêlent aux rassemblemens • qui chaque jour obstruent
les portes des boulangers , et y répandent des defiances
dangereuses . D'autre part, de fausses patrouilles parcourent
les rues de Paris , la nuit. Voyez dans la notice , le décret
rendu à la suite de ce rapport. )
Une lettre du commandant d'armes à Brest , apprend à la
Convention , que le premier août une escaire Auglaise de
29 voiles et celle de la République , commandes par le viceamiral
Mérard de Galles , se sont trouvées en présence à huit
lieues de distance du Bec de Ratz . L'escadre de la République
se ralliait sur Croix . Une autre flotte Anglaise de dix - huit
voiles a appareillé de Torbay et cingle vers le Sud . Quels
que soient les desseins de l'ennemi , ils seront dejoués par les
mesures promptes que l'on a prises . Des côtes qui avoisinent
Brest , et l'entrée de la rade sont dans un état respectable de
défense et hors de toute insulte ,
,9
Séance du jeudi , & moût. 5 ▲
La commission de salut public , etablie Lyon , écrit à la
Convention nationale pour se plaindre de n'avoir encore reçu
( 319 )
aucune réponse aux diverses lettres qu'elle lui a adressées . Se
rait- ce , dit-elle , qu'on nous prendrait pour des agens stipendies
de Pitt et de Cobourg comme Dubois- Crancé et Gautier l'ont
publie dans une , proclamation qu'ils ont répandue avec pros
fusion ? Nous vous les dénonçons comme ayant négligé de
combattre un ennemi véritable , pour tourner les forces de
la République dans cette partie, contre une chimere qu'ils
ont créée. Nous n'avons jamais été des contre - révolutionnaires.
Nous vous les dénonçons pour avoir effrayé par les menaces
les plus terribles , ceux qui fourniraient à la ville de Lyon
les moyens de subsister. Dans cet instant la disette est extrême !
les esprits sont exaspérés . Parlez- nous le langage de la paix
ne craignez rien de la force que nous avons, organisée ; tour
rentrera dans l'ordre si les personnes et les propriétés sont
respectées , parce que nous ne sommes nous levés que contre des
hommes de sang. La Convention renvoie cette lettre à son
comité de sûreté générale .
Les députés des assemblées primaires sont admis au sein
de la Convention . L'un d'eux fait lecture de l'adresse circulaire
qu'ils vont répandre dans les départemens , pour détruire
les calomnies qui les égarent , pour leur peindre l'accueil
touchant et les témoignages d'amitié qu'ils ont reçus de leurs
freres de Paris ; pour les inviter enfin à repousser les calomniateurs
, à punir les traîtres , et à se réunir pour écraser
les tyrans .
Le doyen d'âge des commissaires , un vieillard de 83 ans ,
ne pouvant se faire entendre lui -même , exprime par l'organe
d'un de ses voisins , les sentimens de joie qui l'animent en
ce moment. Il monte ensuite vers le fauteuil du président et
reçoit l'accolade fraternelle au milieu des applaudissemens . Robespierre
demande que l'adresse dont l'Assemblée vient d'entendre
la lecture soit imprimée et envoyée à toutes les puissances
étrangeres , afin qu'elles connaissent le voeu du peuple
Français . Cette motion est décrétée. -
"
Grégoire fait , au nom de comité d'instruction publique , un
rapport sur les académies littéraires , des sciences et des arts .
Il démontre le nécessité de supprimer ces corporations qui
loin d'encourager le génie l'ont souvent étouffé dans sa naissance
, ou entravé dans ses projets . Sur sa proposition , le décret
suivant est rendu : 19. Toutes les académics et sociétés littéraires
patentées ou dotées par la nation sont supprimées ; 20. les
jardins botaniques , les cabinets , museum , bibliotheques et
autres monumens des sciences et des arts , attachés aux açadémies
et sociétés supprimées , sont mis sous la surveillance
des autorités constituées , jusqu'à ce qu'il en ait été disposé par
les décrets sur l'organisation de l'instruction , publique .
La séance s'est terminée par la lecture d'une lettre de Saumur
, datée du 5 août. En voici l'extrait depuis plusieurs
jours l'ennemi cantoune à Boué , menaçait d'attaquer Sat.
( 320 )
mut. Le général Rossignol a crn devoir les prévenir. Ce
matin 3000 hommes se sont portés de ce côté , sous les ordres
des généraux de brigade Salomon et Ronsin . L'avant - garde
à attaqué l'ennemi avec beaucoup de résolution : il a bientôt
été forcé et mis en déroute , malgré la supériorité de son
nombre et de son artillerie . On porte à 400 hommes la
perte des révoltés . Il se trouve , parmi les morts , plusieurs
chefs et plusieurs prêtres . Nos troupes ont montré la plus
grande ardeur.
Séance extraordinaire du jeudi soir .
Cette séance a été consacrée au renouvellement du bureau .
Hérault- Sechelles est élu président.
Séance du vendredi , 9 août .
PRÉSIDENCE DE HERAULT - SECHELLES .
Montaut , qui arrive de l'armée de la Moselle , demande la
parole pour dénoncer des faits relatifs à la reddition de
Mayence . Sans doute , dit-il , la garnison à bien mérité de la
République ; elle est composée de vrais Républicains ; mais
il faut bien distinguer la garnison , des meneurs ; je veux
dire du conseil défensif : ce conseil a renda la place sans
avoir communiqué la capitulation à la garnison , et la raison
c'est que la garnison ne voulait pas capituler. On a dit qu'elle
manquait de vivres : elle avait encore du bled pour trois mois
Montant accuse ensuite ses collegues , commissaires
à Mayence , d'avoir contribué par leur faiblesse à la
reddition de cette ville , et il finit par demandei que ceux
qui ont fait la capitulation soient jugés par un conseil de
guerre.
entiers . ---
Une telle dénonciation surprend beaucoup de membres .
Lacroix demande qu'elle soit écrite et signée par Montaut ,
afin que les commissaires inculpés , et absens , puissent y répondre.
Thuriot accuse à leur tour Montaut et ses collegues ; il
leur impute la prise de Mayence , parce qu'ils sont restés
quatre mois à l'armée de la Moselle sans lui faire faire le
moindre mouvement pour secourir cette place . Après
quelques autres débats on ferme la discussion , et l'Assemblée
adopte la proposition de Lacroix .
Gossuin fait le rapport de la commission chargée de recueillir
les procès - verbaux d'acceptation de la constitution . Il
en résulte qu'à l'exception des départemens de Corse , d'une
partie de ceux troublés par les rebelles , de la ville de Marseille
et des communes envahies par l'ennemi , l'acceptation
de la constitution a été unanime dans la République . L'impression
et la distribution de ce mémorable procès - verbal sont
décrétées .
( 321 )
décrétées . Cette époque sera consacrée par une médaille , dont
David s'est chargé de donner le dessin.
Cambaceres donne ensuite lecture d'un plan de code civil .
Il sera imprimé , et la discussion en est ajournée à huitaine .
Barrere , au nom du comité de salut public ; communique
de nouveaux détails sur l'incendie qui a eu lieu à Huningue.
L'arsenal a été très endommagé . Cependant on a reussi à
sauver la poudre et le plomb . Les braves canonniers ont ,
comme de coutume , donné les plus grandes preuves de dévouement.
On a vu des soldats intrépides arracher des barrils
de poudre du milieu des flammes .... Une chose bien remar
quable fut qu'au moment où l'incendie commença ', les fontaines
manquerent et ne recommencerent à couler qu'après
que le feu fut éteint. Maigré ses pertes , Huningue sera bientôt
en état de défense .
Barrere entretient ensuite l'Assemblée d'un objet bien important
, celui des subsistances . Il propose , à l'exemple d'un
peuple ancien , d'établir dans les principales villes de la République
des greniers d'abondance , et de consacrer cent millions
à la subsistance du peuple. Vous devez faire plus
pour le peuple , ajoute Barrere il faut qu'il ne soit plus
obligé d'avoir recours aux boulangers pour se procurer du
pain. Il faut que chaque famille fasse elle - même le pain nécessaire
à sa subsistance . De vifs applaudissemens couvrent
ces propositions bienfaisantes . Elles sont décrétées dans les
hermes suivans :
Art . Ier . Il sera formé dans chaque district un grénier d'abondance
. La trésorerie nationale tiendra cent millions à la disposition
du conseil exécutif , sous la surveillance immédiate
des comités de salut public et des finances , pour l'achat des
grains.
1757
,,,
II . Les conseils -généraux de district choisiront parmi les
maisons d'émigrés ou autres maisons nationales , qui sont les
plus sûres et les plus propres à ce grand établissement.
,, III. Les citoyens sont invités à acquitter en nature dans
les greniers d'abondance les contributions publiques arriérées
courantes , en totalité ott en partie .
Ou
IV. Les percepteurs d'impositions prendront pour comptant
la reconnaissance du versement des grains au prix courant ,
laquelle reconnaissance contiendra la quantité , poids de mare ,
et le prix des grains fournis aux greniers d'abondance.
3, V. Les percepteurs de contributions publiques accéléreront
par tous les moyens que la loi a mis en leur pouvoir , le
recouvrement des contributions publiques dans les délais pres- crits .
99
VI . Il sera construit sur - le - champ et à la diligence des
corps administratifs des fours publics dans chaque section
des villes , en proportion de la population de chaque section ,
et indépendamment des fours particuliers existans .
Tome IV.
( 322 )
" VII. Les boulangers des villes seront n , en cas de
besoin , en réquisition par les municipalités , pour l'activité
des fours publics ; aussitôt qu'ils seront construits , il leur
sera payé une indemnité.
,, VIII. Les opérations des boulangers seront surveillées
par des commissaires choisis par les sections , lesquels prendront
toutes les mesures nécessaires pour prévenir et arrêter
les abus.
,, IX . Les noms des boulangers qui , dans les circonstances
actuelles , auront redoublé d'efforts et de moyens pour assurer
les subsi tances du peuple , seront proclames solemnuellement
au sein de la Convention nationale , comine ayant bien mérité
de leurs, concitoyens .
,, X. Ceux des boulangers qui cesseraient ou suspendraient
lens travaux seront réputés étrangers à la République , et
comme tels destitués de leurs droits de citoyens , pendant cinq
années , et punis d'un an de gêne .
XI. Le comité d'agriculture présentera dans huit jours
le projet de décret sur l'organisation des greniers d'abondance
et i administration des fonds publics.
Séance du dimanche 11 août.
"
A l'ouverture de la séance , Lacroix a demandé la parole
pour une motion d'ordre. Nous avons , a- t- il dit , presenté
la constitution républicaine hier ; elle a été accepice par les
commissaires des assemblées primaires. Notre mission est
remplie , et si l'acceptation de la constitution n'eût pas changé
be mode d'élection nous pourrions être remplacés sui -je - champ ;
mais vous avez à connaître la population par
Je demande que les administrations de district en
ent.
l'état
à la Convention , qui d'après un rapport du comité de divi
sion, convoquera de suite les assemblées primaires. Cette proposition
est décrétée .. 9
On fait lecture d'une lettre de Gauthier et de Dubois-
Crance , en date du 6 août.
靠
1
J
Citoyen président , écrivent- ils , dis à la Convention
nationale que nous partons avec Kellermann , du camp du
Bourg , pour nous porter sur Lyon , que nous l'attaquerous
vendredi matin avec vingt mille braves Républicains qui ont
tous juré de rétablir dans cette ville rerebelle le regne des lois ,
et que nous le retablirons . Voici notre sommation :
heute , apies des bombes et du canon.
une
Les rebelles de Marseille , chassés du Comtat , ont fui vers
leur repaire , que nous ne tarderous pas à purger des miasmes
aristocrates et royalistes qui l'infectent. Les districts des
·· Bouches - du - Rhône , que notre petite armée a delivrés ,
accepté la constitution . Tu peux compter sur noue zele .
Kellermann va bien , et la paix sera rétablie dans le Midi .
out
Il y a un mois que depuis le Jura jusqu'à Bordeaux presque
13231
-
toutes les administrations étaient coalisées , presque tout le
peuple était égaré ; aujourd'hui , excepté Marseille , Toulon et
Lyon , tous bénissent la Montagne , tous ont juré l'union et
legalité sur le livre sacré de la constitution . Les succès de
nos ennemis ne seront pas de longue durée .
A cette lettre est jointe une proclamation qu'ils ont en
voyée dans Lyon . Voici , annoncent-ils , les conditions que
-nous mettons à l'admission fraternelle des troupes de la République
; 19. aucune hostilité apparente , tout citoyen qui
paraitra en armes , soit dans les rues , soit aux fenêtres , sera
Traité en rebelles . 2 ° . Toute autorité civile ou militaire cesse
dans Lyon , les représentans du peuple y pourvoiront . 3 ° . La
remise de l'Arsenal et de tous les moyens de défense à l'avantgarde
que le général enverra. 4 ° . Indemnité pour les frais de
l'expédition et gratification aux soldats de la République qui
protegent la paix intérieure et extérieure dans l'armée de la
Republique. 5º . Reconnaître et assurer l'exécution des décrets
de la Convention nationale rendus avant et depuis le 31 mai
dernier.
a A ces conditions , les représentans du peuple promettent
aux hahitans de Lyon paix et fraternité , et ils ont l'assurance
du général et le serment des troupes qu'il ne sera fait dommage
à aucun citoyen ni dans sa personne , ni dans ses proprietés.
Si uue de ces conditions était refusée , les représentans du
peuple déclarent qu'ils mettent sous la responsabilité collective
des citoyens de Lyon tous les maux qui peuvent en ré-
-sulter , et d'avance ils déclarent rebelle et traître à la patrie ,
avec entiere confiscation des biens au profit de la nation , tout
individu dont le fils ou le commis , ou même le serviteur ou
'ouvrier d'habitude serait reconnu pour avoir porté les armes
contre les troupes de la République , ou contribué aux moyens
de résistance .
Eu exécution de l'arrêté des commissaires , le général Kellermain
a sommé les Lyonnais de lui ouvrir les portes de la
-ville , d'y recevoir toutes les troupes qu'il jugera nécessaires ,
sinon ils seront traites en rebelles . Il ne leur a donné qu'une
heure pour répondre . La Convention approuve textuellement
les mesures des commissaires .
L'Assemblée se faitt ensuite donner lecture d'une lettre du
général Saubadere , commandant de Landau . La tâche qui
m'est imposée , dit-il , est pénible et glorieuse . De la défense
de Landau dépend le salut de ma patrie. Nous nous ensevelirons
sous les ruines de nos murailles , plutôt que d'entendre
parler de capitulation .
On avait invité les commissaires des communes à se transporter
au champ de la Réunion pour y prende le faisceau
départemental , l'arche d'alliance et les accompagner jusque
dans le sein de la Convention. Ils entrent dans la salle
X 8
324 Y
Assemblée entiere se leve et reste découverte . Cette arche
et le faisceau sont mis sous la responsabilité des représentans
du peuple .
Séance du lundi 12 août.
On fait lecture de la correspondance. Gossuin éleve des
doutes sur l'activité du ministre de la guerre. Déja , dit-il ,
six puissances coalisies ont envahi une partie des départe
mens du Nord ; déja Condé et Valenciennes sont en leur
pouvoir ; Cambrai est cerné , et elles marchent en ce moment
sur Péronne ...... Le ministre de la guerre n'est qu'un manequin
qui ne fait rien par lui -même il ne prend conseil que
des clubs ; il s'adresse aux Jacobins , et leur dit : Je suis
patriote. Pendant ce tems l'ennemi avance , et le ministre
ne fait rien pour l'arrêter. Gossnin demande que , séance
tenante , le comité de salut public et le conseil exécutif declarent
s'ils peuvent sauver la France , et que le comité dise
franchement ce qu'il peuse de Bouchotte.
―
:
Lacroix appuie la motion de Gossuin , mais il ne croit pas
qu'on doive appeller les ministres dans un moment où les
Occupations sont très-multipliées. Il demande que le comité de
salut public vienne seul , et présente un rapport sur la situation
actuelle des affaires et sur la conduite du ministre de
la guerre. Cette proposition est décrétée ..
-
Julien de Toulouse fait un rapport sur des vexations exercées
par un évêque sur un cure ; il fait décréter généralement
que toutes les destitutions de prêtres ou de curés , prononcées
par les évêques ,,
pour fait de mariage , sont déclarées
nulles ; lesdits prêtres ou curés reprendront leurs fonctions.
On fait lecture d'une lettre de Poulier , commissaire dans
le département des Bouches-du - Rhône , datée d'Avignon le 6
août ; en voici le précis :
•
... Nous ue pouvons profiter de nos succès , si vous ne
secondez nos mesures . Nous avons chassé du département de
Vaucluse les brigands armés qui le dévastaient ; ils n'osent
nous combattre et fuient devant nous comme un troupeau de
laches. Doppel , l'un des chefs des allobroges , avec 50 hommes
a mis hier en déroute leur avant- garde. Nous joignons à cette
lettre un imprimé qui ne laisserait aucun doute sur la trahison
du coutre-aniral Trogost , si nous n'en avions pas d'autres
preuves. Robespierre et icard vous apprendront bientôt que
Brunet est un des plus grands protecteurs des fédéralistes .
Les officiers de la marine à Toulon ont corrompu nos
troupes , et les fout marcher contre nous .
" Les contre-révolutionnaires de Marseille ont fait publier
que le premier qui prononcerait le mot de constitution serait
puni de mort ; cela n'empêche pas que le peuple commence
à murmurer sou vou d'accepter la constitution. Ceux qui
( 325 )
composent l'armée Marseillaise sont , ou des émigrés , ou de
jeunes gens qu'on fait marcher de forcer Ces derniers attendent
selon ce qu'ils écrivent , le moment favorable pour abandonner
leurs bataillons .
" Le peuple de Marselle souffre ; il commence à ouvrir
les уст
eux , et médite les moyens de secouer le joug sous lequel
il gemit. Les assignats au timbre de la Republique perdent
dix pour cent , lorsqu'on les change contre des assignats au
timbre royal. Tous les négocians disent hautement qu'il leur
faut un roi. Ils vont envoyer d'Orléans en Espagne par un
parlementaire . Leur projet en marchant sur Paris était de déli
vrer les prisonniers du Temple , et de proclamer Louis XVII.
Ils n'ont pas encore perdu cette espérance . Bordeaux , Lyon ,
Digne , Nantes , Caeu , avaient le même projet ; et pour être
appuyés par les administrateurs , on devait les perpétuer dans
leurs places. La Montague , les Jacobins devaient périr sous
la guillotine , Buzot , Pétion et Barbaroux étaient les chefs de
cette conjuration qui n'est plus un problême pour nous depuis
la lecture des différentes picces que nous avons interceptées
et que nous ferons passer au comité de sûreté générale .
Cette lettre est renvoyée au comité de salut public.
Barrere s'est présenté à la tribune pour faire le rapport
ordonne dans cette séance , d'abord il fixe l'attention de
l'assemblee sur les forces départementales , levées dans quelques
départemens , et il fait adopter le décret sujvant :
Art. Ier. Toute force armée , dont la levée n'a pas été
autorisée par un decret ou en vertu d'une réquisition des
représentans du peuple , est dissoute. 9
I. Le conseil exécutif est chargé de donner les ordres
les plus prompts pour la dissolution des forces départemen
tales à Perigueux , à Tulles et autres lieux !
,, II . Les chevaux de la force départementales de Périgueux
sont confisqués au profit de la République , et mis à la disposi
tion du ministre. ab C
IV. Tous ceux qui provoqueront une force armée , sont
déclarés fauteurs de contre- révolution , et seront traduits au
tribunal révolutionnaire . 99
942
a
Bartere a fait part de l'opinion particuliere, du comité sur
Bouchote , il reconnaît en lui un républicanisme assuré , une
probité exacte , un homme extrêmement laborieux . Passant
ensuite à la situation de la Républiqne dans le midi , il a
montré , dans la révolte de Lyon , un grand attentat à la
libeites de la nation : " pour réduire cette ville rébelle ,
fallu affaiblir les foes d'une partie de nos frontieres , edy
employer un général edes besoins de la République appellaient
ailleurs.- Ici arrere a donné lecture des lettres qui
sont parvenues au com de salut public : voici ce que les com-
-missaires , près l'armée des Alpes , écrivent du camp de Saint-
Remyle 3 août : Hen³est aucune mesure que nous ne
X 3
( 326 )
t
soyons disposés à prendre pour empêcher la jonction des
Marseillais avec les Lyonnais . Vous connaîtrez leurs intentions
par les propos qu'on leur a entendu tenir ; les habitans
de Marseille , ceux de Lyon , les commissaires de la
Gonvention près l'armée des Pyrennées nous accusent hautement
de vouloir livrer Perpignan anx Espagnols . Les citoyens
de Marseille et de Toulon se sont unis pour faire la contre- révolution.
Dans cette derniere ville , les officiers de marine sont
les principaux instigateurs , les patriotes y sont persécutés ;
quatre représentans du peuple y gemissent exposés à la veugeance
de l'aristocratic . L'armée des rébelles composée de 4
à 5 mille hommes , est à Aix avec une artillerie formidable ;
elle est composée d'émigrés , de mobles et de gros négocians .
Nous avons passé la Durance ; nous occupons les villes d'Arles
, de Tarascon , de Beaucaire , etc. Nous sommes à la
veille d'une affaire . Nos ennemis se grossissent tous les
onrs . 11.32
Un courier venant de Lyon a apporté les dépêches suivantes :
République une et indivisible ; résistance à l'oppression .
Les corps administratifs de la ville de Lyon et les commissaires
des sections de cette ville , à la Convention nationale.. — Lyon,
le 9 août 2
-
62 Citoyens représentans , au moment où nos commissaires
vous donnent la plus grande preuve , de notre attachement å
la République , en vous portant notre acceptation de l'acte
constitution , yous nous traitez en rebelles . Hier , 8 août , les
hostilités ont commencé , et le sang a coulé . Dubois Crancé
nous a envoyé une proclamation , sur laquelle il nous fallait
délibérer dans , l'espace d'une heure . Ce terme n'était pas encore
expiré que notre avant - garde a essuyé une décharge
d'artillerie . On demande à fraterniser quelques - uns de nos
cavaliers s'avancent , on eu fait deux prisonniers . Nous avons
imité leur violence , notre feu a recommencé , et nous avons
repoussé les assaillaus .
" Après les preuves d'attachement à la République que vient
de donner la ville de Lyon , vous voulez nous reduire par la
force . Les emissaires que vous avez envoyé ont outre- passé
lears pouvoirs. Citoyens représentans , rendez justice à Lyon ;
l'effusion du sang suivra nécessairement de voire refus , nous
périrons tous plutôt que de retourner sous le joug de l'anarchie
, sinoilleen sm's
"
t
La lettre des commissaires des asserlées, primaines de Lyon
contient les mêmes faits que la preciente . Elle finit ainsi :
- Pressez la Convention de nous rendre justice ; nous sommes
déterminés à mourir pour résister à l'oppression . Deja le gené
nal: Genest a fait mordre la poussière à 200 anarchistes ; de
( 327 )
notre côté nous n'avons eu que deux blessés , et deux autres
n'ont été faits prisonniers que par trahison .. 19
De la situation de Lyou , Barrere a passé à celle de Bordeaux
. Les fédéralistes , a - t- il dit , n'osent plus y lever la
têje ; mais soyez loin de penser qu'ils aient changé de sentiment.
Les 300,000 piastres qui avaient été employées à la
levée de la force départementale out été réintégrés dans la
caisse du receveur .
A
La derniere lettre que le comité a regu de la Vendée an
uonce un succès de plus.
*
-
Les nouvelles de Brest sont bonnes ; nous avons une armée
navale très bien organisée et très patriote une lettre nous
apprend que si l'escadre anglaise ne se fut pas éloignée , elle
allait être a taquée par l'escadre républicaine .
L'armée du Nord a fait une belle retraite entre Arras et
Douai . L'ennemi a cerné et tourné Cambrai , et il marche sur
Saint- Quentin ; le géneral Honchard vient d'écrire qu'il arrive
au secours de l'armée du Nord avec 30,000 hommes de l'armée
de la Mozelte .
Le département de l'Aisne vient de faire arrêter les ci - devant
nobles , les fils et les femmes d'émigrés , et les fait refluer
dans l'intérieur .
Il y a de la fermentation en Angleterre . On lit dans une
lettre de Hanbourg en date du 2 août : Une pétition de
deux cent mille signataires est présentée au roi ; on lui demande
la paix avec la France et justice des ministres ; on lui
déclare qu'on est prêt à marcher sur Londres ..... ??
Après le rapport de Barrere , les commissaires des assemblees
primaires ont obtenu la parole . Ils ont invité les légis
lateurs à faire un appel au peuple , à faire mettre en état.
d'arrestation tous les gens suspects pour les mener au combat
, au premier rang , suivis des sans - culottes. Soyez terribes
, législateurs , a dit celui qui portait la parole ; point
d'amnistie sauvez la liberté.
7
Plusieurs membres appuyent les commissaires . Les arisocrates
ont été mis hois de la loi , dit Fayau , et aucun d'eux
n'a eu une égratignure : les traîtres restent impunis . 66 —— Ci,
toyens , s'écrie Danton les envoyés du peupie viennent
d'exercer parmi vous initiative de la terreur contre les ennemis
de la Republique ; signalons la vengeance populaire par
le glaive de la loi . Je demaule qu'on mette en état d'arrestation
, non pas comme on l'a fait jusqu'à ce jour , mais réellement
, toutes persones suspectes. Entermons-les , ce sera
nos ôtages . Je demande encore qu'on investissse , par un décret
solemnel , les commissaires des assemblees primaires de la
qualité de représentans du peuple , chargés d'exciter l'énergie
des citoyens , et de les pousser à l'ennemis que de concert
avec les autorités constituées , ils soient chargés de faire l'in
X 4
( 328 )
ventaire des grains , des armes , la requisition des hommes
et que le comité de salut public dirige ce sublime mouvement .
L'auties propositions sont faites . Robespierre demande que
Custines soit jugé sous 24 heures ; que le zele du tribunal
révolutionnaire soit stimulé , et que le glaive de la loî se
promene avec une 1apidité terrible sur la tête des conspirateurs.
Lecointre de Versailles demande que la femme de Louis
Capet soit jugée sous huitaine .
.
Couthon propose de décréter que tous les grains de cette
année se ont sous la main de la nation , à la chaige d'en payer
le prix au taux fixé par la loi .
La Convention decrete les deux propositions faites par
Danton , et renvoie les autres au comite de salut public.
Dans le cours de cette séance plusieurs deputés ont demandé
des couges , d'autres ont offert leurs demissions . L'Assemblée
a passé à l'ordre du jour , motive sur l'existence de la loi ,
qui charge le comité des décrets d'appeiler les suppleans des
députés qui donnent ou qui sont censes avoir donné leur démission,
PARIS, le 15 août 1793.
La fête de l'unité et de l'indivisibilité de la République a
été célébrée avec cette pompe et cette solemnité dignes d'un
peuple libre et républicain . Aucun accident fâcheux n'a troublé
la joie vive et pure qui animait la foule immense des acteurs
et des spectateurs de cette fête mémorable . Le rassemblement
s'est fait au lever de l'aurore sur l'emplacement de la Bastille .
Au milieu de ces décombres s'élevait la fontaine de la régénération
, représentée par la nature portant cette inscription :
Nous sommes tous ses enfans . De ses fécondes mamelles qu'elle
pressait de ses mains jaillissait avec abondance une eau pure
et salutaire. Quatre-vingt- six commissaires des assemblées primaires
, doyens d'âge de cette députation , out bu de cette eau
dans la même coupe.
La marche du cortege s'est dirigée ensuite par le boulevard ,
Les sociétés populaires formaient le premier groupe elles
portaient une banniere sur laquelle était point l'oeil de la surveillance
, pénétrant un épais nuage.
Le second groupe était composé de la Convention nationale ,
chacun de ses membres portait un bouquet formé d'épis de
bled et de différens fruits ; huit d'entre eux portaient sur un
brancard une arche ouverte , destinée à renfermer les tables ,
sur lesquelles seront gravés les droits de l'homme et l'acte
constitutionnel . Les commissaires des assemblées primaires
formaient une chaîne autour de la Convention nationale.
( 329 )
1
Le troisieme groupe était composé par toute la masse respectable
du souverain . Les intéressans éleves de l'institution
des aveugles étaient traînés sur un plateau roulant. Un char
triomphal que formait une simple charrue . conduisait un
Vieillard et sa vicille épouse . Ils étaient traînés par leurs propres
enfans Parmi les attributs de tous ces différens métiers on
lisait ces mots : Voila le service que le peuple infatigable rend d
la société humaine.
Un groupe militaire conduisait en trioniphe un char atteić de
six chevaux blancs. I contenait une une dépositaire des
cendres des héros morts glorieusement pour la patrie ; enfin ,
la marche était fermée par un détachement d'infanterie et de
cavalerie , dans le centre duquel étaient traînés des tombereaux
vêtus de tapis , parsemés de fleurs de lys , chargés des dépouilles
des attributs de la royauté et de la noblesse. Parmi ces som
bereaux , sur les bannieres on lisait ces mots : Peuple ! voila
ce qui a fait toujours le malheur de la société humaine.
P
Sur les débris existans du piedestal de la statue de Louis XV,
à la place de la Révolution , était elevée la statue colossale de
la liberté des chênes touffus formaient autour d'elle une masse
imposante d'ombrage et de verdure . Le feuillage était couvert
des offrandes de tous les Français libres ; rubans tricolors .
bonnets de la liberté , hymes , inscriptions , peintures , tels
sont les emblèmes qui décoraient la déesse : à ses pieds était
un énorme bûcher avec des gradins au pourtour . C'est-là que
dans le plus profond silence ont été offerts en sacrifice espatoire
les attributs de la royauté . Les quatre-vingt-six commis
saires des députés des assemblées primaires , chacun une torche
à la main , se sout empressés à l'envi d'y mettre le feu , et
aussi -tôt après des milliers d'oiseaux rendus à la liberté, portant
à leurs cols de légeres banderoles , ont pris leur vol rapide
dans les airs , et ont porté au ciel le témoignage de la liberté
rendue à la terre .
Le cortège s'est rendu sur la place des invalides . Au milieu
de cette place , sur la cine d'une montagne était representé
par une figure colossale le peuple Français . De ses bras
vigoureux il lie le faisceau départemental . L'ambitieux federalisme
, sortant de son marais fangeux , s'efforce d'en deta
cher quelque portion . Le peuple Français l'apperçoit , prend
sa massue , le frappe et le fait rentrer dans ses eaux croupissantes.
Arrivés au champ de Mars , le président de la Convention
nationale , la Convention nationale , les 86 commissaires des
encoyés des assemblées primaires , les envoyés des assemblees
primaires ont monté les dégrés de l'autel de la patrie . Le
président de la Convention a déposé sur l'autel tous les
acies de recensement des votes des assemblées primaires. Le
vou du peugle Français sur la constitution , a été proclamé
en présence de tous les envoyés du souverain , et jsous la
"
( 330 )
voête du ciel. Le peuple Français a fait le serment de défendre
la constitution jusqu'à la mort , au bruit d'une salve genérale
d'artillerie , et des cris mille fois répétés de vive la Řèpublique
! Le serment fait , les 8 commissaires des assemblées,
primaires ont remis au president de la Convention la portion,
du faisceau qu'ils avaient porté à la main tout le tems de la
marche. Le president s'en est saisi , il les a rassemblees et
lices toutes ensemble avec un ruban tricolor ; puis il a remis
au peuple le taisceau étroitement uni , en lai représentant
qu'il sera invincible , s'il ne se divise pas ; il lui a remis.
aussi l'arche qui renferme la constitution . La cérémonie a
été terminée par des chants , des danses , des baisers et des
banquets fraternels .
fto
3
Le comité de salut public a envoyé sur la frontiere des com
missaires pour faire arrêter les couspirateurs qui lui ont été
denoncés , déja le commandant de Saint - Omer á été mis en
état d'arrestation avec plusieurs personnes suspectes parmi les◄
quels se trouvent quelques Anglais .
Le général Valence , qui avait , après sa désertion , cherché
un asyle en Angleterre , vient de partir pour les Etats- Unis
de l'Amérique . On dit que Dumoutier , qui possede de grands
biens dans ce pays , s'est aussi déterminé à s y retirer.
Bienne , évêque de Sens , l'ex - ministre Joly et son secrétaire
, ont été arrêtés .
Le général Lavalette a été mis en état d'arrestation par ordre
du comité de salut public de la Convention . Le général Arthur
Dillon , détenu aux Madelonnettes , a été ramené chez
lui , où il reste sous la garde d'un gendarme. Les généraux .
Sparre et Alexandre Beauharnais , l'un cominandant de Strasbouget
Fautre chef de l'armée du Rhip , ont écrit aux
commissaires de la Convention , qu'ayant le malheur d'être
ipus d'une caste proscrite , ils se croyaient , en republicains ,
obligés de demander leur démission , pour ôter à leurs coucitoyens
tous les sujets d'inquietude qui pourraient s'élever
Config eux dans ces momens de crise .
On vient d'arrêter le général O Morand , qui commandait
le camp de Cassel ; on l'accuse d'avoir voulu livrer ce camp
à une colonne ennemie dans la nuit du ro au 11 de ce mois.
4
A
La division de l'armée du Rhin commandée par le général
Ferrieres , a demandé aux commissaires de la Convention la
destitution de ce général , qu'elle accuse d'impéritie .
On écrit des frontieres du Nord que la garnison de Va
lenciennes est arrivée à Laon , d'où elle se dispose à partir
419
03310 )
pour la Vendée : celle de Mayence a dû arriver ces jours-cià
Fontainebleau..
Des lettres de Nantes annoncent qu'on a signalé à la hau
teur de 20 leues une flotte anglaise de 24 voiles , suivie de
beaucoup de chaloupes canonnieres propres à exécuter une descente
. I parait certain que cette flotte apporte des sécours
en hommies et des munitions à l'armée des rebelles . L'arrivée
d'une autre flotte anglaise , qui doit paraître dans la Méditerranée
, a été annoncée à Gênes, par trois, frégates de cette nation
. On croit eu général que cette flotte , de 48 voilês , est ?
destinée contre l'isie de Corse.
La flotte portugaise , qui devait joindre à Gibraltar l'escadre
Anglaise aux ordres de l'amiral Cosby , a
a été lorcée , par une
tempête , de rentrer dans le Tage .
"
་
La flotte Espagnole , forte d'environ 25 voiles , croise sur
les côtes de France .
1
La fregate de la République , la Carmagnole , est entréel
daus la rade de Brest , annonçant qu'elle y a été forcée par
les Anglais , qui , au nombre d'environ 29 voiles , sont en
presence des forces navales de la République ; on s'attend , en
conséquence , ' à une action prochaine .
ف ت ت ل ها
abslubo .
NOUVELLES DES ARMÉE S.
9
#
A ARMÉE DU NORD .:
**
A peine Valenciennes a été au pouvoir de l'ennemi , que
les bruits les plus alarmans , les nouvelles les plus exagérées
se sont répandues sur ses progrès dans cette partie de nos
frontieres . Voici ce que les lettres officielles nous apprennent
des derniers événemens militaires et de la situation respective
des armées . Le 8 août , le général Kilmain écrivait au ministre
de la guerre , du camp de Paillencourt , autrement de César i
Hier matin , une colonne enuemie de 22,000 hommes a
tourné , notre position , et dans le même moment tous nos
postes , ont été attaqués . Ils ont soutenu avec intrépidité cette
attaque j'ai été obligé de changer de position . J'ai pris pendant
la nuit celle de la Fontaine - Note- Dame , pour protéger
la retrané . Elle n'était pas tenable , et j'en prends une autre
entre le canalɔde Dquay. et la Gensée . J'étais suivi de Goo
kommes de cavalerie je n'en avais que 2000. Nous avons
chargé trois fois les canentis , nous leur avons co6ochommes
; notre audaçe, les a, dégoûtes , nos forces sont réunies , et
nous sommes entrés dans nos cantondemens . La cavalerie
sest battuenen veritables héros nous laissons Cambray pies
( 332 )
que cerné , mais bien approvisionné ; des convois en grain
sont entrés dans Landrecy , le Quesnoi ; je me charge de Douay
et de Lil'e . L'ennemi a trois fois plus de cavalerie que nous.
Rien ne nous serait plus nécessaire .
" On s'étonnera que nous ayons pu faire une retraite avec
une cavalerie aussi inférieure à celle de l'ennemi , et sans
perdre un seul homme ; car nous n'en avons eu que trois
blessés. " 1 T +
Une lettre du même général , dù quartier-général de Vitry ,
le 9 août , annonce que Cambray , abandonne à ses propres
forces , pour plusieurs mois de vivres , confirme que des
mouvemens de grains se font sur Landrecy et le Quesnoy ,
et apprend que le contingent des départemens se remplit avec
activité.
Une lettre , datée du 10 , annonce que des détachemens de
cavalerie venant des Ardennes ont été surpris. e 3e . regiment
d'hussards s'est fait jour le sabre à la main , et a tué
beaucoup de monde à Venuemi . Le 16. régiment de cavalerie
a été moins heureux , et sa perte est plus considérable .
112 1
Le général Hauchard , nommé commandant en chef des
armées du Nord et des ardennes est arrivé à Vitri il écrit
de ce quartier général , en date du 10 août , qu'il va prendre
connaissance de l'état des choses , et que l'ignorance des officiers
paraît avoir produit de grands maux. Bouchain , Cambray
, Landrecy , Lequesnoi sont bien approvisionnés .
-
Une lettre des administrateurs du département de l'Aisne
confirme la nouvelle du cernement de Cambray , et ajoute
"
les ennemis avancent à grands pas sur Saint - Quentin .
Déja les femmes , les enfans les vieillards du Catelet sont
réfugiés dans cette ville qui offre peu de ressources si elle est
attaquée . L'ennemi voulant pénétrer dans ce département pour
y enlever toutes les moissons qui approvisionnent l'ermée ,
les administrateurs ont sur le champ fait mettre en arrestation
tous les ci- devant nobles , les femmes et enfans des émigrés ,
leshommes inciviques et suspects , et ils demandent un endroit
près Parisi où l'on puisse les envoyer , et les tenir de si près
qu'il ne puissent plus conspirer contre la patrie. On a ordonne
le recensement dans trois jours des hommes et des
armes la formation des compagnies de canonniers , d'exercer
la jeunesse aux évolutions militaires , de disposer les hommes
pour marcher à la premiere réquisition . On a aussi invité le
peuple de l'Aisne à se lever en masse . Un commissaire est
allé à la Fere constater l'état de l'Arsenal , et tenir des voitures
prêtés pour faire refluer sur Laou tout ce que contient cet
établissement , dans le cas où l'ennemi pénétrerait plus avant.
Les dépôts et la garde nationale sont requis de se porier sur
Saint-Quentin ; les armes manquent CLites campagnes TES
!
( 333 )
tiennent encore beaucoup de bras . On va faire rentrer dans
l'intérieur les bestiaux et les moissons ; vingt mille hommes
tires de l'armée de la Moselle sont partis pour aller camper à
Péronne . C'est une troupe d'élite composée en grande partie
de gienadiers . Cette extraction a causé quelques inquiétudes
motivées sur l'approche des troupes prussiennes qui environnaient
Mayence , sur l'arrivée de vingt mille hommes des Pays-
Bas , et sur la considération que l'ennemi a déja des forces
dans le Luxembourg . La société des républicains et des républicaines
de Metz ont pris un arrêté pour demander la rentrée
de ses forces dans l'armée de la Moselle .
Strasbourg vient d'être déclaré en état de siége . Deux représentans
du peuple resteront en permanence dans les murs
de cette ville , et comptant sur le courage et le Républicanisme
de ses habitans , ils ont juré de s'ensevelir sous ses ruines
avec ses généraux , plutôt que de capituler avec les ennemis
de la liberté et de l'égalité . Lille qui paraît aussi mena
cée d'un siège prochain vient de prendre des mesures de
précaution. Tous les ci - devant nobles des deux sexes et leurs
enfans , toutes les personnes qui sont actuellement attachés à
leur service , tous les prêtres qui ne sont ni vicaires , ni cleres
de paroisses , ni aumôniers , seront obligés de sortir tant de
la ville que de toute l'étendue du district de Lille et dê še
retirer à 20 lieues au moins des frontieres .
451
.2.7
On dit que l'hôpital général , établi à Péronne , revient sur
Senlis et les villes voisines.
"} ; !
TJ
Le bruit court en ce moment que le général Houchard a
repoussé les ennemis à trois lieues de Cambrai.d
ARMÉE DE LA MOSELLE.
1
Saar-Libre , le 3 aout . L'armée de la Moselle a repris à peu
près la même position qu'elle avait il y a quelques jours ; elle
occupe Saarbruck , Hornebach et les environs . Quelques partis
ennemis venant du côté de Trêves volligent sur notre frontiere
, mais la bonne disposition de nos troupes leur en impose.
reef subaA
COLONIKE SUSS
2 .
ន u b
Nous avons donné dans notre dernier n° . des nouvelles
peu satisfaisantes de la colonie de St-Domingue , elles étaient
datées du 5; mai dernier. Nous en recevons de meilleures aujourd'hui.
Elles feront connaître la véritable situation de cette
isle au 5 juin dernier. Il résulte de plusieurs lettresonet du
rapport des passagers dignes de foi qui ont quitté la colonie
à cette époque et sont maintenant à Paris á
10. que la colonie de Saint Domingue commençait à
"
(-334 )
e
se remettre des ravages occasionnés par les atteliers révoltés
et que le nombre des brigands était considérablement
diminué ; qu'il est vrai que dans le mois de mars
les révoltés ont surpris une colonne de citoyens qu'ils ont
repousse ; mais que cet échec n'était que le résultat del'ignorance
de l'officier qui commandait , ón celui des intrigues de Santhonax
, Polverel , et Delpech , qui favorisent la révolte autant
qu'il est en eux .
2 °. Que le général Galbau est arrivé au Cap sur la frégate
la Concorde ; que tous les citoyens ont senti le besoin de se
rapprocher, en sorte que ce général est devenu un centre d'activité
autour duquel ils se sont tous reunis ; ce qui fait présager
la cessation des fléaux qui désolent St- Domingue . C'est ainsi
qu'aux Isles - du - Vent tous les colons ,jusqu'alors dis isés se sont
rapproches pour résister à l'ennemi qui descendait sur ses ri
2012
vages .
3°. Que les tremblement de terre qui a eu lieu , le 25 mai ,
à trois heures de l'après-midi , n'a produit d'autre effet au
Cap , que de llezarder trois maisons , dont une seule a besoin
de réparations . La chute de l'urne qui couronne la fontaine
publique de la place d'armes du Cap , a tué une négresse .
Cephenomene , assez frequent dans ces contrées , produit souvent
dans les villes des effets plus désastreux , sans nuire aux
campagnes.
T
4° . Enfin , que si les corsaires Anglais ont pris quelques
bâtimens, Français soit de ceux qui se sont trouves dans des
ass isolées et sans protection , soit de ceux qui fut le cabotage
; ils n'en ont pas inoins respecté le pavillon américain .
Saint -Domingue n'éprouve de disette queelle du vin et
autres approvisionnemens d'Europe , qui ne peuvent lui être
portés par des bâtimens de l'Amérique du Nord .
£21 beings ..
alle
AO TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE.
.989 6. L
André Jonas , ci - devant garde- française , et depuis cavalier
convaincut dans la gendarmerie nationa , âgé de 31 ans ,
d'avoir tenu des propos séditieux et tendans au rétablissemen
de la royauté , a été condamné à la peine de mort.
Pietre Testar, imprimeur du département de la Vendée ; Pierre
-Robertprésident de bureau de conciliation à Fontenay-le-
2 Pouple Pierre- Augustin Queluault , homme de loi ; Louis
Grimoire , ancien officier de cavalerie , étaient accusés d'avoir
Poété membres du comité que les rebelles avaient formé à Fontonay
lors de leur entrée dans cette ville , et d'avoir entretenu
dés relations criminelles avec les ennemis de la République .
( , 335 )
Le tribunal n'ayant aucune preuve des délits qui étaient im
putés aux accusés , les a acquittés de l'acte d'accusation portée
contre eux ; en conséquence , ils ont été rendus à la liberté.
Charles -Joseph Ecuyer , général de division de la gendar
merie nationale , a été condamné à la peine de mort. Il a été
convaincu d'avoir app : ouvé la rebellion et les principes anticiviques
de Dumourier ; d'avoir attenté à la liberté d'un
membre de la Convention nationale , en cherchant par des
moyens perfides à mettre à exécution l'ordre suivant. Il est
ordonné au general l'Ecuyer de s'emparer de la personne du
citoyen Bellegarde , député de la Convention , et de le mener,
à la petite pointe du jour , an quartier general des Baius-der
Saint-Amant ; le 1er avril 1793. Signé , ĎUMOURIER. 99
P. S. Si le général Ferrand s'oppose à cette expédition il
sera respousable ...
3
Le tribunal a entendu la lecture qui lui a été faite parl'accusa
Public de l'acte d'accusation , rédigé contre Carra . -
C'est aujourd'hui que doit commencer le procès de Custines.
Marie - Antoinette n'a pas encore comparue publiquement
devant le tribunal révolutionnaire. zap
Notice des séances subséquentes de la Convention du mardi et du
mercredi:
Du mardi 13. Cette séance n'offre aucuns details bien importans.
€
t
assid , iste
Du mercredi 14. On fait lecture de la lettre suivante :
མཚན་ སྐྱེ JI 21
"Lettre des représentans du peuple près l'armée du Nord , datée
d'Arras , le 11 août 1793 , Dabocamb
de Vous
Citoyens nos collegues , nous nous empressons
faire part que nous nous sommes rendus hier à six heures
du soir à l'armée campée à 3 lieues d'ici , que nous avons
trouvée rangée en bataille . Nous l'avons parcourue d'un bout à
l'autre , et les cris de vivé la République ! se sont fait entendre
de toutes parts ; ensuite le général Houchard a ordonnella
salve d'artillerie , aprés laquelle tous les états - majors , tous
les bataillons d'infanterie , et les régimens de cavalerie , ont
prêté le serment de vivre libres ou de mourir ; de maintenir
l'unité et l'indivisibilité de la République , de soutenir la
( 336 )
constitution républicaine que les Français viennent de se
danner.
La joie et la gaite qui régnait dans l'armée nous assirrent
les heureuses dispositions dans lesquelles elle est de
tenir son serment , et de combattre les satellites des despotes
dont le régime cause le desespoir. Signés , DELBRET ,
COLOMBEL
L'armée des Ardennes a aussi accepté la constitution avec
le plus vif enthousiasme .
Les commissaires près l'armée Mayençaise annoncent que
cette arme est en marche pour se rendre à la Vendée , que
les soldats craignent d'arriver trop tard pour écraser les rebelles.
Ils demandent qu'on lui fasse passer tous les objets
dont elle a besoin . Ils ajoutent qu'ils ont fait lecture de l'acte
constitutionnel au milieu des cris de vive la République qui
Les empêcha ent de se faire entendre dans peu de jours ,
disent ils , l'armée sera à Orléans,
105 $
Julien de Toulouse apprend à la Convention que o vaisseaux
marchands , appartenans à la France , qui étaient dans
les ports de nos colonies , sont rentrés dans les ports de la
République ; qu'ils ont rapporté 6000 matelots qui pourront
Hous servir contre la flotte de Pitt.
Barrere fait décréter que les commissaires des assemblées prímaires
, de retour dans leurs foyers , sont chargés de faire
un appel au peuple , de propager l'esprit de l'unité et de l'in
divisibilité de la République , d'extirper les germes du royalisme
, etc.
Danton s'écrie : « les pouvoirs que vous venez de donner
aux commissaires ne sont pas assez étendus . Il faut qu'au nom
de la Convention nationale, qui'a la foudre populaire entre ses
mains....... applaudissemens. Il faut que les envoyés des
assemblées primaires , là où l'enthousiasme ne produira pas
ce qu'on aura droit d'en attendre , fassent des requisitions
la premiere classe . Je demande que la Convention leur
donne des pouvoirs plus positifs et plus étendus , et
qu'ils puissent faire marcher les citoyens en requisition .
Je demande qu'il soit nommé des commissaires , pris dans
le sein de la Convention pour se concerter avec les délégués
des assemblées primaires , afin d'armer cette force nationale,
´de pourvoir à sa subsistance et de la diriger vers un même
but. 19
Les propositions de Danton sont décrétées au milieu des
applaudissemens.
J:
5.)
21 igs,
( N°. 108. 1793. )
MERCURE FRANÇAIS .
SAMEDI 24 AGUST , l'an deuxieme de la République. i
VERS
Présentés àfeu M. le duc de Bouillan ( a ) lejour de sa fête , lorsqu'il
était languissant d'une maladie chroniques à laquelle il succomba
environ un an après ; par la duchesse son épouse , âgée de 18 ans.
Non , non , je ne croirai jamais
Que les rêves soient des mensonget ;
C'est bien plutôt d'après nos voeux secrets .
Que le sommeil fait éclorre nos songes.
Cet te nuit transportée aux Cieux ,
J'arrive au moment même où le maitre des dieux ,
Sentant du sombre ennui s'épaissir le nuage
( car jusqu'au ciel l'ennui s'ouvre un passage ),
Par passetems , des charges de sa cour
Ordonnait un nouveau partage.
Soit caprice , soit badinage
Ou peut- être esperant me jouer quelque tour
Tel qu'il en fit par fois à mes pareilles ,
Il me fait avancer dans le sacré pourpris ,
J
Et m'honorant de son divin souris ,
M'abandonne le choix de ses rares merveilles .
Aussi -tôt on présente à mes yeux éblouis
La brillante écharpe d'Iris ,
Le char radieux de l'aurore ,
Et d'Hébé le frais coloris ,
Une place auprès de Cypris ,
Et les dons séduisans de Flore ,
Et les talens de Terpsicore.
1
Tout m'est offert , et tout est rejetté.
Hé quel est donc ce dédain affecté ?
Dit Jupiter presqu'en colere.
Quoi ! dans ce séjour si vanté
( 1 ) Ee duc de Bouillon était prince souverain.
Tome IV.
ཀ་
Y
: I
#T
338 1
L'on n'aura rien qui puisse plaire
A cette orgueilleuse beauté !
Le trait est neuf en vérité.
Mais il ne tarda pas à percer le mystere ,
En voyant les transports de mon coeur enchanté ,
Dès qu'il fut parle de me faire
La déesse de la santé ( 1 ).
CHARA DE.
Iz suis fleur , et ma tête , ami , vit de ma queue .
J₂
ENIGM E.
E suis un vrai sultan , au milieu de ma cour.
Toujours un menu peuple autour de moi criaille .
Mes sujets sont de plume , et mon trône est de paille
Et je suis toutefois, le prophête du jour .
TANT
LOGO GRIP HE.
ANT pis pour toi , lecteur , si tu connais ma mere ,
Etique , laide en diable , on la prend pour Mégére.
Elle répugne au sage , et ne plaît qu'aux méchans.
La ruse et les détours lui servent d'agrémens .
A ce portrait , lecteur , que dis-tu de mon être ?
Crois - moi , suis -je chez toi , vite par la fenêtre ;"
Malgré mes six grands pieds fais- moi faire le saut.
En me décomposant ( pour me voir il le faut )
Tu trouveras d'abord ce dont jouit le sage ;
Cet instrument de fer qui sert au labourage ;
Une piece d'échecs qu'on nomme aujourd'hui tour ;
Le nom d'un vieux roman qui par un malin tour
Jadis à Clopinel fit baisser la calotte ;
L'attribut d'Euphrosine ; et la seconde note ;
Et ce qu'en me lisant , ami , tu ne lis pas .
Tu me connais , lecteur , au revoir : je m'en vas .
Explic. des Charade , Enigme et Logogriphe du No. 105.
Le mot de la Charade est Detour ; celui de l'Enigme est Apothicaire
celui du Logogriphe est Étoile ; où l'on trouve toile , étolé , toi .
(1 ) Ces vers sont faciles , agréables , l'idée en est ingénieuse , et il
n'y a pas une trace de mauvais goût. Ces considérations , et l'âge , et
le sexe de l'auteur ont engagé à les imprimer , quoiqu'adiessés à un
prince, y
( 339 )
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
le
Description du Pégu et de l'Isle de Ceylan , renfermant des détails
exacts et neufs sur le climat , les productions , le commerce ,
gouvernement , les moeurs et les usages de ces contrée.. Par
W. Hunter , Chr. Wolf et Eschelskron ; traduite de l'anglais et
de l'allemand par K. H. in - 8 ° . A Paris , chez Maradan ,
libraire , rue du Cimetiere Saint-Andre- des - Arcs , nº. 9 .
C E volume est composé de trois morceaux qui sont de trois
différentes mains : une description du Pégu par Hunter ; une de
Ceylan , par Wolf ; une autre enfin de cette même isle par Eschelskron
, qui peut servir de supplément à la premiere .
Le Pégu est un assez grand royaume situé à l'extrémité
de l'Inde , dans la partie orientale de la baye du Bengale ; il
confine a Siam par le sud- est , et il touche par le nord à une
chaine de montagnes voisines de la Chine. Il a éte jusqu'ici
peu fréquenté des Européens , et a par conséquent conservé
son indépendance , si l'on peut se servir de ce mot en parlant
d'un peuple esclave comme tous les peuples de l'Inde , excepté
les Marattes ; mais du moins les Péguans , asservis au despotisme
de leurs rois et de leurs prêtres , se sont préserves
jusqu'ici du despotisme encore plus dur de l'avarice européenne
, et c'est toujours un fléau de moins .
CES
la
On ne peut même dire que l'empire du Pégu soit indépendant
, qu'en le confondant avec les peuples d'ava , ies
Birmahs , qui en ont fait la conquête et s'y sont établis en
maîtres , comme les Tartares orientaux à la Chine . Les Péguans
et les birmahs , ainsi réunis , forment aujourd'hui une
nation puissante et belliqueuse , dans un beau climat et sur
un sol fertile , très - capable de tenter l'avidite usurpatice des
nations commerçantes de l'Europe , s'ils ne prenaient les precautions
les plus rigoureuses pour écarter et dego aer
dangereux étrangers . L'auteur de cette nouvelle relation , l'anglais
Hunter , envoyé en 1782 du Bengale au Garnate , par
compagnie des Indes , ne visita que malgré lui les côtes du Pegu ,
où il fut jetté par la tempête ; le vaisseau qui le portait ay t
été désemparé , fut obligé de remonter le fleuve Syriam jusqu'à
Rangoun , capitale du pays. Voici ce qu'il rapporte de accueil
que les Peguans font aux navires d'Europe qui abordent
chez eux : A peine a-t-on mouille qu'il faut amener à tene ,
" les canons et le gouvernail . On ne les rend point avant .
" que toutes les affaires soient terminées et qu'on ait accordé .
,, la permission de mettre à la voile . Souvent l'autorité d'une
seule persone mal intentionnée fait naitre des cultés ,
1 Y 2
( 340 )
et n étranger se voit retenu bien plus de tems qu'il ne
, lui en faut pour terminer toutes ses affaires . Il doit en outrẻ
se résigner à recevoir toute sorte d'insultes personnelles ,
,, sans en avoir jamais raison . "
L'auteur Anglais avoue assez franchement que cette conduite
est justifiée par la défiance et même par l'espece d'hor
reur que doit inspirer le nom européen dans ces immenses
contrées de la Ligne et des Tropiques , où ils ont porte la
tyrannie , la dévastation et le brigandage , après s'y étre présentés
comme des hôtes et des amis . C'est un aveu que fait
Fauteur , comme philosophe Cosmopolite dit - il ) ; mais comme
membre d'une compagnie commerçante , et sur- tout comme Anglais
, il exhorte ses compatriotes à ne pas se rebuter des
difficultés , et pense qu'il y aurait des moyens de rassurer et
d'apprivoiser les Birmahs , et d'obtenir l'entrée d'un pays
dont le commerce procurerait de grands avantages à la compagnie
du Bengale . On ne peut douter que si les vues de
Hunter sont justes sur ce point , l'ambition commerciale, des
Anglais , qui a tant d'activité et de ressources , ne se fraie
cette nouvelle route. On sait qu'en ce même moment ellè
s'efforce d'en ouvrir une bien plus importante encore , celle
de ce vaste empire de la Chine , fermé depuis 1720 , par la
sagesse d'Yongiching , à tous les Européens sans exception ,
si ce n'est à la rade et dans le port de Kanton . L'infatigable
patience des Anglais a obtenu la permission d'envoyer une
ambassade solemnelle à la cour impériale de Pekin , et cette
ambassade vient de partir avec une pompe et une magnificence
de présens qui annonce de grandes espérances . S'ils
obtiennent des établissemens et des comptoirs sur les côtes
de la Chine , ce voisinage pourrait être beaucoup plus dangereux
pour les Chinois , que la caravanne russe qui va tous
les ans commercer à Kiacia , près de la grande muraille , aux
frontieres septentrionales du Katay , et qui ayant à parcourir
des longs déserts , ne peut jamais être à craindre .
n
Le Pegu produit de l'or , des grains , de l'étain , de la cire ,
du nitre , de l'arec , du cachou , etc .; mais le principal objet,
du commerce d'exportation , c'est le bois de constructio
appellé tech , qui passe pour être moins corruptible à l'eau
que tous les autres bois dont on fait des navires . Cependant
les Anglais de Bombay assurent que les bois qu'ils tirent
des montagnes de Balagate , sont encore préférables pour la
solidité au tech du Pégu .
La relation de Ceylan commence par un assez long récit
des aventures de l'auteur , l'Allemand Wolf , fils d'un marchand
de la derniere classe , et qui , parti à 15 ans de la maisón
paternelle , avec deux chemises , une paire de bas , une
paire de culottes de grosse toile et six groschens , après avoir
fait toute sorte de métiers et essuyé toute sorte de traverses
de dangers et de besoins , finit par être secretaire d'état des
( 841 )
Provinces-Unies à Jaffanapatnam , l'un des principaux établis
semens hollandais dans l'isle de Ceylan . On ne lit pas sans
quelqu'intérêt le détail des diverses destinées du jeune voya,
geur , qui écrit avec une extrême simplicité , et se regarde
comme un enfant de la Providence . On voit que l'éducation
de cet enfant fat aussi laborieuse et aussi dure qu'il est pos
sible , et qu'il acheta bien cher la fortune qu'il fit dans l'an
cienne Taprobane . Personne n'ignore que le commerce.exclusif
de la canelle qui croît dans cette isle , où elle est meilleure
que dans aucune autre contrée du globe , est une source de
richesses pour la compagnie hollandaise : cette plante n'exige
presqu'aucuns frais de culture , et se vend fort cher. Ce n'est
autre chose que l'écorce du cauelier. La compagnie possede
trente bois remplis de ces arbres précieux , et le roi de Candi ,
très humble vassal des Hollandais qui sont maîtres de toutes
les côtes par les forteresses qu'ils y ont élevées , est encore
oblige de leur envoyer l'écorce de tous les caneliers qui croissent
dans les pays de l'intérieur qu'on a bien voulu lui laisser . I
essaie de tems en tems de secouer le joug ; mais toujours trèsinutilement
, et chaque tentative lui coûte de nouveaux trie
buts . Indépendamment de la supériorité des armes européennes
, les Hollandais ont encore un moyen particulier de
le réduire . Ils ont à leur disposition toutes les salines du pays ,
et quand ils sont mécontens du roi de Candi , ils ne lui donnent
pas un grain de sel . On doit concevoir que la privation d'une
denrée si nécessaire , sur-tout dans les pays chauds , est un
fléau qu'on ne peut supporter long- temps . Dans les sables brû
lans de l'Afrique , l'usage du sel est tellement indispensable ,
que les peuples de l'intérieur qui viennent à de certaines
époques commercer avec ceux des rivieres et des côtes ,
échangent l'or qu'ils ont en abondance contre le sel qui leur
manque , et l'échangent en quantité presqu'égale on voit
souvent donner une poignée de paillettes d'or pour une
poignée de sel tant la premiere mesure de toutes les valeurs
est le besoin .
par
Nous avions déja plusieurs descriptions de cette isle par
des voyageurs renommés , entr'autres le baron de Lahontan
ainsi l'on doit s'attendre à retrouver ici bien des choses que
l'on a vues ailleurs , sur les moeurs , les usages et les produce
tions du pays . Il y a pourtant ici des détails nouveaux , particulierement
sur les Hollandais , et sur le pouvoir absolu qu'ils
exercent dans l'isle depuis qu'ils en ont chassé les premiers
possesseurs , les Portugais . Mais il ne faut pas s'attendre
non plus qu'un secrétaire d'état de Hollande nous révele ce
qu'il y aurait de plus important à connaître , c'est- à - dire les
secrets de l'administration commerciale : ils sont toujours pre
les mains d'un très - petit nombre d'hommes intésessis à la
discrétion , et toutes les compagnies de l'Inde observent scrn
puleusement le même silence. L'auteur même déclare en pus
Y 3
( 342 )
1
d'un endroit qu'il ne dira pas ce qu'il sait sur tel du tel article ¿
d'où l'on peut inferer qu'il se tait de même sur beat up
d'aut es. Il s'etend davantage sur les naturels du pays , les
Chingulais il resulte de ce qu'il en dit que dans leur gou
vernement et dans leurs lais il y a genéralement plus de douceur
et de raison que dans la plupart des contrées soumises
au despotisme oriental . 11 distingue des Chingulais les Malabares
, habitans de Jaffanapatiram , qui sont originair de
cette partie du continent de l'inde appellée Malabar , et sont
venus autrefois s'établir à Ceylan , dans le temps où les Portugais
ravagerent les côtés de l'Inde . Ces Malabares , qui sont
aujourd'hui sous la domination hollandaise different des Chingulais
par le langage comme par les moeurs. Ils sont partagés
en diffe
rentes castes , suivant la coutume générale des nations
indiennes , et ces castes ne se confondent jamais . L'auteur
quoiqu'il ne soit pas malin , s'égaie un peu sur la noblesse malabare
, dont il prétend que l'orgueil est insupportable ; et l'on
peut le drove aisément ; car l'orgueil est toujours en raison
de l'igno auce. " L'origine de cette noblesse ne remonte qu'à
l'époque de la conquête de Ceylan par les Portugais qui
eurent recours à cette invention pour en tirer de l'argent.
Ils persuaderent aux Malabares qu'il ne convenait pas qu'on
tût chef ou inspecteur sans quelque distinction particuliere
et que tout baillif de village devait être ennobli . Le bon Ma-
, labare demanda combien coûteraient des lettres de noblesse ,
5 et quand il sut qu'on pouvait se les procurer moyennant
99 cent florins , il épuisa sa bourse pour obtenir cet honneur ,
et voici de quelle maniere on le lui conferait . Le gouverneur
prenait une petite plaque sur laquelle le nom du Malas
bare qui voulait être ennobli était gravé avec le titre de
don il le lait - sur le front du récipiendaire qui se tenait
à genoux pendant toute la cérémonie ; enfin , lui mettant
99 la main sur l'épaule , il lui disait avec gravité : Don tu es ,
95 Dox tu vivraset Don tu mourras, Le nouvel ennobli s'en
9 allait très- content . Peu de tems après i venait demander à
9 être etabli chef de son village , et pour obtenir cette autre
::
dignite il fallait encore financer. Cette invention fut très-
99 lucrative aux Portugais ; car à peine un Malabare avait- il
amassé la somme necessaire qu'il venait se faire ennoblin
Les Hollandais ont bien gâté le métier ; car ils ont donné
1 le titre de Don pour 60 , 50 , 25 , et enfin, 10 florins. ,, II
faut avouer que cela n'est pas cher , et pourtant c'était encore
trop payé.
On voit parmi nous des paysans qui s'amusent à porter
des conlenvies dans leur chemise ; ils savent que ce reptile
n'est point dangereux . Les Chingulais sont plus hardis ; ils
font des serpens ce que, nous faisons des ours ils les font
-dansersan son du tambour de basque. Ces sortes de charia,
tans , nommes' chasseurs de viperes , des promeneut pour gagner
!
( 343 )
sortent
leur vie. Le maître chante en frappant sur son tambouri
9 alors ces animaux , au nombre de dix ou douze ,
" de leurs cellules , se levent droits sur leur queue , qui roulée
99 à terre leur sert de point d'appui ; en même tems ouvrant
leur cabel ( espece de chaperon qu'ils portent sur la tête ) ,
, ils font différens mouvemens avec leurs corps . Le conducteur
danse au milieu d'eux , comine un maître à danser avec
" ses écoliers , faisant des révérences et des sauts , prenant
, tantôt l'un , tautôt l'atre , et mettant leur tête dans sa
bouche , etc.
:
que
les ser-
2
Si Rameau eût vu ce spectacle , il se serait écrié
pens aimaient la musique , quoi qu'on en ait voulu dire . Il faut
pourtant supposer que ces chasseurs de viperes connaissent et
emploient la méthode usitée dans l'Orient d'ôter à ces reptiles
tout ce qu'ils ont de redoutable , en faisant sortir leur venin
placé entre les dents et les gencives . Au reste , il y a bien
peu d'animaux , même parmi les plus féroces et les plus forts
qui ne s'accoutument à obéir plus ou moins à l'homme qui
les a élevés et qui les nourrit : c'est l'empire naturel de la
raison sur l'instinct , et le produit de l'habitude . On voit sou
vent un enfant conduire un lion et s'en faire craindre , et l'on
sait que dans l'Inde les enfans même savent gouverner les
éléphans . Cette masse énorme , dont l'intelligence approche le
plus de celle de l'homme , et qui semble entendre son langage ,
est sous ce rapport une des merveilles que les philosophes
naturalistes ont pris plaisir à observer , et dont les voyageurs
nous ont le plus entretenus c'est aussi l'animal sur lequel le
voyageur allemand a rassemblé le plus de notions . Il décrit
très-exactement les diverses méthodes dont on se sert pour le
prende et pour l'apprivoiser , et toutes sont plus ou moins
ingénieuses . On connaît bien des traits de la douceur , de la
docilité et de la bonté serviable et adroite de ce colosse animé
que la nature a fait si formidable , et que nous avons rendu
si utile . Mais s'il est prodigue de ses services quand on le traite
bien , il est terrible dans ses ressentimens quand on l'offense :
c'est vraiment une sorte de puissance alliée de l'homme , que
celui- ci doit ménager. Voici deux exemples que l'auteur rapporte
comme témoin oculaire , et qui peuvent faire voir ce que
l'on doit attendre de l'éléphant , et ce qu'on en doit craindre.
J'étais présent quand le Vidan on inspecteur des éléphans
" reçut , suivant l'usage annuel , ordre du gouverneur , d'aller
, avec ses gens et ses éléphaus recruteurs chercher ceux qu'on
venait de prendre , pour les conduire dans leurs écuriest
L'ordre était précis de prendre toutes les précautions pos
" sibles pour amener la troupe entiere et en bon état . En conséquence
le Vidan , ayant assuré sa prise , les ramena . Mais
en route un d'entr eux fut chassé par les tres et devina
X 4
( 344 )
an rankedor ( 1 ). Aussi- tôt l'inspecteur détaché le meilleur
de ses éléphans approvoisés qu'il appellait schilli ( mignon)
* en lui disant : va tirer de peine un honnête homme et
19 tâche de ramener le fugitif. Schilli ( c'etait une femelle }
a párt , et le cunkedor la suit , loin du reste du troupeau :
on les perd de vue . Le soir , on arrive à un fort où on
passe la nuit . Le lendemain le commandant du fort qui
était Allemand , attend que le Vidan continue son voyage .
Gelui- ci s'arrête et demande qu'on prépare de la nour
riture pour les éléphans , parce qu'il veut attendre son
,, Schilli . Le commandant instruit du fait rit de la simplicité
du pauvre Vidan , qui insiste pour rester jusqu'au lende-
55 main . Là nuit , Schilli revint avec sa proie. Le lendemain
i on les attache ensemble sans la moindre opposition de la
5 , párt du måle , et tout artiva sain et sauf au bout de trois
1 jours à sa destination ....
4.
5 Un paysan qui demeurait près d'un endroit où l'on me
19 nait boire tous les jours quelques éléphans , qui pendant qu'ils
5 passaient se trouvait toujours assis à la porte de sa hutte ,
5 avait pris une prédilection particulière pour un de ces aniɔɔ
maux , et lui donnait de tems en tems quelques feuilles
și de figuier , nourriture que l'éléphant aime de préférence
, et que celui - ci mangeait dans sa main , à la grande satisfac .
tion du paysan . Un jour il s'avisa de vouloir attraper son
4 vieil ami ; il enveloppa une pierre de feuille de figuier , et
, dit au kornac : Je vais regaler ton éléphant d'un mets
, qui , j'en reponds , ne lui sortira pás si- tôt de l'estomac . Il
99 n'est pas assez sot pour l'avaler , répondit le kornac . Il est
5 plus avisé que vous ne pensez . Le rustre entêté persista
5 dans sa fantaisie , et offrit la pierre à l'éléphant qui a prit ,
59 le porta à sa bouche avec sa trompe , et la laissa tomber.
Eh bien s'ecria le kornác , né vous avais -je pas dit qu'il
3 , ne l'avalerait pas ? Après ce peu de mots , il amena son
3 troupeau pour boire et se baigner , et le ramena aussi - tôt .
i , Le paysan était encore à la même place : dans l'instant , et
, presqu'aussi vite que la pensée , l'éléphant sort du chemin ,
, enveloppe son homme avec sa trompe , le traîne après lui ,
le renverse , et d'un coup de ses défenses lui fait sortir les
i entraillés du corps .
7 (1) Les éléphans , soit dans l'état sauvage , soit dans cèlui đe
domesticité , s'apparient de maniere que chaque mâle se fait suivre
par sa femelle . Quand un mâle n'en trouve pas , les autres le chassent
du troupeau , et il devient runkeder , c'est - à - dire errant jusqu'à ce
qu'il ait trouvé une femelle .
?
(.
( 345 )
en vers ,
SPECTACLE S.
THÉATRE DE LA NATION.
et les remon-
Pamela , ou la Vertu récompensée , comédie en cinq actes.
est une imitation de la Pamela nubile , de Goldoni .
Milord Bonfil , passionnément amoureux de sa servaute
Paméla , après avoir vainement tenté de la séduire , veut
pour s'en distraire , tantôt la mettre au service de sa SALE
Myladi Davers , tantôt la marier , et tantôt la renvoyer à ses
parens . Enfin , malgré les reproches de sa soeur
trances du lord Arthur son ami , il est décide à l'épouser luimême
, lorsque le bonhomme Andrews , pere de Pamela ,
tombe à ses pieds , et lui découvre qu'il est le comte Oxpen ,
un des chefs des montagnards Ecossais dont la tête est proscrite.
Milord Bonfil est presque fâché de ne pouvoir faite à Pamela
le sacrifice des préjugés , en lui donnant la main cependant
il se trouve que le peré du lord Arthur avait obtenu la grace
du comte Oxpen . Cette circonstance met le comble au bonheur
de mylord et de Pamela , dont le mariage se trouve
très - bien assorti .
:
Le fond ressemble , comme on le voit , à celui de Nanine ,
par la raison que Voltaire avait , ainsi que Goldoni , puisé son,
sujet dans le roman de Paméla , par Richardson ; mais ni l'au
teur anglais , ni Voltaire , n'a fait sou heroïne fille d'un comte
tous deux ont senti que c'était manquer le but moral de leur
ouvrage , qui était de combattre le préjugé de la naissance.
Voltaire s'en est tiré en homme habile ; car de son tems il
eût peut- être risqué son succès , s'il n'eût composé en quel
que sorte avec la faiblesse de ceux à qui la leçon était destnée.
Il a fait sa Nanine fille d'un vieux soldat , dont le métier
était alors bien moins honoré qu'honorable . Son comte d'Olban ,
très-grand seigneur , immolait toujours un sot préjugé à la raison
et à son bonheur ; mais dans la piece italienne , milord
Bonfil épouse son égale ; et si la vertu est récompensée , ce n'est
point par lui ; c'est par le eiel même , par une espece de
miracle..
Tous les rôles , dans la piece nouvelle , sont bien faits et
bien soutenus à l'exception peut être de celui de Miladi
Davers , dans lequel on ne trouve point ces développemens
d'orgueil de qualité qui plaisent tant dans le roman anglais et
dans la piece italienne , et qui font un contraste si piquant
avec la candeur et la modestie de Paméla . Ce rôle a fourni
à Voltaire celui de la baronue . Le vieil intendant Locmana
ressemble beaucoup à Blaise de Nanine ; mais deux persoa
nages qui répandent du comique et ajoutent à l'intérêt , ce
( 546 )
sont le lord Arthur , homme à demi- raisonnable qui se soumet
aux piéjugés , tout en les blamant , et un sir Arnold ,
neveu de milord Bonfil , jeune voyageur qui ne rapporte
dans sa patrie que les travers des pays qu'il a parcourus.
9 On reconnaît , pour le fonds des scenes la maniere si
naturelle et si vraie de l'auteur du Bourru bienfaisant ; et dire
que ceue piece est écrite par François de Neufchâteau , c'est
dire , pour ceux qui connaissent les ouvrages de ce poète ,
qu'elle est du style le plus pur et le plus élégant. Elle a cu
beaucoup de succès .
ANNONCES.
Voyages de M. P. S. Pallas , en différentes provinces de l'empite
de Russie et dans l'Asie septentrionale , contenant des
9
?
observations exactes , des faits intéressans et curieux sur l'histoire
naturelle , les minéraux , la botanique , la physique
l'astronomie , et tout ce qui concerne les moeurs les usages ,
les religions , les cultes , les langues , les traditions , les monumens
et antiquités , etc. traduit de l'allemand par Gauthier
de la Peyronnie , commis des affaires étrangeres , six volumes
in-4° . , dont un de planches , où se trouve la carte générale
de l'empire de Russie d'après la nouvelle division de cet
empire en 42 gouvernemens ; prix , broché en carton , 150 l . ,
les tomes III , IV et V. , avec le volume de figures go liv. , .
les mêmes tomes III , IV et V , papier fin , fig . 120 liv . On
pourra se procurer l'exemplaire complet on les volumes de
suite francs de port dans tous les departemens , en ajoutant
au prix de l'ouvrage 20 sols par volume . A Paris , chez Maradan
, libraire , rue du Cimetiere - Saint- André- des - Arcs , nó . 9.
Nola . On prévient que les trois derniers volumes ont été
imprimés à un moindre nombre que les deux premiers .
Mémoires historiques et politiques sur la révolution de la Belgique
et du pays de Liège en 1793 ; par Publicola Chaussard ,
homme de lettres , envoyé dans ces contrées en qualité de
commissaire national par le conseil exécutif provisoire de
la République Française , in- 8°. A Paris , chez Buisson , imprimeur-
libraire , rue Hautefeuille , nº , 20 .
Fabius , tragédie lyrique en trois actes , dédiée à l'académie
de musique , et représentée pour la premiere fois sur son
théâtre le vendredi 9 août 1793 ; prix 30 sols . A Paris , de
l'imprimerie de l'Académie de musique , rue de Cléry , n ° . 97-
( On en trouve des exemplaires à la salle de l'Opéra. )
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
ALLE MAGNE.
De Hambourg , le 5 août 1793.
LA Porte Ottomane ouvre enfin les yeux , quoiqu'un peu
tard , sur les projets de la Russie , dont l'inquiette ambition
vise plus évidemment que ne le fit jamais Louis XIV à la
monarchie universelle , reprochée si amèrement à ce prince ,
dont le despotisme opéra quelques grandes choses , en faveur
desquelles ses sujets éblouis et ses ennemis effrayés lui donnerent
le nom de Grand , qu'une postérité plus éclairée et plus
juste a démenti depuis , et qu'enfin une race d'hommes plus
Libres vient de proscrire avec la royauté , de même qu'un jour
les arriere - petits fils de ces Russes , aveugles instrumens de
l'ambition de Catherine II , maudiront un nom auquel ils
prodiguent en ce moment tant d'hommages .
-
On mande de Constantinople , en date du 1er juillet , que
l'envoyé de Russie , M. de Guastow , s'est donné toutes sortes
de mouvemens pour obtenir du divan le passage d'une frégate
russe de 34 canons , sous l'apparence d'un navire marchand
; mais il n'a pu l'obtenir ; on lui a opposé à cet égard
le sens clair et l'esprit des traités . Une chose contribue
sans doute encore au peu de complaisance de la Porte en cette
occasion ; c'est ce second partage de la Pologne exécuté sous
ses yeux , et qui lui prouve que la Russie ne manquerait pas
d'abuser des facilités qu'on pourrait accorder sans danger à
une autre puissance plus juste , ou du moins plus modérée . ,
On sait en ellet que le divan ne voit qu'avec une jalousie
bien fondee deux de ses plus grands ennemis s'enrichir des
dépouilles de la Pologne , et menacer les possessions européennes
du graud-seigneur. D'autres nouvelles de Smyrne.
disent qu'on est parvenu à appaiser le tumulte qui a eu lieu
entre les Anglais et les Français ; elles ajoutent , et c'est sûrement
un mal- entendu , que 4 fregates françaises se sont avancées
jusqu'à la rade de ceue ville , et que le grand amiral craignant
de voir troubler la neutralité a envoyé , pour la faire respecter ,
un vaisseau de guerre et deux frégates qui doivent être incessammeni
suivis du reste de la flotte . Ceci semblerait démentir
ce qu'on sait pertinemment d'ailleurs , que les dispositions de
la Porte commencent à être plus favorables pour la France ,
qui réussira probablement à lui faire reconnaître avant peu
nouveau gouvernement. On imagine que les Français
n'auront pas la mal- adresse de gâter leurs affaires , en voulant
son
-
X ( 348 )
tirer vengeance à Smyrne même des insultes de la nation Anglaise
. C'est à Londres , c'est dans les villes stadthoudériennes
de la Hollande , c'est sur - tout dans l'Inde , aidés de Tippo-
Saib qui ne demande pas mieux , qu'ils doivent demander
raison à leurs ambitieux voisins de, leurs griefs et les en punir.
Quand on a la politique de Carthage et sa mauvaise foi ,
l'on doit s'attendre à son sort , et le fer de la liberté finira
par conquérir l'or du commerce , dont Fesprit servile ou du
moins insouciant avilit les nations .
Si les menées astucieuses de Catherine II échouent auprès de
Ja Porte qu'elle n'osé en ce moment attaquer de vive force , elles
ont un plein succès en Pologne , où des nationaux corrompus®
et des étrangers armés sont prêts à les appuyer par la violence .
Le nouveau traité de partage avec la Russie a été signé le 22 ,
jour de l'anniversaire de la naissance de la petite fille de l'impératrice
de Russie ; la dicte s'est laissée entraîner à l'exemple
et aux conseils du roi . Après avoir épuisé toutes les petites
ruses de la faiblesse qui veut se donner un air de courage
après avoir employé les petites mesures , les petits moyens
dilatoires , il n'a pu tenir contre les menaces faites dans une
note officielle lue publiquement à la diete , le 16 , par l'ambassadeur
de Russie , et dans laquelle celui - ci déclarait que si
dans la journée du lendemain la diete ne donnait point à la
délégation un plein pouvoir pour signer le traité de partage
avec la Russie , il enverrait aussi- tôt des troupes pour séquestrer
et même confisquer les biens de tous les nonces opposans
et les domaines du roi . En conséquence , après la plus
vive opposition de la majorité de la diete , le roi prononça
dans la séance du 17 un long discours , dans lequel il déclara
que cent mille soldats étrangers entouraient le lieu des délibérations
nationales , qu'aucun député ne pouvait sortir de la
chambre , et que sous cette oppression il ne restait plus qu'a
mourir ou à se soumettre . Cependant il conseilla prudemment
de prendre le second parti , attendu que le premier ne présentait .
aucun avantage pour le pays , etc. D'après cette invitation ,
projet d'autorisation pour la délégation présentée par M. Labarzeusski
, nonce de Czernicchow , passa à la majorité de 69
voix contre 20. Il n'y eut que 5 votans au sénat .
le
Voici le précis du traité signé et passé entre la délégation
de la diete et M. Siewers , ambassadeur de Russie.
Il est dit dans l'avant- propos que l'impératrice de Russie
a acquis des droits incontestables à la reconnaissance des Polonais
, et à des indemnités de leur part , pour les sacrifices
et les dépenses qu'elle avait faits , afin d'anéantir la révolution
du 3 mai 1791 , les troubles qui en avaient été la suite ,
et les dangers que courait la tranquilité et la sûreté des états
voisins . Qu'en consequence , elle s'était arrangée avec les puissances
limitrophes , et que la note présentée le 9 juin aux
états assemblés à Grodno , par l'ambassadeur de Russie et par
( 349 )
l'envoyé de Prusse , avait été l'effet de ces arrangemens . Que
le roi , d'accord avec son conseil permanent , ayant convoqué
la diete confédérée , pour répondre aux desirs des cours de
Pétersbourg et de Berlin ; et cette diete ayant décidé qu'elle
entrerait en négociations amicales avec chacune desdites cours ,
l'impératrice avait nommé M. Siewers pour son plénipotentiaire
, et le roi , conjointement avec la diete , avaient nom
mé une délégation pour le même objet ; qu'ainsi , les deux
partics contractantes s'étaient accordées sur les articles suivans
:
1º. Il y aura dorénavant paix et amitié constante entre les
deux pays et leurs souverains ; oubli du passe , anéantisseraent
de tout gerne de discorde pour Favenir.
2º. Assignation des limites entre la Russie et la Pologne ;
cession absolue par le roi et les états de Pologne à l'impératrice
, de tout le pays compris derriere la ligne de démar
cation depuis Drujia jusqu'à Jahorlik ; promesse de n'avoir
jamais aucune prétentien directe ni indirecte à ces pays .
3. Le roi et les états de Pologne , non - seulement promettent
de n'avoir aucune prétention aux pays susdits , ni à ceux que
la Russie possédait auparavant , mais en eutre ils garantissent
à la Russie la possession de toutes les contrées que l'impéra
trice a sous sa domination actuelle en Europe .
4° . L'impératrice , en revanche et en preuve de son amitié ,
renonce , en son nom et en celui de ses successeurs , à toutes
prétentions sur le reste du territoire polonais ; elle garantit au
contraire à la Pologne l'intégrité du pays que celle - ci possede
actuellement , comme aussi tous les droits de souveraineté sur
ce pays .
I
50. L'impératrice promet de ne point s'opposer a aucun
changement dans la forme du gouvernement qui serait desire
par toute la nation , énoncé clairement par ses députés , ˇet
statué par le roi d'accord avec la diete . Pour ne laisser aucun
doute sur ses intentions , l'impératrice promet , non- seulement
de reconnaître la constitution que se donnera ainsi la nation
mais même d'y accorder sa garantie si elle en était requise .
6º . Promesse mutuelle de faciliter les rapports commerciaux
entre les deux nations ; tout ce qui sera arrangé là- dessus séparément
aura la même force que le présent traité .
7º. Obligation réciproque de nommer sans délai des commissaires
pour la démarcation des limites , et l'applanissement
de toutes difficultés , et querelles limitrophes . On nommera à
l'avenir de pareils commissaires toutes le fois qu'il se treuvera
quelques procès concernant les frontieres .
8°. Libre exercice du culte garanti aux catholiques romains
des deux rits qui passent sous sa domination russe ; assurance
de leurs propriétés , de leurs églises , de leurs prérogatives et
de leur discipline ecclésiastique , donnée au nom de l'impérawrice
et de tous ses successeurs; promesse même de ne jamais
( 350 )
user des droits monarchiques pour empiéter sur la religion
catholique des deux rits..
9º. Tout ce que les parties contractantes , arrangeront sépa
rément entre elles pour le bien-être réciproque , auia valeur
comme si cela était inscrit dans le présent traité.
10° . Le présent traité sera ratifie par l'impératrice d'une
part , par le roi et les états de Pologne de l'autre , dans l'espace
de six semaines , à compter du jour de la signature , ou même
plutôt ; après quoi , il sera inscrit tout au long dans le livre
constitutionnel de la diete . Fait à Grodno , etc.
M. l'envoyé de Prusse a presenté , le 20 juillet , une seconde
note , dans laquelle il insiste sur la nomination d'une delé
gation pour traiter avec la Prusse , et signer la cession , des
pays que celle - ci a envahi .
On écrit de Danemarck que la destination de la flotte russe
est toujours un mystere impénétrable. Quelques personnes
craignent ou affectent de craindre pour le Holstein , d'autres
disent que c'est contre les Turcs qu'on l'envoie ; enfin , les
émigrés répandent , et ce brut est confirmé par les propos
de quelques officiers Russes , qu'elle sera employée contre la
France , sur-tout pour empêcher la nouvelle republique de
s'approvisionner . On va jusqu'à dire qu'il est question d'une
descente , et l'on se fonde sur ce que cette loue contient
12,000 hommes de troupes . Tout ce qu'on sait positivement ,
c'est qu'elle est arrivée le 21 juillet à Tisle de Moën. Il y a
30 et même 39 voiles , y compris les deux fregates , le Saint-
Michel , la Venus , et le cutter Mercure ; elle est sous les ordres
de l'amiral Tchitchagoff : la division destince pour la Mediterranée
est composée de 9 vaisseaux et 4 fregates , com,
mandés par l'amiral Kreuse . On parle , pour point d'attaque
de Marseille ou de la Corse . Au reste , elle ne do ouvrir
ses ordres qu'au Categat ; elle a quitté la rade de Copenhague
le 29 et le 30 juillet .
: la
La Russie vient de faire une perte assez considérable
ville de Wiborg , située dans la partie de la Finlande qui lui
appartient , a été presque entièrement reduite en cendres . 1
La Suede continue de prospérer sous le sage gouvernement
du duc de Sudermanie. Ce prince , avant de faire voyager
son éleve et de le conduire en Danemarck pour le faire abou--
cher avec cette cour , a eu soin de remettre les rênes de
l'administration entre des mains faites pour les manier. La rés
gence sera présidée par le duc d'Ostrogothie ; les autres membres
sont le comte , Wachtmeister , maréchal du royaume ; le
chancelier baron Sparre , et les barons Lurk et Reuterholm .
Il en est de même du Danemarck. On a brûle le 24 , sur la
place d'exercices , en présence des commissaires de la banque
, pour la valeur de 7 tonnes et demie d'or ( 760,000 floris
hollandais ) de billets de l'ancienne banque . Il y en a depuis
deux ans pour 1,200,000 rixdallers d'annullés . Ce soin de ne
( 351 )
-
pas laisser accumuler de dettes est du meilleur augure . Le
jeune roi de Suede est attendu incessamment à Copenhague.
On a député MM. de Bulcher et de Hauch pour le compli
menter à Gothenbourg en Scanie. On sait par une lettre de
Carlscrone , du 14 , que ce prince , parti de Calmar le 12 , a
visité les chantiers , les vaisseaux de guerre ; qu'il a reçu et
donne des fêtes à son passage , et qu'en général il a montré
par- tout la plus grande affabilité , moyen de séduction qu'il
est heureux que les rois ne songent pas plus souvent à employer.
De Francfort- sur- le - Mein , le 18 août .
La haine de l'empereur et du roi de Prusse contre la République
Française se fortifie de jour en jour , mais les moyens.
de la satisfaire s'affaiblissent aussi de jour en jour. Il existe
d'ailleurs des germes de mésintelligence entre ces deux princes
qui se craignent et s'observent réciproquement , parce qu'ils
ont assez pénétré les arrieres pensées l'un de l'autre , pour
savoir que chacun d'eux tend à un aggrandissement exclusif.
En un mot ils sont amis aujourd'hui , comme devant être ennemis
un jour , qui n'est peut- être pas bien éloigné . Il suffit à
la République Française de médiocres succès pour n'être pas
obligée de payer les frais de cette guerre. Ces médiocres
succès , déja obtenus en partie , en promettent de plus grands :
résister est assez ; la France a résisté , la France résistera
parce que, même travaillée par quelques dissentions intestines ,
elle en a la force , et qu'elle aurait celle d'attaquer si toutes
les javelines du faisceau départemental se serrant l'une contre
l'autre , en faisaient une seule lance à 83 pointes ; arme tcrrible
que nulle force humaine ne pourrait briser dans la main
puissante du génie qui préside aux destinées de la France ;
arme victorieuse qui prendrait possession irrévocablement , au
nom de la liberté , de tout pays où elle serait dardée par elle !
Que restera- t-il donc à François II et à Frédérié - Guillaume
à la suite d'une guerre trop vive pour être opiniâtre , où l'un
aura dépensé tous les trésors , toute la réputation , toute la
gloire de son oncle , et Fautre aura mal- adroitement proclamé
à son de trompe , dans toute l'Europe , les projets à l'exécn
tion desquels l'ambition constante de la maison d'Autriche .
travaillait sourdement. Il approche néanmoins ce grand jour
où les deux speculateurs rompaut leur société d'intérêt , voudront
appurer leurs comptes retirer leur mise de fonds avec
des profits , ou du moins sans une perte qu'ils chercheront à
rejetter l'un sur l'autre . Quel sera le dépit de l'orgueil humi
lié , de l'avarice trompée? Que de reprches , d'appels aux
parties du corps Germanique ! Comme on voudra faire revivre
de prétendus droits réciproques ! Et qu'arivera- t - il après cette
guerre de plume ? Ce qui arrive dans les déserts de l'Afrique :
deux tigres se réunissent contre un lion & le lion reçoit et
( 352 )
fait des blessures , mais il finit par les repoussef ; alors Tes
ennemis de l'animal généreux s'elancent l'un ser l'autre , se.
déchirent et acheveut de venger son sang ; duel terrible que
se gardent bien d'empêcher les autres animaux auxquels if
assure la paix , et qui finissent quelquefois par se l'assurer
encore mieux en se jettant sur le vainqueur épuisé . L'histone
naturelle ressemble plus qu'on ne croit à l'histoire politique
et l'instinct peut donner d'importantes leçons à la raison .
En attendant ce dénouement , on mande de Vienne , en date'
du 25 juillet , une chose qui ne l'empêchera peut - être pas !
On parle d'un grand plan auquel travaillent avec activité
les cabinets des puissances alliées , pour procurer le repos à
l'Europe ; il sera , dit - on , communiqué aux puissanees neutres
pour obtenir leur agrément. 99 Comme on n'est pas sûr
néanmoins de la réussite de ce plan , d'autres lettres de même
date ajoutent : Plusieurs regimens ont reçu ordre de marcher
avec de l'artillerie en Gallicie et aux frontières de la Pologne .
Les derniers événemens de la Pologne font redoubler la vigi
lance de notre cour. Tout ce qui se trouve encore ici de
troupes va se rendre aux bords du Rhin . La presse des
recrues continue . Notre cour vient de négocier un emprunt
de 10 millions de for. à 5 pour 100 sur la Suisse . — Les
comités du cercle de Souabe ont fourni pour frais de guerre la
somme de 17,086 florins . — Ces emprunts , ces subsides pécuniaires
qui seraient réellement considérables si c'etait une
addition à un trésor public bien garni , sont réellement peu
de chose , et , pour le dire en un mot , de bien miserables , de
bien chétives ressources , quand ce qui devrait être à peine
nn accessoire se trouve le fonds même de la chose. De grands
mouvemens des armées ne sauraient se continuer long- tems
avec d'aussi petits moyens ; on aura payé cher le malheur
d'échouer.
Cependant les papiers allemands , stipendiés pour la plupart
, ou achetés à meilleur marché par la crainte , exagerent
tout à leur aise les derniers avantages réels , mais qui ne
sout point décisifs , que les puissances coalisées ont remporté
sur les armées de la République naissante . Voici quelques
passages ces papiers du 6 août. de c
L'échec qu'uue colonne prussienne a essuyé à Carlsberg
n'est plus un fait douteux . Honchard a eu l'avantage , il avait
trois fois plus de monde , mais il n'a pas joui long-tems de
son succès , Les Autrichiens ont pris bientôt la revanche et
ont expulsé les Français de leurs postes . C'est lors de cette
retraite que les Français ont ravagé l'habitation du duc de
Deux- Ponts , brûlé les campagnes et enlevé les bestiaux .
Jusqu'ici la marche du roi de Prusse n'était pas bien cer
taine , mais elle paraît décidément dirigée sur Weissembourg
et Sarre- Louis. Tous les corps autrichiens qui occupaient le
pays de Trêves ont reçu ordre de se joindre à lui ; le -projet
est de livrer une bataille générale à Houchard .
La
( 353 )
4
La conduite de l'Autriche affecte de plus en plus les princes
Français. Cette cour paraît n'avoir d'autre projet que celui de
s'aggrandir sans aucunes vues ultérieures pour la destruction de
l'anarchie et le retablissement d'un monarque ; mais la Russie
et la Prusse témoignent le desir le plus sincere de servir une
cause qui , à dire vrai , est celle de tous les souverains . Les
vues du cabinet de Saint -James sont très - équivoques . Son
systême fut toujours de mettre les autres en avant et de
mesurer sa marche sur les circonstances . Cependant un courier
de Londres vient d'arriver au roi de Prusse . L'objet de ses
dépêches est d'engager ce prince à presser sa marche en
France.
"
Ces mêmes papiers donnént , en date du 22 , les détails suivans
sur les suites de la prise de Mayence.
9
On ne saurait exprimer quelle joie cause ici la prise de
Mayence ; par-tout on s'embrasse on se félicite : ce soir "
toute la ville sera illuminée . On ignore encore les articles de
la capitulation ; on sait seulement que la garnison sortira le 24,
abandonnant armes et bagages , pour être conduite à Landau
par division de mille hommes ; elle s'est engagée aussi à ne
pas servir d'un an , les clubistes ne sont point compris dans
la capitulation ; et le roi de Prusse a invité tous les émigrés
Mayençais à venir être témoins de la sortie de la garnison Française
, afin de reconnaître ces clubistes , et qu'aucun d'eux ne
puisse s'échapper.
On savait depuis quelques jours que Mayence ne tiendrait
pas long-tems encore mais on ne s'attendait point a la voir
capituler avant le mois prochain. Plusieurs circonstances ont
concouru à l'y contraindre. D'abord , dans la nuit du 16 .
un grand magasin à poudres , qui en contenait plus de cent
quintaux , avait sauté en l'air et causé les plus grands dégâts ;
cet accident coûta la vie à plus de 400 Français , et l'explosion
fut telle qu'on la ressentit dans les camps des alliés , et
même à Francfort . Les redoutes de Saint,Alban et de Saint-
Charles étaient détruites ; les mines des assiégeans s'étendaient
jusques sous les palissades ; tout était prêt pour l'assaut ; enfin,
la garnison n'avait aucun secours à espérer.
Six cents canons , mortiers , et la plupart du butin fait en
Allemagne sont tombés au pouvoir des Allemands ; au reste
la place est dans l'état le plus déplorable.
↑
Dans la nuit du 16 , le prince Louis de Prusse avait été
blessé au pied à l'attaque d'une redoute qui fut emportée :
S. A. R. s'est fait transporter à Manheim , où elle demeurera
jusqu'à sa guérison .
Dès le 14 , Rewbell et Merlin , commissaires de la Convention
nationale à Mayence , avaient assemblé un conseil de
guerre pour délibérer sur le parti à prendre dans la sitnation
où se trouvait la place. Rewbell voulait que l'on capitulât
vu l'impossibilité du succes d'une sortie qui ne pouvait que
Tom: IV.
Z
( 354 )
3
30
devenir funeste : Merlin prevalut ; la sortie eut lieu du 16 an
17 , et les Français furent repousses avec une perte considerable.
Alors Rewbell se décida à rendre la place ; il fit demander
au roi les conditions de la capitulation : elles furent
donnie .
Quand la garnison sortit de Mayence , beaucoup de clubiste
, munis d'uniformes et de moustaches postiches , s'étaient mis
dans les rangs des soldats ; mais on avait eu la précaution de placer
près de la porte par où les troupes devaient defiler , des habitans
émigrés de la ville qui recounurent les déguises à mesure
qu'ils passaient. Ils ont tous été saisis dans les rangs . Ruffel ,
l'un d'eux , s'était placé à la tête d'uue compagnie de hussards ,
comme s'il en eût été le capitaine ; il fut reconnu , maltraitė
et trainé dans un cachot : il en fut de même de tous les autres
clubistés ; dès qu'ils étaient reconnus , les Français les chassaient
eux-mêmes de leurs rangs pour les livrer aux Mayençais
, quoique jadis on leur eût promis de ne jamais les abandonner
. Les Français se sont vantés aussi que dans trois mois
au plus tard ils rentreraient dans Mayence . La galuison a été
conduite à Metz .
On ne saurait au reste se faire une idée de la fureur du
people contre ces clubistes . Plusieurs de leurs maisons out
été pillées ; on a eu beaucoup de peine à l'empêcher de dechirer
tous ceux que l'on traînait dans les prisons . La plupart
n'y arriverent que dépouillés .
na
C
Du 28. L'armée combinée , dont une partie était déja allée
joindre celle du général Wurmser , se met en marche aujour
d'hui pour s'approcher des frontieres de France .
2 410 )
On prétend que les Français ont du recevoir des renforts
qui portent actuellement leur armée autour de Landau à
70,000 hommes . Si cela est , comme c'est assez vraisemblable ,
on doit être étonné d'apprendre par les dernieres lettres de
Vienne , que le recrutement de 50,000 hommes dans les Etats
hereditaires est différe . Cependant une chose explique ce ralentissement
, c'est qu'il n'est plus gueres possible d'arracher
des bras à l'agriculture sans la perdre tout- à-fait . Suivant ces
mêmes lettres il est à présumer que le duc de Brunswick
fournira aussi , pour le service de l'empereur et de l'Empire ,
un corps de 6000 hommes de ses troupes , Le bruit court
d'un autre côté que les petits princes Allemands commencent
à ouvrir les yeux
ux et ne fournisseau qu'a regret leur contingent
, excepté ceux qui , comme le Tandgrave de Hesse ,
c'est les excepterr presque tous , fon metier de vendre des
soldats et esperent être promus quelque dignité . Au reste ,
cette marchandise devient rare en Allemagne le prince que
nous venons de citer le plus gros fournisseur connu , chez
qui l'on trouvait autrefois un assortiment de regimens de cason
ou il
173
C
et
alerie et d'infanterie
à juste prix , a vidégimens
de ča((
355 )
2
n'y a plus que des articles qui ne sont point de défaite . La
matiere premiere lui manque , et le prince -soldat- négociant
est obligé de refuser les commandes que lui font ses pratiques .
per
Une des raisons qui contribuent à dégoûter des princes Alle
mands de cette guerre , c'est qu'il paraît que les deux Agamemnons
les regardent comme de purs outils dont on peut
user et abuser à son gré ; ce qui sera bien prouvé , si la nouvelle
suivante se confirme . Voici ce que disent des lettres d'Allemagne
l'archevêque électeur de Mayence a demandé à être
réintégre dans la possession de cette ville , en remerciant
d'ailleurs bien poliment le roi de Prusse de s'être donné la
peine de la reprendre . Frédéric - Guillaume , qui veut quelque
chose de plus réel.que des complimeus , a refusé net de restituer
ce qui lui coûte tant de trésors et de sang. Il s'appuie
sur ce que cette place était non seulement devenue la conquête
des Français , mais même avait été reune à la Républi
que , en sorte qu'il éconduit très - poliment de son côté le
sonnage doublement monseigneur et comme archevêque et
comme électeur . Peut- être veut-il des indemnités que le prélat
n'est pas en pouvoir ou en volonté de donner : si l'archevêque
se plaint à l'empereur , celui- ci , comme chef du corps
Germanique , sera obligé d'interposer d'abord ses bons offices
auprès de Frédéric- Guillaume pour le determiner à cette restitution
, et ensuite d'en venir à la force , au cas qu'il continue
de s'y refuse . Si cette nouvelle , qui a besoin de confirmation ,
es vraie , voilà la pomme de discorde jettée entre les deux
plus puissans ennemis de la France , et Mayence perdue lui
serait peut - être plus utile que Mayence gardee, Ce serait aussi
la preuve du vice radical de cette constitution germanique ,
dont la gothique ordonnance doit crouler d'elle - même dans
un siecle de lumieres , où les rapports entre les différens Etats
ont d'ailleurs prodigieusement changé.:
?
1
Le neveu trop peu philo ophe d'un roi trop philosophe ,
un prince entête des folies du mantinisme , du swedenborgisme ,
que l'on régale d'apparitions , de visions , le jouet de toutes
les chimeres qui dishonorent l'esprit humain , Frédéric- Guil
laume qui s'inquiette fort peu dans le fond de sa religion
luthérieune , doit vraisemblablement encore moins s'inquiéter du
rétablissement de la religion catholique . C'est donc une grande
duperie aux mécontens de tous les genres d'attendre quelque
chose d'un prince qui ne songera qu'à lui et qui gardera tout
ce qu'il aura la force de garder ; il fera comme en Pologue .
François II ne traitera pas mieux les émigrés , mais du moins
avec plus de justice. Voici ce qu'on mande de Hamm en date
du 6 août.
Monsieur et le comte d'Artois s'imaginant que l'empereur
ne prenait des villes que pour eux , ont été fort étonnes de
lire dans la proclamation du prince de Cobourg , qu'il prenait
possession de Condé au nom de l'empereur , à qui cette ville-
Z 2
( 356 )
appartiendrait à titre de conquête ; ils ont éerit au prince
pour lui en demander la raison . Celui- ci leur a repondu qu'il
n'était qu'un mandataire , qu'il exécutait ses ordres , que ,
voulaient avoir de plus amples instructions , ils pouvaient
s'adresser à Vienne . Peu satisfaits de cette lettre , ils ont protesté
solemnellement contre la proclamation , et ont fait accompagner
cet acte d'une lettre signée par leurs agens ( c'esc
la marche de leur politique ) , dans laquelle pour détourner
sans doute les émigrés de se rendre à l'armée de Condé ,
ils leur assurent qu'ils ont des relations directes avec Gaston ,
et que dans peu ils les conduiront en France cueillir des
lauriers plus honorables , et dont les fruits seront moins amers
que ceux qu'on leur offre en Allemagne.
PROVINCES - UNIES IN BELGIQUE.
De Bruxelles , le 9 août.
Dumourier , toujours inquiet , toujours remuant , n'avait pas
encore perdu tout espoir de se faire un parti dans le Brabant.
11'avait des agens français , et était même parvenu à mettre dans
ses intérêts , quelques maisons dont le crédit pouvait consis
dérablement håter ses succès . Tous les jours on voyait des
groupes se former dans les rues ; à tous les coins de rue on
lisait des placards par lesquels on excitait la noblesse française
à se réunir et à prendre enfin un parti digne d'elle , en s'opposant
aux conquêtes de l'empereur , qui loin de songer à
rétablir l'ordre dans la France , et à placer Louis XVII sur le
trême , ne faisait au contraire la guerre que pour son propre
intérêt , pour s'approprier les dépouilles de la France. On
leur parlait du décret de Ratisbonne qui ne leur laissait plus
d'existence que dans le sein des armées , sous le bâton d'un
caporal Autrichien . Le gouvernement , alarmé de tous ces
mouvemens a fait arrêter le nommé Lasonde , officier Français
on a découvert dans ses papiers toute la trame du com
plot. A l'instant même on a chassé les émigrés , et on s'est saisi
de quelques bourgeois suspects
" On voit que les alliés , après la conquête de Valenciennes,
ont pris quelques jours de repos : l'on ignore jusqu'ici sur
quel point leurs efforts vont se diriger présentement : on sait
seulement qu'une colonne de notre artillerie marche sur Ypres
et Menin , tandis qu'une seconde colonne s'avance sur Maubeuge.
Les Français ne voulant point sans doute hasarder le
sort d'une bataille ont levé le camp de César pour se retirer
derriere Cambray ; celui de la Magdeleine devant Lille a été
également abandonné , après avoir jetté dans cette place une
garnison suffisante pour sa défense. La même opération a eu
lien à Douay ; ainsi l'on peut dire que toutes le villes fortes
( 357 )
de la frontiere française sont à la disposition des armes alliées ,
qui peuvent les attaquer sans courir les risques d'une bataille.
Les ci-devant généraux Français , Marassé et Berneron , dont
le premier a commandé à Anvers , et le second au siége de
Willemstad , sont en état d'arrestation chez eux par ordre
du gouvernement. Leur célebre confrere Dumourier a échappé
toutes les recherches que l'on a faites jusqu'à présent pour
s'assurer de sa personne . Il existe , d'après les rapports pu
blics , des griefs fort graves contre eux , et on les accuse d'avoir
conjointement avec des malveillans de ce pays voulu
exciter de nouveau les esprits à la révolte ; en effet , c'est à
regret que l'on est obligé de le dire ; mais l'union et la tran
quillité que les bons citoyens se flattaient de voir renaître dans
la Belgique , cette union si desirable pour le bonheur commun ,
semble ne pouvait plus se naturaliser sur notre sol . L'ancien
esprit de parti commence à se remontrer , et malgré tous ses
menagemens et ses condescendances le gouvernement ne satisfait
ni les états de Brabant et leurs adhérens , ni les défenseurs
du systême de Joseph II . Les premiers , insatiables pour ainsi
dire dans leurs prétentions , sont peu contens des sacrifices .
nombreux que notre jeune souverain a déja faits pour le
retour de la paix : ils en exigent tous les jours de nouveaux
effets incompatibles avec la dignité du monarque : telle est
une espece de liste de proscription , où ils demandent l'éloignement
des places du gouvernement de toutes les personnes qui
avaient montré du zele et de l'attachement pour l'administra
tion. Présentement l'empereur ayant nommé à la place de
chancelier de Brabant M. Vanvelde , ce choix cause des murmures
, et déja les états ont expédié un courier à Vienne pour
faire de fortes représentations à ce sujet. La personne de M.
Vanvelde n'est pas suivant eux agréable au peuple , et c'est
cependant pour plaire à la nation belgique que son prédécesseur
et ceux qui suivaient les principes dans la gestion des
affaires ont été écartés d'une maniere qui excite leurs plus
vives réclamations : ils les ont consignées dans une brochure ,
qui a paru depuis peu de semaines sous le titre d'Adresse de
la saine partie de la nation flamande à S. M. l'empereur François
II , pour servir de réfutation à un imprimé portant pour
sitre : Adresse du peuple de la province de Flandre à S. M. l'empereur
François II , datée de Gand le 24 mai 1793. Cette
espece de contre-adresse , datée de Gand le 22 juin , atta que
fortement le parti des états , en exposant les motifs de la fermeté
avec laquelle il s'est opposé à l'établissement du systême
français dans la derniere révolution ; révolution néanmoins
provoquée par les négociations que ses émissaires en France
entamerent pour engager l'Assemblée nationale à déclarer la
guerre à l'empereur , ainsi que par celles qu'ils eurent avec
le général Dumourier. On s'y plaint que le gouvernement
vient d'éloigner , sans ménagement , de la magistrature tous
Z 3
( 358 )
ceux qui sont toujours restés fidels à la cause du souverain ;
et réellement il y a une quinzaine de jours qu'un courier değ
Vienne a apporte leurs demissions formelles , accompagnées
néanmoins de pensions considérables : le chef et président du
conseil , baron de Crumpipen , conserve ses apponiemens de
12 mille florins par an , en forme de pension ; son frere , le
chevalier de Crumpipeu , en a une e 7000 ; les autres membres
des colleges , magistrats , ou officiers démis en @nt aussi obtenus
de proportionnées à leurs charges . En considérant
qu'avec toutes ces condescendances d'un côté , et ces graces
de l'autre , le gouvernement voit les deux partis mecontens¸-
l'on dira encore avec nous : Ne Jupiter quidem omnibus. Pour
obvier en attendant aux efiets de cette disposition des esprits ,
et naintenir la police ' avec la tranquillité dans Eruxelles , ib
y arrive à aujourd'hui un corps de troupes d'empire quien
formera la garñison , „
Les Autrichiens et les émigrés , d'après un ordre de la junte
impériale ( nous le donnerons dans le prochain numéro ) ', "
réorganisent complettement l'ancien despotisme avec toutes
ses formes dans les villes de Valenciennes et de Condé . En
voici un exemple : à Condé , un médecin qui avait achetés
du bien d'émigrés , s'est non seulement vu déposséder , mais
même contraint de payer 1500 liv . de location et pour des
redevances de droits feodaux à l'ancien possesseur qui a été":
réintégré , jusqu'à ce que les armes françaises le chassent des
nouveau .
འགོན་ གྲྭ་
“ Eན ཆ Y
ANGLETERRE. De Londres , le 30 juillet...
On sait déja depuis long-tems ici que , quoique le gouver
nement des Etats - Unis de l'Amérique paraisse vouloir s'en ”
tenir à la neutralité dans la guerre contre la République Fransgaise
, il est dans les dispositions les plus favorables pour ce "
pays , dont il se souvient que les braves habitans Pont aidé /
a conquérir sa liberté . M. Geneta obtenu sans difficulté l'avance ”
d'un million de dollars sur l'argent destiné par le congres au 2
paiement de la dette envers la France :
༣ "% རྟེ , *
Tandis que nous soutenons coutre cette puissance une
guerre funeste à notre commerce , nous avons à gémir sur ;
Les troubles multipliés de l'intérieur. Le 14 juillet ûne émeute
populaire a eu lieu à Mitchel's Town , qui n'est qu'à 22 Neues
de Cork : les mutins ont détruit la maison de lord - Kinsbor
tough et la grande manufacture de coton de M. Sadler .
Une assemblée générale des habitans de Paisy en Ecosse , -
Convoquée pour aviser aux moyens de soulager un grand
nombre d'ouvriers sans ouvrage et par conséquent sans pain ,
à reconnú que la gnerre ruineuse qu'on faisait à la France
( 359 )
était la seule source de ces calamités ; elle a nommé un co
mité de 21 membres pour présenter au roi une pétition tendante
à obtenir la plus prompte fir de cette guerre désastreuse
on peut juger de notre position d'après le tableau
suivant , qui n'est malheureusement que trop fidele .
Une dette nationale de 280 millions sterling.
Un établissement de paix qui demande 17 millions par an.
Une guerre qui coûte un million par mois .
Des lettre de change sur la marine , qui ne sont pas payées
depuis decembre dernier .
- La banque en avance pour la liste civile. En avance sur
En avance pour les dividendes . les eommissaires . ―
avance sur la taxe sur la drèche . .
-- En
Et sur- tout en avance sur
les billets de l'echiquier de plus de cinq millions.
La trésorerie , l'échiquier et les douanes dans une situation .
extraordinairement basse.
L'accise en déficit .
Le droit de timbre en déficit .
ว I
Les billets de l'échiquier émis pour paiemens publics au lieu
d'especes.na
La stagnation des manufactures . ioxi
La staguation du coinmerce.
3
V
3
Les marchands se presentant à la bourse avec des billets protestes
cotte eux.u'
Les billets ou lettres -de - change escomptés à la banque , et
les banquiers ou marchands non payés jusqu'a concurrence d'un
demillion . Pemata 250 5.b.
Les ministres et leurs créatures nageant dans le luxe , et le
pauvre manufactufier mourant de faim.in
4
22
Des lettres de Plymouth , du 28 , portent que la flotte de
l'amiral Howe , grrivee la veille dans ce port , est restée quelque
tems à l'ancre pour attendre le Samson et l'Intrépide de
64 canons . Cette flotte sera renforcée de plusieurs autres
vaisseaux et fregates , parce que les Français ont 17 vaisseaux
dans la baye de Quiberon ct 4 dans les eaux de Brest , et
qu'on ne veut les attaquer qu'avec des forces supérienres , en
un mot à coup sûr. Le 28 les frégates la Nymphe , le Crescent
, la Concorde , la Thames ont mis à la voile de Portsmouth '
pour une expédition secrette dont on se promet beaucoup :
en attendant ees succès , les dernieres nouvelles de l'Inde'
donnent de l'inquiétude Tippoo- Saïb refuse de faire le der
nier paiement , sous prétexte que Majée Scindiah , qui est allé
à Poonah , lui a demande une partie de la somme qui , par
le traite de paix , devait être remise aux Marattes . Il prétend
qu'il ne sait qui il doit payer , et l'on crat que ce ne soit
un jeu concerté avec Scindiah.
Les corsaires français ont pris dans la Baltique plus de
30 vaisseaux anglais ou hollandais .
1
Z 4
( 360 )
REPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCE D HIRAULT .
Séance du mardi 13 avût.
Chabot , au nom du comité de sûreté générale , fait annuller
plusieurs procédures intentées contre les patriotes du département
de l'Aveyron .
-
w
Le comité de sûreté générale est autorisé , attendu la multiplicité
de ses travaux , à désigner six membres pour lui être
adjoints. Hérault-Sechelles prévient l'Assemblée que les
pouvoirs du comité de salut public sont terminés depuis le
10 août. Lacroix observe que ce serait une calamité publique
de renouveller en tout ou en partie ce comité , dans
les circonstances actuelles , parce que ceux qui le composent ,
tiennent dans leurs mains les fils que font mouvoir toutes nos
armées . La Convention confirme pour un mois les ponvoirs
du comité de salut public .
Une lettre des administrateurs du département du Pas- de-
Calais , annoncent qu'ils out mis en état d'arrestation tous
les sujets des puissances avec lesquelles la République est en
guerre .
La section de la Butte -des -Moulins est venue exposer à la
Convention ce qui s'était passé la veille dans l'assemblée générale
de cette section , où il fut question de se porter en
masse contre l'ennemi. Les malveillans : ' opposerent à cette mesure
, ils éleverent des troubles ; mais . n les Sa s- culcites .
surent leur imposer silence : trois des perturbateurs aurent saisis
et envoyés au comité de sûreté générale de la Convention .;
L'Assemblée a applaudi à la conduite des Sans - culottes de la
section de la Butte - des - Moulins .
La discussion s'est ensuite portée sur l'éducation publique.
Voici le décret qui a été rendu : L
Il y aura des établissemens publics nationaux où les
enfans des citoyens seront reçus ; ils y seront nourris et élevés;
aux frais de la nation ; il y aura en outre des classes où les
citoyens qui voudroni garder leurs enfans chez eux pourront
les envoyer s'instruire .
Séance du mercredi 14 août.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple à
( 361 )
d
l'armée du nord. ( Voyez la notice de cette séance au dernier
nº. )
ว
Cambon annonce qu'il présentera incessamment le rapport
de la commission des cinq sur la dette publique. Béja , dit-il ,
le bruit de ce rapport s'est repandu dans le public ; les agioteurs
en ont profité ; ils veulent prévenir ce rapport par un
mouvement qu'ils s'efforcent d'exciter ; ils répandent que l'on
veut s'emparer de toute l'argenterie des particuliers. Eh bien ,
j'annonce que la loi que j'ai à proposer ne touche en rien
aux propriétés des particuliers . Nous ferons voir que ce
systême est combiné de maniere qu'en 1794 les assignats seront
rentrés , et que tout le monde alors connaîtra l'actif et le passif
de la dette . J'en ferai demain lecture , et j'espere que l'agiotage
cessera.
Aprés ce que vient de dire Cambon , ajoute le Gendre ,
je dis que si les agioteurs ont l'impertinence de lever la tête ,
le peuple est là; et tout financier qui oserait chercher à exciter
des troubles , sera pulvérisé et rentrera dans la poussiere .
pour
Cn
Delacroix , de la Marne , présente un projet de décret
le paiement des dettes contractées par le ci - devant roi .
demande la question préalable . Après quelques débats , Danton
fait décréter ce qui suit : 1 °. L'Assemblée rapporte
son décret du 10 juin qui ordonne la liquidation des créances
de la ste civile ; 2 ° . elle déclare qu'elle ne payera pas les
créances de ceux qui ont prêté à Louis Gapet ; 3° . il sera
imprimé une liste des autres créanciers de la liste civile , tels
que fournisseurs , etc. afin qu'elle puisse être épurée . "
Barrere au nom du comité de salut public fait un rapport
sur la proposition adoptée dans la séance de lundi dernier , de
charger les envoyés des assemblées primaires de faire un appel
au peuple ; ( voyez dans la notice de cette séance de discussion
et le décret qui a suivi ce rapport. )
Adresse aux Français .
Ils retentissent sans doute dans toute l'étendue de la Répu
blique , ces cris de joie qui ont proclamé devant vos représentans
la constitution que vous avez acceptée ! Jamais depuis
qu'il existe des hommes et des empires un plus grand.
acte social , n'a reçu son accomplissement dans une fête aussi
auguste et aussi touchante . Que vos envoyés à Paris , rendent
témoignage à cette cité célebre , qui n'a été l'objet de toutes
les calomnies , que parce qu'elle a fait toutes les révolutions ;
qu'ils disent s'ils n'ont pas trouvé ici dans chaque citoyenun
ennemi inexorable des tyrans et de l'anarchie ; dans chaque
homme , un ami ; dans chaque repas , un banquet fraternel ! ê
spectacle le plus magnifique et le plus attendrissant que la
terre ait jamais déployé sous les regards de l'éternel ! aux armes
Français !
66 Al'instant même où un peuple d'amis et de freres se tien(
36% ))
nent serrés dans leurs embrassemens , les despbtes de l'Europe
violent nos propriétés et dévastent nos frontieres : aux armesi !
Levez- vous tous , accourez tous , la liberte appelle les bras de
tous ceux dont ellé vient de recevoir les sermens . C'est la
seconde fois que les tyrans et les esclaves conjurés souillenti
sous leurs pas la terre d'un peuple souverain , la moitié de
keurs armées sacrileges y ont trouvé la premiere fois leurs
tombeaux , que cette fois tous périssent , et que leurs ossemens
blanchis dans nos campagnes s'élevent comme des
trophées au milieu des champs , que deur sang, aura rendus
plus féconds . Aux armes , Français ! couvrez - vous de la gloire
la plus éclatante en défendano cette liberté adorée , dont lest
premiers jours tranquilles , répandrout sur vous et sur les
générations de vos descendans , tous les genres de biens et
de prospérité. 99 is
?
2
Sur la proposition de Barrere , la Convention adjoint au
comité de salut public , Prieur et Carnot.
Séance du jeudi 15 août.
On attendait avec impatience le rapport de Cambon sur
la situation des finances de la République . Nous allons présen
ter une analyse rapide de ce travail dont la lecture a duré plu
sieurs heures .
Avant de s'occuper de Forganisation des finances de la
République , la commission des cinq a cru devoir d'abord consta→
er l'état de la dette publique . Elle se divise en trois natures
de créance ; dette constituée ; emprunts à terme ; et delle étrang
gereges
La dette constituée se divise en deux classes . La premiere
dont le moutant est parfaitement connu, consiste enancious titres,>
en contrats passés au nom des rois . Elle était de 65,424,546 liv .
de rentes ; mais divers titres trouvés dans les maisons et ordres
supprimés , l'ont réduite au profit de la nation à 60,717,167 liv .
de rentes annuelles . Elle se paie par l'office des payeurs de
rentes de l'hôtel - de - ville de Paris , par semestre de six mois
et par ordre de lettres . Les formes bizarres auxquelles le
paiement de ces rentes est assujett , les abus sans nombre
qu'elles entraînent , nécessitent un changement stotal dans
l'ordre de comptabilité.
La seconde classe de la dette constituée n'est pas connues
positivement ; elle est soumise au travail d'une liquidation ;
elle résulte des anciens emprunts des pays d'états , des corps
privilégiés. On peut joindre à cette classes, la dette des fabriques
. Le corps législatif ordonna la vente de leurs biens ;
mais il ordonna que l'intérêt du prodairnet , leur serait payėt
à raison de 4 pour 100. Les dettes des villes ne peuvent aussi .
entrer dans cette cathégorie. Toute cette partie est encore
dans les tenebres . Le 5 août le corps legislatif , décréta que
ces dettes seraient constitués en 6 millions de rentes , ct que
( ( 363 ))
1
le reste serait payé par les 72 millions de bénéfice promis
sur la vente des biens nationaux . £ .
-Vous , avez donc , a dit le rapportenr , 81,246,735 liv. de
rentes perpétuelles payables annuellement , et qui n'ont été
sujettes à aucune liquidation , parce que le corps constituanti
les reçût comme elles existaient , sans vouloir se charger de
réparer les injustices des rois qui les avaient successivement
réduites.
La seconde nature de créance est composée des emprunts>
à terme . Ils ont été faits sous le gouvernement de Louis XVI ;
c'est une dette purément d'agiotage Cette dette aida beau
coup la révolution ; les porte-feuilles régorgeaint d'effets royaux.
Les proprietaires qui en craignaient la chûte prirent le masque
révolutionnaire. Jusqu'à ce jour cette dette leur a'été exactes
ment payée ; mais il est tens de les traiter comme les autres .
créanciers . Le gouvernement qui défendait de traiter à pluss
de 5 pour 10 , ne pourrait se le permettre à lui- même ..
- Cette dette sé montait avant la révolution à 7 ou 800 millions ,
aujourd'hui , elle est réduite à 465 millions . 4
La dette étrangere forme la troisieme et la derniere nature
de créance ; ce sont des emprunts faits à Gênes , eni
Hollande , et dans d'autres pays. L'intérêt en a été fixé à 5
pour 100. Cette dette est sacrée.
Cambon fixe ensuite la dette provenant de la liquidation .
Le total est de 11,896,781 liv. liquidées , et de 37582,517 live
à liquider
1610007 to 1 0 .
Il existe encore une dette parfaitement révolutionnaire , ce
sont les assignats . Le corps constituant le corps législatif
er la Convention en ont crée à diverses fois , pour
5,100,040,840 liv .
Au premier août il avait été retiré de la circulation , par lea
brûlement , 837 millions .
Les assignats à face royale , qui ont été démonétisés , s'é- >
levent à 144 millions ..
La masse totale des assignats , en circulation , est de
2,943,306,953 liv . Voici le plan que le comité propose pour !
diminuer cette masse . L'emprant forcé , a dit Cambow
est notre moyen principal ; vous l'avez fondé sur le respect
des propriétés , et une lor aussi salutaire doit recevoir son
exécution . En effet , pour retirer les assignats de la circula
tion , il faut les prendre où ils sont , dans la poche de ces
hommes qui , speculant sur les marchandises , enront doubles
la valeur. Voici comment nous rembourserons cet emprunt. H«!
ne portera point intérêt ; il ne sera rémboursable qu'en biens
nationaux , et seulement deux ans après la paix . Mais l'inst
tention de votre commission' a toujours été de n'employer
la rigueur qu'à la derniere extrémité , et il vous propose de
faire précéder l'ouverture de l'emprunt forcé d'un décret qui
permette à tout propriétaire d'assignats- monnaie de les porter :
H
( 364 )
dans la caisse publique où ils seront reçus , seulement pendant
l'espace de trois mois , à compter de la publication du décret.
La Nation leur en payera l'intérêt à 9 pour 100 ,
seront autorisés à faire déduire de la cote de l'emprunt forcé
la somme qu'ils auront déposéc .
"
Voici maintenant le plan général de la dette publique .
et ils
L'operation consiste à écrire sur un grand livre , que nous
appellerons livre de la dette publique , toutes les espéces de
créances de la nation : chaque créancier sera porté par ordre
alphabétique . Ce livre sera triple ; un exemplaire sera déposé
aux archives nationales ; le deuxieme aux archives de la trésorerie
; le troisieme restera dans les mains du payeur général,
Nous aurons sur ce livre le total général de la dette nationale.
Alors nons la consoliderons à raison de 5 cent .
pour
· Unc
fois couché sur le grand livre , le créancier perd son titre
ancien qui est annuilé.
} 7
--
Après avoir analysé les avantages de ce plan , Cambon a
présenté l'état général de la dette ; un mode de remboursement
et un projet de décret en 200 articles .
Le principe relatif aux effets au porteur a été décrété de
la maniere suivante :
ART. 1er : Tout propriétaire d'effets au porteur ,
de 1000
livres et au-dessus , sont tenus de les déposer d'ici au 1er janvior
1794 , dans les mains du liquidateur de la trésorerie nationale
, pour être enregistrés sur le graud livre , sur le pied du
denier 20 , pour ceux qui seront portés d'ici au 1erjanvier prochain
.
11. Ceux des propriétaires d'effets au porteur et d'annuités ,
qui ne les déposeroient dans les mains du liquidateur de la
trésorerie nationale , que trois mois après , ne seront admis que
sur pied du denier 18.
III. Les effets au porteur et les annnités qui ne seraient pas
déposés au 1er juillet prochain dans les mains du liquidateur
de la trésorerie nationale , seront nuts et de nul effet.
IV. Les porteurs d'effets de l'emprunt de 125 millions de
l'édit de 1784 , seront crédités pour les lots sortis et pour le
capital à 5 pour 100. Il ne sera point fait de tirage en 1793 .
Barrere , parlant au nom du comité de salut public , dé--
clare qu'il existe un complot d'avilir et d'affamer Paris . Il
propose et la Convention adopte le projet de décret suivant :
Art. 1er . Tous propriétaires , fermiers , possesseurs ou détenteurs
de grains dans les départemens qui seront requis par
les représentans du peuple nommés par la Convention nationale
, seront senus , à Finstant de la requisition qui leur scra
faite par les représentans du peuple ou par des personnes
déléguées par eux , de déposer dans le lieu qui leur sera indiqué
, quatre quintaux, de grains par charrue appartenante
aux propriétaires et fermiers , et par les détenteurs non propriétaires
ni fermiers , la quantité qui sera requise . Les com(
365 )
missaires de la Convention sont chargés expressément de faire
payer le prix desdits grains au lieu du département et au
moment de la livraison .
II. Ceux qui , dans les vingt-quatre heures , n'auraient point
satisfait à la requisition , seront traités comme ennemis publics
, arrêtés sur le champ , et tous les grains dont ils se
trouveront possesseu seront confisqués au profit de la Republique
.
-
III. Les membres des autorités constituées sont personnellement
responsables , et sur leur tête , de l'inexécution des
mesures qui leur seront prescrites par les commissaires de la
Convention nationale , pour l'exécution du préseut décret .
Le ministre de l'intérieur envoie sa démission . Elle est
acceptée.
:
D'après l'avis donné au comité de salut public que des bataillons
de Seine et Oise veulent quitter l'armée des côtes de
la Rochelle , pour retourner dans leurs foyers , la Convention
décrete , sur la proposition de Danton , que tout officier
ou soldat qui quittera son poste dans les momens de danger
sera puni de mort .
Séance du vendredi 16 août.
Les administrateurs de police de la commune de Paris font
passer l'état des prisonniers . Leur nombre se monte à mille
cinq cents quatre - vingt.
Sur la proposition de Lacroix , le décret suivant est rendu :
La Convention nationale décrete que les corps de cavalerie
levés dans les départemens du Calvados , de la Manche
et Seine inférieure , sous la dénomination des dragons de la
Manche , seront incorporés dans les différens régimens de cavalerie
et troupes de la République. Le ministre de la guerre
se concertera avec le comité de la guerre de la Convention :
pour opérer cette incorporation , et sur les moyens de rappeller
ceux des dragons de la Manche qui se sont retirés chez
au lieu de se rendre à Versailles , en execution du decret
du ...... !!
eux ,
Sur la proposition de Génissieux , la Convention décrete que
tous les jurés des tribunaux criminels de la République recevront
une indemnité de trois liv . par jour .
Chabot fait un rapport sur la conduite du procureur- sindie
du district de Dôle. I observe que de tous les adminis
trateurs du Jura , mandés à la barre ; celui- là seul s'est conformé
à la loi ; que la conduite des administrés de ce district
n'est pas moins digne d'éloges . Its ont fait tous leurs efforts
pour ramener sous les étendards de la loi leurs freres égarés .
Ils ont même levé une force armée qui s'est transportée à
Lons-le-Saunier pour y rétablir le bon ordre. La Convention
nationale a décrété que les citoyens du district de Dôle ont
bien mérité de la patrie ; qu'il sera fait mention au procès((
366 )
a
verbal de la conduite des administrateurs , et que le procuren
- syndic du district de Dôle sera renvoyé à ses fonctions ,
avec une indemulte qui sera fixée par le comité des finances . I
Charlier , au nom du comité de législation , vient reclamer
la justice de la Convention en faveur des Français chassés
Espagne. I demande qu'il soit sursis à la poursuite de leurs
creanciers pour les dettes qu'ils auraient contractees avant leur
expulsion de ce royaume . Ce rapport était à peine terminé
que Barrere a fait lecture d'une cédule du roi d'Espagne , en
vertu de laquelle il a été formée une commission pour s'emparer
de tous les biens des Français qui ont été expulsés de
ce royaume .
La Convention a répondu au roi d'Espagne par le décret
suivant :
Art. 1er. Les biens et les propriétés que les sujets et vassaux
du roi d'Espagne ont en France , sous quelque dénomination
qu'ils puissent être , soit en immeubles , soit en
meubles , en marchandises , rentes viageres ou perpétuelles ,
seront saisis et sequestrés au nom de la Republique .
II. Le produit en sera appliqué à l'indemnité et aux secours
dus aux citoyens Français qui ont été expulsés ou dépouillés
de leurs biens en Espagne . Le résidu du produit de ces biens ,
s'il y en a , sera employé à dédommager les Français qui auront
souffert quelque perte ou préjudice de la part des armees
espagnoles.. :
+
III. Il sera sursis , jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné
, à toutes poursuites qui pourraient être exercées contre
les Français expulsés d'Espagne , par leurs créanciers , en vertu
de titres antérieurs à leur expulsion ..
IV. Les moyens d'exécution du décret ci- dessus seront présentés
, sous trois jours , par le comité des frances .
Les commissaires des assemblées primaires paraissent dans
le sein de la Convention réunies aux sections de Paris .
Législateurs , disent - ils , nous vous avions proposé une
mesure de salut public , en vous demandant que le peuple
se levât en masse , et déja vous avez réduit à un recrutement
particulier. Des demi - mesures sont mortelles dans un
grand danger. Si vous demandez 100,000 hemmes peut- être
e les trouverez - vous pas ; si vous demandez des millions
de républicains , vous les verrez se lever pour aller écraser
les ennemis de la liberté . Décrétez que tocsin de la liberté
sonnera dans toute la République à une heure fixe . Qu'il
n'y ait d'exemption pour personne . Que l'agriculture scule
conserve les bias nécessaires à l'ensemencement des terres et
aux récoltes . Que le cours des affaires soit interrompu . Que
la grande et universelle affaire des Français soit de sauver la
République. Que les moyens d'exécution ne vous inquietept
( 367 )
pas. Décrétez seulement le principe nous présenterons
au comité de salut public les moyens de faire éclater la
foudre nationale sur tous les tyrans et leurs esclaves . ››
3
Les commissaires sont accueillis par des applaudissemens .
La Convention ordonne le renvoi de leur adresse au comité
de salut public pour en faire le rapport séance tenante .
Barrere obtient quelque tems apres la parole . Les généraux
Français , dit- il , ont méconnu jusqu'à present le véritable tem
pérament national . L'irruption , Fattaque soudaine sont les
moyens qui lui conviennent ; il faut donc aujourd'hui user
de ce tempérament ; il faut que par un effort sublime nous
soyons bientôt délivrés des hordes barbares . Quand un peuple de
$25 millions d'hommes veut être libre il l'est.
Barrere fait aussi - tôt porter la déclaration suivante : -
募
Le peuple Français declare , par l'organe de ses représ
sentans , qu'il va se lever tout entier pour la defense de son
-indépendance , de sa liberté , de sa constitution , et pour dévrer
son territoire de la présence des despotes et de leurs
satellites .
en
9 Les commissaires des assemblies primaires feront ,
conséquence , toutes les requisitions : d'armes et de subsis-
Stances .
Les autorités constituées marcheront à la tête du peuple
elles seront remplacées provisoirement par des citoyens d'un
patriotisme reconnu.
ཙྪཱ ;
" Les commissaires ne pourront , dans aucun cas , choisir
ni conserver aucun des administrateurs qui aurajėnt coopéré
à des arrêtés liberticides , ni même ceux qui ont donné leur
rétractation . ‚ ¦
3
و ; 37
Un officier de la garnison de Cambraia paru à la barre.
Ila rémis une lettre du général Declaye , qui annonce que
l'ennemi a fait sommer la place de se rendre. Voici, la ré-
-ponse du général je ne sais point me rendre , mais je sais bien
me battre. Le même militaire annoncé ensuite que l'ennemi a
disparu des environs de Cambrai.sl fait hommage à la Convention
d'un drapeau pris sur les Anglais dans une sortie
* vigoureuse . " poltava
F
6 pound La
2
si * "
Nota. Dans le cours de cette séance Cambon a présenté la
" suite du décret de la liquidation de la dette publique non
viagere , et l'inseription sur le grand live national. Il est décrété
que les dettes des communes et les créances des émigrés
serent inscrites sur un grand livre , et fiquidées de la même
maniere que le reste de la dette publique tous les intérêts
Pseront réduits à cinq pour center st
9
Sur la proposition du même membre le décret suivant est
encore reudu. *
Les assignats ayant cours de monnaie pourront être
convertis en centrats de rente qui produiront 5 potre499 . U
( 368 )
Ceux qui voudront profiter de cet avantage verseront leurs
assignats dans les caisses publiques : les versemens ne pour
ront être moins de 2000 liv .; les assignats seront anéantis å
fur et à mesure qu'ils seront versés . Ceux qui auront fait des
versemens seront inscrits sur le graud livre comme les autres
créanciers de la nation .
,, Toutes les rentes inscrites sur le grand livre national seront
assujetties à la contribution fonciere . "
Le rapporteur fait adopter ensuite une longue série d'articles
relatifs aux formalités à suivre pour le paiement.
Séance du samedi 17 août.
Les représentans du peuple près l'armée des côtes de Brest
écrivent qu'à Brissac , près d'Angers , les rebelles ont tout pillé ,
tont ravagé indistinctement. Ils font connaître les noms des
principaux chefs de ces brigands , que les patriotes des dépar
temens environnans s'apprêtent enfin à exterminer sans miséricorde
. Ces chefs sont Desriaux , d'Autichamp , l'Escurre et
la Roche- Galatin .
Les representans du peuple , près l'armée des côtes de
Larochelle , annoncent un très - grand succès remporté sur les
rébelles . Depuis 4 jours , écrivent- ils , nous apprenions que
les rebelles se rassemblaient en nombre très considérable à
Chantonay et à Mortagne pour attaquer Luçon ; Chalbos en
avait averti le général Tunck , commandant de cette division.
·
Aujourd'hni ( 14 août ) l'ennemi s'est avancé en effet sur
trois colonnes , au nombre de 40 mille , tant en infanterie
qu'en cavalerie . Le combat s'est engagé ; en moins d'une
heure et demie la plaine de Luçon a été couverte des cadavres
des brigands : nous pensons qu'il en a péri 5 mille ,
taat sur le champ de bataille que dans leur fuite. Ils ont été
poursuivis par nos troupes pendant quatre heures : l'avantgarde
est actuellement à Saint- Hermand .
Cette victoire ne nous a coûté que 30 soldats. Nous avons
pris 16 pieces de canons avec 6 caissons.
Nous devons rendre compte à la Convention d'un fait dont
il faut qu'elle soit instruite le général Tuncq avait été envoyé
à l'armée de la Vendée en qualité de général de brigade;
il eut ordre du général en chef de se rendre à Luçon , pour
y prendre le commandement des troupes qui y étaient cantonnées
, et depuis cette époque il avait baitu les rebelles au
pont Charron , le 25 juillet dernier , et dans les plaines de
Luçon , le 30 du même mois.
Cependant hier sur les 11 heures du soir le général Tuncq
reçut une lettre du ministre de la guerre qui le suspend de ses
fouctions , ( il se manifeste un mouvement unanime d'ind'enz◄
tion dans l'Assemblée ) et lui enjoint de se retirer à 20 lieues
dans l'intérieur de la République : cette lettre timbree de
Tours ,
( 369 )
Tours , était sans doute une circulaire envoyée par le ministre
à quelqu'un de confiance à Tours ; car nous nous
sommes apperçus que les noms du général Tunq sont d'une
écriture différente nous avons pensé que cette suspension
ne pouvait être que l'ouvrage de l'erreur ou de l'intrigue .
Nous fûmes bien étonnes de cette suspension ou plutôt de
cette injustice. Nous savions que l'ennemi devait nous attaquer
le lendemain ; le général Tunq avait fait ses dispositions ,
Ini seul connaissait son plan . Nous craignions de compromettre
le succès de la bataille , si la lettre du ministre avait son
exécution. Nous ne balançâmes pas à continuer le général
Tung dans ses fonctions ; la victoire d'aujourd'hui prouve
que nous avons eu raison . Nous ajoutons qu'il a 31 ans de
service , dont 8 en qualité soldat , et qu'il s'honore d'être als
d'un honnête tisserand . Signés , GOUPILLEAU , BOURDON.
Après la lecture de cette lettre , Bréard a avoué à la Convention
qu'ayant été le premier à servir d'appui à Tunq , il
était aussi cause de sa suspension , presque sans le savoir
ayant été instruit de faits particuliers à Tunq , mais qui ne
touchent point à ses talens militaires . La Convention passe
à l'ordre du jour sur ces explications , et confirme l'arrêté
de ses commissaires par lequel le général Tunq est maintenu
dans ses fonctions .
x
Beauharnais écrit du quartier- général de Weissembourg ,
sous la date du 13,1pour donner des détails d'une expédi
tion qui avait pour objet de favoriser un convoi assez considérable
de vivres et de munitions dans Landau. La garnison
l'a secondé par une sortie , et le succès a couronné son entreprise.
Beauharnais rend aussi compte d'un autre avantage
remporté par le général Gillot qui s'est emparé de Cheinza
burg et d'Alsamburg . Beauharnais persiste à donner sa démis,
sion , il ne veut plus servir que comme soldat .
Rewbell et Merlin avaient été dénoncés dernierement par
Montault , ils demandent que leur dénonciateur se présente .
Ils sont prêts à le confondre , mais Montault était absent.
Barrere arrive sur ces entrefaites , i annonce , au nom du
comité de salut public , que les aristocrates d'Orléans s'agitent
pour royaliser la garnison de Mayence , qui est actuellement
dans cette ville , et il propose d'y envoyer Rewbell et
Merlin pour déjouer leurs manoeuvres . L'assemblée adopte
cette proposition.
Sur la demande de Barrere , l'Assemblée décrete que des
commissaires , pris dans son sein , se rendront dans le département
du Jura , pour examiner les causes des mouvemens
contre-révolutionnaires qui s'y sont manifestés .
Séance du dimanche 18 août .
Barrere obtient la parole pour rendre compte de la situation
de la ville de Lyon. Voici le précis de son rapport.
Tame IV, A a
11
( 370 )
Le citoyen Seguin qui vient de Lyon a donné à votre
comité des détails douloureux , mais qui doivent être entendus
avec fermeté par les représentans du peuple . Vos commissaires
ont cru long- tems que Lyon entrerait aisément dans l'obéissance
, et qu'il suffirait de déployer la force nationale pour
intimider les conspirateurs ; mais l'esprit de contre- révolution
était organisé depuis trois mois dans cette ville , et ses habitans
favorisaient trop les princes réfugiés , les ci- devant nobles
et les prêtres pour être ramenés par la seule persuasion ;
cependant Lyon renfermait encore des patriotes ; ils en sont
sortis , et composent quatre compagnies dans l'armée de la
République.
La premiere affaire s'engagea le 8 près le village Calvire ;
les troupes de la République battirent les rebelles , et s'einparerent
de ce poste , nous eûmes cinq hommes de blessés et
un seul mort; dix rebelles sont restés sur le champ de
bataille .
Ici Barrere donne lecture d'une nouvelle sommation de
Kellermann aux Lyonnais .
Les rebelles demanderent trois heures pour délibérer ;
mais une heure était à peine écoulée que leurs avant - postės
tirerent plusieurs coups de canons à mitrailles , qui nous tuerent
deux hommes .
? Lé
s'en- 9 , il n'y eut que quelques fusillades. Le 10 , on s'
voya de part et d'autre des trompettes , pour s'inviter à la fête
républicaine . Les Lyonnais ne tirent point de réponse positive
; mais pendant que le serment se prêtait dans la ville et
dans l'armée ils firent une canon nade très-vive . Le 11 et le 12 ,
les tirailleurs recommencerent ; le 13 à six henres du soir ,
les troupes de la République tenterent de s'emparer d'une
batterie établie près le village de Calvire , elles furent repoussées
; les chasseurs des Alpes se signalerent , et perdirent
caq hommes ; le 14 , vos commissaires nous écrivirent ; le 15 ,
un bataillon fut envoyé avec des obus et des pieces de siége
occuper le poste de la Guillotiere. 99 .
Les commissaires ont écrit de nouveau , le 15 , au comité
de salut public ; ils envoient copie d'une proclamation qu'ils
ont adressée aux Lyonnais ; ils annoncent que depuis 12 heures
elle est sans réponse ; ils présument que les sections déliberent
à ce sujet : en attendant , ils usent de ménagement envers la
ville .
Le citoyen Paris , commissaire des guerres , porta cette
proclamation à Lyon. Là , il vit tous les attributs de la Republique
, les emblêmes de la liberté . Les citoyens l'embrasserent
, et crierent : Vive la République ! Mais 200 pieces de
canons sont sur leurs affuts , 30 mille hommes sont sur les
*armes , et les batteries établies du côté de la Saône sout formidables
; est-ce ainsi que l'on obéit aux lois ?
" Le comité vous propose d'envoyer une force addition371
)
nelle contre Lyon , et pour cet objet il a jetté les yeux sur
la garnison de Valencienes ; mais il y a des différences à faire
entre les bataillous qui la composaient : tels d'entre eux ont
sédé à la corruption que répandait le duc d'Yorck ; tels autres
sont restés incorruptibles ; de ce nombre sont les premiers
bataillons de la Charente , de la Côte d'or , de Mayenne et
Loire , de Loir et Cher , de la Nievre , de la section des
Gravilliers de Paris , les grenadiers de Paris , et tous les canonniers
volontaires ; plusieurs autres bataillons de la Côte- d'or
iront aussi renforcer cette armée. Voilà les bataillons que l'on
a jugés dignes de combattre les rebelles , et de rendre une
ville importante à la liberté . 19
Les propositions de barrere sont décrétées . La trésorerie
nationale tiendra à la disposition du ministre de la guerre
deux millions pour l'execution du présent décret.
On fait lecture d'une lettre de l'accusateur public du tribunal
révolutionnaire , dans laquelle il annonce que l'affaire
de Custines , occupant tous les jurés , il n'en reste pas assez
pour instruire celle des 23 accusés de Rouen , dans laquelle
200 temoins sont appelles à deposer. Il demande à être autorisé
à completter le nombre des jurés , en tirant au sort parmi
ceux de service au tribunal criminel da département de
Paris.
Cette demande , convertie en motion , est décrétée après
quelques débats .
L'Assemblée rend le décret suivant :
La Convention nationale approuve les arrestations faites
par les sections de Paris , de voitures chargées de marchandises
partant pour lyon , Marseille et autres villes en rebellion
, les autorise à continuer provisoirement ces arrestations ;
charge la municipalité de faire inventaire desdites marchandises
, et de veiller à leur conservation , et renvoie au ministre
de l'intérieur , pour indiquer un magasin propre à les
recevoir . 11
Le reste de la séance a été consacré à l'admission des péțitionnaires
.
Séance du lundi 19 août.
Après la lecture de plusieurs procès - verbaux , Mallarmé
denonce à la Convention les dégradations considérables qui
se commettent dans toutes les forêts , et sur-tout dans les fo-
1êts nationales . Dans le departement de la Meurthe , les accaparcurs
ont acheté à très - bas prix les bois de chauffage et
de consommation , de maniere qu'ils vendent près de 100 liv.
la corde qu'ils ont achetée 14 liv. Mallarmé propose et la
Convention décrete , après , une légere discussion , que les
corps administratifs taxeront le prix des bois de consommation.
Aat
+
L'accusateur public du tribunal révolutionnaire se plaint
de n'avoir encore reçu aucunes pieces relatives à Marie-An
toinette et aux députés détenus . Il ajoute qu'il n'a reçu qu une
très-petite partie de celles qui regardent le général Lamartiere .
Charlier observe quantoinette ne doit ête regardée que
comme e simple citoyenne ; qu'il n'y a pas d'acte d'ac
savion à dresser contre elle , et qu'ir suffit que le comite
sûrete générale fasse passer à l'accusateur public les peces
relatives à son altaire . Quant aux deputés détenus , la Covention
charge ses comités de législation et de sûreté géné
rale de presenter sous trois jours les actes d'accusation.
Julen de Toulouse fait , au nom du comité de sûreté génerale
, un rapport sur.Beysser. Aucune piece ne charge ce
général ; toutes prouvent sa bravoure et son civisme . Sa faute
même ne lui appartient pas , elle est l'effet d'une séduction
sur laquelle il ne pouvait réfléchir au milieu des em arras
d'une guerre telle que celle faite à des brigands.
9
Le comité propose de le mettre en liberté et de le renvoyer
à ses fonctions. Le décret est appuyé par un membre qui ,
après avoir rappellé les services que Beysser a rendu , et tait
entrevoir ceux qu'il peut rendre cite un fait qui prouve
combien Beysser est la terreur des rebelles. Un corps de ces
brigands menaçait les patriotes ; pour les mettre en fuite , on
affichi que la Convention avait reconnu Beysser innocent ,
et qu'il revenait à son poste . Les brigands disparurent aussi- tôt .
Cette séance a été terminée par la lecture d'une lettre des
Pyrénées , qui contient des détails sur un combat dont tout
T'avantage est pour la Republique .
PARIS , le 22 août 1793.
Les sections de Paris se sont empressés de donner aux députés
des assemblées primaires les marques de la plus tendre
fraternite , et de leur offrir des banquets civiques . Déja la
plupart de ces députés sont retournés dans leurs foyers . Avant
leur départ ils ont envoyé des commissaires au conseil général
de la commune , pour lui porter l'expression des sentimens
de reconnaissance et d'amitié qui les uniront à jamais aux
habitans de cette ville . On nous les avait peints , s'est écrié
l'orateur , sous des couleurs odieuses. Nous avons reconnu
Terreur dans laquelle nous avaient plongé les fédéralistes .
Nous leur jurons , au nom de la France , une haine éternelle ;
et à vous , un amour que vous méritez . "
Le président du conseil général a donné à la députation le
baiser fraternel an nom de la ville de Paris .
La plus grande tranquillité regne toujours dans cette ville ,
( 373 )
quoique la foule recommence à obséder les portes des bou
fangers ; mais les mesures sages et vigoureuses que vient de
prendre la Convention nationale nous font espérer que bientôs
cette gêne disparaîtra.
Les commissaires des 48 sections , nommés pour s'informer
de la quantité et de la qualité des farines , et examiner les
compics des administrateurs au département des subsistances,
ont ete installés par un arrêté de la commune.
Cette détermination n'a pas été prise sans de violens débats.
Voicil'avis que Pache vient de faire publier à ce sujet,
CITOYENS ,
« Les malveillans n'ont cessé depuis huit mois d'agiter sur
les subsistances ; ils ont sur-tout poursuivi avec acharnement
1 ouverture des magasins , et demandé qu'on leur remit l'état
des denrees contenues dans ces magasins . Il semblait , dès le
mois de janvier , qu'on dût mourir de faim , et cependant on
a vécu jusqu' ce moment.
La perfidie de ces demandes répétées est sensible ; elle
n'a d'autre objet que d'agiter le peuple , de gêner l'adminis
tration dans sa marche , et de donner connaissance de la situation
des magasius , soit aux vendeurs avides qui en profitent
pour en relever le prix , soit aux contre- révolutionnaires , qui
en profiteraient pour arrêter les grains environnans , et empêcher
l'arrivage ; car Paris est comme une place de guerre ;
quand on connait ses magasins , on peut juger combien de
jours elle peut tenir , et se conduire en conséquence.
Citoyens , les efforts se renouvelleut aujourd'hui en votre.
nom ; c'est en votre nom , de vous qui voulez la liberté ,
Pegalité , la constitution démocratique , qu'ils excitent des discussions
, et par suite , des mouvemens qui ameneralent leur
destruction.
Républicains francs et généreux , le corps municipal vous
offre tout ce qu'il doit vous offrir , vous offre le compte des
fonds employés aux subsistances ; demain même ce compte
sera envoyé à l'impression , pour être distribué aux sections ;
la vous le livrerez à l'examen de tous les citoyens , et ils feront
leurs observations critiques qui épureront ees objets.
99 Telle est la marche prescrite par la loi , telle est celle
que désigne la sagesse et le pa riotisme , et j'ose croire qu'elle:
aura l'approbation de tous les bous citoyens. 99.
On a exécuté à la rigueur le décret de la Convention qui
ordonnait que les tombeaux de Saint- Denis . se aient renverses.
le 10 août. Le corps de Turenue était tellement conservé qu'on
l'a retrouvé , dit- on , dans l'altitude où il avait éte place.
་
Pierre Manuel , ci- devant membre de la Convention nationale ,
et Silleri , deputés , ont etc const rues prisonnie.s a l'Abbaye.
Regnault de St-jean- d'angely , ex- depute à l'assembke
Aa 3
( 874 )
-
constituante , a été mis en état d'arrestation à Douai , par ordre
des representans du peuple. Les géneraux Ferrand , Laroque
et Villette , chef de brigade des dragons de la Manche ,
été incarcérés à l'Abb ye .
ont
Le général Houchad a été dénoncé à la société dès Jacobins
la société a arrêté que cette dénonciation serait commu
niquée au comité de salut public .
Etat général des prisons de Paris du 27 août, Total , 1612 .
Les vaisseaux la Côte- d'or , de 120 canons , commandé par le
Contre-amiral Landais ; le Tigre , de 74 canons , capitaine Vannable
; la frégate la Proserpine , de 40 canons , capitaine Blazet ,
but appareille , le 13 , de la rade de Brest , pour rejoindre l'at
mée navale de la République , près Belle- isle ; la frégate la
Bellone , capitaine Lafargue , s'est perdue en revenant de con
duire son convoi à Bordeaux .
L'ORIENTT , le 7 août.
Il est entré avant-hier au soir dans ce port un bâtiment
de commerce de Bordeaux , venant de l'isle de France , à la
consignation des négocians Louéhon et compagnie . Le 23
avril dernier , époque de son départ , on ignorait encore à
l'isle de France la guerre avec l'Angleterre. Il a rencontré ,
dant să traversée , deux frégates , l'une suédoise , l'autre anglaise
; la derniere l'a arraisonnée , et elle lui a dit que sa
nation était en paix avec la République . A son départ de l'isle
de France , tout y était tranquille .
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
Affaire de Custines.
L'accusé à d'abord assuré ses juges qu'il n'avait rien à redouter
du tribunal devant lequel il a été renvoyé , parce que
sa conscience tait pure . Après s'être plaint de n'avoir reçu
qu'hier soir l'acte d'accusation porté contre lui , il a annoncé
qu'il avait à présenter une liste de témoins à décharge.
Interrogé de ses noms , surnoms , age , qualités , lieu de
naissance et deineure.
A répondu s'appeller Adam- Philippe Custines , ci - devant.
militaire , aujourd'hui citoyen , âgé de 52 ans , né à Metz ,
demeurant à Paris , rue et hôtel Grange - Bateliere.
A lui observé qu'il avait une autre qualité.
A repondu qu'il était général en chef des armées du Nord
et des Ardennes.
Le greffier donne lecture de l'acte d'accusation , dont la teneur
( 375 )
Antoine Quentin Fouquier-Tinville , accusateur public près
fe tribunal criminel révolutionnage , etc.
Expose que par décret de la Convention rationale du 29
juillet dernier , Adam - Philippe Custines , ci- devant général en
chef de l'armée du Nord et des Ardennes , a été traduit an
tribunal révolutionnaire pour y être jugé commeprévenu d'avoir
trahi les intérêts de la République ; que depuis , les pieces
concernant son arrestation , ont été remises à l'acusateur pu:
blic , tant par la voie du comité de salut public de la Con
vention nationale , que par celle du comité de sûreté générale ;
qu'examen fait desdites pieces par l'accusateur public , il en
resulte que Custines , des l'origine de la guerre que la République
soutit avec toutes les puissances coalisées , a refusé
un moment de s'emparer des gorges de Porentru , suiyant
l'ordre qu'il
en avait reçu du maréchal Luckner , lors généraľ
en chef ; que passant ensuite en Allemagne à la tête d'une
armée assez considérable , et suivant la conduite tenue par le
traître Dumourier dans la Belgique , il s'est emparé successivement
et avec rapidité des villes de Spire , Mayence et
Francfort.
Que ces conquêtes faites , Custines , sans doute pour mieux'
couvrir la trahison qu'il tramait , a dénoncé le général Kellermann
comme un traître ou un ignorant dans l'art militaire ,
et l'a accusé de l'avoir empêché de pousser ses conquêtes
plus loin , en ne lui portant pas le secours qu'il attendait
de lui ; que quoiqu'il fût instruit que l'opinion des habitans
de Francfort n'était pas favorable à la révolution Française ,
qu'ils haissaient même , ainsi que les Français ; ce dont il
n'est pas permis de douter , d'après la maniere infame dont'
ces habitans en ont usé envers eux , lorsque les Prussiens ont
repris cette ville ; quoiqu'il fût également instruit que cette
ville , abandonnée à ses propres forces , et quelle qu'en fût
la garnison , n'était pas en état de soutenir le siege , Custines
a néanmoins laissé dans cette ville une garnison d'environ
3000 hommes , au commandement d'un étranger qui bientôt
a livré cette ville aux Prussiens qui , conjointement avec les
habitans de Francfort , ont tué et massacré une grande partie
des braves Français qui composaient cette garnison ; de maniere
qu'il s'en est sauvé à peine 800 , que quoique Custines
ne pût jamais ignorer que la ville de Mayence , abandonnée
ses propres forces , ne résisterait pas tôt ou tard aux efforts
combinés des puissances coalisées , et que ce seul motif fût
suffisant non - seulement pour le déterminer à n'y pas jeter
de l'artillerie , mais au contraire en faire retirer celle qu'il
y avait trouvée ; Custines , par un systême tout opposé , et
qui ne peut être qu'un complot profondément combiné , ainsi
que l'expérience nous l'a appris depuis ; Custines , disonsnous
, a dégarni la place de Strasbourg d'une grande partie
de son artillerie , et l'a fait jeter dans la ville de Mayence ;
á
A a
( 376 )
nonobstant toutes les réclamations qui lui ont été faites à cet
égard , en annonçant à la Convention et au pouvoir exécu ,
tif que cette ville était inexpugnable , et qu'elle serait le tombeau
des Prussiens et des Autrichiens , tandis que dans le
fond de l'ame il ne pouvait se dissimuler que cette ville serait
au contraire le tombeau d'une partie des braves Français qui
en composaient la garnison , et de l'artillerie immense qu'il
y avait fait jeter.
Custines , semblable en tout au perfide et traître Dumourier,
a , au mois de février dernier , sous prétexte d'indiscipline ,
licencié la gendarmerie qui lui était si nécessaire , tandis
que cette gendarmerie n'avait d'autres torts que d'avoir réclamé
aupres du général despote la même paie que celle qui lui était
accordce avant d'aller aux frontieres , au lieu de celle de
vint sous par jour , à laquelle il l'avait arbitrairement fixée
et réduite ; Custines enfin , de son autorité privée , sans au
cune forme , et toujours sous prétexte d'indiscipline , a fait
fusiller differens officiers et gardes nationaux volontaires , notamment
trois ou quatre dans des vigues , près de Spire , et
au moment où ces volontaires étaient à manger du raisin .
Custiues , après avoir fait faire ainsi cette fusillade , s'est écrié :
Voilà comme on établit la discipline !
Malgré la conviction dans laquelle Custines devait être
que la ville de Mayence , abandonnée à ses propres forces ,
ne pouvait tenir contre les attaques réitérées de l'armée combince
des puissances coalisées dans la crainte sans doute
que cette ville ne tombât pas assez tôt au pouvoir des ennemis
, lors de sa retraite de cette ville , il la laissa sans vivres
et sans munitions suffisantes , au point que la garnison était
réduite à manger des rats , des souris et du cuir ; Custines
feignaut lors de sa retraite de Mayence , de vouloir sauver
une partie de la garnison et de l'immense, artillerie qui y
était , donne l'ordre à une partie de la garnison de partir
avec une partie de cette artillerie ; mais quel tems choisit- il
pour faire exécuter cet ordre ? celui où le renfort qu'atten,
daient les armées combinées est arrivé ; alors cet ordre n'a
pu être exécuté , et la garnison et l'immense artillerie sont
Testees dans Mayence ; et lois de sa reddition , cette immense
artillerie est devenue la proie des ennemis de la Kés
publique.
Tandis que la ville de Mayence était ainsi abandonnée à ses
propres forces , et que Custines , malgré la forte garnison qui,
y était , savait que cette ville , dépourvue des choses les plus
nécessaires , ne pouvait résister , il écrivait à la Convention
qu'il n'y avait rien à craindre sur le sort de cette ville ; qu'elle
se soutiendrait , et que l'armée de la Moselle ne devait aller
son secours que le 12 du présent mois d'août , tranquilli
sant ainsi d'un côté sur le sort de cette ville , et paralysant
de l'autre l'armée de la Moselle
( 377. )
Cutines par cette manoeuvre criminelle a obligé la garnison
de Mayence à capituler le 28 juillet dernier , et a par cette
capitulation forcee fait perdre à la République une artillerie
aussi précieuse qu'immense.
Cependant Custines n'avait jamais ignoré un instant l'état
de détresse de Mayence , puisque dès le commencement du
blocus de cette ville le général Douairé a eu une conférence
avec un agent de Custines , en présence du général
Prussien , et que dans cette conférence l'agent de Custines a
glissé au général Douairé un billet signé de la main de Custines,
mais écrit par une main étrangere ; par lequel billet le général
Douairé était engagé à entrer en négociation pour la reddition
de cette ville , et que le citoyen Rewbell , commissaire de la
Convention , et les citoyens Darzia court , Klebert , Ledieudeville
et Beaupuy ont assisté à la conference , et ont eu connaissance
du billet en question .
Custines , lors de sa retraite de Mayence , s'est opiniâtré ,
nonobstant, les représentations qui lui ont été faites à me
vouloir pas conserver l'importante place de Guernesin , poste
d'autant plus intéressant , qu'en le conservant on aurait pu empêcher
que les ennemis eussent jamais pu pénétrer sur le territoire
français par la frontiere de Landau , et que sa perte
empêchera les armées françaises de pouvoir rien entreprendre
sur le Palatinat . Custines a annoncé , le 25 mai dernier , à l'armée
du Rhin et de la Moselle , dont il était alors le général
en chef , qu'il venait d'être nommé général en chef de l'armée
du Nord et des Ardennes , qu'il avait accepté ce comman
dement , et qu'il partirait le même soir ou le lendemain matin
; cependant nonobstant cette annonce , et le même jour ,
Custines forme un plan d'attaque générale ; il écrit à Chamberniac
, commandant au fort Vauban , de passer le Rhin avec
deux mille hommes , et d'attaquer les ennemis sur l'autre rive ,
qui étaient au nombre de dix mille .
Custines écrit le même jour , 15 mai , à Houchard , et lui
ordonne de faire marcher tonte l'armée de la Moselle , pour
s'emparer du château fort de Curourberck , et Custines s'exprime
ainsi :
Après l'expédition finie , vous vous retirerez , mon cher
Houchard , dans votre position actuelle , emmenant avec vous
le plus de Prussiens que vous pourrez : Ce sont des Prussiens ,
il ne faut pas tout luer ; mais quant aux Autrichiens et Hessois ',
je vous les abandonne ; faites - en chair à pâté.
Ces deux plans devaient s'exécuter le 17 ; mais heureuse
ment que Chamberniac désobéit à Custines , qui n'était plus
son général ; car , sans cette désobéissance , la République ,
d'après toutes les mesures prises par Custines , éprouvait encore
evidemment un échec dans cette partie .
Le même jour , 17 mai , Custines fait marcher 30,000 hommes
pour en attaquer 6,000 en avant des lignes de la Louues
1978
)
rais ses ordres sont tellement donnés ou si mal exécutés , que
les colonnes arrivant sur l'ennemi , décousues ou sans ordre
de bataille , sont repoussées avec beaucoup de perie , et ne
peuvent se rallier qu'à une certaine distance ; alors Custines
parait ; et malgré la demande réitérée des troupes de retourner
a l'ennemi , il donne l'ordre de la retraite ; et quoiqu'il ne fût
plus général de cette armée , il y reste jusqu'au 23 mai derier
, y commande toujours et ordonne des attaques demon
trées fausses et nuisibles aux intérêts de la République ; et ,
le même jour , 23 mai , l'armée du Nord , sans general , est
défaite et le camp de Famars enlevé ,
D'après un plan entre Houchard et Guillemin , tout était
préparé pour que Arlon fût attaqué le 9 juin dernier , à huit
heures du matin , par les deux armées combinées . Cette attaque
n'a été faite que par la colonne commandée par Delaage ,
et 2000 hommes commandés par Beauregard , venus de l'armée
des Ardennes , parce que Custines avait donné contreordre
à Guillemin d'exécuter ce plan , attendu qu'il ne vou◄
ait ni prendre Arlon , ni brûler ses magasins ; et si la brayoure
de 12,000 hommes n'eût fait enlever ce poste , il serait
impossible de calculer les suites funestes qui devaient en résuiter
pour la République ,
Custines est si peu républicain que , quoiqu'il affectât sans
eesse , en toute occasion , de se qualifier tel , un soir , étant à
souper chez lui , à Mayence , et entouré d'an grand nombre
d'officiers , vers la fin de janvier dernier , en parlant du cidevant
roi , dont il apprenait la mort , il dit : tout est fini ;
pais , gardant un morue silence , qui ne fut interrompu que
par une autre exclamation : ce n'était pas mon avis ; il fallait
Larder le roi pour ôtage , et non le faire mourir. D'après un pael
propos , il ne faut plus être étonné des expressions de
Barbareux , daus sa lettre imprimée , datée de Caen , du 18
Juin dernier , lorsqu'il y parle de Custines Heureusement.
dit Barbaroux dans cette lettre , ) Custines commande sur
ette frontiere ...………………. ni de celle que l'on trouve dans un
edit imprimé et intitulé ; Bulletin officiel du bureau de corres
pondance de l'armée centrale , seant à Rennes ; 5 juillet : L'as-,
semblée centrale a arrêté qu'il sera écrit au général Custines ,
pour inviter à rester à son poste , quand même la faction de
La Convention ou le pouvoir exécutif le destituerait , en lui delarant
qu'il mérite toujours la confiance du peuple,
Cette maniere de s'exprimer de la part des rebelles sur le
compte de Costines , ne permet pas de douter un seul instant
des motifs qui ont déterminé ce dernier dans la conduite qu'il
a tenue pendant qu'il ctait général .
Custines arrivé à l'armée du Nord et des Ardennes , ne s'est
pas démenti . Il a fidellement suivi la marche qu'avait tenue
le traître Dumoutier lors de sa retraite de la Eelgique ; Custines ,
sous le vain prétexte que cette armée était desorganisée et in(
379 )
disciplinéé , l'a laissée dans l'inaction la plus répréhensible ;
ne s'est occupé nullement de protéger , par aucun moyen
les villes de Conde et Valenciennes , et les autres villes : fron -i
tieres qu'il savait assiégées , de façon que , par cette indigne,
maneuvre , Condé et Valenciennes sont maintenant au pou
voir des ennemis , avec une artillerie formidable , et semblable
à celle que Custines à fait perdre à Mayence que les autres
villes frontieres sont menacées et attaquées dans cette partie , et
qu'en un mot , le territoire Français est entamé par les puissances
coalisées ; ce qui ne serait pas arrivé , si Custines avait fait faire
le plus léger mouvement a l'armée du Nord et des Ardennes
pour protéger ces deux viiles prises et celles menacées . Mais
loin d'avoir ordonné ces mouvemens , Custines , au contraire
pour consommer sans doute plus à loisir sa trahison , a cherché
à faire tirer de la ville de Lille , deja menacée d'un nouvcau
siége , soixante- seize bouches à feu , pour les transporter.
au camp de la Magdeleine ; et nonobstant les sages représen
tations à lui faites par Favart , commandant cette place impor
tante , dans sa leitie du 25 juin dernier , Custines , par sa lettic
du 2 juillet dernier , persévére à vouloir faire extraire de
cetie place , ces 76 bouches à feu ; de sorte que non content
d'avoir , par son inaction coupable , exposé les villes de Condé
et de Valenciennes à être prises , comme elles l'ont mallieureusement
été , son intention criminelle bien prononcée était ,
en dégarnissant ainsi Lille d'une artillerie qui lui était néces
saire , en cas du nouveau sirge dont cette ville était menace
, de la livrer plus aisément au pouvoir des ennemis ; ct
ce qui caractérise davantage ceue intention criminelle de Cus
tines , c'est que la marliere , aurre général aux ordres de Cas
tines , s'occupait de son côté de dégarnir la ville des appro
visionnemeus dont elle était pourvue.
Telle est la maniere perfide et combinée qu'employait Cus !
tines pour anéantir cette liberté si chere à tout éne pensant ,
étouffer et pulveriser jusqu'à la plus légere trace de la Répu
blique waissante .
D'après l'exposé ci - dessus , l'accusateur public a dressé la;
présente accusation contre Adam - Philippe Custines , ci-devant
général en chef de l'armée du Nord et des Ardennes , pour
avoir mechan.ment et à dessein abusé de la qualité de général
des arinces , et avoir , à la faveur de cette qualité , trahi les
intérêts de la République , en entretenant des manoeuvres et
des intelligences avec les ennemis de la France , et par suite
de ses manoeuvres et intelligences , d'avoir facilité l'entrée des
eunemis dans les dépendances de la République , et de leur
avoir livré des villes . forteresses , magasins et arsenaux appartenans
à la République ; ce qui est contraire à l'art . IV de :
la section tre du titre 1er de la lie partie du code pénal. En
conséquence l'accusateur public' requiert , qu'il lui soit donné
acte par le tribunal assemblé de la présente acausation ; qu'il(
380 )
soit ordonné qu'à sa diligence , et par un huissier du tribunal
porteur de l'ordonnance à intervenir , ledit Cus'ines , actuel
lement détenu en la maison d'arrêt de la conciergerie , será
écroué sur les registres de ladite maison de justice , comme anssi
que l'ordonnance à intervenir sera notifiée à la municipalité
de Paris.
Fait au cabinet de l'accusateur public , ce 14 août 1793 , l'an
2 de la République une indivisible.
Signé , FOUQUIR- TINVILLE.
( Nous donnerons l'interrogatoire de Custines dans le prochain
Suméro. )
NOUVELLES DES ARMÉES.
CAMBRAY , le 16 août.
On dit que les ennemis n'ont quitté le territoire de cette
ville que pour s'opposer à la jonction des armées du Nord
et de la Mozelle . Voici les détails de leur apparition devant
cette place , trausmis à la Convention par le general Declaye.
Le 7 août , l'armée ennemie parut devant la place de Cainbray
que je commande ; elle a paru me cerner en longeant sa
gauche depuis la porte Notre-Dame jusqu'a la hauteur de la
porte St. Sepulcre , en poussant ses postes jusqu'à Rumilly.
Réduit à moi même par la retraite précipitée de l'armée
dont je ne pus recevoir les forces qui me manquaient , dans
la plus grande de tresse par l'insouciance que l'ex general La .
marliere a apportée à mettre la ville en état de defense ; par
le defaut d'approvisionnement , par ma faible garnison , surtout
en cavalerie ; et le général en chef Kilmaine , qui m'avait
annoncé , par une lettre en date du 7 , en repouse à la mienne
de même date , que le 25e régiment de cavalerie , qui faisait
partie de ma garnison , et dont il avait disposé la veille , devait
y rentrer , avec environ 300 hussards qui avaient été le
matin à la disposition da général Kiessac , et qui devaient rentrer
, ne me tenant point parole , tout était contre moi , et me
força à croire qu'il existe encore des êtres qui , par la haine
qu'ils portent à la République , trouvent toujours les moyens
d'entraver ceux qui veulent la servir et la défendre jusqu'à la
mort ; tout enfin paroissait concerté pour m'enlever les moyens
de sauver cette place .
Non-sen! ement on ne nous avait point approvisionné malgré
toutes mes réclamations , mais encore on voulait enlever de
nos magasins deux mille sacs de froment , et cela , dans le
moment où le peuple crioit à la famine , et où le bloeus pa
zoissait inévitable.
>
seil de guerre , qui déclara la placé en état de siége , et je
pris les mesures les plus vigoureuses pour la défendre en républicain
; je me vis même forcé , après m'être concerté avee
le commandant du genie , de faire, brûler quelques maisons à
moins de deux cens cinquante toises , vu l'impossibilité de les
Afaire démolir dans ce moment préssant. 7
Le 8 , chacun à son poste , et bien disposé à recevoir l'ennemi
, je me suis occupe à faire accélérer les travaux exté
rieurs et intérieurs de la place , avec le reste de ma garnison
et les braves citoyens de Cambrai .
Vers les 10 heures , je reçus un parlementaire chargé d'une
orgueilleuse sommation , dont voici copie :
Le général-major commandant les avant-postes de l'armée combinée
de l'empereur et ses alliés , à M. le commandant de Cambrai .
Vous avez été témoin de ce que l'armée combinée vient
d'entreprendre , et vous voyez sa position actuelle .
" Bouchain est investi ; nous sommes maîtres de tous les
camps et de tous les postes occupés par vos troupes ; une
colonne nombreuse est derriere vous : je viens vous offrir la
sapitulation la plus honorable. C'est à vous , Monsieur , à
calculer maintenant si vous voulez exposer à toutes les horreurs
d'un siége , et à une destruction inévitable , dont la
ville de Valenciennes vous offre le triste exemple , la ville où
vous commandez ; ou bien si vous voulez accéder à une proposition
qui ne se renouvellera plus , et qui sauverait l'exis
tence et les propriétés d'un si grand nombie de personnes. 99
Etait signé DE BOROS.
Plus bas était aux avant - postes devant Cambrai , le 8 août 1793.
Voici quelle fut ma réponse :
Le général Declage , commandant en chef à Cambrai , au général,
major commandant les avant-postes des armées combinées.
Au quartier- général de Cambrai , le 8 août 1793
l'an 2 de la République Française.
J'ai reçu , général , votre sommation de ce jour , et je
n'ai pour toute réponse à vous faire , que je ne sais pas me
rendre , mais que je sais bien me battre. 99
Signé DEGLAYE.
" Comme les provisions manquaient absolument , je crus
devoir faire quelques sorties pour m'en procurer ; les tirailrepousses
, Je reussis ; enfin le soir je tus entiérement
bloqué ; la nuit rut assez tranquille .
Le gà la pointe du jour l'ennemis'approcha . et la fusillade
fut tres - vive , et continua jusqu'à vers le soir . Dans la nuit
l'ennemi chercha à s'établir , et à commencer les travaux ,
mais je les éclairai et les forçai à coups de canon de les abandonner
le reste de la nuit se passa en quelques fusillades . Le
10 nous
célébrâmes
le triomphe
de la liberté
sur
la tyrannie
, et la fédération
eut lien avec
tous les transports
d'allégresse
de vrais républicains
; la garnison
y assista
par
détachemens
, pour ne pas dégarnir
les postes
avancés
. Des
cris de vive la République
se firent
entendre
, et furent
répétés
mille
fois. Là , sur l'autel
de la patrie
, je prononçai
le serment
de vivre libre ou de mourir
; chaque
soldat
, chaque
citoyen
répéta
je le jure , et tous temoignerent
par leurs
gestes
qu'ils
veulent
tenir leur serment
. L'enthousiasme
était
universel
, et bien propre
à faire trembler
les tyrans
. L'apresmidi
, je fis une sortie
dans laquelle
or fi quatre
prisonniers
,
dont
un officier
Autrichien
: à l'instint
patut
un gros de cavalerie
ennemie
, que cinq coups
de canon
firent
retirer
précipitamment.-
Le 1 , à la pointe du jour , mes découvertes m'apprirent
que l'ennemi avait fait retraite de toute part ; je résolus
de faire éclairer les routes , sur- tout ' celles de Valenciennes
Saint- Quentin et Arras ; par- tout on reconnut que l'ennemi
s'était retiré dans la nuit.
Je ne rendrais pas justice à la brave garnison que je
commande , si j'oubliais de faire l'éloge du zele et du courage
qu'elle a mentre pendant tout le tems que dura le blocus ,
et sur-tout de son dévouement à plutôt s'ensevelir sous les
ruines de la place , que de consentir à se rendre.
Ce drapeau que je vous enveie est un sûr garant de
l'énergie qu'elle a déployée dans les sorties . "
" Acceptez , citoyens représentans , mon hommage et le
serment le plas sacré de défendre la République une et indivisible
, jusqu'àa derniere goutte de mon sang. "
Signé , DECLAYF.
STRASBOURG le 10 août .
"
Il parait que les ennemis vont réunir leurs forces pour altaquer
l'Alsace et la Flandre. L'armée du Brisgaw , Margraviat
et Palatinat , commandée par le general Wurmser est divisée
en trois corps qui doivent agir de concert ; les forces arrivées
de Mayence depuis sa reddition , ont été dispersées dans ces
corps . Voici la répartition des armées combinées , telle qu'elle
a été depuis le 31 juillet jusqu'au 2 août
Le premier corps d'armée du Brisgaw , commandé par le
( 383 }
général Lichtemberg , ' est d'environ 16 à 17,000 hommes ; il
est dispersé dans plusieurs petits camps et cantonnemens ,
depuis les hauteurs de Rhemfeld jusqu'au Vieux - Brisach. Il ne
reste au général Stander , qui commanda à Fribourg , qu'en
Ion 4 à 5 cents hommes , depuis les nouvelles dispositious
prises par le général en chef.
•
Le deuxieme corps d'armée s'étend depuis le Vieux -Brisach
jusqu'à Lichtenau. Le corps composé des troupes de l'empereur
et des cercles est de 12 à 13 mille hommes.
Le troisieme , commandé par le général Wurmser , s'étend
depuis Lichtenau jusqu'à la hauteur de Germersheim , sur la
rive opposée du Rhin : le camp de Salingen , en face du fort
Vauban , est leur point central : ils font des retranchemens
considérables sur toute la rive , et principalement à la droite
et à la gauche du fort Vauban , où ils projettent quelque
tentative pour favoriser les armées combinées qui se trouvent
devant Landau. Tout le reste a repassé le Rhin pour se joindre
au corps de Wurmser.
Il y a encore un corps de réserve des troupes impériales
on des cercles , dans la forêt Noire , près de Willingen ; mais
on n'en sait pas encore le nombre : on assure que ce sont des
dépôts de recrues et quelques détachemens des différens corps
qui composent l'armée du Brisgaw. Ces troupes duivent , à ce
que l'on prétend , se porter sur le Waisenthal , pour agir sur
la principauté de Porentruy , dite Mont-Terrible ,
$
L'armée combinée qui se trouve maintenant devant Landau ,
et qui va faire toutes ses dispositions pour serrer de près
cette place , est composée de Prussiens , Autrichiens , émigrés ,
Saxous , Palatins , Westphaliens et autres troupes des cercles ,
incorporés dans ces derniers ; elle forme une masse de 80 à
85 mille hommes disponibles , malgré les grandes pertes qu'ils
ont essuyées la ville de Mayence seule leur a coûté 42 mille
hommes. Le déficit de leurs armées , qui étaient tant devant
Mayence qu'en face de Landau et sur la rive du Rhin , depuis
Mayence jusqu'à Basle , est de 54 mille hommes , tant tués
que morts de maladie ou désertés . Le nombre des malades
actuellement existans dans les hôpitaux , depuis Coblentz jusqu'à
Latroh , est de 11 mille 6 cents 88 hommes selon les
Lanports officiels donnés aux généraux en chef de leurs
artiets.
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et du
mercredi.
Du mardi 20 août. Les administrateurs du département du
Mont-blanc écrivent que les Piemontais , profitant du départ
( 584 )
de quelques bataillons envoyes contre la ville de Lyon , ont
pénétré dans leur montagne ; ils demandent des secours . Un (
membre de la députation du Montblanc assure que des officiers
municipaux ont conduit les colonnes piémontaises sur
le territoire français ; que la masse des habitans est patriote ,
mais qu'il y a des traîtres et des gens susceptibles d'être fanatisés.
Il y a une grande mesure à prendre , ajoute- t- il , c'est
d'incendier tous les villages qui se révolteront . Le département
du Montblanc a eu aussi ses émigrés . L'assemblée des
Allobroges les rappella ; ils rentrerent , non par amour pour
la liberté , mais pour conserver leurs biens. Je demande que
tous ceux qui ont fui la ci- devant Savoie à l'approche des
armées françaises soient mis en état d'arrestation. Cette proposition
est adoptée .
Une lettre particuliere annonce que le siége de Lyon conunue
; que les habitans demandent à parlementer . Si les Lyonnais
veulent encore essayer la résistance , une nouvelle attaque
doit les faire succomber. Les Marseillais ont été complettca
ment battus près de Saint - Remi . On leur a pris trois pieces
de canons , et fait un grand nombre de prisonniers .
a eu
Mardi soir. Une lettre de la Vendée annonce de nouveaux
succès sur les rebelles . Les habitans des campagnes insurgées se
rebutent , et les rassemblemens qui se formaient au son du
tocsin ne sont plus aussi considérables . Une lettre de Lille ,
en date du 19 août , contient le récit d'une affaire qui
lieu entre les troupes de la République , les Autrichiens , les
Anglais , Hanovriens et Hessois . Les postes de Monvaux et de
Bondues ont repoussé l'ennemi . Dans cette journée nous lui
avons enlevé dix pieces de canon , et fait environ 200 prisonmiers
. Sa perte peut être évaluée à 500 hommes .
Paré , secrétaire du conseil exécutif provisoire , a été nommé
ministre de l'intérieur ; il avait pour concurrent les citoyens
Hébert , substitut du procureur de la commune de Paris , et
François de Neufchâteau , ex-député.
Du 21. Une lettre de Nantes s'exprime ainsi : On s'attend
un combat naval sous Belle - Isle ; on peut compter sur le
succès , car tous nos marins sont dans les meilleures dispo
sitions.
Rapport du comité de salut public sur les mouvemens contrerévolutionnaires
qui se sont manifestés dans la ville de Montbrison,
La Convention a pris des mesures pour les éteindre . '
<
( No. 109 . 1793. )
MERCURE FRANÇAIS
SAMEDI SI AOUST , l'an deuxieme de la République.
POÉSI E.
? Lettre d'un amant malheureux , écrite à son ami , au moment d'aller
se donner la mort avec son amante. ( Tirée des lettres de
M. Léonard . )
CETTE nuit , mon ami , dans l'oubli du malheur ,
D'un instant de repos j'ai goûté douceur .
Je cours à mon réveil contempler la nature :
L'air est frais ; l'horison s'éclaircit et s'épure ;
Tout annonce un beau Jour ; tout est calme et serein ;
L'orage est dissipé ....... l'orage est dans mon sein .
L'étoile du matin déja commence à luire ;
Sa débile clarté suffit pour me conduire
Au lieu d'un rendez - vous , bien différent , hélas !
De ceux où tant de fois elle a conduit mes pas .
Mon chien , mon chien fidele accourt et me caresse
je le baise , et je pleure ! Ami , que sa tendresse ,
En méritant vos soins , vous rappelle par fois
Son maître infortuné qui vous remet ses droits ......
Déja le chant du coq a frappé mon oreille ;
Chacun reprend par- tout ses travaux de la veille ,
Et les miens vont finir Ces instrumens de mort
D'un monde plus heureux nous ouvriront le port.
Dieu puissant , je t'invoque ! Être incompréhensible ,
Au dernier de mes voeux ne sois pas insensible !
Jamais je n'ai conçu de coupables desseins ,
D'aucun crime jamais je n'ai souillé mes maius ;
Devant toi cependant sur le point de paraître ,
Je sens que je frémis ..... Grand Dieu , pourrais.tu n'étre ,
Comme des imposteurs osent le souteuir ,
Qu'un Dieu terrible , un Dieu toujours prêt à punir ?
Aurais- tu des tourmens pour celui qui délaisse
Un monde où les tourmens le poursuivent sans cesse ?
Tome IV.
Bb
2
( 386 )
que je t'implore ;
Sur le bord effrayant de l'abyme éternel ,
Accorde-moi l'appui de ton bras paternel !.....
Mais ce n'est pas , grand Dieu , pour moi
Réserve tes bontés pour celle que j'adore ,
Cet objet vertueux que ta main a formé ,
Pour celle dont le crime est de m'avoir aimé !
Pardonne son ' amour"; il fut involontaire ;
Et si l'homme ici bas ne peut , sans te déplaire
Prévenir le moment de revoler vers toi ,
Que la peine , o mon Dieu , ne tombe que sur moi ! ...
Mais l'heure sonne .... allons ! .... sur ma bouche enflammée
Viens , viens que je te presse , ô de ma bien- aimée
Présent délicieux , d'amour gage adoré ,
Ornement d'un sein pur , ruban cher et sacré !
Viens , viens , tu me suivras dans la nuit éternelle ,
Je t'aurai sur mon coeur en expirant près d'elle...
Adieu , mon tendre ami , je pense à vos bienfaits ;
Vous seul , vous seul au monde excitez mes regrets !
Adieu , cabane heureuse ! adieu belle campagne ,
Plus belle encor pour moi par ma douce compagne !
Adieu ciel ! adieu terre ! adieu brillant soleil ,
Dont les premiers rayons éclairaient mon réveil !
Adieu petits oiseaux que je venais entendre !
Adieu rives du fleuve où j'aimais à me rendre !
Adieu bosquets , yallons et tout ce que je vois !
Adieu , vous dis -je , adieu , pour la derniere fois !
NOEL DE BOULOGNE .
CHARADE.
Mox dernier du premier affaiblit les ardeurs , ON
Et mon tout ceint l'amour d'épines ou de fleurs.
Ji
ENIGM E.
E donne en dix à deviner .
Au plus expert en ce manège ,
Un champ qu'on ne pent moissonner ,
Qu'alors qu'il est couvert de neige.
( 387 )
A LA
LOGO GRIPHE.
LA ville , comme au hameau ,
Je suis d'un très -commuu usage ;
Tantôt gris tantôt blanc , ou noir comme un corbeau
Du cygne au champ de Mars j'arbore le plumage.
Veux - tu me connaître , lecteur ,
Leve les yeux , preads des airs de hauteur ;
De mes sept pieds mesure l'étendue ,
J'offrirai d'abord à ta vue
Ce doux tissu d'un satin qui te plaît ,
Sur la gorge d'Iris , sur sa main , sur sa bouche
Il est d'un si puissant attrait
>
?
Que ses charmes sans lui n'auraient rien qui te touche ;
Puis un appas pour les oiseaux ;
Un animal qui paît volontiers près des eaux ;
Un insecte cruel dont le nom rime à suce ,
Et qui suce en effet le sang
De soeur Colette et de soeur Luce ;
Cet élément dont se forme un étang ,
Ici canal , là bas source ou riviere "
Et qui dans la nature entiere
Répand la vie et la fraîcheur ;
Un promontoire , un soupir qui du coeur
Marque un desir secret , quelquefois la tendresse ,
Et la douleur encor ; certain son qui nous blesse ,
Mais qui de la voiture anime le coursier ,
Mot nécessaire au diligent courier ;
D'un oiseau l'ornement de tête ;
Celui du chantre un jour de fête ,
Ce qu'à mes pieds je puis voir tous les jours ,
Et même à mes genoux , ornemens de secours ;
D'une ville à grande cohue ,
Le nom du maire ; de la rue
Le marche-pied , enfin , un souterrain ,
Ou pour mieux dire un magasin
Où certaine liqueur fraîchement se conserve ,
Qu'à mes bons amis seuls prudemment je réserve.
C'est tout , ami lecteur : veux - tu me deviner ?
Va sans moi , si tu peux , ainsi te promener .
Bb 2
( 388 )
Explic. des Charade , Enigme et Logogriple du No. 198.
Le mot de la Charade est Chevrefeuille ; celui de l'Enigme est Gog 3
selui du L - gogriphe esi Procès , où l'on trouve repes , soe Tose fe
oman de la ) , rose ( fieur ) , ré , prose.
1
1
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Voyage en Guinée et dans les isles Garaïbes en Amérique : par
Paul Edman Iscrt , ci - devant médecin - inspec eur de Sa Majesté
Danoise , dans ses possessions en Afrique ; tiré de sa correspondance
avec ses amis traduit de l'allemand. in-8° . avec figures.
Prix , 6 liv . A Paris , chez Maradan , libraire , rue du Cimetiere
Saint-André-des -Arcs , nº. 9.
ITL y a eu de nos jours peu de genres d'ouvrages aussi multiplies
que les voyages . Qui a vu veut raconter , et qui raconte,
sur tout venant de loin , se fait écouter assez volontiers .
Historia quoquo modo scripta delectat . L'histoire amuse toujours ,
écrite , n'importe comment , a dit Cicéron , et cela est viai de
celle des voyages comme de toute autre .
L'auteur de ces Lettres sur la Guinee a parcouru les comptoirs
danois sur le golfe de Bénin , dans les contrées d'kra et
de Popo , voisines du royaume de Juida , qu'il appelle Fida ;
car les noms de ces pays varient suivant la différente prononciation
des Europeens . Il eut occasion de faire un voyage de
pure curiosité dans ce royaume de Juida , qui est plus avant
dans les terres que les établissemens qu'il devait inspecter . et
qui a été souvent décrit par d'autres voyageurs avec bien
plus d'étendue et de méthode que le médecin Danois n'er
a pu mettre dans une correspondance écrite
à ce qu'il
paraît
, et à des intervalies
plus
assez
à la bâte
,
moins longs.
Une grande partie de cette correspondance cst employce à
décrire tous les evenemens d'une petite guerre cuire deux
petites peuplades negres , les Adéens et les Augucens . Mas
quoique ce récit pût être abrégé sans inconvénient , il fournit
toujours à l'auteur quelques particularités qui conarment
ce que les autres voyageurs nous ont dit des negres , de leurs
moeurs , de leur caracture , de leurs
dit dans sa préface qu'il a sur- tout voulus .
L'auteur
nous
faire l'histoire naturèlle
des hommes : c'est un fort beau projet ; mais l'exécution
n'y répond pas toujours , et les botanistes qui cherchent la
nomenclature es la description des plantes étrangeres sefont
peut-être plus contens de lui que les philosophes qui cher
chent l'homme .
Ceux à qui nous devons les meilleures relations sur les
( 399 ).
pays arrosés par le Sénégal , la Gambra , le Niger , et
par les différentes rivieres qui sont des branches de ces grands
fleuves s'accordent à penser que le negre est généralement
bon et courageux , qu'il ne manque ni d'esprit ni d'industrie ,
et 'qu'il est doué d'une mémoire prodigieuse . La superstition
et le despotisme étouffent les fruits de ces qualités naturelles ,
et la servitude affreuse où ils sont réduits dans nos colonies
d'Amérique y substitue souvent tous les vices des esclaves .
D'après ces vices que nous leur avons donnés , la plupart
des colons nous ont représenté les negres sons des traits
extrêmement défavorables , et souvent on a cru à leurs rapports
, sans songer que le negre dont ils nous parlaient n'était
autre que celui qu'ils avaient fait , le negre de l'esclavage
et non pas celui de la nature . Mais les voyageurs éclairés qui
l'ont observé dans sa terre natale en font un portrait rout
différent , et le médecin Danois , dans les traits épars que l'òn
peut recueillir chez lui , est d'accord avec eux . On n'est jamais
stupide avec beaucoup de mémoire , et celle des negres ,
par exemple , est si fidelle et si sûre qu'elle leur tient lieu
de registres et d'annales , Au bout de 40 ans , ils se souviennent
de ce qui a été délibéré dans une de leurs assemblées
, ou de ce qui s'est passé dans un combat , ou de ce qui
a été réglé dans un traité , comme si les faits étaient de la
ville . Leurs vieillards sont les dépositaires de ces traditions ;
ce sont pour eux des livres vivans ,
4
•
A l'égard du despotisme qui les écrase , si l'on ne connaissait
l'orgueil des hommes , de quelque couleur qu'ils
soient , on ne concevrait pas que dans un pays où les jouissances
sont par une proportion nécessaire et la même partout
, anssi bornées que les connaissances , on pût ètre aussi
jaloux du pouvoir que dans ces fertiles contrees de l'Asie ,
où l'opulence de la nature semble s'être épuisée pour quelques
despotes , et qu'un miserable chef de quelques villages
formés de huttes , qui a pour principales richesses , un mauvais
chapeau d Europe , un lambeau d'écarlate et queiques.
verroteries , se jouât de la nature humaine dans la personne
de ses égaux , aussi insolemment que le graud Mogol ou le
Padisback. Rien n'est cependant plus vrai l'adoration est
font aussi humble et la tyrannie aussi crucite dans les penplades
noires que dans les palais des monarques d'Orient. La
soutume barbare d'égorger en cérémonie un certain nombre
d'esclaves sur le tombeau des rois , est établie en Guinée de
tems immemorial : on renouvelle ces mêmes massacres pour
célebrer, chaque année , le jour de ia naissance du roi régnant.
Si Fon demande au roi pourquoi il n'abolit pas une pratique
si effroyable , qui est même contraire au bien de
ses finances , puisqu'il pour it tirer beaucoup d'argent de
" ces esclaves qu'on exécute , il répond qu'il n'est pas ea
" son pouvoir d'abroger un usage aussi ancien que la mo-
Bb 3
( Sgo )
narchie , et qu'il aurait lieu de craindre quelque rébellion
" de la part de ses sujets . ››
Voilà donc ce que l'ignorance peut faire , des hommes ! Ils
se révolteraient , si on ne les égorgeait pas ! Hélas ! Oui . Tel est
l'empire des premieres idees , imprimées par la superstition
et par l'habitude . Le monde entier , ancien et moderne , est
plein de ces exemples . Ne nous assure- t- on pas que les Espagnols
se souleveraient , si l'on voulait leur ôter leur sainte
inquisition ? Etonnez- vous ensuite qu'en tout tems et en tout
lieu , le premier vau et , pour ainsi dire , l'instinct de la
'tyrannie soit d'abrutir les hommes , de consacrer l'ignorance
et de proscrire l'instruction ! Cet instinet se fortifie en raison
de la bêtise des tyrans , et quand elle est au deinjer degré
elle va jusqu'à dire quiconque aura plus d'esprit que moi
sera pendu .
L'auteur cite en preuve
du pouvoir arbitraire du roi de
Dahoay un fait qui nous paraîtra monstrueux , et qui cependant
est très- commun en Asie et en Afrique , deux parties
du monde où l'on sait que le despotisme est naturalisé de
toute antiquité . Dans une de ces fêtes annuelles dont j'ai parlé
ci- dessus le roi passait devant les malheureux lies- au bas
, de l'échafaud royal pour l'exécution de ce jour. L'un d'eux
ne pouvait se consoler et poussait de lamentables gémissemens.
O combien , s'écriait - il , est heureux celui - ci ,
" pendant que je suis plongé dans le malheur ! Le roi demanda
ce que disait ce malfaiteur on le lui rapporta : le
" roi se tournant , répondit : ce drôle-là n'est assurément pas
une bête . Aussi-tôt il le releva lui- même , fit rompre ses
liens et ordonna qu'on lui donnât des habits et de l'argent
pour retourner chez lui . Il fallait remplacer le malheureux
, qu'il avait mis en liberté . Il le fit en saisissant , parmi la
troupe qui l'environnait , le premier qui se presenta , le fit
lier avec les autres , et il fut exécuté le jour même . ",
3
A l'égard de cette espece de courage qui va au - devant de
la mort , le trait suivant, parmi beaucoup d'autres que l'on
trouve ailleurs , peut faire voir que les negres en sont aussi
capables qu'aucun autre peuple. . Le roi d'Akim , tributaire
• du roi d'Assianthe , lui demanda la permission de faire
,, la guerre à une petite nation , et l'obtint à condition qu'après
la victoire il partagerait avec la le butin . Il se mit
" en campagne , remporta la victoire ; mais comme il ne fit
9 que peu de butin , il crut pouvoir le garder tout entier.
Quelque tems après , il apprit que le roi d'Assianthe allait
99 lui envoyer des gens pour demander sa tête , et comme il
savait que cette sentence , une fois passée , ne souffrirait
" pas beaucoup d'adoucissement , il fit venir un jour ses principaux
ministres , il leur déclara le malheur dont il était
( 391 )
99 menacé , et qu'il pensait n'avoir rien de mieux à faire que
de s'expédier lui-même pour l'autre monde. Les ministres ne
trouverent pas convenable qu'il fit ce voyage tout seul ils
voulurent l'accompagner . Dans cette vue , ils firent venir
" autant de tonneaux de poudre qu'ils étaient de personnes ;
" chacun s'assit sur le sien ; ils placerent au milieu d'eux une
,, ' arieze d'eau - de - vie , dont le fond d'en haut était ouvert , et
du tabac. Ils fumerent et burent réciproquement à leur bon
" voyage . Jusqu'à ce que le roi donnat le signal auquel chacun
99 devait fourrer sa pipe allumée dans son tonneau de poudre .
Tous nos héros s'en acquitterent , et mirent ainsi une fin
" glorieuse à leur existence . "
Ce que tous les voyageurs ont dit du culte rendu par les
Negres de Juida à l'innocente espece de serpens nommés
fetiches , se trouve ici répété : voici ce qu'en dit l'auteur. Le
serpent fétiche est la premiere divinité , et est ici dans la plus
, haute vénération . Uu Européen ne se trouverait pas bien
de s'y attaquer et de le tuer. J'en ai vu plusieurs , et c'est
en effet , pour la vue , un superbe animal . Il est de la lon-
" gueur et de l'épaisseur du bras. Le fond de sa couleur est
2 gris , cutremèlé de raies jaunes et brunes . On dirait qu'il
sait que personne n'ose lui faire du mal ; car il va hardiment
dans toutes les maisons ce n'est point non plus un insecte
9 nuisible ; il ne fait de mal à personne . Me promenant un
" jour seul dans le jardin du fort , j'en vis un roulé en peloton
, qui dormait au pied d'un arbre. J'eus infiniment de
plaisir de cette découverte ; je le considérai quelques instans
" avec ravissement , et j'étais sur le point d'aller chercher up
vase pour le conserver dans de l'esprit - de- vin , lorsqu'à mon
" grand chagrin , un Negre qui travaillait dans le jardin l'ap-
"" perçut ttout comme moi. Je me vis par là privé de mon
butin il sortit du jardin dans la plus grande diligence
et reviut bientôt avec un prêtre . Celui- ci à la vue du ser-
" pent se jetta tout de son long le visage contre terre , le
baisa trois fois , marmotta quelques mots , prépara sa ceinture
ponr empaqueter la bête , la leva de terre avec tant
de précaution qu'elle ne se réveilla seulement pas ,
et la
> porta dans le temple , où il y a toujours à boire et à manger
" prêt pour ces animaux , soit qu'ils viennent pour en jouir
" ou qu'ils ne viennent pas .
99
: ་
11 est clair que la plus heureuse condition en Afrique , c'est
d'être serpent fétiche , à moins cependant qu'on n'ait le malheur
de rencontrer un de ces médecins d'Europe qui ne se
font pas le plus petit scrupule de tuer le meilleur et le plus
doux animal , parce qu'il a la peau belle , et pour le conserver.
dans de l'esprit-de- vin .
Notre Danois si mal intentionné pour ces bons fétiches s'em
Bb 4
1,392 )
+
et
barque sur un vaisseau négrier pour les isles d'Amérique .
Témoin oculaire des cruautés qu'on exerce dans la traversée
sur ces malheureux destinés à l'esclavage , il en parle avec la
juste indignation que doit éprouver tout être sensible en
voyant son semblable si indignement maltraité . Il serait inutile
de les retracer ici ; elles sont trop connues pour la honte de
l'humanité , et la philosophie et l'éloquence ont cent fois et
jusqu'ici trop inutilement dénoncé , dans les plus énergiques
peintures , ce crime de l'avarice et cet opprobre de l'Europe .
Mais ce qui est particulier à notre auteur , il faillit en être la
victime. Une de ces révoltes si légitimes et si fréquentes qui
éclatent quelquefois dans les vaisseaux négriers , mit le sien
dans le plus grand danger. Ces infortunés , attachés deux à
deux des colliers de fer , entassés les uns contre les autres ,
par
et n'ayant pour armes que leur désespoir et leurs chaînes
viennent quelquefois à bout , par un effort simultané dont les
opprimés sont seuls capables , de se délier tous à la fois ,
de fondre avec la rapidité de la foudre sur les tyrans qu'ils
égorgent avec leurs propres armes . L'auteur Danois rapporte
deux exemples de ces terribles vengeances arrivés en 1785 ,
l'un sur un navire anglais , l'autre sur un bâtiment hollandais .
Dans l'un et l'autre , tous les Blancs furent massacrés jusqu'au
dernier ; mais dans l'un , les Noirs voyant venir contre eux
des vaisseaux de la côte , se firent sauter , et périrent au nombre
de plus de einq cents ; dans l'autre , ils furent moins heureux ,
et après avoir détruit les Blancs ils furent repris par les Negres
de la côte , et rendus à l'esclavage . Une révolte semblable
se déclara sur le vaisseau danois , et le premier qui tomba sous
la main des Negres furieux fut le medecin Isert , qui reçus
plusieurs coups de rasoir , la seule arme qu'eussent alors entre
les mains ceux des Negres qui s'efforçaient de briser leurs
fers . Ils échonerent cette fois , et les Blancs , après en avoir
tué une trentaine , parvinrent à retenir les autres à la chaîne.
Le médecin fut secouru ; il avait perdu beaucoup de sang ;
mais aucune de ses blessures n'était mortelle , et il fut gueri
au bout de quelques jours .
Autant que l'on peut juger de l'original par une traduction ,
le style de ces lettres ne paraît pas de fort bon goût. le
ton familier et le ton poétique y sout maladroitement amal
gamés . On sent bien que des nuances si différentes demandent
de l'art et du choix , même dans des lettres , Quant à la diction
da traducteur , elle est extrêmement incorrecte , comme on l'a
pu voir dans le peu que j'en ai cité . Il est bien étrange , par
exemple , qu'on appelle insecte un serpent : il est difficile de
croire que cette faute grossiere soit de l'original : l'auteur
Danois est un homme trep instruit pour confondre un reptile
avec un insecte .
( 393 )
SPECTACLES.
THEATRE DE L'OPÉRA.
On vient de donner sur ce théâtre une tragédie lyrique en
trois actes , intitulée Fabius ; paroles du citoyen Martin , musique
du citoyen Moreaux .
Annibal s'avance vers Rome. Le peuple , effrayé de son approche
, veut fuir . Metellus l'arrête , eu lui représentant que
ce n'est pas hors de Rome qu'il doit se réunir pour défendre
sa liberté ; que ses ennemis les plus dangereux sont des
étrangers répandus dans son enceinte , qui y sement le trouble
et la division , qu'il faut les surveiller pour se défendre de
leurs complots ; inais Fabius est dictateur ! on doit tout attendre
de ce général , dont la lenteur prudente saura triompher de
la furie des Carthaginois. En effet , Paul Emile vient annoncer
qu'Asdrubal , frere d'Annibal , vient d'être arrêté dans
Rome . Le peuple se fie aux loix du soin de son supplice , et
fait serment de sauver la patrie et de respecter les personnes
et les propriétés . Au second acte ; les dames romaines viennent
offrir des dons patriotiques ; le grand - prêtre prophétise une
paix prochaine et durable. Proculus rend compte du supplice
d'Asdrubal , et annonce le retour de Fabius vainqueur .
Tont le monde va au- devant de lui . Au troisieme , Fabius
arrive enfin il rend compte de sa victoire , et se démet
de la dictature . On done aux alliés le tine de citoyens
romains , Valérie , féinme de Fabius , viert couronner le trioniplateur
, qui obtient la liberté des captifs , et l'opéra finit par
une marche triomphale .
;
S'il fallait considérer cet ouvrage du côte dramatique , et
le juger selon son mérite poétique et littéraire , il ne serait
pas exempt de reproche , ni du côté de l'action qui est presque
nulle , ni du côté du style qui est extrêmement négligé. Mais
il paraît que l'auteur a tont sacrifié au desir de préseater une
foule d'atlusions aux circonstances présentes , et de développer
les sentimens du patriotisme le plus pur et le plus ardent.
a parfaitement réussi dans ces deux points , les allusions y
sont d'antant plus sensibles , que l'auteur ne s'est pas cit
obligé de se conformer à l'histoire dont il s'écarte" à
moment. Il paile sans cesse de rois coalises , de la
des rois , etc. quoiqu'il sache très- bien qu'il n '
tion de rois dans les guerres puniques . Carthige
République ainsi que Rone ; il fait prease and pais po
tjar q
( 394 )
chaine par le prêtre de Sa urne , et cette guerre dura encore
dix ans . Rome ne voulut jamais la paix avec aucune puissanee
, tant qu'elle se crut en état d'opprimes , etc. Toutes
ces inexactitudes , sans doute volontaires , sont bien rachetées
par les traits de patriotisme dont cet ouvrage est rempli d'un
bout à l'autre . Ce sentiment a produit tout son effet , sur les
spectateurs , et assure le succès de l'ouvrage ; la musique n'a
pas moins fait de plaisir , et a paru digne de la réputation de
son estimable compositeur.
1
;
ANNONCES.
T
Relation des Isles Felew , situées dans la partie occidentale
de l'océan pacifique ; composée sur les journaux et les communications
du capitaine Henri Wilson , et de quelques- uns
de ses officiers , qui , en août 1788 , y ont fait naufrage
sur l'Autelope , paquebot de la compagnie des Indes Orientales
; traduit de l'Anglais de George Keute , écuyer , membre
de la société royale et de celle des antiquaires ; deux vol.
in-8° . , ornés de figures ; prix 12 liv . broc. A Paris , chez
Maradan , libraire , rue du Cimetiere St- André , nº . 9 ..
Le bonheur du Pauvre, ou réflexions philantropiques sur l'objet
le plus essentiel au bonheur du peuple Français , ou projet
d'articles additionnels à l'acte constitutionnel , décrété le 24
juin 1793 , etc. par le citoyen Antome -Alexandre Monier , -
auteur de plusieurs inventions dans les arts utiles , et de la
caste qu'on appellait ci- devant tiers-état ; broc . , in - 8° . A Paris ,
chez les marchands de nouveautés .
Questions Métaphysiques dont la solution importe à l'humanitė
, 8º. A Amsterdam , et se trouve à Paris chez les
marchands de nouveautéé.
GRAVURE .
Portrait de Raynal , gravé au lavis en couleur ; par P. M.
Alix , et peint par Garnerey , forme ovale de neuf pouces
sur 7 trois quarts , faisant suite à ceux de Voltaire , Rousseau
Mably , etc. gravé par le même d'après différens maîtres ;
tous ces portraits se vendent 6 livres chacun , chez Drouin ,
éditeur , rue Christine , nº . 2 , fauxbourg Saint - Germain .
MERCURE
HISTORIQUE ET POLITIQUE.
-
ALLEMAGNE.
De Hambourg , le 13 août 1793.
L'IMPERATRICE de Russie vient d'éprouver une perte bien
cruelle sur tout au moment où des préparatifs de guerre ,
inutiles si elle se bornait à bien régir ses vastes domaines
épuisent son trésor pour l'armement d'une flotte dont la destination
n'est pas encore bien connue.
Voici ce qu'on mande d'Archangel en date du 17 juillet :
Un incendie qui a éclaté ici le 26 juin , on ne sait pas encore
comment, a détruit eu très peu de tems 877 maisons , 3 églises ,
environ 300 boutiques sur la place du marché , et un grand
nombre d'autres édifices adjacens . On était occupé précisément
à charger des navires , et cette circonstance a fait que
les secours n'ont pas été aussi prompts qu'ils auraient dû l'être .
Les malheureux habitans sont au désespoir ; ils ne savent où
se réfugier , et leur perte est immense on l'évalue deja à plus
de 3 millions de roubles , ou près de 15 millions tournois
ce qui est beaucoup pour un état aussi pauvre que l'est la
Russie .
•
Suivant des avis de Copenhague , 9 vaisseaux de ligne russes
et 3 frégates destinés pour la mer du Nord , sout toujours
retenus par les venis contraires à Elseucur ; ils prendront sous
leur escorte un grand nombre de bâtimens hollandais . Une
autre partie de cette escadre est dans la baie de Kioge ; ou
en a détaché 2 vaisseaux de ligne pour les envoyer en cicisiere
dans la Baltique . Ces nouvelles sont du 3 août : d'autres
postérieures , mais sur lesquelles on ne peut peut- être pas faire
grand fond , prétendent que la flotte a passé le Sund le 24 avec
des vaisseaux de transport et 12,000 homines de débarquement
; elles indiquent les côtes de France , ou du moins l'istė
de Corse comme le but de cette expédition .
Voici la liste de tous les vaisseaux qui composent cet armement.
Ceux mouillés à la baie de Kioge près Copenhague .
Le Rostislaff de 108 can . Commandant , Tchichagoff. Les
Douze - Apôtres, id. Baschmanoff. Le St- Nicolas , id. Puschin . Ewey,
id. Korbejeff. Schesme , id. Boviso . Savatort , id. Oboljanenoff.
Trois - Gerach , id . Tiruoscheff. Sisoi - Velicki , id. Killenia .
Saint-Pierre de 74. De Barsch. Pierre , id . Burdukoff . Alexandre ,
d. Soghok. Jurostaff , id . Bilan . Amstistaff , id . Mesojedoff.
( 395 )
Prechor de 64. Von Heinheil . Pobedanolez , id. Samarokoff.
Ceux sortis pour la mer du Nord.
Helena de 74 ; amiral , Krusse . Comm. Von Breyer . Gseb , id .
vice amiral , Gibs, Commandant , Von Tiescher. Kyrivann , id.
contre-amiral , Teff. Commandant , Von Eken . Baris , id . , conmandant
, Von Zellin . Frochschwetises de 66. Von Sakin. Parmon , id .
Von Greffnitz, Pimen , id. Von Kolokohoff. Omhetem , id. Von
Losimen. Nezionor , id . Von Labroff.
Frégates . Archangel Michaël de 44 canons ; comm . Schllinson .
Archipelay , id . Aklischeff. Britscheslaw , id. Von Aplischeoff.
Pomoschne , id. Von Schwiten .
Sept cents quatre-vingt- six Français et Françaises ont abjuré
leur patrie et inscrit leurs noms sur le livre de servitude en
prêtant à Pétersbourg le serment exigé par l'ennemie de la
liberté. Il n'y en a que treize à Cronstadt et aux environs qui se
soient ainsi déshonorés. Quelques autres retenus par des maladies
n'ont pu se présenter au gouvernement , mais ont promis
par écrit de venir prêter en personne le serment , dès que
leur santé le leur permettrait ; la gazette de la cour en a aussi
donné la liste , La Russie ne fait pas une grande acquisition ,
et la France ne fait pas une grande perte .
Tout s'arrange d'ailleurs en Pologne au gré de l'ambitieuse
Russie , Des lettres de Varsovie disent que le traité avec la Prusse
suivra de près celui qui a été entierement adopté et signé le
juillet ; elles ajoutent que Gatherine II a récompensé les
traitres qui lui ant livré leur patrie par des dignités propres
plutôt à faire ressortir leur bassesse qu'à la couvrir. Tyskiewicz
à été fait grand maréchal de Lithuanie Mossinski , grand maséchal
de la couronne Bielinski , maréchal de cour de la cou- '
ronne , et Zaluski , trésorier de cour de la couronne .
(
On a appris depuis que la négociation du traité avec la Prusse.
est aussi commencée . Les conferences entre la délégation et
M. de Bucholz ont même lieu actuellement. C'est pourtant
là qu'aboutit le serment prononcé par le faible Stanislas , lorsque
les députés de la delegation furent nommés à la diete. 11
est curieux de le comparer avec les traites, Je jure en présence
de Dieu tout- puissant et de la Sainte Trinité que je
n'ai jamais fait ni offres ni promesses, et qu'il ne m'en a
été fait aucunes , et que je n'en ferai un'en accepterai jamais
qui puissent nuire au bien de la République . Je prie là-dessus
Dieu et notre Sauveur de nous prendre en sa sainte garde. „
Onn ne sait pas ce que promettra et sur - tout ce que tiendra
le roi de Prusse . Mais la pieuse Catherine promet au nom
de la trés -sainte et indivisible Trinité qu'il existera dorén avant
et pour l'éternité des tems , paix constante , alliance et amitié
parfaite catre S. M. l'impératrice de toutes les Russies ,
heritiers et successeurs , ainsi que tous ses états d'une part ,
ses
( 399 )
et le roi de Pologne , grand duc de Lithuanie , sès successeurs
comme aussi le royaume de Pologne et le grand duché de
Lithuanie de l'autre .
22
11
y aurait eu un peu plus de franchise à promettre au nom
de la très -active et insatiable ambition , la seule divinité des
ames royales , qu'elle s'empaterait au premier jour , ou du
moins des qu'cile le pourrait , avec ou sans les puissances copartageantes
, da reste de la Pologue envahie à deux reprises , et
qui verra terminer la tragi - comédie jouée par la troupe des
grands acteurs couronnés par un dernier démembrement qui
fera le troisieme acte et le dénouement de cette piece fort
bien intriguee , et où les caracteres se soutiennent à merveille
depuis vingt ans .
La main qui opprime la Pologne est digne de combattre en
faveur des émigrés , et de les soutenir ; c'est aussi ce qu'elle
fait de son mieux . Cependant Choiseul - Gouffier ne profitera
pas long-tems des aumones impériales de la Sémiramis du
Nord ; on le dit dangereusement malade à Petersbourg.
La Suede et le Danemarck profitent de la neutralité ; leur
commerce prospere singulierement. M. Grouvelle doit arriver
incessaniment à Copenhague . Il a debarqué le 2 août dans notre
ville de Hambourg.
De Francfort-sur- le-Mein , le 25 août.
Suivant des lettres de Vienne du 3 de će mois , le lieutenant
Kronberg , du régiment d'Esterhazy , hussard , arrivé le 29.
juilict comme courrier , a apporté des dépêches très- impor
tantes du conte Mercy - d'Argenteau , de Londres et de la
Fiaye , qui doivent être relatives à une paix prochaine avec la
France. On doute d'autant moins ici qu'il est question de
paix , que la tande levée de recrues qui devait avoir lieu ce
mois - ci a encore été remise. Peut - être aussi ces bruits de
paix e sont - ils répandus que pour douner de l'espérance
aux prêteurs ; car on ne peut dissimuler qu'il se fait emprunt.
sur emprunt ; ce qui prouve bien l'état désespéré des finances
impériales , et l'impossibilité où sera François 11 de continuer
la guerre, sans avoir recours , en cas que ses emprunts ne se
replissent pas , somme il n'y a que trop d'apparence , à de
nouveaux impôts que le pays peut encore moins supporter .
Un vient d'en ouvrir un de deux millions et demi de florius
á aruxelles on avait déja taché précédemment d'emprunter
10 millions à la Suisse , ce qui eût été un coup de politique .
tres- habile , si cela eût réussi, puisque l'empereur demandera
peut - être au premier jour passage sur leurs terres aux bons
Helvetiens , pour attaquer la Franche- Comté et l'Alsace , et
qu'un roi debiteur parle plus haut qu'un particulier créancier .
Quoi qu'il en soit, les préparatifs de guerre continuent, mais
avec motus d'activité qu'on n'aurait dû s'y attendre. Les gens
bien lustruits attribuent le ralentissement à la disette du nus
( 398 )
meraire , auquel on supplée de son mieux par un papier qui
n'a guères de faveur , parce qu'il n'a guères d'hypotheque
papier porté à 20 millions de florins de billets de bauque.
Au reste les agens diplomatiques du cabinet de Vienne sont
e course , et l'empereur craignant avec raison que la Grande-
Eretagne n'use et n'abuse des circonstances pour tirer de la
cour de Madrid tout le parti qu'elle tire de celle de Portugal
, a nommé le prince de Kinski , son ambassadeur exuaordinaire
en Espagne . Ce ministre sera chargé de conclure un
traité d'alliance dont quelques bases importantes out deja été
Convenues .
En attendant la paix dont on parle tant , et que les Français
seront vraisemblablement forcés d'arracher à une cour
qai préférerait la guerre et qui selon toute apparence se propose
de tenter encore une seconde campagne , ie grand directoire
de la police de Vienne fait de nouvelles recherches très- séveres
au sujet des Français et Polonais qui se trouvent dans cette
capitale , et forcent à passer les frontieres tous ceux qui ne
peuvent administrer des preuves d'une conduite irreprochable .
Or une conduite irréprochable dans le sens de l'inquisition
autrichienne , consiste en des sentimens d'aristocratie bien
prononcés. Ou se tromperait si l'on croyait , d'après cela ,
que les émigrés jouissent de beaucoup de considération , et
sont très-bien traités . Ils seront obligés de marcher sous le
bâton d'un caporal Autrichien ; c'est décidément le seul parti
qui leur reste pour vivre ; ils n'aurout de pain qu'à ce prix ,
et on les forcera d'en gagner. La diete de Ratisbonne vient
de rendre un décret qui oblige tous les emigres à prendre
parti dans les armées . On n'excepte que les individus au-dessus
de 50 ans , les malades en rapportant tous les mois un certificat
du médecin , enfin les gens attachés à quelque maisonde
commerce .
On mande de Berlin , en date du 6 août , qu'il a été célébré
le 4 une fête dans toute les églises de cette ville , en réjouissance
de la prise des forteresses de Mayence et de Cassel .
Les ministres ont eu grand soin de choisir dans la bible des
textes sur l'obéissance passive que les sujets doivent à leurs
rois , images de Dieu sur la terre , et de prêcher avec beaucoup
de ferveur dans ce sens ; après quoi l'on a entonné un
Te Deum , et on a fait une décharge de tous les canons de la
ville . Quelque chose qui vaut mieux pour soutenir la cause
du roi de Prusse , c'est que 38co hommes des régimens du
dépôt ont dû se mettre en marche pour completter les régi
mens d'infanterie qui sont dans l'armée alliee . Voici quelques
étails exacts sur la situation et la force des armées combidées
en Allemague .
Armée Autrichienne.
Depuis Rheinfeld jusqu'au Vieux-Brisack , on compte 2400
<
( 399 )
hommes de cavalerie , et 19,500 hommes d'infanteric , commandés
par le comte Lichtenberg ; le quartier-général est à
Loerach , près de Basle , dans le Margraviat de Baden .
Les corps de cavalerie , sont la 3e . division d'Ederdy , hussards
, 1200 hommes ; la 3. division de Hohenzollern , cuirassiers
, 1200 homines .
L'infanterie est composée de deux bataillons de Strasoldi
3000 hommes ; deux bataillons de Ferdinand , 3000 hommes ;
deux bataillons de Croates , dont la plus grande partie sont.
mariés , et servent à empêcher la désertion , 3000 hommes ;
trois bataillons de Schroeder , 4500 hommes ; un bataillon de
guenadiers Hongrois , 1500 hommes ; un bataillon de Julai ,
Hongrois , 1500 hommes ; deux bataillons de Tercy , 30co
hommes.
Armée des Cercles .
Ces troupes qui sont répandues depuis Brisack jusqu'à Spire
sont composées de 24,100 hommes de cavalerie , et 30,400
hommes d'infanterie . Elles sont commandées par le général
Stader à Fribourg , et par le général Jordis á Kentzingen.
Depuis Spire jusque près de Candel , on compte 4800 hom
mes de cavalerie , et 27 500 hommes d'infanterie , commandés
par Wurmser , dont le quartier - géneral était à Rheinzahern
le 7 de ce mois . Kospott en commande aussi une partie . Les
corps de cavalerie sont , trois divisions de Wurmser hussards ,
1200 homines ; trois d'Eterdy , 1200 bommes ; trois de Kaiser ,
dragons , 1200 hommes ; trois de cuirassiers de la Marck ,
1200 hommes . Dans l'infanterie , on trouve trois bataillons de
Jullay , 3000 hommes ; deux de Preis , 3000 hommes ; deux
d'Ilatisky , 3000 hommes ; deux de Latermann , 3000 hommes ;
deux de Stein , 3000 hommes ; trois de Falasci , 4500 hommes ;
Valaques et Mualouski , 8000 hommes.
Armée des émigrés.
L'armée de Condé est composée de 3470 hommes de cavalerie
, et de 10,880 hommes d'infanterie ; elle tient la gauche
en descendant de Wurmser les corps dont elle est composée
, sont répartis le long des montagnes , presque dans le
duché de Deux- Ponts , sur Weissembourg et Landau . Les noms
des corps de cavalerie sont , les chevaliers de la Couronne
300 hommes les hussards de Salm , 400 hommes ; les hussards
de Mirabeau heulans , 500 hommes ; les chevaux -légers ,
division du Dauphin , 120 ; chevaux - légers , division de la
Reine , 500 deux compagnies de nobles , 100 ; deux compagnies
d'aides - de - camp , désertés de différens corps , 200 ;
dragons de Kaiser , 1500 ; l'infanterie est composée de chasseurs
à pied , 1000 ; régiment de Rohan , 800 ; infanterie de
Hohenlohe , 1500 ; chasseurs de Hohenlohe , 800 ; deux ba(
400 )
taillons dits fils de famille , 1900 ; deux bataillons de Gemmin
gen , 3000 ; deux bataillons de Klebeck , 3000 .
Cette armée est commandée par le prince de Condé dont
le quartier- général était le 6 à Schreigen . Les autres chefs sout
Boussies , d'Anville , le prince de Salms - Kirbourg. Etat-major ;
le comte de Damas , Choiseul , de Roque , Puimaigre , d'Argenteuil
, Montesu , le, Hossu , Reinach , de Rope , Fumel ,
Je Vidame de Vassé , comte de Cauvillé , Bruges , de Colmar ,
le prince Louis de Rohan , Feroniere , marquis de Kaylus ,
comte de Firmas , de Roque de Bouillon ; Rothjacob , de
Haguenau , les freres Bernard , ci -devant hussards , Lienhard ,
de Montreg , Icherazheim , Rastamhausen , les fils de la Kriecheli
, capitaine , Bergeré , Koenig , de Colmar , Labatt ,
Risier , les trois freres Spitz , Antoine , fils d'avocat , les deux
freres Muller de Marckolsheim , Dubois fils , le baron de Bobeuhausen
, Brunes , de Salestatt , Menveg de Thaun , Shirmer.
Tous ces hommes sont attachés à l'armée de Condé ..
Armée Prussienne.
Les Prussiens , postés dans la partie qui avoisine Saar-Louis ,
sont composés de 3600 homines de cavalerie , et 19,410 home
mes d'infauterie , commandés par le duc de Brunswick , dont
le quartier-général est à Kayserlauteren . Les noms des corps
de cavalerie sout Boinstætt , cuirassiers , 1300 hommes ;
Weimar , 1800 hommes . L'infanterie , les anciens et nouveaux
gardes- du-corps , 4000 hommes : Wolframsdorfs , 1800 hommes
; Ferdinand , 1800 homes ; Borwsky , 1800 hommes ;
Hessois , Cooo homines .
L'armée de Kalkreut , placée dans la même contrée que celle
des Prussiens , a 3000 hommes de cavalerie et gooo d'infanterie .
Elle est commandée par Kalkreuth ; le quartier-général esta Lauterecken
. Total général de la cavalerie , 19,670 hommes ;
d'infanterie , 108,680. hommes , faisant ensemble 128,330
hommes.
N. B. Il est bon d'observer qu'il faut retrancher au moins
un tiers de ces troupes détruites par les armes , les maladies
ou éloiguées par la désertion .
Il regne une grande division entre les troupes Autrichiennes
et Prussiennes . Les officiers Hongrois haissent sincerement les
Français ; mais parmi les impériaux , il y en a beaucoup qui
aiment la révolution . Kalkreuth n'est pas acharné contre des
troupes dont il estime la bravoure .
Il n'existe aucune armie de réserve dans la forêt noire .
On peut et l'on opposer doit à ce tableau l'état de l'effectif au
thentique et très - positif des armées Fiançaises , caut au dehors que
dans l'intérieur de la République .
Armées.
A
( 401 )
Armées.
1 Nord .
2 Ardennes ..
3 Moselle .
4 Rhin ..
5 Alpes .
6 Italie .
7 Pyrénées orientales ...
8 Pyrénées occidentales .
9 Côtes de la Rochelle .
10 Côtes de Brest .....
11 Côtes de Cherbourg..
1
Total..
Hommes.
120,585
40,132
83,268
114,577 、
40,489
29,275
24,446
30,000
41,539
32,539
15481
571,90%
12,000
18,000
: 601,90%
Armées des patriotes en réquisition sous les murs
de Lyon ....
Autre pareille sur les bords de la Durance ..
Total .....
Plus , armées nouvelles qui vont être levées en
vertu des décrets de la Convention ....
Dont de cavalerie ....
effectif act..
Ce qui donnera l'effectif ci- contre { effectif req....
400,000
50,000
601,902
400,000
Total général ....... 1,001,902
―
(Courier Français . )
Les Français n'avaient pas eu le tems d'emporter l'argen
terie du château de Nassau- Weilbourg ; elle s'y est retrouvée ,
et a été renvoyce au prince . Il se fait une restitution bien
autrement importante : nous avions été induits en une erreur que
nous uous hatons de réparer , quand nous avons dit que le roi
de Prusse voulait garder Mayence . L'électeur a signalé la reprise
de sa capitale par une proclamation datée d'Aschaffenbourg
le 25 juillet , où il annulle tout ce qui a été établi par
les Français , et réintegre dans leurs fonctions ses anciens officiers
et magistrats. -Les Mayençais réfugiés et revenus dans cette
ville sont comme des furieux ; ils exercent tous les genres de
cruautés contre leurs compatriotes des deux sexes et de tout
âge , qu'ils appellent des clubistes attachés à la cause de la
liberté. Ceux qui tombent entre leurs mains ne sont livrés
aux prisons que tout déchirés et à demi - morts. Ils exercent.
anssi leur rage sur les propriétés de ceux qui out trouvé moyen
de s'échapper. Les maisons de plusieurs patriotes et entre autres
celles de Potoki et de Pithou ont été pillées entierement et
il n'a pas moins fallu que l'opposition de la garnison actuelle
Tome IV. Cc
( 402 )
7
pour empêcher ces furieux de raser ces maisons . Les malheureux
patriotes de Mayence peuvent servir d'exemple à
Jeurs freres les Français , qui instruits de leur sort cruel ne
doivent jamais entrer dans aucune composition avec les émicrés
; ils se ressemblent tous ; ils dissimulent leurs projets de
vengeance jusqu'au moment où ils peuvent les mettre à exé
cution , et alors elle est horrible . → Les Saxons et les Prussiens
s'occupent sans relâche à la techerche des chubistes :
le 26 juillet on a conduit 26 de ces malheureuses victimes
de leur attachement à la cause de la liberté à la maison de
forse ; on leur a tout ôté , et ils sont saus attcun secours . On
vient de nommer une commission on plutôt une chambre
ardente pour les juger. Une lettre de Coblentz du 29
juillet s'exprime ainsi : Nous avons vu ce matin 41 ciubistes
de Mayence faire ici leur entrée solemnelle liés et garottes
sous l'escorte d'un nombreux détachement. Parmi eux se
trouvent deux journalistes , Metternich et Meuth ; Rompel',
premier ' curé de l'église Sainte-Croix , qui avait jugé à propos
de se marier en fixant à six mois le terme de cet établissement ;
le marchand Falciola et le chanoine son frere membre de la
unicipalité ; Cammerer , ei - devant premier magistrat de
Bingen , etc. etc. etc. Ils ont été conduits à la citadelle d'Eenherbreitstein
, où les commissaires de la Convention livrés par
Dumourier ont été si long tents détenus. Ces commissaires
sont arrivés lé rer . de ce mois , à minuit , dans la forteresse,
de Spielberg près de Brinn en Moravie . En entrant dans
cette prison ils furent obligés de se déshabiller , et il leur fut
donne d'autres vêtemens . Leurs appartemens sont garnis d'un
double grillage . Chacun reçoit quatre florins par jour pour
son entretien . Beurnonville qui était tombé malade en chemin
est attendu au premier jour.' On se propose de conduże
anssi , partie en Hongrie , partic en Bohême , ce qui n'aura
pas été échangé de la garnison de Condé.
et
La garnison actuelle de Mayence consiste en denx bataillons
de Prussiens , trois de Saxons et ciny de Hessois , et en
quelques escadrons de dragons et de hussard's Hessois et Saxons.
Ces troupes campent sur le glacis et dans les ouvrages exté-
Tieurs . Tous les camps autour de cette ville sont levés ,
les troupes se rendent par divisions vers Landau , Deux- Ponts
Treves et les Pays - Bas . Douze mille hommes sont allés à Spire .
On assure que les Français en abandonnant la place ont dit
qu'ils espéraient y entrer avant trois mois et qu'ils feraient ,
s'il le fallait pour cela , une campagne d'hiver. Cependant
les armées combinées forment plusieurs camps aux envirous
de Treves ; l'un sera à Conz , l'autre à Zerf , et le troisieme
a Merzkirchen . Les gardes du roi de Prusse et beaucoup
d'autres troupes prussiennes sont arrivées à Lautern ; ils
passent dans le duché de Deux-Ponts . Les Autrichiens se
( 403 )
rendent à l'armée du général Wurmsèr , dont le quartier ge
néra est à Weingarten.
-
Tel était l'état des choses dans les premiers jours du mois :
mais des nouvelles ultérieures par ent d'une action où les
troupes de la République auraient été repoussées jusqu'à Weisseimbourg.
De plus , deux lettres , l'une de Hambourg , l'autre
de Cailsrine du 14 août s'expriment ainsi : Nous venons d'être
témoins d'une action très- vive dans laquelle les Français ont
été très - maltraités . On leur a tué çoo hommes , fait 300 prisonniers
, pris huit pieces de canon , une voiture de fusils
6 charriots de poudre , 30 chevaux , beaucoup de tantes et de
bagages ; les Prussiens les ont poursuivis jusqu'à Neuhausen :
au moyen de eette déroute Bliescastel se trouve évacué .
La seconde lettre dit : La canennade affieuse que nous entendimes
pendant deux jours , et qui faisait trembler les maisons
de Dourlach , était un combat sanglant entre les Français
d'une part , l'armée de Condé et les Prussiens de l'autre .
Feu s'en est fallu que l'armée de Condé ne fût totalement
hachée ; on ne peut se figurer la rage des combattans . Huit
mille hommes sont restés sur le carreau , Un renfort heureusement
survenu a forcé les Français à la retraite ; ils avaient
été les premiers à attaquer. Cette terrible action fait abandonher
au roi de Prusse son projet sur Sarre- Louis . Il vient , dit- on ,
avec son armée rejoindre celle destinée pour l'Alsace . Antés
rieurement à ces actions il y avait en plusieurs combats dans
les environs de Bruchsal ; on s'était batu avec tant d'acharnement
dans l'un que le beau régiment des carabiniers de
l'empereur avait perdu 200 hommes . Dans la journée du 26 ,
remarquable par une belle manoeuvre des Français , au moyeu
de laquelle ils étaient venus à bout de s'étendre jusqu'à Fishlingen
, le corps frane des Turcs à mauteau rouge , autrement dits
de Michailowitz , ou de Wurmser , s'est précipité avec furie
sur les Français pour enlever leur artillerie . Ceux - ci ont tenu
ferme , et pas un homme n'est revenu de ce corps de barbares
qui ont enfin trouvé la juste punition de la maniere atroce
dont ils font la guerre . Les Autrichiens dounaient à ces Bosniaques
six franes par tête de patriote , et douze livres lorsqu'ils
pouvaient les amener prisonniers .
On apprend de Cologne que le roi de Prusse instruit de
l'affaire du 19 auprès de Landau en avait informé le commandant
de Mayence Doyre, et s'était appuyé sur ce succès pour le sommer
définitivement de se rendre . Il est pourtant bien reconnu aujour
d'hui que l'affaire du 19 a été une de ces actions dont chaque
parti peut revendiquer la gloire , et ce qui a fait rendre Mayence
beaucoup plutôt est le manque de médicamens , dénuement
si fatal que les blessures même les plus légeres devenaient
mortelles .
L'archevêque de Cologne s'est fait remettre un état de ses
( 404 )
finances et la désignation des biens du haut et bas clergé , de
ceux des cloîtres et ecclésiastiques séculiers , des terres seigneuriales
et de la noblesse , ainsi que des biens - fonds patrimoniaux . ,
Cet examen amenera sans doute une assiette nouvelle des contributions
, tant dans l'archevêché que dans le duché de Wes : -
phalie et l'évêché de Munster. Il n'est pas sûr que les contribuabels
s'accommodent de la nouvelle répartition faite
vraisemblablement pour presser l'éponge .
On a remarqué que les diverses colonnes de la garnison
de Condé venant d'Aix -la - Chapelle à Ruremonde pour être
transportés en Bohême portaient à leur chapeau li cocarde
nationale . Mais on la leur a fait quitter à Bruxelles et à Liege .
I paraît que les troupes qui passaient par Cologue ont cu
la consolation de la porter plus long-tems .
.
Suivant des lettres de Newied du 19 août , on avait entendu'
la veille au château de Monrepos une canonnade forte et soutenue
qui avait ronflé depuis 11 heures du matin jusqu'à 4 heures
de l'après -midi ; on a conjecturé que les Français auront voulu
disputer aux Autrichiens l'approche de Longwi.
De l'aveu même des ennemis de la République Française
leurs armées se sont singulierement affaiblies depuis le commencement
de cette campagne ; ils out fait des pertes telles
qu'il faudra les plus grands effotts pour les réparer ; aussi s'occupent-
ils déja du soin de tirer le meilleur parti de leurs forces ,
et de se ménager de nouvelles ressources pour la campagne
prochaine. La prévoyance est assurément une qualité très estimable
, mais elle n'accompagne gueres les grands succès , pas
plus que l'extrême économie n'accompagne les grandes richesses.
L'homme heureux , l'homine opulent ne regardent ni
ne comptent de si près . Les 10,000 hommes de troupes que le
Landgrave de Hesse d'Armstadt et le duc de Wirtemberg fournissent
à l'Angleterre renforceront celles qui sont actuellement
dans les Pays- Bas .
PROVINCES UNIES · IT BELGIQUE.
On mande de la Haye que l'on a fait dans les premisrs jours
du mois à Schevelingue , en présence du Stadhouder et de
Tamiral Kinsbergen , l'essai d'un moyen d'incendier les
vaisseaux sans l'usage des boulets rouges , qui a parfaitement
réussi . Cette découverte est due au génie d'un émigré Frangais
, ci- devant officier au corps du genie ; le statdhouder et
l'amiral Kinsbergen l'ont approuvé comme utile et praticable.
Une autre lettre particuliere du 13 annonce qu'on attend ,
le retour des chaloupes canonnieres , qui s'étaient rendues à
Mayence sous les ordres du lieutenant de marine Lemmers ;
elles n'y ont été d'aucune utilité , et l'on se moqne même, assez
ouvertement de cette folle expédition , qui a coûté des sommes
immenses .
( 405 )
Les Etats de Hollande ont fait déclarer , dit- on , aux puis
sances alliées qu'ils ne se pror osaient pas de faire une seconde
campagne ; ils ont avoué ne pouvoir subvenir aux frais de la
guerre et craindre une explosion chez eux s'ils mettaient de
nouvelles taxes . La caisse de la province de Hollande est dans
un état fort délabré ; celle des autres provinces n'est pas mieux
fournie : en général l'argent devient rare , le commerce languit
. Le compagnie des Indes s'est vue forcée de faire un nouvel
emprunt de 4,000,000 , et a pris le parti de ne plus envoyer
au cap de Bonne- Espérance que de petits bâtimens . Il
n'arrive presque aucune denrée des colonies dans les Indes
occidentales , faute de vaisseaux de guerre pour les convoyer';
ce qui fait hausser singulièrement le prix du sucre et des autres
articles fournis par les colonies .
Le contre - ámiral Melvill va partir pour Alger , afin de tâcher
de faire la paix avec le dey , et d'obtenir que les corsaires
barbaresques n'inquiettent plus le commerce hollandais dans
ces parages .
La levée du centieme denier dans la ville et province d'U
trecht a commencé dans les premiers jours d'août . Des murmures
se sont fait entendre , et l'on a même craint des mouvemens
, qui n'ont pourtant pas eu lieu , graces à des renforts
donnés à la faible garnison . Les craintes du gouvernement se
sont du moins trouvées utiles aux patriotes de Bréda ; tous
ont été remis en liberté , à l'exception d'un seul dont on contiaue
la procédure.
$
Le statdhouder ne néglige aucun moyen pour augmenter
farmée de terre , le principal appui de son despotisme ; la..
caisse bat du matin jusqu'au soir dans les principales villes ,
afin de se procurer de nouvelles levées , et l'on donne des
engagemens très - considérables . Les gens sensés , les vrais paniotes
gémissent de voir préférer l'armée de terre à la marine ,
véritable base de la prospérité des Provinces - Unies .
pas cette
Suivant des avis de Bruxelles l'empereur ne vieudra
année dans les Pays- Bas , comme on y avoit compté . Ce prince
a mécontenté de plusieurs manieres les Belges qui sont prêts à
entrer en insurrection . On lui eproche sur - tout la suspension
des intérêts dûs , aux différen's corps et maisons religieuses ;
es particuliers craignent que le gouvernement ne prenne les
memes mesures à leur égard ; l'ancien esprit de parti commence
à se remontrer , et les demi- ménagemens de la maison d'Autriche
ne satisfont ni les états de Brabant et leurs adhérens ,
ni les défenseurs du systême de Joseph II . Il faut dire le
mot ce pays ne veut pas être réuni à la France , dont les
opinions plus que nouvelles pour lui , et même vraiment
étranges , heurtent trop ses principes ou ses préjugés religieux.
Mais aussi ce n'est qu'impatiemment que ce pays souffre
Cc 3
( 406 )
le joug de la maison d'Autriche ,; il veut être indépendant ; les
Belges semblent regretter de ne pas avoir profité , il y a deux
siecles , pour s'affranchir de l'exemple de leurs voisins et de
leurs freres les Bataves ; et François II sent si bien que les
Pays-Bas pourraient encore lui échapper qu'on doit recevoir
incessamment dans Bruxelles un corps de troupes d'Empire
qui en formera la garnison , et que les Gantois seront particulierement
surveillés comme ceux chez qui l'esprit philosophique
et anti-servile avait fait le plus de progrès,
--
Le ci -devant baron de Breteuil réside actuellement à Bru❤
xelles . On ajoute qu'il y jouit de la qualité de ministre plé
nipotentiaire du régent titulaire , ce qui n'est guères d'accord
avec le refus fait à Monsieur , par le cabinet Autrichien , d'aller
prendre possession de Valenciennes . Une gazette du pays
dit au sujet de cette ville Dans ce moment 7000 ouvriers
travaillent à la reconstruction des fortifications des places ;
on espere que dans trois mois elles seront parfaitement retablies
. Les bourgeois craignant d'essuyer un nouveau siège
ne savaient trop s'ils devaient rebâtir leurs maisons ; mais
le prince de Cobourg leur en a assuré la garantie au nom dę
S. M. I. On varie sur le compte du ci- devant Monsieur ; les
uns prétendent que la cour de Hamni en Westphalie existe
encore dans toute sa splendeur , d'autres disent qu'elle à plié
bagage et qu'on l'a embalée dans le Fourgon pour la mener dans
un château d'émigré voisin de Valenciennes , où elle compte fixer
désormais sa résidence , et recevoir les ambassadeurs ordinaires
et extraordinaires de tous les potentats de l'univers .
le
Nous ne garantirons pas la nouvelle suivante , mais il est
possible qu'elle soit vraie ; elle porte la date de Bruxelles ,
19 août. On écrit qu'Anvers est insurge ; ce sont les émigrés
Français qui y ont donné lieu. On a mis en état d'aiestation
le duc d'Arles , les Crumpipen , d'Aremberg , Maldegem
, Saint-Génois , Merode et autres seigneurs de ce parti
pour avoir redemandé Marie- Christine : - Bruxelles est divisé
cet égard .
ITALIE ET SUISSE.
Il parait d'après des lettres de Venise , du 27 juillet , qu'il
a passé quelques troupes Autrichiennes par le Tyrol. On
ajoute qu'elles y sont retenues par le manque de vivres , Peutêtre
n'est - ce qu'une vaine montre de la maison d'Autriche
intimider Venise .
pour
·
M. Frameri , vice - consul de France à Triest , vient de passer
par cette ville en quittant son poste , d'où il a été expulsé
par le gouvernement autrichien ; cette partie des domaines de
T'empereur est dans le dernier épuisement ; on enleve tous les
bras à l'agriculture , tous les ouvriers aux fabriques pour en
( 407 )
- La cour
faire des soldats , au point que beaucoup d'habitans de l'Istrie
viennent chercher un asyle sur le territoire Vénitien .
de Toscane s'est empressée de démentir un article mis trop
à la legere dans quelques papiers publics français , où , en
parlant de Naples et de Florence , on disait que ces deux
puissances avaient fait signifier aux ambassadeurs de la République
lordre de quitter lers' Etats . Cela est faux pour cetle
derniere , qui proteste vouloir conserver la paix et la bonne
intelligence . Mais cela est très - vrai pour le royaume de Naples
; il donne 12,000 hommes à la Grande-Bretagne , qui se
charge de faire croiser douze vaisseaux sur ses côtes pour les
garantir.
Voici ce qu'on mande des frontieres du Milanais , en date
du 2 août : Hier au soir on a fait partir pour la citadelle de
Mantoue , où elle sera renfermée jusqu'à nouvel ordre , toute
la caravane de MM. Sémonville et Maret , arrêtés sur nos
frontieres. On assure que parmi leurs effets évalués à quelques
milions , il s'est trouvé plusieurs joyaux de la couronne de
France. Ce qu'on ne dit pas et qui est très - vrai , c'est que
l'arrestation de ces envoyés a été faite avec toute l'atrocité et
toute la barbarie familieie aux Autrichiens . Au reste il faut
être juste et convenir qu'il n'y a point eu de violation de
territoire . Ces me sicuss étaient guettés ; et l'ou n'a mis la
pain sur eux qu'au moment où ils passaient de la vallée de
Chiavenne sur le territoire autrichien pour le traverser à la
hâte. Mais il ya en réellement violation de territoire ailleurs
. Quatre couts chevaux , chargés de canons et d'équipages
de campagne suivis de 3000 Piémontais , sont venus au
bourg Saint - Pierre au-dessous du grand Saint - Bernard dans
le Valais , pour prendre les Français par derriere par un
chemin abrégé . La Suisse ne pourra pas s'empêcher de ressentir
cette injure . Le marquis de Sale s'est vanté de soumettre
ła Savoie avant un mois. On ajoute que la flotte anglo-espagnole
est devant Nice , et qu'elle doit delà se porter à Cette
pour y teater un débarquement.
-
ANGLETERRE . De Londres , le 6 aoûl.
X
Le commerce est ici dans les plus grandes inquiétudes . On
vient d'apprendre par les leurs de la Jamaïque que 3 vaisseaux
de ligne français et frégates croisent devant cette isle pour
intercepter une flotte marchande estimée quatre mil'ions sterling
, qui n'a pour escorte que l'Europe de 50 canons et 2 frégates.
Elle a différé son départ de la fin de mai au 24 juin ,
et était décidée à ue pas partir s'il n'arrivait des forces suffi
santes pour assurer sa marche .
Le brig la Providence qui apporte ces nouvelles dit aussi que les
CC 4
( 408 )
;
intrigues des ministres britanniques à St.-Domingne ont fini d'une
maniere très -fatale pour le parti aristocratique qui correspondait
avec eux. Leurs démarches ont été découvertes , et les
Républicains aidés des Negres ont mis à mort 50 contre révo-
Jutionnaires , et fait évanouir l'espérance de se rendre maître
des isles françaises , a la faveur des tionbles intérieurs , projet
qui a échoué à la Martinique comme à St. - Domingue . L'escadre
de l'amiral Gadner , après avoir manqué ce coup de
main est retournée aux Barbades . Son équipage est affligé
d'une maladie contagieuse , qui lui a été communiquée par un
vaisseau de Balam . Toutes ces fâcheuses nouvelles ont augmenté
de 5 pour 100 les assurances de la Jamaïque . Un convoi considérable
, parti de Cork sous la protection d'une seule frẻ-
gate , aura peut- être été enlevé par les Français . Cette isle
en avait pourtant le plus grand besoin ; car une pluie extraor
dinaire de 24 heures y a fait monter la riviere de Milk de
seize pieds ; ce qui a causé de grands dégâts et la perte d'une
infinité de Negres.
On disait il y a quelques jours , d'après une lettre d'un officier du
vaisseau la Reine - Charlotte , datée de la baie de Quiberon , que
les flottes anglaises et françaises composées de 17 vaisseaux
de ligne chacune , étaient en présence , et qu'on s'attendait à
une action d'un moment à l'autre . Ce qu'il y a de certain ,
c'est qu'on arme en grande hâte plusieurs vaisseaux , et que
la petite escadre portugaise qui a mouillé à Portsmouth ira
rejoindre la flotte de l'amiral Howe . Si les Français n'attaquent
pas tout de suite les Anglais pour rentrer dans le port de Brest ,
ils auront à combattre des forces supérieures .
Il a été proposé au parlement d'Irlande un bill pour prohiber
, sous peine de déportation , toute assemblée populaire
que les Sherifs , u'auraient pas permis de tenir ; et ce qu'il y
a de plus étonnant , c'est qu'on croit que ce bill passera. Le
pouvoir arbitraire s'essaie sur l'Irlande , et s'il réussit , il ne tardera
pas à porter dans la Grande- Bretagne les mêmes coups
à la liberté . On distribuait , le 5 , dans les rues de Londres ,
un libelle assez semblable aux affiches qui précéderent les
émeutes de birmengham. Dieu veuille qu'il n'allume pas de
ême les torches incendiaires , et ne fasse pas couler le
sang .
Notre ministre des finances est devena bien rêveur depuis ledécret
qui retire de la circulation les assignats à face royale ;
mais ce qui le désole encore plus c'est une mesure que va prendre
incessamment la Convention , mesure qu'il ne peut empêcher
et qui portera les coups les plus funestes au crédit public
de la Grande - Bretagne . Cette opération n'est que juste , mais
quand elle ne le serait pas , tout est permis contre le ministre
immoral qui tâche d'inonder la France de faux assiguats .
( 409 )
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
CONVENTION NATIONALE.
PRÉSIDENCI DE HERAULT - SECHELLES .
Séance du mardi , 20 août.
Une députation de la société des Jacobins et des commissaires
des assemblées primaires est admise à la barre. L'objet de leur
petition était de demander que la Convention fixat le prix du
pain dans toute l'étendue de la Republique à 3 sous ; que
les biens des émigrés fussent vendus par petite portion ; qu'il
n'y eût plus que des gens âgés employés dans toutes les administrations
, et que les nobles fussent expulsés de toutes les
fonctions civiles et militaires . Les pétitionnaires sont admis
aux honneurs de la séance , et leur pétition est renvoyée au
comité compétent .
Genissieux fixe l'attention de l'Assemblée sur la quantité
d'étrangers qui occupent des grades importans dans nos armées
. Pour parvenir à expulser tous les hommes suspects ,
il propose de former une commission de six membres , laquelle
se fera représenter tous les états nominatifs des officiers des
armées de la République , et qui destituerait tous les étrangers
qui ne sont que des agens de nos ennemis . Cette proposition
a été décrétée .
Le département de l'Aisne instruit la Convention de l'enthousiasme
avec lequel les citoyens de ce département, se
levent pour voler à la défense de la patrie .
On fait la lecture de plusieurs adresses de différentes sociétés
populaires , dont l'objet est d'engager la Convention à rester
à son poste jusqu'à ce qu'elle ait sauvé la patrie . Mention
honorable et insertion au bulletin .
Après avoir entendu le rapport de David , au nom du comité
d'instruction publique , l'Assemblée rend le décret que voici :
Art . 1er. Il sera frappé une médaille de deux pouces de
diamètre , et en bronze , pour perpétuer le souvenir de la
réunion fraternelle qui a eu lieu le 10 août pour l'acceptation ,
de la constitution .
H. Elle représentera d'un côté la figure de la nature et la
scène touchante de la régénération qui s'est célébrée sur la
place de la Bastille ; de l'autre , le faisceau départemental et
l'arche d'alliance défendue par les vertus qui se tiennent par
la main .
III . Elle sera envoyée aux commissaires des assemblées
primaires , et distribute aux députés de la Convention ; il est
( 410 )
défendu à tout citoyen de la porter comme décoration , sous
peine d'être regardé comme ennemi de l'égalité ; il est pareillement
défendu de porter celle du 14 juillet les coins da
cette derniere sont brisés .
IV. La décoration distribuée aux vainqueurs de la Bastille
est abolie ; elle sera remplacée par une médaille de la fédération
du 10 août ,
Séance extraordinaire du mardi soir .
Cette séance a été remplie par la lecture de quelques lettres
et de la nomination du ministre de l'intérieur . ( Voyez la notice au
précédent numéro. )
Séance du crcredi , 21 août .
Une députation de la société républicaine de Toulouse présente
, au nom de cette société , une adresse dans laquelle elle
adhère aux mesures prises par la Convention dans les journées
du 31 mai et 2 juin. Elle l'invite à rester à son poste et
à se constituer en législature ; enfin , elle demande que les cidevant
nobles soient exclus de toutes les places. Mention
honorable .
-
Barrere fait un rapport sur les mouvemens contre- révolutionnaires
qui ont éclaté dans plusieurs parties du département
de Rhône et Loire , et dont la ville de Montbrison a été
principalement le théâtre. Les détails de cette rébellion sont
contenus dans une lettre adressée par les autorités constituées
d'Ambert , ville voisine du département de Rhône et Loire ; en
voici l'extrait..
Ambert , le 9 août .
Depuis long-tems nous étions inquiets, sur la disposition
des esprits dans la ville de Lyon , qui renfermait beaucoup de
personnes suspectes . Personué n'ignore qu'au commencement
de juin cette ville fit tous ses efforts pour assassiner la liberté .
A cette époque , la ville de Montbrison reçut dans son sein des
émigrés et des prêtres condamnés à la déportation , clle forma
ane armée de Muscadins , qui signala par des atrocités les
premiers jours de son existence : elle brûla les archives de
la société populaire et un tableau sur lequel étaient gravés tes
droits de l'homme ; dans toutes les rues étaient répétés les
cxis : Vive Louis XVII; à bas la Convention z-sans roi , point de lois
Ou fit une orgie dans laquelle les Muscadins insulterent à la
République par les propos les plus indécens. On y déchira
publiquement les décrets de la Convention , etc. Un citoyen
ayant témoigné son indignation contre tant d'excès , fut maltraite
par la garde muscadine , et jetté dans un cachot ..
,, Le samedi 3 avait été fixe par les habitans des campagnes
et ceux de Montbrison pour se réunir et fraterniser ensemble .
Les habitans des campagues se rendaient à Montbrison pour
( 411 )
y célébrer cette réunion , lorsqu'ils furent assaillis par des
coups de cauon . Il y en a eu plusieurs de tués et de pris ,
Les Muscadins marcherent sur Boine , en enleverent les armes
et les drapeaux de la garde nationale, Le nombre de ces brigands
s'accroît de jour eu jour. Mardi , ils se sont répandus
dans les diverses communes avec plusieurs picces de canon .
On ignore l'issue de cette marche ; mais les cris qu'ils faisaient
entendre annoncent leurs intentious . Ils criaient : Vive Louis
XVII ! à- bas la Convention ! les Sans - culottes à la guillotine !.....
Les officiers municipaux veulent , disent-ils , ia République
une et indivisible , et ils permettent la provocation de la
royauté ! ils veulent la sûreté des personnes et des propriétés ,
et ils permettent que les propriétés des particuliers soient
pillées , et que les patriotes soient incarcéres »
Une lettre de Clermont , en date du 14 , porte : Les patriotes
de Boine , ayaut tenté une attaque sur Montbrison ,
repousserent les brigands ; mais ceux - ci appellerent des secours
de Lyon et de Saint- Etienne , et marchant au nombre de 6000,
avec plusieurs pieces de canon , sur Eoine , où ils commirent
toute sorte de brigandages , Ils avaient fait une liste de proscriptions
. Vingt têtes devaient tomber sous leurs coups . Ils
ont fait défendre aux habitans des campagnes de vendre leurs
grains , sous peine de mort. Ceux qui sont à la tête des bri
gands sont reconnus pour dés aristocrates , "
Après la lecture de ces pieces , Barrere a fait accepter le
décret suivant ;
Art , Ier . Les citoyens Couthon , Châteauneuf- Randon et
Mainier sont adjoints aux représentans du peuple à l'armée
des Alpes et à ceux envoyés dans les départemens de Rhône
et Loire et départemens adjacents ; ils sont investis comme
eux de pouvoirs illimités ..
II. Le ministre de l'intérieur fera passer sur-le-champ à l'administration
du département du Puy-de - Dôme , la somme de
30,000 liv. , pour être distribuée , à titre de secours provisoires
, aux républicains du Moinget , de Boine , du district
de Montbrison , département de Rhône et Loire , qui ont été
obligés de se réfugier au Puy- de-Dôme .
III. Les biens et propriétés des chefs des révoltés qui ont
porte la dévastation dans ces diverses parties du district de
Montbrison , serviront à l'indemnité due aux habitans de la
ville de Eoine et aux autres citoyens du district qui auront
souffert de ce brigandage.
IV, Les deux pieces de canon achetées par la commune
d'Ambert serviront à la défense de la République , et seront
payées par le ministre de la guerre ; la ville d'Ambert a bien
merité de la paurie .
Ce décret venait d'être adopté , lorsque Barrere a repris la
parole : Nous avons pensé , a - t- il dit , que la Convention
devait connaître les moyens dont ses ennemis particuliers se
( 412 )
་་་
3
servent contre elle . Le comité de salut public vient de recevoir
un imprimé , placardé à Lyon pour égarer le peuple
contre ses représentans . C'est une lettre attribuée à Danton ,
mais écrite d'un style si extraordinaire qu'on peut le compa-
Fer à la caricature qu'on aurait faite d'un tableau , La voici :
Cette piece porte en titre :
1
Copie textuelle et littérale d'une lettre écrite à Dubois- Crancé , et
trouvée à Grenoble , dans un porte -feuille qu'il a perdu en quittant
cette ville. Paris , le 21 juillet . -
Mon cher collegue , la fameuse journée du 10 août approche
. Il est tems de frapper le grand coup, Il faut enfin
que la sainte Montagne triomphe. Tu sais que Lyon , cette
cité riche et superbe , entre pour beaucoup dans le projet
Emploie toutes les forces dont tu disposes , pour soumettre
les rebelles de Lyon . S'il faut abandonner le Mont Blanc ,
qu'importe ; dût- on voir les Savoisiens enchaînés deux à deux !
point de considérations particulieres , point de demi - mesures ;
il est tems que nous réguions ; il faut absolument soumettre
cette ville superbe ; alors toutes les autres tomberont à nos
pieds si l'on ne peut la forcer par les armes , il faut la ré :
duire en cendres .
Si les cultivateurs crient et demandent à qui ils vendront
leurs denrées , dis leur qu'iis aillent à Constantinople : sur tout
répands les assignats ; ne les compte pas , ils se retrouveront
à la fin . " Signé , DANTO N'.
Danton prend la parole : Il serait inutile , s'écrie- t-il , de
vous dire que je suis un peu plus malin que cette lettre ( applaudissemens
1. Je ne me sers point du style des messieurs de
Lyon , et je n'ai point de correspondance. Si j'avais écrit relativement
aux conspirateurs de cette cité , j'aurais conseillé des
mesures non moins vigoureuses contre les aristocrates , mais
plus politiques . Je prie l'Assembléc de faire inention dans son
proces- verbal de ma déclaration .
Plusieurs commissaires des assemblées primaires dénoncent
Saladin , député de la Somme , pour avoir dit que Paré , mi
nistre de l'intérieur , était un scélérat , et que les deputés de
la montagne étaient des septembriseurs , des assassins et des
volears ; que l'ex-capucin Chabot avait proposé de chasser les
irois quarts des citoyens de la République ; que la montagne
pillerait jusqu'à ce qu'il n'y eût plus rien , et que la Convention
marchait sur les traces du second parlement de Cromwel.
La Convention lance le décret d'arrestation contre Saladin .
Julien de Toulouse expose , au nom du comité de sûreté
générale , que Custines réclame le témoignage de plusieurs
généraux , notamment du général Houchard , de Ferrieres et
du commandant de l'artillerie de Strasbourg , et que les citations
sont deja parties .
( 413 )
Ce procès , ditJulien , peut réduire à rien nos armées et les
desorganiser. Je demande que les juges de paix reçoivent les
dépositions des généraux , et que les procès-verbaux en soient ,
envoyés au tribunal extraordinaire .
Thirion invoque l'ordre du jour , parce qu'il regarde l'assignation
donace par Custines comme contre - révolutionnaire.
Sur la proposition de Talien , l'Assemblée annulle toutes les
citations données par Custines aux généraux en chef des armées
; ordonne que le président et l'accusateur public du tri
bunal révolutionnaire seront mandés à la barre , pour rendre
compte des motifs qui les ont déterminés à admettre ces
citatious.
Peu de tems après , le président et l'accusateur public du
tribunal révolutionnaire se sont présentés à la barre ; ils ont
rendu compte de leur conduite ; l'Assemblée en a paru satis
faite et les a renvoyés à leurs fonctions .
Séance du jeudi , 22 août .
La société des Jacobins , réunie aux commissaires des assem
blées primaires , est admise à la barre ; en dénonçant la municipalité
de Nancy qui a voulu dissoudre la société populaire
de cette ville , elle demande l'exécution de la loi qui porte
la peine de mort contre ceux qui tenteraient de détruire ces
foyers de patriotisme . — Renvoyé au comité de sûreté générale
.
-
Le ministre de la guerre écrit à l'Assemblée que le conseil
exécutif a nommé le général de division Gillot à la place de
Beauharnais . Renvoyé au comité de salut public.
On fait lecture d'une lettre du représentant du peuple
Ferrand , qui annonce que les Espagnols ayant attaqué sur
quatre points l'armée de Saint-Jean-pied - de - port ont été complettement
battus , et repoussés à deux lieues sur leur terri
toire .
4
La discussion s'ouvre sur le code civil : plusieurs articles.
sont décrétés .
Séance extraordinaire du jeudi soir.
On fait lecture d'une lettre des représentans du peuple près
l'armée du Rhin , datée de Strasbourg , le 19 août. La voici:
Citoyens nos collegues , occupés sans cesse de procurer
à l'armée et aux places fortes tout ce qui leur est néces
saire , soit en subsistances , soit en munitions de guerre , nous
ne prendrons de repos que lorsque les défenseurs intrépides
de la frontiere importante du Rhin seront en mesure d'exter-
-miner les hordes combinées des despotes qui sont en notre
présence . Nous avons pris les mesures les plus vigoureuses pour
hâter le versement des grains que les départemens environnans
doivent fournir , et nous déclarons que nous sommes parfai
tement secondes par les administrateurs républicains qui nous
-( 414 )
entourent. Nous avons pris des arrêtés séveres pour rehausser
le credit des assignats ; nous avons parcouru les places fortes
des Haut et Bas- Rhin ; l'un de nous a été chargé d'aller dans
les campagnes pour électriser les ames vertueuses , mais souveut
égarées , des laboureurs . Quelques communes nous ont
offert le superflu de leurs grains en dons patriotiques , et de
marcher en masse contre l'ennemi qui menace leurs foyers .
La commune d'Alkir a délivré aux magasins militaires tout
le superflu de ses grains au prix de 18 liv. le sac , tandis que
le maximum était fixé à 42 liv.
Nous avons fait paraître hier une proclamation que nous
adressons à tout le peuple Français , et en particuller aux
habitans des frontieres , afin de faire lever une armée révolutionnaire
, qui , au moment d'une bataille decisive , enfonce
de toutes parts les rangs de l'ennemi , et l'anéantisse pour jamais .
Trois mille Républicains des campagnes se sont ralliés aujourd'hui
autour du commandant de la garde nationale de
la commune de Psaffenhofen . Ils sont partis ce matin à 6 heures
avec leurs armées et des vivres pour huit jours , ils gardent
les gorges de Barneuthal . Ces nouveaux spartiates sont bien
décidés de mourir tous à leurs polies , plutôt que de laisser
passer l'armée prussienne qui se dispose à pénétrer par ce côté
sur le territoire de la ci - devant Alsace .
Nous venons d'arrêter que le superflu de tous les bleds ,
orge , avoine et fourages qui sont dans les départemens frontieres
les plus exposes à l'invasion de l'ennemi , sera transporté
sur- le- champ , d'abord dans les places fortes , et plus
loin sur le derriere dans les magasins places en échelons ,
et si enfin les armées combinées des tyrans n'attendent pas
que nous fassions contre éllès une terrible irruption , elles
ne trouveront en nous attaquant dans nos foyers que la famine
et la mort .
Signės , MILHAUD , RUAMPS , BORIE .
On a procédé au renouvellement du bureau ; Maximilien
Robespierre est élu président.
PRÉSIDENCE DE ROBES PIERRE
Séance du vendredi , 23 août.
Une lettre des commissaires à l'armée du nord transmet
à l'Assemblée de nouveaux details sur l'attaque des postes de
Lincelles et de Blaton par un détachement de l'armée du
Nerd.
L'attaque de Blaton , écrivent- ils , a été faite avec impétuosité
et a mis les ennemis dans une déroute complette. Il
s'y trouvait deux compagnies d'engrés portant la livrée d'Orange
, et une croix sur leur habit . Les soldats de la Republique
les ont presqu'entierement massacrés , et n'ont voulu
en recevoir aucun prisonnier . Le 12. régiment d'infanterie
( 415 )
chargé à l'attaqué de Lincelles avec la plus grande valear ,
et s'était emparé d'une redoute qui eût assuré notre succès
Complet sans un renfort de 4000 Anglais qui nous la fit perdre
et qui occasionna une sorte de confusion dans notre colonne.
" Les résultats de l'attaque de Lincelles prouvent que sans
cette derniere circonstance , l'affaire du 18 cut valu pour nous
fe gain d'une bataille . Il n'en est pas moins vrai qu'elle a été
très-funeste à l'ennemi , qui , accablé de la perte que nous
Fui avions fait essnyer , à évacué de son propre mouvement
les deux villages , le 19 au matin , et qu'il Y a abandonné un
caisson , des charriots et des munitions que nous avons fait
enlever sur-le-champ , en faisant occuper les deux villages par
nos patrouilles.
" Des rapports plas exacts constatent que la perte de l'ennemi
, dans la journée du 18 , a été beaucoup plus considérable
que nous ne l'avions annoncé . Plusieurs habitans du
village de Lincelles nous ont assure que l'ennemi y avait
eu plus de 1oco hommes tués , et qu'ils ont va emmener 40
charriots de blessés . 1
Après avoir applaudí à ces détails , l'Assemblée a repris la
discussion sur le code civil ; plusieurs articles ont été décrétés.
Barrere prend la parole , au nom du comité de salut public ,
pour faire le rapport si desiré , sur les moyens d'augmenter les
forces à opposer à l'ennem . Citoyens , dit- il , examinons froi
dement nos besoins et nos ressources . Sachons sur- tout ce que
nous voulons , ce que nous entendons par la levée du peuple
entier , pour la défense de la conftitution et de la liberté . Que
voulez-vons ? un contingent. Le contingent de la Francepour
sa liberté , comprend toute sa population , toute son industrie
, tous ses travaux , tout son génie . Le contingent n'est
qu'une contribution levée sur les hommes , comme sur de vils
troupeaux , et le mot n'est point de la langue des Français .
Que voulez- vous ? un nouveau recrutement . L'aristocratie
est là qui nous épie clle tient et réserve de l'or pour tenter
les citoyens foibles on pen fortunés ; des fuyards pour deshonorci
nos armées , des royalistes pour en corrompre lespritz.
ainsi , point de recrutement.
7
---
Que voulez vous une levée en masse . Qui peut douter
que cette commotion simultance , si elle pouvait exister , ne
produirait que des troubles affreux , des besoins immenses
des désordres incalculables , et des moyens précieux a l'aristocratie
? La requisition de toutes les forces est nécessaire
fans doute , mais leur marche progressive et leur emploi graduel
sout suffisans . C'est là l'esprit et le sens de la levée du
peuple en entier. Tous sont requis , mais tous ue marchent
pas les uus, fabriquent des armes , les autres s'en servent ;
les uns préparent les subsistances pour les combatians , les
auties disposent leurs habits et leurs premiers besoins
( 416 )
hommes , femmes , enfans , la réquisition de la patrie vous
somme tous , au nom de la liberté et de l'égalité de vous
destiner chacun selon vos moyens au service des armées de la
République.
A la suite de ce rapport , Barrere présente le projet de
décret suivant , qui est adopté en ces termes :
Art. 1er. Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis
auront été chassés du territoire de la République , tous les
les Français sont en réquisition permanente pour le service des
armées.
Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront
des armes et transporteront des subsistances ; les femmes
feront des tentes , des habits , et serviront dans les hôpitaux
; les enfans mettront les vieux linges en charpie , les
vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter
le courage des guerriers , la haine des rois et l'unité de
la République .
"
II. Les maisons nationales seront converties en casernes
les places pub'iques en atteliers d'armes , le sol des caves sera
lessivé pour extraire le salpêtre .
III. Les armes de calibre seront exclusivement confiées à
ceux qui marcheront à l'ennemi ; le service de l'intérieur se
fera avec les fusils de chasse et l'arme blanche .
IV. Les chevaux de selle seront requis pour completter les
corps de cavalerie ; les chevaux de trait , autres que ceux
employés à l'agriculture , conduiront l'artillerie et les vivres.
V, Le comité de salut public est chargé de prendre toutes
les mesures pour établir , sans délai , une fabrication extraor
dinaire d'armes de tout genre , qui réponde à l'état et à
l'énergie du peuple Français ; il est autorisé en conséquence
à former tous les établissemens , manufactures , ateliers et
fabriques qui seront jugés nécessaires à l'exécution des travaux
, ainsi qu'à requérir pour cet objet , dans toute la République
, les antistes et les ouvriers qui peuvent concourir à
leurs succès ; il sera mis à cet effet une somme de 30 millions
à la disposition du ministre de la guerre , à prendre, sur les
498,200,000 liv . d'assignats , qui sont en réserve dans la caisse ,
à trois clés . L'établissement central de cette fabrication exaordinaire
sera fait à Paris .
VI. Les représentans du peuple envoyés pour l'exécution
de la présente loi , auront la même faculté dans leurs arrondissemens
respectifs , en se concertant avec le comité de salut
public ; ils sont investis des pouvoirs illimités attribués aux
représentans près , les armées.
VII. Nul ne pourra se faire remplacér dans le service pour
lequel il sera requis ; les fonctionnaires publics resteront à
leur poste.
VIII. La levée sera générale ; les citoyens non mariés ou
veufs sans enfans , de 18 à 25 ans , marcheront les premiers ;
ils
( 417 )
ils se rendront sans délai au chef-lieu de leur district , où ils
s'exerceront tous les jours au maniement des armes , en attendant
fordre du départ
IX . Les représentans du peuple régleront les appels et les
marches , de maniere à ne faire arriver les citoyens armés au
point de rassemblement , qu'à mesure que les subsistances ,
les muuitious et tout ce qui compose l'armée matérielle , se
trouvera exister en proportion suffisante.
X. Les points de rassemblement seront déterminés par les
circonstances , et désignés par les représentans du peuple en
voyés pour l'exécution de la présente loi , sur l'avis des genéraux
, de concert avec le comité de salut public et le con
seil exécutif provisoire .
XI. Le bataillon qui sera organisé dans chaque district sera
réuni sous une banniere portant cette inscription Le peuple
Français debout contre les tyrans .
?
XII . Les bataillons seront organisés d'après les lois établies ,
et leur solde sera la même que celle des bataillons qui sont
aux frontieres.
XIII. Pour rassembler les subsistances en quantité saffifante ,
les fermiers et régisseurs des biens nationaux verseront dans
le chef-lieu de leurs districts respectifs en nature de grains
les produits de ces biens..
XIV. Les propriétaires , fermiers et possesseurs de grains
seront requis de payer en nature les contributions arriérées ,
même les deux tiers de celles de 1793 , sur les rôles qui ont
servi à effectuer le dernier recouviement .
XV. La Convention nationale nomme les citoyens Chabot ,
Tallien , Mallarmé , Legeudre , de la Nievre , Linnem , de la
Correze , Roux Faziilac , Paganel , Baisset , Taillefer , Beslepinet
, Fayau , Lacroix , de la Marne , Ingrand , pour adjoints
aux représentans du peuple qui sont près les armées et dans
les départemens , afin d'exécuter de concert le présent décret .
Le comité de salut public fera la répartion de leurs arrondissement
respectifs .
XVI. Les envoyés des assemblées primaires sont invités à
se rendre incessaminent dans leurs cantons respectifs , pour
remplir la mission civique qui leur a été donnée par le décret
du 14 août , et recevoir les commissions qui leur seront
données par les représentans du peuple.
XVII . Le ministre de la guerre est chargé de prendre toutes
les mesures nécessaires pour la prompte exécution du présent
décret : il sera mis à sa disposition par la trésorerie nationale
une somme de 50 millions , à prendre sur les 498,200,000 1 .
d'assignats qui sont dans la caisse à trois clés.
XVIII. Le présent décret sera porté dans les départemens
par des couriers extraordinaires.
Tome IV . Dd
( 418 )
Séance du samedi 24 août.
On fait lecture d'une adresse des citoyens de Soissons ;
dans laquelle ils invitent la Convention à rester au poste où
la confiance du peuple l'a appellée , jusqu'à ce que les destinées
de l'état soient irrévocablement fixées .
honorable .
Mention
L'administration de la police de Paris fait passer à la Convention
le nombre des détenus dans les maisons d'arrêt de
cette ville ; il se monte à 1614 .
Une lettre de Cussey, représentant du peuple près l'armée
de la Moselle , annonce qu'il a pris toutes les mesures necessaires
pour l'approvisionnement de Thionville. Il demande à
être autorisé par un décret à faire porter dans les places fortes
toutes les armes et tous les vivres qui se trouvent dans les
départemens frontieres , afin de ne laisser aucune ressource
aux ennemis , s'ils viennent à pénétrer sur le territoire de la
République. Renvoyé au comité de salut public .
:
Deux rapports ont été faits par le comité de sûreté générale
le premier avait pour objet de rappeller à l'Assemblée
les services que les citoyens de Cadillac ont rendus à la patrie
, en s'opposant au passage de la force déparmentale envoyée
de Bordeaux contre Paris . La Convention , après avoir
décrété que les citoyens de Cadillac avaient bien mérité de
la patrie , a lancé le décret d'arrestation contre le receveur
du district de cette ville et le commandant de la gendarmerie
de la Gironde , prévenus d'avoir trempé dans les projets des
fédéralistes . Le second rapport du comité de sûreté générale
était relatif aux derniers événemens de Nancy .
?? .
La
société populaire de cette ville dominée par les intrigans ,
conduite par quelques factieux en robe magistrale , voyait
l'élan de son patriotisme comprimé ; depuis long - tems elle
frémissait de se voir enchaînée et réduite dans une apathie
convulsive . Mauge , commissaire du conseil exécutif , arriva à
Nancy , et les vrais Sans - culottes se presserent autour de lui .
Il fut arrêté de faire un scrutin éparatoire ; les corps constitués
tremblerent . Mais le moment était venu où l'on frappait
sans pitié ; rien ne résistait au torrent impétueux des dénonciations
qui se , succédaient rapidemment. Le grand coup
fut frappé le 27 juillet , et 88 membres furent chassés de la
société , parmi lesquels on compte 45 fonctionnaires publics ,
des ex - deputés , des suppléans , des négocians , des hommes
de loi , tous composant une espece d'hommes dont les qualités
morales et les inclinations perverses semblent en opposition
avec l'ordre de choses nouvellement établi .
Ce parti de politiques voulut se venger sur Maugé et sur
le président de la société , de la nullité à laquelle il se trouvait
réduit . On prépara soufdement une scission , on laissa
pressentir une dissolution prochaine ; mais les membres épurés
( 419 )
se resserrerent , le peuple se porta en foule à leurs assem
blées , et jura de les défendre ; alors de nouvelles calomnies
se répandent , la municipalité fait commander la force armée.
Elle répond à la societé , qu'elle use de précautions necessaires
pour disperser des rassemblemen's dangereux ; mais
les canonniers se rendent dans le sein de la société , et se
jettent dans les bras de leurs freies et de leurs amis : tout était
calme . Au milieu de la nuit , Maugé est saisi et mis en état
d'arrestation ; la municipalité reçoit , comme par forme , quelques
dénonciations qu'elle medie , dresse un procès - verbal
, etc.
Sur les conclusions du rapporteur , la Convention ordonne
F'élargissement de Maugé ; elle décrete que le procureur de la
commune et deux autres officiers municipaux seiont mis en
état d'arrestation , et traduits à la bane ; elle porte la peine
de destitution contre le conseil général de la commune , les
membres innocens exceptés , et contré le directeur des postes
de cette ville ; elle décrete enfin , que la société populaire de
Nancy , les canonniers et les sections de cette ville ont bien
merité de la patrie .
Ala suite de ce décret , un membre demandé que le
comité fit incessamment un rapport sur toutes les administrations
en général qui se sont prêtées à des mouvemens de
contre-révolution . If demande en outre , qué le ministre de
la justice rendit compte de l'exécution du décrét qui met en
état d'arrestation les administrateurs du département du Gers.
Adopté.
4--- 4
Cambon obtient la parole au nom du comité des finances :
Vous avez , dit- il , déja porté un grand coup à l'agiotage par
le décret contre les assignats à face royale. Il a produit un
excellent effet dans les pays étrangers , et deja à Hambourg
notre change est augmenté de 25 pour 100 ; il a suivi la même
proportion à Paris ; il faut encore frapper une compagnie de
finances. Cambon propose , et l'Assemblée adopte le projet
de décret suivant . Les associations , connues sous le nom
de caisse d'escompte , de coinpagnies d'assurance à vie , et
généralement toutes celles dont le fond capital repose sur
des actions au porteur , ou sur des cliets négociables , ou
sur des inscriptions sur un Ilvre transmissible à volonté ,
9 sont supprimées , et se libéreront d'ici au 1er janvier pro-
» chain . A l'avenir , il ne pourra être etabli , formé ou conserve
de pareilles associations , ou compagnies , sans une
" autorisation du corps legislatif . si J
7
La Convention décrete en Quire , que les scellés seront
apposés sur la caisse d'escompte .
Cambon présente ensuite la rédaction de la loi sur le grand
livre , et propose un article additionnel . Par l'opération que
vous avez adoptée , dit - il , vous avez voulu nationaliser la
dette , et faire disparaître les signes royaux . Cependant beau-
Dd 2
( 420 )
coup d'individus cherchent à se soustraire à la loi ; les - notaires
, depuis votre décret , ne sont occupés qu'à délivrer
des extrais de registre , collationnés . Je demande qu'il soit
défendu de délivrer de pareilles copies , sous peine de dix
années de fer. -- Décreté.
Séance du dimanche , 26 août .
Nouvelics plaintes sur la loi du 4 mai qui fixe le maximum
du prix des subsistances , La Convention decrete que sous trois
jours le comte d'agriculture fera un rapport sur la question'de
savoir , si cette loi doit être abrogée , ou conservée .
Le general Ferrand écrit de l'Abbaye et demande que si la
reddition de Valenciennes est l'objet de sa détention , on tasse ia
visité des papiers qu'il a remis au ministre de la guerre et
de ceux qui se trouvent chez lui , et qui concernent sa conduite
militaire . Il représente que la fatigue qu'il a essuyée pendant ,
le siege de Valenciennes et cinquante - cinq ans de service , out
nis sa santé dans le plus mauvais état. Il invoque à son égard,
la loi qui porte qu'un detenu doit être interrogé dans les 24
heures après sa détention . Lecointre observe que le ministrę
de la guerre n'a reinis que la veille au comité de la guerre les
papiers dont parle Fetrand ; il demande que ce comité soit
autorisé à se saisir de ceux qui se trouvent dans le domicile du
détenu décrété .
―
-
Un membre du comité de division , auquel on avait renvoyé
la question d'une nouvelle division du territoire de la
République , conforme aux dispositions de l'acte constitutionnel
, présente les vues du comité à ce sujet. Il propose
d'augmenter le nombre des départemens , afin d'en rendre la
population moins considérable et l'administration plus simple
et plus active . Plusieurs membres se rangent à l'avis du comité,
Lacroix soutient une opinion contraire et se fonde sur
ce que moins il y aura de départemens , moins il y aura
d'autorités qui chercherout à rivaliser avec l'autorité nationale .
Il pense qu'il conviendrait de diminuer le nombre des départemeus
actuels , en augmentant celui des districts . Après quelques
débats l'Assemblée décrete l'impression des vues présentées
par le comité de division , et le charge de se concerter avec le
comité de législation pour la nouvelle division du territoire de
la République .
Julien obtient la parole pour une motion d'ordre . Vous avez
anéauti hier la caisse d'escompte , dit Julien ; aujourd'hui il
vous reste un pas de plus à faire : il faut que vous frappiez
cette compagnie des Indes dont le nom seul réveille l'idée
d'un systême oppresseur , et dont les agens avaient prêté
des sommes considérables au dernier des tyrans pour renverser
la liberté . J'ai pardevers moi de grands renseignemens ;
mais il serait prématuré de les développer dans ce moment. I
faut que votre commission des cinq soit saisie de cette al
affaire ,
et que si les preuves du délit sont acqeises , on examine si les
( 421 )
biens de cette compagnie ne doivent pas être confisqués au
profit de la République , sauf à la nation d'acquitter l'action
naire innocent . Le renvoi demandé par Jullien est décrété ,
et ce membre est adjoint à la commission des cinq .
--
L'acaccusateur
public du tribunal
révolutionnaire
réitére à la
Convention
ses représentations
sur ce qui lui est impossible
de mettre
en jugement
, Brissot
, Guadet
et autres détenus
,
cette affaire.
n'ayant
encore
reçu aucune
piece sur
comité
de sûlete generale
, assure par l'organe
d'Amar
qu'il
s'empiessera
de présenter
son rapport
aussi- tôt qu'il sera
achevé .
- Le
s'cleve une discussion sur les subsistances . Barrere expose
que la loi du premier juillet qui autorise les administrateurs des
départemens et de districts qui manquent de subsistances à
en a heter par- tout , a produit les plus grands maux. C'est , dit
Barrete , une loi revolutionnaire qui était commandée
par les
circonstances ; mais lorsque les circonstances plus fortes la
rendent nuisible , il faut la rapporter . Je demande que le conseil
exécutif soit autorisé a faire des réquisitions pour approvision
ner les departemens.
La proposition de Barrere est adoptée ; la Convention dé
crete en outre , sur la demande de Tallien , que la commissión
des subsistances , créée par les sections de Paris , será
supprimér ; que le comité d'agriculture sera renouvelle , et
qu'il présentera les moyens d'approvisionner Paris et toute la
République.
Barrere reprend la parole au nom du comité de salut public .
I fixe l'attention de l'Assemblée sur la ville de Brest où la politique
infame de Pitt a fait des tentatives . On travaille , dit-il ,
les équipages à bord de l'escadre et dans les arsenaux . Des
rapports certains nous apprennent qu'il y a dans le port de
Brest des projets d'incendie . Les ennemis de la République
ont égaré le peuple du département du Finistere . Les administrations
sont corrompues , la faiblesse des chefs militaires à
accru le mal . Les deputés conspirateurs , qui s'étaient réfugiés
à Caen , se sont rendus dans ce département où ils travaillent
les esprits , Huit cantons ont refusé d'accepter la cons
titution . A la suite de ce rapport , la Convention décrete
que les citoyens Breard et Trehouard se rendront sur-le- champ
à Brest en qualité de représentans du peuple pour y rétablir
l'ordre dans toutes les parties du service de la marine , ramener
les citoyens égarés et destituer les fonctionnaires publics de
tout genre , prevaricateurs ou rébelles à la loi . Les représentans
du peuple se rendront anssi à l'Orient pour le même
objet .
Herault de Séchelles succede à Barrere nous avons reçu,,
dit-il , des dépêchés qui nous annoncent que le département
du Mont-Blanc est dans une crise violente. Pendant qu'une
grande portion de l'armée des Alpes est occupée sous les
Dd 3
( 422 )
murs de Lyon , les Piemontais sont entrés dans le Mont-Blanc'
par trois endroits , le Faucigni , la Tarentaise et la Maurienne .
Deja les postes les plus importans , sans , le bourg Termignon ,
Soliere et Bramant dans la Maurienne , sont au pouvoir des
ennemis . Sez et le bourg Saint - Mautice dans la Tarentaise ,
ont été a an lonnés par les troupes de la République , trop,
inférieurs en nombre e forcées de se replier sur Conflant ; peutêtre
en ce moment se sont- elles encore reculées sur Montmélian,
et le fort Barraux , ensarte que ce département est à la veille,
d'être envahi , sil'on n'y fait passer de prompts secours de troupes
et sur- tout d'armes. Le rapporteut proposé au nom du comité
de salut public et la Convention adopte le projet de décret
suivant.
La Convention, considérant qu'elle doit à toutes les parties
de la République une et indivisible , la même protection pour
repousser les despotes ei lents vils satellites , nomme les citoyens
Simon et Dumas , pour se rendre sans délai , en qualité , de
représentans du peuple , près l'armée des Alpes , dans les dé
partemens du Mont-Blanc , de l'Isere et des Hautes Alpes , et
prendre toutes les mesures qu'ils jugerout propres, à les délir
vrer de ces ennemis .
Une lettre des représentans du peuple près l'armée du Rhin ,
en date du 23 août , annonce que depuis trois jours ( cette,
armée est aux prises avec les armées combinées , et que son
courage opiniâtre résiste aux nombreux ennemis, qui sont , en,
sa présence. Deja les Autrichiens ont perdu deux lieues de
terrain . Le tocsin de la liberté , ajoutent les commissaires ,
sonne en ce moment autour de nous . Huit mille habitans ét
toute la garde nationaje de Weissembourg , sont partis aui
jourd'hui , avec leurs armes et des vivres , pour aller, an secours
du général Arlande , cu : défend les gorges de Limbozi
nous espérons que , dans trois ou quatre jours , 100,000 répug
blicains viendront renforcer l'arme , qui n'attend plus qu'eux
pour exterminer, les rois et leurs vils satellites. ,
42 .
Séance du lundi 26 août.
ee
* ད །།
J.
Une lettre du procureur - général - syndic du département de
Ia Lozere apprend à l'Assemblée Farrestation de Carlier , ci-,
devant prieur de Chambolas , décrete depuis quelque tems
d'accusation , et arrêté à deux lieues de Mende avec deux de
ses complices .
Bourdon de Oise et Goupilleau , representans du peuple
près l'armée des côtes de la Rochelle , écrivent qu'ils ont
destitué le général en chef Rossignol . Voici les motifs qui les
ont forcés à cette mesure , Aussi -tôt que les représentans du
peuple furent informés de cette singuliere nomination , ils
écrivirent au comité de salut public pour l'engager à la révoquer
sur-le-champ.
( 423 )
Rossignol , chef de la 35. division de la gendarmerie à
pied , s'étant trouvé à Niort , fut cantonné avec sa troupe
dans un village voisin ; bientôt on porta des plaintes contre
lui , on l'accusa de pillage , et notamment d'avoir enfoncé une
cave où il prit le vin ; depuis le matin jusqu'au soir il était à
danser la carmagnole et à s'enivrer dans les cabarets . Dans
une conférence qui eut lieu à Niort et dans laquelle il demanda
d'être admis , il dit qu'il avait été arrêté entre ses soldats
et ses officiers que , lorsqu'on leur donnerait l'ordre
d'attaquer les rebelles , ils ne le feraient qu'autant qu'ils seraient
en nombre supérieur ; par exemple , Cooo contre 4000
rebelles. Le choix d'un pareil général indigna toute l'armée .
Nous avons cru , ajoutent les commissaires , qu'il fallait
que les soldats eussent confiance en leur chef ; confiance qui
ne peut être accordée à un homme qui vit de pillage et de
crapule. Nous avons gémi de voir promu à des grades supérieurs
des hommes qui n'avaient jamais monté de garde . Tels
sont les motifs qui nous ont déterminé à suspendre provisoirement
Rossignol. Cette suspension qui déjoue l'intrigue ,
éveillera l'envie et la calomnie contre nous ; mais le bien ри
blic sera toujours notre unique mobile ,
Après la victoire du 14 , nous nous sommes portés à
huit lieues en avant de Saint-Maixent ; deux jours après nous
nous sommes emparés des châteaux de l'Oie et de Verteuil ,
qui étaient des lieux de repaire pour les rebelles . "
Cette lettre excite de vifs débats .
Tallien ne connaît pas les talens militaires de Rossignol ;
mais il sait que c'est le premier général sans-culotte et l'un des
vainqueurs de la bastille . Il n'examine point si Rossignol boit ,
s'il pille ; mais si les commissaires ont eu le droit de le des
tituer. Eh, que m'importent à moi , s'écrie- t-il , quelques pillages
particuliers ......... ( De violens murmures interrompent
l'orateur. )
Lecointre- Puyravaux cite plusieurs faits à la charge du général
. Ce ne sont pas les représentans du peuple qui ont fait
arrêter Rossignol . Il a été mis dans les prisons par ordre du
général , pour avoir dit à Saint- Maixent , à Niort , qu'il ne
pouvait concevoir que des soldats républicains obéissent à un
général . Lecointre ne doute point que ce ne soit à l'intrigue
de Ronsin , adjoint du ministre de la guerre , qu'on a dû la
destitution instantanée de Tunck. L'arrêté des commissaires
est renvoyé au comité de salut public .
-
Des députations de diverses communes des environs de Pa
ris sont admises à la barre . Eltes exposent le dénuement où
elles sont relativement aux subsistances . Leur pétition est renvoyée
à la commission des subsistances . Les membres de
cette commission sont Jay , Sainte - Foi , Coupé de l'Oise
Boucher- Saint - Sauveur , Danton , Chabot , Marlinot.
Dd4
424
Une députation de la société des républicaines révolutionnaires
est admise à la barre. Jasement indignée des prévari
tions sans nombre qui ont eu lieu dans toutes les administrations
et surtout dans le ministere de l'intérieur , elles
viennent provoquer la sévérité de l'Assemblée . « Faites voir ,
lui disent ces citoyennes , que vous voulez sauver la patrie
par la destitution de tous les nobles . Le peuple voit avec in
dignation que des hommes s'engraissent de son sang , tandis
qu'il perit de misere . Voulez -vous que nous croyions que les
nobles n'ont pas de défenseurs parmi vous , destituez - les tous
des places qu'ils occupent . Ne dites pas que ce serait désor
ganiser nos armées en les privant de chefs expérimentés . Plus
ils ont de talent , plus ils sont dangereux . Vous avez décrété
que les hommes suspects seraient mis en état d'arrestation ;
mais n'est - ce pas là une loi derisoire , lorsque les hommes
suspects sont ceux - là même qui sont chargés de la faire
exécuter ? ...... *
Un des représentans du peuple près l'armée des Ardennes ,
instruit la Convention de l'heureux effet qu'a produit la réquisition
faite dans ce département par les représentans du
peuple qui y ont été envoyés en mission . Huit mille hommes
se sont levés sur- le - champ , et sont en marche pour Avesnes ,
lieu du rassemblement. On leur a donné six pieces de canon ;
cinquante-quatre canoniers de Sédan les accompagnent ils
out aussi avec eux cent hommes d'élite de la garde nationale
de la même ville .
Le district de Sedan seul a fourni dix - sept cent cinquantecinq
hommes. Les administrateurs des Ardennes , en rendant
compte de ces mêmes faits , écrivent aussi que cinq mille
hommes sont restés pour la défense de ce département , et
qu'il n'y a maintenant que des peres de famille de la seconde ,
classe ,
Une lettre du commandant des avants - postes de Fanssigny
département du Mont-Blanc , rend compte d'un avantage qu'ont
eû les troupes de la République sur les Piémontais .
Fréderic , duc d'Yorck , a sommé , le 23 août , le commandant
de Dunkerque de rendre la place à sa majesté Britannique .
Je saurai la défendre , a répondu Oméara , avec les braves
républicains que j'ai l'honneur de commander . "
-
PARIS , le 29 août 1793 .
Le procès de Custines a été terminé mardi dernier 27 à
heures du soir. La grande majorité du jury a été pour l'afarmative
dans les trois questions posées par le président du
7 425 )
tribunal , en conséquence il a été condamné à mort , et ses
biens confisqués au profit de la République . Il a entendu pro
noncer son arrêt avec fermeté . Il s'est ensuite écrié ; je suis
innocent.
Custines a subi sun jugement le lendemain sur les 10 heu
res du matin . Il s'est avancé vers l'échaffaut avec calme et
résignation : il était assisté d'un confesseur , dans les discours
et les prieres duquel il a paru chercher la consolation de
ses derniers momens.
Le tribunal révolutionnaire avait été dénoncé à la Convention
et aux jacobins , relativement au procès de Custines,
Voici comment le citoyen Dumont , premier juré , a répondu
dans une adresse à ses concitoyens , aux reproches d'indulgence
dirigés contre ce tribunal .
pas
L'affaire de Custines vient de donner lieu a des d'atribes
virulentes contre le tribunal révolutionnaire . Premier juré de ce
tribunal , je n'ai dû être insensible à ces injustes attaques ;
et forcé par d'autres occupations de m'en éloigner depuis près
de deux mois , tout-à-fait étranger par conséquent au proces
de Custines , c'est peut- être à moi , plus qu'à tout autre , qu'il
appartient de répondre à ces calomnies.
" Il est dans la société , des professions subordonnées aux
volontés d'autrui , et pour les remplir avec exactitude , il faut
souvent faire féchir ses , opinious personnelles ; mais la
conscience des hommes est absolument indépendante des impulsions
étrangeres : nul être n'a le droit de lui dicter des
lois . L'expression , par laquelle un homine fait connaître le
résultat de sa conviction intime , est l'acte le plus essentiellement
libre . Il n'en est pas de la conviction comme des opinions ;
celles - ci peuvent être combattues , mais la conviction , produite
par différentes causes , dont l'effet n'est sensible qu'à
l'ame qui l'éprouve , est au- dessus de toutes les atteintes : a
homme ne pouvant lire dans la conscience d'un autre , ne
saurait l'accuser d'injustice . Soyez séveres dans le choix des
jurés ; mais si vous ne pouvez les taxer de corruption , ress
pectez les augustes et terribles, fonctions dont ils sont investis
.
" Avant que l'affaire de Custiges fût commencée , des légis
lateurs , au lieu de se borner à en demander la prompte instruc» tion
,
se sont permis de dire qu'il fallait se hater de faire tomber sa tête. Pendant cette instruction l'on a entendu des colporteurs
de journaux crier l'interrogatoire du scélérat Gustines.
Depuis , on a fait un crime au tribunal de vouloir décider
sur des plans de campagne , au lieu de tirer du royalisméz
du rolandisme de Gustines , des inductions qui le meneraient
à l'échafaud ,, ; et parce que l'on craint sans doute que cette
maniere de juger ne soit pas adoptée , on accuse le tribunal
de se montrer bien peu révolutionnaire,
1426 )
·
Il difficile de concevoir par quel aveuglement des patriotes
testimables ont tenu une pareille conduite , Des législa
teurs auraient-ils dû s'exposer à influencer l'opinion des jurés
Devrait- on permettre qu'avant la décision du procès , un accusé
fût proscrit publiquemont ? S'il n'y a pas contre Custines
un corps de délit matériel , comme il y en avait contre Miaczinski
, etc. , si les faits à sa , charge : résultent de sa conduite
militaire peut- on reprocher au tribunal d'en faire la matiere
des débats ? et si , comme le dit peu adroitement un journaliste
, il ne fallait jnger ce général que d'après son royalisme ,
scu rolaudisme , son brissotisme , fut- il jamais une accusation
plus vague ? De simples opinions peuvent- elles être la matiere
d'un procès Jamais tribunal criminel a - t-il pu prononcer une
peine capitale sur des inductions.
22
quel abus des termes voudrait on qu'un tribunal révolation
fût
dispense
de juger
d'après
des preuves
, et devint
le servile instrument des vengeances populaires , et souvent
particulieres ? Un jure doit être calme au milieu des orages
des passions ; et tout ce qu'on doit attendre d'un juré révo
Intionnaire , c'est que , sans s'arrêter aux formes , il ne cherche
qu'à acquérir la conviction . De quelque maniere qu'elle lui
parvienne , sa conscience lui prescrit de faire sa declaration
avec la fermeté d'un homme libre ; mais pour prononcer , un
jure révolutionnaire doit , comme un autres, avoir cette convic
ibnet ceux - là trompent le peuple , qui veulent préparer
l'anéantissement d'un tribunal redoutable et nécessaire à l'établissement
de la République , en dénaturant Pobjet de
sa formation , et en jentant de la défaveur sur les courageux
citoyens qui le composent , sur des hommes inaccessibles à la
séduction set a la crainte , et qui , en abandonnant le poste où
la confiance nasionale les a placés , emporteront avec eux la
certitude consolante d'avoir bien mérité de la patrie .
Le vrai républicain , DUMONT.
Le tribunal révolutionnaire s'occupe actuellement de l'affaire
des accusés de Rouen' , qui sont au nombre de 27. Il s'agit
dans ce procès de mouvemens contre-révolutionnaires qui se
manifestèrent dans cette ville à l'époque du jugement de Louis
Capet : Farbre de la liberté fat abbattu , la cocarde blanche
arborée par qué ques personnes , des cris de vive le roi se
Brent entendre , etc. Cette affaire se prolongera , parce que le
nombre de tênios i entendre est de pres de deux cents .
. י ד
La Tour - du -Pin , ancien ministre de la guerre , a été arrêté
dans sa maison, d'Auteuil . Il a été conduit à l'Abbaye comme
prevenu d'émigration. Jacques Roux , prêtre connu par
plusieurs discours très -véhemens, dans les sociétés populaires .
et par des pétitions peu , mesurées à la barre de la Convention
, a été arrêté et transféré à la Conciergerie , comme pré(
427 )
venu de servir par une exagération hypocrite les desseins de
nos ennemis :
* 克
Sur la proposition de Chaumet , la société des jacobins a
arrêté de présenter une pétition à la Convention , pour lui
demauder la déportation de tous les aristocrates et de tous les
hommes suspects , Cette société étant instruite que l'ex - ministre
Garat . allait prendre la place de secrétaire du conseil exécutif,
qui se trouve vacante par la nomination de Paré au ministere
de l'intérieur , elle a arrêté de demander que Garat fut mis
en état d'arrestation , et qu'il ne pût être admis à aucune place
avant d'avoir rendu ses comptes.b sa
NOUVELLES DES ARMEES.
Bergues . Le 21 au matin , tous nos postes dans les environs
de Bergues , à 2 lieues d'ici , ont été vivement attaqués et
repousses . Sur les 8 à 9 heures le camp de Guivèlde , à
2 lieues de Dunkerque , près de Furnes , a été aussi attaqué ;
mais nous n'avons pas perdu un poute de terrain . La puit du
21 au 22 , les ennemis ont fait des approches jusqu'auprès de
de Bergues et ont investi et sommé la ville de se rendre ;
mais le citoyen Carrion , général de brigade , qui commande
la place , leur a répondu qu'il était Républicain , ainsi que
toute sa garnison' , et qu'il préférait mourir plutôt que de se
rendre. La garnison n'est composée que de 14 à 1500 hommes .
Le camp de Giivelde est à - peu - prés de 4000 hommes . A fi
henres du matin , heure de la marée montante , on a levé les
ecluses pour inonder les environs de Bergues , et l'on continue
ce soir jusqu'à grande inondation.
La nuit du 22 au 23 , le camp de Guivelde s'est replié sur
la ville , craignant d'être coupé par l'ennemi , et pour mieux
garder la communication de Dunkerque à Bergues .
2
Dunkerque , le 21 août . Voici la sommation qui vient d'être
faite de la part du duc d'Yorck au commandant de cette place."
Au quartier - général de l'armée combinée devant Dunkerque
be 23 août
MONSIEUR 2
213
Je vous préviens que l'armée que je commande est à vos
portes . Votre ville , sans défense réelle , ne peut opposer
aucune résistance aux armes victorieuses que je pourrais sarle
champ employer contre elle , si je ne voulais éviter la ruine
totale d'une ville florissante , et si l'humanité et la générosité
!'4×8 )
me me faisaient desirer d'épargner le sang humain . Je vous .
somme donc , Monsieur , de rendre la ville de Dunkerque à
sa majesté Britannique , avant que j'aie déployé contre elle
les forces considérables qui sont ma disposition , en vous
prévenant cependant que j'écouterai les propositions que vous
pourrez me faire , et qui ne porteraient pas atteinte à la
considération et à l'honneur des armies Britanniques , ainsi
qu'aux intérêts de la Grande - Bretagne et de ses alliés . Je veux
bien vous accorder un délai de 24 heures , pour délibérer
sur la présente sommation. 5952
་
Réponse à la sommation
Général , investi de la confiance de la République Frangaise
, j'ai reçu votre sommation de rendre une ville impor
tante. J'y répondrai en vous assurant que je sautai la défendre
avec les braves républicains que j'ai l'honneur de commander.
Signé , OMEARA , général de brigade.
On croit l'armée Anglaise forte de 15 à 18,000 hommes ;
elle est campée à droite et à gauche du canal de Furnes , entre
Guivelde et Lastrenhouke , et son front s'étend jusqu'aux
dunes le long de la mer. Le 25 , plusieurs postes se sont
avances ; un entr'autre a établi une batterie à une demi-lieue
au plus de la place , et plusieurs bouleis sont tombés dans la
ville. L'armée Française est campée sous les remparts. Il y a
eu pendant le jour , beaucoup d'actions de postes , et les
tirailleurs de part et d'autre ont fait un feu continuel . Sur
les dix heures , la garnison a fait ne sortie vigoureuse , et a
repoussé les avant- postes à une lieue des fortifications , et leur
a tue beaucoup de monde. Les batteries de la place ont fait
un feu terrible jusqu'à neuf heures du soir. Depuis ce mo
ment jusqu'à six heures du matin , il n'a pas été tiré un seul
coup de fusil , et la nuit entiere a été des plus tranquilles .
Les troupes , harassées de fatigue depuis trois jours , avaient
bon besoiu de ce repos . Les batteries flottantes ont été trèsutiles
, et le citoyen Castaignier qui les dirige , a fait replier
deux fois un corps nombreux de cavalerie , auquel il a ema
pêché le passage de l'Astren , ainsi qu'à un train considérable
d'artillerie. L'ennemi a élevé sur les dunes deux batteries
avec lesquelles il a canonné les batteries flottantes ; Castaignier
a fait taire deux fois de suite leur feu . Cet officier est plein
de bravoure et de patriotisme. La garde nationale est disposée
à défendre cette ville importante jusqu'à la derniere extrémité.
On écrit de Lille que le général Houchard part à l'instant
pour Cassel , afin de secourir Duukerque , et qu'il va s'occuper
de réunir un corps de 30,000 homines pour combattre les
( 429 )
anglais . La division de Cassel se trouve renforcée depuis huit
jours de 14.000 hommes de bonnes troupes , qu'y a fait passer
le général Houchard ; savoir , 8,000 hommes sous les ordres
du général de division Jourdan , et 6,000 hommes sous les
ordres du général de division Landrin . Notre position du côté
de Lille se trouve raffermie depuis quelques jours par l'abandon
total de la part des ennemis des postes de Lincelles et
de Blaton , dont ils avaient voulu nous chassér , et où ils ont
été si maltraités dans l'affaire du 18 .
Weissembourg, le 22 aoft . Lettre des représentans du peuple
près l'armée du Rhin à la Convention .
Citoyens nos collegues , voilà trois jours que l'armée
républicaine du Rhin est aux prises avec les armées combinées
des despotes ; voilà trois jours que son courage opiniâtre résiste
au nombre des esclaves qui sont en sa presence : le combat
a commencé ce matin à quatre heures ; il a été soutenu de
part et d'autre avec beaucoup d'animosité jusqu'à la nuit ;
cependant les Autrichiens ont perdu deux lieues de terrein .
Notre artillerie s'est montrée digne de toute sa réputation
et a hit taire souvent celle de l'ennemi , quoiqu'elle soit plus
nombreuse, et plus forte en calibre . Nous avons été témoin
de cette action importante qui pouvait décider du sort du
Bas-Rhin.
- nons
" Le général Landremont , qui commandait en chef
l'armée en l'absence de Beauharnais , a montré le plus
grand sang froid et la plus grande activité ; nous
sommes portés , presqu'à nuit close , avec le général Meynier,
tout auprès de l'Huisaure , où nos tirailleurs faisaient à quatre
pas de nous un feu très- vif de mousquetterie sur une maison
de cette petite ville , d'où l'on tirait sur eux . Nous avons
éte à portée de voir le nombre des morts ; nous sommes
assurés de n'avoir perdu que 30 hommes , tout au plus , tandis
que les rangs des ennemis avaient été souvent enfoncés par
violence de notre artillerie . Les vignes et les sentiers étaient
couverts de cadavres . Nous ne savons pas encore quel est
le succès de l'attaque qui a eu lieu en même tems du côté
de Lauterbourg ; c'est la partie la plus exposée à l'invasion
des ennemis . Nous allons partir dans deux heures pour savoir
par nous-mêmes ce qui s'y passe , car nous sommes assurés
qu'une attaque générale de la part de l'ennemi se renouvellera
encore demain matin .
la
,, Le tocsin de la liberté sonne en ce moment autour de
nous , déja 8000 habitans des campagues sont dans les gorges
de Bitche ; toute la garde nationale de Weissembourg est partie
aujourd'hui avec ses armes et des vivres pour aller au secours
du général Arlande qui défend les gorges de Linback ; nous
espérons que dans 3 à 4 jours 100,000 Républicains viendront
( 430 ))
renforcer l'armée , qui n'attend plus qu'eux pour exterminer
les rois et leurs vils satellites .
Perpignan. Les représentans du peuple auprès de l'armée des
Pyrennées orientales , ont destitué et mis en état d'arrestation le
général Deflers . Barbantanne lui succede dans le commandement
en chef. Le Mont- Libre est assiégé . C'est le brave d'Agober :qui
commande à ce poste, Le camp de l'armée , sous Perpignan ,
garantit la ville d'un siège . Les Espagnols ont pris le 4 le
petit fort de Villefranche .
Une lettre de Perpignan , en date du 12 , annonce que les
Espagnols cantonnés à Millac ont passé la riviere de Lalet ap
nombre de 2 à 3 mille hommes , dont plus d'un tiers de cavalerie
, pour surprendre nos avants-postes de Carmaillac . Nos
forces , dans cette partie , sont au plus de cinq cents hommes ;
ils étaient parvenus à enlever, deux pieces de canon et un obusier
; mais un détachement du 6e bataillon de l'Aube , commandé
par le brave Dejean , quelques chasseurs des Pyrénées ,
sous les ordres de Deville , et un détachement du 27e régiment
de cavalerie , sont tombés sur eux avec la bayounette et
le sabre , les ont mis en fuite , ont repris nos postes et nos
canons , dont ils se sont servis pour faire mordre la poussiere
à un grand nombre de castillans nous n'avons eu qu'un volontaire
tué et douze blessés . Cette action , quoiqu'elle ne
soit qu'une affaire de poste , fait le plus grand honneur à nos
troupes ; 500 républicains ont repoussé 30co Espagnolsr . Nous
avons conservé notre position , et nous les attendons de pied
ferme , s'ils s'avisent de revenir,
NOUVELLES DES DÉPARTEMENS.
I A MOSELLE.
,
1
Aux républicains Français nuit du 18 ou 19 août 1793 ,
l'an deuxieme de la Republique:
Les ennemis se disposaient à pénétrer dans les gorges de h
Petite-piere , le département était entice d'une incursion de
ces barbares : aussi-tôt 3oco hommes se sont levés dans les tautons
d'Ingwiller , Niederbronn et la Petite - pierre . Une seule
nuit leur a suffi pour se former , et pour occuper tous les
postes et les détours de ces gorges . Ils ont emporté des vivres
pour quatre jours , et c'est le brave Helmstarter , administrateur
du département , et leur chef de légion qui les commande
.
Telle est l'énergie de caractere chez un peuple républicain ,
qu'il sacrifie toutes ses jouissances , sa vie même , lorsque sa
( 431 )
liberté est menacée . Vous serez tous fiers , tous jaloux de suivre
ce généreux exemple les ' satellites des despotes trouveront
bientôt la mort dans un département dont ils veulent faire leur
proie , et la patrie sera sauvé.
་པ : ན “、,,
Publié par ordre du directoire du département.
Signés , BURGER , vice-président ; BARBIER , secrétaire-général.
La Vendée. Une lettre écrite de Saumur , en date du 23 , par
les commissaires de la section des Gardes Françaises , annonce
que les armées de Luçon et Niort remportent journeliement
des succès auxquels celle de Saumur biûle d'avoir part ; on
dit les villes de Cholet et de Mortagne en notre pouvoir , à
la suite d'une action où 20,000 brigands , ont péri. Le tocsin
des rebelles sonne jour et nuit , mais inutilement : nous avons
gagné douze lieues de terrein , et chemin faisant l'on met le
feu aux bois et aux genets . Le 23 , 5000 hommes de la garnison
de Mayence sont arrivés à Saumur ; 5000 autres y étaient
attendus pour le lendemain. Les représentans députés et le
général Santerre ont assisté à l'ouverture de la société populaire.
Une autre lettre porte que sept petits bâtimens anglais ,
chargés de poudre , ont été pris devant Belle Isle ; ils ont été
amenés à Guerrande . 4
Le général Canclaux écrit de Nantes , en date du 24 , que
neuf voitures chargés de poudres et munitions , destinées
pour Pon château , ont sauté en route .
Bouches-du-Rhône. Les commissaires de la Convention à Avignon
écrivent , en date du 16 août , que le 9 de ce mois un détachement
de Marseillais , appuyé par des batteries de calibre ,
s'empara des ville et château de Cadinet , er en chassa les troupes
de la République , qui n'avaient point de canons ; aussi - tôt les
commissaires requirent le général Cartand d'y faire matcher
des troupes de ligne avec du canon : 6000 hommes des districts
de Carpentras et d'Apt , réunis à un régiment d'Allobroges
et à un bataillon de ligne , marcherent vers Cadenet
sur trois colonnes on était disposé à reprendre ce poste à
tout prix , même par l'escalade ; mais l'enuemi n'a pas voulu
attendre cette extrémité . Il a pris la fuite et a passé la Durance .
On lui a fait 38 prisonniers , parmi lesquels un chef nommé
Arbaut qui etait blessé . Un seul chasseur. Allobrogehen a
pris 18 environ cent ont été tués ou noyés . Nous leur
avons pris trois pieces de canon , six quintaux de poudre ,
beaucoup de boulets et de cartouches : tous les ordies sout
donnés pour empêcher une nouvelle trouée de la part des
Marseillais . Les réquisitions ont été faites pour les chasser de
Manosque , dont ils se sont emparés . Robespierre et Ricord out
couru les plus grands dangers ; ils n'ont dû leur salut qu'à
( 432 )
quelques patriotes qui se sont ralliés autour d'eux ; ils ont
perdu leur voiture , leurs effets et leurs papiers.
Les commissaires demandent des fonds pour faire agit les
patriotes de ces départemens qui se sont joints à eux : les Marseillais
, dans l'incursion qu'ils ont faite jusqu'à Orange le
mois dernier , ont desséche toutes les caisses des districts .
Nous avons vu par les papiers publics , ajoutent les commissaires
, que le député Mainvielle avait annoncé , contre
toute vérité , que ses pere et mere avaient été assassinés par
les Marseillais , lors de leur entrée à Avignon . Vous verrez par
l'acte de notoriété que nous vous envoyons , qu'ils sont pleins
de vie , tandis que le patriotes Avignonnais , au nombre d'envirou
80 , ont été fusillés et massacrés dans leurs maisous et
les rues d'Avignon .
Notice des séances subséquentes de la Convention , du mardi et du
mercredi .
द
Du mardi 27 aout . L'Assemblée confirme un arrêté des représentans
du peuple dans le département de l'Aisne , tendant
à faire mettre en état d'arrestation tous les ci devant
nobles de ce département , excepte les femmes de plus de
50 ans , les hommes de plus de 60 , et les enfans au-dessous
de 17 ans . Rapport du comité de salut public . Barrere
donne quelques éclaircissemens sur la conduite de Kellermann.
Bourdon , de l'Oise , et Goupilleau , qui l'avaient
destitné , ont été rappellés .
་
Une lettre particuliere donne les détails suivans : les ennemis
ont attaqués le camp d'Orneback , près Bitche , dont il se
sont emparés sans la moindre résistance . Les soldats du 42º .
régimeni ont crié sauve qui peut . Le 102. régiment a jetté ses
armes et s'est enfui . La suite de cette trahison a été la prise
de Bitche .
Une lettre interceptée et écrite par une femme de Lyon ,
porte ces mots : on dit Kellermann en route , j'ai bien de la
peine à le croire je sais de bonne part qu'il est dans nos
intérêts . Cette lettre a excité l'attention du Comité ; ´il a
pris des mesures de surveillance à l'égard de Kellermann .
Du mercredi 28 août . Le général Rossignol , commandant
en chef l'arinée des côtes de la Rochelle , a été réintégré
dans ses fonctions .
Du lundi 22 juillet 1793 .
PAIEMENS DES RENTES DE L'HÔTEL - DE - VILLE
DE PARIS.
Six premiers mois 1793. Les Payeurs font à la lettre A.
Noms des Payeurs.
23. M. Legras , viager & perpétuel ...
26. M. Lamotte , perpétucl & viager .
.Lundi ,
Lundi .
28. M. Creuze , tont. viager & perpét ......... Lundi.
29. M. Lebon de la Boùtraye , tont . perp . & v... Lundi .
40. M. Taurel , perpétuel...
.Lundi.
34. M. Fauveau , perpétuel , coupons ........ Samedi.
Du Mardi 23 Juillet 1793 .
3. Nau de Sainte - Marie , perp. & viag .. .Mardi .
13. Marfellier , perpét. & viager ...
.Mardi.
15. Defays , viager & perpétuel....
.Mardi.
24. Defplaces , tont. perpét . & viager….. .Mardi.
25. Vi - illard , tont. perpétuel & viager..
.Mardi .
33. Hurel , perpétuel & viager. Mardi .
36. Debroé , perpétuel .. Mardi ..
su baštiloup
C ..
A V I S.
ON observe que les Rédacteurs n'ont rien de commun
avec l'Abonnement , la distribution , etc. C'est
au citoyen GUTH , seul Directeur du Mercure
hotel de Thou , rue des Poitevins , et non à aucun
d'eux , qu'il faut adresser tout ce qui concerne ces
objets autrement des lettres souvent importantes
pourraient rester au rebut.
Les personnes qui enverront au citoyen GUTH
des effets sur Paris , pour acquit de leur Abbonnement
, voudront bien les faire timbrer ; faute de quoi
ils ne seraient pas acquittés. Les lettres contenant
des Assignats , doivent être chargées à la Poste , pour
ne pas courir le risque de s'égarer.
LE prix de l'Abonnement est de trente -fix livres
franc de port pour les Départemens ct pour Paris.
Il faut affranchir le port de l'argent et de la lettre
et joindre à cette derniere le reçu du Directeur des
Postes. On souscrit hôtel de Thou , rue des Poitevins.
On s'adressera au Citoyen GUTH , Directeur du
Bureau du Mercure. L'Abonnement ne peut avoir lieu
que pour l'année entiere et pour six mois.
F
Messieurs les Souscripteurs du mois d'Août sont
priés de renouveller de bonne heure leur Abonnement
afin qu'on ait le tems d'imprimer leurs adresses , et
qu'ils n'éprouvent aucun retard dans l'expédition . Ils
voudront bien donner aussi leurs noms et qualités d'une
écriture lisible ; ou joindre à leur lettre une des adresses
imprimées qui enveloppent le Mercure.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères