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1736, 12, vol. 2
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LIBRARY VERITAS
SCIENTIA
OF THE UNIVERSITY
OF
MICHIGAN
SPLURIBUS
UNUM
TUEBOR
SIQUÆRIS-
PENINSULAM
-AMCENAM
CIRCUMSPICE
1



MERCURE
DE FRANCE ,
11
DEDIE AU ROY.
DECEMBRE 1736 .
SECOND VOLUME
COLLIGIT
SPARGIT
Chez{
A PARIS ,
GUILLAUME CAVELIER
ruë S. Jacques.
La veuve PISSOT , Quay de Conty,
à la deſcente du Pont Neuf.
JEAN DE NULLY , au Palais.
M. DCC. XXXVI.
AvecAprobation & Privilege du Roy.
د
840.6
AVIS.
M558
1736
Dec.
L'ADRESS
E generale est d
Monfieur MOREAU , Commis au
ec. Mercure ; vis - à- vis la Comedie Françoise
, à Paris . Ceux qui pour leur commodité
voudront remettre leurs Paquets cachetez
aux Libraires qui vendent le Mercure,
à Paris , peuventſe ſervirde cette voye
pourlesfaire tenir.
On prietrès-instamment , quand on adreſſe
des Lettres ou Paquets par la Poſte , d'avoir
Soin d'en affranchir le Port, comme cela s'est
toûjours pratiqué , afin d'épargner , à nous
le déplaisir de les rebuter , & à ceux qui
les envoyent , celui , non-ſeulement de ne
pas voir paroître leurs Ouvrages , mais
même de les perdre , s'ils n'en ont pas gardé
de copie.
Les Libraires des Provinces & des Pays
Etrangers , ou les Particuliers qui souhaiteront
avoir le Mercure de France de la premiere
main , & plus promptement , n'auront
qu'à donner leurs adreſſes àM. Moreau
qui aura ſoin de faire leurs Paquets fans
perie de temps , & de les faire porterfur
T'heure à la Pofte , on aux Meffageres qu'on
lui indiquera.
PRIX XXX. SOLS.
General
MERCURE
DE FRANCE ,
1
DEDIE AU ROY.
DECEMBRE. 1736.
*******
PIECES
*
FUGITIVES,
en Vers et en Prose...
Ε'ΡΙΤRE
AM. le Baron de Chen-Almand.
12
Quoi dois-je donc ton silence;
110T
Ami , d'où vient ta taciturnité ,
Que je devrois ce coup peu méritér
A
Seroit-ce à ton indiférence
1
Daigne m'éclaircir mistere
مدا
Si touchant pour mon amitié ; hov
Ton procede me désespere
II. Vol. A ij Déja
2802 MERCURE DE FRANCE
Déja cependant enbon (a) frere
Je te le pardonne à moitié.
Vois , ami , si je m'interesse
Atout ce qui peut te toucher,
Qu'exige-tu de ma tendresse
Qu'elle te puisse réfuser ?
Parle , Baron , dis si ma vie
Peutt'être un jour de quelque utilite
Veux-tu que je la sacrifie ,
Ates voeux , à ta sûreté ?
Faut- il aller braver Neptune ;
C
Prêter mes jours aux vents trompeurs,
Hazarder ce que la fortune ,
Peutme promettre de faveurs
Faut- il sous la Zone Torride ,
Aller me bazaner le front ,
On respirer l'air homicide ,
Du Groënlandois , du Lapon a
Parles ,tout me sera possible
Quandje l'entreprendrai pour toi ,
Mon amitié doit me rendre impassible ,
Crois-en et mon zéle et ma foi,
Loin de moi toute ame timide
Qui peut s'effrayer du danger ,
En servant un ami solide ;
(a) Je traite de frere Mr. le Baron de Chenm
Almand.
II, Vol. Pous
DECEMBRE. 1738: 2801
Pour moi le plaisir d'obliger
Pouroit me rendre un autre Alcide
Oüi , je le dis , la générosité
Seroit ma vertu favorite s
J'imiterois celle de Tite ,
Si mon pouvoir trop limité ,
Ne justifioiť ma conduite ,
Ou ne bornoit pas dans la suite ,
Mes voeux et ma facilité.
Qu'un autre par son injustice ,
Forme une nouvelle Toison ;
Pour contenter son avarice ,
Qu'un impitoyable Harpagon ;
Sans art , et souvent par caprice ,
Fasse un Perou de sa Maison :
Pour moi libre de ces foiblesses
Goûtant peu l'ardeur de gagner ,
Je ne desire des richesses ,
Que pour le plaisir de donner
Qu'un Angeli de la Garonne,
Ait lamanie , ait le travers ,
Pour voir adorer sa personne ,
De convoiter la brillante Couronne
Du puissant Prince que je sers';
Pour moi peu partisan du Trône ,
Ami , je ne l'ambitionne ,
Que pour faire des Ducs et Pairs;
Tel est , cher Baron , le sistéme
}
t
II. Vol.
A iij Qu
2804 MERCURE DE FRANCE
Que mon bon coeur , ma raison même ,
Er qu'un certain Art ont formé ,
Trop heureux ( quoique mal limé )
S'il te plaît autant que je t'aime..
T: 210
De Tours. Par l'Abbé de l'Orient
Habitant imaginaire de la belle Rochelle
, le 22. Novembre 1736.
DOUTE proposé aux Sçavans , au sujet
des Auteurs des Annales des Rois
de France, connues sous le nom de saint
Bertin.
SECONDE PARTIE.
L nese présente point ici de Faits
aussi positifs , que ceux sur lesquels
sont apuyées les preuves que j'ai rapor
tées, au sujet de l'Evêque Prudence. Aucun
Auteur contemporain , pas même
Flodoard , qui a fait un long Catalogue
des Ecrits d'Hincmar , n'a dit , qu'il eut
composé des Annales; mais peut-on conclurede
son silence, qu'en effet Hincmar
n'en a point écrit ? Cette conséquence
ne seroit point juste ; il en résulte toutau
plus , que Flodoard l'a ignoré , quoiqu'il
ait eu connoissance de l'ouvrage ,
comme je le dirai bientôt.
II. Vol. Au
DECEMBRE. 1736. 2805
'Au deffaut de preuves démonstratives
etparfaitement concluantes , si l'on vient
à reünir les circonstances , les conjectures
, les vraisemblances , si l'on réfléchit
qu'il étoit plus instruit et plus capable
qu'aucun autre de son siecle , de composer
cette Histoire ,dans laquelle il fait
très- souvent le Rôle principal , tout cela
conduit insensiblement à une conviction
et une persuasion intime , à laquelle on
se livre sans peine , parce qu'elle paroît
juste et raisonnable .
La premiere observation que j'ai faite ,
c'est que les Annales furent connuës à
Rheims peu de temps après la mort
d'Hincmar , ce qui se prouve par l'Histoire
de Flodoard ,dans laquelle le douziéme
( Flod. l. 3.p. 329. Annal. Bert. an.
862. p. 213. ) et le dix-septiéme ( Flod.
1. 3. p. 399.Annal. Bert. an. 867. p. 22.8. )
Chapitre de la vie d'Hincmar , ne sont
que deux Extraits transcrits mot à mot
des Annales ; donc il en avoit vû un
éxemplaire. Puisqu'il les a connuës , ces
Annales , en un temps si voisin de la
mort d'Hincmar , (car il pouvoit écrire
trente ou quarante ans après lui)ne peuton
pas présumer que l'Ouvrage a pris
naissance , pour ainsi dire , à l'endroit ,
où il a été trouvé d'abord , et qu'il a été
II. Vol. Aiiij composé
2806 MERCURE DE FRANCE
composé par celui qui le pouvoit mieux
qu'un autre ?
Après tout , Hincmar n'est point tek
lement déguisé dans cet Ouvrage , qu'on
ne puisse le reconnoître dès le premier
instant auquel il entreprend de l'écrire.
Il commence à l'année 861. là , il raporte
précipitamment deux ou trois événemens
, qui precéderent la mort de l'Evêque
Prudence: quand il y est parvenu,
sa plume devient moins rapide ; il s'arrête
pour le considerer de tous les côtés
; on sent qu'il est remué en cet endroit
par quelque raison particuliere.
Pour déveloper ce mystere ,je suis obligéde
reprendre la chose de plus haut.
Le Synode de Quierzy , ( Act. Conc.
Harduini , tom. 5. p. 18.) qui condamna
Gottescale , n'arrêta point les disputes
sur les points , qui avoient occasionné
sacondamnationsau contraire , elles n'en
devinrent peut-être , que plus vives et
plus échauffées.
Alors Hincmar et Prudence n'étoient
point entr'eux d'un sentiment contraire.
Hincmar ( Flod. l. 3. c. 21. p. 437. ) consultoit
l'Evêque de Troyes sur les difficultés
qui lui survenoient en cette affaire
, ce qui prouve qu'il estimoit sa dec
trine et sa science.
II. Vol. Quatre
DECEMBRE. 1736. 2807
Quatre ans après le Synode de Quierzy
, le Roi Charles le Chauve en convoqua
(Annal. Bert. an. 853. p. 206.Act.
Conc. Hard. to. §. p. 57. ) un autre au
même lieu , dans lequel les Evêques et
les Abbés assemblés , arrêterent quatre
( ces Capitules se trouvent dans la partie des
Annales composées par Prudence. Annal.
Bert. an. 853. p. 206. ) Canons ouCapitules
sur les mêmes points de doctrine
que le Roi signa.
Hincmar assure ( Hincm. depradest. c.
21. 26. p. 119. 204. ) que l'Evêque Prudence
accepta ces Capitules , et qu'il les
souscrivit en présence de plusieurs Evêques
: l'union régnoit encore entre ces
deux Prélats ; mais peu de temps après ,
celui de Troyes ayant écrit ( Epist. tractatoria
Prudent. Bibliot. veter. patr. tom.
1.5 . p. 597. ) à Egilon , Archevêque de
Sens , son Métropolitain, une Lettre , au
sujet de l'Ordination d'Ænée , élu Evê
que de Paris , dans laquelle il insera quatre
articles sur les mêmes matieres , l'Archevêque
de Rheims crut apercevoir
dans ces derniers , des differences essentielles
d'avec ceux du Synode. Il reproche
( Hincm. ubi supra. ) à Prudence en
deux endroits qu'il a confondu , embar
rassé,changé les Capitules de Quierzy ,
H. Vol. Av sous
2808 MERCURE DE FRANCE
sous d'autres termes , dans un sens et un
ordre totalement renversés.
Il ne faut point chercher d'autres cau
ses de leur refroidissement ; l'indifference
, la désunion , le mépris , sont les sui
tes ordinaires de la diversité des optu
nions. Depuis ce moment ,Hincmar fut
toujours oposé à Prudence ; outre ce
qu'il dit dans ses ouvrages sur la pré
destination , il écrivit ( Flod. l. 3. c. 182
p. 403.)une collection de plusieurs autorités
au sujet des Eglises et des Chapel
les , contre le sentiment de Prudence ;
il dédia cet Ouvrage au Roi Charles le
Chauve ; enfin la rupture n'est que trop
marquée.
Cet enchaînement de Faits sert à dé
couvrir le motif, pour lequel l'Annaliste
de S. Bertin s'est exprimé comme il l'a
fait , au sujet de Prudence. Quand on
sçait le motif , peut-on méconnoitre celui
qui a écrit la chose ? Voici comme
l'Annaliste ( Annal. Bert. p. 212. ) par
>>>le : en cette année 861. mourut Ga-
>> lindo surnommé Prudence , Evêque de
>>Troyes , né en Espagne , homme habile
>> et versé dans l'étude des Lettres : il avoit
>>été oposé pendant quelque temps à
>>Gottescale ,mais son fiel s'étant allumé
>>contre quelques Evêques , qui avoient
11.Vol >>tésisté
DECEMBRE. 1736. 2809
résisté avec lui à cet herétique , il de
>>vint le deffenseur le plus zélé de son
herésie ; il écrivit plusieurs choses con-
>> traires à la foi , lesquelles se contredi
>>>soient entr'elles. Accablé de maladie et
>>>de langueur , il cessa de vivre et d'é
>> crire. <<<
Cet article des Annales a été regardé
par le P. Cellot dans son (Hist. Gottes. l.
3. c. 9. p. 182. ) Histoire de Gottescale ,
comme un grand éloge de Prudence , tel ,
dit- il ,que les Historiens ont coûtume
de les prodiguer aux Héros et aux plus
habiles Hommes : l'Auteur de la vie et
de la deffense de cet Evêque ( deffense
del'Eglise deTroyes , &c. p. 30.35. ) l'estime
aucontraire un amas de calomnies
et d'impostures : d'où peut proceder un
jugement si oposé sur une chose qui pa
roît assés indifferente en soi ?
Quoiqu'il en soit , on retrouve en cet
article des Annales , le précis et l'abregé
de ce que l'Archevêque de Rheims a dit
contre Prudence , dans ses Livres de la
prédestination; c'est le même langage ,
ce sont les mêmes reproches en l'un et
P'autre endroit : Hincmar par conséquent
est l'Auteur des Annales , puisqu'elles
contiennent ce qu'il a écrit ailleurs.
11. Vol. Avj Ces
2810 MERCUREDE FRANCE
د
Ces premiers traits de ressemblance
des Annales avec les autres Ecrits d'Hinca
mar ne sont pas les seuls qui m'ont
frapé , en réfléchissant à ce qui se passa
au sujet de Rhotade , Evêque de Soissons
: on sçait qu'Hincmar le poursuivit
avec tant de force et de vivacité , qu'il le
déposa de son Siege. Quel portrait en
fait- il dans sa Lettre ( Flod. l. 3. 6. 13
P. 341. seq.)apologetique au Pape,sur cettegrande
affaire ! » L'Evêquede Soissons,
>>dit-il est un homme , que j'aurois
>>souhaité pouvoir guérir de sa folie ,
>>j'y serois peut- être parvenu ; mais de-
> puis qu'il vous a plû de le rétablir , il
>>ne sera que plus désobéïssant aux Régles
».saintes , à la Majesté Royale , et aux
>> droits de son Métropolitain.
د
2
En raprochant ce portrait de celui que
l'Annaliste ( Annal. Bert. an . 862. p. 214.)
a conservé du même Rothade , la res
semblance est frapante ; c'est , dit il
> un homme d'une singuliere folie : il a
>>été déposé à cause de la dureté de son
» coeur.; c'est un nouveau Pharaon , une
bête plongée dans toutes sortes d'exs
»cès. «
Il faudroit se fermer les yeux , pour
ne pas apercevoir dans le portrait de
Rothade par l'Annaliste , le pinceau en
LI. Vol la
DECEMBRE. 1736. 2811
la main qui avoient tracé celui qui fus
envoyé au Pape par Hincmar. Or s'il a
fait les deux portraits, il a donc composé
les Annales ,dans lesquelles l'un des deux
se trouve .
La déposition de l'Evêque de Soissons
fut pour notre Archevêque une affaire
d'éclat , dans laquelle il étoit compromis
plus qu'aucun autre. Elle eut à Rome
un succès contraire à celui qu'il en attendoit.
En quels termes l'Annaliste parle-
t'il de la contradiction qu'Hincmar
essuya de la part du Pape ! » Arsenius ,
dit- il , ( Annal. Bert. an. 865. p. 223. )
>>présenta au Roi , Rothade , qui avoit
>>été déposé canoniquement par les Evê-
>>ques de cinq Provinces , et que le Pa-
>>pe venoit de rétablir de sa pleine au-
>>torité , plûtôt que par les voyes régu-
>>liéres. « C'est- là le langage d'une partie
interessée , qui ne balance point de dégider
en sa faveur contre le jugement du
Pape. C'est Hincmar lui-même qui parle
en cet endroit : le Genie , qui avoit
présidé à la décision du Concile de Soissons
, pouvoit seul dicter les termes de
l'Annaliste. Hincmar est donc cet Annaliste.
Il eut la plus grande part à la dissolution
du mariage , que Lothaire avoit
LL. Vol. CON
2812 MERCURE DE FRANCE
contracté contre les Loix divines et humaines
, avec Waldrade , du vivant de
Théotberge , son épouse légitime. Cet
Archevêque écrivit(Marlot. Metrop. Eccl.
Rhemens. Hist. l. 3. C. 32. P. 437. ) un
Mémoire sur ce divorce , dans lequel il
ne craint point d'accuser Lothaire du
crime d'adultere : cet événement est raporté
dans les Annales avec éxactitude ,
eten des (Annal. Bert. an. 863. p. 215. et
seq. ) termes , qui ne laissent point dou
ter que l'Historien n'ait été instruit par
lui -même , de tout le détail de cette af
faire : il avoit connoissance des démar
ches les plus sécrettes ; il découvroit les
ressorts et les mouvemens que chacune
des Parties se donnoit pour parvenir à
ses fins. Ce n'est point un Ecrivain qui
récite sur la foi d'autrui , c'est un témoin
oculaire , qui a vû et qui a fait ce qu'il
répete.
•Il en est de même sur ce qui se passa
au Concile assemblé à Troyes en l'année
867. L'Annaliste est entré dans un détail
, qui n'interessoit qu'Hincmar , et
dont lui seul pouvoit sçavoir les petites
particularités qu'il raconte.L'endroit surtout
, où il raporte une partie de la Lertre
, que le Pape Nicolas avoit écrite à
Hinemar , est remarquable :>> il la reçut,
11. Vol. dit
DECEMBRE 1736. 2818
diteil, ( Annal.Bert. an. 863. p. 229. )
>> cette Lettre , le 13. Decembre , comme
>>il étoit au Palais du Roi , auquel il la
lut en présence de plusieurs Evêques, s
Un Historien indifferent auroit - il sçu
le jour etlle Heu , auxquels cette Lettre
avoit été remise à Hincmar ? Sa mémoire
en auroit-t'elle été frapée ? Non ; il
n'y a que celui auquel elle s'adressoit ,
qui pouvoit l'avoir si présente et si juste.
C'est donc Hincmar qui a conservé le
souvenir d'une Lettre si glorieuse pour
lui. C'est donc lui qui a fait les Annalises
dépositaires de cette Lettre.
Je ne m'arrêterai qu'un instant à éxaminer
le récit de l'Annaliste , sur ce qui
se passa au Concile de Ponthyon , au sujet
de la primatie que le Pape avoit accordée
à Ansegise ,Archevêque de Sens.
>>>Hincmar , dit- il, s'oposa (Annal. Bert.
» an. 876. p. 248.) à la concession de cet-
➡te nouvelle dignité , comme étant at-
>> tentatoire aux Régles saintes. «
Acette réclamation on reconnoit le
vengeur des prérogatives des Métropolitains
; on entend ce même Hincmar
lequel soutint ( Flod. l. 3. c. 21. Marlot.
1. 3. 6. 34. ) peut- êtte avec un peu trop
de vigueur leurs droits en general , et
les siens en particulier ,deffendre sa cau-
II. Vol SO
2814 MERCURE DE FRANCE
se en cet endroit des Annales . Il en est
donc l'Auteur. :
Enfin plus j'ai examiné cette partiedes
Annales , plus je me suis persuadé qu'els
le doit passer pour le Journal des prin
cipales Actions de la vie d'Hincmar ;
dont il a mêlé l'Histoire avec celle des
affaires generales du Royaume, pour la
cransmettre à la posterité.
L'air de liberté , avec lequel il parle
en plusieurs endroits des démarches du
Pape , et de celles du Roi Charles le
Chauve , la nécessité où il se trouvoit
de faire souvent mention de lui , et de
justifier ses actions , sont les raisons pour
lesquelles vrai-semblablement il a laissé
ignorer qu'il eut fait lui-même cet Ouvrage:
Après ces réflexions , il ne reste que
deux partis à prendre. Hincmar a composé
lui-même cette partie des Annales
de S. Bertin ou bien quelqu'un de
ses plus intimes confidens les a écrites
sur ses Mémoires : mais comme des
Annales ne sont en elles-mêmes que de
simples Mémoires , il seroit ridicule de
penser que celles-ci ont occupé deux
Ecrivains differens ; un seul les a donc
recueillies et rangées dans l'ordre qu'elles
ont ; et puisqu'elles finissent par le récit
LL. Vol do
DECEMBRE. 1738. 2817
de la derniere action de la vie d'Hinc
mar , sans parler de sa mort , il est pro
bable que ce n'est point un ami ni un
Secrétaire , qui les a redigées.
>>En l'année 882. ( Annal. Bert. pa
> 261. ) dit l'Annaliste au mois de
Novembre , sur la nouvelle certaine
>> qu'Hincmar eut , que les Normans ve-
>> noient piller la Ville de Rheims, n'aïant
>>point auprès de lui les hommes de
>> l'Archevêché , qui auroient pû le def-
>>fendre , parce qu'ils étoient pour lors
à l'Armée de Carloman , il sortit de
> la Ville pendant la nuit; il se fit trans-
>> porter en chaise à porteurs, à causede
>> ses infirmités , avec le corps de S. Re-
»my , et les autres ornemens de l'Eglise
, qu'il emporta au - delà de la
Riviere de Marne , dans une Ville
» que l'on nomme Epernay ; les Nor-
>> mans ravagerent , brûlerent les envi-
>> rons de Rheims, mais la Providence di-
>>>vine garantit la Ville ,qui étoit sans
murs et sans deffense.
LesAnnales finissent par ce récit , dans
lequel je remarque encore une circonstance
, qui prouve qu'Hincmar en est
l'Auteur ; quel , autre que lui , auroit
marqué qu'il étoit sorti de Rheims en
chaise à porteurs ,sellâ gestatoria deporta
II. Vol. tuş
2816 MERCURE DE FRANCE
tus ? Si c'eût été quelque ami , ou quelque
Secrétaire qui eut écrit pour lui , il
nous auroit apris la suite de la translation
des Reliques de S. Remy ; il nous
auroit dit que cet acte de pieté fut le
dernier de la vie de cet Archevêque , er
qu'il mourut à ce voyage. Il auroit donné
quelque mot d'éloge à sa mémoire.
Cette seule réflexion bien pésée , dis
sipe presque tout le doute , et conduit
à raisonner ainsi ; puisque les Annales
de S. Bertin ont été continuées jusqu'aux
derniers momens de la vie d'Hincmar ,
c'est lui-même sans doute , qui les a
faites ; car si c'eût été un autre ,il n'auroit
pas manqué de faire mention de sa
mort , qui fut si prochaine du dernier
événementdont il parle.
Telles sont les raisons , par lesquelles
je me determinerois à regarder Prudence
et Hincmar comme Auteurs successivement
de la partie des Annales de S. Bertin
, qui leur est propre. Je demande
en grace aux Sçavans , qui aiment notre
Histoire , de décider : lorsqu'ils l'auront
fait , cette découverte ne sera point indifferente
, par raport à l'Histoire des
Concilesde ces temps- là , à celle de Got
rescale , d'Hincmar et de Prudence , sur
Jesquelles les Auteurs citent toujours les
11. Vol. Annales
DECEMBRE 1736. 2817
Annalesde S.Bertin, sans distinguer ceux
qui les ont faites ; ce qui occasionne quelquefoisde
la confusion et de fausses conséquences
dans le discours.
A Paris , ce 25. Novembre 1736 .
L. D. L. R.
*************
LE CONCERT DE DORISE.
CANTATE.
Dansun Palais , où la Peinture
Semble par ses couleurs surpasser la Nature ,
Où l'Art sçait étonner par d'inconnus ressorts,
La Déesse de l'harmonic ,
Euterpe , à Terpsicore unie ,
Surprend encoreplus par ses divins accords,
Quels sons mélodieux
Inspirent la tendresse !
Quelle délicatesse
Dansces pas gracieux !
:
De leur juste cadence
Tous les sens sont charmés ;
Et les coeurs enflammés
Annoncent leur puissanc.e
II. Vol. Quelo
2818 MERCURE DE FRANCE
L
Quels sons mélodieux
Inspirent la tendresse !
Quelle délicatesse
Dans ces pas gracieux !
1
D'une foule de Spectateurs
Les aplaudissemens , les suffrages flateurs
Pouroient contenter la Déesse.
Mais genéreuse , elle s'empresse
De prodiguer ses trésors précieux.
Rendons , rendons heureuse une aimable more
selle;
Et que plus d'un séjour , dit- elle .
Devienne le séjour des Dieux
Amour, secondemón zéle,
Je te promets d'autres cours,
Fais moi connoître une Belle
Qui mérite mes faveurs.
'Amour , seconde mon zéle ,
Je te promets d'autres coeurs.
Elle dit , et l'Amour la conduit chés Dorisea
La Déesse par sa surprise
Du Fils de Cithérée authorise le choix.
Elle ordonne; on commence; Ciel ! quella
harmonie !
Quels justes accords ! quelles voix
II. Vol . Fons
DECEMBRE. 1736: 2819
:
:
Font oublier qu'Euterpe et Polimnie
En d'autres Lieux donnent des Loix,
Beautés,que Dorise s'empress
De réunir en ce séjour ;
C'est vous seules , que la Déesse
Charge d'accomplir la promesse ,
Qu'elle a faite au Dieu de l'Amour.,
Vos coeurs insensibles , rebelles
Onttrop long-temps bravé ses traits.
Veuillez , aussi tendres que belles ,
Imiter les Bergers fideles ,
Qu'enfilamment vos divins attraits,
Beautés , que Dorise s'empresse
De réunir en ce séjour ,
C'est vous seules , que la Déesse
Charge d'accomplir la promesse ,
Qu'elle a faite au Dicu de l'Amour,
:
Par M. J... du Mans ! P
:
II. Vol. EXTRAIT
1820 MERCURE DE FRANCE
*
EXTRAIT des Mémoires lûs à l'Academie
Royale des Sciences', dans l'Assemblée
publique tenue le 14. du mois
dernier. Le premier de ces Mémoires est
de M. Cassini , le fils.
A
Près avoir prolongé la Perpendiculaire
à la Méridienne de l'Observatoire,
vers les parties les plus Orientaleset
Occidentales de la France , on
a jugé qu'en suivant le Plan que l'on s'est
d'abord proposé de décrire des Perpendiculaires
et des Méridiens , dans toute
l'étenduë de la France, on devoit s'attacher
principalement à la Description des
Côtes,dont la connoissance est très- im- .
portante pour la Navigation et le Commerce.
Pour cet effet , on jugea que de la
même maniere que l'on avoit décrit l'année
derniere une Perpendiculaire à la
Méridienne de l'Observatoire , à la distance
de 60000. toises , ou de près de
30. lieuës vers le Midy , on devoit en
décrire une à pareille distance du côté
du Nord , que l'on prolongeroit jusqu'à
la Mer , d'où l'on continuëroit les epé-
11. Vol. rations
1
DECEMBRE. 1736. 282
tations le long des Côtes de la Normandie
, et de la partie Septentrionale de la
Bretagne ; on avoit outre cela en vûë de
vérifier les opérations que l'on avoit employé
les années précedentes , et de voir
àquel pointde précision on pouroit re
venir à un même point par des routes
tout à fait differentes.
Ce travail a eu tout le succès que l'ont
enpouvoit attendre , et a donnélieu de
remarquer et de corriger les erreurs des
Cartes, principalement de Bretagne , où
l'on trouve des differences de près de
deux lieuës sur une distance de 7. à 8. 1.
A l'égard de la position de Brest , on
ne la trouve differente que de quelques
toises de celle qui résultoit des Observa
tions de l'année derniere ; de sorte que
les conclusions que l'on en a déduit pour
la figure de la Terre, restent toûjours les
mêmes.
1
On remarquera que sans comprendre
les opérations de la Méridienne, qui traversent
la France depuis Dunkerque
jusqu'aux Pirenées , non plus que la por
tionde la Perpendiculaire depuis Paris
jusqu'à Strasbourg , l'on a présentement
la Description exacte des principanx
points de la Côte de la Normandie etde
la Bretagne,qui jointe au coursde la Lois
II. Vol.
822 MERCURE DE FRANCE
re depuis Orleans jusqu'à l'Embouchure
dans la Mer , comprennent une partie
considerable de la France ,dont la plûpartdes
Villes ont étédéterminées,demême
qu'un grand nombre d'autres Lieux
et objets qui contribuënt déja beaucoup
àl'exécution de ce grand Projet formé,
sous ce ministere, de déterminer géométriquement
, c'est- à-dire d'une maniere
exacte et invariable , toute l'étenduë de
la France.
Le second Mémoire roule sur les changemens
qui arrivent aux Arteres coupées
après l'amputation des membres.
M. Morand rapellant ce qui est imprimé
dans les Mémoires de l'Académie
des années 173 1. et 173 2. sur les moyens
d'arrêter les Hémoragies , donne àMr.
Petit le Chirurgien , les éloges qui lui
sontdûs sur la maniere dont il a expliqué
la formation du caillot qui contribuë
à arrêter le sang , et se propose d'éxaminer
particulierement en quoi le
changement qui arrive au bout de l'Ara
tere coupée , contribuë avec le caillot à
faire cesser l'Hémoragie.
Pour expliquer cette théorie, il établit
pour principe général , qu'il se fait
autour du vaisseau un aplatissement ou
un froncement , et que les agens extce
II. Vol rieurs
DECEMBRE. 1736. 2823
rieurs employés pour arrêter le sang, tendent
toûjours à procurer au vaisseau l'un
ou l'autre de ces deux états , l'art ayant
été instruit par la nature , qui dans les
Hémoragies interieures , arrête le sang
par l'afaissement , ou la crispation du
zuyau.
M. Morand dévelope ce principe dans
son Mémoire , et explique en détail ces
changemens de l'Artere , et toutes les
especesdu froncement qui peut se faire
de l'Orifice seul; ou de tout le calibre
du vaisseau ; d'où il conclut que les
moyens extérieurs sont plus sûrs ou plus
efficaces , à proportion qu'ils diminuënt
davantage le calibre ou le diametre du
vaisseau.
و
Sans rien ôter au caillot de la part
qu'il doit avoir à la cessation de l'Hé
moragie , M. Morand démontre que le
caillot examiné dans sa formation ne
fait que suivre l'impression qu'il a reçue
de l'Artere , qui est son moule , et que
partout le vaisseau et le caillot concourent
ensemble à arrêter l'Hémoragie ,
qui , selon M. Morand , ne s'arrêteroic
pas, si on suposoit l'Artere après sa sec.
tion , conservée dans le même état où el.
le étoit au moment de sa section , et sans
avoir changé ni de forme,ni de diamétre,
II. Yol B S
2824 MERCUREDE FRANCE
Si on opose à cela les cas particuliers
d'une Artere qui se trouve dans un ca
nal osseux , à l'abri des agens qui pouroient
changer son état , et d'une Artere
cartilagineuse , sur laquelle la ligature he
peutavoir de prise , M. Morand répond,
que dans ces deux cas même , si avanta
geux au caillot , l'Artere concourt encore
à la cessation de l'Hemoragie par
son racourcissement , lequel se fait de
toutes ses tuniques dans lecas de l'Afre
re qui coule dans un canal osseux , et de
la tunique interne seule dans celui de
P'Artere cartilagineuse.
Enfin, en suposant ce que M. Morand
croit impossible , que quelques Observations
feroient voir que le caillot
seul peut arrêter le sang , il dit que d'autres
Observations prouvent que l'aplatis
sement seul du vaisseau peut le faire ; et
il raporte à ce sujet une Observation
très-singuliere.
Au mois de Décembre de l'année der
niete , un homme de la Campagne re
cut une contusion violente à la partie
interne et moyennedu bras gauche , le
long du trajet des vaisseaux , les veines
exterieures furent déchirées , et il y eut
une Hémoragie que le Chirurgien du
lieu arrêta par les moyens ordinaires
II. Vol. 'Hémoragie
DECEMBRE. 1736. 2825
1
l'Hémoragie étant revenuë , le Chirur
gien mit un tourniquet au dessus de la
playe, croyant l'Hémoragie produite par
I'Artere , et il apella M. Morand pour
couper le bras du blessé.
:M. Morand ayant fait une visite exacte
de la blessure , trouva entr'autres choses
que le blessé n'avoit point de poulx
de ce côté là , il crut que le tourniquet
P'interceptoit , il le fit lâcher tout à fait
pourjuger du vaisseau qui avoit pû fournir
l'Hémoragie ; mais la playe ne donna
point de sang , cependant le poulx
n'en étoitpas plus sensible, il l'étoitbien
jusqu'à l'endroitde la contusion , mais
on ne le trouvoit plus au-dessous.
M. Morand étoit assés prêt de conclus
re à l'amputation du bras ; cependant
trouvant de la chaleur à la main , il la
différa , et contre son esperance tous les
accidens sedissiperent peu à peu , mais
le poulx ne commença à se déveloper
qu'au bout de six semaines , et il est de
meuré plus petit que celui de l'autre
côté. ;
CetteObservation présente des induc
tions bien importantes en faveur des
changemens qui arrivent au tuyau. Si
au moyen d'une compression violente
l'union des parois vers l'axe de l'Artere
11. Vol. Bij 2
1826 MERCURE DE FRANCE
a pû se faire sur le champ ,de façon que
la circulation a été interrompuë, etqu'elle
n'a subsisté pendant quelque temps
que par le moyen des vaisseaux collateraux,
comme cela est vrai-semblablemene
arrivédans cette occasion, combienplus
aisément ce recollement des parois de
l'Artere se fera-t'il au bout d'une Artere
coupéeque l'on a froncé ou aplati ?
:
M. du Fay lut un Mémoire sur laRosée;
il commence par rendre compte de
plusieurs experiences singulieres qui lui
ont été communiquées par M. Musschenbroek
, Professeur de Mathématiques
à Utrecht , et Correspondant de
l'Académie. Ces expériences font voir ,
que si l'on expose à la Rosée différentes
matieres pour la recevoir , il y en a sur
Jesquelles elle tombe abondamment ,
tandis qu'il ne s'en trouve pas une gou
te sur les autres. Les corps qui la reçoi
vent le plus abondament sont le Verre ,
la Porcelaine, la Fayence ,&c. et lesMétaux
polis n'en reçoivent jamais. Une
étoffe qu'on y expose en reçoit plus ou
moins à raison de sa couleur ; mais Mr.
Musschenbroek a reconnu par des experiences
très exactes , que cela venoit des
ingrédiens qui servent à colorer , et non
pasde la couleur en elle-même , comme
P
II. Fol. on
DECEMBRE. 1736. 2824
on auroit pû le penser d'après les premie
res Observations.
Mr. du Fay a commencé par repeter
toutes les experiences de M. Musschenbroek
, et elles luy ont réussi précisé
ment de la même maniere. Il a voulu
voir ensuite si cet effet si différent du
Cristal et des Métaux , ne venoit point
de ce que la Rosée s'évaporoit plus
promptement de dessus le Métal que de
dessus leCristal , ensorte que quoiqu'el
le y tombât de même , on n'y en trouvoit
cependant plus le matin. Pour s'en
assurer , il a fait faire deux très-grands
Entonnoirs , l'un deCristal et l'autre d'Etain
poli , et les a exposés l'un à côté de
l'autre avec toutes les précautions nécessaires
pour qu'il y eut entr'eux une égalité
parfaite ,mais il n'a jamais trouvéde
liqueur dans le Vase qui étoit placé sous
l'Entonnoir de Métal , tandis qu'il y en
avoit quelquefois une once sous celui de
Cristal. Il n'en est pas de même du Broüillard
, ou de la Gelée blanche ; car il en
tombe sur le Métal , mais toûjours moins
que sur le Cristal.
Il s'éleve aussi de la Terre et des Plani
tes une humidité qui s'attache en des
sous des Vases de Métal,à peu- près com
me sous ceux de Verre ; Mr. du Fay a
11. Vol Biij trouvé
2828 MERCURE DE FRANCE
trouvé le moyen de la recüeillir separément
, et croit qu'il ne seroit peut-être
pas inutile de ramasser l'humidité qui
s'éleve des Plantes, dont la proprieté est
bien reconnuë ; cette humidité pouroit
participer de la vertu de la Plante , et
par là êtredequelque usage dans laMédecine.
M. du Fay en refléchissant sur ce que
les matieres vitrifiées attirent le plus de
Rosée , et que les Métaux au contraire
n'en reçoivent point,acru devoir rapeller
deux autres Observations qu'il a faites
autrefois ,et qu'il a communiquées à
l'Académie. La premiere est , que tous
les corps sont , ou peuventdevenir électriques
par eux-mêmes , à l'exceptiondes
seuls Métaux , et la seconde est , que la
proprietoque l'on avoit jusqu'à présent
crû particuliere à la Pierre de Boulogne ,
de s'abreuver des rayons de la lumiere
estcommune à tous les corps qui sont
dans la nature , à l'exception aussi des
Métaux. M. du Fay ne fait que rapro.
cher ces troisObservations ,dont il avoüe
qu'il est bien éloigné de voir le raport
et la liaison. Mais il ne voudroit pas
nier qu'il y en eut , et il attend que cette
analogie soit confirmée par unplus grand
nombre d'expériences.
Il. Vol. Mr
MODECEMBRE. 17362829
Mr. du Fay a placé une Soucoupe de
Porcelaine au milieu d'un Platd'Argent,
et immédiatement à côté une Soucouped'Argent
dans unPlatde Porcelaine ;
LaRoséeest tombéedans la Soucoupe de
Porcelaine , et il ne s'en est point trouvé
dans le Plat d'Argent , quoiqu'il la dé
bordât tout autour de quatre doigts , et
elle est tombée pareillement sur tout le
Plat de Porcelaine sans tomber sur la
Soucoupe d'Argent. Il a fait ensuite
plusieurs autres expériences,par lesquel
les il paroît que non seulement laRosée
ne tombe point sur les Métaux, mais
qu'elle en est repoussée à une certaine
distance , comme si les Métaux étoient
entourés d'une Atmosphere qui écartão
la Rosée, et l'empêchat de tomber dans
tout l'espace où sonaction se peut étendre.
M. du Fay ne s'en est pas tenu aux
experiences sur la Rosée, il en a fait d'autres
sur l'évaporation et la distillation de
différentes Liqueurs aqueuses , spiritueu
ses , ou oleagineuses ; et pour cela il a
fait faire une Cucurbite à deux cols ,
dont l'un étoitcouvert d'unChapiteau de
Cristal , et l'autre d'un Chapiteau d'Argent
égal à celui de Cristal , et l'eau a
toûjours passéplus abondamment par ce
1. Kole Bilij lul
5830 MERCURE DE FRANCE
lui de Cristal que par l'autre ; mais ayant
eudes raisons pour douter de l'exactitude
de ces expériences , il a fait faire
unChapiteau à deux becs, dontune moitić
seulement étoit émaillée en dedans ,
etleChapiteau étoit disposé ensorte que
ce qui se condensoit sur la partie émaillée
devoit nécessairement couler par le
bec qui étoit de ce côté là, sans pouvoir
se mêler avec ce qui s'étoit condensé sur
le Métal ; mais M. du Fay remet à un
second Mémoire le détail de toutes ces
experiences , et il promet d'y ajouter encore
plusieurs autres faits singuliers qui
n'ont pas pû trouver place dans celui-ci.
OBSERVATION du passage de Mercure
sur le Disque du Soleil , faite à
l'Observatoire de Paris , le 11. Novem
bre 1736.
L
E temps a été favorable pour l'oba
servation du passage de Mercure sur
le Soleil. M. Maraldi a aperçû cette Planete
sur le bord Oriental du Soleil à 9 .
h. 32' 40" du matin , avec une Lunete
de 16. pieds , comme un point noir extrêmement
petit ; il est entré entierement
dans le Disque à 9. h. 35' 15" . Il y avoit
alors plusieurs taches dans le Soleil en
II. Vol différents
DECEMBRE. 1736. 2831
différents endroits de son Disque , quf
étoient plus grandes que Mercure , mais
aucune ne paroissoit aussi noire , elles
étoient de figure irréguliere environ
nées commeà l'ordinaired'une espece de
nébulosité , au lieu que Mercure paroissoit
rond et fort bien terminé. M. Maraldi
l'a observé au Méridien , et a pris
sa hauteur Méridienne ; cette Planette a
passé au Méridien dans la même seconde
que le centre du Soleil , ce qui donne sa
conjonction en ascension droite le tr.
deNovembre à midy : il étoit éloigné
du bord Septentrional du Soleil de ss.
secondes. M. Maraldi fut ensuite attentifà
observer sa sortie du Soleil avec une
Lunete de 16. pieds , etiljugea que cet
te Planette touchoit le borddu Soleil à
0. h. 15" 5" après midy , et qu'il sortit
entierement à 18' 11" . Il parut à sasor-
-tie de même qu'à son entrée , et pendant
tout son cours très bien terminé , d'une
figure ronde sans aucune élipticité
sensible ; il est arrivé au milieu de sa
route dans le Soleil à 10. h. ss' 10" il
étoitéloigné alors du centre du Soleil de
13' so". Cette Observation n'est encore
que la huitiéme qu'on ait faite ; elle
est la plus complette qu'on ait faite en
Europe ; car dans les autres Observations
د
II.Vol. By
2832 MERCURE DE FRANCE
on n'a vu que l'entrée de Mercure dans
le Soleil , ou sa sortie. M. Halley seul
avoit vû ces circonstances dans l'Obser
vation qu'il a faire en 1677. dans l'Isle
Sainte Heleine.
Le cinquiéme Mémoire fut de M. de
Jussien l'aîné , Médecin de la Faculté de
Paris , et Professeur de Botanique au JardinRoyal,
qui rendit publique une partie
d'une Lettre , que le plus jeune deMrs
ses freres , aussi Médecin de la même
Faculté , envoyé de la part du Roy au
Pérou , en qualité d'adjoint de Mrs les
Astronomes , par raport à l'histoire naturelle,
lui écrit de Panama , Ville située
sur le bord de la Mer du Sud. La
Lettre est datée du 15. Fevrier de cette
année , et l'article qui lui a paru un des
plus interessans , a été la description
d'une espece de Murex , ou de Coquille:
inconnue dans nos Mers , et de l'animal
de laquelle on tire une liqueur
propre à teindre en pourpre.
Les observations qu'il fait sur cette
teinture, sont qu'elle se prépare très sim .
plement et pan expression sur le bord
de la Mer où se ramasse ce coquillage ,
que par la mortdel'animal , ce suc pro
pre à cette teinture , cesse de colorer ,
et qu'ainsi il le faut tirer tandis qu'il est
LL Kol.. vivant
DECEMBRE. 1736. 2835
vivant , que les paquets de fils , piéces
d'étoffes de coton et de fils de lin , im.
bibés de ce suc , ne commencent à rougir
, que lorsqu'ils sont exposés au Soleil ;
que le rouge qui paroit d'abord , tient
de lacouleurde la lie de vin , et se per
fectionne à mesure qu'on lave l'étoffe et
les fils qui yont été trempés , et que cette
couleur est fixe eta resisté aux experiences
du débouilli qu'il en a fait sur le lieu.
M. de Jussieu l'aîné ,après la lecture
de cette Relation , en a tiré les conséquences
suivantes :
Lapremiere, qu'il ne faut pas regarder
lateinturede pourpre tirée des Coquillages
de Mer , comme une de ces choses
de l'Antiquité , que l'on a cru jusqu'ici
perduës pour les Arts , puisqu'on peut
aujourd'hui , suivant cette Relation et
quelques autres,être sûrqu'ilya plusieurs
especes de Coquillages de differentes
Mers,qui donnent cette teinture A
La seconde , que par la petite quantitéde
suc que fournissent ces animaux,
et par la nécessité de l'employer ainsi
sur le champ , il n'est pas surprenant
que la couleur de pourpre fut
précieuse chés les Anciens , et que les
otoffes qui en étoient teintes , fussent
dun si grand prix.
LLVol. Bvj La
2834 MERCURE DE FRANCE
La troisieme , que n'y ayant que le coton
et les fils des Plantes, qui soient sus
ceptibles de cette teinture et que les
Anciens n'ayant point la connoissance
de la Cochenille , qui seule peut colorer
les laines , les poils d'animaux et la soye,
il y a lieu de croire que ces étoffes , si
précieuses chés eux , n'étoient que de
coton.
Enfin , qu'il se fait des fils qui en sont
teints , un grand commerce chés les Espagnols
en Amérique , où ces fils servent
àbroder toutes sortes d'étoffes .
IMITATION de la Piéce latine de
M. C. P. inserée dans le 1. Vol. du
Mercure de Décembre 1735.intitulée l'O
rigine de la Poësie.
A
Utemps que les Humains , errans à l'as
vanture ,
Ne connoissoient pour Loy que la simple Nature
,
La Langue avoit déja par certains mouvemens
Trouvé l'art d'exprimer les divers sentimens ;
Cet aimable secours suffisoit pour s'entendre ,
Mais le goût épuré voudroit un Artplus tendre.
Oncherche un stile aisé, majestueux, vainqueur,
IK
DECEMBRE. 1736: 2835
Qui puisse enmême temps toucher ,et plaire au
coeur;
Enfin , l'homme ici bas crut pouvoir sans ing
jure ,
S'élever au-dessus de sa foible Nature ,
Et le but , où tendoit son coeur audacieux ,
Etoit de s'exprimer en Langage des Cicux.
Quand on vit tout à coup se tracer une route ,
Et descendre ici bas de la celeste Voute,
LaDéesse des Vers , Etrangereen ces Bords ,
Et se montrer aux yeux sous un humain dehors.
Sur son front élevé regne un air de noblesse ,
Ses yeux sont tout en feu , ce feu n'a rien qui
blesse ;
Et si les coeurs par fois s'élancent en soupirs ,
C'est qu'ils sont transportés des plus nobles désirs.
Quoique d'un pas égal sespieds frapent laterre,
Après elle on n'en voit presque aucun caractere.
Sa tête vers leCiel s'élevant nuit et jour ,
La fait ressouvenir de sonpremier séjour.
Ses pieds sont enchaînés sans pourtant être esa
claves ,
Elle n'est pas moins libre au milieu des entraves
Au contraire , et c'est-là ce qui fait sa beauté,
Elle brilleroit moins sans sa captivité.
Tous les Lieux , où paroîtson aimable figure;
Renaissent sous ses pas , ou changent de nature:
Eole à son aspect ,scait enchaîner les Vents ,
II Vol. Le
2836 MERCURE DE FRANCE
EesCoreauxdessechés deviennent verdissans
Les Arbres dépouillés de fleurs et de feitillagé ,
Reprennent leur parure, et vont lui rendre hom
mage.
S'il faut chanter les Bois,les Moissons, lesRuis
seaux ,
Détailler les plaisirs des innocensTroupeaux
Ou sur untonplus haut ,d'un stile magnifique
Etaler les ressorts d'un sujet héroïque ,
Conter des Immortels les belliqueux efforts,
Vous verriez en extase au son de ses accords,
Les Nymphes des Forêts danser aux pieds des
Hêtres ,..
Les Faunes écraser leurs Chalumeaux champê
tres:
Vous verriez Echo même attentive à ses sons
Repeter à l'instant de si tendres Leçons ,
Neptune sur son char suivi des Néréides ,
Déja sort à sa voix de ses Grottes humides ;
Les Fleuves enchantés vont arrêter leurs flots ,
Etsoustraire à la Mer le tribut de leurs Eaux
A savoix Jupiter prêt à tout mettre en poudre,
Laisse tomber la main qui doit lancer sa foudre.
Telle est cette Déesse , et son sort glorieux
Est de plaire aux Humains, et de charmer les
Dieuxs
٠٢
F.D.C.
1. {
II. Vol. OBSER
DECEMBRE. 1736. 2837,
OBSERVATIONS CURIEUSES
sur deux Eclipses du Soleil , qui arriveront
en 1737. Les Peuples de la Terre
qui les auront totaleset ceux qui lesver
ront partiales depuis le lever du Soleil
jusques à son coucher, par le Pere Emmanuel
de Viviers,Capucin.ATouận
louse ce: 4. Fuillet 1736.
C
E qu'on voit arriver souvent nous
touche peu. Les Evenemens extraordinaires
nous frapent et excitent notre
curiosité ; le Soleil répand tous les jours
ses rayons sur la Terre , et personne'
ne s'aplique à considérer sa beauté, la
grandeur de sa masse , et l'impétuosité
de sa course ; mais s'il refuse de nous
éclairer , si une Eclipse nous dérobe et
empêche sa lumiere d'arriver jusqu'à
nous , c'est alors , dit un Ancien , que
cet Astre a autant de Spectateurs qu'il
yad'hommes sur la Terre , er que tous
les yeux sont tournés vers lui. 1
La plupart regardent avec étonnement
et même avec crainte, un évenement
dont ils ne comprennent pas la cause
Anaxinander a crû que c'étoit un effet
LI. Vol. bizare
2838 MERCURE DE FRANC
bizare du hazard. Ce Philosophe nous
représente le Soleil comme un grand feu
enfermé dans une espece de vase transparent,
de figure ronde,dans lequel l'air
nécessaire à l'entretien de ce feu , entre
par une ouverture, laquelle venant quelquefois
à se boucher par certains accidens)
il arriveque ce feu ne pouvant plus recevoir
d'air , s'étouffe et s'obscurcit com
me nous voyons tous les jours un feu
une chandelle s'éteindre lorsque l'air leur
manque. Il y a certains Peuplesdans l'O
rient,qui,comme nous l'aprenons des Relations
de ce Pays-là , ont une plaisante
imagination touchant les Eclipses de la
Lune , ils croyent que cela vient de ce
qu'un Dragon d'une grandeur énorme ,
se jettant sur la Lune pour la dévorer ,
leur en dérobe la vûë , et la Lune affoiblie
par les efforts qu'elle fait dans ce
combat, perd sa lumiere jusqu'à- ce qu'animée
par leurs cris et par le son des
Instrumens dont ils font retentir l'air ,
afin d'encourager la Lune ,elle reprend
ses forces et oblige le Dragon de se res
tifer ; s'il m'est permis de conjecturer
sur ce qui a donné lieu à une extravagance
si ridicule , il y a aparence que
les premiers qui y sont tombés ayant
oüi dire à leurs Astronomes que les Eclipses
1
DECEMBRE. 1736. 2839
ses se faisoient,la Lune étant dans la tête
ou la queüe du Dragon ( c'est ainsi qu'on
nomme certains points du Ciel ) ils ont
crû qu'ils parloient d'un véritable Dragon
, et le Peuple ignorant et crédule
, enchérissant ensuite sur cette
extravagance , a pû donner lieu à toute
cette Fable ; les ignorans apréhendent
que les Eclipses ne soient un triste présage
de quelque funeste malheur , il n'y
a que ceux qui sont versés dans l'Astronomie
, qui ne sont pas surpris d'un
effet qu'ils sçavent être très-naturel.
Mais comme tout le Monde ne peut
être ni Astronome ni Philosophe , j'al
crû qu'il ne seroit pas inutile de faire
part au Public des Observations que j'al
Faites sur deux Eclipses totales du Soleil
et sur une partiale de la Lune , qui arri
veront dans l'année 1737. afin de préparer
ceux qui n'ont aucune connoissance
des Eclipses à les voir sans éton
nementet sans crainte,tout le mal qu'elles
nous peuvent causer , c'est de nous
priver pour quelques momens de leurs
lumieres et tout au plus de leurs influences
, ce qui n'est pas un grand mal,
paisque un jour pluvieux et une seule
nuit nous dérobent la lumiere du Soleil
beaucoup plus de temps que plusieurs
II. Vol. Eclipses
2840 MERCURE DE FRANCE
Eclipses ensemble; d'où il faut conclure
que les Eclipses ne sçauroient être la
cause de tous les malheurs qu'on leur
attribuë.
Il y a peu de gens aujourd'hui qui
ne sçachent que la cause des Eclipses du
Soleil n'est autre que l'interposition de
la Lune, qui se rencontrant entre nous
et le Soleil, nous le cache entierement
ou en partie , de la même maniere à
peu près qu'une nuë que le vent pousse
venant à se mettre entre nos yeux et
le Soleil , nous dérobe les rayons de cet
Astre et cause une espece d'Eclipse. Les
Eclipses de Lune se font par l'interposition
de la Terre , laquelle se trouvant
entre le Soleil et la Lune empêche cellecy
d'être éclairée des rayons de l'autre.
Car comme la Lune qui est un corps opaque
n'a qu'une clarté empruntée et que
les rayonsdu Soleil qu'elle reçoit et qu'elle
nous renvoye, font toute sa lumiere ,
il arrive que lorsque la Terre lui cache
le Soleil ,elle n'a plus de lumiere dans
le temps qu'elle endevroit plus avoir par
raport à nous ,et c'est ce qui fait son
Eclipse.
Il y aura cette année 1737. quatre
Eclipses, deux de Soleil et deux de Lune;
lapremiere du Soleil arrivera le premier
11. Vol Mars
DECEMBRE. 1736. 284
Mars ,la seconde le6. Août; la premiera
deLune, sera du 16.Marset ne sera point
visible sur notre horison , la seconde
Eclipse de Lune arrivera le 9.Septembre.
Le commencement de la premiere
Eclipse du Soleil du premier Mars arrivera
à Toulouse à 2. h. 37. m. 56. s.
après midi , auquel temps l'obscurcissement
du Soleil commencera à se former
par son bord Occidental , où l'on
verra d'abord comme une tache noire
, laquelle augmentera peu à peu jusqu'à
s . h. 24. m. 36. s. son diametre apa
rent divisé en douze doigts , il y en aura
8. doigts 53. m. de couverts , chaque
doigt ayant 60. m.
AParis. Le commencement sera à 2. fh .
40. m. 56. s. le milieu à 4. h. 1.m. la
fin à 5. h. 24. m. so. s. sa grandeur sera
de 9. doigts.
A Londres. Le commencement de
l'Eclipse arrivera à 2. h. 31. m. 15. s. du
soir , le milieu à 3. h. 51. m. 37. s. la
fin à 4. h. 51. m. 9. s. au coucher du
Soleil; il sera éclipsé de 1. doigts 15 .
m. ss. s.
A Copenhague , Le commencement
sera à trois heures trente minutes, le milieu
à. 3. h. 1. m. 10. s. la fin à s . h.
16. munutes ; au coucher du Soleil il
11. Vol. sera
842 MERCURE DE FRANCE
sera éclipsé de 7. doigts 15. minutes.
AAmsterdam , Commencement à za
heures 36. minutes , le milieu à 4. heures
17. m. 19. s. la grandeur de l'Eclipse
10. doigts 26. m. vers le Nord.
AMontpellier. Le commencement ar
rivera à 2. h. 42. m. 56. s. sa fin à s . h.
30. m. 28. s. le Soleil sera éclipsé de 8.
doigts 4. m. so. s.
Besiers. Commencementà 2. h. 40. m.
14. s. la fin à 5. h. 28. m. 26. sa il sera
éclipsé de 8. doigts 59. s.
Pour sçavoir quelle est l'étenduë de la
Terre dans laquelle on verra cette Eclipse
entiere depuis le lever du Soleil jusqu'à
son coucher.
Il faut observer que comme la Terre
empêche quelquefois la Lune d'être vûë
du Soleil, la Lune à son tour empêche
d'autres fois le Soleil de regarder laTerre,
d'où l'on comprend sans effort que
si la Lune étoit un Monde habité par
divers Peuples comme quelques- uns
l'ont crû , notre Terre ,dontune moitié
est toujours éclairée du Soleil, leur paroîtroit
à peu près de même maniere que
La Lune nous paroît ; ils auroient aussi
detems en tems leurs Eclipses de Terre
comme nous avons nos Eclipses de Lune;
les Eclipses de Terre leur arriveroient
1
II. Vol. toutes
DECEMBRE. 1736. 2843
koutes les fois que nous avons une Eclip
sede Soleil, parce que l'ombrede la Lune
qui nous cache le Soleil , étant alors ré
panduë sur une partie de la Terre , leur
feroit paroître cet endroit de la Terre
obscur et sans lumiere ; or comme dans
le tempsdesEclipses deLune nous voyons
l'ombre de la Terre aller sur le corps de
cetAstre, il nous seroit aisé de dire en
quel Pays , et chés quel Peuple Lunaire le
Soleil paroîtroit éclipsé,si nous sçavions
les noms des Peuples qu'on supose dans
ces endroitsde laLune, où nous verrions
l'ombre de la Terre se répandre peu à
peu, comme nous sçavons les noms qu'on
a donnés aux taches qu'on ydécouvre ;
car il est certain que le Soleil doit pas
roître éclipsé ou entierementou enpar
tie , par tout où cette ombre se trouve,
tout de même il seroit facile à ce même
Peuple Lunaire lorsqu'il verroit l'ombre
de la Lune se répandre sur leGlobe de
la Terre ,de connoître quelles contrées
de la Terre verroient le Soleil éclipsé ;
c'est pourquoi și nous voulons sçavoir
quel est l'espace de la Terre dans lequel
fe Soleil nous doit paroître éclipsé en
tierement , il faut suposer premierement
la Lune comme si elle étoit une Terre ;
en second lieu , il faut regarder les ta
IL. Vol. ches
2844 MERCURE DE FRANCE
ches qu'on y découvre commedesRoyau
mesetdesProvinces qui ont en effet correspondance
enLongitude et en Latitude
au Royaume de la Terre où nous setions
alors placés , ou à quelques lieuës
d'enhaut,et la terre réciproquement com
me si elle étoit une Lune dont nous eussions
à observer l'Eclipse que doit faire
l'ombre du Corps Lunaire ; après quoi il
m'est facilede venirà bout de mondes
sein. Comme il m'a été aisé de détermi
ner dans l'Eclipse totalede Lune du 26.
Mars de l'année derniere enquel endroit
cette Planette se trouva dans l'ombre
de laTerre , l'heure de son commence
ment et de sa fin, ce fut à 10. h. 16. m.
5. s. du soir que son bord Occidental
commença à s'obscurcit , et à 11. h. 12.
m. 30. s. son dernier bord fut entiere
ment dans l'ombre;à 12. h. 2. m. 46. s.
Son premier bord commença à paroître,
età 1. h. 49. m. 12."s. l'Eclypse finit par
sonbordOriental; et par cette méthode
j'ai premierement déterminé en Longi
tude et Latitude selon les nouvelles Oba
servations de Messieurs de l'Académie
Royale des Sciences , l'endroit où l'om
bre de la Lune commencera à toucher
la Terre , et j'ai trouvé que ce sera à 6.
h. 7. m. du matin , où le Soleil se levera
11.Vol.
DECEMBRE. 1736. 2845
àtrois quarts , Eclipse aux Peuples qui
sontdans laMer Pacifique , qui ont de
Longitude 225. degrés , et de Latitude
Septentrionale 12. degrés ;, à 6. h. 20. m.
le Soleil sera entierement éclipsé , ce
Peuple aura une nuit de quatre minutes
l'Eclipse finira à 7. heures 6. minutes
les autres lieux l'auront successivement
durant 2. h. 50. m. à proportion, le
diametre aparent de la Lune surpassere
celui du Soleil d'une minute 30 s. il diminuëra
d'une seconde par heure , allant
vers son apogée. A 7. h. du matin le
Centre de l'ombre passera aux Isles de
S. Pierre , qui ont de Longitude 240.
degrés , et de Latitude Septentrionale
19. degrés. A 8. h. du matin , le Centre
de Pombre passera aux Isles de S. Tho
mas d'Amerique,Longitude 255, degrés
et Latitude Septentrionale 22. degrés,
A9. h. dumatin leCentre de l'ombre sc
ra au nouveauMexique d'Amerique Longitude
270. degrés , Latitude Septen
trionale 30. degrés ; A 10. h. du matin
leCentrede l'ombre sera à la Floride en
Amerique à285. degrés deLongitude
et de Latitude Septentrionale 31. de
grés ; A 11. h. le Centre de l'ombre sera
à la Virginie de l'Amerique , Longitude
300. degrés , Latitude Septentrionale
X
I. Vol.
1846 MERCURE DE FRANCE
32. degrés ; A 11. h. 30. m. le Centre de
l'ombre sera àQuebec en Nouvelle Fran
ce , à 307. degrés de Longitude , et 46.
degrés 55. m. de Latitude Septentrionale.
A 3. h. 30. m. après midi le Centrede
l'ombre passeradans la Mer Océane,
Longitude 13. degrés , et de Latitu
de Septentrionale 41. degrés.
A4. h. 43. m. la trace de l'ombre
passera aux Côtes d'Espagne , Longitude
14. degrés 20. minutes , Latitude Sepxentrionale
41.degrés ; après avoir passé
la Mer du Nord, elle sera vûë dans la
partie Septentrionale de Dannemarc ,
* etdans la Sphere où elle sera totale , ec
annulaire à Hercour ; au coucher du Soleil
elle traversera ensuite la Mer Balti
que,la Siberie , la Tartarie , et Mosco
vie, elle finira au coucher du Soleil, pre
che les Côtes Orientales de la Tartaria
Chinoise.
L'Eclipse totale ou la trace que la Lu
ne formera sur la Terre , sera d'environ
60. lieuës maritimes ; cette largeur sera
unpeuvariable en différents endroits par
les mêmesCauses qui feront varier la durée
d'une Eclipse Centrale , tous ceux
qui seront éloignés du milieu de cette
trace à la distance de 30. lieuës de chaque
côté ,auront pourun moment l'E-
ت س ا
II.Vol clipse
DECEMBRE. 1736. 2847
De 104. lieuës
De 156. lieuës
De 208. lieuës
De 260. lieuës
De 312. licuës •
clipse totale , les autres à proportion de
la proximité du Centre ; ceux qui en seront
éloignés de 52. licuës verront le Soleil
éclipsé de 11. doigts.
د



• . 1o. doigts.
9. doigts.
8. doigts.
7. doigts.
6. doigts.
.
. : •
De 364. lieuës • • • 5.doigts.
De 416. licuës • 4. doigts.
De 468. lieuës 3. doigts.
De 520. lieuës 50 .. 2.doigts.
De 572. lieuës 1. doigt.
Ces distances ne doivent point être
regardées comme très-exactes ; car pour
n'y employer qu'un Calcul aisé, on y a
négligé les réfractions , et quelques différences
Astronomiques qu'il y peut
avoir entre le Centre de l'ombre et les
Lieux qui se trouveront aux distances
marquées.
La seconde Eclipse du Soleil arrivera
le 26. Août à minuit 35. m. Elle nesera
point vûë sur notre horison,elle sera
vûë totale , avec demeure dans l'ombre
au lever du Soleil apegeux , aux Indes
Orientales , Latitude Septentrionale 14.
degrés 18. m. Longitude 118. degrés, delà
le Centre de l'ombre passera à Malaca,
11. Vol. C.Siam ,
2848 MERCURE DE FRANCE
Siam , Pekin , la Chine , Jando au Japon.
Elle finira au coucher du Soleil
dans la Martinique , Isle Françoise , en
Amerique , Latitude Septentrionale 14.
degrés 44. minutes. Longitude 316. de
grés 41. minutes. Il sera pour lors
Toulouse 10. h. 1. quartdu soir.
Eclipse de Lune du 9. Septembre.
Soncommencement sera à2.h. 31. m
30. s. du matin , le milieu à 3. h. 37. m.
28. s. la fin à 5. h. 1. m. 33. s. la durée
2. h. 40. m. 22. s. sa grandeur de cinq
doigts vers la partie Septentrionale de
la Lune.
:
ODE.
A la Critique.
C'est à toi , prudente Critique ,
Que j'offre aujourd'hui monEncens
Qu'à jamais ton oeil véridique
Guidemon esprit et mes sens ?
Sans toi que deviendroient les hommes
Surtout , aveugles que nous sommes,
Notre amourpropre nous séduit.
II. Vol. Loin
DECEMBRE. 1736. 284
1
Loin d'autrui, trop prèsde nous-même ,
Nous nous égarons dans l'extrême ,
Si tonFlambeau ne nous conduit.
*
ד
UnAuteur,pleinde sonOuvrage
En vain cherche às'en imposer,
La Critique , quand elle est sage,
Vientd'abord le désabuser.
Circonspecte en ce qu'elle avance
On ne voit pancher sa balance
Que sous lepoids de la raison.
Moins à l'ouvrage elle pardonne,
Plus elle épargne lapersonne ,
Scs traits sont exempts de poison.
*
Les Sciences, la Politesse ,
Les Arts lui doivent leurs progrès:
Le Sçavoir , le Goût , la Justesse ,
Font le motif de ses Arrêts.
Sourde à la médisante amorce ,
Elle ne tient toute sa force
4 Que de la seule vérité.
Le moindre emportement l'allarme
Et d'abord elle se désarme
Dans le sein de la probité.
*
11. Mais Cij
MERCURE DE FRANCE
,
Mais qui vient usurper sa place ?
C'est la Satyre au front d'Airain ,
En vain à son injuste audace
La Pudeur opose son frein
Dans ses accès rien ne l'arrête ;
Les Serpens sifflent sur sa tête ,
LaDiscorde est son élement.
Telle est la Satyre odieuse ,
Plus coupableque dangereuse ,
Son faux plaisir fait son tourment,
*
Tremble Cruelle ! de ton crime
Tes regrets seront tout le fruit ;
De ta rage seule Victime ,
Ton propre venin te détruit,
Pour toi , Critique respectable,
Puisses-tu , toûjours équitable
Nous livrer d'utiles assauts ?
Puissions-nous dans un Adversaire
Ne voir qu'un Ami salutaire ,
Dès qu'il nous montre nos défauts.
De M. du Har....... de l'Academie
Royale d'Angers.
II. Vol. MEMOIRE
DECEMBRE.. 1736. 283
MEMOIRE touchant une nouvella
façon de croiser la Soye au Tirage.
C
Omme on ne doit rien négliger de
tout ce qui tend à laperfectiondes
Arts , on croit rendre service au Public
en lui faisant part d'une nouvelle façon
de Croiser la Soye au Tirage , qui la perfectionne
beaucoup plus que toutes celles
dont on s'est servi jusqu'ici. C'est de
cette premiere opération où les Cocons
passentdes mains de la Nature dans celles
de l'Art , que dépend la bonne ou
mauvaise qualité de la Soye. Il n'y a
que ce premier moment pour mettre à
profit cette espece de Glu , dont l'Animal
cimente son ouvrage , et qui
molit dans l'eau chaude. Elle est très propre
àunir intimement en un seul Fil
les differens brins qui le composent :
plus on a d'attention pour tordre ce Fil
avant que la Glu seche , plus cetteunion
est intime , et plus il a de lustre et de
consistance ; passé ce moment , tous les
soins differens qu'on se donne pour l'ouvrer
, ne reparent jamais qu'imparfaite
ment le tort que lui a fait un mauvais
se ra
zirage. Ciij Les
1852 MERCURE DEFRANCE
Les premiers qui ont travaillé sur la
Soye , n'avoient aucune connoissance de
cette perfection , mais ceux qui les ont
suivis profitant de leurs lumieres, l'ont
portée au point où nous la voyons aujourd'hui.
La premiere façon remarquablequ'on
ait imaginé pour former un bon Fil , est
celle où l'on employoit une ou deux petites
Bobines , sur lesquelles on rouloit
ce Fil au sortir de l'eau , pour passer delà
sur le Dévidoir. Elle renferme trois
causes qui contribuënt beaucoup à coler
Ies brins du Fil les uns contre les autres.
1º . La tension de ce Fil , causée par le
Dévidoir qui le tire avec force , et par
les Bobines qui retardent son mouvement.
2º. La pressionde ce Fil sur les
Bobines dans le Tour , ou étranglement
qu'il fait sur elles. 3°. Le frotement de
ceFil contre lui- même , à mesure que les`
Bobines tournent. On a filé long- temps
selon cette méthode , et elle subsiste encore
chés quelques personnes peu délicates.
Mais les Ouvriers intelligens , ayant
remarqué d'un côté que ces deux Bobines
laissent passer avec le Fil , beaucoup
de parties grossieres qui le défigurent
et de l'autre , que ce Fil ainsi aplati ou
écrasé , n'avoit pas autant de force qu'il
II. Vol.
7
DECEMBRE. 1736: 2853
en auroit , étant rond , ont cherché un
second moyen qui pût parer ces deux
inconveniens
Pour cela on tire deux Fils à la fois de
deux differens points de laBassine , ct
d'abord après on les assemble pour les
rouler plusieurs fois l'un sur l'autre , en
forme de Corde , après quoi on les sépa
re derechef pour les faire passer sur le
Dévidoir , et c'est là ce qu'on apelle tirer
àla Croisées
Ce second moyen bien exécuté l'em
porte de beaucoup sur le premier , en
éeque ces deux Fils ainsi entrelassés , no
laissent presque point passer de parties
grossieres , et que chaque Fil au sortirde
cette gêne , se trouve tord autantde fois
que lesdeux sont roulés l'un sur l'autre,
ce qui forme une Soye forte, et parfaite
mentbelle.
Mais ce moyen , malgré ses avaritages
sur l'autre , a ses défauts particuliers.
rº . Tandis que la Tireuse croise ainsi
plusieurs fois ces deux Fils avec la main,
ils coulent ensemble sur le Dévidoir , s'y
colent quoiqu'imparfaitement , et causent
dans la suite par leur inégalité un
déchet considerable , qu'on apelle déchet
des mariages. 2. La paresse ou le peu
de dexterité de beaucoup de Tireuses ,
:
: II. Vol. Cilij les
2856 MERCURE DE FRANCE
beaucoup plus belles que celles qui ne
sont pas tirées suivant cette méthode
Nous sommes redevables de cette invention
à M. l'Abbé Soumille de Villeneuve
lez Avignon. Le Public en general , CE
les Marchands de Soye en particulier
aprendront , avec plaisir , ce nouveau
moyen de perfectionner une marchandise,
qui fait aujourd'hui une partie cons
sidérable du Commerce.
ABagnols, Diocèse d'Uzés, le r. Fuillet
1736. Signé Villard , Marchand de Soye..
EPITR E ..
A M. L. C. D. L. l'année passée à
l'occasion du nouvel An.
**dont le mérite, égalant la naissance,
Estdignede l'encens et des voeux de la France;
Toi, qu'on voit revêtu de précieux Emplois,
Cesgages assurés de l'estime des Rois
Souffre ,que travestitout d'un coup en Poëte
Sans ressentirdu Giel l'influence secrete ,
J'exprime ceque peut m'inspirer la raison ,
Dans des accords peut-être ignorés d'Apollon.
Muses, qui m'éclairez du sommet du Parnasse,
Guidez mes pas craintifs , dans le sentier d'Ho
race ,
Des termes les plus vifs, empruntez les attraitss
DECEMBRE. 1736. 2857
Depeignez à tous les voeux que je fais ,
Dansces temps fortunés,où nous voyons l'année
Par le Pere du jour de nouveau ramenée.
Dites lui que mon coeur souhaite que les Dieux
Versent sur ses désirs tous leurs dons précieux ,
Qu'ils le rendent toujours tranquille , exempt
d'allarmies ,
Qu'il ignore les soins, les plaintes et les larmes
Que la Parque lui file , ainsi qu'au siecle d'or ,
Des ans beaucoup plus longs que n'en vecup
Nestor.
Voila ** les voeux que la reconnoissance
Me fit former pour toidès maplustendre enfance,
LeCiel m'éxaucera , ses bienfaits te sont dûs ,
Tu sçais les acheter au poids de tes vertus ,
Vertus qu'on voit toujours briller dans tacon
duite.
Leur éclatqui m'étonne ,à te loüer m'incite;
Que ne puis-je le faire ende sublimes Vers ,
Et suivre ton grand nom au-delà des deuxMers!
Mais mon âge s'opose au projet qui me guide ,
Et ton coeur qui rejette un éloge insipide ,
Semble me dire , il faut en loüant , exceller ,
Loüer' avec noblesse , ou ne point s'en mêler.
Il faut connoitre à fond les détours du Parnassea
*L'Auteur n'a pas pris garde , sans doute ,
quatre rimes masculines de suite, nous avonstâché
d'y supléer
1.
1. Vole Cvj Jo
2858 MERCURE DE FRANCE
Sçavoir à quel ressort l'éloge doit sa grace.
Je l'avoue ** oui je suis hors d'état
De tracer ton portrait d'un pinceau délicat,
Non, non, je ne sçaurois décrire ta prudence ,
Ton amour pour ton Roi , ta vaste intelligence
Ta haine pour l'orgueil , ta juste probité ,
Ton courage , et du coeur l'heureuse égalité,
Vertus qu'un digne Fils , Eleve de la gloite ,
Imite , pour revivre au Temple de Mémoire...
Mais je crains d'abuser ...j'obéis à la loi
Qu'impose le respect que mon coeur a pour to
Heureux, si ces enfans de ma sterile veine ,
Méritent que tu sois dès ce jour mon Mecene.-
Par M. Last , à Aix.
SUITE de la Dissertation de M. Clerot,
Avocat au Parlement de Rouen , sur
L'origine des Peuples du Pays de Caux.
L
Es premiers temps historiques de la Gaule
ne peuvent absolument être dévelopés que
par le secours des conjectures. Comment donc
ai- je på entreprendre ce que je me propose? Les.
conjectures peuvent-elles conduire sûreinent à la
véritable origine d'un Peuple ? Oü , Monsieur,
en. prenant de certaines mesures , on peut:
souvent donner aux conjectures, l'évidence er
la force de la démonstration. Dans la Jurisprudence
, les présomptions fondées , forment
L
LI..Kob souvenc
DECEMBRE. 1736. 2859
souvent une preuve complette ; en seroit-il au
trement de l'ancienne Histoire ? Je ne le crois
pas. Je passe donc aux premiers temps de celle
du PaysdeCaux, en prenant pour guides ce que
nous pouvons avoir sur lesCoûtumes des Peuples
par lesquels cepays a été habité,l'Analogie exacte
des differens Idiomes de ces Peuples et les Monumens
qu'ils ont laissés à la Posterité.
Semblable aux Ondes de la Mer , dont la pré
miere est pressée par la seconde , celle- ci par une
troisième et ainsi des autres successivement
jusques aux bornes qui leur sont prescrites ,
les Scytes , Peuples du Nord , devenus Germains,
sont les premiers qui en differens temps et en.
differentes troupes , ont été poussés jusques en
ce Pays , tantôt comme Gaulois , tantôt comme
Belges , tantôt comme Bretons et toujours comme
Allemans. Voyons quel étoit l'état de ces
Peuples au temps de César , de Straboner deTacite;
cela nous conduira à la connoissance des.
premiers remps de leur origine. Viri Septentrionales
robore et fortitudine superant Australes. Itaque
orbis ferè universus , à viris Septentrionalibus
domitus est. Hérodian . Lib. II I.
Si nous en croyons ces Auteurs , les bois er
les buissons tenoient lieu de Villes à nos Gaulois
, et sur tout aux Belges , dont notre Pays
de Caux faisoit partie. Leurs Maisons sur le
bord d'une Fontaine , le long d'un Côteau , près
d'un Marais , ou sur le rivage d'un Fleuve , n'étoient
que des miserables Hutes rondes , couvertes
de Joncs ou de Rozeaux , et faites avec des
perches, apuyées de clayes garnies de feüilles ou
de fumier. Il en étoit de-même des Bretons , ces
Reuples que Cesar nous aprend avoir une origine
Belgique, et par conséquent relative à notre Pays
LL.Vol. de
2860 MERCURE DE FRANCE
deCaux, apelloient du nom de Villes certains
endroits de leurs épaisses Forêts , où ils se retiroient
avec leurs Troupeaux , et où ils se munissoient
contre les incursions de l'Ennemi. Enfin
les Germains , peu éloignés des Belges , er'ayant
même, comme nous venons de l'observer , les
premiers habité notre Pays de Caux , n'avoient
certainementpointde Villes, nullas Germanorum
Populis urbes habitari satis notum est , dit Tacite
à quoi il ajoûte qu'ils ne se inettoient à couvert
desrigueurs de l'hyver , qu'en se retirant eux et
leurs Bestiaux dans les Antres les plus profonds ,
ce qui convenoit assés à des Peuples venus du
Nord.
Ces Auteurs auxquels nous pouvons joindre
AmmienMarcellin, Pomponius Mela , et autres,
ne nous donnent pas une plus grande idée de
l'état même des differentes Régions où ces Peuples
s'arrêtoient ; ils ne parlent que de Marais
érendus, d'épaisses Forêts et de Côteaux inaccessibles
, ce ne sont par tout que des Bois ou des
Eaux et si nous en croyons Tacite , la Germanie,
qui vaut présentement au moins notre Pays
deCaux, étoit sous un Giel des plus rudes , d'un
aspect des plus affreux et dont leTerritoire ne
pouvoit être suportable que par lenom dePatrie.
Terra et'si aliquanto specie differt , in univer
sum tamen aut sylvis horrida aut paludibus fædas
Tacit. de Mor. Germ.
Enfin , Monsieur, tous les Anciens s'accordent
àdire que les Belges , comme les Bretons et les
Germains , ne pouvoient avoir d'autre habita
tion au fort de l'hyver, que celle d'être pêlemêle
dans leurs Huttes avec leurs Bestiaux ; les
Delges , selon Strabon , vers les rivages de la
Mer , les Germains , selon Tacite , au bord des
LL. Voli
Fleuves,
DECEMBRE: 1736. 2861
Fleuves , et les Bretons , selon Cesar , dans l'in
terieur de leur Pays , les uns et les autres vi
voient de fruits , de chair , de laict et de fromage;
la plupart étoient habillés d'écorce d'arbre
oude peaux, plusieurs ne connoissoient pas même
le labour,Agricultura non student , majorque
parsvictus corum in lacte et caseoet carne consistit
.... interiores plerique frumenta non serunt',
sed lacte et carne vivunt , pellibusque sunt vestitis
Cesar , Lib. 4. ct 6.
Geci posé , en comparant ceque nous voyons
présentement en Amérique , avec ce que Cesar ,
Strabon et Tacite ont pû voir dans les Gaules
de leur temps , voici mon raisonnement. Comme
il est constant que les Hommes de l'Améri
quesontbien moins sauvages qu'ils ne l'étoient
quand on en a fait la découverte , de même il
est évident que les Gaulois du temps de Cesar
de Strabon et de Tacite , étoient bien moins
grossiers qu'ils ne l'avoient été avant le commerce
des Phéniciens , et avant l'introduction
desGrecs dans leur Pays , ainsi il faut se représenter
ces Peuples dans les premiers siecles ,
comme des hommes féroces , sans noms et
sans connoissance ; leur Pays comme une seule
et vaste Forêt presque inaccessible , leurs habitations,
commelesCastors, au milieu des Eaux,
environnés de Bois ; car les Rivieres n'étant pas
encore retenues dans leur cours , comme elles l'ont :
été depuis par l'industrie des hommes , elles s'étendoient
selon l'irrégularité du terrain,de sorte
que leurs bords offroient toujours des Lacs ou
desMarais,que la superstition rendit même plus
amples.Voilàl'idée sous laquelle je vous expose ,
Mi le premier état du Pays de Caux , dans ces
temps obscurs , dont il semble que les Histo
IL Vol. riens
2862 MERCURE DE FRANCE
riens n'osent parler. Et puisque ce Pays estde
toutes lesContrées de laGaule , celle où les Ro
mains ont fait moins de changemens , voyons
bi nous ne trouverons pas quelques traces des
premiers hommes qui l'ont habitée , et commençons
par ce qui regarde leur Religion .
Le Soleil échauffe leur Terre , la Lune les
éclaire , et cela leur procure un bien sensible ; il
n'en faut pas davantage pour déterminer ces
Peuples grossiers à adresser un culte religieux
ces deux Astres. Voyent-ils le Soleil dans son
lever ou dans son coucher,d'une couleur et d'une
rotondité plus aparente ? Alors le rouge vermeil
et le rond , deviennent venerables , et ils hono
rent la nouvelle Divinité , sous le nom de Roth
qui signifie cette couleur et cette figure. S'ils le
considerent dans sa premiere élevation , où il
leur paroît avoir quelque chose aprochant de
Por , autre objet de culte sous le nom de Belen
ou Melen , qui marque le Blond. Le voyent- ils
dans son Midi ? il leur paroît argenté , et cette
couleur devient sainte sous le nom de Alp , Alb
ou Abfe qui dit la même chose. Il en est ainsi
de la Lune , &c .
Ces Hommes du Nord devenus Allemans er
Belges , n'avoient point de domaines particuliers,
ils étoient obligés de changer de demeure
chaque année , et par cette raison ils ne nous ont
laissé aucuns vestiges de leurs premieres habitations.
Je dois ensuite vous observer quels ont été
dabord leurs premiers Lieux religieux , parce que
c'est-là où ils ont commencé à se fixer . Il est
dabord certain qu'ils honoroient ce qui leur paroissoit
le plus favorisé du Soleil ou de la Lune ,
sous les mêmes noms qu'ils donnoient à ces deux
Astres. Eucos ac nemora consecrant deorum que
LL. Vol nominibus
DECEMBRE. 1736. 2863
Rominibus appellant secretum illud. C'est encore
Tacite qui parle.
En effet , Monsieur , représentez- vous ces Peu
les rustiques , toujours à la chasse ou gardant
ſeurs Troupeaux , ils voyent dans leurs épaisses
Forêts'les rayons du Soleil ou l'ombre de la Lune
sur de certains Lieux ; il n'en faut pas davan
tage , cela forme dans l'esprit de ces hommes
grossiers une espece de consécration de ces Liet
même au Soleil ou à la Lune , selon la distinction
des Phases ou des Solstices , et ces Endroits
sacrés en reçoivent les noms que nous pouvons
connoître , parce qu'il nous en reste quelques
vestiges ; la reflexion des mêmes, rayons dans
les Lacs ou dans les Rivieres en font des Lieux
saints , auxquels on donne encore le nom de la
Divinité Bienfaisante , selon l'état et la couleur
où elle paroît , et cela donne lieu à des Assemblées
Religieuses , qui forment dans la suite des
habitations permanentes ; enfin si on voit l'Image
du Soleil ou de la Lune passer rapidement
vers le sommet des Montagnes au travers des
branches dans les Forêts , entre les Rozcaux ou
les Lys des Marais , cela suffit pour croire que
la Divinité vient elle-même habiter ces Lieux
sacrés. Et si credere velis numen ipsum secreto la
cu abluitur , servi ministrant quos statim idem lacus
haurit ; ainsi s'explique Tacite à l'égard de
la Déesse Hertum. Voyons , Monsieur , si nous
viendrons de-là aux premieres habitations de
nosGaulois.
Comme ces Peuples , par un usage retenu du
Nord, couroient dans le temps de leurs Théophanies
sur certaines Montagnes,où ils croyoient
découvrir les premiers le Soleil lorsqu'il revient
duMidy au Septentrion , parce que cettedécou
11. Vel.
2864 MERCURE DE FRANCE
verte dans le Nord , étoit une grace desplus
singulieres pour celui qui la faisoit le premier
celles de ces Montagnes qui étoient honorécs
elles-mêmes de cette faveur , c'est-à-dire celles
où ce nouveau Soleil se faisoit voir le plutor , en
recevoient le nom de Neh-dan ou Neo-dun ou
Ne-hel-dun , comme qui diroit la Montagne
consacrée au nouveau Soleil , parce queDun signifie
Montagne. J'ajoute que comme le con
cours des Peuples vers un Lieu qui devenoit si
respectable , exigeoit enfin sur ce Lieu même
une habitación de Prêtres , on lui donnoit le
nom de Neomagus,de l'ancien inotMagMagen
Maig ouMeije , qui signifie demeure ou famille,
comme qui diroit le domicile ou la famille des
Prêtres consacrés au nouveau Soleil , parce que
dans les premiers temps les Peuples dans leNord
n'habitoient le fond de leurs Grotes que par fa
milles , et dans les seconds , les Prêtres ou les
Prophetes ne se sont distingués que par familles.
Voila, si je ne me trompe , de quoi expliquer
Porigine et la distinction des Villes ou habitations
apellées Neodunum ou Noviodunum , Neomagus
ou Noviomagus , et celles qui peuvent
avoir indistinctement l'un ou l'autre de ces
noms; il ne seroit cependant pas impossible
qu'une Montagne consacrée à la nouvelle Lune
cût donné lieu à quelque dénomination ou hahitation
semblable ; mais ce qui étoit consacré
en ce point à cette espece de Divinité ne paroît
pas avoir été dabord si considerable , le culte
de la Lune ayant toujours été inférieur à celui
du Soleil. Vous en pouvez juger, Monsieur , par
le détail des premiers Lieux religieux de notre
Pays de Caux , que je trouve , comme je l'ai
observé , vers les Eaux environnées de Forêts ,
11. Vola ан
DECEMBRE. 1736. 2865
au bord des Sources , au Confluent des Ri
vieres , à l'embouchure de quelques Fleuves , et
aux Lieux où il y avoit des Marais , tous si
tués vers les Côtes Maritimes , ou sur le Rivage
de la Seine , l'interieur du Pays ayant été
habité beaucoup plus tard.
Vous sçavez que ces Lieux,venerables auxGaul
lois, où ilsavoient même des especes de Prêtres et
des Prêtresses d'une haute réputation , ne purent
être entiérement détruits, qu'en y établissantdes
Monasteres d'hommes ou de femmes,ety en substituant
des objets de vénération, on peut se raa
peller sur ce sujet l'adorate sanctum Hilarium de
Grégoire de Tours , substitué à l'objet de super
stition, dont il parle ch. 2.de la gloire des Confesseurs
helarum lacum habens magnum.
Je trouve vers le confluent et àlafinde quel
ques- unes des Rivieres, dont je viens de parler, ct
de même par toute la France ,certains Villages
qui ont été dans les premiers temps ces portions
de Forêts que je vous ai fait voir avoir
été sonsacrées au Soleilsous le nomAlb ouAlf,
il est évident que par le défrichement , ils sont
devenus depuis des Territoires , auxquels on a
donné les mêmes noms de Alb ou Alf, avec
cette difference pour quelques-uns , qu'on les
afait precéder de l'épithete Div. qui signifie
divin , ou saint , ce qui marque leur ancienne
consécration , et ces noms ont été augmentés
de la particule Ig. ou Eig. ou Eigen , qui signifie
ce qui convient ou ce qui est propre à
une chose , ( Voyez là-dessus une Dissertation
de M. Echard sur une Inscription trouvée en
Alsace,imprimée à Wisbourg en 1727. )de sorte
⚫ que de Alb Ig , on a fait Aubigny , Aubigné ,
Aubin',et de Div. Alb. Eigen , on a faitDi-
II. Vol.
66 MERCURE DE FRANCE
wus Albinus , et S. Aubin , à peu près comme diz
mot Mor ou Moer , qui signifie la Mer , on a
fait avec la particule Eigen , le nom de Mor
Igen ,autrement Morins , Peuples voisins de
notre Pays de Caux ; tels sont nos Lomer
nos Côtes Maritimes , S. Aubin , Lieu ancien
vers la Riviere de Bresle près Séverpont , S. Aubin
, Lieu religieux au commencement de celle
d'Epte près de Gournay , S. Aubin , autrefois
Lieu de dévotion près d'Arques , S. Aubin , au
trefois Forteresse sur la Scie , au- dessous d'Aufey,
S. Aubin au bord de la Mer , à l'embouchure
de la Riviere du Bourg-Dun; tel est en
fin , vers le Rivage de la Seine , S. Aubin
Village près de Roüen , qui a été si visiblement
une portion de Forêts , consacrée sous le nom
de Alb , qu'une petite Riviere qui en sortoir,
est nommée encore Albula et Aubette , qu'il
y a même encore aux environs plusieurs Bois
et plusieurs Côteaux , propres à avoir été l'ob
jetde la veneration gauloise. Je joins à cela ;
que ce Lieu est si évidemment devenu Territoire
, qu'on le désignoit encore de même dans
le onziéme siecle. Je prends pour garans les
termes de la Chartre de fondation de l'Abbaye
de N. D. de Lizieux , qui donnent à ce
Territoire une étendue qui finit vers Fontaine
sous Preaux , et y placent des Paroisses , des
Terres cultivées et incultes , des Forêts , et des
Eaux , avec des Lieux de pêche et des Moulins ,
in Pago Rothomagensi trans Sequanam S. Albinum
cum omnibus appenditiis suis , scilicet , Ecclesiis
, agris , campis , terris cultis et incultis ,
novalibus vel silvis ad novalia extirpandis , prazis
, silvis , forestis , aquis , aquarumque decursibus
, piscationibus , molendinis , molendinorumque
II. Vot locir
DECEMBRE. 1736. 2867
locis quasitis et inquirendis , et omnibus consueaudinibus
et foris factis , terram de Fonteines,
qua sita est juxta S. Albinum et Ecclesiam , aquam
cum molendino &c. Continuons notre examen
sur nos premiers établissemens vers la Seine.
Constamment le ruisseau d'Aubette , dont je
wiens de parler , et celui de Robec , dont j'ai
parlé plus haut , venant de Fonteines qua sita
est juxta S. Albinum , se joignoient autrefois
àune demie licuë de Roien , à l'endroit qu'on
nomme encre actuellement le Chouc , et for
moient ensemble un grand Lac , qui s'étendoit
jusques dans ce qui fait aujourd'hui la principale
partie de la Ville , comme je le démontrerai
en son licu. Cela posé, comme ce
Lac étoit au Soleil levant , environné de Fo
rêts , au pied d'une Montagne bornée de Collines
et près de Fontaines minerales , qui rendoient
la surface de ses Eaux de couleur de pour-
Pre il est évident qu'il a été une des Consécrations
religieuses de nos premiers Gaulois
vers le Soleil levant , sous le nom de Roth ,
et que ce Licu religieux etant devenu impor
tant par le concours des Peuples , il y aura
eu une socicté ou famille de Druides, qui s'y
sera établie , et qui aura fait apeller ce Lieu
Rhot mag Rhot maig ou Rhot meij , selon les
differentes Dialectes.
- Que ne m'est- il permis ici de m'écarter un
peu ,pour vous fournir sur cela des preuves
par comparaison,je vous demontrerois que c'est
là l'origine d'une infinité de Lieux dans les an
ciennes Armoriques , entrautres le fameux vetus
Rothomagus , aux extremités du Pays de
Caux , d'où s'est formé Vuede ou Vovete
Radomus , que le sçavant M. is Beuf ne veut
II. Vol.
point
2868 MERCURE DE FRANCE
,
point reconnoitre pour le Palais de Charles le
Chauve , dont parle le Moine d'Auxerre. Un
autre Lieu de notre Province , apellé aussi d'abord
Rothomagus et que quelques Sçavans
croyent avoir été vers Caën , au Village apellé
dans les anciennes Chartres Vedioca et VVeoea,
parce qu'il sera devenu ce que ces Auteurs
apellent Civitatem Viducassium , et un Bourg de
laTouraine, apellé encore Rothomagas parGrégoire
de Tours Liv. 10. Ch. 30. de son Histoire,
parce que la Riviere d'Indrey avoit occa
sionné un Lieu venerable aux Gaulois. C'est
ainsi, M. qu'une ancienne Demeure Royale ,
située à trois lieuës de Raüen , sur la fin du
cours de la Riviere d'Eure , vers la Seine , et
qui est aujourd'hui le Vaudreuil, est apellée dans
le mêmeGrégoire de Tours Liv. 7. Ch. 19. et
dans Aimoin Liv. 3. Ch. 65. Villam Rothoalensem
, parce qu'elle a été un Lieu consacré
lalumiere naissante du Soleil , sous le nom
deRoth el ouRoth al. Soli invisto. Et si je cherchois
l'originede Roth nay , ancien Bourg de
Flandres , entre Tournay et Oudenarde , j'y
trouverois un Lạc dédié au Soleil levant sous
le nom de Roth Neh ; mais je reviens au Ri
wage de la Seine , qui interesse notre Pays de
Caux, et je dis que l'embouchure , ou l'exxrêmité
de la Riviere de Maromme , qui est
la premiere qu'on trouve se terminer àce Rivage
au dessus de Roüen , a encore été autrefois
un Lieu de veneration , semblable à ceux
dont je viens de parler.
En effetGuillaume de Jumiege, Liv. 2. Chap.
20. nous faitjuger que cette Riviere formoit encoredesontemps
un Lac que l'on apelloit Mares
caren nousdonnant une circonstance de l'His-
11. Vol. toire
DECEMBRE. 1736. 2869
foiredenotre premierDuc de NormandieRaoul,
il dit que ce Prince revenant de la Chasse , et
étant vers le lieu où est lafinde cette Riviere , se
reposa sur un Lac, Sedens super Lacum , quem
diano loquendi , Maram vocamus. Nous
penser là-dessus que ce Lac a été aus
15 veré sous le nom de Roth, et que pour
inner de celui de Roüen , les Gaulois y
joûté l'épithete de Maar ou Meyr , qui
cuperieur. En effet il pouvoit être bien
d , la Riviere étant plus considerable ,
taussi en avoir la couleur , puisqu'il
avancore près de làdes Fontaines Mineraest
évident que la Forêt voisine en a renom
de Roumare , qui vrai-semblable
t celui de la Riviere avant la forma-
Village de Maromme , dont le nom est
se deMaar et de Hom , que M. Huer,
: Caen , Ch. 19. ) assure signifier ca
emeure ou Village,
vous représentez , Monsieur ,que les
u Nord ont des Crépuscules de plu
maines , qu'ils voyent le nouveau Soleil
velleLune, tourner autour d'eux pens
issi long-temps, etqu'alors le Ciel se
cinler urores Boreales et autres Phénomenes
ers le Pole, donnent à la forme ou à la
ces deux Astres quelque chose d'ex
Jir: te , vous ne serez pas surpris que le
Suicin Levant ou la nouvelle Lune , ayent été si
vénérable chés des Peuples qui venoient de ces
extremités de la Terre ; céla suposé , je reviens
aux premieres habitations faites sur le rivage de
laSeine dans le Pays de Caux , et sans m'arrêter
au Lieu que les anciennes Chartres apellentDuy.
clair et Dourclair, et qui en cela n'a rien de
II. Vol. Gaulois
2870 MERCURE DE FRANCE
Gaulois que le nom qu'on donnoit , sans doute
la Riviere , parce que l'eau se désigne enGau-
Jois sous les noms de Dur et Doour , je passe
celui de Jumieges , &c.
Pour vous déterminer plus sûrement , je dois
Nous citer nos anciens Auteurs , tels queDudon
'de S. Quentin , Guillaume de Jumieges , et Oderic
Vital, en ce qu'ils apellent ce même Lieu
Gemegias , Gemmeticum et Monasterium Gemmeticense.
L'Analogie est sensible et on n'y peut
rien ajoûter , si ce n'est que la finale deGemme-
*sicum vient de la particule Ig , dont j'ai parlé.
Au reste , puisque Yainville , qui dépend de Jumieges
, est apellé dans les anciennes Chartres
Guenvilla ou Vvenvilla , comme qui diroit Vil
lage dépendant du Lieu apellé Vven ou Guen , et
que le nom donné à la Paroisse du Trait , dépendante
encore de Jumiege , signifie en Saxon
un passage pratiqué dans un Marais , ou le Marais
même , comme l'assure M. Alting , dans
sesNotices de la Frise, il n'est pas douteux que
tout le Territoire n'étoit qu'un seul Licu , sous
la même dénomination .
Ladistancedes temps ne fait rien , car ce culte
rendu par lesGaulois au Soleil ou à la Lune vers
les Eaux et les Bois , a subsisté dans notre Pays
deCaux jusques après le sixième siècle , voyea
lesActes de notre S. Romain , en ce qui nous en
aétédonné par M. Rigaud , Avocat au Parle
ment de Paris , vous trouverez que ce S. Evêqus
qui vivoit encore à Roüen en l'an 644. y détruisit,
Juxta Urbem à Septentrionali latere , un
Temple dédié à une certaine Déesse , &c. que
Lucien , Auteur de ces Actes , dit être Venus et
que je crois être laLune sous le nom de Vven-er,
sinsi , Monsieur, si dans la Métropole même le
II. Vol. culte
DECEMBRE. 1736. 2871
culte de la Lune a subsisté jusques en l'an 644.
comment ne se seroit- il pas conservé dans un
lieu obscur et sauvage , tel qu'étoit alors Junieges?
Aussi le même Auteur dit expressement que
le S. Prélat , en cherchant soigneusement dans
tout son Diocèse les Lieux consacrés aux fausses
Divinités , eut occasion d'en détruire plusieurs ,
à la place desquels il éleva des Temples à Jesus-
Christ. Le Marais de Jumieges n'auroit-il point
excité le zele de S.Romain ? Et dans ces Temples
que sa pieté éleva, ne trouverions-nous point les
commencemens de l'Abbaye de Jumieges? Je vais
vous donner le Texte même de l'ancien Auteur .
Perscrutatus interea omnia sua Dioecesis locorum
abdita , quodam in loco demoniorum repperit fana,
Mercurii scilicet, Jovis, atque Apollinis miro compta
opere , qua Dei nutu ita subvertit , ut nec lapis
super lapidem remaneret. Ubi autem quoddam damonum
cultura Edificium constructum audiebat ,
nec mora ab imis destruebat et Templa Christi
ibidem locabat . :
La suite pour un autre Mercure.
ODE.
Sur le Mariagede M. de V. avec MlleM.
QUel bruit délicieux m'éveille !
Hymen, tes amoureux Concerts
Frapent tendrement mon oreille ;
Tout rit dans nos sombres Déserts.
11. Vol.
D Déj
2872 MERCURE DE FRANCE
Déja les Nayades timides
Quittent leurs retraites humides ,
Et folâtrent sur le gazon ;
Phébus dans cette aimable Fête ,
Pour faire admirer ta conquête ,
Semble fixé sur l'horizon .
:
Les Dieux des volages Fontaines
Arrêtent leurs bruyantes Eaux ;
Des Zéphirs les douces haleines
Respectent tes sacrés flambeaux.
L'heureux Berger foulant l'herbette ,
Au son de sa douce Musette ,
Et chantant ta félicité ,
Aprend aux Mortels , que le Sage
Possede le rare avantage
De fixer ta legereté.
La puissante Métempsicose
Triomphe dans ce beau séjour.
Forestel * se métamorphose
En brillant Palais de l'Amour :
Philomele , ton doux ramage ;
Bois , votre officicux ombrage ,
* Charmante Maison de Plaisance proche de
Mondidier , dans la Chapelle de laquelle fut celebré
le Mariage.d
II. Kol (Témoins
DECEMBRE. 1736. 2873
Témoins des paisibles plaisirs )
Et toi , favorable fougere ,
Forcent la plus fiere Bergere
D'être sensible à nos soupirs.
Damon et la tendre Silvie
Brulant de légitimes feux ,
Malgré tes coups , aveugle Envie ,
Sont Epoux , et pourtant heureux ;
Leurs coeurs à l'abri des allarmes ,
Goûtent d'inaltérables charmes ;
La vertu fait toute leur Loy.
Fortune , implacable Déesse ,
L'Hymen formé par la Sagesse ,
Insulte à ton cruel Employ.
Dieux ! quel ébloüissant Spectacle
Ravit mes timides esprits !
Le Ciel , prodigue de Miracle ,
Enchante mes sens interdits ;
L'Amour , l'Hymen et la Sagesse,
(Garants d'éternelle tendresse )
Unissent ce Couple charmant ;
Frémis , sacrilege inconstance ;
Les traits que ton caprice lance ,
Fontd'un Epoux un tendre Amant.

II. Vol. Dij Quelle
2874 MERCURE DE FRANCE
Quelle Divinité brillante
Conduit ici ses nobles pas ?
Graces , votre Reine charmante
Possede-t'elle plus d'apas ?
La candeur , le goût , la justesse ,
L'attrayante délicatesse ,
Assaisonne tous ses discours ;
Sans emprunter de l'imposture
L'art de profaner la Nature ,
Ses yeux recelent les Amours.
Joüis de ta douce victoire ,
Damon , satisfais tes désirs ;
Quel bonheur ! la vertu fait gloire
De présider à tes plaisirs.
Que la félicité suprême ,
Que partage une autre toi-même ,
Captive les Destins jaloux ;
Que les mornes inquiétudes ,
Les revers , les vicissitudes ,
Respectent des liens si doux.
Et toi , grand Dieu , dont la sagesse
Dispose à ton gré de nos jours ,
Ranime à jamais leur tendresse ,
Et bénis leurs chastes amours.
Nouris dans leurs coeurs la semence
11. Vol. D'uns
DECEMBRE. 1736. 2875
D'une parfaite intelligence ,
(Doux germe de felicité ,)
Qu'une sainte persévérance
Leur fasse goûter par avance
Les douceurs de l'Eternité .
ΕΝΝΟΥ.
D'une Muse sans fard daigne accepter l'hont
mage ,
Tendre Epoux, son encens est puret sans fadeur
N'écoutant que la voix de l'aimable candeur ;
Etre fidele au vrai , fait tout son apanage ;
Le Public charmé de ton choix
Anime sa timide voix ;
Que la Parque attentive aubonheur de ta vie ,
Ourdisse avec respect la trame de Silvie ;
Que l'Hymen enchaîné par ses beaux sentimens,
En faisant des Epoux , n'ote rien aux Amans.
J. B. C. C. de Figniere.
11. Vol. Diij EX
2876 MERCURE DE FRANCE
北北北北北北北北北北北北北
EXTRAIT d'une Lettre de M. Duprey,
Maître Chirurgien à Evreux , au sujet
d'un Enfant monstrueux.
L
E 28. Août 1736. une Femme de
cette Ville , grosse d'environ sept
mois , accoucha de deux Enfans , l'un fe .
melle et complet , et l'autre mâle et incomplet.
Ce dernier qui n'avoit que s .
à 6. pouces de hauteur , et qui étoit sans
tête , sans bras , et sans poitrine ; consistoit
en ventre inferieur , rable , fesses,
Anus , Verge , Jambes et Pieds .
Ce petitMonstre , qui étoit d'ailleurs
fort porelé , ou plutôt bouffi et hydropique,
avoit les régumens communs , é
pais d'un doigt, farcis de glandules squirreuses,
et très infiltrés, et abreuvés d'une
serosité claire et orangée , qui s'étant extravasée
dans le Tissu cellulaire de la
membrane adipeuse , s'y étoit congelée,
et avoit formé une Leucophlegmatie.
Immédiatement au-dessus de l'Uma
bilic , je remarquai une petite marque
brune et veluë , grande comme le bout
du doigt , qui me fit soupçonner une tête
cachée dessous. En effet , ayant ou-
11.Vol. Vert
DECEMBRE. 1736. 2877
vert l'Abdomen , j'aperçus directement
sous cette marque un petit Corps solide
, gros comme un Pois , oblong , con
vexe supérieurement, plat lateralement,
rond et poli posterieurement , et ayant
anterieurement plusieurs inégalités , qui
quoique non formées , marquoient suffisamment
que c'étoit la face et la tête de
ce petit objet , qui étant rentrée comme
en lui-même , ou qui n'ayant pû se dé
veloper , s'est trouvée confonduë dans
cette cavité.
Des parties laterales inferieures de cette
tête , partoient deux plans de fibres
aponévrotiques , larges d'une ligne , et
longs d'un travers de doigt ; qui en s'épanouissant
en forme de pattes d'Oyes ,
venoient embrasser le Cordon umbilical
où ils étoient fort adhérens , ce que
je considerai comme les mains.
De la baze du Crane anterieurement
partoient deux petits filamens blancs ,
ronds , gros comme une Chanterelle de
Violon , longs d'un poulce , et courbés
en dessous , lesquels en se relevant venoient
aussi s'attacher à l'Umbilic ; ce
qui représentoit l'oesophage , et la trachée-
artere.
1
Il partoit aussi de l'Occiput inferieu
rement deux plans de Fibres rougeâtres,
1
11. Vol. Diilj char2878
MERCURE DE FRANCE
charnus , plats , larges d'une demi ligne,
longs dedeux pouces, et ployés anterieurement
sur lesVertebres des Lombes,
lesquels en se refléchissant en dehors ,
alloient s'inserer aux Apophises épineuses
, se confondans avec les Muscles sacrés
et demi épineux , que je pris pour
les très- longs.
Je ne trouvai dans ce ventre ni coeur,
ni Poulmons , ni Foye , ni Ratte , ni
Pancreas , ni Reins , ni Vessie ; et je
n'observai d'organes distincts , qu'un petit
Mésentere large d'un liard , qui prenoit
son origine du cordon Umbilical
auquel il étoit suspendu , et dans lequel
il se prolongeoit d'un travers de doigt
sans être aucunement attaché aux Vertébres.
Il avoit à sa circonférence une
petite portion d'Intestins fort grêles ,
dont le commencement qui étoit de la
grosseur d'une moyenne Plume à écrire
sembloit être le Ventricule. Ce petit canal
alloit à l'ordinaire se terminer à l'Anus
, qui n'étoit point percé , non plus
que la Verge.
Ayant examiné le cordon Umbilical ,
qui étoit fort menu , et qui partoit du
même Placenta ; je n'y trouvai que la
Veine , et une Artere. La premiere se
distribuoit par une infinité de Rameaux
II. Vol. au
JECEMBRE. 1736. 2879
auMésantere et aux Intestins,qui étoient
1 seules Parties où il parut y avoir du
sang. A l'entrée du Ventre , l'Artere se
partageoit en deux branches , qui core
respondoient aux Iliaques internes .
Au reste , il y avoit dans cette cavité
un lacis étonnant de petites Fibres blan-
⚫ches , nerveuses, et vasculaires , si confuses
et si entortillées, qu'elles aprochoient
beaucoup d'une piece de Fil mêlée ; end
tre lesquelles je distinguai seulement
l'Aorte descendante.
Au surplus , ayant levé les chairs , je
trouvai que le Squelete étoit complet
depuis les pieds jusques et y compris la
troisième Vertébre inferieure du dos , où
se terminoit l'épine , qui étoit courbe ;
excepté que le petit Orteil de chaque
pied manquoit , et qu'il n'y avoit point
deCôtes, si non trois petits cartilages de
chaque côté des trois Vertébres du dos ,
longs de trois à quatre lignes , lesquels
étoient couchés lateralement le long de
l'épine. Signé , DUPREY , Lieutenant
deM. le Premier Chirurgien du Ray , à
Evreux.
A Evreux le 16. Octobre 1736.
II. Vol. DV ODS
2880 MERCURE DE FRAICE
*******
:
ODE
A Mademoiselle P *** Nymphe des
Rives du Lignon. Par une Nymphe
de la Mer , métamorphosée en Berger
du Pays d'Asirée , sur son départ.
QUand on peut se résoudre à quitter sa
tresse
Maf-
Sans pâmer de regret , såns mourir de dous
leur
On n'a jamais senti cette vive tendresse ,
Qu'un véritable Amour allume dans un coeurd
*
Votre charmant visage est l'Astre qui me
guide ,
Je tombe , loin de vous , dans l'horreur de la
nuit
,
*C'est dans vos yeux brillans , que mon ame rés
side
Loin de vous,le trépas en tous lieux me poursuit.
Je pars , ô Ciel ! je pars , un ordre trop severe
Aujourd'hui me condamne à ce funeste sort.
II. Vol. Tous
DECEMBRE. 1736. 2881
Tous les Dieux ont sur moi déployé leur colere;
Ah ! pourquoi, Dieux jaloux , differez - vous ma
mort ?
Quel frisson me saisit , mon ame est opresséc
,
Tout mon sang engourdi réfuse de couler ,
Et pour vous dire adieu , ma langue embaras
sée
Se confond et n'a plus la force de parler .
Sur le pointd'expirer , ah ! Beauté trop che
rie ,
Je vous quitte , Corinne , ô , voyage cruel !
Dure nécessité ! si je reviens en vie ,
Il faut, n'en doutez pas ,que je sois immortel.
LETTRE de M. Maillart , ancien
J
Avocat au Parlement de Paris , à M.
J. F. Dunod , ancien Avocat au Parlement
de Besançon , et Professeur Royal
en l'Université de la même Ville , sur
S. SIGISMOND , Roy de Bourgogne.
Ai lû avec satisfaction , Monsieur ;
te premier Tome de votre Histoire
Sequanoise , Edition de Dijon , in-4.
11. Vol. Dovj 1735
2882 MERCURE DE FRANCE
1735. Voici ce que j'y ai trouvé à la pa
ge 281 .
>>>Il fit donc couper la tête à Sigismond
» en 524. à sa femme , et à ses deux fils
>> et jetter leurs Corps dans un Puits ,
» Coulmiers , auprès d'Orleans.
>>Cependant Sigismond , sa femme
>> et ses enfans , furent regardés comme
>>>des Martyrs...
Vous pouvez , M. vous éclaircir à
fond sur cet évenement considerable
dans Gregoire de Tours, Histor. Libro. 3.
C.3. dansAdon , in Cronico. art an. 442.
et in Martyrologiis ; dans le vénérable
Bede ; dans Aymoin , de gestis Francorum
; dans les Bollandistes au premier
May, que se fait la Fête de S. Sigismond ;
dans Saussaye , Annales Ecclésiastiques
d'Orleans , Libro. 3. Titulo. Leontius No.
XIII. Cet Auteur a écrit que S. Sigismond
fut d'abord emprisonné à Champ
Rosier.
Je vous rends compte , M. du local
actuel concernant S. Sigismond , dont je
me suis fait informer par gens intelligens,
et demeurans dansce Canton- là.
Au Diocèse d'Orleans , sur les confins
de celui de Chartres , se trouvent r. le
Bourg de S. Simon , qui est une contractiondu
nom de S. Sigismond , conservé
II. Vol. dans
DECEMBRE. 1736. 2883
dans le Poüillé , et dans les anciennes
Cartes.
2. A deux lieuës de-là au Sud- Est , est
la Paroisse de Rosieres , qui peut bien
être le Campus Rosacens de Saussaye.
3. A un quart de lieuë de S. Sigismond
, au Nord , est le Village de Colu
melle , Paroisse de S. Pere Avy.
4. A un autre quart de lienë au Nord,
est la Paroisse de S. Pere Avy- la - Colombe.
Le Bourg de S. Simon contient un
Prieuré Bénédictin , dépendant de l'Ab
baye de Micy , ou de S. Memin, auprès
d'Orleans , au Midy , présentement uni
à l'Ordre des Feüillans ; et une Eglise
Paroissiale. L'ancienne Eglise a été rui
née : c'est dans le Choeur de cette ancienne
Eglise que subsiste actuellement en
bon état, le Puits où le Roy Clodomir fit
jetter lesCorps du Roy S. Sigismond , de
sa seconde femme Constance et de ses
deux fils du second lit , nommés Gisla
haire , et Gondebaud.
L'eau qui se tire de ce Puits , ne sert
qu'à l'Eau Benite et pour être distri
buée aux Malades de la Fiévre , qui y
abordent par dévotionde toutes les Contrées
voisines.
Le Prieuré de Saint Sigismond est en
II. Vol. Commande ,
2834 MERCURE DE FRANCE
Commande , et il n'y a plus de Religieux
qui en soutiennent la Conventualité.
De-là suit , M. que Grégoire de Tours
suivi par Saussaye à la page 114. n'a pas
été bien instruit, lorsqu'il a écrit que le
Puits où S. Sigismond , sa seconde Femme
, et ses deux Fils , avoient été jettés
étoit à Columelle ; puisque dans le fait ,
c'étoit à S. Sigismond ; à moins que tout
ceCanton ne portât le nom deColumel,
le , apud Columnam.
,
Je vous exhorte , M. à faire part au
Public de vos excellens travaux , et je
suis , &c.
A Paris ce premier Juin 1736..
きまきまきまきまききき***********
FABLE.
LeRenard ,etle Loup plaidans devant le
Singe.
LE Renard et le Loup broüillés pour un
Procès
Pardevant un Magot vinrent plaider leur Cause,
Francs Fripons , tous les deux plaidoient avec
succès
,
Mentans à qui mieux mieux , pour embroüiller
laGlose ,
II. Vola Le
DECEMBRE. 1736. 2885
Le Loup , dit le Renard , m'a pris vingt duca→
tons ,
Mais le Coquin la veille avoit croqué la Poule,
Le Renard , dit le Loup , m'a volé deux Mou
tons
Sur deux points , dit le Singe , ainsi la Cause
roule
O Loup ! d'avoir perdu tu te plains , mais d
tort ,
Et toi Renard , d'Argent fis-tu jamais usage ?
Mais pour voler Moutons tu n'es point assés
fort ,
Aprenez donc tous deux , ce que c'est qu'être
sage.
On ne court aucun risque à vexer des trome
peurs ,
Déposez à mes pieds le prix de la demande ,
Du reste condamnés comme deux Imposteurs
Je vais vous mettre àdos en me payant l'A
mende.
II. Vol. REPONSEMERCURE
DE FRANCE
AAAAAAAAA
REPONSE à la Lettre de M. ***
àun Ami de Province , par M. Desro .
ziers , Maitre Chirurgien d'Estampes&
L
d'Orleans.
Es Médecins sont extrêmement hardis, lors
nous attaquent , si nous ne leur
oposons que le silence. Leurs Ecrits insultans
se multiplient ; ils paroissent avec les noms
de leurs Auteurs , et sous les auspices de la Faculté.
Mais dès qu'on opose la raison à ces Doc
teurs , leur hardiesse se change en intrigues sourdes.
Pour sauver, au moins en aparence, l'honneur
de la Faculté , ils sacrifient les aggresseurs qu'ils
avoient choisis eux-mêmes , et qu'ils avoient dirigés;
ils abandonnent une partie de leurs préten
tions; ils n'osent plus défendre le reste que sous
des déguisemens sous lesquels on ne laisse pasde
les reconnoître. L'un se dit Anglois , et son langage
sent assés l'étranger; l'autre commence par
sebannirde la Médecine, pour s'en faire le défenseur.
Il a crû qu'en ne paroissant pas Médecin ,
il seroit moins suspect ; qu'il trouveroit plus d'indulgence
; qu'il pouvoit être dispensé d'être instruit
à fond des veritables raisons qui doivent
décider nos différends ; qu'il pouvoit hazarder
sans être soupçonné de mauvaise foi , de faux
raisonnemens , qui ne seroient pas pardonnables
àun Médecin. Ennemi de tous ces détours, persuadé
que la verité seule défend notre cause, je
me montrerai à découvert, je négligerai tous les
ornemens qui ne sont que des armes de l'artifice,
je n'aurai recours qu'à une simple exposition des
II.Vol. prérogatives
y
DECEMBRE. 1736.2887
prerogatives de notre Art, qu'à la précision, qu'a
la force de la raison toute nuë .
Les Médecins n'ont pas osé nous répondre directement
; mais pour moi je vais suivre exactement
dans ses détours , l'Auteur , qui sous un
personnage emprunté , a prétendu nous répondre
dans le Mercure d'Août 1736.
Ma réponse pouroit peut- être paroître un horsd'oeuvre
; la cause des Chirurgiens a déja été
défendue avec succès. * Il n'a manqué à nos défenseurs
qu'un peu de défiance. Ils n'ont pas démasqué
le pacificateur sous ce personnage emprunté.
Ils ont crû de bonne foi qu'un Ecrivain
étranger à la Médecine , et peu instruit du fond
de cet Art , en avoit pris la défense ; mais ce prés
tendu pacificateur s'est enfin dévoilé lui-même.
Il a cru qu'il ne seroit point assés remarqué dans
le Mercure. Pour mieux s'offrir aux regards du
Public , il a fait imprimer à part sa Lettre avec
une Préface , qu'il adresse à un Médecin de Province.
C'est dans cette Préface qu'il ne paroît
plus qu'un Médecin acharné contre la Chirurgie.
Ily entreprendde découvrir la source des disputes
qui viennent de s'élever entre les Médecins et
les Chirurgiens , sur la certitude de la Chirurgie,
et sur l'incertitude de la Médecine. Ce qui est
fort singulier , il prétend trouver cette source
dans l'établissement des Lieutenans du Premier
Chirurgien du Roy dans les Provinces. Pour le
prouver , il assure que M. le Chancelier a entre
les mains les plaintes de plus de quarante.cing Villes
, et que non seulement les Médecins et les
Apoticaires se sont plaints des maux qu'a causés la
vente de ces Charges ; mais aussi les anciens Maitres
Chirurgiens qui vivoient en paix avec lesMé-
* Merc. d'Août 1736,
:
II. Vol. decins
2888 MERCURE DE FRANCE
:
decins. Il assûre pourtant que les querelles desMe.
decins et des Chirurgiens ne sontpas nouvelles,puisqu'elles
subsistent depuis plus de deux cent ans. Il
auroit pû dire hardiment depuis plus de trois
cent ; et certainement dans tout cet espace de
temps , où les querelles ont été si vives , il n'y
avoit pas de Lieutenans , du moins du premier
Chirurgien. La réunion de ces Lieutenans à la
Chirurgie est nouvelle; depuis environ cinquante
ans qu'elle est faite , ils ont été éteints durant
plus de vingt- cinq; et durant tout cet intervalle,
les dissentions ont continué avec plus de violen
ce. S'il s'est élevé des querelles entre les Lieutenans
du premier Chirurgien et les Médecins ,
elles ne regardent point le fond de leurs professions,
ni les disputes qui regnent. Ces querelles
même ne doivent être attribuées qu'à l'avidité
des Médecins , qui veulent exiger des droits injustes
de nos Aspirans.
L'Auteur qui se défioit aparamment de ses
preuves , a crú trouver quelque autre ressource
pour dénigrer la Chirurgie et les Chirurgiens ,
dans les prétenduës méprises de quelques particuliers.
Pour ne pas entrer icidans des discussions inųtiles
sur la fausseté des faits qu'il allegue, et pour
éviter les reproches personnels,nous lui demanderons
seulement ce qu'il prétend conclure de ces
faits particuliers sur lesquels je sçais qu'on peut,
sans se tromper, ne pas penser comme lui.Quand
même ils seroient vrais, ils ne décident rien pour
le general . S'ils étoient décisifs , les Chirurgiens
seroient bien dédommagés par les fautes meurtrieres
que le Public reproche avec raison à chaque
Médecin. La querelle sur l'incertitude de la
Médecine et sur la certitude de la Chirurgie , se
trouveroit terminée ; nous serions dispensés dien-
II. Vol. tren
DECEMBRE. 1736. 2889
trer dans l'horreur d'un détail , que le Médecin
pacificateur familiarisé avec la mort , et endurci
aparamment par l'exercice d'un Art trop souvent
funeste, regarde comme un cadeau qu'il prépare
à son ami. Au lieu d'oposer cadeau à cadeau , je
vais encore une fois oposer des raisons évidentes
aux sophismes que ce faux médiateur vient de
faire reparoître dans le Public.
I. Dans la These de M. Maloet , l'Auteur ne
voit qu'une animosité personnelle ; c'est pourquoi
il blâme le Chirurgien qui a répondu à cette
These , d'avoir compris toute la Médecine dans
laquerelle. :
L'Auteur a-t'il pû ignorer que la These de
M. Maloet est un ouvrage adopté par la Faculté
? Ne sçait-il pas que cette These a eu pour ac
teurs les Bourdelin, Daval, Barfeknecht, Linguet,
Fontaine , Chomel , Mattot , Burette , Marais :
qu'on l'a apuyée en même tems de deux autres
Theses dont le sujet est le même ? Un ancien
Doyen de cette Faculté * n'a-t'il pas prononcé
que cette These est la doctrine de tous les Médecins
; et enfin cette même These et les deux
autres n'ont-elles pas été publiées en vertu du
privilege de la Faculté ; par consequent n'estce
pas à toute la Faculté que le Chirurgien a dû
répondre?
Après avoir fait ce reproche au Chirurgien,
notre adversaire prétend qu'on a trop vanté l'évidence
de notre Art , en disant que le rideau estpresque
toujours tiré devant les Chirurgiens ;
dans les maladies qui sont l'objet de la Chirurgie ,
les yeux conduisent l'esprit et la main. Mais le Chirurgien
qu'on blâme ici , pousse-t'il cette évi
* Lettre sur le brigandage de la Médecine.
que
II. Vol. dence
2890 MFRCURE DE FRANCE
dence plus loin que le médiateur , qui est force
d'avouer que les maladies qui sont du ressort de la
Chirurgie sont ordinairement plus sensibles , plus
évidentes que dans la Médecine , où presque tout est
obscur & équivoque ! Le rideau presque toujours
tiré signifie- t'il autre chose ?
IL Le détail historique qu'a fait notre Chirurgien
des variations de la Médecine , a déplu
à l'Auteur ; il voudroit persuader au Public que
ces variations ne sont pas si considérables que
nous l'avons crû .
Mais nos preuves sont précises , elles sont tirées
d'Auteurs qui ne sont pas suspects ; car ces
Auteurs sont lesMédecins mêmes les plus sçavans.
Aussi le pacificateur a t'il bien senti la force de
ces preuves ; il n'a pas jugé à propos d'en attaquer
aucune ; il a crû se tirer adroitement d'embaras
, en nous alleguant , comme une raison
convaincante , qu'il n'a pas besoin d'insister làdessus.
Les différentes manieres de tailler prouvent,
selon l'Auteur , que la Chirurgie a aussi ses
variations. Mais les ressources qui ont été multipliées
par notre industrie , qui ne se détruisent
pointmutuellement, qui selon les divers cas ont
chacune leurs avantages, de l'aveu même de tous
les Chirurgiens ; ces ressources qui par differentes
voies vont sûrement à la cause du mal , qui
⚫ remplissent la même indication , qui produisent
enfin le même effet , ces ressources, dis-je, peuvent-
elles être comparées aux differentes methodes
médicinales qui s'entredétruisent formellement
, qui n'ont point pour objet la même
cause , qui ne sont point dirigées par la même
indication , qui n'ont point le même effet , qui
sont le fruitde diverses theories contradictoires
Par exemple , les Medecins qui employent auda-
1 II. Vol. cicusement
DECEMBRE. 1736. 2891
cieusement des purgatifs dans tout le cours des
fevres , et ceux qui regardent ces purgatifs comme
des poisons dans ces mêmes maladies ; ceux
qui dans les maladies inflammatoires redoutent
la saignée , et ceux qui épuisent le sang ; ceux
qui dans ces maux prodiguent les remedes spiritueux
, acres et échauffans , et ceux qui n'adoptent
que les rafraichissans ; tous ces Médecins
qui sont également nombreux de tous les cotés
oposés , peuvent-ils être comparés aux Chirurgiens
qui ont trouvé plusieurs methodes certaines
pour pratiquer une même opération ? Non sans
doute ; une telle comparaison seroit ridicule :
car tandis que les Médecins détruisent radicalement
lesmethodes , les uns des autres , les Chirurgiens
disputent seulement pour sçavoir laquelle
de leur methode renferme le plus d'avantages.
Notre censeur nous permettra donc de dire
encore que les Chirurgiens sont comme des voya
geurs qui ont trouvé diverses routes assurées
pour aller au même lieu ; tandis que les Médecins
prennent des routes oposées qui les conduisent
nécessairement en différens lieux où ils se perdent..
III. L'Auteur prétend que c'est à tort que le
Chirurgien attribuë aux Medecins , la miserable
doctrine des Acides , des Alcalis , des Fermentations
, des Oscillations , &c . Mais l'Auteur est bien
peu instruit des opinions répandues encore au
jourd'hui dans les Ecoles et dans les Ecrits des
Médecins. Depuis que cette pernicieuse doctrine
est entréedans la Médecine , il n'est sorti de la
Faculté aucun ouvrage qui n'en soit infecté.
Tous les Ecrivains de cette Faculté ont eu recours
àdes acides coagulans , à des alcalis qui les dézruisent
, qui produisent des fermentations , ou
II. Vol, bien
2892 MERCURE DE FRANCE
bien ils n'ont adopté que des oscillations pour
broyer , pour briser les sucs qui roulent dans les
vaisseaux ; leurs Theses , leurs urs liv livres les plusrécens
ne sont formés que de ces vaines specula
tions. Qui demanderoit des preuves de ce que
nous avançons, n'auroit aucune connoissance des
productions de l'Ecole de Paris. Je crois faire
grace aux Auteurs de ne pas les citer.
L'Auteur paroît avoir prévû cette réponse ;
pour en éluder la force , il a avancé témerairement
que ces opinionsfrivoles n'ont point influé
dans lapratique de la Médecine. Mais comment
a-t'il pû recourir à ce subterfuge ? N'est-il pas
évident que les inventeurs , et les principaux défenseursde
ces opinions ont bouleversé l'anciennepratique,
et qu'ils l'ont soumise à leurs fausses
idées ? Tels ont été les Sylvius , les Willis , les
Ettmulers , les Verducs , les Tauvrys , et d'autres
qui les suivent en foule,et que nous ne nommerons
pas, parce que nous voulons ménager les
vivans.
Mais pour se tirer encore de ces preuves embarassantes,
l'Auteur associe sans fondement quelques
Chirurgiens à la honte des Médecins. II
dit qu'on lui a raporté que ces Chirurgiens se
parent dans leurs discours de ces miserables haillons
de la Médecine. Si le fait est tel , dit- il , c'en
est fait de la Chirurgie ; au lieu d'opérateurs ,nous
n'aurons plus que de mauvais raisonneurs. Que
l'Auteur se rassure , notre pratique et nos opérations
ne seront jamais soumises à ces chimeres ;
l'expérience est un guide qui nous maîtrise, et qui
ne nous permet pas de nous écarter des verita
bles routes. Mais si l'Auteur , sur le doute qu'il
a que quelques Chirurgiens ont raisonné comme
raisonnent les Médecins , craint pour la Chirur
II. Vcl.
gie,
DECEMBRE. 1736. 2893
gie; combien doit il déplorer le sort de la Médecine,
où l'expérience ne décide presque jamaisa
Il ne peut ignorer que les Médecins sont sûrement
les peres et les apuis de cette doctrine ; il
faut donc qu'il convienne que veritablement c'en
⚫est fait de la Médecine ; qu'au lieu de Médecins
nous n'avons plus que de mauvais raisonneurs.
IV. Pour tâcher de dépouiller la Médecine de
ces haillons , il voudroit réduire tous les dogmes
de cet Art à unedoctrine semblable à celle que
le Boulanger ou le Laboureur peuvent acquerir
par leur experience ; c'est-à-dire, selon l'Auteur,
que, de même que le Boulanger ne s'embaraſſepas
de connoître les premiers principes de la farine,ni
la cause efficiente de la fermentation de la pâte , le
Médecin ne doit pas non plus remonter aux premiers
principes , ni aux premieres causes. Mais
l'Auteur ne craint- il pas d'être désavoué par la
Faculté , qui a recours à cette doctrine sublime
pour se distinguer des Chirurgiens,et qui veut leur
enlever leurs Eleves , parce que, selon sa décision,
les Chirurgiens qui n'ont pas la connoissance des
élemens et des mixtes , ni des raisons premieres et
universelles des choses , sont incapables de former
desEleves. *
V. Nous prendrons la liberté de demander à
l'Auteur comment il s'accorde avec lui-même ,
lorsqu'il veut réduire la théorie du Médecin à la
théorie de l'art du Boulanger ; car il avance que
pour acquerir la théorie necessaire dans la Méde.
cine, il faut connoître le méchanisme des fonctions
naturelles, les dérangemens qui peuvent y survenir,
laqualité,la nature des humeurs,les vices dont elles
sont susceptibles , &c.
* Dans un Memoire de la Faculté contre les
birurgiens, Or
2894 MERCURE DE FRANCE
Or toutes ces connoissances qui sont l'objet de
la Physique la plus recherchée et la plus obscure,
peuvent- elles s'acquerir comme la science du
Boulanger et du Laboureur ? Nous voilà donc
rejettés , malgré un si digne modele , dans ce labirinthe
, où les Médecins se sont perdus et se
perdent encore tous les jours. Car l'Auteur convient
en effet , qu'avec cette théorie l'erreur est
inévitable ; puisque , selon lui , les Médecins ont
beaufaire , la Médecine sera toujours conjecturale;
ce qu'il ne peut pas dire de l'art du Boulanger ,
qui certainement n'est pas conjectural.
VI. De quelque côté que les Médecins se tour
nent , quelque raport qu'ils cherchent entre les
Arts sçavans , entre les arts empiriques et la Médecine
, ils ne peuvent établir la certitude de leur
Art. Pour s'en consoler , l'Auteur ajouteque les
Chirurgiens ne sont pas en droît de faire là-dessus
quelque reproche à la Médecine ; comme la Chirurgie
en fait partie , elle n'a pas des principes plus
assurés.
Mais si ce n'est que par l'obscurité que nous
pouvons être associés à laMédecine,nous refusons
cette association . Nous avons un veritable titre
d'exclusion , puis que la clarté nous guide partout;
car selon l'Auteur même, nos erreurs sont
rares, si on les compare avec les erreurs des Médecins.
Pour nous borner à l'exemple de l'Auteur
, qui compare la gangrenne à la petite verole
, les erreurs dans lesquelles nous pouvons
tomber en traitant la gangrenne, sont-elles comparables
aux fautes meurtrieres que font les Mé--
decins dans le traitement de la petive verole ?
Dans cette maladie, qui est extrêmement obscure
, dont les indications ne s'offrent point assés
distinctement aux Médecins , rien ne leur mon-
II, Vol.
DECEMBRE. 1736. 2895
de les vayes que l'on peut prendre, l'expérience
n'enseignepointdemoyens qui puissent être les
fondemens d'une véritable confiance: mais la
gangrene nous présente toujours des indications
bien sensibles, les secours que l'on peut employer
sont connus , il ne peut y avoir dans le
traitement de cette maladie d'autres difficultés
que celles qui naissent du choix des meilleurs
remedes. Si on hésite quelquefois , ce n'est que
parce qu'on veut éviter des opérations douloureuses
ou la perte des membres ; car le parti rigoureux
qu'on peut prendre est toujours fort
clair.
VII. L'Auteur,pour donner un relief àà la
Médecine , lui cherche un mérite dans la complication
, dans l'obscurité , dans les difficultés infinies
qu'offrent les maladies.
Nous ne lui disputons point ce mérite , mais
nous nions les conséquences qu'il veut en tirer.
Il prétend que par ce mérite ténébreux la Médecine
est supérieure à la Chirurgie ; qu'elle demandeplus
de reflexions , plus de combinaisons,
plus d'étendue d'esprit. Selon lui , les maladies
sant l'objet de la Chirurgie, sont plus sensibles, plus
évidentes , moins compliquées ; pour en décider il
faut joindre peu de reflexions , combiner peu d'Observations
, peser peu de différences , comparer peu
de Remedes. La vérité n'est- elle pas évidemment
blessée dans ce premier début ? L'Auteur pouroitil
prouver que les maladies Chirurgicales ne sont
pas aussi susceptibles de complication que les
maladies Médicinales ? Est- il rare , par exemple ,
qu'une cause extérieure produise enmême-temps
une fracture , une luxation , une playe considérable
, une hémoragie pressante , qu'une telle
blessure soit suivie de fiévre , de délire , de con
II. Vol. E vulsions ,
2896 MERCURE DE FRANCE
convulsions ,de dépôts , de dispositions à la gangrene
, et qu'elle se rencontre dans des sujets
affligés d'autres infirmités? Or peut-il se trouver
dans la Médecine de complication quisoitplus
étenduë , plus variée , qui demande plus de
procedés , où il se trouve plus d'indications difficiles
à concilier , où l'esprit doive entrer
dansun plus grand détail,envisager plus d'objets,
où il aitmoins de temps pour déliberer.
La seule diférence qu'il y a entre les maladies
compliquéesde la Chirurgie et les maladies
compliquées de la Médecine ,selon notre Censeur
même , estquedans les premieres les difficultés
naissent de l'obscurité ou plutôt de l'inconnu,
si on peut ainsi s'exprimer ; au lieu que
dans lesmaladies compliquées de la Chirurgie,
lesdifficultés viennent de ſa multiplicité des objets
qui peuvent être saisis par l'esprit et par les
sens. Dans la Médecine les difficultés laissent peu
de ressources à l'esprit et au sçavoir ; plus elles
sont grandes , plus le hazard et la témérité influent
dans les décisions des Médecins , plus ces
Docteurs sont dispensés de se fatiguer vainement
l'esprit . L'obscurité elle-même leur interdit
le travail , elle leur voile les objets qui demanderoient
une discussion embarassante , ou
bien elle les abandonne à de yaines conjectures ;
mais de telles fictions ne peuvent jamais être
mises en parallele avec la multiplicité des objets
perceptibles qui font les difficultés des maladies
compliquées de la Chirurgie.
La Chirurgie cependant n'est , selon l'Auteur,
que l'A. B. C. de la Médecine ; mais qu'entendilparlà
? S'il prétend que la Chirurgie renferme
des principes qui serventde fondement à laMédecine
, il a raison ; mais s'il pense que la Chi-
II. Vol.
Kargie
DECEMBRE. 1736. 2897
rurgie en entier est le fondement sur lequel est
élevée la Médecine , il ne se ressouvient plus du
cheminque tiennent ceux qui se destinent à cette
Profession ; car il s'ensuivroit de là que le plus
petitMédecin commence où le plus grand Chirurgien
finit , qu'un Ecolier qui entre dans la
Médecine a déja acquis tout le sçavoir et toute
P'expérienceque le Chirurgien peut acquérir par
la plus longue pratique. Mais seroit - il concevable
que quelques années employées à aprendre le
jargon de l'Ecole , puissent dévoiler à un Ecolier
unArt dont les connoissances ne peuvent s'acquérir
que par un long exercice joint à l'étude a
est- il donc possible que la Chirurgie en entir
soit l'A. B. C. de la Médecine ? Elle ne pouroit
l'être certainement que dans le cas où le Médecin
se livreroit d'abord à l'étude et à l'exercice de
cet Art. Or on ne sçait que trop que les Médecins
n'entrent point dans la Médecine par une
telle voye , qui seroit pourtant la plus avantageuse
et la plus sûre ; car ilsy verroient plus clairement
ce qu'on peut attendre de la Nature et
de l'Art dans la guérison des maladies.Comment
donc est-ce que l'on peut dire que la Chirurgie
est la premiere Ecole du Médecin? Cen'est qu'autant
qu'elle lui montre à découvert dans les parties
extérieures,des maladies entiérement semblables
à celles qui sont cachées dans l'intérieur , et
dont on ne pouvoit se former aucune idée, qu'après
les avoir vûës au-dehors. Cet A. B. C. ne
consiste donc pas à aprendre la Chirurgie , mais
seulement à y voir une image de ces maladies
cachées , qui sont l'objet de l'Art des Médecins.
Mais voit-on même les Eleves en Médecine bien
empressés à suivre les Chirurgiens pour aprendre
detels Flemens? Qu'on juge par-là de la justesse II. Vol. des
Bij
2898 MERCURE DE FRANCE
descomparaisons que l'Auteur a faites de laMédecine
et de la Chirurgie avec l'Arithmétique et
l'Algebre , et avec la Géométrie Elementaire et
laGéométrie Transcendante. Ces comparaisons
ont deux défauts essentiels ; d'abord l'Algebre et
laGéométrie transcendante , auxquelles l'Auteur
compare la Médecine , ont une certitude parfaite
que cet Auteur même ne reconnoît pas dans la
Médecine. Le second défaut , c'est que l'Arithmétique
et la Géométrie Linaire, auxquelles l'Auteur
compare la Chirurgie , sont en entier les
Elemens , l'une de l'Algebre et les deux ensemble
de la Géométrie Transcendante ; or nous
avons démontré que la Chirurgie dans son entier
n'est rien moins que les Elemens de la Médecine.
L'Auteur ne seroit pas tombédans de telles bévûës
, s'il avoit distingué ici deux sortes de connoissances
Chirurgiques. Il y en a qu'on ne peut
acquerir qu'en exerçant soi-même la Chirurgie;
et ce sont celles-là qui forment le Chirurgien ,
et qui sont inaccessibles aux Médecins. Il y a
de plus quelques connoissances Elementaires ,
dont la Médecine est , à la vérité , redevable à la
Chirurgie. Parce qu'elles sont sensibles et grossieres
, les Chirurgiens ont pu les communiquer
aux Médecins ; or ce sont ces connoissances vagues
et superficielles qui sont non-seulement
P'A. B. C. mais encore la doctrine la plus recominandable
de la Médecine.
VIII. L'Auteur peu content aparamment de
toutes les raisons dont il a tâché d'étayer la Médecine
, a recours enfin àdes distinctions Métaphisiques.
Il considere la Médecine et la Chirurgie
en elles-mêmes , et ensuite par raport à leur
øbjet. Il avoüe encore ici qu'en elle-même la
Chirurgie est moins conjecturale que la Méde-
11. Vol. cine
DECEMBRE. 1738. 2899
tine; mais lorsqu'il considere ces deux Arts par
Taport à leur objet , il pense bien différemment ;
un Médecin qui dans les profondes ténebres de
son Art saisit quelque vérité,a plus de certitude,
dit- il , vú l'obscurité de son objet , que le Chirur
gien n'en a, vû la clarté du sien.
Mais qu'est ce que c'est qu'une telle certitu
de Car ou le Médecin est conduit à cette vérité
prétendue par des principes certains , ou bien il
l'a saisi par hazard et sans le sçavoir. S'il la découvre
par une suite ou par un assemblage de
principes certains, il est dans le casde l'évidence,
c'est- à- dire dans le cas du Chirurgien. Si c'est
seulement par hazard qu'il rencontre cette vérité,
et sans être évidemment assuré qu'il l'a rencontrée
, toute la certitude s'évanouit ; car ce n'est
qu'en alliant deux idées contradictoires qu'on
peut alors donner le nom de certitude à l'incertitude
où est le Médecin d'avoir bien rencontré.
L'Auteur s'explique un peu mieux quand il nous
dit qu'un Chirurgien qui ne se tromperoit qu'u
ne fois en sa vie , est moins excusable qu'un
Médecin qui se tromperoit vingt fois. Nous lui
avoions que dans les difficultés que le Chirurgien
peut surmonter , ce Chirurgien , lorsqu'il
se trompe une fois , est plus blamable que le
Médecin qui , parmi les difficultés insurmontables
de son Art , tombe non-seulement
20. fois , mais même cent fois dans l'erreur. Il
n'aura pourtant ce privilege que lorsqu'il se ren
fermera dans les bornes étroites de la Médecine
la plus généralement avoüée , dont le Public,
dont les Médecins eux-mêmes lorsqu'ils sont
malades,disons plus, dont les Chirurgiens,malgré
leur défiance , veulent bien courir les risques.'
Car pour ces Médecins qui s'écartent des routes
II. Kol. E iij
2900 MERCURE DE FRANCE
1
les plus connuës et que l'expérience la plus géné.
rale ( telle que l'expérience qui résulte des cures
Chirurgicales qui ontdu raportavec laMédecine)
paroît avoir tracées; ces Médecins qui portent jusqu'auxderniers
excès l'usage des remedes les plus
effrayans; ces Médecins qui se laissent emporter
au caprice ou à une folle théorie ; ces Médecins
qui , au grand étonnement de tout le monde ,
changent tout à coup les Loix de la Médecine ;
ces Médecins , dis -je , ne méritent point une
telle indulgence. Ils sont plus coupables que les
Chirurgiens qui , environnés de grandes difficultés,
ne prennent pas le meilleur parti qu'on peut
prendre en suivant les lumieres de l'Art. Ces
Chirurgiens sont comme les Géometres , auxquels
dans une longue suite d'Opérations , il
échape des erreurs quelquefois inévitables à la
foiblesse de l'esprit humain .
IX . Dans le dernier article l'Auteur se ressou
vient qu'il s'est imposé le Rôle de Pacificateur ;
mais sous ce personnage il a trouvé le secret de
faire la Paix aux dépens des Chirurgiens. Il leur
prêchedoctement lapatience et la soumission . Je
ne me charge point de délivrer de ce joug les
Chirurgiens de Paris , c'est à eux de sçavoir si,
comme le disentles Médecins,ils se sont liés autrefois
à la Faculté de Médecine par des concordats.
Pour nous Chirurgiens de Province, ces liens,
quand ils seroient réels , ne sçauroient nous assujettir.
Nous n'avons jamais eû l'honneur de contracter
avec aucune Faculté ; nous n'avons donc
donné aucune atteinte à notre liberté naturelle.
IL Vol CHANSON
DECEMBRE. 1736. 3 290
CHANSON ANACREONTIQUE ,
D'une Nymphe de la Mer , métamora
phosée en Berger du Pays d'Astrée.A
Mademoiselle P * * Nymphe des Rives
du Lignon. Sur l'Air : Trois Enfans
gueux , &c.
DEclarez- vous laGuerre àmonAmour ,
Fâcheux soupçons , injuste jalousie ?
Cruels Tyrans ; est-ce ainsi qu'en un jour
Vous trahissiez tout l'espoir de ma vie ?
Charmante Iris , ne regarde jamais
Un malheureux ,qui mérite ta haine
Ciel , si tu peux , augmente ses attraits ,
Pour augmenter la rigueur de ma peine.
Non, non , ton coeur, loin d'être indifférent;
Peut en m'aimant exercer sa vengeance ;
Tu me verras mourir en t'adorant ,
Brûlé d'Amour et de reconnoissance.
:
Quejecaresse un peu ton pied mignon ,
1
11. Vol. E iij L
2902 MERCURE DE FRANCE
La Fleur renaît sous sa trace légere ;
Qu'il est petit ! Amour , viens voir : fripon ,
N'aurois- tu point achevé de le faire ?
西山出出出出*******
ENIGME.
TRop respectable Créature,
Pour ton goût , sensuel humain,
J'erre par tout à l'avanture
Assés sujet aux coups de main;
Par tout une Garde severe
Près de moi maintient le respect ,
Qui m'aproche sans droit,bien-tôt devient sus
pect ,
Et quoique plus frêlo que Verre
Contre les effets du Tonnerre ,
Contre ceux de l'Esprit malin D

Je forme un Bouclier divin ;
Les Maîtres même de la Terre
Dans l'Empire Chrétien, où s'étendmon renom,
Sans moi n'obtiendroient point de nom ,
Et multipliant leur puissance ,
Aussi répandu que la Mer ,
Mon secours commun , quoique ches
Porte par tout sa suffisance :
J'anime et je suis animé ...
II. Vol.
DECEMBRE. 1736. 2903
Je suis Esprit , je suis Matieres
Qui me ravit est diffamé ,
Cependant on m'enleve àma féconde Mere ;
Quand j'ai subi l'effet des regards de mon Pere,
Qui plus que moi seroit et plus noble et plus
sain?
Enfin si l'on en croit les contes bleus deGrece
L'Etre de leur Venus n'eutpas plus de noblesse.
*
**
Du
LOGOGRYPHE.
U sexe féminin , je suis un ornement ;
Six membres composent mon être.
Coupe moncorps en deux , Lecteur , dans le
moment
Ma premiere moitié d'abord fera paroître
Ungrand joueur de Chalumeau.
Mon 1. 4. avec s. te fait voir un Oiseau ;
Dont le Chant naturel , n'est pas fort agréable
3. 2. 1. 5. Est la premiere à Table .
Prens 6. 2. 4. et s. tu prendras un Poisson ,
Sans Filet , et sans Hameçon ,
4. 5. 2. et 3. font un Saint Solitaire ,
Il fut d'un Sacrement premier dépositaire.
2. 3. 5. Animal de dur entendement
2.4. et 6. Un fuide Elément
1. 2. 4. avec 3. est nécessaire à l'Homme.
11. Vot . Ev
2904 MERCURE DE FRANCE
1. 4. 3. Arbre qui porte Pomme
4. 6. 5. peint une passion.
6.4.5 3. git dans une fiction
4. et 2. 3. ct f. sert à nôtre Véture.
Enfin , Lecteur , 2. 3. fait vieillir la nature
Un immuable ordre du sort
Yeut qu'insensiblement il te mene àlamort.
Dans
Par A. Barbery , lejeune.
AUTRE.
Ans mon entier je suis un Aninal cham
peire.
Six membres composent mon nom
Eccteur , 1. 2. et 3. vous font assés connoître,
Que lorsque je suis seule au fond d'unemaison,
Je satisfais fort mal le Maître.
1.2.4 1.6 unis et pris de suite :
Font une somme , ou bien un poids.
Ou,ce qu'avec plaisir un Imprimeur débite.
Otez le quatre ,et mettez trois :
Vous me verrez un verd feüillage
De-là ( pour changer de langage
3. 4. 5.ct 6. vous feront voir au net ,
Unhomme étourdi , sans mémoire ;
Quelquefois grand parleur, et quelquefois muer.
Yous devinez Lecteur Au moins je le .....
dois croire :
1. Vol Je
DECEMBRE. 1736. 2908
)
Je serai plus obscur à la premiere fois.
Aprèscela prenez quatre , deux , trois ,
Et vous verrez sans bien loin le chercher,
Cequ'en cemondeun homme a de plus cher,
Tranchez le 3. mettés cinq à sa place ,
yous trouverez le nom d'uneVille marchande.
Si vous me demandez sa race ,
Je vous dirai qu'elle est Normande.
Enfin 1. 2. 5. 6. finissent monHistoire,
:
Et font tout juste un compte rond,
Arrangez-les , ils montreront ,
Ce qu'un Aveugle ne peut faire.
ParA. Barbery , lejeune.
4
NOUVELLES LITTERAIRES,
L
DES BEAUX ARTS , &c.
AMEKIS , OU les Voyages extraor
dinaires d'un Egyptien dans laTer
re Interieure , avec la découverte de l'Is
le des Sylphides , enrichis de Notes curieuses
et nouvelles. Troisième Partic.
Par M. le Chevalier de Mouhy. A Paris,
chés Louis Dupuis, ruë S. Jacques, près
la Fontaine S. Severin, à la Fontained'or.
1736. in-12. Evj PHAR
2906 MERCUREDE FRANCE
PHARSAMON , ou les Nouvelles Folies
Romanesques. Par M. de Marivaux. 2.
vol. in 12. A Paris , chés Prault , pere ,
Quay de Gêvres, au Paradis. 1737 )
T
GNOMON MANUALIS ,gallice la Mons
tre, Carmen à selectis secundans elabora
tum ac publice pronunciatum in Regio LUD.
MAGNI Collegio Societ. F. Parisus. Apud
C. L. Thiboust. M. DCC. Xxx .
Ce Poeme a éré prononcé publiquement
par six Ecoliers choisis de la Classede
Seconde, qui en sont,dit-on, euxmêmes
les Auteurs. Il faut sans doute
qu'ils ayent été bien dirigés; car il pouroit
faire honneur aux plus habiles Maîtres.
Les expressions en sont ingenieuses,
les tours également naturels, et poëtiques.
LesVens ontla cadende pompeuse
de Claudien , sans en avoir la Monotomie.
Le sujet qui paroît si sterile par
lui-même , es tdevenu fécond en beautés
sous la plume desjeunes Pottes; et quoi
qu'il ne soit pas possible ce semble, d'é
viter l'obscurité dans une Description
physique ,aussi compliquée que celle
de laMontre, les idées sont pourtant si
claireset si nettes dans celle- ci , qu'on
comprend pour le moins aussi bien tous)
les mouvemeris de laMontre enles lisanti
DAV ni dansı
DECEMBRE. 1736. 2907
dans ce Poëme , que si on les regardoit
de ses propres yeuxdans une Montre
réelle; si ce sont là les premiers pas que
font sur le Parnasse ces jeunes Courtisans
des Muses , que sera-cequand ils seront
plus avancés :
Les morceaux qui paroissent les plus
frapans , sont rº. La structure de la
Montre , qui commence ainsi,
Ut roseo vectus , &c. de la pag. 4. jusqu'à
ces mots , Tandem in Dædaleo , &c.
P. 7.
2º. La Description des Sourdines , qui
sontdans les Montres , et qui se trouve
à la p. 11 .
3°. La comparaison des Montres de
France avec celles d'Angleterre. Elle
commenceainsi , Gnomonica de laude,&c.
P. 14. et finit par ce Vers,dans la même
page :
Gnomonas Anglorum miramur , et Anglia
nostros.
40 La comparaison de la Montre avec
la Cour , où leGouvernement présent
est loué d'une maniered'autant plus
délicate , qu'elle paroît moins affectée.
Cetre comparaison commence à la page
Is et termine le Poëme.
*Les Auteurs se sont partagés les différentes
Parties qui le forment; leur nom
1. Vol. Lest
2908 MERCURE DE FRANCE
"
est à la tête de chaque Partie. Ce sont
Messieurs Dangé du Fay , de Watelet de
Valogny, de Fomenu , Tessier de Septe
ville, Logelne , et Bataille de Francès.
:
REFLEXIONS sur les Ouvrages de Lita
terature. A Paris ,chés Pierre Gissey , ruë
de la Vieille Bouclerie. 1736.in - 12 .
Dans une courte Préface , où l'on expose
plusieurs Réflexions judicieuses sur
la Critique , sur l'utilité dont elle est
dans la Republique des Lettres , et sur
les mauvais effets qu'elle produitquand
ceux quis'arrogent le droit de décider
n'ont pas la capacité et l'impartialité réquises
; l'Auteur , ou les Auteurs de ces
Réflexions , en promettent une Feüille
qu'on distribuëra tous les Lundis.

Suit un Discours sur l'Ode , dans lequel
après avoir donné une idée de l'Idylle
,de l'Elégie et de la Satyre , &c.
l'Auteur s'étend beaucoup sur l'Ode.
Comme l'Ode , dit- il , ne prend que des
Sujets grands ou gracieux , elle n'employe
aussi que ce qu'il y a de plus beau
pour les mettre en oeuvre , et pour leur
donner la vie; c'est peu qu'elle les anime
par la fiction ,si elle ne les soutient par
les Peintures , par les Saillies etpar l'harmonie
du Vers ; persuadée qu'elle nous
: 11. Vol. glace
DECEMBRE. 1736. 2509
,
glace si elle ne nous échauffe , si elle ne
nous ravit hors de rous-même si elle
ne nous emporte , pour ainsi dire , par
son enthousiasme , elle saisit tout ce
qu'elle trouve de plus frapant dans la
Fable, dans la Poësie dans l'immagination
et dans toute la Nature , semblable
à ce Peintre célebre de l'Antiquité ,
qui pour former une Venus parfaite ,
dignede sa main etde la Posterité , rassembla
cent beautés differentes , dont il
copia les plus beaux traits ; aussi l'Ode
ne connoît point d'autres régles que cel
les du génie , elle ne revient point sur
une expression trop hardie , surun sens
trop coupé , sur une liaison trop négligée
, et même un désordre chés elle est
un Chef-a'oeuvre , &c.
Ce Discours Préliminaire finit par
l'Eloge de M. Rousseau ; il sert comme
de transition aux Réflexions sur l'Ode de
Harmonie , qui termine la premiere
Feüille.
La secondecommence par l'extraitdes
trois dernieres Epitres de M. Rousseau,
faità charge et à décharge, avec plusieurs
bonnes et justes Observations.
La troisième feuille contient l'Extrait
du Bachelier de Salamanque , de M. le
Sage , assaisonné de critique , et conti
II.Vol. nué
1910 MERCURE DE FRANCE
nué dans la quatriéme feuille.
La cinquiéme toule entierement sur les
Romans: c'est l'Extrait,avec quelques ob
servations critiques de la Harangue latine
du P. Porée. L'Extrait est terminé parces
réflexions : Comme les Romans ne sont pas
d'une grande utilité , ils ne sont point non
plus d'un grand préjudice, et ilest assés indifferent
pour la Litterature et pourla République
, qu'il y ait des Romans ou qu'il n'y
en ait point. F'ajouterai cependant que des
Livres qui nous ont procuré un Discours tel
que celui du P. Porée , n'eussent-ils aucun
mérite , en ont acquis beaucoup .
La sixième feuille entiere contient l'Extrait
de la Tragédie de Pharamond , fair
sans beaucoup de ménagement pour le
Poëme et pour l'Aureur. Sur la fin , on
combatavecchaleur le soupçon que quelques-
uns ont eu que cette Piece pouvoit
être de l'Auteur de Didon.
On voit l'Analyse du Paysan parvenu
dans la septiéme feuille , assaisonnée de
Kemarques critiques. Le stile dont ces
feuilles sont écrites , est assés coulant et
aisé , mais souvent un peu négligé ; on
pouroit désirer entr'autres choses , que
le nouvel Ecrivain fit un usage moins
frequent de cette façon de patler , quand
bien même , qui certainement n'est pas du
beau langage.
La
CODECEMBRE. 1736. 2911
La moitié de la huitiéme feuille estemployée
à faire des reniatques sur la Proso
die Françoise de M. l'Abbé d'Olivet. Suic
un article sur la Comédie du Legs : Re
marques sur l'Histoire : LaVie de Gassendi
Le sujet de la neuviéme feuille est l'Apologie
des Dames : ' Histoire des deux As
pasies : une Tragédie de M. l'Abbé N....
sous le titre d'Osarphis, Les trois pre-
>>m>iers Actes sont foibles , dit l'Auteur
des Réflexions; il y regne une ombre
>>d'obscurité et de langueur qui nous fe
>>> roit peut-être penser que l'Auteur com
>> toit trop sur le feu de l'action , qu'il n'a
> pas porté à son point; et le vif de la
>représentation dont l'idée , pour son
>>malheur et le nôtre , n'a point en d'effer.
La reconnoissance de Jocabel et
> d'Osarphis son fils, fait languir l'actions
l'Auteur la devoit faire éclore au qua
>>triéme Acte , sans la préparer au troisiéme
, et la faire interrompre pour la
>>remettre au commencement du qua
triéme : les deux derniers Actes sont
>>>plus forts que les premiers ; on y dé-
>> couvre des naissances de sentiment que
l'Auteur pouvoit porter plus loin ; il
n'a pas profité de ses avantages , etson
sujet lui fournissoit beaucoup plus en
>> core qu'il n'en a sçu tirer.
11. Koh Malgré
1912 MERCURE DE FRANCE
- > Malgré cela néanmoins, on peutdire
> que cette Tragédie mérite du retour de
> notre part envers l'Auteur , nous des
>> vons entrer dans la peine que lui ont
*dû causer les obstacles qui en ont em-
>pêché la représentation , puisque cer
>> tainement il auroit bien voulu entrer
» pour sa part dans le plaisir qu'elle nous
>>a>uroit infailliblement causé.
En voilà assés pour faire connoître ce
nouvel Ouvrage périodique , et le stile
de l'Auteur.
Jean-DanielBeman, Libraire à Roter
dam,a imprimé etdébite :Projetde Taille
Tarifée, par M. l'Abbé de S. Pierre, Char
les- Irenée Castel , Abbé de Tiron ; et
POuvrage Politique et Moral du même
Auteur , Tome XI. in 8°.
NOUVEAU RECUEIL d'Airs sérieux et
à boire , à une et deux Voix , de Brus
nettes à deux Dessus , Scene pastorale ,
etCantatille avec accompagnement , dé
diés au Prince de Soubize ,par Mlle Pinel
, gravés par le St Hue. A Paris , chés
l'Auteur , à l'Hôtel de Soubize , la veuve
Boivin , ruë S. Honoré , et le Sr le Clerc,
zuë du Roule. 1737. le prix est de s . 1.
MEMOIRES
DECEMBRE. 1736. 2913
MEMOIRES de M. la Colonie , Maréchal
de Camp des Armées de l'Electeur de
Baviere , contenant les évenemens de la
Guerre depuis le Siége de Namur en
1692. jusqu'à la Bataille de Bellegrade en
1717. les motifs qui engagerent l'Eleca
teur de Baviere à prendre le parti de la
France contre l'Empereur en 1701. et
la Description circonstanciée des Batailles
et Siéges enAllemagne, en Flandres, et
en Espagne , &c. avec les Avantures et
les Combats particuliers de l'Aureur. A
Paris , chés David , l'aîné , Libraire ,
Quay des Augustins, et à Bruxelles 1737,
2. vol . in- 12.
VIE de Pierre Gassendi , Prevêt de l'Es
glise de Digne , et Professeur de Mathé
matiques au Collège Royal , un vol. in- 12
de 486. pp. à Paris, chés Jacques Vincent,
à l'Ange. MDCCXXXVII .
LETTRE de M. l'Abbé L. B. Chanoine
de la Cathédrale d'Auxerre , à M... au
sujet de ce Livre .
On ne peut ,M. marquer trop de re
connoissance envers le R. P. Bougerel
de l'Oratoire , qui vient de publier la
vis du celebre Philosophe Pierre Gassendi
; et quoiqu'il semble nous promettre
d'en parler encore dans son Recueil
II. Vol. : des
2914 MERCURE DE FRANCE
des Hommes illustres de Provence , je
suis persuadé qu'on y verra de nouveau
avec plaisir , ce qu'il vient de donner en
détail dans le Livre dont j'ai à vous rendre
compte. Non seulement le fonds du
sujet est interessant , mais la maniere
dont les Faits sont raportés , et le mélange
agréable des Lettres de ce grand
Philosophe , et de celles qui lui ont été
écrites pardivers Sçavans , l'Extrait même
de quelques- uns de ses Ouvrages ,
sont autantd'attraits qui engagentà continuer
sans interruption la lecture de
cette Vie , aussi-tôt qu'on l'a commencée.
Pour vous en donner une juste idée ,
je crois qu'il me suffira de raporter les
traits singuliers qui y sont contenus.
,
Gassend ( car c'étoit son vrai nom )
ressembladu côté de sa naissance, à plusieurs
grands Hommes , que le hazard
tire , pour ainsi dire ,de la poussiere
pour les élever dans le monde par la
sublimité de leurs connoissances. Son
pere n'étoit qu'un simple habitant de
Chanterfiet , Village de Provence à une
lieuëde Digne. Dès l'âge de quatre ans ,
il déclamoit de petits Sermons.A sa septiéme
année , il se déroboit souvent de
la vûëde ses Parens , pour aller contempler
les Astres pendant une partie de
11. Vol.
ا ه
DECEMBRE. 1736. 2915
la nuit. Etant un jour en dispute avec
ses camarades , qui vouloient que la Lune
marchât , et non pas les Nuages ; il s'a
visa de les mener sous un Arbre , de
leur faire observer que la Lune parois
soit toujours entre les mêmes feuilles ,
pendant que les Nuages passoient outre.
De si heureuses dispositions engagerent
son Curé à lui aprendre les premiers élé.
mens des Lettres. Son ardeur pour l'é
tude étoit extrême ; le jour ne suffisoit
pas , il étudioit encore une partie de
Ja nuit à la lueur de la lampe de l'E
glise. Cela me fait souvenir d'avoir
lû dans des Anecdotes manuscrites , que
le fameux Jacques Amyot avoit fait à
peu près la même chose , étant chés un
Membre de l'Université de Paris; le jour
ne lui paroissant pas assés favorable ni
assés long pour étudier , il allumoit certains
petits morceaux de bois résineux ,
à la lueur desquels il étudioit la nuit le
Latin et le Grec.
Quoiqu'il ne soit pas absolument rare
de voir des Enfans de dix ans prononcer
quelques Discours latins ,Gassendi
en déclama un devant l'Evêque de Digne
avec tant de graces et de vivacité ,
que ce Prélat , surpriset charmé,dit tout
haut: que cet Enfant seroit un jour la
II. Vol. merveille
916 MERCURE DE FRANCE
merveille de son siècle , et qu'avant d'etre
parvenu à un âge mûr , il donneroic
de l'admiration aux Sçavans. Vous verrez
à la page 5.6. et 8. comment lejeune
Gassendi se distingua à Digne , y faisant
ses Humanités , et qu'étudiant la Philosophie
à Aix sous le P. Fesaye , grand
Carme , il supléoit souvent à l'absence
du Professeur : l'Auteur remarque que
"dès-lors Gassendi avoüa que la Philosophie
qu'on lui enseignoit , qui étoit celle
d'Aristote , ne lui plaisoit pas. 11 n'avoic
alors que seize ans et disputa et remporta
la Chaire de Rhétorique du Collége
de Digne. Il n'occupa ce poste qu'un
an; il retourna à Aix pour l'Etude de la
Théologie , se sentant des dispositions
pour l'Etat Ecclésiastique. Il s'apliqua
pendant quatre ou cinq ans à la Theo
logie scholastique , à l'étude de l'Ecriture
Sainte , et àcelle des Langues Grecque
et Hébraique. Dans le même temps
il prêcha plusieurs Sermons qui lui mé
riterent la Theologale de Forcalquier ,
et peu de temps après celle de Digne ,
ce qui l'obligea d'aller prendre le Bonnet
de Docteur à Avignon. Il emporta ensuite
les Chaires de Philosophie et de
Théologie de l'Université d'Aix , mais
laPhilosophie ayant pour lui plus d'at-
II. Vol. trait
DECEMBRE. 1736. 2917
trait , il ceda celle de Théologie au P
Fesaye , qui avoit été son Maître.
C'est alors que son mérite acquit un
nouvel éclat , non seulement par la méthode
avec laquelle it enseigna la Philosophie
, retranchant la plupart de ces
Questions inutiles qui s'y sont introduites
, mais par les Observations Astronomiques
, qu'il commença de faire
avecplus de soin , aidédu sçavant Gautier.
Le 28. Novembre 1618. il observa
une Comete sur laquelle il donna
des conjectures , que l'Événement vérifia.
Le détail de toutes ses autres ob
servations nous meneroit trop loin ; mais
je ne puis passer sous silence que le désir
qu'avoit Gassendi de tout sçavoir,
le jetta dans l'Astrologie judiciaire ;il en
reconnut bien-tôt la vanité , sur quoi il
écrivit à J. B. Morin :>> J'ai toujours eu
pitié de moi -même , de ce qu'en ma jeu
>>nesse j'avois été assés sot et assés foi-
>>ble que d'y ajoûter quelque foy. «Aussi
combattit-il fortement les Astrologues ,
et ils n'eurent pas d'ennemi plus redoutable
que lui. Il estima au contraire l'Anatomie
, il en reconnut l'utilité , et il
en conseilla l'étude à tout le monde . Il
fit soutenir des Theses pour et contre
Aristote, et il répondit même en hébreu
11. Vol. ct
2018 MERCURE DE FRANCE
et en grec , aux Argumens qu'on luific
en ces deux Langues.
Au mois de Septembre 1621. ilobserva
la nuit une lumiere , à laquelle , dit
l'Auteur , il donna le nom d'Aurore Boreale;
c'est le Phenomene que nos anciens
Historiens et Philosophes prenoient pour
des Armées célestes. L'Auteur remarque
queGassendi est un des premiers,qui en
ait fait mention et qui l'ait fixée au Nord,
comme à son lieu propre et à sa véritable
origine. On ne conçoit pas com
ment ce Phenomene pouvoit être si rare ,
et jusqu'alors si peu observé , tandis que
denos jours,et sur tout depuis dix ans ,
il est devenu si commun , qu'on a encore
aperçû cette Aurore pendant plusieurs
nuits des mois de Septembre et
d'Octobre de cette année 1736.
Gassendi retourna à Digne pour des
servir son Benéfice , mais il ne disconti
nua pas ses Observations astronomiques.
Obligé d'aller àGrenoble pour la poursuited'un
Procès,il alla en faire à Vizile avec
unhomme expert , Jardinier du Connes
table de Lesdiguieres. Il fit alors impri
mer à Grenoble un Livre contre les Sectateurs
d'Aristote ; il disoit qu'il n'attaquoit
point Aristote même , parce qu'il
ne pouvoit s'imaginer qu'un st grand .
11. Vol. homme
DECEMBRE. 1736. 2919
homme fut l'Auteur de tant de puerilités
, il attaqua donc précisément l'Aristotelisme
en termes vifs et mordans, et
tels que la matiere sembloit le demander .
Après un voyage de Paris,Gassendi en
fit un en 1628. dans les Pays-Bas et en
Hollande. Il remarquoit tout , philosophoit
sur tout , et il rendoit visite à tous
les Sçavans qu'il trouvoit sur sa route .
On lit avec plaisir la Description qu'il
fait des Iſles flotantes de Saint-Omer . On
voit aussi un Abregé de la dispute qu'il
eut avec Vanhelmont , celebre Médecin ,
sur les alimens les plus convenables à
l'homme. Le Médecin s'étoit declaré pour
la viande , et Gassendi pour les fruits.
Ils s'apuyoient l'un et l'autre sur la natureet
sur la disposition des dents de l'homme.
Le 20. Mars 1629. quatre parhelies
ayant paru autour du Soleil , Gassendi
écrivit sur ce sujet , et il se mocqua avec
raison des pronostics que l'on en tiroit
pour des changemens dans les Monarchies.
On aprend par une de ses Lettres,
qu'il désaprouvoit la censure que fit la
Sorbonne des Curiosités inonies de Gaffarel
, comme étant conçuë en des termes
trop forts . On donnoit alors à certains
Chimisteset chercheurs de Pierre Philosophale
, le nom de Freres de la Rose-
II. Vol. F Croix :
2920 MERCURE DE FRANCE
Croix : Gassendi ne négligea aucune oc
casion de tourner en ridicule ces visionnaires
et leur Ecrivain favori Robert Fludd
Allemand.
Dans le second Livre de cette Vie , on
voit d'abord Gassendi donnant à un de
ses amis des conseils sur la maniere d'enseigner
le Latin aux Enfans : mais l'As
tronomie fut toujours la Science sur laquelle
on le consulta davantage. On con
vient que Gassendi fut un des princi
paux Auteurs de la découverte sur la
variationde la déclinaison de l'Aiman.
On trouve ensuite que notre Philosophe
avoit concerté un voyage dans le Levants
mais que ce projet échoüa. Ses occupa
tions Astronomiques ne nuisoient poing
à son commerce Litteraire avec les Sça
vans ; elles le rendoient au contraire plus
vif. Il compâtit beaucoup au malheur
qui arriva à Galilée , Astronome Italien,
que l'Inquisition mit en pénitence au
sujet de ses opinions sur le cours du
Soleil . Gassendi trouva aussi assés de
temps pour écrire l'Histoire des Evêques
de Digne , aidé des recherches de Dom
Polycarpe de la Riviere , Chartreux. C'est
avec M. de Peiresc qu'il fit beaucoup
d'Observations Anatomiques sur les Ani
maux ; et il nous apprend dans une de ses
II. Vol. Lettres
DECEMBRE. 1736. 2921
Lettres jusqu'à quel point Peiresc poussoit
son attention pour découvrir dans
Phommeles veines lactées .Ils firent aussi
enſemble quelques Observations sur les
vents particuliers.
Gassendi n'entreprenoit point de voyages
sans quelque utilité par raport à la
Physique. Il alla en 1635. à Saillon Village
de Provence, pour observer un Iris
continuel , causépar une chûted'eau fort
singuliere. On lit avec grand plaisir dans
le livre quelle fut sa sagacité pour examiner
sur les lieux cet effetdellaanature. Il
n'oublia point en retournant de voir au
Village de Villecrose des grottes où l'eau
qui en découle , forme des petrifications
admirables. Plus loin au- delà de Frejus ,
il alla examiner l'entreprise des Romains
à Roquetaillade, par raport à la conduite
des Eaux ; et en chemin faisant, il remarqua
que la disposition des montagnes qui
ontquelque étenduë , n'est pas toûjours
du Levant au Couchant ; il en trouva au
contraire plusieurs qui s'étendent du Midy
au Septentrion. Il observa aussi des
vallons où l'on reconnoissoit manifeste
ment que l'ouverture des rochers a été
faite par la violence des Eaux. Il goûta et
compara les eaux des fontaines salées de
Castellanne , de Moriez et de Tartone
e
II.Vol. Fj H
2922 MERCURE DE FRANCE
Il eut la patiencede compter par le batte."
ment de son poulx les mouvemens du
Aux et reflux de la Fontaine de Colmars,
Les Poëtes ne seront pas fachés de
voir au commencement du troisième
Livre Gassendi representé comme en
flammé de la Poësie : l'Auteur de sa Vie
fait à cette occasion une peinture de
cette Enchanteresse , pour me servir de
ses termes , qui n'est point indifferen
te, Gassendi et Descartes devenus Poëtes:
quel prodige! Au reste , ils n'ont
pas été les seuls qui ayent joint l'étude
de la Nature avec le langage des Dieux ;
Historien en raporte à cette occasion
plusieurs autres très distingués. Il nous
aprend ensuite comment Gassendi enseigna
à réformer les Cartes Hydrographiques
denos Geographes , et à ne pas
tant compter de chemin de Marseille à
Alexandrie , qu'on en comptoit. Voulant
profiter de tout , il donnoit des Mémoires
instructifs aux Missionnaires du Levant,&
c.avec des Telescopes, leur recommandant
d'avoir une grande attention aux
Eclipses. On lit à la page 177. et suivantes
, une preuve évidente de la vanité et
du danger de l'Astrologie judiciaire dans
la fausesté d'un horoscope détaillé de la
main de Nostradamus , etdans la mort
II. Vol. survenus
DECEMBRE. 1735. 2923
survenuë àdeuxHollandois,par la frayeur
qu'ils eurent de mourir au temps prédiť
par le calcul Astrologique. Il est curieux
de voir Gassendi passant par le village de
Mane en Dauphiné , examiner les dents
d'une femme à qui il en étoit venu à l'âge
de 80. ans , après les avoir toutes perduës
depuis quinze.
En 1641. il eut quelques sujets d'être
mécontent de Descartes ; mais il se surmonta
lui-même. Il écrivit la même an
née la Vie de Peiresc, le Mecéne des Gens
studieux,et hommed'une Litterature universelle.
Deux ans après il laissa un précieux
Ecrit sur la mortdu Roi Louis XIII .
qu'ildépeint comme un Prince qui regar
da la mortd'un oeil intrépide. Si la modé
tation deGassendi parutdans les disputes
qu'il eut avec Descartes , ce fut sur- tout
lorsque celui - ci dans une reponse l'apella
chair , ( caro ) laissant à entendreque lui
Descartes étoit esprit. Le caractere de Gassendi
étoit la douceur , la politesse et la
complaisance même.
Le Lecteur verra avec plaisir ce que
notre Auteur raporte touchant un Spec
tre lumineux qui aparut auComte d'Alais
,Gouverneur de Provence , durant
plusieurs nuits à Marseille. Gassendi crut
d'abord qu'il pouvoit être un effet du
: II. Vol. Fiij souffle
2914 MERCURE DE FRANCE
souffle du Comte et de la Comtesse couchés
ensemble, qui auroit produit des vapeurs
, lesquelles se seroient enflammées.
Mais ce grand Philosophe se tourmenta
en vain pour expliquer naturellement un
tour de Comédie que la Comtesse , 'qui
n'aimoit pas le séjour de Marseille , fit
joüer par une Femme de chambre, qui se
cachoit sous le lit , et faisoit mouvoirun
phosphore.
Anne-Marie Schurman d'Utrecht , fit
remettre à Gassendi vers ce temps-là un
Exemplaire du Livre qu'elle avoit composé
pour prouver qu'on ne doit point
interdire l'étude aux femmes. Neuré lui
adressa en 1645. l'Ouvrage qu'il fit pour
combattre la Ceremonie burlesque qui
se pratiquoit à Aix à la Procession de la
Fête-Dieu. Dans la même année Gassendi
futchoisi pour remplir une Chaire deProfesseur
de Mathématiq. auCollegeRoyal.
La pluye rouge ousanglante qui tomba'à
Bruxelles en 1646. attira l'attention de
Gassendi , et procura au Public un Ecrit
de son ami Wendelin. Pour lui il publia
en 1647. la Vie d'Epicure , qu'il avoit
composée ily avoit long- temps; et le peu
qu'en raporte l'Historien de Gassendi ,
suffira pour donner de ce Philosophe une
autre idée que celle qu'on en a communé
ment. La
DECEMBRE. 1736. 2928
La réconciliationde Descartes avec Gassendi
fait la suite de cette Histoire , où
l'on trouve aussi une peinture du ridicule
dans lequel donnaJ. B. Morin en voulant
prédire par l'Astrologie la mort de notre
Philosophe son adversaire , les consultations
d'Honoré Bouche sur différens Arțicles
de l'Histoire de Provence , le commerce
de Lettres de Gassendi avec la Reine
Christine de Suede , l'Edition de son
Traité de la Musique , de celui sur les
Sesterces , sa maladie suivie de sa mort ,
avec uneJustification de Gassendi contre
ses calomniateurs; c'estpar là , Monsieur,
que finit l'ouvrage dontj'ai essayé de vous
rendre compte. L'Historien n'oublie aucun
des Philosophes notables de nos jours
qui se sont déclatés sectateurs de l'opinion
de Gassendi sur l'existence du vuide;
mais il fait sagement remarquer la modestie
de Gassendi , qui n'assuroit pas les
chosesd'un ton de Maître, se contentant
du terme , il me semble , videtur. Son
Epitaphe qui se voit à Paris à S. Nicolas
desChamps, est fort simple. L'Auteur
en raporte une autre plus étenduë , dans
laquelle on peut apercevoir que Gassendi
a été, comme il ledit un peu plus haut,
excellent Humaniste , grand Astronome
, habile Mathématicien , judicieux
L.Val Fiiij Historien
2926 MERCURE DE FRANCE
Historien et profond Philosophe.
TRAITE' UNIVERSEL des Maladies des
YEUX , avec des tailles douces , écrit par
le Docteur Taylot , Oculiste du Roy de
la Grande Bretagne. Les Parties du mê
me Traité qui paroissent déja , traitent
de laGoute seraine, et de sa nouvellemaniere
d'ôter le Cataracte de toutes les es
peces , en tout temps , et sans douleur ni
risque. La quantitéde monde que ce Docteur
attire chés luy , est si extraordinai
re , qu'on y compte quelquefois jusqu'à
cinq centpersonnes ; et il paroît une Liste
qu'il a donné depuis peu au Public , qui
marque qu'en six mois il a rétabli la vûë
à plus de deux mille personnes , par sa
nouvelle Methode de traiter et de guéris
cesmaladies.
APOLOGIE DES DAMES , apuyée sur
l'Histoire , par M. ***. A Paris , chés
Didot, 1737. in 12. de 300. pages.
MEMOIRES HISTORIQUES du ComteBetlem-
Niklos,contenant en particulier les
Troubles de la Transilvanie, 1736. in 12 .
deux Parties , imprimés à Rouen , chés
J. B. Machuel.
1
11. Vol. NAVIGATION
DECEMBRE. 1736. 2927
NAVIGATION FAITE EN BARBARIE, par
François Brooks, contenant diverses choses
curieuses , et ses avantures pendant
dix années d'esclavage en ce Pays , Ouvrage
traduit de l'Anglois , vol . in 8 °.
A Utrecht , chés E. Neaulme.
HISTOIRE ABREGE'E de vingt-quatre
Peres de l'Eglise,et des Empereurs Romains
depuis Jules- Cesar jusqu'à Constantin le
Grand ; avec les Caracteres de cinquantehuit
des meilleurs Historiens , Orateurs
et Poëtes Grecs , Latins et François . Brochure
in 12. de 178. pages. Le prix est de
dix fols. Ouvrage très utile , sur- tout aux
jeunes gens de l'un et de l'autre sexe.
AParis , chés Tautin , Libraire , ruë Judas
, Montagne Ste Geneviève , et chés
Musier fils , sur le Quay et au coin de la
ruë des Augustins , à la Minerve.
L'Auteur a crû devoir mettre cet Ou
vrage au plus bas prix en faveur de quel
ques Librairesde Province et de plusieurs
particuliers qui en souhaitent , et qui en
auroient déja pris un grand nombre, si on
eût voulu se fixer à ce prix.
HISTOIRE UNIVERSELLE, Sacrée et Pro
phane, depuis le commencement du mon
de jusqu'à nos jours , par le R. P. D. Au
II. Vol. gustia Fy
2928 MERCURE DE FRANCE
gustin Calmet , Abbé de Senones , &c,
imprimée à Strasbourg , se trouve à Paris,
chés Etienne Ganean , rue S. Jacques , et
Montalant, Quay des Augustins , 1. et 2.
vol . in 4°. 1736. Le troisième Tome est
sous presse. L'Ouvrage entier compren
dra 6. volumes.
CONVERSATIONS sur plusieurs sujets de
Morale, propres à former les jeunes Filles
à la pieté ; Ouvrage utile à toutes les per
sonnes chargées de leur éducation , par
M. Collot , Docteur de Sorbonne.A Paris,
chés Louis-Etienne Ganeau fils , rue Saint
Jacques , à S Louis , vol. in 12 .
PRINCIPES DE MUSIQUE , composés par
M.deMonteclair,Auteur de la Musique de
laTragédie de Jephté, et dediés à M.le Prince
deCarignan.A Paris,rueS. Honoré,àla
Regle d'or.Prix, 15.liv.broché.Cetouvrage
estdivisé en quatre Parties. La premiere
regarde l'intonation. La seconde concerne
tout ce qui apartient au mouvement.
La troisième enseigne la maniere de joindre
les paroles aux Notes, et de bien former
les agrémens du Chant. La quatriéme
est l'abregé d'un nouveau systême de
Musique , par lequel l'Auteur fait voir
qu'en changeant peu de chose dans la
11. Vol. maniere
DECEMBRE. 1736. 2929
maniere de noter la Musique, on en rendroit
l'étude et la pratique beaucoup plus
aisées.
Ces quatre Parties sont traitées avec
un ordre et une clarté dont bien des connoisseurs
ont été frapés ; chacune des
Parties est apuyée d'exemples et de leçons
qui contribuent infiniment à en
aplanir les difficultés. Les fréquentes Editions
d'un Ouvrage du même Auteur
dans le goûtde celui- ci , font augurer le
succès de ce dernier , qui , sans être le
même qui a déja paru , a pourtant lemême
objet, exposé aux yeux avec beaucoup
plus de netteté et de nouvelles découvertes.
c
Au reste , comme ce qu'on apelle jalousie
de métier , n'est que trop porté à
étouffer dès leur naissance les Ouvrages
les plus utiles , on a voulu faire entendre
que celui-ci tendoit à un renversement
des regles le plus generalement adoptées,
l'Auteur pour prévenir cet inconvenient,
au sujet de sa quatriéme Partie qu'on a
tâché de rendre suspecte d'une innovation
dangereuse, s'explique en ces termes:
Felaisse auxhabiles Musiciens qui sont assés
heureux pour n'être point tourmentés par la
jalousie du métier, la liberté defaire tel usage
qu'il leurplaira de ce systême, qui differe pew
II. Vol. Fvj de
2930 MERCURE DE FRANCE
de celui qui est en usage ,puisque j'y conserve
les cinq lignes , l'ordre , le nom , les figures ,
et la valeur intrinseque des notes, les Bemols
et les Dieses , les Modes et leurs transpositions;
enfin j'y conserve tout , excepié ladifficulté
ordinaire des transpositions , les clefs
et la plupart des signes de mesures ,plus embarassans
, qu'ils ne sont utiles.
Le 16. Décembre , le Roy accorda la Chaire
du Droit François dans la Faculté de Paris,
M. Jean-Jacques Hinault , reçû Avocat au Parlement
le 31. Juillet 1690. Cette nomination a
été faite sur l'avis de M. le Chancelier , à qui
Mrs les Gens du Roy du Parlement, avoient présenté
trois Sujets; sçavoir , le même M.Hinault,
M. Claude Rousseau , reçû Avocat le 14 Juillet
1721. et M. Jean Ponsinet , aussi reçû Avocat
le 20. Décembre 1725 .
On mande de Londres , que le Docteur Brooker,
qui a fait imprimer tout nouvellement une
Histoire Generale du Royaume de la Chine
présenta le 9 de ce mois un Exemplaire de cert
Ouvrage au Prince de Galles .
Le Sr BRUYS l'aîné,Auteur de la Critique désin
teressée des Journaux Litteraires et des Ouvrages
des Sçavans,nous donnera bien- tôtdes Reflexions
sérieuseset Badines sur les moeurs et le caractere des
Suisses , des Hollandois et des Allemands . Ce nouvel
Ouvrage contiendra plusieurs Anecdotes Litteraires
, des particularités sur les Sçavans des
Pays Etrangers , des Mémoires curieux sur la
derniere Guerre , et les Caracteres de quelques
II. Vol. Generaux
DECEMBRE. 1736. 2931
Generaux et autres Personnes distinguées. Il sera
de deux volumes in 12.
On écrit de Lisbonne, que l'Académie Royale
de l'Histoire , y a tenu an commencement du
mois dernier , une Assemblée , dans laquelle le
Marquis de Valença , Directeur , prononça un
Panegyrique du Roy. On lût ensuite un autre
Eloge de Sa Majesté , composé par le Comte
d'Assumar , Directeur General de la Cavalerie
et l'un des Académiciens . L'Abbé Barbosa de
Machado , Don Diegue d'A'meïda , et le Docteur
Gaetan Joseph da Silva , rendirent compte
de leurs Etudes. Don François d'Almeida fit la
lecture d'un Discours contenant plusieurs Recherches
sur la Discipline et sur les Rites de
l'ancienne Eglise du Royaume de Portugal , et
le Comte d'Ericeira donna la continuation de ses
Extraits du Recueil des Mémoires de l'Académic
des Sciences de Pétersbourg .
A la fin de la Séance , Don Nuno da Silva
Telles, Secretaire de la Compagnie , présenta à
chaque Académicien un Exemplaire du second
volume de l'Histoire Généalogique de la Maison
Royale , écrite par le Pere Don Antoine
Gaëtan de Sousa.
Quelques jours avant cette derniere Assemblée
, l'Académie Royale en avoit tenu une autre
à l'occasion de l'Anniversaire de la Naissance
de la Reine , dont le Marquis de Valença fit l'éloge
avec beaucoup d'éloquence. Les Peres Don
Antoine Gaëtan de Sousa et Don Gaëtan de
Gouvea , Clercs Reguliers de la Divine Provi
dence , le Pere Antoine dos Rios , de la Congrétionde
S. Philipe de Neri , et le Pere Barthélemy
de Vasconcellos ,de la Compagnie de Jesus ,,
11. Vol. lureng
1932 MERCURE DE FRANCE
Jurent differens Memoires dans cette précédente
Séance.
,
Le sicurJ. Moyreau , Graveur fut reçu una
nimement à l'Académie Royale de Peinture es
Sculpture , le Samedi 29. de ce mois , sur deux
Estampes en large , qui font tout l'effet qu'on
sçauroit désirer. La premiere est intitulée ; Rendès
-vous de Chasse , d'après le Tableau original
de feu C. Van- Falens , de 22. pouces de large ,
sur 17. de haut ; l'autre , qui a les mêmes dimentions
, est intitulée , Alte de Chasseurs. Tou
tes deux dans le goût de Wauvremens et d'une
très-belle composition , 1736 .
Le même jour le sieur Adrien Monglard , de
Lion , actuellement à Rome , fut reçû àlamême
Académie unanimement. Son principal talent est
de peindre des Marines dans le goût de Clauda
Lorrain , qu'il fait très-bien.
L'Académie de Peinture , de Sculpture etd'Ar
chitecture , établie à Rome , distribuëra l'année
prochaine 1737. trois Prix pour la Peinture,deux
pour la Sculpture , trois pour l'Architecture , er
elle propose pour leSujieett du premier Prix de
Peinture , le Martyre des Machabées.
Il paroît une nouvelle Estampe , représentant
Ia Bouche de verité , gravée par L. Desplaces ,
d'après un Tableau du Cabinet de Mad. la Comtesse
de Verruë , peint par J. B. Rocca, et se
vend à Paris , chés Desplaces.
On avertit que le veritable Suc de Réglisse er
de Guimauve blanc , si estimé pour toutes les
maladies du Poulmon , inflammations , enrouë-
11. Vol.
mens
DECEMBRE. 1736. 2933
Inens , toux , Rhumes , asthme , poulmonie , pi
tuite , continue à se débiter depuis plus de trente
ans , de l'aveu et Aprobation de M. le Premier
Médecin du Roy , chés Mlle Desmoulins , qui
est la seule qui en a le Secret de défunte Mile
Guy. On peut s'en servir en tout temps , le
transporter par tout , et le garder si long-temps
que l'on veut , sans jamais se gåter ni rien perdre
de sa qualité. Mlle Desmoulins demeure Fauxbourg
S. Germain , rue Mazarine , chés Mad. le
Plaideur , entre le Sellier et la Fruitiere, vis- à-vis
la ruëGuénezaud.
SPECTACLES.
Sur
LETTRE de M.le Chevalier de * * *
à Madamela Comtesse de ***
la Comédie intitulée , l'Enfant Prodi
gue , ou l'Ecole de la Jeunesse.
N verité , Madame , c'étoit bien la
maCampagne,
pour me faire voir la Comédie de l'Enfant
Prodigue : Que ne me laissiés-vous
joüir dans ma solitude de la consolation
de trouverdans la lecture de Moliere, de
Corneille , et de Racine ce charme inexprimable
qu'on cherche vainement
dans les Auteurs qui leur ont succedé ,
sans hériter de leurs talens ? Vous m'a-
Epeinedemet de
II. Vol. viés
2934 MERCURE DE FRANCE
vies annoncé ce Phénomene litteraire ,
avecdesexpressions si avantageuses pour
l'Ouvrage , et si flateuses pour l'Anonyme,
à qui leThéatre en étoit redevable
que je ne balançai pas un moment à venir
partager votre bonne fortune. Qu'aije
trouvé ? un mélange monstrueux de
tragique etde comique , qui ne semblent
associés que pour se détruire l'un l'autre.
Au reste , ne croyez pas , Madame , que
je porte la séverité jusqu'à condamner ce
mélange ; je ne l'apelle monstrueux que
lorsqu'il est porté au point de revolter
l'esprit , le coeur et la raison. Il me paroît
tel dans l'Enfant Prodigue , et c'est
ce que j'entreprens de vous prouver. Je
n'aurai pas besoin , je crois , de vous
démontrer que le Comique de cette Pié
ce est d'un bas et d'un trivial, qu'on passeroit
à peine dans la Farce la plus ignoble,
et qu'il a toutes les qualités réquises
pour être renvoyé d'un plein saut du
Théatre à la Parade. En effet , qu'est ce
que c'est que Rondon, Croupignacet Fierenfat
? Le premier de ces trois indignes
personnages , est un mauvais Facecieux,
qui n'a pas honte d'apeller vieil fol le
plus sagede tous les hommes , dont le
nom devroit imprimer le respect , par
la seule raison qu'il est Grec d'origine ,
11. Vol. le
DECEMBRE. 1736. A
2935
le second ne peut faire passer les absur
dités dont il est rempli , qu'à la faveur
du jeu de l'excellente Actrice , à qui on
a eu la prudence de confier un Rôle
aussi extravagant. Pour ce qui est du
troisieme , je m'attendois qu'il changeroit
de nom à la premiere Parodie des
Italiens , ou de l'Opera Comique , et
qu'il reparoîtroit sur l'un et l'autre de
ces deux Theatres , sous le nom de Crispin
Sénéchal. Mais comme il n'y a pas
moins de lâcheté à attaquer un Ouvrage
par son plus foible endroit , qu'à battre
un homme à terre , j'abandonne cette
partie à des aggresseurs , moins soigneux
de leur gloire , pour m'attacher uniquement
à celle qui a fait tout le succèèssde la
Piece.
Je commence donc , Madame , ppaart le
troisieme Acte' ; c'est vous dire assés que
jecompte pour rien le premier et le ses
cond. Les Spectateurs ne s'attendent pas
que le Héros de la Piéce arrive si tôt ,
ayant été annoncé comme Prisonnier
et mourant, à la fin du second par Euphemon
, son Pere , qui vient d'être informé
de sa malheureuse situation , par
l'arrivée d'un de ses vieux Amis , qui en
a été témoin oculaire ; mais comme ces
mêmes Spectateurs souhaitent qu'il pa
ةي
II. Vol. roisse
2936 MERCURE DE FRANCE
roisse à leurs yeux; ils n'examinent point
comment un homme qu'on vient de lais.
ser pour mort , a pû faire pour arriver
àpied,aussi- tôt que celui qui l'a annoncé
avec des circonstances si affligeantes , et
si désesperantes pour son Pere; cela n'est
pas absolument impossible , mais l'Auteur
auroit pû le rendre vraisemblable ,
par la suposition de quelque obstacle qui
eût retardé l'arrivée du vieil Ami d'Euphemon.
Allons plus avant. Euphemon le Fils
demande à son Valet , qui est devenu
sonCompagnon de misere, en quels lieux
Ils sont. A Coignac , lui répond son Valet
, et auprès de la Maison de M. Rondon
, chés qui j'ai servi autrefois. L'ex
cèsdu malheur où sa mauvaise conduite
a plongé ce jeune libertin , peut lui fai
re oublier la situation d'un lieu , où il a
passé quelques années de sa vie; ainsi je
ne chicanerai point l'Auteur sur ce manque
de mémoire : Suivons la conversation
qu'il a avec son nouveau Camarade.
Cet ancien Valet de Rondon lui parle
d'une jeune Fille que son premierMaî
tre avoit alors,etqui n'étoit encore qu'un
enfant ; c'est cette même Lise que le sage
Euphemon avoit destinée à son Fils ,
avant que ses déportemens l'eussent por-
C
11. Vol.
DECEMBRE: 1736. 293%
té à le deshériter. Au nom de Rendon,
I'Enfant Prodigue se reveille commed'un
profond sommeil ; il prête une oreille
attentive au portrait que son Valet luf
fait de Lise , et l'on diroit que c'est de
ce moment qu'il en devient amoureux.
Comment interesser les Spectateurs par
un Amour si subit ? Etqui le fait naître
cet Amour ? Le recit grossier d'un Valet
qui n'a vû Lise quedans son enfance ,
tandis que celui à qui ce recit est fait , a
été insensible à ces mêmes charmes qu'on
lui peint dans un temps où ils étoient
dans tout leur éclat.
Pour moi , Madame , j'aurois voulu
qu'il en eut toûjours senti le pouvoir ,
qu'il n'en eût été distrait que par les exi
cès de débauche , où de dangereux amis
l'avoient entraîné , et qu'il se les fut rapellés
du moinsdans cet abandonnement
général dont on paya sa trop facile ami
tié. En effet , quel interêt n'auroit il pas
fait naître dans les coeurs des Specta
teurs ? si après avoir dit :
Les Hommes sont tout de fer ;
Il avoit répondu à son Valet , qui lu
demande si les femmes ne sont pas du
même métal ; j'en ai trouvé une plus
précieuse que l'Or , mais j'ai négligé sa
II. Vol. possession,
2938 MERCURE DE FRANCE
possession , et je ne la méritois pas. Cette
reflexion auroit fait voir qu'il la toujours
aimée , qu'il la regrette plus que
l'héritage dont son Pere l'a si justement
frustré.
: Je suis persuadé , Madame , que nos
sentimens sont tout-à- fait conformes sur
ce point , et je ne doute nullement que
vous ne l'ayés pensé avant moi.
Comme les bornes d'une Lettre sont
trop étroites , pour y renfermer toutes
les Remarques qu'il y auroit à faire sur
in Ouvrage, qui n'a pas laissé de me
faire quelque plaisir , et qui vous en a
un peu trop fait , je me restraindrai à
vous dire , que cet Amour à qui le recit
d'un simple Valet a donné naissance , ne
m'a pas paru assés bien amené pour
minteresser ; je dis plus , il m'a semblé
que l'Enfant Prodigue n'aime Lise que
parce que son frere va la posseder , au
lieu que s'il l'avoit toûjours aimée , il ne
la regretteroit que comme un bien qui
lui a toûjours été précieux. Je trouve
même quelque chose de bas dans le parti
qu'il prend d'entrer au service de
son frere pour le trahir ; ce conseil
est digne de Madame de Croupignac ,
folle confirmée; mais il ne doit pas être
suivi par unhomme que l'Auteur veut
11. Vol. faire
DECEMBRE. 1736. 2935
faire revenir de la Folie à la Sagesse.
Au reste , je ne suis pas assés injusto
pour ne pas convenir qu'il y a de grandes
beautés dans les deux derniersActes ;
je ne rougis pas d'y avoir pleuré comme
vous , mais je me suis bien gardé de ris
re à votre exemple au Comique maussade
et déplacé , qui succedoit au Pathéri
que. Je ne sçais même si je n'auroispas
retranché du plan de cette Comedie le
personnage de Lise , quelque beau que
soit le kôle qu'elle jouë dans toute la
Piece ; eh ! quel besoin avoit-on de l'A
mour, dans une action théatrale , où la
nature devoit seule présider ? Le retour
d'un Fils vers son Pere , et la joye d'un
Pere qui voit ce cher Fils ,dont il vient
depleurer la mort, tomber à ses genoux,
pour y raporter un cooeur nouveau , ne
suffisoient-ils pas pour exciter les mouvemens
les plus tendres dans tous les
coeurs?
Il me reste , Madame , à examiner
par quelle de ses actions ce Fils a mérité
le pardon que son Pere lui accorde si
gratuitement. Qu'a t'il fait dans toute
la Piece qui soitgarant de sa conversion ?
Il a paru dans l'accablement plutôt que
dans le repentir ; il est entré au service
deson Frere pour le tromper ; il a aimé
11. Vol. unc
1940 MERCURE DE FRANCE
une très-jolie personne ; quel mérite yafil
en tout cela ? Pour moi , Madame ,
j'aurois voulu qu'il eût fait quelque action
d'éclat , qui n'eût pas permis à son
Pere de douter qu'il ne fut revenu du
vice à la vertu , et de l'infamie à la gloire;
je sais que cela auroit demandé un
autre plan , mais c'étoit à l'Auteur à le
faire tel , que la vertu ne fut pas recompensée
sans l'avoir mérité ; j'en aurois
surtout proscrit le Comique , à plus forte
raison la Farce , ou pour mieux dire la
Parade laplus facecieuse qu'on aitjamais
vûë sur les Tréteaux de laFoire.
Je fais grace à l'Auteur Anonyme
sur lesfautes contre la vraisemblance ;
elles sont en trop grand nombre pour
pouvoir être détaillées dansune Lettre;
je me contenterai de celle-ci. Quelle
aparence y a-t'il que notre Enfant Pro
digue n'aitjamais vû Fier-enfat , son ins
digne Frere ? cedernier a-t'il toûjours
étudié en Droit? A-t'il fait des voyages
de long cours ? A-t'il sans cesse erré de
Province en Province? Je sçais que cela
n'est pas impossible ; mais encore une
fois , est-il vrai- semblable ? Je ne vous
parle point des disparates continuelles
que font presque dans toutes les Scenes
le demi Tragique et le bas Comique ; il
11. Vol
DECEMBRE. 1736. 2947
yen a une entr'autres dont je suis encore
indigné ; c'est de voir venir à la fin de
la Piece Fier-enfat escorté de toute sa Sénéchaussée
, et secondé par le ridicule
Rondon , qui apelle le jeune Euphemon
dunom de mon Drôle , aux yeux d'un
Pere charmé de sa conversion ; j'y ai ri
comme yous , Madame , mais d'un ris
d'indignation. Voilà quel effet a produit
sur moi cette Piece , qui m'a fait quitter
ma solitude sur la foi de vos éloges , j'y
retourne beaucoup plus contrit que vo
treHéros ; ne m'en rapellez pas, je vous
en conjure , à moins que quelque plus
heureux Phénomene ne reparoisse sur le
Théatre François ; il en a grand besoin.
En attendant ce que je n'ose esperer ,
permettez , rancune tenant , que je vous
assure du parfait attachement avec les
quel je suis ,Madame , &c.
CHILDERIC , Tragédie de M.
de Morand.
A
Vant que d'entrer dans un détail
de cette Tragédie , nous avons cru
qu'il ne seroit pas hors de propos , pour
mettre nos Lecteurs au fait ,d'en faire
préceder l'Extrait par un Argument :
nous n'en usons pas de même pour les
11. Vol. autres
2942 MERCUR E DE FRANCE
autres Pieces ; mais celle- ci est si implexe ,
pour nous servir des termes de l'Art ,
qu'elle a besoin d'un pareil secours au
reste nous neprétendons point par cette
nouveauté , porter la moindre atteinte à
la gloire de M. de Morand; Héraclius
ne fut pas mieux entendu que Childeric
lorsqu'il parut sur la Scene , et malgré
sa longue possession , il ne laisse pas
d'embarasser encore les Spectateurs toutes
les fois qu'on le remet au Théatre ;
ainsi l'Auteur de Childeric ne doit pas
être humilié par un sort qu'il partage
avec le grand Corneille.
ر
Comme ce n'est pas dans un Poёте ,
qui n'a pointd'autre fondement que la
fiction,qu'il faut chercher la vérité de
l'Histoire , nous ne traiterons ce sujet
que d'après l'Auteur qui l'a mis sur la
Scene. Voici son sistême.
Childeric régnoit après Pharamond , et
ses successeurs jusqu'à Meroné , lorsqu'unde
ses Sujets apellé Gelon , soutenu
d'un corps de Romains , le renversa du
Trône. Pour se dérober au pouvoir du
Vainqueur , le vaincu erra pendant vingt
ansde Province en Province , et scut si
bien se soustraire aux yeux de tous ceux
qui auroient pû le reconnoître , qu'il
échapa aux Emissaires de l'Usurpateur,
II. Vol. L'Auteur
DECEMBRE. 1736. 2943
L'Auteur de la Tragédie supose même ,
qu'on porta sa tête à Gelon , qui crut le
reconnoître à la faveur de quelques
traits de ressemblance. Il supose encore
que Childeric n'avoit qu'un Fils , dont
il suprime le nom. Gelon en avoit deux
dont l'aîné s'apelloitClovis, et le cadetSigibert;
il en avoit commis l'éducation à
Evagès, dont il ne croyoit pas devoir se
défier , comme il fitdans la suite. Cet
Evagès attaché secrettement au service
de son Roy légitime , par un échange
heureux , mit le Fils de Childeric à la
place de Clovis, à peine sortant du berceau;
quelque-temps après il devint suspect
à Gelon , qui le fit périr , et confia
le soin de ses deux Enfans , ou crus tels ,
à Clodoade , qu'il croyoit lui être parfaitement
dévoüé. Ce fut dans cette croïance,
qu'il lui fit remplir la place d'Evagès
auprès deClovis et de Sigibert , qui apparemment
ne faisoient que de sortir de
l'enfance.
A peu - près en ce temps-là , Gelon
aprit que le Fils de Childeric étoit
échapé à ses recherches , par les soins
de la Reine sa Mere , qui s'apelloit
Barsine , et qu'il respiroit encore ;
il chargea Clodoade de faire de nouvelles
perquisitions ; ce dernier,non moins fi-
II. Vol. G dela
1944 MERCURE DE FRANCE
dele qu'Evagès au sang de ses Rois , fit
chercher par tout ce prétendu Fils de
Childeric , et se croyant trop heureux
de l'avoir trouvé , n'eut point de soin
plus pressantque de sauver ce reste précieux
du sangde Pharamond et de Meroiiée.
Le sort seconda si bien ses desirs ,
que Sigibert , second Fils de Gelon ,
mourut dans le même temps ; il déroba
la connoissance de sa mort à tout le
monde , et ayant mis le Fils de Childe-
*ric à sa place , il envoya le corps de celui
qui venoitd'expirerà Gelon ; il lemeur
trit d'une maniere à le rendre méconnoissable
aux yeux de son propre Pere ,
à qui il persuada que c'étoit le Fils de
Childeric qu'on lui avoit livré. On voit
par ces deux supositions , qu'Evagès
n'ayant pû prévoir ce que Clodoade feroit
un jour , et que Clodoade n'ayant
pû deviner ce qui s'étoit passé à son insçû
, ce dernier n'a pas lieu de douter
queClovis ne soit Fils de Gelon , comme
il est persuadé que Sigibert l'est de
Childeric. Voilà ce que nous avons cru
devoir tirer plus au clair , avant que de
commencer l'Extrait.
ACTE I. Clovis, quelque-temps après
la mort deGelon , dont il se croit Fils ,
et à qui il a succedé , prie Albizinde ,
11. Vol. niéce
DECEMBRE . 1736. 2945
niéce de Childeric , de lui donner la
main, et de permettre que l'Amour et
1'Hymen la placent sur le Trône de ses
Ayeux. Albizinde , toute sensible qu'elle
est à l'Amour de ce jeune Prince , lui
fait une affreuse peinture des cruautés
de son Pere , et lui propose de commender
par descendre du Trône ; s'il veut
mériter son choix. Clovis impute l'injuste
proposition qu'Albizinde vient de
lui faire , à quelque penchant secret
qu'elle peut avoir pour Sigibert son Fre-
те jumeau.
- Clodoade , cy devant Gouverneur de
Clovis et de Sigibert , conseille à Clovis
de renoncer à son Amour pour une Princesse
,qui s'en prévaut jusqu'à exiger
qu'il abdique la Couronne. Clovis loin
degoûter ce conseil,veut perséverer dans
son Amour, et, se flate de fléchir enfin Albizinde.
Clodoade dans un court monologue
, fait entendre qu'il a toûjours
été attaché à ses légitimes Rois , et qu'il
d'est encore.
Lisoïs rapellé de l'exil où Gelon l'avoit
condamné , pour avoir été trop fidéle
à Childeric , réproche à Clodoade
son manque de foi envers son premier
Maître; Clodoade se justifie à ses yeux ,
*et lui fait confidence de ce qu'il a fait
11.Vol.
Gij L pour
2946 MERCURE DE FRANCE
pour le Fils de Childeric , qu'on croit
avoir été la Victime de sa trahison ; il
lui aprend que Sigibert , second Fils de
Gelon , étant mort , il avoit substitué à
sa place le Fils unique de Childeric , et
que ce fils proscrit par le Tyran, respire
sous le nom de Sigibert.
Clodoade et Lisoïs aprennent à Sigis
bert qu'il est Fils de Childeric ; Sigibert
en est agréablement surpris ; il dit à Clodoade
que c'est peu de l'avoir sauvé, s'il
ne le fait régner. Clodoade et Lisoïs lui
promettent de l'élever au Trône , dûssent-
ils en perdre la vie. Sigibert charmé
de ce qu'il vient d'aprendre , se con
firme dans la haine qu'il a toûjours euë
pour Clovis sans en sçavoir la véritable
cause; il jure de lui disputer au péril de
ses jours Albizinde , et la Couronne.
Lisoïs ouvre le second Acte avec Sigibert.
Il dit à ce Prince qu'ayant été
chargé par la Reine sa Mere de remettre
un Billet à Childeric, et que la mort de
ce malheureux Roy l'ayant empêché de
s'acquiter de la commission dont on l'avoit
honoré, il croyoit ne pouvoir mieux
faire que de donner au Fils ce qui s'adressoit
au Pere. Sigibert lit tout bas le
Billet que Lisoïs vient de remettre entre
ses mains ; il témoigne son étonnement
II. Vol,
par
DECEMBRE. 1736: 2947
par des à parie; il remercie Lisoïs ; co
dernier le quitte pour aller rejoindre
Clodoade , qui l'attend pour exécuter la
grande entreprise qu'ils ont projettée
ensemble.
Sigibert dans un Monologue aprend
aux Spectateurs , qu'il est Fils de Gelon,
et queClovis est Fils de Childeric ; cependant
il veut profiter de l'erreur de
Clodoade et de Lisoïs .
Albizinde voyant Sigibert qu'elle
hait , veut se retirer ; il la prie de l'écouter
un moment ; il lui aprend qu'il
est Fils de Childeric ; Albizinde ne veut
pas l'en croire ; il lui dit qu'elle n'a qu'à
s'en raporter à Clodoade et à Lisoïs ; la
Princesse,quelque aversion secrete qu'elle
ait pour lui , ne laisse pas de lui répondre
qu'elle aura toûjours les senti
mens respectueux qu'on doit à sesRois :
Sigibert lui en demande de plus ten
dres , et les lui demande à genoux.
Clovis trouve Sigibert aux pieds d'Albizinde
; il se confirme dans sa jalousie ;
il ordonne à son Rival de se retirer ; il
reproche à Albizinde l'injuste préference
qu'elle donne à Sigibert. Albizinde
lui répond fierement qu'elle n'aime pas
ce Prince ; mais voyant que Clovis jure
II. Vol. Giij toûjours
2948 MERCURE DE FRANCE
toûjours de l'immoler à ses ressentimens
, elle dit à Sigibert :
:
10
Si contre lui ta folle jalousie
Osoit faire éclater une injuste furie ,
Si je voyois ses jours dans le moindre danger ,
Tu me verrois alors plus prompte à le venger
,
Plus prompte à l'arracher à ta fureur extrê
me
Que je ne le serois pour mon Vainqueur lui
même.
Albizinde s'étant retirée , Clovis toû
jours plus jaloux ordonne qu'on arrête
Sigibert ; Clodoade qui survient , lui fait
suspendre un ordre dont il frémit en secret
; Clovis se livre aux conseils d'un
si fidele Gouverneur.
Clodoade informe Lisoïs de ce qui
vient de se passer ; cela les détermine à
presser l'entreprise qu'ils ont concertée ;
ils vont chés Albizinde pour lui en faire
part.
Le troisième Acte est sans contredit
le plus beau de la Piece ; c'est Albizinde
qui le commence avec Ellenire , sa con-
:
:
II. Vol. fidente,
DECEMBRE. 1736. 2949
fidente, à qui elle ne fait connoitre son
Amour pour Clovis , que parce qu'elle
se flate d'en avoir triomphe , par le réfus
qu'elle a fait de sa main et de son
Trône. On vient annoncer à cette Prins
cesse qu'un inconnu demande à lui parler;
clle ordonne qu'on le fasse entrer.
Cet inconnu est Childeric lui-même ; il
ne se fait pas connoître à Albizinde ;
mais il lui annonce que Childeric n'est
point mort , et qu'il a besoin de toute la
tendresse et de toute la fidelité qu'elle
conserve pour son Roy légitime.
Albizinde lui aprend que le Fils deChib
deric n'est pas mort ; il n'ose s'en flater ;
la Princesse voyant aprocherClodoade et
Lisoïs, prie l'Etranger de s'éloigner pour
quelques momens.
Clodoade et Lisois confirment à Al
bizinde ce que Sigibert lui a dit ; après
quelques éclaircissemens nécessaires
Albizinde leur dit qu'elle leur demande
de nouvelles preuves de fidelité ; elle
leur aprend que Childeric respire encore
; comme ils n'osent le croire , elle appelle
l'Etranger ; il aproche ; mais quel
nouveau sujet d'attendrissement pour
Albizinde et pour les Spectateurs ! A
peine Clodoade et Lisoïs ont- ils jetté
les yeux sur le vénérable Etranger,qu'ils
II. Vol. Giiij le
2950 MERCUREDE FRANCE
le reconnoissent pour leur cher Maître
ce coup de Théatre a produit tout l'effet
que l'Auteur avoit lieu d'en attendre ;
Childeric demande à Clodoade et à Lis
soïs, s'il est vrai que son Fils soit encore
vivant ; ces deux fideles Sujets lui aprennent
qu'il respire dans la personne de Sigibert,
et lui expliquent de quelle maniere
il a été garanti de la fureur de Gelon ;
Childeric ne peut résister à son impatience
, il sort avec Lisoïs pour aller embrasser
ce cher Fils .
Clodoade fait connoître à Albizinde ;
qu'il faut , pour la sûreté de Childeric ,
qu'elle promette sa main àClovis ; qu'elle
allle au Temple sans plus differer ,
sous une fausse esperance d'Hymen , livrer
aux Conjurés la Victime qu'ils doivent
immoler à Childeric et à son Fils.
'Albizinde ne peut entendre un si horrible
projet sans frémir. Cependant elle
promet tout , pour sauver le sang des
vrais successeurs de Pharamond et de
Meroüée.
Clovis qu'on a déja flaté de l'Hymen de
sa Princesse,etde son consentement,vient
transporté de plaisir lui en rendre graces
, et la presse de le suivre au Temple ;
c'est dans ce fatal moment qu'Albizinde
ne peut plus se contraindre ; elle le
11. Vol. conjure
DECEMBRE. 1736. 2951
conjure de ne point aller au Temple , et
le quitte en lui disant :
Ah ! ne me parlez plus de cet Hymen funes
te ;
Plus vous montrez d'ardeur , et plus je le dé
teste;
J'irois ! ... moi ! ... sans horreur je ne puis y
penser .....:
Je m'égare .... je cede à ma frayeur extrê
me;
Si mon coeur en frémit , c'est parce qu'il vous
aime.
Clovis ne sçait que penser du réfus
d'Albizinde ; on vient dans le même instant
lui annoncer une Conspiration qui
se forme contre lui , par l'arrivée d'un
Etranger , à qui Albizinde a prêté un
azile dans son Apartement ; il ordonne
qu'on l'arrête , et se plaint aux Dieux ,
de ce que malgré toute sa vertu , ils
ont l'injustice de lui reserver la mort des
Tyrans .
Le quatriéme Acte ne le cede qu'au
troisième , en situations. En voici l'action
théatrale, dépouillée desbeautés dedétail
que nous suprimons, de peur d'être trop
ongs. Albisinde agitée de remords , so
1. Vol. repro
Gv
2952 MERCURE DE FRANCE
reproche d'avoir exposé son Roy , pour
sauver son Amant. Sigibert vient s'offrir
à ses yeux ; elle le presse de secourir son
Pere dans ce pressantdanger, et le quitte,
pour aller lui en montrer l'exemple. Si .
gibert parlant à Valamir, l'un de ses plus
zelés Emissaires , lui fait entendre qu'il
ne songe qu'à perdre le Pere par le Fils ,
qu'il a frémi quandChilderic l'a embrassé,
et que c'est dans ces embrassemens
qu'il a rallumé l'ardeur de le perdre.
Clodoade vient ; Sigibert lui demande
qui peut avoir inseruit Clovis du projet
qu'on avoit formé de l'immoler dans le
Temple ; Clodoade lui répond, que pour
comble de malheurs , il ignore l'Auteur
secret de cette trahison ; il semble même
faire tomber ses soupçons sur Lisoïs , attendu
qu'il arme pour sauver Childeric
ces mêmes bras qui avoient promis
d'ôter la vie à Clovis ; il presse Sigibert ,
lui promet de ne rien oublier,et le quitte,
en lui disant en termes'équivoques :
Oui , je cours achever tout ce que ma colere
M'inspire pour venger etmagloire et mon Pere.-
Après un court monologuedans lequel
Clodoade explique ce qui se passe dans
son coeur , Clovis vient. Ce Prince irrité
ne peut s'empêcher de soupçonner Albi-
L. Volo zinde
DECEMBRE. 1736. 2953
zinde de complicité avec les Conjurés.
Albizinde vient lui demander l'élargissement
de l'Etranger qu'on a enlevé
de son apartement ; elle exige cetrait de
clémence , en reconnoissance de l'aveu
qu'elle lui a fait de son amour, et du soin
qu'elle a pris de ses jours ; Clovis lui accorde
tout, à condition qu'elle lui aprendra
quel est cet Etranger pour qui elle
s'interesse si fort ; Albizinde ne peut s'y
résoudre , et n'y consent enfin qu'après
qu'elle en aura obtenu la permission de
ce même Etranger. Clovis consentà cette
entrevûë ; mais il la pressede ne plus différer
son bonheur , si elle veut qu'il lui
tienne à son tour ce qu'il vient de lui promettre.
On amene Childeric à Albizinde ; elle
lui confesse son crime, et lui fait en même
temps l'aveu de son amour pour Clovis.
Childeric lui reproche son indiscrétion,
et surtout son amour pour un Fils de Ge-
Ion.Albizinde le prie de se faire connoître
àClovis, qui ne lui a promis sa grace qu'à
ce prix ; Childeric lui dit qu'il n'attend
point de grace , et qu'il veut mourir en
Roy ; Albizinde lui proteste qu'il ne
mourra pas seul , et qu'elle va tout employer
pour le sauver , ou périr avec lui.
Il n'auroit tenu qu'à M. de Morand de
II.Vol. Gvj rendre
2954 MERCURE DE FRANCE
rendre le cinquiéme Acte aussi beau que
les deux précedens. Rien n'est si grand
que la cession que Clovis fait du Trône
Childeric , quand il aprend par un Bil
let , qui lui vient sans doute de Sigibert ,
que l'Etranger n'est autre que Childeric
lui-même. On a remarqué qu'il pouvoit
finir sa Piece par cette belle Scene ;
celles qui suivent cette action heroïque ,
ont paru dégenerer en langueur. Childeric
est blessé à mort par Sigibert , que
Clovis immole à son juste ressentiment;
Sigibert désesperé , ou agité deremords,
confesse à Clovis qu'il a voulu ôter la
vie à Childeric , et qu'il l'auroit fait sans
commettre un parricide, puisque c'estde
Gelon , et non de Childeric , qu'il a reçû
la naissance. Il lui déclare avec la même
ingénuité , que c'est lui-même ( Clovis )
qui est fils de Childeric ; outre que les
Spectateurs n'auroient pas voulu que
l'Auteur fit mourir Childeric , pour qui
il les avoit interessé , il auroit mieux suivi
l'Histoire , qui le fait régner après sa
disparition. Au reste , cette Tragédie ,
quel qu'en soit le succès, ne peutque fairehonneur
à celui qui l'a mise au Theatre.
Le projet est des plus hardis; un peu
plus de clarté en auroit assuré le succès ;
on convientque la versification en est ur
L. Kolo
peu
DECEMBRE. 1736. 2955
peu foible , mais il n'est pas bien facile
de prendre un juste milieu entre le stile
Dramatique et l'Epique.
Il y a en quelque changement dans la
Troupe du Theatre François. Le Sieur
Fleury qui y jouoit les Amoureux Tragiqueset
Comiques s'est retiré. Le Sieur
du Bois , jeune homme qui promet beaucoup
, et dont nous avons déja parlé , a
été reçû pour les mêmes Rôles. La Dile
Baron des Brosses qui s'étoit retirée il y a
quelques années, est rentrée , et le Public
lui a fait un accueil favorable.
Le 20. Decembre l'Académie Royale
de Musique donna la derniere Représentation
du Ballet de l'Europe Galante ; et le
27. elle remit au Theatre celui des Indes
Galantes avec un concours extraordinaire,
pour être joié alternativement avec Medée
& Jason . Le Sieur Jelior , qui avoit
été absent pendant quelque temps , jouë
dans l'Acte des Sauvages , et chante le
même Rôle qu'il avoit déja joüé au mois
de Mars dernier avec beaucoup d'aplaudissement
; car on avoit une très grande
ardeur de le voir et de l'entendre , ce qui
contribuë encore au concours que ce Ballet
attire.
LI. Vol NOUVEL2956
MERCURE DE FRANCE
NOUVELLESETRANGERES
TURQUIE ET PERSE .
Signale quand
N écrit de Constantinople que leGrand
deNovembre dernier à M. Dahlman , Ambas
sadeur et Ministre Plénipotentiaire de l'Empereur
, qu'il l'admettroit le lendemain à son Audience;
cet Ambassadeur se rendit le 10. vers
les onze heures du matin au Sérail : la marche
se fit dans l'ordre suivant. Une Compagnie de
120. Janissaires , dont les Officiers avoient
leurs Bonnets de cérémonie ; le Seymen Bachi ,
et deux Tchorbadgis à ses côtés ; 42. Chiaoux
de Sa Hautesse ; les Couriers Imperiaux de Lucca
et de Stirdenger ; l'Ecuyer de l'Ambassadeur,
huitChevaux de main , menés chacun par un
Palfrenier à pied , trente Ciohades , suivis de
deux Trompettes ; la Livrée de l'Ambassadeur ;
quatre de ses Pages , son Maître d'Hôtel , et ses
principaux Domestiques ; les Janissaires qui
lui ont été donnés pour la Garde de sa personne,
etde son Palais ; un Tchorbadgi et un Sayn ; le
Chapelain d'Ambassade ; les Enfans de Langue
entretenus par S. M. I. le Chiaoux Bachi ; le
Chiaoux Emini et le Tchaouchlaw Katibi , accompagnés
de leurs Igloschans et de leurs Charirs
; l'Ambassadeur à Cheval , ayant à sa droite
quatre Pages , et à sa gauche quatre Heyduques.
Il étoit suivi de M. Seleskowitz , Drogsuan
Imperial , de M. de Memorch , Secretaire
11. Volo AmDECEMBRE.
1736.. 2957
d'Ambassade , de M. Hubsch , premier Facteur
de la Compagnie Imperiale , établie pour le
Commerce du Levant , et des principaux Négocians
Allemans qui demeurent à Constantinople.
La marche étoit fermée par quarante Spahis
, et par un grand nombre de Domestiques
des personnes qui accompagnoient l'Ambassadeur.
M Dahiman , après avoir remis ses Let,
tres de Créance au Grand Seigneur , reçut les
présens que Sa Hautesse a coûtume de faire aux
Ambassadeurs , et le Grand Seigneur lui dit en
le congediant , qu'il lui feroit sçavoir ses intentions
par le Kaimacan.
Le 12. ce dernier déclara à M. Dahlman
que Sa Hautesse acceptoit les bons offices de
l'Empereur pour tâcher de parvenir à un accommodement
entre les Turcs et les Moscovites , er
qu'Elle consentoit d'entrer en négociation ,pourvú
que la Czarine voulut faire les premieres
propositions.
Il y a aparence que si S. M. Czarienne persiste
dans la résolution de garder Asoph , la conclusion
de la Paix avec la Moscovie sera trèsdifficile
, et on assure qu'il a été décidé dans un
des derniers Divans , que Sa Hautesse n'étant
point responsable des dommages causés aux
Moscovites par les Tartares de Crimée , elle ne
doit aucune satisfaction à la Czarine sur cet article
, et qu'ainsi elle ne peut souffrir avec honneur
que les Moscovites demeurent tranquilles
possesseurs d'Asoph.
Le bruit court aussi , qu'on a déliberé dans le
même Divan sur les mesures qu'il conviendroit
de prendre , en cas que la Porte fut obligée de
soutenir une Guerre contre l'Empereur , enmême
temps que contre S. M. Czarienne.
Lo Val Depuis
2958 MERCURE DE FRANCE
Depuis la tenuë de će Divan , le Grand Seigneur
a envoyé ordre au Grand Visir d'écrire
au Comte de Konigseg , Président du Conseil
Aulique de l'Empereur , que Sa Hautesse prioit
Sa M. I. de s'expliquer sur le parti qu'Elle prendroit
, si la Guerre devenoit inévitable entre les
Turcs et les Moscovites.
Вакі - Кат , Ambassadeur de Thamas-Kouli-
Kan , n'est pas encore parti pour retourner en
Perse , et les fréquentes conférences qu'il a avec
le Kaimacan , donnent lieu de conjecturer que
Thamas-Kouli-Kan est en négociation avec la
Porte , pour faire ajoûter quelques nouveaux
Articles au Traité qui vient d'être conclu. Le
Grand Seigneur a fait desprésens considérables
aBaki-Kam , et on a remis àcet Ambassadeur
un grand nombre d'Esclaves Persans , rachetés
aux dépens de Sa Hautesse . La Porte et la Cour
de Perse ont nommé des Commissaires pour
regler les limites des Etats des deux Puissances.
Sa Hautesse a envoyé 1200. Bourses au
Kan de Crimée , avec ordre de les employer à
faire reparer les Lignes et les Fortifications de
Precops , ainsi que des autres Places qui ont été
assiégées par les Moscovites.
On aprend par la voye de Vienne que depuis
l'exil de Gianum Codgia , qui a été relegué dans
une Isle de l'Archipel , le Grand Seigneur avoit
donné la Charge de Capitan Pacha àAli Mehemet
, le plus ancien Officier Général de la Marine
, lequel quoiqu'âgé de près de 80. ans , est eni
état de soutenir les fatigues de la Mer.
II. Vol RUSSIA
DECEMBRE. 1736. 2959
RUSSIE.
N aprend de Petersbourg que Kulifa Mir
za Caffa, Ambassadeur de Perse , alla le 2 .
Décembre chés le Comte d'Osterman , et qu'il
lui renouvella les assurances du desir que Thamas
- Kouli -Kan avoit d'entretenir une bonne
intelligence avec la Czarine .
LeComte d'Osterman lui ayant répondu que
ce Prince ne pouvoit donner de meilleures preuves
de la droiture de ses intentions à S. M. Czarienne
, qu'en l'instruisant de ce que contiennent
les Articles du Traité conclu entre les
Turcs et les Persans , cet Ambassadeur a promis
de faire ce qui dépendroit de lui pour que
la Czarine en eut communication.
Les nouvelles qu'on a reçûës des Frontieres
de Perse , donnent lieu de douter que Thamas-
Kouli-Kan satisfasse S. M. Czarienne à cet
égard , et ces avis portent qu'il paroît être dans
le dessein de recouvrer les Provinces conquises
sur les Persans par le Czar Pierre 1. On se fla
te pourtant à Petersbourg,qu'il ne sera pas si- tốt
en état d'exécuter cette entreprise ,parce que le
Parti qui s'est élevé contre lui en Perse , devient
de jour en jour plus considerable. Le bruit
court même que les Rebelles ont remporté quelques
avantages sur ses troupes , que les Tartares
Usbecks se sont joints à eux , et que les uns
et les autres veulent placer sur le Trône un
Prince de la Maison des anciens Rois .
Le 17. de ce mois S. M. Czarienne tint un
Conseil pour déliberer sur la déclaration que le
Kaimacan de Constantinople a faite par ordre
du Grand Seigneur à M. Dahlman , Ambassa
II. Vol. deus
2960 MERCURE DE FRANCE
deur et Ministre Plénipotentiaire de S. M. I. atr
près de Sa Hautesse.
On assure qu'il a été résolu dans ce Conseil
de faire les premieres propositions d'accommodement
à la Porte , ainsi que le Grand Seigneur
le desire , mais que la Czarine ne veut point
lui restituer la Ville d'Asoph.
On a apris par le dernier Courier venu de
Derbent , que les Commissaires nommés par le
Grand Seigneur , et par Thamas-Kouli-Kan ,
ayant reglé les limites entre la Turquie et la Perse
, l'Armée Otthomane qui étoit dans les environs
de Bagdad , s'étoit séparée , et que les
Troupes dont elle étoit composée étoient en
marche pour revenir en Europe. Afin d'empêcher
qu'elles nejoignent celles qui sont distri
buées le long du Danube , on a envoyé ordre
à Donduck Ombro , Kan des Calmouques ,
Tributaires de S. M. Czarienne , d'assembler le
plus de Troupes qu'il lui sera possible , et de
s'oposer au passage des Turcs , en cas qu'ils
s'avancent vers le Tanaïs .
Le Comte de Munich , pour ôter aussi aux
Tartares de Crimée la communication avec l'Armée
du Grand Visir , propose d'entreprendre
Ie Siége d'Oczakow , Place située sur la Mer
Noire , à l'embouchure du Boristhene ; et dans
laquelle le Grand Seigneur tient un Pacha , er
une garnison , suivant le droit qu'a Sa Hautesse
de mettre des Troupes dans les principales
Villes des Princes ses Tributaires.
Pendant que le Comte de Munich assiege
ra cette Ville, le Général Lesci demeurera dans
les environs d'Asoph avec les Troupes qu'il
commande , afin d'être à portée d'observer les
mouvemens des Troupes Turques qui revien-
II. Vol. nent
DECEMBRE. 1736. 2961
nent de Perse , et qui cotoyant la Mer Noire ,
marchent vers la Mingrelie , et le Cuban ; la
Czarine lui a mandé de s'occuper principalement
dusoin de mettre la petite Tartarie à couvert
des entreprises de ces Troupes.
Le Comte de Munich a informé S. M. Czarienne
que le Grand Vizir faisoit avancer un
*grand nombre de Troupes du côté de Bender ;
qu'il y avoit établi depuis peu son quartier Gé
néral , et qu'il y tenoit de fréquens Conseils de
Guerre avec le Kan de Crimée , l'Aga des Janissaires
et les principaux Officiers de l'Armée
Othomane.
LaCzarine a apris que le Grand Seigneur
avoit accordé à M. Wisnakoff , Ministre de S.
M. Czarienne à la Porte , la liberté de se retirer
de Turquie.
EPrince
ALLEMAGNE.
L
de Saxe Hildburghausen a dépêché
un Courier à l'Empereur , pour lui donner
avis que le Grand Visir ayant jugé à propos de
ne laisser dans les Villes le long du Danube, que
les Troupes réglées qu'il a sous ses ordres,toutes
les Milices Turques étoient allé joindre les Tartares
qui se sont assemblés entre le Bog et le Bo
risthene.
On a apris en même temps que leGrand Visir
paroissoit être dans le dessein d'employer les
principales forces de l'Armée du Grand Seigneur
àdéfendre le passage du Danube , pendant que
les Tartares tâcheroient de faire une diversion
en Ukraine.
On mande de la Principauté de Schweidnitz
qu'il y avoit cu il y a quelque temps un incendie
I I. Vol.
1962 MERCURE DE FRANCE
àPeterswal , et que 340. Maisons de ce Bourg
avoient été réduites en cendres, ainsi que l'Eglise
et le Château du Seigneur.
: On écrit de Stokolm ,que le Roi de la Grande
Bretagne a fait proposer au Roy de Suede, de lui
vendre la Ville de Wismar , située dans le Duché
de Meckelbourg sur la Mer Baltique , entre
Rostock et Lubek , laquelle étoit autrefois Impériale
.&qui a été cedée à Sa Majesté Suédoise
par le Traité de Westphalie.
EsLettres
ITALIE.
L
de Livourne marquent que M. Or
icone , un des principaux Rebelles deCorse,
étoit parti le s. de ce mois pour cette Isle à bord
d'une Galiote , & qu'il étoit accompagné de
quelques autres Ecclesiastiques de sa Nation.
M. Rivarola a envoyé la copie d'une Ordonnance
que le Chefdes Rebelles a fait publier avant
sondépart deCorse dans les Lieux dont les Habitansne
sont pas encore ſoumis à la Républi
que. Le Chefdes Rebelles déclare dans cette Ordonnance
, qu'il a donné aux nommés Hyacin
the de Paoli , Louis Ciaferri , et Lin Ornano, le
pouvoir d'exercer la ſouveraine autorité pendant
son absence ; que Jean-Felix Panzoni , François
Durazzi , & Antoine Susane d'Aullé seront chargés
du détail des Affaires sous les ordres de ces
troisChefs , et qu'il a confié aux Capitaines Mari
, Ambrosi , Fernandi , Passabianco , Sampieri,
Buillicio , Sucini, Serravalle , Galferi , Cortoni,
Matteï de Nilo , Lazzezlotti , Pietralba , Paëtti ,
Guagno , & Peralti, le Commandement des Poszes
occupés par les Rebelles.
II Vol. ESPAGNE
DECEMBRE. 1736. 2963
L
ESPAGNE.
1
ERoy a résolu de faire bâtir à Madrid un
Palais beaucoup plus magnifique etplus commode
que celui qui fut brûlé il y a deux ans.
L'Architecte qui s'est chargé de la construction
de cetEdifice , s'est engagé à conduire l'ouvrage
à sa perfection , moyennant deux millions de
Pieces de huit.
L
L
MORTS ET BAPTESME
L
ris
desPays Etrangers.
E 30. Novembre Marie Bruce d'Aylesbury ,
fille du Lord Comte d'Aylesbury , qui fait
ſa demeure à Bruxelles, et Epouse de Maximilien
Emmanuel , Prince de Hornes et du S. Empire ,
mourut à Bruxelles immédiatement après être
acouchée de deux enfans, âgée de trente ans. Elle
avoit été mariée le 17. Juin 1722.
Le 4. Decembre mourut à la Haye dans la 56.
année de son âge, Jacob Godefroi, Baron deBoët
zelaar , Seigneur de Nieuveen , premier Noble
du Corps de la Noblesse de Hollande et de Westfrife
, President du College des Conseillers Députés
de cette Province au Quartier Méridional,
Garde des Sceaux , et Stathouder des Fiefs de
Hollande et de Westfrise , Titulaire de l'Abbaye
de Rynsbourg, Hoogheemraadt, ou Grand Conseiller
des Digues du Rhin, Directeur de la Compagnie
des Indes Orientales à la Chambre de
11. Vol. Rotterdam,
2964 MERCURE DE FRANCE
Rotterdam,et Grand- Bailly de la Haye.
Le 21. Novembre dernier , Fête de la Présentation
de la Sainte Vierge, le Patriarche de Por
tugal ſupléa les Cérémonies du Baptême dans
l'Eglise Patriarchale de Lisbonne , à l'Infante ,
dont la Princesse du Bresil est accouchée depuis
peu, et qui fut nommée Marie-Anne, Françoise,
Josephine , Antoinette , Gertrude , Rite , Jeanne.
Cette Princesse fut tenuë sur les Fonts par l'In
fant Dom Pedro au nom du Roy d'Espagne , et
elle eut la Reine pour Maraine.
A UNE DAME .
VOus deffendez de vous aimer ;
Vous rougissez de dire ,j'aime:
Deffendez donc à vos yeux d'enflammer
Deffendez à l'Amour lui-même
De vous prêter ses plus brillans attraits
Deffendez lui de plus de vous porter ses traits
Puisque c'est-là le retour légitime ,
Dont vous payez ses plus riches bienfaits
Votre amour , dites-vous , ne passe point l'es
time ,
Demander du retour pour moi , c'est donc un
crime ?
Helas ! Par où me ferois-je estimer ?
Uu coeur tendre , constant , sincere ,
Qui toujours du respect suivit la régle austere,
Un coeur reconnoissant, un coeur qui sçait aid
mer
DECEMBRE. 1736. 2965
Voila tous mes talens , pouroient- ils vous char
mer ? ...
Vous m'imposez un rigoureux silence ,
Je me tais par obéïssance ,
Mais ne m'ordonnez point de ne vous pas aimer
L..C.
AParis , ce 20. Avril 1736.
م
FRANCE.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
ERoi a accordé au Comte de Tou
louse la survivance du Gouverne
ment de Bretagne pour le Duc de Penahievre
, son fils.
S. M. a nommé Intendant de la
Généralité de Soissons M. Bignon .
Maître des Requêtes , lequel est remplacé
dans l'Intendance de la Genéralité
de la Rochelle par M. Barentin , Maî
tre des Requêtes.
Le premier Decembre , les Comédiens
Italiens représenterent à la Cour
la Comédie des Fées , etArlequin voleur,
Piece très comique.
II. Vol. Le
966 MERCURE DE FRANCE
1 Le 15. l'Heureux Stratagême , et les
Gaulois , Parodie de la Tragédie de Pharamond.
Le 22. les Contre-temps , et la petite
Piéce de la Ruse d'Amour.
Le 29. le Jeu de l'Amour et du Ha
zard , et le Retour de Tendresse.
Le Mardi 4. Décembre , les Comédiens
François représenterent à Versail
les le Philosophe marié , et le Philantrope.
Le 6. Bajazet , et les Ruses amoureuses!
Le 11. la Mere coquette , et le Galand
Fardinier.
Le 13. Phedre et Hyppolite, et le Retour
imprévû.
Le 18. le Curieux impertinent , et l'Im
promptu de Campagne.
Le 20. Alcibiade , Tragédie , et le Pros
cureur arbitre.
J
BOUQUET
A Mlle. de ....
E trouvai l'autre jour au lever de l'Aurore ;
Le plus charmant des Dieux dans les Jardins de
Flore ,
Qui sans arme , et dans son bandeau ,
Recéloit un bouquet nouveau :
II. Vol. Instruit
DECEMBRE. 1736. 2967-
Instruitdu jour de votre Fête ,
Je venois comme lui dans le même dessein ,
Ala Déesse aussi faire un nouveau larcin ,
Pour en couronner votre tête ;
Tout étoit déja moissonné ,
Et pour faire sa cour aux dépends de la mienne ,
L'Enfant n'avoit rien épargné ;
Je l'arrête et lui dis , Amour , qu'il te souvienne
De la tendre amitié , ta soeur ;
Souffre qu'à ton bouquet je dérobe une fleur
Pour l'offrir de sa part à l'aimable Uranic.
Si c'est , dit- il , pour elle , en voila la moitié ,
Mais, ami, faisons mieux , allons de compagnie
Offrir le tout au nom de l'amitié.
Carrolet.
FESTE de Sainte Barbe , celebrée à la Fere.
Extrait d'une Lettre de M. de B. à
M. d'A....
V
Ous voulez sçavoir , M. de quelle
maniere les Canoniers de la Fere
ont celebré la Fêre de Ste Barbe , et si les
circonstances qu'on vous en a dites sont
véritables . Je puis d'autant mieux vous
en instruire , que j'ai été le témoin de ce
que je vais vous marquer.
Le Bataillon de la Bory ayant résolu
II. Vol. H de
2968 MERCURE DE FRANCE
de solemniser le jour de leur Patrone ,
on députa un Caporal de chacune des
huit Compagnies pour en demander la
permission au Commandant de l'école
et de leur troupe. Cette permission leur
fut accordée avec toute la politesse qu'ils
pouvoient attendre. Outre l'usage , où
est l'Artillerie , de celebrer ce jour , il
étoit juste de donner à ce Bataillon le
plaisir de remercier leur Protectrice , et
de se rejoüir ensemble du succès plein
de valeur , avec lequel vous sçavez qu'il
a fait la guerre en Italie. Ces Députés ,
c'est ainsi que j'apelle les huit Capos
raux chargés du détail de cette Cerémonie
, ces Députés , dis-je , allerent
après avoir vû leurs Commandans , prendre
l'heure du Chapitre pour la Messe
solemnelle , qu'ils devoient faire chanter
,après quoi ils disposerent toutes les
choses qu'ils crurent nécessaires à leur
dessein.
Cette Fête fur annoncée la veille à midi
par le son des Cloches de la Collé
giale , et le soir par le son de ces mêmes
Cloches , et par une décharge de quantité
de Boëtes ; le quatrième ,jour de Ste
Barbe , les Cloches et les Boëtes prés
vinrent le lever du Soleil; les Tambours
battirent la Genérale à huit heures , l'As-
11. Vol. semblée
DECEMBRE. 1736. 2969
semblée, une demie heure après, et ayant
apellé pendant quelques temps , on alla
chercher le pain que l'on devoit faire
selon la coûtume , et on l'aporta avec
pompe au quartier. On en partit en ordre
, dès que la Messe eut été batuë, la
Simphonie et les Tambours à la tête ,
ceux- ci batant aux champs , la Simphonie
s'y mariant par des airs convenables à
la marche ; les Sergens venoient ensuite
deux à deux , le premier de la Colonelle
portant leCierge qu'ildevoit offrir en présentant
le pain à bénir, les autres tenant à
la main une branche de Laurier ; les huit
Caporaux députés precédoient le pain
placé sur une espece de pied- d'estal
porté par quatre Canoniers , et escorté
par huit autres , la bayonete au bout du
fusil; ce Gâteau étoit enjolivé de leurs
etde rubans , et chargé d'une Tour , simbole
de la Sainte que l'on fêtoit. Après
quoi suivoit le gros du Bataillon , sans
distinction de poste et de Compagnie ,
mais aussi sans jalousie et sans confusion.
?
On fit en partant du quartier , un feu
coulantde toutes les Boëtes , afin d'avoir
le loisir de les transporter à la place qui
est devant l'Eglise , pour les tirer en y
entrant , de même qu'à l'Elevation et à
II. Vol. Hij la
2970 MERCURE DE FRANCE
la Benédiction , qui fut donnée à l'issue
de la Messe. Le pain fut placé au milieu
de la grande Nefsur un autre pied d'estal
haut de six à sept pieds , gardé toujours
par les 8. Fusiliers qui l'escorterentquand
on le porta vers le temps de l'Offertoire
`à l'Autel , où il fut béni. Les Députés
en présenterent ensuite aux Officiers ,
à la Noblesse et aux Assistans , avec les
ménagemens que l'on doit au rang de
chacun , et ils reçûrent des marques de
generosité , dont ils ont tout lieu d'ê
tre satisfaits.
La Messe finie , le Bataillon se retira
dans le même ordre qu'il étoit venu .
Chaque Commandant donna un repas
splendide aux Officiers de son Corps , ec
les Canoniers après avoir rendu graces
au Ciel des bienfaits , dont ils avoient
été comblés en Italie , s'abandonnerent
à la joye , que la celebrité de la Fête
leur inspiroit. Le jour se passa en danses
et en réjoüissances particulieres ; mais
une triple Salve , que l'on fit vers les
six heures du soir , fut le signal qui de
voit réünir chaque Chambrée. On vit
alors tout le quartier illuminé ; les violons
et les chants d'allégresse s'y firent .
entendre de toutes parts : la Compagnie
de Fontenay sur-tout se distingua par les
II. Vol. chansons
DECEMBRE: 1736. 297
chansons , la danse et la bonne chere ; il
yeut Bal chés les Sergens pendant presque
toute la nuit , où l'on étoit reçu
poliment. Les basses- payes , car vous n'i .
gnorez pas , M. qu'il n'y ait dans le Régiment
Royal d'Artillerie , diverses so
des , les basses - payes , dis je , ne cederent
en rien aux hautes; ni celles- ci aux Caporaux
, et elles fournirent également à
la dépense. Les plaisirs regnoient partout
avec la même vivacité; et ce qu'il
y eut de remarquable , c'est que malgré
l'esprit de débauche , dont ces Soldats
étoient animés , on n'en vit aucun dahs
l'yvresse ; ils assisterent tous le lendemain
au Service qu'ils firent celebrer pour
leurs Camarades deffunts , avec autant
de modestie etde religion , qu'ils avoient
temoigné d'allegresse et de liberté pendant
la nuit .
Il me reste à vous raporter quelques
emblêmes , dont la Porte du Quartier
étoit décorée. On voyoit au milieu un
Tableau , où tous les Simboles de l'Artillerie
étoient représentés ,avec ces mots :
Convenientia cuique. On voyoit aussi Pallas
négligemment couchée sur un Trophée
d'Armes et cette Inscription : .
Victrix, non lassa , quiescit . La Victoire semant
des branches de Laurier , de Mir-
,
11. Vol. Hij the
2972 MERCURE DE FRANCE
the et de Lierre, avec ces paroles : Victorem
hac dona coronant : il y en avoit beaucoup
d'autres , que la briéveté d'une Lettre
ne me permet pas d'ajouter , non
plus que divers couplets de chansons,&c.
Je suis ,&c.
A la Fere , le 7. Septembre 1736.
CHANSON ANACREONTIQUE ;
D'une Nymphe de la Mer ,
L
métamor
phosée en Bergerdu Pays d'Astrée. Sur
l'Air : Aimable Vainqueur , &c.
A Societé ,
Fine Volupté ,
Vous apelle à table,
Fille agréable
De l'oisiveté.
Délicatesse ,
Chatoüillez sans cesse
Mon coeur enchanté.
Quittez , cher Comus ,
La Cour immortelle ,
Portez sur votre aile
Le riant Momus.
Venus descend ;
Bacchus vous attendi
II. Vol. Troupe
DECEMBRE. 1738. 2973
Troupe fortunée ,
Que ma destinée
Me plaît à présent !
Unjour si doux
Vaut mieux qu'une année
Qu'on passe sans vous.
MORTS , NAISSANCES
L
E 29. Novembre , Antonin Cyprien
de Pechpeirou de Guitant , Prêtre , Li
cencié en Théologie , Doyen de l'Eglise
Métropolitaine de S. Gatien de Tours ,
mourut à Tours , après une courte maladie
, ayant reçû auparavant ses derniers
Sacremens. Il étoit âgé de 53. ans , et
frere puiné de Loüis Athanase de Pechpeirou
de Cominges , Comte de Guitaur,
Lieutenant General des Armées du Roi
du 1. Août 1734 : la genéalogie de la
Maison de Pechpeirou , originaire de
Quercy, se trouve dans le Dictionnaire
historique , Editions de 1725. et 1732 .
Le 6. Decembre , Jean Louis de Bullion
, Comte de Fontenay , Conseiller du
Roi honoraire en la Cour du Parlement
de Paris , et Grand -Chambre d'icelle ,
11. Vol. Hiiij mourut
2974 MERCURE DE FRANCE
mourut en son Château de Fontenay
scus Bryis , âgé d'environ 85. ans. Il avoit
d'abord été substitut du Procureur General
du même Parlement , puis reçû
Conseiller en la Cour des Aydes le 4.
Decembre 1681. et enfin Conseiller et
Commissaire aux Requêtes du Palais du
Parlement le 21. Mars 1689. Il étoit fils
aîné de feu Henri de Bullion , Marquis
de Courcy , Seigneur de Fontenay , et
de Bouzonville , mort Conseiller en la
Grand'-Chambre du Parlement de Paris ,
le 21. Janvier 1689. âgé de 64. ans , et de
Magdeleine de Vassan de Morsan , morte
le 25. Avril 1709. âgée de 77. ans
et il avoit été marié le 13. Fevrier 1685 .
avec Marie Geneviève Pinette de Charmoy
, fille de Jacques Pinette de Charmoy,
Maître ordinaire en la Chambre
des Comptes de Paris , et Secretaire des
Commandemens d'Elizabeth d'Orleans ,
Duchesse de Guise, et de Geneviève Hallé.
Elle mourut le 1. May 1704. âgée
de 38. ans. 11 laisse d'elle entr'autres enfans
, Jean Charles de Bullion , Comte
de Fontenay , cy - devant Capitaine au
Régiment de Dragons de Condé cydevant
Goesbriand ; Christophe Louis
de Bullion , ci - devant Capitaine de Dragons
dans le Régiment de Goesbriand ,
4
11. Vol. dont
DECEMBRE. 1736. 2975
dont le mariage avec Antoinette deRouget
, du lieu de Peyreusse en Rouergue ,
a éte raporté dans le Mercure du mois de
Fevrier 1735. p . 405. Marie Magdeliene
de Bullion, veuve depuis 1733.de Henri
Louis le Maitre , Seigneur de Bellejame ,
Conseiller au Parlement de Paris , avec
lequel elle avoit été mariée le s . Janvier
1706. et Marie Françoise de Bullion ,
mariée depuis 1717. avec Joseph Simon'
de Laistre , ci-devant Secretaire ordi
naire du Conseil d'Etat , (Directions et
Finances .
Le 11. Charles de Valette de Laudun,
Chef d'Escadre des Armées Navales du
Roi , du 1. Septembre 1735. et auparavant
Capitaine de Vaisseaux , du 21.
Avril 1705. et Commissaire general de
Artillerie de la Marine en 1728. mourut
à Toulon dans la 76e année de son
âge.
M. Joseph Ignace de Foresta de Colongue ;
ancien Evêque d'Apt, mourut à Marseille
le 18. dans la 83e. année de son âge. II
avoit été Prevôt de la Cathedrale de cette
derniere Ville. Après plusieurs années
d'Episcopat , il fit une démission de son
Evêché entre les mains du Roi ,et S. M.
y nomma en 1722. M. l'Abbé Vaccon
son neveu , pourvû depuis de l'Abbaye
11. Vol. Hv do
2976 MERCURE DE FRANCE
de Alleux Ordre de S. Benoit , Diocèse
de Poitiers. On mande de Marseille que,
le Prélat qui vient de mourir , y a été
generalement regretté. Il a été inhumé
dans l'Eglise de S. Jaume des K R. Peres
Jesuites , et M l'Evêque , accompagné
de rout son Clergé seculier er regulier ,
a assisté à ses Obseques .
Le 19. Joseph d'Armand , Seigneur de
Châteauvieux , Chevalier delOrdreMi
litaire de S. Louis , Gentilhomme ordinaire
du Duc d'Orléans , et ancien Major
de son Régiment d'Infanterie , mourut
à Paris , âgé de 51. ans ne laissant
pointde posterité, Il croit d'une famille
noble , originaire de Dauphiné , laquelle
subsiste encore en la personne de Guil
laume d'Armand Seigneur de hâteau
vieux ,dont le Pere a été premier Maréchal
des Logis de la Compagnie des
Gendarmes de la Garde du Roi , Mestre
deCamp de Cavalerie , et Chevalier de
P'Ordre Militaire de S. Louis. Il a épousé
en secondes noces le 8. Fevrier dernier ,
Dile Anne Françoise Scholastique Abon
dance Keingiaert , fille de feu Philipe
Keingiaert , Seigreur de Seravenaghe ,
Messen , Entregheim , &c Lieutenant
Grand Bailly de la Noble Cour de
Cassel.
II Vol. Le
DECEMBRE. 1736. 2977
Le .... François de Caillebot de la Salle,
ancien Evêque de Tournay , Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris du 20.
Mai 1684 Abbé Commandataire des
Abbayes de S. Pierre de Kebaís , Ordre
de S. Benoît , Diocèse de Meaux , et de
S. Pierre de la Couture du même Or
dre , Diocèse du Mans , mourut en son
Abbaye de Rebais , âgé de près de 80.
ans Il avoit été autrefois Aumônier du
Roy , et avoit été nommé à l'Evệché de
Tournay au mois de Mai 1690. Il fut
sacré le 31. Août 1592 et prêta le serment
de fidélité entre les mains du kol
le s . Septembre suivant. Il se démit au
mos de Mars 1705. de son Evêché , er
le 11. Avril suivant, il obtint l'Abbaye
de la Couture, Il a vécu depuis , jusqu'à
sa mort , dans une grande retraite
en son Abbaye de Rebais , dont il étoit
Titulaire depuis l'année 1671 ce Prélat
employoir la plus grande partie de ses
revenus au soulagement des panvres II
étoit fils puiné de touís de Caillebot
Marquis de la Salle Lieutenant-General
des Armées du Roi , et Capitaine Lieutenant
de la Compagnie des Gendarmes
de la Garde de S. M. mort le Mars
1682 âgé de 75. ans , et de feuë Anne
Magdeleine Martel de Montpinson , et
11. Hvj oncle
2978 MERCURE DE FRANCE
oncle de Marie Louis de Caillebot , Marquis
de la Salle , aujourd'hui Guidon des
Gendarmes de la Garde du Roi , et dont
le mariage avec la Dlle Benoise , fille du
Doyen de la seconde Chambre des Enquêtes
, est raporté dans le Mercure de
Mars 1734. p. 620.
Le vingt - deux Noël François de
Brion , Marquis de Combronde en Auvergne
, et de Marolles en Gatinois , Baron
de Salvert, &c. Chevalier Commandeur
des Ordres de N. D. du Mont-
Carmel , et de S. Lazare de Jerusalem ,
dans lesquels il avoit été reçû le 10. Novembre
1713. mourut subitement en sa
Terre de Marolles , près de Montreau,
âgé de plus de 60. ans. Il avoit été d'abord
Chanoine de l'Eglise Métropolitaine
de Paris , et Prieur de la Dorade ;
mais étant resté fils unique par la mort
de Jean Antoine de Brion de la Barde ,
son frere aîné,Conseiller au Parlementde
Paris , arrivée le 15 Decembre 1708. il
quitta l'Etat Ecclésiastique , et ensuite
se maria le 22. Août 1714. avec Marie
Agnès de Pomereu , fille de feu Jean
Baptiste de Pomereu , Seigneur des Riccys
, Maître des Requêtes ordinaire de
P'Hôtel du Roi, et ci-devant Intendant
à Alençon et à Chalons , et de Marie
LI.. Vol.. Michel
DECEMBRE. 1736. 2979
Michelle Bernard , sa veuve. Il en laisse
deux fils , qui sont dans le Service militaire.
Leur Pere étoit fils de Jean de
Brion , Marquis de Combronde , Baron
de Salvert , Conseiller au Parlement
de Paris, mort le 1. Août 1684. et d'Anne
Marie de la Barde , morte le 28 Février
1700 , laquelle étoit fille de Jean de la
Barde , Marquis de Marolles , Seigneur
de Molteaux , Ambassadeur Extraordinaire
pour le Roi vers les Cantons Suisses
et Grisons. Cette Famille de Brion
est originaire d'Auvergne , et porte pour
Armes vairé d'or et de Gueules, parti
de gueules plain.
Le 24. D. Marie- Marguerite de Ratabon,
veuve depuis le 13. Décembre 1709 .
de Louis Verjus, Comte de Crecy , Marquis
de Treon et Fortisle Baron de
Couvé , Seigneur du Boulay-les-deux-
Eglises , le Menillet , &c. Conseiller du
Roy en ses Conseils , cy- devant Envoyé
Extraordinaire , Plénipotentiaire à
l'a Diette de Ratisbonne , et vers les Princes
d'Allemagne, et second Ambassadeur
Extraordinaire et Plénipotentiaire de
France pour la Paix générale au Congrès
de Riswick , l'un des Quarante de l'Académie
Françoise , mourut à Paris , âgée
de 80. ans, laissant pour fils unique Louis
11. Vol Alexandre
1980 MERCURE DE FRANCE
Alexandre Verjus , Marquis de Crecy ,
Gouverneur de la Ville et Pays de Toul,
depuis 17.4. Maréchal des Campset Armées
du Roy du premier révrier 1719 .
et cy-devant Colonel du Régiment de
Boulonnois .
Le nommé François Olet-Trois-Valets,
estmort le 24. âgé de près cent ans,
àSainville en Beauce, Drocice de Chartres.
Il n'avoit point été marié.
د
,
Le 29. D. Marie- Rosalie de Chastillon
Epouse de Louis- Vincent , Comte de
Goesbriant , Brigadier des Armées du
Roy et Mestre de Camp Lieuterant
du Régiment de Condé de Dra
gons avec lequel elle avoit été mariée
le 2. Décembre 1714 mourut de la
petite vérole à Paris , âgée d'environ 49.
ans , et ne laissant que deux filles de 13 .
enfans qu'elle avoit eû , elle étoit seconde
fille d'Alexis Henry, Marquis de
Chastillon , Chevalier des Ordres du
Roy , et de foüe D. Rosalie de Brouilly ,
et cousine germaine du Duc de Chastillon
, Gouverneur de Monseigneur le
Dauphin.
Le 30. D. Claude du Pré, Généraldes
Benedictirs de la Congrégation de saint
Maur , mourut à Paris en l'abbaye de
S. Germain des Prés , âgé de 69 ans.
11. Vol. Plusieurs
DECEMBRE. 1736. 2981
Plusieurs Supérieurs Généraux d'Ordre ,
quantité de Religieux de tous les Ordres,
et de Personnes de considération , assisterent
le lendemain àson inhumation , et
deux jours après au Service solemnel qui
fut célebré pour le repos de sonAme. II
laisse après lui beaucoup de regrets pour la
sagesse et pour la douceurde sonGouvernement.
Il avoit été élû Général le 26.
May dernier, ainsi qu'on l'a raporté dans
le Mercure de Juin, vol I. p. 1224.11
avoit passé par les principales Charges de
sa Congrégation , ayant éré en dernier
lieu Prieur de l'Abbaye de S'Germain
✓ des Prés et ensuite Assistant du Général
D. Hervé Menard , après la mort duquel
il gouverna en qualité de Vicaire Géné
ral tusqu'à son Election au Généralar.
Le même jour D. Anne CamberinePelle
tier, veuve depuis le premier May 1731.
de Leonard Gayot de Monchougny, Sei
goeur de S. Amand , ancien Conseiller-
Secretaire du Roy , Maison Couronne
de France et de ses Finances , er ancien
Receveur Général des Aides et Domai
nes de France , mourut sur les six heures
du soir à Paris , s'étant trouvée mal le
matin du même jour en encendant la
Messe à S Lovis en l'Isle sa Paroisse.
Elle avoit eû deux fils ; l'aîné Nicolas
II. Vol. Leonard
2982 MERCURE DE FRANCE
Leonard Guyot , Seigneur de S. Amand,
reçû Conseiller au Parlement de Paris le
23. Mars 1720. et marié le 12. Juillet
1729. avec une fille d'Antoine Rousseau,
Secretaire du Roy , qui mourut au commencement
des Vacances de l'année 1732.
à l'âge de 32. ans ; le cadet est Antoine-
Jean-Guyot,Sieur de la Boissiere,né le 15 .
Septembre 1701. et reçû Conseiller en la
Cour des Aides de Paris le 30. Août 1723 .
Le 31. D. Anne-Gabrielle Henriette Ber
nard de Rieux , épouse de Charles- Pierre
Gaston de.Levis de Lomagne,Marquis de
Mirepoix, Maréchal hereditairede la Foi ,
Comte de Terride , Vicomte de Gimoix,
Baron de Montfourcault , Brigadier des
Armées du Roy , Colonel du Régiment
de la Marine , mourut à Paris , après être
acouchée d'un enfant mort , qui étoit son
premier , dans la seizième année de son
âge , étant née le 13. Août 1721. Elle
avoit été mariée le 17. Août 1733. ainsi
qu'on l'a raporté dans le Mercure du mois
de Septembre suivant , p. 2097.
Lo 10. Decembre D. Victoire Delphi
ne, née Princesse de Bournonville, Epouse
deVictor- Alexandre, Marquis de Mailly,
Chefdu Nom et Armes de sa Maison ,
Brigadier des Armées du Roy , accoucha
II. Vol. d'un
DECEMBRE. 1736: 2983
d'un Fils , qui fut nommé Loüis-Victor-
Honoré.
Le 12. D. Elisabeth Marguerite de Saint.
Georges de Verac , Epouse de Louis- Antoine
de la Roche Marquis de Rambu
res , &c. Chevalier de S. Loüis, Brigadier
des Armées du Loy , et Colonel du Régiment
de Navarre , accoucha d'un Fils ,
qui fut nommé Cesar- Louis.
NOMBRE des Baptêmes , Mariages,
Enfans Trouvés et Morts de la Ville
et Fauxbourgs de Paris pendant l'année
- 1735. sçavoir :
Baptêmes ,
Enfans Trouvés ,
Mariages ,
Morts ,
Maisons Religieuses , Hommes
18862
3876
2577
15970
16196
et Filles , 226
Partant le nombre des Baptêmesde l'année
1735. excede celui des Morts de
Le nombredes Baptêmes de l'année 1735
2666
est diminué de celui de 1734. de
1
973
Celui des Mariages est diminué de
Celui des Morts est augmenté de
257
1074
Celui des Enfans Trouvés est diminué de 27
S
II. Vol. MADRI
2984 MERCURE DE FRANCE
MADRIGAL.
A Mademoise'le P** Par une Nymphe
de la Mer , metamorphosée en Berger
du Pays d'Asirée.
A
Gréables transports que l'Amour a
naître ,
fair
Que vous me séduisez ! ah ! vous brulez mon
coeur,
Ce coeur dont je ne suis plus Maître ,
Le vôtre pour toujours, Corinne , en est vain
queur ;
Mais quel charme puissant coule de votre vûë
Mon sang s'enflamme et mon ame est émuë,
Je vois les Cieux ouverts dans vos yeux en
chanteurs ,
Est-ce pour mon bonheur que je vous ai con
• nuë ?
Dois je vivre ou mourir ? ah ! parlez , ou je
meurs .
3
※※※※※
*****
ARRESTS NOTABLES.
D
ECLARATION DU ROY ,
concernant la forme de tenir les Registres
d Baprêmes , Mariages , Sépultures , Vêtures ,
Novicats,et Professions, et des Extraits qui en
11. Vol. doivent
DECEMBRE. 1736. 2985
doivent être délivrés. Donnée à Versailles le g.
Avril 1736. Registrée en Parlement ic 13. Juik
let , par laquelle il est dit ce qui suit :
ART. I. Dans chaque Paroisse de notre
Royaume , il y aura deux Registres qui seront
réputés tous deux autentiques , et feront également
foi en Justice , pour y inscrire les Baptêmes
, Mariages et Sépultures , qui se feront dans
le cours de chaque année , l'un desquels continuëra
d'être tenu sur du Papier timbré , dans
les Pays où l'usage en est prescrit et l'autre
sera enPapier commun , et seront lesdits deux
Registres fournis aux dépens de la Fabrique , un
mois avant le commencement de chaque année.
,
II. Lesdits deux Registres seront cottés par
premier et dernier , et paraphés sur chaque feuil
let, le tout sans frais , par le Lieutenant Général
, ou autre premier Officier du Bailliage , Sé
néchaussée ou Siége Royal , ressortissant nuë
ment en nos Cours , qui aura la connoissance
des cas Royaux , dans le lieu où PEglise sera si
tuée. Voulons que lorsqu'il y aura des Paroisses
trop éloignées dans l'étendue dudit Siége , les
Curés puissent s'adresser pour faire cotter et parapher
lesdits Registres au Juge Royal , qui sera
commis à cet effet , au commencement de chaque
année , pour lesdits lieux , par ledit Lieutenant
Général , ou autre premier Officier dudie
Siége, sur la requisition de notre Procureur , ct
sans frais.
111. Tous les Actes des Barêmes , Mariages
et S pultures seront inscrits sur chacun desdits
deux Registres de suite , et sans aucun blanc , et
seront lesdits Acres signés sur les deux Registres
parceux qui les doivent signer , le tout enmême
temps qu'ils seront faits,
:
11. Vol. ١٧٠
2986 MERCURE DE FRANCE
I V. Dans les Actes de Baptêmes , il sera fait
mentiondu jour de la naissance , du nom qui
sera donné à l'Enfant , de celui de ses Père et
Mere , Parainet Maraine , et l'Acte sera signé
sur les deux Registres , tant par celui qui aura
administré le Baptême , que par le Pere , (s'il est
present ) le Parain et la Maraine ; et à l'égard de
ceux qui ne sçauront ou ne pouront signer , il
sera fait mention de la déclaration qu'ils en feront.
V. Lorsqu'un enfant aura été ondoyé en cas
de nécessité , ou par permission de l'Evêque , es
que l'ondoyement aura été fait par le Curé, Vicaire
, ou Desservant , ils seront tenus d'en inscrire
l'Acte incontinent sur lesdits deux Registres;
et si l'enfant a été ondoyé par la Sagefemme
ou autre celui ou celle qui l'aura
ondoyé , seront tenus , à peine de dix livres
d'amende , qui ne pourra être remise ni moderée
, et de plus grande peine en cas de recidive
d'en avertir sur le champ lesdits Curé , Vicaire
ou Desservant , à l'effet d'inscrire l'Acte sur les-
,
dits Registres , dans lequel Acte sera faitmention
jour de la naissance de l'enfant , du
nom des pere et mere , et de la personne qui
aura fait l'ondoyement , et ledit Acte sera signé
sur lesdits deux Registres , tant par le Curé ,
Vicaire ou Desservant , que par le pere , s'il est
present , et par celui ou celle qui aura fait l'ondoyement
; et à l'égard de ceux qui ne pouront
ou ne sçauront signer , il sera fait mention de
ladéclaration qu'ils en feront.
VI. Lorsque les Cérémonies du Baptême seront
supléées , l'Acte en sera dressé , ainsi qu'il
a été prescrit cy dessus pour les Baptêmes , et il
ysera en outre fait mention du jour de l'Acte
d'ondoyement.
: DECEMBRE. 1736. 2987
,
VII . Dans les Actes de célébration de Mariage
, seront inscrits les noms , surnoms , age ,
qualités , et demeures des Contractans et ily
sera marqué s'ils sont enfans de famille , en tus
telle , ou curatelle , ou en la puissance d'autrui,
et les consentemens de leurs peres et meres , Tus
teurs ou Curateurs y seront pareillement énoncés
, assisteront ausdits Actes quatre témoins
dignes de foi , et sçachant signer , s'il peut aisément
s'en trouver dans le lieu qui sçachent signer
, leurs noms , qualités et domiciles seront
pareillement mentionnés dans lesdits Actes; et
lorsqu'ils seront parens ou alliez des Contractans,
ils déclareront de quel côté et en quel dégré
, et l'Acte sera signé sur les deux Registres ,
tant par celui qui célébrera le Mariage , que par
les Contractans , ensemble par lesdits quatre
témoins au moins ; et à l'égard de ceux des Contractans
ou desdits témoins qui ne pouront ou
ne sçauront signer , il sera fait mention de la
déclaration qu'ils en feront. Voulons au surplus
que tout ce qui a été prescrit par les Ordonnances
, Edits , Déclarations , et Réglemens
sur les formalités qui doivent être observées
dans la célébration des Mariages , et dans les
Actes qui en seront rédigés , soit exécuté selon
sa forme et teneur , sous les peines y portées .
et
VIII . Lesdits Actes de célébration seront ins
crits sur les Registres de l'Eglise Paroissiale du
lieu où le Mariage sera célebré ; et en cas que
pour des causes justes légitimes,il ait étéper
mis de le célébrer dans une autre Eglise ou Chapelle
, les Registres de la Paroisse , dans l'étenduë
de laquelle ladite Eglise ou Chapelle sont
situées , seront aportés lors de la célébration du
Mariage , pour y être l'Acte de ladite célébra
tion inserit.
1988 MERCURE DE FRANCE
IX. Voulons qu'en aucun cas lesdits Acres de
célébration ne puissent être écrits et signés suc
des Feüilles volantes , ce qui sera éxecuté , à
peined'être procedé extraordinairement contre
JeCuré , ou autre Prêtre qui auroit fait lesdits
Actes , lesquels seront condamnés en telle amende
ou autre plus grande peine qu'il apartiendra,
suivant l'exigeance des cas , et à peine contre
lesContractans de déchéance de tous les avantages
, et conventions portées par le Contratde
Mariage , ou autres Actes ,même de privation
d'effets civils, s'il y écher.
X. Dans les Actes de sépulture , il sera fait
mentiondujour du décès , du nom et qualité
de la personne décedée ; ce qui sera observé ,
même à l'égard des enfans de quelque âge que
ce soit , et l'Acte sera signé sur les deux Registres,
tant par celui qui aura fait la sépulture ,
que par deux des plus proches parens ou amis
qui y auront assisté , s'il y en a qui sçachent ou
qui puissent signer , sinon il sera fait mention
de la déclaration qu'ils en feront.
XI. S'il y a transport hors de la Paroisse , il
en sera fait un Acte en la forme marquée par
l'Article précedent sur les deux Registres de la
Paroisse d'où le corps sera transporté , et il sera
fait mention dudit transport dans l'Acte de
Sépulture , qui sera mis pareillement sur les
deux Registres de l'Eglise où se fera ladite Sépulture.
XII. Les corps de ceux qui auront été trouvés
morts avec des signes ou indices de mort
violente , ou autres circonstances qui donnent
lieu de le soupçonner , ne pouront être inhumés
qu'en conséquence d'une Ordonnance du
Lieutenant Criminel , ou autre premier Officier
۱
II. Vol. au
DECEMBRE. 1736. 2989
anCriminel , renduë sur les Conclusions de nos
Procureurs , ou de ceux des Hauts- Justiciers ,
après avoir fait les Procedures , et pris les instructions
qu'il apartiendra àce sujet , et toutes
les circonstances ou observations qui pouront
servir à indiquer ou à désigner l'état de ceux
qui seront ainsi décedés , et de celui où leurs
corps morts auront été trouvés , seront inserés
dans les Procès verbaux qui en seront dressés ;
desquels Procès verbaux , ensemble de l'Ordonnance
dont ils auront été suivis , la Minute sera
déposée au Greffe , et ladite Ordonnance sera
datée dans l'Acte de Sépulture , qui sera écrit
sur les deux Registres de la Paroisse , ainsi qu'il
est prescrit cy-dessus , à l'effet d'y avoir recours
quand besoin sera .
XIII . Ne seront pareillement inhumés ceux
auxquels la Sépulture Ecclésiastique ne sera pas
accordée, qu'en vertu d'une Ordonnance du Juge
de Police des Lieux , renduë sur les Conclusionsde
notre Procureur, ou de celui des Hauts-
Justiciers , dans laquelle Ordonnance sera fait
mention du jour du décès et du nom et qualité
de la personne décedée . Et sera fait au Greffe
un Registre des Ordonnances qui seront données
audit cas , sur lequel il sera délivré des Extraits
aux Parties interessées, en payant au Greffier
le salaire porté par l'Article XIX. cyaprès.
,
XIV. Toutes les dispositions des Articles
précedens seront observées dans les Eglises succursales
qui sont actuellement en possession d'avoir
des Registres des Baptêines , Mariages et
Sépultures , ou d'aucun desdits genres d'Actes ,
sans qu'on puisse en ce cas se dispenser de les
insérer dans lesdits Registres des Eglises succur.
II. Vol. sales,
2990 MERCURE DE FRANCE
sales , sous prétexte qu'ils auroient été inscrits
sur les Registres des Eglises Matrices,
XV. Toutes les dispositions desdits Articles
seront pareillement éxecutées dans les Chapitres,
Communautés séculieres ou Régulieres , et Hôpitaux
ou autres Eglises qui seroient en possession
bien et dûëment établie , d'administrer les
Baptêmes , ou de célébrer les Mariages , ou de
faire des Inhumations , à l'effet de quoi ils seront
tenus d'avoir deux Registres cotés et paraphés
par le Juge , ainsi qu'il a été cy-dessus
prescrit ; N'entendons néanmoins rien innover
à l'usage observé dans les Hôpitaux de notre
bonne Ville de Paris , de faire cotter et parapher
leurs Registres seulement par deux Administrateurs,
et seront les deux Registres des Hôpitaux
, tant de notredite Ville qu'autres, tenus en
papier commun.
XVI. Dans les Paroisses ou autres Eglises où
il est d'usage de mettre les Actes de Baptêmes ,
ceux de Mariages , et ceux de Sépulturessur des
Registres séparés , ledit usage continuëra d'être
observé , à la charge néanmoins qu'il y aura
deux Originaux de chacun desdits Registres séparez
, et que les Actes seront inscrits et signés
enmême tems sur l'un et sur l'autre, ainsi qu'il
a été prescrit cy- dessus .
XVII. Dans six semaines au plus tard après
l'expiration de chaque année , les Curés , Vicaires
, Desservans , Chapitres , Superieurs de
Communautés , ou Administrateurs des Hôpi
taux , seront tenus de porter ou envoyer sûrement
un desdits deux Registres au Greffe du
Bailliage , Sénéchaussée ou Siége Royal , ressortissant
nuement en nos Cours , qui auront la
connoissance des Cas Royaux dans le lieu où
l'Eglise sera située, XVIU.
DECEMBRE. 1726. 2991
XVIII. Lors de l'aport du Registre au Greffe
, s'il y a des feüillets qui soient restés vuides ,
ou s'il s'y trouve d'autre blanc , ils seront barrés
par le Juge, et sera fait mention par le Greffier
sur ledit Registre du jour de l'aport , lequel
Greffier en donnera ou envoyera une décharge
en Papier commun aux Curés , Vicaires , Desservans
, Chapitres , Superieurs , ou Administrateurs
, pour raison de quoi sera donné pour
tous droits cinq sols au Juge , et la moitié au
Greffier , sans qu'ils puissent en exiger ni recevoir
davantage , à peine de concussion, et sera
ledit honoraire payé aux dépens de la Fabrique,
ou des Eglises , ou Hôpitaux qui sont en possession
d'avoir des Registres.
XIX. Il sera au choix des Parties interessées
de lever des Extraits des Actes de Baptême ,
Mariage , ou Sépulture , soit sur le Registre qui
sera au Greffe , soit sur celui qui restera entre
les mains des Curés , Vicaires , Desservans ,
Chapitres , Supérieurs ou Administrateurs, pour
lesquels Extraits il ne poura être pris par lesdits
Greffiers ou par lesdits Curés , ou autres
cy-dessus nommés , que dix sols pour les Extraits
des Registres des Paroisses établies dans
les Villes où il y aura Parlement , Evêché ou
Siége Présidial ; huit sols pour les Extraits des
Registres des Paroisses des autres Villes , et cinq
sols pour les Extraits des Registres des Paroisses
des Bourgs et Villages , le tout y compris le
Papier timbré. Défendons d'exiger ni recevoir
plus grande somme , à peine de concussion.
XX. En cas de changement de Curé, ou Desservant
, l'ancien Curé ou Desservant sera tenu
de remettre à celui qui lui succedera , les Registres
qui sont en sa possession , dont il lui sera
II. Vol. I donné
2992 MERCURE DE FRANCE
donné une décharge en Papier commun , contenant
le nombre et les années desdits Registres
.
XXI . Lors du décès des Curés ou Desservans
, le Juge du lieu , sur la réquisition de no.
tre Procureur , ou de celui des Haut-Justiciers ,
dressera Procès verbal du nombre et des années
des Registres qui étoient en la possession du
défunt, de l'état où il les aura trouvés , ou des
défauts qui pouroient s'y rencontrer , chacun
desquels Registres il paraphera au commences
ment et à la fin .
XXII . Ne poura être pris plus d'une seule
vacation pour ledit Procès verbal , et ce , suivant
la taxe portée par les Réglemens qui s'observent
dans le Ressort de chacune denos Cours
de Parlement , et sera ladite taxe payée sur les
deniers ou effers de la succession du défunt ; et
en cas d'insolvabilité , sur les revenus de la Fabrique
de la Paroisse , sans qu'il puisse être taxé
aucuns droits pour le voyage et transport du
Juge, si ce n'est à l'égard des Paroisses éloignées
de plus de deux lieuës du Chef- lieu de la
Justice dont elles dépendent ; auquel cas il sera
taxé une vacation de plus pour les frais dudit
transport.
XXIII. En cas qu'il ait été aposé un scellé
sur les effets des Curés , Vicaires , ou Desservans
décedés , lesdits Registres ne pouront être
laissés sous le scellé , mais seront les anciens Registres
enfermés au Presbytere ou autre lieu sûr
dans un Coffre ou Armoire fermant à clef, laquelle
sera déposée auGreffe , et les Registres
doubles de l'année courante seront remis entre
les mains de l'Archidiacre ou du Doyen Rural ,
suivantlesusagesdes lieux ; lequel remettra en-
II. Vol. suite
DECEMBRE. 1726. 2993
suite lesdits Registres doubles au Curé successeur
, ou à celui qui sera nommé Desservant ,
des mains duquel ledit Curé successeur les retisera
lors de sa prise de possession,auquel temps
lui sera pareillement remise la clef du Coffre ou
de l'Armoire où les anciens Registres auront été
enfermés , ensemble lesdits anciens Registres ,
et ce sans aucuns frais .
XXIV. Voulons néanmoins qu'en cas que l'Archidiacre
ou le Doyen Rural , suivant les usages
des lieux, offrent de se charger de la clefdu coffre
ou de l'armoire dans lequel les anciens Registres
auront été enfermés, il soit ordonné par le Juge
que ladine clef sera remise audit Archidiacre ou
Doyen Rural , lequel en donnera décharge au
Greffier , et remettra ensuite ladite clef au Curé
successeur , ainsi que ledit Greffier seroit tenu de
le faire suivant ce qui est porté par l'Article
XXIII
XXV. Dans les Maisons Religieuses , il y aura
deux Registres en papier commun pour inscrire
lesAcres de Vêture , Noviciat , et Profession,
lesquels Registres seront cottés et paraphés
sur chaque feüillet par le Superieur ou la Supesieure
, à quoi faire ils seront autorisés par un
Acte Capitulaire qui sera inseré au commencement
de chacun desdits Registres.
XXVI . Tous les Actes de vêture , Noviciat
et Profession , seront inscrits en François sur
chacun desdits deux Registres de suite et sans
aucun blanc , et lesdits Actes seront signés sur
lesdits deux Registres , par ceux qui les doivent
signer, le tout en même temps qu'ils seront faits,
et en aucun cas lesdits Actes ne pouront être
inscrits sur des feuilles volantes .
XXVII . Dans chacun desdits Actes , il sera
II. Vol. I ij fait
2994 MERCURE DE FRANCE
fait mention du nom et surnom , et de l'âge de
celui ou de celle qui prendra l'Habit ou qui fera
Profession , des noms ,qualités et domiciles de
ses Pere et Mere , du lieu de son origine , et du
jour de l'Acte , lequel sera signé sur lesdits deux
Registres, tant par le Superieur ou la Superieure ,
que par celui ou celle qui prendra l'Habit ou fera
Profession ; ensemble par l'Evêque ou autre personne
Ecclesiastique qui aura fait la Ceremonie,
etpar deux des plus proches Parens ou amis qui
yaurontassisté.
XXVIII. Lesdits Registres serviront pendant
cinq années consecutives , & l'aport aux Greffes
s'en fera ; sçavoir pour les Registres qui seront
faits en executionde la présente Déclaration
dans six semaines après la fin de l'année
1741. ensuite de cinq ans en cinq ans ; sera au
surplus observé tout le contenu aux Articles xvII .
& XVIII . ci - dessus sur l'aport des Registres , et
ladécharge qui en sera donnée au Superieur ou
1a Superieure.
XXIX. Il sera au choix des Parties interessées
de lever des Extraits desdits Actes sur le Registre
qui sera au Greffe , en payant au Greffier le salaire
porté par PArticle XIX. ou sur le Registre
qui restera entre les mains du Superieur ou Superieure
, qui seront tenus de délivrer lesdits Extraits
vingt-quatre heures après qu'ils en seront
requis , sans aucun salaire ni frais , à la réserve
du papier timbré seulement.
XXX. En cas que'par nos Cours ou par autres
Juges competens , il soit ordonné quelque
réforme sur les Actes qui se trouveront dans les
Registres des Baptêmes , Mariages et Sépultures,
Vêtures , Noviciats ou Professions, ladite réforme
sera faite sur les deux Registres , & ce en
11. Vol.
marge
DEGEMBRE. 1736. 2999
marge de l'Acte qu'il s'agira de réformer , sur
laquelle le Jugement sera inscrit en entier ou
par extrait; Enjoignons à tous Curés , Vicaires,
Superieurs , ou autres dépositaires desdits Registres,
de faire ladite réforme sur lesdits deux Registres
, s'ils les ont encore en leur possession ,
sinon sur celui qui sera resté entre leurs mains ,
&aux Greffiers de la faire pareillement sur celui
qui aura été déposé au Greffe.
XXXI, Les Grands Prieurs de l'Ordre de saint
Jean de Jerusalem seront tenus,dans l'an et jour
de la Profession faite par nos Sujets dans ledit
Ordre , de faire registrer l'Acte de Profession ;
et àcette fin enjoignons au Secretaire de chaque
Grand Prieurd'avoir un Registre, dont les feüillets
seront cotés par premier et dernier , et paraphés
sur chaque feüillet par le Grand Prieur
ou par celui qui en remplira les fonctions en cas
d'absence , ou autre empêchement , pour y être
écritla copiedes Actes de Profession et leurdate,
et l'Acte d'enregistrement signé par le Grand
Prieur ou parcelui qui en exercera lesfonctions,
pour être délivrés à ceux qui le requereront ;
le tout à peine de saisie du temporel .
XXXII . Seront tenus aux Archevêchés et Evêchés
des Registres pour les Tonsures & Ordres
mineurs & sacrés , lesquels seront cotés par premier
et dernier , et paraphés sur chaque feüillet
par l'Archevêque ou Evêque .
XXXIII. Permettons à toutes personnes qui
auront droit de lever des Actes soit de Baptêmes,
Mariages ou Sépultures , soit de vêture , Noviciat
, Profession ou enregistrement des Professions
dans l'Ordre de S. Jean de Jerusalem , soit
de Tonsure et Ordres mineurs ou sacrés , de
faire compulser les Registres entre les mains des
II. Vol. I iij Dépositaires
2996 MERCURE DE FRANCE
Dépositaires d'iceux ; lesquels seront tenus deles
representer pour en être pris des Extraits , et à ce
faire contramts nonobstant tous privileges et
usages contraires, à peine de saisie du temporel,
et de privation des droits , exemptions et privileges
à eux accordés par Nous ou par nos Prédecesseurs.
XXXIV . Voulons que notre Edit du moisde
Decembre 1716. portant supression des Offices
de Greffiers Conservateurs des Registres des Batêmes
, Mariages et Sépultures , soit executé selon
så forme et teneur; et en conséquence , que
dans trois mois au plus tard après la publication
de la présente Déclaration , ceux qui ont exercé
lesdits Offices en Titre ou par Commission, leurs
Veuves et Heritiers ou ayans cause , soient tenusde
remettre , si fait n'a été , tous les Registres
qui étoient en leur possession , même les Registres
ou Actes des Consistoires, aux Greffes des
Bailliages , Sénéchaussées ou autres Sieges
Royaux , ressortissans nuement en nos Cours
qui auront la connoissance des cas Royaux, dans
lestheux pour lesquels lesdits Registres ont été
faits , faure de quoy ils y seront contraints àla
requête de nos Procureurs ausdites Jurisdictions;
sçavoir , ceux qui ont exercé lesdits Offices par
corps , et leurs Veuves , Heritiers ou représentans
par toutes voyés dûes et raisonnables , et
condamnés en telle amende qu'il apartiendra ,
même sera procedé extraordinairement contre
eux s'ily
écher.
XXXV. Les Heritiers ou ayans cause des Curés
ou autresDépositaires des Registres mentionnés
en la présente Déclaration et g neralement
tous ceux qui auroient en leur possession , à
quelque titre , et sous quelque prétexte que ce
II Vol. soit
DECEMBRE. 1736. 2997
soit , aucunes minutes, ou grosses des Registres,
dontilsnedoivent point être Dépositaires, seront
tenus dans le délai porté par l'Article précedent,
de les remettre au Greffe des Jurisdictions mentionnées
audit Article , sinon ils y seront com
traints à la requête de nos Procureurs auxdites
Jurisdictions ; sçavoir les Ecclesiastiques par saisie
de leur temporel , ceux qui en sont ou en ont
été Dépositaires publics par corps , et tous autres
, par toutes voyes dues et raisonnables ; et
seront en outre condamnés en telle amende qu'il
apartiendra ; même sera procedé extraordinaire
ment contre eux , s'il y échet.
$ XXXVI. Lors de la remise desdites Minutes
ou Grosses au Greffe par les personnes mentionnées
aux deux Articles précedens , il sera dressé
Procès verbal de l'état d'icelles , et elles seront
paraphées par le Juge, après quoi il en sera donné
unedécharge en papier commun par le Gref
fier à ceux qui les auront raportées.
XXXVII . Toutes les Grosses des Registres
quiaurontété remises au Greffe,y demeureront;
et à l'égara des Mineurs , autres néanmoins que
celles des Registres ou Actes des Consistoires, il
sera ordonné qu'elles seront remises ou renvoyées
à ceux qui en doivent être Dépositaires,
à la charge par eux d'en remettre au Greffe une
Expedition signée d'eux en papier commun. Voulons
à l'égard des Minutes desdits Registres ou
Actes des Consistoires , qu'elles demeurent au
Greffe , ainsi que les Grosses.
XXXVIII. Nos Procureurs aux Bailliages ,
Sénéchaussées et Sieges qui auront la connoissance
des cas Royaux ; seront tenus d'envoyer
ànos Procureurs Generaux , six mois après la
publicationde la présente Déclaration , un Etat
II. Vol. en I inj
1998 MERCURE DE FRANCE
en papier commun certifié du Greffier ; de ceux
qui aurontsatisfait aux dispositions ycontenuës,
et de ceux qui n'y auront pas satisfait , ce qu'ils
seront tenus de faire ensuite tous les ans dans le
mois de Mars au plus tard.
XXXIX, En cas de contravention aux dispositions
de notre présente Déclaration qui concernent
la forme des Registres et celle des Actes
qui y seront contenus , la remise desdits Registresàceux
qui en doivent être chargés , et l'aport
qui en doit être fait aux Greffes des Jurisdictions
Royales ; Voulons que les Laïcs soient
condamnés en dix livres d'amende , et les Curés
ou autres personnes Ecclesiastiques en dix livres
d'aumône , aplicable à telle coeuvre pie que les
Juges -estimeront à propos ; et les uns et les autres
en tels dépens , dommages et interêts qu'il
apartiendra ; au payement desquels , ensemble de
ladite aumône lesdites personnes Ecclesiastiques
pouront être contraintes parsaisie de leur temporel
, & les Laïcs par toutes voyes dûës et raisonnables
, même lesuns et les autres au payement
des déboursés de nos Procureurs oude
ceux de nos Hauts Justiciers, en cas depoursuite
de leur part , laissant à la prudence des Juges de
prononcer de plus grandes peines selon l'exigencedes
cas , notamment en cas de récidive .
,
XL. Enjoignons à nos Procureurs Generaux,
&à leurs Substituts aux Jurisdictions ci-dessus
mentionnées , de faire toutes les poursuites et
diligences nécessaires pour l'execution des Présentes
, sans que lesdites poursuites, Procès verbaux,
Sentences et Arrêts intervenus sur icelles , puissent
être sujets aux droits de Contrôle des Exploits
ou de Sceau , ni autres droits , de quelque
nature qu'ils soient,
II. Vol. XLI
DECEMBRE. 1736. 2999
XLI. Déclarons pareillement exemts des
Droits de Contrôle et tous autres , tant les Registres
mentionnés en la présente Déclaration ,
que les Extraits des Actes y contenus , et les décharges
qui seront données dans les cas ci-dessus
marqués.
XLII . Voulons que la présente Déclaration
soit executée selon sa forme et teneur , à commencer
au premier Janvier 1737. dérogeant en
tant que besoin seroit , à tous Edits , Déclarations,
Ordonnances O et Réglemens , en ce qui ne
seroit pas conforme aux dispositions y contenuës
, & c.
,
DECLARATION DU ROY , du 8. Septembre
, registrée au Parlement le 12. Décembre
qui ordonne que pendant six années , à commencer
du premier Janvier 1737. il soit continué
d'être levé et perçû au profit de l'Hôpital
Général , deux sols six deniers par jour sur chaque
Carosse de Remise de la Ville et Fauxbourg
de Paris , qui se loüent dans les Maisons par
journée , demi- journée , et au mois.
ORDONNANCE du Roy , du 2. Octobre ,
portant Réglement pour les journées des Soldats,
Cavaliers et Dragons malades aux Hôpitaux
, à commencer du premier Novembre
1736.
AUTRE du 12. pour faire continuer la fourniture
du Pain de Munition aux Troupes qui seront
dans les Places d'Alsace , du Pays-Messin .
Flandres , Artois et Picardie , et à Besançon .
11. Vol. IvV ARREST
1998 MERCURE DE FRAN
en papier commun certifié du Greffier ; de ..
qui aurontsatisfait aux dispositions yconter
et de ceux qui n'y auront pas satisfait , ce q
seronttenus de faire ensuite tous les ans dan
mois de Mars au plus tard.
,
eti
XXXIX, En casde contravention aux disp
sicions de notre présente Déclaration qui co
cernent la forme des Registres et celle des Act
qui yserontcontenus,laremise desdits Reg
tresà ceux qui en doivent être chargés
portqui en doit être fait aux Greffes des Jurisdictions
Royales ; Voulons que les Laïcs soier :
condamnés en dix livres d'amende , et les Cures
ouautres personnes Ecclesiastiques en dix livres
d'aumône , aplicable à telle oeuvre pie que le.
Juges-estimeronr à propos ; et les uns et les autres
en tels dépens , dommages et interêts qu'il
apartiendra ; au payement desquels , ensemble de
ladite aumône lesdites personnes Ecclesiastiques
pouront être contraintes parsaisie de leur temporel,&
les Laïcs par toutes voyes dûës et raisonnables
, même les uns et les autres au payement
des déboursés de nos Procureurs ou de
ceuxde nos Hauts Justiciers,encas depoursuite
de leur part , laissant à la prudence des Juges de
prononcer de plus grandes peines selon l'exigencedes
cas , notamment en cas de récidive.
,
XL. Enjoignons à nos Procureurs Generaux,
&àleurs Substituts aux Jurisdictions ci-dessus
mentionnées , de faire toutes les poursuites et
diligences nécessaires pour l'execution des Présen
tes , sans que lesdites poursuites, Procès verbaux ,
Sentences et Arrêts intervenus sur icelles , puissent
être sujets aux droits de Contrôle des Exploits
ou de Sceau , ni autres droits ,dequelque
nature qu'ils soient,
Vol. XLI
E. 1736. 3001
bliques deicette Ville,
Fête.
roroge jusqu'au derxempuon
des Droits
nant des Pays Etranby
du même jour ,
I laquelle S. M. or-
Articles qui y sont
Lettres Patentes sur
ir des Aydes le 26.
ent pour le payene
de Lyon , sur les
sau Tarif , des 2.
LE.
Epitre au Baron de
2801
ns , au sujet des Au-
's de France , dites de
2804
ate , 2817
P'Académie Royale
niere Assemblée pu-
2820
Mercure sur le Dis-
2830
Imitation
: ;
3000 MERCURE DE FRANCE
ARREST de la Cour du Parlement , du rs.
concernant les Clercs de Procureurs.
AUTRE du Conseil, du 16. qui proroge pour
un'an, à compterda premier Octobre 1736. la
modération des Droits cy-devant accordée sur
les Beurres et Fromages venant de l'Etranger .
et sur ceux du cru Ju Royaume.
AUTRE du 30. Qutenjoint auxMaréchaussées
d'aider les Commis des Fermes dans les poursuites
qu'ils feront au sujet du port des Etoffes
proh bées , et de dresser des Procès-verbaux des
contraventions.
ORDONNANCE du Roy , du s. Novembre,
Portant réduction dans les Compagnies franches
de Dragons ; par laquelle S. M. ordonne l'exe.
cution des onze Atticks qui y sont contenus.
AUTRE du même jour, portant réduction
desCompagnies tranches d'Infanterie-
ARREST du Conseil du 6. qui proroge jusqu'au
dernier Decembre 1737. le prix des ans
ciennes Especes et Marieres d'Or et d'Argent.
AUTRE du même jour , qui permet pendant
un an , le transport des Grains en Dauphiné ,
avec exemption de tous Droits , aux exceptions
y portées , à compter de la date du présent
Artêr.
ORDONNANCE de Police du 14.qui fait
défentes à tous Marchands , Quincail.ers et autres
, étaler ni vendre aucunes Marchandises
Il. Vol. SUE
DECEMBRE. 1736. 3001
sur les Quaiset Places publiques de cette Ville,
les jours deDimanche et de Fête.
ARREST du 20. qui proroge jusqu'au dernier
Décembre 1737. l'exempuon des Droits
d'Entrée sur les Bestiaux venant des Pays Etrangers
dans le Royaume.
ORDONNANCE du Roy du même jour ,
concernant les Milices ; par laquelle S. M. ordonne
l'éxecution des seize Articles qui y sont
Contenus.
ARREST du Conseil , et Lettres Patentes sur
icelus , registrées en la Cour des Aydes le 26.
Novembre, portant Réglement pour le payement
des Droits de la Douane de Lyon , sur les
Marchandises non comprises au Tarif , des 2.
et 30. Octobre 1736 .
TABLE.
P
IECES FUGITIVES . Epitre au Baron de
Chen , 2801
Doutes proposés aux Sçavans , au sujet des Auteurs
des Annales des Rois de France , dices de
S. Bertin , 2804
Le Concert de Dorise , Cantate , 2817
Extrait des Memoires lus à l'Académie Royale
I des Sciences , dans la derniere Assemblée publique
, &c. 2820
Observation du passage de Mercure sur le Dis
que du Soleil , &c 2830
II. Vol. Imitation
Imitation des Vers Latins sur l'Origine de la
Poësie ,
2834
Observations curieuses sur deux Eclipses du Soleil
, qui arriveront en 1737. 2837
Ode à la Critique , 2848
Memoire sur une nouvelle maniere de croiser la
Soye au Tirage , 285
Epitre à M. L. C. D. L. 2856
Suite de la Dissertation sur l'Origine des Peuples
du Pays de Caux , 2858
Ode sur le Mariage de M. de V. 2871
Enfant monstrueux , &c. 2876
Ode à Mile P ... &c. 2880
Lettre sur S. Sigismond , Roy de Bourgogne ,
288 1
Le Renard et le Loup , plaidant , 2884
Réponse à la Lettre de M....à un Ami de Province,
par M.Desroziers,Chirurgien,& c . 2886
Chanson Anacreontique , 2901
Enigme , Logogryphes , &c. 2902
NOUVELLES LITTERAIRES , DES BEAUX - ARTS,
&c. 2905
Gnomon Manuali, gallicè la Montre, Poëme , &c.
2906
Reflexions sur les Ouvrages de Litterature , &c.
2908
La Vie de P. Gassendi , &c . 2913
Traité des Maladies des Yeux , 2926
Histoire abregée des 24. Peres de l'Eglise , 2927
Principe de Musique , &c . 2928
Estampes nouvelles , 2932
Spectacles. Lettre sur l'Enfant Prodigue , 2933
Childeric , Tragedie , Extrait , 2941
Nouvelles Etrangeres, de Turquie , &c . 2956
De Russieet Ailemagne , 2959
D'Italieet Espagne , 2962
II. Vol. Moris
Morts des Pays Etrangers , 2963
Vers à une Dame , 2964
France, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c. 2965
Bouquet à Mile * * * 2966
Fête de sainte Barbe , celebrée à la Ferre , 2967
Chanson , 297
Morts , Naissances , 2973
Nombre des Baptêmes, Mariages, Enfans Trouvés
et morts à Paris en 1735.
Madrigal ,
Arrêts Notables ,
2983
2984
ibid.
Table Generale
Errata du premier volume de Décembre.
P
Age 2742. ligne 19. après ces mots , Médaillons
Grecs et Latins 192. lisez , Suite
des Empereurs en grand Bronze , 1648. Autre
Suite des Empereurs en grand Bronze , 5o2 .
Fautes à corriger dans ce Livre.
PAge 2846. ligne 17. du Soleil ,elle ,lisez ,
P. 2914. 1. 25. Chanterfiet , 1. Chantersier .
P. 2917. 1. 26. l'Anatomie , l. l'Astronomic.
II. Vol. TABLE
*******
Académie Françoise ,
Des Sciences ,
-Des Inscriptions ,
De Peinture ,
TABLE GENERALE
De l'Année 1736 .
A
ABen-Saïd, Tragédie, Ablancourt , Traduction infidelle ,
۶۲۰ 125
1996
523014130 1615
7562526.2820
755 2524-
1639.2087.2932
- De Chirurgie ,
D. Soissons ,
131.1545
968.2078
-Des Jeux Floraux , 1412.2077
De Montpellier ,
-
De Pau ,
De la Rochelle ,
De Bordeaux ,
-De Marseille ,
- De Lisbonne , 133. 1175 , 1413. 1634.293
474 167
1150
10 ,
2:06
1412.2308
- D Naples ,
Archus , Comédie ,
Acier ( Manufacture d' )
Alzire , Tragédie ,
Alzitette , Parodie ,
2308
853
2022
347.539.934
347
Amans assortis sans le sçavoir (les) Comédie, 2747
Annalesde S. Bertin , 2649.2804
Analyse de plusieurs Polichrestes , 1578
Année ( variation sur le commencement de l')
1108
II. Vol. AntiDES
MATIERES .
Anti-artemonius , 75%
Antiquités, 1176. 1410.2005 , 2740
Apelles , Comédien , 1370
Aquitaine Gotique ( limites de l'") 68
Ardaleon ( S. ) 1534
Aristodemus , Comédien , 856
Armonal géneral , 970. 208
Artois ( Projet sur la Coutume d' ). 1579
Aspasies ( les deux ) 2717
Athanatus , 1371
Athénaïs , Tragédie , 1871
B.
B
Ailli-Maître ( funeste accident arrivé à D. )
485
Bathille, 1366
Belleau ( Remi ) 510
Beilecorse , 2188
Bellerot, 2188
Bertin Nicolas ) Peintre , 964
Bouquet, 481.663.211.213.2616.2789.2966
Bourgeois , 14
Bourgeois Gentilhomme , Comédie , 140
Bréviaire de Bourges , 1498
Brillon ( Pierre- Jacques ) 1926
Bureau Tipographique , 81
Bussi ( Laure ) 529
C
C
Abinet en boiserie , 1697
Cantates, 46 4500 1359.1978.28 17
Caroline ( Histoire de la))
Catechisme ( Abregé du )
Catolini ( Antoine ) Comédien ,
1608
927
2347-2543
Causes Celebres , 1408.2685 . Des Rhetoriciens,
Caux
1861. 2203.
1961.2858
I,I
. Vol. Chaalis
TABLE
Chaalis , Abbaye ,
Chanson ,
Charles XII. Roman ,
2452
182
1998
1998
Childeric , Tragédie , 2747. 2941 Observations
sur les noms de Childeric , Clovis , & c . 74
Chine( la ) 1374. 1842. 2055.2280
Ćitheride , Comédienne , 857
Comete ,
College Royal ,
Complimens ( les ) Comédie,
Comte de Neülly ( le ) Comédie ,
Conte,
Contretemps ( les ) Comédie ,
2527
2531
789
142. 1186
685. 1535. 2148
346
Coquilles , 302
Couet (Bernard ) 1037
Cour pleniere , 247
D.
Arus , Comédien ,
Demetrios, comedien ,
1368
856
Dépots laiteux , ISST
Desroches ( Pierre - Vincent ) 1982
Dissipateur ( le ) Comédie , 2039
Duclos ( Marie-Anne de Châteauneuf ) 779
Dun , 18.436. 619. 1050. 1295
Dyonisia , Comédienne , 1366
E.
Ele
2837
Ecole de Cavalerie , 517
Egaremens du coeur et de l'esprit , 296
Eglogues , 1. 189.401.613.828. 1121. 1338 .
De Virgile , traduites, 1598
Egypte , 216
• Elegie, 1949.2680
Eloge de la Paix , 2715
II. Vol. Enfans
DES MATIERES.
Enfans sans souci. Voyez le Prince des Sots.
Enfant extraordinaire , 328. Moustrueux , 2876.
L'Enfant Prodigue , Comédie , 2341. 2544
2933
Enigme , 103.277.498.708.916. 1142.1382 .
1567.1828.2032 . 2262. 2487.2706.2902
Ennui d'un quart d'heure ( l' ) 2269
Epigramme, 216. 1814
Epitaphe , 101.609 . 1415. 2790
Epithalame , 1113
Epitres en Vers , 64. 203. 245 315.699.7010
1280. 1372. 15130 11400 1565. 2393 2428 .
2801.2856
Esope, Comédien , 857
Essai d'un Traité Historique de la Croix de
N. S.
1303
Estampes , 133. 323. 529.766. 960. 1180.
1426. 1640. 1864. 2087. 2317. 2529. 27450
2932
Etat ( question d' ) 130.406
Etrennes , 168
F.
FAble, 95. 149. 257. 1076. 1301 1544 2223. 2466.2606.2884
Fabricius ( Jean-Albert ) 2087
Famille ( la ) Comédie , 2116
Favo , 1371
Fées ( les ) Comédie , 1699.1882.
Fête donnée à Forges , 2140. A Charleville ,
2304. A Avallon , 2366
Flux et Reflux , 1772
Foire de Bezons ( la ) Comédie , 2338
Fols ( la Fête des ) 671
Fontanini , 965
Forestier , 13
II. Vol. Fourberies
TABLE
Fourberies de Scapin (les )Comédie , ولو
François au Serrail ( les ) Opera Comique, 1700
Fresne ( Jeanne- Marie Dupré de Seine du ) 783
G.
GAssendi (Viede Pierre )
2933
Gaule Germanique (limites de la ) 68.
Vules des Gaules , selon César , 206
Gaulois ( les ) Parodie , 2116.2748
Gautter Garguille , 2168 2181
Généalogies H storiques , 956
Genest ( S ) 1533
Génies ( les ) Baller , 2347 2533
Géographie ( Méthode pour aprendre la ) 918 .
De la Chine critiquée , 1374
Gin- Seng, 1853
Godeau ( Michel ) 771
Grammaire Françoise , 2040
Gravité (Cause de la ) 2482
Gréban,
14
Gros Guillaume , 2176.2182
Guillot Gorju ,
2178
H.
HHemoragie ,
Ardi ( Alexandre )
Hernies ,
Hinnes en Vers François ,
949
2822
1547
2722
Histoire des Empires, 520. Principes de l'Histoire
, 15702712
Horlogerie ,
908.2089
Hôtelleries , 126 3. 1481. 1742
Hozier ( Pierre d' ) 717
II. Ved.
DES MATIERES .
J
1.
Acques de l'Hôpital ((S. )
Japon(
Idille
,
Jettons ,
Histoire du )
Illusion ( 1 ) Opera Comique ,
Imitation de J C. ( 1 )
Imprimerie , 1429 De Constantinople ,
2433
181
77
322
1700
652
833
Incendie , 2137. 2352.2557
Indes Galantes ( les ) Ballet , 534.786
Inondation , 2368
Inscriptions antiques , 264-691
Instruction Pastorale , 2470
Invalides ( Histoire de l'Hôtel des ) 732
Jodelet , 2180
Journal des Audiences , 1410
L.
L
Aberius ( Decius ) 1362
L'Allemant ( 1 le P. Louis) 728
Lapons , 2731
Laurier ( du ) 2188
Legs ( le ) Comédie , 1700
Lettre de Voltaire , 273. De Rousseau , 317. De
D ... 823. De L. R. 832. Sur le Prix de Prose
, 1343. Sur la Médecine , 1788. de le Monnier,
2730
Liban , ses Monasteres , 1129
Liebe ( Mort de ) 2087.
Logogryphe , 104.278.499.709.917 . 11430
1383. 1567. 1828. 2033.2263 . 2487.2707.
2903
Loiret , Riviere , 1595
Longitudes ( Découverte des) 928
11. Vel. Louis
TABLE
Louis ( S, ) Lieu de sa naissance , 1327. 19536
2595. Son Panegyrique , 2080.2293
M.
MMadrigal ,
1696
1610. 2984
Magazin , des Modernes ( le ) Comédie , 347
Mandement de l'Archevêque de Paris , 1013
Mascarades amoureuses ( ies) Comédie , 189 1 .
2112
Maurice , Tragédie , 2092
Meaux ( Suplément à l'Histoire de) 2225. 2662
Médailles du Roy , 132. Anciennes , 887. 1116 .
2741
Médecine , 1093. 2241. 2886
Médée et Jason , Opera , 2541. Parodie , 2748
Méditations , 117
Mémoires d'un homme de qualité ( les ) 1814
Mercure ( Passage de ) sur le Soleil , 2830
Méridienne , 2820
Mernable ( Jacque ) 1827
Métamorphoses de la Foire (les) Opera Comique,
1448
Michel ( Jean ) 13
Moines justifiés 2396
Moliere , 50.1834. 2045
Morel ( André ) 2503
Mort de César ( la ) Tragédie ,
Murex,
Museo Etrusco ,
Musique ( Principes de )
N
Ait ,
N.
Navarre (College de)
Neoptoleme , Comédien ,
Niceron ( Memoires du P. )
Nieremberg ( Jean- Eusebe de)

2928
632
1537
856
509.716. 2497
1129
503.696
2832
2737
11. Vol. Nil
DES MATIERES.
Nil,
Nissolle l'aîné ,
Nouvelles Litteraires ,
0.
219
1151
2734
De. Le temps , 14. A M. de Voltaire , 661
1784. 2198. Les progrès de la Musique
899. A la Duchesse d'Aiguillon , 1228. l'Oisiveté
, 1475. Gloire de Louis XV. 1525.
Naissance du P.de Condé, 1933. La Politique,
2017. La petite Vérole , 2161. Le Repentir ,
2446. La Solitude , 2.591. La Critique , 2848 .
Le Mariage , 2871. A Mlle P. 2880. Imitée
d'Horace , 1804. 2001. 2236. 2622.
Anacreontique , 472.694. 2480.2660.2901.
Sacrée , 1255. Tirée des Pseaumes , 648.906.
1043. 1324. 1494. 1958. 2188. 2412
Orleans ( Description de la Ville d' ) 1592
Ouragant , 2358.2559
P.
PParaprase
Aix ( Prologue sur la ) 2545
du Laudate , 1102
Paris, 1369
Parnasse François , 127
Pater , Peintre , 1865
Pélagie (sainte ) 1531
Pélisson ,
280
Pesanteur , 760
Pharamond , Tragédie , 2116.2323
Phénomene , 969
Pillules Mercurielles , 2416
Plafond , de Versailles , 2309
Plumier ( Charles ) 2498
Poëme. Constantin, 268. L'agrément , 859. La
Peinture , 1159. 2608. Le Laurier , 1737.
Gnomon, Manualis , 2906,
II. Vol. Poisson
TABLE
Poisson d'Avril , 813
Policucte , Tragédie , 776
Pope critiqué , 2396
Porcelaine , 2056
Porphire ( S. ) 1534
Porte Othomane , 1994.2617-
Prévost ( Eloge de l'Abbé ) 2191

Production d'esprit , 122
Pylades , 1367
Uestion. L'Homme est-il supérieur à la
Femme , 2624
R.
R
453
Reflexions , 97.258. Sur les Ouvrages de
Litterature , 2908
Reposoir , 1461
Réthima , 2070
Retour de Mars ( le ) Comédie , 143
Kéünion des Epoux ( la ) Comédie , 347
Rivals ( Jean- Pierre et Antoine ) Peintres , 1417
Roma ( Eloge du P. )
879
Romans ( les ) Ballet , 1891.2099.2343
Rondeau , 1564
Roscius , 857. 1363. Gallus , 859
Rosée , 2826
Rousseau ( Epitres de ) 2272
Ruse d'amour ( la ) Comédie ,
Ruses de l'amour ( les ) Comédie , 988.1434
1198
S.
S
Atire tirée d'Horace , 1763
Satyrus , Comédien , 854
Sauvages ( les ) Parodie , 543
Scanderberg , Opera ,
Secousse ( François-Robert )
30
382
II. Vol. Serre
DES MATIERES.
Serre ( Jean de ) 1822
Sigismond , 2882
Sincerité ( Eloge de la ) 1078
Soissonnois , 1289
Sots ( les Princes des ) 1392
Soye , 2851
Stances , la Solitude , 1091
Stratocles , Comédien ,
Suif( Arbre qui porte le ).
Sylva ( Emanuel Telles de la )
Sympathie ,
Synonymes François ,
T.
Aille de la Pierre .
TTapisseries ,
856
1847
769
38. 193
725
1553
1427
Telescope , 136.772
Tellau , 639
Tempête, 2764
Térence du Vatican , 1176
Terre ( Mesure de la ) 756
Testament entre Conjoints , 903
Thamas Kouli-Kan , 2791
Théatre ancien , 844 1362. 1531. François , 4
247.283.665-736-947-1387.1585.1822.
2168. Côture , 540. Rentrée , 784
Thétis et Pelée , Opera , 328
Tonnerre , 1808
Traité de Phisique , 1607
Tremblement de Terre , 2775
Triomphe de l'Harmonie ( le ) 1605
Trivelin 2196
,
Troupes de France ( Etat des ) 106
Troyes ( Annales de )
1399
Tumeur à l'Anus , 2382
Turlupin , 1825. 2181
II. Vol.
TABLE DES MATIERES.
V.
Assé ( Antoine- François de)
Vernis ,
531
1520
1846. 1855
Verrüe ( Comtesse de ) 2743
Vers. Retraite du Courtisan , 27. Sur la Fête
des Rois , 37 Sur la Langue , 229. Origine
de la Poësie , 275.2379 . 2834, Sur les yeux,
426. Sur Alzire , 543. Sur l'Education des
Enfans , 687. A l'Evêque de Nevers, 842. Sur
l'Education du Dauphin , 867. Anacreontiques
, 885. Traduits du Latin , 914. A M. de
Mautour , 966. La Natureet l'Art , 1017. La
Vie Champêtre , IOS, A M. de Nicolaï ,
1165. Au Cardinal de Fleuri , 1381. A M. de
la Chaussée , 1414. Sur la Naissance du P. de
Condé, 1935. A M. de Gacé , 2125. Les Amusemens
du Dauphin , 2139. A l'Abbé Poncy ,
2647. L'Epée et la Balance , 2785. A une
Dame , 2964
-Latins . Sur laConception, 130. Sur les Larmes
, 433. Au Cardinal de Fleuri , 2084
Version préférable à la composition , 8x
Vieillesse extraordinaire , 172. 372.394.601.
1020. 1028. 1732. 1905. 2364.2779
Villars ( le Maréchal de )
Voltaire traité comme il le mérite ,
Usages dans l'Eglise du Puy ,
Y
Voyages de l'Amour ( les ) Ballet , 976.1443
Eux (Traité des Maladies des yeux )2626
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le