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MERCURE
_ DE FRANCE. 428031
01450112“ Av R02‘.
GUILLAUME cAvnufiltç
ruë S.]atqucs.
Çhcz LA VEUVE PlssoîfiQmydd
Conty , ä la descente du Pont-Neuf. _
IEAN DE NULLY, au Palaî!
M. DCC. XXXIII.
1.41m Approbation é? Privilege du Roy:
1
eääeäeèæeäéeeæ
‘P R I VI L E G E
DU ROY‘.
C c
OUIS, par la grace de Dieu , Roi de France 3; de
Navarre : à nos Amez 8c Feaux Confeillers, les
Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Graniconfeil
Baillifs , Senéehaux, leurs ‘Lieutenaus civils , 3c au:
tres nos Offitiers 8c jultieiers qwll appartiendra. 5h
LUI’ z’ Papplaudillement que reçoit le Iæîtmcunu ns
FRANCE , cy - devant appelle le Mercure Galant ,
compofé depuis l'année 167 apar le fleur de Vifé , 8;
autres Auteurs ,nous fait croire que le fleur Dufçeni _
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne ‘con.
vient pas que le Public fuit à l'avenir privé d'un ou.
vrage ‘auOE utile qiüaizréable {tant à nos fujets qu'aux
étrangers; (t'ait dans cette vûë que bien informé des
talens , 8c de la fagefle du fleur Agrume nvuRo E,
s e Ecuvcr , ancien Gendarme dans la . Compagnie es
Gendarmes de nôuç Garde ordinaire , 8L Chevalier
de notre Ordre Militaire deSai-nt Lv. ùis 3 nousluvggm
ohoiflvpouncompofcr à l'avenir exduflwment a tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de Mercure n;
FRANCE , 8L nous lu] en avons à cet effet accorde’ nôcoe
Brevet le x7. Oêrolare dernier, pour Pexecution du.
quel ledit fleur de la Ravin: nous‘ a fait lilpplier de
lui accorder nos Lettres de Prlvilege fur ce necefläî
tes : A ces CAUSES , conformément audit Brevet , Nom
lui avons permis 8e permettons par ces Prefentes de
erampoferflc dnnner au Public à l'avenir tous les mois
à lui feul excluflvcment ,l-Cdit Mercure de Eranre,qu’rî
pourra‘ faire imprimer en tel volume, forme , marge,
caraäere , conjointement, ou feparement , 8e autant;
"de fois ue bon lui fcmblera,chaque mois , 8c de le
faire venäre 8c débiter par tout nôtre Royaume, 8l ce
pendant ie temps de douze années confccutivcs, à
y compter du jour de la datte des Prefentes; ä condi
" rima neanmuins que chaque volume portera {on Appro
bation exprefle de PExaminaoeur ,qui aura été com
fÇ-ÏS
mis à ce; elfes. Faîfons êéfenfes à toutes fortes de
erfonnes , de quelques qualitez 8L conditions qu'elle‘:
foienucÿen introduire (Pimpreflions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéîffance , comme aufli à tous
Libraires , imprimeurs‘, Graveurs , 8c autres , d'un.
primer , faire imprimer , graver , vendre ,_faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, V ou en partie , ni dfen faire aucunloiuxtprlaaintch,esf,ouesnqtuoel]u:.
‘que prétexte que ce foi: , d'augmentation , correc
tions , changement de titre ,_0u autrement , tans la
permifiîon expreflecsz par écrit de Hîxpolant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de con.
fifcation des exemplaires contrefaits , de ôooo.’ livre:
d'amende , payables {ans déport par chacun des con.
trevenans , dont un tiers à Nous ; un tiers à PHôtelg
Dieu de Paris, Paurre tiers à Plîxpofant, ou à ceux;
qri auront droit de lui , 8c de tous dépens , domma.
ges 8c inrcrefls; ‘a la charge que ces Prefentes feront
enregifirées ‘tout au long fur le Rcgillrc de la Com.
munauté des Libraires/Se Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de 1a datte dücelles’; que Pimpreflion
de ce Livre fera faite dans nôtre Royaume , 8c non
ailleurs , en fin papier , 8c en beau carafiere , confor.
mémcnt aux Rcglemens de la Librairie ; 8L qnfavan:
de Pexpnfer en vente , le manufcric ou imprimé qui
aura {ervi de copie a Pimprcflion dudir Livre {en
‘remis dans 1c même état ou les, Approbations y au;
l'ont été données , ès mains de nôtre trèsoeher 8;
Feal Chevalier,’ Garde des Sceaux de France, le
fleur Fmunuu D’ARMeNONvILLE, Commandeur de nos
ordres , 8c qu’il en fera enluiteremis deux Exemplai.
‘tes de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , 8c un dans
celle de nôrrcdlt trèsoeher 8c feal Chex alier, Garde
des Sceaux de France; le rouc à peine de nullité des
Prefenres , du contenu defquellcs Vous enjoi nous de
faire jouir ledit Expofant, ou l'es ayans cauä? pleine.
ment 8c paifiblemem, {ans foulïrir qu'il leur loir fait
aucuns troubles 8c empêchcmens , 8L à cet cflet nous
avons revoqué 8L revoquons tous autres Priyilcges
qui pourroient avoir été donne; cy-devznt à d’autres
qwaudit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commencement ou
‘a la fin dudit Livre foi: tenuë pour dûëmcnt lignifiée,
8c qwaux copies collanionnées par l'un de nos Amez
J: Feaux Confeillcrs. Secxegaiges’ foy {cit ajoûtée, 8re;
' A ij AVER,
CATALOGUE des Mercure: de France,
depuis Panne’: 172.! . jusqu’): prumz.
Uin c: juillet t7“. 1,. vol.
Août , Septembre , Octobre, Novembre
et Dcccmbre ,_ 5. vol.
janvier et Fcvricr 172.1. 1.. vol.
A Mars 17m.. - . 2.. vol.
Avril, x. vol.
Ma)’, . . 2.. vol.
]uin, juillet et Août, 3. vol.
septembre, ‘ L. vol.
Octobre, x. vol.
Novembxc , 2.. vol.
Decembrc , x . vol.
Année 171,3 1c mois f1: Dcccfnbrc doublgu. v0].
Année 177,4. les mo1s‘dc ]um et de De
cembre doubles . 14. vol.
‘Année 171.5. les mois_dc ]uin , de Sep
tembre et Decembrc doubles , x5. m],
‘Année 17,5. les mois dç ]uin et de Dc
ccmbrc doubles , 14.. vol.
Annéc 17,7. les mois de ]uin et de Dc- _
cembre doublcs , x4. V010
Année 1718. les mois de ]uin ct de De
çcmbre doubles , x4. vol.
‘Année 1729. les mois de ]uin , de Sep
gcmbgc et Dccembxc doubles, V U. vol,
Année 17m. les mois de ]uin c: de D:
’ ccmbrc doubles , - x4. vol.
‘Aune’; 173x. les mois tPAvril , de ]uin
u d; Dcccmbrc doublcs ,' 1;. yol.
‘Juinéc 1732.. lcs mois de ]uin ct de Dc
ccmbrc doubles, ‘ ' 14.. vol.
janvicx 1733‘ 1‘ "°1"
350'401
êëààâèêèâàâàgèàèï
AVERLTISSEMENT;
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
A n; ‘qm
AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
' A _v_ dans
A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher, ‘ LISTE
~
LISTE _DES LIBRAIRES
qui déhitent Ie Mercure dans les _
Provinces du Royaume, (àc. '
"A Toulouse , chez Enaut et Forcsr. -
Dordeaux , chez Raymond Labotticre , chez‘.
Etiennc Labonierc , et chez Chapui , fils, au
Palais , et à la Poste.
Nantes , chez julien Maillard , e: chez du Verger.
_ Rennes V. chez Joseph Vatar , Julien Vatar“, Guilg‘
laume Jouant: Vata: c: la veuve Garuier.
Blois , chez Masÿon.
Tours, chez Masson.
Rouen , chez Herault.
Châlons-surv Marne , chez Sencuse. -
Amicns ,chez la veuve François , Godard et Rcdô
le fils»
LArras , chez C. Duchamp.
Orleans chez Rouzeaux.
Angers _. chez Fourrcauæt â la Poste.
Chartres , chez Fetil , et chez ]. Roux.
Dijon ‘, chez la veuve Armil , et à la Poste.
Versaillcs , chez Pigeon.
Besançon , chez Briffaut , a la Poste.
Saint Germain , chez Doré.
Lyon , à la Poste.
Reims _ chez Godard. _
A Vitry-le- François , chez Vitalxs.
‘ Bcauvais, chez De Saint.
Doüay , chez Willerval.
' Charleville , chez P. Thcsin.
Moulins , chez Faute.
Mâcon , chez Dc Samt , fils ,
. Mers ., chez la Veuve Barbier.
Boulognc-sur-Me: , chez Parasol.
MER-é
IAPJVIEIL 1733
***%%%*%*%%*%%%%***%**+*i
PIECES ‘FUGITIVES,’
en Vers et en Prose.
LES QUATRE’ AGES.
CANTATE '
A mettre en Musique.‘ _
_ av.
grw. . g Eurcux sxéclc de Piunocence,‘
r o i _
‘ ' -v Beaux purs de PAgc d’or qwêtaæ?
vous devenus 3
0L‘: sont ces tcms où l'abat-ï
dance,
N’c'toit pas 1c vil finit des iravanx assidus il
" M
a- MEIÏCURE m; FRANCE
La Nature a.l\ors libérale v ‘ ‘- "
' Prodiguoit de son sein les trésors précieux g
q Jamais mere ne fur plus tendre, et plus égale. .
Ses cnfans joiiissoient des délices des Cieux.
i Air.
Le lait serpentoit dans les Plaines ,
Le nziel couloir dans les Jardins.
Les seuls Zéphirs par leurs baleines ,
Faisoient respirer les humains.
De Pl-lyver, les filles de Flore
Ne connoissoicnr pas les rigueurs , ,
De conCCrt Vertumne, et I.’Aurore
Immorralisoienr leurs couleurs.
L'innocence servait de guide _‘__
Au Dieu qui donne 3. tout des Loir,‘
Et jamais d’aucun trait perfide
Il ne remplissait son Carquois.
Le lait. . _ “
p ‘ RécitatifÏ
Biais bien-tôt les Mortels , de la» divine A54
rrée ,
Ne mériterenr pluslcs dons-ni les faveurs:
Elle quitta la Terre, c: fut dans Pfiinpirée
Qmnd elle vit changerles coeurs. ‘
p Airÿ
@’on verse deslannes !
On perd pour‘ jamais
‘La
JANVIER. x7333 3
La douceur des charmes
Qxc produit la Paix.
Du Dieu de la Guerre
Ifiinjuste fureur
Répond sur la terre ’
La, haine et Phorrcur.
Ëa Nature avare
Garde ses trésors ,
Et l’Amour prépare
A mille remords. ’
Récitattf.
Grands Dîcuit l quel thangcment funeste!
Les plaisirs innocens ne sont plus de saison ;
Le vice cst triomphant : c: le courroux cé-e‘
lcstc i
Lui laisse enchaîner 1a raison.
Tbémis fait place â Pinjusticc ,
UOtphelin gémit opprimé ,
Et PUnivcrs entier n’€St qu’un vaste édifice
941i mérite d’êtte abîmé.
-_ Air.
C'est a‘. kfiseulc molesse
Qÿon élcvc des Autels 5
Tout ce qui n’cst pas foihlcsse
Est indigne des Mortcls.
Ils ne connaissent de chaînes
Qxe
g‘ MERCURE ne FRANCE
Que celles des doux plaisirs 5
Et se font même des peines
D’avoir de trop longs désirs.‘
C’esr. . . . _
Récitatif.
lnfin PAge de fer , auteur de mille crimes;
.,Vient enclor augmenter Pcxcès de leurs mal-j
heurs :
Il creuse sous leurs pas OEelfroyables abîmes a
Qui leur semblent couverts de fleurs.
Air
Les mains homicides‘
Des trois Eumënides
Dans tout PUnivcrn
Porteur les Enfers;
Le sang par le crimi
Seul est répandu , a
Et prend pour victime
Toujours la vertu.
Morale.
Mortel: ,'voila‘n de votre vie
La vive Image et le Tableau ; ’
Plus tard elle vous est ravie ,
l: plus vous descende: criminels au Tombeaux;
- ours»
JANVIER} 1733‘. ‘g
âàêèàâââââäâââââââèîeäèâ
QUESTION NOTABLE , jugée
par Arrêt du Parlement de Dijon.
‘q l une Veuve qui se remarie après l'au
q. du deuil , et qui accouche dan: le S ep
tiéme mois après le deuil , n'ait Être reputée
‘ avoir vêcu impudiquement dans l'an du
deuil , et être déclarée indigne dîme dona
tion mutuelle d’entre elle et son premier
Mari 3 '
‘FAIT.
Jacques Pouflîer , Boulanger â Nuys ÿ
et Catherine Morlot , sa femme , se firent
une donation de tous leurs biens men)
bles cr immeubles le I7 Mai 172.8. Le
mari mourut le z Avril I729. sans laisser
des cnfans; sa veuve fir homologuer le
"don mutuel. Elle passe un Contrat de
Mariage avec Pierre Oudot , GarçonBou
langer et son Ç mpagnon le 24. Février
1750. elle l’êp' se le 1.8 Mai suivant , et
accouche d’un enfant bien formé et vi-î
gourcux le 9 Octobre de la même année ,‘
ctsr-à-dire, quatre mois et onze jours
aptes son manage , et 51x mois et sept
jours depuis la. fin de son deüil. Les pa
cens
à MERCURE DE FRANCE
rens collateraux de son premier mari ap
pclllent de Phomologarion du don mu-g‘
tue . r = -
Me De la Motte , Avocat , plaidant
pour la ‘veuve , dit que les mêmes motifs
sur lesquels on déclare légitime un enfant
\ né dans le septiême mois, concourent a 7
faire rejctter l'accusation dïndigniré con
tre la mere; parce qu'en toute question
d’Etat,on se détermine par le parti le
plus favorable ; de sorte qu'il suHît qu’ou
y trouve de la possibilité ,_pour en l΀VC-_
nir à la présomption de la Loi.
La Loi I 2. fi. de statu_hominum est pré
cise en faveur des cnfans nez dans le sep
tième mois. Et afin qu'on ne croye‘ pas
yqu’cllc parle de sept mois complets, ce
qui entrevoit dans le huitième mois, la.
Loi 3. j. 12. fi. de suis et legit. hiered. dé
cide qu’il suflit que Penfanr naisse au 1S2.‘
jour , pour être tiéclaré viable et. né dans
4 un terme naturel et légal tout ensemble.
Cathcrine Morlot étoit affranchie de la
servitude du dcüil ct de la Loi penale ,
renfermée dans le même terme , 1l y
avoir dêja 190. jours, ct la Loi n’cn re
quiert que 182. qui font six mois lunai
V rcs et cinq jours, au lieu que les 190.
composent six mois lunaires et quatorze
jours ,
\
JANVIER. i733. 9
jours , ou six mois solaires et sept ou huit
jours
Dans Pcspêce qui se présente, il y:
trutant moins de diflîculté à prendre ce
parti que le second mariage ayant un effet
rétroactif pour mettre l'enfant à l'abri de
tous reproches d’une conception illégiti;
me , la. considération du nouvel état de
la merc doit pareillement la garantir des
mêmes reproches.
Ajoutons que la circonstance du Con-a
ttat passé avec le sccond mari , la rendoit
en quelque sorte excusable , joint à l'oc.
casion d'un même domicile devenu né
cessaire par rapport â sa Profession.
Enfin , ce sont des Collateraux qui la
oursuivent, à qui il sied moins de flétrir
lîhonneur de son mariage , et de censurer
sa conduite en cherchantà la confondre
avec les femmes qui auroient vêcu dans
le désordre : moins encore leur convient
il d’cnvier à cette femme tresse: d'une
donation mittucllc, qui par Pincertitude
de Pévenement participe du titre oné-j
reux.
M. Davot puîné , Avocat pourles heà
ritiers collateraux , rêponcloit quelcs do
nations mutucllessont regardées comme
de véritables v libcralitez par toutes les
‘Coutumegqui interdisent aux conjoints
le
O
""8 MERCURE DE FRANCE
le pouvoir de disposer en faveur l'un de
l'autre. v. Depringlcs , dans sa Note sur
l'art. 7. tit.4. de la Cour. de Bourgogne.
Taisand , sur le même article. Ricard,
en son Traité du Dom mutuel , chap. 5.
lect. 5. du Moulin, dans sa Note, sur
Part. 87. de la Coutume de Chartrcs.
- Selon la Loy dernicre,C.de revoe. donat.
toutes sortes de Donations peuvent être
révoquées pour cause (l'ingratitude. Or
l'incontinence de Cathcrine Morlot est
une injure faire à la mémoire de son ma
ri ; les injures sont une des ingratitudes
que les Loix condamnent, elle doit donc
perdre le fruit de la donation de Jacques
Pouflier. Enfin c’cst en conséquence dcla
volonté de‘ son mari qu'elle joüit de tous
les biens qu’il a délaissez, et selon la Loi,
une Veuve incontinente est indigne de
profiter de ces sortes dävantages. L. 2.
C. de secundis Nupt.
vOn ne doit point présumer , sans preu.
vc'ou sans des raisons trcs-fortes , qu’un
enfant est né dans le septième mois , par
ce que , suivant le sentiment des Mede
cins,lcs accouchemens à sept mois sont
tares, contraires à la nature , et ne pro
duisent que des cnfans {dont la foiblessc
et Pimperfcction est une preuve quîls ne
devaient pas encore voir le jour , selpn
es
moe.
5ANVIER. 173;.‘ ‘f
l
les tegles ordinaires. C’est le sentiment
dflippocrate , dans son Livre - D: par!»
teptimextri ; de Galien , dans le Commen
taire qu’il a fait sur cet Ouvrage sd’Ari9
rote , dans PHistoire des Animaux, liv.7.
ch. 4. dejDulaurens, liv. 8. quest. 3o. de
Fernel, Conseil 55. de Paul Zachias, dans
ses uest. Medicolegales, llVL/I.tlt.2..(1ucSlÎ.
3. ou il rapporte les imperfections aus
quelles sont sujets les enfans nez à seps
. mois‘. Ces accouchemens sont contre l’or
drc ct Pintention de la nature 3 car,.selon
Hippocrare , de naturâ puerperii , l’accou
chement tfest causé que par le deflàut
d’alimens; quand Faliment manque par
un accident ou par quelque maladie ,
c'est contre lîintention et l’ordre de la na-,
turc; les Enfans à se t mois sont encore
petits , foibles et ma formez; c’est donc
par une maladie, ou par une violence ex
traordinaire que leur naissancea été pré.
cipitée. v. Paul Zachias, queshg. tlt.z.l.r.*
Or puisque ces sortes däccouchemens
sont si rares et si contraires à la nature ,
on ne doitlpas les supposer sans des preu
ves convaincantes ou des motifs tres
Puissans , c’est le sentiment de Menoch ,
Je Pmmmpt. lib. 6. P7193. 52..
Catherine «Morlot étant forcée d’a-'
ÿoüer que son Enfant est le fruit d’un
_ .q fi 60m3
3o M ERCURE DE FRÂNCË.‘
commerce illégitime , ne peut employer
en sa faveur les Loix qui présument quïm
Enfant cll: né à 7 mois , parce que ces
Loix n’ont eu en vuë que d'assister la 1c’
gitimité des Enfans, et de les sauver de la.
servitude; c'est ce qui ell; prouvé par; les
termes mêmes, des Loix qu’elle allegue,
La Loi 12. de Statu hominum , ÿexplique
ainsi zSeptimo monse nascipetftectum partum
jam reeeptum esgpropter auctaritatem doctisgj.
mi viriHippocratisget ide?) aredendum est mm
qui ex justis septirno nuptii: mense natu: est,
justum filium esse. OEoique Calherine
Morlot ait voulu ‘se servir de la premier-e
Partie de cette Loi pour établir qu’un
Enfant peut naître parfait à 7 mois,il est
certain qu’elle n’en peut tiret aucun
avantage , parce que’ le J urisconsulte n'a
fait que‘ transcrire la décision dT-Iippo
crarc ,et qtfainsi c’est par le sentiment
de ce grand Medecin , que l’on doit ju.
5er des Enfansqui naissent dans le se
1ième mois. Or , selon Hippocratc me
mqdans le Livre: De natures puerperii, le
a septième mois ne fait qu’apportet e com
mencement de la perfection au Foetus;
donc il n’est pas encore parfait dans ce
temps -, il est seulement assez formé pour
rïêtrc pas incapable de vie 5 mais il n’a
pas encore acquis la force ni la perfecar’
* -’ ‘* tien
JANVIER. I733‘; Il‘.
tien ue naturellementil doit avoir avant
que e naître. Il paroi: évidemment par
_ le Passage du même Auteur, qui se trou
vc dans son Traité de S eptimestri partu ,
que ce n'est que d’une simple possibilité de
‘ vivre qu’il a parlé, en disant que l’Enfant -
naît parfaità 7 mois,puisqu'il assure qu’il
en naît peu l; que de ce peu , il en meurt‘
lusieurs e qu’ils sont tous foibles et ma
lîtdxfs s ce seroit donc supposer une con:
(radiation manifeste dans ces difiercns
passages cH-Iippocrate, que cl’expliqucr
celui qui est rapporté par la Loi , d’une
façon diiÏerehte de celle qui vient d'être
exposée. . .
La seconde partie de la Loi cy-dessus
citée , est absolument contraire aux pré:
tentions de Cathxrine Morlot; ce n'est
qu’en faveur d’un Enfant né d’un maria
ge illégitime; que la Loi admet sa pré; *
somption -, FEnFant de Catherine Morlot
est le fruit d'un commerce illegitimeia
Loi nÎest donc plus applicable. _
Et qu’on ne dise pas que l’on ne doit.’
point présumer un crime tel qu’est Pin
continence d'une Veuve , pendant Pan!
née de son Deuil, sur de simples appa;
rences, et que ce n’est que par des'preu—
vcs convaincantes que l'on peut détruire
la présomption de la naissance de son En
r B fang
u: MERCURE DE FRANCE:
fant à 7 mois. Ce raisonnement pourroit
avoir lieu si Pimpudicité de Catherine
Morlor n'étoit pas avérée; mais sa pro
‘ re confession , et la naissance de son En
Ëint en sont des preuves invinciblesll ne
‘s'agir donc plus que de fixer la datte de
son crime; elle ne doit pas attendre que
pour la placer a son gré , on admette une
supposition contre nature , et u1 n’est
reçuë par les Loix qu’en faveur . c la lé
gitimité ou de la liberté des Enfans. Il se
roit absurde de penser que cette Veuve
‘eut passé son année de Deuil dans la con
tinence , et que dès le lendemain elle se
fut abandonnée , et eût accouché au bout
de six mois d’un Enfant aussi vigoureux
que le sont ordinairement ceux qui nais
sent à neufmois,avec toute la perfection
=que l’on peut espere: dans un age aussi
tendre, p
La Loi I3. de suis et lcgit, kami. n’est
pas non plus favorable àCatherine Mor
ot; ce n’est qu’en faveur de la liberté de
PEnfant , qu’elle présume sa naissance à
sept mois. Catherine Motlot ne peut as
employer cette présomption pour el e ;
et puisque l’on n’attaque point la liberty’
de son Enfant, elle n'a pas dû regarde:
comme une servitude , la nécessité de pas
ser son veuvage dans la continence.
l‘: KL
\
JANVÏER. 173;: 2;“
C’est‘sans aucune apparence de raison
‘qu'elle a recours à une fiction de Droit ,'
c’est à-dire ,à lïffet rétroactif du maria
ge, pour en conclure qu’elle est bien’
fondée à employer la présomption que
les Loix ont introduite; ce n'est pas sur
une fiction , mais sur une réalité que l’on
doit fixer 1a date d'un mariage °, ce n’est
que par une indulgence des loix qu'il a un
effet rétroactif pour la légitimation des
enfans; mais il ne peut donner lieu à la
présomptionde sa naissance dans le sep
tiéme mois , parce que ce_ n'est qu’en con
séquence d’un signe certain que l’on doit
admettre les présomptions des Loix.
Voyez Menoch. De PmsumpLliv. 1. ch. 8.
Qand un Enfant est né dans le sep
tiéme mois d’un mariage légitime , ce
mariage est le signe certain et légal qui
fait présumer le temps au uel il a-été
conçu 3 mais Catherine Moflot n’a que la.
naissance de son Enfant qui puisse déter
miner le temps’de la conception; elle
n’esr dans aucun des cas ‘prévûs par les‘
Loix , on n'en doit donc juger que selon
le cours ordinaire de la nature; et la pré:
somption lui devient contraire, puisqu'il.
n'y a rien icy de certain que son incon
tinence , dont il faut fixer Pépoque.
i Enfin Catherine Morlot prouveroit
B inu-j
‘r4 MERCURE DEVFRANCE:
inutilement que son Enfant n’a été con-î
çu qifaprês Pexpiation de son année de
Deuil; dès qu’il est le fruit d'un commer
ce illicite , elle ne peut éviter de subir les
mêmes peines quïme Veuve qui se seroit
remariée dans Pannée qui suit le décès de
son mari. Tantquïme Femme n'est point
remariée, elle ioüit de tous les avantages
que son mari lui avoit procurez, puisque
son mariage est censé subsister , elle ne
peut s'abandonner sans commrttre une
espece d’adultere; son impudicité désho
normt davantage la mémoire de son mari
qu’un mariage trop précipité; elle ne
doit pas ê.re punie moinsseverement
u'une Veuve qui se remarie dans l’an
du DeuiLCtla suffit pour établir que l’in
continence de Catherine Morlot pendant
son année de Deuil est suflisamment preu
vée,par la naissance de son Enfant, et que
uand elle ne le seroit pas, dès qu’elle est:
forcée d’avoücr son commerce criminel
avec Jacques Oudot, elle ne peut éviter
sa condamnation. .
On répliqua pour Catherine Morlot;
qu’envain voudroit-on affoiblir Pautho
tiré de la Loy , en citant Dulaurent et
' Paul Zachias;1’un qui prétend qu’I-Iip
pocrate a varié, et l’au‘tre qui s’ingere de
le censurer. Paul Zachias après avoir dit
que.
I
«ÏANVIER». 1733.‘ r;
que le terme de sept mois n’esr pas coma
mun , avoue‘ néanmoins , au nombre 63.‘
età Pendroit même qu’ont obfecté ‘les
Heritiers collateraux de Jacques Pouflier,‘
que lesepziéme mois ne laisse pas d’être
un terme légitime : Exindè concludendttm '
minimè est amnes septima mens: mua: illegiq
rima: me , si vivant. Er cela suffit pour
sauver l’Enfant , la Mere et le second
mari de Popprobre dont on veut les char
ger. Mais ce qui doit faire rejetter les sub
tilitez cle ces deux Medecins, est que s’iI
s'agissait de Fétara. d'un Enfant , il ifest
personne qui osât le lui contester dans
e septième mois , sous le prétexte ‘des
variations que Dulaurent impute à Hip
pocrare , ou des conjectures hazardées
par Zachias , dès qu’on a_ contfeux la dé—
cision de la Loi , afFermie encore par une
Jurisprudence uniforme et universelle
en faveur de Yllnfant né dans le septié-g‘
me mois. p
Alphonse de Caranza, Jurisconsulte
du dernier sieclc,dans un Traité de Pur-m,
ui est n'es-estimé , nous donne la Liste
des erreurs du hlcdecin Zachias , su:
cette matiere: Ego cartè cttm Hippocmt:
ferfictianis Jmrtûs principium- tvgttlariter
constitua, ira ut parfactus mm foetus asse in
çtjziat 146i dimidtb axttata arma particttlam
B alla:
u? MERCURE DE FÎÏANCËJ‘
"décidé' pour l’état de l’Enfant né
alterna: atrigerit , quasi evenit principio sepl
timi mensis, quo tempare, ut caeteramm Me
dicorumSchalu afirmeit , muturus jum foetus
pelliculas eulcizmtu disrumpit, et purtmh fieri
nutum cagil. M. Cujas, liv.‘ 4.. des Répon
ses de Papinien , s’explique de la même
maniere : Si querutur un is sit metturus qui
4d initia septimi mensis natus est, dimm
esse muturum , ut putu si nntus sit r82. die,
quiet 182. dits septimum mensem attingunt.
Le Brun , des Success. ch. 4.. Sect. I. n. 6.
7.8.et 9. observe qu’il suiiit que le septié
me mois lunaire soit commencé. Dunod
des Prescriptions, part. z. ch. r 5. pag. zzo.
atteste la même maxime; à quoi il faut
ajoûrer les Arrêts rapporrez par Brodeau,
lettre E. Som. 5. n. r;.par Boniface, tom.
zrpatt. z. liv. 3. tir, 8. ch. 3.dans M.May
nard , et dans Charondas. Or ce cciulian‘s eslte
septiéme mois,'doit l'être également pour
la Mere remariée, parce que Popprobre
de la Mere rejaillit sur son enfant, ct sur
son mariageâ parce que les motifs d’hu
manité sont les mêmes s parce que les
.I.oix pénales sont toujours à restraindre ,
\
jamais a présumer le crime, ou qu’en tout
cas , on présume les moindres foiblesses
les plus pardonnablesfl, les plus faciles à ré
parer; parce qu’enfin la reglc est une, inq
variable sur le septième mois.
‘ CI!
JANVIER. 173;.‘ "x71
Un n’a garde de disconvenir que la Veu-l
vc qui vit dans le désordre ne soir infini
ment plus punissable que celle qui se re
marie; aussi la punit-on , dans les Parle-Ï
lemcns même où l’on excuse le mariage
durant le deuil; mais il ne s'ensuit pas, ni
Hue la peine doive s’étendre sur ce qui se
passe après le deuil, ni qu'il failIe donner
aux faiblesses par où aura pû commencer
1e mariage, un effet rétroactif pour les
réputer commises dans l’an même du deuil,
lorsque par la décision de la Loi il reste
assez de temps après le deuil, pour que
yPEnfant soir réputé conçu hors du temps
de prohibition. _
»- Qfil y aît eu un Contrat de mariage
dans l’an du deull , c’est une circonstance
ui" excuse les foiblesses posrerieures au
deuil, sans ‘qu’on doive les reporter ä.
cette époque; il faut se renfermer dans la
présomption des Loix. Le second maria
ge a un eñiet ‘rétroactif au temps où l’on
doit présumer: la conception de PEnfanr,
pour légitimer PEnfant et itistifier la Me
re, c’est après le deuil ; dès que ce temps
suffit pour se retrouver dans le septiéme
mois , et l’on s’y trouve icy de i4. jours;
car au reste ilén’y a pas de reproches à fai
re sur ce quevle Contrat est dans l’an du
deuil , la prohibition ni les peines ne s’y_
‘ ' B v_ éreng
t8 MERCURE DE FRANCE.‘
étendirent jamais ; la Loi a même prévû‘
ce cas et a condamné l'extension des pei—
«nes qu'une rigueur outrée tentetoit d'y
appliquer : Qge virum elugwt , sponsumfuis
a‘: non noce: , no. 10.5. 1.35‘: de 19j; 7mm.
tuntur infumiii.
M‘ Genreau , Avocat General , ayant
conclu avec beaucoup de solid té et avec
son éloquence ordinaire, en faveur de
Catherine Morlot. LA COUR , par Arrêt
rendu a l’Audience publique,du r7 Juil
let 173:. confirma la donation mutuelle,
LES PROGRÈS DE LA TRAGEDIE
Sous le Rogue u’: Louis le Grand.
O D E.
TOy, qui fais l'honneur de la Scene .
Par la noblesse de tes Chants , -
C'est à ra gloire , Melpomene ,
Qie je consacre mes accents.
OEielle Divinité mïnspire!
C’est toi, Muse , aydc mon délire 5:
a Immortaliscr tcs succès.“ 4 "
' ‘b s .
je vois tes rapides progrès;
A LOUIS tu dois ces merveilles;
Il sçut en couronnant tes veilles ,
JANVIER.‘ 173g.
i Ce Roy ne borne pas sa gloire , '
"A former sous lui des Guerriers;
, Il veut au Temple de Metnoire ,
' Te faire part doses Lauriers.
Ami des Sçavans ,‘comme Auguste,
Sous un Regnc aussi long que juste’,
Il sçair animer leurs travauk g
Du mérite Juge équitable;
_ Il va d’un regard favorable ,
En faire dïllustres Rivaux.
‘Déjà ses faveurs. nous ramenent.
La respectable Antiquité;
sophocle , Euripidc . reprennent,
Sous d’autres noms, leur Majesté.
Les Corneilles toujours sublimes ,
Charmeur par leurs sages maximes.
Un Roy dont ils sont ébloüis ;
Leurs Héros instruisent , enchanteur ;
Et lesgrands traits qu’ils nous présentent ,‘
sont autant de traitsde Louxs.
s
Sçavans ,la carriere est ouver‘;
Par le plus grand des. Souverains 5
Des Lauriers dont elle est couverte ,
iVous sont présentez par ses mains:
jhppercjois le tendre Racine , _,
' B v;
n
ce MERCURE DE FRANCE
Que j'aime à plaindre une Héroïne ,
Qÿil fait pleurer dans ses beaux Vers l
Elle y soupire sans faiblesse
Et le Héros qu’elle interesse ,
sans rougir y vante ses fers.
Reine des coeurs , poursuis , acheve g‘
Ton triomphe sera parfait;
le vois déja plus d’un Eleve ,
Digne du Maître qui l’a fait:
Pleins du HËIOS qui les inspire ,
Au spectateur qui les admire , '
Ils donnent d’utiles trésors;
Louis , c’est toi seul qui les guides g
A tes récompenses solides ,
Nous devons leurs nobles cEorts.
Le Théatre devient utile ;
La Scene nous Offre des moeurs;
Ce Champ que Lotus rend fertile,’
Porte ses fruits dans tous les coeurs.
Dans ces mêmes lieux où le crime,
Reçut un cultflllegitime ,
je vois ses Autels abbatus il
l J’): déteste ses artifices;
Tout change , l’Ecole des vices ,
Devient PEcolc des venus.
r
'
. site:
I 'A N V I E RI 1733;
‘Quel es: ton pouvoir , Melpomcne:
Tu sçais tromper le spectateur ;
Ton génie enchante 1a Scene ,
Et passe jusques dans PActeur;
Par une flarcuse imposture .
I.’Art cultivé devient nature ,
Effet de ces dons précieux ,
Tulme fais voir Monime en larmes ;
Je reconnais tes puissants charrues,
Aux pleurs qui coulent de mes yeux.
Ces prodiges qu’on voie paraître,‘
V Enfantent la perfection ;
C’cst roi , Louis, qui les fait naître,‘
Au sein de Pémulation. '
Plus d'un Roy qui suit tes exemples,‘
De ses mains éleve des Temples ,
A ces Dieux du sacré “Vallon ,
Mais c’esr élever â ta gloire‘,
Autant de Temples de Mcmoire ;
Leur gout éternisc ton nom.
/
.
Triomphe , heureuse Tragédie ,
Tes succès ne sont point borne: 5
Phébus orne de son génie ,
Des Sujeis qlfil a courouncz.
Ces Eleves inimitables , '
Laborieux , infatigables 1
p,»
Ibfficng
r: MERCUR r. .13 E FRANCE
Tbffrent des secours assidus;
Dignes duRoy qui les vit naître.
Ils sçavent se faire connoître ,
A PHériticr de ses vertus.
Canamur tenues Grnndiu;
Hor. Carm, Lib. 1°. 0d. vr.‘
Priere à Dieu pour le Re).
"Grand Dieu, dans notre Roy , conserve ton Ol-Ê
vrage; _
C’est notre appui , c’est ton imagt ;
En prolongeant ses jours , tu nous rendras heu-i
rVeeurxseg tes ‘ dons sur son auguste Race ; i
Et que bien-tôt sa gloire efface ,
Celle des Rois les ‘plus fameux.
, Par _M. Cnrolet.
meeeemnmunmeæ
L E TTR écrire à une Dame de Province,
au sujet dard, Critique du Spectacle de
la Nature, par le R 1’. G rMinime,
inserée dans le Mercure de F rance du
mai: de Novembre dernier.
Ous avezhclonc lû , Madame , le
Spectacle de la Nature? Ce que vous
A m’cn avez écrit , me fait connoxtre qu’en
-. ' ' - Provincq
.‘ 'J
JANVIER. ‘I753. ‘a;
Ÿrovince comme à Paris , il trouve des
Apologistes et des Critiques, et que le
nombre des premiers y est , comme ici ,
le plus grand. Ce que les autres trou
vent à redire dans cet Ouvrage , ne porte
et ne peut porter aucune atteinte à son
mérite. Les sujets y sont traitez avec‘ tant
de gtace et de solidité , que les plus dif
‘ficiles sont obligez d'avouer que ce ne
peut être que la production d’un habile
‘homme. Ce seroit peu que ce Livre n’eût.
d’autres avantages que les beautez de la
Langue, et qu'il ne présenxât à l'esprit
qu'une vaine recherche de choses qui
dans le fond nous interessent peu: il y
a, on le peut dire, un vrai profit, je
‘ne dis pas à le" lire , mais à l'étudier.
L’Auteur ne s’est pas contenté d‘y t'as
sembler tout ce qui est le plus capabe de
ïpicqucr la curiosité , il s’est aussi appli
‘qué à nous faire comprendre Pusage qu'on
en doit faire, et à prescrire les bornes
qu’elle doit avoir. -
Qlelque bonne idée, dites vous, que
vous en ayez , et quelque excellv nt que
cet Ouvrage vous ait paiû et vous pa
roisse encore, vous rie-pouvez» vous em
' “cher de vous rendre aux raisons du
. P. G. Minime, dont la Lettre Criti
z _ que est , au ‘jugement de plusicgurs. ,' fort
" " ' ‘ judicieuse
'14 MERCURE DE FRANCE
judicieuse. Il est vrai que d’abord on est
frappé de ce u’il dit; mais si on y
prend bien garde , c’est que son stile aisé
et insinuant fait recevoir pour bon tout
ce qui, éxauniné de près , paroît tout
autrement. Je vous exposerai, si vous
voulez bien me le permettre , quelques
réflexions que j'ai Faites sur cette Lettre,
et je serai assez témeraire pour hazarder
de dire librement ce que j'en pense. Je
ne Pentteprcnds que parce que FAuteur
du Spectacle de la Nature a résolu de ne
I
, as re ondre.
P ~,UP I O d l du .
u 1l me soit permis e e 1re. nos
Sçavans ne devroient pas affecter tant
dîndifference pour les Critiques que l’on
fait de leurs Ouvrages. Il y en a,sans
doute , qui ne méritent pas dattention.
I.e faux et l'absurde qui y domine, les
détruit assez, et le meilleur moyen de
réfuter les Auteurs de ces Critiques , est
de garder le silence en les laissant s’ap
plaudir d'un triomphe imaginaire. Mais
qu’en confonde les bonnes Critiques avec
les mauvaises, c’est ce qui ne peut être
qu’injuste,et même , si je l’ose dire , peu
conforme à la charité.
L‘Amo.ur de la paix ne peut être 1e
"principe d’une t lle conduite , et quand
Vil seroit vrai , personne ne s'en persuade
a
J A N VI E R.’ I753.‘ a‘;
"t'a. Les uns prendront le silence d"un Au
teur censuré pour un mépris , et les autres
pourun aveu de ses erreurs; ce qui me
paroi‘: égalemïtt dangereux. A quoi ne
s’emportent pas ceux qui se croyent mé-‘
Prisez E OEe d’invectives de leur partÊ
souvent dans des Ecrits publics. Que de
termes peu mesurez! Et, le dirai je ? que
dïnjures débitées avec amphase et d'une
maniere siindigne du Christianisme! mais
cela n’est propre qu’à ceux qui se croyent
mêprisez. Qie ne disent et que ne pensent
pas ceux qui ont connoissance et de l’Ou—
vrage et de sa Critique? ils se laissent fa-a
cilement emporter â de vains. discours,
delà à la médisance et insensiblement-à la
calomnie. _
Ceux qui au contraire ont assez de va-Î
nité pour regarder le silence d’un Auteur
contre lequel ils auront écrit , comme
un aveu des fautes qu’ils prétendront avoir
relevées , ceux-là , dis- je , ne tardent:
gueres de s’enhardir à quelque chose de
plus , ils se familiarisent avec leurs prê
jugez , et y entraînent les simples et les
ignorans; enfin ils se croyent de grands
génies, et cette erreur dont on ne tra
vaille pas â les désabuser , les engage à
deshonorer la République des Lettres par
des fratras de\ Livres qui ne contiennent
le plus souvent que des mots:
f2? MERCURE DE FRANCE
z On me dira que de véritables Chrétiens
ne tomberont jamais dans l’un ni dans
_1’autre de ces excès. Il est vrai: mais peut
_on se flatter qu’en n'a affaire qu‘à de tol
les gens e Tout un PubliÊnÆst-"il päs té-'
moin de ce qui se passe , et entte-t-il dans
des vuës si justes et si saintes? 1l est né:
cessaire de lui faire connoitre la vérité soie
en avoiiant ses fautes de bonne foi , soit
en réfutant sans aigreur ce qui est injuse
tement censuré. Pardonnezomoi , Maclay-Ï
_me , cette petite disgression , je reviens
à la lettre du R. P. G.
_ Je ne puis y souffrir les équivoques de
Ioäanges et de blâme qui y regnent. (Lie!
est le but de la Critique , si ce n’est de
faire connoîtrc la vérité et de combattre
_lc Faux? Dira-t-on que c’est remplir cc
but, lotsqu’on ne ÿexplique que d’une
maniere équivoque? Il faut, et surtout
dans la Satyre , ÿexpliquer nettement , et
ne point aller chercher du mistcre où il n’y
en a point. C’est abuser de la Critique ,‘
que de ne la pas faire servir à montrer la.
-verité dans tout son jour , et à ne la faire
appercevoir qu'au travers d’une fausse
lueur, ou même d’une épaisse obscurité.
Le R. P. G. auroit pu-temperer quelques
‘termes qui sonnent mal, mais sans doute
il a agi de bonne foi. Il ne fam pas lui
prem’
JANVIE RA.‘ 17332-17
prctcr trop de malice; cela sera échappe’ à
son attention, et il n’aura pas manqué de
se condamner le remier là-dessus.
Bien difierent e vous , Madame ,le R.‘
P. trouve les Dialogues du Spectacle de la
nature froids et languissanrs 5 la raison
qu’il‘cn donne, c'est que les Interlocu
teurs ne lui plaisent pas , parce qu’ils lui
sont inconnus. Il voudroit qu'au lieu de
ceux-ci , on eut fait parler un Dcscartes ,
un Rohault, un P. Malebranchc, 85e. Il
veut prouver son sentiment par l’exem
pie du Poëme Dramatique, et il seroit d'a
vis que, comme dans celui-ci , on n’in-‘
troduisit dans le Dialogue que des homà
mes célebres Je serois tenté de croire que
le R.. P. G. ne cormoît pas bien la nature
ni du Dialogue ni du Poëme Dramatique.‘
Il est vrai qu’on ne perd rien à ignorer
celui-ci et qu’un bon Religieux n’en doit
prepdreconnoissanccqueäpour être mieux
en etat de faire senrirJe anger des SPCC!
taeles. Mais il fandroit être plus circons
pect sur ce qu'on avance. Comparer le
Dialogue au PoëmeDramatique , des:
comparer un sim le appartement à un
grand Palais‘, et ire qu’on_ peut se for
mer la même idée de cet Appartement
que de tout le Palais cl’ont il n’esr qu’une
très-petite partie: sur ce pied un Palais
‘ CI
O
'23 MER CURE DE FRANCE
en contiendroit une centaine d’aurres ,
comme un Poëme Dramatique renferme
roqir en luièmême trente ou quarante au
tres Poëmes Dramatiques , puisque toutes
les Scenes sont presque toujours autant '
de Dialogues, il est inutile dînsisrer sur:
le faux de cette comparaison , il se fait
assez sentir de lui même. Je remarquerai
seulement que les Dialogues sont suscepÂ
Iibles du grand et du merveilleux; ce
pendant le R. P. G. semblene mettre de
difïerence entre les Pièces de Thèarrè et
l'es Dialogues qu’en ce que lcs sujets de
ceux cl sont plus paisibles et plus rran-.
quilès que ceux quioccupenr no‘; Thèarres.
Il cuOEsoit du témoignage et de Pexem
le de Ciccrompour‘ llcur moyen dïnrerespsreroulveesrleqcuteeulres mdeainls
un Dialogue èroit de nefaire parler que
de ‘grands hommes qui se fussent rendus
fameux dans les Sciences sur lesquelles on
veut discourir. Le R. P. G. auroir pu
employer de bonnes raisons pour assurer
son sentiment, plutosr que d’allcr cheræ
cher dans I-Iorace des passages qui ne re
äardentque les Pièces de Théarre. Je veux
ien pour un moment qu’il n'y air point
de diflërence ( quant au fond) entre le
Poëme Dramatique et: le Dialogue. Alors
si des Pièces de Thèarre ont eu un grand
succès
JANVIE RJ17”. 2’
"succès , quoique le fonds et les personna
ges soient de pures fictions, il faut con
venir que des Dialogues dont le sujet est
important , mais dont les interlocuteurs
«sont imaginez , peuvent et avec plus de.
raison que ces Pieces , être du goût des
Sçavans. Or presque toutes les Coméq
dies n’ont d’autre fonds que la fiction
et d'autres personnages que des noms en
l'ait. .
Je ne veux pour preuve de ceci ue
les Comedies de Terence; elles ont ait
tadmiration de tous les siecles et sont en
core aujourdbui les délices des amateurs
des Belles-Lettres. Cependant comment
connoîtuon les personnages qui y jouent
leurs rôles? quel est leur Pays ‘.7 quelles
sont leurs grandes actions P ou dira-fion
que ces Pieccs si parfaites, ne sont pas
es Poëmes Dramatiques?
Le précepte d’Horace de nîmroduire
sur la Scene que des Heros connus , ne re-u.
garde que le Tragique. Encore ce Poëre ne‘
dit-il pas qu’on ne puisse passer outre,
et la manierc dont il le propose est plu
_tôt un conseil qu'une reglc dont la pra.
tique soit absolument necessaire. Ccst ce
pendant â la Comedie plutôt qug 1a T,"
êdie , que le R. P, G. compare le Dia-ç
Îogue. Pourquoi donc citer Horaçe O _
. » n
3e MERCURE DE FRANCE
Ou accordera que le Dialogue feroit
Plus d’impression sur l’esprit des Lec
teurs si on n’y faisoit parler que des
rands hommes. Mais quoi 2 ne tiendra
‘t’il ’à l l l b h d ï
qu eut mettre (ans a ouc e es
discours qu’ils ont peut-être bien tenus
à quelques Particuliers , mais qui ne sont
peut-être jamais entrez ni dans leurs con
versations ni dans leurs disputes? Qïon
ne s’y trompe pas , les Dialogues de Ci
ceron ne sont pas tout-Êt-fait de l’ima
gination de ce sçavant Orateur; il n’a.a
fait dire à ses Interlocuteurs que ce qu’ils
avoienr dit entre eux 5 il est vrai qu'il a
poli leurs discours et que même il y a mis
du sien ; mais le fond est réel 3 ce qui est
nécessaire pour conserver la vrai-sem
blance. .
On peut dire la même chose de Platon.
Ces deux Auteûrs qu’en peut regarder
comme les plus sages et les plus éclairez
de PAntiquitÉ Payenne, nous ont laissé"
dans leurs Dialogues des Chefs-d'oeuvres
de l’Art. Mais ils ne sont faits que pour
"des hommes dont le jugement est formé.
Ces Dialogues s, tout beaux qu’ils sont ,
_ne pourroient, entre les mains de jeu;
nes gens , que leur causer du dégoût et
de l'ennui; tandis que je suis persuadé
que l'es‘ Entretiens ‘du Spectacle de la N44
‘ mm
J V Ï E R. I73;. 31;
mm les charmeront et ne les lasserone
iamais. Cependant les Interlocuteurs de
ces derniers sont deo personnages ima
ginez et ceux des autres sont des homo.
.mes de la plus haute réputation. Et qui
de ce catactere le R. P. G. auroit-il voulu
qu’on fit parler dans les Dialogues du
Spectacle de la Nature? M" Descartes ,
Gassendi , Rohault, Régis , «Sec? C’eûc
été sans doute un plaisant spectacle de
voir ces esprits sublimes , tout pleins de
‘grands objets qu’ils venoient de méditer,
en‘ venir tout d’un coup aux prises les
uns apec les autres sur un Insecte , un
Coquillage , un Poisson , un Oiseau , ôcc.‘
Voilà cependantce qui auroir été du goût
du R. P. Ne pourrdit-on pas lui deman
der s’il y a bien pensé ?
De plus , que fairedire 5. ces grandi
hommes sur des matieres ausquelles ils
ne se sont peut-être jamais arrêtés. Ou il
eût fallu les faire parler en Philosophes,
et‘ alors les jeunes gens pour qui prin
cipalempnt l’Ouvrage dont il s'agir a été
compose,.n’y ourroienratteindre; ou il
eût fallu les aire entrer clairs un Petit
détail de choses qui ne pouvoient être
nouvelles ni aux uns ni aux autres, ce
qui‘ ne seroit plus soutenir leurs carac
teres. Pourquoi le R. P. G. voudroit-il
a {IONS
‘g: MERCURE DE FRANCE
nous persuader qu’un jeune homme â la
{leur de son âge , soit inca able de Par
tention qu’il faut apporter a des Confeq
rences reglées, sur tout lorsque la ma
tiere qu’on y traite est curieuse , agréable
et‘ interessante i‘ Il n’est que trop vrai ;
les jeunes gens de condition sont pou:
‘la plupart ennemis de toute application
d'esprit à ce qui regarde la Religion e:
les Belles-Lettres, et c’est ce qu'on ne
peut trop déplorer. Mais aussi n’y a t’il
pas toûjours de ces heureux génies qui
se portent au bien dès leur jeunesse , _el:
qui saisissent avidement tout ce qu’ils
çroyent pouvoir contribuer à les‘ rendre
meilleurs? ne peut-on pas en supposer
cun pareil? ' v
Je ne sçai ce qui peut faire paroîtrc
méprlsables au R. P. les petits traits de
morale ré andus dans les Entretiens dont
il s’agit. c prétendu defiaut qu’on re
proche encore à un homme recomman
dable par sa pieté et par sa science , s'é
Vanoüitoit bien-tôt; si on pensoit une
bonne fois ue c’est pour jeunesse quclil écrigaussi-bl’iiennsqtruuectli’oAnudteeulra
du Spectacle d: la Nature. Les jeunes gens
font rarement refléxion sur ce qu'ils lisent,
ce qui fait qu’ils ne retirent aucun fruit de
routes leurs lecturesll est donc important
de
, JANVIER. 1733.‘ 5;!
de les accoûtumer de bonne heure à peu;
9er et à tirer d’utilcs leçons de tout ce
qui‘ passe devant leurs yeux. Je veux
bien que dans une Histoire composée
pourjdes Sçavans , on se d_ispense de met.
tre des Refléxions morales un peu éten
duës; mais on ne doit pas blâmer ceux
qui ppur Putilité des jeunes gens, ju,
genra propos d’en ‘user autrement. Si
tant de personnes s’élev_cnt contre cette
pratique-fil faut en convenir, des: que lfa.
mour propre n’y trouve pas son compte.
Une verité qu’on lui montre au doigt, lui
déplaît; il voudroit toujours avoir la satis
factionde l’appercevoir le premienCcst de
tous les ‘vices le plus dominant dans l’hom-,
me et le’ plus injurieux àlaMajesté divine;
dedesr cependant- celui qu’on‘ fomente
avec le plus d’ardeur , au lieu de tâcher
de le réprimer. Il est triste quede nos‘
jours on veüille en faire l’ame de l’ins
nruçriorndes Enfans. Grandinconvenieqt
que "des personnes sensées ont remarqué
ansAun‘ nouveausystême , qui d’ailleurs'
paropxtexcellent. . » ,_ .
_ lînfin le Portrait dt} ŸAne que le R.P.G;
a voulu tourneren ridicule , paroît tel
détache de ce qui précede et de ce qui
\5UlÎ. u’o_n le lise dans le Livrp même
e}: qufpn 1e liscisans préjugé , on n’y dé
couvrira
'54. MERCURE DE FRANCE
couvrira qu’un simple badinage , qugâ
la verité , auroir mieux convenu dansla.
bouche d’un Candidat de Réthorique.
' J ‘ai Fhbnneur d’être , Madame, ôcc.
Le x9 Dccembn 1732. A
IM ITATION de POde dT-Iorace , qui
commence par ces mots: Eloen.’ fuga
ce: , Üc.
L E temps s’enfuit ,hé1as 1 Posthumc, ami Pas-I
rhum: _,
En vain à ses rigueurs ta piété présume , g
D’apportc_r du retardement ;
Ics priercs , ces voeux seront inéficaces l
la Viellcsse et 1a Mort vers toi, quoique tu fa»
5C8 5
Savanccne insensibleiment;
5%
Non .. quand pour empêcher que ton corpsnc
pénsse , _ _
Tu te signaler-ois par Pample Sacrifice ,
De trois cent Taureaux , chaque jour;
In ne fléchirois point le Roy de ces lieux 50m1
bres , — - -
Où 1’Ondc Stygiale a tant de milliers d’Ombtea
. Ravie tout espoir de retour. "
" "Yaineg"
1 r.‘
,_' ‘JANVIER. 175;. 3;
_ Nainement craindrons-nous les fièvres de PAIN
tomne , .
ÿainement de Théris , vainement de Bellone ,'
Eviterons-nous les dangers . ‘
‘Nous la passerons tous , cette Onde redoutée :
Nous la passerons tous , c’est une Loy dictée
-Pour les Rois e: pour les Bergers. _
M - 1
Il faudra Voir un jour le noir et lent Cocyte;
Du Cruel Danaüs la Famille maudite , '
Sisyphe et ses travaux affreux s
Il te faudra quitter cette riche Campagne,
Ce logis magnifique, et Qäccorda FHPyaimmeanblàe cteosmpvaoegunxe.,‘ i
M
De ces Arbres si beaux , que tes soins ont fait
croître ,
Excepté le Cyprês , nul ne suivra son Maître.
Ce vin , sous cent clefs conservé ,
Ce Vin qui des Dieux même égale le breuvage 5
Dam plus digne heritier devenu le partage ,
Teindra son superbe pave’.
F. M. F;
I
D
s35 MERCURE DE FRANCE.
_R'E MA R Q?) E S curieuse: sur la
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
l
o
v
.7 ' ‘ L: Î ' 1
._ A‘«:rou*a:_‘,e,"0cc:~
3o MERCURE DE FRANCE
LES NOCES DEPLUTUS;
CANTATE.
. Ravaillant nuit et jour. et calculant sana
cesse ,
Plutus a quoi quäccablé d’une longue vieil-f
5. lesse, ,
4' grossir ses trésors bornoit tous soe plais,’
strs ;
Insensible aux tendres desirs ,
_ Sans cesse on Pentendoit médite
De PAmour et de son Empire;
-Et PCSprÎt agité d’un orgucillcursouci.
,4 Un jour il ÿexprimoit ainsi_: .
i Perfide Enfant, Dieu de Citherc.
Qii sous les appels séduisans ,
D’unc volupté passagere .
Causes les maux les plus cuisans ,
En vain , ton Sot orgueil sc vante
D’avoir soumis et la Terre ‘e: les Cieux.‘
Je vois d’une ame indiEerentc
Tous res elforts audacieux ;
Mon trésor me plaît et mknchanteg
- De lui seul je suis amoureux, '
Contre moi ta rage imyuissante
r-‘v
' Lance
JANVIER. I735. 51
Lance en vain tes traits dangereux.
Àinsi du fier Plurus la langue satirique
sur PAmour se divertissoit ,
Lorsque ce Dieu ‘qui par hazard passoil
Entcndit son panegyrique; ‘
Vieil insensé , dit-il , transporté de couroux ,
Tu ne braveras pas plus long-tcms ma puise‘
sauce;
Ton coeur percé ale-mille coups
servira de victime à ma juste vengeance.
{l ces mots, dans sa main tenant un trait vaini
queur ,
Çonneis-moi mieux, dit-il , "cède au Dieu d!
_Citherc,
Si tu ne peux Paimer , du moins crains sa co-ë
1ere :
Le trait vole , et soudain il va frapper Il
coeur '
Du vieux Plutus trop témeraire ;
Il ressent tout à coup une amoureuse ara
«leur,
Dont il veut en vain se drfîendre ;
Malgré lui son coeur devient tendre,
Philis par hazard à ses yeux
Présente sa beauté naissante ;
Cette Belle aussi-tôt Penchante,‘
Et ne pouvant résister â ses feux ,
Il implore à son tour , quoique scxagenairç;
Le secours du Dieu de Cithctc , "
Je
3-2 MERCURE DE FRANCE
je te Êéde , dit-il , aimable Dieu dvimour",
Tu m’as soumis à ton Empire 5 ‘ ‘_
Heureux si ce: objet pour qui mon coeur sou
pire _
Me payoit d’un tendre retour !
Vous changez bien-tôt de langage,‘
Dit l’Amour , en riant, vous aimez â votre
âge a
Fi donc! sage Vieillard , fy! vous n’y pensez
pas 5
Vous imaginez-vous que de jeunes apas
‘Puissent devenir le partage
D’un Vieillard décrcpit tel que le Dieu Fine
tus ë
Non , tout Péclat de vos écus
Ne peut ricn sur VolrC Maîtresse ;
i
.
On aimera votre richesse; , .
‘Mais vous serez haï plus que la mort;
Philis sera pourtant unie à votre sort
Par les liens de PHymcnée ,
Mais , malheureux Plutus , quelle est ta destîg‘
née Î’
Je frémis en voyant les sujets de chagrin ,
Q1: pendant ton hymen vont naître dans ton‘
sein. '
Tout vieillard qui se marie ,
S’apprête un cruel ennui;
S’il choisit femme jolie ,
Çe choix n’est pas fait pour lui g
Tout
JANVIER. I733. 5}
Tout â coup la jalousie
Régie tous ses mouvemens 3
Tous les instans de sa vie
Sont des-instans de tourmens.
‘ La vieillesse a‘. la jeunesse
Ne peut jamais convenir ,
Plutus aura sa Maîtresse ,
Mais gare le repentir.
' ‘V. D. G.
äëeaaaaeaaaaanaesëaa
REMARQZJES de M. Bouguegde [C44
cadimie Royale des Sciences , et Hyslro
gra lie du Roi , sur une Letrre que
1l . Meynier, Ingénieur alu Roipour la
F filarine , a fait ini'e'rer dans le Mercure
olefuin dernier , p. m5}. et suiv.
Uoique lcs Remarques que je donne
_ ici ne soient pas précisément pour
M. Meynier , j’ai crû que je devois at.
tendre qu’il fut de retour , avant que de
les publier, On voit assez par la Lettre
qu’il a fait insérer dans le Mercure de
Juin dernier , qu’il est extrêmement;
A I - - - ' - r
fache : il devolt cependant faire attention
qubn ne réussit jamais à montrer la bonté
de
n. MERCURE DE FRANCE
de sa cause , en aflîrmant simplement que
ceux qu'on regarde comme ses adversai
res sont dans Pimpossibilité de rien ro
duire d’utile. Le Public incapable clîen
trcr dans lcs passions des particuliers ,'
mettra toujours une difference infinie en
tre de semblables reproches , et -des Ob
servations modetêes qu’il est toujours per
mis, de faire sur les Ouvrages mêmes , et
ui n’ont pour objet que la seule utilité
de la chose. i
Je pourrois donc me dispenser de réa;
pondreàla grande objection que M. Mey
nier répète si volontiers. Rien ne prouve
mieux son embarras , que de voir qu’il
se répand sans cesse dans des discours qui
n’ont aucun rapport au sujet, dans le
tems même qu’il reconnoît que le Public
n'aime point à être fatigué par ces sortes
de discours. Il est’ vrai qu’il ne se trompe
as beaucoup _, lorsqu’il llumieres dans les matieresidnesiMnaurëinqeue, smoenst
extrêmement bornées; mais il ne devoir
pas assûrer la même chose de tous ceux
ui n’ont point été en mer. C’est préci
sement cette mauvaise raison alleguêgou
lutôt hazardée, un si grand nombre de
Ëois , qui me met dans la necessitê de ré.’
pondre. Ce n’est pas ma cause qu’il s’agit
de dtffendre , c'est celle de plusieurs hgqîis
a i
_ ‘JANVIER. 17332 '5';
habiles qui peuvent par leur application
rendre des services trèsconsidérables à la
Marine. Il n’est pas juste que je garde le
silence , lorsque fai eu le malheur deleux
attirer un reproche dut et désobligeant ,
qui s’il étoit applicable, ne le seroit qu’à
moi seul. 1l ne faut pas qu'à mon occa.
sion , le Public diminue‘ rien de sa con-A
fiance ni de Pattente où il est , qu’ils lui
donneront des Ouvrages excellens. Plus ».
on rend justice à M.Mleynier , parce que,
comme il nous en assûre , il a atteint son
but dans plusieurs rencontres , plus , il
est nécessaire de détruire ses prétentions
injustes , et de dissiper jusquhux moin
dres nuages dont il a tâché ‘obscurcit la
vetité. 1 .
Cet Auteur qui s’applaudit si fort d’a-'
Voir fait un grand voyage sur le grand
Banc , pour se former dans la Pratique ,'
ne nous ditvpoint en quoi il la fait con
Liister; qquoiquïl y en ait de deux sortes;
Ifune qui_ tient beaucoup à la Théorie ,r
n’est autre chose que la science des faits z
et il est certain que si l’on peut s’y for.
mer en navigeant, on peut aussi s’y for.
mer à terre , en fréquentant les Ports de ‘
mer , en examinant soigneusement les
vaisseaux , en ÿentretenanr avec lcs Ma.
rins, et techerqhant toutes les occasionsda
' s’in-_
( 1
a
4,5l MERCURE DE FIÏANCE
u
finsrruire. Il n’est pas question de décider
ici laquelle des deux voyes est la plus
courte. Mais puisqu’i‘l n’artive rien en met
dont nous ne puissions être informés très
êxactement à terre , il est constant
qu’en peut ‘sans naviguer , se rendre ha
bile dans le genre de Science dont nous
arlons. Les Marins llemieux leur métier n’moênmtea,cquqiusi usnçeavpeanrt
tie de leursconnoissances-pratiques que de
la même maniere: car quoiquïls ayent
traversé l’Ocean un très-grand nombre
de fois , ils n’ont pas pû se trouver dans
toutes les rencontres possibles, ni s’ins—
truite par eux-mêmes de toutes les diver
ses particularirez. Il Faut remarquer ou-'
'tre_cela qu’ils”son_t obligez de faire ordi?
nairement un très-grand nombre de Cam
pagnes , pour prendre seulement quelque
teinture des premiers principes de laMé.
chanique. Ils éprouvent , par exemple ,V
les principales proprietez du levier ; ils
yoyent dans leurs caliornes l'usage des
poulies pour augmenter la force; ils ap
prennent dans la disposition des voiles
quelques-unes des loix que les fluides ob
servent dans leurs chocs. Mais il ne faut
pas sîmaginer avec M. Meynier que toug
tes ces choses ne sapprennent jamais qu’à
la mergelles shprennent au contraire ‘beau.’
- ' coup
ÂÏA N V I ER.’ 173;‘ ‘g
. ,
.
i212; älälsjalscrxlcntà Itîelrrc; aussi-tôt club;
usqu aux crncns . a
commence par une étude réglé; dccetlæll
njetrxe. Alnsl la Théorie d’un Mathéma
txelen ‘qul yaPPlique àla Marine doit
lut Ëemr heu d’un grand nombre deæoya.
(Saes e adnts enmer’: c} 1' l a d?al' lleurs cet avan'
g e 593V01r d une maniere précise cc
Îäîäâät“ “l” 3a Plûvarr des Marins ne
éçat d que ttes-confusement. Il est en\
ériene comlâarer entr elles difïercntesex
âen dcîretîêl’ e Passer d? “me à l'autre a
Ëïévoir ce“ t-oätçs les smgulantel a Ct (le
circon qun oleamv' er dans d ,autre,
stances : au heu que le Marin ’ 1
nsvîestceæpnonionxtssGanécoemsetdreeSt, aet:iqquuei ent’adeac{aléa
‘qu_i>_ a experimentaéls Precisemcnt que' ce
. Mais s1 l’on acquert aussi-bien à rem-è
que sur les vaisseaux cette espece de ‘ma’;
fllqfge qun a tant de rapport à la Théorie
P3ratàiütuavoüer q“’on ne Peut acquçï.l;ï la’
7 ‘l eïproprement dlte, quæn {ré
quentant aMer et ulil fa A ‘ -
réu..ssx_r fa‘ ’ q, . u:. mem‘ P0"
C e 1re pour lor_din31“? plus l' eurs
àuatmpaghnes. Cette derm..ere Pra“'PC113.5!
recose uel f r ,,
Précision q a aCILoe d oPeïeï 3V€c
P ï Ctb avec prompnt' ude , malgré
tous
'58 ME RCURE DE FRANCE
tous les mouvemens du Vaisseau. Il faut
dans le Pilote que presque toutes les par
ties de son corps contribuent à former
cette habitude; et il faut qu’il pousse Fé
xetcice assez loin pour pouvoir agit en;
suite comme sans y penser ou comme
machinalement , afin de n'être jamais ex
poséà perdre par des refléxions un tems
dont il est souvent necessaire de se hâter
de faire usage. C’est cette facilité d’éxe
cution qu’en ne peut contracter qu’â la
Mer , qui constitue’ la Pratique dont
M. Meyniet a sans doute voulu arler
et qu’il vante si fort. Mais qwéxecutc
t’on , si ce n’est xiit la Théorie , prélecsepptreéscetijtoenst uacrfaoiusron
est souvent fort ignorée ë Ainsi si la Pra
tique dont il säigit est estimable, si elle
est utile ,si elle est même nécessaire , paru
ce qu’il faut que quelqu'un conduise les
vVaisseaux elle est néanmoins autant au.
3
dessous de la spéculation qui régie ses dé.
marches , que les opérations du corps sont
au dessous de celles de l’esprit : ellc n'est,
si on peut parler de la sorte , quela set
vante de la Théorie. Il est clair encore
qu’il ne faut pas se reposer sur elle glu
soin de perfectionner la Navigation; puisg
qu’elle n'est qu’une qualité purement cor-i
orelle ac uise ar une on ue ré éti
a - tion
p‘ JÀA N V’I E_R. ‘I733; ‘s;
non des memes operations , et qu’elle ne
peut téüssir tout au plus qu’à faire exé
cuter les mêmes choses avec plus (Padresse;
Aussi sçavons-nous que presque tous nos
instrumens , toutes nos tables , toutes nos
diflerentes espèces de Cartes; toutes leq
connoissances enfin qui servent à la Na»
vigation et aux Pilotes, sans même que
la plûpart des Pilotes le sçachent , ont eu
pour inventeurs des personnes qui fa.‘
voient point été en mer , mais qui '
étoient habiles dans les Mathémati
9“°’: g . .
Ainsi on voit combien ll y a de diffég
tence entre les deux diverses espéces de
Pratiques que nous venons de considérer.
L'une est du genre de nos autres connais,
sances : elle réside dans l'esprit , et nous
ne la nommons Pratique que parce que
_ les choses quïelle a pour objet attendent;
de Péxecution leur dernier accomplisse
ment. Cette pratique se trouve portée
’ lus ou moins loin , selon qu’on_ réüssic
‘a faire des a plications plus ou moins
heureuses de la Géometrie et de la Mé
chanique aux Ptoblêtnes de Navigation ;
et elle peut säcqnerit à terre, comme
fnous l’avons montré. A Pégard de l’autre_
espèce de Pratique , de cette habitude du.
corps qui met en état dbpércr avec plus
' . D ij d’:
æ MERCURE DE“ FRANCE
d'adresse , elle ne peut,sans douteuse conà‘ —p
tracter qu’à la mer : mais aussi elle ne sert
‘quäux Pilotes , et elle n’augmente en au
cune Eaçonvleurs lumieres. Le Marin con
sommé dans cette Pratique , employe
avec facilité les instrumens ordinaires qui
servent , par exemple , à observer la hau.
(eut des Astres : mais éxercé dans cet
usage , il n’cn sçait pas mieux les demie.
tes raisons de son» opération , ni la cons
traction de Pinstrument qu’il a entre les
mains.
C’est à peu près la même chose de tous
les autres points de Marine. Ce n’est cer
tainement pas aux Matelots qui ont le
plus fréquenté la Mer , qu’il faut deman
der la cause de toutes les singularitez
qu’on remarque dans le mouvement des
Naisseaux 5 pourquoi, par exemple, les
' uns sont Iegm à la rame pendant que les
autres sont lourd: ; pourquoi quelques
Navires vont moins vire , lorsqubn aug
mente leur voilure. Toutes ces choses ont
été senties une infinité de fois ar les
Marins; mais il n’est réservé qu’â des Ma.
thématicîens d’en pénétrer la cause : car
on ne peut y réüssir que par une grande
connoissance des Méchaniques , non pas
de celles qui ne consistent qu‘à sçavoii:
manier une lime ou un cordage; mais de
- . i ‘ celle;
J A N V I E R: 173;; (‘f/i
ceiies qui nous instruisent des loix que
la Nature observe dans la composition
et dans la communication des mouve
mens, et qui nous mettent en état de
zprévoir ce qui doit résulter de la com
pllation de plusieurs Puissances qui agis
sent ensemble. Or la recherche dont il
s’agit peut se-faire aussi-bien en Terre
que par tout ailleurs , puisque les choses
qu’on veut découvrir , ne dépendent que
de la figure du Vaisseau et de la disposig‘
tion de sa mâture.
. On voit donc qu’il ne faut pas con:
fondre, comme le fait M. Meynier et les
' jeunes Praticiens qu’il nous cite , les par
ties qui forment le Géométre qui s’ap-i
plique à la Navigation", avec celles qui
orment le Pilote. Ce sont en genetal des
Professions fort détachées. Le Pilote, nous
le repetons; doit aller en Mer aussi-tôt
qu’il sçait la petite portion de Théorie
qu’il doit mettre tous les jours en execu
Iion. Il doit aller en Mer , puisquïl
ne {agit plus pour lui que dbperçr , et
puïl ne‘ peut acquérir la facilité de le
aire avec promptitude, que par un long
exercice. Mais le Géomètre qui cultive
la Marine sans avoir la moindre envie
de conduire les Navires, et qui n’a par
consequcnr que faire debcety habitude du
‘D iij corps
L—j
la MERCURE DE FRANCE
corps qui ne sert que lorsqu'on est char:
gé d’executer , doit se tourner d'un côté
tout different; il n’a pour travailler à la
‘seureté de tous les Vaisseaux , qu’à con
server et n’a tâcher de perfectionner le
précieux ciepôt de toutes les connoissates
qui servent à 1’Art de naviger , et il n'a
pour cela qu'à cultiver avec autant de
soin la premiere espece de Pratique dont
nous avons parlé, que les Pilotes sont
obligez de cultiver la seconde.
Ce que je viens de dire suflît, ce me
semble , si—non pour me disculper-du.
reproche de n’avoir point été en Mer,
au moins pour en disculper les personn
nes sçavantcs , qui sans avoir navigé, peu
vent ÿappliquer avec succès â PI-Iydron‘
graphie. C'est-là aussi tout ce que je me
suis proposé , et n’ai eu nulle envie
d’entrer en dispute sur ce qui me regarde
en particulier. on n’a qu'à faire attention
à la" maniere dont M. Meynier soutient
sa cause,_et on verra qu’il faut avoir bien
du courage pour oser dire qu’on est d’un
autre sentiment que lui; il ne se con-a
tente pas d'avoir toujours ‘contre vous
Pexperience , Pusage , le consentement de
tous les Marins, dans le temps même
que vous tächez de justifier quelqu’une
. e leurs ptatjuess il a encore —des rai
- \ ' fion‘!
JANVIER. 173;. 6;‘
sons péremptoires qui montrent tout
Ëun coup que toutes les vôtres ne val
lent rien,er qui vous ferment absolument
la bouche. Vous croyez ne rien mettre
dans vos Ouvrages ue ce que vous con
cevez clairement et istinctement, et que
ce qui peut être ‘entendu de tous les Lec:
teuts ‘qui sçavent médiocrement la. Géoä
metrie et l’Algebl'e',m_aîs vous vous ttom- a
pez, M. Meynier trouve que vous n'a
vancez que des Enzgme: qui m: peuvent
pas avoir pour sen: naturel , le sens que
vous leur donnez; et il vous assure ou.
trc cela que vous n’avez aucune idée ni
la moindre connaissance des choses sur les
quelles vous écrivez. Je laisse à penser
s’il y a du plaisir à disputer contre un
‘aclversaire habile d’ailleurs , mais qui n’ad
met précisément pour preuve deson
’ droit , que de pareilles choses ou des pro
positions de gageures, et qui veut en-‘
cote que vous vous embarquiez avec lui_
sur le même Vaisseau. Il n’y autoit que
Pimportance des matiercs contestées qui
‘pourrait inviter àpousser ‘la discussion
]usqu’à la fin; mais ayant fait quelques
Remarques sur le Livre qui fait mainte
nant le principal sujet de la dispute, ÿai
appris qu’on en a‘ fait de semblables dans
presque tous nos ‘Ports-de Mer. Ainsiïl
D iiij seroit
Z4. MERCURE DE FRANCE
seroit assez inutile que je multipliasse
mes réponses; je puis maintenant gar
der un profond silence, et je présume
même qu’il ne sera pas nécessaire que je
le rompe dans la suite. Au surplus, je
suis persuadé que le R. P. le Brun et
M. Deslandes ne sont nullement offensez,
comme le prétend M. Meyniet , du ju
gement que j’ai porté de son Demi-Cer
cle. Le Certificat que ces deux illustres
Mathématiciens ont donné, contient peut
être quelques modifications dont on a la
‘précaution de ne nous point parler, et
dïæilleurs il n’y a personne qui ne sçache
u’on approuve tous les jours à certains
egnrds , des choses qu’on setoit ‘bien ÊIOΑ,
gné de vouloir adopter.
Au Havre, ce 2.7. Dioembrr 173;.‘
' M A D R I G A L.
Pour M“ de Malcmi: de la Vigne.‘
1 Esprits communs, amcs vulgaires,
Implorez dans le saint Vallon ,
Les Muses et même Apollon;
Moy , je xfinvoquc plus «Pêtzcs imaginaires; C
3
JA NVIER.‘ m3. g;
Ëe n’esr pas qu’enuuyé du langage des Dieux ,
je m’apprête à briser ma Lyre,
feu puis tirer encor des sons harmonieux;
Mais il faut que Malcrais mïnspire ;
Charméde ses doctes Chansons ,
Pour rnïmmortalise: je brigue son sutfl-age,‘
Et je veux en suivant ses utiles leçons ,
Mériter de lui rendre hommage.
_ Le Chevalier de Neufvill: d: Montador;
àâàâàââèâêââàägàâèââââèä
SEL.PRT.IécÈritMe Eà M.LÇleTMTarRqEuidsede; B. au
sujet de: Villes d’Or4n et de Gema.
_, E- vous fais, Monsieur, mon compliment su:
» votre heureux retour à Paris. Ce retour me
fait un double laisir car il me dis ense de vous
. 4 . P *. .
écrire aa_ suite des affaires d’Oran depuis ma der
_niere Lettre; vous en êtes sans doute déa lei-s
. . . i . l l’
nement instruit. Il m’e ar ne aussi le chaorin de
_ O
:vous apprendre le premier une triste nouvelle,
le malheur arrive’ au Marquis de Saï-n'a‘ Cruz dans
l'action du 1.1. Novembre dernier. A cela près, je
-n’aurois presque eu que des choses agréables a‘.
vous dire , et ÿaurois fini par la levée du Siege
.de cette Place , par la démolition des travaux des
Maures et par leur retraite, circonstances qui
{ont Pétat présent des choses, suivant les der-e
pseres Lettres (Pfispagne et (Ÿliflïique. .
' D v Au
l.
Z5 MERCURE DE FRANCE
Au lieu de tout ce détail’, qui seroit pour vous,’
Monsieur , une répcrition , je crois devoir vous
faire part du précis d’une Lettre que ÿai reçûë
depuis peu d’Algcr , dans laquelle Oran n'est pas
oublié , et qui contient certaines particularitez
que vous ne serez pas fâché de sçavoir. La.
Lettre est datée du 2.3. Octobre dernier et
écrite par un Voyageur éclairé. ‘
sa Jamais Expedition n’a été plus heureuse ni
u plus visiblement favorisée du Ciel que celle
a d’0ran.Le Gouverneur Maure étoit eu état de
se faire acheter bien cher cette Place aux Espa-g
a gnols, il ne manquait ni de monde ni de mus
a: nitions pour faire une longue résistance , favo
g, risé d’ailleurs par la situation avantageuse des
u Forts, et par une Arméede sa Nation , qui de
ne voit rendre le débarquement des Troupes Chré
o. tiennes très-difficile. Si ce débarquement eût
a été diEeré seulement de deux jours , il devenait
o: presque impossible, â cause d’un vent d’Est,
p: qui survinr si frais et si violent , que tous les
hBâtimens de transport seroienr in ailliblement
upériær avec leur charge. De plus , en ternpori-i
u sant un peu de la part du Commandant , une
nseconde Armée de Turcs et de Maures , accou
u rus de toutes parts , se seroit jointe à la pre-j
n» miere, et auroit rendu la retraite et le rembar
p; quement de PArmée Chrétienne absolument
a nécessaire et évalement érilleux - mais comme
. D ’
aje l’ai d'abord reimrque’, le Ciel a voulu benitfi
m les Armes et les pieuses intentions du Roy d’Es-_'
D) Pflgfltn
a Après un ‘tel succès qui a d'abord rempli
‘a de consternation et d'épouvante toute la Bar—,
ce barie ,- si la saison avancée, ou cl’autres Consi-j
a dcrations , m'envoient "pas arrêté les progrès de
i . 98E
JANVIER. I733, 57
a ces mêmes Armes , on peut assurer que les Es
» pagnols se scroicnt rendus maîtres de toute
a: cette Côte et d’Alger même, saris beaucoup
u dbposition. On craignait ici si fort cet éve
.. nemcnt, que le Dey et tout le Pays étaient
a: plus disposez â la retraite , ou plutôt â la fuite
w dans les Montagnes les plus inaccessibles, qu'à.
a la deffense.
.. Mais ces dispositions n’ont ‘pas duré; l'in
a action des Espagnols a fait reprendre courage
æ aux Infidelcs , ils ont réütii toutes leurs Forces
a pour faire le Sicge d’Oran , qu’ils ont elfective
un ment formé depuis la my-Septembre , avec une
a grande Armée de Terre et avec une Escadre
v» tic dix Vaisseaux de guerre , sans compter plu
“sieurs Galiotes , et autres Bâtimens chargez de
v munitions pour le Camp et de quelques Trou
v pes de débarquement.
v D'autres Vaisseaux Algeriens croisent ce
s: pendant sur les Côtes dOEspagne, tnlevent tou
are sorte de Bâtimens , sur tout ceux qui sont
vchargez ‘pour Oran, et troublent cntieremen;
vie commerce D’un autre côte’ les Chrétiens
Pqui sont à Alger sont assez maltraitcz dans les
' v circonstances où sont les choses. .
n Vous jugez bien que dans ce temps «le trou
cible il n’est pas facile de faire les recherches
.0- clont vous me chargez dans votre dernier Me
v moire. La Ville de Tcmectn, ou comme on
ä> prononce ici, Tlmuan, subsiste encore , mais
m elle est fort éloignée de son ancienne splendeur.
u Avant la Prise d’Oran par les Maures sur les
a: Espagnols en 17.38. c’étoit le Siege des Deys,
u ou des Gouverneurs de la Province de Porteur.
.3: On y entretient une Garnison de zoo hommes
a giron clçang tous les ans, selon Pusagc du
V . D_ v; a: Royaume
58 MERCURE DE "FRANCE
wkoyaume cPAlger à Pégard de toutes les Places‘
si qui en dépendent. Cette Ville est admirable-g
sur-ment bien située , l’air y est très-salubre , et la
sa fertilité de son Territoire ne sçauroit être plus
a grande avec les meilleures eaux du monde. Elle
a; est a go milles environ au Sud-Ouest d’Oran, et
a après de 340. milies.d’Alger.Les habitans son:
,, presque tous ]uifs. Ses Fortifications sont fore
M peu de chose. Vous trouverés dans le Morerï
a une autre peinture de cette Ville, mais for!
,, éloignée de la verité. Alger est traité de même
_,, dans ce Livre, tout y est éxageré s surtout
ale nombre des Esclaves Chrétiens qu’en y fait:
s, monter âquarante milles , et qui ne sont pas
a seulement au nombre de zyoo.
- ne M. Thomas Shaw, Ministre AnglicamDoc.‘
m1611]: de l’Université d’Oxford , et fort habile
a. homme , dont je crois vous avoir déja par-«j
a. lé , nous a epfin quitté; il s’est embarqué le
9: t; juillet det-‘Ëiier pour se retirer en Angleterre;
sa après avoir visité Pîtalie. Il a demeuré plus
a de douze ans à A-lger , pendant lequel tems il
p a parcouru tous les Lieux qui en dépendent, le—_
5, vant les Plans des plus considérables , et faisan:
n: des Cirtes éxactes des Provinces , 8re. pour en
a richir PHistoire naturelle qu’il a composée du.
o: Royaume d’Algtr , et qu-’il prétend publier
u en peu de tems. ‘On peut présumer que cette
a Histoire sera curieuse et‘ recherchée, ifAuteut
a: ayant eu tout le tems et toutes les commodi
5o tez nécessaires pour être instruit , et ayant v6
a: et éxaminé tout ce qui a été écrit sur cette
o: matiere par M. Durand , ci-devant Consul
n: d’Alger , par les Religieux Trinitaires , pars
a: M. Laugier , Commissaire de la Marine ê’
m Amstrtdam l dont [Ouvrage q; imprimé , et
' n paç
JANVIER. I733. ‘G9
a- par‘ M. Peyssonnel, Médecin de Marseille , en
» voyé par le Roi en 172,1‘. à Alger et à Tunia
o: pour faire de nouvellesdécouvertes , &c.
n Les Cloches ‘d’©ran , dont vous mäævcz
se parlé , se voyent encore aujourdïiui ici â la.
w Porte qui conduit au Port. 1l y en a six de dif
n lereute grandeur , poséeseles unes sur les au
» rres contre une muÙille. Cette situation , ce
a; les COOEODCIUIÉS présentes ne permettent guéres
a: d’en prendre les Inscriptions. Elles ne sont pas
a: extrêmement grosses , la plus considérable n’a.
a» quïînviron quatre pieds de hauteur ,avec un
a: diamétrc proportionné. ]’ai liî une seule Ins
» criprion , laquelle est en Espagnol, e: contient:
- ces mots: Ai mm de la. sais que est» hache m
uMurrin si endo Prelado el Rmo Padre Balus
ovzar al Arma 1,74. C’ÎsÎ'ài-diÎC, qu"il y a une
v des six Cloches qui a été fondue à Murcie Pan
e: 1 r74. Le Très-Révereixd Pere Baltazar en étant
u alors Evêque.
n Vous sçavez‘ que les Mahometans se font
sa une espécc de trophée des Cloches par eux en
» levées sur les Chrétiens. On. voir encore au
a jounÿhui dans la principale Mosquée de la‘
a Ville de Maroc deux grandes Cloches suspen
n: duës à rebours, attachées a‘. la Net‘ par de gros
sa ses clæînes , que le Roi Almanzot fit empor
v: ter «Pläspagne.
Depuis la date de cette Lettre les choses ont‘
changé -:lc face , comme vous le sçavez , Mon
sieur; une Escadre de Vaisseaux de Guerre Es-i
pagnols , fortifiée par deux Vaisseaux de guerre
de Malte , a fait disparoîtrc PEscadre Turque 9
qui est rentrée i A-lger. Oran a reçû 4658660113
considérables , et vous êtes instruit de’ tout le
ICÜIC.
7o MERCURE DE FRANCE
Je ne vous dirai donc rien ici d’une Relation ‘Ê
Espagnole imprimée à Barcclone, des deux sari-g
glantes actions du u. Cedu 2. 3. Novembre _, 1a
quelle je viens de recevoir , après une attente de
près d’un mois, de la part du plus lent et du
plus distrait de mes amis. On y rend bien justi
ce a‘. la conduite et à la valeur du Marquis de
Sania-Cruz , qui a été t'a’ dans une fatale cir
consiance , ex rimée en ces termes dans la Re
lation. Vifîldûp erre desarden las Moras se nacre»
nm à aprovecharla cm las arma: 1214m4: , y fue
pretisso pasmssm par encima de elles para incorpo
nme ton l» Trop» : En cuya arnsion se perdra à cl
Marque: de SantmCmz , sir; que las paras Solda
das de Crwnlltri» , y Dragage: que le Mompanns
km , pudiessen emlmraznr su desgvacizda mume ,
ton lntima univerml , par la; prendas , y valor que
l: adornalzavz. l
Mais c’est assez parler dflllger et d'Oran , je
n’oul>lit pas , Monsieur , ce que je vous ai pro
mis au sujet de la Ville de Ccuta , dont le S:égc
par les Troupes du Roi de Maroc , a déja sur
passé en longueur le Siège de Troye. je ne
crois pas cependant que Ccuta fournisse jamais
le sujet d’une lliade: ce sera beaucoup pour cette
Ville si‘ le petit morceau historique que voici
peut. se trouver de votre goût, et vougamuser
agréablement. j -
La Ville de Ceuta est située dans FEmbOu.‘
chute du détroit de Gibraltar , à Pcntlroit où ce
"' Reluion du la succedzda m las do: Funcianfs
que m et dia u. y 1,3. de Noviembre de 1731.
inca la Guamitian de 012m ton el extraite de
les Turco: , y Maros , que l» sitinwn. Barcclona.
P9: Joseph Texido, 8re. 1732.. «
fameux
JANVIER. 1733. 7:
fameux Détroit est le plus retressi par les deux
Côtes, ensorte que le trajet de celle düfllïrique ,
ou est Ceuta . en Espagne , n’esr que d’environ
cinq lieues. Si on en croit quelques Écrivains
Espagnols , cette Ville est des plus anciennes et
des plus illustres de toute la Mauritanie, les Ro- _
\
mains qui la bâtirenr y tenoient leurs Flores , a
cause de la commodite de son Port , et la nom
merent enfin la Ville des Romains , ou la Ville
ar excellence , ce ue {ont aujourd’hui setrcible lceonnfiormmgruû’elle Potte C111
Un Historien Arabe lui donne une origine
‘bien plus ancienne ; c’est , selon lui , un Fils de
Noë qui l’a fondée deux cens trente ans après
le Déluge : mais défions-nous un peu des Ecri
vains de cette Nation , qui donnent pour la plâ
art dans le merveilleux ; et traitent PI-Iistoire
gomme la Fable. Ortelius vent que Ccuta soit
Pancienne Essilissn . dont la position " est mar
qué dans Ptoloméc, mais cette position est fort
differente de celle de Ceuta , comme nous Pal
Ions voir.
Abulfeda , ce fameux Geographe Arabe dont
j’ai parlé plusieurs fois, et dont on vient de
donner une belle Édition , avec une Traduction
Latine , &c. en Angleterre , parle de Ceuta qu’il
nomme 525m au nombre LXXVII. de ses Ta
bles Géographiques: il la place â neuf degrez
cinq minutes de longitude , et â g; dcgrcz tren
.te minutes de latitude sous le (V. Climat dans
la Barbarie * Ulterieure. sa Elle est, dit-il , si
’ 1393m’. 3o min. de longit. et 3; kg. ;6
min. de tarit. - -
9‘ Cc Giagrapêc divise la Barbarie m «vitrerie»
v 7€
72 MERCURE m: FRANCE
h tuée entre deux Mers , Pocean et la Médireg:
mranée, c’est Pabord de deux grands Pays .
o: la Barbarie et FESpagne , Ville de passage e:
n de commerce. Elle est baignée de la Mer de
‘ puis son Entrée du côte’ de Terre. Le chemin
Vaoqui conduit à cette Entrée est du côté du
v Couchant: il est fort ÿroit et presque tout
h entouré de la Mer, de sorte qu’il ne tiendroit
” qu’au’x Habitans de faire passer la Mer autour
°= de la Ville , et n’cn faire une Isle. Elle a de
'° hautes muuilles de pierre. Le Port est a 1'0
=> rient de la Ville , et la Mer est très-étroite en
a cct endroit ; de sorte que quand le tems es:
o: serain on découvre de Seâta la Ville dflâlgezi
u rat-Alkozra , ou Algezire , sur les Terres .1’Es
"pagne- L’Eau y est en abondance, et il y a.
a d’ailleurs des Citernes dans lesquelles on con-g
v serve l'eau de pluye. ’
Tel émit Pétat-cie Ceuta au temps dvlbulfeda
qui acheva son ouvrage vers Pannée r32. r. Il clé
clare que cc qu’il dit de cette Ville est tire’ prin
cipalement dflothman EBnsaid,surnorume'./1l ma.
3726i, ou FAlTricain , qui étoit de ce même Païs.
Abnlfcda, pour le dire en passant , que j'ai qua
lifié de Géographe Arabe , n’avoit rien d'Arabe
que la Langue et la Religion , c'est» â-dire , celle
de Mahomct. Il éroit de Syrie et d’une Race dis
tinguée , la même qui a donné naissance au
n ou Orientale . qui commence aux Frontieres
dOEgypte , et finit à telle: du Royaume de Tzmis ,'
devers Cuzmvan ; en moyenne , qui comprend le
‘Roy vume de Tunis , et les Provinces Orientales de
celui nlîalger ,- et en uloerieuré , qui commente aux
Frontieres Occidentales dÏ/Ilgêr , et comprend tout
l; reste de la Barbarie du tête’ du Couohnnt:
grand
r JANVTER.‘ 173;: '73»
‘grand Saladin , comme je‘ l'ai remarqué ailleurs.
Lorsque les premiers Califes , successeurs de
Mahomqt , eurent conquis PAIÏriquc . cc qui aré
riva vers" Pan 4;. de l’Hégire’66 s. de j. C.) ils
chasserent les Goths de plusieurs Contrées Mari
times , dont ces Barbares s’e'toient emparcz, dans
la décadence de PEmpire Romain, et en PSHÎCÜH,
lier de la Ville de Ceuta. Cette Ville devint ce
lebre sous la Domination des Arabes , cfiest-âs
dire, sous les Califes et sous divers Rois ou Prin
' ces leurs successeurs , lesquels y firent fleurir le
commerce et les Arts. Les Artisans de Ceuta sur-Ï
passaient en habileté ceux de Damas pour toute
sorte d’Ouvrage d’Orfévrerie , de Coutellerie , et
pour la fabrique des plus belles Îztotïes, et sur
tout de riches Tapis ,dont on venoit se pour-i
voir de toutes les Parties de l'intrigue et de
PEurope. ' ‘
Les Lettres fleurirent aussi dans Ceuta , pen
dant sa. prosperité . ce qui paroît par les noms e:
par les ouvrages de quelques Sçavans , originai.
res de cette Vrle {qui sont rapporte: par les Bi
bliographes Mahométaxis; lesquels par cette rai
son , portent tous le surnom J'AI Seétbi , ou de
Ceuta. Eqtflaurres Aboulfadhl Abbns, plus connu
sous le nom de Cadhi-Aïadh , qui mourut Pan
544.. de PHégire ( r r49. de]. C. ) Il est parlé
de lui avec de grands Eloges , par Ben Schunah ,
qui a donné un Cazalogue de ses Ouvrages. [o
seph Ben jahia , fameux Medecin juif, 8c grand
Philosophe , q-ii fut" premier Medccin du Sultan
d’Alcp Aldhacr. Il mourut l’an 513. de PHégi-ä
re n26. de j.C. et Mohammes. Ben-Omar , mort
l’an 7m. de la même Époque r tu. de j. C. Son
principal Ouvrage est’ intitulé : Erlaircissemem
mr le: dxfertnzt: 8cm: du Mahamémmc ; Ou
yrage
74MERCUREDEFRANCL
vrage dont la traduction seroit necessaire pouf
empêcher les hcrivains de l’Europe de coneinuer
leurs méprises sur ce sujet.
La prosperité de cette Ville fut altérée dans
la suite par de grandes disgraces ; la plus fatale
lui vint de la part d’Abdulmumen , Roy de Ma
xoc , qui l'ayant prise,après un Siège opiniâtre ,
la fit démolir et en transporta les Habitans. Al.
mansor , l’un de ses successeurs, la fie rebâtir, et
la repeupla â cause de sa situation; ensortc qu’el.
le devint encore une Place cousidérablumais un
Roy Mahométan de Grenade s’en étant emparé
dans des tems de troublc,il la désola une seconde
fois. Il est vrai qu’elle se rétablit encore par les
avantages du commerce et de la situation _. mais
on remarque que Ceuta n’est jamais revenue dans
cette grande splendeur , où elle s’étoit vuë sous
PEmpire des Califes ,et sous quelques Princes
leurs successeurs.
Il me reste, Monsieur ,’ à vous apprendre com.‘
ment cette Ville a passé pour la premiere foil
de la domination des Mahométans au pouvoir
d'un Monarque Chrétien ; ce qui est un point
(Pflistoire des plus singuliers , et i conduire le
morceau Historique que j’ai entrepris sur Ceuta,
jusquäu temps present; ce qui fera le sujet d’une
autre Lettre , moins longue que eelle-cy , et que
vous nïattendrez pas long-temps. j’ai Fhonneu
d’être , Monsieur . 8re
_ A Pari: , ce 24 Decembrt 173 2..
‘äëä?
NoeLs
x
‘ÀAJANgVIER. 1733.‘ 7’
moeæoeoeææ-«æoeæsæsæ
N o. E L s,
Sur l'air : Laissez. paître vos Bêtes.‘
ABandonnczäcs Astres , V
' Pour contcmplyér leur Souverain;
Modernes Zoroasærcs ,
De la Seine et du Rhin.
Seul il" connoît par quels ressorts ,'
Il a de ses immenses corps .
Réglé les mcrvcillcux accords ,
Vos yeux des meilleurs Verres ,
Ont beau ménager le secours ,
Mille secrets mystcrcs ,
Lcur échapcnr toujours.
‘Après Rohault et Gasscndi ,
Envain tout est apprnfoxrdi ‘
Par les illustres du Mardi;
Leur science profonde ,
Ne tourne pas à grand profit;
Nul ne connoît le monde ,
mu: celui qui 1c fit.
gland dans ‘le Grain et le Pcpin ,‘\
-’.‘
Nature
7a‘ MERCURE DE FRANCE;
Nature tire de son sein,
‘Ifiessence du fruit et du pain ,
Il faut pour ttconnoître ,
Si c’est attrait ou pulsion .
Avoir recours â l’Etre
D’où part toute action.
Qie Fontenelle ait mis au clair,‘
Tout ce qu'on ‘dit du poids de Pair,
De Saturne et de Jupiter; l
Qfî son Aréqpage ,
I-l fournisse ordre et néteté .
Toujours quelque nuage ,
Couvre la vérite’.
Que Bragelonne avec Moyrau ,
Supputent combien cl’eau par an ,
Le Soleil puise en l’Océan ;
La boteale Aurore ,
Les Courbes qu’ils sçavent tracer,‘
Ne leur laissent encore ,
»Q1e trop d’ombre à percer.
Envain le sçavoir ‘réiüni’, '
De Leuville et de Gasstndi ,
Parcourt un espace infini 3
Malgré la longueeétudc ,
De
ÏIANVIER} 1732‘: De iTournefort et de Geoffray .
11' n'est de certitude ,
‘Q1! celle de la Foy.
Qie dans un Ouvrage imparfait j
Nature prise sur 1c fait.
Laisse pénétrer son secret 5
Qÿon étale en spectacle,
Sou inépuisable trésor
La Creche est un miracle,‘
Plus étonnant encor.
ID: Réaumur , adroit Pinceau,
(liand tu nous traces le Tableau ,
De la Mouche et du Vermisseau‘.
Avec toute sa Secte ,
Epicure est anéanti ,
Et par lemoindre Insecte,
se trouve démenti.
Ayde nos yeux , docte Petit , g
‘A voir la structure d'un fruit ,
Tel qu’un Sçavant nous le décrit,
‘Au gré de notre envie ,
Qxe ne peut aussi du Hamel ,
Peindre le fruit de vie ,_
Qii nous vient a‘ Noël.
7sMERCURBDEFRANCE;
De son pouvoir , Péchautillon.
Paroi: mieux dans un Papillon ,
Q1: dans les feux d’un Tourbillon} .
Dans leur magnificence,
Les corps lumineux qu’il forma ,
Montrcntimoins sa Puissance ,
me ceux qu’il anima.
(grand la Citeé de ce Château;
Borgne du celeste flambeau
Les Satellites ou P/lnneau,
Les témoins de sesveilles ,
Peuvent observer dans ses yeux ,‘
Encor plus de merveilles,
Quelle n’cn voit aux Cieux.
ununnnnnnnnnm
PÂ RA L L E L E de 77254717721516
\ et de lu Bruyore.
Ls ont tous deux Pavantage dïécri
re parfaÏement , chacun dans sa lan
ue , et tous deux dans le même genré
âe composition. Tyrtame fut surnommé
Théophraste, dest-â-dire , un homme
"dont le langage est divin 5 si les surnoms
avoient lieu chez nous comme chez les
Grecs , on appelleroit la ‘Bruyete , B0;
i c c
JA NVI 12R’; ‘:732’: ' 7g
ï
che d'or. L’un a lus de douceur dans son
stile et däiménite dans Pélocution ; il y a
des traits plus hardis , plus vlifs et plus pi.
uants dans Faurre. On it vo entiers
%héophraste pour être instruit, mais il
faut vouloir l’étre;c’est une leçon qu’il
faut apprendre. La Bruyere se lit par re
création , il instruit en recréant et sans
qu’on le veüillew, c'est une critique amu
sante qu’on veut lire. Il y a une MonoJ
tomie dans le Grec, beaucoup plus de
variété et de brillant dans le François.‘
C'est un grand Tableau des passions;
chez l’un le portrait d'un grand nombre
d’hommes y est ébauché; chez Pautre ils
sont tous tirez d’après nature‘, les carac
teres y seroient épuisez s’ils le pouvoient
pêtrc. Théophraste a fait des Peintures gé
nérales des vices et ‘des vertus. Il y a quel
que chose dans Pusage du monde qui n’est
ni vice ni vertu a la Bruyere l’a connu et‘
l’a attrappé. Le premier est fécond en
définitions Métaphysiques, toutes bel
les et heureuses , c’étoit peut — être le
goût de son tcms.‘ Le second a aussi tra
vaillé selon le goût du sien _, et les a né,
gljgécs. ' Ï
Théophraste enfin , selon la manierc
de vivre quïlavoit contractée à l’Ecole de
Platon et d’Aristote, étoit VraimentlPlty
, 0S0:
3o MERCURE DE FRANCE
losophe dans ses moeurs, et comme tel il
en vouloir peut-être plus à la destruction.’
du vice même ,qu’il peint avec des cou,
leurs si noires et si belles. C’est un Prédi
cateur zélé cle la i/ertu. La Bruyere plus
_ Versé parmi les hommes _, en vouloir peut.
être plus aux hommes mêmes , desquels
il avoiuleplus à souffrir; c’est un Misang
xrope rejouissant,
P. C. PASSERAT.‘
‘ assstgsssssgsssgssma;
A MADAME la M. des.
RONDEAU _ -
Bon jour, bon an , étoit au temps Gotique,
De nos Ayeux le jargon pathétique,
On répondoit bonnement , grand-merci,
Et ce discours sincete et racourci ,
Naloit alors tout le Sel de lüittique.
Rafinement dont notre âge se pîcque,‘
[ait qu’en se guinde , on creuse , on sälambique {i
yompeux langage a chassé cettui-cy \
Bonjour , bon an.
Qame sans pair, dont la sage Critique , A .
' Blamo
JANVIER. 1732: BÎ
Blâme a bon droit tout Eloge emphatique ,
Tout Compliment de grands termes farci , 5
A vos desirs mon coeur s’ajuste ici,
Et vous disant , suivant Pusage antique, ' 7 .
. Bon jour, bon an.
fi annmsmnnmætasm
R ÊP O NS E aux dix Ver: adrersez. à
M “‘ a’: Malcmir, dam le Mercure
d'Octa6'æ 1732. sur les même: Rime: ,
par Mm D. S. F.’* *
TOy , qui prétends que parmi bons Ecrits ,
Ceux d'une femme ont peine à trouver place ,
Qyi re l’a dit .> apprends-le nous , degraçe ,
'I_‘u te connois assez ‘mal en Esprits ,'
Du nôtre , Ami, soiLdit-sans te déplaire,
L’esprit de _l’hom'me emprunte sa façon ;
Qxoique Malcrais l’ait brillant et profond;
Ceci n’est pas chose extraordinaire ,
Mais naturelle , et partant, ton soupçon ,
N’.est que 1e fruit d’un être imaginaire.
P
üï">ll"il'lïfll<">l<‘%t '*'—Æ*M*"I<‘«r'*"*‘vi***"Ë"*'Ë
L O G 0 G R TI’ H E.
DEvine moi, Lecteur, on-voit â mon usage,‘
Dans de certains Jardins bien des sortes d’herba-l
59-5’ — v E En
i8: MERCURE 'DE"'FRANCE
fin deux coupé, prima , je sets à table ,au lit s
54mm!) , c'est par moi que se forme l'esprit.
Partagé d’une autre maniere ,
Un tiers pour une par: , et deux pour la detnkreg
Nous sommes Jeux , qui dans nos lits,
Où nous passons et jours et nuits ,
Sans cesse , rendons â nos Mcres ,
me que nous recevons d’elles et de nos fxeres ,‘
A Lyafl, T“ ÀI**’E
AUTR E. ‘
Jugez , chez-e Philis , si j'ai le don de plaire; ‘
le contente le goût, Podorat et les yeux:
On trouve un de mes tiers dans le sein de la. Terre,
Les deux autres restans sont au plus haut du
Cieux.
A Lyan, TZÏŸ. Mflflfi.
’Â U T K E.
"Jäînseigne â Pindolcnt ce qu’il doit imiter;
Six membres font mon tout ; si vôus allés ôter,‘
Les trois dernier-s . Dieu ‘a quelle diflîrrencc 1
Sage Lecteur , n’allez pas mïêcoutçr ,
A mon Ecolc on ne [leur profiter.
ROQÙ ‘TIÜC
440-."
JANVI E R‘; 1m: es}
UFUTRE L0 G0 c; R rp H2:
Mon tout des plus petits, est pourtant un!
graine , v_
p OEi sert avec utilité. . a_
‘OEenversé , c’est par mOÎ qlfunc Terre lointaine;
‘Conserve sa fécondité.
l 1'
On a dû expliquer PEnigme du pre
mier Volume de Décembre par leMturpzie-r.
EXPLICATION du Lagofgrypbra
UN Gant est produit du meilleur sang cl;
Monde:
{il ne reçoit le jour d’une mere féconde, _ , ' _
‘Que pour périr bien-tôt par-les mains d’unBour-Z
_ reau . ,
‘QQixan, dluile-mdêesmseeidneviesetntprsiosn eftunqeust’eontovemubtealue.déc‘
truite , -_
Le feu , le fer et Peau , tout conspire à lui nuire.’
Plus on a soin de lui, plus il doit avoir peurs
Et ce trop heureux temps présage son malheur.‘
Combinez ses cinq pieds ,«Grate sombreet riante,‘
Au plus fort de l’Eté , paroît très-attrayante;
Discrete, solitaire , agrément des Jardins;
Elle est propre à cacher les amoureux larcins ,
0g en trouve en Europe , on en trouve en_Asieg'
«_- s . s. E l) E!
{s4 MERCURE DE FRANCE
«E; jusques aux Déserts de l’ardcnte Libye g
, Et dans ce dernier sens, sa lugubre noirceur;
A Fhomme le plus ferme, inspire la terreur.
Si vous changez encor son entiert structure , -
lu volatile , Ergotptrès-souvent sert d’armure;
1l est aux Chiens , aux Chats , un signe de bonté,‘
Et si vous lui donnez iliiïerente tournure ,
En lui vous trouvez Rot, vent de vilain augure.‘ '_
Le fameux Peuple Got , par Tacite vanté.
IJOr , qui du pâle Avare augmente la torture.
Le Tribunal de Rote, aux Prélars affecté.
4 la Campagne , enfin , POyge qui nous procure,‘
çinsi quïux Animaux , une ample nourriture.
u
- Les mots des autres Logogryphes sont
Iflgën, If, Noël.
' -Les mots des Logogryphes et de P54
nigme du second Volume_ de Décembre
sont ‘Universel, Ykblouu , la Gal/t.
JANVI ER’. I733‘. 3‘;
‘saaaasasaaaaa
NOUVELLES LITTERAIRES
DES BEAUX VARTS,&C.
i ' E cu si L de Piéces d’Histoire et de
[Littérature , Tome a de 2.34 pages,
sans la Table des Piéces contenuës dans
ce Volume , et celle des Matieres des deux
premieres Parties de ce Recüeil.
l Ce Volume contient des Pièces curieuse
ses en elles-mêmes, et dont la matiere
. est digne d’être traitée , mais qui piquent
moins la curiosité des Gens de Lettres ,'
parce qu'on les rencontre en plusieurs En
droits : cependant on ytrouve aussi du
neuf, et ce qui fait le plus de plaisir,c’est
que cette collection évite au Lecteur la.
peine de lire des Dissertations longues et: . ’
ennuyeuses , en lui présentant_les mêmes
matieres traitées en peu de mots , succ_inc- q
tement, solidement et avec clarté. ' _
_La premicre Piéce est une Vie de Plu-q‘
rauque , traduite en François: de l’Angloîs
de M. Dryden. C'est un morceau cu
rîeux qui méritoit bien d'être traduit en
notre Langue. On trouve ensuite un Dis
cours sur l’Etat des Nations à la naissance;
‘ E xij de
e; MERCURE DE FRANCE '
de l’Eglise. L’Auteur s’applique à mon
trer que tout concouroit à la Naissancè
de Jesus-Christ pour Pétablissement d:
son Eglise , PEtatlet la Religion. C’est>
comme l’on voit le même Plan qu’a tenu.
M. Bossuet dans son Discours sur l’His
toire Universelle. L’Empire Romain est
étendu dans les trois parties du monde
connu , et est regardé comme le seul Efm
pire de la Terre , lorsque le grand Roi ,
le Roi de l’Univers va paroître. Le Mon
de goûte une aix generale lorsque le Roi
de Paix vient ‘apporter avec lui. La puis-j
sànce des Romains sert à Paccomp isse—
rnent des Propheties par Pordre qui en.
vient dans les diflèrcntes Provinces de
PEmpire , pour une Description generala
d‘: tous les Sujets de cette puissante Mo-Ç
narchie 5 le Messie naît dans Bethléem de
Jirda; par cette puissance la Tribu qui
porte ce nom pet son autorité , les Gen-ï
tlls qui devoienr entrer dans les promes-e
ses et dans l'alliance de misericorde , se
rêünissent avec les J uifs pour immolet
PÏ-Ïiostie de ptopitiation , qui par le méï
rite de son Sang va desdeux Peuples n’en.
faire qu’un; enfin par cette même puis
sance Jerusalem est détruite , le Temple
.rasé et la Synagogue des Juifs anéantie
avec ses Autels. '
._ v _ ce
JANVIER. 17'3;.' 87
Ce n’est pas non plus sans misterc que
Rome devient le centre de l’Empire de’
lÏUnivers , pour Pêcrc ensuite de la veri
table Religion; que les Nations y aboraj
dent de toutes parts , afin quklles y teçoi-f
vent le cuit; du vrai Dieu au lieu des vaiä,
ries richessespti des honneurs périssables,’
qui étoientle but de leurs voyages telle
envoya: par tout des Colonies pour y pot‘)
ter ensuite la Foi de PEvangile; le Messie
pvient dans le Temple lorsque Rome est
dans le plus haut point de sa grandeur, e:
t que la politesse , l’E5prit , les belles Let
tres et les Sciences y brillent avec plus
d’éclat , afin u’en étendant tous ces
avantages dans (ies Pays où elle étend sa»
uissance , elle y établisse la politesse,»
iiurbanité; en un mot, un esprit de socien‘
tÉ-qtii donnât quelque ouverture à la pré
dicarion de [Évangile , et qui disposât
les Esprits à lÎécouter. Par là PEV-angile
(Ïevoit heriter de toutela richesseet de la‘
Sçience de Rome : par là la Foi fait voit‘
qu’elle sçaifsoumettre â sa misterieuse obsi
curité les plus sublimes génies, et qu’ellc
n’a pas besoin de leurs secours et de leur
éloquence pour établit son Empire pat
toute la terre. . . *
« , Si l’Etat Civil disposait tout à Parrivéa
du..Messie , jlîfime de 1a Religion mon-x.
;__ ,, E iiij trois
à? 77"
à? MERCURE DE FRANCE
troit encore davantage le besoin que les
hommes avoient de la nouvelle Alliance‘.
Ils avoient de belles Loix‘, mais elles n'é
toient point observées; le Corps de leurs
Loix étoir corrompu par un grand nom
brc d'autres. qui permettoicnt plusieurs
désordres ; la Religion étoit plus horri-r
ble encore , c’étoit elle qui apprenoit aux
hommes à devenir méchans , les Fêtes des
Dieux étoient des jours de brigandagcs cc
de désordres ; les Temples étoient des
Ecoles dîmpureté , dïrreligion ;_ tout
Dieu y étoit bien reçû : Rome adoroit
ceux qu’elle avoir vaincus , et de vaines
Statuës sans sentiment et sans connois
sancc étoient victorieuses des vainqueurs
des Nations et des maîtres du. monde. Le
seul vrai Dieu y étoit inconnu , lui seul
n'avoir point dfAutels nide sacrificateutâ;
point de culte ni (Ÿadorateurs. UEgyptc
et la Gréce avoient aussi leurs Dieux 5
mais quels Dieux! ose-t-on les nom
mer , tant ils sont capables d’humilier
Ïhomme.
: La‘ Religion des Juifs étoit elle-même
mêlée de superstitions et de Traditions‘
purement humaines; en un mot, toute la
Rcligion des diflerens Peuples _, leurs"
Loix mal observées , leurs Sacrifices abo- '
minables aux yeux » de Dieu 3‘ leurs cr—"
. {CHIE
J A N VIE R. 1733.‘ '89‘;
\
rçurs montées à. leur comble, tous les
raisonnements et les Systemes des Philo
sophes épuisés , montroient à Phomme le‘
besoin qu’il avoir d'une Religion qui lui
apportat enfin des connaissances , qui
pûssent fixer leurs esprits au milieu de
tant de monstrueux égaremens , et qui‘ '
. leur donnât des forces" dont ils sentaient
la necessitê ’g pour accomplir leur devoir ,‘
et pour suivre la voye de la verité et ‘de
la vertu.
_La Piêce suivante traite des donations
de Pcpin et de Charlemagne faites à l’E-'
glise de Rome; on y montre qu’ellesï
sont le commencement de la souveraineté
temporelle des Papes; L’Auteur de cette
Dissertation ÿapplique à y montrer q.u’a'-'
vaut la donation de Pepin les. Papes n'ont,
eu aucune souveraineté 5 ni à‘ Rome ni
en Italie , ni en aucun Endroit : et que;
les Rois Pepin et Charlemagne étoienc»
Maîtres et légitimes possesseurs des Pays
qu’ils ont donnés "aux Evêques der
Rome. v ».
La 3.Piéce est une petiteDissertation sur t
les faux Prophetes , et sur les moyens de
a legdiscernet d’avec les Prophetes vérita-j:
bles; L’Auteur yléxamine trois Points.
Le premier , quels étoient ceux que l’E-;'
crieur; repûsentç comme de faux P104
E v pheg
LÀ
9e MER"CURE' DE FRÏANCE
phètes , et de combien de sortes elle en"
distingue. Le second , si ces faux Pro-'
phetes pouvaient reconnaître eux-mêmes
quïls étaient dans l’illusion. Le troisiéa
me , à quelles marques extetieures le peu-i
ple pouvoir discerner les vrais Ptophetcs
' dävec les faux.
- On trouve ensuite une autre‘ Disset.‘
ration sur la Collection (Plsidore , ct sur
les Décretales attribuées aux premiers Pas;
es. On y examine 1°. Qxelles étaient
lesCollecrions de Décrets‘ avant le neu
v-iéme siècle , et s’il y en avoir quelqtfu.‘
ne qui pût être regardée comme le Code
de PEgIise Universelle , ou comme le
Code d’une Eglise particuliere. 2". Ce
qäfavoit de particulier cette nouvelle
Collection , et qui s’en est déclaré PAu-f"
tèur. 3°. Si cette Collection-des Décreta-ä
les est suposée par un imposteur comme
on le dit communément. 4°. Si ces Let
tres des Papes , "inconnuës avant ChatleJ
magna: , inttoduisoient un nouveau droit
touchant lcs appellations à Rome. 5°. Sis
on peut croire que ces Lettres sont des
Papes dentelles portent le nom. 6°. Qxel
usage il faut faire de ces Lettres pour le
Dogme ou pour la Discipline. Ce dernier '
article n’est pas rempli.
» A la suive de cette Pièce l"Auteur’ de
‘ -. - ' se
4
J A NV I ER. 1733. 9;‘
‘ce Reciieil en‘ a joint une autre intitu
lée : Senfimens dfim homme d'esprit Jur l4
nouvelle intitulée Don Carla: .- destpune
Critique délicate et polie des défauts de
cette Nouvelle. " '
f. La Pièce qui termine‘ ce Volume est une
Réponse de M. B. . . Conseiller au Parle-j
mentde B. . . à une Lettre que M. Du-e
rand lui a écrireau sujet des Discours de
M.- de la. Motte sur la Poësie Dramati
que. L’on y trouve plusieurs expressions
basses et triviales‘, et des traits dans les
quels cet. illustre Auteur n’est pas beau
coup menage. .
On ‘voit ,«au reste , que PAuteur de ce
nouveau Recueil shpplique à diveisifiet‘
ses matieres ,et a promener agréablement
son Lecteur , tantôt dans les détours de
lïi-Lisroirc ,.ranrôt dans ceux de la-Criti
que , tantôt dans le sérieux 5 et. tantôt
dans le stile cnjoüé et badin.‘ Il.y a lieu
dïes ercr u’il continuera de rendre le‘
q .
même soin pour le choix de ses Pièces.
Son Recueil en- ce cas sera curieux et reg‘
cherché.
_- GLOSSARIUM Enrzemticitm m4 Dictia-î
rmrium nez/nm , 0c. dest-à-dire , Glasmi
re- en neuf Langues, ou Dictionnaire nou
ycau pqur. lïntclligenceïde neuf Lan-f
. . _ E vj gues ,
9s.» MER CURE DE FRÂNCE
l
gucs , ÿçavoit : le Latin , le François , PIS‘;
talien , l’Anglois , ‘lilzspagnol , l’Allc——
mand , FHebreu , le Grec Littoral et le»
Grec Vulgaire , disposé suivant une Mé
thode qui forme pour ces neuf Langues
soixante et douze Dictionnaires complets
et. très-utiles , non-seulement aux gens
(le Lettres , mais aussi âceux «qui n’ont
aucune teinture de Latin , comme les
femmes et toutes les autres personnes qui
«par leur éducation et par leur état se
\
trouvent bornées a leur Langue mater
nelle : Ouvrage postume du R. P. Cas
sien , Capucin. . .
sCct Ouvrage est annoncé au Public. par
un Programme Latin et François , impri
’mé en 1731, qui ‘n’est venu que‘ depuis
à notre connaissance. lîsuraisons qui ont porté l’AOutneuyr àtrcooumve
poser cet Ouvrage; la maniere dontil a
eré distribué et dont il doit être imprimé ,‘
suivant l'étendue‘ et Perdre du Manuscrit
de l’Auteu-r. _
L’Auteur du Programme passe ensuite
au dessein et à la division de l’Ouvrage s
il fait remarquer jusquï‘: quel point ce
Dictionnaire se multiplie par le moyen du.
Latin , et quelle est son utilité. Il donne:
une idée generale des 72 Dictionnaires
que ces neuf Langues fournissent, et que
ce
4 4 k Ë
Î JA.N'V I E R.‘ 1733.‘ d 9g‘
ce Glossaire explique dans route leur‘
êtenduèäfll fait voir la difietence de cet’
Ouvrage d’avec les autres Dictionnaires
en plusieurs Langues : il donne ensuite le‘
Prospectus de POuvrage et de ses parties ;
après quoi il fait quelques remarques qui _
servent à entendre Pample détail qu’il‘
donne enouize de ces Dictionnaires , qui;
montent jusqu’â 144.. Il y a joint une‘
Méthode en faveur de ceux qui ne sça
vent pas le Latin , quoique le Latin soit
la clef de ce Dictionnaire , pour qu’ils
' puissent s’en servir utilement à apprendre
es Langues qu’ils veulent sçavoit. _
-» On y trouve enfin dans la Conclusion
du Programme un ex osé de la capacité
du Pere Cassien danslp
Eanguts, papacité que quelques Curieux
ont trouvee msques dans le nom de ce
Pere. Les Approbations terminent le Pro
gramme.
» Voilà, pour ainsi dire, une Esquisse du
Glossaire , disons quelque chose des ce
que le Programme rapporte en détail.
Nous y apprenons que le R. P. Cassien
plein d’un zele ‘tout-âfait loüable , réso
lut de donner en faveur de ‘ceux qui pot-i
tent parmi les Nations la prédication de
lOEvangile , un Dictionnaire qui pût leur
a connoissancc des
faciliter la cqnnoissance des Langues , qui.
SQÏXÎ
n
,4. MERCURE DE "FRANC!
sont les plus étenduës dans Plîurope.‘
Comme il les possedoit parfaitement , il
résolut d'abord de donner un Dictionnai
re en six Langues , sçavolt le Latin , le
François , l‘Italien , l’Anglois , le Grec
Littcral et le Grec Vulgaire. Ce Diction
naire devoir par le moyen du Latin Four
nir jusqifä trente Dictionnaires: en effet ,1
il le composa et en» fit même imprimer;
le Projet: il en ajoûta ensuite trois autres,‘
sçavoir l’Hebreu , l’vAllemand et l’Es a
gnol. Pour l’Allemand il en a acheve le
premierxDictiontiaitc , quiest de l’Alle
mand en François et en Latin ; mais pour
le second qui est celui du Latin en Fran
çois et en Allemand ,il ne pût Fachever,
prévenu par la mort.
M. de Vogel, à la sollicitation du Pere
Urse Capucin , a suppléé à cette perte ,
et c’est à ses travaux que le Public est re
devable de la perfection de ce Diction-q
mire. L’Ouvrage est divisé en deux par
tiez. : dans la premiereJes mots latins sont
expliquez dans les huit autres Langues g
dans la seconde , les huit Langues séparé
ment sont traduites en Latin. Or , en
multi liant les raports avec lacs Langues qu'ondeecxepslieqxupeli,caettiodnes
ces Langues les unes avec les autres , on.
montre que ce Dictionnaire qui fait envi...
. Ion
JANVIER} .1733." 9;‘
ron deux volumes In folio , tient lieu de
r44. Dictionnaires , dont l'acquisition se
roit impossible à bien des personnes. De—'__
là on apperçoit facilement l'utilité et tout
l'avantage de ce Glossaire. Il sufiira pour
faire connoîrre le mérite de cet Ouvrage
de faire remarquer que M. l’Abbî- Renau
a6: , qui ,' comme l’on sçait , avoir des
connoissances si profondes et si étenduës
sur les Langues , en fit Péloge dans Pap
probation qu'il donna àPAuteuren 171 r.
rapportée à lafin du Projet.
Nbublions pas d’avertir les Libraires
q-uo le Programme détaille en particulier,
la maniere dont ils doivent im rimer ce
Dictionnaire , et la forme qu’i s lui doi
vent donner _, eu égard au nombre et à la
grandeur des volumes dans lesquels ils le
distribueront. Le Programme se trouve
à Paris chez le sieur LangloisJm primeur,
ruë S. Etienne d’Egrès , au bon Pas:
tout.
Anneau’ dePHistoire de 24. Peres de
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
tesse 5 une netteté d'expression , et , si
j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
Mvsæ RHETORICES seu Carminum li-' _
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
Consmntem L onoicr animum. Livet aria Ring,
Àtque jaci fugiimt , ager Mme» ipse jocamr ,
Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
. V3
m, MERCURE DE FRANCE
' î’i prvpria extrudit virus , plantasque salnkres ,
Qe/as pari: ipsn. , tiäi solers Medieina , ministmt ,
Pharmuaque et parus agro interdieit amaros , I
Èt proml ire juëet «venu. instrument/t semnda ,
Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
dens ,
Ne: sueei , planuque lev/tut, superant-ve dolarema
Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
fltque Profeem Polo , nutrita m6 I-Imcuu-z virtus.
l
Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
ntram ,
E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
rem ,
v Ut damita intnctam Pesti videre , triumpbum , .
Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
Unanimesqtu nm’ manimmmm insigne triltm
fi” 9 L
Extra;
‘n
æ
JANVIER. 1733.‘ ‘m,
‘î, _.
Extruxere , êrew‘ signutum curmine , Amas-i: , l’
Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce. ’
TRAITE‘ DES DISSENSIQNS entre les
Nobles et le Peuple, dans les Républi
ques d‘Athénes et de Rome , 8re. L’Art
de ramper en" Poësie,et l’Art du MCfl-z
songe Politique , traduits de ’ nglois cle
M. Suvift; in 12.. de 564. pa , ‘sans les
Tables ct lüäverrissement. A Aletbobaé
thapseudopolis , et se vend à, Paris , chez.
Îean-Frnnpois fosse , me‘ S, Jacques, à I4
Flenr de Lys d'or. 1733; i a ' '
._ Le nom seul de M. Son/ifs, Auteur des
Voyages de Gnlliwr , traduits en Fran-L
coi; depuis quelques années, suffit pour
rendre ce Recueil recommandable; les
trois Traitez dont il est composé, sont
‘légalement interessans‘ chacun dans son
genre. On voir par le premier ,qui est
_
A
l JANVIER.‘ 17.33." ‘m7
1'111 Ouvrage sérieux; combien l-es Dissen<
Jsions sont dangeripuses dans quelque Etat
ue ce soit; u’e äue jamais (qu'auesdénseasveantteargmeinednhttiirdeess
deux partis , ou même au désavantage de
tous les deux , et que souvent la Tyran
“nie d'un seul en est le fruit. L’Auteur y
ta principalement en vûë les troubles
ecPAngleterresmais ce qu’il dit de cet Etar‘,
peut servir (Plnstructlon à plusieurs au
tres Ro aumes. ‘ -
Le secyond ', est une Critique badine et
ironique des Poëtes modernes, qui au lieu
de suivre les anciens, et de tendre au vé
ritable sublime , ont suivi une nouvelle
‘routgen se livrant à une façon de penser,
bizarre etanti-naturelle ,et enséloignanc
des routes du sens commlun , pour courir
a rês le faux bel Es rir,i est intitulé:Tra'i
"ri; du Barn: ou du gtofond. L’Auteur fait
sentir que certains Ecrivains croïant s'é
lever jus’ u’au sublime , tombent plutôt
dans Pabime , ce qu’il appelle le profond
ou autrement le 1ms. '
Le troisiéme est un Extrait burlesque
d’un Traité imaginaire du Mensonge Po
litique, qu’on feint être actuellement sous
fjäessecpt qu’on proposp par slousäqption.
A n y istin ue et ex l ue es l eren
tés sortes degMensongpesîlet on donne’ un
"3 F Prof
4108 M ËRCURE DE îFRANCE
, Paroîtra allégorique en bien des endroits.
\
ÿrojez plaisant pour former une Êranÿ
société de gens habiles à forger, à (bite;
‘et à faire circuler les Mensonges ', cet Ecriz
È
, . La TRIOMPHE DE LA PAuvnxtr’ et des
humiliations , ou la Vie de Mile de Belg
1ere de Woncbay , appellée communément,
‘Soeur Loüise, avec ses Lettres. A Paris”
chez. Gabriel Martin , rué S. Iacgnegtnz
in r2. , de4oo pages. , _
.- On-artribue cet Ouvrage au R.P. Mail-'
pflard, Jésuite. Nous n’en ‘pouvons donner
_une idée plus juste et plus avantageuse
._qu’en rapportant les propres termes du
Censeur ‘Royal. n On y voit, dit-il, un
a: amour et une pratique de" la pauvreté et
n des humiliations bien extraordinaires;
_ n mais elles ne renferment néanmoins rien
a >> que dédifiant, et qui nestende à la plus
n grande perfection du Christianisme.
lEn Sorbonne, ce 7 Octobre 173i. Signé,
,42”. leMoine, Docteur de la Maison et
Société de Sorbonne , Chanoine de Saint
-Benoîr. ' ‘ "
_ _ TUSCULANE m; CICERON , sut le mé ris
Île la Mort, traduite par M. PAbbé ‘O
jivet , de l’Acaclémie Françoise, avec des
Remarqpes de M. le Président Bouhieä,
._ G
.1
‘Ï’ ‘i JÂNV Ï E R3.’ 1733Z Ici
de la même Académie j. sur le Texte de
Cicérom-On y a jtfirr le Songe de Sciîo
pion. Chez. Gandoüin , Qxay des Augusä
tins, 1732. in 12.. a,
* ExvLr-cAüoN du Livre des Pseaumcs 3 *
où , selon la Méthode des SS. PP. on s’at-_
tache à découvrir les Mysteres de]. C. et
les Regles des Moeurs , renfermée dans la‘
lecture même de PEcriture. Chez Fmngai:
5412m] , ruë S.‘ Jacques ',' r7; 3. 4-. volumes
m rz.
‘ ÈSSAY- Sun. LES Ennemis POPULAIRES’;
du examen de plusieursopiniofls, rcçuës
domme vraies, quisont fausses ou dou
teuses. Traduit de l’Anglois de Thomas
Brown, Chevalier et Doçt. en Médecine.
Chez. Pierre _Witt_e , ruël 5.1 Jacques , et
Èidar, Qxai des Augustins , 1733. 2.. vol.
d:
m Q1 2..
. Ecwcurs de M. de Segrais, de I’Aca.‘
demie Françoise, avec les Passages imite;
des Poëres Latins. L’Athys, Poëme Pasto
ral. Le Portrait de Mademoiselle , du mê
me _Autcur ; nouvelle lEdition. iCbeæ la
13m, de Larme! , tuë du Foin.
_jfï..-.
rfiij Ï ' Mg;
Iro ME RCURÀE DE FRANC E}
MEMOIRE nr. LA Covn n’Es_pAexz ,'
rdcpuis Fannée 1679.q'usqu’en 168x. où
on verra les Ministercs de Don Juan et
du Duc cle Medina Celi, et diverses cho
ses concernant la Monarchie Espagnole.
Chez. lasse, rue S. Jacques, 173;. in u.
I
P ANEGYRIQUE de S. François
d’Assisc, prononcé dans l’Eglise du grand
Convenr des R R. P P. Cordeliers de
Paris, le 4. Octobre 1732. Par le Par:
Poisson , Cardelier , Prédicateur ordinaire
_du Roy, Ex-DéfinitaurGeneral de tout l ‘Or
dre de -S. François , ancien Provincial, et
Premier Pare de la grande Province de Fmn
ce , eÿw‘. Brocñure in 4.. de 102. pages,
sans une Préface , qui en contient 12.. A
Paris, chez F- Joue , ruiSaint Iacqucs,
M. DCC. XXXIII, _
Si la grande réputation du R. P. Pois
1
son lui attira un nombreux Auditoire dans‘
l’Eglise où il prononça ce Panégyriquc,
il ne faut pas dourerque Pimpression de
cet Ouvrage , depuis refléchi et orné par‘
l'Auteur, nexcire les mêmes empresse
mcns pour sa lecture. Nous voudrions
bien pouvoir en donner un-Extrait; mais
c’est un Ouvrage si rempli et si étendu ,
ue cette entreprise nous portcroxtv 1n
gnilliblement ait-delà des bornes dans lcs
- e _ ' 1 quelles
J A NV I ER. i733. j n!
quelles nous sommes nécessairement res
serrez. ll est d'ailleurs de certaines pro
ductions qu’il est à propos de voir dans
leur entier , et qui ne peuvent que perg
dre par des Extraits. .
Comme le R. P. Poisson a parlé dans
son Discours le langage de l’Ectitu_re,'
' des Peres et des Ecrivains Ecclesiastiques,
et qu'il n’y a pas omis les autoriiez des
_ Auteurs Profanes _, des Poètes mêmes
‘Grecs et Latins , appuyé de cette expres
=sion de Tertullien : i‘ O testimauiu vari
tutis que upud Cbristiamarum ! iilpam eduomsaoniinaldetesfteanitre im
primer exactement toutes ces autoritez ,
qui en insttuisant, ne donnent pas un
‘petit ornement au corps de l’Ouv'ragv,
et marquent une prodigieuse lecture de
la part de l’Autcur. , .
î ' Cette Méthode, au reste, est justifiée
au long dans la Préface, et se trouve ici
bien differente de celle qui éroit en vos
gue il y a 150. ans. Elle consistoir, dit
u le P.Poisson, à faire un prétendu Sermon
n François d’un amas de Citations Grec
» ques ‘et’ Latines , cousuës presque sans
ndessein , avec quelques mots de notre
n Langue , qui croient la seule qiose que
n le Peuple pût en tendlre. Louons- 16s Ora
g Lia. de TestitrnvfnimwCwz. __ “
w ‘ F iuj acteurs
Q
‘tu. MERCURE DE FRANCE
nteurs qui ont banni ce mauvais goût.
n mais ce ne doit pas non-plus être à la.
nmode de ne mettre dans des Discours
n qu’en a ppelleEvangeliquegque des ph ra.
» sestoures languissanres, toutes vuides l,
n toutes moribondes , que de vaines iina
.3) ges , des raisonnemens énerver, des
a preuves froides, des comparaisons in
ca sipides. , ' .
Le sçavant Panegyriste est , comme
nous Pavons dit, bien éloigné de cette
maniere de prêcher ; on peut: dire en
gilet qu’en citant un si grand nombre
d’autoritez, il s’est parfaitement accom
modé au goût de ce Public éclairé , dont
il parle en ces termes. q _
_ n Il veut, ce Public,-que nous sçachions
o) si bien fondre nos études , qu'avec la
n substance et l’esprit des grands Ecri
r» vains, nous lui donnions des Périodes
» vivantes , des descriptions animées , des
"raisons solides , des preuves victorieu-_
s: ses , des autoritez respectables et‘ assor
Ÿties; il aime à trouver dans la force de
7’ nos Discours la garantie de notre capa:
9’ cire’ ,2‘: ne pouvoir nous soupçonner d'i
”_ gnorance, et nous regarderxjusques dans
ê’ la Chaire Evangelique , comme un Airain
D sonnant e: comme- une Cymbale retentir-q
v sante, 1. Corinrh. 15.2..
r _ , Enfin.
JANVIER. 173;.‘ tf3’
" Enfin il faut comîenir que tohuf ce Dis
cours, d’une pour ainsi-diraes,seiznonodnëld1ee étcee Fleëuv,eedste:
Litteratute , qui est si nécessaire à l’es:
prit pour produire quelque chose cle grand
et d’accompli, suivant la pensée et l'ex
Pression. d’un Ecrivain de l’Antiquité la
plus polie: Neque cunciperç , nm caler: par
tnm {ment patît, trin‘ iflgffili flumine Lit-_
ter-arum 1mm 4m. '
e L ETT Riz-de M. Betttand , Médecin ;
à M. Deidier, Conseiller Médecin du‘
Roygôcc. et premier Médecin des Ga
feres. A‘ Avignon, P47 la S ocieté , 1731..
Produire in 12v. de 3o. pages.
" Cette Lettre écrite à Marseille le 2 5.‘
Novembre 173zuroule sur une ancienne
querelle entre PAuteur et M. Deidicr ,1
l'un des Médecins envoyez à Marseille
par orälrei dan" Roy , en Pannée 1721p.
tem s e a etniere conta on; uere e 1
renditveliée par ce dernier ,g1et de (sliivieil
le date, que M. Betttand , ‘aussi bon Ju.‘
risconsulte ‘ue ‘bon Médecin ', ennemi
iäillleurs deq toute dispute outrée, ap
el c âison secours la L0 de la res
Ëtiption. y ‘ P
V »Vous le sçavez , Monsieur, lui dit-il,‘
Il. ar que ne. sgavez-vous pas? que les
‘u F il zaLoix
l
l
114. MERCURE nr FRANCE ‘
nLoiî ne donnent‘ qu’un an à ‘uneper-I i
" sonne oflnsée pour tirer raison de Pin
» jure qu’elle a reçûë. On a crû que» pout
99 le repos de la Société, il ‘falloir fixer
n un terme au ressentiment des injures
n pour ne pas perpétuer leshaines et les
nquerclles. Après ce temps-là la plainte
nn’est plus écoutée, et la personne offeng
nsée ne peut plus demander de réparaæ
u tion, HM 2min, dit J ustinien , dissi
n mulmione uboletur. De quel droit venez
» vous donc après douze ans. faire revivre
ï‘ une querelle déja éteinte, et dféchat-Ï
:2 ger route la vivacité de votre ressenti.
n ment sur une personne qui est sous
n la protection des Loix; etiqwune presg
acriprion légitime a mis à’ couvert de
arvos recherches? Les. disparesLitrerai-i‘
a; res auront-eleles plus de privilege que
n. les autres? ôte. - e
La Peste de Marseille, et urne Relation
Historique de cet Evenement, attribué: l
à M. Bettrand , font le suiet de la que- l
selle dans ilysïexgir ici._ La Relation est: i
attaquée par Deidiergnt M, Bertrand ‘
nepousse les attaques dqgson Adversaire,
qnrlquefois un peu vivement , à l'exem
ple e son Antagoniste. il y a cependant
tout lieude croire ‘que c’est ici la der
niere Piece de >ce.Pre5è-S «I-Îîîfilaairq, suif
' . . ‘i. e
J‘ A N V I E R.- 1733. n;
le Jugement quigppartient aux Lecteurs
intelligens et desinreressez. Qwiquïl en
soir, M. Bertrand proteste sur la fin de
sa Lettre ,que c'est pour la dz-rnierc Fois
qu’il mettra la main à la plume sur ce
sujet. Le Public y‘ gagnera par lïapplica
tion que cet habile Médecin continuera
de lui donner, et son silence pourra proa
duire le même effet à Fégardde M. Doi
dier , qui est en état de rendre de grands
services â la Médecine et à larChirure
gie, dans le poste qu’il occupe.
DmrfoNNAme FRANÇOIS Gemme ou
François Breton, nécesâaire à tous ceux
qui veillent apprendre à traduire le Fran
çois en Celtique ou en langage Breton,
Four prêcher, catéchiser et confesser se
on les difïerens Dialectes de chaque Dio
cêsegutile et curieux‘ pour sïnstruire â
fond de la Lanxue Bretonne , et pou-s
trouver Pétymologie de plusieurs mots
François et Bretons , de noms propres de
Villes au de Maisons. Par‘ le P. F. Gré
goire de Rosrrenen, Prêtre et Prédicag
tcur Capucin , 173 z. in 4.
OBsmvATroN sur I’Origîne, la Consï
titution et qui percent _lIaesNVaatiusrseeaudxes, lVeserÊsilideers M, elets i
Jertées et lesfistacædcs‘, avec deux Plan
. ,. ' ' F vj ches".
116 MERCURE DE FRANCE
‘ches où ces Vers sont gravez d’aptès Na;
turc. Par: Romset‘, Membre cle la Son
cieré Royale des Sciences‘ de Berlin. A
‘la Haye, chez. Adzxilloetjenr.
V S. Eusnnrr HLERONYMI Stridonensis
Prcsbyreri Opera,în X. Tomos disrrï-j
bura. Post Monachorum 0rd. S. Benecf.’
è Congreg. S. Mauri recensionem , de-j
nuô ad Manuscr. Codices Romanes,
Ambrosianos , Veronenses , 23cc. 'castigata,l*
8Ce. Opera et Studio DoMmrcr VAL;
LARSII, Veronensis Preslàyrerï : ô em fe
tenribus aliis in eadem Civirate ireraris
_ et præcipué MARCH Scivmns MAFÏ-‘EJO.
Vemtm, M. DC c. xx x1 r: Fer Petrum
Antonium Ber/mm et ïaoabumVallarsiùme
Le Titre qu’on vient de lire est à la.
tête d’une' petite Brochure de 1€. page:
in S qui nous esr envoyée d*’Italie, et
qui contient en Langue Italienne le Plan.
d'une nouvelle Édition qu’on prépareä.
vVerone des Oeuvres de S. J crôme. PIANO
dfima nuer/d Ediziqne che si e’ akxzim di
mtte le Opçre di S. Gimlnma. On ne peut
qu’avoir très-bonne ojinion dîme pa
reille entreprise , quan on a vû dans le
Praxpectus‘ tout le détail sur lequel roule ‘
son execution. '
Nous avons reçu en même temps un‘
Û i. \
“m9
J A‘ N ‘V I ’E'R_.‘. 173;. 1x7
autre Plan dbuvtage, qui sïmprimerz
aussi à Veronne, auquel toute la Répu
blique des Lettres doit prendre interêc.
Le Plan imprimé en Latin et en Italien
de 8. pages in 4. porte ce titre: Pnos
PECTUS Uniwrmlis CollectionisLatinamm,
Veterum, m: G mcarum, Ezbnimmm et Chris
iiamzrum Inscriptianum, que”; 720w: Vara
mnsis Sociaux totim Europe dam} ,.reiqne
antiquariz studjosi: homimbus exhibe; a0
prapanit.
M. le Marquîsfllatîci a entrepris ,ose-‘
Ion ce Programme, le Recueil le plus
étendu et le plus complet , qui air encore
paru de toutes les Inscriptions Grecques
et Latines qui ont été publiés.’ deuils.
plus de deux cent ‘ans dans differenees
collections , ausquelles il doit joindre un.
três- tend nombte däutres Inscriptions
dan-fics mêmes Langues , qui n'ont point:
encore été rendues publiques et qu’il a.
recueillies auec beaucoup de soin et de:
dépense depuis plus de vingt années.
Les Inscriptions déia publiées, seront
rangées dans ce nouveau Recueil _dan9
un meilleur ordre ue dans ceux de Grut
cer , de Fabteti ,et s autres Antiquaires;
et ce qui est plus iunportant, on fera un
choix de‘ ces Inscriptions, en teiettant
celles qui paraîtront fausses à Pillusrre
. ‘ " Éditeur
118 MERCURE DE FRANCE.’
Éditeur, et en rétablissant celles qui _,
après une exacte Critique , lui semblcq
ronr avoir été alterées.
Tous les Sçavans , les Antiquaires
sur tout , sont invitez à- concourir-à l'ac
complissement dâun si grand dessein, en
envoyant à M. le Marquis MalÏei des co
pies fideles des Inscriptions qu’ils possedent,
en indiquant les endroits d’où elles»
sont tirées , si mieux ils daiment les faire
imprimer eux-mêmes incessamment. On,
recel/ra aussi avec plaisir les conseils ce
les lumieres des Sçavans sur le même sujet.
Les Paquetsseront adressez par la Poste à‘
M. François Mnselli , Chanoine et Archi
prêgre de la Cathédrale, à Veronne. r‘
' Comme l'impression de cet Ouvrage,
ne sera commencée que dans dix-huit
mois, M. Mafliei pour Penrichir et pour
le perfectionner encore davantage ,.doit
employer ce iemps à parcourir difierenss
Pays pour faire des recherches , de nou
Vcllcs découvertes , Sec. e
Tout POuVrage contiendra 6. ou 7.
Volumes in-fblio, ersera enrichi de No
fcs , d’e'claircissemens , de Traductions et‘.
des autres accompagnemens qu’une telle
maticre peut exiger. Enfin , le sçavant Au.
1'681‘ publiera un Trait’: intitulé : Art!‘
Érztica Linemrin ,' dans lequel il rendra
- * - compte;
- JANVIER. 173;.‘ .119
compte des raisons qui Font déterminé â.
faire certains rerranchemens à Pêgard de
plusieurs Inscriptions qui vsc tnouvent"
dans les précedentes collections.
Nous avons parlé plus d’une fois de
M. le Marquis Maflci , et en dernier lier;
au suie: de son Histoire DiplarzmziqueN ou; .
sommes ravis d'illustrer. de nouveau no:
nte Journal de son nom par Fannona‘
ce d’un Ouvrage aussi importantque C51
' lui dont nous venons de parler. -
Un surcroît de satisfaction pour nous
est diapprendre que M. Maffei est actueL
lcment en France our la perfection de
son dessein. Un il ustre Magistrat nous
fait l'honneur de nous marquer qu’il {toit
à Aix au commencement de ce mois de
Janvier. Il trouvera sans doute à Paris
quelque Exemplaire d’un Ouvrage i-rn,
portant dans ce même genre, que-nous
devons ‘recevoir tous les’ jours dîAngle
terre. C’est le Recueil que M. Chisull ‘a '
fait imprimer , des Inscriptions Grecques
les plus anciennes et qui ont toutes pré
cedé le Christianisme sa connoissance , sous, lqeuiTitsroentdvecAnuNërsL
Qgrnïrs ASIATICÆ Chrirtianam Aeazm
antrcedentes , ex pcimaräitManumentir Gmp
ci: dirscripoe, , [mixé vars: , Nazisque et
Cammenmrii: iflpmmAræditMonumcn-g
‘ . t. “S
izo MERCURE ‘DE F RANC E.‘
‘tigmfldntyrannm. Par EDMUNDUM CHXSÜ LE
S. T. B. Londini , Typis Gul. Bawyer ,'
172.8. x. Vol. Inc-fil. pp. 207.. ‘ v
Le sçavant Magistrat nous marque encore
que M. le Marquis Mafiei vient depublie:
son Histoire de Veronne , t. Vol. infblia,
‘sous le Titre de Veromz illnrtmtægen Italien;
ajoûrant qu’il a refondu dans cette His
toire sonTraité des Amphiteatres ‘des Ro
mains , qui contient tant de nouvelles
Découvertes , ce qui a rendu un Ouvrage
particulier três-interessant pour le Public,
‘Par un grand nombre de Recherches eu.’
rieuses sur différents spjets , par beaucoup
de Bas-reliefs, dînscriptions de Médailles
"singulieres ,_8<c.
Nous apprenons de Boulogne‘, qu’en
‘voit dans cetteVille plusieurs Recueils
‘de Vers Latins et Italiens, qui y ontété
‘publiez pour celébret le mérite de Made
moiselle B4555 , laquelle a soutenu en La
‘tin publiquement des Thèses sur toute
la Philosophie, avec de grands ‘applaus
dissemens; plusieurs Dames sçavantes, ce
qui n’est pas rare en Italie, comme nous
Tavons remarqué plus d"une fois , ont
‘orné ces Recueils de Pieces de leur façon’.
‘On voit à la tête'du plus cousiderable le
Portrait en taille-douce de cette. illustre
.14. ‘plus
‘J A NvV I E R‘; 173;. ' 1'21
Î
Fille , qui à Page de 2o. ans se trouve ag-'
grégée au Collcge des Philosophes de PU-e
niversité de Boulogne, avec le Titre de
Docfeur, dont elle a pris leiGrade en
Ÿrandeisolfimnité , étant déja Membre de
a ’Institut des Sciences de la même Ville.‘
Dansce Portrait elle paroîr reïrétuë de
la Fourrure de Docteur, avec cette_Ins-,
criprion : LAURA MARIA - CHATARINA
BA s s r , Phil. Doct. Cal. Academ.’ Im
titut. Scientiar. Soviet. eÆt. A7171. XX;
Et au bas est gravé ce Distique , faisant
allusion à la celebre Laure de Petrarque,
leur» «mie , ingenio que et termine nom Petrartha.
Laum haqelaquio et mente Petrarrlm sibi.
‘On a fait une nouvelle Edition de la‘
Physique en Dialogues , ou des Entretiens
Physiques de P. Regnault “les. C’cst la‘
\
quatrième , a com ter celle d’Amsterdam _
chez Pierre Hum err, ct la Traduction
Anglaise , imprimée à Loudres , chez W.
Innys et N.Prévôt.On écrit d’Allemagnc
Hue cet Ouvrage y paroîtra bien tôt tra
. uit en Allemand. La nouvelle Edition
Françoise de Paris est augmentée par
ÏAuteut, de la valeur d’un Volume, et
enrichie de Planches nouvelles. Ce sont
de nouveaux Entretiens , et les anciens
Perfectionnez. Les Additions sont faites
_ pour
O .
125. MERCURE DE FR ANCEq
pour les endroits où elles se trouvcnrs‘
et elles sont dans le goût des Entretiens
qu’o_n avoir déja vûs‘, même stile , même
netteté, même agrément. Si l'o_n n’y trou.
ve pas toûiours -le sérieux ordinaire de
la Phylqsophie , c’est que l’on y fait par
ler un jeune homme de beaucoup d’es
prit, d'un esprit cultivé _er dhnvcaractere
enjoüé, qui apprend agréablement la Phÿ
siqueet qui instruit de- même en s’ins—
ttuisant. Un Anonime a dit dans le Mer.‘
cure de Novembre, que les Entretiens
Physiques étoient un Ouvrage estime’,
utile, excellent; mais qu'au lieu d’Aristc_
' et d’Eudoxe , qui sont les Interlocurçurs,
il eût voulu des noms celebijs , comme
Descartes et Gissendi. Il falloir doncque
l’-Auteut parlât ou fit parler toujours ses
Interlocuteurs selon lcs principes de Des-’
cartes ou de Gassendi , souvent contre sa.
ensée , etaux dépens même de la veritél
Et avec quelle vraisemblance le P. Re
gnaulr eûæîl mis dans la bouche de Des
cartes et de Gisséndi __ les nouvelles Dê-æ
cnuvertes qui se sont Faites depuis la mort
de Descattes et de Gassendi jusqu’en 173 2..
Anime 1-2’ de la vie des plus celebres
Statuaires, Sculpteurs et Graveurs, an‘
ciens et modernes des (Académiesyoù les
- Beaux
J A NV-I EARÇ 1733. n‘;
Beaux-Arts sont cultivez , avec les Pot-J
traits des meilleurs Maîtres, le Catalo-g
gue de leurs Ouvrages , et une sommai
re Description des principaux 5 des lieux
publics ou particuliers où ils sont expo-s a
sel, et un dênorflbtement des plus bel
les Antiques dont les Auteurs sont in
connus, soit en Grotipegstatuës, Bus
tes , Figures d'Animaux , Bas-Reliefs ,
Tombeaux , Autels , Urnes , Pierres gra
vées, Médailles , 81e. ensemble des meil
leurs Maîtres cÿlîcriture, et de ceux qui
ont le plus exocliépcn Broderie , Marques
rerie , Orfèvrerie , etqui se sont distin
guez en Ouvrages de Fonte et _de Potes’
rie, 8Ce. Le Livre sera terminé par un
Catalogue des Auteurs qui ont écrit de
la Sculpture , gravûre , 8re,
' L’A_uteur ui travaille à cet Ouvraae
« ‘l :3
depuis quelques "anneçs , nous engage à
le publier et à demander aux Curieux ,
aux Sçavans et aux personnes interessées,
le secours de leurs lumieres, et ce qu’ils
ont sur ces marieres propres à enrichir
ce Livre. Il‘ recevra leurs Memoites par
l’adresse du Mercure et leur rendra justice
s’ils veulent être nommez. Ceux ui ont
des Portraits des illustres Artiste; il
a à parler, pourront en faire tirer un
ont ouï a
Crayon de la grandeur in quarte Pou!"
être gravé.
PRIX.
m MERCURE" 151: FRÀNCE.'.
PRIX proposiparPflcadëmie de Chirmgid
pour Panne} 175 3. "
L’Académie de Chirurgie, établie ï
Paris sous la protection du Roy , de
q sirant contribuer aux progrès de. cet Art,
et â Futilité ublique, repose pour sujet
du ‘Priîc de l'année milpsept cent trente;
U015 , a uestion suivante:
Q5215 20m, selon Je: dzflèrzfl: m: , le!
avantages et les irzconvmien: de l'usage de:
72mm et autre: dilatam. ' '
Ceux qui ‘trfgxvaillerlontjaour le Prix,’
sont invitez a onder eurs raisonnemens
sur des faits de prariquechoisis- et bien
averez ; on les prie d’écrire en François
ou en Latin , autant qu’il se pourra, et
d'avoir attention que leurs Ecrits soient
fort lisibles. . ‘N
Ils mettront à leur Mémoire une mare
que distinctive , comme Sentence, Deà
vise, Paraphe ou Signature; et cette mat.
que sera couvs rre.d’un papier blanc collé
ou cacheté , qui ne sera levé qu’en cas que
la Piece air remporté le Prix. ’
Ils adresseronr leurs Ouvrages francs
duper: , à M. Motafld , Secreraire de PA-c
académie de Chirurgie à Paris, ou les lui
feront remettre entre les mains.
L"?
J A N V I E ‘R. 173;. 12j
. ‘Les Çhirurgiens de tous Pays seront
ladmis à concourir pour le Prix ;- on n’a;
excepte que les Membres de I’Académie.
Le Prix est une Médaille d’or de la va.
leur de deux cent livres, qui sera don
îiée à celui, quihau jugement de l’Acag
demie, aura fait le meilleur Mémoire sur
la. question proposée. '
La .Médaille sera délivrée à l’Auteur
mëine , qui se‘ fera connoître ou au Por
teur d’une Procuration de sa part; l'un
ou l'autre représentant la marque dÎstinC-_
«tive , avec une copie nette du Mémoire.
Les Ouvrages ne seront reçûsque jusé
ques au dernier jour de l'année 173;. in
çlusivement. ' A
Lflflcadémie à son Assemblée publique
de i734. qui se tiendra le Mardi d’aprês
la ‘Trinité , prociamera la Piece qui. aura.
_mcrité le Prix.
JETTONS FRAPPEZ pour I0
premier- four de Janvier 173;. avec fixa
t piimtion des Types , de.
' I. Tiuzson ROYAL.
Un Fleuve qui forme‘ plusieurs Ruis
seaux. Legende: Ex ma omrgs.
"i II. PARTIES CASUELLES,
‘l Dédale traversant les Airs avec le se
- , COQ“
dut-A
w l.
ris MERCURE DE n: ANCE
cours des ailes qu’il s‘est faites. Isegendef’
Vimt prudentia Casnm.
III. Cnaunnn AUX Dnnrrnsg
w La Déesse de la Terre couchée et cn-Ë
tourée de Pampres et de Gerbes. Légende:
z 7721m1 Iavi Nectârque fim.
' IV. Onnmamr nrs GUERRES.
_ L’Egide de Pallas , couverte de son
Casque. Légende: Praxidinm et devras.
V. Exmaonnmamn nrs Gurnnrs.‘
Un Oyseau de preye qui voudroit prenä
"dre Fessor, mais qui est retenu par ses
Longes. Légende: Impatient pagne.
VI. BASTIMENS nvRov.
Une Lyre. Legende : Lenîmcn dulæ laid
i r 60mm.
V LI.
La Foudre suspendue‘ sur un Globe
Ierrcstre. Legende zforgis quo junerit ira.
VIII. MARINE.
Metcureflraversant les Airs , son Ca-‘
ducée à la maimLegende‘: Mihi para/in:
ARTILLLRIE.
1X.
JANVIER. 173-3.. 11.2
IX. GALrnzs.
v
I
_ Ùes‘ Aigles, qui après‘ avoir quitté le
Foudre, se reposent fierement sur leurs
aires. Légende : Nui tuile: mm fulmirm
ttsmnt.‘ - '
' X. LA-‘V-ILLE ne PAnrÏs.
_ Les Armes de la Ville d’un côté; cel
les de Michel-Erienne Turgot, Ptévôt
des Marchands ,. de l’autre. Légende:
5071 nom et se: qualïtez.
XI. MAISON me LA REINE.
Une Grenade couronnéfientfouverte '
‘et pleine de grains. Legende:%ot foeta,
COVWIÜ.’ k .
1 go E s 7‘ 1 o N.
On se sert fréquemment depuis quelques
années , en parlant des Ouvrages d’csprit,
des termes dwwenrion et de Sentiment;
la plupart d; ceux qui les emploient n’en
connaissent pas. exactement la valeur ,
_d'autres évitent de s’en servir , dans la
crainte de les mal appliquer 3 ensorteque
ce seroit rendre service au Public que de
bien déterminer leur signification dans
les phrases Qù l’on dit qu’il y 4 de Pm
wmion dans un tel Ouvrage, ou qu’il n} m
tu faim : que tel Ont/rage m‘ rempli de sen-g
11mm:,
ëzs MERCURE DE FRANCE
timms, ou qu'il en est depourvû. On prie
‘ceux qui sont en état_de les expliquer,
de vouloir bien faire part de leurs RC1
flexions sur ce sujet.
du ES TION.
Un Pilote étant en Mer par certaine
Latitude Nord, et voulant trouver laf
hauteur du Pole, pour _cet effet il a ob
servé l’Etoile nommée l’Epaale gauche du
Charrier Capella , trois fois plus haut
élevée que la hauteur du Soleilquïl avoir
observée, et il a observé PEtoile nom
mée le grand Chien Siriu: au Sud, être
i élevée surlihorison -, mais comme le So
leil difïeroit ladite Etoile Capella.
On demande par quelle Latitude étoit
ce Pilote lorsqu’il a faiteces Observaq
tions , avec la déclinaison du Soleil du
A ' «jour , le tout par démonstration essenæ
tielle et par regle.
..
On apprend dîtalie’, ue le Grand
Maître de Malte a choisi, e Pere Pauli,
de Florence, pour être Histotiographc
‘de l’Ordre des Chevaliers de S. Jean de
Jçrusalem.
c
Les Lettres dhflllemagne portent qu'au
Ÿillagc d’Aysch , en Fxanconie , appar
‘ " ‘ e tenant
JANVIER. 1733.1 n;
partenant au Baron de Stiebar, que la.
emme d'un Paysan , nommé André Zo
"beleins, étoit accouchée le 14. du mois
dernier, d'un Enfant mâle , qui mourut
trois heures après , que le r8. au matin ,
elle étoit accouchée d'un second fils ,
mort quelques heures après sa naissance.
et le 2.x. d’-un troisième fils, qui mou
rut le même jour.
On apprend de Na les, que la nuit’
du 29. au 3a. Décem re, le Mont Ÿe
suve commença à jettet une grande uan
tité de matieres bitumineuses et suiphu.
reuses , ce qui a commencé de" rassurer
1e Peuple , parce que c’est toujours un
signe que les matieres, qui par leur fer
mentation dans leur conduit souterrain,‘
soulevent la terre et causent des trem
blemens , onttrouvé une issuë qui ralen-j
tit leurs efforts; '
* Les Terres embrasées des environside
Prague‘, dont nous avons parlé dans le
second Volume du Mercure de Décem
bre , ont jette depuis peu une grande
quantité de flammes; et la terre s’étane
ouverte en plusieurs endroits, un Pay
san eut le malheur d'y tomber , et y fut
consume en deux ou trois minutes. On
' ' G travaille
"m MERCURE DE FRANCE
travaille à chercher _les moÿens de prê
vcnir les suites de cet Incendie souterrain
dont on craint la communication dans
la Ville.
La Veuve Porchsrm et le sieur Cartier, son
gendre , les seuls possesseurs d’une Pommade
composée de Simples, autorisée par Lettres Pa
qentes du Roy , accordées a defiunt Percheron e;
a ses successeurs , cnrcgtsrrecs au Parlement , ap
rouvée de M. lepremter Médecin du Roy, de
. Helvetius , Medecin ordinaire de Sa Majesté,
et premier Medecin de la Reine , ct de Mrs. les
Doyen et Docteurs de la Faculté de Medccine d;
Paris . donnent avis qu’ils ont eux-mêmes guéri
par le seul liniment et frottement de cette Porn
made , plusieurs Malades de Rhumatisme invete
gcz , goutcux , douleurs de Nerfs _, Nerfs retirez ,
sciatiques, Paralysies , et Enquillauses dans les
boëtei des genoux, qui ne cedoicnt point aux re.
grades ' ordinaires 3 elle guérit aussi les playeg
abandonnées; elle fait transpirer Phumeur au de,
hors sans aucunescicatrices , elle n: se corrompt
jamais , ct peut se transporter en toutes sortes de
Pays. La même Pommade guérit les maux de té
te cr les fluxions. lls donnent la maniere de s’en
icrvir. Les Pots sont de cinquante sols et de cent
A cols, cachetez de leur Cachet. _
Ils dameurent à Paris, m? du Petit-Lion , quÆY-r
fier Ê. Sawvmr , au second Appartement , visJz-vi;
le me’ des deux Portes , air leur Taähau m expose’.
4
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g-os
'_ JANVIER. 1755. 13g
"äâèââàâââäââà àââäâââàânÿf‘ x
BOUQUEË
Î
AU dcffaut de brillantes fleurs ,
Recevez mes voeux , Cclimcnc ,
Vous , qui rcgncz sur tous les coeurs .
Soycz- en toujours Souveraine. ‘
w‘ Qre Paimablc Dieu des Amours , '
‘A jamais vous prerc dcs armes; a
Iïuissc 1c nombre de vos jours , >
Ï-‘Ï Egalcr celui d; vos charmes.
La Manique u! de M. Fzrrmtd,’
Maître de Musique de PAcadimie do
Bardeaux.
ODE ANACREONTIQUE;
_Mi:e en ‘Musique par M. Bouvard. ‘
UN jour je vis une Brrgerc ,
Ses attraits charmerenr mon coeur.
Amour mfinspira de lui plaire;
Je parvins à çc doux bonheur.
Vos feux mknchantcnr} dit laxBclle ,‘
1c suis sensible à vos soupirs ,
ou &
m MERCURE DE FRANCE
si vous étiez Amen: fiiele ,
Rien rÿégaleroir mes plaisirs.
Vous ne me verrez point volage ,’
Lui dis-je , en faisant un serment ,
Philis , sous vos loix je m’engagc ,
fy veux vivre éternellement,
Nedifferez pas â vouê rendre ,’ _ j_ j ,
lépondez" aux ‘voeux d’un Amant . .,‘
Arrêtez , qwosez-yous prétendre;
Me dit-elle d’un ton charmant.
Vous méritez que l’on vous‘ aime,
Cher Silvandre, je le sens bien;
Mais quand vous seriez FAmour même ,‘
5ans PHymen je n’écoute rien.
F‘ Je consentis âPI-Iymenée ;
Je semis croître mes desirs ;
Avant la fin de la journée,
je fuè au comble des plaisirs,
46v
319
5155€‘:
«‘ JANVIER. 173;‘. r3;
SPECTACLES.
TRAGEDIE DE zArRE;
ï Extrait. '
NOus n'aurions pas tardési long temps
à donner l’Extait d'une Tragédie qui
a charmé la Cour et la Ville , si son inge
nieux Auteur n’eût prévenu »l’ardeuri
que nous avons de remplir nos engage
mens; on a vû dès la naissance de cette
Piece, ce que M. de Voltaire en a bien
voulu‘ communiquer au Public , inseré ‘ " '
dans le Mercure d’Août. Uimpressjon
de ce charment Poëmenous impose däauq
tres loix et nous engage à faire part au.
Public des divers jugemens qu'on en a
portez. ‘ .
zLe Sujet de cette Tragédie est si sim-Ê
pie,‘ que quelques lignes sufliront pour
tracer le plan de ce qui fait l’action prin
ci ale. Lustgnam, dernier Roy de Jeru
- sa cm, fut détrôné par Saladin , Pere
d'Oro:mane. De cin de ses Enfms qui
furent envelopperd
n’y en eut que deux qui échapperentà
la mort,- sgavoir , un garçon et une filles
‘ G iij le
ans sa disgrace, 1l
«m, MERCURE un FRANCE
le premier âgé de quatre ans et Pautre
encore q; berccauDrosmanc devint amooe
rcux de la fille, élevée dans la Religion
Musulmane et appellêe Zaîrg. IJAmour
du Soudàn alla jusquî la vouloir épouser;
Zaïre ne put refuser - son coeur à un
Amant si rendre et si genereux. Le frere
de cette aimable Princesse ravoir été éle
vé auprès d'elle dans le Serrail, sans la
connortre pour sa soeur et sans se con
noître lui-même pour fils de Lusignan.
I.e genereux Orosmane avoir consenti
qu’il allât chercher la rançon de dix Che
valiers Chrétiens. Neremm , c’est le nom
de ce frere de Zaïre, tint sa parole et.
ä-evint avec la rançon. Orosmane lui pro
mit-cenr Chevaliers Chrétiens,’ au lieu
d; dix qu’il en demandoit seulement;
mais il en exceptn Zaïre et Lusignani
Zaïre obtint la liberté de cc derniers on
le tira de son obscure prison , et à la far
veut d'une Croix que Zaïte portoir en
fotnxe de Bracelet depuis le jour de sa
naissance, et d’une blessure que Nerestan
avoir reçûë dans le sein, il les reconnut‘
pour. ses Enfans- Le combat qui se fait
entre la Religion cr Pamout, fournit
tous les beaux senrimeps dont cette Pic»
ce est rempiie. ‘Le serment que Zayrc a
fait entre les mains de Ncxesçan, de nul
point
a q l
‘ JANVIER; 173;: '13;
Ëeînt épouser Orosmanc qu'elle ne fût
aptisée, fait le noeud de la Piece , une
Lettre équivoque produit dans le coeur
du jaloux Orosmanc cette fureur qui en
fait la sanglante catastrophe : la Piece fi.
_nit par la mort que le Soudan se donne
après Pavolr donnée à. Pinnoccnt objet
de son amour. Voici la distribution des
Actes et des Scenes.
Fmime, Esclave Chrétienne et amie de
Z4Ïre,.ouvre la Scene et lui témoigna
lrsutprise où elle est de la voir si con
tente, mal ré l'esclavage ‘où elle est en
core et dbä Neresran lui a promis de la
retirer à son retour de Paris; Zaïre lui
ouvre son coeur et lui dit que le Soudan
Paime et doit Pépouset; Fatime lui rap.
elle qu’elle est ljui fait entendre nqéuee CFhérdéutciaerninoen;quZ'aeïlrlee
a reçûë dans la Cour d’Orosmane a prese
que cificé de son souvenir toutes les aug
tres idées. . -
Omsmana vient annoncer à Zaïrc son
prochain Couronnement; mais c’esr d'une
maniere à lui faire connoîrre que si elle
ne se donnoit à lui que par reconnoisi
sauce, il ne se croiroit pas heureux. Zaïre
‘ne lui marque pas moins de délicatesse
dans les sentimens de son coeur. On vient
annoncer Parrivéesde Ncrestan ; Gros..
- G iiij marre
n36‘ MERCURE DE FRANCE
mane ordonne qu’en le fasse entrer.- -
Nerestan fait entendre au Soudan qu’il
apporte la rançon dont il êtoit convenu
avec lui pour dix Chevaliers François,
et que n'ayant pas de quoi payer la sien
ne, il consent à reprendre ses premiers
fers. Orosmane pour ne se pas montrer
moins genereux qu’un Chrétien , lui olïre
cent Chevaliers et n’accepte point la ran
çon qu’il a apportée; mais il refuse la
liberté de Lusignan par raison d’Erar, et
celle de Zaïre par raison d’amour 5 Ne
restan l’accuse de manquer de parole;
Orosmane lui ordonne de se retirer; il
dit à Zaîre qu’il-va tout ordonner pour
leur hymen, après avoir donné au soin
du Trône quelques momens qu’il est fora
té de dérober à son amour.
Il fait entrevoir aux yeux de Caraimin,‘
son Confident , quelques marques d'une
jalousie naissante au sujet de Neresran 3
il ne veut pas pourtant descendre jus
qu’à convenir qu’il est jaloux d’un Chré
tien, mais il ne laisse pas de faire enten
dre ue s’il l’étoit jamais , il seroit capa
ble de" se porter à des extrémirez dont
il rejette sur le champ la funeste image,‘
et qui cependant commencent à préparer
les Spectateurs au crudeli: amer que l'Au-.
teur a mis à la tête de [impression de sa
"
‘
JA NVIER. 1733. 137
I
‘Châtillon, Chevalier François, et Na
mmn , commencent le second Acte .
Châtillon apprend avec douleur que Lu
sîgnan ne peut obtenir sa liberté; il ex
pose en Vers pompeux tout ce qui s’est
pasvé lors du détrônement de ce dernier
Roy de Jerusalcm.
‘Zaïre vient annoncer à Nerestan quelle
a obtenu la liberté de Lusignan . ce qui
est-le comble de la joye pour Châtillon
et pour lui. _ p ,
Lusignañ arrive , soutenu par deux Che
valiers François; ce venerable Vieillard"
attirê route l’attention des Spectateurs
par le récit de ses malheuÎ-s; ildéplorc
sur tout la perte de trois- de ses Eufans
massacrés a ses yeux , et de deux aurres=
réduits â Pesclavage ; il ignore leur sort,’
il en demande des nouvelles à 'Nc.'estan
et à Zaïrc , qui peuvent en avoir oiii par-Ï
let dans le Serrail, où ils ont été élevez‘
o h À
depuis leur enfance; il les reconnoit pour
ces mêmes Enfms dont il leur demande
des nouvelles. Cette reconnoissance est
une des plus touchantes qu’on ait vûës
sur la Scene, Lusignan demande en trem
blant à Zaïre, si elle est encore Chrétien
u - ' ’ 3
ne; Zaire lui déclare in enument qu elle
est Musulmane, mais el e lui promet un
heureux retour à la Religion de ses Ayeux.
t ‘ G y, C0:
1
_ 13s MERCURE Bananes
Çorasmin vient jette: de nouvelles allait-j
mes dans les coeurs de ces Chrétiens rasq
semblez; il leur ordonne de le suivre pour
rentrer dans leurs chaînes; Lusiguan les
exhorte à raffermir leur constance e; im
pose silence à Zaïre sur un secret qui
pourroit leur devenir funeste.
. Au troisième Acte, Orosnqane parlant
5. Corasmin , instruit les Spectateurs de q
la raispn pour laquelle i_l avoir révoqué
l'ordre qui avoir mis les Chrétiens en li-;
‘botté; ._ce' qui l’)? avoir porté , c’est qu’il
‘craignoît que l’Armée Navale des Franq
gais , qu’on avoir découverte , ne fût des.
tinée à reconquerir Jerusalem , erreur
donç il venoit.d’être tiré par de {idoles
avis, Corasmin veut en vain lui donnes
de nouvelles craintes, pour Fobliger à
ne point; ‘relâcher les Chrétiens; Oros.
mane lui répond que cîest à Zgïre qu’il
a a accordé leur liberté; il ajoûte qu’il n71
pû lui refuser la consolation de voir Ne
restan pour la dernier: fois. Orosmane
sort en ordonnant à Corasmin d’obéi'r à
‘Zaïre. Corasmin dit à Nerestan qu’il va,
lui envoyer Zaïre. '.
a Après un court Monologue de Nerestan;
Zaïre arrive. Cette Scene est une des plus
belles; Neresran reproche â sa soeur le_
son qu'elle fait àla glose de se famille‘? en
. a an
= JANVIER-ï 1733-‘ r39
abandonnant la Religion de ses Peres. Zaï
re lui promet de renoncer à la Religion
des Musulmans; mais elle ne se promet;
pas à elle-même de renoncer à son amour
pour Orosmane; elle demande à Nerestan
quelle peine la Religion des Chrétiens im
poseroit à une Amante qui épouseroit
un Musulman qu’elle aimeroit; cette de.
mande fait frémir Nctestan ; Zaïre lui
confesse qu’elle aime Orosmane et qu’elle
va Pépouser; elle lui dqmande la mort
pour prixtd’un aveu dont il est irrité; ne
pouvant rien de plus , il exige d"elle avec
serment qu’elle n épousera point Orosmaä
ne avant qu'elle air été inondée de Peau sa
luraire du Baptême, et c’est ce serment qui
- pÿoduit tout Pinterêt du reste de la Piece.
un délai qu’elle
_ erestan sort pour allier fermer les yeux
à Lusignan, dont les derniers transports
ont achevé d’épuiser le peu de forces qui‘
lui restaient. Zaïre fait un Monologue
très-touchant dans lequel l’Amour et la.
Religion se combattent.
p Orosmane vient presser-Zaïre de le
rendre heureux par son Hymen‘, elle est
interdite -, il ne sçait que penser des sen
timens confus u’de lui fait paraître;
(lui demande excite sa co
1ere ; elle ne peut soutenir S011 Courroux.
et le quitte de peut de Paugmenter. ar sa,
présence. ' i G Vj ros
‘r40 MERCURE DE FR ANGE:
Orosmane ne sçait à quoi attribuer Pé-Ï
tontiantaccueil que Zaïre vient de luî
faire ', la jalousie sïntroduit dans son’
aeurs il soupçonne Zaïre et Nerestan
d'une tendre ‘intelligence; il ordonne que
le Scrrail soit fermé aux Chrétiens. '
Fatime félicite Ze1ïre,au troisième Acte,‘
du bonheur qu’elle» est prête â goûter et
qui doit être le prix des combats dont
elle est déchirée. Zaïre lui fait connaître
par tout ce qu’elle dit , combien lui coû
tera le sacrifice qu'on exige d'elle. Elle l
voudroit se jetter aux pieds d’Otosmane,
et lui faire un aveu sincere des vrais sen
timens de son coeur et des obstacles que
sa Religion oppose à. Phymen qu’il lui
offre; Fatime lui fait connoître qu’elle
cxposeroit tous les Chrétiens à la fureur
du’ Soudan par un‘ aveu si funeste.
Orosmane vient livrer u_n nouvel assaut"
"au coeur de Zaïres il lui déclare qu’une
autre va monter au Trône qu’il lui avoir
destiné, Zaïre ne peut entendre cette mek
nace sans verser des larmes; Orosmane
en est attendri, il lui dit que la‘ menacé
qu’il vient de lui fait n’étoit qu’une fein-ä
te, et qu’elle n'a ét dictée que par le
desespoir où ses injustes rcfus l’on: plon
gé; il la prie de ne plus difllerer son bon-i
heurs elle se jette à ses pieds, et le prie
9
3.
J A N V IF. R‘. 1733Z titi
I n
à son tour de lui accorder le reste de ce‘
jour pour achever de se déterminer. Otos
mane y consent malgré lui; elle le quitte;
il est frappé d'une si prompte fuite; il
s’en console pourtant par Passurance qu'il
a (‘Hêtre aimé. -
Un de ses OH-iciers vient changer cette
sécurité en désespoir; il lui présente une
Lettre qu’on vient d'intercepter ', cette
t Lettre est de Nerestan,er s’adressc à Zaïse s‘
voici ce qu’elle contient :
Clxere Zaïre , il est temps de nous voir;
Il est vers la Mosquée une secrette issuë ,
_0t‘1 vous pouvez sans bruit et sans être apperçuë,
Tromper vogsurveillans , et remplir notre espoir;
Il faut vous hazarder, vous cohnoissez mon zeley
je vous attends ; je meurs si vous nîêtes fidele.
‘La lecture de cette Lettre équivoque rea
plonge le Soudan dans la plus horrible fir
reurgil veut faire expirer Ncrestan dans les
supplices, et poignarder Zaïre; il otdon-i
ne qu’on la fasse venirî troublé, irréwolu,
il-ne sçait plusâ uoi même que Zaïreclui esst'artroêûtjeor;urisl sefidflaaltet,e
et que Net: stan n’est qu’un témetaire qui
se croit aimé, parce quîl croit mériter
de l'être ; il ordonne à Corasmin de frite
rendre ce Billet à Zaïre 5 il se ‘repent de
Pavoiq
‘rai MERCURE DE FRANCE"
Pavoir mandée; il" la veut éviter, mais’
_ inutilement. j
Dans cette Scene Zaïre sort de sa moä
deration ordinaire ; les reproches et les
menaces du Sultan , qui ne s’étoit jamais
oublié jusques-là, lui donnent‘ une no-g
ble fiertéquî n'empêche pas qu’elle ne lui
avoüë qu’elle Paime; ce dernier aveu ache
ve d’irrirer le Sultan qui la croit perfidesil
_ la congédiget se prépare à la‘ plus horrible
vengeance, quoiqu'il. avoüe qu’il Faim:
encor plus que jamais.
Au cinquième Acte Otosmane commano‘
de à un Esclave de remettre entre les mains‘
de Zaïre la fatale Lettre qui est tombée
dansles siennes ,et lui ordonne de lui ren
dre un compte fidele de tout ce quiil
aura appris.
Zaïre vient avec Fatime ', PEsclave lui"
présente la Lettre ,_ comme un garant de
sa fidelité , elle la lit et lui dit:
Allez dire au Chrétien qui marche sur vos pas i
Q3: mon coeur aujonrrÿhui ne 1c trahira pas,
Q1: Farime-en ces lieux va bien-tôt Pinrroduirt.
Zaïre sort,- l‘Esclave rend compte de
sa commission a Orosmane, ce qm de
termine ce Sultan furieux à la plus bote
rible vengeance. Zaïre revient .- ellectar:
apercevoq
J A NV I E R.‘ 1713.‘ ‘r41
appercevoir Neresran dans Pobscurité;
quelques paroles trop tendres qui lui
échappent et qui conviennent aux sen-g,
timens qu'elle a pour ce cher frere, por
tent le jaloux Orosmane à la dernierÊ
fureur; il lui plonge un poignard dans
le sein , Neresran qu’sn ‘lui amene char.
gé de fers, fait un grand cri en voyant
sa soeur qui vient d’expirer; à ce cri dou
loureux et au nom de soeur, Orosmane
recormoit son crime; Nerestan lui de.
mande la mort; Orosmane ordonne qu’on
le remette en liberté et qu'on le ren
Ÿoye chez ses patens avec tous les
Chrétiens; il plonge dans son coeur le
fatal poignard encore fumant du sang
de sa chere Zaïre. ‘ '
Il ne reste lus qu’à faire. part à no;
Lecteurs des divers jugcmens que le Pu.
blic a portez sur cette Tragédie. Tous
les suffrages sont réünis en faveur de l’in—
rerêt qui y rcgne dans tous les Actes 5 ce
lui qu’on asenti dans la reconnoissance
est le plus generalement avoüé son a sçû
bon gré à M. de Voltaire d'avoir bien
voulu descendre de I’Epiquc au Dtamaæj
tique; on trouve même qu’il a porté la
cpmplaisancc un peu loin; sa Vcrsifica
tion n'a pas paru égale par tout, et le de-î
sordrc les passion; jettent ses princi
' ' - ' paux
o‘.,.
arrajMÈkélïfls DE FRANCE
ries
. b‘
.
r,’ «ipaux Acteurs semble , dit-on , avoir pas-Α
se jusquîr ses expressions; on auroit sou
haité que le caractere qu’il a d'abord don
né à‘ son Héros ne se tût as clé-menti
jusqrÿà plonger un poignar dans le sein
de sa Maîtresse; on a beau dire que la
jalousie ‘nïst pas une passion que la rai
son puisse dompter , c’étoit à PAureur,
disent les Critiques, à ne pas donner de"
pareilles assions aux personnages dont:
1l avoir onné une idée si avantageuse;
le serment qui fait le noeud de la Piece,
ajoûtent-ils , a un caractcre dîndiscretion
qu’en ne sgauroit excuser.» Ils trouvent
aussi que les divers voyages de Neresrarr
n'ont pas encore été assez bien débrouil
lez. Les Caracteres de Lusignan , de Chê
tilion et dé Neresran , ont été-fvora
blement reçûs; pour ce.ui de Zaïre, on.
l’a trouvé fort indécis; on ne sçait pas
si elle meurt Chrétienne ou Musulmane‘;
l’amour a tousours parû sa passion do
minante , et l'on a lit-u de douter que le
mon Dim qu’elle prononce en mou_rant ,
ait pû lui tenir lieu de Baptême ou de _
Contrition zNerestan fortifie ce doute par:
ces deux Vers qu’il adresse à. Orosmane.
p
Hélas ! elle oiîerisoit notre Dieu , notre Loy,
E: ce Dieu la punit «Pavois brûlé pour roi.
« Cette
u
J ANVI Ê R‘. 1733Z '14’.
. Cette Piece a été imprimée à Roüen et
se vend à Pari: , Q4) de: Azgnsiin: ,
chez. Bauche. _
Les Comédiens François, qui ont in?
terrompu les Représentations de la Co-j
médie du Camplaimnr, par la maladie de
quelqÿues Acteurs, donneront le mardï
3. Fevricr, la premier-e Représentation
i}: Gumzve V454, Tragédie nouvelle de
. Piron.
Le S. Février, les Comédiens Fran.‘
çois représenterent à la Cour l1 Comédie
de PEsprit Folez, et pour petite Piecg le
Mexicain malgré lui.
_. Le 13.. ‘la Piece nouvelle du Camplaisant,‘
qui fit beaucoup de plaisir , et laiScrcnade.
. Le xo. de ce mois , les Comédiens
Italiens y représentercnt le Faùcan ou lu
Oye: de 30mn: , et la Parodie des Enfant
Trauwz. , qui fit beaucoup de plaisir.
- Le 5. Janvier , le sieur Fabio , nouveau‘
Comédien Italien , qui u’avoit jamais a4,
m sur aucun Thêatre, débuta sur cefiul
de lT-Iôrel de Bourgogne, et y joüa le‘
Rôle de Pantalon avec applaudissement ,‘
dans une Comédie Italienne, intitulée ä
Arlequin Medecin 71014711. Ce nouvel Ac—‘
_ teur est d’une taille avantageuse, et il
enttî
f4! MERCURE DE FRANCE
entre très-bien dans le caractete de ce
Personnage qu’il a joüé depuis dans d'au-i
tres Picces Italiennes , et il a été applaudi
du Public. _ _
Le 19. les mêmes Comédiens donneo‘
rent une petite Piece nouvelle en Vers et
en un Acte, avec des Divertissemens, qui
a pour titre , les Etrgnmr‘ ou l4 Bagatelle.‘
Cette nouveauté qui est‘ de la composi-j
tlon de M. de Boissy , a été rcçûë très
favorablement du Public , et attire tous
les jours de ‘nombreuses Assemblées au
Théatre Italien. ’ La Dlle Roland , qui a
étéoreçûë depuis“ peu dans la Troupe,‘
danse un Pas de Deux avec le sieur Ric
coboni, qui est Fort applaudi son par
lera plus particulieremcnt de cette Piece.‘
Le 2.5. Janvier , l’Académic Royale
de Musique donna la derniere Représen
tation de l’Opera d’lsis , et le 27. elle
mit au Théatre Ompbnle , dont le Poëme
est de feu M. de la Matin, et la Musique
de M. des Tbucbes, Sur-Intendant de l:
Musique du Roy. Cette Picce, qui fait
très-grand plaisir au Public, n'avoir pas
été remise depuis le mois d’Avril x7214‘
on en parlera plus au long.
On apprend de Vienne , qu’en y a‘
Construîl
_ ‘LIA N VIE R} 1735. » ‘r47.
construit au commencement de ce mois
un Théarre privilegié , près de la Porte.
diltalie, où ‘on représente actuellement
un Opera qui a pour titre: Le Miroir 4
de la Fidclite’. i
LA 'IFESTE>D’IVRIS,‘_
CANTATIL LE.»
Mise en Musique, par M. Rununnä
TEndres amours , quittez Cythete,
Suivez les graces et les Ris;
Ils abandonnent votre Mere ,
Pour briller chez la belle Iris.
M ,
On celebre aujounÿhui sa Fête,
Vole? . allez cueillir des fleurs 5
Hâtcz-vous , couronnez sa tête,
Bac: "lui présenter des coeurs,
Tendres amours . quittez Cytherc ,‘
suivez les graces et lesllis,
118 abandonnent votre tnetc ,
Pour brille: chez la belle Iris
1
145” MERCURAË DË ËR ÀNCÈ
' Les Enfans de Venus exaucent ma priere ,
Mes yeux sont éblouis quel éclat de lumiere!
Je voi voler ces Dieux chatmans ,
Dans leur rapide Cours , ils devancent les Vents.)
Its amours vous. rendent hommage;
Iris , votre beauté mérite des Autêls :
Le don de plaire est votre doux partage g
Triomphez de tous les mortels.
Les amours vous rendent hommage ,
. a I _
Iris , votre beauté mente des Auteis.
âië
Les habitans Je ces Boeages ; '
Font entendre de doux Concerts;
lt les petits Oyseaux unissent leurs ramages,‘
A ces Chants qui {tapent les Airs.
i?! . ‘ _
Belle Iris gregnez‘ sans cesse,
Sur les Bergers de ces lieux;
Le tendre amour qui les blesse,‘
Fait son séjour dans vos yeux.
N « a M
Les doux‘ traits que ce Dieu lance ,
Attcndrissent tous les coeurs ;
Rien ne leur fait résistance; *
yos yeux les rendent vainqueurs.‘
Belle
JAN V I E R. 1733.‘ r45
pelle Iris , regnez sans‘ cesse,’ '
Sur les Bergers de ces lieux ;
Le tendre amour qui les blesse,
Fait son séjour dans vos yeux, _[_
Par M. Pfljficbafll.
moeæoe=oeoeæ=oeoesoeoeoe
NOUVELLES ETRANGERESV
-D_B T 1711041115 121‘ ne Pense, r
. l
Es Lettres de Constantinople, portent que le
LGrand- Seigneur avoiffait remettre gooo.
Bourses au Pacha de Bagdad qui commande son
Armée en Perse , et qu’on se préparait à faire
partir incessamment tous les secours dont ce Ge
neral peut avoir besoin pour sïopposcr aÏux de;
seins ambitieux de Thamas Kouli-Kart.
Par dïautres Lettres particulieres de la même
,Ville , on pprend que la Maladie contagieuse
rfétoit p; encore entrerement eesséc , malgré le _
froid dela saison ; qu’il y avoir eu âjanocoviclr,
petite Ville Maritime du Canal de la Met Noire,
_|m Incendie qui avoir çonsumé r5_o. Maisons ,
et que toute la Vlllt auroir été réduite en cendres,
si le Grand-vizir ne s’y fût pas rendu avec de;
OEroupes pour la secourir. ' i ‘
On apprend par les dernieres Lettres de Perse;
que Tiiamaslliouli-Kan, dontéPautoriË auâ
rnentoit tous es "ours avoir crit au an e
Gcorgie de lui fotirnir aiu plutôt soeo. homme‘.
de Cavalerie; que ce premier Ministre ne v<l>u_-,-,_
‘ ‘ ' ‘ .035
l
uo- MERCURE DE FRANCE
loir entendre parler d'aucun accommodations
avec la Porte , et qu’il avoir rejette’ avec beau
coup de hauteur des propositions que le Pacha
de Bagdarl lui avoir fait faire pour parvenir ai un
nouveau Traité de Paix entre les deux Puissances.
Russrr.
N a reçu avis düflsrracän et de Derbents,‘
(Dquïl y éroit arrivé plusieurs jeunes Seigneur:
Tartares et Georgiens , qui viennent demander à
la Czarine de Pemploi dans ses Troupes.‘ Ils ont
ramené avec eux un très-grand nombre de Do
mestiques et de Chevaux , et ils doivent partit
incessamment pour Moscou. '
Y
Dasntnruancx.
A République de Hollande paroi‘: vouloir
Lfopposcr â Faugmcntarion du Commerce de
Cette Nation dans_lcs Inde: Orientales, et M.
Greys, Ministre du ‘Roy à la. Haye, a écrit i
s. M. Dan. que les Directeurs de la Compagnie,
des Indes Orientales cPHollande se poposoient
«Pemployer toutes sortes de moyens pour obli
ger les Danois inter-esse: dans le Commerce de
Traiiquebar et de la Chine , a‘ d'équiper pour les
1nde: , que le même nombre de Vaisseaux qu’ils
y envoyoient avaîit le nouveau Privilege que le
goy leur a accordé depuis environ deux ans. La
Lettre de M. Greys ayant été lûë dans le Conseil
du Roy , le Secrcraire d’Erat a remis depuis â.
M.Coynan, Envoyé des Erars Generaux, une Dé.
‘datation de S.M. Dan. portant en substance que
par- le Traité de Commerce qu’elle avoir renou
(ellé avec la République cFHollande, on n-i'av_olr
« 3.199
a JANVIER. :733.» r51
(ien stipule qui pût borner la Navigation et le
Çommerce de ses sujets , et qu'elle émit résoluë
de les protegcr, '
Arranncuz.
N écrit de Seiiwcrin, que le Duc Charles
mLeopold de Meckelbourg y avoir fait pu
blier un nouveau Manifeste , par lequel il exhor
xe les diflerens Ordres de son Duché âlui de?
meurer fidelea , et de ne point reconnaître pour
Administrateur le _Duc Chrétien Loiiis son frette
on ajoute que ce Prince étoit parti quelques ours
gprèa pour Dantzic et qu’on croyoit qu il se
(endroit dans peu à Petersbourg , pour deman
der des secours â la Czarine , sa belle-soeur.
Les Lettres de Neustad, portent que les Com
missaires Subdeleguez de la Commission Impe
tiale y étaient arrivez pour régler avec le Due
chrétien Louis , tout ce qui est nécessaire polir
son administration. ' "
I ‘r A i. t 1:.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
ESPAGNE.
‘N apprend par les dtrnieres Nouvelles tel
çtîës d’Oran , que 'l’Arme'e des Maures étoit
toujours campée â trois lieuës de la Place, et
qu’elle faisoit des mouvemens continuels qui
paroissoient n’avoir pour objet que d’assurer la.
subsistance de leurs Troupes. Les mêmes Lettres»
marquent que la Garnisdn d’Oran avoit achevé
de rétablir les Fortifications de la Ville et des
Châteaux , et qu’on y avoit ajouté plusieurs
Ouvrages avancez qui étaient necessairlîls potä
Ü .
154; MERCURE ‘DTËFRÀNCE
h communication des Forts, et pour la plu!
grande sûreté de la Place , encas que les Man-i
12's prissent le parti de Passiéger une seconde.
is. ' '
‘ L’Escadre que les îlgeriens avoient équipée
ur aller au secours ’Orarii , et qui est la lu:
änsidemble que cette Régence ait jamais räite
en Mer , étoit commandée par Hasen-Acachi ,
et composée de n: Vaisseaux de Guerre , quatre
saîques , et 7 Galiotes. La Capitaine qui est un
fVaisseau neuf, étoit montée de 76 piéces du
Canon ., et les autres depuis t8. jusqurà.“ Pie.
ces , faisant en tout , y compris les sarqucs et,
l'es Galiotes, in. piéces de Canon , et ayant-â:
bord 295c. Turcs , 187e. Renegats , et 39a lis
claves Chrétiens , en tout 62.30 hommes; ccpcn
dan; quelque formidable que Fur cette Escadre .
elle n’a pas osé attendre celle des Espagnol: ,
quoiqifinferieurede beaucoup ; mais yéçan; en
suite éloignée de la Côte , elle a enlevé un grand
riombre de Bâtimens de diverses Nations, sous
prétexlte qu’ils aväiänt à bord des provisions
pour aGarnison rail.
GRANDE BRETAGNE.
' -E a7 de ce mois ,' vers les deux heures après
midi, le Roi se rendit â. la Chambre des
Pairs avec les cerémonies aecoûtumées ; et S. M.
ayant mandé les Communes, fit le Discours sui
vant, , . .
Mylorals et Mëssieurs , je ressens une grande sa-J
s-Ïtisfaetion de ce ue la situation présente des
sa alÏairesJant au-de ans qu’au dehors du Royau.
., me , ne me donne diantre’ raison de vous as
assembler aujourrPhui quefexpédition des afä
n faires
JANVIER.‘ 1733. i”.
le faires publiques et l'envie de trouver une.ocä
a casion de recevoir vos avis sur les affaires qui
o: pourront se présenter , et qui demanderont
a Pattention et la considération du Parle
p ment.
Messieurs de I4 Chambre des Communesÿ Ie
adonnerai ordre de préparer et de remettre de
n vaut vous l’Etat de la dépense pour le service
n de Pannée courante: je ne doute point que
avons ne leviez eflîcacement les subsides que
h vous jugerez nécessaires pour Phonneur , l1
u sûreté et la défense du Royaume avec le même
a empressement que j’ai toujours éprouvé en
p vous , et: je ne puis m’empêcher de vous re
o» commander comme une considération digne
u de la Chambre des Communes de la Grande
» Bretagne , de prendre dans vos délibérations ,
æ soit en levant les subsides annuels, soit en dis
uttibuant les revenus publics , les mesures que
n vous croirez les plus capables de contribuer au.
s; soulagement présent et futur de ceux que voue
u représentez. '
‘Mylam’: et Messieurs. Vous devez être con-é
avaincus combien il est à souhaiter que vous
o; travailliez avec le plus de diligence qu’il sera
n possible aux affaires publiques , et que rien ne
a: donnera plus de poids et de crédit à vos déli
.21 bérations , que le soin avec lequel vous éviterez
se des animositez et des emportemens déraison
nnables , et l'attention que vous aurez de vous
a: occuper constamment du veritable interêt de
a: votre Patrie, sansvvous. laisser détourner de
uCCt objet par aucun prétexte , quelque spéeieu;
- s3 qu’il partit. Qre cela soit donc votre premier’
a) et_ prmcipalsoin , et le peuple sera sensible aux
wavanzages qu'il recevra de la sagesse et de læ‘
_ _ . H l} l) fCÎo
‘_
,
152M ERCURE m: FRANCE.‘
s, fermeté qui vous feront préfèrer son soulage:
a. ment et le bien public a toutes autres coustdég‘
v: rations. .
ce Discours fut prononcéau nom du Roi par
le Lord Raymond , chef de Justice de la Cou:
du Banc du Roi’, â cause de Pindisposition du
Grand-Chancelier. Après que le Roi se fut reti
xé , les Seigneurs résolurent de présenter une
Adresse à S. M, pour la remercier de sa Haran
gue , pour ICCODBOÎIÏC la bonté que le Roi avoir
cuë de témoigner tant d’envie de recevoir leurs
avis sur les matieres qui demanderoient Parten
tion du Parlement, et pour assûrar S. M. que la
Chambre expediera les affaires publiques le plus
promptement qu’il se pourra , ce travaillera avec
autant de sagesse quede zele sur tout ce qui in
teressera le bonheur du peuple et le bien public.
La Chambre des Communes résoluraussi de préc
semer une Adresse à S. M. pour la remercier de
sa Haranguc , pour témoigner leur satisfaction
de la situation présente des affaires , tant au-de...
dans qtÿau dehors du Royaume, et pour Passûv‘
ree du zele avec lequel elle entreroit dans toutes
les vuës de S. M. et se couformeroit à ce qu'elle
lui avoit recommandé. a
- Le les Seigneurs allerent présenterleurAdt-csè
se au Rol qui leur répondit ;
ytYLozeDs,
u je‘ vous remercie de cette respectueuse et 5-‘
en dele Adresse. Comme le bonheur de mon peu
vple et Febien public ont toujours été mon pring’
‘ucipal objet, le zcle que vous me témoignez d'y
’° contribuer , ne peut nfêrre que très-agréable ,
>°et il vous asslîre de plus en Plus ma faveur et
“m; ‘protection, _
. M0375;
CIANŸIËR. 173;. r57,
nannnananannn‘
i” MORTS, NAISSANCE}?
de: Pays Étrangers. *
E Cardinal Corneille Bentivoglio dmragon ;
mourut le 3x Décembre dans la 6; année
de_ son âge i étant né à Ferrare le r7 Mai 1568.
A son r_e our do sa Nouciaturc de France, il avoit
été fait ‘èardinal le 19 Novembre 1719. parle
Pape Clément XI. qui lui donna le titre de S. Je
Iômcxles Esclavons . et qui le fit Legat de la Ro
magne au mois_de Mars 1720- Il avoit été ‘con
firme’ dans cet emploi par Innocent XlIl. dans
le" premier Consistoire qu’il tint le 1.8 Mai r72. I.
et il avoit demeuré clans . cette Lvégation jusquïm
. mois de juillet 1172.6. que le Roi d’Espagne le_
chargea. glu soin de ses affaires auprès du S. Siea’
pe. Le corps de ce Cardinal ayant été embaumé
ut porté le premier de ce mois dans PEglise des
Religieuses de Sainte Cecile, au-delâ du Tibre ,
où il fut inhumé le a avec beaucoup de pompe
et de cerérnonie , les Cardinaux ayant assisté 3
ses obseques au nombre de 2.6. . A
La ‘Princesse Douaitiere de Nassau Usingemde
la famille des Comtes de LoWcnfttin-Wcrtheim,
mourut â Francfort le g de ce mais dans la 7x.
année de son âge. . - ’
Il est mort â Vienne enâutriclie , tant dans la
Ville que dans les Faubourgspendant le cop
rant de l’année demicte 788;. personnes ,_ 55a
voir 1.617. hommes , 1357. femmes, zrzo en
fans mâles ait-dessous de dix ans, ct 2.568‘ filles.
H ii Il
“J
xçs MERCURE ms FRANCE
Il est ne’: pendant le même tems 474;. ma
fans.
ETRENNESÏ: M et a Madame‘ de
Morlfort , par m1 de leur: Ami: , de [Z11
caalémie de Cæzën.
' C Ertain démon qu’on ne définir güére ,'
Mais que l’on peint une horloge â la main;
' E: dfigneliaiæälxîvçlont le coup est certain
‘ Sans nul égard , en sa course legere
_ Moissonnafit ‘rôùtiàvec un froid dédain Q
. Le Tems recommence FAnnée , '
l: vieillard en Décembre , en Janvier jouvenâ
ceau .
(mine sa face rechignée,
I! depuis quelques jours prend un masque nolê
veau. . , .
A son exemple il n’est museaw,
Il n’est dévore si fanée, u
Qui de Pomade enlulniinyée v
Ne relustre sa vieille Peau‘ ;
Il n’est bon homme en son manteau‘;
' Sous sa pe truque cnfarinéc ,
Cachanr sa goûte enracinée , .
Qxi tout boitant nfisfre un Cadeau
A sa Déesse surannée.
C‘esr'la Saison des filqmplimens ,‘
Des embràssaiki , des. pré-suis ,
2l
.f
. I
Chacun
J‘ A N VIE R. 1733. i”.
-' Éltaeuh visitant son confrère , ‘ ' à
Chacun festoyant sa Commere ,i
pu voit troterîBijotax , Poulets ,. _.
Bouts-rimez , Madrigaux , Sonnets '
Tous a‘. Cloris I, nom de mistere A _.
Sous qui les Céladon: discrets’, l
— De leurs. Feux qu’ils’ ne peuvent taire . '.
Vont étourdissant leur Bergere
.1511 leurs VjCÎS qtrilsnîaurpnt point: faits... g
C’est du tems rajeuni la renaissante Fête , ,
Et ciest pour Phonorer que Pliipocrite Essain _
Va les présens et Pencens à la main ; i
f’! Mais le tems fuit , et sans tourner la tête
Du tnêtnepas marche toujours son train ,
A gauche fa‘ droit prenant quelque requête ,
Il‘ rit d'y‘ vbit des ‘voeuzôpour le prochain ,
I-Zt seulement pour sembler plus humain ,
Répandlses biens qu’avec faste il nous prête g
Mais qu’en avare il retire soudain ,
‘Bienfaictcur dur.. créancier incommode,‘
Accompagné des reproches pressains
. À Pcnfantiue Hebé; icunessn dépit des ans ‘ï
Si soucieuse de _la mode , y '
E! si fitrc du Geaiside ses frisons brillans ,
Sous PAigrcttc defleurs , cries Pompons go;
1ans , 2
.H« découvre des cheveux blancs; » I
a. .... J3.) T. . . . .
un
'0-.
.160 MERCURE or FRANCE.‘
Une Ride , d’Iris vient allarmer les char;
mes ; . ‘ . ‘ ‘f
lu milieu d’une Fête ‘et d’une Cour (Primaire;
Cloris , qui cache en vain ses larmes
O
Perd la plus belle de ses dents ,
I.e tems ne revient point sans nous faire un ou-î
ÎIBgCa
Pour Vous Sculc , Monfort , on dit que le mé-g;
chant
I
A quitté son humeur mal-faisante et volage ,
.011 dit- qu'aux rares dons qu’il vous fit e],
naissant
(De traits mignons, et d’un joli visage ,
’ 1l a sçu joindre , Amant de son Ouvrage ,
Un coeur bien fait , un esprit amusant ;
‘ Chaque an nouveau vous apporte un talent;
Chaque an nouveau vous plaisés davantageq
OEand il repassoit l’autre jour .
Il vous trouva , non encachette .
Non enferméeâ double tour ,
Du mistere et de l’Art prenant leçon se-j
crete u
l’on: réparer les traits émoussés de PAmour ,'
Quais sans recherche et sans détour "
Il
s" ». J ANVIER. 173;.‘ rift
flangeant en un instant votre tresse bru-j,
nette , i _- l
Näyant pour fard que de l'eau nette ,. 1
Vous rfiant de votre Toilette - ‘l
t, ‘Aux Gracesy, v_os Dames d’atout. "_
i Il vit dansla cliambre voisine ,
Et n’en_ fut que plus radouci, ' i
Votie Epoux et tendre et ‘clierii;
Qri dans ses Livres s’endoctrine ,
Lit , refléchit Î pense, éxamiiie ,
_. Sanssen prëvaloirDieu ‘merci ,
. Ou plein a2 sa Vfrve, dessine ' _
" En stile élégants et poli‘, ' . I s r;
A la Voltaire , à la Racine ,
OEelques doux Vers à son Ami; l
_,- Phébus est lâ qui Pillumine,
“ Et les Amours autour de lui
Ecartent d’une main badine
\ 4
Les visites , les soins , et le terrible ennuinä‘
Pendant que leTems considere
y _ Et ce commerce , et ce concours. --
- De Muses , de Ris, etdvtmours,‘ _ r.
' H v. Les
2m MERCURE - n12 FRANC;
_,1_.es Heures restent eu arriere.
Honteux de son oisiveté ,
Le Tems reprend son caractere,
Et part d’un vol précipité.
Pour éttenne , en fuyant , il a laissé sonsfi
ble
I
» Entre les mams de ces Enfans ,
1 l
1l veut sousvos yeux , couple aimable;
Qül marque voslplus doux momens ,
Pour Parnusemenr de la vie ,
h Vous le tournés â votre gré;
Qzättn ne s’é‘tonnc plus, si chez vouson sloll-Ï
te . ‘ i -
Le briquets en vous ypyqnÿ; ,» gfétoit bien 9nd
l . .
A Cziërt,ç c; r. Iianv.ie“rA. 175;. L
ääïäääâïäïääiäîäîääâäïÿä
FKA C*E,' 5 '
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions. ‘
t A‘ M”. de Chanvälr ‘, ' i j:
. ‘- SONGEÇ -:
U’on bâtit cnrêrant de Châteauxen-ifisä
pagne Z ‘
Je m’étois cette nuit "fait un destin ;si doux ,
(Ëe tout ce que lïon fruit du pays de Coca-l
gne _ ' s
Etoit millcrfois air-dessous.
‘ ]’avois recouvré ma jeunesse‘, _
Mon esprit , belle Iris , avoir presque‘
. 10m‘ r
“t...
Du vôtre la délicatesse ,
]’étois , comme on dit, fait ai. tout ,1
Et favois du Perou tout l’or et la richesse.
je vous Poifrois avec mon coeur;
Cette offre eut rheureux sort de ne vous pasdé-‘v
laize z
Ê sa‘
‘k8 MERCURE Dl! FRANCHE
Il ne manquait donc plus qu’un point amoÿ
bonheur; - ’
Ijl-lymen alloit y satisfaire.
Mais un maudit réveil, fatal à mes souhaits‘;
A renversé toute Parfaire: '
lTrop fidele portrait‘ du pot i‘ la Laitiere;
A ' rai vû tomber tous mes projets.
Adieu bonlair ,'adieu jeunesse ; l
. Adieu génie, adieu richesse.
fics dons (en. sont allés, comme ils étoient vcê
nus ,
Il me reste pourtant encore l e
ce coeur constant qui_vous adore ,
Mais , tout seul , c’est moins qu’un E51»;
l: ‘räïq3“’si‘
ÎÛPÏ
t
310m;
‘Ü JANVIER. 175;.‘ 16j
‘ MORTS,NAISSANCES
- l gâvMariages.
' E 9 Janvier, mourut M” Jean - Za?
charie de Lafaürie de Villenclrlàult,
Président en la Cour des Aydes de Paris,
, ïct Conseiller Honoraire au Parlement de
Bordeaux) Chevalier , Seigneur , Baron
Ho’ Villendrault , Vicomte de ‘Paulmier ,
“dans la 33 année de son âge.
' Dame Marie de Lamoignon , veuve
‘tic Victor Maurice, Comte de Broglie,
Maréchal de France, Gouverneur d'As
vesncs , mourutâ Paris le n, Janvier
Ïlans la 88° année de son âge.
François Doffoil, mourut à. Ver-vins,
‘petite Ville de Picardie, le r; de ce mois,
âgé de no ans, étant né en 152.3. il per
dit son pere à Pâge de Io ans , et Fut ma
tiépînq fois , ec eut douze garçons et
huit filles. _
Dame Jeanne-Antoinette (le Belloy;
veuve de Charles, Comtcide Lannoy 5
filie de Feu Jacques deiBelloy, Chevalier,
‘Marquis de Carillon , et de Dame Ami
CÎC de Courtenay , mourut en son Chä;
teau de la. Motte, en Picardie, âgée de.
8€ ans.
PÎCE:
[70 ME RCURE D E FRANCE
q Pierre Brûlard, Marquis de Genlis, est;
' mort dequis quelque rempsfllans son
Château de Genlisen Picardiec, dans la
85‘ année de son âge. v ' _ ‘
M” ‘Pierre Sabatier , Évêque d’Amiens,‘
mourut le zo. dans son Dioclse , âgé de
79 ans accomplis.
Dame Antoinerte-hladelaine de Bor
deaux; veuve M. Henry Martel , Comte
de Fontaine , premier Ecuyer cle S. A. R,‘ '
Madame la Duchesse d’O_rlean_s , mougrç
à Paris le 24,-d.ans la °7z°annêe de son
âge. Son Corps fut transporté en l’Egli—
se du Village de Brétigny , dont elle émit:
Darne. - ' -. ‘»
Dame Marie- Gahrielle le Cirier de"
Neufchelles, Epouse de Jacques -,'Samuel
‘le Clerc , Marquis de Juigné , 86C. Colt-a}
‘nel du Régiment dïnfmrerie d’Orleans ,
accoucha le 4 Janvier d’un fils,qui fut:
pommé Léon-Marguerite , par Leon le
‘Cirier, Marquis de Neufchelles, Lieu;
tenantdes Gardes du Corpsfi/larêchal des
Camps et Armées du Roy , Gouverneur
de Sainte Ménéhoud , et par D. Maries
‘Marguerite le Méneszrel de Hauguel‘,
E ouse de Jacques Bazin de Bezons, Ma.
Ïx chal de France , Chevalier des Ordres
du Roy ’, ôzc. ‘ - -
. l‘ Are
JANVIER: :733.‘ ‘x7!
Àtmand-Jean de S. Simon , Marquis de
Ruiïec , Grand d’Espngne de la premiere
Classe , Mestre de Camp de Cavalerie,
second fils de Loüis , Duc de S. Simon ,
Pair de France , Comte de Rane , ôcc.
Grand dfEspagne de la premiere Classe ,
Chevalier des Ordres du Roy, Gouver
‘neur de Blaye, Grand-Baillif et Gouver
neur de Senlis", Capitaine du Pont S.Ma
Vxent , Vidame de Chartres, Marquis de
Ruffec,&c. et de. D. Marie de Durfort
de Lorge, épousa Zdans la Chapelle de
PHôtel d’Auvergne ,la nuit du 2px au 2.7.
' Janvier , Dame Marie - Jeanne - Loüise
Bauyn d’Angervllliers , veuve de Jeanä
René de Longueil , Marquis de Maisons,‘
ëcc Président à Mortier , Fille unique de’
Nicolas - Prosper Bauyn , Seigneur d’An
gervilliers , Ministre et Secretaire d’Etat_,_
et de Dame Marianne de Maupou.
,R E P O NSE à l4 Missive du Cher/dg‘
lier de Ismcottoe , inscrit dans le‘ premit?
volume de Decembre.
_ PReux Chevalier , d’une voix haute ,'
Dans tes Rivaux tu ne comptes que trois.
. De par: l’Amour aprends que cette fois ,
Comme maint Chevalier, tu comptes sans son
,_ 116cc ,_ C
O
‘.172 MÉRCURE DE FRANCE:
Ce n'est pas le tout d’êtré Preux ;
‘Qmique la valeur plaise â Pobfet qu'on adore.‘
Un Rival qu’en «lédaigne. ou celui qifonignorc}
Est souvent le plus dangereux. ‘
C’est moi qui le premier ai sçû‘ rendre les armés
‘A celle qui peut tout charmer.
Mieux que "moi , tu pourrois connaître tous set
charmes ,
Mais tu ne sçaurois mieux l'aimer.
j’ai gardé trop long-temps un amoureux silence};
L’Amour est quelquefois du Sexe féminin,
Il veut qu’en parle , et si la Belle s’cn ofïence g
Il m’a promis qufim beau matin , i
Il prendrois soin de n13 delîcnce.
Cnnnunri.
i i D D 1 T 1 ‘o N.
Académie de Mxtseillc avertit le puë
biic que le 2.5 Août, jour et Fête de
F. Loiiis , de la présente année; 173 3, elle
ndîugcra le prix que M. le MàréChaLde
' Villars , son Protecteur, vient de fonder,
à une Picce de Poësie de xio Vers au plus,
' ct de 8o au moins , qui sera une Ode, ou
un Poëme à Rimes plattes , dont le sujet:
i sera livtzlize’ des Prix Académiques}: Poc
rcasion de la. fondation cle-celui de l‘Aca‘
_ / _ «d'amie
JANVIER. x7532 17;
demie des Belles Lettres’ de Marseille.
On addressera les Ouvrages destinez
au Concours , à M. de Chalamont de l;
Visclede , Secretaire perpetuel de PAça;
démie des Belles Lettres de Marseille, ruë
de l’Eyêchê; on affranchira les Paquets à
la Poste 5 ils ne seront reçûs que jusqu'au,
» I May inclusivement; les Auteurs ne
mettront Point leurs noms au bas de
leurs Ouvrages, mais une» Sentence de
lïEcritute , des Peres ou des Auteurs PËO-_
phanes,er ne se_ feront connoître en aua; ‘
cune façon , jusquïau jour de la décision ,
parce que si cela arrivoit par leur faute, _
ils seroient exclus du concours.
En envoyant les Ouvrages , il faut
_ marquer une adresse , à laquelle M. le Se.
cretaire envoyera son Récepissé , e: l’Au
teur de l’Ouvrage Couronné n’aura quîà
teptcsenter le Récepissé ou le faire te.
présenter, moyennant quoi le Prix set;
remis.
MADRIGAL,
Sur la’ Répbme de Ml“ dejllalcrair de la
Végmgau Bergerde: bords de la Marne,
l ‘ v - u. - . . u
D’Un Berger qui vous loue avec délicatesse -
Gapho _, vous ‘rcdoutcz 1c trop galant Ecrit ,
.- Vous
w-"fl
174 MERCURE DE FRANCE.‘
Vous tremblez , quäi ses sons le coeur ne sïnte-ÿ
ICSSC a
OEIC dans l'art d’aimer trop instruit ,
Et sur le vert gazon conduit ,
Il ne change bien-tôt son estime en tendresse,
‘Adorable Sapho, que votre crainte cesse ,
OEi comme vous , est tout esprit ,
Des sens_ne craint point la faiblesse.
Par Mu): SOMMEVESLIo
i Il paroît une n'es-belle Estampe en lar
ge , A dont le sujet excellçnäment traité ,
par M. Charles Coypel , représente Per
séé délivrant Andromede , exposée au .
Monstre, sur un Rocher _au bord de la
Mer. 1l n’y a rien à désirer dans l'action ,
ct Pexpression de ces deux principaux‘
Personnages , non plus que dans les deux
Figures du Pere et de la Mere , placées
sur la premiere ‘ligne de cette riche et:
élegante Composition , dont ces Vers
qu’en lit au bas , acheveront la. des-_
cription : ' p «
Fuyez , jalouses Néréiïles s
Fuyez clans vos Grottes humides; ‘ "=
Persée aime Androméde , et lui rendra le joug ;
Le Monstre servira de trophée à sa gloire,
Et c'est pour Androméde une double victoire;
‘Q3; de triompher par PAmour. .
- Cette
JANVIER. 173;.‘ r7;
J Cette Estampe est rres-bien gravée par}
le S’ Surugue ( d'après le Tableau Origi.
nalqui est dans le Cabinet du Roy) et
se vend chez lui , ruë klesNoyers.
Le‘ même Loiiis Sutugue ,. vend ‘une
nouvelle Estampe , de la suite du Roman
Comique , gravée tpar Edme Jsaumt , d’a.' l
Près, le Tableau dufll’ J. Patgr, qui a
ingenicusement represente 1e Porte Ra
qucbrun , qui rompt la Ceinture de sa
Culotte , en voulant monter à Cheval ,
àia place de Ragatin. Tom. r. ch. 2.0.
-| l
‘LES ntUxuMoURs.
rcsse ,
l . .
' , C Ertam- Enfant qu’avec crainte on ce.
g Et qu’on connaît a‘ son malin souris ;
ai",-. Court en tous lieux , précédé par les ris ,
Mais trop souvent,suivi par la tristesse.
. Dans le coeur des humains il entre avec sou-e
). 91m6,
, abite avec fierté , s’envolc avec mépris i
1l est un autre Amour. 51s craintif de Pestimc ;
oumis dans ses chagrins , constant dans ses
) désirs, _
que la vertu soutient , que la Candcur anime g
résisteaux rigueurs , et croît par les plaie;
sirs.
D: cet Amour le Flambeau peut paraître a
\ Moins
T/ÉMÈRCURË DE FRANCE‘
‘H
Moins éclatant, mais ces jeux sont plus
_ sioux , - '
C’est-lais Dieu que mon coeur veut pour
Maître ,
Et je ne veux le servir que pour vous.
Nous avons déja atlé assez au long de
la Cartc_ generale u S’ Lemau de La
jasse, de 7 pieds en quai-ré , montée sur
Gorge et Rouleau, enrichie de Tailles
douces des ‘meilleurs Maîtres , contes
nant PHistoire Militaire de France‘, de.
puispôn origine. On y voit no Plans “J
representant les principales Places defl;
Guerre et Villes Maritimes; la Maisonfi
Militaire du Roy‘ , Plnfanterie , la Cava- l"
lerie , les Dragons _, et les Troupes for-i‘
mées en Compagnies , avec les difïêren-l
tes Figures armées, tant à pied qu’à che.‘
Val , et leurs Trophées d'armes _, ancien
nes et modernes. On y voit aussi au min’
lieu de chaque Corps de Troupes, la foi‘
me et la couleur de leurs Etendarrs, Gui
dons et Drapeaux , Colonels et d’Ordon—'_
nance , qui J; sont représentez en Blazon _
ainsi que les Uniformes et Armures d
toutes les Troupes du Roy , avec les ad
ditions, pour la difïerence de chaque’
Habillement et Équipage.
Les premiers Exemplaires de cet Ou
vrago
JANVIE R.“ ‘:733; ‘r77
"vrage , tant en grande Carte montée",
‘qu’en Livre , relié en Maroquin doré ,
ont été présentez par l’Auteur , le second
jour de cette année, au Roy , àp la Reine‘,
et à toute la Cour.
RÉPONSE è deux Articles du Mercurg
A du mai: Æ Octoâre damier.
' E viens de voir dans le Mercureldu
J mois d’Octobre dernier , deux Arti-g
‘cles qui me concernent s le premier, con
tient des Remarques sur ce que j’ai dit au
sujet de la Manumission d’Orleans , dans
le Mercure de Juin , et dans le second on
nous donne une_ nouvelle Etimologie du
v
mot de Guespin , contre celle qui est im- r
primée ‘dans le Mercirre de May. Voicv
‘ce que j’ai à répondre à l’un et â l’autre.
_L’Aureur des Remarques les commence
par mävertirque Plnscription d’O.rlcans,'
que je croyois iusques icy, n’avo1r point
été donnée figurée, se trouve neanmoins
gravée dans les Annales Benedictincs du
P. Mabillon. En effet , elle s’y rencontre
â la page 53; du 5° vol. Je remercie
TObserVateut de me Pavoir indiquée!
mais quand faurois sçû cette particulari
té, je ifautois pas moins donné l’Inscrip
vrion au Mercure , qui étant un Lilvre en.
' tre -
x78 MERCURE DE FRANCE
tte les mains de tout le monde ,est beauä
coup plus propre qu’aucun autre à la ré
pandre età la faire connoîrre ' at tout.
On sçaura du moins ce qu’est evenu ce
Monument après la destruction desTours;
où il se ttouvoit attaché, et cela pourra
cngaoer ceux qui passeront par Orleans ,*
Ô
à demander à le V011‘. Les Curieux dora
i vent tout attendre en cette occasion de la
politesse des Chanoines qui en ont la
garde. r
L’Observateur se plaint ensuite , que
dans la Liste de ceux qui ont rapporté
Flnscription, j'aie oublié l’Auteur du.
Voyage Liiurgiqiugdans POuVrage duquel
elle se trouve fidelement déctite._ A cela.
je réponds que je n’ai jamais ensé à faire
un dénombrement’complet e tous ceux
qui ont faitmention de ce Monument]: v
n’ai cité que ceux que juvois sous la.
maingcat il y en a bien un plus grand
nombre; et je me contenterai icy d'a
jouter Guillaume Foutniet; d’autant plus
qu’en rapportant Plnsctiption, ch. 4. du
liv. r. de ses Selectioilesi, il s’est trompé sur
le nom de I’AfÎranchi , LETBERrus , qu’il
appelle malLEMTBERTUS. Au reste, ce
n’est point le titre de Voyage Litngique ,
qui ‘m’a« empêché de penser à cet Ouvra
ge , comme semble le croire PAuteur des
i RC9
J A NV I E R.‘ I753.‘ 179
Remarques; je sçavois qu’il y avoit dans
ce Livre bien des choses plus éloignées de
la Liturgie, qu’une Manumission 4d a!
mre.‘ Mais comme je n’avois fait que par- ‘ÿ
"courir legerement ce Voyage , lorsqifil
parut,je ne me souvenois pas dîy avoir
vû la nôtre.
La Remarque qui suit, regarde l’Ins— '
cription même: On demande pourquoi
Paflfitanchissemenr de Letbert est le seul
qui se trouve gravêsur la Pierre; et on
ajoute que ÿen devois rendre raison.J’a
vouë que si je Pavois fait , faurois donné
un grand jour à Plnscriprion. Maiscom
ment en venin‘: à bout? Les termes. simples
‘et concis qui la composent, ne donnent
aucun lieu à des conjectures, et les Ar-e
chives de l’Eglise d’Orleans , oùlce Let
bert est entierement inconnu , ne nous
en apprennent pas davantage. Il faut
donc , sans chercher à deviner ,__ dans un
fait entieremenr obscur, se contenter de
dire, avec M’ de Lasaussaie* , que la gra
vûre, de cet afllrancissement n’a été que
pour suppléer à un autre Acte , selon la
disposition de la Loy de Constantin sur
ce sujet l qui permet que dans cette oc-_
casion: Vice Aotomm, interpomttnr qualisg
c/mqzte smptnrfl.
* Annal. Ëcrl. Jrùécl. L.‘ 9. 72-. 6.
1er,‘ , Com-T '
ISDMEKCURE DE FRANCE
Comme tout ce que Ïai dit sur les Serfis
et leurs alfiançhissemens , n’a été que pour
en donner une teinture, legete qui pût
‘servir à entendre Plnsctiption , fai pû
avancer d’une maniere generale que les
Serfs avoient subsistè en «France jusqifau.
milieu du treizième siècle,quoiqu’il n’en
soit fait mention que bien long-tems a
ptègpuisque ce fut vers ce tems—lâ,qu’au
rapport d un des Historiens d’Orleans,*
S. Louis affranchir tous ceux qui se trou— i
voient en France , moyennant quelques
sommes qu’ils payeroienr à leurs Sei—
gneurs. Il est vrai que cette Ordonnance
que Le Maire date de l’an 12.55. ne se
trouve point dans le nouveau Recueilde
celles de nos Rois dc la troisième Race.
Mais comme dans les Lettres ‘du ‘Roi
Louis Hutin , du troisième Juillet 1515,
sur le même suylt , il est fait mention d’u
ne Ordonnance plus ancienne qu’en n’a
pas , il y a apparence que c’est de celle
de S. Louis qu’il est parlé. Les Seigneurs
, ne se ptesserenr pas beaucoup dbbéïr â.‘
- ces-ordres , qu’en avoir rèïterrz sous les
Règncs suivans,et il e:t parlé de Serfs jus
ques dans le quinzième siècle, quoiquäg
bolis dès le treizième.
î‘ Le Maire, p. 52.7. du I. Tome,
- — J‘?
_ JANVÏE Pu‘ 1733.’. 121
Je viens à la derniere Observation de
l"Auteur du Mémoire. ‘Paidit que les Let-î
tres que le Chapitre d’Orleans avoit ob
tenuës en 12.04. du Roi Philippe Augus
te ,- pour Fafiiranchissement de ses Serfs ,
servirent vingt ans après en 121.4 pout_
ceux de Mcsnil-Giraut, et qu'elles furent
confirmées par le Roi Louis Vlll. L’A_u
l'eut nfoppose que clans les Lettres de ce
Roi qui sont rapportées par Ducange et
‘ parle Pare Martenne , et qui,pour le dire‘
en passant , ne se trouvent point dans le‘
Trésor de l’Eglise d’Orleans , il n’esr pat
lé en aucune manierc de cette confirma
tion. Cela est-vrai. Mais une autre Charte‘
de Louis VIIl. du même Trésor , donnée’
à Paris au mois de Septembre de la même
année 1224. en fait expresse mention.‘
Navarin} quart’ no: dilecti: nortris D0mi720
et CI0 Aurclirznensi 4d exemp/nm progeni
zari: nartri Phi/ippi recordmtani: incline,
Regi; quofldam F Jllmtris carlzcessimur m ipsi
serve: ma: et ÆflGIÜÆJ 55m5. . . dutofimtä nos-’
2m et ma: mannmittanr. Co mlme cette Char
te ne parle point‘ cie Meshil- Giraut, et
que ce sont des Lettres distinctes de celles
e Ducange et du Pere Martenne,c’est_
une {turc de les avoir couîoncïuës , ‘mais
je ne l'ai fait qwaprês les Auteurs de
‘ " ‘ _ i1 Ül 1’His—_
1S2 MÆRCURE D E FRANCE
PHistoire cl’Orleans ,— i‘ dont ÿavois co
pié les termes sur cet article : cela peut
me servir dfexcuse. .
Voilà ce que j’avois à dire ‘sur le pre
mier Mémoire. L’Auteur m’cn paroi: aus4
si poli que sçavant, et je lui ai bien de
Pobligation de Fidée avantageuse qu’il
s’est Formée de moi; Ïaurois cependant
souhaité qu’il ne m’eut point désigné par
mon nom , et que me trouvant couvert
sous des Lettres initiales _, il m’eur_ laissé
garder Pincagnita.
ll s’agit à présent de la nouvelle étimo
logie du mot de Guespin. L’Auteur la
tire de Guespa: , mot Grec selon lui , qui
signifie une pierre brillante qui se trouve
aux environs de PEpii-e , et voici l'histoi
re qu’il fait de cette dénomination. Les
peuples de ces Pays étant passés dans les
Gaules environ 250 ans après la destruc
tion de Troye , y fonderenr la Ville d’Or
leans set remarquant ‘dans ses habitans
une finesse d‘esprir qu’on ne voyoit poin t‘
dans les autres, Gaulois , ils lesappellerent
Guespor, par rapporta lei-pierre brillante‘
de même nom.
. La Pierre dont veut parler notre Eti
. . V l ne _ . A _
mologisre est 1C o)’; , pierre ‘transpzren
. 9- Le Maire \, p.317. T.’ r. Guion.» pag.’
m,
J ANVI ER. :732; 2s;
‘te qui se trouve avec le piastre , et quîil
auroit dfunommer Gupsar ÏUNI/Oç , car
son Gnerpor ne signifie rien. Qle cette
pierre se rencontre en Epire, ou non ,
_ cela ne fait rien_ au sujet dont il s'agit ,
puisqu’il n’est point vrai que les Epirotes
se soient jamais venus établir dans les
Gaules. L’Etimologiste a confondu _les
habitans de la Phocidc , Province voisine
de PEpire , avec les Phocéens , peuples
d’Ionie en Asie , qu’on sçair avoit descen
dus dans les Gaules du tems de Cyrus ,
dont ils fuyoient la domination; mais
la Fondation d’Orleans n’est pas moins
étrangere à ces derniers qu’aux Epirotes.
Les Phocéens se contentercnr d'occuper les
côtes maritimes où ils avoient abordrê ,
sans avancer dans les terres , bien loin de
pénétrer dans Ades Provinces aussi éloi
gnees que les mottes. "‘ Marseille leur dût
sa naissance , mais celle d’Orleans appar«
tient trop aux Chartrains, sous la demi
nation desquels nous trouvons cette Ville
aussi-tôt qu’elle nous est connuë , pour
vouloir la rapporter à dhutres. Tout ce
que lflîtimologiste dit lâ-dessus est avan
ce gratuitement et sans aucune preuve.
* Herodote, L. I. 11min, LÎV. XLIII. Salin,
C8. ère. . I - p '
m; MERCURE DE FRANCE“
- Je pourrois à mon tout lui reprocher sa”
négligence pour la recherche de la Verni , si
je ne craignois de m’être déja trop arrêté
sur un Sujet qui peut-être ne méritoit pas
dfêtte refuté sérieusement.
D. P.
ÇA Orleans, ce 7 Decembre I732.
Connus LES Aurauns sarvnrqirs.‘
I) Ieu des Vers , puissant Apollon ,
Peux-ru souflrirsur le'Parnasse ,
Peurtu voir répandus dans le sacré Vallon
s
' Dïmplacables Démons dont Pinsolenre audace '
Par les plus indignes Chansons ,
De ta Lyre aujourd'hui {ont mépriser les sons P
Les Eumenides ennemies ,
Dont la noire fureur en tous lieux se répand ,
Ont-elles converti les Muses en Furies?
IJHypoci-ene en bourbier , et Pegase en Serpent
Il paroit tous les jours des Satyres nouvelles ,
Dans le Public sans cesse on séme des Etc-j
vets.
Des Monorimes , * des Couplets;
Et ces injurieux Libelles
Armés de leurs traits odieux 9
Portent des atteintes cruelles , a
Sans épargner même les Dieux :
* Ouvrage tout m même: rime: et d'une sntye
entrée. '
C’est;
JA N V I E R.‘ 1733. 18';
Ü ,. ' . . .
C’cst lEnfer qui vomit ces insolents ouvraq‘
gCS; _
Ce tissu de fiel et «fourrages
Ajoute à la malignité
L'imposture et Fimpiété ;
LLGs plus hautes vertus deviennent leurs victi.
mes , p \
E: les Auteurs d‘: ran__r de crimes ‘
Se flattent de Pimpunire’.
De ces nouveau; Pythons purge al jamais la
terre ,'
Fils du plus grand des Dieux , de sa gloire jan.
l’oux ,
Frappe ‘, fais tomber sous tes coups
Des Monstres aiguës du Tonnerre.
LETTRE écrite de CoflflezntÎnop/e [e 22.’
Novemâre i732. anpsujet de la dernier-a
contagion , et de [a fiant/elle’ Révolution
de Perse.
l Epuis le r7. de Juillet, Monsieur,‘
que je ne vous ai donné des nou
'velles de ce pays-ci , il n’y a presque été
queyrion que de la Peste. Voilà près de
cinq mois qu’on ne parle diantre chose
que de ses ravages à Constantiijiople , et
quoique les Turcs ayent coûtume de se
piocquer de ceux qui lacraignent s 0“ 3
i1 v remarg‘
18€ MER CURE DE FILA N
remarqué cette année , au grand deshon;
neur de la prédestination absolue, qui est,
comme vous sçavez, le Dogme fiwori des
Mahometans , qu’en gencral , ce ter-iblc i
fleau leur a causé autant defiroi qukifi:
autres 3 mais comme par respect pour!
leurs ptéjugez , la plûpart n’enonr pas
pris plus de précautions quïä lbrdinaire ,,
on assûre qu’il a péri dans cette Ville: et
dans ses environs 150 mille personnes.‘
Je ne sçai si ce calcul estbien fideleçe qu’il;
y a de vrai , c’est que la contagion se réa‘
pandant comme un torrent , n’a pas plus;
épargné les grands que les petits: elle
s’est introduite jusqursv dansle Serrail du.
Grand Seigneur , dont elle a emporté
beaucoup d’OH'iciers , et sur- tout-d’Eunuques
noirs , enträautres le Kasnadar ou
Irèsorier de Sa Hautesse- L’Esl<i—Scra'1'-,
dest-à-dire , le vieux Sertail ,_ où sont‘
renfermèes aussi sévèrement que dans un.
Monastere , les Sultanes du’ G. S. après
sa mort ou sa déposition , n’en a pas été
éxemptnon plus : trois ou quatre Sultav
nes y sont mortes ,_du nombre desquelles;
a été la Sultane Favorite du dernier Sultam
Achmet III. et Mere de la Sultane veuve»
du fameux G. V. Ibtaim Pacha, qui fut
étrangle il y a deux ans. Celle-ci avoir;
été pareillement attaquée du même ‘mal ,.
mais
ÏIA N VIE R.’ 17332137‘
mais elle a eu le bonheur d’en réchaper.
Enfin, pour ne vous point ennuyer par
un plus long détail sur cette triste marie
re , ÿajoûterai seulement que le G, Viz.
d’aujourd’hui a eu la douleur etqla cons-a
tance d’en voir mourir dans son propre
Palais un de ses freres , un de ses neveux ,
sa fille , celui à qui elle étoit promise en
mariage , et plus de deux cent de ses do
mestiques. Dicu merci cette cruelle ma
Iadie tire à sa fin , et la communication
commence à se rétablir par tout.‘
Je reviens , Monsieur , à ma Lettre‘ du‘
n. Juillet; je vous y marquois, si vous»
vous en souvenez , que le 4 du même‘
mois,la Porte avoit reçû des dépêches
d’Achmet ,Pacha de Babilonne ,» qui en-r
voyoit au G. S. une Lettre de Chah-Tah
mas, pour Sa Hautesse, par laquelle ce‘
Prince tejettoit entierement Piufraction
du dernier Traité de Paix sur Tahmas
‘Couli-Kan, son Itimazdil-Dezzlet, ou Grand
Visir, qui paroissoit vouloir usurper son
Trône , mais que les Turcs se défiant de
la bonne-foy du Roy de Perse , et appre
Iæendant que pour les mieux tromper , il
n"eut concerté avec son premier Ministre‘
11a rebellion dont il Faccusoit, la Porte‘
ne sçavoit à quoi s’en tenir, ni à qui elle"
dkvoiu eiïcetivement attribuer la rupture‘
I» v), chine
1S8 MERCURE DEJFRANCË
d’une Paix recherchée avec tant d’enr-*
pressementzpar la Perse, et si fraîchement
concluë. _
Ce Mystere impénétrable alors , s’est
enfin éclairci; on a reçû depuis quelques i
\
jours des nouvelles, dont quant a pre
scrit‘, je. ne [puis vous rapporter; qu’un
precis; me reservant a vous les dCtalllCl“,
orsqu’on m’aura remis une Piece qu’on
m’a promise. Ces nouvelles disent donc _
en substance , que d’un côté Tahmas
Couli r Khan , après avoir déclaré en ter
mes formels , par ses Lettres , au Roy
son Maître , qu’il ne ratifieroir jamais ce
Traite’ honteux , que Sa Majesté venoit
de faire avec les Turcs. Il étoit“ parti du;
Corassgn, et avoir pris la route dispa
han à la tête d'une Armée, composée
de Montagnards féroces et déterminez
comme lui; que d’un autre côté Chah
‘Tahmas, persistant à vouloir» que la der
niere Paix eut son entiere exécution,
cette conrrariére’ de sentimens avoir jetré
la division entre le Souverain , le pre
mier Ministre, et leurs Partisans respeca’
tifs 5 que cependant le Prince voyant ap
procher Tahmas-Couli- Km , homme am
bitieux, capable de tout entreprendre, et
dont les Explois lui avoientfiits un grand.
nombre dämis ,. jusques dans’ sa propre
Cour
A. N VIE R.a'17;;».-» 1.83:
Cour , avoit cru devoir ceder au temps,
et se reconcilier avec lui-,que le perfide
Ministre cachant son noir dessein sous les
dehors afiectez d'un zéle , dîme fidélité ,
et (l’un attachement à toute épreuve ,
pour l’honneur de son Souverain, et pour
le bien du Royaume , avoit reçu avec
une soumission toute respectueuse en
apparence, Ics propositions. qu’on éroit
allé lui faire , de la part de Chah e» Tah
mas. Qïen conzéquence iI s’étoit tendu.
avec peu de suite à Ispahan , après avoit
cepcndfiant distribué ses Troupes dans dife
a férens quartiers, aux environs de cette
Capitalgque par ce moyen il tenoit com
me bloquéeget qu’y étant arrivé,la premie
re chose qu’il avoit faitgavec le secours de
ses Partisans, dont le Roy étoit environf
né , même dans son Palais‘ , avoit été" de se
saisir de ce malheureux Prince, quïlavoit:
fait mettre sur le champ dans un Carosse
fermé,et fait conduire avec une grosse‘
Escorte , vers le Corassan , où l’on igno
roit encore ce qu’il étoit devenu"; qu’en
suite il ‘avoit forcé le Harem ou apparteè‘.
ment des Femmes ,- ce lieu si. sacré, sur
tout en Perse; qu’il y avoitdabord violé
laisoettt du Roy , qu’on dit être une fort:
bile Princesse; qifensuite il avoit tiré cle
çe Harem un enfant «au Berceau, fils de
' Chah:
‘r90 MERCURE DE FRA NCE
_ Chah-Tahmasÿquïl l'avoir fait proclai
met Roy de Perse , publiant que son Pctc
étoit incapable-de regner; qu’ils’étoit fait:
déclarer Regent du Royaume, pendant
la minorité de ce nouveau Monarque.
Qfen cette qualité , il s’étoit revêtu des
Habits Royaux, et des autres marques
de Souverain,er avoir paru en public avec
un faste extraordinaire; qu’il faisoit jours
nellement massacrer ce qui restoit de‘
grands Seigneurs à la Cour . attachez à
Chah-Tahmas ,ou qui pouvoient lui faire"
ombrage;qu’ilenrichissoit de leurs dé:-'
poüilles les compagnons de ses désordres:
et de sa fortune, et qu’il commandoit si
desporiquement dans Ispahani, que tout
y trembloit sousÏuî, d’une maniere qui.
tenoit du prodige. Je suis , 8Ce.
P. V..‘D‘..
S 0‘ N N E T
Sur un Pêcheur Pénitent,
DAns Pexcés des-maux que jëndute,
}’ay souvent prié le Seigneur ,..
Däagir avec moins de rigueur ,,
A; Yégard de sa Créatures. ’
Çi’=y=
JANVI E R. 1732.
fa): dit: Auteur de la Nature,
Grand Dieu, voi ma triste langueur ;.
Infirme’, perds mai vigueur,
Comme unefleur perd sa parure
Mais , Seigneur, rejette ces voeux g.
lie soulagement que je veux ,
Est d’un_ ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ,-,
Et d'un vil Esclave du crime ,,
fais un Enfant de la Vertu.
Lioerati amem à percale servifnoti estisjnssitiaa.
Rom» 6. r8. 22..
I.
süâà
v
!91__MÉR_CUR-.E'DE FRANCE
ARKESTS NoTABLEs. .
RDONNÀNCE DU ROY, du r7;
Decembre qui rcgle le rang et la place que
les Chanctliers des Consulats des Échelles du
Levant, doivent occuper dans les Ceremonies
publiques , par laquelle S5. M. ordonne’ que dans
toutes les occasions où la Nation se trouvera.
assemblée en corps , pour des Ceremonies pu
bliques , les Chanceliers pourvus de. Brevets de
8 M. marcheront immédiatement après les Dé
putez de la Nation , et avant les autres Négocians.
A Pégard des Chanceliers substiruez ou nommez
par les Consuls pour exercer les Chancellerics
dans les cas de mort, "de maladie ou dhbsence
des titulaires , veut S. M. qu’ils n’ay<rnt aucun
rang dans lesdites Cerémonies, et qu’ils mara
chent avec les Négocians sans distinction ni
preséance , 8re.» - '
A R R E S T du Parlemenitflqui‘ ordonne la
suppression d’une These.
Ce jour , les Gens du Roy sont entrez en la
Cour, et Maître Pierre Gilbert de Voisins , Avo
âar dudit Seigneur Roy , portant la parole , ont
it :
Qfayant eu avis diune These qui fut soute-I
nuë en Sorbonne Mercredi dernier 31. Décembre
par un Bachelier de Licence nommé Me jean‘
Hanharan . Prêtre, Irlandois de Nation , ils ont
pris soin de s’en faire remettre des Exemplaires,
et quhprès les avoir vûs, ils ont crû qu’il étoit
de
J ANVI ER. 173;.‘ i9;
‘elle leur devoir ‘(Peu rendre compte à la Coui- sur
c cham .
Q1: sfns s’arrêtet â la difïerence qui se trouve
entre les divers Exemplaires par rapport il la de’.
dicace et à l’inscription qui Paccompagne , sin
gularité dont ils ne chercheront point à appro
fondir la raison; il leur suflîttÿobserver que sous
’l’un et l’autte titre la Tliese est la même,et qiÿelle
mérite toute Pattention de la Cour. Rien de plus
msafiisant ni de moins correct sur tout ce qui
regarde nos Maximes , qu’on y voit diversement
alterées, tantôt par des expressions vicieuses,
tantôt par des réticences ÈUSPCCICS , tantôt par la
correspondance et le rapport avec ce qui précede
ou ce qui suit. '
Qte ce n’esr pas en cela seul que PAutcur de
cette These a donné dans des écueils qu’il sem
ble avoir cherché exprès. Qie sur ce qui peut
avoir rapport aux affaires présentes de FEglise ,
au lieu de la circonspection si nécessaire , il
montre une affectation qui ne tend qu’â émou
voir les esprits, qu’â entretenir les disputes , et‘
qu’â exclure ce qu’il y a de plus capable de con
duire â Puniformité et â la paix.
%’une These si peu mesurée et si dangereuse,‘
est un signal de discorde qu’on ne peut trop
tôt étou er. Qïon n’avoit pas lieu de s’attcndrc'
qu'elle dût échapper à l'attention du Syndic de
la Faculté de Théologie . et qu'après la bontéj
que la Cour avoipeuëen dernier lieu , de recevoir:
les assurances qu il lui avoit donnees sur sa con
duite, eux Gens du Roy , avoient dûcomptei‘
a - - \
u elle seroit lus citcons ecte e: lus exacte a;
gavenir Qte îfiest ce ui fie en l: ‘ < oser
‘ ° ‘l 5 g“? _ 3 P“?
a la Cour de le mander avec ceux qui on tu part‘
à cette These , pour entendre «Pelle-même ce
qu'elle
m, MERCURE‘ DE FRANCE
qu'elle jugera à propos de statuer à leur égard z
que c’est ainsi qu’e1le en a souvent usé dans les
occasions qui ont paru le demander , et que c’est
le moyen qui leur paroît le plus propre à arrêter
ces tentatives affectées , que des esprits qui ne res
pirent que le trouble‘ font éclore de tems en tems.
Eux Retirez;
Vtî une These intitulée : Pastomm exemplari ,
et dans une autre édition de la même Thçse,
Verbe. nascermjer à la fin de chacun desdits Exem
plaires , Has Theses, Dea date , aaspiæ Bai-para ,
et Praside S. M. N. Iacoéo LealÏier , Sacra Facul
tatis Parisiensis Dottore Theolago et Decano Sor
lvmica , Seniore , nemon antïqao Sancti Ladosvici
in Inmla Pastare vigilantissima, taeri ranaâittzf
Ïaarmes Hanharaa , Limericensis in Hyêemia Pres
èyrer , ejasdem Sacra Faraltaris Parisiensis Bacca
Îaarea: Theologas , aie Merturii trigesimaî primaÏ
mensis Decemâris , anno Domini MDCCXXXII. a5
octava mazatina, ad sextam vespertinam , inflor
êeæa , pro major»: ordinaria. Ladite These conte
nant neuf Positions toutes conformes dans cha
cun desdits Exemplaires. La matiere mise en de’
liberation : _ a
La Cour a arrêté et ordonné que ladite These’
sera et demeurera supprimée ; enjoint à tous
ceux qui en auroient des Exemplaires , de les ap
porter a cet effet au Grelîe de la Cour, et cepen
dant ordonné que le Syndic de la Faculté de
Théologie , le Président de la Tihese et le Ré
pondant seront mandez en la Cour Ivlefcredy
prochain sept heures et demie du matin en la.
GranrFChambre , pour eux oiiys en présence du
Procureur General du Roy , être sur ses Conclu
sions ordonné par la Cour ce qu’il appartiendra;
ordonne en outre que Copies collationnées du
prescrit
JANVIER. I753I 19;
\.
présent Arrêt seront envoyées aux Bailliages et
Sénechausspées du Ressort , pour y être lûës , pu...
pliées et enregiStIéCS. Enjoint aux Substituts du
Procureur General du Roy d’y tenir la main , et
d’en certifier la Cour dans un mois. Fait en Par
lement le 5. janvier 1733. Signe’ , YsAnnAU.
A RdR E S ‘â’ du Parlement, donne’ en execu
tion e celui u 5. anvier.
Ce jour les GensJdu Roy sont entrez, et ont
dit : Qu’en execution de l’Arrêt de la Cour de
Lundi dernier , le Syndic de la Facnlté- de Théo
logie de Paris, et celui qui a soutenu la Tlrese sup
primée par son Arrêt du g. de ce inois , étoient
au Parquet des Huissiers; que le Doyen de ladite
Ëacnlté ne s’est point rendu aux Ordres de la.
Cour pour cause dïndisposition; et â Pinstane
le! syndic et le Répondant mandez, et ayant pris
‘ ace au Barreau du côté du Greffe M. le Pre
îïlîfr Président lent a dit: La Çorir justement
fileconttnta (l’un: These soritennë en Sorboune
le 31 . Décembre dernier , et en ayant ordonné
la suppression par son Arrêt du y. janvier ,vous
a mandé en ce jour , pour vous faire entendre
combien elle impronve la conclure, tant du Doyen
qui a_ présidé â une These si dangereuse et si cet-‘
plalallç dïxÿäîcr le feu de la discorde , que du Ba
ç 1e 1er tu a sourerxuë dic quicl’a approuvée pa,restaesnicgonraetulrel.us du S y n
‘ Chargé par son état d’exan1iner et däarrêter
toutes les Tlxeses qui pourroient exciter» du trou
ble , il a manqué au plus essentiel de ses devoirs,
et il est cl’autant plus repréhensible que l’annéc'
derniere la Cour ayant bien voulu se contenter
de la déclaration de ses sentiments sur les Maxi
nies du Royaume, Pavoit chargé par Krrèt du.
1L0’
\
\
r95 MERCURE DE FRANCE
1x‘. Août r7;‘1.. de veiller plus exactement que.
larîlallîl SHIIÇhÎ/Olllt {le qui se‘ ‘passerait dans la Fa-«Ï
eu te e eo ooie
instruits tlu mhécontentement de la Cour , il ne
vous reste plus qu’il lui marquer des disposiiions
propres à prévenir les elÏets de sa juste severité.
Eux entendus , les Gens ‘du Roy , Me Pierre
Gilbert de Voisins, Avocat dudit Seigneur Roy
portant la parole , ont dit ;
Qfiil ne s’agit plus d’aucune discussion sur la.
Tliese; que la Cour y a prononce’ en connais
sauce de cause s qu’il ne s’agit que de voir ce qu’il
Cflnvtfint de statuer â Pégard de ceux qui y ont
eu part. Qfils ne peuvent s'empêcher de dire
qu’en ne sgauroit assez blâmer la conduite du
syndic; que ce n’est pas d’aujou'rd’hui qu’il est
instruit des intentions de la Cour pour le bien le
plus Csscntul, et pour la tranquillitézqifiil y a
manqué plus d’une fois; c: quärtptês ce qui se
pasbsa il,y'4a quelque temps lorsque la Coiär eut
a 0115€ u: recevoir les assurances u’il onna
sur sa conduite à Pavenir, il est plu? repréhen
ble que jamais. Qfil faut donc lui faire des in
jonctions en forme , telles que la Cour les pro
nonçe contre ceux qu‘elle rcgirde comme étant
en faute inzxcusable. {te le Répondant est inex
cusable aussi. Cküi Pégard du Président nommé '
dans la These . il s’est excusé de se présenter au
jourtÿliui sur une indisposition actuellgque son
âge rend vrai-semblable; mais qu’il lui eût été
facile de desavouer la Thrse en inertie-temps ', et
que ne Payant pas fait, la Cour est en état de le
comprenne dans les injonctions qu'elle jugua î
propos de faire aux deux autres. OEJC ce sera â
eux , et surtout au Syn lie, de faire ensorte -qu’*on
ne soit pas obligé d’aller plus loin dans la suite,
Ct
JÀNVIER. 172;.‘ 191
ètque le Ministere public ne soit pas forcé de
prendre d’autres mesures.
Qfiils requietent donc qu’ils soit enjoint au
Syndic d’être plus exact et plus circonspect à Pa
rvenir dans ses fonctions et de veiller à ce qu’il
ne soit rien mis dans les Theses , qui puisse
émouvoirles esprits et entretenir les disputes pré
sentes, à peine d’être procedé contre lui ainsi
qu’il appartiendra; Enjpint sous les mêmes pei
nes, tant au Président qu’au Répondant de se
conformer à FArtêt , chacun en ce qui les con-g
cerne. .
Eux retirezgnsemble le Sindic et le Répondant.
La matiere mise en déliberation , les Gens du Roy
, . , .
ayant éte iuandez , et M. le Premier Presidcnt
nyaqt ordonné qu’on fit entrer le Syndic et le Ré
on ant:
P La Cour a enjoint au Syndic de la Faculté de
Théologie . d’être plus exact et plus circonspect
à Pave-mir dans ses fonctions , et de veiller à ce
‘qu’il ne soit rien mis dans les Theses qui puisse
émouvoir les’ esprits et entretenir les disputes
présentes , si peine OEêtrepproeedé contre lui ainsi
qu’il apparpiendra: enjoint sous les mêmes peines,
tant au Preside/nt qn auARepondant , de se con
former au present Arret , chacun en ce qui les
concerne Fait en Parlement le 7. janvier 1753.
Signe’, Ysnunnv. '
Le sieur Dugeron , ancien Chirurgien d’Ar-‘
niée , continue de donner avis qu’il a fait la de?
couverte d’un Remede sans goût, qui préserve
1,65 dents de se gâter et de tombenceux qui en
ont en connaissent Futilite’. ll met son nom et
1e prix sur ses Boÿétes Sa demeure avec Tableau
est à Paris ,.rue Comtesse dî/laois , proche la C09
médite Italienne,
t r
_ .
APËROBÂÏIÛN.
’Ay lû par ordre de Monseigneur le Garde
' des Sceaux , le fl/Ierture de France du mais dé
Janvier , Ct ÿay crû qu’en Pouvoir en permettre
Pimpression. A Paris , le n. Février 173;. '
‘. HARDION. .j
TABLE
Pkîvilege du Roy pour -lc Mercure.
Catalogue des Mercures de France depuis
1 72. r.
Avertissement aux Amateurs de ce journal.
Liste des Libraires qui distribuent le Mercure
Pieces Fugirives. Lesquatre Ages , Cantate , 1
Question Notable , jugée à Dijon , 5‘
Le Progrès de la Tragédie , Ode , 19
Lettre au sujet de la Critique du Syecraclc de la
Nature , 8re. ‘u.
Ode d’Horace , ‘Imitation , _ 34
Remarques curieuses sur le Beauvoisis , &c. 36
Les Nôces de Plurus ,- Cantate , 50'
Remarques de M. Bouguer , sur la. Lettre de
"M. _Meynier , . y}
A Mlle de la. Vigne , Madrigal, 64.
Septiéme Lettre sur Oran et Ceuta , 6;
‘ Noels nouveaux , v 7j
Parallelc de Théophraste et de la Bruyere . 78 ‘
' Rondeau à Madame * * * ‘
Réponse aux Vers adressez a Mlle de M81
crais , û 3 I
Logo-g
30'
Iogogryphes , 8re. i - i521.
Nouvelles Litteraires, des Beaux Arts, 8re. Re
cueil de Pieces dïHistoirc et de Lizterature ,
' 86C. _ s;
Glossaire en neuf Langues , 8tc. 9 g
Abregé de FHistoire des 2.4.. Peres de PEglise;
&C. . ‘ I v 9’
Poësies composées et récitees au College de
_ Louis le Grand , me
Traite’ des dissentions entre les Nobles cr le Peu
ple, 8re. t m5
Le Triomphe de la Pauvreté et des humiliations.
8C6. . 198
pgnegyrique de S. François d’Assisc, _&c. 1 1o
Lettre de M. Bertrand , Medecin , r
Nouvelle Edition des OEuvres de S. jerôme , 8re.
I r 8
Recueil de toutes les Inscriptions Grecques c: La
tines , 85C. ' 117
Histoire de Verone , 85C. . no
Fille sçavantc à Boulogne , 555d,
Physique en Dialogue du P. Regnault , 1 1.;
Abregé de la Vie des Sculpteurs , ôte. u;
Prix de PAcadémie de Chirurgie , ' 12.4,
]ettons de i733. nsi
(gestion sur le terme dflnventipn et de Senti
ment , _ 1 2.7
Autre OEiestion sur la Navigation , 3,3
Chanson Notée , Bouquet et Ode Anacreontique
en Musique , n 13,,
Spectacles , Extrait de Zaire , 133‘
La Fête d’Iris , Cantatille , r47
Nouvelles Etrangeres , de Turquie et Perse , 14,
De Russie , Dannemarc , Allemagne , Italie , i go
Nouvelles djñspagne et d’Oran , ôte. 15;
Grande Brctagne 1 s4.
Morts
Morts ,- Naissances des Pays Étrangers, sac. 1 n‘
Poëme , Etrennes à MIM. 8re. 15g
France, Nouvelles de la Cour ,de Paris, Gcc. 161.
A Mlle Chanville , Songe i» ” 157 '
Morts , Naissances et Mariages , 169
Réponse à la Missive dn Chevalier Leucotece,
5H1. 171
Addition. Prix de PAcadémie de Marseille , r71,
Madrigal _, 17;
‘Nouvelles Estampes gravées 5 Andromcde 8re.
' t ‘ Ê "" I 4
Les deux Amours , Madrigal. 177;
Réponse sur Pétimologie du mot de Guespin,
8CC. ' ' 177
-'Contre les Auteurs Satyriqnes , 184
Lettre de Constantinople sur l'a detniere conta
gion , et la nouvelle Révolution de Perse , r8;
Sonnet , 190
Arrêts Notablcs , . 19::
.
'
.
Fautes a corriger dan: ce Livre.
Agc 75. ligne r4 Moyran , lisez. Meyran,‘
Ibid. l. 3. du bas , Leuville , I. Lôuville.
P. 79. l. 1o. Monotomie , LMonotonie.
P. l“. l. u, février, l. Janvier.
les Iettens de r7; ;. doivent regarder la page 1 2.;
La C hanson notée doit regarder la page 13;
MERCURE
l DE FRANCE,
DÉDIÉ AU ROT.
.FÈVRIER.—1733.
GUILLAUME cAveLrzk.
ruë S. Jacques. s < '
Chez LA VEUVE Ptssoîfiqxaydc
Conty , â la descente du Pont-Neuf.
JEAN DE NULLY, au Palais
l M. DÇC. xxxux.. p»....
441m Approbation C?‘ Priwilege du Roy.
"ADRESSE generale e]? â
Monfieur MOREAU , Commis au
Mercure , ‘vis - iz- vis la Comedies Fran
foi/è , à Paris. Ceux qui pour leur cam
wodité voudront remettre leurs Paquets ea
ghgtcz, aux Lilzraires qui ‘vendent le Mer
cure; a Paris , peuventfi jèrvir de cette no}:
pour les faire tenir. '
On Prie zrëuinflamment, quand on adre/fs
‘des Lettres ou Paquets par la Pqfle , dÿwoir
in d’en afranclair le Port, càmme cela fefl
‘xtaiijours pratiqué, afin Æépaäner, à nous
le {iäplazfir de- les rebuter, à veux qui
les envoyant, celui , non-fêulement de ne
' fa‘: voiiupizmïtreluleur‘: Ouvrages ’,"’mais
mcme ‘de les pewdre , fils n’en ont pas gardé
de copie. v“ -.; . ‘N ' i “
Les Libraires des Provinces é‘ des Pays
Étrangers , vu tes particuliers qui fimham
ront avoir le Mercure de France de la pre
wiiere main , Û‘ Plus promptement ;-n-’4uront
‘qifa donner leurs adrefles à MuMareuu ,
qui aura jbin de faire leurs Taquets°jëtns
perte de iemps __, é‘ de les faire parterfur
Nature 2; _la Pofle , ou aux Mefageries quïuz
lui indiquera. . .
I, Pnxx XXX. Son}.
«-1
DEFRANCË,
DÉDIÉ AU Rot
F E V R I E R. V1733."
PIECES FUGITIVES,
m Vers et en Prose.
L’ESP'ÈRANCE.
'ODE.
fäïrwæræ Ccours divine Polhimnic ;
F»
0 >
V‘ "1 Je sens de lyriques transports ;'
iKË q’ Viens inspirer â mon Génie
æä%» -. *’
| «Au-Aw L Art qui chaima le Dieu des Morts
Par une Peinture fidelle , i
Inconnuë au Pinceau dfltpclle ,
Je prétcns prouver aujourcPhuig
Aij Q1:
Vzoo MERCURE DE FRANCE
Qxe l'homme dans son éxîstence ,
N’a däutre but que lîsperance,
Däutte guide g ni d’a,utre appui,
i?‘
a
En vain dans Ie sein des richesses,
Un Mortel est enseveli;
Bien-tôt de ces enchanteresses ,
Son coeur cesse d’être ébloüi ; _
c’est le plus haut rang qu’il espcre. -
Mais en vain" par cette chimerç ,
Il croit son espoir abattu.
Semblable â la Tonne perfide,
En se remplissant il se vuide,
i! meurt sans le bien attendu.
Æ
_ leurres Guerriers , qui de Bellone .
Suivezpar tout les Etendarts ;
C’cst PEsperance qui vous donne -
Ifarcleur de courir aux hazards.
La Paix pour vous Net-point de charmes,’
C'est dans le plus fort des allarmes ,
Qxc vous goûtez quelques douceurs ,
Dans l’a_ttente que votre gloire,
Bien- tôt au Temple dCMémoire,
Trouvrra des admirateurs.
, m - a
1,. t Quand
F E V R I E R, 173;. 2er
OEand de la Boëte de Pandore ,
Pour punir nos divers delïauts , 1
-, jadis les Dieux firent éclore ,
Nos Tyrans sous le nom de maux.‘
Ils y laisserent par clémence ,
Ou pour marquer leur Providence ,
Ifespoir , ressource des Mortcls,
Faveur â jamais nécessaire ,
Pour soulager notre misere ,
Et pour Phonneur de leurs Autels.
Æ
jamais le retnotsde nos crimes,
N’eiit mis le coiîteau dans nos mains,
Pour leur immoler des Victimes,
Au gré de leurs pieux desseins;
Lhomme dans sa funeste course,
Ne trouvant aucune ressource ,
Qje dans les bras du désespoir ,
Eût maudit leur pouvoir suprême,
Et la rage en ce mal ertrême ,
Leur guroit ravi PEncensoir.
se
Esperancc , ô Fille divine!
Tu calmes seule nos Esprits;
C'est toi qui soutiens la Machine ,
Dont nos yeux sont toujours surpris.
Le Pauvre au sein de l'indigence , _ A üj m’
m MERCURE ne FRANCE
‘Pat toi se croit dans Populcnce ,
Oubliant son Funeste état ;
Et le Roy qui perd sa Couronne
Par les disgraces de Bellonnc,
Sans la porter,en voit Féclat.
3%
A l’envi tout te rend hommage ,
Tout aime à vivre sous ta loi 5
Tu sçais ranimer le courage, ,
Dans un péril ‘cligne Æelïroi.
Le Nochet sans mâts , sans boussole, —
Tourmenté des, Sujzts d’Eole ,' O
Croit encore entrevoir le Port;
Ainsi malgré le sorticontraire ,
‘Tout nous aroît imaoinairc
b I
Même Pimage de la mort.
x m
Dans cette douce. confiance ,
Notre coeur rempli de projets ,
Dans un éloignement immense ,
Voit la fin de tous ses souhaits;
Entouré d’une nuit obscure,
Le Sçavanr croit de la Nature ,
Développer l’Art merveilleux ,
Et PEsprîr sublime se flatte , -
Däpprofondir la triple Hécate,
äfcxct réservé pour les Dieux. -. "AL
Elle
FEV RIE R. 173;. 2'03”
Elle fit toujours‘les grands hommes , l '
Parle crime ou parîla vertu;
Même dans le siecle on nous "sommes, , _
Tout son pouvoir tiçus est connu. ,. '
c!
m2.... . v5‘
Caron de ses moeurs épurées ,'
Chez les Romains tant réverées ,
Attendoit unïàom glorieux’; ' -'
Et Brutus , cet insigne Traîne, - ' -.- .
Comptoir en immolam son Maître , ' . " '
D’être admiré de ses Neveux. v .-z 2m . .'
t1. æy
æ l m“ e . . .11
; u‘, ._ i .
Sous les Loixidu Dieu de Cythere A, u
C’est elle Sans elle iqluniersaçnatgteroniotsnocuoseuprlsai;'rei, _
Malgré ses attraits enchanteurs n; t l q
Son Carquois , ses traits et ses chaînes, i‘
Ifle sefoieni que desvArmes vaines .
Pour combattre et vaincre nos sens ;
Nous lui résisterions sans cesse, z r- --« «
si pour prix de notre tendresse, _
Nous n’esperioixs ses doux présents.
1 . ï ‘ "v v. ' ‘ ' pst A .5
.sN7c'lvvous areuglçz point , Monarques ,
Cm ‘elle qui peuple vos Cours ; __ ’ _
Quel gele! et par combien de marques,
On lesignale tous les jours l
Vousri,vricv z .e. n So. li.tai.re. s l A _ ç: .. Aflin) D:
204 MERCURE DE FRANCE
De vos grandeurs imaginaires ,
Seuls épris ct contemplazeurs;
Si marchant toujours sur vos tracts ,
_ Elle n: promettait les graces ,
Dont vous êtes dispensateurs.‘
ää
Est-cc â toi, Nymphc du Pcrmesse ,'
A qui ma Lyre doit ses sons Il
Non , la Déïxé qui me presse ,
Inspire mieux ses Nourrissons g ,
Elle fur PAutcnr dcs merveilles ,
Qxi charment cncor nos orcillcs .
Malgré la cruauté des temps ; , -
Ifiayanr pour but dans ccr Oiflrragq,
Je compte déja sur Phommagc,
Du Pindc et de ses Habitans.
sussæssssssssssssssess a
Q3) E S T10 N importante , jugée par la
A Parlement de Province. <
’Emp_"rcur Justinicn , par les Nou
velles 5;. 74.. er"t'i7. ordonne que si
— l’un desiConjninrs meurt richëet que le
survivant , au contraire , soirsans biens;
ce survivant puisse demander le quart:
de la succession du Préäiccedé! et que ce
._.;. . L quart;
y ..
V-a.
FEVRIER. .1733. 20,745
quart lui appartienne en route proprieté,
si le Prédecedé nÏa point laissé d’Enfans ,
ou en usufruit, ,s’il y a des enfans; et cela
afin que parla morttlu Ptêdecedé le sur»
vivant ne tombe pas d'un état honora
ble. et commode dans un état de mi-_
sere. ' .
De ces trois dispositions Imperiales ,
Irnerius a tiré Pauthentique prærerea , cod.
and: ‘air et uxar. Cette Loi Romaine est:
assûrément Pune des plusbelles , des plus
justes, des plus conformes au Droit di!
vin et au Droit naturel. Cependanx on a.‘
douté long-tenus si elle devoittêtre suivie
dans les Provinces de France , réglées par
le Droit écrit. Le Parlement de Toulouse
et plusieurs autres Parlemens l‘ont reçûë.
Les Arrêts rapportez dans lesdifïerens»
Recüeils le prouvent : enfin il a été jugé‘
par un Arrêt solemnel du Parlement
d’Aix âu zt Février i752. que cette Loi
devoir aussi avoir lieu en Provence.
.. Qtelquc importante que soit cette dé- -
cisidn , et quelque érudition que con
tienne le Mémoire qui nous a été envoyé
sur ce sujet par un fameux Avocat , les
bornes ausquelles nous sommes assujettis.
ne nous permettent pas de le rapporter
en son entier. Nous nous contenterons
(Ÿcxposer ici en peu de mots le fait qui
' i A v a
cm6 ME RC-URE DE FRANCE
a donné lieu à l’Arrêt , et: le précis des
Moyens des deux Parties.
-' Joseph Laugier de la VillefcPArles en
tra en qualité de Clerc chez Sebastien.
Raillon , Procureur en la Sénéchaussée.‘
Ce Procureur avoit une fille qu’il ne des
tinoit assûremenr pas pour être PEpouse
de son jeuneClerc, parce que ce Pere
joüissoit alors d’un bien assez consideraä
bic , et que Laugier tÿavoit rlen.« Si le
Clerc n’avoir pas de bien , il avoit de
l'esprit. Il songes. à vaincre par adresse
Fobstacle que la Fortune mettoit à son
mariage avec la Dlle Raillon , il lui con
ta flcurete , et après six ans de poursui
tes , il triomphe delà vertu de cette fille.
Là mauvaise conduite de ces Amans étant.
‘déclarée par les eflers , Laugier sortit de
la maison du sieur Raiïllon s ilTallur em
loyer Pautoriré de la Justice pour l’o-s
ligr ä un mariage , qu’au fond il sou-j
haitoit avec ardeur. Ce mariage fur ccleïê
bré le 28 Février i639. avec les solemni—
teZ prescrites par les Canons et par les
Ordonnances» _
La cerémonie faite , le sieur Raillon
outré de cet évenemenr , ne laissa pas
de garder sa fille chez lui,mais le Gendre
_ fur contraint d’aller tenter fortune ail
leurs , il y réüssit si heureusemengqwen
moins
“ÜFEVRIER. :732; -07‘
‘moins ‘de trois “ou ‘quatre ans il devint
beaucoup ‘plus riche que son beau-Pore.
IÉeÏ sieurjRaillonlvoulut alors Pobliger de
reÿceslôir son Épouse. Le sieur Laugier par
rcssçntiment du mépris que làqfamille de
son épouse avoit pour lui’, petit-être par
dégoût ou par re roidissement causé Par‘
l'absence , ou panquelqu: nouvelle incli
nation , ne voulut pas recevoir chez lui
' la Dllefiaillon”; elle lui demanda une
provi" ion", il la lui refusa _,-il attaqua mê
me le mariage , et il mit si bien en usage ’
lïscience qu’il avoit acquise dans FEtudc
du Procureur , que tous les Jugemens qui -
confirmoient le mariage , qui Je condam
' noient àreprendre sa femme , qui adju-i
gèoient à celle-ci "des provisions , furent
inutiles. Les seuls fruits ne ‘remporta?
le sieur Raillon après plus e sept ans de
procedlures , furent des jugemens sans
éxêcution , une ruine totale de ses biens ,
et un chagrin dont il mourut enfin. i
"La Dlle Raillon se trouva , après -la
mort de son Pere , réduite à la plus afw‘
freusc nécessité , elle passa dans cet état
miserable depuis 1702.. jusqifen 173i.
'Au mois de Janvier i7; I. le sieur Lau-‘
gier son mari mourut riche de plus de
gljooooo. liv. Par son _Testament du 12..
Juillet i750. il fit pour. zoooo._l. de legs ,
- - A vj tant
20S MERCURE D E FRANCE
/ tant pieux quäutres, et institua son héri
« tier Jacques Meifîten.
V La Dlle Raillon ayant appris la mort:
de son mati , et le Testament qu’il avoir
fait, se poutvut contre Pheritiet institué,
O
lui demanda le quartde la succession ,_
conformément aux nouvelles 5;. 74. et:
1 I7. et â l’Authentique_Præterca si matri
mayium. Elle rapportoit deux autoritez
Pour prouver que ces Nouvelles et cette
Authentique faisoient loy dans la Pro-Ï
vence ; elle ajoûtoit qu‘elles avoient d’au
tant plus d'application à Fespece présen
te , qu’elle ne se trouvait dans ce mise
rable état que par la véxation de son
mati. .
-Les deflenses au contraire de Phérltiet
institué , étoient i°. Que PAurhentique
ni les Nouvelles dont on imploroit la dis
osition , n’avoient aucune autorité dans
i; pays; il citoit plusieurs Arrêts qu’il
prêtendoit l’avoit ainsi jugé. -
. 2°. Qlë quand ces Loix auroient été
en vigueur en Provence , elles ne des
voient pas favoriser la Dcmanderesse ,
parce qu’elle ne se ttouvoit pas dans les
circonstances qwelleséxigent , et que leur:
motif ne se rencontrait pas dans Ie cas
dont il sïngit. _
la premiete condition ,, disoit-on , que
" ' ‘ deman-g
_ FÉVRIER. 1733. 2o,
demandent ccs- Loix , est queyle niaîiagé
ait été contracté par la seule tendresse a
icl il avoit fallu forcer le sieur Latigiei”
par autorité de Justice , on l'avoir consti—
tu‘ prisonnier , et ce ne fut que pour se
ärocurcr la liberté qu’il épousa la Demang
eresse.
l La seconde conditjon est , que la fem-W
me , jusqu’à la mort de son mari, ait tout
jours demeuré avec lui. Ici la Dllc Rail
lon avoit été éloignée de son mari depuis
son mariage , c’est à- dire‘, depuis 41 ans :
pend-atroce long espace de tems , elle
avoit-passé plusieurs Actes clans lesquels
elle n’avoit pas même pris la qualité de
femme du sieur Laugier: elle ne Pétoic
pas venu voit dans la maladie dont il est
mort , elle n’en avoit pas même pris le
cIeüil. '
_Le motif de la Loi est, defcrainte que
par la mort du Prêdccedé le survivant-ne
changeât d’état en tombant de Popu
lénce dans la misete. Ici au contraire la.
Demanderesse vouloit changer d’état , et
après avoir vêcu pauvre pcndant plus de
3o ans ,'elle vouloir se mettre dans l’opu1
ience. ' q
On trËpondoit pour la veuve 1°. que
les Arrêts citez , loin dïtvoir aucune ap
pücation à lïspéce , fotmoient même
' une
azouzikcuiu’: Dia r11 ANGE;
une espêcc de préjugé en_ faveur de la
veuve.
2°. Que ces termes de la Nouvelle pers
solumnjÿêrttim nu tialem nesignifioient pas,
Pur la seule aflfirtion conpgule , mais Lin
mariage contracte , (Jar paroles de présent
seulement»; qu'on ne eut avoit jamais dons
né une autre signification. _
5°. Qte si elle n'avoir pas demeuré avec
son mari , c’étoit la. seule faute du.
mari.
4°. Qge si elle ifavoit pas été le voir
dans sa derniere maladie , c'est que d'un
côté elle croit alors elle-même malade ,
qu’elle ne liavoit appristqufaprês la mort,
la maladie n'ayant duré que trois’ jours ;
que d’un autre côté ,| cette démarchejau
toit été inutile , parce ue son mari lui
auroit fait refuser l'entrer: d._e sa maison‘ ,
dans les dispositions où il étoif ‘à son
égard. '
5°. Que si tôt qu’en avoir sçû la mort;
ses parens lui avoient donné quelques
mauvais habits noirs dont elle ÿérpit vê
tuë ; qiÿainsi elle avoir pris le deuil , ce
rémonie dont son extrême pauvreté pou-g
voit d’ailleurs la dispenser. . a
Enfin , que la pieté 5 les sentimens de
la Nature , êtoient les motifs de la Loi ,
motifs qui devoicnt chutent ‘micuiz prcfi.‘
valo il;
FÉVRIER. I753.‘ 211‘
valoir ici, ne son mari seul l'avoir ré;
duite dans la pauvreté où elle se trou-Ï
voit.
Sur ces raisons dleïpart- et d’autre , le
Parlement d’Aix , après plusieurs Au
diences , par son Arrêt du 21 Février
1732. conformément aux Conclusions dé
M. l’Avocat General de Seguiran , adju
gea â la veuve le quart dans la succession ,
avec restitution des fruits depuis le décès.
du mari, suivant l'estimation qui en se-i
roit faire , et cependant lui accorda une
rovison de 1000. liv, à imputer d’a
Ëeÿd sur les fruits à restituer. et condam.
na l’héririer,et les Exêcuteurs Testamem
îairäs , qui sétoient joints à lui, en tous
es e ens,
PlaiËians M. Gensollen pour la veuve ,
et M M. Pascal et Masse pour Fhêritier,
et pouriles Exêcuteurs Testamentaires.
‘atnæa«
fsät‘?
‘LHMERCURE m: FRANCE ;
âäsêâäsâêâèââäâââêâââââârââ
R_ o N D 1a A U.
A M” de Malcrait.
P Our un Normand jaloux de vos Écrits ,
Brête au coeur gent , aurez-vous du mépris r
Vous n’auriez tort , je suis un pauvre ltere ;
Mais , entre nous , je ne nfébahis guére
ÇQue composiez oeuvres d’un si haut prix.
Ë
De ce métier, le Dieu des beaux‘ Esprits . .
Pliébus vous a tous les secrets appris ;
Ônèques , je pense, on ne le vit tant faire
Pour un Normand. ‘
Si
,Cc n’est pas tout , car PEnFant de Cypris ,
Ce fin matois qui tantôt m’a surpris
Lisant vos Vers , m’a juré que pour plaire
gAvez volé la ceinture à sa Mere;
E: je l’en crois , moi , qui souvent Pai pris
Pour un Normand. i
F. M. F.
F Ë VR I E R. 175;. 21;
æ
ïïëëïwësïè”?îëëëæmsrë
RÉFLEXIONS sur le nouveau Traite’
du Sublimevde M. Silvain , Avocat au
Parlement de Paris , dan: il estfait mena
tian dan: le Maman de Nez/ambre
1732. .
Lhflutéur de ce nouvel Ouvrage a pré-i
tendu rencherir sur le Traité du Sue‘.
blime de Longin , traduit depuis long:
tems par Plllustrc M. Despreaux , et mal.‘
ré les Eclaircissemcns qui se voyenrdans
a Préface du même Traité,sur la nature et
le caractcre du Sublime , M. Silvain a
fait le procès â Longin , sous prétexte
äuïl a manqué de donner la vcritable clé?
nition du Sublime; mais il est aisé de
faire voir que l’Aurcur s’est trompé dans
ses idées , et que c’est à tort qu’il a voulu.‘
éräblir sa réputation sur les ruines de
celle de Longin: il ne faut pour cela que
räpporter ‘les paroles de M. Desgreaux ,‘
qui sont une Apologie parfaite de l’an et
de Pautrc. _
n Il ne reste plus, dit M. Dcspreaux,‘
àpour finir cette Préface , que de dire ce
23 que" Longin entend par Sublimes car
"a comme il a écrit de cette maniere après
e.» Céi
‘:14 MERCURE DE FRANCE
r
n Cécilius , qui avoir presque employé
ntout son Livre à montrer ce que c’est
vqtie Sublime , il n’a pas crû devoir re
vbattre une chose qui n’avoit été défi;
t) que trop discutée par un autre. Il faut
{ï onc sçavoir que par Strblime; Longin
fi ifcntend pas ce que les Orateurs appel
” lent le stile sublime , mais cet extraor
3? dinaire et ce merveilleux qui frappe dan‘:
j} le discours , et qui fait qu’un Ouvrage
r? cnleve, ravit , transporte. Le’ stile 'su«
n; blime veut toujours‘ de grands mors;
v: mais le Sublime se peut trouver dans
n une seule pensée , dans une‘ seule figu
n re , dans un tour cle paroles. Une chose
» peut être dans le stilç sublime , et n’e
sa tre pourtant pas sublime : c’est-à dite ,
n n’avoir rien (Ÿextraordinaire et de sur
»_ prenant. Par exemple , Souverain
n Arbitre de la Nature , d'une seule paroi
si le forma la lumiere. Voilà qui est dans
‘ n le stile sublime, cela n’est pas néan
s; moins sublime , parce qu’il n'y a ricnqli:
,,"de fort merveilleux , et qu’un autre ne‘
n pût aisément trouver. Mais Dièu‘.dit'
n âne la lumiere se fassefiet la lumiere se’
,{ t: ce tour extraordinaire _ci’expressîou_
{qui marque si bien Fobéïssancede la‘
,,' créature nqlveritableamucxnt osrdurbelsimdeuL,‘ Cetr‘é‘aa’tqeuure,lque
arche:
FE VRIE*R.— 1733: 211
3: chose de divin. ILf-aut donc entendre
n par sublime dans Longin , Yextraordi
>> naire , le surprenant , et comme je l’ai
n traduit , le merveilleux dans le dis
n cours.
Voilà les paroles de M. Despreaux; il
est bien surprenant qu'après un pareil
éclaircissement, tiré es pensées et des
exemples de Longin , qui a cité , quoi
que Payen , le Passage de la Genese cor-n
me une marque du vrai Sublime , M. Sil
vain ait pourtant accusé l'ancien Rhe
teur de n’avoir_pas connu le Sublime ,
d’avoir oublié le principal but de son
Ouvrage , qui étoit ,+â ce qu'il prétend ,
de donner la définition du Sublime ;com—
rne si le manque de définition empêchoit,
d’entendre ce qu’a dit Longin dans le res
te de son Ouvrage , où il marque si ex.‘
pressément ce que c'est que le Sublime ,
ainsi qu’on l'a vû par les paroles de
' M. Despreaux.
I
que M. Silvain en est convenu lui-même,
par ce qu’il a fait dire à Longin même ,
page 372. n Il Faut sçavoir , dit-il , que
n par sublime , Longin n’entend pas ce
» que les Orateurs appellent le stile Suq’
nblirne, mais cet extraordinaire et ce
n merveilleux qui frape dans le discours ,
' 3 et
La surprise est d’autant plus grande ‘
3.16 MERCURE DE FRANCE
net qui fait qu'un Ouvrage enleve , ra
.» vit , transporte. C'est en propres ter-f
mes ce qu’a dit M. Despreaux , dont
i ÏAuteura copié les paroles. Il paroit donc
qu’il s’est contredit lui-mêzne , quand il
-a accusé Longin de n'avoir as connu le
Sublime , après qu’il en a donné la no
tion ln plus claire ct la plus parfaite qu'on
pouvoir souhaiter. N'importe; parce que
Longin n’a" point donné la définition it
tcrale du Sublime _, le Censeur lui fait son
procès , il’ Paccuse dïmptudence et d"
gnorance. C’est ce qu’il a "fait à la page
38x. où il ÿexprime de la sorte: n Je ne
a rêpeterai point ici, dit-il , ce que j’ai
æcléja dit , qu’il me paroît que Longin
n n’a pas bien traité sa matiere, et qu’il
D n’a pas connu le Sublime. On le mon
ntreroit plus aisément , ajoûte-fil, s’il
a en avoir donné une définition , et on ne
n peut connoître ce qu’il pense que par
n ses raisonnemens et ses exemples. Peut
on excuser une pareille contradiction P et
n’est- ce pas mmquer dïëquité que de con
damner d’uncôté ce qu’en a approuvé de
l'autre P
Quoi donc? ne suflît-il pas que Lon:
gin ait montré par sss raisonnemens et:
par ses exemples ce que c'est que lc Subli
me Ë Faut-il que 1e manque de définition
— qui
FÉVRIER‘: 1733. 21.7
qui peut aisément être suppléé , détruise
ce qu’il a dit si clairement 4 et en termes
si précis , que le Ccnseut n’a pû s’empê—
cher de lui rendre cette justice à la page
372.. n qu’il a parfaitement connu la natu
n te du Sublime -, mais il prétend ensuite
n qu’on la eonnoîtroit mieux , s’il en avait
a» donné une définition. Peut-il ignorer
quïj y a dles choses qui ÿentändent quel
u 01S us aisément ar es raisonne
Ëneçns et Ëar des cxempleä que par des dé
finitions , et ‘que le sentiment causé par
ces exemples est dbtdinaire plus vif, plus
prompt et plus décisifque par la connois. .
sance qu’on tire dÎune simple définiæ
tion Ë i I
Däilleurs , comme les définitions doi
vent toujours être courtes , et renfermer
beaucou en peu de mots; il n’estvpas
fort aise d'y itéüssir , et Longin a senti
sans doute la difliculté qu’il y a d'en faire
une bonne , principalement dans un, su
— jet qui embrasse tant de matieres et de
notions différentes; mais quand on pour.
toit attribuer son silence àquelqiÿautre
cause , il est injuste d'attaquer la réputao‘
tion d’un ancien Rhcteur, estimé et re
veré de tous les Sçavans, de l'accuset de
n'avoir pas connu le Sublime , dans le
tçms qu’on avoiie qu’il en a donné les
— ' 639mm
‘us MERCURE DE FRANC E.‘
exemples les plus convaincants. _
' Mais il paroît que l’Auteur n'a blâmË
Longin du manque de définition , que
' pour avoir lieu d’en donner une de sa Fa
çon , et pour la faire passer pour _excel
lente , il faut donc Voir et examiner cette
définition , telle qu’en l’a rapportée dans
le Mercure , page 24.15.
n Le Sublime , dit-il, est un discours
ixd’un tour extraordinaire, qui par les
n plus nobles images , et par les plus
n grands sentimens , dont il fait sentir
a toute la noblesse ar ce tour même d’ex
i) pression , êleve lîame au-dessus de ces
n idées ordinaires de grandeur , et qui la
n portant tout-â-coup avec admiration i
n ce qu’il y a de plus élevé dans la Natu
sare , la ravit , et lui donne une haute
b idée al’elle- même.
Voilà sa définition ;I’Auteur du Mer
cure a dit nettement sur le rapport du
Public , que bien des gens l’ont trouvée
‘trop longue , et que c’est plutôt une des
cription qu’une définition. En cela ils ont
eu raison : il s’agissoit de montrer ce que
Ïe sublime est en lui—même , et non pas
quels sont les effets qu’il produit; il E11
loit marquer la cause et Porigine de ces
‘effets. En suivant cette règle, il autoit
gpû définir le Sublime , autant du moins
- I \. que
q Î v’ F EVR I E R.‘ ‘I733: ‘:19’
que la chose est possible; au lieu_qu’en
mettant plusieurs-phrases tout de suite ,
il n’a frit proprement qu’une tirade d’E
loqucnce, qui n’a pû contenter les vrais
Connaisseurs. J’ajoûte que sa prëtenduë
définition est fausse presque dans toutes
ses parties. Venons à la preuve , et flîêïCf
nous
» Le Sublime , dit-il , est un discours
bd’un tout extraordinaire , qui par les
a plus nobles images, et par les plus grands
n sentimens , dont il fait sentir toute la.
n noblesse par ce tour même d'expression ,
n êlcve l’ame atä dessus de ses idées ordig
i) naires de grau eur. . .
A quoi bon parler en cet endroit des
plus nobles images et des plus grands sen-j
timens , puisqu'il paroît par le sentiment
de M. Despteaux ,quc le Sublime se peut
trouver dans une pensée , dans une figu
re , dans un tour de paroles 5 qr com:
ment faire entrer dans un si petit espace
ces images ou ces sentimens dont parle
_l’Auteur P â moins que chaque pensée ,
chaque figure et "cha ue tour (Pexpres-L
sion , ne fussent aussi ongues que sa déc
finition æ Ignore-fil que le Sublime peut
quelquefois se. rencontrer dans un seul
mot : c'est ce qu’on pourroits iustifier par
des exemples , et il ne sert, de rien d’a1-.
legueu
. A.
‘ho MERCURE DE FRANCE
leguer que cette detniere espece de Su‘;
blime ne regarde que les sentimens : car
on peut répondËe, que c’est presque dans
les seuls senrimens que‘ le Sublime se ma
nifeste et se fait sëntir , et il s’ensuit de.
là que sa définition njest pas exacte.
Mais à quoi bon ajoûter , que le Subli
h me en portant l’ame tout à coup à ce
n qu’il y a de plus élevé dans la Nature ,
la ravit , et lui donne une haute idéçdæl
Ie- même f Est-il vrai qu’on ne puisseêtre
frappé d'un trait sublime , sans concevoir:
airssi-tôt une haute idée de soimême?
Quelquîun a-t’il fait cette refléxion _,
quîen lisant _un Oùvragequi l'a charmé ,
qui l’a enlevé _. il s'est rendu ce témoigna.
ge en secret: n voilà ‘un traivadmitable
a qui me donne unëgrande idée de moi
a: meme ; je m’estime , et je mïgpplalgdis
s: de cette pensée , comme si c’éroit moi
n qui feusse produite; me voilà rempli
n d’un noble orgüeil : ie n'ai plus rien ê.
ndésirer‘, après la belle idée qu’on mç
n donne de ma grandeur et de ma péné.
n trarion naturelle. Je le ‘répète, a-ç’on
jamais fait un pareil retour , une pareille
xcfflé-xion sur soi-même que si personne
xfoseroittenif ce langage , ‘comment FA“
terärg-rïl pi; faire eutrercctte idée dans
sa e nmon ' - -
Il
FEV RIE R._ 173;.‘ 2.21
- Il est vrai qu’il a copié cet endroit du
Traité de Longin , qui dit n que le Su
nblime inspire à l’ame, je ne sçai quel
. n roble orgüeil , comme si elle avoit con- l
nçû les choses mêmes qu’elle admire :
mais outre que cette expression n’est pas
tout-â-fait semblable à celle de l’Auteur, ‘
cr que M. Despreaux s'est bien gardé de
Pinserer dans ses Eclaircissemens , ne
_ croyant pas , sans doute ,que cela fut né.‘
cessaire , l’Auteur devoir distinguer ce qui
est solide de ce qui ne l’est pas : et l’on
ne doit pas suivre les Anciens , quand ils
paroissent aller trop loin. Quoiquïl en
soit, cette refléxion sur soi» même ne peut
uêre arriver que dans les occasions où
ÊOrateur parle avec beaucoup de passion;
car la passion est l’ame de la parole; et
a-lors le coeur émû et ‘transporté de la jus
tesse et de l'élévation de ce qu’il sent, il
applaudit à _ces sentimens‘, comme s’il
les avoit luimêmc conçûs : mais cela ne
va pas jusqu’à donner aux Auditeurs une
plus grande idée d’eux-mêmes, ni à leur
inspirer de lbrgüeil : cet orgüeil seroit:
trop imperceptible pour pouvoir être dé-'
niêll’: parmi les mouvemens dädmirarion
que cause le Sublime. On l'admire ver-i.
tablement, maisäon ne pense nullement
à ÿadmirer soi-même. Au surplus , cette
B ÊXI‘,
m MERCURE m; FRANCE
êxageration de Longin n’empêche pas
qu’il n’ait parfaitement connu et exprimé
le caractcre du Sublimeâ mais l’Auteut
ne devoit pas la faire entrer dans sa défis
nition , ainsi qu’on vient de le dire.
q’ Çn voit par tout ce détail, où l’on a
etc doËhge d’entrer,, que cette définition
est é-ecrueuse 5 qu elle péche par sa lon.
gueur , et par"les paroles inutiles dont:
elle est chargeef; et qu’en a eu raison
de relever les antes qu’il y n com
mises.
g On me dira , sans doute , que puisque
j’ai entrepris cle blâmer celle de PAureurQ
je suis obligé d’en donner une autre , et
qu’il fautnecessairtrnenr qu’elle soir meil
Ieuäe. Eh} bien, je ‘vais la donner cette t‘
dé nition; je suis persuadé du moins
. _ - 2
qu'on n’y trouvera pas les mêmes défauts
âne dans la ’s1ennc. Je dlSmÏlOnC, que
Sqêlzma nm autre chose _, que le 1mn
‘dan: tout: son elewztion et tome m fbrce.
Cette notion est courre, ’ell'e est simple,
cllecomprend tout cc qu on peut dire du.
Sublime.
Je dis le vrai, soit dans la Nature ,‘
soit dans l’EIoquence et dans la Poësie ,
parce qu’îlln’y a que le vrai qui puisse
frapper , plaire , toucher , persuader , et
remplir l'aime d’admiration et de plaisir.
» C’est
11.5‘
‘des sentimens et
C'est la maxime de Des reaux comme
I A ,
1l paroit par ces deux Vers.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aiâ
mable,_ '
Il doit régner par tout . et même dans 1a
Fable. '
t
' 0 v
Je dis, dans route son élévation et touÀ‘
te sa force , pour le distinguer des expresc
sions ordinaires , qui n’ont rien que de
médiocre , parce ne c’est la mediocritê
des pensées qui éloigne
absolument le discours de la grandeur et;
de la n blesse du Sublime. 4
Je sgûtiens que lorsqu’un Auteur s'est
élevé au-dessus de la médiocrité ,_ c'est:
une necessité que ses Ouvrages soient su
blimes: et pour s’en convaincre, ilqnc
faut ‘que jetrer les yeux sur les grands
Hommes qui. se sont signalez de nos jours
dans l’Eloquence ct dans la Poësie. Les
Corneilles , les Racines ont été sublimes
dans leurs Tragédies. Combien de traits
y remarque-t'en ‘qui frappent tout à la
fois l'esprit et le coeur .7 quelle grandeur ,
quelle élévation , quelle noblesse! plus
sieurs Livres sont remplis des differentg
tÏraits qu’on en a recueillis; c’est pour.
quoi il n’est pas necessaire’ de s’étendr'e là,
essus.- -"
' ' B ij Les
E24. MERCURE DE FRANCE
Les Despreaux , les Lafontainesont été
sublimes dans leutsPoësies , l'un aex
cellé dans la Satyre , et dans ses Epitres
au Roi , dans lesquelleson peut dire qu’il
a égale’ le merite ‘de ce grand Prince.
IÏautre dans ses Fables ,selon le sentiment
de M, de la Bmyere , a élevé les petits
Sujets jusqu'au sublime , a été plus loin
que ses modeles , modele lui-même dil-‘fi.
cile à-imiter. Il Faut ajoûter ce qu’a dit:
M. de la Motte, en parlant du même
Poëte. i
Au gré de ce nouvel Esope ,
‘Les animaux prennent la voix ,-,
Sous leurs discours il enveloppe
Des Leçons même pour les Rois,
Une douceur simple , élegante ,
En riant , par tout y présente
La Nature et la Vetité , _ .
De quelle grace il les anime !
Oüi , peut-être que le Sublime
Cede à cette naïveté.
Q
Voila le Sublime attribué à un Auteur ,‘
i qui n’a écrit cependant que des Fables.
D’où vient cela Ê c’est qu’en faisant agir
et parler les animaux‘ dïune maniere qui
semble n'avoir rien que de puerilc Lil en
a tiré des motalitez si élevées et si tou‘
n l ‘a . Chînv
K
F E V R I E R. 1733. 17.5"’
chantes , quïelles enseignent les plus gran
des vertus et les pensées les plus raison-A
nables : c’est parrcette élevation et cette
force qu’il a prêtée aux petits sujets, qu’il.
les a rendus verirablement sublimesgdbù
vient , dis-ie , cet heureux succès? c’est
que cet Auteur inimitable a misspær tout
le vrai dans son plus beau jour ; c’est
qu’il a sçû instruire en riant , en badi
nant , et par ce badinage spirituel , qu'on
avoit crû impossible avant lui dans les Fa
bles -, il a enlevé Pestime , Padmirarion e:
les applaudissemens desdplus grands hom
mes. Sera-t-on surpris e me voir loüer
si ‘avantageusementqun tel Poëte? J’os't:rai
dire encore , que ses Fables me paroissent
divines , et que c’est peur-être ce que
nous avons en notre Langue de plus par;
fait. . l '
Mais revenons à notre déEnitÏouQest
ce que le Sublime dans Plîloquence 2 Je
le dirai selon les principes que j’ai déja
posez ; c’est le vrai exprime dans toute
son élevation et toute sa force , soit par
rapport à l'esprit , soit ‘par rapport au
coeur. En pourra-Bon disconvemri Les
Bossuets , les Flechiers , les Bourdalouës ,
n'en sont-ils pas des preuves convaincane
t'es? OEbn lise les Oraisons Funebrcs de
M. Bossuee, de la Reine dïflnglcïÿïîe, de
' B ii; la;
'22? MERCURE DE F RANC Ë
la Duchesse d’Orleans , et du grand Prin.‘
te de Condé , on y trouvera et le Sublime
religieux ', et le Sublime naturel , alliez
ensemble dans route "leur perfection. J’en
rapporterois des exemples , ou plutôt je
les ai ci-devant rapporrez dans mes Reflé
xions sur PEioquence, inserées. dans Pun
deQs gMoernculrieses.celles de Péloquent M. Fléé l
chier , surtout celles de la Reine et de
M. de Tu-rcnne , on y verra le vrai dans
toute son élevation et toute sa force : les
vertus chrétiennes , les vertus civiles ,
rnogales et militaires y paroissenr dans
tout leur éclat : on est ébloüi de la gran
deur du Heros , mais on ne l’est pas
moinsde celle de I’Otateur. On en peut
dire autant de ses Panegyriques des Saints
qui sont desCheÉ-dïnuvres. Voilà pour
ce qui regarde'le Sublime des loüang
ges. , ,
Quant au Fameux Bourdalouë , on
trouve dans ses Discours le vrai , c’est â
dire , la raison dans sa plus grande éléva
tion er sa plus grande force 3 et. c’est là
‘ que régne le Sublime de la persuasion et
e la science "des moeurs: sans parler de
ses Oraisons Funebres , où il n’a pas
‘moins brillé que dans sesDiscours de mo
' U
tale. - i ‘ Voilà
FÉVRIER.“ 173;.‘ 22.7
Voilà ma définition pleinement justifiée
et dans la cause et dans les effets. La voilà
exprimée avec la briéveré et la précision
qui manquent à celle du Censeur de
Longin.
On me permettra däjoiiter , que le Su:
blime doit être partagé dans celui des
faits , et dans celui des sentimens ou des
expressions. Le sublime ‘des Faits , tel
qubp le voiedans les Histoires, ne sçau
roit erre imite sil. dépend uniquement de
la grandeur de ceux qui en sont les Au
teurs. Il n’y a que celui des sentimens et
des expressions qui puisse être l’objer de
‘PArt, et il est inutile de demander lâ-des
sus_s’il y a un Art du Sublime. Qui en
doute ? mais il, n’est pas necessaire du
donner des règles : ou plutôt la‘ plus sûre
et "la plus précise , c’est d’exprimet le
vrai dans toute son élevatio.n et toute s;
force; c’est de l'étudier , de Papprofon.
q dit, d’en mesurer toute Pérenduë , de
Pembellir de tous les ornemens et de tou-ä
te la vivacité que la Nature et l’Art pau
vent Fournir; et comme j'ai déja dit,que
la passion est l’ame de la ‘parolepdesc
en l‘animant , en l’élc_vant , en la perfec
‘ tionnant , qu’on peut parvenir au Subli.
me, c’est par cette voye qu’on s’y doit
Fendre : mais il faut pour cela que la
B N31
ho
MSMÉRCUREDEFRAËCE
Nature ait donné à l’Orareur , au Poëte,‘
à PEcrivain, toure 1a forceuet toute la.
grandeur de génie qui convient à ces
trois dilfcrentes Professions. v _
o J1 CC
'11 Mme: le gjam/ier 17 3 3.
QËMÆMMÆÆÆÆÆÆÆÆ
O D E. -
Imitée 10.14 71X. du premier Livre
dT-Iaraoe , par M. Des-Forge: Maillnm’.
.4. A. P. D. B.
Ue voîsje 2 des Amours c'est la Merci
cruelle ,
Qzi d’un tranquile coeur vient troubler le tC-l
p05 ;
Ses petfiîes Enfans attachez auprès d'elle,
Pour voler à ma. perte , abandonnent Paphos.
l'eut-il encore aimera quoi donc Bacchus lui-j
même ,
_’ F E VR I E R. i733. 2.2.,
je l'avais dit cent fois , Pinfidele Glicere l
M'a trop long - tems joüé , je ne Pairnerai
plus.
je Pavois dit cent fois , et malgré ma colere
Mes sermens, âsa vûë , ont été superflus.
Peut-on lui disputer Phonneur de la vie-î
toire a
Peut-on quand on la voit , lui refuser son‘
coeur ! -
Plus vermeil que la Rose, et plus blanc que
l’ivoire, _
Son tcint porte en tous lieux une vive splcn-ê
deut.
Son petit air badin qui mïrtize , et m’enq‘
flamme ,
. '*i I
Ifiétincelant éclat de ses regards pcrgans ,
L'un et Pautrc ébtanlant le siégc de mon ame,‘
Une douce fureur coule dans tous mes sens.
Venus rn’a tout entier soumis a‘. son em-î
pire ; ‘
Ç’est en vain qu’animé d’un dessein gêne-j
reux , .
Sur «Yliéroïques tons je croi monterma Lyre;
le n’en sgaurois tirer que des sons amoureux.
B v A‘
‘qeMERCUREDEFRANCE
A mes voeux, ô Venus, tends Glicere proë
2:. piee ; -
Si de mes soins ardcns tu m'accordes ce prix ,
Ton sAutel fumera du tendre Sacrifice
D'un Agneau premier fruit d’une jeune brebis.‘
.â%ââââ%ââêâââââââââââââ
‘R É PLI Q3) E à la Lame de M L. Bd."
offlnrerre , inserée dans lle Mercure du
mais däîoût dernier , au sujet d'une Ins
cription.
\
- E ne -m-’attenclois à rien moins qu’à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de Hnscription d’Auxerre, et je
_croÏ0is notre différend enticrement ter
miné,quand la Lettre qu’il vient de don
‘ner dans le Mercure du mois d’Août,m’a
fait connoître que sonsilence n’étoit que
pour mieux préparersesarmpes , et pour
me combattre avec plus d'avantage. En
effet cette Lettre est bien difierente des
‘deux autres; la premiere n’étoit qu’un
impromptu du lendemain, même de la dé
couverte du‘ Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , misant que Zlvnzoîr eu le
loisir d: finilleter les immenses Recueils
Ælmcriptions ; c’est và - dire , qu’il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
Ïpareille matiere , peuvent servir à mettre la
wérirc’
l FÉVRIER. 0173;. 2.31’
vérité dan: un plu: grand jour; mais au-_ a
joùrcihui c’est après un intervalc con
siderable , et depuis une lecture attentive de
Lumprjde , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroîr-il en.
coe; appuyé d’un sufFtage' glorieux et:
puissant. Pour le coup , peu s’en est fallu.
que M.L.B.n’ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d’un respect infini et légitime
pour l‘Illustre Magistrafi‘ à qui il ad
dresse sa Lettre e! dont il emprunte du
secours , j'ai craint long-temps de com
battre des sentimens que je dois respec
ter , et ÿaufrois tlqluiotits gardé le silelnee, si
je nfavois ait que ce grand hroemmexeiosnemdbeleuipsr,élunedrea claaarnts
notre dispute , n’esr qu’un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps ets’en
divertir. C'est donc à M.L. B. seul que je
ré on'ds ic et tout ce ue ‘e dirai ne re-,
P Y» l
garde que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
. par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires,en rap
portant les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
. Auteurs de PHistoire Auguste dont Lam
. pride est du nombre._y|’ai écrit", dis-je, et
* Monsieur Bouhier, Präsidcnr au Parlement
‘T’ DÿÔÜO . l
n“ l Bvj M.
(23; MERCURE DE FRANCE
M. L. B. en convient en partie, que ce
Recueil était cou-auge d’un Compilateur
demi Sgavant , qui avoir écrit 51m: choix ,
n: 075,7? , et mêlé ensemble les Nazrruzion:
3:’: Autour: , dont son Recauil ponte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu,
qu’on était toujours en droit de révoquer en
doute ct que ces Auteur: avancent quand il
ne se tram/e pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu â M'L. B. en rap
portant ces paroles, de supprimer les der
niers mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné âma pensée une
êtenduë que je" n’ai jamais songé à lui
donner, et quisla rendwicieuse. M’ L. B.
en a profité, et il a fait valoir cet avan
rage autant qu’il a pû , mais en rétablis
sant la proposition dans les fermes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s’e
crier et de la trouver si extraordinaire Ê
Nesr-elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d’elle- même de
Popinion désavantageuse qu'ont eu de
PHJIOÙ‘! Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé. Je n’ai pas
prétendu dire , au reste , qufil fut néces-j
saire que les Faits alléguez dans cette His
toire se rrouvassent nommément expri
- mez ailleurs;c’est assez our y ajouter foy,
qu’on les y trouve ’une manicre im
- t plicite
FE-VR I E. R. 173;. :31;
plicite et générale,et ce sentiment n’a
rien que de naturel. Pour développer ceei‘
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira cqntre Alexandre , et
u’Ovinius voulut se aire Em ereunfcat
gour le dire en passant , et coPmme je le
montrerai plus bas , il s’en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnagefabu
leux:c’est son association seule que j’atta
que. ) Êltï m’em ec e e e,s dcirso-ijree,, na’enr‘e:s raiveonir u
dans liés Auteurs contempoiiiins que pen
dant le Regne d’Aléxandre il y eut plu
sieurs séditions contre ce Prince. Mu/m
i scditianesfacrc mm à multis. Dion. J ’ai mê
me en quelque maniere obligation à Lam
pride de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Révolte , et de me les faire
oonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Al\xandre _, loin de
punir Ovinius, associe ce Sénateur-à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire, m’assurent que ce Prince sçut .
punir ceux qui oserent s’élever contre
ui. Supplicioqne njfècti fimt. Hem/l. J’ai
alors raison de douter de Pautotité de
Lampride. —
Pour faire connaître plus particuliereä
ment cet Auteur , il est neccssaire de re
Vmarquer quelques-uns de ses deffautsë et
sans
zgrçMERcURE DE FRANCE
sans le suivre dans toutes les Vies des Ema”
pereurs qui portent son nom , je ne m’at
tacherai qu’â celle d'Alexandre_. A peine
Lampride sçait» il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n’est qu’en ‘doutant
qu’il lïrppelle Mammée. Alexander zgitur
cul‘ Mqmmm mater fuit , mm et in: dicitur
à plerirqtte. Peut ton dite qu’Encolpius et
les autres Courtisans d’Alexandre, dont
"Lampride avait le‘: Mnfloifes devant le‘:
yeux. ignorassent le nom de cette Prin
cesse? ou pourquoi Lampride ne suit- il
plus icy ses originaux a desrà M‘ L. B. à
nous Papprendre. Selon le même Au
teur, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres: Si quidam :004: inven
m: sir , qui tumulmmrer legirme: exautora
71m}. Qui ‘voudroir l'en croire sur sa pa.
rolrr‘, se trouveroit bien embirassé en li
sant Suetone. Cet Auteur nous marque
expressément que lnlesûCesar dans la
.Guerre contre‘ Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuvième Légion qui s’étoit
révoltéeIE! namzm quidam Legionem apud
Placentiaan cum tgnpminiq mitrqm fèczr 6 9.
QfAhguste en fit attirant â la dixième.
Decimnm Legiomm canmmacins parente»:
mm «ignaminiq -dimisit. 2.4. Enfin’, que
Galba ôta non-seulement les Aigles aux
Classjaircs , dont Nérog avoir composé
' un
s
F -E VRI E R. x733._ 233
' un Corps de Troupes réglées , et les obli
gea de rentrer dans leurs premieres fonc
tions, maeis même sur ce qu’ils se plai
gnoient avec trop de hauteur _, qu’il. les
‘clêcima , fed decimaviz etiam. x z. Lanxpri
de nous dit encore _qu’Aléxandre , à l"
mitation d’Adrien , eut la pensée de faire
‘ adorer J. C. dans FEmpire. Chrino Tem
plum valait eumque inter Divas recipere ,
quasi e} Adrianus ; et cependant‘ TÏ-rrul
_lien qui vivoir sous Sévere , ct qui par
conséquent éroir beaucoup moins éloigné
d’Adrien, que Lampride, nous dir au
contraire , que ce fur Tibcre qui conçut:
ce dessein : Tibsfriu: ergo annunciatztm sibi
cr Syria Pozlastina, 7m illim (I. C.) Dz?
viïzimti: rai/t'aura , der/dit 4d S enntmn mm
preragatiwa mflîægii rai. Mais que dire de
j la maniere dont Aléxandre parle (le Ca
racall? dsns son Remerciment au Sénat?
' Cc Prince, commeon le verra plus bas,
' se disoit fils de ce dernier Empereur; ce
cependant il le blame publiquement cla
voir affecté , en prenant le nom d’Anro
nin , un titre qui ne lui convenoir pas :
jÿfamztzzm in Bassicmo. Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoicnt
donné le jourLEnfin rien n’esr plus plai
sant que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donneà ce Prince _.Pdes
‘ v ' ' 6E:
13€ MERCURE DE FRANCE
Personnes mortes long - temps auparaä
vant , tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué pat Cu
jas, lib. 706mm.
Je pourrois remarquer une infinité (le
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que )’ai dit.Je
viens à l'association d’Ovinius pour en fai
re connoître la supposition ; j’ai dit , après
M’ de Tillemont , qu’il s‘y trouvoit des
circonstances qui paraissent tenir de la F a4 ‘
ble. Lbbjection a paruë pressante â M’ L.
B. il étoit naturel de s’en dêbarasser; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant:
que ces circonstances tiennent seulement
du Comiqucget que des circonstances pour être
Comiques , nÿmpzflrbenspoint le finis de l’e'
d/enement d'être réel.C’est ce que nie dans
un fait de Pimportance de celui que nous
examinons. En voici la preuvcrSelon M‘
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en êtoit aimé, puisque
ce fut cet amour qu’ils lui portoient qui
causa sa mort dans la’ suite. Aléxandre.
qui redoutoit leur Puissance, entre dans
leurs vûës , _associe Ovinius à PEmpire ,
mais seulement en apparence et pour
_ ._
. . ,.
.montrcr a ces Troupes que le su;et zqu ils
avoient choisi pour lui opposer , n’étoic
pas digne du rang où il; lc-vouloient fai
‘e.
\
F E V RIE R. ‘i753. :37‘
‘xe monter. Mais, dira-t-on à M’ L. B. la
politique d’Aléxandre se dément bien-tôt‘:
car enfin cet air Comique dans les circons
tances de. cette association auroit bien-t
tôt ouvert les yeux aux Soldats, ils au
roient pénétré le dessein d’Aléxandre , et
ce Prince par-lèse seroit trouvé dans le.
danger qu’il vouloir éviter. lfexemple de
Septime Sévére qui] allègue , est bien difa
ferent. _ « À a
Lorsque ce Prince ,l pour mieux com.’
battre Pescennius , amusa Albin, en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d’Anglerere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloir prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les brasll n’y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite ,'
dont il ttouvoit un modele dans Augus-—
te par la maniere dont il en avoir agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovi
riius est sansSoldats , sans Troupes re
glées 5 à peine commence-t-il à se former
un parti pour s’élever au Trône. noi
qu’en veuille dire M‘ L.B.rien ne pouvoir
forcer Aléxandre d’avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafi
né et si dangereux. Je ne sçai si je iiaime
rois pas presqwautant Pexplicarion qu’E-'
rasme a donnée à cette action dwléxaæræ;
— {Ê
o
138 MERCURE DE FRANCE.‘
dte dans ses Apothvgmes , lib. 6'. Selon
lui, Aléxandre tout plein de bonté ettout
Philosophe , voulut corriger Pambition
-d’Ovinius ; il ne Fengagea à venir à PAI
mée avec, lui que pour lui faire connoître
que la condition qu’il ambitionnoit tant,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu’il ne se Pétoit imaginé. Sje illi comma;
tmvit quod exsetgerere imperinm. Ce qu’il
y a de plaisant dans cette explication d*’E-‘
rasme , c’est qu’elle se trouve authoriséc
‘par Lampride , qui nous dit qu’Alêxan
dre remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d’un fardeau aus
si pesant que celui de gouverner la Ré
publique. Eique’ grutier agit quod çurm
Rrip. sponte rat/parer. i
Pour seconde preuve contre l'associer-î
tion cl’Ovinius; j'ai dit , qu’il n’y avoic
aucune apparence qu’Aléxa ndre eut vou
lu se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant. le commandement des
‘Troupes qu’il envoyoit contre lcs Barbæ
res, et M’ L. B. avouä que çauroit été l:
comble de Pimprudencc. Aussi pour parer
cette objection, qui peut passer‘ comme
le centre de toutes les autres , M’ L. B. a.
pris hparti (Pexpiiqixer le Texte de Lam
pride , autrement que tous ceux qui l’ont
traduit jusques icy.Voicy le PassageLatin:
E:
FÉVRIER. I732.‘ z”
E: mm expedizio Baréarim èrm mmtiata ,
m! ipmm , si ‘Z161!!! , ir: , w! ntsecum proq
ficirceretur ,' barrer»: est. -
M"L. B. prétend que dans ce Passage
la particule 21cl est mise pour et , et que
par conséqucngau lieu dentendre qu'A
Iéxzmdre oflrit à Ovinius de le mener à l4
Guerre , s’il n'aimait mieux ynller seul. Il
faut traduire qubïlexandr: invita Ovinius
ù aller à la Guerre contre le: Barbare: , e}
même àfaire le vqynge- Ïzvec lui. Je sçais
que-la particule ml n’est pas toujours dis
jonctive , qu’elle est copularive quelque
fois; ‘mais je sçais bien" aussi que c’est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut Pexpliquer raisonnable
_ ment. (luel est donc le sens le plus na
turel , et qui se présente le premier à Pes
sprit dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui.qu’y trouve M’ L.B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Tra
ducteursije laisse cela à décider au Lec- '
teur,.mais_j’ose assurer que Pexplicarion
de M’ L. B. est forcée, et que la particu
le ml, comme il Pentend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme ,et n’est .
plus qu’une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et queM’ L B. doit enco
«se mieux sçavpir que moi, de ne point
' cher;
:45 MERCURE DE FRANCE,
chercher un sens éloigné et diflicilgquarid
il s’en offre un simple et naturel.
Pour affermir davantage Passociation
d’Ovinius,M‘ L.B.s’étend fort au long sur
le temps de cette arssociatiomMais tout ce
qu’il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait, il ne m’importe pas en
quel temps ila pu arriver. J’ai dit seu
lement que ce n’avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans, comme M‘
L. B. l’avoit avancé; il a étéobligé d’en
convenir, et de dire qu’il n’avoit erré que
pour avoir voulu îsuivre M’ de Tille
monts mais comme il donne une autre
E poque à cette association , il me permet
tra de l’examiner.
Lampride écrit qu’Aléxandre étant à
Antioche, trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et sfélevetent "tumultueuse
ment contre lui; que là.dessus ce Prince
leur dit que ce n'était point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient en
seigné à faire usage de leur: «voix; mais
contre les Sarmates , les Allemans, les
Perses’. M’ L. B. saisit le Passage et me:
l'association Àd’Ovinius dans une Guerre
‘qu’il prétend qLfAléxandrp eut contre les
Q
531:1
F E VR I ER. 173;. ":41
Sarmates , et qu’il place clans Pordte où»
ces Peuples sonbnommez , et dans les six
Premieres années duiRegnc d’Aléxandre.
J'avoue’ mon peu de pénétration , je ne
Vois rien-ic-y ‘qui prouve qu’Alêxandre ait
eu Guerre contre les Sarmatçs, et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la dernier: Guerre dfiîspag‘,
Pâge du Roy avoit permis à ce. Prince de
se trou verà la tête de ses Troupes,et que
' sur le point de quelque Action, il les eut
fait souvenir de la. valeur qu’elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les An
glois , les Hollandais 2 en concluroir-on
que ce Prince auroit eu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l’on doit raisonner de la même
maniere, sur la Harangue dflxléxandrc.
Cet Empereur alors marchoit en Perse,
comme Lampride le dit Iui- même; et:
jusqu’à cette Guerre, son Regne avoir été
paisible du côté des Étrangers. Igitur mm
4d bmgc modum Heptem annox quoal quidam
4d se attineret, si»: querela cùjutquam Impa
rium gaêemasser, ecçe tjbi amwo arma, cÿe.
Car il paroît par toutes les Médailles
d’Aléxançl,re,qui portentîla marque du
tcrnps où elles/ont été frappées, et sur les
* Suivant la correction du P. Pagi‘: Dissert.
HYP“ Pêg- r77-. .
. quelles
142 MERCURE DE FR ANCE
quelles il est fait mention de Victoires;
soit dans le Type _, soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu’aptês la Déclaration de la.
Guerre clePerse, arrivée sur la fifn de l'an
227 , ou au commencement de z28,com
me l'a démontré le P, Pagi, que les Gé-n
néraux de ce Prince eurent quelques avan
taÿs en Mauritanie, en Illyrie et en Ar
ménie , puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la vn‘ année de l.1
Puissance Tribunicienne d’Aléxandre, et:
que par conséquent elles ont été frap
pées au plutôt en 2.88._c’est»àwdire, à peu
près dans le mêmetemps qu’Aléxandte
croit à Anrioche. Aléxandre donc ne fait
icy que ce qu’auroit fait le Roy 3 l'un c:
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédccesseurs get une marque
qu’Aléxandre n’entencl point parler de
celles qui le regardent , c'est qu’il cite les
Perses contre lesquels , comme je l’ai dit,
il marchoit alors ,dans la seule Expediw
tion qu’il ait faire contr’eux.
Si cependant M'L. B. soutient que les
Sarmntes ont quelque rapport avec Alé- _
I
xandre , je lui repondrai que cette Guerre
n’est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage; et qu’au contraire , c’est la même}.
’ Les
FEV: R I E R. "I755. 24;
Les Sarmares occupoient tout le Païs qui
"com pose la Pologne et la Prusse d’à-pre
sent ;_ils étoienr par-là’ trop voisins de
Plllytie , pour ne pas croire que cc fu
rent ces Peuples‘ qui apparemment s'é
toient joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et ‘des autres étoienr les
mêmes , et ils voulurent profiter de Fab
sence dïiléxandre, pour ravager les Ter
res de Hîmpire , ce qui obligea l’Empe
ïeur en marchant contre Artaxercés (l’on
voïer des Troupes conrfieux. Compumme
jam se ut fluvios truusgredereturu. . nos.
dam etium exercizus in regioncs alias trans
tulit , ut inde Burburorum incursions: furi
lius urcerentur. Herodien.
J'ai promis à M’ L. B. de lui montre!
que les Ovinius me sont connus; je tiens
maparole. Outre l’Ovinius Camillus de
Lampridc , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. 4:15. C. Tertull. qu’il cire: Il y a,
un Ovinius Paternus qui Fut Consul sous
Aléxandrc même en 233. un Lucius Ovi
nius Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l’an z;7.ct l’on trouve en 517. sous Cons
tantin , un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Scptimlus Bassus,
long-temps devant ceux-cy, une Inscri
"ption de Grutet (ccrxr 4.)nous fait men-x
tion‘
244 MËRCURE DE FRANCE
/
tion d’un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoitsous/
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F, TenRufus, et d'un l..Ovi..
nius Amandus , dont les noms se trou
vent dans le même Gruter( mxvn. 3.)
et dans Reinesius (xi r. l 10,) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains, puis
queVarron qui fleurissoit dans les dernie
res années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica 4 des
noms qui tirent "leur origine des Trou
peaux , fait mention de celui d’Ovinius.
Namimz mulm habtmus n12 utroqne parure, à
majore et à minare , à minorer Porcin: , Ovi
nius , Capriliztt. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , â.
qui voudroit en prendre la peine , mais
n’cn voilà que trop pour montrer que M’
L. B. n’a pas eu raison de dire , que ce nom
m se rencontre guere; ailleurs qtim ce: deux
endroitfqziil a cités. q
Je finirois icy, sans une réflexion qu’on
me permettra d’ajouter , quoiqu’elle ne
regarde pas mon adversaire seul. M’ LÏB.
en parlant d’Aléxandre,l’appelle' toujours
Aléxandre Severe ,et il suit en cela un
usage , qui,pour être autorisé,n’en est pas
moins vicieux. Le nom de Sévere que
permit Alexandra, n’étoit pas, quoiqwen
veuille
FÉVRIER. I733! 24e ‘
veuille dire Lampride , une Epithere quii
lui fut donnée à cause de son exactitude
àfaire observer la Discipline Militaire.‘
Nam et Set/crus est appellera; à Militibm
0b Ausmimtem. Cétoit chez lui un nom’
de famille , qu’il renoir de Seprime Sé-i
vere et d’Anronin Caracalieùappellé de
même Severe , comme on- le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
ATTu K. M. AÏP. CETHPOCA ANTQNEI
Noc. U. n. Aléxandre se disoat fils dece
dernier. Acimonete quamprimum illum _, dit
ce Prince en parlant d’Artaxercés: Tra
ljfjgarum que plurima advenu: Barbera: Se
mm argue Antonina parent: men duçién;
ÉÏCÏÎÆIÏÎLHÛIÏOCÆICÛ- Ce qui est confinn-é
par les Inscriptions.
IMP. CAES DIVI
SEVER I. PII, NEPOTLDIVI
ANTONINLMAGPIL FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO,
'PIO,8cc.
Grutet MLx xvngt, 7. et 8,
Cîest donc Sevete-Aléxandre qu’il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille _, et conformément à toutes les
.0
M ERCURE DE. FRAtNCE
Médailles Latines et Grecques , où l’on.
lit: lMP. SEVw. ALEXANDER AUG.
A12K. ceorupoc. AAtgANA. aussLbiea
que dans les Inscriptions que je viens de
la orter.
PP ' D. P!
A’ Orleans, le Io Octaére 1732..
K913i"Ë"*"Ë'Ë"Ï”>Ë**9F*'Ë‘**‘*9Ë'Ë'*'*’Ë"Ë‘*'ËÏË
HERO‘ '
c .4 N T .4 T r. '
PRès des Murs de Sestos , sur cette antique
Rive, '
mac PI-Icllcspont blanchir de ses Flots écu- ‘
IÏWUX i‘
Héro pâle, tremblante’, et d’une voix plaine
tive ,
Déploroit d’un Amant le destin malheureux.
/ .
_,
. .
\
La nuit dun sombre VOllC avoir couvert les"
Ondes;
Ions les Vents , êchappez cle leurs Grottes pro-g
- fonde: i '
sur Fhumide Element cxerçoient leur fureur ; ‘
Qrand cette. triste Amante , en faveur de Léauç
L 'dre«,
Au Dieu de la mer fit entendre
ces lugubres Acccns que dicton sa douleur.
Grand Dieu , si jadis dans ton ame",
L'amour
ÆEVRIER: V1733. ‘:41
l'amour alluma ses beaux Feux ,
D’un Amant tendre et genereux ,
Seconde Pinnocente flame. l
Des Aquilons impétueux
Reticns les bruyantes Haleines ;
«Ne permets quäugt Zéphirs heureux
Dflagitcr les humides Plaines.
Ë
Tanclis"qu’aux tiôits chagrins Héro livre son
coeur , e
Des fiers Enfains de l’Air la Cohorte insolente,
Jusquäu Sable profond va porter la terreur ,
E: auvccntte entÿouvert de POnde turbulente ,
Elcve jusqwaux Cieux la vague menaçante.
D’unc effroyable nuit Péclair perce Phorreur;
IJalfrcux Tonuere gronde en une épaisse mute",
Le Rivage en fremit ,'la Terre ‘en est émuë , “
Les Tritons , sous les Eaux , vont cache: leur,
frayeur.
En vain , d'une intrépide ardem- J
Ifiaudacicux Léandreglîronte la Tempête;
Des Montagnes de Flots, s’écroulent sur sa tête;
Il périt , ct bien-tôt sensible à son malheur ,
Son Amante en ces mots, exhale sa fureur.
ÿä
D’une agréable chaîne ,
Ù a
Z43 MERCURE DE FRANCE
Au mépris de mes voeux a i
Ta fureur inhumaine
Vient de rompre les noeuds,
Divinité cruelle ,
Qfune Amante ficlele ,'
De ta haine immortelle ,'_’ ‘
Ressente tous les coups, i i
Tonne , frappe, Barbare ,
Contente ton courroux :
- Quand on faims, il es; dan; a
De s’unir au Tenarc.
. o
g .
\_ _ âgé
Déja le Dieu des" Eaux , d’u,n coup de son Trig‘
dent ,_ v
V Avoir appaisé les orages _:
Dans‘ les Autres profonds le Soleil en naissant;
Avoir précipité tous, les sombres nuages;
Lorsque sur les humides plages p
Héro porta soudain ses regards amoureux.
Mais quel objet, Cieux g quel Spectacle afq
{reux !
Qxellc fureur ! quelle nouvelle rage 1
p Qxand sur ce tragique Rivage
111e apperçoit le corps d’un Amant malheureux,
Elle tremble , fremit , recule , arrête , avance 3
Dieux ennemis , Auteurs de mon tourment ,
ÿnc yicrime _enco; manque à votre ‘vengeance 3
Elle
FEVRÎER. 175;. '29:
Èlle dit , et ses yeux fixez sur son Amant,’
8e jette dans la‘ Met Pour 1e joindxe en mouxanfloe’
fi
e Amants intrépides ,
Ennemis du jour‘,
Craignez de l’Amour,'
Les traits homicides.
Ses charmes trompeurs, v
Cachent ses rigueurs ,
A ceux qu’il engage;
‘Les chagrins , les pleurs .
Sont des tendres ‘coeurs w
Le triste partage.
M. H v A R ‘r , Projecteur); Senlis.‘
' EXPLICATION
Dïme Médaille de PEmpereur Hadriefi.‘
N trouve communément 3ans Ha
drien une Médaille de grand Bron
ze , où d’un côté est la tête de ce Prince;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
zrus pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une, femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme, apd.
' ' .C iij payés
(":50 MERCURE‘ D E FR ANGE
puyée contra: terre , et dqla main gauche
__une Corne dabondance; a ses pieds sonç
‘deux petites figures d’enfans 3 la Légende
HILARITAS. p. nDans l’Exer ue. cos. m.
et dans le Champ de la Mêdîille , s. c.
Tristan r et Angelloni z qui nous ont
donné cette Médaille, Pont expliquée
diversement, ’.
Le premier, fondé sur unPassage d’Ar-‘
temidore, où il est dit ue les Palmes
veuës en songe sont es Pronostics
d'une heureuse-fécondité ,_-.a cru que le
Senat en faisant frapper ‘unevMédaille à
Hadrien, avec laBéesse HiLAMrAgdont
le Symbole ordinaire est uneÿalmgavoic
voulu marquer la joie du Peuple Ro
main , dans Fesperance où tout j,l’Empire
étoit que Sabine , femme dece Prince J,
lui donnerait des HeritiersaLes deux en- a
fans qu’on voit dans_la Médaille, ap—;
puyent ce sentiment; mais comme cette
Médaille n’est pas du commencement
du Rcgne d’Had_rien, ce qui se recon
noit pañ- le titre uni d’H A na I A u u;
Aucusrus, qu’on .y'lit , et par la Note
de son troisirfime Consulat ; pour peu.
"qu’on lasse därtention àla maniere dont
. \ f
1 Commmt. Hzstar. p43. 4.80. du Tom. x.
,; La Histonñ Jîugmm , pag. r40- de PExîit- 1C
Rame 15j]- ._ .
' Hadrien
F rEhVlR I E R.
i733: m‘. *
‘Hadrîen et Sabine vivoient ensemble, il
'n’y;a pas beaucoup «Ÿapparence qu’on le
"flarar sur ce sujet: Hadrien regardoit Sa
‘bine. comme une femme fâcheuse 1, dont
Phurneur luL-éroir insupportable, et qu'il
eut répudiée s’il n’en: ré que simple par
ticulier. On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du z Poison ue
son mari lui fit donner. Elle de son coté
lui rcndoir bien le change; on en peut
juger par ce qu?elle disoit elle-même pu-'
bliquement: 3 Qfelle avoir toujours fait
tous ses efforts pour n’avoir aucuns en
_ fans de son mari , le fruit ‘clepareils em
brassemens ne pouvant être que funeste à
.I’Empire..Dans de pareilles l‘ il n’y a pas lieu de croirecqounejolnecSteunraest
ait voulu faire frapper une Médaillqqui,
5." Pexpliquer comme ‘fait Tristan, auroit
pu passer pour une Serrlre véritable’ , ou,
quAi du ‘moms , traurorr pas manque d-‘ap
Aprerer a me aux Cournsans assez en-_
clins déja à la raillerie.
Angclloni n’a guercsmieuxréüssi. Sel
{on lui , la ‘Médaille est un monument
x Uxarcm ztiam ut mvzomm et aspmum Ji
mismms , ut ipse ditebat , si priflñfmfltissctzfiläufl
‘Spartipn. in vin Hadrinni.
a, spartim.
3_ dard. Vum.
; _C m; dg.
Jà
i 4252 MERCURE DE FRANCE.‘
dela joie que tout Rome ressentit lots’-'
quî-Iadrien revint dans cette Ville, après
avoir parcouru routes les Provinces de
l’Empire.Mais, 1°.ce retour dT-Iadrien est
marque’ d’une maniere assez distinctesur
d’aut_res Médailles. ADvENTus. Auc. An
VENTUI AuG. lTALIÆ , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs. 2°.Il est
diflîcile de trouver quelque rapport entre
ces Enflns‘, gravez sur la Médaille, et
l'arrivée d’un Prince. Angelloni a beau.
dire que la joie étant plus particuliete
l aux Enfans’, on a pu par ce motif les re—
preseutericy: Came pure stamxa i fanciulli
Jemprz allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
‘tous les succès favorables , elle ne con
vient à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis, je ferai observer quT-IILARITAS ,
avec Pacijoncrion de P. R. Po uli Romami,
ne se trouve que sur lesMédlriilles d’I-Ia
drien , et sur celles d’Ælius - César son.
fils adoptif, avec néanmoins quelque
difference‘ dans le Type. La Déesse HILA
RITAS, sur les Médailles de ce dernier,‘
portant une branche de quelque arbre ,
au lieu d'une Palme, et n’ayant point
d’Enfans à ses côtez. Cette diffêrencqque
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n’a.
z _ . mp3
FÉVRIER. 1733;‘ 2;;
‘fa port qu‘à quelquesecirconstances qui
‘n "font rien au motif qui a fait frapper
‘ces Médailles , que je croi-s toutes les
deux,avoir été pour Padoption d’A_îlius;e:
pour le prouverje commence par la Me’
daille de ce Prince , dont la connoissance
‘entraînera aisément celle de la Médaille
‘dT-Iadrien“. ' _
' Les fatiguesijqnT-Iadrien avoir essuiées
dans ses longs voyages, sur tout mar
chant toujours la tête nuë dans les sai
sons même les plus rigoureuses de l’an-_
née , ifioiblirent extrêmement sa santé‘;
«il tomba dans une maladie, qui dimi
nuant tous les jours ses forces, le fit
_‘ penser à se choisir un Successeur. Après.
avoir jette les yeux sur plusieurs, que sa.
politique lui fit immoler ensuite, lors
que sa maladie parolssoit moins dange
reuse , il s'arrêta enfin sur Ceionius Com
"modus, qu’il adoptat , le fit César et lui.
changea son nom en celui dïÆlius. Ce
dernier ne joüit- pas long-temps de ces
avantages , ne s’étant pas écoulé une
année depuis son adoption jusqu’â sa
mort ; encore dans ce peu de .temps fut
il toujours si- incommodé , qu’il ne put
' as même remercier Hadrien en plein
Sénat, de Fhonneur qu’il lui avoir fait.
Dans un si courtespace , ce Prince‘ ma
c « C v ladif
.
3.54. MERCURE DE FRANCE
ladif ne put ‘ueres fourni: de sujets qm‘
i anéritassent ’être consacrez sunles Mon..
noies. Aussi toutes celles de ce Prince
ont — elles rapport-à son adoption. Q1’!
voit-on en effet , sinon la bonne intel
ligence du nouveau César, avec l’Empe.
gent? CÇNCORDIA. Son soin à rendre gra.‘
ces aux Di" ux de son élevation.‘ P1514;
1m. î Uesperance que les Peuples avoient
çonçuë de lui, et le bonheur qu’ils at
‘tendoient de son Regne,dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées}
Enfin le Symbole de la Pannonie, Pro?
vinoe dont il avoit eu le Gouvernement,
et quisemble le féliciter sur son avene
ment a l’Empire 3 PANNONIA. Parmi tou
tes ces Médailles , y en a-t-il quelqu’une'
qui convienne mieux à son adoprion,quc
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. u. Les largesses
qu’Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats; les Fêtesquil donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,'
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoir contribuer à la joie pu
plique : Neque quicquam prczcmirsum quai
P05!!! Zasitiam publicam fiequentarLCe Pas
sage spmble fait pour la Médaille et fait:
connorrre ,a n’en point douter ,_que le
p‘ motif qui 135: frappér, fut la pie de
o . 3°“.
FÉVRIER. 175;. 2.5;
Δ
tout le Peuple Romain/pour l'adoption
dYElius, qui. en assurant un Successeur à
I’Empire , assuroit en- même -- temps la
Paix et la tran uillité de ce vaste Corps.‘
La Médaille A ’Ælius expliquée , celle
(Ÿi-Iadrien se la trouve aussigla mêmevocca
sidn les a-fait naître routes deux, il ne s’a
gît que de la difïerence qui se trouve dans
leType dont je vais rendre raison.
Hadrien , à son avenement à FEmpire
après la mort de Ttajan , fut ‘obligé
avant même que de se rendreà Romqde
aire mourir quelques Personnages Con
sulaires. Ces éxécutionsgiioique justes et:
neéessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son pre
mier soin après {être rendu au plutôt
dans cette Ville , fur derâcbet par toute
sorte-de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et en
tfaurtes Spartien remarque , qu'il aug-j
menu les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux EnfanspPuerù ac puellis quibux
ttinm Trajanus ulimmm detulemt incremm
m liberalitmis adjecit, Il y a beaucoup däp.
arenee , que dans läidoprion cPÆlius , où
Fou voit les mêmes Fêtes _et les mêmes li
beralitez , Hadricn songea pareillement
aux Enfans _, ces largesses étaient noué
Cv) Vslles.
15K MERCURE DE FRANCE
velles, Trajan étoit le premier qui les ‘eut
faites, et elles éroienr trop agréables au
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fait
te paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s’1l..: ne paroissenr point dans
la Médaille d’Ælius , c’est que les larges.
ses étant faites par Hadrien en vuë de ce
Prince , détoir à Hadrien que toute la re-ê
connaissance devoir s’en rapporter; mais
la joye du_ Peuple Romain pour Padop
tion d’Æliu< éclatoit également en faveut
- de ces deux Princes , et d_evoir par cdnséa
quent paroître également sur les. Mon
noyesdc l’un et de l"aurre, H r LARITASQ
P. R. ‘
La difierence d’un Rameau à. une Ion-J
gue palme ou branche de quelque arbre,‘
ne peut arrêter. en aucune maniere; l’un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye, ainsi qu’on le peut voir par ces
deux Vers , l’un de Rutilius et liaurre de
Juvenal : .
Examen: «virides communia grandi» Rami ,‘
Ommmr poste; , et grandi jamm Lauro.
On peut me faire deux Objections ans-ë
quelles. je vais répondre.
a _ gLa
,. ‘F5 VR IER. 173;. 257
La rerniere est , qu’il se trouve une
Médai le de Lucille , femme èŸÆliumavcC
HILARITAS au revers , qu’on ne par ex:
plique: autrement qu'en l'a rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on.
fait de toutes les Médailles des autres im
pératrices où cette Legende se rencontre.
QIC l'explication de la Médaille de‘la.
femme emporte Pexplication de celle du.
mari , et par une conséquence celle d’l-Ia<j
‘drien. Pour réondreâ ce raisonnement,
outre que le P a qui donne aux Médailles
dT-{adrien et d'Ælius quelque chose de
particulier ct de relatif entfielles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille, les
Médailles qu’on nous donne pour être
de la femme rPÆlius , sont toutes de Lu;
cille , femme‘ de L. Vere , ainsi ‘qu’il est’
aisé de s’en convaincre si l’on veut se“
donner la peine de lire ce que j’.1i écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d’Août dernier , ainsi l’Objection tombe
d’elle- même.
La seconde Objectron est par rapport
î une Médaille dT-Iadrien qu’on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Au
gustin , où l’on voit sous la Legende HIv-s
LARITAS. p. n. une femme debout tes:
nant avec ses deux mains un voile qu’elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir au».
5mm.
25s MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec Pexpliçation que
je donne. Il est vrai que ce revers est ex
traopflmire , et que la figure‘ qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye; mais au lieu que cet
emblème peut avoir rapport _à quelque
usage , quelque ceremome qui se prati
quo-it dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suiiît que la Legen
(lei-I 1 LAfLRITAS. v. R. s’y rencontre, puis-ë‘
que c’est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non‘ pas tou
tes les difFerenres manieres dont il seiser
voit pour la. représenter sur ses Mom
noyés. l
' D. P. a
A Orleans, ce S Novembre I752.
lÈÆ&&äfOEQPÊQÆÆÆÆÆÈÆ
ODE.
L'âme parrainée par le: ennemis de son
innocence , invoque le S etgnem’.
D E mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur‘,
Îflrmcat contre mon sciala barbare injustice
. D’une
‘,
FE V R LE R- i733. 25j
D’une sacrilege fureur ,
Mets dans tes mains, Seigneutfi , les trains de a
vengeance . '
Déclare-toi pour Pinnoeence ;
‘ Qxfils tombent à tes pieds sous tes coups abat-j
tus. _
Qxe vois-je! ma plainte t’anime.
Tu patois dans ta gloire et déja dans 1’—_'
bîme ,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
m .
Tfemblés Peuples ,armé de sa foudre- bxûä
‘lame ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire éclat"
rame, -
I/Univers fléchir devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plu! superbes
têtes
"Tombent au rang de ses conquêtes.
D’un rémeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant-sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels coulerom sous sê!
yeux. -
. ä '?
‘ a I
De mes fiers ennemis ks fuï°uts cnmmclè
Nç
22a MERCURE m; rrtaucs
Ne troublerout plus mon bonheur ,
‘E: je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer i jamais mon coeur.
u. l'abri de son Thrône , et charmé de sa
gloire ,
n n u .
Le jour heureux de sa victoire
Retraeé dans mes chants augmentera ma paix;
Rem _ P li de sa bonté suP rêmc‘ x
Puisse lntôt mon coeur sbublier de lui-même
P
uo du rix lorieux u’il tient de ses bien?!
. , P S 9
its!
Ë
Des frivoles grandeurs (Pan pompeux escleâ
vage ,
Mes yeux ne sont plus ébloüis;.
je vois , clans le repos où le Seigneur m’a»?
gag‘ v a
Ces fantômes évanoüiss
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui t3
révere l. -
Embrasé d’un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens las solides appas :
De son innocence éternelle
- ‘Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;.
Il craint le seul malheur de ne te loiicr- pas.‘
ü
Non , non, Ié monde en vain m’e'tale_ ses ‘dé v
Lices s '
Le
FÉVRIER. 173;. f‘;
le seul bonheur est sous ta loy , =
Ê! i9 ne Compte plus que parmi'les suplice:
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à Pombre , salutH
ÎalIC
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.‘ .
Vous , dont une indigne licence N
Poursuit sur cette mer la timide innocence .v
Voulez-vous triompher a invoqués le Seigneur’.
Domina: par: hareditatz‘: me» , et Calicis mes‘.
Tu es qui restitue: hüeditatem meam mihi.
Par M. lÏ/Ibbé P. V. de Marsei 11:2
nemuuauuuamsm
D 1-5 SE R TA T1 o N sur le: Enseigne:
Militaire: des François , par M. Ben:
ton de Perrin , E cayer , ancien Gendannd
de la Garde du Rai.
f -_ PREMIERE PARTI-E.
' Epuis que les hommes poussés par
Fambition eurent songé à dominef
les uns sur les autres , et qu’en_ consé
‘quence ils°se furent assemblés en troupes .
_ pour attaquer , ou pour se deffendrc ,'
ils prirent des marques militaires, soie
G3!
'16: MERCURE DE FRAN CE
en couleurs , soit en figures pour se re
connaître dans les Combats , et ce sont
ces masques qu’on peut encore appelle:
signes et symboles , qu’on a ensuite nom-j
més Enseignes , Drapeaux et Etendam‘.
Chaque Nation regarda les siennes
avec un respect et une venerarion infi
nie , elles servoient à exciter en eux la
valeur et l'envie de bien faire , pour évi
ter la honte de leslaisser tomber en la
puissance de Pcnnemi; leur perte fut re
gardée. comme.un affront insigne, et ceux
qui les portaient étoient punis de mort
quand ils les petdoient par négligence ou.
par lâcheté.
Les Juifs eurent des Enseignes , chacuæ
ne des douze Tribus avoir -la sienne d’u
ne couleur . articuliere , et sur laquelle
étoit le Sym ole , qui la désignoigsuivant
la Ptophetie de J acob. _
Dans l’Ecriture , et enparticulier dans
les Pseaumes, il est souvent parlé en un
sens allegorique du Lion de la Tribu de
Juda , du Navire de Zabulon , des Etai
ks ou du Fimament dîsachar.
Du tems des Machabées les Drapeaux
Hein-eux étoienr chargés de quatre let«
Rares équivalentes à celles-ci , M C B 1',‘
qui signifioicnt selon quelques Commen
tateurs , qui: ricin sa in Diis Domine ? La
force
‘F E V R I E R‘. 1733. .16;
force de la Guerre est dans le Seigneur ,
nul n’est légale à lui. Ce sont ces quatre
lettres qui firent donner le nom de Ma
cbabi: à la race de celui ‘qui le premier
les fit mettre sur les Etendatfs qu’il leva.
pour la deffense de la vraie Religion.
‘ C’e'toit dès ces tems-là, et ça été tou
jours depuis Pusage des Juifs, de faire des
‘noms artificiels avec les premieres" let
itres des differens mots qui doivent entrer
dans les noms propres. De là sont venus
les termes de Radaq , de Ralbag , de
‘Rambana , 85e. pour Rabbi David Kimp
chi , Rabbi Levi-ben-gcnson , et Rabbi
‘Moses bcn-maïmon , qui semblent ne rien
signifier à ceux qui ne sçavenr pas ces
sortes d'Anagrames; plusieurs autres sem
blables mots, dont. on a ignoré la verira
ble signification‘, ont fourni aux Cabbanj
iistes lesnoms qu’ils ont donné aux inteln
ligences superieures.
Semiramis , Reine des Assyriens éroie
appellée en langage du pays Cbemirmar,
mot qui signifioit aussi une Colombe ,
île-là vient que les Enseignes de cer Emv
pire étoient chargées de ces Oyseaux pour
conserver "le souvenir de l’Heroïne , de
qui il renoir son premier éclat; et quand
les Proplietes exhottoient les Juifs à la
pénitence , ils les menaçaient de cette
Colom-L
{134 MËRCURÊ DEFR ANCZB.
Colombe Assyrienne, comme du fleau.
de la vengeance Divine le plus à crain-g
dre. ' .__ _ q
Semirxmis pourroit bien être la Venus
de Phenicie , que les Poëtes nous repré-f
sentent sur un Char traîné par des Con;
lombes. 4
Selon que les Peuples ont été plus on
moins policés,ils ont aussi employé pour
Drapeaux , ou Etendarts , des choses plus
‘ou moins recherchées.
Les Romains dans les commencemens
se contentoient de mettre un paquet
d’herbes au bout d"une picque. On sçait
‘que les Tartares se sont servi de queues
de. Cheval , ce qui est encore en usage
chez les Turcs.
Lorsqu’on découvrit PAmérlque , les
habitans de ces vastes contrées nävoient
‘pour Enseignes ue de grands bâtons or-j
nés de plumes ’Oyseaux qu’ils appel-j
Ioient Calumetr. '
Les Romains mirent ensuite au bourde
‘la picque des représentations d'animaux ,
comme celles du Loup , du Cheval, du
Sanglier , du Minotaure , 8Ce. C’est Plie,
ne(L. X. C. 1V. ) qui nous Papprenfi ,'
et ses Commentateurs donnent pour la
plûpart des raisons politiques de ces usa-e
863i ils prétendent, par exemple, que le
- Mino
FE VR I E R; ‘I733. :2;
o
Mînotaure devoir faire rêssouvcnir les
gens de Guerre de garder le silence sur les
Entreprises projçttées , et ce sctoir ÊPPÊ?
temmenr dans cet esprit que Festus_ap.
pelle la principale vertu militaire , [a Ras
légion du secret.
‘ Je suis persuadé que tous les animaux
qui setvoient d’En_s_eignes ÊIDXIROIÏMÎHS
netoienr que les signes emblematiques
des Divimfitz de l’Etat, et c’est pour cela,
sans doute , que l’Aigle étant le Symbole.
de Jupiter t, le Consul Marins voulut;
qu'elle eut le premier rang parmi les Etertæ
arts. '
Les Romains alloient clone à la Guerre
avec ces Symboles de leur culte , et lors
qrfils eurent pris la coûtume de dêïfiet
leurs Empereurs , les Portraits de cesPrine.
(es formerent chez eux de nouveaux Etcn
darts , qu’ils joignirent aux anciens. Le
respect que les Soldats rendoienrà leurs
Enseignes montroir quïls les rcgardoient
I x
comme quelque-chose de sacre.
C’étoir devant elles que se faisoient les‘
Sermçns de fidelite , et les engagemens du.
Service Militaire ; on les prenoir 'à_ té
moins des Traitez de Paix ,et des PÏOIÏÎCS?
ses faites aux Etrangers , on les encen
goît _, et on les bonoroit de plusieurs
autres çerémonies de Religion.
L:
266 MERCURE DE FRANCE.‘
Le bois,ou le métail éroient les matieres
dont on faisoit les Enseignes , et pour
la forme‘elles étoient en Sculpture en
tiers , ou en bas relief, dans des Médail
lons au-dessous desquelles pendoit en for
me de Banniere un petit morceau diEtof
fe quéarré , ldont ladcouleur distinguait
es L ions es unes es autres.
Il ygavoit aussi des Drapeaux d’Eroffe
sans aucunes figures, et ils ‘étoient dé
differenres couleurs ; cela säpprend par’
la maniere que les Romains avoienr d’en
tôler des Soldats dans les pressans be-'
soins.
. Le Géneral que la République avoir
désigné pour commander PArmÉe mon
toit au Capitole a là il élevoit deux de ses
Drapeaux , l’un rouge qui étoit la mat."
qqq dâlîlnfaêterip, ‘autre bleu uihétoit
ce e e a ava crie ; ensuite a aute
voix il ronon oit ces aroies: ue ceux
qui aimefriz le salit de la Ëépubliqueqfie tar
dent pas à me suivre.
Ceux qui vouloient aller à la Guerre ,
chacun. suivant son inclination de servir
à pied ,» ou à cheval , se rangeoient sous
l’un des deux Drapeaux, et cette maniere
de faire des levées extraordinaires se nom-p
moit évocation. '
Jusqu’au tems de Constantin il n'y
eut
FEV R I E R. 173;. 2'67
‘eut point de changement dans les Ensci—
gnes Romaines : mais alors le Christia
nisme , qui (établissait par tout FEmpi
te, y en apporta. Les,Aigles. , et les Croix.
allereut de. compagnie; il se. fit un mê
lange des usages de‘ la vieille Religion.
avec ceuxde la nouvelle, et les Fideles
étant alors absolument désabusés des er
teursdu Paganismev, et se trouvant en
très-grand nombredans les Armées de
Constanrin , et de. ses Successeurs , 1l gn’y*
avoit plus à craindre qu’ils prostituassenc
leur adoration aux Symboles des ancien
nes Divinitez, comme ils avoient faiti
auparavant.
Par là sïntroduisit une espèce dïndifà
férence pour toutes sortes dlirendatts , et
au milieu du Christianisme. même on
retint ces Symboles, inventés autrefois
par les Payens, qu’on jugea toujours uti
es pour la distinction , et quidevenoient
sans conséquence pour des Soldats Chréa
riens, instruits, et coustans dans leur
Religion.
Les Empereurs depuis Constantin eu
rent pour principale Enseigne de Guerre
le Laâammu qui émir une petite Ban
‘niere de couleur de pourpre , sur la
quelle étoittbrodé le" Monograme dq
Cnazsr,”
3.28 MERCURE DE FRANCE
CHRis'r_,_signe adorablede notte Rédem p-Ï
tian. '
. Les autres Nations Etrangeres que les
Romains nous ont fait connoître avoient
aussi leurs Signes Militaires. Tacite nous
apprend que ceux des Germains-étoient
les figures des bêtes commu-nes dans les
Forêts que les peuples habitoient , et se
lon le Pere * Martin,ces bêtes étoient aussi
les Symboles de leurs Divinitez. On sçait
que c’est de Fanion de ces Peupiesligués
ensemble qu’a été formée la Nation Fran«
çoise , ce qui fit que cette Nation eut
pendant long-tems diflerens Symboles
sur ses Etendarts , on y voyoit des Lions,
des Serpens et des Crapeaux. _
Tout cela sert à expliquer la prétenduë
Prophetie de Sainte Hildegarde , qui dans
ses révélations , en parlant de la ruine de
Rome par les-Nations de la Germanie ,
assûre que Dieu donnera aux Francs le
Camp des prostitue: , et que le Lion bri
sera 134x31: avec le secours du Sert
peut. A - *'
Cela servira encore à faire voir que
dans le XII. siécle , où vivoit cette Sain
te , les François n’avoient pas perdu la.
.* Dom lacguqsMmin, 14215:0» Livre sm- l;
Migion des Gaulois.
' ' v son:
-F“EV R LE R. 173;: s69‘
lconnoissance de leurs anciens Symboles
militaires _;—et sur "quels fondemen-s nos
vieux Historiens ont crû que les premie
res Armes du Royaume avoient été des
Crapaux. » _
Quand les François entrerent dans les
Gaules , ils étoicnt déja partagés en deux,
branches , Pune dite des Ripuairrs’, et.
l'autre" des Simmlrrcs. Chacune de ces
' «branches avoit son Symbole : celui de -
la premierq étoit PEpée , qui désignoil:
Mars , Dieu principal de la Nation ô et la
seconde avoit pour le sien une tête de
Boeuf , ou un Apis , Dieu des Egypriens,
dont une‘ partie des Franc: tiroir son
origine.
J’ai montré dans ma Dissertation sur
l'origine des François , que Sesostris ayant
pousséses Conquêres jusqu'aux Palus méo- '
rides laissa plusieurs Égyptiens et Cana
méens qui ÿétablirent dans ces Contrées ,
d’où ils se sont répand-us en diiferens tems
dans la Pannonie, et jusques dans la Ger
manie , après s’êrre mêlés avec les Scy-_
tes , et d’autres Peuples Scptentrionaux. _
Le Tombeau de Childeric découvert au
‘siécle passé-, et dans lequel se trouverent
plusieursTêtes d’Apis,prouve que leSym
ole de ce Dieu étoit un des signes mili
taires des Françoisçainsi les Fleurs _de
D lys
lÿo’ MERCURE DEh-FR AnNC E
lys qui sont depuis long-tems le caracle;
re distinctif de notre Nationï, pouvvoienc
être aussi-bien des Lams Egypticns. que‘
des Iris, ou des Flamlves- des Marais de;
Batavie. .
?I'.’Ecriture des premiers Empires étoit
en caractetes symboliques. Les Ca-ldëenä
et les Egyptiens avoient des laieroglizphes
pour exprimer leurs pensées , et les ter
mes des Sciences qu’ils cultivaient -, sut
tout de l’Astronon1ic-, cela se prouve par.
les figures d'animaux dom‘ ils marquoîent
les Constellations célestes , que nousmar.»
quons‘ encore des mêmes figures depuis
eux. -
Les grands Empires de I’Orient ont:
conservé depuis leur fondation jusquïï
présent des Symboles distinctifsiLesTurcsî
ont le Croissant‘ , l'es Persans ont un i
Izion surmonté d’un Soleil Levant. r
v Le principal Kam des Tartares a un
Hibou ,l PEmpercur de la Chine un Dm
gon ', et les‘ Mandarins qui- sont le;
Grands de cet Empire», portent sur‘ leurs
habits des figures d’Oyseaux , et d’a»n'i«_
maux pour distinguer les differcnres clas
ses que composent ces Seigneurs , ce‘ qui’
fait la même distinction que font les
marques particulieres de chacun de nos
Ordres de Chevalerie . a
Le:
FÉVRIER‘. ï7ggî 9.7l
Les François garclercnt les Symboles
älont je viens de parler jusquïru rems de
Clovis; mais ce Roi après sa conversion ,
profitant du conseil salutaire que lui avoir
donné S. Remy: Miti: depone cella simm
5er i: «dam quad incendixti , mande, quad
adamsti , d’adorer ce qu’il avoir brûlé 5
et de brûler ce" qu’il avoir adoré _, fit met-j
tre des Croix sur ses Etendarts , erdonnæ
à ce Signe respectable de lalReligion qu’il A
venoit dïtmbrasser , la premier: place sur
tous lesautrcs dont saNation- s’éroit servi
jusqu'alors. A
J ai dit plushaut que les Romains te;
gardoient leurs Enseignes comme quel
que chose de sacré ,’ils n'étaient {ras leä
seuls qui fussent dans cet usage , es au
tres Nations payennes Pavoienr de mê
me ,— ce qui me donne‘ occasion de distin-ä
gucr deux sortes de signes militaires’, les
uns de dévotion , faits pour exciter la»
Pieté dans les Soldats , et pour les mieux.
contenir par la vuë de ces Signes miste-ä
cieux de la Religion qu’ils professoient.’
Et les autres invenrez pour exciter simé
lement la valeur. Ainsi on portoir dans,
fis Armées des marques sacrées, et des
marques dfhonneûrs , ou de politif
que. . .
“Cette distinctions es: de‘ tous les tcms;
; . - ‘ D ij et?
ä7ï MERCUREDE FR ANCE
et a été c_hez tous les Peuples qui n’alloient
point à la Guerre sans des objets visibles
de leur culte. A '
Les Perses adorateurs du Soleil y ai.
loient avec le feu perpetuel qu'ils entrete.
noient soigneusement sur des Autelsvpor
tarifs. ‘i «x
Les Israëlites depuis Moyse jusqwau
tems des Rois, n'entreprenoient point de
Guerres que l’Arche d’Allian_ce ne fut
presque toujours portee, pour montrer
que détoit de l'ordre du Seigneur qu’ils
les entreplrenoientfi et qu’ils mettoient en
lui toute eur con ance. .
a Les Empereurs Grecs faisoient porter
la vraie Croix de JCSuS-Christ dans les
' ‘Armées destinées à combattre pour I;
Religion, ce qui fit tomber plusieurs fois
cette sainte Rclique au pouvoir de ses
ennemis. Tous les Souverains des Monar
chies qui se formerent des débris de l’Em
ire Romain , sitôt qu’ils eurent em.
brassé le Christianisme, se firent un de.
voir de n’aller à la Guerre qu’avec des
Reliques , et principalement de celles des
Saints qu’ils rcconnoissoicnt comme leurs
Apôtres , et dont ils se firent des Patrons
pour rcclamer leurs secours dans les pres.
sans besoins, .
Les Gots du Royaume dïflrragon se
voyant
F E VRI E R. 1733.‘ 27;:
Voyant attaquez par Childebert Roi de
France, furent au-devant de lui avec les
Reliques de S. Vincent , pour obtenir
plus facilement la paix de ce Prince.
On portoit processionellement les Chîsà
ses des. Saints sur les murailles d’une Ville
assiégée , et ‘les yeux de la foi faisoienc
souvent appercevoir aux peuples assicgez
Ces saints Protecteurs en qui ils avaient
confiance , qui paroissoient armés pour
les deffendre.
Les ApôtresS. Pierre et S. Paul coma
batirent visiblement pour le Pape saint
Léon , lors de Pirruption d’Attila s‘ et les
Chrétiens d’Espagne virent plusieurs fois
S. Jacques , Pépée à _la main , leur aider à
repousser les Maures.
Il ne-faut pas douterpar tous ces exeni
plcs que les Rois de France , successeurs
de Clovis , n’ayent eu aussi le même usa
ge , et qu’outre les Enseignes chargées de
Croix , ces Princes ne fissentporter à la
Guerre des Châsses pleines de Reli
ques.
Auguste Galland , dans un Ouvrage
qu’il a composé sur le même sujet que je
traite , pour n’avoir pas senti la distinc
tion qu’il faut faire des Enseignes pieuses,
de celles de ure politique , est tombé
dans lferreur (le croire que la Chape de
Diij S:
'27; MERCURE DE FRANCE
u
S. Martin , portée autrefois dans les Ars
mées Frangoises , étoit posirivemcnrle
Manteau de ce Saint , que l’on attachoit
à une picque pour en faire la principale
Enseigne. Débroüillons un peu ce que
e‘étoit que cette Chape , etmontrons
qu’ell_e étoit toute diflerente de ce qu’on
nommoit Enseigne principale , ou natio
nale , et que Sl on lul veut conse-rver_le__
nom d’Enseig_ne , elle ne sera ue du nom
bre de celles que fai nommees sacrées ,_c
pour les distinguer des autre-s qui étoien:
purement des Symboles propres â-excitet
a valeur 8c lecourage. i
Chaque Nation chrétienneen prenan-t
un Saint, pour reclamet sa protection au.
près de Dieu ,c en choisissait ordinaire
ment un qui eut vêcu parmi eux , et à qui
elle fut redevable de sa conversion ,
cette raison auroir dû engager les François
à prendre pour Patron ,.ou S. Irenée , ou
l’un des sept Evêques reconnus unanime
ment pour les premiers Apôtres des Gau-l
les.
- Mais comme il auroir été difiicile de
s’accorder sur celui de ces Saints , qui au
roir merité la préférence , et que chaque
Province auroir voulu avoir le Saint de
qui elle tenoit l'a foi , on se détermina in
sensiblement àfaire choix de S. Mai-tir:
= « ' . ‘ EVÊ:
i
. Æ E V R1 ER.‘ 1733‘; 27;
Évêque de Tours , dont l-e souvenir des
mérites éclatans se conscrvoit encore par
une tradition vivante , et par les mira
cles qui sbPé-roicnt à sou Tombeau , qui
étoir devenu par là le lieu le plus saint, et
le plus fréquenté du Royaume , comme
nous ' Papprenons de Si Grégoire , un de
ses Successeursk La Ville de Tours étoit
le centre du Royaume ,et une de ses
Villes capitales , tout cela acheva de dé»
iterminer îles François à regarderS. Marä
tin comme leur principal Patron, et à
lui donner le premier rang sur tous les
autres Saints Missionnaires , qui avoient
prêché la Foi en France. ' \ '
Ce que je viens de Élite n’est pas une
simple conjecture ', nos anciennes His
toires font assez connaître que la dévo
tion àS..Martin, étoit si grande dans les
premiers siècles de la Mouarchigqiÿil
nëtoltvappellé que le Saint et le tries-Saint,
sans autre addition de nomzDomizms ,‘
Sanctus Dominus ', gloriosissimu: Daminur ;
11a mémoire de ce Saint devint en si gran
rde venerarion par route‘ la France que le
jour de saFête éroit PEpoqUe du renou
ëvcllement de toutes les‘ affaires civiles :
c’est pourquoi l’on y joignoit les Festins,-ec
tles Réjoüissances publiques, comme pour
tervircfheureux présagede ce qui devoic
_ = D iiij . a:
nv s
52.76 MEREÆUREJDE FRANÔE
arriver pendant lïænnée. Les Grands Par’;
glemens ne s’assembloient que pendant
Poctavc qui suivoit cette Fête.
La. dévotion generale de tout le peuple
envers S. Martin , procura de si grands
biens à l‘Eglise où étoit son Tombeau par
Pafiluance des Pelerins qui y laissoienr de
Riches offrandes", que lorsque cette Egli
se , qui étolt d’abord une Abbaye de
l'Ordre de S_. Benoît , fut secularisée l’an_
84S. par PEmpereur Charlts-lc-Chauvc;
ce Prince , à Pexemple de ses Prédeces
seurs , se fit un devoir de s’en- déclarer le
Protecteur, et peu de tempsaprès il y mit
un Abbé laïc, pour’ en administrer le
temporel. '
Tous les Souverains ont de droit la Gar-Î
de et la Protection des Grandes Églises‘
de leurs Etats. Sans faire remonter l’ori
gine de cc droit à Constantin , je remar
qucrai seulement que depuis que Pepin et
son Fils Charlemagne se furent rendus
les deffenseurs de l’Eglisc Romaine contre
les Lombards , les Successeurs de ces deux!
Princes ne crurent pas avilir leur dignité,
en y ajoutant quelquefois la qualité d'A
-voüé des Eglises les plus cclebres de leur
Royaume. Loüis , Roy de Germanie , fuc
Advoüé de I’Abbaye de S.Gal, en Suisse ,
et lEmpcrcur Othon de celle de_Gcm-._.;
blou, en Brabant.‘ Hs-ïi
FEVRI E R. 1733.‘ 2'77.
Hugucs‘ Capet" étant monté sur le
Trône , se démit de la qualité d’Abbé
Laïc de. S. Martin de Tours , que ses
Ancêtres avoient portée depuis le Prince
Robert le Fort, se réservant néanmoins
pour} lui et ses Successcurs‘,le Titre
Chanoine d’honneur, pour montrer (11%
prétendoit toujours conserver le droit de
Protection , que les Rois, ses Prédeces
Aseurs avoient voulu avoir sur cettefameu-y
se Abbaye.
* Les premiers de nos Monarques qui s’o-'
bligerent par piété, à proteget FAbbayc
de S. Martin , pour montrer publique
ment que la dévotion étoit le seul motif
qui les engageoit, mirent la Banniere de
cette Abbaye au nombre de leurs Ensei
gnes Ëgenerales , et par là cette Banniere ,
qui n’auroit dû paroître que dans les oc
casions où il falloir soûtenir le temporel
‘de l’Abbaye , ayant été portée clans tou
tes les grandes Expeditions que nos Rois
entre tirent elle P 2 devint bien-tôtla Prin A _
clpale Enseigne de la Nation. ‘ '
La dévotion de nos Princes envers saint '
Martin ne se borna pas là 3 mais par une
_ Îsuite de Paricien usage, toutes les fois-que
la Bannierc de ce Saint alloit èLFArmée ,
elle étoit suivie des Reliques du Saint
même -, on ne trouvera rien (Pextraordi
- ' D v. paire
‘:73 ‘MER CURE DE‘ FRANCE
Dans la suite ces Çhâsscs ou Chappes,
naire dans cette pratiquqsi on se souvient
des exemples que j’ai donnez cy dessus,
elle se perperua tant que durerent les;
Guerres contre las Sarasins et les Nor
mands , qui ravagerent la France pendant
8 , 9 Ct 10° siécles. Ces Gir-rres éçanc
toutes des Guerres de Religion , on sen
toir alors mieux que dans tout autre
temps , combien on avoir besoin des sc
cours du Ciel, et de Pinrerccssion des
Saints Patrons pour les obaenin
On ignoreroit entierement ce que détoit
que ces Reliques de S. Martin , portées
à l’Armée , sans une des Formules de la.
Collricrion de Marculfe, qui nous apprend
qîue nos Rois avoient toujours près’ d’eux
un Oratoire ou (Ihâssc qui cozntenoir ena,
tr’autres Reliques , des Vêremcns de S.
Martin ; que cet Oratoire nommé Cappa
Snnczi Marlini) suivoit par tout les Rois;
cr sur tout à l’Armée, et qu’en avoit cou-g
mme de faire jurer dessus ceux qui vou
loient se purger des crimes dontils étoicnt
accuses.
‘ Le mot de Cbêssa dérivé de celui Je
Capm , préwenre toujours Pidée d’une
chose‘ qui couvre ,_ ou qui en renferme
un" autre ; ainsi on peut dire également
des Reli .ues enchasséès , ou encbappêes.
q“
_ FEVR I'E"R, i733: 279
que l'on porroi-t dans les voyages furent
appellées Chapelle: g on disoit la Messe
dessus dans les Campemens; la COUfUr
me de Plîglise ayant toujours été dbifrir
le Sacrifice sur les Reliques des Saints , e:
les Prêtres qui désservoient ces Chapelle:
furent nommez Chapalldins. Valafrid
Strabon confirme ce que jÏavancc , et dit
en termes précis tique le Titre de Chape- j
Jain fut donné "à ceux qui portoient la
Chappe de S.'Martin , et les autres Reli
ques ; preuve enriere que par ce mot de
Chapelle , il ne sjagit que de Reliquaires
porrésupar des Prêtres destinés à ç_e,s
fonctions, et non pas dïumEtendart qui
jnedoit être porté que par gens en état de
Je defiflendre.
«Qiand le Clergé dhneflglise recevoir un
34mm‘, ou un Abbé Lait, ce n’étoit
point en lui présentant les ornemens
jconvenables au sacerdoce. Un Abbé,‘
Prêtre, étoit investi, par la Crosse et PAn
neauâ pour l’Avoiié il ne Pétoit que pas
la Bannicre de l’Eglise qu’on lui met-_
toit à la main. '
Le Pape
tonner PEmpercur Charlemagne, l’éta—‘
blit Defienseur du Patrimoine de Saint
Pierre , en lui mettant en main l’Eten
‘filait des Saints Apôtres ,_ou le Ganfnlÿ?
— ' ‘ D vj de
t“ c
Leon II. avant que de cou-Î, '
ç .
3.80 MERCURE DE FRANCE
de l'Église , et de la Ville de Rome. Les
Comtes d'Auvergne prirent pour Armoi
ries la Banniere de l’Eglise deBrioude ',
‘depuis’ qu’ils eurentla prorectioude cette
‘Eglise.
Cette idée de protection a passés des
choses Saintes dans les Civiles; et delà est“
‘venu que dans plusieurs Républiques, le
Chef en est nommé GunfZt/oflier squalitê
‘Sinonime à celle de Protecteur et de
Conservateur des libertés du Peuple;
Toutes leslCérémonies d’Eglise ayant
uelque chose dhuguste et de vénérable,
de-Iâ les Dcfienseurs de ces Eglises , qui
n’auroient dû se servir des Bannierés Ec
clêsiawiques que dans les occasions où il
s’agissoit de détiendra les biens du Saint ,.
auquel ils étoient vouez. Ils ne Iaisserent
pas de se servir de ces Bagnieres dans (lies
Guerres , u-i ne les re ar oient que in
rectementq; ainsi par cegrte raison (que fa!
dêja dire) les Rois de France faisoient:
orrrr dans toutes leurs Guerres la Ban-s
Eiere de S.Mar_tin, et honotoicnt de cette
commission le premier Oflicier de leur
Couronne, pour montrer Pestime et le
respect qu’ils avoient pour cette Ban
DICIC. l
La dignité de Maire du Palais" ayant été
éteinte avec la premiere Race de. nos
Rois!‘
FE V RIE R7.- 1733. l 231J
‘mes , comme les Seigneurs de Preüilly et
_de Partcnay‘, pourqporter "en leur nom la
Rois , le premier Officicr de la Couron-j
‘ne étoit le Grand - Sénéchal. Lorsque la
‘Banniere de S. Martin devint PEnseignc
principale de la Nation , certeimportam
tante Charge , qui étoit la premiere du.
‘Royaume, depuis qu’il n’y avoit plus de
Maire duPalaigétoit possedée par lesCom
tes cl’An)ou; ce qui fit que ces Comtes fut
rent les premiers honorez de la Dignité
de Porte Banniere de SLMarrin ,qui étoit
Ia même chose que Grand-Enseigne de la,
Couronne. ' «
Les trois Dignités de Comte , de Sé
néchal , et de Porte Enseigne n’étoient'
entrées dans cette Maison c que parcom
mission», comme l’étoient sous les deux x
‘premieres Races toutes les Dignités de
FEtatS mais Ces (omtes, ä- Fexemple des
autres Grands Vaasiux ._ ayant retenu ces
trois Charges à titre hirédiraire , ils pré
rendirent avoir acquis par là le droit de
Conprotection sur Flîglise de S; Martin ;
et les derniers Rois de la seconde Race
‘ayant négligé de le leur contester , ils’cn
mirent si-bien en possession , qu’ils comn
mirent à leur tout d’auttes Gentilhomà
Banniere de S. Martin.
(routes ces nouveautés ne trouverent:
‘ ' point;
182 MERCURE DE FRANCE
point. ‘d'obstacle; dans leur exécution”,
parce que les Rois de la troisième" Race t,
gfayant plusrque la Suseraineté de el’An
jou, de la Touraine’, et des Provinces
Voisines , ils se choisirent un autre S. Pat-ÿ
«tron plus près du lieu de leur demeure,‘
pour n’être pas obligés d’cnt aller cher.
cher un dans des Pais dont ils nÎavoient
plus la domination en entier ',ccla fit di
minuer peuà peu la dévotion envers Saint
Martin , sur tout dans les Provinces qui
restetcnt immédiatement soumises à la
Couronne -, et nos Rois , depuis Hugues
Caper, ayant fixé leur séjour à Paris. Saint
Denis , Patron de leur Capitale , le fut
bien-tôt de tout le Royaume. _
Avant que de finir cette premierc Pat-Î
tic de ma Dissertation , ferai encore re
Jnarquer que si Aiwuste Galland avoir
bien examiné lesPassages dont il s’est servi?
pour prouver que la Chappe de S. Mat
tin étoit une Enseigne deGuerre, il and
roit trouvé dans le Rituel même de cette
Eglisc , ( qu’il cite souvent) des preuves
contraires a son sentiment.
Ce Rituel’, en parlant des prérogatives
de distinction que les Comtes d’Anjou
avaient sur l’Abba'_i'e de S. Martin _, mar
que celle-ci : Ipre lméet r/exillum 1mm‘
Martini quotient "audit in. belle. Aux au
n35.
. FÉVRIER. 173.28;
ttes endroits de ce Rituel le mot de‘
Vtxillum y est toujours employé quand iI
s'agit de quelque Acte Militaire; et celui
de Cappa n’est emploié que pour les Ace
tions purement ECClÉSÎQSIÎqUCSa g
Comment ne pas sentir que ces deux
mots signifioien: deux choses difïerèn.
tes? Et comment de Sçavans Cririquea
ont- ils pû être incertains sur ce que l'ont
devoir entendre par la Chappc de S.Mar-.,
tinset pancher à croire quîe détoit un’
Manteau qui servoit d’Etendart Ÿ Une:
pareille opinion est bonne à faire croire‘
apocriphe H-Iistoire de la Chemise du:
Sultan Saladin , qui après la mort de ce‘
Sultan , fut misc( dit- on ) au bout d’une't
Pique,’ et promenére par toute son Ar-_
mée , pendant qu’un Hérault qui préce
doit,ctioit à haute vnixzVaici tout ce’
qui reste d: c: grand Homme Les Histoa
riens qui ont suivi Gailand dans son etc
reur , ne l’ont_ fait que pour n'avoir pas
sçu les doubles Symboles Militaires dont:
on se servoit dans les Armées, et quisont‘:
Porigin-e de ce qui se pratique‘ encore en:
donnant FOrdre ,ou le mot du Guet. à
la Guerre , ou dans les Villes Fermées, qui
est de mettreïensemb-le le nom d’un Saint:
et le nom d’u ne Ville , comme S. G60F.
gc et Vandôme _, ôccu v
‘t J.
5.84. MERCURE DE FRANCE
l Anciennement quand les Comtes et les‘
Barons menoient leurs Vassaux à la Guer
te, chacun de ces Seigneurs avoit son cri
äarticulier , pour ranimer le. courage de sa
roupe dans les dangers, et pour facili
ter le raliement dans une déroute ', ce cri
militaire étoit , ou le nom de famille du
Chef de la TrouFe , ou un mot pris à sa
fantaisie, auque on joignait souvent" le
nom cl’un Sainrâ qui le Chef avoit dé
votiomCotnme Notre-Dame dCChartres,
pour les Comtes de Champagnmet Mont
Joye, S. Denis. Ce dernier cri étoit ce
lui des Rois de France. J'en donnerai
Pcxplieation dans la. seconde patrie de
cette Dissertation, en continuant de par
ler des Enseignes Militaires des François,
‘et sur tout du fameux Oriflamme ,'sur
lequel ÿai à dire des choses nouvelles.
' a . . . LES
173;. 285
ââââââàäëâèëâââäââââââà
LES COQUILLAGES,‘
IDYLLE,
L4 M. p. L’. R. m. par 2121?“ d: Mule
crotis de la Vigne, du Croisic m Bre
tztgne, sur ce qukllc lui a env/nié une 80è"
te plein: de Coÿùillagçs , il}, 4 plus de‘
deux mai: , qui n: [m'a pomt encore été
- .. ‘i:
rendue. '
1/ .
M Es pauvres petits Coquillages ,
Que , pour le cher la Roque , avec tant de plaî-Î
sir ,
Mes mains prirent peine Ê cholsiÿr ,
Sûr les Sablons dorcz qui bordent nos rivages Ë
Mes pauvres petits Coquillages ,
Vous voilà donc perdus {Un perfide Courier;
A Un scélcrat Avcnturicr ,
En allant à Paris , vous a vendus pour boire,‘
Et pour deux coups de Vin clairct ,
Dont Papas triomphant a séduit sa mémoire,‘ '
Vous restez en ôtagc au fond d'un Cabaret
Ccpcndant il me dgç, vous mettant sous Pals-s
pelle .
1!
286‘ MER CUR Ê DE FRANCE
Qfainsique sous son Front il garde sa prunelle,
il vous conserveront avec semblable soin.- 9
Oui , la Roque; oui ,_ mon cher) j'en ai plus d’un
témoin. q_ ’ ' A
Me pourrois-tu juger capable dïmposture i?
Est-il de la raison que moi; que'j’eusse exprès;
Envoie ce jocrice a grotesque figure ,
De mon présent en l’air te porter les aprêts. _
Pouvais-je ainsi payer tes égards . tes bienfaits ,
A moins que d’avoir Parue ingrarc 2
‘Moi, qui sans aucun coût , par la Poste reçois,‘
Le don gracieux tous-les mois , '
De Pexccllent Journal que ta main délicate,
Réduit , compose, arrange , et polir â la fois ;
Dont la Prose et les Vers mêlcz avec grand
choix , »
Forment comme des Païsages ,
Où les Prcz , les Troupeau! , les Montagnes J5:
' Bois ,
Fleuves , Torrens , Hameaux, Villages ,
Villes qu’on rfapperçoir qu’â travers les nuages 5
Charmeur l’ame , et les yeux, en guérissant Fen
ruu. ‘
Tel est Pagrémcnt aujourcÿhui
De ton journal ,qui brille encor par tes Ou-j
nages , ,
Beaucoup plus que par ceux dîautrui.
Mais revenons aux Coquillages , . ..
Dont
j FE VRI ER.‘ i733. 287’
/
Dont la perte fatale enflamma mon couroux.
Quand Diane laissait FAmante de Pelée ,
Aller avec l’Onde écoulée , _
Languir entre les bras de son vaillant Epoux,
Dans une Grotte reculée ,
0d de leurs doux loux , mo»mens les Tritons sont
Mors par un Sentier , dont la route est seau}
breuse ,
Müippuyant d’une main chancelante et peureuse,‘
Marchant à pas serrez , je dcscendois au fond ,
D’une retraite sabloncuse ,
E: puis par un détour , ÿentrois dans un Salon g
z; Dom la naïve Architecture ,
Est uniquement dûë à la simple Nature.
Là , le Roc inégal fait naître des Portraits,
D’unc singuliere structure ,
Qxi ëéchnpcnt à Pari], et perdent tous leur:
grain , '
Quint! on les regarde de près.
IJI-Icrbe dfiautrc côté , diversement fleurie ,’
Avec le Capilaire , enlasséc au haznrd ,
Produit , sans le secours de PArt ,
Une verte Tapisserie.
Séjour des Rois , riches Palais ,
Ëtrayantcs Prisons d’Esclaves magnifiqufls r
Hturcux qui fur admis sous vos brillans Voté
tiques:
Plus
‘x33 MËRCUR E DE F'R ANGE‘
Plus heureux mille fois qui n’y parut jamais 1
Cef qu’on voit travaillé sur vos mursâ grands
rais g
Se présente iel de soLmêmc ,
Êt la Nature qui nous aime ,
‘Sçait ,vau gré} de nos voeux , si bien se façonner ;
Qxe notre oeil d’abord trouve en elle ,
Ce qu’il nous plaît dïmaginer.
Dans ces lieux, cher la Roque, à moi-même
fidele ,
je m’érois imposé la loi , '
De cueillir cliaque jour pour toi g
De Coquillage un certain nombre.
je n’en sortois jamais que le Ciel ne fût sombre;
Tant mon esprit rêveur m’emportoit loin de mpi.
Qxelquefois POnde revenuë ,
Me surprenoit en ce travail,
(Amenant à mes pieds la richesse menuë,
Dont nos bords fottuuez composent leur émail.
Coquillages chéris, quand la Mer sur PArene ,
Promenant à songré des flots impetueux ,
Qfelle étend et retire en les pliantsous eux ,‘
Vous laissoit aux graviers échapper avec peine‘ f
Ilsembloit qu’en ces mots toue bas vous mur
muriez , ‘
.1? lots cruels , disiez-vous , dont la rage fougueuse,‘
Vient de nous séparer de la Ro he amoureuse,
Avec qui nous étions tendrement mariez;
Hâtezg‘
Y
‘a.
FÉVRIER.‘ 173;)‘ l 28f
Hârczivous, hâtez-vous d’anéantir des restes ,
Désormais consacrez aux plus vives douleurs;
Vous avec commencé des Destins trop funcncg ,'
Mettez le comble a nos malheurs.
OEand on a perdu ce qu’on aime ,
La vie est un tourment extrême ,
Et le trépas a des douceurs.
E: vous , Rochers constans , prenez part aux eus‘,
trages , v .
Q1: nous ont fait les flots de jalousie émus ,
I Briscz-les sur vos coins aigus ,
Rendez-leur , chers Rochers, ravages‘ pour ra;
Vagcs , '
Yengez-rvous en vengeant les extrêmes dom;
mages, . .’
qge nous avons, hélas l infustement reçtîs.
Jouets des flots etdes Orages , l
Coquillages , calmez ce violent courroux ,
Nous. sommes mille fois plus â plaindre que vouse
Ce sont les hcureuxtMariages ,
Sur qui la Mort barbare aime à lancer ses coups.
Admirables trésors du transparant abîme ,
J] os destins des Mortels dcvroient être enviez ,
Qxoiquc tout comme eux vous perdiez ,
La substance qui vous anime,
yous conservez pourtant des attraits, de; bcautez,
De diverses proprietez,
E: des couleurs étinçclantcs ,
~ a.
‘s90 MERCURE DE FRANCE
Ouverts recherche "après , avec empressement , ' "
On_.vicnt' vous arracher aux vagues écumantcs ,
Et- même‘ vos morceaux sont gardez eherernenr.
Pour nous , quand sous nos corps nos amen
éclipsées ,
Par le mal destructeur en ont été chassées,
Et qu’Atropos nous met dans la liste des Morts 5
a Qxe reste-fil de nous alors? 7
mm, reste-t’il! grands Dieux! les terribles peu-î‘
' I
secs l
Tout mon sang en frcmit : plus däppas , pas un
trait . . .
La beauté qufltngendroit le souOEe de la vie; q
Et qui dmdorateurs était par tout suivie , ‘
N’est de soi tout au plus qu’un diforme Portrait,‘
On le craint , on Péloigne cr- ia tombe dévore,
Un amas corrompu que la Nature abhorre ,
Mais tirons le rideau sur des objets dkfïroi , l ‘
Dont Paspect fait pâlir le Berger et le Roy ;
Plaignez-vous. , soupirez , ‘Humains fonde-z eu
larmes.
Mais Ciel! mon oreille rflentend ,
Qic plaintes, que courroux , que murmures‘:
qirallarmcs ,
Tout l’Univers déclame et paroît mécontent, -
L
\
Et par sa plainte circulaire , u,
forme un Concert horrible à mon entendement.‘
Un Element est en colere , l
[Et se glaint d’uu autre Elcment;
t.
iLa
.2 uFËîWRÜI E R.‘ "i733. 1L9;
La Terre étant plusbasse ct moins en mouvement,
Est’de leurs fiers- discors la victime ordinaire.
Coquillages dorez sur le sable mouvant ,. p
Vous vous plaignez de Pondeiamcrc ,
IÉOnde à son tout se plaint des Rochers ct du
Vent ,
Le Vent du» prompt Eole . Eolc de" Ncptunc ,
Neptunc blâme lc Destin. p
Ijhunrtrtc à charge à lui-même , inquiet , i1”:
- certain ', ,_ . ,
‘Accusc a‘! chaque instant les Dieux et la Fortune,
Il croit que touesbppose à son moindre souhaig.
Le: Monde entier le blesse , il se fuit , il se hait , '
Vautour â lui-même il se ronge; .
I-l sernble qu’il s’y plaise et que sans cesse il songe,’
A creuser- dans. son coeur pour chercher des
chagrins. '
Etmoi , jüi‘ beau gémir pour mes bqoux marins;
Ma plainte est inutile et le voleur s’en moque , m
Gonsolons-notts , pourtant , docte ami, cher la‘:
Roque ,
Et. lc'Ciel7â jamais nous préserve tous deux‘,
’ De tout accident plus fâcheux.
â»
‘W
_ . . ' HUI,‘
r92 MERCURE DE ËR-ANCE
2:‘: âäââââââââàââèâââââââ
H U I T I FM E Letrre Écrire par
M. D. L. R. à M. le Marquis de B.
au sujet des VtllerÆOmn et de Ceuta.
E continue , Monsieur, dans la Lettre que je
me donne aujourd’hui Phonneur de vous écri
re , et je compte achever le Memoirc Historique
que j’ai commencé au sujet de la Ville de Ccura.
Nous avons laissé cette Ville sous la domination
des Maures; maisâla veille sÿêtr: conquise par
un Monarque Chrétiens il faut commencer par
vous rendre compte’ de cet Evcnemmt qui dol;
tenir un rang considerablc dans les Annales de
la Religion, ct dans les Révolutions du XV .
Siecle. . »
Jean I. Roy de Portugal , surnommé Pers de
la Patrie , eut cinq fils cle son Mariage avec Phi
lippc de Lancastrc; " sgavoir, Edouard, Pierre ,
Henri , Iean et Fernand. Quand les trois ainez
de ces Princes eurent atteint un certain âge , le
Roy , charmé de leurs belles qualitcr, pour les
faire entrer plus glorieusement dans la carricre de
la vertu militaire , résolut d: les armer lui-mê,
me Chevalier , avec toute la solemnité tftxigeoit
une telle Ceremonie. On en faisoit d je. les pré.
Paratifgqui mettoient tout le Royaume en mou
yement, lorsque le Grand-Trésorier de Portu
* Philippe de Lanmstre était fille de Iun , sur
i nomme’ le Grand , Du: de Lnntastre et de Blanche
sa prtmiere flamme , soeur d: Henry 1V. Roy alvin
gleterre.
gal,‘
"FÉVRIER. 1753: '15,
gäl, Chargé de faire les fonds de cette dépense ,
En: ïouver lc Royfi et qqmme borli trconomä,
0 rÿlttur , cxce eut inistrc , L11 tint un e
ces discours, tels qu’en a tenu long-temps après
en France un partait Ministre de votre Sang à
l’un de nos plus grands Rois.
îffindroit le plus pathétique de ce Discours,‘
et e mieux touché , fur de soiuenir que la dé
pense de cette Chevalerie serôit immense , et
qu’il en coûterait moins de prendre une Place su;
les Maures . ajoutant que PExpedition stroit plus
glorieuse ct plus utile a la Religion ,et a PEtat;
et ,qu’après un tel Exploit rien nkmpèchnoig
d’armer les Princes Çhevaliers, la Çércmonig
devenant alors, pour ainsi-dire , autorisée , jusoe
et plus convenable en toutes mameres.
Le Discours qui contenoit un avis si impop
tant, plut au Roy , et Pavis cl’attaqucr les Man...’
les a-yant été proposé au Conseil, il fut résolu
de leur enlever la Ville de _Ceuia , comme la.
Place qui étoir le plus a lat-bienséance des Por.‘
rugais , et qui pouvoir obuvrir le chemin â (Peu..
tres Conquêtes. On déli tra en même- temps que
l'entreprise serait tenuë secrette , et qu’en faisant
les préparatifs on publieront , pour amuser les
Maures , que PArmement regardoit le Duc de
Bretagne , contre qui la _Couronnc de Portugal
avoit en effet des prétentions , et on fit sçavoig’
secrerement 5 Cc Prince qu’il n’avoi-t rien à.
craindre. ' .
Tout étant prêt pour mettre âla voile,lc Roy
et les trois Princes ses Enfans , après s’être pré
parez par des Actes de Religion _, skmbarqucrenr
sur une Flore des mieux équipézs , laquelle vint
heureusement moäiller au Port de 134mm» , à
E POuesI v
’ a x
n
‘s
194. MERCURE DE FRANCE
_!‘0uest de Ceuta le 14. dhfloûflde Pannée 14.1 y.‘
Les Maures , malgré leur surprise , sbpposerent
une qu’ils purent â la descente , se deiïendireut
au-dehors et cri-dedans de la Place avec route la.
yaleut possible s mais enfin ils ne purent résiste:
â la bravoure des Portugais , animez par la pré
sence et par l'exemple du Roy et des Princes qui
se signalerent au-delâ de toute expression. La
Victoire et la Place leur demeurerent , et rien ne
parut plus juste que de faire au retour la Cére
monie proposée avant PExpedition de Ceuta, duë,
sans doute, avec son heureux succès, aux con
geils éclairez d'un sage Ministre. C’est ainsi que
Ceuta fut démembré du Royaume de Fez et de
la Province de Stabat , pour être unie à la
Couronne de Portugal.
Cette Couronne a toujours possedé cette Place.
malgré diverses tentatives des Maures pour la
reprendre , jusqu’en Pannée 1580. temps auquel
Philippe Il. Roy dflispagne, acheva de réduire
tout le Portugal sous son obéissance. Ce Prince
eut la précaution de mettre à Ceuta un Gouver
neur Espagnol . d cause de Pimportance de l:
Place , précaution dont les Espagnols scntirent
Putilité en Pannée 1640. lors de la Révolution
de Portugal , qui secoua le joug de PEspagne, et
se déclara pour la Maison de Bragance. Les Gou
verneurs Espagnols ayant toujours été continuez
à Ceuta , celui qui Pétoit alors se maintiut dans
son poste,et demeura fidele à son Maîtrqfidelité
* Quelques Historiens marquent que la R1); et le:
Princes jeûnerent rigoureusement ce jour I2 , veille
d: lïAssomptian de la sainte Vierge , et fumes ,
qu’il: ne mangera»: gritprè: l» réduction de le
Place, ..
p qui
FE VR I E R. I723. u;
qui a mérité cl’être confirmée pat le Traité d’e
un. fait entre les deux Couronnes , en vertu
duquel la Ville de Ceuta aété cedéc à PEspagne.
. Vous jugez bien , Monsieur quhprès la prise
de la Ville par le Roy jean , 1è Christianisme y
triomphe bien-tôt du Mahometisme. On établit
à Ceuta une principale Eghsc avec un College de
Chanoines , gsous le titre de Cathedraje , parce
qu’on forma un Evêché des Villes de Tanger et
dcCeuta,dont le nouvel Evêque devint Suffragant
de PArchcvêqvuc de Lisbonne. Au;ourd’hui que
‘l'ange: est retombé au pouvoir des Maures,après
avoir été possedé par les Anglais, et que Ceux:
est unideâ la lÏIonaËchIie tPEspagneC, on a cllungé
cette isposi Ion ccrcsiastxque. enta seu e est
érigée en Evêché sufîragant de PArchevêché de
Séviilc, et c’cst le Roy qui fournit les revenus de
PEvêque et de son Chapitre.
. Il est surprenant , au reste , qtfune Place aussi
importante par sa situation , aussi nécessaire au
Roy de Maroc et de Feu , Prince puissant , et
Étant les Buts so-nt d'une S1 vlalstëlérencâtèë , il âiäë
rs-je . surprenant qu une te e ace mem r
l'une Monarchie‘ Mahométanget qui lui est con
tiguë du côté du Levant , ait pu se maintenir jus?
‘ qxfâ présent sous la domination d'un Prince
Bhrélien , dont les Etats sont séparez par la Mer.
Il’ est‘ encore’ aussi surprenant uäpres un Siege‘
de plus elfe quarante années , es Maures soient
aussipeu avancez devant cette Place qua le pre
mier jour qnïls l’ont investie.
- Ce Siegc commença gPêtre formé en Pannée
169c‘. sous le Regne de Mouley-Ismaël, Roy
cle Maroc , &c. et sous le commandement de
l'Alcaïde Ali Ben Abdala , Gouverneur de Tano‘
getet de Tctuan. ce Commandant ,_après: une
a s E 1j‘ som-_
a .
il,‘ MERCURE DE FRANCE
sommation inutile de rendre la Place. campa
pautour , fit ouvrir la Tranchée et les autres dis.
positions convenables. Mais il fut bien-tôt dés
concerté par la valeur des Espagnols , qui firent‘ '
des sorties heureuses et tuctent beaucoup de
‘monde aux Ennemis. Ceux-cy tentcrcnt ensuite
de faire des Mines, puis Pesealade des murailles,
et enfin ils se contenter-eut de jettcr quelques
Bombes dans la Ville , le tout sans aucun succès.
Cependant les Lettres menaçantcs du Roy de
Maroç , tenaient toujours le General Ali devant
Ceuta, mais un nouveau Gouverneur Espagnol
de cette Place imagina un stratagème qui le. dé
concetta , et fit retirer PArtnée des Infidclcs.
Çomme il faisoit faire plusieurs sorties en un
même jour , â chaque sortie il habilloit différem
ment les mêmes Soldat-s , tantôt de rouge , tan-v
tôt de bleu , et tantôt de blanc. Rien ne décou-p
xageoit davantage les Maures , qui croyoicnt
avoir toujours a combattre contre des Troupes‘
fraîches; de sorte qwaprès avoir perdu bien du
monde ils abandonnerent enfin leurs Tranchécs
e; leyerent honteusement le Siege. ..
‘Je n’entrerai point , Monsieur, dans le détail
des autres entreprises des Maures contre la mêæ
me Ville qui ont suivi sous differcns Rcgnes et
sous differeus Generaux. Ce détail seroit immcns
se , Sicgcs , Blocus , Combats , Escarmouchcs‘,
ôte. toujours au clcsavantage des Infidelcs qui
ont continué de faire paroître une grande igno
rance dans l’Art Militaire , sur tout dans celui
däattaquerles Places , ct souvent beaucoupde lâ
cheté. Eusorte qu’a‘ moins d’une trahison :011
d’une surprise, il n’y a aucuneapparcnce que les
Maures reprennent jamais la Ville de Ccuta.
Lbccasion chine trahison s’es_t présentée dans
' 1.9.8
"FÉVRIER. 173g. 291
les derniers temps , et je crois , Monsieur, voul
en avoir touché quelque chose dans une de me: v
Lettres. Vous vous rappellez, sans doute , ce que
je vlous aêi marqué «ê: Pinlidélitâ de Riperdal, le
ue a r s avoir t Secretaire ’Etat uis i lus
Ëré dePlaxdi nité de Duc , “ quoiqwétraiiger , mit
le comble a ses trahisons , en prenant Panuéc
dernier: 1732.. des engagemens avec le Roy de
Maroc.et en embrassant le Mahometismc.
Presque dans le même temps les Alge
riens ayant perdu Oran et Marsalquibir , ils
envoyerent une Ambassade au Roy de Maroc,
pour lui demander des secours , celui, du moins,
d’une diversion en leut faveur , en redoublant ses
tflbrts pour enlever enfin la Ville de Ceuta aux
Espagnols. Un nouveau Siege de cette Place fut
aussi-tôt résolu , et le Roy Maure en donna le
commandement â Ali- Pacha, avec Riperda pou}:
Adjoint ê! pour Directeur du Siege. Celui-cy
romit eaucou ,et les lnfideles ne doutercne
{as du succès de iîenrrcprise.
Ils parut-eut cneffet bien-tôt â la vûë de Cent:
jusqu’au nombre de 7. ou 8000. hommes , au -
rapport de quel ues Esclaves fugitifs, avec de
PArtilltrie et prets à faire les dispositions du
Sicge. Mais le Gouverneur Espagnol ne leur don
na pas le temps de les commencer , par la vigou.
reuse sortie qu’il fit sur les Ennemis le matin du
17. Octobre dernier , sous le commandement de
D- Joseph d’Arambaru, Brigadier et Capitaine
des Gardes Espagnoles. 1
Les Maures Êurent attaquez et chargez avec
tant de valeur et tant de conduite , quüls furent
d’abord contraints dhbandonncr leurs postes et’
r.’ Ripmia est originaire de Hollande.
E iij‘ de
.'_;_';t 1...‘:
‘au! MERCURE DE mimes
de se retirer au Fort de leur Camp , où ils furent
poursuivis ctmis en déroute . le Pacha même
prenant la fuite. Enfin malgré quelque rvallimenc
et quelque résistance de la part des Maures, on
' combla toutes leurs tranchées , on détruisit leurs
Ouvrages , et on enleva quantité de munitions ,
sans compter les Prisonniers et quelques Eten
darts. La perte a été grande du côzé des lnfi-_
deles et peu considerable du côté des Espagnols.
C’est ainsi , Monsieur , que le Ciel a continué
de favoriser les pieux desseins et les Armes de
S. M. C. lesquelles ont glorieusement triomphé
presque eu même temps en deux dilïerens en
droits de P/llfrique ; car après cette action du l7.
Octobre devant Ceuta , la Garnison d’Oran eut ,
comme vous sçavez , le même succès et rempor
ta une pareille victoire contre les Maures qui en
avaient entrepris le Siege, dans les actions du
u. et du a}. du mois de Novembre. Les princi
paux Eteudarts des Maures pris devant les deux
Places furent dabord arborez dans le Palais
Royal de Séville , le Roy rüétant pas encore en
état de sortir de ses Appartemens , et après let
actions de graces particulieres reuduës dans la.
Chapelle du Palais , ces mêmes Eerndarts furent
déposez dans PEg-lise Métropolitaine, otl l’on
rendit al Dieu des actions de graoes plus solenn
nelles pour les deux victoires , ce qui a été pareil
lement executé par toute PEspagne.
yesperc, Monsieunque le retour du Printemps,
Popiiliâtteté des Maures et d’autres circonstances,
donneront lieu à de nouveaux évenemens , que la
protection du Ciel continuera de rendre favora
bles î la Chrétientéje ne manquerai pas «le vous
en rendre un fidele comptqen cas que vous soyez
absent deParisJäi Phonneux dîêtrgmonsieunôtc.
"Abri: la t5 Janvier 1753.
FÉVRIER‘. 1733. 2.99
ÆËLÆÆÆÆtÆSÙaÆzÉæÆÆâM
L'AMOUR ET LA JALOUSIE‘
Fable Allégoriqm. '
L A Jalousie un jour
S’e1itrctenant avec PAmour ,
Lui dit ; séparons-nous , mon fier: ;
On dit assez communément ,
(Æe l’on n’est jaloux qu’en aimant,
Et je veux prouver le contraire.
IRAmour toppe au marché 5 ce qui fat dit fa;
fait , '
Ils se guittetent l’un et l’autre
L’Amour en parut satisfait‘;
Il y gagnait le bon Apôtre ,
En cessant «Pêtrc tourmenté
Par l’af’îreusc_ frénésie
Q5 fait naître la jalousie ;
Mais celle-ci de son côté
Ne faisoit pas grande fortune
Chez ceux pour qui PAmour ti’avoit aueùll
appas g
Elle ne paraissait qu’à titre «Pimportunc
Ôù ce Dieu ne se trouvait pas; -
Or donc la Jalousie en personne yrudentt a
Revini à Cugidon g et ce fort î P‘°P°5 a n i .
. * E ‘iiij Cai
L
300M ERCURE DE FRANCE;
Car pendant qu’elle étoit absente
Il s’étoit endormi dans un trop long repos,
Lorsque la jalousie arrive , il se réveille,
Il est plus vif et plus dispos ,
Quand il a la puce à l’oreille.
Où trouver des ]aloux qui n’ayent point (Pat-j
mour P '
Je n’en sçais point; mais ai mon tour,
si je puis décider selon ma Fantaisie ,
Il est aussiÆort peu d’amours sans jalousie.
Perselier , de l4 FertÉ-xaus-Ïottare.
LETTRE écrite przrM. D. L. R. 2M.
AD. . . an sujet d’une Lampe Antique,‘
trouvée en Provmæ _, au mai: de j'aille:
dernier.
Ous. m’avez fait, Monsieur , beau-Ï
V coup de plaisir en m’envoïant, avec
une de vos Lettres, dattée de Marseille ,
le 4. Août, le desseinde votre Exçon d'une
Lampe Antique , trouvée depuispeu par
un Païsan , dans le Territoire de la Ville
d’Apt , auprès du Village de Casemate/e;
Ce Monument que vous me marquez être
de la grandeur du Dessein , et qui reprêa
sente un pied, couvert d'une simple Sari
Ï dale,
F E VR I E R; 173;". 3o!»
dale‘, avec quelques ornemens aux Cour
çoyes,8cc. a cinq à six pouces de longueur,
depuis le Talon jusqu'à. l’autre extrémi
té du pied , d’où sort une espece de Bec _,
- que vous appcllez Corne d’abondance,pat
lequel on versoit de PI-Iuile dans la Lam
pe , et où Pou mettoit la Méche.Au dessus
‘ du cou du pied , terminé par un Orle ,
en maniere de petites perles, s’élcve une
espece de petit Rochetgsur lequel est assis
un Enfant nud et ailé, qui semble pieu‘
rer et tenir quelque chose dans ses mains.
Le tout fait une hauteur d’environ trois
' pouces. Je n’oublie pas l’Anse qui déborde
au delà de la longueur du pied , du côté -
du Talon, ayantà son extrémité un An
neau.Il y a un autre Anneau au commen
cement du gros doigt du pied , et voilà,
je crois, une Description exacte de ce
Monument. .
_ Vous me marquez , Monsieur, que
l’Enfanr aîlé a les ailes et un brasselee
därgent, et que le Pied qui forme la
Lampe a les ongles , et’ les petits Orneà
mens des Courroyes aussi därgent. Vous
ajoûtez que la Lampe est de Métail de
Corinthe, parfaitement bien conservée.
Ces circonstances son a curieuses et re
‘marquables.
Pour ce qui est de l'explication conte
E v nuef
\
302. ME ‘RC U-RE DE FR ÀNCE
nue‘ dans votre Lettre , qui fait de cette
Lampe le Pied de Vanus , qu’en pendoit ,'
ajaurcz — vous, par les üeux Anneaux dans
le Temple de cette Déesse, en prenant
PEnÈÂanr aîle’ pour l’Amour,er par les au‘
tres convenances que vous trouvez. Cette
Explication , dis- je, me paroît ingénieug
se, fortifiée même par la figure du Ro
chegsur lequel l’Amour prétendu est assis",
Venus, érant , comme vous le sçàvcz, née
dans le sein de la Mer, ôcc. Mais à vous
arler sincerement , je ne trouve rien de
Eien plausible dans cette Explication, qui
est , selon moi _, toute coniccturale. '
(Le: que vous me marquez dans une sen‘
coñlîe Letrre plus réfléchie _, du premier
de ce moigprouverce que je viensde dire.
Cela prouve aussi , Monsieur , que vous
xfêres pas de ces Curieux entête: qui ne
démorclenr jamais de leur premier sentl
ment. Vous me dires qu’il vous est venu;
une autre pensée sur ce Monument antio
que et que des amis connoisseurs l'ont
trouvée. plus plausible vque la premiere.
C’est icy‘, continuez-vous , le pied de
Psyché plutôt que celui de Venus. Une ‘
Lampe fut fatale ‘ Psychélaussi-bien qu'à
PAmour , représ té sur la nôtre , faisam:
une triste figure; ce qui explique assez ,'
dires-vous , la penséequi vous est venuë,
ÜCC. P51":
FE VRIER. 1733.. 3o;
‘u Permettez-moi dïêtre encore un peu.
incrédule sur cette nouvelle explication ,
_ cndonnant à votre sincérité toute la loüans
ge quelle mérite , lorsque dans le même
temps vous convenez q_ue dénué. de preu
ves et däutoritez vous laissez aux Anti
quaires la gloire de deviner cette Enigme ,
srden est une. ‘ A _
Je dis, si c’en est une , car il y a longs-î
temps que je suis persuadé que les Ous
vricrs de PAnriquiIé, en fabriquant la plû:
fait des Morceaux qui nous restent de
> eurfaçon _, n'ont le plus souvent suivi
que leur caprice ou leur goût particulier;
celui quelquefois des personnes qui les
leur comma-ndoient, sans ÿembartasser
(le la Mythologie , sans y entendre , dis
je , d’autte finesse. Si ma proposition est
«vraie en generahoti a beaucoup dégards,
je crois qu’on peut Pappliquer particulie
menr à lafabrique des Lampes; c'est en
effet de tous les Monumens Antiques ce
lui dont on a découvert un plus grand
.nombre,ct dont on ale plus varié la.
forme et les ornemensVous pouvez,Mon
sieur , vous en convaincre , en Par-cou.
Jan: le vLivæeentier de F. Liceti , sur les
lampes desAneiens et les différcns Ouvraa
.ges des Antiquaires qui ont écrit depuis
. iceti _, à la tête desquels il faut mettre le
. E vj beau
504. MERCURE DE FRANCE.‘
beau et vaste Recueil du R. P. de Mont-j
faucon.
_ Les Lampes tiennent un rang consldéa
table dms le Recueil _, et occupent en I2
Cha itres tout le second Livre de la se
con e Partie du 5° tome. On y en voit de
‘tres-singulieres et de rres bizares , comme
le sont celles des 3 premiers Chapitres ,
‘routes la plûpartde pur caprice. Les plus
‘belles , les plus chargées dbmemens , et
qui paroissenr manifestement symboli
ques , et appartenir à la Mythologie ,ou.
aux Coutumes du Pagnanisme, se trou
vent dans les Chapitres suivans. Touttcc
ue le Sçavant Auteur dit des unes et
des autres est fort sensé et fort instructif.
Il s'en faut bien qu’il n’adopte toutes les
îdêes et toutes les conjectures de Licetiv,
et de quelques autres Antiquaires sur ce
sujet. ,
Une Planche cnticre , c’est la 148. con-L
tient quatre Lampes en forme cle Pied et
de Sandale,comme la vôtre, avec quelque
petite difiercnce cntt’elles pour l'es orne;
mens. La 5° est la plus remarquable, à '
cause de la Semele de la Sandale, gravée
séparément , qui est toute couverte de têu
tes de clous. La 4‘, a pour Anse un Set:
peut entortillé , et differe un peu des auæ‘
tres et de la vôtre dans la forme. Une-au
I“?
FEVRIE R. 173;; 3o;
tre Lampe représentée ’dans la Planche
däprès, dont l'original est dans le Cabi
net du Duc depMédina-Celi , est toute
semblable à la vôtre; pareil Pied , pareil’
le Sandale, mêmes dimensions. De plus ‘,‘
il y a,comme sur la vôtre, un Enfant ailé
élevé au dessus du TalomCet Enfant tient
d'une main un Oyseau, et de l’autre,quel
que chose qu’on ne sçauroit discerner.
L’Enfant de votre Lampe paroît aussi
tenir quelque chose. ‘Si vous a-vitz pris
garde à la Semele de la vôtre , vous y
auriez peut-être vû audessous les mêmes
curieux ornemens qui sont sur celle de
Meditia-Celi , que le Graveur a représen
tée séparément. Je dis le dessous de la.
Semele , dans la même Planche.
- — Je puis ajouter une sixième Lampe de
meme forme , de même fabrique , de
même métal , en un mogtoute semblable
à la vôtre , que le R. P. de Montfaucon
m’a montrée dans son Cabinet , et qui‘
lui est venuë depuis Pimpression de son
.Ouvrage , comme il lui arrive tous les
jours des Monumens d’Anriquité de toua
te cspece.
Mais , me direz-vous , dans ce grand
nombre. de Lampes rapportées et repré
sentées dans cet Ouvrage,n’en trouve-fion
poing quelqtüune qui paroisse manifeste
ment
305 M ERCURE DE FRANCE.‘
ment avoir été consacrée à Venus , ‘ou à
l’A mour i Oüi, Monsieur, il s'en trouve;
mais ce n’est aucune de celles qui ressemo,
blentâla vôtre. Les Planches r70. et r72.
du même Livre , en présentent deux con
sacrées à Venus par des Symboles qu’on
ne sçauroit méconnoître. La premiere a
la forme d’une Colombe , Oyseau’ favori
de cette Déesse , qu’elle portait à la main,
qu’elle attachait à son Char , Bec. La se
conde dont la forme est assez singuliere ,
orte au lieu de Symboles , Plmage mêmg
3e Venus en relief avec fort peu de Dra
perie, ôcc. Deux autres Lampes ' gravées
dans les mêmes Planches appartiennent
visiblement à Cupidon. Sur l’une , outre
ses ailes , il est désigné par son flambeau
allumé qu’il rient à la main , et sur l'au
tre il tient dune main un Bouclier , et
porte l'autre main sur une cotte d'ar
mes , ayant désarmé Mars , 86C. comme
le dit Lucrece , SCC. sans parler de deux
autres Lampes aussi curieuses ; l’une de _
Cupidon Marin , et Paurrd de Cupidon et
Psyché ensemble qui ÿembrassent, Plan
che 161. du même Vol. aiisquclles on
eut joindre par Analogie une très
äelle Lampe des trois Graces, Planche
x7-r. »
Au reste, Monsieur ,.un Enfant nud
repré:
' F EEV K I E R". 173;. 507
le ésenté avec des ailes’, accompagné
meme de quelques Symboles , sur des‘
'- Monumens Antiquesme signifie pas tou
jours Cupidon ou lflmour _, comme je
l'ai déja insinué. La preuve de cette ve
tité me meneroit trop loin , et ma Lettre
est déja assez longue asoulîrés que je vous
tcnvoye pour cela à une pareille figure
‘cPEnfant ailé, qui est sur ‘un Monument
Antique de Bronze découvert dans ‘la
Basse Normanelie , du tems que j'y séjour
nois ,_ et que j'ai donné gravée avec le
Monument entier dans le Journal de
Trevoux, du mois de Sept. I7 t 3.p.r5;(‘;
- - Cet Enfant , qui tient d’une main une
Bourse, et de Panne un Oyseau ar le
col, n’est pas C-upiclon -, malgré i ‘ingél
ïnieuse explication qu’en a prétendu faire
l’Auteur du Journal , qui assûre que PE
‘nigme de vcer Enfant n’cst pas diflicile à
deviner. Voyez pouten juger ce qui est
-dit dans le même Journal (Octobre i714.
‘pag. i778.) et surtout la Citation d’un'e
Médaille de Lucille, fille de Marc-Ana
‘rele’, rapportée dans le Salccriora Numis
wma de Vaillant , où l’on voit deux En
fans nudset aîlez, semblables à celuidont
il est question dans leMonument de Not
mandie , et qui ne sont assûtément pas
‘Primeur. Voyez aussi la'Figure ailée’;
. - gravee
":138" MERCURE D E FRANCE
gravée dans le même Journal ( Juillet
1 7 r5. p.r96o.) du Cabinet de M. Rigotd,
qui accompagne une Lettre de ce Sça
vant. Vous y verrez que si c’est l’Amour,
ce qui est assez équivoque , ce n’est pas
l’Amour tout seul , puisque , selon M. R.‘
c’est en même-tcms Harpocrate , M iner
ve, la Déesse de la Santé, celle de l’A- '
bondance , la Fermeté , la Pudeur , et le
Dieu Orus , rcïæst-à-dire , dans le langa
ge des Antiquaires ,/ une Figure Pan
thée. r
' Je vous cite,au teste,un Livre ( Îe Jour-î
ml de Trévaux) que je crois familier dans
‘votre Ville , car vous me surprenez beau- -
coup en disant que le seul Livre que vous
y avez trouvé pour; chercher quelque lu
miere au sujet de votre Lampe , est le
Trésor de Brandebmg , ou la Description
‘des Antiquitez du Cabinet du Roi de
Prusse , par Beger, dans lequel encore
vous n'avez rien appris à cet égard.
'C’est aussi par cette raison que je me suis
_un peu étendu pour vous procurer les
Aéclaircissemens qu’il me paroît que vous
cherchez de bonne foi , et sans attache-j
ment à votre opinion particuliere.
_ J’ai oublié de vous dire au sujet des
Enfins ailezt, pris communément pour
l’Amour quand on les trouve sur des M01
.9
x 11D;
î FEVRIER. 173;.‘ — 3o";
numensAntiques , que dans le Recüeil
des Lampes de Liceti il s’en trouve une
assez singuliere , faire en forme de Cali
ce , et soutenuë par trois Garçons aîlez ,
qui ne sont pas plus l’Amour que les au
tres figures ailées dont je viens de‘ parler‘.
Liceti leur donne en eflet une autre si
gnification , les expliquant par les trois
‘temps , le présent , le passé , le futur ,
explication gratuite et toute idéale , re
furée par le Pere de Monrfaucon , qui
seroit avec raison que cc n’est là qu'un
pur caprice d'ouvrier 2 mais on pourroic
demander pourquoi dans cette supposi
tion , il a néanmoins placé cette Lampe
parmi celles qui dans son Livre a par
tiennent à la Mithologie et aux ivers
iusages du Paganisme. On la trouve en ef
fet ence rang dans la même Planche 17cv.
ci-devant citée , 8Ce.
Je reviens à la Lettre de M. Rigotd
dont j'ai parlé plus haut , pour finir la
mienne par une refléxion qui y est conte
nuë, et qui vient ici naturellement. n Le
s: Métier d’un Antiquaire seroit , dit-il ,'
n bien pénible , si parce qu’il est Anti
n quaire , on vouloir Pobliger de donner
n raison de certains desseins que‘ l'On
n vrier a Faits sans raison , et par caprice.‘
Il avoit dit un peu auparavant qu’en
‘ - ces;
fgxolh/IERCURE DE FRANCE‘
7* certain cas I’Ouvtier pouvoir, comme
non fait aujourd’hui , suivre son capri
2: ce , et par là préparer des tortures aux
n Antiquaires à venir. Je m’en tiens à
cette pensée d'un homme éclairé qui avoit
vieilli dans l'étude des Antiques , et con
forme en cela au sentiment des plus ha:
«biles.
Continuez-moi cependant, Monsieur ,‘
votre obligeante attention , en me faisant
part de tout ce que vous pourrez décou
vrir de remarquable en ce genre , en pre
nant la peine de les dessiner vous-meme
avec cette précision et ce goût qui vous
sontnature
de Marbre trouvées dans le même Terri
otoire que votre Lampe , transportées â Pa
ris , et dont il est parle’ dans le Mercure
d’Août dernier , p. 1809. ont enfin trou
vé maître. J’ai toujours passionnément
‘souhaitté qu’un pareil Trésor pût rester
ici , mais jäpprens avec chagrin que ces
rares Monumens de la plus belle Anti
quité vont passer la Mer sans retour. Je
suis , &c.
A Paris, l: i5 Saptemârz x73 z.
Les
. Les belles Figures Antiques _
7‘ FÉVRIER n”.3fl
Les mots des Logogrywpbes du Met:
cure de Janvier sont , Potage , Orange ,
Fourmi, Lin. "V i‘
ëëëä-äëëääëäëëëëëäëëää
E N 1 G M E.
:4
l Aimable objet qui calmez mes chagrins}
Q: j'aime à voir le feu qui vous anime ,
Vous n’avez point le delîaut des Humains;
‘ Plus on vous voit vieillir "et plus on vous estime.
On ne vous a pas fait, hclas! pour plaire aux
yeux ,
Votre corps est menuhlong , ayant une tête ,
QIÎ près de lui paroi: un être mgnstrueux ;’
Et cependant combien viennent vous faire fête,‘
Et rencontrent en vous un remede â leurs maux!
Le Sexe vous fuit , vous évite; i
Mais Phomme connaît mieux vos biens toujours
nouveaux ,
Il vous aime , il vous cherche, avec peine iPvouI
quitte.
Moins heureux que nous en ce cas ,A . ' d,
Nos percs , il est vrai, ne vous eonnoissoietlt
pas .- _
Vous n'en" êtes que plus aimable ,
It votre nouveauté n’a rien que (Pagréable.
Il
ÿous avez le detïaut d’une jeune pucelle,
Vous êtes fragile comme elle ,
Yous vous perdez par le moindre faux-par.‘
AUTRE ENIGÂJE.
JE suis petit de ma nature , ,
It puis faire souvent souffrir les plus puissantsä‘
ÿaunoncc toujours le doux temps;
On me perd quand vient la froidure;
Comme PAmour je porte un dard.
Cari fait souvent mainte blessure;
[e fais trembler Philis ; mais enfin tôt ou tard,‘
Un cruel ennemi qui vit de brigandage ,
Me tend un picgc, hélas .' j’y trouve mon nauä;
frage. "‘ '
xwxaæætaæseaææesxætmætszäzxsæaæxxæe
L Û G O G R T1’ H E.
t
Ne Lettre de PAlphabet ,
. i Qziscra trois fois repetée ,
Lecteur , fiéclaircira le fait, V
mi , pour me dévoiler occupe ta pensée.
' si cct abrcgé te déplaît , .
Et si tu crains un stratagème, -
Preux six Lettres c’cst tout de même, .«
.. e il
PI
FÉVRIER. 1733.
37!
si ce n'est qu’a‘ ton choix , je serai ville alors.
_ Ma tête à bas , j’cntreticns Populence ,
Et PAvare par moi peut grossir ses trésors; in?‘
si tu rogne: encor , j’exerce la science '
De Pindusrrieux jardinier.
Mon tout remis en son entier ,
Ote mon col, dans {Ion me voitntliesl‘eCahuaCmupersrdieerBc,llonns' l
P31‘ 1,35 SCÇQIIISque je ‘lui donne ,
En cet état retranche mon milieu,
E! puis garde moi bien, car si je fabandonnle;
Sans retour je te dis adieu.
AUTRE LOGOGR TPHE.
D
JE suis un composé que l’Art et la Nature,
Pour la jeune Clotis {ont servir de parure;
Ainsi qu’elle a Pen-vi, mille jeunes Beaurez ,
Disent que je dispute au Soleil ses clartez 5
Ce n’cst trop me vanter,» mais entrons en mariere‘,
Sept Lettres font mon tout, t. 2.- 1- substantif,
Du reste séparé, laisse un infinitif, , : .
Qu’on redoute parfois, Pautre est très necessaire, i
Le dernier transposé ravit par sa douceur ,
I: charme assez souvent le plus mélancholique ,
7. et 6. est un ton connu dans la Musique a '
z. a. r. des Vaisseaux peut causer le malheur,
1,, 1. 7. joignez 6. fameux dans PEcriture,
D: deux Chefs révolte: je partageai le sol!»
je
‘p4. MERCURE’ DE FRÏANCE
j, 5, 7. s. le feu prèsdt moLme fait tort;
Ma couleur se confond, c’est fait de m: figure ,
ÿ. je suis un bien recherché , précieux , i
l, 5:5, 3, pou; moi, Moi-tels, quittez le-Montle , ï"
5. 3. dqeiparois et domine sur POndc, '
x. 3. 6 fiez-moi c: que vous aimez mieux ,
e. s. 5. 3. sans moi verrait-on la lumiere?
3. g‘. s. malheurs‘: qui me court en vain , V
7. z- g, réunis forment un Souverain;
puis paix, Àiu quelqifun , vous gâtÇz le mysæ‘,
tcfe, - î
‘ ' L. H. D.,
‘s.
f. Ü‘
tumemeærsmaæime
NOUVELLES“ ‘Lirrrziænmsiîs
on; BEAUX ARTS,&c.
HISTOIRE ROMAINE. Les Emä '
pereurs. Jules-Cesar , avec des Noé
tes Historique-s , Géographiques et Cri;
tiquess des Gravûrrs en taille douce ,
des Cartes Géographiques, et plusieurs
Médailles autentiques; Par les PP. Cau
trou et Roüillé, de la Compagnie de
Jesus , Tome 17. depuis Pari“ de Roma
7o 5e. jusqu'à l'an 7re, Chez, Jarq. Rallier ,
Ojay des Augustingllelapine,‘ pere et
fils, et Cagnard, fils, ruëiS. Jacques ,-_
5732. in 4. ' '
FÉVRIER. 1735.’ 313
TRAITE’ mas TUMEURS CONTRE
N A 1' u R 1-; , par M. Deidier, Conseiller
Médecin du Roy , Chevalier de son Or
dre de S.Michel , Professeur Royal de
Chimie en l’Universiré de Montpellier ,
Associé à l’Académie Royale des Scien-Â
ces d’Angleterre , Médecin Consultant
de la Ville de Montpellier , et premier
iMedecin des Galeres de France. Cinquié.
me Edition , augmentée d’une'Disserta..
tion préliminaire sur la Chirurgie-Prasfi
' ti ne, et de plusieurs Consultations et
O servations Chirurgicales du même
Auteur , avec un Discours Académiques‘
sur la Contagion de "la Peste de Mare
seille. A Pari: , chez. âfHû/JÏ?’ mi S . 8;
11mn , 1732., m-lz, de 359.. pages.
Lr-zrrnrs PHILOSO?HIQ_U!S,Sc-Ï
rieuses et Amusantes. Au P4141‘: , chez,
Saugrmn, 4 ‘la Providence, 1753, in u,
L: ROMAN Communs, mis en,
Vers par M. le Tellier JÎOrz/illicrs. Rue
de la Bouclcrie, chez Clariuopbg Drain!‘
173.3. 3.. vol. in n,
Meuomss ors LA COUR xYEsr-AGN-r g,
depuis. Pannée :579. }usqu’en 168x. où
l’on verra les Mimsteres de Don Jean;
Ç!
3x5 MERCURE DE FRANCE
et du Duc de Médina Celi , et diç‘
verses choscsconcernant la Monarchie
Espagnole. A Pari: , chez, Frflnfai‘
Jarre, ruë S. Jacques, i753. in i2, dç
371. pages.
Z A ‘i’ R E , Tragédie , représentée â
Paris aux mois d’Aous-t, Novembre e;
Decembre i732. A Roüen, :1222. fore,
et se vend à Paris, chez}. B. Bnuche,
Qgay de: Augustinr, 1753. in 12. pria;
24,. sols, '
HISTOIRE m: DANNEMARC, ‘avant e:
depuis Pétablissement de la Monarchie :
ar M. J. B. Desrac/laer et Avocat GenerJaesl, dEucuyReory-CoTn.scCihl,.
au Bureau des Finances _et Chambre du
Domaine de la Generalité de la Rochelle, ‘
Nouvelle Ealition , revûë et corrigée su;
c o \
FEdit-ion (PI-Iollande, a laquelle on a
J"oint la sui' te de la mêmeH'isto'ire j"us
qu’en l’année i7 3e. A P4711, chez. le;
Freres Barlzou , me S. Jacques. i732,
3. volumes m i2,
SENTXMENS n’a); HoMMr m: Gurnne,‘
sur _le nouveau Système du Chevalier de.‘
Folard , par rapport à la Colomne et au,‘
gué-lange des diffcrentes Armes d’une Ar
î) niée.
FEVRIER. 173;.‘ 3x7
inée. Avec une Dissertation sur Perdre
de Bataille de Cesar et-‘de Pompée, à la.
Journée de Pharsale. Par M. D.. . . A
Turf: , ghez. Gdndouin , Qfiay des Augus
tm: , 17 3 z. if: 4.
‘r ‘M E ‘r H r5 D r. pour apprendre POrtho-ä
graphe et la Langue Françoise sans sçag
voir leiLatin,avec la Clef et les Thê
‘mes tout préparez pour Penseigner. Troi
sîéme Edition, revûë, corrigée et mise
dans un nouvel ordre. Par M. JAcqmsR ,
1. vol. in 8.‘ A Paris, chez. le Clerc,‘ le
Gras , Roéuml , et la Veuve Pissat,
M ncc XXXIII.‘ p. 392. Le prix est
de quatre livres re ié. n!
Nous ne répeterons rien ici sur le mé
rite de cet Ouvrage, que nous appre
nons avoi-r eu l’Approbation de plusieurs
Connoisseurs , et dont la pratique a déja.
été et est encore utile à beaucoupde
Persopnes. L’Auteur ne pouvoiumieux
marquer sa reconnoissance envers le Pu
blic, qu'en lui présentant cette troisiè
me Edition , dans laquelle il n’a rien
oublié pour rendre son Livre encore
plus clair et plus. utile à ceux qui ju
Lgetont à propos de s’en servir.
“ TRAtxn’ saris-Magie , le Sortilége, les
ï“ - F Pos
gtS MERCURE m; FRANCE
v
Possessions , Obsessions et Maléfices,'où
p. l’on en démontre-la vérité et le}. réalité;
‘avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens ,.&c. Ou.
vrage rrèsvutile aux Ecclésiastiques,aux
Màdecinsgee aux Juges. Par M. D.'do
304 pag-{sans l’Avertissefl1cnB,-les Préfet.
ces ct les Edits qui sont à la fin. -
. L’Auteu-r de CCt Ouvrageentre en ma.
ticre dès la Préface; ilycombar les prin, .
cipaux Argumens de ses Advcrsaires , ce
tâche de leur inspirer desldisposltions
plus favorables en plus judicieuses sur ces
importantes met-tigres. On y nrouvc par
‘tout un grand fond de Religion , et l’on
Voir que c’est- moi-us pour amener les au
tresà son- sentiment, que pour la. gloire
de Dieu et l'utilité de Hîglise qu’il a en
trepris cec Ouvrage. Depuis la page I7 de
sa Préface iusqsfà la fin. L’Auteur prend
un moïen bien eflîcace pour toucher les
Ecclesiast-iques ou même les Juges , c:
pour les porter à ne pasrestcr dans une
xranquillité dangereuse , fondez sur la
persuarion où ils sont, qu’il n’y a ni Sor...
tilége , ni Pacte, ni Maléfice. fill emplois
le reste de la. Préface à combattre et à dé
truire une confiance si préjudiciable au.
tprochain, et si dangereuse là celui-là mê
- . me
\
" ' FïE V R‘! 154R. 173;‘; 3:19
.
.
me quidemeure par là dans une inaction
evolonraire ,'er;qui de Âaeur de se-‘croioe v
exclus du Catalogue. es beaux Esprits,
aime mieux exposer ceux qui seroienr
' réellement attaquez de ces Fléau x,à être les
—ttistes et malheureuses victimes de la ra
ge du Démon, que de se donner» laïpeinc
oezl-ïaxaminer avec attention et sans préju
gez, dans un esprit de charité et dansune
disposition telle qu’il voudroit qu’on eût
»Pour lui en pareil cas, la nature de ces
-n1alaklies dont il entend parler , et qu’on
me lui présente que trop souvent. Mais
«seront-ils excusables aujour des vangean
tees . s’écrie notre Auteur , lorsque le Sou
‘verain Juge leur demandera compte (le
_ leur administration , et que ceux qui
‘avoient été presentés à leurs soins , c:
quïls avoient négligez , leurrepresente
iront les maux incroïables, les tentations
.et les fureurs ausquelles ils ont été‘ aban
«donnés pendant des années réitérées par
:la. faute des Ministres ?SuHira—r-il de dire, '
-je ne cro'1'ois pas u’il y en eut, je rçgar.
;dois cela‘ comme es Fables, et je regar.
dois ceux qu'on nÿamcnoir comme des
Comédiens interessezger quand bien‘
îmême il n’y en auroir pas , ne seroîpcc
zpas ,'— conrinuë-t-il , une prévarïcntion
dans le Minisoere, et un. péché contre la
-- i‘ _ _ F i1 cha.
égac .ME,RCURE DE» FRANCE
Charité chrétienneide ne pas examiner et
de s’endormir lei-dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon. v a ‘
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L’Aureur pour la prouver apg‘
qworte des Passages tres-forrnels de Pan
_cien Testament; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant, comme ont fait quel
quçs-uns , qu’en cela l’Ecrirure s’accom—
mode à nos préjugez, puisque le Sei
gneur defiend à son Peuple de souffrira
vdansson sein aucunsMagiciemaucun De?
s-vin et aucun Enchanteur, puisqu'il dé
_clare qu’il cxrerminera du milieu de son
Peuple dans son indignation,icelui qui
aura rccours aux Magiciens , et qui liera.
commerce avec eux. Le terme Latin est
remarquable , et fàmiaatn fueriz( anima )
pum sis. Enfiigpuisqiüil y réprouve _, qu’il
y. anathématise les Enchanteurs et les
.Dc\iins. Or il faudroit dire que routes
ces Déclarations de la yolonré de Dieu et
‘de sa haine , sont des déclarations illusoi
res e: fondées sur nos prêjugez , ce qui
seroit horrible à penser. L’Auteur passe
à une autre preuve, qu’il tire des Rituels.‘
‘Il fait voir que FEglise a toujours crû
qu’il y avoit des Maléfiées, (et qu’elle s’esc
toujours regardée comme joiiissant du
'/ P9111:
ËEVR IÉRE IYI7;;Ç "' 3:!
pouvoir qu’elle a reçu de Jésus-Christ.
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies. A
Lappersuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier lest
Egyptiens, du temps de Moïse , qu’ils
prenoîent pour un Enchanteur , fournit.
à notre Auteur un autre genre de preuve
tres-puissant et tres efficace. Commenq.
dit-il, se seroit-il pu faire que tant de
Peuples ,_ si-"bien policez , si entendus.
dans les connaissances desSciences hum
maines , etvgo-uvernez- par de si grands‘,
génies , se soient abusez unanimement sur’
ce point , sans jamais avoir eu l’occasion
de se dérromper, sans qu'aucun l’ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaig
nes en. sont une preuve; -la rigueur des.
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi,sonrenuës en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ;'-la manicre dont on a procédé’
contfleux, l’aveu que presque tous-en ont
fait, sans se rerracter 3 plusieurs Faits
dont quelques-uns sont constatez , d’au—-.
tres tres-vraisemblables; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves,
plus fortes les unes que les autres.
_L’Auteur insiste davantage sur la con
duire de l’Eglise à l'égard des Maléficiers ,
. " ' F iij des
32:2; MERCURE DE FRÀ NCE
des Devins , des Enchanteurs, «Sec. elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints par les Maléficesaélle pro
pose des examens dans lesquels elle spé
cifie les différentes sortes de crimes que
les Maléfices ‘renferment. Peut- on rien
trouver de mieux appuyé? A A
‘On trouve ensuite un Extrait du Traité
«Üla Police, de M.de Lamatrejl". i. PAu-î
teur en expose tout le Titre 7. ui traite
des Magiciens, des Sorciers , es Devi.-—
rieurs et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l’Asttologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différen
tes cspeces.‘ M. de Lamarre prouve‘ dans‘
le second Chapitre que ces Arts ont été
cbndamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreur, etx
les ont punis du dernier supplice. Le 3"’
chap. traite des Loix de l'Église ‘et des‘
Princes temporels contre‘ la Magie et
lflstrofogie judiciaire , depuis la naissan—
ce du Christianisme. Le 4° est'un Re
ciîeil d’Ordonnances de nos Rois , con-.
tre la Magie, l’Astrologie judicaire , 86C.
depuis Pétablissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux,par des traits
d‘Histoire , rapporte: dans S. Grégoire
1c
"ÏÏEÎÏRÏMËR. I732.‘ 32; ‘
le Grand, et dans S. Chrysosrome , par
le témoignage d’un tres Jgrand nombre
d’Auteurs dignes (le Foyænfin par des Dé
crets de la Faculté de Théologie de Paris
et de Plnquisition. . .
Le secondLivre traite des Posscssions ,-,
Obsessions et Maléficès. Il y est cepcm.
dant fort peu parlé de cette dernlere sorte
gde maladie, qui regarde davantage le
Livre précédenti on en prouve la réalité
par des Textu formels du Nouveau Tes-l
tamengdont on ne peut décliner le poicls
ïni éluder l'autorité; il y joint quelques
Commentateurs de l’Evangile , qui sup;
posent toujours fondez sur ces Passages
de l’Ecr*iture, la réalité de ces Maladies.
Maigcommc ce n’est point assez de prou
verquïl yen ait ‘eu pendant -la vie de
Jesus-Christ, si l’on ne montre que les
Possessîons ont encore duré _aprês sa,
Mort; ilpronve par les Actes des Apôg
tres , qu’ils en ont guéri plusieurs de
dilïcreiutes cspeces, endiflcrens Païs. Il l.
montre par le pouvoir que Jesus-Christ
leur a donné, et à PEglise en leur per
sonne, de chasser les Démons en son
‘nom; promesse illusoire, pouvoir faux
et trompeur ,» si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voit
parla persuasion "où l’Eg1ise {toujours
F m,‘ été
'324 MER CURE DE FRANCE
été qu’elle joüissoit du Privilege- de chas-ï
ser les Démons , par sa pratique , dans la‘
Bénédiction cle Peau, des Cloches, des _
Maisons, des Ornemens qui lui appar
tiennent , par ses Rituels , ses. Canons
même et ses Amathêmesll le faitvoir par
Pétablissement de l'Ordre d’exorciser,par
les Regles que l'Église y impose , pas
les conseils et les moyens qu’elle veut
qu’en observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
lîossedez. i _
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Grcgoîre Pape,dc S.Tho
mas , d’Y.ves de Chat-tires, de Guillaume
de Paris. L’_Auteur le montre aussi par un
Extrait des Canons Pénitenciaux, tiré
des Instructions de S. Charles aux Con“
fesseuts , imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l’Exrrait d’un Ou
grage tres-curieux , de Paul du Bé , Doc- j
teut en Médecine, qui fut approuvé en
1671,. par M" Puylon ,' Doyen de la Fa
culté de Paris, Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne; ce:
Extrait est considérable par les recher
ches et les raisonnemens solides de cet an
cien et sçavant. Médecin sil faut le voie
‘ ‘ dans
iF EVR I E R. 173;.‘ 5L;
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrom
puës par d'autres preuves de fait; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon ,&c. Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Il
lu-srres plat leur scienceet parâctifr piété ,
ou ar es Voia eurs di nes e oy. Mais
quelque vraies âne‘ puisîenr être ces Re
lations ,'on ne se fonde pas de même sur.
elles‘, pour en faire d.es preuves sans re-l
li ue. -
PLîAuteun passe enfin aux diH-icultez
qiÿonobieclte dbrdinaire , et il suppli
que a les resoudredepuis la page 265..
jusqiÿà la fin de son Livre.
. On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de —re'ch'erch.es. et d’êrudition , de zèle et
de charité; il y-faudroit peu-être un peu
plus de méthode ,d’ordre et de choix.
dans les- preuves , plus (l'instance sur cel
les qui sont graves et puissantes , et un:
srile plus châtié. Au reste , c'est un Ou
vrage que tout Ecclesiastique principa
lement doit avoir, et dont il doit médireE
avec une attention sérieuseJes argumens,
peser toutes les raisons et les. conséquen
ces. ‘
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV. du 31 Août 1652. pour la puni
: _ ’ F _v_ tint}
326 MERCURE DE‘ FRANCE
aion ‘ides Devins , Magiciens , Sorciers g;
86C. et une Déclaration du même Prince,
du r r Juillet 1682. rendue‘ contre les Bo
hémes , et contre ceux qui leur donnent‘
retraite.
\
. On vient (le publiera Leydc, un ‘Oué
iVmga J intitulé : mm et m gaza: Sultani
"Almalishi, Almzsiri , S414511721", 8Ce. c’est
ädire , la Vie du Sultan Saladin , écrire
par Bohadin , fils de Scheddad ; avec des
Extraits tirez de Pl-Iisroire universelle
ndfAibulfeda , concernant la même marié
re; et un Échantillon d’une Histoire de
Saladin , plus étendue , écrite. par Ama
deddin _d”Ispaham. Le tout traduit en La
tin , sur les Mil. Arabes de la Biblio
theque de Leyde , par Albert Schultens.
On y a joint une Table et un Commen
tïaire Géographique , tiré des Manuscrits
de la même Bibliozheque. A Leyde, Chez
Samuel Luchtmans , i732. in fol.
Le Journal des Sçavans,'clu mois de Juin _
derniermous a déja appris que cet Ouvra
ge n’est point une Histoire completre de
ce Princqmais seulement la Relation de la
Conquête de Jerusalcm,ou de la des
truction de ce Royaume par Saladin.‘
Elle contient 27S pages, pour la Vie,
s 64 pour les‘ Extraits, 2,6 pour PEchanL
l . ' ‘ tillon
FÉVRIER.- 1733. 52.7’
1
tillon , sans compter la Table de vingt
dcux feiiilles et la Préface" de r4 pages.
' Il seroit à sonhaitt-er pour Phonneur de
zla Nation et out Putilité publiquqqubn
‘mir au jour ’Histoire ei-xticre de la Vie de
Saladin , composée par feu M. l’Abbé Re—
naudot , de l’Académie Françoise , tirée
des meilleurs Auteurs Orientaux, ôcc,
Cet habile ECIiVflll} Favoit travaillée avec
soin et avec son exactitude ordinaire. Il‘
avoitmême obtenu le Privilegc du Roi _
pour lïmpression. Le Public espere que
les possesseurs des Manuscrits de cet Ab
bé voudront bien Pen-richir au moins de
ce curieux Ouvrage.
Bmtmfurmvr Irauqye , ou Histoire
Litteraire-de . Htaiie , Septembre, ÛCIO
bre , Novembre et Décembre 172.8.Tom,
a. de 5x5 pag. avec‘ la Table des Matieç
ses. A Genézzc , cbeæMpzrc-Michal Beur.
que! et Compagnie. -
'. Le premier ‘article de çe Volumepest la
suite de l-‘Exrtait de lHistoire Diploma
tique de M. Mafiei grès-connu parmi les:
Sçavans dïtalie , et contient des Rechjer
ches sur Forigine des Etrusques et des an-.
tiens Latins, sur leur Gouvernement, leur
Langugleuts Caracteres, leurs Écritures’:
leurs Coûtumes et leur Religion. M. Maf
' F vj ‘ fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
‘fei , après avoir recueilli dans difïérens
. ses propres recherches, les Anriqnitez qui
Auteurs tout ce qu’il a pû trouver de Mo
numens anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu’il {étoit
proposé , et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
auroient pû échapper à Partention es
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes ,
des Pierres sépulcrales , 8re. il s’est crû:
en état de donner un SyStËane assez suivi
sur l’Hisroire de ces anciens Habitans de
Pltaliepll croit donc que les Etruriens fu
rent des Descendans des Emim , Peuple
fort et puissant qui tiroir son origine de
Chanaan ,et que les Mohabite" chasserent
du Pays qu’il habitoit, desr-â-dire , de ce
pays qui environnoitle-Totrentd’Arnon;
du côte du Midi et du Septentrion, et:
qui confinoitâ l’Atabie. M. Mafley mon»
tre la vraisemblance de cette conjgcture p
ar la ressemblance des Noms, des Vil
es , des Fleuves, des Divinitez , et même
des Peuples d’Etrurie, il les montre en»
cote par la ressemblance des Dialectes ,
par le nombre de leurs Villes , parla For
me de leur Gouvernement", par leur Re
Iigion , leurs Sacrifices , leurs Danses et:
leurs Coûtumes ,_ ce qui shccorde assez
u savez
FÉVRIER." 173;: 3291‘
avec Plîcriture-Sainte sur laquelle il se
fonde particuliercment. r:
Nous passons sous silence les remats,
ques que fait M. Maffei sur l’Ecriturc de
c_es Peuples , sur les Pélagiens qui habite-j
sent Pltalie avec les Toscans, et. dont il.
éxamine plusieurs Mon umens qui peuvent;
servir à l’Histoire île cesPeuples , aussie
bien qu'à celle de Rome" même ,. que ce’
Sçavaut Écrivain, appuyé sur plurieurs
Monumcns d'une grande antiquité, et:
fondé d’ailleur‘s sur däautres raisons assez:
plausibles ,. croit être plus ancienne que!
Romiïlus. Nous averrirons seulement que.
cetac Dissertation de M. MafÏei est comme.
lïAbbregë d'un’ Ouvrage beaucoup plus’
- étendu qu.’il\ promet au Public, Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du. mat
t-yrc de Fevme et de Rustique , ni, de la.
vie dr- SPZenon ,. Evêque de Verone dans
le. troisième siècle , ni» de ‘la Lettre de
S. Chrysostome à CCSHÏÎUS , que le même
Auteur a donné au Public avec (le sça
vantes Notes , et dont le. Journaliste Pro;
testant rend compte en peu de mots , en.
ajoû tant seulement- quelques Remarques
conformes â ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d’ailleurs des Person
nes qui aiment la belle Littcrattire.
\ Noicii
335 MERCURE DE FRÂNCË
Voici letitre des Articles suiva-ns. Ami.’
Iliade d’Omera , Ch‘. dest-à-dirc , Plliade
et- l’O'dysse'e (Pi-Iomere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. PAb
hé Antoine-Marie Salvini. A Florence,
chez Glo , 17231,»; 8=. Le Journaliste en
parle avecbeaucoti p (Ÿéloges.
Art. 3. Relation de Vouvcrtrtre solem—'
nelle de deux Cours d’Am_atomie Êlits- en:
public’ au, Théatrc Anatomique de l’Uni
versité de Turin le 2.4. Février 172.4. et
le 2.6 Février de l'an i725. «
Arc. 4.. Recueil des diverses Formules» let des Discours Académiques de M. Au
gustin Campisni , Jurisconsttlte Napoli
tain , et Professeur ‘dans lUnivcrsité de
Turin , 86e. avec les Discours de M. i3er—
nard-Ændré Lama , Napolitain , ProFes-r
seur en Eloquence dans l°Universicé de"
Turin. A Turin , de Flmprimerie deJCam
‘Radix , r7z8. in-S.
Art. 5. sur une Observation des an
ciens Childéens. Quoique cette-Dbserva
tlon n'a soit point d’un Italien , le Jour
naliste a crû pouvoir «la placer dans sorr —
Recueil , comme étant très-curieuse et:
digne d’être pré entée au Publigde qui ils
demandent le sufFrage pour lui en com
muniquer dïtutres semblnläles. _ -
LÏAutcur de cette Remarque prouve
" par
'
.'
FE VR I ER. 1'733. 3;!
par un Passage cl’Achillcs Tatius dans le
Ch. I8 de son Introduction aux PbenomÊ-t
ne: ÆAmtur , publiée par leP. Petau dans
son Vmnologinvn‘, que les Chaldéens ont
connu assez au juste Pétenduë de la cir
conference du Globe terrestre , pour dé
terminer qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit lesoieil au
tour de la terre , et arriverait en mêmei
tems que lui au point équinoxial, dest-âä
dire , que dans l’espace d’une aimée Se:
Iaire qu’ils dérerminoiezir à 365.‘ jours et
quelques heures , un homme marchant
d’un boul paÊs pourroitäfaire le tour de lai
terre , et e eroit en e et, toutes choses»
étant égales d'ailleurs. - '
Art. 6. Recueil des Historiens de l’Ita-'g
lie , ‘par M.‘ Murarori , Iom. 6. ‘
Nous ne pouvons donner_ une idée de
cet Ottvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin. ‘
Art. 7. Framcisci Travizgini iziper O5‘- -
\
servaiioniéns hÿa c’est-a-dire , Recher
che Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , Fondez sur les Observations qu’il
a faites sur les derniers tremblemens de"
(erre , principale-ment celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réel-j
lement à Venisc, 1S6 9. in-4°. de 2.9 pag.
- _ sans
'33: MpAER-CURE DE FR ANCE
\
Ëans YEpitre Dédicatoire qui sert de Pré;
ace.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Ins
criptions Étrusques , à M. le" Marquis de
Mafiei, à Verone.
Art. 9. Lettre de M.. . . sur le Carattere
des Italiens. .
Le 10° Article annonce le Projet de"
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique- , Chronologique et Litteraire de
l; Bible , par le P. Calmets cette Sous
cription fut proposée et éxecutée en 172.8.
et 2c. par les Libraires dejGenevc 5 ainsi
il seroit inutile d’en parler.
Art. r r. Nouvelles Litteraires ,,elles ne
contiennent presque drien de particulier:
ui n’ait éte annoncé ansnos Journaux.
‘(i311 trouve à la fin de ce Tome une Ta.
ble des Matieres des I. z. et 5. Tomes
dq “la. Bibliotheque des. Sçavans (PI.
ta 1e. - . «
On s ERVATIO NS sur les Arrêts remarîy
quables du Parlement de Toulouse , re
cueillis par Mre Jean de Catellan , Con
seiller au même Parlement, enrichies des
Arrêts nouveaux , rendus sur les mêmes
Matieres , par Gabriel de _Vedel.Ecuyer ,
Docteur ès Droits , et Avocat au Parle
ment de Toulouse. 2... vol. i214. (Ycnvirom
. _ 7o“
FÉVRIER: 173.3. 33;
7go. pages. A Toulouse , de Plmprimeric de.
N. Garance/e , à la Biâle d’or, et se 7/6714
dent chez. Etimne Mamwit , et Jean-Franc
\
fait Farest , Libraires, a la Comwml
d’un
L’Aute_ut de‘ ces Observations ne pou-i
voit rendre au Public un service plus ima
portant que d'en orner le vaste Recueil
d’Arrêts de feu M. de Catcllan , lequel
_ renferme tout ce qu’il y a de plus inte
ressant out ce qui concerne la "Jurispru
dence au Parlement de Toulouze , l'un
des plus celébres et des plus anciens du.
Royaume , Jurisprudence fondée sut le’
Droit écrit. L’obje't du sçavant Éditeur,
ui a suivi l'ordre des Matieres traitées
dans le Recueil en question , a été de ré
Soudre les diflîcultez qui pouvoient naï:
tvre au sujet de plusieurs Décisions qui y
sont contenues , et de rapporter en même
tems la nouvelle Jurisprudence du Palais,
avec les motifs qui lui servent de fonde,
ment ; de‘ sorte que les Observations se
trouvent par là si liées avec les Arrêts
qu’on ne peut guétcs les séparer.
On a tout lieu de souhaiter que’ ce ne
soit pas ici le dernier fruitidu zcle et de
la capacité de M. de Vedel. Nous o_son's
le prier au nom duÿublic de lui faire"
part , par le moyen du Mercure , des
Q9454
\
l
m M rancune DE m’ A NCE
(liestions importantes et singulieres qui
se présenteront et qui seront jugées au
Parlement de Toulouse, avec le précis
des raisons ou des deffenses respectives‘ des
Parties , à l'imitation de_l’nn_de ses. illus
tres Conidreres ‘au même Parlement , qui
nous fit Phonneur il y a quelque-tems de
nous envoyer une pareille Question , dis
cutée par d’habiles Avocats , et jugée par
Arrêt Contradictoire. _
On nous écrit de Provence que de
Cormis, celébre Avocat , ‘continuë de
joüir d’une bonne santé à l'âge cle quattee
vin t- uarorze . Ci ans a et ‘ln‘a rès avoir
mis la derniere main à sa Compilation
des ArrÉt: Notable: du Parlement de Pro
vence , avec des Observations , 8Ce. on
imprime actuellement cet important Ou
vrage aux dépens des Etars de la. Pro
vence.
PR OI E T d’un Snpplement pour l4
i damier? Édition de S. Iéræimt , m m;
Iñlumè in‘ folio, de la même farme“que'
les précedms. >
N Religieux de la Congrégation de
_ _ S. Maut , quifait imprimer actuelle
ment chez Osmont les Gin/rage: de Saint
Ïuszin, de Tarim , ému donnera au Pu
blic,
t‘ ' FE VR ‘I ER. 2733.. 3'39
blic , après avoir fini ce travail, un Sup
plément pour la derniere Edition de‘
S. Jerôme, qui contiendra s '
ê I“. Ce qui reste à donner des Ouo’
virages de S. ‘Jerôme, comme sa Chro!
nique, que D. Jean Martianay n’a point
mise dans les Volumes précédens , le rê- '
servant pour un Supplément dont on
lui a- souvent entendu parler. '
z”. Des Eclaircissemens sur le Texte
- de S. Jerôme, par le moyen d'un trèsé
grand nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l’on collationne actuel‘
lemenf avec toute l'exactitude possible;
et‘ afin que les secours qu’on en tirerd
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes, on aura soin dans tous
les Endroits que l’on corrigera , de marä
quer non-seulement les pages de PEdi
tion du P. Martianay, mais encore celle!
des précédentes. ‘
5'. Des Observations sut plusieurs
goipts importans de la Doctrine de saine
emme. ' -
' 4°. La Vie du S. Docteur , avec la Crie
tique de ses Ouvrages. V '
. 5°. Des Tables generales , que l’on tâ
cher: de rendre commodes et utiles ,‘ au
tant par Perdre et Parrangcment, que
par la multitude des choses qui y en
. treront. 1,3
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suflic’
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même-temps qu’en a et!
vûë de procurer au Public les avantages
d’une nouvelle gEdition, en lui en épar
gnant la dépense. Car il n’y auroit ‘gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise fe
roir tort â ceux qui ont le S. Jerôme du
P, Dom Jean Martianay , ce seroit d-oni
mage que tant dfixemplaires répandus
dans les Bibliotheques de PEurope, de
vinssent en quelque façon inutiles, et:
qu’unc Edition en cinq Volumesïn folio
où l’on a corrigé un grand nombre d’en- »
droits ‘par les Manuscrits,‘ et qui d’ail
leurs est très bien conditionnée ,- perdit
si-tôt son ptixtOn a donc cru qu’il valoir
mieux la perfectionner par un Su plément,
qui ‘pourra même servir pour lespautres
ËditionsAprês avoir prissles mesures cona
venables pour contenter ceux qui ontles
Ouvrages cle S. Ierôme , si la rareté des
Exemplaires tendoit une nouvelle Ecliq
tion necessaire (ce qui paraît presque
Iiors de doute) on executera ce dessein
d’autant plus volontiers , qu’il ncrpourra
faire tort à personne, et u’il ne couteræ
à PEditeur, quele soin 3e veiller sur le
travail des Imprimeurs.
' Les
FÉVRIER. 1733. 331
s
a Les quatre premiers volumes de la.
i nouvelle Edition du Glossaire de M. du.
Cange, se distribuent, comme nous«l’a
tvions annoncé dans le précedent Mer
cure. Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement; ce
zqui prouve quexcette Edirion sera aug
-mentee de lasmoitié. Elle dêdommagera
tparilà le Public du long-temps qu'elle
s’est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au huard; les R R.
I’ P. Bènedictins de la Congrégation de
:5. Maur", nouveaux Éditeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
.n’y_ rien inserer qui ne leur air parû utile,
.er qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
_s’c'carrer de Pexcellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d’après le.
quel ils ont travaillé. Il n’esr guêres"
possible de donner des exemples de ces
Additions; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre .? Il nous
suflira dïrvertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveau’! points dT-listoire,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu?»
présent , découverts m: expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d’Auteurs im
primez , dont on développe Fintelligcn
I‘ ‘ CC 4
33.3 MERCURE DE FRANCE
l
ce; en un mor,lc Desscin de M. du Cangc
exactement suivi et considerablemcnt en
richi. Les Éditeurs n’ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebreAuteu-r ; ils ont mis son
Portrait très-bien gravé à la tête du Li
vre , et ils ont fait suivre leur Préface de
_.la Lettre de M. Baluze à M". l’Abbé Re
maudot, sur la Vie et la Mo-rr de M. du
«Cange; et pour ne r_ien omettre, ils y
Iontajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages. Ulmprimeurde ‘son
côté , n’a rien négligé pour la beauté de
PEditiDn -, le Caractere en est net , le Pa-_
Vpier beap , les Planchesdqui noup rcpäé
sentent es Monnoyes e nos l ois’ cs
puis Philippe le Bel jusqu’à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont propre
ment gravees ; tout persuade, enfin- Jus
quîau Frontispice , qtÿon n’y a pa's_épar.
gne la dépense. Mais rien ne doit tant
flatter les Gens de Lettre , que Passa.
rance que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu’on ne discontinucra pas l’im-_'
pression des Volumes snivans.
Livre: nouveaux“, chez. Briasson , ru?
« S. Jacques à lu Science.
Recherche: interesmnte: sur les Vers î.
xuyaigqui infcsrenr lesVaisscauglcsDigues
A b d’Hol-_
\
-,=-» ;. FÉVRIER. 17.33.. = 359
dfHollande , 8Ce. avec les Procès Verbaux
des Inspecteurs des Digues. Par M. P.
Massue’: ,_ in r2, avec figures. Amrær.
dm, 173%
' ‘L É T11‘ n e s d'un Thêologicn de PU:
‘niversité Catholique de Strasbourg, 5-"
un des rincipaux Magistrats de cette
Ville ,.. aisant proffssion degsuivre la.
Çonfcssiondflusbourg, sur les six prim
cipau x‘ obstacles à la conversion des Pro.
restans. A Strasbourg, chez J. Frange, l;
Rouxgtau coin de la, ruë des Orfêvres,
1732... in 4. Ces Lettres sont du P. J. Jacq,
Schefïmacher , de la Compagnie de Jésus,
Observatjone: Miscellaneæ in Auctores
‘veteres et recentiorcs ab eruditis Bri
tannis cum Notis va riortim Vitorum Doc.
ttorum , S. Amxtelodamrï , 1732. i _
Hcnrici Ruisch, Med. clar, 4, Ams.
itlladami, 1733.
Emt Militaire dgsFEmpire Ottoman ,
contenant PVI-Iistoire, l'accroissement et
les progrès de cette Science parmi les
Turcs. Par M. le C. de Mamzgli , fol.
2.. vol. fig. Amsterdam, 17 32..
' Prisons ntiCLavrciu, dédiées à
la Reine gcom posées par M. dQ/gincanrv,
IOrganiste de la Chapelle du Roy, de
Plägliae Métropolitaine- de Roiien ,16!’ (Ë _
r .‘ ' >A ‘
a ' 1
34e MERCURE DE FRANCS.
PAbbaye Royale de S. Oücn. Prix r2.‘
figures m blanc. Premier Livre , grave’
par Fr. du Plessy. A Pars, chez. Boivin ,‘
rai S. Honoré, le Clerc , rué‘ du Roule , e:
à Rouen , chez, Fflmmr, lui de: Chat...
naines. l’ ' ' ‘ï
“ Il paroîr éleu-x nouvelles Esràmpes en
large , dom: les Sujets sont guajk etrirez
d'un Conte de la Fontaine.‘tLe' Baise?
donné, et le Baiser rendu,‘ gravées 'd’a
près deux TableauxeOriginaux du. sieur
Pater , Par ‘lc sieur Filloeul , chez lequel
selles se vendent‘ , rue‘ Border , à PHôtel
de Vendôme , proche, sainte Géneviéve.
‘svzrs des Médaille: du Roy.
La derniere Médaille Frappée pour le
"Roy, et‘ dont nous donnons ‘ici la gra
vûre, Fut présentée à S; M. le 25, du
'moisid’Août dernier, jour de S. Louis.
‘D'un côté on voit la Tête de cct Au
guste Prince , couronnée de Lauriers,
‘àvec ‘la Legende Ordinaire. Le Revers
représente symboliquement par cinq Gé
nies , portant des Signes Militaires , les
difièrens Camps ordonnez’ par le Roy.
Pour Légende _M ARTIS _o rrmEt dans
TExcrgue , Acrss m CASTRA prsrnmuræ
‘L1. DCC XXXII.
0a
1 in‘ ‘tir!
llll llvol
c: î s CASRA
n! 5711130134:
nccxxxu.
FÉVRIER.‘ 173;.‘ g4r
On apprend de Prague, que les Terres
ui se sont embrasées dans les environs
de cette Ville , continuent de jetrer de la
fumée et‘ des flammes, ce qui donne lieu
de craindre qu’il n’_en soir de cet egbra
semeur comme de celui de la Montagne
de Contau , située à onze lieües de Pra.
gue , lequel dure depuis plusieurs années.
rassasssssmuassasssâ
ETRENNE& “ï
IL faut recommencer _
Nos voeux pour la nouvelle Année g
Gayement Pautre sûrs: terminée ,
Il faut recommencer, _
Les Ris, les Jeux , la bonne chere , À
Compagnons du Dieu de Cythfirc a
Viennent encor nousamorccr ; _
Il faut recommencer.
*m
Il faut recommencer
I
A composer des Chansonnctcu g‘
Puisque nos affaires sont faire: ,
Il faut recommencer.
Ce seroit trop long-temps vous taire,‘
Vous avez le bonheur de plaire;
e . G Muse ,'
\
a
342 MERCURE m; FRANC}; 4
Musc , sans vous faire presser,
ï Il faut recommencer,
‘Jeu! recommencer
Mon refrain , maxime agréable ,
‘qui dit qu’aillcurs comme â la table,
Il faut recommencer. °
Ïay bû , mais je veux toujours boire 5
Verse-tannée ; a‘ toi ,Grcgo_ire.
Hut . . . . . on ne l’a point vâ passer g
I! faut recommencer.
. fi
Il faut rccomrnenccr
I 1 ‘boire qqand Phébus se levc;
Avatar que sa cpur_sc_s’achcvc ,
Il faut rrcommcnccr‘.
Sortant de l’0ndç . une autre Aurore .
Voir qu’on se met a‘. boire cùcorc ,
Il le jour vient-il à baisscri
1l faut recommencer.
ü
Il faut recommencer
RA lurincr une fillette;
Àmans , quoiqwcllc vous maltraite,‘
Il faut rrcommcnccr.
Notre» main devient résumait: g
7 Coup;
“I
F/E V R I E R. 1733.; 54;;
q
Coups de Buse en sont le salaire;
Ce n’est que pour vous agacer;
Il faut recommencer.
3%
Il faut recommencer ,
ÿour goûter-îles biens de la vie,‘
Avec Bacchus, avec Silvie;
Il Faut recommencer.
Les desirs sont intarissables ,
Les plaisirs sont trop peu durables,‘
Q2’): faire i Amis, sans nous lasse: ,
il faut recommencer.
ä!
Il faut recommencer.
secondez-moi , Chorus aimable g
13ans qu’un refrain Soit‘ agréable ,
Il faut recommencer.
Chantons ; er si ma bagatelle ,
Vous paraît gaillarde et nouvelle,"
Ëgmis; pour m’en récompenser , _ ‘
Il faut recommencer.
Mrs Gallet e» du Vigneaux‘
‘344 MERCURE DE FRANCE
I
SPECTACLES.
LA Tragédie d’Ompl9ale parut dans sa‘
nouveaugé "au mois de Novembre
1701. et eut un fort grand succès; on la
reprit 2o. ans après avec assez de réussite;
Elle vient d'être remise au Théatre plus
brillante et mieux accueillie que jatnais:
Le Poëme est de fcuiM. de la Mothe et
la Musique de M. Destouches , Sur-In
tendant de la Musique du Roy s voici un
court Extrait de POuvragc : _
Le Théarre représente au Prologue un
lieu destiné poutcelebrer la gloire de
l’Amout -, les Jeux , les Plaisirs et les Gra
ces composent sa Cour et les Habitans
de la Terre et des Cieux , à titre de Su
jets, reieventesgn triomphe. Une Gtace
fait Pexposition par ces Vers:
Vous qui suivez PAmonr , Graces , Plaisirs et
JCÜX 9
Cclebrez avez moi sa puissance et ses charmes g
Chantez ses traits, chantez ses feux ;
I: que vos chants pour lui soient (le nouvelles
armes.
_ Une seconde Grace fait encore Poflîçe
de
l? E VRI E R“ 1-733.’ - 34;
dë Coriphêe. Les autres Gtaces forment
le Balet; conjointement avec les Plaisirs
et les Jeux. Junon descend des Cieux,
elle expose Ie sujet qui Poblige â'venir
implorer le secours de‘ PAmotir, par ces
Vers : a
Dieu puissant, venge moi d’un Mortel qui m’ou«
trage; -
son coeur, dès le berceau, ririomphe de ma rage,
Ma honte Ctmon dépit croissent par ses travaux; '
Blesse Alcide; il est temps clc vaincre ce Héros :
Mais choisit ces. traits redoutables ,
Dont tu sçus troubler mon repos g
Je te pardonne tous mcs maux,
S'il en peut souffrir de semblables.
L’Amour consent à satisfaire Junon;
il ordonneà la Jalousie qui paroît au.
fond du ThéJtre enchairtée dans son An
tre avec la Rage et le Désespoir , de sot
tir de leurs fers et d’aller exécuter les
ordres de Junon. Leur obéissance prépa
re le stijeride la Tragédie d’Omphale,
où FÀuteur suppose que la victoire qu’Al
cide va remporter sur l’Amour jaloux,
est un des plus diHiciles travaux que la
Déesse irritée air imposez à cet odieux
fils d'une ‘Rivale. ’
Le Théarre représente au premier Ac-,«
' G iij te,
v_.
346 MERCURE DE FRANCE
te , des Arcs de triomphe élevez à la
gloire d’Alcide , devant le Temple de
Jupiter son vpere. [plu] fait connoîrre
Pamour secret dont il brûle pour Om
phale, Reine de Lydie. Son Monologue
commence ainsi :
Calme heureux . innocente paix,‘
C'est en vain que je vous appelle;
Calme heureux , innocente paix,
Non, ce n'est plus pou-r moi que vos plaisirs.
sont faits , 8cc. '
Un bruit de‘Trompetres qui se fait
entendre , donne occasion à ce Prince ,
ami d’Alcide, d’annoncer la Fête qu’Om
phale doit faire celcbrer en l'honneur de
ce Héros, qui vient cle la rétablir sur
son Trône par la défaire des Rebelles
dont elle avoitété opprimée, et par celle
d’un Monstre horrible.
Alcide vient et ordonne qu'on aille
rassembler les Rebelles domptez, pour
leur faire éprouver la clémence de leur.
légitime Souveraine ; on a trouvé que
I’Auteur s’cst un peu trop pressé d’an-‘
noncer la Fête du second Acte , dès le
commencement du premier.
Alcide fait connoîrre à Iphis qu’il aime
Omphale. Iphis est frappé d’une nou
velle , qui lui donne un Rival slrredou
table
'. - FEVRI E R. 175;: 34-)
table dans un ami si tendrement aimé!
il nbublie rien pour combattre un amour.‘
qui lui est si fatal 3 il représente sur tout
à Alcide, qu’il a tout à craindre de le
jalouse Argine , c’est le nom que M. de
la‘ Moche donne à Mante, fille du cc-j
labre Tiresiqpour s'accommoder à la dou-Ç
ceur que la Poësie Lyrique exige même
dans les noms. Onzphale , suivie de ses
Peupits , vient celebrer le triomphe d‘Al-_
cide; elle y invite ses Lydiens par ces Vers;
Chantez le digne fils du plus puissant des Dieux;
Chantez , portez vos voix et son nom jusqwaux
Cieux , 8re.
Alcide interrompt la Fête par ces. Vers
adressez à Omphale.
Cessez ces vains honneurs que vous me faire!
rendre;
Ç n’entends point ces Chants , je ne voi point
ces ‘Jeux ;
Mes soupirs , malgré moi , vous font assez cnwä
tendre
Qÿun antre prix est Pobjez de mes voeux.‘
' Omphale qui fuit un éclaircissement,
ordonne qu'on vienne avec elle consa-y
crer les Armes des mutins à Jupiter.
' Au second Acte , Omphnle, au mi‘
lieu dcdeux Confidentes, comme dans
' - G iiii Armide,
34s MÉRCURE m; FRÀNCÈ ‘
Atmide, est félicitée sur la victoire que
ses yeux ont remportée sur le coeur du; '
grand Alcidc. Elle reçoit leurs. compli-'
mens avec indifïcrencc, et leur fait en
tendre qiflpbi; est son vainqueur; ce
Prince vient; elle veut sonder son coeur.
‘Iphis annonce à Omphale de la art‘
d’Alcide, la Fête préparée pour e le;
Omphale lui dit que c'est en vain que
ce Héros soupire , et qu’il s’cst laissé pré
venir par un autre; Iphis ne peut ap-«
prendre sans jalousie que le coeur d’Om
phale est le partage d'un autre‘, il parle
en faveur de son ami , n’osant parler pour
lui-même. Cette Scene est très fine de la
part d’Omphale-, mais Iphis paraît un
Amant peu intelligent, on trouve mê
me qu’il ‘prend. le change gratuitement ,
et qu’il se retire désesperé , sans qu’Om—
phale ait rien dit d’assez équivoque pour
lui faire entendre qu’elle est offensée dÜ
la déclaration de son amour. Iphis ‘se
retire sans donner le temps à la Reine
de le détrompet. ‘
Alcide vient celebrer la Fête" qu’il a
fait annoncer par lphis; Omphale or
donne qu’on ôte les chaînes aux Mutins
domptez , puisque le Vainqueur veut bien
sur faire grace; cette Fêtelest presque
toute chantée par Alcide, qui se donne
aux
ÏEVR-IE R.‘ 173;. 34,
aux Sujets d’Om hale pour modele de
Pardeur dont ils oivent brûler pour une
si aimable Souveraine; en voici quelques
Vers :
Chantez mille Fois ,
L'amour qui mænchaîne;
Celebrez mon choix;
Chantez mille fois 5
, Chantez votre Reine;
Benissez ses loix.
Imittz Pardeur si fidele , - z
OEll brûle mon coeur; '
Imitez Pardeur et le zele ,
_De votre Vainqueur.
Argîne vient troubler la Fête; elle es:
ortée par un Dragon ailé s Phorreur qui
Fannonce fuir tout le monde hors
Alcide , à qui elle reproche la- préference
qu’il donne à Omphales cette Scene est
des plus vives‘; et parfaitement executée
par le sieur Chassé et par la Dlle Entier.‘
Ces deux excellens Sujets partagent éga
lement la gloire du succès de cet Opera.
Cette grande Actrice finit le second Ac
te par un morceau’ de fureur où son ac.‘
tion et sa voix sont egalementapplaudies.
Elle termine cet Acte par la résolution
quelle forme de penetrer si Omphale
' i ' G V aime
3go MERCURE DE FRANCE
aime Alcidc; c’est ce dernier crime qui‘
doit la déterminer à perdre une heureuse
Rivale; on a crû que le crime d‘être aimé
auroit dû suflire à sa vengeance , et- que
c’étoit le seul à punir.
Omphale se reproche ,. au troisième
Acte, de n’avoir pas déclaré son amour’
.à Iphis; Argine vient et se cache our
' sçavoir ce qu’Omph-ale dit, ou plutor c‘e'
qu’elle pense, puisque faire un Mono
logue et penser sont la même chose,théa
tralement parlant ii_qu‘Omphale aime AArlgciindee ',secepeqrusiuaId’!e
détermine c’est ce Vers :
‘Un spectacle fatal m'a contrainte au silence.’
-- Argine le fait voir par Papplicatiort.
qu’elle en fait 5 voici comment elle s’ex;
prime:
Nonrje n’en doute plus,c’est Alcide qu’elle aime 3‘.
Elle me Fapprend elle-même .
Au moment que mon Art a fait cesser leurs
jeux ,
Elle alloit déclarer seæfeux.
' Il s’en Faut bien qu’elle soit digne fille
de Tiresie, si son Art n’est pas plus sûr
que ses conjectures aelle ne balance plus à
se vanget de sa Rivale, et sçachant que
ses Peuples-viennent celebret le jour de
‘ e sa.
'FE VKI ‘E R; 1733.. ’ 351i
sa naissance, elle en veut faire le jour.
de sa mort; elle ordonne aux" Démons
de‘ Penchanter quand il en sera temps. ‘
On vient celebter la Fête en question;
Omphale se place sur un Trône de fleurs
qu’on lui a’ dressé. Après la Fête,0m.
phale congédie ses Peuples sous prétexte \
qu’elle a besoin d’un peu dc solitude. _ ‘
Argine vient; elle ordonne aux Es-‘g .
prirs Infernaux (Tcnchanter sa Rivale 5»
îls sortent des Enfers , et secoiient leurs
Torches sur Omphale; Argine‘, un poi
gnard à la main , s’a'vance pour lui percer:
le coeur ,. comme on le voit encore dans
Armide. Heureusement pour la victime le
hazard conduit Alcide assez à temps pour
suspendre le coup mortel °, ce ‘qui est
suivi d’une Scene, où nos deux premiers.
1Acteurs renouvellent les applaudissemens
_qu’_on leur a si justement prodiguer.- dans
l’Acte précedent. Les Démons, par l'or
vdre d’Argine, enlevent Omphale, sans; -
qu’Alcide puisse la secourir.
Dans l’Entr’Acte du quatrième Acte‘;
Omphalc a fait connoître à Argine qu’Al
cide‘ n’est pas l'objet de son amour, et
{est cet aveu qui l’a empêchée de périr g.
elle n'a pourtant point nommé Iphis,
‘de peut de le livrer àla colere d’un Ri
gval aussi redoutable qufllcide 3191119,
- ‘ G v; dans
3;; MERCUREDE FRANCE
, _dans un Monologue , fait éclater son dél
sespoir, mais il ne le porte pas jusqwâ
se donner la mort; voici la raison qu’il
en donne :
Faut-il que ma douleur me soir encor si clxere,
03e je n’osc en mourant en terminer le cours .>
Cette pensée qu’en a trouvée suscepà
tible de plaisanterie parodique , amene
pourtant une très jolie maxime; la voici:
Que nos jours sont dignes d’envic ,
Quand l’Amout réponi à nos voeux 1
Ifiamour même le moins heureux ,
Nous attache encore à la vie. ‘
Alcide vient annoncer à lphis qu’il ä
un Rival secrettement aimé ; Iphis sbflre
à le venger , ne sçachcint pas qu'il s’agit
de lui- même. Argine Vient‘; Alcide lui
proteste qu’Omphale est désormais l’ob
‘jet de sa haine; il la
son Rival par le secours des Enfers. Après
quelques reproches mêlctz de tendresse et
dïtmportemcns, Argine consent à satis
' faire Alcide. Elle appelle les Magiciens ,
Ministres de son Arts ils viennent par
le chemin des Airs: le charme étant fait,
POmbre de Tiresie, sans être apperçûë
des Spectateurs , se présente aux yeux de
prie de découvrit
-- 5%
VQFEVRIER} 173;. 353g
sa fille , il lui ouvre le Livre du Destin ;.
instruite du sort d’Alcide , elle lui dit z
Tremble, frémi s va dès cc jour ,
Voir ton Rival heurcui au Temple de l’Amour}
Argine expire de douleur, et Ale-ide
se livre âla vengeance.
Le Théatre représente au cinquiême
Acte le Temple de l’Amour. Omphale‘
Vient offrir un Sacrifice à ce Maître des
coeurs; elle croit que ce Dieu Pexauce,
puisquïl lui amene Iphis. Ce Prince lui
demande pardon de la peine que sa pré
sence lui peut causer, il lui prome? de ne
A l’en plus importuner; Omphale le ras
sure et lui déclare son amour ; cette Sce-_
ne est. très-tendre de part et clïmfre; Al
cide vient dàns le dessein dïmmoler son
heureux Rival. Surpris de Voir Iphis,
il croit qu’il est venu pour venger
fourrage qu’on fait àeson amis il l’in—
vite à recevoir le premier prix de son
zele dans ses embrassemens. Iphis , PÏGS?
se par ses rcznords , veut se tuer g Om-_
phale lui retient le bras ; Alcide ne doute
Plus quîphis nesoit ce Rival qu’<:lle lui
préfere 5 après quelques combats, il
triomphe de son amour, et consent au.
bonheur de son ami. Autrefois Argine
finissoi: la Piece 3 peut-être a-fon suppriî‘
È me
354, MERCURE DE FRANCE
mé son retour pour ne pas donner une’
troisième imitation d’Arm-ide dans un‘
même Opeta.
. 1.6121. on‘ donna- la‘ derniers‘ Représentation!
OEOmphale, dont on vient de parler, et on rc-c
mit au Théatre le v2.6. fepbte", Tragédie‘ jouée‘
Parmée dernier: avec beaucoup de succès, et que
le Publié revoit avec le même plaisir-,
O'n apprend de Vienne , que le 2.7. du mois
dernier , on représenta au Palais pour la premie
r: fois, le nouvel Opera Italien de Sùmho 1.71m
sn’, Gouverneur, qui eut un’ fort grand succès,
I-l fin honoré de la présence de L. M lmp. et des
Archidnchesses; La composition du Poème est
de PAbbè Claude Pasquim‘ ,. et la. Musique’ du
Signer Antaim (faldara. V
Qxclqfixes jours après , plusieurs Musiciens de
la- Chambre de PEmpereur , représenterait de
vant L. M. Imp sur le petit Théatre de la Cour‘
la Comédie, en Prose , intitulée ; Il Don Pilonef
Ohapprend par les Lettres de Rame, qu’on:
donna lc u. du mois dernier , la premiere Re
présentation de la Tragi- Comédie , intitulée : l4 .
Fidélité victorieuse de la Trahison, qui eut beau-s
coup däpplwdissemens.
Le 6 Février , Comédiens François‘
donncrent la premiere Représentation de
Ia Tragédie de Gnrtavc :, il y a peu de Piée
ces qui ayent été regûës avec un applàuh‘
. ' _ disscment;
,7 ‘F 3V’ R IÏE R. 1731;.- 3;‘;
\
dissement 8l unanime j, la grande idée
q-u’on s’cn est‘ dubotd faire n’a fait qu'aug
menter clans les Représentations suivan-è
tes. Elle est de M. Pyrm, Auteur de la:
Coulédäe despFils Ingratr, ’Et de IaÏIÎta-f
gedle (le Calmtane. I\vous n en donneronsv
qu’un Argument très-succinct , en atten
dant que nous Fayons assèzêxaminée ,,
pour pouvoir endonner- un Eittrait plus
détaillé, - _ s
Le H-‘tos de cette Tragédieoest le pteä
mîcr de sa Maison qui ait reg-né sur les?
Suedois -, on Pat-voit‘ d’abord annoncé’
dans les affiches sous le nom d‘: Gustave‘
Vasa, pour le distinguer de Gustave Adol
phe , dent le nom n’esc pas moins celé
bre. Stcnon , Roi de Sucde , â (‘lui ce ‘prej’
miet Gustave-a Succecle , l'avoir designer
son Successeur, à la faveur d’un mariæ
gn- avtc Adelcîde, sa Fille. Christiamtw v
Beau-Frere de fit massacrer SteCnhoanr;lcilqufiitnetn,fedrëmterrônAade- ‘"
làïde ,. Fille de" ce malheureux Roi dans’
une Tour, et il y v. apparcn ce qu’il ifauroit.’
pas êpgrgné celui qui lui étoit destinépour
E poux , s'il étoit tombé en sa. puissance?
jl faut donc supposer que Gusrave fut aue
moins emprisonné , ou qu’il se tint caché‘
zevno-rdaabnl:c,neouùfailnspopuorurariatttmeonndrteerlesutrevmisev
. A‘ ' Irône
‘356 MERCURE DE FR ÂNCE‘
Trône ou il avoit été destiné par le légitiï
me Roi. Ces neufans étant expires, et le
tems cle sa vangeance étant arrivé, com
me sa tête avoit été mise à prix par Chris
tierne , il fit courir lui-même le bruit que
Gustave avoit été tué , et que le meur
trier devoit apporter sa tête à Christier-_
ne. C’est ici que Paction theatrale com
mence. s, « =
Christierne à son retour de quelque
expédition ,' demande à. Astolphe , fidele
c Ministre de ses vangeances , ce qui s’est:
passé dans Stoclrolm depuis son absence ;
Astolphe lui rend un compte éxact de ce
qui regardes sa nouvelle domination , et
lui annonce entfiaurres choses quela Rei
ne , veuve de ‘Stenon , est morte; Chris
tierne lui apprend à son tour quelque
chose de plus favorable à ses projets am
bitieux ,i c'est Passassinar de Gustave.€c°'
Qmrince assezamateur du repos our avoir
abandonné à Christierneiles Ëroits na.
turels qu’il avoit sur la Couronne de
Dannemarc , ne peut apprendre sans in
dignation qu’en ait assassiné Gusrave s il
a dtéja commencé à devenir suspect â.
Christiet ne , par les voeux de la plûpart,
des Danois pour son rétablissement au‘
Trône" qui lui appartient; mais ce meur
tre abominable dont le Tyran fait gloirâ ,
t l!
æ:
FÉVRIER.‘ 1733. gfi
fait encore lus d’horreur à Casimir, Pur:
«des plus fi eles Sujets qui soient restés
à Stenon malgré son déttônement s de
sorte qu’il forme dès-lors le genereux des-'
sein de vanger Gustave, comme désigné
par Stenon pour lui succeder au Trône ,'
par le droit d’Adelai'de, sa Fille. Frederic
aime cette malheureuse Princxpse , dont‘
les fers viennent d’êrre brisez par un
trait de politique de Chtlstiernç; la Prim
cesse l’a toujours estimé, Christicrne le
lui a fait proposer pour Epoux , mais ce
Tyranxnïavoit pas encore vû cette Fille’
de Stcnon , et ce n’a été que longatems
après le jour de son emprisonnement qu'il
a _connu le pouvoir de ses charmes; il
n’a garde de faire connoître son amour
à Fréderic , qu’il a interêtde flarer tous
jours delespérance de son Hymen avec
Adelaïcle ; c’esr dans cette vûë qu’il chat
ge ce Prince Danois du soin d’annoncer à
cette Princesse la mort de Gusrave, lui
faisant entendre que perdant toute espe.
rance d’épouset l’Amant à qui son Pere
l’avoit ïdestinée , elle n'apportera plus de
résistance au nouvel Hymen qu’on éxigc
d’elle. Fréderic ne sçait comment annon
cer une si Funeste nouvelle à sa Princesses‘
il craint de lui en devenir encore plus
odieux; elle vient ;_ il la plaint; elle lui
' (k:
35s MERCURE DE FRANCE
demande d’où naissent ses plaintes‘, et
comme il s’obstine à garder le silence ,
quoiqrfelle le presse de le rompre: Ah J.
lui dit»elle,Gustave est mort g il la quitte
sansproferer un seul mot. Elle prend sa
retraite et son silence pour un aveu s elle
ne doute plus de la mort de Gustave 3 la
Mere de ce Prince , qui passe pour une
Suivante izle cette Princesse éplorée , téà
' moigne plus de fermeté 5 ce ui donna
lieu à ces deux beaux Vers d'A elaïde :.
Calme dénaturé ui fait voir en ce 'our A
) I
03e le sang sur un coeur est plus fort que FA‘)
mour l
. Voilà à peu près ce qui fait le sujet du
premier Acte , nous nous y sommes un
peu étendus , croyant Pexposition de ces
circonstances nécessaires pour Finoelligcm
ce de Faction principale. ,
Casimir ayants appris que le prétendu
assassin de Gustave doit en apporter la
tête à Christietne, vient Pattcnclre dans
un endroit par où il doit asser; prêtà
le combattre , il le ‘reconnort pour Gustaé
ve même 5 ce Prince _lui expliquetcom
ment il s’est transporté jusqu’à Stocholm
sans avoir été reconnu; il lui demande si
Adelaïde lui ‘xest’ fidelc 5 Casimir l’en
‘w ayant
F EVR I E R". 173;: 35g
ayant assuré , Gustave lui dit d’un ton de
r confiance :
p sitocholm est libre, et Stcnon est vangé.
. Chtistiernei vient ; le faux assassin qui
lui est toujours inconnu, lui raconte
en termes équivoques ce qu’il veut lui
persuader; il lui promet de lui montrer la _
tête de Gustave , qu’il dit avoir attaqué en
brave homme; il lui demande pour toute‘
récompense, qu’il Iui permette de rendre
à la Princesse une Lettre que Gustave z
mise entre ses mains : Christierne lit la
Lettre , il reconnoît le seing de Gustave :
par ce Billet , Gustave prie Adêlaïde de r
ne pas s’obstiner à lui être fidele après s:
mort, et de recevoir un Epoux de la
_main du Vainqueur; cette Lettre étant.
parfaitement conforme aux intentions de
Christierne , ce Tyran lui permet de la.
donner àAdélaïde, et de Penttctenir sans
' témoins; Gustave se retire; Astolphe plus
méchant encore que Christierne , lui
dit que s’il veut que son Hymen avec
Adélaïde ne soit plus traverä , il faut al)“
solument séparer Lémor de cette Prin
cesse , attendu que cette Suivante l'entre
rient dans une haine implacable contre
lui 1 Christierne approuve ce conseil , et
le charge de. l'exécuter quand il le trouve;
- " . “ rai
,20 MERCURE m: FRANCE
ra à propos -, voilà à peu près toute l’ac-r"
tion du second Acte. ' .
L'entrevue‘ d’Adélaïde ‘avec celui Hi
doit lui donner une Lettre de GustaveËait
le principal incident du troisième- Acte.
Cet incident est prêcedê d’un autre qui.
est très-bien imaginé; le voici. Lê-‘dnot ne
doutant plus de la mort de son Fils, dont
elle n’a été que trop bien informée , ne‘
peut plus se contraindre en présence d’Asa
tolphe ; et pour réprimer Pinsolence de
ses discours , elle se déclare mere de Gusa
rave 5 Asrolphe la fait arrêter ‘sur le
champ malgré les larmes et les cris d’A—
délaïde s cet emprisonnementest absolu
ment nêcessaire pour préparer un coup
de Thêatre qui fait un honneutiirïfini â
l’Auteur. Léonor ayant été arrachée d’en
tte les bras d’Adé-lai'de , Gustave esein
troduit auprès d’ellc ; elle nercconnoît
pas le son de sa voix , soit qu’il soit sup
posé qu’il la contrefassegsoir que neuf
ans d’al'>_sence y ayent apporté assez de
changement our la rendre mécounoissa
ble aux oreil s d’une Princesse , accablée
däilleurs d’une douleur mortelle s elle lit
la Lettre dont on a déjà parlé dans PACtc
précédent‘; elle fait connoîtrc après cette’ '
ecture qu’clle aimera toujours Gusrave ,
quoiquïl la dispense de sa foi 3 à cet heu
{eux
FEVRIER. I733. _3(l
(eux témoignage d’une constance éten
elie, Gustave transporté se jette à ses
pieds ', cette reconnoissance a fait un plai
sir infini; Adélaïde à travers sa joie laisse
entrevoir une douleur donr elle apprend
la cause à Gustave 5 c’est Femprisonne
ment de Léonor qu’elle fait connoître â,
çe tendre Fils pour sa. Mere , dont il avoir
déja pleuré la mort; Gustave ne balance
pas à s'exposer à tout pour la délivrance
d’unc Mere si chete; il quitte la Prinç;
cesse dans le dessein de tout entrepren
dre ; Fréderic vient un moment- après,
toujours soumis et respectueux. Adélaïde
le prie à son tour de travailler à la déli
vrance de Léonor, ce generctix Prince
lui promet de la demander à Ch ristierne ._,
et de tout entreprendre s’il la lui refuse,
Passons à l’Acte 1V.
Astolphe apprend â Christicrne que
cette Léonor qui lui paroissoit si suspecte
s'est enfin fait reconnoître pour Mere de
Gustave. Christierne est Frappé de cette
découverte , mais il l’est encore plus d’un
"nouveau soupçon d»’Astolphe , qui vient
de faire arrêter le prétendu assassin de
Gustave, pàrce qu’il avoir voulu séduire,
à force d'argent, les_Gardes de Léonor ,
ce qui lui fait présumer qu’il se pourroiç
bien que le prétendu meurtrier de Gusta4
_
’
i prétexte dole faire arrêter , de sorte que
a5r6e2‘fMutEGuRstCavUe lRuiE-mêDmeE. ChFriRstAieNrnCeEen,?
tre dansce soupçon ; et our Péclaircit
il‘ ordonne à Astolphe e lui envoyer
Léonor , et de se -tenir prêt faire paroî;
tre le prisonnier qu’il vient de faire arrê
ter, au_ premier signal. Ses ordres sont
ponctuellement éxectrtés. Léonor vient la.
remiere; elle reproche la mort de son
Fils au Tyran; il s'en excuse avec adresé
se : eh bien, lui répond Léonor , si tu
n'es pas complice de la mort de Gusrave,
Prouve-le moi par lc supplice de son as—’
sassin. Chtistierne y consent; on amene
Gusrave , Léonor le reconnoît pour sort
Fils , sans oser proferer un seul mot, mais
yoyant qu’en va lui donner la mort par
l'ordre de Chtistierne : Arrête , dit-elle ,
parlant à celui qui va le frapper : A121’
dm tan Fils , dit alors Christierne: ce
coup de Théatre a parû le plus bel en
droit de la Tragédie. '
Nous passons légerement sur ce qui
reste, pour ne pas sortir des bornes que
nous avons prescrites a cet argument. ‘
Fréderic nfayant pû obtenir de Chrisl
tierne la libettéde Léonor , et d’ailletrrs
‘le Tyran lui ayant dit qu’il prétend lui
même épouser Adélaïde, s’emporte d’u-‘
ne maniere àpfournir à Chtistierne un
le
FÉVRIER. .1733. 3€;
le danger des personnages les plus inte;
tessants de la Pièce , paroît arrivé à son»
dernier période. Heureusement on s’est
avisé trop tard de faire arrêter Casimir
par la’ raison qu’il êtoit le moins suspects
on vient avertir Christierne que tout
conspire contre lui , et que ce Casimir
dont il ne s’étoit jamais défié, avoit, à
main armée délivré Gustave et Fréderic ,
de sotte qu'il ne lui reste d’espoit que
dans la fuite. Christierne vaincu sur la
Mer et sur les glaces , tente un dernier
coup que le désespoir lui inspire; il fait
parente sur le tillac d’un Vaisseau Leo
nor prete a tomber sous un coup more
tel, et par une Lettre qu’il envoye à la
Flore ennemie , par une fieche décochée,
il fait entendre à Gustave que s’il ne lui
rend Adelaïde , sa Mere est morte; Gusÿ
tave ne balance pas un moment à se livret
lui-même pour sauver sa Mere; Adclaide
s'y oppose, nor vient dismsaiipseripnaurtislaepmreénsten;ceenlfientrou...
bic dont tous les esprits sont agirez s elle
annonce que le génereux Fréeletic l’a sauv
rée dans le temps que Chtistieme lui al
‘Ioit enfoncer un poignard dansle sein -, on
amene le Tyran à Gustave , qui ne Clâly
gne pas répandre un sang si indigne, il
ne veut pas mêmt qu'on. attente à sa li
L ' bcrti.
3É4 MER CURE DE_ FR ANCE
bette, et Pabandonnc aux remords, jus.‘
çes vengeurs des crimes; pour Fréderiç
-_i_l a déja pris son parti en Prince géneg
xeux _,ct a fait voile du côté du Danne
marc,-c_>ù les Peuples Iarrendenr Pou;
le couronner. .
La Scene se passe dans le Palais des
Rois de Suede à Stokolm. Le principale
Rôle cle Gusrave est rempli et très-bien
joüé par le sieur Duftesne 5 ceux de Chris
tierne, Roy de Dannemarc, de Frédç
xic , Prince de Dannemarc , de Casimir ,'
Scigneur Suecÿois, d’Astolphe , Confi
dem de Chrigtierne et d’Othon , Capi
raine de ses Gardes , sont joüez par les
sieurs Snrraîin, Grande/al, le Grand,
Montmezzil , et du Breiiil. Les Rôles dÏA
delaïde , Princesse de Suede , de Leonor,
Mere de Gustave,'et de Sophie , Confi-ä
dente d’Adelaïde, sont remplis parles
Dlles Gaussln, Ballycotzrt et Jour/tiret,
' Les mêmes Comédiens ont remis au Théatre
sur la fin du Carnaval ,13 Comédie du Malade
Imaginaire de Molierc; cette Picce zÿavoir point
né représentée depuis la. mort du sieur de la.
Thorilliere, qui y jouoi; exceilemment le pria-f
çipal Rôle. Ce Rôle est aujourcÿhui remph par
le sieur de Moritmcsnil, dont l: Public paroit fort:
sonnent. ' r‘
Le m. Février, les Comédicmvltaiicns remi
un; .
FÉVRIER. 173;. 5'51
rent au Théatre la petite Comédie du Je ne 554i
quoi, dans laquelle le sieur Borne: chanta pou;
la premier: fois le Rôle du Maître 1: chanter , qui
est une Scene parodié: des Fêtes Venitiennes, cg
nouveau Sujet a de la voix et paroît convenir au
Théarre Italien , ayant été applaudi du Public.
Le x9 Février , les mêmes Comédiens donne.‘
rent une petite Piece nouvelle en Vers eten un
Acte, avec un Divertissement , qui a pour m”
PHyuer; comme on l’a interrompue â la secon
de Représentation par Pindisposition de plusieurs
Acteurs, on n'en dira pas davantage ici, Ton,
les Théatrts ont été fermez plusieurs fois à la
même occasion des Rliumes et Fluxions dont
Plus de 13 moitié de Paris est attaque’ cette année.
U
Le 3. Février} le Lieutenant Gcneral de Police
fit Fouverturc de la licite S. Germain avec k3.
ccremonics accoutumees, '
Il n’y a point cette année d’Opeta Comique
à cette Eoire , ce qui paroit asseztxtraordinairc ,
ce Divertissement n’ayant jamais manqué aux
Foires de S. Germain et de S. Laurcnt depuis
» plus de 2.15.3118.
sans
‘su. MER-CURE DE FRANCE
èâèèââôâââètâââââââäâèèê
‘NOUVELLES ETRANGERES.
‘L E TTR E écrite de Consmntinapl: le
1o. Novembre 1732. au sujet d: la der
niere Révolittion de Perse.
Près avoir été fort long-temps ici dans Pin.‘
Acertitude sur les affaires de Perse, on a reçtî en.
"En à la Porte des nouvelles d’Achmet-Pacha,Gou
verneur de Bagdat ; ct voici la traduction d'une
‘Lettre que ce Pacha a envoyée au G. S. et qui
lui avoir été écrite (Plspaham le 9.6. Septembre
flernier par Abdilbaki Kan de Kirmanchah; qui
se trouvoit alors à la Cour de Perse.
Les nouvelles que j’aî écrites à Votre Excellence,
très-Honoré et très-Magnifique Seigneur , vous
surprendront moins qu’un autre, parce que Parto
ance et Pambitiou sans bornes de Thamas Kou‘
Â-Ka-n vous sont connuës depuis long- temps;voi
ici ce que j’ai â -vous apprendre dïnteressant qui
regarde la situation présente de cet Empire.
Thamas Kouli-Kan , après avoir subjugué la,
Provineede Yerak , s’étoit livré à des idées am
bitieuses, qui lui avoienr- fait concevoir le des
sein de {emparer de la Couronne de Perse; et
comme il lui falloir un prétexte pour süpproe
cher dflspaham , ‘il publia qu’il vouloir, faire la,
guerre â l’Empire Ottoman, et sans attendre
d'ordres formels de Schah-Thamas , il parut dis
poser son Armée â se mettre en marche.
Le Roy de Perse, â qui la conduite de son
Premier Ministre émit devenuë suspecte , comme
V.
FEVRIER. 173;.‘ 3E7
E. en a été déja informée, et qui avoir con
moissance de ses projets, ambitieux a lui écrivait
de ne pas s'avancer avec PArmée et (Partcndre
ces ordres dans 1c KhorassamThamas Kouli-Kan,
‘qui avoir ses vües , obéit et se contenta de sup
plier le Roy par des - Lettres très-soumises , en
apparence , de Lui envoyer ceux de ses Ofliciera
ou Ministres en qui il auroit le plus de confian
ce , pour qu'il pût conferer avec eux sur les inte
xêts de l’Etat, et leur communiquer ses desseins ct
ses vûës.
Thamas-Schah ne se refusa pas a‘. cette proposi
tion , il nomma plusieurs Députcz qu’il choisit
parmi les Seigneurs les plus qualifiez de sa Cour,
et quilui étoient le plus aflitiez. Ceux-cy se ren
dirent â l’Armée de Kouli-Kan , et ce Geueral
pour les engager à ajouter plus de foi â ses paro
les, destins. pour le Lieude la Confereuce , l’en
ceinte du Tombeau de Plman " Rizn, Personna
ge tenu pour Saint et extrêmement révere’ parmi
‘les Persans. Il commença la Conférence par don
ner aux Députez des assurances de la sincerité de
de ses sentimens , qu’il accompagna des sermens
les plus terribles , leur disant qu’il n’avoit rien
tant a coeur que d’en donner des preuves à son
Souverain; que les soupçons du Roy , dont il
ravoir lieu de shppercevoit, le merroient au dé
sespoir , qu’il les- ptioit de les effacer de Pesprit
de ce Prince , et enfin qu’il n'avoir point d’autte
vûë , en voulant conduire lÏArmée dans la Pro
vince (Ÿlspaham , que de la faire passer vers les
* Il faut lire Ali-Ridha , la I/I II. des rz.
fameux Imam , ou Chef} de la Relzginn Musul
mane , descendus: dïdli et reconnus. tels par les
Persan; , ème. ,
H ij Fron
35s MERCUREDE FRANCE
4
Frontieres de Turquic pour vangcr PEmpite de
toutes les cruautcz que les Turcs avoient exercées
dans les diflerentes Provinces de Perse.
Les Députez se laisserent tromper à ces appa.
rences de sincerité et de bonne foi , et Thamas
Kouli-Kan les renvoya en les chargeant d’une
Lettre pour le Roy , par laquelle il marquoir â
ce Prince qu’il ne se regardait que comme le der,
nier de ses Esclaves, qu’il m'avoir d’autre ambi
tion que celle de travailler pour son service et
pour safloire , que cependant lorsqu’il se seroit
approch (Plspaham ‘avcc FArmée, il ne fe
Ioit aucune démarche sans son ordre.
Le Roy ayant regtî cette Lettre , bien loin d'4.
jorîter foi aux protestations de son General , sor
tit (Ÿlspaham avec ses femmes et tous ses Effets
les plus précieux, et allacamper a‘. cinq journées
delà dans un lieu appelle Serchemë , dans Pan
cienne Bactriane , à dessein deramasser autant
de Troupes qu’il lui seroit possible, et d’en for.
— mer un Corps dmrmée capable , en cas de be
soin , de résister aux forces de Kouli-Kan , ré—.
solu à tout evenement, et dans le cas d’unc
grande extrémité, de se réfugier dans les Etats
du G. S.
Cependant ce Prince , qui au péril de sa vie ,
vouloir maintenir le dernier Traite’ conclu avec
la Porte, écrivit à son Géneral les‘ raisons les
plus fortes pour le détourner de faire la guerre
aux Turcs au préjudice cle ce Traité, ajoutant
.que s'il aimait tant la, gloire et la prosperité de
la Perse I il pouvoit signaler sa valeur en portant
. la guerre dans le Pays des Tartares Usbecs , dans
celui des Aghuans et jusques dans les Indes , qui
lui offraient des Pays assez vastes pour contenter:
son ambition; qtfien un mot iltlui deifencloit
‘ ttesg
FÉVRIER. 1733. 3'69
très- expressément et sous peine de desobéissanî
ce _, de faire avancer son armée dans la Province
dïspaham. " ' '
Sur des ordres si _
pàrti de feindre, dit qu’il étoit disposé d’obéi'r ,
et il en écrivit en ces termes au Roy son Maître .
ajoutant seulement qu’il étoit d’avis d'envoyer un
Ambassadeur à la Porte pour demander la resti
tution des Provinces dont le G. S. avoir conservé
la possession par le dernier Traité, et qu’en at
tendant le retour de FAmbassadeur , il resterait
campe’ avec PArmée :1 Serahanmde. Mais dans
le même-temps qu’il paroissoit si soumis , il.
écrivit â tous les amis qu’il avoir à la Cour, ou
son crédit et son autorité lui en avoient fait
un grand nombre , de mettre tout en usage pour
effacer les soupçons du Roy , et de Pengager , â
force de prieres , à quitter son Camp et a rentrer
dans sa Capitale. V l K ' I 1 '
Les Partisans de Kou i- an s’em o erent avec
tant de zele et parler-en: si eflicnceâen}: cn faveur
de sa rétenduë fidelité , qu’ils dissiperent en
partie lies soupçons de Schah-Thamas , mettant
eu oeuvre toute sôrte dîartifice pour le rassurer,
ensorte que ce malheureux Prince se laissant en
fin entierement persuader, quitta son Camp e:
rentra dans lspaham.
_‘A peine le General en eut reçu l’avis, qu’il
uitta Serahanende et sa premiere démarche fut
Èenvoyet ses Ofliciers les plus affidez avec de pe
tits corps de Troupes oqcuperhles poptcs les plus
im ortans des environs ’ls a am r ( esorte qu’cn
péri) de temps il se vit maîtrlé de tous les passages
par où le Roy auroit pû sortit de cette Ville,
qu’il tint , pour ainsi- dire, bloquée, prenant en
même-temps des précautions pour que l’on ob
H iij servit
précis , Kouli-Kad‘ prit le‘
C \
\
370 MERCURE DE FRANCE
servât tous les mouvemens de ce Prince , et pour
qu’il ne lui fût pas possible de prendre la Fuite.
Après avoir ainsi disposé les choses , il écrivit
a ses amis qGi étoient Îuprès de Schah-Thamas ,
«Pengager ce Prince à Pinviter de se rendre au
près de sa Personne. Le Roy säpperçut trop
tard de la facilité avec laquelle il avoitajoûté foi
aux paroLes de son General; mais se voyant en
vironné de ses Ennemis. sans secours et hors
d’état «le rien entreprendre , il fut contraint de
suivre les mouvemens qu’en lui inspiroit et de
\
concourir lui-même a sa perte.
Il écrivit de sa propre main â Thamas Kouli
Kan , pour l’inviter à venir recevoir des marques
de sa satisfaction et de sa bienveillance. Ce perfi
de Ministre n’eut pas plutôt reçu la Lettre due
Roy qu’il s’avança vers Ispaham , suivi de son
Armée , Scbah-Thamas en étant averti, donna. '
des ordres pour qu’en‘ lui fit une Entrée magni
fique , l1 vouloit aller lui-même â sa rencontre
pour Phonorer davantage; mais le Genetal crais- '
gnant que dans une cérémonie qui alloit donner
lieu â un si grand concours de Peuple , on n'at
tentât à sa vie, refusa , sous les apparences d’une
feinte modestie , les honneurs qu’en lui offrait,
et fit dire au Roy qu’il se rendroit dans son
Qxartier suivi de peu de monde.
Il arriva le cinq de la Lune de Rebiulakliir à
une Maison Royale qui n’est éloignée dîspabam
que d’une lieiie. Il fit camper son Armée aux‘ en
virons , et après y avoir séjourne’ deux jours . il.
fit demander au Roy une Audiance , en exigeant
de ce Prince qu’il seroit seul dans la Sale ou il le
recevroit , ce qui lui ayant été accordé, il entra
‘dans I spaham avec quelques Troupes et les prin
cipaux Ofliciers de son Armée. 1l fut introduit de.
* W11“
FÉVRIER.- 1733. 37»;
—--_.
van: le Roy, et au lieu de se présenter dans Pétat
respeéctueuxdquàconvient â un Sujetb, il säjssit en.
la r sence u o , sans en" avoir o tenu a cr
milgsion ; mais qugique par cette démarche iïefie
laissé appercevqir son orgueil , ‘il ne laissa pas
(Ÿemployer encore la feinte. _
Il rapproche du Trône où Schah-Thamas étoit
assis , et dit à ce Prince qu’il étoir son premier»
Ministre , et qu’en cette ualité le soin des affai.
IE8 de l’Etat et de la Famillle Royale le regardait,
que S. M. devoir être persuadée de sa fidelité par:
les services impomns quîil lui avoit rendusgnais
ue si elle avoit encore quelques soupçons sur sa
deliié, il la supplioitpar tout ce qu’il y a de
plus saint et de plus sacré , de concevoir des idées
plus favorables , et d’êire persuadée qu’elle ifa
voit point d’E>.clave qui cxposât plus volontiers
sa vie que ‘lui pour son seivice.
Le Roy réduit ‘à la triste izecessiié de ménager
ce Traiire , répondit qu’il étpit persuadé de sa fi
delité , que c’étoit à lui, comme Premier Minis
tre , de remédier aux désordresde Pfizat , et qua
détoit dans ce dessein qu’il le faisoit dépositaire
de toute son autorité. ‘
Après un assez long entretien avec le Roy,»
Kouli-Kaii sortit de la Sale d’Audiancc environ-m
né de tous les Courrisans; et commençant de
faire usage de Pautorité qui venoit de lui être
confirmée, il fit arrêter deux des principaux Of
ficiers de la Couronne qui étoient les plus affec‘
tionucz au Roy; ils fuient par son ordre dé
poüillez de tous leurs biens , releguez dansle Kog
rassan et leurs maisons abandonnées au pillage.
Ensuite , sous prétexte que Schali-Thamas voua
loit voir passer ses Troupes en revûë, il envoya
des ordres â son Aimée pqu: se rendre â lspa...
- H iiij barn
G i O
'37; MERCURE ne FRANCE
ham; et feignant toujours qu’il agissait ar les
ordres du Roy , ce perfide Ministre r forma
tous les Ofliciers qu’il connoissoit attachez à leur
Souverain, et enrichit de leurs dépouilles ses
Creatures et les Soldats dont il avoit gagné Paf
fcction par ses liberalitez. w
Les choses ainsi disposées , il proposa au Roy
de venir dans son Qrartier , où il vouloit, disoir
il, le régaler splendidement, et cela pour faire
connaître au Peuple que S-M. lui avoit rendu
toute sa confiance , ce qui produiroit , disoit-il ,
un grand avantage pour son service. Schah-Tha
mas se voyant en quel ue maniere force’ de se
prêter aux insinuations e son Ministre, se ren
Ç dit le 9. de la Lune de Rebiuleuvel au Camp,
éloigné, comme‘ je l’ai dit, d’une lieüe de la.
Ville, il y fut reçu ‘avec tout l'honneur et tout
le respect qui lui étoit dû, Kouli-Kau Pengagea
d'y passer la nuit.
Mais le lendemain, ce Rebelle ayant fait as
sembler les principaux Olficicrs de son Armée ,
de concert avec les Courtisans qu’il avoit engagés
dans son parti, il leur ‘représenta le Roy com
_me un Prince imbécile et absolument incapable
d: gouverner l’Etat; il ne veut point, ajouta-t’il,
dentier son consentement pour faire la guerre aux
Turcs; c’est nn Prince sans courage , il faut,’ le
détrôner et établir en sa place Mirza-Abbas son
fils, il esnâqla vcritéoencqre au berceau, et n’a que
4o. jours , mais je gouvernerai le Royaume en
qualité de Régent, toute la Terre s’appercevra
bien-tôt de ce changement.
Cc discours fut applaudi par les Partisans du
General, et les plus fideles serviteurs du Roy fu
rent contraints de dissimuler; on se saisit en
même-temps de la personne du Prince , qui fut
«Pabord
" e
FÉVRIER. 173;.‘ 373i
D
däibord mis en prison, et deux jours après il fut
conduit dans le Korassan , avec une escorte qui
eut ordre de passer par les Deserts et dæêvirc:
avec soin les lieux habitez, crainte que le Roy‘,
ne fût enlevé par les Peuples. On n’a laissé à ce
malheureux Prince que deux Eunuques et quel
ques Esclaves. r
Le 17. du même mois, Kouli-Kan se rendit à
Ispaham avec une pompe et une magnificence
Royale , et étant descendu au Palais des Rois , il
fi: publier la déposition de Schah-Thamas et
Pavenement à la Couronne‘ de Mirza-Abbas, En,
même-temps ce Prince dans son berceau fut pla.
_Cé sur un Trône où tous les Grands vinrent lui
rendre hommage; cetEvenement fut annoncé
dans toutes‘ les Mosquées , et l’on frappa de la
Monnoye au coin du nouveau Souverain.
Après cette cérémonie, le Rebelle Kouli-Kan,‘
vêtu d’une Robbe Royale , portant une Cou
ronnc sur sa tête , et place’ sur le Trône , reçut:
en qualité de Régent du Royaume , les compli- ,
mens de .tous les Ofliciers de la Cour, il entra
ensuite dans la Harem de Thamas-Schali , y vio
la la Soeur du Roy, fille de Schah-Hussein,
Princesse d’une extrême beauté , et dont la vertu
étoit géneralement révéré: de toute la Perse , il
se saisit aussi du Trésor Royal et geuerale
\
nient de tout ce qui appartenait a la Couronne,
e vous dirai très-Honoré Sei neur ue cette
7 fi
action est détestée de tous les Peuples , qui jus-'
qu’alors avoient consideré ce General comme le
Restaurateur de la Patrie , et le Ministre le plus
zelé que le Roy piît trouver. Cette opinion a dé
generé en haine publique; mais il ne se trouve
personne qui ait assez. de résolution pour faire
paroître ses sentimens. La timidité des Peuples
1-1 v donne
,74 MERCURE m; FRANCE
donne le temps à ce Rebelle de grossir son parti,‘
de se faire des créatures et d’écrase‘r tous ceux
qui pourroient lui donner de Pombrage. Les
cruautez . les rapines , les vexations sont inoüies,
les Grands-Seigneurs passent tout d’un coup de
PEtat le plus opulent a une extrême indigence ,:
les Musulmans sont immolez dans les Mosquées.‘
enfin je ne finirois point ma Lettre si ÿentrois
dans le détail des abominations ,des excès et de‘
tous les crimes qui se commettent; toutes les tiv-,,
chesses qui sont abandonnées au pillage des Re;
belles , sont partagées entre les Troupes venuës
du Korassan, dont Kouli-Kan se ménage Falïec
tion , et dont je. vous envoye l’Etat détaillé avec!
ma Lettre.
Ces Troupes lui sont si affectionnées qu’elles
Iépandroient tout leur sang pour son service , ce
indépendemment de cette Armée, qui est d’en
_viron zçooo. hommes , Cavalerie et Infanterie,
-. ilpeut avec beaucoup de facilité mettre sur pied
' encore 2.5590. hommes de Troupes d’élite.
Au reste , comme il est persuadé que ïArtille-J
rie Persanne n’est pas à comparer à celle des
Turcs, il a résolu d’attaquer le Tutquestan pat
trois differens endroits , afin d’occuper les Haq‘
bitans du Pays de façon qu’ils ne‘ puissent don
ner aucun secours au Séraskier , ne voulant risquer
aucun Evenemenrqui puisse dépendre de
Peffort de PArtilIerie Et si V. Ex. se renferme
avec ses Troupes dans Bagdat , Kouli-Kan se pro
pose de bloquer cette Place avec une partie de
son Armée , et d’employer l’autre partie à rava
ger la campagne pour afïamer la Place. Uorgueil
_ de ce Rebelle est si outré et son ambition si dé
mesurée , qu’il regarde tout le reste du Monde
comme sa‘ pro ve et saacon uête.Voilâ scioneuru
I D
. ‘ / la
FÉVRIER. I733. 375.
la véritable situation des aiïaires de Perse. Au
reste , Vordre et le commandement dépendent dc
celui qui peut tout. ,.
Ces nouvelles ayant été reçâës â la Porte, elles
du: donné lieu à un Conseil , auquel ont assisté
tous les Ministres ct les Principaux de la Cour.
Il y a été déliberé que le G. S. écriroit des Let
tses à tous les Gouverneurs des Provinces de Fer
se , pour les exciter à prendre les Armes , pour
Vanger leur légitime Souverain , contre les entre-æ.
prises de ce nouvel Usurpateur ; avec promesse ,
de la part de Sa Hautesse, de les soûtenir de
routes les forces de’ son Empire , dans une Citer
re Sl iuste.
-. P o L o G N E.
V‘
E r6 Février , jour de Farfivée du Roy si
Warsovie , ou publia au Palais que sa santé
étoit bonne , et que S. M. avoit résolu de pas-a
set quelques jours sans paraître en public pour
se reposer ‘de la fatigue de son voiage; câpendaut
le Roy étoit ti-ès—incoiiin1odé;_il sou roit au
pied des douleurs tres-vives , et il avoit une fié
vrelente, accompagnée de beaucoup de foiblesses
et d’un tres-grand dégout. Le lendemain et les
jours suivans, le Roy reçut les respects. des Sena
teurs et des Seigneurs de la Cour; et quoiquïl
fut toujours aussi indisposé , il voulut le 1.; ,
veille de Pouvtrturc de la Diette generàlc . S0
rendre du Palais au Château ,pour assister le
lendemain à la Messe du S. Esprit , â la Prédicau
tion 3C!’ aux autres cérémonies qui précedcnt,
Yllssemblée. Les Médecins s’y opposerent avec
tant dïnstance, que S. M. s’étant renduë a leur
représentation , envoya chercher le Reférendar.
\ _ H V) Il:
37s ME RCURE ne FRANCE.‘
te de la Couronne , et le chargea de faire sça-v
voir de sa part aux Sénateurs , qu’elle ne se trou
geroir point à lrgrande‘ Messe et a‘. la Prédicaw
tion; que les Nonces pouvoient sïassembler com
me â Pordinaire, pour ptocederà l’Election d'un
Maréchal de la Diettc , et que lorsqifelle seroit
faite, S. M. ne ditfereroit point de se rendre au.
Château , pour y recevoir leurs hommaoes.
- Le 1.6 , jour de l'ouverture de FAssemtblée , les
Sénateurs et la plus grande partiede la Noblesse,
se rendirent au Palais, pour y apprendre des
nouvelles de la santé du Ro ; et S. M. en ayant
été avertie , Elle, fit entrer ans sa Chambre le
Grand et le Petit Maréchal de la Couronne ,_ee
M. Osarowski , Député du Palatinat de Zator 5
lequel en cette qualité étoit Direzteur de la
Chambre des Nonces , parce que la Dieteparti
euliere de Cracovie n’en a point nommé pour
assister S la Diette. Le Roy après les avoir ex
lortez â se conduire toujours avec zéle pour
1e bien public , les assura qu’elle n’écouteroit
point les ménagemens qu’en lui ordonnoit pour
sa santé , lorsqu’il s’agiroit de seconder leurs
bonnes intentions , et ‘qu’elle se rcndroit au Châ
teau , dès que les Nonces pourroient venir au
Ïrrône. .
Au sortit du Palais, les Nonces ailerent au
Château , et ensuite à PEglise Cathédrale , où ils
assisterent_'_â la grande Messe , et à la Prédica
tion. Après cette cérémonie, les Nonces s’assem
blerent dans leur Chambre, et M. Osarowski,‘
Directeur , ayant pris le Bâton , fit un Discours
â l’Assemblée , pour faire connaître de quel in
terêt il étoit pour la Répupiique de faire re-‘
gner dans cette Diette plus d’union que dans
les précedcntes , et de ne ioccupet que du bien
public.
FÉVRIER. i733? 377
public- On voulut cë jour-li proeeder â l’Elcc
tion du Maréchal de la Diette, mais elle ne put
être faite dans cette séance ; et ce fut le lende
main que M. Osarowski fut élu.
Le même-jour , le Vice-Chancelier et le Petit‘
Maréchal de la Couronne , allerent apprendre‘
au Roy l’Election du Maréchal de la Diette, qui
le soir eut Phonueur de voir S. M. ’
Le 2.8 au matin , les Députez de la Chambre!
des Nonces , nommez pour rendre compte au
Roy de cette Election, eurent audience de S. M
qui les reçut dans sa Chambre. Le ÿice -\Clian-—
celier répondit à leur Harangue, au norri du
Roy , que 3. M- feroit sçavoir au Maréchal de,‘
la Diette , quand elle seroit en état de . se rendre
au Château , et qu’Elle désiroit que PAssembIÉC
continua: de délibérer sur les affaires publiques.
' Depuis ce jour-li , le Roy se trouva plus mal 5
ses forces diminuerent. Le 3o , à midy , il sentie
des douleurs tries-violentes dans le bas ventre , et
on s’apperçut en même-temps d’un dépôt qui se
formoit à la Cuisse. Le Roy ayant connu le
danger où il étoit, fit venir FAbbé de S.Germain,.
François , Prédicateur de la Cour, il se con
fessa, et il se prépara ensuite â communier le
lendemain ; mais vers le milieu de la nuit, le mal»
ayant augmenté , il reçut le S. viatique etPEx
trême-Onction ,il mourut le i. de ce mois à 4.
heures du matin , âgé de s; ans , 8 mois et 19-:
jours , étant né le I1. May i670. .
Frederic Auguste. Roy de Pologne , Grand.
Duc de Lithuanie , Eleeteur de Saxe, naquit le
11 May de l'année I670. il étoit fils de Jean
Géorge III. Electeur de Saxe , de la Branche:
Albertine , mort le n. Septembre 169i. et d’An
ne Sophie , fille de Fxederic 111. Roy de Daim:
muclg
3'78 MERCURÉ DÈFËANCE
marck. Il succeda à PElcctorat de Sïne . au mois "
d’Avril_169+. après la mort de jean-George IV.’
son frere aîné , qui mourut sans enfans. Il fut '
élu Roy de Pologne le I7 Juin 1697, et canton
né le zr Septembre suivant; Il avoit épousé le
1o de janvier 1693 . Christine Everhardine de
Brandebourg Eareith , qui mourut le 5 Septem
bre 172.7, âgée de 5-6 ans, et ne laissa qu’un fils,
qui est Frédéric — Auguste‘, Prince Royal de
Pologne, et Electoral de Saxe, â present Electeur, ‘
né le 7 d’Octobre :596. et marié en i719. avec
Marie-Joseplæine dfluxriche , fille aînée du feu
Empereur joseph.
A L-L r. M A c; N e.
LA nouvelle (le là‘ mort du Re)? de Polognc‘
étant arrivée â Dresdepn fit comme on avoit
fait à Watsovie après la mort de ce Prince : on ï
ferma d’abord les Portes de la Ville , les Collé
ges , les Tribunaux cessetent leurs fonctions , et ‘
les habitans témoignerent par leurs regretsxom- ‘
bien ils étaient pénétrez de la grande perte qu’ils
faisoient. _
Le lendemain , 5 de ce mois , le Régiment de
Rutowsxi , fit hommage au nouvel Electeur
Frederic-Augustget prêta serment de fidclité
entre les mains du Prince jean-Adolphe de Saxe
Weisscnfels. On ouvrit ensuite les Portes de la
Ville , ct les Tribunaux reprirent leurs fonce
’tions.. ‘ '
Le 6 , le Regiment de Solkowski , prêta pilé"
rcillement hommage et sernnent entre les mains
du même Prince; tous les autres Regimens doi- '
vent en faire autant, et le General de Baudis z
xeçu ordre d’aller reçevoir le Serment de la Cava« î
' * -' ‘ lexic.
FÉVRIER. i733. 379
krie. Lenouvel Electeur â reçu les complimens‘
de condoleance des principaux Ofliciers militai-e
res , de tous les Ttibunaux et Communautés dlt
Pays , S. A. R. les a fait assurer chacun en par»
ticulier de sa protection , et Elle a confirmé dans
lents Charges les principaux Ofliciers de sa Cour.
Les Resctipts et Ordonnances sont i‘ pre sent
pour Préambule: Son Altesse Royale de Pologne;
et de Litbuanie, Electmr de Saxe , 85e , et ils sont .
scellez des Armes de Pologne et de Lithuanie.‘
ITALIE.
O N écrit de Naples que le Mont Vésuvc a4
jctté depuis peu bcaucoupxle Flammes’; et
comme on a observé que lorsque ce Volcan pa
roît embrasé , on éprouve rarement des trem
blemens de terre , on se flate d’être délivré de ce
Fléau , au moins pour quelque temps.
La Ville de la Cava , située dans lrPrincipau;
té de Salerue, a été fort endommagée du dernier
tremblement, et 1”Evêqtte a. couru risque rfêtre
enseveli sous lesruines de son» Palais , qui a été’
entietemcnt détruit , ainsi que PEgIise du Dôme, '
celle des Religieux Mineurs de FObserVa-nce , et’
leur Convent.
Par les Lettres de la fin du mois dernier , ou
apprend qu’on avoit ressenti âNaples , et pres
que dans tout le reste du Royaume , de nouvel
" les secousses de tremblement de terre; la Ville de‘
Benevent en a essuyé pendant plusieurs heures de
tres-violentes; la plupart des Églises et des auq
tres Edificcs qui avoient résité au dernier trem
blement ont été fort endommagez par celui-cy ,..
et tous les habitans , et lüflrchevêque même , ont
été obligea de sorti: de la Ville , par la Crainte:
- dïeue
386 MERCURE m: FRANCE
d'être accablez sous la ruine des Maisons.
On apprend de Messine , que vers le même;
temps, le Mont Etlina avoit jetté un nombre pro»
digieux de grosses Pierres , qui ont causé de
grands domtnages dans les environs, et dont
quelques-unes ont été portées jusqu? Catane ;
que cette éruption avoir été précédée d’un brouil
lard épais; qu’ensuite on avait" entendu un bruit
affreux , qui avoir fait croire que le Volcan al
loit être englouti; que quelques minutes après ,
il en étoit sorti une fumée noire . qui avoit obs
curci tout l’horison ; qu’à cette fumée, avoir suc
cédé Péruption dont on vient de parler ; et que
depuis , le Volcan avoir jetté toutes les nuits ,
et équielqluefois pendant le jour, une grande quan-y
ttt e ammes. .
EspAcNr. .
e
LE Roy a été malade à Séville d’une fluxion ;
accompagnée de fièvre; et il a été saigné
deux fois; mais cette indisposition n’a point et:
de suite , et l’on a appris que S. M étoit entie
rement rétablie. ‘ ._
On écrit de Barcelone . que ç Vaisseaux de
Guerre , chargez de Troupes et de Munitions ,
sur lesquels il s’cst embarqué un grand nombre
de Volontaires , ont mis â la Voile pour se ren-u
dre si Otan, d’od on a appris qu’une partie de
PArmée des Ennemis étoit toujours eampée â 5
licuës de la Place , et qu’elle n’avoit point enco
re paru dans le dessein de former aucune nous
veIle entreprise sur la Vine.
On apprend de Ceuta , que les Maures s’en
étoient rapprochez, mais qu’ils n’osoient se trop
avancer à cause du grand feu de l’Artillerie- de la
Place; qu’ils avoient voulu tracer le Plan d’un:
- flou-ä
FÉVRIER. 1733.’ 38s
Ïouvclle attaque , et que la Garnison avoit de;
truit tous leurs Travaux. ‘
On a appris depuis que le, nombre des Tentes
du Camp que lesMaures ont formédevant cette
Place , est considérablement diminué; ce qui
donne lieu dé croire que le détachement de Ca
valerie , composé de xyoo Noirs . qui s’y étoit
rendu de uis quelque temps avec un pareil nom
bre dïnffanteric , s’est retiré. On attribuë cette
Retraite aux troubles qui continuent dans le
Royaume de Maroc. et on assure que les Noirs
sont fort mécontens de la conduite du Re!
regnanu ‘ '
P o R ‘r u c; A r.
N mande de Lisbonne qu’il étoit entré
dans le Port de cette Ville , depuis le 3o du
mois de Decembre 173 r. jusqu’au 2.7 du même '
mois de l’anne’e derniere , 8;; Vaisseaux Mars
chauds , dont n; sont Portugais , et 74.0 sont
Étrangers ; sçavoir . 5-9 François , s34. Anglais,
m9 Hollandois, 2.x Suédois,8 Espagnols, g
Hambourgeois , z de Trieste , a Maltais, r Gé
nois et un de Dantzick; sans compter gVais-Ï
seaux de Guerre, et io Paquebots Anglois, et, _
7 Vaisseaux de Guerre Hollandais.
Le Roy ne voulant recevoir â l’avenir , dans
ses Troupes que des Officiers qui ayent toutes
les connaissances nécessaires à leur profession ,
a établi à Lisbonne, à Yana , a‘. Elvas et à Al
meyda, quatre Académies, dans lesquelles les‘
jeunes gens qui seront destinez à porter les Ar
mes, pourront s’instruire de tout ce qui peut;
regarderFArt Militaire. Les places dOEnseignes
seront remplies par ceux qui se distinguerons
dans ces Académies , et aucun Oflicier ne polàrrêl
- » tre
2s’; MERCURE DE_ FRANCE
Èire admis dans aucun Poste , iusqu"â celui de
Colonel, qu’il n’ait été examiné auparavant par
Hngénieur Général du Royaume , en presence
des Ministres du Conseil de Guerre et de la luntc
des trois Etars. S. M. a aussi résolu de former
dans chaque Régiment dïnfanterie une Com
pagnie (Pingénicurs, qui auront seuls droit de’
prétendre aux Places de Capitaines de ces Com
pagnies, et qui pourront parvenir à celle de Serg‘
gent Major dïnfanterie.
- GRANDE BRErAsNE.
l E 2., du mois dernier , la Chambre desiComa‘
nunes alla présenter son adresse au Roy , qui
y répondit en ces termes .- '
MESSIEURS, _
Ie «vous remercie des respectueuses assurances.
que vous m: donnez. de votre zeÏe et de ‘votre uf
fiction pour mai. Lu résolution ou vous êtes u’:
prendre dans w: délibérations les mesures qui
cantriéueront le plus au bonheur et au verituôle
interêt de tous mes Sujets , m’est tres-ugvéuêle , et.
je ne doute point que de ni âarïnes intentions ne
vous procurent lu âonne opinion et Pestime de mon.
Peuple. ‘
Le rapport de cette réponse ayant été fait âla
Chambre , elle résolut d’accorder un subside au
Roy , et de supplier S. M. de lui faire remettre‘
les Etats de la dépense de Fannée courante. '
Le 9 de ce mois , la Chambre des Communes
-cn grand Comité , résolut d’accorder 8000 hom
mes au Roy , pour le service de la Flore, pen
dant le courant de cette année, et de lui _fournir
un subside de 4reooo livres Sterliu , pour
cette dépense. ,
Le
FÉVRIER. 173;. 38;‘
Le 13 , la même Chambre accorda à S. M.
17709 hommes pour les Gardes’ et. Garnison!
dans le Royaume , et dans les Isles de jersey et
de Guernesey, y compris les 18 r; Invalides , et
‘sacs çyy hommes , qui forment les six Compaa
{mes . indépendantes , employez contre les Mon
tagnards d'Ecosse. Elle accorda en même-tempg
pour l'entretien de ces Troupes , un subside (‘le
5532.16 liv. Sterliu , un autre subside de 77816
liv. Sterlin , pour la dépense de PArtillerie, et une
somme de r37; liv. Sterlin , pour quelquäutre
dépense extraordinaire, ausquelles le Parlemenl
n'avoir pas poutvû dans la derniere Session.
Le u. , vers les 5 heures du matin , le feu prit
dans le Faubourg de Southvark, â un Magazin
deGoudton, qui fut entiercment consume’ - par
le; flammes 3 quatorze Maisons voisines furent
réduites eu cendres . etplusieurs autres fort eu
dommagées.
% sæasassmææsgsaassss; "s:
F R A N C E:
Nom/elles de la Cour, de Pari: , ch‘:
E 2 de ce mois , Fête de la Purificac‘
tion de la Sainte Vierge , les Cheva
lîers,Commandeurs, et Oflîciers des Or
dres du Roy a s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit ‘
revenu exprès de Marly pour cette Ceré
monie , S. M. tint un Chapitre , dans Ie-Ë
quel PArçhevêque d’Aiby , et PArche:
vêquq
384, MERCURE DE FRA'NCÈ
vêque de Vienne, Premier Aumônlerdu
Roy , furent nommez Prélars , Commane t
deurs de l'Ordre du S. Esprit , pour rem? *
Elir les deux Places‘ vacantes parla m0155"
de l’Archevêque de Lyon et de”l‘fivîs”z
que de Metz. '
Le Roy sortit ensuite de son (Apparte
ment, pour aller à la Chapelle , S. Mat
étoit précédée du Duc d'Orleans,du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty _,- du Duc du _Maine, du Pr.
de Dombts , du Comte’ d’Eu , du Comte
de Toulouse, et des Chevaliers, Coma.
mandeurs et Ofliciers de l"Ordre.Le Roy,‘ ' '
devant lequel les deux Huissiers de la
Chimbre portoient leurs Massesfitoit
en Manteau ,_ le Collier de POrdrel par
dessus , ainsi que les Chevaliers; le CarÂ
dinal de Bissy,et le Cardinal de. Polignac,
Prelars Commandeurs , marchoient der:
riere S. M. v v
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession. et à la Grande
' Messe, célébrée ‘par l’Abbé Brosseau ,
Cliapelain ordinaire des la Chapelle de
Musique -, et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumêes.
L’aptès midi , le Roy entendit le Ser
mon du P. l: Fée/ra, de la Compagnie
4c Jesus, et S. M.“ assista au; Vespres ,
ch’!!!
F E V RIE R)‘ 173;.‘ 38;
chantés par la Musique. Vers le soir, la
Roy retourna au Château de Marly.
Le 29 Janvier: on fit par ordre du
QRoi, un Service Solemnel‘ pour le repos
de l’am'e du Roi de Sardaigne , Victor
Amedée , dans l'Église Métropolitaine ,
ui étoit ornée et éclairée avec beaucoup
fie magnificence. L’Archevêque de Paris
y ofiicia pontificalement. Le Duc d’Or
‘leans , le Comte de Clermont et le Prince
de Conty , qui étoient les Princes du
deüil , allerent à l’Ofl‘tande avec les ceré
moniçs ordinaires , en longs Manteaux,‘
dont la queuë étoit "portée par le Baill y de
Conflans _, le Marquis-‘de ClermongChe
valier des Ordres , le Comte de Billy , le
"Chevalier de Villefott , le Marquis de
Bourzac , u: le Chevalier de Causan , tous
Premiers Gentilshommes de la Chambre _,
pu premiers Ecuyers de ces Princes. p ‘
' Après POfFertOire, l’_lîvêque_ de Vente-e
prononça l’Oraison Funebre avec beau;
coup dîoêlcquence. Plusieurs Archevêa
ques, et Evêques se trouver-enta ce Servi
ce , ainsi que le Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des Aydes , PUni
iversité et le Corps de Ville qui y avoien:
été invitez de la part du Roi , par le
Marquis de Brezé , Grand- Maître des
Çerémoniçs,
‘ Descfig;
586 MERCURE DE FRANC;
Description du Catafalque.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
Latriré un si orand concours et tant d’admira—
leurs , mérite biîn que nous entrions li dessus en
Îquelque détail. On voyoit d’abor.d à la façade de
l'Église , au-dessus de la principale Porte , une
grande Tcnture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis däârmes. Sur le milieu éroir
placé un grand morceau peint dflrchitecture de
18. pieds de. haut, sur 12.- pieds de large, ceiarré
par le haut , où étoieut les Armes du Roy de Sar
daigne ,_avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de F/Irmonciade , sous une Couronne
Royale , soutcnuë d’un CÔlé par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d’un Groupe
de Nuées , 8cc.
Sur les deux aurres Portes latcrales . on voyoit
les Chiffres du Roy Vicror Amcdée, dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommécs, et posés sur le même lez de ve
Jours.
Toute la Nef étoit rendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres, alterna,
çtivemeut , rehausscz d’or et dflargent. Sur la
_Tenture de la façade du Jubé. étoienr rrois lez de
velours chargez d’Armes , ôcc. Sur la Porte du
Choeur, on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d’éroffe d’un.
doublé Æhermine, dans un Chambranle de Mat
bre blanq , avec eleux Guaisnes aux extrémircz et
deux Lions au-dcssus servant de suporfaux Ar.
mes de Savoye.
Le Catafalque étoit placé â deux toises et de
mie de Penrrée du Choeur, consxruir da‘ns la Nef,
su:
.F'EVRIER. 173;: 387
sur un Plan‘ de i4, pieds et demi de long, sur m.
pieds 3. pouces de large et ç. pieds de hauteur; et
pour le dessus de lfléstrade , 1o. pieds 1o. pouces
sur 7. piedsÎde large 5 les quatre Angles avancez
a‘ Pans coupez, formant des Fiedestaux’, entre
lesquels se trouvaient six degrez â chaque face,
sur le devant des Piedestaux des Consoles sail
‘lantes , de r 8. à 2o. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant cha
cune une Girandole de cinq lumieres ; le tout su:
un fond de Marbre dOEgypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s’élevoit un ordre Ionique,
dont les quatre Colornnes en or, composées de
Iaisseaux, de Picques. liées ensemble avec Ban
deaux et Festons de Lauriers en argent, tournans
en torse au pourtour, et dïotl sortoient des bran
ches en argent. qui portoient sur chaque C0..
lomne soixante lumieres ; leurs Architraves, Fri
ses et Coi-niches en Marbre blanc. sur la Frise de;
Muflies de Lions , en or 5 de-même que les 01'!
nemens et Moulures des Entablemçns.
_Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s’e',
' levoient des Courbesfibrriiant une espece de Balda»
quin en or, ayant à leurs extrémitez. des Conso
‘Ies en or qui soutenaient une Frise , d’en to_m.—
boit une Campanne en or, sur un fond noir avec
des Larmes et Glands dîargent {au-dessus de I2.‘
Frise , une grosse Monlure de Baguette en or ,
arnie dhgrarïes d’argenr , d’otl sortoient des
Ëranches «fargent, portanr (le-même des lumieres;
au-dessus une Gorge de six âsept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or.
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , den
puis PEntabIement jusqu’â son extrémité , étoi;
xgarni de plus rie zoo. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable.
su:
m MERCURE DE FRANCE: i
‘Sur les degrez de PEstrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estradc s'élevoir un Zocle à Pans cou.
pez , se terminant par un adoucissement de deux
ieds de haut, sur‘ lequel étoit poflâ le Tombeau.
de Marbre Pottore , soutenu par quatre Conso
les en or , ayant des têtes de Lions e_t terminant
par bas en ornemens , d'où sortaient des Pattes
du même animal . et aux quatre flancs du Tom
beau , dans des Couronnes cle Lauriers , le Chif
fre, et des flambant renversez par derrierc en
‘Sautoirs. La Représentation du Tombeau étoit
couverte d’un grand Poële (Plâtolïc d'or bordé
«Yflermine , croisé de Moire d'argent et canton- .
né d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau, la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d’un Crêpe , et le Man
teau Royal, d'Etoffe d'or à fond rouge, bordé et
double’ dOE-Iermine , qui tomboit jusques sur l’Es
trade , autour de la Représentation, Sur l’Estra
de , plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem.
‘bloient être jettés négligcamment sur les mare
ches de PEstrade.
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jus.
qu’â Pextremité de la Couronne , étoit surmon
tée par un Pavillon très-riche, dont les Pans et
les chutes avoient x9. aulnes de long , ornées de
bandes dT-Iermines, et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de ,8. Chandeliers d'argent aveç
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Cata
falque , dont les chutes du Pavillon ‘étaient re
troussées par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
dirlferens côtez. Le
I
FE V_ RI E R. 173;.‘ 389’
' a Le Pourtour du Choeur , distribué en x8. Ara
cades , dont dix ouvertes , foncées de noir, où
l’on avoir pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoiene
ornées d’un ordre. düärchitecture Ionique, les
Pilastres ayant-z7. pieds de haut jusqu’à l’Enta
blement , les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
d: Mort enveloppées d’Aîles dessechées , et cou
vertes d'une Draperic d’argent, formant des chu
tes à Paplomb des Volutes. su: chaque Pilastre
on voyoitune manierc de Cartouche ou Epita
phe en Marbre blanc , de diffcrentes formes; les
uns enveloppez et surmonte: d’une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bor
dure, d’Ornemens , et toûjours au milieu de cha
cun le Chiffre de Vicror Amicale’; , avec une Gi
xandole de cinq lumieres. Par le bas, les fonds
des Pilastres en vert dOEgypte ,.les Corps et arrie
ICS-COLPS de Marbre blanc; les Bases étaneca
chées par un Socle de deux pieds et demi de haut.
sur lequel étoit poségun Trophée d’Armes de 4 a‘.
g. pieds de haut, en oie; tout le surplus de PAL-chi.
tecture , Corps , arriere» Corps , Corniche, Af
uagale , Archivoltes , peints en Marbre blanc.
- Sur la Corniche s’élevoit un (Attique de r4.‘
pieds , les Pilastrts de même ‘Marbre , tombant
a‘ plomb sur ceux dont on vient de parler. Des
Chapiteaux toruboient en Trophées, une Tête de
Mort avec des Ailes et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre, un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d’Her
n1ine,.au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes, et il {ortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts 8re.
. sur la Corniche ait-dessus de chaque ouverture,
I des
....
39h M =E R-CUR ‘E ‘DE F R AN-C E
,d:sv\Cha-ntoumez , en Mmbreblanc rfami noir, '
‘semé de larmes dflargent , ayant chacun une Tête
de Mort au-milieu , avec des Ailes», portant cha
cun 4.1. lumieresnsur la même Corniche , â» l’ ..
plomb des pilastres , des Vases en argent , fond
poix , portant chagrin .9. lnmicres.
Le yremier leu de velours étoit placé, æu-dtssug»
de la Corniche de PAttique, à gogpieds de haut,
chargé dmrmeæetchifies , et semé de Croix e:
de Larmes-därgmt‘, et sur Paplomb des Pilasv,
mes, un Blason avec diflerens Trophées «immunes;
- Le second lez de velours servait de Friseâ l;
Corniche , semé de-même que le prunier, et de
Triglifis composées ait-dessus des Pilastres , e;
suc le milieu des Archivoltes étaient-de grand;
Cartouches, dom la Couronne passoit sur l'As
rtägalc et la Frise de laCorniche. Ces Cartouches
étaient ornezdes Armes des Ordres , Couronnes ,
Jîestons cleCy-prês et autres attributs, en q: et en
argent , et sdütntres , alternativement, avec des
chiffres-et Manteaux dflîtoffc d’or et d’ Hermine,
et au bas de chacun uneGirandole de s. lumieres.
.—Du haut de FArohivolte ,des deux côte; de
chacun des Cartouches , tombaient des Rideaux
Peints en noir, retroussez au-dessons des Im
postes , tombant en chutes .le long de Partierec
Corps des Pilastres ; Ale tout orné de Erangeset de
y Qordonsen argent et semez cle Larmes, Sec. Les
« appuis des ouvertures des côte; de 3. Pieds de
haut , le æilieu- plus élevé et orné atkdessus
‘de Pélevation , dfun Vase en argent et fond
noir . portant une» Piramitle‘ de u. lumieres;
au Pied des» Vases tombaient v des Pressoir: de
cyprès en or ,- accompagnez les uns de dan;
‘figures rehaussées dhrgeut , tenant desflatnu
beaux c: d'autres y êïfiîmÿtïiîflflläflî ,
' ‘ e. .: ; gycç
"FÉVRIER. 1733‘. -3;;
«avec des. Lions, comme "supports des Armes.‘
Le Plafond des Stades avoit une Moulurc do
rée au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bor
dure de Trcfles en forme de bandeau de Couron
nes;_cha ue Trefle portant une bougie derricreI
un filet e lumieroe 3 devant chaque Pilastre e;
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumie
rps gqui intcrrompoit «par Groupesla-Bordure de
lumieres. ‘
'- Du dessous de la Moulute des Stales tomboit,
le troisiéme lez de velours , de même arrange
aneut d’Armes et de Chiffres que le premier , se.
rué der même, ayant de surplus des Festons her
"minez. de distance en distance , e: qui envelop.
poilant les Cartouches qui étoicnt sut 1c lcz de
velours.
Lwutcl était surmonté d’un Dais de n. pieds
su: 7. pieds, avec des Campannes dedans et de
hors , en argent , sur fond noir; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir, semé de larmes et en
touré de Frange dütrgent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond.
et la qucuëîcroisée deMoire därgent. et canton
née d’Armes;eaux deux ëPilastres à côté tomboicnt
des Trophées des ‘Instrutnens qui servent aux
Cenéruonibs Mortuairences. deux Pilastrcs ac
compugheuet soutenus par deux grandes Con
solesvde Marbre blanc, avec une Girandolede
sept branches, posée sur le ‘milieu de la. Volutte.
.Beu'x« diriges prostornez , rehaussez därgcnt ,
sur 1m Groupe de Nuées, qui rêpandoient en
‘partie snrlcsCousoles le surplus de ‘la Décora-_
' tienjaisaut simétrie avec te Pourront du Choeur,
q-leeresve de‘ PAuteJ orné avec une magnificence
convenable et éclairé d’un grand nombre de ,
CiexgtsJce. . _ , .
c. ._ ' ' i ij Tout!
494 MERCURE DE FRJÆ NCE
la nuit fut close , on ne ‘pouvoir se conduire‘
qu'à la clarté d’un flambeau , dont on ‘voyoit i»;
peine unexpetite _lueur à six pas ; et malgré ce
secours on ne laissait pas encore de s'égarer , en‘.
sorte que quantité de personnes, qui après avoir.
beaucoup marché , se croyoient-dans leurs quar
tiers et fort près de chez eux , étoient fort éton
nez de s’en trouver encore très-éloigneLOn dit que.
les Aveugles des. (gitan-Vingt: qui se retiroienr
vers la chute du iourfurent d'un secours merveil
leux â diverses personnesj qui ils servirent de gui»
des jusques dansleurs rnës. Les Lanternes ne don
noienr aucune clarté , et à peine pouvoir-on ap
percevoir celle sous laquelleon étoit. Les Ofli
ciers dcPolice firent retirer tous les Fiacres des,
Places, et on «n'a pas o-üi dire qu’il soit arrivé;
W
äucun accident.
"I.e z. Février , il y eut Concret Spirituel 312e
Château des Tuilleries , on y executa un Moter
de M. de la Lande, Emetwit, qu'on n'avoir
pas encore entendu, et un autre Motet de feu
l'abbé Gnvenuï, qui est un excellent morceau de‘
MusiqueJe-Dominus rtgmwit termina le Concert,
qui fut précedé de dilïerentes Pieecs de Symphonie,
dont l-OExtcution“ fait‘ toufours beaucoup de plaisir.
Le 7. le sieur Buanmcini , cy-dtvant Maître
de Musique des Empereurs Leopold et Joseph ,
connu par un grand nombre d’Ouvrages de Muw
sique en tout genre, et entfautres, par 78. Open
de sa composition , qu'il afait executer en Ira.
lie, sa Patrie‘, à la Cour devienne, et en An
gleterre, fit chanter au même Concert de la Mu
sique Latine , ‘qui fut trouvée admirable dans
toutes ses parties , tant par la composition que
par Pexcecution. Ce Concert finit parle Q5418
frmmemm ,-Motet de M. de la Lande.
_ p F’ É VAR ÏÉTIÏ.’ r7”: 39;
Genrde M. lüfirmbassadeur de‘ Venisefirent‘
{ramener parlaVille, pendant lesdermers jours’
du Carnaval , un magnifique-Chariot. tiré pard’
Chevaux superbement harnacheLLe Chariot étort‘
précedé de quarante Masques â cheval ,-en habit"
de differentes Nations. Il représemoit par sa for
aine uneGondole dorée et ornée de difîerentes fis’
gurts symboliqpes , sur laquelle il y avoitplu-p"
sieurs Gradins diiïerens étages,‘ qui étoient oc«
cupez par des Musiciens etpar des Syrnphonis:
tes masquez , jouant de diflerens lnstrumensu
äpute la Machine étoit surmontée d’un grand‘
. rasol âla Chinoise qu’on baissait et haussoie
dans le besoin , par le’ moyen‘d’un Ressort , afin’
que le Char pût passer par tout, et principale
ment par la Porte S: Antoiiie.C’est en cet endroit
que le Spectacle fut le plus brillant , par le con
cours des Carrosses remplis de Masques et des‘
‘autres Mascarades âpied et ai cheval, qui se joi-‘
gnirent en file au Chariot , et qui occuperent‘
«pendant long-temps tout le (Lnartierde-la Porte‘
‘et du Fauxbourg S. Antoine , où un Monde irr‘
fi-ui étoitaccoutu pour les voir‘ passer.
i Le 2.}. Février , la-Loterie de la Compagnie des’
Iaidcs , Êablie-éeponr le Remboutsementdes Aec
rions, t tir en la inaniere accoûtumée , à
Tl-lôtel de la Compagnie. La Liste des Numerus
‘gagnans’ des Actions et Dixiéme cl’A,c‘tioiis , qui
doivent erre remboursées , a été rendue publique
faisant en tout le nombre de 3 14.. Actions. '
BÉNÉFICES DONNEZ
‘Abbaye de 3." Vincent u-Luc‘, Ordre de
. S- Benoît , Diocèse d’Ol . vacante parle
décés de M. «PEvêque de Dax , à Mulflîeêque de
___Vence, . l iiij L’Ab—
39's MERCURE Dis-FRANCE
L’Abbaye de Lagny, Ordre de S. Benoit. Diba‘
cêse «le Paris , vacante par le décès de PAbbé de
Gontault , â FAbbé de Bcauvillicrs , Clerc Ton;
su ré. _ r
L’Abbaye de Valbonne, Ordre de Cîteauxe,‘
Diocèse de Perpignan , vacante par le décès de
M. de Montesquiou de Prechac , â M. de Tard
de Caluo ,_Chanoine de Pcrpignan.
L’Abbaye de S. Ambroise de Bourges , Or—'
dre de S. Augustin, vacante par le decès de
PAbbé de Gontault , à M. düflbbadie d'Arbou
cave. _
Lüflbbayc dç Thorigny . Ordre de Citeaux‘,
Diocèse de Bayeux , vacante par le decès de
M. de la Chatcigncraye Sainte Foi, â M. du
_Q1esnoy , Vicaire General de Coutances. ‘
L’Abbaye de Thiers , Ordre de S. Benoît‘, Dio
cêse de Clcrmont, vacante par le decès de M.
de la Cthateigneraye Sainte Foy , â M. Chatei
i ner de la Chateignerayc , Clerc Tonsuré.
L’Al>baye de Châtres ,_ Ordre de S. Au ustin ,‘
Diocèse de Perigueux . vacante par le ecès de
M. de Segonzacfà M. de Cahusac. A
L’Abbaye dïssoudun , Ordre de S. Benoît,‘
.Diocêsc de Bourges‘, vacante parle decès‘ de
Ml Blet , i M. Perrin.
Celle de la Magdelaine de Chateauduw, Ordre
de S. Augustin , Diocèse de Chartres , à P/lbbé
Gallë de Coulangcs. x v
Le Prieuré de S. Maurice de Senlis , Ordre de
S; Augustin , â PAbbé Drouin , Conseiller au
Parlement.
Celui de Garrigue , Ordre de Gramont, Dioä
cêse d'Agen , à PAbbé de FI-Ierme.
Celui de S. Mat t'es Prez , dépendant de l'Ab-'
baye de S. Michÿ
Gourneuve.
en FI-lerm: , à F-Abbé de b.
3 .
F E V R I E R.» 173;. 397
iUAbbayé de jouy‘, Ordre de Citeaux , Dio
cèse de Sens, a été donnée depuis quelque tems
à. PEvêq-uc de ‘Rennes. - gssaaaaaisaiaaaasaaaa2A2
l ‘M0 R248 E2‘ MAR 1.495s. ï
Aime Louise de Brunet de Bo_iss_el.,i.veuve
{le M. j. ‘Baptifte du Qclliand , Marquis de
la. Lande , LieutenantfGéçetal ï des Animées _du
Rpy et Gouverqcurdu Neuf-Brisas}; , mourut.
à Montpellierlle 2o. Janviçra‘ I _
Arthur, Comte de Dillon , Lieutenant Gene
ral des Armées du Roy ; mourut à S. Germain
en Laye le 5, Feyrier , âgé de 63 ans.
‘Dame Françoise-Magdelairxe-Claude de Wa
rigniés de Blauville , veuvede M. Bernard de
la Guiche , Courte _de S. Geran , Chevalier des
Ordres du Roy ,. Lieutenant General de ‘ses Ar
mées , mourut â Paris le s. de ce mois . âgée de
78. ans ; elle avoitété Darne du gzlais de la
feüe Reine. . ,
D. Marie Baillot , veuve de M. Philippe Tri-ê
_ boulleau , Écuyer , Seigneur de Bondi , Presidene
d‘es Tresoricrs de france ,p mourut le r2. âgée
d’environ go. ans.
D. LouisvMagdeleine Bmlard du Broussîn,‘
Épouse de M. François de-ia Vergne ,Chcvaq
lienMarquis de Tressanpinvamvant veuve ne M.
François julles «lu BoussegChevalier, Marquis de
Roquepine, Brigadier des Armées du Roy et
Mestre de Camp de Cavalerie , mourut àParis
le 1;. de ce mois , âgée de 63. ans.
D. Aune Berthelot, veuve de M. Louis de
i. g 1 V BËÂLÏ.’
398 MERCURE DE ‘FRANCE
Beauvais. Gouverneur des Châteaux de Madriti .,
et de la Muette. Capitaine des Chasses de la
Plaine de S Denis et du ‘Bois de Boulogne,
mourut le i 3. âgée de zo. ans. _
M. François de Jullienne . cy._devant Entre-æ.
preneur de la Manufacture Royale de Draps et . .
Teintures en Ecarlatte , établie près les Gobelins
â Paris , mourut le rçsFevrier dansla 79. an.
néè de son âge: les grandes charités qu’il ré
yandoit sur les pauvres du fauxbourg S. Marcel
1e font géneralemenr regretter.
Du Regne de Louis XIV. sous le Ministere
de M. Corbert , il lui fut accordé en x69 t. des
Lettres Pmenres ‘registrées en Parlement pour
Pétablissement d’une Mannfacturede Draps fins, ;
façon d’Espagne,' düflngleterre et ‘de Hollande ,
Ïui fut joint â celui defeu M—. Glucq ,‘son beau
rere, aussi pourvu en 1667. de Lettres Patentes
forcent établissement dans routes les Villes du
Royaume pour les Teintures en Eearlatte et cou- '
leurs hautes, à ‘lafagon de Hollande ‘dünt il.
étoit natif.
" Ces deux grandsitærblissemens ont-été réiinis: .
par Arrêts-relu Conseil en r7ztren la personne:
i du sieur jean de Jullienne, neveu des sieurs.
Glucq et François de Jullienne, qui a‘ toujours.
travaillé a perfectionner lesdits Btablissemens ,_
qui sont en ttès- grande réputation.
l =La maladie de Madame de‘ franceiaroisiame
Elle de L. M. commença le i;.de.ce mois. Les.
diEerens remedes qu’en employa les jours suie
vans nä-iyant eu aucun succès , et le 18. au soir
cette Princesse s’étant trouvée à l'extrémité ,r.
PAbbé de la Gai-lait, Aumônier du Roy en quar.
tier , en présence du Curé de la Paroisse du
Château de Vcæsaifles . lui supgléa les céremo
- mes
FE VRI Ë R.‘ “!7;3'. * 39g
nies du rBaptême . etellc furnonxmée Louise: '
Marie , par le Duc de Tallard ct par la Duchesse
de Talla-rd , Gouvernante‘ des Enfans de France.
Le 1A9 , vers les trois hautes du matin , cette
Princesse mourut , âgée de 4. ans t. mois et u.
jours , étant néc- le 1.8. hlillet 172.8. Le même
jour son Corps futvcxposê dans son lit,â vingt
découvert. ‘
Le 1o ,_il fut ouverte: tmbaumé; et après l’ ..
voit mis dans le cercueil {on Pcxpoÿsa dans sç
Chambre, où il dcmeuta jusqtfau 2;. au soir
qu’il fut porté â FEglisC d: lflabbætyc Royale de
s; Denis. La marehc se fit dans Perdre suivant.
Deux Caresses du Roy , dans lesquels étaient’
les fcmmçs de Chambre de la Princesse; un troi
siéme- Caresse-de SSM. où étaient les huit G61]!
tilshomtnes ordinaires . destine! à porter le cet,
outil ct les quatre coins du poële de drap chic
gent qui‘ le couvrait : ‘un détachement d; go.
Mousquetaires de la sccondc- Compagnie; unf
pareil-détachement de la prunier: Compagnie;
goChcvaumLegcmg des Pages de la gtandc çt
de‘ la. petite Ecutie du Roi», ct des Pages dc'la
Æéinc, étaient à cheval {devant/le Caresse du»
Roi , dans lequel émit le Corps de la- Ppinccssc‘;
u des valets de pied de Le Ml entouraient l? Car
xosse , après lequel marchaient le détaqhemçm
des Gardes du Corpus yo- Gendarmes ai-ls pou.
mient tous des flambeaux. LaCatdinal-dc Roy‘
han, GtantLAulnôitiet de France‘. qui faisoit la"
Gërcmonic , étoit dans le Catossc du Çotps à la
droite, ct il pOEEOÎI le Coeur: la Princesse dcv
Gonty ., Achoisie par le Roy pour accompagne-t ‘
leCorps , étoit "âla-‘vgauchc , cfcllc avoit avec
elle laPrinccssc de Rohan ; la Diftltçssè de Ta};
lard ,.. Gouvernante des Enfants» de France , étui! ‘
BÏvj vm
. L ,
‘:5:
4.00 MERCURE D E FRANCE
vis-â-vis le Cardinal de Rohan , et la Darne de
la Lande , Sous-Gouvernante . et lfAbbé de la.
Garlaie, Aumônier du Roy _ étaient aux portie
res. Les Carosses de la Princesse de Conty cr cc—_
lui du Cardinal de Rohan fermaient la marche.
Le Convoy passa par Paris entre onze heures
et minuit , et il arriva à PAbbayc de S Denis zî
deux heures du matin. Le Cardinal de Rohan
présenta le Corps au-Prieur de PAbbaye , cri!‘
fit Pinhumation. Après cette Céremonie, le coeur
fut porté dans le même Caresse â P/lbbaye
Royalle du Val-de-Grace. .
' D. Marie- Elizabetli de Creil, veuve de Char-Ï
les-Nicolas . Comte cH-Iauteforr , Maréchal des
Camps et Armées du Roy et Sous-Lieutenant
de la second: Compagnie des Mousquetaires
de la Garde du Roy ,' mourut le 2.1. dans la 6°
année de son âge. -
N; de la Salle , Ingenieur en chef à S. Omer.
Capitaine au Regimén: de Normandie , Cheva
lier de POi-dre Militaire de S. Louis . mourut
le 2.1.. âgé de 6;. ans environ.
jean-Baptiste de Rochechouart , Comte de
Morremart, fils de jean-Baptiste, Comte de
Rochcchouarr , Marquis de Blainvillc 8re. et de
D. Marie - Magdeleine Colbert de Blainville ,,
épousa le 1o Fevrier D. Elconor-Gabrielle Loui
se-Françoise de Crux , fille düflrmand-Gabriel
de Crux , Marquis de Montaigu 8re. et de D.
Angelique-Marie- Damaris Eleonor Turpin de
Crisse’. Le Roy et la Reine avoienr {igné au Con;
{tact de Mariage deux joins- auparavant. '
__ F-E V R I" Ë R. 1'733.‘ 4o‘:
‘ai»i«ai«ra.t»i»i»i«H-ei«e«i«r.i.s.s..s«r-i—+sz«et«ar-etc
' ARRESTS NOTABLE S.
3 RR EST du 6. Janvier, qui proroge jus-â
- qu’au dernier Décembre 173;. le délai pot‘
té par celui du premier Janvier 1731. pour la‘
_ «modération à moitié des droits de marc d’or et
frais de provisions, réception et installation des
Offices taxez vacans ou de xiouvellcs créations ,
qui se leveront aux Revenus casuels pendantlc
courant de ladite année 173;. u
A R R E S T du Parlement, du 3. Février 1733;.‘
entre joseph-Alphonse de Valbelle, Evêque de
S. Omer ;d’une part , et les Dames Abbesses de
Blandecques et de Raversbergues , et PAbbé
de Clairvaux , Intervenant , d’autre part; par le
quel il est dit -n’y avoir abus en Pordonnance
de PEvêque de S. Orner , par laquelle il avoiz '
interdit de routes fonctions lesdites Dames Ab
besses , faute par elles de Pavoir averti un mais,
a‘ Pavance cle la Vêture et Profession de quel
ques filles qu’clles avaient rcgiîësRcligîeuscs dans
leur Abbaye. '
ORDONNANCE DE POLICE, dm
5- Février , qui fait deffenses à tous Marchandsf,
Bourgeois er Habitans de la Ville et Fatibourgs
de Paris , et notamment _â eeux qui logent dans
h ruë de la Tannerie et aux environs de la Place
de Greve , de faire aucun Magazin de Charbon
et Poussiere de Charbon , dans leurs maisons, â»
Peine de cinquante livres dämende; et qui or‘
donne , sous les mêmes peines, que dans huitain
ne pour tout délai , ceux qui en ont actuellement
en Magazin , seront tenus de le transgorter sur,
le Port delaûtxéveg
u.
m. M ER ou R413" os- rim Ncg
A R RE SAIT ‘ du io-t Février, au sujet. dfimg’.
‘Tliese de Theologiet» v »
PAlL-erêrRociyus. ”etaîtira' i't repr.ésenter en son- Consei-l ,. .
se ‘c _ ésito. I ars i7;i_. parmquels’; Mans“;
. tort r F-VBIaACOHHOEFSÆIHCC, ainsi gin} est,
foÿltîpar ledit Arreudes disputes et contestations. -.
:1522;éËOEHIïCICYËCS-ûuâuätt des bornes/de 1’au_ .
deffetidant Câ51r3a5’uque Ï 'c adplilsämcc Saul-me’ i
semblé: Ddlîséses" me” e me aucunes As‘
l: A‘ s , P i rations V , Actes , Déclarati. ons,
d Ëqttesn oursuites ou Procedures albccasion -
fiséites disputes; notamglfien: au Facuioez de.
A oogie et de Droit Civil et canonique, 43..
‘peimetttelaucunes disputes dans des Ecoles sur
cette rnatiere; et S. Nl.ay-ant pareillement fait»
examiner en son Conseil , la Tliese SOÛtCnuë,-cn
_3°‘b°"n°‘l° 9- d“ Presmtiflnls , par le sieur de
Meromont _ Bachelier en la-Facuké de Tliéolo
file ; Elle auroit reconnu que cette These contient”
es expressions qurpeuvent donner lieu de rc.
âîÏvellerbllcsdÂteË disputes , ou Ter; agiter d’au
veut cmgaiaetesi dater“ aliranqul i" ‘que .1-.6 .R°7‘
é A _ u n r ans son Oyaülflfl’; a quoi crane
Ë cessairede-pourvoir, Sa Maieste étant eii son -
onseil , a ordonné et ordonne que ledit Arrêt
du 10- Mars i731. sera éxccutérselon sa 5951m3;
à‘??? t}? lcoosecfiuetîçze fait (ÊCEÇIISCS {a
t l1 l -‘ e- to ogre‘ e ari-s ,' e permett‘ '
ÆIGUDCS dlSPBICs dans les Ecoles sur lesdites ma...
zflëfls: Enioint au Syndic-de ladite Faculté , (Pyt
tenir la maria; et de veille; àgcg qufl 1B3), Soit
Éämfievenu tiséltsiTliescf qui seront soutenuësç
je; mâîlîtces ignrvcscrëant a clic seule de; prïelre ‘
na es pour conserve .es ' oits
çdes deux, Puissances , conformémenëÿgcc qui "
zcstnyorte‘ par leditsAreett Ordonne en bÿäc 8'32:
MW“ i T“ 1351W ThCSc-duditsieur de. croie
Ï monter"
F E VR I E R; I733. 4o;
la Constitution Unignitus : Q
avion! ,sera cr denæeuterereupprimée ; enjoint 224i
tous ceux qui en ont des- Exemplaires, de ‘les re
mettre incessamment au Girffedu sieur Herault
OEonsciller d’Etat , Lieutenant general de Policea.
de la ville de Paris , pour vôtre supprimée. . -
ARRESI ',du n Fév. au sujet diun Ecrit, 8re. a
Le Roy étanrinforme’ quîon répand dans le
public un Ecrit quia pour titre z Lettre de 11/1072
mgneur llEvêque Ducr-de Lnan , à Manmgnrw -
le Cardinal de Flaury, du r Nnwmâre 173i. im
primé sans Privilege ni permission , etsans nom
«flniprimeut ; avec i cette Note au bas eiudit;
Ecrir t sans Plnprimëräpandta à Lu» en 17 3 3.
SafMajtsré auroirjugé âxproposide le faire exa
miner en son Conseil; et par le compte qui lui
en a été rendu , Elle ûurfll-E reconnu, que non
seulemnnt il y a eu une ztïectation criminelle. â .
fiire imprimer une Piece de cetteenature ; mais .,
que la Lettre en elles-même, est canrraireau res- v
pect qui est dû alSæ‘ Majesté, puisqtfouenrrea.
prend d”)! contlzîàttre celle qnïfille æfai: écrire...‘
aux Evêquesde sonRoyaume, pour les exhorf
ser â éloigner , par lcurisagesse‘, tout cepqur J
pouvoir y alterer l’umon ou la P311; enscnvxr de
prétexte pourdiminuer la soumission qui estïdtîë -
ue zdîaillenrs on.
y agite des questions capables rfentreteni-r erg
d’augmemer> une division, que SuM. a etren vûë“
dc faire cesser , par la Lettre même 3. laquelle
on répond; Qfiohfly trouve enfin desexpres
sions , qui peuvent-a uiblir ou donner lieu «ré.
lnder ‘les maximes du tRoyaumqet-qufiainsi S.-M.
estcÿautant plus-obligée därrêter promptement
Icycoursv d’une telle entreprise , et. d’en prévenir:
les suites , qu’en maintenantle respect qui lui est!
dû.‘ Elle donncrazen‘ mémevtemys une nouvelle
' ' BRU“;
U»- _ u...“
‘e04. MERCURE DE FRANCE
x
preuvedc son attention continuelle a éteindre la
feu que les derniercs disputes avoient allumé , et
qui n’est pas moins contraire aux veritables inte
rêts de l’EgIise,qu’au bien de 1’Etat; à quoi étant
necessaire de pourvoir. .83. Majesté étant ‘en son
Conseil , a ordonné et ordonne que ledit Ecrit ,
intitulé: Lettre de Monseigneur PE-vêque , Duc de
Laon, à Manseigmæur le Cardinal de Fleur] , du 1
Novembre i7ii.-au bas duquel sont ces mots ;
Sur Plmprime’ .. répandu à Laan m 173;. en
semble tous les Exemplaires dudit Ecrir , qui peu
vent avoir été imprimez ailleurs , si aucuns y a ,
seront ct demeureront supprimez {comme con
traires au respect dâè Pautorité du Roy et à la.
hstice, tendant â donner atteinte aux maximes
diu Royaume , à émouvoir les esprits , et à trou
bler la tranquillité publique. Enjoint à tous ceux
qui ont des Exemplaires de ladite Lettre , de les
remettre incessairimeut au. Grefie du sieur He
rault , Conseiller d’Etat , Lieuzenam General de.
Police cle la Ville {le Paris , pour y être ‘suppri
mez. Fait defifenses a tous Imprimeurs, Libraires,
Colporteurs et autres , de quelque état , qualité
et cpndition qu’ils soient, d’en vendre , débiter ,
ou autrement distribuer , à peine de punition
exemplaire. Enjoint audit sieur Herault , et aux.
sieurs Intcndans et Commissaires départis dans,
les Provinces du Royaume , d'y tenir la main ,
chacun en ce quiles regarde. Ordonne au surplus.
s. M. que l’Arrêt par Elle rendu le V; Sept. x73 i.
ur faire cesser toutes disputes et contestations
au sujet de la Constitution Unigenitus , soit exég
cuté selon sa tbrnie et teneur, Et sera le presenc
Arrêt , 8Ce.
Jiitiusr ou PARLEMENT, du i; Février ,
qui ordonne la suppression de trois Écrits; irpfl
prune; ' i i ' ‘
FÉVRI È R. 171g.‘ 4e}
— ‘Ce jour . les Gens du Roy sont entrez, et
Maître Pierre Gilbert de Voisins,‘ Avocat dudit
Seigneur Roy , portant la parole , ont dit:
M s s s 1 E u R s y .
On ne peut passer sous silence un imprimé tel
que celui que nous apportonsà la Cour; et pour
reconnaître la nécessité d’y interposcr’ notre mi
nistcrc , il n’tst presque besoin que de vo‘ir ‘le ti
tre des divers objets qu’il présente aux ‘ yeux du
Public. i ‘
Dans Pespace d’un: même‘ fcüillc , se trouve
d’abord une Lettre qui s’annonce, comme écrite,
5 Monsieur le Premier Président, par M.Leullicr,
Doyen de la Faculté de Théologie, en faveur de
la These qui fut soutcnuë le 3 r Deccmbre det
nier; Tliesc que la Cour a si solemncllcmcnt
condamnée par ses Arrêts , des y et 7 Janvier
,suivans;cnsuite une autre Lettre prétenduë tic
M. Plivêque de Laon au même Docteur, pour le
féliciter à ce sujet; et enfin deux Formulaires
‘qu’on suppose que M. PArchevêque d’Ailt—Fait
signer dans son Diocèse ,sui' laConstitution
Untgenitut ; l’un , pour tous les Ecclésiastiques‘,
avec une Addition particulier: pour les Conftsä
scurs ; l'autre , pour les Religieuses , qu’il oblige
toutes de signer , a‘. ce qu’on prétend.
Dans une feuille‘ de ce genre , sans caracttre
et sans aveu, cc qu’il semble que l’on doit cort
sidcrer le plus , c’est le mauvais effet qu’ellc est
capable de faire dans le Public ; et a‘ ce su
jet les Discours sont inutiles. Ulmprimé re—
mis sous vos yeux , vous convaincra mieux par
lui-même. On ne peut trop-tôt Pôter des mains
du Public ;et la suppression la plus autcntique
est la moindre précaution qu’ou puisse emploie:
contre un tel scandale.
S’iI
4o‘! M 12R C U RE rDË‘ FR‘ AÏNCË
Sil-l fautquelque chose de pins, comme‘ i}. 31m.‘
lalle qu’il est. difficile de ne le pas désirer-gnou;
vez bon , Msrsruuks, que moins touçhçz.d’a_p“.—
profondir les vrais Auteurs , soit des Ecritsv mê
mes . Soit dcämprïsäon -,- trop: arrêtions routes v
pas v ësau ' nsoi "a e nous devons sur»
tout aspirer; nous voulomize , d'un côté-â ailfcrmir
de plus en plus Pautorité de nosMaxi
mes ;-et de Pautre, à rassurer le Public contre der
pouvcaur Formulaires , don: ridée seule pcutï
Pinquiéter. ’
_ On voit assez. avec combien d'impatience‘.
quelqiîes esprits que letîr penchanä entraîne, souF- -
trent attention ue a Cour orme lus ne
‘jamais à laronseîvation» de la Doctrige et Îles‘
Maximes de la France , au milieu de tant d'agi
ïlations et de troubles si ca ables de les alterer.»
-_Dc quelques mains que paftent les deux Lettres -
imprimées , elle scldéclarent rropindecemment,
«sur tout la seconde , contre les deux derniers
Arrêts de la Cour. Q1; ce soit pour nous un
Jflvtif pour y ajouter de nouvelles précautions‘;
Ldäutant plus que celles qui ont été prises dans
cette occasion particulicre, peuvent laisser enco
re quelque chose à dcsiier.
Elles n’ont pourtant pas élé entieretnenr im
fructueuscs. Si-la These condamnée n’étoit pas
alors seule exposée â éprouver un pareil sort; si
quelqwautre avoiréclzappé précedcmmînîlâ Pat
eention ne notre ministere est obli ’ e onner
a ces obÿets; s’il en étoit actucllemeâî qu’en étoit
prêt de soûtenir; ces i demictes la plupart sont
demeurées suspendues â la vuë de vos deux Ar
’ prêts; et depuis quelques jours il en paroi: où se
reconnaît en plus. d’un endroit le pur langage
de nos Peres. '
k s’il pouvait s’en trouverencore qui parlasscnt
un
«utn:-loasn‘gagle’æElifiVéreRn"tF;.Eil.Rest.. dign1e7.3M;i;sllläÿksy.
Je. votre sagesse , de prévenince mal pour Pave, l
._nir_ ,a_1_1tant qifil est possible, plutôt que dfavoii
â le réprimer. Le. malheur le plus ordinaire au;
jpurdfilmiile nos Maximes, est de se trouver
compromises trop avant dans les disputes du
gteemmbpsl.c Lqua’cohnalnee.iuptudiesssePsa;rttise.soeund-rreesta‘ lsaiecnaufsex.plr
guet, qifen vué des derniers troubles de 1 Egli
ses; et que suivant les ÔIEÛIÊDIÊSV situations ,.oni
ne songetquî s’en appuyer , ou a.s’ei1 défendre. V
outefois elles sont inde endantes de toute tlis»
pute et detontc diversit de conionctutes et de
temps ; elles ont par elles-mêmes.uneconsistanæ-«
se invariable , dont souvent la solidité souffre
du mélange des autres objets.
u- Que dumois dansJcs Ecrits , dans Yfitude ,'
ILS!!! les-Bancs de lïEcole , où la. pureté de. e
cette doctrine doit vivre et_ se transmettre par.
une Collltlnlltllcdfrfldlllon , elles ne Cparoissenq _ 1a.
mais a,terees_. aucune _ teinture e parna ire.
Qifelles y regnent comme des principes absolus, ,
‘dont Fexpression meme ‘est précieuse et consa
crée , au moins dans ce qu"elle a de principal , et
3e SÇIBÀBÏII PItSqEIËJ/âïlftqpfiafls quelqëte dangär
_e ‘re xc emcnt ou exces. ou: se r server e
ïune-er de -l’autre extrémité , il estPdes sources
a-ssutées . et des Monumens respectables ausquels
on doit sans cesse remonter, des principes à ja
rnais autorisez , et des maximes décidées . sur
lesquelles il .ne sçauroit être permis tÿhésiter ;
parmi nous. _ .
‘ C’est_ , MBSSIEURSi , â quoi nous avons essayé
île rappeller , en formant‘ le: Plan des Conclu
sions que nous laisserons a la Cour; non par un
‘ælénombrement exact de maximes , souvent pré
tilleux salut-même , et dont la atcrtcur d’un Ar
‘ zêt.
‘462 MERCURE ni: FRANCE
rêt seroit diflicilement susceptible; mais par lit
plus forte indication des points capitaux , et des
principes essentiels dont la généralité sert de
"fondement à tout le reste. 2
Quint a ce Formulaire sans aveu‘, qu’en fait
entrevoir loin de nous, mais dont Fexemplc peut
toujours allarmer en quelque sorte les Esprits ;il
vous fournit , Messrsuns gune occasion qu'il est
utile d’embrasser, pour reno-uveller desdefienl
ses, appuyées sur‘ nos LOÙCCI s'ur_ vos Arrêts
tle tous les temps, tÿintroduire aucun Formu
lairc , et d’employer même indirectement la voïe
d’aucuiie Formule de Souscriptions , sans-le con+
Cours des deux Puissances fdest-â-dire, sans déd
libératiou des Évêque: , et sans Lettres Patiente:
du Roy , enregistrées, en «la Cour. Cc sera le der‘
nier Chef des Conclusions par’ écrit que nous
laissons , avec la Feuille imprimée , qui est sorti‘
bée entre nos mains. -'
Eux retirez :
i. Vû Plmprime’, intitulé; Lettre de’ M. Leullier;
Dutur et Doyen de la Faculte’ de Théologie de l5
« Maison de Sorâonne , à M. le Premier Président ;
après lequel Ecrit , _en est un autre , intitulée
Lettre’ de Monseigneur PEvÉqHe de Loran , à
M. Leullier , Docteur et Doyen de la Faculté ‘de
Théologie , de la Maison de Sorämne , atorujet de
la Le/tre précédente. Et sur un autre Feiiiller , un
autre Imprimé , intitulé Brimms , AroheftwÊque/PflzixFo,rfmauiltasiirgnea-rquàe t1o1u4s les
Ertlesiastiques ole son Diocèse {au pied duquel est
une Addition, intitulée: äïddition pour les Confis
seurs. Et au revers , un autre Imprimé , intitulé;
Formulaire pour les Religieuses , que le même Pré
lat oblige toutes de signer. La matiere sur ce mise’
en délibération :
‘ La
" VFEVRIER; 1733.‘. '40;
. La Coun ordonne que ledit imprimé sera:
supprime’; enjointâ tous ceux qui en auroient
des Exemplaires , de les apporter au Greffe de la_
_ Cour, pour y êite supprimez. Fait inhibition et
delîenses a‘. tous Iiriprimeurs , Libraires , Colpor.
teurs ri- autres, de quelque état, qualité et condi—_ .
tion qifils soient , d’en vendre , débiter‘ ou au...
trement- distribuer , â peine de punition exem.
plaire, Fait au surplus inhibition et defienses "à
tous Professeurs , Docteurs , Licentiez , Bache.
liers et autres: Membres et suppôts des Universi
tez . notamment des Facultez deçrhéologie et de
Droit Civil et Canonique , et à. tous autres d’é—
crire, soutenir , lire‘ et enseigner ès Ecoles pu
bliques ni ailleurs aucunes Thèses , ou Proposi.
tions qui puissent tendre directement ou indirec
tement â affoiblir ou alterer’ les véritables prin
cipes sur la. nature et les droits de la Puissance .
Royale , et son indépendance pleine et abtoluë ,,
quant ai; Temporehdde toutcïautre Puissance qÏÎ
soit sur a terre; a iminuer a soumission et e
respect dûs aux Canons reçûs dans le Royaume,_
et aux Libertez de l’Eglise Gallicang 5 à favoriser
Pppinion de lïinfaillibilité du iä-ape , cule-sa sue
périorite’ au-dessuszdu Conciletgenäëtalj à donner __
atteinte â Fautoriié. duConcilè oecuménique de _
Constance , et notamment aux Décrets contenus ,
dansles Sessions 4. et» ,- cludit Concile , renouvels
le; par celui de Bafle {et toutes" autres-Proposio
tions contraires au principe inviolable , quel’a_ii- _
torité ‘du Pape doit être; réglée par les Saints a
Czfinons ,' Ct que ses Décrets sont reforniables par a
les vnicszpermises et usinées/dans: lçzläpyêun“ a j
notamment par celle-sigle Rappel auifuturiconcile,
dans les termes de Droit, à moins- que le consenv '
tement de l’Eglise n’y soir joint; ruiner; outre
inhibition et deffeasts fiouformcmcnt auxdgr
11-1
4m MERCU RE DE FRANCE
_ pein
-'donna=nces',r'5dirs fiîéclarations duRoy. , emb
. gistrées en la Cour , et Arrêts de laditeCour ,. '
Æexiger ou iimoduiire directement , ni iirdirecv
tcment rasage «Paucunes nonvellesiFoi-mtzlcs du
souscriptions ,sans {délibération des Evêques re-a
vêtue‘ (le Lettres Patemes du- Roy , enregistrées:
‘Ch la OEounordonne nesle pttschtvflrïêt sera siw‘
gnifié aux Recteurs es Univctsitczi, Syndics et‘
iïflbyensldlestl-‘acultez ‘de Théologie, et de. Droit;
‘Civil et Caneniqàrt-du Ressort; er- copies. colin-l
rtionnées envoyées aux Bailliage; et Sénéchausm
sëes , pour y être lû ,..pztblvié et enregistré. En
‘joint aux Substituts du Procureur General du.
,Roy d'y tenirlà main ,«et'd'ea certifie! la Cour
dans/remis.
‘ AIUREST , «tu “Fumier. ,quiîfuir eleffcnsesâ
‘tous Olficicrs , jugesoele ‘Police ÿecntrilslrommes,
et autres personnes ,1 diempêeher lesrcliassemm.
rées dätchetrt librement iurPoissouadont ils amont’
«besoin pour la provisiontde-Parris , et‘ de lcsmroa
-blcr dans‘ le trnnspdn de Gant mwchandise , à
e de 3-000 Liv. dümentle, et ordonne que
les‘ Ordonnances. ct Reglcmms- eonccmant la!
iMarée ,'et notamment. lestLettrUst. Paterne: des .9 i,
Avril r3 9o» zctFùrict» rggx. lïfidit‘ dit-moise
d"Avril de laimême année A,» Pmirêtida Parlement‘
deîïaris, du 4. ‘septembre ryurxæct l'ordonnance
du 1o Janvier: 1596.8310‘! encourez selon leur
farrne e’! teneur yfitfin’ conséquence que les Mat.
cliaiids-Cliassemaräcsi pourront acheter libre
ment le ‘Poisson » dont i131‘ auront besoin , pour
Paprovisioncanenr doyens, dans toutes lesevüies. .
Ports de Mer , Bourgg-Peselreries , et: autrekoené’:
droits des Provinces de Bretçguç.’ am;aandgg__
Elzndre et Pioetdie, 8m.
l
’
.
._. g iecelîugitivcs. liüîepetanoe , 01e, 1,9l
_-' (gestion importance, jugée an Parlement de
Provcncc , ,94»
.;-Ron_deau , 1'11:
gkefléx ions sur le nouveau Traité du Sublime, 113A
Ode imitéc‘ tPHoeace , “si
xéglique au sujet d’une Inscription , ‘,35
. gficxo , Cantate , “ 145
_Méd_aille de lOEmper. Hadrien ,«Exp1ica:ion , 14,39
Ode , 2. f8
Dissertation sut les Enseignes Militaines ,. 1s 1
Les Coquillages ,. Idille , a3;
Huitième Lettr'e_sur Orau eflCenta», 2.9:.
.L’A‘mout et la Jalousie‘, Fable , _ 4.9;
;Lettrc au sujet d'un Lampe antique , 30a
Euiguxe . Logogtyphes , 8re. 31';
«Nouvelles Iÿittcraîrtä’, de: Beaux Arts, 86C. 3'14
Méthode pou: apprendre‘ Potthngtaph: et la
Lan ue Françoise , :17
Traite-sut la Mägie , le‘ Sortilege V, ibid.
La Vie du Sultan Saladin, 84e. 3:.)
niblïqdieque Italique , Bec. - "317
Observations sur les Arrêts remarquables du
Parlement de ‘Iîbulnnse ,. Ï v 3 {à
‘ÿzojettfïgdsçppkment ‘pour la dcmicne Édition
de S. ]erômc , 8m. 1 . 354.
Livres nouveaux des Pays Étrangers , 338
Suite des Médailles du Roy , Sec. 34.0
Ettennes , ' _ ' 3+1
spectacles , Omphale, Extrait, 5.4i‘.
Ëkîrait dïfla Tragédie de Gustevcw-æä _ 35€
Nôuvelles Etnangcxcs. Lemäcgsit. En
_-_.~( ‘E?
.1
sur la nouvelle Révolution de Perse, 353
De Pologne , Bec. _ ' 37;‘
D'Allemagnc , I ralie , Espagne etPortugal , 37s
Grande Bretaguc ,_ . 33L
France, Nouvelles de la Cour , de Paris , 8re. 383
Service solemnel pour le Roy de Sardaigne;
Description du Catafalque , 8L6. 38;
Rhume , Broüilards , 8C0,» _ ' 39,,
Benefices donnez , . 39;
Morts et Mariages ; 397
Maladie et Mort de Madame de France, 398
Arrêts Norablcs‘. _ . ' l 4o!
Errata de fane/ien
Age 4.2. ligne u). vers le Soleil Pespace de
_ deux heures, lirez, vers le Soleil deux
' heures. ' - I
P. 6o. l. 2o. â la rame , l. à la lame.
P. 171.19. Pont S. MaxentJ. Pont S. Maxence.
. Fantes j; pcdrnger dans ce Livre.
Age 2. t3. ligne znadaptat , lisn. adopta.’
» P. 189. l. 3. avec . l. avez.
P. 199. ligne derniere, fort , l. fut. .
‘P. 3er,]. 8. coup du pied , l. coup de pied.
11.‘ gÿmäêf. Ce , lxlircderic,
a’
« î ’ .13 s; :5 - r
I\É ‘liflägéä,’ ' v
la Médaille du Roy doit regarder‘ la page i 14e
La Cbat/rem nm’: doit rggardgr la page 34;
_ DE FRANCE. 428031
01450112“ Av R02‘.
GUILLAUME cAvnufiltç
ruë S.]atqucs.
Çhcz LA VEUVE PlssoîfiQmydd
Conty , ä la descente du Pont-Neuf. _
IEAN DE NULLY, au Palaî!
M. DCC. XXXIII.
1.41m Approbation é? Privilege du Roy:
1
eääeäeèæeäéeeæ
‘P R I VI L E G E
DU ROY‘.
C c
OUIS, par la grace de Dieu , Roi de France 3; de
Navarre : à nos Amez 8c Feaux Confeillers, les
Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Graniconfeil
Baillifs , Senéehaux, leurs ‘Lieutenaus civils , 3c au:
tres nos Offitiers 8c jultieiers qwll appartiendra. 5h
LUI’ z’ Papplaudillement que reçoit le Iæîtmcunu ns
FRANCE , cy - devant appelle le Mercure Galant ,
compofé depuis l'année 167 apar le fleur de Vifé , 8;
autres Auteurs ,nous fait croire que le fleur Dufçeni _
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne ‘con.
vient pas que le Public fuit à l'avenir privé d'un ou.
vrage ‘auOE utile qiüaizréable {tant à nos fujets qu'aux
étrangers; (t'ait dans cette vûë que bien informé des
talens , 8c de la fagefle du fleur Agrume nvuRo E,
s e Ecuvcr , ancien Gendarme dans la . Compagnie es
Gendarmes de nôuç Garde ordinaire , 8L Chevalier
de notre Ordre Militaire deSai-nt Lv. ùis 3 nousluvggm
ohoiflvpouncompofcr à l'avenir exduflwment a tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de Mercure n;
FRANCE , 8L nous lu] en avons à cet effet accorde’ nôcoe
Brevet le x7. Oêrolare dernier, pour Pexecution du.
quel ledit fleur de la Ravin: nous‘ a fait lilpplier de
lui accorder nos Lettres de Prlvilege fur ce necefläî
tes : A ces CAUSES , conformément audit Brevet , Nom
lui avons permis 8e permettons par ces Prefentes de
erampoferflc dnnner au Public à l'avenir tous les mois
à lui feul excluflvcment ,l-Cdit Mercure de Eranre,qu’rî
pourra‘ faire imprimer en tel volume, forme , marge,
caraäere , conjointement, ou feparement , 8e autant;
"de fois ue bon lui fcmblera,chaque mois , 8c de le
faire venäre 8c débiter par tout nôtre Royaume, 8l ce
pendant ie temps de douze années confccutivcs, à
y compter du jour de la datte des Prefentes; ä condi
" rima neanmuins que chaque volume portera {on Appro
bation exprefle de PExaminaoeur ,qui aura été com
fÇ-ÏS
mis à ce; elfes. Faîfons êéfenfes à toutes fortes de
erfonnes , de quelques qualitez 8L conditions qu'elle‘:
foienucÿen introduire (Pimpreflions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéîffance , comme aufli à tous
Libraires , imprimeurs‘, Graveurs , 8c autres , d'un.
primer , faire imprimer , graver , vendre ,_faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, V ou en partie , ni dfen faire aucunloiuxtprlaaintch,esf,ouesnqtuoel]u:.
‘que prétexte que ce foi: , d'augmentation , correc
tions , changement de titre ,_0u autrement , tans la
permifiîon expreflecsz par écrit de Hîxpolant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de con.
fifcation des exemplaires contrefaits , de ôooo.’ livre:
d'amende , payables {ans déport par chacun des con.
trevenans , dont un tiers à Nous ; un tiers à PHôtelg
Dieu de Paris, Paurre tiers à Plîxpofant, ou à ceux;
qri auront droit de lui , 8c de tous dépens , domma.
ges 8c inrcrefls; ‘a la charge que ces Prefentes feront
enregifirées ‘tout au long fur le Rcgillrc de la Com.
munauté des Libraires/Se Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de 1a datte dücelles’; que Pimpreflion
de ce Livre fera faite dans nôtre Royaume , 8c non
ailleurs , en fin papier , 8c en beau carafiere , confor.
mémcnt aux Rcglemens de la Librairie ; 8L qnfavan:
de Pexpnfer en vente , le manufcric ou imprimé qui
aura {ervi de copie a Pimprcflion dudir Livre {en
‘remis dans 1c même état ou les, Approbations y au;
l'ont été données , ès mains de nôtre trèsoeher 8;
Feal Chevalier,’ Garde des Sceaux de France, le
fleur Fmunuu D’ARMeNONvILLE, Commandeur de nos
ordres , 8c qu’il en fera enluiteremis deux Exemplai.
‘tes de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , 8c un dans
celle de nôrrcdlt trèsoeher 8c feal Chex alier, Garde
des Sceaux de France; le rouc à peine de nullité des
Prefenres , du contenu defquellcs Vous enjoi nous de
faire jouir ledit Expofant, ou l'es ayans cauä? pleine.
ment 8c paifiblemem, {ans foulïrir qu'il leur loir fait
aucuns troubles 8c empêchcmens , 8L à cet cflet nous
avons revoqué 8L revoquons tous autres Priyilcges
qui pourroient avoir été donne; cy-devznt à d’autres
qwaudit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commencement ou
‘a la fin dudit Livre foi: tenuë pour dûëmcnt lignifiée,
8c qwaux copies collanionnées par l'un de nos Amez
J: Feaux Confeillcrs. Secxegaiges’ foy {cit ajoûtée, 8re;
' A ij AVER,
CATALOGUE des Mercure: de France,
depuis Panne’: 172.! . jusqu’): prumz.
Uin c: juillet t7“. 1,. vol.
Août , Septembre , Octobre, Novembre
et Dcccmbre ,_ 5. vol.
janvier et Fcvricr 172.1. 1.. vol.
A Mars 17m.. - . 2.. vol.
Avril, x. vol.
Ma)’, . . 2.. vol.
]uin, juillet et Août, 3. vol.
septembre, ‘ L. vol.
Octobre, x. vol.
Novembxc , 2.. vol.
Decembrc , x . vol.
Année 171,3 1c mois f1: Dcccfnbrc doublgu. v0].
Année 177,4. les mo1s‘dc ]um et de De
cembre doubles . 14. vol.
‘Année 171.5. les mois_dc ]uin , de Sep
tembre et Decembrc doubles , x5. m],
‘Année 17,5. les mois dç ]uin et de Dc
ccmbrc doubles , 14.. vol.
Annéc 17,7. les mois de ]uin et de Dc- _
cembre doublcs , x4. V010
Année 1718. les mois de ]uin ct de De
çcmbre doubles , x4. vol.
‘Année 1729. les mois de ]uin , de Sep
gcmbgc et Dccembxc doubles, V U. vol,
Année 17m. les mois de ]uin c: de D:
’ ccmbrc doubles , - x4. vol.
‘Aune’; 173x. les mois tPAvril , de ]uin
u d; Dcccmbrc doublcs ,' 1;. yol.
‘Juinéc 1732.. lcs mois de ]uin ct de Dc
ccmbrc doubles, ‘ ' 14.. vol.
janvicx 1733‘ 1‘ "°1"
350'401
êëààâèêèâàâàgèàèï
AVERLTISSEMENT;
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
A n; ‘qm
AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
' A _v_ dans
A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher, ‘ LISTE
~
LISTE _DES LIBRAIRES
qui déhitent Ie Mercure dans les _
Provinces du Royaume, (àc. '
"A Toulouse , chez Enaut et Forcsr. -
Dordeaux , chez Raymond Labotticre , chez‘.
Etiennc Labonierc , et chez Chapui , fils, au
Palais , et à la Poste.
Nantes , chez julien Maillard , e: chez du Verger.
_ Rennes V. chez Joseph Vatar , Julien Vatar“, Guilg‘
laume Jouant: Vata: c: la veuve Garuier.
Blois , chez Masÿon.
Tours, chez Masson.
Rouen , chez Herault.
Châlons-surv Marne , chez Sencuse. -
Amicns ,chez la veuve François , Godard et Rcdô
le fils»
LArras , chez C. Duchamp.
Orleans chez Rouzeaux.
Angers _. chez Fourrcauæt â la Poste.
Chartres , chez Fetil , et chez ]. Roux.
Dijon ‘, chez la veuve Armil , et à la Poste.
Versaillcs , chez Pigeon.
Besançon , chez Briffaut , a la Poste.
Saint Germain , chez Doré.
Lyon , à la Poste.
Reims _ chez Godard. _
A Vitry-le- François , chez Vitalxs.
‘ Bcauvais, chez De Saint.
Doüay , chez Willerval.
' Charleville , chez P. Thcsin.
Moulins , chez Faute.
Mâcon , chez Dc Samt , fils ,
. Mers ., chez la Veuve Barbier.
Boulognc-sur-Me: , chez Parasol.
MER-é
IAPJVIEIL 1733
***%%%*%*%%*%%%%***%**+*i
PIECES ‘FUGITIVES,’
en Vers et en Prose.
LES QUATRE’ AGES.
CANTATE '
A mettre en Musique.‘ _
_ av.
grw. . g Eurcux sxéclc de Piunocence,‘
r o i _
‘ ' -v Beaux purs de PAgc d’or qwêtaæ?
vous devenus 3
0L‘: sont ces tcms où l'abat-ï
dance,
N’c'toit pas 1c vil finit des iravanx assidus il
" M
a- MEIÏCURE m; FRANCE
La Nature a.l\ors libérale v ‘ ‘- "
' Prodiguoit de son sein les trésors précieux g
q Jamais mere ne fur plus tendre, et plus égale. .
Ses cnfans joiiissoient des délices des Cieux.
i Air.
Le lait serpentoit dans les Plaines ,
Le nziel couloir dans les Jardins.
Les seuls Zéphirs par leurs baleines ,
Faisoient respirer les humains.
De Pl-lyver, les filles de Flore
Ne connoissoicnr pas les rigueurs , ,
De conCCrt Vertumne, et I.’Aurore
Immorralisoienr leurs couleurs.
L'innocence servait de guide _‘__
Au Dieu qui donne 3. tout des Loir,‘
Et jamais d’aucun trait perfide
Il ne remplissait son Carquois.
Le lait. . _ “
p ‘ RécitatifÏ
Biais bien-tôt les Mortels , de la» divine A54
rrée ,
Ne mériterenr pluslcs dons-ni les faveurs:
Elle quitta la Terre, c: fut dans Pfiinpirée
Qmnd elle vit changerles coeurs. ‘
p Airÿ
@’on verse deslannes !
On perd pour‘ jamais
‘La
JANVIER. x7333 3
La douceur des charmes
Qxc produit la Paix.
Du Dieu de la Guerre
Ifiinjuste fureur
Répond sur la terre ’
La, haine et Phorrcur.
Ëa Nature avare
Garde ses trésors ,
Et l’Amour prépare
A mille remords. ’
Récitattf.
Grands Dîcuit l quel thangcment funeste!
Les plaisirs innocens ne sont plus de saison ;
Le vice cst triomphant : c: le courroux cé-e‘
lcstc i
Lui laisse enchaîner 1a raison.
Tbémis fait place â Pinjusticc ,
UOtphelin gémit opprimé ,
Et PUnivcrs entier n’€St qu’un vaste édifice
941i mérite d’êtte abîmé.
-_ Air.
C'est a‘. kfiseulc molesse
Qÿon élcvc des Autels 5
Tout ce qui n’cst pas foihlcsse
Est indigne des Mortcls.
Ils ne connaissent de chaînes
Qxe
g‘ MERCURE ne FRANCE
Que celles des doux plaisirs 5
Et se font même des peines
D’avoir de trop longs désirs.‘
C’esr. . . . _
Récitatif.
lnfin PAge de fer , auteur de mille crimes;
.,Vient enclor augmenter Pcxcès de leurs mal-j
heurs :
Il creuse sous leurs pas OEelfroyables abîmes a
Qui leur semblent couverts de fleurs.
Air
Les mains homicides‘
Des trois Eumënides
Dans tout PUnivcrn
Porteur les Enfers;
Le sang par le crimi
Seul est répandu , a
Et prend pour victime
Toujours la vertu.
Morale.
Mortel: ,'voila‘n de votre vie
La vive Image et le Tableau ; ’
Plus tard elle vous est ravie ,
l: plus vous descende: criminels au Tombeaux;
- ours»
JANVIER} 1733‘. ‘g
âàêèàâââââäâââââââèîeäèâ
QUESTION NOTABLE , jugée
par Arrêt du Parlement de Dijon.
‘q l une Veuve qui se remarie après l'au
q. du deuil , et qui accouche dan: le S ep
tiéme mois après le deuil , n'ait Être reputée
‘ avoir vêcu impudiquement dans l'an du
deuil , et être déclarée indigne dîme dona
tion mutuelle d’entre elle et son premier
Mari 3 '
‘FAIT.
Jacques Pouflîer , Boulanger â Nuys ÿ
et Catherine Morlot , sa femme , se firent
une donation de tous leurs biens men)
bles cr immeubles le I7 Mai 172.8. Le
mari mourut le z Avril I729. sans laisser
des cnfans; sa veuve fir homologuer le
"don mutuel. Elle passe un Contrat de
Mariage avec Pierre Oudot , GarçonBou
langer et son Ç mpagnon le 24. Février
1750. elle l’êp' se le 1.8 Mai suivant , et
accouche d’un enfant bien formé et vi-î
gourcux le 9 Octobre de la même année ,‘
ctsr-à-dire, quatre mois et onze jours
aptes son manage , et 51x mois et sept
jours depuis la. fin de son deüil. Les pa
cens
à MERCURE DE FRANCE
rens collateraux de son premier mari ap
pclllent de Phomologarion du don mu-g‘
tue . r = -
Me De la Motte , Avocat , plaidant
pour la ‘veuve , dit que les mêmes motifs
sur lesquels on déclare légitime un enfant
\ né dans le septiême mois, concourent a 7
faire rejctter l'accusation dïndigniré con
tre la mere; parce qu'en toute question
d’Etat,on se détermine par le parti le
plus favorable ; de sorte qu'il suHît qu’ou
y trouve de la possibilité ,_pour en l΀VC-_
nir à la présomption de la Loi.
La Loi I 2. fi. de statu_hominum est pré
cise en faveur des cnfans nez dans le sep
tième mois. Et afin qu'on ne croye‘ pas
yqu’cllc parle de sept mois complets, ce
qui entrevoit dans le huitième mois, la.
Loi 3. j. 12. fi. de suis et legit. hiered. dé
cide qu’il suflit que Penfanr naisse au 1S2.‘
jour , pour être tiéclaré viable et. né dans
4 un terme naturel et légal tout ensemble.
Cathcrine Morlot étoit affranchie de la
servitude du dcüil ct de la Loi penale ,
renfermée dans le même terme , 1l y
avoir dêja 190. jours, ct la Loi n’cn re
quiert que 182. qui font six mois lunai
V rcs et cinq jours, au lieu que les 190.
composent six mois lunaires et quatorze
jours ,
\
JANVIER. i733. 9
jours , ou six mois solaires et sept ou huit
jours
Dans Pcspêce qui se présente, il y:
trutant moins de diflîculté à prendre ce
parti que le second mariage ayant un effet
rétroactif pour mettre l'enfant à l'abri de
tous reproches d’une conception illégiti;
me , la. considération du nouvel état de
la merc doit pareillement la garantir des
mêmes reproches.
Ajoutons que la circonstance du Con-a
ttat passé avec le sccond mari , la rendoit
en quelque sorte excusable , joint à l'oc.
casion d'un même domicile devenu né
cessaire par rapport â sa Profession.
Enfin , ce sont des Collateraux qui la
oursuivent, à qui il sied moins de flétrir
lîhonneur de son mariage , et de censurer
sa conduite en cherchantà la confondre
avec les femmes qui auroient vêcu dans
le désordre : moins encore leur convient
il d’cnvier à cette femme tresse: d'une
donation mittucllc, qui par Pincertitude
de Pévenement participe du titre oné-j
reux.
M. Davot puîné , Avocat pourles heà
ritiers collateraux , rêponcloit quelcs do
nations mutucllessont regardées comme
de véritables v libcralitez par toutes les
‘Coutumegqui interdisent aux conjoints
le
O
""8 MERCURE DE FRANCE
le pouvoir de disposer en faveur l'un de
l'autre. v. Depringlcs , dans sa Note sur
l'art. 7. tit.4. de la Cour. de Bourgogne.
Taisand , sur le même article. Ricard,
en son Traité du Dom mutuel , chap. 5.
lect. 5. du Moulin, dans sa Note, sur
Part. 87. de la Coutume de Chartrcs.
- Selon la Loy dernicre,C.de revoe. donat.
toutes sortes de Donations peuvent être
révoquées pour cause (l'ingratitude. Or
l'incontinence de Cathcrine Morlot est
une injure faire à la mémoire de son ma
ri ; les injures sont une des ingratitudes
que les Loix condamnent, elle doit donc
perdre le fruit de la donation de Jacques
Pouflier. Enfin c’cst en conséquence dcla
volonté de‘ son mari qu'elle joüit de tous
les biens qu’il a délaissez, et selon la Loi,
une Veuve incontinente est indigne de
profiter de ces sortes dävantages. L. 2.
C. de secundis Nupt.
vOn ne doit point présumer , sans preu.
vc'ou sans des raisons trcs-fortes , qu’un
enfant est né dans le septième mois , par
ce que , suivant le sentiment des Mede
cins,lcs accouchemens à sept mois sont
tares, contraires à la nature , et ne pro
duisent que des cnfans {dont la foiblessc
et Pimperfcction est une preuve quîls ne
devaient pas encore voir le jour , selpn
es
moe.
5ANVIER. 173;.‘ ‘f
l
les tegles ordinaires. C’est le sentiment
dflippocrate , dans son Livre - D: par!»
teptimextri ; de Galien , dans le Commen
taire qu’il a fait sur cet Ouvrage sd’Ari9
rote , dans PHistoire des Animaux, liv.7.
ch. 4. dejDulaurens, liv. 8. quest. 3o. de
Fernel, Conseil 55. de Paul Zachias, dans
ses uest. Medicolegales, llVL/I.tlt.2..(1ucSlÎ.
3. ou il rapporte les imperfections aus
quelles sont sujets les enfans nez à seps
. mois‘. Ces accouchemens sont contre l’or
drc ct Pintention de la nature 3 car,.selon
Hippocrare , de naturâ puerperii , l’accou
chement tfest causé que par le deflàut
d’alimens; quand Faliment manque par
un accident ou par quelque maladie ,
c'est contre lîintention et l’ordre de la na-,
turc; les Enfans à se t mois sont encore
petits , foibles et ma formez; c’est donc
par une maladie, ou par une violence ex
traordinaire que leur naissancea été pré.
cipitée. v. Paul Zachias, queshg. tlt.z.l.r.*
Or puisque ces sortes däccouchemens
sont si rares et si contraires à la nature ,
on ne doitlpas les supposer sans des preu
ves convaincantes ou des motifs tres
Puissans , c’est le sentiment de Menoch ,
Je Pmmmpt. lib. 6. P7193. 52..
Catherine «Morlot étant forcée d’a-'
ÿoüer que son Enfant est le fruit d’un
_ .q fi 60m3
3o M ERCURE DE FRÂNCË.‘
commerce illégitime , ne peut employer
en sa faveur les Loix qui présument quïm
Enfant cll: né à 7 mois , parce que ces
Loix n’ont eu en vuë que d'assister la 1c’
gitimité des Enfans, et de les sauver de la.
servitude; c'est ce qui ell; prouvé par; les
termes mêmes, des Loix qu’elle allegue,
La Loi 12. de Statu hominum , ÿexplique
ainsi zSeptimo monse nascipetftectum partum
jam reeeptum esgpropter auctaritatem doctisgj.
mi viriHippocratisget ide?) aredendum est mm
qui ex justis septirno nuptii: mense natu: est,
justum filium esse. OEoique Calherine
Morlot ait voulu ‘se servir de la premier-e
Partie de cette Loi pour établir qu’un
Enfant peut naître parfait à 7 mois,il est
certain qu’elle n’en peut tiret aucun
avantage , parce que’ le J urisconsulte n'a
fait que‘ transcrire la décision dT-Iippo
crarc ,et qtfainsi c’est par le sentiment
de ce grand Medecin , que l’on doit ju.
5er des Enfansqui naissent dans le se
1ième mois. Or , selon Hippocratc me
mqdans le Livre: De natures puerperii, le
a septième mois ne fait qu’apportet e com
mencement de la perfection au Foetus;
donc il n’est pas encore parfait dans ce
temps -, il est seulement assez formé pour
rïêtrc pas incapable de vie 5 mais il n’a
pas encore acquis la force ni la perfecar’
* -’ ‘* tien
JANVIER. I733‘; Il‘.
tien ue naturellementil doit avoir avant
que e naître. Il paroi: évidemment par
_ le Passage du même Auteur, qui se trou
vc dans son Traité de S eptimestri partu ,
que ce n'est que d’une simple possibilité de
‘ vivre qu’il a parlé, en disant que l’Enfant -
naît parfaità 7 mois,puisqu'il assure qu’il
en naît peu l; que de ce peu , il en meurt‘
lusieurs e qu’ils sont tous foibles et ma
lîtdxfs s ce seroit donc supposer une con:
(radiation manifeste dans ces difiercns
passages cH-Iippocrate, que cl’expliqucr
celui qui est rapporté par la Loi , d’une
façon diiÏerehte de celle qui vient d'être
exposée. . .
La seconde partie de la Loi cy-dessus
citée , est absolument contraire aux pré:
tentions de Cathxrine Morlot; ce n'est
qu’en faveur d’un Enfant né d’un maria
ge illégitime; que la Loi admet sa pré; *
somption -, FEnFant de Catherine Morlot
est le fruit d'un commerce illegitimeia
Loi nÎest donc plus applicable. _
Et qu’on ne dise pas que l’on ne doit.’
point présumer un crime tel qu’est Pin
continence d'une Veuve , pendant Pan!
née de son Deuil, sur de simples appa;
rences, et que ce n’est que par des'preu—
vcs convaincantes que l'on peut détruire
la présomption de la naissance de son En
r B fang
u: MERCURE DE FRANCE:
fant à 7 mois. Ce raisonnement pourroit
avoir lieu si Pimpudicité de Catherine
Morlor n'étoit pas avérée; mais sa pro
‘ re confession , et la naissance de son En
Ëint en sont des preuves invinciblesll ne
‘s'agir donc plus que de fixer la datte de
son crime; elle ne doit pas attendre que
pour la placer a son gré , on admette une
supposition contre nature , et u1 n’est
reçuë par les Loix qu’en faveur . c la lé
gitimité ou de la liberté des Enfans. Il se
roit absurde de penser que cette Veuve
‘eut passé son année de Deuil dans la con
tinence , et que dès le lendemain elle se
fut abandonnée , et eût accouché au bout
de six mois d’un Enfant aussi vigoureux
que le sont ordinairement ceux qui nais
sent à neufmois,avec toute la perfection
=que l’on peut espere: dans un age aussi
tendre, p
La Loi I3. de suis et lcgit, kami. n’est
pas non plus favorable àCatherine Mor
ot; ce n’est qu’en faveur de la liberté de
PEnfant , qu’elle présume sa naissance à
sept mois. Catherine Motlot ne peut as
employer cette présomption pour el e ;
et puisque l’on n’attaque point la liberty’
de son Enfant, elle n'a pas dû regarde:
comme une servitude , la nécessité de pas
ser son veuvage dans la continence.
l‘: KL
\
JANVÏER. 173;: 2;“
C’est‘sans aucune apparence de raison
‘qu'elle a recours à une fiction de Droit ,'
c’est à-dire ,à lïffet rétroactif du maria
ge, pour en conclure qu’elle est bien’
fondée à employer la présomption que
les Loix ont introduite; ce n'est pas sur
une fiction , mais sur une réalité que l’on
doit fixer 1a date d'un mariage °, ce n’est
que par une indulgence des loix qu'il a un
effet rétroactif pour la légitimation des
enfans; mais il ne peut donner lieu à la
présomptionde sa naissance dans le sep
tiéme mois , parce que ce_ n'est qu’en con
séquence d’un signe certain que l’on doit
admettre les présomptions des Loix.
Voyez Menoch. De PmsumpLliv. 1. ch. 8.
Qand un Enfant est né dans le sep
tiéme mois d’un mariage légitime , ce
mariage est le signe certain et légal qui
fait présumer le temps au uel il a-été
conçu 3 mais Catherine Moflot n’a que la.
naissance de son Enfant qui puisse déter
miner le temps’de la conception; elle
n’esr dans aucun des cas ‘prévûs par les‘
Loix , on n'en doit donc juger que selon
le cours ordinaire de la nature; et la pré:
somption lui devient contraire, puisqu'il.
n'y a rien icy de certain que son incon
tinence , dont il faut fixer Pépoque.
i Enfin Catherine Morlot prouveroit
B inu-j
‘r4 MERCURE DEVFRANCE:
inutilement que son Enfant n’a été con-î
çu qifaprês Pexpiation de son année de
Deuil; dès qu’il est le fruit d'un commer
ce illicite , elle ne peut éviter de subir les
mêmes peines quïme Veuve qui se seroit
remariée dans Pannée qui suit le décès de
son mari. Tantquïme Femme n'est point
remariée, elle ioüit de tous les avantages
que son mari lui avoit procurez, puisque
son mariage est censé subsister , elle ne
peut s'abandonner sans commrttre une
espece d’adultere; son impudicité désho
normt davantage la mémoire de son mari
qu’un mariage trop précipité; elle ne
doit pas ê.re punie moinsseverement
u'une Veuve qui se remarie dans l’an
du DeuiLCtla suffit pour établir que l’in
continence de Catherine Morlot pendant
son année de Deuil est suflisamment preu
vée,par la naissance de son Enfant, et que
uand elle ne le seroit pas, dès qu’elle est:
forcée d’avoücr son commerce criminel
avec Jacques Oudot, elle ne peut éviter
sa condamnation. .
On répliqua pour Catherine Morlot;
qu’envain voudroit-on affoiblir Pautho
tiré de la Loy , en citant Dulaurent et
' Paul Zachias;1’un qui prétend qu’I-Iip
pocrate a varié, et l’au‘tre qui s’ingere de
le censurer. Paul Zachias après avoir dit
que.
I
«ÏANVIER». 1733.‘ r;
que le terme de sept mois n’esr pas coma
mun , avoue‘ néanmoins , au nombre 63.‘
età Pendroit même qu’ont obfecté ‘les
Heritiers collateraux de Jacques Pouflier,‘
que lesepziéme mois ne laisse pas d’être
un terme légitime : Exindè concludendttm '
minimè est amnes septima mens: mua: illegiq
rima: me , si vivant. Er cela suffit pour
sauver l’Enfant , la Mere et le second
mari de Popprobre dont on veut les char
ger. Mais ce qui doit faire rejetter les sub
tilitez cle ces deux Medecins, est que s’iI
s'agissait de Fétara. d'un Enfant , il ifest
personne qui osât le lui contester dans
e septième mois , sous le prétexte ‘des
variations que Dulaurent impute à Hip
pocrare , ou des conjectures hazardées
par Zachias , dès qu’on a_ contfeux la dé—
cision de la Loi , afFermie encore par une
Jurisprudence uniforme et universelle
en faveur de Yllnfant né dans le septié-g‘
me mois. p
Alphonse de Caranza, Jurisconsulte
du dernier sieclc,dans un Traité de Pur-m,
ui est n'es-estimé , nous donne la Liste
des erreurs du hlcdecin Zachias , su:
cette matiere: Ego cartè cttm Hippocmt:
ferfictianis Jmrtûs principium- tvgttlariter
constitua, ira ut parfactus mm foetus asse in
çtjziat 146i dimidtb axttata arma particttlam
B alla:
u? MERCURE DE FÎÏANCËJ‘
"décidé' pour l’état de l’Enfant né
alterna: atrigerit , quasi evenit principio sepl
timi mensis, quo tempare, ut caeteramm Me
dicorumSchalu afirmeit , muturus jum foetus
pelliculas eulcizmtu disrumpit, et purtmh fieri
nutum cagil. M. Cujas, liv.‘ 4.. des Répon
ses de Papinien , s’explique de la même
maniere : Si querutur un is sit metturus qui
4d initia septimi mensis natus est, dimm
esse muturum , ut putu si nntus sit r82. die,
quiet 182. dits septimum mensem attingunt.
Le Brun , des Success. ch. 4.. Sect. I. n. 6.
7.8.et 9. observe qu’il suiiit que le septié
me mois lunaire soit commencé. Dunod
des Prescriptions, part. z. ch. r 5. pag. zzo.
atteste la même maxime; à quoi il faut
ajoûrer les Arrêts rapporrez par Brodeau,
lettre E. Som. 5. n. r;.par Boniface, tom.
zrpatt. z. liv. 3. tir, 8. ch. 3.dans M.May
nard , et dans Charondas. Or ce cciulian‘s eslte
septiéme mois,'doit l'être également pour
la Mere remariée, parce que Popprobre
de la Mere rejaillit sur son enfant, ct sur
son mariageâ parce que les motifs d’hu
manité sont les mêmes s parce que les
.I.oix pénales sont toujours à restraindre ,
\
jamais a présumer le crime, ou qu’en tout
cas , on présume les moindres foiblesses
les plus pardonnablesfl, les plus faciles à ré
parer; parce qu’enfin la reglc est une, inq
variable sur le septième mois.
‘ CI!
JANVIER. 173;.‘ "x71
Un n’a garde de disconvenir que la Veu-l
vc qui vit dans le désordre ne soir infini
ment plus punissable que celle qui se re
marie; aussi la punit-on , dans les Parle-Ï
lemcns même où l’on excuse le mariage
durant le deuil; mais il ne s'ensuit pas, ni
Hue la peine doive s’étendre sur ce qui se
passe après le deuil, ni qu'il failIe donner
aux faiblesses par où aura pû commencer
1e mariage, un effet rétroactif pour les
réputer commises dans l’an même du deuil,
lorsque par la décision de la Loi il reste
assez de temps après le deuil, pour que
yPEnfant soir réputé conçu hors du temps
de prohibition. _
»- Qfil y aît eu un Contrat de mariage
dans l’an du deull , c’est une circonstance
ui" excuse les foiblesses posrerieures au
deuil, sans ‘qu’on doive les reporter ä.
cette époque; il faut se renfermer dans la
présomption des Loix. Le second maria
ge a un eñiet ‘rétroactif au temps où l’on
doit présumer: la conception de PEnfanr,
pour légitimer PEnfant et itistifier la Me
re, c’est après le deuil ; dès que ce temps
suffit pour se retrouver dans le septiéme
mois , et l’on s’y trouve icy de i4. jours;
car au reste ilén’y a pas de reproches à fai
re sur ce quevle Contrat est dans l’an du
deuil , la prohibition ni les peines ne s’y_
‘ ' B v_ éreng
t8 MERCURE DE FRANCE.‘
étendirent jamais ; la Loi a même prévû‘
ce cas et a condamné l'extension des pei—
«nes qu'une rigueur outrée tentetoit d'y
appliquer : Qge virum elugwt , sponsumfuis
a‘: non noce: , no. 10.5. 1.35‘: de 19j; 7mm.
tuntur infumiii.
M‘ Genreau , Avocat General , ayant
conclu avec beaucoup de solid té et avec
son éloquence ordinaire, en faveur de
Catherine Morlot. LA COUR , par Arrêt
rendu a l’Audience publique,du r7 Juil
let 173:. confirma la donation mutuelle,
LES PROGRÈS DE LA TRAGEDIE
Sous le Rogue u’: Louis le Grand.
O D E.
TOy, qui fais l'honneur de la Scene .
Par la noblesse de tes Chants , -
C'est à ra gloire , Melpomene ,
Qie je consacre mes accents.
OEielle Divinité mïnspire!
C’est toi, Muse , aydc mon délire 5:
a Immortaliscr tcs succès.“ 4 "
' ‘b s .
je vois tes rapides progrès;
A LOUIS tu dois ces merveilles;
Il sçut en couronnant tes veilles ,
JANVIER.‘ 173g.
i Ce Roy ne borne pas sa gloire , '
"A former sous lui des Guerriers;
, Il veut au Temple de Metnoire ,
' Te faire part doses Lauriers.
Ami des Sçavans ,‘comme Auguste,
Sous un Regnc aussi long que juste’,
Il sçair animer leurs travauk g
Du mérite Juge équitable;
_ Il va d’un regard favorable ,
En faire dïllustres Rivaux.
‘Déjà ses faveurs. nous ramenent.
La respectable Antiquité;
sophocle , Euripidc . reprennent,
Sous d’autres noms, leur Majesté.
Les Corneilles toujours sublimes ,
Charmeur par leurs sages maximes.
Un Roy dont ils sont ébloüis ;
Leurs Héros instruisent , enchanteur ;
Et lesgrands traits qu’ils nous présentent ,‘
sont autant de traitsde Louxs.
s
Sçavans ,la carriere est ouver‘;
Par le plus grand des. Souverains 5
Des Lauriers dont elle est couverte ,
iVous sont présentez par ses mains:
jhppercjois le tendre Racine , _,
' B v;
n
ce MERCURE DE FRANCE
Que j'aime à plaindre une Héroïne ,
Qÿil fait pleurer dans ses beaux Vers l
Elle y soupire sans faiblesse
Et le Héros qu’elle interesse ,
sans rougir y vante ses fers.
Reine des coeurs , poursuis , acheve g‘
Ton triomphe sera parfait;
le vois déja plus d’un Eleve ,
Digne du Maître qui l’a fait:
Pleins du HËIOS qui les inspire ,
Au spectateur qui les admire , '
Ils donnent d’utiles trésors;
Louis , c’est toi seul qui les guides g
A tes récompenses solides ,
Nous devons leurs nobles cEorts.
Le Théatre devient utile ;
La Scene nous Offre des moeurs;
Ce Champ que Lotus rend fertile,’
Porte ses fruits dans tous les coeurs.
Dans ces mêmes lieux où le crime,
Reçut un cultflllegitime ,
je vois ses Autels abbatus il
l J’): déteste ses artifices;
Tout change , l’Ecole des vices ,
Devient PEcolc des venus.
r
'
. site:
I 'A N V I E RI 1733;
‘Quel es: ton pouvoir , Melpomcne:
Tu sçais tromper le spectateur ;
Ton génie enchante 1a Scene ,
Et passe jusques dans PActeur;
Par une flarcuse imposture .
I.’Art cultivé devient nature ,
Effet de ces dons précieux ,
Tulme fais voir Monime en larmes ;
Je reconnais tes puissants charrues,
Aux pleurs qui coulent de mes yeux.
Ces prodiges qu’on voie paraître,‘
V Enfantent la perfection ;
C’cst roi , Louis, qui les fait naître,‘
Au sein de Pémulation. '
Plus d'un Roy qui suit tes exemples,‘
De ses mains éleve des Temples ,
A ces Dieux du sacré “Vallon ,
Mais c’esr élever â ta gloire‘,
Autant de Temples de Mcmoire ;
Leur gout éternisc ton nom.
/
.
Triomphe , heureuse Tragédie ,
Tes succès ne sont point borne: 5
Phébus orne de son génie ,
Des Sujeis qlfil a courouncz.
Ces Eleves inimitables , '
Laborieux , infatigables 1
p,»
Ibfficng
r: MERCUR r. .13 E FRANCE
Tbffrent des secours assidus;
Dignes duRoy qui les vit naître.
Ils sçavent se faire connoître ,
A PHériticr de ses vertus.
Canamur tenues Grnndiu;
Hor. Carm, Lib. 1°. 0d. vr.‘
Priere à Dieu pour le Re).
"Grand Dieu, dans notre Roy , conserve ton Ol-Ê
vrage; _
C’est notre appui , c’est ton imagt ;
En prolongeant ses jours , tu nous rendras heu-i
rVeeurxseg tes ‘ dons sur son auguste Race ; i
Et que bien-tôt sa gloire efface ,
Celle des Rois les ‘plus fameux.
, Par _M. Cnrolet.
meeeemnmunmeæ
L E TTR écrire à une Dame de Province,
au sujet dard, Critique du Spectacle de
la Nature, par le R 1’. G rMinime,
inserée dans le Mercure de F rance du
mai: de Novembre dernier.
Ous avezhclonc lû , Madame , le
Spectacle de la Nature? Ce que vous
A m’cn avez écrit , me fait connoxtre qu’en
-. ' ' - Provincq
.‘ 'J
JANVIER. ‘I753. ‘a;
Ÿrovince comme à Paris , il trouve des
Apologistes et des Critiques, et que le
nombre des premiers y est , comme ici ,
le plus grand. Ce que les autres trou
vent à redire dans cet Ouvrage , ne porte
et ne peut porter aucune atteinte à son
mérite. Les sujets y sont traitez avec‘ tant
de gtace et de solidité , que les plus dif
‘ficiles sont obligez d'avouer que ce ne
peut être que la production d’un habile
‘homme. Ce seroit peu que ce Livre n’eût.
d’autres avantages que les beautez de la
Langue, et qu'il ne présenxât à l'esprit
qu'une vaine recherche de choses qui
dans le fond nous interessent peu: il y
a, on le peut dire, un vrai profit, je
‘ne dis pas à le" lire , mais à l'étudier.
L’Auteur ne s’est pas contenté d‘y t'as
sembler tout ce qui est le plus capabe de
ïpicqucr la curiosité , il s’est aussi appli
‘qué à nous faire comprendre Pusage qu'on
en doit faire, et à prescrire les bornes
qu’elle doit avoir. -
Qlelque bonne idée, dites vous, que
vous en ayez , et quelque excellv nt que
cet Ouvrage vous ait paiû et vous pa
roisse encore, vous rie-pouvez» vous em
' “cher de vous rendre aux raisons du
. P. G. Minime, dont la Lettre Criti
z _ que est , au ‘jugement de plusicgurs. ,' fort
" " ' ‘ judicieuse
'14 MERCURE DE FRANCE
judicieuse. Il est vrai que d’abord on est
frappé de ce u’il dit; mais si on y
prend bien garde , c’est que son stile aisé
et insinuant fait recevoir pour bon tout
ce qui, éxauniné de près , paroît tout
autrement. Je vous exposerai, si vous
voulez bien me le permettre , quelques
réflexions que j'ai Faites sur cette Lettre,
et je serai assez témeraire pour hazarder
de dire librement ce que j'en pense. Je
ne Pentteprcnds que parce que FAuteur
du Spectacle de la Nature a résolu de ne
I
, as re ondre.
P ~,UP I O d l du .
u 1l me soit permis e e 1re. nos
Sçavans ne devroient pas affecter tant
dîndifference pour les Critiques que l’on
fait de leurs Ouvrages. Il y en a,sans
doute , qui ne méritent pas dattention.
I.e faux et l'absurde qui y domine, les
détruit assez, et le meilleur moyen de
réfuter les Auteurs de ces Critiques , est
de garder le silence en les laissant s’ap
plaudir d'un triomphe imaginaire. Mais
qu’en confonde les bonnes Critiques avec
les mauvaises, c’est ce qui ne peut être
qu’injuste,et même , si je l’ose dire , peu
conforme à la charité.
L‘Amo.ur de la paix ne peut être 1e
"principe d’une t lle conduite , et quand
Vil seroit vrai , personne ne s'en persuade
a
J A N VI E R.’ I753.‘ a‘;
"t'a. Les uns prendront le silence d"un Au
teur censuré pour un mépris , et les autres
pourun aveu de ses erreurs; ce qui me
paroi‘: égalemïtt dangereux. A quoi ne
s’emportent pas ceux qui se croyent mé-‘
Prisez E OEe d’invectives de leur partÊ
souvent dans des Ecrits publics. Que de
termes peu mesurez! Et, le dirai je ? que
dïnjures débitées avec amphase et d'une
maniere siindigne du Christianisme! mais
cela n’est propre qu’à ceux qui se croyent
mêprisez. Qie ne disent et que ne pensent
pas ceux qui ont connoissance et de l’Ou—
vrage et de sa Critique? ils se laissent fa-a
cilement emporter â de vains. discours,
delà à la médisance et insensiblement-à la
calomnie. _
Ceux qui au contraire ont assez de va-Î
nité pour regarder le silence d’un Auteur
contre lequel ils auront écrit , comme
un aveu des fautes qu’ils prétendront avoir
relevées , ceux-là , dis- je , ne tardent:
gueres de s’enhardir à quelque chose de
plus , ils se familiarisent avec leurs prê
jugez , et y entraînent les simples et les
ignorans; enfin ils se croyent de grands
génies, et cette erreur dont on ne tra
vaille pas â les désabuser , les engage à
deshonorer la République des Lettres par
des fratras de\ Livres qui ne contiennent
le plus souvent que des mots:
f2? MERCURE DE FRANCE
z On me dira que de véritables Chrétiens
ne tomberont jamais dans l’un ni dans
_1’autre de ces excès. Il est vrai: mais peut
_on se flatter qu’en n'a affaire qu‘à de tol
les gens e Tout un PubliÊnÆst-"il päs té-'
moin de ce qui se passe , et entte-t-il dans
des vuës si justes et si saintes? 1l est né:
cessaire de lui faire connoitre la vérité soie
en avoiiant ses fautes de bonne foi , soit
en réfutant sans aigreur ce qui est injuse
tement censuré. Pardonnezomoi , Maclay-Ï
_me , cette petite disgression , je reviens
à la lettre du R. P. G.
_ Je ne puis y souffrir les équivoques de
Ioäanges et de blâme qui y regnent. (Lie!
est le but de la Critique , si ce n’est de
faire connoîtrc la vérité et de combattre
_lc Faux? Dira-t-on que c’est remplir cc
but, lotsqu’on ne ÿexplique que d’une
maniere équivoque? Il faut, et surtout
dans la Satyre , ÿexpliquer nettement , et
ne point aller chercher du mistcre où il n’y
en a point. C’est abuser de la Critique ,‘
que de ne la pas faire servir à montrer la.
-verité dans tout son jour , et à ne la faire
appercevoir qu'au travers d’une fausse
lueur, ou même d’une épaisse obscurité.
Le R. P. G. auroit pu-temperer quelques
‘termes qui sonnent mal, mais sans doute
il a agi de bonne foi. Il ne fam pas lui
prem’
JANVIE RA.‘ 17332-17
prctcr trop de malice; cela sera échappe’ à
son attention, et il n’aura pas manqué de
se condamner le remier là-dessus.
Bien difierent e vous , Madame ,le R.‘
P. trouve les Dialogues du Spectacle de la
nature froids et languissanrs 5 la raison
qu’il‘cn donne, c'est que les Interlocu
teurs ne lui plaisent pas , parce qu’ils lui
sont inconnus. Il voudroit qu'au lieu de
ceux-ci , on eut fait parler un Dcscartes ,
un Rohault, un P. Malebranchc, 85e. Il
veut prouver son sentiment par l’exem
pie du Poëme Dramatique, et il seroit d'a
vis que, comme dans celui-ci , on n’in-‘
troduisit dans le Dialogue que des homà
mes célebres Je serois tenté de croire que
le R.. P. G. ne cormoît pas bien la nature
ni du Dialogue ni du Poëme Dramatique.‘
Il est vrai qu’on ne perd rien à ignorer
celui-ci et qu’un bon Religieux n’en doit
prepdreconnoissanccqueäpour être mieux
en etat de faire senrirJe anger des SPCC!
taeles. Mais il fandroit être plus circons
pect sur ce qu'on avance. Comparer le
Dialogue au PoëmeDramatique , des:
comparer un sim le appartement à un
grand Palais‘, et ire qu’on_ peut se for
mer la même idée de cet Appartement
que de tout le Palais cl’ont il n’esr qu’une
très-petite partie: sur ce pied un Palais
‘ CI
O
'23 MER CURE DE FRANCE
en contiendroit une centaine d’aurres ,
comme un Poëme Dramatique renferme
roqir en luièmême trente ou quarante au
tres Poëmes Dramatiques , puisque toutes
les Scenes sont presque toujours autant '
de Dialogues, il est inutile dînsisrer sur:
le faux de cette comparaison , il se fait
assez sentir de lui même. Je remarquerai
seulement que les Dialogues sont suscepÂ
Iibles du grand et du merveilleux; ce
pendant le R. P. G. semblene mettre de
difïerence entre les Pièces de Thèarrè et
l'es Dialogues qu’en ce que lcs sujets de
ceux cl sont plus paisibles et plus rran-.
quilès que ceux quioccupenr no‘; Thèarres.
Il cuOEsoit du témoignage et de Pexem
le de Ciccrompour‘ llcur moyen dïnrerespsreroulveesrleqcuteeulres mdeainls
un Dialogue èroit de nefaire parler que
de ‘grands hommes qui se fussent rendus
fameux dans les Sciences sur lesquelles on
veut discourir. Le R. P. G. auroir pu
employer de bonnes raisons pour assurer
son sentiment, plutosr que d’allcr cheræ
cher dans I-Iorace des passages qui ne re
äardentque les Pièces de Théarre. Je veux
ien pour un moment qu’il n'y air point
de diflërence ( quant au fond) entre le
Poëme Dramatique et: le Dialogue. Alors
si des Pièces de Thèarre ont eu un grand
succès
JANVIE RJ17”. 2’
"succès , quoique le fonds et les personna
ges soient de pures fictions, il faut con
venir que des Dialogues dont le sujet est
important , mais dont les interlocuteurs
«sont imaginez , peuvent et avec plus de.
raison que ces Pieces , être du goût des
Sçavans. Or presque toutes les Coméq
dies n’ont d’autre fonds que la fiction
et d'autres personnages que des noms en
l'ait. .
Je ne veux pour preuve de ceci ue
les Comedies de Terence; elles ont ait
tadmiration de tous les siecles et sont en
core aujourdbui les délices des amateurs
des Belles-Lettres. Cependant comment
connoîtuon les personnages qui y jouent
leurs rôles? quel est leur Pays ‘.7 quelles
sont leurs grandes actions P ou dira-fion
que ces Pieccs si parfaites, ne sont pas
es Poëmes Dramatiques?
Le précepte d’Horace de nîmroduire
sur la Scene que des Heros connus , ne re-u.
garde que le Tragique. Encore ce Poëre ne‘
dit-il pas qu’on ne puisse passer outre,
et la manierc dont il le propose est plu
_tôt un conseil qu'une reglc dont la pra.
tique soit absolument necessaire. Ccst ce
pendant â la Comedie plutôt qug 1a T,"
êdie , que le R. P, G. compare le Dia-ç
Îogue. Pourquoi donc citer Horaçe O _
. » n
3e MERCURE DE FRANCE
Ou accordera que le Dialogue feroit
Plus d’impression sur l’esprit des Lec
teurs si on n’y faisoit parler que des
rands hommes. Mais quoi 2 ne tiendra
‘t’il ’à l l l b h d ï
qu eut mettre (ans a ouc e es
discours qu’ils ont peut-être bien tenus
à quelques Particuliers , mais qui ne sont
peut-être jamais entrez ni dans leurs con
versations ni dans leurs disputes? Qïon
ne s’y trompe pas , les Dialogues de Ci
ceron ne sont pas tout-Êt-fait de l’ima
gination de ce sçavant Orateur; il n’a.a
fait dire à ses Interlocuteurs que ce qu’ils
avoienr dit entre eux 5 il est vrai qu'il a
poli leurs discours et que même il y a mis
du sien ; mais le fond est réel 3 ce qui est
nécessaire pour conserver la vrai-sem
blance. .
On peut dire la même chose de Platon.
Ces deux Auteûrs qu’en peut regarder
comme les plus sages et les plus éclairez
de PAntiquitÉ Payenne, nous ont laissé"
dans leurs Dialogues des Chefs-d'oeuvres
de l’Art. Mais ils ne sont faits que pour
"des hommes dont le jugement est formé.
Ces Dialogues s, tout beaux qu’ils sont ,
_ne pourroient, entre les mains de jeu;
nes gens , que leur causer du dégoût et
de l'ennui; tandis que je suis persuadé
que l'es‘ Entretiens ‘du Spectacle de la N44
‘ mm
J V Ï E R. I73;. 31;
mm les charmeront et ne les lasserone
iamais. Cependant les Interlocuteurs de
ces derniers sont deo personnages ima
ginez et ceux des autres sont des homo.
.mes de la plus haute réputation. Et qui
de ce catactere le R. P. G. auroit-il voulu
qu’on fit parler dans les Dialogues du
Spectacle de la Nature? M" Descartes ,
Gassendi , Rohault, Régis , «Sec? C’eûc
été sans doute un plaisant spectacle de
voir ces esprits sublimes , tout pleins de
‘grands objets qu’ils venoient de méditer,
en‘ venir tout d’un coup aux prises les
uns apec les autres sur un Insecte , un
Coquillage , un Poisson , un Oiseau , ôcc.‘
Voilà cependantce qui auroir été du goût
du R. P. Ne pourrdit-on pas lui deman
der s’il y a bien pensé ?
De plus , que fairedire 5. ces grandi
hommes sur des matieres ausquelles ils
ne se sont peut-être jamais arrêtés. Ou il
eût fallu les faire parler en Philosophes,
et‘ alors les jeunes gens pour qui prin
cipalempnt l’Ouvrage dont il s'agir a été
compose,.n’y ourroienratteindre; ou il
eût fallu les aire entrer clairs un Petit
détail de choses qui ne pouvoient être
nouvelles ni aux uns ni aux autres, ce
qui‘ ne seroit plus soutenir leurs carac
teres. Pourquoi le R. P. G. voudroit-il
a {IONS
‘g: MERCURE DE FRANCE
nous persuader qu’un jeune homme â la
{leur de son âge , soit inca able de Par
tention qu’il faut apporter a des Confeq
rences reglées, sur tout lorsque la ma
tiere qu’on y traite est curieuse , agréable
et‘ interessante i‘ Il n’est que trop vrai ;
les jeunes gens de condition sont pou:
‘la plupart ennemis de toute application
d'esprit à ce qui regarde la Religion e:
les Belles-Lettres, et c’est ce qu'on ne
peut trop déplorer. Mais aussi n’y a t’il
pas toûjours de ces heureux génies qui
se portent au bien dès leur jeunesse , _el:
qui saisissent avidement tout ce qu’ils
çroyent pouvoir contribuer à les‘ rendre
meilleurs? ne peut-on pas en supposer
cun pareil? ' v
Je ne sçai ce qui peut faire paroîtrc
méprlsables au R. P. les petits traits de
morale ré andus dans les Entretiens dont
il s’agit. c prétendu defiaut qu’on re
proche encore à un homme recomman
dable par sa pieté et par sa science , s'é
Vanoüitoit bien-tôt; si on pensoit une
bonne fois ue c’est pour jeunesse quclil écrigaussi-bl’iiennsqtruuectli’oAnudteeulra
du Spectacle d: la Nature. Les jeunes gens
font rarement refléxion sur ce qu'ils lisent,
ce qui fait qu’ils ne retirent aucun fruit de
routes leurs lecturesll est donc important
de
, JANVIER. 1733.‘ 5;!
de les accoûtumer de bonne heure à peu;
9er et à tirer d’utilcs leçons de tout ce
qui‘ passe devant leurs yeux. Je veux
bien que dans une Histoire composée
pourjdes Sçavans , on se d_ispense de met.
tre des Refléxions morales un peu éten
duës; mais on ne doit pas blâmer ceux
qui ppur Putilité des jeunes gens, ju,
genra propos d’en ‘user autrement. Si
tant de personnes s’élev_cnt contre cette
pratique-fil faut en convenir, des: que lfa.
mour propre n’y trouve pas son compte.
Une verité qu’on lui montre au doigt, lui
déplaît; il voudroit toujours avoir la satis
factionde l’appercevoir le premienCcst de
tous les ‘vices le plus dominant dans l’hom-,
me et le’ plus injurieux àlaMajesté divine;
dedesr cependant- celui qu’on‘ fomente
avec le plus d’ardeur , au lieu de tâcher
de le réprimer. Il est triste quede nos‘
jours on veüille en faire l’ame de l’ins
nruçriorndes Enfans. Grandinconvenieqt
que "des personnes sensées ont remarqué
ansAun‘ nouveausystême , qui d’ailleurs'
paropxtexcellent. . » ,_ .
_ lînfin le Portrait dt} ŸAne que le R.P.G;
a voulu tourneren ridicule , paroît tel
détache de ce qui précede et de ce qui
\5UlÎ. u’o_n le lise dans le Livrp même
e}: qufpn 1e liscisans préjugé , on n’y dé
couvrira
'54. MERCURE DE FRANCE
couvrira qu’un simple badinage , qugâ
la verité , auroir mieux convenu dansla.
bouche d’un Candidat de Réthorique.
' J ‘ai Fhbnneur d’être , Madame, ôcc.
Le x9 Dccembn 1732. A
IM ITATION de POde dT-Iorace , qui
commence par ces mots: Eloen.’ fuga
ce: , Üc.
L E temps s’enfuit ,hé1as 1 Posthumc, ami Pas-I
rhum: _,
En vain à ses rigueurs ta piété présume , g
D’apportc_r du retardement ;
Ics priercs , ces voeux seront inéficaces l
la Viellcsse et 1a Mort vers toi, quoique tu fa»
5C8 5
Savanccne insensibleiment;
5%
Non .. quand pour empêcher que ton corpsnc
pénsse , _ _
Tu te signaler-ois par Pample Sacrifice ,
De trois cent Taureaux , chaque jour;
In ne fléchirois point le Roy de ces lieux 50m1
bres , — - -
Où 1’Ondc Stygiale a tant de milliers d’Ombtea
. Ravie tout espoir de retour. "
" "Yaineg"
1 r.‘
,_' ‘JANVIER. 175;. 3;
_ Nainement craindrons-nous les fièvres de PAIN
tomne , .
ÿainement de Théris , vainement de Bellone ,'
Eviterons-nous les dangers . ‘
‘Nous la passerons tous , cette Onde redoutée :
Nous la passerons tous , c’est une Loy dictée
-Pour les Rois e: pour les Bergers. _
M - 1
Il faudra Voir un jour le noir et lent Cocyte;
Du Cruel Danaüs la Famille maudite , '
Sisyphe et ses travaux affreux s
Il te faudra quitter cette riche Campagne,
Ce logis magnifique, et Qäccorda FHPyaimmeanblàe cteosmpvaoegunxe.,‘ i
M
De ces Arbres si beaux , que tes soins ont fait
croître ,
Excepté le Cyprês , nul ne suivra son Maître.
Ce vin , sous cent clefs conservé ,
Ce Vin qui des Dieux même égale le breuvage 5
Dam plus digne heritier devenu le partage ,
Teindra son superbe pave’.
F. M. F;
I
D
s35 MERCURE DE FRANCE.
_R'E MA R Q?) E S curieuse: sur la
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
l
o
v
.7 ' ‘ L: Î ' 1
._ A‘«:rou*a:_‘,e,"0cc:~
3o MERCURE DE FRANCE
LES NOCES DEPLUTUS;
CANTATE.
. Ravaillant nuit et jour. et calculant sana
cesse ,
Plutus a quoi quäccablé d’une longue vieil-f
5. lesse, ,
4' grossir ses trésors bornoit tous soe plais,’
strs ;
Insensible aux tendres desirs ,
_ Sans cesse on Pentendoit médite
De PAmour et de son Empire;
-Et PCSprÎt agité d’un orgucillcursouci.
,4 Un jour il ÿexprimoit ainsi_: .
i Perfide Enfant, Dieu de Citherc.
Qii sous les appels séduisans ,
D’unc volupté passagere .
Causes les maux les plus cuisans ,
En vain , ton Sot orgueil sc vante
D’avoir soumis et la Terre ‘e: les Cieux.‘
Je vois d’une ame indiEerentc
Tous res elforts audacieux ;
Mon trésor me plaît et mknchanteg
- De lui seul je suis amoureux, '
Contre moi ta rage imyuissante
r-‘v
' Lance
JANVIER. I735. 51
Lance en vain tes traits dangereux.
Àinsi du fier Plurus la langue satirique
sur PAmour se divertissoit ,
Lorsque ce Dieu ‘qui par hazard passoil
Entcndit son panegyrique; ‘
Vieil insensé , dit-il , transporté de couroux ,
Tu ne braveras pas plus long-tcms ma puise‘
sauce;
Ton coeur percé ale-mille coups
servira de victime à ma juste vengeance.
{l ces mots, dans sa main tenant un trait vaini
queur ,
Çonneis-moi mieux, dit-il , "cède au Dieu d!
_Citherc,
Si tu ne peux Paimer , du moins crains sa co-ë
1ere :
Le trait vole , et soudain il va frapper Il
coeur '
Du vieux Plutus trop témeraire ;
Il ressent tout à coup une amoureuse ara
«leur,
Dont il veut en vain se drfîendre ;
Malgré lui son coeur devient tendre,
Philis par hazard à ses yeux
Présente sa beauté naissante ;
Cette Belle aussi-tôt Penchante,‘
Et ne pouvant résister â ses feux ,
Il implore à son tour , quoique scxagenairç;
Le secours du Dieu de Cithctc , "
Je
3-2 MERCURE DE FRANCE
je te Êéde , dit-il , aimable Dieu dvimour",
Tu m’as soumis à ton Empire 5 ‘ ‘_
Heureux si ce: objet pour qui mon coeur sou
pire _
Me payoit d’un tendre retour !
Vous changez bien-tôt de langage,‘
Dit l’Amour , en riant, vous aimez â votre
âge a
Fi donc! sage Vieillard , fy! vous n’y pensez
pas 5
Vous imaginez-vous que de jeunes apas
‘Puissent devenir le partage
D’un Vieillard décrcpit tel que le Dieu Fine
tus ë
Non , tout Péclat de vos écus
Ne peut ricn sur VolrC Maîtresse ;
i
.
On aimera votre richesse; , .
‘Mais vous serez haï plus que la mort;
Philis sera pourtant unie à votre sort
Par les liens de PHymcnée ,
Mais , malheureux Plutus , quelle est ta destîg‘
née Î’
Je frémis en voyant les sujets de chagrin ,
Q1: pendant ton hymen vont naître dans ton‘
sein. '
Tout vieillard qui se marie ,
S’apprête un cruel ennui;
S’il choisit femme jolie ,
Çe choix n’est pas fait pour lui g
Tout
JANVIER. I733. 5}
Tout â coup la jalousie
Régie tous ses mouvemens 3
Tous les instans de sa vie
Sont des-instans de tourmens.
‘ La vieillesse a‘. la jeunesse
Ne peut jamais convenir ,
Plutus aura sa Maîtresse ,
Mais gare le repentir.
' ‘V. D. G.
äëeaaaaeaaaaanaesëaa
REMARQZJES de M. Bouguegde [C44
cadimie Royale des Sciences , et Hyslro
gra lie du Roi , sur une Letrre que
1l . Meynier, Ingénieur alu Roipour la
F filarine , a fait ini'e'rer dans le Mercure
olefuin dernier , p. m5}. et suiv.
Uoique lcs Remarques que je donne
_ ici ne soient pas précisément pour
M. Meynier , j’ai crû que je devois at.
tendre qu’il fut de retour , avant que de
les publier, On voit assez par la Lettre
qu’il a fait insérer dans le Mercure de
Juin dernier , qu’il est extrêmement;
A I - - - ' - r
fache : il devolt cependant faire attention
qubn ne réussit jamais à montrer la bonté
de
n. MERCURE DE FRANCE
de sa cause , en aflîrmant simplement que
ceux qu'on regarde comme ses adversai
res sont dans Pimpossibilité de rien ro
duire d’utile. Le Public incapable clîen
trcr dans lcs passions des particuliers ,'
mettra toujours une difference infinie en
tre de semblables reproches , et -des Ob
servations modetêes qu’il est toujours per
mis, de faire sur les Ouvrages mêmes , et
ui n’ont pour objet que la seule utilité
de la chose. i
Je pourrois donc me dispenser de réa;
pondreàla grande objection que M. Mey
nier répète si volontiers. Rien ne prouve
mieux son embarras , que de voir qu’il
se répand sans cesse dans des discours qui
n’ont aucun rapport au sujet, dans le
tems même qu’il reconnoît que le Public
n'aime point à être fatigué par ces sortes
de discours. Il est’ vrai qu’il ne se trompe
as beaucoup _, lorsqu’il llumieres dans les matieresidnesiMnaurëinqeue, smoenst
extrêmement bornées; mais il ne devoir
pas assûrer la même chose de tous ceux
ui n’ont point été en mer. C’est préci
sement cette mauvaise raison alleguêgou
lutôt hazardée, un si grand nombre de
Ëois , qui me met dans la necessitê de ré.’
pondre. Ce n’est pas ma cause qu’il s’agit
de dtffendre , c'est celle de plusieurs hgqîis
a i
_ ‘JANVIER. 17332 '5';
habiles qui peuvent par leur application
rendre des services trèsconsidérables à la
Marine. Il n’est pas juste que je garde le
silence , lorsque fai eu le malheur deleux
attirer un reproche dut et désobligeant ,
qui s’il étoit applicable, ne le seroit qu’à
moi seul. 1l ne faut pas qu'à mon occa.
sion , le Public diminue‘ rien de sa con-A
fiance ni de Pattente où il est , qu’ils lui
donneront des Ouvrages excellens. Plus ».
on rend justice à M.Mleynier , parce que,
comme il nous en assûre , il a atteint son
but dans plusieurs rencontres , plus , il
est nécessaire de détruire ses prétentions
injustes , et de dissiper jusquhux moin
dres nuages dont il a tâché ‘obscurcit la
vetité. 1 .
Cet Auteur qui s’applaudit si fort d’a-'
Voir fait un grand voyage sur le grand
Banc , pour se former dans la Pratique ,'
ne nous ditvpoint en quoi il la fait con
Liister; qquoiquïl y en ait de deux sortes;
Ifune qui_ tient beaucoup à la Théorie ,r
n’est autre chose que la science des faits z
et il est certain que si l’on peut s’y for.
mer en navigeant, on peut aussi s’y for.
mer à terre , en fréquentant les Ports de ‘
mer , en examinant soigneusement les
vaisseaux , en ÿentretenanr avec lcs Ma.
rins, et techerqhant toutes les occasionsda
' s’in-_
( 1
a
4,5l MERCURE DE FIÏANCE
u
finsrruire. Il n’est pas question de décider
ici laquelle des deux voyes est la plus
courte. Mais puisqu’i‘l n’artive rien en met
dont nous ne puissions être informés très
êxactement à terre , il est constant
qu’en peut ‘sans naviguer , se rendre ha
bile dans le genre de Science dont nous
arlons. Les Marins llemieux leur métier n’moênmtea,cquqiusi usnçeavpeanrt
tie de leursconnoissances-pratiques que de
la même maniere: car quoiquïls ayent
traversé l’Ocean un très-grand nombre
de fois , ils n’ont pas pû se trouver dans
toutes les rencontres possibles, ni s’ins—
truite par eux-mêmes de toutes les diver
ses particularirez. Il Faut remarquer ou-'
'tre_cela qu’ils”son_t obligez de faire ordi?
nairement un très-grand nombre de Cam
pagnes , pour prendre seulement quelque
teinture des premiers principes de laMé.
chanique. Ils éprouvent , par exemple ,V
les principales proprietez du levier ; ils
yoyent dans leurs caliornes l'usage des
poulies pour augmenter la force; ils ap
prennent dans la disposition des voiles
quelques-unes des loix que les fluides ob
servent dans leurs chocs. Mais il ne faut
pas sîmaginer avec M. Meynier que toug
tes ces choses ne sapprennent jamais qu’à
la mergelles shprennent au contraire ‘beau.’
- ' coup
ÂÏA N V I ER.’ 173;‘ ‘g
. ,
.
i212; älälsjalscrxlcntà Itîelrrc; aussi-tôt club;
usqu aux crncns . a
commence par une étude réglé; dccetlæll
njetrxe. Alnsl la Théorie d’un Mathéma
txelen ‘qul yaPPlique àla Marine doit
lut Ëemr heu d’un grand nombre deæoya.
(Saes e adnts enmer’: c} 1' l a d?al' lleurs cet avan'
g e 593V01r d une maniere précise cc
Îäîäâät“ “l” 3a Plûvarr des Marins ne
éçat d que ttes-confusement. Il est en\
ériene comlâarer entr elles difïercntesex
âen dcîretîêl’ e Passer d? “me à l'autre a
Ëïévoir ce“ t-oätçs les smgulantel a Ct (le
circon qun oleamv' er dans d ,autre,
stances : au heu que le Marin ’ 1
nsvîestceæpnonionxtssGanécoemsetdreeSt, aet:iqquuei ent’adeac{aléa
‘qu_i>_ a experimentaéls Precisemcnt que' ce
. Mais s1 l’on acquert aussi-bien à rem-è
que sur les vaisseaux cette espece de ‘ma’;
fllqfge qun a tant de rapport à la Théorie
P3ratàiütuavoüer q“’on ne Peut acquçï.l;ï la’
7 ‘l eïproprement dlte, quæn {ré
quentant aMer et ulil fa A ‘ -
réu..ssx_r fa‘ ’ q, . u:. mem‘ P0"
C e 1re pour lor_din31“? plus l' eurs
àuatmpaghnes. Cette derm..ere Pra“'PC113.5!
recose uel f r ,,
Précision q a aCILoe d oPeïeï 3V€c
P ï Ctb avec prompnt' ude , malgré
tous
'58 ME RCURE DE FRANCE
tous les mouvemens du Vaisseau. Il faut
dans le Pilote que presque toutes les par
ties de son corps contribuent à former
cette habitude; et il faut qu’il pousse Fé
xetcice assez loin pour pouvoir agit en;
suite comme sans y penser ou comme
machinalement , afin de n'être jamais ex
poséà perdre par des refléxions un tems
dont il est souvent necessaire de se hâter
de faire usage. C’est cette facilité d’éxe
cution qu’en ne peut contracter qu’â la
Mer , qui constitue’ la Pratique dont
M. Meyniet a sans doute voulu arler
et qu’il vante si fort. Mais qwéxecutc
t’on , si ce n’est xiit la Théorie , prélecsepptreéscetijtoenst uacrfaoiusron
est souvent fort ignorée ë Ainsi si la Pra
tique dont il säigit est estimable, si elle
est utile ,si elle est même nécessaire , paru
ce qu’il faut que quelqu'un conduise les
vVaisseaux elle est néanmoins autant au.
3
dessous de la spéculation qui régie ses dé.
marches , que les opérations du corps sont
au dessous de celles de l’esprit : ellc n'est,
si on peut parler de la sorte , quela set
vante de la Théorie. Il est clair encore
qu’il ne faut pas se reposer sur elle glu
soin de perfectionner la Navigation; puisg
qu’elle n'est qu’une qualité purement cor-i
orelle ac uise ar une on ue ré éti
a - tion
p‘ JÀA N V’I E_R. ‘I733; ‘s;
non des memes operations , et qu’elle ne
peut téüssir tout au plus qu’à faire exé
cuter les mêmes choses avec plus (Padresse;
Aussi sçavons-nous que presque tous nos
instrumens , toutes nos tables , toutes nos
diflerentes espèces de Cartes; toutes leq
connoissances enfin qui servent à la Na»
vigation et aux Pilotes, sans même que
la plûpart des Pilotes le sçachent , ont eu
pour inventeurs des personnes qui fa.‘
voient point été en mer , mais qui '
étoient habiles dans les Mathémati
9“°’: g . .
Ainsi on voit combien ll y a de diffég
tence entre les deux diverses espéces de
Pratiques que nous venons de considérer.
L'une est du genre de nos autres connais,
sances : elle réside dans l'esprit , et nous
ne la nommons Pratique que parce que
_ les choses quïelle a pour objet attendent;
de Péxecution leur dernier accomplisse
ment. Cette pratique se trouve portée
’ lus ou moins loin , selon qu’on_ réüssic
‘a faire des a plications plus ou moins
heureuses de la Géometrie et de la Mé
chanique aux Ptoblêtnes de Navigation ;
et elle peut säcqnerit à terre, comme
fnous l’avons montré. A Pégard de l’autre_
espèce de Pratique , de cette habitude du.
corps qui met en état dbpércr avec plus
' . D ij d’:
æ MERCURE DE“ FRANCE
d'adresse , elle ne peut,sans douteuse conà‘ —p
tracter qu’à la mer : mais aussi elle ne sert
‘quäux Pilotes , et elle n’augmente en au
cune Eaçonvleurs lumieres. Le Marin con
sommé dans cette Pratique , employe
avec facilité les instrumens ordinaires qui
servent , par exemple , à observer la hau.
(eut des Astres : mais éxercé dans cet
usage , il n’cn sçait pas mieux les demie.
tes raisons de son» opération , ni la cons
traction de Pinstrument qu’il a entre les
mains.
C’est à peu près la même chose de tous
les autres points de Marine. Ce n’est cer
tainement pas aux Matelots qui ont le
plus fréquenté la Mer , qu’il faut deman
der la cause de toutes les singularitez
qu’on remarque dans le mouvement des
Naisseaux 5 pourquoi, par exemple, les
' uns sont Iegm à la rame pendant que les
autres sont lourd: ; pourquoi quelques
Navires vont moins vire , lorsqubn aug
mente leur voilure. Toutes ces choses ont
été senties une infinité de fois ar les
Marins; mais il n’est réservé qu’â des Ma.
thématicîens d’en pénétrer la cause : car
on ne peut y réüssir que par une grande
connoissance des Méchaniques , non pas
de celles qui ne consistent qu‘à sçavoii:
manier une lime ou un cordage; mais de
- . i ‘ celle;
J A N V I E R: 173;; (‘f/i
ceiies qui nous instruisent des loix que
la Nature observe dans la composition
et dans la communication des mouve
mens, et qui nous mettent en état de
zprévoir ce qui doit résulter de la com
pllation de plusieurs Puissances qui agis
sent ensemble. Or la recherche dont il
s’agit peut se-faire aussi-bien en Terre
que par tout ailleurs , puisque les choses
qu’on veut découvrir , ne dépendent que
de la figure du Vaisseau et de la disposig‘
tion de sa mâture.
. On voit donc qu’il ne faut pas con:
fondre, comme le fait M. Meynier et les
' jeunes Praticiens qu’il nous cite , les par
ties qui forment le Géométre qui s’ap-i
plique à la Navigation", avec celles qui
orment le Pilote. Ce sont en genetal des
Professions fort détachées. Le Pilote, nous
le repetons; doit aller en Mer aussi-tôt
qu’il sçait la petite portion de Théorie
qu’il doit mettre tous les jours en execu
Iion. Il doit aller en Mer , puisquïl
ne {agit plus pour lui que dbperçr , et
puïl ne‘ peut acquérir la facilité de le
aire avec promptitude, que par un long
exercice. Mais le Géomètre qui cultive
la Marine sans avoir la moindre envie
de conduire les Navires, et qui n’a par
consequcnr que faire debcety habitude du
‘D iij corps
L—j
la MERCURE DE FRANCE
corps qui ne sert que lorsqu'on est char:
gé d’executer , doit se tourner d'un côté
tout different; il n’a pour travailler à la
‘seureté de tous les Vaisseaux , qu’à con
server et n’a tâcher de perfectionner le
précieux ciepôt de toutes les connoissates
qui servent à 1’Art de naviger , et il n'a
pour cela qu'à cultiver avec autant de
soin la premiere espece de Pratique dont
nous avons parlé, que les Pilotes sont
obligez de cultiver la seconde.
Ce que je viens de dire suflît, ce me
semble , si—non pour me disculper-du.
reproche de n’avoir point été en Mer,
au moins pour en disculper les personn
nes sçavantcs , qui sans avoir navigé, peu
vent ÿappliquer avec succès â PI-Iydron‘
graphie. C'est-là aussi tout ce que je me
suis proposé , et n’ai eu nulle envie
d’entrer en dispute sur ce qui me regarde
en particulier. on n’a qu'à faire attention
à la" maniere dont M. Meynier soutient
sa cause,_et on verra qu’il faut avoir bien
du courage pour oser dire qu’on est d’un
autre sentiment que lui; il ne se con-a
tente pas d'avoir toujours ‘contre vous
Pexperience , Pusage , le consentement de
tous les Marins, dans le temps même
que vous tächez de justifier quelqu’une
. e leurs ptatjuess il a encore —des rai
- \ ' fion‘!
JANVIER. 173;. 6;‘
sons péremptoires qui montrent tout
Ëun coup que toutes les vôtres ne val
lent rien,er qui vous ferment absolument
la bouche. Vous croyez ne rien mettre
dans vos Ouvrages ue ce que vous con
cevez clairement et istinctement, et que
ce qui peut être ‘entendu de tous les Lec:
teuts ‘qui sçavent médiocrement la. Géoä
metrie et l’Algebl'e',m_aîs vous vous ttom- a
pez, M. Meynier trouve que vous n'a
vancez que des Enzgme: qui m: peuvent
pas avoir pour sen: naturel , le sens que
vous leur donnez; et il vous assure ou.
trc cela que vous n’avez aucune idée ni
la moindre connaissance des choses sur les
quelles vous écrivez. Je laisse à penser
s’il y a du plaisir à disputer contre un
‘aclversaire habile d’ailleurs , mais qui n’ad
met précisément pour preuve deson
’ droit , que de pareilles choses ou des pro
positions de gageures, et qui veut en-‘
cote que vous vous embarquiez avec lui_
sur le même Vaisseau. Il n’y autoit que
Pimportance des matiercs contestées qui
‘pourrait inviter àpousser ‘la discussion
]usqu’à la fin; mais ayant fait quelques
Remarques sur le Livre qui fait mainte
nant le principal sujet de la dispute, ÿai
appris qu’on en a‘ fait de semblables dans
presque tous nos ‘Ports-de Mer. Ainsiïl
D iiij seroit
Z4. MERCURE DE FRANCE
seroit assez inutile que je multipliasse
mes réponses; je puis maintenant gar
der un profond silence, et je présume
même qu’il ne sera pas nécessaire que je
le rompe dans la suite. Au surplus, je
suis persuadé que le R. P. le Brun et
M. Deslandes ne sont nullement offensez,
comme le prétend M. Meyniet , du ju
gement que j’ai porté de son Demi-Cer
cle. Le Certificat que ces deux illustres
Mathématiciens ont donné, contient peut
être quelques modifications dont on a la
‘précaution de ne nous point parler, et
dïæilleurs il n’y a personne qui ne sçache
u’on approuve tous les jours à certains
egnrds , des choses qu’on setoit ‘bien ÊIOΑ,
gné de vouloir adopter.
Au Havre, ce 2.7. Dioembrr 173;.‘
' M A D R I G A L.
Pour M“ de Malcmi: de la Vigne.‘
1 Esprits communs, amcs vulgaires,
Implorez dans le saint Vallon ,
Les Muses et même Apollon;
Moy , je xfinvoquc plus «Pêtzcs imaginaires; C
3
JA NVIER.‘ m3. g;
Ëe n’esr pas qu’enuuyé du langage des Dieux ,
je m’apprête à briser ma Lyre,
feu puis tirer encor des sons harmonieux;
Mais il faut que Malcrais mïnspire ;
Charméde ses doctes Chansons ,
Pour rnïmmortalise: je brigue son sutfl-age,‘
Et je veux en suivant ses utiles leçons ,
Mériter de lui rendre hommage.
_ Le Chevalier de Neufvill: d: Montador;
àâàâàââèâêââàägàâèââââèä
SEL.PRT.IécÈritMe Eà M.LÇleTMTarRqEuidsede; B. au
sujet de: Villes d’Or4n et de Gema.
_, E- vous fais, Monsieur, mon compliment su:
» votre heureux retour à Paris. Ce retour me
fait un double laisir car il me dis ense de vous
. 4 . P *. .
écrire aa_ suite des affaires d’Oran depuis ma der
_niere Lettre; vous en êtes sans doute déa lei-s
. . . i . l l’
nement instruit. Il m’e ar ne aussi le chaorin de
_ O
:vous apprendre le premier une triste nouvelle,
le malheur arrive’ au Marquis de Saï-n'a‘ Cruz dans
l'action du 1.1. Novembre dernier. A cela près, je
-n’aurois presque eu que des choses agréables a‘.
vous dire , et ÿaurois fini par la levée du Siege
.de cette Place , par la démolition des travaux des
Maures et par leur retraite, circonstances qui
{ont Pétat présent des choses, suivant les der-e
pseres Lettres (Pfispagne et (Ÿliflïique. .
' D v Au
l.
Z5 MERCURE DE FRANCE
Au lieu de tout ce détail’, qui seroit pour vous,’
Monsieur , une répcrition , je crois devoir vous
faire part du précis d’une Lettre que ÿai reçûë
depuis peu d’Algcr , dans laquelle Oran n'est pas
oublié , et qui contient certaines particularitez
que vous ne serez pas fâché de sçavoir. La.
Lettre est datée du 2.3. Octobre dernier et
écrite par un Voyageur éclairé. ‘
sa Jamais Expedition n’a été plus heureuse ni
u plus visiblement favorisée du Ciel que celle
a d’0ran.Le Gouverneur Maure étoit eu état de
se faire acheter bien cher cette Place aux Espa-g
a gnols, il ne manquait ni de monde ni de mus
a: nitions pour faire une longue résistance , favo
g, risé d’ailleurs par la situation avantageuse des
u Forts, et par une Arméede sa Nation , qui de
ne voit rendre le débarquement des Troupes Chré
o. tiennes très-difficile. Si ce débarquement eût
a été diEeré seulement de deux jours , il devenait
o: presque impossible, â cause d’un vent d’Est,
p: qui survinr si frais et si violent , que tous les
hBâtimens de transport seroienr in ailliblement
upériær avec leur charge. De plus , en ternpori-i
u sant un peu de la part du Commandant , une
nseconde Armée de Turcs et de Maures , accou
u rus de toutes parts , se seroit jointe à la pre-j
n» miere, et auroit rendu la retraite et le rembar
p; quement de PArmée Chrétienne absolument
a nécessaire et évalement érilleux - mais comme
. D ’
aje l’ai d'abord reimrque’, le Ciel a voulu benitfi
m les Armes et les pieuses intentions du Roy d’Es-_'
D) Pflgfltn
a Après un ‘tel succès qui a d'abord rempli
‘a de consternation et d'épouvante toute la Bar—,
ce barie ,- si la saison avancée, ou cl’autres Consi-j
a dcrations , m'envoient "pas arrêté les progrès de
i . 98E
JANVIER. I733, 57
a ces mêmes Armes , on peut assurer que les Es
» pagnols se scroicnt rendus maîtres de toute
a: cette Côte et d’Alger même, saris beaucoup
u dbposition. On craignait ici si fort cet éve
.. nemcnt, que le Dey et tout le Pays étaient
a: plus disposez â la retraite , ou plutôt â la fuite
w dans les Montagnes les plus inaccessibles, qu'à.
a la deffense.
.. Mais ces dispositions n’ont ‘pas duré; l'in
a action des Espagnols a fait reprendre courage
æ aux Infidelcs , ils ont réütii toutes leurs Forces
a pour faire le Sicge d’Oran , qu’ils ont elfective
un ment formé depuis la my-Septembre , avec une
a grande Armée de Terre et avec une Escadre
v» tic dix Vaisseaux de guerre , sans compter plu
“sieurs Galiotes , et autres Bâtimens chargez de
v munitions pour le Camp et de quelques Trou
v pes de débarquement.
v D'autres Vaisseaux Algeriens croisent ce
s: pendant sur les Côtes dOEspagne, tnlevent tou
are sorte de Bâtimens , sur tout ceux qui sont
vchargez ‘pour Oran, et troublent cntieremen;
vie commerce D’un autre côte’ les Chrétiens
Pqui sont à Alger sont assez maltraitcz dans les
' v circonstances où sont les choses. .
n Vous jugez bien que dans ce temps «le trou
cible il n’est pas facile de faire les recherches
.0- clont vous me chargez dans votre dernier Me
v moire. La Ville de Tcmectn, ou comme on
ä> prononce ici, Tlmuan, subsiste encore , mais
m elle est fort éloignée de son ancienne splendeur.
u Avant la Prise d’Oran par les Maures sur les
a: Espagnols en 17.38. c’étoit le Siege des Deys,
u ou des Gouverneurs de la Province de Porteur.
.3: On y entretient une Garnison de zoo hommes
a giron clçang tous les ans, selon Pusagc du
V . D_ v; a: Royaume
58 MERCURE DE "FRANCE
wkoyaume cPAlger à Pégard de toutes les Places‘
si qui en dépendent. Cette Ville est admirable-g
sur-ment bien située , l’air y est très-salubre , et la
sa fertilité de son Territoire ne sçauroit être plus
a grande avec les meilleures eaux du monde. Elle
a; est a go milles environ au Sud-Ouest d’Oran, et
a après de 340. milies.d’Alger.Les habitans son:
,, presque tous ]uifs. Ses Fortifications sont fore
M peu de chose. Vous trouverés dans le Morerï
a une autre peinture de cette Ville, mais for!
,, éloignée de la verité. Alger est traité de même
_,, dans ce Livre, tout y est éxageré s surtout
ale nombre des Esclaves Chrétiens qu’en y fait:
s, monter âquarante milles , et qui ne sont pas
a seulement au nombre de zyoo.
- ne M. Thomas Shaw, Ministre AnglicamDoc.‘
m1611]: de l’Université d’Oxford , et fort habile
a. homme , dont je crois vous avoir déja par-«j
a. lé , nous a epfin quitté; il s’est embarqué le
9: t; juillet det-‘Ëiier pour se retirer en Angleterre;
sa après avoir visité Pîtalie. Il a demeuré plus
a de douze ans à A-lger , pendant lequel tems il
p a parcouru tous les Lieux qui en dépendent, le—_
5, vant les Plans des plus considérables , et faisan:
n: des Cirtes éxactes des Provinces , 8re. pour en
a richir PHistoire naturelle qu’il a composée du.
o: Royaume d’Algtr , et qu-’il prétend publier
u en peu de tems. ‘On peut présumer que cette
a Histoire sera curieuse et‘ recherchée, ifAuteut
a: ayant eu tout le tems et toutes les commodi
5o tez nécessaires pour être instruit , et ayant v6
a: et éxaminé tout ce qui a été écrit sur cette
o: matiere par M. Durand , ci-devant Consul
n: d’Alger , par les Religieux Trinitaires , pars
a: M. Laugier , Commissaire de la Marine ê’
m Amstrtdam l dont [Ouvrage q; imprimé , et
' n paç
JANVIER. I733. ‘G9
a- par‘ M. Peyssonnel, Médecin de Marseille , en
» voyé par le Roi en 172,1‘. à Alger et à Tunia
o: pour faire de nouvellesdécouvertes , &c.
n Les Cloches ‘d’©ran , dont vous mäævcz
se parlé , se voyent encore aujourdïiui ici â la.
w Porte qui conduit au Port. 1l y en a six de dif
n lereute grandeur , poséeseles unes sur les au
» rres contre une muÙille. Cette situation , ce
a; les COOEODCIUIÉS présentes ne permettent guéres
a: d’en prendre les Inscriptions. Elles ne sont pas
a: extrêmement grosses , la plus considérable n’a.
a» quïînviron quatre pieds de hauteur ,avec un
a: diamétrc proportionné. ]’ai liî une seule Ins
» criprion , laquelle est en Espagnol, e: contient:
- ces mots: Ai mm de la. sais que est» hache m
uMurrin si endo Prelado el Rmo Padre Balus
ovzar al Arma 1,74. C’ÎsÎ'ài-diÎC, qu"il y a une
v des six Cloches qui a été fondue à Murcie Pan
e: 1 r74. Le Très-Révereixd Pere Baltazar en étant
u alors Evêque.
n Vous sçavez‘ que les Mahometans se font
sa une espécc de trophée des Cloches par eux en
» levées sur les Chrétiens. On. voir encore au
a jounÿhui dans la principale Mosquée de la‘
a Ville de Maroc deux grandes Cloches suspen
n: duës à rebours, attachées a‘. la Net‘ par de gros
sa ses clæînes , que le Roi Almanzot fit empor
v: ter «Pläspagne.
Depuis la date de cette Lettre les choses ont‘
changé -:lc face , comme vous le sçavez , Mon
sieur; une Escadre de Vaisseaux de Guerre Es-i
pagnols , fortifiée par deux Vaisseaux de guerre
de Malte , a fait disparoîtrc PEscadre Turque 9
qui est rentrée i A-lger. Oran a reçû 4658660113
considérables , et vous êtes instruit de’ tout le
ICÜIC.
7o MERCURE DE FRANCE
Je ne vous dirai donc rien ici d’une Relation ‘Ê
Espagnole imprimée à Barcclone, des deux sari-g
glantes actions du u. Cedu 2. 3. Novembre _, 1a
quelle je viens de recevoir , après une attente de
près d’un mois, de la part du plus lent et du
plus distrait de mes amis. On y rend bien justi
ce a‘. la conduite et à la valeur du Marquis de
Sania-Cruz , qui a été t'a’ dans une fatale cir
consiance , ex rimée en ces termes dans la Re
lation. Vifîldûp erre desarden las Moras se nacre»
nm à aprovecharla cm las arma: 1214m4: , y fue
pretisso pasmssm par encima de elles para incorpo
nme ton l» Trop» : En cuya arnsion se perdra à cl
Marque: de SantmCmz , sir; que las paras Solda
das de Crwnlltri» , y Dragage: que le Mompanns
km , pudiessen emlmraznr su desgvacizda mume ,
ton lntima univerml , par la; prendas , y valor que
l: adornalzavz. l
Mais c’est assez parler dflllger et d'Oran , je
n’oul>lit pas , Monsieur , ce que je vous ai pro
mis au sujet de la Ville de Ccuta , dont le S:égc
par les Troupes du Roi de Maroc , a déja sur
passé en longueur le Siège de Troye. je ne
crois pas cependant que Ccuta fournisse jamais
le sujet d’une lliade: ce sera beaucoup pour cette
Ville si‘ le petit morceau historique que voici
peut. se trouver de votre goût, et vougamuser
agréablement. j -
La Ville de Ceuta est située dans FEmbOu.‘
chute du détroit de Gibraltar , à Pcntlroit où ce
"' Reluion du la succedzda m las do: Funcianfs
que m et dia u. y 1,3. de Noviembre de 1731.
inca la Guamitian de 012m ton el extraite de
les Turco: , y Maros , que l» sitinwn. Barcclona.
P9: Joseph Texido, 8re. 1732.. «
fameux
JANVIER. 1733. 7:
fameux Détroit est le plus retressi par les deux
Côtes, ensorte que le trajet de celle düfllïrique ,
ou est Ceuta . en Espagne , n’esr que d’environ
cinq lieues. Si on en croit quelques Écrivains
Espagnols , cette Ville est des plus anciennes et
des plus illustres de toute la Mauritanie, les Ro- _
\
mains qui la bâtirenr y tenoient leurs Flores , a
cause de la commodite de son Port , et la nom
merent enfin la Ville des Romains , ou la Ville
ar excellence , ce ue {ont aujourd’hui setrcible lceonnfiormmgruû’elle Potte C111
Un Historien Arabe lui donne une origine
‘bien plus ancienne ; c’est , selon lui , un Fils de
Noë qui l’a fondée deux cens trente ans après
le Déluge : mais défions-nous un peu des Ecri
vains de cette Nation , qui donnent pour la plâ
art dans le merveilleux ; et traitent PI-Iistoire
gomme la Fable. Ortelius vent que Ccuta soit
Pancienne Essilissn . dont la position " est mar
qué dans Ptoloméc, mais cette position est fort
differente de celle de Ceuta , comme nous Pal
Ions voir.
Abulfeda , ce fameux Geographe Arabe dont
j’ai parlé plusieurs fois, et dont on vient de
donner une belle Édition , avec une Traduction
Latine , &c. en Angleterre , parle de Ceuta qu’il
nomme 525m au nombre LXXVII. de ses Ta
bles Géographiques: il la place â neuf degrez
cinq minutes de longitude , et â g; dcgrcz tren
.te minutes de latitude sous le (V. Climat dans
la Barbarie * Ulterieure. sa Elle est, dit-il , si
’ 1393m’. 3o min. de longit. et 3; kg. ;6
min. de tarit. - -
9‘ Cc Giagrapêc divise la Barbarie m «vitrerie»
v 7€
72 MERCURE m: FRANCE
h tuée entre deux Mers , Pocean et la Médireg:
mranée, c’est Pabord de deux grands Pays .
o: la Barbarie et FESpagne , Ville de passage e:
n de commerce. Elle est baignée de la Mer de
‘ puis son Entrée du côte’ de Terre. Le chemin
Vaoqui conduit à cette Entrée est du côté du
v Couchant: il est fort ÿroit et presque tout
h entouré de la Mer, de sorte qu’il ne tiendroit
” qu’au’x Habitans de faire passer la Mer autour
°= de la Ville , et n’cn faire une Isle. Elle a de
'° hautes muuilles de pierre. Le Port est a 1'0
=> rient de la Ville , et la Mer est très-étroite en
a cct endroit ; de sorte que quand le tems es:
o: serain on découvre de Seâta la Ville dflâlgezi
u rat-Alkozra , ou Algezire , sur les Terres .1’Es
"pagne- L’Eau y est en abondance, et il y a.
a d’ailleurs des Citernes dans lesquelles on con-g
v serve l'eau de pluye. ’
Tel émit Pétat-cie Ceuta au temps dvlbulfeda
qui acheva son ouvrage vers Pannée r32. r. Il clé
clare que cc qu’il dit de cette Ville est tire’ prin
cipalement dflothman EBnsaid,surnorume'./1l ma.
3726i, ou FAlTricain , qui étoit de ce même Païs.
Abnlfcda, pour le dire en passant , que j'ai qua
lifié de Géographe Arabe , n’avoit rien d'Arabe
que la Langue et la Religion , c'est» â-dire , celle
de Mahomct. Il éroit de Syrie et d’une Race dis
tinguée , la même qui a donné naissance au
n ou Orientale . qui commence aux Frontieres
dOEgypte , et finit à telle: du Royaume de Tzmis ,'
devers Cuzmvan ; en moyenne , qui comprend le
‘Roy vume de Tunis , et les Provinces Orientales de
celui nlîalger ,- et en uloerieuré , qui commente aux
Frontieres Occidentales dÏ/Ilgêr , et comprend tout
l; reste de la Barbarie du tête’ du Couohnnt:
grand
r JANVTER.‘ 173;: '73»
‘grand Saladin , comme je‘ l'ai remarqué ailleurs.
Lorsque les premiers Califes , successeurs de
Mahomqt , eurent conquis PAIÏriquc . cc qui aré
riva vers" Pan 4;. de l’Hégire’66 s. de j. C.) ils
chasserent les Goths de plusieurs Contrées Mari
times , dont ces Barbares s’e'toient emparcz, dans
la décadence de PEmpire Romain, et en PSHÎCÜH,
lier de la Ville de Ceuta. Cette Ville devint ce
lebre sous la Domination des Arabes , cfiest-âs
dire, sous les Califes et sous divers Rois ou Prin
' ces leurs successeurs , lesquels y firent fleurir le
commerce et les Arts. Les Artisans de Ceuta sur-Ï
passaient en habileté ceux de Damas pour toute
sorte d’Ouvrage d’Orfévrerie , de Coutellerie , et
pour la fabrique des plus belles Îztotïes, et sur
tout de riches Tapis ,dont on venoit se pour-i
voir de toutes les Parties de l'intrigue et de
PEurope. ' ‘
Les Lettres fleurirent aussi dans Ceuta , pen
dant sa. prosperité . ce qui paroît par les noms e:
par les ouvrages de quelques Sçavans , originai.
res de cette Vrle {qui sont rapporte: par les Bi
bliographes Mahométaxis; lesquels par cette rai
son , portent tous le surnom J'AI Seétbi , ou de
Ceuta. Eqtflaurres Aboulfadhl Abbns, plus connu
sous le nom de Cadhi-Aïadh , qui mourut Pan
544.. de PHégire ( r r49. de]. C. ) Il est parlé
de lui avec de grands Eloges , par Ben Schunah ,
qui a donné un Cazalogue de ses Ouvrages. [o
seph Ben jahia , fameux Medecin juif, 8c grand
Philosophe , q-ii fut" premier Medccin du Sultan
d’Alcp Aldhacr. Il mourut l’an 513. de PHégi-ä
re n26. de j.C. et Mohammes. Ben-Omar , mort
l’an 7m. de la même Époque r tu. de j. C. Son
principal Ouvrage est’ intitulé : Erlaircissemem
mr le: dxfertnzt: 8cm: du Mahamémmc ; Ou
yrage
74MERCUREDEFRANCL
vrage dont la traduction seroit necessaire pouf
empêcher les hcrivains de l’Europe de coneinuer
leurs méprises sur ce sujet.
La prosperité de cette Ville fut altérée dans
la suite par de grandes disgraces ; la plus fatale
lui vint de la part d’Abdulmumen , Roy de Ma
xoc , qui l'ayant prise,après un Siège opiniâtre ,
la fit démolir et en transporta les Habitans. Al.
mansor , l’un de ses successeurs, la fie rebâtir, et
la repeupla â cause de sa situation; ensortc qu’el.
le devint encore une Place cousidérablumais un
Roy Mahométan de Grenade s’en étant emparé
dans des tems de troublc,il la désola une seconde
fois. Il est vrai qu’elle se rétablit encore par les
avantages du commerce et de la situation _. mais
on remarque que Ceuta n’est jamais revenue dans
cette grande splendeur , où elle s’étoit vuë sous
PEmpire des Califes ,et sous quelques Princes
leurs successeurs.
Il me reste, Monsieur ,’ à vous apprendre com.‘
ment cette Ville a passé pour la premiere foil
de la domination des Mahométans au pouvoir
d'un Monarque Chrétien ; ce qui est un point
(Pflistoire des plus singuliers , et i conduire le
morceau Historique que j’ai entrepris sur Ceuta,
jusquäu temps present; ce qui fera le sujet d’une
autre Lettre , moins longue que eelle-cy , et que
vous nïattendrez pas long-temps. j’ai Fhonneu
d’être , Monsieur . 8re
_ A Pari: , ce 24 Decembrt 173 2..
‘äëä?
NoeLs
x
‘ÀAJANgVIER. 1733.‘ 7’
moeæoeoeææ-«æoeæsæsæ
N o. E L s,
Sur l'air : Laissez. paître vos Bêtes.‘
ABandonnczäcs Astres , V
' Pour contcmplyér leur Souverain;
Modernes Zoroasærcs ,
De la Seine et du Rhin.
Seul il" connoît par quels ressorts ,'
Il a de ses immenses corps .
Réglé les mcrvcillcux accords ,
Vos yeux des meilleurs Verres ,
Ont beau ménager le secours ,
Mille secrets mystcrcs ,
Lcur échapcnr toujours.
‘Après Rohault et Gasscndi ,
Envain tout est apprnfoxrdi ‘
Par les illustres du Mardi;
Leur science profonde ,
Ne tourne pas à grand profit;
Nul ne connoît le monde ,
mu: celui qui 1c fit.
gland dans ‘le Grain et le Pcpin ,‘\
-’.‘
Nature
7a‘ MERCURE DE FRANCE;
Nature tire de son sein,
‘Ifiessence du fruit et du pain ,
Il faut pour ttconnoître ,
Si c’est attrait ou pulsion .
Avoir recours â l’Etre
D’où part toute action.
Qie Fontenelle ait mis au clair,‘
Tout ce qu'on ‘dit du poids de Pair,
De Saturne et de Jupiter; l
Qfî son Aréqpage ,
I-l fournisse ordre et néteté .
Toujours quelque nuage ,
Couvre la vérite’.
Que Bragelonne avec Moyrau ,
Supputent combien cl’eau par an ,
Le Soleil puise en l’Océan ;
La boteale Aurore ,
Les Courbes qu’ils sçavent tracer,‘
Ne leur laissent encore ,
»Q1e trop d’ombre à percer.
Envain le sçavoir ‘réiüni’, '
De Leuville et de Gasstndi ,
Parcourt un espace infini 3
Malgré la longueeétudc ,
De
ÏIANVIER} 1732‘: De iTournefort et de Geoffray .
11' n'est de certitude ,
‘Q1! celle de la Foy.
Qie dans un Ouvrage imparfait j
Nature prise sur 1c fait.
Laisse pénétrer son secret 5
Qÿon étale en spectacle,
Sou inépuisable trésor
La Creche est un miracle,‘
Plus étonnant encor.
ID: Réaumur , adroit Pinceau,
(liand tu nous traces le Tableau ,
De la Mouche et du Vermisseau‘.
Avec toute sa Secte ,
Epicure est anéanti ,
Et par lemoindre Insecte,
se trouve démenti.
Ayde nos yeux , docte Petit , g
‘A voir la structure d'un fruit ,
Tel qu’un Sçavant nous le décrit,
‘Au gré de notre envie ,
Qxe ne peut aussi du Hamel ,
Peindre le fruit de vie ,_
Qii nous vient a‘ Noël.
7sMERCURBDEFRANCE;
De son pouvoir , Péchautillon.
Paroi: mieux dans un Papillon ,
Q1: dans les feux d’un Tourbillon} .
Dans leur magnificence,
Les corps lumineux qu’il forma ,
Montrcntimoins sa Puissance ,
me ceux qu’il anima.
(grand la Citeé de ce Château;
Borgne du celeste flambeau
Les Satellites ou P/lnneau,
Les témoins de sesveilles ,
Peuvent observer dans ses yeux ,‘
Encor plus de merveilles,
Quelle n’cn voit aux Cieux.
ununnnnnnnnnm
PÂ RA L L E L E de 77254717721516
\ et de lu Bruyore.
Ls ont tous deux Pavantage dïécri
re parfaÏement , chacun dans sa lan
ue , et tous deux dans le même genré
âe composition. Tyrtame fut surnommé
Théophraste, dest-â-dire , un homme
"dont le langage est divin 5 si les surnoms
avoient lieu chez nous comme chez les
Grecs , on appelleroit la ‘Bruyete , B0;
i c c
JA NVI 12R’; ‘:732’: ' 7g
ï
che d'or. L’un a lus de douceur dans son
stile et däiménite dans Pélocution ; il y a
des traits plus hardis , plus vlifs et plus pi.
uants dans Faurre. On it vo entiers
%héophraste pour être instruit, mais il
faut vouloir l’étre;c’est une leçon qu’il
faut apprendre. La Bruyere se lit par re
création , il instruit en recréant et sans
qu’on le veüillew, c'est une critique amu
sante qu’on veut lire. Il y a une MonoJ
tomie dans le Grec, beaucoup plus de
variété et de brillant dans le François.‘
C'est un grand Tableau des passions;
chez l’un le portrait d'un grand nombre
d’hommes y est ébauché; chez Pautre ils
sont tous tirez d’après nature‘, les carac
teres y seroient épuisez s’ils le pouvoient
pêtrc. Théophraste a fait des Peintures gé
nérales des vices et ‘des vertus. Il y a quel
que chose dans Pusage du monde qui n’est
ni vice ni vertu a la Bruyere l’a connu et‘
l’a attrappé. Le premier est fécond en
définitions Métaphysiques, toutes bel
les et heureuses , c’étoit peut — être le
goût de son tcms.‘ Le second a aussi tra
vaillé selon le goût du sien _, et les a né,
gljgécs. ' Ï
Théophraste enfin , selon la manierc
de vivre quïlavoit contractée à l’Ecole de
Platon et d’Aristote, étoit VraimentlPlty
, 0S0:
3o MERCURE DE FRANCE
losophe dans ses moeurs, et comme tel il
en vouloir peut-être plus à la destruction.’
du vice même ,qu’il peint avec des cou,
leurs si noires et si belles. C’est un Prédi
cateur zélé cle la i/ertu. La Bruyere plus
_ Versé parmi les hommes _, en vouloir peut.
être plus aux hommes mêmes , desquels
il avoiuleplus à souffrir; c’est un Misang
xrope rejouissant,
P. C. PASSERAT.‘
‘ assstgsssssgsssgssma;
A MADAME la M. des.
RONDEAU _ -
Bon jour, bon an , étoit au temps Gotique,
De nos Ayeux le jargon pathétique,
On répondoit bonnement , grand-merci,
Et ce discours sincete et racourci ,
Naloit alors tout le Sel de lüittique.
Rafinement dont notre âge se pîcque,‘
[ait qu’en se guinde , on creuse , on sälambique {i
yompeux langage a chassé cettui-cy \
Bonjour , bon an.
Qame sans pair, dont la sage Critique , A .
' Blamo
JANVIER. 1732: BÎ
Blâme a bon droit tout Eloge emphatique ,
Tout Compliment de grands termes farci , 5
A vos desirs mon coeur s’ajuste ici,
Et vous disant , suivant Pusage antique, ' 7 .
. Bon jour, bon an.
fi annmsmnnmætasm
R ÊP O NS E aux dix Ver: adrersez. à
M “‘ a’: Malcmir, dam le Mercure
d'Octa6'æ 1732. sur les même: Rime: ,
par Mm D. S. F.’* *
TOy , qui prétends que parmi bons Ecrits ,
Ceux d'une femme ont peine à trouver place ,
Qyi re l’a dit .> apprends-le nous , degraçe ,
'I_‘u te connois assez ‘mal en Esprits ,'
Du nôtre , Ami, soiLdit-sans te déplaire,
L’esprit de _l’hom'me emprunte sa façon ;
Qxoique Malcrais l’ait brillant et profond;
Ceci n’est pas chose extraordinaire ,
Mais naturelle , et partant, ton soupçon ,
N’.est que 1e fruit d’un être imaginaire.
P
üï">ll"il'lïfll<">l<‘%t '*'—Æ*M*"I<‘«r'*"*‘vi***"Ë"*'Ë
L O G 0 G R TI’ H E.
DEvine moi, Lecteur, on-voit â mon usage,‘
Dans de certains Jardins bien des sortes d’herba-l
59-5’ — v E En
i8: MERCURE 'DE"'FRANCE
fin deux coupé, prima , je sets à table ,au lit s
54mm!) , c'est par moi que se forme l'esprit.
Partagé d’une autre maniere ,
Un tiers pour une par: , et deux pour la detnkreg
Nous sommes Jeux , qui dans nos lits,
Où nous passons et jours et nuits ,
Sans cesse , rendons â nos Mcres ,
me que nous recevons d’elles et de nos fxeres ,‘
A Lyafl, T“ ÀI**’E
AUTR E. ‘
Jugez , chez-e Philis , si j'ai le don de plaire; ‘
le contente le goût, Podorat et les yeux:
On trouve un de mes tiers dans le sein de la. Terre,
Les deux autres restans sont au plus haut du
Cieux.
A Lyan, TZÏŸ. Mflflfi.
’Â U T K E.
"Jäînseigne â Pindolcnt ce qu’il doit imiter;
Six membres font mon tout ; si vôus allés ôter,‘
Les trois dernier-s . Dieu ‘a quelle diflîrrencc 1
Sage Lecteur , n’allez pas mïêcoutçr ,
A mon Ecolc on ne [leur profiter.
ROQÙ ‘TIÜC
440-."
JANVI E R‘; 1m: es}
UFUTRE L0 G0 c; R rp H2:
Mon tout des plus petits, est pourtant un!
graine , v_
p OEi sert avec utilité. . a_
‘OEenversé , c’est par mOÎ qlfunc Terre lointaine;
‘Conserve sa fécondité.
l 1'
On a dû expliquer PEnigme du pre
mier Volume de Décembre par leMturpzie-r.
EXPLICATION du Lagofgrypbra
UN Gant est produit du meilleur sang cl;
Monde:
{il ne reçoit le jour d’une mere féconde, _ , ' _
‘Que pour périr bien-tôt par-les mains d’unBour-Z
_ reau . ,
‘QQixan, dluile-mdêesmseeidneviesetntprsiosn eftunqeust’eontovemubtealue.déc‘
truite , -_
Le feu , le fer et Peau , tout conspire à lui nuire.’
Plus on a soin de lui, plus il doit avoir peurs
Et ce trop heureux temps présage son malheur.‘
Combinez ses cinq pieds ,«Grate sombreet riante,‘
Au plus fort de l’Eté , paroît très-attrayante;
Discrete, solitaire , agrément des Jardins;
Elle est propre à cacher les amoureux larcins ,
0g en trouve en Europe , on en trouve en_Asieg'
«_- s . s. E l) E!
{s4 MERCURE DE FRANCE
«E; jusques aux Déserts de l’ardcnte Libye g
, Et dans ce dernier sens, sa lugubre noirceur;
A Fhomme le plus ferme, inspire la terreur.
Si vous changez encor son entiert structure , -
lu volatile , Ergotptrès-souvent sert d’armure;
1l est aux Chiens , aux Chats , un signe de bonté,‘
Et si vous lui donnez iliiïerente tournure ,
En lui vous trouvez Rot, vent de vilain augure.‘ '_
Le fameux Peuple Got , par Tacite vanté.
IJOr , qui du pâle Avare augmente la torture.
Le Tribunal de Rote, aux Prélars affecté.
4 la Campagne , enfin , POyge qui nous procure,‘
çinsi quïux Animaux , une ample nourriture.
u
- Les mots des autres Logogryphes sont
Iflgën, If, Noël.
' -Les mots des Logogryphes et de P54
nigme du second Volume_ de Décembre
sont ‘Universel, Ykblouu , la Gal/t.
JANVI ER’. I733‘. 3‘;
‘saaaasasaaaaa
NOUVELLES LITTERAIRES
DES BEAUX VARTS,&C.
i ' E cu si L de Piéces d’Histoire et de
[Littérature , Tome a de 2.34 pages,
sans la Table des Piéces contenuës dans
ce Volume , et celle des Matieres des deux
premieres Parties de ce Recüeil.
l Ce Volume contient des Pièces curieuse
ses en elles-mêmes, et dont la matiere
. est digne d’être traitée , mais qui piquent
moins la curiosité des Gens de Lettres ,'
parce qu'on les rencontre en plusieurs En
droits : cependant on ytrouve aussi du
neuf, et ce qui fait le plus de plaisir,c’est
que cette collection évite au Lecteur la.
peine de lire des Dissertations longues et: . ’
ennuyeuses , en lui présentant_les mêmes
matieres traitées en peu de mots , succ_inc- q
tement, solidement et avec clarté. ' _
_La premicre Piéce est une Vie de Plu-q‘
rauque , traduite en François: de l’Angloîs
de M. Dryden. C'est un morceau cu
rîeux qui méritoit bien d'être traduit en
notre Langue. On trouve ensuite un Dis
cours sur l’Etat des Nations à la naissance;
‘ E xij de
e; MERCURE DE FRANCE '
de l’Eglise. L’Auteur s’applique à mon
trer que tout concouroit à la Naissancè
de Jesus-Christ pour Pétablissement d:
son Eglise , PEtatlet la Religion. C’est>
comme l’on voit le même Plan qu’a tenu.
M. Bossuet dans son Discours sur l’His
toire Universelle. L’Empire Romain est
étendu dans les trois parties du monde
connu , et est regardé comme le seul Efm
pire de la Terre , lorsque le grand Roi ,
le Roi de l’Univers va paroître. Le Mon
de goûte une aix generale lorsque le Roi
de Paix vient ‘apporter avec lui. La puis-j
sànce des Romains sert à Paccomp isse—
rnent des Propheties par Pordre qui en.
vient dans les diflèrcntes Provinces de
PEmpire , pour une Description generala
d‘: tous les Sujets de cette puissante Mo-Ç
narchie 5 le Messie naît dans Bethléem de
Jirda; par cette puissance la Tribu qui
porte ce nom pet son autorité , les Gen-ï
tlls qui devoienr entrer dans les promes-e
ses et dans l'alliance de misericorde , se
rêünissent avec les J uifs pour immolet
PÏ-Ïiostie de ptopitiation , qui par le méï
rite de son Sang va desdeux Peuples n’en.
faire qu’un; enfin par cette même puis
sance Jerusalem est détruite , le Temple
.rasé et la Synagogue des Juifs anéantie
avec ses Autels. '
._ v _ ce
JANVIER. 17'3;.' 87
Ce n’est pas non plus sans misterc que
Rome devient le centre de l’Empire de’
lÏUnivers , pour Pêcrc ensuite de la veri
table Religion; que les Nations y aboraj
dent de toutes parts , afin quklles y teçoi-f
vent le cuit; du vrai Dieu au lieu des vaiä,
ries richessespti des honneurs périssables,’
qui étoientle but de leurs voyages telle
envoya: par tout des Colonies pour y pot‘)
ter ensuite la Foi de PEvangile; le Messie
pvient dans le Temple lorsque Rome est
dans le plus haut point de sa grandeur, e:
t que la politesse , l’E5prit , les belles Let
tres et les Sciences y brillent avec plus
d’éclat , afin u’en étendant tous ces
avantages dans (ies Pays où elle étend sa»
uissance , elle y établisse la politesse,»
iiurbanité; en un mot, un esprit de socien‘
tÉ-qtii donnât quelque ouverture à la pré
dicarion de [Évangile , et qui disposât
les Esprits à lÎécouter. Par là PEV-angile
(Ïevoit heriter de toutela richesseet de la‘
Sçience de Rome : par là la Foi fait voit‘
qu’elle sçaifsoumettre â sa misterieuse obsi
curité les plus sublimes génies, et qu’ellc
n’a pas besoin de leurs secours et de leur
éloquence pour établit son Empire pat
toute la terre. . . *
« , Si l’Etat Civil disposait tout à Parrivéa
du..Messie , jlîfime de 1a Religion mon-x.
;__ ,, E iiij trois
à? 77"
à? MERCURE DE FRANCE
troit encore davantage le besoin que les
hommes avoient de la nouvelle Alliance‘.
Ils avoient de belles Loix‘, mais elles n'é
toient point observées; le Corps de leurs
Loix étoir corrompu par un grand nom
brc d'autres. qui permettoicnt plusieurs
désordres ; la Religion étoit plus horri-r
ble encore , c’étoit elle qui apprenoit aux
hommes à devenir méchans , les Fêtes des
Dieux étoient des jours de brigandagcs cc
de désordres ; les Temples étoient des
Ecoles dîmpureté , dïrreligion ;_ tout
Dieu y étoit bien reçû : Rome adoroit
ceux qu’elle avoir vaincus , et de vaines
Statuës sans sentiment et sans connois
sancc étoient victorieuses des vainqueurs
des Nations et des maîtres du. monde. Le
seul vrai Dieu y étoit inconnu , lui seul
n'avoir point dfAutels nide sacrificateutâ;
point de culte ni (Ÿadorateurs. UEgyptc
et la Gréce avoient aussi leurs Dieux 5
mais quels Dieux! ose-t-on les nom
mer , tant ils sont capables d’humilier
Ïhomme.
: La‘ Religion des Juifs étoit elle-même
mêlée de superstitions et de Traditions‘
purement humaines; en un mot, toute la
Rcligion des diflerens Peuples _, leurs"
Loix mal observées , leurs Sacrifices abo- '
minables aux yeux » de Dieu 3‘ leurs cr—"
. {CHIE
J A N VIE R. 1733.‘ '89‘;
\
rçurs montées à. leur comble, tous les
raisonnements et les Systemes des Philo
sophes épuisés , montroient à Phomme le‘
besoin qu’il avoir d'une Religion qui lui
apportat enfin des connaissances , qui
pûssent fixer leurs esprits au milieu de
tant de monstrueux égaremens , et qui‘ '
. leur donnât des forces" dont ils sentaient
la necessitê ’g pour accomplir leur devoir ,‘
et pour suivre la voye de la verité et ‘de
la vertu.
_La Piêce suivante traite des donations
de Pcpin et de Charlemagne faites à l’E-'
glise de Rome; on y montre qu’ellesï
sont le commencement de la souveraineté
temporelle des Papes; L’Auteur de cette
Dissertation ÿapplique à y montrer q.u’a'-'
vaut la donation de Pepin les. Papes n'ont,
eu aucune souveraineté 5 ni à‘ Rome ni
en Italie , ni en aucun Endroit : et que;
les Rois Pepin et Charlemagne étoienc»
Maîtres et légitimes possesseurs des Pays
qu’ils ont donnés "aux Evêques der
Rome. v ».
La 3.Piéce est une petiteDissertation sur t
les faux Prophetes , et sur les moyens de
a legdiscernet d’avec les Prophetes vérita-j:
bles; L’Auteur yléxamine trois Points.
Le premier , quels étoient ceux que l’E-;'
crieur; repûsentç comme de faux P104
E v pheg
LÀ
9e MER"CURE' DE FRÏANCE
phètes , et de combien de sortes elle en"
distingue. Le second , si ces faux Pro-'
phetes pouvaient reconnaître eux-mêmes
quïls étaient dans l’illusion. Le troisiéa
me , à quelles marques extetieures le peu-i
ple pouvoir discerner les vrais Ptophetcs
' dävec les faux.
- On trouve ensuite une autre‘ Disset.‘
ration sur la Collection (Plsidore , ct sur
les Décretales attribuées aux premiers Pas;
es. On y examine 1°. Qxelles étaient
lesCollecrions de Décrets‘ avant le neu
v-iéme siècle , et s’il y en avoir quelqtfu.‘
ne qui pût être regardée comme le Code
de PEgIise Universelle , ou comme le
Code d’une Eglise particuliere. 2". Ce
qäfavoit de particulier cette nouvelle
Collection , et qui s’en est déclaré PAu-f"
tèur. 3°. Si cette Collection-des Décreta-ä
les est suposée par un imposteur comme
on le dit communément. 4°. Si ces Let
tres des Papes , "inconnuës avant ChatleJ
magna: , inttoduisoient un nouveau droit
touchant lcs appellations à Rome. 5°. Sis
on peut croire que ces Lettres sont des
Papes dentelles portent le nom. 6°. Qxel
usage il faut faire de ces Lettres pour le
Dogme ou pour la Discipline. Ce dernier '
article n’est pas rempli.
» A la suive de cette Pièce l"Auteur’ de
‘ -. - ' se
4
J A NV I ER. 1733. 9;‘
‘ce Reciieil en‘ a joint une autre intitu
lée : Senfimens dfim homme d'esprit Jur l4
nouvelle intitulée Don Carla: .- destpune
Critique délicate et polie des défauts de
cette Nouvelle. " '
f. La Pièce qui termine‘ ce Volume est une
Réponse de M. B. . . Conseiller au Parle-j
mentde B. . . à une Lettre que M. Du-e
rand lui a écrireau sujet des Discours de
M.- de la. Motte sur la Poësie Dramati
que. L’on y trouve plusieurs expressions
basses et triviales‘, et des traits dans les
quels cet. illustre Auteur n’est pas beau
coup menage. .
On ‘voit ,«au reste , que PAuteur de ce
nouveau Recueil shpplique à diveisifiet‘
ses matieres ,et a promener agréablement
son Lecteur , tantôt dans les détours de
lïi-Lisroirc ,.ranrôt dans ceux de la-Criti
que , tantôt dans le sérieux 5 et. tantôt
dans le stile cnjoüé et badin.‘ Il.y a lieu
dïes ercr u’il continuera de rendre le‘
q .
même soin pour le choix de ses Pièces.
Son Recueil en- ce cas sera curieux et reg‘
cherché.
_- GLOSSARIUM Enrzemticitm m4 Dictia-î
rmrium nez/nm , 0c. dest-à-dire , Glasmi
re- en neuf Langues, ou Dictionnaire nou
ycau pqur. lïntclligenceïde neuf Lan-f
. . _ E vj gues ,
9s.» MER CURE DE FRÂNCE
l
gucs , ÿçavoit : le Latin , le François , PIS‘;
talien , l’Anglois , ‘lilzspagnol , l’Allc——
mand , FHebreu , le Grec Littoral et le»
Grec Vulgaire , disposé suivant une Mé
thode qui forme pour ces neuf Langues
soixante et douze Dictionnaires complets
et. très-utiles , non-seulement aux gens
(le Lettres , mais aussi âceux «qui n’ont
aucune teinture de Latin , comme les
femmes et toutes les autres personnes qui
«par leur éducation et par leur état se
\
trouvent bornées a leur Langue mater
nelle : Ouvrage postume du R. P. Cas
sien , Capucin. . .
sCct Ouvrage est annoncé au Public. par
un Programme Latin et François , impri
’mé en 1731, qui ‘n’est venu que‘ depuis
à notre connaissance. lîsuraisons qui ont porté l’AOutneuyr àtrcooumve
poser cet Ouvrage; la maniere dontil a
eré distribué et dont il doit être imprimé ,‘
suivant l'étendue‘ et Perdre du Manuscrit
de l’Auteu-r. _
L’Auteur du Programme passe ensuite
au dessein et à la division de l’Ouvrage s
il fait remarquer jusquï‘: quel point ce
Dictionnaire se multiplie par le moyen du.
Latin , et quelle est son utilité. Il donne:
une idée generale des 72 Dictionnaires
que ces neuf Langues fournissent, et que
ce
4 4 k Ë
Î JA.N'V I E R.‘ 1733.‘ d 9g‘
ce Glossaire explique dans route leur‘
êtenduèäfll fait voir la difietence de cet’
Ouvrage d’avec les autres Dictionnaires
en plusieurs Langues : il donne ensuite le‘
Prospectus de POuvrage et de ses parties ;
après quoi il fait quelques remarques qui _
servent à entendre Pample détail qu’il‘
donne enouize de ces Dictionnaires , qui;
montent jusqu’â 144.. Il y a joint une‘
Méthode en faveur de ceux qui ne sça
vent pas le Latin , quoique le Latin soit
la clef de ce Dictionnaire , pour qu’ils
' puissent s’en servir utilement à apprendre
es Langues qu’ils veulent sçavoit. _
-» On y trouve enfin dans la Conclusion
du Programme un ex osé de la capacité
du Pere Cassien danslp
Eanguts, papacité que quelques Curieux
ont trouvee msques dans le nom de ce
Pere. Les Approbations terminent le Pro
gramme.
» Voilà, pour ainsi dire, une Esquisse du
Glossaire , disons quelque chose des ce
que le Programme rapporte en détail.
Nous y apprenons que le R. P. Cassien
plein d’un zele ‘tout-âfait loüable , réso
lut de donner en faveur de ‘ceux qui pot-i
tent parmi les Nations la prédication de
lOEvangile , un Dictionnaire qui pût leur
a connoissancc des
faciliter la cqnnoissance des Langues , qui.
SQÏXÎ
n
,4. MERCURE DE "FRANC!
sont les plus étenduës dans Plîurope.‘
Comme il les possedoit parfaitement , il
résolut d'abord de donner un Dictionnai
re en six Langues , sçavolt le Latin , le
François , l‘Italien , l’Anglois , le Grec
Littcral et le Grec Vulgaire. Ce Diction
naire devoir par le moyen du Latin Four
nir jusqifä trente Dictionnaires: en effet ,1
il le composa et en» fit même imprimer;
le Projet: il en ajoûta ensuite trois autres,‘
sçavoir l’Hebreu , l’vAllemand et l’Es a
gnol. Pour l’Allemand il en a acheve le
premierxDictiontiaitc , quiest de l’Alle
mand en François et en Latin ; mais pour
le second qui est celui du Latin en Fran
çois et en Allemand ,il ne pût Fachever,
prévenu par la mort.
M. de Vogel, à la sollicitation du Pere
Urse Capucin , a suppléé à cette perte ,
et c’est à ses travaux que le Public est re
devable de la perfection de ce Diction-q
mire. L’Ouvrage est divisé en deux par
tiez. : dans la premiereJes mots latins sont
expliquez dans les huit autres Langues g
dans la seconde , les huit Langues séparé
ment sont traduites en Latin. Or , en
multi liant les raports avec lacs Langues qu'ondeecxepslieqxupeli,caettiodnes
ces Langues les unes avec les autres , on.
montre que ce Dictionnaire qui fait envi...
. Ion
JANVIER} .1733." 9;‘
ron deux volumes In folio , tient lieu de
r44. Dictionnaires , dont l'acquisition se
roit impossible à bien des personnes. De—'__
là on apperçoit facilement l'utilité et tout
l'avantage de ce Glossaire. Il sufiira pour
faire connoîrre le mérite de cet Ouvrage
de faire remarquer que M. l’Abbî- Renau
a6: , qui ,' comme l’on sçait , avoir des
connoissances si profondes et si étenduës
sur les Langues , en fit Péloge dans Pap
probation qu'il donna àPAuteuren 171 r.
rapportée à lafin du Projet.
Nbublions pas d’avertir les Libraires
q-uo le Programme détaille en particulier,
la maniere dont ils doivent im rimer ce
Dictionnaire , et la forme qu’i s lui doi
vent donner _, eu égard au nombre et à la
grandeur des volumes dans lesquels ils le
distribueront. Le Programme se trouve
à Paris chez le sieur LangloisJm primeur,
ruë S. Etienne d’Egrès , au bon Pas:
tout.
Anneau’ dePHistoire de 24. Peres de
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
tesse 5 une netteté d'expression , et , si
j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
Mvsæ RHETORICES seu Carminum li-' _
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
Consmntem L onoicr animum. Livet aria Ring,
Àtque jaci fugiimt , ager Mme» ipse jocamr ,
Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
. V3
m, MERCURE DE FRANCE
' î’i prvpria extrudit virus , plantasque salnkres ,
Qe/as pari: ipsn. , tiäi solers Medieina , ministmt ,
Pharmuaque et parus agro interdieit amaros , I
Èt proml ire juëet «venu. instrument/t semnda ,
Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
dens ,
Ne: sueei , planuque lev/tut, superant-ve dolarema
Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
fltque Profeem Polo , nutrita m6 I-Imcuu-z virtus.
l
Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
ntram ,
E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
rem ,
v Ut damita intnctam Pesti videre , triumpbum , .
Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
Unanimesqtu nm’ manimmmm insigne triltm
fi” 9 L
Extra;
‘n
æ
JANVIER. 1733.‘ ‘m,
‘î, _.
Extruxere , êrew‘ signutum curmine , Amas-i: , l’
Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce. ’
TRAITE‘ DES DISSENSIQNS entre les
Nobles et le Peuple, dans les Républi
ques d‘Athénes et de Rome , 8re. L’Art
de ramper en" Poësie,et l’Art du MCfl-z
songe Politique , traduits de ’ nglois cle
M. Suvift; in 12.. de 564. pa , ‘sans les
Tables ct lüäverrissement. A Aletbobaé
thapseudopolis , et se vend à, Paris , chez.
Îean-Frnnpois fosse , me‘ S, Jacques, à I4
Flenr de Lys d'or. 1733; i a ' '
._ Le nom seul de M. Son/ifs, Auteur des
Voyages de Gnlliwr , traduits en Fran-L
coi; depuis quelques années, suffit pour
rendre ce Recueil recommandable; les
trois Traitez dont il est composé, sont
‘légalement interessans‘ chacun dans son
genre. On voir par le premier ,qui est
_
A
l JANVIER.‘ 17.33." ‘m7
1'111 Ouvrage sérieux; combien l-es Dissen<
Jsions sont dangeripuses dans quelque Etat
ue ce soit; u’e äue jamais (qu'auesdénseasveantteargmeinednhttiirdeess
deux partis , ou même au désavantage de
tous les deux , et que souvent la Tyran
“nie d'un seul en est le fruit. L’Auteur y
ta principalement en vûë les troubles
ecPAngleterresmais ce qu’il dit de cet Etar‘,
peut servir (Plnstructlon à plusieurs au
tres Ro aumes. ‘ -
Le secyond ', est une Critique badine et
ironique des Poëtes modernes, qui au lieu
de suivre les anciens, et de tendre au vé
ritable sublime , ont suivi une nouvelle
‘routgen se livrant à une façon de penser,
bizarre etanti-naturelle ,et enséloignanc
des routes du sens commlun , pour courir
a rês le faux bel Es rir,i est intitulé:Tra'i
"ri; du Barn: ou du gtofond. L’Auteur fait
sentir que certains Ecrivains croïant s'é
lever jus’ u’au sublime , tombent plutôt
dans Pabime , ce qu’il appelle le profond
ou autrement le 1ms. '
Le troisiéme est un Extrait burlesque
d’un Traité imaginaire du Mensonge Po
litique, qu’on feint être actuellement sous
fjäessecpt qu’on proposp par slousäqption.
A n y istin ue et ex l ue es l eren
tés sortes degMensongpesîlet on donne’ un
"3 F Prof
4108 M ËRCURE DE îFRANCE
, Paroîtra allégorique en bien des endroits.
\
ÿrojez plaisant pour former une Êranÿ
société de gens habiles à forger, à (bite;
‘et à faire circuler les Mensonges ', cet Ecriz
È
, . La TRIOMPHE DE LA PAuvnxtr’ et des
humiliations , ou la Vie de Mile de Belg
1ere de Woncbay , appellée communément,
‘Soeur Loüise, avec ses Lettres. A Paris”
chez. Gabriel Martin , rué S. Iacgnegtnz
in r2. , de4oo pages. , _
.- On-artribue cet Ouvrage au R.P. Mail-'
pflard, Jésuite. Nous n’en ‘pouvons donner
_une idée plus juste et plus avantageuse
._qu’en rapportant les propres termes du
Censeur ‘Royal. n On y voit, dit-il, un
a: amour et une pratique de" la pauvreté et
n des humiliations bien extraordinaires;
_ n mais elles ne renferment néanmoins rien
a >> que dédifiant, et qui nestende à la plus
n grande perfection du Christianisme.
lEn Sorbonne, ce 7 Octobre 173i. Signé,
,42”. leMoine, Docteur de la Maison et
Société de Sorbonne , Chanoine de Saint
-Benoîr. ' ‘ "
_ _ TUSCULANE m; CICERON , sut le mé ris
Île la Mort, traduite par M. PAbbé ‘O
jivet , de l’Acaclémie Françoise, avec des
Remarqpes de M. le Président Bouhieä,
._ G
.1
‘Ï’ ‘i JÂNV Ï E R3.’ 1733Z Ici
de la même Académie j. sur le Texte de
Cicérom-On y a jtfirr le Songe de Sciîo
pion. Chez. Gandoüin , Qxay des Augusä
tins, 1732. in 12.. a,
* ExvLr-cAüoN du Livre des Pseaumcs 3 *
où , selon la Méthode des SS. PP. on s’at-_
tache à découvrir les Mysteres de]. C. et
les Regles des Moeurs , renfermée dans la‘
lecture même de PEcriture. Chez Fmngai:
5412m] , ruë S.‘ Jacques ',' r7; 3. 4-. volumes
m rz.
‘ ÈSSAY- Sun. LES Ennemis POPULAIRES’;
du examen de plusieursopiniofls, rcçuës
domme vraies, quisont fausses ou dou
teuses. Traduit de l’Anglois de Thomas
Brown, Chevalier et Doçt. en Médecine.
Chez. Pierre _Witt_e , ruël 5.1 Jacques , et
Èidar, Qxai des Augustins , 1733. 2.. vol.
d:
m Q1 2..
. Ecwcurs de M. de Segrais, de I’Aca.‘
demie Françoise, avec les Passages imite;
des Poëres Latins. L’Athys, Poëme Pasto
ral. Le Portrait de Mademoiselle , du mê
me _Autcur ; nouvelle lEdition. iCbeæ la
13m, de Larme! , tuë du Foin.
_jfï..-.
rfiij Ï ' Mg;
Iro ME RCURÀE DE FRANC E}
MEMOIRE nr. LA Covn n’Es_pAexz ,'
rdcpuis Fannée 1679.q'usqu’en 168x. où
on verra les Ministercs de Don Juan et
du Duc cle Medina Celi, et diverses cho
ses concernant la Monarchie Espagnole.
Chez. lasse, rue S. Jacques, 173;. in u.
I
P ANEGYRIQUE de S. François
d’Assisc, prononcé dans l’Eglise du grand
Convenr des R R. P P. Cordeliers de
Paris, le 4. Octobre 1732. Par le Par:
Poisson , Cardelier , Prédicateur ordinaire
_du Roy, Ex-DéfinitaurGeneral de tout l ‘Or
dre de -S. François , ancien Provincial, et
Premier Pare de la grande Province de Fmn
ce , eÿw‘. Brocñure in 4.. de 102. pages,
sans une Préface , qui en contient 12.. A
Paris, chez F- Joue , ruiSaint Iacqucs,
M. DCC. XXXIII, _
Si la grande réputation du R. P. Pois
1
son lui attira un nombreux Auditoire dans‘
l’Eglise où il prononça ce Panégyriquc,
il ne faut pas dourerque Pimpression de
cet Ouvrage , depuis refléchi et orné par‘
l'Auteur, nexcire les mêmes empresse
mcns pour sa lecture. Nous voudrions
bien pouvoir en donner un-Extrait; mais
c’est un Ouvrage si rempli et si étendu ,
ue cette entreprise nous portcroxtv 1n
gnilliblement ait-delà des bornes dans lcs
- e _ ' 1 quelles
J A NV I ER. i733. j n!
quelles nous sommes nécessairement res
serrez. ll est d'ailleurs de certaines pro
ductions qu’il est à propos de voir dans
leur entier , et qui ne peuvent que perg
dre par des Extraits. .
Comme le R. P. Poisson a parlé dans
son Discours le langage de l’Ectitu_re,'
' des Peres et des Ecrivains Ecclesiastiques,
et qu'il n’y a pas omis les autoriiez des
_ Auteurs Profanes _, des Poètes mêmes
‘Grecs et Latins , appuyé de cette expres
=sion de Tertullien : i‘ O testimauiu vari
tutis que upud Cbristiamarum ! iilpam eduomsaoniinaldetesfteanitre im
primer exactement toutes ces autoritez ,
qui en insttuisant, ne donnent pas un
‘petit ornement au corps de l’Ouv'ragv,
et marquent une prodigieuse lecture de
la part de l’Autcur. , .
î ' Cette Méthode, au reste, est justifiée
au long dans la Préface, et se trouve ici
bien differente de celle qui éroit en vos
gue il y a 150. ans. Elle consistoir, dit
u le P.Poisson, à faire un prétendu Sermon
n François d’un amas de Citations Grec
» ques ‘et’ Latines , cousuës presque sans
ndessein , avec quelques mots de notre
n Langue , qui croient la seule qiose que
n le Peuple pût en tendlre. Louons- 16s Ora
g Lia. de TestitrnvfnimwCwz. __ “
w ‘ F iuj acteurs
Q
‘tu. MERCURE DE FRANCE
nteurs qui ont banni ce mauvais goût.
n mais ce ne doit pas non-plus être à la.
nmode de ne mettre dans des Discours
n qu’en a ppelleEvangeliquegque des ph ra.
» sestoures languissanres, toutes vuides l,
n toutes moribondes , que de vaines iina
.3) ges , des raisonnemens énerver, des
a preuves froides, des comparaisons in
ca sipides. , ' .
Le sçavant Panegyriste est , comme
nous Pavons dit, bien éloigné de cette
maniere de prêcher ; on peut: dire en
gilet qu’en citant un si grand nombre
d’autoritez, il s’est parfaitement accom
modé au goût de ce Public éclairé , dont
il parle en ces termes. q _
_ n Il veut, ce Public,-que nous sçachions
o) si bien fondre nos études , qu'avec la
n substance et l’esprit des grands Ecri
r» vains, nous lui donnions des Périodes
» vivantes , des descriptions animées , des
"raisons solides , des preuves victorieu-_
s: ses , des autoritez respectables et‘ assor
Ÿties; il aime à trouver dans la force de
7’ nos Discours la garantie de notre capa:
9’ cire’ ,2‘: ne pouvoir nous soupçonner d'i
”_ gnorance, et nous regarderxjusques dans
ê’ la Chaire Evangelique , comme un Airain
D sonnant e: comme- une Cymbale retentir-q
v sante, 1. Corinrh. 15.2..
r _ , Enfin.
JANVIER. 173;.‘ tf3’
" Enfin il faut comîenir que tohuf ce Dis
cours, d’une pour ainsi-diraes,seiznonodnëld1ee étcee Fleëuv,eedste:
Litteratute , qui est si nécessaire à l’es:
prit pour produire quelque chose cle grand
et d’accompli, suivant la pensée et l'ex
Pression. d’un Ecrivain de l’Antiquité la
plus polie: Neque cunciperç , nm caler: par
tnm {ment patît, trin‘ iflgffili flumine Lit-_
ter-arum 1mm 4m. '
e L ETT Riz-de M. Betttand , Médecin ;
à M. Deidier, Conseiller Médecin du‘
Roygôcc. et premier Médecin des Ga
feres. A‘ Avignon, P47 la S ocieté , 1731..
Produire in 12v. de 3o. pages.
" Cette Lettre écrite à Marseille le 2 5.‘
Novembre 173zuroule sur une ancienne
querelle entre PAuteur et M. Deidicr ,1
l'un des Médecins envoyez à Marseille
par orälrei dan" Roy , en Pannée 1721p.
tem s e a etniere conta on; uere e 1
renditveliée par ce dernier ,g1et de (sliivieil
le date, que M. Betttand , ‘aussi bon Ju.‘
risconsulte ‘ue ‘bon Médecin ', ennemi
iäillleurs deq toute dispute outrée, ap
el c âison secours la L0 de la res
Ëtiption. y ‘ P
V »Vous le sçavez , Monsieur, lui dit-il,‘
Il. ar que ne. sgavez-vous pas? que les
‘u F il zaLoix
l
l
114. MERCURE nr FRANCE ‘
nLoiî ne donnent‘ qu’un an à ‘uneper-I i
" sonne oflnsée pour tirer raison de Pin
» jure qu’elle a reçûë. On a crû que» pout
99 le repos de la Société, il ‘falloir fixer
n un terme au ressentiment des injures
n pour ne pas perpétuer leshaines et les
nquerclles. Après ce temps-là la plainte
nn’est plus écoutée, et la personne offeng
nsée ne peut plus demander de réparaæ
u tion, HM 2min, dit J ustinien , dissi
n mulmione uboletur. De quel droit venez
» vous donc après douze ans. faire revivre
ï‘ une querelle déja éteinte, et dféchat-Ï
:2 ger route la vivacité de votre ressenti.
n ment sur une personne qui est sous
n la protection des Loix; etiqwune presg
acriprion légitime a mis à’ couvert de
arvos recherches? Les. disparesLitrerai-i‘
a; res auront-eleles plus de privilege que
n. les autres? ôte. - e
La Peste de Marseille, et urne Relation
Historique de cet Evenement, attribué: l
à M. Bettrand , font le suiet de la que- l
selle dans ilysïexgir ici._ La Relation est: i
attaquée par Deidiergnt M, Bertrand ‘
nepousse les attaques dqgson Adversaire,
qnrlquefois un peu vivement , à l'exem
ple e son Antagoniste. il y a cependant
tout lieude croire ‘que c’est ici la der
niere Piece de >ce.Pre5è-S «I-Îîîfilaairq, suif
' . . ‘i. e
J‘ A N V I E R.- 1733. n;
le Jugement quigppartient aux Lecteurs
intelligens et desinreressez. Qwiquïl en
soir, M. Bertrand proteste sur la fin de
sa Lettre ,que c'est pour la dz-rnierc Fois
qu’il mettra la main à la plume sur ce
sujet. Le Public y‘ gagnera par lïapplica
tion que cet habile Médecin continuera
de lui donner, et son silence pourra proa
duire le même effet à Fégardde M. Doi
dier , qui est en état de rendre de grands
services â la Médecine et à larChirure
gie, dans le poste qu’il occupe.
DmrfoNNAme FRANÇOIS Gemme ou
François Breton, nécesâaire à tous ceux
qui veillent apprendre à traduire le Fran
çois en Celtique ou en langage Breton,
Four prêcher, catéchiser et confesser se
on les difïerens Dialectes de chaque Dio
cêsegutile et curieux‘ pour sïnstruire â
fond de la Lanxue Bretonne , et pou-s
trouver Pétymologie de plusieurs mots
François et Bretons , de noms propres de
Villes au de Maisons. Par‘ le P. F. Gré
goire de Rosrrenen, Prêtre et Prédicag
tcur Capucin , 173 z. in 4.
OBsmvATroN sur I’Origîne, la Consï
titution et qui percent _lIaesNVaatiusrseeaudxes, lVeserÊsilideers M, elets i
Jertées et lesfistacædcs‘, avec deux Plan
. ,. ' ' F vj ches".
116 MERCURE DE FRANCE
‘ches où ces Vers sont gravez d’aptès Na;
turc. Par: Romset‘, Membre cle la Son
cieré Royale des Sciences‘ de Berlin. A
‘la Haye, chez. Adzxilloetjenr.
V S. Eusnnrr HLERONYMI Stridonensis
Prcsbyreri Opera,în X. Tomos disrrï-j
bura. Post Monachorum 0rd. S. Benecf.’
è Congreg. S. Mauri recensionem , de-j
nuô ad Manuscr. Codices Romanes,
Ambrosianos , Veronenses , 23cc. 'castigata,l*
8Ce. Opera et Studio DoMmrcr VAL;
LARSII, Veronensis Preslàyrerï : ô em fe
tenribus aliis in eadem Civirate ireraris
_ et præcipué MARCH Scivmns MAFÏ-‘EJO.
Vemtm, M. DC c. xx x1 r: Fer Petrum
Antonium Ber/mm et ïaoabumVallarsiùme
Le Titre qu’on vient de lire est à la.
tête d’une' petite Brochure de 1€. page:
in S qui nous esr envoyée d*’Italie, et
qui contient en Langue Italienne le Plan.
d'une nouvelle Édition qu’on prépareä.
vVerone des Oeuvres de S. J crôme. PIANO
dfima nuer/d Ediziqne che si e’ akxzim di
mtte le Opçre di S. Gimlnma. On ne peut
qu’avoir très-bonne ojinion dîme pa
reille entreprise , quan on a vû dans le
Praxpectus‘ tout le détail sur lequel roule ‘
son execution. '
Nous avons reçu en même temps un‘
Û i. \
“m9
J A‘ N ‘V I ’E'R_.‘. 173;. 1x7
autre Plan dbuvtage, qui sïmprimerz
aussi à Veronne, auquel toute la Répu
blique des Lettres doit prendre interêc.
Le Plan imprimé en Latin et en Italien
de 8. pages in 4. porte ce titre: Pnos
PECTUS Uniwrmlis CollectionisLatinamm,
Veterum, m: G mcarum, Ezbnimmm et Chris
iiamzrum Inscriptianum, que”; 720w: Vara
mnsis Sociaux totim Europe dam} ,.reiqne
antiquariz studjosi: homimbus exhibe; a0
prapanit.
M. le Marquîsfllatîci a entrepris ,ose-‘
Ion ce Programme, le Recueil le plus
étendu et le plus complet , qui air encore
paru de toutes les Inscriptions Grecques
et Latines qui ont été publiés.’ deuils.
plus de deux cent ‘ans dans differenees
collections , ausquelles il doit joindre un.
três- tend nombte däutres Inscriptions
dan-fics mêmes Langues , qui n'ont point:
encore été rendues publiques et qu’il a.
recueillies auec beaucoup de soin et de:
dépense depuis plus de vingt années.
Les Inscriptions déia publiées, seront
rangées dans ce nouveau Recueil _dan9
un meilleur ordre ue dans ceux de Grut
cer , de Fabteti ,et s autres Antiquaires;
et ce qui est plus iunportant, on fera un
choix de‘ ces Inscriptions, en teiettant
celles qui paraîtront fausses à Pillusrre
. ‘ " Éditeur
118 MERCURE DE FRANCE.’
Éditeur, et en rétablissant celles qui _,
après une exacte Critique , lui semblcq
ronr avoir été alterées.
Tous les Sçavans , les Antiquaires
sur tout , sont invitez à- concourir-à l'ac
complissement dâun si grand dessein, en
envoyant à M. le Marquis MalÏei des co
pies fideles des Inscriptions qu’ils possedent,
en indiquant les endroits d’où elles»
sont tirées , si mieux ils daiment les faire
imprimer eux-mêmes incessamment. On,
recel/ra aussi avec plaisir les conseils ce
les lumieres des Sçavans sur le même sujet.
Les Paquetsseront adressez par la Poste à‘
M. François Mnselli , Chanoine et Archi
prêgre de la Cathédrale, à Veronne. r‘
' Comme l'impression de cet Ouvrage,
ne sera commencée que dans dix-huit
mois, M. Mafliei pour Penrichir et pour
le perfectionner encore davantage ,.doit
employer ce iemps à parcourir difierenss
Pays pour faire des recherches , de nou
Vcllcs découvertes , Sec. e
Tout POuVrage contiendra 6. ou 7.
Volumes in-fblio, ersera enrichi de No
fcs , d’e'claircissemens , de Traductions et‘.
des autres accompagnemens qu’une telle
maticre peut exiger. Enfin , le sçavant Au.
1'681‘ publiera un Trait’: intitulé : Art!‘
Érztica Linemrin ,' dans lequel il rendra
- * - compte;
- JANVIER. 173;.‘ .119
compte des raisons qui Font déterminé â.
faire certains rerranchemens à Pêgard de
plusieurs Inscriptions qui vsc tnouvent"
dans les précedentes collections.
Nous avons parlé plus d’une fois de
M. le Marquis Maflci , et en dernier lier;
au suie: de son Histoire DiplarzmziqueN ou; .
sommes ravis d'illustrer. de nouveau no:
nte Journal de son nom par Fannona‘
ce d’un Ouvrage aussi importantque C51
' lui dont nous venons de parler. -
Un surcroît de satisfaction pour nous
est diapprendre que M. Maffei est actueL
lcment en France our la perfection de
son dessein. Un il ustre Magistrat nous
fait l'honneur de nous marquer qu’il {toit
à Aix au commencement de ce mois de
Janvier. Il trouvera sans doute à Paris
quelque Exemplaire d’un Ouvrage i-rn,
portant dans ce même genre, que-nous
devons ‘recevoir tous les’ jours dîAngle
terre. C’est le Recueil que M. Chisull ‘a '
fait imprimer , des Inscriptions Grecques
les plus anciennes et qui ont toutes pré
cedé le Christianisme sa connoissance , sous, lqeuiTitsroentdvecAnuNërsL
Qgrnïrs ASIATICÆ Chrirtianam Aeazm
antrcedentes , ex pcimaräitManumentir Gmp
ci: dirscripoe, , [mixé vars: , Nazisque et
Cammenmrii: iflpmmAræditMonumcn-g
‘ . t. “S
izo MERCURE ‘DE F RANC E.‘
‘tigmfldntyrannm. Par EDMUNDUM CHXSÜ LE
S. T. B. Londini , Typis Gul. Bawyer ,'
172.8. x. Vol. Inc-fil. pp. 207.. ‘ v
Le sçavant Magistrat nous marque encore
que M. le Marquis Mafiei vient depublie:
son Histoire de Veronne , t. Vol. infblia,
‘sous le Titre de Veromz illnrtmtægen Italien;
ajoûrant qu’il a refondu dans cette His
toire sonTraité des Amphiteatres ‘des Ro
mains , qui contient tant de nouvelles
Découvertes , ce qui a rendu un Ouvrage
particulier três-interessant pour le Public,
‘Par un grand nombre de Recherches eu.’
rieuses sur différents spjets , par beaucoup
de Bas-reliefs, dînscriptions de Médailles
"singulieres ,_8<c.
Nous apprenons de Boulogne‘, qu’en
‘voit dans cetteVille plusieurs Recueils
‘de Vers Latins et Italiens, qui y ontété
‘publiez pour celébret le mérite de Made
moiselle B4555 , laquelle a soutenu en La
‘tin publiquement des Thèses sur toute
la Philosophie, avec de grands ‘applaus
dissemens; plusieurs Dames sçavantes, ce
qui n’est pas rare en Italie, comme nous
Tavons remarqué plus d"une fois , ont
‘orné ces Recueils de Pieces de leur façon’.
‘On voit à la tête'du plus cousiderable le
Portrait en taille-douce de cette. illustre
.14. ‘plus
‘J A NvV I E R‘; 173;. ' 1'21
Î
Fille , qui à Page de 2o. ans se trouve ag-'
grégée au Collcge des Philosophes de PU-e
niversité de Boulogne, avec le Titre de
Docfeur, dont elle a pris leiGrade en
Ÿrandeisolfimnité , étant déja Membre de
a ’Institut des Sciences de la même Ville.‘
Dansce Portrait elle paroîr reïrétuë de
la Fourrure de Docteur, avec cette_Ins-,
criprion : LAURA MARIA - CHATARINA
BA s s r , Phil. Doct. Cal. Academ.’ Im
titut. Scientiar. Soviet. eÆt. A7171. XX;
Et au bas est gravé ce Distique , faisant
allusion à la celebre Laure de Petrarque,
leur» «mie , ingenio que et termine nom Petrartha.
Laum haqelaquio et mente Petrarrlm sibi.
‘On a fait une nouvelle Edition de la‘
Physique en Dialogues , ou des Entretiens
Physiques de P. Regnault “les. C’cst la‘
\
quatrième , a com ter celle d’Amsterdam _
chez Pierre Hum err, ct la Traduction
Anglaise , imprimée à Loudres , chez W.
Innys et N.Prévôt.On écrit d’Allemagnc
Hue cet Ouvrage y paroîtra bien tôt tra
. uit en Allemand. La nouvelle Edition
Françoise de Paris est augmentée par
ÏAuteut, de la valeur d’un Volume, et
enrichie de Planches nouvelles. Ce sont
de nouveaux Entretiens , et les anciens
Perfectionnez. Les Additions sont faites
_ pour
O .
125. MERCURE DE FR ANCEq
pour les endroits où elles se trouvcnrs‘
et elles sont dans le goût des Entretiens
qu’o_n avoir déja vûs‘, même stile , même
netteté, même agrément. Si l'o_n n’y trou.
ve pas toûiours -le sérieux ordinaire de
la Phylqsophie , c’est que l’on y fait par
ler un jeune homme de beaucoup d’es
prit, d'un esprit cultivé _er dhnvcaractere
enjoüé, qui apprend agréablement la Phÿ
siqueet qui instruit de- même en s’ins—
ttuisant. Un Anonime a dit dans le Mer.‘
cure de Novembre, que les Entretiens
Physiques étoient un Ouvrage estime’,
utile, excellent; mais qu'au lieu d’Aristc_
' et d’Eudoxe , qui sont les Interlocurçurs,
il eût voulu des noms celebijs , comme
Descartes et Gissendi. Il falloir doncque
l’-Auteut parlât ou fit parler toujours ses
Interlocuteurs selon lcs principes de Des-’
cartes ou de Gassendi , souvent contre sa.
ensée , etaux dépens même de la veritél
Et avec quelle vraisemblance le P. Re
gnaulr eûæîl mis dans la bouche de Des
cartes et de Gisséndi __ les nouvelles Dê-æ
cnuvertes qui se sont Faites depuis la mort
de Descattes et de Gassendi jusqu’en 173 2..
Anime 1-2’ de la vie des plus celebres
Statuaires, Sculpteurs et Graveurs, an‘
ciens et modernes des (Académiesyoù les
- Beaux
J A NV-I EARÇ 1733. n‘;
Beaux-Arts sont cultivez , avec les Pot-J
traits des meilleurs Maîtres, le Catalo-g
gue de leurs Ouvrages , et une sommai
re Description des principaux 5 des lieux
publics ou particuliers où ils sont expo-s a
sel, et un dênorflbtement des plus bel
les Antiques dont les Auteurs sont in
connus, soit en Grotipegstatuës, Bus
tes , Figures d'Animaux , Bas-Reliefs ,
Tombeaux , Autels , Urnes , Pierres gra
vées, Médailles , 81e. ensemble des meil
leurs Maîtres cÿlîcriture, et de ceux qui
ont le plus exocliépcn Broderie , Marques
rerie , Orfèvrerie , etqui se sont distin
guez en Ouvrages de Fonte et _de Potes’
rie, 8Ce. Le Livre sera terminé par un
Catalogue des Auteurs qui ont écrit de
la Sculpture , gravûre , 8re,
' L’A_uteur ui travaille à cet Ouvraae
« ‘l :3
depuis quelques "anneçs , nous engage à
le publier et à demander aux Curieux ,
aux Sçavans et aux personnes interessées,
le secours de leurs lumieres, et ce qu’ils
ont sur ces marieres propres à enrichir
ce Livre. Il‘ recevra leurs Memoites par
l’adresse du Mercure et leur rendra justice
s’ils veulent être nommez. Ceux ui ont
des Portraits des illustres Artiste; il
a à parler, pourront en faire tirer un
ont ouï a
Crayon de la grandeur in quarte Pou!"
être gravé.
PRIX.
m MERCURE" 151: FRÀNCE.'.
PRIX proposiparPflcadëmie de Chirmgid
pour Panne} 175 3. "
L’Académie de Chirurgie, établie ï
Paris sous la protection du Roy , de
q sirant contribuer aux progrès de. cet Art,
et â Futilité ublique, repose pour sujet
du ‘Priîc de l'année milpsept cent trente;
U015 , a uestion suivante:
Q5215 20m, selon Je: dzflèrzfl: m: , le!
avantages et les irzconvmien: de l'usage de:
72mm et autre: dilatam. ' '
Ceux qui ‘trfgxvaillerlontjaour le Prix,’
sont invitez a onder eurs raisonnemens
sur des faits de prariquechoisis- et bien
averez ; on les prie d’écrire en François
ou en Latin , autant qu’il se pourra, et
d'avoir attention que leurs Ecrits soient
fort lisibles. . ‘N
Ils mettront à leur Mémoire une mare
que distinctive , comme Sentence, Deà
vise, Paraphe ou Signature; et cette mat.
que sera couvs rre.d’un papier blanc collé
ou cacheté , qui ne sera levé qu’en cas que
la Piece air remporté le Prix. ’
Ils adresseronr leurs Ouvrages francs
duper: , à M. Motafld , Secreraire de PA-c
académie de Chirurgie à Paris, ou les lui
feront remettre entre les mains.
L"?
J A N V I E ‘R. 173;. 12j
. ‘Les Çhirurgiens de tous Pays seront
ladmis à concourir pour le Prix ;- on n’a;
excepte que les Membres de I’Académie.
Le Prix est une Médaille d’or de la va.
leur de deux cent livres, qui sera don
îiée à celui, quihau jugement de l’Acag
demie, aura fait le meilleur Mémoire sur
la. question proposée. '
La .Médaille sera délivrée à l’Auteur
mëine , qui se‘ fera connoître ou au Por
teur d’une Procuration de sa part; l'un
ou l'autre représentant la marque dÎstinC-_
«tive , avec une copie nette du Mémoire.
Les Ouvrages ne seront reçûsque jusé
ques au dernier jour de l'année 173;. in
çlusivement. ' A
Lflflcadémie à son Assemblée publique
de i734. qui se tiendra le Mardi d’aprês
la ‘Trinité , prociamera la Piece qui. aura.
_mcrité le Prix.
JETTONS FRAPPEZ pour I0
premier- four de Janvier 173;. avec fixa
t piimtion des Types , de.
' I. Tiuzson ROYAL.
Un Fleuve qui forme‘ plusieurs Ruis
seaux. Legende: Ex ma omrgs.
"i II. PARTIES CASUELLES,
‘l Dédale traversant les Airs avec le se
- , COQ“
dut-A
w l.
ris MERCURE DE n: ANCE
cours des ailes qu’il s‘est faites. Isegendef’
Vimt prudentia Casnm.
III. Cnaunnn AUX Dnnrrnsg
w La Déesse de la Terre couchée et cn-Ë
tourée de Pampres et de Gerbes. Légende:
z 7721m1 Iavi Nectârque fim.
' IV. Onnmamr nrs GUERRES.
_ L’Egide de Pallas , couverte de son
Casque. Légende: Praxidinm et devras.
V. Exmaonnmamn nrs Gurnnrs.‘
Un Oyseau de preye qui voudroit prenä
"dre Fessor, mais qui est retenu par ses
Longes. Légende: Impatient pagne.
VI. BASTIMENS nvRov.
Une Lyre. Legende : Lenîmcn dulæ laid
i r 60mm.
V LI.
La Foudre suspendue‘ sur un Globe
Ierrcstre. Legende zforgis quo junerit ira.
VIII. MARINE.
Metcureflraversant les Airs , son Ca-‘
ducée à la maimLegende‘: Mihi para/in:
ARTILLLRIE.
1X.
JANVIER. 173-3.. 11.2
IX. GALrnzs.
v
I
_ Ùes‘ Aigles, qui après‘ avoir quitté le
Foudre, se reposent fierement sur leurs
aires. Légende : Nui tuile: mm fulmirm
ttsmnt.‘ - '
' X. LA-‘V-ILLE ne PAnrÏs.
_ Les Armes de la Ville d’un côté; cel
les de Michel-Erienne Turgot, Ptévôt
des Marchands ,. de l’autre. Légende:
5071 nom et se: qualïtez.
XI. MAISON me LA REINE.
Une Grenade couronnéfientfouverte '
‘et pleine de grains. Legende:%ot foeta,
COVWIÜ.’ k .
1 go E s 7‘ 1 o N.
On se sert fréquemment depuis quelques
années , en parlant des Ouvrages d’csprit,
des termes dwwenrion et de Sentiment;
la plupart d; ceux qui les emploient n’en
connaissent pas. exactement la valeur ,
_d'autres évitent de s’en servir , dans la
crainte de les mal appliquer 3 ensorteque
ce seroit rendre service au Public que de
bien déterminer leur signification dans
les phrases Qù l’on dit qu’il y 4 de Pm
wmion dans un tel Ouvrage, ou qu’il n} m
tu faim : que tel Ont/rage m‘ rempli de sen-g
11mm:,
ëzs MERCURE DE FRANCE
timms, ou qu'il en est depourvû. On prie
‘ceux qui sont en état_de les expliquer,
de vouloir bien faire part de leurs RC1
flexions sur ce sujet.
du ES TION.
Un Pilote étant en Mer par certaine
Latitude Nord, et voulant trouver laf
hauteur du Pole, pour _cet effet il a ob
servé l’Etoile nommée l’Epaale gauche du
Charrier Capella , trois fois plus haut
élevée que la hauteur du Soleilquïl avoir
observée, et il a observé PEtoile nom
mée le grand Chien Siriu: au Sud, être
i élevée surlihorison -, mais comme le So
leil difïeroit ladite Etoile Capella.
On demande par quelle Latitude étoit
ce Pilote lorsqu’il a faiteces Observaq
tions , avec la déclinaison du Soleil du
A ' «jour , le tout par démonstration essenæ
tielle et par regle.
..
On apprend dîtalie’, ue le Grand
Maître de Malte a choisi, e Pere Pauli,
de Florence, pour être Histotiographc
‘de l’Ordre des Chevaliers de S. Jean de
Jçrusalem.
c
Les Lettres dhflllemagne portent qu'au
Ÿillagc d’Aysch , en Fxanconie , appar
‘ " ‘ e tenant
JANVIER. 1733.1 n;
partenant au Baron de Stiebar, que la.
emme d'un Paysan , nommé André Zo
"beleins, étoit accouchée le 14. du mois
dernier, d'un Enfant mâle , qui mourut
trois heures après , que le r8. au matin ,
elle étoit accouchée d'un second fils ,
mort quelques heures après sa naissance.
et le 2.x. d’-un troisième fils, qui mou
rut le même jour.
On apprend de Na les, que la nuit’
du 29. au 3a. Décem re, le Mont Ÿe
suve commença à jettet une grande uan
tité de matieres bitumineuses et suiphu.
reuses , ce qui a commencé de" rassurer
1e Peuple , parce que c’est toujours un
signe que les matieres, qui par leur fer
mentation dans leur conduit souterrain,‘
soulevent la terre et causent des trem
blemens , onttrouvé une issuë qui ralen-j
tit leurs efforts; '
* Les Terres embrasées des environside
Prague‘, dont nous avons parlé dans le
second Volume du Mercure de Décem
bre , ont jette depuis peu une grande
quantité de flammes; et la terre s’étane
ouverte en plusieurs endroits, un Pay
san eut le malheur d'y tomber , et y fut
consume en deux ou trois minutes. On
' ' G travaille
"m MERCURE DE FRANCE
travaille à chercher _les moÿens de prê
vcnir les suites de cet Incendie souterrain
dont on craint la communication dans
la Ville.
La Veuve Porchsrm et le sieur Cartier, son
gendre , les seuls possesseurs d’une Pommade
composée de Simples, autorisée par Lettres Pa
qentes du Roy , accordées a defiunt Percheron e;
a ses successeurs , cnrcgtsrrecs au Parlement , ap
rouvée de M. lepremter Médecin du Roy, de
. Helvetius , Medecin ordinaire de Sa Majesté,
et premier Medecin de la Reine , ct de Mrs. les
Doyen et Docteurs de la Faculté de Medccine d;
Paris . donnent avis qu’ils ont eux-mêmes guéri
par le seul liniment et frottement de cette Porn
made , plusieurs Malades de Rhumatisme invete
gcz , goutcux , douleurs de Nerfs _, Nerfs retirez ,
sciatiques, Paralysies , et Enquillauses dans les
boëtei des genoux, qui ne cedoicnt point aux re.
grades ' ordinaires 3 elle guérit aussi les playeg
abandonnées; elle fait transpirer Phumeur au de,
hors sans aucunescicatrices , elle n: se corrompt
jamais , ct peut se transporter en toutes sortes de
Pays. La même Pommade guérit les maux de té
te cr les fluxions. lls donnent la maniere de s’en
icrvir. Les Pots sont de cinquante sols et de cent
A cols, cachetez de leur Cachet. _
Ils dameurent à Paris, m? du Petit-Lion , quÆY-r
fier Ê. Sawvmr , au second Appartement , visJz-vi;
le me’ des deux Portes , air leur Taähau m expose’.
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g-os
'_ JANVIER. 1755. 13g
"äâèââàâââäââà àââäâââàânÿf‘ x
BOUQUEË
Î
AU dcffaut de brillantes fleurs ,
Recevez mes voeux , Cclimcnc ,
Vous , qui rcgncz sur tous les coeurs .
Soycz- en toujours Souveraine. ‘
w‘ Qre Paimablc Dieu des Amours , '
‘A jamais vous prerc dcs armes; a
Iïuissc 1c nombre de vos jours , >
Ï-‘Ï Egalcr celui d; vos charmes.
La Manique u! de M. Fzrrmtd,’
Maître de Musique de PAcadimie do
Bardeaux.
ODE ANACREONTIQUE;
_Mi:e en ‘Musique par M. Bouvard. ‘
UN jour je vis une Brrgerc ,
Ses attraits charmerenr mon coeur.
Amour mfinspira de lui plaire;
Je parvins à çc doux bonheur.
Vos feux mknchantcnr} dit laxBclle ,‘
1c suis sensible à vos soupirs ,
ou &
m MERCURE DE FRANCE
si vous étiez Amen: fiiele ,
Rien rÿégaleroir mes plaisirs.
Vous ne me verrez point volage ,’
Lui dis-je , en faisant un serment ,
Philis , sous vos loix je m’engagc ,
fy veux vivre éternellement,
Nedifferez pas â vouê rendre ,’ _ j_ j ,
lépondez" aux ‘voeux d’un Amant . .,‘
Arrêtez , qwosez-yous prétendre;
Me dit-elle d’un ton charmant.
Vous méritez que l’on vous‘ aime,
Cher Silvandre, je le sens bien;
Mais quand vous seriez FAmour même ,‘
5ans PHymen je n’écoute rien.
F‘ Je consentis âPI-Iymenée ;
Je semis croître mes desirs ;
Avant la fin de la journée,
je fuè au comble des plaisirs,
46v
319
5155€‘:
«‘ JANVIER. 173;‘. r3;
SPECTACLES.
TRAGEDIE DE zArRE;
ï Extrait. '
NOus n'aurions pas tardési long temps
à donner l’Extait d'une Tragédie qui
a charmé la Cour et la Ville , si son inge
nieux Auteur n’eût prévenu »l’ardeuri
que nous avons de remplir nos engage
mens; on a vû dès la naissance de cette
Piece, ce que M. de Voltaire en a bien
voulu‘ communiquer au Public , inseré ‘ " '
dans le Mercure d’Août. Uimpressjon
de ce charment Poëmenous impose däauq
tres loix et nous engage à faire part au.
Public des divers jugemens qu'on en a
portez. ‘ .
zLe Sujet de cette Tragédie est si sim-Ê
pie,‘ que quelques lignes sufliront pour
tracer le plan de ce qui fait l’action prin
ci ale. Lustgnam, dernier Roy de Jeru
- sa cm, fut détrôné par Saladin , Pere
d'Oro:mane. De cin de ses Enfms qui
furent envelopperd
n’y en eut que deux qui échapperentà
la mort,- sgavoir , un garçon et une filles
‘ G iij le
ans sa disgrace, 1l
«m, MERCURE un FRANCE
le premier âgé de quatre ans et Pautre
encore q; berccauDrosmanc devint amooe
rcux de la fille, élevée dans la Religion
Musulmane et appellêe Zaîrg. IJAmour
du Soudàn alla jusquî la vouloir épouser;
Zaïre ne put refuser - son coeur à un
Amant si rendre et si genereux. Le frere
de cette aimable Princesse ravoir été éle
vé auprès d'elle dans le Serrail, sans la
connortre pour sa soeur et sans se con
noître lui-même pour fils de Lusignan.
I.e genereux Orosmane avoir consenti
qu’il allât chercher la rançon de dix Che
valiers Chrétiens. Neremm , c’est le nom
de ce frere de Zaïre, tint sa parole et.
ä-evint avec la rançon. Orosmane lui pro
mit-cenr Chevaliers Chrétiens,’ au lieu
d; dix qu’il en demandoit seulement;
mais il en exceptn Zaïre et Lusignani
Zaïre obtint la liberté de cc derniers on
le tira de son obscure prison , et à la far
veut d'une Croix que Zaïte portoir en
fotnxe de Bracelet depuis le jour de sa
naissance, et d’une blessure que Nerestan
avoir reçûë dans le sein, il les reconnut‘
pour. ses Enfans- Le combat qui se fait
entre la Religion cr Pamout, fournit
tous les beaux senrimeps dont cette Pic»
ce est rempiie. ‘Le serment que Zayrc a
fait entre les mains de Ncxesçan, de nul
point
a q l
‘ JANVIER; 173;: '13;
Ëeînt épouser Orosmanc qu'elle ne fût
aptisée, fait le noeud de la Piece , une
Lettre équivoque produit dans le coeur
du jaloux Orosmanc cette fureur qui en
fait la sanglante catastrophe : la Piece fi.
_nit par la mort que le Soudan se donne
après Pavolr donnée à. Pinnoccnt objet
de son amour. Voici la distribution des
Actes et des Scenes.
Fmime, Esclave Chrétienne et amie de
Z4Ïre,.ouvre la Scene et lui témoigna
lrsutprise où elle est de la voir si con
tente, mal ré l'esclavage ‘où elle est en
core et dbä Neresran lui a promis de la
retirer à son retour de Paris; Zaïre lui
ouvre son coeur et lui dit que le Soudan
Paime et doit Pépouset; Fatime lui rap.
elle qu’elle est ljui fait entendre nqéuee CFhérdéutciaerninoen;quZ'aeïlrlee
a reçûë dans la Cour d’Orosmane a prese
que cificé de son souvenir toutes les aug
tres idées. . -
Omsmana vient annoncer à Zaïrc son
prochain Couronnement; mais c’esr d'une
maniere à lui faire connoîrre que si elle
ne se donnoit à lui que par reconnoisi
sauce, il ne se croiroit pas heureux. Zaïre
‘ne lui marque pas moins de délicatesse
dans les sentimens de son coeur. On vient
annoncer Parrivéesde Ncrestan ; Gros..
- G iiij marre
n36‘ MERCURE DE FRANCE
mane ordonne qu’en le fasse entrer.- -
Nerestan fait entendre au Soudan qu’il
apporte la rançon dont il êtoit convenu
avec lui pour dix Chevaliers François,
et que n'ayant pas de quoi payer la sien
ne, il consent à reprendre ses premiers
fers. Orosmane pour ne se pas montrer
moins genereux qu’un Chrétien , lui olïre
cent Chevaliers et n’accepte point la ran
çon qu’il a apportée; mais il refuse la
liberté de Lusignan par raison d’Erar, et
celle de Zaïre par raison d’amour 5 Ne
restan l’accuse de manquer de parole;
Orosmane lui ordonne de se retirer; il
dit à Zaîre qu’il-va tout ordonner pour
leur hymen, après avoir donné au soin
du Trône quelques momens qu’il est fora
té de dérober à son amour.
Il fait entrevoir aux yeux de Caraimin,‘
son Confident , quelques marques d'une
jalousie naissante au sujet de Neresran 3
il ne veut pas pourtant descendre jus
qu’à convenir qu’il est jaloux d’un Chré
tien, mais il ne laisse pas de faire enten
dre ue s’il l’étoit jamais , il seroit capa
ble de" se porter à des extrémirez dont
il rejette sur le champ la funeste image,‘
et qui cependant commencent à préparer
les Spectateurs au crudeli: amer que l'Au-.
teur a mis à la tête de [impression de sa
"
‘
JA NVIER. 1733. 137
I
‘Châtillon, Chevalier François, et Na
mmn , commencent le second Acte .
Châtillon apprend avec douleur que Lu
sîgnan ne peut obtenir sa liberté; il ex
pose en Vers pompeux tout ce qui s’est
pasvé lors du détrônement de ce dernier
Roy de Jerusalcm.
‘Zaïre vient annoncer à Nerestan quelle
a obtenu la liberté de Lusignan . ce qui
est-le comble de la joye pour Châtillon
et pour lui. _ p ,
Lusignañ arrive , soutenu par deux Che
valiers François; ce venerable Vieillard"
attirê route l’attention des Spectateurs
par le récit de ses malheuÎ-s; ildéplorc
sur tout la perte de trois- de ses Eufans
massacrés a ses yeux , et de deux aurres=
réduits â Pesclavage ; il ignore leur sort,’
il en demande des nouvelles à 'Nc.'estan
et à Zaïrc , qui peuvent en avoir oiii par-Ï
let dans le Serrail, où ils ont été élevez‘
o h À
depuis leur enfance; il les reconnoit pour
ces mêmes Enfms dont il leur demande
des nouvelles. Cette reconnoissance est
une des plus touchantes qu’on ait vûës
sur la Scene, Lusignan demande en trem
blant à Zaïre, si elle est encore Chrétien
u - ' ’ 3
ne; Zaire lui déclare in enument qu elle
est Musulmane, mais el e lui promet un
heureux retour à la Religion de ses Ayeux.
t ‘ G y, C0:
1
_ 13s MERCURE Bananes
Çorasmin vient jette: de nouvelles allait-j
mes dans les coeurs de ces Chrétiens rasq
semblez; il leur ordonne de le suivre pour
rentrer dans leurs chaînes; Lusiguan les
exhorte à raffermir leur constance e; im
pose silence à Zaïre sur un secret qui
pourroit leur devenir funeste.
. Au troisième Acte, Orosnqane parlant
5. Corasmin , instruit les Spectateurs de q
la raispn pour laquelle i_l avoir révoqué
l'ordre qui avoir mis les Chrétiens en li-;
‘botté; ._ce' qui l’)? avoir porté , c’est qu’il
‘craignoît que l’Armée Navale des Franq
gais , qu’on avoir découverte , ne fût des.
tinée à reconquerir Jerusalem , erreur
donç il venoit.d’être tiré par de {idoles
avis, Corasmin veut en vain lui donnes
de nouvelles craintes, pour Fobliger à
ne point; ‘relâcher les Chrétiens; Oros.
mane lui répond que cîest à Zgïre qu’il
a a accordé leur liberté; il ajoûte qu’il n71
pû lui refuser la consolation de voir Ne
restan pour la dernier: fois. Orosmane
sort en ordonnant à Corasmin d’obéi'r à
‘Zaïre. Corasmin dit à Nerestan qu’il va,
lui envoyer Zaïre. '.
a Après un court Monologue de Nerestan;
Zaïre arrive. Cette Scene est une des plus
belles; Neresran reproche â sa soeur le_
son qu'elle fait àla glose de se famille‘? en
. a an
= JANVIER-ï 1733-‘ r39
abandonnant la Religion de ses Peres. Zaï
re lui promet de renoncer à la Religion
des Musulmans; mais elle ne se promet;
pas à elle-même de renoncer à son amour
pour Orosmane; elle demande à Nerestan
quelle peine la Religion des Chrétiens im
poseroit à une Amante qui épouseroit
un Musulman qu’elle aimeroit; cette de.
mande fait frémir Nctestan ; Zaïre lui
confesse qu’elle aime Orosmane et qu’elle
va Pépouser; elle lui dqmande la mort
pour prixtd’un aveu dont il est irrité; ne
pouvant rien de plus , il exige d"elle avec
serment qu’elle n épousera point Orosmaä
ne avant qu'elle air été inondée de Peau sa
luraire du Baptême, et c’est ce serment qui
- pÿoduit tout Pinterêt du reste de la Piece.
un délai qu’elle
_ erestan sort pour allier fermer les yeux
à Lusignan, dont les derniers transports
ont achevé d’épuiser le peu de forces qui‘
lui restaient. Zaïre fait un Monologue
très-touchant dans lequel l’Amour et la.
Religion se combattent.
p Orosmane vient presser-Zaïre de le
rendre heureux par son Hymen‘, elle est
interdite -, il ne sçait que penser des sen
timens confus u’de lui fait paraître;
(lui demande excite sa co
1ere ; elle ne peut soutenir S011 Courroux.
et le quitte de peut de Paugmenter. ar sa,
présence. ' i G Vj ros
‘r40 MERCURE DE FR ANGE:
Orosmane ne sçait à quoi attribuer Pé-Ï
tontiantaccueil que Zaïre vient de luî
faire ', la jalousie sïntroduit dans son’
aeurs il soupçonne Zaïre et Nerestan
d'une tendre ‘intelligence; il ordonne que
le Scrrail soit fermé aux Chrétiens. '
Fatime félicite Ze1ïre,au troisième Acte,‘
du bonheur qu’elle» est prête â goûter et
qui doit être le prix des combats dont
elle est déchirée. Zaïre lui fait connaître
par tout ce qu’elle dit , combien lui coû
tera le sacrifice qu'on exige d'elle. Elle l
voudroit se jetter aux pieds d’Otosmane,
et lui faire un aveu sincere des vrais sen
timens de son coeur et des obstacles que
sa Religion oppose à. Phymen qu’il lui
offre; Fatime lui fait connoître qu’elle
cxposeroit tous les Chrétiens à la fureur
du’ Soudan par un‘ aveu si funeste.
Orosmane vient livrer u_n nouvel assaut"
"au coeur de Zaïres il lui déclare qu’une
autre va monter au Trône qu’il lui avoir
destiné, Zaïre ne peut entendre cette mek
nace sans verser des larmes; Orosmane
en est attendri, il lui dit que la‘ menacé
qu’il vient de lui fait n’étoit qu’une fein-ä
te, et qu’elle n'a ét dictée que par le
desespoir où ses injustes rcfus l’on: plon
gé; il la prie de ne plus difllerer son bon-i
heurs elle se jette à ses pieds, et le prie
9
3.
J A N V IF. R‘. 1733Z titi
I n
à son tour de lui accorder le reste de ce‘
jour pour achever de se déterminer. Otos
mane y consent malgré lui; elle le quitte;
il est frappé d'une si prompte fuite; il
s’en console pourtant par Passurance qu'il
a (‘Hêtre aimé. -
Un de ses OH-iciers vient changer cette
sécurité en désespoir; il lui présente une
Lettre qu’on vient d'intercepter ', cette
t Lettre est de Nerestan,er s’adressc à Zaïse s‘
voici ce qu’elle contient :
Clxere Zaïre , il est temps de nous voir;
Il est vers la Mosquée une secrette issuë ,
_0t‘1 vous pouvez sans bruit et sans être apperçuë,
Tromper vogsurveillans , et remplir notre espoir;
Il faut vous hazarder, vous cohnoissez mon zeley
je vous attends ; je meurs si vous nîêtes fidele.
‘La lecture de cette Lettre équivoque rea
plonge le Soudan dans la plus horrible fir
reurgil veut faire expirer Ncrestan dans les
supplices, et poignarder Zaïre; il otdon-i
ne qu’on la fasse venirî troublé, irréwolu,
il-ne sçait plusâ uoi même que Zaïreclui esst'artroêûtjeor;urisl sefidflaaltet,e
et que Net: stan n’est qu’un témetaire qui
se croit aimé, parce quîl croit mériter
de l'être ; il ordonne à Corasmin de frite
rendre ce Billet à Zaïre 5 il se ‘repent de
Pavoiq
‘rai MERCURE DE FRANCE"
Pavoir mandée; il" la veut éviter, mais’
_ inutilement. j
Dans cette Scene Zaïre sort de sa moä
deration ordinaire ; les reproches et les
menaces du Sultan , qui ne s’étoit jamais
oublié jusques-là, lui donnent‘ une no-g
ble fiertéquî n'empêche pas qu’elle ne lui
avoüë qu’elle Paime; ce dernier aveu ache
ve d’irrirer le Sultan qui la croit perfidesil
_ la congédiget se prépare à la‘ plus horrible
vengeance, quoiqu'il. avoüe qu’il Faim:
encor plus que jamais.
Au cinquième Acte Otosmane commano‘
de à un Esclave de remettre entre les mains‘
de Zaïre la fatale Lettre qui est tombée
dansles siennes ,et lui ordonne de lui ren
dre un compte fidele de tout ce quiil
aura appris.
Zaïre vient avec Fatime ', PEsclave lui"
présente la Lettre ,_ comme un garant de
sa fidelité , elle la lit et lui dit:
Allez dire au Chrétien qui marche sur vos pas i
Q3: mon coeur aujonrrÿhui ne 1c trahira pas,
Q1: Farime-en ces lieux va bien-tôt Pinrroduirt.
Zaïre sort,- l‘Esclave rend compte de
sa commission a Orosmane, ce qm de
termine ce Sultan furieux à la plus bote
rible vengeance. Zaïre revient .- ellectar:
apercevoq
J A NV I E R.‘ 1713.‘ ‘r41
appercevoir Neresran dans Pobscurité;
quelques paroles trop tendres qui lui
échappent et qui conviennent aux sen-g,
timens qu'elle a pour ce cher frere, por
tent le jaloux Orosmane à la dernierÊ
fureur; il lui plonge un poignard dans
le sein , Neresran qu’sn ‘lui amene char.
gé de fers, fait un grand cri en voyant
sa soeur qui vient d’expirer; à ce cri dou
loureux et au nom de soeur, Orosmane
recormoit son crime; Nerestan lui de.
mande la mort; Orosmane ordonne qu’on
le remette en liberté et qu'on le ren
Ÿoye chez ses patens avec tous les
Chrétiens; il plonge dans son coeur le
fatal poignard encore fumant du sang
de sa chere Zaïre. ‘ '
Il ne reste lus qu’à faire. part à no;
Lecteurs des divers jugcmens que le Pu.
blic a portez sur cette Tragédie. Tous
les suffrages sont réünis en faveur de l’in—
rerêt qui y rcgne dans tous les Actes 5 ce
lui qu’on asenti dans la reconnoissance
est le plus generalement avoüé son a sçû
bon gré à M. de Voltaire d'avoir bien
voulu descendre de I’Epiquc au Dtamaæj
tique; on trouve même qu’il a porté la
cpmplaisancc un peu loin; sa Vcrsifica
tion n'a pas paru égale par tout, et le de-î
sordrc les passion; jettent ses princi
' ' - ' paux
o‘.,.
arrajMÈkélïfls DE FRANCE
ries
. b‘
.
r,’ «ipaux Acteurs semble , dit-on , avoir pas-Α
se jusquîr ses expressions; on auroit sou
haité que le caractere qu’il a d'abord don
né à‘ son Héros ne se tût as clé-menti
jusqrÿà plonger un poignar dans le sein
de sa Maîtresse; on a beau dire que la
jalousie ‘nïst pas une passion que la rai
son puisse dompter , c’étoit à PAureur,
disent les Critiques, à ne pas donner de"
pareilles assions aux personnages dont:
1l avoir onné une idée si avantageuse;
le serment qui fait le noeud de la Piece,
ajoûtent-ils , a un caractcre dîndiscretion
qu’en ne sgauroit excuser.» Ils trouvent
aussi que les divers voyages de Neresrarr
n'ont pas encore été assez bien débrouil
lez. Les Caracteres de Lusignan , de Chê
tilion et dé Neresran , ont été-fvora
blement reçûs; pour ce.ui de Zaïre, on.
l’a trouvé fort indécis; on ne sçait pas
si elle meurt Chrétienne ou Musulmane‘;
l’amour a tousours parû sa passion do
minante , et l'on a lit-u de douter que le
mon Dim qu’elle prononce en mou_rant ,
ait pû lui tenir lieu de Baptême ou de _
Contrition zNerestan fortifie ce doute par:
ces deux Vers qu’il adresse à. Orosmane.
p
Hélas ! elle oiîerisoit notre Dieu , notre Loy,
E: ce Dieu la punit «Pavois brûlé pour roi.
« Cette
u
J ANVI Ê R‘. 1733Z '14’.
. Cette Piece a été imprimée à Roüen et
se vend à Pari: , Q4) de: Azgnsiin: ,
chez. Bauche. _
Les Comédiens François, qui ont in?
terrompu les Représentations de la Co-j
médie du Camplaimnr, par la maladie de
quelqÿues Acteurs, donneront le mardï
3. Fevricr, la premier-e Représentation
i}: Gumzve V454, Tragédie nouvelle de
. Piron.
Le S. Février, les Comédiens Fran.‘
çois représenterent à la Cour l1 Comédie
de PEsprit Folez, et pour petite Piecg le
Mexicain malgré lui.
_. Le 13.. ‘la Piece nouvelle du Camplaisant,‘
qui fit beaucoup de plaisir , et laiScrcnade.
. Le xo. de ce mois , les Comédiens
Italiens y représentercnt le Faùcan ou lu
Oye: de 30mn: , et la Parodie des Enfant
Trauwz. , qui fit beaucoup de plaisir.
- Le 5. Janvier , le sieur Fabio , nouveau‘
Comédien Italien , qui u’avoit jamais a4,
m sur aucun Thêatre, débuta sur cefiul
de lT-Iôrel de Bourgogne, et y joüa le‘
Rôle de Pantalon avec applaudissement ,‘
dans une Comédie Italienne, intitulée ä
Arlequin Medecin 71014711. Ce nouvel Ac—‘
_ teur est d’une taille avantageuse, et il
enttî
f4! MERCURE DE FRANCE
entre très-bien dans le caractete de ce
Personnage qu’il a joüé depuis dans d'au-i
tres Picces Italiennes , et il a été applaudi
du Public. _ _
Le 19. les mêmes Comédiens donneo‘
rent une petite Piece nouvelle en Vers et
en un Acte, avec des Divertissemens, qui
a pour titre , les Etrgnmr‘ ou l4 Bagatelle.‘
Cette nouveauté qui est‘ de la composi-j
tlon de M. de Boissy , a été rcçûë très
favorablement du Public , et attire tous
les jours de ‘nombreuses Assemblées au
Théatre Italien. ’ La Dlle Roland , qui a
étéoreçûë depuis“ peu dans la Troupe,‘
danse un Pas de Deux avec le sieur Ric
coboni, qui est Fort applaudi son par
lera plus particulieremcnt de cette Piece.‘
Le 2.5. Janvier , l’Académic Royale
de Musique donna la derniere Représen
tation de l’Opera d’lsis , et le 27. elle
mit au Théatre Ompbnle , dont le Poëme
est de feu M. de la Matin, et la Musique
de M. des Tbucbes, Sur-Intendant de l:
Musique du Roy. Cette Picce, qui fait
très-grand plaisir au Public, n'avoir pas
été remise depuis le mois d’Avril x7214‘
on en parlera plus au long.
On apprend de Vienne , qu’en y a‘
Construîl
_ ‘LIA N VIE R} 1735. » ‘r47.
construit au commencement de ce mois
un Théarre privilegié , près de la Porte.
diltalie, où ‘on représente actuellement
un Opera qui a pour titre: Le Miroir 4
de la Fidclite’. i
LA 'IFESTE>D’IVRIS,‘_
CANTATIL LE.»
Mise en Musique, par M. Rununnä
TEndres amours , quittez Cythete,
Suivez les graces et les Ris;
Ils abandonnent votre Mere ,
Pour briller chez la belle Iris.
M ,
On celebre aujounÿhui sa Fête,
Vole? . allez cueillir des fleurs 5
Hâtcz-vous , couronnez sa tête,
Bac: "lui présenter des coeurs,
Tendres amours . quittez Cytherc ,‘
suivez les graces et lesllis,
118 abandonnent votre tnetc ,
Pour brille: chez la belle Iris
1
145” MERCURAË DË ËR ÀNCÈ
' Les Enfans de Venus exaucent ma priere ,
Mes yeux sont éblouis quel éclat de lumiere!
Je voi voler ces Dieux chatmans ,
Dans leur rapide Cours , ils devancent les Vents.)
Its amours vous. rendent hommage;
Iris , votre beauté mérite des Autêls :
Le don de plaire est votre doux partage g
Triomphez de tous les mortels.
Les amours vous rendent hommage ,
. a I _
Iris , votre beauté mente des Auteis.
âië
Les habitans Je ces Boeages ; '
Font entendre de doux Concerts;
lt les petits Oyseaux unissent leurs ramages,‘
A ces Chants qui {tapent les Airs.
i?! . ‘ _
Belle Iris gregnez‘ sans cesse,
Sur les Bergers de ces lieux;
Le tendre amour qui les blesse,‘
Fait son séjour dans vos yeux.
N « a M
Les doux‘ traits que ce Dieu lance ,
Attcndrissent tous les coeurs ;
Rien ne leur fait résistance; *
yos yeux les rendent vainqueurs.‘
Belle
JAN V I E R. 1733.‘ r45
pelle Iris , regnez sans‘ cesse,’ '
Sur les Bergers de ces lieux ;
Le tendre amour qui les blesse,
Fait son séjour dans vos yeux, _[_
Par M. Pfljficbafll.
moeæoe=oeoeæ=oeoesoeoeoe
NOUVELLES ETRANGERESV
-D_B T 1711041115 121‘ ne Pense, r
. l
Es Lettres de Constantinople, portent que le
LGrand- Seigneur avoiffait remettre gooo.
Bourses au Pacha de Bagdad qui commande son
Armée en Perse , et qu’on se préparait à faire
partir incessamment tous les secours dont ce Ge
neral peut avoir besoin pour sïopposcr aÏux de;
seins ambitieux de Thamas Kouli-Kart.
Par dïautres Lettres particulieres de la même
,Ville , on pprend que la Maladie contagieuse
rfétoit p; encore entrerement eesséc , malgré le _
froid dela saison ; qu’il y avoir eu âjanocoviclr,
petite Ville Maritime du Canal de la Met Noire,
_|m Incendie qui avoir çonsumé r5_o. Maisons ,
et que toute la Vlllt auroir été réduite en cendres,
si le Grand-vizir ne s’y fût pas rendu avec de;
OEroupes pour la secourir. ' i ‘
On apprend par les dernieres Lettres de Perse;
que Tiiamaslliouli-Kan, dontéPautoriË auâ
rnentoit tous es "ours avoir crit au an e
Gcorgie de lui fotirnir aiu plutôt soeo. homme‘.
de Cavalerie; que ce premier Ministre ne v<l>u_-,-,_
‘ ‘ ' ‘ .035
l
uo- MERCURE DE FRANCE
loir entendre parler d'aucun accommodations
avec la Porte , et qu’il avoir rejette’ avec beau
coup de hauteur des propositions que le Pacha
de Bagdarl lui avoir fait faire pour parvenir ai un
nouveau Traité de Paix entre les deux Puissances.
Russrr.
N a reçu avis düflsrracän et de Derbents,‘
(Dquïl y éroit arrivé plusieurs jeunes Seigneur:
Tartares et Georgiens , qui viennent demander à
la Czarine de Pemploi dans ses Troupes.‘ Ils ont
ramené avec eux un très-grand nombre de Do
mestiques et de Chevaux , et ils doivent partit
incessamment pour Moscou. '
Y
Dasntnruancx.
A République de Hollande paroi‘: vouloir
Lfopposcr â Faugmcntarion du Commerce de
Cette Nation dans_lcs Inde: Orientales, et M.
Greys, Ministre du ‘Roy à la. Haye, a écrit i
s. M. Dan. que les Directeurs de la Compagnie,
des Indes Orientales cPHollande se poposoient
«Pemployer toutes sortes de moyens pour obli
ger les Danois inter-esse: dans le Commerce de
Traiiquebar et de la Chine , a‘ d'équiper pour les
1nde: , que le même nombre de Vaisseaux qu’ils
y envoyoient avaîit le nouveau Privilege que le
goy leur a accordé depuis environ deux ans. La
Lettre de M. Greys ayant été lûë dans le Conseil
du Roy , le Secrcraire d’Erat a remis depuis â.
M.Coynan, Envoyé des Erars Generaux, une Dé.
‘datation de S.M. Dan. portant en substance que
par- le Traité de Commerce qu’elle avoir renou
(ellé avec la République cFHollande, on n-i'av_olr
« 3.199
a JANVIER. :733.» r51
(ien stipule qui pût borner la Navigation et le
Çommerce de ses sujets , et qu'elle émit résoluë
de les protegcr, '
Arranncuz.
N écrit de Seiiwcrin, que le Duc Charles
mLeopold de Meckelbourg y avoir fait pu
blier un nouveau Manifeste , par lequel il exhor
xe les diflerens Ordres de son Duché âlui de?
meurer fidelea , et de ne point reconnaître pour
Administrateur le _Duc Chrétien Loiiis son frette
on ajoute que ce Prince étoit parti quelques ours
gprèa pour Dantzic et qu’on croyoit qu il se
(endroit dans peu à Petersbourg , pour deman
der des secours â la Czarine , sa belle-soeur.
Les Lettres de Neustad, portent que les Com
missaires Subdeleguez de la Commission Impe
tiale y étaient arrivez pour régler avec le Due
chrétien Louis , tout ce qui est nécessaire polir
son administration. ' "
I ‘r A i. t 1:.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
ESPAGNE.
‘N apprend par les dtrnieres Nouvelles tel
çtîës d’Oran , que 'l’Arme'e des Maures étoit
toujours campée â trois lieuës de la Place, et
qu’elle faisoit des mouvemens continuels qui
paroissoient n’avoir pour objet que d’assurer la.
subsistance de leurs Troupes. Les mêmes Lettres»
marquent que la Garnisdn d’Oran avoit achevé
de rétablir les Fortifications de la Ville et des
Châteaux , et qu’on y avoit ajouté plusieurs
Ouvrages avancez qui étaient necessairlîls potä
Ü .
154; MERCURE ‘DTËFRÀNCE
h communication des Forts, et pour la plu!
grande sûreté de la Place , encas que les Man-i
12's prissent le parti de Passiéger une seconde.
is. ' '
‘ L’Escadre que les îlgeriens avoient équipée
ur aller au secours ’Orarii , et qui est la lu:
änsidemble que cette Régence ait jamais räite
en Mer , étoit commandée par Hasen-Acachi ,
et composée de n: Vaisseaux de Guerre , quatre
saîques , et 7 Galiotes. La Capitaine qui est un
fVaisseau neuf, étoit montée de 76 piéces du
Canon ., et les autres depuis t8. jusqurà.“ Pie.
ces , faisant en tout , y compris les sarqucs et,
l'es Galiotes, in. piéces de Canon , et ayant-â:
bord 295c. Turcs , 187e. Renegats , et 39a lis
claves Chrétiens , en tout 62.30 hommes; ccpcn
dan; quelque formidable que Fur cette Escadre .
elle n’a pas osé attendre celle des Espagnol: ,
quoiqifinferieurede beaucoup ; mais yéçan; en
suite éloignée de la Côte , elle a enlevé un grand
riombre de Bâtimens de diverses Nations, sous
prétexlte qu’ils aväiänt à bord des provisions
pour aGarnison rail.
GRANDE BRETAGNE.
' -E a7 de ce mois ,' vers les deux heures après
midi, le Roi se rendit â. la Chambre des
Pairs avec les cerémonies aecoûtumées ; et S. M.
ayant mandé les Communes, fit le Discours sui
vant, , . .
Mylorals et Mëssieurs , je ressens une grande sa-J
s-Ïtisfaetion de ce ue la situation présente des
sa alÏairesJant au-de ans qu’au dehors du Royau.
., me , ne me donne diantre’ raison de vous as
assembler aujourrPhui quefexpédition des afä
n faires
JANVIER.‘ 1733. i”.
le faires publiques et l'envie de trouver une.ocä
a casion de recevoir vos avis sur les affaires qui
o: pourront se présenter , et qui demanderont
a Pattention et la considération du Parle
p ment.
Messieurs de I4 Chambre des Communesÿ Ie
adonnerai ordre de préparer et de remettre de
n vaut vous l’Etat de la dépense pour le service
n de Pannée courante: je ne doute point que
avons ne leviez eflîcacement les subsides que
h vous jugerez nécessaires pour Phonneur , l1
u sûreté et la défense du Royaume avec le même
a empressement que j’ai toujours éprouvé en
p vous , et: je ne puis m’empêcher de vous re
o» commander comme une considération digne
u de la Chambre des Communes de la Grande
» Bretagne , de prendre dans vos délibérations ,
æ soit en levant les subsides annuels, soit en dis
uttibuant les revenus publics , les mesures que
n vous croirez les plus capables de contribuer au.
s; soulagement présent et futur de ceux que voue
u représentez. '
‘Mylam’: et Messieurs. Vous devez être con-é
avaincus combien il est à souhaiter que vous
o; travailliez avec le plus de diligence qu’il sera
n possible aux affaires publiques , et que rien ne
a: donnera plus de poids et de crédit à vos déli
.21 bérations , que le soin avec lequel vous éviterez
se des animositez et des emportemens déraison
nnables , et l'attention que vous aurez de vous
a: occuper constamment du veritable interêt de
a: votre Patrie, sansvvous. laisser détourner de
uCCt objet par aucun prétexte , quelque spéeieu;
- s3 qu’il partit. Qre cela soit donc votre premier’
a) et_ prmcipalsoin , et le peuple sera sensible aux
wavanzages qu'il recevra de la sagesse et de læ‘
_ _ . H l} l) fCÎo
‘_
,
152M ERCURE m: FRANCE.‘
s, fermeté qui vous feront préfèrer son soulage:
a. ment et le bien public a toutes autres coustdég‘
v: rations. .
ce Discours fut prononcéau nom du Roi par
le Lord Raymond , chef de Justice de la Cou:
du Banc du Roi’, â cause de Pindisposition du
Grand-Chancelier. Après que le Roi se fut reti
xé , les Seigneurs résolurent de présenter une
Adresse à S. M, pour la remercier de sa Haran
gue , pour ICCODBOÎIÏC la bonté que le Roi avoir
cuë de témoigner tant d’envie de recevoir leurs
avis sur les matieres qui demanderoient Parten
tion du Parlement, et pour assûrar S. M. que la
Chambre expediera les affaires publiques le plus
promptement qu’il se pourra , ce travaillera avec
autant de sagesse quede zele sur tout ce qui in
teressera le bonheur du peuple et le bien public.
La Chambre des Communes résoluraussi de préc
semer une Adresse à S. M. pour la remercier de
sa Haranguc , pour témoigner leur satisfaction
de la situation présente des affaires , tant au-de...
dans qtÿau dehors du Royaume, et pour Passûv‘
ree du zele avec lequel elle entreroit dans toutes
les vuës de S. M. et se couformeroit à ce qu'elle
lui avoit recommandé. a
- Le les Seigneurs allerent présenterleurAdt-csè
se au Rol qui leur répondit ;
ytYLozeDs,
u je‘ vous remercie de cette respectueuse et 5-‘
en dele Adresse. Comme le bonheur de mon peu
vple et Febien public ont toujours été mon pring’
‘ucipal objet, le zcle que vous me témoignez d'y
’° contribuer , ne peut nfêrre que très-agréable ,
>°et il vous asslîre de plus en Plus ma faveur et
“m; ‘protection, _
. M0375;
CIANŸIËR. 173;. r57,
nannnananannn‘
i” MORTS, NAISSANCE}?
de: Pays Étrangers. *
E Cardinal Corneille Bentivoglio dmragon ;
mourut le 3x Décembre dans la 6; année
de_ son âge i étant né à Ferrare le r7 Mai 1568.
A son r_e our do sa Nouciaturc de France, il avoit
été fait ‘èardinal le 19 Novembre 1719. parle
Pape Clément XI. qui lui donna le titre de S. Je
Iômcxles Esclavons . et qui le fit Legat de la Ro
magne au mois_de Mars 1720- Il avoit été ‘con
firme’ dans cet emploi par Innocent XlIl. dans
le" premier Consistoire qu’il tint le 1.8 Mai r72. I.
et il avoit demeuré clans . cette Lvégation jusquïm
. mois de juillet 1172.6. que le Roi d’Espagne le_
chargea. glu soin de ses affaires auprès du S. Siea’
pe. Le corps de ce Cardinal ayant été embaumé
ut porté le premier de ce mois dans PEglise des
Religieuses de Sainte Cecile, au-delâ du Tibre ,
où il fut inhumé le a avec beaucoup de pompe
et de cerérnonie , les Cardinaux ayant assisté 3
ses obseques au nombre de 2.6. . A
La ‘Princesse Douaitiere de Nassau Usingemde
la famille des Comtes de LoWcnfttin-Wcrtheim,
mourut â Francfort le g de ce mais dans la 7x.
année de son âge. . - ’
Il est mort â Vienne enâutriclie , tant dans la
Ville que dans les Faubourgspendant le cop
rant de l’année demicte 788;. personnes ,_ 55a
voir 1.617. hommes , 1357. femmes, zrzo en
fans mâles ait-dessous de dix ans, ct 2.568‘ filles.
H ii Il
“J
xçs MERCURE ms FRANCE
Il est ne’: pendant le même tems 474;. ma
fans.
ETRENNESÏ: M et a Madame‘ de
Morlfort , par m1 de leur: Ami: , de [Z11
caalémie de Cæzën.
' C Ertain démon qu’on ne définir güére ,'
Mais que l’on peint une horloge â la main;
' E: dfigneliaiæälxîvçlont le coup est certain
‘ Sans nul égard , en sa course legere
_ Moissonnafit ‘rôùtiàvec un froid dédain Q
. Le Tems recommence FAnnée , '
l: vieillard en Décembre , en Janvier jouvenâ
ceau .
(mine sa face rechignée,
I! depuis quelques jours prend un masque nolê
veau. . , .
A son exemple il n’est museaw,
Il n’est dévore si fanée, u
Qui de Pomade enlulniinyée v
Ne relustre sa vieille Peau‘ ;
Il n’est bon homme en son manteau‘;
' Sous sa pe truque cnfarinéc ,
Cachanr sa goûte enracinée , .
Qxi tout boitant nfisfre un Cadeau
A sa Déesse surannée.
C‘esr'la Saison des filqmplimens ,‘
Des embràssaiki , des. pré-suis ,
2l
.f
. I
Chacun
J‘ A N VIE R. 1733. i”.
-' Éltaeuh visitant son confrère , ‘ ' à
Chacun festoyant sa Commere ,i
pu voit troterîBijotax , Poulets ,. _.
Bouts-rimez , Madrigaux , Sonnets '
Tous a‘. Cloris I, nom de mistere A _.
Sous qui les Céladon: discrets’, l
— De leurs. Feux qu’ils’ ne peuvent taire . '.
Vont étourdissant leur Bergere
.1511 leurs VjCÎS qtrilsnîaurpnt point: faits... g
C’est du tems rajeuni la renaissante Fête , ,
Et ciest pour Phonorer que Pliipocrite Essain _
Va les présens et Pencens à la main ; i
f’! Mais le tems fuit , et sans tourner la tête
Du tnêtnepas marche toujours son train ,
A gauche fa‘ droit prenant quelque requête ,
Il‘ rit d'y‘ vbit des ‘voeuzôpour le prochain ,
I-Zt seulement pour sembler plus humain ,
Répandlses biens qu’avec faste il nous prête g
Mais qu’en avare il retire soudain ,
‘Bienfaictcur dur.. créancier incommode,‘
Accompagné des reproches pressains
. À Pcnfantiue Hebé; icunessn dépit des ans ‘ï
Si soucieuse de _la mode , y '
E! si fitrc du Geaiside ses frisons brillans ,
Sous PAigrcttc defleurs , cries Pompons go;
1ans , 2
.H« découvre des cheveux blancs; » I
a. .... J3.) T. . . . .
un
'0-.
.160 MERCURE or FRANCE.‘
Une Ride , d’Iris vient allarmer les char;
mes ; . ‘ . ‘ ‘f
lu milieu d’une Fête ‘et d’une Cour (Primaire;
Cloris , qui cache en vain ses larmes
O
Perd la plus belle de ses dents ,
I.e tems ne revient point sans nous faire un ou-î
ÎIBgCa
Pour Vous Sculc , Monfort , on dit que le mé-g;
chant
I
A quitté son humeur mal-faisante et volage ,
.011 dit- qu'aux rares dons qu’il vous fit e],
naissant
(De traits mignons, et d’un joli visage ,
’ 1l a sçu joindre , Amant de son Ouvrage ,
Un coeur bien fait , un esprit amusant ;
‘ Chaque an nouveau vous apporte un talent;
Chaque an nouveau vous plaisés davantageq
OEand il repassoit l’autre jour .
Il vous trouva , non encachette .
Non enferméeâ double tour ,
Du mistere et de l’Art prenant leçon se-j
crete u
l’on: réparer les traits émoussés de PAmour ,'
Quais sans recherche et sans détour "
Il
s" ». J ANVIER. 173;.‘ rift
flangeant en un instant votre tresse bru-j,
nette , i _- l
Näyant pour fard que de l'eau nette ,. 1
Vous rfiant de votre Toilette - ‘l
t, ‘Aux Gracesy, v_os Dames d’atout. "_
i Il vit dansla cliambre voisine ,
Et n’en_ fut que plus radouci, ' i
Votie Epoux et tendre et ‘clierii;
Qri dans ses Livres s’endoctrine ,
Lit , refléchit Î pense, éxamiiie ,
_. Sanssen prëvaloirDieu ‘merci ,
. Ou plein a2 sa Vfrve, dessine ' _
" En stile élégants et poli‘, ' . I s r;
A la Voltaire , à la Racine ,
OEelques doux Vers à son Ami; l
_,- Phébus est lâ qui Pillumine,
“ Et les Amours autour de lui
Ecartent d’une main badine
\ 4
Les visites , les soins , et le terrible ennuinä‘
Pendant que leTems considere
y _ Et ce commerce , et ce concours. --
- De Muses , de Ris, etdvtmours,‘ _ r.
' H v. Les
2m MERCURE - n12 FRANC;
_,1_.es Heures restent eu arriere.
Honteux de son oisiveté ,
Le Tems reprend son caractere,
Et part d’un vol précipité.
Pour éttenne , en fuyant , il a laissé sonsfi
ble
I
» Entre les mams de ces Enfans ,
1 l
1l veut sousvos yeux , couple aimable;
Qül marque voslplus doux momens ,
Pour Parnusemenr de la vie ,
h Vous le tournés â votre gré;
Qzättn ne s’é‘tonnc plus, si chez vouson sloll-Ï
te . ‘ i -
Le briquets en vous ypyqnÿ; ,» gfétoit bien 9nd
l . .
A Cziërt,ç c; r. Iianv.ie“rA. 175;. L
ääïäääâïäïääiäîäîääâäïÿä
FKA C*E,' 5 '
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions. ‘
t A‘ M”. de Chanvälr ‘, ' i j:
. ‘- SONGEÇ -:
U’on bâtit cnrêrant de Châteauxen-ifisä
pagne Z ‘
Je m’étois cette nuit "fait un destin ;si doux ,
(Ëe tout ce que lïon fruit du pays de Coca-l
gne _ ' s
Etoit millcrfois air-dessous.
‘ ]’avois recouvré ma jeunesse‘, _
Mon esprit , belle Iris , avoir presque‘
. 10m‘ r
“t...
Du vôtre la délicatesse ,
]’étois , comme on dit, fait ai. tout ,1
Et favois du Perou tout l’or et la richesse.
je vous Poifrois avec mon coeur;
Cette offre eut rheureux sort de ne vous pasdé-‘v
laize z
Ê sa‘
‘k8 MERCURE Dl! FRANCHE
Il ne manquait donc plus qu’un point amoÿ
bonheur; - ’
Ijl-lymen alloit y satisfaire.
Mais un maudit réveil, fatal à mes souhaits‘;
A renversé toute Parfaire: '
lTrop fidele portrait‘ du pot i‘ la Laitiere;
A ' rai vû tomber tous mes projets.
Adieu bonlair ,'adieu jeunesse ; l
. Adieu génie, adieu richesse.
fics dons (en. sont allés, comme ils étoient vcê
nus ,
Il me reste pourtant encore l e
ce coeur constant qui_vous adore ,
Mais , tout seul , c’est moins qu’un E51»;
l: ‘räïq3“’si‘
ÎÛPÏ
t
310m;
‘Ü JANVIER. 175;.‘ 16j
‘ MORTS,NAISSANCES
- l gâvMariages.
' E 9 Janvier, mourut M” Jean - Za?
charie de Lafaürie de Villenclrlàult,
Président en la Cour des Aydes de Paris,
, ïct Conseiller Honoraire au Parlement de
Bordeaux) Chevalier , Seigneur , Baron
Ho’ Villendrault , Vicomte de ‘Paulmier ,
“dans la 33 année de son âge.
' Dame Marie de Lamoignon , veuve
‘tic Victor Maurice, Comte de Broglie,
Maréchal de France, Gouverneur d'As
vesncs , mourutâ Paris le n, Janvier
Ïlans la 88° année de son âge.
François Doffoil, mourut à. Ver-vins,
‘petite Ville de Picardie, le r; de ce mois,
âgé de no ans, étant né en 152.3. il per
dit son pere à Pâge de Io ans , et Fut ma
tiépînq fois , ec eut douze garçons et
huit filles. _
Dame Jeanne-Antoinette (le Belloy;
veuve de Charles, Comtcide Lannoy 5
filie de Feu Jacques deiBelloy, Chevalier,
‘Marquis de Carillon , et de Dame Ami
CÎC de Courtenay , mourut en son Chä;
teau de la. Motte, en Picardie, âgée de.
8€ ans.
PÎCE:
[70 ME RCURE D E FRANCE
q Pierre Brûlard, Marquis de Genlis, est;
' mort dequis quelque rempsfllans son
Château de Genlisen Picardiec, dans la
85‘ année de son âge. v ' _ ‘
M” ‘Pierre Sabatier , Évêque d’Amiens,‘
mourut le zo. dans son Dioclse , âgé de
79 ans accomplis.
Dame Antoinerte-hladelaine de Bor
deaux; veuve M. Henry Martel , Comte
de Fontaine , premier Ecuyer cle S. A. R,‘ '
Madame la Duchesse d’O_rlean_s , mougrç
à Paris le 24,-d.ans la °7z°annêe de son
âge. Son Corps fut transporté en l’Egli—
se du Village de Brétigny , dont elle émit:
Darne. - ' -. ‘»
Dame Marie- Gahrielle le Cirier de"
Neufchelles, Epouse de Jacques -,'Samuel
‘le Clerc , Marquis de Juigné , 86C. Colt-a}
‘nel du Régiment dïnfmrerie d’Orleans ,
accoucha le 4 Janvier d’un fils,qui fut:
pommé Léon-Marguerite , par Leon le
‘Cirier, Marquis de Neufchelles, Lieu;
tenantdes Gardes du Corpsfi/larêchal des
Camps et Armées du Roy , Gouverneur
de Sainte Ménéhoud , et par D. Maries
‘Marguerite le Méneszrel de Hauguel‘,
E ouse de Jacques Bazin de Bezons, Ma.
Ïx chal de France , Chevalier des Ordres
du Roy ’, ôzc. ‘ - -
. l‘ Are
JANVIER: :733.‘ ‘x7!
Àtmand-Jean de S. Simon , Marquis de
Ruiïec , Grand d’Espngne de la premiere
Classe , Mestre de Camp de Cavalerie,
second fils de Loüis , Duc de S. Simon ,
Pair de France , Comte de Rane , ôcc.
Grand dfEspagne de la premiere Classe ,
Chevalier des Ordres du Roy, Gouver
‘neur de Blaye, Grand-Baillif et Gouver
neur de Senlis", Capitaine du Pont S.Ma
Vxent , Vidame de Chartres, Marquis de
Ruffec,&c. et de. D. Marie de Durfort
de Lorge, épousa Zdans la Chapelle de
PHôtel d’Auvergne ,la nuit du 2px au 2.7.
' Janvier , Dame Marie - Jeanne - Loüise
Bauyn d’Angervllliers , veuve de Jeanä
René de Longueil , Marquis de Maisons,‘
ëcc Président à Mortier , Fille unique de’
Nicolas - Prosper Bauyn , Seigneur d’An
gervilliers , Ministre et Secretaire d’Etat_,_
et de Dame Marianne de Maupou.
,R E P O NSE à l4 Missive du Cher/dg‘
lier de Ismcottoe , inscrit dans le‘ premit?
volume de Decembre.
_ PReux Chevalier , d’une voix haute ,'
Dans tes Rivaux tu ne comptes que trois.
. De par: l’Amour aprends que cette fois ,
Comme maint Chevalier, tu comptes sans son
,_ 116cc ,_ C
O
‘.172 MÉRCURE DE FRANCE:
Ce n'est pas le tout d’êtré Preux ;
‘Qmique la valeur plaise â Pobfet qu'on adore.‘
Un Rival qu’en «lédaigne. ou celui qifonignorc}
Est souvent le plus dangereux. ‘
C’est moi qui le premier ai sçû‘ rendre les armés
‘A celle qui peut tout charmer.
Mieux que "moi , tu pourrois connaître tous set
charmes ,
Mais tu ne sçaurois mieux l'aimer.
j’ai gardé trop long-temps un amoureux silence};
L’Amour est quelquefois du Sexe féminin,
Il veut qu’en parle , et si la Belle s’cn ofïence g
Il m’a promis qufim beau matin , i
Il prendrois soin de n13 delîcnce.
Cnnnunri.
i i D D 1 T 1 ‘o N.
Académie de Mxtseillc avertit le puë
biic que le 2.5 Août, jour et Fête de
F. Loiiis , de la présente année; 173 3, elle
ndîugcra le prix que M. le MàréChaLde
' Villars , son Protecteur, vient de fonder,
à une Picce de Poësie de xio Vers au plus,
' ct de 8o au moins , qui sera une Ode, ou
un Poëme à Rimes plattes , dont le sujet:
i sera livtzlize’ des Prix Académiques}: Poc
rcasion de la. fondation cle-celui de l‘Aca‘
_ / _ «d'amie
JANVIER. x7532 17;
demie des Belles Lettres’ de Marseille.
On addressera les Ouvrages destinez
au Concours , à M. de Chalamont de l;
Visclede , Secretaire perpetuel de PAça;
démie des Belles Lettres de Marseille, ruë
de l’Eyêchê; on affranchira les Paquets à
la Poste 5 ils ne seront reçûs que jusqu'au,
» I May inclusivement; les Auteurs ne
mettront Point leurs noms au bas de
leurs Ouvrages, mais une» Sentence de
lïEcritute , des Peres ou des Auteurs PËO-_
phanes,er ne se_ feront connoître en aua; ‘
cune façon , jusquïau jour de la décision ,
parce que si cela arrivoit par leur faute, _
ils seroient exclus du concours.
En envoyant les Ouvrages , il faut
_ marquer une adresse , à laquelle M. le Se.
cretaire envoyera son Récepissé , e: l’Au
teur de l’Ouvrage Couronné n’aura quîà
teptcsenter le Récepissé ou le faire te.
présenter, moyennant quoi le Prix set;
remis.
MADRIGAL,
Sur la’ Répbme de Ml“ dejllalcrair de la
Végmgau Bergerde: bords de la Marne,
l ‘ v - u. - . . u
D’Un Berger qui vous loue avec délicatesse -
Gapho _, vous ‘rcdoutcz 1c trop galant Ecrit ,
.- Vous
w-"fl
174 MERCURE DE FRANCE.‘
Vous tremblez , quäi ses sons le coeur ne sïnte-ÿ
ICSSC a
OEIC dans l'art d’aimer trop instruit ,
Et sur le vert gazon conduit ,
Il ne change bien-tôt son estime en tendresse,
‘Adorable Sapho, que votre crainte cesse ,
OEi comme vous , est tout esprit ,
Des sens_ne craint point la faiblesse.
Par Mu): SOMMEVESLIo
i Il paroît une n'es-belle Estampe en lar
ge , A dont le sujet excellçnäment traité ,
par M. Charles Coypel , représente Per
séé délivrant Andromede , exposée au .
Monstre, sur un Rocher _au bord de la
Mer. 1l n’y a rien à désirer dans l'action ,
ct Pexpression de ces deux principaux‘
Personnages , non plus que dans les deux
Figures du Pere et de la Mere , placées
sur la premiere ‘ligne de cette riche et:
élegante Composition , dont ces Vers
qu’en lit au bas , acheveront la. des-_
cription : ' p «
Fuyez , jalouses Néréiïles s
Fuyez clans vos Grottes humides; ‘ "=
Persée aime Androméde , et lui rendra le joug ;
Le Monstre servira de trophée à sa gloire,
Et c'est pour Androméde une double victoire;
‘Q3; de triompher par PAmour. .
- Cette
JANVIER. 173;.‘ r7;
J Cette Estampe est rres-bien gravée par}
le S’ Surugue ( d'après le Tableau Origi.
nalqui est dans le Cabinet du Roy) et
se vend chez lui , ruë klesNoyers.
Le‘ même Loiiis Sutugue ,. vend ‘une
nouvelle Estampe , de la suite du Roman
Comique , gravée tpar Edme Jsaumt , d’a.' l
Près, le Tableau dufll’ J. Patgr, qui a
ingenicusement represente 1e Porte Ra
qucbrun , qui rompt la Ceinture de sa
Culotte , en voulant monter à Cheval ,
àia place de Ragatin. Tom. r. ch. 2.0.
-| l
‘LES ntUxuMoURs.
rcsse ,
l . .
' , C Ertam- Enfant qu’avec crainte on ce.
g Et qu’on connaît a‘ son malin souris ;
ai",-. Court en tous lieux , précédé par les ris ,
Mais trop souvent,suivi par la tristesse.
. Dans le coeur des humains il entre avec sou-e
). 91m6,
, abite avec fierté , s’envolc avec mépris i
1l est un autre Amour. 51s craintif de Pestimc ;
oumis dans ses chagrins , constant dans ses
) désirs, _
que la vertu soutient , que la Candcur anime g
résisteaux rigueurs , et croît par les plaie;
sirs.
D: cet Amour le Flambeau peut paraître a
\ Moins
T/ÉMÈRCURË DE FRANCE‘
‘H
Moins éclatant, mais ces jeux sont plus
_ sioux , - '
C’est-lais Dieu que mon coeur veut pour
Maître ,
Et je ne veux le servir que pour vous.
Nous avons déja atlé assez au long de
la Cartc_ generale u S’ Lemau de La
jasse, de 7 pieds en quai-ré , montée sur
Gorge et Rouleau, enrichie de Tailles
douces des ‘meilleurs Maîtres , contes
nant PHistoire Militaire de France‘, de.
puispôn origine. On y voit no Plans “J
representant les principales Places defl;
Guerre et Villes Maritimes; la Maisonfi
Militaire du Roy‘ , Plnfanterie , la Cava- l"
lerie , les Dragons _, et les Troupes for-i‘
mées en Compagnies , avec les difïêren-l
tes Figures armées, tant à pied qu’à che.‘
Val , et leurs Trophées d'armes _, ancien
nes et modernes. On y voit aussi au min’
lieu de chaque Corps de Troupes, la foi‘
me et la couleur de leurs Etendarrs, Gui
dons et Drapeaux , Colonels et d’Ordon—'_
nance , qui J; sont représentez en Blazon _
ainsi que les Uniformes et Armures d
toutes les Troupes du Roy , avec les ad
ditions, pour la difïerence de chaque’
Habillement et Équipage.
Les premiers Exemplaires de cet Ou
vrago
JANVIE R.“ ‘:733; ‘r77
"vrage , tant en grande Carte montée",
‘qu’en Livre , relié en Maroquin doré ,
ont été présentez par l’Auteur , le second
jour de cette année, au Roy , àp la Reine‘,
et à toute la Cour.
RÉPONSE è deux Articles du Mercurg
A du mai: Æ Octoâre damier.
' E viens de voir dans le Mercureldu
J mois d’Octobre dernier , deux Arti-g
‘cles qui me concernent s le premier, con
tient des Remarques sur ce que j’ai dit au
sujet de la Manumission d’Orleans , dans
le Mercure de Juin , et dans le second on
nous donne une_ nouvelle Etimologie du
v
mot de Guespin , contre celle qui est im- r
primée ‘dans le Mercirre de May. Voicv
‘ce que j’ai à répondre à l’un et â l’autre.
_L’Aureur des Remarques les commence
par mävertirque Plnscription d’O.rlcans,'
que je croyois iusques icy, n’avo1r point
été donnée figurée, se trouve neanmoins
gravée dans les Annales Benedictincs du
P. Mabillon. En effet , elle s’y rencontre
â la page 53; du 5° vol. Je remercie
TObserVateut de me Pavoir indiquée!
mais quand faurois sçû cette particulari
té, je ifautois pas moins donné l’Inscrip
vrion au Mercure , qui étant un Lilvre en.
' tre -
x78 MERCURE DE FRANCE
tte les mains de tout le monde ,est beauä
coup plus propre qu’aucun autre à la ré
pandre età la faire connoîrre ' at tout.
On sçaura du moins ce qu’est evenu ce
Monument après la destruction desTours;
où il se ttouvoit attaché, et cela pourra
cngaoer ceux qui passeront par Orleans ,*
Ô
à demander à le V011‘. Les Curieux dora
i vent tout attendre en cette occasion de la
politesse des Chanoines qui en ont la
garde. r
L’Observateur se plaint ensuite , que
dans la Liste de ceux qui ont rapporté
Flnscription, j'aie oublié l’Auteur du.
Voyage Liiurgiqiugdans POuVrage duquel
elle se trouve fidelement déctite._ A cela.
je réponds que je n’ai jamais ensé à faire
un dénombrement’complet e tous ceux
qui ont faitmention de ce Monument]: v
n’ai cité que ceux que juvois sous la.
maingcat il y en a bien un plus grand
nombre; et je me contenterai icy d'a
jouter Guillaume Foutniet; d’autant plus
qu’en rapportant Plnsctiption, ch. 4. du
liv. r. de ses Selectioilesi, il s’est trompé sur
le nom de I’AfÎranchi , LETBERrus , qu’il
appelle malLEMTBERTUS. Au reste, ce
n’est point le titre de Voyage Litngique ,
qui ‘m’a« empêché de penser à cet Ouvra
ge , comme semble le croire PAuteur des
i RC9
J A NV I E R.‘ I753.‘ 179
Remarques; je sçavois qu’il y avoit dans
ce Livre bien des choses plus éloignées de
la Liturgie, qu’une Manumission 4d a!
mre.‘ Mais comme je n’avois fait que par- ‘ÿ
"courir legerement ce Voyage , lorsqifil
parut,je ne me souvenois pas dîy avoir
vû la nôtre.
La Remarque qui suit, regarde l’Ins— '
cription même: On demande pourquoi
Paflfitanchissemenr de Letbert est le seul
qui se trouve gravêsur la Pierre; et on
ajoute que ÿen devois rendre raison.J’a
vouë que si je Pavois fait , faurois donné
un grand jour à Plnscriprion. Maiscom
ment en venin‘: à bout? Les termes. simples
‘et concis qui la composent, ne donnent
aucun lieu à des conjectures, et les Ar-e
chives de l’Eglise d’Orleans , oùlce Let
bert est entierement inconnu , ne nous
en apprennent pas davantage. Il faut
donc , sans chercher à deviner ,__ dans un
fait entieremenr obscur, se contenter de
dire, avec M’ de Lasaussaie* , que la gra
vûre, de cet afllrancissement n’a été que
pour suppléer à un autre Acte , selon la
disposition de la Loy de Constantin sur
ce sujet l qui permet que dans cette oc-_
casion: Vice Aotomm, interpomttnr qualisg
c/mqzte smptnrfl.
* Annal. Ëcrl. Jrùécl. L.‘ 9. 72-. 6.
1er,‘ , Com-T '
ISDMEKCURE DE FRANCE
Comme tout ce que Ïai dit sur les Serfis
et leurs alfiançhissemens , n’a été que pour
en donner une teinture, legete qui pût
‘servir à entendre Plnsctiption , fai pû
avancer d’une maniere generale que les
Serfs avoient subsistè en «France jusqifau.
milieu du treizième siècle,quoiqu’il n’en
soit fait mention que bien long-tems a
ptègpuisque ce fut vers ce tems—lâ,qu’au
rapport d un des Historiens d’Orleans,*
S. Louis affranchir tous ceux qui se trou— i
voient en France , moyennant quelques
sommes qu’ils payeroienr à leurs Sei—
gneurs. Il est vrai que cette Ordonnance
que Le Maire date de l’an 12.55. ne se
trouve point dans le nouveau Recueilde
celles de nos Rois dc la troisième Race.
Mais comme dans les Lettres ‘du ‘Roi
Louis Hutin , du troisième Juillet 1515,
sur le même suylt , il est fait mention d’u
ne Ordonnance plus ancienne qu’en n’a
pas , il y a apparence que c’est de celle
de S. Louis qu’il est parlé. Les Seigneurs
, ne se ptesserenr pas beaucoup dbbéïr â.‘
- ces-ordres , qu’en avoir rèïterrz sous les
Règncs suivans,et il e:t parlé de Serfs jus
ques dans le quinzième siècle, quoiquäg
bolis dès le treizième.
î‘ Le Maire, p. 52.7. du I. Tome,
- — J‘?
_ JANVÏE Pu‘ 1733.’. 121
Je viens à la derniere Observation de
l"Auteur du Mémoire. ‘Paidit que les Let-î
tres que le Chapitre d’Orleans avoit ob
tenuës en 12.04. du Roi Philippe Augus
te ,- pour Fafiiranchissement de ses Serfs ,
servirent vingt ans après en 121.4 pout_
ceux de Mcsnil-Giraut, et qu'elles furent
confirmées par le Roi Louis Vlll. L’A_u
l'eut nfoppose que clans les Lettres de ce
Roi qui sont rapportées par Ducange et
‘ parle Pare Martenne , et qui,pour le dire‘
en passant , ne se trouvent point dans le‘
Trésor de l’Eglise d’Orleans , il n’esr pat
lé en aucune manierc de cette confirma
tion. Cela est-vrai. Mais une autre Charte‘
de Louis VIIl. du même Trésor , donnée’
à Paris au mois de Septembre de la même
année 1224. en fait expresse mention.‘
Navarin} quart’ no: dilecti: nortris D0mi720
et CI0 Aurclirznensi 4d exemp/nm progeni
zari: nartri Phi/ippi recordmtani: incline,
Regi; quofldam F Jllmtris carlzcessimur m ipsi
serve: ma: et ÆflGIÜÆJ 55m5. . . dutofimtä nos-’
2m et ma: mannmittanr. Co mlme cette Char
te ne parle point‘ cie Meshil- Giraut, et
que ce sont des Lettres distinctes de celles
e Ducange et du Pere Martenne,c’est_
une {turc de les avoir couîoncïuës , ‘mais
je ne l'ai fait qwaprês les Auteurs de
‘ " ‘ _ i1 Ül 1’His—_
1S2 MÆRCURE D E FRANCE
PHistoire cl’Orleans ,— i‘ dont ÿavois co
pié les termes sur cet article : cela peut
me servir dfexcuse. .
Voilà ce que j’avois à dire ‘sur le pre
mier Mémoire. L’Auteur m’cn paroi: aus4
si poli que sçavant, et je lui ai bien de
Pobligation de Fidée avantageuse qu’il
s’est Formée de moi; Ïaurois cependant
souhaité qu’il ne m’eut point désigné par
mon nom , et que me trouvant couvert
sous des Lettres initiales _, il m’eur_ laissé
garder Pincagnita.
ll s’agit à présent de la nouvelle étimo
logie du mot de Guespin. L’Auteur la
tire de Guespa: , mot Grec selon lui , qui
signifie une pierre brillante qui se trouve
aux environs de PEpii-e , et voici l'histoi
re qu’il fait de cette dénomination. Les
peuples de ces Pays étant passés dans les
Gaules environ 250 ans après la destruc
tion de Troye , y fonderenr la Ville d’Or
leans set remarquant ‘dans ses habitans
une finesse d‘esprir qu’on ne voyoit poin t‘
dans les autres, Gaulois , ils lesappellerent
Guespor, par rapporta lei-pierre brillante‘
de même nom.
. La Pierre dont veut parler notre Eti
. . V l ne _ . A _
mologisre est 1C o)’; , pierre ‘transpzren
. 9- Le Maire \, p.317. T.’ r. Guion.» pag.’
m,
J ANVI ER. :732; 2s;
‘te qui se trouve avec le piastre , et quîil
auroit dfunommer Gupsar ÏUNI/Oç , car
son Gnerpor ne signifie rien. Qle cette
pierre se rencontre en Epire, ou non ,
_ cela ne fait rien_ au sujet dont il s'agit ,
puisqu’il n’est point vrai que les Epirotes
se soient jamais venus établir dans les
Gaules. L’Etimologiste a confondu _les
habitans de la Phocidc , Province voisine
de PEpire , avec les Phocéens , peuples
d’Ionie en Asie , qu’on sçair avoit descen
dus dans les Gaules du tems de Cyrus ,
dont ils fuyoient la domination; mais
la Fondation d’Orleans n’est pas moins
étrangere à ces derniers qu’aux Epirotes.
Les Phocéens se contentercnr d'occuper les
côtes maritimes où ils avoient abordrê ,
sans avancer dans les terres , bien loin de
pénétrer dans Ades Provinces aussi éloi
gnees que les mottes. "‘ Marseille leur dût
sa naissance , mais celle d’Orleans appar«
tient trop aux Chartrains, sous la demi
nation desquels nous trouvons cette Ville
aussi-tôt qu’elle nous est connuë , pour
vouloir la rapporter à dhutres. Tout ce
que lflîtimologiste dit lâ-dessus est avan
ce gratuitement et sans aucune preuve.
* Herodote, L. I. 11min, LÎV. XLIII. Salin,
C8. ère. . I - p '
m; MERCURE DE FRANCE“
- Je pourrois à mon tout lui reprocher sa”
négligence pour la recherche de la Verni , si
je ne craignois de m’être déja trop arrêté
sur un Sujet qui peut-être ne méritoit pas
dfêtte refuté sérieusement.
D. P.
ÇA Orleans, ce 7 Decembre I732.
Connus LES Aurauns sarvnrqirs.‘
I) Ieu des Vers , puissant Apollon ,
Peux-ru souflrirsur le'Parnasse ,
Peurtu voir répandus dans le sacré Vallon
s
' Dïmplacables Démons dont Pinsolenre audace '
Par les plus indignes Chansons ,
De ta Lyre aujourd'hui {ont mépriser les sons P
Les Eumenides ennemies ,
Dont la noire fureur en tous lieux se répand ,
Ont-elles converti les Muses en Furies?
IJHypoci-ene en bourbier , et Pegase en Serpent
Il paroit tous les jours des Satyres nouvelles ,
Dans le Public sans cesse on séme des Etc-j
vets.
Des Monorimes , * des Couplets;
Et ces injurieux Libelles
Armés de leurs traits odieux 9
Portent des atteintes cruelles , a
Sans épargner même les Dieux :
* Ouvrage tout m même: rime: et d'une sntye
entrée. '
C’est;
JA N V I E R.‘ 1733. 18';
Ü ,. ' . . .
C’cst lEnfer qui vomit ces insolents ouvraq‘
gCS; _
Ce tissu de fiel et «fourrages
Ajoute à la malignité
L'imposture et Fimpiété ;
LLGs plus hautes vertus deviennent leurs victi.
mes , p \
E: les Auteurs d‘: ran__r de crimes ‘
Se flattent de Pimpunire’.
De ces nouveau; Pythons purge al jamais la
terre ,'
Fils du plus grand des Dieux , de sa gloire jan.
l’oux ,
Frappe ‘, fais tomber sous tes coups
Des Monstres aiguës du Tonnerre.
LETTRE écrite de CoflflezntÎnop/e [e 22.’
Novemâre i732. anpsujet de la dernier-a
contagion , et de [a fiant/elle’ Révolution
de Perse.
l Epuis le r7. de Juillet, Monsieur,‘
que je ne vous ai donné des nou
'velles de ce pays-ci , il n’y a presque été
queyrion que de la Peste. Voilà près de
cinq mois qu’on ne parle diantre chose
que de ses ravages à Constantiijiople , et
quoique les Turcs ayent coûtume de se
piocquer de ceux qui lacraignent s 0“ 3
i1 v remarg‘
18€ MER CURE DE FILA N
remarqué cette année , au grand deshon;
neur de la prédestination absolue, qui est,
comme vous sçavez, le Dogme fiwori des
Mahometans , qu’en gencral , ce ter-iblc i
fleau leur a causé autant defiroi qukifi:
autres 3 mais comme par respect pour!
leurs ptéjugez , la plûpart n’enonr pas
pris plus de précautions quïä lbrdinaire ,,
on assûre qu’il a péri dans cette Ville: et
dans ses environs 150 mille personnes.‘
Je ne sçai si ce calcul estbien fideleçe qu’il;
y a de vrai , c’est que la contagion se réa‘
pandant comme un torrent , n’a pas plus;
épargné les grands que les petits: elle
s’est introduite jusqursv dansle Serrail du.
Grand Seigneur , dont elle a emporté
beaucoup d’OH'iciers , et sur- tout-d’Eunuques
noirs , enträautres le Kasnadar ou
Irèsorier de Sa Hautesse- L’Esl<i—Scra'1'-,
dest-à-dire , le vieux Sertail ,_ où sont‘
renfermèes aussi sévèrement que dans un.
Monastere , les Sultanes du’ G. S. après
sa mort ou sa déposition , n’en a pas été
éxemptnon plus : trois ou quatre Sultav
nes y sont mortes ,_du nombre desquelles;
a été la Sultane Favorite du dernier Sultam
Achmet III. et Mere de la Sultane veuve»
du fameux G. V. Ibtaim Pacha, qui fut
étrangle il y a deux ans. Celle-ci avoir;
été pareillement attaquée du même ‘mal ,.
mais
ÏIA N VIE R.’ 17332137‘
mais elle a eu le bonheur d’en réchaper.
Enfin, pour ne vous point ennuyer par
un plus long détail sur cette triste marie
re , ÿajoûterai seulement que le G, Viz.
d’aujourd’hui a eu la douleur etqla cons-a
tance d’en voir mourir dans son propre
Palais un de ses freres , un de ses neveux ,
sa fille , celui à qui elle étoit promise en
mariage , et plus de deux cent de ses do
mestiques. Dicu merci cette cruelle ma
Iadie tire à sa fin , et la communication
commence à se rétablir par tout.‘
Je reviens , Monsieur , à ma Lettre‘ du‘
n. Juillet; je vous y marquois, si vous»
vous en souvenez , que le 4 du même‘
mois,la Porte avoit reçû des dépêches
d’Achmet ,Pacha de Babilonne ,» qui en-r
voyoit au G. S. une Lettre de Chah-Tah
mas, pour Sa Hautesse, par laquelle ce‘
Prince tejettoit entierement Piufraction
du dernier Traité de Paix sur Tahmas
‘Couli-Kan, son Itimazdil-Dezzlet, ou Grand
Visir, qui paroissoit vouloir usurper son
Trône , mais que les Turcs se défiant de
la bonne-foy du Roy de Perse , et appre
Iæendant que pour les mieux tromper , il
n"eut concerté avec son premier Ministre‘
11a rebellion dont il Faccusoit, la Porte‘
ne sçavoit à quoi s’en tenir, ni à qui elle"
dkvoiu eiïcetivement attribuer la rupture‘
I» v), chine
1S8 MERCURE DEJFRANCË
d’une Paix recherchée avec tant d’enr-*
pressementzpar la Perse, et si fraîchement
concluë. _
Ce Mystere impénétrable alors , s’est
enfin éclairci; on a reçû depuis quelques i
\
jours des nouvelles, dont quant a pre
scrit‘, je. ne [puis vous rapporter; qu’un
precis; me reservant a vous les dCtalllCl“,
orsqu’on m’aura remis une Piece qu’on
m’a promise. Ces nouvelles disent donc _
en substance , que d’un côté Tahmas
Couli r Khan , après avoir déclaré en ter
mes formels , par ses Lettres , au Roy
son Maître , qu’il ne ratifieroir jamais ce
Traite’ honteux , que Sa Majesté venoit
de faire avec les Turcs. Il étoit“ parti du;
Corassgn, et avoir pris la route dispa
han à la tête d'une Armée, composée
de Montagnards féroces et déterminez
comme lui; que d’un autre côté Chah
‘Tahmas, persistant à vouloir» que la der
niere Paix eut son entiere exécution,
cette conrrariére’ de sentimens avoir jetré
la division entre le Souverain , le pre
mier Ministre, et leurs Partisans respeca’
tifs 5 que cependant le Prince voyant ap
procher Tahmas-Couli- Km , homme am
bitieux, capable de tout entreprendre, et
dont les Explois lui avoientfiits un grand.
nombre dämis ,. jusques dans’ sa propre
Cour
A. N VIE R.a'17;;».-» 1.83:
Cour , avoit cru devoir ceder au temps,
et se reconcilier avec lui-,que le perfide
Ministre cachant son noir dessein sous les
dehors afiectez d'un zéle , dîme fidélité ,
et (l’un attachement à toute épreuve ,
pour l’honneur de son Souverain, et pour
le bien du Royaume , avoit reçu avec
une soumission toute respectueuse en
apparence, Ics propositions. qu’on éroit
allé lui faire , de la part de Chah e» Tah
mas. Qïen conzéquence iI s’étoit tendu.
avec peu de suite à Ispahan , après avoit
cepcndfiant distribué ses Troupes dans dife
a férens quartiers, aux environs de cette
Capitalgque par ce moyen il tenoit com
me bloquéeget qu’y étant arrivé,la premie
re chose qu’il avoit faitgavec le secours de
ses Partisans, dont le Roy étoit environf
né , même dans son Palais‘ , avoit été" de se
saisir de ce malheureux Prince, quïlavoit:
fait mettre sur le champ dans un Carosse
fermé,et fait conduire avec une grosse‘
Escorte , vers le Corassan , où l’on igno
roit encore ce qu’il étoit devenu"; qu’en
suite il ‘avoit forcé le Harem ou apparteè‘.
ment des Femmes ,- ce lieu si. sacré, sur
tout en Perse; qu’il y avoitdabord violé
laisoettt du Roy , qu’on dit être une fort:
bile Princesse; qifensuite il avoit tiré cle
çe Harem un enfant «au Berceau, fils de
' Chah:
‘r90 MERCURE DE FRA NCE
_ Chah-Tahmasÿquïl l'avoir fait proclai
met Roy de Perse , publiant que son Pctc
étoit incapable-de regner; qu’ils’étoit fait:
déclarer Regent du Royaume, pendant
la minorité de ce nouveau Monarque.
Qfen cette qualité , il s’étoit revêtu des
Habits Royaux, et des autres marques
de Souverain,er avoir paru en public avec
un faste extraordinaire; qu’il faisoit jours
nellement massacrer ce qui restoit de‘
grands Seigneurs à la Cour . attachez à
Chah-Tahmas ,ou qui pouvoient lui faire"
ombrage;qu’ilenrichissoit de leurs dé:-'
poüilles les compagnons de ses désordres:
et de sa fortune, et qu’il commandoit si
desporiquement dans Ispahani, que tout
y trembloit sousÏuî, d’une maniere qui.
tenoit du prodige. Je suis , 8Ce.
P. V..‘D‘..
S 0‘ N N E T
Sur un Pêcheur Pénitent,
DAns Pexcés des-maux que jëndute,
}’ay souvent prié le Seigneur ,..
Däagir avec moins de rigueur ,,
A; Yégard de sa Créatures. ’
Çi’=y=
JANVI E R. 1732.
fa): dit: Auteur de la Nature,
Grand Dieu, voi ma triste langueur ;.
Infirme’, perds mai vigueur,
Comme unefleur perd sa parure
Mais , Seigneur, rejette ces voeux g.
lie soulagement que je veux ,
Est d’un_ ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ,-,
Et d'un vil Esclave du crime ,,
fais un Enfant de la Vertu.
Lioerati amem à percale servifnoti estisjnssitiaa.
Rom» 6. r8. 22..
I.
süâà
v
!91__MÉR_CUR-.E'DE FRANCE
ARKESTS NoTABLEs. .
RDONNÀNCE DU ROY, du r7;
Decembre qui rcgle le rang et la place que
les Chanctliers des Consulats des Échelles du
Levant, doivent occuper dans les Ceremonies
publiques , par laquelle S5. M. ordonne’ que dans
toutes les occasions où la Nation se trouvera.
assemblée en corps , pour des Ceremonies pu
bliques , les Chanceliers pourvus de. Brevets de
8 M. marcheront immédiatement après les Dé
putez de la Nation , et avant les autres Négocians.
A Pégard des Chanceliers substiruez ou nommez
par les Consuls pour exercer les Chancellerics
dans les cas de mort, "de maladie ou dhbsence
des titulaires , veut S. M. qu’ils n’ay<rnt aucun
rang dans lesdites Cerémonies, et qu’ils mara
chent avec les Négocians sans distinction ni
preséance , 8re.» - '
A R R E S T du Parlemenitflqui‘ ordonne la
suppression d’une These.
Ce jour , les Gens du Roy sont entrez en la
Cour, et Maître Pierre Gilbert de Voisins , Avo
âar dudit Seigneur Roy , portant la parole , ont
it :
Qfayant eu avis diune These qui fut soute-I
nuë en Sorbonne Mercredi dernier 31. Décembre
par un Bachelier de Licence nommé Me jean‘
Hanharan . Prêtre, Irlandois de Nation , ils ont
pris soin de s’en faire remettre des Exemplaires,
et quhprès les avoir vûs, ils ont crû qu’il étoit
de
J ANVI ER. 173;.‘ i9;
‘elle leur devoir ‘(Peu rendre compte à la Coui- sur
c cham .
Q1: sfns s’arrêtet â la difïerence qui se trouve
entre les divers Exemplaires par rapport il la de’.
dicace et à l’inscription qui Paccompagne , sin
gularité dont ils ne chercheront point à appro
fondir la raison; il leur suflîttÿobserver que sous
’l’un et l’autte titre la Tliese est la même,et qiÿelle
mérite toute Pattention de la Cour. Rien de plus
msafiisant ni de moins correct sur tout ce qui
regarde nos Maximes , qu’on y voit diversement
alterées, tantôt par des expressions vicieuses,
tantôt par des réticences ÈUSPCCICS , tantôt par la
correspondance et le rapport avec ce qui précede
ou ce qui suit. '
Qte ce n’esr pas en cela seul que PAutcur de
cette These a donné dans des écueils qu’il sem
ble avoir cherché exprès. Qie sur ce qui peut
avoir rapport aux affaires présentes de FEglise ,
au lieu de la circonspection si nécessaire , il
montre une affectation qui ne tend qu’â émou
voir les esprits, qu’â entretenir les disputes , et‘
qu’â exclure ce qu’il y a de plus capable de con
duire â Puniformité et â la paix.
%’une These si peu mesurée et si dangereuse,‘
est un signal de discorde qu’on ne peut trop
tôt étou er. Qïon n’avoit pas lieu de s’attcndrc'
qu'elle dût échapper à l'attention du Syndic de
la Faculté de Théologie . et qu'après la bontéj
que la Cour avoipeuëen dernier lieu , de recevoir:
les assurances qu il lui avoit donnees sur sa con
duite, eux Gens du Roy , avoient dûcomptei‘
a - - \
u elle seroit lus citcons ecte e: lus exacte a;
gavenir Qte îfiest ce ui fie en l: ‘ < oser
‘ ° ‘l 5 g“? _ 3 P“?
a la Cour de le mander avec ceux qui on tu part‘
à cette These , pour entendre «Pelle-même ce
qu'elle
m, MERCURE‘ DE FRANCE
qu'elle jugera à propos de statuer à leur égard z
que c’est ainsi qu’e1le en a souvent usé dans les
occasions qui ont paru le demander , et que c’est
le moyen qui leur paroît le plus propre à arrêter
ces tentatives affectées , que des esprits qui ne res
pirent que le trouble‘ font éclore de tems en tems.
Eux Retirez;
Vtî une These intitulée : Pastomm exemplari ,
et dans une autre édition de la même Thçse,
Verbe. nascermjer à la fin de chacun desdits Exem
plaires , Has Theses, Dea date , aaspiæ Bai-para ,
et Praside S. M. N. Iacoéo LealÏier , Sacra Facul
tatis Parisiensis Dottore Theolago et Decano Sor
lvmica , Seniore , nemon antïqao Sancti Ladosvici
in Inmla Pastare vigilantissima, taeri ranaâittzf
Ïaarmes Hanharaa , Limericensis in Hyêemia Pres
èyrer , ejasdem Sacra Faraltaris Parisiensis Bacca
Îaarea: Theologas , aie Merturii trigesimaî primaÏ
mensis Decemâris , anno Domini MDCCXXXII. a5
octava mazatina, ad sextam vespertinam , inflor
êeæa , pro major»: ordinaria. Ladite These conte
nant neuf Positions toutes conformes dans cha
cun desdits Exemplaires. La matiere mise en de’
liberation : _ a
La Cour a arrêté et ordonné que ladite These’
sera et demeurera supprimée ; enjoint à tous
ceux qui en auroient des Exemplaires , de les ap
porter a cet effet au Grelîe de la Cour, et cepen
dant ordonné que le Syndic de la Faculté de
Théologie , le Président de la Tihese et le Ré
pondant seront mandez en la Cour Ivlefcredy
prochain sept heures et demie du matin en la.
GranrFChambre , pour eux oiiys en présence du
Procureur General du Roy , être sur ses Conclu
sions ordonné par la Cour ce qu’il appartiendra;
ordonne en outre que Copies collationnées du
prescrit
JANVIER. I753I 19;
\.
présent Arrêt seront envoyées aux Bailliages et
Sénechausspées du Ressort , pour y être lûës , pu...
pliées et enregiStIéCS. Enjoint aux Substituts du
Procureur General du Roy d’y tenir la main , et
d’en certifier la Cour dans un mois. Fait en Par
lement le 5. janvier 1733. Signe’ , YsAnnAU.
A RdR E S ‘â’ du Parlement, donne’ en execu
tion e celui u 5. anvier.
Ce jour les GensJdu Roy sont entrez, et ont
dit : Qu’en execution de l’Arrêt de la Cour de
Lundi dernier , le Syndic de la Facnlté- de Théo
logie de Paris, et celui qui a soutenu la Tlrese sup
primée par son Arrêt du g. de ce inois , étoient
au Parquet des Huissiers; que le Doyen de ladite
Ëacnlté ne s’est point rendu aux Ordres de la.
Cour pour cause dïndisposition; et â Pinstane
le! syndic et le Répondant mandez, et ayant pris
‘ ace au Barreau du côté du Greffe M. le Pre
îïlîfr Président lent a dit: La Çorir justement
fileconttnta (l’un: These soritennë en Sorboune
le 31 . Décembre dernier , et en ayant ordonné
la suppression par son Arrêt du y. janvier ,vous
a mandé en ce jour , pour vous faire entendre
combien elle impronve la conclure, tant du Doyen
qui a_ présidé â une These si dangereuse et si cet-‘
plalallç dïxÿäîcr le feu de la discorde , que du Ba
ç 1e 1er tu a sourerxuë dic quicl’a approuvée pa,restaesnicgonraetulrel.us du S y n
‘ Chargé par son état d’exan1iner et däarrêter
toutes les Tlxeses qui pourroient exciter» du trou
ble , il a manqué au plus essentiel de ses devoirs,
et il est cl’autant plus repréhensible que l’annéc'
derniere la Cour ayant bien voulu se contenter
de la déclaration de ses sentiments sur les Maxi
nies du Royaume, Pavoit chargé par Krrèt du.
1L0’
\
\
r95 MERCURE DE FRANCE
1x‘. Août r7;‘1.. de veiller plus exactement que.
larîlallîl SHIIÇhÎ/Olllt {le qui se‘ ‘passerait dans la Fa-«Ï
eu te e eo ooie
instruits tlu mhécontentement de la Cour , il ne
vous reste plus qu’il lui marquer des disposiiions
propres à prévenir les elÏets de sa juste severité.
Eux entendus , les Gens ‘du Roy , Me Pierre
Gilbert de Voisins, Avocat dudit Seigneur Roy
portant la parole , ont dit ;
Qfiil ne s’agit plus d’aucune discussion sur la.
Tliese; que la Cour y a prononce’ en connais
sauce de cause s qu’il ne s’agit que de voir ce qu’il
Cflnvtfint de statuer â Pégard de ceux qui y ont
eu part. Qfils ne peuvent s'empêcher de dire
qu’en ne sgauroit assez blâmer la conduite du
syndic; que ce n’est pas d’aujou'rd’hui qu’il est
instruit des intentions de la Cour pour le bien le
plus Csscntul, et pour la tranquillitézqifiil y a
manqué plus d’une fois; c: quärtptês ce qui se
pasbsa il,y'4a quelque temps lorsque la Coiär eut
a 0115€ u: recevoir les assurances u’il onna
sur sa conduite à Pavenir, il est plu? repréhen
ble que jamais. Qfil faut donc lui faire des in
jonctions en forme , telles que la Cour les pro
nonçe contre ceux qu‘elle rcgirde comme étant
en faute inzxcusable. {te le Répondant est inex
cusable aussi. Cküi Pégard du Président nommé '
dans la These . il s’est excusé de se présenter au
jourtÿliui sur une indisposition actuellgque son
âge rend vrai-semblable; mais qu’il lui eût été
facile de desavouer la Thrse en inertie-temps ', et
que ne Payant pas fait, la Cour est en état de le
comprenne dans les injonctions qu'elle jugua î
propos de faire aux deux autres. OEJC ce sera â
eux , et surtout au Syn lie, de faire ensorte -qu’*on
ne soit pas obligé d’aller plus loin dans la suite,
Ct
JÀNVIER. 172;.‘ 191
ètque le Ministere public ne soit pas forcé de
prendre d’autres mesures.
Qfiils requietent donc qu’ils soit enjoint au
Syndic d’être plus exact et plus circonspect à Pa
rvenir dans ses fonctions et de veiller à ce qu’il
ne soit rien mis dans les Theses , qui puisse
émouvoirles esprits et entretenir les disputes pré
sentes, à peine d’être procedé contre lui ainsi
qu’il appartiendra; Enjpint sous les mêmes pei
nes, tant au Président qu’au Répondant de se
conformer à FArtêt , chacun en ce qui les con-g
cerne. .
Eux retirezgnsemble le Sindic et le Répondant.
La matiere mise en déliberation , les Gens du Roy
, . , .
ayant éte iuandez , et M. le Premier Presidcnt
nyaqt ordonné qu’on fit entrer le Syndic et le Ré
on ant:
P La Cour a enjoint au Syndic de la Faculté de
Théologie . d’être plus exact et plus circonspect
à Pave-mir dans ses fonctions , et de veiller à ce
‘qu’il ne soit rien mis dans les Theses qui puisse
émouvoir les’ esprits et entretenir les disputes
présentes , si peine OEêtrepproeedé contre lui ainsi
qu’il apparpiendra: enjoint sous les mêmes peines,
tant au Preside/nt qn auARepondant , de se con
former au present Arret , chacun en ce qui les
concerne Fait en Parlement le 7. janvier 1753.
Signe’, Ysnunnv. '
Le sieur Dugeron , ancien Chirurgien d’Ar-‘
niée , continue de donner avis qu’il a fait la de?
couverte d’un Remede sans goût, qui préserve
1,65 dents de se gâter et de tombenceux qui en
ont en connaissent Futilite’. ll met son nom et
1e prix sur ses Boÿétes Sa demeure avec Tableau
est à Paris ,.rue Comtesse dî/laois , proche la C09
médite Italienne,
t r
_ .
APËROBÂÏIÛN.
’Ay lû par ordre de Monseigneur le Garde
' des Sceaux , le fl/Ierture de France du mais dé
Janvier , Ct ÿay crû qu’en Pouvoir en permettre
Pimpression. A Paris , le n. Février 173;. '
‘. HARDION. .j
TABLE
Pkîvilege du Roy pour -lc Mercure.
Catalogue des Mercures de France depuis
1 72. r.
Avertissement aux Amateurs de ce journal.
Liste des Libraires qui distribuent le Mercure
Pieces Fugirives. Lesquatre Ages , Cantate , 1
Question Notable , jugée à Dijon , 5‘
Le Progrès de la Tragédie , Ode , 19
Lettre au sujet de la Critique du Syecraclc de la
Nature , 8re. ‘u.
Ode d’Horace , ‘Imitation , _ 34
Remarques curieuses sur le Beauvoisis , &c. 36
Les Nôces de Plurus ,- Cantate , 50'
Remarques de M. Bouguer , sur la. Lettre de
"M. _Meynier , . y}
A Mlle de la. Vigne , Madrigal, 64.
Septiéme Lettre sur Oran et Ceuta , 6;
‘ Noels nouveaux , v 7j
Parallelc de Théophraste et de la Bruyere . 78 ‘
' Rondeau à Madame * * * ‘
Réponse aux Vers adressez a Mlle de M81
crais , û 3 I
Logo-g
30'
Iogogryphes , 8re. i - i521.
Nouvelles Litteraires, des Beaux Arts, 8re. Re
cueil de Pieces dïHistoirc et de Lizterature ,
' 86C. _ s;
Glossaire en neuf Langues , 8tc. 9 g
Abregé de FHistoire des 2.4.. Peres de PEglise;
&C. . ‘ I v 9’
Poësies composées et récitees au College de
_ Louis le Grand , me
Traite’ des dissentions entre les Nobles cr le Peu
ple, 8re. t m5
Le Triomphe de la Pauvreté et des humiliations.
8C6. . 198
pgnegyrique de S. François d’Assisc, _&c. 1 1o
Lettre de M. Bertrand , Medecin , r
Nouvelle Edition des OEuvres de S. jerôme , 8re.
I r 8
Recueil de toutes les Inscriptions Grecques c: La
tines , 85C. ' 117
Histoire de Verone , 85C. . no
Fille sçavantc à Boulogne , 555d,
Physique en Dialogue du P. Regnault , 1 1.;
Abregé de la Vie des Sculpteurs , ôte. u;
Prix de PAcadémie de Chirurgie , ' 12.4,
]ettons de i733. nsi
(gestion sur le terme dflnventipn et de Senti
ment , _ 1 2.7
Autre OEiestion sur la Navigation , 3,3
Chanson Notée , Bouquet et Ode Anacreontique
en Musique , n 13,,
Spectacles , Extrait de Zaire , 133‘
La Fête d’Iris , Cantatille , r47
Nouvelles Etrangeres , de Turquie et Perse , 14,
De Russie , Dannemarc , Allemagne , Italie , i go
Nouvelles djñspagne et d’Oran , ôte. 15;
Grande Brctagne 1 s4.
Morts
Morts ,- Naissances des Pays Étrangers, sac. 1 n‘
Poëme , Etrennes à MIM. 8re. 15g
France, Nouvelles de la Cour ,de Paris, Gcc. 161.
A Mlle Chanville , Songe i» ” 157 '
Morts , Naissances et Mariages , 169
Réponse à la Missive dn Chevalier Leucotece,
5H1. 171
Addition. Prix de PAcadémie de Marseille , r71,
Madrigal _, 17;
‘Nouvelles Estampes gravées 5 Andromcde 8re.
' t ‘ Ê "" I 4
Les deux Amours , Madrigal. 177;
Réponse sur Pétimologie du mot de Guespin,
8CC. ' ' 177
-'Contre les Auteurs Satyriqnes , 184
Lettre de Constantinople sur l'a detniere conta
gion , et la nouvelle Révolution de Perse , r8;
Sonnet , 190
Arrêts Notablcs , . 19::
.
'
.
Fautes a corriger dan: ce Livre.
Agc 75. ligne r4 Moyran , lisez. Meyran,‘
Ibid. l. 3. du bas , Leuville , I. Lôuville.
P. 79. l. 1o. Monotomie , LMonotonie.
P. l“. l. u, février, l. Janvier.
les Iettens de r7; ;. doivent regarder la page 1 2.;
La C hanson notée doit regarder la page 13;
MERCURE
l DE FRANCE,
DÉDIÉ AU ROT.
.FÈVRIER.—1733.
GUILLAUME cAveLrzk.
ruë S. Jacques. s < '
Chez LA VEUVE Ptssoîfiqxaydc
Conty , â la descente du Pont-Neuf.
JEAN DE NULLY, au Palais
l M. DÇC. xxxux.. p»....
441m Approbation C?‘ Priwilege du Roy.
"ADRESSE generale e]? â
Monfieur MOREAU , Commis au
Mercure , ‘vis - iz- vis la Comedies Fran
foi/è , à Paris. Ceux qui pour leur cam
wodité voudront remettre leurs Paquets ea
ghgtcz, aux Lilzraires qui ‘vendent le Mer
cure; a Paris , peuventfi jèrvir de cette no}:
pour les faire tenir. '
On Prie zrëuinflamment, quand on adre/fs
‘des Lettres ou Paquets par la Pqfle , dÿwoir
in d’en afranclair le Port, càmme cela fefl
‘xtaiijours pratiqué, afin Æépaäner, à nous
le {iäplazfir de- les rebuter, à veux qui
les envoyant, celui , non-fêulement de ne
' fa‘: voiiupizmïtreluleur‘: Ouvrages ’,"’mais
mcme ‘de les pewdre , fils n’en ont pas gardé
de copie. v“ -.; . ‘N ' i “
Les Libraires des Provinces é‘ des Pays
Étrangers , vu tes particuliers qui fimham
ront avoir le Mercure de France de la pre
wiiere main , Û‘ Plus promptement ;-n-’4uront
‘qifa donner leurs adrefles à MuMareuu ,
qui aura jbin de faire leurs Taquets°jëtns
perte de iemps __, é‘ de les faire parterfur
Nature 2; _la Pofle , ou aux Mefageries quïuz
lui indiquera. . .
I, Pnxx XXX. Son}.
«-1
DEFRANCË,
DÉDIÉ AU Rot
F E V R I E R. V1733."
PIECES FUGITIVES,
m Vers et en Prose.
L’ESP'ÈRANCE.
'ODE.
fäïrwæræ Ccours divine Polhimnic ;
F»
0 >
V‘ "1 Je sens de lyriques transports ;'
iKË q’ Viens inspirer â mon Génie
æä%» -. *’
| «Au-Aw L Art qui chaima le Dieu des Morts
Par une Peinture fidelle , i
Inconnuë au Pinceau dfltpclle ,
Je prétcns prouver aujourcPhuig
Aij Q1:
Vzoo MERCURE DE FRANCE
Qxe l'homme dans son éxîstence ,
N’a däutre but que lîsperance,
Däutte guide g ni d’a,utre appui,
i?‘
a
En vain dans Ie sein des richesses,
Un Mortel est enseveli;
Bien-tôt de ces enchanteresses ,
Son coeur cesse d’être ébloüi ; _
c’est le plus haut rang qu’il espcre. -
Mais en vain" par cette chimerç ,
Il croit son espoir abattu.
Semblable â la Tonne perfide,
En se remplissant il se vuide,
i! meurt sans le bien attendu.
Æ
_ leurres Guerriers , qui de Bellone .
Suivezpar tout les Etendarts ;
C’cst PEsperance qui vous donne -
Ifarcleur de courir aux hazards.
La Paix pour vous Net-point de charmes,’
C'est dans le plus fort des allarmes ,
Qxc vous goûtez quelques douceurs ,
Dans l’a_ttente que votre gloire,
Bien- tôt au Temple dCMémoire,
Trouvrra des admirateurs.
, m - a
1,. t Quand
F E V R I E R, 173;. 2er
OEand de la Boëte de Pandore ,
Pour punir nos divers delïauts , 1
-, jadis les Dieux firent éclore ,
Nos Tyrans sous le nom de maux.‘
Ils y laisserent par clémence ,
Ou pour marquer leur Providence ,
Ifespoir , ressource des Mortcls,
Faveur â jamais nécessaire ,
Pour soulager notre misere ,
Et pour Phonneur de leurs Autels.
Æ
jamais le retnotsde nos crimes,
N’eiit mis le coiîteau dans nos mains,
Pour leur immoler des Victimes,
Au gré de leurs pieux desseins;
Lhomme dans sa funeste course,
Ne trouvant aucune ressource ,
Qje dans les bras du désespoir ,
Eût maudit leur pouvoir suprême,
Et la rage en ce mal ertrême ,
Leur guroit ravi PEncensoir.
se
Esperancc , ô Fille divine!
Tu calmes seule nos Esprits;
C'est toi qui soutiens la Machine ,
Dont nos yeux sont toujours surpris.
Le Pauvre au sein de l'indigence , _ A üj m’
m MERCURE ne FRANCE
‘Pat toi se croit dans Populcnce ,
Oubliant son Funeste état ;
Et le Roy qui perd sa Couronne
Par les disgraces de Bellonnc,
Sans la porter,en voit Féclat.
3%
A l’envi tout te rend hommage ,
Tout aime à vivre sous ta loi 5
Tu sçais ranimer le courage, ,
Dans un péril ‘cligne Æelïroi.
Le Nochet sans mâts , sans boussole, —
Tourmenté des, Sujzts d’Eole ,' O
Croit encore entrevoir le Port;
Ainsi malgré le sorticontraire ,
‘Tout nous aroît imaoinairc
b I
Même Pimage de la mort.
x m
Dans cette douce. confiance ,
Notre coeur rempli de projets ,
Dans un éloignement immense ,
Voit la fin de tous ses souhaits;
Entouré d’une nuit obscure,
Le Sçavanr croit de la Nature ,
Développer l’Art merveilleux ,
Et PEsprîr sublime se flatte , -
Däpprofondir la triple Hécate,
äfcxct réservé pour les Dieux. -. "AL
Elle
FEV RIE R. 173;. 2'03”
Elle fit toujours‘les grands hommes , l '
Parle crime ou parîla vertu;
Même dans le siecle on nous "sommes, , _
Tout son pouvoir tiçus est connu. ,. '
c!
m2.... . v5‘
Caron de ses moeurs épurées ,'
Chez les Romains tant réverées ,
Attendoit unïàom glorieux’; ' -'
Et Brutus , cet insigne Traîne, - ' -.- .
Comptoir en immolam son Maître , ' . " '
D’être admiré de ses Neveux. v .-z 2m . .'
t1. æy
æ l m“ e . . .11
; u‘, ._ i .
Sous les Loixidu Dieu de Cythere A, u
C’est elle Sans elle iqluniersaçnatgteroniotsnocuoseuprlsai;'rei, _
Malgré ses attraits enchanteurs n; t l q
Son Carquois , ses traits et ses chaînes, i‘
Ifle sefoieni que desvArmes vaines .
Pour combattre et vaincre nos sens ;
Nous lui résisterions sans cesse, z r- --« «
si pour prix de notre tendresse, _
Nous n’esperioixs ses doux présents.
1 . ï ‘ "v v. ' ‘ ' pst A .5
.sN7c'lvvous areuglçz point , Monarques ,
Cm ‘elle qui peuple vos Cours ; __ ’ _
Quel gele! et par combien de marques,
On lesignale tous les jours l
Vousri,vricv z .e. n So. li.tai.re. s l A _ ç: .. Aflin) D:
204 MERCURE DE FRANCE
De vos grandeurs imaginaires ,
Seuls épris ct contemplazeurs;
Si marchant toujours sur vos tracts ,
_ Elle n: promettait les graces ,
Dont vous êtes dispensateurs.‘
ää
Est-cc â toi, Nymphc du Pcrmesse ,'
A qui ma Lyre doit ses sons Il
Non , la Déïxé qui me presse ,
Inspire mieux ses Nourrissons g ,
Elle fur PAutcnr dcs merveilles ,
Qxi charment cncor nos orcillcs .
Malgré la cruauté des temps ; , -
Ifiayanr pour but dans ccr Oiflrragq,
Je compte déja sur Phommagc,
Du Pindc et de ses Habitans.
sussæssssssssssssssess a
Q3) E S T10 N importante , jugée par la
A Parlement de Province. <
’Emp_"rcur Justinicn , par les Nou
velles 5;. 74.. er"t'i7. ordonne que si
— l’un desiConjninrs meurt richëet que le
survivant , au contraire , soirsans biens;
ce survivant puisse demander le quart:
de la succession du Préäiccedé! et que ce
._.;. . L quart;
y ..
V-a.
FEVRIER. .1733. 20,745
quart lui appartienne en route proprieté,
si le Prédecedé nÏa point laissé d’Enfans ,
ou en usufruit, ,s’il y a des enfans; et cela
afin que parla morttlu Ptêdecedé le sur»
vivant ne tombe pas d'un état honora
ble. et commode dans un état de mi-_
sere. ' .
De ces trois dispositions Imperiales ,
Irnerius a tiré Pauthentique prærerea , cod.
and: ‘air et uxar. Cette Loi Romaine est:
assûrément Pune des plusbelles , des plus
justes, des plus conformes au Droit di!
vin et au Droit naturel. Cependanx on a.‘
douté long-tenus si elle devoittêtre suivie
dans les Provinces de France , réglées par
le Droit écrit. Le Parlement de Toulouse
et plusieurs autres Parlemens l‘ont reçûë.
Les Arrêts rapportez dans lesdifïerens»
Recüeils le prouvent : enfin il a été jugé‘
par un Arrêt solemnel du Parlement
d’Aix âu zt Février i752. que cette Loi
devoir aussi avoir lieu en Provence.
.. Qtelquc importante que soit cette dé- -
cisidn , et quelque érudition que con
tienne le Mémoire qui nous a été envoyé
sur ce sujet par un fameux Avocat , les
bornes ausquelles nous sommes assujettis.
ne nous permettent pas de le rapporter
en son entier. Nous nous contenterons
(Ÿcxposer ici en peu de mots le fait qui
' i A v a
cm6 ME RC-URE DE FRANCE
a donné lieu à l’Arrêt , et: le précis des
Moyens des deux Parties.
-' Joseph Laugier de la VillefcPArles en
tra en qualité de Clerc chez Sebastien.
Raillon , Procureur en la Sénéchaussée.‘
Ce Procureur avoit une fille qu’il ne des
tinoit assûremenr pas pour être PEpouse
de son jeuneClerc, parce que ce Pere
joüissoit alors d’un bien assez consideraä
bic , et que Laugier tÿavoit rlen.« Si le
Clerc n’avoir pas de bien , il avoit de
l'esprit. Il songes. à vaincre par adresse
Fobstacle que la Fortune mettoit à son
mariage avec la Dlle Raillon , il lui con
ta flcurete , et après six ans de poursui
tes , il triomphe delà vertu de cette fille.
Là mauvaise conduite de ces Amans étant.
‘déclarée par les eflers , Laugier sortit de
la maison du sieur Raiïllon s ilTallur em
loyer Pautoriré de la Justice pour l’o-s
ligr ä un mariage , qu’au fond il sou-j
haitoit avec ardeur. Ce mariage fur ccleïê
bré le 28 Février i639. avec les solemni—
teZ prescrites par les Canons et par les
Ordonnances» _
La cerémonie faite , le sieur Raillon
outré de cet évenemenr , ne laissa pas
de garder sa fille chez lui,mais le Gendre
_ fur contraint d’aller tenter fortune ail
leurs , il y réüssit si heureusemengqwen
moins
“ÜFEVRIER. :732; -07‘
‘moins ‘de trois “ou ‘quatre ans il devint
beaucoup ‘plus riche que son beau-Pore.
IÉeÏ sieurjRaillonlvoulut alors Pobliger de
reÿceslôir son Épouse. Le sieur Laugier par
rcssçntiment du mépris que làqfamille de
son épouse avoit pour lui’, petit-être par
dégoût ou par re roidissement causé Par‘
l'absence , ou panquelqu: nouvelle incli
nation , ne voulut pas recevoir chez lui
' la Dllefiaillon”; elle lui demanda une
provi" ion", il la lui refusa _,-il attaqua mê
me le mariage , et il mit si bien en usage ’
lïscience qu’il avoit acquise dans FEtudc
du Procureur , que tous les Jugemens qui -
confirmoient le mariage , qui Je condam
' noient àreprendre sa femme , qui adju-i
gèoient à celle-ci "des provisions , furent
inutiles. Les seuls fruits ne ‘remporta?
le sieur Raillon après plus e sept ans de
procedlures , furent des jugemens sans
éxêcution , une ruine totale de ses biens ,
et un chagrin dont il mourut enfin. i
"La Dlle Raillon se trouva , après -la
mort de son Pere , réduite à la plus afw‘
freusc nécessité , elle passa dans cet état
miserable depuis 1702.. jusqifen 173i.
'Au mois de Janvier i7; I. le sieur Lau-‘
gier son mari mourut riche de plus de
gljooooo. liv. Par son _Testament du 12..
Juillet i750. il fit pour. zoooo._l. de legs ,
- - A vj tant
20S MERCURE D E FRANCE
/ tant pieux quäutres, et institua son héri
« tier Jacques Meifîten.
V La Dlle Raillon ayant appris la mort:
de son mati , et le Testament qu’il avoir
fait, se poutvut contre Pheritiet institué,
O
lui demanda le quartde la succession ,_
conformément aux nouvelles 5;. 74. et:
1 I7. et â l’Authentique_Præterca si matri
mayium. Elle rapportoit deux autoritez
Pour prouver que ces Nouvelles et cette
Authentique faisoient loy dans la Pro-Ï
vence ; elle ajoûtoit qu‘elles avoient d’au
tant plus d'application à Fespece présen
te , qu’elle ne se trouvait dans ce mise
rable état que par la véxation de son
mati. .
-Les deflenses au contraire de Phérltiet
institué , étoient i°. Que PAurhentique
ni les Nouvelles dont on imploroit la dis
osition , n’avoient aucune autorité dans
i; pays; il citoit plusieurs Arrêts qu’il
prêtendoit l’avoit ainsi jugé. -
. 2°. Qlë quand ces Loix auroient été
en vigueur en Provence , elles ne des
voient pas favoriser la Dcmanderesse ,
parce qu’elle ne se ttouvoit pas dans les
circonstances qwelleséxigent , et que leur:
motif ne se rencontrait pas dans Ie cas
dont il sïngit. _
la premiete condition ,, disoit-on , que
" ' ‘ deman-g
_ FÉVRIER. 1733. 2o,
demandent ccs- Loix , est queyle niaîiagé
ait été contracté par la seule tendresse a
icl il avoit fallu forcer le sieur Latigiei”
par autorité de Justice , on l'avoir consti—
tu‘ prisonnier , et ce ne fut que pour se
ärocurcr la liberté qu’il épousa la Demang
eresse.
l La seconde conditjon est , que la fem-W
me , jusqu’à la mort de son mari, ait tout
jours demeuré avec lui. Ici la Dllc Rail
lon avoit été éloignée de son mari depuis
son mariage , c’est à- dire‘, depuis 41 ans :
pend-atroce long espace de tems , elle
avoit-passé plusieurs Actes clans lesquels
elle n’avoit pas même pris la qualité de
femme du sieur Laugier: elle ne Pétoic
pas venu voit dans la maladie dont il est
mort , elle n’en avoit pas même pris le
cIeüil. '
_Le motif de la Loi est, defcrainte que
par la mort du Prêdccedé le survivant-ne
changeât d’état en tombant de Popu
lénce dans la misete. Ici au contraire la.
Demanderesse vouloit changer d’état , et
après avoir vêcu pauvre pcndant plus de
3o ans ,'elle vouloir se mettre dans l’opu1
ience. ' q
On trËpondoit pour la veuve 1°. que
les Arrêts citez , loin dïtvoir aucune ap
pücation à lïspéce , fotmoient même
' une
azouzikcuiu’: Dia r11 ANGE;
une espêcc de préjugé en_ faveur de la
veuve.
2°. Que ces termes de la Nouvelle pers
solumnjÿêrttim nu tialem nesignifioient pas,
Pur la seule aflfirtion conpgule , mais Lin
mariage contracte , (Jar paroles de présent
seulement»; qu'on ne eut avoit jamais dons
né une autre signification. _
5°. Qte si elle n'avoir pas demeuré avec
son mari , c’étoit la. seule faute du.
mari.
4°. Qge si elle ifavoit pas été le voir
dans sa derniere maladie , c'est que d'un
côté elle croit alors elle-même malade ,
qu’elle ne liavoit appristqufaprês la mort,
la maladie n'ayant duré que trois’ jours ;
que d’un autre côté ,| cette démarchejau
toit été inutile , parce ue son mari lui
auroit fait refuser l'entrer: d._e sa maison‘ ,
dans les dispositions où il étoif ‘à son
égard. '
5°. Que si tôt qu’en avoir sçû la mort;
ses parens lui avoient donné quelques
mauvais habits noirs dont elle ÿérpit vê
tuë ; qiÿainsi elle avoir pris le deuil , ce
rémonie dont son extrême pauvreté pou-g
voit d’ailleurs la dispenser. . a
Enfin , que la pieté 5 les sentimens de
la Nature , êtoient les motifs de la Loi ,
motifs qui devoicnt chutent ‘micuiz prcfi.‘
valo il;
FÉVRIER. I753.‘ 211‘
valoir ici, ne son mari seul l'avoir ré;
duite dans la pauvreté où elle se trou-Ï
voit.
Sur ces raisons dleïpart- et d’autre , le
Parlement d’Aix , après plusieurs Au
diences , par son Arrêt du 21 Février
1732. conformément aux Conclusions dé
M. l’Avocat General de Seguiran , adju
gea â la veuve le quart dans la succession ,
avec restitution des fruits depuis le décès.
du mari, suivant l'estimation qui en se-i
roit faire , et cependant lui accorda une
rovison de 1000. liv, à imputer d’a
Ëeÿd sur les fruits à restituer. et condam.
na l’héririer,et les Exêcuteurs Testamem
îairäs , qui sétoient joints à lui, en tous
es e ens,
PlaiËians M. Gensollen pour la veuve ,
et M M. Pascal et Masse pour Fhêritier,
et pouriles Exêcuteurs Testamentaires.
‘atnæa«
fsät‘?
‘LHMERCURE m: FRANCE ;
âäsêâäsâêâèââäâââêâââââârââ
R_ o N D 1a A U.
A M” de Malcrait.
P Our un Normand jaloux de vos Écrits ,
Brête au coeur gent , aurez-vous du mépris r
Vous n’auriez tort , je suis un pauvre ltere ;
Mais , entre nous , je ne nfébahis guére
ÇQue composiez oeuvres d’un si haut prix.
Ë
De ce métier, le Dieu des beaux‘ Esprits . .
Pliébus vous a tous les secrets appris ;
Ônèques , je pense, on ne le vit tant faire
Pour un Normand. ‘
Si
,Cc n’est pas tout , car PEnFant de Cypris ,
Ce fin matois qui tantôt m’a surpris
Lisant vos Vers , m’a juré que pour plaire
gAvez volé la ceinture à sa Mere;
E: je l’en crois , moi , qui souvent Pai pris
Pour un Normand. i
F. M. F.
F Ë VR I E R. 175;. 21;
æ
ïïëëïwësïè”?îëëëæmsrë
RÉFLEXIONS sur le nouveau Traite’
du Sublimevde M. Silvain , Avocat au
Parlement de Paris , dan: il estfait mena
tian dan: le Maman de Nez/ambre
1732. .
Lhflutéur de ce nouvel Ouvrage a pré-i
tendu rencherir sur le Traité du Sue‘.
blime de Longin , traduit depuis long:
tems par Plllustrc M. Despreaux , et mal.‘
ré les Eclaircissemcns qui se voyenrdans
a Préface du même Traité,sur la nature et
le caractcre du Sublime , M. Silvain a
fait le procès â Longin , sous prétexte
äuïl a manqué de donner la vcritable clé?
nition du Sublime; mais il est aisé de
faire voir que l’Aurcur s’est trompé dans
ses idées , et que c’est à tort qu’il a voulu.‘
éräblir sa réputation sur les ruines de
celle de Longin: il ne faut pour cela que
räpporter ‘les paroles de M. Desgreaux ,‘
qui sont une Apologie parfaite de l’an et
de Pautrc. _
n Il ne reste plus, dit M. Dcspreaux,‘
àpour finir cette Préface , que de dire ce
23 que" Longin entend par Sublimes car
"a comme il a écrit de cette maniere après
e.» Céi
‘:14 MERCURE DE FRANCE
r
n Cécilius , qui avoir presque employé
ntout son Livre à montrer ce que c’est
vqtie Sublime , il n’a pas crû devoir re
vbattre une chose qui n’avoit été défi;
t) que trop discutée par un autre. Il faut
{ï onc sçavoir que par Strblime; Longin
fi ifcntend pas ce que les Orateurs appel
” lent le stile sublime , mais cet extraor
3? dinaire et ce merveilleux qui frappe dan‘:
j} le discours , et qui fait qu’un Ouvrage
r? cnleve, ravit , transporte. Le’ stile 'su«
n; blime veut toujours‘ de grands mors;
v: mais le Sublime se peut trouver dans
n une seule pensée , dans une‘ seule figu
n re , dans un tour cle paroles. Une chose
» peut être dans le stilç sublime , et n’e
sa tre pourtant pas sublime : c’est-à dite ,
n n’avoir rien (Ÿextraordinaire et de sur
»_ prenant. Par exemple , Souverain
n Arbitre de la Nature , d'une seule paroi
si le forma la lumiere. Voilà qui est dans
‘ n le stile sublime, cela n’est pas néan
s; moins sublime , parce qu’il n'y a ricnqli:
,,"de fort merveilleux , et qu’un autre ne‘
n pût aisément trouver. Mais Dièu‘.dit'
n âne la lumiere se fassefiet la lumiere se’
,{ t: ce tour extraordinaire _ci’expressîou_
{qui marque si bien Fobéïssancede la‘
,,' créature nqlveritableamucxnt osrdurbelsimdeuL,‘ Cetr‘é‘aa’tqeuure,lque
arche:
FE VRIE*R.— 1733: 211
3: chose de divin. ILf-aut donc entendre
n par sublime dans Longin , Yextraordi
>> naire , le surprenant , et comme je l’ai
n traduit , le merveilleux dans le dis
n cours.
Voilà les paroles de M. Despreaux; il
est bien surprenant qu'après un pareil
éclaircissement, tiré es pensées et des
exemples de Longin , qui a cité , quoi
que Payen , le Passage de la Genese cor-n
me une marque du vrai Sublime , M. Sil
vain ait pourtant accusé l'ancien Rhe
teur de n’avoir_pas connu le Sublime ,
d’avoir oublié le principal but de son
Ouvrage , qui étoit ,+â ce qu'il prétend ,
de donner la définition du Sublime ;com—
rne si le manque de définition empêchoit,
d’entendre ce qu’a dit Longin dans le res
te de son Ouvrage , où il marque si ex.‘
pressément ce que c'est que le Sublime ,
ainsi qu’on l'a vû par les paroles de
' M. Despreaux.
I
que M. Silvain en est convenu lui-même,
par ce qu’il a fait dire à Longin même ,
page 372. n Il Faut sçavoir , dit-il , que
n par sublime , Longin n’entend pas ce
» que les Orateurs appellent le stile Suq’
nblirne, mais cet extraordinaire et ce
n merveilleux qui frape dans le discours ,
' 3 et
La surprise est d’autant plus grande ‘
3.16 MERCURE DE FRANCE
net qui fait qu'un Ouvrage enleve , ra
.» vit , transporte. C'est en propres ter-f
mes ce qu’a dit M. Despreaux , dont
i ÏAuteura copié les paroles. Il paroit donc
qu’il s’est contredit lui-mêzne , quand il
-a accusé Longin de n'avoir as connu le
Sublime , après qu’il en a donné la no
tion ln plus claire ct la plus parfaite qu'on
pouvoir souhaiter. N'importe; parce que
Longin n’a" point donné la définition it
tcrale du Sublime _, le Censeur lui fait son
procès , il’ Paccuse dïmptudence et d"
gnorance. C’est ce qu’il a "fait à la page
38x. où il ÿexprime de la sorte: n Je ne
a rêpeterai point ici, dit-il , ce que j’ai
æcléja dit , qu’il me paroît que Longin
n n’a pas bien traité sa matiere, et qu’il
D n’a pas connu le Sublime. On le mon
ntreroit plus aisément , ajoûte-fil, s’il
a en avoir donné une définition , et on ne
n peut connoître ce qu’il pense que par
n ses raisonnemens et ses exemples. Peut
on excuser une pareille contradiction P et
n’est- ce pas mmquer dïëquité que de con
damner d’uncôté ce qu’en a approuvé de
l'autre P
Quoi donc? ne suflît-il pas que Lon:
gin ait montré par sss raisonnemens et:
par ses exemples ce que c'est que lc Subli
me Ë Faut-il que 1e manque de définition
— qui
FÉVRIER‘: 1733. 21.7
qui peut aisément être suppléé , détruise
ce qu’il a dit si clairement 4 et en termes
si précis , que le Ccnseut n’a pû s’empê—
cher de lui rendre cette justice à la page
372.. n qu’il a parfaitement connu la natu
n te du Sublime -, mais il prétend ensuite
n qu’on la eonnoîtroit mieux , s’il en avait
a» donné une définition. Peut-il ignorer
quïj y a dles choses qui ÿentändent quel
u 01S us aisément ar es raisonne
Ëneçns et Ëar des cxempleä que par des dé
finitions , et ‘que le sentiment causé par
ces exemples est dbtdinaire plus vif, plus
prompt et plus décisifque par la connois. .
sance qu’on tire dÎune simple définiæ
tion Ë i I
Däilleurs , comme les définitions doi
vent toujours être courtes , et renfermer
beaucou en peu de mots; il n’estvpas
fort aise d'y itéüssir , et Longin a senti
sans doute la difliculté qu’il y a d'en faire
une bonne , principalement dans un, su
— jet qui embrasse tant de matieres et de
notions différentes; mais quand on pour.
toit attribuer son silence àquelqiÿautre
cause , il est injuste d'attaquer la réputao‘
tion d’un ancien Rhcteur, estimé et re
veré de tous les Sçavans, de l'accuset de
n'avoir pas connu le Sublime , dans le
tçms qu’on avoiie qu’il en a donné les
— ' 639mm
‘us MERCURE DE FRANC E.‘
exemples les plus convaincants. _
' Mais il paroît que l’Auteur n'a blâmË
Longin du manque de définition , que
' pour avoir lieu d’en donner une de sa Fa
çon , et pour la faire passer pour _excel
lente , il faut donc Voir et examiner cette
définition , telle qu’en l’a rapportée dans
le Mercure , page 24.15.
n Le Sublime , dit-il, est un discours
ixd’un tour extraordinaire, qui par les
n plus nobles images , et par les plus
n grands sentimens , dont il fait sentir
a toute la noblesse ar ce tour même d’ex
i) pression , êleve lîame au-dessus de ces
n idées ordinaires de grandeur , et qui la
n portant tout-â-coup avec admiration i
n ce qu’il y a de plus élevé dans la Natu
sare , la ravit , et lui donne une haute
b idée al’elle- même.
Voilà sa définition ;I’Auteur du Mer
cure a dit nettement sur le rapport du
Public , que bien des gens l’ont trouvée
‘trop longue , et que c’est plutôt une des
cription qu’une définition. En cela ils ont
eu raison : il s’agissoit de montrer ce que
Ïe sublime est en lui—même , et non pas
quels sont les effets qu’il produit; il E11
loit marquer la cause et Porigine de ces
‘effets. En suivant cette règle, il autoit
gpû définir le Sublime , autant du moins
- I \. que
q Î v’ F EVR I E R.‘ ‘I733: ‘:19’
que la chose est possible; au lieu_qu’en
mettant plusieurs-phrases tout de suite ,
il n’a frit proprement qu’une tirade d’E
loqucnce, qui n’a pû contenter les vrais
Connaisseurs. J’ajoûte que sa prëtenduë
définition est fausse presque dans toutes
ses parties. Venons à la preuve , et flîêïCf
nous
» Le Sublime , dit-il , est un discours
bd’un tout extraordinaire , qui par les
a plus nobles images, et par les plus grands
n sentimens , dont il fait sentir toute la.
n noblesse par ce tour même d'expression ,
n êlcve l’ame atä dessus de ses idées ordig
i) naires de grau eur. . .
A quoi bon parler en cet endroit des
plus nobles images et des plus grands sen-j
timens , puisqu'il paroît par le sentiment
de M. Despteaux ,quc le Sublime se peut
trouver dans une pensée , dans une figu
re , dans un tour de paroles 5 qr com:
ment faire entrer dans un si petit espace
ces images ou ces sentimens dont parle
_l’Auteur P â moins que chaque pensée ,
chaque figure et "cha ue tour (Pexpres-L
sion , ne fussent aussi ongues que sa déc
finition æ Ignore-fil que le Sublime peut
quelquefois se. rencontrer dans un seul
mot : c'est ce qu’on pourroits iustifier par
des exemples , et il ne sert, de rien d’a1-.
legueu
. A.
‘ho MERCURE DE FRANCE
leguer que cette detniere espece de Su‘;
blime ne regarde que les sentimens : car
on peut répondËe, que c’est presque dans
les seuls senrimens que‘ le Sublime se ma
nifeste et se fait sëntir , et il s’ensuit de.
là que sa définition njest pas exacte.
Mais à quoi bon ajoûter , que le Subli
h me en portant l’ame tout à coup à ce
n qu’il y a de plus élevé dans la Nature ,
la ravit , et lui donne une haute idéçdæl
Ie- même f Est-il vrai qu’on ne puisseêtre
frappé d'un trait sublime , sans concevoir:
airssi-tôt une haute idée de soimême?
Quelquîun a-t’il fait cette refléxion _,
quîen lisant _un Oùvragequi l'a charmé ,
qui l’a enlevé _. il s'est rendu ce témoigna.
ge en secret: n voilà ‘un traivadmitable
a qui me donne unëgrande idée de moi
a: meme ; je m’estime , et je mïgpplalgdis
s: de cette pensée , comme si c’éroit moi
n qui feusse produite; me voilà rempli
n d’un noble orgüeil : ie n'ai plus rien ê.
ndésirer‘, après la belle idée qu’on mç
n donne de ma grandeur et de ma péné.
n trarion naturelle. Je le ‘répète, a-ç’on
jamais fait un pareil retour , une pareille
xcfflé-xion sur soi-même que si personne
xfoseroittenif ce langage , ‘comment FA“
terärg-rïl pi; faire eutrercctte idée dans
sa e nmon ' - -
Il
FEV RIE R._ 173;.‘ 2.21
- Il est vrai qu’il a copié cet endroit du
Traité de Longin , qui dit n que le Su
nblime inspire à l’ame, je ne sçai quel
. n roble orgüeil , comme si elle avoit con- l
nçû les choses mêmes qu’elle admire :
mais outre que cette expression n’est pas
tout-â-fait semblable à celle de l’Auteur, ‘
cr que M. Despreaux s'est bien gardé de
Pinserer dans ses Eclaircissemens , ne
_ croyant pas , sans doute ,que cela fut né.‘
cessaire , l’Auteur devoir distinguer ce qui
est solide de ce qui ne l’est pas : et l’on
ne doit pas suivre les Anciens , quand ils
paroissent aller trop loin. Quoiquïl en
soit, cette refléxion sur soi» même ne peut
uêre arriver que dans les occasions où
ÊOrateur parle avec beaucoup de passion;
car la passion est l’ame de la parole; et
a-lors le coeur émû et ‘transporté de la jus
tesse et de l'élévation de ce qu’il sent, il
applaudit à _ces sentimens‘, comme s’il
les avoit luimêmc conçûs : mais cela ne
va pas jusqu’à donner aux Auditeurs une
plus grande idée d’eux-mêmes, ni à leur
inspirer de lbrgüeil : cet orgüeil seroit:
trop imperceptible pour pouvoir être dé-'
niêll’: parmi les mouvemens dädmirarion
que cause le Sublime. On l'admire ver-i.
tablement, maisäon ne pense nullement
à ÿadmirer soi-même. Au surplus , cette
B ÊXI‘,
m MERCURE m; FRANCE
êxageration de Longin n’empêche pas
qu’il n’ait parfaitement connu et exprimé
le caractcre du Sublimeâ mais l’Auteut
ne devoit pas la faire entrer dans sa défis
nition , ainsi qu’on vient de le dire.
q’ Çn voit par tout ce détail, où l’on a
etc doËhge d’entrer,, que cette définition
est é-ecrueuse 5 qu elle péche par sa lon.
gueur , et par"les paroles inutiles dont:
elle est chargeef; et qu’en a eu raison
de relever les antes qu’il y n com
mises.
g On me dira , sans doute , que puisque
j’ai entrepris cle blâmer celle de PAureurQ
je suis obligé d’en donner une autre , et
qu’il fautnecessairtrnenr qu’elle soir meil
Ieuäe. Eh} bien, je ‘vais la donner cette t‘
dé nition; je suis persuadé du moins
. _ - 2
qu'on n’y trouvera pas les mêmes défauts
âne dans la ’s1ennc. Je dlSmÏlOnC, que
Sqêlzma nm autre chose _, que le 1mn
‘dan: tout: son elewztion et tome m fbrce.
Cette notion est courre, ’ell'e est simple,
cllecomprend tout cc qu on peut dire du.
Sublime.
Je dis le vrai, soit dans la Nature ,‘
soit dans l’EIoquence et dans la Poësie ,
parce qu’îlln’y a que le vrai qui puisse
frapper , plaire , toucher , persuader , et
remplir l'aime d’admiration et de plaisir.
» C’est
11.5‘
‘des sentimens et
C'est la maxime de Des reaux comme
I A ,
1l paroit par ces deux Vers.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aiâ
mable,_ '
Il doit régner par tout . et même dans 1a
Fable. '
t
' 0 v
Je dis, dans route son élévation et touÀ‘
te sa force , pour le distinguer des expresc
sions ordinaires , qui n’ont rien que de
médiocre , parce ne c’est la mediocritê
des pensées qui éloigne
absolument le discours de la grandeur et;
de la n blesse du Sublime. 4
Je sgûtiens que lorsqu’un Auteur s'est
élevé au-dessus de la médiocrité ,_ c'est:
une necessité que ses Ouvrages soient su
blimes: et pour s’en convaincre, ilqnc
faut ‘que jetrer les yeux sur les grands
Hommes qui. se sont signalez de nos jours
dans l’Eloquence ct dans la Poësie. Les
Corneilles , les Racines ont été sublimes
dans leurs Tragédies. Combien de traits
y remarque-t'en ‘qui frappent tout à la
fois l'esprit et le coeur .7 quelle grandeur ,
quelle élévation , quelle noblesse! plus
sieurs Livres sont remplis des differentg
tÏraits qu’on en a recueillis; c’est pour.
quoi il n’est pas necessaire’ de s’étendr'e là,
essus.- -"
' ' B ij Les
E24. MERCURE DE FRANCE
Les Despreaux , les Lafontainesont été
sublimes dans leutsPoësies , l'un aex
cellé dans la Satyre , et dans ses Epitres
au Roi , dans lesquelleson peut dire qu’il
a égale’ le merite ‘de ce grand Prince.
IÏautre dans ses Fables ,selon le sentiment
de M, de la Bmyere , a élevé les petits
Sujets jusqu'au sublime , a été plus loin
que ses modeles , modele lui-même dil-‘fi.
cile à-imiter. Il Faut ajoûter ce qu’a dit:
M. de la Motte, en parlant du même
Poëte. i
Au gré de ce nouvel Esope ,
‘Les animaux prennent la voix ,-,
Sous leurs discours il enveloppe
Des Leçons même pour les Rois,
Une douceur simple , élegante ,
En riant , par tout y présente
La Nature et la Vetité , _ .
De quelle grace il les anime !
Oüi , peut-être que le Sublime
Cede à cette naïveté.
Q
Voila le Sublime attribué à un Auteur ,‘
i qui n’a écrit cependant que des Fables.
D’où vient cela Ê c’est qu’en faisant agir
et parler les animaux‘ dïune maniere qui
semble n'avoir rien que de puerilc Lil en
a tiré des motalitez si élevées et si tou‘
n l ‘a . Chînv
K
F E V R I E R. 1733. 17.5"’
chantes , quïelles enseignent les plus gran
des vertus et les pensées les plus raison-A
nables : c’est parrcette élevation et cette
force qu’il a prêtée aux petits sujets, qu’il.
les a rendus verirablement sublimesgdbù
vient , dis-ie , cet heureux succès? c’est
que cet Auteur inimitable a misspær tout
le vrai dans son plus beau jour ; c’est
qu’il a sçû instruire en riant , en badi
nant , et par ce badinage spirituel , qu'on
avoit crû impossible avant lui dans les Fa
bles -, il a enlevé Pestime , Padmirarion e:
les applaudissemens desdplus grands hom
mes. Sera-t-on surpris e me voir loüer
si ‘avantageusementqun tel Poëte? J’os't:rai
dire encore , que ses Fables me paroissent
divines , et que c’est peur-être ce que
nous avons en notre Langue de plus par;
fait. . l '
Mais revenons à notre déEnitÏouQest
ce que le Sublime dans Plîloquence 2 Je
le dirai selon les principes que j’ai déja
posez ; c’est le vrai exprime dans toute
son élevation et toute sa force , soit par
rapport à l'esprit , soit ‘par rapport au
coeur. En pourra-Bon disconvemri Les
Bossuets , les Flechiers , les Bourdalouës ,
n'en sont-ils pas des preuves convaincane
t'es? OEbn lise les Oraisons Funebrcs de
M. Bossuee, de la Reine dïflnglcïÿïîe, de
' B ii; la;
'22? MERCURE DE F RANC Ë
la Duchesse d’Orleans , et du grand Prin.‘
te de Condé , on y trouvera et le Sublime
religieux ', et le Sublime naturel , alliez
ensemble dans route "leur perfection. J’en
rapporterois des exemples , ou plutôt je
les ai ci-devant rapporrez dans mes Reflé
xions sur PEioquence, inserées. dans Pun
deQs gMoernculrieses.celles de Péloquent M. Fléé l
chier , surtout celles de la Reine et de
M. de Tu-rcnne , on y verra le vrai dans
toute son élevation et toute sa force : les
vertus chrétiennes , les vertus civiles ,
rnogales et militaires y paroissenr dans
tout leur éclat : on est ébloüi de la gran
deur du Heros , mais on ne l’est pas
moinsde celle de I’Otateur. On en peut
dire autant de ses Panegyriques des Saints
qui sont desCheÉ-dïnuvres. Voilà pour
ce qui regarde'le Sublime des loüang
ges. , ,
Quant au Fameux Bourdalouë , on
trouve dans ses Discours le vrai , c’est â
dire , la raison dans sa plus grande éléva
tion er sa plus grande force 3 et. c’est là
‘ que régne le Sublime de la persuasion et
e la science "des moeurs: sans parler de
ses Oraisons Funebres , où il n’a pas
‘moins brillé que dans sesDiscours de mo
' U
tale. - i ‘ Voilà
FÉVRIER.“ 173;.‘ 22.7
Voilà ma définition pleinement justifiée
et dans la cause et dans les effets. La voilà
exprimée avec la briéveré et la précision
qui manquent à celle du Censeur de
Longin.
On me permettra däjoiiter , que le Su:
blime doit être partagé dans celui des
faits , et dans celui des sentimens ou des
expressions. Le sublime ‘des Faits , tel
qubp le voiedans les Histoires, ne sçau
roit erre imite sil. dépend uniquement de
la grandeur de ceux qui en sont les Au
teurs. Il n’y a que celui des sentimens et
des expressions qui puisse être l’objer de
‘PArt, et il est inutile de demander lâ-des
sus_s’il y a un Art du Sublime. Qui en
doute ? mais il, n’est pas necessaire du
donner des règles : ou plutôt la‘ plus sûre
et "la plus précise , c’est d’exprimet le
vrai dans toute son élevatio.n et toute s;
force; c’est de l'étudier , de Papprofon.
q dit, d’en mesurer toute Pérenduë , de
Pembellir de tous les ornemens et de tou-ä
te la vivacité que la Nature et l’Art pau
vent Fournir; et comme j'ai déja dit,que
la passion est l’ame de la ‘parolepdesc
en l‘animant , en l’élc_vant , en la perfec
‘ tionnant , qu’on peut parvenir au Subli.
me, c’est par cette voye qu’on s’y doit
Fendre : mais il faut pour cela que la
B N31
ho
MSMÉRCUREDEFRAËCE
Nature ait donné à l’Orareur , au Poëte,‘
à PEcrivain, toure 1a forceuet toute la.
grandeur de génie qui convient à ces
trois dilfcrentes Professions. v _
o J1 CC
'11 Mme: le gjam/ier 17 3 3.
QËMÆMMÆÆÆÆÆÆÆÆ
O D E. -
Imitée 10.14 71X. du premier Livre
dT-Iaraoe , par M. Des-Forge: Maillnm’.
.4. A. P. D. B.
Ue voîsje 2 des Amours c'est la Merci
cruelle ,
Qzi d’un tranquile coeur vient troubler le tC-l
p05 ;
Ses petfiîes Enfans attachez auprès d'elle,
Pour voler à ma. perte , abandonnent Paphos.
l'eut-il encore aimera quoi donc Bacchus lui-j
même ,
_’ F E VR I E R. i733. 2.2.,
je l'avais dit cent fois , Pinfidele Glicere l
M'a trop long - tems joüé , je ne Pairnerai
plus.
je Pavois dit cent fois , et malgré ma colere
Mes sermens, âsa vûë , ont été superflus.
Peut-on lui disputer Phonneur de la vie-î
toire a
Peut-on quand on la voit , lui refuser son‘
coeur ! -
Plus vermeil que la Rose, et plus blanc que
l’ivoire, _
Son tcint porte en tous lieux une vive splcn-ê
deut.
Son petit air badin qui mïrtize , et m’enq‘
flamme ,
. '*i I
Ifiétincelant éclat de ses regards pcrgans ,
L'un et Pautrc ébtanlant le siégc de mon ame,‘
Une douce fureur coule dans tous mes sens.
Venus rn’a tout entier soumis a‘. son em-î
pire ; ‘
Ç’est en vain qu’animé d’un dessein gêne-j
reux , .
Sur «Yliéroïques tons je croi monterma Lyre;
le n’en sgaurois tirer que des sons amoureux.
B v A‘
‘qeMERCUREDEFRANCE
A mes voeux, ô Venus, tends Glicere proë
2:. piee ; -
Si de mes soins ardcns tu m'accordes ce prix ,
Ton sAutel fumera du tendre Sacrifice
D'un Agneau premier fruit d’une jeune brebis.‘
.â%ââââ%ââêâââââââââââââ
‘R É PLI Q3) E à la Lame de M L. Bd."
offlnrerre , inserée dans lle Mercure du
mais däîoût dernier , au sujet d'une Ins
cription.
\
- E ne -m-’attenclois à rien moins qu’à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de Hnscription d’Auxerre, et je
_croÏ0is notre différend enticrement ter
miné,quand la Lettre qu’il vient de don
‘ner dans le Mercure du mois d’Août,m’a
fait connoître que sonsilence n’étoit que
pour mieux préparersesarmpes , et pour
me combattre avec plus d'avantage. En
effet cette Lettre est bien difierente des
‘deux autres; la premiere n’étoit qu’un
impromptu du lendemain, même de la dé
couverte du‘ Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , misant que Zlvnzoîr eu le
loisir d: finilleter les immenses Recueils
Ælmcriptions ; c’est và - dire , qu’il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
Ïpareille matiere , peuvent servir à mettre la
wérirc’
l FÉVRIER. 0173;. 2.31’
vérité dan: un plu: grand jour; mais au-_ a
joùrcihui c’est après un intervalc con
siderable , et depuis une lecture attentive de
Lumprjde , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroîr-il en.
coe; appuyé d’un sufFtage' glorieux et:
puissant. Pour le coup , peu s’en est fallu.
que M.L.B.n’ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d’un respect infini et légitime
pour l‘Illustre Magistrafi‘ à qui il ad
dresse sa Lettre e! dont il emprunte du
secours , j'ai craint long-temps de com
battre des sentimens que je dois respec
ter , et ÿaufrois tlqluiotits gardé le silelnee, si
je nfavois ait que ce grand hroemmexeiosnemdbeleuipsr,élunedrea claaarnts
notre dispute , n’esr qu’un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps ets’en
divertir. C'est donc à M.L. B. seul que je
ré on'ds ic et tout ce ue ‘e dirai ne re-,
P Y» l
garde que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
. par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires,en rap
portant les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
. Auteurs de PHistoire Auguste dont Lam
. pride est du nombre._y|’ai écrit", dis-je, et
* Monsieur Bouhier, Präsidcnr au Parlement
‘T’ DÿÔÜO . l
n“ l Bvj M.
(23; MERCURE DE FRANCE
M. L. B. en convient en partie, que ce
Recueil était cou-auge d’un Compilateur
demi Sgavant , qui avoir écrit 51m: choix ,
n: 075,7? , et mêlé ensemble les Nazrruzion:
3:’: Autour: , dont son Recauil ponte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu,
qu’on était toujours en droit de révoquer en
doute ct que ces Auteur: avancent quand il
ne se tram/e pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu â M'L. B. en rap
portant ces paroles, de supprimer les der
niers mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné âma pensée une
êtenduë que je" n’ai jamais songé à lui
donner, et quisla rendwicieuse. M’ L. B.
en a profité, et il a fait valoir cet avan
rage autant qu’il a pû , mais en rétablis
sant la proposition dans les fermes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s’e
crier et de la trouver si extraordinaire Ê
Nesr-elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d’elle- même de
Popinion désavantageuse qu'ont eu de
PHJIOÙ‘! Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé. Je n’ai pas
prétendu dire , au reste , qufil fut néces-j
saire que les Faits alléguez dans cette His
toire se rrouvassent nommément expri
- mez ailleurs;c’est assez our y ajouter foy,
qu’on les y trouve ’une manicre im
- t plicite
FE-VR I E. R. 173;. :31;
plicite et générale,et ce sentiment n’a
rien que de naturel. Pour développer ceei‘
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira cqntre Alexandre , et
u’Ovinius voulut se aire Em ereunfcat
gour le dire en passant , et coPmme je le
montrerai plus bas , il s’en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnagefabu
leux:c’est son association seule que j’atta
que. ) Êltï m’em ec e e e,s dcirso-ijree,, na’enr‘e:s raiveonir u
dans liés Auteurs contempoiiiins que pen
dant le Regne d’Aléxandre il y eut plu
sieurs séditions contre ce Prince. Mu/m
i scditianesfacrc mm à multis. Dion. J ’ai mê
me en quelque maniere obligation à Lam
pride de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Révolte , et de me les faire
oonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Al\xandre _, loin de
punir Ovinius, associe ce Sénateur-à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire, m’assurent que ce Prince sçut .
punir ceux qui oserent s’élever contre
ui. Supplicioqne njfècti fimt. Hem/l. J’ai
alors raison de douter de Pautotité de
Lampride. —
Pour faire connaître plus particuliereä
ment cet Auteur , il est neccssaire de re
Vmarquer quelques-uns de ses deffautsë et
sans
zgrçMERcURE DE FRANCE
sans le suivre dans toutes les Vies des Ema”
pereurs qui portent son nom , je ne m’at
tacherai qu’â celle d'Alexandre_. A peine
Lampride sçait» il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n’est qu’en ‘doutant
qu’il lïrppelle Mammée. Alexander zgitur
cul‘ Mqmmm mater fuit , mm et in: dicitur
à plerirqtte. Peut ton dite qu’Encolpius et
les autres Courtisans d’Alexandre, dont
"Lampride avait le‘: Mnfloifes devant le‘:
yeux. ignorassent le nom de cette Prin
cesse? ou pourquoi Lampride ne suit- il
plus icy ses originaux a desrà M‘ L. B. à
nous Papprendre. Selon le même Au
teur, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres: Si quidam :004: inven
m: sir , qui tumulmmrer legirme: exautora
71m}. Qui ‘voudroir l'en croire sur sa pa.
rolrr‘, se trouveroit bien embirassé en li
sant Suetone. Cet Auteur nous marque
expressément que lnlesûCesar dans la
.Guerre contre‘ Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuvième Légion qui s’étoit
révoltéeIE! namzm quidam Legionem apud
Placentiaan cum tgnpminiq mitrqm fèczr 6 9.
QfAhguste en fit attirant â la dixième.
Decimnm Legiomm canmmacins parente»:
mm «ignaminiq -dimisit. 2.4. Enfin’, que
Galba ôta non-seulement les Aigles aux
Classjaircs , dont Nérog avoir composé
' un
s
F -E VRI E R. x733._ 233
' un Corps de Troupes réglées , et les obli
gea de rentrer dans leurs premieres fonc
tions, maeis même sur ce qu’ils se plai
gnoient avec trop de hauteur _, qu’il. les
‘clêcima , fed decimaviz etiam. x z. Lanxpri
de nous dit encore _qu’Aléxandre , à l"
mitation d’Adrien , eut la pensée de faire
‘ adorer J. C. dans FEmpire. Chrino Tem
plum valait eumque inter Divas recipere ,
quasi e} Adrianus ; et cependant‘ TÏ-rrul
_lien qui vivoir sous Sévere , ct qui par
conséquent éroir beaucoup moins éloigné
d’Adrien, que Lampride, nous dir au
contraire , que ce fur Tibcre qui conçut:
ce dessein : Tibsfriu: ergo annunciatztm sibi
cr Syria Pozlastina, 7m illim (I. C.) Dz?
viïzimti: rai/t'aura , der/dit 4d S enntmn mm
preragatiwa mflîægii rai. Mais que dire de
j la maniere dont Aléxandre parle (le Ca
racall? dsns son Remerciment au Sénat?
' Cc Prince, commeon le verra plus bas,
' se disoit fils de ce dernier Empereur; ce
cependant il le blame publiquement cla
voir affecté , en prenant le nom d’Anro
nin , un titre qui ne lui convenoir pas :
jÿfamztzzm in Bassicmo. Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoicnt
donné le jourLEnfin rien n’esr plus plai
sant que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donneà ce Prince _.Pdes
‘ v ' ' 6E:
13€ MERCURE DE FRANCE
Personnes mortes long - temps auparaä
vant , tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué pat Cu
jas, lib. 706mm.
Je pourrois remarquer une infinité (le
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que )’ai dit.Je
viens à l'association d’Ovinius pour en fai
re connoître la supposition ; j’ai dit , après
M’ de Tillemont , qu’il s‘y trouvoit des
circonstances qui paraissent tenir de la F a4 ‘
ble. Lbbjection a paruë pressante â M’ L.
B. il étoit naturel de s’en dêbarasser; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant:
que ces circonstances tiennent seulement
du Comiqucget que des circonstances pour être
Comiques , nÿmpzflrbenspoint le finis de l’e'
d/enement d'être réel.C’est ce que nie dans
un fait de Pimportance de celui que nous
examinons. En voici la preuvcrSelon M‘
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en êtoit aimé, puisque
ce fut cet amour qu’ils lui portoient qui
causa sa mort dans la’ suite. Aléxandre.
qui redoutoit leur Puissance, entre dans
leurs vûës , _associe Ovinius à PEmpire ,
mais seulement en apparence et pour
_ ._
. . ,.
.montrcr a ces Troupes que le su;et zqu ils
avoient choisi pour lui opposer , n’étoic
pas digne du rang où il; lc-vouloient fai
‘e.
\
F E V RIE R. ‘i753. :37‘
‘xe monter. Mais, dira-t-on à M’ L. B. la
politique d’Aléxandre se dément bien-tôt‘:
car enfin cet air Comique dans les circons
tances de. cette association auroit bien-t
tôt ouvert les yeux aux Soldats, ils au
roient pénétré le dessein d’Aléxandre , et
ce Prince par-lèse seroit trouvé dans le.
danger qu’il vouloir éviter. lfexemple de
Septime Sévére qui] allègue , est bien difa
ferent. _ « À a
Lorsque ce Prince ,l pour mieux com.’
battre Pescennius , amusa Albin, en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d’Anglerere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloir prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les brasll n’y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite ,'
dont il ttouvoit un modele dans Augus-—
te par la maniere dont il en avoir agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovi
riius est sansSoldats , sans Troupes re
glées 5 à peine commence-t-il à se former
un parti pour s’élever au Trône. noi
qu’en veuille dire M‘ L.B.rien ne pouvoir
forcer Aléxandre d’avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafi
né et si dangereux. Je ne sçai si je iiaime
rois pas presqwautant Pexplicarion qu’E-'
rasme a donnée à cette action dwléxaæræ;
— {Ê
o
138 MERCURE DE FRANCE.‘
dte dans ses Apothvgmes , lib. 6'. Selon
lui, Aléxandre tout plein de bonté ettout
Philosophe , voulut corriger Pambition
-d’Ovinius ; il ne Fengagea à venir à PAI
mée avec, lui que pour lui faire connoître
que la condition qu’il ambitionnoit tant,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu’il ne se Pétoit imaginé. Sje illi comma;
tmvit quod exsetgerere imperinm. Ce qu’il
y a de plaisant dans cette explication d*’E-‘
rasme , c’est qu’elle se trouve authoriséc
‘par Lampride , qui nous dit qu’Alêxan
dre remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d’un fardeau aus
si pesant que celui de gouverner la Ré
publique. Eique’ grutier agit quod çurm
Rrip. sponte rat/parer. i
Pour seconde preuve contre l'associer-î
tion cl’Ovinius; j'ai dit , qu’il n’y avoic
aucune apparence qu’Aléxa ndre eut vou
lu se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant. le commandement des
‘Troupes qu’il envoyoit contre lcs Barbæ
res, et M’ L. B. avouä que çauroit été l:
comble de Pimprudencc. Aussi pour parer
cette objection, qui peut passer‘ comme
le centre de toutes les autres , M’ L. B. a.
pris hparti (Pexpiiqixer le Texte de Lam
pride , autrement que tous ceux qui l’ont
traduit jusques icy.Voicy le PassageLatin:
E:
FÉVRIER. I732.‘ z”
E: mm expedizio Baréarim èrm mmtiata ,
m! ipmm , si ‘Z161!!! , ir: , w! ntsecum proq
ficirceretur ,' barrer»: est. -
M"L. B. prétend que dans ce Passage
la particule 21cl est mise pour et , et que
par conséqucngau lieu dentendre qu'A
Iéxzmdre oflrit à Ovinius de le mener à l4
Guerre , s’il n'aimait mieux ynller seul. Il
faut traduire qubïlexandr: invita Ovinius
ù aller à la Guerre contre le: Barbare: , e}
même àfaire le vqynge- Ïzvec lui. Je sçais
que-la particule ml n’est pas toujours dis
jonctive , qu’elle est copularive quelque
fois; ‘mais je sçais bien" aussi que c’est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut Pexpliquer raisonnable
_ ment. (luel est donc le sens le plus na
turel , et qui se présente le premier à Pes
sprit dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui.qu’y trouve M’ L.B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Tra
ducteursije laisse cela à décider au Lec- '
teur,.mais_j’ose assurer que Pexplicarion
de M’ L. B. est forcée, et que la particu
le ml, comme il Pentend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme ,et n’est .
plus qu’une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et queM’ L B. doit enco
«se mieux sçavpir que moi, de ne point
' cher;
:45 MERCURE DE FRANCE,
chercher un sens éloigné et diflicilgquarid
il s’en offre un simple et naturel.
Pour affermir davantage Passociation
d’Ovinius,M‘ L.B.s’étend fort au long sur
le temps de cette arssociatiomMais tout ce
qu’il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait, il ne m’importe pas en
quel temps ila pu arriver. J’ai dit seu
lement que ce n’avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans, comme M‘
L. B. l’avoit avancé; il a étéobligé d’en
convenir, et de dire qu’il n’avoit erré que
pour avoir voulu îsuivre M’ de Tille
monts mais comme il donne une autre
E poque à cette association , il me permet
tra de l’examiner.
Lampride écrit qu’Aléxandre étant à
Antioche, trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et sfélevetent "tumultueuse
ment contre lui; que là.dessus ce Prince
leur dit que ce n'était point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient en
seigné à faire usage de leur: «voix; mais
contre les Sarmates , les Allemans, les
Perses’. M’ L. B. saisit le Passage et me:
l'association Àd’Ovinius dans une Guerre
‘qu’il prétend qLfAléxandrp eut contre les
Q
531:1
F E VR I ER. 173;. ":41
Sarmates , et qu’il place clans Pordte où»
ces Peuples sonbnommez , et dans les six
Premieres années duiRegnc d’Aléxandre.
J'avoue’ mon peu de pénétration , je ne
Vois rien-ic-y ‘qui prouve qu’Alêxandre ait
eu Guerre contre les Sarmatçs, et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la dernier: Guerre dfiîspag‘,
Pâge du Roy avoit permis à ce. Prince de
se trou verà la tête de ses Troupes,et que
' sur le point de quelque Action, il les eut
fait souvenir de la. valeur qu’elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les An
glois , les Hollandais 2 en concluroir-on
que ce Prince auroit eu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l’on doit raisonner de la même
maniere, sur la Harangue dflxléxandrc.
Cet Empereur alors marchoit en Perse,
comme Lampride le dit Iui- même; et:
jusqu’à cette Guerre, son Regne avoir été
paisible du côté des Étrangers. Igitur mm
4d bmgc modum Heptem annox quoal quidam
4d se attineret, si»: querela cùjutquam Impa
rium gaêemasser, ecçe tjbi amwo arma, cÿe.
Car il paroît par toutes les Médailles
d’Aléxançl,re,qui portentîla marque du
tcrnps où elles/ont été frappées, et sur les
* Suivant la correction du P. Pagi‘: Dissert.
HYP“ Pêg- r77-. .
. quelles
142 MERCURE DE FR ANCE
quelles il est fait mention de Victoires;
soit dans le Type _, soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu’aptês la Déclaration de la.
Guerre clePerse, arrivée sur la fifn de l'an
227 , ou au commencement de z28,com
me l'a démontré le P, Pagi, que les Gé-n
néraux de ce Prince eurent quelques avan
taÿs en Mauritanie, en Illyrie et en Ar
ménie , puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la vn‘ année de l.1
Puissance Tribunicienne d’Aléxandre, et:
que par conséquent elles ont été frap
pées au plutôt en 2.88._c’est»àwdire, à peu
près dans le mêmetemps qu’Aléxandte
croit à Anrioche. Aléxandre donc ne fait
icy que ce qu’auroit fait le Roy 3 l'un c:
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédccesseurs get une marque
qu’Aléxandre n’entencl point parler de
celles qui le regardent , c'est qu’il cite les
Perses contre lesquels , comme je l’ai dit,
il marchoit alors ,dans la seule Expediw
tion qu’il ait faire contr’eux.
Si cependant M'L. B. soutient que les
Sarmntes ont quelque rapport avec Alé- _
I
xandre , je lui repondrai que cette Guerre
n’est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage; et qu’au contraire , c’est la même}.
’ Les
FEV: R I E R. "I755. 24;
Les Sarmares occupoient tout le Païs qui
"com pose la Pologne et la Prusse d’à-pre
sent ;_ils étoienr par-là’ trop voisins de
Plllytie , pour ne pas croire que cc fu
rent ces Peuples‘ qui apparemment s'é
toient joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et ‘des autres étoienr les
mêmes , et ils voulurent profiter de Fab
sence dïiléxandre, pour ravager les Ter
res de Hîmpire , ce qui obligea l’Empe
ïeur en marchant contre Artaxercés (l’on
voïer des Troupes conrfieux. Compumme
jam se ut fluvios truusgredereturu. . nos.
dam etium exercizus in regioncs alias trans
tulit , ut inde Burburorum incursions: furi
lius urcerentur. Herodien.
J'ai promis à M’ L. B. de lui montre!
que les Ovinius me sont connus; je tiens
maparole. Outre l’Ovinius Camillus de
Lampridc , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. 4:15. C. Tertull. qu’il cire: Il y a,
un Ovinius Paternus qui Fut Consul sous
Aléxandrc même en 233. un Lucius Ovi
nius Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l’an z;7.ct l’on trouve en 517. sous Cons
tantin , un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Scptimlus Bassus,
long-temps devant ceux-cy, une Inscri
"ption de Grutet (ccrxr 4.)nous fait men-x
tion‘
244 MËRCURE DE FRANCE
/
tion d’un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoitsous/
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F, TenRufus, et d'un l..Ovi..
nius Amandus , dont les noms se trou
vent dans le même Gruter( mxvn. 3.)
et dans Reinesius (xi r. l 10,) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains, puis
queVarron qui fleurissoit dans les dernie
res années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica 4 des
noms qui tirent "leur origine des Trou
peaux , fait mention de celui d’Ovinius.
Namimz mulm habtmus n12 utroqne parure, à
majore et à minare , à minorer Porcin: , Ovi
nius , Capriliztt. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , â.
qui voudroit en prendre la peine , mais
n’cn voilà que trop pour montrer que M’
L. B. n’a pas eu raison de dire , que ce nom
m se rencontre guere; ailleurs qtim ce: deux
endroitfqziil a cités. q
Je finirois icy, sans une réflexion qu’on
me permettra d’ajouter , quoiqu’elle ne
regarde pas mon adversaire seul. M’ LÏB.
en parlant d’Aléxandre,l’appelle' toujours
Aléxandre Severe ,et il suit en cela un
usage , qui,pour être autorisé,n’en est pas
moins vicieux. Le nom de Sévere que
permit Alexandra, n’étoit pas, quoiqwen
veuille
FÉVRIER. I733! 24e ‘
veuille dire Lampride , une Epithere quii
lui fut donnée à cause de son exactitude
àfaire observer la Discipline Militaire.‘
Nam et Set/crus est appellera; à Militibm
0b Ausmimtem. Cétoit chez lui un nom’
de famille , qu’il renoir de Seprime Sé-i
vere et d’Anronin Caracalieùappellé de
même Severe , comme on- le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
ATTu K. M. AÏP. CETHPOCA ANTQNEI
Noc. U. n. Aléxandre se disoat fils dece
dernier. Acimonete quamprimum illum _, dit
ce Prince en parlant d’Artaxercés: Tra
ljfjgarum que plurima advenu: Barbera: Se
mm argue Antonina parent: men duçién;
ÉÏCÏÎÆIÏÎLHÛIÏOCÆICÛ- Ce qui est confinn-é
par les Inscriptions.
IMP. CAES DIVI
SEVER I. PII, NEPOTLDIVI
ANTONINLMAGPIL FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO,
'PIO,8cc.
Grutet MLx xvngt, 7. et 8,
Cîest donc Sevete-Aléxandre qu’il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille _, et conformément à toutes les
.0
M ERCURE DE. FRAtNCE
Médailles Latines et Grecques , où l’on.
lit: lMP. SEVw. ALEXANDER AUG.
A12K. ceorupoc. AAtgANA. aussLbiea
que dans les Inscriptions que je viens de
la orter.
PP ' D. P!
A’ Orleans, le Io Octaére 1732..
K913i"Ë"*"Ë'Ë"Ï”>Ë**9F*'Ë‘**‘*9Ë'Ë'*'*’Ë"Ë‘*'ËÏË
HERO‘ '
c .4 N T .4 T r. '
PRès des Murs de Sestos , sur cette antique
Rive, '
mac PI-Icllcspont blanchir de ses Flots écu- ‘
IÏWUX i‘
Héro pâle, tremblante’, et d’une voix plaine
tive ,
Déploroit d’un Amant le destin malheureux.
/ .
_,
. .
\
La nuit dun sombre VOllC avoir couvert les"
Ondes;
Ions les Vents , êchappez cle leurs Grottes pro-g
- fonde: i '
sur Fhumide Element cxerçoient leur fureur ; ‘
Qrand cette. triste Amante , en faveur de Léauç
L 'dre«,
Au Dieu de la mer fit entendre
ces lugubres Acccns que dicton sa douleur.
Grand Dieu , si jadis dans ton ame",
L'amour
ÆEVRIER: V1733. ‘:41
l'amour alluma ses beaux Feux ,
D’un Amant tendre et genereux ,
Seconde Pinnocente flame. l
Des Aquilons impétueux
Reticns les bruyantes Haleines ;
«Ne permets quäugt Zéphirs heureux
Dflagitcr les humides Plaines.
Ë
Tanclis"qu’aux tiôits chagrins Héro livre son
coeur , e
Des fiers Enfains de l’Air la Cohorte insolente,
Jusquäu Sable profond va porter la terreur ,
E: auvccntte entÿouvert de POnde turbulente ,
Elcve jusqwaux Cieux la vague menaçante.
D’unc effroyable nuit Péclair perce Phorreur;
IJalfrcux Tonuere gronde en une épaisse mute",
Le Rivage en fremit ,'la Terre ‘en est émuë , “
Les Tritons , sous les Eaux , vont cache: leur,
frayeur.
En vain , d'une intrépide ardem- J
Ifiaudacicux Léandreglîronte la Tempête;
Des Montagnes de Flots, s’écroulent sur sa tête;
Il périt , ct bien-tôt sensible à son malheur ,
Son Amante en ces mots, exhale sa fureur.
ÿä
D’une agréable chaîne ,
Ù a
Z43 MERCURE DE FRANCE
Au mépris de mes voeux a i
Ta fureur inhumaine
Vient de rompre les noeuds,
Divinité cruelle ,
Qfune Amante ficlele ,'
De ta haine immortelle ,'_’ ‘
Ressente tous les coups, i i
Tonne , frappe, Barbare ,
Contente ton courroux :
- Quand on faims, il es; dan; a
De s’unir au Tenarc.
. o
g .
\_ _ âgé
Déja le Dieu des" Eaux , d’u,n coup de son Trig‘
dent ,_ v
V Avoir appaisé les orages _:
Dans‘ les Autres profonds le Soleil en naissant;
Avoir précipité tous, les sombres nuages;
Lorsque sur les humides plages p
Héro porta soudain ses regards amoureux.
Mais quel objet, Cieux g quel Spectacle afq
{reux !
Qxellc fureur ! quelle nouvelle rage 1
p Qxand sur ce tragique Rivage
111e apperçoit le corps d’un Amant malheureux,
Elle tremble , fremit , recule , arrête , avance 3
Dieux ennemis , Auteurs de mon tourment ,
ÿnc yicrime _enco; manque à votre ‘vengeance 3
Elle
FEVRÎER. 175;. '29:
Èlle dit , et ses yeux fixez sur son Amant,’
8e jette dans la‘ Met Pour 1e joindxe en mouxanfloe’
fi
e Amants intrépides ,
Ennemis du jour‘,
Craignez de l’Amour,'
Les traits homicides.
Ses charmes trompeurs, v
Cachent ses rigueurs ,
A ceux qu’il engage;
‘Les chagrins , les pleurs .
Sont des tendres ‘coeurs w
Le triste partage.
M. H v A R ‘r , Projecteur); Senlis.‘
' EXPLICATION
Dïme Médaille de PEmpereur Hadriefi.‘
N trouve communément 3ans Ha
drien une Médaille de grand Bron
ze , où d’un côté est la tête de ce Prince;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
zrus pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une, femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme, apd.
' ' .C iij payés
(":50 MERCURE‘ D E FR ANGE
puyée contra: terre , et dqla main gauche
__une Corne dabondance; a ses pieds sonç
‘deux petites figures d’enfans 3 la Légende
HILARITAS. p. nDans l’Exer ue. cos. m.
et dans le Champ de la Mêdîille , s. c.
Tristan r et Angelloni z qui nous ont
donné cette Médaille, Pont expliquée
diversement, ’.
Le premier, fondé sur unPassage d’Ar-‘
temidore, où il est dit ue les Palmes
veuës en songe sont es Pronostics
d'une heureuse-fécondité ,_-.a cru que le
Senat en faisant frapper ‘unevMédaille à
Hadrien, avec laBéesse HiLAMrAgdont
le Symbole ordinaire est uneÿalmgavoic
voulu marquer la joie du Peuple Ro
main , dans Fesperance où tout j,l’Empire
étoit que Sabine , femme dece Prince J,
lui donnerait des HeritiersaLes deux en- a
fans qu’on voit dans_la Médaille, ap—;
puyent ce sentiment; mais comme cette
Médaille n’est pas du commencement
du Rcgne d’Had_rien, ce qui se recon
noit pañ- le titre uni d’H A na I A u u;
Aucusrus, qu’on .y'lit , et par la Note
de son troisirfime Consulat ; pour peu.
"qu’on lasse därtention àla maniere dont
. \ f
1 Commmt. Hzstar. p43. 4.80. du Tom. x.
,; La Histonñ Jîugmm , pag. r40- de PExîit- 1C
Rame 15j]- ._ .
' Hadrien
F rEhVlR I E R.
i733: m‘. *
‘Hadrîen et Sabine vivoient ensemble, il
'n’y;a pas beaucoup «Ÿapparence qu’on le
"flarar sur ce sujet: Hadrien regardoit Sa
‘bine. comme une femme fâcheuse 1, dont
Phurneur luL-éroir insupportable, et qu'il
eut répudiée s’il n’en: ré que simple par
ticulier. On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du z Poison ue
son mari lui fit donner. Elle de son coté
lui rcndoir bien le change; on en peut
juger par ce qu?elle disoit elle-même pu-'
bliquement: 3 Qfelle avoir toujours fait
tous ses efforts pour n’avoir aucuns en
_ fans de son mari , le fruit ‘clepareils em
brassemens ne pouvant être que funeste à
.I’Empire..Dans de pareilles l‘ il n’y a pas lieu de croirecqounejolnecSteunraest
ait voulu faire frapper une Médaillqqui,
5." Pexpliquer comme ‘fait Tristan, auroit
pu passer pour une Serrlre véritable’ , ou,
quAi du ‘moms , traurorr pas manque d-‘ap
Aprerer a me aux Cournsans assez en-_
clins déja à la raillerie.
Angclloni n’a guercsmieuxréüssi. Sel
{on lui , la ‘Médaille est un monument
x Uxarcm ztiam ut mvzomm et aspmum Ji
mismms , ut ipse ditebat , si priflñfmfltissctzfiläufl
‘Spartipn. in vin Hadrinni.
a, spartim.
3_ dard. Vum.
; _C m; dg.
Jà
i 4252 MERCURE DE FRANCE.‘
dela joie que tout Rome ressentit lots’-'
quî-Iadrien revint dans cette Ville, après
avoir parcouru routes les Provinces de
l’Empire.Mais, 1°.ce retour dT-Iadrien est
marque’ d’une maniere assez distinctesur
d’aut_res Médailles. ADvENTus. Auc. An
VENTUI AuG. lTALIÆ , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs. 2°.Il est
diflîcile de trouver quelque rapport entre
ces Enflns‘, gravez sur la Médaille, et
l'arrivée d’un Prince. Angelloni a beau.
dire que la joie étant plus particuliete
l aux Enfans’, on a pu par ce motif les re—
preseutericy: Came pure stamxa i fanciulli
Jemprz allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
‘tous les succès favorables , elle ne con
vient à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis, je ferai observer quT-IILARITAS ,
avec Pacijoncrion de P. R. Po uli Romami,
ne se trouve que sur lesMédlriilles d’I-Ia
drien , et sur celles d’Ælius - César son.
fils adoptif, avec néanmoins quelque
difference‘ dans le Type. La Déesse HILA
RITAS, sur les Médailles de ce dernier,‘
portant une branche de quelque arbre ,
au lieu d'une Palme, et n’ayant point
d’Enfans à ses côtez. Cette diffêrencqque
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n’a.
z _ . mp3
FÉVRIER. 1733;‘ 2;;
‘fa port qu‘à quelquesecirconstances qui
‘n "font rien au motif qui a fait frapper
‘ces Médailles , que je croi-s toutes les
deux,avoir été pour Padoption d’A_îlius;e:
pour le prouverje commence par la Me’
daille de ce Prince , dont la connoissance
‘entraînera aisément celle de la Médaille
‘dT-Iadrien“. ' _
' Les fatiguesijqnT-Iadrien avoir essuiées
dans ses longs voyages, sur tout mar
chant toujours la tête nuë dans les sai
sons même les plus rigoureuses de l’an-_
née , ifioiblirent extrêmement sa santé‘;
«il tomba dans une maladie, qui dimi
nuant tous les jours ses forces, le fit
_‘ penser à se choisir un Successeur. Après.
avoir jette les yeux sur plusieurs, que sa.
politique lui fit immoler ensuite, lors
que sa maladie parolssoit moins dange
reuse , il s'arrêta enfin sur Ceionius Com
"modus, qu’il adoptat , le fit César et lui.
changea son nom en celui dïÆlius. Ce
dernier ne joüit- pas long-temps de ces
avantages , ne s’étant pas écoulé une
année depuis son adoption jusqu’â sa
mort ; encore dans ce peu de .temps fut
il toujours si- incommodé , qu’il ne put
' as même remercier Hadrien en plein
Sénat, de Fhonneur qu’il lui avoir fait.
Dans un si courtespace , ce Prince‘ ma
c « C v ladif
.
3.54. MERCURE DE FRANCE
ladif ne put ‘ueres fourni: de sujets qm‘
i anéritassent ’être consacrez sunles Mon..
noies. Aussi toutes celles de ce Prince
ont — elles rapport-à son adoption. Q1’!
voit-on en effet , sinon la bonne intel
ligence du nouveau César, avec l’Empe.
gent? CÇNCORDIA. Son soin à rendre gra.‘
ces aux Di" ux de son élevation.‘ P1514;
1m. î Uesperance que les Peuples avoient
çonçuë de lui, et le bonheur qu’ils at
‘tendoient de son Regne,dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées}
Enfin le Symbole de la Pannonie, Pro?
vinoe dont il avoit eu le Gouvernement,
et quisemble le féliciter sur son avene
ment a l’Empire 3 PANNONIA. Parmi tou
tes ces Médailles , y en a-t-il quelqu’une'
qui convienne mieux à son adoprion,quc
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. u. Les largesses
qu’Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats; les Fêtesquil donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,'
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoir contribuer à la joie pu
plique : Neque quicquam prczcmirsum quai
P05!!! Zasitiam publicam fiequentarLCe Pas
sage spmble fait pour la Médaille et fait:
connorrre ,a n’en point douter ,_que le
p‘ motif qui 135: frappér, fut la pie de
o . 3°“.
FÉVRIER. 175;. 2.5;
Δ
tout le Peuple Romain/pour l'adoption
dYElius, qui. en assurant un Successeur à
I’Empire , assuroit en- même -- temps la
Paix et la tran uillité de ce vaste Corps.‘
La Médaille A ’Ælius expliquée , celle
(Ÿi-Iadrien se la trouve aussigla mêmevocca
sidn les a-fait naître routes deux, il ne s’a
gît que de la difïerence qui se trouve dans
leType dont je vais rendre raison.
Hadrien , à son avenement à FEmpire
après la mort de Ttajan , fut ‘obligé
avant même que de se rendreà Romqde
aire mourir quelques Personnages Con
sulaires. Ces éxécutionsgiioique justes et:
neéessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son pre
mier soin après {être rendu au plutôt
dans cette Ville , fur derâcbet par toute
sorte-de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et en
tfaurtes Spartien remarque , qu'il aug-j
menu les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux EnfanspPuerù ac puellis quibux
ttinm Trajanus ulimmm detulemt incremm
m liberalitmis adjecit, Il y a beaucoup däp.
arenee , que dans läidoprion cPÆlius , où
Fou voit les mêmes Fêtes _et les mêmes li
beralitez , Hadricn songea pareillement
aux Enfans _, ces largesses étaient noué
Cv) Vslles.
15K MERCURE DE FRANCE
velles, Trajan étoit le premier qui les ‘eut
faites, et elles éroienr trop agréables au
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fait
te paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s’1l..: ne paroissenr point dans
la Médaille d’Ælius , c’est que les larges.
ses étant faites par Hadrien en vuë de ce
Prince , détoir à Hadrien que toute la re-ê
connaissance devoir s’en rapporter; mais
la joye du_ Peuple Romain pour Padop
tion d’Æliu< éclatoit également en faveut
- de ces deux Princes , et d_evoir par cdnséa
quent paroître également sur les. Mon
noyesdc l’un et de l"aurre, H r LARITASQ
P. R. ‘
La difierence d’un Rameau à. une Ion-J
gue palme ou branche de quelque arbre,‘
ne peut arrêter. en aucune maniere; l’un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye, ainsi qu’on le peut voir par ces
deux Vers , l’un de Rutilius et liaurre de
Juvenal : .
Examen: «virides communia grandi» Rami ,‘
Ommmr poste; , et grandi jamm Lauro.
On peut me faire deux Objections ans-ë
quelles. je vais répondre.
a _ gLa
,. ‘F5 VR IER. 173;. 257
La rerniere est , qu’il se trouve une
Médai le de Lucille , femme èŸÆliumavcC
HILARITAS au revers , qu’on ne par ex:
plique: autrement qu'en l'a rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on.
fait de toutes les Médailles des autres im
pératrices où cette Legende se rencontre.
QIC l'explication de la Médaille de‘la.
femme emporte Pexplication de celle du.
mari , et par une conséquence celle d’l-Ia<j
‘drien. Pour réondreâ ce raisonnement,
outre que le P a qui donne aux Médailles
dT-{adrien et d'Ælius quelque chose de
particulier ct de relatif entfielles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille, les
Médailles qu’on nous donne pour être
de la femme rPÆlius , sont toutes de Lu;
cille , femme‘ de L. Vere , ainsi ‘qu’il est’
aisé de s’en convaincre si l’on veut se“
donner la peine de lire ce que j’.1i écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d’Août dernier , ainsi l’Objection tombe
d’elle- même.
La seconde Objectron est par rapport
î une Médaille dT-Iadrien qu’on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Au
gustin , où l’on voit sous la Legende HIv-s
LARITAS. p. n. une femme debout tes:
nant avec ses deux mains un voile qu’elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir au».
5mm.
25s MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec Pexpliçation que
je donne. Il est vrai que ce revers est ex
traopflmire , et que la figure‘ qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye; mais au lieu que cet
emblème peut avoir rapport _à quelque
usage , quelque ceremome qui se prati
quo-it dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suiiît que la Legen
(lei-I 1 LAfLRITAS. v. R. s’y rencontre, puis-ë‘
que c’est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non‘ pas tou
tes les difFerenres manieres dont il seiser
voit pour la. représenter sur ses Mom
noyés. l
' D. P. a
A Orleans, ce S Novembre I752.
lÈÆ&&äfOEQPÊQÆÆÆÆÆÈÆ
ODE.
L'âme parrainée par le: ennemis de son
innocence , invoque le S etgnem’.
D E mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur‘,
Îflrmcat contre mon sciala barbare injustice
. D’une
‘,
FE V R LE R- i733. 25j
D’une sacrilege fureur ,
Mets dans tes mains, Seigneutfi , les trains de a
vengeance . '
Déclare-toi pour Pinnoeence ;
‘ Qxfils tombent à tes pieds sous tes coups abat-j
tus. _
Qxe vois-je! ma plainte t’anime.
Tu patois dans ta gloire et déja dans 1’—_'
bîme ,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
m .
Tfemblés Peuples ,armé de sa foudre- bxûä
‘lame ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire éclat"
rame, -
I/Univers fléchir devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plu! superbes
têtes
"Tombent au rang de ses conquêtes.
D’un rémeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant-sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels coulerom sous sê!
yeux. -
. ä '?
‘ a I
De mes fiers ennemis ks fuï°uts cnmmclè
Nç
22a MERCURE m; rrtaucs
Ne troublerout plus mon bonheur ,
‘E: je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer i jamais mon coeur.
u. l'abri de son Thrône , et charmé de sa
gloire ,
n n u .
Le jour heureux de sa victoire
Retraeé dans mes chants augmentera ma paix;
Rem _ P li de sa bonté suP rêmc‘ x
Puisse lntôt mon coeur sbublier de lui-même
P
uo du rix lorieux u’il tient de ses bien?!
. , P S 9
its!
Ë
Des frivoles grandeurs (Pan pompeux escleâ
vage ,
Mes yeux ne sont plus ébloüis;.
je vois , clans le repos où le Seigneur m’a»?
gag‘ v a
Ces fantômes évanoüiss
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui t3
révere l. -
Embrasé d’un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens las solides appas :
De son innocence éternelle
- ‘Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;.
Il craint le seul malheur de ne te loiicr- pas.‘
ü
Non , non, Ié monde en vain m’e'tale_ ses ‘dé v
Lices s '
Le
FÉVRIER. 173;. f‘;
le seul bonheur est sous ta loy , =
Ê! i9 ne Compte plus que parmi'les suplice:
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à Pombre , salutH
ÎalIC
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.‘ .
Vous , dont une indigne licence N
Poursuit sur cette mer la timide innocence .v
Voulez-vous triompher a invoqués le Seigneur’.
Domina: par: hareditatz‘: me» , et Calicis mes‘.
Tu es qui restitue: hüeditatem meam mihi.
Par M. lÏ/Ibbé P. V. de Marsei 11:2
nemuuauuuamsm
D 1-5 SE R TA T1 o N sur le: Enseigne:
Militaire: des François , par M. Ben:
ton de Perrin , E cayer , ancien Gendannd
de la Garde du Rai.
f -_ PREMIERE PARTI-E.
' Epuis que les hommes poussés par
Fambition eurent songé à dominef
les uns sur les autres , et qu’en_ consé
‘quence ils°se furent assemblés en troupes .
_ pour attaquer , ou pour se deffendrc ,'
ils prirent des marques militaires, soie
G3!
'16: MERCURE DE FRAN CE
en couleurs , soit en figures pour se re
connaître dans les Combats , et ce sont
ces masques qu’on peut encore appelle:
signes et symboles , qu’on a ensuite nom-j
més Enseignes , Drapeaux et Etendam‘.
Chaque Nation regarda les siennes
avec un respect et une venerarion infi
nie , elles servoient à exciter en eux la
valeur et l'envie de bien faire , pour évi
ter la honte de leslaisser tomber en la
puissance de Pcnnemi; leur perte fut re
gardée. comme.un affront insigne, et ceux
qui les portaient étoient punis de mort
quand ils les petdoient par négligence ou.
par lâcheté.
Les Juifs eurent des Enseignes , chacuæ
ne des douze Tribus avoir -la sienne d’u
ne couleur . articuliere , et sur laquelle
étoit le Sym ole , qui la désignoigsuivant
la Ptophetie de J acob. _
Dans l’Ecriture , et enparticulier dans
les Pseaumes, il est souvent parlé en un
sens allegorique du Lion de la Tribu de
Juda , du Navire de Zabulon , des Etai
ks ou du Fimament dîsachar.
Du tems des Machabées les Drapeaux
Hein-eux étoienr chargés de quatre let«
Rares équivalentes à celles-ci , M C B 1',‘
qui signifioicnt selon quelques Commen
tateurs , qui: ricin sa in Diis Domine ? La
force
‘F E V R I E R‘. 1733. .16;
force de la Guerre est dans le Seigneur ,
nul n’est légale à lui. Ce sont ces quatre
lettres qui firent donner le nom de Ma
cbabi: à la race de celui ‘qui le premier
les fit mettre sur les Etendatfs qu’il leva.
pour la deffense de la vraie Religion.
‘ C’e'toit dès ces tems-là, et ça été tou
jours depuis Pusage des Juifs, de faire des
‘noms artificiels avec les premieres" let
itres des differens mots qui doivent entrer
dans les noms propres. De là sont venus
les termes de Radaq , de Ralbag , de
‘Rambana , 85e. pour Rabbi David Kimp
chi , Rabbi Levi-ben-gcnson , et Rabbi
‘Moses bcn-maïmon , qui semblent ne rien
signifier à ceux qui ne sçavenr pas ces
sortes d'Anagrames; plusieurs autres sem
blables mots, dont. on a ignoré la verira
ble signification‘, ont fourni aux Cabbanj
iistes lesnoms qu’ils ont donné aux inteln
ligences superieures.
Semiramis , Reine des Assyriens éroie
appellée en langage du pays Cbemirmar,
mot qui signifioit aussi une Colombe ,
île-là vient que les Enseignes de cer Emv
pire étoient chargées de ces Oyseaux pour
conserver "le souvenir de l’Heroïne , de
qui il renoir son premier éclat; et quand
les Proplietes exhottoient les Juifs à la
pénitence , ils les menaçaient de cette
Colom-L
{134 MËRCURÊ DEFR ANCZB.
Colombe Assyrienne, comme du fleau.
de la vengeance Divine le plus à crain-g
dre. ' .__ _ q
Semirxmis pourroit bien être la Venus
de Phenicie , que les Poëtes nous repré-f
sentent sur un Char traîné par des Con;
lombes. 4
Selon que les Peuples ont été plus on
moins policés,ils ont aussi employé pour
Drapeaux , ou Etendarts , des choses plus
‘ou moins recherchées.
Les Romains dans les commencemens
se contentoient de mettre un paquet
d’herbes au bout d"une picque. On sçait
‘que les Tartares se sont servi de queues
de. Cheval , ce qui est encore en usage
chez les Turcs.
Lorsqu’on découvrit PAmérlque , les
habitans de ces vastes contrées nävoient
‘pour Enseignes ue de grands bâtons or-j
nés de plumes ’Oyseaux qu’ils appel-j
Ioient Calumetr. '
Les Romains mirent ensuite au bourde
‘la picque des représentations d'animaux ,
comme celles du Loup , du Cheval, du
Sanglier , du Minotaure , 8Ce. C’est Plie,
ne(L. X. C. 1V. ) qui nous Papprenfi ,'
et ses Commentateurs donnent pour la
plûpart des raisons politiques de ces usa-e
863i ils prétendent, par exemple, que le
- Mino
FE VR I E R; ‘I733. :2;
o
Mînotaure devoir faire rêssouvcnir les
gens de Guerre de garder le silence sur les
Entreprises projçttées , et ce sctoir ÊPPÊ?
temmenr dans cet esprit que Festus_ap.
pelle la principale vertu militaire , [a Ras
légion du secret.
‘ Je suis persuadé que tous les animaux
qui setvoient d’En_s_eignes ÊIDXIROIÏMÎHS
netoienr que les signes emblematiques
des Divimfitz de l’Etat, et c’est pour cela,
sans doute , que l’Aigle étant le Symbole.
de Jupiter t, le Consul Marins voulut;
qu'elle eut le premier rang parmi les Etertæ
arts. '
Les Romains alloient clone à la Guerre
avec ces Symboles de leur culte , et lors
qrfils eurent pris la coûtume de dêïfiet
leurs Empereurs , les Portraits de cesPrine.
(es formerent chez eux de nouveaux Etcn
darts , qu’ils joignirent aux anciens. Le
respect que les Soldats rendoienrà leurs
Enseignes montroir quïls les rcgardoient
I x
comme quelque-chose de sacre.
C’étoir devant elles que se faisoient les‘
Sermçns de fidelite , et les engagemens du.
Service Militaire ; on les prenoir 'à_ té
moins des Traitez de Paix ,et des PÏOIÏÎCS?
ses faites aux Etrangers , on les encen
goît _, et on les bonoroit de plusieurs
autres çerémonies de Religion.
L:
266 MERCURE DE FRANCE.‘
Le bois,ou le métail éroient les matieres
dont on faisoit les Enseignes , et pour
la forme‘elles étoient en Sculpture en
tiers , ou en bas relief, dans des Médail
lons au-dessous desquelles pendoit en for
me de Banniere un petit morceau diEtof
fe quéarré , ldont ladcouleur distinguait
es L ions es unes es autres.
Il ygavoit aussi des Drapeaux d’Eroffe
sans aucunes figures, et ils ‘étoient dé
differenres couleurs ; cela säpprend par’
la maniere que les Romains avoienr d’en
tôler des Soldats dans les pressans be-'
soins.
. Le Géneral que la République avoir
désigné pour commander PArmÉe mon
toit au Capitole a là il élevoit deux de ses
Drapeaux , l’un rouge qui étoit la mat."
qqq dâlîlnfaêterip, ‘autre bleu uihétoit
ce e e a ava crie ; ensuite a aute
voix il ronon oit ces aroies: ue ceux
qui aimefriz le salit de la Ëépubliqueqfie tar
dent pas à me suivre.
Ceux qui vouloient aller à la Guerre ,
chacun. suivant son inclination de servir
à pied ,» ou à cheval , se rangeoient sous
l’un des deux Drapeaux, et cette maniere
de faire des levées extraordinaires se nom-p
moit évocation. '
Jusqu’au tems de Constantin il n'y
eut
FEV R I E R. 173;. 2'67
‘eut point de changement dans les Ensci—
gnes Romaines : mais alors le Christia
nisme , qui (établissait par tout FEmpi
te, y en apporta. Les,Aigles. , et les Croix.
allereut de. compagnie; il se. fit un mê
lange des usages de‘ la vieille Religion.
avec ceuxde la nouvelle, et les Fideles
étant alors absolument désabusés des er
teursdu Paganismev, et se trouvant en
très-grand nombredans les Armées de
Constanrin , et de. ses Successeurs , 1l gn’y*
avoit plus à craindre qu’ils prostituassenc
leur adoration aux Symboles des ancien
nes Divinitez, comme ils avoient faiti
auparavant.
Par là sïntroduisit une espèce dïndifà
férence pour toutes sortes dlirendatts , et
au milieu du Christianisme. même on
retint ces Symboles, inventés autrefois
par les Payens, qu’on jugea toujours uti
es pour la distinction , et quidevenoient
sans conséquence pour des Soldats Chréa
riens, instruits, et coustans dans leur
Religion.
Les Empereurs depuis Constantin eu
rent pour principale Enseigne de Guerre
le Laâammu qui émir une petite Ban
‘niere de couleur de pourpre , sur la
quelle étoittbrodé le" Monograme dq
Cnazsr,”
3.28 MERCURE DE FRANCE
CHRis'r_,_signe adorablede notte Rédem p-Ï
tian. '
. Les autres Nations Etrangeres que les
Romains nous ont fait connoître avoient
aussi leurs Signes Militaires. Tacite nous
apprend que ceux des Germains-étoient
les figures des bêtes commu-nes dans les
Forêts que les peuples habitoient , et se
lon le Pere * Martin,ces bêtes étoient aussi
les Symboles de leurs Divinitez. On sçait
que c’est de Fanion de ces Peupiesligués
ensemble qu’a été formée la Nation Fran«
çoise , ce qui fit que cette Nation eut
pendant long-tems diflerens Symboles
sur ses Etendarts , on y voyoit des Lions,
des Serpens et des Crapeaux. _
Tout cela sert à expliquer la prétenduë
Prophetie de Sainte Hildegarde , qui dans
ses révélations , en parlant de la ruine de
Rome par les-Nations de la Germanie ,
assûre que Dieu donnera aux Francs le
Camp des prostitue: , et que le Lion bri
sera 134x31: avec le secours du Sert
peut. A - *'
Cela servira encore à faire voir que
dans le XII. siécle , où vivoit cette Sain
te , les François n’avoient pas perdu la.
.* Dom lacguqsMmin, 14215:0» Livre sm- l;
Migion des Gaulois.
' ' v son:
-F“EV R LE R. 173;: s69‘
lconnoissance de leurs anciens Symboles
militaires _;—et sur "quels fondemen-s nos
vieux Historiens ont crû que les premie
res Armes du Royaume avoient été des
Crapaux. » _
Quand les François entrerent dans les
Gaules , ils étoicnt déja partagés en deux,
branches , Pune dite des Ripuairrs’, et.
l'autre" des Simmlrrcs. Chacune de ces
' «branches avoit son Symbole : celui de -
la premierq étoit PEpée , qui désignoil:
Mars , Dieu principal de la Nation ô et la
seconde avoit pour le sien une tête de
Boeuf , ou un Apis , Dieu des Egypriens,
dont une‘ partie des Franc: tiroir son
origine.
J’ai montré dans ma Dissertation sur
l'origine des François , que Sesostris ayant
pousséses Conquêres jusqu'aux Palus méo- '
rides laissa plusieurs Égyptiens et Cana
méens qui ÿétablirent dans ces Contrées ,
d’où ils se sont répand-us en diiferens tems
dans la Pannonie, et jusques dans la Ger
manie , après s’êrre mêlés avec les Scy-_
tes , et d’autres Peuples Scptentrionaux. _
Le Tombeau de Childeric découvert au
‘siécle passé-, et dans lequel se trouverent
plusieursTêtes d’Apis,prouve que leSym
ole de ce Dieu étoit un des signes mili
taires des Françoisçainsi les Fleurs _de
D lys
lÿo’ MERCURE DEh-FR AnNC E
lys qui sont depuis long-tems le caracle;
re distinctif de notre Nationï, pouvvoienc
être aussi-bien des Lams Egypticns. que‘
des Iris, ou des Flamlves- des Marais de;
Batavie. .
?I'.’Ecriture des premiers Empires étoit
en caractetes symboliques. Les Ca-ldëenä
et les Egyptiens avoient des laieroglizphes
pour exprimer leurs pensées , et les ter
mes des Sciences qu’ils cultivaient -, sut
tout de l’Astronon1ic-, cela se prouve par.
les figures d'animaux dom‘ ils marquoîent
les Constellations célestes , que nousmar.»
quons‘ encore des mêmes figures depuis
eux. -
Les grands Empires de I’Orient ont:
conservé depuis leur fondation jusquïï
présent des Symboles distinctifsiLesTurcsî
ont le Croissant‘ , l'es Persans ont un i
Izion surmonté d’un Soleil Levant. r
v Le principal Kam des Tartares a un
Hibou ,l PEmpercur de la Chine un Dm
gon ', et les‘ Mandarins qui- sont le;
Grands de cet Empire», portent sur‘ leurs
habits des figures d’Oyseaux , et d’a»n'i«_
maux pour distinguer les differcnres clas
ses que composent ces Seigneurs , ce‘ qui’
fait la même distinction que font les
marques particulieres de chacun de nos
Ordres de Chevalerie . a
Le:
FÉVRIER‘. ï7ggî 9.7l
Les François garclercnt les Symboles
älont je viens de parler jusquïru rems de
Clovis; mais ce Roi après sa conversion ,
profitant du conseil salutaire que lui avoir
donné S. Remy: Miti: depone cella simm
5er i: «dam quad incendixti , mande, quad
adamsti , d’adorer ce qu’il avoir brûlé 5
et de brûler ce" qu’il avoir adoré _, fit met-j
tre des Croix sur ses Etendarts , erdonnæ
à ce Signe respectable de lalReligion qu’il A
venoit dïtmbrasser , la premier: place sur
tous lesautrcs dont saNation- s’éroit servi
jusqu'alors. A
J ai dit plushaut que les Romains te;
gardoient leurs Enseignes comme quel
que chose de sacré ,’ils n'étaient {ras leä
seuls qui fussent dans cet usage , es au
tres Nations payennes Pavoienr de mê
me ,— ce qui me donne‘ occasion de distin-ä
gucr deux sortes de signes militaires’, les
uns de dévotion , faits pour exciter la»
Pieté dans les Soldats , et pour les mieux.
contenir par la vuë de ces Signes miste-ä
cieux de la Religion qu’ils professoient.’
Et les autres invenrez pour exciter simé
lement la valeur. Ainsi on portoir dans,
fis Armées des marques sacrées, et des
marques dfhonneûrs , ou de politif
que. . .
“Cette distinctions es: de‘ tous les tcms;
; . - ‘ D ij et?
ä7ï MERCUREDE FR ANCE
et a été c_hez tous les Peuples qui n’alloient
point à la Guerre sans des objets visibles
de leur culte. A '
Les Perses adorateurs du Soleil y ai.
loient avec le feu perpetuel qu'ils entrete.
noient soigneusement sur des Autelsvpor
tarifs. ‘i «x
Les Israëlites depuis Moyse jusqwau
tems des Rois, n'entreprenoient point de
Guerres que l’Arche d’Allian_ce ne fut
presque toujours portee, pour montrer
que détoit de l'ordre du Seigneur qu’ils
les entreplrenoientfi et qu’ils mettoient en
lui toute eur con ance. .
a Les Empereurs Grecs faisoient porter
la vraie Croix de JCSuS-Christ dans les
' ‘Armées destinées à combattre pour I;
Religion, ce qui fit tomber plusieurs fois
cette sainte Rclique au pouvoir de ses
ennemis. Tous les Souverains des Monar
chies qui se formerent des débris de l’Em
ire Romain , sitôt qu’ils eurent em.
brassé le Christianisme, se firent un de.
voir de n’aller à la Guerre qu’avec des
Reliques , et principalement de celles des
Saints qu’ils rcconnoissoicnt comme leurs
Apôtres , et dont ils se firent des Patrons
pour rcclamer leurs secours dans les pres.
sans besoins, .
Les Gots du Royaume dïflrragon se
voyant
F E VRI E R. 1733.‘ 27;:
Voyant attaquez par Childebert Roi de
France, furent au-devant de lui avec les
Reliques de S. Vincent , pour obtenir
plus facilement la paix de ce Prince.
On portoit processionellement les Chîsà
ses des. Saints sur les murailles d’une Ville
assiégée , et ‘les yeux de la foi faisoienc
souvent appercevoir aux peuples assicgez
Ces saints Protecteurs en qui ils avaient
confiance , qui paroissoient armés pour
les deffendre.
Les ApôtresS. Pierre et S. Paul coma
batirent visiblement pour le Pape saint
Léon , lors de Pirruption d’Attila s‘ et les
Chrétiens d’Espagne virent plusieurs fois
S. Jacques , Pépée à _la main , leur aider à
repousser les Maures.
Il ne-faut pas douterpar tous ces exeni
plcs que les Rois de France , successeurs
de Clovis , n’ayent eu aussi le même usa
ge , et qu’outre les Enseignes chargées de
Croix , ces Princes ne fissentporter à la
Guerre des Châsses pleines de Reli
ques.
Auguste Galland , dans un Ouvrage
qu’il a composé sur le même sujet que je
traite , pour n’avoir pas senti la distinc
tion qu’il faut faire des Enseignes pieuses,
de celles de ure politique , est tombé
dans lferreur (le croire que la Chape de
Diij S:
'27; MERCURE DE FRANCE
u
S. Martin , portée autrefois dans les Ars
mées Frangoises , étoit posirivemcnrle
Manteau de ce Saint , que l’on attachoit
à une picque pour en faire la principale
Enseigne. Débroüillons un peu ce que
e‘étoit que cette Chape , etmontrons
qu’ell_e étoit toute diflerente de ce qu’on
nommoit Enseigne principale , ou natio
nale , et que Sl on lul veut conse-rver_le__
nom d’Enseig_ne , elle ne sera ue du nom
bre de celles que fai nommees sacrées ,_c
pour les distinguer des autre-s qui étoien:
purement des Symboles propres â-excitet
a valeur 8c lecourage. i
Chaque Nation chrétienneen prenan-t
un Saint, pour reclamet sa protection au.
près de Dieu ,c en choisissait ordinaire
ment un qui eut vêcu parmi eux , et à qui
elle fut redevable de sa conversion ,
cette raison auroir dû engager les François
à prendre pour Patron ,.ou S. Irenée , ou
l’un des sept Evêques reconnus unanime
ment pour les premiers Apôtres des Gau-l
les.
- Mais comme il auroir été difiicile de
s’accorder sur celui de ces Saints , qui au
roir merité la préférence , et que chaque
Province auroir voulu avoir le Saint de
qui elle tenoit l'a foi , on se détermina in
sensiblement àfaire choix de S. Mai-tir:
= « ' . ‘ EVÊ:
i
. Æ E V R1 ER.‘ 1733‘; 27;
Évêque de Tours , dont l-e souvenir des
mérites éclatans se conscrvoit encore par
une tradition vivante , et par les mira
cles qui sbPé-roicnt à sou Tombeau , qui
étoir devenu par là le lieu le plus saint, et
le plus fréquenté du Royaume , comme
nous ' Papprenons de Si Grégoire , un de
ses Successeursk La Ville de Tours étoit
le centre du Royaume ,et une de ses
Villes capitales , tout cela acheva de dé»
iterminer îles François à regarderS. Marä
tin comme leur principal Patron, et à
lui donner le premier rang sur tous les
autres Saints Missionnaires , qui avoient
prêché la Foi en France. ' \ '
Ce que je viens de Élite n’est pas une
simple conjecture ', nos anciennes His
toires font assez connaître que la dévo
tion àS..Martin, étoit si grande dans les
premiers siècles de la Mouarchigqiÿil
nëtoltvappellé que le Saint et le tries-Saint,
sans autre addition de nomzDomizms ,‘
Sanctus Dominus ', gloriosissimu: Daminur ;
11a mémoire de ce Saint devint en si gran
rde venerarion par route‘ la France que le
jour de saFête éroit PEpoqUe du renou
ëvcllement de toutes les‘ affaires civiles :
c’est pourquoi l’on y joignoit les Festins,-ec
tles Réjoüissances publiques, comme pour
tervircfheureux présagede ce qui devoic
_ = D iiij . a:
nv s
52.76 MEREÆUREJDE FRANÔE
arriver pendant lïænnée. Les Grands Par’;
glemens ne s’assembloient que pendant
Poctavc qui suivoit cette Fête.
La. dévotion generale de tout le peuple
envers S. Martin , procura de si grands
biens à l‘Eglise où étoit son Tombeau par
Pafiluance des Pelerins qui y laissoienr de
Riches offrandes", que lorsque cette Egli
se , qui étolt d’abord une Abbaye de
l'Ordre de S_. Benoît , fut secularisée l’an_
84S. par PEmpereur Charlts-lc-Chauvc;
ce Prince , à Pexemple de ses Prédeces
seurs , se fit un devoir de s’en- déclarer le
Protecteur, et peu de tempsaprès il y mit
un Abbé laïc, pour’ en administrer le
temporel. '
Tous les Souverains ont de droit la Gar-Î
de et la Protection des Grandes Églises‘
de leurs Etats. Sans faire remonter l’ori
gine de cc droit à Constantin , je remar
qucrai seulement que depuis que Pepin et
son Fils Charlemagne se furent rendus
les deffenseurs de l’Eglisc Romaine contre
les Lombards , les Successeurs de ces deux!
Princes ne crurent pas avilir leur dignité,
en y ajoutant quelquefois la qualité d'A
-voüé des Eglises les plus cclebres de leur
Royaume. Loüis , Roy de Germanie , fuc
Advoüé de I’Abbaye de S.Gal, en Suisse ,
et lEmpcrcur Othon de celle de_Gcm-._.;
blou, en Brabant.‘ Hs-ïi
FEVRI E R. 1733.‘ 2'77.
Hugucs‘ Capet" étant monté sur le
Trône , se démit de la qualité d’Abbé
Laïc de. S. Martin de Tours , que ses
Ancêtres avoient portée depuis le Prince
Robert le Fort, se réservant néanmoins
pour} lui et ses Successcurs‘,le Titre
Chanoine d’honneur, pour montrer (11%
prétendoit toujours conserver le droit de
Protection , que les Rois, ses Prédeces
Aseurs avoient voulu avoir sur cettefameu-y
se Abbaye.
* Les premiers de nos Monarques qui s’o-'
bligerent par piété, à proteget FAbbayc
de S. Martin , pour montrer publique
ment que la dévotion étoit le seul motif
qui les engageoit, mirent la Banniere de
cette Abbaye au nombre de leurs Ensei
gnes Ëgenerales , et par là cette Banniere ,
qui n’auroit dû paroître que dans les oc
casions où il falloir soûtenir le temporel
‘de l’Abbaye , ayant été portée clans tou
tes les grandes Expeditions que nos Rois
entre tirent elle P 2 devint bien-tôtla Prin A _
clpale Enseigne de la Nation. ‘ '
La dévotion de nos Princes envers saint '
Martin ne se borna pas là 3 mais par une
_ Îsuite de Paricien usage, toutes les fois-que
la Bannierc de ce Saint alloit èLFArmée ,
elle étoit suivie des Reliques du Saint
même -, on ne trouvera rien (Pextraordi
- ' D v. paire
‘:73 ‘MER CURE DE‘ FRANCE
Dans la suite ces Çhâsscs ou Chappes,
naire dans cette pratiquqsi on se souvient
des exemples que j’ai donnez cy dessus,
elle se perperua tant que durerent les;
Guerres contre las Sarasins et les Nor
mands , qui ravagerent la France pendant
8 , 9 Ct 10° siécles. Ces Gir-rres éçanc
toutes des Guerres de Religion , on sen
toir alors mieux que dans tout autre
temps , combien on avoir besoin des sc
cours du Ciel, et de Pinrerccssion des
Saints Patrons pour les obaenin
On ignoreroit entierement ce que détoit
que ces Reliques de S. Martin , portées
à l’Armée , sans une des Formules de la.
Collricrion de Marculfe, qui nous apprend
qîue nos Rois avoient toujours près’ d’eux
un Oratoire ou (Ihâssc qui cozntenoir ena,
tr’autres Reliques , des Vêremcns de S.
Martin ; que cet Oratoire nommé Cappa
Snnczi Marlini) suivoit par tout les Rois;
cr sur tout à l’Armée, et qu’en avoit cou-g
mme de faire jurer dessus ceux qui vou
loient se purger des crimes dontils étoicnt
accuses.
‘ Le mot de Cbêssa dérivé de celui Je
Capm , préwenre toujours Pidée d’une
chose‘ qui couvre ,_ ou qui en renferme
un" autre ; ainsi on peut dire également
des Reli .ues enchasséès , ou encbappêes.
q“
_ FEVR I'E"R, i733: 279
que l'on porroi-t dans les voyages furent
appellées Chapelle: g on disoit la Messe
dessus dans les Campemens; la COUfUr
me de Plîglise ayant toujours été dbifrir
le Sacrifice sur les Reliques des Saints , e:
les Prêtres qui désservoient ces Chapelle:
furent nommez Chapalldins. Valafrid
Strabon confirme ce que jÏavancc , et dit
en termes précis tique le Titre de Chape- j
Jain fut donné "à ceux qui portoient la
Chappe de S.'Martin , et les autres Reli
ques ; preuve enriere que par ce mot de
Chapelle , il ne sjagit que de Reliquaires
porrésupar des Prêtres destinés à ç_e,s
fonctions, et non pas dïumEtendart qui
jnedoit être porté que par gens en état de
Je defiflendre.
«Qiand le Clergé dhneflglise recevoir un
34mm‘, ou un Abbé Lait, ce n’étoit
point en lui présentant les ornemens
jconvenables au sacerdoce. Un Abbé,‘
Prêtre, étoit investi, par la Crosse et PAn
neauâ pour l’Avoiié il ne Pétoit que pas
la Bannicre de l’Eglise qu’on lui met-_
toit à la main. '
Le Pape
tonner PEmpercur Charlemagne, l’éta—‘
blit Defienseur du Patrimoine de Saint
Pierre , en lui mettant en main l’Eten
‘filait des Saints Apôtres ,_ou le Ganfnlÿ?
— ' ‘ D vj de
t“ c
Leon II. avant que de cou-Î, '
ç .
3.80 MERCURE DE FRANCE
de l'Église , et de la Ville de Rome. Les
Comtes d'Auvergne prirent pour Armoi
ries la Banniere de l’Eglise deBrioude ',
‘depuis’ qu’ils eurentla prorectioude cette
‘Eglise.
Cette idée de protection a passés des
choses Saintes dans les Civiles; et delà est“
‘venu que dans plusieurs Républiques, le
Chef en est nommé GunfZt/oflier squalitê
‘Sinonime à celle de Protecteur et de
Conservateur des libertés du Peuple;
Toutes leslCérémonies d’Eglise ayant
uelque chose dhuguste et de vénérable,
de-Iâ les Dcfienseurs de ces Eglises , qui
n’auroient dû se servir des Bannierés Ec
clêsiawiques que dans les occasions où il
s’agissoit de détiendra les biens du Saint ,.
auquel ils étoient vouez. Ils ne Iaisserent
pas de se servir de ces Bagnieres dans (lies
Guerres , u-i ne les re ar oient que in
rectementq; ainsi par cegrte raison (que fa!
dêja dire) les Rois de France faisoient:
orrrr dans toutes leurs Guerres la Ban-s
Eiere de S.Mar_tin, et honotoicnt de cette
commission le premier Oflicier de leur
Couronne, pour montrer Pestime et le
respect qu’ils avoient pour cette Ban
DICIC. l
La dignité de Maire du Palais" ayant été
éteinte avec la premiere Race de. nos
Rois!‘
FE V RIE R7.- 1733. l 231J
‘mes , comme les Seigneurs de Preüilly et
_de Partcnay‘, pourqporter "en leur nom la
Rois , le premier Officicr de la Couron-j
‘ne étoit le Grand - Sénéchal. Lorsque la
‘Banniere de S. Martin devint PEnseignc
principale de la Nation , certeimportam
tante Charge , qui étoit la premiere du.
‘Royaume, depuis qu’il n’y avoit plus de
Maire duPalaigétoit possedée par lesCom
tes cl’An)ou; ce qui fit que ces Comtes fut
rent les premiers honorez de la Dignité
de Porte Banniere de SLMarrin ,qui étoit
Ia même chose que Grand-Enseigne de la,
Couronne. ' «
Les trois Dignités de Comte , de Sé
néchal , et de Porte Enseigne n’étoient'
entrées dans cette Maison c que parcom
mission», comme l’étoient sous les deux x
‘premieres Races toutes les Dignités de
FEtatS mais Ces (omtes, ä- Fexemple des
autres Grands Vaasiux ._ ayant retenu ces
trois Charges à titre hirédiraire , ils pré
rendirent avoir acquis par là le droit de
Conprotection sur Flîglise de S; Martin ;
et les derniers Rois de la seconde Race
‘ayant négligé de le leur contester , ils’cn
mirent si-bien en possession , qu’ils comn
mirent à leur tout d’auttes Gentilhomà
Banniere de S. Martin.
(routes ces nouveautés ne trouverent:
‘ ' point;
182 MERCURE DE FRANCE
point. ‘d'obstacle; dans leur exécution”,
parce que les Rois de la troisième" Race t,
gfayant plusrque la Suseraineté de el’An
jou, de la Touraine’, et des Provinces
Voisines , ils se choisirent un autre S. Pat-ÿ
«tron plus près du lieu de leur demeure,‘
pour n’être pas obligés d’cnt aller cher.
cher un dans des Pais dont ils nÎavoient
plus la domination en entier ',ccla fit di
minuer peuà peu la dévotion envers Saint
Martin , sur tout dans les Provinces qui
restetcnt immédiatement soumises à la
Couronne -, et nos Rois , depuis Hugues
Caper, ayant fixé leur séjour à Paris. Saint
Denis , Patron de leur Capitale , le fut
bien-tôt de tout le Royaume. _
Avant que de finir cette premierc Pat-Î
tic de ma Dissertation , ferai encore re
Jnarquer que si Aiwuste Galland avoir
bien examiné lesPassages dont il s’est servi?
pour prouver que la Chappe de S. Mat
tin étoit une Enseigne deGuerre, il and
roit trouvé dans le Rituel même de cette
Eglisc , ( qu’il cite souvent) des preuves
contraires a son sentiment.
Ce Rituel’, en parlant des prérogatives
de distinction que les Comtes d’Anjou
avaient sur l’Abba'_i'e de S. Martin _, mar
que celle-ci : Ipre lméet r/exillum 1mm‘
Martini quotient "audit in. belle. Aux au
n35.
. FÉVRIER. 173.28;
ttes endroits de ce Rituel le mot de‘
Vtxillum y est toujours employé quand iI
s'agit de quelque Acte Militaire; et celui
de Cappa n’est emploié que pour les Ace
tions purement ECClÉSÎQSIÎqUCSa g
Comment ne pas sentir que ces deux
mots signifioien: deux choses difïerèn.
tes? Et comment de Sçavans Cririquea
ont- ils pû être incertains sur ce que l'ont
devoir entendre par la Chappc de S.Mar-.,
tinset pancher à croire quîe détoit un’
Manteau qui servoit d’Etendart Ÿ Une:
pareille opinion est bonne à faire croire‘
apocriphe H-Iistoire de la Chemise du:
Sultan Saladin , qui après la mort de ce‘
Sultan , fut misc( dit- on ) au bout d’une't
Pique,’ et promenére par toute son Ar-_
mée , pendant qu’un Hérault qui préce
doit,ctioit à haute vnixzVaici tout ce’
qui reste d: c: grand Homme Les Histoa
riens qui ont suivi Gailand dans son etc
reur , ne l’ont_ fait que pour n'avoir pas
sçu les doubles Symboles Militaires dont:
on se servoit dans les Armées, et quisont‘:
Porigin-e de ce qui se pratique‘ encore en:
donnant FOrdre ,ou le mot du Guet. à
la Guerre , ou dans les Villes Fermées, qui
est de mettreïensemb-le le nom d’un Saint:
et le nom d’u ne Ville , comme S. G60F.
gc et Vandôme _, ôccu v
‘t J.
5.84. MERCURE DE FRANCE
l Anciennement quand les Comtes et les‘
Barons menoient leurs Vassaux à la Guer
te, chacun de ces Seigneurs avoit son cri
äarticulier , pour ranimer le. courage de sa
roupe dans les dangers, et pour facili
ter le raliement dans une déroute ', ce cri
militaire étoit , ou le nom de famille du
Chef de la TrouFe , ou un mot pris à sa
fantaisie, auque on joignait souvent" le
nom cl’un Sainrâ qui le Chef avoit dé
votiomCotnme Notre-Dame dCChartres,
pour les Comtes de Champagnmet Mont
Joye, S. Denis. Ce dernier cri étoit ce
lui des Rois de France. J'en donnerai
Pcxplieation dans la. seconde patrie de
cette Dissertation, en continuant de par
ler des Enseignes Militaires des François,
‘et sur tout du fameux Oriflamme ,'sur
lequel ÿai à dire des choses nouvelles.
' a . . . LES
173;. 285
ââââââàäëâèëâââäââââââà
LES COQUILLAGES,‘
IDYLLE,
L4 M. p. L’. R. m. par 2121?“ d: Mule
crotis de la Vigne, du Croisic m Bre
tztgne, sur ce qukllc lui a env/nié une 80è"
te plein: de Coÿùillagçs , il}, 4 plus de‘
deux mai: , qui n: [m'a pomt encore été
- .. ‘i:
rendue. '
1/ .
M Es pauvres petits Coquillages ,
Que , pour le cher la Roque , avec tant de plaî-Î
sir ,
Mes mains prirent peine Ê cholsiÿr ,
Sûr les Sablons dorcz qui bordent nos rivages Ë
Mes pauvres petits Coquillages ,
Vous voilà donc perdus {Un perfide Courier;
A Un scélcrat Avcnturicr ,
En allant à Paris , vous a vendus pour boire,‘
Et pour deux coups de Vin clairct ,
Dont Papas triomphant a séduit sa mémoire,‘ '
Vous restez en ôtagc au fond d'un Cabaret
Ccpcndant il me dgç, vous mettant sous Pals-s
pelle .
1!
286‘ MER CUR Ê DE FRANCE
Qfainsique sous son Front il garde sa prunelle,
il vous conserveront avec semblable soin.- 9
Oui , la Roque; oui ,_ mon cher) j'en ai plus d’un
témoin. q_ ’ ' A
Me pourrois-tu juger capable dïmposture i?
Est-il de la raison que moi; que'j’eusse exprès;
Envoie ce jocrice a grotesque figure ,
De mon présent en l’air te porter les aprêts. _
Pouvais-je ainsi payer tes égards . tes bienfaits ,
A moins que d’avoir Parue ingrarc 2
‘Moi, qui sans aucun coût , par la Poste reçois,‘
Le don gracieux tous-les mois , '
De Pexccllent Journal que ta main délicate,
Réduit , compose, arrange , et polir â la fois ;
Dont la Prose et les Vers mêlcz avec grand
choix , »
Forment comme des Païsages ,
Où les Prcz , les Troupeau! , les Montagnes J5:
' Bois ,
Fleuves , Torrens , Hameaux, Villages ,
Villes qu’on rfapperçoir qu’â travers les nuages 5
Charmeur l’ame , et les yeux, en guérissant Fen
ruu. ‘
Tel est Pagrémcnt aujourcÿhui
De ton journal ,qui brille encor par tes Ou-j
nages , ,
Beaucoup plus que par ceux dîautrui.
Mais revenons aux Coquillages , . ..
Dont
j FE VRI ER.‘ i733. 287’
/
Dont la perte fatale enflamma mon couroux.
Quand Diane laissait FAmante de Pelée ,
Aller avec l’Onde écoulée , _
Languir entre les bras de son vaillant Epoux,
Dans une Grotte reculée ,
0d de leurs doux loux , mo»mens les Tritons sont
Mors par un Sentier , dont la route est seau}
breuse ,
Müippuyant d’une main chancelante et peureuse,‘
Marchant à pas serrez , je dcscendois au fond ,
D’une retraite sabloncuse ,
E: puis par un détour , ÿentrois dans un Salon g
z; Dom la naïve Architecture ,
Est uniquement dûë à la simple Nature.
Là , le Roc inégal fait naître des Portraits,
D’unc singuliere structure ,
Qxi ëéchnpcnt à Pari], et perdent tous leur:
grain , '
Quint! on les regarde de près.
IJI-Icrbe dfiautrc côté , diversement fleurie ,’
Avec le Capilaire , enlasséc au haznrd ,
Produit , sans le secours de PArt ,
Une verte Tapisserie.
Séjour des Rois , riches Palais ,
Ëtrayantcs Prisons d’Esclaves magnifiqufls r
Hturcux qui fur admis sous vos brillans Voté
tiques:
Plus
‘x33 MËRCUR E DE F'R ANGE‘
Plus heureux mille fois qui n’y parut jamais 1
Cef qu’on voit travaillé sur vos mursâ grands
rais g
Se présente iel de soLmêmc ,
Êt la Nature qui nous aime ,
‘Sçait ,vau gré} de nos voeux , si bien se façonner ;
Qxe notre oeil d’abord trouve en elle ,
Ce qu’il nous plaît dïmaginer.
Dans ces lieux, cher la Roque, à moi-même
fidele ,
je m’érois imposé la loi , '
De cueillir cliaque jour pour toi g
De Coquillage un certain nombre.
je n’en sortois jamais que le Ciel ne fût sombre;
Tant mon esprit rêveur m’emportoit loin de mpi.
Qxelquefois POnde revenuë ,
Me surprenoit en ce travail,
(Amenant à mes pieds la richesse menuë,
Dont nos bords fottuuez composent leur émail.
Coquillages chéris, quand la Mer sur PArene ,
Promenant à songré des flots impetueux ,
Qfelle étend et retire en les pliantsous eux ,‘
Vous laissoit aux graviers échapper avec peine‘ f
Ilsembloit qu’en ces mots toue bas vous mur
muriez , ‘
.1? lots cruels , disiez-vous , dont la rage fougueuse,‘
Vient de nous séparer de la Ro he amoureuse,
Avec qui nous étions tendrement mariez;
Hâtezg‘
Y
‘a.
FÉVRIER.‘ 173;)‘ l 28f
Hârczivous, hâtez-vous d’anéantir des restes ,
Désormais consacrez aux plus vives douleurs;
Vous avec commencé des Destins trop funcncg ,'
Mettez le comble a nos malheurs.
OEand on a perdu ce qu’on aime ,
La vie est un tourment extrême ,
Et le trépas a des douceurs.
E: vous , Rochers constans , prenez part aux eus‘,
trages , v .
Q1: nous ont fait les flots de jalousie émus ,
I Briscz-les sur vos coins aigus ,
Rendez-leur , chers Rochers, ravages‘ pour ra;
Vagcs , '
Yengez-rvous en vengeant les extrêmes dom;
mages, . .’
qge nous avons, hélas l infustement reçtîs.
Jouets des flots etdes Orages , l
Coquillages , calmez ce violent courroux ,
Nous. sommes mille fois plus â plaindre que vouse
Ce sont les hcureuxtMariages ,
Sur qui la Mort barbare aime à lancer ses coups.
Admirables trésors du transparant abîme ,
J] os destins des Mortels dcvroient être enviez ,
Qxoiquc tout comme eux vous perdiez ,
La substance qui vous anime,
yous conservez pourtant des attraits, de; bcautez,
De diverses proprietez,
E: des couleurs étinçclantcs ,
~ a.
‘s90 MERCURE DE FRANCE
Ouverts recherche "après , avec empressement , ' "
On_.vicnt' vous arracher aux vagues écumantcs ,
Et- même‘ vos morceaux sont gardez eherernenr.
Pour nous , quand sous nos corps nos amen
éclipsées ,
Par le mal destructeur en ont été chassées,
Et qu’Atropos nous met dans la liste des Morts 5
a Qxe reste-fil de nous alors? 7
mm, reste-t’il! grands Dieux! les terribles peu-î‘
' I
secs l
Tout mon sang en frcmit : plus däppas , pas un
trait . . .
La beauté qufltngendroit le souOEe de la vie; q
Et qui dmdorateurs était par tout suivie , ‘
N’est de soi tout au plus qu’un diforme Portrait,‘
On le craint , on Péloigne cr- ia tombe dévore,
Un amas corrompu que la Nature abhorre ,
Mais tirons le rideau sur des objets dkfïroi , l ‘
Dont Paspect fait pâlir le Berger et le Roy ;
Plaignez-vous. , soupirez , ‘Humains fonde-z eu
larmes.
Mais Ciel! mon oreille rflentend ,
Qic plaintes, que courroux , que murmures‘:
qirallarmcs ,
Tout l’Univers déclame et paroît mécontent, -
L
\
Et par sa plainte circulaire , u,
forme un Concert horrible à mon entendement.‘
Un Element est en colere , l
[Et se glaint d’uu autre Elcment;
t.
iLa
.2 uFËîWRÜI E R.‘ "i733. 1L9;
La Terre étant plusbasse ct moins en mouvement,
Est’de leurs fiers- discors la victime ordinaire.
Coquillages dorez sur le sable mouvant ,. p
Vous vous plaignez de Pondeiamcrc ,
IÉOnde à son tout se plaint des Rochers ct du
Vent ,
Le Vent du» prompt Eole . Eolc de" Ncptunc ,
Neptunc blâme lc Destin. p
Ijhunrtrtc à charge à lui-même , inquiet , i1”:
- certain ', ,_ . ,
‘Accusc a‘! chaque instant les Dieux et la Fortune,
Il croit que touesbppose à son moindre souhaig.
Le: Monde entier le blesse , il se fuit , il se hait , '
Vautour â lui-même il se ronge; .
I-l sernble qu’il s’y plaise et que sans cesse il songe,’
A creuser- dans. son coeur pour chercher des
chagrins. '
Etmoi , jüi‘ beau gémir pour mes bqoux marins;
Ma plainte est inutile et le voleur s’en moque , m
Gonsolons-notts , pourtant , docte ami, cher la‘:
Roque ,
Et. lc'Ciel7â jamais nous préserve tous deux‘,
’ De tout accident plus fâcheux.
â»
‘W
_ . . ' HUI,‘
r92 MERCURE DE ËR-ANCE
2:‘: âäââââââââàââèâââââââ
H U I T I FM E Letrre Écrire par
M. D. L. R. à M. le Marquis de B.
au sujet des VtllerÆOmn et de Ceuta.
E continue , Monsieur, dans la Lettre que je
me donne aujourd’hui Phonneur de vous écri
re , et je compte achever le Memoirc Historique
que j’ai commencé au sujet de la Ville de Ccura.
Nous avons laissé cette Ville sous la domination
des Maures; maisâla veille sÿêtr: conquise par
un Monarque Chrétiens il faut commencer par
vous rendre compte’ de cet Evcnemmt qui dol;
tenir un rang considerablc dans les Annales de
la Religion, ct dans les Révolutions du XV .
Siecle. . »
Jean I. Roy de Portugal , surnommé Pers de
la Patrie , eut cinq fils cle son Mariage avec Phi
lippc de Lancastrc; " sgavoir, Edouard, Pierre ,
Henri , Iean et Fernand. Quand les trois ainez
de ces Princes eurent atteint un certain âge , le
Roy , charmé de leurs belles qualitcr, pour les
faire entrer plus glorieusement dans la carricre de
la vertu militaire , résolut d: les armer lui-mê,
me Chevalier , avec toute la solemnité tftxigeoit
une telle Ceremonie. On en faisoit d je. les pré.
Paratifgqui mettoient tout le Royaume en mou
yement, lorsque le Grand-Trésorier de Portu
* Philippe de Lanmstre était fille de Iun , sur
i nomme’ le Grand , Du: de Lnntastre et de Blanche
sa prtmiere flamme , soeur d: Henry 1V. Roy alvin
gleterre.
gal,‘
"FÉVRIER. 1753: '15,
gäl, Chargé de faire les fonds de cette dépense ,
En: ïouver lc Royfi et qqmme borli trconomä,
0 rÿlttur , cxce eut inistrc , L11 tint un e
ces discours, tels qu’en a tenu long-temps après
en France un partait Ministre de votre Sang à
l’un de nos plus grands Rois.
îffindroit le plus pathétique de ce Discours,‘
et e mieux touché , fur de soiuenir que la dé
pense de cette Chevalerie serôit immense , et
qu’il en coûterait moins de prendre une Place su;
les Maures . ajoutant que PExpedition stroit plus
glorieuse ct plus utile a la Religion ,et a PEtat;
et ,qu’après un tel Exploit rien nkmpèchnoig
d’armer les Princes Çhevaliers, la Çércmonig
devenant alors, pour ainsi-dire , autorisée , jusoe
et plus convenable en toutes mameres.
Le Discours qui contenoit un avis si impop
tant, plut au Roy , et Pavis cl’attaqucr les Man...’
les a-yant été proposé au Conseil, il fut résolu
de leur enlever la Ville de _Ceuia , comme la.
Place qui étoir le plus a lat-bienséance des Por.‘
rugais , et qui pouvoir obuvrir le chemin â (Peu..
tres Conquêtes. On déli tra en même- temps que
l'entreprise serait tenuë secrette , et qu’en faisant
les préparatifs on publieront , pour amuser les
Maures , que PArmement regardoit le Duc de
Bretagne , contre qui la _Couronnc de Portugal
avoit en effet des prétentions , et on fit sçavoig’
secrerement 5 Cc Prince qu’il n’avoi-t rien à.
craindre. ' .
Tout étant prêt pour mettre âla voile,lc Roy
et les trois Princes ses Enfans , après s’être pré
parez par des Actes de Religion _, skmbarqucrenr
sur une Flore des mieux équipézs , laquelle vint
heureusement moäiller au Port de 134mm» , à
E POuesI v
’ a x
n
‘s
194. MERCURE DE FRANCE
_!‘0uest de Ceuta le 14. dhfloûflde Pannée 14.1 y.‘
Les Maures , malgré leur surprise , sbpposerent
une qu’ils purent â la descente , se deiïendireut
au-dehors et cri-dedans de la Place avec route la.
yaleut possible s mais enfin ils ne purent résiste:
â la bravoure des Portugais , animez par la pré
sence et par l'exemple du Roy et des Princes qui
se signalerent au-delâ de toute expression. La
Victoire et la Place leur demeurerent , et rien ne
parut plus juste que de faire au retour la Cére
monie proposée avant PExpedition de Ceuta, duë,
sans doute, avec son heureux succès, aux con
geils éclairez d'un sage Ministre. C’est ainsi que
Ceuta fut démembré du Royaume de Fez et de
la Province de Stabat , pour être unie à la
Couronne de Portugal.
Cette Couronne a toujours possedé cette Place.
malgré diverses tentatives des Maures pour la
reprendre , jusqu’en Pannée 1580. temps auquel
Philippe Il. Roy dflispagne, acheva de réduire
tout le Portugal sous son obéissance. Ce Prince
eut la précaution de mettre à Ceuta un Gouver
neur Espagnol . d cause de Pimportance de l:
Place , précaution dont les Espagnols scntirent
Putilité en Pannée 1640. lors de la Révolution
de Portugal , qui secoua le joug de PEspagne, et
se déclara pour la Maison de Bragance. Les Gou
verneurs Espagnols ayant toujours été continuez
à Ceuta , celui qui Pétoit alors se maintiut dans
son poste,et demeura fidele à son Maîtrqfidelité
* Quelques Historiens marquent que la R1); et le:
Princes jeûnerent rigoureusement ce jour I2 , veille
d: lïAssomptian de la sainte Vierge , et fumes ,
qu’il: ne mangera»: gritprè: l» réduction de le
Place, ..
p qui
FE VR I E R. I723. u;
qui a mérité cl’être confirmée pat le Traité d’e
un. fait entre les deux Couronnes , en vertu
duquel la Ville de Ceuta aété cedéc à PEspagne.
. Vous jugez bien , Monsieur quhprès la prise
de la Ville par le Roy jean , 1è Christianisme y
triomphe bien-tôt du Mahometisme. On établit
à Ceuta une principale Eghsc avec un College de
Chanoines , gsous le titre de Cathedraje , parce
qu’on forma un Evêché des Villes de Tanger et
dcCeuta,dont le nouvel Evêque devint Suffragant
de PArchcvêqvuc de Lisbonne. Au;ourd’hui que
‘l'ange: est retombé au pouvoir des Maures,après
avoir été possedé par les Anglais, et que Ceux:
est unideâ la lÏIonaËchIie tPEspagneC, on a cllungé
cette isposi Ion ccrcsiastxque. enta seu e est
érigée en Evêché sufîragant de PArchevêché de
Séviilc, et c’cst le Roy qui fournit les revenus de
PEvêque et de son Chapitre.
. Il est surprenant , au reste , qtfune Place aussi
importante par sa situation , aussi nécessaire au
Roy de Maroc et de Feu , Prince puissant , et
Étant les Buts so-nt d'une S1 vlalstëlérencâtèë , il âiäë
rs-je . surprenant qu une te e ace mem r
l'une Monarchie‘ Mahométanget qui lui est con
tiguë du côté du Levant , ait pu se maintenir jus?
‘ qxfâ présent sous la domination d'un Prince
Bhrélien , dont les Etats sont séparez par la Mer.
Il’ est‘ encore’ aussi surprenant uäpres un Siege‘
de plus elfe quarante années , es Maures soient
aussipeu avancez devant cette Place qua le pre
mier jour qnïls l’ont investie.
- Ce Siegc commença gPêtre formé en Pannée
169c‘. sous le Regne de Mouley-Ismaël, Roy
cle Maroc , &c. et sous le commandement de
l'Alcaïde Ali Ben Abdala , Gouverneur de Tano‘
getet de Tctuan. ce Commandant ,_après: une
a s E 1j‘ som-_
a .
il,‘ MERCURE DE FRANCE
sommation inutile de rendre la Place. campa
pautour , fit ouvrir la Tranchée et les autres dis.
positions convenables. Mais il fut bien-tôt dés
concerté par la valeur des Espagnols , qui firent‘ '
des sorties heureuses et tuctent beaucoup de
‘monde aux Ennemis. Ceux-cy tentcrcnt ensuite
de faire des Mines, puis Pesealade des murailles,
et enfin ils se contenter-eut de jettcr quelques
Bombes dans la Ville , le tout sans aucun succès.
Cependant les Lettres menaçantcs du Roy de
Maroç , tenaient toujours le General Ali devant
Ceuta, mais un nouveau Gouverneur Espagnol
de cette Place imagina un stratagème qui le. dé
concetta , et fit retirer PArtnée des Infidclcs.
Çomme il faisoit faire plusieurs sorties en un
même jour , â chaque sortie il habilloit différem
ment les mêmes Soldat-s , tantôt de rouge , tan-v
tôt de bleu , et tantôt de blanc. Rien ne décou-p
xageoit davantage les Maures , qui croyoicnt
avoir toujours a combattre contre des Troupes‘
fraîches; de sorte qwaprès avoir perdu bien du
monde ils abandonnerent enfin leurs Tranchécs
e; leyerent honteusement le Siege. ..
‘Je n’entrerai point , Monsieur, dans le détail
des autres entreprises des Maures contre la mêæ
me Ville qui ont suivi sous differcns Rcgnes et
sous differeus Generaux. Ce détail seroit immcns
se , Sicgcs , Blocus , Combats , Escarmouchcs‘,
ôte. toujours au clcsavantage des Infidelcs qui
ont continué de faire paroître une grande igno
rance dans l’Art Militaire , sur tout dans celui
däattaquerles Places , ct souvent beaucoupde lâ
cheté. Eusorte qu’a‘ moins d’une trahison :011
d’une surprise, il n’y a aucuneapparcnce que les
Maures reprennent jamais la Ville de Ccuta.
Lbccasion chine trahison s’es_t présentée dans
' 1.9.8
"FÉVRIER. 173g. 291
les derniers temps , et je crois , Monsieur, voul
en avoir touché quelque chose dans une de me: v
Lettres. Vous vous rappellez, sans doute , ce que
je vlous aêi marqué «ê: Pinlidélitâ de Riperdal, le
ue a r s avoir t Secretaire ’Etat uis i lus
Ëré dePlaxdi nité de Duc , “ quoiqwétraiiger , mit
le comble a ses trahisons , en prenant Panuéc
dernier: 1732.. des engagemens avec le Roy de
Maroc.et en embrassant le Mahometismc.
Presque dans le même temps les Alge
riens ayant perdu Oran et Marsalquibir , ils
envoyerent une Ambassade au Roy de Maroc,
pour lui demander des secours , celui, du moins,
d’une diversion en leut faveur , en redoublant ses
tflbrts pour enlever enfin la Ville de Ceuta aux
Espagnols. Un nouveau Siege de cette Place fut
aussi-tôt résolu , et le Roy Maure en donna le
commandement â Ali- Pacha, avec Riperda pou}:
Adjoint ê! pour Directeur du Siege. Celui-cy
romit eaucou ,et les lnfideles ne doutercne
{as du succès de iîenrrcprise.
Ils parut-eut cneffet bien-tôt â la vûë de Cent:
jusqu’au nombre de 7. ou 8000. hommes , au -
rapport de quel ues Esclaves fugitifs, avec de
PArtilltrie et prets à faire les dispositions du
Sicge. Mais le Gouverneur Espagnol ne leur don
na pas le temps de les commencer , par la vigou.
reuse sortie qu’il fit sur les Ennemis le matin du
17. Octobre dernier , sous le commandement de
D- Joseph d’Arambaru, Brigadier et Capitaine
des Gardes Espagnoles. 1
Les Maures Êurent attaquez et chargez avec
tant de valeur et tant de conduite , quüls furent
d’abord contraints dhbandonncr leurs postes et’
r.’ Ripmia est originaire de Hollande.
E iij‘ de
.'_;_';t 1...‘:
‘au! MERCURE DE mimes
de se retirer au Fort de leur Camp , où ils furent
poursuivis ctmis en déroute . le Pacha même
prenant la fuite. Enfin malgré quelque rvallimenc
et quelque résistance de la part des Maures, on
' combla toutes leurs tranchées , on détruisit leurs
Ouvrages , et on enleva quantité de munitions ,
sans compter les Prisonniers et quelques Eten
darts. La perte a été grande du côzé des lnfi-_
deles et peu considerable du côté des Espagnols.
C’est ainsi , Monsieur , que le Ciel a continué
de favoriser les pieux desseins et les Armes de
S. M. C. lesquelles ont glorieusement triomphé
presque eu même temps en deux dilïerens en
droits de P/llfrique ; car après cette action du l7.
Octobre devant Ceuta , la Garnison d’Oran eut ,
comme vous sçavez , le même succès et rempor
ta une pareille victoire contre les Maures qui en
avaient entrepris le Siege, dans les actions du
u. et du a}. du mois de Novembre. Les princi
paux Eteudarts des Maures pris devant les deux
Places furent dabord arborez dans le Palais
Royal de Séville , le Roy rüétant pas encore en
état de sortir de ses Appartemens , et après let
actions de graces particulieres reuduës dans la.
Chapelle du Palais , ces mêmes Eerndarts furent
déposez dans PEg-lise Métropolitaine, otl l’on
rendit al Dieu des actions de graoes plus solenn
nelles pour les deux victoires , ce qui a été pareil
lement executé par toute PEspagne.
yesperc, Monsieunque le retour du Printemps,
Popiiliâtteté des Maures et d’autres circonstances,
donneront lieu à de nouveaux évenemens , que la
protection du Ciel continuera de rendre favora
bles î la Chrétientéje ne manquerai pas «le vous
en rendre un fidele comptqen cas que vous soyez
absent deParisJäi Phonneux dîêtrgmonsieunôtc.
"Abri: la t5 Janvier 1753.
FÉVRIER‘. 1733. 2.99
ÆËLÆÆÆÆtÆSÙaÆzÉæÆÆâM
L'AMOUR ET LA JALOUSIE‘
Fable Allégoriqm. '
L A Jalousie un jour
S’e1itrctenant avec PAmour ,
Lui dit ; séparons-nous , mon fier: ;
On dit assez communément ,
(Æe l’on n’est jaloux qu’en aimant,
Et je veux prouver le contraire.
IRAmour toppe au marché 5 ce qui fat dit fa;
fait , '
Ils se guittetent l’un et l’autre
L’Amour en parut satisfait‘;
Il y gagnait le bon Apôtre ,
En cessant «Pêtrc tourmenté
Par l’af’îreusc_ frénésie
Q5 fait naître la jalousie ;
Mais celle-ci de son côté
Ne faisoit pas grande fortune
Chez ceux pour qui PAmour ti’avoit aueùll
appas g
Elle ne paraissait qu’à titre «Pimportunc
Ôù ce Dieu ne se trouvait pas; -
Or donc la Jalousie en personne yrudentt a
Revini à Cugidon g et ce fort î P‘°P°5 a n i .
. * E ‘iiij Cai
L
300M ERCURE DE FRANCE;
Car pendant qu’elle étoit absente
Il s’étoit endormi dans un trop long repos,
Lorsque la jalousie arrive , il se réveille,
Il est plus vif et plus dispos ,
Quand il a la puce à l’oreille.
Où trouver des ]aloux qui n’ayent point (Pat-j
mour P '
Je n’en sçais point; mais ai mon tour,
si je puis décider selon ma Fantaisie ,
Il est aussiÆort peu d’amours sans jalousie.
Perselier , de l4 FertÉ-xaus-Ïottare.
LETTRE écrite przrM. D. L. R. 2M.
AD. . . an sujet d’une Lampe Antique,‘
trouvée en Provmæ _, au mai: de j'aille:
dernier.
Ous. m’avez fait, Monsieur , beau-Ï
V coup de plaisir en m’envoïant, avec
une de vos Lettres, dattée de Marseille ,
le 4. Août, le desseinde votre Exçon d'une
Lampe Antique , trouvée depuispeu par
un Païsan , dans le Territoire de la Ville
d’Apt , auprès du Village de Casemate/e;
Ce Monument que vous me marquez être
de la grandeur du Dessein , et qui reprêa
sente un pied, couvert d'une simple Sari
Ï dale,
F E VR I E R; 173;". 3o!»
dale‘, avec quelques ornemens aux Cour
çoyes,8cc. a cinq à six pouces de longueur,
depuis le Talon jusqu'à. l’autre extrémi
té du pied , d’où sort une espece de Bec _,
- que vous appcllez Corne d’abondance,pat
lequel on versoit de PI-Iuile dans la Lam
pe , et où Pou mettoit la Méche.Au dessus
‘ du cou du pied , terminé par un Orle ,
en maniere de petites perles, s’élcve une
espece de petit Rochetgsur lequel est assis
un Enfant nud et ailé, qui semble pieu‘
rer et tenir quelque chose dans ses mains.
Le tout fait une hauteur d’environ trois
' pouces. Je n’oublie pas l’Anse qui déborde
au delà de la longueur du pied , du côté -
du Talon, ayantà son extrémité un An
neau.Il y a un autre Anneau au commen
cement du gros doigt du pied , et voilà,
je crois, une Description exacte de ce
Monument. .
_ Vous me marquez , Monsieur, que
l’Enfanr aîlé a les ailes et un brasselee
därgent, et que le Pied qui forme la
Lampe a les ongles , et’ les petits Orneà
mens des Courroyes aussi därgent. Vous
ajoûtez que la Lampe est de Métail de
Corinthe, parfaitement bien conservée.
Ces circonstances son a curieuses et re
‘marquables.
Pour ce qui est de l'explication conte
E v nuef
\
302. ME ‘RC U-RE DE FR ÀNCE
nue‘ dans votre Lettre , qui fait de cette
Lampe le Pied de Vanus , qu’en pendoit ,'
ajaurcz — vous, par les üeux Anneaux dans
le Temple de cette Déesse, en prenant
PEnÈÂanr aîle’ pour l’Amour,er par les au‘
tres convenances que vous trouvez. Cette
Explication , dis- je, me paroît ingénieug
se, fortifiée même par la figure du Ro
chegsur lequel l’Amour prétendu est assis",
Venus, érant , comme vous le sçàvcz, née
dans le sein de la Mer, ôcc. Mais à vous
arler sincerement , je ne trouve rien de
Eien plausible dans cette Explication, qui
est , selon moi _, toute coniccturale. '
(Le: que vous me marquez dans une sen‘
coñlîe Letrre plus réfléchie _, du premier
de ce moigprouverce que je viensde dire.
Cela prouve aussi , Monsieur , que vous
xfêres pas de ces Curieux entête: qui ne
démorclenr jamais de leur premier sentl
ment. Vous me dires qu’il vous est venu;
une autre pensée sur ce Monument antio
que et que des amis connoisseurs l'ont
trouvée. plus plausible vque la premiere.
C’est icy‘, continuez-vous , le pied de
Psyché plutôt que celui de Venus. Une ‘
Lampe fut fatale ‘ Psychélaussi-bien qu'à
PAmour , représ té sur la nôtre , faisam:
une triste figure; ce qui explique assez ,'
dires-vous , la penséequi vous est venuë,
ÜCC. P51":
FE VRIER. 1733.. 3o;
‘u Permettez-moi dïêtre encore un peu.
incrédule sur cette nouvelle explication ,
_ cndonnant à votre sincérité toute la loüans
ge quelle mérite , lorsque dans le même
temps vous convenez q_ue dénué. de preu
ves et däutoritez vous laissez aux Anti
quaires la gloire de deviner cette Enigme ,
srden est une. ‘ A _
Je dis, si c’en est une , car il y a longs-î
temps que je suis persuadé que les Ous
vricrs de PAnriquiIé, en fabriquant la plû:
fait des Morceaux qui nous restent de
> eurfaçon _, n'ont le plus souvent suivi
que leur caprice ou leur goût particulier;
celui quelquefois des personnes qui les
leur comma-ndoient, sans ÿembartasser
(le la Mythologie , sans y entendre , dis
je , d’autte finesse. Si ma proposition est
«vraie en generahoti a beaucoup dégards,
je crois qu’on peut Pappliquer particulie
menr à lafabrique des Lampes; c'est en
effet de tous les Monumens Antiques ce
lui dont on a découvert un plus grand
.nombre,ct dont on ale plus varié la.
forme et les ornemensVous pouvez,Mon
sieur , vous en convaincre , en Par-cou.
Jan: le vLivæeentier de F. Liceti , sur les
lampes desAneiens et les différcns Ouvraa
.ges des Antiquaires qui ont écrit depuis
. iceti _, à la tête desquels il faut mettre le
. E vj beau
504. MERCURE DE FRANCE.‘
beau et vaste Recueil du R. P. de Mont-j
faucon.
_ Les Lampes tiennent un rang consldéa
table dms le Recueil _, et occupent en I2
Cha itres tout le second Livre de la se
con e Partie du 5° tome. On y en voit de
‘tres-singulieres et de rres bizares , comme
le sont celles des 3 premiers Chapitres ,
‘routes la plûpartde pur caprice. Les plus
‘belles , les plus chargées dbmemens , et
qui paroissenr manifestement symboli
ques , et appartenir à la Mythologie ,ou.
aux Coutumes du Pagnanisme, se trou
vent dans les Chapitres suivans. Touttcc
ue le Sçavant Auteur dit des unes et
des autres est fort sensé et fort instructif.
Il s'en faut bien qu’il n’adopte toutes les
îdêes et toutes les conjectures de Licetiv,
et de quelques autres Antiquaires sur ce
sujet. ,
Une Planche cnticre , c’est la 148. con-L
tient quatre Lampes en forme cle Pied et
de Sandale,comme la vôtre, avec quelque
petite difiercnce cntt’elles pour l'es orne;
mens. La 5° est la plus remarquable, à '
cause de la Semele de la Sandale, gravée
séparément , qui est toute couverte de têu
tes de clous. La 4‘, a pour Anse un Set:
peut entortillé , et differe un peu des auæ‘
tres et de la vôtre dans la forme. Une-au
I“?
FEVRIE R. 173;; 3o;
tre Lampe représentée ’dans la Planche
däprès, dont l'original est dans le Cabi
net du Duc depMédina-Celi , est toute
semblable à la vôtre; pareil Pied , pareil’
le Sandale, mêmes dimensions. De plus ‘,‘
il y a,comme sur la vôtre, un Enfant ailé
élevé au dessus du TalomCet Enfant tient
d'une main un Oyseau, et de l’autre,quel
que chose qu’on ne sçauroit discerner.
L’Enfant de votre Lampe paroît aussi
tenir quelque chose. ‘Si vous a-vitz pris
garde à la Semele de la vôtre , vous y
auriez peut-être vû audessous les mêmes
curieux ornemens qui sont sur celle de
Meditia-Celi , que le Graveur a représen
tée séparément. Je dis le dessous de la.
Semele , dans la même Planche.
- — Je puis ajouter une sixième Lampe de
meme forme , de même fabrique , de
même métal , en un mogtoute semblable
à la vôtre , que le R. P. de Montfaucon
m’a montrée dans son Cabinet , et qui‘
lui est venuë depuis Pimpression de son
.Ouvrage , comme il lui arrive tous les
jours des Monumens d’Anriquité de toua
te cspece.
Mais , me direz-vous , dans ce grand
nombre. de Lampes rapportées et repré
sentées dans cet Ouvrage,n’en trouve-fion
poing quelqtüune qui paroisse manifeste
ment
305 M ERCURE DE FRANCE.‘
ment avoir été consacrée à Venus , ‘ou à
l’A mour i Oüi, Monsieur, il s'en trouve;
mais ce n’est aucune de celles qui ressemo,
blentâla vôtre. Les Planches r70. et r72.
du même Livre , en présentent deux con
sacrées à Venus par des Symboles qu’on
ne sçauroit méconnoître. La premiere a
la forme d’une Colombe , Oyseau’ favori
de cette Déesse , qu’elle portait à la main,
qu’elle attachait à son Char , Bec. La se
conde dont la forme est assez singuliere ,
orte au lieu de Symboles , Plmage mêmg
3e Venus en relief avec fort peu de Dra
perie, ôcc. Deux autres Lampes ' gravées
dans les mêmes Planches appartiennent
visiblement à Cupidon. Sur l’une , outre
ses ailes , il est désigné par son flambeau
allumé qu’il rient à la main , et sur l'au
tre il tient dune main un Bouclier , et
porte l'autre main sur une cotte d'ar
mes , ayant désarmé Mars , 86C. comme
le dit Lucrece , SCC. sans parler de deux
autres Lampes aussi curieuses ; l’une de _
Cupidon Marin , et Paurrd de Cupidon et
Psyché ensemble qui ÿembrassent, Plan
che 161. du même Vol. aiisquclles on
eut joindre par Analogie une très
äelle Lampe des trois Graces, Planche
x7-r. »
Au reste, Monsieur ,.un Enfant nud
repré:
' F EEV K I E R". 173;. 507
le ésenté avec des ailes’, accompagné
meme de quelques Symboles , sur des‘
'- Monumens Antiquesme signifie pas tou
jours Cupidon ou lflmour _, comme je
l'ai déja insinué. La preuve de cette ve
tité me meneroit trop loin , et ma Lettre
est déja assez longue asoulîrés que je vous
tcnvoye pour cela à une pareille figure
‘cPEnfant ailé, qui est sur ‘un Monument
Antique de Bronze découvert dans ‘la
Basse Normanelie , du tems que j'y séjour
nois ,_ et que j'ai donné gravée avec le
Monument entier dans le Journal de
Trevoux, du mois de Sept. I7 t 3.p.r5;(‘;
- - Cet Enfant , qui tient d’une main une
Bourse, et de Panne un Oyseau ar le
col, n’est pas C-upiclon -, malgré i ‘ingél
ïnieuse explication qu’en a prétendu faire
l’Auteur du Journal , qui assûre que PE
‘nigme de vcer Enfant n’cst pas diflicile à
deviner. Voyez pouten juger ce qui est
-dit dans le même Journal (Octobre i714.
‘pag. i778.) et surtout la Citation d’un'e
Médaille de Lucille, fille de Marc-Ana
‘rele’, rapportée dans le Salccriora Numis
wma de Vaillant , où l’on voit deux En
fans nudset aîlez, semblables à celuidont
il est question dans leMonument de Not
mandie , et qui ne sont assûtément pas
‘Primeur. Voyez aussi la'Figure ailée’;
. - gravee
":138" MERCURE D E FRANCE
gravée dans le même Journal ( Juillet
1 7 r5. p.r96o.) du Cabinet de M. Rigotd,
qui accompagne une Lettre de ce Sça
vant. Vous y verrez que si c’est l’Amour,
ce qui est assez équivoque , ce n’est pas
l’Amour tout seul , puisque , selon M. R.‘
c’est en même-tcms Harpocrate , M iner
ve, la Déesse de la Santé, celle de l’A- '
bondance , la Fermeté , la Pudeur , et le
Dieu Orus , rcïæst-à-dire , dans le langa
ge des Antiquaires ,/ une Figure Pan
thée. r
' Je vous cite,au teste,un Livre ( Îe Jour-î
ml de Trévaux) que je crois familier dans
‘votre Ville , car vous me surprenez beau- -
coup en disant que le seul Livre que vous
y avez trouvé pour; chercher quelque lu
miere au sujet de votre Lampe , est le
Trésor de Brandebmg , ou la Description
‘des Antiquitez du Cabinet du Roi de
Prusse , par Beger, dans lequel encore
vous n'avez rien appris à cet égard.
'C’est aussi par cette raison que je me suis
_un peu étendu pour vous procurer les
Aéclaircissemens qu’il me paroît que vous
cherchez de bonne foi , et sans attache-j
ment à votre opinion particuliere.
_ J’ai oublié de vous dire au sujet des
Enfins ailezt, pris communément pour
l’Amour quand on les trouve sur des M01
.9
x 11D;
î FEVRIER. 173;.‘ — 3o";
numensAntiques , que dans le Recüeil
des Lampes de Liceti il s’en trouve une
assez singuliere , faire en forme de Cali
ce , et soutenuë par trois Garçons aîlez ,
qui ne sont pas plus l’Amour que les au
tres figures ailées dont je viens de‘ parler‘.
Liceti leur donne en eflet une autre si
gnification , les expliquant par les trois
‘temps , le présent , le passé , le futur ,
explication gratuite et toute idéale , re
furée par le Pere de Monrfaucon , qui
seroit avec raison que cc n’est là qu'un
pur caprice d'ouvrier 2 mais on pourroic
demander pourquoi dans cette supposi
tion , il a néanmoins placé cette Lampe
parmi celles qui dans son Livre a par
tiennent à la Mithologie et aux ivers
iusages du Paganisme. On la trouve en ef
fet ence rang dans la même Planche 17cv.
ci-devant citée , 8Ce.
Je reviens à la Lettre de M. Rigotd
dont j'ai parlé plus haut , pour finir la
mienne par une refléxion qui y est conte
nuë, et qui vient ici naturellement. n Le
s: Métier d’un Antiquaire seroit , dit-il ,'
n bien pénible , si parce qu’il est Anti
n quaire , on vouloir Pobliger de donner
n raison de certains desseins que‘ l'On
n vrier a Faits sans raison , et par caprice.‘
Il avoit dit un peu auparavant qu’en
‘ - ces;
fgxolh/IERCURE DE FRANCE‘
7* certain cas I’Ouvtier pouvoir, comme
non fait aujourd’hui , suivre son capri
2: ce , et par là préparer des tortures aux
n Antiquaires à venir. Je m’en tiens à
cette pensée d'un homme éclairé qui avoit
vieilli dans l'étude des Antiques , et con
forme en cela au sentiment des plus ha:
«biles.
Continuez-moi cependant, Monsieur ,‘
votre obligeante attention , en me faisant
part de tout ce que vous pourrez décou
vrir de remarquable en ce genre , en pre
nant la peine de les dessiner vous-meme
avec cette précision et ce goût qui vous
sontnature
de Marbre trouvées dans le même Terri
otoire que votre Lampe , transportées â Pa
ris , et dont il est parle’ dans le Mercure
d’Août dernier , p. 1809. ont enfin trou
vé maître. J’ai toujours passionnément
‘souhaitté qu’un pareil Trésor pût rester
ici , mais jäpprens avec chagrin que ces
rares Monumens de la plus belle Anti
quité vont passer la Mer sans retour. Je
suis , &c.
A Paris, l: i5 Saptemârz x73 z.
Les
. Les belles Figures Antiques _
7‘ FÉVRIER n”.3fl
Les mots des Logogrywpbes du Met:
cure de Janvier sont , Potage , Orange ,
Fourmi, Lin. "V i‘
ëëëä-äëëääëäëëëëëäëëää
E N 1 G M E.
:4
l Aimable objet qui calmez mes chagrins}
Q: j'aime à voir le feu qui vous anime ,
Vous n’avez point le delîaut des Humains;
‘ Plus on vous voit vieillir "et plus on vous estime.
On ne vous a pas fait, hclas! pour plaire aux
yeux ,
Votre corps est menuhlong , ayant une tête ,
QIÎ près de lui paroi: un être mgnstrueux ;’
Et cependant combien viennent vous faire fête,‘
Et rencontrent en vous un remede â leurs maux!
Le Sexe vous fuit , vous évite; i
Mais Phomme connaît mieux vos biens toujours
nouveaux ,
Il vous aime , il vous cherche, avec peine iPvouI
quitte.
Moins heureux que nous en ce cas ,A . ' d,
Nos percs , il est vrai, ne vous eonnoissoietlt
pas .- _
Vous n'en" êtes que plus aimable ,
It votre nouveauté n’a rien que (Pagréable.
Il
ÿous avez le detïaut d’une jeune pucelle,
Vous êtes fragile comme elle ,
Yous vous perdez par le moindre faux-par.‘
AUTRE ENIGÂJE.
JE suis petit de ma nature , ,
It puis faire souvent souffrir les plus puissantsä‘
ÿaunoncc toujours le doux temps;
On me perd quand vient la froidure;
Comme PAmour je porte un dard.
Cari fait souvent mainte blessure;
[e fais trembler Philis ; mais enfin tôt ou tard,‘
Un cruel ennemi qui vit de brigandage ,
Me tend un picgc, hélas .' j’y trouve mon nauä;
frage. "‘ '
xwxaæætaæseaææesxætmætszäzxsæaæxxæe
L Û G O G R T1’ H E.
t
Ne Lettre de PAlphabet ,
. i Qziscra trois fois repetée ,
Lecteur , fiéclaircira le fait, V
mi , pour me dévoiler occupe ta pensée.
' si cct abrcgé te déplaît , .
Et si tu crains un stratagème, -
Preux six Lettres c’cst tout de même, .«
.. e il
PI
FÉVRIER. 1733.
37!
si ce n'est qu’a‘ ton choix , je serai ville alors.
_ Ma tête à bas , j’cntreticns Populence ,
Et PAvare par moi peut grossir ses trésors; in?‘
si tu rogne: encor , j’exerce la science '
De Pindusrrieux jardinier.
Mon tout remis en son entier ,
Ote mon col, dans {Ion me voitntliesl‘eCahuaCmupersrdieerBc,llonns' l
P31‘ 1,35 SCÇQIIISque je ‘lui donne ,
En cet état retranche mon milieu,
E! puis garde moi bien, car si je fabandonnle;
Sans retour je te dis adieu.
AUTRE LOGOGR TPHE.
D
JE suis un composé que l’Art et la Nature,
Pour la jeune Clotis {ont servir de parure;
Ainsi qu’elle a Pen-vi, mille jeunes Beaurez ,
Disent que je dispute au Soleil ses clartez 5
Ce n’cst trop me vanter,» mais entrons en mariere‘,
Sept Lettres font mon tout, t. 2.- 1- substantif,
Du reste séparé, laisse un infinitif, , : .
Qu’on redoute parfois, Pautre est très necessaire, i
Le dernier transposé ravit par sa douceur ,
I: charme assez souvent le plus mélancholique ,
7. et 6. est un ton connu dans la Musique a '
z. a. r. des Vaisseaux peut causer le malheur,
1,, 1. 7. joignez 6. fameux dans PEcriture,
D: deux Chefs révolte: je partageai le sol!»
je
‘p4. MERCURE’ DE FRÏANCE
j, 5, 7. s. le feu prèsdt moLme fait tort;
Ma couleur se confond, c’est fait de m: figure ,
ÿ. je suis un bien recherché , précieux , i
l, 5:5, 3, pou; moi, Moi-tels, quittez le-Montle , ï"
5. 3. dqeiparois et domine sur POndc, '
x. 3. 6 fiez-moi c: que vous aimez mieux ,
e. s. 5. 3. sans moi verrait-on la lumiere?
3. g‘. s. malheurs‘: qui me court en vain , V
7. z- g, réunis forment un Souverain;
puis paix, Àiu quelqifun , vous gâtÇz le mysæ‘,
tcfe, - î
‘ ' L. H. D.,
‘s.
f. Ü‘
tumemeærsmaæime
NOUVELLES“ ‘Lirrrziænmsiîs
on; BEAUX ARTS,&c.
HISTOIRE ROMAINE. Les Emä '
pereurs. Jules-Cesar , avec des Noé
tes Historique-s , Géographiques et Cri;
tiquess des Gravûrrs en taille douce ,
des Cartes Géographiques, et plusieurs
Médailles autentiques; Par les PP. Cau
trou et Roüillé, de la Compagnie de
Jesus , Tome 17. depuis Pari“ de Roma
7o 5e. jusqu'à l'an 7re, Chez, Jarq. Rallier ,
Ojay des Augustingllelapine,‘ pere et
fils, et Cagnard, fils, ruëiS. Jacques ,-_
5732. in 4. ' '
FÉVRIER. 1735.’ 313
TRAITE’ mas TUMEURS CONTRE
N A 1' u R 1-; , par M. Deidier, Conseiller
Médecin du Roy , Chevalier de son Or
dre de S.Michel , Professeur Royal de
Chimie en l’Universiré de Montpellier ,
Associé à l’Académie Royale des Scien-Â
ces d’Angleterre , Médecin Consultant
de la Ville de Montpellier , et premier
iMedecin des Galeres de France. Cinquié.
me Edition , augmentée d’une'Disserta..
tion préliminaire sur la Chirurgie-Prasfi
' ti ne, et de plusieurs Consultations et
O servations Chirurgicales du même
Auteur , avec un Discours Académiques‘
sur la Contagion de "la Peste de Mare
seille. A Pari: , chez. âfHû/JÏ?’ mi S . 8;
11mn , 1732., m-lz, de 359.. pages.
Lr-zrrnrs PHILOSO?HIQ_U!S,Sc-Ï
rieuses et Amusantes. Au P4141‘: , chez,
Saugrmn, 4 ‘la Providence, 1753, in u,
L: ROMAN Communs, mis en,
Vers par M. le Tellier JÎOrz/illicrs. Rue
de la Bouclcrie, chez Clariuopbg Drain!‘
173.3. 3.. vol. in n,
Meuomss ors LA COUR xYEsr-AGN-r g,
depuis. Pannée :579. }usqu’en 168x. où
l’on verra les Mimsteres de Don Jean;
Ç!
3x5 MERCURE DE FRANCE
et du Duc de Médina Celi , et diç‘
verses choscsconcernant la Monarchie
Espagnole. A Pari: , chez, Frflnfai‘
Jarre, ruë S. Jacques, i753. in i2, dç
371. pages.
Z A ‘i’ R E , Tragédie , représentée â
Paris aux mois d’Aous-t, Novembre e;
Decembre i732. A Roüen, :1222. fore,
et se vend à Paris, chez}. B. Bnuche,
Qgay de: Augustinr, 1753. in 12. pria;
24,. sols, '
HISTOIRE m: DANNEMARC, ‘avant e:
depuis Pétablissement de la Monarchie :
ar M. J. B. Desrac/laer et Avocat GenerJaesl, dEucuyReory-CoTn.scCihl,.
au Bureau des Finances _et Chambre du
Domaine de la Generalité de la Rochelle, ‘
Nouvelle Ealition , revûë et corrigée su;
c o \
FEdit-ion (PI-Iollande, a laquelle on a
J"oint la sui' te de la mêmeH'isto'ire j"us
qu’en l’année i7 3e. A P4711, chez. le;
Freres Barlzou , me S. Jacques. i732,
3. volumes m i2,
SENTXMENS n’a); HoMMr m: Gurnne,‘
sur _le nouveau Système du Chevalier de.‘
Folard , par rapport à la Colomne et au,‘
gué-lange des diffcrentes Armes d’une Ar
î) niée.
FEVRIER. 173;.‘ 3x7
inée. Avec une Dissertation sur Perdre
de Bataille de Cesar et-‘de Pompée, à la.
Journée de Pharsale. Par M. D.. . . A
Turf: , ghez. Gdndouin , Qfiay des Augus
tm: , 17 3 z. if: 4.
‘r ‘M E ‘r H r5 D r. pour apprendre POrtho-ä
graphe et la Langue Françoise sans sçag
voir leiLatin,avec la Clef et les Thê
‘mes tout préparez pour Penseigner. Troi
sîéme Edition, revûë, corrigée et mise
dans un nouvel ordre. Par M. JAcqmsR ,
1. vol. in 8.‘ A Paris, chez. le Clerc,‘ le
Gras , Roéuml , et la Veuve Pissat,
M ncc XXXIII.‘ p. 392. Le prix est
de quatre livres re ié. n!
Nous ne répeterons rien ici sur le mé
rite de cet Ouvrage, que nous appre
nons avoi-r eu l’Approbation de plusieurs
Connoisseurs , et dont la pratique a déja.
été et est encore utile à beaucoupde
Persopnes. L’Auteur ne pouvoiumieux
marquer sa reconnoissance envers le Pu
blic, qu'en lui présentant cette troisiè
me Edition , dans laquelle il n’a rien
oublié pour rendre son Livre encore
plus clair et plus. utile à ceux qui ju
Lgetont à propos de s’en servir.
“ TRAtxn’ saris-Magie , le Sortilége, les
ï“ - F Pos
gtS MERCURE m; FRANCE
v
Possessions , Obsessions et Maléfices,'où
p. l’on en démontre-la vérité et le}. réalité;
‘avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens ,.&c. Ou.
vrage rrèsvutile aux Ecclésiastiques,aux
Màdecinsgee aux Juges. Par M. D.'do
304 pag-{sans l’Avertissefl1cnB,-les Préfet.
ces ct les Edits qui sont à la fin. -
. L’Auteu-r de CCt Ouvrageentre en ma.
ticre dès la Préface; ilycombar les prin, .
cipaux Argumens de ses Advcrsaires , ce
tâche de leur inspirer desldisposltions
plus favorables en plus judicieuses sur ces
importantes met-tigres. On y nrouvc par
‘tout un grand fond de Religion , et l’on
Voir que c’est- moi-us pour amener les au
tresà son- sentiment, que pour la. gloire
de Dieu et l'utilité de Hîglise qu’il a en
trepris cec Ouvrage. Depuis la page I7 de
sa Préface iusqsfà la fin. L’Auteur prend
un moïen bien eflîcace pour toucher les
Ecclesiast-iques ou même les Juges , c:
pour les porter à ne pasrestcr dans une
xranquillité dangereuse , fondez sur la
persuarion où ils sont, qu’il n’y a ni Sor...
tilége , ni Pacte, ni Maléfice. fill emplois
le reste de la. Préface à combattre et à dé
truire une confiance si préjudiciable au.
tprochain, et si dangereuse là celui-là mê
- . me
\
" ' FïE V R‘! 154R. 173;‘; 3:19
.
.
me quidemeure par là dans une inaction
evolonraire ,'er;qui de Âaeur de se-‘croioe v
exclus du Catalogue. es beaux Esprits,
aime mieux exposer ceux qui seroienr
' réellement attaquez de ces Fléau x,à être les
—ttistes et malheureuses victimes de la ra
ge du Démon, que de se donner» laïpeinc
oezl-ïaxaminer avec attention et sans préju
gez, dans un esprit de charité et dansune
disposition telle qu’il voudroit qu’on eût
»Pour lui en pareil cas, la nature de ces
-n1alaklies dont il entend parler , et qu’on
me lui présente que trop souvent. Mais
«seront-ils excusables aujour des vangean
tees . s’écrie notre Auteur , lorsque le Sou
‘verain Juge leur demandera compte (le
_ leur administration , et que ceux qui
‘avoient été presentés à leurs soins , c:
quïls avoient négligez , leurrepresente
iront les maux incroïables, les tentations
.et les fureurs ausquelles ils ont été‘ aban
«donnés pendant des années réitérées par
:la. faute des Ministres ?SuHira—r-il de dire, '
-je ne cro'1'ois pas u’il y en eut, je rçgar.
;dois cela‘ comme es Fables, et je regar.
dois ceux qu'on nÿamcnoir comme des
Comédiens interessezger quand bien‘
îmême il n’y en auroir pas , ne seroîpcc
zpas ,'— conrinuë-t-il , une prévarïcntion
dans le Minisoere, et un. péché contre la
-- i‘ _ _ F i1 cha.
égac .ME,RCURE DE» FRANCE
Charité chrétienneide ne pas examiner et
de s’endormir lei-dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon. v a ‘
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L’Aureur pour la prouver apg‘
qworte des Passages tres-forrnels de Pan
_cien Testament; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant, comme ont fait quel
quçs-uns , qu’en cela l’Ecrirure s’accom—
mode à nos préjugez, puisque le Sei
gneur defiend à son Peuple de souffrira
vdansson sein aucunsMagiciemaucun De?
s-vin et aucun Enchanteur, puisqu'il dé
_clare qu’il cxrerminera du milieu de son
Peuple dans son indignation,icelui qui
aura rccours aux Magiciens , et qui liera.
commerce avec eux. Le terme Latin est
remarquable , et fàmiaatn fueriz( anima )
pum sis. Enfiigpuisqiüil y réprouve _, qu’il
y. anathématise les Enchanteurs et les
.Dc\iins. Or il faudroit dire que routes
ces Déclarations de la yolonré de Dieu et
‘de sa haine , sont des déclarations illusoi
res e: fondées sur nos prêjugez , ce qui
seroit horrible à penser. L’Auteur passe
à une autre preuve, qu’il tire des Rituels.‘
‘Il fait voir que FEglise a toujours crû
qu’il y avoit des Maléfiées, (et qu’elle s’esc
toujours regardée comme joiiissant du
'/ P9111:
ËEVR IÉRE IYI7;;Ç "' 3:!
pouvoir qu’elle a reçu de Jésus-Christ.
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies. A
Lappersuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier lest
Egyptiens, du temps de Moïse , qu’ils
prenoîent pour un Enchanteur , fournit.
à notre Auteur un autre genre de preuve
tres-puissant et tres efficace. Commenq.
dit-il, se seroit-il pu faire que tant de
Peuples ,_ si-"bien policez , si entendus.
dans les connaissances desSciences hum
maines , etvgo-uvernez- par de si grands‘,
génies , se soient abusez unanimement sur’
ce point , sans jamais avoir eu l’occasion
de se dérromper, sans qu'aucun l’ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaig
nes en. sont une preuve; -la rigueur des.
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi,sonrenuës en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ;'-la manicre dont on a procédé’
contfleux, l’aveu que presque tous-en ont
fait, sans se rerracter 3 plusieurs Faits
dont quelques-uns sont constatez , d’au—-.
tres tres-vraisemblables; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves,
plus fortes les unes que les autres.
_L’Auteur insiste davantage sur la con
duire de l’Eglise à l'égard des Maléficiers ,
. " ' F iij des
32:2; MERCURE DE FRÀ NCE
des Devins , des Enchanteurs, «Sec. elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints par les Maléficesaélle pro
pose des examens dans lesquels elle spé
cifie les différentes sortes de crimes que
les Maléfices ‘renferment. Peut- on rien
trouver de mieux appuyé? A A
‘On trouve ensuite un Extrait du Traité
«Üla Police, de M.de Lamatrejl". i. PAu-î
teur en expose tout le Titre 7. ui traite
des Magiciens, des Sorciers , es Devi.-—
rieurs et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l’Asttologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différen
tes cspeces.‘ M. de Lamarre prouve‘ dans‘
le second Chapitre que ces Arts ont été
cbndamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreur, etx
les ont punis du dernier supplice. Le 3"’
chap. traite des Loix de l'Église ‘et des‘
Princes temporels contre‘ la Magie et
lflstrofogie judiciaire , depuis la naissan—
ce du Christianisme. Le 4° est'un Re
ciîeil d’Ordonnances de nos Rois , con-.
tre la Magie, l’Astrologie judicaire , 86C.
depuis Pétablissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux,par des traits
d‘Histoire , rapporte: dans S. Grégoire
1c
"ÏÏEÎÏRÏMËR. I732.‘ 32; ‘
le Grand, et dans S. Chrysosrome , par
le témoignage d’un tres Jgrand nombre
d’Auteurs dignes (le Foyænfin par des Dé
crets de la Faculté de Théologie de Paris
et de Plnquisition. . .
Le secondLivre traite des Posscssions ,-,
Obsessions et Maléficès. Il y est cepcm.
dant fort peu parlé de cette dernlere sorte
gde maladie, qui regarde davantage le
Livre précédenti on en prouve la réalité
par des Textu formels du Nouveau Tes-l
tamengdont on ne peut décliner le poicls
ïni éluder l'autorité; il y joint quelques
Commentateurs de l’Evangile , qui sup;
posent toujours fondez sur ces Passages
de l’Ecr*iture, la réalité de ces Maladies.
Maigcommc ce n’est point assez de prou
verquïl yen ait ‘eu pendant -la vie de
Jesus-Christ, si l’on ne montre que les
Possessîons ont encore duré _aprês sa,
Mort; ilpronve par les Actes des Apôg
tres , qu’ils en ont guéri plusieurs de
dilïcreiutes cspeces, endiflcrens Païs. Il l.
montre par le pouvoir que Jesus-Christ
leur a donné, et à PEglise en leur per
sonne, de chasser les Démons en son
‘nom; promesse illusoire, pouvoir faux
et trompeur ,» si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voit
parla persuasion "où l’Eg1ise {toujours
F m,‘ été
'324 MER CURE DE FRANCE
été qu’elle joüissoit du Privilege- de chas-ï
ser les Démons , par sa pratique , dans la‘
Bénédiction cle Peau, des Cloches, des _
Maisons, des Ornemens qui lui appar
tiennent , par ses Rituels , ses. Canons
même et ses Amathêmesll le faitvoir par
Pétablissement de l'Ordre d’exorciser,par
les Regles que l'Église y impose , pas
les conseils et les moyens qu’elle veut
qu’en observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
lîossedez. i _
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Grcgoîre Pape,dc S.Tho
mas , d’Y.ves de Chat-tires, de Guillaume
de Paris. L’_Auteur le montre aussi par un
Extrait des Canons Pénitenciaux, tiré
des Instructions de S. Charles aux Con“
fesseuts , imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l’Exrrait d’un Ou
grage tres-curieux , de Paul du Bé , Doc- j
teut en Médecine, qui fut approuvé en
1671,. par M" Puylon ,' Doyen de la Fa
culté de Paris, Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne; ce:
Extrait est considérable par les recher
ches et les raisonnemens solides de cet an
cien et sçavant. Médecin sil faut le voie
‘ ‘ dans
iF EVR I E R. 173;.‘ 5L;
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrom
puës par d'autres preuves de fait; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon ,&c. Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Il
lu-srres plat leur scienceet parâctifr piété ,
ou ar es Voia eurs di nes e oy. Mais
quelque vraies âne‘ puisîenr être ces Re
lations ,'on ne se fonde pas de même sur.
elles‘, pour en faire d.es preuves sans re-l
li ue. -
PLîAuteun passe enfin aux diH-icultez
qiÿonobieclte dbrdinaire , et il suppli
que a les resoudredepuis la page 265..
jusqiÿà la fin de son Livre.
. On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de —re'ch'erch.es. et d’êrudition , de zèle et
de charité; il y-faudroit peu-être un peu
plus de méthode ,d’ordre et de choix.
dans les- preuves , plus (l'instance sur cel
les qui sont graves et puissantes , et un:
srile plus châtié. Au reste , c'est un Ou
vrage que tout Ecclesiastique principa
lement doit avoir, et dont il doit médireE
avec une attention sérieuseJes argumens,
peser toutes les raisons et les. conséquen
ces. ‘
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV. du 31 Août 1652. pour la puni
: _ ’ F _v_ tint}
326 MERCURE DE‘ FRANCE
aion ‘ides Devins , Magiciens , Sorciers g;
86C. et une Déclaration du même Prince,
du r r Juillet 1682. rendue‘ contre les Bo
hémes , et contre ceux qui leur donnent‘
retraite.
\
. On vient (le publiera Leydc, un ‘Oué
iVmga J intitulé : mm et m gaza: Sultani
"Almalishi, Almzsiri , S414511721", 8Ce. c’est
ädire , la Vie du Sultan Saladin , écrire
par Bohadin , fils de Scheddad ; avec des
Extraits tirez de Pl-Iisroire universelle
ndfAibulfeda , concernant la même marié
re; et un Échantillon d’une Histoire de
Saladin , plus étendue , écrite. par Ama
deddin _d”Ispaham. Le tout traduit en La
tin , sur les Mil. Arabes de la Biblio
theque de Leyde , par Albert Schultens.
On y a joint une Table et un Commen
tïaire Géographique , tiré des Manuscrits
de la même Bibliozheque. A Leyde, Chez
Samuel Luchtmans , i732. in fol.
Le Journal des Sçavans,'clu mois de Juin _
derniermous a déja appris que cet Ouvra
ge n’est point une Histoire completre de
ce Princqmais seulement la Relation de la
Conquête de Jerusalcm,ou de la des
truction de ce Royaume par Saladin.‘
Elle contient 27S pages, pour la Vie,
s 64 pour les‘ Extraits, 2,6 pour PEchanL
l . ' ‘ tillon
FÉVRIER.- 1733. 52.7’
1
tillon , sans compter la Table de vingt
dcux feiiilles et la Préface" de r4 pages.
' Il seroit à sonhaitt-er pour Phonneur de
zla Nation et out Putilité publiquqqubn
‘mir au jour ’Histoire ei-xticre de la Vie de
Saladin , composée par feu M. l’Abbé Re—
naudot , de l’Académie Françoise , tirée
des meilleurs Auteurs Orientaux, ôcc,
Cet habile ECIiVflll} Favoit travaillée avec
soin et avec son exactitude ordinaire. Il‘
avoitmême obtenu le Privilegc du Roi _
pour lïmpression. Le Public espere que
les possesseurs des Manuscrits de cet Ab
bé voudront bien Pen-richir au moins de
ce curieux Ouvrage.
Bmtmfurmvr Irauqye , ou Histoire
Litteraire-de . Htaiie , Septembre, ÛCIO
bre , Novembre et Décembre 172.8.Tom,
a. de 5x5 pag. avec‘ la Table des Matieç
ses. A Genézzc , cbeæMpzrc-Michal Beur.
que! et Compagnie. -
'. Le premier ‘article de çe Volumepest la
suite de l-‘Exrtait de lHistoire Diploma
tique de M. Mafiei grès-connu parmi les:
Sçavans dïtalie , et contient des Rechjer
ches sur Forigine des Etrusques et des an-.
tiens Latins, sur leur Gouvernement, leur
Langugleuts Caracteres, leurs Écritures’:
leurs Coûtumes et leur Religion. M. Maf
' F vj ‘ fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
‘fei , après avoir recueilli dans difïérens
. ses propres recherches, les Anriqnitez qui
Auteurs tout ce qu’il a pû trouver de Mo
numens anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu’il {étoit
proposé , et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
auroient pû échapper à Partention es
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes ,
des Pierres sépulcrales , 8re. il s’est crû:
en état de donner un SyStËane assez suivi
sur l’Hisroire de ces anciens Habitans de
Pltaliepll croit donc que les Etruriens fu
rent des Descendans des Emim , Peuple
fort et puissant qui tiroir son origine de
Chanaan ,et que les Mohabite" chasserent
du Pays qu’il habitoit, desr-â-dire , de ce
pays qui environnoitle-Totrentd’Arnon;
du côte du Midi et du Septentrion, et:
qui confinoitâ l’Atabie. M. Mafley mon»
tre la vraisemblance de cette conjgcture p
ar la ressemblance des Noms, des Vil
es , des Fleuves, des Divinitez , et même
des Peuples d’Etrurie, il les montre en»
cote par la ressemblance des Dialectes ,
par le nombre de leurs Villes , parla For
me de leur Gouvernement", par leur Re
Iigion , leurs Sacrifices , leurs Danses et:
leurs Coûtumes ,_ ce qui shccorde assez
u savez
FÉVRIER." 173;: 3291‘
avec Plîcriture-Sainte sur laquelle il se
fonde particuliercment. r:
Nous passons sous silence les remats,
ques que fait M. Maffei sur l’Ecriturc de
c_es Peuples , sur les Pélagiens qui habite-j
sent Pltalie avec les Toscans, et. dont il.
éxamine plusieurs Mon umens qui peuvent;
servir à l’Histoire île cesPeuples , aussie
bien qu'à celle de Rome" même ,. que ce’
Sçavaut Écrivain, appuyé sur plurieurs
Monumcns d'une grande antiquité, et:
fondé d’ailleur‘s sur däautres raisons assez:
plausibles ,. croit être plus ancienne que!
Romiïlus. Nous averrirons seulement que.
cetac Dissertation de M. MafÏei est comme.
lïAbbregë d'un’ Ouvrage beaucoup plus’
- étendu qu.’il\ promet au Public, Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du. mat
t-yrc de Fevme et de Rustique , ni, de la.
vie dr- SPZenon ,. Evêque de Verone dans
le. troisième siècle , ni» de ‘la Lettre de
S. Chrysostome à CCSHÏÎUS , que le même
Auteur a donné au Public avec (le sça
vantes Notes , et dont le. Journaliste Pro;
testant rend compte en peu de mots , en.
ajoû tant seulement- quelques Remarques
conformes â ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d’ailleurs des Person
nes qui aiment la belle Littcrattire.
\ Noicii
335 MERCURE DE FRÂNCË
Voici letitre des Articles suiva-ns. Ami.’
Iliade d’Omera , Ch‘. dest-à-dirc , Plliade
et- l’O'dysse'e (Pi-Iomere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. PAb
hé Antoine-Marie Salvini. A Florence,
chez Glo , 17231,»; 8=. Le Journaliste en
parle avecbeaucoti p (Ÿéloges.
Art. 3. Relation de Vouvcrtrtre solem—'
nelle de deux Cours d’Am_atomie Êlits- en:
public’ au, Théatrc Anatomique de l’Uni
versité de Turin le 2.4. Février 172.4. et
le 2.6 Février de l'an i725. «
Arc. 4.. Recueil des diverses Formules» let des Discours Académiques de M. Au
gustin Campisni , Jurisconsttlte Napoli
tain , et Professeur ‘dans lUnivcrsité de
Turin , 86e. avec les Discours de M. i3er—
nard-Ændré Lama , Napolitain , ProFes-r
seur en Eloquence dans l°Universicé de"
Turin. A Turin , de Flmprimerie deJCam
‘Radix , r7z8. in-S.
Art. 5. sur une Observation des an
ciens Childéens. Quoique cette-Dbserva
tlon n'a soit point d’un Italien , le Jour
naliste a crû pouvoir «la placer dans sorr —
Recueil , comme étant très-curieuse et:
digne d’être pré entée au Publigde qui ils
demandent le sufFrage pour lui en com
muniquer dïtutres semblnläles. _ -
LÏAutcur de cette Remarque prouve
" par
'
.'
FE VR I ER. 1'733. 3;!
par un Passage cl’Achillcs Tatius dans le
Ch. I8 de son Introduction aux PbenomÊ-t
ne: ÆAmtur , publiée par leP. Petau dans
son Vmnologinvn‘, que les Chaldéens ont
connu assez au juste Pétenduë de la cir
conference du Globe terrestre , pour dé
terminer qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit lesoieil au
tour de la terre , et arriverait en mêmei
tems que lui au point équinoxial, dest-âä
dire , que dans l’espace d’une aimée Se:
Iaire qu’ils dérerminoiezir à 365.‘ jours et
quelques heures , un homme marchant
d’un boul paÊs pourroitäfaire le tour de lai
terre , et e eroit en e et, toutes choses»
étant égales d'ailleurs. - '
Art. 6. Recueil des Historiens de l’Ita-'g
lie , ‘par M.‘ Murarori , Iom. 6. ‘
Nous ne pouvons donner_ une idée de
cet Ottvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin. ‘
Art. 7. Framcisci Travizgini iziper O5‘- -
\
servaiioniéns hÿa c’est-a-dire , Recher
che Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , Fondez sur les Observations qu’il
a faites sur les derniers tremblemens de"
(erre , principale-ment celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réel-j
lement à Venisc, 1S6 9. in-4°. de 2.9 pag.
- _ sans
'33: MpAER-CURE DE FR ANCE
\
Ëans YEpitre Dédicatoire qui sert de Pré;
ace.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Ins
criptions Étrusques , à M. le" Marquis de
Mafiei, à Verone.
Art. 9. Lettre de M.. . . sur le Carattere
des Italiens. .
Le 10° Article annonce le Projet de"
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique- , Chronologique et Litteraire de
l; Bible , par le P. Calmets cette Sous
cription fut proposée et éxecutée en 172.8.
et 2c. par les Libraires dejGenevc 5 ainsi
il seroit inutile d’en parler.
Art. r r. Nouvelles Litteraires ,,elles ne
contiennent presque drien de particulier:
ui n’ait éte annoncé ansnos Journaux.
‘(i311 trouve à la fin de ce Tome une Ta.
ble des Matieres des I. z. et 5. Tomes
dq “la. Bibliotheque des. Sçavans (PI.
ta 1e. - . «
On s ERVATIO NS sur les Arrêts remarîy
quables du Parlement de Toulouse , re
cueillis par Mre Jean de Catellan , Con
seiller au même Parlement, enrichies des
Arrêts nouveaux , rendus sur les mêmes
Matieres , par Gabriel de _Vedel.Ecuyer ,
Docteur ès Droits , et Avocat au Parle
ment de Toulouse. 2... vol. i214. (Ycnvirom
. _ 7o“
FÉVRIER: 173.3. 33;
7go. pages. A Toulouse , de Plmprimeric de.
N. Garance/e , à la Biâle d’or, et se 7/6714
dent chez. Etimne Mamwit , et Jean-Franc
\
fait Farest , Libraires, a la Comwml
d’un
L’Aute_ut de‘ ces Observations ne pou-i
voit rendre au Public un service plus ima
portant que d'en orner le vaste Recueil
d’Arrêts de feu M. de Catcllan , lequel
_ renferme tout ce qu’il y a de plus inte
ressant out ce qui concerne la "Jurispru
dence au Parlement de Toulouze , l'un
des plus celébres et des plus anciens du.
Royaume , Jurisprudence fondée sut le’
Droit écrit. L’obje't du sçavant Éditeur,
ui a suivi l'ordre des Matieres traitées
dans le Recueil en question , a été de ré
Soudre les diflîcultez qui pouvoient naï:
tvre au sujet de plusieurs Décisions qui y
sont contenues , et de rapporter en même
tems la nouvelle Jurisprudence du Palais,
avec les motifs qui lui servent de fonde,
ment ; de‘ sorte que les Observations se
trouvent par là si liées avec les Arrêts
qu’on ne peut guétcs les séparer.
On a tout lieu de souhaiter que’ ce ne
soit pas ici le dernier fruitidu zcle et de
la capacité de M. de Vedel. Nous o_son's
le prier au nom duÿublic de lui faire"
part , par le moyen du Mercure , des
Q9454
\
l
m M rancune DE m’ A NCE
(liestions importantes et singulieres qui
se présenteront et qui seront jugées au
Parlement de Toulouse, avec le précis
des raisons ou des deffenses respectives‘ des
Parties , à l'imitation de_l’nn_de ses. illus
tres Conidreres ‘au même Parlement , qui
nous fit Phonneur il y a quelque-tems de
nous envoyer une pareille Question , dis
cutée par d’habiles Avocats , et jugée par
Arrêt Contradictoire. _
On nous écrit de Provence que de
Cormis, celébre Avocat , ‘continuë de
joüir d’une bonne santé à l'âge cle quattee
vin t- uarorze . Ci ans a et ‘ln‘a rès avoir
mis la derniere main à sa Compilation
des ArrÉt: Notable: du Parlement de Pro
vence , avec des Observations , 8Ce. on
imprime actuellement cet important Ou
vrage aux dépens des Etars de la. Pro
vence.
PR OI E T d’un Snpplement pour l4
i damier? Édition de S. Iéræimt , m m;
Iñlumè in‘ folio, de la même farme“que'
les précedms. >
N Religieux de la Congrégation de
_ _ S. Maut , quifait imprimer actuelle
ment chez Osmont les Gin/rage: de Saint
Ïuszin, de Tarim , ému donnera au Pu
blic,
t‘ ' FE VR ‘I ER. 2733.. 3'39
blic , après avoir fini ce travail, un Sup
plément pour la derniere Edition de‘
S. Jerôme, qui contiendra s '
ê I“. Ce qui reste à donner des Ouo’
virages de S. ‘Jerôme, comme sa Chro!
nique, que D. Jean Martianay n’a point
mise dans les Volumes précédens , le rê- '
servant pour un Supplément dont on
lui a- souvent entendu parler. '
z”. Des Eclaircissemens sur le Texte
- de S. Jerôme, par le moyen d'un trèsé
grand nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l’on collationne actuel‘
lemenf avec toute l'exactitude possible;
et‘ afin que les secours qu’on en tirerd
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes, on aura soin dans tous
les Endroits que l’on corrigera , de marä
quer non-seulement les pages de PEdi
tion du P. Martianay, mais encore celle!
des précédentes. ‘
5'. Des Observations sut plusieurs
goipts importans de la Doctrine de saine
emme. ' -
' 4°. La Vie du S. Docteur , avec la Crie
tique de ses Ouvrages. V '
. 5°. Des Tables generales , que l’on tâ
cher: de rendre commodes et utiles ,‘ au
tant par Perdre et Parrangcment, que
par la multitude des choses qui y en
. treront. 1,3
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suflic’
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même-temps qu’en a et!
vûë de procurer au Public les avantages
d’une nouvelle gEdition, en lui en épar
gnant la dépense. Car il n’y auroit ‘gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise fe
roir tort â ceux qui ont le S. Jerôme du
P, Dom Jean Martianay , ce seroit d-oni
mage que tant dfixemplaires répandus
dans les Bibliotheques de PEurope, de
vinssent en quelque façon inutiles, et:
qu’unc Edition en cinq Volumesïn folio
où l’on a corrigé un grand nombre d’en- »
droits ‘par les Manuscrits,‘ et qui d’ail
leurs est très bien conditionnée ,- perdit
si-tôt son ptixtOn a donc cru qu’il valoir
mieux la perfectionner par un Su plément,
qui ‘pourra même servir pour lespautres
ËditionsAprês avoir prissles mesures cona
venables pour contenter ceux qui ontles
Ouvrages cle S. Ierôme , si la rareté des
Exemplaires tendoit une nouvelle Ecliq
tion necessaire (ce qui paraît presque
Iiors de doute) on executera ce dessein
d’autant plus volontiers , qu’il ncrpourra
faire tort à personne, et u’il ne couteræ
à PEditeur, quele soin 3e veiller sur le
travail des Imprimeurs.
' Les
FÉVRIER. 1733. 331
s
a Les quatre premiers volumes de la.
i nouvelle Edition du Glossaire de M. du.
Cange, se distribuent, comme nous«l’a
tvions annoncé dans le précedent Mer
cure. Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement; ce
zqui prouve quexcette Edirion sera aug
-mentee de lasmoitié. Elle dêdommagera
tparilà le Public du long-temps qu'elle
s’est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au huard; les R R.
I’ P. Bènedictins de la Congrégation de
:5. Maur", nouveaux Éditeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
.n’y_ rien inserer qui ne leur air parû utile,
.er qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
_s’c'carrer de Pexcellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d’après le.
quel ils ont travaillé. Il n’esr guêres"
possible de donner des exemples de ces
Additions; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre .? Il nous
suflira dïrvertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveau’! points dT-listoire,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu?»
présent , découverts m: expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d’Auteurs im
primez , dont on développe Fintelligcn
I‘ ‘ CC 4
33.3 MERCURE DE FRANCE
l
ce; en un mor,lc Desscin de M. du Cangc
exactement suivi et considerablemcnt en
richi. Les Éditeurs n’ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebreAuteu-r ; ils ont mis son
Portrait très-bien gravé à la tête du Li
vre , et ils ont fait suivre leur Préface de
_.la Lettre de M. Baluze à M". l’Abbé Re
maudot, sur la Vie et la Mo-rr de M. du
«Cange; et pour ne r_ien omettre, ils y
Iontajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages. Ulmprimeurde ‘son
côté , n’a rien négligé pour la beauté de
PEditiDn -, le Caractere en est net , le Pa-_
Vpier beap , les Planchesdqui noup rcpäé
sentent es Monnoyes e nos l ois’ cs
puis Philippe le Bel jusqu’à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont propre
ment gravees ; tout persuade, enfin- Jus
quîau Frontispice , qtÿon n’y a pa's_épar.
gne la dépense. Mais rien ne doit tant
flatter les Gens de Lettre , que Passa.
rance que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu’on ne discontinucra pas l’im-_'
pression des Volumes snivans.
Livre: nouveaux“, chez. Briasson , ru?
« S. Jacques à lu Science.
Recherche: interesmnte: sur les Vers î.
xuyaigqui infcsrenr lesVaisscauglcsDigues
A b d’Hol-_
\
-,=-» ;. FÉVRIER. 17.33.. = 359
dfHollande , 8Ce. avec les Procès Verbaux
des Inspecteurs des Digues. Par M. P.
Massue’: ,_ in r2, avec figures. Amrær.
dm, 173%
' ‘L É T11‘ n e s d'un Thêologicn de PU:
‘niversité Catholique de Strasbourg, 5-"
un des rincipaux Magistrats de cette
Ville ,.. aisant proffssion degsuivre la.
Çonfcssiondflusbourg, sur les six prim
cipau x‘ obstacles à la conversion des Pro.
restans. A Strasbourg, chez J. Frange, l;
Rouxgtau coin de la, ruë des Orfêvres,
1732... in 4. Ces Lettres sont du P. J. Jacq,
Schefïmacher , de la Compagnie de Jésus,
Observatjone: Miscellaneæ in Auctores
‘veteres et recentiorcs ab eruditis Bri
tannis cum Notis va riortim Vitorum Doc.
ttorum , S. Amxtelodamrï , 1732. i _
Hcnrici Ruisch, Med. clar, 4, Ams.
itlladami, 1733.
Emt Militaire dgsFEmpire Ottoman ,
contenant PVI-Iistoire, l'accroissement et
les progrès de cette Science parmi les
Turcs. Par M. le C. de Mamzgli , fol.
2.. vol. fig. Amsterdam, 17 32..
' Prisons ntiCLavrciu, dédiées à
la Reine gcom posées par M. dQ/gincanrv,
IOrganiste de la Chapelle du Roy, de
Plägliae Métropolitaine- de Roiien ,16!’ (Ë _
r .‘ ' >A ‘
a ' 1
34e MERCURE DE FRANCS.
PAbbaye Royale de S. Oücn. Prix r2.‘
figures m blanc. Premier Livre , grave’
par Fr. du Plessy. A Pars, chez. Boivin ,‘
rai S. Honoré, le Clerc , rué‘ du Roule , e:
à Rouen , chez, Fflmmr, lui de: Chat...
naines. l’ ' ' ‘ï
“ Il paroîr éleu-x nouvelles Esràmpes en
large , dom: les Sujets sont guajk etrirez
d'un Conte de la Fontaine.‘tLe' Baise?
donné, et le Baiser rendu,‘ gravées 'd’a
près deux TableauxeOriginaux du. sieur
Pater , Par ‘lc sieur Filloeul , chez lequel
selles se vendent‘ , rue‘ Border , à PHôtel
de Vendôme , proche, sainte Géneviéve.
‘svzrs des Médaille: du Roy.
La derniere Médaille Frappée pour le
"Roy, et‘ dont nous donnons ‘ici la gra
vûre, Fut présentée à S; M. le 25, du
'moisid’Août dernier, jour de S. Louis.
‘D'un côté on voit la Tête de cct Au
guste Prince , couronnée de Lauriers,
‘àvec ‘la Legende Ordinaire. Le Revers
représente symboliquement par cinq Gé
nies , portant des Signes Militaires , les
difièrens Camps ordonnez’ par le Roy.
Pour Légende _M ARTIS _o rrmEt dans
TExcrgue , Acrss m CASTRA prsrnmuræ
‘L1. DCC XXXII.
0a
1 in‘ ‘tir!
llll llvol
c: î s CASRA
n! 5711130134:
nccxxxu.
FÉVRIER.‘ 173;.‘ g4r
On apprend de Prague, que les Terres
ui se sont embrasées dans les environs
de cette Ville , continuent de jetrer de la
fumée et‘ des flammes, ce qui donne lieu
de craindre qu’il n’_en soir de cet egbra
semeur comme de celui de la Montagne
de Contau , située à onze lieües de Pra.
gue , lequel dure depuis plusieurs années.
rassasssssmuassasssâ
ETRENNE& “ï
IL faut recommencer _
Nos voeux pour la nouvelle Année g
Gayement Pautre sûrs: terminée ,
Il faut recommencer, _
Les Ris, les Jeux , la bonne chere , À
Compagnons du Dieu de Cythfirc a
Viennent encor nousamorccr ; _
Il faut recommencer.
*m
Il faut recommencer
I
A composer des Chansonnctcu g‘
Puisque nos affaires sont faire: ,
Il faut recommencer.
Ce seroit trop long-temps vous taire,‘
Vous avez le bonheur de plaire;
e . G Muse ,'
\
a
342 MERCURE m; FRANC}; 4
Musc , sans vous faire presser,
ï Il faut recommencer,
‘Jeu! recommencer
Mon refrain , maxime agréable ,
‘qui dit qu’aillcurs comme â la table,
Il faut recommencer. °
Ïay bû , mais je veux toujours boire 5
Verse-tannée ; a‘ toi ,Grcgo_ire.
Hut . . . . . on ne l’a point vâ passer g
I! faut recommencer.
. fi
Il faut rccomrnenccr
I 1 ‘boire qqand Phébus se levc;
Avatar que sa cpur_sc_s’achcvc ,
Il faut rrcommcnccr‘.
Sortant de l’0ndç . une autre Aurore .
Voir qu’on se met a‘. boire cùcorc ,
Il le jour vient-il à baisscri
1l faut recommencer.
ü
Il faut recommencer
RA lurincr une fillette;
Àmans , quoiqwcllc vous maltraite,‘
Il faut rrcommcnccr.
Notre» main devient résumait: g
7 Coup;
“I
F/E V R I E R. 1733.; 54;;
q
Coups de Buse en sont le salaire;
Ce n’est que pour vous agacer;
Il faut recommencer.
3%
Il faut recommencer ,
ÿour goûter-îles biens de la vie,‘
Avec Bacchus, avec Silvie;
Il Faut recommencer.
Les desirs sont intarissables ,
Les plaisirs sont trop peu durables,‘
Q2’): faire i Amis, sans nous lasse: ,
il faut recommencer.
ä!
Il faut recommencer.
secondez-moi , Chorus aimable g
13ans qu’un refrain Soit‘ agréable ,
Il faut recommencer.
Chantons ; er si ma bagatelle ,
Vous paraît gaillarde et nouvelle,"
Ëgmis; pour m’en récompenser , _ ‘
Il faut recommencer.
Mrs Gallet e» du Vigneaux‘
‘344 MERCURE DE FRANCE
I
SPECTACLES.
LA Tragédie d’Ompl9ale parut dans sa‘
nouveaugé "au mois de Novembre
1701. et eut un fort grand succès; on la
reprit 2o. ans après avec assez de réussite;
Elle vient d'être remise au Théatre plus
brillante et mieux accueillie que jatnais:
Le Poëme est de fcuiM. de la Mothe et
la Musique de M. Destouches , Sur-In
tendant de la Musique du Roy s voici un
court Extrait de POuvragc : _
Le Théarre représente au Prologue un
lieu destiné poutcelebrer la gloire de
l’Amout -, les Jeux , les Plaisirs et les Gra
ces composent sa Cour et les Habitans
de la Terre et des Cieux , à titre de Su
jets, reieventesgn triomphe. Une Gtace
fait Pexposition par ces Vers:
Vous qui suivez PAmonr , Graces , Plaisirs et
JCÜX 9
Cclebrez avez moi sa puissance et ses charmes g
Chantez ses traits, chantez ses feux ;
I: que vos chants pour lui soient (le nouvelles
armes.
_ Une seconde Grace fait encore Poflîçe
de
l? E VRI E R“ 1-733.’ - 34;
dë Coriphêe. Les autres Gtaces forment
le Balet; conjointement avec les Plaisirs
et les Jeux. Junon descend des Cieux,
elle expose Ie sujet qui Poblige â'venir
implorer le secours de‘ PAmotir, par ces
Vers : a
Dieu puissant, venge moi d’un Mortel qui m’ou«
trage; -
son coeur, dès le berceau, ririomphe de ma rage,
Ma honte Ctmon dépit croissent par ses travaux; '
Blesse Alcide; il est temps clc vaincre ce Héros :
Mais choisit ces. traits redoutables ,
Dont tu sçus troubler mon repos g
Je te pardonne tous mcs maux,
S'il en peut souffrir de semblables.
L’Amour consent à satisfaire Junon;
il ordonneà la Jalousie qui paroît au.
fond du ThéJtre enchairtée dans son An
tre avec la Rage et le Désespoir , de sot
tir de leurs fers et d’aller exécuter les
ordres de Junon. Leur obéissance prépa
re le stijeride la Tragédie d’Omphale,
où FÀuteur suppose que la victoire qu’Al
cide va remporter sur l’Amour jaloux,
est un des plus diHiciles travaux que la
Déesse irritée air imposez à cet odieux
fils d'une ‘Rivale. ’
Le Théarre représente au premier Ac-,«
' G iij te,
v_.
346 MERCURE DE FRANCE
te , des Arcs de triomphe élevez à la
gloire d’Alcide , devant le Temple de
Jupiter son vpere. [plu] fait connoîrre
Pamour secret dont il brûle pour Om
phale, Reine de Lydie. Son Monologue
commence ainsi :
Calme heureux . innocente paix,‘
C'est en vain que je vous appelle;
Calme heureux , innocente paix,
Non, ce n'est plus pou-r moi que vos plaisirs.
sont faits , 8cc. '
Un bruit de‘Trompetres qui se fait
entendre , donne occasion à ce Prince ,
ami d’Alcide, d’annoncer la Fête qu’Om
phale doit faire celcbrer en l'honneur de
ce Héros, qui vient cle la rétablir sur
son Trône par la défaire des Rebelles
dont elle avoitété opprimée, et par celle
d’un Monstre horrible.
Alcide vient et ordonne qu'on aille
rassembler les Rebelles domptez, pour
leur faire éprouver la clémence de leur.
légitime Souveraine ; on a trouvé que
I’Auteur s’cst un peu trop pressé d’an-‘
noncer la Fête du second Acte , dès le
commencement du premier.
Alcide fait connoîrre à Iphis qu’il aime
Omphale. Iphis est frappé d’une nou
velle , qui lui donne un Rival slrredou
table
'. - FEVRI E R. 175;: 34-)
table dans un ami si tendrement aimé!
il nbublie rien pour combattre un amour.‘
qui lui est si fatal 3 il représente sur tout
à Alcide, qu’il a tout à craindre de le
jalouse Argine , c’est le nom que M. de
la‘ Moche donne à Mante, fille du cc-j
labre Tiresiqpour s'accommoder à la dou-Ç
ceur que la Poësie Lyrique exige même
dans les noms. Onzphale , suivie de ses
Peupits , vient celebrer le triomphe d‘Al-_
cide; elle y invite ses Lydiens par ces Vers;
Chantez le digne fils du plus puissant des Dieux;
Chantez , portez vos voix et son nom jusqwaux
Cieux , 8re.
Alcide interrompt la Fête par ces. Vers
adressez à Omphale.
Cessez ces vains honneurs que vous me faire!
rendre;
Ç n’entends point ces Chants , je ne voi point
ces ‘Jeux ;
Mes soupirs , malgré moi , vous font assez cnwä
tendre
Qÿun antre prix est Pobjez de mes voeux.‘
' Omphale qui fuit un éclaircissement,
ordonne qu'on vienne avec elle consa-y
crer les Armes des mutins à Jupiter.
' Au second Acte , Omphnle, au mi‘
lieu dcdeux Confidentes, comme dans
' - G iiii Armide,
34s MÉRCURE m; FRÀNCÈ ‘
Atmide, est félicitée sur la victoire que
ses yeux ont remportée sur le coeur du; '
grand Alcidc. Elle reçoit leurs. compli-'
mens avec indifïcrencc, et leur fait en
tendre qiflpbi; est son vainqueur; ce
Prince vient; elle veut sonder son coeur.
‘Iphis annonce à Omphale de la art‘
d’Alcide, la Fête préparée pour e le;
Omphale lui dit que c'est en vain que
ce Héros soupire , et qu’il s’cst laissé pré
venir par un autre; Iphis ne peut ap-«
prendre sans jalousie que le coeur d’Om
phale est le partage d'un autre‘, il parle
en faveur de son ami , n’osant parler pour
lui-même. Cette Scene est très fine de la
part d’Omphale-, mais Iphis paraît un
Amant peu intelligent, on trouve mê
me qu’il ‘prend. le change gratuitement ,
et qu’il se retire désesperé , sans qu’Om—
phale ait rien dit d’assez équivoque pour
lui faire entendre qu’elle est offensée dÜ
la déclaration de son amour. Iphis ‘se
retire sans donner le temps à la Reine
de le détrompet. ‘
Alcide vient celebrer la Fête" qu’il a
fait annoncer par lphis; Omphale or
donne qu’on ôte les chaînes aux Mutins
domptez , puisque le Vainqueur veut bien
sur faire grace; cette Fêtelest presque
toute chantée par Alcide, qui se donne
aux
ÏEVR-IE R.‘ 173;. 34,
aux Sujets d’Om hale pour modele de
Pardeur dont ils oivent brûler pour une
si aimable Souveraine; en voici quelques
Vers :
Chantez mille Fois ,
L'amour qui mænchaîne;
Celebrez mon choix;
Chantez mille fois 5
, Chantez votre Reine;
Benissez ses loix.
Imittz Pardeur si fidele , - z
OEll brûle mon coeur; '
Imitez Pardeur et le zele ,
_De votre Vainqueur.
Argîne vient troubler la Fête; elle es:
ortée par un Dragon ailé s Phorreur qui
Fannonce fuir tout le monde hors
Alcide , à qui elle reproche la- préference
qu’il donne à Omphales cette Scene est
des plus vives‘; et parfaitement executée
par le sieur Chassé et par la Dlle Entier.‘
Ces deux excellens Sujets partagent éga
lement la gloire du succès de cet Opera.
Cette grande Actrice finit le second Ac
te par un morceau’ de fureur où son ac.‘
tion et sa voix sont egalementapplaudies.
Elle termine cet Acte par la résolution
quelle forme de penetrer si Omphale
' i ' G V aime
3go MERCURE DE FRANCE
aime Alcidc; c’est ce dernier crime qui‘
doit la déterminer à perdre une heureuse
Rivale; on a crû que le crime d‘être aimé
auroit dû suflire à sa vengeance , et- que
c’étoit le seul à punir.
Omphale se reproche ,. au troisième
Acte, de n’avoir pas déclaré son amour’
.à Iphis; Argine vient et se cache our
' sçavoir ce qu’Omph-ale dit, ou plutor c‘e'
qu’elle pense, puisque faire un Mono
logue et penser sont la même chose,théa
tralement parlant ii_qu‘Omphale aime AArlgciindee ',secepeqrusiuaId’!e
détermine c’est ce Vers :
‘Un spectacle fatal m'a contrainte au silence.’
-- Argine le fait voir par Papplicatiort.
qu’elle en fait 5 voici comment elle s’ex;
prime:
Nonrje n’en doute plus,c’est Alcide qu’elle aime 3‘.
Elle me Fapprend elle-même .
Au moment que mon Art a fait cesser leurs
jeux ,
Elle alloit déclarer seæfeux.
' Il s’en Faut bien qu’elle soit digne fille
de Tiresie, si son Art n’est pas plus sûr
que ses conjectures aelle ne balance plus à
se vanget de sa Rivale, et sçachant que
ses Peuples-viennent celebret le jour de
‘ e sa.
'FE VKI ‘E R; 1733.. ’ 351i
sa naissance, elle en veut faire le jour.
de sa mort; elle ordonne aux" Démons
de‘ Penchanter quand il en sera temps. ‘
On vient celebter la Fête en question;
Omphale se place sur un Trône de fleurs
qu’on lui a’ dressé. Après la Fête,0m.
phale congédie ses Peuples sous prétexte \
qu’elle a besoin d’un peu dc solitude. _ ‘
Argine vient; elle ordonne aux Es-‘g .
prirs Infernaux (Tcnchanter sa Rivale 5»
îls sortent des Enfers , et secoiient leurs
Torches sur Omphale; Argine‘, un poi
gnard à la main , s’a'vance pour lui percer:
le coeur ,. comme on le voit encore dans
Armide. Heureusement pour la victime le
hazard conduit Alcide assez à temps pour
suspendre le coup mortel °, ce ‘qui est
suivi d’une Scene, où nos deux premiers.
1Acteurs renouvellent les applaudissemens
_qu’_on leur a si justement prodiguer.- dans
l’Acte précedent. Les Démons, par l'or
vdre d’Argine, enlevent Omphale, sans; -
qu’Alcide puisse la secourir.
Dans l’Entr’Acte du quatrième Acte‘;
Omphalc a fait connoître à Argine qu’Al
cide‘ n’est pas l'objet de son amour, et
{est cet aveu qui l’a empêchée de périr g.
elle n'a pourtant point nommé Iphis,
‘de peut de le livrer àla colere d’un Ri
gval aussi redoutable qufllcide 3191119,
- ‘ G v; dans
3;; MERCUREDE FRANCE
, _dans un Monologue , fait éclater son dél
sespoir, mais il ne le porte pas jusqwâ
se donner la mort; voici la raison qu’il
en donne :
Faut-il que ma douleur me soir encor si clxere,
03e je n’osc en mourant en terminer le cours .>
Cette pensée qu’en a trouvée suscepà
tible de plaisanterie parodique , amene
pourtant une très jolie maxime; la voici:
Que nos jours sont dignes d’envic ,
Quand l’Amout réponi à nos voeux 1
Ifiamour même le moins heureux ,
Nous attache encore à la vie. ‘
Alcide vient annoncer à lphis qu’il ä
un Rival secrettement aimé ; Iphis sbflre
à le venger , ne sçachcint pas qu'il s’agit
de lui- même. Argine Vient‘; Alcide lui
proteste qu’Omphale est désormais l’ob
‘jet de sa haine; il la
son Rival par le secours des Enfers. Après
quelques reproches mêlctz de tendresse et
dïtmportemcns, Argine consent à satis
' faire Alcide. Elle appelle les Magiciens ,
Ministres de son Arts ils viennent par
le chemin des Airs: le charme étant fait,
POmbre de Tiresie, sans être apperçûë
des Spectateurs , se présente aux yeux de
prie de découvrit
-- 5%
VQFEVRIER} 173;. 353g
sa fille , il lui ouvre le Livre du Destin ;.
instruite du sort d’Alcide , elle lui dit z
Tremble, frémi s va dès cc jour ,
Voir ton Rival heurcui au Temple de l’Amour}
Argine expire de douleur, et Ale-ide
se livre âla vengeance.
Le Théatre représente au cinquiême
Acte le Temple de l’Amour. Omphale‘
Vient offrir un Sacrifice à ce Maître des
coeurs; elle croit que ce Dieu Pexauce,
puisquïl lui amene Iphis. Ce Prince lui
demande pardon de la peine que sa pré
sence lui peut causer, il lui prome? de ne
A l’en plus importuner; Omphale le ras
sure et lui déclare son amour ; cette Sce-_
ne est. très-tendre de part et clïmfre; Al
cide vient dàns le dessein dïmmoler son
heureux Rival. Surpris de Voir Iphis,
il croit qu’il est venu pour venger
fourrage qu’on fait àeson amis il l’in—
vite à recevoir le premier prix de son
zele dans ses embrassemens. Iphis , PÏGS?
se par ses rcznords , veut se tuer g Om-_
phale lui retient le bras ; Alcide ne doute
Plus quîphis nesoit ce Rival qu’<:lle lui
préfere 5 après quelques combats, il
triomphe de son amour, et consent au.
bonheur de son ami. Autrefois Argine
finissoi: la Piece 3 peut-être a-fon suppriî‘
È me
354, MERCURE DE FRANCE
mé son retour pour ne pas donner une’
troisième imitation d’Arm-ide dans un‘
même Opeta.
. 1.6121. on‘ donna- la‘ derniers‘ Représentation!
OEOmphale, dont on vient de parler, et on rc-c
mit au Théatre le v2.6. fepbte", Tragédie‘ jouée‘
Parmée dernier: avec beaucoup de succès, et que
le Publié revoit avec le même plaisir-,
O'n apprend de Vienne , que le 2.7. du mois
dernier , on représenta au Palais pour la premie
r: fois, le nouvel Opera Italien de Sùmho 1.71m
sn’, Gouverneur, qui eut un’ fort grand succès,
I-l fin honoré de la présence de L. M lmp. et des
Archidnchesses; La composition du Poème est
de PAbbè Claude Pasquim‘ ,. et la. Musique’ du
Signer Antaim (faldara. V
Qxclqfixes jours après , plusieurs Musiciens de
la- Chambre de PEmpereur , représenterait de
vant L. M. Imp sur le petit Théatre de la Cour‘
la Comédie, en Prose , intitulée ; Il Don Pilonef
Ohapprend par les Lettres de Rame, qu’on:
donna lc u. du mois dernier , la premiere Re
présentation de la Tragi- Comédie , intitulée : l4 .
Fidélité victorieuse de la Trahison, qui eut beau-s
coup däpplwdissemens.
Le 6 Février , Comédiens François‘
donncrent la premiere Représentation de
Ia Tragédie de Gnrtavc :, il y a peu de Piée
ces qui ayent été regûës avec un applàuh‘
. ' _ disscment;
,7 ‘F 3V’ R IÏE R. 1731;.- 3;‘;
\
dissement 8l unanime j, la grande idée
q-u’on s’cn est‘ dubotd faire n’a fait qu'aug
menter clans les Représentations suivan-è
tes. Elle est de M. Pyrm, Auteur de la:
Coulédäe despFils Ingratr, ’Et de IaÏIÎta-f
gedle (le Calmtane. I\vous n en donneronsv
qu’un Argument très-succinct , en atten
dant que nous Fayons assèzêxaminée ,,
pour pouvoir endonner- un Eittrait plus
détaillé, - _ s
Le H-‘tos de cette Tragédieoest le pteä
mîcr de sa Maison qui ait reg-né sur les?
Suedois -, on Pat-voit‘ d’abord annoncé’
dans les affiches sous le nom d‘: Gustave‘
Vasa, pour le distinguer de Gustave Adol
phe , dent le nom n’esc pas moins celé
bre. Stcnon , Roi de Sucde , â (‘lui ce ‘prej’
miet Gustave-a Succecle , l'avoir designer
son Successeur, à la faveur d’un mariæ
gn- avtc Adelcîde, sa Fille. Christiamtw v
Beau-Frere de fit massacrer SteCnhoanr;lcilqufiitnetn,fedrëmterrônAade- ‘"
làïde ,. Fille de" ce malheureux Roi dans’
une Tour, et il y v. apparcn ce qu’il ifauroit.’
pas êpgrgné celui qui lui étoit destinépour
E poux , s'il étoit tombé en sa. puissance?
jl faut donc supposer que Gusrave fut aue
moins emprisonné , ou qu’il se tint caché‘
zevno-rdaabnl:c,neouùfailnspopuorurariatttmeonndrteerlesutrevmisev
. A‘ ' Irône
‘356 MERCURE DE FR ÂNCE‘
Trône ou il avoit été destiné par le légitiï
me Roi. Ces neufans étant expires, et le
tems cle sa vangeance étant arrivé, com
me sa tête avoit été mise à prix par Chris
tierne , il fit courir lui-même le bruit que
Gustave avoit été tué , et que le meur
trier devoit apporter sa tête à Christier-_
ne. C’est ici que Paction theatrale com
mence. s, « =
Christierne à son retour de quelque
expédition ,' demande à. Astolphe , fidele
c Ministre de ses vangeances , ce qui s’est:
passé dans Stoclrolm depuis son absence ;
Astolphe lui rend un compte éxact de ce
qui regardes sa nouvelle domination , et
lui annonce entfiaurres choses quela Rei
ne , veuve de ‘Stenon , est morte; Chris
tierne lui apprend à son tour quelque
chose de plus favorable à ses projets am
bitieux ,i c'est Passassinar de Gustave.€c°'
Qmrince assezamateur du repos our avoir
abandonné à Christierneiles Ëroits na.
turels qu’il avoit sur la Couronne de
Dannemarc , ne peut apprendre sans in
dignation qu’en ait assassiné Gusrave s il
a dtéja commencé à devenir suspect â.
Christiet ne , par les voeux de la plûpart,
des Danois pour son rétablissement au‘
Trône" qui lui appartient; mais ce meur
tre abominable dont le Tyran fait gloirâ ,
t l!
æ:
FÉVRIER.‘ 1733. gfi
fait encore lus d’horreur à Casimir, Pur:
«des plus fi eles Sujets qui soient restés
à Stenon malgré son déttônement s de
sorte qu’il forme dès-lors le genereux des-'
sein de vanger Gustave, comme désigné
par Stenon pour lui succeder au Trône ,'
par le droit d’Adelai'de, sa Fille. Frederic
aime cette malheureuse Princxpse , dont‘
les fers viennent d’êrre brisez par un
trait de politique de Chtlstiernç; la Prim
cesse l’a toujours estimé, Christicrne le
lui a fait proposer pour Epoux , mais ce
Tyranxnïavoit pas encore vû cette Fille’
de Stcnon , et ce n’a été que longatems
après le jour de son emprisonnement qu'il
a _connu le pouvoir de ses charmes; il
n’a garde de faire connoître son amour
à Fréderic , qu’il a interêtde flarer tous
jours delespérance de son Hymen avec
Adelaïcle ; c’esr dans cette vûë qu’il chat
ge ce Prince Danois du soin d’annoncer à
cette Princesse la mort de Gusrave, lui
faisant entendre que perdant toute espe.
rance d’épouset l’Amant à qui son Pere
l’avoit ïdestinée , elle n'apportera plus de
résistance au nouvel Hymen qu’on éxigc
d’elle. Fréderic ne sçait comment annon
cer une si Funeste nouvelle à sa Princesses‘
il craint de lui en devenir encore plus
odieux; elle vient ;_ il la plaint; elle lui
' (k:
35s MERCURE DE FRANCE
demande d’où naissent ses plaintes‘, et
comme il s’obstine à garder le silence ,
quoiqrfelle le presse de le rompre: Ah J.
lui dit»elle,Gustave est mort g il la quitte
sansproferer un seul mot. Elle prend sa
retraite et son silence pour un aveu s elle
ne doute plus de la mort de Gustave 3 la
Mere de ce Prince , qui passe pour une
Suivante izle cette Princesse éplorée , téà
' moigne plus de fermeté 5 ce ui donna
lieu à ces deux beaux Vers d'A elaïde :.
Calme dénaturé ui fait voir en ce 'our A
) I
03e le sang sur un coeur est plus fort que FA‘)
mour l
. Voilà à peu près ce qui fait le sujet du
premier Acte , nous nous y sommes un
peu étendus , croyant Pexposition de ces
circonstances nécessaires pour Finoelligcm
ce de Faction principale. ,
Casimir ayants appris que le prétendu
assassin de Gustave doit en apporter la
tête à Christietne, vient Pattcnclre dans
un endroit par où il doit asser; prêtà
le combattre , il le ‘reconnort pour Gustaé
ve même 5 ce Prince _lui expliquetcom
ment il s’est transporté jusqu’à Stocholm
sans avoir été reconnu; il lui demande si
Adelaïde lui ‘xest’ fidelc 5 Casimir l’en
‘w ayant
F EVR I E R". 173;: 35g
ayant assuré , Gustave lui dit d’un ton de
r confiance :
p sitocholm est libre, et Stcnon est vangé.
. Chtistiernei vient ; le faux assassin qui
lui est toujours inconnu, lui raconte
en termes équivoques ce qu’il veut lui
persuader; il lui promet de lui montrer la _
tête de Gustave , qu’il dit avoir attaqué en
brave homme; il lui demande pour toute‘
récompense, qu’il Iui permette de rendre
à la Princesse une Lettre que Gustave z
mise entre ses mains : Christierne lit la
Lettre , il reconnoît le seing de Gustave :
par ce Billet , Gustave prie Adêlaïde de r
ne pas s’obstiner à lui être fidele après s:
mort, et de recevoir un Epoux de la
_main du Vainqueur; cette Lettre étant.
parfaitement conforme aux intentions de
Christierne , ce Tyran lui permet de la.
donner àAdélaïde, et de Penttctenir sans
' témoins; Gustave se retire; Astolphe plus
méchant encore que Christierne , lui
dit que s’il veut que son Hymen avec
Adélaïde ne soit plus traverä , il faut al)“
solument séparer Lémor de cette Prin
cesse , attendu que cette Suivante l'entre
rient dans une haine implacable contre
lui 1 Christierne approuve ce conseil , et
le charge de. l'exécuter quand il le trouve;
- " . “ rai
,20 MERCURE m: FRANCE
ra à propos -, voilà à peu près toute l’ac-r"
tion du second Acte. ' .
L'entrevue‘ d’Adélaïde ‘avec celui Hi
doit lui donner une Lettre de GustaveËait
le principal incident du troisième- Acte.
Cet incident est prêcedê d’un autre qui.
est très-bien imaginé; le voici. Lê-‘dnot ne
doutant plus de la mort de son Fils, dont
elle n’a été que trop bien informée , ne‘
peut plus se contraindre en présence d’Asa
tolphe ; et pour réprimer Pinsolence de
ses discours , elle se déclare mere de Gusa
rave 5 Asrolphe la fait arrêter ‘sur le
champ malgré les larmes et les cris d’A—
délaïde s cet emprisonnementest absolu
ment nêcessaire pour préparer un coup
de Thêatre qui fait un honneutiirïfini â
l’Auteur. Léonor ayant été arrachée d’en
tte les bras d’Adé-lai'de , Gustave esein
troduit auprès d’ellc ; elle nercconnoît
pas le son de sa voix , soit qu’il soit sup
posé qu’il la contrefassegsoir que neuf
ans d’al'>_sence y ayent apporté assez de
changement our la rendre mécounoissa
ble aux oreil s d’une Princesse , accablée
däilleurs d’une douleur mortelle s elle lit
la Lettre dont on a déjà parlé dans PACtc
précédent‘; elle fait connoîtrc après cette’ '
ecture qu’clle aimera toujours Gusrave ,
quoiquïl la dispense de sa foi 3 à cet heu
{eux
FEVRIER. I733. _3(l
(eux témoignage d’une constance éten
elie, Gustave transporté se jette à ses
pieds ', cette reconnoissance a fait un plai
sir infini; Adélaïde à travers sa joie laisse
entrevoir une douleur donr elle apprend
la cause à Gustave 5 c’est Femprisonne
ment de Léonor qu’elle fait connoître â,
çe tendre Fils pour sa. Mere , dont il avoir
déja pleuré la mort; Gustave ne balance
pas à s'exposer à tout pour la délivrance
d’unc Mere si chete; il quitte la Prinç;
cesse dans le dessein de tout entrepren
dre ; Fréderic vient un moment- après,
toujours soumis et respectueux. Adélaïde
le prie à son tour de travailler à la déli
vrance de Léonor, ce generctix Prince
lui promet de la demander à Ch ristierne ._,
et de tout entreprendre s’il la lui refuse,
Passons à l’Acte 1V.
Astolphe apprend â Christicrne que
cette Léonor qui lui paroissoit si suspecte
s'est enfin fait reconnoître pour Mere de
Gustave. Christierne est Frappé de cette
découverte , mais il l’est encore plus d’un
"nouveau soupçon d»’Astolphe , qui vient
de faire arrêter le prétendu assassin de
Gustave, pàrce qu’il avoir voulu séduire,
à force d'argent, les_Gardes de Léonor ,
ce qui lui fait présumer qu’il se pourroiç
bien que le prétendu meurtrier de Gusta4
_
’
i prétexte dole faire arrêter , de sorte que
a5r6e2‘fMutEGuRstCavUe lRuiE-mêDmeE. ChFriRstAieNrnCeEen,?
tre dansce soupçon ; et our Péclaircit
il‘ ordonne à Astolphe e lui envoyer
Léonor , et de se -tenir prêt faire paroî;
tre le prisonnier qu’il vient de faire arrê
ter, au_ premier signal. Ses ordres sont
ponctuellement éxectrtés. Léonor vient la.
remiere; elle reproche la mort de son
Fils au Tyran; il s'en excuse avec adresé
se : eh bien, lui répond Léonor , si tu
n'es pas complice de la mort de Gusrave,
Prouve-le moi par lc supplice de son as—’
sassin. Chtistierne y consent; on amene
Gusrave , Léonor le reconnoît pour sort
Fils , sans oser proferer un seul mot, mais
yoyant qu’en va lui donner la mort par
l'ordre de Chtistierne : Arrête , dit-elle ,
parlant à celui qui va le frapper : A121’
dm tan Fils , dit alors Christierne: ce
coup de Théatre a parû le plus bel en
droit de la Tragédie. '
Nous passons légerement sur ce qui
reste, pour ne pas sortir des bornes que
nous avons prescrites a cet argument. ‘
Fréderic nfayant pû obtenir de Chrisl
tierne la libettéde Léonor , et d’ailletrrs
‘le Tyran lui ayant dit qu’il prétend lui
même épouser Adélaïde, s’emporte d’u-‘
ne maniere àpfournir à Chtistierne un
le
FÉVRIER. .1733. 3€;
le danger des personnages les plus inte;
tessants de la Pièce , paroît arrivé à son»
dernier période. Heureusement on s’est
avisé trop tard de faire arrêter Casimir
par la’ raison qu’il êtoit le moins suspects
on vient avertir Christierne que tout
conspire contre lui , et que ce Casimir
dont il ne s’étoit jamais défié, avoit, à
main armée délivré Gustave et Fréderic ,
de sotte qu'il ne lui reste d’espoit que
dans la fuite. Christierne vaincu sur la
Mer et sur les glaces , tente un dernier
coup que le désespoir lui inspire; il fait
parente sur le tillac d’un Vaisseau Leo
nor prete a tomber sous un coup more
tel, et par une Lettre qu’il envoye à la
Flore ennemie , par une fieche décochée,
il fait entendre à Gustave que s’il ne lui
rend Adelaïde , sa Mere est morte; Gusÿ
tave ne balance pas un moment à se livret
lui-même pour sauver sa Mere; Adclaide
s'y oppose, nor vient dismsaiipseripnaurtislaepmreénsten;ceenlfientrou...
bic dont tous les esprits sont agirez s elle
annonce que le génereux Fréeletic l’a sauv
rée dans le temps que Chtistieme lui al
‘Ioit enfoncer un poignard dansle sein -, on
amene le Tyran à Gustave , qui ne Clâly
gne pas répandre un sang si indigne, il
ne veut pas mêmt qu'on. attente à sa li
L ' bcrti.
3É4 MER CURE DE_ FR ANCE
bette, et Pabandonnc aux remords, jus.‘
çes vengeurs des crimes; pour Fréderiç
-_i_l a déja pris son parti en Prince géneg
xeux _,ct a fait voile du côté du Danne
marc,-c_>ù les Peuples Iarrendenr Pou;
le couronner. .
La Scene se passe dans le Palais des
Rois de Suede à Stokolm. Le principale
Rôle cle Gusrave est rempli et très-bien
joüé par le sieur Duftesne 5 ceux de Chris
tierne, Roy de Dannemarc, de Frédç
xic , Prince de Dannemarc , de Casimir ,'
Scigneur Suecÿois, d’Astolphe , Confi
dem de Chrigtierne et d’Othon , Capi
raine de ses Gardes , sont joüez par les
sieurs Snrraîin, Grande/al, le Grand,
Montmezzil , et du Breiiil. Les Rôles dÏA
delaïde , Princesse de Suede , de Leonor,
Mere de Gustave,'et de Sophie , Confi-ä
dente d’Adelaïde, sont remplis parles
Dlles Gaussln, Ballycotzrt et Jour/tiret,
' Les mêmes Comédiens ont remis au Théatre
sur la fin du Carnaval ,13 Comédie du Malade
Imaginaire de Molierc; cette Picce zÿavoir point
né représentée depuis la. mort du sieur de la.
Thorilliere, qui y jouoi; exceilemment le pria-f
çipal Rôle. Ce Rôle est aujourcÿhui remph par
le sieur de Moritmcsnil, dont l: Public paroit fort:
sonnent. ' r‘
Le m. Février, les Comédicmvltaiicns remi
un; .
FÉVRIER. 173;. 5'51
rent au Théatre la petite Comédie du Je ne 554i
quoi, dans laquelle le sieur Borne: chanta pou;
la premier: fois le Rôle du Maître 1: chanter , qui
est une Scene parodié: des Fêtes Venitiennes, cg
nouveau Sujet a de la voix et paroît convenir au
Théarre Italien , ayant été applaudi du Public.
Le x9 Février , les mêmes Comédiens donne.‘
rent une petite Piece nouvelle en Vers eten un
Acte, avec un Divertissement , qui a pour m”
PHyuer; comme on l’a interrompue â la secon
de Représentation par Pindisposition de plusieurs
Acteurs, on n'en dira pas davantage ici, Ton,
les Théatrts ont été fermez plusieurs fois à la
même occasion des Rliumes et Fluxions dont
Plus de 13 moitié de Paris est attaque’ cette année.
U
Le 3. Février} le Lieutenant Gcneral de Police
fit Fouverturc de la licite S. Germain avec k3.
ccremonics accoutumees, '
Il n’y a point cette année d’Opeta Comique
à cette Eoire , ce qui paroit asseztxtraordinairc ,
ce Divertissement n’ayant jamais manqué aux
Foires de S. Germain et de S. Laurcnt depuis
» plus de 2.15.3118.
sans
‘su. MER-CURE DE FRANCE
èâèèââôâââètâââââââäâèèê
‘NOUVELLES ETRANGERES.
‘L E TTR E écrite de Consmntinapl: le
1o. Novembre 1732. au sujet d: la der
niere Révolittion de Perse.
Près avoir été fort long-temps ici dans Pin.‘
Acertitude sur les affaires de Perse, on a reçtî en.
"En à la Porte des nouvelles d’Achmet-Pacha,Gou
verneur de Bagdat ; ct voici la traduction d'une
‘Lettre que ce Pacha a envoyée au G. S. et qui
lui avoir été écrite (Plspaham le 9.6. Septembre
flernier par Abdilbaki Kan de Kirmanchah; qui
se trouvoit alors à la Cour de Perse.
Les nouvelles que j’aî écrites à Votre Excellence,
très-Honoré et très-Magnifique Seigneur , vous
surprendront moins qu’un autre, parce que Parto
ance et Pambitiou sans bornes de Thamas Kou‘
Â-Ka-n vous sont connuës depuis long- temps;voi
ici ce que j’ai â -vous apprendre dïnteressant qui
regarde la situation présente de cet Empire.
Thamas Kouli-Kan , après avoir subjugué la,
Provineede Yerak , s’étoit livré à des idées am
bitieuses, qui lui avoienr- fait concevoir le des
sein de {emparer de la Couronne de Perse; et
comme il lui falloir un prétexte pour süpproe
cher dflspaham , ‘il publia qu’il vouloir, faire la,
guerre â l’Empire Ottoman, et sans attendre
d'ordres formels de Schah-Thamas , il parut dis
poser son Armée â se mettre en marche.
Le Roy de Perse, â qui la conduite de son
Premier Ministre émit devenuë suspecte , comme
V.
FEVRIER. 173;.‘ 3E7
E. en a été déja informée, et qui avoir con
moissance de ses projets, ambitieux a lui écrivait
de ne pas s'avancer avec PArmée et (Partcndre
ces ordres dans 1c KhorassamThamas Kouli-Kan,
‘qui avoir ses vües , obéit et se contenta de sup
plier le Roy par des - Lettres très-soumises , en
apparence , de Lui envoyer ceux de ses Ofliciera
ou Ministres en qui il auroit le plus de confian
ce , pour qu'il pût conferer avec eux sur les inte
xêts de l’Etat, et leur communiquer ses desseins ct
ses vûës.
Thamas-Schah ne se refusa pas a‘. cette proposi
tion , il nomma plusieurs Députcz qu’il choisit
parmi les Seigneurs les plus qualifiez de sa Cour,
et quilui étoient le plus aflitiez. Ceux-cy se ren
dirent â l’Armée de Kouli-Kan , et ce Geueral
pour les engager à ajouter plus de foi â ses paro
les, destins. pour le Lieude la Confereuce , l’en
ceinte du Tombeau de Plman " Rizn, Personna
ge tenu pour Saint et extrêmement révere’ parmi
‘les Persans. Il commença la Conférence par don
ner aux Députez des assurances de la sincerité de
de ses sentimens , qu’il accompagna des sermens
les plus terribles , leur disant qu’il n’avoit rien
tant a coeur que d’en donner des preuves à son
Souverain; que les soupçons du Roy , dont il
ravoir lieu de shppercevoit, le merroient au dé
sespoir , qu’il les- ptioit de les effacer de Pesprit
de ce Prince , et enfin qu’il n'avoir point d’autte
vûë , en voulant conduire lÏArmée dans la Pro
vince (Ÿlspaham , que de la faire passer vers les
* Il faut lire Ali-Ridha , la I/I II. des rz.
fameux Imam , ou Chef} de la Relzginn Musul
mane , descendus: dïdli et reconnus. tels par les
Persan; , ème. ,
H ij Fron
35s MERCUREDE FRANCE
4
Frontieres de Turquic pour vangcr PEmpite de
toutes les cruautcz que les Turcs avoient exercées
dans les diflerentes Provinces de Perse.
Les Députez se laisserent tromper à ces appa.
rences de sincerité et de bonne foi , et Thamas
Kouli-Kan les renvoya en les chargeant d’une
Lettre pour le Roy , par laquelle il marquoir â
ce Prince qu’il ne se regardait que comme le der,
nier de ses Esclaves, qu’il m'avoir d’autre ambi
tion que celle de travailler pour son service et
pour safloire , que cependant lorsqu’il se seroit
approch (Plspaham ‘avcc FArmée, il ne fe
Ioit aucune démarche sans son ordre.
Le Roy ayant regtî cette Lettre , bien loin d'4.
jorîter foi aux protestations de son General , sor
tit (Ÿlspaham avec ses femmes et tous ses Effets
les plus précieux, et allacamper a‘. cinq journées
delà dans un lieu appelle Serchemë , dans Pan
cienne Bactriane , à dessein deramasser autant
de Troupes qu’il lui seroit possible, et d’en for.
— mer un Corps dmrmée capable , en cas de be
soin , de résister aux forces de Kouli-Kan , ré—.
solu à tout evenement, et dans le cas d’unc
grande extrémité, de se réfugier dans les Etats
du G. S.
Cependant ce Prince , qui au péril de sa vie ,
vouloir maintenir le dernier Traite’ conclu avec
la Porte, écrivit à son Géneral les‘ raisons les
plus fortes pour le détourner de faire la guerre
aux Turcs au préjudice cle ce Traité, ajoutant
.que s'il aimait tant la, gloire et la prosperité de
la Perse I il pouvoit signaler sa valeur en portant
. la guerre dans le Pays des Tartares Usbecs , dans
celui des Aghuans et jusques dans les Indes , qui
lui offraient des Pays assez vastes pour contenter:
son ambition; qtfien un mot iltlui deifencloit
‘ ttesg
FÉVRIER. 1733. 3'69
très- expressément et sous peine de desobéissanî
ce _, de faire avancer son armée dans la Province
dïspaham. " ' '
Sur des ordres si _
pàrti de feindre, dit qu’il étoit disposé d’obéi'r ,
et il en écrivit en ces termes au Roy son Maître .
ajoutant seulement qu’il étoit d’avis d'envoyer un
Ambassadeur à la Porte pour demander la resti
tution des Provinces dont le G. S. avoir conservé
la possession par le dernier Traité, et qu’en at
tendant le retour de FAmbassadeur , il resterait
campe’ avec PArmée :1 Serahanmde. Mais dans
le même-temps qu’il paroissoit si soumis , il.
écrivit â tous les amis qu’il avoir à la Cour, ou
son crédit et son autorité lui en avoient fait
un grand nombre , de mettre tout en usage pour
effacer les soupçons du Roy , et de Pengager , â
force de prieres , à quitter son Camp et a rentrer
dans sa Capitale. V l K ' I 1 '
Les Partisans de Kou i- an s’em o erent avec
tant de zele et parler-en: si eflicnceâen}: cn faveur
de sa rétenduë fidelité , qu’ils dissiperent en
partie lies soupçons de Schah-Thamas , mettant
eu oeuvre toute sôrte dîartifice pour le rassurer,
ensorte que ce malheureux Prince se laissant en
fin entierement persuader, quitta son Camp e:
rentra dans lspaham.
_‘A peine le General en eut reçu l’avis, qu’il
uitta Serahanende et sa premiere démarche fut
Èenvoyet ses Ofliciers les plus affidez avec de pe
tits corps de Troupes oqcuperhles poptcs les plus
im ortans des environs ’ls a am r ( esorte qu’cn
péri) de temps il se vit maîtrlé de tous les passages
par où le Roy auroit pû sortit de cette Ville,
qu’il tint , pour ainsi- dire, bloquée, prenant en
même-temps des précautions pour que l’on ob
H iij servit
précis , Kouli-Kad‘ prit le‘
C \
\
370 MERCURE DE FRANCE
servât tous les mouvemens de ce Prince , et pour
qu’il ne lui fût pas possible de prendre la Fuite.
Après avoir ainsi disposé les choses , il écrivit
a ses amis qGi étoient Îuprès de Schah-Thamas ,
«Pengager ce Prince à Pinviter de se rendre au
près de sa Personne. Le Roy säpperçut trop
tard de la facilité avec laquelle il avoitajoûté foi
aux paroLes de son General; mais se voyant en
vironné de ses Ennemis. sans secours et hors
d’état «le rien entreprendre , il fut contraint de
suivre les mouvemens qu’en lui inspiroit et de
\
concourir lui-même a sa perte.
Il écrivit de sa propre main â Thamas Kouli
Kan , pour l’inviter à venir recevoir des marques
de sa satisfaction et de sa bienveillance. Ce perfi
de Ministre n’eut pas plutôt reçu la Lettre due
Roy qu’il s’avança vers Ispaham , suivi de son
Armée , Scbah-Thamas en étant averti, donna. '
des ordres pour qu’en‘ lui fit une Entrée magni
fique , l1 vouloit aller lui-même â sa rencontre
pour Phonorer davantage; mais le Genetal crais- '
gnant que dans une cérémonie qui alloit donner
lieu â un si grand concours de Peuple , on n'at
tentât à sa vie, refusa , sous les apparences d’une
feinte modestie , les honneurs qu’en lui offrait,
et fit dire au Roy qu’il se rendroit dans son
Qxartier suivi de peu de monde.
Il arriva le cinq de la Lune de Rebiulakliir à
une Maison Royale qui n’est éloignée dîspabam
que d’une lieiie. Il fit camper son Armée aux‘ en
virons , et après y avoir séjourne’ deux jours . il.
fit demander au Roy une Audiance , en exigeant
de ce Prince qu’il seroit seul dans la Sale ou il le
recevroit , ce qui lui ayant été accordé, il entra
‘dans I spaham avec quelques Troupes et les prin
cipaux Ofliciers de son Armée. 1l fut introduit de.
* W11“
FÉVRIER.- 1733. 37»;
—--_.
van: le Roy, et au lieu de se présenter dans Pétat
respeéctueuxdquàconvient â un Sujetb, il säjssit en.
la r sence u o , sans en" avoir o tenu a cr
milgsion ; mais qugique par cette démarche iïefie
laissé appercevqir son orgueil , ‘il ne laissa pas
(Ÿemployer encore la feinte. _
Il rapproche du Trône où Schah-Thamas étoit
assis , et dit à ce Prince qu’il étoir son premier»
Ministre , et qu’en cette ualité le soin des affai.
IE8 de l’Etat et de la Famillle Royale le regardait,
que S. M. devoir être persuadée de sa fidelité par:
les services impomns quîil lui avoit rendusgnais
ue si elle avoit encore quelques soupçons sur sa
deliié, il la supplioitpar tout ce qu’il y a de
plus saint et de plus sacré , de concevoir des idées
plus favorables , et d’êire persuadée qu’elle ifa
voit point d’E>.clave qui cxposât plus volontiers
sa vie que ‘lui pour son seivice.
Le Roy réduit ‘à la triste izecessiié de ménager
ce Traiire , répondit qu’il étpit persuadé de sa fi
delité , que c’étoit à lui, comme Premier Minis
tre , de remédier aux désordresde Pfizat , et qua
détoit dans ce dessein qu’il le faisoit dépositaire
de toute son autorité. ‘
Après un assez long entretien avec le Roy,»
Kouli-Kaii sortit de la Sale d’Audiancc environ-m
né de tous les Courrisans; et commençant de
faire usage de Pautorité qui venoit de lui être
confirmée, il fit arrêter deux des principaux Of
ficiers de la Couronne qui étoient les plus affec‘
tionucz au Roy; ils fuient par son ordre dé
poüillez de tous leurs biens , releguez dansle Kog
rassan et leurs maisons abandonnées au pillage.
Ensuite , sous prétexte que Schali-Thamas voua
loit voir passer ses Troupes en revûë, il envoya
des ordres â son Aimée pqu: se rendre â lspa...
- H iiij barn
G i O
'37; MERCURE ne FRANCE
ham; et feignant toujours qu’il agissait ar les
ordres du Roy , ce perfide Ministre r forma
tous les Ofliciers qu’il connoissoit attachez à leur
Souverain, et enrichit de leurs dépouilles ses
Creatures et les Soldats dont il avoit gagné Paf
fcction par ses liberalitez. w
Les choses ainsi disposées , il proposa au Roy
de venir dans son Qrartier , où il vouloit, disoir
il, le régaler splendidement, et cela pour faire
connaître au Peuple que S-M. lui avoit rendu
toute sa confiance , ce qui produiroit , disoit-il ,
un grand avantage pour son service. Schah-Tha
mas se voyant en quel ue maniere force’ de se
prêter aux insinuations e son Ministre, se ren
Ç dit le 9. de la Lune de Rebiuleuvel au Camp,
éloigné, comme‘ je l’ai dit, d’une lieüe de la.
Ville, il y fut reçu ‘avec tout l'honneur et tout
le respect qui lui étoit dû, Kouli-Kau Pengagea
d'y passer la nuit.
Mais le lendemain, ce Rebelle ayant fait as
sembler les principaux Olficicrs de son Armée ,
de concert avec les Courtisans qu’il avoit engagés
dans son parti, il leur ‘représenta le Roy com
_me un Prince imbécile et absolument incapable
d: gouverner l’Etat; il ne veut point, ajouta-t’il,
dentier son consentement pour faire la guerre aux
Turcs; c’est nn Prince sans courage , il faut,’ le
détrôner et établir en sa place Mirza-Abbas son
fils, il esnâqla vcritéoencqre au berceau, et n’a que
4o. jours , mais je gouvernerai le Royaume en
qualité de Régent, toute la Terre s’appercevra
bien-tôt de ce changement.
Cc discours fut applaudi par les Partisans du
General, et les plus fideles serviteurs du Roy fu
rent contraints de dissimuler; on se saisit en
même-temps de la personne du Prince , qui fut
«Pabord
" e
FÉVRIER. 173;.‘ 373i
D
däibord mis en prison, et deux jours après il fut
conduit dans le Korassan , avec une escorte qui
eut ordre de passer par les Deserts et dæêvirc:
avec soin les lieux habitez, crainte que le Roy‘,
ne fût enlevé par les Peuples. On n’a laissé à ce
malheureux Prince que deux Eunuques et quel
ques Esclaves. r
Le 17. du même mois, Kouli-Kan se rendit à
Ispaham avec une pompe et une magnificence
Royale , et étant descendu au Palais des Rois , il
fi: publier la déposition de Schah-Thamas et
Pavenement à la Couronne‘ de Mirza-Abbas, En,
même-temps ce Prince dans son berceau fut pla.
_Cé sur un Trône où tous les Grands vinrent lui
rendre hommage; cetEvenement fut annoncé
dans toutes‘ les Mosquées , et l’on frappa de la
Monnoye au coin du nouveau Souverain.
Après cette cérémonie, le Rebelle Kouli-Kan,‘
vêtu d’une Robbe Royale , portant une Cou
ronnc sur sa tête , et place’ sur le Trône , reçut:
en qualité de Régent du Royaume , les compli- ,
mens de .tous les Ofliciers de la Cour, il entra
ensuite dans la Harem de Thamas-Schali , y vio
la la Soeur du Roy, fille de Schah-Hussein,
Princesse d’une extrême beauté , et dont la vertu
étoit géneralement révéré: de toute la Perse , il
se saisit aussi du Trésor Royal et geuerale
\
nient de tout ce qui appartenait a la Couronne,
e vous dirai très-Honoré Sei neur ue cette
7 fi
action est détestée de tous les Peuples , qui jus-'
qu’alors avoient consideré ce General comme le
Restaurateur de la Patrie , et le Ministre le plus
zelé que le Roy piît trouver. Cette opinion a dé
generé en haine publique; mais il ne se trouve
personne qui ait assez. de résolution pour faire
paroître ses sentimens. La timidité des Peuples
1-1 v donne
,74 MERCURE m; FRANCE
donne le temps à ce Rebelle de grossir son parti,‘
de se faire des créatures et d’écrase‘r tous ceux
qui pourroient lui donner de Pombrage. Les
cruautez . les rapines , les vexations sont inoüies,
les Grands-Seigneurs passent tout d’un coup de
PEtat le plus opulent a une extrême indigence ,:
les Musulmans sont immolez dans les Mosquées.‘
enfin je ne finirois point ma Lettre si ÿentrois
dans le détail des abominations ,des excès et de‘
tous les crimes qui se commettent; toutes les tiv-,,
chesses qui sont abandonnées au pillage des Re;
belles , sont partagées entre les Troupes venuës
du Korassan, dont Kouli-Kan se ménage Falïec
tion , et dont je. vous envoye l’Etat détaillé avec!
ma Lettre.
Ces Troupes lui sont si affectionnées qu’elles
Iépandroient tout leur sang pour son service , ce
indépendemment de cette Armée, qui est d’en
_viron zçooo. hommes , Cavalerie et Infanterie,
-. ilpeut avec beaucoup de facilité mettre sur pied
' encore 2.5590. hommes de Troupes d’élite.
Au reste , comme il est persuadé que ïArtille-J
rie Persanne n’est pas à comparer à celle des
Turcs, il a résolu d’attaquer le Tutquestan pat
trois differens endroits , afin d’occuper les Haq‘
bitans du Pays de façon qu’ils ne‘ puissent don
ner aucun secours au Séraskier , ne voulant risquer
aucun Evenemenrqui puisse dépendre de
Peffort de PArtilIerie Et si V. Ex. se renferme
avec ses Troupes dans Bagdat , Kouli-Kan se pro
pose de bloquer cette Place avec une partie de
son Armée , et d’employer l’autre partie à rava
ger la campagne pour afïamer la Place. Uorgueil
_ de ce Rebelle est si outré et son ambition si dé
mesurée , qu’il regarde tout le reste du Monde
comme sa‘ pro ve et saacon uête.Voilâ scioneuru
I D
. ‘ / la
FÉVRIER. I733. 375.
la véritable situation des aiïaires de Perse. Au
reste , Vordre et le commandement dépendent dc
celui qui peut tout. ,.
Ces nouvelles ayant été reçâës â la Porte, elles
du: donné lieu à un Conseil , auquel ont assisté
tous les Ministres ct les Principaux de la Cour.
Il y a été déliberé que le G. S. écriroit des Let
tses à tous les Gouverneurs des Provinces de Fer
se , pour les exciter à prendre les Armes , pour
Vanger leur légitime Souverain , contre les entre-æ.
prises de ce nouvel Usurpateur ; avec promesse ,
de la part de Sa Hautesse, de les soûtenir de
routes les forces de’ son Empire , dans une Citer
re Sl iuste.
-. P o L o G N E.
V‘
E r6 Février , jour de Farfivée du Roy si
Warsovie , ou publia au Palais que sa santé
étoit bonne , et que S. M. avoit résolu de pas-a
set quelques jours sans paraître en public pour
se reposer ‘de la fatigue de son voiage; câpendaut
le Roy étoit ti-ès—incoiiin1odé;_il sou roit au
pied des douleurs tres-vives , et il avoit une fié
vrelente, accompagnée de beaucoup de foiblesses
et d’un tres-grand dégout. Le lendemain et les
jours suivans, le Roy reçut les respects. des Sena
teurs et des Seigneurs de la Cour; et quoiquïl
fut toujours aussi indisposé , il voulut le 1.; ,
veille de Pouvtrturc de la Diette generàlc . S0
rendre du Palais au Château ,pour assister le
lendemain à la Messe du S. Esprit , â la Prédicau
tion 3C!’ aux autres cérémonies qui précedcnt,
Yllssemblée. Les Médecins s’y opposerent avec
tant dïnstance, que S. M. s’étant renduë a leur
représentation , envoya chercher le Reférendar.
\ _ H V) Il:
37s ME RCURE ne FRANCE.‘
te de la Couronne , et le chargea de faire sça-v
voir de sa part aux Sénateurs , qu’elle ne se trou
geroir point à lrgrande‘ Messe et a‘. la Prédicaw
tion; que les Nonces pouvoient sïassembler com
me â Pordinaire, pour ptocederà l’Election d'un
Maréchal de la Diettc , et que lorsqifelle seroit
faite, S. M. ne ditfereroit point de se rendre au.
Château , pour y recevoir leurs hommaoes.
- Le 1.6 , jour de l'ouverture de FAssemtblée , les
Sénateurs et la plus grande partiede la Noblesse,
se rendirent au Palais, pour y apprendre des
nouvelles de la santé du Ro ; et S. M. en ayant
été avertie , Elle, fit entrer ans sa Chambre le
Grand et le Petit Maréchal de la Couronne ,_ee
M. Osarowski , Député du Palatinat de Zator 5
lequel en cette qualité étoit Direzteur de la
Chambre des Nonces , parce que la Dieteparti
euliere de Cracovie n’en a point nommé pour
assister S la Diette. Le Roy après les avoir ex
lortez â se conduire toujours avec zéle pour
1e bien public , les assura qu’elle n’écouteroit
point les ménagemens qu’en lui ordonnoit pour
sa santé , lorsqu’il s’agiroit de seconder leurs
bonnes intentions , et ‘qu’elle se rcndroit au Châ
teau , dès que les Nonces pourroient venir au
Ïrrône. .
Au sortit du Palais, les Nonces ailerent au
Château , et ensuite à PEglise Cathédrale , où ils
assisterent_'_â la grande Messe , et à la Prédica
tion. Après cette cérémonie, les Nonces s’assem
blerent dans leur Chambre, et M. Osarowski,‘
Directeur , ayant pris le Bâton , fit un Discours
â l’Assemblée , pour faire connaître de quel in
terêt il étoit pour la Répupiique de faire re-‘
gner dans cette Diette plus d’union que dans
les précedcntes , et de ne ioccupet que du bien
public.
FÉVRIER. i733? 377
public- On voulut cë jour-li proeeder â l’Elcc
tion du Maréchal de la Diette, mais elle ne put
être faite dans cette séance ; et ce fut le lende
main que M. Osarowski fut élu.
Le même-jour , le Vice-Chancelier et le Petit‘
Maréchal de la Couronne , allerent apprendre‘
au Roy l’Election du Maréchal de la Diette, qui
le soir eut Phonueur de voir S. M. ’
Le 2.8 au matin , les Députez de la Chambre!
des Nonces , nommez pour rendre compte au
Roy de cette Election, eurent audience de S. M
qui les reçut dans sa Chambre. Le ÿice -\Clian-—
celier répondit à leur Harangue, au norri du
Roy , que 3. M- feroit sçavoir au Maréchal de,‘
la Diette , quand elle seroit en état de . se rendre
au Château , et qu’Elle désiroit que PAssembIÉC
continua: de délibérer sur les affaires publiques.
' Depuis ce jour-li , le Roy se trouva plus mal 5
ses forces diminuerent. Le 3o , à midy , il sentie
des douleurs tries-violentes dans le bas ventre , et
on s’apperçut en même-temps d’un dépôt qui se
formoit à la Cuisse. Le Roy ayant connu le
danger où il étoit, fit venir FAbbé de S.Germain,.
François , Prédicateur de la Cour, il se con
fessa, et il se prépara ensuite â communier le
lendemain ; mais vers le milieu de la nuit, le mal»
ayant augmenté , il reçut le S. viatique etPEx
trême-Onction ,il mourut le i. de ce mois à 4.
heures du matin , âgé de s; ans , 8 mois et 19-:
jours , étant né le I1. May i670. .
Frederic Auguste. Roy de Pologne , Grand.
Duc de Lithuanie , Eleeteur de Saxe, naquit le
11 May de l'année I670. il étoit fils de Jean
Géorge III. Electeur de Saxe , de la Branche:
Albertine , mort le n. Septembre 169i. et d’An
ne Sophie , fille de Fxederic 111. Roy de Daim:
muclg
3'78 MERCURÉ DÈFËANCE
marck. Il succeda à PElcctorat de Sïne . au mois "
d’Avril_169+. après la mort de jean-George IV.’
son frere aîné , qui mourut sans enfans. Il fut '
élu Roy de Pologne le I7 Juin 1697, et canton
né le zr Septembre suivant; Il avoit épousé le
1o de janvier 1693 . Christine Everhardine de
Brandebourg Eareith , qui mourut le 5 Septem
bre 172.7, âgée de 5-6 ans, et ne laissa qu’un fils,
qui est Frédéric — Auguste‘, Prince Royal de
Pologne, et Electoral de Saxe, â present Electeur, ‘
né le 7 d’Octobre :596. et marié en i719. avec
Marie-Joseplæine dfluxriche , fille aînée du feu
Empereur joseph.
A L-L r. M A c; N e.
LA nouvelle (le là‘ mort du Re)? de Polognc‘
étant arrivée â Dresdepn fit comme on avoit
fait à Watsovie après la mort de ce Prince : on ï
ferma d’abord les Portes de la Ville , les Collé
ges , les Tribunaux cessetent leurs fonctions , et ‘
les habitans témoignerent par leurs regretsxom- ‘
bien ils étaient pénétrez de la grande perte qu’ils
faisoient. _
Le lendemain , 5 de ce mois , le Régiment de
Rutowsxi , fit hommage au nouvel Electeur
Frederic-Augustget prêta serment de fidclité
entre les mains du Prince jean-Adolphe de Saxe
Weisscnfels. On ouvrit ensuite les Portes de la
Ville , ct les Tribunaux reprirent leurs fonce
’tions.. ‘ '
Le 6 , le Regiment de Solkowski , prêta pilé"
rcillement hommage et sernnent entre les mains
du même Prince; tous les autres Regimens doi- '
vent en faire autant, et le General de Baudis z
xeçu ordre d’aller reçevoir le Serment de la Cava« î
' * -' ‘ lexic.
FÉVRIER. i733. 379
krie. Lenouvel Electeur â reçu les complimens‘
de condoleance des principaux Ofliciers militai-e
res , de tous les Ttibunaux et Communautés dlt
Pays , S. A. R. les a fait assurer chacun en par»
ticulier de sa protection , et Elle a confirmé dans
lents Charges les principaux Ofliciers de sa Cour.
Les Resctipts et Ordonnances sont i‘ pre sent
pour Préambule: Son Altesse Royale de Pologne;
et de Litbuanie, Electmr de Saxe , 85e , et ils sont .
scellez des Armes de Pologne et de Lithuanie.‘
ITALIE.
O N écrit de Naples que le Mont Vésuvc a4
jctté depuis peu bcaucoupxle Flammes’; et
comme on a observé que lorsque ce Volcan pa
roît embrasé , on éprouve rarement des trem
blemens de terre , on se flate d’être délivré de ce
Fléau , au moins pour quelque temps.
La Ville de la Cava , située dans lrPrincipau;
té de Salerue, a été fort endommagée du dernier
tremblement, et 1”Evêqtte a. couru risque rfêtre
enseveli sous lesruines de son» Palais , qui a été’
entietemcnt détruit , ainsi que PEgIise du Dôme, '
celle des Religieux Mineurs de FObserVa-nce , et’
leur Convent.
Par les Lettres de la fin du mois dernier , ou
apprend qu’on avoit ressenti âNaples , et pres
que dans tout le reste du Royaume , de nouvel
" les secousses de tremblement de terre; la Ville de‘
Benevent en a essuyé pendant plusieurs heures de
tres-violentes; la plupart des Églises et des auq
tres Edificcs qui avoient résité au dernier trem
blement ont été fort endommagez par celui-cy ,..
et tous les habitans , et lüflrchevêque même , ont
été obligea de sorti: de la Ville , par la Crainte:
- dïeue
386 MERCURE m: FRANCE
d'être accablez sous la ruine des Maisons.
On apprend de Messine , que vers le même;
temps, le Mont Etlina avoit jetté un nombre pro»
digieux de grosses Pierres , qui ont causé de
grands domtnages dans les environs, et dont
quelques-unes ont été portées jusqu? Catane ;
que cette éruption avoir été précédée d’un brouil
lard épais; qu’ensuite on avait" entendu un bruit
affreux , qui avoir fait croire que le Volcan al
loit être englouti; que quelques minutes après ,
il en étoit sorti une fumée noire . qui avoit obs
curci tout l’horison ; qu’à cette fumée, avoir suc
cédé Péruption dont on vient de parler ; et que
depuis , le Volcan avoir jetté toutes les nuits ,
et équielqluefois pendant le jour, une grande quan-y
ttt e ammes. .
EspAcNr. .
e
LE Roy a été malade à Séville d’une fluxion ;
accompagnée de fièvre; et il a été saigné
deux fois; mais cette indisposition n’a point et:
de suite , et l’on a appris que S. M étoit entie
rement rétablie. ‘ ._
On écrit de Barcelone . que ç Vaisseaux de
Guerre , chargez de Troupes et de Munitions ,
sur lesquels il s’cst embarqué un grand nombre
de Volontaires , ont mis â la Voile pour se ren-u
dre si Otan, d’od on a appris qu’une partie de
PArmée des Ennemis étoit toujours eampée â 5
licuës de la Place , et qu’elle n’avoit point enco
re paru dans le dessein de former aucune nous
veIle entreprise sur la Vine.
On apprend de Ceuta , que les Maures s’en
étoient rapprochez, mais qu’ils n’osoient se trop
avancer à cause du grand feu de l’Artillerie- de la
Place; qu’ils avoient voulu tracer le Plan d’un:
- flou-ä
FÉVRIER. 1733.’ 38s
Ïouvclle attaque , et que la Garnison avoit de;
truit tous leurs Travaux. ‘
On a appris depuis que le, nombre des Tentes
du Camp que lesMaures ont formédevant cette
Place , est considérablement diminué; ce qui
donne lieu dé croire que le détachement de Ca
valerie , composé de xyoo Noirs . qui s’y étoit
rendu de uis quelque temps avec un pareil nom
bre dïnffanteric , s’est retiré. On attribuë cette
Retraite aux troubles qui continuent dans le
Royaume de Maroc. et on assure que les Noirs
sont fort mécontens de la conduite du Re!
regnanu ‘ '
P o R ‘r u c; A r.
N mande de Lisbonne qu’il étoit entré
dans le Port de cette Ville , depuis le 3o du
mois de Decembre 173 r. jusqu’au 2.7 du même '
mois de l’anne’e derniere , 8;; Vaisseaux Mars
chauds , dont n; sont Portugais , et 74.0 sont
Étrangers ; sçavoir . 5-9 François , s34. Anglais,
m9 Hollandois, 2.x Suédois,8 Espagnols, g
Hambourgeois , z de Trieste , a Maltais, r Gé
nois et un de Dantzick; sans compter gVais-Ï
seaux de Guerre, et io Paquebots Anglois, et, _
7 Vaisseaux de Guerre Hollandais.
Le Roy ne voulant recevoir â l’avenir , dans
ses Troupes que des Officiers qui ayent toutes
les connaissances nécessaires à leur profession ,
a établi à Lisbonne, à Yana , a‘. Elvas et à Al
meyda, quatre Académies, dans lesquelles les‘
jeunes gens qui seront destinez à porter les Ar
mes, pourront s’instruire de tout ce qui peut;
regarderFArt Militaire. Les places dOEnseignes
seront remplies par ceux qui se distinguerons
dans ces Académies , et aucun Oflicier ne polàrrêl
- » tre
2s’; MERCURE DE_ FRANCE
Èire admis dans aucun Poste , iusqu"â celui de
Colonel, qu’il n’ait été examiné auparavant par
Hngénieur Général du Royaume , en presence
des Ministres du Conseil de Guerre et de la luntc
des trois Etars. S. M. a aussi résolu de former
dans chaque Régiment dïnfanterie une Com
pagnie (Pingénicurs, qui auront seuls droit de’
prétendre aux Places de Capitaines de ces Com
pagnies, et qui pourront parvenir à celle de Serg‘
gent Major dïnfanterie.
- GRANDE BRErAsNE.
l E 2., du mois dernier , la Chambre desiComa‘
nunes alla présenter son adresse au Roy , qui
y répondit en ces termes .- '
MESSIEURS, _
Ie «vous remercie des respectueuses assurances.
que vous m: donnez. de votre zeÏe et de ‘votre uf
fiction pour mai. Lu résolution ou vous êtes u’:
prendre dans w: délibérations les mesures qui
cantriéueront le plus au bonheur et au verituôle
interêt de tous mes Sujets , m’est tres-ugvéuêle , et.
je ne doute point que de ni âarïnes intentions ne
vous procurent lu âonne opinion et Pestime de mon.
Peuple. ‘
Le rapport de cette réponse ayant été fait âla
Chambre , elle résolut d’accorder un subside au
Roy , et de supplier S. M. de lui faire remettre‘
les Etats de la dépense de Fannée courante. '
Le 9 de ce mois , la Chambre des Communes
-cn grand Comité , résolut d’accorder 8000 hom
mes au Roy , pour le service de la Flore, pen
dant le courant de cette année, et de lui _fournir
un subside de 4reooo livres Sterliu , pour
cette dépense. ,
Le
FÉVRIER. 173;. 38;‘
Le 13 , la même Chambre accorda à S. M.
17709 hommes pour les Gardes’ et. Garnison!
dans le Royaume , et dans les Isles de jersey et
de Guernesey, y compris les 18 r; Invalides , et
‘sacs çyy hommes , qui forment les six Compaa
{mes . indépendantes , employez contre les Mon
tagnards d'Ecosse. Elle accorda en même-tempg
pour l'entretien de ces Troupes , un subside (‘le
5532.16 liv. Sterliu , un autre subside de 77816
liv. Sterlin , pour la dépense de PArtillerie, et une
somme de r37; liv. Sterlin , pour quelquäutre
dépense extraordinaire, ausquelles le Parlemenl
n'avoir pas poutvû dans la derniere Session.
Le u. , vers les 5 heures du matin , le feu prit
dans le Faubourg de Southvark, â un Magazin
deGoudton, qui fut entiercment consume’ - par
le; flammes 3 quatorze Maisons voisines furent
réduites eu cendres . etplusieurs autres fort eu
dommagées.
% sæasassmææsgsaassss; "s:
F R A N C E:
Nom/elles de la Cour, de Pari: , ch‘:
E 2 de ce mois , Fête de la Purificac‘
tion de la Sainte Vierge , les Cheva
lîers,Commandeurs, et Oflîciers des Or
dres du Roy a s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit ‘
revenu exprès de Marly pour cette Ceré
monie , S. M. tint un Chapitre , dans Ie-Ë
quel PArçhevêque d’Aiby , et PArche:
vêquq
384, MERCURE DE FRA'NCÈ
vêque de Vienne, Premier Aumônlerdu
Roy , furent nommez Prélars , Commane t
deurs de l'Ordre du S. Esprit , pour rem? *
Elir les deux Places‘ vacantes parla m0155"
de l’Archevêque de Lyon et de”l‘fivîs”z
que de Metz. '
Le Roy sortit ensuite de son (Apparte
ment, pour aller à la Chapelle , S. Mat
étoit précédée du Duc d'Orleans,du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty _,- du Duc du _Maine, du Pr.
de Dombts , du Comte’ d’Eu , du Comte
de Toulouse, et des Chevaliers, Coma.
mandeurs et Ofliciers de l"Ordre.Le Roy,‘ ' '
devant lequel les deux Huissiers de la
Chimbre portoient leurs Massesfitoit
en Manteau ,_ le Collier de POrdrel par
dessus , ainsi que les Chevaliers; le CarÂ
dinal de Bissy,et le Cardinal de. Polignac,
Prelars Commandeurs , marchoient der:
riere S. M. v v
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession. et à la Grande
' Messe, célébrée ‘par l’Abbé Brosseau ,
Cliapelain ordinaire des la Chapelle de
Musique -, et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumêes.
L’aptès midi , le Roy entendit le Ser
mon du P. l: Fée/ra, de la Compagnie
4c Jesus, et S. M.“ assista au; Vespres ,
ch’!!!
F E V RIE R)‘ 173;.‘ 38;
chantés par la Musique. Vers le soir, la
Roy retourna au Château de Marly.
Le 29 Janvier: on fit par ordre du
QRoi, un Service Solemnel‘ pour le repos
de l’am'e du Roi de Sardaigne , Victor
Amedée , dans l'Église Métropolitaine ,
ui étoit ornée et éclairée avec beaucoup
fie magnificence. L’Archevêque de Paris
y ofiicia pontificalement. Le Duc d’Or
‘leans , le Comte de Clermont et le Prince
de Conty , qui étoient les Princes du
deüil , allerent à l’Ofl‘tande avec les ceré
moniçs ordinaires , en longs Manteaux,‘
dont la queuë étoit "portée par le Baill y de
Conflans _, le Marquis-‘de ClermongChe
valier des Ordres , le Comte de Billy , le
"Chevalier de Villefott , le Marquis de
Bourzac , u: le Chevalier de Causan , tous
Premiers Gentilshommes de la Chambre _,
pu premiers Ecuyers de ces Princes. p ‘
' Après POfFertOire, l’_lîvêque_ de Vente-e
prononça l’Oraison Funebre avec beau;
coup dîoêlcquence. Plusieurs Archevêa
ques, et Evêques se trouver-enta ce Servi
ce , ainsi que le Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des Aydes , PUni
iversité et le Corps de Ville qui y avoien:
été invitez de la part du Roi , par le
Marquis de Brezé , Grand- Maître des
Çerémoniçs,
‘ Descfig;
586 MERCURE DE FRANC;
Description du Catafalque.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
Latriré un si orand concours et tant d’admira—
leurs , mérite biîn que nous entrions li dessus en
Îquelque détail. On voyoit d’abor.d à la façade de
l'Église , au-dessus de la principale Porte , une
grande Tcnture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis däârmes. Sur le milieu éroir
placé un grand morceau peint dflrchitecture de
18. pieds de. haut, sur 12.- pieds de large, ceiarré
par le haut , où étoieut les Armes du Roy de Sar
daigne ,_avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de F/Irmonciade , sous une Couronne
Royale , soutcnuë d’un CÔlé par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d’un Groupe
de Nuées , 8cc.
Sur les deux aurres Portes latcrales . on voyoit
les Chiffres du Roy Vicror Amcdée, dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommécs, et posés sur le même lez de ve
Jours.
Toute la Nef étoit rendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres, alterna,
çtivemeut , rehausscz d’or et dflargent. Sur la
_Tenture de la façade du Jubé. étoienr rrois lez de
velours chargez d’Armes , ôcc. Sur la Porte du
Choeur, on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d’éroffe d’un.
doublé Æhermine, dans un Chambranle de Mat
bre blanq , avec eleux Guaisnes aux extrémircz et
deux Lions au-dcssus servant de suporfaux Ar.
mes de Savoye.
Le Catafalque étoit placé â deux toises et de
mie de Penrrée du Choeur, consxruir da‘ns la Nef,
su:
.F'EVRIER. 173;: 387
sur un Plan‘ de i4, pieds et demi de long, sur m.
pieds 3. pouces de large et ç. pieds de hauteur; et
pour le dessus de lfléstrade , 1o. pieds 1o. pouces
sur 7. piedsÎde large 5 les quatre Angles avancez
a‘ Pans coupez, formant des Fiedestaux’, entre
lesquels se trouvaient six degrez â chaque face,
sur le devant des Piedestaux des Consoles sail
‘lantes , de r 8. à 2o. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant cha
cune une Girandole de cinq lumieres ; le tout su:
un fond de Marbre dOEgypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s’élevoit un ordre Ionique,
dont les quatre Colornnes en or, composées de
Iaisseaux, de Picques. liées ensemble avec Ban
deaux et Festons de Lauriers en argent, tournans
en torse au pourtour, et dïotl sortoient des bran
ches en argent. qui portoient sur chaque C0..
lomne soixante lumieres ; leurs Architraves, Fri
ses et Coi-niches en Marbre blanc. sur la Frise de;
Muflies de Lions , en or 5 de-même que les 01'!
nemens et Moulures des Entablemçns.
_Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s’e',
' levoient des Courbesfibrriiant une espece de Balda»
quin en or, ayant à leurs extrémitez. des Conso
‘Ies en or qui soutenaient une Frise , d’en to_m.—
boit une Campanne en or, sur un fond noir avec
des Larmes et Glands dîargent {au-dessus de I2.‘
Frise , une grosse Monlure de Baguette en or ,
arnie dhgrarïes d’argenr , d’otl sortoient des
Ëranches «fargent, portanr (le-même des lumieres;
au-dessus une Gorge de six âsept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or.
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , den
puis PEntabIement jusqu’â son extrémité , étoi;
xgarni de plus rie zoo. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable.
su:
m MERCURE DE FRANCE: i
‘Sur les degrez de PEstrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estradc s'élevoir un Zocle à Pans cou.
pez , se terminant par un adoucissement de deux
ieds de haut, sur‘ lequel étoit poflâ le Tombeau.
de Marbre Pottore , soutenu par quatre Conso
les en or , ayant des têtes de Lions e_t terminant
par bas en ornemens , d'où sortaient des Pattes
du même animal . et aux quatre flancs du Tom
beau , dans des Couronnes cle Lauriers , le Chif
fre, et des flambant renversez par derrierc en
‘Sautoirs. La Représentation du Tombeau étoit
couverte d’un grand Poële (Plâtolïc d'or bordé
«Yflermine , croisé de Moire d'argent et canton- .
né d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau, la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d’un Crêpe , et le Man
teau Royal, d'Etoffe d'or à fond rouge, bordé et
double’ dOE-Iermine , qui tomboit jusques sur l’Es
trade , autour de la Représentation, Sur l’Estra
de , plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem.
‘bloient être jettés négligcamment sur les mare
ches de PEstrade.
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jus.
qu’â Pextremité de la Couronne , étoit surmon
tée par un Pavillon très-riche, dont les Pans et
les chutes avoient x9. aulnes de long , ornées de
bandes dT-Iermines, et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de ,8. Chandeliers d'argent aveç
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Cata
falque , dont les chutes du Pavillon ‘étaient re
troussées par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
dirlferens côtez. Le
I
FE V_ RI E R. 173;.‘ 389’
' a Le Pourtour du Choeur , distribué en x8. Ara
cades , dont dix ouvertes , foncées de noir, où
l’on avoir pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoiene
ornées d’un ordre. düärchitecture Ionique, les
Pilastres ayant-z7. pieds de haut jusqu’à l’Enta
blement , les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
d: Mort enveloppées d’Aîles dessechées , et cou
vertes d'une Draperic d’argent, formant des chu
tes à Paplomb des Volutes. su: chaque Pilastre
on voyoitune manierc de Cartouche ou Epita
phe en Marbre blanc , de diffcrentes formes; les
uns enveloppez et surmonte: d’une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bor
dure, d’Ornemens , et toûjours au milieu de cha
cun le Chiffre de Vicror Amicale’; , avec une Gi
xandole de cinq lumieres. Par le bas, les fonds
des Pilastres en vert dOEgypte ,.les Corps et arrie
ICS-COLPS de Marbre blanc; les Bases étaneca
chées par un Socle de deux pieds et demi de haut.
sur lequel étoit poségun Trophée d’Armes de 4 a‘.
g. pieds de haut, en oie; tout le surplus de PAL-chi.
tecture , Corps , arriere» Corps , Corniche, Af
uagale , Archivoltes , peints en Marbre blanc.
- Sur la Corniche s’élevoit un (Attique de r4.‘
pieds , les Pilastrts de même ‘Marbre , tombant
a‘ plomb sur ceux dont on vient de parler. Des
Chapiteaux toruboient en Trophées, une Tête de
Mort avec des Ailes et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre, un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d’Her
n1ine,.au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes, et il {ortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts 8re.
. sur la Corniche ait-dessus de chaque ouverture,
I des
....
39h M =E R-CUR ‘E ‘DE F R AN-C E
,d:sv\Cha-ntoumez , en Mmbreblanc rfami noir, '
‘semé de larmes dflargent , ayant chacun une Tête
de Mort au-milieu , avec des Ailes», portant cha
cun 4.1. lumieresnsur la même Corniche , â» l’ ..
plomb des pilastres , des Vases en argent , fond
poix , portant chagrin .9. lnmicres.
Le yremier leu de velours étoit placé, æu-dtssug»
de la Corniche de PAttique, à gogpieds de haut,
chargé dmrmeæetchifies , et semé de Croix e:
de Larmes-därgmt‘, et sur Paplomb des Pilasv,
mes, un Blason avec diflerens Trophées «immunes;
- Le second lez de velours servait de Friseâ l;
Corniche , semé de-même que le prunier, et de
Triglifis composées ait-dessus des Pilastres , e;
suc le milieu des Archivoltes étaient-de grand;
Cartouches, dom la Couronne passoit sur l'As
rtägalc et la Frise de laCorniche. Ces Cartouches
étaient ornezdes Armes des Ordres , Couronnes ,
Jîestons cleCy-prês et autres attributs, en q: et en
argent , et sdütntres , alternativement, avec des
chiffres-et Manteaux dflîtoffc d’or et d’ Hermine,
et au bas de chacun uneGirandole de s. lumieres.
.—Du haut de FArohivolte ,des deux côte; de
chacun des Cartouches , tombaient des Rideaux
Peints en noir, retroussez au-dessons des Im
postes , tombant en chutes .le long de Partierec
Corps des Pilastres ; Ale tout orné de Erangeset de
y Qordonsen argent et semez cle Larmes, Sec. Les
« appuis des ouvertures des côte; de 3. Pieds de
haut , le æilieu- plus élevé et orné atkdessus
‘de Pélevation , dfun Vase en argent et fond
noir . portant une» Piramitle‘ de u. lumieres;
au Pied des» Vases tombaient v des Pressoir: de
cyprès en or ,- accompagnez les uns de dan;
‘figures rehaussées dhrgeut , tenant desflatnu
beaux c: d'autres y êïfiîmÿtïiîflflläflî ,
' ‘ e. .: ; gycç
"FÉVRIER. 1733‘. -3;;
«avec des. Lions, comme "supports des Armes.‘
Le Plafond des Stades avoit une Moulurc do
rée au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bor
dure de Trcfles en forme de bandeau de Couron
nes;_cha ue Trefle portant une bougie derricreI
un filet e lumieroe 3 devant chaque Pilastre e;
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumie
rps gqui intcrrompoit «par Groupesla-Bordure de
lumieres. ‘
'- Du dessous de la Moulute des Stales tomboit,
le troisiéme lez de velours , de même arrange
aneut d’Armes et de Chiffres que le premier , se.
rué der même, ayant de surplus des Festons her
"minez. de distance en distance , e: qui envelop.
poilant les Cartouches qui étoicnt sut 1c lcz de
velours.
Lwutcl était surmonté d’un Dais de n. pieds
su: 7. pieds, avec des Campannes dedans et de
hors , en argent , sur fond noir; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir, semé de larmes et en
touré de Frange dütrgent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond.
et la qucuëîcroisée deMoire därgent. et canton
née d’Armes;eaux deux ëPilastres à côté tomboicnt
des Trophées des ‘Instrutnens qui servent aux
Cenéruonibs Mortuairences. deux Pilastrcs ac
compugheuet soutenus par deux grandes Con
solesvde Marbre blanc, avec une Girandolede
sept branches, posée sur le ‘milieu de la. Volutte.
.Beu'x« diriges prostornez , rehaussez därgcnt ,
sur 1m Groupe de Nuées, qui rêpandoient en
‘partie snrlcsCousoles le surplus de ‘la Décora-_
' tienjaisaut simétrie avec te Pourront du Choeur,
q-leeresve de‘ PAuteJ orné avec une magnificence
convenable et éclairé d’un grand nombre de ,
CiexgtsJce. . _ , .
c. ._ ' ' i ij Tout!
494 MERCURE DE FRJÆ NCE
la nuit fut close , on ne ‘pouvoir se conduire‘
qu'à la clarté d’un flambeau , dont on ‘voyoit i»;
peine unexpetite _lueur à six pas ; et malgré ce
secours on ne laissait pas encore de s'égarer , en‘.
sorte que quantité de personnes, qui après avoir.
beaucoup marché , se croyoient-dans leurs quar
tiers et fort près de chez eux , étoient fort éton
nez de s’en trouver encore très-éloigneLOn dit que.
les Aveugles des. (gitan-Vingt: qui se retiroienr
vers la chute du iourfurent d'un secours merveil
leux â diverses personnesj qui ils servirent de gui»
des jusques dansleurs rnës. Les Lanternes ne don
noienr aucune clarté , et à peine pouvoir-on ap
percevoir celle sous laquelleon étoit. Les Ofli
ciers dcPolice firent retirer tous les Fiacres des,
Places, et on «n'a pas o-üi dire qu’il soit arrivé;
W
äucun accident.
"I.e z. Février , il y eut Concret Spirituel 312e
Château des Tuilleries , on y executa un Moter
de M. de la Lande, Emetwit, qu'on n'avoir
pas encore entendu, et un autre Motet de feu
l'abbé Gnvenuï, qui est un excellent morceau de‘
MusiqueJe-Dominus rtgmwit termina le Concert,
qui fut précedé de dilïerentes Pieecs de Symphonie,
dont l-OExtcution“ fait‘ toufours beaucoup de plaisir.
Le 7. le sieur Buanmcini , cy-dtvant Maître
de Musique des Empereurs Leopold et Joseph ,
connu par un grand nombre d’Ouvrages de Muw
sique en tout genre, et entfautres, par 78. Open
de sa composition , qu'il afait executer en Ira.
lie, sa Patrie‘, à la Cour devienne, et en An
gleterre, fit chanter au même Concert de la Mu
sique Latine , ‘qui fut trouvée admirable dans
toutes ses parties , tant par la composition que
par Pexcecution. Ce Concert finit parle Q5418
frmmemm ,-Motet de M. de la Lande.
_ p F’ É VAR ÏÉTIÏ.’ r7”: 39;
Genrde M. lüfirmbassadeur de‘ Venisefirent‘
{ramener parlaVille, pendant lesdermers jours’
du Carnaval , un magnifique-Chariot. tiré pard’
Chevaux superbement harnacheLLe Chariot étort‘
précedé de quarante Masques â cheval ,-en habit"
de differentes Nations. Il représemoit par sa for
aine uneGondole dorée et ornée de difîerentes fis’
gurts symboliqpes , sur laquelle il y avoitplu-p"
sieurs Gradins diiïerens étages,‘ qui étoient oc«
cupez par des Musiciens etpar des Syrnphonis:
tes masquez , jouant de diflerens lnstrumensu
äpute la Machine étoit surmontée d’un grand‘
. rasol âla Chinoise qu’on baissait et haussoie
dans le besoin , par le’ moyen‘d’un Ressort , afin’
que le Char pût passer par tout, et principale
ment par la Porte S: Antoiiie.C’est en cet endroit
que le Spectacle fut le plus brillant , par le con
cours des Carrosses remplis de Masques et des‘
‘autres Mascarades âpied et ai cheval, qui se joi-‘
gnirent en file au Chariot , et qui occuperent‘
«pendant long-temps tout le (Lnartierde-la Porte‘
‘et du Fauxbourg S. Antoine , où un Monde irr‘
fi-ui étoitaccoutu pour les voir‘ passer.
i Le 2.}. Février , la-Loterie de la Compagnie des’
Iaidcs , Êablie-éeponr le Remboutsementdes Aec
rions, t tir en la inaniere accoûtumée , à
Tl-lôtel de la Compagnie. La Liste des Numerus
‘gagnans’ des Actions et Dixiéme cl’A,c‘tioiis , qui
doivent erre remboursées , a été rendue publique
faisant en tout le nombre de 3 14.. Actions. '
BÉNÉFICES DONNEZ
‘Abbaye de 3." Vincent u-Luc‘, Ordre de
. S- Benoît , Diocèse d’Ol . vacante parle
décés de M. «PEvêque de Dax , à Mulflîeêque de
___Vence, . l iiij L’Ab—
39's MERCURE Dis-FRANCE
L’Abbaye de Lagny, Ordre de S. Benoit. Diba‘
cêse «le Paris , vacante par le décès de PAbbé de
Gontault , â FAbbé de Bcauvillicrs , Clerc Ton;
su ré. _ r
L’Abbaye de Valbonne, Ordre de Cîteauxe,‘
Diocèse de Perpignan , vacante par le décès de
M. de Montesquiou de Prechac , â M. de Tard
de Caluo ,_Chanoine de Pcrpignan.
L’Abbaye de S. Ambroise de Bourges , Or—'
dre de S. Augustin, vacante par le decès de
PAbbé de Gontault , à M. düflbbadie d'Arbou
cave. _
Lüflbbayc dç Thorigny . Ordre de Citeaux‘,
Diocèse de Bayeux , vacante par le decès de
M. de la Chatcigncraye Sainte Foi, â M. du
_Q1esnoy , Vicaire General de Coutances. ‘
L’Abbaye de Thiers , Ordre de S. Benoît‘, Dio
cêse de Clcrmont, vacante par le decès de M.
de la Cthateigneraye Sainte Foy , â M. Chatei
i ner de la Chateignerayc , Clerc Tonsuré.
L’Al>baye de Châtres ,_ Ordre de S. Au ustin ,‘
Diocèse de Perigueux . vacante par le ecès de
M. de Segonzacfà M. de Cahusac. A
L’Abbaye dïssoudun , Ordre de S. Benoît,‘
.Diocêsc de Bourges‘, vacante parle decès‘ de
Ml Blet , i M. Perrin.
Celle de la Magdelaine de Chateauduw, Ordre
de S. Augustin , Diocèse de Chartres , à P/lbbé
Gallë de Coulangcs. x v
Le Prieuré de S. Maurice de Senlis , Ordre de
S; Augustin , â PAbbé Drouin , Conseiller au
Parlement.
Celui de Garrigue , Ordre de Gramont, Dioä
cêse d'Agen , à PAbbé de FI-Ierme.
Celui de S. Mat t'es Prez , dépendant de l'Ab-'
baye de S. Michÿ
Gourneuve.
en FI-lerm: , à F-Abbé de b.
3 .
F E V R I E R.» 173;. 397
iUAbbayé de jouy‘, Ordre de Citeaux , Dio
cèse de Sens, a été donnée depuis quelque tems
à. PEvêq-uc de ‘Rennes. - gssaaaaaisaiaaaasaaaa2A2
l ‘M0 R248 E2‘ MAR 1.495s. ï
Aime Louise de Brunet de Bo_iss_el.,i.veuve
{le M. j. ‘Baptifte du Qclliand , Marquis de
la. Lande , LieutenantfGéçetal ï des Animées _du
Rpy et Gouverqcurdu Neuf-Brisas}; , mourut.
à Montpellierlle 2o. Janviçra‘ I _
Arthur, Comte de Dillon , Lieutenant Gene
ral des Armées du Roy ; mourut à S. Germain
en Laye le 5, Feyrier , âgé de 63 ans.
‘Dame Françoise-Magdelairxe-Claude de Wa
rigniés de Blauville , veuvede M. Bernard de
la Guiche , Courte _de S. Geran , Chevalier des
Ordres du Roy ,. Lieutenant General de ‘ses Ar
mées , mourut â Paris le s. de ce mois . âgée de
78. ans ; elle avoitété Darne du gzlais de la
feüe Reine. . ,
D. Marie Baillot , veuve de M. Philippe Tri-ê
_ boulleau , Écuyer , Seigneur de Bondi , Presidene
d‘es Tresoricrs de france ,p mourut le r2. âgée
d’environ go. ans.
D. LouisvMagdeleine Bmlard du Broussîn,‘
Épouse de M. François de-ia Vergne ,Chcvaq
lienMarquis de Tressanpinvamvant veuve ne M.
François julles «lu BoussegChevalier, Marquis de
Roquepine, Brigadier des Armées du Roy et
Mestre de Camp de Cavalerie , mourut àParis
le 1;. de ce mois , âgée de 63. ans.
D. Aune Berthelot, veuve de M. Louis de
i. g 1 V BËÂLÏ.’
398 MERCURE DE ‘FRANCE
Beauvais. Gouverneur des Châteaux de Madriti .,
et de la Muette. Capitaine des Chasses de la
Plaine de S Denis et du ‘Bois de Boulogne,
mourut le i 3. âgée de zo. ans. _
M. François de Jullienne . cy._devant Entre-æ.
preneur de la Manufacture Royale de Draps et . .
Teintures en Ecarlatte , établie près les Gobelins
â Paris , mourut le rçsFevrier dansla 79. an.
néè de son âge: les grandes charités qu’il ré
yandoit sur les pauvres du fauxbourg S. Marcel
1e font géneralemenr regretter.
Du Regne de Louis XIV. sous le Ministere
de M. Corbert , il lui fut accordé en x69 t. des
Lettres Pmenres ‘registrées en Parlement pour
Pétablissement d’une Mannfacturede Draps fins, ;
façon d’Espagne,' düflngleterre et ‘de Hollande ,
Ïui fut joint â celui defeu M—. Glucq ,‘son beau
rere, aussi pourvu en 1667. de Lettres Patentes
forcent établissement dans routes les Villes du
Royaume pour les Teintures en Eearlatte et cou- '
leurs hautes, à ‘lafagon de Hollande ‘dünt il.
étoit natif.
" Ces deux grandsitærblissemens ont-été réiinis: .
par Arrêts-relu Conseil en r7ztren la personne:
i du sieur jean de Jullienne, neveu des sieurs.
Glucq et François de Jullienne, qui a‘ toujours.
travaillé a perfectionner lesdits Btablissemens ,_
qui sont en ttès- grande réputation.
l =La maladie de Madame de‘ franceiaroisiame
Elle de L. M. commença le i;.de.ce mois. Les.
diEerens remedes qu’en employa les jours suie
vans nä-iyant eu aucun succès , et le 18. au soir
cette Princesse s’étant trouvée à l'extrémité ,r.
PAbbé de la Gai-lait, Aumônier du Roy en quar.
tier , en présence du Curé de la Paroisse du
Château de Vcæsaifles . lui supgléa les céremo
- mes
FE VRI Ë R.‘ “!7;3'. * 39g
nies du rBaptême . etellc furnonxmée Louise: '
Marie , par le Duc de Tallard ct par la Duchesse
de Talla-rd , Gouvernante‘ des Enfans de France.
Le 1A9 , vers les trois hautes du matin , cette
Princesse mourut , âgée de 4. ans t. mois et u.
jours , étant néc- le 1.8. hlillet 172.8. Le même
jour son Corps futvcxposê dans son lit,â vingt
découvert. ‘
Le 1o ,_il fut ouverte: tmbaumé; et après l’ ..
voit mis dans le cercueil {on Pcxpoÿsa dans sç
Chambre, où il dcmeuta jusqtfau 2;. au soir
qu’il fut porté â FEglisC d: lflabbætyc Royale de
s; Denis. La marehc se fit dans Perdre suivant.
Deux Caresses du Roy , dans lesquels étaient’
les fcmmçs de Chambre de la Princesse; un troi
siéme- Caresse-de SSM. où étaient les huit G61]!
tilshomtnes ordinaires . destine! à porter le cet,
outil ct les quatre coins du poële de drap chic
gent qui‘ le couvrait : ‘un détachement d; go.
Mousquetaires de la sccondc- Compagnie; unf
pareil-détachement de la prunier: Compagnie;
goChcvaumLegcmg des Pages de la gtandc çt
de‘ la. petite Ecutie du Roi», ct des Pages dc'la
Æéinc, étaient à cheval {devant/le Caresse du»
Roi , dans lequel émit le Corps de la- Ppinccssc‘;
u des valets de pied de Le Ml entouraient l? Car
xosse , après lequel marchaient le détaqhemçm
des Gardes du Corpus yo- Gendarmes ai-ls pou.
mient tous des flambeaux. LaCatdinal-dc Roy‘
han, GtantLAulnôitiet de France‘. qui faisoit la"
Gërcmonic , étoit dans le Catossc du Çotps à la
droite, ct il pOEEOÎI le Coeur: la Princesse dcv
Gonty ., Achoisie par le Roy pour accompagne-t ‘
leCorps , étoit "âla-‘vgauchc , cfcllc avoit avec
elle laPrinccssc de Rohan ; la Diftltçssè de Ta};
lard ,.. Gouvernante des Enfants» de France , étui! ‘
BÏvj vm
. L ,
‘:5:
4.00 MERCURE D E FRANCE
vis-â-vis le Cardinal de Rohan , et la Darne de
la Lande , Sous-Gouvernante . et lfAbbé de la.
Garlaie, Aumônier du Roy _ étaient aux portie
res. Les Carosses de la Princesse de Conty cr cc—_
lui du Cardinal de Rohan fermaient la marche.
Le Convoy passa par Paris entre onze heures
et minuit , et il arriva à PAbbayc de S Denis zî
deux heures du matin. Le Cardinal de Rohan
présenta le Corps au-Prieur de PAbbaye , cri!‘
fit Pinhumation. Après cette Céremonie, le coeur
fut porté dans le même Caresse â P/lbbaye
Royalle du Val-de-Grace. .
' D. Marie- Elizabetli de Creil, veuve de Char-Ï
les-Nicolas . Comte cH-Iauteforr , Maréchal des
Camps et Armées du Roy et Sous-Lieutenant
de la second: Compagnie des Mousquetaires
de la Garde du Roy ,' mourut le 2.1. dans la 6°
année de son âge. -
N; de la Salle , Ingenieur en chef à S. Omer.
Capitaine au Regimén: de Normandie , Cheva
lier de POi-dre Militaire de S. Louis . mourut
le 2.1.. âgé de 6;. ans environ.
jean-Baptiste de Rochechouart , Comte de
Morremart, fils de jean-Baptiste, Comte de
Rochcchouarr , Marquis de Blainvillc 8re. et de
D. Marie - Magdeleine Colbert de Blainville ,,
épousa le 1o Fevrier D. Elconor-Gabrielle Loui
se-Françoise de Crux , fille düflrmand-Gabriel
de Crux , Marquis de Montaigu 8re. et de D.
Angelique-Marie- Damaris Eleonor Turpin de
Crisse’. Le Roy et la Reine avoienr {igné au Con;
{tact de Mariage deux joins- auparavant. '
__ F-E V R I" Ë R. 1'733.‘ 4o‘:
‘ai»i«ai«ra.t»i»i»i«H-ei«e«i«r.i.s.s..s«r-i—+sz«et«ar-etc
' ARRESTS NOTABLE S.
3 RR EST du 6. Janvier, qui proroge jus-â
- qu’au dernier Décembre 173;. le délai pot‘
té par celui du premier Janvier 1731. pour la‘
_ «modération à moitié des droits de marc d’or et
frais de provisions, réception et installation des
Offices taxez vacans ou de xiouvellcs créations ,
qui se leveront aux Revenus casuels pendantlc
courant de ladite année 173;. u
A R R E S T du Parlement, du 3. Février 1733;.‘
entre joseph-Alphonse de Valbelle, Evêque de
S. Omer ;d’une part , et les Dames Abbesses de
Blandecques et de Raversbergues , et PAbbé
de Clairvaux , Intervenant , d’autre part; par le
quel il est dit -n’y avoir abus en Pordonnance
de PEvêque de S. Orner , par laquelle il avoiz '
interdit de routes fonctions lesdites Dames Ab
besses , faute par elles de Pavoir averti un mais,
a‘ Pavance cle la Vêture et Profession de quel
ques filles qu’clles avaient rcgiîësRcligîeuscs dans
leur Abbaye. '
ORDONNANCE DE POLICE, dm
5- Février , qui fait deffenses à tous Marchandsf,
Bourgeois er Habitans de la Ville et Fatibourgs
de Paris , et notamment _â eeux qui logent dans
h ruë de la Tannerie et aux environs de la Place
de Greve , de faire aucun Magazin de Charbon
et Poussiere de Charbon , dans leurs maisons, â»
Peine de cinquante livres dämende; et qui or‘
donne , sous les mêmes peines, que dans huitain
ne pour tout délai , ceux qui en ont actuellement
en Magazin , seront tenus de le transgorter sur,
le Port delaûtxéveg
u.
m. M ER ou R413" os- rim Ncg
A R RE SAIT ‘ du io-t Février, au sujet. dfimg’.
‘Tliese de Theologiet» v »
PAlL-erêrRociyus. ”etaîtira' i't repr.ésenter en son- Consei-l ,. .
se ‘c _ ésito. I ars i7;i_. parmquels’; Mans“;
. tort r F-VBIaACOHHOEFSÆIHCC, ainsi gin} est,
foÿltîpar ledit Arreudes disputes et contestations. -.
:1522;éËOEHIïCICYËCS-ûuâuätt des bornes/de 1’au_ .
deffetidant Câ51r3a5’uque Ï 'c adplilsämcc Saul-me’ i
semblé: Ddlîséses" me” e me aucunes As‘
l: A‘ s , P i rations V , Actes , Déclarati. ons,
d Ëqttesn oursuites ou Procedures albccasion -
fiséites disputes; notamglfien: au Facuioez de.
A oogie et de Droit Civil et canonique, 43..
‘peimetttelaucunes disputes dans des Ecoles sur
cette rnatiere; et S. Nl.ay-ant pareillement fait»
examiner en son Conseil , la Tliese SOÛtCnuë,-cn
_3°‘b°"n°‘l° 9- d“ Presmtiflnls , par le sieur de
Meromont _ Bachelier en la-Facuké de Tliéolo
file ; Elle auroit reconnu que cette These contient”
es expressions qurpeuvent donner lieu de rc.
âîÏvellerbllcsdÂteË disputes , ou Ter; agiter d’au
veut cmgaiaetesi dater“ aliranqul i" ‘que .1-.6 .R°7‘
é A _ u n r ans son Oyaülflfl’; a quoi crane
Ë cessairede-pourvoir, Sa Maieste étant eii son -
onseil , a ordonné et ordonne que ledit Arrêt
du 10- Mars i731. sera éxccutérselon sa 5951m3;
à‘??? t}? lcoosecfiuetîçze fait (ÊCEÇIISCS {a
t l1 l -‘ e- to ogre‘ e ari-s ,' e permett‘ '
ÆIGUDCS dlSPBICs dans les Ecoles sur lesdites ma...
zflëfls: Enioint au Syndic-de ladite Faculté , (Pyt
tenir la maria; et de veille; àgcg qufl 1B3), Soit
Éämfievenu tiséltsiTliescf qui seront soutenuësç
je; mâîlîtces ignrvcscrëant a clic seule de; prïelre ‘
na es pour conserve .es ' oits
çdes deux, Puissances , conformémenëÿgcc qui "
zcstnyorte‘ par leditsAreett Ordonne en bÿäc 8'32:
MW“ i T“ 1351W ThCSc-duditsieur de. croie
Ï monter"
F E VR I E R; I733. 4o;
la Constitution Unignitus : Q
avion! ,sera cr denæeuterereupprimée ; enjoint 224i
tous ceux qui en ont des- Exemplaires, de ‘les re
mettre incessamment au Girffedu sieur Herault
OEonsciller d’Etat , Lieutenant general de Policea.
de la ville de Paris , pour vôtre supprimée. . -
ARRESI ',du n Fév. au sujet diun Ecrit, 8re. a
Le Roy étanrinforme’ quîon répand dans le
public un Ecrit quia pour titre z Lettre de 11/1072
mgneur llEvêque Ducr-de Lnan , à Manmgnrw -
le Cardinal de Flaury, du r Nnwmâre 173i. im
primé sans Privilege ni permission , etsans nom
«flniprimeut ; avec i cette Note au bas eiudit;
Ecrir t sans Plnprimëräpandta à Lu» en 17 3 3.
SafMajtsré auroirjugé âxproposide le faire exa
miner en son Conseil; et par le compte qui lui
en a été rendu , Elle ûurfll-E reconnu, que non
seulemnnt il y a eu une ztïectation criminelle. â .
fiire imprimer une Piece de cetteenature ; mais .,
que la Lettre en elles-même, est canrraireau res- v
pect qui est dû alSæ‘ Majesté, puisqtfouenrrea.
prend d”)! contlzîàttre celle qnïfille æfai: écrire...‘
aux Evêquesde sonRoyaume, pour les exhorf
ser â éloigner , par lcurisagesse‘, tout cepqur J
pouvoir y alterer l’umon ou la P311; enscnvxr de
prétexte pourdiminuer la soumission qui estïdtîë -
ue zdîaillenrs on.
y agite des questions capables rfentreteni-r erg
d’augmemer> une division, que SuM. a etren vûë“
dc faire cesser , par la Lettre même 3. laquelle
on répond; Qfiohfly trouve enfin desexpres
sions , qui peuvent-a uiblir ou donner lieu «ré.
lnder ‘les maximes du tRoyaumqet-qufiainsi S.-M.
estcÿautant plus-obligée därrêter promptement
Icycoursv d’une telle entreprise , et. d’en prévenir:
les suites , qu’en maintenantle respect qui lui est!
dû.‘ Elle donncrazen‘ mémevtemys une nouvelle
' ' BRU“;
U»- _ u...“
‘e04. MERCURE DE FRANCE
x
preuvedc son attention continuelle a éteindre la
feu que les derniercs disputes avoient allumé , et
qui n’est pas moins contraire aux veritables inte
rêts de l’EgIise,qu’au bien de 1’Etat; à quoi étant
necessaire de pourvoir. .83. Majesté étant ‘en son
Conseil , a ordonné et ordonne que ledit Ecrit ,
intitulé: Lettre de Monseigneur PE-vêque , Duc de
Laon, à Manseigmæur le Cardinal de Fleur] , du 1
Novembre i7ii.-au bas duquel sont ces mots ;
Sur Plmprime’ .. répandu à Laan m 173;. en
semble tous les Exemplaires dudit Ecrir , qui peu
vent avoir été imprimez ailleurs , si aucuns y a ,
seront ct demeureront supprimez {comme con
traires au respect dâè Pautorité du Roy et à la.
hstice, tendant â donner atteinte aux maximes
diu Royaume , à émouvoir les esprits , et à trou
bler la tranquillité publique. Enjoint à tous ceux
qui ont des Exemplaires de ladite Lettre , de les
remettre incessairimeut au. Grefie du sieur He
rault , Conseiller d’Etat , Lieuzenam General de.
Police cle la Ville {le Paris , pour y être ‘suppri
mez. Fait defifenses a tous Imprimeurs, Libraires,
Colporteurs et autres , de quelque état , qualité
et cpndition qu’ils soient, d’en vendre , débiter ,
ou autrement distribuer , à peine de punition
exemplaire. Enjoint audit sieur Herault , et aux.
sieurs Intcndans et Commissaires départis dans,
les Provinces du Royaume , d'y tenir la main ,
chacun en ce quiles regarde. Ordonne au surplus.
s. M. que l’Arrêt par Elle rendu le V; Sept. x73 i.
ur faire cesser toutes disputes et contestations
au sujet de la Constitution Unigenitus , soit exég
cuté selon sa tbrnie et teneur, Et sera le presenc
Arrêt , 8Ce.
Jiitiusr ou PARLEMENT, du i; Février ,
qui ordonne la suppression de trois Écrits; irpfl
prune; ' i i ' ‘
FÉVRI È R. 171g.‘ 4e}
— ‘Ce jour . les Gens du Roy sont entrez, et
Maître Pierre Gilbert de Voisins,‘ Avocat dudit
Seigneur Roy , portant la parole , ont dit:
M s s s 1 E u R s y .
On ne peut passer sous silence un imprimé tel
que celui que nous apportonsà la Cour; et pour
reconnaître la nécessité d’y interposcr’ notre mi
nistcrc , il n’tst presque besoin que de vo‘ir ‘le ti
tre des divers objets qu’il présente aux ‘ yeux du
Public. i ‘
Dans Pespace d’un: même‘ fcüillc , se trouve
d’abord une Lettre qui s’annonce, comme écrite,
5 Monsieur le Premier Président, par M.Leullicr,
Doyen de la Faculté de Théologie, en faveur de
la These qui fut soutcnuë le 3 r Deccmbre det
nier; Tliesc que la Cour a si solemncllcmcnt
condamnée par ses Arrêts , des y et 7 Janvier
,suivans;cnsuite une autre Lettre prétenduë tic
M. Plivêque de Laon au même Docteur, pour le
féliciter à ce sujet; et enfin deux Formulaires
‘qu’on suppose que M. PArchevêque d’Ailt—Fait
signer dans son Diocèse ,sui' laConstitution
Untgenitut ; l’un , pour tous les Ecclésiastiques‘,
avec une Addition particulier: pour les Conftsä
scurs ; l'autre , pour les Religieuses , qu’il oblige
toutes de signer , a‘. ce qu’on prétend.
Dans une feuille‘ de ce genre , sans caracttre
et sans aveu, cc qu’il semble que l’on doit cort
sidcrer le plus , c’est le mauvais effet qu’ellc est
capable de faire dans le Public ; et a‘ ce su
jet les Discours sont inutiles. Ulmprimé re—
mis sous vos yeux , vous convaincra mieux par
lui-même. On ne peut trop-tôt Pôter des mains
du Public ;et la suppression la plus autcntique
est la moindre précaution qu’ou puisse emploie:
contre un tel scandale.
S’iI
4o‘! M 12R C U RE rDË‘ FR‘ AÏNCË
Sil-l fautquelque chose de pins, comme‘ i}. 31m.‘
lalle qu’il est. difficile de ne le pas désirer-gnou;
vez bon , Msrsruuks, que moins touçhçz.d’a_p“.—
profondir les vrais Auteurs , soit des Ecritsv mê
mes . Soit dcämprïsäon -,- trop: arrêtions routes v
pas v ësau ' nsoi "a e nous devons sur»
tout aspirer; nous voulomize , d'un côté-â ailfcrmir
de plus en plus Pautorité de nosMaxi
mes ;-et de Pautre, à rassurer le Public contre der
pouvcaur Formulaires , don: ridée seule pcutï
Pinquiéter. ’
_ On voit assez. avec combien d'impatience‘.
quelqiîes esprits que letîr penchanä entraîne, souF- -
trent attention ue a Cour orme lus ne
‘jamais à laronseîvation» de la Doctrige et Îles‘
Maximes de la France , au milieu de tant d'agi
ïlations et de troubles si ca ables de les alterer.»
-_Dc quelques mains que paftent les deux Lettres -
imprimées , elle scldéclarent rropindecemment,
«sur tout la seconde , contre les deux derniers
Arrêts de la Cour. Q1; ce soit pour nous un
Jflvtif pour y ajouter de nouvelles précautions‘;
Ldäutant plus que celles qui ont été prises dans
cette occasion particulicre, peuvent laisser enco
re quelque chose à dcsiier.
Elles n’ont pourtant pas élé entieretnenr im
fructueuscs. Si-la These condamnée n’étoit pas
alors seule exposée â éprouver un pareil sort; si
quelqwautre avoiréclzappé précedcmmînîlâ Pat
eention ne notre ministere est obli ’ e onner
a ces obÿets; s’il en étoit actucllemeâî qu’en étoit
prêt de soûtenir; ces i demictes la plupart sont
demeurées suspendues â la vuë de vos deux Ar
’ prêts; et depuis quelques jours il en paroi: où se
reconnaît en plus. d’un endroit le pur langage
de nos Peres. '
k s’il pouvait s’en trouverencore qui parlasscnt
un
«utn:-loasn‘gagle’æElifiVéreRn"tF;.Eil.Rest.. dign1e7.3M;i;sllläÿksy.
Je. votre sagesse , de prévenince mal pour Pave, l
._nir_ ,a_1_1tant qifil est possible, plutôt que dfavoii
â le réprimer. Le. malheur le plus ordinaire au;
jpurdfilmiile nos Maximes, est de se trouver
compromises trop avant dans les disputes du
gteemmbpsl.c Lqua’cohnalnee.iuptudiesssePsa;rttise.soeund-rreesta‘ lsaiecnaufsex.plr
guet, qifen vué des derniers troubles de 1 Egli
ses; et que suivant les ÔIEÛIÊDIÊSV situations ,.oni
ne songetquî s’en appuyer , ou a.s’ei1 défendre. V
outefois elles sont inde endantes de toute tlis»
pute et detontc diversit de conionctutes et de
temps ; elles ont par elles-mêmes.uneconsistanæ-«
se invariable , dont souvent la solidité souffre
du mélange des autres objets.
u- Que dumois dansJcs Ecrits , dans Yfitude ,'
ILS!!! les-Bancs de lïEcole , où la. pureté de. e
cette doctrine doit vivre et_ se transmettre par.
une Collltlnlltllcdfrfldlllon , elles ne Cparoissenq _ 1a.
mais a,terees_. aucune _ teinture e parna ire.
Qifelles y regnent comme des principes absolus, ,
‘dont Fexpression meme ‘est précieuse et consa
crée , au moins dans ce qu"elle a de principal , et
3e SÇIBÀBÏII PItSqEIËJ/âïlftqpfiafls quelqëte dangär
_e ‘re xc emcnt ou exces. ou: se r server e
ïune-er de -l’autre extrémité , il estPdes sources
a-ssutées . et des Monumens respectables ausquels
on doit sans cesse remonter, des principes à ja
rnais autorisez , et des maximes décidées . sur
lesquelles il .ne sçauroit être permis tÿhésiter ;
parmi nous. _ .
‘ C’est_ , MBSSIEURSi , â quoi nous avons essayé
île rappeller , en formant‘ le: Plan des Conclu
sions que nous laisserons a la Cour; non par un
‘ælénombrement exact de maximes , souvent pré
tilleux salut-même , et dont la atcrtcur d’un Ar
‘ zêt.
‘462 MERCURE ni: FRANCE
rêt seroit diflicilement susceptible; mais par lit
plus forte indication des points capitaux , et des
principes essentiels dont la généralité sert de
"fondement à tout le reste. 2
Quint a ce Formulaire sans aveu‘, qu’en fait
entrevoir loin de nous, mais dont Fexemplc peut
toujours allarmer en quelque sorte les Esprits ;il
vous fournit , Messrsuns gune occasion qu'il est
utile d’embrasser, pour reno-uveller desdefienl
ses, appuyées sur‘ nos LOÙCCI s'ur_ vos Arrêts
tle tous les temps, tÿintroduire aucun Formu
lairc , et d’employer même indirectement la voïe
d’aucuiie Formule de Souscriptions , sans-le con+
Cours des deux Puissances fdest-â-dire, sans déd
libératiou des Évêque: , et sans Lettres Patiente:
du Roy , enregistrées, en «la Cour. Cc sera le der‘
nier Chef des Conclusions par’ écrit que nous
laissons , avec la Feuille imprimée , qui est sorti‘
bée entre nos mains. -'
Eux retirez :
i. Vû Plmprime’, intitulé; Lettre de’ M. Leullier;
Dutur et Doyen de la Faculte’ de Théologie de l5
« Maison de Sorâonne , à M. le Premier Président ;
après lequel Ecrit , _en est un autre , intitulée
Lettre’ de Monseigneur PEvÉqHe de Loran , à
M. Leullier , Docteur et Doyen de la Faculté ‘de
Théologie , de la Maison de Sorämne , atorujet de
la Le/tre précédente. Et sur un autre Feiiiller , un
autre Imprimé , intitulé Brimms , AroheftwÊque/PflzixFo,rfmauiltasiirgnea-rquàe t1o1u4s les
Ertlesiastiques ole son Diocèse {au pied duquel est
une Addition, intitulée: äïddition pour les Confis
seurs. Et au revers , un autre Imprimé , intitulé;
Formulaire pour les Religieuses , que le même Pré
lat oblige toutes de signer. La matiere sur ce mise’
en délibération :
‘ La
" VFEVRIER; 1733.‘. '40;
. La Coun ordonne que ledit imprimé sera:
supprime’; enjointâ tous ceux qui en auroient
des Exemplaires , de les apporter au Greffe de la_
_ Cour, pour y êite supprimez. Fait inhibition et
delîenses a‘. tous Iiriprimeurs , Libraires , Colpor.
teurs ri- autres, de quelque état, qualité et condi—_ .
tion qifils soient , d’en vendre , débiter‘ ou au...
trement- distribuer , â peine de punition exem.
plaire, Fait au surplus inhibition et defienses "à
tous Professeurs , Docteurs , Licentiez , Bache.
liers et autres: Membres et suppôts des Universi
tez . notamment des Facultez deçrhéologie et de
Droit Civil et Canonique , et à. tous autres d’é—
crire, soutenir , lire‘ et enseigner ès Ecoles pu
bliques ni ailleurs aucunes Thèses , ou Proposi.
tions qui puissent tendre directement ou indirec
tement â affoiblir ou alterer’ les véritables prin
cipes sur la. nature et les droits de la Puissance .
Royale , et son indépendance pleine et abtoluë ,,
quant ai; Temporehdde toutcïautre Puissance qÏÎ
soit sur a terre; a iminuer a soumission et e
respect dûs aux Canons reçûs dans le Royaume,_
et aux Libertez de l’Eglise Gallicang 5 à favoriser
Pppinion de lïinfaillibilité du iä-ape , cule-sa sue
périorite’ au-dessuszdu Conciletgenäëtalj à donner __
atteinte â Fautoriié. duConcilè oecuménique de _
Constance , et notamment aux Décrets contenus ,
dansles Sessions 4. et» ,- cludit Concile , renouvels
le; par celui de Bafle {et toutes" autres-Proposio
tions contraires au principe inviolable , quel’a_ii- _
torité ‘du Pape doit être; réglée par les Saints a
Czfinons ,' Ct que ses Décrets sont reforniables par a
les vnicszpermises et usinées/dans: lçzläpyêun“ a j
notamment par celle-sigle Rappel auifuturiconcile,
dans les termes de Droit, à moins- que le consenv '
tement de l’Eglise n’y soir joint; ruiner; outre
inhibition et deffeasts fiouformcmcnt auxdgr
11-1
4m MERCU RE DE FRANCE
_ pein
-'donna=nces',r'5dirs fiîéclarations duRoy. , emb
. gistrées en la Cour , et Arrêts de laditeCour ,. '
Æexiger ou iimoduiire directement , ni iirdirecv
tcment rasage «Paucunes nonvellesiFoi-mtzlcs du
souscriptions ,sans {délibération des Evêques re-a
vêtue‘ (le Lettres Patemes du- Roy , enregistrées:
‘Ch la OEounordonne nesle pttschtvflrïêt sera siw‘
gnifié aux Recteurs es Univctsitczi, Syndics et‘
iïflbyensldlestl-‘acultez ‘de Théologie, et de. Droit;
‘Civil et Caneniqàrt-du Ressort; er- copies. colin-l
rtionnées envoyées aux Bailliage; et Sénéchausm
sëes , pour y être lû ,..pztblvié et enregistré. En
‘joint aux Substituts du Procureur General du.
,Roy d'y tenirlà main ,«et'd'ea certifie! la Cour
dans/remis.
‘ AIUREST , «tu “Fumier. ,quiîfuir eleffcnsesâ
‘tous Olficicrs , jugesoele ‘Police ÿecntrilslrommes,
et autres personnes ,1 diempêeher lesrcliassemm.
rées dätchetrt librement iurPoissouadont ils amont’
«besoin pour la provisiontde-Parris , et‘ de lcsmroa
-blcr dans‘ le trnnspdn de Gant mwchandise , à
e de 3-000 Liv. dümentle, et ordonne que
les‘ Ordonnances. ct Reglcmms- eonccmant la!
iMarée ,'et notamment. lestLettrUst. Paterne: des .9 i,
Avril r3 9o» zctFùrict» rggx. lïfidit‘ dit-moise
d"Avril de laimême année A,» Pmirêtida Parlement‘
deîïaris, du 4. ‘septembre ryurxæct l'ordonnance
du 1o Janvier: 1596.8310‘! encourez selon leur
farrne e’! teneur yfitfin’ conséquence que les Mat.
cliaiids-Cliassemaräcsi pourront acheter libre
ment le ‘Poisson » dont i131‘ auront besoin , pour
Paprovisioncanenr doyens, dans toutes lesevüies. .
Ports de Mer , Bourgg-Peselreries , et: autrekoené’:
droits des Provinces de Bretçguç.’ am;aandgg__
Elzndre et Pioetdie, 8m.
l
’
.
._. g iecelîugitivcs. liüîepetanoe , 01e, 1,9l
_-' (gestion importance, jugée an Parlement de
Provcncc , ,94»
.;-Ron_deau , 1'11:
gkefléx ions sur le nouveau Traité du Sublime, 113A
Ode imitéc‘ tPHoeace , “si
xéglique au sujet d’une Inscription , ‘,35
. gficxo , Cantate , “ 145
_Méd_aille de lOEmper. Hadrien ,«Exp1ica:ion , 14,39
Ode , 2. f8
Dissertation sut les Enseignes Militaines ,. 1s 1
Les Coquillages ,. Idille , a3;
Huitième Lettr'e_sur Orau eflCenta», 2.9:.
.L’A‘mout et la Jalousie‘, Fable , _ 4.9;
;Lettrc au sujet d'un Lampe antique , 30a
Euiguxe . Logogtyphes , 8re. 31';
«Nouvelles Iÿittcraîrtä’, de: Beaux Arts, 86C. 3'14
Méthode pou: apprendre‘ Potthngtaph: et la
Lan ue Françoise , :17
Traite-sut la Mägie , le‘ Sortilege V, ibid.
La Vie du Sultan Saladin, 84e. 3:.)
niblïqdieque Italique , Bec. - "317
Observations sur les Arrêts remarquables du
Parlement de ‘Iîbulnnse ,. Ï v 3 {à
‘ÿzojettfïgdsçppkment ‘pour la dcmicne Édition
de S. ]erômc , 8m. 1 . 354.
Livres nouveaux des Pays Étrangers , 338
Suite des Médailles du Roy , Sec. 34.0
Ettennes , ' _ ' 3+1
spectacles , Omphale, Extrait, 5.4i‘.
Ëkîrait dïfla Tragédie de Gustevcw-æä _ 35€
Nôuvelles Etnangcxcs. Lemäcgsit. En
_-_.~( ‘E?
.1
sur la nouvelle Révolution de Perse, 353
De Pologne , Bec. _ ' 37;‘
D'Allemagnc , I ralie , Espagne etPortugal , 37s
Grande Bretaguc ,_ . 33L
France, Nouvelles de la Cour , de Paris , 8re. 383
Service solemnel pour le Roy de Sardaigne;
Description du Catafalque , 8L6. 38;
Rhume , Broüilards , 8C0,» _ ' 39,,
Benefices donnez , . 39;
Morts et Mariages ; 397
Maladie et Mort de Madame de France, 398
Arrêts Norablcs‘. _ . ' l 4o!
Errata de fane/ien
Age 4.2. ligne u). vers le Soleil Pespace de
_ deux heures, lirez, vers le Soleil deux
' heures. ' - I
P. 6o. l. 2o. â la rame , l. à la lame.
P. 171.19. Pont S. MaxentJ. Pont S. Maxence.
. Fantes j; pcdrnger dans ce Livre.
Age 2. t3. ligne znadaptat , lisn. adopta.’
» P. 189. l. 3. avec . l. avez.
P. 199. ligne derniere, fort , l. fut. .
‘P. 3er,]. 8. coup du pied , l. coup de pied.
11.‘ gÿmäêf. Ce , lxlircderic,
a’
« î ’ .13 s; :5 - r
I\É ‘liflägéä,’ ' v
la Médaille du Roy doit regarder‘ la page i 14e
La Cbat/rem nm’: doit rggardgr la page 34;
Qualité de la reconnaissance optique de caractères