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1746, 06, vol. 1
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Texte
MEitix/RE
9E FRANCE,
APARIS,
Chés
GUILLAUME CAVELIER
rue S. Jacques.
La Veuve PISSOT, Quai de Conty
à la defcen-te du Pont-Neu£
JEANDE NULLY)au Pilais
M. DCC. XLVI.- Avec AfprobêUittt& Privilège dnR*î.
AVIS,
L'A D RES S F générale du Mercure ejl
à M. DE CU ,LSD'ARNICOURT
rue à:.-Champ-ticiri dans la Main de M.
LourdetCorrecteur des CompteJffu premier
étagesur le exeentre un Perruquier t:Y'" un
Serrurier a Luic de l'l{otel d'Enguien, Nous Óprions 1res-,'flamment ceux qui nous adref
feront des Paquets par la Posse
,
d'en affranchir
le port, pour nous épargner le déplaifir
de les rebuter, D'Y à. eux celui de ne
pas voir paraître leurs ouvrages.
ILes Libraires des Provinces ou des Pays,
¡;¡rknger.¡
,
qui [ouhaiteront avoir le Mercure
ae France de la premieremain
,
&plus pramplement
, nauront qu'à écrire à l'adresseci-dejjiis
indiquée ; on se conformera très-exailementà
leurs- intentions
Ainsi ilfaudra mettre sur lesadresses à Ad.
dç Cleves dAmicourt, Commis au Aiercure
de France rue du Champ-fleuri pourrendre
à M. dela Bruere.
PRIX XXX. SOLS
PIECESFUG ITIVES
en Fers &en Prfè.
SUITE de l' HiflaireUnivcrfelle de M. dt
]dVeosltQ—aiurearaIhnftteordieog1Lroe'Apchadeed'renÍeFFrarnanceçofi5se.l'un CHAPITRE XXVI.
DerEspagne& des Aîahometans de ce Royanme
jHJqu'an commencement du XIIe. fiale.
ESPAGNE étoit toujours partagée
entre les Mahometans &
les Chrétiens, mais les Chrétiens
n'en avoient pas la quatrième partic&
encore ce coin de terre étoit la contree
laplus flrerjle,L'Afturie dont les Princes pre,
noient le, titre de Rois de Leon
,
une partie
de laVieille Castille gouvernée par desComtes,
Barcelonne, & la moitié delaCatalogne
aulh fous un Comte, la Navarre- qui
avdit un Roi, une partie de l'Arragon unie
- quelque tems à la Navarre, voilà ce qui
eompofoit les Etats L hrétiens. Les Arabes
possedoient le Porrugal, la Murcie,1'Andalousse,
Valence
,
Grenade,Tortoze, &
s'étendoient au milieu des terres par-de-là
les montagnes de laCanille, & de Saragosse.
Leséjour des Rois Mahometans étoit à Cordouë,
-ils y avolent bâti cette grande Mosquée,
dont la voute étoit soutenue de trois
cent soixantecinq colonnes de marbre precieux
, & qui porte encore parmi les Chrétiens
le nom de la Mefguita;Mosquée
quoiqu'elle fôit evnueCrhéraJe
Les Arts y fleuriraient;les plaisirs recherchés,
la magnificence, la galanterie regnoient
à la Cour des Rois; les Tournois, les combats
à la barriere font peut-être de l'invention
de ces Arabes. Ils avoient des fpeélacles
, des théâtres qui tout grossiers qu'ils
étoient, moptroient du moins que les autres
peuples étoientalors moins polis que ces
Mahometans. Cordouë étoit après Conftan,
tinopte le seul païs de l'Occident où la
Géometiie,l'Agronomie,•la Chymie
)
la
Medecine sussont cultivées. Sanche le Gros
Rôi de Léon sur obligé de s'aller mettre
à Cordoue entre les mains d'un fameux Medecin
Arabe) qui invité par ceRoi, voulutque
le Roi vint à lui.
Cordoueest un pais de délices arrosé par
Je Guadalquivir) où des forêts de citroniërs,
d'orangers, de grenadiers parfument l'air
& où tout invite à la molefle. Le luxe & le
plaisir corrompirent enfin les Rois Musulmans.
Leur domination sur au dixiéme siécle
, comme celle de presque tous les Princes
Chrétiens, partagée en petits états, Tolède,
Murcie
,
Valence, Huescamême
eurent leurs Rois; c'étoit le tems d'accabler
cette Province divisée, mais les Chrétiens
d'Efoagne étoierlt plus divises encore; ils se faisoient une guerre continuelle, se
réunifloient pour se trahir, & s'allioient fouvent
avec les Musulmans.Alphonse V.
Roi de Léon donna même l'année mille
sa soeur Thérese en mariage au Sultan AbdallaRoi
de Tolede.
-
Les jalousies produisent plus de crimes
entre les petits Princes qu'entre lesgrands
Souverains. La guerre feule peut décider du
fort des vastes Etats, mais les surprises, les
perfidies, les assassinats, les empoifonnements
font plus communs entre des rivaux
voisins qui ayant beaucoup d'ambition, &
peu de ressources, mettent en oeuvre tout
ce qui peut suppléer à la force; c'est ainsi
qu'un Sancho Garcias Comte deCaftille empoisonna
sa mete à la fin du dixième siécle,
& que son fils Don-Garcie fut poignardé
par trois Seigneurs du pays dans le tems
qu'il alloit se marier. Enfin en iej Ferdinand
fils de Sanche Roi de Navarre &
d'Arragon réunit fous sa puissance la vieille
Castille) dont sa famille avoit hérité par
le meurtre de ce Don-Garcie
,
& le Royaume
de Léon dont il dépouilla son beaufrere
qu'il tua dans une bataille.
Alors la Castille devint un Royaume, &Léon en sur une Province. Ce Fercffnand
non content d'avoir ôté la Couronne de
Léon & lavie à son beau-frere
,
enleva aussi
la Navarre à son propre frere qu'il fit alfaffiner
dans une bataille qu'illui livra. C'est
ce Ferdinand à qui les Espagnols ont prodigué
le nom de grand., aparemment pour
deshonorer ce titre.
Son pere Don Sancho surnommé aussî le
grand pour avoir succedé aux Comtesde
Castille, & pour avoir marié un de ses fils
à la Princesse des Asturies s'étoit fait proclamer
Empereur,& Don Ferdinand voulut
aulliprendre ce titre. Il efimr qu'il n'y a
ni ne peut avoir de titre affe-flé aux Sou-.
verains queceux qu'ils veulent prendreSe
que l'usage leur donne, mais le nom d'Empereur
signifioit par tout l'héritier des Céfars
, & le maître de l'Empire Romain
, ou
du moins celui qui prétendoit l'être; il n'y
a p-as d'apparence que cette appellation put
être le titre diftindif d'un Prince mal affermi
qui gouvernoit la quatriéme partie de l'£fpagne.
L'Empereur. Henri III. ( & non
Henri I. comme le disent tant d'Auteurs
) mortifia la fierté Espagnole ,en demandant
à Ferdinand l'hommage de ses petits
Etats comme d'un fief de l'Empire, il est
difficile de dire quelle étoit la plus mauvasse
prétention ou celle de l'Empereur Allemand,
ou celle de l'Espagnol;ces idéesvaines
n'eurent aucun effet, l'Etat de Ferdinand
resta un petit Royaume libre.
C'est fous !e regne de ce Ferdinand que
vivoit Rodriguelurnommé le Cid, qui en
effet époura depuis Chimene, dont il avoit
tué le pete; tous ceux qui ne connoissent
cette histoire que par la tragédie si célébré
dms le ficcle passe, croyent que le Roi Ferdinand
possedoit l'Andalou sie. Il estpourtant
très-faux qu'aucune placede l'Andalousie
appartint à ce Prince.
Les fangeux exploits du Cid furent dJro.
bord d'aider Don Sanche fils aîné de Ferdinand
à dépouiller ses freres & ses feeurs de
néritage que leur avoit Iaiffé leur pere mais Don Sanche ayant été assassîné dans,
unede ses,expéditions injustes, ses freresrentrerenrdans
leurs Etars,&l'ECpagne Chrétienîle
fut.encore partagée comme auparavant.
Ce fut alors qu'il y eut près de vingt Rois
en Espagne
,
foit Chrétiens, foit Mufulmans>
& outre ces vingt Rois, un nombre conliderable
de Seigneurs indépendants qui venoient
à cheval armés de toutes pieces, &
suivis de quelques écuyers, offrir leurs services
aux Princes & aux Princesses qui étoient
en guerre.
Cette coutume déjà repandue en Europe
ne fut nulle part plus accréditée qu'en Espagne.
Les Princes à qui ces Chevaliers s'engageoientleur
ceignoientle baudrier, & leur
faisoient présent d'une épée dont ils leur
donnoient un coup leger sur l'épaule. Les
Chevaliers Chrétiens ajoutèrent en Espagne
d'autres cérémonies à l'accolade; ils faisoient
la veille des armes devant un autel de la
Vierge. Les Musulmans se contenroient de
faire ceindre un cimeterre ; ce sur là l'origine
des Chevaliers errants & de tant de combats
particuliers. Le plus célébré fut celui
qui se tit après la mort dulloi Sanche assassiné,
comme j'ai dit en 075 en athégeant sa Soeur
Auraca dans la Ville de Zamore. Trois Chevaliers
foutinrent l'innocence de l'iiilàlite
contre Don Diegue de Lare qui l'accusoit.
Ils combattirent l'un aprèsl'autre en champ
clos en présence des Juges nommés de part
& d'autre. Don-Dieguerenversa & ruadeux
des Chevaliers de l'Infante, & le cheval du
troisiéme ayant les rênes coupées, & emportant
son maître hors des barrieres, le
combat fut jugé indécis.
Parmi tant de Chevaliers le Cid fut celui
quile diflingua le plus contre les Musulmans.
Plusîeurs Chevaliers se rangèrent fous sa
banniere,&tous eofemble avec leurs écuyers
& leurs gendarmes composoient une armée
couverte de fer, montée sur les plus beaux
Chevaux du païs. Le Cid vainquit plus d'un
petit Roi MalJre; & s'étans ensuite fortifié
dans la Ville d'Alcafar, il s'y forma une Souveraineté.
Enfin il persuada à son maître Alphonse
VI. Roi de la vieille Cassi.le,d'assiéger la
Ville de Tolede & lui offrit tous ses Chevaliers
pour cette entreprise. Le bruit de ce
siége, & la réputation du Cid apellerent de
la France & de -l'Italie beaucoup de Chevaliers
& de Princes qui ne cherchoient qu'à
se signaler; ce fut une espece de Croisade.
RaymondComte,de Toulouse,& deux Princes
du fang de France de la branche de
Bourgogne vinrent à ce siége. Tout ce qu'on
appelloic la fleur de la Chevalerie s'y trouva
pour combattre sous l'étendard du Cid-
Le Roi Mahometan nommé Hiaga étoitfils
d'un des plus généreux Princes dontl'Histoire
aitconfervé le nom. A lmamon son pere
avoitdonné dans Tolede un azi!e à ce même
Roi Alphonse VI. que son frereSanche
perfécutoit alors. Ils avoientvéculong - tenis
ensemble dans une amitié peucommune,
& Almamon loin de le retenir quand après
la mort de Sanche il devint Roi & par conséquens
à craindre, lui avoit fait part de ses
trésors. On dit même qu'ilss'étoient séparés,
en pleurant. Plus d'un Chevalier Mahométans
sortit des murs pour reprocher au Roi
son ingratitude & il y eut plus d'un combat
singulier fous les murs de Tolede.
Le siége dura une année, enfinTolede
capitula, ma.. à condition que l'on traiteroic
les Musulmans comme ils en avoient usé
avec les Chrétiens; qu'on leur laisseroit leur
Religion & leurs Loix, promessè qu'on ne
tint que dans les premiers tems. Toute la
Castille neuve se rendit ensuite au Cid qui
en prit possèssîon au nom d'Alphonse, &
Madrid, petite place qui devoir un jour être
la Capitale de l'Espagne,fut pour la premiers
foisau pouvoir des Chrétiens.
Plusieurs familles vinrent de France s'établir
dans Tolede; on leur donna des privilèges
qu'on appellemême encore en Espagne
du nom de franchises.
Le Roi
-
AlphônseVI. fitaussitôt une
assembléed'Evêques, laquelle sans le concours
du peuple, autre fois usité, élut,pour
EvêquedeTolede un Prêtre nommé Bernard,
à qui le Pape Gregoire VII. conféra
la Primatied'Espagne à la priere du Roi; les
Éiufîès Décréralfaisoient croirequ'autrefois
l'Eglisede Tolede avoit eu cette Primatie
maïselle y en jouitalors pour la premiere fois.
Cet Archevêché ne vaut pas moins aujourd'huy
de cent mille pistoles de rente. La.
conquête fut presque toute pour YEgIÍfe mais le premier foin du Primat fut de vio-,
ler les conditions que le Roi avoit jurées aux
Maures. La grandeMosquée devoit rester gux
Mahometans;l'Archevêque pendantl'absence
du Roi en fitune,Eglise, & excita contre
lui une sédition. Alphonse revint à Too
lede,irrité contre l'indiscrétion du Prélat.
il alloit même le punir, & il fallut que les
Mahométans à qui le Roi eut la sagesse de
rendre la Mosquée, demandaissent la grâces
de l'Archevêque,
Alphônse augmenta encore par un mariafogieltes
Etats qu'il gagnoit par l'épée du Cîdj
politique, foit gout,ilépousa Zaïde
fille de Benabat, nouveau RoiMaure d'Aitdalousie,&
reçut en dot piusieurs Villes.
On lui reproche d'avoir conjointement avec
son beau pere appelle, en Espagne d'autres
Mahométans d'Afrique. Il est difficile de
croire qu'il ait fait une si étrange faute, mais
les Rois seconduisent quelque fois contre la
vraisemblance;quoiquu'i'l+eenn fsoiitt,,uunnee aarrmmééee dce
Maures vint fondre d Afrique en Espagne ,
& augmenter la confusion où tout étoit
alors.
Le Miramolin qui regnoit à Maroc envoya
son Général Abnaxa au secours du Roi
d'Andalousie; ce Général trahit non seulen:
em ce Roi même à qui il étoit envoyé , mais encore le Miramolin au nom duquelil
venoir. Enfin le Miramolin irrite vint luimême
combattre son Général perfide quifaisoit
la guerre aux autres Mahométans, tandis
que les Chrétiens étoient auai divisés
entre- eux. LEspagne étoit déchirée par tant de Nations
Mahométanes & Chrétiennes, lorsque
Je Cid Don Rodrigue à la tête de sa Chevalerie
fubjugui le Royaume de Valence
,
qu'il
y avoit en Espagne peu de Rois plus puissants
que lui, mais il n'en prit pas le nom, cependant il gouverna Valence avec l'autorité,
d'un Souverain, recevant desAmbassadeurs,&
respecté detoutesles nations.Après
sa mortarrivée vers l'an 1096, les Rois de
Camille & d'Arragon continuèrent toujours
leurs guerres contre les Maures. L'Espagne
ne tut jamais plus sanglante & plus desolée
triste effet de la conspiration de l'Archevêque
Opas & du Comte Julien, qui saisoit au
bout de quatre cent ans ,
& fit encore long.--
I ems après les malheurs de l'Espagne.
La faite dans un antre Mercure.
E P1TR E sur deux Rimes contre la PQëjie"
Vous
voulez des Vers cher Valere
1
Et j'en fais mon amusement ;
Ainsi sans tarder un moment
Je vais tâcher de vous complaire,
Mais on ditsansdéguisement
Que les Vers font une chimére
Dont l'étatsepasseaisément,
Et quel'oisiveté fait faire,
Voilà quel est le sentiment
Et des sages 5c du vulgaire.
Pourquoi chercher tant-deinyffért
Et parler je ne sçaiscomment?
La Rime est-elle nécessaire ?
Ne peut-on écrire autrement ?
Le vrai ne sçauroit-il nous plaire
S'il n'a pour assaisonnement
Une cadence finguhére
Quelle erreur, quel aveuglement
De captiver l'entendement
Sous une règle si sévere!
Sans besoin, sans discernement
9
Ce qui n'estqu'un délassement
On en saic une étude amére :
Je le confesse ingénûment,
La mesureme désespére,
Et la Rime fait mon tourment;
La verve est an emportement
Au goût, à la raison contraire.
Pour vouloir être véhément
On tombe dans l'égarement,
Et l'on semble entrer en colère;
Déformais j'en fais le ferment,
Je ne prendrai pour truchement
Qu'une Prose coulante & claire,
Qui s'exprime tout uniment rm
Je l'ai juré, je fuis sincére,
Prières ni commandement,
Rien d'un ÍÍ sage engagement,
Non, rien nesçauroit me distraire ;
Blus d'espoir d'accommodement,
Sans balancer mon oeil préfere
Un grand Fleuve dont rien n'altère
Le majeitu eux mouvement
Au cours d'une étroite riviere,
Dons le fougueux débordement
Ne respecte aucune barriere.
On pense, on écrit bassement,
Et l'on veut d'un vol téméraire
S'élever jusqu'au Firmament.
Pour composer utilement
Il faut suivre son Caractère.
Laissons le sublime Voltaire
Marchersans assoupissement
Sous les pasdu divin Homère;
Pour nous, à parler franchement
Le plus court feroit de nous taire ,-
Les Vers ne peuvent satisfaire
Unlecteur plein de jugement
»
Qui veut qu'un écrivain l'éclairé:
Lorsqu'on choisîtcette carriere
L'on n'instruit que bien rarement,
Et l'on répand peu de lumiere.
D'un tableau,d'un événement
L'on trace une image grossiére
Sans en montrer l'enchainement.
Vous vouliez la figure entiers
Et l'on vous en donneun fragment,
Que Tircis auprès de Glycére
Soupire un air sur la fougère
Qu'Amour a dicté tendrement
Pour fléchir l'aimable bergère,
Cela n'a rien que de charmant:
D'un jeune, d'unfidéleamant
C'est là le langage ordinaire;
La critique la plus austére
Y donne sonconsentement;
Elle sourit de l'agrément
D'une peinture si légere.
Mais quel est notre étonnement,
Quand on implore follement
Des neuf Mures le ministere
,
Pour fredonner un compliment!
Quelle langue, quelle maniére !
Un récit, un raisonnement
Ont-ils besoin de l'ornement
Dont le blond Phébus est le pere?
Pour écrire plus noblement
Faudroit-il rimer Despautére,
Et cadencer un Argument
La Rime est un foible instrument
Avec lequel l'esprit opere ,
Mais plus ou moins heureusement.
Pascal, BolJwt, la Bruiere
S'en font passés facilement.
L'étude à l'homme est salutaire
,
Mais occupons-nous dignement;
La Mufe n'est qu'une étrangère
Qu'il faut voir sansattachement
Et dont le charme est arbitraire;
N'en attendons pour tout salaire
Qu'un frivole applaudissement,
Et n'en soyonspointtributaire,
L'Ame se plaît à la lumière ;
Elle est comme son aliment;
Maiselle a de l'éloignemens
Pour une beauté passagére
Dont le fard fait l'ajustement
Des mots le vain arrangement.
Un éclat, faute imaginaire
Qui séduit par enchantement,
Pourroit-il fournir la matière
D'un solide contentement ?
A Genéve, J. B. Tollot.
,
LETTRE du Pere Dom Antoine Gaétan
de SoHXjd Académicien, à M. D. de
Ml'A.cadémie Royalç Portugaise.. * - Les preuves que j'ai de votre grande
bonté pour moi me font prendre la
liberté de vous communiquer quelques obfervations
que j'ai été obligé de faire sur les
Mémoires de Trevouxdel'année 1743 , relatives
à mon Histoire Généalogique de la
Maison Royale de Portugal
,
souhaitant qu
par vos mains elles parviennent à celles de
leurs illustres Auteurs à qui je les adresse
moi-même pourqu'ils en soient les Juges,
car quoique ces sçavans PP. parlent de mon
ouvrage en des termes honorables que je ne
méritois pas, & dont je fuis redevable à leur
grande politesse, ils m'attribuent néanmoins
bien des fautes qui ne s'y trouvent
pas & dont je ferois bien aise de détromper
le public: iln'est pas de mon honneur de
souffrir qu'on me croye l'Auteur des fautes
que je n'ai pas commises, & on ne doit pas
trouver étrange que j'en faffe remarquer la
méprise;queces PP. en décident eux mêmes
en conséquence de mes observations que je
soumets entiérement à leur critique, persuadé
qu'ils font trop équitables & trop honnêtes
pour ne pas connoître ma justice, & me faire
satisfactiondesinjustes reproches qu'ils me
font.
Dans leur Extrait du Mois d'Avril p. 5.94,
ces sçavansPP. se font méprissurle nom de.
la fille ainée d'Alfonse- Henriques: »
Marie
* la premiére, disent- ils, épousaFerdinand
,.1l, Roi de Léon.» Cette Princesses'appelloit
Urraque, & non Marie, comme il
est dit dans mon Histoire. Ils se sont également
trompés àlap. 605 prenant Eléonore
de Castro, si fameuse comme ils le disent
dans l'Histoire des Favorites, pour Eléonore
Nuñesde Gusman de l'illustre famille de ce
nom.
Ils me reprochent p. 606 de ne m'être pas
étendu avant sur la postérité d'Eléonore do
Portugal, soeur de Marie Reine d'Arragon :
comment le pouvois- je faire si elle ne laissa
point de postérité? Qu'ils voyent pour cela
lechap. 5. T.I.pag.363.
Ils passent au chap. 6, & parlant du mariage
du Roi D. Pedre avec Inès de Castro
,
ils disentpag. 606 : » On sçait quece Prinn
ce après la mort d'Iñès déclara qu'elle
ÎJ
avoit été sa femme, & fit couronner fou
cadavre. Notre Auteur se déclare pourla
» réalité de ce mariage, &en conséquence
»regarde comme légitimes tous les. ensans
30
qui en font sortis »(*) S'ils eussent tait réfléxion
sur ce que j'ai écrit, ils auroient vu
sur quoi je me fuis fondé pour me déclarer
pour la réalité de ce mariage,& regarder
par conséquent comme légitimes lesenfans
qui en font sortis: la réalité de ce mariage
fc trouve établie incontestablement dans un
instrument que j'ai tiré de la Tour des Archives
Royales de Lisbonne, où il se conserve,
& que j'ai imprimé au premier tom.
des preuves p. 275 avec la Bulle de dispensede
Jean XXII. de la parenté d'Inès avec
Don Pédre. Cet instrument a été cité à l'endroit
ci-dessus mentionné de mon Histoire,
où je rapporte aussi pag. 1 un article
du Testament dudit Roi D. Pedre, où il
(* Tom. 1-cliap-6.p.367. Win./et¡.
traite d'Infants tous les fils de ce mariage,auquel
ces PP. auroient bien pû faire quelque
attention, commeaussià ce que j'y dispag.
372 dela Reine Beatrix mere duditRoi,
quidonne à ses petits-fils letraitement d'Infants,
& les égale aux autres petits filsdans
ses legs, comme on le peut voir dans son
testament que j'ai imprimé: au premier tom.
des Preuves pag. 228& pag. z79 se trouve
celui de Don. Pedre - -
V Or il n'y a point d'opinion qui puisse l'emporter
sur la foi incontestable des piéces originales,
ni d'Auteur qui mérite d'être crû
contre edes, la foi& le respect qui leur est dû étant une matiére qu'on ne sçauroit disputer,
puisque ces piéces frvenÆe fondement
pour détruire les erreurs de l'Histoire.
(~v Dans celle que vous avezimpriméevous
produisez une table de la famille Royale de
Portugal, où vous traitez de bâtards les filsde
ce mariage; vous leur niez injustement le
traitement d'Infants, trompés par cequ'en
ont écritles Freres Ste Marthe; & le P.An-
- selme, devant plutôt suivre des Auteurs François
,
Maugin Abregéde l'!fiO:oire de Portugal,
(2) Neuville Histoire Générale de
Portugal,(3) La Clede tom. I. pag. i86.&"
-1- 1 (O'T.jp.sis-
(2 Impress.de 699.p. 118.

(3) Vol. I. p.215. aip &c.
seq.Des Espagnols le P.Jean de Mariana dans
son Histoire générale d'Espagne (1) Zurite
Annal. d'Aragon; (2) Etienne deGaribayliv.
34. ch. 33. p. 830
,
le scavant Don Louis
£le Salazar de Castroenplusieurs de ses ouvrages,
dans son Histoire dela Maison de
Sylveliv. 2chap. 12. p 103 ,
dans celle de
Laraliv.17. p. 228. &c. Jean de Ferreras (3)
le celebre Jacques Guillaume Imhoff Stemma
RegiumLusitznicum. (4) Et je ne vous
en produits point de Portugais, parce qu'encore
que les mentionnés & beaucoup d'autres
fussent uniformémentd'uneopinion contraire
, la mienne les détruiroit fondée sur
des piéces dont l'autorité & la foi doivent
incontestablement prévaloir sur la même
antiquité.
Dans la fuite du même Extrait p. 6'-'7, ils
disent» Iñez de Castro à laquelle il s'atta-
» cha,& qui est devenue celébre par son
« fort tragique, étoit une simple Demoiselle,
» dont notre Auteur marque la double
»
généalogie dans le plus grand détail.»
Je ne puis comprendre où ces sçavans ont
trouvé que cette Princesse étoit d'une naif-
(1) Liv. 8 chap. 9. p. Jiz.
(2 Liv. 9 chap. 67 p. 346. impression de 1610.
(3) Tome 8. p. 104. & 187.
(4)Tab. LXI.& XII.
sancesi obscure, qu'elle ne méritât d'autre
terme que celui d'une simple Demoiselle
Quoique la Famille de Castro ne fût pas
Souveraine, D. Iñez ne meritoit pas l'indécente
expression de simple Demoiselle;
sa haute naissancedansl'illustre Maison de
Castro la mettant au rang des Dames de la
premiere qualité. Tous sçavent & même
les moins instruits dans l'histoire d'Espagne
qu'Inès étoit soeur de , pere & mere d'Alvaro
Pires de Castro Comte d'Arrayolos, Premier
Condestable de Portugal, Seigneur du
Cadaval & un des principaux Seigneurs de
son tems,qui laissaen mourant une illustre
postérité en Portugal, & de pere feulement
de Jeanne de Castro femme de Pierre I. Roi
de Castille & de Don Ferdinand de Castro
Comte de Castro Xeris & Trastamara,
Seigneur de Sarria & umQs, Souche d'une
des plus illustres Familles de Castille. Je ne
prétends pas vous persuader que le Throne
étoit du à la haute naissance de ces deux
Princesses, mais feulement qu'elle ne les rendoit
pas indignes de cette fortune. On trouve
dans l'Histoire des exemples de bien
des Princessescouronnées en Europe qui
n'étoient pas d'une famille aussi illustre que
celle de Castro, cela ne peut être ignoré
des sçavans, comme aussi que la Famil-
Je de Castro est une des plus anciennes
,
des plus illustres & desplus puissantes de
Espagne; qu'elle ,s'efi toujourssignalée dans
la paix & dans a guerre par ses alliances,
& qu'elle tire son origine de la Maison Royale;
c'est ce dont personnen'ajamais douté,
& l'on peut voir sur cela Louis de Salazar
& Castro,en son li vre des gloires de la Maisonde
Farneze. Ainsi il est étonnant que les
PP. de Trevoux ayentusé d'un pareil terme,
&dans letems qu'ils avouoient quej'avois-
marqué dans le plus grand détail la double
généalogie de cette Princesse,quiétoitaussi
du côté de sa mere d'une grande condition,
Ils ajoutent à ce mêmesujetp. 4o8.» Il
» lui donne néanmoins le titre d'Infanteap-
M paremment parce qu'elle fut déclarée Rei-
>.à ne après sa mort, mais nous ne voyons
»pas pourquoi il l'appelle niéce de D. Pedre
son époux.» Quant au titre d'Infante que
je lui ai donné, je ne l'ai point fait par caprice
,
mais pour remplir k devoird'Historien,
qui est de rapporter avec fidélité les
faits. Elle n'auroit jamais eu dans l'Histoire
que le titre d'Infante si son époux ne l'eût
fait couronner Reine après sa mort ,
mais
cette qualité ne mautorifoit point du tout
à l'appellerInfante
,
si en effet elle ne l'eût
été, parce qu'on peut bien être Reine sans
cependant avoir été Infante, ce caractere
n'étant propre en Portugal
,
Castille, &
Arragon, que des enfans legitimes des Rois
(I)P. 72.&574.
-If & de leurs femmes )s'-iPs font mariés. Je l'appelledonc
Infante ,î; parcequ'étant marice
avec Don Pedre, céiui-ici' dont elle participoit
la grandeur, n'étoit encore qu'infant
quand elle mourut, Aussi né la traite-t'il que
d'infante dans son testament,comme je l'ai
faitvoir à l'article(I)que j'en ai transcrit,que
ces PP.auroient pu voir,ainsi que la remarque
que je fais au même endroit au fujet
de ce titre d'I nfante que le Roi donne à
son épouse.
Et quant à celui deNiece, ils me le reprochent
,parce qu'ils n'ont pas fait d'attention
sur ce que j'ai écrit, & ne se font pas
donné la peine de voir l'arbre généalogique
de la Reine Beatrix mere de Don Pedre, &
celle d'Inez. de Castro, où j'ai marqué leur
parenté. En effet j'y ai fait voir( l)llue Sanche
1 V. Roi de Castille eut deux filles, l'Infante
Peatrix Reine de Portugal, & D. Violante
Dame d'Uzero; la premiere fut mere
du Roi D. Pedre, & la seconde le fut de
Pierre Fernandes de Castro
,
surnommé de
la guerre,Seigneur de Lemos & Sarria
Rico-Hombre,& Grand maître de laMaison,
du Roi Alfonse XI.Ainsi ce seigneur étoit
coufin germain du Roi Don Pedre & par
conséquentInés de Castro sa fille en étoit
niéce dans le 2 & 3 degré de consanguinité (I)T.1.del'Histoirepage371,
(2)T.1.p.316&p.381.
- - lelon
selon le droit canog ; aussi fallut-il les dispenser
dans la parenté pour qu'ils pussent
se marier.
Ils disent plus bas à la même p. 608 à
l'occasion de l'infortuné Don Ferdinand
d'Arragon, que le Roi son pere le fit inhumainement
massacrer au milieu d'un repas,
mais ils se font trompés; ce fut Don
Pedre le Ceremonieux son frere qui le fit
mourir, ainsi que je l'ai écrit dans mon Histoire
, ( *) ce qui se prouve aussi par le.
Annalesd'Arragon.
Et continuant leur extrait ils disentpag.
J6O\ au Lljet du mariage de l'Infante Beatriz
avec SSaanncchhec Comte d'Albuquerque, les paroles
suivantes.
n ht àcette occasion le Pere
) Soufa fait voir par une fuite de Génealo-
«gieque presque toutes les MaisonsSou-
» VZ, aines de l'Europe, & quantité des plus
« grandes Familles d'Espagne
,
de Portugal
» & d'Italie descendent d'lnez de Castro.
» Ceux qui font les plus versés dans la scien-
» ce généalogiquen'en concluront point
cc ce que l'Auteur a eu en vue par ces la-
»
borieuses recherches.Les plusgrands Rois
a feroient fort étonnés de voir tous ceux
« avec qui ilnt unis par le sang. „ Je ni
cot).v, r.p. iRy.
puis dissimuler la surprise que m'ont causé ces
paroles, & je doute fort que ces grands Rois,
s'ils daignoient par hazard jetter les yeux sur mes écrits, en fussent auni étonnés, que
je le fuis de ce que ces P P, avancent ici.
Salazar de Castro si versé dans la science
généalogique, qu'on peut avec raison l'en
appeller le Prince, & digne par sa vaste éruditiondansl'Histoire
de vivre dans la mémoire
de tous les siécles, bien des années
avant moi avoir avancé la même chose dans
sa fameuse histoirede la Maison de Sylve.
(II) Traitant de la posterité de Therese
NUlles da Sylve, voici ce qu'il en dit.« Et
»Isabelle Ponce quiépous Pierre-Fer-
33
nandés de Castro, surnommé de. la Guer- »re,Rico-hombre, Seigneur de Remous
» & Sarria, Adelantado-Mayor de la Fron-
* tera, & Grand Maître de la Maison du Roi
J)
Alfonse XI. dont elle eut deux fils
,
à fça-
*,
voir le Comte Ferdinand de Castro

Grand-Maître de la Maison du Roi Do.
M
Pedre, beau - frere de celui- ci, & fouche
„ de la Maison de Lemos en Castille, &des
»,
Comtes de Basto en Portugal, de l'Ait
mirai de ce Royaume,& des Caftros de
Treize-Tourteaux D. Jeanne.dp
(~) Iiv. 2, Chap. XII.p. 102. sty. en I0f.
- Cafho, qui épousa Don Pedre Roi de
>>
Castille surnommé le dJueJ
,
& fut mere
» de l'Infant Don Jean, tige de toute la
» MaisondeCastilledes Seigneurs de Gor. »
Et suivant cette posterité dans ses diverses
branches, il ajoute pag. 104 ce qui fuit. La
M
troisiéme fille de Laurent Soares de Valla-
„ dares, & de Dona Sanche Nune de Chassin
& par conséquent petite fille de Dona The-
» refeNunes de Sylve
,
fut nommée Dona
» Aldonce-Laurent de Valladares,de laquel-
»>
le, & de Pierre Fernandès de Castro, fur-
I)
nommé de la Guerre, Rico-hombre,Sein
gneur deLemos & Sarria, Grand-Maître
M
de la Maison du Roi AlfonseXI.font nés
» Don Alvaro & Dona Inéz de Castro: Don
» Alvaro fut Comte d'Arrayolos & Premier
» Condestable de Portugal,dont la posten
rité s'étend en trois branches. La pre- , miere subsiste dans la Maison de Braganta
ce, la seconde dans celle des Comtes de
Monfanto Marquis de Cafcaes, & latroi-
»siéme dans celle des Seigneurs de Boit
quilobo
,
& Castros de six Tourteaux.
m Dona Inèz sa soeur épousa D. Pedre I.
M
Roi de Portugal son oncle, & coufin
» germain de son pere ; elle en eut l'Infant
» Don Jean Duc de Valence
,
tige de la
» Maison d'Eça en Portugal, &des Comtes
» de Valence en Castille; l'infant Don De-
», niz qui prit le titre de Roi de Portugal,
„ & qui a fait la Maison des Comtes d'El
villars Don Pardo
,
& l'Infante Beatriz qui Ȏpousaen1573SancheComte d'Albu-
M querque fils d'Alfonse XI. Roi de Castil-
>>
le,duquel elle eut Eleonore Urraque Reine
p de Castille
,
femme de Ferdinand I. Roi
?>
d'Arragon,surnommé l'Honnête, & 11n
» fant d'Antequera qai a pour descendans
» tous les Princes qu'il y a en Europe; d;
,, parconséquent le fang de Sylye s'etend à
tous, DonaTherese Nunes de Sylve étant,
„ comme nous l'avons marque,quatriéme
« ayeule de la Reine Eleonor Urraque, & il
v
fera bien difficile de signaler en Portugal
, &en Castilleaucun Seigneur d'ancienne
10
qualité qui ne descende par quelque bran-
» che de cette Dame.» Voici commentceuux
qui font versés dans la Généalogie ne peu?.
vent s'empécher de convenir de ce que j'écris,
& d'ajouter foi à la production de$
lignes que je rapporte, qu'il n'est pas bienséant
à des sçavantsd'ignorer.
Aussi est-ce avec le même SalazardeCastro
que je prétens autoriser ce que j'ai écrit
au chapitre 8 tom. I. pag. 387 de mort
Histoire, afin de
satisfaire
à la critique dQ
RR. PP. ce Treveux. Ce grand hommçqt;p
je me fuis proposépourmodelé dans mes
ouvrages généalogiques, écrivit son livre
des Gloires de la Maison Farnese
,
après
qu'isabelle Farnese eût monté au Thrône
d'Espagne il le dédia à cette Princesse
,
&
quoiqu'il l'ait apparentée & leRoi son époux
(& quantité d'autres Souverains qui font
comprisdans son livre) avec plusieurs
grandes Familles,ainsi que je l'ai pratiqué
dans mon Histoire & le pratiquerai
dans la fuite, je ne scache pas néanmoins
que ces grands Rois en témoignassent
de l'étonnement. Ravis au contraire de l'ouvrage
& contens de l'Auteur ils ont bien
daigné lui en marquer leur fatifattion &:
l'estime qu'ils en faisoient
, en l'honorant
d'une place au Conseil des Ordres,quoique*
sans exemple dans les gens d'épée comme
lui.
Le P. Buffier me peut serviraussi d'exemple.
Quoique son ouvrage ne soit qu'un racourci&
une simple introduclion à l'Hi!:
toire des Maisons Souveraines de l'Europe,
il y dit ces paroles. cc (a) On peut observer
ici
M comment par cette alliance quelques
38
Seigneurs d'aujourd'hui ont l'honneur d'ap-
* partenir 3 la Maison Royale
,
ce qu'on
(a)Pag. :ijdeï"unyejfun Je I717.
w appercevra d'un coup d'oeil par cette diC.
position de filiations.
» Et dans la démonstration
qu'il fait il produit une branche de
la Maison Royale de France qu'il rapporte
au Duc de Villeroi & au Comte de Matignon,
déduite des Comtes de Saint Paul,
& il en auroit pu produire plusieurs autres
par d'autres côtés; mais il n'a pas tru offenser
son Roi d'honorer ainsi -de sa parenté
ses sujets. L'Histoire universelle des Nations
fourmille d'exemples tendans à montrer que
les Grands Rois ne s'offenserent jamais de
s'allier avec les familles illustres de leur sujets,
5c il est confiant que plus ils les élevent
plus aussi reluit en eux l'éclat de la
Majesté,
* Je ne puis m'empêcher de faire remarquer
ici la mauvaise foi des PP de Trévoux
au sujet du mariage d'Inés de Castro;
après l'avoir rapporté comme certain
,
ils en
mettent en doute la réalité, & finalement
ils le desavouent. Voici ce qu'ils disent P.
609 » Du reste le mariage de Beatriz avec
» un fils naturel du Roi de Castille, nous
» paroit un préjugé que Ferdinand qui fit
M ce mariage ne la regardoit pas comme
»
légitime» Ce préjugé ne se trouve fondé ni
dans l'histoireancienne ni moderne, ni aucuns
desAuteursqui en ont parléne disent que
Ferdinand ne regardent pas sa soeur comme
légirime. Dans le traité de paix que ce Prince
fit avec Henri, il fut stipulé qu'Alfonse Comte
de Gijon & Noronha (a) ( & non de Burgos
comme ces PP.le disent ) fils naturel d'Henri,
épouseroit Isabelle fille naturelle de Ferdinand
, c'est ainsi que l'écrit Ferreras tom. 8
p. 194 & que le rapporte la Chronique de
Don Ferdinand. (b) Cette matière n'a besoin
d'autre preuve,que de celle qu'on tirfl
des Auteurs ci-dessus mentionnés auxquels
j'en aurdis pû ajoûter d'autres, qui tous rapportent
le traitement d'Infants que Ferdinand
donnoit à ses freres, qu'il devoit donner
pareillement à sa soeur, ce qui se prouve
invinciblement par quelques piècesque
je produits,(c) où Don Pédre traite ses fils
d'Infants, & que Ferdinand confirma. Si le
préjugé des
PP.
n'est qu'une inference da
voir que l'Infanteépoufoit un fils naturel,
c'est qu'ils n'ont pas fait attention à la fiégtuoriet
qu'il faisoit alors, & consideré qu'il
frere de pere & mere d'Henri II. Roi
de Castille qui faisoit ce mariage
i
& que le
fruit de cette union fut la Reine Eleonore
(a)P.63.
(b, P. 177. V. i.np.
(c) T.XI. Chap.I. P.6'1:-'
Urraque femme de Ferdinand I. Roi d'Arragon,
fils de Jean I. Roi de Castille dont
elle hérita la Couronne comme Infante de
Castille. Ilsauraient pu aulri. remarquer que
l'illégitimité feule de Don Sanche qui ne
l'excluoit pas de la succession au
Trous
de Castille au cas que son frere n'eût point
d'ensans,n'étoit pas une raison assés forte
pour détourner Ferdinand de lui donner sa
soeur quoiquelégitime. Mais ce qui détruit
encore plus fortement le préjugé des PP.
c'eff ce qu'eux-mêmes disent de Beatriz Infante
de Portugal p. 613 » Beatriz Infante;
te de Portugal née en 1372étoit encore au
7'
berceau, lorsque son mariage fut arrêté
M avec Fadrique Duc de Benavente, fils na-
« turel d'Henri H. Roi de Castille.
»
Si Ferdinand,
de l'aveu des PP. consent 4 arrêter
le mariage de sa fille légitime avec un fils
naturel; pourquoi ne confentiroit-il pas à
celui de sa soeur quoique légitime avec un
autre fils naturel? Peut-on conclure de -là
qu'il ne la regardoit pas comme légitime?
Ce n'est donc pas par des préjugés & des
inferences qu'il faut combattre les points de
l'histoire; pour la décision des faits il faut
des preuves, sur tout pour contredire des
Auteurs illustres qui les avancent.
Les PP. achevent l'extrait du I. vol.de
mon histoire au mois d'Avril; ilscontinuent
au mois de Juin suivantceluides vol. II.
i II. & IV. & rapportent ce qu'ils y ont trouvé
de plus remarquable avec de solides reflexions
: ils poursuivent l'extrait du 5 & 6
vol. au mois d'Octobre de la même année,
& me font une sévere critique p.2 55 4. Voici
leurs paroles. Mais nous ne voyons pas
» sur quoi fondé notre Auteur en pariant
» de ce retour de bonne fortune, & de la
» nouvelle qui en fut portée à la Duchesse
»Douairiere de Bragance, donne à cette
M
Princesse le.titre de Reine.Il est vrai qu'elle'
*.
étoit petite fille & soeur de Rois, mais la
» coûtume n'etoit de donner la qualité de
>3
Reine qu'aux Infantes filles de Rois.»
La meprise de ces PP. est extraordinaire
d'autant que je me fuis expliqué en des termes
clairs & précis. Quand je parle de ce
retour de bonne fortune dans mon Histoire,
je ne dis pas que la nouvelle en fut
portée à la Duchesse Douairiere de Bragance
,
cela est inventé, je dis que Dortf
Emanuel
,
qui occupoit alors le Trône de
Portugal, résolu de' rappeller ses neveux
disgraciés les Ducs de Bragance, communiqua
cette nouvelle aux Rois Catholique
Tom.V.p. tfd.
( c'étaient Don Ferdinand & DonaIzabelle)
qui de leur côté en firent part à la Reine
m:-re Dona Isabelle, qui vivoit àArevalo.
S'ils f& font imaginés que cette Reine étoit
mere des Ducs de Bragance, c'estqu'iln'ont
pas refléchi sur ce que j'en dis à l'endroit
ci-dessus mentionné p. 471. * Cette Reine
91 qui avoit épousé Don Jean II. Roi de

Castille, étoit petite-fille du Duc de Bra-
» gance Don Alfonse, & par consequent
n cousine germaine du Duc Ferdinand II. (pere des- disgraciés)
n L'intérêt que
»
-
cette Princesse prenoit au rétablisse-
» ment des Ducs de Bragance, c'est qu'ils
étoienttous ses neveux, fils deFerdinand
»II.Peu après je raporte leurretour en Por-
„ tugal, &voici ce que je disp. 473.» Le
jj Roi, après avoir reçû très-gracieusement
„ ses neveux, les conduisità l'appartement
»on étoit l'Infante leur ayeule, la Reine
93
leur tante & laDuchesse leur mere, qui
» les reçurent avec une joye incroyable.»
Je ne sçache pas qu'on puisse parleren des
termes moins équivoques, ainsi je ne puis
comprendre oùces PP. ont trouve que je
donnois le titre de Reine à la Duchesse de
Bragance. Je ne me justifieici de tous ces
reproches, que par ce que les curieux ne
sont pas pour la plûpart atîSï généralement
en état de lire mon histoire
, que leurs mémoires,
& se laissentaisément prévenir en
faveur de ce que les PP. y louent ou blâment.
Ils disent p. 2563 que je me fuis mépris
sur le nom du Prince d'Espagne Don Diegue,
qu'ils appellent Don Carlos, mais la méprile
est de leur cpté ; le Prince Don Carlos
#
fils de Philippe I.Roi de Castille & desa
premiere femme mourut le 24 Juin 1568,
& il n'y eut point d'autre Prince héritier
decenom.LePrince presomptifde la Couronne
au tems que Philippe II. s'empara de
celle de Portugal, étoit Don Diegue, qui
mourut le 30 Juillet 1 582. Le Prince
Don Philippe lui succeda, & c'est avec lui
que furent Continuées les négociations au
sujet du mariage dont il est fait mention
dans cet endroit.
Les RR. PP. de Trevoux n'eurent d'abord
connoissance que des sept premiers
volumes de mon Histoire ,comme ils le disent
p. 582 de leurs mémoires du mois
d'Avril, en Octobre ils étoient deja informés
des autres, ainsi qu'ils le disent p. 2570,
mais mon ouvrage les devoitavoirépuisés,
puisqu'ils en retranchent une partie du VII.
& tout le VIII. vol, sans en dire un seul
mot, quoiqu'ils renferment des alliances &
quantité de faits remarquables dans l'HiC.
toire.
Les autres ne sont gueres mieux traités;
voici ce qu'ils disent p. 2570 «
Il nous res-
» te à dire deux mots des branches collate-
30
rales de laMaison deBragance,qui subsistent
9) encore,ou qui font eteintes depuis peu en*
» Portugal & en. Espagne, mais dont les,
M
droits ont passé en d'autres Maisons par
a*
des alliances;ellesremplissentle neU':ié..
M me & dernier volume & le huitiéme livre.
>v La première dont ils parlent est celle dc$
Comtes d'Oropeza, celle-ci estsuivie de labranche
des Comtes de Lemos, dont lz
posterité masculine est aussi eteinte depuis,
peu. Ils partent au troisiéme fils de Ferdinand
I. Duc de Bragance j,
Alfonse Comtes
de Faro. » Deux de les fils,disent-ils, firent
les deux branches des Comtes d'Odemira
,.
33
& des Seigneurs deVimiciro,qui ne fub-
30
fissent plus que par des alliances, n
Maisils
se trompent, car la ligne masculine des
Seigneurs de Vimiciro aujourd'hui Comtes.
de Vimiciro, qui vient d'Alfonse, subsiste
encore: on le peut voir dans mon Histoire
tom. IX. liv. VIII. p. 663.
Le dixième volume de mon Histoire,
qui comprend le IX. & X. liv. se trouve
ici réduit à deux mots. Au sujet de Don
Alvaro quatriéme fils (& nontroisiéme corn.
me le dit l'extrait) de Ferdinand I. Duc
cL Bragance, ils disent, p. 2.S7j. » Il eut
- deuxfils d'où font sortis les Ducs de Cada-
»val&les Ducs deVeraguas:des premiers
» vinrent les Comtes d'Acumar,dont le der-
»nier est mort en 1683 ne laissant qu'un
n fils naturel nommé Joseph François de
»Portugal-Mello, Marquis de Villescas.»
Il est surprenant que la Maison de Cadaval
ne
mérite
ici d'autre mémoire que celle du
fils naturel du Comte d'Acumar, quand le
Duc de Cadaval Don Nuno & ses illustres
Ancêtres font si recomandables dans l'Histoire
par leurs personnes & leurs alliances ;
cependant ni celles que ces Seigneurs ont
en France dans la Maison de Lorraine depuis
tant d'annéesn'ontpûrappeller dans
cesPP. le souvenir du Duc de Cadaval Don
Nuno, Alvres Pereyra de Mello, personnage
asses connu dans l'Europe par
ses
grandes
qualités, pour mériter qu'ils en écriyissent
le caractére : du moins pouvoient - ils
corriger le P. Anselme, qui au I. vol. de
son Histoire généalogique de la Maison Royale
de France p. 642, marque la naissance
du III. Duc de Cadaval au 7 Decembre
1679, au lieu qu'il est né le I Septembre
1684. Il l'appelle aussi Don Nuno, devant
dire Don Jaime de Mello, lequel est
aujourd'hui Grand Ecuyer de la Maison du
Roi & Grand-Maître de celle de la Reine.
Enfinl'extrait de mon Histoire finit par
ces mots p. 2574, » S'il estvrai, comme
» on l'assure
, que tous ceux qui font defcen-

dus des Ducs de Bragance, soit par les mâ-
»»
les, foit par les filles, légitimes ou non,ont
» un droit acquis de succeder à la Couronet
ne de Portugal chacun selon son rang ,il
» est certain qu'il n'est point au mondede
Trône mieux affermi que celui-là, &que
» le prodigieux détail où le P. Sousa est en-
» tré, marquant comme il a fait, toutes les
>>
filiations de la Maison de Bragance les plus
m
réculées & les plusindirectes, n'a rien de
»> trop, car par ce moyen ce nombre infi-
»ni de pretendans peut sçavoir d'abord sur
« quoi sa prétention est formée, & dans quel
- ordre il put prétendre à une si belle suc-
N
cession.» J'avoue que j'ai été surpris dans
cet endroit de la sincerité des Pt). de Trevoux
» s'il est vrai, disent-ils, comme on
J'affure. » Qui est-ce qui peut leur avoir
assuré une semblable chimere ? Et ne faut-il
pas être de la dernierecrédulité & simplicité
pour y ajoûter foi? La succession au
Trône de Portugalest par le droit du fang
reglée à l'assemblée des Etats de Lamego,
l'an 1143 selon les loix qui y furent établies,
ainsi que je l'ai raporté au I. vol. de mon Histoire
p. 5 5. Ce que j'ai aussi écritausujetde
latenue des Etats du Royaume en 1674
&en 1679 & 169,-&, que je raporte auVII,
tom. p. 677 & au VIII. p.398 eut dtfflillé
les yeuxde ces PP. pour peu d'attention
qu'ils y eussent fait, sur la réalité de cette
tradition, & ils se seroient bien gardés de
la produire dans des mémoires qui doivent
servir pour l'Histoire des sciences & des
beaux arts.
Quant au prodigieux détail, où ces PP,
disent que je fuis entré, marquant toutes les
filiationsdela Maison de Bragance, je l'ai
fait, non pour la fin que ces PP. marquent,
nefachant point avant leur Extrait qu'il y
eut personne au monde qui assùrât cette maniére
de succeder à la Couronne de Portugal
par le droit de descendre de la Maison de
Bragance,mais en vue de remplir le devoir
defidéle Généalogiste, quiest de donner
à un chacun ce qui lui appartient; car il
faut bien observer que chaque branche qui
se separe de sa fouche, fait une Maison à
part, laquelle se peut glorifier de ses productions
& de ses alliances, composant elle
feule une Histoire généalogique particuliere,
qui commence par celui qui en est le premier
chef, & auquel on rapporte tout l'honneur
de son origine, les autres n'ayant que la
gloire d'avoir produit une si brillante branche
dans leur famille. Comme je ne prétens point
entrer en concurrence avec personne,je me
dispense d'apporter des exemples de ceque je
viens de dire, je me contente qu'on sçach
que dans mon ouvrage j'ai fixé-toute me
gloire à travailler & écrire exempt d'adua
lation
,
n'ayant d'autre objet que la veritésans
attachement pour aucune opinion, &
suivant les Auteurs là où ils ne séloignoient
pas des pièces originales. Les fautes que les
RR. PP. de Trevoux m'attribuent, je les reconnoitrois
avec toute la docilité, si elles
étoientréelles, parce que je n'estime rien
tantque la verité
,
& que jesçaisque le plu*
sur moyen poury parvenir c'est la critique
des sçavans, mais aussi ce seroit blesser la
modestie de l'état dont je fais profession,que
de ne pas la relever là où elle m'est injurieuse,
étant gravé dans le coeur de l'homme de bien
de se ressentir des injustices qu'on lui fait,& de
ne pas souffrirqu'on lui attribue ce qui ne lui
convient pas. Ne vous figurés pas, Monsieur,
que ces expressions & ce juste ressentiment
étouffent en moi les sentimens d'estime & de
veneration que je dois avoir pour les sçavans
PP. de Trevoux
,
elles ne tendent qu'a exciter
leur justice à m'accorder une juste fiu
tisfaction; je vous prie d'en vouloir bien chercher
l'occasion, de prendre en main mesinterêts,
&de croire que je n'omettrai rien
de ce qui pourra contribuer à vous convaincre
de ma reconnoissance, & de la parfaite
considération avec laquelle je fais profession
de vous honorer. Je fuis, très-sincerement
Monsieur, &e.
LExacte impartialité que nous observons
nous engage à inferer ici la réponse des
Auteurs du Journal de Trevoux aux plaintes
du P. Gaétan, cette réponse pleine de borr
sens & de moderation est un modéle qu'il
seroit à souhaiter que l'on imitât plus fouvent
dans les disputes Littéraires.
LETTRE du R. P. C.auxAuteurs
du Mercure.
MES SIEU R S, les Auteurs duJournal
de Trevoux n'ayant plus l'ouvrage du
R. P. de Soufa sur l'Histoiregénéalogique
de la Maison Royale de Portugal, qu'on
leur avoit prêtée, ne sçauroient examiner
en quoi ils auront pû se tromper, &ne
doutent pas même qu'il ne leur ait échapé
quelques erreurs; il leur paroît seulement
que le sçavant Auteur na pas toujours bien
pris leur pensée;par exemple, quand ils ont
dit qu'Inès de Castro n'étoit qu'une Demoiselle
, ce n'est pas qu'ils ignoraient qu'elle.
étoit de très bonne maison mais en France
on donne cette qualification de Demoiselle
aux filles de la plus haute naissance.
Si ces Peres ont été surpris de voir Inès
de Castro qualifiée de niéce de Don Pedre,
c'est qu'ils ont prisce terme à la rigueur
4 ne croyant pas que dans l'Histoire on doive
appeller neveux & niéces ceux qui ne le font
quàla mode de Bretagne, comme ondit
en France.
Par ces paroles: les fîtes grands Rois Jèroient
fort étonnés de voir-tous ceux avec qui
ilssont unispar le sang, l'Auteur de l'Extrait
n'a voulu que faire une reflexion, qui est
vraie, & non pas contester que le fang d'Iñés
de Castro ne foit véritablement mêlé atex:
celui de toutes les têtes couronnées de l'Europe.
Le P.de Soufa p. 9 taxe les Joumaliftes de
mauvaise foi fort gratuitement au sujetd'Iñés
de Castio: ces Peres n'ont point rapporté
comme certain le mariage de cette Dame
avec Don Pedrc
,
mais ils ont simplement
dit que ce Prince l'avoit déclaré après sa
mort & fait couronner son cadavre. Ils ne
l'ont point desavoué ensuite, mais ils ont
tout simplement observé que Ferdinand
maria Beatrixfille d'Iñés, avec un si!s naturel
du Roi de Castille ,&que cette alliance
étoit un préjugé qu'il ne regardoit pas Beatrix
comme légitime; ou font donc la contradiétion
& la mauvaise foi?
Quant à la qualité d'Infante que le P.
def Soufa donne à Inès de Castro; ce qui
a étonné le Journaliste de Trevoux en
cela, c'est qu'ayant cru que les fils aînés des
Rois d'Espagne & de Portugal ne portoient
jamais le titre d'Infants, & Don Pedre parla
mort de ses trois aînés, étant devenu le fils
unique & héritier présomptif de la Couronne
, n'était plus Infant, par consequent
qu'Inès de Castro, quand bien même elle
auroit été son épouse légitime, ne pouvoit pas
être qualifiée Infante. Ils.n'ont pas même cru
que les épouses des Infants fussent nommées
Infantes, mais le Pere de Soufasçait mieux
cequienestquelesJournalistes deTrevoux,
qui n'ont juge que sur l'usage moderne.
'M 0TE7 en vers françaiscomposé pour
la Dédicace de l'Eglise de S.Sulpice' de"
Paris, quifitcélébrée le 30 Juin 1745
C Hrétiens, quel saint devoir en ce lieu TOUS
assemble !
Venez vous prendre part à la solemnité
D'un jour si favorable à votre pieté?
Considerez ce nouveau Temple
Où le divin Sauveur a déposé sa loi,
Et fixé pouf toujourssonauguste présence.
eette fainte demeure attend de notre foi
Des marques d'allegresse & de reconnoiflàgce,
Occupons-nous des insignes bienfait.
Dont le Ciel veut ici nous combler à jamais.
Minières du Très-Haut,lignalez votre zéle:
Tendres voeux, doux transports sans cesse
renaissans,
Partez de tous les coeurs, volez comme l' encens
suse'au séjour de la gloire immortelle.
*£3
Cesuperbe édifice est un Ciel tout nouveau
Où Dieu fait éclater .sa grandeur &sa gloire.-
Il se plaît à régner dans un Temple si beau:
son saint nom y fera d'éternelle mémoire.
Que d'objets merveilleux ! Quel - spectacle charmant!
Quelle seinte réjouissance!
La pompe & la magnificence
De cegrand appareil pour rendre au Tout-Puissant
Le plus parfait hommage,
Ces fons
, ces voix, ces instrumens
Qui ravissent nos sens
,
Tout nous trace une image
Des plaisirs, des beautés du celeste héritage,
**3
Deceterriblelieu l'auguste Majesté
Inspire à tout mortel le respect, le silence:
Tremblez prophanateurs ! que votre impieté
N'arme point contre vous lacelestevengeance!
Ea foudre puniroit votre témérité.
SS+
0 Ciel, quelle indulgence !
pi dans ce lieu si saint si refpecftc,
Aux jours de la douleur & de l'adversité,
Les larmes, les regrets, l'amour, la confiance
S'accordent pour fléchir Je Seigneur irrité,
A ces tendres effortssasuprême puissànce
N'a jamais résisté :
Sa justice s'appaise
,
& pour lors sa clemence
.fit cetfv tous les maux qu'on avoit même,
Adorable Sauveur, que notre foi revére
Danscesacréséjour,
Tu feras à jamais l'objet de notre amour;
Par toi nous flechissons le courroux de ton Pere.
Nous le rendons sensible à nos cris, à nos pleurs,
Et pour nous mériter le céleste heritage,
Si tu viens chaque jour t'immoler dans nos coeurs , C'est dans l'auguste sein denotre propre ouvrage
Que nous nous procurons ces divines faveurs.
«3
Soyons tous attentifs à cet autre spectacle ;
Du centre de son Tabernacle
Le Souverain Maître des Rois
Prononce ses oracles;
Il y fait briller ses miracles
Pour tout mortel qui vient se soumettreà ses IOlx
Mais les traits bienfaisans de sa Toute-Puissance
Ne partent point pour le traitre & l'ingrat:
De leurs voeux insensés ce Dieu jaloux s'offense;
Illes punit avec éclat,
Et les bannit de sa présence.
æ.
Que l'agréable odeur
De nos humbles prieres,
,
, Que la douce vapeur
Qu'exalent ces parfums,ces brillantes lumieres,
Montent sanscesseau Trône du seigneur!
e*
Temple fameux, lieu saintparexcellence,
Que vois-je eneor ici? le pécheur égaré
Qui revient à son Dieu par l'humble pénitence,
Et le juste qui veut garder Ton innocence
Trouvent dans ton enceinte un azileaffûré.
+>
Charmant repos, paix favorable
,
Triomphez & régnez à jamais en ces lieux;
Dispensez aux mortels la douceur ineffable
que vous leur apportez des Cieux:
Mais qu'un bienfait si précieux
Serve à leur procurer le bonheur véritable!
Desirons-nous qu'un Dieu,
Sensible à nos hommages,
Nous prodigue en ce lieu
Les plus doux avantages ?
Que tous nos voeux soient animés
De la foi la plus vive, & d'un espoirsans crainte
1 Et que nos coeurs soient enflammés
De l'ardeur la plus sainte,
**3
Superbe monument du zéle de nos jours,
Des siéclesà venir tu braveras l'injure;
Décoré par les foins de la foi la plus pure,
Tes pompeux ornemens subsisteront toujours,
Dans ce beau jour de notre vie ,
Que la douce harmonie
Denossacrésconcerts
S'éleve dansles airsl
Chantons,célebrons la mémoire
De ces mursconsacrés pour les voeux des mortels :
Conservons à jamais le bonheur 8c la gloire
De bénir le Seigneur aux pieds de ses Autels.
Par M. CottereÀH
,
Cyré de DmmmArie,
SEANCE publique de fAcademit pour
la réception de M. de Voltaire Hi/loriographe
du Roi, le LlIndi 9 Mai..
LE public qui court toujours en fouI.
aux assembléesdel'Académiesembloit
avoir redoublé d'empressement pour celleci;
les raisons de cet empressement font
Connuesde toute l'Europe avec les ouvrages
de M, de Voltaire, & l'assemblée qui
avoit droit d'attendre de ce grand homme
un discours brillant n'a pas été trompé dans
son attente.
Mt de Voltairecommença avec raison par
relever l'excellence de la Constitution de
l'Académie si honorable pour les Lettres, &
en même tems si convenable. te Votre Fon-
118
dateur, dit-il, mit dans votre établisse-
» ment toute lajioblciTc & U grandeur de
son
t/ïbnarne: il voulut que vous fussiez libres
m & égaux. En effet il dut élever audessus
» de la dépendance des hommes qui étoient
M
audessus de l'intérêt, & qui aussigénéreux
»que luifaisoient aux Lettres l'honneur
m
qu'elles méritent de - les cultiver pour elles-
» mêmes. L'éloge de M. le Président Bouhier auquel
M. de Voltaire succede entroit nécessairement
dans le plan de ce discours, & quand
cette loi n'auroit pas été prescrite, lemérite
de cet illustreLittérateurauroit dû
la faire établir.
Il faisoit ressouvenir la France de ces tems
où les plus austeres Magistrats, consommes
comme lui dans l'étude des Loix, se délafsoient
des fatigues de leur état dans les travaux
de la Littérature. Que ceux qui mé..
prisent ces travaux aimables, que ceux qui
mettent je ne sçais quelle miserable grandeur
à se renfermer dans le cercle étroit de
leurs emplois font à plaindre! Ignorent-ils
que Ciceron après avoir rempli la premiere
place du monde plaidoit encore les causes
des Citoyens,écrivoit sur la nature des
Dieux, conferoit avec des Philosophes,
qu'il alloit au Théâtre qu'il daignoit cultiver
l'amitié.d'Efopus & de Roscius, &
laissoit aux petits esprits leur confiante gravité
qui n'estque le masque de la médiocrité.
C
M. le P, B. étoittrès-sçavant,mais i1.n.
ressembloit pas à ces sçavans insociables &
inutiles, qui négligent l'étude de leur propre
Langue, pour sçavoir imparfaitement
des Lan gues anciennes; qui le croient en
droit de mé priser leur siécle
, parce qu'ils se
flatentd'avoir quelque connoissance des
sieclespassés; qui se recrient sur un passage
d'Eschyle
,
& n'ont jamais eu le plaisir de
verser des larmes à nos spectacles.
Il traduisit le Poëme de Petrone sur la
guerre civile, non qu'il pensât que cette
déclamationpleine de
pentées fausses ap prochât de la sage & élégantenoblessè de-
Virgile; il sçavoit que la Satyre de Perrone,
quoique semée de traits charmans, n'est que
le caprice d'un jeune homme obscur, qui
n'eut de frein, ni dans ses moeurs, ni dans
son style : des hommes qui se font donnés
pour des maîtres de goût & de volupté,
estiment tout dans Petrone & M. B. plus
écliaré n'estime pas même toutce qu'il a
traduit. C'est un des progrès de la raison
humainedans ce siecle,qu'un Traducteur ne
ioic plus idolâtre de son Auteur, & qu'il
sçacheluirendre julHce comme à un contemporain.
Il exerça ses talens sur ce Poëme,sur rH)lmne
à Venus, surAnacréon, pour montrer
Gué les Poëtes doivent être traduits en vers j
c'étoitune opinion qu'il défendoit avec chaleur
,
& on ne doit pas être étonné que M.
de Voltaire se range à son sentiment.
M. de Voltaire remarque avecraifon que
les Italiens& même les Anglois ont de bonnes
traductions en vers de Théocrite, de
Lucrece, de Virgile, d'Horace, & nous
n'en n'avons aucune. La raison de cette pauvreté
, selon lui, vient de la difficulté
, &
cette difficulté naît du genie de notre Langue
qui ne nous permet pas d'exprimer danç
le style noble les choses d'un usage com- -
mun & familier. Les François qui n'ont
guerescommencé à perfectionner la grande
Poefre qu'au Théâtre, n'ont pu & n'ont dâ
exprimer alorsque ce qui peut toucher l'ame.
Nous nous sommes interdits nous-mêmes
insensiblementpresque tous les objets que les
autres Naàons ont osé peindre; il n'est rien
quele Dante n'exprimât à l'exempledes Anciens
,
il accoûtumales Italiens à toutdire,
mais nous, comment pourrions nous imiter
aujourd'hui l'Auteur des Géorgiques, qui
- nomme sans détour tous les instrumens de
l'Agriculture?A peine les connoissons-nous,
& notre mollesse orgueilleuse dans Je seindu
repos & du luxe de nos Villes,attache malheureusement
une idée basse à ces travaux
champêtres, & au détail de ces Arts utiles
que les Maîtres& les Legislateurs de la terre
cultivoient de leurs mains victorieuses.
M. de Voltaire ajoute que lesgrands Poëtes
déterminent le génied'uneLangue; il eil:
sans aucun doute que le génie est toujours
déterminé par les grands Ecrivains de cette
Langue, mais n'est ce pas le hazard qui
fait que les premiersgénies qui écrivent
soient des Poètes ou des Prosateurs. Homere
florissoit 400 ans avant que les Grecs écrivissent
l'Histoire en prose. Faudra-t-il conclure
de là que les Prosateursn'aient aucune
part à la perfection de leur langue? Terence
qui le premieraparlé chés les Latins avec
une pureté toujours élegante, Terencen'est
pas à proprement parler Poëte
,
& on peut
lui appliquer avçç justice ce qu'Horace dit
de lui-même,
Qui scribituti nos.
Sermoni propiora
La langue Latine n'avoit-elle pas déja de
grandes obligations à Ciceron,à Hortensius,
a Tite-Livre, quand les grands Poëtes du
siécle d'Auguste ont paru ?
Lagloirede notre Litterature & de notre
Langue, dit judicieusement M. de Voltaire, a
commencé à l' Auteur duCid& de Cinna,cependant
le ttYle des lettres du Cardinald'Ossa
écrites 50 ans auparavant n'dl pas aujourd'hui
plus vieuxque celui deCorneille.Lavantage
plus certain que ce dernier procura à sa
Nationc'est qu'il commença à faire respecter
notre Langue par les Etrangers, précisement
dans le tems que le Cardinal de Richelieu
commencoit à faire respecter la Couronne.
L'un & l'autre porterent notre gloire dans
l'Europe; après Corneille font venus, non
pas de plus grands génies,mais de meilleurs
Fcrivains. Un homme s'eleva qui fut à la
fois plus passionné & plus correct ; moins
varx- ,
mais moins inégal, aussi sublime
quelquefois, & toujours noble sans enflure
,
jamais déclamateur
,
parlant au coeur avec
plus de verité & plus de charmes.
Un de leurs contemporains, incapable
peut-être du sublime qui éleve lame
,
& du
sentiment qui l'attendrit,mais fait pour
éclairerceux à qui la Nature accorda l'un&
l'autre,laborieux, sévere
,
précis, pur,harmonieux,
qui devint enfin le Poète de la
raison
, commença malheureusement par
écrire des Satyres, mais bien-tôt après il
égala & surpassa peut-être Horace dans la
Morale & dans l'Art Poëtique. Il donna les
préceptes & les exemples. Il vit qu'à la
longue l'art d'instruire, quand il est parfait,
réussit mieux que l'art de médire, parce
la Satyre meurt avec ceux qui en font les
vidtLncs, au lieu que la raison & la vertu
f-ic éternelles Ciij
Tel est le portrait que M. de Voltaire
fait de Boileau & il merite de nous quelques
réflexions.
Premièrement,M. de Voltaire dont les
ouvrages respirent par tout l'amour de la
vertu, qui releve sanscette la dignitédes
Lettres, & se recrie avec force contre ces
Satyres odieuses qui les dégradent, a- t'il
pu passeraussi légerement qu'il a fait sur les
Satyres de Boileau, Satyres dont l'esprit a
passé dans tous ses ouvrages? voudroit- il
que l'on dit d'après lui que Boileau n'a mal
fait décrire des Satyres queparce que la
Satyre meurt avec ceux qui en font lesvictiiiies?
Ce n'est pas l'obscurité
,
c'estl'infamie
que les méchans ont à redouter. Le
mérité poëtique de Boileaua-til pufasciner
à ce point les yeux de M. de Voltaire ?
Ehquoi! vivons nous dans un ficelé où l'on
soit assés pervers ou trop peu éclairé pour
ne pas séparer l'homme de'Auteur ? Boileau
fut un grand Poëte,mais craignons que
les éloges donnés à cet Ecrivain n'enhardissent
plus de méchans qu'ils n'encourageront
de Poëtes.
Nous n'avons pas été moins surpris d'en..
tendre M. de Voltaire dire que Boileau
égala & surpassa peut être Horace dans I.
Morale. Cet illustre Acadé nicien effc
trop instruit & trop judicieux pour ne pas
sçavoir que Bolleau a mis en vers excellens
àvec beaucoup d'ordre & de méthode des
maximes communes,au lieu qu'Horace a fait
passer dans saPoësie leprécis de laMorale des
anciensPhilosophes&afourni la base des ouvrages
de Charon&de Montagne quelaplûpart
de nos ignorans, qui donnent
le
ton aujourd
hui regardent comme de plus grands
Philosophes qu'Epictere, Marc-Aurel, &c.
que ces modernes n'ont fait que commenter.
M de Voltaireexamine, pourquoi il y a
moins de génies superieurs en France qu'il n'y
en a eu dans le dernier liée!?.
w
Les grands talens sont toujours nécef-
M
sairement rares, surtout quand le goût 3£
m
l'esprit d'une Nation font formés; il en
» est alors de ces esprits cultivés comme
m
de ces forêts où les arbres pressés & éle-
» vésnesouffrent pas qu'aucun porte latéte
» trop audessus des autres. Quand le com-
- m merce est en peu de mains on voit quel-
81 ques fortunesprodigieuses & beaucoup
» de misere, lorsqu'enfin il est plus éten-
N du, l'opulence eit génerale les grands
:t,
fortunes font rares. C'est précisément pary%
ce qu'il y a beaucoup d'esprit en France,
qu'on y trouvera dorénavant moins dî
»génies superieurs.
Sans vouloir diminuer rien du prix de cette
réflexion solide & ingenieuse, M. de Voltaire
nous permettra de lui représenter les que grands hommes ne font pas fI rares dans
notre siécle qu'il le dit. Nous avons auThéatre
M. de Crebillon, & M.deVoltaire luimême
qui nous ont donné tous deux des
chef-d'oeuvre dramatiques, qui, s'ils font inferieurs
en quelquesparties aux chef
- d'oeu
vres de Racine leur font superieurs par d'autres
endroits: on est plus ému à Atrée, à
Electre, à Radhamiste
,
à Oedipe, àZaire
à Alzire qu'à , toutes les Tragédies de Racine;-
en un mot il est moins tragique que ces
deux Auteurs,& c'est sans doute un grand
avantage qu'ils ont sur lui. Ainsi quoiqu'on
laisse à ce dernier la premiere place, est-ce
une raison pour dire que ceux qui font immédiatement
après ne font pas des génies
superieurs? Osons prédire que quelque
jour on leur fera l'honneur qu'ils font aujourd'hui
à Racine, & nos petits enfans consondant
les deux siécles diront à leurs contemporains,
on ne voit plus de génies comme
on en voioit autrefois, nous ne voions rien
qui approche des grands Maîtres, desCorneilles
, des Racines, des Crébillons, des
Voltaire.
Le même M. de Voltaire n'a-t-il pas donné
à notre siécle un éclat qui a manqué à
toute la gloire du siécle passé? Le beau
siécle de Louis XIV. avoit-il un Virgile? Le
Traducteur de Quint - Curce a illustré le
commencement de ce siécle, mais le nôtre a
à lui opposer une Histoire qui peut effacer
celle de Quint-Curce même. M. de Voltaire
à qui nous avons ces obligations,
& duquel on pourroitfaire plusieurs
grands hommes, est le seul des François
qui par modestie puisse ainsi dépriser son
siécle.
Après avoir ainsi employé une partie de
son discours à exposer desrentes Littéraires,
M. de V. vient aux éloges qui font de régie
dans ces discours Académiques, institués
principalement pour remercier l'illustre
Compagnie, & pour célébrer le fondateur &
les disserens protecteurs. Cette matiere épuisée
par tant de grands génies sembloit un
champ entierement moissonné, & cependant
M. de V. y a trouvé de nouvelles fleurs
dont l'éclat ne le cede point aux anciennes.
Il
Je sçais, dit-il, combien l'esprit se
» dégoute aisément des éloges. Je sçais que
» le public toujours avide des nouveau-
» tés, pense que tout est épuisé sur votre
'J
fondateur & sur vos protecteurs, mais
» pourrois-je refuser le tribut que je dois,
» parce que ceux qui l'ont payé avant moi
ne m'ont rien laissé de nouveau à dire? Il
xi en est de ces éloges qu'on répete comme
de ces folemnités qui font toujours les
» mêmes & qui réveillent la mémoire det
» évenemens chers à un peuple entier; elles
«•
font nécessaires. Célebrer des hommes
» tels que le Cardinal Richelieu, & Louis
s XIV,un Seguier, un Colbert, un Tu-
M renne , un Condé, c'est dire à haute
» voix; Rois, Ministres,Geniraux à venir,
» imitez, cesgrands hommes. Ignore-t-onque
» le PanégyriqueJeTrajan anima Antonin
M
àla vertu, & Marc Aurele le premier des
M
Empereurs & des hommes n'avoue-t-il
M pas dans ses écrits l'émulation que lui
» inspirerent les vertus d'Antonin? Lorsque
M
Henri IV. entendit dans le Parlement
» nommer LouisXII. le Pere du Peuple,
» il se sentit penetré du désir de l'imiter &
» il le surpassa.
»Pensez-vous, MM. que les honneurs
» rendus par tant de bouches à la mémoire
m
de Louis XIV.ne se soient pasfait entendre
M au coeur de son successeur dès sa premiere
w
enfance? On dira un jour que tous deux
« ont été à l'immortalité, tantôt par les mê-
>j mes chemins, tantôt par des routes dif-
»
ferentes
,
l'un & l'autre feront sembla-
»bles en ce qu'ils n'ont differé àCe charger
» du poids des affaires que par reconnoif-
N
sance , & peut-être c'est en cela qu'ils
w ont été le plus grands. La posteritédira
„ que tous deux ont aimé la justice & ont
le
commandé les armées. L'un recherchoit
» avec éclat la gloirequ'il méritoit, il l'ap-
M
peiloit à 1jî du haut de [lm Ti ône, il en
M
cioit^jivi dans ses conquêtes
,
dans les
» entreprises, il en remplissoit le monde,il
» déployoit une ame sublime dans le bona
heur & dans l'adversité
,
dans ses Camps,
» dansses Palais, dans les Cours de l'Europe
» & de l'Asie ; les Terres & les Mers ren-
- doiens hommage à samagnificence, & les
t. plus petits objets
,
sitôt qu'ils avoient à
» lui quelque rapport,prenoient un nou-
» veau caractere, & recevoient l'empreinte
n de sa grandeur.
n L'autre protege des Empereurs & des
5. Rois,subjugue desProvinces,interrompt le
» cours de ses conquêtes pour aller secourir
»
ses sujets, & y vole du sein de la mort,
,i dont il est à peine échapé. Il rempporte
M
des victoires, il fait les plus grandes
m
choses avec une simplicité qui feroit pen-
>*
fer que ce qui étonne le reste des hom-
» mes, estpourlui dans l'ordre le plus corn-
» mun & le plus ordinaire.il cache la hauteur
» de son ame sans s'étudier même à la ca-
» cher, & il ne peut en affoiblir les rayons,
? qui en perçantmalgré lui le voile de sa mo-
R
destie, y prennent un éclat plus durable.
» Louis XIV. se signala par des monu-
M mens admirables, par l'amour de tous les
» Arts , par les encouragement qu'il leur
prodiguoit: O ! vous, sonAuguste suc-
»cesseur, vous l'avezdéjà imité, & vous
n'attendez que cette, paix que vous cher-
»3
chez par des victoires
, pour remplir tous
- vos projets bienfaisans
,
qui demandent
»•
des jours tranquilles.
»Vous avez commencé vos triomphes
» dans la même Province où commencerent
» ceux de votre Bisayeul, & vous les avez
M
étendus plus loin; il regretta de n'avoir
9. pu dans le cours de ses glorieuses Camu
pagnes, forcer un ennemi digne de lui à
» me surer ses armes avec les siennes en
» bataille rangée. Cette gloire qu'il désira,
«• vous çn avez joui. Plus heureux que le
M
Grand Henri, qui ne remporta presque
» de victoires que sur sa propre Nation,vous
» avez vaincu les éternels & intrépides en-
*>
nemis de la vôtre. Votre fils, après vous
« l'objet de nos voeux & de notre craime.
» apprit à vos côtés à voir le danger & le
» malheurmême sans étretroublé, & le plus
m
beau triomphe sans être ébloui.Lorsque
» nous tremblions pour vous dans Paris,vous
o étiés au milieu d'un champ d'horreur &de
» carnage, tranquille dans le momens d'hor-
» reur & de confdlon, tranquille dans
a.
la joie tumulueuse de vos soldats, vous
m
embrassez ce géneral quin'avoitsouhaite
9 de vivrequepour vouir jïw'mphcr,ccr
» homme que vos vertus & les siennes ont
»,
fait votre sujet
y que la France comptera
» toujours parmi ses écrans les plus chers Se
ct les plus illustres. Vous récompensiez déja
» par votre témoignage & par vos éloges.
» tous ceux qui avoient contribué à la vic-
» toire, & cette récompense est la plus
belle pour des François.
- Si les bornes de ce journal nous l'avoient
permis nous aurions inséré le discours entier
de M. de V. au lieu d'en faire un extraie.
Il fut souvent interrompu par les applaudissemens
du public frappé des traits
brillans dont ce discours en femé,
M. l'Abbé d'Olivet Directeur de l'Academie
répondit à M. de V. Le discours du
Directeur roule ordinairement sur deux
points, le tribut d'éloges que l'on donne
ordinairement à la mémoire du deffunt,
& les louanges flateuses qui servent au récipiendaire
& de récompense pour le pafîc
& d'encouragement pour l'avenir.
L'éloge de M. de V. fut la premiere partie
du discours du Directeur ; un nom connu
non seulement en France, mais dans
toute l'Europe
, un nom dont les plu
célébrés Académies ont orné leurs fastes,
des pièces fugitives superieures par
leur élégance
, par leur facilité à tout ce
qu'on a jamais admiré dans ce genre, qui
ont illustré la jeunesse de M. de V.J-& qui
feules suffiroient pour faire à un écrivain
une réputation éclatante, un nombre de
Tragédies qu'on admire tour lesjours ail
Theatre à côté des chef- d'oeuvres de grands nos hommes consacrés à l'immortalité;
un Poëme Epique qui a réparé la disette
honteuse que toutes les Nations étoienten
droit de nous reprocher à cet égard; une
cHoinsstoidireerqaubliepdaornmnie à son Auteur un rang
les Historiens,enfin une
connoissance étendue des mysteres de IlL
Physique & de la Geometrie, & des éssais
en ce genre, qui auroient flaté la vanité
d'unPhysicien qui n'eût été quephysicien.
Voilà les matériaux que M.le Directeur
a employés pour l'éloge de M. de V.ic
qui ornés d'une diction élegante & pure
ont formé la guirlande dont il a couronné
le nouvel Académicien.
Personne ne pouvoit louer plus dignement
M.le Président Bouhier quel'éloquent
Directeur qui a été son ami-intime, &qui
dans ses travaux Littéraires a été souvent af..
sociéà cet illustré Magistrat.
M. B. étoit un sçavant du premierordre,
mais un sçavant poli, lmn,(o)ddeèfllee, utile
à ses amis,à sa Patrie, à lui-même. Depuis
larenaissance des Lettres à peine comptons-
BOUS trois siécles, & à peine chaque FIÉÇK
nous a-t-il montré deux ou trois prodiges

d'érudition qui lui soient comparables;héritier
d'une riche Bibliothèque, qui fut à ses
yeux la
@
plus belle partie de son patrimoine,
destins à être le septiéme de son nom, qui
de pèreen filsrendroit au Parlement de
Bourgogne l'honneur qu'il en recevroit , il se proposad'égaler, de surpasser même
ces grands personnages qui ont décoré la
Robe par leur sçavoir éminent, les Budez,
les Bignons, les Brissons; bien-tôt il embrassal'ancien
& le moderne, le sacré & le
profane,les Langues sçavantes, la Chronologie
, la connoissance des Monumens
antiques, la Jurisprudence, la Critique.
Une érudition si profonde n'étoit point
le fruit d'une maniequi fait quelquefois
qu'on veut apprendre tout, hors ce qu'on
estobligé de sçavoir. M. B fut persuadé dès
sa plus tendre jeunesse que le mérite essentiel
du grand homme est de servir sa Patrie,
& que les services qu'elle attend de nous se
règlent sur le rang que nous y tenons. Il
comprit que si d'autres études ne lui étoient
pasinterdites, si elles lui étoient même nécessaires
pour nourrirl'activité & l'étonnante
facilité de son esprit,au moins l'étude des loix
devoit être toujourssonprincipal objet. Delà
ces deux immerges volumes qui ne laisseront
dans le droit municipal de sa Province,
niobscurité, nicontradiction, niéquivoque, iouvrage dans lequel il est difficile de sçavoir
ce qu'on admirerale plus, ou le zèle qui l'a
fait entreprendre, ou le courage &la perséverance;
d'un sçavant dont le goûtétoit
décidé pour les travaux Académiques,qui
lui offroient sans cesse de
séduisantes,dif-
;
tractions. Dureste il n'étoit point fie ces
Auteurs ensevelis dans leurs livres,& dont
f
l'humeur sombre l'fr le voile d'un ridicule
orgueil. Unedouceur naturelle, une grande
candeur formoient le caractére de M.
Boubier, & il s'est peint ainsi dans Ces écrits.
Jusques dans les ronces de la çûtîqtte
il fait éclore les fleurs de l'urbanité; avant
lui rien n'étoit si commun parmi lessçavans
que de se faire entr'eux une Langue à part,
séconde en termes injurieux. Les ouvrages
de M Bouhier respirent la poliresse la
modestie. M. le Directeur remarque trèsjudicieusement
que la vraie poliresse "ftefe
doit passeulement à l'éducation,elleest l'essetd'une
modestiesincere
,
& qu'enpendçUls-
nO\lS--parmodestie, si ce n'est la con.
pomance de soi-même? M. Bouhier avoit
-
trop étudié, trop refléchipour tomberdans
les piéges que l'orgueil tend à l'ignorance,
-quiconque croit beaucoup valoir est bien
_]ggé de scavoir beaucoup. tçgitsl'éloge,deMrBouhieifont
couronnés par des traits plus ÎTnportatKïquf
caractérisent l'homme vertueux, & le bon
citoyen, Bon mari, bon pere 'f-'
bon any*
Juge intégre, fes- jours partagés entre fz.
famille, sa charge& son cabinet formerent
le coursd'unevieégale, qui nerespiroitque
l'honneur &la décence;"une-licitt tranquille
à laquelle il étoit préparé par la Religions
&
parla
Philosophie termina ses longs travaux.
Il étoit depuisquinze années attaqué
de la goûte qui l'empêchoit deveniràParis,
& il avoit perdu l'esperanced'assister ja..--
mais aux conferences de l'Académie;hommevraiment
digne desregretsdes geps yrtueux
, & dont les talens, les vertus & les
travaux peuvent être proposés pour modéleà
ceux qui desireront de bienmériter de
la Partie, & d'être dignes d'estime.
La réputation de M. l'Abbé d'Olivet est
trop bien établie pour qu'il soit nécessaire
de dire qu'on a trouvé dans ce discours la
solidité, la méthode & l'élegance qui caractérisent
ses autre5 ouvrages.
M. de Voltaire lut enfaitel'introduction
à l'Histoire des Campagnes du Roi, à la<
quelle il travaille en qualité d'Historiographe
de France.
2.
ig f 1TR E de M. de la Soriniere À Af*
-d4e-se.F.-àlr'-gAcflIMn!ae1il7la4r6d., au rtaouvcilemert; - - '1< - 1 wOuveau Catulle, organe d'Apollon,
Enfant gâté sur le sacré vallon,
Voyez les jours de Sophocle & d'Homere,
Et dans un coin de ce vaste Hémisphère
Soumis aux loixde la faine raison,
Goûtezles fruits dune utile retrait-e,
Et Philosophe autant qu'Anachorete ,
Forgez des vers dignes de votre nom.
Ah ! si j'étais dansmon petit domaine
Libre de foins, de soucis, d'embarras,
Que les facheux qu'un noir démon promene 9
En m'oubliant suivissent moins mes pas,
Je pourrais lors attaché sur Horace,
Ainsi que vous savourant ses douceurs
,
Mettre àprofit l'élégance & la grace
Dont ce grand Maître enchante ses Lecteurs.
Maismalgré moi n'effleurant que l'écorce,
Glissant sur tout, sans rien approfondir,
Pour vous atteindre il me manque la force,
Etje n'ai pas votre aimable loisir.
Quatre procès, neuf enfans, une femme,
( Reprenez-moi si le décompte est faux)
Me sont, ma foi, chanter une autre gamme,
Et bien de modernes Rousseaux
Sur le clavier de Virgile & d'Horace
Pourroient détonner en ma place.
Joignons encor, ami très-cher,
Que l'élement humide & clair
Dont je m'abreuve à tasse plaine,
Ne jaillit point de l'hyppocrene ,
( Quoique votre Mufe l'ait dit: ]
Ou bien si j'ai dans mon domaine
Cette eau qui rechauffe l'esprit
,
Il faut que l'onde poëtique,
Quand le rimeur s'en est trop humecté
Soit propre à donner la colique;
Je l'ai souvent en vérité.
Pour corriger la sinistreinfluence,
Vous me direz d'y mêler de bon vin,
Mais, cher ami, j'y perdrois mon latin ;
Je le bois avec repugnauce.
Et sa chaleur enflammant ce levain
Qui dans mon fang fermente à toute ouvrante,
Loin de calmer la violence.
Du mal justement redouté,
Elle augmenteroit ma souffrance;
Jel'ai trop expérimenté.
Concluons donc que le peu de fanté
lfl: unobstacle à la Littérature,
Etma rai son m'a souvent arrêté,
Lorsque mon goût forçoit trop la Nature j
Oui, ma foiblessem'a dompté.
Ah ! si quittant les rives Armoriques , Par amitié vous teniez dans ces lieux,
Pour ma santé quels effets sympathiques,
Et que ce jour me feroit glorieux!
Mais c'est envain que mon coeur vous invite
A m'accorder un bien si précieux;
Non; je n'ai rien qui vous y sollicite.
.Ala Sorinicrttn Anjou.
FERSenvoyés à Mademolfelle Dup"*.
pour être mis au bas defon portrait.
P
Lus brillante cent fois que le Dieu de Cithere,
J'en ai le Courire flatteur,
Plus belle même que sa mere ,
Je ne le cede qu'à ma soeur.
4 MADEMOISELLE de Sim. -ttf(,.
EH
que me sert
,
adorable Thérniroe
Que vos beaux yeux detems en tems
Jettent sur moi des regards séduisans»
Non, non, dans l'amoureux empire
Ce n'est pas un leger sourire
Qui calme les vrais tourmens.
Je sçai qu'un berger plein de graces
tDepuis long-tems à sçu plaire à vos yeux, je le vois partout, ce berger trop heureux ,
Voler sur vos brillantes traces.
Nen, vous n'éteindrezpoint des seux qui font fî
doux,
Vous suivrez votre choix, cruelle,
L'amant d'ailleurs est trop digne devous,
Pour ne lui être pas fidelle
,
Mais pourquoi donc ce sourire flateur?
ph quoi! voudriez-vous par une feinte habile
Troubler le reposdémon coeur l
Ah ! j'en cheris trop la douceur ;
Themire expliquez-vous ou laissez-moi tra nquille.
A M. de VOLTAIREsurfà receptiçp
k l'Acade'mie Françoise,
TUtriomphes
enfin, je vois ce jour heureux
€e jour qui doit combler & ta gloire& tes vaux :
L'Académie en pompe accourt à cette fête ; -
Déja le Temple s'ouvre & la couronne est prête,
La Deésseaux cent voix l'annonce à l'Univers
,
Et l'envie en fuyant, pouffe un cri dans les irs.
Voltaire, tu reçois le laurier de la gloire
Qu'ont moissonné pour toiles filles de mémoire.
Cet immense Palais
, ce Louvre faflueux
,
Où l'on voi près des Lys les Beaux-Arts orgueilleux
Montrer à l'Etranger que ce spectacle attire,
Louis avec Phoebus partageant son Empire;
C'est-là que tout Paris, en ce jour fortuné
T'a conduit en triomphe,& t'a vu couronné:
Là je t'ai vu moi même, en heros du Parnasse,
Vainqueur de tes Rivaux, confondre leur audace,
Et recevant l'encens, qu'on t'offrait à leurs yeux 1 T'avancer d'un pas ferme au rang des demi-Dieux
Tels vers le Capitole au retour de la guerre
f^rotfTgieut sur leur Charces vainqueurs de la Terre,
qquand au travers du peuple & de ses cris confus
Et traînant après eux leurs ennemis vaincus,
Ils alloient à l'Autel, la marche terminée,
Montrer à l'Univers leur tête couronnée.
Manesdu Grand Armand, manes du Grand Henri,
De joye en ce moment vous avez tressalli ;
Les neufsoeurs à ce bruit ont quitté leur retraite ;
Cliofitpar trois fois retentir sa trompette.
Le Permette en son cours s'est soudain arrêté,
Et l'Lho duParnasse à trois foisrépété;
Triomphe, heureux Voltaire, & vainqueur dt
l'envie,
Sois l'honneur de ton siecle & de l'Académie,
ENVOI, TTOUT
compliment aux yeux de la raison
N'est que mensonge ou pure politesse
,
Maisquand c'est à toi qu'on l'adresse,
Pourroit-on craindre un tel soupçon 1
Que si pourtant quelqu'un s'apprête
A démentir ce que je dis,
Deja ma preuve est toute prête;
Je le renvoy e à tes écrits.
rERS a M. l'Abbé de Beaulieu sur IFpitre
que AI. de la Soriniete lui a adrejJé,
dans le Mercure de janvier 1745.
IMABLE
Abbé
,
dont lestaleas
Se développent dans la Chaire
Pardes succés solides & brillans,
Puis-je, sans être téméraire,
Entreprendre de te louer,
Quand d'une main juste Se légère
La Muse de la Sorinzere
T'offre un encens flateur que tu dois avouer ?
Toutefois, quoiqu'il ensoit, j'ose
Assurer qu'il manque une chose
A l'eloge que tu reçois:
De tes rivaux vaincus la jalouse c.,t¡alet
Qui te décrie & te ravale,
Ajoute à son suffrage & lui donne du poids,
PRIX.
PRIXpropoJe par fAcadémie Royale des
3ciences pour l'année1748.a
FE u M. Rouillede Meslay, ancien Conseiller
au Parlement de Paris, ayant conçû
le noble dessein de contribuer au progrès
des Sciences & à l'utilité que le public en
pouvoit retirer, a légué à l'Académie Royale
des Sciences un fonds pour deux Prix
quiferontdistribuésà ceux' qui, au jugement
de cette Compagnie, auront le mieux
réussi sur deuxdifferenres fortes de sujets qu'il
a indiqués dans l'on testament, & dont il a
donne des exemples.
Les sujets du premier Prix regardent le
Systéme général du Monde, & l'Astronomie
Physique.
Ce Prix devroit être de 2000 livres, aux
termes du testament, & se distribuer tous les
ans, mais la diminution des rentes a obligé
de ne le donner que tous les deux ans, afin
de le rendre plus consIdérable, & il fera
de 2500 livres.
Les sujets du fécond Prix regardent la Na.
vigation & le ommerce.
il ne se donnera que tous les deux ans,
& fera de 2000 livres.
Le sujet du triple Prix proposé premièrement
pour 1742,depuis pour 1744,&
enfin pour 1746, étoitl'explication de l'Athratticn
del'Aimant avec le Fer, la direction
de l'Aiguille aimanteé vers le Nord>faDéclic
naison & son lnclinaîson. L'Académie a cru
le devoir partager par égales portions e-nrrt
les trois Piéces suivantes.
La premiére est n°. î de 1744, qui 3
pour devile:Qu&rendidefatigatioturpis est
a
cum id quod quaritur est pulchirrimum.
« La feconde est n°. 10de 1744, qui a
pour devise: Fluere à lapide hoc permulta
necessê estfemina.
La troisiéme est no. 8 de 1746, dont la
devise est, in fententi/tpermaneto : etenim niji
alia vicerit melior,
L'Académie propose poor sujet du Prix!
de 1748 Unethéorie de Saturne & de Ju.
fit.t: : par laquelle on puiJJeexpJiuer les ine'-.
galites que ces deux Planetes paroiffentft eau.
fer mutuellement principalement vers Iftema
de leur conjonction.
Les Sçavans de toutes les Nations fonfl
invités à travailler sur ce sujet, & même
Associés Etrangers de l'Académie. Elle
s'eal
fait la loi d'exclurre lés Académiciens rétgnicoles
de prétendre auxprix. Ceux qui composeront, font invités ai
tcnre en François ou enLatin
,
mais [au.
aucune obligation..Ils. pourrontécrire en
telle langue qu'ils voudront, & l'Académie
fera traduire leurs ouvrages.
On les prie que leurs écrits soientsort-lisibles
sur-tout quand il yaura des calculs
d'Algèbre
Ils ne mettront point leur nom à leurs
ouvrages, mais feulement une Sentence ou
Devile. Ils pourront, s'ilsveulent, attacher
àleur écrit un billet separé & cacheté par
eux, où feront avec cette même Sentence
leur nom ,
leurs qualités & lear adresse &
£e billet ne fera ouvert par l'Académie, qu'en
cas que la Pièce ait remporté le Prix.
Ceux qui travailleront pour le Prix
adresseront leurs ouvrages à Paris au Secrétaire
perpétuel de l'Académie, ou les lui feront
remettre entre les mains. Dans ce second
cas le Secrétaire en donnera en même
tems à celui qui les lui aura remis, son réçépiflé
où fera marquée la Sentence de
l'ouvrage Sj ton numéro, selon l'ordre ou le
tems dans lequel il aura été reçu.
Les ouvrages ne feront reçûs que jusqu'au
premier Septembre 1747 exclufivemenr.
L'Académie à son assemblée publique
d'après Pâques 1748 proclamera la Pièce
qui aura ce Prix.
S'il y a un récépissé du Secrétaire pour la
Pièce qui aura remporté le Prix, le Tléfo.
rier de l'Académie délivreralasomme du
Prix à celui qui lui raportera ce récépissé.
Il n'y aura à cela nulle autre formalité.
S'il n'y a pas de récépisse du Secréraire)
le Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur
même, qui se fera connoitre) ou au
porteur d'une procuration de sa part. 1 EPJ7R EÀM. dtlaSqrinierç.
NOBië
Seigneur, excusemalicence,
Si, sans avoir l'heur de ta connoissance,
J'ose t'écrire en prose quelque: vers:
Ne fuis le seul qui donne en ce travers.
Fai grace austile
,
& si dans cette Epître
Tout languit, cloche & ne vacomme il faut?
A mon esprit impute ce deflfaut.
De bon rimeur Qncquel je n'eûs le tître
t
Il s'en faut bien: dans le sacré vallon
Tout mortel n'a la faveur d'Apollon.
En ton Chastel habite gente Mure
Qui t'inspirant vers legers
,
gracieuxf
Sur les sujets où ta plume s'amuse,
De sel artique assaisonne tes Jeux.
Assés souvent le Dieu Périodique
Nous en régale, où nousvoyons espris
tt sentiment dont le charme nous pique.
Invoques-tu Phaebus? il te [ourit.
Et ta priére est bientôt exaucée.
Toujours la rime unie à la pt,i,.ée
Offre au lecteur cet accord riche, heureux
,
Qui fait primer tes vers doux & nombreux.
Mais moi chetifqui malgré la culcure,
Oncques n'ai pu corriger ii nature,
Je fais des vers sans goôtt, sans feu, sans art,
Presque imités de ceux du vieux PONSART.
Si d'un côté mon astre trop avare
M'a refusé cet avantage rare,
D'unautre il a , par dédommagement,
Pourvû mon coeur d'un noblesentiment
,
Au feu duquel la plus sincere estime
Eclôt pour toi pour ne jamais finir.
Meritât-elle unretour légitime?
Puissé-je aussi quelque jour l'obtenir !
BORAN de St. Domingue.
STANCES.
ACrablé
de malheurs,
En proie aux plus tristes douleurs,
Et d'autant plus à plaindre
Qu'il me faut toujours feindre
De ressentir un bonheur qui me fuit:
Ke descendrai-je point dans l'infernale nuit?
3?
0 mort! toi dont la faulx
Peut feule finir tous mes maux,
Des jours que je dételle
Daigne trancher le reste : Frappes. J'attens sans crainte le trépas,
Etqueregreterois-je? helas! je n'aime pas.
Laiglon.
SIXAIN pour mettre au bas du Portrait d'un
amateur de la Medecine & de laMufique.
C ELUI
que vous voyez ici représenté
Est l'Eleve cheri du Dieu e la fanté
Et de la brillante harmonie :
Dans son ame en naissant cette Divinité
A soufflé son double génie
Pour le plMGr de l'homme ôc son utilité.
ANCIENSQuadrains Normands propofés
aux teneurs de la Province de Normandie.
Lettre c'crite de Paris aux Auteurs du
Mercure. pERSONNE n'ignore MM. que la Normandieest
un Pays de sapience; on va
même quelque fois julqu'àdire que dans cette
Province le diable n'est: qu'un sot: Il faut
en rabattre quelque chose de crainte de trop
avancer. Les productions de ce Pays là font
juger du génie qui les enfante. On m'en
proposa dernièrement une à
*
commenter, & r ce que je porte le petit collet, on
me dit que je devois entendre le contenu
d'un Mesles. La feuille où ils éroient me fut
produite telle que je vous l'envoyé ci jointe.
C'étoit justement le jour de l'Eclipse dernière
du Soleil, par conséqüentle premier jour de
Mars, jour pluvieux qu'on ne cessoit de me
représenter comme un jour perilleux
, parcequ'onétoit
entrain deme parler parenigme.
Jugez si je dûs reconnoître le langage d'un
Messel dans des Quadrains du style de ceux de
Nostradamus.C"étoit la qualification que leur
donnoient quelques uns de la compagnie,
d'autresdifoient que MathieuLaensberg en
,;étoit Auteur,faisànt allusion à lapluyequi
tomboit, & au chàud qu'il faisoit pourla
faison.
Les Quadrains débutoient ainsi
Mois de Mays.
Aubin dit que Mars est prilleux,
C'est mon, dit Gregoir
,
il est feux
Et tout prêt de donner des eaux.
Marie dit, il est eaux.
Moisd'Avril,
En Avril Ambroise s'en vint
DroitàLéonlàsetint.
En son tems Istoit en baie
Gerge marchant de godalle.
Mois de Mai,
JacquesCroix dit que Jham cftMar;
Nicolasdit,ilellvray.
Honorez font saiges ksots
Carmes Augustins& Bigots..
Mois de Juin.
En Juing on a bien souvent
Grand soif, ou Barnabé ment.
En son tems fut prins conlerres
Damp Jehan. Eloy & Damp Pierre.
Mois deJuillet,
En Juillet Martin se combat,
Et du Benoitier saint Vast bar.
La survint Marguet Magdelain
Jac Mar dor Anne & Germain.
Si quelqu'un fut surpris
, ce fut moi, lof>-
qu'après avoir comparé ces vers à ceux des
Sybilles, où à ceux de Nostradamus, dans
lesquels toutest enigmatique ou à double
entente, je me vis mettre devant lesyeux
un venerable livre în folio intitulé, Missale
Jtcclejia, Sagiensis, dans le Calendrier duquel
on me montra les cinq Quadrains ci-dessus
rapportés mot pour mot & afin que je ne
crûsse pas que ce fût une plaisanterie que
quelqu'un eut écrit à la main parmi les feteS
des Saints, on me fit voir à la fin de ce volume
qu'ila été imprimé à Roüen chés Pierre
Regnault en 1500 [a] c'est un livre gothique
comme vous pouves le croire. Mais quoi de
plus plaisant & de plus gothique que de voir
(a) Ce volume apartient à la Bibliothèque deSte
Genevieve de Paris.
du François imprimé parmi du Latin dans un
livre d'Eglise? Cela paroît tenir du Menot,
ou de l'Olivier Maillard. Je ne sçais pas si
Regnault étoit associé du côté du goût à ces
deux Cordeliers. Tant y a qu'il ne fait pas
mention de cet ordre dans forç Quadrain du
mois de Mai-où il en nomme d'autres. Nous
sommes maintenant trop éloignés de l'an
1500 pour penetrer dans la veritable intelligence
des vers enfantés en Normandie, c'est
pourquoi je vous prie de les renvoyer en cette
Province soit à Rouen,soit à Falaise, foit
à Caën
,
à Vire,ou à Valognes afin qu'on
nous découvre les misteres qui font enveloppés
dans les cinq Quadrains des cinq mois
ci-dessusénoncés. Je remarquai que dans ce
même Calendrier il n'yen a point pour tous
les autresmois,mars fait l'ouverture delaveine
du Poëte & Juillet la termine:Mais trèssûrement
les Quadrains font imprimés al.,
beau milieu des Saints de chaque mois,aucun
des connoisseursn'en peut disconvenir : s'il y
a de la magie cachée fous ce langage,j'y renonce
par avance.Jeprésume que non, mai9.
attendons qu'un bon Normandà qui Mercure
en aura fait exhibition, nous fasse auffiî
présent d'un bon Commentaire Il nefaut
pastrop présumer de lasimplicitéde laNation
; vous sçavez quelle reputation elle s'est
acquise parmi bien des Corps. Abbon Moine
de Paris au neuvieme siécle disoit agréablement
de leurs grands perès dans sa defcrption
du siége de Paris.
Gens inlmica Deo
,
pranfuraPlutonisin urna.
Le tout soit dit au reste sans blesser le
respect que je dois à la Nation comme
Membre de l'Université de Paris. Il est bon
qu'il y air dans votre Journal une cause
grasse pour nous dédommager de ce qu'il n'y
en a pas eu au Palais. Je fuis &c.
Ce 5 Mars jour dit Mardi-Gras.
L'ELEGIE suivante fut composée l'année
derniere par M. Cottereau Curé
de Donnemarie pour un Ecclésiastique do
ses amis, natif de la Province de Touraine,
& Curé depuis long tems d'une Paroisse considerable
du Diocèse de, M.
Cottereau dépeint danscette pièce avec des
traits vifs & touchanslasituation déplorable
d'un ami qui n'est pas content de son fort,
& qui regrette amerement les charmes & les
avantages de saPatrie.
REGRETS DE LA PATRIE,
ELEGIE.
DELICIEUX
séjour, agreable Patrie,
Où je goûtois en paix les douceurs de la vie,
D'un poste distingué les attraits séduisans
M'ont éloigné de toi depuis plus de vingt ans:
Crois-tu que je t'oublie, ô Pays trop aimable,
Et que je fois content de mon fort favorable ?
Depuis que par raisonje me fuis déplacé
Je sens que mon bonheur est tout-à-fait passé.
Lieu charmant qui produit de tout par excellence,
Qu'on appelle à bondroit le jardin de la France,
Où sans peine on respire un air serein& doux,
Où le peuple n'tit: point injuste ni jaloux!
Mon espritnuit& jour retrace à ma mémoire
De ton heureux climat l'avantage & la gloire.
Oui, mes plantes ici ne finiront jamais;
Et tu feras toujours l'objet de mes regrets.
Justes Dieux! quel est donc ici bas mon partage!
Ma dignité n'est plus qu'un pompeux esclavage:
La terre que j'habite est un lieu de douleur ,
Où je vis sans repos & même sans honneur.
La jeunesse indocile ÔC ma! disciplinée
,
Dès l'âge le plus tendre au vice abandonnée,
Ne suit que ses penchans & les folles erreurs
Qui seduisent l'esprit & corrompent les moeurs :
Et des biens temporels le domestique avide
N'a pour but en servant qu'un intérêt sordide.
Contre de tels excès on a beau declamer ,
Le zéle le plus saint ne peut rien reformer.
A décrire ces maux je me fais violence:
Helas! peut-on les voir, & garder le silence,
Il n'en est pas ainsi dans mon Pays natal;
Le peuple ne sçait pointse plaire dans le mal;
On ne le vit jamais par un esprit rebelle
Mepriser des Pasteurs & l'amour & le zéle.
Là tous les habitans réunis d'intérêts
Sçavent vivre en Chrétiens, en citoyens parfaits:
Chacun content des biens que son travaillui donne,
En quelque état qu'il soit, ne fait tort à personne,
Et le docile enfant dans ses naissans desirs
A remplir ses devoirs borne tous ses plaisirs.
Favorable climat, Province fortunée ,
Où j'efperois un jour remplir ma destinée
,
Ah! si depuis long-tems je fais de vains efforts
Pour m'attacher à toi par les noeuds les plus forts
7 Et si de la raison la voix puissante & fage
M'ordonne de rester oùle devoir m'engage,
Du moins pour adoucir mon état malheureux,
Garde toi d'oublier mes soupirs & mes voeux.
Que les siécles futurs, instruits de mon histoire ,
Ne cessent de meplaindre,& d'admirer ta gloire,
J'accepte enfin l'exil où je fuis condamné:
Aimables Tourangeaux, vous peuple fortuné,
Quivivez au milieu d'un Pays plein de charmes,
Goûtez en les douceurs sans trouble & sans allarmes.
Pour moi qui ne fuis plus aux jours de mon Printemps,
Et qui touche peut-être à mes derniers instans,
Eloigné pour toujours demachere Patrie,
Repassant dans mon coeur les fautes de ma vie,
Je m'eiq vais détourner par des torrens de pleurs
Les maux que m'attiroient mes funestes erreurs r
Et du Dieu que je sers, desarmant la vengeance,
Egaler, s'ilse peut, le remors àl'offense.
Ainsi, quand de la mort j'aurai senti les coups,
Sans craindre de l'enfer le terrible courroux,
Secouru de la Grace, & plein d'un saint courage ,
J'espere atteindre au port du celeste héritage.
REPONSEa une Queflïon prapofee dans
le Mercure de Fevrier, 0N nous avait prié de proposér cette
Question, d'où peut venir le proverbe
par lequel on dit, les ânes deBourges, ou Nmr,
les armes de Bourges,un âne en Chaire: Voicf.
Une lettre qui nous a été adressé à ce sujet p.
quoiqu'elle ne soit pas farcie de rerudidon'
que l'on prodigue
souvent
en pareilles cÍr
constances, on ne la lira peut-être pas avec
moins de plaisir, & la tradition dont l'Auteur
dépose ne vaut pas moins que les conjectures
sçavantes & incertaines que l'om
hazarde tous les jours pour éclaircir les points
difficiles de l'Histoire.
Jefit;) Messieurs , dé la Capitale du Ferry?
&sans être fçavant,je fuis en état a ce que
jecrois, d'éclaircirparle secours seul de la t- ditian la Questionproposee dans.votre Mercure
de fevriery aufujet du proverbe par lequel
on dit les ânes de Bourges.Taifovivent
entendu dire à monpere,&amongrand-pere
y
€7* ceux - ciaux leurs,que ceproverbe tiroitsa
source dun événement dontje vais vous rendn
W'lJmpte. Henri XV. devoft pa^erparBourges »
les Maliflrats s'assêmblerent poUr travailler de
concert aux preparatifs de l'entrée qu'on feroit
à ce Prince. Quand on eutpourvû à tout, que
la harangue qu'il devoit effuier eut été lüe
, re..
lüe
j
commentée, corrigée &c
,
quelqu'un s'avisa
que ce netoit pas ajJès, dr qu'ilfallait donner
au Roiledivertissement d'une vécbefmguliere
& rare.LeRosse rendit aux injtances des Bourgeois
qui ne promettaient au Monarque que
quelque carpe d'une grosseur monfirtteuft ; mais
le Prince &sa Cour nefurent pas mediêcrement
étonnes, lorsqu'en tirant le isles, on j trouva
un âne.
LE TOMBEAU,
ODE.
QUE
L spectacle affreux me découvre
L'eternel séjour de l'horreur ?
Tombeau, c'est ton sein qui s'entrouvre,
Objet d'une utile terreur.
Sortez de vos demeures sombres
Manes errans, plaintives ombres,
Jgt venez m'apprendre à mourir.
Loin cet aveuglement timide,
Qui préfere un calme perfide
Au trouble qui peut le guerir.
Prodige! enigme impénétrable.
Quoi! l'esprit craint d'envisager
L'instant à jamais desirable
Qui du corps doit le dégager?
Quoi! loin de soupirer sans cesse
Aprés cette mort qui le presse,
Ose t-il donc la redouter?
Et ne peut-il, triste victime
r
Ni souffrir ce corps qui l'opprime
Ni se resoudre à le quitter?
Aveugle & vaine resistance!
La mort ne perd rien de set droits f
Le moment de notre naissance
Lui même n6US mit fous Ces loix.
Foible avorton de la lumiere,
L'un paroît n'ouvrir sa carriere
Que pour entrer dans le tombeau.
A peine a t-ille tems de naître;
Et sitôt qu'il est, cessant d'être,
Un Cercueil devient son Berceau.
L'autre en la faison florissante
Dont tout semble assûrer le cours.
Voit couper la trame brillante
nun nombre infini de beaux jours.
Oui, malgré l'espoirle plus ferme
Il touche au redoutable terme
Que lui cache un âge impoiteur.
Projets vastes & chimeriques,
Desirs de grandeurs phantaftiques,
Vous tombez avec votre auteur.
Ainsi la j eunesse succombe:
Mais quel est celui que je vois,
Prêt à s'écrouler sous la tombe,
Entraîné par son propre poids ?
Sûr présage de sa ruine,
Il sent de sa frêle machine
Tous les ressorts se desunir ;
La Parque n'y trouve à détruire
Que des yeux las de le conduire,
Et des pieds de le soutenir.
Ah ! du moins, Déesse barbare,
Respecte ces hommes divins
Qu'un esprit élevé sépare
Du reste insensé des humains.
Sauve d'un éternel silence
Ceux dont la sublime éloquence
Ravit les coeurs & les esprits ;
Ceux dont la poëtique audace,
Des tendres accords du Parnasse
A cent fois remporté le prix.
Vains regrets! ta faulx homicide
Moissonne ces fieres beautés
Dont un culte lâche & perfide
Fait presque des divinités.
Tu détruis jusqu'aux moindres traces
Des vives, des riantes graces,
Funeste écueil de tant de coeurs,
Jalishelas! presque adorées,
Et dans ces bras même abhorrées
De leurs propres adorateurs.
Est-ce pe que tu les opprimes ,
Ces foibles objets de tes coups r
Faut-il de plus grandes victimes.
A ton implacable couroux ?
Sous la Pourpre <3c sous la Couronne
De ceux que le faste environne
Frappe la haute Majesté :
Apprend leur ce qu'ils n'osent croire t
Que jusques au fein de la gloire,
Ils portent la mortalité.
Qu'ils tombent ceshéroscélébres,
Cesmaîtres duvaste Univers;
Tombeau, de tes noires ténèbres
Que tous les mortels soient couverts,
Mais quel objet s'offre à ma vûe >
Quoi donc! la grandeur confondue
Veut elle braver le cercueil ?
L'homme envain à la Parque en bute,
Veut-il sur le lieu de sa chute
Immortaliser son orguëil»
Superbes noms, titres augustes
Echappésà la faulx du tems,
Des Rois guerriers, des Princes justes
Ornez les sombres monumens.
Que pouvez-vous pour leur mémoire!
Ce fol étalage de gloire
Nous apprend qu'ils périrent tous;
Et que proscrirs du rang des hommes,
S'ils furent plus que nous ne sommes,
Ils-sont aujourd'hui moins que nous.
Debemut mtrti nos tioflraquii
Ala MolerefuttEftrtigon par M. Dvw*
ELOGE HISTORIQUE
JOhX. P.Baiz,é de la Doflrine Chrétienne. NOEL Philippe Baizé naquit à Paris
surlaParoisse de Saint-Germain l'Auxeroisle
28 Octobre 1672. Elevé avec foin
dans la piété & dans les lettres, il pensa de
bonne heure à se procurer un genre de vie
conforme à ses talens & à ses inclinations. Il
entra dans la Congregation des Prêtres de
Doctrine Chrétienne en Juillet 1689
& il y fut aggregé
-
l'annéesuivante. Sa caneur
& une douceur de moeurs qui firent
toujours son caractère particulier,. une piété
tendre & solide, une application confiante
à l'étude & la regularité de sa conduite lui
acquirentbientôt l'estime & l'amitié de (es.
confreres & du public. Pendant son cours
de Théologie, il ne se soutintaucuneThése
dans les differentes Communautés de cette
Capitale qu'il n'y assistât, non par amusement,
par curiosîté ou par simple politesse,
mais pour profiter & s'y exercer lui-même
par la dispute. Il y brilla toujours par la force,
par l'ordre & par la précision de sa argumens.
Onadmiroitavec étonnement dans
un jeune homme tant de sçavoir joint avec
une aussigrande modestie,
Notre jeune Doctrinaire fut ensuite chargé
de l'Education des Pensionnaires du College
Royal de Vitry le François:emploi pénible
& délicat dont ils'acquittaavectoutlesuccés
possiblè. Lorsque ses Superieurs l'envoyerent
aux Ordres, il s'y prépara avec toute
la ferveur que l'on pouvoit attendre de fg
tendre piété: mais on ne doit pas passer
fous silence une circonstance qui ne fait pas
moins d'honneur à un Prélat qui sçavoit si
bien distinguerle merite, qu'au Corps dont
le P. Baizé étoit membre. M, Gaston-JeaJ?
Baptiste deNoailles EvêquedeChâlonsY lut selon sacoutûme l'examiner Jui.mêm
conjointement avec ses grands Vicaires : i
réponditavec tant de sagacité
,
de juftefï
£l de superiorité à toutes les questions quii
lui furent proposées, que M. de Châlons
eprès lui avoir donné publiquement de justeséloges
, le força de prendre place avec lesexaminateurs & d'interroger avec eux les;
autres Ordinans;distinctionsinguliere, mais « qui fait bienconnoître quelétoit dès-lors le s merite du P. Baizé.
En 1697 on le chargea d'enseigner la
Philosophie dans le mêmeCollege où il professa
deux cours. A la fin du dernier il fit:
soutenir plus de vingt Theses, ce qui parut
d'autant plus frappant, qu'outre qu'on ne se
souvenoit pas d'avoir rien vu de pareil dans
(ln Collegede Province, on sçait qu'ilest
fort rare que le nombre des Etudians de
Philosophie y égale, sur tout la seconde anr
néedu cours, le nombre de ces Theses, Il
fut ensuite mis à la tête du College dont il
dirigea en qualité de Préfet les études générâls
tandis qu'il étoit chargé de l'éducation
particuliere & des études du jeune Comte
deNetancourt. -
Ses Superieurs le rappellerent à Paris sur
la fin de 1704. L'année suivante M. Miron
Docteur de Navarre ayant legué par tëss:a
ment sa Bibliothéque à la maison de S. Charles,
le P. Baizéfutchoisi pour la diriger & yprésiderenchef. Ce Docteur avoit offert
desonvivant ce legs à differentes Commu- ntés, & il en avoit toujours été refusé, soit
à cause des charges qu'il ne vouloit point
en separer
,
soit à cause du revenu trop modique
qu'il assuroit pour l'augmentation des
livres & pour leur entretien
,
mais les Doctrinaires
n'envisageant que le bien public
,
accepterent sans difficulté cette onereuse
fondation. Le P. Baizé entra avec joye dans
les viies de ses conferes & dans celles du
Fondateur;il n'examina ni les difficultés qui
devaient se rencontrer,ni les embarras dont il
alloit être environné: il ne vit que ce qu'il
devoit faire pour mettre le plùtôt qu'il seroit
possible cetteBibliothéque en état d'etre consacrée
à l'utilité publique. Il nous a plus d'une
foisavoué qu'il n'avoit pas prévu combien cet
emploidevoit lui coûter de foins, de peine
& de travail, mais rien n'était capable de
le rebuter dans ce qu'ilenvisageoit comme
un devoir. Sans rien prendre sur les autres
obligations dçfon état, sans rien diminuer de
l'application qu'exigeoient de lui lesleçon
de Théologie dont il restoitencorechargé
- ou qu'on lui demanda dans la fuite, il verila
.à tout, il mit tout en ordre, & dressa des
livres dont on venoit de lui confier le foin
un catalogue le plus exact peut-être le mieux
ordonné & le plus utiie qu'aucune Bibliothéque
ait pu encore produire. Ilavoitlongtems
medité sur le systeme qu'il devoit suivre,
avant que d'en prendre aucun:il avoit examiné
tous ceux qui avoient été suivis avant
lui: il les avoit tous comparés entre eux,
& cene fut qu'aprés le travail le plus assidu,
les reflexions le plus profondes qu'il s'est attaché
à celui que l'on voit dans son catalogue
,
& qui a été généralementapplaudi desBibliothéquaires
les plus habiles & des Sçavans les
plus judicieux qui l'ont vu & examiné. Feu
M. l'Abbé Bignon Bibliothéquaire du Roi
trouvoit ce plan si beau, sl avantageux pour
la connoissance des livres & de leurs Auteurs,
si commode pour les Sçavans qui auroient
besoin de consulter ce catalogue, qu'ilne
pouvoit se lasser de le louer.
Lorsque-la Bibliothéque fut en état d'être
consacrée au public, le P. Baizé en fitl'ouverture
par un discours Latin qu'il prononça
le it Novembre 1718 en presence de M.
le Cardinal de Noailles Archevêque de Paris,
de plusieurs autres Prélats, des Magistrats
les plus distingués & d'un très-grand nombre
d'autres personnes de tout état qui s'empresserent
d'y assister, & qui applaudirent
a l'éloquence de l'Orateur, à la solidité &
à l'élegance de son discours. La modestie
du
du P. Baizé n'a jamais pu permettre que cette
harangue fut donnée au public, quoique
peut-être il en soit peu de ce genre qui le
meritassent à si juste titre.
Le P. Baizé fut élu deux fois Assistant d,u
Général de sa Congrégation & il assista en
cette qualité aux premieres séances du Chapitre
général de 1729, où l'on traita de
l'union avec les Doctrinaires Italiens.
Dans l'interieur de sa maison notre sçavant
Bibliothéquaire étoit recueilli dans toutes ses
fonétions, exact à tous ses devoirs, montrant
par tout & dans tout un homme animé de
l'esprit de Dieu. Dans la societé il étoit doux,
poli, plein de cette affabilitéqui plait &qui
gagne les coeurs. Il étoit tellement possedé
de l'amour du travail que jusqu'à lacampagne
où il passoit chaque année quelque tems,
on ne le trouvoit jamais sans quelque livre à
la main, & presque toujours aussi serieusement
occupé que lorsqu'il étoit au milieu de
sa Bibliothèque. Ami sincere de la vérité, il
n'écrivoit rien qu'il ne l'eut examiné, & ne
decidoitrien qu'après avoir fait jusqu'au scrupule
toutes les recherches qui pouvoient le
conduire à decouvrir ce qu'il cherchoit.Il sçavoit
douter à propos, & il n'accordoit rien
aux conjecturesque lorsqu'il se trouvoit dans
l'imptossibilité d'appercevoir le vrai même.
Il aimoit les jeunes gens qui montraient du
goût pour l'étude, il leur facilitoit autant
qu'il le pouvait, le moyen d'étudier solidement
& utilement, cependant ses confreres
auroient desiré qu'il eut eû pour ceux d'entre
eux qui pouvoient profiter de ses lumieres
& de ses foins, la même facilité à les communiquer,
qu'il en avoit effectivement pour -
les personnes du dehors. Aussi patient dans
les maux que confiant dans le travail, il pof.
seda son ame jusqu'au dernier soupir de sa
vie: sa derniere maladiefuttrès-courte;il
vit sans s'effrayer qu'il touchpit à l'éternité,
reçut les Sacremens le 4jour de sa maladie
& f mourut au commencement du 6 le 24.
Janvier decette année(1746) à dix heures
du matni,étant dans la74année de son âge&
dans la 56 de son aggrégation; il fut enterré
le lendemain dans l'Eglisede St. Charles en
présence d'un grand nombre de personnes
dont il a merité les éloges & lesregrets, Nous
ne connoissons d'écrits imprimés du P. Baizé
que l'Histoire abregée de la Congrégation
de la Doctrine Chrétienne & de ses Généraux,
imprimée dans les derniers volumes du
Çallia Christiana sur l'Archevêché de Paris;
les Eloges historiques du R. P, Jean-Laurent
le Sèmelier son confrere ( dans le Mercure de
France de Juillet 172 5)^ des HommesIllustres
ge la merrieCpngrégationinfçf^c[îins
les deuxvolumes du Supplément du Morery
où , on n'a pas toujours suivi assés exactement
les mémoires qu'il avoirfournis: le Corps des
Statuts de la Congrégation de la Doctrine
Chrétienne imprimé en 1734:une multitude
de Factums dans differentes affaires de sa
Congrégation, &sur tout dans les deux que
le Général & son Desinitoire ont eu à soutenir
contre la Province de Paris au sujet de
l'élection du P. Grenan au Provincialat ea
1711&1712,&contre toute la Congrégation,
au sujet des Benefices en 1725 sont
encore de lui. On espere donner dans peu au
public une connossance entiere du plan on
systéme que ce R. P.a suivi dans son catalogue
auquel il a continué de travailler
jusqu'aux derniers momens de sa vie.
Par le Pere de VismesPrêtre de la Con
grégattçn demeurant à Saint Charles.
O D E.
En flrophes libres.
A l'occasion de la mort de M. le Président
Bouhier de l'Académie Françoise.
Par M. Desforges Maillard.
R Ousseau. Rollin, Bouhier, Si la parque
cruelle
Respectoit le merite & les talens divers,
Les vôtres, dont l'éclatvole par l'Univers,
Devoient avoir flechi sa rigueur criminelle.
C'est ainsi
,
chers amis, qu'à vos manes fidelle
Ma muse commençoit,en peignant ses douleurs,
A couvrir vos tombeaux de parfums & de fleurs :
Mais, oracles sçavans. que vainement rappelle
La voix de mes tendres désirs
,
Vos noms préconisés par l'estime publique,
Faisant
,
mieux que mes vers,votre panégyrique,
Contentez-vous de mes soupirs.
Hélas! aveugles destinées,
Cinq sièclesrendront-ils jamais à nos neveux
Ce qu'en nous enlevant ces trois hommes fameux,
Vous nousôtez en cinq années?
Mrs. Rousseau & Rollln font morts en
I741, lepremierle 17 Mars, & le fécondle
19 Septembre. M. le Préjident Bouhier eji
mort cette année le 17 Mars.
REFLEXIONS MORALES;
ruN livre qui plaît a toujours plus devogue
qu'un livre qui instruit. On aime
mieux être amuse qu'éclairé. Un illustre Académicien
a dit plus élégamment, un Auteur
qui se rend aimable dans ses ouvrages est
au-dessus de celui qui ne ne sçait que s'y
rendre admirable.
db On n'est jamais heureux qu'autant qu'on
se croit l'étre.
Qu'il y auroit de gens heureux s'ils ne
s'imaginoient pas qu'on peut être plus heureux
qu'ils le ont!
h
On peut-être heureux sans être aussi heureux
qu'un autre.
Un sot ne plaît pas, mais le petitmaître
déplaît, l'un nous fatigue, l'autre nous indispose.
Les enfansdoivent du respect&deségards
à leurs parens, mais les parens doivent aux
enfans des attentions & des foins.
Il n'y a point de nouveau riche qui se
montre entierement tel qu'il étoit avant se
fortune. S'il se découvre d'uncôté, H a toujours
foin de se cacher par quelque autre
endroit; l'aveu qu'il fait en partie de son
premier état n'est que pour mieux déguifcr
ce qu'il y avoit de plus bas & de plus humiliant.
Il est des hommes vertueux ,
mais il en
est peu qui n'aiment que la vertu.
Il feroit à souhaiterqu'il en fut de la
grandeur qui est attachée aux rangs, comme
de la grandeur naturelle , qu'on ne devint
grand qu'après avoir été petit.
Il n'y a personne qui ait le coeur ou l'esprit
absolument libre. On est toujours dominé
ou par quelque chose ou par quelqu'un.
L'éducation severe avec laquelle on éle-
ve les filles leur conserve cette pudeur précieuse
qui fait la vertu de leur sexe
,
maisil
ne faut pas se dissimulerqu'il en résulte affts
souvent des défauts. Cesilence presquecontinuel
auquel on les condamne devant la
compagnie se change en une loquacité steriÊ
lorsqu'elles font hors des yeux qui veillent
sur elles; cette retenue qu'elles affectent
surles chosesqu'elles sentent ou qu'elles
entendent le mieux, leur forme peu à
peu un caractére de dissimulation
, ou
elles parlent sans penser, ou elles ne parlent
point suivant ce qu'elles pensent.
Qu'on ne s'étonne- donc point s'il en estqui
donnent dans des travers lorsqu'elles sont
parvenues à un état plus libre. Elles se placent
à l'txtrémité opposee à celle ou elles
étoient. De la contrainte nait la dissipation
& quelquefois le dérangement. Cest un eau
qui s'étoit conservée pure dans des canaux, & qui n'acquiert sa liberté que pour se répandre,
ou que pour se perdre.
-
Le devoir fait des vertueux, mais cette
vertu rarement se soutient dès qu'on se lasse
du devoir.
Sans un peu de mouvement lemérite a
bien -de la peine à se placer.Tel baille
au Barreau qui feroit peut-être encore oublié,
s'il n'avoit pas-couru après les occasions
de briller. L'esprit d'intrigue donne le branle
à la fortune, mais le merite seulla soutient.
Il y a plus de gens éloquens qu'il n'yen
a qui possedent l'art de l'éloquence.
L'éloquence est le don de faire sentir & de
faire penser aux autres ce que l'on fent &
ce que l'on pense foi-méme.
Ce qui part du coeur va toujours au coeur.
Le Maure chante
,
Gaussindéclame;je sens
ce qu'elles sentent elles mêmes.
L'amour de son nom n'est que l'amour de
h vie, tout ce qu'on fait pour le perpetuer
n'a d'autre objet que d'assurer à foi-même
une sorte d'immortalité dans ce monde.
Un Roi qui aime ses sujets est toujours
sûr d'en être aimé.
Que signifient ce maintien, cette démarche,
ce ton, ce langage, cet ensemble
affecté ? Tout vous paroîtétonnant, où vous
excede. Je vous devine. Vous êtes de qualité
, ou vous avez un rang. Vous voulez me
subjuguer, me montrer la distance qu'il y a
de vous à une autre femme.Suivez mon conseil,
défaites-vous de ces manieres & de ce
jargon, s'il y a bien de l'absurde dans tout
ce que l'on vous dit & dans toutce que
vous entendez, n'yen a - t'il pas encore
-plus à contracter des ridicules de mode? la
mode passe & les ridicules restent.
Il y a des gens qui par un faux air parlent
un langageaussi ridicule que celui que parle
le peuple ridicule.
Le Pedantisme est de tous les états. C'est
trop montrer & trop faire sentir aux autres
ce que l'on est. D'aprèscetteidée on peut
dire qu'il y a plus de pedans au monde que
l'on ne pense.
Les hommes font toujours plus inquiets
que contens.
Il enplus sûr de juger de foi-même par ce
qu'on a fait, que parce qu'on croit pouvoir
faire.
Homme sensuel! vous trouvez de la difference
entre ces ragoûts, entre ces viandes
blanches; & ce gibier. Miserable que
vous êtes , ne rougiriez YOtdS pas de cette
délicatesse, si vous faisiez attention un seul
moment, que ce pauvre qui,àvotre porte
n'a que du pain, ne mange pas même le
meilleur? J. v
Li crime contraint, la vertu invite.Crimen
imperut, virtussuadet. On a dit précédemment,
le crime fait desesclaves, la vertu
n'a que des sujets. Il y a des nuances
diferentes dans ces trois maximes. On demande
qu'elle estla meilleure, foit pour la
pensée
,
foit pour l'expression.
IMPROMPTU.
Vers adressés à Adonfieur le Profejjeur Luhlin
à GWiOUX
,
près de Geneve
, pour lui
demander à souper.
Nous
sommes quatre Pelerins
Que le fort a jettés sur ce charmant rivage,
Où l'on voit de si beaux jardins.
Qui croiroit que dans ce village
Où l'on coule des jours si doux & si serains,
Où les jeux & les ris semblent vous rendre hommage,
On pût avoir quelque chagrins?
Mais l'on ne trouve ici ni poulets ni boudins,
Pas même un morceau de fromage.
Dans le defert le plus sauvage
On voit au moins quelques lapins
Qu'on fait rotir dans l'hermitage
Quoi! faudra-t'il mourir de faim!
Certes pour des gens à notre âge
C'est bien un funeste parcage.
Il faut que quelqu'esprit malin
Nous ait inspiré ce voyage.
Ceci n'est point un badinage.
Maudit soit le pelerinage.
Celuiqui le premier en Conçut le dessein,
Nous mit, où peut s'en faut, le poignard dans le
Mais pourquoi soupirer en vain, [ lein;
Et comme des gens sans courage
Se laisser abattre à l'orage ?
Il vaut bien mieux tendre la main,
Que si de la mort implacable
L'un de nous étoit le butin.
Et comme genereux Lullin,
vous joignez aux talensqui forment l'homme aimable,
Un coeur sensible & charitable
,
Et que toujours le miserable
,
Trouve en vous un secours certain,
Nous vous demandons pour seftin
Quelques miettes de votre table.
REMERCIMENTaumêmesur deux rimeSt
DAns
le fein de la providence
NouS reposeronsdéformais;
Et foit en guerre, foit en paix,
Elle aura notre consiance.
Et comment en craindre l'excès, '-
Puifqu'une heureuse experience
Nous en a montré le succès ?
Au milieu de notre indigence,
Quand la faim nous ferroit de près,
Et que dans ces belles forests
Nous croyions faire penitence,
N'avons-nous pas vû l'abondance,
Par vos foins & par vos bien-faits,
Couvrir notre table de mets
Et terminer notre souiffrance?
Votre généreuse aflîilance
A surpassé tous nos souhaits,
Et ne nous laisse de regrets
Que d'être réduit au silence
,
Ainsi sans peine, sans dépense
,
Un grand merci fera nos frais.
Et fera votre récompense
,
Car comment vous marquer notre reconnoissance î
Vous la prouver par des effets
Seroit-il en notre puissance?
.Ah! pour en exprimer feulement quelques traies.,
11 nous faudroit votre éloquence.
SSEMBLE/E publiquedel'Acade'mie dcf
Sciences
, ténue le Mercredi 2.0 Avril
dernier. MOnsieur Bouguer Pensionnaire de l'Académie
qui travaille à un Traité du
Navire, de la construction & de les mau7
vemens, ouvrage très-important & dignes
de la réputation de ce célebre Académicien,
lut la préface de son Livre.
L'Auteur s'est moinsproposé dans cette
Préface de nous entretenir de son Livre,
que de la matiere même qui en fait l'objet.-
Il avoulu nous repré senter l'état actuelde
la construction des Vaisseaux & nous indiquer
les chemias qu'on doit suivre pour persectionner
cet Art., en nous renvoyant au:
Livre même lorsqu'il paroîtra, ou à la Table
des Chapitres; si nous voulons sçavoir
l'ordre qu'ilasuivi dans l'execution. LaPréface
nous a paru comme divisée en deux
parties : la premiere qui est purement historique
est destinéeà nous mettre fous les yeux
diverses tentatives qu'on a faites en differens.
tems pour perfectionner l'Architecture navale.
Pierre Janffe de Horne avoir cru trouver
le modéle ou l'idée Archetype des
Vaisseauxparfaits dans l'Arche de Noé, Il
nefaisoit point attention que cette Arche
étoit moins propre à naviger avec vitesse
qu'àsoutenir un grand poids presque en repos
sur les eaux du déluge. M Bouguer n'a
garde de comparer à cette tentative abfo-
Jument hazardée les autres dont il fait mention.
On tint à Paris vers 168 1 des conferences
par ordre du Roi. dans lesquelles
assisterent avec divers Constructeurs habiles
, plusieurs Officiers fameux entre lesquels
M. le Chevalier Renau se distingua,
mais on se borna dans ces Assemblées à former
les Gabaris des Navires, leurs plans &
leurs profils avec plus de régularité ou plus
de symmétrie. Si l'on préfera l'usage de certaines
lignes courbes, ce fut plutôt parce
qu'on les trouva plus faciles à décrire ou qu'elles
se présentoient les premieres que parce
qu'on leur connut quelque propriété particuliere
qui les rendît plus convenables,onn'alla
pas jusqu'à considerer lesNavires comme des
corps
hétérogènes
dont toutes les parties ont
entr'elles des rapports exacts & secrets qu'il
n'appartient pas à la Géometriepure de
déterminer
,
mais qui font du ressort de la
Physique ou des Mécaniques. On croit enfin
que le P. Hoste
,
Professeur Royal de
Mathématiques à Toulon, est le premier
quia vu distinctement toute la difficulté du
sujet, & qui a entrepris de k traiter d'une
maniere exacte. M. Bouguer rend justice à
la mémoire de ce sçavant Jesuite qui ne fut
pas néanmoins assés heureux lorsqu'il se proposa
d'établir l'Architecture navale sur des
principes certains dans son Livre de la Théorie
de la Construction
On indique l'origine des méprises de cet
Auteur& on !e disculpe surle peu de succès
qu'eut une Frégate qu'il entreprit de conftruire
pour l'opposer à une autre dont M.le
Maréchal de Tourville voulut être lui même
l'Architecte ou l'Ingénieur,
Ce nouveau genre de dispute étoit tout
à fait desavantageux au Jesuite qui n'étoit
environné que de personnes qui lui étoient
contraires,pendant que M. de Tourville
quisedéclaroit le protecteur desrégles vulgaires
& qui se bornoit à un succès ordinaire
& limité, étoit comme sur de l'obtenir.
Outre cela les principes de Mécanique
dont le P. Hoste étoit imbu ne devaient
pas moins faire tort à la construction de sa
Frégate qu'à la bonté de son Livre: la Frégate
ne réussît pas, & on n'eut aucune indulgence
pour le Constructeur Géometre,
au lieu qu'on célébrabeaucoup trop la victoire
du Maréchal deFrance, qui fameux par
des triomphes plus réels & d'un autre genre,
ne pouvoit dans le fond rien s'attribuer des
succès de celui-ci. Cette experience ne prouvoit
point que les régles vulgaires fussent
parfaites, ou qu'il fIt impossible de les perfectionner
ou d'en imaginer de meilleures
, mais toutes les circonstances leur étoient
alors favorables, & il devint si peu permis
d'y rien changer que toute innovation eut
été réputéetéméraire ou dangereuse.
-'
Il y a beauconp d'apparence que cesimple
incident n'a pas peu contribue dans notre
Marine à arrêter les progrès de l'Architecture
Navale, mais il fufllt de s'informer de
ce qui se passe chés tous les peuples qui
cultivent la navigationpour reconnoîtreque
la construction y est à peu près dans le même
état.
On defere par tout dans des,cas de la
plus grande importance au simple tatonnement
à celui qui est le plus grossier & 1er
plus sujet à tromper.
Quelquefois on veut faire prévaloir une
certaine qualité dans le Vaisseau ; on observe
pourcela avec plus de rigueur les maximes
les plus généralementapprouvées, & on
produit un effet tout
conteà celui qu'on
attendoit; trop souvent même on n'évite le
péril de l'experience qu'en ne s'y exposant
pas; il fort. de rems en tems de tous les
Chantiersdel'Europedes Navires dont Kintperfection
n'est point équivoque, & qui ne
onnent pas lieu à la triûe consolation de
dire qu'ils se font mal comportes en mer.
Il n'est pas difficile à M. Bouguer en passant
à la partie de sa Préface que nous regardons
comme la seconde, d'expliquer
pourquoi la construction des Vaisseaux a
fait si peu de progrès. Il nous en indique
plusieurs causes. Les méthodesGéométriques
& l'Analyse qui devoientservir à résoudre
les grandes difficultés qui sont propres à
cette matiere avoient besoin elles-mêmesd'être
perfectionnées,&l'époque des nouvelles
découvertes qui ont si fort enrichi les
Mathématiques est assés recente. D'un autre
côté l'Architecture navale étoit presque toujours
abandonnée à la direction des simples
ouvriers, car c'est au Ministre éclairé qui a la
Marine dans son département que nous devons
le changement si avantageux qui a elevé
la construction au grade des plus nobles
Arts. M. le Comte de Maurepas a excité les
Constructeurs par le plus puissant de tous
les motifs, en rendant leur prosession
honorable: leur émulation qui en aétépicquée
les a obligé, de redoubler leurs efforts,
& de se montrer dignes dela distinction
qu'ils venoient d'obtenir.
Enfin cette matiere est trop compliquée
; elle supose un trop grand nombre
d'attentions délicates pour qu'on puisse
la porter à sa perfection par l'experience
seule.Le Navire est un tout si composé quéfc
chaque changement fait àune feule partie,
est le commencement d'une infinité de dispositions
ou de diversescombinaisons dont
chacune doit avoir un effet different & qu'on
ne peut sçavoir que par un essai particulier.
On ne peut pas, par exemple,toucher à la
largeur de la caréne, sans se mettre dans
lanécessité de changer toutes les autres parties,
or il naitroit de ces changemens une
infinité de systemes ou d'arrangemens
differens, & il faudroitpouvoir les discuter
presque tous les uns après les autres par une
infinité d'expériences.On sent aisément combien
la Pratique qui est privée de toutes les
lumieres de laThéorie, est alors impuissante,
Comment exécuter un si grand nombre d'essais?
il ne faut rien moins qu'un nouvel
evenement,qu'une tempêtéqu'un naufrage
même pour procurer à l'homme de mer
qui a vieilli dans le metier, mais qui n'est
que praticien,un seul degré de connoissance
de plus. Vous ne le trouverez parfaitement
instruit que lorsque vous le consulterez
sur les feules choses qu'il a éprouvées.
LaPratique est originairement sterile : faites
intervenir les lumieres de la spéculation, il
est vrai qu'il faudra toujours y joindre les
connoissances de fait, mais la Théorie s'en
jfeîyira ensuite comme des principes, elle en
tireradesinductions sures
,
& étendant. Ses
f
vûës àtous les autres cas & jusqu'àl'infini,
car elle n'est pas arrêtée --par les mêmes
bornes que la Pratique, elle tiendra effectivement
lieu d'une infinité d'experiences.
C'est lorsque l'ouvrage paroîtra
, (ce qui
ne doit pas tarder,felon ce que nous avons
appris ,)qu'il faudra voir dans la Préface dont
nous faisons l'extrait, toutes les raisons dont
on se sert pour prouver l'indispensablenécessité
où l'on est d'allier dans tous les Arts la-
Théorie&la Pratique. L'ouvrage étoit déja
composé; M. Bouguer l'avoit achevé au p.
rou, & cet Académicien a pensé qu'il seroit
bon de le faire précéder la rélation de son
voyage, parceque ce feroit le moyen de se
procurer plus de loisir pour mettre en ordre
tous les materiaux qui doivent entrer
dans cette relation.
Le Traité qu'il va nous donner actuellement
est partagé en trois Livres. Il s'offroit
une division très simple, en considerant le
Vaisseau dans tous ses divers états & par rapport
à tous ses usages. Il ne suffit pas de
se représenter le Navire lorsqu'il est à l'ancre
dans une Rade & qu'ilestexposé à toute
l'agitation d'une mer orageuse, qu'il est sujet
aux mouvemens violens du roulis ou du
tangage, il faut principalement l'examiner
lorsqu'il est fous voile, qu'il cingle avec yitesse
&qu'il s'éloigne difficilement d'une côte
Ce partage est effectivementtrès naturel «Sa
presente une vastecarriere à l'Auteur,puiss
Que c'est joindre àlaconstruction desVai seaux
la. mécanique de tous leurs mouvemens
& les régles de leur manoeuvre, mais on
a cru pour embrasser le sujet dans une plus
grande étenduë, être obligé d'ajouter encore
un autre Livre dans lequel on insiste prin
cipalement sur des choses de Pratique (o
après avoir exposé les maximes vulgaires c\j
Construction on les soûmet à un premie
examen qui fait connoître les premiéres âfa
plus simples corrections dont elles sontsusceptibles.
M. l'Abbé Nollet lût ensuite un Mémoire
sur l'Electricité; nou avons rendt4
Un compte detaillé de tous les phénomenes
dans le Mercure de Fevriér, ainsi pour nem
pas tomber dans des repétitions nous no-ut
abstenons de nous étendre sur ce Mémoire.
NOUVELLES LITTERAIRES,
DES BEAUX ARTS &C.
DIssertation sur l'incertitude dCt
signes de la mort & l'abus des enterremens
& embaumemens precipités
, par lac.
ques-Jean Bruhier, Docteur en Medecine.
seconde partie Paris 1745 in 11.. chés MQyet
lie jeune, Praultpere, Prault fils, & Simon fM.iBrulhiersn'est pa.slep-remie-rquisesesfooiitt
r-ecrié sur l'abus des enterremens précipités, qui ait prétendu qu'il n'y avoit de figne
non équiyoque de la mort qu'un commencement
de putrêfaction. M. Winslow avoi
déja donné une Thése où cette doctrine
toit expliquée. M. Bruhier animé du zéle
u bien public a donné un projetderégletrient
pour remédier aux abus qui font si
requens en cette matiere, il l'a etayé d'une pissertation sur l'incertitude des signes de la
mort, où il rapporte une foule d'histoires
fie gens crus morts & rappellés à la vie après
avoir été portés dans le tombeau. Cette premiére
partie n'a pas passé sans contestation;
Ijplijfieurs personnes se font rangées du parts
de l'Auteur, mais il s'est elevé des contradicteurs,
& leurs objections nous valent cette
seconde partie. M. Bruhier justifie la plûpart
des histoires qu'il a racontées dans sa
première partie,& en rapporte de nouvelles.
Il résulte manifestement de tout ce que
rapporte M. B. que le mouvement du coeur
& la circulation peuvent demeurer suspendus,
sans que la mort suive nécessairement cette
interruption
> ce font des signes palpables &
non des causes immédiates &
absolues
de
la vie. Et qui peut se flater de sçavoir
en quoi consistel'essence de la vie? Notre
être est & fera toujours pour nous
une énigme impenetrable. On trouve ici
une grandequantitéd'histoires de noyés &
de pendus rappelles à la vie; hiltoires incontestables,
& qui prouvent que tout n'est pas
désesperé quand on retire les noyés de l'eau
peu d'heures après qu'ils y ont été ensevelis,
M. Bruhier traite doctement & clairement
de la nature des secours qu'on doit leur apporter;
on trouvera la même solidité dans ce
qu'il prescrit sur la façon de secourir les gens:
que la vapeur du charbon asurpris; il nous
permettra de nous interesser un peu moins
aux secours qu'il propose pour les pendus;
graces au ciel la manie du Suicide n'a pas
encore pàffé la mer pour venr regner chés
JJOUS ,
& les pendus de la Justice ne méritene:
pas l'attention: des Medecins; les Histoires
que raconte M Bà ce sujet feroient même
capablesde corriger de la compassion qu'on
pourroit avoir pour eux. Dans presque toutes
le penduressuscitévole son libérateur. C'etè
la fable de la Couleuvre. Nous avons lû avec
plaisirl'histoire du Meûnier d'Abbeville, qui
ayant ainsi rappellé à la vie un pendu, le
garda chés lui quinze jours, au bout desquels
le voleur le vola & disparut; le Meûnier
& ses enfans coururent après lui, le ratraperent,
&sefaisant justice eux-mêmes, le rependirent
à la même potence d'où ils l'avoient
tirés,& depuis étant inquiétés par lesJuges,furent
obligés d'obtenir des lettres de rémission
L'Auteur attaque aussi avec force la prévention
où l'on est que la vie des enrans
dépend absolument de celle de leurs meres,
qu'ils ne leur survivent pas quand elles
meurent près du terme de leur roffefre:
voici un fait singulier qu'il rapporte
a
ce sujet.
M
La femme de François Arevallos de
)) Suesso tomba malade à Segovie dans les
9?
derniers mois de sa gro/Tefie
: étant morte
» en peu de jours, ou ayant été reputée telle,
« on l'enterra; le mari qu'on avoit envoyé
» chercher en diligence dans un endroit
w
éloigné où il étoit allé pour affaires, arrii
» va vers le milieu de la nuit: apprenant que
41
sa femme qu'il aimoit beaucoup étoit morw
te & enterrée, ilvoulut se procurer la fa-
Ile
tisfaction de la voir encore une fois; il va
9)
à l'Eglise, &la fait exhumer; à peine à t-wt
M
ouvert le cercueil qu'on entend les cris
- d'un enfant.Teut le monde estsaisid'éton-
M nement;onappellela Justice; les Prêtres
„ & beaucoup d'autres prennent -des flamJ
beaux & accompagnent le mari. On léyfl
,' le Suaire, & on voit paroître la tête de l'en
»fant, qui faisoit effort pour débarasser
»•
reste de son corps: non feulement on 1
le
tira vivant& fain, mais il a vécu long-te
m avec le surnom defils de la terre que tout
» le monde s'accorda àlui donner.» i
-
Horftius prouve par un autre fait quel
celles qui font mortes peuvent accoucher.
ilraconte en effet qu'une femme grosse ayant
jeté pendue avec son mari par des soldats£/J
pagnols, entre Deventer&Zutphen,mitau
mon_d.Je quatre h1 eures aprè\,s sra mo- rtd.deux jiH
meaux vivans.
-
- Nous trouvonsà la page 475 un faitqui
mérite de trouver place ici.» En Corse, dÈI
.» M. B, quand un mari meurt, toutes le
M femmes se jettent sur la veuve & la batten
» Cette coutume oblige lesfemmes à confèrf
P ver soigneusement la vie de leurs maris: lou
M
mêmes femmes après avoir fait des complia
mens au mort, qui n'y répond jamais, dJ

colère tirent le corps du lit, le mettent
si
:l,la couverture& le font sauterpendantune
„ demie heure; cette danse ou ce bernement
» à souvent sauvé lavieàde prétendusmorts
„ qui n'étoient qu'en létargie.
LE PETIT DICTIONNAI Edutéms, &c
chés Lottin &c.
Nous avons déja annoncé le mois paé-le
titre seul de ce livre,& nous avons promis d'en
parler plus amplement. Il n'yen a point qui
puisseen effet plus s'appeller le livre du tems,
car tout le monde s'ingerede raisonner sur
les nouvelles publiques, & les ridicules raisonnemens
des Nouvellistes peuvent bien
etre comptés parmi lesfleaux qu'entrainela
guerre. Combien de gens qui n'avoient auparavant
rien à dire acquierent une petite
existence en commentant, assûrant, niant
des nouvelles qu'ils n'entendent point. Ce
n'est pas que nous prétendions approuver
davantage un Misantrope sombre, qui ne
s'occupant que de lui seul, vivroit dans une
apathie condamnable. Tout bon Citoyen
doit s'interesser à la chose publique, mais il
ya bien de ladifference entre l'homme sensé,
qui fait des voeux pour la gloire du Roi, pour la prosperité de l'Etat, qui est transporté de ioi de nos succès,& le Nouvelliste fanatique
qui passe sa vie àraisonnersur des opérations
qu'il ignore, qui entreprend de rectifier les
Conseils, & de juger tout ce qu'on auroit
dû faire. Cette espece de gens est à peu-près
çe que feroitun Juge qui voudroit décider
les procès des Citoyens sans sçavoir les loirç,,
&fans voir les pièces des parties.Rien ne feroit
plus capable de montrer le néant de la gloire!
aux gens en place, que de leur faire entendre
les discours de ces raisonneuirs.On pourroit:
leur dire alors ce que Marc-Aurele se disoit à
lyi-meme:Regardez qui font les gens qui vous
jugent, quel cas en
faites-vous?
Il n'yen a
pas un seul dont vous daignafliés prendre
l'avissur l'affaire lamoinsimportante,ainsi
soyez moins affligé de leurs censures, ou
moins enorgueilli de leurs éloges. C'est la
posterité de Bridoye qui juge avec des Dés.
Quoiqu'il en soit, voici un livre où l'on
explique tous les termes qui ont rapport à
la guerre, aux fortifications & à la Géographie.
C'est, suivant l'intention de l'Auteur,
un commentaire appliquable à toutes les Gazettes
, on y trouve aussi un petit Diélionpaire
géographique, où l'on a rangé par
ordre alphabétique le nom des villes & des
païs qui ont rapport à la guerre présente
leurs limites, leur ficuation, leurs forces,
leur commerce &c. La plupart de ces articles
fQnt extraits du Dictionnaire de la Martinieie,
ou d'autres livres qui ont traité de cess
fiîajtiéreçj aussi l'Auteur avoge-t-iimodeilç,
ment dansvfa Préface qu'il nefretend d'autre
honneur defin livre que d'avoirrassemblédans
un fiul volume des matières qui etoient rép",n..:
dues dans plus de quarante.
-
:
Un mérite réel de ce livre, c'estqu'il peut
être porté dans la poch-, & d'ailleurs les
gens a qui il est offert ne font pas gens à Bibliothéques;
il leur épargne làdépense d'acheter
les livres d'où on a tiré ce qu'il renferme.
L'Auteur avance avec une confiance que
nous nous garderons bien d'imiter, qu'avecr
les explications quise trouvent dans fin livrey
on efi m état de juger des forces d'une Place,
d'entendre la manoeuvre des vaisseoeux,desuiwre
les Prog,ès d'unsiége, enfindeparler de
toutes les operations de la guerre. Voilà de
quoi donner aux ignoransia plus dangereuse
confiance. L'Aureur homme raisonnable ëc
judicieux peut-il se flater de donner dans
un petit livre:l'intelligence de deux Arts importons,,
la guerre &la marine, pour lesquels
la vie des hommesest trop courte? Croitil
pour avoir expliqué ce que c'est qu'un
rempart, un parapety unsossé, des portes &
desponts-levis, & d'autres choses pareilles,
avoirmis ses lecteurs à portée de juger des
opérations d'un siége? Suffit-il de sçavoir ce
que c'est qu'une, ancre, appareiller,arcenai
.Je Marine, Armateur, &c. pour sçavoir si
Une manoeuvre navale est bonne ou mauvaise?
L'Auteur a certainement fait un ouvrage
utile,parce qu'il Y a des gens qui ignorent les
choses qu'il a expliquées dans son livre, mais
au lieu de leur inspirer une prévention dangereure
dans laquelle ils ne donneront que
trop facilemerit, il auroit dû leur dire que
les gens fages ne parlent point de ce qu'ils
ignorent, que dans tous les métiers du monde
c'est aux gens de l'art seuls qu'il appartient
de juger, & qu'ainsi les ignorans doivent
à plus forte raison se dispenser de décir
der au hazard sur des matieres où les plus
habiles & les plus expenmentés se défient
toujours de leurs lumieres.
HISTOIRE du Théatre François, depuis
sonorigine jusqu'àprésent, avec la vie des
plus celébres Poëtes Dramatiques, un catar
logue exact de leurs pièces; & des notes hiftoriques
& critiques Tom. S. in12. 1745 chés
le Mercier & Saillant.
Nous avons déja parlé avecéloge desqua.
tre premiers volumes de cet ouvrage utile
dont les Auteurs meritent la reconnoissance
& l'dtime du public, non feulement pour la
peine qu'ils ont eu de ramasser une quantité
immense de matériaux, mais pour l'ordre &
la méthode avec laquelle ils les ont arrangés,
le difcernement&la faine critique qui briliene
jdaas les jugemens qu'ils ont portés, ainsique
le goût dans le choix qu'ils ont fait des morceaux.
qu'ils ont cités. On peutdire avec af.
furce quece livre fait honneut à notre
Littérature, & en doit faire d'autant plus aux
Auteursjqu'il n'est que trop rare que les gens
qui ont la patience de faire de vastes corn
pilations, ayent le goût &le discernement
nécessaire pour les arranger. Il à fallu à MM.
P. la patience la plus courageuse pour lire
l'énorme fatras de mauvais ouvrages qui com.
posent notre Théarre, sur tout dans ses commencement
Ce cinquièmevolume commencedans un
tems plus brillant; on y voit d'abord les
premierespièces du grand Corneillesuivies
du Cid, qui paroît tout à coup tel qu'un
astre lumineux au milieu d'unenuit profonde.
Toutes les différentes particularités de la
querelle quis'élevaau sujet duCid font ici très
biendéduites.Le Cardinal de Richelieu ayoit
excité cette tempête, & ce grand homme
jaloux de la gloire de Corneille perfécutoit
comme Poëte-ce même mérité qu'il récompensoit
comme Ministre. Il souleva tous les
Auteurs parmi lesqùels la rèprésentationdu
Cid avoit causé une consternation générale;
isse mit à leur tête, &rd-n vit tous les Poëtes
deFrance acharnés à décrier ce que toute
la France admiroit; Corneille seul contre
tous, mais défendu par les-Cuffrages dup
blic, ne sentit pas anés ses avantages, & nJ
put resisterenfin à la tentation de repondr
a ses ennemis. Les larmes qu'on avoit donnéeJ
à sa pièce n'etoient elles pas une réponsa
suffisante,& cette-ligue générale des Auteurs
excités par un grand Ministre qui se mertoil
à leur tête, n'étoitelle pas un aveu allés for
mel de sa superiosité? Les envieux ne fente
pas assés que leur jalousie même est un hom
mage, & ceux qu'ils attaquent font rarerne
asses Philosophes pour faire eux-mêmes cette,
reflexion:Y a-t-il rien de plus judicieux que
ce que M. de Balzac écrivoit à Scuderi, le
principal combattant qui ait paru dans cette
lice? Le Cid ayant plu, ne jeroit-il point vrai
qu'ila obtenu la fin de la réprésentation, &
qu'il est arrive a sonbut, encore que ce ne
soit pas par le chemind'Aristote, nipar les
adresses de sa poétique? Mais vous dites,
-M.
qu'il a ébloui les yeux de tout le.monde3 &
vousl'accusez, de charme & d'enchanternent.
Je connoisbeaucoup de gens quiseroientvanité
d'une telle aceufation Voilà ce que vous reprochez,
à l' Auteur du Cid, qui vous avouant
qu'il a violé les régies de l'artvous oblige
delui avouer qu'il a un secretqui lui a mieux
reuJ/i que l'art même, Cr ne vous niant pas
qu'il a trompé toute la Cour & tout le peuple
pe vous laisse conclure de-là
,
sinon qu'il est plus
fin que toute la Cour d- tout le peuple,& qué
la tromperie qui s'étend à tant de perfo?ines, (si
mdins une fraude anune conquête.
-
Les sentimëns de l'AcadémieFrançoise sur
le Cidsigénéralemeut &si justement éprouvés
terminèrent ce grand differend & Corbeille
continuant sa carriere,donnaHorace,
Cinna, & les autres chef-d'oeuvres que nous
admironsencore aujourd'hui., l
La Calprenéde Auteur des trois fameux
& admirables Romans, Cassandre Cleopatre,
&Pharamond, figure dans ce volume parmi
les autres Poëtes Dramatiques, mais il n'y
soutient pas l'idée que l'on a de lui quand
on ne Connoît que
ses
Romans. Cet hommè
dont l'imagination étoit sivalle &si brillante,
étoit un Auteur Dramatique fort mediocré.
Oniclaircit ici un fait qui le concerne; on
avoit cru jusqu'ici sur la foi d'une lettre de
Gui Patin qu'il avoit été empoisonné par sa
femme, Il mourut en i66\ d'un accident qui
lui arriva en badinant avec un fusil. L'Auteur
du supplément du Moreri avoit deja relevé
la meprise de Gui-Patin, mais il s'étoit
mépris lui-même en plaçant en 1661 la mort
de la Calprentde, que la Gazette en vers de
du Loret nous apprend être arrivée en 1663.
On trouve dans ce volume une Comédie
de Rotrou intitulée les deux Sosies, de laquelle
Moliere 'est beaucoup aidé dans son Amphytrion.
La Scéne du premier Acte entre Mercure
& Sosieest très-bien traitée. Amphytrion
ouvre la Scéne au second Acte, & demande
àSosie quel est celui qui l'a chassé de
la maison.
AMPHYTRYON.
Ehqui t'en a chassé?
SOSIE
Moi, ne vous dis-je pas?
Moi que j'ai rencontré, moi qui fuis sur la porte,
Moi qui me fuis moi-même ajusté de la forte,
Moi qui me fuis chargé d'une gréle de coups,
Ce moi qui m'a parlé,ce moi qui fuis chés vous.
Si dans ces Scénes Rotrou se soutient auprès
de Moliere, il a bien du désavantage
quand il traitel'amour de Jupiter & d'Alcmene.
Ces Scènes si délicatement filées par
Moliere font pitoyables dans Rotrou. Il reussit
mieux à faire parler Mercure fous lafigure
de Sosie, lorsqu'il défend à Amphytrion l'entrée
de sa maison.
AMPHYTRION.
Sosie?
MERCURE.
Eh bien > c'est moi, crois-tu que je l'oublie ?
Acheve, que veux-tu»
AMPHYTRION.
Traitre, ce que je veux!
MERCURE.
Que ne veux-tu donc point?répond moi si tu veux;
Il penses'adresser à quelque hôtellerie
De la façon qu'il frappe & qu'il parle & qu'il crie.
Eh bien, m'as-tu,stupide
,
assés consideré?
Si l'on mangeoit des yeux il m'auroit devoré.
AlrlPHYTRION.,
Quel orage de coups vapleuvoir sur ta tête
Moi-même jai pitié des maux qu je t'apprête.
Moliere a imité t ut ce Dialogue aulîi
bien que ce vers q,Ii est devenu proverbe,
& que Rotrou met dans la bouche d'uii des
Capitaines invitésàdîner.
Point, point d'AmrhytrL'n où Ln'n'e dîne point
Ce disco rs, est ;ni• IX pl, é Jn' Ub- •J--
ch ? de vi." a qui i- i -cdr.Ce
(ui-texceMeut i,w'.-e\xutivzvé
pa;Kotrou avecles -p
Moliere dont le génie sublime corrigea ces
défauts, & donna au Théatre Comique une
nouvelle forme, profita des beautés de l'un
& de l'autre,les perfectionna, & évitant les
fautes dans lesquelles ils étoient tombés,
fit de ce sujetd'Amphytrion un de ses chefs
d'oeuvres.
Une Comédie intituléeleGalimathias, est
le modéle des Amphigouries au Théatre.
Rabelais en avoit déja donné l'idée dans
son livre, & depuis nous avons vu ce genre
renouvellé de nos jours avec une célébrité
qui fait peu d'honneur au goût de la Nation.
Ces fortes de badinages, faits originairement
pour des Sociétés, ne doivent jamais sortir
du lieu où ils font nés.
La Coquette fixée Comédieentrois aétes
& en vers, avec un divertissement, représentée
pour la premiere fois par les Comédiens
Italiensle Jeudi 10 Mars ij^6,ÀP*ris
1476 chés Jacques Clousier.
Nous avons déja parlé de cette pièce qui
a été reçue favorablement au Théatre; elle
est écrire d'un style agréable & facile, &
l'Auteur y a peint avec beaucoup de verité
les moeurs de notre tems, ce qui n'a pas peu
contribué au succès de sa pièce
,
& doit être
le veritable objet de la Comédie.
DISCOURS à la louange de LOUIS
XV. surnommé le Bien-aimé,dédiés à la
Reine par le P. Europe,Religieux Carme,
"& Aumônier du Château Trompette. A Bordeaux
1746 in12 chés PierreSéjourné.
L'Auteur ne pouvoit choisir un sujet plus
auguste, plus fécond & plus au goût de tout
le monde.C'est une carriere qui chaque jour
devient plus vaste. Nousapplaudissons trèssincerement
au zéle del'Orateur, & à l'emploi
qu'il a fait de sestalens. :
-
NÓVUM JESU-CHRISTI TESTAMENTÛWC
ad exernplar Vaticltnumaccurdtè revifum.
Parisiis via San-laèobeâadinsîgneveritatis,
apud Ph. N. Lotiin Tyfographum &-"Aug.
Mart. Lottin filium Bibliopdam. M. DCC.
X LVI(Petit in-12 quarante fols en
feuilles. )
Les Editions latines du nouveau Testament
ne font pas rares assûrement, les deux villes
de Paris & de Lyon n'ont jamais tari cette
source, & ne font pas prêtes à la tarir : peutêtre
seroitil à desirer qu'elles fussent moins
fécondes, vû la quantité de fautesqui inondent
toutes celles qu'elles mettent aujour.
En effetcelivre est celui de tous--te"'s livres
le plus fréquemment dans les mains& le
plus dignedel'être, mais on pourroit prefcm'alTûrer
qu'il n'y en a pas de moins correctement
imprimé, graces aux soins de
Mrs. Lottin pere & fils, nous allons en
avoir un que nous pourrons lire sans êtrearrêtés
par aucune faute: on lit dans laPréface
toutes les peines qu'ils se sont données
pour y reussir. Ils ont commencé par faire
une revision exacte des trois editions de
Rome,&ensuite ont suiviavec une parfaite
conformité la meilleure de toutes, excepté
dans les fautes qui n'y font pas absolument
rares.
Ce nouveau Testament est un petitin Il..
& cette forme a été sans doute choisie particulierement
pour la commodité du public;
on le pourra relier. en un ou en deux volumes;
il y a des argumens à chaque chapitre
, & à chaque page des citations, dont
les chifres souvent falsifiés, ont été verifiés
& corrigés avec foin. On trouve à la fin
itn Index des Epîtres & Evangiles de toute
l'année suivant le ParJÍÎen & le Romain. Le
caractere & le papier joints au bon goût
de l'impression ne font qu'augmenter le mérite
de l'édition.
Tous ces avantages font peut-être communsavec
d'autres éditions anterieures,mais
on a tâché que celle ci en eut un particulier,
c'est d'être correcte & parfaite,du
moins autant que les ouvrages des hommes
peuvent l'être,&afin que le public necrqit
pas qu'on le veuille persuader à faux, Mrs-
Lottin pere & fils promettent un exemplaire
à quiconque trouvera une faute, ainsi qu'il
est détaillé dans la Préface.
k Il etc. à présumer que ce livre fera bien
reçu par les Ecclesiastiques, dans- tous les
Colléges & Seminaires & même par les
Laïques;c'est un livre dont on necraint point
d'avoir un double exemplaire, & quand on
est sûr qu'il est corect il devient l'ornement
plûtôt que la charged'uneBibliothèque.
Il nefaut pas oublier dedire quece nouveau
Testament annonce une Bible ( in 4)
qui fera impi imée avec le même goût, &
corrigée avec le même soin; les mêmes Librairesla
promettent, si le public reçoit avec
plaisir cette édition du nouveau Testament.
SUITE de l'Essai d'Anatomie en tableaux
imprimés, repr ésentans au naturet
tous les Mufcfes du Pharinx, du Tronc &
des extrémités superieures & inferieures,
d'après les parties disséquées & préparées,
par M. Duverney, Maître en Chirurgie à
Paris, Membre de l'Académie de Chirurgie
& Démonstrateur en Anatomie au jardin
du Roi,comprenant douze grandes planches
dessinées peintes & gravées & imprimées
en couleur & grandeur naturelles, par
le Sr. Gautier, seul privilégié du Roi cûnfr
le nouvel Art, avec des tables qui expliquent
les planches, dédié à M. de la Peyronie,
Ecuyer, Conseiller, premierChirurgien,&
Médecin consultant du Roi, de l'Académie
Royale des Sciences, & Président de celle
de Chirurgie, Ouvrage proposé par souscription.
PROJETDE SOUSCRIPTION.
Les huit premiéres pièces de cet ouvrage
ont éré distribuéesavecsuccès;plusieurs personnes
de distinction amateurs de l'Anatomie,
& grand nombre de Medecins 8c
Chirurgiens François & Etrangers ont souscrit
& ont soutenu cette entreprise utile;
le témoignage des Journalistes lui est favorable.
Les Auteurs encouragés par la réussite
& par la protection de M. le Chancellier,
& l'approbation de M. de la Peyronie,
à qui l'ouvrage e(t dédié, ne peuvent y
mieux répondre qu'en continuant leurs travaux
, & donnant, comme ils font actuellement,
la suite de l'essai d'Anatomie, ou la
Myologie du Pharinx, du Tronc & des Extremitéssupérieures&
inferieures, C'est ce qui
forme aujourd'hui une partie complette,
laquelle fera suivie des autres cours d'Anatomie.
La Souscription est ouverte dès à présent
iufqu'au dernier Septembre, pasle lequel
fems on ne fera plus reçu à sôuscrire; on
distribuera tes billets de souscription aux
personnes qui vont en campagne, & on leur
gardera les epreuves du premier & fécond
payement jusqu'à leur retour.
Au premierJuillet on recevra les trois
premières planc-hes & les trois premieres
tables jusqu'au dernier Septembre en foufprivant.
-
Le fécond, payement -fe ferà depuis le
premier Oftobre prochain jusqu'au dernier
Janvier1747, &on délivrera quatre autres
sigures & leurs tables.
L Letroisiémeayement se fera du premier
Fevrier 1747
jmqu'au
dernier Mars (uivant,
il&liguarleosrs. on distribuera lescinqdernieres
avec leurs tabler.
Ces pièces d)Anatoie feront'repréfên-.-
tées sur douze Planches qui feront le double
ide celles dela têre que on a distribuées,
0 thors une qui représente les muscles du Pharinx
i &se plieront en deux dans le grand
in-folio qu'on a donné. On auroit du vendre
ces Figures le double des précédentes,
étant de plus grande dépense, mais les vûës
des Auteurs font déménager la dépense aux
Souscripteurs. On a même évité la multiplicité
& les répétitions, autant qu'il a été
polIlble, sans cependant borner l'étendue
de la curiosité de ceux qui veulent.s'infiruire
dans une science si interenante.
En (oufcrivant on donnera douze livres,
cy illiv. On recevra les trois premières Figures avec
leurs Tables depuis le premier Juillet jusqu'au
dernier Septembre
- En recevant les quatre Figures suivantes
on donnera auflu , iz 1v.
Et en recevant les cinq dernières Figures
on donnera encore , , 1z liv..
Total, jdliw
Après lafaufcriptlott on vendra les douce
figures 54 iiv.
On foulcrira chésleSr Gautier, Graveur
Privilégié du Roi, rue S. Honoré au coin
de la rue S. Nicaise:
Ch;s Quillau pere, Imprimeur Jure
Libraire de rU.li"erhté, rue Galande:
Et chés le Sr. Mangin, rue Bourtibourg,
Cimetiere S. Jean.
Ceux qui n'auront pas fouferit au dernier
Septembre prochain ne feront p'us reçus à
foufcrice, & ceux qui n'auront pas retiré
les autres Planches six mois après l'ouverture
de la derniere délivrance, perdront le
bénéfice de leurs allurances, sur le dernier
payement, condition sans laquelle on ne
feroit point un si grand avantage aux Souscripteurs.
LE Sr. Monchablon Maître de pensîon,
demeure préfentemcnt rue du Mont St.
Hilaire, vis-a-vis l'Eglise. Sa mailon efl:
commode & en très-bon air: outre les humanités
qu'il repetc telles qu'on les enfeigne
dans l'Université, il en montre les premiers
clémens félon la méthode de M. Rollin
,
se
servantdu Bureau1ypegravhique pour la lecture
feulement. S'il y a
des
jeunes gens que
des raisons particulières empêchent de
fuivre
le train commun.) il leur fait faire un
cours d'études Françoises
,
leur enseignant
les principes de la Grammaire Françoise &
de la Podie, l'Histoire sacrée
,
la profane,
la naturelle, la Geographie, ce qui peut
être à leur portée dans la Physique &c. Il
se fert d'une méthode courte & facile pour
mettre en état d'entendre le Latin, ceux ou
qui l'ont négligé ou qui ne l'ont point appris
dans leurs premières années.
Le S.Robert Geographe ordinaire du
Roi, éléve & légataire des Srs. Sanson
,
vient
de mettre au jour deux Cartes d'une grande
feuille chacune, tiès cxaéles & parfaitement
biengravées.
La première est une Allemagne dans laquelle
on a marqué les différentes enclaves.
Comme les divikons de ce pays font trèscompliquées
, l'Auteur a ajouteà cette Carte
une table méthodique très bien travaillée,
à l'aide de laquelle on peut considerer cet
Empire tant par rapport à la Geographie
agronomique
, que par rapoit à la Geogra.
phie naturelle; cette table donne une
parfaite notion de l'administration de la
Religion & généralement de toutes les
personnes qui gouvernent cet Empire,elle
fait voir la difference de six Ccrcles, qui
délibèrent dans les Diètes, établis fous
Maximilien I. en 1500, d'avec les dix établis
en 151z & qui font aujourd'hui en
usage.
La fécondé Carte contient le Cercle Electoral
du Rhin (c'efi; à-dire les Cerles de
Aiayenct, de Treves) de Cologne & du Palatinat
) les Duchés de Gueldres,de Limbourg,
de Juliers, de Luxembourg, de Berg, de
Weflphalie, de Deux-Ponts &c. les Comtés
de la Mark., de Waldekde Witgenjlein &c.
les Landgraviats de HejJe-Cassis de Darmjlat,
les Seigneuries de l'Evêché de Spire, des AbhayeS
de Fulde, dHirchfelt &c. partie di
Èvêchés de Mnfler, de Paderborn, des Duchés
âejjieves & de Brûrifvvikj, de là Thuringe j
de Franconie,&Ci
Le même Auteuf a ajoûté à sa Carte du
théâtre de la guerre en Flandre le journal
des conquêtes du Roi pour les années
i744 & 1745.
On trouve aussi chés le même Auteur
Une Carte extrêmementdéraillée du cours
du Po depuis Milan juflu"a Ferrari, d- une
Alsace dé jix feuilles.
L'Autèur demeuré Quaide l'Horloge du Paiais
proche le Pont-Neuf.
On avertit le public- que le Sr. Babelin,
Oculiste, connu par son habileté & par sa
droiture logé rue du Chantre près la Place
du vieux Louvre, est le seul chés qui l'on
trouve le Baume Spécifiquepourlasurdite,
tintement,dureté, douleurs d'oreilles & tout
accident qui attaque la tête.
Ce débit se fait en vertu d'un Brevet
de la commission Royale de Medecine par
Arrêt &c. accordé (à Mlle. de Lussan quia
trouvé cet admirable secret) par M. de Chycoineau
,
Conseiller d'Etat, premier Médecin
du Roi, Mrs Maloiiin,& de Lepine
Doyen de la Faculté _de Medecine, noneulement
sur les certificats de plusieurs
Médecins, qui sur les succèsqu'ils ont vu
de ce remedej ontattefté fou efficacité &
son utilité pour le public, mais encore plir
J'experience qu'en a fait fous ses propres
yeux Mi le premier Medecin.
Ce Baume est incorruptible, & se frank
porte aisemênt dans de petites boëtes d'étaiti
à vis, enveloppéesd'unimprimé qui apprend
la maniéré de s'en servir ; l'usage en
est
bien
Simple & n'assujétis à rien.
On peut écrire au Sr. Babelin à son adresse
en afïranchiilant le port, il fera tenir
à l'endroit indiqué lesdites boëtes :le-prix de
chacune est de 12 liv. ôc deux futfifçnt pour
la guerison.
Ordinairement ontrouve le Sr. Babçlin
tous les jours jusqu'àmidi.(
Le mot de l'Enigme du Mercure de Mai est
Sirène. CeluiduLogogrypheest Meicbifedec. En
ne laiffarr que ces six lettres M, D, C,C, L,Ilon
fait en chiures Romains 1751 qui expriment l'aanée
que nous aurons dans cinq ans. Les autres
lettres font Hefêe, ainû on les trouve en cou- pantla tête ,
c'eil-à-dire en ôtant la premiere
lettredumot Tbefét.
:='b V
ËXPLLC.-iTIQN du premier Logogryphe
inféré au
Mercure
de France du mois
d'Avril1746.
A FÀuteijr du Logogryphe.
V
Raiment, Monsieur le Licencié
Vous êtes trop bon de moitié
De secouer votre Minerve
Pour parler de'mo^ Precwturf
De grace uneautre fois exercez votre verve
Sur quelque ehofe de meilleur
Un procès perdu sans réserve
Arrache ce trait à l'Auteurf
Mais ce trait luirend-il son bien& son honneur l
Mesdames
, .que le Ciel à jamais. vous préserve
D'un si dangereux défenseurI
Par MM. Gaumbault,Bernoin & Cçmçç*
-
gnie
,
d'.ISçudun en Betrjf,
EXPLICATION du fécond Logogryfhc du
mois d'Avril
QUoi!dan' un mot on trouvera
Paris, Turin,Tunis, Agra,
Agen, Ipres, Trêves, Venise,
Aras
,
Tir, Sec,Sparte
,
Trin
,
Pife,
Riga,Cenes, Guise, Apt,
Le Niger, le Vefer,&Gap,
Le Tage, le Tigre, & Spire,
L'Aar, la Seine, & Vire;
An, ver, un, sept, argent & pain,
Air, Juge,ut, re ,
si, Negre lX gain,
Gaieté, pesse, Ange& fage
,
Prune, Agar, épine, & visage ,
Pinte, ane, ris, pie, eau, patin,
Jeene, pâte, nuage, Enée
,
Panier, septier, gant, van, Penate
,
Egée>
Rage & vie, âge & vin.
C'est chose extraordinaire,
Qu'on voit dans septuagenaire.
i Par Madtmoifrlle formel de Yitry-lt-ïr,tnfth,
ENIGME,
COurt
ou long
, C'estfélon
Que mon Maître
Me faitnaîtret
Ecrasé,
Malpofé
,
Quelle forme
Plus difforme!
Tout chacun
N'en a qu'un,
Eh! qu'importei
Cependant
Fort souvent
On en porte
Jusqu'à trois
A la fois,
Mais c'est rare:
te beau phare!
En ce cas
Je n'ai pas
Tropàriref
Mais qu'en direî
Fn4yve;
J'ai grand air;
Tout conspire
A me nuire;
Sa rigueur
Mefaitpeur,
Et je souffre
Sur un gouffre
Des tourmens
Etonnans.
Ce tems passe
Et fait place
Au Printems.
Que je plaise
Oudéplaise
,
J'ai pourtant
Le talent
De me faire
Satisfaire
Des manans
Et des grands.
La dépense
Que la France
Fait pour moi
N'estmafoi
Pas petite.
Je n'habite
Qu'au milieu
D'un seullieu;
Lanature,
Chose fûre,
Me forma
Délicat:
Je me pique
Decritique;
Mais sur quoi?
Dis-le moi
Par M.:te.* D. G. de ChaionsfarMarne.
1 AUTRE.
J
E porte dans mes flancs l'effroyable tonnerre
Qui renverse, détruit & confond les cités,
Et lorsque les mortels par la rage
emportés
Suivent aveuglément le démon de la guerre
On diroitque le Cielarmé contre Tiphon
Sur les monts entassés qu'il réduisit en poudre
Lance encor furieux les carreaux & la foudre
Dont il sçut autrefoisécraser ce fripon,
t- Lui, sa race, & tout son repaire.
Celui qui me reçoit attentif & prudent
Me dresse un lit mollet où j'expire souvent,
Et souvent le Bourgeois d'une main téméraire
M'enveloppe si bien qu'il m'étouffe à l'instant.
PAT Mlle L. de la Se.,. en Anjou.
LOGOGRYPHE.
DOuze
pieds de mon nom font le vocabulaire
AmiLecteur, cen'est qu'en été, qu'au printems
Qu'on me voit divertir le Berger
,
la Bergere;
Je leur procure à tous des plaisirs innocens,
Mais sur-tout quand ils font vêtus à lalégere.
1. 3.4 5. 10. Quand on est bien au fait,
Par moi l'on réussît fort souvent au piquer.
6. 1. 8. 7, & 10. 11. iz j'amuse
Certain jour de congé l'éleve d'une muse.
Cherche, tu trouveras par tes combinaisons,
Deux meubles de cuisine &deux fort bons poil?
fons.
Une herbe que Virgile adit être fort bonne
Au peuple ingenieux qui la cire façonne.
Le nom de deux fois douze soeurs
Qui font que par leur ordre 5c par leur aifem,
blage
Nous pénétrons à fond les sentimens des coeurs:
Ces Elles font par-tout d'un très-utile usage,
Elles tracent l'amour, la haine, le mépris,
Et rendent immortels Meilleurs les beaux esprits.
J'offre cette petite armée
De quatre bataillons formée,
Sçunijfeà quatre~spetentats;
Chacun d'eux à l'envi se présente aux combats.
Le chef-d'oeuvre de la nature;
De tout corpi animé le plus bel ornement.
Troupe de gens armés, un deshonnête vent;
9
Un animal qui se vautre en ordure,
Une Reine d'Egypte & qu'un grand Conquerant
Aima jadis éperdument;
Elle alluma bien-tôt une terrible guerre
Entre Antoine & César;pour comble de misere,
Du venin d'un aspic elle se fit mourir.
Jete laisse, Lecteur, le reste à découvrir.
Follet.
t ..4UTR.E.
J'Ai
dix pieds qui d'abord presentent à te.
yeux
t Un Hérésiarque fameux.
Deux Auteurs renommés, un Acteurassés fade,
Un mal qui te rend bien malade,
• Etdont on guéritrarement.
Du Dieu des Vers J'agréable instrument.
- Ce que guérit la Pharmacie,
Ce que ne fait jamais un guerrier qu'à regret
Ce sur quoi près du sexe il faut être difcrec , j
Et que volontiers il oublie.
Ce qui ne peut se définir:
Droit qu'on paye au Seigneur, un titre respectable:
Un arbre, un temps désagréable.
C'en est trop & je veux finirr.j
JÎIRTENDRE
Quand
je rêve la nuit, je rêve à ma bergere;
Le jour en m'éveillant je vole sur ses pas;
Toujours mon tendre coeur encense ses appas,
Et c'est lencens le plus pur de Cythere.
CANON.
Verse ami, verse à plein verre;
Combattons les enfans de Cythere :
Aux mortels ils fonc trop la guerre.
Quoi! des larmes
Font leurs armes!
Des allarmes
Sont leurs charmes!
Ils font vaincus: )
C'est trop dire,
Je soupire ;
Mon martyre
Les fait rire. -i
Ah! je succombe: à moi Bacchus,


SPECTACLES.
OPE RA.
LAcadémieRoyale de Musique continue
les représentations du Ballet des Amours
des Dieux, dont les paroles sont de M.. Fu..
zelier,l'un des Auteurs du Mercure & la
Mrsique de M. Mourerregreté tous les jours
parJegout & les grâces.
Voici deux Parodies nouvelles ajoutéesà
cette reprise ci.
LOUREDU PROLOGUE.
LEZephire
Sur nos bords soupire
Depuis que ce séjour
-
Du tendre Amour
Connoît l'empire.
Dieu charmant,
Que partout on adore,
Nul n'ignore
Le prix de ton tourmeut,
Nul n'ignore
Qu'il faut qu'enfin ont'implore.
Ouinoscoeurs
Cherissent tes allarmes,
Dans tes larmes
Nous trouvons desdouceurs
Oui, tes armes
Ne font jamais sans. tes charmes.
MUSETTE de l'Acte de Coronis.
POur
les coeurs à l'amour rcbeliêa.
De nos champs
Les réduits sont moins touchans.
Des ruisseaux & des tourterelles
Us ne sentent pas
Le doux murmure & les appas,
Et pour eux nos fleurs font moins belles.
Aquoifertlejour
Sans leflambeau del'amour?
&
CONCERT SPIRITUEL.
LE Jeudi 19 Mai jour & fête de l'Ascension
le Concert des Thuillerie a commencé
par Landate Dominum quoniam
bonus est Psalmus, Motet à grand choeur de
M. l'Abbé Blanchard MaîtredeMusîque
de, la Chapelle du Roi, qui a été suivi d'une
Sonate à deux violons, éxecutée au goût dS
auditeurs, par M. l'Abbé le Fils. & M. Dupont,
tous les deux symphonistes estimés de
l'Orquestrede l'Académie Royale de Musique,
ensuite M. Poirier a enchanté les
oreilles en chantant Benedictus Qonwmspe-; tit Motetde M. Mouret., & après que M.
de Mondonville ajoué seul un Concerto trèsapplaudi,
on a éxecuté son Motet à grand
choeur Bonum est.
M. Benoît a chanté un recit de basse-taille
qui a ravil'assemblée;Mlles. Chevalier de
Fel ont partagé son triomphe.
COMEDIR FRANÇOISE.
LEMercredi 18 Mai les Comédiens François
ont donné la premiere représentation
d'une Comédie en cinq Actes - intituléele
Duc de Surrey,composée par M. de Boissî
si connu par une infinité de pieces qui ont
réussi sur les differens Theâtres de Paris.
&a secondr représentation fut précédée par
un discours oratoire qui fut aussi nouveau quesingulier,
& qui fit dire à plus d'un auditeur
qu'on sçavoit faire des lazzi autre partqu'à
la Comedie Italiene. On ne sçait pastrop
à qui on a l'obligation de cette fcene
antérieure à la piece, mais ce di!:
cours apologétique prétendoit excuser les-
Acteurs de donner comme neuve & fous le
titre du Duc de Surrey une Comédie représentée
dans le mois de Janvier 1736 parles-
Comédiens Italiens fous le titredu Comte
de Neuilli.
Cet imprévu morceau de Rhétoriquedébité
avec la modestie convenable dans lecas
excita une rumeur séditeuse dans le
Parterre; triste présage qui ne fut pointvérissé
par l'événement; jamais dans Athéces
les Philippiques deDémosthêne; jamais
dans Rome les Catilinaires de Ciceron ne
remuerent si vivement les esprits des plus
fameux Républicains de l'Univers. Les ennemis
de l'Auteur l'accusoient hautement,
les Partisans du ThéâtreItalien revendiquoient
l'ouvrage, (a)les neutres répondoient
à leurs prétendus griefs qu'ils avoient
tortde ( plaindre, si on redonnoit au Théâtre
François une Comédie qui étoit tombée
sur leleur. Que l'héroïque étoit déplacé dans
leur bouche,& que la majesté quelquefois
ennuieuse des vers alexandrins étoit défigu.
rée par leur prononciation ultramontaine.-
Le Cothurne n'est point fait pour chausser,
les camarades d'Arlequin; doivent-ils envier
au public la satisfaction d'applaudir chés les
François ce qu'il n'avoit pas goûté chés les
Italiens? Doit-on blâmer M. de Boissi d'avoir
obtenu fous un nom les (unrages qu'il
avoit manqués fous un autre? Est-ce sa faute.
sile Parterre qui avoit hué le Comte de
Neuilli il" reçu très-favorablement le Duc de
Surrey.Sicette démarche est une tromperie
c'estune tromperie que*à juftificer
(a ) M..de Boissi a, dit-on.offert aux Comédiens
Italiens ou deleurrendre les 2000liv. qu'il avoit
reçus pourle Comte deNeuilli ou deleur abandonner
les droits du Duc de Surrey, ou deleur donnet-
UùC. autre piéce.
Le public s'est diverti, que lui importe
comment on s'y est pris pour le divertir?
Graceà M. de Boissi le public va goûter un
genre de plaisir qui lui étoit inconnu, &
les Auteurs suivront sans beaucoup de fatigue
la route commode qu'il vient de leur
tracer. Le Théâtre ne seraplus sterile, ôc
le Parnasse élargi prendra pour sa.. devise Au.-
diîor vult decipi,decipiatur.
Au reste cette avanture poétique devroit
faire un peu rentrer le public dans lui-même,
& lui causer de justes scrupules au sujet
de l'infaillibilité qu'il croit posseder sur
ce qui concerne l'esprit & le goût.
Pourroit-on sans luimanquer derespect &
sans copier la licence heureuse de l'Auteur
d'Acajou, lui remontrer doucementqu'il
est quelquefoisaussiincertain dans ses jugemens
que les particuliers?Nous permettra- t'ilde lui fournir des preuves authentiques
de ce que nous prenons la liberté de lui reprocher?
Nous ne lui donnerons pas l'hiftoire
complette de ses révolutions, elle feroit
plus longue que celle des révolutiont
d'Angleterre qui est pourtant très-seconde
en vicissitudes.
Nous nous restraindrons à un petit nombre
d'exemples mais illustres qui démontreront
la verité de notre proportion. La
• tradirionlhéàtralenous apprend flu'ArmiJe
ce chefd'oeuvre. de l'incomparable Lullin'eut
pas pas d'abord la réputation qu'il méritoit.
L'ingénieux ballet des Amours du Carnaval
& de la Folie commença par exciter
des bâillemens, il n'a amusé que dans ses
reprises. L'inestimable Misantrope de Molière
ehnuia nos pauvres aïeux en se montrant.
Ilssifflerent le début du Grondeur qui
depuis a toujours fort diverti le Parterre. Ils,
ont méprisé hautement bien des petites pieces
de Dancourrquenous revoyons tous les,
jours avec plaisir. L'excellent Esope à la Ç..our'
de Boursaut pensamourir en naissànt maigre;
les applications malignes qu'on fit de quelques
scenes
que sûrement n'avoit pas prévues
la candeur averée de l'écrivain decette
piece morale digne del'immortalité,
couronnée par un dénouement oùla véritable
vertu brille dans tout son éclat sans ltf
vernis de l'heroisme fabuleux,toujours'outrée
& quelquequefois ridicule.
Nous ne donnons pas un extrait suivi. aw
Duc de Surrey. Nous renvoionslescurieux.
auxMercures de Janvier& Février J,7}.6..
JOURNALDE LA COUR,
DE PARIS &c.
LE 19 du mois dernier fête. de la Pentecôte
la Reine accompagnée de Monseigneur
le Dauphin,de Madame ta Dau--
phine & de Mesdames'de France., entendit
dans la Chapelle du Château la grande.
Mesle celebrée
-
par l'Abbé Broflêau
,
Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique..
L'après midiS. M, accompagnée comme
le matin, assista à la prédicationdu Pere
Joseph du Laurent Religieux Carme du.
grand Convent, & ensuite aux Vêpres quf
furent chantées, par la Mufiquft.
Le 18 veille de la Fête la Reineenren
dit la Messe dans la même Chapelle, & S*;
M. communia par les mains de l'Abbé dc
Fleuri ron. premier Aumônier.
Le 8" de ce mois la Reine accompagnée:
de Monseigneur le Daupmn." de Madame.
la Dauphine &. de Mesdames de France
entendit dans la. Chapelle du. Château le
Te Deum qui futchanté parlaMusiqueen
attion de graces de. la prise de la Ville, fit.
de la Citadelle. ci'Àiiysfs*.
Le9 Fête du St. Sacrement la Reine (c
rendit à l'Eglise de la Parroisse du Château.
& S. M. après avoir assîste à la Processîon
qui se fit dans l'Eglise y entendit la grande:
Messe.
Le Duc de HuescarCapitaine des Gardes
du Corps du Roi d'Espagne, & son Am-.
bassadeur Extraordinaire& Plénipotentiaire
auprès du Roi ayant pris congé de S. M.
au Château de Bouchout le 30 du mois
dernier reviot.à Paris, &il se rendit le 9.
de ce mois à Versailles où il eut ses au*
diences de congé de la Reine, de Monseigneur
le Dauphin,de Madame la Dauphine
6ç. de Mesdames de France : Il fut
conduit à ses audiences par M. de Verneiiil
Introducteur des Ambassadeurs.
Le Roi qui étoit parti d'Anvers le 10decemois
alla coucher lè même jour àMalines,
le lendemain à Bruxelles, le 12 à Lille &
le 13 à Roye d'où S. M. arriva à Veriàrlles
le 14 vers les trois heures après midi,
Le 1-6 jour de l'ôctave delaFêteduSt.
Sacrement le Roi &la Reine accompagnés.
de Monseigneur le Dauphin &deMtadames».
dé France (e rendirent àl'Eglisè de la. Paroisse
du Château,& leurs Majestés après avoir
assistéà la Processionquisefit dansl'Eglise
y entendirent là grande Messe
Le Roi a nommé Brigadierde ses années le:
Prince de Beauveau Colonel du Régiment
des Gardes Lorraines, & M. de la Tour
Lieutenant Colonel de celui de Crillon.
S. M. a accordé le Régiment Dauphin
Infanterie dont le Marquis de Choifeul-
Meuse étoit Colonel Lieutenant, au Comte
de Montmorency Colonel de celui de Flandres
,
& ce dernier Régiment au Comte de
Choiseul, Capitaine dans le Régiment de
Cavalerie de Camille.
1
Le Roi a donné au Duc de Broglie Maréchal
des camps & armées de S. M.la place
d'Inspecteur d'Infanterie, vacante par la
mort du Marquis de Maupcou.
L'Académie des Jeux-Floraux propose
pour le sujet du prix d'Eloquence qu'elle
doit distribuer en 1747 les grands talens
sont dangereux quand ils ne sont pas conduits
par la fegejfe-
PRISES DE VAISSEAUX.
M.
Louvel commandant la Fregate du
Roi la Sirène armée en course est entré
au Port Louis avec le Corsaire Anglois le
Durfiey Galley de vingt-deux canons & de
cent soixante & dix hommes d'équipage
dont il s'est emparé.
Suivant les avis reçus de Bress le Capitaine
Clement qui monte Je Corsaire le Grand
Grenot de Granville a conduit dans ce premier
Port les navires ennemis le Nevvranger
de cinq cent cinquante tonneaux ,
doat
la charge est estimée sixcent mille livres,,
lk le Greyhound de cent vingt tonneaux.
Il est arrivé à Cherbourg deux Bâtimens,
pris par les Corsairesl'Union de Boulogne lX.
le Vainqueur de Honfleur.
On a appris que le Corsaire l'attrapefitu-
peux de Boulogne commandé par le Capitaine
Dupont avoit amené à Dieppe un,
navire Anglois chargé de salines.
Le Corsaire le Prince de Conty de Calais
s'est rendu maîtred'un bâtiment de la même
Nation sur lequel il y avoit du tabac,
& que le mauvais tems l'a obligé de conduire
à Flessingue.
On mande de St. Malo que le Capitaine
Sebire commandant le Corsaire le François
a rançonné. pour huit cent livres sterlings le
navire le Raphaël de Londres.
Le Corsaire le Prince de Conty monté par
le Capitaine du Freme Marion a conduit à
St. Malo un autre bâtiment Anglois de cent
vingt tonneaux.
Selon les lettres écrites de Morlaix, trois
navires ennemis charges de munitions de
guerre y ont été amenés par le Corsaire
Comte de Maure?au
Le Capitaine du Vivier commandantle
Corsaire le Vainqueur de Honfleur y est
entré avec le Navire leP-rinceFrederic qui
venoit de la Caroline avec un chargement
de sucre
,
de riz
,
de therebçntine & d'autres
marchaudises.
Le navire la Bonne.Erperance de Londret
chargé d'indigo
,
de riz, de cotton &de pelleteries
a été pris par le Corlaire l'Alexantite
de Bayonne.
On a reçuavis de- S. Jean de Luzque le Capitaine
bopite qui monte le Corsaire la Basquoise
s'étoit emparé du navire le London de
quatre cent tonneaux, à bordduquel on a
trouvé des pelleteries& du tabac. Le même
Capitaine a exigé une rançon de quinzemillalivres
du navire laVirgine Marchand,
MANDEM E NT
De M. fArchevêque de Pdris)qui ordonne quele
Te Deum fera chargedans toutes les-
Eglises de fin Diocèse en actions degrâces
de la prise & de la Citadelle d'Anvers..
LETTRE DU ROI
A M. l'Archevêque de Farts. M0 N Cousin, après avoir fournis pendant
l'hyver la ville de Bruxelles. à;.
mon obéissance, je ne pouvois ouvrir cette
campagne par une opération plus glorieuse
pour mes armes-, & plus utile pour l'afïermiffement
de mes conquêtes, que le siége
d'Anvers.Mesennemis en connoissoienttoutes
les conséquences, & pourdéfendre toutes
les approches de cette Place, ilss'étoicnt
fait des remparts de la Dile & de la Nethe -,
mais mon coufirr le Maréchal Comte de
Saxe ayant assemblémonarmée fous Bruxelles,
dès que j'ai paru à la tête de mes
troupes tous les ostacles ont disparu. Louvain,
Malines, Lierre, Arfchot, Herenthalst
ont été évacués, le Fort Sainte Marguerites'est
rendu,& la ville d'Anvers abandonner
1
de sa garnison, m'a ouvertses portes. Celle
qui s'étoit retirée dans ia Citadelle a été
obligée de capituler le 3-£ du mois dernier
après , un siége de six jours dont j'avois donné
la conduite à mon cousin le Comte de
Clermont, & de me remettre la Place avec
les Forts de l'Escaut qui en dépendent. Cette
nouvelleconquête, par laquelle tout le Brabant
se trouve réuni fous ma domination,
me donne lieu d'esperer que mes ennemis
se porteront enfin à accepter des conditions
qui puissent procurer le rétablissèment de
la paix que je ne cesse de leur offrir. C'est à
la divine Providence à consommer un ouvrage
dontellea préparé les voies parles
heureux succès qu'il lui a plû d'accorder z.
la justice de mes armes, & reconnoissant de
plus en plus que
toute la gloire lui en est
dûe, je vous
cette lettre pour vous dire
qu'en actions de graces de ses bienfaits, &
pour lui en demander la continuation, mon
intention est que vous fassiez chanter le 77
Deum dans l'Eglise Métlopolitaine de ma
bonne ville de Paris & autres de votre Diocèse,
avec les folemnités requis, au jour
& à l'heure que le Grand-Maître ou le
Maître des Cérémonies vous dira de ma part
& que vous y invitiés tous ceux qu'il conviendrad'y
assister. Sur ce je prie Dieu qu'il vousait,
mon Cousin
, en sa sainte & digne garde.
Ecrit au camp de Bouchout le premier Juin
1746 &c.
1, ACQUES-BONNE Gigault de Bellefont,
par la misericorde divine, & par
la grace du Saint Sit^eApostolique
,
Archevêque
de Paris, Duc de Saint Cloud, Pair
de France, ëec.Aux Archiprétresde Sainte
Marie-Magdeleine & de Saint Severin, &
aux Doyens ruraux de notre Diocèse:
SALUT ET BÉNÉDICTION.
Quel sujet de joie & de consolation pour
Nous,mes très-chers freres, que la premiére
occasion qui s'offre de vous faire entendre notre
voix, foit pour vous annoncer qne le Ciel
continue de protéger les armes du Roi, &
de le rendre victorieux des Puissances réunies
contre la France!
Les ennemis forcés à l'approche de nos
Troupes d'abandonner un camp avantageux
,& d'évacuer la plupart des Places qu'ils
possédoient encore dans le Brabant; laVille
d'Anvers contrainte elle-même de leur ouvrir
Ces portes; sa Citadelle réduire à capituler
après six jours de tranchée ouverte; d'autres Forts obligés de subir un même fort
avec elle, ne font-ce pas des preuves sensibles
de la protection confiante du Dieu
des armées?
Ce Monarque, loin de se laisser éblouir
par de si grands avantages, en fait un hommage
public au Roi des Rois, & veut que
nous les regardions comme autant defaveurs,
dont il est redevable à la divine bonté.Quoi
que sa présence augmentel'intrépidité naturelle
du soldat François, &,qu'elle,aitinfiniment
contribué au prompt succès de Tes.
entreprises, il ferme les yeux sur un point'
de vue si flateur,& il semble ignorer lapart
qu'il a- euë-à tant de glorieux événemens.
Modeste & Chrétien dans la prospérité,
son principal foin est d'en rendre Be
d'enfaire rendre au Seigneur de-très-humbles
avions de grâces, & d'excitera cet égards
la Religion&lareconnoissànce de sessujets,
Conformons-nous,à ses pieuses intentions,
& puisqu'il exige que non-seulement nousremercions
le- Ciel de ses bienfaits, mais-,
que nous lui en demandionsaussï la continuarionredoublons
nos prieres pour Ja-,
jxrofpérité de ses armes, jusqu'à ce que S»
M. ait obligé ses ennemis à accepter là paix
qu'Elle ne cesse de leur offrir, & qu'Elle.
nous air procuréun bien dont ils- jouiront
avec nous, Se qui leur fera ren1liin "-
quelque- sorte- le frtiirçte- no? Iltroires'.- *
A ces- causes, aprèsen ave e conféré-arec"
nos vénérables Frères les Doyen, Chanoi-
Des & Chapitre de notre Eglise Métropo- -
litaine, Nous ordonnons que le Te Deum
avec le Verset Bmedicamus Patrern& FilÙtm.
&l'Oraison Prograttarum "é/io,. l'Antienne-
Domine,fklvnm fae Regem, &c. le Yetfer*
Fiat manus tua, &c. & l'Oraison Pro Re
dr ejusExercitu, fera chanté Vendredi pio-
.chain dixduprésent mois de Juin dans
notredite Eglise, en actions de graces de la
prise de la Ville &de la Citadelle d'Anvers.
Qu'il ferapareillement chanté le Dimanche
suivant douze dupréCent. mois dans
toutes les Abbaye,chapitres, Paroisses
& -Communautés Séculières & Régulières
dela Ville & des Fauxbourgs de Paris,
& le Dimanche qui suivra la réception de
notre présent Mandement, dans toutes les
autres Eglises de notre Diocèse.
) Si vous mandons que ces présentes vous
ayez à notifierà tous Abbés, Prieurs,
Curés, S: péi ieurs & Supérieuresdes Com-t.
munautés exemptes & 4ion exemples, àce
qu'ils n'en ignorent. Donné à Paris en notre
Palais Archiépiscopal le huit de Juin mil
sept cent quarante-six &c.
On chantale 10de ce mois dans l'Eglise
Métropolitaine le Te Deum auquell'Archevêque
de Parisofficia.M. le Chancelier
accompagné de p'ihejrs Conseillers d'Etat
& Maîtres des Requêtes y assista,
2inri que le Parlement, la Chambre des
Comptes. la Courdes Aides & le Corps
de Ville qui y avoient été invités de la part
de-S M. par leMarquis de Dreux Grand
MaîuedesCeiemonies,
Le 12 au foir on tira à la même occa
sion un feu d'artifice dans la Place de IHâ
tel de Ville.
Il y avoit eu le Iodes illumination
dans toutes les rues.
OPERATIONS DE L'ARME'E
DU ROI.
Au Camp de Bouchout lczz Mai. 0Nest occupé des préparatifs pourlesiege d
la Citadelle d'Anvers dont l'investissement
-é,é fait hier.
Les habicans de la Ville qui témoignent la plu
grandejoye de se trouver fous la dominatio
Françoise se sont chargés tle fournir les fascines £
gabions.
M. le C.d'Estrées a envoyé hier matin en avan
de Herentalsun détachement de 300 chevaux qu
s'est avancé jusqu'à Welhelfuade sur un des brâ
du Benart
,
& M. Grassinàfaitpasser dans le me
me-tems un détachement semblablevers le mêm
lieu. Ces deux troupes ne s'étant pas exactemen
reconnues, ont fait feu l'une sur l'autre en ren
contrant un parti de 40 Hussards ennemis qui
la faveur de cette méprise se font fauvés à l'ex
ception de 2 qui ont été pris. Il n'y a eu d'ailleur
aucune perte dans nosdétachemenssur lerapport
de ces 2 prisonniers,
Il paroît certain que l'armée des ennemis est
campée à Breda & qu'elle y est arrivée le 19,
Le vingt-trois.
v
Il n'y a rien de nouveau; on continue tou.
jours les préparatifs du siege de la Citadelle d'An
jrers.
Au Camp de Bouchont le vingt-quatre
L'armée du Roi est toujours dans la même po-i
sition & les préparatifs pour l'ouverture de la tranchée
devant la Citadelle d'Anvers font très-avancés.
Il est constaté par tous les rapports de la position
des ennemis que leur armée est campée au
de-là de Ereda
, ayant sa gaucheasses près de
Gertruidemberg; ils ont au-devant deux un corps
de troupes legeres assés considérable tant ?
Hoochtralde qu'àOostmal& Weftmal.
A Bouchentle vingt-cinq.
Le Roi a tenu ce matin Conseil d'Etat.
Toutce qui a rapport au siege de la Citadelle;
tant dans l'approvisionement des sascines& gabions
que pour le débarquement de l'artillerie étant
prêt, on se trouvera peut-êcre ce soiren état d'ou-
",rir la tranchée.
Le vingtjix,
M. le Comte de Clermont a fait ouvrir la tranchée
devant la Citadelle d'Anvers dans la nuit
dernierepar Mrs. Thomé,Marechal de cajup & de
Bervjlle Brigadier; il a été employé6oo travail
ileurscouveitspar II Compagnies de Grenadier
donc à des Royaux
,
& ils écoientloutenus par, -Bataillons
,
dont deux d'Auvergne & un de Bet
tens le travail a été exécuté avec beaucoup d
succès ; il n'y a eu que 2 hommes de tués, & 5 ci 5blessés,laparallelequiaété faite commence à l
portede S. Georges, au pied du glacis delavile
le &. setermine à une redoute qui forme la gauch
yis-à-yis la demie lune du côté de l'Efcault.
Le inggt-t -fftepptt..
On a poussé cetre nuit un boyau de la parallele
la distance de 120toises ou environ « ce travaille
nous a couté que14 hommes tant tués queblessé
On commencera demain à tirer à ricochet pot
ruiner les premieresdéfenses.,& vraisemblablemen
nos principales bactéries feront en état de tin
Lundi.
An Camp de Bouchaut le vingt-huit.
Le travail de la nuit du 26au 27 a été perfec
tionné & on s'est porté en avant sur la droite pi
4 ziguezagues, en suivant la branche du chemi
couvert de la communication à la Citadelle da
le centre par 3 ziguezagues sur la capitale de 4
demie lune du front attaqué & à la gauche par u
ziguezague&une demie parallele sur la capit J
du ba ion qui termine l'attaque du côté deIL]
pault.*
Il yaeupendantle jour& la nuit j homme
tués'& 23blessés, le feu des assiégésest bien dir
gé &: entretenu avec assés de vivacité, mais a
elper
Espere qu'il ne se soutiendra pas, nos batteries de
ta droite, de la gauche & du centre ayant commencé
à tirer.
LeCorpscommandé par M. le Comte d'Estrées
est parti aujourd'hui d'Herentals pour se porter du xé deLouvain. Hierveille de son départ il y a
eu à Herentals un incendie considérable qui a
tonsumé une moitié de la Ville 8c la grande Eglise
où les principaux effets des habitans avoient été
éfugiés. Le même incendie a aussi consumé le
eiîe des magazins de fourages que M d'tftrées
voit formés dans ce lieu, & que nous comptions
aire retirer par des voitures qui y avaient été enro-
yées
Le vingt-neuf.
On a joint le travail qui avoit t'ré fait dans la seconde nuit à la drcice & au centre pour former
ne seconde parallele,qui protegeâtletravail à
orter en avant vers le chemincouvert. mue On con- d'ailleurs tant à la droite qu à la gÍiuche &:
u centre à cheminer pardesziguezaeuesversle
ontattaqué ; ceux de la droite & dela gauche anra peu-près à 50 toises des angles saillans du emincouvert,au- devant dela demi lune ieNrous avons eu pendant le jour & la nuit der- 2 soldats tués& emis 13 biessées. Le feu des a été très-vif très bien dirigé
,
princiralement
dans leurartillerie ; nos deux batteries
centre & delagauche ont été obligées de
reTareér
h"iewr dcaoens"l'eapnrèds0m!id,,imleuarês é'!ptsul-eomicnis iqsui
a été bletée.
Le Corps commandé par M. le Comte d'Estrées )it arriver demain à Louvain ou il séjournera
r .,
Le trent,
Les ennemis ont fait un grand feu pendant toute
la. nuit, malgré lequel nous avons beaucoup t^ vaillé & poussé la sappe jusques aux plintes.
Les ennemis ont quitté le chemin couvert;on
espere que nous nous y logerons la prochaine nuit,
mais cela n'est pas sur.
Nos bombes ont mis le feu à 2 ou 3 maisons
vers une heure du marin
Nous avons actuellement. 22 piéces de canon,
deuxobuts &26 mortiersqui tirent.
Les ennemis nous avoient mis bas une batterie
de 8 piéces, maisnous l'avons rétablie certc,
nuit.
Nous avons eu 10 hommesblessés& 2 de tués,
M. de SaussayOfficier d'artillerie a eu le brascassé
d'un coup de Biscayen
,
& unautre Officier a éte
legerement blessé.
Le3r.
On s'étoit preposé de couronner pendant la
nuit derniere le chemin couvert dans l'étendue
entiere embrassée par l'attaque & ce projes
avoirété déterminé sur te que lesennemis n'avoient
présenté personne dansleur chemin couvert jfofe
quà présent; il avoit été d'ailleurs exactement
reconnu qu'ils n'avoientétabli aucun pont pour-y
communiquer.
Il n'a pas été possible de remplir en entier robj
jet qu'on s'étoit proposé
,
mais on est en état dj
cnt,
~ftiuire l) batteries nécessaires pour ouvrir 1<
~L?A;onàla gauche de 1 attaque, si la Capitula.
fiop.
ne se conclut |)oinf• les ennemis ontarbor
le drapeau blanc ce matin à huitheures; leur
feu a été très vif pendant une grande partie de
la nuit ; il y a eu 4 Ingénieurs blessés,un Capitainedu
Regiment de Courten tué, 46 Soldats
blessés &' II tués.
M.: le Comte d'Entrées séjourne aujourd'hui à
Louvain avec le Corps qu'il commande.
d'Auvers le premier Juin.
Par la Capitulation les troupes de la Garnison
ont obtenu les honneurs de la Guerre & l'on
remet au Roi les Forts situés le long del'Escaut
occupés parles troupes Autrichiennes.
jiu Camp de Bouchaut le deux.
Le.Roi a déclaré qu'il avoit fait Erigadier d'Infcnierie
M. le Prince de Beauveau qui s'est distingué
en Italieà l'attaque du Pont de Casal
Bayan.
Sa Majesté aaccordé le même grade à M. de
laTour LieutenantColonel du Régiment deCril-
Ion quiluiaappprté de la part deM.leComtéde
Clermont la Capitulation de la Citadelle d'Anvers.
M.le Duc de Boufflers Lieutenant Généralest
parti ce matin avec un Corps détaché de l'armée
du Roi de 16 Bataillons & 25 Efcad rons pour se
rendre ce foir à îvialines ;. les Officiers Généraux
qui accompagnent M. le Duc de Bourfflers sont
Messieurs de Monnin Lieuterant Cénéral, &
Messieurs DagusseaudeBlet, Duc de Lauraguais
Sç d'Miehan! Maréchaux de Camp,
Le3,
ra garnison de la Citadelle d'Anvers en (tft sortie
çc. matin à dix heures, conformément à la Capitulation
; elle va rejoindre avec les troupes Auv
trichennes, qui étoient dans les Forts le long des
rives de l'Escaut, l'armée des ennemis qui est tout
jours dans la même position audelà de Breda.
M. le Duc deBoufflers est parti ce matin de Malines
avec les troupes qu'il a fous ses ordres aller pour à Bruxelles
Le-Corps commandé parM. le Cornue d'Estrée.
arriveraaujourd'hui à Genape.
A Anvers le 4.
Le Roia quitté ce matin son quartier de Bour
chout peur venirprendre son logement dans cette
Ville.
SaMajesté y a faitson entrée avec les démonstrations
les plus vives de la partdes babitans. M. le
Comte de Clermont a prerene eu Roi à la porte
de laVille le Magistrat avec les clefs ; Sa Majesté
estallée descendre à la Cathédrale où l'Eveque
l'attendoit. à la tête de (m Clergé; elle a assisté
auTsDe:m qui y a été chanté, & après avoir vq
les plus beaux tableaux de cette Eglise qui en
renferme un grand nombre
,
elle s'est rendue à
l'AbbayedeS.Michel.
M, le Duc de Boufflers qui a campé hier à AnderlekprèsBruxellesarait
ce matin un détache?
rrient de son Corps fous les ordres de M. le Chevalier
Daguefîçau, lequel s'est porté aujourd'hui
gi-i avant vers leCorps que commande M.le Com^
si si'Efiré^quî ncarnée hier au loir à Çepare,
Le5i
Le Roi après avoir reçu des Chevaliers de Saint
Louis à
l'issuedelaMessea
Peil tenu aujourd'hui Cor.-
M. de Beausobre dont le régiment est à Ytteghem
étant informé dé quelque mouvement Je
troupes légères desennemis qui se font avancées
à Arsehotà passé la nuit en bataille; deux petits
détachemensdeion Régimentl'unde16& l'autre
de 12 hommes quis'étoent portés en avant pour
observer lesennemis, (e qont réunis ce matin& ont
rencontré un Corps d'environ 80 Hussards, ils les
ontsibienbattus à quatre charges différentes que
ceux qui n'ont pas été tués sont entrés blessésdans
leur Camp. Le détachement deBeausobreaperdu
4hommes &!) chevaux dans cette oc.cafîon*
Le 6.
Le Roi vient de donner le commandementd'une
reserve composée d'une brigade d'infa terie,30 éfj
cadrons de dragons& 14 deHussards à M. le
Comte de Clermont; il aura fous ses ordres M.
deBerchiny Lieutenant Général,& Mrs. de Che-
Vreuse de Beaufremont & de Froulay Maréchaux
de Camp.
Le détachement de M. le Duc de Boufflers a qurr.. téhiermatinlecamp d'Anderleck & s'est.portéà
celui de Halle.. x
Le7.
L'armée du Rois'est mise en marche aujourd'hui
sur 6 colonnes pour aller prendre un nouveau
camp deniers le canal deHerentals: ,
elle a-fà
droite au Village d'Otteghem ; elles'étend ju£
qu'à celui d'Ei-n-,rfenoù sa gauche est appuyée.
La reservede Mle Comte de Clermont-s'est
portéeen avant pour couvrir le nouveau Camp
de l'armée M deBerchiny s'est avancé avecle gras
du Corps jusqu'au ruisseau de Benaert d'où il fera
à portée d'inquieter les ennemis& de prévenir les:
courses de leurs partis. M. de Beaufremont avec un
détachement de grenadiers, piquets & troupes
legeres s''est rendu au Village de Grevvelvvesen-&
a répandu les troupes dans les environs sur le bord
ddes 'BOruyeyresequinfondt enotreclekvilla.ge & le bois Ledétachement de M. le Duc de Bouillers a
quitté hier matin le Camp de Halle pour se renà
celui de Soignies où il est actuellement&ledétachement
de M. le Chevalier -Diguesseau s'est
porté à Meziel. -Le-S. -
Le-Roi après avoir reçu des Chevaliers deint.
Louis àl'issuedelaMesseatenuConseil d'SEtat.
L'Université de Louvain e été admise à .1\111"
Liencedu Roi& à lui Tendre ses hommages.
Le
Roi
a disposé du Régiment Dauphin Infanterie
vacant parla mort de M.le Marquis de
Choiseul en faveur de M le Comte de"M«ntmr»-:
rency Colonel de celui deFlandresque Sa Majesté
adonné àM-le Comte de Choiseul capitaine dans
le régiment du Prince Camille..
.Le 9.
'L« Koi s'cft rendu ce mitia à la Cathédrale oi3
il a entendu la Messe ; Sa fajeft 2 a.'SIté enfuie
..Q-la procession du Saint Sacrement.
Onvient de recevoir avis du Camp.devant
MOJIS quel'investissement de cette Place avoit été
Faite le 7-en conséquence des ordres de M. le
PMri.lneceCdoemtCedon'Etystpraérelses troupes commandées par
& par celles détachées de
l'armée du. Roi fous les ordres de M. le Duc de
courtiers.
A Anvers le dix.
Le Roi part aujourd'hui d'ici pour aller coucher
à Malines; il se rendra demain II à Bruxelles,
le 12 à Lille, le 13à Roye&le 14 à Versailles.
M ANDEMENT de son Eminence Monseigneur
le Cardinal de Tencin t Archevêque &
Comte de Lyon. &c.
A tous Abbés
,
Doyens, Chapitres, Curés,
Vicaires & autres Ecclésiastiques Séctiliers& Réguliers,
&à tous les Fidèles de notre Diocèse :
Salut & Bénédictionen notre Seigneur.
Les nombreuses conquêtes qui ont déjà signalé
le commencement de cette Campagne méritent
d'autant plus v<3« actions de grâces., Mes Trèschers
Féreii, -que le Roi les doit Presque toutes
à la seule terreur de ses armes. Elles en sontplus
glorieuses au Monarque,& ce qui le toucheencore
bien d'avantage,elles en ont moins couté de
sang&de larmes aux sujets. Mais quand à ces
jours glorieuxverrons-nous donc succéder des jours
paisibles? Puissent nos voeux les hâter! Puissent
nos succès inspirer enfin à tous les coeurs ces sentimens
pacifiquesqu'ils ne font qu'augmenter de
plus en plus dans celui de Sa Majesté! La source
de tant de prospérités, c'est, n'en doutons point.
son amour constant pour la Paix. La Paix ellemême
enseroit le comble, & la récoropense la
plus prédeuse de la mèdération du vainqueur
Acescauses&c.
R l,r.t., - M 1 Rcpuljïfum tnimici eplsprlZ timireejus. 1
MachJ
c. 3.v. 6.
0 Muc-o DowihiuftjWfjuà non (jttestes? bigrederein
vag:nali; tiljyff ;;-efrij,er.Jre &fie.Jerem. c. 47.
V.6. -'- Trilmat tilt fecurdnm ror tuivrt 0mnecanfi'ium
tnumcoiifirmet impleat DomiuU-i omnes fctiliones
tuas. Fiai. Ip.
-
Et erit opusji'flitixPa.v. &securitas ufqtte in
fim;Ù[rnum. Ifaï.c. 32. v. 17.
EXPLICA7ION du Logogrypheinfere
dans le Mercure du mois de Mai dernier*
AMPHIGOURIS.
~J
Ai figuré comme un Romain
Mille sept cent cinquante & une année;
De Lettres j'ai vû le sixain
,
Ensuite otant la tête de Thesée
Il m'en vint onze, & du premier aspect:
J'ai. rencontré Milchisedec.
'4 Villefrancbeie16Juin 1745»par ItP.Henry,
NOUVELLES ETRANGERES
Turquie.
L Es lettres de Constantinople marquent que le
16 du mois de Mars dernier l'Ambassadeur de
Perle avoit eu son audience de congé du Grand
Seigneur, & que ce Ministre s'étoit mis en chemin
pour retourner à l'armée de Thamas Kouli.
Kan. Sa Hautesse envoye à ce Prince un Ambaffadeur
qui a ordre de revenir dans un tems *|>re£
crit ,
de quèlque maniéré que tourne sa négociation.
Il paroît que la Porte estdéterminée àcontinuerla
guerre, si Thamas Kouli-Kan refuse de
consentir que les limites des Etats des deux Puissances
soient réglées de la maniere dont elles
l'étoient fous le regne du dernier Sultan. Selon les
mêmes lettres le Muphti aété déposé, & sa place
a été donnée au Premier Médecin du Grand Seigneur.
ALLEMAGNE.
~o N a reçu avis de Petersbourg que plusieurs
des Régimens qui sont en Livonie doivent
retourner dans les Provinces d'où on les a tirés..
Les mêmes nouvelles portoient qu'il n'y a encore
rien de régléparrapport aux différends du. Roi de
Dannemarckavec le Grand Duc de Russie,& que
M. de Zwar Résident de la République des Provinces-
Unies attendait de nouvelles inftru£tior^»
des EtatsGénéraux pour conûnuér la -négociation.
concernant la cor-duhon d'un Traité de Commerce
entre la Kussie & la Hollande.
LeComte deCzernichew Ministre del'Impératrice
de Russie à Berlin doit se rendre à
.Londres, pour y résider en la même qaaîîré au:"
-près du Roi de la Grande Bretagne,à la place
du Prince Czerbatoff.
Le Roi dePrusse partir le 13 dumois pafiT; pour
aller prendre les eaux de Pyrmont;le Prince Hen-
.-i son frere l'a accompagné dans sonvoyageil,comachaà
Nevendorstlanuitdu13 au14,le-14ildi- au Chateau de Saltzdhall chésle Ducdeîîrutifjyieh
Wolfembutel & il arriva le iSà PJTmont.
Ce Prince a envoyé à Leipsick M. de Klingrats
pour recevoir les sommes que S. M. Polojjoife
s'est. engagée de lui payer. -.On mande de Pyrmont que le Roi dePrusse pour
-f.atisfuire à l'empressement que les habitans de
l'Ostfrise témoignent de le voir, ira passer quel.
-¡!le tems à Aurick & à Embden.
-
Les lettres de Munich assurent que l'Electeur
Ae Baviere n'a point accepté la proposition qui lui
g, été;faitede mettre quelques-uns de sesRégi-
.JRe-n à la solde des Provinces-Unies
,
je qu'il tIIi
dans la résolution de réduire ses troupes à Íixmille
hommesd'Infanterie&. à douzecent de Cavalerie.
Le Comte de Bruhl Grand Ecuyer, le Baran
de GersdorfChancelier de Saxe, & M. deBraun
Conseiiler Privé, ont été prendre possession ap
-nom du Roi de Pologne Electeur de. Saxe des
-Etats dévolus à ce Prince par la mort du Duc_4é SaxeWeisseinfels.
LeLsCeserclesdeFraFnracnocnoinei&e d$ceSdeuaSbuaebse'étsa'éntatu:
Engagés à pourvoir efficacement à la sûreté clej
frontieres de l'Allemagne ducôté du Rhin, Jg
Reine de Hongrie s'est déterminée à sa ire palTes
dans les Pays-Bas la plus grand e partie d;:s tr.
pec[i i sont enquartiers dans la Suabe -f- diuis lt
Brisgau
,
& celles deftinée» à prendre cette roues
doivent se me:tre incessamment en marche. Les
Régimens de Wenfel Wallis& de Saxe Gotha
ont pris celle d'Italie, & ils seront suivis de ceux
de Charles Palsy
,
de Bade Baden
,
& de Vieux
Wolfenbatel. On affûr que le Corps de proupes ,qui doit être levé , da:1S la Croatie n le Prince de
Saxe Hildbursghausenpeut faire cesser les obsta-,
des qu'yapportent les Etats de la Province, se
rendra à Trieste
,
Se s'y embarquera avec quelqu es
troupes régléespour une entreprise dont le projet
est tenu fort secret Quelques vaisseaux de
guerre Angloissont attendus danslamerAdriatique
pour favoriser cette expédition.
Le 13 du mois dernier jour del'Anniversairede
la Reine de Hongrie qui est entrée dansla trentième
année de son âge, sa Majestéreçut à cette
occasion les complimens des Ministres Etrangers , des Ministresd'Etat & dela principaleNoblesse
& l'Impératrice Premiere Douairiere alla , au Château
de Schombrun rendre visite à cette Princesse
Le im & le 12 du mêaie moissa Majesté tint Conseil
d'Etat, pour déliberer sur les dépêches de
deux Côuriers qu'elle a reçus du Feldt-Maréchal
Comte de Bathiany&du Prince de Lichtenstein.
Le Grand Duc deToscane, accompagné du Prince
Charles de Lorraine, elt" allé à Presbourg regler
quelques affaires importantes qui regardent
le Royaume de Hongrie. Le bruit court que la
Reine fera le mois prochain avec ce Prince un
voyageen Moravie. On parle beaucoup d'une nouvellealliance
que sa Majesté cherche à se procuer,
pour se fïitzzrz en émi de soutenir la guerre
dcoentre laFrance & contre l'Espagne. Le Comte hoteca été fait Commissaire General del'armé
d'Italie
,
où le Marquis de Botta d'Adorno
doit être employé en qualité de MajorGénéral.
La Reine a ordonné au Paron d'Engelshoven
Feldt Maréchal de prendre les mésures nécessaires
pour faire marcher un Corps cousidérable de
Milices d'Esclavonie
,
& sa Majestéa appris que
celles qu'ont levées depuis peu dans laCroatie,
ledisposoient à se rendre incessamment à leur J
destination.
Les troupes de la Reine de Hongrie, qui onteik
ordre de s'assèmblerducôté de Heilbron
, s'étant
rendues successivementdans leCamp quileur avoit
été marqué, le Prince de Lobckowitz en a pris
le commandement les derniers jours du tfiois
passé. On était déja informé que la Reine de Hongrie
avoit donné avis au Roi de la Grande Bretagne
& aux Etats Généraux des Provinces Unies.
qu'elle étoit prête à faire marcher ces troupes du
côtéoùces Puissancesjugeroient qu'il seroitplus
avantageux à leurs intérêts communs, & on a appris
depuis que ces troupes ont commencé à se«
mettre en mouvement, pour venir passer le Mein
dans les environs de Francfort
,
& pour continuer
ensuite leur route vers les Pays-Bas. Elles
forment un Corps de vingt mille hommes, & le
bruit qu'elles doivent être renforcées dc,
quelques Régimens.
- LaDiette de l'Empire prit le »5 du moisdernier
la résolution de déclarer le Prince Charles de
LorrainePremierFeldt-Maréchal Generaldel'Empire,
& elle en fit donner part au Prince de Fursstemberg
, en lui envoyant une letrre par laquelleeU
prie le Grand Duc de Toscane d'engager Le.
Prince son frere à accepter cette dignité. Le Mifciiîredii
Roide Prusse &celui de l'ElecteurPalain
om réfusé de souscrire à cette résolution
,
contre
laquelle le Prince d'Anbalt -
Dessau a protesté,
représentant qu'ilest Feldt-Maréchal Generalde
l'Empire depuis l'année 1734, & qu'on ne peut
sans faire tort àses droits, étireun Pren-iierVeldt-i
Maréchal General de l'Empire à son préjudice.
Le Baron de StingelheimMinistre du Cardinal
Evêque Prince de Liege auprès, de la Diette, a
remis à cette assemblée un Mémoire par lequel
ce Prince la sollicite de lui faire obtenir la [arisfaction
qu'il attend delaReine deHongrie. Ona
reçu avis de Dresde, que le Roi de Pologne
Electeur de Saxe étoit dans le dessein de faire
une réforme considérable dans ses troupes,& qu'on
croyoit qu'il diminueroit de trente hommes toutes
ses Compagnies d'Infanterie,&de quinze celles
de Cavalerie. Les mêmes avis portent que le Duc
de Saxe Wesseinsels étoit mort le 16 à Leipuck,
ITALIE.
UNe Relation circonstanciée qui a été publiée de
la retraite du Marquis de Castellar nous met
en état de donner un récit plus détaillé de cette
affaire.
Le Marquis de Castellar sortit de Parme par Ig
portedeSaint Michel,&prit d'abord la route de
Torre-Mulazzano
J
laissant sur sa gauche Monte-
Chirugolo,qui étoit occupé par unfort détachement
de l'armée ennemie.
Ilavoit
donné le commandement
de son avant-garde au Brigadier
Don FrançoisBucarelli , & celui de l'arrieregarde
au
Marquis
de Tovein
,.
aussi Brigadier. A
un mille & demi de Parme Don François Bu—
carelli futarrêté par une coupure ,
derriere laquelleétoient
quelques troupes Oneutbeaucoup
de peine à franchir cet obstacle
,
mais enfin îérs
Grenadiers vinrent à bout de forcer ce passage la
bayonnette au bout du fusil. Les ennemis qui
- jusques là ne set Ijent point apperçus de la retraite
du Marquis de Castellar
, attaquerent aussitôt
son arriere-garde
,
& occupèrent en même
tems les hauteurs des deux côtés.Ils ne purent
cependantempêcher que l'avant-garde n'arrivât
à Torre-Mulâzzano
,
où le reste des troupes
dont elle étoit suivie,ne put se rendre qu'après
avoir fait des efforts extraordinaires, & après avoir
essuyé pendant vingt heures un feu continuel.
Les Espagnols ayant féjourn le 2t du mois
dernier à Torre-Mulazzano
,
seremirent en marche
vers Pontremoli, mais sur la nouvelle que le
Comte de Browne y avoir fait avancer un Corps
considérable
,
le MarquisdeCaftellar jugea qu'il
ne hirestoit d'autre ressourcequedepasserl'Apennin.
Dans ce dessein il fit défiler ses troupes
pendant la nuit par les Villages de Sibiano & de
Niviano ,& elles marchèrent plusieurs h_ur_es..l
sans éprouver aucun obitacle. Le 23 il n'y eiç
qu'une efcatmouche à l'arriere-garde
,
qui fut
chargée vivement par les Hussards ,les Varldjfi?
& les Croates,au passage,d'un ruisseau qu'ontraversa
heureusement moyennant les bonnes dispositions
qui avaient été faites, & le soir toutes les
troupes arrivèrent à Castelnovo, Don Pedro Ce.
vallos Brigadier fut détaché le 25 avec dix
Compagnies de Grenadiers & cent hommes de
Cavalerie pour aller chercher des vivresà Culana
, où l'on n'en trouva qu'une très-médiocre
quantité à cause de la fterilicé du Païs. Le Màr-'
quis de Castellar passa le même jour la Secchis
près de Cerreto ,
& le 26-il entra dans la T-obacme
par Salalva. Au sortir de ce- Village les
ennemisl'attaquerent encore avec plus deviva,
cité que les jours precédens
,
mais le Marquis di
Teveill leur ayant fait face avec le Régiment
d'Espagne & quelques Compagnies d *
Grenadiers
, les repoussaLorsque lesEspagnols étoient
prets à passe le pope de Soliera
,
ils eurent un
nouveau combat à soutenir : les Grenadiers y ri-f
rent des prodiges de valeur, & ils combattirent
presque continuellement jusqu'âux froncieres
del'Etat de Genes, dans lequel les troupes de
la Reine de Hongrie n'ont pas osé penetrer pour
suivre le Marquis de Castellar.
1 Les troupes qu'il commande se font renduësde
Sarzanne à la Specie
,
3c elles ont traverséune
partie de l'Etat de Genes , pour allerjoindre
TInitnc Don Philippe. Lorsqu'elles sont arrivées
sur les terres de la République le Gouvernement
leur a fait fournir diverses choses dont elles avoient
besoin.- Le Marquis de Castellar ayant
gagnéplusieurs marches, en passant par Chiavas,
a rejoint l'armée de l'enfant Don Philippe,quia
ité renforcée de dix Bataillons François que lui
a envoyés le Maréchal de Maillebois.L'infant
.a donné ordre au Marquis de Caftellar de s'avancer
jusqu'aux montagnes avec le- Corps de
troupes qu'il commande, afin d'empêcher les
troupes de la Reine de Hongrie de faire des
courses du côté de la Trebbia. Le Roi d'Espagne
en considération des services que le Marquis de
Castellar a. rendus
,
& particulièrement des preu*
ves de prudence &d'habileté que ce G--nérzl-t
données dans sa retraite de Parme, l'a nommé
Lieutenant Général.
L'armée de l'Infant Don Philippe occupe un
Campdéfendupar de forts retranchement, ÍÜI
lesquels on a placéplus de cent piéces de cantîTl.
Le Général Nadasti, qui a poursuivi le Marquis
de Caftellar, est revenu à Reggio
,
cù il a ramené
un grand nombre d'Officiers 3c de soldats qui
ont été blessés dans les aifferens com bats qu'ila,
livrés à l'arriere-garde des troupes commandées
par ce Lieutenant Général Espagnol. Peu après
que celles de la Reine de Hongrie ont été mOlÎtresses
de Parme le Prince de Lichtenstein y
a fait transporter le magasin qu'il avoit à Colorno
, & il en a établi quelques autres à Cremone
& à Casal Magiore. Il étoit aisé de juger par ces
dispositions qu'il avoit dessein de passer le Taro
,
& en effet ayant rassemblé sur le bord de
cette riviere toutes les troupes qu'il commande il , a exécuté le 9 dumois passé son projet, sans
éprouver aucun obstacle de la part du Comte de
Gages
,
qui deux jours auparavant avoit envoyé
ordre à tous les détachemens Espagnols. postés
le long dela Parola, de la Strone,& du ruisseau
de Reggio,de venirle rejoindre. Ce dernier
Général s'étant mis en marche pour se rapprocher
de Plaisance & du Camp de l'Infant Don Philippe
, a repassé la Larda à Fiorenzuda
,
& rom
croit qu'il se rendra de l'autre côté dela Trobbia-
Le Prince de Lichtensteina détaché un Corps de
Cavalerie,& quelques troupes irregulieres pour
l'inquieter dans sa marche.
Il ell arrivé de l'armée d'Italie à Madrid un
Officier, par lequel le Roi a été informé qu'un
Corps considérable des troupes de la ReincJ de
Hongrieavoit étéentièrement défait par le Marquis
Pignatelli
,
& la lettre que l'Infant Don Philippe
à écrite à sa Majesté
, pour lui donner part
de cette action, contient les particularités suivantes.
Les ennemis ayant fait avancer à Codogno
deux Bataillons du Régiment de Daun, deux du Régiment de Spreckef
,
deux du Régment
de Teut Chesmeister. le Régiment de Cuirassiers
de Schmerzing
,
celui de Hussards de
Spleni
,
& trois cent Esclavons
,
& le Marquis
Pignatelli ayant reçûordre de l'Infant d'attaquer
ces troupes, ceLieutenant Général passale
Po le 6 du mois passé au matin avec trois mille
'Grenadiers, uo pareil nombre de Fusiliers, &
deux mille hommes de Cavalerie. Son avantgarde
composée de quinze Compagnies de Grenadiers
,de trois cent Cavaliers & de cent Miquelets
,rencontra à deux milles du poste d'où
l'on vouloit chailerle; ennemis,quelques Piquets
d'Infanterie &. deux cent Hussards, qu'elle poussa
devant elle. Aussi-tôt que le Marquis Pignatelli
fut arrivé devant Codogno
,
il fit ses dispositions
-pour l'attaque,& ayant diviséses troupesen.trois
colonnes, il plaça à la tête de celle du centre
vingt Compagnies de Grenadiers, seize devant
la colonne de la droite, & autant devant
eelle de la gauche. Ces trois colonnes chargerent
en même tems les ennemis qui étoient
postés de celle façon qu'ils couvroient les trois
principales avenues du Bourg. Ils soutinrent pendant
quelque tems avec beaucoup de valeur
tous les efforts des Espagnols
,
mais ils furent
enfin obligés de plier, & d'abandonner une bartérie
de cinq canons avec laquelle ils avoient
extrêmement incommodé les troupes du Roi.
S'étant retirés dans Codogno ils se retranchèrent
à l'entrée, & ils continuèrent de faire
untrès-grand feu. Cependant les Espagnols trouverent
le moyen de pénétrer dans le Bourg: ils
chasserent les troupes de la Reine de Hongriede
leur retranchement, &. le Colonel Don Manuéi
Valenciano avec trois cent hommes poursuivre
jusqu'àla principale Place un des Bataillons du
Régiment dz Daun. Alors les ennemis n'eurent
d'autre parti à prendre que de s'enfermer dans les
maisons, où ils se défendirent jusqu'à ce que les
portes en eussent été enfoncées. Plusieurs d'entr'eux
profitant des iîîjës que les maisons dù
ils s'étaient retires avoient dans la campagne, prirent la suite ,& quoique Don Carlos de Miguel
Brigadier eût été envoyé par le Marquis
Pignatelli avec un détachement sur le chemin
de Pizzighitone
, pour leur couper la retraite,
une partie Ce sauva. Les autres au nombre de
deux mille quatre cent se rendirent: prifonnniers
de guerre ,
&. Fani ces derniers est le Général
GrJÍf, qui commandoit les troupes ennemies. Elles
ont eu mille hommes tant tués que blesses
,
&
on leur a enlevé douze piéces de canon, un
mortier, onze drapeaux, un etendart da Régiment
de Cuirassiers de Schmerzing
, quatre
cent chevaux, tous lesbagages 5c une grande
quantité de vivres & de munitions de guerre. Les
Espagnols ont perdu le Comte de Scepeaux Maréchal
de Camp; quatre autres Officiers, trois
Sergents
,
& quatre-vingt-huit soldats, & il y a
eu de leur parr quinze Officiers, quatre Sergents
, & cent vingr-deux soldats de blessés.
Don Ignace Wirtz Maréchal de Camp,qui étoit
à la tête de la colonne du centre; les Brigadrers
Don Augustin d'Ahumada & Don André Garcia,
qui conduisoient celle de la droite ; les Colonels
Don Manuel Valenciano & Don Juan d'Urbina
Se Don François d'Escali ,
,
Adjudant Major des
Gardes Walonnes, se sont particulièrement distingués
dans cette action
,
aiAfi que Don Philippe
Carralero
,
Sergent Major des Grenadiers
Provinciaux, qui avec trois Compagnies de ces
Grenadiers a. forcé le fabre à la main un Poste,
où il y avoit trois cent hommes. L'etendart dÇ>
Régiment de Cuirassiers de Schmerzing a été pris
par Don BarnabéPacheco
,
Capitaine dans le Régiment
de Dragons de la Reine. Par les mêmes
dépêches l'Infant mandeau Roi que Don Juan Manuel
Gomez Lieutenant Colonel des Grenar
diers Provinciaux ayant été détaché avec quatre
Compagnies de son Régiment, cent hommes de
Cavalerie, & un Piquet de Miquelets
, pour
s'emparer d'une batterie que les ennemis avoient
établie à l'embouchure du Lambro
,
il avoi réussi
dans cette entreprise ; qu'on avoit trouvé dans
cette batterie deuxpiéces de canon de dix-huit
livres de balle
,
& quatre de douze,& que les
Officiers & les soldats des deux Piquets, qui la
gardoient
,
avoient été tous tués, blessé ou
faits prisonniers.
Le Maréchal deMailleboiss'étant mis en marche
de Novi avec une partie des troupes Françoites
qui sont fous ses ordres
,
les, Piémontois
abandonnèrent tous lesPortes qu'ils occupoient
entre les rivières d'Orba & de Bormida
,
-& ce
Général s'étant avancé vers Acqui,ilen fit attaquer
le Château, dont la garnison fut fait pr£«
sonniere de guerre; de là ayant pour objet d'obliger
le Général Leutrum
,
qui avoit formé le
liègede Valence, d'abandonner cette entreprise
il passale premier du moisdernier la Bormidaavec
la plus grande partie des troupes Françoises qui
sont fous ses ordres, & avec un train considérable
d'artillerie. Il se porta ensuite sur le Tanaro
, & fit attaquer le pont que les Piémontois
avoient construit près de CasalBayan. LeBataillond'Ottingen
quigardoitce- pont s'y défendit
avec beaucoup de valeur
,
mais ne pouvant
s'y mainteniril prit le parti de le détruire, ôf
il se retira à Alexandrie. Aussi-tôt le Marquis de
Carail,qui commande dans la Citadelle de cet
Place
, en sortit avec plusieurs Compagnies de
Grenadiers & quelques Piquets de la garnison
pour tâcher de disputer aux ennemis pendant
quelque tems le passage du Tanaro, ou du moins
pour les troubler dans l'exécution dudessein
qu'ils paroissoient avoir de rétablir le pont cfe,
Casal Bayan. Le Général Leutrum n'avoit pas HeQ:
d'espérer que le Marquis de Carail pût les arrêter
fort long tems ,
& jugeant qu'il feroit d¡(..;
Ecile de leur faire face, & de continueren même
tems le si-ége de Valence, il se détermina à faire
les plus grands efforts pourmettre lagarnisonde
cette Place dans la nécessité de capituler promptement.
Pour cet effet pendant la nuit du pre-,
mier- au deux, il fitdonnerl'assaut à la droite &
à la gauche du chemin couvert du Ravelin embraslé
par l'attaqué
,
lequel outre la forte paltCsade
& les trois redoutes qui le défendoient
étoit protégé par le feu de la Place, Les trois
redoutes furent emportées malgré la vigoureuse
résistance des assiegés qui eurent catîon en cette oc-, plus de quatre cent hommes tués ou blessés,
& ausquels on fit près de cent quarante prisonniers.
La nuit suivance le Général Leutrum
Et ses dispositions pour donner l'assaut au corps
de la Place: il ordonna dès la pointe du jour
au Prince de Bade d'occuperavec dix Bataillons
le Poste de San Salvador, 8Ç il se preparoit
à donner le signal pour l'attaque
,
lorsque les
assiégésarborèrent le drapeau blanc. Les ôtages
ayant été délivrés de part & d'autre
gna le , on x la Capitulation par laquelle il a étér
•çglé que la Garnison fortiroit avec les honneurs
te la guerre, à condition de ne servir d'un an ntre le Roi ni contre ses Alliés.
Le Gouvernement Genois paroît être dans la
éfolution de faire de nouveaux efforts pendant
lette campagne pour favoriser le succès des arnes
de sa Majesté Catholique, & il ne restera
ucunes troupes réglées dans Genes, dont la
IJlrd-e fera confiée à la Bourgeoisie. Quelques
âtiments armés en course à Bonifacio ont envé
la galiotte qui croisoit par ordre du Roi de
ardaigne sur les côtes de l'luc de Corse
,
d'où
on apprend que la Déclaration publiée au nom
Roi contre les Rébelles avoit déjà engagé
lusieurs d'eptre eux à rentrer dans leur devoir.
six de ceux qui après avoir été-arrêtés par les
bitans de la Bastie 04if été conduits à Gènes, ont
é condamnésàmort & ils furent exécutés le 7 du
ois dernier fous le Portique de la Prison du Par
zzecto : cinq ont eu la têtetranchée, & cinq
it été pendus: on croit que les autres feront
voyés aux Galères
Suivant les derBiers avis reçus de l'Isle
Corse le Colonel Rivarola occupe toûjours
I Fiorenzo, mais le nombre des Rebelles, 1 s'étoient joints à lui
>
est considérablement
minué ,
& l'on croit que ce Colonel, désesfane
de pouvoir entretenir la revolte
,
se difle
à retourner incessamment en Piémont. Ces
s ajoûtent que M. Spinola Commissaire de la
publique à Calvi est allé à la Bastie
, pourcommander
, en attendant que M. Etienne
ri Commissaire Général puisse y retourner,
1 paroîtàGenes une Relation circonstanciée de
t cequis'est passé depuis le 26 du mois d'Avril
nier à l'armée Françoise, commandée,par 10
Maréchal de'Maillebois
,
& voici les principales
particularités qui y sont font contenues. Les
Piémontois ayant occupé plusieurs posses sur les
hauteurs entre l'Orba & la Bormida , le Maréchal
de Maillebois fit marcher deux mille horn,
mes fous les ordres du Comte de Monteynard
qi.1Ï se porta à Pouzone
,
& en chassa les ennemis
, & qui par la démonstration qu'il fit de Vou
loir jetter un pont sur l'Orba
,
les obligea d'abandonner
Carpene & Tersobio. Aussi-tôt que
le Général Leucrum surinformé de ces nouvelles
il retira de Cremolino les j troupes qui gardoienl
ce Poste, & ces troupes s'étant repliées iurh
Cassine des-Bains d'Acqui
,
le Comte de Mont
teynardles y attaqua. Elles s'y défendirent pen- dant six heures, mais enfin elle se rendirent e
discretion
,
ce l'on fit prisonniers en cette oeCi.
sion dix-neuf Officiers, quatre Piquets, & cen
Grenadiers. Sur l'avis que la Ville de Valence
assiégée par les Piémontois
, ne pouvoit faire
encore une longue résistance
,
le Maréchal de
Maillebois prit la résolution de sécourir cert,
Place-, quoique divers obbstaclesl'eussent empêch
de recevoir les renforts qui lui avoient été pro
mis par l'Infant Don Philippe. Dans ce desset
il-se disposaà tenter le passagedu hautTanaro
sur lequel les ennemis avoient un pont fortifi
près de Casal-Bayan, Pour y réussir il fit fort!
le 30 rlu mois d'Avril dernier toute l'lnfanteri
Françoise de ses quartiers
,
& ayant cordonné
douze cent hommes de Cavalerie
,
qui étoient
Polsevera
,
de venir le joindre., il alla campo
^.vec ces troupes dans la plaine de Bosco. E
même tems ,
afin de partager l'attention du Gi
néral Leutrum, il fit avancer à Rivalta M. è eveft J-,ha.lde_C.,amp pour jetter un po
ur la Bormida
,
tandis que le Gouverneur de
Tortone en fit sortir quelques troupes, pour faire
une diversion du côté de Piovera. Le retard des
bateaux qui venoient de Tortone
,
la rapidité de
la Bormida ,
& le feu de sept Bataillons portés
sur la rive gauche de cette rivière
,
furent cause
que le pont ne put être achevé que le premier
Mai à midi dans lemoment que le Maréchal
de Maillebois arriva à Rivalta. Ce Général
détacha sur le champ M. de Chevert avec huit
Bataillons - & le Comte de Crussol avec cinq
cent Grenadiers & trois cent Volontaires
, avec
ordre d'attaquer le pont de Casal-Bayan. Le
grince de Beauveau à la tête des Grenadierss'en
empara après un combat très-vif, qui dura une
heure & demie, & dans lequel les François
n'eurent que cinq Officiers & neuf Grenadiers
tués, Je ving-trois soldats bleues Le lendemain
M. de Larnage fut envoyé à Borgoratto a,
vec six Bataillons,& le Maréchal de Maillebois.
ayant &it toutes ses dispositions pour affûrer ses
derrieres & ses convois, s'avança avec le reste de
l'armée à Gamalerio. Il avait formé le projet de
tomber en colonne m la droite d'un Corps considerable
d'Infanterie & de Cavalerie des ennemis
,
qui étoit descendu dans la plaine avec de
l'artillerie
,
mais la nouvelle de la reddition de
Valénce lui fit,abandonner ce dessein
,
les Piémontais.
qui par la prise de cette Place, se trouvoient
en état de rassèmbler toutes leurs forces,
étant superieurs de douze Bataillons,& il sereplia
sur Rivalta
7
après avoir fait brûler le
pont de Casal-Bayan.
Dès le premier du mois passé il avoit fait
investir la Ville & le Château d'Acqui par un
détachement, qui eut ordre d'en continuer le
siege. - -
La nuit du 2 au.3 les assîegeans établirez,.
sur la hauteur des Capucins une batterie dont
deux pièces de canon commençerent à tirer le 3.
au matin. On ouvrit pendant la nuit suivante un
boyau qui fut porté jusqu'au pied de la palissade;
on augmenta de deux pièces de canon la batterie
des Capucins
,
& l'on travailla à une nouvelle
batterie destinée à prendre de revers l'ei
parties les plus élevées de la Ville. I.es Mineurs
étant parvenus le 4 à faire la descente du sossé le Gouverneur se détermina à capituler , , & la
garnison composée de deux cent dix hommes, fut faite prisonniere de guerre.
Le 6 le Maréchal de Maillebois alla camper
fous Acqui,laissant quatre Bataillons & huit Escadrons
à Rivalta, pourcontenir la garnison
d'Alexandrie,& il fit occuper les Postes de Ponzone
& de Terzo par deux detachemens, &les
hauteurs d'Alicé par le Corps que commandoit
M. de Chevert.
Il visita le 8 les Postes d'Alicé
,
de Castelroquero
,
de Roccapalafea & de Terzo ,& le 9
ceux de Morsasco
,
de Mcnt^co & d'Orfaria.
Le jour suivant M. de Moncalm Colonel du
Régimentd'Auxerrois attaqua Montaboni, où
l'on tua quarante hommes aux Picmontois, &
ou on leur fit cent trente prisonniersdu nombre
desquels étoient sept Officiers.
L'armée Françoise dépampa le 14 des environs
d'Acqui,& retourna à Rivalta. Continuant sa
marche sur deux colonnes ,
elle se rendit le J}
à Pasturanale 17 on fit sauter les fortifications
du-Château d'Acqui, & les ennemis ayant tenté
de se rendre maîtres du pont que les François
ayoient sur la Bormida
,
furent repousses.
X4 nuit, du 18 au 19le Général Leutrum at-.1
uqua
aqua les Postes d'Orfaria & de Morfafco, & il
s'empara du premier. M. de Nogent, qui commandoit
dans le second
,
fit une sortie, tua
rente hommes aux ennemis, fit prisonniers un
Capitaine & treize soldats
,
& ayant donnné par
me défense de trente heures le tems à un déachement
d'aller le dégager,il seretira à Roca
Grimaldi.
Ayant appris le 25 qu'un détachement Piénontois
se retranchoit à la Chapelle de Saint
Etienne ,près de Tersobio
,
il l'a surpris
, & l'a
,bli?;é de se rendre prisonnier.
L'armée est actuellement campée entre Pastuana
& Novi: deux Corps de troupes ont été
>cilés en avant, l'un à Pozzol-Formigaio
,
l'aure
sur le Lemo à Francavilla:.les neuf Elca.
trons que l'Infant Don Philippe a envoyés au
Maréchal de Maillebois font à Tortone ,
&
ont à Rivalta
,
dit Scrivia
, un Posle avancé, qui
iflure leur communication avec l'armée, d'où dix
Bataillons furent détachés le iô pour aller renorcer
les troupes Espagnoles.
GRANDE BRETAGNE.
LES Seigneurs ont presenté au Roi de la Grande
Bretagne
, pour le feliciter sur le succès de ses
armes, une Adresse à la quelle sa Majesté a fait la
réponse suivante
,
Mylords
,
La défaite des Rebeles
rnejl d'autantplusagreable,queje vois que tous
nes fideles [Ijets en temoignent une satisfaction gr..
érale. Votre joye au sujetde cet evtutment est une
nouvelle marque de votre zéle&de zctrt affection
ostr tnot & pour ma [.Jmillt,je ressens uti plaisir
extreme de ce que vous approuvez, les services rendus
par le Duc monfils. Vous pouvez compter que lemployerai
tous mes foins
,
S que je profiteraide cj
succès , pour rétablir l* tranquillitédans mes RtJanmes
,
t5 pour en affermir làfuret» Le 13 du mois dernier
la Chambre des Communes résolut d'accorder
au Roi quarante mille trois cent vingt-huit livres
sterlings pour des dépenses extraordinaires ausquelles
le Parlement n'avoit pas pourvu, & qui
concernent les troupes Hessoises; vingt & un
mille cinq cent quarante-cinq pour quelques autres
dépensesfaitesparrapport aux troupes que les
Etats Généraux des Province Unies avoient fait
passer dans la Grande Bretagne; cent trente..:
sept mille pour les frais occasionnés parla nécef
sité de faire assembler une armée en EcolTe;
vingt-quarre mille sept cent pour les Officiers qui
sont à la demi paye, & trois mille huit cent quatre-
vingt-sixpour les pensions des Veuves des
Officiers morts au service.
On mande de Londres qu'il est arrivé d'Inverness
un courier dont les dépêches marquent
que le Prince Edouard s'est retiré dans la
Province de Lochabir ; que le Duc de Cumberland
fait rassembler sur le Loch-Nessle plus
grand nombre de barques qu'il est possible, &
&qu'il se dispose à marcher avec quinzeBataillons
avec le Régiment de Cavalerie de Kingston,
pour attaquer le Fort Auguste; que le Comte de
Lowdon s'avancera en même tems vers les montagnes
,
& qu'ona fait publier une Proclamation
,
pour ordonner - tous les habitans du Royaume
d'Ecossed'arrêter les Partisans de la Maison
de Stuard partout où ils s'en trouvera, & de rl
saisir de leurs armes. Le Duc de Cumberland
devant incessamment retourner à Londres,le Ma.,.
jdorreGéneral Blackeney a été nommé pour prenle
commandement des troupes duRoi cfl
Scosse. Douze Régimens d'Infanterie, & un
détachement considérable des Gardes à pied
ont reçu ordre de se tenir prêts à passer la mer ,
pour aller renforcer l'armée des Alliés dans les
Païs Bas. On y enverra aussi deux mille cinq cent
hommes de Cavalerie,& ces troupes, independamment
de celles de Hesse formeront un Corps
ie quinze mille hommes. Quatre cent hommes
lessinés à aller dans l'isle de Guernesey se sont
embarqués à Portsmouth,& le vaisseau de guerre
le Bajlwr escortera les bâtimens qui doivent
les transporter. Le 14 Mai le Lord Maire
les Aldermans de Londres presenterent une
Adresse au Roi, pour le féliciter sur les avantages
remportés par le Duc de Cumberland,& sa
Majesté leur répondit, Je vous remercie des m.n-.
rues de votre affiiÙw, La fatisfuïïion que vons ténoi'liiet.
de la co.,d-z.,e du Duc mon fils
t 0 du
tic.e's de mes armes contre les ennemis ii la Constintionpr-
fente de l'Eglise (543 l'Etat, me confirme
sansl*opinioijq:ie j'aitoujours euë 4e votre xiie pour
W-ï per 7ne & pour mon Gouvernement. On proposa
le 13 dans la Chambre des Seigneurs de
epréfenter au Roi, qu'en continuant la guerre
lansles Païs-Bas avecdesdépenses si fort autessus
des forces de la Nation, pendant que les
Etats Généraux des Provinces Unies,ausquels on
enlevé la plus grande partie de leur Barriere,
ont non feulement evité de déclarer la guerre à
a France mais font actuellement en négociairon
avec cette Couronne, on s'expose à épuiser Grande Bretagne, au lieu d'affoiblir la puisance
de l'ennemi commun, & qu'on pourroit
emplir d'une maniere moins onéreuse ce dernier
Met, si l'on faisoit de plus grands efforts sur la
ner, & si les Puissances interessées plus immédiatementque
les Anglois à la défei-se du Co
tinent,s'étoient mises plus en état d'imiter la
conduite du Roi de Sardaigne
,
<%- de fairelaguerre
comme Parties principales. LeLord Harrington
s'éleva avec beaucoup de force contre cette
prol'ofi[
ion, & il dit que £.eu£ qui la faisoient, ne
portoient pas un jugement fain dela conduitedes
Etats Généraux des Provinces Unies ] qu'en regardant
les choses dans leur véritable point di
vue & avec l'attention qu'elles meritent , çi] reconnoîtroit que la perte ae la plus grande par
tie de la Barriere, accordée à cette République
par le Traité d'Utrecht
, ne l'avoit pas empêchée
de faire tout ce qui avoit été en son pguvoir,dî
même au-delà, pour rqnpli, ses engagemens
envers ses Alliés ;. que si les Etats Généraux n'avoient
pointdéclaré la guerre à la France
,
ainsi
qu'ils sembloient yêtre obligés par le Traité de
1678 ,
c'étoit que lil situation çù ils s'étoient
mis par les secours qu'ils avoient fournis à h
Reine de Hongrie
, ne leur avoit pas Fermi:
de porter les choses à cette extremitté
,
& qu'on
ne pouvoit mêmel'exiger d'eux avec bienséance
qu'avancer qu'ils étoient entrés dans une néi gociation particuliere avec le Roi Très-Chrétien
, c'étoit ignorer les principes par lesquels il
.(e gouvernoient ; qu'il osoit déclarer devant h
Chambre que le reproche qu'on leurfaisoitétoit
ïnjuste
,
& qu'il avoit au contraire les raisonsles
plus fortes d'être convaincuqu'ils n'avoient pris
&qu'ilsne prendroient aucun engagement, ~d'o
il pût resulter du prejudice pour leur gloire&
pour ceile de leurs Alliés; qu'on devoit rendn
justice à leur fermeté & songer que pour se conserver
leur alliance, il falloit ne pas leur dej)
manderplus que leurs forces, la situationdeleur
Pais
, & la nature de leur Gouvernement ne leur
permettoient de faire..Ily eut des debats très
longs & très vifs au sujet du discours du LoicJ
Harrington ,
& de la proposition qui y avoit
~nné occasion
,
mais enfin elle fut rejettéeàla
(pilxu,ralité de quatre-vingt-une voix contre vingt-
Le 16 M. Fane fit à -la Chambre des
Communes le rapport des résolutions quiavoient
eté prises le i5 touchant le subsid. Quoique
plusieurs Députés se soient Opposes à celle d'accorder
au Roi vingt & un mille cinq cent qualtaante-
cinq livres sterlings pour les troupes, que
République des Provinces Unies a fait passes
dans la Grande Bretagne
, cette résolution a été
approuvée. Le Roi a accordé à M. Guillaume
Pitt la charge de Trésorier Général des Gardes
& Garnisons de la Grande Bretagne, & au
Docteur Edouard Wilmot la place de Medecini
général des troupes de terre. Le Comte de Chefterfield
est tombé malade à quelques milles dé
Londres,en revenant d'Irlande. On attend d'Etosse
le Prince Frédéric de Hesse.
Le Roi ayant envoyé le 24 du mois passé un
Message à la Chambre des Pairs pour lui témoigner
qu'il ne doutoit point que cette Chambre
n'approuvâtles résolutions qui pourvoient être
pCrhisaems berne faveur du Duc de Cumberland par la
des Communes
,
les Seigneurs ont
iflïïré sa Majesté par une Adressequ'ils verdoient
avec un très-grand plaisir la Chambre des
tsoanmcemunes donner des marques de sa reconnoispour
les services rendus par le Duc de
Cumberland. La Chambre des Communes reçut
aussi le 24 un Message par lequel le Roi lui fit
sçavoir qu'ilcomptoir de se conformer à rin.i.
clination de la Chambre, en lui recommandant
les intérêts du DucdeCumberland ôc I
lendemain la Chambre rêfolyt d'augmenter de
vingt-cinq mille livres ilerh4gs les revenus de
ce Prince. Elle en a accordé cinq CentUea
Roi, afin de l'aider à appaiser entièrement les
troubles en Ecosse
,
& quarante mille huit cent
quatre-vingt pour les' appointemens des Officiers
Généraux employés cette année. En même
tems elle a autorisé sa Majeste àtirer un million
de livres sterlings du fond d'amortissement,& à
faire un emprunt de cinq cent mille livres sterlings.
M. Henri Fox a obtenu la charge d«;
Sécretaire de la guerre, vacante par la demisfion
de M. Guillaume Young, & l'on assûre
que le Roi honorera du tirre de Ducs plufieur
Pairs de la Grande Bretagne. Le 15 l'Amiral
Martin fit voise de Plymouth avec les vaisseaux
de guerre. le Duc & le Saint Georges, de quatrevingt-
dix canons ; le Ja-mouth & ie Capitaine
,
de
soixante & dix; CAttgvfle & la TrineffiLouise
, de soixante;le Fa-Ûk..n/alld
,
de cinquante, & te
Maidstone
,
de quarante, & son escadre a ét^
jointe depuis par les vaisseaux la Ha/riproneourt &
le Namur , de soixante & dix canons; la Dt
fiance, de soixante ; le Salib/vy. & le Rubis> de
cinquante. Cet Amiral qui croise au Sud deJ
Manche,a donné avis aux Commissaires de l'Amirauté
que l'escadre qui a été équipée à Bress
par ordie du Roi de France,étoitallée à Rochefort.
On mande de la Jamaïque, que l'Amiral
Thownshend étoit parti d'Antigoa avec dix vaisseaux
de guerre, mais qu'on n'étoit pas encore
instruit de l'entreprise qu'il se proposoit d'exécuter.
Les mêmes lettres marquent que l'équipage
d'un vaisseau avoit rapporté que le Chef d'escadre
Burnet avoit pris dans la mer du Sud quatre
navires Espagnols, à bord desquels il y avoit
quatre millions de pièces de huit. Il s'est répandu
aussi un bruit qu'un vaisseau duRoi,devingt
canons, 5c un Armateur s'étoient emparés d'un
Galion, dont la charge est extrêmement considérable
,
mais ces nouvelles ne font pas encore
asses confirmées
, pour qu'on y ajoûte entièrement
foi.
Les Actions de la Compagnie de la mer du Sud
font à quatre vingt-dix-sept ; celles de la Banque
à cent vingt quatre & un quart ; celles de la
Compagnie des Indes Orientales à cent soixantefix
& demi,&les Annuités à quatre-vingt-dix.
sept & un quart.
PAYS BAS. 0N mande de la Haye que le21 du mois dernier
M. de Dieu,ci-devant Ambassadeur de la
République de Hollande auprès de l'Impératrice de
Russie fit à 1 Assemblée des Etats Généraux la
rapport du succès des commissions dont il avoic
été chargé Le Comte de Rosemberg Envoyé
Extraordinaire de la Reine de Hongrie ; M. Trevor,
qui y réside en la même qualité de la part du
Roi de la Grande Bretagne, 6( le Baron de Reifchach
, Ministre Plenipotentiaire du Grand Duc
de Toscane
, eurent le 1J & le 24 une conférence
avec quelques Députés de cette Assemblée.
Le 24 M. d'Ammon Ministre du Roi
de Prusse,& M d'Elfacker Résident des Electeurs
de Cologne, de Baviere & de l'Electeur
Palatin, communiquèrent au Président de la môme
assemblée quelques dépêches qu'ils avoient reçuës
de Berlin & de Manheim. Le Comte de
Golofkin Ambassadeur Extraordinaire & Plénipotentiairede
l'Imperatrice de Ruffie remitle
lenden, i à ce Président un Mémoire relatif au
nouveau Traité de Commerce & de Navigation,
qui se negocie entre cette Princeifc- & la République
des Provinces Unies. On a reçu avis de
Madrid que le Roi d'Espagne avoit résolu de
rapeller le Marquis de Saint Gilles, son Ambassadeur
auprès des Etats Généraux,& que ce Ministre
devoit partir bien - tôt, pour aller prendre
possession d'une charge importante que sa Majesté
Catholique lui destine. M. Calkoën doit revenir
incessamment de Dresde, où il avoit été envoyé
avec caractére de Ministre de la République.
Le Conseil d Etata ordonné au Baron de Lintelot
& à M. Vry Temminck d'aller exécuter une
commission dans la Flandre Hollandoise. Le Baron
de Schimmelpenning Vander-Oyen,le Baron
Slot-Linderhoft & M. Martens, ontété nommés
Commissaires pour changer les Magistrats
des Villes de cette Province. M. Van-Haren &
le Baron d'Uttenhoven doivent se rendre pour le
même objet à Maestricht. Les Députés des Ministres
des Synodes des Provinces Unies se rendirent
le 26 à l'assemblée des Etats Généraux,
pour examiner la copie que cette assemblée garde
d'une traduction de l'ancien & du nouveau Testament.
La premiere Division du Corps de troupes
Hanoveriennes
, que le Roi de la Grande
Bretagne fait passer dans les Païs Bas, arriva le
25 près de Nimegue.
Les François ayant occupé Malines, & ayant
fait avancer le 16 du mois passé divers détachemens
en deça de la Dyle & de la Demer
, en
s'étendant sur la droite & sur la gauche de l'armée
des Alliés
,
le Feldt-Maréchal Comte (Í
Bathiany & le Prince de Waldeck tinjen: iemême
jour un Conseil de guerre, dont le résultat
fut qu'il étoit à craindre que le dessein da
Roi ne fut d'enveloper l'armée des Ani, ou
du moins deluicouperlacommunication avec ses
derrieres, & qu'ainsi il éroit à propos de prendre
une position
, par laquelle on pût couvrir les
frontières de la République
,
& se tenir à portée
d'être joint par les renforts qu'on attend. En
conséquence de cette résolution l'armée quitta
ses environs de Liere, après que tous les Pastes
sur l'Escaut
,
sur la Nethe & sur la Demer eurent
été relevés, & elle marcha sur Cantecroy&
Borsbecke. Le 1j elle défila, une partie parla-
Ville d'Anvers, l'autre le long des remparts de
la même Ville
,
& elle alla camper dans la
plaine de Braxgatten,la droite à Eckerem
,
& la
gauche à Mercksem, les gros équipages ayant
été envoyés à Breda,où l'on fit transporter aussi
une partie de l'artillerie. L'armée s'étant remise
en marche le 19 ,
se replia du côté de Sundert,
&l'on etendit la droite jusqu'à la Zoomafin de
pouvoir conserverlacommunication avec Willemstadt
, où doivent débarquer les troupes qui.
viennent de la Grande Bretagne. a nécessité
de pourvoir en même temsà un autre objet, St
d'auurer la jonction avec les troupes Hanoveriennes
qui marchent par la Gueldres, & avec
celles que la Reine de Hongrie envoye fous les
ordres du' Comte de Konigseg, a obligé lesGénéraux
des Alliés de faire changer encore de
position à l'armée, qui est actuellement sur la
Dunge.Ladroiteestappuyée àGertruydemberg; la
gauche s'étend par-de-là Kleyn-Dungen
,,
& l'on ar établi le quartiergénéralàT-Huys-Ter-Heyde.Les
coupes ne pouvant plus tirer des subsistances qutf*
Jfes-
Etats de la République ,les ordres ont écé
donnés d'établir des magasins à Breda, à Bergopsoom
& à Bos-le-Duc. Le Landgrave de
Hesse Hombourg Gouverneur de cette derniere
Ville s'y est rendu le 22 , pour en visiter les
fortifications
,
& pour la mettre en état de désense.
On a fait marcher à Maestritht le Régiment
de Dragons de Sclippenbach
,
afin d'en
renforcer la garnison. Les Pandoures& les Croates
ayant commis quelques brigandages
, pendant
que l'armée étoit dans les environs de Sundert
,
le Feldt-Maréchal Comte de Bathiany a
fait punir severement les coupables,& ce Général
a toute l'attention possible à faire observer
par les troupes une exacte discipline. Quelques
bâtimens de transport arrivés d'Angleterre à
Wdlemftadt y ont débarqué un grand nombre de
chevaux de remonte pour les Régiment Anglois
de Cope ,de Stairs & de Rothe. Quoique les
François ne soient point entrés sur les terres de
la République
,
l'allarme est fort grande parmi
les babitans de la campagne.
La position de l'armée des Alliés a continué
d'être la même entre Gertruydenberg & la Dunge
, & le camp qu'elle occupe est fortifié de
plusieurs redt utes. On comptoit que les troupes
qui viennent deHanover arrireroient à ce camp
dans les piemiers jours de ce mois. Elles dirigent
leur marche du côté de Zurphen
,
& elles
passeront le Wahal près de Bommei, Onlesautendoit
avec d'autant plus d'impatience,que l'armée
est fort affoiblie par lés detachemens qu'on
a écé obligé de faire pour mettre des garnirons
dans diverses Places. LesDéputés des Etats de Zelande
ont disposé de la charge d'Amiral Lieutenant
de cette Province en faveur de M. Herman
Wiltschut , qui est remplacé dans celle de
Vice-Amiral de la même Province par M. Jacob
Imanfe
,
& M. Michel Sappius a été
nommé Chef d'escadre. La Compagnie des Indes
Orientales, établie à Amsterdam est convenuë
de rendre à celle de France les trois vaisfeaux
qui appartiennent à cette derniere Compagnie
,& qui avoient été conduits à Batavia par
les Anglois, & de payer trois millions cent mille
livres pour le prix des marchandises dont ces vaisseaux
étoient chargés. Ils doivent être ramenés
en France aux frais de la Compagnie Hollandosse
, qui s'est engagée,supposé que lesAnglois
s'en emparassent une seconde fois, de donner
cent mille écus pour chacun.
MARIAGE ET MORTS.
LE 51 Mai a été faitle mariage de M. Charles
Anne iUdel de piainf-Sevi-ttenéle 15 Osto
bre 697, Conseiller au Grand-Conseil,reçû Ig
4 Septembre 1732, fils de feu Etienne-Charle
RideldePlaine-Sevette aussiConseiller au Grand.
Conseil,pourvûle9. Juillet 1695', & de De Jeanne
Chartraire, avec Dlle. Marie-Jeanne le Fevbr.
de Aforfan
,
fille de Pierre le Febvre Seigneui
deMorsan,Contrôleur Ordinaire des Guerres&
de feue Marie-Jeanne du Pont, M. de Plaine-
Sevette est petit-fils de Charles Ridel Seigneur
de Plaine-Sevette Trésorier de France à Paris
en iâyp & maintenu dans sa Noblesse par Ordonnance
des Commissaires Généraux du 30 Octobre
1697, & arriere petit-fils de Claude Ridel
Seigneur de Plaine-Sevette, mort Président des
Tréforiersde France à Paris & Conseillerd'Etat
le 7 Avril i6yg,, lequel étoitfilsde Martin Ridel
Seigneur de Plaine-blette
v
Auditeur en la Chambre
des Comptes de Paris en 1598, puis Trésorier
de France à Roüen en 1610, mort le JO:
Septembre 1524,6c de De Catherine Aubery,
aILance qui donne des parentés à M. de Plaine-
Sevette avec tout ce qu'il y a de plus considérable
dans l'Epée & dans la Robe.
Le même jour le Pere Bertrand-Claude Taschereau
de Ltmcres de la Compagnie de Jesus, cidevant
Confesseur du Roi 6c avant de feuë Madame
, mourut à Paris dans la Maison prafesse des
Jesuites, âgé de près de 89 ans; il étoit fils de
Gabriel Taschereau, Seigneur de Linieres & de
Baudry, Chevalier de l'Ordre du Roi & Gentilhomme
Ordinaire de sa Chambre en J650J
Conseiller d'Etat & Privé la même année, &
Grand-Maître des Eaux & Forêts de France au
département d'Anjou & du Maine,& de De. MagdeleineCottereauralliance
qui donne des parentés
à Mrs de Baudrv avec tout ce qu'il y a de plus
distingué dans l'Epée & dans la Robe; le pere
de Linieres étoit oncle de M. Gabriel Taschereau
Seigneur deBaudry àprésent Conseiller d'Etat ordinaire
& Intendant des Finances & avant Maître
des Requêtes, à l'article duquel la Génealogie
de la famille de Taschereau fera rapportée dans
l'Histoire promise des Maîtres des Requêtes Ordinaires
de l'Hôtel du Roi.
Le Mai François de Lasseraude Miifjeticome de
-Mont-[,ucseignetir &Marquis de laGarded'Ornano
& de S Martin, dit le MarquisdeMont- 1tC) Brigadier
des armées du Roi de la promotion du 3
Avril 1721 , Colonel du Régiment d'Infanterie
de Mont-Luc,&Chevalier de l'Ordre de S.Louis
mourutà Toulouse dans la 71e. année de son âge,
étant né le 20 Septembre 1676; il avoit été reçû
Page de la petite écurie du Roi en 1690, puis
servit dans les Mousquetaires, eut un Régiment
de son nom de Mont - Luc, fut fait Brigadier
d'armée & Chevalier de St. Louis; il avoit
été marié le Juin 1704 avec Jeanne Renée de
Fleurs qu'il laisse veuve & mere d'un fils unique
nommé François - Louis de Lasseran de Massencome
Comte de Mont-Luc; il étoit filsde François
de Lasseran de Manencotre de Mont-Luc,
Marquis de la Garde, Colonel d'un Régiment
d'Infanterie, Gouverneur des Ville &.- Château
dOrtés,mort le 16Juillet 1711 ,& de De. Marie
d'Ornanopetite filled'Alphonse d'Ornano Man).
chal de France: quoique le véritable nom "de fini
M. le Marquis de MOnJ-Luc fut celui de Poyanne
Maison connue dans le Diocèse d'Acqsen Guyenne
dès l'an 1050, ses ancêtres & leurssuccesseur
avoient prisceux de Lasseran& de MaÍfencome
en exécution des clauses portées par le
contrat
de mariage de Charles de Poyanne ,
Seigneur de
Nesle, sixiéme ayeul de M. de Monr-Luc avec De-
Isabeau de Lasseran de Massencomer& par la donationfaite
le 18Juin 1487 par Amanieu deLasseran
de Massencome, Seigneur de Mont-Luc à
ladite Isabeau de Lafferan sa nièce, à condition
que leurs descendans porteroient les nom & armes
de Lasseran de Massencome,ce qui a toujours
été suivi depuis.
Les A"mes de Lafleran de MajJèfKsme de Mont-
Lurelf Bcarn, font d'gr À un tOllrtea" de gtulcs.
Le 6 Charles-Fefix Rondé, Ecuyer Conseiller
du Roi, TrésorierGénéral des Fortifications,&
avant Receveur & Payeur des rentes de l'Hôtel
de Ville de Paris, y mourut à l'âge de 44 ans; il étoit fils de Laurent RondéConseillerSecretaire
du Roi
,
Maison - Couronne de France
& de ses Finances,& de Marie Charpy ; il
avoir pour soeur Dame Madeleine Rondé, mariée
dès le J6 Janvier 1715" avec Claude-Nicolas
Henin Conseillerau Parlement de Paris;il avoit été
marié le 25 Novembre 1726avec De. Marie Charlotte-
Theress Grondeau de Flobert, & il en laisle
Charles-Antoine Rondé à présent Trésories
Général des Fortifications de France.
Le 10 Mre. Charles-François des ~Monsliers
de Meriffvi-!e Evêquede Chartres
7
Abbé deNotre
Dame d71gny. mourut dansson Diocèse âgé de
f4 ans: il fut pourvûle 1 Novembre 1jmi dff-
Abbaye de St. Calais au Diocèse du Mans, orl..
né Prêtre en 1705& nommé au mois de Sepembre
de la même année Archidiacre de Prin
teray en l'Eglise deChartres, & depuis Grand
Vicaire de ce Diocèseril fut nommé le 16 Avriï
170,9 COadjutl-tirde l'Evêque de Charcres,Paul
Eodec des Marais son oncle à la mode de Breagnê
,&futreçû Docteur en Théologie de lm
Faculéde Paris de la Maison & Socieré de Soroenne
le 17 Octobre suivant, & le 12 du même-
~mroiigsniyl fut nommé à l'Abbaye de Notre Dame
au Diocèse de Rheims,vacante parla
non dumêmeEvêquedeChartres son oncle qui
institua son legataireuniversel, il fut sacré à
Parisle 8Mai 17~o&prêta serment de fidélité
~lu Roi le 3 Juin suivant; il reç'Û:: dans son- Egli
te le 27 Mai 1732 la Reine lorsqu'elfe y fut rentre
grâces à Dieu pour la naissance du Dauphin,
& il assista plusieurs fois depuis aux assembléesdu
Clergé; il étoit fils de Charles des Monstiers
Marquis de Merinville,Comte de Rieux
,
Capitaine
icurena-nt de la Compagnie des Chevau-Légers
ie Monséigneur le Dauphin en 167 ,
Gouverneur
des Ville & Diocèse de Narbonne mort le
la Septembre 1689 ,5c de De. Marguerite Gravé
le Launay, & petit fils de François des Monstiers,
Vicomte de Merinville, Mestre de Camp d'un
Régiment d'lnfanterie & d'un.de Cavalerie
,
Lieurtenant
Général en chef des armées du Roi erv
Catalogne, & au Gouvernement de Provence, Gouverneur de Roses, des Ville & Diocèse de
NarWiïne
& du Comtar Venaissin ,Chevalier des
Erdres de Sa Majesté
, reçu le 25" Mars, mort le Janvier 1672 ,
& de De. Marguerite de
Miiagie Comtede Rieux en Languedocmorte.
fei 3;Fevrieri594;lenomde desMonstiers en" Pbin
est-marquépar son ancienneté, par ses alUan
& par ses services militaires & les derniers degret
de cette Généalogie sont rapportés dansle9.vo:
des Grands Officiers de la Couronne fol. 203.
Le 14 M. René Theophile 4e Ma«,eor*
,
Se
gneurdeSablonieres en Brie , dit le
-
Marquis d
Maupeou , Lieutenant Général des armées d
Roi &. Inspecteur d'Infanterie, mourut à -Scra"
bourg dans la 49 année de son âge, étant né li
9 Juillet 1697 ; il entra dans les- Mousquetairel
en 1773, fut reçu Capitaine dans le
Régiment
de Toulouse en f7I), sur fait Colonel du Régisment
deBigorre parcommissiondu s6 Mars 1719%
InspecteurGénéral de l'Infanterie en 172 , Chevalier
de l'Ordre' Militaire de S. Louis en
Brigadier d'Infanteriele 1 Août 734,Maréchal
deamp le ïj" Mars 1740, Lieutenant Général
des armées du Roi le 1 Mai 1745; il avoit été:
marié le 14 Juillet 1727 avec De Jeanne-Renée
Blanchard de Banneville,. fille de Jean-Blanchard
Seigneur & Patron de Banneville, Secretaire du
Roi,& de feue Louise Claude le Rousseau de'
Lanvau,duquel mariage illaisseunfils & unefille :
il étoit fils de René de Maupeou Seigneur de Sa-*
blanieres, Lieutenant Général des armées du Roi
Directeur Général d'Infanterie mort le 1 Octobre
1734, & de De. Marie-Marguerite Jeannin,
Louis de Maupeou Seigneur de Noisy son ayeul , Maréchal de Camp, Capitaine & Major du Régiment
des Gardes-Françoises, Gouverneur des
Villes d'Ath & de Salins mort en 1669, fut
marié avec Antoinette Catefau deSablonieres
morte en 17 ig, & il avoit pour frere aîné M.
René de Maupeou Vicomte de Bruyeres sur Oise,
Président delaPremiereChambre desEntêteslu
Parlement de Paris,& enfin Conseiller d'Etat
& d'Honneur en lamême Cour, mortle 22 Mai ,ayeul de M. René-Charles de Maupeou
quiremplir aujourd'hui depuis l'an 1743 la place
ie Premier Président du Parlement dont le Roi
'a honoré en considération de les services & de
ceux de sa familie depuis deux cent ans, tant
lans les premièrescharges de la Magistrature que
lans les premiers emplois de la guerre &dans les
premiéres places de 1Eglise ; les Armes deMaueou
sont d'argent à un Porcepic de fable, &
a Genéalogie s'en trouvera amplement déduite
avec toutes ses branches, sur titres & mémoires
fidéles
,
dans l'Histoire des Maîtres des Requêtes
ci-devant annoncée.
retLaeireifduRJeoain, Oursin, Ecuyer, Conseiller, Sé-
Maison,Couronne de France Sc
le ses Finances & Receveur Général des Finances
le Caën
, mourut à Paris âgé de 82 ans; il étoit
ils de Michel Oursin & de Thomaffe Chauvet,
c il avoit épousé Françoise-Catherine Allan,
le laquelle il laisse pour enfansJean-Baptiste-
Mathieu Oursin Ecuyer Seigneur de Soligny,
Maître d'Hôtel Ordinaire du Roi, Pierre Oursin
Seigneur de Digoville,Receveur Général desFinanres
de Caën, marié le 17 Janvier 1741 avec
Henriette-Gabrielle le Noir de Cindré; Jeanne
Dursin mariée le 20 Juin 170avecJacques-Anoine
de Ricouart Comte d'Herouville,Seigneur
.e Claye, Lieutenant Général des armées du
Roi; Catherine Oursin mariée le 2 Mars 1723
vec Michel-Gervais Robert de Pomereu Maître
les Requêtes & Intendant de Justice d'Alençon;
Marie Oursin mariée le l6 Fevri r 1729 avec
Jacques-Bernard Chauvelin Maître des Requêtes,&
Marie Avoye Oursin mariée le31 Mai 1,37avec
Jacques-Estienne de Grouches Comte de Cheo
auj ourd'hui Maréchal de camp.
Le 18 M. Jean Nicolas de Montmorency , Seigneufl
de Châteaubrun en Berry, dk le Marquis du
Monrmorency
1
Maréchal des camps & armées
du Roi du 20 Février 1754 »• mourut dans sa terrd
de Châteaubrun dans la 87e année de son âge4
étant né le1y Décembre iôf, ,
& sans laïsser d'ensans
de De. Marie Louise Vachon qu'il avoit
épouséele Mars 1 03. 11 était; fils de Fran-"
çois de Montmorency Fosseux, Seigneur des
Châteaubrun
, Gouverneur de Châteanroux „
du Bourg de Deols <5c de St. Gildas,Gentilhom-'
me de la Chambre de Louis de Bourbon III. dui
nom Prince de Condé
,
& de De. Marie StrozzL
Voyez la Généalogie de l'Illustre Maison dei
Montmorency dans l'Histoire des Grands Officiers!
de la Couronne, vol. 3. fol. 185".
Le 20 Jean de GajJum, Marquis de GtJJîapSc\
d'Alluye, Comte de Montboyer &e,, Lieutenant,
Général des armées du Roi du premier Août!
1734,Chevalier Commandeur de l'Ordre du Saine:
Esprit du 2 Juin 1 743 ,
Gouverneur de la Ville!
de Dax & de Saint Sever , mourut à Pau dans la
63c. année de son âge; il étoit fils de Pierre de
Gassion Marquis de Gassion. Président du Parie-j
ment dePau,& de De. Magdeleine COlbert]
Terron , mariés le 20 Août 1670 ; il étoit petil
neveu de Jean de Gassion
,
Maréchal de France
ilavoit éponséle 16Avril 1708 De. Marie Jeanne
Fle riau d'Armenonville, morte à Pau le 14 Oe"
tobie 175dansla48eannée de son âge,n
ainée de feu M. d'Armenonville, Garde desa de France, & Commandeur des Ordresdi
Roi, & de ce mariage il avoit eu pour en
sànj
Pierre de Gassion, Marquis d'Allure, dit le Cornu
le Gassïon
,
né le 28 Septembre 171 f >
Mestre
de Camp Lieutenant du Régiment de Bretagne,
Cavalerie
, par commission du 15Avril 17 8.
mort sans alliance le .6. Août 1741 ; Jeanne de
Gassion mariée le22 Février 1725. avec Joseph
Henri de Moret de Pagus de Grùle, Comte
de Pevre,& Magdeleine Angelique de Ganlony
mariée le 26 Mai1732 avecLouisFrançois Damfv
Comte de Thianges d'Anlezy ci-devant Guidon
de la Compagnie des Gendarmes de la Garde du
Rioi. Voyez la Généalogie de Gassion dansl'His- e des Grands Officiers de la Couronne, vol. 7,
fol. 5 9.
Le 50 Louis Tabouret*
,
Seigneur des, Reaux d'Orval & de y Louy
,
Ecuyer Conseiller Sécretaire
du Roi, Maison
, Couronnede France & de ses Finances
depuis l'an 17 1 , mourut à Paris âgé de
Rj ans. Il avoit épousé De. Philippe Masse,de la>-
quelle il a eu 1. Louis Mathurin Taboureau, Seigneur
des Reaux,rêts Grand Maître des Eaux & Foau
Département du Lyonnois marié en 1717
avec De. Catherine Geneviève Bazin dont est issu
Louis Gabriel Taboureau des Reaux,reçû Conreiller
au Parlement en la quatrième Chambre
des Enquêtes le 14 Mai 1740. 2 Jacques MathurinTaboureau
,Seigneur d'Orval, Tresorier Général
des bàtimens, marié depuis le.Février 17B
avec De. Catherine Cecille Pean de Mosnac, 3 &
Philippe Taboureau, femme de Gabriel Taschereau
Seigneur de Baudry & de Linieres
,
aujourd'hui
Conseiller d'Etat Ordinaire & Intendant des Finances
&c.
Le 51 Charles de Béziade, Jf.nFtÏc J"Avarey
Maréchal des Camps & Armées du Roi 9 , du 1
Mai 144. mourut au Camp de sa Majesté dans
la 44e. annéede son âge, laissant des enfans de foa
mariageavecDe. ElizabethMargueritte Mcgrer:
soeur de M. Megret de Serilly
,
Maître des Requêtes
,
& Intendant de Justice en Franche-
Comté, avec laquelle il avoit été marié le 13 Décembre
1735. il étoitfils de Claude Theophilé
de Béziade
,
Marquis d'Avarey sur-Loire, Lieutenant
Général des Armées du Roi, Chevalier de
ses Ordres
,
Gouverneur <5c Grand Bailly de Peronne
& de Mondidier
,
ci-devant Ambassadeur
Ordinaire auprès des Cantons Suises
, mort le 6
Avril 1745 ,
& de De. Catherine Angelique Foucault
de Magni, morte le ig Avril1728, porte
pour armes d'azur à une fasse d'or chargée de
deux étoiles de gueules & accompagnée en pointe
d'une coquille d'or ; d'Avarey.
Le même jour François-Honoré Je Cholfeiii
Marr¡tÚS de Choiseul Mente, Colonel Lieutenant du
Regimenc Dauphin, &Brigadier d'armée du iet
Mai 174-5, mourut au Camp du Roi dans la trentiéme
année de son âgeétant né le 1er Odlobre
171o ; il étoit le second fils de Henri-Louis de
Choiseul. Marquis de Meuze
,
Lieutenant Général
des Armées du Roi de la promotion du 24 Fevrier
1738 & Chevalier des Ordres de sa Majesté
de la promotion du i Fevrier 1745,& de De. Honorée-
Julie Françoise de Zurlauben; il avoit eu
pour frere aîné Maximiîien de Choiseul Comte
deMeuze
,
Colonel d'un Régiment d'Infanterie de
son nom, mort le 27 Octobre 1738
,
laissant deux
fils deson mariage avec De Emilie Paris de la
Montagne qu'il avoit épousée le 8 Vars1734.
Voyez la Généalogie de la Maison de Choiseul
vol. 4 des Grands Officiers dela Couronne fol. j '4;.
M. de Choiseul dont-il il ici quefl-iciilaiffcdes
iufans de son mariage avec Mademoiselle Duhan
ri-devant fille d'honneur de la feue Duchesse de
orraine.
Le 3 Juin Dame Augustine de Çoetqwn de Com-
'ortrg, épou e de Louis-Charles de Lorraine,Come
de Brionne
,
Grand Ecuyer de France en furavance
du Prince Chailes de Lorraine son grand
mde, Gouverneur de la Province d'Anjou, des
iiile & Château d'Angers,Brigadierdes Armées
lu Roi & Mellre de Camp d'un Régiment de Caralerie,
avec lequelelle avoit été mariée le 29
Décembre1744, mourut à Paris dans la vingtjuatrieme
année de son âge; elle avoitété mariée
;n premieres nûces à Charles Augulte de Rocherhouard
de Mortemart,die le Duc de Rocherhouard
,
Pair de France, Grand d'Elpagne de la
?remiere classe.Prernier Gentilhomme de laCllarn-
Dre du Roi, !rigadier d'Armée&Colonel du Remmène
d' nfanterie de Mortemart, tué à la Bataille
d'Fttingen le 2,7 Juin 1743, &elle étoitfille
le Jules MalodeCoetquenComtede Ccmbourg t
Gouverneur des Vi le, Château& Citadelle de
5. Malo, & de Dame Marle-Ellfabeth-Nicolaï
emme en fécondés noces de M. le Duc de Mortenaft
pere du même Duc de Rochechouard'. Voyez
la Génealogie de la Maison deCoecquen,dansl'Hiftoiredes
Giands Officiersdela Couronne vol. 1er
l'Histoiredu Maréchal deGuebrianpar lefintJ
e Laboureur.
Le même jour Dame Bonne-MarieJe Mt!rard
Femme de M, Jean Dominique CaOEhi Seigneur de
Ihury
,
Maître ordinaire en la Chambredes Comptes
&. Pensionnaire de l'Académie des Sciences
f mourut à Pans enl'Hôtel Royal de l'Oblcrvatoije,
âgée d'environ ia ans ; elle étoir foeûr deM
Alexandre-Françoisde Murard
,
Conseiller aa"
parlement de Paris depuis le yDécembre 1758, iille 6epedce fille de Meneurs de Murard
,
Con=:;
- feillers aumême Pariemenc & arriere petirefille,
de François de Murard TréforÍer de France -A,
Lyon en itffo. M. Cassïni est fils de Jacques CaCfini
Seigneur de Thury
,
aujourd'hui ancien Maîire
des Comptes& Conseiller detar,aufâ- Pen"::
fionnaire de l'Académie des Sciences, & petit
fils de Jean-Dominique Cassini l'un des plus cé.i
îebres Astronomesdeson siecle
, more le 4
Sep-j
etembre 1712,8c forti.d'unefamillenobledu Comt^ Nice. Voyez le Dictionnaire Historique de Mo--
zery,Editionde1732VOI- 2. fol 601.
Le 4 Dame Marie-Madeleine Colbert de Blltir.-J,
,wili- femme de Jean-Baptiste de Rochechouard'
Comte de Maure ,dit le Comte de Rochechouard ,1
Marquis d Everly son coufin germain avec lequel]
.elle avoit été mariée le 26 Mai 706, mourut à
Paris âgée de 60ans,ayant eu de son mariage entr'autres
enfuns, Jean Vidtor de Rochechouard 1
-Comte de Mortemart, Colonel du Régiment dej
Navarre du ty Mars 1740 ,
fait Brigadier d'Infan
teriele 20 Fevrier 1743. Elle étoic nlie de Juiesl
ArmandColbert Marquis de Blanville de l'Ille-j
.Dieu &Baron de Braye sur Seine, Seigneur d'Orm-i
&c. Lieutenant Général des Armées du Roi, mord
Jei5Aoûti7o4,&deDe.Marie-Gabrielle deRochechouard
Vivonne, voyez la Génealogie de la ivaiIponfe
du P. C. à cette Lettre, 41
>tetenyers François pour la Dédicace de saint
iulpice,
- 44
tncede l'Académie pour la réception de M. de
Voltaire, & Extrait de Ton discours, 4.8
jtre de M. de la Soriniere à M. Desforges
Maillard, 66
n à MIl, Dpp * * *. 68
ftres à Mlle de Sim.. , 69
itcres à M. de Voltaire, 70
Itresà M. l'Abbéde Beaulieu
, 7z
ix proposé par l'Académie Royale des Sciences
pourl'llnnée 1748. 75
itre à M. de la Soriniere -76
mees, 78
tain pour mettre au bas d'un portrait, ihid.
ttre aux Auteurs du Mercure- suries Qi^drains
Normands, 79
îgrets de la Partie, Elegie
-
84
iponfe à une question propose dans le Mercure
ce Février, 87
Tombeau, Ode, 88.
ege historique du P. Baizé
, 93 ie en strophes libres sur la mort de M.lePré»
fidtntBoulier,v tco
cflexions morales, loi
ers à M.le Professeur Lublin) Impromptu,106
bmerciajent au même, 107
JuSemMee publique 4e l'Académie des Sciences,
EXCLlit) IOM
Nouvelles Littéraires, des beaux Arts, &c,
137Le, fuivr
Mots de l'Enigme &du Logogryphe de May, 14c
Explication en vtrsdu 1. Logogryphe d'Avril, 141
'Explication aussi en vers du deuxième
4 141
Enigmes & Logogryphes, 145
Chansons notées, I4
Spedlacles, Opéra deux Parodies nouvelles ajoutées
, 145
Concert spirituel; 1j]
Comedie Françoise
,
Le Duc deSurrey, nouvelll
Comédie, Extrait, 1ya
-
Journal de la Cour, de Paris, Scc."1fi
Suj et du Prix d'éloquence de l'AcadëmiedesJem
Floraux pour 1747, 15
Prises de Yaiffeaux
,
Uid
Lettredu Roi à M. l'Archevêque de Paris, &Man.
dement enconféquence, 16i
LeTeD:>v,nchanté à Notre.r-Dame,itfj
Feu & illumination, 161
Suite des Opérations dé l'armée du Roi, ibii
Mandement du Cardinal de Tencin, 17* Explicationenvers du Logogryphe de May, 171
Nouvelles Etrangères, 17'
Mariage & morts , 20,
Les Chansons notées doivent regarderlapage 148
Faute à corriger dans le Mercure de May.
Pag 123. lign. 20. Saint Jauvin, lisez Saint Taurin.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le