→ Vous voyez ici les données brutes du contenu. Basculez vers l'affichage optimisé.
Nom du fichier
1782, 07, n. 27-30 (6, 13, 20, 27 juillet)
Taille
83.70 Mo
Format
Nombre de pages
409
Année de téléchargement
Texte
. -

• EFR c·
' •
• o.:% • •

sa 2Fflf1;·1• 1SLP .......r. 11,.a,.n i .. a , ..... 7 1 p< 1; n1119ra
sa ne 2 ~ a nt f 1 PS 1 7 ft 2 d a i .. ° F d 'i•a 0
g •
:A r 1 s 4 Mef/ie.urs lu Souftriptt1Jrs Ju
Mer&uR Je Fr11n&e~;pour 1~ mou d"J!l1Jf,t
178.1.
A rfunion da humdl Je P o/Jtigue 1it.1Jru:e1ll1s,
a'Vtc le Mireur~ tl France ~ & dcs"Soufcriptiou$ du
Jewnal Fra~oÎ4, du .Jaurnal des Sp~Et~lts ~ du
/.,,,,.l w Dlllllls • .le la Gatttte ck Litttranu·e,"
du 1oun1Al intiqt • '.Af11irt1 "' r À•''''"t fi ""
Àrnûiqut - le aomh$c a le niériic des Réda4lCW1 .
le des Cooplràteors ana.ch~ à cet 0u'9ragc , J~
cfforo; du .Brcv~ du. Mcrture , ciw A·a qargné ni
tdtpenfct ni foins pour rêpondrc au1 dc6rs du 1.. ublic
ltt•ux intentions du MiPiflèrc, ont enfin alf uré à cet
()Q_,agc I>ériodiqnc, le plus ancien & k plos varié
doslouroaaz , tout Je fuceès. que le Ûe&ll' Pa11çko'1cke ·
fouvoù Cl1 attendre.
..
-
-

J
' .
'



-
...


• - •

..


DÉDIÉ
.. ..
A U R 0 I,

.. 1
CONT!NANT
..
Li Journal Politique des principa"" !v!ntm.tns d•
toutes les Cours; les Riècts fugiti11es nou'Vtllts t11
"trs f:I tn proft ; l' Annonce fi. l':Ana.lyfe dr4
Ou.vragts nou11eaux ; lti ln11entions & Dlcou'
Vtrtes 'dans les Sciences él les Àrts; les Spe!lacles~
..
ks Caufls célthres; us 1.4c~dlniits de Paris & de ,
Pro11incts; la Noticl iles Edits~ Arréts; les .A11i4

particuliers, &c. tic. , · . • • ...



A PA R l S,
Che~ PAN c Kou c K E, Hôtel de Tl19t1
rue des Poitevins.
• .... . ;~- ~~
Av" Àpp,ro/Jation & Brei·tt du Roi . ..
"'







r


IU~Ul~4U -

-
-


I
' •



• • . . . ..
- T A B E
• •

. JJ·" mois de l ui.n 1781.
p llc!S FUGITIVIS. C-.mmunts, . 1-f
Trtrs J }t(. le Conut du r.~s <Jllatrc Saifo1t.J, f~
Nord. ; Hifloirc th la Maifon Jt Bour·
&tntimt1zs d•aJmirtt.t;on & de boii • J oS
· rtconnoiffanct à la vzlt: de.s les Aveux d'unt jolit Ftm•
Ou11ragts dt Dieu, Po(mt me • • r li.
~n •trs libres, 4 Co~t Ptnal des E4t~ 6- Fa-
Coupltt à une Da1* • B re.rs •. . * 12.I
Lto1ice à Erotiq1tt • fott, .4mi, 9 Ifo~ratzs O,ptr«. ~mnla, 1 3 r .
'Epûr~ • 49 Trzbut de l Àmzctl, 1 s J
1.ctcre talll: Réda.Oeuri au· S41yrcs dt Juvenal. t; 6
Mtrcurt, s 1 Douttsfur les .C!P,inions rtf~uts
Ytrs à M. lt Comte â" Nord, dans la Soctc!tc • 167
97 Leélure du Matin, 17z.
Rtchtrchts fur l• coutumcde1L~s Jardin.s, ~oê'1ne, 1,1
fa.lutr q11anJ. on lctrnut,. r 01 1D,ifcours publics & Eloges,21 I
Ytrs prJfan1is au Gr4nd L Occafion & le! .lvfo1nenc, 11,
Duc de '1? u.Oit, 145 jLfs ·Àprts·Soupc.rs, 2..J J
Epltrt à Af. B-"din l'atnt . iP.,tcuo!l de Jurifpru.dmct Ftoà
St11s ~ . 146 ii"l'. · · 23' .
Rif onfe ~ 147 S P .. E C T Â C L E S.
Rcpr>nfa à un Tnrpro'lf_'ptu .1491.AcaJlmie lloy. dt Mufiq. J ~ S
Ytrs J .J.fadcmoifillt dt Comé iit Franfoife, r ~4
S* "* *, . 1,3lComl.i.i1ltalicnn1. 131. llf
.A Afdt. dt Rou~, i,s V Â 1t. "1 É T i s .
Lt J.f atclot & l' Enfattt, ib. uitrt 4ll Rlil.",,atllr"" Mer•
E.nitmts ~ Logogryphts 'J 7, curt d<FrAnlt. . a •
f-4, io6' ·~ 1 ~1 97 Gra11urts, 4-S. 9~. 140. 18,,
NOUVELLES LITTIR. 2J7· ~ ,
Hifloirc cù Ruf!ie, 11 Mufiqut, .. ~31
Strmo!l four l'A.Jfemblk c•- Ânn<IUK~ LiMlraire.s • 4f ,..98 •
1 raord1 nair.e dt Cltari;l, 5 s 141 • J ,o, l J t
Lt l'rotiui1 & lt {)roi1 tlu ·
..
A 1JatÎ5, de l'lmprimcric de MtcHtl. LAMJfllT,
IUt de la Harpe, prè5 S. Côme, 17 I i. •




>-
- •
'
1 \JI"' '!"'----~----------:-~--=--------:---


• ' . -
'

.. •
'
t

CE~ '
• •
SAMEDI 6 JUILLET 1781.
PIÈCES FUGITIVES
-
E N Y ER S E. T E N P R O :SE.


H ! qa~ f aime le tendt'c Ouvrage
· Où , toujours plus i11térclfant,
L• Amour, que l'inconftance outrag~ ~
Exhale fun rcffcntimcnt ..
Contre une maîtrc1fe -volage.
Cc n•cft poin~ l'a~ccnt de· la rage
Ni le poifon noir & brûlant
Qui roule & s·écha'p pc en torrent
J)u coeur malheureux qu'il ravage ;

C'eft tour-à-tour le vrai langage .
Da dépit ou du fcntimcnt;
"" C'cft l'llCarcu,x code de l'amant
Encore à Con apprcntitfagc,
Et dupe d'un objet cl1ar1nant. ·

,,.,,;.-----·---
8 .. y~rlsche
Sta ~ •st..·b.\~th~\<
A iJ
/.un c\1en
-----~-
-

..
..
'
'




'




'


..
• • 4
• ...
li
-
...



• MERCUI{E
Par nnc b~auté trop l~gère ,
Qu.on efi: heureux d'êtro quitté
Lorf qu9'on peut d'un H beau falairo
rayer fon infidélité! .
Si vou3 ne Cavez. plus lui plaire 1
l.es vers que l'Amour irrité
Vous arrache dans fa colère>
Plairont à la p0!l:érité.
Ami, chimère pour chi1nère •
Une plus noble vanité
Doit faire chuifir la dernière.
])ans vos vers, quelle vérité !
Quelle fraicl1~ur ! <1uelle melleffe t
Quand.d'une nouvelle n1aîtrelfc
Vous trace?. l'afylc cncl1anté;
• •
D' Albane le pinceau vante~ ·

. A vcc moins de délicate!fe ~
Des baudoirs de la Yolupié 1
· Peignait la forme cnchantcrelfc~
Ailleurs, gt1elle rapidité !
Et comme le fryle fe prctrc !
A peine ic coet1r agité i

Sous le do~~ fardeau qui l'opprctfc .,
P-cut rcfpire~ en l~berté._ ·
Sans détourner le co~s r~pidc
Be votre fcr1libilité,
:Provoquez"' l'infi:apîlitc!
D'tto fcxe cnch3ntcur & pcrlid~.

i11 f roie ~ de nt>uvca\lx dcfir~ a



• 1

• .. •

-



...



IV,...Vt .... ....,



,...
-D E F R "A N C lt
Souffrez une nouvelle injarc,
Et donnez-nous pour 11os ilailirs,
A11 1noi11s par an , une rupture.
(Par M. T.)
I
R É. P o N s· E~
Vous Jouez ces vi vcs peintures ,
Frl1Îts d\un amour trop irrité~
V os éloges, en ~trité ,
-
Valent bien mieux que mes injures.
!.orfque votre Mt1fc applaudit
Au cruel d~pit \.1t1i m'enRammc,
c·cn le fp~aacle-dc l'cfprit
Qui fourit aax ~carts de l'ârnë.
Ma· s je les chéris doublcme11t ,
Puif q11e cette hearcufc rupture
M'ôte une maîtrelfe p.arjare,
Et me donne un ami charinant.

A vos cl1ants, d'u11c indigne flan1111c
Le fcnti1ncnt c!l: oublié;
Et VO\iS ne laiefc'Z. clans mon -âm•
Que l'amour-pror11·e & tl'amirié.
Vous voulez voir d'une immortclla
Par moi les autels encenfés.

la gloire, dites-vous, c!t belle !
J c vou~ crois, vous la coonoilfc~,

Et je ferai bien venu d'elle,
Puilque c'cfi vous qui 1n·adrc.tfez.
• A iiJ


'
..



-
J
-

\



...
IV~Ul:J4lJ •
,
-

I
I
,
'

MERCURE •

...

L'I L r: us 1 o· N DE L'A Mou", ou
L,E RR B u.,. ·R DB L,A M 1 T 1 É, Conte.
... . • •
...... AROLINE & ZÉMIRE 11aquirent pref qttc
le tnêtne jour. Filles de deux i11ti1nes ainis,
elles furent ~levées· com111c deux foeurs. Les
jeux <.le leur enfa11ce, les travaux de leur
éducation, pei11cs & plaifirs, toue fut co1nmun
e11tre-elles. Enfin on les mit enfen1ble .
tia11s le mê1nc Couvent. On s' atte11d ·déjà ,
fa11s doure , à trouver ici deux perf onnes
charmantes , mais ditférentes d'humeur. ;
l'une piquante par fa vi~1acité, !>autre inréreffante
par un~ fenGbilirÇ douce ; en u11


-
, moc, ce qu'o11 appelle deux .cara&ères contrafté.
s. 11 ne ricndroit qu'à moi de les peindre
ainfi , fans in' expofcr à être dé111·enti pàr
aucun Hifi:orien. Mais la Nature, quoiqu'on
lui doive de fort beaux ouvrages , 11e f onge , · ".
as toujours ·aux contrafres pour varier fa
eauré. f ttand elle deftine deux perf ot1nes à
vivre en etnqle, elle ne cherche pas toujours
à leur donner le ch1rr11e des. oppolitio11s
co111me un Aurettr qui les 1nct en fcè11e.
Je lai(ferai donc mes deux 1 Hér0Ï11es telles
qu'elles foi1t f orties · de fes 1nai11s, c' efl:-à- .
dire , avec cerce feule différence que l't111e
écoit brune & l'at1rre blo11de. Dt1 reftc leur
caraétère écoit parfaitemc11t le mê1ne. A 11Ui
furent-elles toujours d'accor<i, hors <Ja11s
les jeux de leur prc1nicr âge ; car 1· éioÏ{n1e



.. •




(




'

, • • • •
D E F R A N C· E. 7
clef enfance ctl: d'autant plus exigean.r, qu'il
ne fent pas encore le bef oi11 de fe cacher.
~ais quand la raifo11 vint approuver & fortifier
leurs fe11ti1nens , leurs ef p1·irs adoptèrc11r
les mê111es opinio11s , co11tradèrcnc
les mên1es habitudes. Leur converfation
11' a voit pas be foin d'être nour1·ic par la c0n--
· r1·adiéèion; elle n'avoir pas befoin de Ya ..
riéré pour être piqua11te; ell€ éroit 111onotone
fans cn11ui; tant elles éroie11t char1nées ·
de {e trouver de 111ême avis, tant ~Iles pré~
féroient attx agrémcns de l'ef prit les jouif~
!:1nces dll f e11ti1nenr.
·oans leur Cot1venr on ne les appelqit
ja1najs. que les deux an1ies; & il faut avouer
en effet que c'(toir~.Ià. t111 ''rai modèle d'amitié.
C ependant, plus d:m1e fois, e11 fo11geanc
a l'a1nirié des fcmt11es, il m' cfi: venu .. en=.
~déc qLlC je n'ai jamais vouJu adopter, de
peur qu'elle ne fOt calon1nieufe. J'ai donc
e11fé plus d1une fois ( je veux le diré rour
aut, ne fûr-ce que pour expier n1a faute
par 111on av.eu) j'ai penfequ' cnrre "ieux jeu11es
perfonries l'an1itié i1,efl f ouve11t, pol1r ainû
dire, qu'~n prêre-1:ion1 , ou, fi 1'011 veut, le
prélude d't1n ccrur qt1i fe dif pofe à s'occuper
mieux; qt1e ce qu'elles font · I't1nc à 1,aurrc
ne fert <!}u'à f:1îre entre\'oir ce qu'elles feront
pour un mortel plus fortune; & qu'e11 u11
111oc, les foi11s que chac1111e des deux re11d à
l, a 111 irié , ne { o 11 t que des arrhes q u' c J le ...
donne à l' a111our. Cette idée efr fa11s do11 cc
dii1né,::ique ; peut êt1·c cette a11ecdotc fer-:
, A iv .


. T




-




-

1
• •
8 MERCURE •
vira·r'ctle à 1nerrre la queftion da11s un p·lus
g1·antf jour; & le Leéteur pourra prononcer
e11fuire; car, pou1· n1oi , je n'y veux être pour
1ie11, & je 111e récttfc d, avance.
M. de Vernot1iller , père de Zé1nire ,
hom111e opulent & rnagnifiqt1e , a \'OÎt u11e
fuperbe ca111pagne at1près de Paris. C ,étoir
11n e1:idroir chartnant, propre à appcle1· , à
.fixer tOllS les plaifirs. Il voulut que fa tllJe ~
q t1i a\'oit alors qt1atorzc a11s, \1Î11r y paffer
tivrc lui la belle f ajfo11. Mais l'y a111e11er
feule, c;) efr à-di1·e, la féparer de CarQ}i11e;
' I\ I l .c el1t ere ch a nger en cx1 l pour rouces d ,·t1x

une parrie de plaifir. At1ffi 11. de Ver11ouillet
, qt1i les aimait l'u11e & l'autre, ne balança
pa5 un ino1ncnr .. Il écrivir au père de
Caroline, à M. de Vilfo11t. Les deu?' pè1·es
fL1rent bientôr d'acco1·d, les âcux amies .en·
corc · plus facile1ne11t ;. & voilà Zémire & .
_Caroli11e à la ca1npagne. ·
• Ce déplacement 11c f ervir poi11t à diftraire
leur an1itié. Les délices OLl lieu ne fii·e11t
qu'ajouter 2 celles de leur liaif 011, au pl~i t: r
de viv1·e e11femble. D'ailleurs,, elles voyoic11c
11n 111011de qu'elles 11e con11oi!foic11t pas, &
hie11 différe11t de celui où elles avoienr vécu.
D e là le befoin des confidences. Q-ue d'aveux,
que de quefl:io11s à fe faire ! c' cfr bien al.ors
qu'on a befoin d'être deux.
Zé111ire & Caroli11e avoient perdu lct1rs
mères dès let1r b.1s-âge. M. de Ve1·11ouî]let
éroir un galant l1omn1e, ,"!,: 1nên1e u11 hon·
uêr~ ho111n1e; ce qai n' cfi pas to.. ujouri l.i •


-
..


DE FRANCE. · . . ,
m~1ne cho:e. Sa richeffc & le grand monde
n'avoie11t pu altéter {a vieille ca11dei1r 111ilitai1
·e ; & à la bo11té ciu coeur il joig11oir l~~
lumières de l,e{prit. Il ai111oit tc11d1·c:1.11enr fa
fille; &. M. de Vilfor.. . t, qui connoiifoit fon
coeur , & qui d'ailleurs vivoir da11s le voiG·
!1agc, 11'avoir aucu11e i11guiétudc fur [L chère
Caroli11e. ..
M. de Ver11ouillét éroit fait pour recevoir
bea\1cot1p de monde; 1nais il Cavoit fu·
bordonncr fes plaifirs à f es devoirs. E11 ap- ·
pcl;i11r fa fille auprès de lui, il avoir prévu
tot1s les da11gers, ot1 plutôr il a voir f u s' e11
tara11tir. Il a voie p1·is f 011 parti e11 père cc11dre
~ courageux. Comtne fa fortune lui do11 ·
11oit la faculré de cl1oifir, il fe fit une fociéré
qui t1e pot1voir lui faire craindre aucu11 re ..
grer. Il n,ad1nit que de' jeu11es ge11s qui ·,.
pot1voie:1t prétendre à la tn:li11 des deux
amies, -& do11t il connoiffoir les 111oeu1.s &
la fo1·cune. Il penf oit qt1'il 11' efi pl us re111 ps
de ,Jire à une jeune fille qui ai11:}e , de 11' ain1er
plus; que le coeur 11' exa1ni11e pas a va11c
de fc do1111cr; que la jet1nelfe efl: faire pour
ai111er, con1n1e la beauté ,pour plaire ; &
qt1'c11fin, qt1a11d on ai1ne u11e fojs, il 11'y a
pre(qt1e p1t1s de 1·aifons de 11'aj111er pas.
Lorfqu't111c fille bien 11ée reconnaît qu'e]le
:i faic t111 cl1oix i11dig11e d'elle, elle pet1t réfifi:
ct· pet1t-êrre a fo11 a1nour, elle pet1r celfer
d'être foilile; 111ais elle ne cetfe poiJ1t d'êrre
n1alheureufè , parce qu'il lui eft plt1s facile
d,immoler fo11 ccrur que de le gt1é1·i1·. D'aptèi
Av

-
-
,



• ..
• ,

.
16 MERCURE
ces principes, M. de Ver11ouiller s'éroit fait
ur1e loi irrévocable lle ne pas recevoir un .
feul jeu11e hon1me chez lt1i qu'il 11e pût don· '
ner p~ur époux à fa fille ou à la fille de fo11 ·
a111i. Tout le ino11de 11' a pas le courage ni
mêtne la faculté de pre11dre un parti fem·
blable; mais il faut co11venir q11e rie11 n' cft
plus Cage. ·Par-là M. de V crnouillet n' étoit
point da11s le cas d'irriter les deGrs par la
défe11fe, ou de condamner un jeune coeur à
une tritl:e f0litude ; par- là il fe dérobait à
la cruelle alter11'1tive., Oll de cyrannifer les
fentimens de fa .fille , ou d'app1·ouvcr: un
choix qui pût la rendre malhe11reufc.
J'ai déjà dit q11e Zémi1·e & Cartlline fu- .
re11t aufii bonnes amies à la ca1npagne qu'a\l: ·
Couvent. Rien n' éroit plt1s inréreffa11r que
leur amitié, qt1i avoit tous les char1nes d't1ne
ca11det1r naïve. Déjà depuis }gng-re1nps elles
a,éroient promis tle s'ai111er tot1jours; &
c' éroit fort bien fait atf u ré111enr. Mais à cette
promcffe elles en avoient joi11t t111c autre qui
tc11oit beaucoup de la tét11érité , ou ·plu rôt
qui provenoit de leur inexpérience. Leur
jeune itnagination, trop à 11.érroir dans les
murs d'une cellule ou entre les grilles d'u11
parloir, s' étoit plus d,u11e fois éla11céc hors
de 1et1r encei11re. teur entretien avoir fouvcnt
roulé fur l'an1itié,; fur l'arndui·, fr1r le
n1ariage, fur tout oc qu'ellis conr1oifioient,
& mê1ne f11r ce qu,cll~s ne co11noiffoient
pas encore: l'on a le temps de parler, &
l'on ·parle de tout au Couvent. E11fi11, da11S;


,
• -






1\.11.JUIO.i.t;J-----~---
\
-
..
'
• '
• •

• •
• • • D E F R A N. C E. · 1 l
· l" enthoufiaf me de leur amitié ; elles s'étaient · ·
pro1nis de 11e jan1:iis le 1narier; promeffc
qui doit faire: rire tot1r l101nme raif 011nahlc •
1nais qui d!'it intéreifer le Lecteur fcnfible.
·. De tous les jeu11cs gens q\te rcce\·oit 1f~
<le Ver11ouillet, les plt1s ai1nables éraient
MeJcour & d Ecly. Ils 11e· virc11t pas avec in~ .
ditfécencc la beauré & les grâces des deux
jcu11es an1ies. Le père f oupço11na lfur f ecrcc;
mais il n'c11 fut pas alar1né, parce que 1 un
& l,autre étoit digne de [on alliance. On
fc11t bien qu'ils étaient afiidus à vc11ir vifiter
M. de Ver11ouillet. D'Erly & Meléour fc
rc11co11trèrc11c ft>rt Couvent ; ils fe devinèrent
fa11s beaucoup de peine; & comme ils
étoie11t liés par l'amitié , ils tre1noloient de
s'interroger fur leur choix, de peur ... Je f c
trouver rivaQx. Mais enfin leur bonheur
VOl1lut gue r llll ( Melcour) s' enBamn1ât pOllC.
Zémire, & l'autre pot1r Caroline. C)étoic
bcaucot1p , cc n'éroir pas atféz pour le coeur
des deux an1is11 Ils n'avoie11r rieri à c1·ai11dre
pottr leur an1irié; mais leur a1nour 11'éroit
as tra11quille. Zé1r1ire & Caroline , par
eu1· aimable naïveté , fembloienr tenir c11-
corc à l'c11fa11ce.Tot1s leurs voet1x paroilfoicnt
fe bor11er à l" amitié ; & cetre amirié qui •
com111e 011 le verra bientôt, ne fut pas inu-
1i]e à l'atnour, jeroit le JJ1us gr~na effroi
tians le coeur des deux a1nans. • Melcottr parut le premier attirer l'atre11tion
de Zé1nire; elle écoutoit: voJontifrS
~a co11\1ez:fât1on , 111ais elle ile !uu1>)~11noit


1v~v1 :J-+u
-
-

-



11 .. MER.CURI!
pas encore qu'elle eût du plaifir à l'enre11dre
parler. La re11dre Caroline , toujours attc11-
tive aux déniarch~s , au 111oit1d1·e 111ouve·
1~1et1t de fon a111ie, & toujours occupée de
1011 bo11heur , s, en apperçur la p1·e111ière;
·n13is elle 11e Coupçonnoir poi11r que l,a111our
pût s' e11 l11êler; l' a1nour éroit e11core loin de
leur penfée. Dès qu'elle s'apperçut que la
converfation de Mtlcour a1n11 (oit Zé111i1·c,
loin de vouloir empêcl1er leur c11crcri~11 ,
elle chercl1oic au co11tra1re à le faciliter.
Elle 11e pouvoir pas êr1·e jaloufe d'u11 tiers
~ui fe1nbloir faire plaifir à f on a111ie.
Bie11tôt Ca1·oli11e de 1011 côté s' accouru1na
par degrés à voir & à écouter d,Erly. Elle
parttt s'i11tércffcr de jour eo i.our à ce qui le
.regardait ; elle inter1·ogeoit !ouvent Zé111ire
.. ft1r f 011 cf prit, ft1r fa figu ée, & llli den1a11-
<loir cot11111e11t elle Je r1·ou·1oir. Ce qu'il y a
de fi11gulier, & n1ên1e d'intérelfant, c'efr
que Zé111ire s'en éra11t apperçue, .crut devoi1·,
par ainitié JJour Caroline,favori(er les affi duités
de d'Eriy auprès de f 011 a1111e. Dès ce 1110 -
· n1ent-là, Zérnire s'atracl a à faire de fréquenJ
éloges de d'Erly ; & Caroli1Jc, e11 confit·manr
ces éloges, croyait parler <.l'après l' efprit
de fon amie , raodis qu'elle pa1·loit
,,, apr~s f 011 prc.)?re coeur.
M. de V cr11ot11llet co11nut bieMtflt pourq11oi
d'Erly & Melcour éroie11t fi allîdt1s
chez lui; & il crut .s'appercevoir qt1'ils ne
l'écvic11t pas c11 vain. Co111me les dcu.x ainics

• •


1 V-fV f ..,...,-..,

..

-




,
..
· D·E ,FRANCE. rj
ne fc féparoie!1t prefque jamais, il ne pol1-
\•ojr pas T,'oir clair da11s cette double i11t1·igue;
cc qui le fit cre111bler u1~ 111011lent, pa1·ce
qu,il cr~ignit que les deux. a111ies 11e fulf ent
. rivales; 111ais qt1and il vit un accord fi parfait
cnt1·e les quatre perf 011nes i11térc!lees, il
n,a1jpréhcr1da plus de rivalité fâcl1eufe.
. l.epe11da11t, les deux a1nis faifoie11t cha- · ·
que jour des progrès ft1r le coeur de leurs
n1aîrrcffes , qui ne s'en doutoient pas e11-
core ,. & qtti 11e travailloie11t que pour l,a-·
, :n1ot1r; en c1·oya11t fervir l'amitié. Ma chère
Zemire, difoit quelquefois Caroline, je re
reco1nma11dc Melcour; il a de 1·~mirié po11r
'toi , & f on cf prit ell: cfri111al1le. Il ell: vrai,
répond oit Zé111ire, qui s'i111agi11oit répéter la
penfée d'aLttrui quand elle exp1·i11101t {es propres
fe11ti1ner1s; elle luuoit, fêtoit 1'1t:lcour,
& ne faifoir qu,obeï1· à (011 coe!l1·, qaa11d
~lle croyoit ufer de co1nplaifa11ce envers
f 011 atnie. De fo11 côté, Zé111it·e , qu~11d il
s,;1gilfoir de quelqtJe jeu de f ociéré, trou,,
~it toujot1rs ~lue 4'Erly y éroit fo1·r adroit,
tin de pou\1oir l,y appeler pour Ca1·oline ;
Cnroli11e re11chériifoit ro t1jot1rs fur l'éloge
avec 011e i11dulge11cc qt1, elle croyait définréreffée;
el Je fe p1aifoir be~ 1Jco u 1J à voir, à ei1-
tendre d'&ly; & elle rega rdoit cl1aque laifir
qt1, elle ~Ûroir ai11fi , c~111 n1e u11 e1·v icc -
t}\J'elle r~11doir à l'â111iri é. ..
E11fin , ~ de V crnol1illet parv:int ~ lire
da11s let1r5 coeurs beaucoup mieux quell e~
mêmes. Bientôt les deux jeu11cs an1is 1 qui
• • ,
..

1 V&JV J :J'+U

..

. - • •


• • - • - 1
If ~ M E R~ C .. q R E · , .
~ avoien·r de l,ho11nêteJé, crure11t devoir 1nettre
le père dans leur c<J11fide11ce. Il agréa leur
~u r ftiitè, il {èconda mêlne leurs ft1ccès, e11
eur lai ifa11c au ra11c de li oerté que {a i .a. ge ffc
...
& la decencc Je per1nettoienr; &: u11 beau ·.
jour il éc1·ivir en ces ter1nes à fon vieil atni,
M.deV1lfont: . '
· . '' Viéèoire ! nos det1x coears de quatorze
u ans font, ma foi , p1·is. L' Archerot qui
,, yole , pour parler co1nt11e nos vieux
" Poëccs, les tient dans fes filtts. c~ ell: Ull

» rude chaifeur ! inais je ne vois pas gra11'1
» inal à cela. Il faut que tout le 111011~1e
.. ,, paye; & mon gra11d regrer, à moi, c' elt
•~ d'être quitte. J'ai toujours trouvé l,Arnour_ _
» bon créancier, & je lui rc11drois volo11tiers

" ' fa. quittance. Au refic > il faut voir nos
.. bo11nes gens! pour 1noi , cela me rajeunir ..
,, . & je co1npre bie11 dan fer ai1x deux noces;
,, car je regarde ceci com1nc arrangé. J,ai
,. u11 _fils qui f eroit plus ricl1~ héritiel· li je
,, fai{ois 1na fille Religieufo; n1ais je 11'en-
,, tends rien à ces calculs ; & je 11' ai111e
,, poiAt ces voeux-là. J~e11 ;li fait un a11para-:-
•> va11r, guand in es e11 fans font vent1s ao
,, monde: c,efr de les ain1er ro.u.~. Oh! pour
· ,, ce·voeu-là, il tiendra, je vous en répo11ds.

,, Qua11d je Earle ai11{i, n1011 v.ieux cama- -
~ ra.de, je fuis bien sûr de dir~ ce 41uc vous
,, penfez. Ai11{i , je n'atrcr1ds plus qtte · votr~
" préfe1Jce; j,ai cxa\niné tO\lt, j,ai pour.11t1 a ·
• -Cot1t & tout i1·a bien. •
• l\1.ais vou' 11e fa,~ez ~s .? ceci va , v_qq1
-


,.
-
#



\

"
-
,

l"\J'fUf'IJ~tJ------,:c----------
-

• •
• •

• DE FR ANCE ri
,, tmufcr. Vous'voyez qtte je vous parle de
~· cerce affaire comme avancée. Eh bien, je
,,, crois, Dieu~ me pardo1lnc, que r1os filles
>I ne fe dourènt poi11t de ce qui fe patlè dans
,, leurs pal:lvrcs coeurs. ·Elles ont t1ne fécu•
r~té qui m' eEcha11te. Il y a plus: da11s 111cs
H inrerrogarions je crois avoir découvert
,, qu'alt Couvent eJles ~éroiel'lt promis de
,, ne pas fc 1naricr pour s'aimer coures deux
• plus à leur aife. , Trouvez· vous rien Je
• pl11s plaifant que cette extravagance là·?
'' elle an' a fait rire co1nme un fou • . Je ga·
,. gerois que voilà tout cc 'qui les raff urc
,, conrre l,a111our. Elles ont promis de · ne
• pas ain1cr; donc elles · n'ai1ne11t poinr.
,, Voilà leur raifonr1e1n~nr, j'en ft1is sûr.
• Ah ! le beau projet! il a éré fuggéré par
), l'an1irié; 111ais l'A1nour~11'a pas fig11é cela>
" & je compte fur lui. ,, · ·
Da11s le refte de ]a lettre , qui éroic- fort ...
lon~ue, parce qu'il parloir de !:1 fille & de
la fille de f on ami, c bon M. de Ver11ouillet
s'éte11doir f u1· la fortune, le caraél:ère & les .
n1oeurs de él'Erly & de Melcour. M. de Vilfe11t
11,hé!ita pas un 111on1ent; il connoi(foic
la fi11cériré & la prudepce de M. de Vernouillet;
comme .. lui il avoit des fils , mais
com1ne lui 11 éroit bon père. Cette nouv~lle
. lui eau fa beaucoup de ~ie; & il p:irtic auffi·
tôt pour aller goûter \111 plus grand plailir
encore, celt1i d'e1nb1~atfcr fa fille, & Je lui
an11oncer f 011 bon!1cur. · ·
. Arriv.é cl1cz ion ~1 li, M. de Vilfon~ reçue _
' .... •

-



1 Vlf\11 :J4U

'


16 ,.,1 E R C U R E
lés care!fes de fa. fille ; & après une conver·
fario11 a{fez vagL1e, il fJllur b1e11 parler affJir~
s de coeur. lvlais les p~res & les e11 tàns
ne s, \.!11re11doient gt1ères. Les pères parloicnt
at11our , les fillrs répond<JÎet}t amitié. Peur
s'expliquer e11core plus clairet11e11r, M. de
Ver11ouilJet pro11011ça le mot de ina1·iage. A
ce i11ot, foie qt.1e nos deux a111ies 11'eu{fe11t
pas f enti enc~re la G.tuation de leur coeur ,
foie que cl1acu11e rougît devant l'aurre de fe
parjurer e11vers l'a1ni1ié, elles dc1na11dèr.e11c
de co11cert que ce p1·ojec fût ditferé; elles
fi11irc11t inêlne par .I~re qu'elles avoient ré- _
folu de vivre dans le c;élibar. Ah ! qu~l gros
mor, ina fille, .5'écri1 ~1. de Vilfont ! par.
bo11heur tt1 ne le co1np1·e11ds pas. ·
()n 11e vot1lur pourta11t pas les co11trarieE
d'abord ouvertelnenr; on ~<>uluc -laiffcr agir
l'A111ou1·, qt1i perfl.1ade e11core 1nieux fa11s
parler que route l'éloque11ce des pèt·es •
Qt1elques jou1·s api-ès M. de Ve1·11ouillet ·
a rn.11c pris Zé .. 11i1·e à part , l t1i dit : ·Ma
filJc, qt1elques-uns de i1os parens Jefiroient
que tt1 futlès ReJigieu {e ; moi j'ai voullt ·
rc r11ar1er . . Mais n1011 i11tenrio11 11' étoit pas
d~ co11trarier res fe 1time11s, <~ de t,expofer .
à être 111alhet1 reufe. , a1n irié te paro1t préfé1
·able à l'a111our ; ru pet1x avoir raifon;
c'ell u11 llo11net1r plus rra11qt1i Ile & 111oins
fujet aux revers. El1 bîe11, 1no11 et1fant, je
ne \'eL1~ poi11r 1nériter ces· i·epro l1es ; je 11e
te parle_ plt1s de re 111arier ; 1nais Mclcoul°'
t•aiine; bicJ1 qu'il n'ait avec toi qu'u11c liai-



--
-




..
...

\
.. D E F R A N C E. . 17-
fno de fociéré ; le Public, ~ui ne . lit pas .. -
,.,. Ô:lns les coeurs, peut i11tcrprêtcr fes affi<lt1i~
rés aurremc~1t. Il efi rei11ps de les faire cetfer.
~.émire, qt1c· le 1101:n de 1vlelcour avoir fait
<i'~bord rougir, pâlit à ces derniers mors.
Mclcour avoir fait de noU\'eilux progrès fcir
fo11 coeur, & elle fentoit bien qu'il n'y a voit
que l'2n1irié q11i co111batrîr encore l1amour •
Cependant elle' recueillit Ces forces; & ro•1t
fo11 courage ne l'empêcha pas de tremble11
~n 4_i fant à f on père qu'il fît cc qu'il jugerait
à pr<?püs. 11oi, reprit M. de Vernouillcr,
je n'ai rie11 à faire; j'ai pern1is à Mclcot1r
de t'ai1ner; li cela te dépla1r, c'eft à toi de Ie
lui défendre; je ne '"èux poi11t alfer touc-àla-
fois pour un .homme irnpo i & pot1r · r.111 ..
iaconféque11t; il f:1t1t que tu lui écri\7CS toin1ême
pour lui fig11ificr fon co11gé.
M. de V er11ouillet, qui vit fa fille troublée,
r.e lui lailfa point le temps Je fe .rc·
mettre. Allons, contiflua-t .. il, voilà de l'encre
& au papier ; écris. Caroline , fans
[avoir cc qu'elle faiGJic, cl1oifit par1ni les
pl unies qui écoic11t là; pas une n'alloit bieH .. ;
.fa ni:iin alloit cncc;>re plus nial : enfin elle
dcm:inda à f on père cc q,1,il tàlloit éc1·ire.
Tour ce q11e tu voudras, lui ré~'ond.it ~1. de
Vernouiller; tt1~ peux lt1i éc1·ire pot1r l'appeler
ou pour le chaife1·. 1v1a co11clt1fion à
moi , c'ell: qt1e tu es lib1·e de p1·endre un
parti, mais qu'il faut le p1·endre f ur.-le· cha1n p.
Cltoitîs. Je ne in' 01ipofe pas at1 voeu de ro11
ainitié. Dès cc )nomcnt, fi ru veux , ru i1c

• -
...





-

tV4'Vlt14U









'
, •• •
..
tS M. ER CU R E
quirte1·as plus ton amie; mais tu ne rcvtrràs
pl11s !v1elcour. .
Ces dernières paroles causèrent à Caro-
. line la ·plus vive é1notio11 ; elles éclairère11t
Ion coeur, ou tout au n1oins le décidèrenr.
Elle ·avoir bien fongé au plai!ir de vivre roujou'
1·s avec Zétnire; mais elle n'avoir pas enco
rc ( ongé à la douleur d'être féparée 2 ja. ..
maj> de Melcour.Cctre cruelle i1nage écarta
J

toute autre idée & toue fenti1nent étranger. _
L:a11101ir tiiompha, & la pattvrc ainitié pcr~ --
dit f on procès •
Tandis que M. de Vertiouillct ~ntretenoië
ai 11fi Zétnire , la même f cène f c paff oic .
enrre M. de V:ilfont & Caroline. Les deux
pères avoicnc conce1·té leurs ·démarches i
roê111es propos, .mê1nes objeéèio11s & 1nêl11c
réfultar. Les deux amies fc p~rdon11èrc11t
· mutuellement , fc re1nercièrent mê1ne au
fond du caur. Le double mariage ft1t célé·
bré de pa1 r & d'autre avec beaucoup de joie•
& fur auffi heure~ qu'il avoit été ae!iré. J
. J 'ai pl·omis de n,arracher aucune conclu·
f.on à mon récit. Le lcéfe11r décide1·a_fi, dans
cette aventure, i·amirié avait tra~aillé coarrc

elle-1nême fans le favoir, ou fi l'Amour a~oit .
agi fous le non1 de l'amitié. · ... ·

• · ( Ptzr M. [,.hert.)
• ' ' •


• •
,
-

IU# 1----~------

-

· D E F R A N C '"E. JJ
-

·--~--i--z--....._. ..... ,.. .,_2 __ 0_,_'_s_·~, --·~·~-----·
1 ..
E~plicdtion de l' Énigme fi tf1i Logogryphc
dU Mercure précédent. •
E mot de l'Étrigmc cfl: Avoin~ ; celui
èlu Logogryphe efl ChameaM ,, dont , en
êca11r l: C, refic ·Hameau. ,
.. ..


• É N 1 G i\I E. •


.AllM r tous les préCens dont la riche Nature,
lcéleur , te comble (1ns mcfure,
• 1
Il en cfl un, fur-tout, renfcrrné dans mon ftin •
~ D'un prix vrai~nt inell:imablc;
i•bp1nÏnc, pour en jo11ir, Jcve un bras a'1'1OEn ~ . :
• •
S~r m~i, m'étend par te~~c, & de centcoups m'accable~
Sans qu'il c~ feit bl2mé; car telle c!t de mon (<Jrt • f
L'cxceffivc rigueur; c1ctl par mon affi!lance . .
.Q. u•it prolonge fes jours; & pour ma récompcnfc ~ ~
i·ingrat ! il me donne la mort. · ·
1 ( Par M. Paxion.)

•----•s--------• ------~--.. ~...-.-----..z~e
L 0 G 0 G R Y P H E.
ou1ouJts dans mon entier j·cxprimc le boohcuri
Ma tête mifc à bas, f ia!pire la terreur.
(Par le nzlmt.)








'

-
1 V&JV I :J-.u



- .

'

,

' •

• •
• •
NOUVELLES LITTÉRAIRES . •

· SHÀKESl'ÉÀRE, traJuit d~ l'Anglois,
dédié tt.u Roi, pat M. le Tour11eur.
- Homo fam: hu.mani nikil Ji me alienum puto. Tér •
A Paris, chez l' Auteur, cul de-fac Sai11t- ·
Dominique , près le Luxc1nbourg ; &
Mérigot le jeune, . Librait·c, quai des A~·
gufiins. 1781. To1nes 1.i. e. & 1; c.
• • •
N en dira ce qu'o11 vot1dra, il not1s f:1l!
loir u11 Shakefpéa1·e co 111 ple~ nvec fes per,les ,
& fan ft1111ier, in jlerqui.llnio marga1·icas. ..
• •
~ycz-lc, c'efl: d'abord ce que vous lui dcve2,
E.t vous l'cftimcrcz. après fi vous pou·tcz • '
• •
Il feroir mê1ne i11jull:e de ne pas ell::n1rt"
l1e'aucot1p un génie ti origi11al, t1 11 pei11t1·e li ·
é11e1·gigue d'u11e n1tt1re qt1i, à la ' 'ériré, 11'eft
11i choiGe ni or11ée, da11s leqt1el on trouve;
après cour, de gt·lnds 111odèles du tragique c11
roue gent·e, & qui , préfe11rar1r des objets
fouve11t affreux & dégoÛtans, mais r0t1jot1rs
'Yrais, ré\1olre fot1vc~1t, 111ais 11'en11uie jamais.
Nous cr• difo11s trop peur-être pour
les Leéèeurs Fra11cois, & nous n· en difon5
> cerraine1ne11r pas a{fez pour· des Leéèeu1·s -
Anglais. Sl1alcef péare fair toujours, &. p1r-
\

--
-
-
-

D E F R · A N C E. 1 r
tour, Ieu1·s délices, & ils 11e co11çoive~t pas
plt1s t1os froideurs & 11os dégoûts à l'égard.
de certiai11es Scènes de ce Poëte, que nous 11e
concevons letir continuelle admirarîon 8'
leur méprifable e11thoufiaf1ne. C'efr une
chof e vraiment remarquable que· cccrc diffé~
re11ce, Olt plutôt cette oppoficio11 de goût
cnrre deux Nations li voilines, & coutes - ·
deux fi éclairées. Au 1·efie, roue ell dit dept1is
long-ten1ps fur ce fujet. Nous n'exami11erons
point le mérite dran1atique des Pièces
renfer1nécs da11s les deux nouveaux volu1nes;
il efr le mê111e que celui des aYtres Pièces de
Shakef péare, & 1nêlé des mê1nes défauts.
Mais ces Fièces nou\'.elles fo11c coures l1îfl;o ..
riqu~; les trois premières fo11t un tableau
affrcufeme11c fisèle des horreurs de la ro(e
rouge & de la rofe bla1~che, & la d~r11ièrc
u11c hifi:oire exaéte du divorce de Henri VIII
& de Carl1erine d' A1·ragon , ainfi qt1e du
règne & de la cl1ûte du Cardinal Volfey.
C'eft fous cc point de ':-ûe que nous allons
les conlidérer' & que nous y découvrons lln
mérite partict1lier -dont on n'eft pas peut~
2rre alfez frappé. Le v1·ai moyen de graver
âans la rêre des jeltnes gens & des gens dti
monae l'hilloire d.: leur pays' feroir peut~
rrc de la rnerrre ainfi en aél:io11. 011 la lit
tla11s les hiftoires ordi11aires, ,on la voit dans
· · les Pièces de Sl1a~efpéare; tous les div~s
perfonnagcs VÎCIJDCDt (~ ra11ger autour Je
vans, ils Yous· admettent à leurs co11fcils ~
·1, .vous réYJèlcnt to\lS .. les fcçrcts de , lcu.1

-
-








- •
. %1 MER C UR E
âtne , ils agiffent <leva11r vous; c' cfi: le cas do
lai maxi111e cél~bre d, Horace :
Segnius irritant animos demijfa per allft.I •
Quàm qLUfunt oculis fuhjeéla ftdelihu, fi qu•

Ipfi jihi tradit fpefliJtor. .
• • •
· Ici tour cfl: vie & mouvement; c'cl\ I~
cltaleur de l'a&ion (ubfi:îruée à la langt1cur
du récit. Qu,u11 Hift~lrien expofe . froidement
& exaéter11ent les droits de la Maifoa
d.,Yorck; qu'il ct1 déduife route la généalogie,
il aura bien de la peine à n'être pas
c11r1uyeux, & le ILeéleur aura bien de la
peine à le f ujv re ; 1nais que , pc11dant la
nuit, aa clair de la lu11e , dans les jardins
a·un l1ert11irage if olé' i·enfcrimé dans l' cnçcinte
d'ttne fo1·êc, le Dt1c d'Yorck vienne
en fecFet & av.cc myftèrë s'cnrretenir de Ces
i11térê~s & de fes · projets avec le Lord SaJis~
bury lk ce fameux Lord Warwick, tour-àtour
la cerr.eur & l'appui des Maifo11s de
l!a11caRre & d'Y orck ; qu'Y orck, pour Je$
attirer à f on parti , les fatfe juges de fes
droits; que les détails de la généalogie qu'il
leur c~pofe foient interrompus par les qL1eftions
& les ollje&ions des deux Lor8s, &
qu'ils foie11r éclaircis par les réponfes du Duc
il'Yorck ; que les deux L9rcls 611iifcnt par
être co11vainctts ·des droits dtt Duc, qu'ils
rGmHenc à fes genoux, qu'ils le rcconnoiCfCnr
pour Roi &: le proclamenc les premiers:
voilà du Speétaclc , de l'aaion & èie l'in•
cerêt. S~ateu1: OR le Ix&êar n' 0111Jlicra

.....

-
--


-

'

u~-------~-
-



• • •
,

- D E F R A N C ' E. i.J .
jamais la prééminence des drpits d'Yo1·ck fur
ceux de Lancaftre , i1i les titres de cet~e
1réérni11cnce, & il 11e lui e11 aura 'oûté, pour
es co11110Ît rc, auc11n effort d'attcruio11. ..
L,rliftorien le plus éloque11t aura beau ·
pci1~dre, avec les couleurs les plus fo1·res,
l'agonie d'un fcélérat expirant da11s les tor.
tares du re1nords & de la terreur, il 11' éga-
. lera jatnais 1, effet de ce tableau de la 1norc
du Cardinal de Beaufort, co1t1plice de l,af.:. ·
failinat du Duc de 'GloceO:re, fo11 11eveu. Le
·Roi Henri VI, neveq d11 Duc de Gloccfi:rc,
& petit-neveu «.u Cardinal, vie11t vilirer ce
der11ietï ·dans fa maladie. Il Je trouve dans le
délire; 1c Gardi11al 11e connoîr perfonne. . ·. ·,.
• • W A n. W l C ·!:. r •

1 Beauf ore~, c' el~ ton Souverain
parle. .. _ ..
• qui te


· L 1 C À Il 'Il 1 N A .. L.
4 ·
. ,, Traînez-moi à mon jugetnent quand
,, vous voudrez. N'ell:-il pas mort dans
u {011 lit ? ©ù devoit- il 1noul·ir ? Puis- je
.,
r faire yivrc les hommes malgré eux? . . ,..
,, 011 ! ne tric t6ttr1ncntez plus , je confe(7 ..
,, (erai •••• Quoi, il etl: rcvent1 à la vie., dires-
,, vous? Ah! monrrez-111oi ot\ il cft. Je don-
,, nerai tot1t ce que je pofsède pour l'envi-·
' ,, fager .•• Il n'a point cl. yeux, la f.?.ouflièr, ..
,, les a éteints. Rabailfez donc fes cheveux.
,, Voyez, voyez comn1c ils f 011t héritfés &
• droits}! Donncz-11Joi- à boiR., & apr.>r~ ·

• ..


..

-


-
"


• •




14 MER C ·u R E
• rez n1oi le violent poifon que j'ai acheté
• A ·,. mo1· n1en1e.
' L ! R 0 I • •
,. 0 toi, éternel nloteur des cieux , jett~
., u11 regard de n1iféricorde fur cc miféra,,
ble ! repo11ffe le dé111on aéèif & déyora11t
,, qui afi1ége (a11s relâche cette ân1c tour-
• mentéc, & arrache de f 011 f ei11 ce 11c,i1
• déf e( poir. ·,
.. \V A 1l w J c JC.
,, V oyez comme les aiiKoiffes de la mort
" le fo11t grincer des dents. .
.. S A. L 1 S B U R Y •
" ~c le tr<?uhlo11s point; laiifo1u.;lo paffer:
.,, pait1blement. .
L E 1R 0 1. ,.
• •
,, ~u~ la ~ix (oit à fo11 â1n~, fi c'eft la
. n volonté f uprê1ne du To\1t-Puiffa11t ! Mi,,
lord Cardinal, fi ''ous penfez à la félicité
,, du Ciel , f oulevcz votre main , donnez
,, qt1clque figne He votre efpé~at1ce .... Il
'' incurr, & ne donne aucun 1Îgric ! ·ô Dieu,
,, pard on11e l t1i ! '
- ~Vi' A R W 1 C JC • • • .. ,
" n Une fip fi funcftc artctle une vie n1011f;.
• rueufe.
: L E R 0 I •

.. .. ,,. Abfhnc1-vooe de juger ; ëar nous fQm,,
mes
..

~ cq
D
l'i
rc
,
1 "'"""'
'


( ( )

le Samedi


LE Public paroît inquiet de n~_,', oir poi~t encore appris les dét,il1
contenu.s dans les dernieres p..peches ~~ l Inde. 0 11 ail't~re q~e l~s
Direl\curs de la Compav·'~ ne publ1er?nt l~ur .Bulletin qu aprcs
l 'avoir rédigé à leur ,,~cha1ne A~emblee. Ainfi ~ nous ne po~vons
recueillir aujotird'~l '· fur les a~a1rcs de ce1p~ys , q tte de petits articles
extraits r-s Papiers du f 01r •. Ces Depe~hes , dont on parl_c
tant ne do.r"'cnt point la confir1nat1on de la pr1fe de Madralf; 1nais
nonC:bftan .. on regarde cet événe1nent comme inévitable ~ le Chevalier
Ev~ Cootc ayant trop affoibli la Gatnif on de ·~iadraff, par lts
Dér- nemcns qu,il en a tirés , &. la réu11iorr des Troupes r·rançoifes
à .. elles de leur puiffant Allié Hyder-Aly, donna11t à nos Ennemis
une fttpériorité décifiye dans ces contrées . .
11 fe débite qt1'il n,y â · point eu un fecond coinbat naval ;
mais qtte M. de Suftre11 e1t allé fc réparer à l'lfle-de-F rance,
après avoir· protégé Je d~bars_uement de fes deux mille hommes . a
Porto-Novo. Le Chevalier Edouard Hughes, de fon côté , s'ell
rcndtt , dans le courant du mois de Juillet dernier , à Bombay ,
Ott il attendra, dit-on , l 'Efcadrc du Commodore .Bicl<erto11. Alors >
no.> forces navales dans l'Inde , feronr postées à fcize Vaitfeau:<
de Lig11c; car on a reçu la nouvelle de 1·arrivée à Madrafi,, du
Sultan & du Magnanime : ces deux \ 1 aiffcaux , de 74 canons , notis
fero nt du plus grand fccows , fi 1' Amiral François~ après avoir
r éparé f on Efcadre , hafardoit une allion avant la jonaion du
Chevalier Bickcrton. Le bruit court que les dépêches de l'Inde
an11oncent auffi l'arrivée de cc dernier Amiral ; mais cette nottvclle
eft j11dubitablcment fauffc, le Chevalier Bickerton ~tant refté
à Rio-Ja11ciro jufqu>au milieu du mois de Mai. Ainfi , en compt~
nt trois mois , en partant de ce point pour achever le voyage
de l' Inde , notre Amiral ne doit êt1e arrivé qu'à la fin d' Août ,
& cette date cft poftéxicure de deux mois à celle des dépêches de
Madraff.
La mauvaifc politique & l'oppreffion des Employés de notre Compagnie
dans l'Inde, nous ont fait de~ En11c n1is de pref que tous les Naturels
de! ce Pays , prêts à fe joindi·e a tot1tes les Puilfanccs qui voudront
les aider à no us cha1fer de l>Indofian. ·

Le Lord Cornwallis doit ft1ccéder au Chevalier Ey re Coote , dans
l a. place de Comm:tndant en C hef des Troupes Britanniques dans
J>Jnde, & le Lord Macart11cy remplacera M. H a llin~ au Gouvernement
généial dt1 Bcng~le. On nomme différcns Candi!ats pour celui
de Madralf ..
1~C Sieu r Cullam, Aide-de-Camp du Général Haldiman'i , Gouvernetir
du \ ai1ada , efi: arrivé ces jours-ci chargé de Dép~c11cs. Le
l l Aoîtt, les E nncn1is H,avoient fait encore aucu11e attaque fu.r:J
( Sa1ncdi 19 Otlohre i 78 l. , )


( 2 )

Terre Net1ve. Ûh. pcnfe que q11atr~ Vaiffeaux de li11ne & ;nille
l1on1mes fL1ffife11t Pt.ur nous e11lever S.iint-Jean & fes ,,dépe1:d:inces.
· L• Amiral Ca~npbell eh.bettreufen1enc arrivé à Terre Netivc à bor'd
du Vai!feau de guerre le Pl'Jrtland , de ~ o canons. __ '

On n,a reçu aucune nouv,11e dircél:e du Lord Howe. Lors c.iu
ravitailJemei1t de Gibraltlr, pat t>Atniral Rodney en 1780 avec
auta11t de. Bâ~i1ne?s de, Trar1fport_ &-te: Commerce qti'en a l :! 'Lorlt
Howe , 11 ~ efi: e~ou~e ~eux mo!s ,. cnt1~ entr~ le jour de fo11 ~épart
& celut. de 1 arr1vee des depeches on-rJellcs qu,il a expéc.tiecs
de cette Fortcrelfe. Il avoit appareillé le 1.7 ~~ccmbre 1 - 79 & fa
L ettre, date,e d u 2.7 Ja11.v1 er 17 8 o , n , a e,tc, reçue....._ Loi1drIe s q1 ue le
'-7 F évricr fui vant •
Des Lettres p3rticulièrcs de New ·Yorck, portent qt.o l, Arniral
Pigot eft arrivé à Sandy-Hoolc avec 26 Vaiftèat1x de Lig11 . N ous
c11 avons aétuellemcnt ; 5 , tant aux lfles que fur les Cot~ du
Continent. Savoir: fous le Comrnandc1ne11t dl! 1, A1nir:il Pigvt, '6
A la J amaïq uc , • • • • • • , • • 8
At1x Ifles au Vent , • • • • • • . • 1
11 n,eft encore rentré dnns nos Ports que Il rnoitié de Ja Flotte
~c la Jatnaïque; & par les diftërc11s r:tpf>Orts, il p.1roît que le 111ê1nc:
coup de vent a fait périt, avec le Rami! lies , de 74, le Ce1~iau.rt, au tu
de 74·
Tous les jours on e11tcn'li p~rlet de nouveaux accide11s. J.J, F.x trait
f uiv:int d,une. l.;ettrc ôatéc de Spithéld, le ~ Oétobre, en otfrc un
cxcinp1e :récent.

et Je fuis très fâcné de vous ~pprcndrc la· perte de la Frégate de
Sa Majehé, le Si~zg, Je ;6 canonst Dans la nuit du 2, il s,élcva
ltn violent cottp de vc11c du N. N. E., qui conti11ua ju(qu,aLt matin;
& cette F rég3tc, a}>rès avoir coupé tous fcs m.îrs, & ;~té fe5 canorJ.S
~ la mer, échoua nrès de cc Po1t. Hcurcufen1cnt on parvinl à fai1vcr
·les Ofiicicxs & l,E.quipagc.
• -

-
..


'

D E f R A N € E. 1 f
• m~s 'rous pécheurs. Fermez fo yeux ,
~, rirez las rideaux fur f 011 cor.ps, & al;lons
' tOllS tnédi ter. ,, •
Miftri.{f Griffi~h a raifon. Cc mot fi fimple,
. Il meMt:t;, & nd do11n~ aucun ./igne! quoiqu'il
puitlc net aéfigner uc le défaut ac connoiftance,
cft, d'après es circonfl:anëcs, un n1ot
profond & d'un gra11d .effet. · . ·
Obfervons en palfant què, dans Ja Jiftc
,âes pcrfonnagëS, oa a mal défigné le Cardinal
de Beaufort , en difant qu'il étoit frère du
Roi Henri VI, & fils natur-cl de Jean de
Gaunc. Il éroit fr.ère au Roi Henri IV, &
grand oncle tic Henrj VI. U fur déclaré par
ad:c du Parle111e-nt, ainli que le Duc de Sommcrfct
fon frère, His légir~1nc .du Duc de
Lancaftrc., Jean de Gau11e.
Revenons à notre propolitioru Peur - ~trc
feroir-il fort utile que les Livres ,f'Hiftoire •
fur· tout ceux qni f eroien t confacréç a l' éducation,
fulfcnt ainfi mis en aétion. L'Hjf.. .
~oire en feroit lus généralement & micur:
connue; mais i faudroic . alors renoncer à
.route idée de T;r~fdie, & ne fo11ger qu'à
peindre l'HiftQire en la montrant viva11re &
agilfantc. M. le Préfident Hénaulr, qui a ofé,
parmi noas, faire cet cffai , ne l'a fair que·
fur un fujer qui ·lai a part1 prefque fufcepti
bic des règl~ du Théâtre. En cff er , le
règne de Fran.çois 1 , qu'il a cl1oili, n'a,
pour ainft. dir.e , qu·un événe1ncnc & qu'un
intérêt, la conjurarion d'Amboife & fdt
fuites.
1~0• 1'7., ,(, luiUtt 1781. B
• ,


1
--


(
' J
i~ .. .MER CU R E
En co11cevanr cette idée de pei11dre & de
dramatifer l'Hifioire , il 11ous vie11t naturel--:_
lement dans l' efprit de jeter les yeux fur le
Franfois Il du Préfide11t Hé11ault, & 11ous
' 'oyons da11s fa J>réface qt1'il a eu préciféinent
la n1ê1ne idée que nous, & qu>elle lui
éroit ve11ue à la leél:ure du Heul·i VI do
Shakef péare.
C'elt e11 effet de l'Hiftoire d,Angleterre
que cette idée a dû 11aîrre. Cette Hiftoire eft
plus 11oire & plus tragique q11e la nôrre ;
il n'y a prcf que point de règ11e en Angle~
terre qui ne foie troublé par des révolu-.
tians.ou fouillé par ·le f qpplice de quelque
Citoye11 innoçcpt, çle quelque villi1ne il-
1\ufire de la calomnie: ou du çaprice, '' C' efl:~
,, là que les Rois, & même les Reines, ne
., fo11t pa$ à l,abri de l'~chafaud, Pour les
,, Ai1glois , difoit M. de Voltaire, ce fero1t
"' au Bol1rrcau ~ écrire leur ~1ifioire , c' efl:
,, tdujo11rs cc Ge11rilhe1n1ne là qui termine
,, to11res leurs que1·ellcs. ,, Ainli, da11s l'Hiftoire
d:AQglercrre, la fi1nple cxpofirion des
faits fous la for1ne dramatique confrituc 11no
Tragédie; da11s t1n }?ays f ur-tot1t où toutes
nos unités & toutes nos règles théâtrales f 011t
co1nptées pour rien, où la fcène chang~ ~
tout moment,
Où Couvent k Htros d1un Spcétaclc grofficr ,
Enfant all premier liélc, cA: barbon au dernier.
~v~c une tell~ liberté, on 11'a auou.11 i11térê.r >
1ucun \UÇ>tif d'~lcéi·er l'Hifioi1·e; auffi l'I-ii(?




IQ-4Ul;Jq.-~---...------------~~-----:---:----:r-~
-
-
1
D E F R A N C E. 17
toire cll:-elle anfli fidelle cl1ez Sl1akef péare
· qt1e cliez cous les autres Hiflorie11s Anglais;
l"'o1·dre cl1ronologique y efr cxaéten1e11t obf-
et·vé ·; c11 un t11or, il n>y a pas d'at1tres infidélités
qt1e celles qt1i r1aiflè11t des préjt1gés
nario11aux, & qni feraient les mêmes da11s ·
l'Hiftoire , dépouillée de la fo1·me draina-
• r1qt1e. .
.. Un mérite qu'on ne fat1roir refufer à
Shakef péare, & qui efl: à la fois draruarique
& hifi:orique , c' cft celui Je peindre les caraélères
avec beaucou1l de force & de vérité,
cie les difii1~guer & de les varier à !,infini
par cette '·ériré mê1ne, qui faic que les
traits de l'un ne s'adapr~nr point à l'autre.
La dévotio11 de Henri VI, fa rnolle douceur,
fa bonté pleine de foibletf e; la vertu ·
ce11fta11ce du Duc de Gloceftr~ Hun1froy, .
l'hypocrilie perfide dt1 Cardi1nl de Beaufort,
l'i1npétt1ofité, la fierté du Co1nte de
Warwick, !,effrayante fcélérateffe dtt Duc
d~ GloceA:re Richard, qui , de cri1ne e11
cri1ne, parvinr jufqu'att rrô11e fous le 1101n
-
de Ricl1ard III, e11 exter1ni11ant à la fois les
la11caftres & les Y orcl~s , & en joig11ant la .
fourberie à la viole11ce , rous ces caraél:ères,
& bea,t1cot1p d'at1rres, font hon11cur au pi11-
ceat1 de Sl1al{ef péare.
Marguerite d' A11jou cft l'Héro'i11e des
François, par f 011 g1·:ind cottrage , f es rcffources
plus qu,l1u1naines dttns les plt1s affreux
dangers, & fon attacl1ement co11fia11t à
la F~ancc, fa patrie; ils aiment à Ce la repré-
B i.j


I

'
'
l\J~Ul!J4U

'\
.t.·S 1' t E Il C U R l! . · .
ienter aprè51·a ·perte de 11 bataille J ,I-Iexl1a1n,
& penda11t que He11ri fan n1ari ei1trojr dans
fa prifo11, errante~ aba1Jdon11ée, dépourvue
ale tot1t , fe cacl1ant da11s les bois, s'enfonsant
da11s les d~fercs, i11Ce11fible à fes dan·
gers , tre111bla11te poar f on fils qu'elle tenoit
.e111rre (es bras ; e:i.es \~oleurs la dépot1ille11t ~
& pret1a11t querelle enrt·e -eux pou1· le par~
age du buti11, lui léti{fentla liberté de s,échap·
per avec fon fils. A quelque difrance de-là,
elle renco1·1c1·e an autre voleur ; la fatigue ,
J,épuifement 1ie lui pe1·r11etcent plus de fuir;
fon courage lui four1Jit u11e 4e ces relf ource~
qui n,appat·rie1111e11t qu'aux gra11dcs âmes; .
elle s'avance viers cc~ lm1n111e a~cc u11e ma-·
jcfl:é qt1i l'étonne, elle remet le Rri11ce dans
(es mai11> : Tiens, nzon ami , lui dit-elle ·•
fi1uve le fils de ron B oi. Cet homtne, faili
d,u11e pitié rcfpeéttteufc à la vûe d't111e telle
~t1forut111e • flatté d'aii·leurs du gt·a11d per{
01111age do11t il fe voit chargé, répo11d à
~ctte fubli1n:c co11fiance par une noble fidélité;
il oublie que fà fortune pot1rroit être
le pt·jx d'u11e délatio1~, il porte le Prince, il
~ide à 1na1·cber à :la Rei11e, & les co11duit
tC'tts det1x au bord de la 1ner, où ils s' cmbarqt1èrenr.
Ge trait, que tous les Autet1r-s Fra11çoi1
rapporre1tt à J>cn\"Ï, que ~1. de la Harpe 11>a
poi11t oublié da11s fon W11rwi.ck , que l' Au ...
ieur inconnt1 d'une Ti:agédie en pro[c atfcz
toltcl1anre , de Marguerite d' An ·ou!) imRrim~
c à Puis en 1757 ,.aur~ û ec pas

• -



-
-
IV.,._,...~---------------:-~---........----
-

• •

D E F R A N C ~. t~
l'ublier, a été omis a de1fein par Sl1akeC:péare.
Marguerit~ d'A11jou, que 1~ulle fem·
n1e , dit le P. à:Orl.éa11s, ne f urrpalfoit en
beauté, & que fi peu 8'hoi11rnes égalaient e~
courage, la f ubli1ne Marguerite étoir haïè
des Anglois.; & Shakefpéare , fidèle au%
idées A11gloifes, a ·cr~i11t de la rendre intére1fan
re; il lui clon11e des paillons, des vices,
des injullices qu'il ex~gère ~ mais do11r' peutttt
·e elle ne fut pas e1~tièren1e11t exempte;
it1r tout de peur que les n1alheurs de cette '
fe1111nc illuftre n'attc11driffent, il a foi11 de
rappeler fol1ve11t u11 trait de cruauté qt1i la
desho11ore. Avant d'envoyer à la mort le
DuG d'Yorck, qu'elle a voit vai11cu , elle lui
apprend qt1e Je jeu11e Rurla11d > 6ls d'Yorck,
vie11c d'êrre égorgé; & pour ~{fi1yer les larmes
i1nc cette neuvellc fait répandrè à ce
malhrureux père, elle. lui pré~enre par déri- ..
fion u11 moucl1oir qu'elle a pris plaifir à
trempêr dans le fa11g de cet enfant. Si ce
trait efl: vrai , c' cfl: une ~randc tache à ]a
gloire de Margue~ite; TGutes les furits de
l'ambitio11 ·, de la hai-rie & de la ve11ge~nce
~roie11r déchaînées dans ces tc1nps affreux.
011 pardo11nc ~lors à uii cnne111i de faire le
mall1eur de fon cn11emi; cn ne lui pardon11e
pas d'y infulrer. r
Le Henri VIII de Shakefpé:ire prouve
q11c cet Auteur favoir 111etr:re dans fes portraits
autant d,adrelfe que d~ vérité; c'etl
•éritablemenr u11 tour de fe:>rce at1e d'av0ir •
traité cc f~1jet d 1 lt11e n1a11iè11c q 1i pt1t pl .. 1i1:e
B 11j

\

l"I>'"""""~~~----~-----~---- •



..
'


-
r

• ;t> M E R C u -R ~
à la Reïne Éli(-:iberh, placée, cor11111e eJ,li
l.,éroit,e11tre un père do11t elle vouloir ref pec·
ter la mémoire, & ttne mère à qui ce père
cruel avoir fait tra11chcr la tête. Il y avoi'·t
· e11core beaucoup ël'autres inrérêts co11traires
à concilier, & ils font tons conciliés f'1ns
qu'il en coûte rien à 1-a fidélité. Carl1eri11e
d' Arragori cfr intérelfanre, A11ne de Boulen .
aiinal,le, Hen1·i VIII i1npétueux fa11s· être
odieux; :\Volfcy, infole11t, a''Ïde & i11juRe ,
a p-0ur~a11t des traits de gr.anlle-ttr qui le
to11t cfiiz:i1cr; il etl: jugé à cl1a1·ge & à d6-
cl1arge avec beat1coup d'i111partialiré~ La
Pièce fi11it à la naitfa11ce <le la Reine Elifa ..
beth ; C1·aminer bé11ir cet enfa11c ; ,~ fes
voe , qtte fo11 enrl10\1Îtaf,ne érige e11 pro·
pl1éries, iont le tal1lcau fidèle, quoiqu'u11 peu
embelli, du beau règne de cette Prince tfe.
La ·Traduétio11 f:1it de l'effet ; elle {lt
,tünc bon11e, & elle 1nanqt1oir •. Le Ti·a'-
lutteur devroit pourtant s'abfie11ir de certaines
expt·ellions rechercl1ées ·, de cerrai l1$
tours l1iza1·res qui 11'apparte11oie11t point à
la La11gue. Pc11rquoi cles plai11tes irre/JJtC·
tucrif!s ? l)ou1·qt1oi cette expre!lion 12a1efi·ar
gée fur u11 '' Royat1111e ot't il 11'y a ni pitié,
/ ,, &c. & cerce autre : Si 11ot1s not1s con,,
duifons avec cette n1olle foil-,le!fe , &
,, que 11ous 11<>1lS laiflio11s faYmene.r par t1 n
,, 1na11reau d' écarlare. ,, Pourquoi cerre for-
111ule d' oprqrif qui n:ell: point da11s 1-a Lan~
t1 e, & qt1i revient très fouvet'Jt d~ns cerrc
Tr=.,tull:io11? '' Al1 ! que cela fût à faire e11-

'



- -
-
-
IV4Ul"'.Jet~--------~.------
'


1
I
D E F ~ A N C E. f î
core ! Tandis qu'il eft fi aifé de dire en bon
F1·ançois: Ah! que cela n'efi-il encore à fair~!
'' C'eft beaucoup plus que je ne puis con,.,
fanti.r • ., Cctrc phtaf e n' efi:· point corrclèe,
'' Je ne fuis pas affe grande pour être
,, votre Reine, & je le uis trop pour être
,, votre co11ct1bine. ,, ,
Ce n1ot de Lady-Gray à Édouarct IV, eft
Je mot Gonnu de Carherine de Roha11 à
Henri IV : Qu'elle étoit trop pauvre pour
être. fa femme~ & dt trop bonne Mai.fan pour
être fa matcr~ffe ; mais il eft inal exprimé
dans la 1:raduéèion, & je ne fais pas affet.
grande, n'eft pas un rour heu1·eux.
Catheri11e d' Arragon dir, en parlant de
Henri VIII:
" Il 1n'a déjà h!lnlli de fa co11che, & il y
,, a\1oit Jong-retnps tluJil m'avoir hanni. de
,, fon coeur.. ·
. . Ce hanni au m~fct1li11, ne palferoit que
pour une fauce_..d 'i1n1)re!lio11 s' il 11' étoit pas
répété avec une for.te d'affeélario11 dans deux
lig11es de f uire. .
, .
ELOGE de Charles de Sainte-Maure, Duc
de Monta1ifier, Pair de France_, Gortverncur
du. Dauphin, Fils de Louis XIV;
Di. cor1rs qlli a obtenu une menti.on ho1iora
le au juçement de J' Académie .f~rancoifa,
p1r M. Le1·oy. 17/.r reéli veri.q11e
.. Îenox. A Pa1·is, chez Dc111011ville, lin-:
. primeur - Libraire, rt1e Cl1rilli11e.
'
C'EST annoncer bien tard un Ot1vrage
B lV •

I

'" ... "' !J'f !J
-

-
3i. ~I E R C U R E
·du concours de l'année dernière. D'ordlinaire
tous les jugeLne11s fe font entendre
bientôt après que celui de l'Académie a
éré prono11cé ; 111ais ce rerardetnent ,.'que
nous ne voulons pas jt1fèifier, ~eut avoir
pourcanc des ava11tages. A 1noins qu'an Ot1-
vrage ne foir tt·ès · 1nédiocre, au inoment·
où il paruît il eft jugé par les pallions bieri·
lus qu.e r la jl1frice ; & de qttelques
eaux fem 4ns que f~ couvre la cricîqt1e,
c, eft prefquc toujours la voi·x des amis 011
àcs ennemis qu'elle fait entendre. Lotfque
cha~un de fo11 côté croit avoir fait le fort
de !'Ouvrage, ils l'abandonnent ; & c' eft
pc. u. t-êrre le mo111ent où . le Critique, qni
· écrit pour le Public, & non pour eu co11tre
les Auteurs , Jevroit le prendre ; c' eft alors.
qu'il peut êrre sûr de ne laiffer égarer fon
juget11e11r par aucune préve11tion > & derendre
fidèlement co111ptc de l'i1n preffion
que l'Onvrage a faite fur fon goût.
Ceux qi1i font a11 courant de tous l~s évé.-nemens
Littéraires, favcnt que ce Difcoltrs,.
dont l,Acadé1nie a fait u11e mention ho110-
rable , fit d'abord une grande i111preffion
daAs les leéèures du Concours , & qlt'l1ne
gra11de partie des Académieiens pensèrent
qu'il retnporteroit le prix. Cette circonftance
cft peut-être auffi l1onoraole pour ~1 ..
Leroy , ~que la mention qu'il a obrcr1ue.
En liC-inr fon Difcours, on n' eO: point do
tottt éro11né de la f c11fatio11 qt1'il fit da11s..
l, A.. caclé1nie •
- •
'
--

-
-
-

IV •




;
-

D E F R 'A N C E.. . . 3' f
te (ujer y cf! traité & rcnfe1111é aa·ns tlr-1
plan Cage & bie11 conçu. Le llyle , cnnob1i
. 11·~s fou vent pai· les fc11tin1ens d'u11e âme
occupée du b011l1eu1 des ho1n1nes, n' efl: ja-·
111ais d~ 111at1vais goûc ; jatnais on n'y voit
11i les 1·eche1·cl.1es du fallX bel-cf prit, i1i l'ex'
ès (.le la décla1nation. Le caraéèère de Mo11·
taulier, donr la rradirio11 a voit exagéré la.
févé1·iré, pouvoir aifé1ne11r fair:e rorrJbe1· fon
Pa11é~.yrifte dans ce <ler11ier éçt1eil, & tous
les dcu·x ~toicnt diftlciles à éviter da11s t1n
fujet où les faits étaient en petit no1nbre, &
ot't ils n'avo!ent prefc1l1e ja1nais la grandeur
& l' élévario11 du caraâère qu'ils dev.oie11t
rep1·éfe11tcr. C' efl: da11s 1:€s f ujcrs. où iJ doit
tout rirer de lui-même, que le ral·e11t efi: le
.. plus expofé a mo11c1·cr tot1s fes défauts. ·
Le âevoir le p ltrs f acré des Panégyriftes
des grands Ho1nmes, c' cft de d·éfendre leur
n1én1oire des rcpi:oches qt1i leur onr été .
faits iiar les inj•1ffices des Con rem porairis >ou
par les errea·rs de la Poftérité .. Il ne faut
}aiflèr aucu11e rrace fur les itnages des vert11s .
qu'on propofc pour n1odèles a11x ho1nmcs;
)eur éclar Joie être fur·.tout dans leur pureté. ~
Lorf que la vérité eOE pour lui, c' efi: aufii les.
mo1nens où le raient de l'Orateur prend le
cara&ère le plus impofant & le plus augufte.
C' cil: une gra11d·e fonéèio11 en effet HUC
celle d'1111 l101nme ql1i oppofe L1. voix à celle ·.
des fi~cles, & qui doit reparer les injtiftices
des Nations. Un des n1orcea11x les plus inréieffi111s
dll Difcours <.{e M. Lerov , eft celui:: · ,
Bv



1
IV4'Ul'"J41J~~-~--.------


' •
34 ~4 E R C U R E .
g1'1 il re111plit ce devoir envers la mê111oire-.
de 'Monraulier. ·
'' 'Mais,. qt1oi ! ai- je befoin de jufrifiet
,, Monraufier ! & faudra- t-il co11vcrtir f on
,, Éloge en Apologie? Ne le diffi1nûlons.
,, pas; il eft des appréciateurs févères des.
,, vertus { & je ne pa1· le poi11t ici de ces.
,, détraél:eu1·s ja.lo11x qui ne croifnt p<.)i11t à
,, celles lles grand.s Ho1111~es, mê1ne lorf''
qu'ils ne fo11t ltJ.ç, pot11· qui tout ce qui
,, s'élève at1-de t1s d'e\lx n'exifie point, &-,,
qui 11'aya11t d'at1r1·es i~ées de Ja dignité de
'' l' ef pèce hun1.ai.11e que. celles qt1,ils f 011;
'' forcés de pre11dre d> etL'<- n1êmes, jt1ll:ifie11r
>J en e1fet leur i11crédulité par 1eur baifeflè);
,~ je parle des ho:11i11cs éclairés & juftes,
>' mais délicats fur les réno1n1nées, qui ne
,, veule11t adL11irer qt1e cc qui cfr \'raitnent
·'' ad1ni~·able, & qt1i , portés à c1·oire que
,, l'éclat des ve1·rt1s ht1111ai11cs efl: bie11 rare,,
ment pur·, fe fo11t u11 objec d1infrrt1él:j<l11 de
» l' érude desimper-feétio11s q.11i les tcr11i!Iè11r ..
'' Eh! quoi, diront-- ils.. , celui qui, élevé
,, dans la Religio11 réfor111éc, aba11llon11a le
__ ,, culre patern~l da11s u11 tcn1ps où cc ch:i r1ge,,
1nent 1nenoit à la fortu11e & aux bon11es
,, grâces du Souverai11, a.voit il t1ne vertu (i
,_, rigi1e & fi pttre ? Cel11i.-qui, care{I:111t
,, l'orgt1eil de Louis XIV p t· des loua11ges.
,J dé1neft1rées, ofoir lt1i dit·e que ~ fa11s étude
» & (1.ns pfinc, & par la Cet1lc force de f on
~- c{p1·ir, il était deve11'.1 le plu') gra11d , le
,, plus ~ahilc & le pl t1s \'Îgi!ant Roi du
I

'



..


'
1vq-v ':..1--~------

'

'

,
D "E F R A N C E. ~ r
,, ... monae; qu'il était un Héros dans qui le
,, Ciel avoir pris plailir à ra!fe1nbler toutes
,, les vertus royales pour c11 faire l,adn1ira,.
tion dé l'Unhrers: étoit-ce un Îrnf>laGable
,, ennemi de la ffaccerie? :
,, Ce11f eur plus rigoureux envers Mor1~
,, raufier après fa inort, que fes Contempo,,
Fains ne l'ont éré pendant fa vie, ne
,,· craignez - vous point , en arraquanc fa
., gloire, de ternir en même-rems celle des
>, plt1s ref peé\:ables perfo11nages de fo11 · fiè,,
cle? Er, pour parler a'aberd de la Reli-.
H gion, lorfqt1e ,,,ot1s voyez un Turenne,
,, u11 Monrauiier ab.t11d0Rner le cuire de
,, let1r enfa11ce, j'en appelle à vous -1nême,
,, & je de1nande li, dans le fond de vos
,, coet1rs, vous ne fentez pas qt1elque peine
,, à fou pçor1ner de li grands Ho1111nes de
,, l'avoir fait par de vils motifs? Let1r vertt1
,, n,cft elle pas pour vous u11 garant affez
,, sûr de la fincériré de la foi qu'ils profelfe11r?
,, N,~ccufez 'pas Cur-tout ?vI011rat1Ger, qui
,, aojL1ra le l?roteflanrif111e dans l'e11fance de
'' Loui's XIV, d'avoir voulu pl:2ire au févère
,, abrogareuri de l'Edit de Nantes. ,,
Cette derniè1·e réflexion cfl: frappante; il
n' c11 cft aucune qui puiflè oeieux juftifier
Montaufier; on pettt ajouter enco1·e que
dans ce fiècle les plus beaux gé11ies, les raifo
èurs ·les plus puiffans éraient dt1 côté
de la Religion : le génie des Pafcal & des
!Jo!fuct pouvoit faire à là Foi Je l'Eglifc :tu-
B vj · .


..

\
1 VZJ'V I U4U
'
'

• •

3'· M ER CURE
tant de conqμêrcs que les faveurs & l'auto•
rité de Louis XIV. --
" Et quant aux lot1anges exagérées qu'ow
,, l' accufc d' avoi1· prodiguées à ce Prince,que
,, fes ceafeurs blân1ent donc avec lui coute
~ la Fra11ce, & je dirois volontiers toute
,, l'Europe. Mo11taufier pcnfoit & parloic·
,. co1n1ne fon fiècle. Tel étoit l' entl1ol1- ·
,, fiafme univcrfel & refque religieux que' .
'~ Louis XIV avoir in piré. François-, Etran''
gers, Poëces, Hifioriens, Orateurs, ~~ca·
'' "ié11Jies, Tl1éârres, L haires fac rées , to11t ·
,, 1 e célébroit • rout 1:ere11ri{loir de fes
,, lona!lg~s, & fans doutei il en méritait,
,, puif que la Poflérité· lllÎ en· donne c11core (
,, ap1·ès toutes 'elles dont on l'e11ivra pen- .
:u da11t f:1. ·vie. ,1 . c
L'exemple de leur Nation & de leur fiècle,.
q tli jufrific lr.s liom1ues ordi11aires, 11e jufi:ifie
pas pet1t-être les grands Hommes. On 11,efl
gra11d gue parce qu' f>" ell au-de.tfus de fes; .
Conte111porains. Je ne fais, mais il Q!C fcmblc
que c' eft rabaitf er MontauCier ue de le r
inerrrc au nivcaa de. . foR fièclc. I admiraf
fans dot11C Louis XIV : ch\! qqi ne l'auroir.
ad1niré? Qui pourrait, fans injufi:ice, refuf
er fes ho minages à un Prince dont les idées
& If'~ paffions mê1nc avoient· toujours de la
grandeur, qui ne fe trompa jamais qu,cn
aJ11 birionnant des. f uecès conCacrés par les·
l1'lm1nages & par l' admi1·arion. des plus
hf'aux fièclcs du genre·hu111ain, qtti, par fes
fa mes mê111e, faifoit fa gloire & cel·lc de f oA ..



i

-
,

D ! F R ~ N C E. 3f
reu pl-e' à. qt:1i à chaque in fiant il écl1:ippoir.
des anots f ubli1nes, qui ne lui 6toie11t in(p~- · ·
rés, iJ efl: vrai, que par_fon â1nc, mais que·
tout le monde pou\1 oit prendre aifémen.r
pour les vûcs d'u11 gra11d gé11ie.Nous-n1êmes,. .
nous do11t les fens 11e fonr plus fubjugués par
la repréfentatiou de {,à; puiffanve, con1bic11·
11ous avo11s eu de pei11~ a fecouer le joug de
l'admiration qu'il avoiCi i1npof~e à fo11 JiècJe,.
& encore nous t1'avons pu ceRèr Je l'ad111i:- -rcr
qu'en devenant injull:es. Tout ce qu'on..
dit & tat1t Ge qu.l on écrit aujourci'hui contre
fa rcaommée, reffc111blc aux cris- <l,u11e révolre,
beaucoup plus qu'au jugem~n~ tra11 '
quille & i1n partial de l~t Poftériré._ -
~i. Leroy avoir, ce 111e fcmble, ua mei{:.
lct1r 111oyen de jufiifier à cet égard Mo11tauticr.
Plus d'une fois Mo11taulier of a di_re les·
vérités les plus fortes à ce Prince auquel il
aîtnoir à re11dre des hommages. C'eft un'
cxe111ple qu'il donna à fon fiècle, mais que·
fo11 fièclé ne fuivit · p~~fq1te jamais ; & s>ii
tft beau, s'il cafi rar.e li'avoi~ le courage de )a' ·
vérité envers 11rr Prince, c'cft Cu~· tour cpvcr~.
u11 Prince qu~on aêln1ire. L'admiration que
fa pcrfo11ne infpire cll une autre rpl1-i«'a11ce
peut être plus i111p0fante encore que c:cllede
fo11 Trône. ;i
La feconde Parrie du Difcours de M .
leroy centienr les . rin€Îpcs les plus couragenx
& l~s plus ages (ùr J'éducarion des
Enfans nés pour le Trô11e. 011· voir que M •.
Leroy pofsède parfaiterncru- coute la Ph~lo:-
l

'

...


-

, •
, ~g M E R C U R E .
: fophic de 11ocre fi~cle ft1r cerre in1porrante
1nacière, & ton fry le 11' en aff 01blic poi11t 1a .. ·
force & la dig11ité.
,, Quand leurs organes fe développe11t· ~
'' c.01n1n~ent leur Berf uade1·a - t - on que
,, les llomrr1es f orit égaux & tï è1·cs ? e!l: .. ce
,, en leur 1nontra11t {ans ce!fe la fupério ...
;. rité de leur rang? Ql1i les accoutt11nera
,, à la frL1gali ré ? les délices da11s leC''
quelles on les lo11ge ; à do1npter l~t1rs
"' pailion.s? le re peél: qu'on a pour leur
,, caprice; à ai111er la ve1tu? des co1Jrrifa11s
,, qui ne vive11t ql1e de leu1·s k>ible ilès ?
» Voilà pourcant les ooftacles que 11ontau·
,, fier entreprit de ''~Î11crc. ,,
Les interrogario11s p1·eifées do11ne11r au
fiyle du mOU\'e1ne11t & de l'é11ergie. ()ri
peut fe rappeler que dans le Difcours de tvt.
de Lacretelle, il y aun morceaM do11t le mouvement
& les idées f onr à peu-p1·ès les mê1nes;
n1ais les expreilio11s f 011r plus belles, chaqu&
cxpreffio11 rai emble Uil pltts gra11d
· nombre d'idées ; il eft i1llpoilible d'avoir
oublié celle-ci: Ce he.rceau éA le trône de fan
. enfance. Cette exprefiior1 eft Cuperbe, & il y
111 a une foule de la 1nê111e beauté dans le
Difcours de M. de Lacretelle.
Ceiui de M. Leroy cil terminé par t1n
P.arallèlc des pri11cipes que Mo11raufier
d'On11a au grand Dauphi11, & Je ceux gue
Fé11elon e111ploya dans l'éducation du Duc
de Bourgogne.
'' Tous deux inf pir~re11t à ces Pri11ccs
. ,
-
'

• ..

-

D E F R A N C , E. · J 9
'' ~es "idées jufres & faines, les prémunirent
,, contre les illufions de la fauefe gloire ~

>' co11rre l' ambirio11 des co11quêres , conrr.e
,, ce fafie rui11eux qu' 011 appellè dé la ma,,
g11ificence; 1nais Fé11elo11, foutenu par le
'' iàge Beauvilliers !t pa1·loir à fo11 Élève da11s
'' • u11 rc1nps où la f plei.1llet1r de la Fra11cc,
,, co1n1ne11ca11t às'affoiblir,rendoir fes Jeço11s
,, pl us per{uafi ves et1 les re11dai.1t plus né''
ceifaire' , dans u11 temps où les revers
,, d<J11noie11t à Louis XIV d'amères i11firuc·
,, tio11s, & eù la voix publique, qui l'a voit
,, tant fl~tté, le dérrompoit de fes erreurs.
'' 1'·1 onraulier eut u11 mérice plus grand
,, peur-êrre en inculquant au Dat1 phin ces
,, n:iêu1es 1naxi1~es au milieu- des f uccès
,, brillans qui li\"roienr la Nario11 & f on
~ Roi à tot1t !,orgueil de la profpérité, à .
,, tolite l'ivre!fe de la vai11e gloire. ,,
Ce rapprocherne11t efr très-l1eureux. M. ·
I:.eroy a dû fe féliciter d, avoir trouvé ~ufii ·
naturellement une circenftance dans laquelle
la gloire de Mo11taufier s, élève au-deffus de
celle de Fénelo11. Inculquer dc'1oit être r:,ejecé
d,un DiCcours oratoire, & pet1t être q11e
r épithète d'amère n' eft pas aifez noble) quoique
amertum1 le foit beaucoup.
Le reproche général que nous croyons
Jevoir faire à l' Autctt1· de ce Difcot1rs, c' efr
de r1·op proeéder par détails , de ne point
affez gé11éralifer fes idées & fes vÛc!.
Certe 111anière de compofel· a plufieurs inco1
vé11ie11s. On expri1ne des idée5 qui· fc





1 U.l.JV I :J'JU
-

-
- 4d 1't E R C U R. E -
préfentent trop fa<;ile111enr à tous. les e(prirs;:.
& s'il 11e faut pas avoir la prétention de ne
rien dire co111111e les autres, il fat1~ crain·.!i·e
at1tli de dire tout éon11né tout le 111011de. En
gér1ér~l, chez une Nation où 1' 011 pen[e &
où 1, on é~rit depuis long re111ps, da11s les
Ouvrages 111ê1ne d'im~ginario11, il faut pro•
tédet· L1n petJ par réf ultats •. les ef prirs. ~~
ot1cu111es i fai!ir u11 gra11d nombre d'idées· à-la
fois,{\JÎYent fans trop ae peine CCS dé1nart:
l1es l1ardies de J a penfée, & le dégré è' acte11cion
qu'elles exigent i1'e~ qt1'y11 plaiûr de·
p.lus; c'eff autli l'tinique· mo;·en de do1111er
· de la grandeur & de l'dévati(>ll at1 fl:yle; eau
l·' expreilion eft toujours prête à deve11it· languiffante
dans les détails, à moi11s qt1e ce ne·
foie11t ceux de la patlio11. Le D1fcours de M.
Leroy annonce un cf prit accoutu1né à la réflexiot1,
& perfonne n'eft plus en état quclui-
même âe YOÏr qtt' Cil 1nédita11t davantage
chaque nlorccau de f 011 Dif çours, il au1·oi~
pu le rédttire fouvenr à aeux ou trois idées.
principales qui at1roient révei~ lé facilement ..
teutes l'es aurres; fa marche e11 f croit devenue
plus rapide, plus hardie, plus plulof «r
pbique & plus oratoire.
Mais un c~rattèrc oie11 noble & bien·
touchant du Difcours de M. Leroy, c,e!l:
,,at11our du bien public qui fe- montre a
chaqtte ligne. Quanéi M. L~roy parle de la
v•rru, 011 fent qu,il parle de ce qu'il aime •.
l=outes les idées qt1'il propofe pour le bie11 .
~lie anl\once11t qu'elles. f{)nt l'occupation


-





'

D E . E ~ A N C E. - 41
de {a vie. Ce fenriinent , la première vert\.l
lians tho111me, efi: auffi le caraétère qui
embellit & confe~ve le plus les Ouvrages.
( Cet Article eft de M. Garat. ) •
. ,, - . ~ ,.~, ., ., '····· .. , .
S P E C T- A C L E S. • •


ÀCÀDÊMIE ROYÀLE DE MUSIQUE.
E ll1in, on a remis à cc Théâtre Ca.fi
tor & Pollux,, Poë111e de Bernard, Muii·
que de Rameau. .
M. le Comte du Nord avoir deliré de voir
cet Ouvrage célèbre> qui fc1nble êrrc refié
debo11t au milieu des ruines de ce ~u'on
appelle Ja Mufique Françoife. .
011 rrou e la Mufique Italienne fur tous ·
les Tl1éâtres de l,Europe; mais pour un
Etranger fa1niliarifé a·tcc cc genre de Muft·
que, & qui joi11t au goût des Arts le delir
d'en co11noître les viciffitudcs, c'efl: un objet
de cu1·io{iré aulli 11aturel qlt'intéreJfant, de;
connoîrre le dernier & le plus beau monu-
1nent d'11n gc11re de Speétacle -qui , aR_rès
a\·oir fait pendant 011 fiècle les délices d'une
Nario11 pleine de lumières & de goât , vient
de [ubir \tne de ces ré\"olurions auxquelles,
de rpus les bca11x Arts, la Mufiquc paroî.t
~trc feule cxpofée.
De prére11dlis co11j1oiffcuts 2 qui ne \101cia

• -



-








'

41 M E R e 1:.J R E . .
,-{ans un Opéra que de la Mulique, · & ne
voie11t de M11fique que dat)S des A1·iettes, 11e
peuvent concevoir qu'on pt1ilfe fe plaire à la
repréfentarion J>un Opéra, où domi11e un
récitatif lent, inanimé, qui ne chance i1i ne
parle, avec u11 accon1pagne111e11t infignitiant,
1no11oto11.f ou liruyanr. Les vrais Aina- ,·
teurs, qui cherchent da11s les produétio11s
des Arts les beautés qui leur font propres, ,
fa11s fe diflimuler les défauts qui les dépa·
renr, ne pèuvent s'empêcher dsêrre frappés
Jans Cajlor de la grandeur du Speél:acle,
de Ja variéré des tableaux, de la richelfe &
de l' élégai.1ce des accetfoires qui l,e1nbellif~
fe11r. ·
Ils décot1vrent èncore dans la Mt1fiqttc
des beau rés ile tous les re111ps & . de tous
les lieux, to1n1ne le Choeur, que tout gé-
11,iflè, d'une ex reliion li . fi1n~le , & e11
n1ên1e- temps 1 pathétique &. fi vraie.
Nous rapportero11s à cc fujer u11e anecdote
· qui not1s. paroît 1néri.ter d'être recueillif.
1\1. Glt1~k, qt1i efiitne beat1coup le génie de
·Ra111ea11, parce qu'il fair rour ce que l' Art
lui doit , parloir avec le plus grand éloge
du Choet1r que nous venons de citer. Un
homme qui croyoit ·le flatcer , lui dif oit::
. '' Quelle différence de ce Choeur avec cell1i
,, du facrifice da11s le troiGème Alte tic
,, votre Iphigénie en -Au/ide! Celt1i-ci nous
,, rranfporte dans i1n Tc1nple , celui de
,, Ratneau eft de la Mt1fiquc d'Églife .••• &
" c'cft 'e qu'il cloit êcre, 1·cprir M. Gluck;·~



-



IU•l"'T"-r.------..-----
t

D E F R A N C E. ~3
l'un n' tft qu't111e cérémo11ie 1·eligieufe ;
11 autre efr un véritable cnrerrement ; le
corp.s ejt préfent ( 11ous citons f es propres
paroles.) Il nous fe1nble que le Co111poGteur
qui fe11t ces nua11ces, a vu lla11s la Mufi-
iuc Dra11.1atique· ce que perfonne n'y cherchoit
avant lui.
Not1s rie fero11s pas l'éloge des Airs dè
DaPJfe, dont on 11e fe lalfe p0int d'admirer
le beau chant , la grâce & la variété : nous
obferver011s feulement cc tiui 11'a pas encore
écé re1narqué, & ce qui mérite cepen·
tia11r de l'êrrc; c'efi: que les plus beaux Airs
tle Danfc de Ra111eau éroienr pri1niti\1e1nent
- des I)ièces de Cl:ivecin qu'il a voit publiées
long-temps ava11r que de f:1ire des Opéras.
Caflor a été remis avec b~at1coup de f0in
& de i11ag11ificence pour la partie des déco·
rario11s ~ des l1abits. 11 a été en général bien
exécuté. On à retnarqué feule1n~11r que route
la Scè11e a été cl1a11rée beat}COUl" pl:1s le11te-
-ment qu'~lle 11e devrait l'être. le goût &
la rradiriori de l'a11cienne manière de chaJ.1-
ter ferr.iblen.r prêts à fe perdre cnrière1nenr;
n1ais le Pnblic paroît dif pofé à s' e11 confoler.
Mlle Levaffeur a jo11é & chanté avec
beaucoup d'âtne & d'i11rclligeAce, cotnme à
fon 01·11i11aire , le rôle de Tl1 élaïre. M.
l.arrivée a tnis c.lans celui de Pollux , cette ,
n ~bleife & cerrc facilité clc chai t & de jeu
qt1'on 11e fe lalfe point d'applauJir. M. Legros
a déployé da11s celui de Cafto1·, les ag1·é-


I


• '


\
-





~4 1 M E R c. U R E ~
n1ens de fa voix & de fon chant. Nous reOE-·
dro11s cependant la liberté d-e lui ob erver
ql1.il [;1crifie quelq.uefoil à-une d6claLnario11 ~·
peut être exagérée, la beat1té de f on orga11e
& la pureté des Cons; par exen1 plé, dans le
cinquiè1ne Alte de Cafi:or , à ces ino~s:
Arrête! Di.éu vengeur! arréle ! il celfe de '
cha11ter , & f11bftirue à l' expreffio11 111uficalc
des cris qui 7' éta11t étrangers à toute efpèce
de cl1ant , & ne pou.va11t avoir. la vériré de
la tiéclan1arion , nous paroiifetlt offenfer
gratL1ite111e11t les 01·eilles. Nou~ ajouterons
qu'il y a bie11 peu d' occaGons au· Théâtre'
Lyrique où ce genre d'exprcffion, purement
c!écJa111atoire, puitfe retnplacer ,avec avantage
la ju{letfe de l'intonation & l'effet de IA"
· Yoix cl:ia11ta11te. Mlle Duplant a r·endl.1 avec
la cl1alcur qu, 011 lui cor1noît, le rôle de ..
Phébé, où elle a toujours été applaudie. .
Les B:lll.ers ont été compofés par M ..
,Gardel; celui d('s Champs Élyfis, au qnatriè1ne
Alte , éroir deffiné & difrribué·avec
bèauc<'tlp de gôûr & d·'intellige;1cc, & il a
éré géné1·ale1ne11t applaudi. 01' ne peur pas
ltile le 01ê1ne éloge du DÎ\'erriife1nc11c q11i
tern1i11e !'Opéra, & qui, jt1f qu'ici , av oit
toujours été du P.lus grand effet.Oria trouvé
'1u'il tna11quoir ti'i11tenrion , de caraltè1·e &
àe va1·iété. La difecce des premie1·s Sujets a
11ui fans doute à l'exécution ; & les chai1-
gemens q11'on a faits dans la 111t1fiqt1e de ce·
Divcrri!fetnent, n' 011r pas éré heu l·eux. C' fft
pac w1e f uccellion alroice df:Lirs , de tltQDP


-

1u ... ...----------::.------

D E . F f\ A N C E. . 4f
wcn1e11s & d: caraltères va1 iés, -q\li; f e fo:1c
:valoir les WlS & les autres , qt1' 011 obtie1lr
.tous les gra11ds effets de la i11ulique. Le dé·
placement c.lc ·plufiel;lrS des airs, & le i·erran~
hcment fur-tout de celui qt1i fuccédoir at1
. dernier choeur, & qui éroit du plus beat1 ·
caraétère , OJ\t détrt1it cette gradat4Ïori fi ef
·fc11rielJc. M. Gardel a plus de talent & cte
goûr qu'il 11' e11 faut pou1· 1'r~vc11ir, qaand il
le vo11dra, de parc.il·lcs ciiriques.'
On n'a do11né que trois repréfentatie11s <le
Cajlor; la pretnièrc a attiré à. ce Théâtre la
p,lus grande ~ffittence de i11onac ctt1' 011 y ait
encore v1Îe depuis l'ouverture de la nouvelle
Salle. Si cec e1n1Jretfemenr du Public 11e s'cft
pas fourcr1u à la rt·oiftè1ne repréfcntatio11 ,
il .eO: inutile Cl'e11 Ghcrchet les motifs.
011 a ca11ri,1ué de donner alt e1ï1arive~
11ent, avec le t11êrue f uccès , le Théfae de
NI. Goffec, & i·1phi é1zie en Tauride de ?\f.
Gluck. ?\1lle Joinvil e a débuté dans cc der
·nier Opéra nvec un fuccès at1q·uel on n'était
poi111t préparé. Douée d'une nguve i.11tércfJ:
111re &. rhéâtiralc, d'une voix fcnfible, égal•
& n1oëlleuCc , cette . Altric..e ne parioilf oit
• Ras fe11ri1· le prix de fcs aYanr~cs ; & quoi
qu'elle fut depuis long tems à ce Spe&aclc >
elle 11'avoit e11co1·e paru que dans des rôles·
de peu d'importance. Le 11afard lui aya1l1?
·fait don1;iet celui a"Iphigénie, 1'-ua âes plus
difficiles du ~l1éârre , elie l'a j~ué 'av.ee bea11.:
ooup ël'intelJigeAcse & de vérité , fa11s l~ gaucherie
d'une Débutante,~ fans les griJllac r


...



-
l\l .. \JIJ*~-~~-------~---~~~--~~--~

'




...

46 MERCURE
d,u11e f~ulfe cl\aleur. 5011 cl1a11t eft e11 général
pt1r & de bon goût ; il ne lui i11a11qt1e qtte
de mercre plus de fert11eté da11s fes intol1atio11s
& ii)lus de nua11ce d<M1s. lcs expreffio11s:
c, eft ce qt1e l,écude & l,habitude lt1i appre11-
dro11t fa11s doul'C, ai11li qu•à ani1ner u11 pet1
plus fo11 jeu & à varier davantage fes mouvemens.
Son exemple doit c11courager l'Ad-
111i11ifl:ratior1 fie l'Opéra à faifir totttes les
'

• occafions d'elfayer des ralens qui., peut-être,
fe perdent & fe décou1·agent dans les emplois . -
fubalter11cs, tandis qu'il ne leur manque qt1e
a~être 1nis e11 oeuvre pour devenir au Ui
agréables au Public qu'utiles à l'Opéra .

GRAVURE S.
J/~ B d'une partie du camp de Marfal fous M.
âe la Ferté, erz 166J. Départ des Troupes FranfOifes
a,.v'cé unt partie de leur con'VoÎ pour Cafal ~
où t•on voit M. de Catinat à cheval do11ner des
ordres. Ces d.eu1 Efiampes, gravées par Picqt1enot,
d'ap1·ès les Ta1Jleaux de Vander Meulan, fe trouvent
à lla1is , cl1cz t• Auteur, rue de 1·obfervancc, visà-
vis les Corclelicrs. Prix., 1 liv. 1 o fols cl1acun.
Carte ti.'Efpagnt '& âe Portugal, comprtnant les
Routts a'ts P oftts (;/ a11trts de ces dtux Royaumes,,
rar ?\{. Brion. A l)aris , chez Dcf nos , Libraire ,
r&.ic S. Jacçiues .
· Mltiaillon tn pl&tr:e Ju Roi éJ de la Reine. Prix,
J f fols c11~adré fous verre. A Paris, chez Lau raire•
de 1· Acadécnic de S. L11c, rue des Prêtres Saint-Ge~
aa.i -1' AQlC[!OÎi, .






- ,
l\J~\I} ~~---------
' ....
• • ,..D E . F R A N C E. 41

ANNONCES LITTÉRAIRES.
• •
- rcrroNNAIB.E Vétérinaire él des Animaux -
Vomtftiques , contenant leurs m,~urs, leurs caractêrcs,
leurs dcicriptions anatomiques, la manière ac les nourrir, de les élc'fcr & de les gouverner, les
alimens qui leur (ont propres, les n1aladies auxquelles
i!s foot fujets, & leurs p1·opriécés, tant pour la Mé~
ccinc & la nourrÎtltrc de l'homme, que pour tous
les différcns ufagcs de la fociété civile, auquel on
a joint un fauna gallicus , par M. Buchoz , Médecin
du feu Roi de Pologne, &c. 6 Vol. in-1°. de 6 3 a
pages avec 60 Figures. Prix, 14 liv. en feuilles, &
1 s liv. relié au lict1 de J 6 liv. qu'il s'cft toujours
vendn. Les perfonnes qui ont acquis les quatre premîcrs
Volumes peuvent ~roc11rer les Tomes J & 6
à 1 liv. 1 o fols le '' olume en feuilles , à Pari', chez
Yiff c , rue de la }iarpe, près de la rue Serpente.
Mêlanges tirés d'u.n petit Portt-feuille, i: Parties
in - 11. Prix; 2. livrcs 1 fols. A Paris, cheT. Onfroy,.
Librait:c, quai des Au,u!lins; & chez les Librairc5
qui vendent les N 9uvcaut~s.
Àmintc, Paflorale du T.a.ffe, faivie d'un InteT
·m'tde; nou'Vtlle Trtzdu!iion eri !Vtrs , avec le
Te.'(tt, Volume in-1i. Piix, i. liv. to fols. A Paris.,
chez Viife , rue de la Harpe , près de la rue
• Serpente. ..
,

• •
L'Art de faire to1trner la Baguttte Di11inatoirt.
démontré par des principes Pl1yliqucs & Mathéma ~
tiques; feuille in-+ 9 • avec figure, par M. de Lorthe.·
A P.iri:, chez l' Autçur , à !'Hôtel d'Orléans, ru -..•
rJaupbinc.
L•!An des ':Ârptnteurs rendu fllcile, ou Méthode-..
pour apprentl,rç ~ par une héiure" réfléchie "Je trei



\
1 \J!JV I U4U

'

· ~~ · · M E~ R C U R E · ·
heurts, le moyen de mtfurer., exaéltment totctes !-es
figures dt ttrrtin p<-jfible, f.:I d'en donner lts pians
fa1zs fi fervir d'autres inflrumens qut de l'éclzelle &
ti;i compas, in-+ 0
• Prix~ 1 livre 4 fols broché. A
~aris, cltcz Belin , Libraire, rue S. Jacques.
. Lettres a un lt!açiftr•t de Paris .1 un MaEiflrat
ile P1·011in.ce, fur et Droit Romain fi la manière
Jont on l'enfeignt tn France, in· ·I 2. .. Prix, 15 fols.
A Paris, cl1cz Boucher, Libraire, quai de Gêv l·es..
N. B. Les C<inhdérations fur les Montagnes
V glcaniques, annoncéesdans le Mcrcur·c du a1ois deraier,
fe trouvent à Paris, chez Cuchet, rue & 11ôtcl
Sc~Eentc. .
i RoaGOE à fufagt des Dames.
n ne co11ticnt aucune fublb.ncè nuilibJe , ec •
l'inventeur le foyn1et à toutes le~ épreuves qu·on en

voudr~ faire. Le feul Entrepôt cft: à Paris , au m.aga!
i11 de ~orcclainc, au coin de la rue de J'Écl1elJc
& de celle du Petit Caroufcl, vis-à,-vis la porte 9_lti .
conduit aux Tuileries .. ' . .
r ..
- • - ..
Pi:1ts â Af'. Je Ch•. J glozs , . ~•
l.. 1Ill•fto11. de i#~mour, ~ ou Elogt rle Gluzrlts de Sainte·
l'tErrÀur th l'...l.mi1i~. Cfon· J,f aw , . o# 3 t
·tt, • ' d.cad. Royak dt Mufii· +"'
Enipnt El Logogryphe, 19 Gravurt1 • 4 6
SJ»lffP*u~ ,,ai/lii1~ l!An;.\A,..oncts Li«Witw, 41
- .. •7 •- .' .· . •• 1• •• .• MJ 1 5 d & •a • 1 I 1 LF a ,,

,.

I








t

1


• . .. •
. . • • • .. • 1 • .. .


' DE 'FRA CE.

. . . .. . , ' . . . . .
• ' ... . ..
PIECES FUGITIVES •• • •
EN Y::E R S E T . EN .. PR 0 SE.

É • P I T R E
'
. A M:Dus.AULX, Tra,luc1eur de ]1tvé11al.
o u R rendre c11· vers heureux les beaux Yers de
, • Virgile, .. •
Qu'u11 autre, s'il le peut, l'e1nporte fur de Lille; .
Qu'ils foicnt Latins, Fran~ois, j'adore: les beaux vers.
~ · J•aime ccc Art qui fait nous reproduirè ~
~es Grecs & des llemains les chcf.d·oeuv1·cs diver5 ; .
Mais je prétends fur-tottt, qu'en ce fiècle pervers~
C'cfi Juvénal qu'il faut traduire. •
'.De (011 fiyle âpre & fier, Jcs tours audacieux,
Son zèle pour les moeurs faintcn1c11t furieux,
'Doivent à votre plume une nouvelle vie;
·..Ainfi que votre Auteur, triomphez. du to1nbc~u ~
.N~ . .z.8, 1; )ui'llet 1781. C

'"'
• •





'

-

.r 1

• •
• •

I
f
U"f\J';J~U-----:-----~-;------~------~-~~-

'




• •
,

.f 0 I' MERCURB
V otrc mâle copie égale f<>n tableau ,
Et déjà fair. pâlir l' E11vie.
Dans notre cher pays na rai > •
Du lhttcur de Mécène on prifc fort la grâce:
Vou' l'cftimez auffi, vous pe11t.fez qu·au Par11a1lo
Il a n1ille rivaux, &: q11 'il n'a poi11t d'égal;
Soyons vrais cependant , tout iroit-il plus mal
Si DOS Lettrés non1breux , à l'efprit fin a· Horace,
Joigeoient, ainfi que vous, l'âtne de Juvénal?
Si des focs amants de la rime ,
lailfant dormir en paix le ridicule etfaim ,


ll! ofoicnt plus fou vent, au nont du genre humain~
Plaider les intérêts du f.oiblc qu'on opprime?
S'ils venoien~, leur foudre à la main ,
1gfqucs dans fcs palais faire tre1nbler le crime?
Not1s avon~ nos Cluviénus;
Qu'ils foie nt pour la petite guerre,
J'y conCe11s; 111ais nos ~rifpinlrlS
Doivent tomber fumans Cous les coups a~ tonncrr(!.
Son1mes-nous donc .h rial1ts en v.ert us ? ·
A P:.ris , de même qu'à R~me, .

N'efi-cc point (l:l! l'l1abit que l'on juge de l'homme?
Un Grand, aux bords du Tybrc, av oit-il des flattc11rs

Plt1s i11Gdicux qt1c les nôtres?
~e luxe, plus d'adoratet1rs,
Et 1''2tl1éï(me, plus d'apôtres?
Montlrcs de luxure t< d'orgueil,
l,cs Saufcïa , les Thimèlcs >
_ ... EGl.i\.

. ,



,


IV.tfV,_~_.,..-----~---~--------------~
"
-
D E F R A N C E. . 5 1
Pour le malheur de Rome , hélas 1 furent trop belles;
Maiscellcsqu'onneus peint fous le nom de Merteuil, *
· Efr. ce chez les Romains qu'on en prit les 1nodèles ~
Que vois-je tout- à-coup~ fur de l'or' en monceau
"
U i1 fpc~rc à l'oe1l cave, au front morne a
Allis & calculant fous de pâles flambeallÎ !.... ·
C:'cft le dé111on du jeu , fa fureur cll fans borne;
Fuyons. c~ Dictt crt.tel' dont VQS larges pinceaus
No\ls ont fi bien **tracé l)épouvantablc image!
Da11s P:ir\s, malgré vos tableaux, .
N'a-t'il pas encor not1·e l1om1nage?


Y E R S d .1.lJ1.adttme D E * *-.
I
0 I, corriger vos vers? r pcnfez•VOUS, Hort~ncc ! .
Vois auriez des défauts, qt1e le plus dur Cenfeuc
Ne pourrait près de vot1s ~ar~er cette froideur
Qui fe rcfufe à l'i11dulgence.
Q'1oi, pour les cenfurcr relire vos Éérits !
C'cft offcafcr l'Amour ~ui vous infpirc • .
Vos yeux fur tous les coeurs alf ure11t Con empire~
E.t votre voix lui foumct nos cfprits.
Dès qlte vous préludez j'ép1·ouve fon dtlirc
Et je vo11s adjuge le prix •
c .iJ ,
/

-
IV~1.1/U4u-------------
- \.....




' •


-.. .,

51· M E R C U R ·E
Que r~fcrvt Apollon aux maîtres de la lyJ'C'~
Votre Mufe a tant de douceur 1
C'en un~ naïve Der~r!'e
·Que parant fcs quinze a11s, fes grâces, fa pudeur; '
La fcnfibilité for1ne fon caraél:ère •
Ses Écrits me plairont toujours 1
Cc font des Hymnes qu'à Cythère
J•irai chanter pour toucher les Amours. ..
( Par M. Z ...•• )


Y E lt s à M. le Comte D Ù No RD. *
..
L'i c LAT qu'en Hollande, en Angleterre, en
.. France,
Répandoit le flambeau deç Sciences, des Arts•
Pierre-le-Grands, émeut; il porte fes regards
Sor fon Peuple engourdi par la froide ignorance.
D'animer cette ma!fe il forme le.projet.
Du Boyard ignorant l'ingrate réfiftancc,

.. CMc au pouvoir vainqueur de la pcrfé,1érancc,
Tout change, & le Héros jouit de fon bienfait •

"°" Ces V ers ont été p1éfcntés à 1'-1. le Comte dtt Nord -
Alt milieu des Fêtes cnchanterclfcs qui lui ont été doanées
• à Chantilly. Ils font d,un ~f cmbre de l' Acadrmic de
Dijon, qui avoit prié M. le Comte de L. T., un de f;s
Confrères, de les mettre fous les yeux de cc ;e~nc Prince,
41ui ks a accueillis avec toutes le' grices qw lw·fona
aaiaitllcs~ - •

• •




1v•1.,..,.....----,---------
..
'


• •
DE FR A N CE~

. Mais cc foil>le ra1neau que pla:1ta fon génie,
A Catl1crinc doit fa vigueur &. fa vie,
Et fous la n1ain de Paul, arbre majcfiûeur,
Offrira fon Oltlbrage à nos derniers N cvcux.
(À Dijon, le 15 Mai1781.)
• •
lrOY.AGE de Salency~ du 8 Juin 1781,à
M. le Comte de Caffini, Direaeur de
l'Obfar·vatoire Royal, de L'Académie des
Sc i.e1zces. . -
F, J'ai fait, Monlieur & tr~s aimable Comte, ••
Voyage i11tc1effanr; je J'ai vu cc: Hameau dont
J'enceir1rc renferme la raix, Je bonheur & des vcrt~
s qui fc font tranfmifes toujours pures depuis Je
cinquième liècJc de notre ère ; j-: les ai vus ces mo<
3cfics Saldncic11s; j'en fu is enc0re én1t1 : c'cfi: un
f{ameau conll:ruit at1jourd'l1ui comn1c il le fut fo)-lS
· Clovis, cultivé, à peu de cl1ofe r• ~s. de la 1nême manièrr,
&: peuplé d'l1omtn~s al1ffi vertueux aujourd'l1ui
<;1t1 'ils t•(toie11t alors.
Fi~t1rcz..vous trois cens l1abitatior ~ fér':>rêcs l'une
<le l'autre par un ' 'ergcr eu un vig11oblc, ou llll
r.etit parc, qt1i coupc11t la fàtiga11tc & mal .. fai11e
1nonoto11ic de~ 1·ucs, & ou,·rc11t l'cf1.,acc à la circulation
de l'air Le toit fous leqt1el lç Salc11cic11 repofc

· Jui appartient; Je terrcin qt1i l'entot11·e cfl: l'l1ériragc
r (f cél:~ de (c pères. Oq ne Jo voit poi11t, co1nmc
ai.lct1rs, follicircr, le cl1apcat1 à la main, un avare
1"c:11a11cicr de lui donner à bail q\1clqucs arpcns de
tl.:rrc pour les baig11cr de fcç fuc\1rs. Il n'cft point
l1u1n:lié par Je voifi11a~c de l'hon11ne riche. Son voifin,
pafl:cur con1me lui, travaille dès l'aube dL1 jour
con1mc lui , n'cfi ni plus fier ni plus g~i que lui. c iij

,
,.
\
..
• •

f ~ f\,f E R C U R E •
Trois arpe1ts fuffifcnt au fobre entretien d'ttne famille.
le prodl1Ît anon~l, réalifé en argent, fe monte à
1 i. fols par jo1.1r. C,efl: peu; c'en efi: affcz. pour fut·
ire à leurs befo111s. Ils font pauvres (fi c'cft l'~trc
'lue de fuffi1·e à Ces befoifts ) , mais jamais ils n'ont
été t~ntés <:1·cnval1ir le champ voifin; jamais.ils n'orit
eu recoars a11x Tribu11aux pour éclaircir le droit de
propriété. On ne 1·ctrouve dans at1cun Greffe le nom
des Salencicns, pas un fc•.11 jugement 11'a été rcndl1'"
<ontre eux; un feul 1·a été en leur faveur en 1775 ,
& c~en leur Seig11cur qui tes y a forcés. L·orphelin
a pu dormir forts Ia cabane que lui avoit l"iffée fon
père, fans avoir befoin de t•appui d'u11 tuteur; &. famais
un ct1rateur ne fut obligé de réprimer une adolèfccnce
incit1iète. Ils ne co11noilfent le Prince & les
Loix qué de i1om. Le jet111c hom1ne craint toujours
Gtl~t1ne faute de fa parc 11c prive fa foeur, fa couli!
1C ou fa pa1·c11te de la Rorc; ·te père s'obferve par
tgard pour h'l fille ou po~1· fes 11i(cts; la inère, qt1i
ftit Rofièîe, apprend à ta fille tol1t cc qu'elle pratiqua
pottr fe rent~rc digne d'une telle faveur. Ainfi
un Ch~pcau de Rofcs tient lieu aux Sa!cnciens de
LQix .. d.: J uvçs & de Cede, Une F,ofe cfi: le germe
' t1 I I • de i11illc vertus , & les perpétue de gt!ntrat!~ns en
g~nérarions. Rappclo11s-nous les Hifioires de toutes
lés Mo11arcl1ies. Co111bic11 de révolutions fur la' furfac~
du Gl clJc dcptllS c:tav is ! Tout a cl1anbé' tO\lt
2 été corron1pu. Sale11ci t1,a rien perdu de fa pureté
prin1iti,1e. La Rofc fut la f:iuve-gardc de Ces vertus
& àe fon bonl1eur. D, s m, éfallianccs C:111s nombre
i1éceffitoic11t par- rout des Edits rigoureux ; l,1 ~alc11-
cicnne, toujours fi tlelle à la cot1tt•me, n'époufa jamais
q1!un Salcnci~n, & n'altéra point ~es bon~1es
m<tt1rs. Six no1ns deligncnt toutes les f a1n1lles ; atrlfi
quarre cent cin9t1a.i1tc habita11s n·onc eu que fix auteurs,
qui , allic!ï l'un à l'autre, 11e forment plus depuis
long-ten1ps qu'w11e fan1illc; & cc tro11c facré



'


D E F R A N C E. J t )
n'a point re~u de raa1eaux étrangers. Oh 1 qui
me donnera, difoit M. de Cay lue; (après avo.ir publié
les Antiquités Étrl1f ques, Gr~cques & Romaines),
les Anti$luités des Gaules. De la manière dont'
011 procède en E1·a11ce, i1oui; n'auro11s l:iientôt plus
d'anciens 1nù11um~ns. 11 a.voit raifon. Si le fouvcnir·
de Salenci s'etoit offert à fa penféc, il eût été confolc
de la perte de ta11t <J' Antiquités foevent inutiles. t.
J:rance, dans cc genre, peut avoir des rivales; mais
le fpcd:aclc ql1e Salenci d@nne è routes les Nations·
dept1is taut de ftè clcs, n·appartic:11t qu'à elle, ne fe re- ·
trouve 11ullc part, & c'cfi: le plus beau monu1Bc11t
do11t elle doive s'é11orgucillir. c
l:cc; Sa:lenciens font pauvres : comme ils ont peuT
<le terrci11, ils ne peuvent recueillir que pour 1 ivre;
cependant ils fe fuffifenc à eux-mêmes dans les an .
néec; de difcttc; & dans de~ hivers rigoureux ia maladie
cll: 1'unjquc fléau qt1'ils redoutent. Alors les
dépenfes augmc11ranr, 8:. lec; bras refianr inaél:ifs fltr~
un lie ac douleur, ils forlt forcés de dcmarJde1· <les
lècot11 s. A qui: A leur C11ré: c:li l quels fecours ! des
ron1èdc(. Jc 1'a vot1crai, ch~r Çomte, je fa vois bien
ce qt1·un bon Curé pouvait être; j'ai ''tl à Saleoci cc·
<JU. u11 bo11 Curé éto1t. C'cft un l1ommc fcnfible,
v1·ai, botl, f.ï!!C, éclairé, le père, l'an1i, le médecin,
le d~fcn ~cur de (es Pa1·0,fiiens. Cet hon1n1e -c',fi
M Sélu v~l, l>rén1011tré &. Pricur-C~1ré de Salcnci.
Inrcrroge2 .1 \. les Ducs" de la 11i111ou·11c, de la
R.< ">cl1cfo1icau t,l , de Luy 11 c~, de Brancas, de ia Vaugt1
1011, l 1. I E\·r(.1 11e Coin te de Beauvais ; ils ont
affiflé à la Férc de la Ro.lè; 1Is f 011t rcvcntts · pénétt
é:s d'adn1i ratio11 pour les Salencicns, &. a·cfii111c
p,ot1r leur CL1ré. .
Pourquoi cette F~rc fnt-cllc fi long temps fans
célébric~? C't·fl 8u'on r~c rcchc1che guères la v~rtu
(ans 1~1 ·e f':1ns appareil, fans recom1nandarion. Le
l>afard y an1ena en 17 6 6 u11e fèm1né fenfiblc; ·&
° C l"'I


-

IU~U,_,4u----,--------
1



• •
56 .. ME 1RGURE
''en ft1t atfez pour lui re11drc f on ancien éèlat •. Utt
I-Jomme de Lettr~s l,accomp3gnoit; il l'a1111onça à
toute: l'Europe. Peur-être eft-cc ici le li~u de refiituer
aux Gens de Lettres un l1on11eur qui leur e!l:
bien d~. ue1c.1ue dtnôm1nation qu·on veuille do11-
ner à ces ·cri vains philoCOpl1es, il cft très.vrai qu'ils
et1t port~ Je flambeau falL1taire à ti·avers toutes les
.ttnèbrcs qui déroboie11t à 110~ veux une foule d'inftitutions
recommandables. cc Us fe (ont acquis dans
~, ce 6èc1c (dit M. Target dans (011 l)l.iidoyer de
" la Rofièrc ) une g!oire qu,011 ne peut leur ra•ir,
~ celI~ d'avoir fixé les yeux fur les objets d'inrérêr
~' général, & d'avoir fait fortir de l'ob(ct1rité . les
~ · faits utiles au geere·l1umain. ,, [•envie, l'i11-
gratitude, des mot1fs plus bas encore peuvent (culs
n1éconnotrrc tant de bienfaits rcndJs par la Pl1ilof op
hie. Qo'il me foit permis d~ rc111re à M. de Sau- ,
vigny, l)Ui, Je premier, a f ,tit connoîtrc cette Fête ,
un h9mmagc qu; lui en bien dû. ,.
Que votre in1agination, Comte, n'aille pas au-delà
de la vérité. Ne vou~ 6gt1r-c-z: point une. Rofièrc bien
galammc11t rarée' btcn modeftc1ncnt ·jolie ; ne lui
~ prêtez. point le doub)e cl1a1·mc de la beat1té & de
la vertu : ce [croit trop d'avantages. La Rolièrc cfl
Je plus Couvent très laide; mais (Ile cfl: vcrtueufe. La
figure difparoît, on ne voit ni la payfanne ni la lc1ic1cu
r; c'cfi la Rofière , cc nom fuffit pour tout
~mbcllir. Les vieillards q1Ji cl1oifilfent la plus Cage.
n'ont q·1e des oreille~ pour ente11dre le récit des vert~~
que propofe l' Alfe111bl~e générale des Hal>
itans. La beauté n'y contrebalança jamais une
bon11e qualité dans une rivJlc. te Seigneur a voulu
ravir aux Habitans l'honneur de choifir les trois SaJenci~
nncs cc)11currentes à la Rofc : il n'a point
r~ufTi; il n'a confcrvé que le droit de nommer la
RoGèrc parn1i les trois qui lui font préfe11tées.
Ob !-~c vous verriez. Licniôt cette infiitution facréc



,
'
-. ~
I


D E F R A N C E. f 7
tl~génércr & s'abâtardir fi la Rofe étoit au choix
du Seigneur .•.. Un Seigneur jeunet. •• je m'arrérc: .•••
• "'<'US me dcvi11ez. .• ~.. ·
O vou~ qui avez. voulu imiter dans vos Terres
«tre F~te augufl:e , fa11s doute vous avez bien fait
dt femtr f honneur pour recueillir dts 'Vertus ; rnais
craignez d'y mettre trop d'appareil; vous furcbargcz
Y-Os Rofièrcs de t:op d'atours; vos repas font trop
· f omptueux, vos dots trop riches , vos bals trop
brillans; c'cfi votre fête plutôt que la fècc de la
vertu. ReOEen1blcz mi~ux à Salenci; imitez. moins l("s
fêtes de la Ville ; do11nez la Rofe , 11on point dans
un fallon, ma\s au pied des Autels. Si vo\ls· fa vie%.
c mbien les Salencic11s font glorieux d'avoir un
s~1i11t pot1r fondateur de la fête ! Si VOUll faviçz.
quel caratlère ~ugtsfl:e cette origine imprime à la
Rofc ! ·La Rofi~rc rot1git, plt:ure lie joie, & tremble
tn recevant cc don précieux; elle croit Je renir des
mains de S. Médard mêine. Cette origine efi une de
ces beautés locales qu'on ne peut tranfportcr ni bie11
Ui1 "rer ailleurs. Cet1x qui ont vu vos Ro!ières les ont
trouvées trop ; ~,}i~s Ne noue; offrez pas toos lec; ans.
ft VOllS ne voute~ pas êcre f uf pefr, une Rofièrc bien
~~lie . Il s·cn faut bien que ;·a!e rien à reproch~r au
c-élèbrc A vdtat qui ~ fondé dans les Varoilfes de
Canon, Vieax-Fu1née, l\1czido11, la Fête des bonnes
Gens. Ce n'cfi point fc:1lemcnt pour la beauté vertuet1fe
que M. Elit! d.c Beaun1011t a infiitué cette Fête
da11s fcs Tc1·rcs, c'c. fi aufii pour le vieillard qui~
alite: fur la pierre qui doic bie11tôt couvrir fa tombe~
peut s .. écrier, après avoir fait fur fa vie paffée un
examen févère ~ je fus toujours un bo.n père, un bo11
citoyen ! C'cfl pour u11e bonne mère, qui vient dans
fa vicillelf<- dire avec confiance a fon Seigncar: j'ai
Jcmpli tous mes devoirs ; mon fc'in a nourri mes
nfans, & mes cnfans font cuus verrueux ; ma rare.
retournée par mes maiJu, a proJuit toue cc qu·cnc
Cv

..

,
IV•Vl'!NU-~~~~---~-~----~-~~--

sS MERCURE
pouvoit prodaire. Quelle confolation M. Élie de
Bcat1mont n offre-t-ii pas à la vieillclfe ! ~oùrage. ,
dir(,11c les bo11•1cs gens de Cat1ot1, le prix nous
atte11cl. Bic11het1reux le travail qui co11duit à t1ne récon1pèKfe
auffi glorieufc t Jot1ilfcz., ô vous qui avez
. fo11dé cette Fête, jouilfez long-ren1ps du plailir de
couronner les bo1111e · gens ; protivez pe11dant longtemps
t1ue, d'une fortune acquife avec nobleffe par
le génie, t•cmploi appartient de droit à la vertu.
On efl: 1 ai l à S.ilt11ci ; 1nais cette laideur eft u11e
ille du tra va1l. J 'avoic; cru que cette colonie ne fe·
n1èlant poi11t avec un Ca11g écra11ger, a~oit conferv~
l-i pctireffe _& fes formes origi11eltcs. Gela peut êcre,
me répündit le Curé; mais le travail y a la· plt1s
grande parr.. Voye7. ces champs : ils font fertiles; ICI
mC:me rcrrei11 produit trois nloiLfons; tout efl couvert
; a~brcs 8c grai11s, tout efi ferré. La main de
l'ho1nmc a rctourt1é cetté terre avec la bêcl1e. La • • (harruc efl: inco11nuc ici. [es ct1fa11s entreprennent
., de bon11c l1eu1·e des travaux au.dcff us de leurs forces;
c·efi-là ql.t'ils fe déforment & ~'enlaidilfe11t ; d,aillcurs,
ajouta-t-il et\ fou riant, ils n'ont jamais attacl1é
u11 prix à la beauté : à quoi leur ferviroit-elle ?
J c VOllS rc;1vnie , Monfiear & cher Comte, à
rouvragc de M. de Sauvig11y pour l'hiftoirc de la
fondation de la Rofc &: pot1r le détail des cérémonies.
J c n'ai rien à y ajourer, linon que la ltofi~
rc reçoit un pa}'Cment de l.f livres , légué par
S. Mé1.~a1-d ,-qui alftgna pluficurs arpens de terre ponr
prodt1ire cette fomme. Ces 111ê111cs arpens ont (t~
appelés, lors de i·érablitfemcnt de!; ficf.c;, le Fiif
il.e la Rofe. La Rofière re~oit fur le fief <ie la
R.oîe , les redevances (ei~ncurialcs ~ un bouquet de
llct1rs , t1ne Aèchc , ~ : tJx balles ou éret1fs cJc battoir,
deu~ ~teu f, hlancs & 1111 ftffiet de cor11c, dans leqt1cl
6>n doi~ fi ffier trois fois avant de le lai offrir. Ces rc•
devances tiennent aux .coutumes G11galièr~ qui ont



- •
-
•v~ ,.,o--~~-----------~--:-----------.--------
,
..
,- .. .. • D E F R A N (r; . E. $ 9
marqué la 11aifîance des fiefs. C'cfi une table garnie
"'de ~eux ba11cs, â'u11e nappe blanche, 1ix ferviettes,
deux couteaux, deus verres, une falièrc
pleine (k fel, cinql,a11te 11oix , deux pains d'un fol
chacun , Ull fromage ac t1·ois fols ~ Ut1 lot de vin e11
deux pots, un derrJi-lot d·cau pure. La Salencienne
!jôC j'ai vu couronner fe Aornme Lonife Qui~let,
cfr fille d'un Menuifier ; j'ai partagé fa collati~n :
c,étoient des "lianes que Ces mains avoient pa1r1·is, &
dli_v.in .de.fa vendange. Il me rc{~e à vous dire u11
mot du cara8èrc des Sale11cic11s. Ils 11c font point
gais ; ils ne ct>nnoiOEcnt point l~ jcic tumult\tcufe du
peuple; ils font pailibles ; ils sïnterdi[ent dès leur
enfance tgus ~es mouvcmcns des pallions vives>
puf'("qu'u111e falitc, un emportement les priverait de
J'ho11neur d'être nommes par~OtlS 8c Rolière; ils ne
fc portent poi11t.à des c1ces, parce ·qne ce feroit une
tacl1c que quatre générat1ons ne eeurroient effa- .
cer; ils. n'ab~ndonnent point leur coear anx émotÏoJJ$
de fii tendrclfe. Quelle Salencicnne oferoit répo11drc
à leurs foupirs ~ Le dhapeâ\l âc rofcs vaut mieux qt1c
l'amour; voilà la caufc de Ja gaieté calme & réflécl1ie
des Salcnciens. Je n'ai rien ajeucé; je n'ai
ri~n embelli ; je fuis encore au - âellous de la :vé-

ricé ; & J ne pourrai jamais bien vous rendre cc que
j'ai fcnti: · ·
~----
t •
,. •

• •


• •
..
~ •• • 1 ... -. . . '
C vj


;
1V~'V/J .. a----------------:----~--

• •


MERCURE .
• • • • '
• •
Explication de /'Énigme & du logozryphl
. du Mercure précédent.
E m6t de ]'Énigme cft . Épi.
celt1i d ll Logogryphe efl: le Rire •
de hled;

• • ,.
• J Jf 1
t ! • r • É N l G ME. ,
.. l • • •
• •
RIS TE & dernier enfant d'une mère expirante; .
Je nais enfin quand cout périt ,
· Quand la N at\:Jre efi: languitfaotc ~
. Que dans Con fein tout fe Bétrit.
Si quelquefois , Lcélcur , tu me vois ~vec péinc ~
· Telle cft <lti temps la rigourcufe ,loi, ·
• Plus tu vieillis , plus ma fin efi prochaine;
Mais ch cela plus à plaindre que toi,
.'Aax portes da tombeau j'accompagne ma mère;
Et le jour qu'elle meure je finis ma carrière,, ·

LOGOGRTP·HE • •
...,, • 1 s T le foir ordinair.cment
Qnc l'oa me met en mouvement;
ai' le retle .iu jour je deviens inutile;
Oa me concl.Ut 1e bâron à la main 4
,






Dont on vante peu le ramage;
Et ce qui de la ilt1ic annonce le rcrour.
1c t'rois en avoir dit a!fe~, je me retire;
J c t'avertirai feulement
,
"
De ne pas trop m'approcher 20 moment
Qu'on me promeuc:ra , car il pourroit ,~ tn cuir1~

1




-



• ..
~ MER t U R E ·
I .
NOUVEtLES. LITTÉRAIRES;-

HISTOIRE de la Maifon de Bourhon, par
M. De(orn1eaux , 11iftu1·iographc de l~
Maifo11 de Bo1.1rbo11, B1blibthécaire de
S. A. S. Mgr. le P1·i11ce de Condé , de
J'Acaaétnie Royale des I11fçriptions &
Belles -Utrres , &c. 1A Paris , de l'In1-
prilnerie Royale, 1 ï81. in-4°. Tomaillle.
,

"A 'JTEUR de l'Exrrait de l"Hifloire de la.
Maifo11 de iout·bon, i11féré d1ns le N°. 1f
dt1 Merc11re. , reconnoîr que la cririqt1e qYi
~ te1·1nine cer Ex,1·air, prife d111s le fe11s q~
quelques perfonnts y ont don11é' & w1i ne
s' etl ja1nais préfe11ré à fon ef prit , fereit f,1uvcra
1neme11t i11jufte.
En nous per111erra11t quelques obferva-tiô11~
fur la farine & le forjds de l'Hjfioire "'~-de
M. Dé{ormeaux, 11ous 11'avo11s jatnais
préte1uiù faire e11te11dre que cerre i.Iifl:oi1·e
ne fûc pai e11core lflus · nréreLfa11re que les
autres produéèions que nous a dor111ées cet
Écrivain , & qui 011r été fa\1 orabletnent accuei
Ili es da Pl1 olic. Nous l'a \'Ot1s, il eft vrai,
accufe. de p1·endre qt1clqt1efois le ro11 dt1
Panégyri1le; nous avoue1·011s ici , avec cette
impartialiré dont 11ous faif ons profeflio11 ,
que cc défaut, s'il ft réel, efi très· ra1 e. N oui
-

'"~·-----------:--------=-~_.,.,....-----~ •
'
,. -

• D l F R A N C :E. 63
'onvitndrons_ avec la même franchifc , que
fi nous lui avons rtproché un fiyle r_op ora
toirc & trop poériquc, ce reproche ne ptllt·
to1nber C!IUC fur des dérails , & fur quelques
dérails feulc111e11r. Aurefte, nous n'arcacl1ons
aucu11 prix à ces mi11uties. Le gllÛt efl 'î ar•
birraire 1 tel Leéteur aime une diCliot1 élégar1tc
& pure, tel at1rrc préfè1·c un ll:yle ner•
veux & é11ergiqt1e. Au milieu de ces con•
r.radiûions, quel parti prendra l,Écrivain l
Il doit fuivre fon propre genie, & n"imitcr
p~rfonne; car les imitateurs font toujot1rs
froids & c11nuy(ux. Qu"il facile joindre _ ·
J•agréable à l'utile, le mérite de plaire à celui
d'i11téreffer. & je lui réponds du f uccès.
Mais c'efl alfez nous arrêter f11r: des oh·
fervarions pureme11t littéFaires. Co11fidbrons
da11s M. Déf ormca11x le5 qt1alités qui
confi:rruent vérira blement l'Hifl:orien , les
pri11cipes qui doivcr1t l'inf pirer > les fenti• ·
mens dont il doit être animé, l'amour de
),ordre & de l'huma11ité, l,enthol1fiaf1ne pot1r
_.. l,héro.if me, le ref pe& pour la verct1 , l,hor•
rcul" pour la v iol<!nce, la perfidie , la per•
fécution, le fa11arif mc, la fuperilitio11; fur
tous GCS poinrs M. Déformeaux cft non•
fcule1nenr irréproch~ble , .n1ais diftingué par ·
1111 caraétèce Cc11fible de probiré & de vcrttl ;
· 1 a toujours le zèle du Citoyen & l'él~
q11ence de l'homme de bien : chez lui le
Ma~hiavellifme eft toujour-s flétri, l~s ''rais
devoirs des Princes to11jours expofés, Je bica
force111cnt lot1é, le maf 11obleme11t & c9u•

-
..
..
t

1


'-+ MER CU R È
r.age11femcnt condan1né. Fer111e faRs être aa~
dacieux, il ne ditiin:iule atJcune leço11 forre,
aucune vériré utile; il trouve la f ource la
plus féco11dc: du malheur des peuples dans
l.a foible{fe & l'ignorance des Rois, da11s l'in~
apacité, l,a1nbitio11 ou la cupidité des Minill:
res. M. Dé( ormeaux , fans cclf c cntouc;é
de grands Pri11ces. & de Héros, a beaucottp
à louer, c'efi: le bonheur de fo11 f ujer: mais
il ne loue pas toujours to11s ceux même qu'il
célèbre , & il ni loue pas tout dans ceux
qt1'1l loue; il fait, quand il le faut, facrifier
toute confide1·ari011 érrangèt·e à la fidélité
}1ifio1·ique. Nol~S 11e !:1t1rions e11 rapporter
'les Hreuves innomb1·ables qui s'offrent à
cnaque page ; mais on peur juger de fon
amour pour la vériré par ce porr1·ait du Duc
âe Montpe11lier.
~'Le Dltc de l\.iontpenÎter, né avec la va·
,, leur naturelle aux Bourbo11s, avoir acqi1is
,, des talens Miliraires qui le firent briller à
,, la têrc des artnées. Jaloux d'obte11ir cles
,1 richetfes, il n'étoir occupé qt1r des moye11s
., èe plait·e aux Maîtres de ·la Cour, afi11 de
• renrrer e11 po!feffio11 des d l1tn~ines qui
N avoicnt apparten11 au Co11nérable cle Bour·
,, bon , f oe oncle. Ses mcrurs éroienr au(,,
tèrcs, fa condt1ire paroilfoic irréprocha.,
bic, & fon zèle pour l'Églife Romaine
,, fe1nbloit être le 1nobile de toures fes ac.,
rions. Mais à le juger fa11s partialité, on
• peut dire qu'il éroir i11toléranr , · n1oins
par cf prie de reli&i.011 que par politique;
1

\


• ••
'

J


,

'
D E F R A ~ C E. 6 f
~ qu,il cachoir fous les âeliors de la bon,,
hotnmie & de la piété, une a1nbition ré,,
tlécl1ie. On 1)réte11d qt1e cc ne fut pas fans
,, un~ joie feçretre qu'il vit!; le Roi de Na,,
vaaï·e & le Pri11ce de Co11dé ~xpofés aux
tt périls des difcordes ci,?ilcs, da11s l'efpé,,
ra11ce que s'ils ve11oient à pé1·ï1·, fa bra11-
,, cl1e approcheroir plus }'.?rès dtt trône &
,, devie11droit plus puilfa11te; comtne fi les
,,, Guifes , après avoir accablé les aînés des
,, Bourbons , au1·oie11t rtf pelté davantage
,. les pl1Înés ! Une pareille politiql1e efi celle
,, d 'u11 ho1n111e t:1ns pri11ci pes. Il affcétoit
,~ · 11éa11moins de prc11d1·e pour modèle Sai11t''
Louis , f on grand a·i'ct1I; 111ais ce qui pa·
,, roîr1·a iocroyabie, c'efi que ce P1·i11ce ait
» ea le f urnom de Bon : Gi co11duire & fes
,, aél:io11s dé1ne11tiro11t plus d'u11c fois Jes
• Jâcl1es flatteurs qui lui don11èrent ce beau
• • titre.,, ·
Ce dernier traie ft1r-rout caraéèeri(e bien
le génie particulier âe l'Hiftorie11 des Bourbo11s.
'' Le Dt1c de Mo11tpenGer Ce difiingua
,, da11s la première guerre àe Religion par
; f on zcle & f ot:i aéèiviré ; tnais fes exploits,
,, quoique brillans , étonnèrent 1noins que
,, f 011 zèle atroce .... ~ .• . Un Genri lho1nn1e ,'
. ,, appelé Defmarets ,, qui 11,avoit ·qu'l111e
,, garnif 011 de vi11gt cinq Soldats, (e défe11-
7, dit da11s Rocl1ef0rt avec ta11r de valeur ,
,, .qu'il lui t11a plus de deux ce11t ho1nrnes;
,, mais e11fi11 il fut pris. 11onrpenficr, aa




1

..



l\l•IViJ.,,V


,
-

t6 -. MERtUR~
,, lieu de 1·ef peéter f 011 courage & fes ta.:
,, le11s , le fic expirer fur la roue cotnme t1ti ·
» voleur de gra11d chetni11 , tnaigré la pro- .
~ ~etfc qu'il lui avoir fuire de lui la1ifer Ja .
'' vie. Ce Prince fe re11dir fi redoorable par
,; les exécutions fangla11tes , qu'il ordon.: ..
,, 11oir av-ec le fa11g froid le plus IïéRéchi &
,, l'ironie la plus ainrre, qu'aucu11es trou-
" es f-Iugue11otcs n' of oient 1, atre11dre dans
,, eurs pofies. S'il faifoit un prifo11nier ., ,
• ,, /Tous ête.s un Rugue11ot., mon ami._, lui
,, difoir-il , je vous re.commarzit au Père
» B c1helot. Ce Père étoit un Cordelier ,
,, L1.va11t l10111tne, & gra11d zélateur de la
'° calt(e Carholiqt1e, à qui l'on a1nenoit
,, at111i-rôr le p1·ifonnier, & le i·11alheureux,
'' i11re1·rogé & co11felfé 1n~1lgré lt1i , éroit
'' cnf uite co11èuic au gibet; 111ais e11fi11 l, Au-t
,, mônicr Babelot f&Jt pendu à fo!l roar Ear·
'' le$ Prc~~frac-1s. Des femt11es to1nboie11t-: • ;, elles e11tre (es mai11s , il les 1i \'roir à Con
,, Gt1idon, qt1i leur faifoir Cu lsir toure f 01·ce
,, d'opprc)bres & d'i11 à!·oies; ce Gu1do11,
'! Tarμi11 de Nln11toi1·on , ac~uir la l)ltis
,, grande céléB1·iré en fe c011fiirua11t le N.i i..:
,, nifrre & l'Exéct1rcur des Arrêts i1no11UiN
qt1es de [011 Gé11é1·aJ. Lo i·~ t1 '011 Renfe que
~' 1'.1lo11rp e11(Îcr a(p iroit à la r épt1tation
,, t1 'non11nc de bie11 & ,J ,l1 on1t11e rel igieux,
,, on at1ra t111e érra11f!e idée ci es- 111oet11·s & dé .....
,, la vertu qui 1·égn0ie11t alors: ,, -
' V t>1la l1i11d1g11ario11 ve1·rt1et1!e qu'o11 aitne
vdi1· da11s u11 Hiftorie11, for~é de ra11porter

- .......


,
IV...,,_,-----~~~-----..------~---~-
-
• -
.. •
D E F R A N C E. 67
èe tels faits; vclilà ce qt1i lui cot1cilie 1' cll:in1e
& la bienveilla11ce du Pt1blic. 011 t1'écrir
pas avec cette é11ergie fa11s avoir u11e âme
forte & ttne fe11libiliré profonde. ..
· L'Anteur ne diffimule ni n'exct1fe aucttn
vice 11i aucu11e foible!f c; il rraire hat1tct.ne11t · • de pufillani1111ré les incertitudes , le:~ varia- j
rions d'Anroine de Bo11rbon, R9i Cie Navarre;
& s'il applaudit aux qualités brillantes
& ai111ables de ce Princ~ , ·il rend auffi
\111e juftice fevèrc à f es défauts. - · ·
rc 11 fi11it' cotnme il a voit vécu , fans trop
,, (avoir ce qu'iJ devoir croi1·e ; fes fenri,,
tnens équi·voques , fes v1riarion! conri,,
nue) les ne per1nircnr à auc11n . l101nm~
" ~i·ude11t de s'attacher véri.rablemcnt à lui. · ·
,,, Il hafa1·da rout en faveur des Htrgt1enots • ..
·,. & n,obti11t jamais let1r cor16ance; il fe fit
" tuer pot1r les Catl1oliques, & n1
e11 fus
,, jamais 11i confidéré ni regrette. .
,, 1'..1~ (;,r ,,_~~A., ..... ""'"'~,,;l)p ,....,, ,.i..,~~ ··--~·- ,.,...__
• .:! .. --· vaa ~ .. ,,,,~ '-•-••...,~···--, --·--=-» Ufl
,, état à. l'abri des lîorrcu~s de l'anarchie &
_ ,, llt1 fanatifi11e, A11toine de Bourbo11 eût
,, été peur:-êcre les tiélices de fes 'fujets; la
,, Nature l11i avoir accordé les vertus les
,, plt1s aimables , la .candet1r, la libéralité ,
,, l,nffabiJiré, J'amot1r du bien, la valeur la
,, plus b1·illanre & Je do11 de s'expri1ner avec
,, dignité; 1:nais elle lt1i reful:1 i'é11ergie &
'' la co11fr,111ce ~qualités fans lef quelles il ne
,, peut y ~1voir de gr~n(l Hom111e. ,,
Les po rtrait~ de~ fes frères le Conr~ d,Enguie11
& le 1?1 i11ce de Co11dé font plus bril-
- •




-




I

IV~'V/1J'W----------

..


.63 M ER C U R E
Jans , mais aufli quels tale11s & quel fhér,
oïftne ! Interprète fidèle de la vérité, cet·
Ecrivain n'a ja1nais été accufé de fttppoier ,
· altérer ou tronquer les faits qu'il ra?porre.
Il .n' cOE ni flatret1r 11i faryrique. S'il flétrit
, avec courage les aétions barbares & injuf ~
tes, il râch~ de préfe11ter da11s le plus beau
jour celles qui f oRt vériral1letncnt gra11des;
& en cela, il ne fair que f uivre ce que lui
dittent la raif un & fo11 coeu1·. Il adopte ce
n~ble co11Ceil de Mo11tagne: La ·même pein~
qu'on prend à. détraileri les lzommes vertueux,
je la prendrois volontiers à leur donner 11n
tour d'épaule pour les haujj~r. C'ejl l'office des
gtns de bien de peindr·e la 11ertu. la plus belle
qlf' il Je uiffe. ·
-Les roirs de la Couronne & ceux des
Princes du San:;, qlJÎ en f 011t i11féparables ,
font défendus en toute Qc,afio11 datis cc
Livre avec a~ta11t. de- courage que de fageffe;
c' cft ce qu' 011 peut voir da11s tot1te la l'artie
de l'Hifi:oire qui répo11d aax règ11es de Fra11-
çois II & de Cl11rlcs IX.
L'A uteur s' exp li que de la manière la plus
fra11cl1c & la lJlus. 11erre f uL· l'i11toléra11ce, &
e:1 gé11éral la cat1fe de l1l1u1nanité efr roujottrs
pl,1idée dan~ tous fes Ouvrages a\1ec beaucoup
de chaleur & de fe11fîbi1iré.
Voici co111n1ent j t s'explique fur les Pro·
tefl:,111s, e11 développant le · pri11cipe des
gt1erres de Religion qui s'allu1nèrent fot1s
Charles IX.
''Les Protcftans, pourfuivis par le fer &
\
• -

..
-

'
1uq.. ..,,,,,..,---.-----.---------:-------...-------

• • -
• •
0 E F R A N C E. '9
,. le feu fous François 1 & fes fucceifeurs >
,, s' étoicnt 1nultipliés au milieu des profcrip·
,, tio11s & des bûchers. Les hom1nes fe11Gbles
,, a voient con1mencé par les plaindre, & fini
,, par embraff er leu1·s epinio11s; ce n' écoient
'' pas feulement , comme autrefois , des
» Théologie11s 0bfcurs, des Religie11x échapH
pés de leurs cloîtres , qui !e fL1ffeRt dé~
,, clarés contre la Conr de Ro111e; on cotnp·
" toit parmi eux des perfonnages illYfires
,, par la i1aiifance, les dignités & la fortune>
,, des Sava11s , des Magiftrats , des Femmes
,. du rang le plus élevé, des l)rélars inême. ·
,,LesGuîfesosèrent fe Harre· d'~néantir une
,, feéle ~ui avoit échappé · la 111ain puif,.
fante des deux derniers Rois ; fan5 parler
,. du principe de l'intoléra11ce, tranlinis de
,, fiècle eh fiècle, & rnalheurcufement con,,
facré par des exetnples fameux, la poliH
tique let1r inarquoit le rô!e de perfécu~
teurs; en accabla11t les réfraét::iirrs aux lois ,, ae l'Églife, ils s'affuroie11t la reco1111oif,,
fance du Clergé, le pre111ier & le plus
H riche des Ordres du Royaul11e, & i·arra
» cher11ent des Carholic.1ucs, infi11itnent plus
,, non1breux que les Prorefians, & par con,,
féguent plu! en écar de les f outcnir à la
,, tête du Gouvef11emcnr. ,,
Voici la conclufio1~ de 1, Auteur. '
~ 14 C' eft do11c à l' alnbition & à l'i11tolé-
,, ra11ce qu'il '1uc attribuer ces mouve1nens
,, convullifs, ces conf pirario11s, ces gt1erres
,, horribles que l,interêc prétcnd\I de la
1 ..



'
-

-
-

io , · , M E R € U R E-
,, Religio11 a p1·olo11gés en Fra11ce re11da11t
· ,, pJt1s de foixanre ans, ~, cfr-à-dire , ju(qu'à
,, la pri (e de la Rochelle. ,, ·
Voilà qui e!t: précis. Voici qui 1' etl: encore
& qui a11nonce t1n bon Citoye11, un ho1nme
. véritable1ne11t vercueux,que révolta toujours
.. le fpeétacle de l'injufiice & de l'opprefito[).
~ "' Alors comme11c, a t111e fcènc de car11agc
. ,, & de cri1nes,qt1i i1'eut d'autre 611 que celle
,> de la guerre ; alors tot1s les liens de la na,.,
rure & de la fociété furent ro1npus ; on
,, foulait aux pieds les loix les plus faintcs;
_,, on f e dépouillait des affeétio11s les pl.lis
t ,, re11dres. ·
.... ~ Ici , le Roi de Navarre pot1rfuit fon
,,, frère à 111ain aiïnée, & menace fon époufe
·,, qui ft1 it avec fes enfa11s : là, le Co111te de
,, Sornn1e1·ive livre bataille at1 Co111te de
. ,. Tenje, f on père ; la difcorde fecoue fes
'' fla1nbeaux fur les familles les plus obf,,
cures ca1nt"Ee fur les plus nobles; c,eft
'' un Ralet, Proçureur du Roi au Bailliage
,, de Bar-fur-Sei11e, qui juge f 011 fils héréri- .
,, que, & le fait pendre fous fes,.yeux; fans
,, àottce que le malheureux f~ regardait
,. co1n1ne un Héros de la foi, co1n1ne t1n
.,. Abraham; cat· relie efl: l'illt1Gon du fa11a·
· ,, tif me, qu'il érige en vertus & en aL'tes
?> héro'ic1t1es le~ forf:1its les plt1s har:rib,lcs.
. '' On fe ba.rtoit 11on-feulc1ncnt dans les
. ,, cat11pag11es , mais encore dans les vill~s,
,, da11s les Églifes , da11s les 111aif ons parFi'
J culièx:ç,s ; c, écoit à qui 1l}ériteroit la pal1}1C
-
-

-
IV~\4:"f1J*u---------·- •

-

D : ~ I E R A ~ c E. 71
,, de J!inl1u111a11iré.Mo11tag11e, qui vivoit dans
! ' ces re111ps défafireux, i·egrcttoit de 11e pas
,, 11abirct· parmi les Sauvages.:····· On jugera
,, de la rage qt1i rranf portoit la N atio11, lk
,, des principes odieux qui l' égaroient, par
,, 1' cxe111ple de ce qui f e palf a à Toulouf e.
,, On comoattit pe11da11t quarre jou1·s da11s
,, cctrc granèle ville; la nuit n1ême ne fépara
·'' poi11t des Ciroye11s forcénés ; ils s' égor,,
geoient à la lueur des Ra1n111es qui devo-
,, roie11t l~s 11~aifons, fot1s les débris des
,, Égli(çs & des édifices .pubfics; les Refor',,,
ntés, plus faibles, confènrirent c11fi11 à for-·
,, tir âe cette ai·ê11e fa11gJa11re fL1r la f~i, -....
,, d'un Tr~iré; Je vai11queur imbu de l'an-
!' cien11e ~<. infàme maxime, qu'il ne aut
!' pas garile1· /a foi aux hérétiques,., etnp oya -
,, le rni11ill:èrc des bour1·eat1x po11r en étein-
!' dre la race à ~ouloufe. On y co1npra cinq
,, rnillieris J'l101~mes qui périrent par le fer,
• le feu & 1 es { up pl\ccs.
,, Au t"Nilicu des accès de cette frénéfie
.'' 1·eligieufe , la Mo11archie la plus Horif-
- ,, Cance de l'Europe e11 devint la plus n1épri,.
fée & 1a plt1s miférable ; on vit ju(qu'à
!' quaro~ze ar1nées à IJ. fois dévafier fes
,, riches & fertiles Provinces, fans compter
,. les diverfes trot1pes Je ba11dirs qui fc
•~ réu111lft.>ie11t po\1r piller. Deux fiècles de
., guerres étrangères auroient fair moins de
,,, tÇ>rc a la populatio11, aux Arts & a11 Coin· -
.. 1nerce ......... .
• cc La rigt1cur des loix pénal~s fcmblolt
• •


'
l\J'J\ll:J4;J----------



1

...


• L
• •

,71 M E R C U R E ~
.,, cro~rre à 111efurc que les Prorefians fe tnul,,
tipl~oient; -il ne relloit plt1s à ces 1na{ ..
• ,, l1eureux d,autre perf peétive qu.e le bûcher · -
,, ou la révolte. La perfécution, ouverte
,, dans toutes les villes du Royau1ne, écla-
'' toit pri11ci palen1et1t à Pari~ ; on traî11oit
,, 11uit & jour dans les cachots des perfon-
,, nes de te> ut âge, de cot1rci condirio11 , de
'' tout fexe, accufées ou feulen1ent foup-
,, çonnées d, avoir et11braffé les nouvelles
'' opinions. Gil. adoptait les bruits les plus
'' al1f urdes, lés Îlnputacio11s les plus infâmes
,, contre-elles. La délatio11 , la calo1n11i=
,, trio1n ~hoîent ; des familles e11tières
,, fuyoient let:Jr~atrie , abando11n~nr let1rs
,, biens, & mê1ne let1rs enfans, qt1'ils n:=
,, pou voient emmener à caufe de la foibleffe
J• de l'âge. 011 voyoic errer dans les rues
n qu'ils re111pli!foient de cris , ces inno-
,, ce11res c1·éacures à qui on n' of oit don11er
,, du f~cours, ni 1nêlnÇ. les plus fin1ples l11ar·
,., qt1es d'arrendriffemcr1t. On eûr craint, en
,, f.1ifa11t ·c11re11dre la voix de l,hum1a11iré
,, fainre, d,.êrre déféré aux Tribu11aux, ou ..
''. arrêté par la cruelle & fanatique popu-
H lace, qui f e faif oit f ot1vent un jeu iii;tpie
,, d'arracher âes i11ains des bourreaux & de
,, mecrre ei1 pièces, pour les faire fot1ffrir
,, dava11tage , Jes n1ifér~bles viaimes qu' oii
,~ inc11oit at1 fupplicc. U11 morne & lugu.:
~, bre filcnce régnait dans tous les quartiers
!, de la capitale, ou n'étoic interro1npu qt1e
'' par les gé111i!fe1ncns des cnfans abando11-
., ne' s,
-



1 r.;4:,,---------

-

-
-





...,,,,..u-.--------------~----






74 M E R C U R E · ·
not:re extrait ; des t1·aits ifolés ne fo1,r paf \
c011110Ître le plan ni l'e11i€111ble d,un Ou_.
YragC! • .
Le plan de !'Ouvrage de M. Défor111e:iux
a une difficulté confidérable qui lui cfr parriculière.
Obligé de faire 1narcher de front ·
l'Hiftôire de pll1fieurs Princes de la mêmë
~laif on, en la r2pporta1it à celle de l'aî11é d!
la Maifon, qt1i cfi con1me le centre ot\ rout
·doit f e réa1-1ir , il 1 ui a fallt1 beal1cou p d' ai·r
pour évicer· la confuGon, & nous pouvons
affurer qu'il a pleincmenr rrio111pl1é de cer,
obfl:acle ; la preuve e11 efl: que fo11 Ot1vrage:
intére!fe. Or , poi11t d'inrérêc fans netteté~· r
ce qui efr confL1s ne peut attacher.
·Poar achever de don11er aux Lcéteurs tfne
. idée exalte des ralens de M. Défor1neaux
our les diverfes parties de l'H1ftoire, 11ou
eur indi<1 t1erons ici partic11 lièrernent les
portraits de Charles de Vendô1ne, du Cemtê
d'Enghien, du Prince de Co11dé, de tous Je$
Princes ,Je cerce augufte Maifon, des G11ifes ,,,
leurs illt1ft:res rivaux, &'c. l" cleièription d
la bataille de Sainr-Qae11ri1i, celle fur -cou
de la bataille de Cérifoles & des ÎRci~ie11s
ui la précèdent; par excmpl , âe l'aa111if-:
ton de Montluc dans le Confeil, & des Dif..;
co~rs qu'il y tient. On croit le voir, l' e11-
te11drc lui- n1êrne. On parra,gc tour-à tour
{on .. inquiérqde & fa joie. Nous leur i11diguerons
encore cc qui concerne la prif ori
du Pri11ce de Condé, Jes Frars d'Orléan5 &
de PontoiCe > l' A if emblée qc Sr-Gern1ain 1 oil
-
IV~·-----.---~-----~---~---;--~..,,....----:-
,
' •

-


. ' • D E F R ~ N € E.· 7.f / fw.t don11é le fameux Edit de Juill~t J: 5 6 r, lés
Dif cours de !'Hôpital, le matfacre de Vaffi •
& les préli111inaires de la première iuerrc
civile Rcligieufe. Nous leur recom1na11do~s
fur cotit le tableau de la conjuratio11 d,A1nUoifc
& de fes f uices , où le talent de l' Au~
tcur a fu ajourer à l'intérêt naturel du fujer.
Mais c' eft 111oins à f on rale11t non contefi:
é"' qu'il s'agit de rendre hom111age, qu'au .
caraêtère moral qu'il déploye da11s fa 1na-.
nière d'écrire l,Hifi:oire , & qlt'au courage'
qu'il a de dire toute vé1·iré; r1ous -en a \1ons
.rapporté . la preuve, jamais 11ous n'avo11s
prétendu éle\'er le 1noi11dre doute fur ce -
PQÎnt, ce feroit la plus crt1elle des injuftices
;.11ous défavouons hat1te1nent tout ce ·

,
qui dire&e1nent ou indireé'teme11t auroit pu
. fion11er une idée at1tli faulfe; enfi11 nous re-.
co11noiff on.~, à tot1s ég~1rds, M.· Déf ormf!attx .
pour le digne Hifi:orie11 de la race la plus·
fêconde en gra11èls Hom111es & en grands
Rois , de cerre race do11t la devife fut tou·~
jpurs homi 6' vtileur •

• - ..
• •
.. ' .

D ij
..








• •
. .il' ·1D MERCURE
,
)/._NNALES Poétiques depuis t• orig'iTJ.e ile !1.
. 'J'oefie FrC!ncoifa. T 9111~ XIXe. A __ I>aris •
che~ les Editeur~, rue de la Juil1enne,
vis· à~ \'Ïs le corp5~ de - gai·de , & chei
Mérig0t lç jeun~ , Librajre , qijai des
Augultins~ · · ·

Nous avons renatt cotnpte du dix .. hui ..
iiè111e Volt1 ri1e de cette i1nporta11re Collcc•
tio11. Nous allons· faire co1111oîr1·e les Poëces
I - «.1ue ~et1fer1l)e le dix·net1 \7 jèl}1e,. Le plus célè·
bre & lç plas d i ffi ~ile à lire, c'e!t Chapelain,
L. es Éliiteurs 011t eu raifon d. e ne i·eèueillit
que Lon Ode, & u11e vi11gcai11e ~te vers en-
"'.iro11 '1e fo1t Poë1ne~ So11 rlyle, dife11t·ils,
~A: e~corc plu5 froid que barbare; & , quoi•
qu'i 1 a~r d~ la du1·ecé , co111111e 1, a clir Def;..
~t eaux, il efr e11core inoins dllr (1u'1l 11'cfl
lèc; &· e1111uyeux. I.:es a11ecdoces que cenfer1nc
l_a n<) je~ de t1 vie, f 011r cc que f on article
o1T1·e d~ pius i11téreffa11t à lirf. Il fut le bienf.
1i reur éte Raci11e. D'après l~ leéture de
J'Ode i,1titt1lée, la Nymphe de la Seif1.e, il
crt1c voir dans f oQ. Attteur le ge.rme d,un
grflt1d Poëte, & il ltti fit do11ner, par M. de
Colbet·c, de la part d~t f{oi, t11~e gratificacien
de cr.nt louis, q11i fut bic11tôt {μivie d'une
per1fio11 de 6o:J liv.

' Ce 11'cft pas ~ là. le feul bienfaic qu'il ait
f:1it répa11clre fu1· les Gens de lettres de fon
tctnps. Mais l,efl:itne qu,il s,~toit jufte111ent
;acc:iu~<è pac fçs aa:iQn de liie11f aifaqce ~ ..
- - -
ru~~----------

-
D '.E F R A N C e~ ''
}'~r (a (aine Litrérart1re , 11e Ie (aavè1--ent
poi11t dt1 ridicule,lorft1ue (1. fa111et1fe Pz1celle
tut v11 le jour. Les épigra111n1es fo11doierrr
ft1r lui de ront côrc. L'a11ec<.iore qae J1ctrs
allo11s rra11fcrire prouve da11s qt1c·l ~tifcréd ri:
fa poéGe éroir to111bée. '' Il y avoir da11s ] ;1
., pllce du Ci111etière S, Je;i11 , ur1 Tr.1 iret1r ,
'' f11i.1et1x, Ghez qui les Sej g11~t11·s les pJ tl ~
'' f piriruels Lie la Cout s'affet11bf oic11t avec .
,j Def préat1x., Raci11e, Lâ Fonrai11e, Cl1 .. 1 ...
,, elle , t f u rer1l:re , & qu el'.:i ues atit re;
,, eat1x · ef prits cie cc temps. Da11s u i~ :!
,, ci1~n1bre parri.ct1liè1·e qui JeL1r écoir réfe r·
,, véç, il y avcir roujou1·5 ouve1·r, li.1r u11e
'' table, tin exe1-11pla1re de la Pucelle; &
· ,, quand quelt1 a'un cle la C c 1n1):Jgi1ic él'.roit
J' l1écl1é co11t1·e ta lr,11gue ot1 C<>1~r1c le r~1r·
,, {01111tn1e11c, on le co nli;tL1~ noit à lire t111
'' cercai11 1101nbre de vers dti Poë1ne ; ce
,, 1101nbre étoir proportionné à la gravité dt1
,, délit; le coupable lifoir quelqltcfois jt1f''
qu~à vi11gt: vers; mais il falloir t111e faute
-• énorme pour J ire une page entière. ,,.
Le Poërc le plus origi11al de ceux do·nr il ·
cfi fait mc11ri0n d1ns cc Volume , c'efi:
A~am Billtznt, fi connu fous le n01n d~
Maître Adanz , qni exerçoit tout-à-la-fojs
le double.ra1ent de Poëte & dç Mei1uiGcr.
Ses vers fe relfenrenr beaucot1p de fa 111al1'·
vaife éduc:ltÎ011; & la li11gula ri ré de fo11 exi(
te11ce contribua beaucot1p à fon re11on1 poé
tique ; m::tis Cot1venr, à r1-~t\·e1 s {es maL1vailr~.
pojnres &. fes exp1·effio11s t1·i,.,iales, on voie
D ~ij
• -
• -






..
.. •

1uqu10J4u-----------
J
-
,... ..
'78 . , M E R C U R E.
percer le gét1ie poériqt1e. Nous allons cir~r
deux fiances d~Nne Pièce adreffée à t1n Gra11J
i qui l,inviroit à fe préfe11rer à la CeL1r •

PeuR vu qu'en rabotant ma diligence apport=
"De quoi f~ire roaler la courfe d'un vivant,
. .J c ferai plus content à vivre de la forte, .
-
Qtte ft j'avois gagné tous les biens du Levant. · '"~
(
S'élève qui voudra fur l'inco11fl:ante roue
Dent la Déclfe aveugle en nous trompant fe joue 1
Je ne m'intrigue point dans ton fu11eftc accueil;
Elle couvre. de miel une pilule an1ère; •
Et f otts l'on1brc d'un port 11ous cacMant Utl tcuejJ, ·
Elfe dcvic:nt marâtre al11fi-t&t qtJ•cllc efl m~re. .
J' E ne r'chcrche point cet illL1tlre avantage
De ccu r qui tous les jours font dans des diff~rends~
oA difpltter !~honneur d'un faméu1 parcntage ,
Comn1e li les humains n'étoient pas tous parcn! 1
Qu'on Cache que je fuis d·u11c tige champêtre; ,
Que n1cs prédécclfeurs 1ner1oicnt les brebis paître;
Que la rufiicicé vit naître mes ayeu:t ; .

Mais que j'ai ce bonhettr en ce fièclc où nous fon1mes,
Que, bien qQe je (ois bas au langage des l1on1mes •
:Je parle quand je veux le la11gage des Bicux.
011 t1·ouve Ja11s le inê111e Volt1111e, D":f
marlts d~ S ai1zt-S 01·lin ~ qt1i eue beaucot1p
de i·éputation de (011 tetn})S, & dont 011 11e
lit guè1·es plus aujottrd,hui qt1,un joli qua-:tra.
i11 fur la violette; le fécor1d Scudery ~
do11t les vers fo11c pleins de négl,i gençcs &,
\

'""''~----------
,


D 1-E F R· A N., G E. :z, .
de (a11faro11nades; d' Alih1·ay, Poëte nlé ..
diocre , qui a fair un quat·t·ain original (ut
le flmeux paralire Montmaur:
Gomor étant à tab!e avec certains péda11s, .
Qui crioient ac prêchoie11t tout hat1t fur la vendange;
Lui qui ne fongc" alors qu'à ce que foat fes dents :
Paix-Jà , paix-là, dit-il! on ne fait cc qu'on mange.
l .. es Éditeurs 011t recueilli peu de chofes
de Gomberville, qt1u1qu'il foit 110111mé e\1
bien dans les vers de B<.)il1at1. Son mérite eft
u11e e(pèce de co1·reétion froide qui lui fit
· quelqr1es p:i1·rifa11s. .
· Ce n' efl pas L' efpri.t qui nianque à Voiture;
q t1~11d il en aurait cédé 1111e petite dofe ,
pour acqt1érir t1n peu plus de goût, il n'eût
Ea.it qu'un marché ava11tageux.
Mais le pl11s ain1able des Poëces re11fer~
·111és dans ce Volu1ne, c,eft Saint~ Pavin. Ses
vers fo11r plei11s de_ g1·âce & dtJ tour . le plus
heurrt1x. •Outre une fo11le de madrigaux
cl1ar111a11s, & p1·efque tot1s cot1nus, il a de5
- fè>nt1ers fore bien totirnés. E11 voici un far. le
nzauvais itat de fis affeirts.
• - ,LA 6 rntac '-JUÎ me maltraite , .
Ne bornera jamais fon colltS;
les araign~cs, tous les jours,
Font leur toile dans ma pochette.
I
MA garclcrt>be cll tantôt hcttc ;
Je n'ai plus d'habits de ~cluurs; .
D1Y
..

f




I
IV.tJVIU'"K.I ----------

..... •





I • •

f o MERCURE
Mes cl1cTaux relfcmbtent des owr~ 7
Mon carrof..f c devi.e. nt charrette. • '
MI s laq,uais rir~nt à la fin ; •
Ic ce qui tclloit de 11100 train •
A pris congé pour récomP.cn~ .. · - • • ...
• l:T n'étoit 6eux à ·qui je doi,
011 ne vcrreit point d'hommê en 1rancl'
Qui fût moi-11s vi!ité que moi.
' On vo-it que les Édirc:ttrs de c~t Ouvragé
aYa11cenr d~t1s leur carrièr~. 011 ne pet1.r qiwe
les exhorcer à finir cerre Co1leétio11, q11i
<?frrir:i <'UX Amateurs· de ll poëfie, '"~:111.s utl
certai11 n6111bre de Voll1n1es , cc q\t'ils 11 ' at1-
roie11t trouve qu'avec ~eaut:ol1p ,je pei11e >
de ten1 iis & d' cnr1ui, & en dévora11t tics bi·
bliothèques c11ciè1·cs. ·
DÉ.T.AIL général de.s Fers, Fonte, Ser-
. 1·urerie, Fer,.,ure & Clouterie à l'11fl1ge
Jes B,îtimens, t1vec les TahleJ des Ta-
'
. rif:s de.1 prix, dédi.é a Mgr. le Duc de _
· Cizartres; par M.9' Bo1111ot ' Vér.iiicarcur
de Serrure1·ie, Volt1n1e i1l - 8 °. Prix>
' li v. brocl1é. A Paris, cbèz Betlt>Ît 110- '
ri11, lt11pri1neur.-tibraire, rue 8. !a€:qi1es,
près celle de 1a Parcl1e111j11e1·ie , à l~ V érjré;
& cqez l' Auteur, rue dui Fot1r, Carrefour
de la Cràix - Rouge , 111aifon dLJ
Papcrier. ' '

NoN·5iULEMENT les Arts fc / pcrfcc-:
• 1
'
IV&J 1·•------....----

-

• D E ,p R A N C ·E. f 1
riar11ttnt de jour e11 jour , niais les ArtiA:as:
diftingt1és s' cm r>retfent aujourd'hui de co111-
muni uer au Public le fruit de leurs études:
& de cttr expérience. L'OuvEage que noa5'
annonçon$ clt muai d'une ap rol.lacion he>aorable
du Cenfeur,& du fu ra·ge ,te l'Acadén:
iie Royale d' Archi·reétui:e. 11 eft certaine
'lu'il peut être de la pl·LlS 1rand.e ttriJiré au"
Archiceél:es & aux Enrreprc11eurs; qa'il pré··
fe11te des moyens d,économie à ceux qui·
fo1~t bâtir; & il ne poltrroit pa~!tre da~ .
un re1rips plus favorable , puifqae l'envie
de faire bârjr etl devenu~ la pàilio11· domi•-
nante des. ricnet. · ; • • La premi<:re Par.ri·e de l'Ot1vra·ge d'e· 1f _.
J\on11or, re11ferme les no111s de roures les e(... ..
pèces d'e ferrttres, ferrures, &c., qui fer•·
Tent aux bâti~11ens, avec let1rs diffé1·ens prix_,,
en les fuppofant rendues dans les t11ag.i1fi11s d~
J>aris. Ce tab~eatr peur m·ecrre· cl1a·que pa 1· r~culier
en étar de connoître la valeur des ob-· • jets qui lui font nécetfaires. 011 y rrouve l"
dérail des ancien·s· & nouveattX droits, avec: -
t adrcffe des Maîrrc~s de Forges, des N·éf;o··
cians , Co1ntni.f1ionnaires , & même des:
Ouvriers de Provi11ee, d'e Paris & des envi..,.
rons._~ ainri qu·e le no1n d'es Bol1rgs & ViJia-1
ges qu,il's habitent. n efi: d' aurant plus facile·
de s'i11<Eruire d'e ro11s (CS objets divers , que:
'"Auteur et1 a d're{fé uJ1e t ~ ble alphaoétiqt1e •.
I.:es Archire~e.ç . cl1·arg.. é'l de faire des De--
~is &: de co!!l Ittre d'cs l\1f:\ r(" l1és <l'e Se1·rt1re
l'ie,. ~oùvet-011c ~a11s· l~ icco11de. 1)<11·r~·: l:~~: ~
li)! y






.:.JUllJ_.U----------

,



-
81 M ERG URE ·
Renfeig11emc11s qui obvieront a11x difficuf ....
tés trop fouve11t inévitables lors de la vérificati011
& liu régleme11t des Mé1noires. Ce
Modèle tend à affurer cane la tra11quillité des
Propriétaires que les i11térêcs n1ême des Entre~
t";e11et1rs. ...
? On y trouve au {fi un état gé11é1·al des ufte11files
de cli11caillcrie~,néceiiai1·es pc,ur l'inté1
·ieu1· & pour l'extérieur des n1aifons, avec
·tes adre{fes des Marcha11ds & Ouvriers qui
s' oceupent de ces objets. les tarifs ~ prix
des ver11is & dorures qu'on e111ploie à chaud
tant Cui les ferrures & ferrures, que pour
différens· ufle.11files à l'ufage des bârin1e11s ,
feront auffi d'une grande utilité; & pour ne
laitfer rien à defirer fur cet article, 1, Aurcur
.. a do11né fur pluGeu1·s objets dont les prix
peuvent varier, des Renf eigne111e11s q11i doi•
ent éclairer & garantir de toute furpriCe les
perf onncs i11tére<fées. ·
On 11e petit que [avoir gré à M. Bon·
'tlot d'avoir voulu re11dre tttiles au Public
fes veilles & fon ex·perience; & f on Ütl-
vragc annonce des con11oi'1'a11ccs étendues
dans l~Art de la Sertl"urerie.
• - •
...

• •
,
-

-

•v-----------~--~----~-~T\----,,--
D E P ~ A N G !!. BI
SPECTACLES. •
,
-
A..C .ADÊMIE ROYALE DE MUSIQUE•
N a: don11é Mar4i 1 du ino~s, la première
.re~ré[e11rarion 'd'E/eBre ~ poë111e de M.
Guillard, mufiquc de M. Lemoi11e. .
No11s de ons déjà à M. Guillard le Poëme
d'J migénie en Taur:ide, lTIÎS Cil mt1fiquc par .
~ Je hevalier Gluck. Ce Poën1e ell u11e grande
in.. n ovarion fur le Théâtre Lyrique: ~'efi le
,. re111i~r Opé1·a gt1i ait écé traité a\1ec touce
a févérité de la Tragédie anriqt1e, fans épifodes
, fa11s ball( is, & , cc qui efr plus ex-· ,
trao1·âinairc, fa11s :.mour. C'étoit pour le
.. Co111pofircur Cur-tout qt1e le problême éroit
difficile à réfoudre. l'exécution dans coutes
les parties s' efl: trouvée di5ne d111 p.lan, & le
plus orillant fuccès a jufiifié la na1·dietfe de
J' enrrep1·i(e.
1'1. Guillara fe111ble a:voir VOt1lu rsnchérir
fur ce pre111ier effai. He ft1jer d'Eleél:re,
rrairé à l' e1111ii par tous les T i·'!giques ancie11s
& i11oder11es, n'avoir ja111ais été tra11fparré
f,ur la Scè11e Lyrique. La terreu1· Yiole11rc &
co11ri11t1e qui e11 tàir 1 caraétère <io1nina11r;
fans auct111 inéJange de ·reir1tes douces qui en
ido11ciJfc11t l s i111p,reffions, l'avoir fait re.:
gar-. er fa11s doute cott1me érant du dotnai11e
exélufif ae là Tragédie. 11. GuilJard a .ce11té
. ' · D vj _,




I
IU.:.JU'"Jlf;J---------

...


• •

I
s4 ' M E R c u: a· E"
ce qu'auct1n l)oëce Ly.riqne n'avoit encore·.
ofe , & il i1e s' eft pas· 1nême per1nis ce que ·
le Tragique Crél5ill~11 n'avoir pas craint de·
moncrer au Théâc14e François , de mêler
l' a1nol1r· & mê1ne la galanterie, au 1nilieu.
de cetre aél:1011 rer1·ible, oti tout refpire la:
f1Jreur, 11 ~e11geancc & le parricide.. .
Quel que !oit le f uccès de cerre ce11rarive,.
"11ous cruyons qu~elle n1é1·ice des. eloges. C' e!t
QUvrir une nouv.elle fource de ricl1e(fcs que
de cl1ercl1er à ére11dre le domai11e des· Arcs, .
& ce n: eft fouve11t qu' e11 franchi!fant les:
1i1nites , qu~ on appre11d· juf q.u' où l' 011 peut
aller & où il faut. s'arrêter ..
N ot1s ne croyons pas, & M~ G'uillard· ne
€roir pas fa11s i.l<Jt1re lui.-1nê1ne, que les Poë-
1nes pureLne11t Ti4 agiques , du gc11re ê·Ipl1igénie
en. Tauride & d1Éleétre, foienc ce11x
qui convien11ent le plus au Tnéâcre Lyrique;.
mais not1.s fo1n1nes e11,01·e plus éloignés de·
le~ i1~rerdirc ; noùs y aurio1~s. déjà perdl1, tin ·
. chef· d,oeuvr.e. 1
Nous 11e croyons pas i10~ plus que 1·c fujet
d"Éle&re foit le R1us. hct1reufen1f11t choifi·
pour ttn 0péra-; tel qt1'il efl: co11~u ici> il ina11!'
~uc de variéré & de conr1·afles, 1.. a111e de tous
les A1·rs, fur-tot&t de la n1u{i~ue •. Le caraétère
d,Éleél:re don1i11e tour,elle 11'a qu't111e paffion,
donr les mouve1nens font toujot1rs e11 éclats
& en ft11·eur. On l':i'y épro11ve q11e la crai11re,
fa11s alrer11ati ve d,efpéra11ce. Les affctl:ions
tendres & conf ola11tes fc1nblc11r c11 êtr~ exclues;
l,a1nitié mê111e y a- quelque chofe te



-
-
IV• ... ----~----~--------;-::------r--
,
-
;-

• •
'
, D E F R A- N C E. f. .
farouche, & ne f e tnonrre .. que comÏn.e· ·i.. n :trume11t
"i c vengeance. Enfi11 , la ~araftrophc- ·
n'e1i. fauroic êrîe que fun~tle & terrible:. ~e
.ft1jet, dira· t,on, pi·éi~ente les mêmes diffi~
ulrés alt Poëce Tragique: fa116 dou·rc; n1ais·
le Poërc Tragique trouve da11s le dévcloppe1ne11t
des, paffions, da11s la pcmrute des.
~at·aétères & des moeurs., da11s l 'eloqu 11ce
& la chaleur du d~alogue, dans les derails de
la poéGe, des t11oyens d,attach.er, d'é1notrvoir,
de g1-adu~r & de var.icr ks it11preilio11s, ..
111oyens- int erdits à la tnufique. L,eit donc
préfutner beaucot1p de cer A1~r, que d·e lui
.. croi·rc des. 1·effot1rct9s fuffifa11res pou1· fup..:
plées; ces def ava11tages & v.aincre ta11t de· .
âif1ict1 I tés ..
Rcv:e11ons à:· l'Opéra .. d.'Éle&re .. L'A 11tct1r a
fuivi en gené1·al l~ plan·de Sophocle, & a con-
·fc:rvé à chaque perfonnage k caraél:ère que
leur avoit do11Ré ce gra11d H-on11ne; fon action
eft bien expofée; elle eft co11cluite avec
clarté & fi1nplicité jt1fqt1'au d·enouel11e11r,
e>Ù il a cru devoir s, écacter Je Sol'hoGle· & de
fcs i mirareu·rs. · 1
Sophocle, & Voltaire aprts lui , ne fo~t
• tgor.ge1· Clyrem11efire P.ar· f on fils que dei:riè1
·e Ja Scè11e; M. Guillard a ·mis ce parri- ·
ci le f ot1s les yet1x 1nê111e du Spe<frareu1·. On
auroit pu cr~i11tl1·c q11e le tablealt ne fût rcr·
volca11t; il 11,a paru· qt1e frojd. I·I y ~beau-
' CGttp d'~1cti o11ls qui fîr.oient f1·itfo11ner dans
la réalité, ci'o11r l'i1i1irario1il aû 1béârre 11,a·
, q uc trcs .. pct1 d' eftè.c, fc)ic par le d~fât1t ti 'i11~

' .


IU"lU'':.JJ..tU---------


,, ( 16 M E· R e U R E.
,. fion , Coit par la d1irotîrio11 d'ef.pr~t du ,
Speétareur. U11 t11currr~ fur le Théâcr:c ne
peur être ~rai111e11t -rragiq1:1e qt1e l0r(qt1>il
_ tombe fur u11 perfon11age intereffanr , ou ·
lorf gu'il le délivre d't111 darlger i111i:ninent.
Un fentiment paflio111ié,. heureufel:ne11t expritné
, fe1·a toujours plt1s i1athécique que
dix coups de poigt1ard. .>
Nous croiri0ns donc que ies cris de Cl}'jtetnneftre,
frappée derriè1~e la Scè11e co111111e
da11s Sophocle ou da.11s Voltaire; que ces
mots toucl1a11s: 0 mon fils! aie piti.i de ce!~
ui te donna la vie; que le trouble & l'effroi
ubit d'Éleétre & du cl1oet1r , e11 e11re1:lda11c
ces terribles paroles , ~i11roie11t prad11it une
Scène plus théâtrale, plus touchante , pllis
propre atlX effets 8e la t11ufiquc que }e Jenouemcnt
adopté par M~ Guillard. Mais
notts aY0uons qu'il eft bic11 pl11s aifé de propofet
· de pareils chan,,g e1nc11s que de les c~éc11rer.
~
Le Poë1nc de M. GailJar.d ~ft écrit avec
fagdfe, avec corr.ecftion, & fouvc11r avec
éléga11ce ; 011 pe11t cependant. lui rieprocl1er
des 11églige11ces , do11t qt1elqt1es u11~s fo11t
a ffez grav.es, mais ql1c not1s· "'royons {L1perflu
èlc relever ici. -
N<)US 11e nous per111ettr0ns pas de porter
1111 jt1ge111e11r fur lët mufique. Si les Dra111es
~n mt1fÎqt1e ont befoin d1être entel1dtts .Plt1-
fieu1·s f0is pour 'être fe11ris & appréciés, ~
plus forte raifot1 u11 Ouvrage d'un genre at1lli
...,...ardi & auffi no~veau que celui ... d'Élelfre.

...

- -· - -· -
i


..
IV.&J f'"J--.,--------:.,---•
..
-

..

D E P R A N G E. I~ -.
Nous nous hgrnerons à rentlrc: cotnptc de
l,imprellio11 que les deux pre1nières rcpréfcnrations
ont paru faire fur ceux qui y ont
affifté. ~
On a vu dans _ce pre1nier elfai de M •.
Le1noi11e un Mt1ficien {avant, qui a profonAéme11t
r.éHéchi fur fo11 .Art, & qui s'fn eft
fair u11e idée plt1s haute que n'en ont la plu- ·
art de fes Conf1·ères. Il a cl1erché par-tout
a vérité & la fimplicité; il a fu unir & fo11-
dre er1fe111blc aveê beaucoup d'1ntellige11cc
le Récitatif, les Airs & les'Choeurs, pour forn1cr
de chaque Alte un enf.e1nble vraiment
Dran1atig11~. On a trou~é dans les dérails, des
morceaux d:une grande beat1ré dans diftèren.s
_caraétèrcs. Le Trio de la pre1nière Scène du
premier Aéte a été généralement applaudi.
L,Air de Chryfotemis , dialogué avec le
Cha:ur, ( Aélc 1 , Scène 5 , ) eft d'u11e belle
intention & d,un effet agréable; la fu1 de la -
même Scène: Grands Dieux! votre juflice
enfin .fa fttit connoîtte, & le Cl1oeur, font
traités avec chaleur.
Le Duo qui termine la premièrë Scène
du feco11d Aél:e a preduic t1n grand effet •
Le Choeur q11i commence la feconde
cfl: majefi:ucux, & l' Air qui coupe ce Di~
erri.lfement a été gé11érale1nent goûté; 1nais
c'efl fur-tour dans le troifièn1e Acfre qtie le
tale11t du Compoktcur a paru avec plus
d,avantage; il n,y a pas t1ne Scè11e où il ne fe ..
trouve des morceaux d'un grand talent.
Mais nous ne pouvons diffi1nuler que &
- •

..

llJ~V'':J4U--------- • -
IS MERCURE
Muilqt1e de cet Opéta a paru en général ·
mo11otonc & d'une couleur trop conti11udJc1ne11t
trifre; que le Récitatif efr queîquC'·
fois trop brifé par des rraits d'OrcheRre qui
f uf pendent li coupent fans néceaité le fens
·de la phrafe; qu'au milieu d'effets d·'harmo~
nie favans & hardis, il y en a qui t1e paroi[-
... fent qtte bizarres; que le Co1npofiteur.. abandon1:
ie trop gratuitement fcs 1111odQlations,
ce qui déroute & fatigtte à chaqae i11fra11t ,
J'oreitJe; que le rôle d'Éle.étre, trop continue1nent
tenu dans les chordes aiguës de l~
voix, produit une faire de cris auffi pé11ibles
pour l' Auditeur qt1c pour l' A&rice :·
e11fin, 011 y defire1 oit plus de chant; & ·
nous entendons par ce inot, ce chant c!fen~
riel à route ~Â.t1fiqtre, 1nême intlrun1en-
1ale; qui fe mêle à tocs les ca1·altères; & qui.
n'cft qu,u11e con1bi11aif on de f ons amis, Jiés
par un rhythme fenGble & par des 1nodt1la-

'tio11s l1et1rcufe1ne~t développées, do11r l'e11- -
femble faifit agrbablement 1, 01·eillc, & S,fi
retrace avec fa cil1ré~
" Nous atte11·do11s la. fttite d'es repréfent~rions
de cet Opéra pour apprécier la valel t
de ces critiques.
Mlle Levaffetlr a âonflé de nou\·ell~
preuves de la f11pério1·iré de f on· taleirt
da 11s Je rôle 6 diffici1e d'Élcél:f;e. M·. Larri'..
vée n'a rie11 laitfe à <.i'eJ1 rer dans celui d'O:..
· refte ; N1 lie D t11J J~11r r1161·ite.lcs inê1nes élogt'S
p ot1r celui d'e Clr re1n11 ettre, & 1'011 e11 doit
be!\u~c ttp n\tffi· à ·r,,1. [a:is d~lilS t:elui cl!Ég\ft, ..

• 1
'
-
IV•~-----~---
...
• . -
-



I> E P R A N (l :E. s,
.. Il •'y a da11s cet Opéra qu'un Divertilfcme11t
; il ell: du lieur Gardel, do11t les talens,
clans ·cc ge11rc de ·co1npotition, f 011t ava11ca- -
gcufe1nent con11us par ta11t d'at1tre~ Ot1vrages.
Les lJri11cipaux talens de la Danfe y ont paru
avec ava11tnge, & le jeune Vefiris y 3: fair.>
co1111ne à fo11 ordi11aire, le plu~ grand plailir*.
( Cet Article, & celui de /'Opéra dans le
pricéde1zt lYlercure, ne font paJ de M. d~
Charnois ; il en fora de même po~r tous les
.Articles fui.vans de l'011éra. ) .
- . .

· C Q ME D 1 E FR AN Ç 0 l 'S E •
. E Jct1di 10 Juj11, 011 a re1nis les Phi!ofop,
1ze1., Co&11edic en vers & c11 trois Acte~
par M. P~1I i ffi ['.
Cette Co1nédie fut rcpréfenrée, pour Ia
pret11ièrc fois, e11 i 760 ; elle et1t alors ua
fuccès réelle•nent prodigieux. Sous le n1afqae
des Perforu1ages, dc:: li Pièce, le Public
C"1t rcconnoi.tre des E<..rivai11s célèbres, parce
u'o11 y traduiCoir en ridicule pluliet1rs expref-
1ons emphatiques & bourfot1ffiées cirées de
leurs Ot1vrages, & ~ rrès-1ni11ce mérite d't111e
al l t1 lio11 forcée, ajol1ra beat1coup at1 vét·irab!c ·
mérite de la Con1édie. Qu't1n At1teur con1i--

'
iC JI y a dans le dernier Mercure, Art. Speélacle~ >
annonce de Caftor, une crreu-r elfcnticlle à corriger.
' on y <lit ']UC Cafior n'a été donné qut trois [vis;
c'cft quatrcfois q~~on a VQulu dire •


IUl.JUfiJ'+U-------·---


-



'" M E R C U R r E
que faifi{fc à ropos les traits propres à f-0rmcr
des per 01111ages dramatiqttes qtt'il ap-
·perçoit li;tns les diffëre11s ordres de la Société,
qt:1'il les porte ft1r la ·Scè11e d ' t111e i11a nière
agréable; il 11e fair .qt1't1Cer d'u11 des
privilèges que lui do11t1e Thalie ; 1nais 11ous
'11e ct·oyons pas G}t1'il a~r le di-oit d' exp0Ce1· aux
brouhaha$ du l:>arrerre la perfo11ne d'un
· · Citoyen qt1elco11qt1e. D 'aille~1rs, exifl:e-t-il,
a·t-il exifié une Societé cie Pl1ilof opl1es qui
fous les yeux dt1 Got.1verne111cnr, au fein
mê111e ~e la Capiràle, air cherché à rép.:ln·
dre lies dog1ncs auili per11iciet1x que cet11:
qu,étalenr les Pl1ilofophes nue M. Paliffoc
fait parler ? On peur rép011J1·e rrès- l1a1·8iment
par la négati,,e. IJ efl: bie11 vrai que
depuis e11viron u ·11 de1ni-iiècle,011 a vu paroître
une fot1le d,Ouvrages a11011y1~ës & pr~
tendtlS philofopl1iqt1es , ot\ , après avoit
cherché à détrt1ire les principes les plus r efpeltés
de vçrtu, éle t1101·ale & de r~ligior1,
011 en expofe d'autres d'autant. plus dangercttx
, qu'ils favori Cc11t la corruprio11 des
moeurs, & qu'ils fe111ble11t aurorifer lts ex·
cès de l,impiéré & <lu libet·rinage. ta profu~
fion avec laquelle 011 a répandu ces proâucr
tians e111poifon11ées, efi: deve1~t1e r1·ès .. alarma11re,
& les Aureurs en éranr inconnus, lë
Théârre a dû par<)Îcre le lieu le plus prop1·è
â expof~r au grar1d jo11r l'audace & le ridi-.
· cule de tous ces petits fuccctfeurs des Porphyre
& des Spi11ofa. C'efl vrai(e111blal)le:
ment au da11ger réel de ces no111breux l)a1l1-
• , •
- 1

l
,
D E ; F R A N C E. ,1
hlets que f!OUS de\1ons la Co1nédie des Phiof
ophes, & 11on pas, comme 011 a affell:é
de le croire, au defir de j0uer en pcrf 011nes
des Citoyens co11nus & ref peél:aoles par le~rs
tale11s & par leu1·s 111oet1rs. Cerce idée, dût-
.elle être regardée comme un fophi[me ou
co1nme, èefiiruée de tout fo11demet'lr, nous
y perfifrerio11s e11core, parce que fi c' écoit une
chiinère , au 1noins feroit ce u11c chi1nèrc
hon11êre. .. -
Quoi qu,il en fait , la . remif e de cette
Comédie a eu un très-gra11d fuccès; 111ais le
n1otncnt où Crifi in arrive feus le déguife,ment
d,ù11 Philo ophc, en 1narchanr à quatre .
pattes, lui a prcfque écé fatal. On s' eft tap,~
pelé le fyfl:ê1ne de J. J. Routfeau, & l' 011 a
regardé cetre plaiCanterie comme une .inf
ulte aux mânes de cet hom1ne ~rnmorreL
Des cr-is de ft11·euL· ont interrompu la Repré!9
f entarian; Ja toile a écé bai ifée, & ce n' eA:
qu'après 011 i11tervalle de quelque$ tninutes
~u' elle s'efl: relevée, & qt1e la Pièce a éré
conti11t1ée froideme11t , t11ais non pas fan_s
ml1rn1u1·e. A la feco11de He réCe11tation •
Crifpin a part1 fot1s fo11 dégt1i eme11t, maisdebour
> & tout s'efi paf[é dans l,ordre. Néari·
nloins nol:ls avouero11s qt1e Ja fuppreflion de -
cecre caricature fair to1·r au dé11ouement *,
* Lorfquc le célè-bre Prévillc jaua le rôle de Cr1fpin
en 1160, il ne travcrfa pas Je Théâtre dans Ci
f.rofondcur ~ en marchant à quatre pattes comm~
our Jes Chaffeurs & la Laitièrt;il~profita qe l'entt~
GC r Aéhicc rcpréfentant le rôle de la Soubrette J fc
-
-
,

IV ... VfU-o -4




... •

.. -
~t M I! R C U R l . . ·
qu'elle le refroi1:.iit, & qtte l'arriv€e Ju Phf.:
lof ophe prerendu n'a plus rien d' alfez origi•
11al pour fixer l> atte11tior1, la curiolifé & la
frivole aéin1irarion cie l'èxrravaga11ce Cyda•
life. Et puis, pa1· quelle ma11ie a-r-on voulll
trouver une i1~fu lte J ans une plaifanre1·ie
ce11t fois portée au Théâtre avec fuccès?
Qu'ell:·ce que Crifpi11? Un Valet inrriguanr,. .
qui a fervi un Philofopbe, qui veur fervir
fo11 Maître auprès d,11ne femme follement
e'1têrée d,une tourbe de f~ux Philofopl1es ~
& qui, pour y parvei1ir, {e fert > en véritable
Valec de Co111édie, dn droit qu'il a d~
charger des nual1ces de la bouffon11e1·ic le
fvJtên1e & les p1·incipes du Maître qu'il 3
{ervi. C' efl: ai11Ît qt1e Sga nJrel le, qui a Îcrvi
un 1'1.éJeci11, mêle à q11clques ph1·afes qtI'if
a retenues, 011 j ;1rgon & des ktées-que lui;
fugg~L·e f 011 gé11ie bouffon, & qt1e· le P.a:Cquin
de l'ho1n1ne à bo1111es fot1:unes itnirc,
tn les chargeant, l'air, le ton, les grâces &
les tnanières de Mo11cade. Avec u11 peu de
réflexio11, nous croyo11s que les parrifans les
plus décidés dt1 Citoyen de c ·e11ève,fc11tiro11t
que c' ell: r1·op légèrcme11t & fans n~ceflicê .
qu'ils ot1t forcé M. PaliOEot à fu1J ri111er t1ne
liruarion plaifa11te, & qt1i ne auroir-, rn
nlanière quelconque, effier1rcr la répurario11
cacha derrière fon panier, de manière C}lte p2r un·
timplc 1nouvcment qμ'el~ fit pour fc reti rer, il fui
appcr~u dans fa pofture grorcfquc. Voilà comm~
avec de t·adrclfc & dll ~oûr un Co111édîea .intclli~cnt
fait fIOhttt de tOUt, & tOW: CR\bcl.is . ..

-

' •

1v._---------........------;-----
t

,
• •
' .
I> E F R AN C E. ,,~
~c 1tHom me èic .génie do11t ils font les ad·
miraceurs *. · · · ~
• •
COMÉDIE IT4 LIE NN E •
.. •
E Mardi 11 Juin , on a donné la première
Repréfentario11 du Tréhucliet, Co1nédie
en un Alte & .c11 Vaudevilles.

Julien, fils de Mathuri11,cftl,Amanr aime
~c Suzette, fille de la tnère Madelr.inc; rr1ais
il a eu le malheur de pl,aire à la mère, & il
ne peut la faire confenrir à f on n1ariagé
aveè fa bien-aimée. Comme Suzecte cil
foupçonnéc de fe rendèc les f oirs da11s le ,
jar.clin du pè1·e Mathurin, pour y eau fer avec
fo11 . Ama11t, on place un trébuchet contre
la porte; tnais c' eft la t11èrc Madeleine qui
to1nbe dans le trébttchet; tottt le Village rit
de l1aventure. Julien dévoile l'a111our qu'elle
a voit pour lt1i, &. elle eR forcée de co11Cc11-:
tir à l'unio11 des jeuncs "An1~ ns.
Il y a de jolis tableaux dans cette petite
pjèce; mais l'i11térêt en efl: foihle. L'At1reur.
a11roir dû p1·enJre ga1·de à l'ufage qu'il a fait
de ccrrai11es expreflio11s : par exemple ~
• •
* Fronti11. Cous le déguiCement de Corondas, ...
-:role Va1ècc,ton maître, dans le momc11t où celui- .
ci cherche à lui prouver que tous les bieos font
comr .. u11s. Cc fyfiêmc , tel que Valère l'~taolir, fc:
trou•c dans lln Ouvrage très-famcux.J Dira .. t• · n qlJé
f"rontin repr~ict1tc u11 Phi!ofopl1c qui vole ~ 611 a".!.:
it mrt: ç',it encore Wl Valet qui abufe~ ~ "
• - •



IV~Ul:J4U---------

- '

• • •
. ,~ M E R C U R E . .
Julien âit à Suzette, en parlanc de fa n1ère,
-
-
Ah ! je crains tout d'une femme
Dont j'ai méprifé les faveurs l
• •
11adeleinc a propofé à Julien de .l'épou·
fer; celui GÎ a refufe la p1·opo{Îrion ; ce nl' cd
pas là 111éprifer les faveurs d,une fen1me, &
l,on fait quelle idée on a coutume d,atta.J
cher à cette expretlioJ1. Quan_d au dé·noueme11t,
Madeleine confent aw mariage d\?
Julien & de Suzette ; elle dit :
-
Oui , mon a v.cu hAcèrc
• Vous permet de vous plaire • •

Un ava1 qrii. ermet de plaire ell réelle-:
mc11t une cxpt·c ion infignifiante , & puis
f>n peut: permettre à deux jeu11es gens de ·
s, ai111er fans contrainte, i11ais on ne· peur leuç
permettre de f e plai1 c : on n'a pas bef oin de ·
·permiffion pour plaire quand on a les qualités
qui re11dent aim3ble.
Nous pourrions relever c11corc quelques
autres locutions auffi bizarres ; nous nous
en abfiientirons ; nous n,avons #mê111e fait
ces obfervations que p6ur ~ngager, .s'il eft
poHible , les perfonncs qui veulent faire rei.
aître les Pièces en Va11devillcs, à pc11fer
que .quelr.1ues tableaux, quelques équivoques,
u11e douzaine èl'Épigram1nes & atJt:int ac Madrigaux ne faur:oiet1c forme'r 011 Ouvrage
de Thrâtre, & qu, encore faut- il un
peu .tcf pcéter la Langue qua11d on parle
~TT~
L:;J.L;;J.
a Etjl 1~a E~l i~a n

- •
-
-

-

• 1
..
' -


f
.,. . 1' E F ~ A N C !. 9J"
devant des gens i11il:.ruics , & qu'on fe botnc
à les divcttit avec Jes ln~atclles. . •
Nous pàlcroi:is Elans le Mercure prochain
du. JJiforu"r, Draine en cinq A~-es , ..
qu'on vient de reptéfentcr fur ce Théâtre •
GRAV\JlfES • .


;J4 Ra rvi:a th ]. lo Roa/êdll aw: Cltttm;s 1.ly~
JHs 1 dédiée aux bonnes Mères, deffinéc par J. M •
Morcaa le jcanc, 8c gravée par C. F. Macres. A
Paris, chez l' ~utcur, rue da Petit-Bourbon-Saint·
Germain, la première porte-cochère à droite en cnfrant
par celle de Touroon. Prix, 6 liv. On trouve ,
èhcz le même Atiteur la Réception dt Voltair1 au" ·
ènamps Elyfées ~ '}UÏ fc vend auffi maintenant ·
6 ltN. .
Co11t1nttmtnt p11J".e Ricluffe, dédié à M. Wille.,.
Graveur do Roi, de S. M. )'Empereur & du Roi do
Danemarck, par M. J. M. Bar..Jcr. Pris, i, liv •

·AN NONCES LITTÉ!lAIRES.

...., N vient de mettre en "ente à l'hôtel c1è Tl1ou •
tue des p.,itc•ins, Efai fott la P liyftono111it , uftinl
}z faire conuùr1 l'homme & à lt faire ai111tr ~ ~ar
) ean Gafpard Lavater, Citeyco d~ Zurith ~ &: Mi.
nifu-c.du S. Évangile. Première Partie, petit in-f.lie.
or11éc d'un ttès-,rand nomlite CJc plinêhcs & de
y·gncttes. Pri1 , If 71 liv. brochr..- Cet Ouvrage aur
3 vol.; les Tom. Il &: III p.ato~tront incctfammen't
N••1lh Mhluiti~,,,~n tniore pu/Jlilt, pour plait
tu fil &llltiv1r Ui 11i1ne ; ~ M. Maùpin , irw a•.
l\J-fVfo.l .. IJ ---=-~----~--------.,........._,___-__,...~-----------
'
-
'

·~ MERCURE l l'aris , chez M1.1fier & Gobcrcau, LibrafrcS~ • . -iuai des Augut1:i1t~
Collellion complate its OEu11rts fpirituellts ért '
P. Judde, i:coueillies par M. l' Abbé L&noir du Parc.
Tomes r , 6 lk 7. A Paris , chez Nyon l'aîné•
Libraire• rue du Jardinet; Crapart. prè! la plaec
S. Michel; l'Efclapart, pont Notre· Dame;& à Lyoa.
c'hc~ les 'Frères Pé1i1fe, rue Mercière.
Hijloir~ Uni11erftllt ihpuis le commtnctm•nt tlu.
mo1idt/. ufqM• à pré/ e11.t , compoféc en Anglois par une
Sociét de Gens de Lettres ; nouvellement traduite e11
, f ran~ois,,ar une ~oct été de Gens Je Lettres , c11richic
de fig. & de cartes. To111e XLIII. A Paris, ·cha
Moutard, Imprimeur-Libraire, rue des Matl1urins.
ER1tAr A. ~ans le Mercure d•J 6 Juillet', page 2. I;
ligne f, on lit ces mots: leu; mlprifahlt entlroujiafmt.
Cgmment l'cnthouGaf me <tune Natio11 entière poltl'
an de fcs Auteurs , pourroit-il êtte méprifable ? Il
faut lire , & il y aveit dans le manufcrit, lear
inépuifa hle enchoujisfme. Page 2. f, Jean de Caunt •
cft deux fois 1iommé 111al-à-propos Jean tit Gaunt •

..
T A B L E.
E ~JTtt~ t1. M. Dufaril". ~9 Dttailfilnualdts Fers. Fort4
Ytrs à .A-f de dt "'"', t 1 te, &c. •~
-À ..1W. lt Co11ttdaNord., 52 Acad. Royale dt Mufiq. 11
Y-oyagt de Sauncy. ' f 3 cJomid?e 'Fra11roife; B'
ÉnzK11ft & L".~ogry-,itt • 6c f.!'oniidit ltalünnt, 'J
Hijloirt Je la Maif()fl. dt Bour· Gr«v;i.tu., 9 f
to't, • 61 Anno1:cu Litttra.iru, ii.
Jnnale.s Poitiqau, 76

't
J . • f
t lu , p•r ordre cle ~~t le Gard~ des Sc•wr • le
M~ curt /!~ flror:te, peur le Sa111cru 1 i Jt1il1ct. Je n'y ai
lien t r,'M•Y qui 1>•ifi.- 1 c1n1têcac1 l'&:liprcsi4ilD. A fuil •
k .la. J'uillct 171J.. GU ID 1.
• •


" - t

l •

• . DE FR A CE •



PIÈCES FUGITIVES • •
EN Y È R S ET EN PR O.S E.i •
• - •
• • .. ~ L'A M "A' N T J .A L o u X r.J Épftre•


• .,.
• o o 1 ! pour un peu de jalou6e
1
I • lnBigcr an tel cliâtiment t • •
• \
Vouloir impitoyablement
Brifu 1a chaîne qui 11ous lie t • .~
• I
Faudra-t'il Jdo toute m~ vie ..
Racheter t·errcur a·un moment! . i •

' Cette ",o ix ti douce & li rendre

Qui m'a "tant de fois annonce • .. L'heure où je devois vous attc11dre, .,. ..
Pour jamais d'un ton courroucé ..
..
••
Me défcnâ d'of~r y prétendre! .. .
Votre., bottchc l'a p..rononcé t . ... •
Et Canstmourir j'ai pt1 l'entendre!
Ab! plutôt qu'un heure~ pardo11
Eiracc un in~uftc f qup~Qn • , • • J• • ,.... " ... • • • • •
?î~. . 19, 10 Juillet i 78J.. • - Ji .. •
I
' •
• •

'



..


' ,s ~ER CURE.

,. •
Expié déjà par mes larmes.
Li(~, l'a1·dcntc paffion
Ne pofsède rien fai1s alarn1es,
Et j'al1rois eu plui de raifon
,

~i je vot1c; tro\1vois moins de charmes-.
1·outragcai ce coeur fans détour
Par 1non aveugle frén~lie ;
~..._
•~c,.,... ... ~ l'excès de ma jalovllc -
Prouve l'excès de mon amour •

Voule7.-vous, injufrc & cruelle ,
Lorf qtte fOUr vous trop enfian11~ê
~.- ..
J c vous revois toujours plus belle~ ·


'
l\1e punir d'avoir trop aimé ,
Comme on pu.nit un infidèle ?
1 E voi•s comme11t votre oourroux •
lifc , à vos yeux en légiti1nc;
On 11e pc:ut > dites-voas , fans crime ..
Montrer u11 mouvcme!Jt jaloux > ..
Et qui f oupçonnc méft ftimc.
Ah~ Life, ab}urc2 une crccur

,.
Qui m'offènfe & qui vous irrite ; · ·
Et, croya-moi , je fais, d'l1on..n eu~ ~
Grande cG:ime de votre coeur,
~iais peu de cas de mon mérite.
Le Ciel vous donna ~li charmer.Port
de Reine & traies tlc Bergère;
Tout le mo11dc doit vous aimer:~
4\\-jc fcw le droit de ve>us f~C: o.;
..
-
-


- •
-
• •

-

..
--

..
DE F R A N, GE.
T ot1jours une tendre frayeur
Suie une auffi belle vi~toirc;
Puis-je faos an peu âc terreur
Jouir jatnais de tant de gloire?
..
Si jt prifois moins ~on bonheur •
]'a urois moins de peine à le cioi1e.
JB Cais ql!'on doit à v.os difcours .
Une confian'e .parfaite ; :tl
Votre bouche, chère aux ·Amours,
En jurant de m'aimer toujours, "
De votre ccrur fut l'interprète.·
Mais je redoLJtc le p·ouvoir
Dll peric Dieu qui fe fait·voir

Si Couvent contraire à llii-1nême; : .. ~"""
On ai1ne, hélas! rans le fa voir. i
Sans le vouloir 011 dit qu'o11 aime.
Un coeur peut prefque innoccmmc11t
Trahir la Samme Ja 11lus pure ;

Alors qu'une infidclle abjure
Le vc.ru d'un tendre epgagcmcnt »

Si l' Alnour dic1:a le {.cr.ment.

Il co..nfeille aulTI le parjw·c.
M.its ciel~ où vais-je m'c11gagcr ~
On diroit qu'au lieu de vct1gcr
..
Ttt11t de •cttus' que je ré~éte- , ..
Mon coeur qui put votas outrage~,
Qü iuérita votre colère,
E iJ
..


.
" •
'
- -
-
...
\

-






'

IU4U/""J4:J
• •
- ..

-
.. ..,

....


,,
f OO
' ,




' •

• • MERCURii
Sc repent fans Îe corriger ;
Qvc,de remords l'âme failie.
Qttand je m'accurc devant vous J ...
D'avoir éi.é foible & jaloux, 1 ..
1'ei:ct.Jfe encor la jaloufic.
Eh t c•mmcnt guérir en clfet ' • '
D'un mal qt1e vous avc7.. fait naîtrQ)
Ou quel cft l'amant qui pourroi~ •
~trc jaloux fans le paroftre !
De cette criminelle erreur
Voulez-11ous corriger mon âme 1
De TOS yeux ~teignez Ja flamme •

Ou cachez leur douce langueur ; •
Quittez cc foudre enchanteur ,
Qui dei ycuI p~tf~ ju(~q'au CtlUr,
Et ql1Î l'attendrit ou l'cnftammc i
rcrdci ces parfums rcnaiffans
De votre bouche k vermeille; If
Cette voi2 , charme de mes fcns 4
Qui fcplbl1 de fcs doux accciis •
Jrappcr le cce'1t' avat1t 1·orcillc~
N'ayez plus cet cf prit 6 doux,
Qtii vous '1onnc an peuvoir fupreme;
'n un mot ,'c~lfcz ~'être v9as 1
it je ne ferai plm .pioi-m~mc. •
l.(Atl non; q•'cn Toas dès cc momc~ .
~' trouve uac amie intluJgcntc;
' ~. N~'~' c~ IRC ferç.A\
'
- ,



,
1 •
1 •

LI

La ' ..

Plàde .. > j •

r




OD a(. m'i



tV~'Ul 1J111.IJ------~---~----~----........_.,. ., -•
-
• •
I
• •
• • - •
,
,
E xpli.cation de l' Enigme & i/u Logo1rJ:phe
du ltler.curc précident. .

E mot de l'~~nigrne eft le mois de Déctmhre;
celui dtt Logogryphe e!l Ba.ffinoire,
où f e rrauve11t rjs _, ,,r,, ire_, haffe _, hqf{on,
fi, ré_, Rpi ,, ane , rof! , {oLe _, oie _,fair.
• •
\ . • •
Ë NI G ME • .
/j ..
o u s (01nmcs ,' éhcr tcde11r, deux ~rraoges
J feme 1lcs;
Jcmelles pourrant Gr~rs, mais to11jours en querelles.
Veax-tu favcir qui fait notre divif-ton ~
Un modique intérêt, un grain dans mot1 giron
''a Cou!cver ma fcrur , &. rnoi je me fduléve ..1 . . t -
Si l'on donne à m~ Ccrur ce grain q~c l'on m'enlève.
Notre ndm ne doit point te eau fer embarras;
Car tu fus maintes.fois té111oin de nos é!ébat~.
( ParM.feBarhier e., de Bondeville ,pr~s Rout.'1.)
• .... t • . .
• #
• 1 : n 1 rw J!!! a , . z z ..
• •
L G G DG R · Y PH E • •
u 1 s Q u E t· on :veut bic11 me f~ccr ~ ' . En me donnant place: au ~iercurc a
Ma foi je vais en profiter,
Quand je dcvrois ex,édcr- la mcCurc. •




'

..
-

..

Jm~tcr la réalité

Efi mon bue, elle cA: mon mod ' I~.

J'en fuis la copie 1n6Jclle ;
Mais j'atteins guelqucfeis fi b.ien la vérité, '
Que, me diCccrner d'avec elle,


Pour les plus clair-voyans a f~ diffic~lté. •
Le nombre.de: 111cs pieds. cfi celui des mt;rveillcs.
Par leurs combinai Cons , At1diteur ou l;ccfteur,
J'ai de quoi fatiguer vos yeux ou vos oreilles.
In moi v~llS ttouvcrc'l., l1_prdi N av.ig3tcur.
1Fulliez-vous ~mir:il, Comodore ou Corfaire •
,, otrc cfeoir & "fottc tourm~nt; ·
Vous y verrez. aufli cet iofir.umcnt
Que le calme vous rcod. qoclquefo~s ntcclfairc ;.
Un Qom qui fait La peine ou k boalieur ·
D'un couple que l'Hrcn1cn aifcmblc.
..
· Changco11s; pour me gravir, le plus courageux trcm•:
ble, •
Mes foeurs 8c moi dominons 1·u 11ivcr~;
I.e mot doable, & mon aom étant unis "nfcn1blc~
Vous défig;,cnt le lieu d'o11 partent les bo11s vers;
On trou'te cc qui rend leur façon difficile; J
une arme; un Moine; \JA poids; a·cau f angcn c an
amas;
Un mal qui eau Ce le trépas;
'Un Écrivain de l'Évangile;
Un attrait que n'a pas toujours u11c beauté;
Son iaé''Îtable défafire;
Et tlu culto- de Z0r9afirê •

..

E iv ·
'
..
• ..


..

• •


'
I

'
,
'


- •


lo4z M E R C ti R~ E

t1n Minifire très-r~fp ell:é; • ~
Chei. les ~tire~ une êi.gnité ;
Des Rois de Frascc one f~ric; . •
... '!t cc fettfRc divin qu'annulle la Métric; •
1.1e ta boîte> Pandore ' OR voit UJl des fléaux ; ·J
Chez-moi, des bras ncr~cux de toutes les nl~11itrcc.
Battent cc dont oa fait• du pain ou des gâteaux;
On trot1vc encore •ne anfe où les rivières,
.A. l'abri ôes gla5ons, co11~iennent les bateaux ; · ·
En quelques .lieux la mcfure des terres; .
Un des produits êle l' edorant b~in ·
Que cl1crchc fur l.cs 1leurs certaine République,
Et les fepc tons de 4i mufique. ·'
€'eft alfcz s"occupct d'un trâvail enfant~ · ·
' . (Par M._Lincoln ~ ..11.nglo-Aniéricain~ ) .
..
- . ~ -~ · • • .IJ. . ..... , . ,
· --~~--~~--·:.....;.~~--_..._....--...~--...... -- • •
NOUVELLES LITTÉRAIRES. 1
• • ' . . .
B Lo GE d'i! ·M. le Marquu de "Courte1tyaux,
pronont:é dans la Stance pab!iqt1e
de 1, Acadén1ie Roya le des Scie11ces. .. , le
. 1 o Avril .. 1782, par M. le M~rqt1is de
l Condorcet , se cre'ra.1 re perpe' tue l d e
l'Académie, l'un des Quarante de 1, Académie
Françoif e. A Pa1·is, chez Moutard,
· In1primeur' 1·ue des Marhur-ins. / • •
E s Sciences font toujo11rs la gloire
ou le bo114cur de ceux qui les culrivc11c, &


1
• •







DE f R A N C E. tof
fouv~nt èlles font l'un & J'aur1·e. ~I. de
Condorcet , qui 11'cxagèrc pas, mê111e dans
des Éloges , où lï11rérêr de !'Écrivain ert
d'avoir beaucol1p à lotier, 11c place point le
non1 de M. de Courr:11vaux parmi l~s
non1s célèbre~ dans !es Scie11c.es, 1nais il le
rc11d à ja111ais cher ~ ccfpeÇlable .c-n le peign:
int comme ltn des hon11nes qui les a Je
plus aimées pour el!es .. · n1êmes , pot1r les
fct·~iccs qu'il ptluvoit leur renlit·c en leuli
co11(:.icrant fo11 temps & fa forrune. 11
· paroît rr1ê111e qt1e M. <.ie Courte11\·at1x .,
,; qui a fait des découvertes hcureμfes en
Chi1nie, auroir été capable Cl'approfo11di1'
quelque Science, fi routi·à cour il n'avait ,
pas voulu les culriver routes ; il y cher- ·
cl1oir fur· '011r fon bo11het1t, & Ce~ livroic à
la curiofiré, toujot1rs Hlus vive lorfq11'cllc
cha11ge fouve11t d' objers. ·
.. 1'4.... de Courte11\·~ux qui, en 1740, avoit
fair la ca1npagne de Bohê1ne & de IJavière
à la tête ·dt1 R~in1ent R<1ya1 dont il étoit
C0Jg1Jel, fut obligé par fa Ca11té de quitrer
le fervice en 17:+5·
,, Cepe11cla11r, au bout de quelgues a111"
H 1Jées, le repos rétablit f es forces ; maii ·
,, alors il eue 'un en11e111i ter1·iblc à coin·
» battre ;· le défoeuvrc1nent , avec 1, e11nui ·
,. qu'il cràîôe 3 f~ fuite, & qui en cft:, pour
,, ainfÎ dire, la pt111irio11. Né avec le gou~ de
,, la Ginpliciré & de l'indépe11d\1nèe, il ne
,

~ rrouvoit dans la So_çiéré que ae la gêrie;
,, les plaifll"s de vânité attachés à une 'grapde · ..
Ev
'
IU'4Uft1~!J----------

1


-
- • -
'106 m E R C U R E
tl fortune 11' éroienr riicn pour lui , & les
,, pla1{Ïrs réels ne peu~e11t ft1ffire a11 bon,.
heur que da11s les prc1nières an11ées de la
·. · ,, jeuneffe. Plus ils ont été vifs, plus le ·
,, ~uide qu'ils lai!fent lorf qt1e l'habitude a:
..
,, flér1·i let1lis pre1niers char1nes & diffipé
,. leur illufio11, devient diflicile à remplir.
~ Tu'homrne occapé' qui les rega1·de co1n1ne
,., un a111ufement, petit leur de\1oir des i11f''.
ta11s heureux; 1nais ils ne f onr qu'~11 oh C-
~ tacle d~ plus au bonheur de l'l10111me,
" qui croirait, en s'y livr·~1nt tout entier, _
'" trouver une véritable relf ource. Il paroi -
,, foit n'en devoir refier auct111e à 1'-1. de
,. eourtenv:ttlX, dotlt }'éducatJ0ll avoir été
1 ~ très· négligée. Heu1·et1fe1ne1ilt un goû~ ~a,,
tiurel psur les Sciences le fauva ; elles
,, dcvinr.ent bie11tôt f 011 unigt1c occupation.
,, Comme il 11e s'y livra qt1e pour évitet:
,, l' oifiveté , il les traira trop peut - êrre
. ,, comme un fimple 3l11ufeme11t, les pre,,
nant & les guirra11t cl1act1ne tot1r·à-rot1r.
• & à pluficurs reprifes .... s'y livi::a11t avec
,, trop peu de fuite & de co11ftance poui:
,, u1érîter dans aucun ge11re le titre d,ho111111e
,, vraiment profond, titre qui ne s'acquiert
,, jan1ais que par un travail continu & opi,,
niâtre. Ceux qui croient qt1c les Homn1es
., de génie font difpenfés de cette c011dirion
,, à laquelle la Nature nous a conda1n11és,
., ne font qtte rot1ver par cette opi11ion
• co1nbien . ils onr élQigné'5 d,être de ce ,
.. nombre.• ' .

..
...
fV4·ur---------,..------~~•

1

• •
D E F R 'A N C E. 107
C' cf\ 011e rtéflexion bien vraie & bicn*profo11de
q1;1e celle-ci, les plaifirs réels ne pt~
11ent fuffire a'u honhe11,r qu~ dans les pre ..
' mières années de la jeuniffe ; . & alors même
ils 11'y fL1ilifçnt pas; c' efi dans l'âge c:ies paflio11s
q11'on a le plus d'art-leur polir l'étude;
c'ell lorfqt1e tour apAellc J,l1ai11me aur plah
lies, qu'il s'arrache à Jct1r (édutl:ion · pC!ttr
all~r cl1er:cher les périls & la gloit:e. Ferguf·
fo11 a étonné d'abord 101·fqu'il 1 &' in1pri1né
que le bonl1eur 11' éroit pas da11s lés p~aifirs,
mais dans l'a&ivicé la plt1s ércridtte de tout.es
11os f~culcés, 1nais d1ns Jcs loi1-1s & da11sles t:ra·
vaux par lelquels-no115 1:ccl1e•:cll10Ji1S J,ts plai·
ftrs, la forru11e ot1 Ja êélébrité ; il tiouJ a
!beaucot1p furpris, majs :.c'eft que <.1uelquefois
il n'y a rien de plus éro1111a.nt q\le ia
I • I yer1ce. . ..,.
lvf. de Cot~rte11v,aux, n1arié très·jet}ne;
fit1t père à feize ~rrs. Il donna1 à f 011 fils
11ne 111cilleu~e édttcatjo11 ql1e celle qu'il
.a\Toit reçue. Son. fils eut,· a<Jn1m~ Jt1i, Jcs
~oûr des Sciences; il le t e11oir de )a Nature.
·OU, ce qui eA: à peu·près la 111ême chofe, .do
[011 père; 111ais 1'1. de Monr1nirail prit de
bon11e l1e11re l'habitude du crav.ail, & il fii
bic11rôt des progrès. .. --
,, U11e Place d'Hono1~ire à l' Acadén1ie
~ étoir le feul objer d1a1nbitio1:i Gonr M. clc
.. Cou rce11 atlX n'eût ~1S rait le facrifice i
.. n1ais il fav:oif que [011 fils av.oit le in~tnc
_ J.icftr; il ft1t lui caclier (es viles ' & y re·
~ noru:ec 11our :touj.ours; L'idée dë fuecéda:
E ~j


' •

-


,

-
uwr-.J4u---~------
,



... -

1


,


toS M E R C U R E . -
~ à fon fils ne fe 'préf entc point à l' ef prir
>I d 'u11 père; cepe11dant l'Académie eut le -
:.1 1nalheur de perdre l\1. de Ivlont111irail, &
>' le regretra co1n1ne u11 des hom1ne~ de fon
" érar qui do11noie11t le plus d'efpérancc aux
., Scic11c~s & à la patrie ; elle crut devoit
,, lui' cho1iir fon pere pour f uccetfeur; elle
· *" off1·ir à M. de Courcenv~ux n1oi11s t1ne
,, Place d'Acadén1icien , qu'une afiociatio11
" ' av.cc les hommes qui avoie11t le tnieu~
·· • connt1 fon fils., & qui l, av oient le ·plus
., cfiimé; elle u11iffoit fes rcgrccs aux re~
,, grecs d'un père, & rcndoit à la piété
., filiale de M. de ~iontmirail u11 tr-ifie &
• dernier homtnag(9. ,... . .
- le fi)' le de M. de Co11dorcct cft calme &
rranqt1iJle ;· inais au milieu de ce fil~11ce,
pour.ai11fi dire, les fct1rimcns dotlX & " te11-
GCCS qu'il exprime pé11èrre11r plus ava11c dans
le coeur, & il 1ie 111anqne ja(11ais rle faifir &
de rendre J·une manière tet1chantc tous ceux
que lui préfcntent f es f ujers.
M. de C0urtenvat1x ai1noir particttlière·
mc11t la Méchaa1ique, & il a voie du ralen'
mê1ne pour exécurer lui 111êt11c des inachines.
Il pcéfe11ta un joui· à l, Acadé1nie u11 i11tlrt1-
mcnt inventé par M. Jat1rat; il l'avoir exécuté
lui-même,&: y avoir gravé cette infcripr·ion:
/:A.UR.AT invtnit, COURT.ENY~~ux fe,·is.
Là modell:ie de ccrte infcripcio11 cfr bi.en
icmarquable, lorfqu' on fait que ~1. de Courtctivaux
éroic un dcfce11da11t du fuperbe
Louvois 8'. du. Chancelier le T cllicr. t


l'Jl'l"Cl7'""T"" ________ _
1
D E F R, A N C E. r IC'
- M. dè Condorcet.a fait,,,un parallèle âè cc1
deux A11cêtre~ ,te M. de Courccnvaux , & cc
111orccau ,qui or11eroit.,u11e Hifi:oire du tîèclc
tic Louis XIV, i11érite à plus d'un égard J' être;
• I • • • '1ce 1c1 tout c11c1cr.
'' Le Chancelier le Tellier , trisayeul de
,, M. de Co11rte11vaL1x, a v.oir fo11dé la gr an~
.. deu1· de fa famille J qllC le Marquis ac

" Louvais, fc.11 !ils, accrue CJlcore.Totrs deux ,
,, one rno11tré tine ·grande: habileté da11s les
» aflàires; mais la fi11eile do1ninoit da11s la
,, p<>liriqt1e dtt pèr~, & la fe1·mcté dans la
,, conduite du fils. Tous deux étoie11t infati-
N gables da11s le cravail, fi111pJ,s & aufi:ères·
,. da11s leur \1ie prÎ\1ée. 011 lcu1· a reproché ...
.. égale:nenr de la dureré & l'an1ot1r du def'~
porif rne. Ils patfoie11t pour i11flexiblcs ;
» 1nais le Cha11celicr avoir été fouple fous
» Mazarin, & LotJV<)is 11e plioic pas inê1ne
,, fous Louis XIV • . L'un \1oilojt ion carac-
1!* tère fous les del1ors de la 1nodeftie & par
., la pratique des vertus rrligieufcs; l'at1tre
., fe plaif Qic à le déployer tout entier. la

__,~ fortu11e que laitfa Lot1vois fur ii11n1r1~fe,
» & elle éteir foranée coure c11tière par les
,, dons répétés de l .. ot1 i~ XIV. On tÛr éré en
,, droit d,exiger dt1 l'v1i11ifi1·e plu'S lie _modé,.
rarion; mais fes e1111ea11is 111 ê tne n, 011t pu
,. accu fer fon i11ré ri ré, & l'on 11e croyois:
., pas alo1·s qu'il ûr pern1is de poi·ter Je
,. Jéfintéretfe1ncnr jufqt1'à refuffr les bien-
JJ faits du Souverain. E11fi1l, la Poîrér1ré, -
• qui fc 1appclle avec tcfrrur la fé\1éiité

..
IULJUl'U4U-----~-~---


_.,.
- ,

'11 o M E R C U R E
,. qu'il mo11tra tians l'exercice du droit
,, rigoureux de la guerre, & qui ne peut le
,, co111prer au notnbre des Minifires amis
,., du lleuple , n' atcache poi11r encore fes
'' regards fans quelque adlnirarion ft11· ce
,, Mi11iftère illufi:ré par tre11te ar111ées de
,, viétoires9 » · ·
-
Voilà 'bie11 cette variété d'objets & de .
to11s q\1'adtnet ce ge11re d'Éloges ,,.. & que ..
fouvent 1nêtne il rer1d 11éce{faire. 011 a
peine à c0111pre11dre co1111n c 11t des Hotn mes
de goût & de talent affe~e11t d,eflimer ~1eu
ce g~nre , dont le cara él:ère p1·i1~cipal efl
d'ad1netrre tous les to11s, & par confeqt1e11t
tous les ralens. Il ne 01n1nantie 1·ie11 c& per4
mer tol1r. Il feinble que cc ge11re de·1roir fi11-
~uli èt·etnent plaire à tot1s CCll x qui ont qt1clquc
v,1t·iéré da11s i· cf prit, dat1S le rale11r & da11s
~es con?1oilfa.11ccs. Qt1' 01111ou s 1Jcr1net:tc qt1el·
· -qucs réHexions là-dcffus. (J'efl: ft1r·tout c11
~ifa11c M. de Co11C\orcet qu'on (e1·1r le rné1·ice
de cc ge11re. ,
On a difli11gué deux gcr1rcs d,Eloges ,
]~Éloge liifl:0riqt1e & },Éloge oraroi1·e. ,,CQtte
âill:it1él:ion eft. r1·op 11~~t1relle elle fe préfe11tc
trop d,t·l1c 111ê111e pot1r 11'êrrc·pas adop·
tée par tout le 1noi.1de. ~-es Oraif ons ft111èbres
de Boffuct font des Eloges, les l)ifcot1rs
âe Fo11tenelle Ct1l-· la v,i e /3{. les Ouvrages de5 ~
Sava11s font auffi des 'l:t:loges) ina.is ces Ouvra·
ges qui n'o11t rien de co1n1nuA 11i da11s l~ul'
for111c, 11i da11s le r<.)n gén~ra l de le11r fty le> 1ii
~s l,cf pèce de ~alc11t qu,ils fi ppofe1 t ~ ni
...
..

-


DE FRANCE. 111·
· dans la nature des imprcffions qu'on en reçoit,
ne peuvent pas être co11fidérés comme
des Ouvrages da mê111e ge11re. L.a 1·aif on &
Je goût auroient fait cette diftinél:ion, &
s, en f cr.oient tenus là; mais l, ari1our-pro prc
ne s' arriête pas où s'arrête la 1·aif on. A p1·ès
a:voir ér•bli c~tre diftinâion , on a vot1lu
encore éra~lir une préémiqe11ce. Les Au- ·
tcurs des Eloges <.5tatoires ont voult1 que
le ge11re hifr0rique n'eût que la feconde
place. Il 11e faut pas croire cepe11dant qu'il!
aient éré rous égale1ne11t e1nprcffés à fe mettre
ai11fi au ptemier rang e11 vertu de leur
décifio11. IJ en efi qui fo11t trop au deffus de
ce ge11re pot1r avoir Je befoin de l'élever Ji
hat1t. On ~ peut même . préfi.1111et· en général
que c~s Ecrivains fi inqt1iers fur la place
q11'ils occu pet:ont , ne fero11r pas inis à la
premiète par lâ poftériré. Le gé11ie a beau• ·
coup.. .. â' orgt1cil & ptt1 tie va11ité; il ne laitfe
poi11t troubler fa Nie & i11ti1nider [011 t ent
. par les arrêrs qtte p1·ono11cent aurot1r e lui
lt: rnau vais goût, l'ignora11ce & le defir de
nuire; 1:i1ais ii ne pro11011ce poi11t 11on plus
d~rr ê rs; il p roduit: faucoup & jl1ge peu.
Les regards l:1ns ceffe fix és fu1· (es uvrages
& fur Ja poftériré, il f 011g ~ a perfclèionn(:r
les uns pot1r (e r~ndre l)autrc favorable. li
,auroir le os magna fonatr,rum ou le vis
comi.ca , qu'il 11e ~1·oiroir poi11t qt1c ce foie11'G
ies ft gnes auxq11els la N,1rt1re a m31:qué ex~
E1uf1vemc11r le gé11i~. G'cft l'a111our propre
de Marivaux qui s'étoir bien arrangé pour le
-•

• •
I
1
-




..
- ' • ,
1 ri .. . M E R C U R .E ' .. ~
ionl1et1r de fa vie. ~1a1·i vaux· croyait q·ue le
genre co11iiqL1e ecoir le pre,nie1· de tot1s, &
11e ct·oyoir pas que Moliè1e t"llc le prei.nier
J>oëce de ce genre. Quand on l·efu(e la préén1inence
à celui-là, on juge ble11 que ce
n,eft pas pour la do1111er à J'aurrcs. Marivaux
difoir que ~Iolière 11'avoir faifi que des
iraics qui faur(t11t aux Y.eux de tout le 111011dt=;
que c>éroic u11 Peintre de d~{fus de porte. A
la n1anière dont ce jugel11e11r cfr m~îivé, 011
voit bien que celui qui le p1011ooçoic
~evoir croire qt1e 1· art de faifir les trairs
l.es plus· deliés, que la fi11effe de l' elprir éroit
la· prcn1ière q !l!liré dtt raient. Si ce }Jt·incipe
étoit vrai, Marivaux feroit le p1·elnier Au·
ieur co1niqt1c, k voilà pou1·quoi c,e pri11-
cipe éroir celui de Marivat1x. Cet Ecrivain
avoir un extrê1ne atnour-proprc ; mais fon
a1nour - propre éroit dot1x·, & avc.>it de la
cru1Jeur; il · l:iif(oit écl1a pper fes P.rére11-
tior1s, & n·accaquoit pas, ne blelfoit pas
celles des autres. Il fe 1nettoir au deifu.:i He
Molière, & rc11doit jt1ftice à Dancourt, à
tous cct1x qL1i couroien·r avec lui la 1nêl11c
C?rrière. 011 en fait plus qt1e cela aujourd'hui,
~< l'on poL1rt·0ir do11ner des leçoMs de
finc!fe à ce Marivaux fi fin · dans fes Garages
, & li 11aïf dans f on an1ot1r-propre.
• Par111i les ~crivai11s qt1i ont parlé des
cle11x ge11 res d,E log~s, . M. Tho1nas eff: fa11s
doute f.lt1 de ceux à qtti il apparrenoir le plus
d, en 1narq11er les rângs, & il cft probable
qu'il l' cûc f~it s'il a voit pc11fé qu'il fût utile ,.

I




• .. •
·DE --' FRANCE. ,1~
·&: honn~tc de ~xer cette préét11ineRfC.; m~is
ce n' cfi: pas M. J:homas ui , pour rabaiifer
le g(nrc hiftoriquc, & ur ·- toùt ceux qui·
s'y difiinguc11!, a dit qu'il fcroit dans 11nc ·
maci11ée dix Eloges co1nn1e ceux qui ont ~
in1morralifé Fontc11èlle. M. Thomas a·
mieux faic , c'efc en loua11t Fontenelle &
non pils en lé rabailfant qu'il s'cft 1nis au-·
dctfns de lt1i; il lt1i a confacre , tout un cl1apitre
dans on Effai fur les Eloges., & ce ~
chapirre e au~deifus ae·Fo11tenelle êans .le·
:gc111·c de Fonte11clle ; c, cft 11n chef-d' oeuv.re·
d' eli rit & de fin elfe; mais c' cA: certc cf pèce .
de 11effe faJ1s laguelle on ne pénètre p~s àe
ees idées Ïtnporrànrcs EOUC Je -rggût & pour'
la raifo11; c'ell: cette cfpèce d,rlprir qui cft
le gé11ie des nua11ces & des chofes délicates. IJ· î ho111as, da!1s u11· aur,rc cl\apirrc Jq" ..
me1nc Ouvrage, a r:lpporrc avec la plus
gran"ie in1partialité -roue cé qu'on peut dire
.pour ~ contre }es Cieux genres ; lorfqu'il
plaide pour les Eloges hift.oriques, 011 croi·
roit qu'il 11,en a pas fait d'autres.
,, Des ho1n111es efli1nables, dit-il, pen,.
fe11r qae les meilleur~ modèles Je c~s
,, 1orces d'Ouvrages,(~dcs Eloges) font ou les
>J Vies des Ho1n111cs illufires de P1urarqt1c,
,, ou les Éloges .tes Sa \'ans de Fontenelle
,. c'c~à-dire, qu'ils vouqroicnt un fim Je
,. Eloge hillorique mêlé de réflexions, a111
,, q11'on fe pern1îr jamais ni Je ro11 11i les
• n1ouvemens de l,Eloquence. Ils fonr per-
• fuadés que l'Ecrivail1, borné au rt>le d,Hil~
'
• •
• • •

~ -
..


fV~UJ:J.iJU----,..--c-----

,

1

\ •

114 ,. MERCURE-
,, torien Philof ophe, doit mieux voir '&
.,, mieux peindre ce qu'il voit.; qu, en chcr-i:
,, chant moins à en iinpofer aux aur1·ei, il en
~· impofe 111oins à ll1i ·mê111e; que celui qui
,, veut e1nbellir exagère ; qu' 011 perd du
,, côté de l' exaél:e vé1·iré tour ce qt1' on·
,, gagne d.u côté de la chaleut·; qtie pot1r être
,, vrai1·r1ent utile il faut p1·éfenrcr .les défauts
,.,. à côté <.ies vertus; qtte nous a~ons pltts de
,, confiance dans. les }lo1·traits qt1i nous ref-,
,, femblent ; que toute éloque11ce · cfl: t111e
,., ef pèce d'art do11t 011 fe défie, & q1.1e
,. l'Oracet1r , e11 fe pafilo11na11t , 111er en,
>J gartle contre lui les efpi·irs f~gcs , qui
,, aiment mieux raifo1111cr .qué 1-cntir. ,,
· On fe11t_,,bien que M. Tl1on1as 11e doit pas
être cmbarralfé pour faire fenrir & prévaloir
e11f uite les ava1~tages dl1 genre oratoire;
tll..aÎS on voir au 1il1oi1.1s qu'il n'a t1i âiffi- .
~nulé ni affoibli aucun de ~eux qt1'il faut re- -
c.o11noîr1·e na genre hiftoriqt1e. Nou-5 o(er-
0n.s cependai:1t rr.prencire utie phrafc de cc
n1orccau. Cct1x qui attaqQe11t le ge111·e ora·
toite , 11'011r )atnlis e11tcndu qu'on ne ,Jûr ja·
x11ais fc prr1nercre ni. le ton ni les mouve.,
mens de l' Éloquence ; ils veule1;it qt1' on
~'~lève à ce ton, & qu,on s'aba11don11e à CC$
D10uvcme1~s, mais avec le fL1jer, & da11s les
111on1c11s où les objers dont on parle feront
de gra11des imprefiio11s ft1r I' efpric & ft1rc
i ·a;11e. L:e ge11rc oratoire ne pe1·rpet qu,u~t·
tot1 0 celui de l'Eloquenc~, a11it11ée par les ·
paffia11s ou éleYéc par les idées ; ~ais il cft

-

IU4u---------

• -
D E F R ~ N C E. ttJ'
·ats momens où le plus beau Cujec ne four~
nit ni de grandes idées 11i d~ gr.:indes pallions.
L,Orateur cependant ne c0n(entira pas ~
déroger au gem1 ; il v;oodra. toujours être
élo~uent, & tourra rifque de 11'être fou~
vent que déclamateur. De genre hifror,iquc
au· co11rraire ad111ct tous les to11s, & ne s,cn
c:om111ande at1cu11; il s,abailTe & s'élèv~ a~ec
le fujer. Le genre fe prête à tous les llrles
pot1r s,cnrichir de toute~ 1 les beautes. Les
Vies des Ho111mes illufi:rcs de ·nlutar'lue en
offrent un ~xemplc & ur1 modèle. Le Philo"
liopl1c de Chéronée écrit en ~é1léral comme
u11 vieillard qui fe plaît à inêler tous lçs feu .
vcnirs de fa vie aux faits qu'il raconte. It
com111ence ordinairernent P,ar la généalogie
de la fan1ille de fon Héros ; & con1me le
talent de f uivre, fa1~s fe brouiflcF, une g~n~
)ogie un peu longue efl un don qt1e le Ciel
n,a pas fait à tous les efprits ; qu'il en cfl:
d'cxcellens d'ailleurs qui ne fave11t plus où
ils en font dès que la fouchc la plllS illuA:r.e
fc divife en trois ou quatre branches , le
bon Plutarque fait dans cc genre les bévues
t~s pl11s éno~tnes. Dacier. & Je OE;raduél:eur
Anglois le relè,1cnt fot1vent à cet égard, &
j eft clait ·Att'ils en favcnt plus que lui ]à-.
dclfus ... S'il a occafio11, & cela a1·rive fou•
~cnt, de parler d'un ufage, d,une loi, d'u11e
r-cligion, il en fera l'hifloire e11 f~ merrant'
peu ei1 peine de favoi1· li elle fera lo11gt1e ou
courte. On dirait qt1,il ne raconte qu~ pou.tt
lui·1nêinc. Il fc ti·ompe c11oore- très-fou\'en~
-
-
..

-

IU~'Vt•Js.to-.....-~----~-------




., .
' lt' MERCUlt!
.lans, ers retherches li1r les origines.· Ne!· -A11riquaircs
ont ane critique bie11 autre111~nt c
infaillible ; mais pot1rta11t ~avec toutes ces .
méprifcs, avec routes ces bévues, a'Tec toutes'
t;CS erreurs, 11ul Ecri vai11 ne votts fait,. 111ieux, • connoîcre I 'Antiquité. On croie l•t voir s, élever
toute e11tiè1·e de fes rui11es avec fcs Temples,
fes l:>ieux, Ces Légiflareurs & Ces Hé- ~
ros, à 111çf urc que le vieillard Thébain parle
& raconte; mais on fe tr.01nperoit beaucoltp
k 1, on croyoit que fa narrario11 eO: tot1jours
lente & tranquille, & ne s,élève jamais aM
ton & aux mouvemen.s de, /' Éloq1,ence. Ses
récits s1a11i111e11t & Jevic11nent rapides aux,
mo111ens des grandes ~évolutio11s & des c~,
talt1·ophes- de l'Hifl:oir e. Il trace alors des
tableaux qui.ne le cèdent point e.11 ''igueur
& c11 colori à ceux de Tacire & de :f itcLive.
On croit voir un vieux Gu~rricr qui fe
repofoit .rranquille1nc11t fur Ces f<>yers
do1nefliques, & qui, cnttndant retentir les
cris de la guerre , fc lève, fe revêt de fe$
artnes' & retrouve encore tout le feg de c~
jeunelfe dès qu'il s,agit de co1nbattre pour
, la patrie & pol1r la ·gloire. Cetre manière
de raconter cl\: bien de l'Éloquencc. Plur.lr'
lue fait faire. p'arler fes Héros con1me il
fair les faire agir; il a l,Eloque11cc de l'A11·
tiquicé ëo1n1ne il en ~ la Philofopliic. Je,
cloure que dans Tacire, Tite- Li\•e & Sal-.
l11lèe on rrouvâc ltn plt1s beau 9ifcours que
~clui de l,aîné de~ Gracques au Tribua1
Sulpit1us. Plutarque a c1o11• pr0ur:é · de11aia

• •
-

..
1uq~---------

..
• •
D .E P R A N C t. .. 111·
ong-tcmps que le gc11rc <les Eloges hiftor!.
qucs P.ern1et le ton & les mouyemens de l'E-.·
oquenae ; n1ais M. Whomas a mieux fait
~11corc dans fcs Eloges des· grands Hommes;
il a prol1vé que l'Orateur poavoit êrrc fourcnu
par fon g~nic, lors même qtt'il ne "\
·l'étoir potnt par les aêlions de fon Héros; ..
qu'il pouvoiç toujours être éloquent fans
exagérer lcs ·verrus ou les ralens qa'il lone t
~arec qu'il tro11ve da.us fcs pcntèes & dans·
les fcntimcns l' ~lév,ation & l'i11térêt qui ne -
font pas toujours dans la. vie de t•homine
qlil'il célèhrc : qu' ca.fin, fi tout Hifl:oricn &
rout E~rivain peut être éloquent par intcr~
allcs , Je titre c1·0rateur n' apparticn.r qu'à
celui qui fait rét1nir dans f 011 imagination
tous les trairr éloqucns <t:nn f lljct · po~r ca
·former Je tiffu continuel de f on~f>ifcours. '"

(Cet Jrtic/e eJI <le M. Go.rat. ·) ·
/ . •
Lz Ch~alier ~e Jordan$, ou A.,enturt$ tl'u11
Provincial , en deux Parties. A P.aris ,
· citez Bafi:icn; Libraire , rue du Petit.
Lioii , près de la nouvelle Comédie
: FranÇoi(r. ' ·.. . .

Ce petit Rotuan cil compofé de deux Par~
ries, q•i ne fe rclfcmblcnt nullcn1cnt. L,une
dl: une ctiriquc de nos moeurs , l'autre cft
le développement d'une aélion inrérclfante.
. Jo,irdain , cadet •c trois frèr~s, nés tians
à hô~e l.iouiscoifie à Marfcillc, Tient à


,
,
\
..

-
• ,.....

-
, -
·111 ME' RCU'RE na ris aV;eC cent: louis que f on père lui a
6on11és pour y pa!fer une an11ée. E11 arriMant
· clans la Capital~ , il réfléchie · fur. foo
' nom, qui lui paroît excefiiveoec11t co1nmu11.
& il fe dé,ide à e11 changer. '' Après bien
cles co1nbats , il 11e ~oulut cependant: pas rcno11cer
entièrement· à la feu le chofe qui Je
liait encore à fa fa111ille; & , par acco1111no,.
dcment , il prit le 11om de Jorda11S , qui
lui parut plus f onore. Mais fo11 ambition
n~n olemettra pas-là ; il :voulut a'loir uo
iitre; où le troùver ? eh bien , dit-il , je fuis
:le plus jeune de mes frères; les cade~s font
ordinail·ement Cl1cvaliers, je m'appellerai
~on~ le Glïe~alier de Jor.âar1s. ,, ,
li fé Jic a~ec des jeu•1es e11s de gua]iré,
~11i lui fe11t faire co1111oi a11ce avec quelqucs•
uncs de ces> brJlcs I:>~m~s · qu' n n:e
connoît ni fans argent ni fans 4anger, &
11oram1nent aYec la belle ~ydonie. On juge
hien , d,après cet apperçu, que les cent louis
lie Jordans ne le 1nè1ient pas loin. Il ne
arde pas .à oul:Slier la charmante Rofal~e ,
qu,il avoit ai111ée à Marfeillç, & qui écoit li
- digne élc fion a1n0ur. Pa!!mi fes 11ouveaux
a1nis, fe trouve un M .. le Co1nte, qui d~shonore
f on nom par tous les vices à la i11ode,
· k mên1e par 'l'c[~roqucric la plus balfe. Le
CheYalicr de ~ordans fc yoit égale1ne11t
u pe de f es amis & de la belle Sydo11ie.
Son p~re meL1rt; il en reçoit la nol1vellc
prefqu'cn mêLnC""temps qae mille ouis clo11t
il béiicc.Jl joue:, il perd ioa.t ; &ne pouvaiic
-
-
1u1~--------- •
-

-
.. . D tE F trt A N C ~. . 11•
payctt ~ne lesrrc-de-chmigc pour laquelle il
-cfr p urfuivi , on l' arrê~e, & il cft con'Cluit
u Fo re-l' E, ve/\ que. ·
Telle dl la première Parcic de ce Roman~
da11s laquell;e !'Auteur a eu occa{ion de rele~
er plt1C~urs de nos ridicule!s & tles ~ices
'à la mode, m~is qni nous paroît i11fericare
ia tè,onâe. Eli~ n,cft que le premier jet
d'u11 ht> nme ({' efprir qui a vû, mais qui n'a
as ,{fa Ji;géué Ces obferv.arions •. · _
Oans l fec011de llattic , J0r<lans cmprÎ'fonné
de1neure en proie à la ~oaleûr , an
tiéfef p0ir 8.t au remor<ls, & dans peu de
JOllf.S il J(e trotl\'C aux po~res •iu t0mhcau:
·Le ~1é ~ecin qui elt appelé', s'intfétctfe à fon
for.r, obrienc fa co11fiance & e.n puifant
;da11s fa b0t1rfc~ dans Gciles de fes amis; il
rrrouve de quoi Je rc1nccrre e11 libetté. A peine
cil-il libre, qu'il reçoit llt)e lettre de Rofalie,
qui a fu tous fes égare1nens, &; ~ui lui détend
pour ja1nais de lui écrir.e. Ise mé~ris âe
{~s ~rères , qui ne vcule11r ·pllis cnrenlire
parl ~ de lui, & fttr-tottt la lettre de Rofalie;
·Je replongent dans rou~cs les horreôrs dtt
iléfe(poir. Il ya fe jeter dans t1nc maifon de ~
Charrreax , p@ttr y fi11ir f es joy1·s. En tra•
aillant à (011 jardin, il trouve une catfetrc
nrer~ée. etcrc caffcrte appartenoit à un
jeune nomme qui vent!>Ît de mourir. Qu'on
juge Jè la 'ft1rprife tltJ inalheurrttx Jorda~s >
lorfq11'c11 ottwrant cette caffetrc, il y trouve
c porrraic de Ro àlie. Un ha.fard fingulier
a voulu que le jeune hom1ne mort., fût
-
-

IV.l.J1JIU~U

' •

,

... ... • •
11e - M E 1\ G U· R ~E
jufiement un rival de Jordans, guc le défe'·
~poir a voit fait retirer dans la tnême Charrreuf
e. Le Supérieur de la Maif on, Religieux
très- refpcél:able, a voir ris en amiri~ Jordans;
en e11tranc dar1s a cellule , il le furprend
pencl1é fur le poccrait de Rofali~~
~u'il arrofe de lar1nes. Cc n1âlheurcux anlai1t
confcffe roue au fenfiblc Religieux , qui
écrit at1x deux frères de Jordans, & le réconl9
cilie fi bien avec eux, que l'un d'ct1x Yicnt
'le chercher pour Je ramener da11s fo11 pays.
Penda11t cc temps-là, Rofalie, q11i n· avoit
lcrit à f on a1Jla11t la lettre cruelle dont nous
avons parlé , que pour obéïr à un 011cle
barbare qui la tyrannifoit, ne pet1t plus ré·
tiller aux tranf porrs de fon amo11r.; elle
prend des habits d'ho1nme, & arrive a Paris;
elle apprend que Jorda11s cfi: à la Chârtrcu
e, & elle court à la Cl1artre·ufe. Cecrc
. fi)}c Întércffante efr · i11ftryite CD y a11:ÎYa11t
· qu'il eft mort depuis peû 011 jeune hon1mc
de Marfeille; elle croit qae c'cfi: Jordarts.
& le Leélcur fouffre cruellement , en la
voya11t prête à revenir fur fes pas, fans avoir
par lé à f on amanr. Mais enfin le . haf ard la
fait rcveni c~ de f on erreur; elle revoit ]or.
dans , lL1i pardo11nc , l' époltfc ; & ils ret~urnent
à Marfeillc pour jouir eR paix d'ua
bonheur qu•ils ont bie11 ·acheté.
, Pour do11ner une idée .du fiylc de }'Auteur,
no11s allons citer l1t1e partie du Difcours
que le rival de Jordans ad1·cffe aux
Rcllgic:ux avut àe moutir • .'' Mci amis~ je

11 VlCJll
I


Il
-


• • r , ·n E F R A N c E. 1 1 r
.. vittis 1c ine réco11cilier avec ce ~iet1 ; il
• , a vu i11es pei11cs, & il a jeté fur n1oi un
,, rcgaa·tt de pitié; il a vu l'horret1r de .1r1cs
, re111ords, & il 111~a pardo11né n1es foi- ..
,, blcilès. Ai111ez ce Dieu, fcr\'CZ cc Dieu,
,, fuyez l1eurcux. par lt1i, q vo11s qui av(z
,,. porté à fes pieds un c~t11· libre & fot11nii !
" lùyez l1eureux par lt1i, ô votts que fa voix




,, a apt?eJés da11s cette foliruJc ! mais rrcm- .
,, bJez, v.ous que le r1·oul>le des p~llions y a ..
" pu e11rraÎt1et· , & dont les toL1rme11s ont
,,, avili & desl101101·é [011 culte ! tre111blez >
,, vot1s qui n'avez apporté a fes pieds qu't111
,. coet1r rébelle, frémiffant chaque jot1c des
,, chaî11cs que vous lui ;ivez i111pofees. Je
,, juge de yotre fort par le mien. Oui , je
'', l'av.oue, & j'en fré1nis> tous les jours (]UC
• j'ai palfés parmi vous <111t été .pour n1oi
,, des liècles de peines. Qua11d le f oleil
'' abandonn0it l'horizo11, je gé.tni!f ois & je
,, ,f ouffrois. Qua11d le foleil reco1n1nençoic
,, fa carrière, je gémi1fois & je fouffrois ·;
;. la clarté dlt jour , les ténèbres de la 11'1ir ,
'' les tra vàt1x, les promc11ades, les prières ,
,, Jes lcélures , tout étoit pour moi u11e
,, nouvelle fource de tourmens. Je retn-
'° liifois avec conftance tous· l~s c.icvoirs
,, 'u11 état au q t1el je n' étois pas a pp el é ; ·
,, & je ne faifois 1·ien qui ne 111e recracâc
~ ~ ,, .iràes peines · pailées , qui n'aug1nenrât
. ,, me! peines préfenres, & qtti ne n1e ré-
,, pétât f a11s ceOEc : les maux que tu e11durcs
'' font éternels. ,,
?~0• 1?'> t.ê Juillet 178.i.
'
• •

t
-


IU~U/:J4U

\

-

,
. .. •
i~1 i ,t È .R. C U R _E
Op lit avec beaucoup plus de pl:iillr. cette
. feconde Partie. E11 général, orJ peut repro
·cher à l,Auteur de n'avoir pa! allez creufe
lts iituarions qu'il a itn:tginées & les ca1·ac:.
. ' tères qu ïl a -mis ·en fcène. Mais il y a da11s
fon Ouvrage des perfo1111ages i11tére{fflns,
teJs que ,elui d,Horre11fe, qui_ ell: une fen1-
·mc inftrt1ire , aimant les lettres , & en- .
.sore plus la. bienfaiC--ince; & celui du ~1éâecin
qui vifit~ Jordans dans h1. prif on. Le
:_Supérieur de la Cl1lrrret1fè efi: t111 modèle
<l'huma11ité; & l'on ne peut s'eLnpêcher d'aimer
R ot1lie; l' 1\uteur· a fu confcrvcr à l'a-
·mour de fl1rJ Héroï11e le caraétère vif & paftion11é
qui di!l:i11gt1e 11os P1·ovi11ces mé1·idionales.
·
CARMIN À Car<>li le Reau, in Collegio olim
(;raffin~o _ E loquenti4' nec 1zon in l~tgi.o
,, Proj~fferis, Reg id, Littert1ru1n & lnftrip ..
· ti<Jrzum Ac,1demi.tt à Secretis. C'efr·à dire,
Poéfies Latines de M. le Beau , d' abo1·d
Prof effeur d' E'loquence az'x Gra./fins, &
, 1nfaite au · College Ro)1al , J'ecrétai.~e
!. Perpitt1el de l'Académie d~s lnfcriptions
,& BeL'les - Lett1·e .. ~. A Paris , chez Be110Ît
Mot·in, ln1pri1nel1r : Libraire, rue SaintJacqt1es.
Vol. in-

tvl. LE BEA u a eré d41ns l'U11iverGré le d1gne
· fucceffeur de ~1. Rolf in, &· par Ces talens &
par fes· verr11s. L'énergie & 1·éléga11ce caracté1
·ife11r fpécialen1enr to11s les Écrits qt1i font
forùs de.fa plume. Mais il n,a prefque jan1ai
...
-· •
,
-



-



' . D E F R A N 0 E. 1 t;
cc goût fai11 qt1e poJfedoir é1nin~mment Je
célèb1·c Auteur du Trdité des Etudes. On
tro11ve da11s l,Édition Lati11e que nous an~
uonço11s, plufieur:s Fabl~s de La Fo11tainc ,~
t·aduitcs da11s le ftyle de Lucai11 & de
Claudie11. , · ~
Il a. alifli amplifié em très-beaux vers plulieurs
palfages de Tite Live; mais l'HiftL,rieri
Larin , riche & abonda11c IJQr lui - 1nên1e,
n'avoit pas befoin d'êire amplifié. Ces efpècés
de parapli:rafcs ne font point de bon
goqt ; elles accoutumc11t les jeu11es gens à
une profufion d'images & d'expreffio11s qui
· 11" efr qu 'u11e vai11e ollc11tatio11 , & à laquelle .
ils ne font déjà que trop. portiés par l'envie ~
qu'ils onr de b1·iller. Ils recherchenr d'abord
çette élGqueace qui aime à faire parade de
vains orne1nens , & que Balzac appelle incéni~
ufement ·une faifeuf e de bouquets,
guoiqu' on pt1iff e l' accufer de fai1·e des bouquers
lui-tnêlne. Quelques palfages de Sophocle
& H'Homère mis en vers· latins, don·H
11e11t beaucoup de prix à la Colletl:ion d·es
Poéfics .du célèbre Profeffet1r. Aujoutd,hui,

que la 1atiniré 1noclerne eft abfolt1Î11enr décriée,
un article très-détaillé fur, un Ou~ragc
de 'ce genre, feroit très-déplacé dans un
Joarnal particulièrement conL'tcré à la Lit- ·
téracure fra11çoife. Nous· nous cantenrerons · ..
d~ cirer la plài11re d'Éleél:re Qat1s Sophocle ;
lorfgu' elle rient da11s fcs mains rt1r11è qu'elle
croit contenir les ce11dres d'Orefi:e. M. de la.
Marpt a traduit ce même patfage ch# Fraa~
. · - F iJ· •

,
\



-
1 U~\11 !J'f-lJ



·-- 1
• 1
J i4 . i .1 E R Ç U R B ·
'}Ois; & le · rap r-~ roc!1e111 c;11r de ces dct1x Trl·
d u êt 1 o ris , rot l r es d t t 1 x é ga ) e 111 r 11 r fi Li e 11 c: s ,
ro11tes deu:x éti11cela11tes de be~utés · poéri-~
1 Ll es propres a cl1 a que la 11 g t te , ne })C tl t q u 'in"
. re1·effe1· les A111ateurs des beaux vers & del'a1;
riqui ré, · .
\
ÇJ .M r 111 pr& cunllis carljflma plgrtora, trifles
RelliquÎ4 ! qu~ntÙ.'12, ô frater., mutatus a.h illo t'
Q 'ttnz patriâ quond:1m fi,hJuélu171 cmifim11s aald !
Nurzc hrevis ex.=guum cinerem f en~t ur.na. N itcntt~
Flore novo q:tondam, iulci tt provid,a furto
1
:E.xtulert1m; prÎtlS ô tt:.inam me fùta tuliffe11.t ~
QuJm puer liis manihus curâ fu.hreptus in11ni
Extt.rnas figere~~ , jam 11.on meus, exul in •r•s ~
]mpici vis te·ne rum lttho mtrA/fit actrho ..
4, Cirzer,çs inter requitfatret u,mhrq }?attrnos •


0 MONUMENT fncré du plus cher des humains!


Cher Oreffe, efi-cc: toi quç je tkn~ da11s mes 1nains l
g toi dont J!lC5 f~cours O~lt protégé l'enfance,
roi q~e f ay~is fauvé datiS une aut1·e efpéra.nc~ 1
Eft-cc ainfi <1ue pour moi depui' lQng-rcmes perd.~
Mon frère à 1ncs regards dcvoit ~trc rendu ?

;Je dévois donc ·âc toi ne revoir qtte ta cc11drc !

Ah t qu'il eût mieux valtt dans l'âge le i1l1.1s tcn~rc
Périr avec ton père , hélas ! Bt du berceau

~cften8rc à fcs câ.tés da11s le m~me tombeau~

-



,, · Om ne peut difconve11ir, fans i1tjuflice .. ~
!lu'! n'fi ait plus ëlJâmc & de fcnGbiliré da11s le~ '_ . ·
r~I 9c ~tf~ ~~ l ~f pe, Cçs aeu.x-i;i Lu.r·cqu~
,. • • •
-




.. •
-- ..


-
D Ë F R A ·N G-- 'h. - 11 r·
'rt>i que ;·a,·ois fauvé dacs ur.c :tutrc c~.,tr3nce ,
J c dcvdis donc de toi ne revoir que rà cendre t
1 •

fo11t très - ft1péricu1·s à la verlio11 Latine.
Celle-ci 11'a !avantage Cur c~llede ~1,d~J~
Harpe qu~ dans les deux premiers vers.
Du plt1.s cher des hr,mai?s paroî~râ pe\1t- ~t1·è .
un peu vague, compare a\' ~ l excJan1.it1ort
latine; 0 111ihi prit cunili.s ca1·ijj1/na pignora,
trifies relli-qu!1t. •
)lukc 1atriâ procul htu ! Tlia/arr..is e:xcuffes a'Vitis
Occidis i1feliJ1.' tibi ntc Germana fuprLmain
Aflitit 01·c l!igens anim111n, no1z frigida mtmora
Lavit dquis, triftivt taro dej!eta locavit,

CJmponens manih1Js mifarahii'e corpus amicis.
lnttr at Îngratos con/urnptus pdu;tre huflo, ,
Exci,"is amp!txus tandem pa1·s quantult1 noflro.r.
Heu! lahor I heu J 'Viçiles /Jl&Jnda inter gaudia 'ir4 ~
Queis putru1n ttncris acclincm mollittr uln.is
Fv11it no.fier amor. Neque enirn in te tanta voluptas ~ ..
0 Germane, fuit gtnitrici quanta forDri, . .. "
Nec te fer11orum coluit fed cura {ororis.
"St"iptr Germanam puer.ili 11oct 'VocahaJ.
Ces- dérniers vers f 011t l1et1rcux. Ne "'
fnint in te tantt1 'YOlt1ptas _, ô Germane, uii
genitri.ci · qua12ta foro1·i. , efi ttne exprcfiiot1
bien touchante & bie11 naturelle de la t~!l- / d1·effe d'Eleél:rc pot1r le jeùr1e 01·efle. la
Ti·adBltio11 de 1\1. de ]a H ~1 rf>'> 11'cil: pas i11-
fériet1re ' qt1oiqu'il fc:111ole qu norrc latJgt ·e
fc prêce 1noins que los 1a11~u an r~1111es à
F iij
\
I

-





' •

...




• -
-
116 f M E R G U RE
ces rrairs de 11;it t1re fi firn pl es & li toucl1ans • ...

* Et maintenant tu rn~urs, ô vid:ime chérie , •
Sons un ciel étranger & Join de ta patrie !
Loin de ta foeur! Et moi, je n'ai pn fur ton corp"s
Prodiguer les parfums, les ornemens des morts 1 '
D'autres ont pris pour toi les foins que j'ai dû prcndr~
D'autres fur le bûcher ont recueilli ta cendre·.
t:es débris précieux , on les porte a ta f oeur
Dans une urn.~ vul~re enfermés fans honneur!
·o n1alheuret1fe Eleétre l ô frivoles tc11tlrelfes!
ln utiles travaux &. trompeufes carcifc:s ! ·
-
Soigner tes premiers a11s fut mon plus doux plaifir; -
Et de mes propres mains j'aimois à te nourrir •
. M'occupant de toi fe lll, j'ai rempli près d'un frère
l1 devoir de n"ur1ice, & d'efclavc & de mèr~ .
,
ET nunc una dies cunfla h1.c folatia ttcum
Ahftu'!it; hlc rapitns, rapido ceu· turhint , fùgit
'
lJna aies. Gtnitor crudelihus occuhat umhris; ·

Nul/a ego fam; tuque ipfa jaces, Germane; tyrannullf.
PtEf.ora rifas hahtt; m:ittrni nominis exfors "
Gaudet maté~ o-vans, cujus fcelera impia quonj/tJm
Patr.is t1.mans, ulturuJ eras. Namf'-ptfororem
lAélczÔas furtim .promiffis dulcibus ~gram.
'lnvidlrt m ihi JPes tant as fat a Jolofa ,
Qu' geli~um cintrtm optato pro corpore rtJdunt ~
Vanamql;'t el1tfls rtf01Jtre amplexibus u.rnam.
0 dolor J utrno fptcits digni!flma lullu !
Àlr'1 dits .. clitM ! fatis t#Qtta Ji..niflris • • ..


..
....
-

-

..
'

..
-

• •

D f, FR AN G: E. 117
Q:l.t tt nof'rttm anima.rn, noftram J ô carij/imt, ,,itam!t
...
Extor:rtm patriis properavit ductrt tec1,:s !
Perdita namqut duos tadem quoquè perdidic hora.
P ande Jinum, pd1zde hojj·itiu.m : nie nze haur:iat urnt1.
Miflear ipft tuo ciru1 i cinis: ir-e f uh umhras a ,
Ire ju.vat fratris comittm. Fortuntt 'duo/Jus
Una fuit dum tu fpirahas lu111ina vit1,;
Nunc quoqut frattrnos pudor tft dimittere ma».ts;
P arcit cura ftquax mants vexart ftpultos •
l .. e Traduéteur Lati11 s' eft animé da van·
t~1ge à la fi11 àe cc mo11ologue. T)_1rannum
t'eélora rifts hahet, peur pa1·oîrre défe6tueu~
au premier coup d'oeil. En effet, le rire hahite
Je vifage, & non pas le coeur; m:iis fi
l'on y fa:r réflexion, 011 ,,erra que dans cerre
occalio11 l'expreliior1 etl auai jufi:e qtt'elle efi:
.. het1rc11fe. Elle i11di:iue les (e11rin1ens fecrers
d~ rvran qui dillin1ule fa joie. Ceux de nos
Leéècu1·s qui 11' entendent pas le Latin, en
f ero11t dédommagés par les \'ers Je de la "
J:iarpe , qui 11e font pas i11oins f,eat1x. ~
Cù font-ils ces bcau1 jt1ur5, cc~ jours fi fonunls .~
Ah! la 1uort avec toi les a donc moilfonnés!
Orcfic ru n'es plus, & je n"ai p!us de pè1·c !
Mc voilà fc11!c au monde, & ma.barbare mère
-A vcc mes cnncrajs jouit de ma douleur.
Vaine11'ent à mc=s maux tu promis un vengeur.
Or~flc a dan~ la tombè emporté mon attente.



li ~~·c:n il aujour<J·l1ui i rien qu'une ombre impui!•
fanic.
• ·s
f IV

-
-





. "
'
,
' '



·- ·}... 1 E R C .,U R E
Que fuis-je, hélas ! moi-même 2pr~s t'avoir perdu? .
'-2u·une ombre, qu'un fantôme aux enfers attc11du?.
l\11on frère , reçois-moi dans cette urne f unefre;

D'Éleétre aupr~s de roi re~ois le trifie refic. . '
I .. es mêmes f(;ntime11s uniff oicnt notre fort:
Soyons encor tous deux réunis dans la mort.
La. mort efi fecourable, & Ja tombe efi tranquille.
.Ah ! contre le .malheur il n·cn point d'autre afyle !
,
Ce Recueil, très -- foig11é pour la -~arric
Typograpl1iquc, eft i)1·écéd.é d'u11e norice
fur la vie d~ l\1. le Bcat1 , par ~I. Cl11Jpi11,
{on ge11·d re. C'cft u11 précis l1 i(lorique éciit
2lVec la plus gt·a11dc fi111pliciré. ''Je n'e11tre·
pre11d1 ai poi11r, dir le Riogt·a phe, de peit1d ~e
. le cara·:Cè1·e & les 111oeurs de cet 1101nn-ie
cél ~ bre; il s'efi pci11t lui-1nêLne da11s [es Ou-1
1 vrages. Cir0yen \1ertuct1x , plei11 de piéré ,
l'oilà celui qt1e la pat1·ie d<Jit pleurer. lr1dulgent,
111.odeftc, llborieux , voilà l'l1om tne
<1t1e cmive11t regretter les Lettr€s. Père ren,11
·e, an1i 611cère ~ bienfaifat1r , voilà cell1Î
~ J 11r fes p:ircns & fes a111is ne P,erdrc11t le
~ouve11ir qu'avec la ,,je. ~· L'Edirio11 efl
cn1·ichie c.t)ut1e g1·avure qui . n'a été faire
qu'après la 1norr de l'At1tct1r, pa1· tln l)ei11 rrc
. qui 11e l,a ja1nais co1111a, & ~ ;_1i t1é:i11111 c>Î11s
:t• été jt1gée reffe1nbla11te. El le a été cntre·prife,
dir l1Éliircur, e11 pL éfencc de ~1. Cht1-
l)Î11 , de fa tà111il ~ e, d ' t1 11 aini d,exce!le11re
l11é1noire, t'l..[ tie 111 0 i. L'"~ r rifte cnnçttt d1abo l·(t
Ui!e id~e allez j t1fte âc fo11 inod ~l~ , lJUlS ~l
..
• -
...

'

-

r
,

D E. F R A N C E. 11,
(e tnit à recoucl1er , effacer , corriger; e11fit1
le defir de. êl1aci111 !JOU r la réuffire , . l' a111itié
& la rcco1111oiffa11cc guidèrent fo11 cra}10n,
& le detli11 fur rcffeLnblanr. Cctce anecdoro
divie1·1r rou l1a11te par l'i11ré1·êr qu'infpire 111
n1é1noire de M. le Beau, & la fenfibilicé de
{a fa111ille.
':tlna?jfi r11ifonnle dt1 D1·oit Francoi.r, par la
comparaifan des difpo.fitions de~ Loix Ro- -
mai.11es & de celles de l .. 1 Coutume de Pa ris,
fui.vt1nt l'ordre 'des Loix Ci.viles de Donzat,
, avec un texte de la Coutume tk Paris, ·
dans lequel les articles font. rétahlis d,zns, .
l'ordre que lc.s Réfor mateur<s · leur orzt
donné; dédiée à 1l10NSl&IJR,, Frèr-e du
.. . lloi. , avec cette Épig;aphe : Tantu1t1.
'!firies j11néiuraqtLe pol!et; par f\;1. Gin,
Confc1ller at1 Gr41nd- Co11feil, Vo 1 μ111e
· in-4-0
• A Par.is, chez Servières, libFairc,
rt1e S. Jean de Beauvais. " ·
· LE but de cet Ouvra-gc efi: d,effiyer,
far le :Fextd & la Coutume de Paris, une
refonre gé11érale de, 11orrc ·filreir Rrançois e11
/ foiva11t le pla11 des Loix OEivilcs de Don1at >
& en 1·apportant f ot1s chaque rir1·e les Pr111-
c;ipes dtt Droit 'Ron1,1 i11 qui 011t f armé la baie
des arricl~s de la réfo11narion ~e la Couttl1J1e,
& les co1){éque11ces do11r ils font une fuite .
Ce t1·avail :tv<1it été projeré pa1· M. Dot1 l·
cet, Avocat au Parletnent; 111ais (es gra11des
o~cupacio11s & f 011 érat l1al1ituel tie 1naJa ,~ ie
l' 011t ctftPêché de ·le· cot1duire à {a pcrf~·c·
Fv



,


..
'

• • - -
..
• - • -
130 MERCURE
tiot1. M. Gin nous apprend qu'il lui' remi~
l,cfquitfe qu'il en avoir rracéë, & ue c'e!l
le mê111c plan qu'il a f uivi > e11 ra embllnt
fous des titres parciculie1·s les articles de la ·
Couru1ne qui y ont rapport, e11 y joignant
une intro<iuétion; en les liant pa1· des tran- ..
firio11s, & e11 les expliqua11t fouve11t par u11e
note qt1i en fair conno1rxe le véritable fe11s.
Cerre A11alyfe çontient qt1a·ra11te - deux
titres, qui eux - mê1nes fe fubdi·1ifent e11
feétio11s & en paragraphes , & forment un
ordre li1nple & naturel , dans lequel M •
Gi11 a placé chaque article de . la Court11rie.,
fouvent '1nê1ne des parties d1 u11 article,felon
les objecs do11t ils traitent & les matières
qui y fo11t décidées.
Cetre méchede eft excelle11re ; Qn aoii
mêtne la regarder commç le . plus court &
~ le nleilleur Co1n1nentaire âe la Coutt11ne:
e11 effet) ranger les Loix dans leLlt or<I1·e naturel,
placer chaque difpofitio11 f ot1s le titre
q tti l t1i a pparrie11t, c1 efl: en faciliter l'intelli-·
ge11ce, & di1ni11ucr le travail de ce11x qui
s'appliquenti à leur étude.
Sou! ce poi11t de vC1e l'Ouvrage âe MGi11
fttr ]a Cot1rume de Paris eft auffi utile
aux Jt1rj(cc>11fulres que celt1i âe M. Pothicr
fuL· les Pa11~eéte~. L1arrange1nenr cl~ir &
mé-rhodique d1ns lequel il place les difpofirio11s
coutumières en fair connoîci·e le véritab!
e fens , .e11 détermine l'application, ~
.tieéèi fie 1 es erreurs dans lef que Iles les Com·
incl1tateurs 11e tombent que r1:op fouvcnr.
.. -

'
JU ••---------
...
..
-
D E F R A N C E. .., , ~ l
Mnis on doit de{irer qt1e i·Aureur, d~111s
· u11e feconde Édirio11, -do11ne plus d,étcndue
aux Î!'ltro~u étio11s qt1'il a r.1iiès à la tête
de chit]tle rir1·e , at1x cra11fi tions qui fo11t
con11oître la lîaifo11 & le rapport des articles
de la Couru111c, & a11x 11ores do11t if
les acco1n agne. M. Gin trot1vera dans l'Éàirion
de a Couru me d'Orléans par 1vf. Po!: _
t l1ier,un excellent n1cJdèJe des introduélions
qui doive11t p,jécédcr cbaq Lle tirre , & les
Loix Civiles de Do1nar, do11t il paroît avoir
fait une étude particulière, l\li ii1diquero11t
les rnoye11s de faire voir, d'u11e 1nanière
lus pré,ife, la ft1ice & l'cnchaîne1ne11t des
rincipes de norre Droir Cot1ra1nicr, &
leur accord avec les Loix Romaines. ·
Nous obfcrverons encore à M. Gin t]a'il
oublie fou vent le rirrc: mên1e <le fo11 Livre 1
&' qu'il n'y fait pas t1n aifez fréquent ufage
dLJ Droit Ro111ai11. Il efr fa11s dot1re excufc1-
ble de )'avoir négligé da11s les 1natières rela ..
. ri,·es à notre D1·oit Coutul!lier, relies qt1e
les fiefs & les ce11fives; cepe11da11t Dumoulin,
d' Argent1·é, Lalande, Coquilles & rous ·
nos Comn1rntateurs n'ont appt1yé les difpolitions
de nos C outumes à ccr égard,quc fur
les Principes du Droir Romai11 ; mais on ne
P.eur pas l 'excufer à l'égar<t des objets qai e11
dépe11de11t enrièremenr : pat· txeL11ple, dans
le titre ql1i co11ce1·11e l'uft1 fruir,011 i1e rrouve
, at1cunc: co111parai{o11 er1rt·c notre D1·oir &
les Loix Ro1nai11es, at1 cu 11e ciraritin à l'appui
des articles de la Coutl1111e , quoique
- . . .. F v;
i

• •
'

...

...


1vqu1:;i4u----------
I


\


1
• ' 1
·1 ; 1 · M E R e U R E ·
cerce matière f oit puifée e11rière111e11t da11;
les Pri11cipes du Droit n~rurel & dt1 Droi[
Ro111ai11 , à l' éxoeptio11 de qt1elques · déci-
1io11s parciculières que nos t1fages 011t intt·o- ,.
à t1ires. , 1 • • • •
LES, ,Soupirs d' Eu1·idice dans les Champs ·
E.,lifées _, par M. de \Tixouze, de l, Aca-
. '-lé1'11Îe de CI er1no11t e11 A tl 1erg11e & c1 e.
ccll~ des A1·cades de Ro111~ A- Uouilln11 ,
& fe r1·ou\'e à Pa.t·is, chez les lvlarcha11ds
de Nou\'eaurés •
LE bon goûr da11s les Arts n~ exitle grr~1·e5
qt1e dans la Cai)itale. C'efr-1à que les Au·
' teurs & les Arrifies peuve11t réltéchir {ur
les n1oyens de plai·re, & ce fo11r ces i·élleï
xions (1t1i, à la longt1e, fott'lle11t le tly1e>
épure11r le goût, & i·épat1dc11r par- tot1t les ·
grâces & l>ut·ba11ité. Il eit c_ijfI1cilc que le rale11r
{e pc1·feétio1111c d"311s lJ. Pro\"Î11cc. L, étt1de
fet1le ne peut fou1·11ît· cc q11e l'on acÇ}t'l iert
da.ns le cotnLnerce d :1 gra11d ino11:le ~' des
Gens de Lerrrcs. C' c!l: - 13 q t1e 1, <)n peut
éclaircir (es doutes,& profiter d,u11e c1ir1que
judicieufe & poli~. Avec ces f ecot1rs, ce r~ui
clt rout-à-fait 1nauvais dJns un Ot1vrzge e!t
rejeté, ce qui efl: médiocre devient b n , ce
g•1i efl: bJn devie11t 1neil!eur. Il fe1nble >
d, après cela, q11e les AuteLtrs qui ect·ive11t
danslt Provi11ce i11érite11t b:.1t1coup d 'i11~iuIge11ce.
C'efl: daos cer ef prir que 11 us avo11ç
pris la pl uine P?Ur rendre co:.:npte d:- l' el:
\

'
iu•~----------
1
,


-
D E F R A N C E. 1 .t ~ .
p?ce d'Héroïde qui fair le ft1j~t de cer articleLa
Fable d,l:.t1ridice & d'()1·phée eft a Cl c.z
co1111ue par les beaux vers de \1 irgile & rar
la n1ttfique du célèbre ~'1. Gluck. C'e fl apr ~s
f.1 111orr, c' efl dans les Cha111ps flifèes que
l'Al1teur la fait pat·le1·;
• •
Ifl:-ce un fonge tro1npet1r où mon cfprit s'égare?
U11 bruit fol1rd & co11fus, forti dl1 no:r t.1rt:ir~ •
D;i fei1l des fornhrts bords eft venu jufqu'à t11oi,
Et me fait trc!faillir d'aléQ:rcff"e & d'effroi.
• •

}
<J
On !! qt1e mon époux, au.ffl vaillant que tendre, •
Même avant le trépas en ces lilux va defcendr,~.
.J
On voir que la Pièce" dQnt il s'agir efl: U}li!
ef p~ce de 111onologue ti'ft1ridice à J' ri1·ri '·l e.e
d'Orphée dtins les e11t-ers. C'était 1: ft1jet
d'u11e Cantate, 111ais 11on pas d·une I Iet· (1·i'd<.9. ·
Aulli l' Aureu r efi- il cc111 bé d;i11s le dcfat!t de
ce qt1e 1'011 appelle a111pljfjcatio11. Ce àct:1u·r
tfi ici d,at1ra11c pl t1s frappant, qt1'il ne po~
voir être i·acRcré que r>ar des r1aics tie .fenfibiliré
vi\·e111e11c e:.~pri111és, & que l'J!\t1 teur
paraît 11'a\1oir qt1e des idées & des fe11ti111e11s
I
e111 p t'tt11 res. ..
.kie11 dt: neuf dans fes cxpreffions, rien de
frappé dar1s fes \Tcrs. Le cuire l1t1'il re11d :i11x
Mufes ell: tr ès louable fa1:s da tttc; n13Îs il
ne paroîr pns avoir pénér1·é jufqucs dans letlr
fa1létt1 1irc. On jut~e ~l ifen1e11r q~1,il 11,cft i)as
i11itié da11s les 111}1 fl:è1·es de l~ pcéfie. t' i11:.. e r
& écrjrf ~11 ''ers fclnt deux cl1ofcs rrès-d1ft ètcntrs;
l'u11c très.co1n111L111c "-~ l'autre très-
• •

' ,
'


-
1 U#JU l'U4U
..
'
-
..

..
134 M E R C U R E .
rare. Nolts i11,1itot1s l' Auteur à étudier <iavan·
t:tge ,la la11gue poérique. Sa 1na11ière ar111oncc
de L~ facilité. Il n~ s'agit plus que d'appre11·
tire a fâire ditlicilemë11t lies vers faciie,.
Voici ce qui noi1s ~ paru de 111icux dans fon
l-Iéroïde. '
Hâre-toi, cher a1naot, Tiens, vole à ces rivages,
A ces jardins facrés, à ces rians bocages ,
• • • • • • • • •


• J afon furmonra hien .Jes périls de Colchos,

Tot~ courage cil égal &. ton coeur cfr plu' tendre;..
Tu 111'adorois vivante, & t11 chéris ma cendre.

..
~·urmonta hie11. Cet ad verbe, placé ainfi
d'une 1n,t11iè1·e explérive, a qaelque cho(c
de tres- fa1nilier , f ur-tot1t en pocfie. Cè-la
(cnt le fiy le de la co11verfatÎ(>i:t· ..
De t·Hymen, de l'Amour tu rallttmes les feu~.
Cci11ture de Vé1lus, & Yous folâtres jeux ,

Ris charmans, rcve11e2: C) 'J'une grâce nouvelle
Aux yeux le mon éro111 111c rende en~or plus belle.
• • -





..


-

..
• ' • • - - •
• D E F R :A. N C E; IJJ •
Gétre pcnféc c!l: vrajc & délicate. -

Ni le fleuve Léthé qui dort dans ces val}o,.s ,
Et qui r ulc l'oubli des maux les plu~ profonds,
Ni Ja paix qu'on rc(pirc en cette folitude,

. l.ieo n·a pu de mon ca:ur calmer l'inquiétude. ... '
Ilien n'a pu m'arracher à incs tendres tourmens •

Charme ignoré des plcars que vcrfcnt les amans.
J'aimois juîqu'à mes maux, ma douleur m'écoit cllère .

• • • • • • . . .... . • •
A tes accords touchans les pa.ffions s'appaife11t,
le marbre cft amolli, les aquilon~ ~Cc taifcnt,
Les torrcns attentifs s'arrêtent fufpcndus,
Des arbres inclinés les rameaux font émus,.
Les tygrc~ défarmés fentcnt mourir lear rage.
• • • • ..... • • • • • • • • • Tu fléchis les rocllcrs; jJ faut plus en cc jour•
.Il faut vaincre Plut<.>n. •
• - - "' •
• • • • • • • • • •



• • •
J c ne fais ; mais héla!. t tout accroît ma douleur ;

\Jn noir pr~lfen~mcnt vient confrcrncr rμ\>n coeur.
-
. Guerrières de la Thrace , ô 'Vous femmes perfides•
De ces fauvages bords nouvelles Euménidc!,
Jacchantcs, dont l'amour relftmbJc à la furcar ~
' .
Épargne'2 mon amant , & refpelltt. fan coeur.
:Jetez, jetez au loin vos thyrfes rc~outablcs,
N·armcz point cgncrc lui vos haines implacables,
Ne renouvelez pas ces forfaits Îftouis
lilent1fQ.uvcnt one f1émi les bexds d11 Taaaïs • ..


,
'
.. .




,
..

-
IV4'J/:J'!lll~~~-------,,-------





• •
·1 3 6 ~I E R C U R E
On voit par ces citario11s que le mieux de ~
: l, Aurc:ur efl: ei1core loi11 d'étre bie11; 1nais
'
cc 11'efr que par degrés que. 1'011 parvic11c .
c11fi•1 à a1.,procl1er dt1 parfai~. Nous of?r1s
l ,e11couraget· à J·e 11ouve,1t1x efforts, qui, {c.L11s
doute, fe1·011t couro1111és du f uccès. '·
, •..

• - •
• • 1r · ~ . - ..- · ' · - · · / · ' ' ' · t C.. • • ,, ., " • 1: f 1 • •
SPECTACLES·. ·
~----• -----------------------~---''
CéJMÉDIE

FRANÇOISE •
..
-
E Lundi 8 Juillet, M. Saint Phal~ Acteu1
· de la 1~rot1pe de Bruxel les, a d · bti~·é
pa1· le t·ôle de Gajlo.~ _, da11s Gaj!on & Ba_ ,1rd,
Tragédie de de Belloy; le l ende1n~1il1 il a ·
co11ti11ué f 011 début par' le 1·ôle cle ' Damis,
da11s l'll .Métro1nanie,, & par celt1i du Mar·
quis de Polinvi.lle, da11s le FraTZfOLj, à Lon- '
dres _, &c. &c. · · . · · · . ·
Efr-il v1·ai que les Con1édie11s Fra11çois
rega1·d.:nt ce jeu11e Dcbura11t con1 nie t111 f ujer _
de la plt1s grancle efpera11ce? On' l'aifuroic'
pub1lique1nct1t a v,111r qu'il fût er1 cetEe ville ,
-

011 co11ri11ue Je.l,a!furcr depuis qu'il y a i1a1·u.
Si cela ell:, il faur croire que cet Aél:eur eft
doué d,un gel·me èle talent déjà très-fenÜble; " -
car e11fin ' les co·1nédie11s doivenr.être de b o11s
juges en f:1ir de 111érire l~ramarique. Nous
Je croyo11s donc pa1·ce que n1algt·é les ob--'t
fcr\'atiens c1·ir-iques d·un gr-and nonibrc d
..
CIJ ~D3 CIJ ~Il3 CIO
-
I
-

...
,


..
f
• • • • ... .. \
D E F R A N C E~ 1~7
Speêtateurs, le f uffrage 4es Con1édiens i1ous
wtot·i[r à le croire. ~lais afi11 d'aider M. Saint•
l)hal à fe i·e11d1·e digne, le plus pro1n~rc111e11t '
· qu'il· lt1i fera poflible,de l'idée ava11tageufc ..
qu' 011 a co11ç11e èle lt1i, nous lui i11diquero11s
les obfiacles qt1'i·l doit vai11c1'e pot1r y· parve11i1
·. t •. Sa conftjrurion pl1yfique, fo11 orgaa1e,
& ce qu'o11 appelle {à. {cJ1 fi l1iliré,11ot1!'
011c paru pet1 propres à l'emploi des JerJnes
' p·remie.rs da11s la Tragédie, ai11fi qu'à celui
' des Jeu11es amoureux dans la Cc 111é1~ie.
L'effet qu'il a prodt1it da11s G,1fio11 , & da11s
-
1 es r ô 1 es de Po i j 11 v i J l c & d c Do r n 1i11 y 11ot1 s .
a co11 vai11cus de cerre ·\1 é1·iré. i. 0
• ~or. de bic
nous a fel11blé quelquefois 11arurel &
vrai , 1na.is fou ve11t aL1fii 11ous a\:011s c,·t1 y
1e1narquer de la ccntrai11te , de la monoto11ie
& de la J1cfanreur. 3 Q. Sa pl1}·fio110111ic · ..
· J1'efr pas atlèz i·1tobile, c!le 1lc preie11re p~.s .
è'u11e ina11iè e affez é·.,ictc11te l'cxprefijo11 des
fenti1n e11s dont font ou doivent ê1 rc agir6s
les perfonnages qu,il repréfe1·J rc. Il 1ie ft1ffic pas
à un Aétet1r d,a\·oir de l'â111e; il faur qu'il
air encore l 'a1·c de la fai1·e fc11tir' de la rcpa11·
~re, pour ai11fi dire, & de '0111111t111iquer au
Speél:atet:tr l'irnr1·cilio11 qu'il ép1·ou\·e ou-qu'il
fti11t d'éprot1ver. Sa11s cette hcureufe poirlb1
l ic é , poin r d1 ll ufton a 11 Thrârre , p o i~1t .
d' effer, poi11r de pl a i!i 1~. Voilà les r rois pt i11- ··
<Îpat:tx objets fur Jcfquels 11ous nou.c; brJ1·11cr
o?1~ à e11 g:i.ger 11. Sa.inr-I=l1al à f<1i1e de ier
ieufes rel1e!ÎOJ1S. Qt1a11r à · <:1 deL11ar,.: l1c , à.
f 011 111aintien, à fa gcfiicl1lJcio11 , i!s p.,our-


• ,

-

1 Vz.J1J I :J4lJ
-
-
/


-




..
r;S ME R C URE
roient fournir ]a 1n:itière de quelques repro•.
i éh:s; 111ais 11ous nous ~ifpenfcro11s ci,en parler.
, St1r Jes 1·héârres de }>ro\'Ïncc, 011 ne
. trouve }Joi11r, ou ]'011 ne trouve que très,
rarcme11t des modèles; il e11 trouvera fur
celui de Paris, & 11ous préf u111ons qu'il les
étudiera très - foigneufe111e11t. Pt1if que les
· Comédiens François cotnptenr beat1cot1p f u~ ·
fe.$ difpofitions, c'cft à lui de pro11ver qu'ils
ne fc tro1n pe11t pas , & nous 1, y c11gageo11s
~vec d'autant plus d'infl:a11ce, que notre Scè11c
I -ationale a grand befoi11 d" Aéteu1·s •
, • ~ .
C 0 ME D I E l TAL l EN N .E • • • • •
E Mardi 1 r Juin, on a repréfenré ·pour
la première fo.is le Défarteur,, D1·ame en
ci11q Aétes & c.11 profe, par M. Mcrcie-r. .
. Durimel ,. un Soldat Fra11ç0is, a <iéferré; il
a fui dans une petite ville d'Allemagnc,a trou:vé
un afy le cl1ez une Mme Luzèrc, veuve à'un
~1-anufàél:ltrier, s'cfi: 111is à la tête de fo11 comn1crce,
a t11é1·ité fa co11fia11cè" & fe voit fur lç
point d'époufer fa fille," lorfque le Régi1nc11t
qu'il a qt1irté vîe11t pre11dre · fes logc111ens
dans la vil Je lTJême .. qui lui a f erv i de retraite.
Deux· Officiers, do11t un cft le fils du
Colo11cl, & l'autre 011 hom1ne de fo1·tu11e,
logrnr chez la veuve. Le premier , jeune,
léger, ardent, érourdi, fe paffio1111e pour la
jeune perfonne, & la traire, fous les yeux
de fa mère> avec l'ind .fcrétio11 i11déce11tc
com,mu11e à tous les Officiers f rar1çois que
ni•m ..
JtW UJ•W UJt
1 1 J 1
-

-
• -
• -

.. I
' D :E F R A N C 'E. 1 ~ ,
l' expérier1cc n' à pas encore éclairés .. Un M.
Hoéèau, ·vieux garçon, a1nouret1x de <..:t.1ry,
( c, c fi: le notn de la jeL111e fille ) & jal0ux
de Dtiri1nel , furprcnd le fecrec de ccluici
en écoura11t u11e co11verfation e11tre lui •
& la veuve. Il le dénonce at1 Régiment •.
011 arrête J'infortu11é, 011 le condl1it an
Confeil de Gue1·re. Son arrêc de niort eft
pro11oncé depuis fept ans; on le confirme;
& dans cet inftanc l,Officier d~ fortune,
d~venu Mj jor dt1 Régimrnt, reconnoîc fo~
fils dans le n1alheurcux dont il va figncr le
trépas: ~i111e Lttzère & Clary au défef poir acca·
blenr Valcour de reproches, & l'accufenc
d'avoir dénoncé Durimcl. Indigné a'une
telle i11culparioa, incapable d·unr pareille ·
Jâcheré , iJ fe propof e de tout 1nertre en
oet1vre pour obtenir la grâce du Déferteur.
Ayc111r à peine conntl fon père, Du1·in1cl cft
éloigné de le reconno~ trc dat"JS le Major ,
u'on appelle M. Je Saint-Franc. 1'1ais la
~11fibi lir~ dt~ vieillard a frappé le jeune h,om~
me. Celui c1 le conjure de. te charger dune
· lettre dans laquelle il ~ llépofé fes derniers
frr1ri rm ens. Cerce lettre s' a"ê.ire(fc à un Soldar
que le l\1ajQr eut rc11co11crer. Qt1f lie efl: fâ.
fu1·pri[e , quJ11t à l,i11f1anr même, il e11 voit _
ro1r1~'lre le cacher ! com1nc elle aug1ne11tdqua11d
îl c11te11d ces 111ors.. • • • Mon pau··
vre Clzarles .' ~aris~1 i t d'avoir rerrot1vé fon
père • lè jet1ne 110111 t11e fe prépare à la
more â''ec couragè. D:1ns u111no1ne11t d'ea·
. shouiiali.1 1e am"" ourc-ux, il demande à mourir

,
...

..

..
-
• •
- •,
-








r ~~ ~ M E R C U R E ..
l 1epoux de Clary; celle ci y co11fe11t. Re!l:é (eal
avec f 011 fils, Sc-franc lui pro pole de re1101;i •
cer à cette idée, & de hlit·c .. le (1crifice titt
"bonl1el1r palfage,1· auqL1el il af pi1·c. Du1·ii11el
pro111et d'obéir en gé111i!là11r. :N1t1is cette pro·
pofirio11 n' tft qu'une épt·euve de la part d!
Sainr-Fra11c ; & , farisfait de lâ réLîg~atio11
èe fon fils, il le conduit aux lieux où il doit
. épot1fer Cla ~·y. Cepe11dar1t touns' app1·êrc pour· -·
la 111ort dtt Déferteur. 'lalc<Jur, q\1i 11'a pu
rie11 obte11ir du C<>lo11el, vic1v propofer
1111 p.1lfc - po1·r, l111e chaifc de pofte &. fi1
bourfe ~ le vieil ()fliciel: Cilt1Ce11c à l'évai1011
Je fo11 fils; tnJis il a 1·épot1âu de lui, & la
n:i01·t c fl: plus cl1ère à Dt1rit1~el que la C<)ll"
ferv ati i1 d'u11e ,:ie qui desho11oreroic Con
père; il 111arche at1 lieu de f 0!1 f upplice
n1 .1lgré les lar111es ë(. le d=[efpoir de ClarJy.
~ 13 i11fl:ar1_t où l,i11forrt111ée n'arte11d plus que
]a fac ,1le llOt1vella ({c la 1nort de f 0&1 ~ poux,
Valcour \'Îe11t, lui npprc11dre qu'un ~,.:fit
é1n a11é de la Bicnf:1il:1n ce RoyJ1c, a con1t11ué
la peine pronoticéc: co11trc les Ué(crteurs, &
ue Duri111e )a droit à la grâce ac cordée par cec
- .\.iir. Saii1c-Fcanc & Duritnel rentt·c11r; la
joi.e rer1aîr da11s rous ies ccrlirs, & on bé11ir
le Mo11·a1·que (c11til3le qt1i, e11 111énageJnt le
l11 1~ de fes Suj e ~s, fait affè r1nir pour j ~1111ais
. ~' fidéli té ê<. le courage acs Défenfct11·s de. la
P ,t r ,-je. ,
Cer Ouvrage a eu bea•1cot1p de ft1 cç~s , &
il n t1s p~ roî r qu,il e11 en. dig11e à bien des
ét>ar~. U11 jcu11: l1on11nc q·Ji , par u.;.c
i 11 '
'
..
IUl-J •--• - --------
-

.. -
D E F R A N C 1!. 1 41
.cnnduîte ex~tnplaire, par des · vertns ho110-
1·al)les & util(:s, a expié pe11da11r fepr a11s une
f.1ucc cotn111i{e par u11e légèreté pardonnable
dans Utl â;e où la chaleur du Ca11g, la fierté
de l'â!ne & l,indifcrérion éga1·e11r un être
fe11fib1c qt1i va recueillir le fruit cf e fa bo1111c
co11duite e11 épouf.-11t une fille charmante
dor1t il cfi ain1é, & qu'il adore, & qui,d3ns
cet i11ffanr mên1e,efi reco11nt1, m·rêté & co11-
da11)11é à la 1 n)ort; un Perf onnage de ccrte
cfpèce cft, ou nous 11ous tro·n1pons fort,
rrès -i11tére!fa11t & très - dtarr1~tique. Nous
delir~rio11s pourra11r que la demande que fait ~
Dttrirrlel d'épot1fer Clary, & le co11fente11~ ent
que celle-ci y donne, ne t.rouva.ffc11r pas u11 ·
aveu fi facile dans les pè1·e & 11:ière de ces ·
infortunés. Durimel y:i, être fufillé. Comment
la anère Je Clary confent- elle à . lui
Yoir époufer fa fille ? Quels regrets, quel
défcf poir 11e lt!i prépare-t- elle pas c11 plaça11t
. 1~ a11cel de f on hyme11 fur les bords du cer- .
cueil de f on époux. Que les deux jeunes gens.·
que d~ux têtes exaltées 'par IJamour & par la
circo11fiance defirenr ardemtnenr de s,u11ir,
cela ptut êrrc) un relle .délire ~11: cXét1fable ;
mais que Sai11t· Fra11c & Mme Luz~re y confenrenr,
qu ïls 11e pré\1oie11r pas les f uires que
peur ~\1 oir un rel in~1riagc, qu'ils n·e fe11rent
pas que eonfenri1· à t1n pareil l1y1nen, c·ea
enipoift)nner les dèrniers n1on1ens· tlu jeune
llom1ne, & porcer un poignard dans le coe11r
.Je Clary ; nous avouero11s que cela •1ot1s pa.:.'
ioîc inconcevable. Pou.rquoi e11corc l,éprcu; ·


- '



• •

...
"
1 V.tJV I :.14 U
-
-
• -



1 42. .~ M· E l\. C U R E . ,
vc * que Saint-Franc fait de la f oumif1Îo!1 d'-'
f on fils? Il vi~11t de con (e11rir à f on i11;1riage,
tour-à-cottp il l'engage à y rc11011cer. f-Ielas!
l'ï11forru11~ n'a que peu , de n1ome11s à vivre,
011 le c1·oit au moins, & c' eft f 011 pe1·e
qui en aug!llente l'amertume! Elt ce là le
caractère d,un père fcnlî~1e? tvlais, t-lira·t·on,
ces i1·,cidens produife11t de l'i11të1·êr. Oui;
néa111noins 11ous oferons dire que c'efi: avec .
des fl1oyens vrais ou vrai(emblabl'7s, av~c
des re«orts naturels qu'on doit cl1erchcr à
produire cet intérêt fi 11éceffaire au Tréâtre;
& il fattdra toujours répéter ·avec Boileau:
' I
Rien n' eft beau que le vrai; le vrai fcul cfi aimable.
Au refi:e, il y a de grandes beautés dans le
rôle de Saint· Franc. Celui de Valcour préfente
bien le caraétère étourdi & léger, mais
noble & généreux de nos jeunes Officiers
f ra11çois. Cette Pièce ell: en .. général bien
jouée. M. Cottrcelles, Aéteur qtii a paru il y
a trois ·ans à la Comédie Fraeçoife, y a
débuté par le rôle de Saiar-Franc. Nou~ parlerons
de fo11 tale11r quand nous lui 3t1rons
vû repréfenter d, autre~ Perfo11nages. T c>11r
ce que nous pouvons di1·e aujourd1ht1i , c, ell: .
qu'il nous a ~'aru digne des cncouragcn1c11s
qt1, on lui a donnés.
~ l-Iots da Théâtre, une épreuve de cette ~aturc
[croit admiffiblc, rcligicufcmcnt parlant. Mais à la
Scène> &: dans le perfonnagc d·uo vieux: Soldat, elle
cl} abfolumcnt déplacée. ,

..
-
-
-
-


-- =+
- •
... o· E P R A N C E. 14~ • • •
...
MUSIQUE.
'À r R s détachés, avec accompagnement de C/11-
'tltcin ou. de Forte-Piano , de l'Opéra d'Eltélre •
Tragédie c11 troi• A~es; paroles de M. <iuillard;
muGque âe M. Lemoyne. Prix , ·4 livres ~ Cols. A
l>aris, chez l' Auteur, rue Montmarrre, Hôtel d'Aix,
à côté du Pa1f age du Saumon, &. aux Adre1fes ordi-
• na1res. . .....
Les N oélurn.es , ou jix Airs variés pour u11
Yiolon êJ Violonctllt, compofés par J. B. Breval,
OEuvrc IX. Prix, J liv. li. fols. A Paris, chez l' Au- ·
teur, Boulevard du Temple, vis à-vis la rue· Sain- _
tongc, & aux Adrelfes or<linaires. '
Dix-huiti~me Recueil d'Airs d'Oplras Comiquts
fi autres arrangés pour trois Flûtts, par M. Muf~
fard, Maître de 11Ûtc. l'rix, ' livre!. A Paris, chez ,
l' Auteur, rue Aubry-Je-Boucher , & aux Adrclfcs
ordinaires. .
\
ANNONCES LITTÉRAIRES.
~s,1ca.lo1/ tn btlk humé11.r, ou le plus joli Clzanfonnier
Franrois. Petit format. A Paris, chez Dcf--
nos , rtJC S. Jacques. On trouve à Ja même adrcfiè •
le Paffe-Ttmps des Dan1es, 011 les plus Courtes
. Fvlies font les rueilleurts , même format.

Bihliotlzèqu1 P hilo{ophiqut t/μ Légijlattur , dû
Politiq1te, du lurifconfulte, par M. J. P. !riifot de
'W arvillè, A utet1r Je la Théorie iles Loix Crimi•
tllt6. 1 Vol. in-a•. A Berlin, & fc vend à Parï.,
.bel. Dcfaugcs , Libraire, rue S. Lonis du Palais •
• , .



...

' •
• •


t

IV'4'Vl:J4U

1 •

-
- '

14~ M E R CURE •
D iffertation far lts AlcJlii<lies <le 1· Urètrt, d'Vte
Jts i~é_rrexla1s fur /,z lYi itl!ode qu'ont · tmploy é juf-
' qu'~z préj~11 t quelques Praticiens, par 1'1. Gu~rin,
a11cicn Cl1i rur~ien - ?vlajor de lvl arine, Maître en
Cl1irurg;e à Rouen, Ve>)un1e in- s v., n0uvellc
'Éd :rio1, , corrigée & conGdé1·ab!ement. augmentée.
A Paris , cl1ez. l' Auteur, rue Sre An11e, au coi11 de
• celle des 01·ties ., cl1ez Prault, Imprin1eur du Iloi,
quai des Augufii11s ; Didot le jeune , Im1>rimeurLibrairc
, q Jai des A11gufii~1s; & Durand neveu, Libraire
'<' rue Galande. ._
Les Après - Soupers de la Socilté, &c. dix & -
ontîème Caiziers. A Paris, cl1ez ~'Atttcur, rue des
:So11s·Enfan<; , la port-e-cochère vis .. à-vis la Cour des
fontaines du Palais Royal.
Lettre ie M. le Prijidtnt de .*** 4 M. le Comte
Je*** , fr1r le Poëme des Jardins. A Paris, cl1cz
ks Libraires qui vendent les Not1veautés. Prix, 8 fols.
-- On trouve ch ez. les mêmes Libraires !t Pilote
c;/efte , t>oëmc fur le Vaitf cau volant de M. Hlanch~
1rd. Prix , g fols. ·

• T A B L ~
L ~ An1.ant Jal eu." , tplcre, ''1 Fr«nrois ,' 1 t'
'Les Grâcts rLconnnts t i o t j Lt.s Soupirs d' .EuriJ.ict das
~ni~mt t,. Lo.-::~xrypnt, 10:. lts Chttnts Elifées, J 31.
Eloge du ..\ !arquis tlt Courc~n- Comidie r 'r•11roife , .. 1 3ci
v aux , J 04 Comttl.it ltalitnne, J 3 I
I e ( htvalicr de Jord11ns, I 171 Jt.lufique, I4J
C.zrnzina Caroli le Bt11.u, I z i. Ànnoncts litttr.irt1, ill.
 nalyfe raifonni tl.u Droit
-
Jf P P R 0 B A T 1 0 N ..
J, At ki , par ord.re de Mgr te Garde des Sceaux , le
Mt,cur·~ !.i F,rance, pour lê Saincdi 10 Juil let. Je n~J 9Î
rica tT<)ttvé qui puiffc en em pêcher l'ùn•refi'M>G. A Paille
le ''Juillet t7I•. GU 1 DL
- 1




..
r

.. -

. - ' ,
.. ~-. .. .. . . . ' . f . • . ' ~ ... ' • . . ~ • . ~; #;.,.,....,...,,_~ ..... ,., • ....... \ · ,. .r.,.4_.-,,•1 _. -1"• _4. ,a . '. ... : ." . • ..I . " 7 ·



.· D E .. F R A N C E. ·

S A M E D l '!-7 J U I L L E T I 7 S 2..

~ - . . ... . . --: ,,.
P 1 È e E'S F U G l T ·1 V ES ,.
EN Y ERS E T EN P R (i) SE.
- • • • ..
• V E R S • • . ~ •
'A M. lD E P 11 s ~ qui me plaifantoit far c~
que j' avois plettré.à la Tragédie de Gatl:o}I
& Bayard. ·
S !ances i.rréguli.ères.
A 1Ns1, de la Mufc Tragique
Pcrfiffiant les nobles travaux,
Votre plume, un peu fat}'tique,
S'égaye aux déprns des Héros.

EN Y A IN"Mclpomène attendrie
Sur la Scène répand des pleurs;
Sourd aux acccns de fes douleurs,
Vous confcrvez vpcrc apatlûc.
N°. ; p, Z.j. fJuil/et 118i •


.. .. •

-
{





-
• •
IV~UI :J4U -
1


'
'
'
• ...

• •
·146 M E R C U Il E
LA Mufe de la Co1nédie
Me plaît alfez par Ca joyeu[e humeur;
Mais Melpomène eft le cl1oix de 1non coeur :
· L'une cfi: belle, & l'autre cfi jolie.
PAR un goût diffé1·c11t, qui vous fait pe.i d'l1011neur ~ /
Vous préférez l'ét'ourderie,
· " Et le nez ei1 l'air de ~h~lie,

Au nez romai11 de fo11 augufie foeur. -
Pou A moi, je l'aveuerai, dût la plaifanteric
Contre mes vers épuifer· tous fes traiss ,
Pour la gloire du no1n Fran~ois
Je regrette le temps de la Cl1cvalerie.
LA perte de ce temps fi fertile en Guerriers,,
~ Doit fur-tout affliger les fe1n1neis;
Car le règ11c des C~1evaliers
Fllt auffi le règ11e des Daines.
· 0 brave & généreux Bayar<:i ! .....
Combien de fcs vertus le tableau m'i11téretfe !
Que le don de Con ccrU'r niag11ani111e & fans fc1rd
Dût être cher à fa maîtrelf c !
FroÈLE att !loi comnac à l'honneur,
Sct1fiblc fans foiblc.lfe , & bon autant que jull:c ~
Il mérita le titre augufl:e


De Cl1cvalier fans rep.roc he & fans peur. ,
0 ·'ou s ! JlUÎ tçaitez. de chimères
mm.1 ·
li!a --


1 U -t .... f
-

'

DE FRANCE.·
Ces douces moeurs du bo11 vièux temps,

. Cetfez de critiqt1cr les l1om n1es à talens •••••

Ménagez ut1 peu plus vos frètes.
REIIRENEZ ces rians pÎ{lceaux

Qui, ccignar1t votre front d'une doubl~ couronne.·
,
Des Amours de l'Eré, des travauit de 1' Automne•
Tracèrent les cl1artna11s tableaux.
DE Bi.LLO Y t!éformaîs laitfez rcpolèr l ombre .. ,..
t Et n'employez plus vos loifirs
A nous retrancl1er des plaifirs ,
. Quand vous pouvez4en augmenter le nombre.

. ( Rar Mlle de Gaudin.)
A Mif demoifelles D E G .A. u D I N. •
PARDONNEZ-MO x, car j'ai péch~,
E.11 riant à la Tragédie .J
Qui, par vos belles mains , fans doute à bon marché•
Fut fi vi vcment applaudie.
J''aime Gafion & j'admire Bayard.
Plulicurs des vc1·s que ces Héros déclament •
Sont alfcz bien tournés > &. cou lent avec art ·
Da11s le fond des C(rurs qu•ils cnAament;
Mais dcva11t ces hauts faits tüf us magiquement•

J'ai de la peine .à me nattrc en c1taf.e > •
Et je tiens que le fcntirne11t,
S'il Jl,cft ils de 1· Amour, l'cfi: alots de l'empl1aCc.
G ij





-

,
• •


\ ..

• •


• •

~fERCURE
Qu~nd le Citoyen de Calais,
t -
Las d'entendre vanter les Romains &. leur fafie,
Traça de nos Guerriers les généreux portraits , l
La France étoit enthoufiafie , -
Et ~evoit par orgu~il e11 lotier tot1s les traits;
Mais, fi 11otre valeur aujourd'hui plus co111modc,
Rend les efprits moins exaltés ,
Si notre vieux d~lire cft enfin l1ors de mode,
Et que de feu Belloy les vers c~uls Coie11t refl:és,
..
Je fouffre quand je vois de dix Scènes vulgaires.. -
Nos modernes Sapho confirmer le fuccès,
Et claquer, pour nourrir l'Héroïfmc Fran~ois,
Des morceaux qui ne le font guèr~.
Pardonnez-111oi fi j'ofc ici vous contrôler ;
r>ardon11cz-moi fi mon âme aguerrie
A tous ces gra11ds fujets défend de la troablcr ;
Je fuis Fran~ois .... fur-tout p0ur la gala11terie ;
Je tiens à mes fo}'ers, mais, fc'lns idolâtrie;
Et da11s tous les cli~1ats oti vou! pot1rricz aller,
'l
Je placerois volontiers 1na Pat1·ie.
/ (Par M. de Piis.)
, '
..
Co NY.E E P IG RAM MATI Q li E •
;

,
-
.,
#
UPR ~s d'un bon Bourieois )ln tendant de MaiCon~ •
• • • Ilien 11ourri, gros & gras comme tin Pair d·~1u1glctcr1·e:,
U11 élégant Buet fc trouvoit,att Parterre.
-.......
P~blcu t quand oo. eft fait èc ccrtainc·fa~on •




IU•,JIO'IO------------~--.--_,.--............,.,--


IO



D E F R A N C E. ttt9 •
Die-il~ ,oJl dèvroit bien [c rendre un peu jl1fiicc,
Et i1c pas avoir le caprice
~·étou.ff er au Speél:acle un voifin délicat. '
Oai, yoas a vcz raifon , reprit l'Homme d' Affaire;
Mais, nélas 1 MonGettr, comment faire~
Tout le monde ne P.eut, comme vous, être plat.
, •
Explication de /~Énigme êi du Logo:rypht.
. . du 'Mercure, précédent.
LE ~ot ' de l'Énigmc cil: les BaÎance.r •
. E:ell1i , du Logogryphe ell Grima.ce , oli fc
• A • trouvent mer, rame, marz, Clme, rlme,
arc .J Car!"e _,,, msrc ( poids) , mare ~ rage,
~arc ( l,Eva11gélifte) , grâce, âge, Mag·e,
• A • • A
~mlr, race, a.me, crlme., 4lrl ,gar~-,ttcre.,
• . czr(J, -game. 1
_ r •
•• '
• - f
É N 1 G ME.

E dcvie11s tour-à-tour acier, roCc, Jorurc,
Chanvre , poil ou coton ou chair , ou diamant;
-Quelquefois je ne fuis qu'une vaine parure;
1
'" Simple, je fers utileoecnt. •
• Lcéleur, à votre gré je me ferre & m·cntrouvre.
Contre t•hiver ;e vous défends;
Mais c'efl: au milieu dY printemps
-> Que ie fleuris & me découvre ;
Gill •

• •
'



'



1
...
., f o M E R e U R !
J'ai (ou vont de Bacc!;lus défiguré les traits;
Mai~ le fein de Yénu~ n1c doit tous Ces attraitf•


' ..,L 0 G 0 G R Y P, H E.

._ A: N s mes fix pieds je Cuis d'aborcl
Du Peuple au !toi 1·organc utile;
Ma queue à bas , des gucu x i· afy le; ·
At1x ambitieux je p!ais fott;
Sans tête aux Turcs doni1a11t la mort;
J'aide cnccre à parer Lucile . ..
'

- . •
NOUVELLES- LITTÉRAiRES: ,

- •
. HISTOIRE de Charlemagne, ·précidle de
Confidération..s far la }Jremièr' Race, &
fuivie de Confidérations fi~r la faconde;
pat· M. Gaillard, de l' Acadétnie ·Fran.
çoife & de l'Acadén1ie des Infcriptions &
Belles- Lerrres. A Patis , ·chez Mot1card, r
.I1npri1net1r-librairc de la Rei11e , de
MadaL11e & de .. M, ine. la Comreffe d' Artois,
rue des Matnuri11s, Hôtel de Cl uni,
· l 7 8 2 • 4 Vol. in· 1 2. •
u'11 11ous foit per1nis de préli1aer .à.
cet Extrait par 8es Obfervario_11s qui 11e con:.
~erne11t 11i Gl1arle111ag11e 11i 1011 Hifto1·ien >
1
,


IU4Vl!J,,.O---------~--,.-----------:--•


1
-
D E F R A N ·c E. 1 5 r
& qui auro11t le to1·c ou le 111érice de pré.,.
iènter u11 paradoxe .
Les Jot1rnat1x Lirrérai1·es auroient-ils ja- ,
mais dû être autre chofe qu'un regill:1·e public
ouvert à tous les Auteurs, pour y i11fércr
eux·111êmes l'extrait de leurs Ü"1vrages ;
fans éloge, car la bienCéance (du 1noins aur1
·efois) ne per1nettoit pas de fe Jouer foi·
mê1ne; fa11s cririque, car celle qu'un Auteur
feroir de fotl Ouvrage fe1·oit toujours fuC.
peét:e d,i11dulge11cc ; d' aille11rs, quelle rai!
011 fuffifante at1roit-on eue de 11e pas corriger
d'avance ce ~u'on critiqt1eroit après-coup?
L'Inve11teur des Jour11at1x Littéraires a
fans c.lourc rendu u11 g1·a11d fe1·vice aux Let·
t rcs; il a été utile & at1x Au~et1rs & at1x:
Leéèeurs, e11 imagina11t un [ivre qui fît connoîrre
les autres LÎ\'res , qui ei1 ai111onçât
l' ex1ftcnce & le· conte11 u; inais fat1te d, avoir
fo1·mé les Jour11aux fur le pln11 que 11ous indiquons,
quelles co11tratliél:io11s 11'a-t-il pas
éprouvées! que d,i11rerruptions de ce Journal
& fous 1\1. de Sallo & f ot1s M. 1, Abbé •
Gallois ! & en effet., quel que fût le mérite
de ces Sa va11s, de q ucl droit s' érigeoie11t· ils
en Arbicres ,d e la Litrérarure & e11 Cenfe 11rs
de tous les Ecrivains?
Da11s la fùite ce Journal a pris une fgr111c
plus rég1.llière & u11e autorité pltts légitime.
011 n'a rien à dire contre les J ot1rnaux érablis
oμ qui for1t ce11fés l'être par l'autorité
publique, & fur lefqt1e1s cette autorité veille
d'l1nc n1a11ière parriculièrr. · .
'

• •

..
-

-

15.t 1vl ER C U R E
Mais l' objclbio11 f ublifte . route entière
contre tous les Journaux établis par auto- ,
rité privée. c~ prè111ier abus a ouvert la
po1·ce à ur1e i11ultitud€ d'autres abus, do1Jt le
moi11dre a été que beaucoup d' A11tet11·s fe
font furti veinent ou etf1·011té111ent con1hlés
eux .. tnê1nes ti,éloges da11s des J0ur11anx dont
il~ dif poioie11t par eux 011 par leurs amis.
· Pour ne parler que des faits anciens &
co1111us; c.ia11s ce débordement de mauvais
vers dont P~ri3 fut i11011dé e11 1744, à l'occafio11
de la maladie & de la convalef cence du
Roi Louis XV, & qui a fait dire à M. de
Voltai1·e (au 1t1el fet1l jl fur donné d'en faire
.. ie bons fL,r ce ft1jet : )

Paris n'a jam ~is vû de tranfports Ji divers,
Tant de fc1.1x d 1rtifice & ta.nt de mauvais vers.
.. Il puut ou il n.e pa1·t.t point une Ode à
la Reine; 111ais l'Abbé Desfontaines l1annonca
& la vanta beaucoup ( fet1ille A du
~ Torne IV des ]ugl'1nens fur quelques Ouvrages
rzouveaux); il e11 cita u11 grand 11ol11-
bre de ftropl1ès , clu11~ l'une def quelles le
Poëte fe difoir vieux, fur qt1oi l' Abbé Des·
fontaines s'éc1·ioit: ''Quel vieux Poëte avo11s''
i1ous qui fa{fe ai11G des y ers? n' eft - ce
,, poi11r un jet1ne h0n11ne qui cli.ercbe à fe
,, cacher fous les rides de la vieillclfe ?
,, mais la vieilleffe pettt ·elle prévc11ir en
,, faveut· du talent ? ,, .. · _
C' éroir une é11igt11e qu'il 11e pou voit
devi11er, & qu'il propofoit au ieél:c1.1fi •



re

la
Je
f e
~ a
1r
,

"
1
'
'
1
l
,
• •
DE F R AN C E. · tf 3
Da11s la feuille D , il (e fait ail relfer une
- lettre, eù, en co11firmant rous les éloges
don11és aux firopl1es cirées, 011 lt1i <le111a11de
. pourquoi il 11' en a pas cite pll11Îcurs aurres
qt1'011 a1ft1re 11'êrre pas 111<) Ï11s belle~; &
pour réparer fa faute, on Jes cite. l)ar cet
. heureux artifice le Lettcu r a, c11 deux Par-
• ties, )'Ode. pref que entière. ~
Par un autre artifice, 1, Auteur de la let- ·
trc hafarâe fur u11 endroit de l'Ode une ou
, deux critiqt1es év jJe1nn1ent jnju!l·es , aux•
- quelles le Journalifie 11'a pas de pe111e à
I • repondre .
, Voici inai11renant Je 111ot de l'énigme.
. L' Ode .. efl mauvaife, & elle efl de l' ~1 bbé
:Desfontaines.
. La t .. l-at1de fut co11nue, & le Puhlic ne fic
qu'en rir~; l' Abbé Dcsfo11tai11es l'avoir fait
à fotl oadinage.
On dir que q11elques-u11s de fes no111breux

ft1ccelÎet1rs n'ont pac; n1oi11s accoutun1é le
Public au leur; 011 dit que la lot1at1~e & ·
le blât11e fo11c: devenus cl1ez qt1elqucs-u11s
ô 'e11 tre-cux .. non-feule111ent t111e afraire de
' , paOEon & '-ie pa1-ri, i11ais e11core t>n obier
â'in ré1·êr & de co1n 1nerce. N ot1s 1:"&' enrr<>r1s
p.oi11t dans ces que!tions fâc l1etJl- s; no11s 11e
u Youlo11s d~fobl ige r · perfon11e ; 11 us nous
. conc e11to1~s d'ét~ blir r1c•t1~· pr i nci~~e qu'il t1e
J Eaur ja1nais trotnpcr le teétet1r ni ft11· les ·
_Auteurs J1i Cur les Ouvr=i~s; c11 C<•t1 feq 12r~11~e
nous nous l1ârons de déclarer que J' utct1r
:.de cet Ex cc a · t ,.. ,a auffi l' ucéuiï de.~ l'I-Iifroire
• • G V .. .
-

-
I
-

..
,


..
• •

• •
If 4 MER c u R E
de Cl1arlemagne , & que par conféquept
cer Extrait 11e contie11dra ni éloge ni cri~
• . t1qt1e.
Pourquoi u11 Attteur , bien réfoltt d'obfe1
·ve1· tOlltes les bienféances, cne rendroit-il ,
pas co1npte au Public de fo11 propre Ot1-
vrage dnns tin Journal , Ct)n11ne il en 1·e11d
co111pte à fes Le&eurs dar1s u11e Préface, e11
fe bor11a11t à dire ce que !'Ouvrage con~ienr,
. dans qt1el c:fp1·ît il eft fait' n~11s quel ordte
les ebjcts y font préfe11tés, ·&o. tnais fans
at1ct111 ligne 11i d'approbatio11 11i de c~n~
{ure? ..
'. Eft· il mêcne bi~11 sûr que le Pttblic . en
de1na11de d1van!age aux Jou1ï1aliffes de profeffio11?
Ils s'e1np1·e{fe11t cous à juger en hie11
ou· en n1al 1-es Ouv14 ages dont ils ne font
chargés tout au plus que de 1·e11 ,{1·e compte.
Il efl: vrai qn'il eft difiicile de fe reft1fer au
plaifÎr lie louer ce qu'o11 fe11r ê'rre bo11, ou à
}a jufl:iee de blâiner ce qt1i cfr évidem1nent
mauvais; 111ais à ne co11fidérer qtte l'intérêt
du Public, qu'a-t-il befc)in du jugen1ent
d'ttn pa1·riculier? qu'a-t-il befoi11 de f1voir
ce que Bav ius penf e ot1 vcttt pe11ter des vets4 vu de la profe de Moevius? pou1·quoi faut~ il
qt1't11-1 f~t1l hom1ne prétende app1·endre o 1
prefcri1e au Public ce qu,il doit penfer de
tel ou rel Ouvrage? Au fon,{, que dema11êiet-
on à u11 Journalifl:e? U11 précis fidèle, un
co1·l1pte exaét d'après leql1el 011 pui1fe juger
du bcfoin qu'on a dë l,Ouvrag~, & du
~gré d'inftrult1on ou de plaifir qu'on peut



rL~
b· l
.jJ
~n
'
~· 1
~Il
~t
,
t\l
à ..
~t
~,
~t r l\
~,
(


D E 13 R A N C E. 15r
s'en pro111errre. Un pareil compte_ peut fe
paffer du juge111ent dll Jot1rnalifte, & Je
j11g~ment du Jour11aliCte ne pe1.1t pas fc
paifer d' u11 pareil co111pte.
Les Jour11aliftes devroie11t donc pet1têrre
fe bo1·ner à la fonétio11 de Rappor.-
tet1rs , & 11'y pas joi11dre celle de Juges.
La fonéèion des Jour11alifl:es, telle qu'elle
cft exercée ..atfez générale1nent, efl: u11e e(pèce
de Mi11iftèrc ou de ~1agifrrature dont
le défaut etfe11tiel efl: d'être abfolu1ne11t iàn~ •
.million : j~ger fcs co11temporains , fes
rivaux, fes ég1ux , quelquefois Ces f upérieu1·s,
trop f ou:vent iès enne111is, n' efr pas un emploi
quj doive être aba11âonné indifiinll:1-
menr a tout le n1onde; Il in1porte qu'un
Jou111al 11e foir poir.it t111e artne da11s la main
d't1n inécha11t ou d,un e11viet1x; il i1nporte
ique ce 1ninifière (oit exercé avec juftice,
ou au i11oi11s avec décence. Mai5 il ne s'agit
pas ici d,expofer une théorie géné1·alc
pour la perfeétiom ou la 1·éfo11ne des J0urnal1x,
nous dif ons fet1le111e11t qt1e le Public .
â bef oin d'e connoît~:e les 0t1v1·ages, & qu'il
i1, a pas le 111ê1ne be(oi11 de co11110Îrre l' opi-.
1.1io11 d, 1111 Jour nalifl:e. •
~' On L1it toujours miet1x que perfon11e
-corn tne11t 011 veut êrre ' 1ot1é, a dit lln plai.
fan r; in ais en confentar1t lie n' ~tre pas loué,
un Auteur ne fait-il pas roujoars 111ieu.x que
pe1·fo11 ne, 111ieux que le LeCtet1i· mê1ne lie
plus arr.e11tif, oe c1ue c01:itie11t fon Ouvrage.
<lans ']UeJ fpt.it il eft fait., -ce qu'il lui 2
G V~
.. ...
1



-





\
.. • -
· 116 MERCURE
coûté de rra\'ail, &c.? & s'il falloir ~bfolu·
ment tlM juge1nenc fur cet Ouvrage, ne
ferait-il pas à propos , pour qtte ce jugement
ft1t coni plcttet11ent juR:e , que les idées
d11 Jot1rnalifre futfe11r co111binécs avec celles
de 1, Auteur? ,.,
Mais, dira-r-011, li lei Auteurs rendaient
compte et1x-1nê1nes de leurs Ouvrages da11s
les Journaux, ou li Je.s Journalifres, f e bot-
11a11t à en i·endre cotnpte, s' abfre11oient de les
juger, on feroir privé des avantages de la
critique; cependant la critique dl: utile, on
ne peut le nier.
Oui, 11ne critique jull:e & Cage , di~ée
par le pur a1nG>t1r rle la vérité, fans auct1n
mêlange de paffto11 & d,efprit de parti ,
fa11s aucu11e e11vie de n.uire ou de tn<i>rtifier.
alfaiConnée mê111e de cotts les égards dûs à
l' Autelllr; 1nais la cririque nous a dérro1nP.é'
de la critique; Ces abtts 011t tellement excé:{
é Ces av111rages, qu'il y au1·oit beaucoup
à gagt1er à i·e11e11cer at1x uns poar êcre délivré
des autres.
Qt1a11d on veut citer un medèlc de critique,
on cite celle du Ciel par 1, Acadétnie
Françoife. En citeroir 011 beaucottp d·autres?
.Nla1s cette critique 111ê111e, font'~ ce les
obieétio11s & les jugemen5 qu'elle renfertne
q •.1i e11 fo11t le prin6Îpa t· mérite ~
Non, plLifi't!urs de ces juge1ncns font rigou~
reux ju( u,à l'injufrice; il Ceroit aifé de le
dén1onrrer Qtt'efl:-ce do11c qu'on adiriire
da115 cette critique? C,eft fur tout a 1n0dé-


,

1VlfVFU4U
• •
D :E. F R A N C E. 't fV
ration de l'Académie oppofée à l'acharne--
1nenc de {on Fo11dateu r ; c' cil la co11(it1ération
q u' eile ré111oiga1 e par-cout ·à· Corneiile >
que le Cardinal de Richelieu vouloir hu111ilier;
c' elt le ref peét que le goût rn.ontre partottt
pour le génie perfécuté. • .
, Dans la plu part de nos cri tiques , nous
paroilfons craindre que la 1na~ignité ne
perce p.as affez. Les moins injuftes. ont e11-
core de quoi bleffer l'.Auteur, au moins par
le COJ1. -
Les critiques de goût ont \1n arbitraire
qui prête à l'i11jt1fl:1ce & aux in.it1 \ailes intc11tions;
d'ailleurs, elles font roujours J~licarcs,
parce que la i1uefiio11 efÈ 01·di11aire-
1ne11t de fav<>ir fi l' At1ret1r a de l' ef prit &
du goût, ou s'il en manque.
Les cririque.5 d'érudition , qui co11fi:irue11t
P.riL1cipaletnent ce qu' 011 appelle la critique ,
font plus innoce11tc~ & plt1s utiles ; elles
ont pour prétexte & peuvent avoir pour
objet l'i11ftrt1&ion du Pt1blic & l' éclairciffement
des fairs. Qt1'un tàir f oit vrai ou faux,
011 incerrain , c, cft l' affai1·e des preuves ,
l'amour p1·opre 11,y paraît pas fort inrét·effé.
Eh bien! ces cririqt1es mê1ne f onr a111ères &
venin1eufes , parce que ~, eft à l' Auteur qt1' on
en veut bien plus qt11à l'Ouvrage; c'efi l'Allteur
qu'on veut bl~lfcr, noa1 le Public qu'ün
vc11r inflrui 1·e.
)iinis Je rorc n'eOE pas tot1jours au côté a s
/Ou 1 a liftes, il efi fo11venr <.ia11s l'arrtotirpreRre
int0lérant des Autcur.s, qui s, offcnfe
-


é -


1 V~VIU*U
-
'


• •

-11 g ~I E R C U R E
de toute critique, & 11'eft content 'd'aucun
éloge. L'arrangen1e11t que nous propofo11s
ranédieroit e11core à cet i11co11vé11ie11t ; les
.Autet11·s feroient et1x-111êmes le rapport de
leu1·s Ül1vrages, ~:l le 1:1ublic juge1·oit. ..
Mais tous ees rapports fe1·oie11t toujot11·s .
favorables ! ·
Oui, n1ais ils 11e pourroienr coujours contenir
que ce qui Ce1·oit da11s l10uvrage, & la
· bienféa11ce i11te1·<.iiroit tout éloge.
' ~1ais qui avertira le Public des fautes réRandl1es
dans l10l1vrage?
Quï? ceux qui vou•3ro11t e11 e11tr.eprend1·e
la critique particulière à leurs 1·i!qaes, périls
& f 01·ru11e.
.. Mais e, elt rentrer dans la fonétion de • •
; ' Jour11alille !
Oui, mais; c' efr y rentre1· e11 particulier,
11011 en l1om111e pt1blic; e11 plaidet1r, no11 e11
juge; & qu'o11 ne croye pas cette difii11étion
. chit11ériqt1e, elle efr r1·ès-jn1portanre. 11 y a
toujours q11c portio11 du l)ublic qui efi: la
dupe de l'autorité que s'art·oge tin Journalifie;
celui ci prononce toujou1·s ex Callze-
. . drâ; il a fes Leéteu1·s tol1t trouvés & fes
Difciples ad.diài jurare in verha. magiflri.
Le Cen(el1r particulier, plus olJligé d)a'7oir
raifon, y·rega1·de à det1x fois avant d'entre·
p1·e11d re une cririque; il ne l' e11trepte11d que
quand elle cfl: nécet1àire Ott utile, & qu'il fc
Barre rl'y don11er a{fez d' agrémet1r ~ d.tibtérêt
pour la f,1ire lire. 'te Journalifie eJt 1 r
d'être lû & 'ru, du inoi11s par fes çrox.QIU~
-
-
..
I

1


D E F R A' N C E. 1r9
r & le vulgaire lui flllilpofe caraétè1·e & autorité,
puifqt1'enfin il s' eft fait Jour11alifte.
IDe plus, fi l'Auceur veut répo11d1·e , il
faut qu1il fe ménage ur1 cl1a111 p de bacaille
dans un a1Jtre Jour111;ll ri~al & e1111e111i du ·
, Journal aggreifeur, & qui fot1ve11t lui rcft1fe
territoire dans la crainte de Ce coin pro1ne~-.
' tre. Da11s la critique particulièi;e l' Auteur
-& le Ccnfe11r fe oarce11c à ar111es égales.
· Mais cetttc ~néthotle fera co1111node pour
les mau\'ais Ecrivai11s, do11t elle taï ra les
defaurs ! ...
. Pas fi com111ode.- U11 mat1vais Écrivain
par~îcra deux fois inauvais Écrivain , k
èans l'Qu,;rage & dans 'Extrait. ..
Elle fera fâcl1eufe pottr les bo11s Écrivai11s
qu'elle p1·ive1·a <les louanges qu'ils 1néi:itent !
Pas ,,fi fâcheufe, par la rai!on co11traire. Le
bon Ecrivt.lit1 paroî ~ra doubieme11t digne
des louang's qu ~il aura dû fe refu(er.
Quoi qu'il en f oit enfi11 de l'i1111ovation
propo[é~, ql1, clJe foie ad1!1iffible ou 11on ,
qtte 1, exemple qu'o11 va don11er foit f uivi
oa qt1'il )·eftc fa11s imirate\tcs, ~oici u11 Exr1
·ait où l, Auteur va publique111e11t & a décot1-
. vcrr, a11alyfe1· fon propre Ouvrage> fa11s eloge
.. & fa11s critique. · •
Extrait. d.e l' Hifloire de Charlemagne • .
Le fond de cet OuTrage efr l'Hifioire de
Chaa:·le111ag11c ; mais elle ell: précédée de
Co1zfidérations far ii remièr~ Race, & fi,i ...
. Ylt de . Confiâérations~r lafe,ende.
I




1 U,i.JU I :J4 tJ




i 6$ · M E R C U R E
Ces Co11fidérations ent;'re11r daris ~c pla11
de l 'Ouv~age, & font t1ne partie etfenticlle
d11 f~tjer. Il f:1lloic monr1·c1· toue le tnal 'que
Cl1arle1nagne avoir à corriger, & qu'il a
corrigé e11 partie; il falloir 1no11trer tour le
· bien que Ces Succeffears a voient à détruire,
· · & qu'ils ont déc.ruic entièret11enr. ,
: · C' ell ce tableau qu'on a voulu préfe11rer;
ce !011c ces vici!Iirudes dont on a tâché d'expofer
& les caufes & les effets ; en gé11éral,
· 011 a voulu tirer de cerce partie de 11otire
Hifroire tot1res les vérités utiles, coures les .
moralités Îlnporra11tes · u'elle peut fournir •
.. L'Hifl:ojre doit no11- euletnent être racontée,
in ais et1co re être raif on11ée ; il faut que
. lés hon1rr1es & les ~véneme11~ foienr j\tgés ;
il faur q11e les fautes & les erreurs dû patfé
. foient la 1e~o11 de l'a\1e11ir ; il faut qu,011
· fache ce qu1 s'eft fair, ~our favoi1· ce qll'il
faut faire & ce qu'il fau·t éviter. D'ailleurs,
les f~lifrorie11s n' 011r pas toujours jugé aflèz
, fiaineme11t tles chofes; la pltipart des jugeme11s
de l'Hifi:oire f 011t à réforn1er) & c, eft
un 1notif de plus de rflifonner aujourd 'hui
_ l' Hifloire. Il faut rayer de fes A11t1 les, il
fattt dé111enrir à la face . de- l'Univers. cous
· · ces jt1get11e11s infettés de l'e(prit du MachiavelJiline,
ces tloges de la g11€1·re, ces ho111-
niage~ proftirl1és ~ tt crin1e i·éputé heure11x, à
la fot1 rberie r.ép11tée ad1·0ite; il faut s'élever
contre ce~ e1111en1is du rg.ç11re hu111a'in, qoi
... 011t ofé diftit1gt1~r d.e~~0r?lcs, l't1ne pour
le pet1 ple, 1, autr__ e pou1· Jes Rois ; i~ne ;.qui


-

-
1uqu,...,_.u -- --------
,

-

D E F R A N C E. t~t
règle les droits des particulirrs, l,autre i qui
fait la dcfiinée des Em l'ires; contre ~es Ecri- ·
vains , ou pervers ou ftu 11idcs qui, lailfaftt
da,1s l, oubli ou li\1rant tnême au mépris les
vertus pacifiques ·& bienfaifai.1tes , ont toujours
célébré les vices r11rbulens & funefies.
Quai1t à la 1n4_11ière d"e111 ployer la in oralité,
elle doir bcauèoup ''arier dans la forme.
Tantôt 1, At1tcur l'é11011ce de lui-même, tantôt
il la place dans la boucl1e d'un de fes
pcrfonnagcs, tantôt il la f upprime entièrement
lorfqt1'elle fort atfcz d,elle-n1ê1ne du
fond Ju f ujet, &: q11e l'cf prit ne peut pas ne
pas la fer1tir & ne pas la ft1 pplécr ... Lorfque
Agt·ippin·e c1·ie at1 Centurion qui la 111aifacre
par l'ordre de fo11 fils, & qui 1, a voit déjà
frappée à la rête : Frappe les entrailles q1,i.
ont J'01·té ce monflre,, 'Y"'ENT REM FEl<.I. Ces
det1x inots 011r pJ t1s d, éloqt1encc & de mo·
rai icé que 11, en a uroic11t les N'~l t1s fortes déclan1a
rio11s co11tre le pa1·riclde. Lor:f<.1t1' apres
avojr rapporté les c1·itnes lo11g- te1nps
impunis de'-Néi·on, l,Hiîl:ot·ie11 ajot1re: L4
/011, rie patience du genre· humain fa , lqffa
en Tl; 011 n'a pas De( OÏ 11 d, ételltl t·e Ôa'\'a ntagc
la n1enace terrible que c~rrc pl1rafe li
fttnplc fair à tot1s les tyrans; inais tOLltes les .
fois qt1e les préjugés ou d, opi11io11 ot1 d'ufagc
s'oppofe11r a la i11oralité & . ]a repot1ffe11t,
on ne peot la fail·e f orrir avec r1·op d,éclar.
on ne pet1t l' énor1cer trop formclle1ne11c ni
l1 d~velopp e r rrop pleine1ne11r.
· E~re urile, en 1111 .111ot, êrre utile, voilà





' ............ """""






"1.lii . M E R C U R E
le grand devoir de rour Écrivai11, 8' la eon~
.iet1nnatio11 de tant d' écrirs.
Tel eft le précis d~ la Préface ; on pettt
la· regarder co111mc un petit Traité de l'u(age
de la 1norale dans l'Hiftoire & de la inanière
de l'y e1nplo}1er. Si nous rrouvio1~~
cerce Differtarion dans la Préf1ce de roue
autre Auteur, nous e11 conclu1·ions qt1e cet
Atlteur croit avoir tnis quelqt1e pl1ilof o·
phie & quelque n1oraliré da11s fo11 Ou\' rage;
nous ne pouvons c.l~nc nous difpenfer d'admectre
cette co11r1'e qt1ence pour nous4 111Ac 1T-ics,
· autrement ce ferait avoir deux poids & deltX
n1efures.
Pour jug~1· de cc qu'a .fair Charlen1agne ~
il faut connaître ce qu'il avoir à faire; il
f:ïtlt voir da11s quel état il avoir reçu la
france, & _dans qt1el état il l'a laiffé_e.
• •
.. .L'Introduélion, qui co11tient des obfier\ra·
tio11s fur la pre1nière Rac:e , & qtti appartient
plt1s effe11tielleLne1·1t au f ujer que les
Inrroduél:ions orc.ii11aires, efr divifée en
quatre Chapitres.
Le premier préfente des obfervarions générales
fur l' ef prit de guerre, & u11 parallèle
des guerres des .. Peuples barbares & de
celles des Pet1ples policés.

Dans l, ét:tr· de barbat·ie, la guerre cfl: conti11t1elle;
elle efi l ,t111i q t1e affaire, elle forme
feule l'ef prit gé11éral : da11s l'érar qt1'011 appelle
policé, la guerre n' cft qu'intertnirtenrc.
Si 011 étoit cout-à-fait i)ol1cé, la glterre cef:


,



IV&J'V 1:1--------~------
'
.,,



,


D E F R A N ~ E. 1 ';·
feroit entièreme11r. ~o.ite police tient à la
paix, & a befoin de la paix.
ILes guerres des Pet1plcs barbares f on~
beaucoup moi11s de1·aifo11!1ables que les 11ôtres.
Cl1 aifés par let11· 1nu lrirude, d,t1n fol ing1
·ar & fa11s cultu1·e qui 11e .peur plus les
11ou1·rit·, ils fe 1·épande11t da11s des cli1nars
plt1s het11·eux, & vo1Jt opp1·i111er des Pel1pJes
que Ja jquilfa11ce 1nê111e des Arts re11d moi11s
propres à la guerre. t,agrc~feur alors a ~u
rnoi11s un i11rérêt: préifa11t, t111 objet fc11Cible
& q•J'il peur remplir; il a co11it111u11en1ent, fur
les Peuples qt1,il arraque, l,avanrage de la
force & de la férocité qt1e don11e J3 barbarie;
inais des Pe11pJes de11t l'érablitfe111ent
ell: for1né depuis Jong-re1nps, des Pet1pl~s
policés, e11ro11rés de ro111te part de Nations
également policées, des Peuples à .qui le
.. com1nercc peut fournir routes les jouiifaa·
ces que la mature dl1 fol leur a refufées, qui
favent échanger tous les avantages ref peetifs
, faire Ji{ paroîr1·e & 1, éloigne111e11t des
lieux & la diffé1·ence des c1i1nats; des Peu-
. ples pour qui les mers, loi11 d'être des barrières
qui les {épare11t , devie1111enr cte nou~
eaux liens & ·de not1velles f ot1rces de ricHeifes
& de bo11heur ; des Reu ples e1:ifin
fur qui l'oeil de la Poliriqt1e extérieure efr
roujot1rs ouvert our préve11i r t0ut accroif.
fen1ent de puif ai1ce capable d'alar1ner la
liberté générale : quel inrérêr pet1ve11r ·ils
~ avoir de faire la guerre, ou plurôc quel in~
sérêt n, ont·ils poinc de 11e.la pas faire~
)
'

l\J.&JVl:J4U - ~





; i,4 M E R G U ~ E
Le réfultat de ce Cl1apicre eft que l' cf prit
de guerre en tout ge11re f oulève contte Je
: bonheur du genre - humain une 1nulrirude
d' en11e111is. · ·
Dans la guerre, des Go11quérans, .fléaux
de l'Univers. ·
Dans la Politique extérieure, des fot1rbes
malfaifans qui éternifenr les guerres.
Dans la Politique intérieure , des tyrans
qui forcent les Peuples à la révolte e11 les
accablant, ou des féditieux qt1i féduifent les
· Peuples pot1r les poulfer à, la révolte.
Dans la Religio11, des perfécaceurs qui la
feroie11t ha'.ir.
Da11s les Lettres, des .tiifputet1rs inrolb~
rans qt1i les profanent, & qui. co11verri,fenc
·en poi(on ce que l'U11iver.s a de plus ain1a-
. b!e & de plus utile. ' ~ .
• 1 Voilà ei1 général les maladies dent Charlcj
1nagne a voit à gt1érir "le g'e11re ht1111ai~. ) l
· Dans le fecond Chapir1·e, 011 exa1ninc
"plus p:trticalièrement, on ft1iv;a11t l'ldifloi1·t!,
quell es moet1rs l,efp1·it de gllerre avoir i11trodt11tes
dans la France & da11s l,Ett1·ope ava11t
Charle111a t1e. Ce Chapitrie co11rie11r l'Bjf-
.. toi1:e de la pret11ière Race depuis Clo~is 1
jufqt1'à Clo~1is II. U11 feul c1·ait, qai 'av.oit
.. pettt être pas éré a{fez remarqt1é, f uffir pour
peind rc les l11oeu rs à cette époque. Dans u11
efpacc d'environ ce11r cinquante ~atis, depuis
l'an 48' jt1fciu'à l'an 63 o, on compte plus
de qt1arante Rais ou 61s de Rois ou tués dans
les batailles, 9u a!faaiaés de .. fang-froid., w
IV~U/U4tl---------

r

D E F R N c E. I~J
·cmpoifo1\11és, fans coa1pter beaucot1p" à' enfans
de ces Princes tués au bcr.ceau, & dont
oi111e fait 11i les 11oms ni le t101nbre.
Les Rais Fainéa11s & ' les Maires dlt Palais •
font lJobjet du troifiè1ne Chapir1·e. •
Les auteurs de la Race Ca1·lovingienne >
S.' Ar11ouJ , Pépin de Hoc1fral, <-harlesMartel,
Pépi11-Je · Bref, font le fttjet da
quar1iè~11e & dernier Chapitre de l,intro- •
duétio11.
Les inoeurs a";oient fait qt1elqt1es progrès.
Les ancêr1·es de Cha1·le1nagne écoitnt:
1noi11s fé1·oces qt1e les Rois guc--.rrie1·s de la
Ri1ce ~1 érovingic11ne. Charles-Martel & les f
deux Pépi ne; a ''oienr de la grandeur: & de
l~éclat:. Les Cor1qt1éra11s Mérovin~iens n'avoie11t
éré que des atfaffi11s terribles. Les
critnes de pure fé1·ocité dcvenoient plus ra- ·
res; mais ot1 co1n1nercoir encore les crimes
policiques , 011 lés com1netroit inême pat
fyfl:êtnc, c' eft la. plus ancie11nc comn1e la
plus ft111ef.l:e des er:reurs. On croit que le
M acnja ve!Ji[111e eft la doél:rine~ ou l' ei:reur
des fiècl~s Q~lairés; on fe trotnpe, il appartjenr
fur .. t (> tl t aux J<!u·pJes barbares; c .. eft
alors q-t1e le f rt: 1eut rot1jot1rs oppri1ner, &
le f(>i ~le t \ ll .t>t1rs rroi-n per. Les Peupl~s barbares
<Y· .~ ~ erJ~ d1ns u11 hat1t d~gré cette
vile fcie. cc· '1° 11tiiie, "eette petite fi11e((e
fittpide ~ ~ ·~ J· e111~i =- ~ de i·:i rouri11e, l'impuiff
a11c~· \ .. ~ ~ PV er ,~01 e( p1·it jufqa' à ) a rai- j
fo11, & f0... .. t1r jÛt-~1t1,à la,jt1!l:iGe, font encore
1101101· r. t1 • ?n de f"'olitique. Quand il exif: ·
. tcia: uit i ue, elle fera bieJ1 fi1nple, cc



-


..
1 Vi.J\J I :.J4U

1 _ 1·,, M E R ,C U R E
,'
fe1·a la jultice, ou encore miet1x la bie11fai- ·
fance, qui eft la jt1ftîce fuprên1e ; car il efr
f ouveraÎ11e1nent jufi:e de fait·e tout le pien
dont on efr capable. Le bien doit avoir la
vertu d,attirer le bien, puifquc le inal a celle
d' ~rrirer le mal ; 011 efr bien sûr du· n1oins
que ce 111al, qu' 011 efr toujot1rs fi empreffé
de faire, fer.a rendu au centuple. Pou1 .. quoi
donc faire le mal? Quel i11térêt, quelle politique
peut pre(crire le foin fu11cfte d' aff
embler ainfi fur fa tête tous les fléaux de la •
haime & de la vengeance ? Pourquoi [ai.Gr
toutes les occaG011s cle 11uîre à f~s voiu11s >
parce 'qu'ils ont faili ou qu, on prévoit qu'ils
failiro11t tot1tes celles de 11ous nuire? Eh!
confentons à do1111er l'exemple, co1nmençons
l'expérience du bien, ~elle du 1,nal eft
faire; 11ot1s Cavons ce ~u'il a produit & cc
qt1'il prodtiira: dif ons pltts, celle du bien
nlê1ne efr faite •. En effet, ouvrons 11os A11nalcs,
n1aJgré 1:iorre fyfrên1e perpét11el de
gt1errc, quiconque a voulu vi·1re en paix y a
vécu. Depuis la fondarion de notre Monarchie,
011 n'avoir pas encore compris que la
paix pût jatnais êrre un état permanent. De·
puis Gt11llaume le Co11quérant & Philippe 1, ·
·on avoir en~ore tnoins co1npris que la France
pût faire t1ne paix folide avec les .,.~nglois.
Enfin, .. ...Sa irzt Louis vint ; il ~Quiut la paix>
& la paix avec l' Angleter-re. Quel moyen
c1nploya·t-il ' la bienfaifance. Il remit aux
Angloiw tour c-e que le droit rigoureux de
confifcation av~it pu leur enlever fans injUfticc
.. ; il conquit les coeurs en rendant des

..

rvqu1u ~-------~-
,

..

• •
D E F R A N C E. 167
États. Le fruit de cette tnodératio11 fa11s
cxei.nple, fur une paix fans cxe1nple aul1i;'
ut1e paix de r1·ente-ci11q ai1s e11tre les deux
Nario11s., u11e amitié fi11cèt·e ent1·e les deux:
Rois, no11 pas feuleroent pe11dant f 0J1 règc1e>
111ais e11core pet1llant le règ11c entier de l)hi--:
· lippe-le Hardi fon fils. * · ,
T.el ell l,efprit da11s leqt1el cet Ouv1·age ·
eft co111 pofé ; c' efi: le 1nê111e qui règ11e <.ia11s
l,Hi!l:oi1·e de Fra11çois I, & fur· tottt dans
celle de la Rivalir·é de la Fra11ce & de l' Angleterre,
Ouvrages du 1nên1e At1~eur; c'eft
l' ainour de la paix, l' éloig11et11e11r pour la ..
guerre, l'ho1·reur pour la viole11cc & l'in- ·
ju fl:ice; l' Al1tet1r attaque {ur- tout le Machiavellift11e,
co11rin11elle111e11t, dans routes [es
hra11ch\Ts & dans toutes Ces f ubdivifio11s. _,
L'Hill:oii·e de Cl1arle1nag11e ouvre le
fecond Volt1111e. -
· I11gell1ei111, près éte 1'1aye11ce, Charlebou
l·g, 11rès de Mu11icl1, Carlfiar et1 Franco11ie,
Liége, 1\ix, qui n' avoit poi•1t encore
~ Il f;iudroit co11clure d'u11 pareil pri11cipe, qu'il
fuffiroit à un Roi d'être Bicnfaifant pour cunfervcr
la paix~ maie; u11 Prince !era e11 vain Bitnfuifant &
Mod 'ré, fi fo11 voi{i11 ne l'efi pas; & dans ce dernier
cas il faut néceffai1·emc11t que la force arra-.
che ce que la Bienf~ifa11ce & la Modération ne polir ...
ront p11s obr.enir. Tel eft le fyfl:ême de guerre aétucl
qu·on ne peut pas regardc-r co1n1ne un tribut payé
à 1'crreur par l'l1umanité.
N'y auroic-il pas à épiloguer μn peu fur la mode.
ration de S. Louis qui pouvoit, Çtrc néccffitée par
les circoafta:J1ces? (Note de /'Editeur.)






• -




'
.. •






I 68 . . M E R c V R E .
allors le f urnom de la Chapelle, fe f 0•11:
dif puré l,ho11neur d~avoir do1111é la i1aiil:1nce
à ce grand Pri11ce, co1nme autrefois pl11-
lieurs Villes Grecqt1es à Ho1nèt·e ; ca1· après
la 1no1·t.tous les t1r1·es de gloire fo11c égaux>
& le f ouveni1· des grands Ho1n1nes e11 tout
genre fe pet·pérue égale111e11t. C'eft au Château
d'Ingelhei1n que Cl1arles naquit, le 1'
Ecvrier 741, fuivant l' opi.ni~11 co1n1nune. l
Carloman, fo11 frère puî11é, qui partagea>
felgn l,ufage du te1nps, avec lui les États de
fon èt·e, n'eft connu dans l'Hiftoire que par
la ja ou1Îc qu'il e11t coure fa vie des gra11des
. qt1alirés de Cl1arles, fenti1nenr qui attelle
l'i11fêrioriré de Carlo1na11.
~ Ils fu1·c11t couro111:1és le mên1e jour ( 9
Oétobre 768), Charles à Noyon, Carlo-
1uan à Soiif ons.
Le pre111ier exploit qui s'offrit à la valeur
d.c ( .harles, fur l'expédition d' Aquitair>e. Ce
Reyau1ne ou cette Province, réunie à la Cou·
ron11e par Pépi11-le-Bref, réclamoit de not1-
veau l'inclépendal1ce, ou plutôt les Pri11ces
de 1-a Maifon d'Aquitaine, itfue de Clovis &
de Clotaire II par Aribert, Boggis & le D11c
Eudes récla1noient ce Duché héréditaire. de
let1r Maifo11. Carlo1nan éroit parti avec fon
frère pot1r f ou111ettre l' Aquitai11c. Dar1s la
rôute il le qt1ittc b1·uf qt1e111e11t, & retire fes '
troupes , )ai!I111t à Cl1arles tou~ l'embarras
de certe cxpéd~cio11; c'était lui en laïffer roucc ~
ltil gloire. Dès que Charletnag11e parue, l' Aql:
litai11e rec9nnut f on Maîcre ; la rapidité
· -- avec •
-




- .. •

D E F R A N C E. 16?
&\'CC laquelle il s'était éla11cé f,1r cet Etat
(car i·aétiviré qui, cot11me on l'a obfer\1é
plufieu1·s fois da11s l'Introduétion, éivoit diftingt1é
Charles Martel & I>épin-le Bref parlni
tous les Guerriers éroit, pow· ain{i di1·e, exagérée
en lui, & tc11oir de la tnagic & du ro·
Hige), l'alfurance avec laqt1clle il 111arè oit
au milieu de ce peuple e11ne111i, comme Ull
Roi parn1i fes f ujers, & un père parmi fes
mfa11s; un mêla11ge adroit de clé1nence &
.de fer1ncté, 11 extérieu1· le plus a va11tageux,
la figt11·c & la taille des Héros, des 1n.anièrcs
à- la fois impofantes & ai111ablcs, la brillante
affabilité de Céfar, la 1najell:é qt1, eut
dans la fuite Louis XIV, avec 11ne fimplicité
~ui l'eût en1bel lie; des traits fiers & doux
pleins de feu & de grâce, u11 air d'at1dace •
de force & de bon ré; enfin, les trois Pépins
& Charles-Martel renailfans en lui avec pltlS
.(!'éclat & de grandeur, toltt annonçait un
Prince 11é pour co1n111a11der aux homn1es
p0t1r co11quérir les E111pires & pour fL1bju
guer les -ca:urs. Charles 11e prie contre les
Aqt1it:ains d1autres précautio11s que He faire
bâtir fur la Dorrdog11e tin Château fort qui
s'appela Franciac J c'efr·à dire, Château du
,Franfois; on l'apHclle aujourd'l1ui Fronfac,
11om dins lequel, à ~trav~rs la coi·ruetion , · 1
~ ell aifê d'appercevoir la prononf iatÎDn & la
fignificacion pr.imirives. '> ,
Pépi11 l~ Rr:ef a voit fair la guerre aux Lom.
bards; la Rei11e Berthe , f"J veu\'e, jaloufe de
réconcilier le~ ~eux Natio11s , propofa le
N°. 3 o, 2. 7 Juillet 17 · i. H

-



IU~Vl~4U f

'
I


'




s 10 · M E R C U R E.. .
mariage de Charles, f 011 fils aîné, avec Her ..
~ mengarde, fille de Didier , Roi des Lo111• ·
pa1·ds; le Pape Éti~1111e IV, ei111e111i de Didier,
ne négligea rien p0ur traverfer cette a·llianc:
e ; wil a v0it ·un prétexte qt1'il fit bien valoir,
eharleL11agne a voit llne ef pèce d' e11gagen1ent,
que la Nation ne paroîr pas avoir regard~
co1nme un ''J·ai rnariag~, avec 1111e fem1ne
no1111née Hi1niltrude, âo11t il a\'OÎt i11ê1ne t1n
fils .. Cet obftacle n' arrêt oit 11i la Reine Bertl1e,
ni le Roï Lo1nbard , ni Cha1·le111ag11c
lui-'mê111e, q11i ne t~noit plus à ce lien. Le
Pape, dans une lettre t1·ès-curieufe, infi!le
forteme11t fur· l'indi{folubiliré dts noeuds du
s.11ariagc; & pot1r toucl1er par· u11 endroit
(enfiblc les IJri11ces Cha1·les & C:a1·loman: • • •
. ~ Sotive11ez-\'Ot1s, leur dit-il, que mon pré-
• déce!feu·r e1:n pêcha Pépi11 de répt1dier vo•
. ,., tre inère~ ,, _Il inGtle bie11 t\avanr~ge en•
core fur l'ir1dignité prétendlte de cette al~
iancc; il affure que tot1tes les Lon1bardes
font puaqtés, lépreufes, dégoûtante~: Pete~
~ijfi.ma gens ..••• de cujus natione & leprofarum
enus qri.ri certum ijl; que le pet1ple J... om.
ard efi: ~n11e1i:ii de D~et1 & des lio1nmes;
qu'il n' efl pas corn pté par-tni les N arions, in
rzumero genti.um nequaquam comput«tur; & ,
comme s'~l eût éré qtieftion d'époufer une
idolâtre , & non pas uqc Catholique :
.,. Quelle monfi:ruet1fc all~anc~ , s'écrie le .
• Pontife, c11trc la lainière & les ténèbres! '~ ,
~ quelle f ociété dl1 fidèle avec l'infidclle !
• tfç$ f r411soifcs ~ 'lit· il , f oMt ti aimable; 1


..


-
1u111ru:+μ--~------


,
-
..



. . D~ E FRANCE • . ~17r
;,, ai1ncz-les, c,efi: votre· devoir: earrtm vos
,, oportet amori ej}è adnexos. ''• .
Il prétend qu,il n' efi pas pern1is aux Princes
d, épouf er des ér1~a11Bèrcs; il cire aux Prin
·ccs François l' exe1nple de let1r père, de leur
aïeul , de leur bifaïeul , qui tous avaient
épot1fé des Frat1çoifes; il leur allègue ft1r c,c
p i i1t l, autorité du Roi leu~ père , qt1i ~
·RreCfé par l'E111 pere11r Conftantin Copro'
nyt11e , de donner en '"1n~riage à f on fils la
Pri11ceffe Giféle, foeur de Charles & de Car-.
·101nan, avoic répondu qu'':111e alliance étran~
gère lui paroilf oit illegirime , & fur-tout
~qu' il ne vouloir point faire une chofe défa.
gréa ble au Saint- Siége •
On 11,eut point ·d,égard à c~tte lettre, &
le 1nariage fe fic; l11.ais le Pape ft.:it ve11gé par
ce 111a1·iage 1~ê111e. Cha1·les n, ait11a tJoint fa
11ouvelle"époufe; qt1elqt1es i11fir1nités fecrettes
qu,il lui trot1va, l' e11 dégoûtèrent d, a- .
bord, il la répt1âia, & la 1·envoya au Roi
Didief fo11 pè1:e , qui ne pardo11111 ja1nais à
la Fra11ce 1, aff.ro11r fait à fa ' fi lle. Be1·rhe vit
avec aot1lcur dér1·uire f 011 ouvrage & dilliper
tès efpérances. C'eft le fcul chagïi11 , dit
Egi11ard , que f on fils ltti ait do1111é da11s fa

•1 ~.
.. Le Pri11ce Ca['lo1nan mot11·ut au cl1âreau • • e Sama11cy , ot1 Samot1cy , près de Lac.)11 ,
l.e ~ 'Déce111bre 77 1, âgé d' c11viron vi11 gt nns.
Il laiffoit deux fils en bas-âge: 011 v1t alors
un mémoraole effet tie ce gra11d art de plai re
& d'i1npof er, dont la Naturie a·1oit doué
· - H ij




1 U,'4 U I :J'4JJ
-





'



• •

'- ·rvz. . · M E>R 0 lJ. RE
4 C l1arle111agne, & de la i·épl1tatio 11 gt1'il a~oit
dcjà de got1 ver11er avec g1·andeur, avec ju(tice
& ~ veç fagelfe. Les Gr:i.11ds des Er~1 rs qui
a voie11r été du p~ :- tag: de Carlo111an) i·eco11-
·11t1re11t f oletn11elle111ent Cha1·le1nag11e pour
l e1:1·1· Roi. Ger berge, veuve de Carlo111an, ·
~'e11fu.i r a\1ec fes fils l1ors de France; elle (ç
réf,_1gin chez le Roi de Lombardie , afyle in·
diqué à totts les enneluis de la Fra11ce, par
le reffc11time11t que co11fer,·0it ce Prir1ce de
l'affro11t que fa fille y avoir reçu. . · ...
Da11s le i11êtr1e -te111p5 on vir rep~ro1rre Je
Pttc d' Aquirai11e Httnaud, fils du Du~ Eudes,
& père du Duc Gaïffre. Da11s un léger dépit
d' a V oi1· écé battu par les François , & <.ians
·un tége1- re1nords d'a\1oir fait crev~r les yeux
·au Pt·ince Hatten, f on frère, il s' écoit fait
,M.oi11~ ~ & avoir cédé fo11 DL1ché à Ga.i'ffre
{on fils. Après la mort de Gai~ffre, il étoit
.rcnrré dans le Îiècle pot1r difpurer à Charle1nag11e
le Duçhé d' Aqt1iraine. Livré au ·
1 vai11queur, il avoir été enfert:né; il s'échappa .
~e fa pi:itbn , '& fc refira auffi à la Cour de
·Didier, ain!i que divers Seigneurs des Etats
,de Carlo111an, qtti n'avoienr point ap rot1vé
.. la dén1ar-che qt1e les aurrcs avoient aitc de
fe f ot1n1etrrc à Çharlemagnc. _
r Voilà donc contre Charle111agne non-fclllemeAt
u11 grand 0rage, . inais encore 011
, ~rand intérêt ; 1111e veuve abando11née par
·les f ujets de fon n1ari , une m~rc défolée •
, des orpl1elins dépouillés, des Grands prof.;.
rits pour leur fidèle arrachcme'1t au fang <lo


...
'
...
..

• -
D E- F R A N C 1!. t7 j
leur Sot1verai11; un père ~ lli1 Roi outragé
da11s ur1e fille in11oce11rc; u11 avtntut·ier, que
le~ viciffitt1Qjcs mê1ncs de fa defl:i11ée rendoienr
in1 e1·effa11t , récla1nant l'héritage de
fo11 fils, le patri111oi11e de fon père, tous ces
infortunés uniffa11t leurs haines, leur! effo1·1s
& Jeùrs reff ources : voilà cc qu,t111 jt:fl:c rtf.;.
fenr:n1enr armoit alors co11tre ]a fortune de
Charle1nagne; mais il réunitToir à vi11gt·rJcuf
ans toute la Monarchie F1·ançoife.
! Dans 11n fecond exrrait, notls le confidérero11s
feul fur le trône , & agiffant avec;
toutes les force! de cctre Monartbie.
• • ,
• •
'ÂGJS , Tragédie eh cinlJ Actes f.r th fletJ,
· répréfentéc ptJut· Ja première fois à Ver.
failles , dcvanr Let1rs Majefiès , par le•
: Comédiens Fra11çoi~ , le 1 i Déce1nbre
17.7'J; & à Paris, le· 6 Mai 1782 ; par
M. Laignelot. Prix, 1 li:v. 1 o fols. A Paris,
cl1ez Demonvillc , l1npri~cur - Lilirairc
· ' de l'Acaèlc1nie Fransoifc; rue Chrill:i11e •
...
, CETTE Pièce a été favorablement accueil..
lie au Théârre François ; & nous croyons
qu,elle a dû l'être, non· feu1en1ent pai:ce que
c,e.fl le premier Ouvrage de fon Aureur,
mais parce qu'elle annonce un vrai raJenr.
Nous allo11s co111muniqucr à )'Auteur le~
obfervations que la leéture de fa Tragédie .
nous a f ttggérées. Un début doit être jogé
- fa11s doute ·avec moins de {e,'ériré; mais nous
ne ferons pas l' affro11t à ?.1. L~ignelot de
H iij


IV'4Ulll~U 1------




J


1
174 M E R C U R E.
fai1·e taire la critique deva11t lu·i ~ & de ne
lui do11i:ter que de froids éloges, dont 011
affoiblit toujours 1' effet , en avertiffant que
c'etl l'indulgence qui les donne. Nous allons
d'abord faire coniJoÎtre fon plan; nous parlerons
ei1f uite des l'erf 011nages , & enfi11 dtt
fiy le. Ra ff urés par 11or~e intention , 11ou~
croyons que l' Auteur d,Agis, n'adhérâr · ii
pas à 11otre critique, n'aura pas au moins,lc
droit des' e11 plaiadre. ;
~ Agéfiftrate, mère d' Agis, ouvre la Scène
. par μn m0nologue qui co1n1nence l' expofi""."·
tian· avec peu d'adre{fe & trop de décla1nation.
Lyfander, ancien Éphore, vic11t l'achever
çn apprenant à Agéfifrrare que Léoni:
das, qu'Agis,fo11 CollègL1e-Roi & fon gcn·
dre, avoir fair chaffer du trône pottr s'être
oppofé ai1 partage des terres, revient armé
dans L'l patrie, & foucen11 de Soldats écran·
~ers & des Grands. qui craig11oie11t le partage
que le vertueux Agis veut effeél:uer,. Chélonis,
fille de Lécnidas, & fe1n1nc d, Agis, ·
qt1i a voit. aba11don11é un époux couronné
pour accompag11er fo1-1 père da11s fo11 exil,
.revie11t alors auprès d'Agis, qu'elle croit
livré à la vengeance de Léo11idas. Lf ('":in der a
couru au Se11at pout· le déreL·111i11e1· à embra
if cr le parti d' Agis; & il a ti biet1 e11{la1n111é
les Sé11atet1rs i1ar fo11 éloqt1cnce, qt1'ils \'ÎeAne11t
eltx -1nê1nes trouve1· Agéfifi:rate & la
p1·ie11t de diriger let1r co11cluire. · ·
Cerre dér 1arche d11 ...,él>i~t qui vie11t trouver
llllC fe111111e , doit paro~tre écra11gc. 1\1_.


, •



,.•
-
'
-

·n l F R A N 0 e. . 11f·
taig..n clot no11s répondra faris doute qûelle
cfr 1norivée par le faint enthoufiafm e do11t
Lrfander a enflammé teus les coeurs; mais il
faur que le Se11at ca arrivant nous montre
ce faint enthoujiafme. 011 le voit entrer au
co11r1·aire tranquillement & même en filcnce •
.At1 liet1 de faire éclater <l'abord Con ardel1r
pour la ·jullice, c'cll Agéfifrrare qui les harangue
co111me on parle ·à des juges corron1• ..
. ptts, ou tout au moins inclifféregs. Et en
effet, 011 l,écot1te 3.vec tant de fang-froid, -
qu,au 1no1nent où elle retrace la tyrannie de
Lé~o11icias, le prc1nier n1Qt qui échappe à l'un
des Sénatet1rs efi: un· mouvement de pitié
pour Léonidas : , '
'
Il paya cher t•abus qu'il ~t de fa puilfancc.
••
.. •
Et qt1and elle p~rlc enfi1ite dLt danger qt1i
menace Agis, un autre Sénateur l'interro1npt '
· par ce vers li paifible: - · .
Un infiant a décruit toute notre c(pérance. · ·
Voilà les deux premièr.cs phrafes qui for•
tent <le la bouche des Sénateurs; l11une expritne
la corr1patlion pour Léo11idas > l'autre le décourage{
llenr." ce· n'cft pas là" de l'c11rhou•.
lia fine ; fi le Sé11at cfr dans ces f entimcns •
il ({l: contre la raif on & contre fa dignité
t]U'il vie11nc trouver Agélift-rate. Il fallait
encore une fois qu'un des Sénateurs, en paroiffanr
fur la Scène , fît (11re11drc le cri de
l' cnthouliafine patriotique. Sans cela , la
Scène cfr froide & invraifemblable.
Hiy ·

,






,
1 U~V( l.J'4:.J




Ii6 MER c u R ~
An1pharès vient arinoncer la tnort dè
Çléo1nbrote, Collègue d' Agis, & f ucceffeur
de Léonidas; & le Sénat fore avec Agéfiftt·are •
Cet A111pharès efl un rraîtrc qt1e- démafqué
.. Lyfan.der rellé en Sc~e avec lt1i. Lyfander
. fe 1·er1re, & Ain phares coi1firme les Eeproches
de Lyfander par ce monologue:
S11is ton mauvais génie, iinpradent Sénateur; ...
.. Rien ne fauroit changer mon inflexible coeur.
..
Malgré ton afcendant fur ce peuple volage,
Au gré de mes defits j'acbcverai l'oavragc.
Si le f uperbc .:\gis-pouvoit .. vivre vaincu,
~c veux qu'à fa défaite il ait peu farvéctt.
j'ai cl1oili pour diélcr l'arrêt de fon fupplice •
Les plus inrére1f ~ à ce grand (acrificc;
Et j'attends fon rival pon• Jes :voir près de moi~
~omme Ephores, juger & condamner leur 'D..oie
Lui puni, c'eft à moi de Eegner en fa place •
Que le G1ng èont je for! accufe mon audace :
J'ai ·la force, & par elle un fceptre efi biee a'q\Üs 1
Le vainqu.eur me le donne & m'achette à ce prix;
Et fans c1ami11er à qui je m'abandonne,
]c cours avcuglén1ent f,rvir qui me couronne.
' Aéte II. Agis arrive vaincu avëc quelq11es
àmis lilelfés. Rcffé feul , il voit enrrcr Chélon
is , fa fem111e, q11i vient Cc jeter d~11'
fes bras. Arrêtons-nous un 11101nenc à cette
· Sce11e.
Chélo11is a laitlè f on mari fur le . trône
pour Cuivre f 011 père exilé. Il y a là failS
- •
-




--

-
D E F R A N C E. _ Ï71
tloure da délinréreffc1nent & dtt coura&e ;
mais eft- ce bien I<! ge11re d,héroïf1nc qui
co11vie11t a t111c fe111111e ~ Lui eft-il permis -
d'abando1111er u11 époux, fcule1:i1ent pour
p1·ou\1er qu'elle efl: défintét·cffée & coura~
geufe ? Cl1élo11is , ou pl!1tôr l,ft~uteur, fe1nble
p1·011011ce1· pot1r nous la négative, lorf•
que plt1s bas, dans t111 n101ne11t où, en préfe11ce
de Con père, elle vcuti !uivre fon époux~
elle s'éc1ic : · . .
• ..
~c Certnenc le plus faint m•attachc à mon épour. .

Ell:-ce que ce ferme11t étoit devenu faint
totit-à co11p ? ét(lÎt· il 111oj 11s facré quelque
te1nps at1paravant? 1v1ais all.011s plus loi11;
fl1 ppofons cette con,itiite irréprochable, e11-
co1"e faudra t,il convenir que fi c, eft une
~' e trt1, ce 11:.efi pas au moins une vcrru conjugale
; · & 'il nous fe111ble qlie lorf qt1e CbéJ
or1is revienç à fo11 époux, celui-ci devrait
narurcllen1ent lui faire quelques reproches,
ou lui adrcffer au 1noi11& quelques pl~inres.
Poi11r du tout : ]es 11re111i~rs 111ots que pro.nonce
Agis c11 la voyant, c, eft un cri d 'a4-:
miratio11 & d, entl1oufiafme : ·

0 vertu fans exemple! ô femme incomparable !
-
En vérité, trot1ve1· fa femme i11comparabie ;
parce gu,clle l,a qt1icré, c'efi: avoir bien c.lu
i;efpeét pour fes vercus, c11 bien peu de préfe11rie11s
à fon ainour; & noμs croyons que
le t?1·c1nier n1ouVictncnt d ' \ïJ1 ép<)UX fiJ:11s
Hr
-

'
-
,

-





- -
178 ~IERCUR · E
· cecre Gruarion , 11e doic pas être une exraCe
au!Ii 1·eligieule. ·
Léo1lidas paroît avec une troupe de Sol ..
' dats étrangers. Les juges difficiles de111anderont
ce qu,il ta1fo1t auparava11t. Agis elb
ar1·ivé pref que e11 co1nlJatcanr, i1uifque 1, Auteur
11ous avertir qu11l enrre couvert des
bo~.clie1·s de fes a111is oleifés. Co1111ne il n' eft
pas dit~ & qu,il 11 efi pas vraifet11blahlc
qu' Agis ait pris la fuite, il ie111ble que Lé0nidas,
avant de ic 11>onrrer, ait v'>ulu attt:11dre
qu' ,·\gis eût debité fon mo11ologue, & fini f;t
Scè•1e a \'ec fa fe1n inc.
Chélonis s'efforce vainement de réconcilier
fan époux & fon pè1·e. AgéfiOEt·arc vient
demander à inourir pot1r fon fils; & Léoni- ·
.cias dit aux Gardes qtt'ils lui répo11dront
d'eux toas. Scène c11tre Agéfi.firare & Agis,
CJUÎ veut · fe don11er la tnort powt· écha}t)per
à la vengeance de Léonidas. Lyf a11der vie11t
)'avercir uc le peuple a forcé la garde, &
Agis con ent à vi \?re pour fa patrie. ...
Aéte III. léoni~as pa1·oît avec Atnpharès,
{on perfide Agent. Il a créé de nouveaux
Éphores pou1· fai1·e co11da•n11er Agis. Il dit
à A111pha1·ès qu'il compte fur f on zèle ; &
Ampharès fort pour aller le fervir. Léonidas
· n'eft point la dupe de cc traître; il a dévoilé
fcs projers , & il fe propofe de punir fa
perfidie après e~ avoir profité. Cerre atfociation
de deux fcélérats qui fe trotnpent
. mutuellement , pouvoit amener des cftèts '
tragiques; i11ais elle ne produit rien. .Enfui
'
-
,.,., ........ ----~~---------;---;-------
-



• •
• •
D E P R A N C E. 17,
les deux Rois co111paroi!fe11t devant ·le peu~'
pie, les Gra11ds & le Sénat. Il y a de trèsgrandes
be~lttés dans cette Scène qu~ tcrmi11c
le troiGè1nc Aéte.
La prcn1ière Scène du quatrième Aél:c cft,
parfaire1nent i11urile. Agis 11'y paroît que
pour 2rre i11fl1lté par Léo11idas, qt1i , lui
ayant promis Ja paix, l'a fair arrêter pour
le traduire devant le Sénat. Agis fore & rcn•
tre un mon1e11c après. Il comparoît devant
le Sénat, qui le co11damne à mourir. Cette .
Scè11e efr encore belle; mais elle eft fuivic
d'une au.. .t re Scène i11utile, ou tot1t au moins
1nal fondée ; car co1nmcnr Léo11idas pcrn1er
· r'1l, co1nment ordo1111e· t'il qu'on laitfc
c11rrer un vieilla1·d éploré qui gémie, dir· 011 s
fur la perte d'Agis ? Lyfander, (car c'efi: lui
qu'or1 inrroduir au Sé11at) parle pour Agis;
mais il 11, obtient rie11. .
.. Le cinq11ième Alte cft un des plus foi bics. · ·
On vie11t apprendre à Chélonis qu, Agis a
ttté Léonidas, comme il avoir le bras levé
pour immoler Agéflfirate , & que, par cc
met1 rtre, il a cru devoir (iuvcr fa 1nère •
Bientôt Agis lui -mên1e arrive bleffê morrelJc111enr;
& AgéGftrarc, qui vient fur fes pas,
célèbre, en digne Spartiarc , la gloire de f on
fils mci·uranc pour la parrie.
Telle ~fr J'intrigue ·de cette Tragédie •
Qua11t at1x caraélères , celui de Cl1élonis
nous 3 pa1·u rrès- f oible. C' efi: une be11e
conception q11e de placer u11e ten11nc fe11-
fible & vertueufe (lltre W1 père & un époux
. H Vj -

'
'

IV4t.ll:J4U






-



180 MERCURE
qui s'abhorre11t; mais il faur en faire {ortir
des firuarions inréretfantes. Si cette potition
. ne déchi1·e point le coeur , el le le glace >
pa1·ce qt1e l,imagi11atio11 , ql1i attendoit de
grands effers, s-'indigne d'avoir été trompée •
Mais Agé!iftrate & Agis nou:; paroitl'ent
tracés avec aurant de torcc que c.ie ·vériré.
Agis inréretfe, quoiqt1'il parle trep f ouvent
àe fa gloire, de fo11 i1n11101·raliré. Peur-être
iin c~raél:ère auffi vertueux & fa11s toibleffe ~
. n'eft-il {ùfceptible d'i11fpirer qt1e l'ad1nira.tion
; mais Agis cfi 1nalhe11re1Jx , & l'on
s'atre11d1 it fur fon infortt111e. Ai;éfifirate a
le langa~e & les tnoeurs d:u11e Sparriare .. C'cftt
t1ne 111ère qui ne 1·etfe1nble poit1t aux n1 è1·es.
de notre ftècle,. ot1 row au 111o i 11s de 11o rre
nation; mais il faur obtêrver at1 11i que rieoe
f:le f e reffemble moi11s que P~ris & Lacédé11~
one. .
Pour le fiyle, on voit qt1e M. Laig11clot
n'a pas encore forLné le fien. 011 y trouve
.J trop d' excl;i111ations & d, apoftrophes , cc:
qt1i le fait tomber fot1\1e11t da11s la déclaR1acio11.
011 y voit qt1elquefo1s des fautes
que Je inoindre foin eût fuir difparoître.
J•y' cherche vainement ces mon!lres dont f 'orgutif
1 Et le luu inf c.lcoicnt aux moeurs de 11es ancêtres •

' li n'y a pas d'oreille exercée à 1·h arn1oniepoérique,
qni 11e foir bleffée e11 prenn11çant ·
ces deux vers. Cet il lt. lux~ renvoyé au· com·
mc11cemcnt rlu feco11d, & qu'on ne pet1t
as féparer éfe l'orgueil , fait un 1nauvat$
...
-

rut1 rv-.tJ-----~----



....




...
D E F R A N C E. . 1Si. ·
iffet par le ,repo~ qu'il néceffire immédi!re- ..
nient après, ou en forçant âc lire fans s'ar-
. rêtcr la tin du premie1· vers , & le fi1iva11t
tout entier, comme deux lig11es de profe. Il
étoit po11rrant aifé de rcétifier ce défaut
d ,harmonie e11 mettant, .
Dont l'orgueil,
Dont le lu'lc infultoit au~ moeurs de nos ancêtres.
Sparte e.'Cige deux Rois; on fent qu'exige
n' eft pas là le mot propre. On- pourroit relever
auffi bien d'au tics expreflions qui ne
doivc11r pas encrer dans le fryle tr3gique:
Pour un 11ague projet f expoferois ma vie,
Q ue je veux préfervcr d'ui;ie infâme fouillure.
Ton ~poufe s'eft-ell~ aiieL purifiée ?
' Diffiml1lcr t•affi·onr
Que mon fceptrc brifé fic jaillir far mon front •
-
011 ne· pe11t dire d:ti~s auc11n flyle faire
jaillir rin affront far un front. Mais G M.
LaigneJor nianque f0uv.enr de co1ï·eétioR 7
il a fot1v et1r at1fll t1ne qualité qui eft affez
rare, de J:i ' ' et·ve ; & cette ve1·ve lui. inf pir:è
t]ticlqnefois de ëeaux vers qui fortent comme
tour f:1irs, & dcis idées ou des fcnri.,nens qui
ll1i appartien11ent:

Spctl:aclc ~tte nd~ilfant t mes yeux auront donc vû ~
Dc\lX llois Ce difputer le pri X ae la vertu !
• •
Cette verve e11traîne qu.eTgttefo ·s, & f~it
oublitr les i11corre étions' Ci 11'e ti,a6ë c~
• •
• -

1uqu1u-.u- ----------
-



• • I
'
. 181 MERCURE.
tière. 011 n' ei1rend pC'.>Î11t fa11s, i11té1·êt ce que
1 die Chélo11is à fo11 père pour l,acte11drir en
faveur de fo11 époux.
MCJn père, il n•cfi donc plus d•cfpoir t
1c le vois, la Nature a perdu fon pouvoir.
Eh bien, puifquc fa voix ne fe fait plus entendre,.
Ce l1'cfi point mgn époux "lu'ici je Yiens défcadre;
C'cfi vous, c~c{l votre nom que je viens arracher
A l'opprobre éternel, tout prêt à le tacher.
Cc font vos dcf cc11àans, c' ef\: une f ourcc pure ·
Que je veux préfcrvcr d'une infâme fouillurc.
Le nom de nos ayetsx nous palfe avec leur fang.
Ah 1 Seigneur, faadra-t'il que cet illafirc rang
Où VO\ pères trouvoiet1t le prix de leur cot1r3gc ~
.
Ne foit pour vos neveux qu'un honteux héritage
Qui leur fa!e envier comme un r~uvc:rain bien.
La vile obfcurité du dernier Citoyen? &e •
• •


1

Il y a du fenti1nent dans cette tirade q11t
prononce Agis. , · ·
Imiter let1r valeur l ali, l>arbarc ! comment
Venx· tu qu'un n1alhcurcux combatte vailla111oecnt l
f eut-il s'intérclfer à 1a cau(e publique,

S'il oe pel1t te montrer un autel domefiiqoc,
Un (c\11 tombeau des liens? Qui peuc l'encourager!
S'armc-t'iJ pour fauver fes foyers en danger 1
R.,gardc autour de moi, prcfquc tous fans afylc,
Sont auca11t de bannis, même au fcin d,· le 1r ~illc:
Cc peuple dégradé 1 fans fortune, fans rang~





JV4UIQ'W----------- •
'
-


• •
1
DE 1S
Poar tom les Grands, pour tei, ~ rfcra-t'il fon fang!
Ira-t'il au combat, jouet de tes cap1~acs,
l>rivé de tout, mourir pour tes folles délic:es? .
reuple, s'il n'efr touché de votre ad er6te,
Quels malheurs pourfuivr"nt votre pofterité !

0 Dieux de· mon pays ~ rendez. vain cc préfagé!
Mais je vois nos neveux rampans dans l'cfclavage •

A gémir fol1s le joug en nailfant condamnés• . ·
Des mortels je les vois les plus infortunés• •
~nfans deshérités, profcrits par la Nature•
Arracher à la terre un peu de nour.rict1rc;

Stupides, abatrus, de leurs fers tour meurtris.
Dw monde! f~r 11 Grèce attirer le méRriS:
Avec quelle noble fjerté il ce1nparoî.t devant
le Sénac qui doit le juger!
Voilà donc cc !énat, ces Miniflrcs des Lois, 1
Ces demi- Dieux mortels qui règnent f u1 les Rois\
· Voilà ces Magifuaf' à qui la tyrannie ~
A conféré le droit d'ordonner de ma vie !
Pour eux , Léonidas, ne dois-tu pas rougir . •

Du rôle aviliff ant que tu le\Jr fait remplir 1
r
Les aurois-tu placés dans an ra11g li fublime,
Afin qu'un plus grand jour vint éclairer leur crime

Parle; qui ta fL1rcur pr~tcnd-cllc outrager .. ?
Ill-ce d·cux ou de moi que tu ~eux te venger l
Co1nme l,itnpoftcltr Léonidas, e11 p~rlant
au Sé11at, feint l'an1our de la patrie & lie Ja
Ycrtu : & i11a }>'1trie , où f 01n1ucs - not1s·1
s'écrie JtgiJ. · · · r. .... ..

..


..


1 U,i.JV I :J'4-!J
• •

-

..
. -
• •
1!~ M~RCURE
Le plus afftcux Tyran que Ja Grèce ait connu• -- .
Diétc a des afraffi1is tics· le~ons de vertta ~ •

Voila de ''érirables beautés. Nous" avons
relevé des défauts eh pl,1s grand nombre
peut-être : eiùe conclt1re de cet exa1nen }
Qu1
011 deit averrir M.·Laig11elot ·de re11oncer
à la T'1·agédie? C'elt ce qt1e Oltrroie11t en
inférer ce11x q11i ne connoi e11t poirl~ les
. difficultés de l'art dra11~atiqt1e. l)our 11ot1s ,
11ous croyons qu't1ne telle co11clufion· feroic
aufii abf urde que cruell€. Telle Pièce. plei11e
de fautes, qui comoe & ·qur a dû tomber>
nous paroît plus cftimaBle que telle aurr-e
- qt1i réullit & qui a dû rét1ffïr. Souvent en
pronon ant ft1r un ÜL1vrage, ·un vé1-icable
connoii èur aiLne à juger l' Aûreur e111nê111e.;.
te1nps; & fouve11t l' Auret1r & l,Ot1 vrage
n'ont pas la i11eme part à f es éloges. N OllS
croyo11s donc que M. Eaig11elot p,e11c pré•
tendre à des fuccès <fans la carriere clrarnatiqtie.
Nous devo~s obièrve1· Cl1 fa favèt1r
qu,il avQit à vai11cre les difficultés d'q11 fujet
eu draH1atique, plus fair pour fournir
,éloque1ice d'un Dif:ou1·s ,i\cadét11iqt1e, que
pot1r ?1111e11 t des effets de Tl1é~ r1·e. (}
fer~OllS 1ehrore qttè cette Tragétii efi:. dans
le ge11re adt:\1iratif, le ge11re le plt1s diffic1Ié
& le; pl~1s it1grat, & d~11s le 1uel il. cfi d,iau t;
tnr' plus diflicile de 1·éuilir auiou rd,l=iui,
gt1'd 11 prènd la fièvre po~1r lë1 cJ1alet1r, qt1e
1es é111ôrions dot1ces fo11r i11é,.:<. n1Jues a\1
· T ca ré, .. ·tt qu, 011 l1,-aElL11:t plus de · 1~~1cc
-

-
-
-
IU J'JLl-::.1----------
-




DE FR A N C E. tSf
e11~re la froideur & leJ co11vr11fions. D'ailleurs,
M. "laignelot a plt1s péché du cÔté de
l'i11rrigue que du côte des caraél:ères. Or;
les fa~tes d'intrigue , <lans u11 premier Ouvrage,
peuvent provenir d'a11 défaut d'expérience
& de méditation, plutôt que d'un
défaut de logique. La con11oiOElnce du Théâ.·
tre, & mê1ne l1Arr de ran.ger {es idées, fo11r
le f ruir de l, étude & dt1 te1n ps ; n1ais poar
tracer des caraél:ères, il faut le don d, obf erver
, de f en tir & d' expri1ner forreme1~ r; il
faut t111e énergie que la Nature feule pcuc
do11ner.
,._,e. OEyle peut "encore fe pe1·feêèion1Jer ~
ôt1rvu routefoi~ qu'on s'y prc11ne ,te bo;i11e
eu re; car le llyle n'a plus rien à acquerir
après un certain no111bre d'Ouvragcs. Ce
que \nous avon-; ciré prouve qt1e ~i. Laignelot
, qui a de la verve & des idées , peut
gagner de la correétio11 par le rra vail. Il 'I a
fans doute une très gra11dc diftere11ce e11rre·
é~rire bien e11 vers & faire cc qt1
1 on appelle
de beaux Y.ers , de ces vers q t1 'on retient.
Mais M. Laig11elot écrit quclqt1efois de~
phrafes entières; & nouJ allons rern1iner ·
ce.t extrait par U_!JC tirade qui lai{fe peu à
reprendre, & qt1i ne dépa1·eroit poi11t• les
Ouvrages de nos bons Écrivains; c'ell: Ag~
iifl:rate qui parle à Léonidas : • ,
le ne viens point, cruel, implorer ta cl~mcncc;
• On ne me verra point, pour fléchir ton courrrius •
D'un vainqucW' infolcnt cmbralfcr les genou:




I

,
-




,. ... ....,....u--~.------------~--~---;;------;.- - --;-;;;;-
. ,

-



1 •


• . 'MER CU RE -~
Je viens (ans que mon fort in' épouvante on m'ab~e,
Voulant quitter. la ~ic en digne Spartiate, .
Tc· demander la mort qu'à moi feule tu dois, .
Et contraindre un Tyran d'être jufie une fois. .
Mon fils efl: innocc11t ; feule je fuis coupable :
Si, te chalfant du Trône il fut juge implacable•
N'en accufe que moi , qui , dès fcs jeunes ans,
fis naître en lui l'horreur dL1 crime & des méchanst
Pu11is-moi d'avoir pu f ormcr un tel courage;
Ses vertus font de moi, fes moeurs font n1on ouvrage;
:Et cc Héros fi fier, par l'exe111ple ébra11lé. .
Sa11s fa mère pcut-~tre un jour t~cftt relfcmblé ! 1
Ce n'cfl: pas tout: apprends qu'en dépit de fa mère• .
~c gendre rcfpeéla les jours de Con beau-père;
Qu'à foo coeur je livrai mille alfauts fupcrflus i
Et, s· il m'eût obéi, que tu ne fcrois plus.
(Cet Article efl de M. lm/Jert.)


..
S P E C T A C' L · E S .
ÀCÀDÉMIE ROY ALE DE MUSIQUE.. *

_ N a do1111é Mardi, 16 de ce n1ois, la
première repréfë:·n:!tÎ011 de la reprife de Ja
Reine d~ Golconde; pat·oles de M. Sedaine;
mOEfique de M. Mo11figni. · · ..
011 a re;'u a vcc plaifir cet Ouvrage clur·

..
f~l ..,.,~---------
1 •

D E P R A N C !. 187
mant; & inalgré la révolution opérée dans .
la rnuGq Lle de ce Tl1éârre, on y a applaudi
plulicurs morceaux de ce chant naturel , ..
facile & i11génicux qui caraaérif e les produétÎ{)
llS de M. Monfigni.
Cer Opéra a été remis avec la pltts grande ·
. .. magnifice11ce & autant de goût. Le coftutné
brillant & pittorcfqtte des reuples
qt1i l1abitent cette partie de l'Inde , a ét~
fuivi avec autant d' C}lacèitude que le per•
mettent nos conventions théâtrales. Les
Ballets, qlti f onr les mêmes q11e M. D~laval .
a fait exécuter fur le lfhéâtre Je. la Cour,
fonr traités avec une i11tellige11ce & un
goût qui· honorent ce Co1npoiiteur. Le pas
de quarre du f~co11d ,Alte a fait le pl us ·
grand plaifir.. Mlle , Gui111ard , cetre char·
n1a11re Danf eufc, donc on 11e fauroit trop
louer & le zèle ~ les ralens, a déployé dans
-


1cette panroi11itne fes grâces tot1j0urs na'ives &
toujours piqua11res. Le Ballét qui tern1inc cet
Opéra eO: d'u11e c0n1p0Cttion brillante & variée.
L'effet de ces Ballets câr été plus frappant
fi la profondeur du THéâtrc cûc pcr1nis les ù
développemens que leur c~1npolitio11 exigeoit.
Ce t11ê111e défa~t de profondeur Ôte à
la éiécorarion dL1 fecond Aéèe le charn1e
qu'elle offrait {i1r l' a11ci !·11 Thé:irre. Nous .
11c nous per1nerrrio11s pa9" cerce obfcrvarion,
fi not1s 11 'érions i11!l:1·uirs que l' Ad-
• 111inifi:!"ation de ce Speél:acle , toujours occupée
de ce qui peu~ en accroître l'agrément
& Ir pe1feéèio1111er dans coutes tês partie'~
1


\
'


-

'"""''~o-~~---.-.---------------.-.-------,-, ------..-


1
• ,

..
18S M P, R C U R E •
s'occupe d..es moyc11s de prolonger ce T11é1-
. tre de vingt pieds f11r la rue ·de Bondy; &
d'en faire, par cet accroiffeme11t> ù11c des plus
11ellcs Sales de Spea·aclc de l'Europe. -
Mlle Levalfeur a re1npli le rôle d'Aline,
& a joué avec beaucoup de naïvecé & de
fineffe la Scène où elle reparoîr en habit dé
Bergère aux yeux de Sai11c-Pl1ar. Ce rl>Je a éré
(hanté par M. I.aïs. .
Mlle Gir.11·âin la cadette, qui~ , ' depuis
deux an~ étoit ahfe11re de ce Théâtre, y a
reparu, & a char-iré l'Arierre qni terrr1ine
c~r Opéfa. On lt1i a retrou,1é le mêrne
ti1nb1·e & la 1nê111e fraîcheur dans la voix.
La manière dont elle a éré accueillie par
le Public, efi: le plt1s forr encouragement que
nous puif1io11s lui offrir •


• GR A V U R ES~ ·
( .
-
-

~ FaoNrrlPrc11 dt~ EJ(ais Îii]lorÎtJlltS (J 'Pt1firi-
9uts fur lt1 Ànglo- ÀméricaÎn$, dcffiné par. M.
Lebarbier J'aîné, Peintre du Roi, « gravé par M
~odcfrf>y, de l' Acad(roic de Vienne, &c. Piix,
J liv. . . ·,
: A l'ouverture du Congrès, Pcytor Randolp.h
· aya11t ~té élu PréG<Jent, fe. fait apportèr u11c couronne,
& }a partage en df)U'l.C rartÎe5 égale! , <JUÏl
ilélivrc aux Dél~gucs des dot1ze Colonies corfcJérécs,
* cpmmc le fymbo1c de l'c.'~alité qui do:t ré·
· • La Georgie a'avoit point
~ucac.
encore pris dt pa.rt à la
...

-

-
,
• -

D E F R· A N C E. 11,
gner Ctltrc-cllcs dans les DélibéralÎons, ac le gage
de l'an~anrif1èrne11t du. Pouvoir Reya1. Cette îC.
t:in1pe eft d'une co1npofitioo fagc & uès ... bien
gravée. . ·
1 °: Cartt de la Nouvelle Angleterre, comprenant
'":e1 Etats de Ma/{achufats-Bay, Newhampslzirt,
Conntllicut éJ R~ode-Ijlarzd. 2. 9 • Carte dt Canada~
de la Nouvelle Ecoffe fi dt t Acadie. J 0 • ·Carte des
dtux Carolines fi de la Géorgie. , 4 •. Carte tle la
Nou11elle Yorck f..I du Nouvel Etat de Vermont.
5 °. Carte de la Virginie, du Maryland & de l'Etat
de Delawarre. 6°. Carte tle la Penfyl11anie & da
Nouveau !erfey. Prix, 6 liv. les fix Cartes, & 7 liv.
1 o Cols enluminées. Toutes· ces Cartes font rédigées
' d'après les originaux A11glois les plus efiimés , pa~
· M.. Br1ot1 de Latour , Ingénieur · Géo!;raphe d~
· l{oi. Il en fera vendu féparé1nent en faveur des pcrfot111es
qui ont acheté !'Ouvrage par parties, & qui
n'ont peint foufcrit; elles forment cnrcmble un
Atlas Américain co1nplet, 8c c'cfl cc qui a paru de
micu t en Géograpl1ic fur cette partie du Monde
devenue fi intércff antc.
J

·Ces Cartes; ainfi que le Frontifpice & le Plan de
la Bataille de Montn1outh, à 1 liv. 4 fols, Be t liY.". .
J o fols enluminées, ne fc trouvent que cl1ez. M.
·Hilliard d' Aubertcu11 , A utcur des Effais fur les
Angl~-At11éricains, chez. lequel on fou[crit. jufqu·aù
premier Août, moyennant 11 liv. pour l' in - 8 °., ~
41. liY. pour l'in-4°. A l'aris, rue des Bons-E11fans,
la première porte - cochère à droite en entrant par
la rue S. Honoré, où MM les Soufcriptcurs font
f riés de faire retirer ces diff~rcos objt.1:5 •
..

• •


...
-




..
'

' •

-
,

\
... AN NONCES LITTÉRAillES •
• • •
~ ouV.EAU Théâtre . Alltmand, ou Rtcueil tlts
'Pièces qui ont paru avtc face ès fur lts Thé âtres iles
'Capitales de l'ALiemagne., par M. fri~del, 1)1·ofeffeur
des Pages du Roi en f urvl'vance, Volume III•
contenant A crée & Thyeftc, Tr·agédies en cinq
· Atl:es de M. Weiffe. ù 'Voilà pris, lt. 'Voilà
pris, Comédie en deux Àétts, par M . .. \Vez.cl. -
Sttlla, Drame pour ks âmes aimantes, ~1z cinq
:Alles, par M. Socthr. A Paris, chez. i·Au~eur, au
.Cabi11ec de Littérature Allemande, rue S. Honoré,
au coin de la rue de Riche lieu ; cl1ez la V cuve
, :pucl1eC-ie, Co~turier fils & Brunet, Libraires ; à
Verfaillcs, cl1c2 Blaizot, Libraire. Le prix de ces
trois premiers Volum'!s efl: de 1 3 livres 1 o fols. -oa
les 1·eçoi c f1·a11cs de port at; même prix, en s· adrcfiànt
direétement à l' Auteur, au Cabi11et de LittéJ·aturc
Allema11dc à Paris, & en affrancl1itlànt la lettre de
dema11de & l'ar~cnt. · ..
MM. les Sou{criptcurs font priés de faire retirer
léurs Volume!. 1
,
· · J,f lmoi rts fecrets, tirls 'des A1·clzives dts Sou-
~1'trains dt l' Europt, contenant le règne dt L ouis Xll I.
~ O•Jvrage traduit de l'Iralien, XLV & XL VIe. Parcic.
A A n1frcrctam , & fe trouve à Paris , cl1e'Z Nyon
)'aîné, Libraire, rue du J ardinct, Quartier Sai11tAnd1
·é-des-A rcs. •

E/fai Hiftorique fur:- fan .Alteffe Impériale PaJ
Pétrowitt, Ct_arowit:r & Grand·DMc de RtL.Jfic, &ë.
par un Avocat au Parlement. Prix 1 i. fols. A Paris, ·
chc~ Belin, Libraire, rue S. Jacques. , ~
L' Eventail, P oëmi tn quatre Ck•nts ~ dléil •


-
• -.
..
. D E F R A N C ~ 191~
·s. A. S. ltf «ciamt la Duche.Ife de Bour6on , par M.
Milon, de Liége. A 1'1aftricbt; & fc trouve à Paris.
chez la V cuve DucheC'ne, Libraire, rue S. Jacques ;
& Defe11nc , Libraire, an Palais Royal. ,
Ejfaf fur la Chaffe au fufil, nouvelle Edition~
revue & augmentle. Prix, t livre I 6 fols broché. A
Paris, cl1c{t Théophile Barrois jeune , Libraire•
r.ie du H urcpoir. · ·
t Dt l' Àrclzitellure des !:Jrps ltum4.Îns, Olt le Ma·
·rlriallfm e réfuté par les fens , par l' Auteur dos
'°Principes co11tre l'incr~dulité. Prix, 1 8 (ols brocl1é.
·A Paris , chez la Veuve Hériffant, · Imprimeltr•
Libraire, rttc Notre - Dame$ 3c ~arrois le jeun~ ·•
Libraire, rue du Hurepoix. ·
Suitt des Ejfais far Paris. le CBmte & /4 Comteffe
ilti Nord, Anecdote Ruffe, 1nifc au jour par M. le
Chevalier du Couttray. Vol. in-8 °. Prix, 1 li v. 1 o f.
a~ec le Por~rait de ces illufl:1·es Voyageurs. A Paris.
"~cz Belin , Libraire, rue S. J acqucs. .
Notions élémentaires de Botanique, a11ec f txplitation
d'un~ Carte compofée pour fer11ir aux Cours
publics de l' A,adémie de Dijon, Volun1c in .. 8 °. A
Dijon, chez L. N. f rantin, Imprimeur du Roi.
L'Ouvra~c cfi: accompagné de quatre llJancl.ics infolio
& de quatre petites. .
L'Ami des· Enfans , .. par M. Berquin, Juilfct
' 1782., n°. 7. A Paris, chez Pifiot, Libraire, quai
des At1gufiins; & T11éophilc Ba1·rois, Libraire, rue
GU Hurepoi1. '

<llu11res d'Hifloire Naturelle (J de Philofopltit ât
€-harles Bonnet, tit t Académie Impériale Léopo'/.Jint
fi de celle Je Saint~Pétershourg, fic. Tom. IV•
première & fcconde fartics; Tome V, prcrnièrc ac .
fccondc I>arcies. 'A Neufchâtel , de l'Imprin1erie de
Samuel Fauche, Libraire GY Roi > ac à Pari~ chu
• 1
• •
'


, •

..

..






.. r'

'

1



. 9~ ~f E "R C B ~ E~
.J=iardouin 1 Lib1~aire, rue des Prêtres Saint-Ger~
I' Au1e1·rois. · f •
rEffeis Hiftoriques fi Politiques far la R/.vO/Mt;.
Je 1· Amérique Stpttntr;ionalt, par M. Hilliara d'A
bert~uil, Tome II, fec~nde Partie. A Bruxelles, le
fc trouve à Paris, chez. i· Auteur, rue des Bonsr
Enfan,-Sai i1t-Honoré.
Traité tle la connoi!fa11ct des /Jons fr"its, tt11tc /11
manièr.t d1 cultiver toutes for.tes -a·ar6res fruititrs •
fuz'Vi a· une J nftrutlion pour ceux qui veulent confer-
1Jtr Jes fr.uits éJ en a'Voir dans tou.s les mois de l'a•
nit , par J. Merlet & Cl. Sai11t - Etienne, quatrième
Éllition en deux Pattics. Prix, 1 livre 1 6 fols reliées
en un Volun1e. A Paris, chez. Lamy, Libraire , q-
,'1es Augufiins •

• •
• Pommade à la Sult11ne •
I,a Dame Veuve CHATAIGNIER, ~ui d(mcurc rue
•c ta Lune , au coin de celle de Saint-~tic11ne , a com•
pofé un'C Pot11madc, appclte è la Sultane, qui entretient
la peau fraî,hc, l'adoucit, & gurrit les ~crçurcs
des lèvres. Il n'entre rien dans fa compofition qui puiftc
en rendre l't1fage pcr11ic1cux. Le prix de cl1aguc pot di&
·Pommade efl de~ liv. .
ÀPl'ROB.ATlON •
J• A 1 ta , par ordre de Mgr le ~ude ~es Sceaux ••
Muc,,re tle Fra.r.ce, pou• le San1cêt1 27 ·Jt11l let. Je n '/
ne• trouvé qui f*Îa~ Jen es&l19'cbc1 l'ia>p(dUQU. ~ •
Je 1.6 1uü1ct 1711.. Ci UtlD L

-
LGcr:


re-1
rel
ifft
dl 1
1
' •
• •
• • '
• ..
' •


1 • -- .,)' • • ' • - ;...- ;.-. ... .. , ,~ <
'"' \


a 1 5 1 (a
'

..
'
• • 1.0



..
'
;
:l
• •


• ~

• •
lj ~ J:JJ~~LE" T 1781. . ... - •
• ~ •<
A F 1 s . à Mel/Jeurs~ .les S:cuJJ.~ipieurs · dq
M~r,cur.~ d:e :Jlrance., R~ur le mois d~ÂoÛt'

! 781. . . ~ ' . y.
• •
. .. • •
__ A reunio,11 ~~ loJJ"!-11/ dt I!ol:itigue 'â~ tJ~~eZles J l ,
~ve~lc Ji{:er:cur~ th E:ri_ance. ~ âes~oufcr1pt1ons .du . .
1011.rnal Ftlln :ois lJ ~ u Journal des ~eilaéfts , do
Journal des ames, de~ Gat.ettt 1iie Littérature,&:.
du Journal' intitule, :Af,iri~ts ile f.ilnglét1rr:è & de
fAml~igut.~ ; le nomor·e &. le mbitc des Rc!àaGleurs
des Coo~rateurs 2ttachés à. ·ce.t Ouvrage , les
~ o~ts du Br:évcté d\l Mercu.f;e, qui n,a épargt)é ni
dtl!er\fçs ni foi11s 011r r~p.onare at1x àelirs du Public
& aux !nrentions u.Miflifièr-c, ent .enfin ,atfuré à tet
Ouvrage :Périodique : le ~l.;Lus a1'<:Îen & le plus vatté
des Journaux, wut f,e fu,cès qt!c le saC!lr EancJè,ouckc
· , PQU~oit en âtte.Pdrc. .
l
- è
'

• '
..

,
'

-

1


• •
' 10URNAL POLIT/ UE
'
, D E B R U X E L L E S .
.. •
, I
T · u~ R Q U 1 E. •
• • • •
Dt CoNST.ANTINOPLI!., le ro Mai •

'Esc An RE Ottomane dellinéc à croifer
tous les a11s dans nos parag~s, cft forcie du
porc ces jours derniers ; 11ne rem pêre violente
l'a forcée de fe réfugier dans une peite
baie en face de cette V il le , où elle eft
encore , & où elle s'occupe à charger de
rtlot1velles munitions de guerre qu 'e:-lle doit
porter dans les places les plus i1nporcantes
del' Arcl1ipel ; elle efl: compofée de "1- vaif--:
·fea ux de l!gne, 3 galères & une frégare.
Il a été fait divers change1nens da11s les
"Gouver11e1nens des Provinces. Le Bacha de
.. Choczi111 a été nommé Beglier-Bey de Ro-
mélie; le Gouverneur de Ca11die a palfs à ·
Choczi1n , & le Blcha de Wi iin · do11r le
·Beglier:Bey dépofé a obtenu la place, a é é
infl:'1l lé dans le Gouver11erne11r e Ca11die.
. Selon les nou \'elles de l' A lie mineure ;
' Tichapan ·Og]i, ce fameux 1·iv,1l de TC l1anil<.
li -Ali , Bach , a été 111 .. fl:.crié par {es do-
6 Juillet r7~ 2. . a

..

,
( 2 ) ..
melliques ; cet é\1ènt1ner.r fair entrer dans
. le r1·é(or du Gr~.nd-Seigneur, qui en hérite.,
; f OO b0urfes, qui équivalent à 1 ,7 ;o,ooo
piallrcs. Les hofi.ilités , a jour.ent les mêmes
lerr1·es , ont reco1nmencé entre le Prince
Héraclius & Salo111on , Prince d'l1narette ;
les Geu verne111e11s voili11s ont été obligés
d'e11trer dans leurs querelles.
R U S S I E .

De PÉTER.SBOURG, le 23 Mai.. • • • •
Nous venons d'e!fuyer ici un incendie
qui a caufé une perte co11lidérable à cette
Ville & à [on con11nerce; hier à i heures
après midi , il fe 1naaifefra à une extré111iré
du mart:l1é, où les boutiques co11frrnices en
bois for1nent un vafte quarré de 3 à 4co
roifcs de long fur environ i JO de largeur ,
entre le c!nal d~ Catl1eri11e & la rue du • •

P Jlais de V oronzoff. Les fl atn1nes fe propagèrent
avec u11e telle rapidité qtte dès les
4 heures dt1 foir rout le qt1ar1·é éroit ein.brâfé.
Le vcrit d'Efi: qui fouffioit avec violence,
les porroir par ·delà le canal ,f u c:tJré
du qt1artier B. ufche11sl<i , où elles :iuroie11t
pu caufer des do1nn1aaes effrayans. A la pre-
1uière 11ou velle dè l'i11cendie , les Pri11 ces
Rep11i11 , Orlc-,ff , plufieurs Géi1é11aux , les
Officiers des Régi111ent. des Gardes ~ccoururenr
ft1r les lieux ; l'I1npé1·arrice s1:1i éroit
rever ue da11s cette Capicale à l:occafion de
la fête du régi1nent des Gardes d,lf n1aïlofski,
- • •
llJ&fV1-J4!J---------
'
- •
1
' ..

1
. • '-
( ~ ' .
s'y porta--elle tnêtne, & fit tout le tour du
quartier embrâfé, où elle donna les ordres
les plus conve1,ables. Malhc11t·eufement l'e1nbrafe1ne11t
éroit d,u11c violence à 11e céder •
à aucon fecours. Toutes les b9utiques en
bois ont été réciuices en cendres; on n'a pOE
fe rendre maître du feu que lorfqttil éroit
prêt à g:igner le corps de celles qui f 011t
conllruices en pierres. La perte a éré con.
fidérable, elle l'aurait été davantage enco1·e
fi les vai!feaux qu,on acte11d de l'Etranger
étoie11r arrivés, & que les 111agafins euffent
éré re1nplis des 1narèliandifes qu'ils doivent
a pporcer ; on ne peut pas enco1·c l'apprécier
au jufte; 1nais la pre1nière évalaarion en gros
la porte à 1 n1illio11s de roubles. On ne douce
pas que' ces inagalins , do11t la conftruétion
en bois caltfoi[ fans celfc de l'inqt1iécudc,
ne foie11t rebâtis en pierres.
. DANEMARCK~ .



-
• •
( 4- ) 1
· verpool & d'Ecotfe , avec une frégate de
gu~r1·e B1·iran11iquc de 10 canons , q t. i C<Jll·
voyoit 48 aucres na\'Îres de la mê11Jc Nation,
ve11a,1 t tous de Newcaftle, <..h"1 rgés de ch,irbon
de terre, & dtfi:inés en gr.inde parric
pour cette Capitale. le 5 tous ces bati111ens
onr éré lui vis de J 4, & le leni.iemain de i 7
autres , ârrivés égaltment de la 1ner du
Nord.
Les Direéleurs de la nouvelle Compagnie
du Ca11al & du Commerce, f'"' 11t M. Ste111an,
lvlinillre des Fipan ces , M. 5'"'11i1nn1e 11nan ,
Mi11ifl:1·e du Co1nmerce , M. Guldbe1·g ,
Confeiller P1·ivé , Sec1 éraire d·Erat , Mivl.
SchilJe11 & Walterfdorff 3 Cha1nbellans , .
M. A11ker, Co11feiller d'Etat, & M. Frif"'h.,
Confeiller de Jufiice.
ALLEMAGNE •

De· P" 1 B N NE , le I 2 Juin.
L'.E. i..iPEREUR continu. e de travailler beau.;
c0up dans fo11 Cabi11et , où il refi:e depuis
quelqtte rems ei1fer1né pendant plulicur.s
11eures avee 1 S ecrér~1ires. ·
On dit que tous les e1nplois de Di1·eéteurs,
Cont1·bleurs & OfficicL·s quelconques des
l?ofies dans les Provinces de la do111ination
Aurrichien11e, ne fero11t plltS do1111és à l'a~
ve11ir qt1'à de viet1x Millrai1·es, qui au1·ont
n1é1·iré t1ne retraite par lct;rs fer\'Ïc s ; la
dcll:t·uél:ion ot·donnée pa1· l'E111pereur ,de Ja
plt1part des forterelfes de f es Erars > anéantit

-


..
-




• ( :s '
gttantité d'emplois qu•on leur donnait auparavant
, & qt1e ceux-·ci retnplacero11t du_.
1noins quant aux ém~lume11s .
Un nouveau .Règle1nent déf~nd à l'avenir
l'ufuge des n1ulers dans nos Ar1nées, parce
que leur e11rrerien coûtoit cor1fidérabler11e11r ,
& que les chevaux penvenc fervir égale1ne11t.
au rranf port des bagages.
· La i11aladie qui de Ruffie a fair le tottr de
la 111oirié de t·Europe, vient d'atcaquer un
granrJ 110111brc de perfo1111es en cette Ville ;
. heureu(en1ent il n'e11 1neurt aucune ; on
cfpère qu'elle celfera avec le froiJ , a11quel
on n'tll: point acc..ot1tulné dans certe faifon,
& qt1i com111ence à faire place aux ·cha·'
leurs. .
De HA. M B o u Jt G.. , le I .f Juin .
LE s recrues d' Anfpach, de Brunf wick,
de Helfe-Caffel , de Helfe-Hanau, de Zerbft,
&. le 16e. régime11t d'i11f.1nterie Ha110-
vri•nne , embarqués fur 14 bâci1nens de
tranfporrs , ont mis à la voile le 1 o de ce
mois de Bre1nerlelie , fous >l'efcorr.c des frégptes
:Angloifes )a Be/le-Poule, de ;6 ca-
11ons , l' Emeraude de 3?. , & l~ Cyclope de
iS. On alfure que ce convoi fe rend directement_
dar1s quelq.ue port d'Irlande d'où
ces troupes palfero11t à lettr deftinarion en
Amérique. Les cranfports fur lefquels elles
font c1nbarquées , avoie11t ra1nené d' Angleterre
les I11valides des diff~rens Corps
quj fervent dans le Nouveat1 inonde; ils

. .,,., a 3

- •




'



' (' 6 )
étoie11t au nombre de 15 b~cimens , mais
ils ont éré rédt1irs à 14 par le naufrage de
l,un qui a péri ~ians le trajet & dq,nt on a
he11reu(e1nent fauvé !,équipage.
,, L'Empcreur, écrit-on rle Cob1eutz, a corlféré la
f11gnité <l,~vêque titulaire de Lu1emb0urg, q-oi jut:
qu'à préfcnt avoic été attachée à l'Arcl1cvêcl1é de
Trèves, au Prcvôt de St Hubert~ Luxemboufg .. 011
:ajoute que S. M. I. a dcma11dé un état exaét des
potfeffions de l'Abbayc de St-Maxirni11 de Trèves.
Comme on pr~tcnd que S. ~l. I. efi: dans l'inte11tion
de revendiquer les biens co11fidé1~ablcs C)Ue cette
Abbaye pof5ède dans le Dt1ché de Ll11embourg, ca
a conçu gtlelq·.i·inquiltude à Trèves & ici c.c • •
On affure qt1e le Duc régnant de \Vurte1nberg
a dc111andé à fes Etats, & qu'il en
a obcenu un million de florins pour fer~ ic:
at1x dépentês des fêres qu'il fe propofe de
don11er au Grand-DLlC & a la Grande-DuEheffe
de Ruffie à leur arrivée à Stuttgarli.
» Le différend , écrit-on de Copenhague, qui s'eft
llevé ent:r~ cette Cour & celle de Madrid au f ujet Je
Ja prife dé la corvette le St-Jean, fubfific toujou 1 s.
Notre Miniftère a r~pandu avec prof\ifion <:les Mé~
moires fur cette affaire; il e11 a été pré(c11té à tbutcs
les Cours neutres ; on s'attache fu r .. tout à éra b1ir
qu'une chaloupe à un feul canon avec pavillon effectif
d•tin Souverain, n·efi pas moins un véritable va1ffcau
de guerre qu'un vailfcau de tranfpcrt ; é•cfi un
point qt1e Ja Cour d'Efp3gnc a d~ja déclaré qu•cf lè
ne refu(croit pas de rcconooître , fi les Pt rilfances
neutres jugent à fropros d'adopter ce fyfiêmr. On
efr fort curicu~ a'apprcodrc comment fe rcrminc ra
cc <Hffércnt. Si le bruir qui fe répand cft fondé ,
1lous devons nous arccndrc à quelqt1cs difficulcés vi!à-
vis des Proyincés-Unics. Le Capitaine Dahl, da

-
-

...
,
I


( ( 7 )•
\taitîcaa de notre Compagn.ic des Indes le Clzrijlian•
fladt, arrivé ici le 4 Juin, a déclaré au Gouvcr11cment
que fur la fauife 11ouvelle d·unc ruptt1re cotre
le Dancmarck & les Provit1ccs-U11ics, le Commandant
da Cap de Donoc-Efpéran\'.'c s'était faiti du
navire Da11ois le Cafte/et - Dans'brog , Ca?icainc
Fugléde ; qu'informé cnfuite que cc b111it n'étr>it'
point fo11dé, il avoit relâché Je navire; cc contl·ctcms
. a forcé Je Capitai,1e à faire; rad\>uber fon
vaificau, ~c à faire rranf porter fcs marchandifes à
terre où clics ont dû fourfrir co11fidéral1!ement , ce
qui va dorlner fa11s doute lieu à des demandes de
<tédommagemcns ''·
On apprend. de Cologne que la maladie
dt1 Nord continue â'y 1·ég11er, & qt:Je inême·
elle y devie11t plûs fé1·ieufe. 011 a remarqué
fur· rout qu'il tàuc bien fe g:t1·der de fe trop
raffraîchir après e11 être guéri , cela. occafio1111e
des rech~ces auxquelles· peu de perfonnes
échappe1:ir. Pe11darit huit à dix jours
on a enterré 1 o à 11 p~rf0 11ncs par ·jour
dans êettc ville. I
"Il paroît, écrie-on de Berne, que les préparatifs
')UÎ Ce font autour de Genève, inquiètent fé1 ieu(cn1ent
les Repréfentans, auparavant fi fiers. Eux qui empêchoienc
leurs advcrfaircs de quitter la ville & d'en
fa; re Corti r lcltrs effets , commencent à fui v rc cet
exemple., en faifanc paflèr le~rs familles dans les
pays voifins; on craiac mê1ne <]u'ifs ne partent cuxmêmcs
, & 11c Jailfeut la ville à 4 ou 5 oo pcrfonncs ~ui
leur aya11t Cervi d'infirumens , font capables de toui ..
les excès. C'eft fans doure cc q'J'on vct1t prévenir,
comme il paroît pn r la lettre f uivante de l' An1baLI:1-
dcur de France à L. E. de Bcrt1c ~ en date du 10 M1i
dernier. ,, S. l'vl., y eft-il dit, m'autorifc à vo·.s
~a11dcr, magnifiques Scignculs, qus ti'ici au Il. . dtJ
a 4





IULJVIU~l."I~~~---~~~-----:-,---
,
..

• • ...
mois proc atn , c e voi1s era 10 ru1rc e cc qu 1 •
fera expédient de faire pour concourir à 1 entreprife '
fal taire qu'elle n'a pas voulu effeauer fans vous y
faire pa1ticiper. M. le Marqt1is de Jaucot1rt ou moi
ferons chargés de vous faire palfer fucceffivemcot ces
éclaircilfemens. Il paroîc que t•intention de S. M. cfr
de vous évit(r, s'il eft poffible , des dépenfes qu'un
trop grantt nombre de troupes pourroit vous caufer,
& mér1ager par-là le tems précieux de vos fujccs. La
réfolucion de rendre les défcrteurs & de fermer le
lac , ce <1t1i vous efl: très-facile , plaît infiniment à
S. M. Cette dernière réfolution cadre exaétcmcnt
avec Ja note que je joins ici' & qui doit rtre déja
1.emife à M. l'Ambaffadcur de Sardaigne; j'ai ordre
dé vous la commurtiql1er, vous afl uranc qt1c S. M.
s>en rappCl1 te à votre fageffe & prévoyarce, pour
pre11drc de votre côté les me Cures indiquées. S. M •
verra avec plaiGr Je parti ferme que vous prend ,ez à
cet égard, & dans le cas où vous jugerez à propos
de le prendre , il frra n~cejfaire que vous, en faffiez
prévenir promptement S. M. Sarde, afin que fcs
prépofés n·y mettent aucun obfiaclc. En attendant la
réponfc de cc Monarq•1e, qui ne peut être n~gativc
dan~ Ct"tte occurer cc, fermer le lac cf~ une excellente
opération , qui prévicodroit v raifcmblablemcnt bien
des malheurs''·
• 1 T A L 1 E •
D~ LI Y o u R NB , /~ 6 Juin.
LA Députation Royale établie pour les
Monaftèrrs, vient d'e11voyer à co11s les dépurés
la lettre circulaire ft1iv anre.
,, Par une dépêche de la Sec 1 ér;, ii eric d'Ecat, en
<!arc dta 1 j Av 1 il dtrnier, S. A. R. Je Grand-Duc
nt·trc Souverain, a chat aé cette Dt pt1tat ion de fc
fai1c donner une note â~ nomb1e aél:ucl des Rcli•


1 Ull"U r.J-4U

-
I



( 9 '
gicufcs de chaque Monafièrc ~ en f:1ifant ·une diftil1él:
ion entre celles qui font voilée & C' lies ~ui
font convcrfc En con(cq•1et1ce la dépurari0n m'en·
joint de vo s deman ~cr une pareille noce pour
cc qui concerne chaq•.ie Monafièrc, 'c doutant pas
QC l'cmprclfement que vous al1tez. de ,atisfa1rc à
cette commiffion ''·
Il a éré li~nifié en m~me-re1ns aux Religieux
de Cîteaux, ainli qu aux Minimes
de Sc-F r.111çois de P ule , de 11e plus .. re- ·
ccvoir à l'avenir de novices , & de ren:
yoyer à leurs m~ i ~ ns patet·11clles les indi~
YÎ<.ius qui n'ont point e11core fair pr· >fe1Iion.
,> Nous apprenons de Cepl1alonie qt1c le Comte
de ( erbieri, conn\1 par l'arr a\'CC JcqueJ il a fu fati e
tranfporccr en entier~ Pétersbourg l'immcn rc roch~rdcfiiné
~ fc vir de piédcflal à la fiat t1e de Piet rc-leGraAd,
vi nt ci'êcre malfacré fur fes ccrres tn Morée,
ai11fi qu'un FrançiiJis qu'il avoir faic venir de· 1a Mar·
tinique. Ses atfaffins (ont des gens dont,· en les
J>ayant , il empJoyoit les forces à la cultL11c de
~uclqucs plantations de Cucrc & d'indigo qu'il avoir
établies alfez frt1étueufcment dans cette rc:C:iuï e.
Les fcél érats ont at1ffi percé fa malheure tfc é Ottfc
<le 7 coups de poigoard~; on affure qt1'ils e r. t été
arrêtés au moment où ils alloient paflcr élans la
Morée "·
Le Pape arrivé dans I·Erat Eccléfiallique
le 10 du mois dernier , a pa!fé à C fe11e
fa p·1tric dont il n'eft p1rti que le ; de ce
n1ois; fuivant fan itir1 é1·3ire, il ne doic être à
Ro111e que le 1 ~ au (oir; on y prépare un arc
de triomphe fur la place dtt P0 uplc, & 2.
tribunes où feront placés des Mulicie 1s ; ces
éüificcs & la rue qui conduit à St-Pierre fe-
- a J


-


• ' •
. '
( IO l
ront îllutllinés; on exécutera fur la place
du Vatica un grand fe11 d'artifice. 011 dit
sue. S. . riend1·a, le 1 7 , un Confifi:oire dans ..
lequel elle fera part au Sacré Collége des
fuites de fon voyage. · . · • •
ES Il A G N.. E•

D'A L G É S 1 RAS, le 3 Juin •
LE s rroupes de Mahon q11e nous artcndions
font enfin arrivées a in li que .toures
les 1nu11irions. Nous avo11s vu pailer auûi
les convois marohands , & il 11'eft r~fré
en arrière que 6 navires Parleinencaires ayant
à bord une par.rie d~s prifo11niers Ai1glois
qui ont été furpris par le vent d'Oueft a va11t
d'avoir pu embouquer le Détroi-t.Nos Vigies
.fignalèrent, il y~ rroîs jolirs, t111 gi·and co11voi
efcorté par des frégates , qui ne peur êr:1·c
que celt1i de l~ di\'Ïhon des r1·oupes Rrat1-
çoifcs. Il at1ra été ebli};é de relâcher à Mataga;
& au ·p1·emier f ouftle de bon vent, nous
not1s attendons à le voir paroîrre. Les t1·avaux
font ici dans la plus grand·e aéèiviré;
nous avo11s environ 60 forges ocaupées 11uit
& jour.
A N G L E T E R R E.
De Lo N DR B S , le 2 J Juin.
lA Co\lr n'31·ïcn publié des nouvelles qu'elfe
a pu a~1p5e11dre par le: Che\ra l.ier Clinron de
l'état de nos affaires ·da11s 1, A111érique fep -.

..

lf"1:14:J _________ _
1


• ..
· ( · II ) -
tentrionale; nos papiers clfayenr d'y fnppl~cr.
par des lectrcs particulières & par des conjcétures.
Ils flattent toujours la Nation d'une
réconciliation avec les Colonies, & elle ne
· fe 0.:1tce ~lle-mê111e que d'une paix qu'elle
11e l'eut obtenir qt1'c11 acc6da11t à toutes les
p1·érentions du Congrès; elle en a trop
be[oin pour fe . rendre aujourd'l1ui difficile.
Cette dif pofition feule peut favorifer le
Gé11éral C:l.rleto11 qui , c11voyé dans ces
co11trérs pour y p1·endrc le co1111nandement -
de nos tl·ot1pes , efr expre{lé111e11c chargé ·
de 11~gocier & de fo11gcr pet1 à corl'lbartre.
Tc:>utes 11os nouvelles pc1rtict1lières ne peuve11t
nous Jailfer aucun doute fur l'atrache-
111e:1t des '.A 1néricains aux prétentions qui
leo r onr nJis 'les ar111es à la m~in.
,~ Les V1rgi11icns , di rent elles, cffray~s de l'arrivée
au Comce de Du11morc dOLlt ils n'ont pas
011bliè les injufiiccs & les vexatiens, ont porté leur
crai11tc &: leur animoficé au point de mettre fa tête à
Erix; ils ont promis, dit-on, 5000 dollars d'E[pag1~
c à celui qui le lcl1r pré fente: oit vif ou morr.
C'cfl: Can douce cette raifon qui i·a <iétcrmin~ à fc
r~fugicr ~ Ne\'V-Yorck, où il cft plus en fûrct~ que
par-tout ailleurs. Le renvoi de cet ancien "Gouverneur
de la Virginie en Amérique, cfi regardé ici
com1ne une des plus grandes fautes de l'ancienne
/\d1ni 11ifirarion ; il t1e pot1voit en ré(ulccr c.1u'une
l1aine pltis forte contre lui & contre le Gouvernrmcnr,
qui par là o'avcrtiffoit que trop quail confcrvoic
tous fes anciens principes, & que s•it réuffiffoit
dans fes armcmens de ter re & de mer, 1· Am~ri')
Ue retombcroit i11fa\ llib!c1ncnc fqus un jot1g au!Ii
dur que celui qui 1·avoit portée au Coul~·e1ncot ''•
· a ·6


-
• -
( 11 )
... St j,raht les mê1nes 11ouvelles particulières,
le Gé11étal G ~~ée11 fe propofoit d,attaquer
Savan~h aans le co1nmence1nent de Mai;
cette place n~ peut réGller li , cotn111e on l'a
dit , & comLne cela efr vraife111bl l)le , elle a
déja écé t vacuée; "lors le Gé11éral Gréen peut
tourner fes efforts concre Cl11r les-To,vn ,
donr la g rnifon, quo1qu '0 11 en dife, doit
êcrç confi. ér ab le1ne11t atfr)ihlie , puif qu,on
en a fait p~rti r deux régin1e11s pour les Illes.
On peut jugtr de l,état de et tee pl ce , &
de f e4i r.0 ff }Urces p~r la lettre fui vante en
date du 2 5 1vI.1rs.
»Je vo•1s fuppofe Î t ftrt1Ît de ce qui s'efi palfé ici
dcpui~ vor. e dépare. lies tr. 11raa1ot·>s pu9liq tes r apP'"'
rtres dan les rap:e1s P'· b··cs , !cnr en général affez
vraies ; m -,j ~ el les t1e clonnenr. pas une idée exaéte de
noti e fir ari ·••· M .. 1lg é le~ atfurances do nées aux
loy a lit te d'u11r aififianèc efficace & protnpre iJc la
part ties Offi: tcrs q Ji commandent ici, les t cbcllcs
011t Ctlnvoql1é le ~1 r alfemblée à Jack f oc1burg, à 3 o
mille~ de ·ettc ·ille. 11~ ~ font rcfiés fix fema1nes fans
êt• c m olefté~, pl1Ur cl1 j~ - un Gt,uvcrneur, de nou\
IC3UI Rt>pté{ènra11~ a :1 Congrès, & faire une m·JI• ..
titt de de loix , dotlt q le 1ques-uncs di fp <) rent des
Lie 1s des ami t d11 Got1\rer,1eme.nt ~ au nombre de plus
de 13 n. 11 tft preCqu'in !•1birable CJllC G ~éc11 n'a
j2maic- eu pl ,1s ,te 100 h mine~ det'ui 1'4ffi1irc
d'E ta\v i' iJ en a a 1; ot~r 'ht1i 4 ou 5000. ) Il efi r~ fié
d~ns les c11·1irons clc J a kf onb 1 r~ , pou r procéger
les rebelles pen tar t le f é jo • r q u'1 ls y ont fair. Si
norrc arm ~e Ce rû · po ~ téc ver~ cette pla c , ils' fc
fcroienr ~parés, & pl 1flet1 r~ (c101eot retour nés chez
eux , chai m~s d avoir u11 prétcxrc de c retirer; la
faute <l'i'on a· f.a ire e permettre à leur Gouvernemc11t
de prcndr uuc forme rég ltlièrc, a eu beaucoup
J


1
Uo::"lil"';'llJ __________ _
'
( l 3 oc fuites pcroicicufes .Ce\'lx ,ic nos amis gui agiifoient
pour nou~, & q i ne Cc foucioicnt pa~ de fc retirer
~ Chéirlcs-Town, voyant le ur ca fe abandonnée,
ot1t fài t leur paix & Ce font fo 1m1 ; & pl ufieurs autres
de Ct1ar le s~ T wn, fa ullrés de l'cfp,,ir cl' être foutent
s, ou dégoûtés de notre conduite fcoi ~le & Î 114
différc11te, fc font retirés, & pot1r f'aire lcltr aix,
ils Cc font engagés à agir co11t re nou . T out cft .
l1or ril.,fc111eot cl1er ici; un pot1lct, iorfqu·il y en a,
éc q1.1i arri e raremenr, coûte une pia!l:re; la livre de
mauvais boeuf, ou .porc, I 6 pence ( 18 fo is tournois
) ; les mar.:hés font très-ma' a.pprovifionnés ;
fous pc i de fen1ai11cs 11ous fc1 o r1s forcés de tirer
toutes nos 1> rov 1 fil~ns du <ichors , car Gré~o ne
lai(fcra r ie tl Cl'ltrer. Je 1) ·aime ras a par Ier continuellement
<fc griefs; mais je penfc que la conduire timide
de 1·ar111éc J cfi caurc que les rebelles ont rétabli "'
leur auroritc, détruit notre prop riél~ av cc.impu11 it~,
pendant q•·c les Jo yalifics qui réfide11r da11s la ville,
font regardés comme à char ~c à la garnifon. Quelques
perits eff<•rcs nous a Jro1ent 011vert 1c pays qui:
noas cil: fe c mé , nou~ auro..1ent fot1rni !es choles.
néceffaire~ à la vie, & Ît1f pi ré t1c l'ardeur aux troupes
~ au peuple. Le Colonel Thompfon a démo11 tré
cc qt1c t•gn peut faire av.cc de la cavalerie, & fi nou~
avi0ns fe lJ leme1lt 3 ou 400 dragons légers , je ftJis
pcrftiadé que Gréco ferci forcé d'abandonne1 cette.
Provi11cc & la Caroline Seprcntrionalc. les gens
de la petite Péliéc jottiifcnt encore de la trève q 1~'ils
Ol1t fai re 3 \'CC ~iarion pot1r lln an; mais comme elle
expire le 17 J ujn pro ~ hain, s'ils 11c font pas fecourus
à cc te époqt1e, ils fcronr obligés de fe foumetrrc ,
& par C'lnféquent de fc join ~rc aux rèbcJles, a 1xqucls
il~ feront dune gra11dc t~ti iré, r tanr trèc.-b1 avcs.
tcur nombre co11f1fic en f oo en i ron Ile ont donn~
afylc ao:i réfu gié~ des Comtés loyaux de la Caro~
li ~1c Scpcentrionalc, où ils fo11t da,1s la plus miférablc
condition ''•

-
-
I



IVl.fVl:JllD-~~~------ --




• /
( 14 )
Ce n'ell que le 1 S de ce mois que le
Gouverne1nenr a publié l'extr'1ic des dépêches
que le Capitaine Do1nec a apportées
de la Ja1naïque. Nous en avons déja d(.1 n11é
le précis d'après les bruirs publics ; nous les
placerons ici. Toutes deux font de !'Amiral
Rodney; la p1·e111ièrc efr d1téc du 26 Avril à
la hauteur du Cap Tiberon, Ille Saint·Do-
• mingue.
~' Dcp ~ is nies dernières dé pê cl1es, en date dtt i.o
Avril, j'ai encore le plaifir de féliciter les Lords de
i· Amirau:é , à l'occafion de deux autres v ai{feaox
avec deux frégates pris par l'eCcadre ql1e j'avois
déracl1~c Cous les ordre> du Chevalier Sa1ni1el HooJ.
J'ai t•honneur de joindre ici une lifte des vaiffeaux
pris, & un état des rués & blelfés ~ bor.! des vaiffcaux
de Sa A1ajefié qui les 011c attaqués. Je fuis
aétuellem!nt de\rant le Cap Tiberon avec t•c fc adre •
& je me propoîe de laiflèr le Cl1e\1alier I-Iood avec
vingt.cinq vailfeaux rte ligne, ou avec des bâtime11s
qui feront en écat de tenir la mer, pour obfervcr
les rn ouvemc:ns de l'ennemi al1 Cap François, & je
vais aller moi-mên1e à Port ... Royal avec les bâttrnens
les plus maltraités, pour accélérer leur répara'"io11 <'•
La lifte joi11te à cette lettt·e des vaiefcaux
pris par l' Atniral Hood font le Caton & le
lafon de 64 can0ns, & l'un de 6 50 hom111es
d'équipage , l'autre de 609 fans compter les
troupes à bord. L' Aimable de 3 2 & <ie 190
hommes , & le Cérès de i 8 & 1 60 l101n1nes.
Les tués & bleflés à bord des deux vaiOEeaux
qui ont atraqué font peu de chofe ; il y a
eu deux 1norts à bord du Valiant f>l. 4 à
bord du Magnificent ; les ble!fés font aa
»ombre de 6 fur le prcn1ier & de 8 fur le
fccond.


lu.IJ/U!.f.lJ - ---------
'
-




, .( Ij ) .
La feconde.lettre de Rodney cfr datée da
Porc-Ro}:al de la Jamaïq11e le J Mai.
1> Depuis ma lettre du 2. 6 Av ri 1 , à la hauteur dt1
Cap Tibcron, je vous prie d'il1(or1ncr les Lords de;
l' A1nirauté que je fuis arrivé dans cette baye le 1,
du mois dernier avec ceux des vaitfeaux du Roi q1~ i
~toient dans le plus mau v ai~ étar. Depuis cc tems,
on cravaillc jour & nuit avec la plus grande dilige11ce
poffible pour réparer ces bâtimct1s. La Ville
dt Paris de 104 canons, le Glorieux de 7-4-. l' HeElor
de 14, le Caton de 64, le Jafon de 64, 1·Arde1zt
de 6 4, l'Ailllahle de ; 2. & la Cérès (que je ferai
partir avec cette dépêche) font tous arrivés fans
accident dans cc po1 c. C'cft avec chegrin qt1e je
vous prie d'informer les Lords de !'Amirauté que Je
Céfàr de 7 + canons, & regardé comme un des meilleurs
yailfcau1 de l'cfcadre Francoifc, a été brûlé
dans la nuit du 1:. au 1 J, & que plu~ de 400 hommes,
avec 11 Lieu enant &. 50 matcl·ots A11glois, ont péri
avec C$ bâ:imcnt, malgré tous les foins qu'on s'eft
donné pour leur porter du fccours. ~t accident .
f1ncfic vient de l'indi (cipline exttêmc des matelots ·
.. f rarlçois, qui tous, auffi-tôt que Je vailfcau eut
a111cné, non-feulement ont refufé d'obéir au~ ordiet
de lcl1rs Officiers, mais fe font condll its cnver·s eux
. avec 1•infoleoce la plus cr.i111inclJc. Par cc que
j'apprencJs des prif onnicrs, le vailfcau-François coulé
à fond, , eft le Diadême ''•
D'après des letrres pat·ticulièrcs il paroît
que l' Atniral Rodney a 16 vaiffeab'lx à la Jamaïque
y.con111ris {es prifes , · & que tous one
~efoin de très- gra11dcs réparations auxquelles
on rra vaille; mais on 111aaque de inatelots
po'ur les équiper ; il y a beaucoup ~e inalades
fur la Rorre ; les vivres comn1encent
à manquer; & l oua11tiré de pri(o11nicrs qui
I I 1
~nt ccc co11duirs da11s cctre Iile 11e peut que






...
( 16 ) .
l'aff11ner encore; c'efr ce qui fair croire qu,on
accélèrera le départ de la tlotre 1na1·ch·!11dc
qu'o11 en at• e11d ; on ne pe11fe pas que les
cargaifons [oient auOi confi<léi·ables par cet
e11voi que par l..:s précé ens; les préparatifs
militaires} ·ar1ne1n nt des habirans onr dû les
forcer d .. négliger lc:s foi11s 11écelfai1·e~ à leurs
plantations. .
.. 'Le dép~ rc prochai11 de ce convoi qui v1·ai·
fet11blablt1ne11t eft aél:uelle1nent en [ûllte, fait
hâter les pt ép4rarifs néccifai1·es pour 1nert re
notre gt·ande c:f ~adr er1 érat de tenir la 111er;
011 a lieu de crain.:f1 e que la fl -.>rte combi11ée
de France & d'Efpag11e n'ait for1né le pr •jet ae s'c:: 111pa1·er de ce convoi; il efl: in1purtant
de nous m ·~ ctre en éta[ de nous y oppofer.
la re11 rée del' .A111iraJ Lockharr-Rotf qui a
quitré la tner du Nord & fa tlation au Texel
i1ous fournit 9 v ,:ifleaux de plus , dont les
uns peu venr renforcer 11otre grande efca'-
. dre, & les autresêcreeLnployésà des mifl1ons
particuliè1·e • ·
,, Il n · eft pa · dol1teux , dit un de nos papi ers,
. que no•ts 11·ayon< en effet le plus urgent bcfoin de
ce renfort; mais il n·cn cf\: pa~ moins vrai que fon
départ ,i tl T xcl don11c .aux H\.>I la11d<.' ÎS la facilicé
d'affcmbler leur cfcadre , & de profiter des vents
aétuels d'r. ft ' OLtr fe rél1n r au% cfca<Jres combi,.écs
de Frar1ce & d'Efpagnc ) cc qt1'ellc p e11t. fai te ai(ément
ct1 to11rnant les l tl c-s O rcades. S'ils p e11nent
< e pa rri , Je troupes atte .1 ~s d•Allemagr1c courroie11t
le plus ~ ra nd darlger, parce qu·clles 0 11t eu
o rdre <~e parti r au )1remicr bo11 vent , après le 1 5 de
cc mois. Au Icfic J le retour de Sir Jol111 Roff n'a

-
-
1

( •J 7 ~ )
pas ét~ volontaire; il y a été forcé par les maladie
dor1t les ~quipage s de fes vaiffeaux font arta(1L1és :
quelques-uns oct 400 malades à bord. On a exp,~dié
des orJres pour remplacer les malades , mais
c'cfr une chofe qui n'cf\ï pas aiicc; les 01atelots nous
manquent, & pourc11 fournir notre efcadrc, on a écé
obligé de vuider les priîons de tous les malheureux
qt1i font détenus pour dcttc5, & que i·on emploie
fur nos vailf caux <c. ,
On affure que le Lord Ho,1e qui eft retourné
à Porrfmouth , a reçu ordre éle fe
préparer à appareiller le plutôr qu'il pourra
, avec les vaiffeaux qu'on 'dit prêts, au nombre
de 1 9 , qlti conttfrent e11 ~ vaiffeaux de
1 oo canons, un de 9~ , deux de 90, u11
âc 80, 7 de 74 , & un de 64; on efpère
qu'ils feronc re11forcés à la hauteur de Plymouth
par 1 de 74, & au Cap Léfard par
un de 6~. On travaille a mercre en état de
les joindre dans quelque ce1-qs , la Princeffe
Ro_yale de 98 , le Blenh-eim de 90, le Royal
William de 84, le Pégafe & le Gange de
74, le Polyphême, le lyclope, le Crown;
l' Afie & le Belle-!Jle de 64. Mais ces derniers
ne peuver1c pas êr i·e pt êrs de fi Ôr. Selon
Ün de 11os papiers ., la E?rinceffe Amélie de
8~, & Je Ca1nhridge âe 80, qui font rous
deux dans l1t>fcadre de l' A1niral "'Hoff,. foc1t
les fe11ls vaiffea x cle ce port que 11otrc 111arine
ait encore à trois po11ts; cous les. autres
ont écé condamnés; ceux ci fonr fort vieux,
puifqt1'ils ont l'u11 & l'aurtte p1us de 50
an~.
Le bruit fe répa11d qt1e Sir ·Jeh11 Rolf a

• •
-
I

-



I


-
( 18' '~ . A reçu ordre de remetrre en mer au pluror
pottr reprfndre fa ftation du Texel , ott,
felon u11 avis reçt1 , dit-on , fecrère1ne11r ,
fa p1·é{ence fera encore plus importante que
fa réunion, avec le Lord Howe. D'après cet
avis, qt1elq ue~ vaiffeaux I-lollandois lourden1ent
cl1argés d'artillerie & de 111u11irions ,
onr, penda11t l'abfei1ce de notre llprte, 111is
tout à exéct1tio11 pour parvenir à fortir avec
leur convoi ; on f uppof e que leur deftination
eft pour l'Inde. . ·
Depuis. quelque tcms le Gouver11e1nent
n'a publié que des nouvelles ava11r~ geufes
de l' c'\ue ; les dépêches de Sir Eyre Cootc
one bie11 confirmé les évènemens q l1 Î (e fo11t
palfés dans ces co11trées; m~ i.s elles 011t inis
e111 111e/\ rne teins ei1 cI cat d' appreI :.1• er l es a\'an--:
rages qu~on di(oic avoir 1~et11portés ; après la
bataille du I Juillet 178 1 co11r1:e I-J)1 âer-
Aly , & qu,011 difoir fi i111porta11te; ce P1 i11ce
Indie11 battu, inis en déroute , a cepe11·.ia11t
toujours ratfe1nblé [0 11 ar1née, & efl: revenu
fe mefurer encore avec fes p1·écendt1s vain-:
queurs le 1. 7 Août , le 2 7 Septembre , le .z.
& le I.3 Janvier. Il . paroît que nos t1·iomphes
n'en i1npofe11r guère à cet enne111i qui ,
forcé chaque fois de .fe retirer, eft toujours
reve11u co11fia1111nent a\1ec de 110uvelles fo1·ces
our reprendre les li~ges qu'on lui avoit
fait eve1·. ·
,, Auffi, dit Ut\ etc nos papiers, quelque importan•
tes qu·on prétende guc font nos viéfoircs dans l'Inde,
quelque brillans qu•y !Oicnt11os fuccèc, tlOU uc devo11s
pas nous Bactcr (J'}' confcrvcr nos polfeffions i tout


• '


• -
f 19 ' DOU5 prottvc qt1c nos ennemi• s :1cqu•1 crcnt un nouveau
cour;;gc par de 11ou\•ciles défaites; & probablement
le tcms approcl1e où leur aya11t appris à faire t1C2gè
cics a r1nes à feu & d~ la ba)'<)nnctte , nous leur donncro11s,
à force de les b:itrrc, des i11llr 1.;él:ions fuffifantes
1)0L1 r 11ot1s battre no t1~· m~n1cs : cette co11 Céq
tlcnce cil t1ce leçon toute kmple , & nous l'avor1s
déja éprouvée, rcJatÏ\'ernent Zi l'A1nérique cc. •
Les nouvelles qui nous i11tére(fent le plus
dans ll circo11fl:ance aétuelle, fcroie11r celles
del' Amil4 al Ht1gl1es ; (, pofirion efi: réellcn1e11r
e111bar14 affi111re, & tout ce qu'o11 pt1blie
des autres parties d~ l'I11de , qui ft 11jble
n 'avoir pour objet que de '1érourner de lt1i
notre atte11rion .l'y r :! 111è11e tot1jou1·s. Au
111ilicu des détails de 11os tL·io111pl1es ailleurs
, quelqt1es voix s'élèvenr pour nous
avertir en pallant qu'il ne p..; u1·r~t tàire de
nouveat:1x progrès dans l'ifle de Ccyla11,
parce que le cliinat e!l: fu11efte ta11c at1x troù.pes
qu•aux 1natclors ; cela not1s prépare naturellerue11t
à appre1:idre qu'il a q\1Îccé la
b3ie de 17ri11que111allc après s'en être emparé;
mais 11'a·t-il pas éré forcé de la quitter par
l'approche des François? A-t-il ré11ffi à la
quitter fa11s s'expofer? Nos papiers ne n1anquent
pas de préfenrer de fréqt1e11s Prara-
~ 1·aphes · pottr nous ralfL1 rcr fur l'état de no~ ..
' forces 211x lr1d es.
•> IndépenJamment des vaitfcaux ~e S. ~'1. que
nous y avons , Ji fent-ils, il s'y trou vc beaucoup /
d'autres ,·aii1èau'X de for ce d o 11t 011 pet1t tirer dtl '
fcrvicc. Les bâti mens mttt1iti t1r.naircs, partis avec
Je Con1mociorc J ohnfione , peu\·ent être armés en
frégates , & le St- Carlos~ prifc E'pagl1ole ac 5 4 ,


t
1

-
-



( 10 )
doit fcrvir comme vailfcau -de ligne. le Vice.
Amiral Hydc-Pa1ker le prépare à partir au plutôt
pour les l11des-Or1enca 'cs , où il doit remplacèè Sir
Richard Bi ... kerftoo , ql1c l'ancien Mini{rère av it
defi1né à fuccéder à Sir Edouar<i Hughes. - Le
ya1fTea ~1 le Vigilant de 64 , le Médiateur de 44, le
M onfieur de 3 6 & le Ricovery de ~ 2. , one fait voile
de Porc{mouch pour Ctl ~ rer en croiGere. Cette petite
cfcadrc, aux orcires dl1 Capira1ne Douglas, efi allé
bloquer St-Malo , afin d'empêcher une Botte de
tranfport, ptêtc a en fc..1 rîir, de joindre quelq t1es
va1fieau1 dtfli11és pour les lndcs-Orienta\es, & q1li
mouillent aC.tl:lc llement à l'iflc de Rl1é. On efipèrc·,
en e11 retart1a11r le déf art, d'augmcncer les détrclfcs
de M . . ie S ftren, donc J'ercadrc fera forcée clc reficr
dans l'i11aét1on , faute des divers approvifionncmcns
quelle do tr attendic •
Le aernier bu fget a enfi11 éré terminé;
il ell: en pirrie l'ouvrage de l'ancie11ne Ad·
;'ini11i!l:rarion & e11 partie celui de la nouvelle ...
Il fe rnonre à 21 i11il lions fierl. & den1i. Le
Lord Cavendish, c11 en reniant cotnpre, a
té111oig te une grande répugnance pour la
co11ri nu~ri\,1n de la guerre, quoiqu>il n'ait
pas encore eu le rems de fe11rir le poids du
far eau qu>clle occafioMne. Selon lui, il ne
tient qu'à 11ot1s d'avoir 11 paix avec route
l'Europe ; il ne s'"'git que d'accorder à coutes
les Puilfances qui 11011s font la guerre, cout
ce qu'elles nou~ demandent.
Le Chcval•cr Ari ~•n~ ft'"1gufîon s'o p Ca à la fccondc
feél 11re d1• b1ll, tet1d ~ 11" à impofcr une taxe
de 5" poar ce11t, f.1r rous les péage~ perçus aux
b;tr r ièrc~. Je la rc .,ar,lc, dir-il, comme préj' dicia·
bic au commerce & à 1 aar icultt1re de cc pa ye;, &
comme très-partiale. Les ge11s fages ont confiam·
1
1

"'
:'
1
j
e
( 1 I )
ment poor principe , en impof ant des ta'lcs, de Ier
a!fcoir de tclJc mat1ièrc & fur de tels objc.cs, qu·cllcJ
puilfcnt être lcvéCJ preiqu'imper epciblemcnr; mais
c·ctt i\..i tout le contraire, car un Voyageur ne par·
courra pas un mille fans en rclfenrir .les effets. Je
fonde ma prit1ci pale objeétion fl~r ce que cecre
taie n·cfi: pa~ bien répa.tic. Dans plufieurs oil"'triél:
s c.ic 1 'Ecotfe , où il c11 a coût~ beaucoup de
peine & d·argcot pour <)uvrir des chemins, le péage
ac ~uitcé aux di verfcs barrières {e monte très-l1aut;
il efl: du c.rip e au moins de ce qti'il cfi ~énéralemcnt
en An~letcrre. N·e{\:.il d0nc pas tres dur &
trè<.t>ppr effif d'écablir u11c taxe qui obligera les liabitan
de ces difl1iâs à payer aux barrières des·
droirs de péage augmentés de ~ 0 pour cent, tandis
que les droits att_iels ne fe11t déja q\1~ crop onéreux.
Il fit voir q·1c cette taxe ' cr<)Ît dans pl ufie11rs cas
f réJlt (i1cialile 3 'JX Man•Jfaélltres, & qu·cllc tendroit:
a empê ... bcr qu'c.ln ne prariq,1ât de nou,·caux chemi11s
, lefquels favori (cnt toujours la Clllt•Jre d'un
pays. J~ 11c P.US adoprcr cette taxe , continua-t-il ,
lorfqlt'ellc fllt prtfe.1tée Cous une aucrc forme par
le premier Lord de la Tréf orerie. Je la ~oûte encore
n1oins maintcna11t qu•etle a été modifiée, parce
que je penfc que le~ cl1angcmcns qu·,,11 y a fair ne
fcrvcnr qu'à la· rendre pire à plufteurs é ar(ls. Je
fuis écoa11é que les Mioiftrcs aél:ucls pui cnt propofc
r une telle taxe ; car fi elle ~toit m uvaife ,
comme ils Cc font efforcés de le pe rCuader au Public,
lorfque Je noble Lord la préfcnta pour la p1cmière
foi~ à la Chambre, P.Ot1rquoi n'en ont-ils pas fubf\:itué
ttnc mcillet1re depuis qu'ils foot à la têce des
affai rcs 1 Si , au ·contraire , cccrc taxe cfi bonne ,
co1nbicn y a-t-il peu Cie délica tctfe , d l1ot111êcctt &
de principe da11s lettr condltite précédente , lorfqu'il
dé(appro vère11t une m Cure qu' ils ont cru
qu'il ~toit fage d'adoprer. Je conviens, dit ators
le Lord Jof1n Ca,,e11di!l1, q\te la taxe 11'eft pas des
meilleures , & qu'elle peut faire naître plufieurs



..

11 )
ol>jeaions ; mais 11ous en Commes rcdeTables aux
pcrfom:cs qui nous ont plongé dans cccre guccrc -
ruincufc ..&. inuri le qui ous a mis dans Ja néceffiré
d'adeprcr un rel plan. Je: ne crois ccpeudant pas•
que la r(partirion de cette raxc foit injufre; car 1
ql1oique l'honorable ?.tcmbrc fc plaigne qu'elle foie
telle à i·égard de l'EcQff c , je puis ioformcr Ja
Chambre que les droits de p~age pay~s à la difr~
nce se 1 2. milles aux cnvircns èe Londres , fc
montent à 50,·.:;oo liv. fr., randis que tout Je montant
de cc'Jx d'Ecolfe ne palfc pas 14,oco Jiv. ft.
Je pcnfcrois donc qu'elle cft rlus onéreufc à 1·An·
~lctcrrc qu'à l'Eco.rc. Cette obfcr\'ation ; dit le -
Chevalier Adam Fergufo11 ne proLvc rien de plus,
iinon que l'Angleterre cfi plus riche & plus peupJ_éc
que l'Ecolfe, &. que faifant un plus grand com- .
mercc, elle a plus de droits de péage à payer; mais
s'il cfr vrai que par cette raxc u11c voicurc en Eco1fc
fcroic: obligée de payer t1n nouveau ~hclling de
droits de péage, tandis qu·en A ogfcrcrre elle ne
paycroit que trois pcnccs , il e!l: évAdent qu'on ne
peut pas dire que cette taxe foir bien répartie.
L'honorable Membre a a''ancé que la Natio11 écoir
rccievablc de ce~tc taie aux pcrlonnes q•Ji ont ~té
Ja caufc d: cette guerre; mais chez l'Efrangcr, on
attribue les malheurs de la Nation aux Vl1es int~rclfées
du dernier parti de l'Oppolition. M. Har-
Jey , le Chevalier J ol1t1 Wctl~t\!flcy , M. Hill , M.
/\ yrc , M. Dempflcc & d'autres , s·opposèrcnt à Ja
~axe ft1r cc qu'elle r~ roit préjudiciable aux grandes
~tanufaél:urcs de différentes Villes. M. Mo11cagu,
M. Fox & l'Alderman Townsbeod !•appuyèrent, &
la qucfii0n ayant écé mife pour qu'on fît une fccondc
lcllure du bill , la Chambre y acquicfça ac
ordonna qt1'il fût n1is le lendemain en Comité.
Le 17 , la Cl1a111bre en comité de
voies & de moyèns , arrêta qu,il feroit

' •
• r;
f

• . ( 1; )
tcabli· t'lt1 droit addirionnel de ; f0ls pour
livre fur la cire blanche exportée e11 Angle-
, ~terre. Cette réfolucion fut approuvée R~tr la
. Cl1an1bre , qui ordonna que le rapport e11
feroit fait le 1 S. · ·

» Le m=me jour 17, le Marquis de GraJ1a1n cxpofa
à Ja Chambre combien il étoic dur & flétrirfant pour
les inonragt1ards Ecolfois d'être atfervis à t1n cofru1nc
rtifférent de celui de leurs ancêtres. Les Ecoff ois ,
dit-il , ( qt1els que foie11t lés griefs qu'on ait eu
contr•cux autrefois) foot aClucll~ment une n2tion
brave & loyale. Je fuis charmé i!'entenllrc déclarer
aux ~,liniftrcs de S. M. qu'ils d~lircr1t faire ccffcr
.toute difiil1él:ioo odicufc entre les deux pays. 11 fit
une motion tendance à cc qt1.il lui fùc permis de·
'prélc11tcr un bill, dont l'objet feroit de révoquer
les loix relatives à l'habilleme11t des EcoCfois, -M.
Frafer feconda la motion, & 'die qu'il favoit de
... iciencc ccrtaiac que l'liabiilemcnt Anglois ecoit fort
incommode pot1r les Ecolf ois lorfq·1·i1s gravifloicnt
les montagnes. Je ne m'oppofc at1cu11e1nent, clic
le Cl1eval icr J. Cler ke, à cc qu'on ait toute la
con·lefccnJancç f·ollil-ilc pour les montagnards Eco(_ -
fois. Q .~oiqu'il 1ne paroi!fe très - vexatoire de contraindre
quelqu'un à porter ·ur1 hal1illcmc11t qui ne
fui plaît poi11t, je t1C puis m11cmpêchcr d'obfcrvcr
que t·l1abillement <les ~Gntagnarll; Ecotloi c: cfi fort
indécent, & je fuis ffir qu'il bletfc la 1nollefl:ic des
femmes Angloifes. Je me fouvicns n'avoir cntcnd\I
f clCORter à un Aubcrgifte ac Hampshire ~u'on ~voie
logé cl1ez lui lix Coldats n1oncagnard qui fc conduifoienr
avec OC3UC0Up de décence) mais que fa fcmJDC
& Ces filles paroitfant trop éprifes du coilumc de
ces Ecoffois, il aYoit ét~ obligé de louc.r un apeartcna'!
nt .pour clics dans u11 quartitr for ëlo.gné •
& que fans cette précaution il eût ~t~ rédt1it à négliger
fcs hôtes, parce qu'il p.crdoit tout fon tc1111
-
(
• •

'
'u f """''-'
• •




-

-
,


• - • -
• ( 14 ) .
à épier C:1 fen,mc & fcs filles , qui fcmbloicnt ne
s·occuper que de ces montagnards. Je ferai <loac
àaas la néceffj.cé, dit-il, lorfquc le bill fera préfenté
à la Chamb1·c, de lui propofer qu'il y foit inféré
Uf.le claufc, pour empêcher que les Eco[ois rortcnt
l'l1abillement d9et il cft qucfiion en deçà de la
Tweed. Qu'ils aillent nuds s'ils veulent dans lc:ar
pays, je ne m'y oppofc point cc •
Le 21 , le Roi do11na fon confenrement
par commiliion à la révocation de l'aéèe de
Ja 6e. année de George 1. C'cft l'all:e qui
ft1t rendu pour tnieux aif urer la dépen- ·
dance du Royat1tne d)Irlande de la-Cou-
1·011ne de la G. B. On a remarqué que le
Roi n'a pas jugé à propos de don11er en
perfonnc fa fa11étîon à cette nouvelle loi, &
· ,on s'attend que fi le Parlement reco11110Ît,
co1n1ne il doit le faire rt>r ou tard , l'indépendance
d.e I•Atnérique, ce bill 11e rece-
1Vra vr:tifemblabletnent auffi la fanétion
royale que par commiffion. -
- ,, le 24, M. To\vn~ l1eL1d propofa à la Chanibrc
dc5 Comn1uoes tin bill relatif allX moyens d'«mpêcl1er
les ennemis de S. M. de tirer èlcs vaiffeaux
de guerre &: a•. tre' bâtimeos de la G. B., iJ fut
lu une p1·emière fois , 1'C. la fcconde lcélurc fut ordonnée.
Le même jot1r M. Hâmet Juc 11ne pccitt
©n des patrons des tranf"porrs f1écés par le Gou-
-vernement; ils fe plaigneor de cc qu•on _ les laitfc
~a11s une Îl aétion qui eft au défavantagc commun
·des propriétaires &. du Roi te.
= On continue de parler beaucot1p de
paix; mais tour ce Ç)tt,on débite à ce fujet
eft fi vag11e, qu,on ne peut rien affeoir de
bien certain .fur un évè11e--1nent g 'atralement
, dei1cé·


n-orr.•r:i".f"!J __________ _
1
t
(,
,~

t

rc
• •
t


t
-

..

. -
( "15 l . .
défir~· par la ·Nation, & qu'il peut fe faire
que nos Minifi:1·es 11e det11·el1t pâs égale-
111enr. On lit à cette occafion les détails fui ..
vans dans q11elqt1es· uns de 11os papiers , que
11ous nous contei1terons de traduire fans
y rier1 ajouter ni rien en 1·errancher.
,, Il Ccmble, difcnt-ils, qt1ê l'on fc prcffc un peu
trop d·annonccr que les pr~liminaires de la paix
vont être fîg11és; que M. Grc11ville efi: à la veille de
terminer cc ~rand ouvrage en France; ce n•cft pas ·
cette Cour feule qui doit accepter ces prélimin ~ ircs;
il faut 'lu.ils le foicnt pàr l'Efpagne, par la Hollande
& par le Congrès. Une paix géncrale ne peu . avoir
lieu ql1c de concert avec tous nos cnt1(mis; & cet
·ouvrage eiige du tcms, qua11d on ne fongeroit qu'à
l*éloig11cmcnc ref pcéti~ où ils font les uns des autres;
Jcs propofitioes faites ou à faire doive11t palfer
C:ous les yeux de cl1acu11, & lts rcpo11fcs doivent
revenir; quelque célériré qu'on puilfc fuppo(er à
ces envois & à ces rcnvoi;1, il faut bien donner au~
Négociatettrs au moins Je rcfre de cette ann~e pour
terminer leur befognc, & ce 1l•eft pas leur accorder
bcaucotie de tcms. Cc qui paro~c avoir donné lieu à
ces· b ruits précipit~s, ici> & pcac. être en France•
c•cfi l'e11voi fucceffif de plt1Gcurs Couricrs à M.
Grenville, & le retour de ces mêmes Couriers. Les
de1·niers lui ont porté, dic -c,n, Je titre de MioifircPlénipotcntiaire;
nous fo1nmes sÙt s f1U•it n'a point
été quefiion de lui donner cette qualité, mais fimplcment
de lui envoyer les pleins- pouvoirs dont il
avoir befoin pour traiter avec les Minillrcs de Fiance.
On demandera pottrquoi il ne les a P.a cmport~s
c• partant 1 cette qucttion en sâ·cmcnt à fa place;
mais la réponfc pt> irra paroîcrc Cltricufc; elle m~ricc
bien q•1clques détails; ils ticancnt 2 i·hifi;jirc de cette.
négociation. Notre Cabinet qui en pttblic paroîc
fort l ni, en très. Couvent divifé d·opinions Cll partÏ,\l•
o lu•Llet 171 z. b

..
'






1
. ( 26 ) •
lier; chaqac Miniilrc tâche de faire fa be(ognc à part~
fans fe mettre en peine {j elle fera approuvée ,ics autres
Admi11i{lrateurs. Le Lord Shelburoe a commcnc~
de vouloir a in fi fccoucr le joug de f es coopérateurs ;
il envoya en France , il y a deux mois , M. Of wal •
Négociant de Virginie, pour prcflcntir les difpo·
iirions de M Franklin, k en paffant, celles de la
Cour. Mais mall1eurcufcment cc Négociant. ne fa~t
pas le FranÇois ;'11 ne put pas s,ab<Juchcr direé.le-
. ment avec Jcs pc:rfonnes q~1i pouvaient écouter (es
f iopolirions , _excepté le Doél:eur Franklin. M. Fox
eut bientôt con11oi<fa11ce de cc qui s'étoit fait dans
le cabinet du Lord Sbelburne , & du f~jour tic
M~ O(wal à Paris: il jetta les l1auts cris , M. Ofwal
fut rappel lé ; mais comme on lui avoit témoigné
q•J'on ne Cc refufc:roir pas de fe prêccr à un accom-
1nod(mcnt, M. Fox , de l'avis <là Confcil, voulut
profiter de ces premières ouvertures , & cc fut alors
qu'il env oya , M. G ~e11~ 1J!c en France , mais fans
auct~ n caraél:ere , p,arce q· rc M. 0 f wal n'en avoit
point eu , & fa t1s de t rop grande~ inftruélions. Cc
Négociateur ayant '10 peu réulf1 comme particulier,
il lui in anq11oic pour êcre écouté tout de bon com1nc
agc11t , les plein~ p<1uvoirs écctfaircs , & ils lui ont
~té envoyés. Cc r1'il a fait depuis cft alfurérncnt
pct1 de cl1ofc ; & 1 cc q1t'o11 co dit cfi vrai , comme
il cfl: vrailemhlablc , voici à quoi (e réduic toute. fa
11égociation. Il a propofé , de la part de fa
Cour, à celle de Fra11cc , de remettre les chofcs
attuelles comme elles étaient avant la rupturr.
U 11e négociation pa rticulière , a-t-il dit , entamée
en Hollancic par l'cntremi[e de l'lmp~ratricc de
Ruffie , pron1etcoit à la G. B. une prompte rccon.
ciliation avec les Etats-G é~ é ra1 x , fi la France n'y
met obfia clc; quelques fac rifi ces que fa Cour étoit
difpoCéc à faire en faveur oc J'E[pagnc, la porte·
roic•lt à Ce r réter à t1n accQm1n demcnt par lequel
Ces vrais i11té1êts feroicnt conciliés avec fcs an·

t!Nura:.i-u----------
-

• • - - ( 17 ) cicnnes prétcntio11s. les avantages & les con ..
ccffions qu·on fc propofc d·accord(r aux Atnéricains
, qt1i formeront un Etat iihre ( il faut
obfcrver qo'il Re dit pas indépendant ) • éléfar- ,
mcront cc ~uplc , qui foupi rc depuis long - tcms
après Ja ·paix & la tranquillit~. Les Alliés de la
France ~tant fati~faits, S. M. T. C. , qui 11'a pris
les armes que pour les àéfcndrc ou foutenir leur
caufc, fc monrrcra. géncrcufe jufqu'à la fin ,I.' 8c
Jailfant à Ces Alliés , comme foo augufre prédc ..
cefi'cur lui en a donn~ l'exemple , les avantages
q\t'ils rechcrchoicnt , clic ne te réfervcra que la
feule . gloire d'a•oir pacifié l'Euro~ & les deux
Iilclcs cc. Telle eft , affure - t - on , la fubfiancc
d'un difcours que M. Grenville a dû prononcer
dans une des conférences avec le Minifière Fran~
oi' , 8c qu'il paroît que M. Fox avoit diél:~. Oq
prétend ga•iJ lui a ~t~ répooda qu'il : ne pouvoit
être écouté tant t1u·i1 n'auroit pas d'autres propo ..
litions à faire; qu'il a dcmai1d~ alors que la France .
exposât fcs prétentions , pour qt1•it pût en ioflruirc
fa Cour, & qu'il lui a ~té repliqut que la G. B.
ayant fait la première des dén1archcs pottr une
réconciÎiatio11 , c•étoit à elle à expofcr les premières
candirions , qui ne pourront être acccpt~cs
qu'autant qu'elles feront compatibles avec la dignit~
; l'honneur & les i~_térêts d'une grat1dc
Puilfancc gu'ellc a att3qu~c 1njuftement. Notre
Cabin~t ne pellt forcir de cc cercle; ac voilà pour.quoi
il a eu tort de demander la pai1 par l'entre ..
mi fc <!'un Enveyé ; il fe feroit ~pargné ~ien de
!~embarras , 8' ne fe fcroic pas compromis , s'il
s'était f crvi de la médiatio11 de quclqt1es Puilfances
amies qui s'étoicnt offertes, & aa1qucllcs il fatadia ·
bien avoir reco,u. rs "·
Le teins feul peut nous apprendre. juC.
qu,où · ces détails font fondés. Le goût do
b i ..



-


/
, -




I

( 1. 8 )
••
la Nario11 pot1r des gageures, trouve cependant
à s'étendre fur les f pécularîons d'u11e
paix prochaine, & déja des f 01n1nes co11fidérables
font en jeu fur la celfatign des
h'ofi:ilités avant la fin de l'automne. Quelle
que foir l'i!f ue de ces gag(ures, la paix efl:
généralement defirée; & il eft cout li111ple
que la Nation adopte tous les bruies con~
forn1es à èe voeu ( 1 ).
Suivant les le~tres de Giot·altar, le Gou.;
verneur Elliot, depuis l'arrivée des bâtirne11s
chargés de munirions & de 111atériaux propres
à la co11flrt1éèio11 , n'a ce!fé d' Jjol1ter
des fortifications par-roue où le befoi11 en
cxigeoit, principale1:i1enc fur la côte oppo-

(1) Un Ecrivain François, M. Hilliard d•AubertcuiJ a
entrerrïs l'hitloirc de la révolutior1 Améticainc, fous Je tit~e
è' ED ais Hiftoriques & Pol!tiquesftLr les Anglo-Amiricains;
il~n paroîc déja ~ Parties qui en font defircr la fuite avéc le
plus vif en1preifemcnt. La foufcription pour cet ouvrage
n'eft ouverte que jufqu·~u pre1nict Août prochain; le priJC
c{l: de l.1 liv. fOUr ~,Edition, in· 8°., & 42. }iv. pour l'ill· 4f.o•
On s'adre1fc a Paris chez l Auteur, rue Ncuvc-des-HonsEnfans,
la première porte cochère à droite en ~nttant pat
la rue St· Honoré. L'Eftampc qui do_it fervir de f,on·
tifpice à cet O\tvragc , vient de p:ttoÎtrc ; c1Jc a été gravée
par M. Godefroi , de l'Académie de Vienne , d'apcè5' Je
âeffin de M. le Barbier i'aîné , Peintre du Roi. L'idée
n'en fauroit être plus ingénicufc ni mict1x Qécutée. A
l' ouverttlIC du Congres , Pc)rt<?ll Randol ph 2yant té élu
Préfident , fe fait apporter une c uron11e & la partngc en
douze particc é ales qu'il délivre attx Délégués des douz.c
de: pa r~ à la guerre), comme le . ~yn;bo.le c l'égalité qLti
doit rcgncr entr)c\les d:i11s l~s dcl1berat1ons, &. le gage de
l'nnéttn ti1fcrocnt du pouvoir Royal. I..e prix de cette
Eftampe , d'une compofition fage l!i. très-~ic.n gravée , cft
6- ~ liv. On ne la trouve qllC chez !\1. Hillia d d' ubet•
~(;ùn ~à 1'adrc1fc ci-dc1fLls.
-
'
( 19 )
· fée à la Ba1·b1rie, où l'e1111emi, Clit .. on, ttoit
faire bientôr t1,1e diverfiot1. De 11. cucrers
envoyés d'Angleterre, 2 fe11le1nenr one écé
pris par les EfpJgnols, u11 s'efi: perdu dar1s
la baye , inais tour 1 équipage s'eft (auvé,
& tous les autres font arrivés à bo11 port
a G bralrar avec lettrs cargaif ons; ils avoie11c
auffi qt1clqt1es canons de 1 S & de 18 livres~
portant très-loi11 , 111onrés fur 5 ch1llou pes
ca11on11ières, dot1blécs en étain & gréées à
),1 111a11iere âes Ef pagnols, ;Eentre Jefquels
elles doivent agir. Les c0rfaires barbare[-
. ques ont trot1vc' ra11r d e be' ne'f i ce a' porrer
âes provifions f14 ~ îches à Gibraltar , qu'ils
n,ont j-.1mais i·e11oncé a ce coanmerce' ma.\gré
la ''igilance des Efpagnols, qt1i fou~ent
Jeur ont pris i oâr i1nens Cu t· J. Du pre111ier
Ja11vier au i) 14 e1ni~r Juin , il cft inor~ dans
l:t ga1·11ifon 114 homn1es, la plupatt e1n4
portés par u11e efpèce de fièvre pur1·ide.
FR ANCE.
De- VERSAILLES~ le 2 Juillet .

LE Roi , en agré,111r les off1·es parri0riqltes
des Négocia11s de Marfeille qui a voie11r réfp,lu
par accla,tnation de four11ir 1 .. 200,000 liv.
pour la conll:ruétion d't1t1 vaiffeau de 110
canons, & de 3 00,000 pour le fot1lagen1ent
des fa111îlles des 1narelors de Marfeille & èle
Prove11ce ,. a ordo1111é que ce vai{feau fût
no1nmé le Commerce de Marfeille. Il a daig11é
accepter auffi le vaiffeau de 1 oo ca11011s que
b 5

...
-





' / .
( ;o l
les Corps Municipaux des Villes de la Généralité
de Paris lui ont o.ffert, & pe~mis
qtt'îl portât le nom de la Généralité de P ari.s;
les délibérations de ces Villes au nombre de
'J 5 ont été 1nife s fous les yeux de S. M. par
M. Amelot , Secrécai're d'Etat ayant le déparreme11r
de cerce Province; c'ell M. le
Marquis de Caftries, Minifire & Secréraire
d'Etat au départe1nenc de la Marine, qt1i lui
a préfencé la délibération p1·i[e pat la Chambre
du Com1nerce de Marfeillé; e11 contéqucncc
de 1~1 réf\, lucio11· des N égocia11s.
Le 11 du mois der11icr ~A. le Co1nte de
Châlons , Minîfire Plé11ipotentiaire dt1 Roi
pr~s l'Efeéleur de Cologne , qui éraie i'i
par co11gé , a eu ~ l'honneur d'être préCe11ré 2
S. M. par le Mi11ill:re des aff:1ires érrnngères •
Le Roi ayant chargé M. Douet ~e Boullaye
du département des Mi11es & des reve11us
des Villes, fous les 0 1 dces du ~11i11ifl: r e des
Finances , a nommé à l;Ince11dance d' Aucl1, ~
M. de Vergennes, MaÎtrc des Requ êres , qui
a eu l'honneur d-êrre préfenté à S. M. par
M. Joly de Fleury. ..
Le 1 c , le Co111:e D~1nétrit1s de Co111 r1ène
& le Vicomte de la Myre-1\llory qt1i a''oient
e11 pr6céde1n1nentl'ho11neur d'êrre préfc11tés
au R oi , et1rent celui de m~nter dans les
carrotfes de S. M~ & de cl1afler avec Elle.
La vei:Je le Gon1te de Rougrave avoit eu
le ·n 1ê111e l1onneur.
Le 2 J , ie Comte d'Argenteuil prêta ferment
entre les 1nai11s du Roi pour la Lieu""'"'"""~----,----~----.---~---
'


• . ( 3 1 )
tcnance des Provinces de ChJtnpagne &
Brie, dont il a été pourvu fur la dé1niflion
du Marqt1is d'Argenteuil , fo11 pere , a.uq':lel
le Roi a confcrvé l'adjonétio11.
De PA. R I .. s , /~ 2 Juillet.
1.'EsPÉRANCE que, fclon les lettres de Lon~
dres, l' Al11iral Hood avoir conçue., ou fait
co11cevoi1· à fa.Narion , d,après la dif pofition
de fon efcad1·e , d'intercepter les vaiflèaux
François arrivés d'abord 3 <Suraçao , da11s
leur route c.ie ce port au Gap François , ne
s' ell: poitlt' réalifée ' & pe11r. êrre n' écoit pas
fo11dée. 011 a raifo11 dtt n1oins de préfu1ner
qtte Con efcadre n'était pas auffi no111bre1:1fe
dans les pa1·ages où 1'011 p1·érend qu'il croifoir.
Un bâtiment A111éricai11 arrivé à Breft
le 18 Jt1Î11 , a apporté des dépêches· du Cap
François en date du 8 Mai; & voici les
détails qt1c 1' 011 a recueillis des rapports de
fo11 équipage. -
· ,, fyi. de Bougainville s,efl: réuni à l'armée
du Roi le 4 Mai, avec fa di\'Ïfion, colnpo[ée
de tix vai!feaux de ligne, dont quarre avoient
p1·écéde1n111e11t mot1illé à Curaçao & font
enfuire ar1·i\'és avec lui. I4a flotte du Marquis
de Solano a reçu un renfort de quarre vait:
feaux de ligne E(pagnols; de force qne lorfquc
le Sai.nt-Efprit & le Zélé feront arrivés
au "Cap , l'ar1née co111binée fera fo1·re oie
~1 vailfeaux de ligne, fa11s compter le Sagitaire
& l~ E.~périment, de sa canons, &
par·là en écar de 11e pas craindre de fe me~
. b ~
.. •

I
-
IV~VI :J4!J

-

. ( ~1. )
furer avec 1' A1niral R0d1;ey, qui lui-mê111e
ne pa1·oîr pas d voir d~li1 er de le rencont1
·e1·. Le C .1. pit. . ine d·un Lâti i1ent Suédois
a dép~ fé e11 a1·riva11r au Cap, que 6 jvurs
au pari \1anr., 11 a voie rencont i é la florre A11-
gloife, faif:1nt voi1e pour l,t ~aL11aÏque, m."1is
~ \1ns t111 érar f rt délab1·é, pt1i{que l'A111iral
Rutl11cy condui{oit 14 de {es vailfeaux en
ren1orque. Il ajoute qu'il a app1·is des Offi- ,
ciers qui l'onc viliré; que l' .1.'\r111ée Angloife
·avoir perdu beaucoup de i11011de d1ns la
j·1u1·11ée du 12 , & que i· An1iral avoir été
obligé de b1 ûler trois de fes vaiffe~1ux qui
i1'avoient pu le fuivre. M. le 1vlarqt11.s de
B 1uil lé ér'"'it ar1·ivé au Cap ; 011 avoir fuffifa1n1nent
de \1ivres dans cette Colo11ie, &
, on arte11Joit encore de l' AinériqL1e Sepre11-
trionale plt1liet1!·s vailfeaux qui c11 apportoîer1t,
fa11s con1pt!er les neutres qui fe
preff0ient cl'arriver ,. ain!i qu'un co11voi
l)rovenç t I qu'on actent:loit à cl1aque i11fl:anr.
- M. le I 1. i·quis de Vat1dreuil avoir per1nîs
à 1v1. d ~ Bougainviile , de 1·etot1r11er er1 Europe
, à cat1fe du d~périffe1ne11t de fa fa11ré ''·
Tel efl: le t·appnrt de l>éqttipage du bâri-
1ne11t arL·ivé du Cap. Les bârin1e11s E(pag'
1ols qu'on dir ayoi1· re11forcé l'ar1née du
Marquis de Cordov,1 , paroi!fent être le
Yelafi·o & le Saint- Fran~cois d'Affefe, qt1i
avoie11t éré forcés pal· le gros tcms de rentrer
à la Havane lors de leur preanière forcie;
le rroilième doit êcre le Dragon , qui rev~
11\jic de l'expédition de Pro\'ide11ce ; & le

'
i
,
• •


. . î J; ) . .
, quatri~111e cOE vraifelnblJbie111enr cel.t1i qui
a voit écé chercher de l'argent à la Vera-Crux,
• & qui, da11s ce cas , aura reçu l'ordre de
revenir e11 droiture à S ~ i11t-Do1ni11gLte.
Depuis qt1'011 a reçLI les lerrres <.ie Bi·eft,
il en tlt venu de Rochefo1·c q•.1i annoncent
l'arrivée daa s ce po1·r de M. le Marquis,
Madame la Marqt1i(e de Ilouïl:é & M. de
Bougainville. Ils 011r paffé e11 France fur la
frégate la Médée, partie du Cap fra11çois
le 10 Mai. Not1s a vo11s appris pa1· cette \1oie,
que le J'ainc Efprit s'eO: réur1i heureufe111ené
à la flotte du Cap.
On arcend toujours avec impatience des
nouvelles dè l'Inde; elles ne peuve11t qt1'êrre
i1nporrantes, & l'on _a liet1 de fe Ratter qu'el ..
les fero11t favorables & qu'elles co11.fir11~e-
. ront en t0t1t ou en partje les bruits qui fe
fo11t répa11dt1s. On a dt1 tnuins ici des lérrres
de Confi:a11ti11ople, dans !~[quelles il, ell dit
que le Minifrre d'Angleterre à la Port:e qui
paffe pour êrre fort eÏnprellé d,an11oncer &
de faire valoir les moindres avantages de
fâ 11ation, avoit recu des nouvelles de l'Inde
fur lefquelles , co11"' tre Con ordinaire, il gar·
doit le plus profond fecrer.
,, Le Corfaire t•Efplrance de cc port, ~crit·on de
_Dunkerque , a co11doit à Calai~ , le 1 J Juin , le
b1igantin la Charlotte-de-Sunderland Jg port de
110 tonneaux, dont il s,étoit emp~ré la veille au
travers des Ot1nes. l.:e Corfairc le Caprice a con.
duit ici deux Ôtages de dct1x bârimens Anglois qu'il
. a rançonnés pour la Comme de ~oo guin~cs, Il a
auffi débarqué 1 3 prifonaicrs, provcnans de 3 Da·
b J



IV~Vl':J.fU


'
• -

" ;4 )
vires. qu~l a pris les 16, 17 & 2.0 du même mois
dOtlt deux étoicnt cl1argés de charbon de terre , &
· Je tr~ifi~rne fur fon left. On a pp rend de Fl-c.flingue
, qllc Je Corfaire le Fantafqu.e • Capitaiac
Drow y cfi encré le .11 Juin, pourluiv-i par 3 frégates
Angloi[cs , au~quellcs il a eu bien de la peine
~ écl1appcr. Elles ce l'~t pou-rtant pas cmpeché
.J•cmmener avec lui quatre prifcs alfcz importantes
& 4 ôtagcs. 11 avoit envoyé ici 1 autres captt1res
qu'il a vote faites avant d'être renco11rré par l'cn11cmi;
&·eJJcs viennent d'arriver dans ce port te.
Plufieurs bârimcns arrivés d.e l' A1nérique
feptent1·ionale dans quelques· uns de nos
ports & de ceux. d,Efpagne, ont confirmé la
11ouvelle déja anno11cée par ·Ia voie de Lond
res , que S avana h avo1•t Ictel /ev acuI e, c&
ajoutent que les Anglois fe difpofoient d-c
i11ê111e à évacuer Cha1·les-Town.
011 criait que dans ce mo1nenr les troupes
, chargées de ramener· le cal1ne à Genève ont
dû fe préfentet devant cette ville , & la .
fo1nmer d'ou\1rir fes portes; on s'attend à
~eccvoir . à cliaque inftant un Courier qui
11oos apprendra la fuite de cette Elén1arche.
On ~crit de Venify ~ de Chailley {on annexe,
près de Saint-Florentin ( dans le Sénonois ) que Je
1 o Juin , ~ une hcu1·c après midi, il s'éleva du côté
du Sud un orage qui fc diffi pa ; trois 11ct1rcs après ,
'il s'en forma un fecond du même côté; après quclquts
coups de to11ncrrc, un bruit fcmblablc an roulis dll
tambour fc fic entendre pendant plus de uatrê minatcs
; il tomha beaucoup de grêle gro e comme
ftCS pommes de ramette aplaties , les grêlons ayant ...
à leur centre 11nc ef pèce ~c noyau plus tranfparcnt
& ~tant taillés en pointe de diamant, pcfant une
demi-livre cnviroo. Beaucoup de pcrfonncs en 011c
..

.. •
1 ' . . ( ·3 5 )
lcé bleff~es , prefque toue le gibier des plaines a
~'é tué , & cous lts champs du finage one été ravagés.
A cinq 11eures , un roulis ·pareil au premier fc
fic .. cnrc11dre aa Sud-efi; une grêle arrondie, moins
greffe de moitié, mais plus abondante, fondit fur
la Paroiile , Be alla écra:er cnfuite le Village de '
Chailley; Une horrible pluie fuivit cette grêle, &:
prépara d'autres malheurs : à {èpt l1cures, l'eau fur.
monta les ponts, & il fc forma u11 courant de 1 JO
pieds de large ; deux gr3ngcs furent ctev~cs , la
vinée du Seigneur abattue: plufieurs ménages fc fau'
Vèrent fur leurs toîcs, tandis que le torrent entraînoic
des poutres, des ''oJturcs, des meubles, des habits
& beau':oup de bétail , l'eau ·étant montée jafqu'à
fcpt pieds dans les mai f ons bé:lfcs. Het1rcufemcnt
rcrfonnc n'a t'éri à Vcnify; mais à CJ1aillcy où Je
rav-1gc a été plus gr~nd, un jeune Berger a écé entraî11é
par le courant des eat1x & noyé, deux autres ·
pcrfo11ncs ont ~té fccourues & fauvécs : Jcs terres
ont été c mporc~cs, les vignes & les arbres hàcl1és ~
Ja moitié des troapeaux a été noyée ou tuée par
la grélc qui , dans q\1clqucs endroits, étoit du poids
d'une livre, & à la hauteur d•un pied. Si cc tàblcau •
ccrt!fié par le Cl11 é & les Notables des deux Villages
, peut émon\'OÏr la commifération de tant d'a- '
mes fc r? fiolcs qu•on voit chaque jour moltipJicr les
oeuv rcs de charité & de bicafaiCancc , clics pourront
s'adrcffer à M. Hémart, Notaire, rue de Seine
• faubourg Saint-Germain, qui recevra leurs a\l•
A • mones. ..
On nous mande de Poiriers un fait trèsfi11gu
lier qui peut piquer l>attention des
Médecins & des Cl1irurgiens , lk que nous
placerons ici. C'efr une femme agée, du Bas- .
Poitou, à qui depuis quatre ans il cft furvcnu
une corne fur la 1nain droite. Le P • • Deubcrcr, Religieux Conventuel, Corde·
b'



-




( 36 )
1ier affilié ële Poitiers , appel16 le Car2me
dernier dans uri endroit voifin pour y prêcher,
eut l'occalion de la voir, & nous a
fair paffer les détails fuivans. ,
Cette femme fe nomme Catherine Pujor; elle cfr
née dans la Paroi!fc de Connequct, bas Poitou , &
fut mariée à l'âge de Ji. ans dans celle de Challans ;
elle a 97 ans paffés. Depuis ~ ans il lui cft farvcnu ·
fur le deff us & au milieu de la n1ain droite une corne;
cela a commencé comme une vcrr\1c, & elle y a
fait pclt d'attention; cctté cxcroilfancc a augmenté
iofenûblement, 8' a acquis la dureté & la foxmc
qu'elle a aé\:ucllcmcl\t. Elle l'a lai!fé yoir à qui l'a
voulu; mais elle n'a jamais confcnti à fe prêter aux
defirs de plufieurs Chir\1rgiens, qui lui offroient de
~·exc · rper. Sa feule ioquié~u~e efr qu'cnfi~ le bout
de cette corne ne lui perce la inaio ; elle y gliffc llD
morceau de liége q1i1' el le 1·envt1vclle ; elle la fait
bea'"'coup fouffrir pendant les froids. Le P. Doubcret
obferve c1uc la naitfanc.c de la corne eft t1ne cf pècc
de monriculc de cl1air plus tendre que celle de la
main ; cette pat tie cfi tot1jours enflammée, mais la
douleur en eft fupportable. La corne cft fe111blable
aux a .itrcs cornes, elle en a la couleur, elle c{t
cret11c , recourbée, de la longt1eur du petit doigt
d'un cnfanc de r l. à l f ans , groffe par le bas , 8c v
en diminuant 'jufq\1'a l'autre extrémité: Cette femme
prefque centenaire , va to~s le; Dim1nchcs à pied » i
fan a rrc feco\trs que fon bâton, entendre la Melfc
à fa Pa:oiffe , doc1t elle eft él,Jignée a··. ne lieue.
On a fair -, par ordre de l'I11rendant de
Bordeat1x , dans les I>aroitfes de Barp , Lcgnan
, Canejan & Caltas, u11c battue, da11s
), quelle on a rué n~uf ira11ds lot1ps qui y
faifoient de grands ravages. Quelqttes ..
u11s de ces loups a voient J pi.eds 1 o pouces
cle longuellt fur 3 pieds de l1auteur. ~

~1~.1-----------

( 37 )
Le mois dernier, un Parcict1licr de Grougy, Village
6cué à quatre lieues de Saint-Quentin & à deux
lieues de Guifc , découvrit, p1efquc à la fuperficie
de fon champ qu'il la~ouro1c, un pot de fer d'une
forme cylindrique & de la grandeur d·une chopine,
qui étoit rempli de fix à {cpt cents médailles impériales.
Leur matière eft de potain ou de bro112e ,
dans lequel il entre un cit1quième d'argent. Elles
fonr de moyc11ne grandeur, c'efi:-à-dire de dix lignes
de diamètre ; elles portcnr tou,tc§ l'empreinte d'En1-
pereurs qui règnoient dans le tr.oiûèmc fiècte , depuis
t·an 2. l.O juG1u'à 167. Leur ordre chronologique
commence . à Hi liogabale : v~c11ncnt enfuite
Coelius Balbinus , Gordico Pie, Philippe & Con fils, ~
Traja11us Decius & fon fils, Caï us Vih>ius 1. rcbonianu~
G llus &. f on fils Vol•Jricn , Valérien &. Con fils
Galie11. C'eft après le règne de ces Sou vcrains , qui
fure11t tous a{faffi11és , que commence le bas-Empire
fous Caffius Pofibt1mus, l'un des trc11tc Tyrans qui ·
démembrèrent l'Empi:c Romain fotlS le foible gouvernement
de Galic11. Cette Collcétion nutni 'maciCJUe
fit1it à cc po flh11mc, qt;Î fut a .ffi tué par fcs
Soldats. On y trouve auffi quel q ue~ méJail les des
Impératrices Otacilla Severa, femme de Pl1ilipt;e;
a·Her(nt1ia Etr·afcilla , femme de Dé\pius , & de
Salonir1a , femme de Galict1. Ol1 y remarque de
même quelques 111édaillcs de conf~c rarion des Empcrcttrs
Vefpafic:n & A11to11in Pic. 11 cfi: probable
qt1'clles ont été frappées fous Galien qui co11Cacra
de nouveau la mémoire de ceux de fcs P éJéccf-
. fcurs, qui furent n1i au rang âes Die 1x. Ce dépôt
fur fans do•Jte confié à la terre fou~ fon reggc •
tandis que l,Empire etoit attaqué au-dehors par les
Nations barbares qui l'envir"1nnoicnt & au-dedans
par les trcorc 'f yrans, q ui <è partagcoicnt les déf
C>uillcs de fcs d!ffércnt s Provinces .. La Gtl·atio11
de cc Village & de cc champ <JUÎ dominent fur tout
k pays rat fa grande élCvacion > 'luclques anciens



- •


,
'

. c ~s ) .
Ycfiigcs de folfés qui l'entourent; la traditioD cond
tante des Habitans ~ tout porte à Cf)njcét ·Jrer que
les Romains y avoient établi un camp vers ces
temps-li. · .
Les écabliifemens en faveur des n1oeurs,
formés a l,i1niration de l·a Rofière de Salency,
qui fe multiplient flepuis quelque te111s,
ne fauJ·oient 'érre r1·op encou1·agés. Un citoyen
bie11 reco1nmandable pa1· {es vertus ,
a!Jxquelf es il joft;t la modefi:ie, pt1ifqu'i.l.ne
y eut pas être connu , a fondé à Luzy, petite
ville du Nivernois , un P1·ix pour la fille
gui fera reco11nue la pus vertueu(e par fes
concitoyens. Ce Prix confifte en une croix de
ver111eil & 40 écus. -On procède à l'élection
par voie de fcrurin; ce fo11t les Officiers
Mu11icipallX & le Curé qt1i ouvre11t les billets
: celle qui recoit le plus de fuffrages eft
c'1 ue. . . . ~ /
Le 16 Mai, écrit-on de cette Viilc , on <lonna,
pour la première f0is, le Prix à Mac!_cmoifellc Ballemain:
le bon choi-i qt1c l'on a fait , l'appareil que
l'on a n1is à' cette récon1 pcnfc publique de la ver·
tu , & plufieurs autres circonftanccs , ont contribué
à rendre cc fpeaacle vraiment atte11driflànt. M. le
C uré & les autre~ Eccléliafiiqt1cs de l'endroit, ïm ..
m édjatc m ~ nt avant V êprès , allèrc11t en proceffion
chercher dans une Egli(c de la n1 êmc Ville celle qui
avoit écê élue : accompag11ée de Mcfficur! les Ma ..
gifl:rats, de deux D: moifclles , qui a.voient réeni
ap rès elle Je plus ? r;.nd nombre de fuifragcs , elle
fc rendit à l'Eglife Paroiliial~ L'intention dlt Fondatc
t·r ét'\nt de récompenîcr les vertus chrétiennes &
même les verttts focialcs , on a donn~ cc Prix le
p ~us rc ligie ufcf!l ent qu'il a ét~ poffiblc. Avant de
remettre la çro1~ ,· M. Je Curé prononsa en chaire
..
• •

• Ir



..
..

( 3 9 ).
UR petit Difcours, dans lequel il fic l'éloge èc LI
vertu, en faifa11t celui de la Dcmoifclle, dont Iê
mérite avott fixé le choix. Le Difcours fini , les
Con1pagncs de la Rofière la cottronnèrcnt de fleurs
ac l'ornèrent de la croi~. Après Vêpres , Mcttieucs
les Magiftrats la conduifirenr chez elle. Le reltc de
ce jo:.ir, chacun fe fic un l1onncur de la vifitcr & d'c
la complimenter. Les Mères de famille la donnoient
pour cxcn1ple à leurs Enfans , &: ne formoient dans
cc moment d'autres voeux qac de les voir un jour
clcvés à cet honne\tr •
Nous avons eu l'occalion de parler pluûeurs
fois des Ecoles Nationales militaires. Cecte
infiicution vraî1nent parrioriqt1e, due au zèle
& à la généroliré de M. le Con1te de Thclis,
1néritc des dérails que ngus nous cmprelferons
de donner ince1fan1ment ; nons nous bornerons
à annoncer aujourd'hui l'~vrs joint au
cinquième MéLnoire co11cernant ces Ecoles, ·
qui Yienr de paroîrre, & auquel il efi: im.. ,
porra11t de donner. I~l plus pro1npte & la
plus grande publicité. _
>> I:cs Gentilshommes qui dc~rent de farrc admettre
leurs en fans dans les Ecole! N ati .>nales Militaires,
font priés d'adrclftr franc de port à M .. Brichard ~
Notaire, rue St-André-des-Arcs, à Paris, une nfltC
coatcnar.t les noms & furnom~ des cnfans propofés ,
leur âge & leur taille, ainfi que la CoJlll'Rc qu'ils peuvent
ver fer dans I~ catlfc des Ecoles, proportionnément à
leur fortanc. Quoique la dépcnfe d'un Elève à ~aris
aille à près de 800 liv. & en Province à f oo; cc~o- ,
dant on en recevra P.OUr des Commes d'autant mei~
drcs que les fonds de la caiffe feront plus ahondans.
On ~cri'ra aux parcns de' c11fans qui pourtonr être
· admis , lorfq•Je le: Gouvernement aura bien voulu le
permettre. l 'inRrutlio11 alonnéc aux Elèves les

-
\
I
..

••
'


-

.. •
. ( 40 ) . . .
rendra ~roprcs à tout gct1rc de fcr,1ice milirairc.Les
perfon11es qui dcmandert>nt à être'cmployécs en
t]Ualité d'Officiers dans Jcs Ecole", font priées d'adrcCfcr
auffi franc de port à M. Bricl1ard, \111c note contenant
les objets qu'elles font en état d'enfeigncr, &
qni peuvent être utiles aux Elèvec;, comme l'aritl1-
métique, la géom~tric, les fortifications, la levée
des plans , 1·arcaque & la défcnfc des flaccs , la
gramn1aire françoife, 1'l1ifioire, la géographie ,
l'exercice & les évolutions , l'efcrimc & le voltiger.
Elles vouff ront bien ajouter à leur note leur adrctfc,
pour qu'on puilfc leur écrire lerfqu'on aura fait tOU·
tes les i11formatioos convenables, par rapport à une
fo11étion qui incércife autant le bien public que celle
de l'éducation. Les étrangers, qui auront fcrvî
. & qui profeffent la Religion Cacl1oliquc, pourront
a . ffi ê. re ad anis à ces Ecoles, en qualité d Officiers •
Le choix de tels Officiers étant de la plus grande
Ïmportance, il n'en fera reçu aucuns faes l'avis de
12. ~ 1 s Militaires les plus éclairés & le~ plus zélés
pour les Ecoles Nationales. LFs mêmes Officiers qui
auront été confulcés pour l'a.imi111ot1, le feront auffi
potlr tout cc qui regarde fc traitement & les égards
E)tlc l'on doit à des fCrfon11es qui fc dévoueront à
des fonélions fi nobles, fi t1tiles &. fi pénib1cs , auffi
ne fe propo(c t-on point de les y d~tcrmincr par un
motif pécuniaice; mais tant de vertus de leur pait
pourroient-cllcs refier long-tcms fans récompenrc,
. fou~ un MonarqtJc auffi juffe qt1c le nôtre~ Des Offi: ..
cicrs aütii refpeélablcs fe Batteroicnt-ils trop en arpi·
Jant à ~ous le~ grades militair~~ , cax quj ne s·~~cui)
erotcnc contjnuellemcnt qua former des 1111(1·
taircs vertueux , & qui feroient encore à la guerre
le même fèrvi cc qt1e les autres 1
Ja111ais l'cf prit de patriotif1ne & de bienfaifance
n'a été plus répandu; on en peut
juger par ces érabli(fe1nens utiles, par une
foule d9aurres dont nous avons ca occaiioo
. ~

. - ( 41 1 . . • . .
de p:irler, par les fo11dations de Pi·ix parti.:
eu 'ie1s , fli es par divers Ciroye11s, que leur
mo lt ftic d ' 1 obe à nos él ;1g' s. L1un de ces
r ~ ea.1blt s iroyens qui veule11t être in.:
co1111t1s, a ét .. bli un Prix de 10 lot1 is d'or,
ou 't1:1e Mé lai ;le (le inê111e \raleur pour
celt1i t1ui, ét tl j rg .. 111e11t t~e la Socier~ Royale
d .A l"'rict1ltt•1·e de Soifl0ns, aara le inieux
1n ~ 1 é de l' l1u111a11ité, d~11s guelque ge11re
que et= f oir.
,, Cc Pri "C vie· t d'ltre accordé pour la p~cmièrc:
foie; &: c'efi: le fieur Derpiaur, Maître c'' Chirurzic
à 5 ,,ff tlS, q c· la Société Cll a j\Jgé d ~g11e. c~t
A rti fic av ar1cage •1 (e ment connu <fan~ la P r'•v in cc par
fes talcns &: ~'ar [a cJextcr1tc! da11s lc:s <.'.'pératÎ<JnS,
s·ctl fur.roue d1fli "gué d~11-; celle de la Tail le. De
I s graveleux qu•11 a opé1és depuis quelqt1es année~,
14 j c1t1ilf~ 11t de la m: illel11·e fanté. Un feul, d'u11c
corn lrxiorl viciée, & f ra\•aillé depuis 10J1g-1ems de
malacfic\ da rgercufcs, n'a pu r~ouvrer la Canté qtic
lui prom'!ttoic une ot ération heurcufemenr exécutée.
Un fer~icc auffi elfcfltiel , rendu à l'humanité,
a paru avec raifon m~rircr la préférence. En conféqucn
c la Société a-fait délivrer au ficur Delpiaux ,
011 extrait de fa délibéra ion, c nçuc dans ces termes:
~tl le rap,port fajt par MM. Petit, Ecuyer,
Doélcur en Mé·icci ,1e, & Q inqu-:c, Ma1rrc en Pharmacie,
nommés Commilfaircs poYr vérifier le f ucëè~
des opé rations de la Taille, faites par le ficur
De piaux, Maîcrc co Chir11 rgic de cette Ville, avec
le lit h (Orne cacl1é; MM. oot d~ciJ' que la Sociét~
a·A~r~c11 l IJ ,.C feroit rot1jot1rs difpoféc à donner aux
tale11 du lieur Dc' .. piaux ro.zte la céf ébrit~ néceOEaire
pour les rendre urilcs aux autre! & honorables pour
lui. En conféq cncc MM. ent arrêt~ qu'il feroit
()ffcrc at1_ lieur . Defpiaux une Médaille d'or de la
iyalcur de 2.40 Jiv. avec cette infcription: Pet. D1fa.




" •
'


..

-


>
. ( 41 )
piaux, infig. lithotomo, Pr4.mium Soc. Àgric.
fut.D. ann- 17 82, & qu'il fcroit donné copie au -
ficu,r Defpiaux de ta préfe11tc délibération. fait à
Soilfons ce 19 JanYier 178i,;figné LA TOURNELLE.
Secrétaire perpétuel, &: MONTLIN OT, Secrétaire c:c.
Par111i l~s Citoyens utiles qui fe confacre11t
à l'éducation publique, la P.arrie diftingu~
ra toujours ceux qui apportent, dans
cette carrière pénible auca11t de lu1nières & ·
de talens que de zèle ; & p,1rmi ces derniers
il en etl peu qui aient auili bie11 1nérité
cf> elle que M. l' Abbé de Wandell in-
. cottrt. On con110Îc le f u ccès qu'a eu da11s
la pratique f on Cours d'étttde pour les Golléges
& les Ecoles où l'on joint l't!cudc du
Latin à celle des langues & des fciences.
Le bttt de fa 1néchoae éroit de rendre les
ér11des non-feulelnenr agréables, 111ais d'en
abréger de beaucoup la durée; & il l'a ren1-
pli. Ce Ciroye11 refpectaole fe propofe auj<)
u1·ci'hui u11 nou veatt rra v:iil non n1oi11s
i11 rére!fant ni inoi11s impo1·ca11t : c'cft ·w1
· Cours d'Educationpourles demoifalles & pour
les jeunes gens q11i ve1,/e1zt s'infiruire dans
les .fciences fans apprendre le Latin ( 1) ; il
le fera ( uivre d'un rroifiè1ne Cours p"our les
Ecoles des catn agnes & pour la pren1ière

\ •) 11 p1roît 2 \·o1. de cc Cours ; le premier qui forn1c
la ercmière cln!fc, contiCrlt d~s Elémcns de Mo r•lc 8t
le fccond qui fait ;a deuxième claflè , \,hiftoirc des Ans.
Ils fe trouvc11t ~ Rouen c}1cz. le Boucher le jeune, rue
Ga11terie, & à Paris chez Dμrand neveu, rue G,t}ande.
On trouve chez les 1nên1es Libraires , tous les Ouvr3gcs de
M. l'Abbé de\Vandelai11cou1t, a t•ufagedes Collégcs,& l~on
peut 3i outer, n.écelfaires à tout's les pc1fonncs q\ti veillent
f~iic <ks éducations patticulières •
.. ... •

-
1 \.lfQ4U

s
·- \
( 43 )
éducation ; ce qui coinplettera le corps
d'e11Ceignement qu'il 1ncc en pratique de·
puis plulieurs années.
• Le Journal intéretfant des Caufcs célèbres du
mois de Juin ea rapporte une jugée le 2.G Février
Je cette année~ à la Cour des Aides d' Ai% , qui·
décide une C)Ucfiio11 de droit public des plus i1nportantcs
pour le commerce maritime , & qui ne peut
qu'incérelfcr nos Leéteurs, fur-tout dans un momc11t
ot1 tous les citoyens de tous les états , embra
fés du feu du patriotifme, font des foum.iffio11s
volontaires d'une rartic conlid:rable de lctirs fortunes
pour faire ccnftruirc ôc nouveaux vaiifcaux.
Il s'agit de [avoir fi les Vil!cs & Communautés
peuve11t 3{fl1jettir les bâtimcns de n1er 2 la Tai!le.
Cette qucfiio11 s'efi: élcv~c entre les Officiers Muoicipat1x
de la · ville ,Je Saint-Tropez, ql1i eft un port
;'de mer confidérablc dans la ~1éditcrran~c, eù l'on
fait u·1 gros coin n1crcc mariti111c ; & le Sr. H er1nieu,
Com1nandanc du brigantin le Diamant. Cc navire
fut co11{lruit à Toulon, & conduit à S.iint-Tropcz.
It en i>artîc le 4 Oélobre 1774, & a toujt1urs navigué
dat15 les rncrs du Levant. Le 2 Juin 1780,
t111 corfai c A11glois le furprit par un teins de orume •
à la l1a\1tcor de Malte, s·cn etn ~i:ira, &: le conduific
.3 Tripoli en 1'a1b1ric. le Capicai&1e & t•équipa~
one ét~ écliangés. Le fieur Hermie\1, de retour à
St-Tropez, croyoit que Ces coocicoyet1s prcndreicnt
quelq t1c parc à un malheur qui avoic détruit fa fortt1ne
cJe fond en comble : car il avoic la prop1i~te
de plus d'un qt!art; mais il ~·éccic bien tromf?é. Les
Officiers l\1uoicipaux lui oot fait uu commandement
de payer la taille de Con navi rc pot1r l'a1lnéc 1779.
Le lieur Hermiett leur a i11utilem:nt repréfcnté l'iD·
jufiice de t•impofi:ion ~e la Taille en q·;cftion, q\1•1ts
n'a•oicnt pu faire frapper (ur le navire crl 17 79 ,
puifqu'il étoit parti de Saint-Tropez le 4 Ot\obrc
J 77 4 1 k qu'il n •y étoic plus revenu; que s•il ~tou
\

1
-~----·~-~~-_...;._ _ ___;.___~~~-----------




1 ( 44 ) . .
condamré ~ ta rayer, il fa11<J. oit éo11fi 1é rc r. Ta Tai Ife
ccm1ne ut1 feu grégeois jetté fl1r fc.r. bâti1nent'y
& defi1né à le !t1ivrc juf.1t1'3 fa deft1 lltl1ur; totale; -
- que jurqu'alors ils avoienr tot1jot1rs été da1 s l'u îagc
de la remettre aux h~riciers des Capitaines naafragés
& aux Capitaines eux-mêmes qt1and ils ont
éré faits prifonniers ; qu'ai t1fi , à ce dcr11ier titre,
il avoir draie à la mêm~ grace. Les Offi~icrs Municïpaux
firent des pour[uices, & obtinrent contre lui
en la Jufi1cc du lieu (ies condamnations, ~ont 11 a
cru devoir inccrjetter appel, qui a été porté en la
Cour des Aides de la ville d• Aix. Son défcnfcu'r a
établi c11 fa faveur la nullité de foo impofition ,
coofidéréc foit comme Taille réelle, foie comme
Taille perfonnelJe; comme Taille r!clle , rarce
qu'elle ne s·impofe qne fur les im1neublcs ou l1érit2ges'
& que les vailfeau~ & bâcin1ens de mer ont
toujours été 1nis at1 rang des chofcs mobiliaircs,
é~ant des corps flottans & mobiles de Jeur nature,
les plus périlf:)blcs de to\1s; foie com1nc Tai!1e perfonncllc,
parce qu'il ne peut y avoir de Taille per-
. f onnel le en Provence, qui d'ailleurs çf\: u11c cl1arge
du propriét2ire, & dès-lors 11C rourroit être fup·
portée par le ficur HerJ11iet1 , qui n 'étoit que Cap.η
taiac du .navire qui appartenoit à âcs Armatél1rs
étrangers .Ç)c' Draguigna11 , Toulon , Brigrioles &
:autres lieux. L'Arrêt de la Cotir des Aides d'Aix,
dlt i.o Fév1ier 178i, a caffé l,impoûcion, & cJéfendu
à la Comm~nauré de la Ville d'en établir de fcm·
blables à l'avenir cr. ·
De fj R y XE L LE. s ) /t, 2 Juillet.
On ne doute pas que tot1tes les P1 ovin ces- -
Unies 11' adoprenr le pré-avis de la P1·ovi11ce
de ·Hollande relatÎ\'ement à la réponfe à
'la dernière 11ote dé la Cour de Ruffie.
,, Les Etats de Gueldre, écrie-on Je la Haye,
ti111cnt le J 3 d~ ce tnois à Nim.. c gllC une féancc exf~
1'"'-J4U
'
'
'1


..

( 45 ) •
traordinaire fur cc fujct, & (e d~clarèrent ait1Û qnc
l,a . l-lo1!an<lc contre une paix parciculière; mais ils
11'adof•tère11t pas également fa réfoltttion fur 1.a pro ..
pafition faire par le Stadhouder, le s de cc n1ois,
aux Etats .. Gé11érau1, de tirer 4 Homn1es par Comfâgoic
de l'infanterie de l'Etat, 'pour les employer
tùr les vailfeaux clc gt1erre comme foldats de .Marine.
Le Baro11 de Capelllu pro11onça 4 cct:c occafion un
di[cours très-vigouret11, da11s lcqttcl il e:xptlfa les
i~convénic11~, ~ certains égards, le danger, & généraIèment
l'intttil1rt! de cetce mcfurc, fi l'on conrinaoit
de tenir dans 1'1naltion la Marine de la Répt.:blique,
qui cependant efi à préfent affcz. r-ef peélablc & atfez.
1101nb~cufe. Il rcfufa fo11 co11fc11cc"mcnt à la qut>repart
du Gon1cé de Zutpl1cn, dans les f rais nécetfaires:
pou1· ccc ce lcv~e; & ce refus a empêché q ~e les
Etats n'aient pt is (le conclulions fur cet cbjct. ,_
On a pa1 lé de la no.te minifiéricllc, par laquelle la
Ruffie a requis la France ,ie 11c pas 1nertre ol>fi:aclc à
ccrc~ paix particolière entre la G. B. & la I~épubliqt1c.
Ûtl dit qu•1J y a Ctt fait Cil fubfiatlCC la réponfc
fuivanre. Que le Roi 11·a cherché ni ne cherche à
avoir al1c 1..:ne influence fur les ré(<:>l utions des EtatsGénéraux;
mais que comme L. H. P. fo11t convenue~
d'agir de concert avec la France, concerc que la
fituation naturelle des affaires c1igcèir, S. M. 1. ne
p,aroît pas _devoir s'attendre que L. Il. P. abandon-
11cnt Je 1,Jan qu'elles ont adopté, & qui d'ailleurs ne
peut fervjr qu•a accéi~rcr une paix gen~r le cc. ~
· Plt1fieL1rs lettres de Hol1a11c.ie a11r1011cent
qu'il eft parri ëlu Texel &rdu V. ie un gra1~d
1101nbre ae na vires 1narchanas , aont crois
font defl:i11és ROUr Su1·inam, deux pour Curaç~
o, plufieui:s pour la Balrique, les ports
de Franc: , &c. Elles ajourenr qu l.l fl rte
avoit près de 3000 malades à l-,ord def?uÎs
guclqttes jot11·s; mais aucu1111,eft e11 dange1·,
& cous en font quittes pouc quelqt1cs jours
"

f
!V""llJ(J~U
-



U.,..,. iJ4U-

' ,
'
. ( 47 )
vège u11 bariment Holla11dois alla11t d' A111 fte1
·dam à At·~hangel, 1nais !,équipage a éré
fauvé. Deux navires , l'un Vénicie11, l'sutre
Suédois , eurent le même fort fur le Haaks,
près· du Texel, dans le mois ac ~ui11. La
cargaifon du premier cfr perdue ; mais l,é- J
quipage a éré fauvé , à l'exceprio11 d'un
feul l101nt11e. Les inâts & le gouvernail du
fecond ont fculs dif part1.
>, Les papiers ~trangcrs ; lit-on dans quelques
lettres , ont répandu le bruit que la République de
V enife f aif oit confrruire i.4 vailfeaux de ligne , le
qu'elle av.oit ordonn~ une levée de 10,000 foldats.
Les Anglois même en ·ont pu_:l~ avec tanr d'alfurance
qu'il fembloit qu'il n'étoit quefl:ion de rie11 moins
que de faire caufe commune avec cox co.ntre les
Hollandois. Mais la République de V cni fe eft trop
fage pour perdre fon argenr à la conftruélion de
navires qui ne lui Ccront jamais néccffaires. Ses rap•
ports avec Tes Hollandais font trop éloignés pour
qu•e\le foit dans le cas de les rencontrer. D'ailleurs,
une petite querelle c11trc des particuliers , n·eft pas
de nature à occaftonncr des hoftilités "·
PRÉCIS DES GAZ!TTis'ANGLOISEs, âu 16 Juin.
Le bruit co.urt que le Parlement .terminera ,
ycrs le milieu d l1 mois de Juillet , les affaires
qu'il a entamées , qu,alors il fera prorogé pour
quarante jours , & qu'enfuitc , il fe fépa rer3 par
courtes prorogations peur le rcftc de t•éré.
_Les Maîcres de Poiles des p~incipales villes entre
Londres " Douvres , ont reçu ordre de tenir âes
chevaux t,out fcl lés , pour qu'il n •y ait pas le
moindre recarti da,1s l'expédition des , Courriers qui
yont dé Lonarcs à: Paris , & de Paris à Londr~s.
- M. Fox a rc~u de la Haye une dépêcl1c officielle,
par laq\1c:llc il a aprris que les Hollandois rcf\lfcnc
de négocier une patx f~paréc.

'

'



'



1

( ~8 )
· .. T9ui le monde.parcît croire avec la plu~ gr;mc!c
,_confiance , ~ue dans les premiers· jours de Nl:Al ,
ava11t l'arrivée du Cl1év alier Guy Carleton CD
Améri(.1ue, le Chevalier Henry Clinton· a annoncé
à t ·arn1ée cle Ne\W· Yo1·ck, qu'il a voit été conven"
entre le Congrès & lui, de la part de la G. B., de faire
ce!fer toute hofti!ité par terre. Pluftcurs Gazccccs
& quelques Membres de J 'ancienne Adminifiration •
fQuricnncnt cependant que la paix avec J'Amériqac
· cfi plus éloignée que jam , is.
Le Lord Hcwe, écrit - on de Gofport en date
du 1~ , a fait fignal ce 1natin à l'cfcaârc de élé-:
faffourchcr, &. il paroît qu'il mettra à la voile cet
après-midi , avec environ 2.0 vaitfeaux de · ligne.
Çe départ précipité a pour ebjet la proteétion
de la flotte qui 1evie11t de la J amaïgue , & qui
eft peut-être aéluellcmevt da11s les eaux de 1 Eu- iope. -
011 parle d't1ne expédition fccretrc, mais on en
ig11orc t•Gbjet. Elle doit être , f uiv aur Jes bruits
publics , comliofée de 5 vaiflèaux de lig1ic & d~
' quelques frégat<:s , & on alfG re que 8000 l1c1nmcs
feront embarqués en même-tems , ce qui. fa\t préf
umer q ue le projet efi de faire UlJC d=lccncc fur
les côtes de nos ennemis.
La Gazertc cie la Cour rcnfcrn1c 1111c prcclamarion
du Roi , qui défend à fcs matelots clc
fier,,ir les Puitîances étrangères. La mèmc proclamation
cncou rage les hommec; de tcrr c à v.enii
fervir fur Jes vailfeau~ du Roi , & elle pr om(t une
récompenfc à ceux qui découw1iro11t des matclotf
cachés. ·
Ces jou r~ derniers, la liflc civile a eu le crérlit,
èaos plus d'un fens, d'entrer dans le Jcrnier ~uar
ri cr- des arrérage"- Les to11 ls font bailf és dcpt1
is qt1c la B4n~que a ~cndu 1-co,ooo livres d'ac:
rions,. ~
' •
.. r •
- ..
(
tt


c

1
1
,
·~ --

• / ..
. JOURNAL POLIT!
- • • • •
, •
D E 1J R U X E L L ES . •


..
-
• • R U S S 1 E •
..

D~ P É T E R SB 0 UR G, le 2 Juin. .

1 E rapport ·du dénombrement de la pO-: ·
pulario11 du diftriét de Scliuiska remis cette
· année a la Chancellerie du Gouver11ement • I
d'c Mofcou, préfente un fait fingulier. Il y a
dans cc .diftriél: ttn payfc111 appellé Féodor
B iillly, qui de deux fe1n1nes qu'il a époufées
-. fuGcelli vet11e11t a 1eu .. un nombre fort cxtraor- ..
dinai1 e d'enf311s. La prem~ ère lui en a donné
69 en 2 7 coucl1es ; ~Ile a voit eu quarre couches
de 4 , fept de 3 , & feize ae i. La fe~
condc n'a eu que .. 8 couches , dont fix de
# • l z enf:111s cl1acune, & deux de ~ ; ces deux
· fe1n1nes en ~ f couches l'ont fait pcre de
87 enfnns, dont il n'efl mort que 4, èlc
in nièrc que fa famille cil ei1corc aujuurd'hui
de 8;.
1 J Jui//tt 17! 2. G

..


1
•• •)







..
IV U4U

'

I
• •
1

..



)


• l JO )

D A N E M A ·R C K.·

D~ C 0 P B N·H .4 Gu B, le r 2 Juin.
~ E vaiffeau de l' Infoedsretten de 64 ca.;
nol'ls, Capitaine Lutl{e11, a n1is à la voile
le 1 o de ce in,ois pour le Cap de IlonneEfpérance
, où il pre11dra fous f on convoi 1 2
i1aYires, dont la plupart appart.iennent à notre
Compagnie des !rides , & les autres à des
particuliers pour les ramener ici.
On apprend dans ce 1no1r1ent qu'u11 de
11os vaiffeaux vient d'ar1·ive1· du Cap de
Bon11e-Efpérance à Elfeneur; on fe Ratte ,
com1ne le vent e!è bon, qu'il ne tardera pas
à entrer dans ce port ; oA cfpère auffi qt1'il
pourra nous donner quelques 11ouvcllcs poficives
de l'aétion qu'on dit avoir eu lieu
dans l,I11de entre l,e(cadre de MM. d'Orves &
_ de Suffren, & celle de l' Amit·al Hughes.
Il rfr arrivé ici quinze Pi lotes Mollandois
"dcfl:inés à conduire la flotte Ruffc qui fe
rend da11s la mer <lu Nord. Chacu1i de ces
. Pilotes a , dit-on , 600 flori11s d'appoinretn~
ns, & l. florins par jour, auffi 1011g-tems
qu'ils refl:eront ici. ·
. La forme des procédures ju(qu'ici très .. ·
compliquée , très-difficile & très·coûteufe ;
vient d'êrre fim~lifiéc. Le nouveau règlen1e1it
· donné à ce f ujet par le Roi cft du prenuer
M .. i.

• •

....

c ,


le

e

'

1 J 1 )

S U E D E.
'
De s T Q c K H 0 L M , le 1 2 !JJln:
,.
DE Pu 1 s la. fi 11 du n1ois dernier la ina~
ladie qui s'efr fait fentir affez générale111er1t
(fans le Nord, s'eit 1nanife. fiéeici; elleaatta- "
qué d'abord la plus grande pa1·tie de la
gat·nifon, & retardé le camp qu'elle de-.
''oit former aup1·ès de cètce Capitale; S. M.
a écé incom111odée clle-111ê1ne à Gripsl1ol1n
ai11G qt1e toute fa Cout·; c9m111e depuis
guelques jout·s cette 111a)adie a rté accotnpagnée
de da11ger , & que quelq.ues pcr-.
fonnes en font 111ortes, le Roi a fait aife1nbler'
le Collége des Médecins afi11 de déli ..
bérer fur les remèdes les plus co11vcnables;
& hier , il a fair publier dans la Gazette de
cctr~ · Ville, qu'il fera do1111er gratis , aux
pau vrcs 1nalades , les 1nédica111ens dont ils
auront bef oin. •
• ALLEMAGNE.
..
De YI B N NE , le r .f Juin:
· ' LE· 1 ode ce mois, l'E1npereur revenu la
veille de Laxcn1bourg , do1111a, cotnme Roi
de Bol1ê1ne , l'i11veftirure au Pri11·ce Arche-=
vêque d'Ollmutz , de la Principat1té d'Ollrnurz
, des droits régaliens & des autres
priviléges qui y font attachés. Cette céré- '
monies'eft fait:e:avec beaucoup de folem11ité »
le Prince Archevêque ayant rc~u en pe1·fonnc
c J.


I
l.JV I :J4 JJ



\


-



. ) f 1 )
l'invclliru~e. Le inême foir, S. M. 1. repartit
pour La.t c 1~1bourg. -
>) Le ~cnd.emain 011 eEf uya ici un orage affreux, le
tonne~re to111ba trois fois fur le clocl1er de Saint ..
~tiel,tle, mais hcure11fcmenr il n'y mit point le feu.
Il atrcignit cependant t111 des gardes qtii font établis
aans cecte tour. lui brûla le fro11r, &. lui cn1porta
les bouts de deux doigts de la main gaucl1e. Le
~, pen«iant un orage# le to11ne rre tc1nba à Hutter•
dorf, prè~ de cei te Cafitalc, & frappa dans la rue
deux payfans qui 1cfièccnt morts fur la place. Une
particularité c1traordi11airc 'iu•offcc cc malheureux
évè11ement, c'eft que les deux cadav rcs font rcfiés
droits {Ùr lcu.rs jambes, & qu'on a eu beaucoup
de peine à les arrach:r de l'cndr{'1ic où ils avoicnt été
frappés. Les corps éroient oirs de brûlures &
froids comme la glace cc.
Le règl~ment del' Ad1ninifirarion âes bie11s
des Eglifes, des Chapitres & des Couvens
dans les Eracs Autrichiens, pa1·oîr1·a.incelfa1n-
1ne11t •. Cl1aque individu attra u11 ti·aite111ent
fixe. Les ter:res & autres biens i1n1neubles
des Couvens . fuppri1nés feront n1Î.s e11 régie ..
pendant quelque re111s pot:ir en connoîcre
la valeur, ' ils feront enfuite vendus par licitation.
J,-es Commes d'argent que la Cour
de Ro;.ne rirait Ju Milanais fer.ont n1ifcs
c11 dé1)ôt jufqu'à i1ou\1el crdre.
Tot1s les Arrifa11s travaillant au feu & fai..:
C 11t bealtcou p de brltÎt , fo11t obligés d•a ller
de1neurer da!lS les fauxbourgs; ils 11e peuv nt
avoir dans la ville que des dépôts ou ma ...
gafins.
La Ch:imbre des Mines ou 1non11oies ne
fera poi11t fuppri1née com111e on l'avoir dé~
01 101
,



·f J ~ )
bité ; elle vient cl' êcre con6r1née par S. M. t.
qui lui a encore attribué l$ad1ni11iftracion
du fel •
» La Maifon commerçante de Villcshovcn, établie
ici & à ~onfl:al1tinople, vient de faire; partir
pour la met Noire un bâtiment, avec mille quintaux
de diflerenres marcl1t1ndi rcs , te:les qttc des
draps fins & ordir1aires , de la flanelle , d'autres
étoffes de laine, de' la toile, '\:les porcelai11es , des
glaces de diff~rcntes quali és , des ouvrages de
lai con, des lames, des boutQnS, des couteaux, des
fufils ~ des tabatières. des ca11ncs, des gants, des
galons, &c. le tout pour effai. Il y a a bord de .
cc bâtiment deux Commis qiji remertro11t tous ces
écl1antillons à ~1. Villcsliovcn. On charge liareil-
1cment en Hongrie un vailfcau de vins &. d'autres
produélio11s du pays, pour le faire <lefcendrc la
Drave &: la Save; ce navire ira de co11 (crve avec
celui parti d'ici, & il cfr auffi aux f1·ais de la rncm;
. Compagnie <c.
M. Ha!kel , e1nployé à la Chancellerie dt:
guerre, a r1·ouvé une nouvelle 1nanièL·e très~
avantageu{e pour la préparation du verd-degris;
il vient d'obtenir la pe1ï11iffion d'en établit
· une Manufa&ure.
La 1naladie du Nord règ11e aél:uellement
ici à un poi11t qu'on 11e compte prefqu'au~
cune maifon où il n,y air quelqu.es perf onnes
qui en font attaquées. Tous les Officie1·s &
le plus graHd nombre des foldats de notre ·
g~rnifo n, ainfi que rous les aéteurs d tl théâr1·e
natio11al qui e11 cor.féque11ce efr fe1·111é, en
font atteints. On iffi1re qtte le aotnbre dc.. s
n1alades n1onre à plus de So,000 , ta11t dans
la ville q e da11s les f: uxbol1rgç.
• c J

••
..
1



IV•\Jt~o-~-r-----~----~~~---~--:---

l J4 )
De HÀMBOURG, le 22 Juin.
LE s fréqt1enres émigrations des St1jets da
Dt1ché de \Vùrte1nberg, one don1ié lieu à
lln placard, p.1r lequel le Duc exhorte fcs
Sujets à ne point quitter le pays fur dc-s
• • • I \ • JA 2nv1tat1ons ecrangeres qui ne pet1\re11t qu erre
tro1npeufes; il ·y déclare à ce11x qui fonc
déjJ. partis , & à ceux qui peuve11t avoi1·
e11vie de s'expatrier , qu,ils perliront par
l'érpigration le droit de Bourgeoifie, & r1c
feront plt1s reçus dans le pays lorfqu'ils l'auro11t
quitté une fois.
» Depuis la publication de l'Edit de tol~rance >
icrit-on de Vienne, & la réccplion des Déclarations
de religion, on t rouve le 11ombrc des Protcfians,
répandus dans les Etats héréditaires, beaucoup plus
grand qu'on ne le Caprofcit; il paroît que dans bien
des endtoics, il y en· a\roit quantité qui cachoicnt
leur croyance, & qui ne faifoient qu'cxt~ricurcm(nt
profeffion du culte domi11ant. On raconte à cc Cujet
que 50 fa'milles d'un village de l'Autriche Cupérieure,
ont déclaré 11c pas appartenir à 1 Egli[e Romaine, &
cnt demandé un 1'1r1:ii{lre. le Commilfaicc a}'ant
repr~fenré à ces pay fans que le Cottvcnt vojfin leur
fournilfait aéluellement un Prêtre q JÎ ne leur coûtoic
tien, & que l'entretien d'un Mi11ifl:re lear deviendrai
à charge, ils s'adre(sètent au Comma11dant des trourcs
ca11toonées chez eux , lui demandèrent un Fourrier
qui , accompag11é de quelques-uns d'eux, ail de
maifo11 en mai(o11, pour marquer les dîmes que le
Couvent c11 tiroit; on calcula leur produit, & 011
l'évalua à près de 1coo Borios; munis de cette pièce,
ils ttllèrent déclarer au Commiifairc que cctrc fomn1c .
fuffi [oie & aLt-dclà pour l'entretien d'lin Nlinifirc •
lk qu'ils étoicnt réfolus de s'adrc1fcr à l'Empcicui - •

\ '
. . '( Jf) '
lui-m~lt\e • pour ob:enîr la pcrmiffian J•cn appe.llcr .
un cc. -
S'il faut en croire d'autres lettres de
Vie11ne , on y travaille à un préfe11t magni.
figL1e dcfl:iné pour Hyder-Aly, que la nouvelle
Con1pag11ie Autrichienne des Indes lui
defti11e. M. de Polza qui arrive · d' Afie, a faic
ttn grand éloge de ee Prince ; ~rmi les
différens rapports, qu'o11 lui prêce peur-êcre,
il a, die-on , dans fon Ar111ée plt1s de 8000
· A1le1nands , la plltpart de Souabe & ge Ba-
. vi~re; & tous fes Ingéniet1rs font des Fran-
• ço1s. ·
i)> Il y a toujours de la fermentation dans quelques
cnd1oits de .cc Royat1mc, lit· on dans des lettres de
Pologne; & Celon toutes les apparences , la Diète du
mois de Septembre prochain fera oragcl1fe. Le
Prince-Evêque de Cracovie a ~r~ transféré fous
bonne & !-Ûrc garde à Kialic ,-qui eft un cl1âccau
près de: Warfovic; les p,lus' iJlufircs mailons du
Royaume fe font rangées de Con pa rti. Le Comtcy ·
de Hocnzo1lcrn, nouvel bbé d'Oliva, a commcr~cê
le 1 3 de cc mois Ces fo ttélions dans 1' A bbayc par
de magl1ifiques f l1néraillcs à l'honncl'lr de fon prédé
celf~ur. Un jeune Comte Grabow ki , Litht1anicn
, a cellement llris le goût de lti m A1 ine • fans
cependant avoir jamais vu la mer que ft1r <le~ Carres»
q11'il a prié le Roi de vouloir bien lui donner \111c
lettre de recommandacio11 pour le Stadhouder & la
République des Provincc~-Unie!. S. M. la lui a accordée;
il cfi parti pour fcrvir en qualité de volo11 taitc
fur Ja Aorte des Ecats-Généra11x. ·
011 dit que les forrifications de Le1nbe1·g
feront déinolies , & que cerce place ne fera
plus défe11dt1e qt1e par tln folfé p1·of<>nd. 011
appia1)ira le terrain des fortifications , &, il
. c4






..
,
-•



..
}
IVl.JVl:J4U------~----






- ( j6 )
.fera donné à des Particuliers qui vouelront
y b~tir.
Le différend qui fubfiA:oit depuis fi Jong·tcms entre
le cercle de S\labe & la maifon Eleé\erale de Bavière)
couchant la polfeffion forcée rar cette dernière
"de la ville de Donnayerth , ci-devant Impériale:,
:vient e11.6n d'êrre terminé à l'amiable; en vertu de
, l'arrangement. & en fuppofant la co11firmation de
.]'Empereur & de l'Empire , Ja ''ilJe' rcl~era pour
tou}ours incorporée à l'Eleél:orat de Bavière, & Je
eercle de Suabc renonce à toutes fes prércntio11s à cet
~gard. la maifon Eleéloralc payera fur le cham
I o,ooo Horins à la caiff c du même Cercle , & c
chat ge en outre ~ pCi>ur l'avenir des mois Romains
& antres charges ordinaires & extraordinaires que
la Ville doit ac'-]UÎttcr.
Orr eft forr curieux d'apprendre quelle
fèra la fin des rro.ubles de Genève ; on a
lieu de croire qu'à préfent elle ne peut êrre
éloignée ; on en peut juger par la lettre fuivante
de cette Ville , en date du 1 5 de ce
• • • mo1s. .
S> Nous nous Battons de voir bientôt le terme de
notre captivité; il ne peut paffcr la fin de ce mois oq
les premiers jours deJuillet. Le Marquis de J aucourr,
Comma11dant des troupes Françoifcs , cfi arrivé depuis
3 jours ; il a établi Con quartier au Ghârcau de
Ferney. Le Comte de la Marmora eft arrivé prcf'lu·cn
mêmc-tems , & a établi le lien a&1 Château Bla11c ; ils
ont eu ce 1natin une entrevue à Aire, petit village fur
Je Rhône, appartenant à la France, Olt l•on a pratiqué
un bac poltr la co~munication de cc Royau~.c
~vec la Savoie. Le Rot âc Sardaigne a de plus t~~t
établir un pont ft1r t• AI\'e pour ql1c fcs troupes pualfent
faire le cordon autour de la Ville. ta Cour de
· Vcrfaillcs ayant jJ1vité Je Mag11ifiqnc C onfcil de
Berne à nominer deux Déptl tés & à les c11voycr à 1
• • •
llJ~Ur"J.o+U------------- - •
I - ..
1
• e

,
..
,



• \
• •
~ ( 58 )
vos fcntimet1s fur les affaires de Genève ave~ ccax
' ~ce l' An1batfadeur du Roi vous ;i fait connoîcre,
. com1nc étant le pri11cipe de la con.duite de S. ~Jl. à
l'égard de cette Républiqt1c, ne Jaiifc at1cun douce
fur le fuccès des m:!Ct1res qui vont être prifcs pour
fa racification. M. le Ma.rquis de Jaucourt a ordre
de VOlJS faire part de [011 ar1 ivét aux en\·irons de
Gei1ève & de Ja Co111mi!Iion dont il eft chargé.
Le Roi ne doure ras qtte VOllS ne vous hâtiez de
faire choix des perfonnes q11i devront co11ccrtcr avec
ltii les démarches néceOE;ires pour rétabJir la tranquillité
dans cette Ville, remettre le Gouvernement
e~ vigt1ettr , & pourvoir à cc qL1'il (oit déform2is
impoffible de la plonger dans l'anarchie. S. 1\1. Je
Roi de Sardaigne, ~'Je fo11 l1umaniré & une fagc
policiqtie ont porté a défirer d'avoir parc à la pacificatio11
Je cet Etat , vous fera conncJÎrre, He Con
côcé, le choix qu,el'c a fait d'une perCon11e capable
par fcs ralens &. Con expérience , de co11tribuer
à cet te Calutaire cncrcpri(e. Le bl1t <les deux Co~rs;
& fat1s dou:e Je vôtre , l\i1. S. , efi de ban11ir tot1t
fujct' de diviGon da1~s la Républiqttc, e11 fixant inva.
riablement les droirs & attributs de chact1n des
Corps qtti la compoftnt, & en Ôta~t cot1te poflibiliré
à l'un d'cntr•eux de foire \1C: ge de la force pour
ufurpcr l'auto rité. Ceux qui ne voudront que l'inè€
pcndancc de l'Etat , la Cûreté parLiculièrc & des
Loix par lefquelles le Gouvernement pt1i!fe f~blillcr
fan5 troubles , feront écoutés , & rien ne f, projettera
fans leur participation ; 111ais ceux qui oppoferc~
cnt une roideur inBc:rib'c à to1tt bon arrangement
, qui tra\'aillcroient fur-rout à Cc r~fcrvcr des
moyens d'exercer à l'avenir ieurs haines , & de
maintenir '10 Gouvert1emcnt caché , coujoars en
oppofition avec celui de la Loi , feront rcgar-O~s, ou
comme de mauvais Citoyens, Olt comme •ics Fanatiques,
dont la voix uc dcit pas empêcher de (au.
ver leur Patrie. Le Roi , M. S. , n'a pas fui vi clcpuN
• "'I •• •
.•. j

• 1




( ~ ) .
(on avènen1ent au Trôo! les affaires clc la R~publiquc,
cmployt tous les ·moyens politique!>, fait marcher
des Troupes , traité avec les Puilfancc:s v-0ifines
, pour fiL1ir par lailfcr faire à la âte quelque
accommodement imparfa1t, qui ne tarderoit pas à
~crc une Courcc de t1ouvea ~1 x troubles. Il s· agit de
faire adopter at1x Géncvois , fan · les leur d1éler,
des Loix p >liciqucs qu'ils rcco1111oiilènt et1 x-mêmes:.
du 111oins ceux que les pafiioos n·aveligle11t pas ~
pot1r être bonnes , analogl1cs à celles fous leCqvclles
la Républiguc a profpéré , & qui fur - tout ôccnc
tOl!t moyen aux ambitieux & aux cfprits inquiets
de trot1blcr la paix pcblique & la fûreté particulière.
le Roi compte , M. S. , que votlS dont1crcz tou~
Jcs pot1voirs nécclfaires aux Plénipotentiaires, dont
vous ferez cl1oix ,. pour traiter cet objet tant avec ·
les Mi11i{l:rc5 des deux Cours qu•avcc la République.
Il ne faudra ni précipitation ni lenteur. Le
bogheur d·un Ecat libre , d'un Pc•1plc indufiricux >
vaut bien qu'on pc(e tous les moye11s de l'affurer;
mais plus les principes fur lcfqucls 11ous agirons
font juftes &. bienfaifans, plus nous d~vrons nous
attacher à rendre notre ouvrage foliôe & inacraquablc.
Vous ne tarderez pas , M. S. , à être io f_
truits des mefurcs préalablec; qt1•it cfi indifpenfablc
.. de prendre .pour rcmettr~ chacun à fa place dans
Genève. Le Roi ne doute pas q\1e vous n'a;·cz donn~
aux Commandans de vos T1·ou pes , des ordres
a<fcz étendus pour qu'ils ne f0ient pas obligés de
confl1ltcr vos Confcils fur chaciuc démarche qu•ils
auront à concerter avec les Commancians des Troupes
du Roi & du R~i de Sardaigne. Il me refie •
M. S., à vous témoigner la farisf:allion que j'au-
. . rai de vous faire voir dans Ja Cuite de cette Négo~
ciation, 9uc je n'ai jamai-s eu en vue q e Je vérit~
blc bonheur èl•un Peuple qtii vous int~rclfe ; qt1c
j·ai approfondi les fourccs de fcs diviûoes, & en ai
cl1crch~ les remèdes aycc la patience & l'impartia~
c 6
1 -•


1vq-u111~u~------~--




( 60 )
lité qu'il étoit peut-être fort difficile ile conCcrvcr;
en voyant uee portion confijérable des l11bita11s de
Genève s'écarter chaque jot1r de plus e11 plus des
fcnti:111ens qui méritèrent à leurs percs la prote&ioo
& la bienveillance de eos Rois. Je fuis, &c.
L' Acadé1nie Royale des Scie11ces & ~ellesLetrres
de Berlin , a te11u le ~ de ée mois
f on Alfe1nblée publique d't1fage , pour célébrer
l'anniverfaire dt1 couro11nemenr. de
S. M. -
.... ,, r-.1. Formey après un difcours analogue à la
circonf\:ance, annon~a que l• Académie avoit adjuoé
à M. le Gendre , P 1 ofcffctir de Mathématiques~ à
l'Ecole Royale milirairc de Paris, le Pri1 propofé
p.ar Ja claffe de ~iathématiques & dont l'objet étoic de
déterniiner la courhe décrite par les boulets 6' lts
hombes eR ayant égard à La réftflance de [•air.; de
donner des règles pour con1zoître leJ portées qui
répondent à différentes vîtejfes i1zitiales, Es à diffé·
rens angles de proportion. La claffc de Philo-fophic
if'éculative a propofé pour le fujet du Prix de
178 3. Quelle eft la meilleure manièfie de rapptller à
la raifon , les Nations tant (auvagts que policées,
qui font livrées à l'erreur & aux fuperftitionJ de
tout gtnre. le Prix fond~ par M. Elier fera
donné de nouveau t•année prochaine, on demande
pot1r cet objet : .. 1 Q. Quellts èfpèces d•lzerhes ou de
plantes en général à deftiner· au bétail• fraîchts
ou fichées , font les plus profttahles dans chaque
efpèce de fonds? 2. 0 • Q1Lelles d'entre ces efpèces peu·
~ent être facilement culti1Jtes , & le p'Jus ahon·
damment recueillies , fans que ces herbes ou plantt.s
P.erdent rien de leur qualité nutriti111. ~ & en s' affu·
rant d·un profit f.lel. J 0
• Quetlts font lis rlglts
~ ohferver dans la culture de &es lzerhes ou plantts,
relati1Jtment à la dijf érence du rfol? La claffc
des Belles-Lettres propofc po~r Je fujct du Erii de
_,_"""IJ:J __________ _

dt
b
"•


( 6' ~
1784. Qu'eft-ce qui a fait de la Langue Franjoifo.
la Lang11e uni'Verfelle de t•Europe? Par où mér.iter-
elle cette prérogative? Peut-on préfumer qu' el!~
la conferve ?
- . _,. •
' . I T A L I E.
L' t LI V ou RN l!, le r o Juin.
LE S!'créraire des Décrets Royaux a ex- ,.
pélii~ aux Evêqt1es & aux Co1n111u11aLttés
EccléfiaftiqBes de l'Etat , deltX lettres circul!
lit·es at1 no1n de S. A. R., & do11t l'ol:jtt
cfr d'e11trete11ir ici le goût de !)étude da11s
le Clergé, poùr s'ailt1rer dans les Chapitres .
â'u11 ce1·rain nombre de Sujets capables d'ai- -
der les Evîqucs dans les for1étio11s <fe leur
1'11Îr1illère; il paroît conve11alJle à S. A. R.
qu,on f1ffe fL1bir un exan:ien rigoureux à
tous ceux qtti prérendent à des Cano11icats >
& eile reco1nL11ande fXLJreifé1t\c11t de t1ou-
Veltl, de n'a\1 oi r éga1·d 'q" u'au 111érire dans la
collation des Bénéfices qui viendront à vaqt1er.
L'E1npere11r vient de fair.eaux Marcha11èfs
de .Trietl:e l'avance d'un fonds de 4 inillions
de flori11s , pour ies i11ettre en étac d'étendre
leur co1111net·ce , tant en :A.fie, qu'e11 Afrique
& en 1\111ériqur.
>> t'A rchid11c Ferdinand , ~cric.on de Mantoue ~
qui ré fidc ici d~puis quelques Ccmaines avec 1· Archiducliclfc
fon ~oufc , en doit partir le 6 de cc
mois pour retourner à ~IiJan. Ce Prince a été cootinucll~
mcnt en conférence a vcc fcs ~1iniff1cs cl1argés
de la fup-relllo·n des Couvcns. Ôn cfr occwpé
• •



I
...
-
-
( 61 ) 1 •
à' Milan d'un pareil objet. se:on acs ordres ultéricttrs
de la Ccur de Vie11ne, on doit continuer la [upprcffion
des Monaftè1·cs dans toute la Lombardie Autri
~ l1ier1nc ; cependant il eft vraitèmblable que les
U r(ulines n'y feront pas comprifes. On dit aufli
qu'il rloit paroîtrc dans fCU une Ordo11nancc rcla.tivc
aux Prêtres féc t1licrs c,.
-
ESPAGNE.
-
De CA D 1 X , ... le I !) Juin.
0 N ne penfe pas ici que la Rotte corn•
biti1ée aie pu avoir fait beaucoup de che111in;
elle a eu ve11t debout plufteurs jot1rs de
ft1ite; & un bâtiment qui \'Ïent d'e11rr:er da11s
· cette baie , prétend qae le 1 o elle éroit encore
fur le Cap Sre-Ma1·ie. DeP.uis le 1 1 elle
a un· i11eî lieur tems , & co1n111e il fe fcutient
& qu}il ell: très-favorable , elle doit 1nainte11~
11t avancer pron1pte1nenr.
Les convois éranr arrivés à AlgéGras, tout
a 'été f u1·-le-cha111p en aéti viré dans ce Port.
On y a reçu déja alfez de bois pour travailler
au, blindage des batteries flottantes. Comme
c::e Port efl: l' Arfenal où fe p1·éparent & d'olt
, doivent partir tous les bâti1nens de guerre
chargés de l'attaque de Gibralrar , la Cour
a jugé convenable d'y établir un déparce-
1nent de 1nari11e indépe11dant du nt>rre. M.
de Valcarfel , c<o Lieutenant-Général, en a été
no1n1né le Co1nmandanr; il a fous lui pour
~01nmangcr les opérario11s 1 Brigadiers de
marine, M. Moreno & M. de Langar•; cc

• -
u..-hNu---------
- •







• .. -
dernier efi: frère
( 6 J ) '
du Lieutenant-Général de
• ce no1n. '
: On préccnli que le Duc de C1·illon aurait .
fort défiL·é d'avoir D. A11toniu Barcelo; 1nais
le gra11d âge de ce brave Ofi1cier & Cc-i furdiré
cxtrê1ne , auront emoecl1é fa11s dot1te
que la CoÙr l'ait choifi pLour diriger de u ' .
gra11d~s opér~cions.
Nous appre11011s clu camp de St-Roch, . .
qu'une: bo111be l.,11cée ces jours derniers ft1r
la redoute de la Princeffe A1111e, y a inis le
feu & l,a déi:rt1ire enrière1nenr. Sans doute
qt1'elle fera tombëe fur l'amas dé poudre>
de bombes, de cartouches , &c., que·chaque
batrerie fûr111e totts les jot1rs à côté
d'elle pour fon ufage. L'exploflon a été ter-=
rible; des bras·, des j tn1l,es à demi-brûlés>
ont ér6 lar1cés juCques da11s les 1ignes E(pagnol~
s; & con11ne on ('lit par le rapport des
- déferteur~ qt1lÔrdinaire1ncnt il n'y avoir pas
1noins de 1. co horn1nes <lans ce poile , il y
a apparence qu'ils auront tous péri.
[c convoi des trot1pes F t·a11çoifes efr tottjours
retenu près de Malaga par les 'vents
contra'ires. Celui qt1'011 a voit fignalé d' AlgéÎtras
& qu'on a voir pris pour lui , éroic
un convoi de b~ : itnens 1nunitionnaires de • Marfeille allanr aux AJ1tilles, qt1i ce jour-là
palla .fteureufe1nénr le Détroir.

A N G L E T E R R Ji.·
Dt LON DR B & , le 2 f Juin;
Nous ignoro11s cncoi:e ce qui fe paffe




lt/4"\Jl:JtJ!l-~------------ --

-
'
.. - •
- \
( 64 )
dans 1, A11iér1que fcpre11rrionale, & les pro..:
grès de 1;111égociation de Sir G11y Ca1·leton ;
& 011 eft touj~urs perft1adé ici qu'elle ne
peut réuffir qu'at1rant qu'on accordera toutes
leurs prére11rio11s aux A1néricai11s. Norre
Gou\~er11ement s'éroit a 1tté de gagner les
Etats, Unis en détail , & de profiter pour
cet effec des divifions qu'il fuppo[e cxifrer
parmi eux. Par1ni les affiires qui pouvaient
do11ner qt1elque fonden1ent à cect~ cfpérance,
on .if ur-tout compcé celle du petit Etat de
Ver111ont , qt1i depuis long--rems demande
à for1ner t111 quatorziè111e Etar. On pent juger
de ce qu,on doir arte11dre de ces Républicains
, par l·a pièce fttivante qt1e not1s four,nir
~ u11e Gazette Je Pl.-iiladelphie du 1er. Avril;
€'eft une remonrra11cc de MM. Ira Allen &
Srephen B1·adley, C01n111iOE1ires de l'Etat de
VermQ11t, prépofés pot1r ailiftcr au C011grès,
& adreffée à cette a!f~mblée.
,, Not1s faifi.ffons avec plaifi1· cette première accaftoa
de té111oigner notre retonnoi ff a11ce, Cie l,hoo-
11eur pe1·fo11nel qtte nous a fait le Congr~s, en nous
donnant audicnGc dans Con honorable Corps, ~uoiquc
nos pouvoirs ne [oient que privés; nous déplorons
en 1nême·tems la 11éceffiré qui nous oblige de ne
pouvoir être plus long-rems fpellateurs oififs, fans
trahir le dépôt qui r1otls eft confié, aè fans faire
vio!e11ce à notre fenfibilité, lor(quc t:ious voy<>nS
des formes partict1lières mifes en prati~uc, des flans
adoptés, des prel1ves e.~ parte exhibées, qui dérivcnc
toute leur autorité de l'atteftation du parti; des paffa?
e; d'écrits choilis~pour donner de faulfcs rcpréîcntations
des faits, q11i ne peuveAt av it J·~utre
objet qt1e de p1·évenir vo,re l1oaoralJlc Corps contre


L
'Jl~----------- -

( 65 )
l'Erat _de Vermont , par-là former des cabales 8c
renverfcr les drtlits & libertés d,un peuple brave
& 111éricant. Nous concevons que le bureau du Sc-·
crécaire de l'Etat de New.York peut off1 i rune fourcc
inépuifablc de témoignages qui· répo11dront à foa
objet dans la di (pute aétuclle. 11 fe1·oit fuperflu pour
nous d,infor mer le Congrès, que par la forme de
proc~dcr aétucllcmeot adoptée, t• Etat de V crmont
ne peut entrer CR procès fans renoncer à Jui-mê111c ;
& terminer avec ces réfolutions que nos ennemis
ont extorquées de votre ho11grable Coi:ps & do11t
dépend aél:ucllemcnt le Jugement, cc feroit certainement
nous charger de cette humiliation & abjection,
qui nous privcroient de notre vie politique, au
licY de nous la procurer. Nous croyons que· la f;.1-
gelfe dtt Congrès fcntira que la forme aétuclle eft
une déviation de tout principe de Ja loi de la nature
& des natio11s; car fi la difpute cxific entre les Etats
d'une part, & l'Etat de V crrnont de l'autre, pour
favoir fi cc dernier eft un Etat de jure, ou une jurif-
. ·maion indépendante de faélo. ils devraient êt1·c
confi<lérés dans le cours de la dif puce, jufqu'à ce
'~uc le pouvoir médiateur ait déterminé fi ce der11ier en une jurifdiélion indépendante de jure, & da11s e
cas où elle ne le feroit pas, la ju1 ifdiélion de f"' .~. o
doit régulièrc1ncnt être an~antie ; mais l'anéantiffcmcn
·t de l'Etat de fallo , met fom1nairement fin
à. la difputc. Refufer à cc dernier toute jtirifdiclion
indépendante de faélo, c'efi nier qt1'il cxifie des
parties dans la di( pute. Il n'eft aucl1n principe q11elconque
, d'après lequel nous pt1iffioos co11cevoir
~u'aucun parti foit en <lroit d'c tablir ou prefcrire .
la manière ol1 les règlemcns à fl1ivre pour déterminer
des difpt1tcs, fans co11fondrc totttc idée de
droit & de faux;. dans le cas préfcnt, on auroit pu
aufli jufi:cn1ent établir la fin qt1c: la voie &. les
mo yen~ etc l'ac ct>m pJir. Nrlus fo1n1ncs rrè!ï-éloi g11~s
~e vouloir qu.e les braves.. efforts faits pt1I 1' Etat

• -
-


IU'4U/1':.JU----------


......

'

( 66 )
de V cr111ont, dans la dif pute avec la G. B., Coicnt
c11fcvclis par nos adverfaires (altérés de domioation .
& de butin) & de perdre ai11fi le mérite ,l'avoir
· dépenfé beaucot1p c.i'2rgcnt & répandu notre fang.
Ai nfi , tandis que nous fommes da11s la nécclficé
de fai1c des remontrances contre les pro~édés dtt
C ' r /\ A \ ong1es, nous iommcs prcts en metae-tems a nous
foftmettre ~ toute enquête équitable; l'Etat dc-Vfr•
mont jouit de pri·1iJégcs pareils à ceux des autres
Etats dar1s Ja diCpute préCenre. Afin dotlé qu'il ~l1 i!fe
paroîtr e jufiifié aux yeux de votre l1onorablc Cot~s
&. de tout le monde, tant ~ r~ifo il de (a condyicc
aduclle qt1e de ce\ le à ve11ir; 11ous femmes porrl s
par des principes d'artache111c r. t pour la caufc de
l' Amériqt1e, ;tin fi que par les égards que nous a\·oES
pour la paix & 1·unanimité cnt1·e les Etats d'Amé:.
rique, aujourd'l1ui e11 guerre avec la G. B., à faire
les p1·opofitio11s f uiv:intcs' Ca voir : l 0
• Que
l'Etat de Vcrrn';nt tranf1netr1 a , att!lirôt qu'il fe
pourra, au Secrétaire du Co11grès, un érat C(rtifiE
de tou< les ho1nmcs en écat de fervir & oblig~s
de le faire conformément à u11 acte ~c Milice, aut1c·
fois prodt1it 3 'l Congrès dans un code de loix inti·
tu lé, les Loix ile Vermont; & l'Etat de Vcrn1onr,
pendant la pré fente gl1crre avec la G. B. 1 fournjra
d'~11 née en "onée pour entrer en campagne, uo
nombre de trot1pes proportio11né à cet Et:it, Cuivant
que le Co11grès évait1era le co11tingc• t des divers
Etats.Unis; le fdi:es troupes (cront habillées, c2ntonn~
es & pa)·ée 'i. par J•Erat de Vermont, & à la fio
de la guerre, la d1frutc fera éqt1irablcmcnt aj ufiéc
par la médiation des puiffances fouvcraines; & rien
de cc qui efè contenu dans ces pré fentes, ne fera
interprété con1me dérogeant au aroir qu'aucun des
Etats-Unis réc lame fur l'Etat de Ve1 n1011t. Ou bien:
~ 0 • No11s convenons volontiers qu'un O)J pluflct1rs
des Iégiflatet11s des Etats défintérc<fés s'iatcrpofcnr
comme médiateurs & ajuftcnt la difpucc. Ou bien;


1
-
.,.............., _________ _
1
O:'C'

''

F'
,
1
j
:


( 67 )
3~. Nou! voulons que le Cong rès, revêtu de la Sou.!
vcraincté s·i11rcrpo~ pour prévc11ir t·e1îufio11 du !àng
h ltmain. En même-teins , 11ous d ~t:'lpp roufons que .
le Congrès fiége comme Cotir de Judicature pc>ur
tcrn1iner la Jifputc en vertu de l'autoricé qui l11i
en a été <lor1néc par un aél:e ou par des aa:es (1e l'Etat
ou des· Erars t]UÎ ne coofiièucnt l1l1'une partie âans la
difpuce. C'cfr avec le plt1s fenftblc cl1agrin, que
noi.ls voyons qu'une caufc auffi in1porra11te, dat1s les
conjo11él:urcs préfcntes de! affai res, qt1'unc cat1Cc dont
dépend to~1r cc qttc no'.ls poffé<lonJ, 11'aic été époufeè
par auC'une ·des pcrfo11ncs qui fc difel1t être an1ics de
la caufc de l•Am~riqu~, avec aut~tlt de vél1émcncc
& d'ardct1r qu•it paroîc que t·a faic l'Etat de NewYork;
nous ajol1tcro11s feulement, que li cette affa;rc
cf\: ainfi ajuftée, nous fomn1cs prêts à en appcller à
Dieu & au monde, pour juger qui doit êcrc rcfponfablc.
des fuites fata!es qui pcl1vcnt en être la con(é.
quc11cc.
L'Etat de Vermont, com111e l'on voit;
ne vct1t que s,arrangcr a·vec les autres EtarsU11is
; il ne 1no11rre pas , mê1ne da11s l'éloignelnent
, le projet de reve11ir à Ja G. B. ,
fi on ne lui rend pas la juftice qtt'il det11ande;
on e11 a vt1 déja des 'xe111ples dans la plupa1·c
des Hetites dîfctïflions qtti (e fQ11r élevées
entre les différens Ecats confédé1és; ils s'accordent
tot1s fur u11 point , ils veule11t êrrc
indépe11da11s, & étrangers à l' A11glcrerre.
Il paroît que de norré ~té nous avons
re11011 é à t1Re gu·erre offenfive d&}ns ces contL
·ées ; 1nais il n,cll pas fût· que le Cl1ev:ili:
r Gt1y Carleto11 "rét1ffiffe à obre11ir des
A1néric.:1i r1s qt1~ i1~ prendro11t ce parci; & s'ils
çonri11l1cnc de nous actaquer , f om1nes-11ous
...
'
,
-










1 ( 68 )
e11 état de nous défe11âre par·tour. On dit qucla
g1rnifo11 de Charles-Town efi en érac de
conierver cette place ; on alll.1re inê1ne que
New-Yorck tnalgré les troupes qu'on en a
tirées pot11· 1c. s envoyer aux Iiles 11e crainr
pas les efforts que pet1t rentê1· le Général
Washingto11. Nos papiers qt11 11e veule11r
peur.êcre que nous ratlu1=-e1·, prétendent qL1e
le i101nb1·e des troupes réglées exill:,1nt actuelle111e11t
à Ne,v-Yorclc fe 1no11te à 11,e>oo
ho1n1nes ; & ils ajoutfnt à ce no111bre 5oao
habirans · de cette place qui font àrrnés.
Il eft arrivé le 16 de ce 1nois , au Bu1·eau
de l' Ainirauté , M. Thomas Burnetc, ancien
Capirai11e du Ro;1al-Oak, avec des dépêcl1es
de 11 Atniral Rodney; il ell: vent1 fur le paqttcbot
le Swallow , parti de la Ja1naïque à la
fin d' Avril , felon les ut1s , & le 1 o ou le 11
Mai ~ felon les autres. Com111e la Cour n'en
a rien publié , 011 ig11ore la véritable dare
des dépêches de l' Amiral. Elles annoncent,
dit-on , le dépJrt p1·ochai11 dtt co11voi, & la
di(pofitio11 de l'efcad1·e pour qt1,il puilfe êrrc
protégé convenablement au paffage du Venr.
Cc convoi doit êcrc efcorté jufq~u,à u11e ccr-
- taine hauteur par une force div ilion de l'efca·
dre , après quoi. il fe rendra e11 Europe fot:ts
le co11voi du Sandwich, del' Ajax, de l'/n·
trépide & du Rohr!fle. Ce dernier vaiffeau
devoir appareiller d' Anrigoa pour fe joindre
aux aur1·es. Le Vice Ainiral Peter Parker pa!fe
e11 Et1rope ft1r le Sandv..1ich, à bord duquel
d?i'1e11r être les Officiers Fra11~ois prifo11-
111 rs.
...
li • • •
,1 eoe
• ~ .
..

'

,

- •
( 69 )
Selo11 des lettres particulières de la Ja-
111âi(1uc , cctt~ flotte a dû e11 pat·tir le 2 J
1v1ai ; elle a dû être fuivie d,une feconde
q ui devoir mettre à la veilc le 2 5 Juin;
& on 'e11 fe1·a partir une troifiè1nc le pr~
1nier Août. Les prifes qtte nous avons faites
aiJpareilleronr avec les deux dernières, fi elles
peuvent êrt·e équipées à rems , ce qui eft
au 111oins douceux; cai· elles 011t beaucoup
fouffer ~, & les 111atériaux q·ui font rares
ft1ffi fe11t à pei11e . pour rép>arer nos prop1·es
v.:1ilfeaux ; il 1112nque al1ffi le monde 11écc!
I:ii1·e pour les 1nanoeu vrer. Le Lord Rod-
11ey avoir débarqt1é qua11tiré de bleffês . &
de inalades à la J,1111aique, & il e11 efl: 1norc
t1n grand non1bre. On ajoute que le paque-
. bor le Vigilant qui devait faire voile de la
:J.1111 ,\
0Îqt1e le 14 Mi i , apportera des détails
ulrérieurs fur le départ de la Rotte defiinée·
pottr l'Anglererre. · ·
· On appre11d de Ply1no11th qt1e le 13 de
ce mois , on y a vu paffer une Horte de
plu~ de 200 bât i1ncns, efcorrés par quelqt1es
vaiffeaux & quelques frégares: Cette Rotte ,
d'après le rc pporc des caboteurs) efr d.ell:inée
rour Q 1ébec , la Caroline méridio11ale
_& Ne\v-Yorcl{. Nous f1ifo11s des voeuxpour
qu'elle quirre l'Europe fa11s accide11t; 11ous
11e lai(ft ns pas d,êrre inquiets pour elle li
l,artnée co1nbinée s'efl: approchée de nos
· parages cotntne cela eft v1·ai(e1nblable.
0 1 a prcffé toue pou1· le départ de 1' An1iral
Howe; on a réuni à f on efcadre celle

-

-
..


\


..




( 70 ) .
del' An1iral Rc!f, ac 111anière qu'on efpèiïc
qt1e lor[que tot1t l'aura joint·, ca1· plulieurs
vaifièaux doivent fe réunir à lui lorf qt1,il
fera e11 111er, , il e11 at11·a 28. Il n'étoic
pas parti hier ; & l" An1irauté n'a point
encore reçu l'avis qu'elle e11 attend & <ill•ïl
doit lui e" pédic-r en leva11t l'anc1·e. 011 prétend
roujours qu'il a ord1·e d'aller di1·c(te-
11:e11r devant Bre!l , & d'y refl:er e11 fiation
jtJfqu,à ce que les vaiOEcaux vivriers & municion11aires
, élefiinés pour la garnifàn de
Gib1·alrar, foie11t parris. Mais il efr douteux:
qu,jl atï·ive fa11s e1npêcl1e111e11t à cetre llation.
L'e(cadre co111binée peut êcre arri ée,
& fans entrer dans Ilre!l: elle a pu êire joi11te
p:ir le~ vailfeaux qt1i étoient prêrs da11s ce
port fous les ordres de M. de la MottePiqt1et;
Elle fe trouvera forre au 1noins de
4o vai!feaux de ligne ; nous n'e11 avons que
18 à oppofer; & c,efi: avec cela qt1'011 fc
flatte d'arrêter les progrès de nos ennemis,
de veiller à la défenfe de Gibraltar & d'y
t1ire paffer des rafraîchiffet11cns ; des munitio11s
de guerre & des canons, do11t cette
place a befoin pour 1·épondrc à l'attaque
vigottreufe qu'on prépare co11tre elle. Il n,y
a perfonne ici qui ne fente co1nbien il nous
feroir intérelfant de conferver Gibralrar,
d'e11 érernifer le · fiége , ou du inoins d'en
reculer la· prife le plus .qu'il fera poffiblc.
Tant qu'il tiendra, les forces Efpagnoles
refi:eront occu péts autour de certe place,
& nous ne les trouverons point ailleurs iur
1

-
~ . ..,.:..i---------

• 1
I~
1


/
. ( 71 ~
notre cl1e1nin; 1nais dès qu'ils feront les
111aîtres de cetre fortereffe , leurs \1aiifeaux
joi11dront décidén1ent ccux ·de la France, &
les deux flottes co111bi11écs auront par·tout
la f u périori ré.
Depuis· que l' Amiral Rolf a été rappellé
dt1 Texel pot1r joindre l' A111i1·al Howe, on
affL1re qu'il a été décidé. par ~los_,Minillres
' qu'on ·re11onceroit abfolut11enr au projet d'avoir
une eCcadre dans Ja 111er du Nord; il ·
cft en effc.t dé111011tré qu'il ell: i1np'ollible
d'employer à ce fr.rvice 14 ott I 5 vai!feaux
de lig11e, & d'avoir en n1ê1ne-tems dans la
1v1anche une efcadre capable d'en i1npofer
à l'enne111i , de pt·oté~er 11otre co1n1nerce
& de fecourir Gibraltar. On 1·alfe1nole tous
ceux que l'on a pu pour fortner Ja grande
efcadre , & il 11e i;efre à préfe11r aux Du11es
que 1'0céan2
, le ' Bujfàlo, Ie · Rippon, le
Panter,, le Dromedary & l'Alcmena.
~' L'obligation, dit tin de nos papiers , où nous
· avons ité de fournir d'hommes nos vaiffeaux de •
guerre par la voie de la prctfe, nous a tellement ·
épuifés , que nous nous trouvens prefqu'cnrièrcmcnt
privés de Corfaires. Nos principattx
ports qui au commencement de la guerre a·tcc
1·Efpagne fournilfoicnt jufqu'a 30 ou Af.O Corfaircs,
n'ce ont pas Mx aujourd'hui, de forte que nos ennemis
peuvent continuer fort tranquillement leur com•
merce , ou s'il éprouve quelque contrari~té , c'cfr
Ur1Îqucmc11t del~ part des Corfaircs de krfey & de
~ucrncf~y , ou de 11os vailfeaux ele guerre. Hier
il cft arrj~~ à la rade de Buotifland , en Ec:offc , la
frégate la Billt-P oule, Capitaine Pei ton , que le
Y.C:llt empêche aujourd'hui dê partir pour Portfmout~
• '

I

1
i
4V/;.NU

-
--
-
\




• - r 11 l
Elle avoit fous fo11 convoi J tranfporcs avec èfcl
trot1 pcs Allc1nandes au nombre de 1800 hommes,
& éc oir partie de l'Elbe, de conferve avec les frég
ates l' Emeraude & le C J clops & 19 tranf ports, 1+
de(quels l'avaient ~uittle avec aeux frégates, leur
defiination . étant pour le No cd. On afiurc que ces
trot1pes étrangères doivent paffcr aux Indes. Cc font
le·~ p1 e1 rliè res qui foient venues dans le F'rith depuis
la révoluti00 de 17 4 f.
011 efi: toujours fart inquiet des pre111iè1·cs
11ouvelles que nous atten ons de l'lt1dc.
Sil faut en c1·oire nos papiers, !,Amiral
hlughes a écrit de fa ftarion qt1c, f uivant
l'opinio11 gé11érale, les François s,occupoicnc
du projet d'attaqt1er Ben col en, qu,ils emporreroîent
avec facilité, à inoins que JJlefcadre
Angloife ne fûc a{fez l1eureufe pour
les battre ava11t l'é\.·èneme11t : il fau·droit en
eftèc qu'elle jouâr d'un gr311d bonl1eur; car
011 fait que leur efcadre ell: ttès -fuj1érieurc
à la nôtre ; 1nais ce t1'~ fr p~ s en core de
cela do11t i ~ s,1git : il feroic i11rére!I:1nt d'apprendre
ce qu'ont fJit nos ennen1is depuis .
leu1· arrivée à Colut11bo, ce qu'efr devenu -
1, Amiral Hughes, s;il a réuffi à quitter Trinque1na1lf
& à fe 1nettre en sûreté avant que
les Fra11çr1is J.Îent pu l'at-raqt1er.
Le Chevalier Hyde P· r~er doit relever
cet A111iral ; il s'en1barquera fur 1e Briflol,
de so ca11ons , & prendra les vailfeaux de
la C1 'n1pagnie a cs Indes fo11s {011 cfcortc.
l e Co1nin0Jore Bick rffo 11 'efi: peint rappellé,
co11 me 011 l,a dir; il fervita en qua·
. tiré


~u---------
e


. ( 73 l ~ .
liré de Com111andant en fccond fur l'cfcadrc
du Chevalier Hyâe Patk:er.
o·aj5rès le plan du Capitaine Mac-Bride;
on prend des bâtitnens da11s les principaux
porcs ·de l'Irlande, pour fervir comme allèges
à t1·anf porter en Angleterre les corps de V olontaires,
qui font co1npofés de 1 50 hommes ·
chacun : ceux de Dublin fo11t en dépôt danl
la baie de cette ville, à b.ord de 1, Artois,
& ceux de Corke & des enviro11s fur la
licorne. .
Il eft arrivé ici trois Parlen{e·ntaires pour
emmener les priConniers A:111éricains. Le
Gouvernement a donné des ordres pour les
. faire habiller tous co1nplecreme11t , avant
leur embarquemc11t pour l'A1nérique : 011
ne veut pas qu'ils y arrivent avec les l1al:iits
fous lefquels 011 les a Jaiffés pe11da11t toue
Je te111s de leur prifon , & qt1,il auroit été de
l'l1t1manité de re11ouveller l'l1iver der11ier ~
qtt'ils 011t beaucoup fouffert du froid; nlais ces
habits a&uelle111ent fcroie11t ufés , au lien
qu,ils feront rieufs à leur arrivée, & pour~
ront donner une idée d-e la généralité Brita11nique
, qui dans cc 1noment agir moins
par l1u1nanité que par ''a11ité.
,, Les n1atclors que cc Royau1nc doit fournir à la
Grat1de-Breragne , écrit·on de Dublin , font aa
nombre de 2.0,000; mais les levées, quelguc foin
gu·o1• y mette , ne (c font qu'a\ .. cc lcrltcur, & on ne
croit pas qu·on puillè en faire partir une partie avant
le t 5 Jt1illet au plutô~ ; en foi1r11iOEant ces matelots 9
il fcmble que 11ous devrions avoir le droit de nommct
leurs Officiers ; ~ il paroît que la Nation va le ri~
1 J Juillet 178 2. d


~ ·r 14 '
cl3mer. La manière noble av.ce laquclfe M. Pit'Z•
Pat11 1', sc~r~cai1cd 1 LordLieutcnar1t, s'cflcxp11mé
danc; i1ocre Cl1amb:c des Cou1muncs , le 1 + de ce
mo s, rclarivcmcnt à la motion de . M. Gardner•
• fO'.!r .acct>rder 5oco hommes de trot1pes réguliètcS
a la Grande-Bretagne , mérite la rccon noiflar1cc de
11otrc Nation ; qt1oiqtiC la Cbamb c parl1t convenir
que ces troupe~ (croient foldées par l'lrlar.dc, il
remarqt1a que le plan aéluel du Gouvernement écoit
l'é~onom1e & !'épar gnc > & que d1aillcurs la G. B.
paycro~t veloncicrs des crou1 es qu'on lui otfcoic
génércufcmcnt ''·
La 111êlne f éance , du 1 4 de ce mois , dLJ
Parlement de Dùblin , offre -des parcicularirés
curieuft s. Quelque faristâél:ion qu~
notre Mi11illère aK voulu dot ncr à l1lrla11de
, il paroîr qu'elle n,cfi: pas encore
conc-e11te , & quJt'lle cra111t que rôr ou tar~
les ter1nes de cet accom1no,ïe1nenr ne fi ient
enfreints. Elle veμt qLte la G. B. s'explique
far.$ éql1ivoque ftJ r la ma11ière do11t elle
prétend confidérer 1' Irlande da11s les rapporcs
mutuels qui unitfe11t p0litiquc1ncnt les dcur
Royal11nes.
L'Irlan,~c a raifon de rcgarller fon in,j~p,nda ce
comme reconnue, depuis la r~vocation de l'atlc cla
la 61ieme- année de Geo? gc 1. De cet ir.ftant, elle
rentre ~an§ fon droit de fa! rc feule fcs loix ; elle 11c
fCl1t do11c être liic par celles .Je la G. B. Cette der•
nièrc ne peut donc en faire a lCORc qui la regarde.
Ccpc11danc dans le bill palf~ récemment en Angfe ..
terre à l'(ffct de pcrmcrr c le commerce entre les
Etats Eu rop~cns ,.e S. M. en Eurof e & certaines
lfles de~ Jndc~-OccidcnraJcs , l'Irlande ctl nemmêc
tx ~"rcfl~mcnt. '" 1·ai ~t~ fâché , dit M. Grattao.
ë!c troavcr 1·1r1andc ain1i plac~c parmi les autres

-~·----------
'
,
' ,.
l
'

..
. ( 7 s )
domaines quc"pofcèdc S. M. en Europe. Cc ne peut
être qu'une faure de Commis; j•ai trop de confiance
dans l'honnêteté des Mioifircs allucls du Roi, pour .
pcnfcr autrement. Mais je n'en dois pas moini
obCerv(t ici que dès que l'Angleterre a renoncé aa
droit de faire des loîx pour 11ous, Je nom de 1·1r ..
. lande, placé dans cc bill, eft une atteinte portée à
cette rcnonc1~a· c1. 00 c~.
M. Flood , en approuvant l'obfervation de M.
Gratcan, en fic d'autres fur un poinr plus important
encore. Après avoir renoncé au droit de fa~ rc des
loix pour 1·1rlandc, l'Angleterre a non1mé l'Irlande
pa1 mi les Domaines de fa Couronne , p<>ur Jefquels
elle fait des loix ; en rcndanr a11x Pairs d'Irlande le
droit de juger en dernier rcffort , clic a exc. pté les
cas d'appel dont Jes Pairs de la G. B. font aétuellemcnt
fa1U"· Si l' Anglctcr1 e ne continue pas de s•ar ..
1oger lé droit tic connoîcrc de ces cas patticulicrs
dont elle cft aél..:cllemcnt faific , pourqu<'Î a-t.clle
fai t cette cx ccptton? En quoi diffi~rc-t-el!c .do,nc anjourd'l1ui
à notre égard de cc qu'elle étoit av.anr les
conccfficns qu'elle a paru t1ous fa ire hier t Sa
foi , nous dit-on , tft fondée fur la foi de~ Nat1011c: :
je ne :vois point d•Etat en El1ropc qYi n'aie la même
sûreté 11'/.gard de tous les autr(S ; je les vois ccren·
danc p blaC'r rc;us les jours àcs manifcflcs , faire la
gt!crre à outrance , d~r ruirc des millions d humains
au m~pris, de C\:ttc fci tlec: Nations qu·on nous d 'nne
pour g~rantc. la foi de~ N i tÎor.s efi un grand mot t}UÎ
fonnc pompcufc1nent à l'cre=t!e, & fai1 n1emc quel·
qu'ill• 6on d;.ns un mémo;rc <!it !omatiquc, n1ais je
~oud roi s connoîcre le Tribt oal auquel on peut la
citer lorfqu'clle s·~~aic de q el 14uc pe: n3ie. Cc
Tribut al, c'cft l'épée! De. x Natio11~ gou" crné~
s Far le même Souverain ne oi \•eor poi11t s'cxpofer
à la .a1éceffité de cc~ l1orriol.:s appel~ ; elles doivent
au contraire fc m~nQ ~cr tou~ les n10)1ens de
n'avoir à appcllcr de tous les cas· potîiblcs 'lt1'à la
d J.
;

• -
'

-

\
-
-


\


l ( I 6 )
loi ; mais pour que ces ~ppels aicÔt lien il faÛt que
. la loi cxific ' qu'elle exifte donc, qu·clle Corre dll
double Canéluairc des deux Parlcmc:ns ; fulfé-jc le
fcul de mon avis , je fouricodrai contre en millioa
. d'adverfaires que 11ous n·avons de sûreté qyc dans
une 1 oi pofi"ive. Il 11ous faut une sûreté ltgalc •
ce n'cft pas la France, cc n'efi: pas l'Efpagnc ~ui
vous donnera ~ette sûreté; fi vous avez. jamais ~es
traités 2 former avec des Puilfance~, alors vous ferez
, fur la foi des Nations aacant de fond qu'il vous paroîtr'
Cage de le faire: avec l'Angleterre c·cft toute
at1tre chofe; les fl1jets d'un même Souverain doivcnr
avoir pour lien une loi commune; cette loi fera
votre sî1reté dans tous les cas , même en fupporani
qu'elle fcroic \'Îoléc par la l"Jus forte (les parties contraèlat1t~
s. Oui, je Cupp~>fe q•Jc cette loi commcne
Ut1~ fois paffée, l 'Angletcrrc par tln de ces aél~s de
. rerfidic ' cap~bl~s de faire defcendre fur elle la vènge;
ince du Ciel , érendroit encore fur vous le bras
de l'opprefiion; il n'eft pas une Nation de l'Europe
dont ·la générofité naturelle, jointe à l'intérêt que
vous infpircz , ne farn1ât u11c confédération poar
vous proté~er contre les attentats d'un peuple que
le Touc.Pui~ant, da.os fa juflc co!èrc, abandonne •
.roit au fer vengeur des cutrages faits à J•humanitr.
- Songez. y bier:i, cc momenr-ci cft celui où VO\ll .,
i>ouvez déracil1er l'ancien préjugé de 1 ·Anglcrec[c;
ft vous ne le faififfez pas, il eft perdu pour jamais.
1 e fais doi1c cette 1notion : >:> qL1e l'on conf u ltc
les Juges dt1 pays fur la q uelli~n fuivante «. La
ré'Vocation d'un Ac1e déclaratoire~ inttrprétlt ilans
le fens lég,1.l _, efl-ellt une renoncitztion faite na
principe légal flLr lequel cet Aéit die/aratoire ltoit
fondé? S,il eft poffihle d'obrcni1· une fécuritc l~g3!0 1
i"'OUrquoi 1'1 rejetteriez-vous? elle n'ptcra ric11 à celle
que vous offre la foi de J•Anglctcrrc , 8t fi vous
po..ivez avoir deux sûretés , pourquoi vous contcn.
tc1iez.-vous d·unc feule ? Très.çcrraincmcot ;e refil
hr.
ic fun
h(t ~
d
'

'
t ,, '
P.Cllc t· Angleterre ·autant qri•it m'èfl: polfibic de rcrr
pcélcr la nature humaine ; mais ~-r-0n jimais Vl! u11e
Nation quelconque renoncer vo~ontatrcmcnt a Ull
pouvoir qu·~t lc s'etoit acquis ru.r t:llC autre Nation?
J•Hifioire ne four1~ ic point ccr etcm p l~. Comn1ent
.voulez.vous qtte je fuppofc à l'A11gleterrc une vertu
f t1périeurc au degré qu'en con1porte la natu1·e hu~
• mëltne '•) • -
On efr fort curieux de favoir comment
fc ter111inera ceHe affaire ; on fair que lo"r(que
le bill qui révoque l'aéte de Geor~e 1,
pour n1ieux affurer la dépcnd:ir1ce de l'Ir7
lande , fut lu pour la troitièn1e fois dru1s
la Cl1ambre-Haute, le Co111te d'Abi11gdon
es témoignant la fatisfa él:io11 qu: il a voit de
la révocatio11 d ! cet aéte , aj0uta que cependant
la G1·an~e. Bretagne avoir encore
des droirs, qu'elle i1e dev t. it ni abJndonner
ni négliger. Il annonça en 111ê1ne-te111s le deG
fein qu'il avoir de faire 'une 111otion pour
affurer les droits relatifs des d~ux pays. Cette
inorion , aj~ura t · il, eft de la plus gra11dc
imporcance & digne de. l'attentio"n la ·plt1s
férieufe; mais j,ignore li je pourrai la mettre
fur le tapis a\'anr la fin de Ja feffion aél:uelle >
cela déEend de fa durée. Ce fera du inoins
u11 des pre1niers objets des délibérations de
la frffio11 fui vante , ou fi le Parle1nent efl:
diffous , de la première ftffio11 du Parlc-
111c11t futur. · ,
Le 19 , 1<1 Chambre des Communes ay, nt délibéré
fur les fullfi llcs , réfolut qm'on accordcroit
5 0 2 I liv. fi. 10 fcheJ., pour l'étC&bli!fcmcnt civil de·
la nouvcl!c Ecolfc en J 7 si. 15 3 6 pour la Georgie,
d ;

'
'
IU.tJUIJ41J-- --- -·-----


'
,

. ( 78 J
3 9 50 peur fa Floride - Orientale , 170~9 po•r là
Floridc-O~cidenralc en I 77 9. J coo pour l'ifie Cie
Sl Jean e11 i 7 81.. 7 3, 70 5 pour pcnfions dep11is le 2.,
Janvier 178 1 , jufqu•au, 2..9 Mars 178 i., au1 Am~.
ri ~atns rét.ugiés , 1, fOo,ooo po:Jr a? der à pay c:r les
dettes de la Marine, & 1 9,000 pour falairc & compenfations
aux Commi1laircs des comprcs publics.
- Le 10, M. Fox remit à la Cham~ rc un m lfagc
de la p~ rc du Roi, pt>rtant en fubftaocc que S. M.
fe confiant at1 7.èlc &. en t •affiftaL1cc de fcs fi èlcs
Comn1 1nes , te 1 erf uade qt1'elles la m'ttront en état
<Je f ubvenir aux déf et' fc exrraordi11ai1 es de la guerre
qui peuvc .1. t fu rveni r pent1ant le~ v ac at1ces du l'arlcmcnt.
L'ex:imet1 le ce nlc'tf.qgc ft1c 1emis au Jeridcmain
, ·& le refie de 1 ri . (car· ce Ce bo. na à la rédac-
1•00 'un btll , pou1 Ja f11 ppr effio r1 de plt1ftcurs emplois
Înt1 riles , & à l.a pt:1 mitlion pour un certain rems de
l'entrée dt1 rab2c cru de l'Ecuffc.
. Le Major Rolf, Aide de- Camp du Lord
Corn,valJis , ell: de retou1· de l)aris. On affure
que fa co111111itlion a été l'écl1ange du Lord
Cornw:lllis, dans lequel il a , die-on, réulli;
mais 011 ignore qt1el Offi cier norre Cour
n1ettra e11 liberté. Ce Lord aya11t paru dans
la Cl1 t1;hre des Pairs, a rcçt1, à cetre occa·
lion , les co111pli t11ens de iès a1nis .• ~yanr
é é e11 fl ire 2 Sr J a1nes, il y troltva le Général
Cli tJt (>.1 ; mais la rencontre de ces deux Gé-
1at1x fu r précifément telle que celle de deux
perfo1111es qui ne fe font ja111ais con11ucs •

FR A N CE .

D~ YB R s :4 ILLE s, le 9 Juillet.
\ M. de Pontcarré , ci-devant no1nmé par
le Roi à la place de premier· Préiidcnr du
.. •



t
1
• j
1


( 79 ' . .
~arlement de Rouen , prera lè ;o du mois
dernier , fer1nenc c11 cette qualité e ntrt: les
mains de S. M •
~1. ~!entelle, Hiftoriographe de Monfeig'
1(Ur le Comte d' Arcuis , a voie (U la
\ 1eille l'ho11neur de préfenccr à ce Prince
fon Ouvrage fur la Géographie ancienne~
moderne de l'E(pagne , avec une Carte Efpagnolc
de D. Thomas Lopez , fur laquelle
eft tracée la route de cc Prince ( 1 ).
De P .A. R I s , le g Juillet.


ON attet1doir avec impatience la 11ouvelle
de l'arrivée da11s nos parages de !;armée
combi11ée fortie de Cadix le J 4 du 1nois
der.nier. Un Courier venant de Brefl aapp·orté
la lecc1·e fuiv,nre de M. le Comte de Guichen
à bord d11 Terrible, en iner le 2 7 Juin •
. ,, J'ai 1·11onneor de vous rendre comprc qttc l'Ar•
méc combin(c n'a eu, depuis le départ de Cadis: ~
que (je t rè ·petits ve ts qu; ll1Î at1 roi nt cependant faic
faire ~ne a!fcz conr te tra:vcrféc, ft :& l'c11tréc du Golphe
ils ne futfcnt devenus cont:aires. No ~· s en avons
éc~ dédommagés par la rcr coiltre d~t1nc fl otte ennemie
que nous avo11 a p 11cr~ue le 2. 5 JL1in par Jes 47
de~. ~ 6 min. de Jar. Nord , & les 1 5 deg. 50 min.
à 1·ol1cfi dlt 111é ridien de Paris. Cette fi t, tte, com ...
poféc tic i 8 voiles, étoit cfcortée par le vaiffcatt Je
Portland~ de so; les frégates 1·0ife11u, de Ji. ; la
( 1) 11 n'y a c11corc d'imprimé que la defct iption des Provinces
& des V illes. Cette partie ai r1fi que le T :& bleau & les
C:irtcs paroîtront dans un mois. ()n t rouvera le tout clic&
M. Mc11tclle , rue de Seine , Hôtel de Mave\1ce. ,
. J ....

,
I'

fV'4UI ;J-fU


. ..,

r ao ' .
Danaë, de 14, 8c le bric" le Merlin. Elle ~toic
defiinéc pout Je Canada & Terre-Neuve. Nos fréga·
tes 011t pris 18 bâtimcns, mais elles n'ont pu joi11-
dre les vailfeaux qui les cfct>rtoient cc • •
Le convoi pris eft entré à Breft & con!iftc
clans les bâtin1e11s fuiva11s :
Les brigantins le Jennefay, de 150 tonneaux »
Capitaine John Stcvard, chargé d'eau-Je-vie, fcl, &a,.
· I 2. l1ommes d'équipage. Le C ommercio, de 1 ~ o ron~
cau:x ~ Capitaine Edottard l'ritcl1ct, cl1argé de viYres,
1 o hommes d'équipage. Le Q celè:l1e l'Àigl~ •
de 3 oo•tonneaux, Capitaine W ilian1 Croncs, chargé
de vivres, 3 6 h0mmcs d'éguipage. Le bricq Juan,
de 170 ton11caux, .chargé de vivres, 1 i. hom1nes •
.. La goëlette logo, de 40 tonneaux, Capitaine J ofcpb
~ickguen, chargée de vivres, 7 l1om·mcs. Le Canada,
à crois mâts, C•pitainc John Karokins, dei. f o ton~
eaux, chargé de ~i"rcs. La Maria, à trais macs,
chargée de vivres. La Jenrzy , Capirai12c Williams,
chargée de vi vrcs, 14 homn1cs ~ Les bricqs Qin.fton,
chargé de vivres, 16 hon1mes. ~e Gareland, Capitaine
Robert Prour:, 11e ton11ca\1J, char~é de vivres.
Le Li'V~ly, chargé <ie vivres & vins, 9 hommes. Le
Charak, Capitaine James W.allarche, 15c tonneaux,
chargé de vivres. La Pro'Videnct, C:ipitai11c John
Ebiter, chargé de vivres. Le Nancy , Gapitairic
~ho1nas Cawly, chargé de vivres, 12. l1rm~cs. La
Magdeleine, Capicainc Bo~1 kJy, cha :gé de vivres,
12. hon1mcs. Le Sc-George, de r oo cont1eat1x, cl1a rgé
le viv1cs , 11 hommes. Le bateau i·AmiraL-Camphel,
de 70 tot1oeat1x , chargé de vivres, 8 l1ommcs. Ec le
l>ricq Hermicli, Capicainc David NJnncy, ch41rgé
de vivres & vins, Il. l1om1ncs.
011 ne doute pas qt1'à l'arri,1ée de cette
nouvelle i11tére{ftnte , M. de 1 ~1 Morhe-·pj.
qucr qt1i éroit prêr , ne Cuit forci avec fa
divili0n pour rej0iÎ1dre l,ar1116e co111bi11éc
i

.,
'

'
1
l 81 ) ,
ql1Î doit ~rre aél:uellement forte de 40 à ~2
vaiOEeaux de ligne : l'efcadrc Angloife, fi
elle eft réellement forcie le 19 ou le ;o
du 1nois dernier , n'aura rien eu de plus
pr.effé qt1e de rentrer dans fes ports. On la
dit forte de 2 8 vailfea ux de ligne , parce
que la diTilion de l' Ainital Ilo!f a dû la
joindre:
M. le Marquis de Bouillé après s1~tre
repoféquelquc cems à Rochefort, où il a débar:
qué, efi: venu à Paris; le 2 & Juin il a été
préfcnté au Roi qui s'ell e11tretenu :ivec
lui pe11da11t t1ne heure & u11 qt1art , & qui
lui a appris qu'il l'avoir fait Lieurena11tGénéral.
On dit que ce brave Officier rctot1r11era
aux IOes. .
Les lettres de Brefl: de la fin du moi~
dernier, nous a_P,prenn~nt que ·le 28 Jes
co11vois de Nantes & de Bordeaux avoic1~t
mis à la voile fous l'efcorte de la frégate
}>Andromaque , qt1e Je 26 , M., le, Comte &.
Madame la Com~lfe du Nord croient arEivés
dans ce port , où le lcnücmain on
leur avoir donné le Iimulacr d'un combat
n·av:il da11s la rade ; le lendemai11 ils · virent .
Cn:.1 uffer & cnâter un vailfeau , & vifitèrent
ia S 1 le des modèles de . l' Acaàé1nic , là
êotnédie , &c.
Les n.J uvelles de l'J11de, répandues dernièrement
, & qui enfuire fe font oul:>liées
& rc11ot1vellées Cucccffivcn1ent , femblcnt
reprc dre at1 jourd'Hui ; on cire une lecrre
de M. Sicard , de Marregues en Provence >
d j ,



-



( 81 ) •
Officier auxiliaire fur l'efcaàrc de M.
d'Orves , & adreefée à .. fa femme qtti de-.
meure à àtlarcegues. Cet Officier après Jui
avoir parlé de la défaite de l'efcadre Angloifc
dont on a pris, die-il, J vaiffeaux, J frégates
& J. 2 tranfpo1·cs , & de la reprife de
- Trinque1nale, .ajoute qu'il a eu le bo11hcur
de fe conduire dans cette aétion de maDière
à mériter l'approbation de fes fupérieurs
qui lui Clnt pro1Ris de s'inrérctfcr en
fa faveur pour lui procurer de l'avanccn1cnc.
Cette lettre, ajoltte-t on , eft venue
par le Levanr. La conftance avec laquelle
<>n revient fur ces bruirs fcmble l~s accréditer,
ils fo11r fans doute vraifemb1ablcs,
& s'ils f onr v1·ais let1r confirn1ation 11e Cau·
roir tarder encore long-teins.
, ~Des dépêches de O. Mathias deGalvcz,Pré6dcnt
& Capitaine gént• al de G ~. atimala-, reçues Je 1 3 Juin,
écrit-on de Madt td, nou~ appret1ncnr 1uc l'Inc de Roa·
tan i 'cfl rendue à difcrétioo ainG que fes forr~, garnifon
& hab•tans, auT armes f'.ie S. M., comn1and~c1
par le Capit~in~ gé1' ér1l. le J Mars, il (ocrit dtl
port de Truxi!lo, une cîca<ire co111poféc des fr'·
gates de guerre Saintt-Mttt hilde, (gui étoir la
commandan e, at1x ordres de D. Miguel ·i\lfonfo
de Sou fa); la Santa- Cecili~. au'I orJrcs de D.
Andres Tacon; Je cor "a1 r~ la Purijflma-Copctption
('-autrement t•Ant~opt ) a ·ec 4 chaloupes canon·
nièrcs & t 6 bâr;men~ de rno1ncJrc force , ayant • à bord fcs Com \»agni~s de Grenadiers & ac Chaffcurs
du b:ita~ ll ~n d'li1fantc1 ie de G uatimala , &
600 hommes de lvl1licc, avec leurs Qffi(icr5 rcC.
pcélifs. I .e I .f, à la pointe cfu jour, l'efïcadrc fc.
trouva aux euv.irons du pôrc de Roatan, qt1'il fi1Juc .. ' . '
I
• -
;
,


..
!4
'
'

• ..

, ( 8~ l •C .
calier reconno~trc, attendu qu•if eit dangercμ~ ; 8é
qu'on n'a voit à bor<l aucun pilote-pratiq~c. , auquel
4'D pût fc fier pour en approcher ou pour y e11trcr. A
1 o heures du matin vn dépêcha D. Enri~uc. Mactionell,
Capitai11e de frégate, pour f()mmcr le Gouverneur
& la garnifon Je fc rendre à difcrétion,,
avec pro:nclle de lct1r confervcr les honneurs que
les circonfiances pou voient permettre, cette démar·
• che n'ayant d'autre objet que d'éviter l'effufion du
fang. Ils demandèrent 6 heures pour délioércr, &
on les leur aècorda; mais alors ils répondirent qtt'ils
étoicnt déterminés à fc défendre ju'fqu'à la dernière
extrémité. Le 1', à la pointe du jour, on fit fignal
aux vaitfcaux de fe réunir. A 8 h{urcs du matin, les
frégates la Mathilde & la Cécilia, Cc trouvant au~
deux tiers d'une portée de fulil vi~.à vis des forts Be
des batteries de l'ennemi, la Mathilde, à bord de
Jaqucllc étoit Je Général, commença fon feu à IO
heures & demie; il fùt fuivi prcfqu'autlitôt de ccl\1i
de la C ccilia, & Cervi avec tant de vivacité, qu'à
1. l1eures de l'après-n1idi les ennc1nis évacuèrent
leurs principaux forts & batteries, appellés le ForcGeorge,
le Delparci & Je Dalling, & Ce réfugièrent
derrière + autres batteries qu'ils avoicnt ft1r des'
liaureu1·s, d'où ils continuèrc11t un feu très-vif. Le
débarquement ayant été ordo11né, il fut effcélt1é fans
perdre de rems par lc:s 2. Compagnies d'infanterie
de Guati1na1a 8c par qt1elqucs troupes es vaiffcaux ;
les Milices débarquèrent enfui te, & l'on 'empara
des t rois forts ahandona1és. Q uoiqt1c t•artil lcric fût
enclouée, on trouva né~nmo ins le moy(n de la
mettre promptement en état de fervir, & on l'emp.
loya avec le plt1s grand fuccès contre une des batteries
voifines. Comme nos autres barreries leur
caufoient tot1t autant de dommage, les Ang lois
arborèrent e11fin drapca\1 blanc. l e feu ayant celfé
des deux côtés, on vit approcher un bateau avec
1 Officiers qui demandèrent à capitt1lcr pour' la gar-.
d 6
-


IU4U/IJ..fU--
...

• ,
~ ~ 8 î . t•i1 •1. .,.o n -~ 1e ~ 'n~ abitans : ce4l a leur fut rcfuf~, &: aa
leur r~ponciit que s'ils fc rendoicnt à difcrétion, ils
feroie11r traités avec hum1oicé & honnêteté. Toute
la garnifo11 fe rendit le I 7; les f oldats &. les habita11s
de l'lfl..! furent faits p1ifonniers de gt1errc, &:
defiinés à paflèr ~ la Ha vaae pot1r y êcre échanges.
On mit Je fca à tous Jcs édifices de la ville, 8'
Jes forts furent démolis pour qu'ils ne fc1vîlfcnt
plus de refuge à perfon11c. A peine les efcla.vcs
11ègres apperçure11t ~ils l'a1 m~e Efragnolc , ~u'ils
volèrent leurs lvlaîtres & s'enfuirent .dans les bois;
mais or1 détacha quelc;ues piquets pour les pol1rfuivre
0\!1 les détrlaire, de forte t}U'on en avoit déja
~rrêcé plus de ;o. Ct:tte Ifie avoir rlus de troupes
IJU'on 11c l'avoit cru d,abord ; mais malgré leur
nombre 8c leur 1 éfillancc, nous n'eûmes de notre
côté qu'on Grenadiet' & tln Matelot tués, & 4 hom·
mes blctfés. Le Général a fait les plus grands éloges
des Officiers & des Soldats, ai11fi que des trourcs de:
la Marine. D. Matl1ias de Galvez promet une rc!ation
plus détaillée ; qu'il enverra i>ar un fcc6nd
.Avifo, avc:c la li fie des pr1fo11oier5 & un état des
~ffet!. Au furplu!, il fc difpofe ~aller foutcnir u11e
autre exp!dition de plus de 1000 11omm:s, partis le
f Mars pour déloger Jes en11cmis de !curs pofies:
fortifiés, & principalement de cel ui de la C1iba •
dans le continent de Honduras. S. M., pour rcnd1 e
graccs à Dico de cc f uccès, a ordonn( qu'on cbantat
fc Te Deum dans fi ch•pcllc royale, & qn'il y eût
des illun1inations pchdant trois jours ''·
. Mo11feig11eur le Comte d' Ai·rois cfr parti
le J de ce tnojs pour Madrid & a dn couther
le même G~ir à 01·léa11s. M. Je Duc
· de Bourbon fe n1ettra en route dans quel-
ques J• OUrs.
M. le B.1ro11 de Vio111efi1il , M. le Vic.
ointe de La val , & les autres Officiers qui
retournent en Ainérique fW" l'.Aigle ~ ont
-
...
1uiru1;.1q.u----------



. ' . . ( SJ ) . quitte Paris au commcnce~nent de ce mois.,
Le -corfairc le Commandant de Dunkerque,
Capitaine Ripner , a envoyé le 2 f
du inois dernier à Boulogne un cutter Anglo1s
de 50 tonneaux , aJJmé de 4 canons,
2 pierriers & 6 hommes d,équipage dont
il venoit de s'e1nparer.
Le même jour il entra dans le port· de
DunJ<:e1·que le floop l' Aventure de· 70 tonneaux,
Capitaine James Studdart; ce bâti~
1nent chargé à Hltll de bois de conftruc~
timn pour Whireby , a été pris le 6 de ce
mois près de Sunderland, par le corf.. . ire
de Dunkerque le Fantafque, Capitaine Ja-.
cobus Dron de Flelling11e.
Les nG>uvelles qu'on attendoir de Ge11è\1e ; ..
f 011t enfin arrivées le 4 de cc 1nois à 1 o
heures du foir; elles 011t ~té apportées par
un Courier expédié par M. àc }Jucourr.
Ce fut le 2 9 Jt1i11 , à 5 heures dt11nari11, que la
ville fur fo1nmée d'ouv1·ir (es portes; 011 lui
donnoit 5 heures pour méditer fa répo11fe ;
elle en dema11da 24 qui lui furent accordées",
fa11s cependa~t fuf pe11dre les préparatifs
pot1r la réduire de vive force, fi elle
ofoit faire de la réfitl:ance; les F!·ançois devaient
arcaquer u11e porrc , les Suiffes u11e
autre, & les troupes de S1voie une tl·oi!iè1ne;
le ; o , un 1~ou veau délai ft1t dema11dé par la
Ville & accordé par les Gé11éraux; après délais
encore accordés à la p1·ière des Syndics , l'a~
taque alloic co1111nencer lorf que l~ 1 ae ce
n1ois, à 5 het1res du niatin , les portes ont éré
ouvecces. Une trentaine d~ Repréfe11ta11s s'6~
..




t 86 )
toient fa11vés fur un petit bateau, & an a dépêché
ap1·ès eux. Les troupes une fois 'dans la
ville tout aéré tranquille; & on va s'occuper
·à préfent des 1noye11s d'aif urer le repos & la
liberté des habitans. Il faut croire que cec
évè11ement, dont l'ifftte prévt1e ne pouvoit
~rre autre que cellè qu'il vient d'avoir>
merrra à l'avenir ]es citoyens e11 ~arde con- ·
tre l'efprit de d1fcorde & de faétion.
. La maladie connu~ fous Je 11om de fi~vre milliaire
ou fuettt , écrit-on de Sarlat , s'cft manifc1\:ée
ici datts le mois de Mai : elle y a d'aboîtl été bé11i ...
gce. Le 8 de cc mois' elle en devenue graYC ac
1naJig11e ; huit cents rerfonncs ont écé attaqu~cs
prcfqt1e en même-remps, & quarante-une ont été
e11levécs dans l'efpace J'une fcmainc , tandis qu•ordinai
remenr il 11' e11 périt chaqt1c année qu'environ
foixa11te. Le fteur Brunet, Médecis1 n1iliraire & orEiin~
ire de l'H clpital Sainr-J ac9ucs de l:ouloufc s'y ..
cft rer1du le 16 fur !•invitation des Capitouls à qltÎ
les Officiers Municipaux de Sarlat avoieot demat1dé
un Mé,f~ cin qui cûc [uivi cette maladie. A fon
arri,·ée, il y avoit encore 600 malades alités , dont
plufieurs éroient moura11s, prcfql1e tous avoient reçu
le Sair1t Viatiqttc, & un grat1èl nombre l'ExtrêmcOnélion.
Le fte•1r Brunet affure que cette maladie
n 'efr rien en foi, ci 'il ne faut pas s· c11 occuper; q\le
pour ~ 1~ 1·ir il Cutfit <le forti r du lit & de rc~pircr
un air frais ; at1 mê1ne 1nfi:aAt , ces 600 n1aladcs fc
lèvent & font guéris. 1 l prefcrit à ceux qt1i pourroie11t
en être ~ttcints de ne pas fc coucl1cr, & avec
GCttC metl1ode, CC\JX CJllÏ en ont été atraq ~5 depuis
n'ont prefquc pa été malades , qt1oiquc couverts
d'éruprio11s. Dans la Vil le de Domme, & dans
u11e vafie .Parciffe dlt vaifi11age, où la maladie n·avoic
paru que depuis dct1x jou~s , & avcit déja
moilfo né p!u{ieurs perC"o1111es , la même méthode a
éa le même iuccès. Le 1î:ur D.ruoet 11'a pas feu-
I
lft,J-i-:::J"lf".J __________ _
,,

....
- I 7 s7 ) , ,
lcment en la gloire de rendre la fant~ aus malades
& aux mourans ; il a encore reodu le calme &--la---~
tranquillité aux cfprits abatttl$ par la terreur & la
(011ftcrAatÎè>n : tOUtC CCCtC rév.olution 3 cté }'ou... ,
vragc d'une heure. Ceux qui en ont été témoins ont
encore de la pei11c à la <;oncevoir.
On a vu dans le Journal de Paris, la
.relatio11 d'u11 évène1nent très-extraordinaire
arrivé à Caen ; une fille âgée , gralfe. & .re- ,
plette, vivant dans la retraire au 111ilieu
d,une troupe d' ani1naux do111efiiq'"ues qui
faifoient fon unique fociéré, fur trouvée
brûlée un 1natin; M. Merille , Maître en
C l1irurgie à: Caen , nous adrelfe la lettre
fuivanre fur ce. fuj et. .
>•En qttalité de Chirurgien de qttartier pour fairé
les procès-verbaux, je fus requis le 3 du mois de
Jui°:, par les Gens du Rt1i , pour faire le procèsverbal
du cadavre de Mademoifclle Thuars, qu'on
the die avoir été brulé : je trouvai le cadavre da11s
la cl1em1née , le Commet de Ja tête appuyé contre
l'un des cl1e11cts , à dix-huit Rouccs du contre-feu :
le refl:c du cerps obliquement lacé deva11t Jadire
cbeminée. Voulant palfer à i·exame11, je fus furpris
de ne trouver qu'u11e malfc de cendre ; les es les
plus folides a voient perdu leur for111e & leur conftflaoce
, 8c n'étoîcnt recont"Joilîab1es fous auct1n rai>:'
porr , excepte le coronal ; Jes deux pariétaux , deux
' 'crrèb res lo mbaire~ , une portion de Ja têre 1 du ti ..
oia , & une p 1 tion He i·omopl2tc. Tou ~ ces os
cependatit étoicnt tellement calcines qu'ils fe r~dttÏ·
firent en f?Ouffièrc à une preffion très - l~gêre : les
deux pieds furent trot1vés , le droit entier un peù
en A m 1né à fa jcnél ·on dans fa partie l UR~ rie• ' re ,
& l'autre un peu P,lt s l>t ûlé. Il faut noter qt i'il fai!
foit fr6id ce jour-là; qu'aucun mclible de l'apparc
• .. u

-
- , ' .( 88 )
temcnt ne s'c~ trouvé cndommag~ ; qae la chai(e
fur laquelle elle paroüfoir afoir ëté allifc , éroit à
un pied d·ctle, abfolumcnt intaéte ; que le fOycr
n'éroit chargé que de deax à trois petits morceau~
de bois d'un pouce de diamètre , brûlé~ dans leur
milieu ; que contre le foyer il y avoit une cage de
bois de chêne fort fec , qui a été très-pea atteint
par le feu. Comme on pareil évènement n'a rien de
n2turcl, & qu•if m·a été de tonte impoffibilicé d'Ri
affigner Ja calife dans le procès-verbal que j'ai ré•
digé , je \'O Jdrois , pour prononcer fur ce f2it , être
éclairé par tous les Slvan~ , auxq•1els il me paroîc
ne devoir pas êcrc it1différent. Pour les mettre à
porté.: d·e11 juger, il faut Jet1r rc.1dre compte de la
confticurion & ck la ma11ière de vivre du ft1jét.
Cette fille était extrêmement groffc & gralfc; foo
âge étoit de foixante & · quelques an~écs , trèsadonnéc
au vin & à la liqueur. Le jour même de
fa mort, elle avoit bu trois bouteilles de vin, 8'
environ en demi-fepuer d'cal1-de ... vie; cc qui doit
enccJre augmenter l'étonne1nent fur un parc:il éYène· ...
ment, c'cfl: que la conf omption a CU' lie~ a1 moins
de fepi heures cc.
» Dom Gaurl1ey , Religieux de l'Ordrc de Ci~
tcaux , déj: connu avamtagct1fcmcnt, & dont nous
avons annoncé dans Nll de nos 1 ournaux doe
mnis de Novembre <Jernicr, uoc découvcrrc utile
.ai agréable , qui a ·1nérit~ les ~loges & l'approbation
d~ J• Acadé1nie , vient de foumcttre à foo juge·
menr ·\ln moyen qu'il a imaginé pour Üonncr ·ua
ftgt1al , & c:om1nunit1ucr d'un lieu à un al1trc avec
!a plus graode promptitttdc, c1uoiquc très-61~igriés •
a coure heure & en tout tems , ~ d'un cnJroi.t cacl1é
à un aurre !èmblable , fa11s qu'on ptJilfc s'co app~r,ccvofr
da11s les intet 1nédiaires. Mrvt. le Marquis
ile Condorcet &. le Comre de Milly , Commiffaircs
nommés pour exami11:r cc moyen ont dit
àans 1c:Jr rapport du 1) J uia dernier , qu•il leur~

7 89 )
roi!foit praticable, ingénieux ' nauveaa ; ac qn'il·
n•avoit aucun rapport aux autres moyens connus
& defiin~s à remplir le mê1ne objet, qu•It pouvoit
s•étcndre jufqu'à la dîO:aoce de trente lieues, fans
ftations i11tern1édiaires &_fa11s un apparctl trop
confi,lérable. Quant à la célérité, qu1il r1·y auroit
que t]Uclques fcconges d·u11 figt1c à t•aut1c ap.rès le
premier lîg11e, qu'ils répo:id1·oient m41ne du fuccès
du cabinet d'un Priocc à celui de fes -Mi11ifircs , &
qu~ t·apparcil ne (croit ni très.cl1er, ni très-in ..
com111ode; ei1fin qu'i ls avoicnt mis au bas du Mémoire
de Don1 Gauthey, dépofé , cach:té au Sc.
c1·ccariat d: t· Acadén1ie, les raifons de leur opinioa
fur la potT1bilicé de ce moyen. L• Auteur a cru
d evoir en faire hommage au Gol1vc1·ncn1cnt , &
lui a offert de faire les épreuves convenables &
nÇ ccffaires pour s•a!furcr plus parfaitc111cnt des eflecs
& des avantages de cc moyen que l'Erat peut polfc.
der cxclufiv(ment, l'êffe11tiel du 1nécl1anifme pou·
ya:1 t fe cach~r dans un e1td1·oit très-clos. Il affure
qt1'u 11 e 1droit tin peu fpacieu x tel 'llle la Galcc ie
du Louvre, foffiroit pour faire u11e expé1·icncc fccrctte
& conclua11tc, &: y ~tablir tour l'appareil'
néceffaire pour cent lieues , & que les frais de cette
épreuve lle fcroie11t pas coofidér ables etl propor-'
tiot1 de fo .1 i.nporcancc, qt1'cllc jctrcroic d'a!llcurs>
des lumières utiles C.Jr Li~1 cffc:r pl1}1 li1t1e déja co11nt1
jufq~'à un certain point, mais .q 'J·on n'avoit pas
i~nagi,1é d'appliquer à cet ufagc , & d'~ rcndre aufli
Joit1. Il ajo'J te mêmi: q~1'en le con(ta tant en grand •
il pou voit avoir d'at1tres ôpplicatio11s jmporta11tcs
qu'il c11trcv.oic & qu'il peut déjà devenir d'a.an ufage
géaéral & urilc 2 tout particulier. Nous pouvons
<Jirc d'après ltii • at1x Ct1 ricux, q~1'il i1'e1nploic 11i
l'Eleélri..: iré, ni le Mar..11étifme, & q •!( la main la
moins l1abile peut être appl iqnée 2 fun 11écl1a • ni..' . m e.
Une découv~rtc in~é1·eOE:nte de ce fièc:le,




..
' ....... 1 ................


• ..

• -



- ( 90 )
·& que le rems ne peut nlanqu~r de perfectionner
, c'eft d,employer la gravure en
taille-douce à rendre les couleurs des rable.~
ux , dont jufqu'à préfl'nt le buri11 n•a
pu i·ep~éîe11ter que le d~tiin, la co1npofition
, les détails ," & qt1elqutfois le génie •
Plu.lieurs effais heuret1x f ""'11t efpérer de tirer
un ·nouvel avant~ge de cer arc inréretlànr.
Ils onr déterminé M. Vidal à l'(n1pl0yer
"pour deux perits t ;1 bleaux ovales qu'il
vie11t de gr.1ver & dont }>idée 11e f. lt1roit
êrre plus i11gér1ieufe -+c. Ils font exécutés avec
he~1ucoup de goût, & de la n1anière la plus
piqua11 e & la pJus agréable. Leur (uccès le
dérer1ninera fans doute à e11 publier d'autres;
jJ ri'v a aucune Ell:Jtnpe de fa Pirécicufc colIeëtion
, qui ne fît le plus grand effet en
couletir •
,, La famille des Tl1ierry, de la Cour-Neuve,
près Saine-De )is, qui prétcr1dcot à Ja fa1ccct1ion <fe
Jean Thierry, famct1x Négociant, d~cédé à Vcni(c
en I 676, défireroi~nt qu'on leur proct1r~t l'eitrait
de baptême ou l'extrait de mariage, ou enfin le con•

( 1) Ces det1x Ellampes ' gravées en couleur a•après M.
I,avrins, font le Printe1ns & l' Eté; rien de pllts frais, de
plus riant que ces deux petits tableaux. Le prix de chacun
eft de J liv. 1 o f. chez M. Vidal , rue des N oycrs. On
UO\i1ve chez lui le Portrait de M. Gerbier, que no11s avons
déja annone~, mais at1quel il a fait des cl1angcmens qui ne
peuvent que Je rend r( plus intére1fa11t & plus digne de
l,aigle d11 Batrcatt l;-rançois. (~'efl chez le même Artific
. qu'on peut fc procurer les huit fuites des 'Baig11e11jès,
ainfi que .le, ]alo1L% endornii , \, lnfidlli.ti r«on11ut , la
lJ-Ia ·chande a la Toilette , la So1tbrette Co11fidtnte , Je
· lt.cfta1trant &c., que 11ous avo11s ~nnoncécs. Le prix de
chacune de ces Eftampe• cft de ; liv •

t
':J .. ~-

~ .
c 1
,•,•
'
• '



( 91 )
~rat de mariag~ de Robert Thierry, n~ environ l'9a
~ ":1607 ;. ledit Robert cft venu de Châccau-Thicrry
s'~t~blir à ladite Cour-Neuve, fuivant la trad1rion
la plt15 probable • & s'cft marié envi ren t·an 161 8 ,
avec A11toinctte LaloÙcttc dudit licJ, & y efi: ·décéd~
c11 16+.9• Si l'on pcat produire t•un de ces trois
aél:cs ci-deifus ~nonc~s , l'on offre moitié dans la
pt1rt d'un individu d'cntr'eux de leur branclle, aw
cas de réaffitc; ladite fommc leur ((ra échue 8c
comptée .. au moment &c auffi ... tôt a1lrès la perception
defdits deniers, Be pour s'affurcr. l'on pourra prendre.
coures les voies cqnvenablcs; s'adrclfer à l'icr1·c
Haidon, à Notre-Dame des V crtus, près St-Denis cc.
Meffir.e Bonaventure Jore~ land , Ch vaiier
·, Seigneur d' Ayr:on , Gl1iré, la Rau- ·
dière , la Pilière , eft inorc le ji Mai dernier
au Châreau d'Ayron e11 I>oitott. Co1n111c
il y a des héritiers abfens dont on ignore la
de,neure , ils font av(rtis que leurs p<1 rts
& portions fero11t t11ifes en r~gie ~ & refieront
en tnain de Jt1fiice, à let1rs f1·ais, )ufqu,
à ce qu'ils fc fatfent conr1< î.re.
1 ,, Arrêt au Confcil a·E:at du R "t , du J 1 Mai
l [! 8 l. , qui révoqttC l' Arrêt du f oaohrc 11g1 •
en cc que, par icelui, S. M. a voit rcovoy~ les conrefiatict1s
q•ti y fent évoqM(es au f ujct de la fucccflioo
de J ean Thierry, ciécé(~é à Venifc en 1676 • ..
pat devant les fieurs Ma~crcc; de's Requêtes ordinaires
.de Con Hôcel, pour y êrre j•1gécs fouverainemcot &
~n dernier rcffort : confirme S. M. l'évocacion prononcée
par ledit Arrêt, & r~ tlvoie Iefdi tc5 contellation~
11écs & à na1rre concernant l:.adi re ft1cccffion,
parr~cvant fept Commiffaire~ cxtraor<lir>aires du
Confcil, que S. M. a commis pour juger f 011vc!
aincmcnt lcfditcs contcnation~, at1 oomhrc de
, inq au moins, au rapport de M. de Villcvaulr,
• •

IV.&J'\Jl:.H+U----------

. f 9t '
l'nn <1'c11%, ffUe S. M. a nomm~ pour Rapporteur:
Ordeoric que tous les prércndans droit à ladite f ucccffion
feront tenus de remettre, fi fait n•a été, entre
les mains tludit lieur Rapporteur, dans un mo·
f?UI cou5· délai , l~urs titres , papicts, gé11éalog1es,
&c. veut S. M. ~ne ceux qt1i ne le$ auront pas
1e1nis dans ledit ·délai, foient aéclarés déchus de:
tous droits dans ladite fucccffion, &c. & p.cfcrit
la forme ea Iaq uelle il <ioit être procédé dcvaac
MM. les Commiffaircs "•
... De B R Y X E ·L L R s ; le 2 Juillet.
. ÛN a appris a·1ec b_eaucoup t!c farisf.ic~
tion en Hollande , que l'ordre. donné par
l,E1n perel)r ·de détruire touces les places
b arrières a eu 11ne exception en favettr de
Namur~ Les fo- rtifications de cette ville
feront confcrvées , & S. M. I. a ordonné
qu'o11 la pourvût -~e 111unitions , ·qu'on y
tranrportât des cano11s.
Selon des lettres de Holla11dc, on y a
i;eç'~ des nouvelles de St Geo11ge-de-la .. Mina,
colonie fL1r la c&re de Guinée ; el1es font en
d ate du 1 o Juiller 1781 & contiennent l'avis
f uivanr •
• )> Sur la fin du mois dernier, le Champart , fr&
gate Angloifc de Ji. ca11ons , Ca.pitain~ W csh ,
alli~gea le V redcnbu rg , fort de la Compag11ie HolJa11doi
fe des Indes Occidentales. EIJc étoir fecondée
dans cctrc tentative rar Ja garnifon Angloifc
du fort Commany; mais tot1s îcs cfferts ont lté inutiles,
& cll~ aéré forcée de f~ retirer. M. Hycoop,
Commandant du fort Hollandois , ayanr col1namment
répondu 2 fon feu d·unc ma11ièrc vicloricufc.
Ei1 revanche , les Hollar. dois fc foot emparé quel·
<)\tes jours après de Saccoode , petit Etablirfcmcat
des A n~lois fur la m(mc ,Ôte cc.
1 •

'
..

1
- ( 9 J 1
On a parlé de la réf oJurion prife J?lr plu~
lieurs Négocia11s & Propriéraires de navires
en Frife, de ~ faire frapper u11e 1nédaillc en
l'l1on11et1r des Erats de la Province qui 011t
l1cconnu les preaniers l'indépendance des
Etats-Unis de l'A1nérique feptencrio11ale;
ils vie11nent de préfcnrer une requêre aux
~rats pour obteni1· leur aveu ; cetre 1nédaille
offt·ira les ar111es de la Province te-

. nues par une main qui de(ce11d des nues ,
avec cette i11fcriprion: Aux Etats de Frife, .
en mémoire & en reconnoiffance âes Diètes


de Février & d'Avril 178z., confacré par la
Société: LTBERTÉ ET ZÈLE. Le revers
préfentera une allufion à I·adn1iffion de . '
M. Ad:tms , en qt1aliré de Minift1·e des
Etats.-lJ11is, & le refus d'une paix particulière
avec la Gran de-Bretagne; le fyn1bole
fe ïa un frifo!1 vêtu dans l'ancien coflume •
de la Province , tenda11t la main droite à
un A1néric:lin e11 témoignage d'amitié & de
frater11iré, ta11dîs que de la g~t1cl1e , il rejette
· la paix que lui oOEre un Anglais.
,, On- conti11t1c de parler beaucoup de paix 9
écrit-on de la Ha}'~ ; cepcnd.ant nous ne la croyons
pas auffi prochaine qu'on la défircroit; il cfi doutc\
tX que la Cour de Londres h)Ît décidément &
tinc~rcmcot réColuc à traiter avec l'Amérique-unie
con1mc ave~ une Pu\lfancc indépendante. Quoique
le Duc de Ricbmo11d, Je 1v1arquis de Rocki11gl1a1n •
M. Fox , & d'autres Membres du ,préfent !Vliniftère
Anglois fe foie11t toujours montrés r- lorfqo'ils
formoicnt t•oppofition , très-perfuadés que fans cc
pr~liminairc indif penfable , tllUtc nlgociation fc ...
.. roit illufoirc k inftuél:ucttfc , les idées du Comte
• •

-




. ( 94 )
de Shclburne ~our ti~hcr de faire agr~cr aus Amlricai11s
la même cfpèce d'indépendance que l'Ir)
a11dc vie11t d'obtcntr , fcmblcnc ccpcndaRt préva
loir encore. Un parier Anglois qui avoic rcgaré:I~
ci-devant cc projet comme aut1i chtmériq\lc qu•il
J'e!l: en effet , dit du ton le pilas féricux .. qu il a
le f la1fir d'a11nosaccr d'après l'autorit~ la plus fûrc,
t] ti'avanr l'arriv~c de Sir Guy Carleton, le G~néral
CJir .ton avoit notifié à fon armée qu'il étoit coove11
u , au nom de la Grande-Brcragnc, avec Je Congrès,
d'une ccllacion d'l1oflil1tés de parl & d'autre.
Si Sir Henri Clinton a notifié q\1clquc cl1ofc à Con
a• méc , cc ne peut êt1c qtte la détcrmi,1ation prifc
par la Chambre des C~-nm ·~ ncs lpr la motion dta
Gé.n"ral Coo\· a~, de ceifcr la gurrre oftè11livc c<>nrrc
les Américain~. On a vu e11 eff(t par les avis de
Nlw-Yorck, que Sir Guy Carleton s'occupe encore
à chercher Jcs moyens d'ouvrir une négo•
ciarion avec le Congrè~ ''·
P1tÉc1s DES GAZ!T'l0ES ANGLOISES , Ju i9 Juin.
· L' Amiral H wc a mis . cnfil1 à 1 a v oi te cc matin
2vcc '.!. J vatffeatJI rie ligne. Le dc:lftin qu'on 1 ... i prêrc
tot•jours, en vertu des Ot drcs qu'il a re\US, cfi d'alJcr
croifc r dt Yat1.t_ Brc.ft. ·
La pericc cf cadre [ortie cc~ jours <lcrnic ' de
Forr, m,;u.h , cfr , dit·o11 , defii11éc à aller brûler
. pJuficurf; bârin'l('R~ ralfrmbJé( dans la baie de: Ca cale.
011 dir que 1·Amirat1té vient de re rt"voir a•i que
tro\~ bâ.imcns e1pédiés il y a q.:el 1ue~ lem pour
Gib~ alr~r , y fl'11t entrés heurc utè nlcnt avec o rel
{01 te de munÎttC\OS & (!•a, tillcrie; ifs ;v, Îcr f à b r<f
J 90 h(1mrncs avec un Lieutenant, & environ j a doo
·b sils de poudre.
Il ~ ·en f~t1 r bien que tot1t foie fini en Irlande; on
cr~int dan~ c:e pavs les refi idion<. Il ne (uffic pal
aux Irl ndojs que l'allc de leur aJfujcttilfcmcnt foit
,
' •-:.•------------ •
Ai
n


. ( '~ ) ,-
aboli ; its veulent 2ujoard'hui ~tic l'Gn déclare for.;
mcl tcmc11t que le Roi & le Par cmcnt d' Anjtlcterrc
11'ont jamais C\I le d roit qu'ils s '(toient arrogés pat
cet aae déclariltoirc. M. Fit2 I>aca ick, Secrétaire da
Vioe-Roi d Irlat1de, ca VCOlJ à Londrec pour fiair
d·arrangcr dl· fin1liv~111cnc cette conleftacion. ,
Le( G!ncvois 0t11: C'•voyé vers l'Empcrcur des
Dépt•té~ .cha ~~s c.~'implorcr la protcétion; il cil vend
en mêm.:-tcms i i deux autres pcr{onncs de leur
parc, P'' 1r cr1ga~cr. notre Co.1r à iotcrpo:cr fcs bons
offices atip è, tic S. M. t., afin q1J'clle irigc e11 c1t~
Impé1 ialc: la ville de Gcn6vc, & "\U 0cllc foJ t par-là à
l'abri cf ~• forr qui la men;acc. Le Duc de Richcmon,
l & M Fox n'o11t pas été portés Navorrrcr cette
Rcqt1ête; on ne [aie pas encore la r~poo{c du Lorcl
She1b 1r11c. • ..
l..c Lor .i Rockingham cfi: tot1j r.urs ta ès-malade.
La plupart <le nos papiC"rs pa ,cnc d·u11c mat1ière
très-pt ob!é m ~tiqtae de ta pr-..cl1 tti1c cl1ff olurioo du
Parleme~. c; mats Utl faic c r.ttair1 , c'ci\: qu'il y a
environ t1n mois qu·etlc eft po!i ,i vem!11c détcrmi11éc,
&. qt1c d epûl~ trGlis femai11e~ 011 travaille à la Tr~.
fore rie aux c1pLéd' tioo rc.!a '''ec; à cette o . érat.oo. ._. l •
,
Cc bruir a cauré beau Ol•p <le mt1t1ve1nc11s datlS di-
~crfes pa rti~s du R:oya . •1lc, & li cet évènement fc
r~alife en cff~t , da ~s le moment afi·Jcl , on doit
s'attendre à Ja plus vi vc té&ii~a.acc daos plutieun
end roi rs. . :
Q .;clq t('S perfonnes ont avancé q• 'avant l'es ..
piratÎ n de (a iCatlCC ~a 1cl le rltt l>etrfcmenr, On rré,,
(enter ic : Ja Chambre Baffe t111c mocton pot1r faire
reconnoîcre ff1rtnel lem~nr par 1 -légifla.tion · Britan·
ni-i ~e, l'i1lcié endance de l' Améri .. ' c. Ccpc11d.ant 011
ticvro1t re rappelle:- qtte lorf<.1 ·1·on t raita cette irnpor~
t~ntc quettion • il y a q ·:ielq 1cs moi~ , da•1 le Parlement
. M. D 1oning avança ci:l11s la Chambre des
Commu11cs qllc le membre du Parlemc11t qui ofcroit


\
""""'"'"u--------,.-------...--------:--. --
• •

.. -
1 9G ) - •
faire anc parcillé mottQn, devrait lire rc~dd
" comme coupaole d'l1n crimcJ encore pll1s o~icux;
s'il étoir poffiblc, que celui de haute trahifoo. Le
Lord Sbelbernc & quelques autres membres furent
., ffu mê111c avis. En effet, la Grande-Bretagne
'·celfera d•êrre u11e Nation, du moment qu'elle rccon,
noîcra cette indépcnda11ce; ajoutons à cela que fu~
.Tant l'avis de ceux C.Jlli conno1lfcnt le n1icux l'Améri·
· que, notts ne devons jamais cf pérer èe Ja réduire.
. • f Cependant on ne douce pas que quiconque ofcra
. i .faire aujotJrt.i,hui une fcmblab le motion, trouvera
· ~ dans l\1. Dllnniog ( a\S'jourd·hui Lord Ashburron )
un puiffant adverfaire qui le dénoncera à la Nation de
~quelque rat1g q\1,il foit; ma~s alors on pot1rra demander
au Lord de fournir quelqu• aatrc moyen de
.mettre fin à la guer1·e aél:pelJc. . . . J
· Si la paix Ce fait, on ac peut fc former d'ia~cs des
~migrations prodigieu Ces <) lJÎ vonc Ce faire de toutes
Jes parties des trois Royaun1es; dans plu!icurs en·
·droits on reruarque déja des préparatifs qtti fcmblenc
:~ indiquer que la population de l'Amériqt.1e augmcn•
· tera coo!idérablemcnt aux dépet1s de la 1lÔtrc-. Beaa-
. !' coup de 1Aontagnards Ecotl0is paroiifent prêts à
. ~traverfer la mer, pot1r aller cl1ercl1cr parmi les
· :rAmé1 icai11s les clouccurs de l'indépenda11ce.
1
, • 011 a dit qu'on vient de conduire dans nos ports
un petit bât; m~nt Françcis, venant de ·l Inde; on
·"" attend avec impatience les not1vc;llcs qu'on pourra
·. tirer de t•iquipagc; peut-être cc bâtiment ltoit-il
. chargé de quclqL1cs dépêches de M. d'Orves .
, .. ~ L'impofition du l1roic de t 8 f. par livre fl>r chaque
:-cet1t 1 ivres d' Aff urancc corlt re 1 c feu , a beaucoup
~ au~menté certc année Ja recette des divers bureaux
d•Âtfl1ra nc(' , p,lu!ieu1·s perfonncs ayant elt la pr~calt•
· tion c1c payer plt1fieurs au11ccs d'avance , afin de
·: lè fouflrairc à cc droit.



c !;
~
:1
:u:
. hz
1 ne,
:oe
....
t •
...1





JOURNAL POLIT! YE
• - •
DE BRUXELLES .
. TU R QU 1 E •

'Dt CoNST.ilN.TINOPLJ!, le 20 Mai; - •
LE nouveau Patriache Zach~rie étant ar~
rivé ici , le Grand-Vifir IL1i fit dire de fe
rendre fur-le·champ à l'Ht>cel de I·A111b.1!fadeur
de France; il exécuta cer or:lre ·&eut
' ... li • une longue ~co11férence avec le Comte de
Sc-Priefr. L>objet de cet e11trecien étoit la
délivrance des Catholiques Romains qui ,
pour cau{e de religion 'avoie11t éré e11voyés
aux galères; & en effet toutes les \1iéèimes ae
f inrolérance du der11ie1· Patriarche one été
~elâchées, & il. a éré expédié des ordres en
..Afie pour le mê1ne effet.
R U S S 1 E.
., . - . .. ' • • De PÉTER'SBOURG, le T 2 Juin.

~ LE Prince P0remkin vient de p2rtir p,our
une de fes terres, où l'on die qu'il 11e pa{fera
que quelques femaines , après quoi il rc4
~icndra dans certe Capitale. Au 1n 0111e11t d~
30 Ju~liet 1783. ~

.. .

..
IVl.JVf u- ---------
..
-
. ,
,, ' •
( 98 )
fon déparr....-·1·1mpératrice l'a honoré d'uae
:vifite. Le Co1· s des Caders Grecs, dont c.ft
' campofée la arde du Gra!,ld -Duc Conftantin
, a été for1né par les foins de"ce Prince; k
c:ea w1 des objets dont e11tr:e autres S. M. L
lui a ié111oigné fa fatisfaétio11 •
..
DAN E MARC K. •

L, Esc Al!> RE Ruife qui, fotts les ordr~s
'du Vice-A111iral Suchotin , a palfé toute
l'année dernière dans la Méditerranée, a
relâché hier dans notre i·adc ; elle re[ourne
dans fe.s ports pour y être défarmée. Celle
du Roi aux ordres du Vice-Amiral de Fontenay
a quitté notre rade le 2. 1 pour paffcr
dans le . Sund. ·
Selon les lettres que nous ont apporrées
quelques vaiffeaux arrivés nouvellement des
Indes occidentales , il a aétuellement une
fi grande quantiré de ucré dans les Illes de
St-Tho1nas & de Sre-Croix , que les bâcimc11s
qui s,y rrouve11t ne fuffifenr pas pour e1n-•
. porter certe denrée. le prix des vivres eft
toujours très cher da11s ces Jfles. On y paie
un quarc de beurre 16 à l. 7 rixdalers, un
tonn ~a u de lard 2 7 à 18 , & un tonneau
de v i · ndc 20 ~ 2 i.
.. Le Roi a permis l'érablilf,1nenr d'une Ma·
nuEléture Royale de roile. C'efl u11e fociété
c:iui faic ~ette cntreprife f O\lS la protcOlion
-
'·~--~------
( 99 )
onoré immédiate de S. M. 2000 aaions de J<>
cs,aJw... rixdalcrs chacune, co1npoferonr le fond de
ocCoo cecre Manuf:1él:ure. L es Direéteurs font le
Prina Confeiller d,Erar de Wendt & MM. Kalt~
ces~ ~ berner-& \V ioorg. ·
ALLEMAGNE • •
De YI EN NB, le 20 Juin. • •
,
Jui~
r
es or.:J
c roe
I
rrWtt t
reioe3'
1
' l~
-

'


, •
' •

-
U ''iJ4u-~--------- •

'

..
• ( 1 OO )
loyer des ]ogemens dans chaque quarrier;
les Propriécaires des inaif ons ne pourront
pas le hau{ler.
L'entrecien des grands che1ni11s fera dicon,
n1is inceila1n1nent en ferme; & on pré.
fume que les Maîtres des Pofies en feront
les Fermiers chact1n pour L'\ fratio11.
· ,, L•efclavagc cfi entièrement aboli dans Ja Pologne
Autrichienne. Chaq11c J>ayf an ·~yant de bonnes
r:aifons pour <)l itter fon 111aîtrc, pourra le faire, Be
celui-ci n'aur~ ·pas le droit de lui refufcr, par lâ
fuite, un témoignage qu'il puilfc produire à un autre
maîcrc , 11i ne lui vendra plus ce témoignage, ni la
pcrrniffion de fe marier , quoique cecre dernière
vexation foie fort a11ciènne. A }· a11t cnfil1 plus de tems
que par le palfé pour cultiver {à portion de rcrre, s'il
c11 a , & en recùeillir les produll:ions , il ne fera pas
rédl:ltt, comme autrefoi~ , à employer les jours & les
nuits des Dimanches at1 travail néceffai rc pour nourrir
fa famille; il pot1rra le faire à fo:iaifedanslafcmainc.
Depuis la publicario:.i de cet Edit bic::i.1faifanr & fartout
jufie, la joie efi: pei11ce fur les ~ vifages de tous
les payfans des envi rons de Lembcrg.qucJe décot1ragemet
t & le défcf poi r accabloienc ci-dcva11t. - P1cfq!
le tous les Pay Cans. un peu ai[és de cetrc Province,
fe cour11oient depuis quelguc·tcms vers la culture du
tabac. Certc nou,1eauté po •1voic avoir des fuites
funefles aux autres ct1ltt1rcs. L'E1npc:reur, pour ·y
remédier, a défendt1 de s'y liv rer fans une pcrmif-
: fior1 expre lfe rles Commi<fai res de la Ferme du Ta.
bac , enjoii?11anc a cette de rnièrc de d~livllr Con
oé.troi fans ai 1c\1n 1,1cre .. quand le cas écherra ''•
Dept1is la ft1ppreflion des Couver1s, plufieu1
·s Re · 1gieufes ohc préféré leur fecular·ifacion
, & {011t rentrées da11s le fein de lenr1
fa1nilles. Quelques-unes ont demandé à êcrc
-
~u-~--------
1

"
• '
t



-
( I~I ) •
employées dans les Hopitaux , & le nombre .
de elles qt1i font e11trées dans d'!lutres Mo~
nafrères eft fore petir. •
De Fa..A.NCFORT, le JO Juin •
0 N lit da11s la plupart de nos feuilles
publiques les articles convenus e11tre l'Ean·
.. pereur & le Pape; ils fe trouvent da11s des _
lettres circulaires adre{fées aux divers Gouverneme11s
des Erats Autrichiens ; nous en
donnerons la fubftance.
1°. Il fera défendu de. difputcr publiqt1ement fur
les propo!irions de la Bulle U n;genitu.s. i. 0 La formule
d 11 fcr1nent des Evêques, avant leur conCécration
, fera fem blablc à celle des Evêques de France.
3 ". Les Evêques feront autorif~s , par Je fiége de
R. G> tnc, à do1111cr les difpenfes nécelf•ircs pour les
mariages da11s les degrés proilib~s; cetle autorifatio11
pourra s't>btcnir pour la vie. Les dif penfcs de
mariage, dans un degré rrès-prochc de parente, ne
pourront s'obtenir qu'à Rome-; elles ne feront accordées
que rrès- rarcme11r', & feulem ent pour Je bien
public, & lorfqu•il s'agira du mal'iagc d·un grand
Pri11cc. 4°. Il fera permis aux Provinciaux des ordres
, Religieux , de notifier leur nomi11ation faite dans
·Je Chapitre Provincial au Général de l'O:dre, réfi~
da11t ~ Rome; inais ils 11e pourront dcn1andcr de lui
aucun droit ou pouvGir. Ces lctrres de notification
feront en•oyées au Général de l'Ordre par la Chancellerie
d'Etat, ~ laqt1clle elles feront adretfées fans
être cachetées; la réponfe du Général ftra c11voyée
de la même manière.
On dit que le 11ombre des St1jets Acarl10.; ·
liqucs qtti , co11for111é1nent aux Letrres-Pa-.
-
e 5
, •
... •
,
-


-
-
vqu1u4u---~------
-



.. ( I Ol. )
tentes de !'Empereur, ont fait leur déclara~
tion de croyance , 1no11te dans la Hautc.
Aurricl1e à 15 ,ooo perfonnes.
»On a remarqué, écrit-()n des f1ontièrcs de la
:Pologne, que dans divers Couvens qui dcvqicnt être
kipprimés dans cette Province, il s•efi: commis quelques
infidélités. les Bénédiétins de J areflow cntr•autrcs,
avoient détourné une fo1nme de 60,000 f101ins pGnr
la faire palfer fur les ccrres de Ja République de
Pologne; mais cet ar~ent a été décoovcrt & envoyé
au Gouvernement de Lemberg. 2- Moines Augufl:1ns
de Radamil ont auffi porté de l'argent à CraCiovic,
dans un Couvct1t de leur Ordre; n1ais comme cette
maiCon a [es. polfcffions dat1s la Gallicie , le fond
emporté fer~ !Ûrement ref>Litué. On dit que la
Diète qui doit s'affembler en Pologne, s•occupcra,
cntr'aurrcs objets imporcans , de quelques réformes
dans les Eccléftafl:iques ''·
Les lettres c{e Da11tzick conticnne21t beau.;.
coup de plaintes f uf la décadence du comn1e1
·ce de cette Ville ; il n'y a que celui des
· bois & des navires co11firuirs fur fes chanciers 'Il qui fe fourie11ne. Celui du bled avec Amfterdatn
efi nul ; 011 en envoyoir ordinairement
des milliers de lall:s cous les ans ; & il
n'en efi: parti cette année que 4 lall:s & demi;
quant au feigle on n'en a pas expédié un
feul boiffeau. Les mêmes lettres concicn11cnt
le fait f uivant.
»Le Minifire de l'Eglifc de Tiegenoort , au Dif.
triét de Scl1arpau , état)t n1ort , notre Magillrat,
qui depuis 2. 50 ans nommoir à cette Egli fc, y a
nommé e11core. Son Prépofé en a pris tran(1t1illc
poffeffion. Mais le S Avril , il a ér~ remis alt Magifirat
de la part de la Régence Prufficnnc de Ma1ic1 wcrdcr,
u11 écrie qui condamnoit I•éleétion, com111c n'a)1aDC
-
,, -
«! 1

l

1



( 10~ )
pas ~té de droit, & le 18 du m~me mois , un Mi.:
nifire choiû par cette Régence , s'cft rr~Cent~ à
Ticgcnoort, pour remplacer le Miaifire Dantzickois1
qui rélifia, & cint ferme juCqu'au 17 Juin qu•it fut
· enfin e~pulfé par le Colo11el l'ruffien de Pivick , qui
~int avec 30 C0ldacs fc faire donner les clefs de
l'Eglifc, quïl· promit de rapporter le Dimanche fui ...
vaat , en amenant un Miniftrc légitime qu'il inftallcroic.
Norr~ Régence fe plai11t , elle a fait délivrcK
atlX 1vli11iilrcs étrangers (llli réfi Jent près d'elle, 8c
,fans tour es les Cours d'Allemagne par Ces Ag(aS,
un Mémoire dat1s lequel elle dé<luit fes griefs contre
la. Rége11ce Prl1ffiennc ... de Maricn\'crdcr, qui fans
dot1tc a eu Ces motifs, & n'a pas agi C.ans ordres cc.
. On appre11d de Dref de que le 2 1 de ce
mois l'Eleétt·ice de Saxe eft heureufe111ent
accouchée d'une Priecelfe, qui a été baprifée
le 1nê1ne jot1r,, & a reçu les noms de Marie~
Augu!line - Népomt1cène .. A11toinctte ·Fran-:
çoife-Xavier-.Aloylia.
On lit , da11s pluliettr,s de 11os papiers , les
oblervations fuivanres , cxtr._ites dt1 porte~
, feuille d' u 11 C-i V<lnt d' A llc111ag11e ( ~J. Scl1loe..: ·
zer , Profeffeur à Gottingt1c ) qui vient d•
f.1i1·e ~tn voyage en Italie.
,, ~a population , dans les Etats du Roi de Sar.-
. - .dai~ne, a 11~n1cnte annuel!e1ncnt; on la porte actuellen1eat
a 2. milliqns de fujets. Les revenus de
J'Erat font affermés. La loi qt1i a!Tu;ettit les Fermiers
des Domai11es à les abandonner ou à donner 110
fixième de plus ·, lorfqt1't1n autre e11 feroit l'offre ,
en a augmenté confidérablcmenc le produit". Le( rcY,
enus de: · Sa voie & de Pié111ont font éva) ués à 1'"
mi lli(lnS 5 6 9 ,ooo livres. 011 cfl:i me 1 'exportation
annuelle de la foie to million~ de livre~ de France;
& celle tics bêtes à cornes à ct1viron 86 ,ooo pièces.
e 1-



l\l"JU/U4U----------



( 104 l ~
En tcms de paix, l'armée du Roi efr forte de :.4,000
hommes , & peut êrre portée, en rems de gt1crre
à ~ o,coo & davantage. On alfure que la République
de Gênes peut fournir, en cas de oécelliré , le
même nombre de troupes ; les manuf aét.u res de vcJou
rs y diminuent , aiofi que la popularioo. Le
commerce de cette Ville commence à s'affoiblir ;
les rajfons qu'on donne de cette décadci1cc , font,
cntr'autrcs, qu't1ne grande quanticé de marcbandifcs
d'Allemagne, envoyées de Hambourg à Gênes pour
être r1·an(por tées en E(pagne , en Amérique, &c.
font aélucllement envoyées à Tricfie. Les envois
des riches étoffes de foie pour Ja Pologne ont
bcaucot1p diminué depuis le partage de cc Ro}·au!11e•
On évalue _les revenus de la Républic.1uc à 1 f millions
de livres de f rance. Les ft1jcts de la Rc!publiql1e
de Luques font très-indufiri~ux; il gagnent
par an 100,000 écus pour l huile d'olive feule. On
peut comparer le territoire de cerce République à
un bea11 jardi11. Les Etats dtt Duc" de Moclene
rapportent a11nucllement 100,000 livret_. En
1.779, il efi ~ r rivé à Livourne 489f bâri1ncns; il
y avoir dans ce nombre J s vailfeau 1 ac guerre. La
. -ville efi trop petite pour Je nombre de fcs habicans,
qui 1nonteL1t à 70,000 pcrfon11e~. Les loyers des
n1aifons y font excellivement cl1rrs "·
Selon des lettres de Pérersbou1·g , le rhu1ne
épidé1nique qui y a rég11é, y a repris avec
' plus de yiolence & des accidens plus graves.
Il en 1nearr aél:uelle1ne11r oeaucoup de
perfo11nes qui fo11t e11levées dès le 1 ou le
'e jour. Cerre maladie règne encore à
Vie11ne , où les deux ti~rs des Habirans en
fo11t inco1111nodés ; mais elle n'y cft pas
met1rtr1. e' re.
On apprend de D~1rmfradt que le Prince

..
' l
t

'



( IO J )
George Guillaume de Hclfe .. DarmllaJc ;
Génér,,l Impérial de ca valeric, Général FeldMaréchal
des · troupes du Cercle de Hameli11
, Gouver11eur de Philîpsbot1rg , & Chcvalie1
· de l'Ordre Polonois de l' Aigle blanc,
y eft 1nort â5é de près de 60 a11s.
.ITALIE .
De LI Y ou RN B, le 22 Juin. ,

ÜN é<.: rit de Triefl:e que la frégë1re Fran.;
çoi{e la Précieufa cll ent1·ée le 12 dans cc
Port, venant de T oulon, dont elle a fait le
trajet en 2 6 jours ; çerre frégate 11' c fr allé ~
Trielte que pour y charger du cuivre po.nr
la n1arine f ra11çoi(e , & elle retournera à
TotJlon dès qu'elle altra · pris fa ca1·gaifon.
» A qua11tité de mai Cons net1 vcs dont cette Ville ·
cfr embellie, ajoutent Jes 1nêmes lertrcs , fc jei ...
gne11t plufieurs éljjficcs pour le Commer ce, aux ..
EJtiels on travail le fans relâche , & qui en feront
auffi l'ornement. Notre Place près de Sr-Pier1·c, ·
qui fut tourc i11ondéc dans le dernier débordement•
fc furhat1 lfe & fe répare. Elle fera dl formais ~ 1·abri
des ravages des eaux. Ce t!ébordcmeot ayant cntratné
beaucoup de terre, a lailfé ~ nud , fou! la
montagne de Siaris , à pet1 de di{~ance de notre
Ville, la continuation du Canal Romain , dont
t1ne partie nous étoit cennue depuis lone_-tems ~
& pour la conftruélio11 duquel Irénée de .. Krantz,
To~,ogra,he de notre Ville , affure qu'on c:mpl, •ya
80,000 l1ommes pendant 01nbrc d'anclécs To ~1t
Je peuple COl1rt en foule vers cette forte de mont11nent
; & comme il efl: fort bien confervé , on
ne fc la!fe ni de le vcir , ni d'en parler et.
c J •


....
Q<llJfll*"----~---~------

,


• ( 106 )
Le Pape eft ar1·ivé à Rome le 13 de ce
mois. Les lettres de cette Ville rendent
cao1npte ai11li de fon entrée.
· ,) Elle Cc fic par la porte del Popolo, au fon d~s
clccl1es & au bruit de l'artillerie du Château de
Sc-Ange. Le Pontife fc rendit à la bafiliquc de StPicrre,
où il füt reçu par le Cardinal Duc d•Yorck >
en qualité d·Archiprêtre de cette Eglifc 1 à la cêrc
du Chapitre. Après y avoir fait feul fa prière , il
reçut, au Vatican, les complimcns fur foo retour;
le I.+ & le 1 5 , il y a et1 des illuminatiuns publiques ;
mais on a remarqué que lé peuple -n·a pas fait
éclater , à la réception du S. Père , les démonftrations
de joie auxquelles on s'attendait. la chcrt~
2étuelle des vivres caufc des plaintes ; & 1·00 apprend
que pcndan·c fon féjour en divcrfcs villes
de l'Etat Eccléftaftique , il a été préfenté à S. S.
plufieurs rcq ~1ête s à ce fujer. Elle a déclaré fon dclir
de pa!fer trois jours en 1ctrairc; & il eft encore incertain
fi lundi prochai11 elle convoquera un Conliftoi1e
''• ,
· On apprend de Ta11is qu' Aly-Bacha, Bey
de cecre Régence, y eft mort le 26 du mois
d ern1•e r aA g~I de 7 5 ans; 1r0 11 re\ gne en a (..Ja urc'
i4. Son fils Sîdy Hamida qui lui fuccede ~
ai111e beaucot1p le fafte , & cft très-lié avec
les Princes {es f1·ères & fes neveux , ainli
qu'avec les Minifrres d,Etat qui font fes
deux beaux· frères~
ES P AGNE •
. De M.d.JJ A 1 J) > !~ 2f Juin.
M. le Duc de Crillon eft arrivé au camp
tic St-Roch , & le prc1nitr objet dont iJ s' lt


J'
..•,
1
1
~

'

ill


- ( 107 )
...
<>ccu pé a été· de cl1ercher un etn placen1ent
pour les François , dont le ca1np aéré tracé ..
ft1r·le-cl1a1np. Le Con1mandant du blocu1,
11. d' Alv ai·ez , s' e fi: retiré au' m otn en t c ù M.
de Crillon a part1 d,111s l' Art11ée. On croit
qu'on lui defiine l~ coml11andement de la
Caltillc ~qui vaque depuis quelques jours.
Mgr. le Cotnre d'Artois fera regardé da·ns
les Etats de S. M. co1n1ne Infant d'E{pagne,
& e11 recevra tous les l101ttn t1rs. Les Glrdes
du Roi iront le prendre aux frontières > &
l'acco1npagneront dans fa route.
Les lettres d'Algéfiras, du i 7, n'anno11.;
çoie11t pas encore l' arri v.ée des rrot1 pes Fran-:.
çoifes qt1i n'ont Fai·t1 qt1'ap1·ès cette époque.
,, Nous n·actendions pas , difcnt les lettres de cette
date, les t ra11fports de Toulon avant ceux qt1i amènent
les trottpes FfançoiCes de i1inorqt; e. Voilà cependant
17 navires chargés de poudre, de bombes
& de boulets, qui nous arrivent. La qt1antité qui fe
trouve rallè1nbléc ici, cfi: incroya bic. Sur cc convoi>
il y a deux Comf'j agnies d'artil lerie, une demi-Compagnie
de Bomt.ardicrs & quelques lngél1Îcurs. -On
voit dans l'écJairci un grand convoi de 80 voiles
environ, qui ne petit être qt1e celui de Mah9n; nous
ne pouvons pas difiingt1cr s'il a des frégates pour
cfcorte. Il lucte contre Je ve nt ; & cc fera pour
Ja troifièmc ou Ja quatrième fois qu'il fc fera ainG
approché de nous, & qt1•it aura tt~ obligé de rct0urner
à f on premier mouillage. Cc fut da11s lai
matit1~c du 1·1, qu'une bombe partie de la ci11quième·
battctiie, comba fl1r une redoute de Gibraltar, où:
elle cat1fa un ravage affreux. Nos igics de la corc
& celles de l'obfcrvatoire fL1rc11t Jong-tcms fan~
iouvoit 1i~n di!tinguer ap~ès l'cxplokon. Lo.tf~uc: Co




,\'.l.ef\it,,_::.i------~~--------


• •
( 108 )
la fumée fut diffipée, elles virent qu•oa emportait
fur des brancards pluficurs foldats qui avoic11t ér.i
bletrés. Ava11t - l1ier, il 11ous vine · u11 défcrtcur du
5 Se. rég1me11t; il a dépn!é. que 30 foldats ont péri
dans cette cxpl ·fion> & que 40 ont ét! blcifés. Il
con1 pte 1 o ... o 1nalades du Ccorbut dans la place; ac
400 autt es foldats font retenus à !'Hopital par d'autres
maladie~. Les r1·ois batteries de l'endroit vers
lequel Cc fic l'explofio11 ont confidér.ahlcment fouf;..
fert; & les cnnen1is voulant nous pcrfuader le contraire-,
a rrangère11t, comme ils pl1rent, 1 canons,
demi-heure après cet é\'ènement, & firent feu fur la
bat(erie J•où la bombe avoit été lancée. le halàrd
voulut qu'ils fl1ffent ve11gés à l'heure même dt1 tort
qu'ils ve11oient d'éprouver; un boulet e111porta le bras
clu brave Artilleur qt1i avoit dirigé la bombe qui
exciroit leur furet1r; il fe ra (ans doute 1·écompcnfé cc.
Les lettres de Cadix a11no11ccnr qu'il y
eft arrivé un avifo; on 1gP.01·e,d~où il vient;
Qn foupçon11e que c,ell: de la. Havàne ou
de Monte ... Video; co1nme on n'en laiffe ap·
prochcr 'perfonne , 011 ne peut favoir les
nol1vclle.s qu'il apporte. ,,

ANGI:ETEflRE • •
De· Lo N DR F. s , lt 9 Juillet .

Nos n ouvelles de l' Ainérique fcptent
rionale fe bornent à q11elques dérails que
notts fourniffent les papiers de cette contrée.
· Selon ces papiejs la frégate Fr~nçoifc }'Emeraude
de 3 2 canons , partie de Breit avec le
convoi de ~1. de Mitthon, dont elle s'ell
• .. •




..
-
( 109 )
féparée pour fc rendre à New-Port dâns ..
Rl10Jc Ifland , lieu de fa deflination, y eft
arrivée le 16 Mars dernier e11 41 j urs
de traverfée. Elle portait une fo1nmc confidérable
defti11ée au paiement des troupes
Françoifes fur le Co11tine11r.
Les 1nê1nes papiers pré{ènrcnt les détails
fui vans f 11r la Caroline méridionale, en date
du 20 Mars.
>> Pendant que l'ennemi , ~traitement relfcrré à
Cl1arles-Tow11, n'o" c pas fc hafarder à i. ou 3 liet1cs
de cette place, la Province entière rentre dans fcs .
anciennes liaifons avec le rcfie de l'Amériquc·u~ie;
l'éledion des Députés à l'alfcmblé.c gén~rale, s'cfr
foite, & cette alfcmbléc s'cft tenue traL1quillcment à
Jac;onboroug, qui n'cil qu'à J s milles de CharlcsTown;
elle a élu un Gouvcrr1cor, ics Membres du
Co11Ceil, les Délégués d~ l'Etat au Congrès, pourvu
à roures Je~ places de 1ugcs de paix, de Shérifs pour
cJ1a1.1 ~1e diftr4-'t, & paffé divers alles dot')t voici les
pri11cipaux. l'our autorifcr des Cominilfaircs à
acheter une terre de la valeur de 10,000 guinée!,
defl:intc en préfent au Général Gr~cne , en confid~-ration
dei fcrvices q11'il a rcnd:Js à ce: Etar. Pour
f(>urnir le fulliiclc dcll:in~ à l'ctitrctien de l'arm~e,
moncant à J 73·,19 8 dollars ciu Mc1iquc, faifant la
quocc-part de l'efiimatioo continentale pour l'ann~c
co\tranrc, affign~e fur cet Etat. Le plus remarquable·
de ces aélcs , clt ccl•Ji qui a pour but Je dirpofcr de
certaines terres & biens fonds , & de bannir certaines
perfe oncs. Il porte confifcation des biens réels & • .
pcrfooncls, & bannilfcmcotdcs fujcts Britanniques qui
Y. font nommés , ainfi ql1c pluficurs babitans de
l;Etat qui ont *ign~ des adrclfcs aux Gén~raux Clinton
& Cornwalli• , dcmand~ à être iucorpor~s en corps
de milice Royale , tiol~ le bannitfcmc nt auquel il1





,..
-



'
1· 110
woient ltl '-'' t
commilf1001 auliuircs le Roi •
cnuc:mis c ca Eras. les · .tC ~ "
risourc:ufca fom ~~pofis le ri~
' a 1naoe enrr la co
de Coi .a · kri ·tau · .. cq
pca arr la d~f8c cl4 a•ara& da · a.. la ~rolinc. te G40Ual Grâ:nc •
ccpt& ccrcs lctrn. l~mvo,a à Mylord C
Ja l:CCODDDt a J'a•ona. Ell.c jufti- la
l'd Wc g6n~ralc eowc c Toi s 1
s'p '"ow: Il: i.ora. a. » 1·ai cl
les abitao de la Pro~iocc qai 'i
pris part à la de1aière révolté 1 ~ •
• plus grande (~ ~tat~ ; qa•· 1 f cro
ttuc roui leurs biens lcar foiac
1'•i audi ordonn~ -iuc lcuts cfkit
mfcr les erfonncs piJlées lt
j'ai tiOD1l les ordr~s la
tout milicien qui après avet pqrt'
aou , auroit cof ui~olnt rea11tnai •
ment f>'Ddt1. A pr~ t , M •• je 4cis
iccommandcr tic yrtn rc es mefurcs
rcufcs poor ~reipdrc la rcbcllioo daa
TOUS commanacz, le d•ob~ir de fa
fcrupulcufc aux ordres que je.yo s •
c;cttc lctt1 c , par rap.port aa tn •
fiUC YOtll faffic:J ~proUTCI à cc ·~ ~
C' eft par ces QlO cns que n
& tous nos C manda s • ·
imaginé qu•ils parvienilroicat
rébellion , & à amener les
leurs ancicn11rs lia1fon1 cg la
On fait cornm,nt ils y on
COIKCS les par . héâue
• li




( I 11 )
·ils 011t porté le n1ême cf prit & les mêmes
principes. On lit dans les lettres de Bofton
q11c le Capitaine Gerish , à la têcc d,un
Corps de Milice de cet état, eft de retouCr
d1unc courfe contre les Sauvages de Senneka,
auxquels il a enlevé tontes les pelleteries
-qu,ils envoyoic11t au Colonel Haldimand,
qouvcrncur dn Canada. Parmi
ces pelleteries il s'eft trouvé 8 cailfes de
chevelures des infortunés Colons Américains
; elles écoient accon1pagnées de la
.lettre f uivantc , d•un James Craufurd ,
que nous ne tranfcrivons qu'à caufc de f~
lingularité barbare.
,, Conform~ment à la prière des Chefs de Scnncka,
j'envoie , à V. E. , 8 balles de p~1 icrânes ou chevelu·
res , préparées , f~chécs , garnies de cerceaux , peintes
& décorées ~e routes les marques ttiomrhales des
Indiens : co veici la faél:urc & l'exr,licatiou( 1 • . Halle
conrcnant 43 chevelures de foldats du Congrès ,clics
font d~ployécs fur des cerceaux n0trs; le dedans de
la peau cft peint c11 rouge, avec une tache noire >
pour d~nl~er qu•ils ont été tués avec des boulets. Elle
rc&.1fcrmc auffi 62. chevelures de Fermiers tués dan•
leurs maifoos. Les èetccaux font ro\lgeS ; la pcaa cfl
peinte en brun & marquée d'une; ho•c• Le cercle noit
monrrc qu'ils ont ~té furpris ·dans la ouit 9 & la·hachc
lignifie qu'ils ont été tués par cette hache. i. 0
• 9& .
chcYclurcs de Fermiers tg~s dans leurs maiColls. Le
grand cercle blanc & le f olcil indiquent qu'ils ont ~té
furpris en plein jour, & le petit piecl rouge qu•its fc
font défendus 8c font mort~ en combattant pour
leur vie 8f leurs familles. J 0 • 'J7 péricrâncs de FcrJ11icr1.
Les cerccaus vcrds indiqticnt qu'ils ont ~r6
rués daas les c.liamps. Le cercle bla~ & la marque
Nndc ftlÏ le furmoutc d'1igncnc le fokil ~ qu'il&

..
-

1'1Jlf1..lr.:Jl .. 7------~----
-


'


( i I 1 l .
ont ~t~ tués en plein jour. Le boulet noir efi-cmprcin&
ft1 r quel~ucs-u11es, la hacl1c Ct1 r d ·autres. 4 v. 1 oi.
chevelu es de Fe1·rnicrs, atlx diftèrentes marq :es
ci-dcllùs. Dix-hu!t tculement avec une petite flamme
jaune, pour défigt1er qu•its étoicnc du 1.iombrc des
priConniers brûlés vifs, après avoir éprouvé l'oréra.
tioa du fcalpcl, ett les ongles arrachés & fubi d'au ..
tres tortures; 1'1111 eft' Celon ro ItC arpa1·e11,e, l1U
Eccléliafiique rebelle , fon rabat éta11t attaché all
cerceau de fa chevelure. Les Fermiers paroitfent,
à la couleur de leurs chevclix, avoir été jeunes ou
d'âge moyen, ne fe trouva11t, da os la rota lité, que
67 cêtcs grife~ , et qui rend le fervice d'autant
plus grand. s0
• 8 8 cl1evelures de f:= 111mcs ~ Les chc ..
veux ioogs , tretfés à la manière des Sauvages, d~no.
tenr qt1'elles éroient mère~; cerceaux bleus; la peau
f·o11d jaune, avec de petits crapauds roug(s, pour rcpréfe11ter,
J•une manière triomphante., les larmes de
Jeurs parens, à cccte occafion; le fcalpel ou la l1acbc
11oire, défigne qu'elles ont été tuées avec ces inllcu•
tne11s; 17_ ·autres dont-' les cl1cveux Cont très gris,
n'ont d'autre marque qt1'un bâton cotirc ot1 cafîctête,
inftro ment de leur n1orr. 6 °. 19 J chevelures
de garçons , de di(érens âges ; a vcc des mar t1c:s
de boulet. eoir, de couteau, de hache ou ma uc,
fuivant l'infirument qui les a 1nis à mort. 7°. 1·11
chevelures dc .. filles, de difféÎcns â,gcs; peau fond
blanc ; larmes , haches , malfues , fcalpcl , &c.
g 0
• Celle.ci ell: un" mêlangc de toutes les cfpèccs
. ci-de[us mc11tionnées, au nombre de 12.2.. Avec
une bcëcc d'écorce de boulcat1 , contenant les péri-
. crât1es de 19 pctits·c11fans de divcrfes gra11deurs;
de petits cerceaux blancs; peau fond blanc; point de
larmes, mais feulement \ln petit cE>urcau noir au
milieu , pour d~~g11cr qu'ils ont ét~ arrach~s du
ventre de leurs n1eres. A vcc ces b2llots, fruits de •
3 ans. d~ 11iEloires des Sauvages nos amis fur ies
Amé1·1ca1ns rebel les, les Chefs de ces Sauvages rr nf.

a
J
'
-
-

'
..
( 11, )
mettent à V. E. le Difcoars fuivant, pronoaoe pat
Cronciogarchic en Confcil, intcrpr~ré par l'aacie
Moore le trafiquant, & que j'ai écrit de ma maio •. ~Pcre,
je vous envoie _pluficl1rs chevelures, a6a lue
-veus •ovri. que 11ous ne Commes pas des amis 10 o-
- lent~. Un hau.drier bleu. Père, trànfmcttc"a de
l'autre côté de l'calt , ces chevelures au grand Roi•
qt1 'il les rcmarqt1e , te rc 1 ofe , voye notre pcr(év~rance
à tiétruirc fe, ennemis & que tes préf~o~ n'oac
pas été donnés à de~ i1igrats , &c. ,,. Un Baudrier
/Jieu. El hlane a11tc dts Tajftttes rouges. ,, Père •
Ecs ennemis du gtand Roi (ont co quantité & leur
nombre s'accroît. · l ls rctfcmhfoient a&1trcfois à de
jeunes panthère~ ; ils ne p•uvoient ni mordre ni
égratigner, no•1s pou•ions jouer avec eux fans
danger , uot1s n'avions rien à craindre de leur pari :
mais at1jou.. rd'h:!i ils feot devenus auffi hauts que
l'élan & auffi forts que le bt,fHc, ils ont auffi des
griffes longues & pointues. Ils °'-ous ont cbaffé de
· notre pays, parce qoc nous avens épouf~ votre
querelle; nous cfpérons que le grand Roi nous donnera
un autre pays , pour que nos cof.ms puitlcnt
fubtifl:er arrès tlous, êlrc f es 1mis 8c fC'S eofaos 9
comme nott~ le f ommcs. Dites cel~ de nGtrc part
au grand Roi. Pour y ajouter de la force , nous
donoo11s cc Baudrier ''· Un grand Baudrier /,fane
avec tlts Taf{tttts' hleuts. • Père , il neus rclle à
. vous dire que vos Commërçans exigent un pris
plus laaut que jamais pour leurs mar~liandi(cs ac
~tac la guerre ayant diminu~ les aYaotages de notre
chaffe , nous avans moins de pelleterie à leur donner
en ~change. Cela nous raine :.pcnfcz à y apporter
quelque remède. Nous fommcs iodigcns, ac
vous avez abondance de tout. Nous favons que
vous notas enverrez de la poudre & des fufil8 , ·des
couteaus & des haches : mais nous avoAs auffi
bcCoin de cbemifes ac de couvertures a. Un petit
Baudri1r 6lane. » 1c ne doute point , ajoute Cr~
- , • -
- •

-
'
-
-


-
' .


...
I

..
,


' , - 11 J J .
ont relevé notre fierté nationale , nous vê:
nons d,e!fuyer 11n revers. D. Louis de Cordova
qui, ju'fqu'à préfent , a montré aff cz .
de bonheur à rc11contrer nos convois, vient
de ton1ber encore fur celui qui écoit parti
pour 1, Atnéri ue Septentrionale .... Tous les
détails que nous Cavons; de cet évenemcnr,
fe rédui!è11t à cetre lettre d,t111 Midshipman
de la frégate la Danaé, qui eft revenue à ·
Mounrsbay.
,. Vous ferez fani doute fort alarmé de recevoir
.le mes r1oovclles fi-tôt après m n dépar_t; mais en
voici la raifon : c'cll q.jc (•Amiral Ca1npbcll nous
a expédié pour t•Angl~tcrrc avec des dép~ches porta11ç
Ia p,rife de notre convoi par le~ E( pag11ols, à
l'exception de dcl1x bâ:imcns qui ont rejoint l' AmiraL
Voici les détails de cc mall1curcux évènement. Le
i.6 de cc mois, par fiuq. rems brumeux & bon frais
' de ycnt, variable dY O. S. O. A midi, !'Amiral nous
ayant fait prendre en rcmorqac un bricq du convoi •
fo\IS le vcnr, nous Ggnalâmcs une voile dans la partie
du N. ~. Peu de tcms après, nous découvrîmes une ·
cfcadrc, compofée de vingt voiles, dont pluficurs
:vaitfcaux de li111e , quelques f ré~atcs & un cutter•
avec pavi llon Efpagnol. A une het1re moi11s un quart,
l' Amiral fit lignai de chaffc g~nérale ; à une heure•
après· avoir vir~ de bord, il fit aYx vaiffcaux chaffcurs
celui de rejoindre t•efcadre, & bic11rôt après
au convoi, celui de fe difpcrfer. Une fr~gate lt un
cutter de l'cn11emi virèrent de bord, ainli ~ue nous~
Be route l'efcadi c ennemie donna cha1fc à notre
conYoi : tn moins d'une heure de tems, elle s'empara
de pluGcurs de nos bârimeps. A deux heures ac .
Clcmic, une ~ro!fe frégate vira de bord dans no~ eaux
fous le vent, & s'empara d'un bricq, mit enfuitc à •
la voile , & porJa vers la flotte. A trois hc•1res ac
demie J t• Amiral nous fit 1ignal de venir l'araifon11cr;

..
..
' .

..

• -





-
1 ... ..
( 116 )
nou9 ralentîmes notre marche en CJnféqucoce, 8t le
l1élâmes peu après. Il nou5 do11naordrcdecroifcr dan1
le N. O. , pour tâcher de renco11crcr la flotte de
New-Y o rck, &. l11i donl1cr avis de nc>trc difgracc »
afit1 qu'el.Je pût fe tirer âe ce mauvais pas, & fi 11ous
pouvions y ré uffir, de nous rendre en fuite au rendez•
v~.us convenu. A 6 heures du foir, les vai-lfeaux en·
ncmis nous reftoie11t à trois ou quatre Jîeucs dans
Je S. O., un quart à l'O. A huit heures, pluie fine;
à minwit bon frais; à trois heures du mari11, 11ous
prîmes connoitfa11ce d'une voile dans le S. E. A qttatrc
heures • . • • • • Cc bâtiment faifoit partie de notre
convoi , & fe nommoit la Marie. Peu de t.ems après,
nous décot1vrîmes une autre voile dans l'Oueft, qui
fe trouva être auffi de notre convo:. A mi<.1i , ·nous
avons rejoi11t !•Amiral , avec Je vaii1èau l' Oifeau. &
ces deux bâti1nens du convoi, que nous avons aulli-
" . "' . tot quitté pour revenir en Ar!glcrerrc ''•
Le convoi forn1oic e11 tour 1 3 \ voiles ;
h eure1t11r erne11t celles de Ne' ,v'J;&-~ Yorclc>Hallïfax
& Charles· To,v11 , s'éro1e11t féparées deux
· jours aupa1·avant la rencontre de !,Armée
·enne111.ie con1bi11ée , qui s'efr e111paré d'u 11e
vingcai11e dé bâri111e11s ; 011 cl1erche à fe
~onfoler par la ée1·ticude que le refte a
échappé , & que ce qμi a écé ~ p1·is éroit
co1npofé des navires les 1noi11s gi·os & Jes
moins riche1nent cl1argés; 1nais cela n'e1n·-
pe" che. pas qu'on 11e trouve une grande
imprudence de la parc de l' Adminillrarion
qui , inllruite de !:'approche de D. Louis de
Co1·dova , de\1oit fe11rir qt1'ellc donnoic
beaucot1p au hafard , en f~ ifant parrir ainfi
ce double convoi. Ec on 11e manq e pas de
rérorquer à l'At11iral Keppel cout ce qu'il 11c

'
--
-



1
-
/
( 117 '
- celfoit de dire.au Lord Sandwich, fon pré ..
déccfleur , en pareille <Ïrconftance. Pourquoi
n, êtes-vous pas mieux informé ? où
· étoierzt vos frég4tes d' ohfervation ? ·
Cerce perte qui 11ous prépare à de nou~
velles, & nous inquiète avec raifon fur le
{ore de la Hotte de la Jamaïque que l'on fait
êr1·c aétuelle1nent e11 route & peut-être alfez
près de nos parages , eft u11 etfer de lllimp
offibilité où nous avons écé de rafiè1nbler
des forces f ufliCantes pour croifer Cur Ouef-
. l1nt & dans le golfe de Gafcog11e. Que font
devenues ces belles pro1neffes qu'o11 lif0it
dans tous 11os papiers, de l'oppoficion efficace
qu'on apportcr~it à la rét111ion de l'efcadrc
de Cadix à celle de Breft , · de cette
Borce for1nidable & fupérieure qui devoir
aller au-devant des Ef pagnols , les bacrrc &
ravitailfer Gibraltar ? nous n'avons p~t la ,
raffembler, parce que 11ous avons envoyé
ro à 60 vaiffeaux de ligne en Atnérique ou
aux illes , & une vingtaine dans les I11dcs
orientales, cet effort peu proportionné à la
totalité de nos fôrces , nous a procuré une
fupériorité mo1nenranée & quelques avanc,
lges aux Antilles ; nous Commes peut-êrrc
à la veille de les payer bien chèrement en
Europe , pour peu que la Horre con1bi11éc
de nos ennemis profite .de Ces a\'anrages >
& qü'elle ne fe contente pas de parader
· inurile1nenr, tantôt dcvanr Ply1nouth , ran~
tôt 4evant Torbay , & que de leur c~ré les
Hollandois rcmpliff ant cn611 de bo11nc-foi


-
..
..

..



( 119 )
·40 el\ftcmis ; c'eA: contre cctrc (up~riorit~ que nes
papiers erétce4cnt qu'il a ordre de rifqacr le combat.
Les neuf autres vai{fcaux qu'on dc,linc à Je joindre,
font encore fort éloignés d•être prêts, & quand n.
c feraient, il n'en ~ura que 3 3 , & fon inférioric~
fera toujours confidérablc "·
On peut juger d,après ces détails de ce
siu'on doit penfer des beaux projets qu'on
prête à cet A1niral; felon quelques Ul)S de
- _, nos papiers , il ne doit rien faire de 1noins
que b1ttre l'ar1née combiaée , & délivrer
Gibraltar. L' Amirauté a reçu de fes nou~
vclles' en aace du 6 de ce mois; elle ne
les a pas rendues publiques ; 1nais on ptétend
qu'il étoir alo~s à la hauteur d'Oueffant
, & qu'il fe flattoit de rencontrer les
ennemis auxquels il ne compte que 18 vaiffcaux
, ce qui fc~oir e11 effet très~heureux,
s'il n' écoit pas évident e>u qu'il s'cft 1népris,
. t>U qu'on fe méprend en rendamt fcs cxpreffions
; on ajot1te , & cela cfr vraiCem- .
blable, qu'il recommande avec l;i plus vive
inftance qu'o11 prclfe le dépare des renforts
dont il a bef oin.
Pendant que nous atten~ions avec la pll!I
grande anxiété des nouvelles ultérieures de
norrc Amiral , & qu'il efi: très-probabfe
qu'il les apportera lui- mê1ne en rentrant
~aps nos porrs , une nouvelle fcènc partage
notre artcntion. La mort du Marquis de
Rockingh;i1n .a caufé une nottvelle révolution
dans le Mi11ifi:èrc; cet évènement dont
1 r1 I A es con1cquences nous prcparent peut-e~re
~ de grands changcme~ dans les vues de
,
-

1
f
{o
- • •
( 111 )
de l'Amériqt1c n'y ~n entrée pour rien. D'autres
pcrfo11nes prétendent qac quand M. Fox a donné
fa démiffior1 à S. M., elle l'a très- bien rtçu 1 le
l'a n1ê1ne engagé à réBéchir encore fur la dên1arcl1c
qu'il faifoit, l'affurant que fes fcrviccs ll1i étaient
ttès - agr~ablcs . ., On ajoute que Jc5 différcns qui
s•étoicnt élevés parmi les derniers Minifircs, fo11t
tcll~ment accommodés, que Je Lord Sl1clburnc a
déclaré guc Con dclfein écoit de ne re11voycr qui
'1ue ce foit. Ai11fi , tous les Lords & autres en
pl'ace, qui ne font pas difpofés à foutcnir le Lord
Shelburne dans le refus ~u'il fait de récont10Îr1 e l 'indépc11dancc
de l'Am~riq•Je, pcuve11t rcficr e11 place,.
fi cela leur cenvicnt. Hier ( 8), on difc it que
M. Fox allcic rentrer en place , & , fclon d'autres
bruies , qu'il ferait nommé Cl1ancelicr de l'Echiquicr
, fQr la rctr~itc du Lord John Cavc11di\ h.
Quoiqu'il en foie , d'après cette nouvel 'c, Jcs fonds
font haulfés d·un demi pour cent. L'i11ccrcicude ..
du Public à cet égard ceffcra aujourd l1ui , parce
que les Communes doivent s'affemblcr, & qt1c M.
Fox s'y rct1dra certainement, bien déterminé ~ répondre
à toutes les qucfiions qui 1L1i feront faites
fur cet objet "·
On attend avec impatie11ce quels feront
les réfulrats de ces chat1ge1nens; on 11e croit
' pas à la renrrée tie M. Fox; Je Lord Keppêl
a at1ffi offert la réfig11acion de fa pllcc ; mais
S. M. l'a prié de la garder jufqu'~u . rcrour
du Lord Ho,1e , auquel elle eft , dit-on ,
dell:i !1ée. Si , comme 011 l'a prérendu, M.
fox & le Lord Sl1elburne fo11t remplac~s
pat· le Cl1êvali i· Jofepl1 Yorck & M. Te1nple
, on connoîc: les di(pofirio11s & les principes
dt1 pre1nier; fi hautcu1· d 11s L1 n1iffion
Cil Holla11de , a peut-être contribué plus
20 Juillet 1713. f

l\,N\,IF-.J•l':J~---------




'


..,, ' t l 1 '
I
.~ue toute atttr~ cho{è à l'ifl11e de- fes der~
n1ères 11égociarions avec la République; on
s'atre11d que le ùord ~belburnc trouvera en
lui u11 h<)m111e prê( à feco11aer fes projei.s
relativen1enr à l' A1né1·iqt1e ~ car ce Lord 111eft
pas réfolt1 de recon11oîrre fan indépendan-
.. ce ; il re B.1tte roujours de lui faire adoprer
un f} f1:ê1ne de Gouverne111c11t confor111e â
celui de l>lt·la11de; il âev1·0.ir pourrar1t êrce
ôérro1npé. Les ava11ces f:.iites par Sir Guy
·C,1rleror1 ont été rejetrées; les dc:légués de
~1aryland ont déclaré le. 1 5 Mai, que 1,Etat
emploieroir 'tou~es fes fâculrés pour mettre
le Gongrès e11 ét:lt de pouffer ·1a go erre jufqu'à
ce que l' ..~. nglererre "air renoncé à coures
fes prére11r-ions de fouverainel:é. C'ell la pre-
1nière répori(e faite aux ouvertures de vie
Gt1 y Car Jero11·
,, ll a été reç1J , die un de 11os p~piers , av~c totfs
)es ~gards (l t.ri lut fo11t dt1s comme bon Qfficior &
;imablc homme ; ·cependant rot1tcs les ouvcrru1es
de réco11ciliatio11 , ne tentlant pas à l'ind~pcndancc,
. • 011t éc~ rejer-tées fa:1~ être mfmc c~amin~es par te
Co11grèc;. ta ccfTation d'hoflil!tés qu•a ordonn~ volontairelnent
le Général Wa~hingron, n•tfi poirtt
du tour relative à la paix , cc n'eft qü'unc pt>litiquc
.adroite pour reporc.r f on a rméc, qu'il tient to•1jours
0011~ la difcipli11c la pl t•s rigjdc, & qu'il cx~rcc tous
les jours ; tanéf is que nos tronpe~ , rcnfcrm~cs d;nç
Ncw-Yorck, èliminL1cnt journcllcn1cnt, & ne fcr crnt
bic~1tôt pas même a11(z nombrcufcs poll r garder les
poiles èlc la place . ...
· Il efl à priéfumer qae ces nOU\"clles ran1è11er
ont le Lord ·snelburn~ au parti ql!1c
la Nation follicice, & qui eft le ~ ul qae

-

'
~

)


• •

, . - ( 113 l
liOUs ayons de hfl ir cetrc gu~rte; il pu-o1c
. u'il a 1oujouÏs tenu à fon plan plus que
M. Fox ne le ptéf u111oit, lorfqu'il répondit
pot1r lui dans la Chambre des Communes. ·
Lorfquc lei. de rc 111ois on y apporta le qill, pour
cbligcr ~eux qui ont C!es emplois c11 An1érique le .
aax Jfles a·y réftacr , le Chevalier George Savillc
propof.1 de fupprimcr dans cc bill le mot ~mériqttc,
afin gu'il i1'y fût qt1cflion que dcc, lflcs feule~
'f11car; & voici, dit-il • cc qui me détcro1inc à propofcr
ce cl1ang,menr. » Le mot Am~riquc rc(tant ~
comme partie éiu bill , !il paroîrra que l'Angleterre •
malgr.é tout cc q·,·~n a pu di rc de co11traire , cft
dans la réfolurion d'avoir quelque Jurifclitlion fur
l'Amérique , & d'y confcrvcr un pouvoir légiflatif;
ainfi , pour Ôter tout f Ot'pçon, je dcfirc f]Ue le mot
- :Amcri~ac foit effacé au bilt; 8c je le dcma11dc avec
~·autatlt .plu~ (i'inffancc que tOUt f c mon(le fait '-lHC
le Getnrc de Shelburne, qt1i le premier a tpr~ fentë cc
bill à la Chambre des nords, e!l: to11t-~-fait oppof~
à t•ind~pcn,-fancc de l~l\mériquc. Si on lailfe f ubfifrcr
le mot Amérique , •je fuis ~rCuad~ qu•il alarmera
fcs habicans au point d'ouvrir la porte à une
nouvelle guerre, & de dér1·uirc tous les bo''' cW~n
fiUC nos Bernières d~c larations ont proèlüit ;. & je
d~clarc que j'aime trop mon pays ·pour ne pas dcfircr
de voir l'Am~ ri quc récoi,ciliée entièrement avec
·nous. M OaviH Hartlcy fat de !a 1nême opi1:1ion:
je regarde, tiit-il, le changement propofé comme
d•autant plus nécelrairc qu'il en impoffible de faire
la paix avec 1' Am~rique fans rcconnoîrrc foo !ndépcndancc,
& llUC nous devons nous conduire de m~
nièrc à ne la itfer aucun doute fur nocrc ftncérité. Les
~mé ricains favent pa rfaitement que la nouvelle :AdmiRifi(
ation ne leur a jamais ét~ contraire; mais
cc n'en Eas sffcz , il faut encore qu'elle leur donne
des gages certains que les mcfu1es q\1'cllc aaoptc
f 1.



.. -


..
~1.,...,...~----..-------

..
. \

;o

,_


1

I

-
-
,
...
• '

( 11 J )
· de S. M •. , 'n g~néral, que 11ous ne m~ditofis rictll
.. co11tr-c les droits de l'Amériqt1e. Je crois bien cepcn~
dant riuc la Chambre peut ne fe pas contenter de Ja
Héclaracion d'un fcut ho111mc fur ccc objet, parce qn'il
peut en îm~fcr , mais je ft1is intime111ent conva10-
Cll que le Minillèrc aduel cfr compote d'une clalfc
o'l1ommcs qui ne peuvc11t être trompés tous à la· fois~
quoiqt1e ql1cl<.1t1'u11 d'euI pui(fe l'être,&. ~e clefirc que
la Chambre aie aCfez de confiance c11 moi pour me
croire: lorfque j'avance que nous (on1m~s tous d'ttn
mê1ne fenriment fur la co11vcnance d'accorder l'i11•
dépcr1dancc à l'Amérique. Quant à moi je C!éclare ,
hat1rement qt1e jam i la force ou la négo,iacio11 ne
me feront donner mon c0Qfeoten1cnt à aucunes mcf.,
re pour la concllifion d'u1>c paix avec l'1\m!rique
f3ns .. rcconnoîtrc Con it1d; pcndancc légiGative tians les
terme~ les plus clairs & le~ moin~ équi voq·•es. J an1ais
il n'y aura dans les Confcils d~ Roi aucune
trah.ifon à cet é~ar.i fans q l'clle ne foie plcincn1cnc
~cot1vcrte , & 6 la chofc arriv,lit je clonnerois ma
démiffio11 ai11fi que tout.le Cabinet, car q1Joiq t1e je ne
doive poitit répon<frc de l'opi11ion des autres, en ceci
je ne. tis me tromper , parce que nous fommcs tous
fermement t1ois • • te Comte Shclburcic dont il a été
q cO:io1i , ne pcnfc .plus comme. il p nfoit autrefois;
de 11ot1vcllcs circonfiances l~oot fait cl1a11ger J•avis,
& il croit aujourd'~ui que la Grande-Bic agne ne
f'C tlt riet1 faire de plus fage qt1e d•accorder l'ind~pcnrJance.
Pour moi , tel le efl: mon opinion depuis
<]Uatre ans , & tout cc qui ef~ arrivé depuis n1'y
co11firmc de p lu~ en plus. J'cfpère donc que Je Chevalier
G:orge Saville retirera fa mocio11 rclarivc.
ment. au mot Amériqrlt , qu'i~ propofc de fupprimcr
dans le bill , aûtrcment · e fe rai obJigé , à
mon grand reg ret, de me retirer Ca11s voter G1r
la q 1~Aion. M. Saville a}·anc acquicfcé à la dema11de
de M. Fox, le bill fut lu pour la troifièmc ..
foii , & -paif a. · ·
f;
' .





'
-
1
' "


-

J
- ..
(,' 1 5· )
0n cOE fort inquiet des nouvelles· que le
Gouvérnrment a reçu dernièrement de l'Inde
par la voie de terre , & dont rien n~a
r.ra11fpiré ; on a dit d'abord qu'elles n,étoie11t
pas déchiffrées ; mais depuis quaroe
jpurs elles doi11e11t l'êcre , & le public
mérite au mGins d'être inll:ruic. Hcureufcment
il ne fe plai11t pas ; & fon atten,ion
. partagée pat ta11t d'objers , n'a pas ~le tcms
de s'arrêter ( ur celuj-là ..
,, Hier mac in,, 1 8 Juin : écrîc·..on d,: Dublin a
le très· ho.norablc __Fitz Patrick fic voile pour
l:Anglctcrrc.. Il ne f auc pas une gr.and~ péo'tracior1
pour deviner .. quels !011t· lcs motifs qui l'apr.
ellcnt au Cabi1lct 9-e Londres. La cooviaion in-
1ime qu·a cc Seçrétaire de la juil:clfc de la doarioc
d.: M. Elood , lui f~ic fenrir q~c, quoi1-1u'cllc ait
'cbot1é , rour le moment , au Parlement, par la
10a"oe•1v rc 11 fée d'appel Ier à la qucftion p.r~liminairc •
clic rcp,rendra bientôt le dclfUS'.dans ious les c~prits;
c:cl\: cc,qni l'ol1lj~gc à Ycnir prCJld'c la ~ol'lûon
~finiti~c. d ' Mi11ill:èrc Angloi1. .
Et1 I 7i7, , les rrcmicrs rayons. de la libcrt! ~clai ..
rèrent les Irlandais. DcRltis cc momc.nt , ils l'onc
ourft1ivic avec affiduit~ ' aY.CC adrcffe même. Mais,.
_clas l·à Picine font-ils arriv~s aa moment de parvenir
au comble de leurs défirs, que, pat une fatalit~ in~
oncevablc, ils 1cfL1fct t de faiftr ~ctte occ•lioii av~c
fer1ncté ~ Ils Tc con"tcntc.nr de tenir leurs priyjJ~gcs
de commerce «l'un Minifirc Anglois qui s~r,ogc le
droit de dif eo(cr une légiflatio11 c.Ji~ricu1c r; ~ le
fcul noeud qui aff)lrc lcL1r foiblc ~onfliturion •
dl la révocation d'un Atl:c du Parlcm:nr ~'9nglois :
Par:turiunt. montes~ na{citur ridicu/u.s mus. -
Les avis font très-partagés ic.i, relativement à fa
conduite tcnt,c en derr1icr lieu par les Velontai1es
âc cc Royaugic. Selon les ans, ils ont agi très-fige ..
-

-

( 117 )
mc11t 8t comme de b ons f ujcts , en acceptant la r~vocario11
de l'Aéle de George I, de la manière dont ·.
le Parlement de la G B. a jugé à propos de l'ac~ordcr.
Niais il s'c11 faut bt~ L1cot1 p <] tic cctcc opinion foit l~
1.,lus gécaéralc; & d'aut res perronnes di(enr. hautcn1ent
que les volo11eaires 011t laifft écl1apper. uoc ·
occalion uniqt1e , & q•1'unc coçfiancc aveugle dans
· les talcns & da11s l'inr~grité de M. Gratcan les a
engagés à tin facrificc de lct1rs priviléges & de leur
autoJ ité. Il -cfi co11ftant que da11s la fituation ac ...
ruelle des cliofes , l'indepc11dan:e de .. la légitlation
!rita11niquc eit incomplectc , & q11•il tfi toujours
·, au pouvoir d•un auc ~c Roi & d'une a1Jtrc Aàmi ..
niltrario11 , de récla1ner un d roit confi itufioncl de
décruirc ce q'JC la j•1ftice & la Cageuc du Roi &
dcs:1 Minif11cs aéluels ont jogé à propos Uc faire.
F R A N· C E •
De y~ Il. s .A. I LLB s J le 10· J~illet.
.. .
· MoNSEIC!NEUR le Comte d'Ar~ois efr partt
le 5 de ce i1~ois pour fe rcndr:e à Madrid:
& de là au ca1.1, 1p de St•Roch ; ce Prince
elt accot11pag11e d.111s cc voyage par Ie
Co1n~e de Mailli , Marécl1 l - de ·· Ca111p ,
pre111ier Gentill10111me de C:ï Cl1a111orc , le
Chev:ilier de Cr11ffol, Ilrigadi=r des Atrnée,
dt1 Roi, Capitli11e de fes GaJ·des, le Prince
d!Heni11 , Capit~j11e de fes G~1rdes, le Che·
·,,;t]îer d'Efcars , Capit,1i11e de fes Gardes c;a
furvivance , 8l le Co111re de Vaudreuil ,
i1aréchal de-Ca1np & Gra11d Fat1con11ier de
F ra11ce.
Le n1ê~11e jot1 r Jvf cf.jam es Adela.ide & ·
Vifroirie de 1:-rance fe fonr re11dues à le13r
CI1accau de Bellevue , où elles doive11t
' f 4


,


-
,,_,..._,-------~·



-



'
-


-

( 117 '
met1t & comme de bons f ujctl ~ en acceptant lt r~-
V C\cario11 de l'Aélc de George 1, de la manière dont ·.
le Parlement de la G B. a jugé à propos de t·accordcr.
~lais il s'e11 .faut beaucoup ql1C cette opinion foit la.
plus g~raér.alc; & d'aut res p:rfonncs di(cnr_ hautcn1cnt
que les volo11taircs 011t laiffé écl1appcF une '
ôccalion uoiqtJc , & q11'unc cpnfiancc aveugle dans
· les talens & da11s l'int~grité de M. Grattan les a
engagés à 110 facrificc de let1rs P.rivil6gcs ac de lcw:
auto• ité. Il ·cfl: co11ftant que dans la fituation a._c,,
tuclle des cl1ofcs , l'indépc11dan.:e de .. la légiflation
Britat1niquc cll: incomplcttc , &. qu'il lft toujours
· au pou'Yoir d'un aut ~c Roi 8c d'une aiJtrc" Aàminifrracio11
, de réc;lamcr un d roit confiitutioncl de
détruire cc que la j•Jflicc & la fagca-c du Roi ~
clcs M.inifi 1 es aâuels. ont jogé à pcopos de faire.
FRAN· CE.
D1 Yzras.4.ILLBr~ lt 10 J"illet ..
I • .
· MoNSEIGNEl:1R le Comte d' Ar~ois efr parti
le 5 de cc inois pour fc rend rie à Madrid~
& de. .. là au ca1.1, 1p de Sc•Roch ; ce P~ince
cft acco1npag11c dans cc voyage pa.r le
Co1ntc de Mailli ,. Marécl1 1- de·· Ca111p,
pre111ier Genrilho1nme de fa Chaml>re , le
Chevali~r de Cr11ffol > Ilrigadi!r des Ar,méc&
dtt Roi, Capitai11e de fes Gardes, le Prince
d'Henin , Capitaj11e de fes G~1rdeS!, le Che·
·,,aJîer d'Efcars , Capitai11e de fcs Gardes ea
furvivance , & le Co111te de Vaudreuil ,
~1aré c hal de-Camp & Gra11d Fal1con11ier cù:
Fra11ce.
Le mê!11e jot1r Mcfiames Adelaïdc &
Viétoic:e de France fc fonr re11dues à leur
Cl1âceau de Bellevue , où elles doive11t
- f 4





;
-
IUl.fllft1lf""'·~---------
\
'



• •
patler qu~lque rems , &: d,où elles iront
peut être dans leur te1·re de Lou vois.
Mo11lieur, ·Mada111e, & Mada1ne la Comteife
d'Artois ont été à Brunoy , OÙ· ils
éomptent r-ell:er un 111ois.
' De P ;AR. J s, le Io Juillet.
1
[Es lettres de Bt·efr, en dar.c du 7 de
ce i11ois , 11ous apprennent que le vent ~
toujot1rs conr1·aire de puis le 2 de ce niois ,
avoir en1pêché- M. de la MÇJtte-Piqt1et de
· f ortir ; 1nais le 6 le ve11t ayant tour11é au
N o1·d e11t1·e 9 & 1 o l1eures du mari11, ce
Génér:tl a éré auffi-r6r fous voile avec fes ; .
8 vai{Ieat1x. On J1e doute pas qt1'il 11'aic
joint 1, ar-1née le foi1· i11ême , ou au plus
tard l'e le11de1nai11 1nati11 , u11e bruine qui
s'éroit él evée le 6 au foir aya11t pu retarder
la jo11'étio11 de q1t1elq~1es l1et11·es. -
f ~' Le 16 J \JÎn, ajoure11t les m~ 111es lettres > qul
troit Je lendc111ait1 tl ~ jÇ>ur où les s 8 vailfcaux pris
du co11voi de Québec ôVoie11t été a111a rinés , la
frrgace la lÇai1zt c-Perpétut s'e1npara d'un b rigantin
q u'elle envo •a liaos t:n port d'E(pagnc. Cc dernier
· éroit on traî 11eur l~ u con\70Î de Ne\\?'· Yorck , qt1i
a vrl it fi lé 3 oti + jours auparava;1t , & qui a eu
le bt) r>he 'r <~'éc l1ap pe r ~ la t1 otte combi11~c. D.
J .. u i ~ cie Cordova a établi fa croifiè rc depuis Oucffa
t1c jufi .. u•aux Sr,rlingues ; mainrci1at1t q u'il cf\: renforcé
par l'e(catile de Brcfl:, les Anglois ne pcuvrnt
.ras fe r~fcorer (levant l l, j ; & les convois qlt'ils
atrcn<Jent courent le pll:s grand dang~r. Il VQnt
fans doute expédier de tous .le ttrs ports de a11ifo
a11-devant de la fl~ tte de la J amaÏ(JLlC, pour l'avertir
,ie notre ci oili~rc , & la faire pa lfcr par le N,'>rd
de l'Ecolic; mais fi les Hollandais , a~xq cls on a


,,
...-----..··-----------


'


• -

• \
.. . ( 12.9 ~ . •
c1iVO)'é un Gourier dès l'infi:ant qu'on a fu l'arrivlc.
de l'cfcad1c combinée, veulent faire le tour des
Orcades: cette riche Botte que Rod11ey fait c.fcortcr >
~ cc qu'on croit , par 1 o ou 11 ~c fcs plus mauvais
\"aiffcat1x, ne peut 1nanqucr d'êrrc rencontrée; elle
doit arriver dans le courant ·de cc 1nois. Le ~ o
Juin , la frégate la Mldée a pris t111e corvette du
Roi d'Angleterre, de t 6 canons. Dc:s 4 vailTeat1x
de lig11e do11t la confl:ruél:ion cil ordonnée dans
cc port , trois font aélucllemenc fur le chantier ;
le quatrième , de 1 1 o canons , y fera mis dè~ q ltC
le balli11 èouvert f cra vuide <c.
Le 26 J LIÎ:l il efl: entré dan~ le porc de C2lais Ie
(1oop Anglais Je Tho11zas éJ Marie, de Fo'lcl\ftone,
du port de 3 o to11neaux , cl1ar~é de divers objets
pou c le fevicc de~ v ailfcaux aux Dune3. Le Cor faire
de Do11lccrque l'Efpérance s'en cfl: emparé fous le
Cl1âteau de Douvres.
Le. navire An,glois le Dolphin, "'1 port de i·r o
tonneaux , ~R entré le 18 Jt1in dar1s le P'->rt de
Dt111kerql1c. Cc bâtin1e11t , allant fur fon lcfi ~
d: Dublin en 1'ortt1gal, a été pris le 1; du même
mois , par le Corfairc de Dunkerque l'Eclipfe. · ·
Il cil entré au Havre, Je premier de ce mois ,
le floop Angiois le Gratton , de 80 tot1neaux ,
chargé de boeufs , lard, beurre, &c. Il éccit parti
de "·atcrford en Irlande pour Londres , Sc il a été
pris par le Corfaire de D nkerque la Vipère .
I~es 11ot1 velles a11no11cées depuis quelque
reins de l'I11de , s'acc1·éditent de jour e11
jour ; à la lettre de I•Officie1· auxiliaire Pro-
. ve11ç1l, fcrvanr fur 11 Rotte de M. d'Orves>
011 e11 joint at1jottrd'l1t1i u11e at1tre de M.
de Ponreves , Capitai11c de vaiffcau f u1· le
Héros, qt1e 1nonte M. de Sutfren; el~e efl:,
di t-on, adte .ffée à un Officier de difti11él:io11
aél: 1ellen1enc à Rochefort , où il doit s'etnb
rquer poui:: rep~lf< r e11 A111érique. Cecce
f f -

'

• •
...
1





"
..
• •
' •
(i 130 )
lettre , ·affure· t·on , co11rie11t les m~mes dé..:
tails ; il feroir bien fi11gulier qur,une nouvelle
annoncée fi fouvcnc par tant de pe1·fonncs
différentes , ne fe co11firmâr ROÎ11r. 011 eft
perf uadé que le bâri111e11t F L·ançois vcna11t de
.l,Inde , enlevé par les C1·oifeurs Anglais ,
& condt1it dans les ports de la Grande B1 et
ag11e le 19 du i11ois der11ier, nous apportait
des dépêcl1es de M. d'Orves & de M.
de Suff1·en, dont la circonfiance nous prive.
~e file11ce c!es Anglois fur ces détails n'éto11i1era
· poinr ; mais les ala1 n1es qui perce11t
à. Londres donnent att moitis beao-
. coup de fondem~nt à ces bruits .
. ·"' 011· p~rle· aufil dans ce n1on1ent d'une
lettre adre!fée par notre Co11ful -Gé11éral
c11 Egr,pte, à l Cha1nbrc de Co1P.1nerce de
Ma1·feiile, qt1i donne encore de la con.hftance'
~ cette nouvelle; il n,y eR pas parlé ~
à ·Ia vé1iré de la défaite dei· An1iral Hughes>
. mais en revanche il y elt fort quefiion de
très-gra11ds i vanrages r~1.n1;,orrés dans l,lnde.
Le navire arri \·é à C, dix4
, que nos lerrres
de ce port difoient qu1on ne pau,,oit
aborider , venoic de Mo11tc-Video. Les dépêches
qu,il a appo; rées onr infor1n ' la
Cour qtte les troubles dtt Pérou avoie11r
écé cal111és par la pu11ition d s p,ri11ci pau.
rebelles.
Le lcnde1nain il arriva dans Je 1nêr11e
port un paqueb,.,r li~ );i hl ,·ane > avec 1
Officiers e11\1oyés par D. Marhias Galvez.
Ils 011t appri~ qu'après la priCe de Roara1>.
fa pet1cc ar1née détrui.lic fur le Couriricnt


• -
( 1;1 ) ·.
tous les a11trcs ,établiffe1r1ens tnne1nis , de
... 111ê111e que les I11diC11s qui s,éroient ar111és
pour les foute11ir. Le Te Deum a été
cl1:i11té de 11Guveau à cette occafion dans
l~ Cl1apelle de la Cour , & il y. a eu des
illuininarions à Ma~irid.
' ,, La f r~gatc la Fée J comn1andée par M. de Boubé~,
Liel1tenant de va~ lfcau , s~(n emparé , fur Je cap ..
Lézard, après un combat alfcz vif., de la corvette
du Roi d'Angleterre I' Alligator J montant .. 1 S ca-
11011s de 6 , &. cloubléc en cuivre ; GCtte corvette
étoic cl1argée (ie~ dépêches. du Co1nmanda11t dll
vailfeau le Leander, qui a~oit lt~ c:x pédié d'A11-
~letcrre, pour s'emparer de que!qres JlCtÎtS ecmptOÎrS
Hollandois à Ja côte d'Gr , dont .. il !> 'cfi: rcndo
ma~tre. M. d~ BoLa.h .'. e fait les \>ltls grands éloges
de l'intrépidité av(c laquelle M .. Frofdam , commandant
J'AtLigator, s'cff défendu contre la Fie
<1ui monte 3 ~ éaalo11s, doi-1c 16 de 11. On
écrit de Dur,kerquc , que le corfairc le Petit
Gendar·me , de 4 canons de 2. livres , & de B
pierriers , moncant 2;;f hommes d'équipage , commanclé
par le Capitaine Claude Arminot du Gbatelct,
Ecuyer, forcit de la rade de cette V•llc le g
I uin , & que le 9 à 1 heures après mitli , il rentra
dans Ja même rade, avec un brigantin d'environ 10C»" ...
tonncau1, nominé Je Diligent, fortant d'Olla1dc •
chargé peur Lo11dres. La cargaifon de ce bâtiment
cfi cfiim~c alJ moins 300,000 )ivres cc.
.. M. Fay de. F1lhon11ay, Prévl>~ des Mar-=
~ha11ds de la Ville de Lyo11 , ayant alfemblé
les Ecl1evi11s , les Co11feillers &. les
N.otaoles de la Ville , il a éré délibéré fur
)â prop.,0lition de de111ander au Roi la permi!
lion l{e lui offi·ir u11e Con1n1e ft1ffifanre
pour. la confirultion d'un va1tfeau du prc-
. f 6
'

..




l"''l""""f"t!J __________ _
-
-
-
. , , ( f; 2. ) •
in ier rang, qt1I feroic 11on11né la Ville de
.Lyon_. M. le C oince de Verge11nes ayanc
i11is cette délibé1·ation fous les }·eux de S.
M., elle a bien vot1lL1 accepter cetre Qffre,
& en a fair cén1oigner fa fatisfaétion au
. Corps de Ville de Lyon. · .
>> • En annonçant la publicatio11 du cinquième
Méinoire concernant les .Ecoles Nationales Militaires,
not1s avons promis d'et1trer dans quelques
détails fur cette infi:irution vraiment patriotique ,
0 ~1vrage de Citoyens qt1i, par lcttr zèle.& leur générofité,
ont des dJOÎts à Ja recoonoiffancc publique,
comn1c ils e~ ont à fa vénération par leur
11a1lfance & par leur rang. leurs yucs bic11faifantcs
fè fo11t d'abord to.urnées vers le peuple dont on
paroîc s'être occupé rarement dans la plupart des
érabliffemens faics pour 1·t1tilicé gé11éralc, & dont
la pofition & Ja .misè.re Je mctccnt prcfql!c toujours
h~ rs a·érat &·en p1oficer. Ils ont chc1·cbé à procurer
atix e~fans de cette clalfe, J'~ducacio11 qni leur
maL1q ue ~' a r-rour; & la manière dont elle cfi: dirigée
a pour objet de remédier aux plus grands man~
èes campagnes, à la misère, aux cff~ts de la parclfc
&. clc la mcodiciré, ~ la charge des corvées beaucoup
trop pc (antes pour le eu ltivatcur, aux inco11vénicn1
des mili~cs, à l'in1pcrfeétion des recrues. & fur-toue
a\1 dé1ègt~ment des moeurs & à l'ignorat1cc de la
r çl igion. Ge al'a pas été alfcz paur ces Citoyens
refr eélablcs ; leurs Coins bicnfaifans Cc dcvoicnt
éga 'c1n ·nt à Ja cl a Ife la plus difii11guéc des fujcrs •
Le Roi a établi d3os les Colléges de Provinces, en
fa vcu; de la noblelfc pau'vrc, 600 places, pour cha ..
Cli ne dcfqt1cllcs jl paie 600 liv. Mais tous les cnfans
àc la noblclfe pauvre ne pc11vent y être reç us; &
c'eft à ces cicrniers qμ·ils fe fo11t propofés de procurer
en même-rems- une éducation n;;rionalc difciuguée.
On trouve da;1s les Mémoires .q-.•ils pu-
~ 1 -

~ .. ~------~-- ..
-



• r J'' blitnt cla e 6it, lcar1 a
relatifs à ccuc idu ,. -le

ElèYCS 1 lcc. r 1
le pL1"1ic à po_ici~ d:apprée1er 1
mer fes recours ~r .alk: Cht;tp fd
· qu'il.duit ,·cmprcffer de fauctai ~t&aianao
co mukipli~t les obfcr arion ~'it1 · •
rec.onooiiaace lorfqu•on leur ert fai
adoptcnc lorf<i_D'ellé1 • atiler • de mini~ ~
leur plan d'inftitution confac;~ à t••tan ge de
Natio~ ea (cra e et · l' v dès Olij
1•Ji . icnn.ent à des cili , à du • aafffd
la p11blici14 da ation1 coin ~•
•c pcm qa'êcrc avaacagcurc. t1i bN c
•c~ aucre, ccllc .. ci one rroifième ; a
doit avoir l'aaio ·propre dé croile
pcnf~, toat prlva ... TcHa font n
' M. le Doc: de Charoft, da••• lettie de à
le Comte de ~ lis~ le rnicf C~-
, trc , rem ic d'csccltentes f dueatioo
bliqae , nt 1lcmmt ho e illàftre,
aa Militaire clair~ fol e
- , ciaqaiime Mé r M.
D • .do C. commence pa n
tl'd comnfè la emhrAf•e tic ÇC!
timcnc de: bieaVaifance uni lie,
à l'amoar de la patrie. Il
Be da ch e Pro • e,
a·~d · bl.~·
qui, i clc 1
ment, 1• mp•n r • r a
ferme. · foa afli oient
naift"ance inftkuâoa n&!oeff aire ;
clbcleppaot -par te~ "iae11ien 1
la •• ~ · croien 1
gr forcca c f • ufè
l'efp L'an
ck 1 ; • 1
mais pl11 • daftr}ca1 à acrccr UP wc m6c
• /
'



'

ljQIEllNI----~-----~

• - •
1

,
-
- - - ..
. f ''i ) tel autre par un ,..efprit d'ordre & de calcul~ ~ rc
livrer au:a: combinaifons du commerce; cclt1i-ci, par
ut1e imagination \'ÎYc & féconde, à fc dcfliucr aus
arts 1il>éraox; celui-là cr~fin par les écincclles au la
pét1érration de Con efprir, à Cuivre la\ cari ièro. des
lettre; ou des haut,e s fcicnccs. Al ors l:édocation
Eubliq,ue, imitant le cultÏVf:tcur foigneus, ~ui apràt
avoir donné aux divcrfes ef11èccs oc terre des prlparario11s
commt1nes , vcrf~ tn(i1itc Jans Chac11ne
Je~ femer,cc~ qui lui fa1'~ propres, fot1rniroir à cc1
flèves les mo)·ens Ae devenir utiles à l'Etat dans les
~mplois qoi leur conviennct!t. Fat1~c <le cette bafe
con11nunc, ;les profcffions font c 1nbralftc~ au hafird,
~ ici eft t1n Coldat Î!ldifcipliné qui tût été un
habile cQm~crçatlt; rel u11 arcillc m~diocre qui cûc
ét.é un l1omn1c de Lettres fupéricu1; tel u11 demifavanr,
qui, en fcrvant le Roi, fût devenu cc qu'on
-~ppclJc t111 Offi;icr de fortune, c'cfi-à-dire, Officitr
Je mérite <<. Ap1ès- ces vues gén~rales, NI. le
Q. de C. entre dans les détails particuliers des Ecoles
NationaJcs, en comn1enç~nt par celles du peuple.
~our en faire voir le~ avantages, il 'xpoCc cc qui fc
fait, le!' genres d'infiruétio11, t·cmplot du tcms, lcc.
Les ElÇvcs qui en f orrc11t, quand ils ne Jcvicn•
d.roicnt. pas tous des foldats, fc (croient toujours
rendus propres à cosd,μire les travaux publics dignes
du foldat; plufienrs feront d'cxccllcns ft1jers pour
<\iffé1c11s Corps; ces Ecoles , en ]es 1n ~ ltipJiant •
p~ur1·ollt devenir des dépôts, 0,;Ù les rl gimcns, ~
fnr-èout l'artillerie , trouveront d'excellentes 1ccrucs.
,, A mérite égal , obfcrvc "i. Je D. C.
lf nobJclfc doit fans doute avoir la pr~fl-rcncc d.ins
f'j.rat miüraixc; mais quel parti tircroic on des Û>ldats,
fi qt1e1que S•'l0S d·entr'cu~ IJC rarvcnoic~t p:is
I ll grdde <l'0fficier: L' c {pérancc., a dir le Ma•~cl1al
d~ Saxe, fair to•r e11dt1rer aux J1on1me'; cc n·ci}
~JC 11c q1Jc p:lr l'efpérancc d'u11 comm.a11d ment proro1
tÏOD11~ à ieu1 S tal(llS, qu'on fCUt tOUt attCUdfC



i
. î 135 l
ac ces hommes clevcs à affronter la mort ac à Jni~
prifet la plt1part des joui'-fanccs agréables 'q6c procurent
les ri~helfes. On pourroit même alfurcr que
tout miJicairc qt1i n'a paç le dcfir de s'avancer, fera
toujour- un ho111mc m~d1ocrc : aioft je ne doute pas
que le Gouvernement 11e récompc11fe par la Cuite les
<Sl1efs des divcrfcs Ecoles qui fe dill:ingucront par
- kur zèle & leurs ralcns ''. L'éducation des Elèves
gentil hommes qui fait la (econde parcic de la lettre
de M le D. de C. ne préfcnte pas des vues n1oios
fagcs ni moins étendues;. ils (011t ~ com111e ils doivent
'êr.rc, difi:ingHés des aurrcs; toujours furvcill~s
par de3 Officiers qui les inO:rt1iCcnr, l)UÎ ne les quittent
jam:Jis, & qui n1êmc cot1chent dans lct1rs chambres.
L 'illufirc Auteur expofc de J~ manière la
plus pré ci fe, la plus fatisfaifantc, les dét-ils parcicu!
icts des différe11tcs brar>chcs d'iofiruélion qu•ifs
1c~oi vcnt, répond à 11nc objeélion faicc & répétée
fo 1vcnt fur la <bfficulté de placer les Elèves de cette
clalfc qui fc trouvent c11 concurrence avec ceu~ des
Ectlles Royales Mili tai res r les Pages & les parcns
des Officiers des régi mens. - " Qlse Ics El~yes Jcs
Ecoles Nationales feront ordinai1cmcnt tii~s clcs
familles 1nilitaircs, & par conféq11ent parcns d'Officicrs
fcr va11t dat1s les rro 1pcs; qt:e les ft1jc:tc difirn- ..
gués de ces E ·oies fe?ont dcfi rcc; da.ns les Corps ;
que lorfquc les Mouft1uctaircs cxifioicnt , on en
plaçoit quelqucs·uns , & que ceux t]U'o11 pl2çoic
~oient <Je mên1e CD Cl)O\!U?fCOCC 3YCC les P~ge!,
avec les Elèves des Ecoles Royale .. Militaires. D aillel11
s qt1an 1 les Elèves des Ecoles Nationales n'a\t•
roient qt1e )'Ar illcrie, le Gf:11ic & la Mari11c royale
pour rléboucl1é , c'en Cc roit ue... . M; is rous ne
fe ront pas placés dan~ ces Corps. Que· de\·Îendront
les a11trcs ~ ~l. de Rrt1ni 1·a i11diqt1é dans Con M~moirc,
& j'ado11te fon 'd(e, d'autant plus vo lontiers ,
flUè je fui" têmoin du regret qu·a la nobl rfe des
nroYÎtlCCS d"êtrc pti,·6c des telfourccs de ft11ir CD
.. •
'



f



'

,.
..
1
. ( IJ6) •
trot1pc, lorrq1.1'cllc ne petit parvct1i r à entrer dans dct
r~égi111ens comme Officier, & ql1C )ai vu Je vuide
' qu'a fait dal1S ces Provinces la Cupprcffion des Moufquccaircs
& la fupprcffion des aur1·cs Corps de la
maifon du Roi; pourqu<lÎ c11acunc 11'aur0Ït·clle pas
fes Volontaires nobles • formés dans Ces divcrfcs
Ecoles. Les Ecoles .partielleJ , inftruitcs c11 tcms
de paix , d'après un plan 11nifor1nc , fc réll0ir.
oic11c à Ja guerre & Co1.1ricndroict1t ~ l'envi l'hon~
11eur des P rovincc,. Ce feroit la Milic•t noble d11
J~oyat1me. Si les Grenadi_çrs Royaux ont mérité
de parragcr les éloges dûs à ces léj@,ions antiques
qlti fo11t t·l1qn11eur du n1iliraire Fra11çois ., qt1c ne
qevroic .. on pas attendre d'une noblellè élevée dans
les p,rincipes d'une Religio11 éclaiJ éc , qui fait de
la bravoure un .devoir facré , 8' de la Cubordina·
tion un devoir d'écat. La d~penfc de ces corJ>•
fc:roit moffiquc dans tous les cen1s ; pct1 accoutt1111és
au luxe, ils fcror1t exempts des abus qu'on
a repro:I~~s à ceux qt1i , Elac~s au ((in de la C.:apitale,
étoicnt c.xpofés aui écarts qu'entraînent trop
fo11\·éc1t le Céjour des gran~es Villes ''· Il faut
.lire cl;i1Js la lettre 1nême les vues profondes & lumil}
eufes que développe M. Ic D. de C. Nous regrettons
que la 11ature de -notre Journal, & les bo1·1Ks qui
11ous fo11t p1 cfcritcs , ne nous permettent pas de
nGus étendre davantage ( 1).
Nous ve11011s de recevoir la relation
fuiva11te de cc qt1i s,eft paHé à Gelle
ve , depuis la dc!clarario11 faite , & la
lerr1·e éc1·ire aux Sy11<.lics de cette Ville par
les Gé11éraux des crois Puiffances , le 29
J li~ j 11 1 7 8 i •

( 1 ) Il p:iroît tous Jcs 1nois u11 de ces Mém ires. La
fo11fc ription cll ouverte cl1cz ~i. llricJ1, r ., ot i~c t1c
Sainr-A11Clré-des-Arcs :à Paris ; ~ nlO)'C11 c 1 liv. oir~e
le$ prnCLJre . re11dus fraJ1c:s de port p:r-tout le Ro)· liRI<'.
~ette recette cft co~facréc route cntiè.r a11x ol 11

· t1011alcs.

!1
t!

' •


--
'
• - •
. , I 3 7 }
Le 19 ]llÎ11, à f heures du matin , un Trompette
de cl1aque Nation a :ipporcé à la Ville la dèclaratioa
& les lettres demanda11c l'ouvcrtu1 c de~ porrcs, &
la (ortie des pril1cipaux faéticux ; elles n'accordoie11t
à la Ville que cinq heures. A migi, les Syndics écri-vircnt
aux Généraux, pour leur demander un délc:i,
qui fut accordé pot1r .2.4, mais avec la claufc exprc:ifc
que les préparatifs d•attaqt1c continucroicnt pendant fa
durée. lv1. le Marquis de J aticourr fit ouvrir Ja tranchée
la 11uit du 19 , & travailler aux barteries. A
peine Je jot1r eut-il découvert no~ puvrages atJX
Genevois, que nous les vîmes démafquer des batteries
nouvelles dans les cmplacemcns qui leur ra ..
roitloient dc•1oir incon1modcr les 11Ôtres. M. le
Marqt1is c.~e J at1courc. pour rendre fes dé1nonfirations
encore plt1s tffrayantes , décermil1a , le 3 o ,
M. le ~aronde Lcnrulus à vc:rlir camper à la gaucl1c
de fcs troupes , à contÎrlucr Ja trancl1éc deval1t Con
cam1.,, & à é!e ~· er ttne batreric , qu cliqu·el ie ne l'Ûc
être formée que de deux oht1iicrs. Les Gcne\'oÎs no
tirèrenr pasft1r Jes r;availlet1rs, ils ne mires t aticun
cbflacfe à la perft él:1on des ottvraec< , mai~ ils ea
oppofeient à cl1aq t:c ir1fia11t <le nou~eaux . Les S}·11•
dies demandoic tlt ui1 nottveau délai 7 affurant tot1-
j ours C] llC .les efprÎtS fc c aJm ~ient , & t·ot. t a~ non çoit
_au co11rr aire le red ot1 l1J cn1c11r de la fe1 me11tation ,
~ rel point que Nt. le Yvi arq\1 i de J aucollt c ét oit
for le point cïarra~1t1 c r la •., ft'tcc, le 4, l'épt c à la
n1 ain , fi t•n ,Jc r11ier dél2i , q•1,1 l étoit encore décidé
à leur accorner, ne pro<luifc1it aucun changemenr.
La fe rmenra~io11 pa:-oitfoit rouj or1rs fc foutcnir, les
ouvrag~s de Ja pl ace fc contint1oient, les nôtres 8c
CCU1 1 lcs BernQÎS ércicnt fi11is' lorfq1..c cians la 11uit
du premier au 1 Jutllcr, on c11 rendir tirer, à Ger1è -. e,
un grat1d non1hrc cle crJups cJc ft fil. Il y eut d~f-:.
ilfe de répot1 t!rc , & les troupes fc tinrenr pré1cs
à ma rcl1er. Cerre fLt{Î lla c1c, dot1t 011 ignoroit la ca.1 Cc,
a1111on~oit la reddition de la Ville ; & voici lc:s év~-



,




'
• •
..



·~u-----------
-

-
( 139 '
qttcls -on n•avoit pas voul11 tirer avant leur pcr(cc•
ttoo , il étoit impoffibJe cic réfillcr. Ils calmèrent '
une partie de: l' Alfcmbléc , & il fut ré Coly par la
pluralité de fcizc Cuffrages que l't>n ouv riroic les
orres. On rédigea un aék porral1r que, vu la
•.E!ccflité de recevoir des ~roupcs étrang,ères , aG
~11G1icc des Loix qui ne fcro.ient.. pas librement confcncics
, on ne fc re1,doir pas , mais on... .a bandonnoic
UOC viJJe datlS laquelle la patrie n'cxiftoic pJus. Ce~
aéle ft1c déchiré, les Officiers caCsèrcnc leurs épées,
l'Aifcmbléc t Jt d'un tumulte horrible , elle finit
à minuit & demi. L'ancien Syndic Dcntand éc!ÎYÎt
flU premier- Syndic pt>11r lui rc:mctrrc le Gouvernement,
& il s'enfuir , ainft que la pltiparr des Chefs
de la C.::ommitlion. 011 manda à M. Je egmte de la
Marmora la f!:1 & la conclu!io11 cic l' Afkl11blée.
Les plus 1nu1ins fortircnt de lz ,,ille. par 13 p9rtc de
iUv.c, & la porte Neuve, que des Qffic~cs èJc la
G.arnifon firent ouvrir. Qstclqucs Rcpr~(cntans
voulant fc faire un mérirc aux yeux des Ôtagcs ,
fc rendirent aux balances, les engageant à en forrir,
lt à ~encrer cliacun dans leur mflifon. ta popuJacc
(c réRandit da1is les rues , déchargeant fcs armcl'
èn. l'air, d'autres jcttèrcnt lctirs f~fi l s da11s. le Rllôac
après les avoir b1 i f~s. Le défcf poir de! f~élicux n'a•
hcureufcmcnt , caufé aucun é,·èncment funefic. --..
l:c 1 , à s heures & demie du macin , M. de la
Marmora , & les troupes P.ié1noatoi (cs crttrèrcnt
~ Genève, fans 9b!bclc , par la Parce Neuve. · Trois
cents Suiffes' que l'on avoir cnYO~' és pot1r marquer
la p,ortc de Rive, s'en cmpaièrent; le. Gr,e11acliers
Fra11~ois entrèrent par I~ porte de Coroavin avec
des tcbcllcs, parce que les foé\ic u:r en avoicnt p.r~cé\
icmmcnt coupé le yo11t. 011 y co11fl111ifit une
rampe,_ par laquelle le Général Franç is & le
· Gén~ral Sûilfe y entrèrent à 1 l1cures après n1idi.
Ils fc rendirent à l'Hôrcl.de-V.ille, &: s'occuf èrent
à pourvoir à .la ! ûrcté de la place ; Ja jour11ée fut
cal111c. L'après miJi employée à défoncer & à. jcttcr

....

-


'
'
# ( 140 ) .
tlans le Rhône les bariqucs Je pnudre , ac aatref
artifices ratTemblés au Temple Sai11t-Picrre & dans
différentes n1 ifons d~ particu1ic:rs. -,; les troupes
de& troïs Puiffances ont paifé Ja nuit au bivouac,
dans les rues de la Vi11c. Il nay a Cll 3U(Une cfrècc
de Jéfordrc. Le ; , à 6 hcu1·cs du matin, il a été
publié un ordre à tous les Citoyens , BoJJrgcois 9
Natifs ou Ha\.:itans , ·de dépofcr leurs a1 mes à la
porte des mai fo11s , e,our étrc portées à 11 Arfcnal.
Cet ordre s' efi cxécltté fa11s r 'lifta nec. Le 4 •
~es Gé11érat1x 0•1t réintégré Jes Gc>11feils dans leurs
fonétions , & aboli to11t cc qui s•étoit fait pendant
J•aoarchie. Par une a1 rre déclaratio11 du méme jour,
ils ont d,~claré 11ul, i ll ~ gal & non avenu to11c cc qoi
s'eR: patfé & a pu érre accordé depu;s l'épo«.1uc d11
7 Avril, & 01·dor1né le rapporc aux Syndic • dans
Je retme de 8 jours, de tot1te les Jetci·cs de 8, urgeoifie
ou Brevets délivrés dans le même cfpacc ~c
tc111s.

"
De E R.U XE L LE s, le rtf Juillet.
! M. le Co1nte & Mnilame la Comterfe dtt
Nord fonc arrivés ici le 10 de ce 1nois; le ' Prince de Gallirzi11 , M. He ~1 rkow >
?vliniftres de l'I1n.o. ~rarricc ,de Rutlie à la
· H :.ye , éroient ar~i vés quelques jou1·s aupara
va11t pour rendt·e leurs devoï1· à ces illL1frres
Voyage11rs. Ces Minifi:res 011r rc-çu
ayant let1r départ de la Haye la réponfe des
Etats · Gér1éraux , fur la propoficion qui
leur avoir éré fcl.ite au no1n de l.ettr Cour
de faire leur paix pa1·ticulière a\'ec la GL·andcD1
·eragne.
,, Cctre répgnfe, lie-on dans lcsJertrcs de la Haye~
cfi ra n1ê111~ qui avoit été arrêtée par L. N. & G. r.
i~~ Erars <ic Hollf1nde & de Wcfif.rifc : tot1 le avis.
des di.OEér.cntcs Provinces avoicnt ~'~ coaforma; Jet
• -

'



l 141 )
•i1lès tfe Dêlfr-, Le1dc & Gouda ·rcule1 ont f'ait iafcicr
dans les 119tulcs d~ la P10.vincc, l'ebfcrvatioa ·
fuivantc. Elles auroicnt défiré qt1'011 cûc remarqt1~ .
dans~ctte réColution ~'Je I' Anglctcr rc auroir dû rcconnoît
rc comme un poi11t préliminaire & i1 d1fpcnfablc •
la l1bcrré de navigatioa• & de c mmercc , comme
apparcc11a11c à la Républiq\lc purement & fimplcmcnt,
conf(>rmémcot à ta 'déclarali011 de la neusralité
,tu 18 Fé v r1 cr 1780 , fa11s in . oqfler artifiçicufe •
.. ment le T raité de 1674, fourcc de conscftation1
... pcr p&rucllc : clic .. r-c i cor auffi qu'ai a•Jroit été con- ·
~cri'ablc de fai c valoir à l'impératrice de R.uffic
l'ae!mttlion de M. A]ams c11 qt1al1té de Mrnit1:re de
J' Amériq 1e, 'con1mc une des rai lotis p ur lcfi1uellcs
011 ne peut ni on ne <!oie dans le 1n:>mc11t faire une
pai~ fépar~c avec l'Ang lctcr~. Le Jaffé.rcnd entre
Ja Cour d'Efpagne & celle de D1ncmarck , au/
.fujct du bâtiment Danois ar.rêté i1ar de\. va i~eaux
Efpagnols 1 vient d'Çcrc termin~. Le Minifire de
Dancmarck en a fàit part au f.tats-Gén~raux , aa
nom de Con maître , par un ~-té moire aaqt1el ila
joint ciaq pièces originales relatives à ccrre affaire cc.
On dit qoe le M ffagcr d,Ecac c11voyé de
la Haye au Texel , y avait porté l,ordre de
tenir un Confcil de guerre pour délibérer
fur la (ortie de l'efcadre; 1nais que le réfultat
de ce Confeil avoit éré de 1~ fuf pendre
à caufe du grand nombre des malades qui fe
trouvoienr à bord des vaitfcaux ; 011 rcgrerroir
qu'elle n'eut pu profiter des vents
d'Ell: qui ont régné ces derniè1·es femaines ,
ainli que de l'élo1gnement de l'cfcadrc An·
gloife. On compte qu'à préfent que les 111alades
011t diminué, elle mertra incc!fa1nn1cnc
à la voile. On fc plaint dans plufieurs Vill~s
de ces retards , qai one en effet eipofé le
.. •


...------..,·------------



1

,
r



( . '43 ) •
pour fertili fer les cha1n ps. S. M. '.I. f1vori e
avec aura11r âe foin l' Agriculrure & tous
les rra vaux dtt F erm1er ; elle a dun11é des en·
cout·Jge1ne11s à ceux qui ~'occupent Gi'éiever
& de n1t1lciplier le b'étail ( 1). - ·
PR!c1s DES GAZETT~S ANGL. ~u. 9 Juillet au foir.
Le Lord Shelbu.ane remplit toujours, m:ilgré Con
nouvel ctnploi , les fonêtions de Secrétair~ éi' Etat.
Il s"cfi tenu hier au foir un confcil au château <le
Kew , & les nouveaux arrangcmcns d3ns Je Miniftèrc
11c fc1ont poi11t lo11g-tcms ignorés <llt public.
Le Comte de Sheiburne , le Duc de R:ich:=mo11t ,
les Lords Camdcn & Cba11ce1ier , y ont atfailé. ·
Scion Je rapport d•un Officier arrivé tO'Jt récem.ment
de New-Y or .:k • le €l1cvalier-Guy-Carlcton a
cxpédi~ à Phil.a(ielphie un couricr cl1ar:gé d~unc
lettre , par laquelle il demande un palfcport po11r
fon S:crét~trc , qu'il fc= prl•pofe d'c11voyer aupr~s
de cette Alfemblée. Q ltoisue cc couricr 1·c1r parti
auffi-tôc après l'Jrrivèe du nt)uvcau Co1nma11Cianr,
on n'avoir poÎllt c11co1e reç t1 à NC\'V·Yorck la repon(e
du Gongrès lor! que l'0fficicr c11 qu·c{tio11 a quitté
"'
(1) GcuK qui s'occttp~nt J: cette partie impotta11te,
doivent fe procurer le ilic1101Jnai.rt V'itérinai1·e des ::Animaux
aon1cfiiq11cs de ~1.. Bucl1'oz. ~et Ouvrage oifrc des
w. Clétasls approfonifis de J~urs moeurs & de Jeurs caratlèrcs,
leurs dcfcriprions anatomiqt1cs , Ja manicrc de les nowtir,
de· les él~ver ~< de les gouverner, les alimcns qui lct1r ·
font propres , les maladies auxquelles ils font fu1cts , &:
leurs propriétés , ta11t pour la médecine & la nourriture
de i·homme, que pour tous les différcns ttfagcs de la Société
civiJe. f,•Auteur y a joint un 1'a1tna. Galli.:11s. Cet
Ouvrage utile for1nc 6 vol. in-8°. de 630 pi0 es cJ1acun ~
& co11tient 60 figures. Pour en faciliter l'acg~ifition , le
fieu[ Viffe qui c:1 a acqui~ plulicurs Exemplaires, les
propofc à 14 liv. en fcl1illcs &: a 18 liv. reliés, au lieu de
36 qu'ils fe fo11t toujours vcndt1s. Des Pcrfonnes qui ont
2cquis les 4 prc1nicrs Volumes, pet1vcnt fc procurer les.
Tomes 'V & VI à i. liv. 10 f. le Volwnc en feuilles. lk
doiver1t s'adrclfet dircaemcnt à Paris, à M. ~üfc , 1uc
de la Harpe ~ près de la xuc Scxpcntc •






• I



- -
.. . l 1~4 )
cette place. On a fu depuis qttc le pafle .. pott al oit
~ cté refufé. Les paqt1ebots que le Gouvernement
attend d'ul1 jour à l'autre , font Je Duc dt Cumhtrlan,
i de New -Yorck, le Grenville deCharlcs·T<>wn~
. le Dashwood des Ifles-du-Vent, & le Swalow ac
la' Comète de la Jamaïque. ·
-- Des lettres de Ql1ébcc nous apprennent que les
• r Américai11s des Pro'::i11ces de la Nouvelle-Angle·
terre 011t menacé d'entrer da11s le Canada , & qutils
one mên1e enVG)'é des troupes fur les fro11tièrcs de
cc G 0uvcrnement ; cc qui a obligé de porter des
renforts aux-gar11ifons de C rown-Point & de Ticon.
. .. dcrago. On aif urc que le Lord Cornwallis fera
nominé Com1na11dant 'en cl1ef aux îles de l' Amtrîquc.
· L'efcadre Françoifc dans ces îles , monte
aujourd·hui ~ · J 3 vailfea11x de ligne ; celle dei ~feag11ols
, à 2. J , ce qui fair en roue 5 8. Nerrc eCcadr~,
y ct,mpris les prifcs de Rod11ey, ne forme que 5 I
:vaitfeauI : mais Je i1om~re de nos frEgares dans cccrc
partie , c{b le . double de ceJui de l'ennemi.
Il paroîc qt1e t·on travaille à uo traité cnrrc la
G. B. & Ja Ruffie. Cette négociarion n'cfl plt1s/ u11
myfl:ère depui~ Ja non1ioation du Lord Norchin~àa
à la millio11 de Pétersbourg. Il cl1 le premier Cop1tc
.A'nglois que l'oa ait envoyé ti at1s cctcc Cot1r.
, Si Ja paix étoit conclt1c a&ocllrmc11c, le Gouvernement
feroit obligé de Jever d~x mi ~l ions fterl. de
plus pour payer les fo1nmcs dont la Nation cfi: attié
rée.
L'exportation de nos n1àrch;ndifes po11r la Flan,
· dre & 1· Allen1agnc , et} augn'\c11téc l'année der11ièie
de 1,436,000 liv. fierl. 2 1,896,750. Norte
cxporratio11 pour Je Portt1gal a baiffe co11fi llé r;;blctn1ent
dcpui dix ans ; en r 77 1 , on l'cltimoit à
1,400,000 liv. flcrl. & l'ëtn éc dc111ièrc elle étoic
au-dclfol1s d'ut1 millio11.
P. S. Des lettres parti t1li~res 11011 a}. ...
p1·e1111e11t gue l'elèad1·e du T tx 1 c li fo tic
:. Je· 7 ,.,.{orte .. dç 40 \1oilcs , àc11r 17r v it'feàu'X
de ligt1e er 11is 74 jtt~ t1 1à f4 canons, 6 de
la ,Co111p< g11ie des I11des de 50, & le 1eRe
fI egat s ' 3U'[ICS bâti111 llS l 'geis. .
..

'
..,. .,
.~
~
• t!f;
1 J.'
3r,
~t fi
!ta:
te

- • •
Sup~lément tlUX
• - 1
( J ) •
N ouve/les ~ LoRdrts ,
1 1 l uilltt l 7 8 i. •

leutii

-



IL fcroit impoffihtc de donner une idée dtt troub)I & de 11 fcn11e"t•
tation de tous les cf prits depuis la dtrnièrc révoluti.>n dans ·le Minillerc.
M·. F o.x • en cxpliq.uant , le , ' ·à la C.hambrc des Communes , les .
motifs qui l'c11gagcoicnt à aban~lonncr fa place , dit cntr'autrcss ·
chofes; cc Je viens fonncr l'alarme, & dire a ma Patrie que i•an- ·
,_, cicn fyftêmc qui minoit fa rttl11c cft rétabli, & que cette r3ifon
'i? feule m'a fait fuir Ile Confeil du Roi. ~
· Le lendemain, Je Lord Shclburnc s'cfi cxpliqaé dans ces tctmcs
à la Chambre acs Pairs. ,
'' On .a répmdu que j'avois v.arié dans mon fyfiêmc fut l'lndépen~
dance de l'Amérique; maisl je protcftc que je n'ai jamais ct1 fur cet
cbiet qtt'unc tèulc n1anièrc de voir. Je regarde cette lndépc11Jance
comme le coup le pllts funcfi:c qui puiffc jamais être porté à ma
Patrie; & on pourra dire 1 s>iJ cft établi, que le · foleil àc l' Angleterre
a parcouru fa carrière. C'cft d'aptès ces principes ql;le j'ai déployé
tous mes efforts pow prévenir un malheur qui ièmblc prêt à
. nous accablct. Cependant, puifquc le defiin l'ordonne, la Chambre
peut étrc affurée que i·on co11tinuc les négociations pour la paix avec
!':Amérique; n1ais no11s devons réunir tous les reif orts de l'ttat
pour nous f oufiraitc aux loix humiliantes qltc voudtoit nous dill:cr
la iF rance. l> • •
• U11 de qos Correfeondans , dont l'autorité ne ~ut ~trc fuff~ac ,
aous aff ucc q uc le 1loi doi! prononcçr ce fou lç difcours ftttf~ut,
atU deux Chainbrcs du- Parlc111cJ1r. · >
Mjlords & X, fejfiturs ,
L'afiiduité confiante & infatigable que vous avez mife à rem·
~lir vos foné\:ions dans le Parlement pe11dant cette longue feffion ,
iio11Rc une prCU\'C bien l1onorable de votre zèle & de ,·otrc habileté
,Jans les affaires de l'État. Vous les nvcz difcutécs en déployant
une con11oüf.'l11ce profonde de fes vr~is intérêts, en ouvra11t avc:ç
empreffeme11t to\ttes le~ vc,ies qt1i pot1vcicnt tàciliter le rctot1r de la
p.liix, & en fournifiànt avec u11e ardct1r égale l~<> mo~ens de ioutenir
la guerre, fi cette incfure dcvc11oit i11 é,~it~blc. ..
Les pouvoirs étendus do11t j~ 1ne trouve revêtt1 pottr traiter de
paix & d'amitié ·avec les Colonies q11i ont pris les ar1ncs d.1ns l' A·
111ériq.ue fe~ltcntrio11alc, feront c1nl>loyés avec cette pourfuite qui
convie11t à leltr importance, & de la ma11ièrc qui mcneta le p~t 1
tli rct e1ne11t à obtenir ces objets.
J ~c zèle qttc mes Sujets d'Irlande ont montré pottr te fcrvice , · c
l' tat , 1>rot1vc ~t1'ils ont fcnti l.1 géneroiîté de vos procédés, q· i
,,icns1c11t d'11cqL1érir a la cat1fc com111unc leur amitié, lcw foumn.&
l~ur iou111j flion •
Samedi 10 ] uilltl 1 i 21.

-


1
-
/ - •
( i )
~a cha]eur & la promptittldc avec l~quclle vous avez entamé YOS
Délibérntio11s fur les intérêts de la Granclc-Brctagnc dms les Indes
Orientales , . font dignes de votre prudence , de votre ~quité k de
vos fe-ntim~ns d'humanité. Vou~ Dvc~ trou~é ~ ... récua•p.,fc biea
gloriet1fe de vos travaux & de vos opérations :1 en protcgcant lri
perf onnes & les biens de millions d'homtncs dans ces 1égio111 éloignées,
& en uni1fant leur bonhcux à nottc p1ofpé1ité •
• ' ~ .
.. Mtffieu.r.s de /,a ,Cluimbr.# tlu C-onunima !';
I •
Je VO~. rcmcrcjc des fubt\dcs. gé!Jéreux qμc VOU! avez accoidts 9
avec autant d'atfcaion que 4c zèle, pour' le tctvice de ~Ctle a1U1ee.
J ~ regarde avcç-_pcinc le poids des· d'pcnfcs tro'exigcat iadi(penfâr
blement les affaires dè l'Etat. Je m'efforcerai \cfMmmillrct \'OI
i:noyens de ta manière la plus av3nta~eufe • & ~~aptedi 1 aut
~u'il 1nc fera pofi\blc , les principes a·economie que taï ctfayi 4fi•
uodttirc dans mon Ét.aolilfement €ivil ' au autret bTÙcliet
étendues encore de · 13 dépenfe p\tbliquc , dads IJfidella e
a'attendie à .uouvex dis idfousx:eia plm ime«*tMMeai
. • .., ) • . • • "' J •
: MJirlor~ & Meffitu~s , ·. ..
· Les Aiccès importans qt?e nous 'Venons· d'obtenir àns lt1 le
Occidentales par Je fecours de la div:inc Provid(nce & rr la ~
•ourc ac mon Efc:idrc > promcttCllt UllC iffuc htwcufë auz ~
t ions il ans cette pa1tic du 1-fo11dc. Les év~nClJlCDs de la guerre
ks I11dcs ÜiicntaJcs ont auffi été CAUtonnés ck {μ~~s: powrant ii
n'6lffiige autant mOJ! coeur ijllC la dutéc • .te CCl!C,lllC(JC comeliqu
M<ln defir impatiedt pour la :p.-fx m•a OpMM 1 prQDdre ..
mefures qati m'ont f~ romis un acco~li{(°cmeot prochain~ clo "1
-voeux. Je continuera .le diriger me• rffprn vca cc IMat • mai•
pc11danc , fi mes Ennemis né répondoi~nt po1Df' i ces dirpolitio
& li ;e· me trouvois dëc'hu dans -l'c(poir de voir bientôt ccifcr I•
calamités de la Guerre , je AlC repofc entièrement fur r~acrgic' ..
:ficlélicé & l'cnfemblc de mon Parlement & de mail Peuple, p••I
fouccnir l'honneur tic ma Couronne &. lés intErêu de moo lloyaame •
.Ile deutant nullement que la bé11édiatoo du Ciel• que j'implore •tee:
confiance pour nos armes , ne me donn~ les moyco1 c:t•o11ttcok ..
.conditions êc paix favorables & raif o,nnables. Une fuite gloricu(.
Viél:oircs ne me porteroit point à dctircr davantage , k rai le p
d~ajourcr avec fondement que je ne Yois rien CJUÎ pùim ac &;ce
fonger à accepter moins.
Le Pa,lcmènr, .à ce que die le n1!mc Corre(pondanc , delt
avoir ~t~ fI0101~, par orcirc .Qu :Roi, au Jc11cli t Scp1cmb11 ,..
chai•
..
'
• •
c
' l
...
• • i •
,.
_LQURNAL POLl'FI
- • • -
DE BRUXELLES.
.. • • •
RUSSIE • •
E voyage du Prinéc ·P~tcmkin n'a · pas
été long, il s'eft contenté d'aller dans lea
terres qu'il a achetées a~x environs de
.. Mofcou , pour y alijller à. }•inauguration
d'une Eglife qu'il y a fait Cf?nfl:ruirc. La
oerémo11ie achevée , il cft revenu dans cette
Capitale où il cft arrivé. ·
Suivant des lettres de Cronfladt, l"cfca ~
· dre Ruife defiinéc à la protcélion du com ...
merce & de la nl vigacio11 des neQtrcs ;
confiflcra cetce année en· 10 vailfcaux de
60 canons & 4'- frégates. Ils font prêts &
n'attendent plus q11'un vent &v~rabl~ pour
mettre à la voile. ~inq de ces navires te
deux frégates r' fi:eront dans le -Suna ; let
autres fc rendront élans la Médircrranéc
Zf Juit/~t 17.1~.. 1
.. 1 ••

• ""' -
- •

-
-
'
DA
.. •
,.

,
1
• 1
t

'
-
( 147 )
" L'Empercur à no1nmé M. de Bauer a11
co1n1nandement du bâcimcf1t le Comte d~
CoLLowrath. Ce navire eft deftiné pour les
Indes orientales. La navigation & Je c m•
1nerce font cous les jours de nouveaux pro·
grès. La NQblellè Hongroifc f iit routes tortcs
d'enrreprifes pour le faire B..:urir; il y a
aétuellemenr à Trîtfte i Con1pagnies d Affurance,
& on travaille à eri for111er une
nouvelle pour le coi1.1nerce de la Mé'"iircr!~
11.te. S. ' '. ·1 a tait ~à quelques MJîfons
de commerce de cetce Capitale, des avances
confidérabl s pour les mettre en é :it de
faire ici de grands entrepl>cs de mar han•
difcs.

Les Hopitaux militaires dans l'adn1iniftration
defquels il s'eft glilfé beat1coup .d'a- ·
bus, doivent êrrc vificés & taaités d'après
un nouveau plan. ·
· On affure que l1établilfe111t-nt de la Coin.:
million pour les biens cccléfiafl iques, eft
ane affaire terminée, & on calcule déja
que tous frais faits , il reliera pa1· a11 quf'lques
millions de florins , qui ci tievant
tombaient en anain morre. 011 ajoute aufii
qu'il ~ft quc-fiion d•ériger u11 nol1vel Evêché
dans la Haure-Autriche. L' Abbé de
St· FI rian, dont 1, AbbJye efi t1 ès riche , en
fera le Tirulaire , & (es revenu~ en formeront
le fonels; l1A!·,bé de Kt·e1nli11ur1fi r
qui eft pi us riche enco1 e , e11 fc r:t le Suf.
fraganr. Les Religiet1x de ces deux Mo11aftères
dcviendro11t Ch.inoi11cs; ils recevro11t
g J.
-


-
l
1 '
-

'

~ ·r • 49 9 ,
tores Hollandoifes. Il y en avoit dcja n._e ·
ac toile dans cctre ville. .
,, Le Protcflans r~formés , écrit•on <le Vienne;
'Vont commencer i11ccffaClmcnt la co11firultion d'un
Temple: ; ils propofcronr , dît-on , à 1· Ambaffadc
Hollaodoilc, ~ui j\1fqu'à pr~fcnt :ivoit entrctcnd
.. une Cllapelle, de leur procurer (1uolquc atlifiaa1ce
pécuniaire de la part des Ecats - Géhéraux, & de
fupp1imcr cnfuire fa Chapelle. On préfumc que les LU•
théricns feront de pareilles propofitions aux Mi11ifirc1
des Cours de Suède & de Dancma1ck. On a i1otifi4
aux Carmes du fc1u1:bourg de Leo,polfiadt de quitter
)car Couvent, de s'établir dans un d~fcrt, conformément
à leur Ï11fiitucion primitive. D'a~rès CCI
ordres, on croit q!.l'ils Cc retireront dans 'le boit
de Maonerfdorf; les R~collcts occuperont leur Coa•
vent. 011 dit q1.1'on v_ient de découvrir une
corr(fpondancc illicite de la part de quelques Rcli~
gicux'Autrichiens ,à Rome, on en a arr~té quelques•
t111s. Nos vieux Apothicaires irrités conrrc les
jeunes, qui ont t)ftèrt de donner à 1noi1i~ du ~s
ordinaire toutes leurs drQg•Jcs, rcpr~fcntèrcnt der•
n~rcmcnt à l'Empercur, dans a11c audience qu'ils
en obti11rcnt , qlte ces jeunes Pharmacopolcs fe
roineroicnt ou trompcroient Je public. Dans le prc·
.micr cas , c'efi: .leur affaire , ré_pondit le Prince;
dans le fccond cas , c'efl la vôtre "•
M. le eomrc de Romanzow , Envoy~ cxtraordi.
nairc& Minifirc pténiporcntiairc de la Cour de Ruaie-,
8Gcrcdité a la Cour Elcéloralc de Tirèves, s'cft rend11
aujourfl'l1ui , u11e heure après midi, à la Réfidcncc
Epi(copalc pour pr~fcnrcr fcs lettres de créances à
S. A. S. Elctl:orale , & il a été rrça avec tous Ici
honneurs dû~ à fon caraélèrc. S. E. cfi: également
accr~ditéc aux Cours Elctloralcs de Mayence &: de
Cologne, 8c au• cercles de Souabe, de Franconie 8'
~~ Wcflphalic, & elle réfidcra; à cc· qu·on «lit 1 à
Jrancfort-fur-lc-Mcin.
g J





'
..
., 1 fO )
Les Catholiques Ro1nains n'avoicnt joui
jufqu'ici dans les pays ~e ·l'Elcétorar dè
Saxe , que do libre exercice de religion ~
& ils étoient exclus des priviléges de ~
geoifie & de maîtrife'. On vient de les lcar
accorder avec la pcrmiftion d•acquérir da
maif ons dans les srandcs · petires
~îlles.
» Voici , 'crit-oa de Danttick, la i&ails de ce
q•1i s'cfl: paff~ à Scarpau au fujet du noncaa Miair-
1rc. Le i.' Juin , à ' hcarcs du marin, J ' Coldats le
ua Lieutenant Prufficns 1 commacdû par le ColeJ>
CI Pircb, arrivèrent à Scarpau ac fe poftèrcot em
. de l'Eg'~fc. A a ·heures, plUlieUJ's Chariots eeca~
par le Minifirc Prufficn Herman• le Confcillcr de
jufiicc Forficr' un Orgaoiftc t UD Serrurier ac gutlCJUCS
payfans de Pruffc s'arrêtèrent devant l'E&life; le
Serrurier inRrumceta pour ouYrir 11 portc,.-auni-rÔI ..
parut Je Secrécairc da lourg-Mellrc de Scarpau •
accompagn6 d'un Notaire, qoi vint demapder a11
Colonel la rai f on de cette violeacc ; il lui fut ~~
po11du que les ordres ~toicnt de prendre ~lfcffioa
de l Eg?ifc au nom du Roi. Le Sccr~ta1re fc retin.
1a porte ~toit difficile à enfoncer J la fille du MiniC.
trc défunt en indiqua une autre , qui olfriroit
moins d'ohfiaclc ; clic fllt brif~e ac eu•enc J lè
Confcillcr & le MiniGrc montèrent à l'Aurel; cclaici
fut inllallé i la Communaut~ pr~fcntc eot ordrC
tic reco11noitrc Con nouveau Pa.fteur, le Sccr~tairc
& le Nor aire reparurent pour protcflcr & pr~fea.
- tèrcnt ICtl r protêt au Colonel ac au Conf ciller PruC.
'en, qui ne voulurent pa1 le recevoir. Le nou•ea1'
Minifirc moora co chair~ & prêcha; le fcr•Îoe finie
fans prière. On rcpanit , la porte fur rcfermic
comme on put. On croit que coinmc le Miniflrc
· Dantzikois n'a poipr ér~ inqui~r~ dans fa maiCon 1
GÙ il s'cft 'eau prudcmmcoc, Sc <JU'il ac lui a fOÎDt
1
'
'
,_

e1'
• ol

, ' • ...
v'"' ( IJ'I ) ,
f t~ nrdon~l de la quitter , on le Jaille ra dcfrcr•ir
tranquilltment fun Eglife pendant fa vie; qu'à fa
m<lrc 011 renouvellera la m~mc f cène, pour cotrctc-
- nir fur Scarpau uee prétention que le Roi fc foucie
peu de fai1e '1'aloir, mais que cependant il ne veut
pas l;;itfer tomber. Quoi qu'il en foie, notre Senat
qui depuis 2. s o ans jouit du droit de patronat dans
Scarpau, efl: fort e111barraff~. La Chambre des
Douanes de Pruffe fait payer à chaque vailfcau 9ui
fort de nos chantiers pour l'étranger·, un drôit de
i, 50 Bo rios par lafi, fi le bâtiment cl\: en fapin, le de
3 50 s'il cf~ en chêne. Un navire de cette dernière
cfpècc du port de ~oo lafts , cft rax~ à 1os ,ooo B.
de Pologne; impôt beaucoup plus fort que celui
pçr~\l fur le fer, le chanvre, les voiles & les ancres cr.
1 T A L I E.
De LI Y o u 1t NE , le r o Juin.
ON alfu re à Rome que le Pape t'i endra
le ~ du mois prochain un Confiftoirc ,
dans leqt1cl on s,atrend qu1il fera qucAioo
de (on voyage & de fes etfecs. On précend
auffi ql1,il a éré expédié par ordre de S. S.
des Ilrefs à quelques Evêques Allemands ;
on croit en géné~al que leur objet cil: de
donner p)us "d1étCnliUC à ICLlrS pouvoirs.
Une Ordonnance du Roi de Naples
modère conl.idérablement dans ce Royaume
les droirs d'école. .
Le nouveau Dey d1 Alg r a fignalé fon
avènc1nenc à la Régence par 'd,abondantes
at1mAncs; il a fair remettre en liberté 3 o
Chrériens , tant Génois que Na:po]irains , ·
Sardes, Siciliens , Efpagn0ls , & 7 Giecs.
g4

'


.,........:,1----------
-
'
'
1
1
1

~ .
l 1 J3 )
vrcs, que le Minillrc lui-même & tous les 'François
qui t·accompagnoient, s'cn1preCsèrent de l·cr ..1 ir. Le
foir , le Minhfrc reçut dans le Palais Lercari , 1·un
des plt1s beaux de la fupctbc rue dite 1.a ..' itradanova~
magnifiquement illumi11~ , la Nl)Dlelfc des deux
fcxcs & les S~natears en habits de cérémonie.
M algr6 la gravité des babics de la pragmatique:
G :noi fc , la converCation , peu après les premiers
complimcns, fe convertit en un bal ~ui dura fore
a~at1c dans la nuit. Le fccond jour on cxécura •
dans la Place neuve, des courfes do11t les Prix ttoicDC
dcOinés pour les pauvres. Ils corJfiftoient en riches
étoffes de Lyon. Le 3 e jour, il y ~ut un bal public
mafqué fur le grand théâ .. re de cette ville , doat la.
principale porte étoic ornée d'un arc de triomphe~
ayant dans fa frifc cette infcrip1ion : L .. ta!ur Ga/lia.
f.,ttntur quoqut amici. Oo voyoir au frontifpicc de
la fcènc, les chiff1 es ,te Louis de Bourbon & d' Antoincrte
d'Aurrichc fo11s une couronne de France avec
ces mots : Pu.hlic1. ftlicitatis pignus. Au-dclfous.
del1x Anges pr~fcntoicnt un tableau, rcpréfct•tant Je
bcrcèau du Dat1pbin , que la Viaoirc couro1,ne de
lauriers : aJ.ornat P:illoria cunas. Ces fêtes,
auxquelles toute la vil e a pris part, ont ~té trèsbrillaotcs
8c très-gaie'; l'ordre qui y a lté obfcrv~
n'cft pas moins admitab'c que la magnificct>cc & le
oût qui y ont préfidé M. Golis aîo~ , Officier aa
crvice de la R~publiquc , qui a cenduit Ja cavalcade
& commandé toutes les ~vQ!utioos , a recueilli les
appJagdiffcmcns univea Cels •·
• • E 5, P A G N E•
De MA. D R 1 D , le :f Juillet.
L A Gazette de cc jour a un long fa~
p1émcnt ql1i ne forn1c pas moins de 10
pages d'imprcffion; il comient la rclatioa
g S.



..

( IJf ) . .
années , la chaîne forlnéc · , fur les càrts
d'Honduras auroit environné notre plus
belle polfeffion , & bouché les canaux d'où
nous recevons nos principlles richcflcs.
On n'a rien de nouveau de Cadix; on
fait feulement que D. l\1. '.Alvarès avoit la
_ liberté de refter at1 camp de Gibraltar s,il
l'eût voulu ; t11·ais il fe retira après avoir
remis le commandeanent à M. le Duc de
Crillon. Ce Gé11éral arriva le 18 au ca111p
de St-Roch ; le 20 il prit polfeffion du
, cotnrnandenient, & la pre1nière chofc qu,il
a faire a été de faire celfer fur-le-cha1np
le feu des batteries , parce que les canoni1ades
ne fervDient qu'à faire ruer ou cA:ro ..
pier de braves gens en pure perte.
,, Le Camp de St R.och , écrivoit un Officier de
t•armée 1 avant l'ar"rivée du Gén~ral , pourroic être
appcll~ t1nc ville catourée d'11B ca1np, les troupes qui
Je compofent ayant conftruit des bara<.1ucs en bois ,
dont l'uniformité & l'arrangement pl ai Cent à la vue •
& forment Jcs rues. Les maifons des Officiers font
prefquc toutes hâtics en briques , & ont cl1acunc un
petit jardin , où l'on cultive des légumes & des Bcurf.
Nos batailloas, qui viennent d•arrivcr de Minorq•lc,
font fous des tentes , & ne paroilfcnt pas di (pofês
à Cc loger plus commodément , tant on compte
fur 1•ïntelligcncc, la bravoure 8c l'ciélivité du Duc
de Crillon , qui efi attendu avec une impatience
bien honorable pour lui. Cependant , 011 Yoit régner
par-tout l'abandancc avec la f2nt~ & la joies
les f oldats , accoutumés à une fatigltC cxccffivc ,
. fc portent à merveilles. Dix mille hommes ont
fai~ ' jufq•uà préfcnt ' le rcrvicc de 40 mille ; ~
· il cft arrivé fq,uvcot qu'une partie des brigades de
g 6




,
1
1
1
D
l
'



f IJ7 )
~-la-fois par mer 8c par terre. Sept cents boacbet
à feu tireront plus de 5 o mille coups par jour J
~ l'on croit que le ravage , opéré par cc feu ter;
z1ble , rel1dra bientôt praticable un atf aut ~n~ral .
auquel il fera impollible à l'ennemi de réfi{ cr. A
ces pr~paratifs formi tables , j'ajouccra1 l'ardeur que
les troupes monc1cnc ~ & l'attachement fi vif dont
elles font pénétrées pour le Duc de Crilloî1. Chaque -
foldat parle de cc Gé1léral comme de Con ·père •. Tou&
Cavent combien 11 eft avare de leur fang ; auffi· le
répandront-ils tot1s , avec intrépi,iir~, au premier
or(irc qu'ils reccv roi1t , pcrCuadé~ qu'il, font ~uc
le génie de l~ur Gén~ral c{l capable de furmooter
les difficulcés innombrables que prércntc l'attaque .
de cctcc place fo t mi, fable. Il paruîc que les battcric.
s ftotta11rcs feront ~tablics entre deu1 môles,
& q11e la partie du Noxd de la ville fera abîm~e
par le feu croifé de cc~ batteries , & par celui
des ouvrages avancés du côt~ de la Perte de
Terre. - La Princelfe des AA:uries ell accouchée
heureufernenc d'une P inc~tfe; à-peu près
dans le mê1ne teins , S. M. a eu la dou~
lct1r de perdre u11e des jeu11es Infantes.
A N G L E T E R R E.
De Lo ND 1t Es~ le 1~ lui.Ilet.
L'A révolution dans 1, AdminiA:ration &
la prorogarion du Parlement au 5 Septembre
fuivant , qui s,~a fuite récllcmrnt le
11, par le difcours (lu Roi aux deux Chambres,
que nous avo'ns don11é dans le dernier
Supplé1ncnt , & guc nous trouvons aojonr-·
d1iui dans la Gazette de la Cout , femblcut

\


-
1 e


a
,.-
'
-
'
'


1

(
;
. ( 1 J9 ) '
dur~ Je fyP.:~me fur lequel je l'ai ac:ccpté. Cc qui
fait honneur au farti avec lequel j'ai CU le boni1cur
d'êcrc afiocié, c'cfl: qu'il n'a jarpais couru après
les pcnfions &. les ~molumens ., malgré les exemples
de prudence donnés par rant de gens qui prévoyant
les cl1ofes de très-loin poHr eux , ont grand foin de
s'atf urcr les emplois qui rapportent le pins d'argent
, & que d"autres ont la pciac d'exercer pour
1icn. Je dois rendre compte à mon pays des motifs
de ma retraite d'un Cabinet , que l'opi11ion & la fcr-
1ncté de la Nation avoient formé dans les circonftances
les plus fâcheufes pour élle. Quand j'y ai
éc~ appcllé, j,c me fuis cru cngag~ à fuiv te r e fy flême
adopté ; tn y prenant p.lace , j'ai veillé a Con obfeivacion.
Qu'avois .. jc à faire, lotfquc pluflcurs de
mes Col.lègues s'en écartoicst ~ J'ai dû quictcr l1ne
place où je ne ponvois plus rcftcr avëc honneur# &
fervir l'Etat Celon mon devoir. J'annonce donc à
la Chan1b.rc, que je ne me fuis retir~ que parce que
Je Cabinet s'écarteit de fon premier principe, qu'un
nouveau fyfiêmc alloit etrc adopté , ou plntôt que
l'ancien étoit fur le point de reprend ac r~cinc. Ma
conduite a le fuffragc de plufieu is de ceux qui
étoieot , ainfi que moi , dans les fccre s du Cabi-
.11ct , parce qu'ils ORt vu les chofcs c9m~c moi,
qu'ils ont des principes de jufiice & p'intégrité , le
q\1'ils n'ont, aiofi· que moi , aucune confia11cc dans
ceux qui doivent diriger les Co11feils de la Nation.
Je n'ai aucune inimitié perfonncllc ou particulière
contre eux ; mais je défapprouve abfolumcnt Be
hautement leur conduite: Ils ont une toute autre
façon de pcnfcr que le commun des l1ommcs ; ils
font des promclfcs qu'ils ne veulent pas tenir ; ils
prennent des engagcmcns qu'ils rampent ; ils s'écarrent
des principes qu'ils ont affichés , & rc11vcrfcnt
le fyftêmc qa•its ont établi. Je ne Gloutc point qu'ils
n'emploient cous les moyens de corruptio11 pour fc
maint,e nir d.a ns lcuis po{ es- , &. j c m'attends , ~u·~
I

"




"'nt par, ili oe d•r
Chambre a ch,Gs de
~nt d'IY<NCI~ je. a'
regrer. fOdt-.: CcnGb
tlroit &je C.. TaQÏsi 8t
de m&iter lfP)atidi, .... -
&: v~rtaca ac 1·..nïtio
Mais dc111 c:ellisl~r~tions c
& â mOD aoi'bitioa ; le devo1-r..
Mon dcvoi1 ~a cl'av~rùr la Ci
cpand le danget les mcoaçew; t
.. 'iallruit que . !ai rem rli ....
lit~ a fcrmec i 'Etat
bliS-Cmcn1 d'on
pcinè • d~traic , je '
.. · malliear. Ces confiai
aux bonnain le aux '
· 11aej•occapois. que cer ~
mais pcut-~trc plus pOIU
m~me .. la plaignant tn
miaiftratioa l~ plus fa
cenfèn.c toujours la plus
\'Îr dans ecwc Chambre-.
Min~re dont je· cleis 1
JllOn ex rienoe • 1e tâia.
~oir , p as on ,herctiera
· rien oe poursa m• cbêe
j•e(père encore i• # od
.. oru quelques joars ~
mois , eu memc fiUtlqaet
· eu tard comme le demiér •
Atlmioiftratiom- qû
,ablic t la vcrru... r
..-.
· Cen.-ai-t,moigaa toDt Con~
a quelques auue1 .-àOICJlt rc
.tnenc auM intlr6'1t le
Gouvernement fi • ·
Natio• J. je a ~ lica
,,
"'
J
• •


-
..
. , . 1 & 1 '
le projet de .s·~Joigncr des priacipct d'apr~s Je(qaefj
la nouvelle AdminiR:ration a ~t~ form~c. G>11 fcnc
bien que dans un ConCcil, compof~ de 11 pcrfon•
ncs , tontes a11i mées da même efprit de vigucttr &c
d'indépenda11ce, il cil: impotliblc qu'il n'y ait pas
quelque nuance dans les fcntimcns. Mais à l'exception
de ces nuances je n'ai vu dans Je.Cabinet aucanc
cfpèce de désunion ni de m~fiorclligencc qui aicot
!U engager M. Fox à priver air16 de ics ralens & de
fon inBtteacc un GouverRcmcnt , à la formation duquel
il a tant contribu~. S'il y a le moni!re Cujet de
craindre que le Lord Sbelburne ne pcrfific conilam•
ment dans le fyftêmc , d'après lequel il cfl: entré
'dans le Cabinet , je o'y rctlcrai pas. Pour mieux
rouvcr qu'il n'y a pas la moindre alt~ration dans
es principes adopt~s lors de la formation , il cft bon
de les rappcllcr, & les voici. Le premier 'toit d'offrir
il l'.Amériqu_e une indlpt ~ il/imit.Jt El indéfinie•
pour hafe d'une ni tzation Je pQÎX. Je
me puis croire qu'il aie ~té aban<ionn~. Le feconct ~toic
d'établir un fyftlmt d' lconomit dans tous lts dlp•rttmtns
du Gouvtrnement, fi d~ t~écuttr les difPo-
Jitions du hi/[ de réforme de M. B~rlte . Cc bill cft
aélucllcmcnt fur le point de recevoir la fanllion jfll
Roi, & le principe cfl: coAfcrvé. L1objct du troifiè •
me ~oit de diminuer l'influence corrompue dt /11.
Couronne ilans les deuz Ckamhres. Je ptais proreftcr
que le Cabinet y ëf\: encore trcs.fincèrcmcnt dif~
fé. Scion le dernier de ces principes , on devait
alf a~cr à l'Irlande la conR:itYrioo & l'indéfcndance
tf UÎ ,viennent de lui être accordée,. Or, je n'ai
toint vu l'alt,ratioo d'aucun de ces principes, ni le
moindre fujet de craindre qu'on vc i1illc s'en écarter.
1c cl~clare , répoadit M. Fox , que je 11'ai
jamais entendu parler d.a premier principe qu'on dit
être adopt~ par le Cabinet, ac que jamais je ne l'ai
entendu fortir de Ja bouche du Lord Sliclburne. Je • puis mEmc alf urcr que ,·cft rrécifén1cnt fui cette ,u •





I •
-


4
{ .. 1 6 i ) '
conR:ance qu'ell furvenuc la diverliri de nos fcnrimens.
Cc que Je GéA~ral a nommé des nuances ~
n'cll r.icn moins que des différences fur les points
les plus imporrans. L'indipendaoce de i· Amérique ;
. le Gên(ral a dit que l'c>pinion d~ Cabinet éroic de;
J•accorJer. 1e ne fa 1r.ois 1e11dre compte de la r.!folu1io11
aé\:uelle du Cabiner, mais ce n'écoir point fon
incenrion quand je me fui~ dérermin~ à réligner. I c
puis prouver d•aillet1rs q•1e le principe de ma rcrra1rc
n'cft p~În! J'ambit•on d' ê re premier Mioiftte , puiè-
9ue ce d1tférend important a eu lieu il y a Dimanchç
· ' liuit jours , le Marquis de Rockingham ctoit vi•anJ
& on cfpé ·oit fa guéri Con. Excic~ par un grand 8'
puilfant motif, j'ai d~claré moa i11tcntion de ré6-
gner, 8c je ne l'ai pas norifi~e Je même jour ,de peur
de ch1grincr le M~rquis dans an moment aolli
critiqt1c, & dans l'c~..,ir de voir ccctc affaire arrangée
s'il gt1ér1ffoir •. ~ Le l!ord John Cavcnd1b dit
auffi que les motifs de fa retraire ~roir le changement
du fytlêmc érabli par le nouveau Miniflèrc.
A près àvoir entendu M. Fox fur les caulës
\ de fa retraire, il convient d1cntcndrc à fon
tour le Comte de Shelburne , dc~cnu prc-
,. n1ier Miniflre ; Je Difcours qu1il prononça
le lrnderr1ain à l.1 Chambre haurc mérite
d,~ re tr::tr·1fcrir. Le Duc de Richmond en
av<1it pronor~cé u11 , dans lequel il avoit
· 1·affembJé les raifons les plus fortes & les
plus dére1·minanres ~ d'accorder l'indépentia
dance de J• A tnérique 'à quel~uc prix que
ce fût. Le Co1nte de ·shclburne répondit
• 4 '
a111f1.
>> Je fuis vi \:-cment to-uch~ d\I rôle mâle & gln~.
rcux q l1c remplit le noble Duc, de Ja candeur avec
laquelle 11 s·cxprime , & da degré de con.fiance
ttu'il veut bien 111'accordc1·, à r,aifon des d~claradoDI


~~:.1----------
,
-
1

..
.. , 16~ l
publiqacs qac j•ai laites. C'efl tout ce qtte je dclire
de lui & cc que j'artcns de la Natien. Jamais je n'ai
fouhaicé qu'on ajoucât foi à mes promcffi:s avanr
leur c1écution. J'afpire feulement à la confiance•
tant que je marcherai dans la bonne voie. Le Noble
Duc a .' prouvé 1 excellence de fon coeur & (on
amoar pour fa patrie~ adhéraat au plan qui doit
être la hafe de fa prof périté, & en lui fat.rifiaat
prudemment & génércufcn1cnt les liens du fang 8'
de l'amici~. Il a expofé mes déclarations & les prin- .
cipcs que notts avons adopt~s en entrant dans le
Miniftère , il y a trois mois. J'attcflc qu'elles
font fondées fur les principes qui m'animent. Des
.. Tues ambicieufcs ne m'ont pas coaduit au rang qt1e
j'occtipc ; mon défintérctfcment conllU doit fai rc
tomber to11t foupçon à cet ~gard. Mes procéd~s
envers le feu. Marquis de Rockingham & fcs ~n1is,
ont propv~ mes dif po,tions à leur plaire. J'ai céd~
toutes les fois que ma déférence pouvoic contril1uer
à ~tablir une parfaire harmonie entre tous les Miniftrcs.
Si j'culfe défiré le polie éminent que ;·occupe,
je puis affurer que cela étoit en mon pouvoir ava11t
Je d~cès du noble Marquis. Je pouvois l'obtenir
lor fque le Mini Rère fut changé; mais Join cfe Je
briguer, j'~mployai tous mes efforts pour placer
le noble Marquis à la tête de l'Adminit1 ration. parce
que j'étois pcrf uadé qu•it étoir le plas propre à cette
place. Je regarrtai celle à laquelle on me nt>~ma •
commé 'très·proportion1lée à mes talens &: à mon
ambition. Je pl1is prouver qtte j'ai rcjetté fouvcnt
de~ ffircs d'une nature txcl fivc, & que je n'ai point
voulu me prêter à' dc nouveaux plans , propo(és
dao la vue de fcmcr la difcordc en ét,ablilfanr des
diflir1élions o.iiçt1 fcs. T( lie fL1r ma cenduire dans
Je rems ou ·q•1c1q··ec. uns de mes collègue avoicnt
cabal~. Je l'ap fl .. ran4; inq•1irrJ1dc & fans chagrin.
On ne faureir me foupçonner da 11~ ce qui 5'cft pa!fé
récemment d'ambitiop gu dç vues iniftrcs; je f uia
'



# -

j
., ~~u----------
-
.. ..

·ae ( 1'1 J proaver !=!UC l'iod~pcndance de l'Amérique doit
lui être auffi furicfte qu'à aous ! le me (croit cxprim~
encore avec plus d' éttcrgic à la Barre dt1
Congrès que dans cette atfcmbléc-ci. Telle a tou ..
jours ité mon opinion , & je (crois le dernier à
convenir . ue l' An lcccrrc doit rcconnotcre l'indipcnd~
ncc e l' Am riquc , 6 les circonftanecs n'a~
~oient chang~ , & fi cc mal n'étoit point dcvcllJI
néccff aire pour en ivitcr un pire. 1 c ne 'creis
pts q~ la cilMI m- :ive-e-laqae•!c ;·rxpofe mon
of1nieo , puialè diminuer mon crédit en J\llf&f4'
qge , ou fur les pcrfoonct char ~es par elle de
négocier la paix en Europe. Les a uranccs 8atteufc1
qac j'ai reçues , me pcrfuadcnt que mon opinion à
cet ~gard ne les fait pas peofcr moins avant:a cufèmcnt
fur mon compte • .J'ai connoi«9ance de icn
des maas provenus de l'opinion précipitée où Cane
'luficurs perf o!lnes ue 1~ind~pcnda11ce fera accordle ·
a l' Am~r ique ; ils ont plos grands que ceux qoi
auroicnt pu naître de mon opinion. Je ccrrific ue
fur ce poi11t je n'ai jamais vari~. J'ai die qt1e ès
1ue l'ind~pcndance de l'Amérique feroit reconnue,
le folcil de l'Angleterre auroit"'tcrmin~ fa car ri 're •
Dieu 00•11 garde de ce malheur. J'ai dir que dès.., ol'9
l'Anglererrc pcrdroir ·fon rang, fa conft<lération ~
fon importance parmi les autres Narions , 8c (croie
mifc au nombre des plus ch~tifs Erats. Puiffe ma
pridiétion fc trouver fauffc. Le noble Duc • ~rabli
clairement fon opinion, lorfqu'il a dit que le f yR:ême
de I' Adminiftratio11 étoit d'olt1cnir li paix, le ue
'l'indépendance de 1' Am~rÎ']DC ne fcroit point d'o f.
tacle fur cc point, comme fur tous les autres. Je
JlC me fuis point icarté tJu principe d'apr-ès lequel
je fuis cnrr~ en place. J'ai fait cc qt1e j'ai pn pou.:
maiorenir l'union parmi les Membres du Cabinet,
j'ai céd~ fufë cerrains arciclei , le je Cc.rai 1oujour1
très - aifc de eider à l'opinion. de~ autres , polarvm
f!UC je ac comprqmcJte ai moo honneur , ai ~-


..

,
( 166 ) ".
fcnrimcns , ni mes principes. Je ne fuis l'c11nca.f
de qui que cc {oi,t, mais je fuis & J'ai ~1é i·amija
me ures plulÔt q ut des fCrlonncs. J'ai vicu 17 Hl
d.ans la plus grande intimité avec le feu Comrc de
Chatham , & c'cft de lui q ue i 11 appris à ne m·occu
pcr que cks met ures & non pas des bcmmcs. Pe11
lui importoit que les gcn~ û1ltfcnt à lcllc ou tcUc
faàio1• , ou portâlf cnt tel 011 tel nom , al c&1minoir
. fculcmcot s·i1s {outcooicnt de bonnes oréradou.
& tC'Ut le rcOe-l't,i émit-riüd~rcnl·- La diwdiaa
~ ........... ~-~.;-.------......, --·q1Ti -èt,flc1ujourd'hui , a p11s ta fourc:e dms ._
, principe oppolé , q'•i cherche les homqacs de pr~•
'



fércncc al1x mcfurcs , & qui cofeigQC que le no•••
4onnc toute la sûreté auffi bien que tous Ici faccès.
Malhcureu{cmcnt parmi ceux qui formoicot 19Adminifiration,
il s ·en cft trouvé pluieurs qui ont fubfilf •
mais pour peu de tcms , avec ccnc opinion ;
hcureu (emcot il y en a beaucoup qui , tca•
~utrc princirc ont pr~f~r~ le biea de leur pays
la fplcndcur d'un nom, & je me confoJc dD c(iparc
cics deux Membre~ qui fc tont rcar'5 du Cabioec •
en T<.'yant le~ huit ,,pcrfonnagcs cltimablcs qui y feoc
zcfl:és. J'ai dit , 8c je le ripètc , que je ac dcirc poinr
'1c voir un Roi d' A1;glctcrrc comme •• llt'i .ta
Marattcs, chez lcf qucls le corps de la Nobkfl'c faà
choix d'ue Bacha qui a toute autorit~ fur le Souverain
gui 1 en cict , n'cfi qu•un Roi de paille. Je
11c fouffrirai jamais , tant que: faurai tiancc d1•1
les Confcils de mon Souverain , que la frirogatnc
... royale Coit an,antic 1 au point quïl y a11 u Goavc
r ocmcnt oommé contre le pouwoir de la Coa•
1"onne; je n'c11 dis pa! davantage~ cela fui&r ~ou
faire voir 'JllC du mctins on a pari~ birn .li crfcmcnt
fur les motifs de la dcrniirc rcrrairc de:
plufic~.r• Mtmbrcs du Cabiocr; mais le rclèl (cul
ap renclra li c cft , comme en l'a .tir 1illcun •
à caufe que je me fuis écart~ du ffft~me Era-
1>11., ou~ ,çomtmc je l'ai rafponi, à ca~ d'aN

.....

...._ ~ -- -
..

e
• ...
1
e - l
,

( 167 ) .
diî.pute fur le parti & le crédit des autres. 11 ci
fâ.;b:ux po•Jr moi que les chofcs ne puiffcnt pa1
êcrc mi tés fous les yeux de la Chambre; mai' lorfquc
cc my{\èrc fera révélé, cc qui , ;·cfpèrc, arri~
cra au commen ( me11t de Ja première lcfiion, la
vérité fe manit""cfte1 a , & toute la Nation rendra
jufiice à qui elle eft due. 1· ai c11co. e dit , de la
manière la plus pofiri 'C, que la corru~ ti<ln qu'cm·
ploie la Couronne po r fouce11ir foo crédit> dcvoit
~tre aoof le • & qu·i1 falloit que le GotiVernemcnt
fât adm1n1,lré par lJn f yfiêmc d'économie g~11éralc.
J'e le ré èce, je crois qu'il cfl: infâme ,je gouverner r .
par la corruption, & je fuis dans la rétolution de
fuivrc un plan d•économie dans tous les départe•
mens deÏ'Etat, le Je Cuivre t!Jutcs Jes mefurcs que
le pauvoir d office & le pou~oir du Pa1lemc••t peu~
eo~ comporter pour venir à l'appui de cc principe.
-Quant à la place de premier Lord de la T réf ereric •
6 jamais je me fuis fc>rmé une haute idée de Con
importance, c'eft Curt.cout tiepuis dix aos; car, ••
1·ardcur aTec laquelle on la défire , & Jes grands
mouvcmens qu'on fe donne pour l"obtc ir, il faut
que Con ioftueoce agiffe p•siifammcnr dans le Goa~
crncment. l'our moi, mon intention cfi d'employer
cette influence avec la jufticc & la dignit~ conve11ables;
8c loin de la faire fcrvir à des moyens d~ corJ:
uption. je veux qu'elle retourne au profit de t·Erat •
le (e l ebjct où clic doive être appliqu~c. Le Duc:
ile Richemond fit l'ob(crvatioo fui vante, fur une ex•
f~cfl!on dlJ Lord de Shclburnc par rapporr aux partis.
Je pcnfe , di1·il, que ccir~ liaifon entre des hommes
· ~u i ont la m~mc opinion fur les atfair~s & le me Cures
clc l' A dminifi .r~tion, lorfqu'cf le cll corroborée pai
• anc amitié intin1c & par une méme façon de pcnCcr, cll
capable 'c foi mer en fyttémc de pouvoir .plus vi.
gourcux qu•ull.C Admanifirarion compoféc de divers
partis ; je d~cl;;1è qt1,c je fuis Whig, attach~ par
1f IÏD,jfC , fAI 'FdU,atioa " flJ 'OUC 'c Cj\Ü .~,a
)
I
,

cc iGJC1lr
n'l a~\~
V'atef.!11
- Lt (Ail
,~, lfl , ,.~
tât'1i·oe,i
(.m~,
mu ir~
1.-"f~
"'tml (St
~~~
unt~F.
. k(l rtJ
J I ' ,
~
f ~1
"
#

( 169 )
.. •
..
tien &u cabinet de Vert.ai les. -- Ces cféf>cc l1c: ·proa.
t 1ent compleccen1cnc que le d1ff~rend , turvcnu entre:
.1\1. Fox & fol1 adroit Collègue , n'avo i ~ point pour
objcc des co11fidéracions a ~ Jli ft1ci:cs & des nuances
al1fli iofcrlubles que le vouloir i .1 lit111er cc <l rr11ier;
.. ~car fi foc1 opioiol1 a voie été adot téc, le \ hcfiilicés_
3-_•cc les Ain!ricair1s auroic11t a•1ffi-tôt cclf<!, d·après .
fon principe, de fa ire de lï · <iépe11d111ce la baf~ d·un
t ; aité avec les Colonies • ( i1ropofition q•Je les
Américains rcj~ttcnc c11cièrcmcrlt) ; il s·el1 lè:roit
,f,1ivi q\ilc nous les aurio11s .vu s'emparer d'un pri,
·ilége que nolis lctlr rcft1fions; & 11ot1s ôcer tottcc
cftéra11ce de rct1oucr amitié avec eux , à moins
d'cmpl<>}'Cr la m~diat ion de notre ancienne & DatU•
1cllc ennemie.

~ Avec les dépêches de Sir G,uy Carleton ;
nous avons reçl1 le Pe1zf.ylva11ia ]01.-rnal du .
1 ·1ui11. Il co11cient l'exr1·air d'u11e lecrre du
Général Washingro11 at1 Congrès, e11 date
du 1 o l\1I .~i.
:»> Att moment où je fcrmois ces dép~.:hes, on
m'.t remis t11lc lettre rlll Che\'ali.1· Guy Carleton>
à laql1ellc étaient joit1ts di vers pa1iicrs imprimés ;
j'ai l'honnc111· <le vous Cll\'oyer le toltt & CO(ÎC
de ma répo11(c au Cl1cvalicr Car l e~on. Je m: fiacre
que ma conduite en c-e:tc occalion fera a1 proufée
par le Congrès. .
,, S. M. , écrit Sir GL1y Carleton , en d~re du 1
J..1ai, m'aya11t nommé Com111an .fant de fcs troupes
t11 An1éri ~uc, & m'ayant chargé Cl1njoi·1cc1nc:nt avec
J' Amiral Digby de traiter de la p;.1ix. f ai cr q•i'i(
écoic convc11ablc d'infr,rn1cr V. E. tic mon" ar ivéc
~ N C\'1-Yorck. Il m'! fc1nble 11on .. Cculc111crlc convenable
que je ·vous fa<fc part de ces objets , mais
les circonfiat1ccs aél:l1elles 111e prefcri \'Cnt aufli cette
démarcl1c, parce qi1c je crois qu'il cft: Je mon
devoir de tranfmercrc à V. E. 'crtains papiers don~
~7 Juillet 1782. h


-
1

1


,
'






( If,O )
la lcéturc fera connaître à V. E. les difpolirions
da11s le!quelles fe c1·ouvent le Gouvernement 8c le
peuple (1'1\nglererre à l'égard du Congrès & des
l\mérira1rls, & les effets qui en peuvent réfultcr.
Si les mén1es difpofitions pacifiques dominent dans
ce pays , je ferai porté par n1on penchant & par
mon devoir à t1avai!Jer avec zèle à l'ouvrage de la
paix. Quoiqu'il en foie , M., je dois vous déclarer
que fi la guci·re efi indif penfablc, je râcherai que
le peuple de ce Continent rcficntc fcs calamités le
moins qu'il fera poffible. 1 c n1'apperçois avec la plus
vive dot1let1r, ql}c des perfonncs qui oc font revêtues
d'aucun con1n1a!1dement fc font portées de leur
propre cl1ef .. à des excès ~ui aurllÎcnt dû être ~épri111és
avec Ja plus grande 1·igueur & de la ma-
11ièrc la plus efficace; ces cxc(s ont donné lieu à
· des aétcs de repréfaillcs, & fi on ne Jes prlvicnt
convenablement, ils fe multipl1ero1>t à la honte des
dct1x Rartis qui en feront également les Titlimcs •
'tiuoiqu'il femblc que les natifs & Jcs coloris de cc
pays ~n: doivent plus redouter les fuites. Quelque
diffé1·cnce d'avis qui fc Itouvc entre nous à
d•autrCS egat·ds , llO\lS deVODS être parfaitement
d'accor~ fur ce Ceal objet, ~tant ~gaiement int~l'clfés
à cç que" le nom Anglois ne foie point ft~tri,
& à ce que !es individus n'éprouvent point
rles m; ux inutiles qui ne fauroicnt produire aucun
avantage décifif. J'adopterai toujours avec cmpretfement
toμtcs les rncf ures convenables qui pourront
tendre à r~primcr ces excès crimine~s dans les inëividus
j j'ai aonc con1mcncé de mo11 CÔt~ CD prcn
~tlt le commanaetl.lCl1t' par rendre la liberté à M.
Livit1gfiot1 • & )'ai écrie à fon père au fujcc des
èxcès qui fc font comn1is élans le Nc:w-Jcrfty, 8c
je t•ai prié de coopérer aux mcfurcs qu'exige l'intérêt
comm110 de l'huma11ité âans le cas où la g•crrc
fcroit indi fpcnfable. J c dois vous inform,er en
,<.»utre que j'avois le projêt a·cnvoyer aujourd'hui
t'
,
1


( t71 '
une lettre fcmblablc au Congrès , mais j'ai appris
qu'il éroit n~'effairc que j'obtienne préalablement -
un palfc-port de V. E., j'cfpèrc donc le recevoir
fi ~ons · approuvez que M. Morgan fe rende à
Philadelphie pour l'objet énoncé ci-dcffus. cc
a J'ai reçu , répond le Général Washin ton , la
lettre que Y. E. m'a fait l'honneur de tn' crire c'n
date du 7 , & les ài vers papiers fJUÎ y étaient
joints. Depuis le commcncamcnt de cette guerre
1 dénaturée, ma conduite a prouvé conftammenc que
je défapprouvois les cruautés fans 11ombre qui fc
font commifes en divcrfcs oècafioos. Po•Jr cc
qui cfi cl~un évènement récent auquel je pré[umc
que V. E. fait allufion , j'ai déja déclaré ma ferme
réfolution , réfolution formée d'après le plus mur
examen &. dont je ne me départirai point. Je dois
informer V. •E. que je ferai paffcr au Congrès par
·Ja première occafion, la dé1nande que vous faites
d·un paffe-port pour que M. Morgan puilfe fc ren~
drc à Philadelphie, & vous pouvez être alfu1·é ql1e
je m'etnpreffcrai de vous inftruire de la décifion
du Co11grès à cet égard. L'admi!lio11 des Par ...
lemcntaires à divers pofies des deux ar1nécs , ayant
produit plt1ficurs incon~é11icns & défordres 'JllÎ 011t
donné . lieu à des ... plaintes des deux côtés, j'ai réfolu
rot1r obvier à .ic femblablcs abus à l'avenir,
& poltr ~tablir une corre(po11dance plus commode
entre les deux armées , de recevoir tous les ParJe111enraircs
venant de vos lignes au pofie de
.. Dobbsferry & dans · a!!CUR autre endroit, tant que
Je quartier général des deux armées rcftcra dans
. la pofition aél:uclle. cc
Le I 4- Mai le Congrès a pris la rcfolutioo fi1ivantc
qui a été envoyée au G6oéral Washington •
- >> 1-eéttz rc ayant été faite d'uné lettre da Gommandant
en Chef en date du 1 o , renfermant la
copie d'une lettre qai lui a été adrelféc par le
. Chevalier Guy C-atlcton , datée du quartier gé~
h J.

• 1 •

-



-• •

• ...
• •


. ( 17,l. ' /
Jléral dansl? nouvelle Ycrck le-7 Mai 1782.. ~ Ré•
(olu qu,il f{)Ît ordonné, ainfi qu'il 1·ctl _par les
préfentcs au Commandant en ~bef, de rcfufcr le
Jlalfç-porc den1andé A p~r le Chevalier Guy Garlctoe1
pour M. Morga11. <~
Il r1'y a eu en A1nérique qu'une ·voix Car
les propofitions tardives dei~ Adminill:rarion;
les Atfemblées générales du· Maryland , du
nouveau Jerfey, de Pe11fylvanie & de la Virginie
, ont pris les réfolurions fuiva11tcs •
aux quelle~ tous les Etats-U 11is ont adhéré •
R~folu. 2~ Qt~c toutes propofitions , de paix o•
. d~ trè~e, faites par l'ennemi • à tous ou à quelques.
uns des ~tacs-Unis de l'Amérique en particulier.
fans concours de fcs alliés , font inlidicufes & i11ad,.
.miffibles cc. >:>Qu'une propofirion d·ouverturcs de
. la parc de l'cnnémi , avec qucl'}\lC Affcmblécs()'honr
•1nes ou Corps, autre q~e le Cpogrès des Erars-Unis
de l' A méri~ue , cft jnfidicufc & ioadmiffiblc • •
- ,, Qac ledit Congrès n·~courcra aucune propo""
'fttion ou négociation contraire au bien de i·Etat le
aux · principes de fa conf~dératiQn · défcrlfivc cr,
. ,, Que cette Aifcmbléc exercera tous les moyens
·de i·Erat pol1r contin1:1er la gu~rrc avec vig,1cur •
jufqu·~ cc que 1'011 ~uilfc obtenir upe paix qui s'accorde
avec le bien des Etats 8c les principes de leur
: confédéra:ion défenfive.
. Un de nos papiers raconte ainli le fait
·dont.il efl: quefi:ion da11s les lertres du Che-
'ralier Carleton & du Gé11éral \Vashi gton.
,~ Il s•étoit formé depuis quelque rems à NtwYorck,
& fo1.ls les aufpiccs du Lord Germaine, un
Corps a·cnvir.on 400 r~fugiés fo11s les erdrcs du
. Gouvcr11cur Franklin. Entr'4utres cJ ploi1s , ils
r :avoient attaqué & emporté un ron ~levé par le
Général Washington. Toute Ja garnifon f r tu~c i à
l'cxceptioQ de J hommc;s; l'un Cf'cu, le Capitaine
'J
1 ,
1
1 a
,
1
1



( 173 '
Huddy , fut conûné p'cndaac près de ~ femai11e! ~
be1d d'un navire; on le 111ic cnfit1 à terre fous prétcxle
de 1 échanger · n1ais le faic eft qu,,<)n lt pendit
au pren1icr arbre qt1i Cc pr~Ccnta, fa11s at1cunc forme
de procès, Can même inte11re~ co11trc lu1 la m , indrc
accuCation. Le Gé11~ral Wa hi t gtot) écrivit fur-lcchamp
a Gé11éral Clioton , dcmandanr J'cxécutio11,.
à titre cic repréfailles, du Cap1caine Lcppincotr , par
J•ordrc duq•Jcl H ~ dcly avoic éré pend,,a; Sir Hcnrr
Clinto11 avoic no1nmé un GonCtil de g•.ierre pot1r
juger Lcppincoct; Sir Guy Carlettln étal1t arrivé fur
tes c11tr(faitcs, toue avcit écé fu_pcn<lu; ~ le GC:11éral .
Wasl1ingco11 a écrit au fucceJfeur de Clinton que fi
Leppincotc n'etl: llaS pendu·, il fera exécuter un des
Officiers Britanniques qui fo~1t entre .. (es mai11~ , 8t
qu'il les avoit déja fait tirer au fort. 011 fait qt1e la
vié.lirnc marqt1éc par le fort cOE le Capiraine Arfgill,
q4c W' ashi11gto11 eft, dit-on, déci.i~ à faire facisfairc
at1x 1nânes du Car1itai11e HuJdy, fi l'on 111c pu11ic
Lcppincott , fon bourreatt cc. • ..
· tes 111ê1nes papiers 11ous appre1111e11t que
les troupes F~ànçoifcs avancent des ·bords
de la Chéfap61k ,~ vers la partie l~ll Nord ;
il pa1·oîr que le plan ae nos ennen1is fur le
Conti11e11t, efl: de i1ous porter quelque coup
penda11t le cours de cet Eré , & que le Canada
& la Nouvclle-Ecoffe fo.nc les objtts
qu'ils ont en vue. L'Ar1née de Washi11gton,
celle de W aync da11s la Caroline , & de
Green dans la Géorgie , donneront de l'ocCUP-
arion à nos troupes , pendant que .les
François opéreront ailleurs. ,.
· Le C,tpirai11c Drake, commandant le pa.:
qucbot le Pi~ilant, a apporté des dépêches
de l,Alniral Rodney & de M. Cat11pbell,
• h 3


,
1
1
...
-'
,



..
\

I •
\
( 17~ }
Gouverneur '3e la Ja1naïque ; cet Officier
appareilla de Bine.fields le 20 Mai, de conferve
.avec la Rotte deftinée pour l' Angleterre
, & s'en fépara après avoir déllonqoé
le Golfe. Selon les nouvelles qu'on dit qu'il
apporte , il n'}'; a plus que 1 vaiffeaux de
ligne à la Ma:vane; tour le refl:e de l'cicadre
Efp:lg11ole ell 1nouillée au Cap François.
U11e grolfe flotte marchande a.voit mis
à la voile de la Havane ; on débitoit peu
· avant f on départ qt1e l' Amiral Hood avoit
rencontré ltne flotte Hollandoifc allant à
C1.1raçao , & qu'il en avoit pris pJoficur
· · bâri111ens! 0n prétend que l' Amiral Rodney
·a .. lfure dans fes dépêches qu'il a de fortc,,s
raifons de croire qt1e c'eft le St·EJPrit ~
vaîffi!au François de 80 canons, qui a coulé
bas pendant l'aétio11 du r 2 ; 1nalhcureufcinent
nous avons de alus fortes raiCons encore
de 11,en rien croire , pa,rcc que nous
·avons la certitude que ce vadfeau i1e s'eili
poi11t trouvé au conlbat; ile~ bien fingulicr
que nous foyons mieux inftrt1ics en Europe
d"un fait qt1i s'efr Raffé aux 1'1és.
• :-> Le paquebot le Dashwood ;1 dit-on daas nos
p~piers ~ forti (i'Anriguc le 7 Juin , cf\: arrivé à
Falmot1tb ; le' lcctr-cs qt1'il apporte , diCcnr que la
fiotte des -IOes fous le rVent devoir partir le 11 da
même mois, fous t•cfco1tc elu ltohuft., de 74, le
de la frégate le Janus. Gn ne favoit pas tOC:Ort
.. fi. q11clqucs - uns des bâtimcns de Suint-C!lriftop~c
aurGnr la pcrmiffion d•acco111p.agncr cc convoi ,
parce que Je Gouverneur ~toit ·très - irrité con~
plt1fieurs Pé1trons q•ii amicnt aid~ à enlever 2. cor ...
Caires Amé;icains dans la .rade de Baffe ... T(-rrc, le

Cii
• 1 , oct
l'Ar#
d~
ü,
ioei
cta
11
• •
~··
~ai p .

2'1
aib 1
#•
Roe.,
• id
if!IJ,
oeDJt •
tmfc·
senno\\
~~d
~u)1
faro~
, ri
arrid i
~&
11 Ï
,~,1
-




)
' •
( 17J ) .
9u'il ne vouloit permettre à aucun bâtiment de
m !ttrc à la voile que cette aifairc 11e fût arrangée •
- On dit, dans des lettres <ie la Jamaïque, que
l' Amiral Rodney a détaché u11e petite eCcadre de 7
vailfeaux de ligne, pour une expédition fecrctte, foqs
les ordres de l' Amiral Grave!. Si cette nouvelle
cfi vraie , an croit ces forces dcfl:in~cs ~aller ·furpren~
re Curaçao. · Le St-Raphaël, bâtiment cfe
la Provi,lence , l'une des ifics de Bahama, eft arriv~
à Portf momb le 11 '; il avoit à bord le Gouverneur
Maxwe 11 , & d'at1tres Officiers. Toutes ces iflcs fe
follt reoducs Je 8 Avril , par u11c capitulation portaot.
que les t.roupes, au nombre d'environ 300
hommes , command~s par le Lieutenant- Colonel
Maxw.ell, Gouverneur de ces iOcs, feraient el1voyées
dans q11elqu'unc des ifles de l' An1érique Angloife,
Ja J ainaïql~e exceptée ; que les 11abi1ans qui vouôroicnt
garder leurs propriétés , auroic11t 18 mois
pour quitter le pay~ , & q11c cc,.x qt1Î y rcfi('.roient
après cette ~poque, [croient f•1jc:ts du Roi. Le
Das'liwood ~ en venant des IOes , a paffé au milieu -
de la ftottc de la Jamaïque , qai étoit alors en
bon état "·
011 crait~t fort poar cette flotte , depuis
que l'on fait l'armée ennemie con1bi11éc
croifa11t fur nos parages du côté de l'OueR ,
& les Hollandais forcis du Texel , v1·aifc1nblablemenc
daris le Nord , où ils pet1vcnt
l'intercepter. Il n'y a guères qu'un coup de
la Providence qui puiCfe la. L1.uver. Noti:e
grande efcaCJre , quoiqu'e11 difent nos papiers
, n'eft pas en érat de fe 1nefurer avec
nos ennemis ; les états les plus exagérés
ne Ja portenc qu'à 2.6 vaiffe,1ux de ligne;
& quoique nous rabblillions à ; 6 celle de
D. Louis ~e Cordova , qt1e . nous avons
/ . h ~ .
• •
..
,

1 •
-
...



;

- ( 176 )
liet1 de foupçonner êrre au tnoins de 40 ~
nous avons coL1jours une i11f~riorité de 1 o.
Le Lot·d Hove eff rcJforti après êrre re11rré
à: Torbay , & on fair qlte le 7 fon avantgarde
a f:iilli d'êc1·e jerrée à la côre, à la hallteur
de la pointé de St art , dans une bru l"'llC
épailfe; elle 11e fe trouvait qu,à deux encablures
de la terre, lorfqu'elle fur hê le
p:.ir u11 pêcheur qt1i l'ave1·cic du da11ger.
Il 11e peut s'être forr éloigné ; les vairo~aux
~ui doivent le re11forcer manquent d'holn-
111es , & on attend· avec i111patie11ce l:s
5006 qui ·font parrie des mar~lors que
l'Irlande a votés; leur prompte arrivée cil
abfolun1ent néce1faire , & cc n'cft que
vers le 1nois prochain que nous nous
flattons d' équiper tous nos vairfeaux ,
alors .. nous en at1rons ~; ; mais d'ici à ce
teins la fl0tte de la Ja111aïque court de
grands rifques ; elle a ~\û être avettie par
les avifos qu'o11 a fait p;irtir.
:»Les dernières 11ouvellcs rc~ues de 11ndc, air D•
de nos papiers , confirment que le Commodore,
'.Alms à bord du Monnzouth de 64 ca·1ons, le Hlro1
de 7 4, J•Jfis de 50 &. pluficurs vivriers , a rejoint
l'Aniiir•l I~ughe§ à la côte · d~ Coromanacl. Cependant
ces nouvelles ne font point celles q\1'a rc~ucs
dcr11ièrcment la Compaonic des Indes, & qu'elle cft
encore occupée à décliiffrer. -cctre. lcnt~ur à let
publier, 11c faic rien augurer de bon ; il paroît feule·
ment ql:lc }'gn n'a nulle no,1vcllcs du Chevalier
Hüghcs, ce qt•i donne les plus vives & tes plus jufics
inquiétudes, & ce qui f~it fur-tout fc défier de l'alÎu·
rat1cc que le Roi donne dans Con difcours au Parle·
'1l1Cllt, qttc f CS évc&emcns de Ja guerre ont aufli lcd

. . ,
ncm~ · i
ce's ~'I ci11

7ton1n
A 11. co:e 1 a a~
n~ ~t
l 1 1 o a a:~~
elle f~·:
drif
, lai~
a~niP
~~
rr!oe ;"
arrir&d
n1~ (l
. ' '
·a 1 ce
de
ie ~i
kHdt
a tji
Cf·
li~
'dlc ril
a ~
ka~
;Ji~
Î'~'s
j[lr
a rie·
i fr[




. · · l I 77 J
couronn~s clc C"accès dans les Inles-Oric-ntales. Oa
· crai11t bien que ceci ne doive s'appliquer aux anciennes
11ouvcl l e~ connues, & ql.le les dernières ne le démcn ..
tc11t. Û tl a p .. bai.é quclqJcs extraits de lettres, trouvées
à bord de l'Elifahet.li, prifc il y a quelques
fe1naines par l 'Ellerz, & envoyée à Liverpool; mais
ces le t1·cs ne r·arlcot que de l'armée partie de i·1nc
de France en Déccmb1 e, & non de fon expédi~ion.
Elle co116floit en 11 vailfcaux de Ligne, dont 3 de 74.,
- 7 de 6 4, u t1 de 5 o , quaçrc f r~gates , dont une de ~o •
2. de 3 i. & une de 2.4, 4 autres bâtin1cns de 16 , de
14 &... . de 1 o , & 11, 57 5 J1omm~s , ious Européens,
~ 3 ol 11oirs pour le fc1 vice de l'artillerie. .. -•
• FR ANGE.
De KER s A.IL r; Es" · te 23 Juillet.·

LE 14 de ce mois, le Duc de Bou1·bon
prit congé de I:L. MM. & de la Fan1ille
Royale po11r fe rendre à la Cour d'Ef p lgne
& delà au camp de Sr-Rocl1 où il doir fervir
co1n1ne volontaire. Il eft acco1n pagné
dans ce voyage par le Comte de Pttyfégur ·,
· Maréclirtl de-Ca1np, pretnier Gentilhon1111e ae fa chamore, & le Marquis de Vibraye ,
Maréchal - de· Camp , fo11 Capitaine des
Gardes. ' t •
Ce 111ê1ne ,;ou1· LL. MM. & la Fa1nilie
Royale figntrent le contrat de 1nariage du
· Marqt1is de Brizon du Roure , auquel le
·Roi a pet·1nis de porter le titre de Vico111tc
·du Roare , avec Ma<le111oifelle du Rot1re.
~ • Le Roi voq.lant tétnoig11er à M. de la
"'Rofe, Co11G illèr au Parle1nc11t de Borde,,u·x,
' & Lieutc11a11t. Général de la même ville ,
11 J

..

1

-


..

I
'\
• •
- \ ( . 1_7 8 l
la fatisf action qu'il a dè Ces fcrviccs , da
zèle & de l,incégriré avec leiquels il a exercé
fes deux Charges dcpt1is ~ 4 ans , lui a donné
· le titre de Co11feiller d'Erac.
. De PA.RIS, le 2.J .. Juillet.
• • 0 N a éré infor1né le 9 au matin que Je S
de ce mois M. de la Motte-Piquet s,écoic ré11ni
à l'efcadre co1noinée. .S e'l on les l(ttrcsdcLondres,
l' A'.111iral How;e a voit écrit à l' Amiraut~,,
que Ces vedettes avaient compté 28 vailfeam
de ligne enne111is ; il ajourait qo"il cfpéroit
peuvoir forcir de la Manche & les attaquer.
S'il avait réellement ce projet , & s·il cûr
tenté de l'exécuter, il n'auro1r pas éré peu
furpris de trouver l' efcadrc cnnc1nic forte
de 44-0 vailfeaux de ligne. Mais il paroîc
. que cet ·A111iral étoic mieux i11ftruit , & c;iue
le plan qu'il fe propofoit 11
1étoit bon qu>à
annoncer dans une lettre. Il étoit rentré à
Torbay forcé pàr les vents contraires , & il y
cft retourné une (econde fois après avoir reconnt1
les forces de l'ènncmi d'alfcz loin pour
être à teins de les éviter.
M. de Clofnard , Capitaine de vaiffcao;
débarqué à Cadix , d'un n•avire particulier,
efi: arrivé ici. Il vicr1t de la baie de Chéfapeak
d'où il partit le ~ i M i; il a apporté
les paquets de M. de Rocha1nbcau >de M.
le Con1te de la Luzerne & du Congrès.
L'état où e11 font les chofcs dans ce pays
cft tel qu•o.n l'avoir prévu; tous les icatl-!


n1•r n J
~ila~
, Iwal
}W11t:
atin,1
I cstnl
((~~
''""~ #
l~,tr.~
• 1
,~, dti
11 t \
· ~1 ) j
k!r~~
af4
' /ortt
J
~uo1r
&qu:
n ~~t
ttn~tl
1·l1 J ll .

vc.ir t~
ainf'
atr,.n J
. CllJl~1
c~~ 1
\
~r6
~1~
~
• .. •
( 179 )
unis ont adhéré à la réf olution du Maryland;
ainfi les Anglois oné beau offrir de reconnoître
l'indépendance , les A1néricains ne
feront point pour cela de paix particulière.
M. de Clofnard rencontra , étant encore
fur les côtes de l'Amérique, trois gros cor-
. faircs Ainéricains ; ils lui apprirent qu'ils
vçnoient de l,cxpéciicion de la Providence ~
où ils avoienc f uivi les ~f pagnols ; cet Ecabliifement
a éré décruic , & on y a trouvé
2 J bâtimens corfaires.
M. Grenville retourne à Londres ; il eOE
parti d'ici le 1 7 de ce inois , & a âû coucher
le même jour à A111ic~s.
Les frégates l' Aigle & la Gloire , qui
ra1nènent en A1nérique nos Officiers Généraux
dans l' A1nérique Septet1trionale , mi-
~ rcnt à la voile de Roclieforr le 1 2 de ce
mois. Teus les convois ra!lemblés à l'Ifle
d'Aix , ne tarderont P.as à appareiller; il
plroîr que le Puiflant , va ilfe~u de 74 canons,
qui a éré confi:ruit à l'Orient, commandé
par M. de Se1111cville , eft deOEiné à ·
accompagner le convoi de l'I11de.
En atrendant des nouvelles poficives &
direfres de . l'Ir1de , on" nous L'lura gré de
recueillir ici celles qui f e répandent , & qui
fonr arrivées par différentes voies. La lettre
d,Egypte adreffée à la Gha1nbre de Con1-
merce de Marfeille, dont nous avons parlé,
a éré ·écrite par M. Magalon , Négociai1t au
Caire > à M. Mure , Con[ul général dê
11 6

• •




l 180 '
~rance en Egypte ; elle ell du 1 Mai der~
nier , & co"ntient les dérails fuivans.
:Il 011 a reçu ici depuis quclqt .. c-rcms des lettres
d'un nommé Manoly ~ qui ~toit Droga(man de M.
Jean Scllw , SL1brccaiguc Anglais ; vn les a eues
par !a voie de Bllf ora. Elles t'o.t te nt que toute l'I11dc
cft f<1ulevéc contsc les Anglois. Manoly ajoute qu•ït
"S'cfi rêndu avec une peine infinie à Bomb~y d où
il écrit. Il a trouv~ dans cctrc petite 1fte beaucoup
de troupes, q i y ctoici1t fort gênées à caufc de 12
rareté des pr~vi{t~ns , do11t elles ne. pouvoicnt !4
procurer '}l1C de rr ès-petites quantirés de S.aratc; cc
qwi faifoit crcire (.1uc les Marattcs Cc font cmpar{s
de l'île de Salcettc, & quïls fer1cnt Bombay aucant
qu'il cft poffible. Le Douanier vient d'écrire une
lettre de Moka p dans laquelle on marque que les
Marattes, joints at1x FratJçois, affi~gcoient Bomb:ty
" Surate , qui ne pouvt'>i~nt faite u11e longue ré li' ..
t2ncc. D'un autre côcé , les frères Eooy, Négcci~
ns Chrétiens , avec qui nous fommcs fort li!s »
m' 011t lu des lettres qu'ils 011t reçu de Gcdda , cll
<lace~ du mois dernier, où on ttut matquc les not:"
lellcs Cui vantes : li fe répand, depuis quclq es
jours , dans route t~ ,.i f le , qt1c les Ftan~ois fc for.t
~mparés des poftes de l'Inde les plus import ans,
fans que nous ayons pu fa~oir d'où cctrc aouvc]Jc
11olis cft venue. Si clic fc confirme , le mo~OEcn no\1.1
-viendra cette année par la mlin des Fr~nçois.
. L'arrivée d~un Officier Anglois fort ptclfé de (c
rendre en ELtrope , a accrédité ces bruits. On fait
fJ•Janrité a·llifioires fur le compte de cet Officier ;
-voici cc que j'ai recueilli d'après les met lc11rcJ
informations ; 'clics m'ont éci four11ics par Sidi
A bdrahman Gelfcn , avec lcq'\!cl notre Maifon cfl
1ice dra.ff:1ircs. Cc N~gociant étoit paffé à la Mecq\ c
·~vcc la ca1avanc , poqr tirer un meilleur partt des
èfraps .& de la cocl1cniilc que nous fui aviens VCl!flus
; 11 cft rcvcoa a.vcc Jes vaia-cauz de Gcdda , ~

'
••
'
• •
1'

...

'
• • ( 181 '
le 11afard l'a faic trouver fur Ie même bâtimcftt oti
l' A nglois s'étoit cmba1 qtié. Er2nt de m.:>11 devoir
de l'aller VÎhtcr 1 j'ai fai{1 CC:ttC OCGafion rour lavoir
s•iI pourroit me donner quelque lclaircitfemcr.t fur
le= bruits qui cot1roi:nt, & !i.1r le ft;jct du voyag-é
de l'Angl0is. Cc l]UÎ me donC?oit c11corc plus d'ci:.
poir d'êcrc éclairci p:ir lui , c,cfi: qu'ét:;11r Ba rb~rcfquc,
il conr.oit mieux ·que les. autres Mal1ométans
lès E11ropéc1·1s & leurs intrigues. A Ja p1cmièrc
qucfiion que je }UÎ ai f:1irc 1 il a foHrÏ , ac
m'a affuré que puifque j'écois François , 11 ne pou.
voit m'apprendre que des nouvcKcs fort agréables.
Alor.s 11 m'a raconté qu il s'étoir rc1icontre à Gcd a
avec cet Officier qu'il croit être artilleur ; & les
don1cfiiqucs foldats; il n'avoit pas caché à Gel1da
qu•ït étoit parci d'Eoropc depuis peu ac temps, embarqué
fur une ~Cc2drc qui cfcorcoit un affcz gratld
no1nbrc de cranCports. Elle avoit eu le bonl1eur de
fc r6unir aux forces maritimes que les Anglais ont
dans l'Inde ; que fe trot~vant fur un parage qu'on cc
m'a pas oicn fu défigncr' cccte flotte a voit clfuy~
ur:: t~mpére qui avoic fait périr 17 bâtin1ens ; <]Ue
les d~bris de cette malbeurcufc flotte s'~taicnt r~t·ugi~
s dans UD port peu élogné de Mafcatte ro1.1r ~:y
r(parer , lorfque i·crcadre Fran~o1fc ~ya11t été in!:.
truite de cette relâche> cfi venue la bloquer. La
fituacion des · Anglois étoit tcllt , qu'ils ne l'ouvoient
'cl1apper· à leurs ennemis ; d'ailleurs, l'endroit où
mouillait la flotte cft très mal-fain , à caufc âc la
n1auvaiCc eau, & les maladies s•étoicnt déja mi[cs
-ltparmi les ~quipagcs , cc qui a dû obliger i11âubitablcm~
nt le Con1mandant Aoglois de fc rendre à di[•
crétion. A bdrahman Gefiun atfu re ·encore que lorf:.
<).\IC les Anglois fc font vus dans cette 1rifié poÎ-
11on , ils ont cxpédi~ pluficltr~ perron11cs ~ Ma(cattc
par terre, pot1r donner avis du ri(quc qu'1ls cotr
roicnt ; ils ont envoyé de même daôs l'Inde & Cil
:Europe, cntr'autccs, l'Officicr q\1i ? palt"é avec f m
c ....
•• • •
• # •• - •

,

f
f
,
..

,

""' . ( 181 .
~ qui lui a paru fort foucicux 8è très-prclfé d'a~river.
J'~i demandé à cc N~gocia~t de quclmoyca
' il s'étoit fcrvi pour avoir ces . détails , & qu'il me
paroîrroit fort furprenant que l'Aoglois les eût luimêmc
divulgl1és: Il m'a répondu qu'il n'avoir rica
appris de loi; mais que toutes ces nouycllcs avoicnt
ét4' données à Maf catcc par les conduaeurs ; à
Moka , par les patrons de Mafcattc ; & à Gcdda ,
par ceux de Moka. li m'a dit encore que dans Ica
· derniers jours aiu"il a paffés à Gcdda , on y d~biroit
que Su1atc avoir ité pril pat les François , qui
avoicnt été aidés par les anciens Portugais i:ablil
dans cette grande ville depuis long-tcms.
Voilà à-peu-près tous les détails que l'en
a de l'Inde ; ceux-ci paroitfcnt les plus vraife1Bblables.
Ils co11firment ce que les papiers
Anglais ont anno11cé , la jonaion du convoi
· de Johnfi:one avec l' Amiral Hughes. Quant
à celui bloqué près de Mafcatte, ce ne peur
être que le convoi forti de Bo1nbay pour la
ct>te de Coromaridel. Ainfi il fcmblcroit que
l'efcadre de M. d'Orves a dû fc porte[ d,aborcl
fur la côte de Malabar, où elle aura
attaqué Bombay , pluc&r que a'allcr chercher
à Ceylan l' A1niral Hughes , comme on
nous le répète depuis fi long- rems. Il nJcft
pas douteux que les dépêches reçues par la
Compagnie des Indes Angleifcs , qu•ellc
· s'occupe à déchiffrer depuis plus de J fc-
, 1naines, & qu'elle avoue 2cre venues P.ar
terre , n'ayent été apportées par l'Officicr
dont il eft queftion dans cccce lettre du
Caire.
Un corfairc de Dunkerque a conduit aa
Havre un bâti111cni neuf ,de J.eo colUlcaUJ ·.
prtEb
c qoe!i
, t (t1
is les r:
1 u'ni ,
YCllcsi
; & ~~ ,oe
OEf
fl01l
1 !i
ms.
~l
p~o
~F~
coon
~~
~Qt
ar~oit
~!lt
tt a'~
1
~titi
r c~·
•a
~ o'd

~I~
e 1 k·
05 ~
'~
dO
ulr ''
811


• f 1 g;. )
allant .. des Dunes à Porcfinouth; fot1 char.:
gement confifi:oit en 40 canons de 3 6, en
. cordages, agrès & de la foierie.

,, Mgr le Comrc d'Arteis, écrit-on· de Bayonne,
coucha le 6 à Orléans, chez M. de Cyricrre, lt1tcn·
"" da11t ; le 6 , il dîna à Chanteloup, ou il a pa[é le ,
rcl\c de la joarn~c; le 7 il dîna aux Ormes , chez. M.
de Voycl', & coucha à Poiticis chez l'Evêque. Le 8
il dîna au village de Manfic·, 8c coucha ~ Barbcfieux
chez le Sub<iélégu~. le 9 il dîna à Cabfat & coûcha
à Bordeaux , où il féjourna le 1 o. Cc Prince a
voyagé de fêccs en fêtes; par-tout les garnifons, la
bourgeoiftc ont ~t~ fous les armes ; par-tout il y a eu
des illuminations & UR concours de peuple éton11ant.
L·entr~ à lBordeanx par le porc a éc~ magnifique. Il
a ét~ à la Comédie le 'jotir de Con arri v.éc; on a
donn~ ta· Partit de C.lza/ft dt Henri IV, 8' la Rofe &
le Bouto11., Pièce nouvelle de MM. Piis &. Barré. le
même jour> il y aeu bal mafqué à la falle de fpctla~lc.
Le lendemain, on rcpréfeata l'Opéra d'lphigt1lit tll
· ~alidt ~ où le heur le Gr\ls joua le rôle d'Achille l
il y eut encore bal le même foir. Le Prince efi: parti
le 11 , & a couché à l'Ef peron dans l(s Landes ; le
1 !. il cO: arrivé ici, Olt il féjournc. On ne peut fc
faire une idée de l'cmpreffcn1c11t des Bayonnois & de
la gaicé qui a f ur-toot diftingué Jeurs fêrcs. La ville
a dGnn~ au Prince une fupcrbc halce au Boucau, on
.a danfé devant lui la bafquc, la fauvage, & routes
.les •lanfes du pays. Les Labourdios one joué à la
pécotrc contre les Navarrois. Le Prince a paru enchanté
du zèle & de l'enjouement des habirat1s de ..
cc pays , qui font de leur côté charmés de l'affabilité
du Prince cc. ·
Mt le D11c de Bourbon efl: parti le 1 8
pour Madrid , d'olt il ira à Gibraltar. Ce
Prince gardera toujours l'incognito , & fervira
en Efpag11e com1nc Volontaite fous le
· nom de Co1nte de Dam1nartin.
(

\
...
..





-
. . ~ l I Si )
On nous man.de de Limogct un
mérire de trouver place içi.
Le 19 Février deraicr le nomm~ Monae~
de i. f ans , habitant d11 lieu de 6orfas • P
d' Allafiat, Elclélion .d: Brive,. conduifant fiz
. · de fon pcrc , voiturier, s'étant haf ar(lé fur 1
henrcs du foir , à travcrfcr la V czcrrc , à ~
, appcllé de Gara11tt, quoique cette rivière g;
des glaçons, & fût prilc ca partie, s•a pe1
danger qu'il couroit en approchant d'un ac
lequel, le Ja rive appof~c, la glacé ~toit COD
. il. fc dtfpora à ré~rograder ; maiJ ayaQt voulu .J
gcr auparavant dcU"X des chevaux qu'il cond •
qui fe crouvoicnt cmbarraff~s et prdf~ dams
· glaçons, il s'en détacha d'autres q•1i firent t
ber Je cheval 9u'il mont it; il fe mît dans
dont la profondeur en cet cncl1oit fe trouvait
que de deux à trois pieds, mais bicntÔt il fm :m
. ôaas une partie plus profonde, 8' les gla~o J'y
· retiorcnt a vcc trois cbevauz qu'il avoit rat
par la oridc ' de manière qu'il ne ellt foitir c la
.. .rivicrc. 11 appclla dQ fcaours; fcs cris fc ment ea.
tendre des hebirans voifins, qai arrivis au )>aride
ri:vièrc, ne voulurent point 1'eipo(er, en c'hetcbllc
à délivcr Monncyrat , à ipiouvcr le Rme ICCÎdcnt
; cet info.rtuné pria quelqu'an d'cas d' ·
fcs parcns à Gorfa• , diil:ant d'une demi-li
gu~ de Garavet , de fa trille fitaation, cc:us- · ~
coururent , un nomm~ Rolland fc joignit à :
cc Rolland , fcul avec un fière de Monneprat ,
eut le courage d·aff rontcr le p~ril , & à coaps cle
hoya\1 ils s·ouvJ ircnt un pa[age à travers Jc1 git•
{On-s. Le jeune Monneyrat , bientôt fai~ de f~ ,
fierdit Ces force$ à douze toifcs des glà
lcfquc,,Ués fon frère étoit ~ctcnu ; R.ollaad ~ ·
!!s clforrs , ayant prcfquc toujours l'~aa ja a.'
mcnto11 ~ l!c parvint à dégager lé i\i2fbcurcu1 ui
1'rou\:Q1t dcpqis crois heures Clans 11nc fit
r
• •
r
_,"T"'tu----------
' '
&
rf '"•
• •
' f 185 ) .
dcfa!lrca Cc , il le plaça fur un cheval &: le ram~na
aveç les at1t res cl1evaux fai11 & lauf au 1ivage. RolJ
land refu[a de l'ai ge!nt -qt1c lui ott·r ir po~r cc fcrvicc
le pè c Mo.11neyrar, dtfa11 c: que ce n'eft pas l »efprit
d'intérêt qui peut infpirer dts aélions dt ce
genre. C~llc-ci cil d'autarlt p us louable , que RolJ-
a11d avoit une caufc d·ini1niti co11trc la fami lle ~e
.. Mo1,1ncyrat, dans une contefla~ioo d\1 père de celt1ici
avec le ficn ; & que d·~illeurs il a n1is fi feu de
valeur à cer altc ile bie11faifance , courageux & dlftncérclfé.
que M. d' Aine. Iorenda11r de la Pro via ce,
n'en a été i11formé que par haCard , & plus de deux
mois après 1·évèn(menc. Sur le com, te qu'e11a1c11 clu
cet lnren'1ant, S. M. a approu,,é qu'il toit dor\t1é ,
de fa part, fur les fonds libres c la Généraltté.
une gratification de 100 liv. au n0mmé Rolland•
en témoign~gc de fatist-al~aon. .
La 11uit du 2. 1 au 2:?. dlt inois dernier,
le feu prir da11s les écuries· d'une Aubefge
de Molsheim en A~[ace; malgré cous les efforts
qu'on oppofa à l•nétivicé des ffa1n1nes ,
l,incendie fic des progrès fi rapides , que
da11s l'efpacc de quelques licures, il y a et1
16 maifons entièrement brûlées. Les j'i1ites
de cet accident ont réduit pluGct1rs f:11111lles
à la dernière 1nisère. L'Inte11da11t de la ll1·0~
1'ince a pourvu aux premiers oefoi11s, en
faifanr palfer des fecours à cet1x qui i11 11-
quoie11t de reffources pour fublifl:c1·.
On die que l'expérience des fignatlx, a11·
no11cée depuis quelque rems , a écé f; ite
de P ris à Sr Germai11 , & qt1'elle a co111-
pletre1nent réufii; cela fa it préfû111e.r qu'elle
aura le même f uccès à des difla1 ces plus
. confidér.ables , quoiqu'on croit cependant
q~'elle pourrà êcre f ujette à plufi \1rs difli49
• ..
1
\
...



I


culrâ ~ ·
· locales ..
-
të1.dcèc ; ' .•
Paris aj lit
Bou~cr aa
moDare ê
ana&, e
tlas pae ac Di 1
. ·. Ibn m • fa ~z'c ce ga•
em~dierN b~ , ,,
à l'i11tb\bt i ft :en •
grucl cOuteaa ~ i
a it' arrlt6 r. r-fc-c1i••r
Comm~ f kt1 ne ~
contre les cDl•m U.
- ne l'a tendamn& qu
~ui - le Jus ''volt~ d
rcdcfccn de f b11 in
a le mqment d~Rra
· occup6 à jauc:t , a.ms 1
avec les a~,.-c.s fcB~r
- cc o'eft oim i·~c 4c l'
(croit trop affrcu,x; •
de l'atrocit~ dé ccllii qa
Ciqucnces.
L'Eftamee repr&ti nt
de V oltairc , ~pr le
rcan , le jeune > Gru
Roi & de l'Académie
par M. Ga•cl\er , d~
de Londres , Tient
intéreifante qui ofrc
hoanme , tft f u '- ic r
tille · able 1 ai o
· hommâge t Académi
1 ·a aclrcilè lettre ti
..

' ~·
,
'

( 187 )
s) MM., vous fupplicr de vouloir bicr1 agréer un
C'l:cmplairc de mon ouvrage, c'cfl: avoir c11 mêmctcms
une grâce à vous demander, & une obligation
à remplir. Si votre i1:idulgence daigne m'accorder
l'un, tout m'impofe la loi ,-fc m'acquitter de l'autre,
dans l'efpéràncc que le Cujct de moa Eframpc, pourr.a
faire cxcuCcr ma témérité. Pltilfc la plus illnO~rc
. Compagnie de l'EuroPie, honorer de fcs regards le
tablcan d'un des plus beaux mo1ncns de la vie de
Voltaire. P~ur l'exécuter, je o'ai pas eu feulement à
vaincre la modc{tie de cet homme célèb re •.•• Mais
poavois-je manquer de per!FY~rancc ~ Voltaire avoit
daigné Co11rirc au projet de perpétuer cet ~vèncmcnc.
~llclquc~ jours aup.-ravant que la more ne vint le
ravir à l'admiration de fon fièclc. Si je fuis a~cz
heureux pour m~rircr Totrc fuffragc, MM. , rien ne
manquera à ma félicit~, que de vous en témoigner
ma rcct>nnoiffancc. Je Cuis , ~c. fignl GAUCHER • '
lie l'Acatilmie Royale des Bellts-Ltttres. Sciences
fi_ Arts de Rouen, dt celle de Londres &c.
L' Acadé1nie a agréé l,homm ge & a
'cliargé M. d, Alembert, fon Se~rétaire per':..
,,éruel'> de Jui fair.c fes re1n~r.cimens de .
. l' E~ampe agréable qu'elle acceptait avec
reconnoilfance & de la lettre qui l'accom ..
pagnoir ( 1 ). •
U11 jeune Arrifte él~v.e de M. de Launay~
l,aîn,é , Graveur du Roi , de l' Acaêiémie
Royale de Pcinrurc , .. & qui mGntre des

(1~ Cette Efiam~, dont la fopfcri~tipn cfi de 6 liv.,
fc trouve chez M. Gaucher, rue St-Jacques, près St~
ves • où l'on peut fc procttrcr auffi le Portrait de
Voltaire, en Médaillon, d'environ 6 pouces & dcPni de
haut , fur î de large , par M. Miger , de l'Académie
Roy.ile de Peinture , J>après ·le deffin de A1. Vincent ,
fur le· bt1fte de M. Hottdon, de la même Académie. Qc
dernier rc tro•ve a\1ffi chez 1' Autettr , p13CC de l'Eftrapadc,
ptès la rue des Poiles. trix 1 liv. 16 f:
I
-

,
'


-


M.1
ortf, v
:repartis le!! J
·1s ont dt1' 'tr~
fqu•a 17. Par·
donne• hs f&es ~
& d' 1 r t'1noign
te refp«\ i)$ (j
»te' .dé! dia, le
..Je iri c aK~mW~s e
.faite aux E aM~'
aanr 4 horâ.nk a. -J
Jïnf~ntcr.ic de l'Et
nom~re qu'on Cil tl ~ ...
·marlM , on • aèldi•
"1'9firio1t a l'êje a e
que ~~ n~acoe ~
de IODJJ·fClbS ea •
• )!eut nrer 4 b
fantcric pour Jes · . .._ .. ··~·





f l 1)89 '
Ccront ·utiles , fans les remplacer fur, terre où l'on
o'cn a pas bc:foi11. l .cs cnrôl n1cns qg'il f3t1droit faire
pont' cela n tiroicnt à ceux des matelots, dont te befoi11
cil indi pctiCablc ; cet arrangement d'ailleurs
~ 1- a1g11cra 1 t· :8,6oo 801ins annuels pour la (èulc pro.
Yiocc de 1'r1 fc. L. N.1P. en rcf\l fanc 1·augmcntat1"0
de la fol ·lc des rroupcs pout l'ann~c coùr3ntc, 011t
cJé.clai.~ qu' Ucs n·entrcront plus en délibération fur
CCt objet J & que leur fCfU$ devoit ef (C JC_gard~ I
comme· final. .
La Botte qui a mis à la voile du Texel
le 7 de ce n1ois , etl: fous les ordres du
Vice-Arpi1·al Hai:cfink , qui a arboré fon
p~vi~lo11 à bord de l'?Jm'ir~u-Royal de 7t
ca11ons ; il .fc trouv,e f1,1r le l)lêt11e vailfea!l
l~ Çontr.e-A.111ira.l I(j11gsbergcq. ~iai~rcnant
tGLJtes les cf cadres alliées f one en mer.; Jcuts
croifièrcas, les unes da côté d'Oue.Lfanc , les
-aurres vers les Orcades, peuvent ~trtC rrès~''
ancageufes à leur ca1;1{è, & fu11cftes aQs:
~ngloi~ q11i ne doive11t pas êcre fans i~·
qaiécuclc depuis qu'ils fo11t inflruics que lfl.
flotte qu'ils attcnient d~ la ~JamaÏqt1e tfr
en route ; ils ne peuve11c plus à préfenr fc
:va11rer d'être m'a1rres des mers , à-~inc
fo11t-ils .en érat de ,fe tnQntcer ..f ur celles qu.i
b~gncnt lê t;irs côtes. .
L'.Envoyé de Dancmack a reno11vel1~, a~
no111 de fa Cour, Jcs plaintes qu'il avo1t déja.
faites au fUijet ·de t'cmbargo mis il y a quel ..
que re111s au Gap d'c Bon11e~Ef pérance , flll'
ùn vaiffeau Danois revcnanr des Indes.
»·Le 14 iuin iit-Qn , dans une lectre de
Lisbonne, \tn briganr.in Anglois nominé la
Pego ~ mônté de 4 canons de fonee de 1z.
..
- -J
-




...
JO )
Uts ctp!p
m~s tf21l~
«di~,
riva,. O;fi
• • re 1noe1
vanre tnF
Ene ru!l
nzp~·
idftr~
Jlfll'''
ttJj '
tt1,1'1
1 '" oejrl
• •
i;JJrt ....
mi&
•tè' !f
ili• . '~ ,,
J!':
~
g
,
( 191 )
PllÉCIS DES G AZ!TTIS AN&LOIS!S • iu I 6 Juillet.
Les nol1vcaux Membres du Minifièrc font le
Comte de Shclburnc premier Lord de la Tréforcric;
M. William Pitt, Chancelier de l"Echiquicr.
Premier~ Secrétaires d'Etat , Je Lord Grar1tham
q ui palfe au (lépartcmcnt dl1 Lord Shclburnc , M.
To\vnc; hcnd, à celui de M. Fox ; le Chevali~r
Younge, Secrétai re d'Etat au département de la
" Guerre. t'es huit Miuill:res du Cabinet auxquels·
le Lord Shclbl1rnc a fait allufion dans fon difcours ,
con11nc agitfant toujours de concert avec· lui po!lr
le fcrvicc public , font le Lord Tl1urlow , le Lord
Cam.tcn , le G~néral Conway , le Lord' Keppel , le
Ddc <.te Richmond, M. Townsl1end , le Cl1ancc·
lier & le Duc de Graffton. Oa · dit à t· Amiraucé
que fi le Lord Keppcl fc retire , Ir. q11e cc foit le
Lord f:-iowe qui le remplace , !'Amiral Pigot a'aura
qu'ua règne très-court. Le Courier parti pour
aller propofer au Lord Ayo,at en Ecolfc la place
ëlc Tréforier de la Marine, n'ell point encore revenu.
Cc retard fait croire que le Lord Avocat rcfufc
cette place. Ç'efl: demain .11 , qac M. Fox
fe propofe de reoarc à fes confittuans un compte
plus détaillé des raifons qui l'ot1t port~ à fc détacher
de la nouvelle Adminill:ration •
la réputation de M. Pitt , receTra·t-ellc quelque
lgftrc de fa nouvelle nomination? L'ambition
aes grandes ames cft Couvent farale à leurs vertus.
Son illufirc pcrc, par un effet d'une favantc po·
litique , fe dépouilla du caraél:ère de Membre des
Communes , pour fc revêtir de celui d'un petit
Pair. C'étoit certainement une dégradation bien
dircé\c. On demande 6 fon fils n'aurait pas joμé
· un femblablc rôle dans une certaine occ:afion r~·
ccntc?
Malgré tout l'appareil que l'on met a la nomination
du nouveau Minifi:èrc, tout le monde fait que
cc n'eft qu .. un jeu pour amuCcr le Public, jufqu'à cc
que le Minifièrc fe fente atfcz. fort pour introduire
èlans l'Aminifi:ration que lques partifans du f y<lêm:
du Lord North , introduétion qui demande à ~tre
op~x~c ar de rés. - Il fera tenu uo Confcil d'Etac



... ,,. ~ --~------~-


~ J..
9C 1



. .. . ( .. 1 fl.J. }
.Wns les -premier & t1ôifièn1c L!.lndi~c ·chaq.te
àù Chârca•1 de Wi11d(or, pendar1t Jcs vacances
Pa1 lcmcnt. Les 11ouvcaux Miojflrcs foot convm
que i· un d'ctix, altcr11ativcme1tt ~ rcftcroit .à Londr
F0!1i expédi(:r !es atlà1r.cs d'Etat pendant l'~té.
N otre premier Lord àc la 7réforcric &
Collt!gues , tè;>nc atlurément ltn groupe pr~c·
à l'f:cat pour a clrever la paix avec 1' Am~ •
. .Je Lord Shelbu.rr1c ayant plus d'une fois
qu'il .tegarâoir:: cornmc rraîrrc à là .Patrie
· , ~ui foùnaitotc l'1r1dcrendancc des Celon1cs ;
·n l1Aing \. a8:t1elleme1-.t Lord Asl1burton) ,ayant
yrcnol1cé dan~ la Gh2.mbrc des Co(llmU&CS qu
·accufiroit le M!n.iflre qui oferoit propof,r une

. r eille motion.· .
S. M. a offert at1 ~lai quis de Carmarrhcn la pl.oe
. âc Lorâ· Licntena11t· d'J r lande. Sa Seigneurie a d6!
rnand~ au Roi la pc rmillion de conlu1tcr le Doc dC
... Lceas fon père 1 avant de l'acccp.tcr •
· Le Cl1evalier J ol1t1 Borlace- ~ arren a inform6
l' Amirauté ·que l'cCcadre HolJandoi[c étoit (ortie le
• "
1 ":8 au (oir. Le 6ol1Yernement ~ fur cct<c nouYelfc;
a dépêché des ExpJèS en divers cnaroits t pout Cm\)e•
cl1cr la Botte de la B.-Jciquc de mettre à 1a voile.
· •L'cfca<frc tic la Manche fc portera à al vailfcaa
de lig11c dans le milieu du mois â'Août, fi un 11c
.. feulement d:.1 natnbrc ~e-Matclots qu'a voté notre
fec ur, 1a Chambre des Communes d'Irlande, noai
arrive ~ rems. 11.ier on a reçu des dépêches
au ·Lord .Howc, par lcfguellcs OD apprend qu'il avoi
· ~té rejoi11r pa .r quelques vailîcaux de ligne, & qu1
portait fur Ot~cffa:-lt, dans l'cf;pérancc de 1cncontrct
i·e fè adre cc mbi11ée. ~
QL1oiqtic la mtl jeurc partie de la l]ottc pPDr Terre·
Ne ~ vc ait 1êré prife , la :Aotît lc I rlando1fc dcttrnEc
Pl' tlr la pécl1erie G1r les bancs, a Cll Je bon'hcul
, . <J·~ &1!lppet en marcl1anr fans ,convoi comme à foa
i" or di 1~ ai . 'c. _
t
:. ". ~c~ I r. an4ois OQ.t d.eu'E vai.ffealtS d~n s la Jl,otte
? J I ~=<
~ l l l:~
·qÛ'c 0 a1tçnd joLrnc)fcmcnt de ·Ja }amaïqttc. C'cft
Je F euple de l'Europe le mieux ftru~ poo1· le com.
m~~cc de l'Amérique & des Inrs, & , 1t1jourd'hui
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le