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L E -.->
1 -. MERCURE
QVA COLLIGIT SPARGIT.
A PARIS,
Chez GUILLAUME CAVELIER,auPalais.
GUILLAUME CAVELIER, Fils, ruë
S. Jacques,à la Fleur-de-Lys d'Or.
ANDRE' CAILLEAU,à l'Image Saint
André. Place de Sorbonne.
NOEL PISSOT ,Quay des Augustins,àla
descente du Pont-Neufs,à la Croix d'Or.
M DCC. XXII.*
Avec Approbation & Privilege du J?.oy.
LISTE DES LIBRAIRES
qui debitent le Mercure dans les
Provinces du Royaume, & dans les
Pays étrangers,
Lyon, cher Plaignard, Libraire.
Montpellier, chez les freres Faures.
Toulouse, chez la Veuve Tene.
Bayonne,chez Etienne Labottiere.
Bordeaux, chef la veuve Labottiere.
Charles Labottiere, vis à-vis la Bourse. ibid.
Rennes, chez Vattar.
Nantes, chef Julien Maillard.
Saint Malo,chez la Mare.
Poitiers, chez Faucon.
Xaintes,chez Delpech.
Blois, chtf Masson.
Orleans, chez Rouzeau.
La Rochelle, chez Desbordes.
Angers, chez Fourreau.
Tours, chez Gri pon.
Caën
,
chef Cavelier.
Rouen, chez la Veuve Herault.
Le Mans, chez Pequineau.
Chartres, chez Feltil.
Châlons, chez Seneuze.
Troye, chez Boüillerot.
Rheims, chez Godard.
Beauvais, chef Aleau.
Abbeville, chez Dumesnil.
Soissons,chez Courtois.
Amiens, chez le François,& chez Godard.
Arras, chez C. Duchamp.
Sedan, cher Renaud.
Metz, chez Colignon.
Strasbourg, chez Doulseker.
Cologne, chc'{ Meternik.
Francfort, chez J. L. Koeniq,
Berlin, cbq Etienne,
Leipsic, che'{ Gledich.
Lille, cbq Danel.
Bruxelles, chez Tserstevens,
Anvers, chez Verdussen.
La Haye, chez Rogissard.
Londres, chez du Noyer.
Le prix ejl 30 fois.
L AVIS. 'ADRESSE generalepour toutes
choses est àM. MOREAU,
commis au Mercure, chez M.le
commissaire le Comte, vis-à-vis
la comedie Françoise à Paris. Ceux qui
pour, leur commodité voudront remettre
leurs Paquets cachetez aux Libraires qui
vendent le Mercure à Paris, peuventse
servirde cette voye pour les faire tenir.
On prie très-instammentquand on
adresse des Lettres ou Paquetspar la Poste,
d'avoir soin d'en affranchir le Port,
comme cela s'est toujours pratiqué, afin
d'épargner, Ii nous le déplaisir de les
rebuter, <& à ceux qui les envoyent,
celui, non feulement de ne pas voir
paroître leurs Ouvrages, mais même de
les perdre, s'ils n'en 011t pas gardé de
copie.
LE MERCURE
DEMAY 17 22.
PIECES FVG1T1PES
-
enVers&enProse.
ODE SUR L'ETABLISSEMENT
de la Religion Chretienne.
::A. M. L'EVESQVE DE sorsso)Js.
U E L feu dans mes veines
s'allume,
Profane Apollon loin de moy ,
La sainte ardeur clui me consume
Vient d'un Dieu plus puissant que toy ,
De son amour fille immortelle,
Religion,soutiens mon zele,
Je vais celebrer dans mes vers,
De ta grandeur foible interprete ,
Et ton triomphe & la défaite
Du sombre Prince des Enfers.
Que vois-je, le Tartare s'ouvre;
Le divin flambeau qui me luit,
A mes regards tremblans découvre
L'horreur de l'éternelle nuit;
L'Atheïsme & l'Idolatrie
,
Nez du libertinage impie ,
Sorrent des antres tenebreux,
Du même gouffre tous les vices,
Les trahisons, les in justices
En foule sortent avec eux.
L'esprit altier d'indépendance,
Du plaisir l'attrait enchanteur:
L'humaine & stoïque prudence,
Mere orgueilleuse de l'Erreur,
La prévention indocile,
Tout paroissoit rendre inutile,
Ce que la foy pouvoit tenter,
Grand Dieu pour vaincre ces obstacles,
Il falloit les plus grands miracles
Ton bras va les faire éclatter.
Déja les Idoles se brifent,
Je vois les Temples renversez,
Les mortels eux-mêmes détruisent
Les Dieux qu'ils avoient encensez;
Déja de l'un à l'autre Pole,
Tout marche, tout fléchir, tout vole
Sous les étendarts de laCroix,
Religion, quelles conquêtes,
Que tu soumets d'illustres têtes 1
L'Univers entier fuit tes loix.
Ces loix avoient - elles des charmes
A qui rien ne pût resister:
Est-ce au bruiteffrayant des armes
Q2e tu te plûs à les dicter 2
Employois-tu la violence
,
Ou les attraits de l'éloquence,
Pour assujettit tous les coeurs 1
Est-ce par l'éclatdes richesses,
A force de dons, de largesses,
Que tu te fis des Sectateurs.
Non, non, pour un si grand ouvrage,
Tu pris les plus vils instrumens,
Des hommes, mais dont le courage
Devoit affronter les tourmens;
Foibles jadis, charnels, timides,
Maintenant Heros intrepides,
Pleins de l'esprit qui fait les Saints ,
Brûlans d'une ardeur magnanime,
Ils vont faire pâlir le crime
Sur le Trône des Souverains,
Tes plus incroyables mysteres
Sont crus du sçavant fastueux,
Tes maximes les plusausteres
Triomphent du voluptueux;
„
Ce ne font plus de vains prestiges,
Mais de veritables prodiges
Qui tiennent l'Univers surpris,
Les vents, les flots, le trépas même
Respectent le pouvoir supréme
Deceuxquetamainachoisis.
Quelle triste & lugubre image
Tout à coup vient frapper mes yeux
Quels cris, quel horrible carnage!
Où vont ces tygres furieux?
Monstres, que le Tartare enfante,
La foy des Chretiens triomphante
Brave notre impuissant couroux ,
Leur fang est un germe fertile ,
Un périt, il en renaît mille;
Voilà tout l'effet de tes coups.
La mort a pour eux des delices
,
Verges, enfans, femmes, vieillards,
Aux plus effroyables supplices,
Viennent s'offrir de toutes parts;
Je les entends, chacun s'écrie,
Ah pourquoy n'ai je qu'une vie
A sacrifier au Seigneur; Tyrans
Tyrans, vos menaces font vaines,
Inventez denouvelles peines,
Mourir pour son Dieu, quel bonheur!
Le sexe timide & fragile
De ce bonheur est si jaloux,
Qu'au milieu des tourmens tranquille
L'épouse anime son époux,
La soeur encourage le Frere ,
Le fils meurt aux yeux de sa mere,
Et loin d'en pouffer un soupir,
Je la vois vraiment genereuse ,
Se croire encore trop heureuse
D'être la mere d'un Martyr.
Romains, vantez-nous vos Scevoles,
Vos Scipions & vos Brutus,
Parlez, que vos Heros frivoles y
Montrent d'aussi hautes vertus;
6. m. C'est dans le seul Christianisme
Qu'on trouve le pur heroïsme, H.
Celui dont Dieu même est l'autheur,
L'autre n'en a que l'apparence,
Ce n'est souvent qu'extravagance,
Vain orgueil, desepoir, fureur. ]
*
Religion, c'est à ta gloire
Que je consacre tous mes Vers,
Et je veux chanter ta YÎ&oirc
Surtant d'Heretiques divers;
Je peindray le Schisme farouche,
L'oeil en feu, l'écume à la bouche,
Cédant enfin à ton pouvoir,
Et contre tes dogmes sublimes
Les portes des sombres abîmes
Incapables de prévaloir.
De cette Religion fainte
LANGUET rigide observateur,
Vertueux sans faste & sans feinte,
De la foy zelé défenseur
,
J'ose t'adresser cet ouvrage
De mon respectsincere gage,
Daigneras-tu bien l'accepter?
Objet del'estime publique,
Ton nom fait ton panegirique,
Je n'y pourrois rien ajouter.
Devise presentée à M. Chollier, Prevêt
des Marchands de la Ville de Lyon, sur les
grands exemples qu'il donne à M. fou fils.
Un aigle qui dans le plus haut des
airs encourage un jeune aiglon à suivre
la route qu'il lui voit tenir. Signoviam
nato. «
Tranquille dans les airs j'affronte les orages,
iJe vois fous mes pieds les nuages, portent dans leur sein la tempête &lanuit;
DY
Du feu de mes regards & du bruit de mon aile;
Au même honnenr j'appelle
Le courage naissant de l'Aiglonqui me fuir.
Ces deux pieces font du P. de P. J.
RELATION de la Calvacade qu'a
faitle Bailly Spinola, Ambassadeur
Extraordinaire de la Religion de Mlt
auprés de sasainteté
3
lors de son
Entrée publique k Rome le 15 Mars
dernier. APRE's que le BailliSpinola,Ambassadeur
Extraordinaire de Malte
auprès de Sa Sainteté, eut reçu à la Vigne
Rospigliose les complimens ordinaires de
la part des Cardinaux, Ambassadeurs , Princes, &c. & qu'il eut été averti par
les Maîtres des Cérémonies, il s'achemina
vers la Porte du Peuple,où ilrencontra
M. Nicolo Giudice,Majordome du
Palais, qui lui fit le compliment de la
part de Sa Sainteté.
Voici l'ordre que l'on a observé dans
cette pompeuse Cavalcade. D'abord parut
un Postillon
, suivi d'un Courier portant
la Médaille auk Armes de ton Excellence,
Avj ensuite
ensuite suivoient deux Trompettes & un Timballier, seize Mulleriers en livrée
avec leurs bonnets, sur lesquels étoienc :
brodées les Armes de l'Ambassadeur. Autant
de Mulets portoient le bagage, &
avoient de magnifiques Couvertures de
velours cramoisi
,
sur lesquelleslesmêmes
Armes étoient relevées en broderie. Douze
Estasiers
,
leur Doyen à la tête, les Gentilshommes
de Son Excellence
,
le Maître
d'Hôtel, &c. Deux Palferniers qui tenoient
deux chevaux de main couverts, de
peaux de Tigre sur un drap d'écarlate
chamaré d'argent, deux Pages, l'Ecuyer,
le Secrétaire
, &c. Immédiatement après
on vit paroître les deux Compagnies des
Gardes-du-Corps de Sa Sainteté
, nommées
communément les Chevaux Legers,
avec leurs Trompettes & leurs Officiers
•
à la tête, elles étoient fumes de vingthuit
Estasiers de Cardinaux. Ils étoient
montez sur des Mules couvertes de bousses
violettes ; chaque Estafier portoit le
chapeau rouge de son Maître pendant
sur le dos. Après ceux-ci venoienr environ
cent Gentilshommes des Cardinaux,
Ambassadeurs, Princes, &c. Troisautres
Trompettes des Chevaux
-
Legers suivis
des Ecuyers & Cameriers du Pape. Trente
à quarante Chevaliers de Maire montez
superbement ë4 suivis de leurs Eibficrs.
Enfin
Enfin la Garde-Suisse de Sa Sainteté,
ayant leurs Officiers à leur tête. Après les
deux Maîtres des Ceremonies paroissoit à
cheval M. l'Ambassadeur en habit de
Campagne, ayant à ses étriers un More
& huit Laquais. Il avoit à sa droite Mr
NÙoltt Giudice Protonotaire Apostolique
& Majordome de Sa Sainteté
,
& à la
gauche M.PierLuigicarassa, Archevêque
de Larisse, Evêque Assistant & Secretaire
de la Propagande, & sur les aîles deux
Massiers du Pape
, avec les masses d'argent
, & vêtus comme ils ont coutume
de l'être dans les Cavalcades solemnelles.
Son Excellence étoit suivie deM-Tomase
Cervini,Archevêque deNicomedie
,
qui
est du nombre des Assistans au Soglio, &.
de plusieurs Officiers- Se Chapellains du
Pape. La Cavalcade étoit terminée par
trois beaux atelages de chevaux de Son-
Excellence, & par plusieurs autres des
Cardinaux, Ambassadeurs
,
&c. Comme
la nuit approchoit le Majordome du Pape
fit trouver à la Fontaine de Treves un
grand nombre d'Estafiers avec des flambeaux
de cire blanche quiéclairerent cette
magnifique Cavalcade jusqu'au Palais de
l'Ambassadeur
,
où Son Excellence fit distribuer
en abondance toute sorte de rafraichissemens
à ceux qui l'avoient accompagné
dans son Emree.», ,
Ccr(monte*
Ceremonies qui ont été obfermées à lAu.
diance que le Pape a donnée au Bailli
Spinola,Ambassadeur;~c, le 23.
Mars dernier. DEs le Dimanche matin le Pape
avoit, selon la coutume, fait notifiet
par les Huissiers que le Lundi à l'heure
accoutumée il riendroit au Palais du Quirinal
un Consistoire Semipublic. Ce que le
premier Maître des Ceremonies notifia pareillement
à Son Excellence. Le Lundi sur
les dix heures du matin après avoir été
averti par le même Maître des Ceremonies
, M. l'Ambassadeur monta dans un
superbe Carosse à deux chevaux. Il avoir
à sa gauche le Protorrotaire Apostolique
M. Francesco Bichi
,
& à la portiere du
côté droit le Referendaire des Signatures
M. Vajo Maria de Vaio
, & dans les autres
places les Avocats Consistoriaux.Autour
du carossemarchoient à pied les Pages
& les Estasiers en habits d'écarlare
chamarrez de velours verd & de galons
d'argent. Dansles crois autres Carosses de
S. E. & dans plusieurs autres qui s'y étoient
joints sedistribua le nombreux correge de
plus de quarante Chevaliers de Maire, des
Gentilshommes des Cardinaux,Ambassadeurs,
Princes,&c. ,..,.) -
i. -4 Sa
Sa Sainteté étant pour lors au Consistoire
avec les Cardinaux, les Maîtres des
Ceremonies reçurent sur l'escalier l'Ambassadeur
, qui toujours precedé de son
Cortege, fut conduit dans l'appartement
des Princes, où il se reposa jusqu'à ce
qu'on vint l'avertir. Cependantle Pape
après avoir donné audiance aux Cardinaux,
& fait faire l'Extra omnes, tint un Consistoire
secret, où furent proposées & preconifées
plusieursEglises & Abbayes. Sur
la fin du Consistoireles Maîtres des Ceremonies
vinrent prendre M. l'Ambassadeur
pour le conduire à l'Audiance du
Pape,qui étoit assis sur son Trône, accompagné
du Sacré College, de la Prelature
& de la Nobleisse. Son Excellence
aprçs les trois genuflexions ordinaires,&
le baisement de pied, fit son Compliment
en Italien, en presentant la Lettre du
Grand Maître ; Sa Sainteté la donna sur
le champ au Secretaire des Brefs, afin
qu'il la lût à haute voix.Pendant cette
lecture l'Ambassadeur le tint à genoux
dans le fond de l'enceinte que formoient
les Cardinaux, avec l'Orateur, le Commandeur
D. AltfftlllJro "jttfliniani, Lieutenant
du Grand Prieuré de Rome. La lecture
finie l'Orateur Justiniani fit une Harangue
Latine avec beaucoup de grace &
d'aplaudissement. Le Secretaire des Brefs
lui
lui répondit dans la même Langue;après
les Harangues M.l'Ambassadeur, sans faire
de nouvelles genuflexions
,
mais saluant
hmplemem les Cardinaux
, s'avança vers
le Trône, & baisa une seconde fois les
pieds de Sa Sainteté
, & toute la suite de
Son Excellence fut admise à pareille ceremonie.
Cela finit les Cardinaux Pamphile
& Ottoboni, Assistans au Soglio ôterent
l'Etoile à Sa Sainteté
,
qui se retira dans
son appartement, après avoir donné sa benédiction
aux Cardinaux & à toute l'assemblée,
S. E. ayant fait au Sacré College
les complimens ordinaires, alla visiter le
Cardinal Conti, frere de Sa Sainteté,&
M. GiorgioSpinola Secretaire d'Etat, &
s'en retourna à son Palais avec le même
Cortege.
ELEGIE.
AGRE AB LE s-momens où l'amour de Silvie,
En de douces langueurs faisoit couler ma
vie,
Flatteuse illusion qui ne peut revenir,
Ah! pourquoi troublez-vous encor mon g¡.
venir?
De mes plaisirs passez mon ame possedée ,
Du malheur qui me fuit éloigne son idée; c
, ,
Et
Et pour une Inconstante ,helas! trop prevenu ,
Je regrette les fers où j'étois retenu.
L'Amour combat pour elle; & quoique tout l'accuse,
Dans le fond de mon coeur il lui trouve une e*-
cuse.
Je crois dans mon erreur qu'esclave du devoir - t
Elle n'ose à present s'exposer à me voir,
Mais que sa passion croissant dans le silence ,
De ses tristes ennuis aigrit la violence;
Et la croyant en proye à des maux superflus,
J'aime assez pour vouloir qu'elle ne m'aimt plus.
Dans quels égaremens te jette ta folie?
Plus que tu ne voudrois
,
la Cruelle t'oublie.
Loin de t'entretenir dans ces vains sentimens,
Du joug qui t'accabloit pese tous les tourmens ;
Songe,songe à ce jour où sa bouche parjure
Glaça tous tes transports par la plus noire injure;
Pourras tu sans horreur y penser desormais?
„ Je n'aime plus, dit-elle,& n'aimerai jamais.
Cependant par quel crime as-tu pu lui déplaire,
Pour oüir cet Arrestdictépar sa colere ?
Dans quel tems > Quand tu tiens un discours en-
Ramé.
Pourquoi ? tu l'adorois, elle t'avoit aimé.
Amour, dont je bravois la fatale puissance
,
Mon coeur à mes tourmens reconnoît taven-
",
geance.
A couvert de tes coups, je riois des Mortels
Qui brûloient de l'encens au pied de tesAutels.
Tu m'as (pour m'imposer un plus rudeesclavage)
Fais fléchir les genoux devant une Volage;
Tu triomphes. Helas! rien n'eût pu me charmer,
Si j'avois pû la voir & ne la pas aimer.
Malgré moi, du Destin l'imperieux caprice
Du pouvoir de ses yeux rendit mon coeur complice.
Il me souvient du jour qu'à ma perte entraîné,
En esclave à son char je me vis enchaîne.
Je crois la voir encore,avec grace à la danse
,
D'un pas lent ou leger en marquer la cadence.
Quel modeste enjoûment quel aimable ~foûiisî
Que de naissans appas s'offroient aux yeux surpris!
lille seule ignoroit le pouvoir de ses charmes.
Qui n'eût été contraint de lui rendre les armes?
Dans ce même moment j'arrive, je la voi;
Je brûlai, je peris, je ne fus plus à moi.
Depuis ce jour heureux ( tourment de mamémoire)
A lui plaire, à l'aimer, je mis toute ma gloire i
Et fixant par mes foins ses voeux irresolus
,
Pour mon malheur, helas ! je parlai, je lui plus.
Aussi-tôtque le jour cédoitàla nuit sombre,
Je volois auprèsd'elle, à la faveur de l'ombre.
Par de secrets détours furtivement conduit,
Chez
Chez elle quelquefois je me fuis introduit :
Momens d'autant plus chers que notre intelligence
-
De nos cruels Argns trompoitla vigilance !
L'obscurité propice à ma prenante ardeur
Dimunuoit un peu sa timide pudeur;
Et sa bonté sensible à ma perseverance
Nourrissoit mon amour d'une douce esperance.
Si sur de faux soupçons un jaloux mouvement
Metoit quelque amertume à mon contentement,
Par un fcùris flateur d.ffipant mes allarmes,
D'une main caressante elleessuyoit mes larmes,
Je revenois content. Sur ses trompeurs discours,
Crédule, je fondois le repos de mes jours.
„ En vain de mes Parens l'injuste tyrannie
„ Trouble de nos plaisirs la douceur infinie,
u Disoit-elle:on nous peut déformais separer ,
„ Mais quoiqu'absens, nos coeurs sçauront se
,, rencontrer.
s, Si tu répons toujours à ma tendresse extrême.
Perfide, ah ! doutez moins de moi que de vousmême.
Bientôt de ces sermens perdant le souvenir ,
De votre ame à jamais vous allez me bannir.
Confus, desesperé de ce mortel outrage,
Il s'éleve en la mienne une jalouse rage.
Que ne puis- je en aimer une autre en mon couroux?
Mais
Mais je ne trouve, helas rien d'aimable que
vons.
J'ai beau fuir votre vue > une ardeur insensée
Toujours vers votre image égare ma pensée.
Après mille sermens d'oublier vos attraits,
Je ne puis qu'oublier les sermens que j'en fais.
J'ay crû dans ma fureur que pour une inhumaine
J'avois eu trop d'amour pour n'avoir pas de
haine,
Mais j'ai bien-tôt senti par un tendre retour
Que je haïssois trop pour n'avoir plus d'amour,
Le coeur plus que jamais rempli de ce que j'aime,
Je cherche, helas ! je cherche à me haïr moimême.
Dans l'état déplorable ou vous m'abandonnez
A des pleurs éternels mes yeux font condamnez;
Cependant àmes voeux bien que tout foit contraire,
Je me fais un plaisir de souffrir pour vous
plaire;
Rien ne peut m'affranchir de votre injuste loi,
Et je fuis trop à vous pour être encore à moi.
DISSERTATlON
DISSERTATION HISTORIQUE
sur le Titre de Prince des Asturies,
avec les noms des Princes & des
princesses qui l'ont port,/é, & les cp<
remonies qui s'observent dans leur
Proclamation : Par M. l'Abbé de
lViayrac, Epuis le Mariage de Mademoiselle
de MONTPENSIER, avec le
SERENISSIME PRINCE DES ASTURIES,
cetaugusteTitreest devenu si precieux
& si interessant pour nous, qu'on a cru ne pouvoir rien presenter au Public
qui lui fût plus agreable que cette Dissertation
dans laquelle il , verra non feulement l'époque
de l'établissement d'une Dignité à laquelle le
droit de succeder à la féconde Couronne de
l'Univers est attaché, mais même le nombre
des Princes qui l'ont possedée
,
& les ceremonies
qui s'observent à leur proclamation.
Anciennement la Couronne d'Espagne étoit
élective
,
& les enfans des Rois n'y pouvoient
>
pretendre que par le concours unanime des
! sufrragesdesPrélats, des Grands & des Peuples
legitimement assemblez en pleins Etats; mais
f- comme le nombre des pretendans étoit presque
r. toujours fort considerable, & que chacun
:' formoit son parti pour parvenir au Trône,
l les brigues, les cabales & les divisions devinrent
si fréquentes lie si funestes à l'Etat,que
pour éviter les inallieurs qui le menaçoient
d'une
une ", ruine
ruine prochaine, il fut déterminé par une 101
fondamentale de la Monarchie,que tandis qu'il
y auroit des Princes ou des Princesses du Saag
Royal, il ne seroit plus permis aux Peuples de
se choisir un Roy, comme ils avoient accoutumé
de faire, & que la Couronne feroit successive
de Pere en Fils.
Les Auteurs ne conviennent pas du temps
auquel l'Ordre successif fut établi ; Covarruvias,
l'un des plus grands Jurisconsultes que l'Espagne
ait produit ,dit après Molina, que depuis le
Roy Pelage
,
c'est à dire depuis le huitiéme siecle,
les ainez des Rois ont succedé à la Couronne,
sans que cette disposition ait étéintervertie
ni alterée que par la violence, l'oppression
ou la tyrannie: Melina probat majoratus
in Regni Hispaniarum successione,pracisam observationem
in Rege Pelagio principium obtinuisse & ab illo , Rege Regnum Hispanioe à Patre in Filium
natu majorem ita semper derivatum effe,
ut nunquam variatum eo fuerit, nisi quando
vis aliqua
,
oppressojure, abolitâque consuetudine
tyrannicè invaluit.
Camille Borel, dont les Décisions ne font
gueres moins respectables que celles des deux
graves Auteurs qu'on vient de citer, est dans
le même sentiment, & s'explique en ces termes
: Statim ferè post Pelagium Castellanoe Reipublicoe
Regnumipsis Regum primogenitis in hunc
usquediemdelatum est.
Cependant, quelque respect que j'aye pour les
Décisions de ces grands bommes, je ne sçaurois
me déterminer à les adopter, d'autant qu'outre
que plusieurs célébrés Historiens refusent au
valeureux Pelage la qualité de Roy, nous trouvons
depuis lui plusieursélections, & par les
monumensles plus authentiques de l'Histoire,
nous voyons clairement que ce ne fut que dans
le
le ouziéme siecle fous le Regne d'Alfonse 111,
surnommé le Grand
, que l'usage de perpetuer
la Couronne dans la famille Royale, fut introduit
en favenr des aînezdesRois,auxquels on
donna le nom d'infants, sans autre titre qui les
distinguâtdes Cadets; que l'épithete de Premiers,
ou d'Heritiers. Mais en z3S8 leTitrede Prince
des Asturies fut introduit, & comme c'est un
dd'eEssppalgunse mémorables évenemens de l'Histoire , & qui influë le plus dans la forme du
Gouvernement, nous avons estimé necessaire
de le rapporter tout au long. Pierre,surnommé le Cruel, ayant succedé à
la Couronne de Castille par la mort d'AlfonseXI
son pere, signala le commencement de son
gegno par tant de cruautez, qu'il devint un
objet d'horreur & d'execracion dans l'esprit de
fcs Peuples. C'étoit un monstre,qui ne respiroit
que le fang & le carnage, & qui n'étoit jamais
plus content , que lors qu'il abattoit la tête de
quelque innocent; le fang Royal ne lui coûtoit
pas plus à répandre, que celuy du plus vil de
tous ses Su j ets, comme il parut dans la mort
déplorable de Blanche de Bourbon sa femme,
qu'il immola à son impudicité, pour avoir plus
de liberté d'entretenir un commerce infame
qu'il avoit depuis long temps avecDonaMarie
de Padilla sa concubine, ce qui irrita si fort
tous les Castillans, que pour venger le meurtre
de cette grande Princesse, dont ils refpeéloieDtÍ
le merite & les vertus, ils formerent contre ce
barbare une conspiration qui coûta la vie à bien
du monde; car comme cet insensé confultoic
plutôt sa fureur que ses véritables interests ,au
lieu de tâcher de gagner par une fage politique
Pierre I V Roy d'Aragon, qui favorisoit les
Mécontens de Castille, il lui declara brusquement
la guerre ; de forte que pendant qu'il
i
chamailloit
chamailloit avec l'Aragonois
, Henry son frere
bâtard fut proclamé Roy.
Au bruit d'un évenement si extraordinaire,
une multitude innombrable d'Officiers & de
Soldats reformez, qui vivoient de brigandage,
& qui avoient tout à craindre de la rigueur des
Loix, coururentcn foule se ranger fous les
érendarts de Henry, qui lesreçut trèsfavorablement,
IX avec ce secours il entra en Castille
ta 1366.A son arrivée toutes les Villes lui prêterent
ferment de fidelité ,-Be lui fournirent desi
puissans moyens pour faire tête à Don Pierre,
que ce malheureux Prince voyant le danger qu'il
couroit de demeurer parmi des Sujets que ses
cruautez avoient portez à la revolte, prit le parti
de s'enfuir en diligence, ,& de se refugier en
Aquitlljne) où après avoir ramassé une puissante
armée, il repalla en Espagne,resolu de périr
ou de recouvrer son Royaume. Don Henry qui
ne s'attendoit pas de le voir si-tôt de retour en
si bonne compagnie, futattaqué au dépourvû,
battu, & contraint de se sauveren France.
Si Don pierre eut fait attention que ses inhumanitez
& les desordres de sa vie lui avoient
déja fait perdre l'amour de ses Peuples & la
Couronne, il auroit tenu une conduite toute
opposée à celle qui l'avoit plongé dans de si
grands malheurs; mais comme il ne consltoit
que ses passions
,
il parut aussi cruel & aussi furieux
après sonrétablissement
,
qu'il l'avoitété
auparavant: tellement que ses Sujets ne pouvant
plus soutenir le poids accablant de ses violences
, se souleverent de nouveau.
Don Henry qui se renoit toujours en France,
en attendant d'avoir allez de forces pour aller
prendre sa revanche contre son frere, après
avoir formé un Corps de Troupes très considerable
,
partit en diligence pour la Castille, où
il
Il Fut-reçû très-favorablement de la part des
Peuples, & eut de si grands avantages sur Don
Fierre, qu'il le contraignit de se refugier en
Aquitaine pour la feconde fois, après quoi il
convoqua les Etats Generaux à Burgos,& y fit
reconnoître Don Jean son fils pour héritier
des Couronnes de Castille & de Leon.
Pendant que ce Prince se donnoit tant de mouvemens
pour s'afrermir sur le Trône, Don
Pierre ne negligeoit rien à Bourdeaux pour yremonter,
en quoi il trouvoit de grandes difficultés
de la part du Prince deGalles, qui malgré l'azile
favorable qu'il lui avoit procuré,trouvoit que si
d'un côté il lui étoit glorieux de secourir un Roy
détrôné par un usurpateur;d'un autre côté il lui
60ie honteux de se declarer le prorecteur d'un
barbare odieux à tous les Princes Chretiens, Se
dans les inrerefts duquel on ne pouvoir guere
entre faos se rendre coupable d'une partie de
ses crimes.
L'irresolution du Prince de Galles mettoir
Don Pierre au desespoir ; mais elle ne le rebuta
pas entierement, & comme, il étoit le plusruf6
de tous les hommes, il réveilla adroitement
l'antipatie des Anglois contre la Nation Françoise
,
& rendit Edouard jaloux de la gloire
immortelle que du Guesclin avoit acquise en
Espagne. Non content de cela, il fit passer cette
même émulation dans lé coeur de Jean Chandos,
Connêtable de Guyenne,& rival de du Guesclin,
mit par ses presens le reste de la Cour dans
[ son parti; &enfin, joignant l'interest à la gloire,
il fit des propositions si avantageuses au Prinee
de Galles, que le Roy d'Angleterre consulté
par son fils, lui ordonna de les accepter; tellement
qu'il fut convenu queDon Pierre payeroit
l'armée à ses dépens durant toute l'expcdition,
qu'il donneroit la Ville de Soria avec tout son
Territoire à Chandos ; & que le Prince de Galles
retiendroit pour lui la Province dcBicaye,
pour la réunir à perpetuité à la Guyenne. L'amour
même agit de concert pour favoriser les
interests du Prince Castillan; car le Duc de
Lancastre, frere du PrincedeGalles, étant
arrivé à Bordeaux avec des Troupes, devint
éperduëment amoureux de l'Infante DonaConstance
, fille de DonPierre, & la demanda en
mariage pour prix du servicequ'il s'offrit de
rendre à ce Prince pour le rétablir sur son Trône.
Non feulement elle lui fut promise
,
mais même
elle fut laissée à Bordeaux pour gagedelafoy
jurée. "-
Ces mesures étant prises
,
le Prince de Galles
mit sur pied une armée de 30000chevaux &
de 40000 hommes de pied, commandée par
les plus grands Capitaines de l'Europe ; sçavoir,
le Duc de Lancastre,DonJayméRoy de Mayorque
, les Comtes d'Armagnac, d'Albret, de
Perigord, & de Cominge, le brave Chandos, &
une foule innombrable de Noblesse suivirent le
Prince de Galles
,
dont le nom seul sembloit
estre garant de la victoire.
Au bruit de cette marche, Don Henry, qui
jusqu'à lors s'étoit flaté qu'aucun Prince Chretien
ne voudroic entre prendrela deffense d'un
Prince aussi odieux que l'étoit Don Pierre, ne
fut pas sans inquiétude:cependant il ne perdit
pas courage , & comme ses Troupes étoient presque
égales en nombre à celles de ses ennem's,
il s'avança vers les frontieres de son Royaume
pour en deffendre l'entrée à son Competiteur,
avec d'autant plus defasilité, que Don Carlos
Roy de Navarre avoit fait un Traité avec lai,
fiav lequel il s'engageoit de refuser à Don Pierre
le passage par ses Etats, qu'il ne jugea pourtant
à propos d'executer par la crainte qu'il eut
d'irriter
d'i~ter contre lui le Prince de Galles, dont il
redoutoit la puissance; de forte que l'armée
des Confederez n'ayant trouvé aucune resistance
-de la part des Navarrois, s'alla camper dans
la Province d'Alava, si près de celle de Don
Memy-, qu'elle n'en étoit separée que par une
palissade.
Plusieurs raisons vouloient que Don Henry
évitâtd'envenir aux mains avec ses ennemis.
Dis Guesclin&presque tous les Officiers Genezaux,
firent tous les efforts imaginables pour
porter ce Prince à temporiser,conformément aux
avisqu'ils avoientreçus de Charles V Roy de
France, qui par sa sagesse & par sa politique
avoit remportéplus de victoires de son Cabinet,
que tous ses predecesseurs à la tête des Armées
Cependant toutes leurs representations ne purent
rien gagner sur l'esprit de Don Henry ,
qui
craignoit qu'en refusant le combat il donneroit
des marques de foiblesse qui intimideroient
les peuples, dont la plupart decestoit à la verité
la cruauté de Don Pierre, mais qui ne laissoit
pas de conserver encore quelque affection pour lui, tant le nom de Roy est respectable, lors
It.il est acquis légitimement, & qu'il est soutenu
par une puissance auguste. Enfin, la Nobldfcoi
avoitembrassé son parti, demandoit
la combat, &il étoit d autant plus dangereux
de laisserrafroidir son zele, que quelques uns
avdfenc déja demandé assezfierement, depuis
quand on estimoit les Espagnols inferieurs aux
Anglois & aux Gascons.
Le Prince de GRllts ravi de la resistance de Don
Henry,fit une aiftion qui paroissoit n'avoir d'autre
principe que l'humanité & une loüable politesse,
mais qui dans le fond cachoit une politique
rafinée. Il écrivit à ce Prince, & dans sa Lettre
il lui representoit toute l'horreur qu'on doit
Bij avoir
avoirde larebellion,&lafidélitéinviolable
que les Sujets doivent à leur Souverain : il lui
faisoit connoître qu'il avoit trop suivi les mouvemens
de son ressentiment,& qu'il avoit oublié
Ln devoir en souffrant que des rebelles
lui enssentdefferé le nom de Roy, auguste &
respectable, quand il cft soutenu d'un légitime
droit, mais odieux& méprisable quand on ne
le doit qu'à la revolte e à l'u surpation. li
l'exhortoitensuite de le quitter,&offroit de se
rendre Mediateur entre leRoy son frere & lui,sur
les differens qui pouvoient lesavoirdivisez. II
finissoit en l'assurant que le seul desir d'épargner
le fang humain l'engageoit à faire la démarrche
de lui écrire, puisque son Armée étoit si
puissante & si aguerie, qu'il ne douroit pas un
moment de la viéloire. Le dessus de la Lettre
étoie 4 Don Henry Comte de Transtamare.
Malgré toutes ces belles apparences de politesse
& d'humanité,Don Henry reconnut d'abord
tout lç venin qu'elles cachoient, & la
réponse qu'il fit surle champ ne fut pas moins
artificieuse que la Lettre. Il ne répondit au
Titre de Comte de Transtamareque le Prince
lui avoitdonné, qu'en prenant lenomdeRoy,
qu'il disoit ne devoir ni à l'ambition, ni à la
vaine gloire,ni à l'usurpation, maisàlaseule
necessité de prendre les armes pour venger la
Oiprt de f4 mere & de ses freres
@
que Don Pierre
avoit inhumainement immolez à sa fureur; &
pour deffendre les jours de sa femme &de les
enfans; qu'il ne s'étoit rendu qu'aux cris de
la Nation oppressée par lescruautet d'un Prince
dénaturé; qu'il érQi,t prêt dedescendre du Trône
si le bien de l'Etat IL donandoh, mais que les
Loix divines & humaines ne lui permettoient
pas d'entrer en accommodement avec un barbare,
Ufi perside, un cruel encoreteintdu fngdela
Reine
Reine sa femme, & de tous les Princes de la
famille Royale. Au reste il finissoit en s'excusant
envers le Prince de Galles de ne pouvoir
répondre à ses bonnes intentions, en lui
témoigna t une estime toute paruculiere, & en
lui laissant entrevoir que la victoire ne seroit
pas si facile à emporter que les Anglois se le
vouloient persuader,&qu'il l'attendoic dte pied
ferme.
Le lendemain qui étoit le troisiémeAvril de rane 1367, les deux Armées se joignirent,
& it se donta une des plus fan»luites batailles
dont on eut encore entendu parler, & dont
les commencemens tournerent a la gloire des
deux partis,pardesactions de valeur d!gncy
de l'immortalité > mais sur la fin la victoire se
declara en si,.-eurdts Anglois, du Guesclin fut
fait prisonnier, de même que la plus part des
Officiers Generaux les autres furent laissez en
pieces, les débris de ceux qui éviteront la mort
ou h prison, se retirerent en desordre
,
& Don
Henry ne put sauver sa viequ'en fuyantàbride
,-
abattuë vers Naxera, où son cheval s'étant
r rendu, un Gentilhomme nommé LJor. R i-1 Fer-
"An"'{ de Baona, lai ¡{ionn:J le ficii pour se
retirer en diligence en Aragon, d'où il écrivit
> à sa femme de le venir joindre en France a.'ec
teurs enfans, n'estimant pas qu'il dût se fier
au Roy d'Aragon Il fit tant de diligence, qu'en
peu de temps il se rendit à Foix, où le Comte
de ce nom se fit une loire de contribuer à reparer
l'injustice de ta fortune, en fournissant
à ce Monarque infortuné un équipage magnifique
, & en lui donnant de l'argent pour continuer
sa route versToulouse, où le Duc d'Anjou
, frere du Roy de France & Gouverneur de
Languedoc, lereçut avec de grandes demonstrations
d'une sincere amitié, & l'assura de tout
le secours qu il pouvoit attendre du Roy fOIl
frere.
Don Pierre se voyant rétabli sur le Tiône
fit venir de Bordeaux les Infantes , ses filles, &
réitera au Prince de Galles ses magnifiques promesses
; mais bien loin d'en venir aux effets
,
il
differoit de jour en jour, fous differens pretexrela
payement des Montres qui étoient duës
à l'armée. Le Prince de Galles qui étoit tombé
malade à Valladolid, indignédu mauvais procedé
d'un Prince ingrat & perfide, fit tant d'instances,
que ses Troupes reçurent quelque argent
; mais quand il fut questiondese mettre
en possession de la Biscaye, conformément au
Traité qui avoit été conclu entre lui & Don
- Pierre, les Etats de la Province,à l'instigation
de ce fourbe, s'y opposerent. A la verité le
Prince de Galles auroit pu se faire rendre justice
les armes à la main, mais venant à considerer
qu'il compromettroit sa reputation s'ildonnoit
occasion de dire dans le monde qu'il avoit servi
un Prince détrôné comme un mercenaire; il
abandonna ses prétentions, & s'en retourna en
Guyenne,reconnoissant trop tard que la gloire
qu'on acquiert en servant un Prince injuste,
n'est jamais bien pure*, parce qu'elle participe
en quelque maniere à son iniquité.
Don Pierre ravi d'êtredélivré d'un Prince
qui lui étoit à charge, parce qu'il lui étoit
trop redevable s'abandonna tout entier au desir
de se venger de ceux qui avoient suivi le parti
de son frere, dont il fit mourir la plus grande
partie y& se rendit plus detestable qu'il ne l'ayoÍt
jamais été par ses cru-uteî & par les impôts
donc il accabla ses Sujets.
Tandis qu'il se faisoit des ennemis de gayeté
de coeur au dedans de ses Etats ,
Don Henry
nloublioit rien pour lui en susciter au dehors.
11
* Il portoit toujours le nom de Roy, & faisoit
voirune fermeté au dessusde ses malheurs.
Quoi que D n Pierre n'ignorât pas les demar-
.hes de son freve
,
il ne pouvoit pas se persuader
qu'il pût jamais mettre sur pied une Armée
capable de lui venir encore disputer le Trône
,
en quoy il se trompa; car d'un côté le Roy. de
France lui fit present de jooeo livres, qui en
ce temps - là étoient une grosse somme : le
Dac d'Anjou lui fournit 2000 hommes entretenus
pour un an, & le Pape Vrbain V, qui
faisoit sa residence à Avignon, lui permit de
s'emparer de tous les fonds des Marchands de
cette Ville
,
dont il se rendit garant sur la parole
que Don Henry lui donna de payer dans
un certain temps le principal & les interests.
Les Rois d'Aragou & de Navarre qui craignant
le ressentiment de Don Htn'j, en cas
qu'il remontât sur le Trône, s'engagerent par
des Traitez secrets à lui donner passage par
leurs Etats» de forte que ce Prince plein d'esperances
flateuses s'avança à grandes journées
tvers les Pyrenées, avec dix mille hommesseu- mentJ armée bien foible pour conquerir un
si puissant Royaume, maissuffisance contre un
Roy detesté de tous ses Su jets.
A peine parut il dans la vieille Castille,que
Calahorra&Burgos lui ouvrirent les portes;
toute la Noblesse se joignit à lui, les Peuples
s'émurent en sa faveur: peu de jours après Leon
& Valladolid suivirent l'exemple de Calaborra
Se de Burgos; Madrid le reçut à bras ouverts: en un mot son party se grossit tellement, que
Don Pierre qui s'étoit refugié dansTolede, fut
obligéd'en sortir pour aller au devant d'un
secours de Maures qu.il avoit mandié
,
laissant à
son ennemi par sa sortie la facilité d'en former
le siege, qu'il tenta vainement de faire lever.
Don Henry qui avoit des espions jusques dans
la Tente de ce malheureux Prince, ayant appris
qu'ils'avançoit vers son Camp avec 4000-
hommes,pour tâcher de lui couper les vivrese
ou de lui enlever quelque quartierlaissa la
conduitedusiege à l'Archevêque de Tolede, qui
s'éroit venu ranger de son parti,&alla se porter
entre son ennemi & Carmone, dans le dessein
de le combattre. A son arrivéeplusieurs Officiers
& Soldats de l'armée de Don pierre s'allerent
joindre à lui, & pour comble debonheur
du Guesclin pour qui le Roy de France avoit
-
payé cent mille livres de rançon, arriva dans
son Camp avec deux mille, hommes de secours i
de forre que Don Pierre fut comme envelop pé,
& duGuesclinquisçavoit profiter de tous ses
avantages, le fit attaquer brusquement à quelques
millesdeMontiel. Don Pierre soupira de
douleur d'avoir si mal pris ses mefuns, mais
il ne s'oublia pas. Labataille fut d'autant plus
sanglante, que le nombre des combattansétoit
petit , & qu'il n'yen eut presque aucun qui
ne combattit. Une espece de fureur anÍJnoic-
Don Pierre, & il se jettoit commeunfoudre
dans les endroits les plus perilleux. Don
soutenu d'une veritable valeur, ayant pour lui
le plus grand nombre, & certain de plusieurs.
ressources,conferva tout son sang froid, &
donna sesordres avec toute la presenced'esprit
que l'importance de l'occasion le demandoit.
Du Guesclin le seconda parfaitemenr,& tous
* les Chefs se porterent avec tant de valeur,
qu'on auroit dit que chacun d'eux avoit une
Couronne à disputer. Le combat dura trois
heures avecun avantage presque égal; mais au
bout de ce temps-là les Maures ayant plié,la
victoire parut aux yeux de Don Henry. On
4Dit cette jjutice àDon Pierre,qu'il rétablit
[rois:
trois fois son Armée,mais à la quatrième ayant
vu tous les siens en déroute, il fut obligé de
se sauver dans Montiel, où il yavoit un Château
bâti sur le penchant d'un rocher, qu'on
estimoit imprenable.
Don Henry attentif à ce que ce Prince devenoit,
marcha sur ses pas&l'investir. Comme
c'étoit là un coup de partie, il entoura la Ville
& le Château ,Se fit venir des troupes pour remplir
les lignes de circonvallation pour empêcher
que personne ne sortit de la Place, resolu de
rtvcc plutôt le siége de Tolede, que de perdre
l'occasion de se saisir de la personne de son ennemi.
Don Piere qui ne s'étoit jetté dans Montiel
que dans l'dperancc:w:¡ue Don Martin de
Cordouë,qu'il avoit laissé àCarmont, le viendroit
dégager, se voyant frustré dans son attente,&
reduit à la derniere extremité faute de vivres,
fit proposer une Conference à du Guesclin par
Don Martin de Sanabria
,
qui lui omit deux
cens mille pistoles
, s'ilvouloit procurer au
Roy le moyen de se sauver. Le General
François ne parut pas éloigné de ce qu'on lui
proposoit, & illaissa Sanabria dans cette esperance.
Maiscomme iln'étoit pas capable d'une
telle lâcheté il inftrulûttaMfït-tot Don Henride
ce qui se passoit, & ils resolurent entre eux,que
du Guesclin assigneroit une heure à Don Pierre
pour sortir de lrIon/id sur sa parole, & venir à
un endroitd'oùil seroitaiséde s'évader. L'heure
marquée Don Henri se rendit armé dans la tente
deduGuesclin. Don Pierre ayant pris sesarmes,
suivi seulement de Don Rodrigo
,
de Don Ferdinand
de Castro
,
& de Don Diego d'Oviede, descendit
jusqu'à l'adroit où du Guesclin &les siens
s'étoientavancés. Du Guesclin n'eut pas plutôt
apperçu Don pierre qu'il dit assez haut, ilest
tems de fiefyier.Accs-mots DonPierre voulut
B v montée
monter à cheval
,
mais les gens de du Guesclin
l'en empêcherent, & le conduisirent à la Tente
de ce Général
, comme si ç'eût Úé le chemin par
ou il devoir aller. Ily trouva Don Henry, du
Guesclin & plusieurs autres personses aimées.
Alors il soupçonna d'être rrahi, & se repentit
d'avoir tenté unesiperilleusenegociationmais
il n'étoit plus tems de réflechir sur la faute qu'il
avoit faite. Cependant les deux freres ne se reconnoissoient
point, parce qu'il y avoir plus de
dix ans qu'ils ne s'étoient vus. On montroit
Don Pierre à Don Henri, sans qu'il comprit en
corc quec'étoit lui. Don Pierre ayant jugépar
les defferences qu'on reudoit à Don Henri que
c'étoit son Rival, ou peut-êtreayant achevé de
le reconnoître
,
s'écrla tout à coup YO SOY EL
REY
,
c'està-dire, JI fUÍJle RrJ. Alors Don
Henri tira son Poignard, se jetra sur son frere
,
& l'en frappa au visage. Le jour paroissoit à peine
pour éclairer ce combat, & les personnes des
Combattans étoientsirespectables, qu'aucun des
Spectateurs ne s'ingera des'y mêler. DonPierre,
qui étoit le plus fort, jetta Don Hefjri par terre, & tomba lui même,mais ayant POUI t nule dessus.
Dans cette occurence du Guesclin, craignant que
Don Henri ne fut accablé par son frere, qui le
pressoit vivement,cessad'être indirrerent, &se
joignit aux combattans avec quelques autres,
comme s'il eût voulu les separer
,
mais dans le
fonds pour donner à Don Henri le moyen de,
gagner ledessus, dont il profitasiavantageuseinent,
qu'il plongea son Poignard dans la gorge
de Don Pierre à diverses reprises. Ainsi perit le
plus cruel, le plus-inhumain, le plus sanguinaire,
& le plus injuste Prince que l'Espagne ait vu sur
le Trône, & Don Henri se vit par sa mort paisible
possesseur des Couronnes de Castille & de
Leon, non pas peut-être que sagloire ne reçût
quelque
quelque atteinte de ces dernieres circonstances.
Aussi-tôt la Ville & le Château de Montiellui
ouvrirent les Portes ; peu de tems après Tolede
, Seville & toutes les Provinces, à la reserve de
la Galice se fournirent à lui. A ces tristes nouvelles
les amis de DonPierrese hâterent deconduire
les Infantes ses filles à Bordeaux, où le
Duc de Lancastre, toujours amoureux de l'aînée,
ainsi qu'il àétédit, l'épousa solemnellement,
dans l'efpcvance de pouvoir monter sur le Trône
de son Beau pere ,
dont il se voyoit en état de
faire revivre les droits legitimés. Il prit lenom
& les Armes de Roy de Castille & de Leon > cependant
Don Henri mourut sur le Trône regrette
detous rcssujets dont il laissaDon Jean foo
fils heritier
,
aussi bien que de ffcs vertus, avec
lequel le Duc de Lancastre eut une longue & san
glante guerre, dans laquelle les Portugais
,
irreconcillables
ennemis des Castillans
,
prirent
parti en faveur des Anglois
,
ausquels ils faciliterent
le moyen d'innonder toute la Castille.
Il faut demeurer d'accord qu'àjuger dudroit
des Parties felon les Loix fondamentales de la
Monarchie, celui du Duc de Lancastreétoit iacotestable,
puisquela Couronne étoit successive,&
que Dona Constance sa femme étoit fille
aînée de Don pierre, dont les cruautez de son
pere ne pouvoient pas la priver. Mais Don Jean.
étoit en possession, & adoré de ses Sujets
,
qui
protestoient qu'ils verseroient jusqu'à la derniere
goute de leur fang pour soutenir sa domination
,
tellement que le Duc de Lancaflrefut
contraint de ceder à la puissancede son ennemi
,
& d'abandonner toutes ses prétentions, à condition que la Princesse Catherine sa fille
uniqe épouserois l'Infant Don Henri fils aîné
du Roy Don Jean. & qu'on érigeroit en faveur
de et mariage les djltmcs en Principauté, dont
ion aflureroit pour tou jours letitre&!enolrv à
l'héritier presomptif de la Couronne de Castille
à l'imitation des Anglois
,
qui appelloient le fil's
aîné du Roy d'Angleterre Prince JeGalles, sur
quoy les Historiens remarquent que de la même
maniéré que cet usage s'introduiut en Angleterre
en iij6. à l'occacion du matiage du Prince
EJtlüard. fils aîné du Roy Henri Ill. avec Doirà:
Eleonor Infantc de Castille
,
celui d'appeller le
fils aîné du Roy de Castille Prince des Asturies
fut établien1388. à l'occasion du mariage de
l'Infant Don Henri avec la Princesse1Catherine
d'Angleterre.
il paroîtra peut-êtresurprenant que les Aftflrtés
étant un des plus petirsEtats de to:s ceux qui
composent la Couronne de CaftHfe
, on en a:r
donné le nom à titre de Principauté aux fils
ainex des Rois, preferablement à tant d'autres
incomparablement plus confider-ables. Mais le
sçavant Don Louis deSalayar dans son Traité
des DignotqSeculierts, dit quecefut en confidcratioo
de ce que les Ajiuriens, après l'invasion des-
Maures, furent les premiers qui eurent un Roy,
& qu'ils portèrent les premiers coups à ces ennemis
irréconciliables de la Patrie & de la Re- ligion.
Aprèsque tous les differens qui étoiententre
le Roy Don Jean & le Duc de Lancastre furent
terminez,qu'on eut assigné à la PrinceflV
Dona Confiance femme du dernier, de très grosrevenns
sur lesplusopulentesVillesdeCaftille-,
le Prince Anglois quitta le nom de Roy,envoya
la Princesse sa femme en Castille pour prendre
possession des Terres qui lui awoienr été affiv,
nées-) & mener lajeune Prinoefleleur fille à
l'lofant, DooHenr;, qui surfait PrincedesAstupiejdc
la manière suivante.
Le Roy DonJeun cenroqualcs Etats Généraux
taux du Royaume à Birbiefc*
,
petite Ville de lavieille
Castille
,
où après avoir fait dresserun
superbe Trône, il y fit monter l'Infant Don Henri
son fils,&s'étant approché de lui, lecouvrit
d'un Manteau, lui mit un Chapeau sur la tête ,
le baisa ,& d'un ton de voix assez élevé pour êtra
entendu de toute l'assemblée,l'appella PRINCE
DES ASTURIES, & ordenna à tous ses Sujets
de le reconnoîtrepour tel après quoi il fit faire
aneLoy fondamentalede l'Etat, par laquelle
il fut
determiné
qu'à l'avenirtous les filsajnez
porteroient ce titre
,
qui de plein droit leur acquerroit.
la successîon de la Couronne.
Quelque tems après la Duchesse de LltlU"rrt
arriva avec laPrincesse safille, dont le mariage
avec Don Henri I. Vrnce desAsturies fut célébré
à pIJlencu. ,& la consommation en fut difsérée
pour sept ans, à cause de la grande jeunessè
des nouveauxmariez.Tortel'Espagne fut ravie
qu'une alliance heureuseeut étOiifé les Guerres
Civiles dont la Monarchieétoitembraféc, & rit
avec rcfpca: la fil;e & la petite fille du Roy Don
Pierre-,tant ilest vrai que le sacré caractere de
la Royauté , se fait sentir intérieurement dans le
coeur des Sujets indépendamment des qualitez
personnelles du Prince.
Don Henri fut donc le premier Infant qui pric
le titre de Prince des Afturtes,& aprèsavoir été
proclamé Roy fous le nom de Heurt III. furnomméJ'lnfirm,
, il eut un fils nommé jean, qui
fut proclamé Prince des Asturies- en 1401 ,
&
reconnu Roy après la mort de son pere ,qui arriva
l'année suivante ,.fous le nom de 7cae11
Ce Prince ayant- pris attaoce avec Doua
Marie Infante d'Aragon en eut deux filles avant.
qu'il "IDt au monde aucun garçon, ce qui lé
détermina à sare deelarer Prtnceffé des Afiuries
Dona Catherine l'amée", dont la ceremoniese
, fit
fie dans l'Eglise Metropolitaine de Tolede an
mois de Janvier141J;mJis étant morte au
mois de Septembre de l'année suivante
,
Dona
Leenor sa soeur cadette, sur proclamée quelques
jours après dans l'Edite Métropolitaine de
Burgos, mais elle ne jouit pas long tems de ce
Titre, car la Reine sa mere étant accouchée
d'un filsappelle Don Htm;Jce Prince fut proclaméPrincedesjifiuries
en >4ij dans le Réfectoire
de .'inr Paul de Valiadjttd
,
& par sa pro.
clamation le titre de Prmcefîe qui avoir été defferé
à ta soeur
,
fut éreint
,
& d'e reprit celui
d'Infante qu'elle poitoitauparavant. En 1452 il
fut proclamépour hfécondé fois
,
& proclamation par cette la premiere fut confirmée.
Etant parvenu à la Couronne en 1454 fous le
nom de Henri IV. dir 1 Jm^ujfant
,
il se maria
avec Dowa B'ancheInsate de Navarre, qu'il
répudiaaprès treizeansde mariage, fous prétexte
de sterilité, & fc maria avec Dana Jeanne
Infante de Pdftugal
,
laquelle accoucha d'une
fille appellée Jeanne comme sa mere, non sans
de grands soupçons qu'elleétoit plutôt fille de
Don Bertrand de la Cueva que du Roy, qui selon
le sentiment de tout 'e monde,paisoit pour
impuissant
,
quoiqu'il fit tous sesefforts pour
cacher ce défaut aux yeux de ses Peuples par la
passion qu'il faisoit semblant d'avoir pour une
des plus belles femmes d'Espagne de la Maison
de Guiomar. Cependant malgré l'idée que ses
Su jets avoieot de son impuissance
,
l'Infante
Dona Jeanne fut proclaméeVrincejfe des jijiurief
à Macridau mois deMars del'année1461.Mais
dans la fnite a\ant été decidé qu'ellen'écoit pas
fille du Roy, elle fut excluë de la successîon
, &
Don Alfonse, fils du Roy Don Jean II. & de
la. Reine Dona lfabelie sa séconde femme, se fit
proclamer Prince desAsturies en 1464 dans une
Assemblée
Assèmblée au trolieu d'une Campagne prés d'un
Village appelle &tfaçon
, ce qui excita des Guerres
Civiles dans tout l'Etat, qui le mirent à deux
doigts de saperte,car le Roy lui même eonfentic
àl'exheredation de laPrincesse Yeanne par
an aveu fîctriflant qu'il fit de Ton impuifiancesc
de l'impudicité de la Reine sa femme.
Aprés que la Princesse eutété declarée
bâtarde
,
lç Roy promitqu'il reconnoîtroit pour
Princeflc des Asturies l'Infante Dona isabelle sa
foeur ,& légitiméhëritiere dela Couronne. Il
s'obligea delui faire prêter ferment de fidélité
un cette qualité par les Etats Généraux, à condirion
Que cette Princesse ne se marieroiit que
par l'avis & le consentement du Roy, qui (e..
gagea de renvoyer dans quatre mois en Portugal
la Reine sa femme 6c sa fille.,ne qualifia plusl'une
qu'In!:Jnte de Portugal,& l'autre que filledecettePrincesse.
Par ce Traité le Royaume ayant pris une nouvelleface
,leRoy serendit à un endroitappellé
Cadahal%<\o\ïlaPrincessesa fcear,acompagnée
detous les Seigneurs de son parti,l'alla joindre
le 19Seprembre 1468. ellebaisa la main au Roy
son frere, qui en presencé de l'Evêque de Leon
legat du S. Siege * en Espagne, la falua en qualité
Je Princesse des Afiuries&dliericîere de la Couronne.
Tous les Seigneurs des deux partis la reconnurent
pqur telle, & lui prelterent ferment
de fideIiré) & se firentrelever par le Légat de
celui qu'ils avoieijf prêté en 1462.àlaP'tinceffe
Jeanne. Par cette proclamation le calme fut âtabli
dans l'Etat, mais il n'ysubsista pas longfems;
car comme le Roy étoit le plus foiblede
tous les hommes. il prit du dégoût pour sa
foeur
,
refusa de signer son.Contrat de mariage
avec Don Ferdinand Roy de Sicile, & déclaras
publiquement que Dona "jeannfiioltlâÉBle, &
qu'il
qu'il ne pouvoit y avoir d'autre heritiere de la"
Couronne qu'elle. Non content de cette démarche
,il convint avec le Roy de France de marier
cette Princesse avec le Duc de Guienne,
- dont les Ambassadeurs se rendirent à Guadalaj'
11
,
où il fut decidé que pour détruire les idé£s:
que le Traité de Cadabalzo pourroit avoir laisfées
sur le defaut de Legitimité de Doña Jeanne
il se feroit v une Assemblée des plus grands Seigneurs
de l'Etat pourla reconnoîtredenouveau
Princesse des Asturies. Cette Assemblée fut indiquée
au i< Octobre 1470. dans une vaste Prairie
aumilieu de la vallée de Lcçoyn ,
prés de la
ChartreuseduPaular. Le Roy
,
la Reine & la
Princesse Jtanne
,
les Ambassadeurs, le Grand
Maître de l'Ordre de S. Jacques, le Connétable
de Castille, le Marquis de Santillana & tous les*
Seigneurs du parti du Roy,qui composoient une
Cour magnifique s'y trouverent. Le Roy y fit
deux Actes. Le premier étoit une exheredation
delaPrincesseDonaIsabelle
,
& le second une
Ïnlbrurion en faveur de Dona 7tanno.
Quoique le Roy se fut déja declaré favorablement
pour laLégitimitéde DoñaJeanne, les Ambassadeurs
ne paroissoient pas pleinement satisfaits
de cetre déclaration
, & en demandoient
une p'us authentique, à quoi le Roy acquiesça
tellement , que lui & laReine seleverentaussitôt,
& affirmerent en presence de toute leur Cour,
que cette Princesse étoit veritablement leur fille:
Dans le moment elle sur reconnuë de nouveau
pour Princesse des Asturies,& tous les Seigneurs
lui baiserent la main en cette qualité
,
après
quoi les Ambassadeurs la fiancerent à Tolede au
nom du Duc de Guienne.
Le Roy & la Reine de Sicile apprirent ces circonstances
avec douleur, maisils ne s'en laisserent
pas abattre, &ne changerent rienà leur
conduite,
conduite
,
ni ne firent aucun mouvement qui
marquât de la crainte ou de la foiblesse, & comme
si la fortuneeut agi de concert pour empêchercemariage
, bien tôt aprèsenapritlamort
du Duc de Guienne, & sur ces entrefaites la
Reine accoucha d'une fille. Quoique le Roy eût
desaprouvé le mariagede sa soeur ,
il eut lelchagrin
de voir tous les Castillans témoigner leur
joye de cette naissance. Cependant ce Prince armoit&
vouloit absolument chasser de ses Etats
le Roy & la Reine de Sicile. Sa propre indolence
& les remontrances des Grands , qui ne pouvoient
voir le Royaume dechiré par de nouvelles
Guerres. Civiles, ou qui dans le fond deleur
coeu-r penchoient ducôtédela Reine de Sicile,
retinrent les premiersmouvemens dece Monarque,
qui étoient les seuls à craindre. D'ailleurs
de nouveaux chagrinsl'accablerent ,par la connoissance
parfaite qu'il eut du commerce scandaleux
que la Reine sa femme menoitavec Don
Pedro de Fonseca, dontelle avoit eu deux fils
qu'elle faisoit élever dans leMonasteredeSaint
Philippe leReal, dont l'Abbesseetoit Tante de
Don Pedro. Mais, par une foiblesse dont il n'y
avoit queluiqui pût être capable
,
les débauches
de cette Reire ne lui firent rien perdre de
sa tendresse pour la Princesse des Asturies ; -&
pour lui en donner des marques,il resolut de la
marier avec DonHenri fils de l'Infant d'Aragon
du même nom. Pour cet effet il l'apella auprès
èclu-!,& lui fit donner le titre d'Infant,mais ce - Prince se conduisit si mal, que le Roy prit du degoût
pour lui. La Reine deSicile qui avoit gagné
jusqu'à ses Domestiques les plus afifdez, fut instruite
de son mécontentement,&prit ce tems-là
pour le supplier aunom de l'amitiéfraternelle
d'oublier celui qu'elle lui avoit donné, & de lui
permettre de luialler baiser la main,àquoiil
consentir,
consentit ,de forte qu'elle se rendit à Segovie,
où elle témoigna au Roy une soumission si tendre
& si respectueuse, & tourna son esprit si
adroitement
,
qu'il promit d'approuver son mariage
, & permit au Roy de Sicile de lui aller rendre
ses respects. Leur entrevue fut tendre, &
les deux Monarques parurent en public dans une
parfaite intelligence. Don André de Cabrera
ayant obtenu la permission de leur donner à
manger, le Roy se trouva mal après le repas.
Bien des gens soupçonnerent qu'il avoit été cm.
poifonné. Dés ce moment ce Prince demeura
a la discretion de la Reine de Sicile; mais quelques
diligences que cette habile Princesse fie
pour l'obliger à revoquer l'acte de Reconnoissance
qu'il avoit fait en dernier lieu en fanur
de la PrincesseJeanne
,
elle ne put jamais y
réussir
,
tellement que le Roy mourut en proteftant
qu'elle étoit sa fille. Cependant cette
protestation n'empêcha pas qu'aprés la mort da
Roy, Don Ferdinand Roy de Sicile & Doña
Isabelle sa femme ne prient le Titre de Rois
deCastelle,&qu'ils ne fissent proclamer Doña
Isabelle leur fille aînéeprincesse des Asturies à Madrid
en 1+76.
Dans la fuite la Re:n:: étant accouchée d'un
garçon appellé DonJean, il sur proclamé Prince
des Asturies à Tolede au mois de Mars 1480 &
la Princesse sa soeur quitta le nom de Princesse
des Asturies, & prit celui d'lnf/lr:lt ,
qu'elle porta
jusqu'à la mort du Prince son frere, qui arriva
en 1498.auquel tems elle fut proclamée une
seconde fois Princesse des Asturies, Elle fut mariée
avec Don ManuelRoyde Portugal,dont elle
eut un fils nommé Don Michel, lequel fut proclamé
Prince des Asturiesà Ocaiia au mois de
Janvier 1499,mais étant mort deux ans après,
Dona Yestnni seconde fille du Roy Don Ferdinand
- M*nd & de la Reine Dona lflfbtllc, sur proclamée
Princesse des Asturies à Tolede le6 Novembre
1502. Elle fut mariée avec Philippe furnomniélebteu,
Archiducd'Autriche
,
duquel
elle eut deux fils, dont l'aîné appellé Charles
fut proclamé Princedes Asturiesen1517.apres
lamortdu Roy Don Ferdinand le Catholique
son Ayeul. Peu.de tems après son pere mourut,
& il fut proclamé Roy d'Espagne. Ensuite il
parvint à l'Empire fous le nom deCharles Vrflc
serendît recommandable dans toute l'Europe
^ar ses Exploits heroïques.
Ce Monarque eut un fts appellé Philippe, qu'il
fit proclamer Prince des Asturies dans l'Eglise de
Saint Jerôme de Madrid le 19 Avril de l'année
1528,n'ayant encore que dix mois&vingt jours.
Don Carlosfils dePhi lippeII. &dela Reine
Doña Marieh premiere femme, fut proclamé àToledeau mois de Fevrierde l'année 1560,
étant âgé de 14.ans7mois& 3 jours. -
Don Ferdirand fils du mêmePhilippe II. & de
la Reine DoñaAnne sa quatrième femme, fut
proclamé Prince des Asturies dans l'Eglise de
Saint Jerôme de Madrid
,
le 31 May de l'année
.)J. n'ayant qu'un an 5 mois & 27 jours.
Don Diego,troisiéme fils du mêmePhilippe II.
& dela même Reine DonaAine, fat proclamé
dans la Chapelle du Palais Royal de Madrid,le
premier Mars i'j80. n'ayant que4 ans 7 mois
& 14 jours.
Don Philippe,quatrième fils du mê-me Philippe
II.fut proclamé dans l'Eglise deSaint Jerime
de Madrid le 11 Novembre 1584. âgé de 6 ans
} mois&29 jours, en prefcnce du Roy son pere,
de Dona M-irit Infante d'Espagne& Imperatrice,
It des Infantes Dona Isabelle & Doña Catherin*
sessoeurs, lesquelles le reconnurent en ^aalicé
d'Infantes & lui prêtèrent ferment de fidélité.
Don
Don Philippe- Dominique - Victor de la Crn%, fils de Philippe III. & de la Reine Dona Margue-
,itc. fut proclamé dans l'Eglise de Saint Jérôme
de Madrid le3 Janvier iéoJt.
Don Carlos deruier Roy d'Espagne
,
& fils de
Philippe IV. & de la Reine Dona MarieAnne
d'Autriche, fut proclamé dans la même Eglise
le de l'année 1661.
Don Louis,fils de Philippe V. à presentRégnant
,
& de DonaMarie- Louise-Gabriellede
Savoye, fut proclame dans la même Eglise au
mois de Février de l'année 1710 ,
n'ayant que
deux ans & six mois.
,Après avoir parlé de l'établissement du Titre
des Princes des Ajlttries
,
& avoirrapporté les
noms de tous les Princes- & Princessesqui l'ont
porté,on ne fera pas fâché de sçavoir les Ceremonies
qui s'observent à leur proclamation,..
Lorsque le Roy a determiné de faire proclamer
son filsaînéPrince des Asturies
,
il convoque
les Etats Généraux
,
les Prélats
>
les Grands
les Titres de Castille,les Tribunaux , & les Procureurs
des Villes,qui ont séance à cette celebre
Cérémonie, pour laquellel'Eglise deS.Jerôme
de Madrid,depuis que les RoisCatholiques y
font leurresidence,est choisie, Se danslaquelle
on dresseune Estrade fort élevéeentrele Choeur
& le Maître Autel, sur laquelle on monte par
douze degrez. On place à la droite une Courtine*
pour le Roy, pour la Reine & pour les Infants,
avec un Fauteuil pour le Roy à la droite d'un
Prie Dieu, & quatre Carreaux pour la Reine à
la gauche, sur lesquels elles'assied
, avec autresdeux
au-devant pour mettre fous les genoux de
Leurs Majestez. Lorsqu'il y a des Infants on
leur met des Chaises à côté du Roy, & des CarteauxauxInfantesàcôté
dela Reine.
.* Ce»r"»f,çfl une Loge quarréc en forme de Pavillon*
On
On dresse du même côté près de l'Autel deux
Buffets
,
l'un pour servir de Credence,qu'on
garnit d'Argenterie pour la célébration de la
messe,8c l'autre pour mettre le Bassin & autres
effets necessaires pour la Confirmation du Prince,
supposéqu'il n'ait pas été confirmé. Sur une autre
petite Credence on met une Croix & six cierges
de cire blanche.
De l'autre côté de l'Autel ,on place un Banc
couvert d'un tapis pour l'Officiant & pour les
Prelats qui lui fervent d'Assistans, & un autre
yis à-vis de laCourtine du Roy pour les Ambassadeurs
des Têtes Couronnées,&c.
Au bout du banc des Prélats, on met un Tabouret
pour le Chapelain MJlJr , & un autre
pour le Grand Aumônier, lorsqu'on même Prélat
ne possede pas ces deux éminentes Dignitez.
Le Grand-Maistre d'Hôtel se placesurunTabouret
entre le Prie Dieu du Roy & le banc des.
Prélats.
Derrière le banc des Ambassadeurs font placez
les Membres de la Chambre & du Conseil
de Castille
, ceux de la Chambre en qualité d'Assistans
des Etats Généraux,& ceux du Conseil en
qualité de Témoins.
Au-dessous del'Estrade on met des deux côtez
quatre rangs de bancs couverts de tapis, placez
à trois pieds de distance les uns des autres.
Le premier qui est du côté de l'Evangile, est
pour les Prelats qui font invitez à la Ceremonie vis-à-vis duquel est celui des Grands. Celui qui,
est au dessous est pour les Titres de Castille &
pour leurs fils aînez. Le quatrième est pour le
Procureur des Etats Généraux
, & on met ut*
petit banc separé à la porte du Choeur pour les
Procureurs & pour les Etats de Tolede.
Après que le Roy a donné ses ordres au
Grand Maître d'Hôtel, tant pour l'heute que - la
, la ceremonie se doit faire, que pour le rang
qu'un chacun doit occuper, soit au Cortège,
soit à l'Eglise, celui ci les communique au
Maitre d'Hôtel de semaine. afin qu'il les fasse
executer ponctuellement.
Le jour de la Proclamation les Gardes da
Roy se rendent de bon matin à l'Eglise où elle
se doit faire, au bruit des Timballes, des
Trompetres. des Tambours & des Fifres,ayant
leurs Officiers à leur tête. Dès qu'ils y font
arrivez, ilssesaisissent de routes les Portes de
l'Eglise & duCloître, afin d'en descendrel'entrée
à tous ceux qui n'ont pas droit ou permillion
d'y entrer.
Toutes choses étant ainsidisposées, le Roy , la Reine, le Prince, les Infants & les Infantes
partent du Palais en cortège, & se rendent au
Couvent de SaintJérôme, où ils restent jusqu'au
temps de la ceremon ic. Pendant que leurs Majetez,
le Prince, les Infants&les Infantes se
reposent dans leurs appartemens. les Grands &
autres qui font du cortege se tiennent dans l'antichambre
de la Reine, pour y attendre le temps
auquel il faut se rendre à l'Eglise, où l'on va
en l'ordre suivant.
On descend par le grand escalier du haut
Cloître, &on entre dans l'Eglise par laporte
qu'on appelle de la procession. Les Alcaldesde
Cour & de la Maison du Roy marchent les premiers,
ensuite vont les Pages, accompagnez
de leur Gouverneur & du Sous Gouverneur.
Les Ecuyers, les Gentilshommes de laMaison
du Roy & de la Bouche, les Titres de Castille ,
Se les Procureurs des Etats Généraux suivent
immédiatement pêle méle) sans rang ni distinction.
Après eux vont quatre Massiers, deux
à deux, portant,leurs Masses levées. Les Maîtres
d'Hôtel du Roy & de la Reine portant
leurs
leurs bâtons, marchent après les Massiers. Se
font suivis par les Grands, à la telle desquels -
se met le Grand Maître d'Hôtel avec son bâton.
- A la fuite des Grands marchent quatreHeraults
,
ou Rois d'Armes
, portant leurs Cottesde maille
aux Armes Royales, accompagnées de celles des
Royaumes qui ont séance aux Etats Généraux.
Après les Rois d'Armes,paroîtle Comte d'Oropesadécouvert
, portant l'Epée Royale sur l'épaule,
pour marquer la justice & la puissancedu
Roy, en son absence le Grand Ecuyer remplit
sa place.
Quand tout le monde a défilé, le Prince des
Aflttries entre dans la marche, & s'il y a des Ins,
fants ils vont à ses cotez un peu après lui.
A deux pas de distance vont Leurs Majestez,
le Roy à ladroite, revêtu du grand Collier de
la Toisond'Or,& la Reine à la gauche un pelt
ptus, bas que lui,appuyée sur le bras d'un MenÎn,
Be suivie de la Camarera Mayor qui lui
porte la queuë,
Après la Camarera Mayor, marche le Grand-
Maistre d'Hôtel de la Reine,suposé qu'il ne foit
pas Grand d'Espagne
,
mais s'il l'cft ,-il va
avec les autres Grands.
Après le Grand-Maistre d'Hôtel de la Reine
les Dames d'Honneur & les , autres Dames du Palais
, marchent deux à deux en se tenant par la
main. Elles font accompagnées par le Maistre
d'Hôtel de Semaine de la Reine, & par le Garde-
Dames.
Dès que le Cortege arrive dans l'Eglise
-'
la
Musique du Roy, qui est placée dans le Choeur,
commence à chanter, Se ne finit que quand
Leurs Majestez ont pris leurs places.
• Le Roy, la Reine,le Prince, les Infants, les
Infantes,la Camarera Mayor, les Dames d'Honneur
& les Meniues montent sur l'Estrade,& après
avoir
avoir salué le Saint Sacrement,le SacristainMayer
ôte un taffetas cramoisi qui couvre la Courtine,
& après que le Sumillier du Corps ,( c'est-à dire,
le Grand Chambellan)en a tiré le rideau, Leurs
Majestez s'y placent.
Celui qui porte l'Epée Royale se met prés
de la Courtine,ducôté de l'Autel, ayant à sa
droite le Grand Maistre d'Hôtel du Roy, Bek
celui de la Reine s'y trouve, il se place après
lui. Tous trois setiennent debout,&tête nue. Les
Dames d'Honneur,les Dames du Palais & les
Menines se placent au-dessous de cette Courtine.
Les Maitres d'Hôtel du Roy & de la Reine
se placent dans l'espace qu'il y a entre les bancs
des Prélats & des Ambassadeurs
,
visa vis de
la Courtine.
Les quatre Rois d'Armes se mettent sur les
hauts degrez de l'Estrade, deux d'un côté& deux
de l'autre. Les quatre Massierssetiennent sur le
dernierdegré jusqu'à ce que la Ceremonie foit
finie.
Tout étant ainsi disposé
,
l'Officiant commence
la Messe, àlafindelaquelle il prend la
Chappe & la Mitre
,
& confirme le Prince,supposé
qu'il n'ait pas été confirme
,
après quoi il
s'assîed sur un fauteuil au pied de l'Autel, vis-à.
vis duquel il y a un Prie Dieu, sur lequel font
une Croix & un Missel.
Dès qu'il est assis, un Herault avec sa masse
Se sa côte d'armes,monte sur l'estrade
, & crie à
haute voix, ElfJ/lter , Ecouter, Eccute%la lecture
qui va vous estre faite duferment d'hommage,de
foy, d'obéissancedefidélité qu'aujollrti'huJ-les
Infants, les Infantes, les Prélats, lesGrands,
les Chevaliers
,
(y les Procureurs qui font ici
.ffimbJer par ordre du Roy notre Seigneur,vont
préter AUSERENISSIME PRINCE N.
FILS AINE' DE SAMAJESTE'
,
le
le reconnoissantpourPRINCE DE CES
ROYAUMES PENDANT LA VIE DU
ROY, ET APRE'S SON DECE'S POUR
.ROY ET SEIGNEUR NATUREL.
Le Hérault ayant prononcé ces paroles, le
plus ancien Auditeur du Conseil Royal de Castille
lit un Acte qui contient en substance, que tous
ceux qui font presens, d'un consentement unanime
le reconnoissent pour Prince de tous les
Royaumes qui composent la Monarchie d'Espagne
pendantla vie du Roy, & après sa mort
pour Roy & Seigneur naturel. Que ce ferment
se fait librement, de bonne volonté, sans force,
contrainte, ni violence, & qu'ainsi ilslui garderont
h foy &la fidélité comme à leur Seigneur
Souverain
,
& lui rendront l'obéïssance, comme
bons &fideles Sujets, de la même maniere que
l'ont fair & observé leurs Predecesseurs. Qu'ils
deffendront son honneur, & qu'ils le serviront
en toutes les occasions qui se presenteront
fous peine d'être , notez d'infamie. Qu'ils observeront
religieusement la promesse & le ferment
qu'ils font, sans qu'il leur soit jamais permis de
les violer directement ni indirectement, fous
tel pretexte que ce puisse être. en aucuntemps,
ni en aucun lieu, fous les peines déja dites; &
au surplus d'être declarez atteints & convaincus
du crime de Parjure & de Felonie, & que
pour cet effet ils vont prêter leur ferment à la
face du saint Autel, entre les mains de N.
preposé par Sa Majesté pour le recevoir.
La lecture de l'Acte étant faire en la forme <
qu'on vient de dire, les Personnes Royales qui
doivent prêter-le ferment s'approchent du Prelat
qui le doit recevoir, lequel le reçoit en la
forme suivante.
Si c'est une Imperatrice, ou une Reine,
comme il arrive quelquefois, il lui dit, Votre
C Majeé
Majesté jure-telle par cete sainte Croix
,
& par
les saints Evangiles, qui font là presens
,
qu'elle
gardera&observera tout ce qui ejl contenudans
VAUe qui lui a été lù ! & partant, Dieu vous
fou en aide.
Si c'est une Prraccflc d'un autre Royaume,
ou un Infant, il le traite d'Altesse. Le Prince, ou
la Princesse qui prêteferment,répond au PreLc
à haute voix, Je lepromets ainsi. AMEN, &
à l'instant il va baiser la main au Prince, quand
même la Princesse qui prête ferment seroit son
Ayeule ou saTante,ainsi qu'il arriva à la Proclamation
de Philippe MI. que l'Imperatrice
Marie son Ayeule reconnut pour Prince des Asturies,
& lui baisa la main en cette qualité.
Après que les Princes & les Princesses ont
p hé leur ferment, les Prelats vont prêter le
leur par rang d'ancienneté, auxquels lePrelat
qui le reçoit dit, Jurez vjpus degarder observer
tout ce qui ee contenu dans l'Acte qui vous
a été IÛ? ainsi Dieu vous soit en aide,& ces
saints Evangiles. Le Prelat qui prête le ferment
répond, Je le promets & lejureainsi.AMEN.
Cela fait, le Prelat qui tend hommage s'approche
du Prie Dieu du Roy, & le rend entre
les mains d'un Grand d'Espagne, lequel lui dit
Ces paroles: Yurq vous une, deux, trois fois :
une. deux, troisfois ; une, deux trois fois, que
vous prêter foy & hommage au Prince, selon
l'Usage & Coutume d'Espagne, & que vous gav
Jere:{ & ob!ervere'{ ce qui est contenu dans t'¿ia.
"'lMi a étélû? Le Prelat répond comme ey devant,
Je le promets & le jure ainsi. AMEN,& ensuite
il baise la main au Prince.
Lors que les Prelats ont rendu leur hommage,
les Grands qui se trouvent à la ceremonie,rendent
le leur en la même forme, avec cette feule
dHferegce, qu'il ne s'observe entre eux aucune préseance,
préseance, & qu'ils se presentent selon le rang
qu'ils occupent sur le Banc où ils font aiïîs,
au lieu que les Evêques vont par rang d'ancienneté
du jour de leur Sacre.
Les Titres de Castille,c'est à-dire les Comtes
& les Marquis qui ne font pas honnorez de la
Dignité de la Grandesse. vont immédiatement
aprtS les Grands ; les Chevaliers vont après les
Titres de Castille; & les fils des Grands vont
après les Chevaliers ; ensuite les Députez des
Villes. Après le Députez des Villes, se presentent
les Maîtres d'Hôtel du Roy.
Quand tous ces hommages font rendus, le
Grand Maître de la Maison du Roy, qui pendant
toute la ceremonie a été debout avec son
Bâton de Commandement à la main, rend son
hommage, & après luile Comte d'orapesa
, qui
en vertu d'un Privilege attaché à sa Maison, a
droitde te nir l'épée Royale, rend le fien
, Se
dès qu'il l'a rendu, il reçoit le ferment du Grand
qui a reçu la foy & l'hommage des Prelats.
Après que tous les sermens ont été faits , &
que les hommages ont été rendus, le Prelat qui
officié ôte sa Chappe & sa Mitte, & le plus
ancien Prelat de l'Assemblée les prend pour recevoir
le ferment de l'Officiant, après quoy le
Grand qui a reçu la foy & l'hommage des autres
Prelats,reçoit le sien.
Dès que le Prelat officiant a prête ferment
& rendu hommage,un Secretaire de la Chambre
s'approche du Prie- Dieu du Roy, & luydit à
haute voix: SIRE, VotreMajesté accepte-telle le
ferment qu'ont prêté les PersonnesRoyales N. N.
& les ferment que les Prelats, Grands, Titres Chevaliers V' , Deputez des Etats, en vertu des
pouvoirs de leurs Royaumes, ont prêté AU
(ittENISSIlE. PRINCE N. par lequel il le
reconnoissent POUR PRINCE durant la vie
heureuse deVotre Majesté,&après votre decès
POUR ROY ET POUR VERITABLE ET
PROPRIETAIRE SEIGNEUR DECES
ROYAUMES? Jure t-elle qu'elle leur feragarder
& observer tous les Privileges,Usages, &
anciennes Coutumes, & qu'Elle ordonnera qu'il
en soit rendutémoignage i toutes les Citez, Villes
(y Lieux oU il sera necessaire? A quoy le Roy
répond: Jel'accepteainsi &> l'ordonne.
Ainsi finit la Ceremonie de la Proclamation io
qui certainement est une des plus augustes Be
des plus folemnelles qu'on puisse voir.
Comme il n'est pas possible que rous les Pre-
- Jars, Grands, Titres & Chevaliers du Royaume
puillent concourir à cette celebre fonction
le Roy depute dans les Provinces & Royaumes
unis à laCouronne de Castille, des Commissaires
pour recevoir le ferment & l'hommage de
ceux qui n'y ont pasaMIftcj furquoi Don Louis
de satai.trr de Mendoza remarque dans le 25
Chapitre du 4 Livre de son Traité des Dignitéz
Seculieres de Castille & de Léon, que ces Députez
ne s'en retournent jamais les mains vuides,
Tous les Prelats, les Grands, les Titres de
Castille, les Maréchaux, & autres Chevaliers
particuliers qui possedeur des Terres anciennes
Titrées dans les Royaumes de Castille, de
Leon, & de Galice, font obligez de prêter
ferment & de rendre hommage dans l'Assemblée
generale entre lesmains des Commissaires
que le Roy nommepour cela
, moyennant quoi
le Prince des yifiuries monte de plein droit sur
le Trône après la mort du Roy.
Traduction
Traduction de la troisiéme ode du premier
Livred'Horace,
QU E venus fous d'heureux auspices
T'aplanisse les flots amers !
Que Castor & Polluxpropices
Quirent la course sur les Mers!
Qu'eu ta faveur Eole enchaine
Les Tirans de l'humideplainel
Et pour feconder mes defiis>
Qu'il écarte le sombre orage,
Et ne laisse sur ton passage
Que L'haleine des doux Zephirs
Vaisseauqui doit porter Virgile,
Et me répondre de ses jours,
Que dans ton sein toujours tranquille
R:CD n'en puisse allarmer le cours
Que l'onde que ta rame prdTc:)
Sur les bords de l'heureuse Grèce
Rende ce dépôt précieux!
Conserve avec foin ce que j'aime:
La meilleure part de moi même
S'éloigne avec toi de ces lieux.
Sans douteen sa vive colere
Le Ciel arma d'un triple airain.
Le coeur du premier temeraire, -
Qui des Mers s'ouvrit le chemin:
Que sur ua fragileNavire,
Sans pâlir de l'humide Empire,
Traça la route aux Matelots,
Dont l'ame aux éc~ueils agguerrie
Ne redouta point la furie
Desvents armés contre les flots.
Quel genre de mort si terrible
Peut effrayer l'audacieux,
Qui peut braver la Mer horrible,
Ses monstres,ses écueils affreux!
C'est en vain que la Providence
Scut creuser cet abîme immense
Qui separe tant de Climats ,
Foibles, inutiles barritres
Que de Vaissèauxtrop temeraires
Aujourd'hui ne respectent pas.
- : L'Homme trop kardi dans sesvnes, -----
Victime de sa passion
,
S'ouvre des routes deffenduës
,
Et n'écoute plus la raison,
Pere, à tes, enfans trop funeste
J
Helas! avec le feu celeste
„
Que de maux tu nous apportas !
La mort dèslorsplusmeurtriere,
Hâtant notre triste carriere,
Précipita versnous ses pas.
- Dedale
Dédale d'un vol intrépide
Sous fcS aîles brava les airs.
Maigre mille obstacles Alcide
Se fit jour jufqoes aux Enfers.
Qu'eft- il de difficile aux hommes !
Mortels, insensés que nous sommes,
Nous déclarons la guerre aux Cieux.
Nos crimes défiant la foudre,
Sans celle à nous reduire en poudre
Forcent le Souverain des Dieux.
Traduction de la quatorzième ode du
second Livre d'Horace,
A Ml, l'ordre des destinées
Hâte le cours de nos années,
Et précipité notre fort,
La Vertu même avec ses charmes
NOlo prête de trop foibles armes
Contre la vieillesse & la mort.
pour fléchir le Dieu du Tenare,
Qui voit d'un oeil sec & barbare
Les suplices les plus cruels
En vain ta main pure & sans crime
Chaque jour de mille victimes
Enfanglanteroit ses Autels.
Tous dans une Barque fatale
Nous passerons l'Onde Infernale
Que l'on ne repasse jamais.
Pluton dans ses Royaumes sombres
sera descendre au rang des ombres
Les Rois, ainsi que leurs Sujets,
Aux flots irrirés de Neptune,
Aux fureurs de Mars la Fortune
En vain aura Coudrait nos jours.
En vain l'Automne moins cruelle
Par quelqu'influence mortelle
N'en aura point troublé le cours.
11 faudra voir le noir Cocyte,
Qui, sans connoître de limite ,
Roule languillamment ses eaux.
Là Sisyphe &les Danaïdes
Etonneront nos yeux timides
Par leurs vains & cruels travaux.
Tu quitteras avec la vie
Cette Epouse aimable le cherie.
Ces terres, ces biens, ces Palais.
Ces arbres que ta main culuve,
Bien-tôt sur. l'infernale rive
Seront changés en noirs Cyprés..
Tes vins fortis de l'eclavage
Deviendront alors le breuvage
Dun héritier plus digne d'eux.
On verra jusques fous ses tables
* Couler
Coulerces vins plus dele&ables a
Que ceuxque l'on consacre aux Dieux.
Traduction de l'onziéme odedupremier
LfVre d'Horace.
USQUES dans le sombre avenir
N'osons jamais porter nos yeuts,
Ses routes nous font deffendues
,
Le Ciel fanroit nous en punir.
Il vaut mieux avec patience
Sans craindre ou desirer la mort ,-
Attendre ce qu'à notre fort
A
réservé la Providence.
Soit qu'elle préparé à nos jours
Encor de longues destinées,,
Ou qu'elle fait de nos années
Déjàprête à trancher le eours.
Bacchus nous invité à le suivre.
Livrons nousà ses doux plaisirs.
Pour porter plus loin ses deffrs
L'Homme a trop peu de tems à vivre;
Plus vîte que le vent ne fui,
Letems fait d'une aile legere,
Usons du jour quinon? éclaire:
Comptons peu sur le jourqui fuir.
Cts trois odes font du P. du B. J. du
College deLyon.
CV Relation
Relation du Voyage de son Excellence
M. le Comte d'Enceira, Grand de
Portugal
3
cy-devant viceroy & Capitaine
General des Indes Orientales
pour Sa MajestéPortugaise. M le Comte d'Ericeiraayantobtenu
du Roy son Maître la permission
de s'en retourner en Portugal, partit de
Goa,Capirale de tous les Etats que lesc Portugais
possedent dans les IndesOrientales le
25 Janvier 1721, sur le Vaisseauappelle la
Vierge du Cap, percé pour 72. piècesde
canon, mais qui n'en avoir que 30, Péquipage
étoit de 130 hommes. & il y
avoir un grand nombre de Palhgecs Ecclesiastiques
& gens de Justice qui revenoient
en Europe. Le voyage sur Toujours.
traverfc par des vents contraires & par
des calmes plats, sans que le Vaisseau gou.-
vernât, jusqu'à ce que le 9 Mars, à la
hauteur de 11 degrez 25 minutes Sud, 6c
par les 97 degrez 56 minuttes de longi-
HIle, un gros temps survint. Le vent après
avoir fojtïlé par grains, augmentoit de
plus en plus; de sorte qu'on fut obligé de
nf r e à la cape avec sa grande voile toute
h nuic.
Le
Le 10 on secrut être par les 11 degrez
36minutes de latitude; on courut avec
la Mizaine feulement: le vent fit le tour
du compas, & la Mer devint effroyable
Le 11 l'estime fit croire qu'on étoit par
le 13 degrez37 minutes Sud, & par les
97 degrez 53 minutes de longitude, à neuf
heures du loir. En moins d'un horloge
le Vaisseau démâta de tous mats, excepté
le Beaupré. Il s'ouvrit par les flancs &
par d'autres endroits,jusqu'à mettre sept
pieds d'eau dans la caile. La voye d'eau
augmentair; le roulis qui étoit furieux,
empêchoir de couper les haubans,qui foutenoient
encore les mats, les uns du côté
de bas-bord, C,,, les autres de celui de tri-1
bord. A la vue d'un si grand danger l'Equipage
perdircourage, &ilfallut que
M. le Comte d'Ericeira. mit en usage la
sollicitation, les menaces & les coups pour
faire travailler, jusqu'à-ce' qu'enfin le
Vaisseau sur entièrement debarasse de ses
trois mas. Le tourbillon continuoit toujours
, & les secousses du Vaisseau étoient
plus violenres, faute de voiles pour le sontenir.
A la pointe du jour, on s'apperçur
que le gouvernail étoit fendu du haut en
bas, ce qui découragea encore plus l'Equipage,
qui se crutperda sans renource.
Mais M. le Comte d'Ericeira, dont la
prévoyance ÚoÍt admirable, toujours sur
le pont, pour être à portéed'ordonner ce
que la capacité lui inspiroit, obligea trois
des plus habiles Matelots dese faire amarrer
avec des Manoeuvres, pour tâcher de
racommoder le gouvernail; mais la mer
qui étoit extrêmement grotte, & le tangage
du Navire les empêchoient, & ils.
lurent toutes les peines du monde à appliquer
queues barres de fer, & lier le
( gouvernail avec des cordes,
Le il par la hauteur de 14 degrez +
minutes, & par la longitude de97 degrez
25 minures, après avoir jette à la mer
neuf pieces de canon, quantité de marchandées
, & tout ce qui étoit dans la
chambre du Viceroy & dans celle du Conseil
, l'on découvrir heureusement les voyes
eeau; on fit tomber le Vaisseau sur le
nez, en le déchargeant de l'arriere, 8c
l'on tâcha d'appliquer des platines de
plomb pour boucher les voyes d'eau.
Le : J- legros temps continuoittoujours
avec la même violence, sans avoir encore
d'aurre voile que la Civadiere.. Danscet
état, la principale occupation fut celle de
boucher les voyes d'eau, toutes les. pompes
n'érant pas suffisantes pour en venir,
à bout-
Le 14 leVaisseau alloit toujours au caprice
du vent & de la Mer, sans gouvernail
, mais le temps étoit moinsrude.
Le
Le 15 le passa de même que le 14,&
sur le soir on mit un mast de Hune à la
place de celui de Mizaine.
Le 16 on envèrgea un petit perroquet à.
la place du petit hunier, & un petit hunier
à la place de la Mizaine. Pour lorsle
Vaisseau gouverna vers l'IsleBourbon,
ou Mascaragna,éloignée d'environ 48a
lieuës, c'étoit la terre la plus proche où
l'on pur relâcher.
Le 17 par la hauteur de 1 5degrez 40
minutes,& par les 95 degrez16 minutes
de longitude, on mit un autre mast dehune
à la place du grand mast.
Le iX; le 19 & le 10 furent employez
à gréer les voiles, les haubans, & ce qu'il
falloit deplus pour continuer le voyage.
Le 28 on eut connoissance de l'lae de
Diego Rodrigue
,
qui est par la latitude
de 19 degrez 14 minutes, & par la longitude
de 83degrez 13 minutes. Le 19
on fut aussi à la vue de terre..
Le 30 on essuya un très gros temps.
qui augmenta encore les deux jours iuivans.
Le 3 Avril on vit à la distance d'environ
trois lieuës l'IsleMaurice,nommée par
les François l'HIe de France.
Le 4 on eut connoissance de l'Isle
Bourbon
,
où l'on mouilla le 6 à la pointe
du jour sur seize brades d'eaudans la
rade
rade saint Denis, au fond de laquelle est
te quartier & l'habitation deM.de Beauvoilier
de Courchant, Gouverneur de l'isle
pour SaMajesté Très Chrétienne,lequel
reçur M. le Comre d'Ericeira avec tous
les honneurs qui font dûs à un Seigneur
d'une naissance aussi distinguée que la
sienne, & avec toute la magnificence qu'un
rel lieu pouvoir le permerrre. Il le reçue
à son débarquement tous les armes,le fit
saluer de sept coups de canon, & accompagner
par les Habirans jusqu'à la maison
qui lui avoir été préparée, oùil entra en
passant par une doublehaye de cetre Milice
, qui le falua de trois décharges de
mousqueterie.
M. l'Archevêque de Goa, qui étoit
ressé dans le Vaisseau,n'étant pasenétat
de marcher
,
& ne pouvant trouver ni
chaise, ni palanquin pour se faire porter
à la maison qui lui avoit été destinée
,
8c
qui étoit fort éloignée de l'endroit où l'on
avoit debarqué; le Gouverneur lui sir
dire que la Mer érant très calme, il lui
feroit pluscommode de se faire mettre à
tene auprès de cette maison, où il l'alla
recevoir le même jour avec les habitans
fous les armes,de la mêmemaniéré qu'il
avoir fait le matin àl'égarddeM.leViceroy
à l'exception du bruit du canon , dont on manquoit en cet endioit-là; mais •il
il avoir été salué en sortant de son bord de
sept coups.Comme il y avoir sur le Vaisseau
plusieurs malades, M. le Comte d'Ericeira ,
tendre & compatissant, les fit mettre à
terre, & leur fit préparer une '-maiton..
Le 16du. mêmemois, à la pointe du
jour, il parut deux Vaisseaux qui s'approchoient
de saint Denys,avec la brife assez
forte. Ils avoient tous deux pavillon Anglais.
M.le Comte d'Ericeira qui étoit
à terre dans une maison qui n'étoit pas
éloignée du bord de la Mer, & à une certaine
distance de celle où croient les malades,
les passagers, & les domestiques, s'en
alla promptement à son bord, suiviseulement
de deux Gentils-hommes
,
dont l'un
avoir été son Capitaine des Gardes dans les
Indes, & l'autre Capitaine de sa Chaloupe.
d'un Capitaine d'Infanterie au Régiment
de Goa, & d'un Valet de chambre. M. de
Courchant sit tout ce qu'il put pour empêcher
son Excellencede s'aller exposer
dans une rade foraine sur un Navire tout
délabré & sans soldats; mais sa valeur
l'emporrant sur l'avis de ce Gouverneur, il lui dit qu'il croyoit qu'il étoit de son
devoir de courir les mêmes risques que
le Vaisseau du Roy son Maître, qui lui
avoit été confié.
Avant que de radouber le Vaisseau on
avoir découvert le derriere pour levisiter,
&
& l'on avoit trouvé 45 courbes crevées
par la force du roulis. Son Excellence
n'ayant que 21 pieces de canon, 34 fusils,
point de sabres, d'espontons, ni de grenades;
ôc enfin manquant de tout ce qui
effc necessaire pour empêcher un abordage,
à cause que quelquescaisses pleinesdeces
armes avoient été jettées à la Mer
, avec
une partie du canon&les marchandises;
il ne faut pas s'étonner si on se trouva
dans un grand embarras, mais comme les
plus grands perils ne font pas capables
d'effrayer ce Seigneur, il se prepara le
mieux qu'il put à se deffendreà l'anchre,
faute de mats ôc de voiles pour se battre
en faisant des bordées.
, La côte de l'luc étant dépourvuë de
canon ,
deforteresses & de troupes, il n'étoit
pas possible d'empêcher l'approche
des deux Vaisseaux en cas qu'ils fussent
Pirates, ni de fournir des Chaloupes aux
Passagers & aux Matelots qui étoient restez
à terre,n'y ayant que des Pirogues d'une
feule piece de bois, que les Habitansne
voulurent pas même risquer.
Cependant les Vaisseaux approchoient
tous deux pavoisez de rouge, & étant à
portée dufmn, virerent leurs Pavillons
noirs semez de Têtes de Morts,& com..
mencerent brusquement x envoyer des
bordées de canon & desdécharges de
mousqueterie.
mousqueterie. M. le Comte d'Ericeira
resolu de vaincre ou de périr, en fit faire
autant à son Vaisseau. Mais quelques efforts
qu'il fit, la partie étoit trop inégale
pour n'être pas accablé. Le Victorieux
un des Vaisseaux Forbans, monté de 36
piéces de canon, & de 200 hommes d'équipage
,
commandé par la Bousse,François
de Nation, moüilla fous son beaupré
, & en même tems l'autre Forban
nommé la Fantaisie
,
commandé par Siger
Anglois de 58 canons &. 280 hommes
d'équipage vint par le Gaillard ducôté
de Tribord, mais le feu des Portugais
lui firent manquer l'abordage
, & après
avoir été repoussévigoureusement ,ilalla
se mettre à l'Atribord
, toutouvert &
sans deffense, & continua son feu jusqu'à
ce qu'il eut fait sauter la Dunette. Le
Vaisseau pour faire mieux servir son canon
,
tâcha de presenter le côté aux ennemis
en faisant couper son Cable, mais
malheureusement le calme qui survint tout
à coup, fit que le Vaisseau n'appella pas
sur son Cable d'afourche, demeurant immobile
faute de vent& de lame. Cependant
le feucontinuoit de toutes parts,&
déja sept canons du Vaisseau Portugais
étoient hors d'état de servir
,
l'un ayant
fauté à la Mer par le Sobord, & six ayant
été démontez de leurs affuts, lesquels fu-
[est
rent brisez par la violence du roulis du
Vaisseau avant & après qu'il eut été demâté,
ce qui donna moyen aux Forbans
de monter à l'abordage pour la seconde
fois, & en vinrent à bout, sautant par le
Beaupré, par l'Arriere, & même par les
Sabords, par où ils entrerent près de 100
hommes
,
qui accablerent les Portugais,
dont le nombre étoitfortdiminué par les
morts, par les blessez
,
& par ceux, qui
au nombre de 13. avoient gagné le Vaisseau
le Victorieux & pris parti avec les
Forbans. Le reste de l'équipage se jetta à
la Mer, tâchant de gagner la terre à la
nage, ou se precipita dans la Calle
)
tellement
que M.le Comte d'Ericeira se trouva
sur le Pont abandonné de tout son monde
, excepté d'environ vingt personnes,
y compris ses trois Domestiques, & ceux
qui resterent dans l'entre- pont, gardant
le lieu où on les avoir placez.
Comme Son Excellence a eu la bonté
de nous communiquercette Relation écrite
de sa propre main , & que sa modestie
nous a imposé silence sur une infinité
d'actions heroïques qu'il fit durant ce rude
combat, dont le Gouverneur de l'ine
Bourbon a envoyé un détail exact & circonftancié
à la Compagnie des Indes, nous
sommes forcez malgré nous de supprimer
ce que la Renommée ne manquera pas de publier,
publier,& nous nous contenterons pour
obéir à M. le Comte d'Ericeira, de dire
simplement qu'il demeura ferme sur le
Gaillard de derriere
,
où il essuya un feu
terrible & continuel à la tête de sa petite
Troupe, composée d'onze personnes ,où
il fut d'autant plus exposé
, qu'ayant lui
seul un habit d'écarlate
,
les deux Vaisseaux
Forbans avoient toujours tiré sur lui, le
choisissant à chaque coup ,
de sorte que
c'est une espece de miracle qu'il n'ait pas
été tué, ayant été obligé de pointer luimême
plusieurs canons avec des morceaux
de bois, faute d'instrumens necessaires ,
ce qui irritoit si fort les Forbans, qu'un
d'eux étant passé à l'Arriere & ayant coupé
la Doisedu Pavillon, plusieurs autres se jetterent
impetueusement sur lui à coups de
sabre, dont il en para un fort heureusement
desa canne, selon le rapport qu'en
a fait le Gouverneur de l'Isle Bourbon.
Mais enfin , accablé par la multitude, il
fut saisi par derriere , & renversé sur le
Pont, où il se dessendit encore intrepidement
avec sa canne, la lame de son épée
a y ant été cassée. Il seroit pourtant peri
fous les coups redoublez, si Taylor Anglois
& Quartier-Maistre des Forbans n'eût
pas crié aux siens de ne le pas tuer ,& de
taire cesser par tout le carnage. Il y avoit
sur le Pont plusieurs Portugaismorts ou blessez
Menez, & le nombre des Negres Esclaves
qui étoient à bord
,
destinez pour le Bresil,
sur diminué de plus de soixante.
M. le Comte d'Ericeira fut conduit à
bord du Vaisseau la Fantaifle
,
& traité
fort civilement par les Forbans. Ils lui
rendirent même son épée
,
quoiqued'Or,
& sa Croix de l'Ordre de Chrill. Quelque
tems après le Vaisseau Portugais qui
étoit degréé des vergues & des iiianoeti.,
vres fut remorquéjusqu'à la rade de Saint-
Paul, éloigné de 7 ou 8 lieuës de celle
de Saint-Denis.
Les Forbans détacherent le Vaisseau le
Victorieux,qui étoit le meilleurVoillier,
lequel arrivaavant la nuit, & ayant envoyé
Ú Chaloupe à bord d'un Vaisseau
Ostendois, nommé la Ville d'Ostende, de
24 canons & de 60 hommes d'équipage r commandé par le Capitaine Erderik-Andrik,
qui se rendit sans avoir tiré un seul
coup de canon, à cause que l'équipage,
qui s'étoit mutiné contre le Capitaine ne
voulut pas combattre; Ce Vaisseau qui
avoit relâché pour boucher plusieursvoyes
d'eau, ayant appris ce quise passoit à Saint-
Denis, s'étoit approché de terre sur un
pied à demi d'eau.
Le Gouverneur de l'Isle, qui étoit allé
par terre à Saint - Paul, où il craignoit
quelque descente, y étoit arrivé à la pointe
du
du jour pour donner avis des Forbans,
& pour faire mettre les Habitans fous les
armes, afin d'être en état de deffense. A
huit heures du soir M. le Comte d'Ericeira
vit venir à bord Cogdom
,
Forban Anglois
,
qui avoit commandéun Vaisseau, ÔC
avoit obtenu pour lui & pour son équipage
une Amnistie au nom du Roy & de
la Compagnie. Il fit à Son Excellence des
complimens de la part du Gouverneur,
& tâcha de persuader les Officiers Forbans
de laisser aller M. le Comte d'Ericeira à
terre, mais quelques instances qu'il en fit,
il ne put rien obtenir.
Le jour suivant Son Excellence parla
elle même au Capitaine François la Bousse,
qui lui promit de faire tous les efforts
imaginables pour obtenir sa liberté, mais
il lui fut impossible de vaincre l'obstination
du Capitaine Siger Anglois.
M. le Comte étant à table avec ces malheureux-
là, leur dit en riant: Qu'il étoit un * meuble bien inutile dans unVaisseauForbant,
qu'il ne leur servoit à autre chose
qu'à faire devenir leurs vivres plus rares, & qu'ils le devoient laisser aller à Fine
Bourbon. Sur quoi Siger lui demanda si
Son Excellence pourroit trouver à terre
.!ooo piastres pour sa Rançon. Elle lui
répondit: Qu'après avoir perdu tout ce
qu'Elle avoit, il feroit peut-être assez dif-
.1 sicile
sicile de trouver cette Comme, mais qu'on
lui permît d'écrire à M. le Gouverneur
par un de ses Gentilshommes; ce qui lui
fut accordé, & le lendemain la Bouffe
s'offrit pour aller lui-même porter la Lettre.
Les looo piastres arriverent à midy,
& les Forbans tapisserent magnifiquement ,
leur plus beau Canot qu'ils offrirent à M.
le Comte pour le conduire à terre. Les
Officiers l'accompagnerent, chaqueVaisseau
, aussi-bien que les Prites le salüerent
de 21. coups de canons, & par onze cris
de rive le Hoy.
Le Gouverneur toujours attentif à ce
qui étoit dû à Son Excellence, l'attendoit
sur le bord de la Mer, à la tête de quelques
Habitans le fusil sur l'épaule, & le
mena dîner chez M.des Forges-Boucher,
Lieutenant de Roy de liste. Les Forbans
resterent encore deux jours à terre, se
promenant par tout sans armes, & sans
faire insulte à personne. Ils demandèrent
quelques rafrachissemens qu'ils payèrent
au prix courant. Ils voulurent faire pretent
au Gouverneur d'une magnifique Pendule
d'Angleterre, mais il la refusa. Ils
partirent enfin après avoir tenu Conseil,
manquant à la parole qu'ils avoient donnée
de rendre une des Prises après l'avoir
foüillée. On croit que ce manquement de
parole vient de ce que les Portugais & - les
les Flamans
,
qui avoient pris parti avec
eux, leur firent accroire qu'il y avoit des
Diamans cachez,ce qui étoit faux.
Son Excellence demeura à lisle Bourbon
jusqu'au 15 Novembre, qu'Elle
en partit pour France sur le Vaisseau le
Triton de. la Compagnie des Indes de 34
Canons; commandé par M. de Fougeray-
Garnier de Saint- Malo, qui venoit de
Moka chargé de Caffé.
M. desFougeray- Garnier traita M. le
Comte d'Ericeira avec toute sorte d'attention
& de déference jusqu'au Port-Louis,
où le Vaisseau mouilla le zi Mars dernier.
S. E. y reçut beaucoup de marques de la
bienveillance de S. A. R. Monsieur le
Duc d'Orléans, qui ordonna à M. de
l'Ettobee, Directeur de la Compagnie
des Indes au Port de l'Orient, qui appartient
à la Compagnie, &qui n'esteparée
du Port-Louis que par une petite langue
de terre, de traiter ce Viceroy avec
les égards que meritent sa dignité, sa
haute naissance & son mérité personnel;
il lui fit offrir de l'argent, & tous les se-
-
cours dont il auroit besoin.Mrs les Com.
missaires en firent autant de leur parr.
Ce Seigneur a été reçu par-tout avec les
marques d'honneur & de distinction qui
lui font dues. Il arriva à Paris vers le
milieu de l'autre mois. M. d'Acugna,
Ambassadeur
Ambassadeur & Plénipotentiaire de S. M.
Porrugaife le presenta au Roy & à Monheur
le Regent, qui l'ont reçu gracieusement.
-
M. le Comte d'Ericeira a epousé une fille
du Comte de Ribeira & d'une Princesse
de la Maison de Rohan-Soubise, foeur
du Prince & du Cardinal de Rohan. Il
est fils du Comte d'Ericeira, si connu
dans la republique des Lettres par sa
grande érudition, & par les éloges que
lecele bre Despreaux lui a donnés. M. le
Comte d'Ericeira dont nous parlons, n'est
pas moins distingué par son esprit&par
son fejavoir7i il a les manieres nobles &
engageantes, il parle notre langue dans
la perfection, & il est si fait à nos usages,
qu'on diroit qu'il a été élevé à la Cour
de France.
EPITRE A DAMON.
SOuffre
qu'envers Toy je m'acquite
Du tribut qu'en tous lieux on rend à ton merite ,
Et que mon coeur ici se découvrant au tien,
Je te parleen ami sincere,
Et sur tout en ami Chrétien;
Tout ce qu'il faut pour plaire.
Chez Toi nous le trouvons, il ne te manque rien.
Dans
Dans l'âge où la raison si rarement nous guide,
Où l'on fc li vre en proyeà ses jeunes desirs,
Jusques à tes plaisîrs
La Sagesse préside »
Can. Toy le Ciel a joint aux qaalitez dueoeur ,
Celles du plus aimable Be du plus beau Génie J
Il fut prodigue en ta Faveur
De cent talens qu'aux autres il dénie:
Lorsque ta voix fait retentir les airs,
Tout s'arrête, charmé de sa douce harmonie,
Elle est l'ame de nos concerts,
Et seroit rougir Polymnie,
Si la Belle existoit ailleurs que dans nos Vers.
Unenoble pudeur brille sur ton visage,
Ta bouche ne dit rien qui ne lui foit dissé
, Par la droite raison
, ou par la vérité.
Qui mieux que Toy (pit juger d'un ouvrage *
-
Un goût exquis, ami de l'équin:
,
Te fut donnédès l'enfance en parrage;
Et je ne connois point d'Auteur
Qui ne doive se faire honneur
De meriter d'obtenir ton fufïra^c.
Le Dieu qui t'a formé
Si charmant, si parfait, si digne d'être aimé,
De ton coeur, cher Damon, veut le prcmier
hommage,
Luy-mèmeen te créant, de sa Divinité
Imprime sur ton front larespectable image,
Et t'a fait, naître enfin pour l'immortalité:
Un Royaume éternel, voila ton appanage ,
Si tu le fers avec fldelité.
Pourt'affranchir d'unaffreuxesclavage,
Sçais-tu ce qu'il en a coûté ?
Tout lesang de ton Dieu:Quel autre témoignage
Exiges-tu de sa bonté?
Que ton ame étoit chere!ah ! de grace envisage
Quel est son prix, sa dignité.
Tu m'as vu dans le Siecie esclave miserable,
Suivre des partions l'imperieuse loy,
Maintenant revenu d'une erreur déplorable,
Te ls dirai-je, Ami, j'éprouve, je conçoi
Qu'on ne trouve qu'en Dieu son repos véritable;
Tu pourrois t'en fier à inoy;
J'en veux bien cependant apeller à toi-même:
Sont-ce des biens en foule, est-ce un rang
fastueux
,
Des plaisirs passagers, vains & tumultueux
,
Qui fassent ici bas notre bonheur suprême
Non,non, quels que soient leurs attraits,
Ces plaisirs dans un coeur laissent un triste vuide,
Ilen est tou jours plus avide;
Rien ne sçauroit fixer ses desirs inquiets,
Chaquechose a son centre, & Dieu scal est le
nÔtre,
Des coeurs formez pour lui n'en peuvent avoir
d'autre.
Et d'ailleurs, tu lesçais, ni les jeux, ni les ris
N'écarcent
N'écartent point la sombre inq uiétude,
C'est en vain qu'on la charte
,
elle met son étude
A voltiger autour des plus riches lambris;
Les Grands ressentent ses atteintes
Encore mieux que les petits.
Les soupçons importuns , d'où naissent mille
craintes,
Les pâles soins,les noirs soucis
Environnent le Trône où le Prince est assis;
Qui peut donc rendre l'homme heureux en cette
vie ?
Aimer Dieu,le servir, considerer la mort
Avec un oeil d'envie,
L'attendre avec transport,
Ne soupirer qu'après la celeste Patrie,
Où Dieu nous garde un meilleur fort ; s
Mettre dans ses bontez toute sa confiance,
Songer quelle fera la beauté, la grandeur
De l'auguste Palais, où sa magnificence
Doit briller à nos yeux dans toute sa splendeur :
Voila ce qui peut faire enl'état où nous sommes
Du Chrétien le plus affligé,
Le plus heureux de tous les hommes :
Point d'ennui si cuisant
,
qui ne soit soulagé;
Point aussi de plaisir
,
qui bientôt ne nous lasse,
Et qui ne perde ses appas,
Lorsqu'éclairez du nambcau dela grâce,
Nousnousressouvenonsenvoyantquetoutpasle,
Que le Ciel a des biens qui ne passeront pas:
Ces seuls biens, cher Ami,merirent ton estime:
La sainteté peut feule éterniserton nom,
Je ne sçaurois offrir à ton coeur magnanime
Unplusnobte dessein
, un objet plus sublime,
Et plus digne à la fois de ton ambition.
Tu pardonneras bien la longueur du Sermon
A ma tendresse, au zele qui m'anime;
Je ne fuis point entré dans le sacré Vallon,
-
Pour t'exprimer mes secrettes pensées;
C'estla grace & l'amour qui te les ont tracées
Voila mon unique Apollo, --
Daigne sur toi le Ciel êpuiser ses largesses ,
Qu'il écarte loin de tes pas
Les Syrenes enchanteresses
,
Dont les regards portant un assuré trepas
Livrent tant de mortelsauxflammes vengeresses.
1
-
Mais le Soleil a déja fait sontour,
La nuit d'un voile obscur couvre notre hernie
sphere :
,
: -
Je t'ayparlesansfeinte& sans detour,
Adieu, veille sur toy ,
travaille, prie,espere
, -
Songe que ton faimest ta plus grande affaire
,
Etqu'il ne sert de rien aux plus fiers Potentats,
;
De conquérir par le fer & la flamme
Tant de vastespays, tant de puissans Etats,
S'ils viennent perdre leur ame.
Par le P. de P. y.-
LETTRE
LETTRE DE M. CAPERON,
ancienDoyen de Saint Maxent,
à M** * au sujet de deux anciens
Tombeaux qui ont été découvrts Ii *
la Ville d'Eu.
MONSIEUR,
Comme bien loin d'être dans l'indissrence
où vivent la plupart des gens pour
tout ce qui ne regarde pas leurs interests
personnels, vous prenez tout au contraire
beaucoup de part à tour ce qui a le moindre
rapport à la gloire de votre chere patrie;
connoissant d'ailleurs combien vous
aimez tout ce qui a quelque goût de litteature,
& qui peut donner la moindre
connoissance de l'antiquité; j'ay cru vous
faire plaisir de vous apprendre une découverte
qui s'est faite ces jours passz de deux
anciens tombeaux, & dequelques autres
particularitez qui confirment ce que j'ay
dit sur l'antiquité de la Ville d'Eu, dans
l'essay qui fut inféré dans les Mémoires
de Trevoux du mois de May 1716.
Vous sçaurez donc, MON51EUP-,que
lé J., du mois de Novembre dernier, un
Particulier qui labouroit une piecede terre
limée sur le penchant d'une coline qui est
• à l'Orient de cette Ville, éloignée d'environ
150 pas de la porte que j'ay dite
avoir été anciennement la plus considerable
de la Ville, quoi qu'à present murée,
(lX presque joignante un chemin qui conduisoit
autrefois à cette porte; il arriva
que le fer de sa charrüe rencontra le ddrus
d'un tombeau de pierre de taille, & l'ayant
reculé hors de sa place, la charrüe s'enfonça
dans ce tombeau, ce qui l'obligea
d'arrêter pour examiner ce que ce pouvoit
être. Ayant tiré la terre, il se trouva qu'au
lieu d'un tombeau il y en avoir deux tout
proche l'un de l'autre, tous deux également
de pierre de taille, ayant chacun
leur couvercle de pareille pierre. Dans l'un
il y avoit les ossemens d'un corps qui y
avoit étéinhumé, au lieu que dans l'autre
il ne s'yen trouva pas.
Etant allé moi-même sur les lieux avec
quelques autres personnes pour examiner
de près cerre découverte ; voici ce que
j'observai Il ne se trouva aucune inseriprion
sur ces tombeaux; mais ayanr fait
foüir la terreaux environs, je remarquai
d'abord que la terre n'y avoir pas été generalement
remuée comme dans un lieu
où l'on auroit déposé certain nombre de
corps
corps ou d'ossemens; mais il se trouvoit
feulement d'espace en espace quelques endroits
où l'on voyoit visiblement que la
terre avoir été remuée, pendant que les
environs étoient dans leur état naturel. Or
ces endroits qu'on voyoit avoir été remuez,
étoient d'environ trois à quatre
pieds de longueur, sur un pied 6c demi ou
deux pieds au plus de largeur, & parm i
la terre qui les remplissoit, il s'y trouvoit
des ossemens de corps humains mélangez
sans ordre & en assez petit nombre, dont
plusieurs même n'étoient pas entiers. Je
n'y vis, par exemple,que deux feules vertebres
de l'épine du dos, quelques os des
bras, des jambes & des cuisses. Il n'y fut
trouvé aucune tête, & il ne parut pas qu'il
yeut eu aucun corps inhumé de son long,
comme l'on fait dans nos fosses ordinaires j
n'ayant pas vû d'ossemens rangez,comme
ils doivent être, lors qu'on a inhumé
un corps de cette façon. Bien loin de
cela, dans chacun de ces trous il ne se
trouvoir an plus que sept à huit os, presque
tous differens, & comme j'ay dit, sans le
moindre arrangement naturel. Enfin dans
l'un de ces trous, il se trouva une urne
ancienne de terre fort dure, danslaquelle
il n'y avoitquedela terre grise dontelle
étoit pleine, Sec'ctf tout ce que j'ay pu -
remarquer, sur quoi il me reste à faire mes
reflexions. D îiij Premiere
Premierement, je dis, MONSIEUR.
que vu cette découverte de l'urne, l'on ne
peut pas douter que le lieu où l'on a trouvé
ces tombeaux & ces ossemens, ne fut du
temps des Romains le lieu qui étoit destiné
pour y déposer les cendres, les ossemens,
& quelque-fois les corps entiers de ceux
qui mouroient dans la Ville d'Eu
, ce qui
s'appelloit alors Offarium ou Offttaria, &
que nous nommons Cimetiere ; car tout le
monde sçait que les Romains ne permettoient
pas que les corps & les ossemens
des défunts fussent inhumez dans les Villes,
conformément a cette Loy des douze Tables
: Hominem mortumum inVrbe ne ftpe.
lito, neve urito. Cic.lib. 2. de Leg.
Cette Loy parle & de la sepulture des
corps, & de ce qu'on les brûloit, parce
qu'il dépendoitde la volontédes mourans
d'ordonner qu'après leur mort leur corps
fut ou inhumé dans un tombeau,ou brûlé
sur un bucher ; c'étoit neanmoins cette
derniere methode qui étoit la plus usitée.
Voilà donc pourquoi à la vérité on a trouvé
ces deux tombeaux, dans l'un desquels
le corps de quelque personne de distinction
avoit.. été inhumé, parce que cette personne
l'avoit ainsi souhaitéavant que de
mourir; ce qui avoir onné lieu à la dépense
des deux Tombeaux faitsdedestinez
peut-être ( étant si proche l'un de l'autre)
pour
pour le mary & la femme, ou pour le
pere& l'enfant, celui des deux qui resta
ayant pû ensuite mourir ailleurs, ce qui
a pû donner lieu à ce que l'autre tombeau
soit demeuré vuide.
Pour ce qui est de l'urne, c'est ce qui
fait la preuve que ce lieu étoit destiné pour
y inhumer les corps & les ossemens des
morts, lors que l'usage subsistoit encore
de brûler les corps des définis, sur tout
si l'on joint à cela
, & quels ossemens on
y a trouvé, & le peu d'ordre dans lequel
ils se font rencontrez;car vous n'ignorez
pas, MONSIEUR, que suivant l'ussage
établi chez les Romains pour les funérailles,
lors qu'on avoir brûlé un corps,l'on
ramassoit exactement les cendres, on les
lavoit ensuite avec du vin & du lait, aussi
bien que ce qui restoit des ossemens qui
n'avoient pas été brûlez, & l'on mettoit
ensuite le tout dans une urne, si elle
étoit suffisamment grande, sinon l'on
y mettoit feulement les cendres, & enterrant
ensuite cette urne, l'on enterroit
aussi auprès ce qui étoit restéd'ossemens.
- Il ne faut donc pas estre surpris s'il n'y
avoit que de la terre grise dans l'urne qui
a été trouvée, puisqu'elle n'avoit été remplie
qué de cendres; si tout ce qu'on a
trouvé d'ossemens étoit sans ordre, plusieurs
même n'étant pas entiers ) qu'il
ne s'en soit pas trouvé de petits & de menus
, tels que les côtes,ou ceux desmains
ou des pieds; car puisque l'on n'enterroit
que ceux qui écoient échapez par hazard
à la violence du feu, les plus petits étoient
sans doute ceux dont il restoit le moins,
plusieurs n'étant pas même entiers, parce
qu'ils avoient été brûlez en partie; & il
y a apparence que comme la tête étoit ce
qui pouvoitle plus toucher lacendresse des
parens, on prenoit d'autant plus de soin
qu'elle fut brûlée. Enfin ne s'étant trouvé
qu'une feule urne dans quatre ou cinq
fosses où il y avoit des ossemens, il est à
presumer que plusieurs se contenaient de
deposer dans la terre les cendres & les
restes des ossemens, sans s'embarrasse
d'une urne. D'ailleurs, comme l'on n'a
foüi qu'un assez petit espace autour des
tombeaux, il y a lieu de croire qu'il peut
y avoir encore d'autres tombeaux & d'autres
urnes dans la même piece de terre.
Voici maintenant ce que je conclus de
tout cela;scavoir, que cette urne, ces
tombeaux, & ces ossemens) ayant été
posez dans ce lieu lors que l'usage de brûler
les corps des défunts subsistoit; il s'enfuit
qu'il faut qu'il y ait plus de seize cens
ans qu'ils y ont été mis; car selon le fçavant
Alexandre ab Alexandro lib. Jier.
ltnilil. l.2. 3. cet usage a duré jusqu'au
temps
temps des Antonins Empereurs des Romains,
c'est-à-dire jusques vers l'an 160
de Jesus-Christ; aussi M. Gronovius faitil
voir par les partages formels de Xiphilin
& de Fcftus Pompeius, qu'on enterroit
rarement tous les morts du temps de
l'Empereur Commode, qui succeda à Antonin
le Philosophe, par consequent il
faut que ces ossemens & ces tombeaux
ayent été posez dans cette piece de tere
avant l'an. 160 ) il y a donc plus de seize
cens ans. -
De plus, je me fers encore de cette
découverte, pour justifierce que j'ay dit
dans mon Essay touchant l'ancienneté de
la Villed'Eu, parce qu'ilestvisibleque
tout ce qui s'observoit à l'égard des lieux
où l'onplaçoit les tombeaux, & où l'on
enterroit les ossemens de ceux qui mouroient
dans les Villes qui subsistoient du
temps des Romains, & qui leur étoient
soumises
,
se trouve fidelement executé
à l'égard du lieu oùont été trouvez ces
tombeaux par rapport à la Ville d'Eu,
car,comme j'aydéjàdit,le lieu où l'on
pofoit les tombeaux & les ossemens des -
morts devoit être hors de la Ville. Il dévoie
estre à son Orient: Sepulchra ipsa
ad Orienlem posita
,
dit Diog. Laert. in
Solon. selon Vorron. lib. 5. de fing.Lat.
il devoit eue proche les grands, chemins
les plus frequentez, & aux avenuës des
Villes, afin, dit-il, que les passants se
souvinssent qu'ils étoient mortels, & que
ceux dont ils voyoient les sepultures l'avoient
été comme eux. jQu* ( sepulchra )
proeterenntes admoneant,&se eHe, & illos
ftttjjt mortales. Or voila justement quelle
est la situationdu lieu où setrouvent placez
les tombeaux découverts. Ils font i
l'Orient de la Ville,éloignez feulement
d'environ 1 50 pas de la principale porte
par laquelle on y entroit anciennement,
& proche le grand chemin qui y conduisoit
: tout cela marque donc que cette Ville
subsistoit du temps des Romains, que la
porte qui est presentement muréeétoit
alors incontestablement la plus considerable,
auflfi bien que le chemin qui y conduit,
& qui estle moins éloigné des tom- beaux. De là je conclus encore que feu M. Huet,
ancien Evêque d'Avranches, n'a pas pensé
juste, lors qu'il a prétendu dans ses origines
de Caën, page 235 , que la Ville
d'Eu tiroit son nom des mors Allemands,
Au, Aur, Aure,lesquelssignifient
un Pré; car outre qu'il est visible que la
Ville devoit être située dans les prairies,
comme il le suppose, elle est presque entierement
placée sur une colinc très seiche,
c'est que par la situation de ces tombeaux
on
on reconnoît qu'elle a toujours été située
dans le lieu où elle est, & pour le moins
qu'elle l'étoit long-temps avant que les
Allemandsfussent entrez dans les Gaules;
car si du temps des Romains cette Ville
avoit été située dans les prairies de la vallée,
la principale partie n'auroit pas dû estre
placée où elle est, & leur grand chemin
militaire qui vient de la Picardie,loin de
traverser la vallée pour se rendre à cette
porte, auroit dû aussi se terminer naturellementdumême
côté de Picardie; 5c
ces tombeaux pour estre placez à l'Orient
de la Ville, auroient aussi dû être de l'autre
côté de la vallée. Ainsi cette Ville n'a
donc jamais été situéedans les prairies, ni
du temps des Romains
,
ni depuis ce tempslà
; ainsi la pensée de M. Huet ne peut
estre vraye. Enfin j'ajouterai ici, pour confirmer
ce que j'ai dit de l'ancienneté de la
Villed'Eu, qu'il s'y voit encore aujourd'huy
en son entier un ancien Temple
consacré autrefois ou aux Dieux des Gaulois,
ou à ceux des Romains; il estdans
la ruë de la Chauffée, & il est aisé de
voir par la massonnerie & le mortier,
qu'il est aussi ancien que les plus anciennes
murailles de la Ville. Voilà ce que
j'avois à vous dire touchant cette découverte;
il ne me reste qu'a vous assures que
je fuis, &c.
rtfiN, «Il Decembre 1721.Mad.
MADRIGAL.
TIRSIS
qui croit tous les songes menteurs,
S'endormit l'autre jour dans le fond d'un bocage,
Et Morphée aussi tôt lui presenta l'image
De son Irissensibleàses tendres ardeurs.
Le plaisir longtems ne sommeille,
Dans ce moment Tirfis s'éveille,
Sa Bergere paroît à ses regards surpris :
Dieu des pavots, dit il,faut-il que tes mensonges
D'un feu sincere soient le prix!
L'Amour qui l'écoutoit força la jeune Iris
De retablir l'honneur des songes.
Extraitd'une Lettre écrite de Bourges
le26 Avril1722. vOus êtes priez, Messieurs, de vouloir
bieninserer dans votre premier
Mercure le Jugement ci-joint
,
en attendant
qu'on puisse vous adresser celui qui
fera prononcé contre les faux Dénonciateur,
Témoins,&c.
EXTRAIT DU JUGEMENT.
Jacques Barberie, chevalier, Marqnb
de Qonneiïie & autrelieux,Conseiller
dm
du Roy en ses Conseils,Maistre des Requesteshonoraire
de son Hôtel, Intendant
de JHflÙe, police Ù1 Finances en la Generalité
de Bourges, juge & Commissaire
Député par Sa Majesté en cette partie.
Vû le Procés Criminel extraordinairement
fait & instruit à la requeste du Procureur
du Roy de la Commission, contre lessieursNICOLASFRANÇOIS LANÇON,
Conseiller au Parlement de Metz, PIERRE-
FRANÇOIS BARET, sieur de Ferand,
Directeur de la Monnoyede cetteVille,
PIERRE DUMAN
,
Commis à la Recette
generale des Finances de cette Generalité ,
&la nommée MARIE POTTIER, femme
du nomméParent, habitant de cette dire
Ville, &c. O UY le Rapportde Me Louis
Joseph Bernot de Charant, Lieutenant Ge"
neral de la Charité, le tout vîi & deliberé
avec lui & avec Maistres &c. tous
Graduez par Nouschoisis, & à ce appeliez.
NOUS Intendant de Commissaire susdit,
par Jugement en dernier ressort avons déchargé
lesdits sieurs Baret,Lançon, Duman
& la nommée Marie Pottier de ladite
accusation, & iceux renvoiez absous des
cas à eux imposez, ôc en consequence
Ordonnons que lesEcrouës de leurs personnes
seront rayez & bissez sur Le Registre de
la Geolle, en marge duquelmention feca
faite
faite du present Jugement, fauf à eux à
se pourvoir pour leurs reparations, depens,
dommages & interests, contre qui, & ainsi
qu'ils aviseront bon être. Fait & arrêré en
la Chambre du Conseil de l'Hôtel de Ville
de Bourges dans l'Enclos du Palais, ce
jourd'hui 20 Avril 1722. Signé Barberie,
Bernotde Charant, Raporteur,Girard de
Villefaifon, Vivier,Dumas, &c.
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure. ON trouve, Messieurs, dans votre
Mercure d'Avril page 12. un fait qui
surprendra bien les Historiens de ce tems,
si M.l'Abbé deVayrac,qui l'avance, peut
le prouver. Tous jusqu'à present ont cru
que Guillaume fils aînéd'Estienne Comte
de Blois, & d'Abdele d'Angleterre, fille
de Guillaume le Conquerant avoit été desheriré,
parcequ'il étoit begue, sans aucun
merite
,
& qu'il avoit en le coeur affei bas
pour épouser Agnés,fille dGillon de Sully
en Berri, qui étoit attaché au service de
la Comtesse sa mere. Leurs garants font
entr'autres Orderic Vital, contemporain
du même Guillaume, & Alberic
,
qui
vivoit au siecle fuivanr. Voici les termes
du premier: Guillelmus qui major nain
erat, filiam Gilonis de Soleio NXQrem d*-
- xit
xiI) & foceri sui hereditatem possidens du
patificè vixit, laudabilemque jobolem Odoxem
& Fjthenum genuit. pag. 810. Voici
encore les paroles du second sur l'année
1217. Horum omnium pater Guillelmus
frater extitiffe magni Comitis C"mp""ie
Theobaldi: sed quia nullins valoris fuit,
& balbus, & quamdam nobilem puellam
que erai in servitio matrissuæ, filiamDomini
de Soilliaco accepit ; ideircò ComitlllN
alienatus fuit.
Cependant, Mrs
,
M. l'Abbé de Vayrac
raporte bien une autre cause de cette exheredation
de Guillaume de Blois dans son
Explication Historique& Topographique de
la Carte des Lieux par où l'Infante a passé , de laquelle il a enrichi plusieurs de vos
derniers Mercures. Il assure que ce Prince
fut si extravagant, que de sequalifier Seigneur
du Soleil, que par cette raison il
fut privé de son droit d'aînesse, & qu'il
n'eut en partage que le Comté de Chartres.
Mais où a t-il pris une telle particularité?
c'est ce qu'il lui reste à marquer. Comme
de Soleium ou Solleium on a dit d'abord
Solei ou Sollei, avant que de dire Sully, on
seroit tenté de croire que M. l'Abbé de
Vayrac se feroit imaginé que Guillaume
de BloissequalifioitSeigneur du Soleil,
parce qu'il étoit dit Seigneur de Solei. Mais
le moyenqu'il eut ainsi pris le change,&
- qu'il
- qu'il n'ait pas fÇLI que ce Guillaume fut
le Chef de la féconde Maison de Sully,
qui a été si ilIuthe, donc étoit le celebre
Odon de Sully Evêque de Paris, qui eut
fous le Roy Philippe Auguste la principale
gloire de l'édifice de l'Eglise Cathédrale de
cette Capitale de la France, laquelle ne
finit que par Marie de Sully,fille de Louis,
qui étant veuve sans enfans de Charles de
Berri, petit-fils du Roy Jean,qu'elle avait,
cpoufe vers l'an 1J86, se remaria ensuite
à Guy de la Tremoille, l'un des Ancêtres
des Ducs de la Tremoille d'aujourd'hui
, &
encore à Charles d'Albret, cinquiéme ayeul
de Jeanne d'Albret, cinquiéme ayeule de
notre jeune Monarque, tous issus de cette
Marie. N'y auroit-il point quelque vieux
Romancier qui eut donné ce titre de Sei.
gneur du Soleil au- Prince dont il s'agit
y.
par allusion à ce nom de Slei? c'est ce
qu'on souhaiteroit. On voudroit peutêtre
en admettant la méprise
,
la faire retomber
sur un Copiste, comme on a déja fait 4
l'égard de la Maison de Pons, que le Copiste
de M l'Abbé de Vayrac avoir donnée
pour éteinte, quoiqu'elle subsiste encore
en plusieurs branches: mais c'est ce que la
fuite du discoursnepermet point, & ainsi
on est necessairement reduit à attendre à
voir la preuve,s'il en a, ou sa confession
sincere
,
s'il n'en a point.
- Il
Il y a neanmoins plusieurs autres cndroits
de son Explication qui ne font pas
exacts, & on trouve même encore quatre
fautes dans celui dont il est question
sur les Comtes de Blois. M.l'Abbé de Vayrac
dit que notre Guillaume eut le Comté
de Chartres en partage, & il est certain que
Thibaud le Grand son frere l'emporta seul
avec les autres Comtez de Dunois, de
Blois, de Brie & de Champagne
,
de forte
qu'il ne lui laissa rien, ni à ses puînez.
Aussi voit-on par Orderic qu'Estienne l'un
d'eux, qui fut ensuite Roy d'Angleterre,
n'eut d'autres biens que ceux qu'il obtint
de Henri I. Roy d'Angleterre, & Duc de
Normandie son oncle, qui d'abord lui donna
Hiesmes & Alençon, & après au lieu
de ces Villes, le Comté de Mortain. Il est
vray que Guillaume a été appellé Comte
de Chartres dans quelques Titres, mais
c'étoit apparemment avant son mariage,
&il n'a jamais été maistre de ce Comté,
comme Orderic le témoigne clairement.
Une secondé faute de M l'Abbé de Vayrac
sur ce point,est qu'il affure que Eudes
II. mourut sans enfans
, ce qui n'est point.
La troisiéme est qu'Estienne Comte de
Meaux & de Troyes, son cousingermain,
fut ensuite Comte de Blois;car cet Estienne
n'est point ce dernier Comte, outre que
c'étoit d'Eudes I. pere d'Eudes II. dont il
étoic
étoit Coufin germain. Enfin la quatrième
faute est qu'après la mort du même Estienne
arrivée vers l'an 1020 ,
Eudes son fyen
marid'Ermengarde d'Auvergne
,
se saisit
du Comté de Blois, &prit la qualité
de Comte de Champagne, parce que ce dernier
Eudes n'est point different d'Eudes II.
coufin seulement au troisiéme degré, lequel
Eudes avoir succedé au Comté de Blois dès
1096 ,
après la mort de son pere, & s'étoit
effelivement saisi aussi de celui de Champagne
après la mort d'Estienne, au droit de
Ledgarde de Vermandois son Ayeule, soeur
de Herbert pere de cet Estienne ; tout
cela est bien éclairci dans les Tableaux
Genealogiques du P. Labbe, & dans les
autres bonnes Genealogies.
Au reste on ne doit pas sétonner de voir
de semblables brouilleries dans des compositions
rapides & pleines de feu celles que
celles de M. l'Abbé de Veyrac, sur tout
quand ce sont des matieres si variés; des
narrations où il y a autant de recherches
curieuses, dédommagent toujours bien des
petites erreurs où elles pourroient jetter
ceux qui n'auroient pas assez de lumieres
pour les apercevoir. Je suis, &c.
A Paris ce 16May.1722.
Nous avons oublié de dire en son lieu,
que long rems après l'heureuse convalescence
cence du Roy, nous avons encore reçû
des Memoires sur les Réjouïssances faites
dans les Provinces à cette occasion
,
Me..
moiresarrivés trop tard,& qu'on n'a pas
pû employer. Nous avons confervé celui
qui regarde la petite Ville de Jargeaufut
la Loire, laquelle s'est fort distinguée de
ce côté-là; nous avons trouvé dans cette
Piéce une chose digne de quelque attention
sur la prétenduë origine de la Cocarde
: nous disons prcrenduë, parce que
quelque serieusement que l'Auteur du Memoire
semble par ler, ce qu'il dit là-dessus
en Vers & en Prose, nous paroît un peu Romanesque
& fabuleux. Cependant s'il veut
bien donner de bonnes preuves de ce qu'il
avance, & constater pour ainsi dire l'autenticité
du Manuscrit en question
, nous
nous engageons de faire honneur à sa production,
& de rendre au public ce que nous
lui devons dans ces fortes de rencontres.
Quelque soin que nous prenions de
remplir notre Journal d'uneagreable varieté,
& d'en écarter tout ce qui pourroic
ennuyer, ou déplaire en quelque façon que
ce soit; nous n'avons jamais presumé de
pouvoir contenter tous nos Lecteurs. La
Lettre qui fuit est une preuve que nous
avons pensé juste à cet égard.
Lettre
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
ON ne peut être trop surpris
,
Messieurs,
de ce que vous suprimez les
Lettres qui VOPS ont été écrites touchant
l'Enigme de la Cronique du Bec. Le
Public les verroit avec plaisir; & on n'a
appris qu'avec chagrin dans votre Mercure
, que la crainte d'être prolixe causoit
cette suppression. Aureste,Meilleurs,
croyez qu'aucun de vos Lecteurs n'eût
été ennuyé d'une matiereaussi curiettfc.
Plusieurs Pieces de votre Livre meriteroient
mieux ce fort ; enfin que ceci ne
vous fasse pas croire que cette Lettre parte
de la main de quelqu'un des Auteurs de
ces Lettres re butées : non assurément c'est
d'un Particulier qui n'y a aucun interêt
qu'autant que la curiosité lui en donne,
&quiest Votre trés-humble&nés-obéissant
Serviteur, DE BEAUMONT.
A Paris ce 18 Avril 1722.
M. de Beaumont nous dispensera
,
s'il
lui plaît, d'une Réponseenforme, & il
nous permettra de nous en tenir à la declaration
que nous avons faite sur les Lettres
en question, dans le second Volume
du Mercure du mois de Mars, pag. Si.
declaration
déclaration que nous sçavons avoir été
approuvée par beaucoup de personnes desinteressées&
d'un goût sûr. Pour donner
cependant quelque chose à la remontrance
de M. de Beaumont , nous aurons l'honneur
de lui presenter ici encore une Lettre
sur cette matiere : nous l'avons reçuë
presque en même tems que la sienne.
Autre Lettre écrite aux Auteurs du
* Mercure, oN vous sçait bon gré
,
Messîeurs
de , vous dispenser de mettre dans vos
Mercures toutes les explications qu'on
vous a adressées de l'Enigme Chronographique
d'Evreux, & vous avez très bien
jugé que quelque ingenieusement tournées
qu'elles soient, elles ne pouroient
plus qu'ennuyer les Lecteurs, puisqu'ilest
fr aise de la deviner, ou , comme parle
un des OEdipes modernes qui l'ont déchiffrée
, de la débarboüiller
, n'êtant mie
une Enigme, mais une vraye frapoüille
supposé , pourtant qu'il sçache bien ce que
c'est qu'une frapoüille
, car on l'avouë
franchement
, on n'entend pas ce terme
burlesque
,
& on ne l'employe icy que sur
son autoritévaille que vaille.
r
t Les Normands entr'autres feront bien
contens qu'il ne soit plus question d'elle;
car
car il y avoir toujours quelque coup de
dent pour eux dans ces explications
, &
ils contribuoient beaucoup plus que cette
frapoûille au divertissement de ceux qui
exerçoient leur genie à la commenter.
Ainsi notre OEdipe a eu le plaisir d'appeller
les Normands d'Evreux de Venerables
Chltjollre,
,
de bonnesgens, subtils
,
rHfe, grands Clercs& de fine , pratique,ce qui est
les peindre parfaitement.
Cependant la pratique des grands Clercs
d'Evreux a encore été plus fine qu'il ne
pense, car lui & les autres OEdipes de
la frapoüille font leurs duppes
,
s'ils n'ont
point voulu feindre exprès de l'être, pour
Ce mieux réjouïr. Ils paroissent croire bonnement
sur le témoignage de ces Venerables
Chafourez que la date enigmatique,
dont il s'agit, étoit encore à expliquer,
& que la Chronique du Bec, d'où elle est
tirée, n'est que manuscrite, mais l'une &
l'autre furent mises au jour dès 1648. 1
lorsqu'on imprima les Oeuvres de Lanfranc,
à la fuite desquelles on voit &
cette Chronique, & l'explication de cette j
datte. J
Puisqu'ils sçavoient que ce present leur
venoit de gens rases
, ne devoient-ils pas
s'en défier, ôc se dire à eux-mêmes comme
Laocoon faisoit aux Troyens pour le cheval
que les Grecs leuravoient donné; Anulla
putatis
putatis dona carere dolis Danaum? Sic mtusUlysses
? Mais au lieu d'être sur leurs
gardes, charmez du Chronographe Normand
,ç'a été à qui s'en saisiroit, & à qui
feroit de plus grands efforts pour chercher
, développer, débarboüiller ce qui
étoit tout trouvé,tout démêlé, tout nettoyé
, avant qu'ils fussent aumonde ,
à
moins qu'ilsn'ayentdéjà plus desoixante
ôc treizeans. C'est ce qui conviendroit
peut être àcelui qui se dit,
A Ein Grison deVerein fHeUrf.
Mais il est à craindre pour lui que les
-grllnds Clercs d'Evreux ne veuillent entendre
cette qualité de Grifon aurremenr,
surce qu'il dit que
Quand Gieus, oy Faé se démit
D'Ahhé du Bec& Euvreuxprit,
il quitta la noire Jacquette
Et se mit Robe violette.
Carassurément il se montre là aussî peu
versé dans leur Histoire, qu'il se fait voir
habile à expliquer leur Chronogryphe.
Les Religieux du Bec étoient en ce
tems-là vêtus de blanc&lebonGieufroy
Faé nonobstant sa dignité Episcopalevoulut
toujours porter son habit Monacal
afin de se mieux souvenir desobligations,
de son premier état, selon laChronique
en question, quin'estnullement énigmatique
sur ce point; Nec propter eitlS d¡'g
nitatem habitum dimisit RegularemEcclesioe
Beccensis
,
fed semper omni loco usus fut
vestimentis albis
,
& maximè cuculla aiba,
tjllæ specialis habitasEcclesioe extitit.
Au reste, il ne faut pas s'imaginer que
le Pays de Sapience foie le seul qui produsse
des Chronogryphes de ce genre, le
Pays des Rébus en a un tout semblable; &
apparemment que les autres Pays, sans
excepter celui d'auprés de la Peste où l'on a
aussi voulu avoir la gloire de débarboüiller
le Chi onogryphe du Bec,en pourroient pareillement
fournir, .iï on en failoit recherche.
~l Le Chronogryphc, dont on veut parler,
étoit gravé sur une plaque de cuivre attachée
au portail d'une Eglise de la Ville de
Saint-Quentin
,
bâtie au commencement
du seiziéme siécle par Oudard de Mailes
Argentier de cette Ville, & qui sur à la
fin la proye d'un Soldat Espagnol qui l'arracha
durant les Guerres. Heureusement
on en avoit conservé une copie que Hemeré
Chanoine de Saint-Quentin a consacrée
la posterité dans son AtiguflaViroman.
duorum vindicata
,
qui durera bien plus
que le bronze, il a aussi eu foin de l'ex- i
pliquer
,
mais ce n'a pasété avec le même 1
enjouëment que feroient nos OEdipes
modernes, le voici dans ses propres termes, 21 D'un
D'un Mouton& de cinq chevaux
Toutes les têtes prend,.;'{
, -
-
Et à icelles sans nuls travaux
La queue d'un Veau joindrez
4 -
Etau bout 4jOûttrt\
Tous les quatrepiedsd'une Chate
> R.ifJemhle\
, vous apprendrez
L'an de ma façonÔ* la date.
Je fuis
, &c.
Ce 20. Avril 172.i.
Le mot de la premiere Enigme dumois
dernier est le Treste, on doit expliquer
la feconde par le Colier
,
& la troisiéme
par l'Epervier Oiseau, & l'Epervier filer.
PREMIEREENIGME.
MOn Maitre est comme un Directeur
Au milieu de tous ses Regîtres.
Mais ce qu'il a sur lui d'habile Travailleur,
C'est que sans le secours de la clarté desvitres
- Ni d'aucune autre lueur,
Il pourroit remplir son labeur
Où se trouvent maints beaux Chapitres ;
Il est vrayqu'en donnant de son habileté
Il choque un peu la bienséance,
Il va jusqu'à l'irreverence,
E ij Mais
Mais ils'y voitnecessité:
Etmalgré toutesa science,
1 Quoique je fois d'une rare excellence,
Si par un tiers nous n'étions soutenus,
Fût- il d'une crasse ignorance ,
Son mérité & le mien vous sevoient
•
ils
1 connus ?
SE CONDE ENIGME.
Je Onnoissés - vousdeux freres trés-jumeaux,
Qui naissent & meurent ensemble ;
Untrés-petit toit les rassemble;
Très également laids ou beaux;
'çf\: peu souvent que l'un à l'autre n'est semblable
,
C'est peu souvent que l'un souffte quelque douleur
Sans que l'autre ait sa part à son fort déplorable ;
Ensemble du repos ils goûtent la douceur
jamais l'un ne sommeille
Tandis que l'autre veille.
Toujours prêts l'un de l'autre ils ne se touchent
pas ;
Sans parler ils se font entendre ; sanspieds ils vont trés vite; ils attirentsans bras;
Lorsqu'ils se donnent un air tendre,
Cet air tendre n'est pas toujours
fn bon garend de leurs amours.
TROISIEME
Jeneconnois pas trop Dieu,
Cependant dans plus d'un lieu -
J'ayde à publier sa gloire.
J'ay-causede grandscombats,
- Et quoiqueje ne sois pas
Meublé, i"atu:a.its commeHelene ,..
Cependant pour m'enlever
Quelqu'un s'est mis fort en peine; '-'
-
Un autre pour me sauver
S'est mis souvent hors d'haleine.
AI R.
Lr'Hiver, l'affreux Hiver veut-il encor longtems
-
Usurperl'Empire de Flore?
Plus il retarde le Prims, Plus il cache àmes yeux la beauté que j'adore. -
Elle ne vient sousles ormeaux
Qu'avec la aissante verdure,
Il faut pour l'attirer quele bord des ruisseaux
Lui presente des - fleurs avec un doux murmure. , L'Hiver, l'affreux &c.
NOUVELLES LITERAIRES
DES BEAUX ARTS,&c. IE PUBLICnous sçaurasans
doute bon gré de lui annoncer
un Ouvrage, dont le sujet nous
paroît trés interessant. Le Pere
Laffiteau Jesuite en est l'Auteur. Il se dispose
à le faire imprimer fous ce titre:
Afaurs des Sauvages Americains, comparées
aux moeurs des premiers tems. Quoique
le titre paroisse beaucoup promettre la lecture , du Manuscrit convainc qu'il
donne encore plus qu'il ne promet. En
effet, ce n'est pas un parallele general qui
porte sur quelques traits de ressemblance
entre les anciens Thraces & les Sauvages
de l'Amerique : c'est une comparaison détaillée
ou l'on rapproche le portrait de ce
que Marot appelle le bon vieux tems, avec
les precieux restes qui s'en font conservez
chez des Peuples qu'il nous plaît d'appeller
Barbares, parce que la Nature y est moins
alterée & plus naïve que chez nous.
Outre des recherches infinies sur l'antiquité
, on voit dans cet Ouvrage une
connoissance profonde des Americains,
-
fursur
tout de Canadiens, avec qui l'Auteur
a passé ph rieurs années. La conformité
de Gouvernemenc, de Coutumes,de Religion
,
d'Usages,& ce qu'on trouveentre
les premiers tems & les nôtres, quant
à ces Nations, ne peut manquer de produire
dans l'esprit du Lecteur je ne sçai
quoi de lumineux, qui passe infiniment
l'effet des simples conjectures. On yrencontre
chemin faisant, des choses curieuses
que le titre n'annonce point; desorte
que le Lecteur va de lui-même par (es
reflexionsau-delà de ce qu'on se propose
de lui montrer.
Tel est le fonds de ce Livre qui sera
enrichi de figures. A l'égard dela maniere
elle paroît simple & naturelle,ingenieuse
pourtant & en îoiiée. On n'y trouvera ni
le vuide des Relations ordinaires, ni la
sécheressedes Dissertations sçavantes. L'Erudition
& l'Histoire y font bien maniées
,
& le mêlange de l'une & de l'autre fait un
trés-bon e f[t.
Projet pour une nouvelle Edition des
Oeuvres de S. Ambroise. c Omme il ne restepresque plus d'Exemplaires
de la premiere Editiondes
Oeuvres de S. Ambroise, donnée par les
RR. PP.Bénédictins, une Compagnie de
Libraires de Paris en a entrepris une nouvelle
, avec les secours que veut bien leur
donner le R. P. Don Nicolas Noury l'un
des Auteurs
,
de. le seul qui reste de ceux
qui ont travaillé à la premiere Edition.
Celle-ci sera divisée en trois Volumes,
dont k/j deux premiers contiendront les
veritables Ouvrages de S. Ambroise-,&
le troisiéme, les Piéces doteuses,ouqui
sont attribuées à ce Saint Docteur. On
ajoûtera à. ce troisiéme Tome le fameux
MisselAmbroisien
,
desiré de tous les Sçavans,
accompagné des Notes & des Remarques
necessaires.
Les nouveaux Editeurs prient lesSçavans
de les aider de leurs lumieres en tout
ce qui pourra contribuer à rendre cette
Edition parfaite,&sur-tout de vouloit
bien leur communiquer ou leur indiquer
les Manuscrits de quelque reputation dont
s il se peut faire que les premiers Editeurs
n'ont pas eu connoissance
,
de quoi ilsauront
toute la reconnoissance poqble. :
Ce grand Ouvrage pour lequel on n'épargnera
ni soin ni dépense est proposé par
sou scri prions. Leprix en papierLombard
en blanc fera pour les Souscripteursde cinquante-
quatre livres, sçavoir, trente livres
en souscrivant, & vingt-quatre livres en
v recevant les trois Volumes, dont on espere
que l'Edition seraachevée vers la fin de
l'année
l'année1724. Ceux qui n'auront pas soulent
le payeront quatre-vingt-quatre liv.
On n'en tirera point en grand Papier,
qu'on appelle Grand-Raisin, si ce n'est
pour ceux qui voudront souscrire
,
lesquels
en souscrivant payeront cinquante
livres, & autant quand on leur donnera
les trois Volumes imprimes.
On recevra les Souscriptions depuis le
15 Avril 1722.jusqu'au premier Sep-'
rembre exclusivement, aprèslequel tems
personne ne fera plus admis à souscrire.
On prie ceux qui voudront souscrire
>
de s'adresser aux Libraires nommés ciaprés
,
qui leur donneront une Reconnoissancesignée
d'eux aux clauses de conditions
cy-dessùs exprimées.
Noms des Libraires.
Charles Osmont, ruë S. Jacques.
Michel Clousier, Quay Malaquais.
Gabriel Martin, ruë S. Jacques.
Guillaume Cavelier, ruë S. Jacques.
FrançoisBarois, ruë de la Harpe.
PierreFrançois Giffard, ruë Saint Ja."
-:luet -
LETTRE de M.
Sur l'état present des Lettres.
MONSIEUR,
Témoin de mon ardeur à faire quelque
progrés dans les Sciences, vous aviez bien
raison de m'exhorter à venir à Paris, le
Theâtre des belles Lettres en France, &
où je pourrois étudier les exemples vivans.
Il ne se passe presque pas de jours ici où
l'on n'ait à voir & à apprendre quelque
chose de nouveau. Je me trouvai dernierement
à l'ouverture des Academies des
Sciences & des Belles Lettres; & parmi
plusieurs beaux Discours j'eus le plaisirde
voir & d'entendre Mrs. Racine & Cassini,
qui ne se font pas contentés d'herirer du
nom de leurs illustres peres. M. le Cardinal
de Polignacpresida à l'une & à l'autre
Academie; il fit selon la coutume l'analyse de y tous les Discours qu'on avoir
reckés, & ce ne fut pas sans les embellir.
Il parla avec cette noblesse, cette aisance,
cette érudition, & cette politesse que tout
le monde lui connoît.
LeTheatre a été occupé par plusieurs
belles Piéces anciennes & nouvelles. Le
Romulus
Romulus de M. de la Motte & le Timon
de M. de Lisle ont occupé cetHyver la
Comedie Françoise & Italienne
,
la Tragedie
de Romulus n'est pas sans defaut,
mais elle a aussi de grandes beautés. La
Comedie de Timon après plusieurs Representations
s'esttoujours soutenuë, parce
qu'elle est pleine d'un sel & d'un goût
de vrai, dont la raison ne se lasse jamais.
La Nature y est representée dans tout son
jour, sans être défigurée par l'art &par
les préjugés; mais on peut dire que l'Auteur
n'a pas cueilli toutes les fleurs qui se
trouvoient sur son passage. Il paroît un
nouvel OEdipe;cette Piece eil bien liée,
couduite avec art ,
& parsemée de beaux
endroits; maistoutn'est paségal.
Le Livre de M. l'Abbé Houteville sur
la Religion prouvée par les faits, fait du
bruit. Le stile en est noble, élevé, majestueux,
& digne du sujet qu'il traire;
mais quelques expressions trop hardies,
& des propositions peu exactes donnent
prise aux Critiques.
Le nouveau Mercure n'estplus vuide
comme il étoit autrefois; les Curieux &
les Sçavans y trouvent également de quoi
se satisfaire par le mêlange agreable des
Nouvelles, des Spectacles
,
des Poësies &
des autres Ouvragesd'esprit qu'on y r:;¡{.:
semble.
Evj Parmi
Parmi les Journaux, ceux de Trevoux
«lui viennent de ressusciter
, attirent mon
attention, on sent à la lecture des plumes
legeres & delicates, on y allie l'érudition
à la politesse: la varieté des mains &
desmatieres diversifient l'Ouvrage &:
amusent agreablement. Controverse, Histoire,
Physique, Mathématique
,
Critique,
Belles Lettres, beaux Arts, tout y
eH: rassemblé & peint avec ses couleurs.
J'allai à la source pour en sçavoir les Auteurs
j mais le Libraire fixa macuriosité,
en me disant que jen'étois pas le premier
à lui faire une pareillequestion, & que
je devois me contenterd'apprendre que
les Journaux avoient beaucoup d'éclat ,
& qu'il étoit obligé d'en tirerdepuis
quelques mois un plus grand nombre
d'Exemplaires, parce qu'on lui en demandoit
detoutes parts en France & dans
les Pays Etrangers. Pourvû qu'on y pro-.
digue toujours le sel & la vivacité dont
ils font assaisonnés, qu'ils ne degenerent
pas en fades éloges, & qu'ils renferment
exactement l'analyse d'un Livre, je crois
qu'on les lira d'autant plus volontiers
qu'ils flatent la paresse du Public, en exposant
fous un point de vue des Ouvragges
qrui eoffray~ent &use dersfe.ndent par leur j'ay pris assez exactement lesLeçons.
d'Anatomie
d'Anatomie que les habiles Maîtres enont
données. J'ay souvent été à l'Observatoire
, où j'ayété également charmé de
la politesse& de l'habileté des Academiciens
qui y font leurs observations. Je
n'ay pas negligé les beaux Arts (car je
trouve que cette Ville estla maîtresse en
tout.) La Peinture, la Sculpture,la
Danse, l'Art de tirer des Armes, demonter
à Cheval, & les autres Exercices me
paroissent être dans leur perfection. Je
n'entens rien à la Musique
, mais si j'edjuge
par le sentiment , je donne le prix
à celle de Campra, comme àcellequi me
plaît le plus. Je m'apperçois que je parle
bien librement avec vous; mais c'est toujours
selon nos conventions ^c'està-dire,
en soumettant mes reflexions & mes lumieres
aux vôtres. Elles me guideront toujours
deloin,comme ellesfaisoient autrefois
de près lorsque la situationde ma
maison de çampagne me procuroit. l'avantage
de passer l'Automne avec vous.
Il me semble, que j'ay payé le tribut de
l'hommage que je doisàvotre goût pour
les Sciences. Ilne me reste plus qu'à vous
assurer du tendre & respectueux dévouë-
Jnept avec lequel je suis, M. &c.
AFaris le 16Avril 1722.
•
Il
IL paroît une Lettre de trois pages d'impressionin
40, écrite par Madame de .*".
à M. au sujet de la Tragedie de Romulus,
quiest fort bien écrite. » J'écou-
M tay cette Piece avec attention
,
dit l'Au-
M teur, elle m'attacha, me surprit, &
»m'attendrit. J'en trouvay l'exposition
»nouvelle & delicate; les sentimiens
93 grands, nobles & bien soutenus
,
les
M pensées neuves & brillantes, & unever-
«sification pure, pompeuse, & cependant
53
aisée; mais ce qui me parut extraordi-
« naire, fut l'effet qu'elle produisit en
33 moy ; elle m'attendrit par reflexion, &
« je ne pûs m'en retracer le tableau sans
93 répandre des larmes. Je ne puis me-
>3lafier d'admirer l'Art de l'Auteur, qui-
93 en donnant à Romulus l'amour le plus
«tendre, ne lui en fait jamais montrer
93 l'excès qu'après avoir remporté des vic-
M toires éclatantes, & montré une valeur
«heroïque. Cela nous fait envisager
33 lesmomens qu'il donne à sa palIion,
t; comme un repos que la gloire lui doit.
«Si c'estn'avoir point d'esprit, dit
j3 Madame. en finissant sa Lettre 3c
»l'Apologie du Poëme qu'elle ddfenn,
33 que de ne pas éplucher une Piece mot »àmot, & que de ne pas rechercher jus-
93 qu'aux
»qu'aux minuties pour le fronder avec
» plus de force.
Je rends graces auCiel den'être pasRomain
Pour conserver encor quelque chose d'humain.
La cinquiéme feüille du S pectateur roule
presque toute sur l'Entrée de l'Infante,
dont le cortege, l'apareil & le concours
du peuple ont fourni diverses reflexions.
Voici quelques-unes de celles que notre
Spectateur a faites en voyant passer le Roy,
M Le peuple à son ordinaire a crié vivenieRoy!
j'ay trouvé ces acclamations
M attendrissantes.C'étoit plus qu'un Roy,
« plus qu'un Maître qui paroissoir. Ce
M peuple, dans ses transports
,
sembloit
*5 revêtir ce jeune Prince de titres moins
» superbes
,
mais plus aimables,plus rou-
M chans, & peut-être plus augustes: c'étoit
"le bienfaiteur, l'ami de chaque homme
M de la Nation, c'étoit le protecteur, l'espe-
» rance, l'amour & les delices du peuple
»que l'on voyoit paffer.
M Rois, Princes de la Terre! ce n'est
»ni la Garde qui vous environne, ni
cette foule d'hommes fournis qui compon
sent votre Cour, ni vos richesses, ni
M votre vaste puissance, qui feroient mon
»envie. Ceux qui parmi vous ne font
»sensibles qu'à ses avantages, font sim- »plement des hommes riches, redouta-
» bles, puisants, & ne font pas Rois, &c.
„ Quel
,,.Quel est le Prince qui joüisse du bon-.
»heur attaché au Trône? C'ell celui qui
» sçait faire un genereux usage de la crainte
»ôc du respect que la Majcfte"de son
i)ranc, L cette crainte & ce respect
»sont les moindres de ses droits, ou -
» plutôt ils ne fontque lui préparer ses
» veritables droits. Craint, iln'est encore
»que leMaître; aimé, le voilà Roy.
Eh! comment l'aime-t'on? comprez
»tous lessentimens de veneration
,
d'esti-
»me, d'admiration., tous les mouvemens
33 de tendresse, de dévouëment, de con- »
si fiance, dont l'homme est capable.Voilà
s? de quoy se compose l'amour qu'on a
33 pour unMaître,dans lequel on di char-
» mé de trouverun Roy: enfin. voilà les
33 tresors du rang suprême.Un accueil obli--
» géant,un sentiment de bonté,unsu-
»rire,ungeste, une parole; Princes!
»ce sont là pour vous les clefs de ces
»tresors. Ouy! soyez doux, affables,,
»genereux, compatissans
,
caressans dans
»vos discours., & vous êtes possesseurs.
»de ces biens dont l'ambition a fait les.
33 grands hommes, & dont à peine çnt-,
,) ilspu s'acquérir une petite partie.
Danslasixiéme feüille du Speébtfur"
qui paroîtdepuis Jecommencement dece.
mois, on voit une conversation d'un homme
âgé.^yec un Libraire. 33 Celui-ci luy,
»propose le Spectateur à lire comme une
M nouveauté qui excite lacuriosité de bien
n des gens. Moy, lire le Spectateur! lui
3> répondle Vieillard, je ne l'ay point lû
3)ni ne le liray; je ne lis que du bon '-
,n du raisonnable, del'instructif: ce qu'il
jïme faut n'est pas dans vos feüilles. Ce
» ne font ordinairement que de petits ou-
» vrages de jeunes gens qui ont quelques
»vivacitez d'Ecolier, quelques faillies,
»plus étourdies que brillantes,&qui
»Mpieruecnnent les mauvaises contorsions de
esprit, pour des façons de penser.
3, legeres , delicates & cavalieres.Je n'en
n veux point, moncher, je ne fuis point
» curieux d'originalite pueriles.
,
»En effet, je suis du sentiment de Mons
»
sieur, dis- je alors, en me mêlant de la
M conversation ; il parle en homme sensé ;.
si pure bagatelleque ces feüilles ! la raisison,
le bon sens & la finesse, peuvent-
9) ils se trouver dans si peu de papier?;
» ne faut-il pas un vaste terrain pour les
»contenir ? un bon esprit s'avisa-t'il ja- -
»mais de penser & d'écrire autrement »qu'en gros volumes? Jugez de quel
»poids peuvent être des idées renfermées
»dans une feüilled'impression que vous,
»allez soulever d'unsouffle? & quand
» même ellesferoient raisonnables ces
»idées, est-il de la dignité d'un perfon-
»nage»
nage de cinquante ans, par exemple,
»de lire une feüille volatile, un colifi-
»cher?cela letravestiten petit jeune
s* homme, & deshonnore sa gravité; il
»déroge: non, à cet âge-là,tout sçavant,
»tout homme d'esprit ne doitouvrir que
9) des in folio, de gros tomes respectables
3) par leur pesanteur, & qui, lors qu'il
» les lit, le mette en posturedécente, &c. »UnTraité de Morale, poursuit le
M S pecteur, en presentant au même
jï homme un assez gros livre, cela fait
»une lecture importante Se digne du
»flegme d'un homme sensé; peut-être
M même la trouverez vous ennuyeuse, &
a;tant mieux; à un certain âge il est beau
M de soutenirl'ennuy que peut donner une
9) matiere naturellement froide, servie
» sans art, & scrupuleusementconservée
x dans son caractere. Si on avoir du plaisir à la lire, cela gâteroit tout: voilà une
t, plaisante morale que celle qui instruit
e) agréablement l
Le Spectateur donne sur la fin de cette
feuille la traduction du Rêve qu'il avoit
promis; il s'agit de l'Amour, de son Palais
, de ses Jardins, &c. des arbres & des
fleurs, dont l'Estime fous la figure d'une
femme explique les vertus & les representations
symboliques en cette maniere.
;
M Cet Arbre plus haut que les autres, &
»dont
»dont en quelques endroits on a coupé
l' les racines,figure les vertus d'un jeune
» Héros, qui dût à son arrachement pour
» une aimable & vertueuse personne l'estip
me& l'admiration que son Siecle eut
t, pour lui. Avant que l'Amourl'eût assu-
» jetti fous ses loix
,
la grandeur de sa
» naissance lui inspiroit unnoble orgueil ;
M mais un peu d'excès dans cet orgueil en
»alteroit la dignité. Ce Héros étoit gene-
M reux, quand il s'offroit desoccasions de
» l'être
,
mais il ne savoit pas encore cher-
»cher ces occasions précieuses;il auroit
» craint de trahir son rang,il M avec un air prévenant, comme un abaissenmenc
dans ses pareils ;il auroit cru s'hu-
»milieren se rendant aimable.Iln'estimoit,
M
il ne mettoit encore au nombredes hom-
Il mes, que ceux qui par leur naissance
b pouvoient ou l'approcher ,ou liercom-
M merce avec lui,c'étoit aussi les seuls
» qu'il obligeoit, parce qu'il n'imaginoit
M de reconnoissance flateuse que la leur:
»>
c'étoit au rang de celui sur quitomboient
pjfes bienfaits, que se mefuroit le plaisir
M qu'il avoit à les répandre. Il méconnois-
)ttoit la misere la plus touchante, dès
-que le malheureux qu'elle accabloit,
"érait un homme obscur, qui n'eut offert
'mL sa vertu qu'un exercice ignoré &sans
M faste. Ce n'étoit pas qu'il ne fust naturellement
»Tellement sensible; mais sa fierté n'ad-
« mettoit rien de genereux que ce qui étoit
« superbe, & vouloir trouver dans les,
» sujets, un vain éclat qui les ajustât à
» elle, & pour ainsi dire, justifiât l'inte-
»rest qu'elle y daignoit prendre. Ce Hé-
,;ros étoit plein de valeur dans les comte
bats, mais d'une valeur aveugle, sujette
M à se fouiller d'un fang respectable
, du
»sang d'un ennemi vaincu. Quand il re- »compensoit un service, ce n'étoitque
»l'action qu'il payoit : il ne joignoit pas
aï à la recompense cette aimable façon de
J3 donner, qui fait précisément le salaire
33de celui qui a merité qu'on lui donne:
»il étoitéquitable, & n'étoit pas gene-
» ralement bon. Dés qu'il aima, ce ne fut
3Î plusle même homme; l'envie de de-
»venir digne decelle qu'il aimoit, fit
- »disparoître tous ses defaurs ; l'amour
33 purifia sa valeur & sa fierté de cet excès
»qui les deshonoroit toutes deux. Tout
»l'Empire retentit bientôt du bruit de
»ses vertus,&c..
33 A l'égard de ces fleurs, elles figurent
J) les bonnes qualirez d'un prix peutêtre
»égal aux vertus des grands Personnages j »mais que la condition de ceux qui les
s» dûrent à l'Amour, rendit moins brillans,
as& d'une importance plus mediocre. Ce
93font des ivrognes devenus sobres; des »debauchez.
1) debauchez devenus sages; des avares
» faits généreux ; des menteurs corrigez de
»leur vice par la honte d'êtreméprisa-
M bles ; des brutaux ramenez à un caractère
»doux & sociable; c'est de la jeunesse
»impudente, devenue modeste & respe-
M ctueuse,des faineans devenus laborieux 5
»des hommes sans foi, sans probité,
»transformez en gens d'honneur;ce font
»d'habiles dans les arts, à qui l'Amour
33 inspira de l'émulation& qui crurent
»leurs Maîtresses dignes d'avoir des Amans
» illustres par leurs talens; ce font même
>3 des coquettes, dont l'Amour a reformé
t) les manieres
,
qu'il a guéries de cette in-
« satiable avidité de plaire,, & qui ont
)3
senti qu'une pudeur scrupuleuse étoitle
k plus aimable trait d'une femme;qu'ilest
13
honteux de debaucher les coeurs, &
3 glorieux de les attendrir.
RODERICI AlexandriOjifistjulltun.
Rien Premier. A Paris chez la Veuve le
Fevre, rue S. Severin, 1722. petite Brohure
in 12.de 15pages.
IlJtn qui est personifié , & qui parle dans
et Ecrit, ne donne. pas grand'chose ail
elà dece qu'il promet, & menace dese
montrer tous les premiersLundis du Mois.
LeDICTIONNAIREdubon Menager
de
de Campagne & de Ville, qui apprend x
nourrir, gouverner & élever toutes fortes
de Belliaux tant sains que malades; s
mettre à profit tout ce qui vient de1'A-1
griculture; à faire valoir toutes fortes dol
Terres, Prez, Vignes & Bois; à cultivel:
les Jardins soit potagers,fruitiers & fleiuj
ristes,à conduire les eaux, & à faire goe
neralement tout ce qui convient aux Jaca
dins: avec un Traité de Cuisine
,
d
Confitures, de lapatisserie, des Liqueursa
de la Pesche
,
&autres divertissemens de II
Campagne. Par le sieur Liger. nouvel:
édition, deux vol. in 40. 10 liv. A Paris!
chez la veuve Ribou, Quay des Auguftina
1 TRAITE' DE LA LITHOTOMIE, 01
Extraction de la pierre hors de la Veffij
par M. Tolet, MI Chirurgien de Pt-i
Cinquième édition, figures,in 12. ch
Laurent dHouri. 1
Traité des Maladies Veneriennes, p
Vcay,Medecin de Toulouse
,
quatrième
édition, augmentée de la Panacée Mea
curielle des Invalides, in 12. chez le méiiM
Questio flltrlica, an Pestis Mttffi/ienfi
&c. Question de Medecine, où l'on exam,
ne si la Peste de Marseille aété cauféep^t
des Vers. A Besancon, 1721 ,
broch
in 80. de 16pages.
M le Begue, Auteur de cette Dissertation,
definit la Peste de Marfeillle une maladie
tres-contagieuse& tres-funeste, titant
sonorigine d'une foule d'oeufs de Vers,qui
infectent premièrement la salive ou les alimens,
puis le suc nerveux, ôc enfin les
parties
solides.
TRAITE' DES MATIERESBENEFICIALES,
dans lequel on examine tout ce qui
a rapport aux Benefices & aux Beneficiers,
suivant les saints Decrets, les Ordonnances
du Royaume, & la Jurisprudence du
Palais, dédié à S. A. S. M. le Comte de
Clermont. A Parischez Hochereau Libraire
Quay des Augustins, 1721. in4.
TRAITE' DE LA PESTE, faiten1635
par Cottin, Medecin de la Faculté de
Montpellier, nouvelle Edition. A Paris,
chez E. Ganeau, ruë saint Jacques.
REFLEXIONS CRITIQUES d'un Allemand
, sur la Comedie de Timon le Misantrope.
A Paris, chez la Veuve Mongé, ruë
saint Jacques, à saint Ignace. 1722,Brochure
in 12 de 46 pages.
On vient de réimprimer les Decades de
Tite-Liveen8.vol.in 1z. de la Traduction
de M. Durier de l'Academie Françoise,
revûës
revûës & corrigées de quantité de fautes
& d'omissîonsqui s'étoientglissées dans les
précédentes impressions. A Paris, chez
G. Cavelier, Libraire dans la Grand' Salle
du Palais, à l'Ecu de France. Le ptix est
de 24 livres.
'.ILA VIE DE SAINT BERNARD,Religieux
de l'Ordre de saint Benoist, Fondateur
desAbbayes d'Ambronay & de
Romans, & Archevêque de Vienne : Par
le K. P. Fleury, de la Compagnie de JefusI
A Paris, chez André Cailleau, Place de
- Sorbonne.
CetteHistoirerenferme lesévenemens
les plus considerables du Regne de Charlemagne
& de Louis le Debonnaire, &
sefait lire avecplaisir.
On apprendde Londres, qu'on a trouve
à Ewelin, dans le Comté d'Oxford, près
d'un ancien chemin des Romains appellé
Acknell-Road, une urne remplie demedailles
de bronze, dont quelques-unes
marquent l'époque de la descente des Romains
en Angleterre, fous JulesCesar.
Le Mardy 14 Avril l'Academie Royale
desBelles Lettres fit l'on ouverture publique,
comme nous l'avonsdit dans le dernier
Mercure. M. Racine lut un Discours
qui
quiavoir pour titre,Des causesduprogrès&
de la décadencedesBelles Lettres. L'Auteur
choisit d'abord pour point de vûë les
quatre siecles qui ont été les plus féconds
en beaux esprits. Celui de Philippe Roy
de Macedoine, & d'Alexandre le Grand
son fils; celui de César & d'Auguste;- celui
de François premier & de Leon X ; & enfin
celui de Louis XIII & de Louis XIV.
M. Racine parla en détail des grands hommes,
qui avoient vécu dans ces heureux
siecles. Demosthene,Xenophon, Sophocle,
Menandre, Aristophane,&plusieurs autres
formerent le premier tableau, où l'Eloquence,
l'Histoire, laTragedie& la Comedie paroissent
dans tout leur éclat. On voit briller
dans lesecond siecle, Ciceron, Hortensius,
Horace, Virgile, Ovide, Tibulle, Catulle,
Tite. Live, Velleius Paterculus, & tous ces
grands hommes qui ayant herité du bon
goût des Grecs,porterent les Sciences & les
Arts à ce haut degré de perfection qui at
depuis servi demodele à tous ceux qui ont
voulu les imiter. Les Sçavans du quinziéme
siecle paroissent dans le troisiéme
r
Tableau, je veux dire le Tasse, Sannazar,
Petrarque, le Dante, & quelques autres
- pour l'Italie, Marot, Sarrazin
,
des Portes,
Octavien de Saint Gelais pour la
i France. Enfin le quatriéme siecle qui aété
si second en beaux esprits, vit former les
Corneilles, Rotrou, Racine, Moliere,
-
Despreaux, la Fontaine, &tant d'autres
dans toutes forces de Sciences & d'Arts.
M. Racine, après avoir observé quelles
trois premiers siecles ont été suivis d'une
funeste & longue barbarie,& qu'il paroît
déjà que le bon goût du dernier commence
à degenerer, recherche les causes de cette
décadence, & après avoir rapporté ce
qu'on a débité là-dessus, il paroît conveair
que le bon air d'un païs, unelongue
paix qui banit les foins &lesinquietudes,
le goût du Prince, & l'accueil qu'il fait
aux Sçavans, la protectiondes Ministres
font ce qu'il y a de plusp.iopre au progrès
des Sciences & des Arts, comme les guerres
& les irruptions des Peuples barbares
fonMt bie.n-tôt disparoître le bon goût. CardinaldePolignac qui presidoità
FAuembiee, après avoir resumé ce
qu'il y avoir de plus brillant dans le discours
de M. Racine, lui dit, que comme
il connoissoit paifaitementles causes du
progrès & de la décadence du bon gOÛt,
il étoit plus propre qu'un autre à le ramener,
étant fils d'un des plus grands hommes
d'un des quatre siecles, dont ilavoir fait
choix pour faire l'histoire des BellesLetrres.
M. l'Abbé Anselme lut ensuite uneDifsertation
surles AGies, dans laquelle après
en avoir recherché l'origine parmi les
Juifs,
Juifs, & les droits qui en avoient été
réglez dans les Livres de l'Ecriture Sainte,
il explique de quelle manière les Grecs
& les Romains avoient imité ce même
usage; il parle ensuite des abus qui
s'étoient introduits sur cette matiere, & *
qui étoient si grands que l'Empereur Tibere
sur oblige de donner plusieurs Edits
pour les reformer. Cette Dissertation est
écrite avec beaucoup denetteté & d'élegance,
& M. le Cardinal de Polignacrendit
justice à l'Auteur, & fit sentirtout ce
qu'il y avoit de curieux dans cet ouvrage.
M. Fourmont, Professeur en Arabe au
Collège Royal, lut ensuite uneDissertation
surla Littérature Chinoise.
Dans le préambule il déduisit les progrès
qu'a fait laLittérature en general depuis
1400, ôc montra qu'avant M. l'Abbé
Bignon,personne en France n'avoit pensé *
à la Littérature Chinoise.
'1 LesieurHeam-ge,Chinois lettré, venu
en France avec M. de Rosalie, presenté
au feu Roy par M. l'Abbé Bignon
, avoit
été designé pour travailler à un Dictionnaire
de sa Langue; la mort l'enleva peu
données après, & [on Altesse Royale
chargea. deFourmontde continuer ce - travail. M. Hoam-ge n'avoit laissé que
cinq mille caractères Chinois, & il y en aquatrevingts mille. La Dissertationde M.
de Fourmont fut divisée en deux parties.
Dans la premiere, il fitvoirl'étendue
de la Litterature Chinoise, & enmêmetems,
ce quel'Europe en a connu jusqu'ici.
Dans la seconde, il donna une idée de
la Langue Chinoise, d'abord prononcée,
ensuite exprimée par ses caraéteres hieroglyphiques,
& il ajoura un détail, tant
des secours qu'il a eus, que des ouvrages
qu'il a entrepris, pour éclaircir & avancer
cette nouvelle Litterature.
La Langue Chinoise n'a que des monosyllabes,
ils font en petit nombre
,
mais
ils se multiplient à l'infini par la difference
de leurs tons,& parce qu'un seul s'applique
quelquefois à 50 ou 40 caracteres.
M. de Fourmont a déja fait graver plus de j
2 5000 caracteres Chinois
, & prépare non
leseul Dictionnaire que l'on avoit de-
- mandé à M. Hoamge, mais au moins une
demy douzaine que lanature de la Langue j
Chinoise exige,avecpluiseursautresouvrages
qu'il a cru necessaires pour faciliter ;
cette Langue aux Européens. M. l'Abbé
de Fourmont, Professeur en Syriaque au
College Royal, &le premier qui y ait j
enseigné l'Ethiopien, a été Adjoint aux
travaux de M. de Fourmont son frere,
pour l'aider à copier ces Ouvrages,parce
que cela ne peur être fait que par un j
connoisseur, & pours'avancer luy-même
dans J
Il
dans la Littérature Chinoise, dont la
moisson quoi que vaste, pourroit manquer
d'ouvriers.
M. le Cardinal de Polignac loüa le travail
immense que M. Fourmont avoir fait
sur la Litterature Chinoise
,
& après lui
avoir dit que s'il s'étoitenseveli si longtemps
parmi les livres Chinois, comme
M. Fourmont l'avoit avoüé, il en étoit
ressucité bien glorieusement ; il l'exhorta
à continuer de s'y appliquer, afin de pouvoir
donnerau Public unDictionnaire &
une Grammaire Chinoise, ce que les sçavans
hommes dont il parle dans sa Dissertation,
n'avoient pu executer.
A l'Academie Royale des Sciences, le
Discours de M. Geoffroy reveloit plufleurs
supercheries qui ont été mises en
usage par ceux qui font profession d'un -
Art aussi pernicieux que la recherche de
la Pierre Philosophale.
Ces fortes de gens, dit M. Geoffroy,
ne cherchent qu'à duper les autres, font
des Charlatans, d'autant plus capables de
seduire, qu'en promettant les choses les
plus desirables qui font les richesses & la
santé, ils font des productions qui semblent
tenir du miracle.
Tous les tours de ces Charlatans ne
font pas épuisés
,
5c ils ont des moyens
infinis de les varier.Avec quelque exactitude
que vous les surveilliez ,ilsglisseront
toujours quelque peu d'or ou d'argent
dans leur operation ; soit en l'insinuant
dans la doublure descreusets, soit en le
mettant au bout des verges de fer, dont
ils se fervent pour remuer la matiere en,
fusion, foit en le cachant dans les creux
des charbons,ou dans les eaux qu'ils employent
pour leur dissolution.
Les choses qui en ont le plus imposé
en fait de Pierre Philosophale
,
font les;
clous prêtendus moitié fer, & moitié or,
& les Medailles moitié or & moitié argent.
On montroit il n'y a pas encore longtems
un de ce clous à Florence,qu'on
n'a pas jugé à propos d'exposer davantages
à la curiosité desVoyageurs
,
depuis qu'on
a publié que ce n'étoit que du fer soudé
très-proprement avec de l'or. M. Geoffroy
en montra à l'Assemblée qui paroissoient
être moitié fer & moitié argent. Telles
font encore ces lames de coûteau faites de
deux métaux, un côté d'or & l'autre de
fer, pour faire croire qu'étant toutes de
fer auparavant , une partie de ces lames
aété transmuée en or. On a entendu
parler il y a quelques années d'un Charlatan
qui se rendit celebre dans la Provence
en convertissant en argent le bout
des lames de coûteau qu'on lui donnoit all,
hazard, & qu'il reudoit au bout de quelque
que tems. C'étoit certainement un bout
de lame d'argent de semblable forme qu'il
soudoit à la place de la partie de fer qu'il
ôtoit. Et qu'on ne se recrie point sur ce
qu'ille faisoit d'une manicre fort desinteressée
,
il faut sçavoir amorcer les hommes
pour les duper; Et voilà ce que nos
Charlatans pratiquent avec foin
,
jusqu'à
laisser l'or ou l'argentqu'ils ont operé en
presence de quelque personne, & disparoître,
presqu'aussi-tôtdepeur, à ce qu'il
semble, qu'ils ne soient découvertscomme
possesseurs d'un trésor capable de faire
envier leur fort aux Puissances de la Terre.
Mais ce n'est que pour mieux dorer la
pilulle. Ces petites liberalitez entretiennent
l'opinion de la pombitité de la Pierre,
& nourrit toujours des dupes & des dupes
trés-entêtez par ce prétendu desinteressement
, dont le Charlatan le dédommage
dans quelqu'antre endroit, où le bruit de
ces fortes d'opérations brillantes aura penetré
j & où ne penetre -
t'il point? Ses
Medailles partie or & partie argent que
quelques personnes dignes de foy assurent
avoir vûës
,
& qu'on vente comme des
preuves convaincantes de la transmutation
des métaux
,
font aussi sujettes à caution
que le reste. Un Charlatan habile qui
sçait escamoter vous presente des Medailles
d'argent, & il choisit pour cela des Monnoyes
d'Allemagne, qui font ordinairement
d'une fabrique assez grossiere. Aprés *
vous les avoir Iaifle considerer
,
il substitue
à la place trois autres pieces de même
forme blanchies de vif argent, & qui sont
toutes preparées pour son operation,illes
trempe dans la liqueur qui les doittransmuer
,
& il s'enfuit trois effets differens, -
celle qui n'étoit que blanchie de vif argent,
paroisttoutà fait changée en or par
le sejour considerable qu'on lui laisse faire
exprès dansla liqueur. L'autre composée
d'une partie d'or soudée proprement &
exactement à une partie de Medaille d'argent
bien correspondanteparoist convertie
feulement moitié en or, parce qu'elle a
sejourné la moitié moins que la premiere
& la troisiéme enfin qui paroist d'or
*
8c
qui est fourrée d'argent au milieu paroist,
étant coupée, n'avoir pas été totalement
convertie , parce que la bienheureule liqueur
n'a pas eu le loisir
,
disent-ils
,
de
penetrer jusqu'au centre, & d'achever de
transmuer cette lame d'argent, sur laquelle
on avoit soin de souder de part & d'autre
une lame d'or portant l'empreinte de la
même Medaille. Tout cela demande à la
veriré bien dela circonspection & de l'a.
dresse. Mais que ne fait-on pas pour attraper
des dupes, qui sur des exemples si
marqués se laissent prendre au trebuchet,
àc
& avancent à ces fortes de Charlatans des
sommes considerables pour avoir de leur
precieuse liqueur,dont ilsne peuvent plus
faire aucun usage dès que l'Operateur est
parti; & souvent ne s'en prennent-ils qu'à
leur propre mal-adresse.
Toutes ces subtilités qui marquent du
génie & de l'habileté,firent dire au Cardinal
de Polignac, qui presidoit à l'Assemblée
, que si on avoit employé pour
perfectionner l'Astronomie & la Chimie
les talens dont on a fait un si mauvais
usage, foit pour les prédictions de l'Astrologie
,
soit pour les recherches de la
Pierre Philosophale
, on auroit certainement
des Astronomes r& des Chimistes
plus habiles. Que dis je, reprit le Cardinal
en se corrigeant, on n'en auroit point de
plus habiles que ceux que nous avons ici , mais on en auroit un plus grand nombre.
Nous avons reçu de Hollande le Catalogue
imprimé d'un Cabinet de Tableaux
rares & curieux, qui doit être vendu à
Amsterdam le 15 Juin 1722 & jours
suivans, dans le vieux Heere-Logement.
Sur la foy d'une personne très éclairée,
qui a vû ce Cabinet, où il a trouvé des
morceaux des plus fameux Peintres d'ltalie
& des Pays-Bas, nous allons donner
ce Catalogue, dans lequel les curieux
trouveront des Tableaux dignes de leur
attention, qui même sans dessein de les
acquérir
,
leur feront toujours un certain
plaisir, par la connoissance qu'ils leur donneront
des ouvrages des grands Maîtres.
Ce Cabinet composé de 82Tableaux
appartient à M. David Amoury,homme
de goût, qui aime les Arts & les Sciences,
qui y employe beaucoup de foins Se de
très grandes dépenses. Il ne le vend que
parce qu'il a été obligé de changer de situanon,
& de passer en Zelande.
Outre les Tableaux on trouvera encore
dans ce Cabinet quantité de desseins originaux
des plus excellens Peintres, une
grande collection des meilleures estampes
d'Italie, de France,&c. un grand amas
de pierres antiques & autres, gravées en,
creux & en relief; des statuës antiques,
des bustes de marbre, & d'autres pierres.
tares; une belle fuite de Medailles Greques
& Romaines, d'or, d'argent & de
bronze
, & quantité de porcelaines,des
maux, & autres curiositez.
Tableaux de Rubens.
La Fable de Junon & d'Ixion,six figures
de grandeur naturelle. Tableau de 1 pieds
cr demi de large, sur6 de haut.
Salvatormundi, ou Christ glorieux dans
les nuées, accompagné de trois Anges,
tous de grandeurnaturelle; Tableau admirable
mirable pour l'expression, haut de 6pieds,
sur 4 Ù* demi de large.
La Pucelle d'Orleans armée, de grandeur
naturelle, à genoux devant un Crucifix
, 6 pieds & demi sur 4 & demi.
Apollon & Meleagre, avec un beau
païsage de FIttvvelen Breughel, large de
40 pouces sur 28.
Rubens & sa femme, portraits.
Portrait de H. Holbeen.
De Vandeik.
Samson dormant dans le giron de Dalila;
elle lui coupe les cheveux
,
&c.5 figures
de grandeur naturelle, & trois dans l'éloignement
; S pieds 3 pouces de large, sur
5 pieds & demi.
I Un portrait
De Valerio Castello.
Moyse, qui fait couler l'eau du rocher,
Il figures de grandeur naturelle, large
de 9 pieds sur 7.
De Jean Benedette Castiglion
,
Peintre &
Graveur de Genes, en qui on voit beaucoup
d'esprit & de caractere
,
mais assez
peu de correction dans le dessein ; mort
, depuis environ 70 ans.
Tobie s'en retournant chez lui avec sa
fiancée; trèsbeaupaïsage, peuplé de
diverses figures & d'animaux, dans le
goût du Poussin, 6 pieds 2 pouces delarge,
sur 4 pieds 4 pouces.
De Salvator Roza
,
dit Salvatoriel, Peintre,
Graveur à l'eau force, & Poëte
Napolitain. Il excelloit pour le païsage,
les Ports de Mer
,
les tempêtes, naufrages,
& sur tout pour les batailles; mort
en 1673.
Deux beaux païsages avec des statuës, &c.
faisant pendant39 pouces de haut sur ;0.
Deux vûës de ruines, de même grandeur.
De Michel Ange des Batailles, Peintre
de Gennes.
Un Tableau representant un Corps de
garde, dans la maniere de Jean Miel, ôc
un autre dans le même goût qui sert dépendant.
De Nicolas POHffin, Peintre François, admirablepar
l'élegance & la justesse de
son dessein, par la sage & noble convenance
qu'il a jettée dans les sujets
qu'il a traitez, par la précision & la finesse
des expressions, par les moeurs & les
coutumes des anciens, & par le caractere
de l'antique, qui, quand il n'est pas
poussé trop loin, éleve l'ame & charme
le coeur & l'esprit;mort à Rome en 1665,
âgé de 7 1 ans.
1. Les trois Rois qui offrent leurs prefcns
, &c.le fond est un édifice antique,
oins
orné de statuës
>
&c. large de 5 pteds sur
4 & demi, gravé en Estampe par Avice.
2. Venus & Adonis.
Du Titien, celebrePeintreVenitien.
1. La sainte Vierge avec l'Enfant Jesus,
saint Jerôme, & autres figures, demi figures
, 4 pieds 8 pouces de large, sur4
pieds 5 pouces.
2. Bain de Diane, avec quantité de Nimphes,
& Acteon dans un beau païsage,
large de4pieds&demisur 3 pieds 5 pouces.
Du Guide.
Hercule encore enfant, terrassant l'hydre,
3pieds de haut, sur 2 pieds & demy.
D'Alexandre Turc Veronese, dit Dorbet,
mort depuis environ 50 ans: sa maniere
elt foible & léchée, mais fort agreable
; son coloris est meilleur que son
dessein.
Tableau de 3 pieds & demi sur deux pieds,
representant Loth avec ses filles.
De Philippe Laure, peintre Romain, tres
habile en petit.
Le triomphe de Bacchus, large de16
pouces, sur 11.
De Guillaume Courtois, dit Bourguignon.
Bataille de Josué contre les Amalecites,
de 27 pouces de large sur19.
De Paul Veronese.
L'Ascension de N. S. de iS pouces de
hant sur 14, gravé par Corn. Visser,
£*
Du Tintoret.
UnPortrait.
-
DeleBlond.
Un Crucifix, haut de 20pouces sur 14.
De Gerard de Lairesse.
1. Paris & Helene entrant dans Troyet
où l'on voit un bel édifice & quantité de
statuës. 29.pouces de large fmrr 2 5.
2. Un Tableau de fleurs.
De Jean-Baptisse Weninx. -
L'enfant prodigue, de 2.9 pouces de large
sur 26.
De Both.
Des Païsans yvres dans une mazure,
30 pouces de large sur 24.
De Jean Both
Un beau païsage avec de petites figures
& de petits, animaux, large de30pouces
sur IL. - l
, De T.Affeleyn, autrement Crabfetje,
Un païsage,de %1 pouces de largesur x€.:
- De Bartolet.
La Fiancée de Scipion, Tableau de y
pieds de haut, sur 3 pieds 4 pouces.
Du Cavalier Gaspard de Celio, Peinrre Romain,
Disciple de Nicolas Pomarancie,
morten 1640, âgéde70 ans.
Judith avec la tête d'Holoferne, de f
pieds de haut sur4pieds 3 pouces.
De Vincent cVMlIlt.
David avec la tête de Goliat. 4jphdp-
-- 9.
9 pouces de haut sur 5 pieds 7 pOlicer.
De Montalte.
Un joüeur de Guicarre. hdllt de 44
pouces sur 50.
De BarthelemyManfredy , de Man-
-, touë, Disciple du Caravage, qu'il a
très- bien imité, au dessein près,
qui n'étoit pas si bon.
1. Des Soldats qui jouent. Tableaude
44 pouces de large sur 36.
2. Une Diseuse de bonne avanture.
même grandeur.
De Jacques jordans,d'Anvers
y Disciple de Rubens, mort en 1678..
âgé de 84 ans.
Des Mangeurs de boüillie. Large de 7
pieds sur 6.
De Pierre-François Mola, Disciplede
l'Albane
,
excellent Paysagiste.
Un beau Paysage
,
haut de 26 pouces
sur 20.
De FrancisqueMilet, Peintre d'Anvers
,grand Paysagiste dans le goût
du Poussin,mortà Paris en 1680.
âgé de 36 ans.
1. La Vierge avec le petit JÉSUS,&
S. Joseph dans un Paysage. Petit Tableau
de 7 pouces en quarré.
2. Pan & Sirinx. mêmegrandeur.
De David Teniers,dAnvers.
1.Très-beau Paysage avec des figures,.
«fe4 pieds de èarge surX*
2. Une tentation deS. Antoine.
De Fluwelen Brughel.
Un beau Paysage, avec un Char&de
petites Figures, largede 18 pouces sur14-
D'Adam Elsbeymer, Peintre& Graveur
à l'eau-forte, né à Francfort
en 15 74. & mort jeune à Rome,
fous le PontificatdePaul V.
Ceréscherchant Proserpine. 12 pONcer
de baftt sur 9 •& demi. -
De Philippe WQflwertnlln, Peintre
Hollandois.
- Un Paysage avec des Chevaux & de
petites figures, large de 17 pouces sur
Jj.
De Godfrîed Schalken, Disciple de
Reinbrant & de Girardaw.
,4. Une petite Demoiselle qui travaille
un Bouquet de fleurs. 11 pouces de haut
sur8,
2. Une autre travaillant à uneGuirlande,
même grandeur, D'Eglon Vander Neer.
-
1. Son Portrait peint par lui - même
9 II* pouces de haut foo--8i-
2. Portrait du même & de sa femme,
même grandeur.
Un clair de Lune.
-
De Gabriel twetfa.
Une petite Poissonniere,13 pouces de
,- J,;rg-e sur 'z. - DI
,
De Nicolas'Berghem.
Un Paysage,- dans lequel on voit une
Chasse de Faucons, 38 pouces de largesur
z8.
De Roeland Savery, Peintre Hollandois,
qui excelloit pour le Paysage,
les Animaux, les- Insères
,
les
Fleurs & les, Fruits;il finissoit extremement,
& ses plus grands Tableaux
n'ont que 30 pouces; mort
vers l'an 1660. fort âgé. Jean Bol
avoit été son Maître.
Une belle Forest, avec quantité de
petits Animaux. Large de 28. pouces sur
*4»
, De Kampen, Peintre Hollandois.
Un Hyver
, avec la Ville de la Haye
dans l'éloignement, où l'on voit le Prince
Maurice, Frederik Henry, & Vanden
Stom.
2. Autre Hyver, avec quantité de Figures
, de pareille grandeur.
De Vander vlft.
Un Triomphe Romain, large el, 4
pieds 8 pouces, sur 2 pieds 9 pouces.
De Brottk.borB.
Le Sacrifice d'Abraham,dans le goût
Italien, large de3piedssur 1 if demi.
De Jean Mabujto
, ou de Maubeuge,
très - bon Dessinateur & Peintre
estimé mort en 1 j62.. -
Les
Les trois Rois, qui offrent leurs pre-
(cns, &c. demi Figures. Tableau de 4
pieds
@
de haut, sur3. très- bienconserve.
D'Emanuel de Wit.
Une belle Eglise, 4pieds delargesur 3.
De steenwyk.
Une Eglise.21poucesdelargesur16,
- De Thomas Wyek..
1, Tableaux, vûës de Ports de Mer
d'Italie, larges de 17 pouces sur 1 De Lucas Kranag.
La Parabole
,
laissez venir les petits Endans
à moy. Tableau du Cabinet du Comte
d'Arondel.
De Mostard.
S, Jerôme dans un Paysage
,
où l'on
travaille aux Mines.
D'AbertDurer
,
Peintre, Archireéte,
Sculpteur & Graveur Allemand,
contemporain de Raphaël, dont il
merita les éloges. Mort en 1518.
âgé de 57 ans. ,
Un Christ, avec la Couronne d'épines.
De Lucas de Leyde, Peintre & Graveur,
contemporain & Emule d'Albert.
Mort en 1533.âgé de 39 ans.
La Vierge avec le petit JESUS,& deux
autres Saintes. Trés-bienconservé.
De Kass.
1. La Vie tranquille.s.piedsdehaut,
4. pieds 4. pouces, l.
2. Autre Tableau du même. CMcmes
,dimensions.
3 Un troisiéme
,
idem.
De Jean Vander Lis.
1. Un Paysage avec des Femmes qui
se baignent. 15 pouces delargesur 12.
2. Un autre, pendant.
3. Une Bacchanale antique.
De Denis.
Un Tableau de Fleurs.
De Pierre Candi.
La Cene de N. S. avec ses Apôtres.
De Swart San.
Le Vieux & le Nouveau Testament.
D'Adrien Van de Velde.
Un beau Paysage.
De Jean Van Goyen.
Une vûe sur l'Eau.
Bustes antiques.
De Turnus, d'Enée, de Sophocle, d'Auguste,
&c.
Deffeim.
De Raphaël, Jules Romain,Perin del
Vago
,
d'André del Sarte, Leonard de
Vinci, A. Carrache, André Mautegne A.Brufcoli, Lucas Cangiato , , Paul Veronese,
Campagnola
,
Baccio Bandinelli, le
Titien, Pietro Testa
,
Tadée & Frederic
Zucre, &c. de Hemskerk
,
Schorel, Swart
Jan, Breughel, Antoine Van Dyk
,
Rubens,
Jordans, Abr. Bloemart, Goltzins,
&c.
&c. Des Desseins enluminez de Flawel
Breughel, Nicolas Berghem, Van de
Velde, Ostad, Moninx, Kock
,
Saveri
& autres Peintres fameux des PaysBas.
Un Cabinet du Japon, enrichi de pierres
antiques, gravées en creux & en relief;
onix, cornalines,agathes, ambre, &c.
partilesquellesily a un Buste fait d'une
Hyacinte
,
de deux pouces de hauteur,
representant une Mater dolorosa
,
dont on
fait beaucoup de cas.
Medailles.
Soixante.trois Medailles d'or, dont les
deux premieresGrecques sont d'Alexandre,
& de Lysimachus. Les autres font Romaines
, & font une espece de suite depuis
Jules Cesar jusqu'à jtiftiiiien avec
quelques Revers peu communs. 11 y a à
la fin de cette fuite deux Medailles de
Rois de France de la premiere Race, qui
ne font pas nommes, & une Medaille
aussi d'or de Louis Roy de France &
de Naples, avec cette Legende au Revers:
VerdamBabylonis nomen.
Une suite de Medailles Romaines d'ar-
-
gent d'Empereurs&d'Imperatrices, avec
des Revers rares.
Une autre fuite d'Empereurs & d'Imperatrices
en bronze, dont les Revers font
des plus rares.
t
Une suite des Medailles Grecques des
Empereurs
Empereurs Romains,avec de bons Revers.
Et diverses Medailles de Princes &
de Villes de Grece, comme aussi quel.
ques-unes des Colonies.
Le Roy aaccordé un Privilege exclusis
à M du Quet,Ingenieur, sur le Mouvement
alternatif,qu'il a inventé, pour faire
jouer des fleaux par le secours d'un cheval , & battre autant de bled pendant le même
espace de temps, que peuvent faire sept
Batteurs, par l'usage des fleaux à l'ordinaire.
Cette invention qui délivre les hommes
d'un travail plus convenable aux chevaux
qu'à eux, présente un gain considerable
aux Laboureurs.
La demeure de M. du Quet est dans
la rue de l'Arbre-sec, vis-à-vis du petit
Paradis.
M. Couston l'aîné, excellent Sculpteur
de l'Academie Royale de Peinture & Sculpture,
travaille au Buste du Royen marbre
; il servira pour fraper la Medaille du
Sacre de S. M.
Cette Academie vient de faire une perte
tres-conlideraele en la personne du Sieur
Gilot,Peintre& Graveur, d'un genie singulier
& tres-abondant. Il est mort le 7 de
ce mois,âgé d'enviton 48 ans; il étoit
natif de Langres.
Suite
Suite des Medailles du Roy
, avec l'explication
des Types & Legendes.
MEDAILLE V. L'Esperance que donne le Roy. On voit
d'un côté la tête de Louis XV
, avec
l'inscription ordinaire. Revers, Le Soleil
levant. Legende: Jubet sperare: Il flatte
notreesperance. Exergue , 1715.
VI.
L'application de Monsieur le Regent aux
affaires. D'un côté la tête de ce Prince
avec l'inscription ordinaire. Revers, La
France assise, écrivant ces mots sur un bouclier
votif: Vota ptlblÙa)Vux publics.
Legende: Confervatori fao, A son Conservateur.
Exergue, 1716.
VII.
La Chambre du Justice. D'un côté la
tête de Louis XV avec l'inscription ordinaire.
Revers: Hercule qui ayant enfoncé
la Caverne de Cacus, est sur le point de
Panommer, & pour Legende ces mots
d'Horace, Vindex avaroe fraudis : Vangeur
de la fraude& de l'avarice. Exergue,
Chambre de Justice 1716.
Spectacles
SPECTACLES.
LE Samedi 16 de ce mois, les Comediens
François ont remis au Theâtre
la Tragedie d'Orefle & Pilade de M. de
la Grange, qu'on n'avoit point encore
repris depuis l'année 1698,qu'elle fut
jouée dans sa nouveauté. La Dlle Champmeslé
y joua le Rôle d'Iphigenieenviron
douze fois: la Piece, qui eut un fort grand
succès, fut interrompue par la maladie &
la mort de cette celebre Actrice
,
à laquelle
laDlle Desmares succeda dans le même
:
Rôle. Les Rôles de Thomiris, de Thoas,
d'Oreste&dePilade étoientremplis par
la Dlle & par les Srs Champmeslé,
Baubourg & Baron fils. Ces Rôles font
jouez aujourd'huy par les Dlles le Couvreur&
Dangeville, par le Sr le Grand,
& par les Srs Quinaut.
Quoique M. de la Grange n'eut pas 20
ans quand il fit cette Piece, ce n'etf pas
son premier Ouvrage; ilavoit fait quatre
ans auparavant la Tragedied'Adherbal
Roy de Numidie;il donna en 1699, Meleagre
Tragedie,en 1700, Athenais Tragedie
, en 1701 ,
AmasisTragedie. Il fit
en 1702 pour l'Opera la Tragedie de Medusy
Roy des Medes, mise en Musique
par
par M. Bouvard. En 1/04 la Tragedie
d'Alceste, en 1706l'Operade Cassandre,
mis en musique par Mrs Bouvard & Bertin.
Il donna au mois de Mars 1713 sa Tragedied'Ino
& Melicerte, qui sur représentée
quatorze fois avec succès
,
& au mois
de Novembre1716;Sophonisbe,Tragedie
qui ne fut jouée que quatre fois.
On a representé pour la premiere fois
le 19 de ce mois l'Opiniâtre, Comedie nouvelle
en vers, & en trois Actes, qui a
été fort bien reçue du Public. Elle est de
l'Auteur du Grondeur: nous en parlerons
plus amplement.
Le 21, le Sr Poisson, frere cadet de
celui qui vient de quitter le Theâtre, a
paru pour la premiere fois dans la Comédie
d'Amphitrion de Moliere, & y a joué le
Rôle de Sosie avec un applaudissementuniversel;
il a du feu & de la vivacité; on lui
trouve beaucoup decet heureux naturel ÔC
des graces de son pere & de son grand-pere.
L'Academie Royale de Musique a représenté
le 11 de ce mois le Ballet des Saisons,
qui n'avoit pas été joué depuis dix ans.
Le Poëme est de M. Picque, Auteurde
de deux autres Opera, la Naissance de
Venus & Aricie: la Musique est de M.
Colasse, à l'exception des airs de Baller,
qui font de M. de Lulli. Il fut representé
pour
pour la premiere fois en 1695.
- CeBallet, composé d'un Prologue &
de quatre Entrées, est assez bien reçu du
Public, quoiqu'il soit donné après deux
xlesplusbeaux Opéra de M. deLully,
--qu'on vient de quitter. -
,
Le Sr Thevenard chante dans lePrologue
le Rôle d'Apollon;-
dans la premiere
Entrée les Rôlesdu Printems & deZephize
font remplis par les Sr s Muraire & Tribout.
La DlleHermans qui chante celui de
Etore, est fort applaudie dans l'aittendre
:..& brillant, - ,
Amour, tu m'as soumise encore à ta puissance,&6*
Les Rôles de Vertumne & de l'Eté dans
a feconde Entrée sontchantez parlesSrs -
Thevenard & Granet, &ceux de Pomone
Se de Cerès par les Dlles Antier & Le -
Maure.
Dans la troisiéme Entrée, les Srs le frlirc
g: Dun chantent les Rôles de l'Automne 8c
Bl Bacchus, & la Dlle Tulou celui d'Aiane.
laLes Srs Dubourg & Artaud jouent dans quatrième Entrée les Rôles deBorée 8c i.del'Hyver,&Mlle-Antier qui ne cesse
irdietes'attirer les applaudissemens qu'elle me- dans tout ce qu'elle chante, celui d'rirhi; elle brille sur tout dans ce bel air Meplaindrai -jetoujours,Amour,souston
empire? "&c.
THEATRE ITALIEN. yOici le discours &r le Sonnet Italien
que la Dlle Flaminia premiere Actrice
de la Comedie Italienne, prononça a
l'ouverture duTheâtre, pour suppléer, à
l'absence du Sr Riccoboni Lelio son mari qui n'a , pu trouver place dans notre dernier
Mercure
, & que nous donnons pour
satisfaire à l'empressementdes amateurs de
la Langue Italienne. Après avoir marqué
quelque embarras sur la necessité qu'on lui
imposoit de faire un compliment, elle
commença ainsi:
COM E? dunque da voi violentata, faro
costreta à sciogliere,piu tosto che ogni altro la
Lingua allapresenza di cosinobiliSpettatori per
suplicarlidi bentgnaaJfljien^a ! éche speratedal
discorsoche esca della mente di unll donna ?
L'obligatecosi generosi ascoltanti a nostro avantaggio
non e impiego per una femina a cui mAnc*
l'arte di persuadere: ma voi tutti vi tacete ,
e mi volete al grande impegno
,
sia.
Setalefosse oggi la nostraComediaquale si vidde
quellaall'ora che della Grecia traendo ; natali
coll' avanzarsi del tempo e d'onore
, e digloria
aricchita comparue ,si che per decorate.i
recitattivi racconti e di marmi finissimi
, e di
piu ricco argento ornavansi iTeatri, e si concedevano
le palme à piu famosi recitanti,e da
statue la loro memoria ettirna rendevasi, ed in
varie guise a loro si acresceva la gloria ,con
quanto piu diardire,onobilissimiSignori, verrei
ad
ad offrirvi questa nostra ,
che ctimerei veramenta
degna di voi ,
se con l'antico decoro, el'antica
condotta guidata ella fosse : ma pur troppo varia
g la forte e col corso del tempocangia quasi di
faccia anche l'aspetto del defiino.
Tuttavia anche mancando LI nosirA Comedia
di un cosi alto fplendore
,
prenderei qualchecoraggio
per pregarvi del vostro benigno compatimento
,se tale potessimonoi rapresentarvela,quale
sotto del nostrocielo compare adorna.
Cola le varte forti di rapresentattonifanno il
nostro teatro piu dilettevole, ed il nostro idtoma
nel proprio paese inteso
, a i tragici componimenti
,
ed alle Comedie di comico e di ferio
miste, lascia un libero campo ..J?er divertire
gratamente i Spettatori. li Comici Italiani nofirt
Predecessori trovatisi in Parigi ove la loro materna
Itngna non era intesa,sisonovedutialla
necessita di parlare il Francese ,e perche non cosi
di facile un straniero aprende un altro linguaggio
,
il loro discorso imperfetto nella pronuncta
adattavasi piu col Comico che adogn' altro
genere di rapresentatione. Questo a fatto nascère
fra loro qutlla forte di Comedia,che nel Teatro
Italiano, cosi nomato ,
si legge. Componimenti
(hefrottole ponnochimarst,enonComedie.Han
ouefii per molti anni fujfijfito in questa nobile
Citta
,
ed IIlorll che un sourano e favorevole
comando hà riccondotto gl'ltaliani Comici in
Pariggi, loro e convenuto accomodarisi a quel
- genere di cose, delle quali il pa,:{e , era inuafo ,
e per l'impressione che dal raconto denostri Padri
si ritragge, e perche l'ltalillno ntn é fuo r del
° suo proprio paese comunemente inteso. gutsto sa
che I'Anditorio della Comedia Italiana , non
conosciuta,che dal lato del ridicolo,dimanda
solo di ridere, e chi nel nostro Teatro si riduce, solo alle risa. disposto ne viene.
DIt ció hebbe, ed d origine quellavarieta di
cose che la povera nostraComedia han eeft
miseramente sfigurata.
Conoscendola io pero tanto dall'ordine suo diversa
,
che poffo offerire che vaglia ad appagare
,i/ sotilissimoingegno di chi fraqueste mttra attende
da noi esca degna delsuo grandspirito.
Mapoiche una bellaforte ci hà condotti fottra di questo cielo doue gta permoldannigodiamo
gli ejfetti benigni di sue influenze, non vo con
dispreggio tale abbatere lenostre fatiche si che
tolga a voi la jaffereYya per ascostarle
, ed a ntÎ
il toraggio per azardarle.
Ció che vi offerisco ,o nobilissimi Spttt/ltori"
il nostro Cuore, mai pagodiaffaticarsipermeritare
da voi se non loda
, almeno compatimeto. SONETTO,
ALmll Lutetia mill, uco ragiono ,
A cut splende nel Ciel sebo secondo
,
Ein cui pur ode con invidia il mondt
Delle njtrgint dive il dolcesuono.
Date, madre d'ingegni ,attende in dono
Or la nostra Talia nuovo , e secondo
Lauro, che adorni il nobil crin suo biondo,
Porche pit* letta qui si Assida in Trono.
La tua tnerce ritorni a la smarita
Diva la gloria ,
é la negletta omai
Fia nostra Scena d'altro onor vestita,
E poiche per virtute altera vai, v
E'l portico, e'lliceo in té saddita ,
L'ltalo socco ancor chiaro sarai.
Tl(.ADVCIJON'
TRADUCTIONSOMMAIRE
du compliment.
MESSIEURS,
Si notre Comédie étoit telle aujourd'huy
qu'elle sur autrefois, lorsque redevable de sa'
naissance à la Grece, elle parut dage en âge
enrichie d'honneur & de gloire, que la pompe
& la magnificence relevoient l'éclat du Theâtre,
& que les Prix & les Statuës s'acoi doient aux
plus fameux Acteurs, nous vous l'offr irions avec
d'autant plus de confiance qu'elle seroit veritablement
digne de vous. Quoiqu'ellefo:t privée
de cetéclat, nous nous flaterions encore de
pouvoir meriter l'honneur que vous nousfaites
d'yassîster
,
si nous pouvions du moins lui conserver
en France les mêmes agrémens qu'elle a'
en Italie.
Mais malheureusement plusieurs choses contribuent
à nous en ravir les moyens, la delicatesse
de notre Langue soutient la beauté des-
Pieces qu'on y represente, & l'agréable mélange
du Tragique & du Comique, du Serieux &
du Burlesque y laisse aux Acteurs un champ
beaucoup plus libre pour amuser agréablement
les Speaateurs s ici nous sommes pri vez de
tous ces avantages, de forte que par l'impuissance
où nous nous trouvons de pouvoir nous
faire entendre à la plupart des Auditeurs, nous
sommes réduits à la triste necessité de mêler
danspresque toutes nos Pieces des Scenes'
Françoises, ce qui forme une composition bizarre
, quia plutôt le caractere d'un assemblage
de Vaudevilles que de tout autre genre de Comedie
,
& dont tout le merite fc reduit à exciter
à rire ceux qui nous écoutent.
Comme vous sentez mieux que nous, Mesfleurs
,
l'impossibilité dans laquelle nousnous
trouvons de satisfaire pleinement le desir Au-,
cere que nousavons de vous plaire, dans une
Langue qui nousest étrangere ,& dont la véritable
prononciation nous est presque impossible,
nous osons cependant esperer, que si nous ne
pouvons meriter des louanges de votre part, les efforts que nous ferons pour ne pas rendre
les Pieces que nous jouerons cout-a faitméprisables
, nous feront du moins meriter votre indulgence
,
& enfin que la bonne volonté que
vous remarquerez toujours en nous nous tiendra
lieu de merite.
Voici le sens du SonnetItalien.
Paris, Ville celebre, où Apollon& les Muses
font entendre des chants qui meritent l'attention
de tout l'Univers,mere des beaux esprits,
notre Thalie attend de toi que tu ceignes sa tête
d'un nouveau & fertile Laurier; si tu daignes te
déclarer en safaveur
, tes jugemens aussi renommez
que l'éroient ceux du Portique & du Lycée
lui rendront son premier lustre.
Les ComediensItaliens ontrepresenté le J:de
ce mois la Surprise de l'Amour, Piece nouvelle
Françoise en trois Ades, avec un Divertissement
à la
fin
de la Comedie, dont voicy l'Extrait.
Lelio est trahi par une maîtresse; il enest si
piqué qu'il l'abandonne de dépit, & se retire à
une maison de Campagne,avec une ferme resolution
, non feulement de ne plus frequenter
des femmes, pour ne pas exposer son coeur au
danger d'aimer, mais encore deles mépriser:
&
&de publier leurs deffauts toutes les fois qu'il
est trouvera l'occasion ; Arlequin son Valet qui
aimoit de soncôtélaSuivantede laDameinfidelle
,
& qui n'en a pas été mieux traité que
son Maître, prend la même resolution & les
mêmes sentimens
,
& accompagne son Maître
à cette Campagne; après y avoir passé quelque
tems , il y arrive une Dame inconnue à Lelio,
& cette Dame ( qu'on appelle la Comtesse) n'a .J
jamais vu niconnu Lelio j Madame la Comtesse
est fort opposée à tout ce qu'on appelle
amour ou galanterie ; le dereglement de conduite
& Je raisonqu'ellea remarqué dans plusieurs
Amants, lui ont donné de l'aversion &
de l'éloignement pour tout ce qui s'appelle tendre
engagement,&!'oaf persuadée qu'un homme
ne meritoit pas d'étreaimé comme amant,
& qu'une femme s'avilissoit toujours quand elle
s'avifoit d'aimer quelqu'un,&c. Sur ce principe
il n'yavoit pas beaucoup d apparence que Lelio&
la Comtesse pussent lier quelque conversation
ensemble,& encore moins de contracter
quelque amitié entre eux;cependant c'estl'amour
, contre lequel ces deux personnessedechaînent
qui donne sujet à leur premiere entrevue.
Le Fermier de la Comtesse amoureux
de la Fermiere de Lelio, & voulant l'épouser
s'avise de prier la Comtesse de faire , trouver
bon à Leliod'épouser sa Fermiere; laComtesse
promet de faire cette priere, & d'engager même
Lelio de faire quelque present à sa Fermiere
en faveur de ce mariage.
La Comtesse n'est pas long-tems à rencontrer
Lelio
, elle le trouve à la promenade, Lelio
veut s'éloigner d'abord qu'il l'apperçoit, mais
la Comtesse le fait appeller pour lui dire qu'elle
a quelque chose à lui faire sçavoir ; Lelio ,en l'abordant, lui fait ses excuses sur ce qu'ils'étoit
d'abord éloigné d'elle,&c. Qu'ellenedoit
attribuer cette démarche qu'à une forte resolution
qu'il a prise de fuir désormais toutes les
femmes, à cause d'une infidélité qu'uneMaîtresse
lui a faiteautrefois,&c. La Comtesse est
fort piquée des idéesqueLeliofaitparoîtreau
sujet des femmes,elle ne contredit pas d'abord
ses sentimens
,
elle blâme même l'infidélitéde
cette Maitresse, qui n'est causée
,
dit ellequelquefois
que par le ridicule des hommes, &
qu'elle pourroit bien lui donner des preuves
convaincantes de ce ridicule, si elle vouloit
s'en donner la peine, en le rendant,lui Lelio,
aussi amoureux qu'il l'a été de cette premiere
Maitrelle : Lelio défie la Comtesse d'une pareille
tentative; &c. Cette conversation
, jointe audéfi,
jetre dans l'ame de ces deux personnes je
ne sçai quelle revolte d'amour-propre l'un contre
l'autre qu'on voit naître dans l'instant
,
&
qui éclate dans la fuite par un Billet que la
Comtesse écrit à Lelio au sujet du Fermier&
de la Fermiere, par lequel elle lui mande qu'il
est inutile de se voir davantage pour une affaire
de si peu de consequence ,&c. Cette Lettre qui
ne décidé rien sur l'affaire du Fermier,ne fait,
qu'augmenter l'envie & l'empressement de Lelio
de revoir la Comtesse, laquelle ne souhaite pas
moins de son côté de revoir Lelio.
Cependant le Fermier de laComtesse,àqui
lamauvaise humeur de Lelio contre les femmes,
a donné mauvais exemple, s'avise de vouloir
faire l'épreuve de la fidélité de la Fermiere ;
mais celle cy en est si irritée qu'elle vient demander
son congé à Lelio pour sortir du Village
, afin de n'être plus à portée de pardonner
à son Amant,&c.
La Comtesse arrive un moment aprés, cherchant
un Portrait qu'elle a perdu ; Lelio fait
semblant
semblant de ne pas l'appercevoir,& de se promener
,
mais la Comtesse en cherchant le Portrait
s'approche si fort de lui qu'il ne peut plus
éviter de lui parler; Cette Scene est fortplaisante
par le jeu de Theatre,de voir deux pérsonnes
qui font semblant de ne vouloir pas se,
trouver, & qui ne demandent pas mieux que
de se joindre & de lier conversation ce qui ne
manque pas d'arriver dans l'instant. Cependant
quelque remord qui prend à Lelio, l'oblige de
quitter la Comtesse assez brusquement; mais sa
fermeté l'abandonne à quatre pas de-là
,
il se
ravise
, & revient sur ses pas pour rejoindre la
Comtesse, laquelle de son côté étant fort fâchée
du départ de Lelio
, trouve un prétexte de
Je faire rapeller ;ils se trouventtous les deux
un instant après presque face à face
, comme
des gens qui se cherchent avec empressement,
ce qui produit sur la Scene un jeuassezplaisant.
La Comtesse demande enfin à Lelio d'une maniere
assez vive ce qu'il a encore à lui dire; Lelio
répond que sa Fermière neveut plus épouser le
Fermier
, &c. Ce discours occasionne entre eux
une querelle bizarre, dans laquelleilssedisent
à tout moment qu'ils s'aiment, en voulant s'efforcer
de se persuader le contraire. Ils finissent
certe conversation par l'assurance que Lelio
donne à la Comtesse de finir le mariage du
Fermier ,&c. Enfin la Comtesse & Lelio moins
en état que jamais de cacher le penchant qu'ils
ontl'un pour l'autre, ouvrent enfin les yeux &sedévelopent réciproquement ,- ce qu'ilsont
de plus caché dans le coeur, &c. Le Portrait
de la Comtesse qu'elle a égaré. trouvé par
Arlequin, & gardé par Lclio
,
fous pretexte
qu'il ressemblé à une parenté qu'il aimoit
beaucoup,est une preuve convaincante de l'aaafcur
que Lelio a pour la ComtdIe, cette
pteuve est-suivie de l'aveu que Lelio lui enfait
, la Comtesse ne peut pas s'empêcher de
lui en faire un semblable. C'est par où la Comediefinit
avec le mariage du Fermier & de
la Fermiere ,qui ferme le divertissement de la
Piéce; Arlequin,Valet de Lelio
, & Colombine
Suivante de la Comtesse, font un jeu dans la
Pièce tout à-fait divertissant, nous n'en dirons
rien pour ne pas entrer dans un trop grand
détail.
La Pieceà été fort bien reçûedu Publicpar
la simplicité de l'intrigue
,
qui ne roûle que
sur les mouvemens de deux principaux Personnages.
LaDlle. Silvia jouë le fien d'une
maniere qui ne laisse rien à souhaiter. La Dlle.
Flaminia n'apas été moins aplaudie dans son
Rôle de Suivante, qu'elle a joüé avec autant
de feu qu'elleen fait paroître dans lesScenes
qu'elle compose
,
le sieur Lelio,à qui la Langue
Françoise ne devroit pas naturellement être si
familière
, a joüé son Rôle qui est tout François
en perfection
, & Arlequin a joüé le sien à
jfoo ordinaire
,
c'est-à-dire, àla satisfaction de
tout le Public.
NOUVELLES ETRANGERES.
-
De pekin, ceil Janvier 1721. xe"*t N mande de la Chine qu'il y a eu
à Pekin un tremblement de terre le
1 11 Juillet 1710: cetremblement
ne se fit sentir avec violence que
v vers le milieu de lanuit j il durajurgu,
au lendemain sept heures du matin avec
differentes secousses, dont la derniere fut la plus,
1 dangereuse,
dangereuse. Il est tombé plusieurs Temples Se
Edifices publics, qui ont enveloppé fous leurs
ruines un très grand nombre d'Habitans consternez.
Ce tremblement de terre a parcouru
jusqu'au 28 du même mois toutes les Provinces
Méridionales & Orientales de ce vaste Empire >
mais il n'a incommodé considerablement que le
Pekeli, le Channfi
,
le Honnan ,
& le Cannton.
Le 14 du mois suivant une éclipse du soleil presque
totale, augmenta terriblement la confiernation
du peuple Chinois, qui n'a pas sur ces
matieres la tranquillité des Mandarins éclairez.
Cette éclipse commença à dix heures43 minutes
du matin, & finir à une heure 42 minutes après
midi. Quelques jours après un Jeûne général
de quatre jours fut ordonné par l'Empereur,.
qui lui même donna l'exemple de ce qu'il commandoit.
Ensuite il assigna les fonds necessaires
pour relever les édifices publics renversez par
le tremblement de terre, & partit de Pekin
pour se rendre au Château qu'il a fait bâtir au pied d'une des montagnes de la Tartarie. Il
fut' accompagné dans ce voyage par les R. Peres
Jean Mouraon, & Dominique Parrenim Jesuites.
& suivi par les Seigneurs de sa Cour & ses principaux
Minîstres; ils eurent permission d'y demeurer
avec lui pendant tout le temps que dura
la grande-chasse des Tigres
,
qui se fit par son
ordre, pour extirper ces animaux feroces qui.
ravageoient depuis plusieurs années ce pays.
L'Empereur revintle 2° deNovembresuivantà
Cham chum-yam, Maison de plaisance située à
trois lieuës de Pekin : là il partagea avec ses
Sujets les réjoüissances extraordinaires que fit
naître pendant huit jours consecutifs la victoire
signalée que l'un de ses fils avoit remportée le -
14 du même mois sur les Peuples du Royaume
du Grand Tibet, qui ont enfinétésournis par
ce jeune Prince, avec la plus grande partie des
Provinces qui les confinent, & qui reconnoissent
prefentcment la domination de l'Empereur
de la Chine. Le R. Pere Cardofo Jesuite
,
est de
retour en cette Ville, après avoir employé six
années entiercs à visiter le Royaume,& àlever
une Carte générale de l'Empire.
De l'Isle de Bourbon. cEtte Isle appellée autrefois Mascaragne
,
da"
nom d'un Capitaine ou Chef des Portugais
qui , en firent la découverte, elt htuée en Affrique
dans l'Océan Ethiopique. Elle est à l'Orient de
l'isle de Saint Laurent ou de Madagascar, longue
d'environ a5 lieues,&largede14.LesPortugais
s'y étoient établis autrefois, mais ellea
passésous la domination des François, qui lui
ont donné le nom qu'elle porte aujourd'huy.
On dit qu'il y a une montagne qui jette du feu:
le pays est fertile, les eaux y font saines, & en
y a presque toutes lescommoditez de l'Isle de
Madagascar,avec les Ports de Saint Paul & de
l'Assomption, où font les habitations des François.
On écrit decetteIsledu mcis de Novembre
1721. quele premierOctobre le Dragon,Vaisseau
Forban Anglois, arriva à l'Isle de Mada-
* gascar, commandé par le Capitaine Congdon,
owi a un bras coupé; il venoit de faire UIKJ prise très riche sur les Maures, prèsde Surate;
Ce Forban nefit aucun tort à un petit bâtiment
Anglois-
,
nomme le Cooker, commandé par
M. Henry B ker, propriétaire,qui étoit dans
Ja: même rade, lui ayant bien payé le vin & les
autres liqueurs qu'il lui prit.Ilmême
à venir à l'isle de Bourbon de sa part de-
Jnande.oeniaie,.,&passer sur cette Isle trois
ChirurgiensChirurgiens
qu'il avoit pris sur dîsserens Navires
,
l'un François Be Parisien
,
nommé du Vernet,
enlevé sur un des Vaisseaux que M. de
FraociofS commandoit pour la Rivière de ht'
Plate; l'autre Flamand. pris vers le Cap de
Bonne-Esperance sur le Prince Eugene
,
VaHfeau-
Ostendois; & le troisiéme Anglois, pris aullisur
un Vaisseau d'Ostende.
Pour s'assurer du retour du Cooker, le Forban
lui avoit pris son Capitaine, son Chirurgien,
son Charpentier, 8c deuxMatelots i comme
aussi une partie de sa cargaison, avec promesse
de lui rendre le tout à son retour, &del'indemniser
du tort qu'il lui faisoit.
LeCooker moüilla le 15 Novembre à l'Islé.
de Bourbon ; M. Beker & les trois Chirurgiens.
firent leur déclaration, fous ferment à M. de
Courchant, qui en est Gouverneur, &qui avoit
ordre de la Compagnie des Indes, non seulement
de recevoir les gens sans aveu qui viendroient
lui remettre leurs Bâtimens, mais encore
d'employer toutes fortes demoyens pour
les attirer sur L'Isle,&par là leur faireabandonner
la piraterie.
Cette déclaration consistoit à dire que les
Forbans les avoient assurezque si onleur accordoit
une Amnistie, ils viendroient à tflfle de
Bourbon
J' pour remettre leur Vaisseau
, armes
& munitions à M. le Gouverneur, se foumettre
à ses ordres, & se faire boas & fideles
Sujetsdu Roy de. France, mais qu'au cas qu'il
n'yeut point d'Amnistiepour eux, qu'ils fortiroient
en quatre mois, &qu'ils feraient le plus
de mal & de dommage qu'ils pourroient, jusqu'àce
qu'oneut envoyé uneAmnistie d'Europe.
M. de Courc hant assembla le Conseil Prov
incial de 1*fie
,
lequel ayant mûrement exaléine
& peséles.moyensdetirer ces Piratesde
leurs
leurs desordres, pour le bien des Nations qui
trafiquent dans l'Inde, aprouva touc d'une voix
&signa l'Amnistie, qui fut envoyée pourx hommes, avec une Lettre au Capitaine Congdon.
Sur la fin de Decembre suivant les Plibustiers
dépêcherent uneseconde fois à M. de Courchant
le même Cooker; & M. Beker en 1uy
donnant une Lettre du Capitaine Congdon,
lui dit queles Forbans avoientreçul'Amnistie,
& s'étoient fournis à toutes les conditions
j avec
les marques de la plus grande joye, & qu'ils
avoient sur l'heure commencé à regréer leur
Navire pour se rendre à luy d'autant plus promprement,
qu'ils voyoient déjà mourir plusieurs
deteurs gens, mais sur le point de partir,
quelques-uns d'entr'eux avoientformédes difficultez
; car comme la tranquillité elt le partage
des gens-de bien, rien n'est plus naturel
aux méchants que la crainte.
Le Gouverneur fit partir M. Bekerle; Janvier
1721, & r'assura les Forbans du mieux
qu'il put, pour les attirer,& se disposa à les
recevoir.
Enfin le 30 Janvier 1721. le Cooker-vint
moüiller à Saint Paul, chargé du Capitaine
Congdon avec42 de ses Flibustiers,presque
tous en très-mauvais état par le poison que <
, leuravoient donné les Noirs de Madagascar, dont le reste de l'équipage du Dragon "¡¡voie
péri. Ils avoient engagé M. Beker à lespasser
surMlle deBourbon, après aveir mis le feu
à deux autres de leurs Navires, dontilsavoient
auparavant encloüé le canon, qu'ils ne pouvolent
embarquer sur le petit Bâtiment Anglois.
Dans la traversée il leur étoit mort quatre
de leurs camarades; ils ne croyent pas qu'aucun
de ceux qui font restez puissent réchaper;
carplusieurss'étant traînez jusqu'au bord de la
", Mer
Mer pour s'embarquer, étoient tombez morts
avant de pouvoir mettre le pied dans la Chaloupe.
Les Noirs de Madagascar auront toujours
foin de détruire ainsi ceux qui ayant apporté
de l'argent dans leur Ille,voudront en sortir
avant de l'avoir dépensé. La débauche aide
encore beaucoup au poison, dont la cupidité
arme ces malheureuxInsulaires , & les querelles
préviennent souvent l'effet de l'un & de
l'autre.
Dès que le Capitaine Congdon s'apperçut
du poison. il se retira à son bord, où ilresta
toujours depuis avec les plus fages de son Equipage
sansallerà terre ,ce qui les a conservez.
Le 2 Fevrier 1711 la Mer grossit beaucoup,
& ou vit dans l'air toutes les marques d'un
orage qui se formoir. Le premier coup de vent
qui se fit sentir, commença par le Sud-Est,
ap..ès avoir paslé par 1 Est & par le Nord, jusqu'au
Nord Oxest, & à l'Quest-Nord-Ouest, où
il força rudement pendant quatre heures, la
nuit du 5 au 6> après quoy il continua son
tour jusqu'au Sud-Ouest, où il tomba le foir
du 6. Ce vent a fait grand tort dansles Habitations
où il a ravagé tout le mays qui s'y
étoit trouvé sur pied., 6c le riz qui étoit en épi.
Le plus fâcheux c'est la quantité d'arbres
de caffé creoles de Moka, auxquels il a fait
tort par la perte de plusieurs milliers de graines
déja formées,& qu'on auroit bien tôt semées ¡-
par. des branches brifées, & des arbres entiers
de caffé rompus, & quelques autres déracinez.
Les Habitans de l'Isle de Bourbon sentiront
rudementcette année la perte de leurs banainier5
dont le fruit leur est d'un grand secours
pour leur nourriture. Il avoir fait mauvais
temps pendant presque tout le mois de janvier,
mài,
mais il y avoit touj ours eu plus de pluye que
dé vent.
Depuis le ouragan ayant fait faire le recensement
de TOUS les arbres de caffé creoles de
Moka, dans tous les quartiers del'Isle, ils'enest
trouvé215 portant fruit,&3595 qui n'ont
pas encore porté On en va semer cette année
un grand nombre, malgré la quantité de
graines quele ouragan a détruites; ainsi quoi
qu'ilfoit à presumer qu'il perira encore beaucoup
de ces graines en terre, & que plusieurs
germes feront mangez au sortir de la terre par les
insectes,&qu'il yen aura encore de détruits
par d'autres accidens; On espere qu'ils vont
multiplieràmilliers, par les foins desHabitans,
dont la plûpart
,
quoique paresseux commencent
d'en connoîrre l'utilité, &- s'empressent
pour en avoir & pour les cultiver avec foin.
DeConstantinople, ce 20Mars 1722.
ONadécouvert àTripoliunenouvelle
conspiration contre le Deydepuis l'aiîaflînac
d'Asciaban, & la blessure de son fils. Les
Prisonniers mis à la question pour cette affaire,
ont déclaré qu'on avoit résolu parmi les Conjurez
de se defaire du Dey, & de changer la
formedu Gouvernement. La lifte des Complices
de ce projet criminel monte à cinquantecinq
personnes, dont quelques-uns ont déja été
punis de mort. Malgréla sever té des jugemens - le Dey n'estpas oncore tranquille sur les évenemens
; il porte des pistolets au Conseil,
route sa Cour est armée, & toutes les Gardes
doublées. Le GrandSeigneur a fait present à
la Regence de Tripolid'un Vaisseau de Guerre
decinquante. Canons.
M.Neplies, ResidentduCzar, eut audience
du
du Grand Visir le 13 Avril, &depuis a eu de
frequentes conferences tant avec ce Ministre,
qu'avec le Mufti.
L'Ambassadeur que le Roy de Perse a envoié
en cette Cour, y est reçu avec une grande'
distinction, le Grand Visir lui rend des honneurs
extraordinaires, & le Grand Seigneur v
declaré qu'il nommeroit incessamment un Ambassadeur
, pour aller àErivanconclure le Traité
de Commerce proposé par la Perse.
Le Résident de l'Empereur a fait partir un
Courier, pour avertir Sa Majesté Imperiale des
grands préparatifs de Guerre qui se font en'
Turquie.
On fait marcher du côté desDeserts d'Arabie
un Corps de Troupes nouvellementlevées
, pour
la défense des Caravanes. Ces Troupes marlqeusoient
de la repugnance pour un Service qui
oblige de se battre contre des peuples de'
leur Loy. Mais ce scrupule a été guéri par la,
promesse d'une double paye, & de la fourniture
gratuite des vivres, avec un tribut qui leur
seroit accordé par chaque Caravane. Ces Troupes
feront releyées dans deux ans, & Courenues
dans les cas requis par le Bacha d'Egypte, qui
en a l'ordre. Cet établissement a fort réjoui les
Pelerins de la Meque & les Marchands.
L'Ambassadeur deVenise en consequence du
Traité conclu entre la Porte& la Republique
au sujet de l'affaire des Duleignotes, a eu audience
du grand Visir
, & ensuite du Grand Seigneur
, à qui il a remis des presens considerables
, & deux cens Esclaves Turcs,à qui cet
Accommodement donne la liberté.
Le Ministre du Czar a porté ses plaintes au Grand Visir, à l'occasion des courses que les
Hussebecqs font dans leCandahar, &decelles
desLascis le long des Côtes de la Mer Caspien-
MS.y»
M, où ils ont surpris une petite Ville, dont
les habitans font presque tous Sujets de Sa Majessé
Czarienne:on luia répondu que ces
peuples n'étant ni Sujets ni Alliez de la Porte Ottomane
, on ne pouvoir se mêler de cette affaire.
Le 16 Mars, le Résident de l'Empereur fut
averti que le lendemain le Grand Seigneur l'admettroit
à son audience. Il se mit en marche
le 17dès la pointe du jour avec tout son cortcge.
&s'étant rendu du Fauxbourg de Pera
à l'entrée de Consantinople, il y fut reçupar
le Chiaussar Emini, ou son Maréchal, & par
le ChiauslarKiatibi, ou Secretaire des Chiaoux
qui , y avoient été envoyés avec vingt Chiaoux,
pour l'accompagner, & l'Oda des Janistaires :
Ils lui présenterent un tres-beau Cheval des
Ecuries de Sa Hautesse, qu'il monta; étant arri-
'Vé devant le Serrai, il rcfta à la porte jusqu'à ce
que le Grand Visir & les autres Officiers du Divan
y furent entrez avec leur fuite, & ensuite
il entra avec son Cortège, &ayant mis pied à
terre à la seconde porte ,
il fut conduit dans la
Salle du Divan, où il fut introduit par le Chiaou
Bacha ou Grand Maistre du Serrail, & par le Capucilar-
Chehayasi ou Grand Chambellan, tous
deux en habits de cerémonie, & tenant des bâtons
dorez dans leur main. Laie Résident de
l'Empereur fit son compliment,& après l'avoir
fait s'assit sur un tabouret audessous du Nichangi
Bachi. Le Grand Visir étoit placé sur un
banc long&couvert de brocard d'or, audessous
de la jalousie où étoit le Grand Seigneur. Le
Capitan Bacha ou Grand Amiral étoit à la droite
de la Jalousie, les deux Kadifleskiers à quelque
distance ; le Desterdar avec deux autres
Officiers étoient assis surun autre banc vis à vis leNichangi Bachi. On plaida d'abord quelques
Causes ,ensuite on apporta à laver, & on dressa : devant
dçyaat chaque Officier du Conseil des Tables,
qui furent couvertes d'une grande quantité de
differens mets: Mr DierlingMinistre de l'Empereur
,
fut conduit à celleduCapitan Bacha
beaupere du Grand Visir ,
, & après lui le premier
Officier de l'Etat, les Officiers de la fuite du
Résident furent placez aux autres tables. A la fin
durepas le Resident fut revetu du Caffetan,
ainsi que dixhuit personnes de son Cortege ,mais
il n'y eut que quatre des plus distinguez qui
eurent permission d'entrer avecloidanslaSalle
d'Audience:il y fut introduit par deux Chiaoux,
&suivi du premier Interprete duGrand Seigneur.
On voyoit Sa Hautesse sur un Trône élevé &
enrichi de pierreries, de perles & de plumes
d'Autruche; ce Trône étoit fait en forme delit.
Le Grand Visir & le Capitan Bacha étoient debout
aux deux côtez. Le Resident de l'Empereur
fit les reverences accoutumées,& présenta
au Grand Seigneur les lettres de créance de Sa
Majesté Ilr.peri;¡:) après avoir fait une courte
harangue en Latin, il seretirade laSalle; on
recommença les mêmes ccremonies observées à
son arrivée, en lereconduisanthorsdelaSalle
du Divan; il monta à cheval dans la Cour, où
il attendit que le Grand Visir & les autres Officiers
en fussent fortis: ensuiteil continua sa
marche, & retourna dans son Hôtel au Fauxbourg
de Pera : en passant par le Port il fut salué
d'une décharge de toute l'Artillerie d'un Vaisseau
Venitien qui étoir à l'ancre depuis quelques
jours.
De Moscou le 4 jivril 1722.
ON croit ici que le Czar nommera pour
son successeur le Prince Nariskin son neveu.
On debite même que Sa Majesté Czarienne
luy
luy a écrit fort gracieusement sur ce sujet. 0D1
observe que dans l'année 1498, Jean Bafilowitzdisposa
de sa succession en faveur de son
neveu; il changea cette disposition en l'année
1502, & rétablit son fils dans le droit delui
succeder. On travaille assiduement à l'établissement
d'une Poste reglée d'ici à Peterbourg : les
Couriers passeront par Novogrod, Weliki &
Olonits: les Paisansserontobligez de fournir à
chaque Relais vingt chevaux, qui feront nourisaux
dépens de Sa MajestéCzarienne.
Le Czar est parti d'Olonits le 13 Mars, &avant
que de revenir à Moscou
,
il estallé visiter quelques
Forges. Missa-Aga est arrivé ici sans ca,
ractere, pour complimenter Sa MajestéCzarienne
de la part du Grand Seigneur, sur la conclusion
dela paixavecla Suede. M. Dafchof Envoyé
Extraordinairedu Czar à laPorteest aussiarrivé
de Constantinople.
Sa Majesté Czarienne estarrivée d'Olonitsle
%) Mars. Les vingt-deux Escadrons& les six
Régimens d'Infanterie destinez pour passer dans
la Province d'Astracan font prests à- marcher.
Mais on ne sçait pas encore qui fera le Commandant
chargé de ces Troupes ,
& de l'Expedition
qu'on en attend. Le départ du Czar pour
Astracan est fixé au premier May. Sa Majesté
Czarienne a déja envoyé par le Volga trente
mille hommes pour reduire les Calmoucs&les
Tartares, qui par leurs Courses fréquentes
nuisoientaucommerce des Caravanes Moscovites.
Le Capitaine Jean Vaast qui a levé la Carte
desCôtesdela Mer Caspienne, doit s'y rendre
incessamment, pour s'emparer de quelques Placesde
la Georgie & du Daguestan, & y construire
des Forts quile rendront maître de cette Mer.
"près cette Expedition le Czar ira àArchangel
gel; il ya fait construire dix Fregates & soixante
&dixGaleres.
On mande de Peterbourg ,que le grand Canal
qu'on fait pour la décharge des Eaux de la
Mer dans le Lac de Ladoga est fort avancé
,
& on
croit qu'il fera achevé avant la fin de l'année. Le
Czar a fait de grands changemens dans les differens
Colleges établis à Peterbourg tant pour ce
qui regarde le Gouvernement, que pour l'administration
de la Justice; on a envoyé dans d'autres
Provinces, pour y établir une nouvelle
forme de Gouvernement,plusieurs étrangers,
quiétoientemployez dans cesColleges.
De Stokolm, ce 16 Mars1722.
LA Cour a pris le deuil de la mort de la DuchesseDouairiere
de Zell, qui a étéannoncée
par M. Finch, Ministre de Sa Majesté Britannique
auprès duRoy de Suede. M. Hopcken Secretaire d'Etat, aconferé , avec Sa Majesté,
au su jet du Memoire que M. Bertuchef Ministre
du Czar lui a remis. Ce Memoire concerne les
Provinces cedées à Sa Majesté Czarienne par le
Traité de Nystadt. Ou doit y répondre incessamment,
sans donner au Czar d'autres titres
que ceux qui lui font ordinairement accordés.
Les Anglois établis dans ce Royaume, ont été
déchargez de la taxe imposée depuistrois ans
sur les Domestiques. L'Article XII du dernier
Traité fait entre cette Couronne & celle d'Angleterre
porte en termesexprès, qu'ils ne pourront
être compris dans les Rôles des Impositions
extraordinaires.
On dit que M. Bertuchef Ministre du Czar ,
a prié le Roy de la part de Sa MajestéCzarienne
d'accorder le titre d'Altede Royale au Duc de
Holstein; mais on ne croit pas qu'il y ait encore
core de réponse positive sur cet article. On
parle fort d'une entrevue entre Sa Majesté, & tes
Rois d'Angleterre, de Pologne & de Prusse.
On a envoyé des ordres à Carelscron
, pour
y faire équiperauplutôt quatorze Vaisseaux
de Guerre, qui doivent sejoindre, à ce que
l'on dit, à l'Escadre réunie que le Roy d'Angleterre
& de Danenmark doivent mettre incessament
en Mer.
Le Conseil de Guerre assemblé sur l'affaire
du Colonel Stobens, rendit ces jours passez une
Sentence, qui condamne le Capitaine Guldenroot
à être décapité, deux Officiers subalternes
4 être exposez au Pilory
, & marquez au front
par la main de l'Executeur, & ensuite transportezà
Maelstrand en Norvege, &l'Avocat Serlatius
à une prison d'un mois, & de là au banissement.
De Coppenhague ce19 Avril1722. LA Cour a pris ledeüil pour la mort de la
ComtesseDoüairiere de Reventlau , mere de
la Reine,& veuve du Grand Chancelier de ce
Royaume.
Tous les Matelots qui font au serviceduRoy
ont ordre de se rendre en cette Ville au commencement
du mois de May prochain pour
monter la Flote qu'on y équipe. Ondit qu'on
va faire passervingt mille hommes dans le
Holstein pour le deffendre contre le Czar
, au
cas qu'il ne survienne point d'accommodement
en cetteCour avec lui.
On a publié une Ordonnance qui enjoint
fous peine de mort & de confiscation
, aux Soldats
qui avoient eu pemission d'aller servir
chez les Etrangers ,de revenir icy dans un certain
tems. Les Troupes qui étoient enquartier
dans
dans la Norvege reviennent dans ce Royaume.
L'Escadre que le Roy met cette année en
Mer, fera composée de vingt-un Vaisseaux de
guerre, on soupçonne qu'il en laissera le Com-
•
mandement à M. le Chevalier Jean Jennings,
-qui doit commander l'Escadre d'Angleterre.
1
De Varsovie, ce 21 Avril 1722.
iM Popieli, Envoyé Extraordinaire de laRe-
* publique à la Courdu Grand Seigneur,
est parti depuis quelques jours, & pour éviter
les difficultés de sa reception à Constantinople,
le Grand General de la Couronne a envoyé au
Bacha de Chocsin le détail de la fuite de ce
Ministre , &le Bacha de Chocfin doit en don- ! ;ner avis au Grand Visir.LesRegimensMoscovites
continuent d'arriver sur les frontieres de la Carlande
,
mais ils n'y font plus de degât.
Les Magistrats de Dantzik laissent toujours enlever
des grains au Commissaire du Czar, malgré
les deffenses du Roy de Pologne.
M. Santini Nonce du Pape,reçoit presentement
visite des Senateurs qui font encette Ville, à qui il a fait part de son arrivée. Il a aussi
envoyé aux Evêques des Lettres Circulaires
pour la publication de la Bulledu Jubilé que le Pape a accordé au Monde Chrétien ausujet
,¡de son Exaltation au Pontificat.
,i' On mande des frontieres que les Turcs y font
de grands mouvemens, & qu'on pense que leur
"rldfeindl d'attaquer la Pologne. Le Grand General
de l'Armée de la Couronne a dépêché au Roy un Courier, pour lui porter cette nou- velle. L'Armée de la Couronne s'assemble actuellement
,
& doit se mettre incessament en
campagne. On craint une entreprise du Czar
sur la Ville de Dantzik , &ouen a renforcé la
garnison.
garnison.Ce Prince inquiete du côte'duDuck<?
de Curlande
, comme les Turcs du côté de
Chocsin, dont le Gouverneur vient d'êtrecontinué
pour un an, & a reçu des sommes trésconsiderables
pour la construction des nouvelles
Fortifications au dehors de cette Place. On ne
parle pas encore du départ du Roy pour la
Pologne,cela fait aprehender que la Diete Generale
ne se tienne pas aussi-tôt que l'exigent
les affaires du Royaume, qui ont grand besoin
d'un promt Reglement.
On écrit de Berlin que le Roy dePrussene
veut pas consentir au passage des Troupes Mescovites
par ses Etats, cela ne confirme pas l'union
de ces deux Princes que l'on aprehende
fort icy.
De Vienne, ce 26 Avril 1722. LE 9. Avrille Cardinal Czacki partit pour
se rendre à Presbourg avec ses dernieres
instructions concernant la Diette des Etats de
Hongrie, où on croit qu'il proposera de declarer
les Archiduchesses habiles à succeder à ce
Royaume,qui fait partie des Etats Hereditaires
de l'Empereur. L'affaire du Comte de Cinfuentes
,& du Comte de Torring
,
Envoyé de l'Electeur
de Baviere, est accommodée, & Son Altesse
Electorale a dispensé le premier de venir à Mu-
DiclC pour lui faire fansracHon de l'insulte qu'il
a faite à. son Ministre.
Le 21. Avril M. Jerôme Grimaldi Archevêque
d'Edesse, Nonce du Pape en cette Cous
fit son Entrée en cette Villeavec beaucoup de
magnificence, & le 22. il eut son Audience
publique de l'Empereur. On debite qu'il y a
des fonds destinés pour acheter douze mille che-
,'vaux,& faire de nouvelles levées de Troupes. î
De
re Londres, ce S May 1722. ONa declaré à la Doüanne pendant les trois
derniers jours du mois de Mars dernier
19899 d'argent étranger, qui ont été chargés
sur les Vaisseaux partis pour les Indes Orientales.
Les Yachts qui doivent transporter le
Roy en Hollande feront prêts pour le 25 de
May. Onasçu par des Lettres d'Edimbourg
que les seize Pairs Ecossois pour le prochain
Parlement ont été élus le i May. Les élections
pour le prochain Parlement font presque finies
dans les Provinces ; le nombre des Membres
élus monte jusqu'à present à 407. dont il yen a
246. du parti de la Cour, & 161.du parti de*
Tories. Le Guillaume & Elisabeth est arrivé
aux Dunes de Saint Christophe, ayant été pillé
par des Forbans peu de jours après son départ.
De Madridce 1 May 1722. 0N mande de Barcelone qu'on y a fait venir
de Valence un grand nombre de Matelots
, qu'on destine pour les quatre Vaisseaux
de Guerre qu'on y équipe actuellement. Ces
Lettres ajoutent qu'on avoit changé depuis huit
jours toutes les Garnisons des Places voisines
de cetteVille.
1 Le Roy a donné au PrincedesAsturies l'entrée
du Conseil des Dépêches, pour lui fournir les
moyens de s'instruire des maximes du Gouvernement.
M. le Ducd'Ossone,ci-devant Ambassadeur
extraordinaire à la Cour de France,est
arrivé le 6 Avril à Madrid, il eut le même
1 jour l'honneur debaiser la main deSaMajesté,
qui le reçut très favorablement, & lui marqua
la satisfaction qu'elle avoitde sa conduite dans
les affaires dont il avoit été chargé.
On a publié ici une Bulle du p. dattée
du 17 Janvier dernier
,
accordée à la requisition
de Sa Majesté Catholique, pour faire celebrer
dans toutes les Villes dépendantes du Royaume
d'Espagne tant en Europe que dans l'Amérique
la Fête de S. Antoinede Padoue, comme fête
de commandement.
On a sçu qu'un Bâtiment d'avis étoit parti
dePanama au mois d'Aoust dernier, pour proposer
aux habitans de Lima Capitale du Perou
de se rendre à Portobello avec leurs matieres
d'or & d'argent, pour y tenir la Foire accoutumée,
dont on attendoit le détail.
M~Coliter, Ambassadeur des Etats Généraux
des Provinces unies, a présenté au Roy un Memoire
concernant le Commerce des Hollandois
dansce Royaume. On prétend qu'il doit solliciter
au nom de leurs Hautes Puissances la diminution
de quelques droits d'entrée qu'elles
trouvent plus forts que ne les payoient autrefois
les Navires Marchands portants le Pavillon
de la République.
DeLisbonne, ce 12 Avril 1712.
LA Flotte de ce Royaume destineé pour la
Baye de tous les Saints
,
doit partir de ce
Portle4 Avril, au nombre de dix-neuf Navires
Marchands escortez par cinq Vaisseaux de Guerre;
cinq autres Vaisseaux doivent aussi mettre
à la voile, pour divers Ports de l'Amerique,
des Indes Orientales & des Echelles du Levant,
où l'on doit envoyer encore huit autres Bâtimens.
M. Lumley, Envoyé extraordinaire du Roy
d'Angleterre, est arrivé ici sur le Vaisseau de
Guerre la Lima. Il vit deux jours après M. le
Marquis de Mendoca Secretaire d'Etat, qui lui
rendit
w rendit visite le jour même. M. Worsley nommé
au Gouvernement des Barbades, que ce Ministre
vient remplacer,n'a pas encore pris son
Audience de congé. 1-
De Rome,ce iz Avril 1722. 0N attend ici le Patriarche Mezzabarba, qui estde retour de Pekin: on dit que
l'Empereur de la Chine lui ayant marqué dans
laseuleaudience qu'il lui a accordée, qu'il ne
changeroit rienaux loix & aux usages de son
Royaume, ce Patriarche s'étoit refola de revenir
en Europe prendre de nouvelles inftruftions.
Le Prevost de l'Eglise de Segrani, patrie de
~HlluftreMaison Conti , a fait present à Sa
Sainteté de la Chappe dont se servoitlePape
Innocent III, son parent.
Le 29Mars
,
Dimanche des Rameaux, il y
eut Chapelle Pontificale à Monte
-
Cavallo : ie
.Pape y tit la Benediction des Palmes, qu'il distribua
ensuiteaux Cardinaux, aux Prelats, aux
Officiersde la Chapelle,& à plusieurs Seigneurs
étrangers. Les deux Princes de Bavie
,
qui font
iciincognite fous lenom de Comtes de Leat,"
sperg & de Suabet, furent de ce nombre. -
Le 31 Mars, le Pape accompagné dans Ton
Carrosse du Cardinal de Sainte Agnès Secretaire
d'Etat, & de Mr l'Abbé Olivieri,Secrétaire
des Brefs
3
& précédé des Chevaux legersde sa
Garde,se rendit au Vatican
, pour y demeurer t
& y remplir les fonctions de la Semaine Sainte
& des Festesde Pâques. Le 2 Avril, jour du Jeudi-
Saint ilassistaà laMesse celebrée par M.-le
Cardinal DelGiudice, &, porta ensuite leSaint
Sacrement de la Chapelle de Sixteà aChapelle
Pauline, quel'onavoitparee superbementà
Sa Sainteté reçut l'obédience des Cardinaux,
ensuite le Pape fut porté à la loge sur lePortail de
l'Eglise de Saint Pierre, & la Bulle In Coena Domini,
y ayant été lûë suivant la Coutume, il
donna la benediction au Peuple qui remplissoit
la grande Place. Après cette ceremonie Sa Saintaté
quittases ornemens Pontificaux,& n'ayant
gardé que l'Etole violette & la Mitre simple,
lava les pieds à treize Prêtres étrangers qu'elle
servit à table. Le 3 le Pape accompagne des
Cardinaux, entendit dans la Chapelle deSixte
l'office du Vendredy Saint, & l'après midy le
Sacré College suivant l'usage serenditau Tresor
de Saint Pierre pour l'adoration de la vraye
Croix & des autres Reliques. Le lendemain veille
de Pâques le Pape accompagné des Cardinaux
entendit dans la Chapelle de Sixte la Messe celebrée
pontificalemcnt par M. le Cardinal d'Althan.
Le 5 jour dela fête de Pâques, le Cardinal
Tanara , Doyen du Sacré College
,
la celebra
dans la même Chapelle ,& lors qu'elle fut finie
on porta le Pape avec les ceremonies prescrites
par l'usage à la loge de Saint Pierre,où il donna
la benediction au peuple. L'après midy plusieurs
Cardinaux entendirent les Vêpres dans l'Eglise
de Sainte Marie Majeure,& les autres allèrent
tenir Chapelle dans celle de saint Jean de Latran.
Le 6 lendemain de Pâques, le Sacré Collège
entendit la Messe dans la Chapelle de Sixte , mais le Pape n'y assista pas. 4
M. l'Abbé de Tencin, chargé des affaires de
France, eut ces jours passez au Vatican une
longue audience du Pape, & l'on dit que les
propositions faites de la part du RoyTrès Chre
~ren pour conserver Avignon que la maladie
contagieuse a si longtemps desolé faute d'or
dre, de remedes & de Medecins, ont été
bien
reçuës de Sa Sainteté.
CHARGES
CHARGES ET ~DIGNITEE
des Pays Etrangers.
LACHINE.
LE R. P. Ignace Kellerne, Jesuite, a été
nommé par l'Empereur de la Chine President
des Mathématiques à Pekin.CettePlaceétoit
vacante par la mort du R. P. Kilian-Stumpf,
aussi Jesuite, qui est mort après une maladie
de langueur le 24 Juillet 1710.
DAN N EM A RK.
Le Roy a donné l'Ordre de ~Dannebror à
M. le Comte de Geyerberg
,
qui estactuellement
en Saxe.
* A M. le Comte de Holsten, Grand Maître
de la Maison de la Reine.
A M. le Comte de Holsten, Grand Maître
de la Maison de la Princesse Sophie Hedvvige.
• A M. Arnold,Major General & Colonel du
Régiment des Gardes Infanterie, &c. ALLEMAGNE.
- M. le Comte Guizardi, cy-devant Ministrev
de Modene à la Cour de l'Empereur
, a obtenu
de SaMajesté Imperiale une pension de six mille
florins.
M. le Comte de Staremberg, Ministre Plenipotentiaire
de l'Empereur à la Cour d'Angleterre
, a pris séance le 8 Avril au Conseil
d'Etat, en qualité de Conseiller d'Etat ordinaire
,après avoir prêtéserment le même jour.
M. Fabert, Sergent Major, a été nommé
H iij Commandant
Commandant de Leopolstad en Hongrie, à la
place du Baron de Trevenfels, qui est mort
depuis quelques jours.
M. le Prince Adam François de Svvartsenberg
,
Conseiller d'Etat, a obtenu de l'Empereur
la Charge de Grand Ecuyer, vacante par
la mort du Comte d'Althan.
M. le Comte François Sigismond de la Tour,
& de Valsassine, a été nommé parl'Empereur
à la Viceregence du Duché de Carniole,dont
il est Grand Maître hereditaire.
ANGLETERRE.
Le 9 AvrilM. le Colonel Meggor, du party
des Tories, & M. Emond Halfey
,
de celui des
Whigs, furent élus à Londres à la pluralité
des voix pour Députez du Fauxbourg de Southvvarck.
Le 10 M. Bertié & Aurtent furent élus pour
Députez du Comté de Middiefex.
M. le Comte de Loudon est party pour aller àEdimbourg presider à l'Assemblée générale
des Eglises du Royaume d'Ecosse, en qualité
de Commissaire de Sa Majesté Britanique.
M. Hugues Drysdale, Major du Regiment
du Prince de Galles, a obtenu la Charge de
Lieutenant Gouverneur de la Virginie.
Madame la Comtesse de Kilmensegg, que
le Roy avoir créé au mois de Novembre dernier
Comtesse de Linster en Irlande
, a obtenu
encore de Sa Majesté le titre de Baronne de
Brandfort, & Comtesse d'A liogtOD. avec les
prérogatives de la Pairie dans le Royaume
d'Angleterre.
Madame h Comtesse de Sculembourg, niece
de la Duchesse de Kendal, a été faite Barone
deAldborough, &Comtesse de Walsinghan.
Le Lord Hovve , & M. le Chevalier Robert
Sutton
1
Sutton , cydevant chargé des affaires du Roy
à la Cour de France, ont été élus membres
du Parlement pour le Comté de Notringham.
M. le Chevalier Jennings, a été nommé
pour commander l'Escadre qui doit conduire
le Roy en Hollande.
Mrs Richard Lockvvood, Jean Barnard,
Pierre Godfrey, & le Chevalier Child
, ont été
élus Membres de la Chambre des Communes
du prochain Parlement, pour la Ville de Londres.
La Maison de Povvis a étérétablie dans ses
anciens honneurs par un Arrest de la Cour du
Banc du Roy, du 22 Avril, qui casse les procedures
& Arrest qui avoit condamné M. le
Duc de Povvis'pere, comme criminel de leze-
Majesté, pour avoir servi en Irlande dans les
Troupes du Roy Jacques II. -
Noms des seize Pairs Ecossois élus à Edimbourg
pour le prochain Parlement, le x May.
Mrs le Duc de Montrose,leDuc de Roxborough,
le Marquis de Tividale, les Comtes de Sutherland,
de Roches, de Londovv
,
de Haddington,
de Buchan, deSelkirk,deOrkney,deStairs,
de Lorraine
,
de Islay, de Hopton , de Butte,
& de Aberdeen.
ESPAGNE.
Dom Melchior de Mendicta
,
Lieutenant General
des Armées du Roy, & Gouverneur de
Peniscola, a obtenu de Sa Majesté Catholique
le Gouvernement de Tortose.
PORTUGAL.
Le R. Pere François de la Croix,Religieux
desaint François, a obtenu l'employ de Grand
Chapelain des Armées du Roy de Portugal.
Don Ferdinand Telles de Silva, troisiémefils
de M.le Comte de Tarouca ,
Ambassadeur E¡;-'
traordinaire de Portugal prés les Etats Généraux
des Provinces Unies, & Plénipotentiaire au
Congrès de Cambrai, a obtenu du Roy une
Compagnie dans le Régiment de la Marine. ITALIE.
M. Joseph Marie Martelli, Archevêque de
Florence, fut sacré à Rome le22 Mars, dans
l'Eglise de S. Jean des Florentins,par M. le Cardinal
Corsini, assisté de Mrs les Archevêques de
-
Larisse&d'A pamée.
Le 2. 3 Mars, dans un Consistoire tenu an
Quirinal le Pap:; proposa
M. Gaëtan Cavalieri, nommé Nonce à Cologne
, pour l'Archevêché Titulaire de Tarsi.
Ensuite M. le Cardinal Barberin préconisa
Le R. Pere Archange Feni Dominicain, pour
l'Evêché Latin de Nakfivan dans la Province
d'Erivanen Perse,qui est toujours possedépar
un Religieux de cetOrdre.
LeR. Pere Raymond Gallani Dominicain,
Archevêque d'Ancyre,fut proposé pour l'Arche-
VêCRé de Raguse, par Mle Cardinal Tolomei.
- Le R. Pere Vincent Platamone ,
aussi Dominicain
,
fut proposé pour l'Archevêché de Lipari
par M. le Cardinal de Sainte-Agnès.
M.Etie:me de Sparr fut proposé pour l'Evêché
deRossa en Carie, parM. leCardinal d'Althan.
Le R. P. Charles de Blitterdorf, Religieux de
l'Ordre de S. Benoît, pour l'Abbaye de Corwey
ou Corbie Diocese de Paderborn.
M. l'Abbéd'Auvergne sur proposé pour l'Archevêché
de Vienne
en Dauphiné, par M. le
Cardinal Otroboni.
M.l'Archevêque de Florence& M.l'Archevêque
d'Otrante obtinrent le Pallium.
M. l'Abbé de Beaufort a été proposé pour
i l'Evêche
l'Evêché deLeictoure, par M. te Cardinal Ottoboni.
M l'Abbé Sommier, Conseiller d'Etat du
Duc de Lorraine, & son Résident à Rome, a
obtenu du Pape une place de Camerier d'honneur.
M. le Comte Ferdinand Bolognetti , M. Christophe
Censier, M. le Marquis Pompée Frangipani
ont été nommez Conservateurs du Peuple
Romain à Rome.
LeR.P. Philippe Valignam Dominicain, Sc
Coufin du Pape, a été nommé par SaSainteté
à l'Archevêché de Chieti vacante par la mort
de M. Vincent Capeco.
M. l'Abbé Silvestre Scaner a été nommé à
l'Archevêché de Minuti, vacant par le decês.
- de M. Gabriel Tosti. MAL THE.
M. le Bailly de la Croix a obtenu duGrand
Maistre la Commanderie de Saint Etienne de
Renneville pour récompense de laVictoire qu'il
remporta l'année derniere contre l'Escadre de.
Tunis. Cette Commanderie vaquoit par le deces
du Commandeur Feydeau de Vaugien. FLORENCE.
M. le
Marquisd'Albizzi
a obtenu du Grand
Duc le Gouvernement delaLunegiane, avec une
place dans le Conseil de santé
,
quivaquoit par
le decès du Senateur Compagni.
M. Caponi, M. Marthe Medicis,,le M. Doni
ont été fait Sergens Generaux.
LesChevaliers de Saint-Etienne qui ont tenu
leur Chapitre General à Pife au nombrede
deux cens quarante huit, ont élû pour Grand
Conétablede l'Ordre M. le Marquis Gerini, pour
Grand PrieurM.le Chevalier Balbati,pour Grand
Chancelier M. le ChevalierAlessandri, pour
Grand Trésorier M. le Chevalier Maracci,&
pour Grand Conservateur M. le Chevalier BerMORTS,
BATESMES ET MARIAGES
des PaysEtrangers.
M Oronzio Pinclli
,
Ducd'Acerenza, Prîrre
de Belmonte, qui a été Grand d'Espagne
& Conseiller d'Etat de Sa Majesté Catholique,
est mort à Vienneen Autriche le 29 Mars,âgé
de 64 ans. Son corps a été mis en depôt dans
l'Eglise Cathedrale, en attendant qu'on le porte
dans les Terres qu'il avoit au Royaume de Naples.
Madame Marie-Therese Comtesse de Lamberg,
épouse d'Amedée Comte de Rabutin
>
Chambellan
de l'Empereur. & Colonel d'un Regimeut
de Dragons, est morte à Vienne en Autriche
dans lemois d'Avril, âgée de 21. ans.
Le i 5 Avril lefilsaînéduPrince deTrautson
Grand - Maître de la Maison de l'Empereur , épousa à Vienne en Autriche Madame la Comtdre-
Marie-Jofephede Weissenwolf, dcpài$.pei»
Dame du Palais de l'Imperatrice.
Le 14 Avril se sit à Vienne en Autriche la
celebration du mariage de M. le Comte Joseph
de FranKemberg
, avec Madame la Comtesse Eve
Catherine de Collonitsch,Dame d'Honneur de
l'Imperatrice Leurs Majestez Imperiales assisterent
à cette Ceremonie.
Le 20. M. l'Evêque de Vienne en Autriche
donna la benediction Nuptiale à M. le Comte
Ferdinand de Daun
Chambellan ordinaire de
l'Empereur , Conseiller & Regent des Pays de la
Basse Autriche, & à Madame la Comtesse Marie
Rosine de Herbestein,
Dame du Palais de l'Imperatrice.
Cette Ceremonie se fit au Palais de
l'Empereur, cu presence de L. M. Imperiales.
Le
- -
Lemême jour, le même Prelat donna aussi
la benediction Nuptiale à M. le Prince de Hohenzollera
,
qui épousa Madame laCornière de
Oettinghen. Aprés la Ceremonie les nouveaux
matiez se rendirent à Feldbourg, chez M. le
Prince de Liechtestein.
M. de Robethon : Conseiller & Secretaire
d'Etatde Sa Majesté Bricaniqae pour les affaires
de Hanover est mort à Londres au mois d'Avrildernier
dans son appartement au Palais de
Saint-James; il étoit distingué par la confiance
particuliere du Roy de la Grande Bretagne, &
par son merite personnel.
La Pnmceue épouse du Prince Ferdinand de
Iiivicreest accouchée à Munich d'un Prince,
qui a été presenté sur les Fonts par M.l'Evèque
de Munster, & nomme Clement,FrançoisdePaule
,Marie ,Crescence.
, M. le Comte de Sunderland
,
Premier Gentilhomme
de la Chambre, & Premier Ministre
du Roy d'Angleterre,& Chevalier de l'Ordre
de la Jarretiere , - est mort à Londres le premier
May d'unepleuresie violente; on lesaigna
inutilement quatre fois dans l'espace de 42.
heures.
Ilci
extremement regretté; son corps
a ccéptrie à Althorpe dans le Comté de Northampton.
Le jour suivant le plus jeune deses
quatre fils est mort âgé de trois ans.
LeR. P. Manuel de la Conception,Docteur
en Théologie
,
Qualificateur du Saint-Office Grand Chapelain des Armées du Roy de Por-,
tugal , & Commissaire General de sa Province , est mort le 11 Mars dans le Monastere de
NFotre Drameade Jnesus dçu Tieors Ordire dse Sa.int Le 25 Avril dernier , jour de l'AnnonciatCioonnse,
ilDleorn Pierre Sanchés Farinha de Bayent
au Conseildu Roy ,Deputédu Saint
Hvj Office,
Office
,
& Recteur de l'Universitéde Coimbre,
mourut subitement à Lisbonne dans le College
de la Grace en entendant la Messe.
Le 6 Avril on conclut à Lisbonne par Procureur
le mariage duDon Diego de Souza Mcxia,
fils de Don Barthelemi de Souza Mexia, cy devant
Secretaire & Expéditionnaire des graces du
Roy de Portugal, avec Donna Louise
,
Helene,
Therese
,
Berger de Santa Crus
,
fille& heritiere
de Don Charles-Isaac Berger, autrefois
Resîdent du Roy de Prusse à la Cour de Portugal.
M. le Comte de Virmont, Commandant géneral
de la Principauté de Transylvanie, yest
mort le il Avril. Il étoit Conseillerd'Etat &
de Guerre, General de l'Artillerie,& Colonel
d'un Régiment d'Infanterie. L'Empereur l'avoit
employé dans plusieurs Ambassades qu'il avoit
achevées avec capacité
,
sur-tout à Palfarowiis-
& à Constantinople.
M. le Comte de Sinfcndorf
,
Grand Bailly
de la Haute Autriche
,
Conseiller d'Erat de l'Empereur,
& Vice-President du Conseil Aulique
est mort à Viènne en Autriche Dimanche i.$>
Avril.
JOURNAL DE PARIS.
LE 16 Avril la Deputation des Etats
d'Artois, composée de M. de Gouy
Abbé de S. Jean au Mont pour le Clergé,
de M le Marquis de Preffy pour la Noblesse
, Se de M. d'Assenoy l'aîné Avocat
& Echevin de la Ville d'Aire pour le Tiers
Etat, fut presentée au Roy par M. le
Due
Duc d'Elbeuf,Gouverneur de la Province,
& par M. le Marquis de la Vrilliere Secretaire
d'Etat. Ces Députés furent conduits
à l'audience par M. le Marquis de Dreux
Grand Maitre des Ceremonies, & par M.
DesgrangesMaître des Cérémonies, ils
présentèrent à Sa Majesté le Cahier des
Etats de la Province.
Le même jour M. le Marquis de Courtenvaux
,nommé par le Roy pour exercer
les fonctions de la Charge de Capitaine
des Cent Suisses de la Garde, jusqu'au
tems où M. le Marquis de Montmirel son
neveu fera en âge de servir auprès du Roy,
presta ferment entre les mains de Sa Majesté
, en presence de Monsieur le Duc
d'Orleans
,
Regent du Royaume.
Le 17, M. Mafceï Archevêque d'Athenes
,
Nonce Extraordinaire du Pape,,
eut audience particulière du Roy. Il y fut
conduit parM.Remond Introducteur des
Ambassadeurs.
Le28. le Roy prit àVincennes le divertissementde
la chasse de l'Oiseau, il y fut
accompagné par M.le Comte de Clermont
& par M. le Comte de Russé Soû-Gouverneur
de Sa Majesté.
Le 30. le Roy alla diner au Château de
la Muette
, M. le Comte de Clermont &
M. le Maréchal Duc de Villeroy Gouverneur
de Sa Majesté, l'accompagnerentdans
fiewepromenade^ Le
Le premier May le Roy entendit dans
sa Chapelle du Louvre la Messe chantée
par sa Musique & ce même jour M. l'Evêque
de Laon presta serment entre les
mains de Sa Majesté, en presence de Monsieur
le Duc d'Orleans. *
Le 2 May le Roy signa le Contrat de
mariage de M. le Prince de Chimey, avec
Mademoiselle de Saint-Simon, fille ainée
de - M.le Duc de Saint-Simon.
Le même jour 2. May une Limonadiere
demeurant au Carrefour de l'Ecole mourut
& fut ouverte le quatre. On lui trouva
dans une extensîon de la matrice un enfant
mort qu'elle gardoit depuis trois ans,
quoiqu'elle fut accouchée depuis six mois
d'un enfant qui se porte bien.
Le 4. M. le Duc de Gelvres prit séance
au Parlement, & le même jour on y reçut
M. d'Argenson Lieutenant General de Police
, quile lendemain fut inftalé dans cette
Charge; ce fut suffi le quatre que M.
d'Ombreval & M. Dodart nouveaux Maîtres
des Requestes commencèrent à travailler
au Visa
, en vertu d'un Arrest du
Conseil. Lemême jour M. Pecot de Saint-
Maurice fut reçu President à la Chambre
des Comptes
-,
il a vendu sa Charge de
Maistre des Requestes à M. Perrin de Moras,
gendre de M. Fargets.
- Le 7. M.le Cardinal deNoailles fit au -.V
Val-de-Grace la Ceremonie de la BenediactiondeMadame
l'Abbene deMalnoue,
en presence de Madame l'Abbesse de
Chelles, & de plusieurs autres Abbesses ;
il yeut un grand concours de personnes
de dittinâioti.
M. le Marquis de la Valiere a obtenu
pour son fils la survivance de ion Gouvernement.
Le Roy a aussiaccorde à M. le Marquis
de Saumery son Sou-Gouverneur la sur--
vivance du Gouvernement des Isles de
Lérins, qui comprend celui de Sainte
Marguerite& de Saint Honorat, en faveur
du Comte de Saumery, son second fils, ey-.
devant Mettre de Camp du Regiment de -
Cavalerie Royal-Roussillon.
Le 8. la Cour a reçu avis que les Etats
de Provence ont accordé au Roy un Don
gratuit de quatorze cens mille livres; sçavoir
, sept cens mille livres pour l'année
1721. & pareille somme pour l'année
'712..
,- Le Parlementde Bretagne a enregistré
l'Arrest duConseil, qui ordonne lerétablissement
des Quatre sols pour livres &
des Droits'd'Entrée.
M.le Duc de Mercoeur, Prince du Sang,
second fils de M. le Prince de Conti, est
mort le douze, âgé d'un an huir mois &
vingt-deux jours. La Cour ea a pris Je
deuille17.Le
Le 10. M. l'Abbé d'Auvergne fut sacré-
Archevêque de Vienne dans la Chapelle
de la Congrégation du Noviciat des RR.
Peres Jesuites, par M. le Cardinal de
Rohan, assistéde M.l'Evêque de Nantes
& de M. l'Evêquede Coutances.
Le 12. le Roy accompagné de M. le
Comte de Cleimont, & de M. le Maréchat
Ducde Villeroy,alla se promenerau
Bois de Bologne,& le 18 Sa Majesté alla
diner au Château de la Muerre.
Le même jour 11 May,l'Infante-Reine
alla avec les deux Princesses d'Orleans à
l'Abbaye de Montmartre, où elle fut reçuë
par Madame la Duchened'Orléans Regenre.
L'Ordre de S. Lazare rentre dans tous
ses Benefices anciennement unis à des
Communautez Religieuses & à des Hopitaux
; il rentre pareillementdans ses anciens
fonds de Terre alienés à vil prix.
M. le Duc de Chartres,Grand-Maitre
de cet Ordre
, a déjà pris possessîon de
Saint Jacques de l'Hôpital
,
où se feront
d'orénavant les Ceremonies de l'Ordre,
en vertu d'un Edit du Roy donné à Pans
au mois d'Avril dernier, portant Confirmation
de l'Ordre de N. Dame de Mont-
Carmel & de SaintLazare de Jerusalem
dans ses biens, Droits & Privilèges , &
union de l'Hopital &Eglise de S. Jacques
~c Paris. L~ deParis.Le
Le 13. M.l'Evêque Duc de Laon presida
au College de Navarre à la Mineure
1de M. l'Abbé Chopler ; & cette ceremonie
sur non-seulement distinguée par samagnificence, mais encore illustrée par
la presence des CardinauxdeNoailles, de
Rohan, de Bissy
,
du Bois & de Polignac.
On y compta un grand nombre de Prelats
& de Personnes de distinction de tous les
Etats, & on y distribua une Ode en Grec,
en Latin & en François à la loüange de
Monsieur le Duc d'Orleans, & de M. le
Presîdent de la These. Le Soutenant y a
fait briller son esprit & son sçavoir.
Le même jour les Gens du Roy parlerent
à la Grand'Chambre dans lacausede
ce fameux Parieur de Pluye
,
qui acquit
tant de réputation l'année derniere. Sa Familles'estavisée
de regarder sesPredictions
comme desfaillies d'un cerveau dérangé,
ôc l'a fait interdire. Les parieurs interessés
à le trouver raisonnable ont prissonparti,
ce qui n'a pas paru soutenable aux Juges,
& M. Daguesseau Avocat General, quia
parlé dans cette cause
, a conclu à la resiliation
des paris. L'affaire fut apointée.
Le 15. M. l'Evêque Se Duc de Laon,
Pair de France, est parti de Paris pour'
aller prendre possession de son Evêché.
Le Vendredi 15. le Roy fit à l'Etoile du
Cours la Revuë des Regimens des Gardes
Françoises
Françoises & Suisses
-,
le concours fut
brillant & nombreux. M. le Duc du Maine
qui étoit à la tête des Suisses, fut parfaitement
bien reçu de Sa Majesté, & il eut
avec Monsieur le Duc d'Orleans uneassez
longue conversation.
Le 16. M. l'Abbé de Chabanes soutint
en Sorbonne sa Tentative dediée au Roy.
La Ceremonie se passa dans les Ecoles
extérieures ,
qui furent parées des plus
belles Tapisseries des Gobelins. La planche
dela These reprefenroit le Roy dans
un Médaillon cantonné de quatre Anges
supportant quatre Devises à la gloire de
Sa Majesté. L'assemblée fut des plus illu.
stres ; M. le Comte de Clermont, les
Cardinaux de Noailles, de Rohan, de
Bissy
,
de Polignac,& du Bois, & M. le
Garde des Sceaux setrouvèrent à cet Aéh:,
avec tout ce qu'il y a de plus distingué à la
Cour&à la Ville. M. l'Abbé de Chabanes
signala son érudition & son esprit dans
cette These
,
qui eut pour President M.
l'Evêque de Tulle.
Le même jour M. le Contrôleur Ce.
neral des Finances posa la premiere pierre
de l'aile gauche de la nef de l'Eglise de
S. Sulpice. La ceremonie fut pompeuse
, & se fit au bruit des tambours & des
trompettes. M. Ig Contrôleur General
donna deux mille écus à M. le Curé de
cette
cette grande Paroisse
, pour contribuer à
la perfection de l'édifice.
Le 16 de ce mois le Roy tint sur les
Fonts de Batême, avec l'Infante Reine, le
fils du Prince de Carignan, qui fut nommé
Victor-Amedée. La cérémonie fut faite
dans la Chapelledu Château des Thuilleries
par M. le Cardinal de Rohan,Grand
Aumônier de France. i Le même jour on supprima deux Commis
par Bureau de Commissaire du Visa.
On doitétablir une Caisse par Bureau pour
faire lareconnoissance des Effets quechacun
des Commissaires auravisez, & procéder
ensuite à brûler ces Papiers.
Le 18 de ce mois le Parlement fit des
Remontrances au Roy, en son Château
des Thuilleries.
Le départ du -Roy pour Versailles est
remis au 15 du mois prochain..
On apprend de Londres que quelques
Juifsqui ont acheté un trèsgros Diamant,
le font, actuellement tailler pour l'exposer
en vente. Il pese brut 214 carats, ou 8 56
grains. On dit que le grand Mogol en a
un très beau qui pese 179 carats, tout
taillé. Celui que Monsieur le Regent a
acheté pour le Roy il y a quelques années,
pese 184 carats.
On mande aussi que le sieur Pierre Laurens
,
Horlogeur de la même Ville, a
trouvé
trouvé le moyen de construire une Machine
pour la découverte infaillible des
Longitudes sur Mer. -
On ajoute que M. le Blond a établi à
Londres par Lettres Patentes du Roy une
Imprimerie de Peinture , & qu'ilaformé
une Compagnie qui a reçu 2000 Souscriptions
sur le pied de 15 livres sterlin.
Nous avons donné la description & la
maniere d'operer dans la fabrique de ces
Estampes' coloriées dans notre Mercure
du mois de Décembre dernier.
On mande de Venise que les Chevaliers
Laurent TiepoLo & Nicolas Fofcarini,
Procurareurs de S. Marc,nommez
par la Republique Ambassadeurs Extraordinaires
, doivent partir pour venir en
cette Cour complimenter le Roy sur son
avenement à la Couronne. - -
Le 19de ce mois, le Roy accompagné
du Duc de Bourbon, du Comte deClermont
& du Maréchal Duc de Villeroy,
alla visiter la Princesse de Conti, sur la
-
mort du Duc de Mercoeur Prince du Sang
son second fils.
Les Vaisseaux le Mercure & le Prothée
.qui ont repassé à Constantinople Mehemet
Effendi Ambassadeur du G. S. moüillerent
dans la Rade de,nrell le 14Avril dernier
à trois heures aprèsmidy. Ils parrÍj.,
rent
rent de Constantinople le 18Novembre
de l'année passée, & après avoir visité les
Echelles de Salonique, Smyrne, Candie,
Ôc Modon
,
ils arriverent à Malte le >8
Fevrier dernier, d'où ils sont revenus à
Brest après une traversée de 50 jours,
pendant laquelle ils ont toujoursété contrariez
par les vents. Il n'est mort personne
de leurs équipages pendant leur
Campagne,qui a été de 10 mois.
M. le Chevalier de Luynes,Capitaine
de Vaisseau & des Gardes du Pavillon
Amiral, a été fait Chef d'Escadre des
Armées Navales, en la place de M. le
Marquis de Saujeon.
- Le Dépost des Cartes, Journaux de
Voyages & autres Mémoires concernant
Ja Navigation, qu'avoit M. le Chevalier
.de Luynes, a été donné à M. le Chevalier
de la Blandiniere
,
Capitaine de Vaisseau,
o La pension de 2000 liv. sur l'Ordrede
S. Louis qu'avoit M. le Marquis de Saujeon
,
aétédonnée à M. Droüard Capitaine
de Vaisseau.
Celle de 1500 liv. de M. Droürd a
été donnée à M. d'Escoyeux Capitaine de
Vaisseau
-,
ôc celle de 1000 liv. de ce
dernier à M- Descartes, aussi Capitaine
de Vaisseau.
M. le Marquis de Saujcon Chef-d'Es-
,
cadre
cadre des Armées Navales, mourut à Rochefort
âgé d'environ56 ans le 8 May,
generalement regretté. Il s'étoit rendu recommandable
par sa valeur, par sa probité
& par son desinteressement, qualitez
qui lui avoient acquis l'estime de tous les
Officiers. Il étoit frere de M. le Chevalier
de Saujeon, Enleigne des Gardes-du
Corps Ayde-Major de la Compagnie de
Villeroy.
Le 2. 3. Madame la Princesse deConti
se retira au Monastere du Port Royal, au
haut de la ruë S. Jacques, par de-là le
Val de grace : ce font des Bernardines
reformées. Madame la Marquise de Feuquieres
sadame d'Honneur, demeurera
auprès d'elle.
Le 24. jour de la Pentecôte, le Roy
accompagné de M.le Duc & de M. le Maréchal
de Villeroy,alla entendre le Salut
aux Cordeliers Le R. P. Duval Gardien,
à la tête de sa Communauté, reçut S. M.
à la Porte de l'Eglise. Le Roy fut fort
content du Motet, chanté par une excellente
Musique, & sur-tour de l'Orgue &
de la main brillante du sieur Marchand.
BENEFICES
BENEFICES DONNEZ. LAbbaye Commandataire de Fesnieres,
Ordre de Citeaux ,
Diocése de Clermont,
vacante par le décès du sieur Gérard
de Cordemoy
,
Historiographe de S.
M. en faveur du lieur Antoine de Montmorilion,
Prêtre du Diocése d'Autun
, &
Comte de Lyon.
L'Abbaye de Gigean
,
Ordre de S. Benoist
,
Diocése de Montpellier, vacante
par la démission pure & simple de Dame
Renée-Angelique de la Croix de Castries,
en faveurde Dame Françoise Dauphine de
Vilars la Fare, Religieuse Ursuline au
Couvent de Sommieres.
: L'Abbaye Commandataire de Foncaude,
Ordre de Premontré
,
Diocése de S. Pons
: de Tommiere
, vacante par la demission du
sieur Gabriel de Lort de Serignan
3 en sa-
! veur du sieur Louis Cesar de Lort de Serignan
,
Diacre du mêmeDiocése, à la
ctharge de huit cens livres de pension pour lelieur Gabriel de Lort de Serignan.
I L'Abbaye de la Sainte Trinité de Beaulieu
,
de Ordre de S. Benoist Congrégation S. Maur, Diocésede Tours, vacante
par la démssïon du sieur Joseph Jean-Baptiste
Quinoc, Bibliothécaire du College
- Mazarin,
Mazarin, en faveur du sieur Simon Nicolas
Frison de Blamont, Diacre du Diocese de
Paris, à la charge d'une pension de seize
cens livrespour ledit sieur Quinot.
L'Abbaye de Mauzac, Ordre de S. Benoist
,
Diocese de Clermont, vacante par
le decès du sieur Archon, en faveur du
sieur François ferrand Decoffey
,
Prêtre
du même Diocese.
La Coadjurorerie de l'Abbaye Reguliere
Conventuelle & Elective de Notre-Dame
de Chancelade, de l'Ordre des Chanoines
Reguliers de S.Augustin, au Diocésede
Perigueux, dont le Pere Jean Valbrune de
Belair est Abbé, en faveur du Pere Antoine
Gros de Beller, Prieur Claustral de
ladite Abbaye.
Le Roya accordé l'Abbaye Commandataire
de Beauport, Ordre de Premontré,
DiocesedeSaint-Prieux, vacante par le
decès de l'Abbé de la Rochefoucault dernier
Titulaire,en faveur du sieur Frederic
Jérôme de Roye de la Rochefoucault,
Clerc tonsuré du Diocese de Paris, à la
charge de quatre cens trois ducats d'or,
valant 2500 liv. monnoye de France de
pension annuelle & viagere, en faveur du
sieur François de Cugnac de Dampierre,
Chevalier de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem,
Clerc ronfuré du Diocese d'Orléans.
L'Abbaye de Bons, Ordre de Citeaux,
Diocese
Diocese de Belley,vacante par le decès de
la Dame d'Isnard de Rougemont derniere
Titulaire, en faveur de Dame Helene de
Falcos de la Blache, Religieuse du même
Ordre en lad. Abbaye. -
La Prevôré de l'Eglise Cathedrale du
Puy, vacante en Regale par le decès du
sieur Claude Genestet, en faveur du sieur
Canelle de la Lobe, Clerc tonsuré du
Diocefede Reims, à la charge d'une pension
de 600. liv. pour le sieur Abbé de
Morangle.
L'Abbaye de Ressons, Ordre de Premontré,
Diocese de Rouen, vacante par le decès
de l'Abbé Moslier,à l'Abbé de Serignan.
M. l'Abbé de Rohan,fils du Prince de
Guimené, aété nommé Archevêquede
Reims le 28 de ce mois. s
Il MORTS, I L est mort à Bourges le 14 Mars dernier
Messire Pierre le Begue
,
Chevalier
Seigneur Vicomte de Villemenard, Saint
Germain du Puis, & de Saint Michel de
Volangy, Premier President du Presidialde
Bourges, âgé de 86 ans, après avoir rempli
sa Charge de Premier President47 ans
avec honneur& integrité au contentement
de toute la Province, qui a souventressenti
avec latisraction l'équité de ses Jugemens.
f Il étoit fils de Messire Henry le Begue,
I - Chevalier
Chevalier Seigneur de Silly
,
de Montpensier
, & de Charpagne
, Vicomte de
Villemenard, de Saine Germain du Puis,
& autres lieux, aussi Premier President
du Presidial de Bourges.Lequel étoit fils de
Meilire Philippele Begue, Chevalier Seigneur
de Bouchetin
,
VicomtedeVillemenard,
&c. aussi Premier President du Presidial
de Bourges, lequel fut fait Conseiller
d'Etat en 1633. peur les bons &agreables
services par lui rendus au Roy & à l'Etat.
Plusieurs personnes nous mandent de
Bayonne que le R. P. Thomas Comarrieu
Religieux de l'Ordre de la grande Observance
de S. François, natif du lieu de
Gouyac, prèsde Dax, y est mort le 19
de l'autre mois, au Couvent des Cordeliers
,
âgé de 118 ans. Il dit encore la
Messe le 2 Mars dernier, jour des Rameaux.
Il se souvenoit du meurtre d'Henri
1 V. & parloit souvent des particularitez
qu'il avoit ouy dire en sa jeunesse de ce
terrible évenement. Ce bon Pere avoir
passé par tous les principaux Emplois de
son Ordre. Il étoit ancien Conventuel à
Bordeaux en 165 o. lors dela revolte qui
s'y fit en faveur des Princes de Condé,
de Longueville & de Conti. Il a été deux :
, ou trois fois Gardien du Couvent de
Bayonne. Sa santé n'a jamais été alterée
que par de très-petitesmaladies;il a con- servé
servé par sa frugalité sa vivacité de corps
& d'esprit jusqu'à sa mort. Il marchoit
encore aussi
-
bienqu'ilfaisoit à 50 ans,
lisoit sans lunettes, & avoit toutes ses dents.
Il alloit souvent à pied faire sa Cour à la
Reine Doüairiere d'Espagne
,
qui avoit
beaucoup d'estime & de consideration pour lui,&qui fournissoit à ses besoins depuis
plusieurs années,ayant donné ordre qu'il
ne manquât de rien. Il a prêché plusieurs
fois devant S. M. & dans plusieurs Villes
de la Province avec applaudissement. Il
avoit fait plusieurs fois le voyage de Paris
en qualité de Deputé de son Ordre. M. le
Marquis de la Vrilliere le pere Secretaire
d'Etat l'honoroit de son estime. Il est
mort de la maniere du monde la plus édifiante
,
c'est-à-dire
, de la mort des Justes,
après quarre jours entiers d'agonie, sans
sentiment
,
sans vue & sans ouïe. La
Reine d'Espagne a eu la bonté de le visiter
dans ces tristes momens.
M. Noël Gaillard, Predicateur du Roy,
Abbé Regulier depuis 1701. de N. Dame
d'Arles, Ordre de S. Benoist au Diocese
de Perpignan, premier Conseiller d'Honneur
auConseil Superieur de Roussillon,
cy- devant Abbé de Tasques au Diocese
de Tarbes, & Religieux Profés de l'Abbaye
de S. Victor de Marseille,elt mort
à Pezenas, où il s'étoit rendu de son Ab-
Iij baye
baye pour aller prendre les Eaux de Ba-
Jaruc, le 16 du mois dernier, âgé d'environ
65 ans. Il étoit frere du P. Gaillard,
aujourd'huy Superieur dela Maison Professe
des Jesuites à Paris.
M. de Boisrargues, Lieutenant de Vaisseau
, & Capitaine d'une Compagnie franche
de la Marine, est mort à Toulon le 1
Avril, après une longue Maladie.
Dame Anne-Elisabethle Tanneur, veuve
de Messire François le Bascle Comte d'Argenteuil
, est morteà Troye le 28 du mois
dernier.
Le 6 de ce mois Dame Anne Rebel,
épousedeM. de la Lande, Surintendant
de la Musique de la Chapelle & de la
Chambre du Roy,est morte à Paris âgée
de 67 ans.
Le 7 ,
M. Louis de Clermont, Comte
de Chiverni, Marquis de Monglat, Baron
de Rupt,Conseillerd'Etatd'épée,& Gouverneur
de S. A. S. M.leDucde Chartres,
Premier Prince du Sang, Colonel General
de l'Infanterie,mourut à Paris âgé de
7-8 ans. Il avoit éré Ambassadeur du Roy
en Dannemark.
Le 16y M. Alexandre-de la Rochefoucault,
Abbéde l'Abbaye Royale de Notre
Dame de Molême & de Beauport, est aussi
mort à Paris âgéde 67 ans.
M. Lugat, Ecuyer, Conseiller-Secretaire
taire du Roy honoraire, Maison, Couronne
de France & de ses Finances,cydevant
premier Commis du Tresor Royal,
est mort le 20 de ce mois. Illaisse deux
fils, dont l'un est Gentilhomme ordinaire
dtu Reoy,l&el'autrte C.onseiller au Châ- Le 22 de ce Mois, M. Henry de Guenegaud
,
Chevalier Marquisde Plansi
,
est
mort âgé de 80 ans.
M. Vaillant, Associé Botaniste de l'Academie
Royale des Sciences, & Professeur
au Jardin du Roy, est aussi mort à Paris,
âge d'environ 50 ans.
MA Z.IAG ES.
Le 21 May, Mre Louis-Antoine de fat
Roche-Fontenilles, Chevalier, Marquis
de Rambures, Mestre de Camp du Regiment
de Navarre, âgé de 24 ans, fils de
Mre François dela Roche-Monluc Ceffac
Cazillac, Chevalier, Marquis de Fontenilles
, Comte de Courtenay, Sire de Rambures,
Seigneur d'Authuy,Lambercour,
&c. & de Dame Therese de Mesmes,
a épousé Demoiselle Marguerite Benigne
Bossuet,âgée de 19ans, fille de M. Louis
Bossuet, Chevalier, Conseiller du Roy
en ses Conseils, Maistre des Requêtes
honoraire de son Hôtel, Seigneur d'Azu,
la Cosne, & autres lieux, & de Dame Marguerite
de la Britte.
M Louis Robert Hippolyte de Brehan ,
Cornre de Plelo, Mestre de Camp de Cavalerie,
& Sous-Lieutenant des Gendarmes
de Flandres,âgé de 23 ans, fils de M.
Jean René François Almaric de Brehan ,
Chevalier Comte de Mauron & de Plelo
Baron de Pordic & , autres lieux, & de defunte
Dame Catherine Françoise le Fevre
de la Faluere
, a épouséDemoiselle Louise
FrançoisePhelypeaux de la Vrilliere, âgée,
de 14ans, fille de M. Louis Phelypeaux,
Marquis de la Vrillière & de Châteauneuf
sur Loire, Comte de Saint-Florentin &
autres lieux, Conseiller du Roy ordinaire
en tous ses Conseils ,& au Conseil de
Regence, Ministre & Secretaire d'Etat;
& de Dame Françoise de Mailly. Le Roy
a figné ce Contrat de mariage le 14 de ce
mois.
La Maison de Brehan est une des p!us
anciennes de la Province de Bretagne
,
où
on l'a toujours vu tenir un rang confiderable,
& posseder de grands etablissemens.
Le premier de cette Maison que l'onconnoisse
, est Brient le Vieil, qualifié Brientensium
summus Dominus dans une Donation
qu'il fait à l'Abbaye de Saint Aubin
des Bois, & dont FActe est aux Archives
deMarmoutier ; ceTitreest de l'an 1080. * De
De ce Brient le Vieil &Ide son fils Geffroy,
Sire de Brehan
,
mentionné en 1108
,
dans
un autre Titre de la même Abbaye, est
venue par une fuite non interrompue Ete
vingt & un Ayeuls, M.le Comte de Plelo.
Pendant ce long cours de Siecles, les Seigneurs
de ce nom ont paru dans tous les
Titres qui en parlent, comme Barons,
Chevaliers, Capitaines d'hommes d'armes,
Ecuiers ,
& enfin avec toutes les qualitez
reservées dans ces temps de sincerité à la
plus haute Noblesse. Cette Maison d'ailleurs
a pris & donné des alliances dans
celles de Rohan,de Beaufort, d'Herford,
de Tournemine, de Penthievre,de Dinan,
de Gouion, de la Lande, de Châteaubrient,
du Pleffisde Montfort, de Boisboessel,
de Lanvallay
,
de Craon de Ploeve,
de Plorec, d'Acigné, deBoisgelin, de
Maletroit, de la Moussays
,
d'Andigné , de Savonnieres, de Penmarch, de Couvran
,
de Quelenec
,
du Gouray
,
de Hay,
de Quelen, de Rostrenan,du Cambout,
de Reilhac, de Huraut
,
de Pembrok, de
Montgommery, de Sesmaisons
,
de Madeuc
,de Cadilliac
,
de Sevigné
,
du Chastel,
ôc plusieurs autres aussi anciennes
qu'illustres.
Iiiij EDITS,
EDITS, DECLARATIONS,ARRESTS,
Lettres Patentes, &c.
DECLARATION DU ROY,donnée à Paris
le 14 Mars1722,pourl'execution des
Articles 74, 755c 76 de la Coutume générale
d'Artois. -
ARREST de la Cour de Parlement, du 21
Mars dernier, portant défenses à toutes personnes
de quelque qualité& condition qu'elles
soient, de donner à joüer, ou de joüer même
aux Foires, aux Jeux de hazard ,& notamment
aux dez & aux Jeux appellez le Hoca, la Bassette
, le Pharaon, le Lansquenet, la Dupe, &
le Biribi, fous quelques noms & formes qu'ils
puissentestre deguisez
,
à peL,e de trois mi.le
livres d'amende contre ceux qui auront tenu
Academies ou Assemblées de Jeux
, & donné à
joüer chez eux, & de mille livres contre ceux
qui auront joüé auxdits Jeux.
ARREST du Conseil d'Etat du Roy, du 14
d'Avril, qui ordonne que tous les Registres
des Comptes en Banque, ensemble tous les
Certificats desdits Comptes en Banque,tant des
Villes de Provinces que de Paris, toutes les
Actions&Dixiémes d'Actions, tant Interessées
que Rentieres,ensemble 1& Etats qui ont été
envoyez au sieur Prevost des Marchands de la
Ville de Paris,& depuisremis au Greffe dudic
Hôtel de Ville, & dont le Greffier a donné ses
Recepissez & décharges, feront incessamment
remis par ledit Greffier audit sieur Saintard, qui
lui
lui en fournira sa reconnoinance, au pieddes
Inventaires qui en feront cirerez par ledit Greffier
de l'Hôtel de Ville, & dont il fera délivré
Duplicataaudit sieur Saintard ; & au moyen desdites
Reconnoissances, ledit Greffier de l'Hôtel
de Ville de Paris en demeurera bien & valablement
déchargé.
II. Ordonne pareillement Sa Majesté qu'il
ferafourni auditsieur Saintard par ledit Greffier
de l'Hôtel de Ville deParisdes Etats de luy
signez & certifiez véritables
,
de tous les Certificats
qu'il aura jusqu'à present délivrez &
coupez, ensemble des Actions & Dixiémes
d'Actions qu'il aura renduësaux Propriétaires.
III. En cas que par la fuite il fût encore
necessaire de couperqaelques Certificats,Veut
Sa Majesté qu'il y foit procédé par ledit sieur
Saintard, dépositairedesRegistres, Certificats
& Actions, lequel Sa
Majesté
a
,commis &
commet à ceteffet, sans néanmoins qu'il puisse
le faire qu'en consequence des Jugemens qui
ont été ou feront rendus par les sieurs Commissaires
do Conseil députez parl'Arrest du
f: Janvier 1721.
IV. Les Actions Interessées&les Certificats
pour Ecritures en Banque feront rendusaux
Propriétairespar ledit sieur Saintard, en' luy
fournissant par eux décharge valable: Et feront
les precedens Arrests executez en ce qui n'yest
point derogé par le present Arrest.
•
LETTRES PATENTES sur Arrest,données
à Paris le7 Avril 1722; qui ordonnent que
le Sr du Perrier fera tenu de fournirincessamment
dix-sept Pompes pour servir en cas d'incendie
dans la Ville de Paris, &c.
Ai*. 1. Ordonne Sa Majesté qu'outre les 1 Pompes qui font actuellement établies, le Srdpenier
J suivant sa soumission qu'il en a
-- donnée, & dont l'original demeurera annexé à
.la minute du present Arrest
,
fera tenu de fournir
incessammentdixsept Pompes nouvelles
avec leurs ultenciles &caisses, faisantavecles
treize, le nombre de trente, qui feront dépcfées
fous les ordres&inspection du sieur Lieutenant
général de Police; scavoir
, une à l'Ar-
, chevêché, une chez M. le Premier President,
une à la grande Poste, deux aux Prêtres de
l'Oratoire de saintHonoré, deux aux Capucins
de la ruë saint Honoré,uneà l'Opéra
,
trois
aux petits Peres, Place des Victoires
,
trois à
la Trinité ruë saint Denis, une à l'Hôtel de
Bourgogne, trois à la Mercy ,une au saint Efprit,
une chezleLieutenantgeneral dePolice,
trois aux Jesuites de la rue saint Antoine, trois,
aux Carmes, Place Maubert, trois à l'Académie
de Va'cdeiii", & uist à la Comedie Fran- çII. Loesditesitrenste Poempeain.siétaétba lileiess Se.
distribuées, feront fournies & entretenues der
toutes choses par le Sr du Perriet, qui fera
obligé d'en substituer d'autres quand il con- > viendra, le tout à ses frais. ,,•
III Pour C'rvir lesdites Pompes, & !ea faire
joüer dans le occasions, il instruira soixante
Gatdieps ,à chacun desquels il payeratous les
a\ln la somme de çent livres; ensorte que chaqueP
ompe ait au moins deux hommes pour -
la senÍr.: IV Ledit du Perrier fourniraausdits soixante.
Gardiensun habit uniforme& un bonnet : r.ticune\ pourles pp»;i<.rd?ns- lesincendies, .¡'., f<r:mt!u;fctftilprnçqt•reconnus!,
c. «: ;^ro'y*MIV: ksoyvr:cr.s !y>: %-..-<Si.1y »$.A - $ : * " <' -' v L *-vC: .m;
maniement des Pompes par lesifflet
,
afin qu'il
puisse se faire entendre d'eux,& avec plus d'assurance
& de commodité diriger lesdifférentes
manoeuvres qu'ilsdoivent faire.
VI. Veut Sa Majesté qu'il foit arrêté un rôle
contenant le nom & la demeure desdits soixante
Gardiens, dont un double fera remis entre les
mains dudit sieur Lieutenant General de Police;
& qu'en presence du Sr du Perrier & des soixante
Gardiens,lesdites trente Pompes soient
visitéesaumoinsune fois le mois parlesieur
LieutenantGeneral de Police
, pour connoître si
elles sont bien entretenues & en état de faire'
leservice. Si en cas d'incendie quelqu'un defdits
soixante Gardiens ne se trouvoit pas dans
la maison où il aura indiqué sa demeure par
Jedit rôle, & manquoit au service, ou se
trouvoit incapable de le faire, il fera retranché
durôle, & condamné à l'amende par ledit
sieur Lieutenant General de Police, qui en remettra
un autre en sa place: Et pour mettre
ledit Sr du Perrier Dncfteur des trente Pompes
,
enétat de les fournir & de les entretenir
avec les soixante hommes & les outils necessaires&
détaillezdans la soûmission, il lui fera
payé par les Tresoriers de Police en exercice
ro-i hors d'exercice, sur les fonds qu'ils ont
entre leurs mains, ou qui leur feront remis,
la somme de quarante mille livres une fois
payée, &celle de vingt mille livres par chacun
an pour l'entretien desdites trente Pompes, des
soixante hommes
,
des outils,&du renouvellement
d'iceux , surles ordonnances quien feront
expédiéespar ledit sieur Lieutenant General de
Police; sçavoir
, pour le payement de dix-sept
nouvelles Pompes, à mesurequ'elles feront
f urmies, & pour le payement de l'entretien,
oc ..()s moisen troi s r.,o Vçat Sa Majesté.-
que Icfd:ces sommes soient passées & allouées
dans les comptes qui feront rendus par lesdits
Tresoriers, tant
devant
ledit sieur Lieutenant
General de Police, qu'à la Chambre des Comptes
, sans aucune difficulté, & sur les simples
quittances dudic sieur du Perrier, qui fera en
outre tenu de representer à la fin de chaqueannée
audit sieur Lieutenant General de Police
les reçus ou quittances des soixante Gardiens
esdites Pompes, pour estre jointes aux Certificats
des visites qui auront été faites desdites.
Pompes, a:n{¡ qu'il est cy dessus ordonné, &
remis audit sieur du Perrier pour sa décharge.
Enjoint Sa Majesté audit sieur Lieutenant- General
de Police de tenir la main à l'execution
du present Arrest, sur lequel toutes Lettres
Patentes nscessaires feront expediées. Fait au
Conseil d'Etat du Roy, tenu à Paris le dixiéme
jour de Mars mil sept cent vingt- deux Collationné.
Signé,.GOUJON.
Ensuit la teneur de la Soûmission mentionnée
enl'Arrest.cy-dessus.
NOUS fouffignez, François di.1 Mouriez dui
Perrier, Directeur General des Pompes établies
dans la Viiie de Paris, en consequence de l'Ordonnance
du Roy, du 23 Février 1716, Se
Nicolas François du Mouriez du Perrier son fils,
reçu en survivance à cet employ, par Brevet
du 9 Septembre 1719, offrent à Sa Majestédefournir
incessamment & au plus tard dans quarre
mois, dixsept nouvelles Pompes, pour
avec les treize qui fervent actuellement faire
le nombre de trente.
'D\tablr huit Magasinsdistans les uns des
autres, dans lesquels ils entretiendront pour le
L-ryice desdites trente Pompes, seize grandes
echelles,
échelles
,
seize longs cordages oti chablois,
seize grands crocs ferrez par les deux bout,
propres pour abbattre une maison dans les cav
où la necessïtéobligera de lamettre à bas
,
afin
de sauver les autres ; trente pioches
, trente
pelles, trente coignées
, trente pinces pour arracher
les pavez , & trente long cizeaux pour
percer les tuyaux des Fontaines qui passent
fous lesdits pavez , au cas que l'eau desPuits
ne suffise pas pour éteindre le feu.
D'établir pareillement trente Loges pour renfermer
lesdites trente Pompes separément , &
fous la clef
De fournir en outre les chariots necessaires
pour transporter diligemment lesdites Pompes
d'un quartier à l'autre.
D'établir vingt-huit nouveaux Gardiens, &
sous Gardiens desdites Pompes,quijoints avec
les trente deux qui servent actuellement, féroce
en tout le nombre de soixante.
De fournir ausditsvingt-huitnouveaux Gardiens
des habits neufs & bonners uniformes,
& pareils à ceux des asceus*
De leur payer à chacun cent livresdegages
par an.
De faire avertir lePublic par desaffiches
deslieux où lesdites Pompes feront déposées , ,
& des noms & demeures desdits Gardiens.
De renouveller lors qu'il en fera besoin
, non
feulement lesdites trente Pompes, mais encoretous
les ustenciles exprimez cy-dessus, & qui
fervent a l'usage &au service desdites Pompes,
aux conditions suivantes.
Qu'il fera delivré ausdits sieurs du Perrier,
pere & fils, la somme de quarante mille livres
; savoir
,
moitié d'avance, & le surplus
lors que le tout aura été livré ; & en outre
la somme de vingt mille livres, à commencer
<m
OU'premÍer Janvier 1722 par chacun an, pcurl'entretien
annuel & renouvellement des Pompes
, & cous les ustenciles generalement quelconques
qui font necceaires. Fait à Paris ce
vingt cinquième Décembre mil sept cent vingtun.
Signé, F. mi MOURIEZ DU PERRIER,
& NICOLAS-FRANÇOIS DU PlJ'{RIER'
DU MOURIEZ. Collationné. Signé
,
GOUJON.
EDIT du Ray,donné à Paris au mois
d'Avril 1722 , portant confirmationde l'Ordre
de N. D. du Mont Carnrel &de Saint Lazare de
Jerusalem
,
dans ses biers,droits& privilèges,
& union de l'Hôpital & EsLi(e' de S. Jacquesde
Paris.
ARREST de la Cour de Parlement, du 19
Avril, concernant l'administration du Bureau
dts Saisies Réelles.
ARREST du Conseil drFtlt du j May,qui -
ordonne que les Certificats de liquidation qui
ont été ou qui serontdélivrez par le sieur Breha.
mel, séront coupez ponr la facilité des porteurs
d'iceux; & commet les Commissaires du Conseil
pour viser les Certrficats qui feront délivrez aux
particuliers, pourlavaleur de ceux qu'ils autout
raportezpour être coupez.
DECLARATION du Roy
,
donnée à Paris
le 3 May, concernant lafaillites & Banqueroutes.
*
ORDONNANCES RoysurMély, quicontinue
l'établissement dans Parisdes quatre Corpgde
Garde
,
placés aux Barrieres des Sergens de
M rue S. Honoré, du CimetiereS. Jean,du pe-
~TH.Marchésded'Abbaye SaintGermain,&dir
Mar'i'C'-
Marché Neuf;pourfavoriser l'executiondes
ordres de S. M & les mandemens de Juftii»;v
& pour la sureté & la tranquillité publique ,
Lesdits Corps de Garde composez chacun d'un
Sergent
,
d'un Caporal, & de hu:r Archers du
Guet à pied, qui s'y rendront tous les jours en
armes, & y
resteront
depuis six heures dunntin
jusqu'à neuf heures du foir en Eté, & depuis
sept heures jusqu'à cinqheures en Hiver.
DECLARATION du Roy, du 15 May, por*-
tant rétablissement de plusieurs droits,registrée
au Parlement le 20 dudit mois par laquelle S
Majesté declaré que les droits qui étoient
~attri
huez aux Officescréez sur les Porct, Quais,
Halles & Marchez de notre bonne Ville de Paris
depuis l'année 1689.& reservez par l'Edit
dumois de May 1715 , portant suppression desdits
Offices, soient perçus pendant le cours de
six arnées, conformément audit Edit du mois
deMay 1715,& suivant le Tarifattachésous,le
contreseel de la Declarations du 6 Aoust 1715,.
& queles droits qui étoient attribuez aux anciens
Offices sur lefdirs Porcs, Quays,Halles
& Marchez, créez avantl'annee1689, soient
pareillement perçus pendant le nveme temps de
six années, sur le pied des mêmes Tarifs, S£
en lamême forme SC maniere que les Titulaires
desdits-Offices les percevoient,& avoient
droitde 1*8 percevoir lors de la suppression.
ordonnée par l'Edit dumois deSeptembre 1719. Exceptonsdu ~rétablissementdesdits droitsceux -
quiétoientétablis& perçus sur les Bleds, Or*
ges & Fjriifjes,8c lur lesBois à brûler
,
debois,Cotterrets&Fagors Charbon ,lesquelsdemeu-
~rerortébejut&supprimezconformément
a.
gCOS de notre bonne Ville de Paris soient &
deneurent rétablis pour les denrées provenances
st leur crû
,
dans les mêmes privilèges & exem- ptions à l'égard desdits droits, dont ils jouif-
1 soient lorsquelesdits droics étoient perçus par
les Titulaires des Offices supprimez, dérogeant
en tant que besoin est ou seroit à la Déclaration
du 6 Aoust 1715. & au Tarif arrêté ea
confcquence : & pour prévenir les abus & les
fraude3 qui pourroient arriver fous pretexte
dudit Privilege, voulons & ordonnons que les
Bourgeois de notre bonne Ville de Paris qui
voudroct jouyrdeladite exemption, soienttenus
de faire en-egistrer dans la quinzaine au
plus tard au Bureau général de la régie desdits-
Droits rétablis, leurs titres de propriété des
terres & héritages qu'ilspossedent, &defournir
lors dudit enregistrement un Certificat en
bonne forme des Collecteurs de laParoisse où
font situez lears heritages , contenant la quantité
d'arpens de prez& terres que lesdirs Propriétaires
fontvaloir par leurs mains& à leurs
frais & dépens
,
sans être tenus a ferme, à peine
en cas de sausse déclaration,de cinq cens livres
d'amende contre lesd ts Collecteurs qui donneront
de faux Certificats, & de décheance des
Privileges contre les Bourgeois qui les rapporteront
, sans que ladite amande puisse estre moderée
,
ni les Privilèges rétablis fous quelque
prerexte que ce soit. Enjoigneos ausoits Propriétaires
de declarer tous les ans après larécolte
, & au plus tard dans le mois d'Octobre
de chacune année
,
la quantité des Foins& d'Avoines
qu'ils ont recueillis provenants de leurs
héritages,celles qu'ils entendent faire entrer à
Paris pour leur consommation ,& par quelles
Portesou Bureaux, à peine de décheance du
Brivilege par chacune des années, dans laquelle
- ilsis
masqueront d'y satisfaire. Voulons parcHément
que les Droits manuels sur les Sels - servez par les Edits de Janvier 1715.6cDecemv
bre 1716. ceux reservez dans les Cours
,
Chancelleries
,
& Presidiaux,Bailliages, & autres Sieges
Jurisdictions par les Edits des mois d'Aoust
1716. Janvier & Novembre 1717. ceux des
Courtiers-Jaugeurs créez par Edit de Fevrier
1674.d'inspecteurs aux Boucheries créez par
Edit de Février 1704. & ceux d'Inspecteurs aux
Boissons,créez par Edit d'Octobre 170 5. dont
Nous avons fait cesser la perception,continuent
d'estre levez & perçus pendant six années, après
Hesquelles tous les susdits Droits demeureront
éteints & supprimez ; tous les fonds qui pro.
vci£elnudsront du recouvrement desditsDroits cyrétablis,
feront uniquement employez au
remboursement des dettes de l'Etat, suivant les
états qui en seront arrêtez tous les sixmoisen
notre ConecH) sans que fous quelqueprétexte
que ce soit, ils puissentestreappliquez à d'autres
usages; desquels remboursemens
,
ainsi que
du recouvrement desdits Droits, il fera compté ttous
les ans en notre Chambre des Comptes,
en la forme qui fera prescrite par la Déclaration
que Nous ferons expedier à cet effet,&c.
ARREST du Conseil du 16 May, qui ordonne
que toutes les Declarations qui ont été
reines par les Notaires du Châtelet de Paris,
sur lesquelles les Particuliersn'auront pas fourni par écrit, dans le 2;y du present moisdeMay,
les réponses & ëclaircidojmens qui leur font demandez
,feront jugées diffinitivement,&liquidées
en l'état où elles se trouveront. Et qu'il
en fera usé de même pour les Déclarations des
RPoayrtaiucmuleiers des Provinces & Generalitez du ,qui n'auront pas fourni leurs Ré.
,
ponfcs
portes dans le 10. du mois de Juin, sanspou-
Tyir estreadmis à aucunes remontrances ni
eprefentations contre les Jugemens,Liquida..
tÏQDS ou Reductions.
AVIS.
LABONDANCE. des Matieres nous
0oblige de donner au Mercure de ce
Mois un Simplement, actuellement fous
presse
,
quifera un juste Volume. La
principale Piece qui nous y determine,
est une Dissertation Historique trés-étendue
de A/,l'jbbé de camps, dans laquelle
ilest traité du Sacre & du Couronnement
des Rois de France depuis Pepin
jusqu'àLouisXIV. inclusiVement.
Nous prenons d'autant plus Volontiers
ce parti, que cet Ouvrage rempli d'une
érudition peu commune & de Recherches
tres-curieuses, qui interessent toute la
Nation, servira naturellement de Vrélu
minvire au journal Historique que nous
devons donner du Sacre du Roy,
Le
LE second Volume de ce mois, qip.
nous promerrons, fera orné de deux
1 Planches en taille douce, dont l'une represencera
le superbe Feu d'artifice , donné
par le Duc d'Ossone, Ambassadeur extraordinaire
du Roy d'Espagne,qui a été
tiré en presence du Roy & de l'Infante
Reine: On trouvera dans l'autre deux sortes
de caractères inconnus, que l'on propole
aux Sçavans.
APPROBATION.
JAy III par ordre de Monseigneur le Garde des
Sceaux le premier Volume du Mercure -du
mois de May.. & j'ay cru qu'on pouvoir en
permettre l'impression.A Paris le trentième
jour de May 1722, - HARDION.
TABLE.
PIECES FUGITIVES. Ode sur l'établissement
de la Religion Chrétienne. Page I
Relation del'Entrée
,
Cavalcade & Audiance
duPapeduBailliSpinola, 7
Elegie, il
Dissertation historique sur letitre dePrincedes
Asturies.
yâurîes , avec les noms des Princes qui l'ont,
porté, & les Ceremonies qui s'observent dans
leurproclamation, 17
Traduction en Vers de 3. Odes d'Horace, 4e
Relation du Voyage de Don Louis de Mendes,
Comte d'Ericeira, cy-deyant Viccroy des Indes
Orientales, 54,
EpitreàDamon, 68
Lettre de M. Capperon, &c. au sujet de deux
anciens Tableaux, découverts à la Ville d'Eu,
7,
Madrigal, 82
Lettre de Bourges, & Jugement rendu contre,
&c. ibid.
Lettre Critique écrite aux AuWwrs du Mercure,
84
OrÍgÍge de la Cocarde» tg
Lettre écrire aux Auteurs du Mercure sur l'Enigme
Chronographiqued'Evreux, 90
Autre Lettre sur le mêmesujet , contenant une
pareille Enigme à dechiffrer 91
Explication des Enigmes du mois passé,nouvelles
Enigmes & Chan on, 95
NOUVELLES LITTERAIRES & des beaux
Arts. Moeurs des Sauvages Americains.corn.
parées aux moeurs des premiers rems, 98
Les Oeuvres deS.Ambroise,projet d'une nouvelle
Edition. 99
Lettre écrite à Mr. sur l'état present des Lettres, 100
Lettre sur laTragédiede Romulas, 106
Cinquiéme & sixiéme feuille du Spectateur , &c.
107
Discours de M. Racine fut les causes du prtorè*
& de la décadence des Belles Lettres, àle
Discours de M. l'Abbé Anselme sur les Asiles
118
Dissertation de M. Fourmont sur la Littérature
Chinoise, &c. lif
iDifcours de M.Geoffroy sur lasupercheriedes
chercheurs de Pierre Philosophale
, m
catalogue d'un Cabinet de Tableauxàvendre.
avec des Medailles, bas Reliefs, Bustes, fcc
li$
Suite des Médailles du Roy, i)8
Spectacles, d'Orste&Pilade, &c. Comédie nouvelledel'Opiniâtre,&
c. 1j9
11.c Balet des quatre Saisons,140.
Théâtre Italien, Discours & Sonnet Italien.
Comedie nouvelle de la surprise de l'Amour,
&c. 141
MOUVELLES ETRANGERES de Pexin
, &
de l'Isle de Bourbon, où il eu parlé des arbres
de Caffé,&c. 4. 150
De Constantinople, de Moreou, de Stokolm
,
de
Copenhague, deVarsovie,de Vienne,de Londres,
deMadrid, de Lisbonne,deRome.&c.156
Charges & Dignitez des Pays Etrangers,169,
: Morts,Mariages,&c. 274
Journal de Paris, 176
&Benefices donnez,&c. 187
[ Morts, où il est parlé d'un Religieux âgé de
118ans. 189
Mariages, 19j
Edit »
Declarations, Arrests
>
lettres Patentes;
xc. igé
JYis pour le second Volume du Mercure de ce
1
mois,
-
106
Fautes et, corriger dans. le Mercure dA"Pril.,
A La page 17; , en parlant de Madame la
Princesse de Soubise, qui aété reçûë en
survivance de la Charge de Gouvernante des
Enfans de France, nous avons dit que c'est la seule
Charge où la survivance demande prestation
de ferment. Il falloir dire que c'est la seule
Charge remplie par une Dame, qui demande
prestation de ferment entre les mainsdu Roy.
Page 18) ligne 3 d'Avyan,lisez d'Avejan.
L'Air à chanter: doit regarder la page 97
L3 Planche des Médaillésdu Roy doit regarder lapage138
SUPPLEMENT
MERDCUURE
DE M A Y x7ii.
CONTENANT UNE DISSERTATION.
Historique du Sacre & Couronnement
des Rois deFrance5 depuis Pépin
a jufquk Louis le Grand.
{.LVÆ COLLIGIT - SPARGIT.
A PARIS,
Chez GUILLAUME CAVELIER., au PaTil.
GUILLAUME CAVELIER, Fils,rue
S. Jacques,àla Fleur-de-Lys d'Or.
1
ANDRE CAILLEAU, à l'Image Saint
André, Place de Sorbonlle.
NOELPISSOT,QuaydesAugustins,àla
descente du Pont-Neuf,à la Croix d-Or.
M DCC. XXII.
Avec Approbation & Privilege du Roy.
LISTEDES LIBRAIRES
qui débitent le Mercure dans les
Provinces du Royaume, & dansles
Pays étrangers.
Lyon, cher Plaignard. Libraire.
Montpellier, cher les freres Faures.
Toulouse, cher la Veuve Tene.
Bayonne,cher Etienne Labottiere.
Bordeaux, cher la veuve Labottiere.
Charles Labottiere, vis àvis la Bourse. ibid,
Rennes, chef Vattar.
Nantes, cher Julien Maillard.
Saint Malo,che%la Mare.
Poitiers
, chr Faucon.
Xaintes, chef Delpech.
Blois.cherMatron.
Orleans, (ber Rouzeau.
La Rochelle, chez Desbordes.
Angers, chezFourreau.
Tours, cbq Gripon.
Caën ,clpe^ Cavelier.
Rouen, ebe-, la Veuve Herault.
Le Maris, cher Pequineau.
Chartrescher Feltil. '., Châlons, (her Seneuze.
Troye, rbey-BoUillerot.
Rheims,chez Godard.
Dijon , chef la veuve Armil.
Beauvais, che'{ A leau.
Abbeville, chez Dumesnit.
Soissons
,
cbq Courtois.
Amiens, cher le François, 8c Godard.
Arras, cher C. Duchamp.
Sedan , ch,:{ Renaud.
Metz, chez Colignon.
Strasbourg, chef Doulfeker.
Cologne, chef Meternik.
Francfort, chef J. L. Koeniq.
Berlin, chef Erenne.
Leipfic, chef Gledich.
Lille, chef Danel.
Bruxelles
,
chef Tserstevens,
Anvers, chef Verduilen.
La Haye, chef Rogiffard.
Londres, chef du Noyer.
Madrid,chef Anisson.
Geneve,chef les freres de Tournes.
Turin, chef Reinssan.
L-e prix est 25 sols.
AVIS.
YL1
,ADRESSE generalefour toutes
choses est àM. MOREAU,
commis au Mercure3 chez M.le
Commissairele Comte, vis-à-vis
la comedie Françoise à Paris. Ceux qui
pour leur commodité Voudront remettre
leurs Paquets chetez aux Libraires qui
rvendent le Mercure à Paris, peuvent se
servirde cette Voye pour les faire tenir.
On prie très-instamment quand on
adresse des Lettres ou Paquetsfar laPosse,
d'avoir foin d3enaffranchir le Port,
comme celas'est toujours fratiqué, afin
J'épargner, à nous le déssaisir de les
rchuter, & à ceux qui les enoyent
celui3 non feulement de ne pas voir
faroître leurs ourages, maismême de
les perdre, s'ilsn'en ont PtJs gardé di
cosi£
SUPPLEM E NT
DU MERCURE
DE MA Y1721.
DISSERTATIONHISTORIQUE
du Sacre & Couronnement des Rois
de France depuis Pépin jujqua Louis
le Grand inclusivement, &c..
PAR M.DE CAMPS,
jilbé de Signy,
OMME j'ay intitulé cette
Dissertation du Sacre Û*
Couronnement des Rois de
France, on trouvera peutêtre
à redite que je n'y fais
aucune mention des Lettres circulaires
pour la convocation des Grands du Royaume
qui y ont assisté, des préparatifs pour
la marche, de la suite & de la gardede
leurs Majestezpour se rendre dans les lieux
où ils ont été faits, de l'ordre & des ceremonies
qui s'y sont observez,même dans
le festin Royal après le Couronnement j.
mais si quelques-uns me faisoient ce reproche
,
je les renvoyerois pour s'en instruire
au grand Cérémonial de France,
mis au jour par les soins de Denis Godefroy
en l'année1649
,
dans lequel ils-trouveront
tout ce détail déduit, une partie des
fragmens des Historiensanciens & modernes
qui en ont parlé, & même les procès
verbaux qui en ont été dressez par les
Grands Maîtres des Ceremonies & les Herauts
d'armes, ou par les Chanoines de
différentes Eglise dans lesquelles nos Rois
ont été sacrez & couronnez.. Jeleurdi
rois d'ailleurs que je ne l'ay fait que pour
contenter une personne de confédération
qui , ne souhaittoit que de sçavoir à quel
âge les Rois peuventêtre couronnez,
dans quelle Eglise, & par quel Evêque
la ceremonie en doit être faite; s'il effc
confiant, comme quelques Historiens de
ces temps-là en ont voulu persuader le
Public, que les Rois de la féconde Race
n'ont été élevez au Trône que par la voye
de l'élection ; s'il est vrai & pourquoi les
Regens du Royaume pendant la minorité
de nos Rois de la fécondé Race, ont été
sacrez & couronnez; en quel temps les
douze
K - j
douze Pairs Ecclesiastiques & Seculiers
ont assisté pour la premiere fois à la ceremonie
du Sacre *, & enfin ce qui se trouve
dans notreHistoire de faits interessans par
rapport aux temps & aux circonstances
de cette auguste ceremonie, qui ne font
point rapportez dans le grand Cérémonial
ni-par les Auteurs qui ont donné au Public
des Histoires generalesde France, depuis
l'imprenion du Recueil de Godefroy.
Si je ne répons pas à toutes ces questions
dans l'ordre, qu'elles me font proposees,
j'y satisferay au moins dans l'occasion, en
parlant des differens Sacres de nos Rois,-
& quoi qu'elles pûssent faire la, matiere
d'un gros Livre, je les reduiray dans les
bornes d'une simple Dissertation.
Les Archevêques de Reims prétendent
qu'ils ont seuls le droit de sacrer les Rois:
Que ce fut le Pape Horsmisdas qui leur
en a donné le privilege, en leur conférant
le Titre de Légats nez du Saint Siege. Je
ne prétends pas decider cette question; je
n'en parleray donc que comme Hiftonen.
Le P. Ruinard dit dans le 23e Article
de sa Préfacé à l'Edition de Gregoire de
Tours, que le Vicariat du saint Siege est
attaché à l'Eglise de Reims depuis le temps
de saint Remy:cependant ce Vicariat a été
fort concerté par les plusSçavans dans notre
Histoire, & suivant ce qu'ils en disent il
y auroit plus de raison d'en dourer, Sei
même de le rejetter entièrement que de leI
croite.D'ailleurs quand ce Vicariat seroit
constant, le P. Ruinard ne dévoie pas
ignorer que le P. le Cointe a prouvé par
une sçavante Dissertation qu'il n'a été conféré
qu'à la personne de saint Remy, &
non à J'Eglise de Reims
, que ce saint Archevêqueavoir
été Vicaire du Sainr Siege
dans les Gaules, mais que cette dignité
n'avoit nullement passé à ses successeurs.
Quant à la prétention d'être seuls en
droit de sacrer les Rois, il me semble que
les Archevêques de Reims & leur Eglise
ne l'ont hlir paroître que dans le douzième
siecle. Le sçavant Yves de Chartres l'a refutée
par une longue Lettre que je rapporterayen
parlant dusacredeLouisVI,
dit le Gros, dans laquelle ce Prelat soutient
que le choix de l'Eglise & de l'Evêque
pour la ceremonie du sacre de nos
Rois, a toujours dépendu de la volonté
ou de la dévotion de leurs Majestez, ou de
ce qui leur étoit le plus commode;& que
ce n'a été qu'au milieu du huitième siecle
que nos Monarques qui ont succedé les
uns aux autres, ont continué de se faire
sacrer; mais que ç'a été tantôt dans une
Eglise, tantôt dans un autre, & par tel
Evêque qu'il leur a plû.
* Coint. ad an. SH. n., 59. t.I. p.4TT.
L'Histoire
L'Histoire ne nous apprend pas que depuis
le batême du grand Clovis, cous les
Rois qui en font issus & qui lui ontsuccedé
jusqu'à Pepin le Bref, se soient saic
sacrer. On apprend feulement de la même
Lettre d'Yves de Chartres, que Charibert
& Gontram, petits filsde ce grand Monarque,
l'un Roy d'Orleans, & l'autre
Roy de Paris, ne reçurent aucune bénédiction
ou couronnement de l'Evêque de
Reims, maisqu'ils furent élevez& sacrez
parles Evêquesdes Provinces sur lesquelles
ils commandoient.
Sacre& Couronnement de PEPIN.
Quelques Auteurs ont écrit que l'an
75oex d'autres l'an 751, Pepin fut couronné
& sacré à Soissons par Boniface
Archevêque de Mayence, & le P. Daniel
après avoir soutenu que ce Monarque da
été élevé sur le Trône que par la voye de
rdecHon & par le concours de l'autorité
du Pape, a suivi cette derniere époque,
& en cela il a adopté le sentiment de-
Cordemoy, qui dit la même chose dans
son Histoire de France,pag.436 ôc 446;
mais les plus sçavans dans notre Histoire
ont douté & doutent encore decefait&'
les plus habilès le nientabsolument car
ilest certain que pour lors l'usage de sacrer
les Rois n'étoit pas encore bien établi.
Cet Anacronisme & cette diversité de
sentiment sur l'année du sacre de Pepin
le Bref, font voir le peu de solidité de
cette opinion; mais ce qui estle plus à remarquer
,c'est que cette diversité, ou plutôt
cette contradiction se trouve dans les
• ouvrages d'un même Auteur ; cet Auteur
est Eginard, qui etoit contemporain. Il
rapporte dans ses Annales fous les années
749ôc 750l'Ambassade de Burcard, le
conseil tk l'ordre du Pape Zacharie; &
dans un autre ouvrage qui est là vie de
Charlemagne, il dit que ce conseil &cet
ordre se doivent rapporter au Pape Etienne..
Est-il à croire qu'un mêmeAuteureût pil,
varier de lasorte sur un fait de cette importance
, arrivé presque fous ses yeux,ôc
qu'il ne pouvoit ignorer, n'étant pas pos
sible qu'un homme du rang qu'Eginardtenoirà
la Cour de Charlemagne, ne sçut
point à quel titre le Roy son maître tenoit,
sa Couronne? L'avenement de Pepin à la
Couronne & son Sacre, n'étoient éloignez
que de 16 à 14années, & ce n'étoit pas.
une assez longue distancede temps pour
qu'il ne fç trouvât alors personne qui en
eut connoinance.
Cette surprenante diversité prouve évi..
demment que ce qui se trouve dans les
Ouvragesd'Eginard touchant la prétendue
déposition de Childeric, l'avenement de
Pepin
Pepin le Bref à la Couronne, & son Sacre ar Boniface Archevêque de Mayence par ,
pas de cet Auteur , mais feulement
l'ouvrage de quelques Interpolateurs
,
qui
n'ont pas fcù le temsni-
les circonstances
du fait qu'ils vouloient avancer, & dont
l'unique but n'a été que d'attribuer aux
Papes un droit qu'ils n'avoient pas, &
qu'ils vouloient leur donner. Cette contradiction
n'est pas la feule que ces Interpolateurs
nous font trouver dans les Ouvrages
d'Eginard. Je les ay observées dans
une autre Dissertationque je donnerai bientôt
au Public. Je n'en dirai rien deplus dans
celle-cy.
On trouve encore une autre contradiction
dansles Annales du même Eginard,
telles que nous les avons. Son Interpolateur
lui fait dire fous l'an 750. que Je
Roy Pepin fut oint & sacré Roi par saint
Boniface, pour faire honneur à la dignité
Royale; & cependant fous l'an 754 on
lui fait encore rapporter que le Pape
Etienne oignit & sacra le Roy Pépin pour
le mêmesujet,c'est-à-dire pour faire honneur
à la dignité Royale. Ainsi il y auroit
eu deux onctions d'unmême Roy pour un
même Royaume enquatre années
, ce qui
est entièrement contraire à la Discipline
& aux Usages de l'Eglise.
C'est une opinion, & c'est aussi la mienne,
que l'onction que les Rois reçoivent
à leur sacre, imprime caractere; de même
que le Baptême, la Confirmation & les,
Ordres sacrez qui ne se réïterent pas.
On ne doit donc pas croire que Pépin;
ait été oint & sacré deux fois. Cette variété
fait encore connoître que ces Annales ont
été interpolées par des ignorans; & c'est
en partiecesmêmes raisons qui ont deter.
miné le P. le Cointe de regarder comme
des interpolations tout ce qui se trouve
dans ces Auteurs, & dans ceux des trois
siecles suivans touchant le concours de
l'autorité des Papes dans la pretendue déposition
de Childeric, & dans l'Intronisation
de Pepin le Bref, & son Sacre par
saint Bonface.
Il est feulement confiant que Pépin fut
sacré le 9 Juillet de l'année754 dans l'E.
glise de saint Denis, avec Berthe sa femme
4k les fils Charlemagne & Carloman par
le Pape Etienne IIIv.
CHARLEMAGNE CARLOMAN.
PépinleBref mourut le 26Septembre
de l'année 768. Charles & Carloman ses
fils lui succederent,& furent couronnez, k premier à Noyon, & le second à Soifsons
le 7 des Ides d*0<5lobre de la même
année; c'est ainsi qu'en parlent les Annales
de France, qui commencent l'an 708, &
finilient
finissent l'an goo. D'autres Annales quicommencentl'an
708,8c finissent l'an loS,.
ne parlentpasde ce second Couronnement,,
mais disent feulement qu'après la mortde
Pépin, Charles & Carloman furent élevez
sur le Trône:Carolus & Qarolomannus
elevati funt in Zegnom,
Le Moine d'Angoulême quia écrit la
vie de Charlemagne, n'en dit pas davantage
que les precedens: il rapporte seulement
que la même année que Pépinmourut,
Charlemagne & Carloman furent
élevezsur le Trône en un même jour, le
premier à Noyon, & le second à Soissons, -
& ne parle pas de leur Sacre: Elevati sunt - inregnum uno diesimulCarolusinNoviomo,
& CarolomannusSuessionis Civitate;
Eginard dans ses Annales ne fait atlCtme"
mention du second Sacre de Charlemagne,
& de Carloman son frere ; il dit feulement
qu'après le decès de Pépin, Charles &
Carloman ses fils, du consentement de tous
les Grands, furent reconnus Rois, & reçurent
les marques de la Royauté, l'un à
Noyon, & l'autre à Soissons: Filii vero
tjtts Caroltts & Carolomannus in Noviomagocivitàte,
Carolomannus in Suessionâ
insignia regni perceperunt..
1 Charlemagne mourut le 18 Janvier
814.*
Sacr*
Sacre de Louis le Debonnaire.
LQUIS LE DEBONNAIREsonfils&son
successeur, fut sacré dansl'Eglise de Reims
par le Pape Etienne V, l'an 8 16. Le Pape
Leon étant decedé, Etienne lui succeda
aussî-tôt qu'il fut en possession du Pontificat
, il ordonnaàtout le peuple Romain
de promettre & jurer ferment de fidélité à
Louis le Debonnaire. Ce saint Pontife fit
ensuite demander à ce Monarque par ses
Légats, la permissionde le venir trouver
en France, en tel.lieu qu'il lui plairoit.
S'étant rendu à Reims deux mois après son t
élévation au Pontificar, & ayant déclaré
à Louis le Debonnaire le sujer de son voyage
, il le sacra & le couronna commeEmpereur
avec Ermingarde sa femme, vers la
fin du mois de Juillet, oiv au commencement
du mois d'Août de la même année
Si6.
Sacre de CHARLES LECHAVVlS
CHARLESLE CHAUVE succeda À
Louis le Debonnaire l'an 840, Fauchet
dir que ce fut le 6 Juin, & sur couronné
Roy d'Aquitaine à Limoges en Octobre
de l'année854. Lothaire Roy de Lorraine étant decedé:
dans la Ville de Plaisance, Charles le
Chauve lui succeda & se fit couronner Roy
de|
de Lorraine en l'Eglise de saint Etienne de
Mets le 9 Septembre de l'année689, &-
l'on ne voit pasdans l'Histoire que l'Archevêque
de Reims ait fait paroître alors
aucune prétention d'être seul en droit de
sacrer & coaronner les Rois.
On voit dans l'ordre pour le sacre de
Charles le Chauve,qui est dans les Capitulaires
de ce Monaarque, imprimez en
1623 par le P. Sirmond Jesuite, que les
Evêques qui assisterent au Sacre furent Adventius
Evêque de Mets, Otronde Verdun
,Arnoul de Toul, François de Liege,
tous Evêques de la Province de Treves ,
avec ceux de la Province de Reims, qui
avoient à leur tête Hincmar leur Archevêque.
Selon l'ordre ordinaire ç'auroit été
à l'Evêque de Mers à sacrer le Roy, pui[..
»
que la ceremonie se faisoit dans ton Eglise,..
ou bien à l'Archevêque de Tieves comme
Métropolitain, s'il y en avoir eu un; cependant
ce fut Hincmar Archevêque de Reims
qui fit ce Sacre; & afin qu'on ne pûr pas
croire qu'il pretendit être seul en droit
de sacrer les Rois, ni qu'il voulut faire
en cela aucun préjudice àl'Archevêque
de Treves,il declare qu'il ne le fait que
parce qu'il est le plus ancien Evêquesacré;
& que les Evêques de la Province de 1 reves
n'ayant pas alors de Metropolitain,
ld'en aovoiennt sonllicitéé, &l.eEluiavosienttorEst
& alia crlllþ , quia ijii venerabiles
Domini&Confratres nostri Provincie iftittr
(Trevivensis ) Episcopi, non habentes Metropolitanum
Episcopum, exiguitatem no.
stram sic in {Nis- , ftCHt & in specialibus
nostris causis nosfraternâ charitate jubetit-
& commonent agere,~&c.
On trouve dans la Relation de l'Ordredont
je viens de- parler, trois choses qui
.-merirent une attention particulière, & qui,
confirment encore de plus en plus la réfutation
que j'ai faire ci-devant du sentiment
du P. Daniel sur la prétendue élection des.
Rois de la seconde Race à la Couronne
deFrance.
La premiere le trouve dans le Discours
que fit avant le Sacre de Charles le Chauve,
Adventius Evêque de Mets, dans le
quel H dit que Charles le Chauve estélude
Dieu, que c'est sa volonté qu'on le
reconnoisse pour Roy, & que la Couronne
lui appartient comme à l'heritier
legitime, Videmus hunc Regni htijai he..-
rtdsm ejje legitimum.
La deuxième se trouve dansles propres
paroles de Charles le Chauve, par lesquelles
il reconnoît ne devoir qu'à Dieu la Couronne
dont il prend possesion,Regnum l
Deo mibi datum.
La troisi me, qui n'est pas moins remarquable,
& quiprouve que Pepin n'est
monte
1
monté sur le Trône que par le droit du
Sang, se lit dans le discoursde Hincmar,
qui sertdeRéponse à celui d'Advenrius)
où il assure que Louis le Debonnaire, pere
de Charles le Chauve, est issu du même
Sang de Clovis par S. Arnoul: Quia [atifta
memoriae pater suus Vominm Hludovicus,
fifts Imperator Augujltts ex progenie HIIIdovici
Francorum Régis incliti, per Beati
Remigii Francorum Apostoli catholicam priZ"
dicationem cum intégrâ genteconversi.
exortus per Beatum Arnulphum, è cajur
carne idem Hludovicus Pius Augujltts on*
ginem duxit carnis*
Cela est conforme à la Loy fondamentale
de l'Etat pour la successionà la Couronne.
Le P. Daniel, qui raporte souvent
des faits & des exe nples dans son Histoire,
sans s'apercevoir qu'ilsrenversent son Systême,
ditCol. 687. tom. I. que quand
il y avoit plusieurs Rois en France, &
qu'un de ces Rois mouroit, lefrere prétendoit
à l'a succession au préjudice des
enfans du mort; que ce point fut décidédans
la Conférence de Messen sur la Riviere
de Meuse
, en faveur de leurs ensans:
ôc pour le prouver, il raporte que
Lothaire Empereur r Louis le Germanique
& Charles le Chauve étant assemblez à
Messen sur la Riviere de Meuse auprès de
Mastrick, firent là de concert divers Reglement
glemens
, doncle plus remarquable est le
neuviéme, par lequel ils reglerent qu'après
leur mort, leurs enfans seroient leurs successeurs
dans leurs Etats, qu'ils auroient
chacun le partage que leur pere leur auroit
assigné, & que leurs Onclesn'y auroient
aucune prétention; à condition néanmoins
que les filsduRoy mort auroient pour eux
le respect & les égards que la qualité de
Neveux les obligeoit d'avoir.
Charles le Chauve mourut le<TO#obre
877
,
à son retour d'Italie.
- Sacre deLOUIS LE BEGUE.
IOUIS 11.dit le BEGUE,ayant reçu
l'épée par laquelle son pere l'investissoit du
Royaume, l'habit Royal
,
la Couronne &
le Sceptre
,
qui lui furent apportez à Compiegne(
a)du consentement de tous les
Grands du Royaume,sans qu'il y ait été
fait aucunemention d'élection, y fut sacré
& couronné par Hincmar Archevêque de
Reims le huit Décembre de l'année 877.
Le même Louis le Begue, & Louis
Roy de Franconie, son Cousin germain,
s'étant trouvez ensemble à Furont b.), reconnurent
dans un Traitésolemnel qu'ils
firent le premier Novembre 878
,
qu'ils
tenoient leur Royaume par droit successif,
a Vide le Comin. d'Aimoin lib-S-rOP- yg.
bjUnal. Bert. adann.878. C..pit. t. 2..p.171
lk
& qu'il devoit passer à leur posterité par
droitde succession. En voici lestermes
tels qu'ils sontrapportez dansles Annales
de S.. Bertin, imprimées dans le 3^ Tome
de duChesnepag. 256 & 257, & qui
décident la même choie qui avoir été reglée
dans le Traité fait à Messen entre
Lothaire, Louis le Germanique Charles
le Chauve. -
(a) Cenventio que inter gloriofos IÇegei
Zàtdovicum filium Caroli Imtei-iavris,itemque
Ludovicum fitium Regis Ludovici in
loco qui vocatur Faronis,Kal. Novembris,
ipsis&communibus fidelibus ipsorumfaventibus~&
consentientibus,facta eflannaIff- -
carnationis Dominicoe878.
Capit. n-L. Vt" si eg9
-
vobh
-
feptrjfis;
féero-, filiumvestrum Ludovicum adhuc
parvulum,~& aliosfilios vestros,quosvobîs
Dominus donaverit, ut regnum paternum
hoereditariojure quietè tenerepossint-i,
éT consilio, & awx-ilio, prout meliùs Po.
filtre, "d;Hvaho. Si autem vosmihi superstitesfueritis
,fitios taeosXndovlcum&Karirùmanmtmyr&
aliosquos divinapietus mihi
douare voluerit, ut regnumpateTtlsm..qllie:ti:'
tenere possint,similiter Ù*confilio C? JIll. si xilio,frout mdiùspotueriéis,adjuvabith•
Louis le Begue fut couronné comme
Empereurle 7Septembre de Pànncc979s
2.Annal.Bert.apud Chesn. t. 3. p. 2,3 "Ó''lIE7.
par le Pape Jean VIII. au Conciletenu
dans la Ville de Troyes en Champagne.
Sacrede LOUIS & deCARLOMAN.
Ce Monarque étantmalade à l'extremité
à Compiegne,envoia les Ornemens
Royaux à Louis son fils aîné, & ordonna
aux Grands qui étoient avec lui de le faire
Sacrer & Couronner Roy. Ses ordres
furent ponctuellement executez, & Louis
fut sacré & couronné Royavec Carloman
son frere, d,¡ns l'Eglise de S. Pierre de Ferrieres
en Gatinois, par Ansegise Archevêque
de Sens, l'an 879. Iln'y a en tout
cela aucune marque délection, nirien qui
puisse favoriser le Systeme de ceux qui
prétendent que la Couronne étoit alors élective.
Il ne paroît pas même que l'Archevêque
de Reims sesoit plaint qu'un autre
Prelatque lui eût sacré ces deux Monarques.
Louis mourut le 4 Aoust882. & Carloman
le G Décembre 884. [à) l'un Bi:
l'autre ne l'aisserent point de posterité.
Sacre de CHAl?.LES- LE SIMPLE.
Charles le Simple devoit être reconnu
Roy aprés la mort de Carloman, si son
bas âge n'y eile. été un obstacle invincible.
flf' CointiAimoin. L.5.c.39.
il
fil n'étoit alors que dans sa cinquiéme an- née, & comme les François avoient besoin
èemettre à leur tête un Prince brave 6c
puissant pour faire cesser les troubles du
Royaume,&repousser les Normans, qui
ravageoient la France avec une fureur incroyable
,
ils defererent l'administration
& la Regence du Royaume à Charles le
Gras Roy de Germanie, d'Italie .& Em^'
[pereur. (b)
--
L.. Regence de CHARLES LE GAS.
Charles le Gras ne fut que le Gouverneur
& le Regent du Royaume , & non
lie Roy. Aussi lesHistoriens les plus habiles
ne l'ont-ils regardé que comme Tuteur
& Regent, & ne l'ont pas compris
dans le nombre de nos Rois du nom de
Charles :car s'il avoit été Roy de France, le Roy Charles le Bel, qui n'est nommé
parlesHistoriens contemporains que le
quatrième du nom, auroit été le cinquiéme.
(c) C'est donc à tort que quelques Historiens
modernes lui ont donnéletitre de
lRey de France fous le nom de Charles II.
Je sçai bien que Charles le Gras a été
mn des Rois des François ,
c'est-à-dire,
> si) Cron. Floriac. Chen. t.2.p.638.
, (c) Guidon. Cron.
AU>cjrt.Crtn,*dun.SS4,
le
le Maitre de la partie de la Monarchie
Françoise qui fut donnée à Lothaire & à
Louis le Germanique par le partage fait
entr'eux & Charles le Chauve,aprés la
celebrebataille deFontenai mais il n'a
,
jamais été Roy de France. -
Charles le Gras ne regit & ne gouverna
le Royaume de France & ses propres Etats
que jusqu'à l'année 887. La foiblessede
son esprit donna lieu à tous ses Sujets de
l'abandonner: ce qui arriva au mois de
Novembre. Il mourut pauvre , & selon
quelques Auteurspeut-êtreempoisonné,
le 11 Janvier 888. (d)
Charles le Simple n'avoit pas encore
huit ans complets lors du decés de FEmpereur
Charles le Gras.
Regence ~& Sacre d'EVDES.
Comme les Normans ruinoient alors le
Royaume par toutes sortes d'hostilitez , les François supplierent Eudes Comte de
Paris,fils aînéde Robert le Fort &Prince
du Sang
>
de le charger de la Tutelledu
jeune Charles le Simple, Se delaRegence
du Royaume, ce qu'il accepta, quoique
malgré lui, bien que cette Regence suçs
dûë à sa naissance.
Supererantduofilii Roberti,Senior Odo
(d) AnnAl. Meten. adan.887. & 88S.
dicebatur,
dicebatur,Robertus alter patrem nomine
referens
, -ex bis majorem natu Odonem Franci, licet reluctantem , ,Tutorem pueri,
Regniqueelegêre gubernatorem, qui mente
benignus <b* Reipublica hostes arcendo(e)
strenue proefuit, & parvulum optimefovit
atqueadolescenti &sua repetentigratanter
%egna refudit, a quo parte Regni redonatus
quoad vixittempore hostibus terribilis
eique semper extitit fidelis.
J'ay encore pour garant un grand nombre
d'autres Auteurs de ces tems-là,que je
me contenteray de citer au bas dela page,
quiassurent
, comme celui dont je viens
de rapporter le passage
,
qu'Eudes ne fut
que le Tuteur du jeune Charles le Simple,
comme Charles le Gras l'avoirété.(f)
Eudes ne fut donc pas élu Roy simplesment,
comme quantité d'Auteurs peu habiles
dans notre Histoire l'ont soutenu ; (g)
& je m'étonne que le sçavant Auteur de
l'Histoire Ecclesiastiquede Paris l'ait avan-
(e) Bibl. Florisc.Chen. t. 2.. p.638.
( f ) Aimoin. de mirac.S. Bened.l, iri.c. 1*
!
1 Ivon. Carnot. Epist.inter edit. 144.l. 4*
Chen. T. 4. Epist. 40. p. 337.
Cron. Virdun.ibb.T. 1. p. 417.
Libintz IId Ann. 888. Part. I. p.ir|.
Dacher. Spicil. T. I. p.417.
Vitll Garner. Perard. p. izj.
(g) Dubois. L.8. c.5.p.552.
Ce
cé comme un fait flic , & que ce senti
ment ait étéadopté par d'autres Historiens
qui ont écrit depuis.
Je sçaiqu'Eudes eut le titre de Roy. Je
sçai qu'il fut couronné Roy; (h) mais il
ne le fut que pour un tems, c'est-à-dire,
pendant laminorité de Charles le Simple.
- Mortuo Ludovico ( Balbo ) remanfittritrims
Carolus infatrs, deinde inito Conjtlio
Francorum tltBtis est Odo in Regnum ad
tempus ,
deinceps Carolas atate fafttts
Sceptrum %?gni recepit cum aIJenfN Odonis
%e?is. (i)
Le Regent étoit couronné Roy, agissoit
en Roy,&avec une autorité Royale, &
sedisoit Roy du Royaume appartenantà
son Pupile, son nom seul, les années de
son Regne éroient marquez dans les Aéles.
& le Pupile ne Regnoit que du jour qu'il
étoit reconnu majeur.
En un mot cet usage étoit universel chez
les François, il y a subsisté long-tems,
comme jele ferai voirparlantdu Sacre de
S. Louis,& de son avenement à la Couronne
,
les Princes succedans au Royaume
, n'étoienr reconnus Rois, quequand
ils avoient éte Couronnez, & que lors
qu'ils étoient pàrvenus à une pleine ma-
(h) Annal. Meten. & Rhegin.adan. 888.
L (i) Duchen.T.3.p.356é.
jorité,
Jerité, à moins que les Rois leurs peres
agissant de leur autorité Souveraine, ne
les eussent fait Couronner pendant la vie
de leurs Majestez, ou n'eussent.ordonné
en mourant qu'ils sussent Couronnez le
plutôtt que faire se pourront, & sans attendre
qu'ils fussent majeurs ,ou qu'enfin
les Grands du Royaume ne supléassent à
ce défaut, en faisant Couronner le jeune
Prince à quelqu'âge, qu'il ptÎt avoir.
L'usage de Couronner Rois les Regens
des Royaumes pendant les minoritez
,
fubfiftoit
encore en 1229. puisque cetteannée
les Princes François, Maitres de l'Empire
d'Orient, deferant la Regenceà Jean.
deBrienne pendant la minorité de l'Em
pereurBaudouin de Courtenai le firent
couronner Roy. (l) Jean de Brienne surle
Regent de l'Empire de Constanrinople
par les mêmes raisons qu'Eudes sur élu
Regent du Royaume de France pendant;
la minorité de Charles le Simple.
I Rien n'a été plus commun en Francd
que de voir les Bails ou Tuteurs agir avec
la même autorité que s'ils avoient été
propriétaires des biens de leurs Puipiles
prendre le titre de Ducs ou de Comtes,
des Duchez ou Comtez de ces Pupiles.
(l) Du Cang. des Emp. de Constant, p.88.'
4&
Dubouchec preuve de l'hist. de Court. p. 66.
On peut voir à ce lujet le Glossaire Latin
de du Cange fous le mot Baillivus. Cet
usage qui subsistoit en France fous Charles
le Simple, subsiste encore en Allemagne,
la feule partie de l'ancienae Monarchie
françoise qui ait mieux conservé les anciens
usages de cette même Monarchie.
Lorsqu'un Prince laisse en mourant des fils
mineurs, ils lui succedent de droit & de
fait, sans jouir neanmoins d'aucun des
avantages de la succession. Ils passent tous
à celui des Princesde laligne collatérale
de leur Maison, qui est la plus proche à
leur succeder
,
&qui est en âge de Regner
par lui-même. Ce Prince devient le Regent
& l'Administrateur de leur Etat, par
le seul droit de sa naissance
,
& a la même
autorité que le Pere du mineur y avoir,
Il remplit les fonctions honoraires ana..
chées à leurs Fiefs ou Principautez. Il
en porte les Charges & tous les avantages,
& il ne reste aux Mineurs que le vivre,
le vêtir,
,
& une éducation conforme à
leur rang ,
l'Administrateur étant obligé
de la lui donner, & de plus le droit de
posseder ses Etats lorsqu'il feramajeur,
& d'en remplir les Charges honoraires &
oneraires dès le moment de sa majorité,
& alors le Prince Regent & Administrateur
cesse entièrement de l'être.
Eudes étant Regent du Royaume pen..
dancl;
'¿ant la minorité de Charles le Simple, fut proclamé &' couronné à Compiegne
par Vautier Archevêque de Sensau même
mois de Janvier 387.(m) quoique Compiegne
ne fut pas de sa Metropole, mais
de celle de Reims.
Fauchet rapporte que Fouques Archevêque
de cette derniere Ville y voulut former
quelque empêchement, de même qll'Ar1
noul Comte de Flandres.
Eudes prit le titre de Roy dans Tes
Chartes selon l'usage, & les datta de son
Regne, ce qui paroît par celles que je
cite. (n) Charles le Simple le traite aussi
lui-même de Roy dans les Diplomes.(o)
Cependant il ne gouverna la France que
comme Tuteur de ce Monarque. (p) Son
administration fut glorieuse tk trés-avantageuse
au Royaume. (q)
(rai Cron.Marchien. L.2. c. 19.
L'Abb. Allianc. Cronol. p. 577.
(n) Baluz. affend.adCapital,col. iSiS.&
i;i7.
Mabill. Diplom. p. siSR(
eo)gM.abill. Dipl. p. 196. des Chart. coté 47. Alt. IJ7.
(pj Alber. Cron. adann.988.
(q) Cron. 5. Eparchu. Labb. t. 1. p.162.
Cron. Virdun. Labb. t. I. p.m.
* Cron. Flortac. Chen. t. t. p.638. Cteu.I>i<vton p.418. & 410.
B ij Sacre
Sacrede CHARLES LE SIMPLE.
Charles le Simple étant parvenu à un
âge de recevoir conseil, dit Fouques Archevêque
de Reims dans sa Lettre à l'Empereur
Arnoul, (r) fut rapellé d'Angleterre,
& fut Sacré ôc Couronné Roy à
Reims par le même Archevêque, (s) ce
qui arriva l'an 3'1, Charles étant alors
dans sa treizième année. (t)
Papire Masson parle de l'élévation de
Charles le Simple sur le Trône d'une maniere
bien opposée au sentiment de ceux
qui veulent que depuis Pepin aucun Roy
de ses descendans ne foit parvenu à la
Couronne que par la voye de l'élection ;
Cet Auteur assure que Fouques Archevêque
de Reims, & les autres Grands de
France s'étantassemblés, reconnurent que;
la Couronne appartenoit à Charles le Simple
, parce que les François n'avoient pas
coutume d'avoir d'autres Rois que ceux
que leur donnoit le droit de la naissance,
& l'ordre de la succession. Fulco & atir:
Proceresconveniunt acSententiis distiscen--
sent RegnumCarolo deheri., quod Franci ex
Jaccejftonet(eges habere consueverint,& hic ;
(r) Faucher. L. XI.c.3.
(s) Frod.Hist. Rom. L. 4. c. 5.
{c) Annal. Meten. & Rhegin. ad an. 892.
folffi1
solus-ex Rfgîa progenie soperessetconsanguimeusArnuls.
(a) - I Eudes rendit un ou deux ans après le
Royaume à Charles le Simple, dont il'
n'avoitété jusques alors que le Tuteur(b),
ou du moins Charles le Simple prit le
gouvernement du Royaume du consentement
d'Eudes, & ce Monarque pour reconnoître
les services qu'il en avoit reçus T
partagea le même Gouvernement avec lui,
lui cedant les Provinces de delà la Loire,.
pour les tenir &-gouverner,.mais fous sa.
Souveraineté. ( e ) v
.- Cet accord ne Ce fit pas néanmoins suc.
le champ, Eudes & Charles le Simple se
firent la guerre(d),& ne conclurent la paix
qu'en 913 ou en 9 14,& ce tut alors que
ce Gouvernement fut partagé, & que la.
Regence d'Eudes, ou plutôt son Regne
reçut une nouvelle force. J'apprens l'époque
de cette Paix de la datte de l'accord
entre Geofroy Abbé de Flavigny
,
& Grégoire
Abbé de saint Martin d'Autun. Elle
est: conçue en ces termes.
t Cet Accorda été fait l'an 894, qui étoit
la septiéme année du regne d'Eudes.
a Papir. Matron. L. 2. de sesAnnal. de Fran.
b VViitt-a4 Garner. PPrrîappoorist.itD.Diviviotonn. .PPeerraarrddpp. .i1t2S5,.
1
c Cbron. brev. bibl. Tillian. Chen. T. 3. p.
156*
d Chrono Rhegin, ad Ann\ 891 &feqi*
On ne peut éclaircir cette contradiction
qu'en divisant le Regne d'Eudes en deux
parties, l'une depuis l'an 887, qu'il avoit
pris la RRéeggeenncceedduuRRooyyaauummee,&l'autre ,&l'autre
depuis son accord avec Charles le Simple.
Or l'année 894 étant la septiéme du Regne
d'Eudes, à compter depuis sonavenement
à la Regence, il faut que son accord se
soit fait après l'an 89j commencé, ou
en 894, pour que la même année894
soitaussi la premiere du Regne d'Eudes,
autorisé par Charles le Simple, a
•Il faut observer de plus, que les Historiens
quinousparlentde la guerre d'entre
Charles le Simple & Eudes, n'en parlent
que jusqu'à l'an 894. b
Il est bon de remarquer que presque
tous les Historiens modernes ont traité
Eudes d'Usurpateur de la Couronne de
France; ce qui est l'effet d'une ignorance
grossiere, étant seur qu'il ne fut que le
Regent & Administrateur de la Couronne,
& qu'il ne le fut, comme je l'ay dit, que
malgré lui, du consentement, & à la
priere de tous les Grands du Royaume.
Il avoit mêmeétédesigné ou declaré
a Chron. Virdun. Labb. t. 1> p.272. Anno
894,Odonisregnantis primo& septimo iDica
est.
b Annal.Meteni,& Chron. Rhegin.ad ann* S Regent
Regent du Royaume,& Tuteur de Charles
le Simple, par l'Empereur Charles le
Gras., lequel après le decès de Hugues
l'Abbé reconnut qu'il ne pouvoit gouverner
seul & avec succès ses propres Etats ,
&ceux du jeune Charles leSimple.a
Tous les Modernes conviennent que le
Prince Eudes ne devint Roi Regent & Adïiiiniftrateur
de la Couronne que l'an 888,
sans doute parce qu'ils considerent que
Charles le Gras ne mourut que cette année
, & qu'ils ne prennent pas garde que
Charles le Gras n'étoit que Regent, Se
non Roy de France. Pour moi je crois
qu'Eudes fut reconnu Regent dès l'an 887,
lorsque le même Charles le Gras lui confia
la tutele de Charles le Simple,ôc l'administrationdu
Royaume du jeune Prince. b
Les Chartes du même Eudes sont, ce
me semble
, une preuve qu'il commença
de gouverner dès l'an 887. c On en voit
plusieurs de l'année888
,
qu'il dit être la
deuxiéme de son Regne: mais comme on
envoitausside l'année889d, qui dldite
la seconde année du Regne d'Eudes, on
doit convenir que ce Prince fut reconnu t aGuid.AlberChron.adan, 887.
1 b Alber. Chron. adan. 887.
l' c Baluz.Append. ad Capitul.col. 1515 &1517.
j[4Mabill.Diplom.lib.6. C.118. p.f5f.
Mabill.Diplom.b l. '.c. 119, 12.0&111. - -- -
Roy Regent & Administrateur vers l'automne
8 87
,
lorsque Charles le Gras s'en
retourna vers le Rhin; & qu'ainsi la premiere
année d'Eudes courut depuis l'automne
de l'année 887, jusqu'à l'automne
de l'année 888, & ainsi des années suivantes.
- Une Charte du même Eudes qui se
trouve en original dans les Archives du
Chapitre Cathedral deLangres, dont M.
Philpin Chanoine de la mêmeEglise m'a
envoyé une copie cxaéèc en 1719, me confirme
dans cette opinion; elle est dattée
en cette forme:
Datum 1S j'^al.Januar. Indict. 7 Anno
IInnccraØrnaatítoionníisDominica888. Anno primo s )o 'f<f E $. ~?~~o pr mo
regnanteDomino Odone glariosissimoRege.
Aftum Lugduno Clavato, in Dei nomine
Amen.
Eudes Roy Regent & Administrateur
de la Couronne de France, mourut le 3
Janvier de l'année898 at aprés avoir regné
& gouverné dix ans & quelques mois; 8c
ce fut alors que Charles le Simple réunit
à son Domaine la partie qu'il en avoir cedée
à Eudes. n
Sacre de ZOBEP,Tfrere d'EVDEs.
Après la mort d'Eudes, Robert Duc
a Chron,Rhegin. ad an, S'S. Ann. Bert. ad
tin, 8,8.
de
je France se voyant privé par Charles le
Simple de la partie qu'il demandoit du
Gouvernement, pars regiminis, que son
frere avoit possedée
, en fut tres-indigné a.
Il excita des troubles & de la division dans
l'Etat, & assisté de quelques Mécontens,
se fit sacrer à Reims par Vautier Archevêque
de Sens, qui étoit du nombre de
ceux quiétoientde son parti. b
Marlot après Frodoard,dit que Robert
fut sacré par Hervé Archevêque de Reims.
Il me seroit aisé de faire voir que Frodoard
s'est trompé, mais comme j'ai discuté
ailleurs cette querelle, je n'en dirai
rien davantage.
Sacre de RAOUL Roy Regent.
RAOULfils de RichardDuc de
Bourgogne
,
qui fut élû Regent & Administrateur
de la Couronne de France pendant
la prison de Charles le Simple, qui
étoit son Parain, par ordre de ce Monarque,
& par le conseil deHugues le Grand
son beaufrere, fut sacré & couronné à
Soissons le 13 Juillet de l'année9 23. c
Comme ce Prince est un de ceux que
a Contin.Aimoin.l. 5. c. 42. Vita Garner.
Praposit. Divion. Berard Hist. de Bourg. p.
..Ii:J
bAlber. chron. ad an.12.. ex Guidon-
JJknit% t. 2. part. I. p.251. €Contins Aimoin.
la plûpart de nos Historiens modernes
traitent encore d'Usurpateur de la Couronne,
& qu'ils le mettent au nombre de
nos Monarques,comme étant parvenu au
Trône par la voie de l'éleaion, je crois
qu'il est à propos de rapporter ici les preuves
qu'il ne fut que Roy Regent, ainsi
qu'Eudes l'avoir été.
J'ai observé ci-devant que Charles le
Simple devint le seul Maître du Royaume
de France après la mort d'Eudes. Il futarrêté
prisonnier en 92.1, par le Comte
de Vermandois, & cela par la plus noire
•
des trahisons: il fallut donc proceder au
choix d'un autre Regent, pour gouverner
le Royaume pendant la prisonde ce. Monarque;
il n'y avoir que deux Princes sur
qui ce choix pût tomber, sçavoir Herbert
Comtede Vermindois, Prince légitimé,
issu de Bernard Roy d'Italie , fils de Pepin
second fils de Charlemagne; & Hugues le
Grand, Prince du Sang, fils du Roy Robert
, qui venoir d'être tué, & neveu
d'Eudes Roy Regent.
On ne put couronner Hugues le Grand
Roy Regent, parce qu'il étoit encore tropjeune
pour gouverner utilement dans le
desordre où étoit le Royaume,& onn'avoit
que de l'aversion pour Herbert, tant
à - cause du défaut de naissance de son
bisayeul, que parce que par une des trahisons
hisons des plus noires, il venoit d'arrêter
Charles le Simple dans une entrevûe contre
le droit des gens, le respect & la fidélité
qu'il devoir à son Souverain. Ainsi Herbert
étant exclus par le defaut de sa naissance
, par sa trahison & sa felonie; & Hugues
par sa trop grande jeunesse; les François
choisirent pour Roy Regent & Administrateur,
Raoul Duc de Bourgogne, Se
le couronnerent; & par ce moyen la Regence
& le Gouvernement furent transferez
à un étranger, ainsi que le dit Hugues
Abbé de Flavigny dans laChronique
de Verdun, qu'il acheva d'écrire en
1102.
a Rodulphus regendæ præficiturFranciæ,
& sic regnum Vraficorttm ad Extraneum
transfertur.
Il faut examiner en quel sens l'Auteur
de la Chronique de Verdun entend le mot
Etranger, dont il se sert. Il ne le prend
point dans le même sensque nous l'entendons
aujourdhui, parlant en general
c'est-à-dire, , pour désigner une personne
née hors le Royaume:car ce Chroniqueur
raporte à la page précedente,que les Ancêtres
du Duc Raoul fils de Richard Duc
de Bourgogneétoientd'anciens Sujets de
la Monarchie Françoise. Ils l'étoient en
effet: ainlitAuteur disant que le Royaua
chron. Virdun. Labb. t. I. P.îiy.
me passa pour lors à un Etranger, a voulu
nous donner à entendre que le Gouvernement
sortit de la Race Royale,& fut deferé
à un Prince d'une autre Maison.
Ainsi selonl'Abbé de Flavigny
3
Hugues
leGrand & Herbert II Comte de Vermandois
éroient de la Maison Royale, tous
deux étoient habiles au Gouvernement;
mais Hugues le Grand n'en étoit exclus que
par sa jeunesse, suivant l'usage de ce temslà
; & Herbertpar ledéfaut de sanaissance
& sa felonie.
Herbert II Comte deVermandoisétant
incontestablement de la Race Royale, &
Hugues le Grand n'étant pas plus regardé
étranger de cette Race, que Herbert,
ri en faut conclure que tous deux étoient
par les mâles d'extraction Royale, avec
cette feule difference, que Hugues le
Grand éroit Prince du Sang
, & que Herbert
n'étoit que Prince legitimé: l'Abbé
deFlavigny semble faire cette difference,
nommant Hugues le Grand avantle Comte
Herbert
>
& parlant du sujet qui donnoit
l'exclusion à ce jeune Prince, avant que
tte faire mentionde celui qui rendoit Herbertindigne
du Gouvernement & de la
Régence du Royaume.
Sacr-e de LOUIS ^OOT£EAfE£
AprèslaamorrtdreCiharvlesleéSimeple,
arrivée le 7 Octobre de l'année929
, 8c.
celle de Raoul; Hugues le Grand & les
autres Seigneurs de France envoyerent en
Angleterre redemander Louis filsde Charles
le Simple, lequel étant arrivé à Boulogne,
après lui avoir prêté ferment de,
fidélité comme à leur Souverainlégitimé,
tifgem hoereditario jure regnaturum, ( a )
ils menerent ce Monarque à Laon, où il.
fut sacré parArtold Archevêque de Reims-.
1n936; le 20 Juin.
Sacre de LOTHAlRE
LOTHAIREfils de Louis d'Outremer 3\
fut sacré & couronné à Reims du consentement
de Hugues le Grand Duc d&'
France, & des autres Seigneurs de France,
de Bourgogne & d'Aquitaine,par le même
Artold, le15 Novembre de l'an 954»
à l'âge de 13 ans.
Sacre de L 0 UIS V.
Lothaire n'eut qu'un fils nommé Louis
V. Il le declara Roy érant encore tout
jeune, & le fit couronner pour regner après
lui, (b) & après avoir regné glorieufe-
(a) Flod; adann.936.
Glab. Rad. Hist. Franc.
Contin. Aimoin.
Fauchetl 12.C.I. (b)Fragmexantiq. membran. Floriac.Coenob.
<;l",b Rad.
ment
ment trente années, il mourut l'an 985,
& Louis son fils qui lui succeda fut élevé
surle Trône la même année à Compiegne.
Le P. Mabillon commence le dixième
Chapitre de son Suplément à sa Diplomatique
, par des Remarques sçavantes sur
l'époque du couronnement de Louis V.
fils de Lothaire, qu'il fixe sur la datte
d'une Charte de Lothaire au 8 Juin 979 ;
mais il ne devoir pas, ce me semble
, avancer
, comme il a fait, que Baluze (a) étoit
le premier qui sur deux Chartes qu'il a
données dans son Marc* Hispanica, avoit
découvert que Louis V. avoir été couronné
du vivant du Roy son pere, & l'avoir été
l'an 979, puis qu'il est seur qu'on trouve
l'époque de ce couronnement dans la Cronique
d'Alberic, sous l'an 979, & dans
lapetite Cronique de Fleuri, imprimée par
Duchesne, & que parconsequentil y avoir
près de six siecles que cette découverte
avoit été faite, mais ce qu'il y a de vrai,
c'est qu'elle n'avoir pas été remarquée.
Le P. Daniel observe fort à propos dans
son Histoire de France,col. 467 , tom. I.
que la felonie des Vassaux étoit punie par
la privation de leur Domaine, & il le
prouve par les exemples de Didier Roy
des Lombards, du Duc d'Aquitaine,& de
Thassillon Duc de Baviere
,
qui furent pri-
(a)Ch. IQ, IL. I, 4~0'~
vez
vez par Charlemagne de leurs Etats pour
crime de felonie. Il auroit pû ajoûter que
c'est le sentiment des meilleurs historiens,
& des plus sçavans Jurisconsultes de France,
d'Allemagne & d'Italie.
SacredeHUGUES CAPET.-
Ce fut pour un semblable crime que
Charles de France frere du Roy Lothaire,
fut déclaré par jugement des Etats Generaux
, déchu du droit de succeder à la Couronne
, parce qu'il avoir pris les armes
contre le Roy son frere, & par ce Jugement
la deuxiéme ligne de nos Rois étant
finie, le Royaume fut transferé à la sroisiéme
ligne, ainsi que le rapporte le fragment
de l'Histoire de saint Benoist sur
Loire, depuis Louis II jufqtiàlitigues,
Capet.
Hugues Capet étant le Chef de cette
troisiéme ligne, comme issu du même sang
que Clovis par saint Arnoul, parvint au
Trône des François, & fut reconnu Roy
dans la Ville de Noyon par les Grands de
France comme Prince du sang le plus proche
à succeder, 4c fut sacré à Reims par
l'Archevêque Adalberon le troisiéme jour
de Juillet 987. -
Ludovicus V. deceffitIncarntitionis DominicæAnno
~987sepultusest Compendio.
trancorum "litem inmates communi consensu
Hugonem
Hugonem qui tunc Ducatum Vramine strenuègubernabat,
Magni HugonissiliumNoviomo
sublimantsolioeodem anno quo dictus Ludovicui
adolescens ~obiit,&unftusest Hugo
ltemÏs V. Non. Julii, ita Francorum Regnum
secundâ deficientelineâ,in tertiamesttranslatum,
in qua &e. (a)
Sacre de £0 B E (: T.
ROBERT fils d'Hugues Capet, fut Cacré;
à Orleans du vivant de son pere, & non aReinis, le 50 Janvier de l'année987, a.
compter suivant la maniere de ces tempslà,
que l'annéefinissoità Pâques, ou en.
l'année 988
,
à compter à" lamaniere d'aujourd'huy
,
&l'on ne voit pas que l'Archêque
de Reims ait fait aucune plainte que
ce Sacre ne se fui pas fait dans son Eglise
ni , par lui. Suivant le sentiment des Historiens
les plus proches du Regne de Hugues
Capet, ce Monarque ne ni sacrer & couronner
son fils Robert de son vivant, qu'à
cause de ses infirmitez & de son grand âge,
& non pour apurer la Couronne à sa posterué,
comme le dit Nangis & quelques
autres modernes que lePere Daniel a preferés
aux plus anciens.
(a) Fragm. Hist. Fran. à Lud. II. Carol. Calv.
filio usque ad Hugon. fi/pm. Capet. Floriae.
Cxnobii.
Sacre
Sacre de HENR.wÍ 7. ; Le Roy HENRYI.étoit le second fils de
Robert, dit le Pieux, & ledevot Roy de
France, & de Constance d'Arles, fille de
Guillaume II Comte d'Arles oude Provence,&
d'Adelais ou Blanche d'Anjou. (a)
Nous ignoronsl'année de la naissance
du Roy Henry I; mais l'âge de Hugues
le Grand son frere aîné, sert en quelque
façon à la fixer. Hugues deceda le 17
Septembre de l'année 1026, âgé de 18
ans. ( b) Il étoit né par consequent l'an
1.008; ainsi on ne peut fixer la naissance
du Roy Henry frcre puîné du Prince Hlhgues,
plutôt que l'an 1009.
Le Roy Henry étant devenu l'aîné des
fils du Roy Robert ,Sa Majesté resolut de
le faire couronner Roy suivant l'usage de.
ces temps-là; mais la Reine sa mere s'y
opposa hautement, & voulut que Robert
frere puîné de Henry fut couronné, (c)
(a) Glab.Rodulph.l. 3.c.z.Chesn.t.4. P.1C;
Chron. vetus e Bibl. Thuanâ, Chesn.t. 4.,.
p. 96. -jilbei. Chron. adann. 1013.
(b) Glab. l. 3.c.9.Chen. t. 4. p. 36-
Epitaph Hug. Magni à Girardo Aurel.
Chen. t. 4. P 79,
Mabill.Prafat. adpartem I. Sac. ,.Bmedl'-
Jfc)GUb.I.j, c.9. p. 37. Chron. Floriac. Chen. t.4. p: Sz.
s'embaras--san
s'embarrassant peu de renverser les anciennes
Loixdu Royaume, pourvu qu'elle pût
se satisfaire. ( a) Elle prenoit pour prétexte
,que le Roy Henry étoit lâche, moû,
& qu'ii auroir aussi peu de foin de maintenir
les droits du Royaume que leRoyson;
pere, &que le Prince Robert avoir des
qualitez toutes opposées. ( b )
Tous les Grands furent mandez pour
assister àla ceremonie de ce Couronnement.
Peu s'y trouverent, dans l'incertirude
duquel des deux l'emporteroit, ou
,
de la Reine, ou du Roy, personne ne
voulant choquer le Roy, ni s'attirer la
haine de la Reine Confiance, qu'un
chacun connoissoit pour être fort vindicative.
( c )-
L'opiniâtreté de cette Princesse fut si
grande, que l'on étoit à Reims prest à
faire la ceremonie du Sacre, sans qu'on
sçut bien encore lequel des deux Princes
Henry ou Robert feroit couronné. ( d )
(a) Besli, Hist. des Comtes de Poitou ,p. 76
&77-
(b) Fulb. Epist. 106 inter edit. à Pith. &Sc
apud Chesn. t. 4. p.90 & 9J.
(c) Fulb.Epist. 59 apud Pith. & 2.4 apud
Chesn. t, 4. p. Igr- Ejusdem Epist. 1'18 apudPith.
&61 apud Chen. t.4,. p.194. & 128 IIputl
Pith. &61apudChen.p. 194 &iys.
(d) Fulb.Epist.106apud Pith. & 5o IIpad.
Chen* t,4. P. 90 & 91. L'
La Reine Confiance fut obligée de ceder:
les anciennes Loix du Royaume & la volonté
duRoyson mari l'emporterent; le
Prince Henry sur couronné. Cette ceremonie
se fit l'an 1027. ( d)
L'histoire ne nous apprend point à quel
jour de l'année 1027 le Roy Henry 1 fut
couronné ; je crois néanmoins qud ce tue
le jour de la Pentecôte, qui arriva cette
année leIfC jour de May
,
& il me semble
que j'en trouve une preuve de fait dans
une Lettre de Guillaume Duc d'Aquitaine
à. Fulbert Evêque de Chartres: Voici une
traduction de la partie de cette Lettre,
qui sert à fixer cette époque.
»Nous prions votre grace de ne pas
M manquer de nous venir trouver aux
« OL'taves de la Pentecôte, ou si vous nt
»le pouvez, venez au moins huit jours
»avant la saint Jean. Nous vous donne..-
brons une escorte pour vous conduire en
» toute seureté, vous, vos Clercs & vos
» Domestiques. Nous avons assez de Sol-
93 dats pour cela. Quand vousnepasseriez
»que trois jours avec nous, vous nous,
»feriez toujours beaucoup de plaisir.
» Oh,si vous nous étiez venu voir aux
« Rogations dernieres, que vous nous au-
» riez donné iste joye & de consolation!
b, r-
(a) Glab.l. }tc.f, p,37, Chron.Floriac.
Chen.t.4.p.87.
1)e
» lk que vous en auriez donné à nos Evê-
»ques & à nos grands Vassaux! vous au-
» riez eu assez de temps pour vous rendre
« à Chartres, afin d'y celebrer les Fêtes
« de la Pentecôte, si vous l'aviez voulu ,
» ou du moins si vous n'aviez pas été dans
3) ce dessein, vous auriez, eu un pretexte
"de ne vous point trouver à la Cour,
9) afin d'assister au Couronnement. Je ne, »m'y rends point, persuadé que je m'at-
9) tireray moins lahaine du Roy & de la
m Reine, ne m'y trouvant pas, que si je
« m'y trouvois.
Cette Lettre nous fait voir que le Couronnement
du Roy Henry I a dû se faire.
depuis les Rogations jusqu'au Dimanche
Octave de la Pentecôte.
Or pendant ce temps-là il n'y a eu de
Fêtes que le jour de l'Ascension, le Dimanche
jour de la Pentecôte,& le Lundi.
& Mardi suivans.
La ceremonie du Couronnement n'a.
point été faire le jour de l'Ascension, la.
Lettre étant écrite après, & étant encore,
incertain si quelqu'un des deux Princes
seroit couronné ou non, comme le marque
la suite cette même Lettre.
t) Mandez moy (ditle Duc d'Aquitaine.
»à Fulbert Evêque de Chartres) s'il y
i) aura un Couronnement, ou s'il n'y en
aura point..
Cette
Cette ceremonie n'a point été faite non
plus le Dimanche suivant, puisque l'in..
tervale n'étoit que de deux jours. L'Evêque
de Chartres n'auroit pû être blâmé de son
absence
,
à cause de l'éloignement du lieu
où il auroit été, quand même il auroit été
à Chartres; de maniere qu'il faut fixer
cette ceremonie au jour de la Pentecôte.
Le pretexte que l'Evêque de Chartres auroit
eu des'absenter ce jour-là, s'il avoit
passé à Poitiers le temps des Rogations,
auroit été le long cheminqu'il auroit eu
à faire de Poitiers lufqti'à Reims dans les
dix jours, quisont depuis l'Ascension jusqu'à
la Pentecôte, Poitiers étant éloigné
de Reims de plus de six vingts lieuës. Or il
n'auroir pas eu le metne pretexte, demeurant
à Chartres, qui n'est qu'à cinquante
lieuës de Reims, ppur le plus. Ainsi il
lui étoitaisé d'aller de Chartres à Reims
en dix jours.
Surcette raison je crois qu'il faut fixer
le Couronnement du Roy Henry au jour
de la Pentecôte 14 jour de May de l'année
1027.
J'ay deux fragmens d'Auteurs, qui parlent
de ce Couronnement. (a)
Le Roy Henri quitta le titre de Duc de
Bourgogne dés le moment qu'il eut été
couronné Roy. Il avoit été fait Duc de
(a } Acte I.
Bourgogne
Bourgogne par le Roi son pere l'an 1012 (a)
selonAlberic,quoique Hugues Abbé de
Flavigny assure que le Prince Henri avoit
succedé au Duché de Bourgogne dès le
decès de Henri Duc de Bourgogne ton
oncle paternel. (b)
La Cronique de S. Denis, par le Cicle
de Pâques, place le Couronnement du
Roi Henri fous l'an 1028, & dit que Gui
Archevêque de Reims enfit la Ceremonie.
(c) L'Auteur de cette Cronique, qui cessa
d'écrirel'an1292. s'est trompé, puisque
l'Archevêque de Reims ne s'apelloit point
Cui. Celui qui occupoit alors le Siege,
étoit Ebles de Rouci
,
qui posseda l'Archevêché
de Reims jusqu'à son decés arrivé
l'onzième jour de May de l'année
1053. Il eutpour successeur Gui de Chatillon.
(d)
LeMoine Alberic a fait une faute bien
plus grossIere
, avançant contre le sentiment
de tous les autres Historiens, que
le Roy Henri étoit puiné de Robert son
frere
,
& qu'il ne lui fut preferé
, que
par la feule volontéde la Reine Confiance,
((a) Alb.Chron.adnnn.1011. Chron. Virdun.farte I.Labb.Bibl.P. If8.
ic) Chron. S.Dionis.ad ann. 1028. Spicil. t. 2. p.808.
(d) Marlot. Rift. Remens.Metrofol. t. 2. L. s c.21.p.70.
qui
qui changea en cette occasion
,
l'ordre
commun de la succession (e)
Tous les Historiens & les Lettres écrites
en ce tems-là, nous prouvent le contraire.
Le Roy Henri n'étoit âgé que de 18
ans lorsqu'il fut Couronné.
Robert Roy de Francesmourut le 20
Juillet de l'année103 1. Il eut pour suc.
cesseur le Roi Henri son fils aîné. Une
petiteHistoire nous apprend que la Reine
sa mere fit tout ce qu'elle put pour ufurper
la Couronne, & la mettre sur latête
du Prince Robert son second fils; mais
que le Roy Henri, puissammentassisté par
Robert Duc de Normandie, se maintint
sur le Trône, & reprit les Places dont la
Reine sa mere s'étoitassurée.
Il est bon d'observer que l'Auteur de
cette petite Histoire a copié fqr celle de
Guillaume de Jumieges, (f) ce qui regarde
le secours donné au Roy Henri par le Duc de Normandie, & mêmel'acopié
de mot à mot. Il a tenu la même conduite
parlant de Raoul de Vacé
, que
k
Guillaume le Bâtard Duc de Normandie
(e) Alber. Chron. ninnn. 10x5.
(f) Willel. Gemet. 1. 6. c. 7.
Chesn. Hist. Jstorm. p. 160, & 17. c. 4 & f; * r,269.
avoir
avoit choisi pour General de les Armées;
& parlant de la prise du Château deTillieres
par le Roy Henri. Ce qui fait connoître
que son Auteur écoÍr exadfc ,.&me
travailloit que sur de bons Mémoires.
Sacrede PHILIPPEI.
Le Sacre de Philippe I. âgé de sept à
huit ans, se fit à Reims avec beaucoup
d'appareille 27 May jour de la Pentecôte
de l'an 195" par l'Archevêque Gervais
de Bellefme
,
assisté de trois Archevêques,
d'un grand nombre d'Evêques, de vingtsix
Abbez, des Legats du Pape,&d'autres
grands Seigneurs, sans qu'il (oiten-I
core fait aucune mention de l'assistance ni
de la presence des douze Pairs à cette auguste
Ceremonie. <
Après le ferment fait par le Roy, & avant
que de commencer le Sacre, l'Archevêque
de Reims dit que l'Election & la Consecration
du Roy lui appartenoit depuis que
Saint Remi avoitBatisé& Sacré Clovis:
il dit aussi que par le Bâton Pastoral qu'il
tenoit en main,le Pape Hormisdas avoit
accordé au même Saint Remi le pouvoir de
Sacrer les Rois,aussi-bien que la Primatie
sur toute la France, & rapporta de quelle
1 maniere le Pape Victor II. lui avoit con- j Jeré le mêmepouvoir à lui personnellement
& à son Eglise. Ce discours de Ger- i
vais s
vaisde Bellesme est bien opposé à celui
que Hincmar, un de ses prodecesseurs,avoit
tenu environdeux cens ans auparavant, lorsqu'il couronna Charles le Chauve dans
l'EglisedeMetz, comme ayant succedé
au Royaume de Lorraine ; car loin de
prétendre,comme nous l'avons déja dit,
quele Pape Hormisdas eut accordé aux
Archevêques deReims leprivilegede Sacrer
les Rois, "Se laPrimatie sur toutes
les Gaules,Hincmar declara aux Evêques
de la Province de Treves, assemblez dans
l'Eglise de Metz, qu'il ne faisoit le Sacre
de Charles le Chauve, que parce que n'y
ayant pas pour lors d'Archevêque à Treves
, ils l'avoient euxmêmes requis 8c
sollicité d'en faire la Ceremonie, & qu'il
se croyoit obligé de leur faire cette declaration
pour ne prejudicieren aucune ma- niere à la Métropolede Treves, ne voulant
pas,disoit-il, porter la faux dans la
moisson d'autrui. L/où l'on peut conclure
que Gervais de Bellesme est peut-être le
premier qui s'est avisé d'avancer cettepretenduë
concession du Pape Hormisdas
-
aux Archevêques de Reims, de la Primatie
ou Vicariat du S. Siege sur les Gaules,
& du'droit de Sacrer les Rois, Prétention
que Ives de Chartres a même refutéeparune
sçavante Lettre que je rapporterai
enparlant du Sacre de Louis VI.
C Comme
Comme il paroît par la Relation de
l'ordre du Sacre de Philipe1. tirée d'un
Manuscrit de M. Petan.,traduit par du
Tillet
, que les Legats du Pape ont été
presens à cette Ceremonie, il est bon d'obferver
que la mêmeRelation porte en
termes exprès qu'on y declara que leconsentement
du Pape n'yétoit pas requis,
Se que ce n'étoit que par honnêteté ÔC
amitié que les Legats yassistoient.
Post eum LegatiRomance sedlS (cum id
fine Papa nlltH fierilicitum esse disertum
ibi sit, honoris tamen & amoris gratiâ
tantùm ibi "ffNersnl Legati) Tom.1du
Ceremonial, pag.121.
Sacre deLOVIS VI. -
Louis VI. surnommé le Gros & le
Batailleur , ne voulut pasêtre Sacré à
Reims, comme PhilipeI.sonPere l'avoit ,
été, parce que l'Archevêque de cette Ville
étoit parvenu à cet Archevêché sans le
consentement de Sa Majesté, & sans celui
du Roy son Pere ,
il fut resolu quela Ce,.
remonie de son Sacre se feroit à Orleans
parle ministere de DaimbertArchevêque;
de Sens, & des Evêques ses Suffragans.
Cette resolution fut executéeletroisiéme
jour d'Août, fête de l'Inventionde Saint
Etienne l'an i106. Ce sur pour lors que
l'Achevêque de Reims fitéclater pour la
seconde
seconde fois, sa prétention d'êtreseul eu
'cQroJt de Sacrer les Rois.
On apprend ce fait d'une Lettre d'Ives
''iie Chartres, & de quelques autres Auteurs.
L'Archevêque de Reims & son Cha-
-pitre ayant ouy-dire qu'on alloit Couronner
le Roy Louis VI. à Orléans, yenvoyerent
des Deputez pour s'opposer à ce
Couronnement, àcause
,
disoient-ils,
comme avoit fait Gervais de Bellefme sous
le Regne precedent, que par un privilege
special accordé à l'Eglise de Reims en la
personne de S. Remi, c'étoit aux Archevêques
de Reims exclusivement à tous
les autres, à Couronner les Rois pour la
premiere fois.
L'Archevêque de Reims se promettoit
que par ce moyen il feroit sa paix avec
le Roy,ou que Sa Majesténeseroit point
Couronée; cependant il le trompa,(es
Deputez ôc ceux de son Chapitre arriverent
trop tard
,
la Ceremonie du Sacre
étoitdéja faire.
L'Archevêque de Reims & son Eglise
se plaignirent du Sacre de Louis VI.&
soutinrent que les autres Archevêques du
Royaume n'avoient pû ni dû le faire.
Ives
,
Evêque de Chartres, refuta ce
sentiment par une Lettre très-sçavante.
Ily prouve que Daimbert Archevêque de
C ij Sens
Sens son Métropolitain
,
n'a fait rien contre
le Droit, ni contre la Coutume, ni
contre la Loy, lorsqu'il a Sacré LouisVL
Roy deFrance.
.n Si nous consultonslaraison, dit-il,
.*>c'est à bondroit &avec justice quenous
-%) avons Sacré le Roy Louis VI. puisque
»le Royaume lui appartenait pardroit
-t) d'hérédité. (a)
Il fait voir enfuire par des exemples
queplusieurs MonarquesFrançois avoient
été Sacrez ailleurs qu'à Reims, & par
d'autres Archevêques que par ceux de
Reims, tantôt dans une Province, tantôt
dans une autre; que les Archevêquesde
Reims n'ont point Sacré nos Roishors
de leur Province, & qu'ils n'ont pas de
droit particulier de les Sacrer; & il ajoûte,
qu'iln'y a ni Loy ni Coutume qui ordonne
que les Rois des François soient
Sacrez par les Archevêques de Reims ex-
•clusivement à tous les autres Evêques,
ou que s'il y en a quelques unes, elles
n'ont pas été publiées ,& que les Loix
ne sont executoires que lorsqu'elles sont
renduës publiques par leur publication.
La Lettre d'Ives de Chartres est trèsconsiderable
en tout ce qu'elle contient,
pourfairevoir le peu de fondement de
(a) Grand Ceremonial de France. t.1. p.ila
la pretention des Archevêques de Reimsd'être
seuls en droit de Sacrer nos Monarques
, & principalementpartequ'elle
nous prouve à n'en pas douter.,
10. Que personne ne s'était encore.
avisé de dire que laCouronne étoit élecrive,
ainsi que quelques Historiens modernes
ont eu la temerité de l'avancer.
ip Que la presence & encore moins
le contentement des Grands du Koyaumen'étoient
pas non plus necessaires pour
l'installation du Roy qui succedoit ait
Trône de son pere.
Sacre de LOVIS VII.
La Ceremonie du Sacre de Louis VII.
fut la plus celebre & la plus auguste donc
riL soit fait mention dans notre Histoire.
Ce Monarque sur Sacré à Reims par le
P1ape I1nnoce3nt II.xle 25 Oc-tobre de l'année Ce saint Pontife y tenoit alors un
Concile qu'il y. avoir convoqué. Il éroiç
composé de treize Archevêques
>
de
deux cens soixante trois Evêques, &d'un
litres-grand nombre d'Abbez & de Moines
venus de toutes les parties de la Chrétienté.
(a) Le Roy Louis VI, la Reine, le
Prince Louis VII. leur fils,& les Grands
du Royaume étant arrivez à Reims, Rer]
Suger. Vita. Lud, Grossi.Cron.Moriniac.
ïCxook. -- C iij naud,
naud, Archevêque de cette Ville, pria Ièj
Pape de faire la Ceremonie du Sacre de
LouisVII , ce qu'il accorda. :5e le Samedi"
24 Octobre il ordonna à tous les Peres,1
du Concile de se rendre le lendemain à,
la grande Eglise
,
revêtus de leurs Ornemens
Pontificaux,pourassister à cette Ce- 1
remonie, ce qu'ils executerent. Une
circonstance qu'ilest important de remarj
quer, est que le Pape revêtu de ses ha.
bits Pontificaux
, - la Tiare en tête
accompagna le Prince Louis VII. depuis
l'Abbaye de Saint Remi,où ce jeune
Prince étoit logé, jusqu'à l'EglisèCathedrale.
Ils étoient accompagnez d'un grand
nombre d'Ecclesiastiques, marchans procesiionnellement.
-
Le Roi Louis VI., la Reine son époureJ
les Grands du Royaume & divers Arche-'
vêques& Evêques les attendoient devant
la Porce de l'Eglise
,
& entrerent avec
eux. Le Pape Sacra le Roy avec l huile
de la sainte Ampoule. La Cronique de
Morigny d'où j'ai tiré cette - Relation
,
porte en termes exprès, que le Pape accompagne
de ses Courtisans & d'un grand
nombre d'Archevêques & d'Evêques, (el
rendit processionnellement du Palais Archiepiscopal,
où il étoit logé, à l'Abbaye'
de Saint Remi,où Louis VII. avoit son
logement, & que s'y étant revêtu de Tes
habits
habits Pontificaux, & la Tiare entête,
ïl revint dans le même ordre à l'Eglise
Cathedrale
,
conduisant le Prince Louis
VII; qu'il devoit Couronner.,
r Orderie Vital i-aporçe que le Sacre de
Louis VII. déplus i plusieurs personnes
des deux Ordres,àquelques Laïques ,•
parce qu'ils esperoient qu'à'la mortdu Roy
ils pourroient accroître leurs Terres, à
quelquesEcclesiastiques
, d'autant qu'ils
cherchoient à s'attribuer le droit d'élire
les Rois.
Plusieursdonc murmurerent contre ce
Sacre, & quelques-uns l'auroient empêché
,
s'ils avoient pû.
Le Roi Louis le Gros, ajoûtre Orderic
Vital, trouva très-mauvais que par des
efforts sans, exemple, on auroit voulu introduire
des nouveaux usages dans le
Royaume au prejudice desaposterité ,&
fut tellement en colere de ce que quelques-
uns avoient eu dessein de détrôner
les descendans, qu'il resolut de s'en vanger
par la perte de leur vie,juravit qflrJ
extenderet manus inseditiosos. Le dessein
de Sa Majesté étant connu, donna lieuà
quelques-uns de vanger leurs querelles
particulieres
, ce qui causa l'assassinat de
Hugues Evêque élu d'Orléans, & de
Thomas Soûprieur de Saint Victor, fous
pretexte qu'ils étoient du nombre de ces se-
Ce témoignaged'Orderic Vital,qui vivoit
& ccrivoit alors,& dans le Royaux
me, fait voir , ainsi que. la Lettre d'Ives
de Chartres,que jusqu'au Regne de Louis
VI,ouplutôt Jusqu'au Couronnement de
LouisVII.son fils,c'est-à dire,jusqu'àl'an
1131. la Couronne de France avoir
été hereditaire; qu'elleavoit passé parle
seul droit du sang du pere au fils ,mais que
par un attentat punissable. quelques Ecclesiastiques
vouloient, la rendre élective , ainsi que le Pape & le Clergé de l'Allemagneavoient
rendu ékébve la Couronne
Imperiale un siécle auparavant..
SacredePHILIPE-AUGUSTE.
On a pprend de l'histoire anonime de
Louis VII. & de celle de Rigord
, que
Philippe-Auguste nâquit le jour de la fête,
des Saints Simphorien & Timothée 21,
Août de l'année 11*5. Que le lendemain,
il fut batisé par Maurice Evêque de Paris,
& tenu sur les Fonts par les Abbez de
Saint Germain & de Saint Vidtor
,
&.
par la Reine Confiance Comtesse de Toulouse
,
soeur de Louis VII, & par deux
Dames Veuves de la Ville de Paris.
Le Roy Louis VII. sesentant vieux Se
cassé,resolutde faire couronner Roi, le
Prince Philipe-Auguste Ion fils, & dans
cette vue convoqua&assembla les Grands
du,.
du Royaume dans le Palais Episcopal
de Paris, & leur communiqua son
dessein
,
leur declarant qu'il vouloit
mettre son Fils sur le Trône le jour de
l'Assomption prochaine, avec leur conseil
& leurvolonté, (a)
C'est ainsi que Rigord raporte ce fa- it,
& il est le seul Auteur de ce rems-là, qui
en parle de cette forte, & c'est sur sa Relation
, que des Auteurs modernes ont osé
avancer que la succession à la Couronne
n'étoit pas encore bien établie, & qu'il
falloir que les Grands consentissent au Couronnement
des Rois de la troisiéme Race y
& c'est ce qu'aencore insinué un Auteurmoderne
dans un mauvais Livre, rempli
d'erreurs & de fautes,qui paroît sous letitre
d'Histoire de Philippe-Augusteimprimé
à Paris en 1701. chez Brunet.
Rien n'est plus faux que ce sentiment
lJa'ay fait voir cy-devant que nos Rois de
troisiéme Race ont fait couronner leurs
fils bon gré & malgré les Grands ; que.
Robert qui étoit le second de la troisiéme-
Race, fit couronner les Princes Hugues
lX Henri ses fils malgré les Grands du
Royaume, & seulement parce qu'il le vouloit
: (b) Que Louis le Gros se fit Sacrer
((ab) R)igor.Chen. t. 4. p.4.' Glabl.3Chen.t.4.35
Fub. Carnot.Epist;50.Chen,t.4 Cymapl.g19r0é.
malgré la plupartdes Grands, & à leur
insçû. (a) J'ai prouvé par la Lettre d'Ives
de Chartres,que le consentement des
Grands, n'étoit pas necessaire pour le Sacre
, & que ceux qui firent la Cérémonie
de celui de Louis le Gros, agirent conformément
au Droit & à la Justice
, parce
que le Royaume lui appartenoit par droit
hereditaire. (b)
J'ai prouvé nulIi qu'en l'année 11;4.
le Roy Louis VI. fit couronner le Roy
Louis VII. son fils au Concile de Reims
par le Pape Innocent II. malgré quelques
Grands, Ecclesiastiques &Seculiers, qui
vouloient insinuer d'introduire leledion,
& l'accident funeste qui en arriva à l'Evêque
élu d'Orleans, & à Thomas
Soûprieur de S.Victor. De maniere que
si Louis VII. a dit aux Grands du Royau-
Me,ainif que Rigord l'avance, qu'il vouloir
faire Sacrer le Prince son fils, cum
consilio Ù* eorum voluntate, il ne l'a fait
que par un compliment, & sans aucune
necessité
,
du moins par raport à la succession,
d'autant que, comme je l'ai prouvé
par le témoignage des meilleurs Historiens,
laLucceuiQQ étoit alors solidement
établie.
(a) Suger. Chen. t. 4. p. 19J;
(b) lvon. Carnot. Epist. 1.9.Chen. t. 4. p.,
iJTSi
Si le Roy Louis VII. a voulu avoir le
conseil & le consentement des Grands
pour le Sacre de Philippe-Auguste son
fils, ce ne fut qu'à cause de l'âge de ce
Prince, qui n'étoit pas encore majeur.
J'ai touché cetteraison en parlant du
Sacre de Charles le Simple,& j'en dirai
davantage lorsque je parlerai du Sacre de
Charles VI. fils de Charles V. dit le Sage.
Il est certain que lors du Sacre de Philippe-
Auguste, les Rois n'étoient pas encore
cenfez majeurs à 14. ans; car s'ils
l'eussent été, le Roy Louis VII. n'auroit
-
pas eu besoin de prendre le conseil de'
Grands, d'autant que le jour de l'Assomption,
Philippe-Auguste son fils auroit eu
14.années complettes, moins six jours;
& ce petit nombre de jours, n'auroit pas
merité de faire un incident, sur-tout le
Roy Louis VII. étant encore vivant;mais
le Sacre ne put se faire le jour de l'Assomption
indiqué par Louis VII , d'autant
que Philippe-Auguste tomba dangereusement
malade de peur, de fatigue &-
d'inquiétude, s'étant perdu&égaré de
ceux de sa suite dans le plus épais de la
Forest de Guise, où il étoit allé à la Chasse.
-
Le Roy Louis VII. étant tombé paralitique
presque de la moitié de son corps
dans l'Abbaye de Saint Denis après [on
retour d'Angletere, où il étoit allé faire
des Prieres à Dieu sur le Tombeau de
Saint Thomas de Cantorberi
, pour ob-*
tenir la guerison de ion Fils, ne negligea
pas le foin de le faire couronner; car
sçachant qu'il avoit recouvré la santé, il
ordonna à tous les Grands du Royaume
de se rentre à Reims pour assister à la Ceremonie
du Couronnement qu'il fixa au,
jour de la Toussaint.
Philippe-Auguste fut donc Sacré&
Couronné à Reims le jour de laToussaint
de l'année1179. par le Cardinal de Champagne
Archevêque de Reims son oncle ma- 1 ternel, assisté des Archevêques deSens &,
de Bourges, & de presque tous les Evêques
du Royaume en la 14e année, deux
mois &neuf jours de son âge.
Henri le Jeune Royd'Angleterre aflîfta^
à cette Ceremonie comme Duc de Normandie&
Pair de France, il porta la Cou- j
ronne Royale depuis la Chambre de PhilippeAuguste
devant ce jeune Prince jukj
qu'à l'Eglise, y étant obligé enqualitéde 1
Duc deNormandie;(a)leComte deFlandres
portoit l'Epée Royale, & plusieurs autres
Ducs; Comtes& Baronsalloientdevant&
& après cÇ ieune Prince, remplissant lei.,
fonctionsausquelles ils étoient dlhnelf j
(a)Rigor.Chen.t.5.p.5.
Roger. Hoved.ad an: 1179. p. J?*»-
Vùjli*lr Brit.l. I.Chen.t. 5. p. 101. Nous
1 Nous n'avons pas de Relation plus circonstanciée
du Sacre des Rois predecesseurs
de Philippe Auguste.
On voit donc que leRoyd'Angleterre,
comme Ducde Normandie,porta la Couronne
Royale devant Philippe Auguste,
& le Comte, de Flandres l'épée Royale
depuis lachambre deSa Majesté jusqu'à
l'Eglise; & que plusieurs Grands marchoientdevant&
après le Roy,faisant les
fonctions,pour lesquelles ils avoient été.*
destinez (a) * Que le Roy fut oint de -la.-
sainte Ampoule; Que l'Archevêque de
Reims fit laceremonie (h) assisté des
Archevêques de Bourges & de Sens, &de
presquetous les Evêquesdu Royaume, (c)
Que lors du Couronnement, le jeune
Roy d'Angleterre, comme Duc deNormandie
, soutenoit d'uncôté la Couronne
sur la tête du Roy avec les Archevêques,
Evêques, (d) & Princes du Royaume
, un chacun d'eux, leClergé&le Peuple
, criantVive le Roy. (e)
- DuTillet, lk', après lui Godefroy(f)
ontfait imprimerune Ordonnance con-
(( a) V'ILclJBritun. piah b)Rigor.Chen,t 5. p. 50 ((c) Roger. Hoved. p.j91.. dRigor. Chen. t. 5. p. y. (e) DuTillet,Rec.desRois, p. iS^.ediéJ
Ac Paris
v 1117.,. (f) Ceremonial, t. 1. p. 1.
tenant l'ordre qui doit être observé au Sacre
& Couronnement des Rois, dressée,
disent-ils, par l'ordre de Louis VII pour
le Sacre de Philippe Auguste. Sa Majesté
y regle le rang des Pairs Ecclesiastiques
en cette sorte :l'Evêque de Laon, l'Evêque
de Langres ,puis les Evêques de Beauvais,
de Châlons & de Noyon.
On dit quele Roy Louis VII y regla
les fonctions des Pairs au Sacre des Rois,
& distribua ces fonctions à douze Pairs,
sçavoir à l'Archevêquede Reims, & aux,
cinq Evêques que je viens de nommer, &
à six Princes Laïques; sçavoir, aux Ducs
de Normandie
,
d'Aquitaine,&de Bourgogne,
& aux Comtes de Flandres, de
Champagne & de Toulouse.
Il y adesraisons invincibles de fixerce
Reglement en 1179 au Sacre de Philippe
Auguste. La premiere est, que la Pairie de
Langresavoit commencé cette année 1179 • par la donation faite à Gautier Evêque de
Langres,& à ses successeurs du Comté de
Langres, par Hugues Duc de Bourgogne,.
.& par Henry Comte de Bar & ses freres
--que ce Duc en avoit investis. (a-)
Or l'Evêque de Langres n'étant P'ai1':si
qu'à causede son Comté, dit aujourd'huy.
(a) Voyez les Chart.decette donat. p.~~i~
& ij4, & dans du Chen. Preu. de l'Hist. de
3oupg. p. 1 Duché
Duché de Langres, & n'ayant obtenu ce
Comté qu'en 1179, il s'enfuit qu'il n'a
pu être Pair avant cette année.
On ne peut aussi fixer plus tard le Reglement
des fanétions des douze Pairs:
car jusqu'à l'an 1179, il n'y en a eu que
onze, & depuis 1137 jusqu'à 1171 il
n'yen a eu que dix, le Duché d'Aquitaine
ayant été tenu depuis l'an 1137 jusqu'en
xi5.1 par le Roy Louis VII. & depuis ce
temps-là jusqu'en1171 par le Roy d'Angleterre
,
qui possedoit en même temps le
Duché de Normandie. Or au mois deJanvier
de l'an 1171 le Roy d'Angleterre investit
Richard son second filsduDuché d'A..
quitaine, &il avoit fait reconnoître Henri
son fils aîné pour Duc de Normandie; ainsi
il y eut alors onze Pairs, & la douziéme
Pairie commençaen 1179parl'uniondu
Comté deLangresà l'EglisedeLangres,
comme je l'ay observé.Ce nombre de douze
Pairs nesubsistaque jusqu'en 1183, par la
mort de Henrile Jeune Royd'Angleterre,
qui étoit Duc de Normandie,&même cette
Pairie fut entierement éteinte en 202
par la réunion de la Normandie au Domaine
de la Couronne: ainsi de quelque
maniere qu'on le prenne, il faut fixer le
Reglement pour les fondions au Sacre des
Rois attachées aux douze Pairs de France,
l'Cnre 1179 pour le ptutoc,ôen-olpouc
- le
le plus tard. Or comme dans ces entretemps
il ne se trouve qu'une occasion de
regler ces fonctions;sçavoir, le Sacre dei
Philippe Auguste, il est commeincontestable
qu'elles ont été reglées pour ce Sacre,
c'est l'opinion la mieux reçûëi
Il ne faut pasnéanmoins se persuader
que ces fonctions ayent été attribuées à
tous les Pairs, étant seurquequelques-uns.
remplissoient déjàlesmêmes fonctions.
Ce qui paroît par la Relation du Couronnement
delaReine Isabelle, femme de.
Philippe Auguste,celebré dans l'Abbaye
de saint Denis le 29 May, jour de l'Ascension
de l'année 1181. Cet Auteur dit qu'à.,-
cette, ceremonie le Comte de Flandres
portal'épéeRoyale devant leRoy, selon
la Coutume.
Philippus Comes Flandrensium, qui<
dlit, prout moris est, ensem ante Dominøtnl
.Xggem honorifice portavit. (a)
Cesdeux mots, selon la CONtI/me) font
voir que c'étoit aux Comtes de Flandres
àporter l'épée Royale au Sacre des Rois:
Oril me semble que Rigord n'auroit pojnr¡¡
parlé de la sorte, si cette fonction avoit
été attribuée pour la premiere fois aux
(gOlnres de Flandres deux années auparavant,
étant à observerque leCouronnement
dela Reine Isabelle étoit la pré- J[?Cht»+-t* j. p. 7.
Manièreftuére
ceremonie depuis le Sacre de Phi
lippe Auguste, où l'occasion se fut prefenn-
e de porter l'épée Royale devant le
Roy.: or on ne croira jamaisque laseule
CeremonieduSacredePhilippe Auguste
ait pû faire une Coutume.
Je nedoute pointde plus que la fonéban
de porter laCouronne Royale dont
le Roy devoir êtrecouronné àson Sacre,
ne sur attachée aux Ducs de Normandie
avant le Règlement de 1179; car si cela
n'eut pasété, il me semble que Roger de
Hoveden l'auroit remarque, & qu'il ne,
seseroit pascontenté de dire que le jeune
, Henry portoit la Couronne Royale, y.
étant tenu àcause de son Duché de Normandie.
Unechoseme surprend ; sçavoir,qu'aucundes
Auteurs de ce temps-là, n'aitparlé
de ce Reglement, quoi que Roger de„
Hoveden, Rigord, Robert Abbé du Mont
Í'aint Michel, Guillaume l'Armorique, &
Guillaume le Breton,qui vivoientalors ,,
ayent parlé, du Couronnement de Philippe
Auguste, & que de plus il ne soit fait
aucune mention de la même Ordonnance
dans lei Historiens des deux siecles suivans.
Le P. Ruinard remarque que les affaires
de la plus grande consequence, étoient
terminées par le jugement des François,
c-efo
c'est-à-dire des Ordres & des Etats du
Royaume, &que c'est àceJugement Otl-
Assemblée qu'a succedél'institution des
douze Pairs de France, &celle des Parlemens,
(JI) & il fair cette observation
sur ce que Fredeguaire rapporte dans le
Chapitre 40 deson Hdlmre) queBrunehaud
Reine Regente d'Australie, s'étant
plainte à Glotaire II de l'invasion qu'il
avoit faite dans les Etats de Sigebert KOYi
de Bourgogne& d'Austrasie
, son arrierepetit
fils, & le priant de s'en retirer, iL
répondit, qu'il feroit à ce iutec ce qui
seroit ordonne par le Jugement des François
qui seroient choisisde part & d'autre
pour en decider.
Per suos Legatos Brunichildi mamlA.beil*
judicio francorumelectorumquidquidprecedente
Domino à Francis inter eosdem ju*
dicabitHr, pollicetur se se implere.
Le P. Ruinard n'auroit point parlé de
la forte
j s'il avoit fçu que les Pairs sont
aussi anciens que la MonarchieFrançoise
, - quoi qu'il soit vrai qu'on ne leur a donné
le titre de Pairs que tous la troisiéme Race
de nos Rois.
Il y avoit alors en France trois Ordres
dans la Noblesse
-, sçavoir, les premiers 6c
les plus grands que Hincmar appelle les
£.a) Ruin,note,tnIred. tel, 6io,nota,K.
premiers
premiersSénateurs du Royaume,( a) ÔC:
les premiers d'entre les Grands,( b )&'
c'étoiteux qui étoient ce que nous appel-
Ions aujourd'hui les Pairs de France; les.
autres Grands qualifiez Minores, comme
ttant inférieurs aux precedens, était cfe
qu'on appella dans la suite les Barons;
étantàobserver que tous les Pairs etoient
Barons, &que tous les Barons n'étoient
pas Pairs. La feule lecture de la, Lettre:
d'Hincmar que je viens de citer, nous.,
fait connoître à fond les fonctions des
anciens Pairs de France,& nous apprend
que l'ordre confervé en Allemagne jusqu'au
milieu du seiziéme siecle pour les
Dietes-Electorales, & pour les Dietes -
generales,étoit le même qu'en France
Qur les premiers d'entre les Grands croient
convoquez pour le Jugement des grandes
affaires, comme il s'est encore pratiqué
fous nos dix premiers Rois de la troisiéme
Race. On peut voirà ce sujet le Glossaire
de du Cange,sous le mot Par. Mais sans
sortir de la Lettre de Hincmar, on voitdepuis
l'article 28iusqu'à la fin que le
College des Pairs (ub¡(toir sous toute la
seconde Race
,
& que ces Pairs ou Senioris3
ou PrimiSenatores, avoient le pre-
(a) Hinc. epist. de institut.Régis, 6. }/
Chen.t.5.p.49é.
ib1 Ejusd, c. 29. p. 494.
mier.
mier rang dans les Etats, comme ils l'ont
toujours eu; Qu'eux seuls y avoient de
droit voix active & deliberative; Qu'ils
étoient appeliez pour traiter de toutes les
affaires generales avec toute la Nation,
& aussi de toutes les grandes affaires,
mais seuls & dans les besoins, pressans,
Ces Pairs l'étoient par leurs dignitez,
par leurs grands biens& par leur naissance.
Sous la premiere Race tous les Evêquesétoient
Pairs, &mêmelessimples Evê"
ques etoient Pairs aux Metropolitains, ce
qui piroît par le titre de quelques Lettres
de saint Gregoire (a) & tous éroient appellez
aux Assemblées generales , 8c y
tenoient le premier rang, comme le
P. Ruinard l'observe dans leseiziéme
Article de sa. Préfacé,&il adû voir dans
Gregoire de Tours, quela Cour des Pairs,
subsistoit des le Regne de Gontram, puisque
cet Auteur dit que Gontram convoqua
quatre Evêques &c quatre des plus
plus Grands de la Nation pour juger les
Ducs, qui s'étoient si mal acquittez de
leur devoir encommandant l'armée qu'il
envoya contre les Gots fous leur conduite,
(b) ce qui arriva vers l'an 585.
Au reste je ne sçai point où le P. Rui
(a) EpijJ; S. Greg. 10. & 18: Itputl.
Chen. t. 1. p. 8'9f. & 907.
(b) Greg. THr 1. 3. c. 19. nard
narda pris ce College des douzePairs de
France ,& j'avouë que je n'en ai jamais
purien aprendre de positif., & je ai que
s'il a jamais subsisté, ce n'a été que pendant
six ou sept années tout au plus.
Il fautobserver àce sujet ,que sous la
premiere Racedenos Rois, & sous la seconde
jusqu'à l'an 888. la Pairie étoit attachéeauxDignitez&
à la haute naissancejtouslesEvequescroient
Pairs, tous
les Ducs& tous les Comtes qui ne dépendoient
d'aucuns Ducs, mais qui relevoient
nuement du Roy à cause de saCouronne,
étoientaussi Pairs deFrance. Il enétoit
de même de cesSeigneurs d'unenaissance
illustre
, qui possedoient de trés-grands
biens pareux-mêmes , & qui sans avoir
ni DuchéniGomté
, avoient rang avec les
Ducs & les Comtes : ce qu'on voit par
diverses Chartes imprimées par le P.Mabillon
dans sa Diplomatique,(c) &par
diverses autres autorirez rapportées par du
Cange dans son Glossaire Latin feus le
mot Optimates. (d)
Les choses changèrent de face lors du
démembrement de la Monarchie Françoise,
les Ducs & les Comtes qui n'avoient
étéjusqu'alors que desimplesGouverneurs.
(c) Mabill. Diplom.1.6. p.474.475.&479,
¡ (d) Gloss, CanZ. ad VerbumOptimates, t. J. f.4y.
- se
se firent des propres de leurs Gouvernemens
, & fournirent à leur Comté ou
Duché tout ce qu'ilspurent^Parce moyen,
presque tous les Evêques du Royaume
devinrent sujets desDucsoudesComtes,
Se il arriva même queles Ducsse fournirent
plusieurs Comtes. ily eut aussi des
Comtes qui s'en fournirent d'autres.
Ceux des Ducs & des Comtes, qui de-'
meurerent Vassaux immédiats du Roy à
cause de sa Couronne,devinrent Pairs de
France, & ceux des Evêques qui purent
acquerir !e Comté de leur Ville , & ne
relever que du Roy, se trouvèrentaussi
Pairs de France, aucun d'eux n'étant resté
Pair à cause de (a dignité d'Evêque, ni
même à cause du temporel de son Lvêché
, mais à cause du Duché ou Comté at:
taché à son Evêché.
Or il est très sur,qu'avant le Regne de:
Xouis VII. & même avant l'an1179.on
n'a point vu douze Pairsen France,sçavoir
six Ecclesiastiques .& sixLaïques
attendu que l'Evéque de Langres, ainsi
que je l'ai observé ci-devant, n'acquit le:
Comté de Langres qu'en 1178. par le
don que Hugues Duc de Bourgogne en fit:
àGautier de Bourgogne Evêque de Langres
son oncle, & à les successeurs Eve-,
ques de Langres : donation qui n'eut sont
effet, comme je l'ai dit cy-dessus3 que par
la;
la renonciation à ce Comté,que firent
l'année suivante à l'Eglise de Langres,
Henri Comte de Bar & ses freres ,ausquels
le Duc deBourgogne l'avoir inféode
après l'avoir acquis par échange de Gui
de Saux & de les enfans. (a)
^nfi, je le repete, l'Evêque deLangres
n'a pû être Pair qu'en '1J79-- & par
consequent, jusqu'alors il n'y avoir eu que
onze Pairs , <2c même il n'yen eut douze
que jusqu'en 1183. c'est-à-dire ,pendant
quatre années, Henri Duc de Normandie
étant mort cette mêmme année; & ce
Duché aété possedé dans la suiteparceux
qui croient aussi Ducs d'Aquitaine ,
jusv4qWàésa
reeünieon aunDo1mai2ne,0qui f2ut ac.he-
Ainsi le College des douze Pairs, n'a
subsisté en France que pendant quatre années
, & il est même très vrai emblable
que ceux qui l'ont imaginé, n'onteupour
fondement que les fonctionsau Sacre des
Rois, attachées à six Evêques& à six Ducs
& Comtes, & cet établissement n'a pû se
faire plutôt qu'en 117ôcJDIUÎ tard qu'en
318
Je croy qu'il faut le fixer tous l'an
3179, étant vraisemblable que le Roy
Louis VII.régla ces fonctions pour le
(a) Voyez les Chart. dans lleraid. p.252.
&*/4. -Sacre;
Sacre du RoyPhilippe-Auguste sonKls*
c'est l'opinion-commune.
Au reste,je ne sçai d'Auteursanciens-,
Olui-ayent parle des-doutePairs de France
que Mathieu Paris, qui en parle souvent,
,(a) & qui en parle dans un tems qu'iln'y
en avoit queonze ,
leDuché de Noandie
étant alors réuni à laCouronne.
Marloc observe que le Cardinal de
Champagne Archevêquede Reims, fit la
Ceremonre de ce Couronnement,& que
même il en fit tous les frais, qui furent
si grands, qu'il fut obligé d'emprunter des
fournies considerables: qu'il pria son Chapitre
de l'aiderà les payer,cequ'il obtint
: & afin que cette grace ne put être
tirée à consequence
,
il declara qu'ilne
pretendoit pasavoir acquis aucun droit
sur son Chapitre par la subvention qu'il
lui avoitaccordée libéralement & gratuitement
, ni quecette subvention put être
d'aucun-prejudice au même Chapitre. Et
c'est la plus ancienne preuve que nous
ayons quelesArchevêques de Reims faisoient
les frais des préparatifspour la Ceremonie
du Sacre des Rois.On en a plusieurs
autres preuves pour les Regnes suivans;
&on observeque le Roy Louis VIlla SuccesseurdePhilippe-
Auguûe, ordonna que
(a) Mfitfh.Psrif. ad a»»- 1257.p.634.
tous
tous les Bourgeois de Reims du Ban & Seigneurie
de l'Archevêque
,
porteroient leur
part des frais que ce Prélat étoit obligé de
fairepour le Sacre desRois.
Sacre de LOVIS VIII.
Le Roy Philippe-Auguste mourut le
14. Juillet de l'année1123. Le Prince
Louis VIII. son sissaîné lui ayant fucccdé,
fut Couronné dans l'Eglisede Reims
avec la Reine Blanche son Epouse le Ii.
1 xiéme jour -ci'Août Fête de laTransfiguration
de l'année 112.j. par l'Archevêque
Guillaume de Joinville
,
accompagné d'un
grand nombre de Prelats, de Jean Roy de Jer\j"alcm-& des Grands du Royaumede
France , comme on l'aprend de quelques
fragmensd'Auteurs contemporains que
j'ai insérés dans le premier Chapitre du
Cartulaire historique des Monarques. (a)
L'Archevêque de Reims étant obligé de
faire les frais du Couronnement & ceux
du Feitin Royal qui suivoit cette Cérémonie
,
dépensa pour cela 4000. Parisis,(
b) comme nous l'aprenonsdesLettres
Patentes de ce Monarque
,
& de celles
(a) Gest. Lud. 8. Chen. t. 5. p. 1S4.
Nicol. de Braio. (b) Chen. t. f. p. 191. , C'étoit47750.liv.4.f.8.den. de la
monnoye d'aujourd'hui
,
à ne compter les Ecus
que sur le pied de 3. liv.
D qu'il
qu'il donna dattées de la Ville deSens au
mêmemoisd'août 1*115. que j'ai rapportées
dans le même Chapitredu Carm.
laire de ce Monarque, par lesquelles il
déclare aux Echevins,& aux Bourgeois de lamême Ville que leur Archevêque a fait
des dépenses si considerables pour les frais
du Couronnement de Sa Majesté & de la
Reine son Epouse, qu'il ne put les sup.
porter seul;c'est pourquoi il leur ordonne
- de porter telle part decette dépense qu'elle
en doive être contente , & de le faite au
plutôt, & sans contestation, leur déclarant
que quandmêmel'Archevêque voudroit
les décharger entierement de ces frais, Sa
Majesté ne le souffriroit pas. Marlot dit que quelques uns croyoient
que ces Lettres de Louis VIII. sont les
premieres où il soit fait mention de la dépense
que l'Archevêque de Reims étoit
obligé de faire pour le Couronnement des
Rois.
Je ne sçai comment ila pii alleguer
cette opinion sans la réfuser
,
d'autant qu'il
avoit déjà rapporté dans son histoire Ecclefiaftique
sous l'an 1179. les Lettres de
Guillaume de Champagne Archevêque de
Reims, CardinalLégat du S. Siege en
France, par lesquelles ce Prelat declare
que le Chapitre de sa Cathédrale ayant
payé partie de la dépense qu'il avoir faire
, pour
pour le Couronnement de Philippe-Auguste
,
sur ce qu'il leur avoir representé
qu'il avoir été obligé d'emprunter be.lwcoup
pour y satisfaire, il ne veut &
-
ne
prétend point avoir acquis par ce secours
volontaire,&qui est un
effet
de leur liberalité
à son égard, aucun nouveau droit
pour lui ni pour les successeurs Archevêques
, ni que son Chapitre en reçoive
aucun prejudice pour l'avenir. (a)
Ces Lettres font donc voir que celles
de Louis VIII. ne font point les premières
qui parlent de la dépense faire par les Archevêques
de Reims pour le Sacre de nos
Rois.
Sacre de SAINT L0VIS.
Saint Louis n'étant âgé que de
onze ans six mois & quatorze jours lors
du decès de Louis VIII. son Pere, qui
arriva le 8. Novembre de l'an 1226. Il
fut Sacré & Couronné le lendemain de
la S. André de la même année dans l'EgWe
de Reims par l'Evêqué de Soissons.
Nous apprenons cette époque d'une Lettre
des Archevêques de Sens & de Bourges
,des Evêques de Beauvais, de Noyon
& de Chartres, de Philippe de France
Comte de Boulogne, du Comte de Blois,
(a)Marlot. Tirfî,Remit, 2. p. 41jv
D ij d'Enguerrand
d'Enguerrand Sire de Coucy
,
d'Amauti
de Montfort, d'Archampaud de Bourbon
deJean , Sire de Neele, & d'EtienneComte
de Sancerre
, par laquelleilsinforment
Thibaut Comte de Champagne que Louis
VIII. prevoyant qu'il nereleveroir pasde
sa maladie, les avoir fait venir, & pour
éviterle peril dont le Royaume pouvoir
être menacé, leur avoir fait promettre
par ferment qu'ils feroienr Couronner Roy
.Louis sonfils aîné le plutôt qu'ils pourroient,&
qu'enexecution de ce ferment,
ilsavoient resolu defaire Couronner Louis
IX. le lendemain de la S. André, & qu'ils
l'inviroient à cette Ceremonie. -
Ces mêmes Seigneurs envoyerent plusieurs
Lettres Semblables aux autres -Evêquçs
& Grands duRoyaume, que j'ai tirées
du Tresordes Chartes duRoi Jeles
aitranscrites & placées avec les autres
preuves du premier Chapitre du Cartu-
Jaire. Hiaor-iÇJucd.eSaint Louis.Godefroi
les a rapportées dane le grand Ceremonial,
Tom, I.pag. 142. mais leprécis
G,dl très-malfait. Ces Lettres ont donné lieu à quelques
Auteursignorons ou mal intentionnez
d'avancer que Louis VIII n'avoitexigé
ce ferment qu'àcausequ'ilcroyait la succession
mal établie dans sa Famille; mais
ces
Auteurs,ontavancé un fait contraire j
i : au *
au langage des Papes, des Prélats & des
Historiens de ce tems. là
,
rien n'étoit plus
solidement établi que la succession à la
Couronne
,
& ÍÍ cet étàblissement avoir
paru très constant fous les deux premières
Races, il avoir encore paru plus solide
sous la troisième
J'ai fait voir ci devant en parlant du
Sacre de Hugues Capet, & par les autorités
que j'ai rapportées, que ce Prince
avoir succedé de plein droit après l'excluf16n
de Charles de France pour Forfaiture
& sa Felonie, & que s'il avoir fait Couronner
de son vivant le Prince Robert
sonfils aîné, ce n'avoit point été pour
lui affûter la Couronne
, comme disent
tousles modernes, mais parce que son âge
& ses infirmitez ne lui permettoient plus de
supporter seul le poidsduGouvernement,
il avoit besoin d'un Collègue quile soulageât
: ce que nous a pprenons des Auteurs
contemporains, (a) étant à observer
que les Rois Couronnez jouïssoient de
l'autorité Souverainedès ICi jour de leut
Couronnement.
Les Rois n'avoient pas besoin du consentement
des Grands pour faire Couronner
leurs fils. Preuve qu'il n'y avoit point
alors d'élection, ils les faisoient Couronner
(a) Glllb. Raoul Chen. t.4. p. 11.
Frag. Cron. Veter.Chen,t.4. p. 96b
de leur autorité Royale .& 41Js consulter
que leur propre volume.
On a vu ci devant que le Roi Robertfit
Couronner le Prince Hugues son fils,
û>é malgré les Grands du Royaume,(a)
6c ce Prince étant mort, Robert fit Couronner
Henri son second fils, malgré une
partie des Grands. (b) Ce qui lut auroit
été d'une impossibilitéabsolue s'il avoir
été au pouvoir des Grands de disposer de
la Couronne en faveur de qui bon leur
sembloit & si la succession n'avoir point
été solidement établie.
j'ai fait voir aussi qu'en remontant aux
tems plus éloignez, nous trouvons de nouvelles
preuves que la Couronne éroit non
seulement successive,mais même héréditaire.
J'ai observé ci-dessusque le Roi Philippe
I. étant mort, le Prince Louis VI.
son fils aîné se fit Couronner Roi à Orleans
par Daimbeit Archevêque de Sens,
quelques Grands du Royaume ne le vouloicnr
absolument point
,
d'autant qu'ils
avoient reconnu que ce Prince ne pouvoir
supporter leurs tyrannies. L'Archevêque
(a)Glaber.l 3.c. 9. p. 3'.
Helgaud. Chen. t. 4. p. 67. (b)GlabChen.t.4p.37.
Cron. Floriac, Ghen.t. 4. p. if-
FuJ- Epist.Chen. t.4. p.181.
de
de Reims s'y opposa par une autre raison
soutenant , que par un privilège special attaché
à son Egiife, c'étoit à luiàmettre
au Roy la ptemiere Couronne, ou à le
Couronner la premiere fois. (a)
j'ai rapporté à ce sujet que Ives de
Chartres
,
dont le seul nom fait l'éloge
chez tous les Sçavans, écrivit contre les
prétentionsde l'Eglisede Reims. Ce Prelat
dir en termes formels:
»Si nous consultons la raison
,
c'est avec
justice que nous avons Couronné Roi
» celui à qui le Royaume appartenoit par
» droit d'hérédité. (b)
Qui peut douter après un semblable témoignage
que la successîon hereditaire au
Trône ne fut très-solidement établie: il
falloir qu'en cette occasionIves de Chartres
parlât très juste, & qu'il n'avançât
rien qui pût être contesté
, ce que l'on
n'auroit pas manqué de faire : d'ailleurs,
on ne peut dire que ce Prelat se loit trompé
, & il n'etf pas à croire qu'un homme
de ce mérite & Grand Chancelier du
Royaume, n'ait pas été instruit à fonds
de la Loy fondamentale qui defere la Couronne
au Prince du Sang le plus proche
à succeder.
Suger, depuis Abbé de Saint Denis,
(a) Suger. chen.t. 4 p. 293.
(b) Epist. 40. Chen t. 4. p. 237.
premier Ministre d'Etat, puis Regent du
Royaume, avance aussïdemêmequeYves
de Chartres, que Louis le Gros étoit
l'heritier du Royaume. ( a )
Le même Louis le Gros ayant été couronné
fut quelques années sans se marier,
& demeura du temps dans l'incertitude
de ce qu'il seroit là dessus. Yves de Chartres
lui écrivit pour l'exhorter à se marier,
afin,disoit il, de donner au plutôt un successeur
au Royaume, pour confondre le
dessein des Grands, qui seroient ravis de
broüiller l'Etat, & pour réunir les voeux
de tous les François en un même Prince.(b)
J'ay aussi observé que Louis VI mourut
en 1136, & qu'il eut pour successeur
Louis VII
,
dit le Jeune, son fils aîné.
Les Auteurs qui parlent de l'avenement
de ce Prince à la Couronne, assurent
que toute la France témoigna une joye
extrême, &qu'elle ne fut si grande qu'à
cause que le Royavoit laissé un héritier
legitime, qui par son avenement à la
Couronne apporreroit la paix dans le
Royaume, & maintiendroit l'honneur de
la Monarchie; Que de plus un chacun
consideroit que l'Empire d'Allemagne &
le Royaume d'Angleterre n'avoient soufa
Gest. Lud. Cross. Chen t.4. p 18J.
b Yvon. CIIYnat. epist. Chen t.4. epist. 47» ~ï~~
f-ert
fert tant de troubles, & n'étoient déchus
de leur premiere grandeur qu'à cause que
le dernier Empereur & le dernier Roy
d'Angleterre étoient morts sans laiflfer
d'heritiers d'eux. (a)
Il est à remarquer que Henry V Roy de
Germanie ôc Empereur,étoit mort en
1125le 7.3 May sans laisser d'enfans, &
que la more avoit été suivie de plusieurs
guerres civiles, ses parensayant pretendu
que l'Empire leur appartenoit par droit
d'heredité, & plusieurs Princes de l'Empire
ayant deseré la Couronne Imperiale i
Lothaire, Duc de Saxe Suplimbourg. ( b)
Henry I. Roy d'Angleterre mourut aussi
le 3 Décembre de l'année 1135 ne laissantqu'une
fille unique nommée Mathilde ou
Mahaut.
Comme c'étoit la premiere fois que le
Royaume d'Angleterre tomboit en quenoüille,
il sur dechiré par quantité de guerres
civiles,(c) qui étoient encore dans
toute leur force lors que la France se réjoüissoit
de ce que le Roy Louis VI avoir
aGest.Lud.7.Chen t.4. p. 390.
b Apend.adLamb. schaf. Ad An. 1125.1126.
& 1128.
Sigeb. adAn. IIlf. 1127. & [eqq.
c Cron. Andeg.Ad an. 1135.
Beli. hist,des Ducsd'Aquit.p. 466.
Math. Paris, ad an. II 3 5.
Rilb. de À%Ionte,ape*d.ad Sigeb. ad tyt-, 1125.
laissé en mourant un successeur & un h.
ritier legitime qui étoit son fils.
Le Roy Louis VII donc l'avenement à
la Couronne causa tant de joye à la France,
fut tres long-temps marié sans avoir de
fils, n'ayant eu que des filles de ses deux
premieres femmes. Toute la France offroit
sans cesse des voeux à Dieu pour lui obtenir
un Prince qui lui succedât.Ils furent
exaucez par la naissance de Philippe II,
( il naquit le 20 Août 1175 ) qui sur pour
ce sujet surnommé Dieudonné. Nousavons
sur cela deux Lettres, l'une du Roy Louis
VII
, pere de Philippe II, surnommé Auguste;
l'autre de l'Evêque de Lizieux, au
mêmeRoy Louis VII.
La premiere est une Charte, par laquelle
ce Monarque donne trois muids de froment
de rente annuelle, à prendre sur la
Grange de Sa Majesté, située à Gonesse,
à un Serviteur de la Reine nommé Ogier,
en recompense de ce qu'il lui avoit apporté.
le premier la nouvelle que cette Princesse
étoit accouchée d'un fils. Voici la tradu
ction de cette Charte.
Louis par la grace de Dieu Roy des
François. Il y a long temps que tout le
Royaume- souhaittoit uniquement, bien
que sans effet, que Dieu par sa bonté&:
par sa misericorde nous donnât nufils qui
pût porter le sceptre aprèsnous,&gou-, veiner
verner le Royaume.Nousmême épouté
par le grand nombre de filles que nous
avions eu jusqu'à present, nous souhaitions
avec ardeur d'avoir un fils; c'est pourquoi
à present que cet héritier si desiré nous
est apparu, nous avons cru devoir recompenser
celui qui le premier nous a fait part
d'une nouvelle quia rempli de joye notre
ame & notre corps. Ainsi nous faisons à
sçavoir, &c. (a)
Arnoul Evêque de Lizieux écrivant à
Louis VII sur la naissance de Philippe Au<*
guste fils de Sa Majesté, se sert de ces termes.
Le porteur des presentes a rempli mon
ame d'une joie que je souhaittois depuis
long temps, & d'une joye après laquelle
moy & tous les François soupirions depuis
plusieurs années, & qui nous charme tous
.à present qu'elle nous est arrivée. Dieu
a visité son peuple, & a ouvert les entrailles
de sa misericorde à tout le Royaume
des François, lors qu'il nous a donné un heritier
certain, & qu'il a donné un Seigneur
legitime a tous les Grandsdu Royaume. (6)
Les Historiens contemporains qui para
Hist.dereb, Franc. Chen. t. 4 epist. 156,.
P.6e7--
b Epi./l.deYeb. Franc. epist. 233. Chen. t. 4.
P.64y.
lenc de la naissance de Philippe Auguste ,.j
disentaveclamême force qu'il étoit l heriticr
certain & legitime du Royaume. ( a)
Le Pape Innocent III écrivant au Roy
Philippe Auguste,reconnoît que ce Monarque
étoit parvenu au Trône par droit
d'hérédité. (b)
Le Pape Alexandre III s'étoit servi des
mêmes termes écrivant à Louis VII. (c)
Peut-on trouver des preuves plus autentiques
que la Couronne de France étoit
herediraire,que le fils y fuccedoit au pere
de plein droit, sans qu'il eut besoin pour
cela d'aucun autre que de celui de sa naissance?
Non content d'avoir rapporté une fuite j
non interrompuë, des preuves etc cette
succession hereditaire depuisHugues Ca- i
pet jusqu'à la naissance de Philippe Augufte,
c'est-à- dire depuis l'an 987 jusqu'à
l'an 1175, je crois en devoir rapporter
quelques autres jusqu'à Saint Louis petitfils
de Philippe Auguste.
Les Auteurs qui nous apprennent la
naissance de Louis VfII pere de Saint
Louis, arrivée le Lundi S, Septembre de
l'année1187 assurent que tous les François,
& même les Etrangers eurent beaua
Hist Lud. 7. Chen t. 4.p. 4Ij.
b Innoc. 111. epip.Bissus.t, 1. p 708.
c Chen. epist.87. 4. p. jj;.
coup
coup de joye de ce que Dieu avoir donné
un heritier au Royaume de France. ( a ):
Le Pape Innocent III dans sa Décrétai©»
Per Venerabilem, parlantde Louis VIII y dit que le Roy Philippe Avoiteud'Isabelle
Reine de France sa premiere femme, un 1
fils qui étoit l'heritier legitime de S»
Majesté. (b) ,
Ce Prince Louis étoit aussi reconnu &
regardé dansle Royaume comme l'heritier
legitime de la Couronne,& il avoit en
cette qualité une tres grande autorité dans
le Royaume.
J'ay trouvé dans les Archives du Châteaude
Foix, Diocese de Pamiers, une
Relation manuscrite, par laquelle on voit
qu'en 121 5 , lors qu'il alla pour la premiere
fois à la guerre contre les Albigeois,
: Simon Comte de Montfort& de Toulouze,
&c. & le Comte de Foix furent au
r devant de lui comme leur Seigneur, &
que le CardinalPierre de Benevent, Legat
du Saint Siege, eut peur que ce Prince,
comme fils aînédu Roy, & en cette qualitéhaut
Seigneur, des Païs où la guerre
se faisoit, ne voulur pas se servir assez de
sa pleine puissance & agir en maître; Que
ceux de Narbonne, quoi qu'engagezdans
le parti des Albigeois, reconnurent le
a Rigor.Chen. t. 5. Pi 24.
h Innoc.111,etiji. ixSJ. t. 1.p. 674.
Prince
Prince Louis pour leur Seigneur. L'Arche-
- vêque de Narbonne fit de même, & ce
fut par l'autorité suprême de ce Prince, &
en même temps par le Confcil du Légat
qu'il fit raser les murs de Narbonne. ( a )
Le Roy LouiseVIII éprouva plusieurs
autres fois pendant la vie du Roy ion pere,
qu'il étoit regardé comme l'héritier légitime
de la Couronne, & qu'il l'étoit en
effet,aussî y succeda-t'il de plein droit le
14 Juillet 1223 , & sans qu'il s'y sur formé
aucun obstacle il fut couronné d'un
consentement unanime, sans que personne
s'y opposât. De maniere que Louis VIII
étant fortement convaincu que la Couronne
de France étoit herediraire, c'est à
tort & avec malice que l'on ose avancer
qu'il ne crut pas la succession hereditaire
bien établie
,
lors qu'il fit jurer, aux Grands
qu'ils feroient couronner son fils; car il
est à observer qu'il ne leur dit point qu'ils
le feront élire pour Roy, mais feulement
qu'ils lui prêteront ferment de fidélité,
& le feront couronner le plutôt que faire
se pourra. Ce Prince ne leur demandoit
- que de la diligence pour le Sacre du Prince
ion fils, & rien de plus. Aussi les Auteurs
proches de ces temps-là, qui parlent plus
-au desavantage de la France, ne disent
a Pétri Monac, Val!.*C.rn*b hist. AUigflar.
81.Cbea.t.y. jt'.<;~.
pas
pasque la Couronne n'appartenoit point
à Saint Louis, mais ils disent feulement
que les Grands vouloient. avant toute
chose que ce Monarque ôc la Reine sa
mere remissent en liberté tous les Grands
qui étoient prisonniers,& qu'ils rétablissent
dans leurs biens ceux qui en avoient ,-
été dépoüillezpar les Rois Louis VIII &
par Philippe Auguste. ( a )
Lacause delaprécation de Louis VIII
venoit donc, non qu'il ne sur persuadé
que la Couronne étoit solidement affermie
dans sa famille, mais à cause du bas âge
du Prince Saint Louis son fils aîné. Ce
Prince étoit né le 25vril de l'année
il15> (b)ainsi le 8 Novembre 1226, qui
est le jour de la mort du Roy ion pere,
& le cinquièmejouraprès que Louis VIII;
eut exigé ce serment des Barons, le Roy
Saint Louis n'étoitâgé que de onze ans,
six mois& quatorze jours. De maniere
que Louis VIIIcraignoit que les Barons
ne profitassent du bas âge du jeune Prince
son fils, Se de l'incertitude des affaires
pour troubler le Royaume s'ils differoient
de le faire couronner;car on observe qu'en
ces temps-là les Rois n'avoient véritablement
de l'autorité que lors qu'ils étoient
couronnez; & que quelques-uns desBaa.
Math,Paris,ad an1226 p.231.
b Joinvitt. hist. de S.Louis, p. ij.
rons
rons ne se croyoienr pas entièrement obit*
gez à obéir lors qu'ils n'avoient pas encore
prêté ferment de fidélité. Ainsi je répété
encore une fois queLouisVIII ne prit
cette précaution que pour prévenir les
guerres civiles & les desordres qu'il prévoyoit
devoir arriver pendant la minorité
du Roy Saint Louis, s'il n'étoit prompte- -
Jnem sacré.
Si l'on ne douta pas en France que la
succession à la Couronne ne fut solidement
établie avant l'an 1226, que Saint
Louis sur couronné Roy, on douta encore
moins fous le Regne de ce Monarque que
la Couronne ne fut héréditaire. Nous en
trouvons- unexemple célébré fous l'an
ii-j9. Le Papeayantexcommunié l'Empereur
Frédéric, & l'ayant declaré déchu-
& privé de la Couronne Imperiale, à causedes
crimes d'apostasre & d'heresie, la fitoffrir
à Robert, Filsde France,Comte
d'Attois, frere de Saint Louis.
Ce Saint Roy fit assembler tous les
Grands du Royaume pour prendre leur
conseil sur cette offre. On resolut dans
cetteAssemblée de ne point accepterles
offresdu Pape, qu'après qu'on seseroir,
informé sur les lieux de la véritédescrimes
dont Frédéric étoit accusé.
Le Roy & l'Auemblée choisirent des
Ambassadeurs qui allerent trouver Frédé-
,
ric,
ric, &luiexposent le sujet pourlequel ilr
avoient été envoyez Ce Prince se justifia
devant eux des crimes donc il étoit accusé,
puis leur declara qu'en cas que les François
voulussent lui faire la guerre, il tâcheroit
de se deffendre.
J> A Dieu ne plaise, dirent- ils, que noes-
»attaquions jamais aucun Prince Chret*
tien, sans en avoir un juste sujet. L'am-
» bition rP nous fait point agir, nou*-
» croyons que le Roy de France notre Sou- )venin, que la feule raison du Sang
"tleve sur le Trône,est plus excellent-
»que quelque Empereur que ce soit, quiu
ne parvient à la Couronne que paris
élection : Il suffit à Monsieur le Comte
n Robert d'être frere d'un si grand Roy.
Cela dit, ils (e retirèrent avec l'amour &
la grace de l'Empereur. ( a)
Cette protestation que les Rois de France
ne parvenoienr au Trône que par le seul
droit de leur naissance, sefit par les Ambassadeurs
du Roy & de toute la Nation.
Elle se ni en 1239, c'est-à-dire treize ans
après que Louis VIII eut fait promettre à
quelques Barons de faire couronner auplutôt
son fils; précaution qu'il ne prit,.
dirent cependant les modernes, qu'à cause
que la succession à la Couronne n'étoit
point bien établie. Or qui devoir être
aMathieu Paris, ai un, 1239. p.;so.-
mieux
mieux instruit de l'usage pratiqué en 11
ou des grands Seigneurs de l'Etat & des
personnes d'un âgemeut, qui parloient
en 1239,c'est-à-dire treize années après;- ou des Auteursmodernes, qui sans autres
preuves que leur pretendue pénétration ,
ont écritplusde trois cens ans après tout
le contraire de ce que les Grands du Royaume
& les Auteurs contemporains ont
avancé : *
D'ailleurs ilfaut observeu que ce fait elb
rapporté par Mathieu Paris, ouvertement
déchaîné contre les François, & parconsequens
plus croyable en cetteoccasion,
qu'il est forcé de les louer, & cette protestationque
leRoy de France ne devoir
sa Couronne qu'à sa naissance se fait à
l'Empereur, & se fait d'une manière où
il est indirectement choqué;neanmoins
il ne le nie point, il le reconnoît pour
vrai, & renvoye les Ambassadeurs en
France, les assurant de son amitié pour,
eux & pour toute la Nation.
Il est donc sur & incontestable qu'en
1239. l'on étoitr persuadé
comme dans
tous les siecles precedens ,que l'on ne
parvenoit à la Couronne de France que
par la seule ligne du Sang, & non par
l'élection : néanmoins nous voyons qu'en
1248.c'est-à-dire neuf ans après, le Roy
Saint Louis eut la précaution qu'avoit euë,
, le
p Roy son pere en 1226. "sçachez,die
« Joinville, qu'avant le partir, le Roy
M manda à Paris tous les Barons de France,
,,& leur fit fairefoy& hommage & jurer
» que loyauté ils porteroient à sesEnfans,,
»s'aucun male avenoit de sa Personneu-
» au saint veage d'Outre-Mer. (a)
Les mal intentionnez pourroient dire de
là précaution de Saint Louis la même
chose que de celle deLouis VIII. néanmoins
ils se tromperoient autant pour le
moins que ceux qui ont raisonné sur celle
de Louis VIII. carenfin il est incontestable
que la succession à la Couronne étoitsolidement
établie, & que de l'aveu même
de route la Nation, parlant par ses Deputez
,
les Kois ne parvenoient au Trône
que par la ligne du Sang. Pourquoi donc
ces fortes de précautions ont-elles été prises
, si ce n'est pour empêcher les revoltes,
qui eussent pû survenir jusqu'à ce que les
Enfans de ce Saint Roy qui étoient tous
jeunes, n'ayant été marié que quatorze,
annéesauparavant
,
fussent devenus majeurs
?:
Sacre de PHI L 1P P Fi LE HARDI.
, La Ceremonie du Sacrede Philippe le
Hardi fils & successeur de Saint Louis fut- (a ) JoinyiH. hist. de S. Louis, par duCange,
p. ij-- faite
-
faite dans l'Egise de Reims le 15. Aoûtt
jour de l'Assomption 1271. parMilonde
Basoches Evêque de Soissons, le Siege de
l'Eglise de Reims étant alors vacant. L'Historien
contemporain de ce Monarque dit
que Robert Comte d'Artois portadevant
ce Monarque l'Epée de Charlemagne,suivant
l'usage qui s'étoit pratiqué aux Couronnemensdes
Rois depuis lamort dece~
Empereur.
Sacre de PHILIPPELE BEL.*
Le sixJanvier de l'année1285. à Il
maniere de comprer les années de cestemslà
que l'année finissoit à Pâques,ouen
1186. en commençant l'année au premier
Janvier, le Roy Philippe le Bel fut Sacré
à Reims par l'Archeveque Pierre Barbet,
Çc Couronné avec laReineJeanne son
Epuse; Philippe le Bel avoir succedé au
Roy Philippe le Hardi son pere, decedé
le 6 Octobre 1185,dans la Ville de Perpignan.
(a)
L'Archevêque de Reimsétoit tenu de
faire lesfrais du Sacre & du Festin Royal
qui le suivoit
,
mais il reptenoit sur les
Bourgeois & ses Vassaux les fraisqu'il
avoir faits, ainsi qu'il se pratiquoitdepuis leRegne de Louis VIII.comme je l'ay
observé cy-dessus, ausujet d'une Ordon-
(a)Nang.gest,Philip,III.Chen.t. s.P. H8.
nance,
nance, par laquelleil enjoint aux Boutgeois
de Reimsderembourser leurArche-
.vêque des frais par lui faitspourle Sacre
de Sa Majesté.
Pierre Barbetvoulant,selon la coutume,
tetirer lesfrais par lui faits pour le Sacre
de Philippe le Bel, taxa les Chanoines,
& les Religieux de Reims o leursHommes
; ce qui donna lieu à un procès devantle
Roy., l'Archevêque le perdit,
ayant été ordonné en 1290.que lesChanoines
, les Religieux & les Hommes seroient
&devoient être exem pts de cet
impôt, & qu'il ne devoir être levé que
surles Vassaux de l'Archevêque. (If)
Il est à observerquel'Archevêque de
Reims ne faisoit que les seuls frais du Couronnement&
duFestin Royal,c'est-à-dire
qu'il faisoit dresser cequiétoitnecessaire
dans l'Eglise, & payoit le Repas, les Rois
faisoient le restedeladépense,quiétoit
considerable.
UnRôletiré du Regrftae cotté Noster
de la Chambre des Comptes, & imprimé
par du Caoge;(b) nous apprend que la
dépense duCouronnement de Philippe le
Bel s'étoit montée à vingt-quatre mille
cinq. cens soixantlivres dix sols Tournois,
qUi faisoientdeux cens trente-sept
(a) Mirlvf. hist.Rom.l. 3. c.4j1. f.578.
JpiJ Maîs.4çjfrjiafiç,lij|,ç.4.1.1,p 155.
mille
mille quatre cens cinquante-sept livrés
trois fois quatre deniers de la monnoye
d'aujourd'hui, l'Ecu valant trois livres,
laquelle somme avoitétéprise sur le terme
de la Chandeleur. Ce Rôle apprend encorequ'il
en avoir coûte en 1285. pour
la Chevalerie de ce Monarque quatorze
mille fr-x cens quatre-vingts-quatre livres
douze sols Tournois, quiavoienr étéprises
sur la grande Recette de la Toussaint
de l'année precedente. Cette somme
,
qui
aujourd'hui paroîtpetire, étoit alors considérable
,
le montantàcent quarante-un
mille neuf cens quatre-vingts quinze liv.
seize sols quatre deniers de la monnoye
d'aujourd'hui, à ne compterles Ecus que
sur le pied de trois livres. ';.
Cet Acte est considerable
, parce que
l'on y reconnoît que le Revenu du Roy
étoit alors de deux millions trois cens
trente-quarre mille livres Tournois de k
monnoye de ce tems, qui font vingt-deux
millions huit cens soixante-deux mille liv.
de celle d'aujourd'hui., à ne compter les
Ecusque sur lepied de trois livres chacun.
Revenuqui donne le démenti à nos
Historiens modernes,& qui découvre en
même tems ou leur ignorance
, ou leur
malice , qui pourinsinuet que *lesimposions
étoient^alors beaucoup moins forotes.
qu'ellesne i'ttoCent lorsqu'ils ont. in-
:. '," , secté
:seété le Public de leurs Ecrits, ont re-
\pre[emé le Revenu du Domaine Royal
très-petit sousleRégne de Philippe le
Bel,soit qu'ils ne se soientpas donnéla
peine d'examiner ce que valoient alors les
monnoyes par rapportà celles d'aujour-
'hui ,
soitqu'ils ayent voulu flatter les
Peuples en décriant la conduire de nos
Monarques;maissi ces Frondeurs avoient
voulu ferieufemenc se donner la peine
pour s'en instruire eux-mêmes,& en informer
aussi le Public , ils auroient vâ
que les Impositions dévoient être alors
pourle moinsaussi sortes,& même plus
qu'elles ne l'ont été jusqu'à la fin du Regne
de Louis le Grand, étant àremarquer que
plusieurs Provinces qui font maintenant
réuniesau Domaine , ne l'étoient pas encore
fous les Regnes dePhilippe le Bel
,& de Philippe de Valois; & qu'ainsi ces
Monarques n'en retiroient que peu de revenu.
Oren 1185. que le Roy avoit de
revenu annuelvingt-deux millions huit
cens foixance-deux mille livres,monnoye
d'aujourd'hui, le Duché deBourgogne,
le Dauphiné, la Provence, la Bretagne.
l'Artois, la Flandres, & plusieurs autres
Pays qui rapportent à present des sommes
très-considerables
, n'étoient pas encore
Teunis au Domaine , & les Ducs, les
Comtes& les autres Grands qui lespof-
1 sedoient,
sedoient ,y levoienr les mêmes Droits
que le Roylevoit dans les Provinces réunies
au Domaine de la Couronne. Il est
vray que ces memes Ducs , Comtes &
autres Grands payoient quelques Droits à
Leurs Majestez, mais ces Droits étoient
infiniment au -
dessous de ce qu'ils retiroient
eux -
mêmes des Provinces qu'ils
possedoient avant leur réunion au Domaine
Royal.
-
Philippe le Bel étant de retourà Paris
après son Sacre, fut haranguéau nom de
l'Université par Gilles Colomne, qui avoit
été sonPrecepteur. Ce sçavant homme representa
dans sa Harangue qu'on devoit
parler aux Rois avec le mêmerespect qu'à
-
Dieu ,
d'autant qu'il les avoit établis ses
Lieutenans & Vicaires dans le monde pour
gouverner fous son autorité les Peuples
-de la Terre. Il representa d'une maniere
vive ôc. éloquente à ce Monarque qu'il
devoir cultiver avec soin touteslesVertus,
&particulièrement la Justice,afin
de merirer le surnom deJuste
,
qui n'a-
-
voit encore étp porté par aucun Roy qui
futconnu dans l'Histlire, & afin de rendre
à ses Peuples ce qui leur étoit dû. - : 1j. Louis X.ditHutin,filsde Philippe
le Bel, fut Sacré & Couronné dans
l'jEglife de R-cims. avec Clemence de
Hongrie
Hongrie sa femme,fille de Robert Royde
Sicile, le 3. Aoust 1315. par Robert de
Courtenai Archevêque delamême Eglise.
Il avoir été Couronné Roy de Navarre à
Pampelune le premier Octobre 1307.
1 5 1 6.
La Ceremonie du Sacre & du Couronnement
de PHILIPPE V. son fils, furnommé
le Long
,
fut faite dans l'Eglise de
Reims par le même Archevêque,le Dimanche
après les Rois 9. Janvier 1516".
La Comtesse d'Artois, belle-mere du Roy,
tint rang à ce Sacre entre les Pairs, non
sans indignation de quelques - uns, die
Godesroy, & l'Evêque de Beauvais y obtint
la préseance sur celui de Langres
1311.
,
CHARLES IV. dit le Bel, fils de Philippe
V. sur Sacré & Couronné à Reims
le 12.. Fevrier 1321. Le même Archevêque
Robert de Courtenai en six années
de tems eut l'honneur de Couronner trois
Rois. -
1328.
Y
PHILIPPEDEVALOIS VIe. dunom,
fut Sacré & Couronné dans l'Eglise de
Reims par l'Archevêque Guillaume de
Trie le 29. May,jour dela Trinité 1328.
avec la Reine sa Femme, Jeanne fille
de Robert II. du nom Duc de Bourgogne.
1350.
Le Roy JEAN, fils de Philippe de Valois,
fut Sacré&c Couronné dans la même
Eglise, avec la Reine sa Femme, Jeanne
Comtesse de Bourgogne & d'Auvergne
1
par Jean d'Arci Archevêque de Reims le
1(3. Septembre 1350.
1 364.
CHARLES V. dit le sage, fut Sacré 8c
Couronné à l'âge de 1 4. ans dans l'Eglise
de Reims, avec la Reine Jeanne, fille de
Pierre 1. Duc de Bourbon
, par l'Archevêque
Jean de Craon le 19 May 1364.
On trouve des preuves que quelquesuns
ne croyoient pas qu'un Roy dût être
reconnu & Couronné Roy,qu'après qu'il
étoit parvenu dans unâge à Regner par luimême
; & que cette opinion ou cet usage
subsistoit encore fous le Regne de Charles
V. Elle n'a été abolie que par diverses
Ordonnances du Roy Charles VI. dont la
derniere est de l'an 1407.
Charles V. Prince si Sage, qu'il en 1
merité le surnom, se sentant infirme, &
prévoyant qu'il laisseroit son Fils (Olt
successeur en bas âge
,
voulut abolir la
Loy & la Coutume, qui portoit que les
Rois de France ne dévoient être Couronnez
Rois que quand ils feroient parvenus
à une entiere majorité. Il en fit une, par
laquelle il ordonnoit que dans la suite les
Rois
Roisde France seroient majeursà 14. ans,
& qu'ils gouverneroient par eux-mêmes,
commes'ilsenavoient25. Cette Ordondonnance
fut faire à Vincennes au mois
d'Aoust de l'an 1374. (a) & publiée au
Parlement, le Roy y tenant son Lit de
Justice le 20. jour de May de l'année 1 57j
en presence du Dauphin,du Duc d'Anjou
, de plusieurs Archevêques, Evêques
& autres Grands,(b) -
Charles V. ne doutant point qu'il ne
mourut avant que le Dauphin son fils aîné
fut parvenu à l'âge de 14. ans, & vou- - lant prevenir les consusions presqu'inseparables
d'une administration qui seroit
une espece d'Interregne, le Dauphin son
fils ne devant être Couronné qu'après qu'il
seroit parvenu à une entiere majorité, resolut
de l'associer à la Royauté,& de le
faire Couronner Roy de son vivant. Il fie
faire à ce sujet les habits Royaux nocessaires
pour le Sacre, & à la veille <i'at~
complir son dessein
,
il tomba malade de
la maladie dont il mourut, (c) Ce Prince
(a) Godefr. Cercm. Franç. t. 1. p. 15*3.&
154.
Dapui. Trait. de la major, de nos Rois,p.
-79. & preuv. de ceTrait.p. 155.
(b) Dupui. preuv. du Trait, dela major, des
Rois, p. siss
(c) Hist. de Charl. V-I. par un Auteur anomm,
contemp. Se traduit par le Labour p. 4.
étant au lit de la mort fit venir les Ducs
de Bourgogne Ôc de Berri ses freres, ôc
le Duc de Bourbon son beau-frere
,
ôc
après leur avoir donné divers ordres &
conseils pour leGouvernement du Royaume
, leur dit:
y» Si vous recommande & encharge
» mon fils C harles, & en usez ainsicomo)
me bons Oncles doivent user de leur
%) Neveu,& le COllronne, Roy au plutôt
» après ma mort que vous paurez. (a)
Quelques jours auparavant le Roy Charles
avoir fait promettre par tous les Parens
de Sa Majesté, & par tous ceux qui étoient
alors à la Cour, qu'après son décès ils
serviroientfidelement le Dauphin Charles
son filsaîné. (6)
Charles V. mourut le Dimanche 16
jour de Septembre sur les deux heures du
matin.
Charles VI. son fils aîné suràl'instant
reconnu son Successeur legitime au Royaume
de France. Personne ne lui contesta la
successïon
,
mais on ne crut pas qu'il dût
être Couronné ni reconnu Roy, qu'après
avoir atteint l'âge de majorité. Le Conseil
fut partagé sur ce sujet. Dorgemont,
Chancelier de France, soutint qu'en ne
(a) Froissart. Vol. 2. c 56. t. 1. p. 97.
(b) Juvenai Hist. de Charl. VI. par Godefr.
p. y, de l'édit. du Louvr. in fol. en 1673.
devoi-t
devoir Couronner Roy le jeune Charles
VI. qu'après qu'il feroit majeur, suivant
l'ancienne Loy du Royaume,& qu'en attendant,
le Duc d'Anjou
,
qui étoit l'ainé
des Oncles paternels de ce jeune Prince,
auroir la Regence souveraine du Royaume.
Jean Desmaretz , Avocat General du
Parlement de Paris, l'un des plus sages
& des plus habiles Ministres de ce temslà,
soutint au contraire
, que pour éviter
tous les troubles qui procederoient du retardement
du Sacre de Charles VI. il falloir
que ce Prince fut Couronné incef-
: famment,étantsur que ces troubles quicommençoientdéja,
finiroient incontinent
après cette Ceremonie.
Il fit voir que pour éviter les malheurs
ausquels la France alloit être exposée
, on
pouvoit & on devoir déroger à toutes les
Loix & Coutumes qui ordonnoient que le
Sacre des Rois mineurs devoir être differé
jusqu'à leur majorité ; & pour faire voir
que cette dérogation n'étoit pas sans exemple,
il allegua ceux de Saint Louis ;&de
quelques autres Rois de la troisiéme Race,
qui avoient été Couronnez Rois avant
leur majorité.
Le conseil de Jean Defmaretz ayant été
appuyé par ceux qui opinerent après lui,
il fut resolu que nonobstant toutes Loix
f.& Coutumes contraires, le Roy Charles
VI. seroit Sacré incelfamincnt. (a)
Personne ne doute que la succession nefut
parfaitement bien établie fous le Regne
de Charles V. neanmoins ce Monarque fe1
donna de grands mouvemens pour faire
couronner Roy, le Dauphin Charles VI.
son fils, non pour lui assurer la succession
à la Couronne,parce qu'elle lui étoit af..
surée & incontestable, mais pour éviter la
confusion qu'il prevoyoit devoir arriver
fous une administration Souveraine, qui
devoit durer jusqu'à ce que ce même
Dauphin fut en pleine majorité.
1 3 80.
CHARLES VI. âgé de13.à 14. ans,
fut donc Sacré & Couronné dans l'Eglise
de Reims par l'Archevêque Richarde Pi-
.que)¿ic de Besançon,le25Octobre 1380.
1429. CHARLES VII. fut Sacré&Couro,nné
dans l'Eglise de Reims par l'Archevêque
Renaud de Chartres,Chancelierde France,
au moisdeJuillet1429. Il avoir déja été
proclaméRoy à Poitiers l'an 1422.
(a) Hist. de Charl. VI. trad. par le Labour. l.I.c.I. p.4.5.&6. Juvenal. des Ursins Hist. de Charl. VI.
p. 3. -
Cerem.Franç. t. I., p. 154.
Dupui, Trait. de la major. des Rois,p.82.
& 8j.
1461c,
1461.
LOUIS XI. fut Sacré & Couronné dans
l'Eglise de Reims par l'Archevêque Jean
Juvenal des Ursins
,
le 1 5. Aoust 1 461.
1484.
Le Roy CHARLES VIII. âgé de 13.à
14. ans, fut Sacré & Couronné à Reims
par l'Archevêque Pierre de Laval, le Dimanche
30. May 1484.
1498.
Louis XII. surnommé le Pere dn Tenple,
âgé de 36. ans, fut Sacré & Couronné
dans l'Eglile de Reims par le Cardinal
& Archevêque Guillaume Brissonnet
le 27. May 14'9
1514.
Le Roy FRANÇOIS 1. fut Sacré & Couronné
à Reims par l'Archevêque Robert
de Lenoncourt, le 25. Janvier 15 14.
- M4 7.
HENRI II. sur Sacré & Couronné i
Reims par l'Archevêquede la mêmeVille,
le28. Juillet1547.àl'âgede29. ans.
1559.
FRANÇOIS II. du nom, fut Sacre 8c
Couronné dans l'Eglise de Reims par le
Cardinal de Lorraine; Archevêque de la
même Ville , le 18. Septembre1559.
1 5 6 1.
La Ceremonie du Sacre & Couronnement
du Roy CHARLES IX. fut faiteà
Reims par le mêmeArchevêque, le 1 S.
May 1561. jour de l'Ascension.
I.J7S.
Le Roy HENRI III. fut Sacré&Couronné
dans l'Eglise de Reims le 15. Février
1575. par Louis de Lorraine, Cardinal
& Evêque de Metz. Le Siege de
Reims étoit alors vacant par le décès du
Cardinal Charlesde Lorraine, & Louis
de Lorraine son neveu nommé à cet Archevêché,
n'étoit pas encore Prêtre. Le
Cardinal de Guise ,Evéque de Metz, fit
l'office du Sacre, representant l'Archevêque
de Reims. Charles de Roussi
,
Evêque
de Soissons
,
fit les préstations, 8c
soutint que la prerogative de Sacrer le
Roy lui appartenoit en l'absence de l'Archevêque
de Reims; cependant ce Prelat
reçut & complimenta le Roy à la Porte
Je l'Eglise.
1594-
La Ceremonie du Sacre & du Couron.
nement du Roy HENRIIV.ditleGrand,
fut faire à Chartres parNicolasdeThou,
Evêque de la même Ville, le Dimanche
27. Fevrier 1594. La Ville de Reims
étoit alors dans le parti de la Ligue.
1 610.
Le Roi Louis XIII. fut Sacré&Couronné
dans l'Eglise de Reims le 17 Ouèo.
v bre 1610. par le Cardinal de Joyeuse,
reepresentant l'Archevêque de Reims.
1^54.
Louis XIV. dit le Grand, fut Sacré
& Couronné dans l'Eglise de Reims par
Mr le Gras
,
Evêque de Soissons ,* pendant
la vacance du Siege de Reims, le
7. Juin 1654
Messieurs du Chapitre de Reims ont
fait imprimer depuis peu le Procès-verbal
de ce qui s'est passé dans leur Eglise pour
cette auguste Ceremonie. Les Recueils
des Pieces qui ont été imprimées la même
année, en contiennentaussidetrès-amples
Relations. On peut y recourir si l'on souhaitte
d'en sçavoir le détail.-
VERBA ECCLESIASTÆ,.
Filii David, Regis Jerusalem.
LES DISCOURS DE LECCLESIASTE,,
Fils de David, Roy de Jerusalem.
fkemiez CHANT.
TOut
n'estquesanité, disoit l'Ecclesiaste,
Le brillant de l'esprit, celui de la beauté,
les tresors adorés, les honneurs pleins de farte.
Tout n'est que vanité.
Après avoir perdu lesmomens detavie,
A chercher ces neans dont l'éclat te séduit,
Mortel,voi de quel prix tant de peine est [uivic).
La mort en est le fruit.
Nous sommes renfermez dans un étroitespace
,
L'un naît, l'autre périt, tout change à tout
moment,
Et la terre immobile, est la Scene où se passe
* Un si grand mouvement.
L'Astre le plus brilla nt dans sa vaste carriere
De l'Aurore au Couchantvad'unrapidecours,
Et répandant par tout la vie & la lumiere,
Meurt & naît tous les jours.
Quand les vents choquent l'air d'une rude
secousse,
L'Univers ébranlé gemit fous leursefforts,
Puisayant c'puisé la fureur qui les pouffe * - Ils tombant comme morts.
L'Océan sans grossir devore tous les Fleuves
Qui sans se consumer lui fervent d'aliment,
1.1
Ils renaissent toujours, & leurs eaux toujoursneuves
,
Coulent incessamment.
*
On ne peut qu'admirer l'ordre de la nature,
C'èft aux vains curieux un abîme profond,
fIHus oncherche de jour dans cette nuitobscure
-
Plus l'esprits'y confond.
Comme Î
Comme en tous lieux le monde offre mille
merveilles, 1
Où le raifonnernent ne peut rien concevoir , Du moins à les entendre on s'use les oreilles,
Et les yeux à les voir.
En discourant des tempsnousnous plaignons
du nôtre
, -
Je croi qu'on seplaignoitde même autems
d'Hemor
,
Ce qu'on fait en ce tems se fera dans un autre,
Peut-être pis eucor.
l'oeil du jour qui penetre au centre de la terre,
Ec jusque dans les creux des abîmes de l'eau,
Aussi facilement qu'il penetre le verre,
N'y voit rien de nouveau.
Tel fut jadis fameux par d'illu!hc:s ouvrages,
Qui jusqu'à notre tems ne font pas parvenus; - Tel en fait aujourd'hui qui dans lesderniersâges
Ne feront plus connus.
Détaché quelquefoisdes foins de ma Couronne,
Je me fuis appliqué d'un esprit curieux
A creuser lanature
, & ce qu'elle environne
Dans le contour des Cieux.
Qu'ai je appris ? j'ay connu par mon experience,
Hemor, contcmfcramd'Abr*b&m, fW.
Que l'efpric veut en vain percer plus loin que l'oeil,
Et qu'en nous inspirant l'ardenr pour la science,
Dieu punit notre orgueil.
J'ai plus vu, je sçai plus que beaucoup d'autres
hommes,
Et de ce que je sçai je ne tire autre bien
Sinon d'avoir connu que tout tant que nous
sommes
,
Nous ne connoissons rien.
On veut être sçavant, ou du moins le paroître,
Que produit cet orgueil? des travaux superflus :
Tous les hommes font foux
, & qui ne croit pas
l'être,
L'est encore le plus.
Mon front en Israel est ceint du diadème,
Le peuple avec palisir y respecte mes loix :
1/on m'admire
,
& l'on croit que la sagessemême
Y parle par ma voix.
Et*effet j'ay connu la juste différence,
Du bien d'avec le mal, du vrai d'avec le faux,
Je l'ay fuë, & j'ay vù que cette connoissance
N'engendre que des maux.
Un sage soulevé contre l'erreur commune, :
S'indigne incessamment d-être parmi les foux,
UnSçavant qui méprise & grandeur & fortune ,
Est méprisé de tou
LETTRE
LETTRE
Ecrite par M. Manchart, DoCteUr
en Medecine, de stuttgarden Allemagne,
aux Auteurs du Mercure
Contenant quelques Remarques mtereffan+
tessur le nouveau Traité des maladies
des yeux, &c. par M. de S. Yves,
chirurgien oculistedeSaint Côme;
à Paris chez Pierre-Augustin le
Mercier, ruë Saint Jacques, àSaint
Ambroise.1722.
MESSIEURS,
Le Mercure a déja été le Messager fidele
& l'Arbitre d'une vive dispute touchant la
nature de laCataracte & leGlauccmedel'oeil,
aux Volumes desmoisd'Octobre1708 &
suivans, jusqu'à celui du mois d'Avril1709
inclusivement. Ces Pieces * ont emporté
es suffrages unanimes des Sçavans de
* Dissertation critique de M. de Woolhoufe
,
&c. sur La Cataracte & le Glaucome, à Offemback
-
sur le Mein, proche de Francfort, en l'année
1717. l'Europe,
l'Europe, ayant été traduites en Latin,en
Allemand
, en Anglois & en Flamand;
& l'adversaire le plus obstiné ( M. Heistery,
Docteur & Professeur en Medecine à
Helmestadt) a reconnu la vérité à la fin t & s'est retracté dans ses Vindiciæ(écrites
en Latin in iz ) imprimées à Altorff1718
Se dans son Cours d'opérations de Chirurgie,
écrit en Allemand, & imprimé in
4°.à Nuremberg l'année1719 : Je ne
doute nullement que M. Antoine Maître
Jean (II) n'eût fait la même démarche,
s'il avoir vécu jusqu'aujourd'huy;& comme
M. Brisseau, Professeur à Douay , ( b)
n'a pas trouvé bon de faire aucune réponse
à ces différents Discours, & auxexperiences
averées, publiées depuis sur cette matiere,
il est plus que probable qu'il cede aussi
la victoire. Voici pourtant une espece
d'Antagoniste nouveau qui veut s'acquérir
de la réputation, en reprenant les brisées
de ses devanciers distinguez ( à la page
*46 de son Livre)où ilpriétend que, ces
trois Meilleurs nous ont tiré de l'erreur
(a) Auteur du Traité des Maladies de l'oeil
, in <t°. imprimé à Troyes et) Champagne l'année
1707, qui sevend chez d'Houry en féconde
Edition. imprimée l'année 1711.
(b) Auteur du Traire de la Cataracte & dui
Glaucome, imprimé la féconde fois chef d'Bour!'"
cb l'année 170ei
OUoù
les anciens nous avoient jettez, faute
d'avoir examiné ce fait à fond.
Parmi les prétenduesnouvelles découvertes
dont l'Auteur du nouveau Traité se
vante, tant dans l'affiche qu'au titre du
Livres; On trouve à la page 9 de la Preface
son nouveau systeme sur la maniere
dont seforme la Cataracte. Ala page 241
il assure que ceux qui n'ont connu que des
Cataractes membraneuses,le font trompez
& à la page suivante il declare que
5» par vraie Cataracte il entend, avec la
Ȕ plupart des Modernes, l'humeurcryftal-
»line alterée,&non pas une membrane
»formée dans l'humeur aqueuse , comme
» l'ont voulu les Anciens.-
« Des exueriences sans nombre ont fait
»
reconnoître l'erreur de ces derniers
,
dit-
M il; cependant on voit encore plusieurs
« personnes qoi Partisans de l'antiquité,
»s'obstinent à soutenir l'opinion de ces
« hommes sages, qui cependant n'étoient
» pas infaillibles. Ils aiment mieux cher-
» cher des raisons dans les Auteurs pour
» appuyer leur sentiment, que de se ren-
« dre à des experiences évidentes, & s'en
sirapporter à leurs propres yeux.
A la page 6. de sa Preface, il parle d'un
»espece d'hommes, qui incapables de rien
Tt produire, se font un mérité de trouver
n des fautes dans l'ouvrage d'autrui
,
allai
bien
» bien que ceux,qui honteux d'avoirpassé
n toute leur vie dans dès idées fausses, ne
» peuvent se resoudre à convenir qu'ils
»se font trompez, qui conduits par leur
»amour propre, ne connoissent d'autres
« ressources que de tenter les moyens d'obw
scurcir les véritésqu'ils n'ont pu décou-
» vrir. Il est à remarquer que l'Auteur,
aux pages 3 & 4 de sa Preface, est obligé
de reconnoître les grandes difficultez de
la science d'Oculiste; il avoue que c'est
peu faire que de s'y appliquer entièrement,
& qu'il auroit été bien plus heureux dans
ses écrits & ses recherches, s'il n'avoit pas
commencé à s'y appliquer si tard & dans
Un âge si avancé.
Mais revenons au nouveau sistême de
notre Auteur sur la Cataracte, qui suffit
simplement pour faire le sujet de ces Reflexions.
A la page 252 M. S. Yves dit,
»que la Cataracte est une espece de mem-
>5
brane qui se remarque à la suite d'un
>9
épanchement de matiere purulente dans
»l'humeur aqueuse; & plus bas, la Ca-
» taraéle membraneuse, dit il, est une
m suite des ophtalmies de la choroïde &
»de l'uvée, dont les vaisseaux obstruez
»laissent échaper un pus blanchâtre qui
« se répand dans l'humeur aqueuse ce
« pus par sa viscosité
,
s'attache à la ciras
conference de la prunelle, & y fait pa-
53 roître
»roître une toile fine. H faut remarquer
» en partant que l'Ecrivain devoir dire
>5 vaisseaux ulcerés ou déchirés, au lieu de
» vaisseaux obftrliez Aux pages 256, 257
il poursuit l'explication de la pretenduë
nouvelle espece de Cataraéte membraneufc,
& il ajoute à la fin : Tous ceux qui
« soutiennent qu'il n'yaque les Cara-
9: ractes membraneuses qui réussissent
» par l'opération, ne nous ont encore
» donné aucune preuve convaincante de
»ce fait, s'ils avoient ouvert un oed,&
»qu'ils y eussent trouvé le cryftallin dans
M son entier, après la mort d'une personne
» à laquelle on auroit abbattu une Cata-
» racte de cette nature, & qui eîu vû après »l'opération dont le crystallin se seroit
»trouvé (ans altération
,
ils auroient quel-
53 que sorte de fondement à fourenir leur
33 opinion, & on les croiroit s'ils avoient
>3 fait voir plusieurs experiences de ce fait
j3 bien averées. Tour ce qu'ils ont donné,
33 est feulement la direction de quelques
» yeux auxquels on n'avoit point opéré,
>3 & où il s'est trouvé des Cataractes mem-
2) braneufes; au lieu que l'opinion con-
M traire qui soutient que presque toutes
» les Cataractes viennent par une altérais
tion du crystallin, est appuyée sur une
»infinité d'experiences averées, faitessur
» les yeux des personnes qui avoient soufv
fert
9) fert l'opération, & qui ont vû clair
» depuis jusqu'à la mort; ces yeux ayant
33 été ouverts, on a trouvé le cryftallin
» abattu conjointement avec lamembrane
w qui le recouvre.
Premièrement, dans la Lettre du R. P..
le Brun
,
luë à l'Academie Royale des
Sciences par M. de la Hire le filsdansla
naissance du nouveau Sistême de GafJend¡
adopté par M. Brisseau
,
M. de Woolhouse
produisit un fait & experience trés-authenrique
& bièn circonstanciée qui se trouve
à la page ij. desesDissertations Critiques
,
touchant une Cararacte membraneufe
qu'il avoit exprimée au nommé
Gabriel Coeq àl'Hôpital de Madame de
Montespan
, près S. Germain en Laye-
Ce malade mourut quelques annéesaprès!
à la Charité dudit lieu. La cataracte étant
remontée en partie, M. de Woolhouse;
cerna cet oeil du cadavre en presence de;
M. Conestable ( Médecin ordinaire du feaJ
Roy Jacques d'Angleterre) & il l'ouvrit;
en presence de Mrs le Chevalier Waldgrave
( Premier Médecin) Conestable & Wood
Médecins en second
,
& on y trouva une
petite membrane corriace, placée entre
Piris & le ligament ciliaire }
l'humeur
crystalline éranr bien saine & transparente,
excepté une ternissure au milieu, causée
pearxle frpottemeentdruciorpes étnrangecr. Ceetteexpérience
est infiniment plus juste
,
détaillée
& precise que toutes celles que les
adversaires des Anciens ont encore pu ramasser
,
puisque toutes leurs preuves font
faibles, comme celle de M. Antoine Maître-
Jean
,
qui n'est appuyée d'aucun témoignage
,
& celle de notre Ecrivain à
la pag. 146* du Traité en question, oît
il n'y a eu que M.Mery present, l'Auteur
auroit dû avertir M. de Woolhouse
d'y assister
,
puisque c'est lui ( à ce qu'on
prétend) qui en avoit fait l'opération youtre
que j'ay entendu dire fort souvent
à M. de Woolhoufe que d'abord en voyant
cet homme il déclara à M. de Saint-Yves
en presence de M. Thuilliet Medecin,
que la Cataracte de ce Jardinier étoit
compliquée avec le glaucome du cryftallin,
& qu'il n'en verroit gueres mieux après
l'opération; cependant M. de Saint-Yvesne
déclare pas sicemalade a recouvré la
vue, ou non. Quoiqu'il en (air, cet éclaircissement
de M.deWoolhouse avoit donné
alors une leçon si salutaire à M, de Saintr
Yves, que quelques années après ayant
fait l'opération de la Cataracte au R. P.
Jesuite au College de Louis le Grand,
ruë S. Jacques
y
il déclara après avoir
t operé
,
qu'il y avoit encore une autre Cataracte
en derriere
,
& qu'il falloit en attendre
la maturité. Le R. P. Tournemine
qui
qui rapporta ce fait,en fait foy dans un
de ses Journaux de Trévoux, il y a 7 ou
1 années. Outre la precedente experience
de S. Germain en Laye, n'yena-t'il pas
icix autres de M. Gessler
,
Chirurgien de
l'Hôpital du Saint-Esprit à Nuremberg
dont deux font , décrites dans les Mémoires
de Trevoux du mois deMay 1718dont
le Certificat original signé par cinq Médecins
,
reste en dépôt entre les mains du
R. P. Tournemine, & on le peur lire au
long dans ledit Mémoire. Environ deux
années après ces deux premieres, M.
Gessier fit inferer dans le Journal XXVIII
des Sçavans, du Lundi 22. Juillet1720.
quatre autres notables experiences de Ca.-
taractes membraneuses abbatuês; lesmalades
ayant bien recouvré lavue, & vécu
quelques années après l'opération, sélon
toutes les circonstances que M. Saint Yves
exige (d'après M.Heister) dans son Traité.
Les Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences de 1719. font mention de deux
premieres expériences de M. Gessler, lues
à l'Academie par M. Geoffroy, Docteur
& Professeur Royal en Medecine. La Ca.
taraéte membraneuseque M. de sistre pro.
duisit dans PAlfenlblée de l'Academie , ( dont leurs Mémoires font mention) fufsisoit
pour convaincre toutes personnes
desinteressées & de bonne foy de la defi-
-x nition.
nition de l'existence & de la réalité des
vrayes Cataractes membraneuses. M.
Gastaldy
,
Doctceur & Professeur en Médecine
à Avignon,a fait de ces deux premières
experiences de M. Geisser le sujet
d'une These abregée dans le Journaldes
Sçavans du 6 Fevrier 1719 ,
& le fameux
Certificat est annoncé au Mercure du mois
de Juillet 1718; les Acta eruditorum de
Leipsîckde l'année 1720,font auui mention
deces deux experiences, puis le Journal
des Sçavants du 18 Novembre1720
> fait rapport de 19 Cataractes membraneuses
qu'on a vues depuis le commencement
de cette dispute. On a fait aussi
mention dans ce Journal de la maladie de
l'Empieme
, ou ,
suppuration intérieure de
l'oeil, que Gallien( dans son introduction)
nomme Diapyesis, & que M. Saint Yves
substituë à la place de la Cataracte membraneuse,
quoique Galien ait suffisamment
refuté cette méprisegrossiere il y a près de
2.O<JO années. Dans la Diapyefis, ou suintement
& ulcération interne de la Choroïde
le malade souffre beaucoup, I'oeil est rouge
, enflamé & larmoyant; mais dans la
naissance de la Catarade membraneuse
le malade , ne sent aucun mal,& la Cataracte
se forme très - lentement. Dans la
Diapyejts la congestion & concrétion de la
matière boiseuse se fait en peu de jours,
ôc
& à vued'oeil,& la vue s'éteint tout-à.
fait. Pas un en cent en revient par l'opération
de la Cataracte , & on y fait une
différente opération, que M. Saint-Yves
ignore. Dans la suppuration
,
nommée en
terme d'Art Diapye]îstl'oeil est atrophié ou
grossi & terni contre nature, & la prunelle
cft ordinairement percluse, irreguliere Se
embarassée de certaines pendeloches ÔC.
distensïons des fibres de Piris & elle ne
retient jamais son ressort naturel, comme
dans la veritable Cataracte des Anciens
dans la Cataracte, le bulbe de l'oeil retient]
sa grosseur, tournure & forme naturelle»]
Enfin Galien ( parlant de lamatiere puru-j
lente de l'Ophtbalmie, au 19. Chap. du 1
Liv. de sa Thérapeutique, nous enfeigncl
que la matiere de la ~Dtapyefts(qu'ilyappelle
la Pyefis ) est moindre en quantité,8c
plus pesante que n'est la matiere lympha-i
tique de la suffusion ou l'hypochyme naif-j
fante;deforte que la nouvelle définitions
de la Cararacte membraneuse de notre Au-I
reur,est justement le revers
numerique.
& specifique de celle que Galien en donne.!
danssonsgoge ou Medicus.»Dyapiejïsi
r»
(suppuratio) est htttnor exiguus in DphthAl-,
"mlâ collectus
, qui ~dijîfcultcrévaporât â
a ac ~JifèHtitsrCataratlâ ficcior. Y
Il vient encore de paroître une autre
These, au sujet de la Cataracte, de M. l
Docteur
Docteur Freytag le fils ( Medecin Oculiste
de pere en fils à Zurich) & ainsi moins
sujet à le méprendre sur ce fait, qu'un
autre. Le Journal des Sçavans du Lundi
9 de Mars 1722. en sait- un récit succint.
On y appercevra bien,non pas feulement
que la Cararacteest membraneuse (comme
ont dit les Anciens) mais qu'on l'a tirée
de l'oeil, en presence de témoinsirréprochables,
par une éguille à crochets. Lefeu
Sgnr Lllnâft, Medecin du Pape,fit aussî
sçavoir à M. de Woolhoufe par une Lettre
écrite de Rome, au mois de Janvier 1719-
qu'il y avoit rencontré trois pareilles Cataractes
membraneuses , dans les yeux de
cadavres humains. Cette Lettreaétélue i
l'Académie Royale des Sciences:le même
Sgnr Lancisi fitpart de ces rencontres à
I'Academie des Chirurgiens de la Nation
d'Allemagne, dont il étoit membre, & le
Journal de Leipsick, de l'année 1719 en faitrapport. Enfin, M. Winilon a rencontré
deux ou trois fois de semblables
Cataractes membraneuses, ce qu'il a avoué i M. de Woolhouse. Il en a fait part de
quelques - unes à l'Academie Royale des
Sciences.
M.deSaint-Yvessoutient, à la pag.19 • de son Livre,que la chambre posterieure
du globe de l'oeil est très-petite, &qu'elle
contient très-peu d'humeur aqueuse. Opi-
H nion
nion empruntée du Livre de M. nriffcatl
& de M. Heister dans son Anatomie, ce
queM. de Woolhouse a refuté bien au
long dans le Journal du i3 Novembre
1720. M. Reneaume,Docteur en Médecine
de la Faculté de Paris, Membre
de l'Academie Royale des Sciences
,
&
Medecin de la Charité,estrétnoin de la
dictée d'une Observation nouvelle sur la
Cataracte & sur le Glaucome des Anciens,
qui n'a pas encore été publiée. La voici.
M. Pinson,Chirurgien François,ana,
ché au Prince de Hohenzollern,dit à M.
de Woolhoufe , en presence de M. Reneaume
,le 1x Mars 1722.que lui ledit
Pinson en faisant les opérations de Chirurgie
dans le Theatre de l'Universitéde
Zubinghem,avec le Docteur Zeller (mon
beau-pere) premier Médecin du Serenissime
Prince de Wurtemberg en 1715. sur
le cadavre d'une fille;
Cette fiile, âgée de 35 ans , eut la téte
tranchée à Stourgard, pour avoir deraic
son enfant; il y avoit dix ans que cette fille
éqtuoeit aveugle,& ne voyoit point, sinon
dans les beaux jours elle discernoit les
rayons du Soleil, sans distinction specifique
d'aucune espece d'objet. 1
En faisant l'operation de la Cataracte fug
l'oeil gauche, je m'apperçûsque le crystallin
ne resisioit pas à l'éguille, & étoiot
molasse,
molaIre-, de forte qu'en l'abattant, il s'en
alloit par morceaux ( chose à laquelle je
ne m'attendois point) parce que j'avois
plongé mon éguille à l'ordinaire ; mais le
crystallin déplacé s'étoit avancéen devant,
& les assistansapperçurent distinctement
le crystallin qui s'en alloit en pieces.
Enréiterant cette manoeuvre surl'oeil
droit (après avoir plongé l'éguille à l'ordinaire
) je sentis une membrane dure&
coriace,qui resistoitàl'éguille ; de sorte
qu'après l'avoir détachée, avec quelque
peine,d'environ la huitiéme partie de sa circonference
,si j'avois vqulu aller plus loin
j'aurois dechiré l'Iris. ,
- L'envie d'examiner l'état de cet oeil.
m'arrêta,de sorte que je tirai l'un & l'autre
oeil de leurs orbites, & par l'examen ,
après l'ouverture
,
je trouvai dans le premier
le crystallin çn plusieurs morceaux , & d'une substance molasse. Il-
Dans le second
,
le crystallin,toutan
contraire, étoiten sa place naturelle, &
dans un état parfait, n'étant alteré en aucune
maniere, car il étoit auili beau qu'on
en puisse voir, d'une belle transparence,
on s'en servit même aux experiences sur
de l'écriture, pour voir s'il feroit son
effet, & l'experience réussir.
Quant à la Cataracte
,
ou membrane
-
dont nous avons parlé, laquelle faisoit tout
le defaut de l'oeil droit, & empêchoit la
vision: sa dureté étoit si considérable, &C
elle étoit si adherante aux ligaraensciliaires
, que l'on auroit plutôt rompu & dechiré
l'Iris, que de la détacher : la couleur
de cette membrane tiroit sur le bleuâtre,
& pouvoitavoir un tiers de ligne d'épaisseur.
Le Docteur Zeller ( premier Medecin
du Duc de Wirtemberg ) a décrit cette
opération, avec toutes les circonstances
de l'observation, bien détaillée.
Enfin tout l'Univers presentement ce.
connoît la verité des Cataraaes membraneuses
, ôc des Glaucomes des Anciens,
que M. de Woolhouse a defendu depuis
l'origine de cette Controverse
,
dont les
deux Lettres, adressées au R.P. le Brun,
font foy, ôc les sçavans Adversaires de M.
de Woolhouse en conviennent. Il en adévelopé
tout le secret d'abord
,
& à present
on en est tout convaincu. C'est lui qui
nous a appris la différence de la vuërétablie,
après l'operation,d'une Cataracte
d'avec un glaucome; comment on distingueroit
l'un de l'autre mal; qu'il y avoit
bien plus de Glaucomes que de vrayes Cataractes
; que les Coureurs, Empiriques,
& Batteurs de Campagne ne font aucune
distinction de ces deux maladies;& que
les Charlatans & autres Avanturiers n'en
ont jamais voulu reconnoître la difference;
&
& -que si Paulus Æginita
,
Oribasius Se
Afinanus disent qu'il y avoit des gens qui
ne faisoient aucune distinction entre les
Cataractes & les Glaucomes, il falloit les
entendre en ce sens-là; puisque ces
Auteurs declarent aux mêmespassages
très-formellement leur opinion,conforme
à celle d'Hippocrate & de Galien sur cet
article important.
Nous finirons ces Remarques sur la Cataracte
par deux passages notables du nouveau
Traité. La premiere, est à la pag.
316.» Il arrive quelquefois qu'en rele-
» vant l'éguille
,
le corps de la Cacaracte
« tient à la pointe. Pour lors on tient la
"po,nec panchée en bas, on leveunpeu
» les deux doigts qui posent sur là temple,
»on ftappe adroitement un petitcoup de
« ces deux doigts sur la temple. Cela cause
« un ébranlement ou tremoussement à l'é-
« guille, qui fait que le corps quiytient
»tombe de lui-même en abandonnant sa
m pointe.
Ceux qui ne font pas Connoisseurspeuvent
trouver de l'admirable & du merveilleux
dans le passage susdit ; mais quand
ils liront le second Paragraphe de la pag.
317. 11 L'Operateur doit être attentif aux
« differens mouvemens que les malades
»donnent quelquefois à leurs yeux, afin
a» qu'il gouverne son aiguille suivant ces
à) mouvemens, sans quoi il lui peut arriver
)) de piquer l'Iris, d'en couper lesfibres
» qui en font la rondeur, en un mot de
>3 gâter & perdre l'oeil du malade. Ils feront
bien attention que ce prétendu tour
d'adresse ou d'artifice & souplesse du cliqueris
des doigts en frapant sur la temple,
n'est rien.Par cette methode on court grand
risque de gâter entièrement Poeit, pour
se tirer d'un mauvais pas où l'Operateur
s'est engagé, en méprenant le crystallin
pour le corps étranger de la Cataracte. En
pareilles rencontres l'Oculiste circonspect
& habile retire un peu la pointe de son
éguille du corps du crystallin glaucomatique,
ou, si c'est une vraye Cataracte,
il est obligé de la hacher & de la briser en
plusieurs parcelles
,
selon l'instruction excellente
de celsus, au Livre 7. »De Na-
» turâ Oculorum, & corum suffusione ea-
J3Jem acu magis concidenda
,
& in plures
»partes dissipanda est
,
qrto singuloe&faci-
» liùs conduntur & minus latè officÙmt.
Je fuis, MESSIEURS >8cc,
SECOND
SECOND CHANT
DE L'ECCLESIASTE.
J Eveux, disois je un jour, me plonger dans
la joye,
Employer aux plaisirs les biens que Dieu m'envoye
;
Vive la volupté.
A peine eus je connu cette joye insensée
,
Et ses appas trompeurs, que centre ma pensée,
Je m'en vis dégoûté.
Etvoulant reveiller mon ame enfevelic
)
Dans l'assoupissement d'une aveugle folie
>
Qui me faisoit horreur;
Incertain, inquiet, & toujours plein de donte,
Je pris divers sentiers
,
& tombai dans la route
D'une nouvelle erreur.
Ebloüi par l'éclat de la magnificence, -
J'entrepris de bâtir des maisons de Plaisance i
Et des Parcs spacieux.
"!"
Je plantai des Jardins,où les Arbres sans
nombre,
; Au lieu d'utiles fruits ne donnoient que de
l'ombre
Et du plaisir aux yeux.
Là je fis, au milieu des jaspes & desmarbres,
Murmurer & faillir sur la cime des Arbres
Le cristaldesruisseaux.
Et traçant à leur onde une voye inconnuë,
Je leur apris à joindre aux vapeurs de la nuë
Le pesant faix des eaux.
J'étois environné d'une garde inutile -,
Dont la foulenombreuseen marchant parlaVille
Causoit mille embarras.
- Le pavé gemissoit fous mes grands équipages,
Et l'Idumée à peine avoir assez d'herbages
Pour paître mes haras.
Mes Repas refonnoient d'un concert delectable.
Les Vins delicieux n'approchoient de ma--rabJe
Que dans des vases d'or.
- Le poids de ma Grandeur accabloit les Provinces
,
Et toujours la substance & du Peuple & des
Princes
Remplissoit mon Tresor.
Israël desolépar mes foles dépenses,
Prodiguoit son encens àtant d'extravagances,
- Pour complaire à sonRoy.
Mais
Mais la vaine louange & lafollerichesse,
Ne pûrentétouffer un reste de Sagesse
Qui respiroit en moi.
Ce qu'enferme la Mer
, ce que produit la
Terre,
Ne sembloit à mes yenx formé que pour leur
plaire,
Et pour les rejoüir.
La grandeurmarche t'erte avec la temperance?
Et peut-on se trouver toujours dans l'abondance
Sans vouloir en joüir ?
Enfin defenyvré des vanités mondaines,
Qui coutent millefois plusds soins& de peines
Que leur plaiiir ne vaut ,
Je sentis dans mon ame une atteinte mortelle,
D'avoir tant travaillé pour une bagatelle
Qu'on doit quitter si-tôt.
Je discourois ainsi sur le peu que nous sommes,
Roy de tout Israel. je Ó;as parmi les hommes,
Le plus auguste lieu.
J'ay sur les autres Rois d'insignes avantages,
Mais que suis je ? un Mortel
, & que font mes
ouvrages,
Au prix de ceujp de Dieu >
LeSage~suit en tout la raison quil'éclaire,
Le fou tête baissée agit en rcmeiàirc,
Et l'erreur le conduit.
Mais ils ont même fin
,
commemêmenaissance,
Quoi qu'entr'eux il se trouve autant de diffé-
Tcncc,
Que du jour à la nuit.
De quoi ~sert le génie à ces hommes célébrés>
Puisqu'avec tant de foux dans les mêmes tcoebres
,
Le tombeau les confond
Croyons - nous qu'à jamais nos monuments
demeurent
, Tout passe avec le tem ps, & les ouvrages meumeurent
Comme ceux qui les font.
Mon coeur contre la mort se souleve
, 8c
s'irrite
OMort! qui ne connaît ni vertu, ni merite,
Tu nous rends tous égaux.
Nous sommes tous su jets à cette Loy barbare,
Et dans le même instant un héritier s'empare
Du fruit de nos travaux.
Un
- Un heritier indigne, un scelerat peut être,
Sousombre que chésmoi le hazard l'a fait Dare'
Joüira de mes foins.
Mais eût il des talens d'une gloire immortelle
Mes yeux dans les horreurs de la nuit éternelle
v En ferontils témoins ?
L'ambition nous livre aux gênes les plusrudes
Le jour ce n'est qu'efforts, la nuit qu'inquiétudes,
Jamais qu'émotions.
Je n'ay que trop senti ce que la grandeur
coûte,
Et je doAAistccoueetssernrétieefrflleleexrexpiooisonqusnej.se.goate
Aujourd'hui tout à moi sans souci
,
sans fatigue
, Jevistranquillement des biens que me prodigu
La Divine Bonté.
Etre en paix dans soname ,&content de soi.
même 1
C'est un present que Dieu ne fait qu'à ceux qu'i
aime,
Et qui l'ont mérité.y
Mais il dfonlneüaux meêchsans,des peines super Des foins tumultueux
,
des passions aigües
,
Dont leur coeur se repaît.
Il imprime en leur ame une cruelle attache
Aux grandeurs, aux tresors, que sa main leur arrache
,
Et donne à qui lui plaît.
La Lettre qu'on va lire, ne nous fut
pas remise IIjJ"'i. tôt pour être inserée dans le
dernier Mercure*
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
J E me HÔte
,
Messieurs
,
de rendre justiceà
Ml'Abbéde Vayrac. Je demandois
qui était son garant de ce qu'il assure dans
votre dernier Mercure,où il dit que Guillaume
fils aîné d'Etienne Comte de Blois,
portait l'extravagance jusqu'à se qualifier
Seigneur du Soleil, que c'est ce qui le fit
priver du droit d'aînesse, & qu'il n'eut en
partage que le Comté de Chartres. J'ignorois
faute de Livres d'où il avoir tiré des
faits si cur eux; mais je me suis défié depuis
que ce pouvait être de l'Histoire de
Blois par Bernier; je l'ai cherchée, & je
les y ai trouvez page 295. Ainsi voila
M. l'Abbé de Vayracà couvert de ce côtélà
, & c'est à lui feulement à voir s'il
pourroit-ensuite produire aussi les garants
de
de Bernier; car celui-cin'en cite point,
& comme j'ai eu l'honneur de vous le dire,
je ne vois pas que ce Guillaume ait été
traité d'extravagant par les Auteurs de son
temps. Yves Evêque de Chartres se plaint
bien de sa violence dans ses lettresi 1; mais un Prince ne peut-il point être
violent sans être fou? Je vous ai déja raporté
un passage d'Orderic, qui ne donne
nullement de lui cette idée; & voici encore
un autre passagedumême Historien
1 qui ne lui est pas moins avantageux: (Stephanus, dit-il,Comes Blesensis)filios
quatuor,Guillelmum,Theobaldum,Stephanum
& Henricum ex proefatâ conjuge
genuit, quorum tres priores sunt patentes
Consules
, & inter Maximos Francorum
computantur, & Anglorum Proceres. p. 5 74.
J'avoue donc que je ne puis me resoudre
de croire que ce Guillaume sesoit dit Seigneur
du Soleil, si on ne me le prouve par
quelque témoin digne de foy
,
c'est-à-dire,
qui approche au moins de son temps; de
je n'en connois pas.
# Comme j'ai observé que la Maisonde
Sully issue de ce Prince fondit par une
heritiere dans lesMaisonsdela Tremoille
& d'Albret, je fuis bien-aise d'ajouter ici
que ce ne fut que pour la branche aînée,
& qu'une branche cadette ne finit qu'environ
cent ans après, dans le seiziéme Siecle
; on en rrouve la genealogie bien deduitedans
l'Histoire de Berry par la Thaumassiere.
Je fuis, &c. Ce 20 May 1721..
VERS SUR L'AMITIE'.
Par M. deR* * *
Qui avait engagél'Auteur à travailler
sur cette matiere.
L'Amitié
n'est point dangereuse
,
Ses sentiments,Iris, font pris de la candeur;
De l'honneur on la voir toujours ambitieuse,
Et son nom n'a jamais alarmé la pudeur:
Un coeur tranquillement peut goûter tous ses
charmes,
Ilestà l'abri des alarmes,
Qdil souffre dans les fers de l'Empire amoureux:
Elle a des sentiments plus grands, plus genereux.
Que ceux qu'inspire la faiblesse ;
Quand un objet aimable exige sa tendresse,
Conduire par lesloixquedicte l'équité,
Elle n'a d'autre but dans les voeux qu'elleadresse,
Qu'à s'assurer de sa fidélité. -
Chez elle on ne sent point de contrarieté,
Dans chaque occasion paraît sa complaisance;
Mais une fausse bienséance
Ne
Ne lui fera jamais choquer la probité
,
Et sa langue n'agit que pour la verité.
Elle eut toujours la franchise en partage,
Le vice par elle est repris
,
Et de la vertu feule elle exalte le prix.
Quand de deux coeurs choisis elle fait l'assemblage,
»
On voit en eux les mêmes mouvements ;
Si du plaisir ils font usage ,
Il leur devient un commun avantage,
Et les unit de sentimens.
Le noir chagrin vient-il leur causer des alarmes,
Ilspartagententr'euxleurssoupirs&leurs larmes,
Une tendre union leur fait alors trouver
Un bien qu'un fort fâcheux n'a pu leur enlever.-
Dans ces cruels momens l'Amitié secourable
Triomphe de l'adversité ;
Son visage se montre encore plus aimable,
Qu'il ne fut au milieu de la prosperité;
Saconduite est invariable,
Rien ne peut ébranler sa generosité.
Telle qu'aux heureux temps d'Astrée,
Au sordide interêt elleinterditl'entrée,
Et de l'ambition son esprit combattu
Réunit ses souhaits dans l'unique vertu.
Chez le Sexeelle est peu d'usage,
L'Amitié ne rait point change..
L'Amour, ce petit Dieu volage
Convients
Convient mieux au Sexe léger.
Mais vous, que la Sagesse éclaire,
Qui vous placez par elle au dessus du vulgaire,
Iris, dont les vertus secondent la beauté ,
Votre ame a trop d'égalité,
De prudence, de fermeté,
Pour oser écouter un Amour temeraire;
Avec moins de danger, plusde reticite,
Prêtez-vous aux desirs d'une Amitié fidelle
,
Que nos deux coeurs unis en forment le modelle,
Et pour remplir un fort si doux,
Rendez viste à mon coeur ce qu'il ressent pour
vous.
L'Orgue, les Tet/x, & le Lutrin, sont
lesmots des Enigmes du dernier Mercure.
PHEMlEF^E ENIGME. J
E supplée au defaut de l'ingrate Nature,
Je porte&suis porté, je pare& défigure;
Je fuis sans crime, & l'on me pend.
Ma tête est sans cervelle, & non sans agrément
Souventje n'ai point d'yeux, & souvent j'en a
quatre.
Sans vigeur&sans bras, j'ai du talent pour battre.
J'allume le courage,&j'inspire la peur.
Je fers sansinjustice,uneinjuste fureur.
Je fuis ~dur
& poli, chéri de tous les âges.
&Tns voir aucun ~Païs
)
je fais de longs voyages
Du
Du fard assez souvent j'emprunte les appas. - Je faisappercevoir ce que je ne vois pas.
Grqff batteurde pavé ,toujoursprêtàl'escrime»
Je faiségalement,&je punisle crime.
J'attaque, je défends, j'arrête & je poursuis.
Tu me vois tous les jours, devine qui je suis.
SECONDE ENIGME. CE n'emst paes lra igrtaend,eur qui me donne un
Ma naissanceest très vile,&ma taille petite;
Je puis donner à l'homme une utile leçon, »
Sans avoir d'un Docteur ni la voix, ni le ton;
Cependant je lui fuis soumise ,
Et d'ordinaire il me méprise;
Quoy qu'il en soit, je puis dire de moy,
Qu'en un sens je lui fais la loy;
Comme lui ses enfans verront ma vigilance
ir Censurer leur molle indolences
Pourfinir sans trop me vanter;
Il y a nombre d'ans, nombre de ficcles même
Qu'à ses lâches Ayeux un Conseiller suprême
A proposé de m'imiter,
TROISIEME ENIGME. DE la terre & du feu je tire ma naissance,
De ces deux élemensj'aytoutemonessence,
Je fuis beau, je fuis net & si rempli d'appas ,
Qua tout moment courtisé de la Belle
J-
- - Elle
Elle idolâtre en moy des traits que je n'ai pai-i
Mais je demeure froid
, & fuis glace pour dle:.
Simple, naturel & sans fard
,
Je surpasse Apelle, & son art,
Sans être su jet au caprice
, Chez moy tout est sans artifice ;
Et pour parler avec sincerité
,
Ma devise est la verité.
NOUVELLES LITERAIRES,
DES BEAUX ARTS,&c.
ISTIRE DE TIMUR-BEC,
connu fous le nom du Grand
TAMERLAN, Empereur dei
Mogols &Tarrates, en forme
de Journal Historique de ses Victoires Se
Conquêtes dans l'Asie & dans l'Europe^
écrire en Persan par Chereseddin-Ali,
natif d'erzd, Auteur contemporain; traduite
en François par sect M. Petis de la
Croix, Professeur en Langue Arabe au
College Royal, Secietaire Interprece du
Roy pour les Langues Orientales: Avec
des Notes Historiques& des Cartes Geographiques
, 4. vol. in 12. A Paris, chez
Robert-Marc d'Efpilly,& André Cailleau;
Place de Sorbonne, 1722.
Si
i Si on peut comparer à beaucoup d'égards
le grand Tamerlan à Alexandre , & Ali
Cherefeddin à Quinte-Curce, on peut dire
qu'ilne manquoit à la gloire du Conquerant
Tartare, & à la bonne fortune de
son Historien, que d'être connus dans un
siecle aussi. éclairé & dans un païs aussi
fécond en bons genies
, que celui où nous
vivons;ilfalloit pour cela trouver un
Auteur François qui fut également versé
dansla connoissancedes moeursdes Orientaux
, & dans celle de la Langue Persane.
C'eit ce qui s'est heureusement rencontré
dans la personne de seu M. Petis de ,1a
Croix, Auteur de cette importante traduction.
Nous n'entrerons point dans le
détaild'un ouvrage aussivaste, & également
bien soutenu ju qu'à la fin par l'Auteur
original, & par l'excelenTraducteur..-
Nous presenterons seulement à nos Lecteurs
un morceau choisi de la Preface,
qui après la mort de M. de-la Croix,aété
mise parles Editeurs à la tête de tout
fouvrage; morceau qui nous a paru singulier&
tout-à-fait digne d'être rapporté:
>3 Depuis que M. Petis de la Croix a eu
achevé la Traduction de cette Histoire -
:p'de Timur-Bec, ila eu connoissance d'un
M.Livre
-
Espagnol, imprimé à Seville dep
IssÏs cent trente ans, qui porte témoi-
»gnage authentiquedela verité-de quelw
qaes
95 ques faits rapportez par l'Historien Per-
» san, c'est la Relation du Voyage & de
53
l'Ambassade de Ruy Gonzalés de Clavijo,
93 envoyé en qualité d'Ambassadeur extra-
« ordinaire vers Timur-Bec, par Henry
»III. Roy de Castille,Ambassade dont
» notre Historien Persan fait mention. Cet »Ambassadeur dans sa Re lation fait le
>5 detail d'une autre Ambassadedumême »RoyaumêmeEmpereur Tartare, qui
»avoit precedé celle dont il avoit été
5j chargé: en la premiere ils étoient deux
r> Ambassadeurs, dont l'un se nommoit
9) Payo de Gomcz de Sotomayor,8c l'au-
»tre Herman Sanchés de Palacuelos,
m Gentilshommes de la Maison du Roy.
95 Ils furent fort bien reçus de Timur-Bec,
55 & se trouverent même à la Batailleoù »l'Empereur Ottoman Bajazet fut fait
prisonnier. Timur Bec leur fit plusieurs
» presens, & en les renvoyant, il les fit
as accompagner par un grand Seigneur de <
95
sa Cour nommé Mehemet Alcagi, en
M qualité de son Ambassadeur vers le Roy
93 de Castille, le chargeantd'une Lettre *
95 pour ce Prince, & de quantité de riches.
95 pre sens. La Lettre contenoit des comn
plimens & des marques d'amitié, don-
»noit avis de la victoire remportée depuis
jo peu sur Bajazet. & de la cause de cette * ) guerre, prenant les Ambassadeurs Cassis.
53 lans
m
lans pour témoins de la grande action
n qui venoit de se passer. Parmi les presens
»étoient deux Dames d'une grande beauté,
m tirées du Sérail de Bajazer après sa déo,
faite, dont l'une étoit fille du Comte
m Jean, Prince Hongrois,nièce du Roy
L» de Hongrie, & s'appelloit Dona Ange-
,,, lina de Grecia, & l'autre étoit Grecque, » & se nommoit Dona Maria. Ces Dames
m furent considerées à laCour de Castille,
1'" & eurent depuis un fort convenable à
j,) leur condition; Dona Angelina épousa
-j) Diego Gonzalés de Contreras,Regidor
'ànde Segovie,&Dona Maria fut mariée Payo Gomez de Soto-Mayor, l'un des
» Ambassadeurs. Le tombeau de la prew
miere se voit encore dans la principale
) Chapelle de Saint Jean de Segovie;
9: l'autre est enterrée dans un Monastere
à trois lieues de Pontevedra. » Cependant l'Ambassadeur Tartare
9; .,)dseétantacquitté de sa commission, le Roy
Castille envoya à Timur-Bec une
',»s féconde Ambassade, dont le Chef étoic
ce Ruy Gonzalez de Clavijo, Gentilis,
homme de sa ( hambre, Auteur du Livre
»Etsopau,Zs,>nol dont il est ici parlé, & d'où
ces faits sont tirés. Il partit de Ma-
» drid, accompagné de deux Collegues &
a) de l'Ambassadeur Tartare, le 21 May
jî 1403 , & il fut de retour en Espagne le
r- » 24
n 24 Mars 1406, Après avoir décrit (om
a voyage parla Natolie & laPërse,jusqu'à
»Samarcande, il marque touteslesparti-
53 cularirez de sa premiere audiance ; fait
» ensuite la description des Fêtes superbes
»-& des Banquetsmagnifiquesque Timurn
Bec donna à l'occasion delanôcede ses
»enfans, à laquelle ces Ambassadeurs si
M rrouverenc, y ayant été invités. Ce q
j>est parfairemenr conforme à tout ce qu
notre Htstorien Pedan- a die tà-ddfu
LeLivre Espagnol d'où ces traits son
tires, a pour titre: Hijloria del grfln
merlan, e Itimrario y enanacion deltïagi
y 'lelacivn de ta embaxkda que Ruy Gonca
let de Clavijo le h\o permandado .(Ie
ma] poderofo sfior Rey Don Henriqyeak
tercero.. de &c.-En Sevilla 1381,
fol. , C'est à M. de la Chapelle, Secretaire
general du Conseil de la Marine, à qu
Ja Republique des Lettres a la premier
obligarion de cette découverte par la corn
municanon qu'il donna à M. de la Croix
du seul exemplaire qui soit peut-être en
France, dela Relation Historique donton
vient de parler, & qui se trouvedansla
Bibliotheque, avec quantité d'autres LL
vres rares k choisis. Lc!trelle de la Preface mise à la tête
de,
là traductionde M. de la Croix, cont-ient
rm détail des études & des négociations
de ce sçavant homme, avec unétat des
principauxouvragesqu'il a composés ou
traduits; ce qui fait l'un des endroits des
blus curieux de cette Preface, où l'on mis a demarquer qu'il mourut à Paris aussi
chrétiennement qu'il avoit vêcu, le 4 du
mois de Décembre 17 1 3 ,
laissant un fils
aîné qui marche toui-a-raie sur ses traces.
Il a déjaété pendant six ans dans le Levant,
par ordre du Roy, & il occupe à present
,a Charge de Secretaire Interprete de Sa
Majesté,quefeuM.sonPere &son Ayeul
pnt si long-tems& sidignementexercée.,
R TRAITE' DE LA Piste,ouconjectures
Physiques sur sa nature & ses causes. Par
M. Gavet de Rumilli, Docteur en Medecine
de l'Université d'Avignon. A Lyon
11722. & se vend à Paris chez André
Cailleau, Place de Sorbonne,au coin dp
paruë des Maçons, in12.p.346.
M. Gavet croit que les particules spiitueuses
,qui causent la Perte,viennent
les minéraux renfermez dans le sein de la
erre ,
d'oùelles s'exhafent par differentes
,;aufes, & se mêlent avec l'air, avec lequel
elles demeurent quelquesfois dans
ceur Pays natal en tout ou en partie; 5C
l'autresfois elles sont portées avec lui en
diifferens Pays,selon les differens vents
qui
quil'agitent, ou transportées avec les marchandises.
Que ces particules n'ont d'elles:
mêmes aucun venin, & qu'elles ne devienlient
pestilentielles que lors qu'entrant
dans nos corps par la respiration
,
elles:
s'unissent aux differens sels surabondans
qu'elles y trouvent ; en sorte que si elles)
rencontrent un sel superflu ou exalté qui,
foit acide,ces particules formeront un acide
corrosif qui coagulera le sang. Si le sel est
âcre, elles formeront un âcre corrosif qui
produira la dissolution du fang. Deplus
il soutient que la Peste n'est point un ve-1
nin contagieux, comme l'ont crû presque
tous les Medecins, qu'on peutservir
toucher & approcher un Pestiferésasns
prendre le même mal, & qu'il ne s'exhaloj
de son corps aucuns corpuscules vénéneux
qui puissent le communiquer. Ce qu'il
prouve par des faits remarquables. Co:
Traité est precedé d'une Preface à Mrs.
les Medecins, & d'une Lettre Circulaire
à toutes les Facultez de Medecine do]
France, par lesquelles on verra que M
Gavet n'eil pas deces Auteursentêtez
d
leurs opinions. Voici comme il finit sa
Lettre Circu'aire.
Je les attends, Messieurs, ces decision:
pour en profiter le premier en ce Pays, ÏJ
Dieu vouloit l'affliger de la Pestre. Je m'en
serviraiparprovision
pour reformer ou< supprimes
i
Supprimer entierement mon sistême
, si
elles le condamnenr, ou pour me fortifier
de plus en plus dans mes conjectures
,
si
elles ont le bonheur d'avoir votre appro
bation.
TRAITE' des pertes de Sang, avec leur
remede specifique
,
& une Lettre sur le
Cancer. Par M. Helvetius
,
deuxiéme Edi..
tion. A Paris, chez L. ctHoury, in 12.
i
ADMINISTRATIONSANATOMIQUES,
par Tassin, troisiéme Edition,augmentée
de la Chirurgie Militaire. Chez le même.
in 12.
t ABREGE'.complet dela Chirurgie de
Guy de Chauliac
,
&c. Par L. Verduc.
Quatrième Edition, in 1x. chez le même.
LES RusES INNOCENTES, dans lesquelles
le voit comment on prend les Oiseaux
passagers
,
& non passagers,& de
plusieurs sortes de Bêtes à 4. pieds, avec
les plus beaux Secrets de la Pêche dans
les Rivieres & dans les Etangs, Se la maniere
de faire tous les Rets & Filets qu'on
peut s'imaginer; le tout divisé en cinq
Livres, avec les Figures demonstratives ;
Ouvrage très-utile & très-agreable pour les
personnes qui font leur séjour àla Cam.
pagne.
pagne. Derniere Edition,augmentée d'un
Traité de la Chaneaussi curieux qu'utile.
Vol. in 4°..
VERITEZ CATHOLIQUES,declarées
prouvées selon la vraye idée qu'en ont euë
le SS. Peres & les Docteurs qui ont écrit
dans les cinq premiers siecles de l'Eglise,
qu'ilsontforméedu vray sens de la pure
Parole de Dieu. Troisiéme Edition. Par le
P. Leonard Champeils, Jesuite. Augmentée
par M. Biroat, in 8e. Paris, chez
Couterot
,
ruë S. Jacques.
NOUVELLE & parfaite Grammaire
Francoise
,
où l'on trouve dans un bel ordre
tout ce qui est de plus necessaire & de
plus curieux pour la pureté de l'ortographe
& la prononciation de cette Langue..
Par le P. Chiflet, Jesuite, 8s. Edition.
augmentée d'une Methode abregée de l'Ortographe
,
de Règles & de Remarques sur
toutes les lettres de l'Alphabet. A Paris,
chez la veuve Ribou , Quay des Augustins.
OBSERVATIONSsur le Concordat fait
entre Leon X. & François Premier; dans
lesquelles on rapporte les changemens arrivez
depuis Rebuffe au sujet des Reserves,
Elections, Graduez, Censures
Mandats, , Préventions & Concours; avec
un
-
un précis de la matiere Beneficiale & Ecclesiastique.
Autorisées par les Conciles,
Constitutions Canoniques, Ordonnances
& Arrests. Par CW* Michel du Perrll),
ancien Bâtonnier de Mrs. les Avocats.
A Paris,chez D.Beugnié,Libraire, Grand'-
Salle du Valais,1722. Leprixestde50 f.
in 12. pp. 445. <
v 1 HISTOIRE DE FRANCE sousle Regne
de Louis XIV. jusqu'à sa mort , par M.
de Larrey,chez Pierre Humbert à Amsterdam,
9 vol. in il.
REFLEXIONS. sur l'Histoire des Juifs,
pour servir de preuves à la verité de la
Religion Chrétienne. Chez le même 17*1.
A vol. in 12.
L'HISTOIREdesOrdres Militaires, ou
le Chevalier des Milices Seculieres & Regulieres
de l'un & de l'autre Sexe, qui ont
été. établis jusqu'à present ,avec des figures
qui representent les diffetens habillesneos
de ces Ordres
, leursArmes, &c.
Chez PierreBrunel à At-nûeudam, 4 vol.
in 8°. .i TRAITE' GENERAL duCommerce
d'Hollande, contenant la réduction des
mesures, poids & monnoyes, Lettres de
Change & Escomptes. Par Samuel RjcArJ ,
nouvelleédition,augmentée du Tarif des
droits d'entrée & de sortie des Provinces
unies, avec le Tarifdu poids d'Amsterdam,
&c.1in 40.
On a imprimé à Utrecht La Verité de
la premiere Epitre de S. Jean, chap. 5,
verf. 7. Car il y en a trois au Ciel, &c.
démontrée par des preuves qui font tludeJJns
de toute exception.Par feu M. Martin, in 80.
On a imprimé à Lisbonne le second volume
des Sermons du P. Manoel de Lima,
Augustin,intitulé ldeas Sagradas.
De PesteDissertatio, &c. Dissertation
sur la Peste, prononcéedansl'Amphitheatre
du College Royal des Medecins de
Londres, avec une description de la maniere
de greffer la petite verole.Par Gautier
Harris. A Londres 1711.in 80. pp. 48*
Quoiqu'on cite dans cet Ouvrage un sameux
Medecin nommé Schonberg, qui
avoit guéri à Cracovie plus de trois cens
Pestiferez par le secours de l'Emetique,
l'Auteur prefere les vomitifsles plus doux,
tels que leVitriol blanc & l'Ipecacuana aux J
Emetiques amimoniaux, que leur violence
excessive doit rendre suspects en pareils cas,
Pour les Cordiaux, il ne fait cas que de j
ceux qui font absorbans, tel que le Bol *
d'Armenie
d'Armenie,l'Antimoine diaphoretique &
semblables; tout au plus la Serpentaire de
Virginie, die le Diascordium, en y joignant
dans la necessité de soutenir les forces
chancelantes, l'esprit de corne de Cerf , ou le vin de Canarie. Il desaprouve l'usage
de la Theriaque à cause de l'Opium qui la
rend narcotique, & parce que le sommeil
devient mortel pendant les sueurs dans
certaines maladies pestilentielles.
Pour faciliter l'éruption des Charbons
& des Bubons, l'Auteur recommande fore
l'emplâtre d'Angelos Sala, &. l'Aimant
Arsenical du même Auteur. A l'égard des
preservatifs, il cite divers exemples de
ceux qui se sont garantis de la Peste par
le moyen d'un cautere. Hodges témoigne,
dit-il, que pendant la pesse, lorsqu'il se
transportoit dans les lieux les plus infectez,
il sentoit aussitôt une vive douleur à l'endroit
d'un de ses bras où il avoit un cautere,
& qu'il en sortoitmême alors de la sanie,
ce qui étoit pour lui un avertissement de
recourir promptementaux cordiaux.M.
Harris allegue entore l'exemple d'un Medecin
Hongroisqui s'étoit préservé de la
perte par le moyen de deux setons qu'il
portoit aux aines.Sur ce principe l'Auteur
felicité ceux qui entemsde perte se
trouvent couverts de galle, d'ulceres, d'éresipelles, &c. comme autant de cauteres
naturels
,
qui peuvent les garantir dtIJmal
conragieux.
Touchant la manière d'enter la petite
verole, on apprend qu'il y a environne
ans que les Tartares, les Circassiens, les
Géorgiens
,
& quelques autres Peuples
d'Asie l'introduisirent à Constantinople.
Par cette opération on communique la
petite verole à ceux qui n'ont jamais eu
cette maladie, & on en tire deux avantages
; l'un, que La petite verole qu'on
prend par cette voie est des plus favorables,
puisqu'elle se réduit à deux ou trois
pustules dans certains sujets, à dix ou à
vingt dans certains autres, qu'elle vatresrarement
jusqu'à une centaine de grains,
& qu'elle n'estaccempagnée d'aucun accident.
L'autre avantage, c'est que par Jà.
on se trouve pour le reste de les jours garanti
de cette maladie, quelquefois sidangereuse
& si meurtriere.
i
Vers le Printems ou l'Automne
,
l'Opecateur
après avoir placésonSujet dans un
lieu chaud, lui fait aux muscles du bras,
quelques legeres scarifications avec une
aiguille à trois pointes, ou quelquefois
avec uniancecce, jusqu'à tirer de la partie
blessee quelques goûtes de sang. Ensuite
par la moien d'un stilet moussé ou (Tua
cure-oreille, il porte dans chacune des
petites plaies une goûte du pus qu'ilatiré
des,.
x
des pustules situées aux jambes ou aux jarrets
d'un jeune garçon actuellement malade
de cette espece de petite verole donc
les grains sont distincts & separez l'un de
l'autre ,&qu'il conferve chaudement, ety
mettant dans son sein le petit vaisseau qui
renferme ce pus; après quoi il couvre
chaque blessure avec la moitié d'une coque
de noix, qu'il assujettit sur la partie par.
une ligature pendant quelques heures, de
Grainte que le pus n'en soit essoié avant
que d'avoir communiqué son infection au
sang. Cela ne produit ordinairement Ton.
effet qu'au bout de sept jours, pendant.
lesquels il faut s'abstenir de viande, ôc
même des bouillons où elle entre, ainW
que de vin & detoute liqueur ardente otk
spiritueuse.
La manoeuvre de l'opération faite autrefois
à Constantinople à trois enfans du Secretaire
de M. de Châteauneuf
,
Ambassadeur
du Roy à la Porte étoit un peu differenre
de celle qu'on vient de décrirer
L'Operateutpassoit alors plusieurs aiguilles
garnies de leurs fils, à travers plusieurs
grains de petite verole parvenus à leur maturiré.
Ensuite après avoir gratté jusqu'au
fang avec la pointe d'une aiguille la peau
duSujet en huit endroits, c'est-à-dire,
au front, aux deux joues, au menton,
aux paumes des mains, & aux plantes des
pieds, il frottoit sur la playe qu'il venoit
de faire, les fils imbibez de mariere purulente.
Ces enfans qui avoient eu tous trois
la petite verole, n'en conservoient nul
vestige. M. Harris allure qu'une ou deux
scarificationssuffisent pour l'effet dont il
est question; il ajoute qu'on ne peut gagner
qu'une feulefois la petite verole par
cette sorte d'orarion, & qu'à Constantinople
on a fait inutilement diverses tentatives
pour la communiquer de nouveau
à gens qui l'avoient déjà euë par cemoyen.
Il remarque de plus que les Chinois la
donnent à leurs enfans, en leur fourrant
dans le nez une petite tente de cotton imbibée
de pus sorti des pustules de la petite
verole; & que pourles préserver de cette
maladie,les Sages femmes ont soin avant
que de couper le cordon ombilical, d'exprimer
vers le placenta le sang contenu
dans. ce même cordon; ce qu'elles. reïterent
aprèsl'avoir coupé, avant que d'y
faire la ligarure.
Cette operarion devient tous les jours
plus commune en Angleterre; on l'a faire
depuis peu avec succès aux trois jeunes
Princesses filles du Prince de Galles.
Cependant par les dernieres nouvelles
qu'on a reçues de Londres, on apprend
qu'il y a paru unTraité intitulé, Trèshumbles
llemOlllrllnces an Parlement,pour
empêcher
empêcher la dangereuse experience de
l'inoculation de la petite verole. L'Auteur
prétend démontrer que cette entreprise est
temeraire,& défendue par ce passage de
l'Ecriture sainte: Tu ne tenteras pas le
Seigneur ton Dieu.
PROGRAMME
De l'Academie Royale des Belles Lettres;
Sciences & Arts de Bordeaux. Mle Duc de la Force, Pair de France,
Protecteur de l'Academie Royale
des Belles Letrres
,
Sciences & Arcs, propore
à tous les Sçavans de l'Europe, un
prix qu'il renouvelle tous les ans, & qu'il
a fondé à perpetuité. C'est une Medaille
d'Or de la valeur dl' 300. liv. au moins,
où sont gravées d'un côté ses Armes, &
de l'autre la Devise de l'Academie. Il fera
distribué le premier jour du mois de May
1723.
Cette Compagnie, à qui M. le Protecteur
laisse le choix du sujet sur lequel
on doit travailler, &le droit de decider
du merite des ouvrages qui feront envoyés,
avertit le Public qu'elle destine le prix à
celui qui donnera l'hipothese la plus probable
sur l'action du Bain, & ses utilités.
-
L'Academie souhaite de trouver du nouveau
dans les Dissertations qu'elle recevra.
Il n'est pourtant pasindispensableque
cette nouveauté soit dans le sistême
, peutêtre
le vray a-t'il été déja presenté
,
&c
n'a-t'il été méconnu que faute d'avoir été
rendu évident. Maissi un Auteur adopte
une hipothese déja connuë , il faut dumoins
qu'il en augmente la vrai-semblance
par de nouvelles preuves,fondées sur des
raisonnemens solides, sur des experiences.
& sur des obsesvations.
Dans la Conference publique du premier
jour de May, on fait la leétllre de la
Piéce qui a remporté le Prix. Quand elle
est trop longue, on n'a le tems que d'en
lire des lambeaux. Cela est peu Íatjsfailario.
pour le Public & pour l'Auteur. Dans la
vue d'y remedier
, on prie ceux qui se
trouveront obligés par l'abondance de la.
matiere
,
de donner une grande étenduë
à leurs Dissertations, d'y ajouter separément
une espece d'Abregé ou d'Extrait de
leur Ouvrage, dont la lecture
,
qui ne
doit durer que demi-heure au plus, puisse
donner une idée fuflifante du sistême & des
preuves. La Dissertationpreferée n'en fera
pas moins impriméetout;aulong.
Il fera libre d'envoyer les Dissertations
en François ou en Latin: elles ne feront
reçuës que jusqu'au premier jour de Janvier
vier prochain inclusivement. Celles qui
arriveront plus tard n'entreront point en
concours. Au bas des Dissertations il y
aura une Sentence, & l'Auteur, dont
l'Academie veut absolument ignorer le
nom jusqu'à ce qu'elle ait donné son jugement
J mettra dans un Billet separé &
cacheté la même Sentence,avec son nom
& son adresse.
Ceux qui envoyeront leurs Ouvrages
les adresseront y à Mrs. de l'Academie
Royale de Bordeaux, ou au Sr Brun, Imprimeur
de cette Compagnie, ruë Saint-
Jâmes. On aura soin de faire affranchit
de port les Paquets, sans quoi ils ne feront
pas retirés du Courier. A Bordeaux, le
premier May 17zz.
Voici un projetde Livrequ'on nousprie
d'inserer dans notre Journal, pour sçavoir
le sentiment du Public, & pour demander
quelques secours aux Sçavans qui voudront
bienaider l'Auteur de leurslumieres c9* de -
leurs recherches sur ces matieres, en se servant
de l'adresse du eqiercore.
TRAITE' HISTORIQUE des Triomphes,
Pompes, Fêtes, Réjoüissances,
jeux,Apareils
,
Actions 6c Ceremonies
publiques, chez lesAnciens, chez les
Modernes, &les Nations les plus illustres;
sçavoir,.-a -
Fêtes sacrées, Processions, Pelerinages,
Pompes funebres, Convois, Consecrations,
Erections de Statuts & d'Edifices
publics, Couronnemens, Sacres, Mariages
, Barêmes, Publication de Paix & de
Tréve, &c.
Tournois, Joûtes, Carrouzels, Cavalcades
,Chasses
,
Pêches, Combats d'hommes
& d'animaux, Courses, Exercices
de force ou d'adresse, &c.
Entrées de Villes, Passages
,
Receptions,
&c.
Naumachies ou Fêtes Navales, Champêtres
& Galantes.
Grands Spectacles, Arcs triomphaux,
feux d'artifices; Illuminations, &c.
Décorations, Balets, Bals, Mascarades,
Serenades, Zappates,Festins,Collations
& autres magnificences celebres & solemnelles.
*
Une infinité de gens à Paris même,
dans les Provinces& hors du Royaume;
allarmez d'un faux bruit qui a couru au
sujet de M. l'Abbé de Longuerüe, seront
sans doute bien aise d'apprendre que ce
Sçavant du premier ordre, si connu & li
estimé de toute l'Europe par sa profonde
érudition
,
bien loin d'être mort, n'a pas
même été malade, & qu'il n'a jamais
joui d'une meilleure santé.
Le
Le Sr Daudet Ingenieur du Roy, natif
de Nismes, est de retour de Reims, où il a été pour lever le plan de la Ville &
de ses environs, de même que celui de
l'Eglise Notre-Dame du Palais-Archiepiscopal
& de plusieurs autres monumens
dont nous parlerons plus au long dans les
Mercures [uiv..
Le Roy a été très content des Ouvrages
du Sr Daudet, qui aété presenté à Sa
Majesté par M. le Blanc: il travaille
actueiïenenr â faire la Carte de la Route
depuis Paris jusqu'à Reims, où l'on verra
le Pian de tous les lieux par du le Roy
passera,avec la situation du pays raJ-Ie
qu'elle est à une lieuë à droite & à gauche
de la Route. Cet ouvrage dont nous avons
vû une partie, & dont nous ferpns part
à nos Lecteurs, fera curieux & instructif.
Nous donnerons dans le prochain Mercure
quatre Médailles du Roy au lieu de
trois
y
& cette suite ne fera plus interrompuë.
Nous ajouterons à cet article, que
M. de Launay, Directeur de la Monnoye
des Medailles, reçut le 4 May une Lettre
de cachet adressante au R. P. Prieur de
PAbbaye Royale de saint Denis, par la<-
quelle il lui étoit ordonné de remettre
r audit Sr de Launay la Couronne d'or
qui a servi au Sacre & Couronnement
de Louis XIV
, en ayant besoin pour les 1
Medailles qu'il fait actuellement faire pour
le Sacre du Roy. - Voici des caracteres tres anciens qu'on -J¡
trouve dans un Livre in 4e. dont les feüil- j
lets ressemblent au parchemin, & qu'un
Juif Portugais mort à Amftcrdam, avoitjj
apporté sur la fin du dernier siecle de la
Cachemire,Province où est la source de
l'Inde, & qui est éloignée de la MerCaf- j
pienne d'environ 140 lieuës Françoises.
Ces caracteres ont été envoyez à des Sçavans
de France par M. le ComteUbaldini,
homme de condition de l'Etat de Paurne
également distingué par son érudition &
par sa naissance.
Les caracteres marquez fous la lettre A
contiennent le titre de ce Livre, où sont
peints en mignature les portraits de 178
Rois anciens: ces premiers caractères ne
Roy est le premier de cette Dynastie.
C
On interprete que ces caracteres ~signifient
fient Gopal Bram Jogii ,qui regna 15 ans
7 mois & 9 jours. Dans un semblable Livre
que possedoit M. Vitzen, Bourguemestre
d'Amsterdam,on lit que ces mêmes,
caracteressignifient Gopal Bren Hogi, &.
qu'il regna 15 ans 7 mois & 8 jours: ce
Roy est le centiémede la même fuite.
D
Suivant la traduction ces caracteres designent
Oranzeb
,
qui est le cent foixantedixhuitiéme
Roy de la mêmeDynastie
qui mourut l'an 1707, & qui avoit
regné 4É ans, ou 37, quand le Livre de •
Witzen fut recopié.
Ce Livre contient les portraits en mignature
de 178 Rois sortis de ix familles
que l'on croit avoir regné sur les Villes
de Samarcande, Deli, Agra
,
&c. environ
l'espace de 45QO ans. Les caracteres de ce
Livre paroissent assezsemblables à ceux de
la LangueHanscrite qui est celle des Brac- -.
manes, ou Bramins, qui font les anciens
Gimnosofistes, comme on peut le voir
dans la Chine illustrée du P. Kirker, page
162: on voudroit sçavoir s'ils sont aussï
semblables auxcaracteres destrois Livres
qui ont été trouvez depuis peu proche
la Mer Caspienne, & qui sont àla poffefr
sion du Czar.
Autres Caractres.
Un homme de Lettres qui a sçu que
nous
nous devions faire graver les caracteres
Indiens dont nous venons de parler, nous
a mis encre les mains une piece singuliere,
& qui paroît fort ancienne, écrite en
caracteresinconnus, sur une matiere qu'on
a prise d'abord pour de l'écorce d'arbre
preparée, mais qu'on croit être de la toile,
enduite d'une certaine gomme ou vernis.
Les caracteres n'y sont point peints , mais
gravez en creux avec un stile à la maniere
des* Anciens. Nous nous servons avec
plaisir de cette occasion pour en faire part
au Public, en faisant graver sur la même
planche quelques lignes de ces caracteres
que nous avons prises de ce qui nous a
paru être le commencement de la piece :
peut-êrre se trouvera-t'il quelqu'un dans
le monde sçavant, qui pourra les déchiffrer.
On les croit de quelque contrée des
Indes, & on pense que ce pourroit bien
être une Lettre, à cause de sa forme, &
qu'elle se plie également en deux, avec
un petit trou au milieu somme pour l'attacher
ou la fermer; elle est écrire des deux
côtez sur onze pouces de longueur, & sur
deux de largeur. Nous la communiquerons
volontiers aux curieux, qui feront
bien ai ses de la voir.
* Suivant le témoignage du Livre de Job, plus
ancien qu'aucun Livre profane; Quismihi det ut
exarentur in Libro stilô ferreô ? Job XIX. 1 3.
SPECTACLES
SPECTACLES.
LES Comediens François jouent encore
l'Opiniâtre, que le Public voit
favorablement. Trois traits d'opiniâtreté
caracterise le principal personnage
,
qui
estparfaitement joué par le Sr Quinaut y
l'intrigue de la Piece est imaginée avec
art ,
ôç même à ne regarder cette Comedie
que de ce côté-là,elle fait beaucoup
de plaisir
,
quoique l'Auteur, à ce qu'on
pretend
,
n'ait pas tiré tout le parti qu'il,
auroit pû, des situations agreables que
ion sujet lui offroit.
Dans la premiere Scene, le Baron veut
faire revenir son fils Eraste
,
du sentiment
opiniâtre où il estque Dorife
,
qu'il doit
épouser, lui a pris une bague, ce que
Damis cousin & ami d'Eraste
,
soutient
aussi.
LE BARON.
Mon Dieu,Monsieur Damis, 1
Sans lui complaire en tout, soyez de ses amis:
Son sentiment toujours estla regle du vôtre;
Quand il est d'un avis vous n'en avez point
d'autre.
A present qull'cft nuit,s'ils'avisoit ici
De dire, qu'il est jour, vous le diriez aussi.
;
L'on
L'on doit pr (es amis avoir quelque indul;
gence;
Mais on ne porte pas si loin la complaisance:
Et lorsque sans raison il s'obstine si fort,
Vous devriez quelquefois lui dire qu'il a tost; Mais vousn'en faites rien,j'ai beau vous lerebattre
,
Ex vous mourrez flateur
,
&. vous opiniâtre,
ERASTE.
Eh ! Monsieur ,quand j'ay tort; je merends fant
détours ;
Mais lors que j'ay raison.
LE BARON.
Vous l'avez donc toujours,
Eraste
, car jamaisje ne vous ay vu rendre,
Vous soupçonnez Dorife à causede Clitandre;
L'aparence est pour vous,j'en demeure d'accord:
Mais voici sûrementen quoi vous avez torr.
Croyez-vous que ce foit assez que l'aparence,
Pour soutenir un fait avec tant d'assurance?
Et s'il n'en étoit rien n'enrageriez vous pas
D'avoir mal-à propos, fait un si grand fracas?
Je veux que vous soyezassuré de la chose;
Alors que contre vous tout le monde s'oppose,
A lavoye generale il faut s'accommoder;
Et ,
quoiqu'on ait raison, a est mieux de ceder.
Entrenousje crains fort que Doris en colère
Contre
Contre vous n'ait aigri la Marquise sa merc:
Je l'ay vue en couroux de votre entêtement;
Rentrons pour l'apaiser je crainsson changer - Et lafineToinon,qui nous dlÕpoféeJ
Pour vous nuire auprès d'elleest bien assez rulee.
&c.
Toinon Suivante de Dorife arrive,elle
dit à Fraste qu'il a setré sa bague dans fz
bourse, ce quisetrouve, vray , &c.
LE BARON.
Et puis vous me direz
,
sur quelque vaineexcuse,
Que d'être opiniâtre à tort on vous accuse?
Je vous l'ai dit souvent,l'opiniatreté
N'est point dedisputer contre la verité;
S^avoir que l'on a tort, le voir & le comprendre
>'
Et de mauvaise foy ne vouloir point se rendre
C'estlorsque prévenu de bonne opinion,
On croit obstinément avoir toujours raison;
Et n'aprouvant jamais les sentimens des autres,
Sans rien examiner
, ne suivre que les nôtres.
Le premierviceest bas-, & ne tombe jamais
Qu'en de lâches esprits, & dans des coeurs nul
faits
,
Et ce defaut n'estpas, queje pense
,
le vôtre »
Mais aisément, Eraste, onypasse de l'autre:
On le voittous les jours. Un espritprévenu,
D'abord de bonnefoy soutientce qu'il a cru ; * , ~lui Mais
Mais lorsqu'à la raison en vain on le rapelle,
Qu'à la prévention la passion se mêle;
Alors pour soutenir ce qu'il a d'abord dit,
Contre la verité souvent il se roidit;
Et honteux d'avouer qu'il ait pu se méprendre f
Il voit, ilsent,il touche
,
& neveut pasfc rendre.
Vous vous reconnoissez sans doute à ce portrait
Car voila justement ce que vous avez fait. &c.
Eraste s'obstine à ne point rentrer chez
Dorise,& à vouloir partir pour aller à
Toulon inviter ses parens à sa nôce.
Dans les deux dernieres Scenes de cet
Âtre Dorise,Clitandre son Amant& Toinette
complotent pour rompre le mariage
pro etté d'Eraste avec Dorife, quoique promise
à Clitandre par son pere ,que tout le
monde croit avoir été tué sur mer dans un
combat contre les Ottomans. Toinon imagine
de gagner un Turc nommé Ibraim 7
nouvellementarrivé,pourluifairedire qu'il
a vu le pere de Dorife en bonne santé, &c.
Dans le second Aéte) le Marquis pere
de Dorise en habit Turc, sous le nom
d'Ibraim, s'entretient avec la Ramée son
ancien domestique, chez qui il efi: logé.
Toinon les trouve ensemble, & prie le
Turc,sans le connoître, de dire à la Marquise
que son mari est vivant en Asie
,
où
il l'a vû. Le prétendu Turc promet de
jouer
jouer ce personnage
, pour differer le mariage
de Doriseavec Eraste, &c.
Dans les Scenes suivantes Dorife voit
le faux Ibraim, & consent qu'il mette
empêchement à son mariage avec Eraste,
pour pouvoir êtreà Clitandre, à quison
pere l'avoir promise avant son départ.
La Marquise qui a appris l'arrivée du
Turc, veut le voir, pour tâcher d'apprendre
des nouvelles de son mari. Elle
dit au Baron que son fils est chez elle,
& que pour se raccommoder avec Dorise,
il acheve la reprise d'Hombre commencée.
Ils sortent pour les aller voir jouer.
Dans la Scene suivante, Toinonarrête
la Ramée, qui porteen cachette un paquet
où font les anciens habits de son Maître
9
avec lesquelsil veut sefaire connoître.
TOINON.
Qu'emportez-vous d'ici?
LA RAME'E. :
C'est. c'est. un vieuxbalot.
Que j'avois au grenier. Adieu.
TOINON.
De grace, un mot.
Je v iens de preparer Madame à la nouvelle
Que nous voulons répandre
, & je vous réponds
d'elle.
Elle m'a commandé de vous faire venir.
Mais le Turc est-il prêt à l'enentretenir * Parlera-il
Parlera-t il bientôt? Comment va notre affaire?
LA RAME'E.
Fort mal.
TOINON.
Pourquoi fort mal?
LA RAME'E.
c'ctt qu'ildit quelamer
Ne peut croire jamais qu'il ait vu son époux.
TOINON.
Mais de notre projet comment sortirons-nous
LARAME'E.
iort bien.
TOINON:
Fort mal
,
fort bien, que diantre a-t-il entête r
LA RAME'E.
Un grand destein,Toinon,va,je ne suispasbête,
Et si je ne craignois ta langue.
TOINON.
O, surmasoy1.
Vous pouvez surement vous confier à moy. ''dt ce?
LA RAME'E.(doute
C'est un dessein. un dessein. quisans
Te plaira fache donc. je crains qu'onne
m'écoute.
Regarde,
TOINON.
Non personneicinedoitvenir;
11 font tous occupezau jeu qui va finir.
LA
LA 'RAME'E.'
O ça,juremoy donc.
4
- TOINON. ,
Que le Ciel me confonde.
F-Puifré--je devenir l'horreurde tout le monde.
•Que la terre, l'enfer.
LA RAME'E.
Non,tous ces sermens-là
"Ne te retiendroient point;voici quisuffira.
Pour M'assurer de toy comme je le defirc.
Il faut.
TOINON.
Eh bien. il faut?
-LA RAME'E.
Ilfaut ne te rien dire.
: il fort.
,
Dans la Scene enfuire on voie le (ecÕnd
trait de l'Opiniâtre; c'est un coup dHom
bre, que la Marquise explique ainrl.-
Monsieur donne, Damis & Dorife ont passés
Eraste dit qu'il joue il écarte, & s'explique,
En jettantson écarrJ qu'il va jouer en pique.
Sur celal'on n'a point de contestation.
Pourprendre,ilse saisitdes Cartes du talon.
"^1lf?compte,recompte a enfin ab lieu de treize
Les tenant dansses mains il en a trouvé seize;
ERASTE.
Eh qu'importe ? &c.
Vous
Vous en riez ? J'avois trois Matadors sixiémes.
DORISE.- *
Et moy j'avois
,
Meilleurs, les deux As noirs
septiémes.
LAMARQUISE.
Dans les Cartes de trop il estaisé de voir
Qu'avoientété laissés&l'un& l'autre As noir;
Ils'en est trouvé quatre,& partant treize piques;
&c. -
Tout cela n'y fait rien, dit Eraste, &
veut parier contre tous ceux qui le condam.
nent, soutenant qu'il a gagné le coup;
il dit en finissant;
,
Mais que l'on joue ainsi
>
si l'on veut, à Toulon
A Marseille,à Madrid;pourmoi, je le proteste,
Puisque je sçai le coup,& qu'on me le conteste,
Sur mes Terres au moins,j'en fais ici ferment,
Je ne soffrirai point que l'on joue autrement.
Dans la Scene d'après, la Ramée vient
dire à la Marquise que le Turcqui estlogé
chez lui assure qu'il a vu forç mari se portant
bien en Alle, où il aété Esclave,
prêt à partir pour revenir en Europe.
Erastetraite cela d'imposture
,
& croit le
Turc aposté par Toinon. La Marquisemême
soupçonne quelque tromperie; elle
s'adresse à sa fille, qui lui avoue ledessein
de Toinon, &c.
Dans le troisiéme Aâc la Ramée vient
rassurer
rassurer Dorife, son Amant Clitandre, &
Toinon, sur le prétendu mariage d'Eraste,
Mont on fait tous les aprêts. Il annonce
l'arrivée du Turc, qui a, dit-il,fait abjuration
, & va paroître en habits à la Françoise.
Il paroîten effet, & dit à Dorise:
J'ai promis d'informer Madame votre Mere,
Que son marivivoit;mais jen'ay pu le faire,
Qu'après avoir connu par le choix d'un époux
Lequel de vos Amans étoit digne de vous;
Et je viens à present vous tenir ma parole.
TOINON.
Jusques-là notre Turc jouessez bien son rôle,
&c.
CLITANDRE.
Qiyind nos peres vivoient, tous deux des notre
enfance.
Nous fumes élevez dans la douce esperance.
D'être unis quelque jour par les plus tendres
noeuds.
Et sa mere au jourd'hui nous accable tous deux.
LE MARQUIS.
J'espere que pourvû qu'elle veuille m'entendre,
A ce que je vais direelle pourra se rendre.
Dans la Scene qui fuit,ilse faitconnoître
à la Marquise,& lui dit:
Madame en arrivant je courrois pour vous voir,
Mais ayant su de lui *l'himen où l'on s'apreste,
* La Ramée.
Sous
Sous mes habits deTurc j'allai me mettre en tête
De connoître l'épouxque vous vouliez choisir.
Lesoin que j'en ai pris,m'aprivé du plaisir
De me montrer d'abord à toute la famille,
Et j'en avois fait même un Secret à mafille,
&c.
Eraste se signale en troisiéme lieu, en
s'opiniâtrant à ne vouloir pas reconnoître
le Marquis; son complaisant Damis estde
son sentiment
,
& traitent cela de sable,
dont Toinon est l'auteur.
LAMARQUISE. &i ,
Meneurs, vous me croyez capable
De pouvoir entrer moi dans un dessein fejfiblablc;
Il est vrai que Toinon l'a tantôt inventé;
Mais ce qu'elle a cru seinte, est une verité, &c.
LEMAR QUI S.
Ovotreentêrement, Monsieur, fut-ilextrême,
mVouêsmn'eem.pêcherez pas que je ne fois moy-
Croyez le ,
s'il vous plait.
,
LE BARON.
Eraste
, en verité,
C'est porter dans l'excèsl'opiniatreté,
Voulez vous tenir seul contre la voix publique?
Contre Monsieur,Madame,&ce vieux domestique
,
Contre tout?
ERASTE
ERASTE.
Mais,Monsieur, je sçai ce que je dis :
Cet homme là n'estpoint,vousdis-je, le Marqui
LA RAME'E.
Tout le monde,morbleu ,
le connoit dans les rues.
ERAST E.
fA d'autres! On veut doncqu'il soit tombé des nues. DAMIS.
Sçait-on pas qu'il est mort depuis plus de quinze
ans?
ERASTE.
Ma foy
, ce conte est bon à faire à des enfans.
LEMARQU I S tmnt
Ce conte? ERASTE.
Oui, oui ce conte,ou plûtôtcette fable
LE BARON. Eraste.
ERAST E.
Il ne l'est point
10 LARA, mMonEpe'Ere. Comment diable
Monsieur n'est pas mon Maistre?
LA MARQUISE
Il n'est: pas mon époux?
- ERASTE
Non, non,Madame,non.
LE BARON
Mon fils, que faites vous ?
ERASTE
Ce que je fais
,
Monsieur ? quoi!souffrir qu'on
me jolie?
LE BARON
Mais enfin l'on se rend, quand tout le monde
avoue. ERAST£
Moi, je neme rends point: c'est unefiction.
LEMA R QJJ I S
Jene fuis pas l'époux de Madame,moi?
ERASTE
Non,
,i: DORISE Monsieur que j'embrasse
ERASTIi
Il n'estpoint votre pere ) JjJadarce, il nel'est point. TOINON
0 vous avez beau faire!
On vous l'avoit bien dit, que quand il le verroit,
Ilne se rendroitpoint.
ERASTE
Qui diable se rendroit ?
Je fcrois ua nigaut;& bon,Toinontoi-même
LNC me l'as-tupas dit?
LE BARON
Quelle folie extrême!
ERASTE
Eh) ne voyez-vous pas qu'on cherche à me
tromper?
Par
Par quelque ressemblance on prétend me duper.
Maisonabeaule dire, il a beau le paroître,
Je sçai qu'il ne l'est point, &qu'il ne le peut acrc.
Non
, vous ne l'êtespoint.
LE MARQUIS
0 quelségaremens:
Monsieurest il sujetàcesentêtemens ! 8cc.
Enfin le Marquis lui declare qu'ilpromit
autrefois sa fille au fils de son meilleut
ami,& pour l'en convaincre ,illui montre
le Testament dont il étoit dépositaire, ÔC
qui justifie le choix qu'il saic de Clitandre,
que ce Testament fait rentrer en possession
de tous ses biens. La Piece finit par la
conclusion de son mariage avec Dorise.
On promet du même Auteur, aauellfrment
âgé de 84 ans, une Tragedie intita
lée tasba Prince Tartare.
Le sieur Poisson qui a été reçu si favorablement
du Public dans le rôle desosie ,
a joué le même rôlesur leTheâtre du Palais
Royal, & y a été encore fort applaudi. Ce
succès a donné lieu aux Vers qu'on va lire :
Par une heureuse fancaisie
la nature a tout fait pour le jeune Sesse ,
Instruit par elle, il fçaic tousles rapports
Que le geste & la voix doivent avoir pour plaite.
Il metàcequ'il ditla chaleur necessaire,
Illajoint aux grâcesdu corps.
- Pourquoy s'en étonner? l'ame de son grand pere
Met en mouvement lesressorts
'De cefortuné temeraire.
Le même Aaeur vient de jouer le rôle
de Strabon dans la Comedie de Democrire
de M Renard, avec beaucoup d'applaudissemenr.
On a fait depuis peuune reformeàla Comedie
Françoise de quatre femmes & un
homme. Ce sont les Dlles Jouvenot,
Aubert, Duchemin & Gravet, & Lesieur
de Chanvalon.
NOUVELLES ETRANGERES.
De Constantinople
L , ce 15 Avril 1711. A Portecontinue à faire de grands
preparatifs de guerre.. Les Janissaires
sont prêts à marcher au premier
ordre. Les projersne paroissent pas encore,
quoi qu'on voye toutce qui se prépare
pourleur execution. LeGrand Visir est
impenetrable, & traire les affaires avec
autant de secret que de capacité. Il paroît
que le Prince Ragotzi est parfaitement
bien dans cette COllr; on lui a fait divers
presens
presens & donné cent bouses pour ioi>
entretien. La tranquifité est parfaitement
rétablie au Grand Caire: cette heureuie
nouvelle est venueavec lesVaisseaux qui,
ont apporté le tribut del'Egypte.
Le MarquisdeBonac, Ambassadeur de-
France, informé que Abdur Achman,
Bachade l'me de Scio, avoir fait abbattre
les deux nouvelles Eglises queles Chitiens
avoient construites dans cette HIe,
ainsi que la Maison & la Chapelle du Consul
de France, s'en plaignit le 4 Avril aLi.
Grand Visir, qui lui promit de manderle
Bacha pour le eUllir de sa conduite envers.
le- Consul.
Depetersbourg, le6 May 1722. sUivant les Lettres de Moscou la Russie
a son Pontofi comme l'Espagne. On
mande que les Ingenieurs envoyez par le
Czaren Siberie, pour tenter la découverte
de quelques mines d'or, ont rapporté
qu'après avoir traversé les Montagnes de
laGeorgie, pour tâcher de penetrer jusqu'à
la source de la Riviere Doria; ils avoient
été arrêtez dans leur recherche par des
rochers escarpez qui les ont obligez de
retourner à Toboski, après un mois de fatigues
Se de marche. Ces Ingenieurs ont
31Iuré que le fleuve Doria rouloit des fables
d'or, & qu'ils avoient découvert dans
se pays des mines de ce Roy desmétaux.
Ssir cette assurance Sa Majesté Czarienne
veut faire construire un Fort à l'embouchure
de la Doria dans la Mer Caspienne ;
cependant ce projet paroît d'une execution
difficile, les Peuples de ce pays sontsous
1* protection du Roy de Perse. Le voyage
du Czar est toujours incertain. On doute
fort qu'il se rende à Astracan, quoique
tous les bagages soient prêtsdepuis longtemps
; on croit plutôt qu'il retournera
incessamment à Petersbourg, & qu'il doit
executer quelque projet importantdu côté
de la Mer Baltique.
Par les dernieres Lettres de Moscou on
a appris que le Czar y avoit été attaqué
d'une violente colique:SaMajesté Czarienne
pendant les douleurs de cette vive
maladie, a fait remettre dans le Trésor des
Archives un Testament olographe qui contient
la nomination de son successeur. On
se flatte que la guerison ne tardera pas,
&que son retour à Petersbourg ne sera,
pas long-temps différé; on y équipe une
Flote de trente Vaisseaux de ligne, & de
près de trois cens Galeres.
DeVarsovie,ce 20 úYfay jyn. LEs inquietudesaugmentent chaque
o
jour en Pologne,malgré l'assurance
qu'on
qu'on donne ici du retour du Roy vers
le 15May. L'opinion qui s'estrépandue
qu'il veut abolir les anciens privilèges de
la Nation,en faisant declarer l'hérédité
du Trône en faveur des Princes de la,
Maisonde Saxe, indispose fort ses Sujets
contre lui;une nouvelle Confederation
des principaux de la Republique paroît
favoriser lesdesseins du Czar, & augmente
les allarmes du Royaume, qui craint encore
une invasion des Turcs. Cette crainte
a chassé du Palatinat de Podolie une très
grande quantité de familles qui se sont
retiréesàLemberg avec leurs effets les
plus considerables. Les Troupes du Czar
occupent actuellement les frontieres de
Livonie &duDuché de Curlande; on
n'en fort point sans un passeportdu Prince
de Repnin Gouverneur de Livonie. Le
Duc regnant de Curlande doit, dit-on,
dans la prochaine Diete generale demander
à la Pologne du secours contre le Czar,
qui paroît méditer une expédition contre
son Etat. On apprend par les Lettres de
Dantzik, que le Duc de Meckelbourg
avoit envoyé des ordres secrets au Gouverneur
de Domitz, portez par le Colonel
Ziclavu, en consequence de quelques
importantes dépêches qu'il avoir reûës
du Czar, qu'on dit à present malade à
Moscou.
DeCopenhague ce23May 1722.
L'Escadre de ce Royaume fera compofée
de vingt Vaisseaux de ligne, de
cinq Fregites, de trois Brulots; on continuë
l'embarquement des provisions de
bouche &des munitionsde guerre qui lui
sont necessaires,
Un VaisseauMoscovitede quatre-vingts
pieces de canon, faisant roure vers Petersbourg
, a passé le détroit du Sund sans
jerrer l'anchre, & sans vouloir payer les
droits ordinaires. Le corps de Troupes
qu'on assemble dans le Holstein fera de
douze a quinze mille hommes. Le jeune
Comte de Rantzau passant le Il May à -
Reimberg, pourse rendre à Hambourg,
fut arrêté par ordre du Roy de Dannemarck,
de le lendemain conduit avec escorte
à Rensbourg.
Le Roy arriva le 16 May à Sleswich,
& partit le lendemain en poste pour se rendre
à Friderisbourg ; onsuppose quec'est
pour quelque dessein important, attendu
que les Troupes campées aux environs de
cette Ville ont reçu ordre de se tenir prêtes
pour marcher au premier commandement.
Les Commissaires Imperiaux établis
à Rostock pour regler l'affaire du Duc de
Meckelbourg, ont suivant les Lettres de
Domits,
Domits reçu la derniere decision de la
Cour Imperiale, qui ordonne au Duc de
payer un million de Risdales à sa Noblesse,
pour dédommagementdes pertes qu'il lui
acausées, de saisir en cas de refus tous les
revenus,& de commencer par la saisie des
Doüannes de Domits.
On écrit de Berlin que le Roy de Prusse
n'a jusqu'à present formé aucune liaison
avec le Czar.
De Stokolm; ce 12 May 1712.
LE Roya resolud'établir l'ancien Cérémonial
de ses Predecesseurs
, & l'a
fait notifier à tous les Minières Errangers.
Suivant ce Cérémonial les Ambanadeurs
doivent s'adresserau Presidentdelà Chancellerie
, soit qu'ils ayent des propositions
à faire à Sa Majesté
,
foir qu'ils ayent des
Lettres à lui rendre de la part de leurs
Souverains.,
» M. Bertuchef, Ministre du Czar en
Suede, eux audience le 27 Avril, & si
part au Roy du nouveau titre d'Empereur
que prend, son Maître
, avec demande de
le reconnoître encette qualité. On ne
sçait si cette proposition seraacceptée.
Le même M. Bertuchef a eu une longue
Conference avec le General Duker
, ôC
quelques autres Senateurs au sujet du Duc
d'Holstein
, on prétend que le Roylui
refuse constammentle titre d'Altesse
Royalle. Le Capitaine Guldenrood aété
décapité ; ses complices dans l'affaire du;
Colonel Stobens ont subi les peines pronoacées.
dans leur Arrest.
De Vienne ,cc lyAfayiyin ON debite icy que l'Empereur a fait
offrir au Roy de Pologne, Electeur
de Saxe, le titre de Gentralissisme des
Troupesdel'Empire, si on estobligé
d'entrer en guerre;le Prince Eugene alors
commandera fous lui.
Le 13 May,M. Jaquemin
,
Conseiller
d'Etat ordinaire du Duc de Lorraine,fit
hommage à Sa Majesté Imperialeau nom
de ce Prince, pour le Duché de Tischen
en Silène..
On dit que l'Assemblée des Etats de
Transilvanie & de Croatie a consenti que
la successîon de ces deux Provinces passât.
aux Princesses de la Maison d'Autriche.
L'Empereur, espere que l'Assemblée des
Etats d'Hongrie suivra cet exemple , ÔC.,
signera on pareil consentement.
Le Comte de Kinski, Ambassadeurde
l'empereur a.h Cour du Czar, a mandée
quele proteDgucé,de.Meckelbourg étoit tou- par SaMajestéCzarienne- -. &.'
& qu'elle lui avoit promis de le rétabli
dans les Etats
,
si la Commission Impériale
de Roftok perfeveroit à soutenir la
rigueur de ses procédures.
De Londres, ce 30May 1712.
LInsertionde la petite Verole prouve
chaque jour son utilité, les jeunes
Princesses ont essuyé cette operation sans
aucun accident fâcheux, elle s'est faire
aussi heureusement sur les six enfans ,dw
Lord Bashurt.
Le bruit d'une conspiration contre le
Roy & l'Etat
, acausé bien des mouvemens
6ed-esinquiccudes dans cette Ville.
Le 19 May & les jours fuivans, le campement
des Troupes à Hidepartconfirma,
cette nouvelle. On y vit arriver à la fois
les trois Regimens des Gardes à pied,&c
les six Compagniesdes Gardes duCorps
& des Grenadiers à Cheval. Cela causa
une épouvante generale, & cette épouvante
fit courir en soule à la Banque; le
prixdes Allions tombatout d'un coup
jusqu'à soixante & dix-huit.. La tranquillité
ne s'est un peu rétablie que depuis,
une Lettre écrite par le Lord Townshen
Secretaire, d'Etat
, au Lord. Maire de la
Ville de Londres ,quicontient l'avisde
laconspiration; j mais qui marque en même
Hvj tems •;
rems que si des Sujets infidelles & de-i
Traitres fugitifs avoient forméensemble,
le prorjet criminel de renverser la forme;
de l'Etat ik la Religion du Pays,les Anglois
amateurs de leur Patrie doivent se
rassurer
,
& ne pas craindre une RebelliÓm,
qu'aucune Puissance Etrangere ne
prétendni fomenter ni soutenir; que Sa
Majesté,parfaitement instruite des devins
des Conjures, ne l'est pas moins de leur,
peu de crédit hors du Royaume, & qu'ainsi.
n'ayant à Ce precautionner que contre des,,,
ennemis qui le sont aussideses fîdeles
s.ujcts) elle espere que ces Sujets fideles
l'aideront à dissiper une faction contraire,
au repos & à la felicité dela Nation
Britanique.
Le LordMaire après la reception decette
Lettre, fit assembler lesAldermans.
& les Scherifs
,
qui, informez de laconfpirarion
, dressereur une Adresse au Roy,
qu'ils lui presenterent le jour suivant.
Cette Adresseétoitdictée par leuraffaction
pour la personne de Sa Majesté,
& leur zéleinébranlable pour son Gouvernement,
& pourla continuation de la
succession Protestantedans, ta Famille
Royale d'Hanovre. Lorsquenousreflechissons,
disent ils,surtoutesles benedictions
don: joü.jfen,t les Anglois sous la pretectiondl'unPrince
quiseproposeles Loixdu Pays<,
£om
pour regle de son Gouvernement. Lorsque
nous considerons que ni Droits Civils ni
£&Cleft"fliques des Sujets de Votre Majesté
n'ont souffert aucunes atteintes depuis son
heureux avenement au Thrône de ces Royaumes,
nousne pouvons que témoigner une
extréme horreur pources amesviles & dé-
, testables qui osent conspirer , &c.
Le Roy répondità-ces protestations
zélées & lespedueuses avec bonté, &
promit de proteger toujours les Privileges
de la Ville de Londres, & de maintenir
constamraent les Loix,la Religion & les
Libertez du Royaume; ensuite le Lord
Maire, les Aldermans & les Scherifs eurent
l'honneurde luibaiser la main.
On envoya le même jourdeux cens
Gardes de renfort à la Tour. On doit
former deux Camps dans le Royaume
pour sa sûreté, l'un près de Marlborough,
& l'autre dans la Province de Lancastre.
Le Lord Maccarteneyost parti pourl'Ecoffe
,
oùil va commander lesTroupes
qui s'y trouventactuellement.Onnes'en
est pas tenu à ces precautions. On a proclamé
le. 11. un ordre du Roy à tous les
Catholiques. Romains de sortirde laVille
de Londres & decelle de Westminster
,
&; de.s'enéloigner de dixmille.:.Le même
jour les Juges de Paix furent informés
<d£S..internionsda Roy& du Conseil
,
ils*
remplirent
remplirent leurs ordres la nuit suivante,
& visiterent exactement plusieursmaisons
qui leur avoient été indiquées, ils n'y
trouverent cependant aucunes provisions,
suspectes
,
qui pussent déposer contre les
personnes dénoncées. On a envoyé des
ordres précis à tous les Officiers des
Doüanes des Portsdevisiterplus scrupuleusement
qu'à l'ordinaire les Vaisseaux
arrivant des Pays Etrangers ,
ainsique les
Passagers &leurs papiers. Le Camp de
Hydepart est à present de quatre- mille
huit cens quatre-vingts- treize hommes
,
tant Infanterie que Cavalerie. La discipline
y elt observéetrès-severement fous
les ordres de M. le Comte de Cadegan ;
Lieutenant General des Armées de Sa
Majesté, qui s'y rend tous les matins,
& qui a deffendu expressément aux Soldats
de s'en écarter. On J' atransporté
de la Tour vingt-une piéces de Campagne,
avec des Caissons- chargés de poudre &
de boulets, escortés par un détachement
des Gardes à pied. Deux jours auparavant
on avoit envoyé à Greenwich un pareil
détachement pour garder les magasins à
poudre du Royen cas de Coulevement.
Le Regiment de Cavalerie des Gardes
Bleuës, commandé par le Duc de Bolton,
a été envoyé dans un Camp situé dans la
plaine de Honslow. Tous ces preparatifs
y.1j
qui allarment ordinairement les Peuples,
ont cependant produit un effet bien contraire,
la Banque est remontée à son premier
credit, &_lesJonds ne sont baissés
que de quatre par cent depuis les premiers
bruits de la Contpiration.
£}eLisbonnetce 30Avril 1722.
~ON4 à publié une nouvelle Ordonnancedu
Roy contre ceux qui frauderont
les Droits de Sa Majesté. On rembarqué
sur le VaissEau qui est parti pour Goa,
dix-neuf Marchandsaccules&convaincus
d'avoir fait defausses déclarations de leurs
marchandises, &condamnés au bannissement
dans les Indes, d'où illeurestdeffendu
de revenir.
M. Worfley
,
Envoyé Extraordinaire
du Roy d'Angleterre en cette Cour,eut
son audience de congé le 7Avril
,
& le
Colonel Thomas Lumley qui lui succede
dans cet Emploi, eut sa premiere audience
le 18.avec les ceremoniesordinaires.
Le Roy pour remedier aux embaras que
cause dans le Commerce ledifferent titre
des especes d'or & d'argent qui ont cours
dansle Royaume
, en aordonné une refonte
générale par un Edit enregistré à la
grandeChancelleriele16Avril.
1>,eDeMadridce
10May 1711.
~O Nfit le 3May la Processionsolemnelle
de la ChâssedeS. JeandeMatha.
Cette Ceremonie est celebre & des
plus' magnifiques; cette Châsse fut portée
par leMarquis de Cogolludo& douze autres
Grand du Royaume, & suivie par
tous ceuxqui se sont trouvez ce jour-là à
Madrid.
L'invitation leutfut faite de la part du
Duc deMedina Celi, Protecteur & Patron
des Trinitaires Déchaussés,) possesseurs
de cette fameuse Relique.
On atranfporré de Cadix cinq cens Ouvriers
dans PlHe de Majorque, pour reparer
les fortifications de la Capitale, &
celles de Palomera & d'Acudia.
Les Troupes Espagnoles qui étoient assemblées
près de Gibraltar,ont reçu ordre
de passer du côté de Malaga; & le Gouverneurde
Cadiz a fait proposer au Gouverneur-
Anglois de la même Place, de
rétablir Je Commerce interrompu par des
soupçons mal fondés.
On écrit de Barcelone que les Catalans
ont obtenu de SaMajesté une grace qui
leur avoir été toujours refusée par les Rois
les Predecesseurs
,
c'est la déchargede
l'ustancile & du logement des Officiers.
Il
Il y a eu une longue Conference avec le
ColonelStamhope Ambassadeur d'Angleterre,
& le Marquis de Grimaldo Secretaire
d'Etat, au sujet de l'armement que
l'on fait dans ce Royaume,on donne de
la part de Sa Majesté Catholique desassurances
qu'tlle ne prétendoit rien tentercontre
la quadruple Alliance. Là-dessusle
Ministre de la Grande Bretagnedépêcha
un Courier à Londres pour dissiper les
soupçons que de fauxavis avoient pu faire,
naître -
On continue dans les Provinces la levêedesMilices,
& celles qui sont destinées
pour la gardedesCôtes, le sontdéja
renduës à leurs postes. On équipe à Ma,
jorque des Fregates qui doivent joindre
l'Escadre que. les Etats Generaux ont envoyé
dans la Mediterannée contreles Corsaires
de Barbarie.
Les Maures tant battus par le Marquis
de Lede en 1720 au siege de Ceuta
, ayant
voulu prendre leur revanche
,
& faire une
descente sur les Côtes de Murcie ou de
Valence, ont été repoussés deux fois par
la tempête avec une perte 1 trèsconsiderable
,
qui les mer absolument hors d'état
de rien entreprendre cette année. Cinq de
leurs meilleursVaisseaux ont coulé à fond
lereste aété dispersé sur les Côtes du,
Royaume de Maroc. Ils ont été obligés.
de.
de jetter à la mer presque toute leur artillerie&
tous les chevaux qu'ils avoient
embarqués; la maladie s'est misedans leurs
Soldats & Matelots; enfin la disette des
vivres augmente dans le Royaume de Fez
& de Maroc, & la misere est si grande du
côté de Salé & de Miquenés, que la plupart
des Habitans sont forcés de vendre
leurs enfans pour acheter du pain.
De I?..ome:lee lyMty 1722.
LE1. May, le Cardinal d'Acunhaeut
son audience de congé duPape
,
ôc
partit le 4. après avoir signalé les adieux
par desliberalitez excessives.
La Chambre Apostolique, aprèsplusieurs
assemblées, vientd'assigner au Pape
mille écus par jour, outre sa dépense ordinaire
pour tout le tems que Sa Sainteté
passera à la Campagne.
M.Correlli, Commissaire de la Chambre
Apostolique
,
est parti pour Civitavecchia,
avec ordre d'y faire armer promtement
deux Galeres pour aller en course
sur quelques Corsaires de Barbarie qui
font entrés dans le Canal de San Severino,
où ils ont enlevé quelques Barques de
Pêcheurs; on dit même que M. de Platamonte
,
nouvel Evêque de Lipari, est
tombé entre leurs mains.
Les
Les Galeres de Sa Sainteté font rentrées
dans Civitavecchia, avec une Prise d'une
Galiotearmée des Côtes de Barbarie, de
quatre- vingts hommes d'équipage.
La nuit du 8 au 9 May, un Gentilhomme
de la fuite de l'Ambassadeur de
Portugal
,
fut pris par les Sbirres dans,
le moment qu'il escaladoit le mur d'un
Couvent de Religieuses. du Quartier de
Trastenere, il fut i-nenétn prison
,
d'où il
sortir, à la sollicitation de l'Ambassadeur,
le 10. au soir.
DIGNITEZETEMPLOIS
des Pays Etrangers.
SUEDE. M de Stackelberg, Lieutenant General
des Armées de Suede, qui eil
revenu depuis deux mois de Moscou, où
il étoit prisonnier deguerre, a été honoré
par le Roy du Commandement en chef
des Troupes du Duché de Finlande.
ALLEMAGNE.
« Dame Marie-Catherine, Baronne de
Meyerfeld, qui étoit Doyenne des Chanoinesses
Regulieres de Saint Augustin,
Bric possession le i 9 Avril de la Prevôté
perpetuelle
perpétuelle du Couvent de Saint Jacques
à Vienne.
M. le Comte Ulrich-Félix-Popel de
Lobkowitz, a été fait Conseiller d'Eiac
ordinaire par l'Empereur.
Le Cardinal d'Althan a été fait Viceroy
de Naples par l'Empereur.
M. le Comte d'Almenara obtenu de
Sa Majesté. Impériale la Viceroyauté de
Sicile.
Le 3 May, jour de l'Invenrion de Sainte
Croix, l'une des Fêtes de l'Ordre de la
Croisade, l'Imperatrice Amelie, accompagnée
de l'Archiduchesse sa fille, tint
Chapelle dans l'Eglise de la Mâi(on"Pro.
fesse des Jesuites, & après le Service celebré
pontificalement par le Nonce du
Pape, elle aggregea à l'Ordre de la Croisade
vingt-deux Dames des plus qualifiées
d'A llemagne & d'Italie.
Le Baron de Sonneberg, Conseiller
Imperial & Assesseur du Tribunal Provincial
de la basse Autriche, a pris seance
le 4 May dans le Conseil des Députez de
la Province, à la place de M. le Comte
d'Enkenoist,qui a fini son temps.
Le Comte de Valsassine, Viceregent
Provincial du. Duché de Carniole,a été
nommé le 4 May Conseillerau Conseil
d'Etat de la Basse-Autriche.
, U Comte Gaspard de Cobenzel
,
Grand
Echanson
Echanson hereditaire de la Carniole & de
la Marche de Wendi, a obtenu de l'Empereur
la Charge de Grand Maréchal de la
Cour,vacante par la démimon volontaire
du Prince de Schuartzenberg.
Le General Zumjungen a été nommé
Felt-Maréchal General par l'Empereur,
& doit aller incessamment commander les
Troupes en Sicile.
Le Cardinal deSaxe-Zeitsdoit presider
comme Primat du Royaume aux Etats de
Hongrie, qui s'assembleront à Presbourg
le 20 Juin.
Le Prince Frobenius de Furstemberg est
nommé premier Commissaire de l'Empereur
à Ratisbone à la place du Cardinal
deSaxe-Zeits.
ANGLETERRE.
La Comtesse doüairiere de Sunderland
a obtenu du Roy unepension de mille
livres sterling.
Le Comte de'Peterborough a obtenu le
renouvellement de sa Patente de General
des Troupes de Marine & de débarquement
; le Roy y a joint quatre mille livres
sterling d'appointemens.
M. Edoüard Beecher,Scherif de la
Ville de Londres,aété fait Chevalier par
le Roy.
Le Chevalier Robert Sutton a été nommé
,mé membre du ConseilPrivé du
.,
Roy.
Le Lord Gilbert., Irlandois, a été nom- j
mé Baron de l'Echiquier.
Le Roy a créé Pairs de la Grande Bretagne
les filsaînés des Ducs de Rokbotough
& de Montroff,SeigneursEcossois.
PORTUGAL.
Le R. Pere Ricard de Mello,Docteur
en Theologie & Procureur General des
Religieux de l'Ordre de Christ, aété élu
dans leur Chapitre le 20 Avril General
de cet Ordre, à la pluralité des voix, &
Prieur de leur Monastere Royal de Tho-
,mar.
Le R. P. Manuel de la Conception,de
l'Ordre de Saint Augustin,Qualificateur
du Saint Office,cy-devantPrieur du Couvent
de Notre- Dame de Grace de Lisbone,
& qui a étéDéfiniteurGeneral au Chapitre
general que tint cet Ordre à Boulogne
dans l'année 1699, a été élu le 1;5
cAvril Prieur Provincial des Augustins du
Royaume de Portugal.
ESPAGNE.
Le Marquis de Valhermofo, Lieutenant
General des Armées du Roy d'Espagne,
a été nommé par Sa Majesté Gouverneur
des Isles Canaries, & President de l'Audience
des mêmesisles.
Le
Le Colonel Don Jean Perés y d'Osante
a éténommé Lieutenant de Roy de la
Place d'Albuquerque.
Don Jean Antoine de Lardisabal, Chanoine
delaCathedrale de Salamanque, &
Professeur de Theologie dans l'Université
de la même Ville, a été nommé par le
Roy à l'Evêché de la Puebla de los Angelés
dans la nouveile Espagne.
I T ALIE.
Dans un Consistoire tenu à Rome lelz.
Avril,auPalais du Quirinal
,
le Pere Philippe
Valignani, Dominicain, cousin de
Sa Sainteté, futproposépour l'Archevêché
de Chieti dans l'Abrusse.
Le R. Pere Archange,aussi Dominicain,
fut proposé par le Cardinal Barberin pour
l'Archevêché de Navisanen Armenie.
¡ M. Bogislas Coruni Gosiewski,Prêtre
Polonois
,
fut proposé par le Cardinal Corfini
,au nom du CardinalCamerlingue,
pour le titre Episcopal d'Erisso.
M. Etienne Stucanowich fut proposé
par le CardinalFabroni, pour l'Archevêché
d'Anlinari dans la Dalmatie.
L'Abbé Silvestre Stana
, par le Cardinal
Tolomei, pour l'Evêché de Minori, Suffragant
d'Amassi.
M. Jean Michel Vinceflas de Conti de
Spaur,parle Cardinald'Althan,
pour l'Evêché
vêché Titulaire de Rhossen en Sirie
, avec
le titre de Suffragant de Trente.
M l'Abbé Valbelles des Tourves ,
sur
proposé par le Cardinal Ottoboni, Protecteur
des Affaires de France, pour l'Evêché
Titulaire de Geropolis, avec la
Coadjutorerie de Saint Omer.
M.l'Abbé de Montboissier de Canilhac,
pour l'Abbayede Notre-Dame de Barbeaux,
Ordre de Citeaux, Diocésede Sens.
Le R. Pere Jean-François du Bienheureux
Jean de la Croix,natif de Mondovi
en Piemont, a été élu General de l'Ordre
des Carmes Déchaussés ; il exerçoit depuis
trois ans la Charge de Vicaire General de
cet Ordre.
Le Cardinal Cinfuegos a éténommé par
l'Empereur pour occuper à Romelaplace
du Cardinal d'Alchan,& lui succederdans
le soin des Affairesde S. M. Imperiale.
M. Pierre deCarolid
, cy- devant CommissaireApostolique
de la Santé, & M.
Jean-BaptisseSpinola, Auditeur du Cardinal
Camerlingue
J ont obtenu deSa Sainteté
les deux Charges de Clercs de 130<
Chambre Apostolique, vacantes par la
démission de M. Antoine Vidman
,
& la
nomination de M. Cavalieri à la Nonciature
de Cologne.
M. Lanfredini aété fait Auditeur du
Cardinal Camerlingue.
,
- M.
M. Robert Bellarmin a été fait Chevalier
de Cape & d'Epée.
M. de Sorbelloni a obtenu la place de
r Vice-Legat deFerrare, qu'avoit M. Bardi,
à present Ponent de la Consulte.
MORTS ET MARIAGES
des Pays Etrangers.
LE jeune Comte Golofskin a épousé à
Moscou le 10 Avril la Princesse Romandonofski.
Le jeune Comte Trubeskoy a épousé
à Moscou dans le même mois, la soeur du
Comte Golofskin.
Le Prince Valenski, Gouverneur d'Astracan
, a épousé à Moscou la Princesse
Nariskin, proche parente de S. M. Czarienne.
La Comtesse Marie Augustine de Bucchein
,
Pievôte perpetuelle du Couvent
de S. Jacques à Vienne,y est morte au
mois de Janvier dernier.
LeComte Charles Louis deSinzendorf-
Erstbrun, est mort à Vienne le Ü; Avril,
âgé de soixante & dix ans. Il étoitTresorier
hereditaire de l'Empereur, Grand EchansondesArchiduché
d'Autriche, Conseiller
ordinaàe-ait-Conseil d'Etat de l'Empereur,
il -&.
& President du Conseil Imperial des Finances.
Le Comte Damien Hugues de Virmond,
Commandant General & Gouverneur de
Transilvanie & de Valaquie
,
Conseiller
au Conseil de Guerre de l'Empereur,
General d'Artillerie, & Colonel d'un Regiment
d'Infanterie, est mortàHermanstadt
la nuit du 10 au 11Avril, il avoir
été Plénipotentiaire de l'Empereur au
Traité de Passarowits, & son Ambassadeur
Extraordinaire à la Porte en 17 19.
Il est mort à Edimbourg une femme
Hongroise
,
âgée de cent vingt ans onze
mois & vingt-quatre jours,qui a vécu quatre-
vingts-deux ans avec son premier mari,
& vingcinq ans avec le fecond
,
quiest
encore vivant.
Le Comte Jean-Baptiste de Neidnard,
Conseiller au Conseil d'Etat de l'Empereur
,
& President de la Chambre de la
Haute Silesie
, effc mort à Breslau le 19
Avril, âgé de soixante & dix sept ans.
Le Chevalier Bury, l'un des quatre
Barons de l'Echiquier, & l'un des douze
grands Juges d'Angleterre, est mort à Londres
le 15 May.
Le Comte de Rorhes
,
Gouverneur de
Sterling, & l'un des seize Pairs d'Ecosse
qui ont été élus pour avoir séance dans
le prochain Parlement, est mort en Ecosse
le May. Dom
Dom Pierre de Figneyredo de Alarcani,
Seigneur de la Tour d'Otta
,
Alcaide Major
de la Ville de Couilhaa
,
autrefois Envoyé
Extraordinaire du Roy Pierre II. à
la Cour de France, est mort à Lisbone le
15 Avril, il a étéenterré dans l'Eglise de
Notre-Dame de l'Incarnation, où est la
Sepulture de ses ancêtres.
Don Diego Soharés de Bulhoens, Sergent
Major de Bataille. & Gouverneur
d'Eftremos dans la Province d'Alentejo,
est mort dans son Gouvernement le 1.j
Avril, âgé de soixante & six ans.
Dom Philippe Antoine Gil Taboada,
Archevêque de Seville
, eil: mort le 19
Avril, âgé de cinquatre-quatre ans. Il avoit
été Grand Collegial de l'Universitéde Salamanque
,Chanoine Penitencier del'Eglise
d'Oviedo, Chanoine & Theologien de
celle de Tolede Primatie du Royaume, Vicaire de Madrid
,
President de la Chancellerie
de Valladolid, President & COInmissaire
general de laCroizade,Evêque
d'Oma
,
& Gouverneur du Conseil d'Etat
& du Conseil Privé.
Le Commandeur Ventiert, Surintendant
general des Galeres du Royaume de
Naples, y est mort le 17 Avril.
Le mariage du Prince de Bellevedere-
Carasso avec la fille unique du Duc de
Sora de la maison de Buoncompagni, est
I ij conclu.
conclu. On en doit faire incessamment la
Ceremonie.
• Don Martin de Gusman, Marquis de
Montalegre
,
Comte de Castronuevo
Commandeur de Biennenida ,
, & de la Pula de Sancho, de l'Ordre de S. Jacques
,
Administrateur des Revenus de la
Commanderie de Liche & de Castileja de
l'Ordre d'Alcantara
,
Sumelier du Corps
ou Grand Chambellan deSa MajestéCatholique
,& Capitaine des Halbardiers de
la Garde Royale Espagnole
, mourut à
Madrid le 15 May,âgé de64 ans.
Don Fabrice Tustavilla , Duc de Calabrito
& de Saint-Germain dans le Royau-
1
me deNaples,a épousé à Rome la fille
du Prince de Carbognano.
Dona Marie-Madeleine Boromei-Altieri,
Princesse de l'Oriolo, accoucha le premier
May d'une fille.
EAU DE --SEAVTE.,. QU OIQJL7 E cette Eau ait été inconnue
jusqu'aujourd'hui dans toute laFrance,
ellea - pourtant fait l'admiration de tout ce beau
sexe de l'Angleterre, de la Hollande
,
& de toutes
les Cours d'Italie ; elle y a été goutée, & a merité
par sespropres effets d'être appellée Eau de
beauté.Je ne doute pascependant qu'en France
il ne se trouve quelques Seigneurs qui en ayent
dans
dans les Cours étrangeres connu la valeur,pour
peu qu'ils ayent eu de relation avec le beau sexe.
Cette Eau quoiqueclaire & brillante comme
l'eau deroche,est cependant grasse
,
proprieté
extraordinaire d'un fcul simple assez rare, ç
auneodeur difficile àdéfinir,qui se perd en
sechant;cette Eau n'est autre chose qu'une corn:
position de simples, mais des plus rares & des
plus exquis quelanature ait produis.
Voici ses proprietez& ses effêtS, Elle nourrit
lapeau
,
& lui donne un éclat de blancheur parfaite
, conferve la delicatessedes traits,ranime
toutes les couleurs,& répand sur tous les teins -
les plus secsun air de fraîcheur qui est égal &
aussi naturel que celui que faitle fang le plus put
dans un corps le plus sain. On peut sans lui rien
prêter, prouver par cent exemples,que ceux qui
en font usage ne s'aperçoivent point que le nombre
desannéespuisseflétrir & diminuer la fraîcheur
de leurs teins & de la gorge, puifqu'elle en
ôte toutes les rides &rousseurs qui proviennent
de lasecheressedu tein. Ce qui prouve que ce
n'est point du fard
,
c'est qu'il en faut faire usage
pluficurs jours avant d'en connoître aucuns changemens
; mais lorsque vous vous ferez habituez
a vous en servir de la façon qui fuit, vous connqîtreï
bientôt que c'est le seul secret qui est capable
d'ajouter des charmes à la beauté &.dela
conserver jusqu'à la mort. Celles qui par un fang
acre & mauvais sevoyent une peau noire 3c livide,
& un tein couvert de boutons,conviendront
qu'il n'y a jamais eu de tel Secret
, en donnant
de la blancheur
, en conservant les traits, & ranimant
toutes les couleurs, & faisantressentiraux
teins & à la gorge un air de fraîcheur naturel
ôtant , tous les boutons
, &les rides, sans qu'il y
en reste la moindre marque. Il ne faut pas sefigurerque
cette Eau, toute merveilleuse qu'elle
Iiij soit,
soit,opere toutes ces qualirez sur le champ, il
fautlui donner le temps, & se figurer qu'un
Peintre,quelque habile qu'il soit, ne rend parfait
son ouvrage, qu'avec le grand nombre de
coups de pinceau qu'il lui donne.
Voici la façon dont il faut s'en servir; le
foir en se couchant
,
il fautverser la valeur de
trois culieres de bouche de cette Eau dans un
petit vase
, avec un linge ni trop gros ni trop
fin, c'est à dire comme une grosse toile d'Hollande
ferrée, le tremper dans cette Eau, s'en
bien décrasser le visage & la gorge,jusqu'à ce
que vous sentiez dans le tein un peu de chaleur
, & alors vous cesserez pour un instant
,
&
ensuite avec le mêmelingeretrempé, vous vous
en redecrasserez de la mêmefaçon plus legerement,&
vous ne vous secherez point d'aucun
linge
, car la liqueur sechera un instant après,
& vous vous coucherez.
Le matin vous vous en decrasserez de la même
façon
,
à U reserve que la seconde fois après que
la liqueur aura seché, vous vous passerez legerement
un linge sur le tein
, comme si vous vouliez
vous ôter de la poudre.
Les Dames qui portent du Rouge, peuvent
tremper le pinceau dans une goute de cette Eau,
& s'en servir à leur gré. Le Rouge avec cette
Eau ne mange point la couleur naturelle. Les
-
Dames connoîtront sur le champ l'éclat qu'elle
donne au Rouge, puisqu'elle le pâlit de telle
façon, qu'elle lerend parfait couleur de chair.
Cet effet se fait sur le champ, & les yeux le
distinguent.
Cette Eau peut se garder aussi longtemps
que l'on souhaite; plus vieille elle est, plus elle
se purifie; il nt faut point douter qu'au Printemps,
Eté & Automne, elle n'agissepluspuissamment
,
puisque vous remarquerez qu'étant
composée
composée de Simples, elle aura dans sa phiole
la même agitation qu'ont tous les Simples dans
ces faisons chaudes.
Pour prouver une seconde fois que ce n'est
point fard, vous n'avez qu'à mettre àla lessive
les linges avec lesquels vous vous serez decrassez,
vous verrez s'ils font tachez d'aucunes couleurs.
Les Dames qui portent du blanc, sielles veulent
se conserver les dents
, & empêcher la peau deCe
rider, en useront de la même façon, & avant
demettre du blanc, & dans la fuite elles pourront
s'abstenir de mettre du blanc, puifqu'il
n'y a rien de si pernicieux pour la peau & les
dents.
Dans le temps que j'avois l'honneur d'apartenir
àla Reine Anne, comme son Parfumeur &
Distilateur pour toutes leschoses necenaires à
sa Personne sacrée
, & que mon eau lui étoit
connue & agréable par toutes ses bonnes qualitez&
effets,je n'avois pas besoin de cirer dans
mes manuscrits les differens effets qu'elle operoit.
Comme en France je n'interesse aucune
Puissance, &ne veux meriter leur protection,
que quand ils feront convaincu que mon Eau
est la composition la plus rare&laplusexcellente
pourlesproprietez que je lui donne, que
tout ce qui a paru de rare & de bon dans ces
fortes de secrets. J'avois oublié dans mes manuscrits
l'utilité de se servir pour la petite verolle
de cette Eau. Ce qui vient d'arriver en faveur
de la petite Marquise de la Lande m'oblige,
m'étant permis de la nommer, d'en instruire
cette grande Ville & les Provinces étrangeres.
La petite verolle ayant pris cette aimable enfant
âgée de douze ans au mois de Mars passé de
cette année,elle en fut couverte abondamment; les symptômes de cette maladie se passerent à
son égard de la même façon qu'aux autres; mars
Iiiij étant
étant hors de danger, & n'ayant plus que les
croutes sur le visage, la démangeaison qui accompagne
la fin de cette maladie,la. fit se cacher
de sa Gouvernante,& se gratta avectant de force,
qu'elle se mit tout en sang: oneffuia sonfang
d'abord, & on eut recours à mon Eau, &
pendant l'espacede trois fcmaines de temps on
lui bassina le visage cinq fois par jour avec
cetteEau tiede en presence de son Medecin nommé
M. Perraud
,
Medecin de Montpelier, Eleve
de M. Chiquaneaux, Chancelier dela Faculté
deMontpelier,&lorsqu'il n'y a plus eu de crouteni
enlevûre, qu'iln'yaplusresté queles
rougeurs, onlui lavoit le visage à l'ordinaire,
comme le Manuscrit le porte. Elle a, de l'aveu
de tout le monde, le plus beau tein&la plus
belle peau que l'on puisse trouver, sans aucune
marque de petite verolle; rien n'estlégal à sa
couleur, ni à la blancheur de son tein : ce fait
est véritable &approuvé. Je pourrois bien en
citer d'autres touchant tous les articles de ce
Memoire,ri les Dames à qui cette Eaftl a fait
plaisir, souhaitoient me le permettre; mais je
renvoye tous ceux qui s'en servirontàleurs décisions,
après l'usage d'une premiere bouteille.
Façon pour se servir de cette Eau pour la
petite verole: Quand les boutons ou croutes
commencent àse (echer
,
il fautalors faire tiedir
cette Eau, & en bassiner h personne quatre à
cinq fois le jour, & la nuitluiappliquer un
linge fin plié en deux sur le visage, & quand
toutes les croutes feront tombées, vous vous
cn servirez à l'ordinaire.
LesDames qui se trouvent les yeux battus
par certaines indispositions, même les hommes
qui peuvent avoir reçu quelque coup de ferain,
n'ont qu'à s'en bassiner les yeux plusieurs fois
lemême jour. Toutes ces épreuves ont été veri.
fiées
fiées pardevant M. Dodart, après une preuve de
fil: semaines. Je crois que tout Paris connoîc
a(fez les qualitez de ce digne Doéteur, c'est
pourquoi jefaismecne au bas de ce Mémoire
son approbation.
Cette Eau se vendra ,her Mademoiselled'Arliac,
demeurante (her M. Rousselot. Marchand
GantierparfumeurduRoy, Privilégiésuivant 1-z
Cour, demeurant rue Tirechappe au Gant de Pa- ris.Lagrandeur de chaquebouteille estd'une
demi chopine, &le prix est devingt livres lA -
bouteil et
Approbation de M. le PremierMedecindu Roy. N OU S Conseiller ordinaire du Royen tous
ses Conseils d'Etat &Privé,premier Medecin
deSaMajefie, Surintendant'gênerai des
Çaux, Bains & Fontaines minérales & médicinales
de France, SALUT: Sur les témoignages de
beaucoup de personnes de merire des bons efFcrs
de l'Eau dite de BEAUTE*, composée.par lesieur
Lambert,Parfumeur du Roy d'Angleterre,pour
ôter les boutons, rougeurs, tenir toujoursle
tein très uni ,& blanchir la peau, garantir &
empêcher d'être marqué de la petite verolle Nous confeïuons , que ledit sieurLambert,pour
le bien du Public,la vende &diftribue
, enconnoiffant
la veritabre composïtion
,
après en avoir
fait toutes les Epreuves itipulées dans ledit Mémoire
qu'il donne au Public. En foydequtoi
Nousavonsfigné ces Presentes, que nous avons
fait contreifgner par notre Secretaire ordinaire ,':
& à icelles fait apposer le cachet de nos Armes.
Fat à Paris au Château des Tuilleries, le Roy
étant , cc douzième jourde Février 1712.
Signé,DODARlT.r
putM, le premierMedecinduRoy. LASALIE*'
I T' .ARRBSrJ--
ARRES TS.
A RREST duConseil d'Etatdu 19 May
1711, qui permet la sortie des Chanvres hors
du Royaume.
ARR EST du5Juin 1711 ,
qui ordonne
que les Notaires du Châtelet de Paris feront tenus
de faire mention,si fait n'a été, tant sur les Minutes
,que sur les Grosses des Contrats qu'ils repréfenteront
aux sieurs Commissaires, des Rentes
perpetuelles constituées tant sur ks Aides & Gabelles
, que sur les autres Fermes & Revenus de'
Sa Majesté, de la réduction des Arrerages desdites
Rentes du denier tSau denier 40.
JOURNAL
FestePubiWUZsJUlirrunatÛTTV etFeu dfartîfice, dcmne'par<f.£.^fcfû?i<tieurleDucdO'jvûTie^Tn&ajjad au Jujeede ffieureudèalumCi
Héraut dél.sfarûcfu*JDor*Jurl*ÇvfyfelUfrerà-tforuip*tfTjtfartin--..",
,
JOURNAL DEPARIS. NOus esperons que ceux qui n'ont
pas été à portée de voir le Ecu
d'artificede M. le Duc d'Ossone,
nous sçauront bon gré de la representation
que nous en donnons dans la Planche en
taille douce cy à côté. Elle a été dessinée
& gravée avec foin &..£.récilion. Nous ne
pouvons rien mettre tous les yeux qui
donne une idée plus sensible de ce superbe
& ingenieux [pedacle. Pour ne pas repeter
ce que nousen avons deja dit dans la
description que nous en avons donnée
dans le sécond Volume du mois de Mars
dernier, page 1501 nous y renvoyons le
Lecteur : Nous dirons feulement que ce
feu d'artifice fut tiré en presence du Roy
& de l'Infante Reine, le 14 Mars dernier*
Le corps de l'Edifice, representant le ,Tem.
pie de lhymenée,éroitélevé sur des Bateaux
au milieu de la Seine, vis-à-vis
l'appartement de cette Princene. M. Bcrin
Dellinateur ordinaire de la Chambre 8c
Cabinet du Roy, a donné les Desseins de
cette pompeuse & magnifiquefête. Les
Peintures font de M. Petrauc de l'Academie
Royale, très habile pour ces fortes
d'ouvrages, I vj Le
Le Roy a donné une Charge d'Inspecteur
de Cavalerie à M. de la Noüe, cy-
devant Colonel du Regiment de Cavalerie
de M. le Prince de Conti: S. A. S. a donné
ce Régiment au Marquis du Chaiia,
Brigadier des Armées du Roy, cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de la Garde
de S. M. Il est petit-fils & héritier de la
Presïdente d'Ofernbray.
Dame Elizabeth de Fontette du Vau..
main, veuve de Messire Charles de Foiiilleuse,
Chevalier,Seigneur de Saint Aubin
la Grand-Cour,ôcde BoispFeaux, mouloue
le 24 Avril dernier, âgée de S6ans,
à Ton Château de Boispreaux proche de
Lions en Normandie. Elle étoit mere de feu
M. Michel de Foiiilleufa,qui avoitété
*el.£vé Page de S. A. R. Monsieur le Duc
.d'Orleans, mort depuis quelques années
sans avoir été marié, ce qui a éteint la
branche cadette de la Maison de Fouilleuse
flavacourt, Madame de Fouilleuse, qui
vient de mourir, laisseàux filles, qui
font les Dames de Pillavoine & de Lou.
-:yigny. Elleavoit été de la Courdes PriivceiTes
de Nemours, qui font mortes l'une
Reine dePortugal
,
& l'autre Ducheffede
-Savoyej lesquels avoient fait beaucoup
«d'jna:ances& de^promeffes ilateufes pour
ij',¡rdrfr la premiere à Lisbonne, & la fecon- 4,. :r,qr. C'etoituneDamecM~-
blé ôetrès-aimable, tant par laddicareffe
&la vivacité de Ton esprit,qne par les agrémens
de sa personne. Elle a passé pour une - des plus belles femmes & des mieux faites
de son temps.
M. Joseph-Charles Joubert., Chevalier
Marquis de Châteaumorant, Lieutenant
General des Armées Navales deS. M.
-
•eft mort à Paris !e i juin 1722,,
M. le Comte d'Hauresort, Chef dEffadre
des Armées navales, a été fait Lieu"
tenant General en la place de M. le Marquis
de Châteaumorant,&sa place de
-Chef d'Eftadre a été donnée à M. Hurault
-de Villeluilant, Capitaine de Vaiueau.
Lapenfionde 1 couvres sur la Marine
qu'avoit M. de Villeluifant, aété donnée
s M. le Comte de Boulainviliers, Com-
4niflaire général d'Artillerie; &celle de
1000 livres de ce dernier à M.de Ricouar,
Infpeéteur,de& Compagnies Franches de
-La Marine, au département de Rochefort.
M. de L'Escorce, Capitaine de Brûlot9
Chevalier de l'Ordre de Saint Louis, est
mort à Brest le 23 May..
< Le Controlle des GalèresdeMarseille ,
2qui a vaqué par la promotion de M. Ranché,
a été donne à M. Beuf Commissaire
des Galères, AL-Latil a obtenu en mêmetemps
la Commission de Commissaire des
iCakrfci, qui étoit vacanu..-
;. - U
La mort de M. Poulard
,
Consul général
de la Nation Françoise en Egypte,& celle
de M. le Maire Consul dans le Royaume
de Chypre, ont donné lieu à un mouvement
dans les Consulats de Levant. Celui
d'Egypte, dont la residence est au Caire
,
a été donné à M. de Cremery Consul de
Seyde, celui de Seydeà M. Expelly
,
Conful
de Tripoly de Barbarie; celui de Tripoli
à M. Martin;celui de Chypre, dont
la residence est à la Canée,àM.Benoist
le Maire, Vice-Consul d'Alexandrie; le
Vice-Consulat d'Alexandrie à M. de Marigny
Vice-Consul à Chio; le Vice-Consulat
de Chio à M. Rougeau Consul de
Satalie, & le Consulat de Satalie à M.
Bonnal.
On mande de Lunneville que le Duc de
Lorraine revient parfaitement de sa maladie
, & que sa famé est aussi bonne qu'elle
le peut être dans la situation où il se
trouve par les Remedes du sieur Meunier.
Le Prince François a souffert pendant
quelques jours un mal de gorge,
qui l'a obligé de garder la chambre.
Le jour de la Pentecôte le Roy se conffiTa
à M. l'Abbé Chupperelle
, l'un des
Chapelains de la Chapelle de Musîquej
après la Confession Sa Majesté entendit la,
grande Mesle celebrée par M. l'Abbé Du{
Bois, Chapelain ordinaire de la Chapelle
de
de Musique du Roy Monsieur le Duc
d'Orleans, M. le Duc de Chartres, &M.
le Duc de Bourbon y accompagnerent le
-
Roy,qui le même jour fit rendreles Pains
benits dans l'Eglise des Barnabites de
Passy, Paroisse du Château de la Muette,
où-Sa Majesté alla se promener le 25 &
dînerle 28 May.
Don Patricio Laulés, Ambassadeur ordinaire
de Sa Majesté Catholique, eut
audience particuliere du Roy le 24, & lui
presenta M. le Marquis de LedeGrand
d'Espagne; M.de Remond Introducteur
des Ambasadeurs les conduisit à cette audience.
Le 15 M.le Marquis de Dreux, Grand
Maître des Ceremonies, & M. Desgranges
Maître des Ceremonies, conduisirent
à l'audience du Roy les Deputez des Etats
de Bourgogne, qui furent presentez à Sa
Majesté par M.le Duc de Bourbon GCHW
verneur de la Province,& par M.le Marquis
de la Vrilliere Secrétaire d'Etat. M.
l'Abbé Bouhier, Doyen de la Sainte Chapelle
de Dijon, pour leClergé, M. le Marquis
de Vienne pour la Noblesse, & M.
de l'Estang, Maire d'Auxone, pour le
TiersEtat, composoient cette dépuration.
Le 4 Juin, jour de la Fête du Saint Sacrement
,le Roy reçut à la premiere porte
de la Cour du Louvre, la Protection de
- ESlis
l'Eglise de Saint Germainl'Auxerois, Paroisse
cb Sa Majesté. Elle accompagna le
Saint Sacrementjusqu'à la Chapelle, où
l'on chanta un beau Motet en Musique.
Après cette ceremonie le Roy suivit la Proceilîon
j & accompagna le Saint Sacrement
jusqu'il sa Paroisse par la ruë S. Honoré,
&c. où Sa Majesté entendit la grande Metre'
chantée par Sa Musique, & celebrée par
M. l'AbbéVivant Doyen du Chapitre,
qui lui fit un compliment court & édifiant
à son arrivée. L'après midy le Royenten- « dit les Vêpres dans sa Chapelle du Palais
des Thuilleries, & le soir il alla au Salut
à l'Eglise des Capucins de la ruë saisit
Honoré, où il fut accompagné par M. le
Maréchal Duc de Villeroy son Gouverneur
, & par M.l'ancien Evêque de Frejus
son Précepteur. Le même jour Monsieur
le Duc d'Orléans, accompagné de M. le
Duc deChartres, & suivi des principaux
Officiers de sa Maison, alla à l'Eglise de
Saint Eustache sa Paroisse,assista à la Procession,
& ensuite entendit la grande Messe.
La Procession de saint Sulpice, celebre
par lenombre & la modestiedesonClergé,
a presenté comme à l'ordinaireau Public
Ain spectale pieux & brillant; M. le Cardinal
de Polignac y a assisté le jour de
l'Octavede la Fête du Saint Sacrement,
avec plusieursPrélats.
Le
Le Vendredy 5 le Roy alla entendre le
Salut dans l'Eglise des Feüillans de larue
5, Honoré.
Le 6 Sa Majesté assistaau Salut dans
l'Eglise duMonasterre des Religieuses de
l'Ave Maria, & après labenediction du
Saint Sacrementmonta à la grille,où elle
assura ces austeres Religieuses de sa protection
, Se(t recommanda à leurs prieres.
Le 7 le Roy entendit le Salut aux Capucines
, le S à l'Eglise de l'Hôtel Royal des
Invalides, le 9 aux Filles de saint Thomas
dela ruë Vivienne; le 10 aux Nouvelles
Catholiques, & le 11 aux Carmes Déchaussés.
Sa Majesté a été accompagnée
dans toutes ces dévotions par M. le Maréchal
Duc de Villeroy, & M.l'ancien Evêque
de Frejus. M. le Cardinal de Rohan
grand Aumônier de France, n'a pas aussi
quitté le Roy pendant cette Octave du
,Saint Sacrement, & l'a suivi à la Procefsion,
ainsi que M.le Cardinal de Polignac.
M.l'Evêque de Leictour qui avoit étésacréle
7 Juindans l'Eglisede l'Abbaye
Royale du Val de Grâce, par M.l'Archevêque
de Bordeaux, assistédeM.l'Evêque
d'Aire, &<ie M.l'Evêque de Coutances,
prêta serment de fidelité le 11 entre les
mains du Roy, en presence de Monsieur le
Duc d'Orléans Regent du Royaume.
Le 1 2 le Roy alla dîner à la Muette , &
le
le loir Sa Majesté prit le divertissement de
la charte dans le Bois de Boulogne.
Messire Joseph Philibert, Comte de l'Escherenne,
Lieutenant General des Armées
du Roy, mourut à Paris le 7 Juin,âgé de
48 ans.
Le Roy a donné l'Abbaye de Saint Vinox,
Diocese d'Ypres, à M.le Cardinal Du Bois.
La Coadjutorerie de l'Evêché d'Aire,
dont M. Joseph-Gaspard de Montmorin de
Saint Herem est Evêque, à M. Gilbert de
Montmorin son fils,Prêtre du même
Diocese.
A l'Abbé de Monralet de Villebreüil
Chanoine & Archidiacre , de Provins dans
la Métropolitaine de Sens, l'Abbaye de
Norre - Dame de Baleine, Ordre de
Cîteaux,Diocese de Besançon, vacante
par la démission de l'Abbé de la Chetardie.
L'Abbaye Reguliere d'Arles, Ordre de
Saint Bencist, au Diocese de Perpignan,
qui a vaqué par ledecès de l'Abbé Gaillard,
a été donnée à M. l'Evêque de
Perpignan, pour être unie audit Evêché.
M. du Vivier, de l'Academie Royale de
Peinture& Sculpture, vient d'achever le
coin de la Medaille qu'il afaire d'après le
Roy: Cette Médaille doit avoir pour Revers
l'Entrée solemnelle à Paris de l'Infante
Reine. Nous en donnerons l'empreinte
en taille douce incessamment.
Le
-
Le Lundi 1 5 Juin à trois heures après
midi, le Roy partit de Paris, & arriva à
Versailles en fort peu de tems, avec toute
la Cour.
Le Roy a bonoré le Bailly de Langeron
de la Charge de Lieutenant General de
ses Armées, & l'a fait Commandant à
Marseille, avec douze mille livres d'appointemens.
Voici le Brevet Scia Commission
des deux nouveaux grades dont
ce digne Officier vient d'être revêtu.
LOUIS PAR LA GRACE DE DIEU,
&c. Desirantreconnoître les bons ôc
importans services que notre cher &bien
amé le Sieur Bailly de Langeron, Maréchal
de Camp en nos Armées, & Chef
d'Escadre de nos Galeres, nous a rendus
pendant longues années en diverses Charges
& Emplois de Guerre que nous lui
avons confies, tant sur Terre que sur Mer & , recemment en qualité de notre Commandanten
notre Ville de Marseille, dont
les Habitans long-temps accablés par tous
les malheurs inseparables de la Contagion,
ne sont parvenus au rétablissemens de
l'ordre & de la fanté, que par le courage
avec lequel il s'est livré à des dangers
continuels pour leur conservation, par la
sagesse de plusieurs Reglements, qui sont
autaat de preuves de sa capacité & de
- fou
son experience, & par la fermeté avec
laquelle il les a fait execucer ; Et désirant
lui témoigner l'estime particuliere que
nous faisons de la personne, & le mettre
en état de nous servir de plus en plus
utilement, nous avonsresolu de l'honorer
de la Charge de l'un de nos Lieucenans
Généraux en nos Armées, &c.
COMMISSION DECOMMANDANT
de la ville de Marseille.
LOUIS PAR LA GRACE DEDIEU,&C.
A notre cher &bien amé le Sr Bailly
de Langeron, l'un de nos Lieutenans Generaux
en nos Armées, Salut. Les malheurs
dont notre Ville de Marseille a été
accablée depuis que la Contagion s'y est
introduite, nous ayant fait connoître
l'importance dont il est d'y établir un
Commandant fixe, qui par une application
suivie, puisse veiller à ce qu'il ne s'y
passe rien de contraire à notre service, à
l'interest de l'Etat, & au bien des Habitans
de ladite Ville; Nous avons crû ne
pouvoir faire un meilleur choix que de
Vous, pour la connoissance particuliere
que nous avons de votre valeur, courage,
experience en la guerre, actvité & bonne
conduite, de votre fidelité & affection à
notre Service, dont vous avezdonné des
preuves -
preuves dans les divers Emplois de guerres,
tant par Terre que par Mer, qui
vous ont été confiés, & notamment dans
le Commandement que vous avez déja
exercé dans ladite Ville, dont la conservationestduc
à tout, ce que vous avez
fait pour y rétablir l'ordre & la santé, ce
qui nous donne lieu d'esperer que vous
nous servirez plus utilement que personne
dans ledit Commandement: A ces causes
& autres, &c.
On dit qu'on a trouvé à la Loüisiane une
Plante resineuse
,
dont le lue exprimé fs
congele & devient propre à faire des Chandelles,&
qu'on en a apporté ici desgraines
pour en femer.
L'Imperatrice a envoyé l'Ordre de la
Croisadeà Madame de Souvel, filledu
Marquis de Mouy ,
Dame d'Honneur de
laDuchesse d'Hannover.
M. de Lucé, Receveur General des
Finances de Bordeaux, est mort subitement
le premier de Juin.
On dit que les Etats de Bretagne se
tiendront à Nantes aumois deSeptembre
prochain,& que le Marquisd'Ancenisy
presidera.
NlJfJS
Nous sommes obligez de renvoyer au
Mercure prochain une Lettre apologetique
de M. l'Abbé de Vayrac, qui nous
a été remise trop tard pour pouvoir estre
inserée dans ce Journal. M. l'Abbé de
Vayrac répond aux critiques d'un anonyme,
au sujet de Guillaume fils
d'Etienne, Comte de Blois, & autres
faits historiques contenus dans l'explication
de la Carte qui marque les lieux
par où l'infanteReine a passé.
APPROBATION. JAY lû par ordre de Monseigneur le Garde des
Sceaux le secondVolume
-
du Mercure du
mois de May, & j'ay crû qu'on pouvoir en
permettre l'impression. A Paris ic seiziéme
jour de Juin 1722. HARDION.
TABLE
TABLE.
DU Sacre & Couronnement des Rois de
France, depuis Pepin jusqu'à Louis le
Grand. Dissertation de M. l'Abbé de Camps.
p. 1
LesDiscours de l'Ecclesiaste. Poëme 10[.
Lettre de M. Mauchart
,
Medecin
, sur un Traité
des maladies des Yeux, ioy
Second chant de l'Eccleisiaste,121
Lettre deM. pour justifier M. l'Abbé de Vayrac
, 12 6
VEersnsur il'Agmitmié, es,130iz8
Nouvelles Litteraires,&c.Histoire de Timur-
Bec, iji
Traité de la Peste,&c. iJ7
Dissertation sur la Peste
, avec la maniere de
greffer lapetite Verole,&c. 142
Programe pour le Prix de l'Academie Royalede
Bordeaux, 147
Projet de Li vre ,sur les triomphes, pompes, fêtes
& réjouyssances publiques, 149
Caracteres inconnus, Ip.
Spectacles. Comédie de l'Opiniâtre, extrait, ISS
Nouvelles Etrangeres, &c 168
EAau de Breaurté.Aevis,sts,198192
Journal de Paris, 195
'cQrreélions au Y.ercure
P Age 74.ligue 3. adressés,ll/ci: adrdT"écs.
7f. l.derniere,vrai, ZiF'?YG:r.
76 l. 4- aprés ferra,xjoâte'{ etroiterneu*
77.l. 19. auroit au environ, lisez,auroit
au moins 80 1ieues.
80.l. 11. c'estM.voilà M.&c.
Errata dupremierVolume are May. PAge zz. seconde du bas,pourtant à,lisez
pourtant pasà
PJge 71 derniereligne,viennentperdre ,
li/cr,
viennent à perdre. t>
Page 97 ligne 17 usurper
,
liiq retarder.
Page99l.1. de,lisezdes.
Page 126 l.9 y employe
,
[ifer. y a employé.
Page 175l.25 Montegue ,
lisez Montagne.
Page 136 l. derniere, suites des ,life% de.
Page 137 1. 19M.Couston l'aîné
,
lisez Mr
Coustoule jeune.
Page 13g l. 16 du, ¡¿lei. de- ._-
Page 143 premiere lig.offrervi,lisez offerirvi.
Fautessurvenuespendant l'impression de ce Livre.
1 -. MERCURE
QVA COLLIGIT SPARGIT.
A PARIS,
Chez GUILLAUME CAVELIER,auPalais.
GUILLAUME CAVELIER, Fils, ruë
S. Jacques,à la Fleur-de-Lys d'Or.
ANDRE' CAILLEAU,à l'Image Saint
André. Place de Sorbonne.
NOEL PISSOT ,Quay des Augustins,àla
descente du Pont-Neufs,à la Croix d'Or.
M DCC. XXII.*
Avec Approbation & Privilege du J?.oy.
LISTE DES LIBRAIRES
qui debitent le Mercure dans les
Provinces du Royaume, & dans les
Pays étrangers,
Lyon, cher Plaignard, Libraire.
Montpellier, chez les freres Faures.
Toulouse, chez la Veuve Tene.
Bayonne,chez Etienne Labottiere.
Bordeaux, chef la veuve Labottiere.
Charles Labottiere, vis à-vis la Bourse. ibid.
Rennes, chez Vattar.
Nantes, chef Julien Maillard.
Saint Malo,chez la Mare.
Poitiers, chez Faucon.
Xaintes,chez Delpech.
Blois, chtf Masson.
Orleans, chez Rouzeau.
La Rochelle, chez Desbordes.
Angers, chez Fourreau.
Tours, chez Gri pon.
Caën
,
chef Cavelier.
Rouen, chez la Veuve Herault.
Le Mans, chez Pequineau.
Chartres, chez Feltil.
Châlons, chez Seneuze.
Troye, chez Boüillerot.
Rheims, chez Godard.
Beauvais, chef Aleau.
Abbeville, chez Dumesnil.
Soissons,chez Courtois.
Amiens, chez le François,& chez Godard.
Arras, chez C. Duchamp.
Sedan, cher Renaud.
Metz, chez Colignon.
Strasbourg, chez Doulseker.
Cologne, chc'{ Meternik.
Francfort, chez J. L. Koeniq,
Berlin, cbq Etienne,
Leipsic, che'{ Gledich.
Lille, cbq Danel.
Bruxelles, chez Tserstevens,
Anvers, chez Verdussen.
La Haye, chez Rogissard.
Londres, chez du Noyer.
Le prix ejl 30 fois.
L AVIS. 'ADRESSE generalepour toutes
choses est àM. MOREAU,
commis au Mercure, chez M.le
commissaire le Comte, vis-à-vis
la comedie Françoise à Paris. Ceux qui
pour, leur commodité voudront remettre
leurs Paquets cachetez aux Libraires qui
vendent le Mercure à Paris, peuventse
servirde cette voye pour les faire tenir.
On prie très-instammentquand on
adresse des Lettres ou Paquetspar la Poste,
d'avoir soin d'en affranchir le Port,
comme cela s'est toujours pratiqué, afin
d'épargner, Ii nous le déplaisir de les
rebuter, <& à ceux qui les envoyent,
celui, non feulement de ne pas voir
paroître leurs Ouvrages, mais même de
les perdre, s'ils n'en 011t pas gardé de
copie.
LE MERCURE
DEMAY 17 22.
PIECES FVG1T1PES
-
enVers&enProse.
ODE SUR L'ETABLISSEMENT
de la Religion Chretienne.
::A. M. L'EVESQVE DE sorsso)Js.
U E L feu dans mes veines
s'allume,
Profane Apollon loin de moy ,
La sainte ardeur clui me consume
Vient d'un Dieu plus puissant que toy ,
De son amour fille immortelle,
Religion,soutiens mon zele,
Je vais celebrer dans mes vers,
De ta grandeur foible interprete ,
Et ton triomphe & la défaite
Du sombre Prince des Enfers.
Que vois-je, le Tartare s'ouvre;
Le divin flambeau qui me luit,
A mes regards tremblans découvre
L'horreur de l'éternelle nuit;
L'Atheïsme & l'Idolatrie
,
Nez du libertinage impie ,
Sorrent des antres tenebreux,
Du même gouffre tous les vices,
Les trahisons, les in justices
En foule sortent avec eux.
L'esprit altier d'indépendance,
Du plaisir l'attrait enchanteur:
L'humaine & stoïque prudence,
Mere orgueilleuse de l'Erreur,
La prévention indocile,
Tout paroissoit rendre inutile,
Ce que la foy pouvoit tenter,
Grand Dieu pour vaincre ces obstacles,
Il falloit les plus grands miracles
Ton bras va les faire éclatter.
Déja les Idoles se brifent,
Je vois les Temples renversez,
Les mortels eux-mêmes détruisent
Les Dieux qu'ils avoient encensez;
Déja de l'un à l'autre Pole,
Tout marche, tout fléchir, tout vole
Sous les étendarts de laCroix,
Religion, quelles conquêtes,
Que tu soumets d'illustres têtes 1
L'Univers entier fuit tes loix.
Ces loix avoient - elles des charmes
A qui rien ne pût resister:
Est-ce au bruiteffrayant des armes
Q2e tu te plûs à les dicter 2
Employois-tu la violence
,
Ou les attraits de l'éloquence,
Pour assujettit tous les coeurs 1
Est-ce par l'éclatdes richesses,
A force de dons, de largesses,
Que tu te fis des Sectateurs.
Non, non, pour un si grand ouvrage,
Tu pris les plus vils instrumens,
Des hommes, mais dont le courage
Devoit affronter les tourmens;
Foibles jadis, charnels, timides,
Maintenant Heros intrepides,
Pleins de l'esprit qui fait les Saints ,
Brûlans d'une ardeur magnanime,
Ils vont faire pâlir le crime
Sur le Trône des Souverains,
Tes plus incroyables mysteres
Sont crus du sçavant fastueux,
Tes maximes les plusausteres
Triomphent du voluptueux;
„
Ce ne font plus de vains prestiges,
Mais de veritables prodiges
Qui tiennent l'Univers surpris,
Les vents, les flots, le trépas même
Respectent le pouvoir supréme
Deceuxquetamainachoisis.
Quelle triste & lugubre image
Tout à coup vient frapper mes yeux
Quels cris, quel horrible carnage!
Où vont ces tygres furieux?
Monstres, que le Tartare enfante,
La foy des Chretiens triomphante
Brave notre impuissant couroux ,
Leur fang est un germe fertile ,
Un périt, il en renaît mille;
Voilà tout l'effet de tes coups.
La mort a pour eux des delices
,
Verges, enfans, femmes, vieillards,
Aux plus effroyables supplices,
Viennent s'offrir de toutes parts;
Je les entends, chacun s'écrie,
Ah pourquoy n'ai je qu'une vie
A sacrifier au Seigneur; Tyrans
Tyrans, vos menaces font vaines,
Inventez denouvelles peines,
Mourir pour son Dieu, quel bonheur!
Le sexe timide & fragile
De ce bonheur est si jaloux,
Qu'au milieu des tourmens tranquille
L'épouse anime son époux,
La soeur encourage le Frere ,
Le fils meurt aux yeux de sa mere,
Et loin d'en pouffer un soupir,
Je la vois vraiment genereuse ,
Se croire encore trop heureuse
D'être la mere d'un Martyr.
Romains, vantez-nous vos Scevoles,
Vos Scipions & vos Brutus,
Parlez, que vos Heros frivoles y
Montrent d'aussi hautes vertus;
6. m. C'est dans le seul Christianisme
Qu'on trouve le pur heroïsme, H.
Celui dont Dieu même est l'autheur,
L'autre n'en a que l'apparence,
Ce n'est souvent qu'extravagance,
Vain orgueil, desepoir, fureur. ]
*
Religion, c'est à ta gloire
Que je consacre tous mes Vers,
Et je veux chanter ta YÎ&oirc
Surtant d'Heretiques divers;
Je peindray le Schisme farouche,
L'oeil en feu, l'écume à la bouche,
Cédant enfin à ton pouvoir,
Et contre tes dogmes sublimes
Les portes des sombres abîmes
Incapables de prévaloir.
De cette Religion fainte
LANGUET rigide observateur,
Vertueux sans faste & sans feinte,
De la foy zelé défenseur
,
J'ose t'adresser cet ouvrage
De mon respectsincere gage,
Daigneras-tu bien l'accepter?
Objet del'estime publique,
Ton nom fait ton panegirique,
Je n'y pourrois rien ajouter.
Devise presentée à M. Chollier, Prevêt
des Marchands de la Ville de Lyon, sur les
grands exemples qu'il donne à M. fou fils.
Un aigle qui dans le plus haut des
airs encourage un jeune aiglon à suivre
la route qu'il lui voit tenir. Signoviam
nato. «
Tranquille dans les airs j'affronte les orages,
iJe vois fous mes pieds les nuages, portent dans leur sein la tempête &lanuit;
DY
Du feu de mes regards & du bruit de mon aile;
Au même honnenr j'appelle
Le courage naissant de l'Aiglonqui me fuir.
Ces deux pieces font du P. de P. J.
RELATION de la Calvacade qu'a
faitle Bailly Spinola, Ambassadeur
Extraordinaire de la Religion de Mlt
auprés de sasainteté
3
lors de son
Entrée publique k Rome le 15 Mars
dernier. APRE's que le BailliSpinola,Ambassadeur
Extraordinaire de Malte
auprès de Sa Sainteté, eut reçu à la Vigne
Rospigliose les complimens ordinaires de
la part des Cardinaux, Ambassadeurs , Princes, &c. & qu'il eut été averti par
les Maîtres des Cérémonies, il s'achemina
vers la Porte du Peuple,où ilrencontra
M. Nicolo Giudice,Majordome du
Palais, qui lui fit le compliment de la
part de Sa Sainteté.
Voici l'ordre que l'on a observé dans
cette pompeuse Cavalcade. D'abord parut
un Postillon
, suivi d'un Courier portant
la Médaille auk Armes de ton Excellence,
Avj ensuite
ensuite suivoient deux Trompettes & un Timballier, seize Mulleriers en livrée
avec leurs bonnets, sur lesquels étoienc :
brodées les Armes de l'Ambassadeur. Autant
de Mulets portoient le bagage, &
avoient de magnifiques Couvertures de
velours cramoisi
,
sur lesquelleslesmêmes
Armes étoient relevées en broderie. Douze
Estasiers
,
leur Doyen à la tête, les Gentilshommes
de Son Excellence
,
le Maître
d'Hôtel, &c. Deux Palferniers qui tenoient
deux chevaux de main couverts, de
peaux de Tigre sur un drap d'écarlate
chamaré d'argent, deux Pages, l'Ecuyer,
le Secrétaire
, &c. Immédiatement après
on vit paroître les deux Compagnies des
Gardes-du-Corps de Sa Sainteté
, nommées
communément les Chevaux Legers,
avec leurs Trompettes & leurs Officiers
•
à la tête, elles étoient fumes de vingthuit
Estasiers de Cardinaux. Ils étoient
montez sur des Mules couvertes de bousses
violettes ; chaque Estafier portoit le
chapeau rouge de son Maître pendant
sur le dos. Après ceux-ci venoienr environ
cent Gentilshommes des Cardinaux,
Ambassadeurs, Princes, &c. Troisautres
Trompettes des Chevaux
-
Legers suivis
des Ecuyers & Cameriers du Pape. Trente
à quarante Chevaliers de Maire montez
superbement ë4 suivis de leurs Eibficrs.
Enfin
Enfin la Garde-Suisse de Sa Sainteté,
ayant leurs Officiers à leur tête. Après les
deux Maîtres des Ceremonies paroissoit à
cheval M. l'Ambassadeur en habit de
Campagne, ayant à ses étriers un More
& huit Laquais. Il avoit à sa droite Mr
NÙoltt Giudice Protonotaire Apostolique
& Majordome de Sa Sainteté
,
& à la
gauche M.PierLuigicarassa, Archevêque
de Larisse, Evêque Assistant & Secretaire
de la Propagande, & sur les aîles deux
Massiers du Pape
, avec les masses d'argent
, & vêtus comme ils ont coutume
de l'être dans les Cavalcades solemnelles.
Son Excellence étoit suivie deM-Tomase
Cervini,Archevêque deNicomedie
,
qui
est du nombre des Assistans au Soglio, &.
de plusieurs Officiers- Se Chapellains du
Pape. La Cavalcade étoit terminée par
trois beaux atelages de chevaux de Son-
Excellence, & par plusieurs autres des
Cardinaux, Ambassadeurs
,
&c. Comme
la nuit approchoit le Majordome du Pape
fit trouver à la Fontaine de Treves un
grand nombre d'Estafiers avec des flambeaux
de cire blanche quiéclairerent cette
magnifique Cavalcade jusqu'au Palais de
l'Ambassadeur
,
où Son Excellence fit distribuer
en abondance toute sorte de rafraichissemens
à ceux qui l'avoient accompagné
dans son Emree.», ,
Ccr(monte*
Ceremonies qui ont été obfermées à lAu.
diance que le Pape a donnée au Bailli
Spinola,Ambassadeur;~c, le 23.
Mars dernier. DEs le Dimanche matin le Pape
avoit, selon la coutume, fait notifiet
par les Huissiers que le Lundi à l'heure
accoutumée il riendroit au Palais du Quirinal
un Consistoire Semipublic. Ce que le
premier Maître des Ceremonies notifia pareillement
à Son Excellence. Le Lundi sur
les dix heures du matin après avoir été
averti par le même Maître des Ceremonies
, M. l'Ambassadeur monta dans un
superbe Carosse à deux chevaux. Il avoir
à sa gauche le Protorrotaire Apostolique
M. Francesco Bichi
,
& à la portiere du
côté droit le Referendaire des Signatures
M. Vajo Maria de Vaio
, & dans les autres
places les Avocats Consistoriaux.Autour
du carossemarchoient à pied les Pages
& les Estasiers en habits d'écarlare
chamarrez de velours verd & de galons
d'argent. Dansles crois autres Carosses de
S. E. & dans plusieurs autres qui s'y étoient
joints sedistribua le nombreux correge de
plus de quarante Chevaliers de Maire, des
Gentilshommes des Cardinaux,Ambassadeurs,
Princes,&c. ,..,.) -
i. -4 Sa
Sa Sainteté étant pour lors au Consistoire
avec les Cardinaux, les Maîtres des
Ceremonies reçurent sur l'escalier l'Ambassadeur
, qui toujours precedé de son
Cortege, fut conduit dans l'appartement
des Princes, où il se reposa jusqu'à ce
qu'on vint l'avertir. Cependantle Pape
après avoir donné audiance aux Cardinaux,
& fait faire l'Extra omnes, tint un Consistoire
secret, où furent proposées & preconifées
plusieursEglises & Abbayes. Sur
la fin du Consistoireles Maîtres des Ceremonies
vinrent prendre M. l'Ambassadeur
pour le conduire à l'Audiance du
Pape,qui étoit assis sur son Trône, accompagné
du Sacré College, de la Prelature
& de la Nobleisse. Son Excellence
aprçs les trois genuflexions ordinaires,&
le baisement de pied, fit son Compliment
en Italien, en presentant la Lettre du
Grand Maître ; Sa Sainteté la donna sur
le champ au Secretaire des Brefs, afin
qu'il la lût à haute voix.Pendant cette
lecture l'Ambassadeur le tint à genoux
dans le fond de l'enceinte que formoient
les Cardinaux, avec l'Orateur, le Commandeur
D. AltfftlllJro "jttfliniani, Lieutenant
du Grand Prieuré de Rome. La lecture
finie l'Orateur Justiniani fit une Harangue
Latine avec beaucoup de grace &
d'aplaudissement. Le Secretaire des Brefs
lui
lui répondit dans la même Langue;après
les Harangues M.l'Ambassadeur, sans faire
de nouvelles genuflexions
,
mais saluant
hmplemem les Cardinaux
, s'avança vers
le Trône, & baisa une seconde fois les
pieds de Sa Sainteté
, & toute la suite de
Son Excellence fut admise à pareille ceremonie.
Cela finit les Cardinaux Pamphile
& Ottoboni, Assistans au Soglio ôterent
l'Etoile à Sa Sainteté
,
qui se retira dans
son appartement, après avoir donné sa benédiction
aux Cardinaux & à toute l'assemblée,
S. E. ayant fait au Sacré College
les complimens ordinaires, alla visiter le
Cardinal Conti, frere de Sa Sainteté,&
M. GiorgioSpinola Secretaire d'Etat, &
s'en retourna à son Palais avec le même
Cortege.
ELEGIE.
AGRE AB LE s-momens où l'amour de Silvie,
En de douces langueurs faisoit couler ma
vie,
Flatteuse illusion qui ne peut revenir,
Ah! pourquoi troublez-vous encor mon g¡.
venir?
De mes plaisirs passez mon ame possedée ,
Du malheur qui me fuit éloigne son idée; c
, ,
Et
Et pour une Inconstante ,helas! trop prevenu ,
Je regrette les fers où j'étois retenu.
L'Amour combat pour elle; & quoique tout l'accuse,
Dans le fond de mon coeur il lui trouve une e*-
cuse.
Je crois dans mon erreur qu'esclave du devoir - t
Elle n'ose à present s'exposer à me voir,
Mais que sa passion croissant dans le silence ,
De ses tristes ennuis aigrit la violence;
Et la croyant en proye à des maux superflus,
J'aime assez pour vouloir qu'elle ne m'aimt plus.
Dans quels égaremens te jette ta folie?
Plus que tu ne voudrois
,
la Cruelle t'oublie.
Loin de t'entretenir dans ces vains sentimens,
Du joug qui t'accabloit pese tous les tourmens ;
Songe,songe à ce jour où sa bouche parjure
Glaça tous tes transports par la plus noire injure;
Pourras tu sans horreur y penser desormais?
„ Je n'aime plus, dit-elle,& n'aimerai jamais.
Cependant par quel crime as-tu pu lui déplaire,
Pour oüir cet Arrestdictépar sa colere ?
Dans quel tems > Quand tu tiens un discours en-
Ramé.
Pourquoi ? tu l'adorois, elle t'avoit aimé.
Amour, dont je bravois la fatale puissance
,
Mon coeur à mes tourmens reconnoît taven-
",
geance.
A couvert de tes coups, je riois des Mortels
Qui brûloient de l'encens au pied de tesAutels.
Tu m'as (pour m'imposer un plus rudeesclavage)
Fais fléchir les genoux devant une Volage;
Tu triomphes. Helas! rien n'eût pu me charmer,
Si j'avois pû la voir & ne la pas aimer.
Malgré moi, du Destin l'imperieux caprice
Du pouvoir de ses yeux rendit mon coeur complice.
Il me souvient du jour qu'à ma perte entraîné,
En esclave à son char je me vis enchaîne.
Je crois la voir encore,avec grace à la danse
,
D'un pas lent ou leger en marquer la cadence.
Quel modeste enjoûment quel aimable ~foûiisî
Que de naissans appas s'offroient aux yeux surpris!
lille seule ignoroit le pouvoir de ses charmes.
Qui n'eût été contraint de lui rendre les armes?
Dans ce même moment j'arrive, je la voi;
Je brûlai, je peris, je ne fus plus à moi.
Depuis ce jour heureux ( tourment de mamémoire)
A lui plaire, à l'aimer, je mis toute ma gloire i
Et fixant par mes foins ses voeux irresolus
,
Pour mon malheur, helas ! je parlai, je lui plus.
Aussi-tôtque le jour cédoitàla nuit sombre,
Je volois auprèsd'elle, à la faveur de l'ombre.
Par de secrets détours furtivement conduit,
Chez
Chez elle quelquefois je me fuis introduit :
Momens d'autant plus chers que notre intelligence
-
De nos cruels Argns trompoitla vigilance !
L'obscurité propice à ma prenante ardeur
Dimunuoit un peu sa timide pudeur;
Et sa bonté sensible à ma perseverance
Nourrissoit mon amour d'une douce esperance.
Si sur de faux soupçons un jaloux mouvement
Metoit quelque amertume à mon contentement,
Par un fcùris flateur d.ffipant mes allarmes,
D'une main caressante elleessuyoit mes larmes,
Je revenois content. Sur ses trompeurs discours,
Crédule, je fondois le repos de mes jours.
„ En vain de mes Parens l'injuste tyrannie
„ Trouble de nos plaisirs la douceur infinie,
u Disoit-elle:on nous peut déformais separer ,
„ Mais quoiqu'absens, nos coeurs sçauront se
,, rencontrer.
s, Si tu répons toujours à ma tendresse extrême.
Perfide, ah ! doutez moins de moi que de vousmême.
Bientôt de ces sermens perdant le souvenir ,
De votre ame à jamais vous allez me bannir.
Confus, desesperé de ce mortel outrage,
Il s'éleve en la mienne une jalouse rage.
Que ne puis- je en aimer une autre en mon couroux?
Mais
Mais je ne trouve, helas rien d'aimable que
vons.
J'ai beau fuir votre vue > une ardeur insensée
Toujours vers votre image égare ma pensée.
Après mille sermens d'oublier vos attraits,
Je ne puis qu'oublier les sermens que j'en fais.
J'ay crû dans ma fureur que pour une inhumaine
J'avois eu trop d'amour pour n'avoir pas de
haine,
Mais j'ai bien-tôt senti par un tendre retour
Que je haïssois trop pour n'avoir plus d'amour,
Le coeur plus que jamais rempli de ce que j'aime,
Je cherche, helas ! je cherche à me haïr moimême.
Dans l'état déplorable ou vous m'abandonnez
A des pleurs éternels mes yeux font condamnez;
Cependant àmes voeux bien que tout foit contraire,
Je me fais un plaisir de souffrir pour vous
plaire;
Rien ne peut m'affranchir de votre injuste loi,
Et je fuis trop à vous pour être encore à moi.
DISSERTATlON
DISSERTATION HISTORIQUE
sur le Titre de Prince des Asturies,
avec les noms des Princes & des
princesses qui l'ont port,/é, & les cp<
remonies qui s'observent dans leur
Proclamation : Par M. l'Abbé de
lViayrac, Epuis le Mariage de Mademoiselle
de MONTPENSIER, avec le
SERENISSIME PRINCE DES ASTURIES,
cetaugusteTitreest devenu si precieux
& si interessant pour nous, qu'on a cru ne pouvoir rien presenter au Public
qui lui fût plus agreable que cette Dissertation
dans laquelle il , verra non feulement l'époque
de l'établissement d'une Dignité à laquelle le
droit de succeder à la féconde Couronne de
l'Univers est attaché, mais même le nombre
des Princes qui l'ont possedée
,
& les ceremonies
qui s'observent à leur proclamation.
Anciennement la Couronne d'Espagne étoit
élective
,
& les enfans des Rois n'y pouvoient
>
pretendre que par le concours unanime des
! sufrragesdesPrélats, des Grands & des Peuples
legitimement assemblez en pleins Etats; mais
f- comme le nombre des pretendans étoit presque
r. toujours fort considerable, & que chacun
:' formoit son parti pour parvenir au Trône,
l les brigues, les cabales & les divisions devinrent
si fréquentes lie si funestes à l'Etat,que
pour éviter les inallieurs qui le menaçoient
d'une
une ", ruine
ruine prochaine, il fut déterminé par une 101
fondamentale de la Monarchie,que tandis qu'il
y auroit des Princes ou des Princesses du Saag
Royal, il ne seroit plus permis aux Peuples de
se choisir un Roy, comme ils avoient accoutumé
de faire, & que la Couronne feroit successive
de Pere en Fils.
Les Auteurs ne conviennent pas du temps
auquel l'Ordre successif fut établi ; Covarruvias,
l'un des plus grands Jurisconsultes que l'Espagne
ait produit ,dit après Molina, que depuis le
Roy Pelage
,
c'est à dire depuis le huitiéme siecle,
les ainez des Rois ont succedé à la Couronne,
sans que cette disposition ait étéintervertie
ni alterée que par la violence, l'oppression
ou la tyrannie: Melina probat majoratus
in Regni Hispaniarum successione,pracisam observationem
in Rege Pelagio principium obtinuisse & ab illo , Rege Regnum Hispanioe à Patre in Filium
natu majorem ita semper derivatum effe,
ut nunquam variatum eo fuerit, nisi quando
vis aliqua
,
oppressojure, abolitâque consuetudine
tyrannicè invaluit.
Camille Borel, dont les Décisions ne font
gueres moins respectables que celles des deux
graves Auteurs qu'on vient de citer, est dans
le même sentiment, & s'explique en ces termes
: Statim ferè post Pelagium Castellanoe Reipublicoe
Regnumipsis Regum primogenitis in hunc
usquediemdelatum est.
Cependant, quelque respect que j'aye pour les
Décisions de ces grands bommes, je ne sçaurois
me déterminer à les adopter, d'autant qu'outre
que plusieurs célébrés Historiens refusent au
valeureux Pelage la qualité de Roy, nous trouvons
depuis lui plusieursélections, & par les
monumensles plus authentiques de l'Histoire,
nous voyons clairement que ce ne fut que dans
le
le ouziéme siecle fous le Regne d'Alfonse 111,
surnommé le Grand
, que l'usage de perpetuer
la Couronne dans la famille Royale, fut introduit
en favenr des aînezdesRois,auxquels on
donna le nom d'infants, sans autre titre qui les
distinguâtdes Cadets; que l'épithete de Premiers,
ou d'Heritiers. Mais en z3S8 leTitrede Prince
des Asturies fut introduit, & comme c'est un
dd'eEssppalgunse mémorables évenemens de l'Histoire , & qui influë le plus dans la forme du
Gouvernement, nous avons estimé necessaire
de le rapporter tout au long. Pierre,surnommé le Cruel, ayant succedé à
la Couronne de Castille par la mort d'AlfonseXI
son pere, signala le commencement de son
gegno par tant de cruautez, qu'il devint un
objet d'horreur & d'execracion dans l'esprit de
fcs Peuples. C'étoit un monstre,qui ne respiroit
que le fang & le carnage, & qui n'étoit jamais
plus content , que lors qu'il abattoit la tête de
quelque innocent; le fang Royal ne lui coûtoit
pas plus à répandre, que celuy du plus vil de
tous ses Su j ets, comme il parut dans la mort
déplorable de Blanche de Bourbon sa femme,
qu'il immola à son impudicité, pour avoir plus
de liberté d'entretenir un commerce infame
qu'il avoit depuis long temps avecDonaMarie
de Padilla sa concubine, ce qui irrita si fort
tous les Castillans, que pour venger le meurtre
de cette grande Princesse, dont ils refpeéloieDtÍ
le merite & les vertus, ils formerent contre ce
barbare une conspiration qui coûta la vie à bien
du monde; car comme cet insensé confultoic
plutôt sa fureur que ses véritables interests ,au
lieu de tâcher de gagner par une fage politique
Pierre I V Roy d'Aragon, qui favorisoit les
Mécontens de Castille, il lui declara brusquement
la guerre ; de forte que pendant qu'il
i
chamailloit
chamailloit avec l'Aragonois
, Henry son frere
bâtard fut proclamé Roy.
Au bruit d'un évenement si extraordinaire,
une multitude innombrable d'Officiers & de
Soldats reformez, qui vivoient de brigandage,
& qui avoient tout à craindre de la rigueur des
Loix, coururentcn foule se ranger fous les
érendarts de Henry, qui lesreçut trèsfavorablement,
IX avec ce secours il entra en Castille
ta 1366.A son arrivée toutes les Villes lui prêterent
ferment de fidelité ,-Be lui fournirent desi
puissans moyens pour faire tête à Don Pierre,
que ce malheureux Prince voyant le danger qu'il
couroit de demeurer parmi des Sujets que ses
cruautez avoient portez à la revolte, prit le parti
de s'enfuir en diligence, ,& de se refugier en
Aquitlljne) où après avoir ramassé une puissante
armée, il repalla en Espagne,resolu de périr
ou de recouvrer son Royaume. Don Henry qui
ne s'attendoit pas de le voir si-tôt de retour en
si bonne compagnie, futattaqué au dépourvû,
battu, & contraint de se sauveren France.
Si Don pierre eut fait attention que ses inhumanitez
& les desordres de sa vie lui avoient
déja fait perdre l'amour de ses Peuples & la
Couronne, il auroit tenu une conduite toute
opposée à celle qui l'avoit plongé dans de si
grands malheurs; mais comme il ne consltoit
que ses passions
,
il parut aussi cruel & aussi furieux
après sonrétablissement
,
qu'il l'avoitété
auparavant: tellement que ses Sujets ne pouvant
plus soutenir le poids accablant de ses violences
, se souleverent de nouveau.
Don Henry qui se renoit toujours en France,
en attendant d'avoir allez de forces pour aller
prendre sa revanche contre son frere, après
avoir formé un Corps de Troupes très considerable
,
partit en diligence pour la Castille, où
il
Il Fut-reçû très-favorablement de la part des
Peuples, & eut de si grands avantages sur Don
Fierre, qu'il le contraignit de se refugier en
Aquitaine pour la feconde fois, après quoi il
convoqua les Etats Generaux à Burgos,& y fit
reconnoître Don Jean son fils pour héritier
des Couronnes de Castille & de Leon.
Pendant que ce Prince se donnoit tant de mouvemens
pour s'afrermir sur le Trône, Don
Pierre ne negligeoit rien à Bourdeaux pour yremonter,
en quoi il trouvoit de grandes difficultés
de la part du Prince deGalles, qui malgré l'azile
favorable qu'il lui avoit procuré,trouvoit que si
d'un côté il lui étoit glorieux de secourir un Roy
détrôné par un usurpateur;d'un autre côté il lui
60ie honteux de se declarer le prorecteur d'un
barbare odieux à tous les Princes Chretiens, Se
dans les inrerefts duquel on ne pouvoir guere
entre faos se rendre coupable d'une partie de
ses crimes.
L'irresolution du Prince de Galles mettoir
Don Pierre au desespoir ; mais elle ne le rebuta
pas entierement, & comme, il étoit le plusruf6
de tous les hommes, il réveilla adroitement
l'antipatie des Anglois contre la Nation Françoise
,
& rendit Edouard jaloux de la gloire
immortelle que du Guesclin avoit acquise en
Espagne. Non content de cela, il fit passer cette
même émulation dans lé coeur de Jean Chandos,
Connêtable de Guyenne,& rival de du Guesclin,
mit par ses presens le reste de la Cour dans
[ son parti; &enfin, joignant l'interest à la gloire,
il fit des propositions si avantageuses au Prinee
de Galles, que le Roy d'Angleterre consulté
par son fils, lui ordonna de les accepter; tellement
qu'il fut convenu queDon Pierre payeroit
l'armée à ses dépens durant toute l'expcdition,
qu'il donneroit la Ville de Soria avec tout son
Territoire à Chandos ; & que le Prince de Galles
retiendroit pour lui la Province dcBicaye,
pour la réunir à perpetuité à la Guyenne. L'amour
même agit de concert pour favoriser les
interests du Prince Castillan; car le Duc de
Lancastre, frere du PrincedeGalles, étant
arrivé à Bordeaux avec des Troupes, devint
éperduëment amoureux de l'Infante DonaConstance
, fille de DonPierre, & la demanda en
mariage pour prix du servicequ'il s'offrit de
rendre à ce Prince pour le rétablir sur son Trône.
Non feulement elle lui fut promise
,
mais même
elle fut laissée à Bordeaux pour gagedelafoy
jurée. "-
Ces mesures étant prises
,
le Prince de Galles
mit sur pied une armée de 30000chevaux &
de 40000 hommes de pied, commandée par
les plus grands Capitaines de l'Europe ; sçavoir,
le Duc de Lancastre,DonJayméRoy de Mayorque
, les Comtes d'Armagnac, d'Albret, de
Perigord, & de Cominge, le brave Chandos, &
une foule innombrable de Noblesse suivirent le
Prince de Galles
,
dont le nom seul sembloit
estre garant de la victoire.
Au bruit de cette marche, Don Henry, qui
jusqu'à lors s'étoit flaté qu'aucun Prince Chretien
ne voudroic entre prendrela deffense d'un
Prince aussi odieux que l'étoit Don Pierre, ne
fut pas sans inquiétude:cependant il ne perdit
pas courage , & comme ses Troupes étoient presque
égales en nombre à celles de ses ennem's,
il s'avança vers les frontieres de son Royaume
pour en deffendre l'entrée à son Competiteur,
avec d'autant plus defasilité, que Don Carlos
Roy de Navarre avoit fait un Traité avec lai,
fiav lequel il s'engageoit de refuser à Don Pierre
le passage par ses Etats, qu'il ne jugea pourtant
à propos d'executer par la crainte qu'il eut
d'irriter
d'i~ter contre lui le Prince de Galles, dont il
redoutoit la puissance; de forte que l'armée
des Confederez n'ayant trouvé aucune resistance
-de la part des Navarrois, s'alla camper dans
la Province d'Alava, si près de celle de Don
Memy-, qu'elle n'en étoit separée que par une
palissade.
Plusieurs raisons vouloient que Don Henry
évitâtd'envenir aux mains avec ses ennemis.
Dis Guesclin&presque tous les Officiers Genezaux,
firent tous les efforts imaginables pour
porter ce Prince à temporiser,conformément aux
avisqu'ils avoientreçus de Charles V Roy de
France, qui par sa sagesse & par sa politique
avoit remportéplus de victoires de son Cabinet,
que tous ses predecesseurs à la tête des Armées
Cependant toutes leurs representations ne purent
rien gagner sur l'esprit de Don Henry ,
qui
craignoit qu'en refusant le combat il donneroit
des marques de foiblesse qui intimideroient
les peuples, dont la plupart decestoit à la verité
la cruauté de Don Pierre, mais qui ne laissoit
pas de conserver encore quelque affection pour lui, tant le nom de Roy est respectable, lors
It.il est acquis légitimement, & qu'il est soutenu
par une puissance auguste. Enfin, la Nobldfcoi
avoitembrassé son parti, demandoit
la combat, &il étoit d autant plus dangereux
de laisserrafroidir son zele, que quelques uns
avdfenc déja demandé assezfierement, depuis
quand on estimoit les Espagnols inferieurs aux
Anglois & aux Gascons.
Le Prince de GRllts ravi de la resistance de Don
Henry,fit une aiftion qui paroissoit n'avoir d'autre
principe que l'humanité & une loüable politesse,
mais qui dans le fond cachoit une politique
rafinée. Il écrivit à ce Prince, & dans sa Lettre
il lui representoit toute l'horreur qu'on doit
Bij avoir
avoirde larebellion,&lafidélitéinviolable
que les Sujets doivent à leur Souverain : il lui
faisoit connoître qu'il avoit trop suivi les mouvemens
de son ressentiment,& qu'il avoit oublié
Ln devoir en souffrant que des rebelles
lui enssentdefferé le nom de Roy, auguste &
respectable, quand il cft soutenu d'un légitime
droit, mais odieux& méprisable quand on ne
le doit qu'à la revolte e à l'u surpation. li
l'exhortoitensuite de le quitter,&offroit de se
rendre Mediateur entre leRoy son frere & lui,sur
les differens qui pouvoient lesavoirdivisez. II
finissoit en l'assurant que le seul desir d'épargner
le fang humain l'engageoit à faire la démarrche
de lui écrire, puisque son Armée étoit si
puissante & si aguerie, qu'il ne douroit pas un
moment de la viéloire. Le dessus de la Lettre
étoie 4 Don Henry Comte de Transtamare.
Malgré toutes ces belles apparences de politesse
& d'humanité,Don Henry reconnut d'abord
tout lç venin qu'elles cachoient, & la
réponse qu'il fit surle champ ne fut pas moins
artificieuse que la Lettre. Il ne répondit au
Titre de Comte de Transtamareque le Prince
lui avoitdonné, qu'en prenant lenomdeRoy,
qu'il disoit ne devoir ni à l'ambition, ni à la
vaine gloire,ni à l'usurpation, maisàlaseule
necessité de prendre les armes pour venger la
Oiprt de f4 mere & de ses freres
@
que Don Pierre
avoit inhumainement immolez à sa fureur; &
pour deffendre les jours de sa femme &de les
enfans; qu'il ne s'étoit rendu qu'aux cris de
la Nation oppressée par lescruautet d'un Prince
dénaturé; qu'il érQi,t prêt dedescendre du Trône
si le bien de l'Etat IL donandoh, mais que les
Loix divines & humaines ne lui permettoient
pas d'entrer en accommodement avec un barbare,
Ufi perside, un cruel encoreteintdu fngdela
Reine
Reine sa femme, & de tous les Princes de la
famille Royale. Au reste il finissoit en s'excusant
envers le Prince de Galles de ne pouvoir
répondre à ses bonnes intentions, en lui
témoigna t une estime toute paruculiere, & en
lui laissant entrevoir que la victoire ne seroit
pas si facile à emporter que les Anglois se le
vouloient persuader,&qu'il l'attendoic dte pied
ferme.
Le lendemain qui étoit le troisiémeAvril de rane 1367, les deux Armées se joignirent,
& it se donta une des plus fan»luites batailles
dont on eut encore entendu parler, & dont
les commencemens tournerent a la gloire des
deux partis,pardesactions de valeur d!gncy
de l'immortalité > mais sur la fin la victoire se
declara en si,.-eurdts Anglois, du Guesclin fut
fait prisonnier, de même que la plus part des
Officiers Generaux les autres furent laissez en
pieces, les débris de ceux qui éviteront la mort
ou h prison, se retirerent en desordre
,
& Don
Henry ne put sauver sa viequ'en fuyantàbride
,-
abattuë vers Naxera, où son cheval s'étant
r rendu, un Gentilhomme nommé LJor. R i-1 Fer-
"An"'{ de Baona, lai ¡{ionn:J le ficii pour se
retirer en diligence en Aragon, d'où il écrivit
> à sa femme de le venir joindre en France a.'ec
teurs enfans, n'estimant pas qu'il dût se fier
au Roy d'Aragon Il fit tant de diligence, qu'en
peu de temps il se rendit à Foix, où le Comte
de ce nom se fit une loire de contribuer à reparer
l'injustice de ta fortune, en fournissant
à ce Monarque infortuné un équipage magnifique
, & en lui donnant de l'argent pour continuer
sa route versToulouse, où le Duc d'Anjou
, frere du Roy de France & Gouverneur de
Languedoc, lereçut avec de grandes demonstrations
d'une sincere amitié, & l'assura de tout
le secours qu il pouvoit attendre du Roy fOIl
frere.
Don Pierre se voyant rétabli sur le Tiône
fit venir de Bordeaux les Infantes , ses filles, &
réitera au Prince de Galles ses magnifiques promesses
; mais bien loin d'en venir aux effets
,
il
differoit de jour en jour, fous differens pretexrela
payement des Montres qui étoient duës
à l'armée. Le Prince de Galles qui étoit tombé
malade à Valladolid, indignédu mauvais procedé
d'un Prince ingrat & perfide, fit tant d'instances,
que ses Troupes reçurent quelque argent
; mais quand il fut questiondese mettre
en possession de la Biscaye, conformément au
Traité qui avoit été conclu entre lui & Don
- Pierre, les Etats de la Province,à l'instigation
de ce fourbe, s'y opposerent. A la verité le
Prince de Galles auroit pu se faire rendre justice
les armes à la main, mais venant à considerer
qu'il compromettroit sa reputation s'ildonnoit
occasion de dire dans le monde qu'il avoit servi
un Prince détrôné comme un mercenaire; il
abandonna ses prétentions, & s'en retourna en
Guyenne,reconnoissant trop tard que la gloire
qu'on acquiert en servant un Prince injuste,
n'est jamais bien pure*, parce qu'elle participe
en quelque maniere à son iniquité.
Don Pierre ravi d'êtredélivré d'un Prince
qui lui étoit à charge, parce qu'il lui étoit
trop redevable s'abandonna tout entier au desir
de se venger de ceux qui avoient suivi le parti
de son frere, dont il fit mourir la plus grande
partie y& se rendit plus detestable qu'il ne l'ayoÍt
jamais été par ses cru-uteî & par les impôts
donc il accabla ses Sujets.
Tandis qu'il se faisoit des ennemis de gayeté
de coeur au dedans de ses Etats ,
Don Henry
nloublioit rien pour lui en susciter au dehors.
11
* Il portoit toujours le nom de Roy, & faisoit
voirune fermeté au dessusde ses malheurs.
Quoi que D n Pierre n'ignorât pas les demar-
.hes de son freve
,
il ne pouvoit pas se persuader
qu'il pût jamais mettre sur pied une Armée
capable de lui venir encore disputer le Trône
,
en quoy il se trompa; car d'un côté le Roy. de
France lui fit present de jooeo livres, qui en
ce temps - là étoient une grosse somme : le
Dac d'Anjou lui fournit 2000 hommes entretenus
pour un an, & le Pape Vrbain V, qui
faisoit sa residence à Avignon, lui permit de
s'emparer de tous les fonds des Marchands de
cette Ville
,
dont il se rendit garant sur la parole
que Don Henry lui donna de payer dans
un certain temps le principal & les interests.
Les Rois d'Aragou & de Navarre qui craignant
le ressentiment de Don Htn'j, en cas
qu'il remontât sur le Trône, s'engagerent par
des Traitez secrets à lui donner passage par
leurs Etats» de forte que ce Prince plein d'esperances
flateuses s'avança à grandes journées
tvers les Pyrenées, avec dix mille hommesseu- mentJ armée bien foible pour conquerir un
si puissant Royaume, maissuffisance contre un
Roy detesté de tous ses Su jets.
A peine parut il dans la vieille Castille,que
Calahorra&Burgos lui ouvrirent les portes;
toute la Noblesse se joignit à lui, les Peuples
s'émurent en sa faveur: peu de jours après Leon
& Valladolid suivirent l'exemple de Calaborra
Se de Burgos; Madrid le reçut à bras ouverts: en un mot son party se grossit tellement, que
Don Pierre qui s'étoit refugié dansTolede, fut
obligéd'en sortir pour aller au devant d'un
secours de Maures qu.il avoit mandié
,
laissant à
son ennemi par sa sortie la facilité d'en former
le siege, qu'il tenta vainement de faire lever.
Don Henry qui avoit des espions jusques dans
la Tente de ce malheureux Prince, ayant appris
qu'ils'avançoit vers son Camp avec 4000-
hommes,pour tâcher de lui couper les vivrese
ou de lui enlever quelque quartierlaissa la
conduitedusiege à l'Archevêque de Tolede, qui
s'éroit venu ranger de son parti,&alla se porter
entre son ennemi & Carmone, dans le dessein
de le combattre. A son arrivéeplusieurs Officiers
& Soldats de l'armée de Don pierre s'allerent
joindre à lui, & pour comble debonheur
du Guesclin pour qui le Roy de France avoit
-
payé cent mille livres de rançon, arriva dans
son Camp avec deux mille, hommes de secours i
de forre que Don Pierre fut comme envelop pé,
& duGuesclinquisçavoit profiter de tous ses
avantages, le fit attaquer brusquement à quelques
millesdeMontiel. Don Pierre soupira de
douleur d'avoir si mal pris ses mefuns, mais
il ne s'oublia pas. Labataille fut d'autant plus
sanglante, que le nombre des combattansétoit
petit , & qu'il n'yen eut presque aucun qui
ne combattit. Une espece de fureur anÍJnoic-
Don Pierre, & il se jettoit commeunfoudre
dans les endroits les plus perilleux. Don
soutenu d'une veritable valeur, ayant pour lui
le plus grand nombre, & certain de plusieurs.
ressources,conferva tout son sang froid, &
donna sesordres avec toute la presenced'esprit
que l'importance de l'occasion le demandoit.
Du Guesclin le seconda parfaitemenr,& tous
* les Chefs se porterent avec tant de valeur,
qu'on auroit dit que chacun d'eux avoit une
Couronne à disputer. Le combat dura trois
heures avecun avantage presque égal; mais au
bout de ce temps-là les Maures ayant plié,la
victoire parut aux yeux de Don Henry. On
4Dit cette jjutice àDon Pierre,qu'il rétablit
[rois:
trois fois son Armée,mais à la quatrième ayant
vu tous les siens en déroute, il fut obligé de
se sauver dans Montiel, où il yavoit un Château
bâti sur le penchant d'un rocher, qu'on
estimoit imprenable.
Don Henry attentif à ce que ce Prince devenoit,
marcha sur ses pas&l'investir. Comme
c'étoit là un coup de partie, il entoura la Ville
& le Château ,Se fit venir des troupes pour remplir
les lignes de circonvallation pour empêcher
que personne ne sortit de la Place, resolu de
rtvcc plutôt le siége de Tolede, que de perdre
l'occasion de se saisir de la personne de son ennemi.
Don Piere qui ne s'étoit jetté dans Montiel
que dans l'dperancc:w:¡ue Don Martin de
Cordouë,qu'il avoit laissé àCarmont, le viendroit
dégager, se voyant frustré dans son attente,&
reduit à la derniere extremité faute de vivres,
fit proposer une Conference à du Guesclin par
Don Martin de Sanabria
,
qui lui omit deux
cens mille pistoles
, s'ilvouloit procurer au
Roy le moyen de se sauver. Le General
François ne parut pas éloigné de ce qu'on lui
proposoit, & illaissa Sanabria dans cette esperance.
Maiscomme iln'étoit pas capable d'une
telle lâcheté il inftrulûttaMfït-tot Don Henride
ce qui se passoit, & ils resolurent entre eux,que
du Guesclin assigneroit une heure à Don Pierre
pour sortir de lrIon/id sur sa parole, & venir à
un endroitd'oùil seroitaiséde s'évader. L'heure
marquée Don Henri se rendit armé dans la tente
deduGuesclin. Don Pierre ayant pris sesarmes,
suivi seulement de Don Rodrigo
,
de Don Ferdinand
de Castro
,
& de Don Diego d'Oviede, descendit
jusqu'à l'adroit où du Guesclin &les siens
s'étoientavancés. Du Guesclin n'eut pas plutôt
apperçu Don pierre qu'il dit assez haut, ilest
tems de fiefyier.Accs-mots DonPierre voulut
B v montée
monter à cheval
,
mais les gens de du Guesclin
l'en empêcherent, & le conduisirent à la Tente
de ce Général
, comme si ç'eût Úé le chemin par
ou il devoir aller. Ily trouva Don Henry, du
Guesclin & plusieurs autres personses aimées.
Alors il soupçonna d'être rrahi, & se repentit
d'avoir tenté unesiperilleusenegociationmais
il n'étoit plus tems de réflechir sur la faute qu'il
avoit faite. Cependant les deux freres ne se reconnoissoient
point, parce qu'il y avoir plus de
dix ans qu'ils ne s'étoient vus. On montroit
Don Pierre à Don Henri, sans qu'il comprit en
corc quec'étoit lui. Don Pierre ayant jugépar
les defferences qu'on reudoit à Don Henri que
c'étoit son Rival, ou peut-êtreayant achevé de
le reconnoître
,
s'écrla tout à coup YO SOY EL
REY
,
c'està-dire, JI fUÍJle RrJ. Alors Don
Henri tira son Poignard, se jetra sur son frere
,
& l'en frappa au visage. Le jour paroissoit à peine
pour éclairer ce combat, & les personnes des
Combattans étoientsirespectables, qu'aucun des
Spectateurs ne s'ingera des'y mêler. DonPierre,
qui étoit le plus fort, jetta Don Hefjri par terre, & tomba lui même,mais ayant POUI t nule dessus.
Dans cette occurence du Guesclin, craignant que
Don Henri ne fut accablé par son frere, qui le
pressoit vivement,cessad'être indirrerent, &se
joignit aux combattans avec quelques autres,
comme s'il eût voulu les separer
,
mais dans le
fonds pour donner à Don Henri le moyen de,
gagner ledessus, dont il profitasiavantageuseinent,
qu'il plongea son Poignard dans la gorge
de Don Pierre à diverses reprises. Ainsi perit le
plus cruel, le plus-inhumain, le plus sanguinaire,
& le plus injuste Prince que l'Espagne ait vu sur
le Trône, & Don Henri se vit par sa mort paisible
possesseur des Couronnes de Castille & de
Leon, non pas peut-être que sagloire ne reçût
quelque
quelque atteinte de ces dernieres circonstances.
Aussi-tôt la Ville & le Château de Montiellui
ouvrirent les Portes ; peu de tems après Tolede
, Seville & toutes les Provinces, à la reserve de
la Galice se fournirent à lui. A ces tristes nouvelles
les amis de DonPierrese hâterent deconduire
les Infantes ses filles à Bordeaux, où le
Duc de Lancastre, toujours amoureux de l'aînée,
ainsi qu'il àétédit, l'épousa solemnellement,
dans l'efpcvance de pouvoir monter sur le Trône
de son Beau pere ,
dont il se voyoit en état de
faire revivre les droits legitimés. Il prit lenom
& les Armes de Roy de Castille & de Leon > cependant
Don Henri mourut sur le Trône regrette
detous rcssujets dont il laissaDon Jean foo
fils heritier
,
aussi bien que de ffcs vertus, avec
lequel le Duc de Lancastre eut une longue & san
glante guerre, dans laquelle les Portugais
,
irreconcillables
ennemis des Castillans
,
prirent
parti en faveur des Anglois
,
ausquels ils faciliterent
le moyen d'innonder toute la Castille.
Il faut demeurer d'accord qu'àjuger dudroit
des Parties felon les Loix fondamentales de la
Monarchie, celui du Duc de Lancastreétoit iacotestable,
puisquela Couronne étoit successive,&
que Dona Constance sa femme étoit fille
aînée de Don pierre, dont les cruautez de son
pere ne pouvoient pas la priver. Mais Don Jean.
étoit en possession, & adoré de ses Sujets
,
qui
protestoient qu'ils verseroient jusqu'à la derniere
goute de leur fang pour soutenir sa domination
,
tellement que le Duc de Lancaflrefut
contraint de ceder à la puissancede son ennemi
,
& d'abandonner toutes ses prétentions, à condition que la Princesse Catherine sa fille
uniqe épouserois l'Infant Don Henri fils aîné
du Roy Don Jean. & qu'on érigeroit en faveur
de et mariage les djltmcs en Principauté, dont
ion aflureroit pour tou jours letitre&!enolrv à
l'héritier presomptif de la Couronne de Castille
à l'imitation des Anglois
,
qui appelloient le fil's
aîné du Roy d'Angleterre Prince JeGalles, sur
quoy les Historiens remarquent que de la même
maniéré que cet usage s'introduiut en Angleterre
en iij6. à l'occacion du matiage du Prince
EJtlüard. fils aîné du Roy Henri Ill. avec Doirà:
Eleonor Infantc de Castille
,
celui d'appeller le
fils aîné du Roy de Castille Prince des Asturies
fut établien1388. à l'occasion du mariage de
l'Infant Don Henri avec la Princesse1Catherine
d'Angleterre.
il paroîtra peut-êtresurprenant que les Aftflrtés
étant un des plus petirsEtats de to:s ceux qui
composent la Couronne de CaftHfe
, on en a:r
donné le nom à titre de Principauté aux fils
ainex des Rois, preferablement à tant d'autres
incomparablement plus confider-ables. Mais le
sçavant Don Louis deSalayar dans son Traité
des DignotqSeculierts, dit quecefut en confidcratioo
de ce que les Ajiuriens, après l'invasion des-
Maures, furent les premiers qui eurent un Roy,
& qu'ils portèrent les premiers coups à ces ennemis
irréconciliables de la Patrie & de la Re- ligion.
Aprèsque tous les differens qui étoiententre
le Roy Don Jean & le Duc de Lancastre furent
terminez,qu'on eut assigné à la PrinceflV
Dona Confiance femme du dernier, de très grosrevenns
sur lesplusopulentesVillesdeCaftille-,
le Prince Anglois quitta le nom de Roy,envoya
la Princesse sa femme en Castille pour prendre
possession des Terres qui lui awoienr été affiv,
nées-) & mener lajeune Prinoefleleur fille à
l'lofant, DooHenr;, qui surfait PrincedesAstupiejdc
la manière suivante.
Le Roy DonJeun cenroqualcs Etats Généraux
taux du Royaume à Birbiefc*
,
petite Ville de lavieille
Castille
,
où après avoir fait dresserun
superbe Trône, il y fit monter l'Infant Don Henri
son fils,&s'étant approché de lui, lecouvrit
d'un Manteau, lui mit un Chapeau sur la tête ,
le baisa ,& d'un ton de voix assez élevé pour êtra
entendu de toute l'assemblée,l'appella PRINCE
DES ASTURIES, & ordenna à tous ses Sujets
de le reconnoîtrepour tel après quoi il fit faire
aneLoy fondamentalede l'Etat, par laquelle
il fut
determiné
qu'à l'avenirtous les filsajnez
porteroient ce titre
,
qui de plein droit leur acquerroit.
la successîon de la Couronne.
Quelque tems après la Duchesse de LltlU"rrt
arriva avec laPrincesse safille, dont le mariage
avec Don Henri I. Vrnce desAsturies fut célébré
à pIJlencu. ,& la consommation en fut difsérée
pour sept ans, à cause de la grande jeunessè
des nouveauxmariez.Tortel'Espagne fut ravie
qu'une alliance heureuseeut étOiifé les Guerres
Civiles dont la Monarchieétoitembraféc, & rit
avec rcfpca: la fil;e & la petite fille du Roy Don
Pierre-,tant ilest vrai que le sacré caractere de
la Royauté , se fait sentir intérieurement dans le
coeur des Sujets indépendamment des qualitez
personnelles du Prince.
Don Henri fut donc le premier Infant qui pric
le titre de Prince des Afturtes,& aprèsavoir été
proclamé Roy fous le nom de Heurt III. furnomméJ'lnfirm,
, il eut un fils nommé jean, qui
fut proclamé Prince des Asturies- en 1401 ,
&
reconnu Roy après la mort de son pere ,qui arriva
l'année suivante ,.fous le nom de 7cae11
Ce Prince ayant- pris attaoce avec Doua
Marie Infante d'Aragon en eut deux filles avant.
qu'il "IDt au monde aucun garçon, ce qui lé
détermina à sare deelarer Prtnceffé des Afiuries
Dona Catherine l'amée", dont la ceremoniese
, fit
fie dans l'Eglise Metropolitaine de Tolede an
mois de Janvier141J;mJis étant morte au
mois de Septembre de l'année suivante
,
Dona
Leenor sa soeur cadette, sur proclamée quelques
jours après dans l'Edite Métropolitaine de
Burgos, mais elle ne jouit pas long tems de ce
Titre, car la Reine sa mere étant accouchée
d'un filsappelle Don Htm;Jce Prince fut proclaméPrincedesjifiuries
en >4ij dans le Réfectoire
de .'inr Paul de Valiadjttd
,
& par sa pro.
clamation le titre de Prmcefîe qui avoir été defferé
à ta soeur
,
fut éreint
,
& d'e reprit celui
d'Infante qu'elle poitoitauparavant. En 1452 il
fut proclamépour hfécondé fois
,
& proclamation par cette la premiere fut confirmée.
Etant parvenu à la Couronne en 1454 fous le
nom de Henri IV. dir 1 Jm^ujfant
,
il se maria
avec Dowa B'ancheInsate de Navarre, qu'il
répudiaaprès treizeansde mariage, fous prétexte
de sterilité, & fc maria avec Dana Jeanne
Infante de Pdftugal
,
laquelle accoucha d'une
fille appellée Jeanne comme sa mere, non sans
de grands soupçons qu'elleétoit plutôt fille de
Don Bertrand de la Cueva que du Roy, qui selon
le sentiment de tout 'e monde,paisoit pour
impuissant
,
quoiqu'il fit tous sesefforts pour
cacher ce défaut aux yeux de ses Peuples par la
passion qu'il faisoit semblant d'avoir pour une
des plus belles femmes d'Espagne de la Maison
de Guiomar. Cependant malgré l'idée que ses
Su jets avoieot de son impuissance
,
l'Infante
Dona Jeanne fut proclaméeVrincejfe des jijiurief
à Macridau mois deMars del'année1461.Mais
dans la fnite a\ant été decidé qu'ellen'écoit pas
fille du Roy, elle fut excluë de la successîon
, &
Don Alfonse, fils du Roy Don Jean II. & de
la. Reine Dona lfabelie sa séconde femme, se fit
proclamer Prince desAsturies en 1464 dans une
Assemblée
Assèmblée au trolieu d'une Campagne prés d'un
Village appelle &tfaçon
, ce qui excita des Guerres
Civiles dans tout l'Etat, qui le mirent à deux
doigts de saperte,car le Roy lui même eonfentic
àl'exheredation de laPrincesse Yeanne par
an aveu fîctriflant qu'il fit de Ton impuifiancesc
de l'impudicité de la Reine sa femme.
Aprés que la Princesse eutété declarée
bâtarde
,
lç Roy promitqu'il reconnoîtroit pour
Princeflc des Asturies l'Infante Dona isabelle sa
foeur ,& légitiméhëritiere dela Couronne. Il
s'obligea delui faire prêter ferment de fidélité
un cette qualité par les Etats Généraux, à condirion
Que cette Princesse ne se marieroiit que
par l'avis & le consentement du Roy, qui (e..
gagea de renvoyer dans quatre mois en Portugal
la Reine sa femme 6c sa fille.,ne qualifia plusl'une
qu'In!:Jnte de Portugal,& l'autre que filledecettePrincesse.
Par ce Traité le Royaume ayant pris une nouvelleface
,leRoy serendit à un endroitappellé
Cadahal%<\o\ïlaPrincessesa fcear,acompagnée
detous les Seigneurs de son parti,l'alla joindre
le 19Seprembre 1468. ellebaisa la main au Roy
son frere, qui en presencé de l'Evêque de Leon
legat du S. Siege * en Espagne, la falua en qualité
Je Princesse des Afiuries&dliericîere de la Couronne.
Tous les Seigneurs des deux partis la reconnurent
pqur telle, & lui prelterent ferment
de fideIiré) & se firentrelever par le Légat de
celui qu'ils avoieijf prêté en 1462.àlaP'tinceffe
Jeanne. Par cette proclamation le calme fut âtabli
dans l'Etat, mais il n'ysubsista pas longfems;
car comme le Roy étoit le plus foiblede
tous les hommes. il prit du dégoût pour sa
foeur
,
refusa de signer son.Contrat de mariage
avec Don Ferdinand Roy de Sicile, & déclaras
publiquement que Dona "jeannfiioltlâÉBle, &
qu'il
qu'il ne pouvoit y avoir d'autre heritiere de la"
Couronne qu'elle. Non content de cette démarche
,il convint avec le Roy de France de marier
cette Princesse avec le Duc de Guienne,
- dont les Ambassadeurs se rendirent à Guadalaj'
11
,
où il fut decidé que pour détruire les idé£s:
que le Traité de Cadabalzo pourroit avoir laisfées
sur le defaut de Legitimité de Doña Jeanne
il se feroit v une Assemblée des plus grands Seigneurs
de l'Etat pourla reconnoîtredenouveau
Princesse des Asturies. Cette Assemblée fut indiquée
au i< Octobre 1470. dans une vaste Prairie
aumilieu de la vallée de Lcçoyn ,
prés de la
ChartreuseduPaular. Le Roy
,
la Reine & la
Princesse Jtanne
,
les Ambassadeurs, le Grand
Maître de l'Ordre de S. Jacques, le Connétable
de Castille, le Marquis de Santillana & tous les*
Seigneurs du parti du Roy,qui composoient une
Cour magnifique s'y trouverent. Le Roy y fit
deux Actes. Le premier étoit une exheredation
delaPrincesseDonaIsabelle
,
& le second une
Ïnlbrurion en faveur de Dona 7tanno.
Quoique le Roy se fut déja declaré favorablement
pour laLégitimitéde DoñaJeanne, les Ambassadeurs
ne paroissoient pas pleinement satisfaits
de cetre déclaration
, & en demandoient
une p'us authentique, à quoi le Roy acquiesça
tellement , que lui & laReine seleverentaussitôt,
& affirmerent en presence de toute leur Cour,
que cette Princesse étoit veritablement leur fille:
Dans le moment elle sur reconnuë de nouveau
pour Princesse des Asturies,& tous les Seigneurs
lui baiserent la main en cette qualité
,
après
quoi les Ambassadeurs la fiancerent à Tolede au
nom du Duc de Guienne.
Le Roy & la Reine de Sicile apprirent ces circonstances
avec douleur, maisils ne s'en laisserent
pas abattre, &ne changerent rienà leur
conduite,
conduite
,
ni ne firent aucun mouvement qui
marquât de la crainte ou de la foiblesse, & comme
si la fortuneeut agi de concert pour empêchercemariage
, bien tôt aprèsenapritlamort
du Duc de Guienne, & sur ces entrefaites la
Reine accoucha d'une fille. Quoique le Roy eût
desaprouvé le mariagede sa soeur ,
il eut lelchagrin
de voir tous les Castillans témoigner leur
joye de cette naissance. Cependant ce Prince armoit&
vouloit absolument chasser de ses Etats
le Roy & la Reine de Sicile. Sa propre indolence
& les remontrances des Grands , qui ne pouvoient
voir le Royaume dechiré par de nouvelles
Guerres. Civiles, ou qui dans le fond deleur
coeu-r penchoient ducôtédela Reine de Sicile,
retinrent les premiersmouvemens dece Monarque,
qui étoient les seuls à craindre. D'ailleurs
de nouveaux chagrinsl'accablerent ,par la connoissance
parfaite qu'il eut du commerce scandaleux
que la Reine sa femme menoitavec Don
Pedro de Fonseca, dontelle avoit eu deux fils
qu'elle faisoit élever dans leMonasteredeSaint
Philippe leReal, dont l'Abbesseetoit Tante de
Don Pedro. Mais, par une foiblesse dont il n'y
avoit queluiqui pût être capable
,
les débauches
de cette Reire ne lui firent rien perdre de
sa tendresse pour la Princesse des Asturies ; -&
pour lui en donner des marques,il resolut de la
marier avec DonHenri fils de l'Infant d'Aragon
du même nom. Pour cet effet il l'apella auprès
èclu-!,& lui fit donner le titre d'Infant,mais ce - Prince se conduisit si mal, que le Roy prit du degoût
pour lui. La Reine deSicile qui avoit gagné
jusqu'à ses Domestiques les plus afifdez, fut instruite
de son mécontentement,&prit ce tems-là
pour le supplier aunom de l'amitiéfraternelle
d'oublier celui qu'elle lui avoit donné, & de lui
permettre de luialler baiser la main,àquoiil
consentir,
consentit ,de forte qu'elle se rendit à Segovie,
où elle témoigna au Roy une soumission si tendre
& si respectueuse, & tourna son esprit si
adroitement
,
qu'il promit d'approuver son mariage
, & permit au Roy de Sicile de lui aller rendre
ses respects. Leur entrevue fut tendre, &
les deux Monarques parurent en public dans une
parfaite intelligence. Don André de Cabrera
ayant obtenu la permission de leur donner à
manger, le Roy se trouva mal après le repas.
Bien des gens soupçonnerent qu'il avoit été cm.
poifonné. Dés ce moment ce Prince demeura
a la discretion de la Reine de Sicile; mais quelques
diligences que cette habile Princesse fie
pour l'obliger à revoquer l'acte de Reconnoissance
qu'il avoit fait en dernier lieu en fanur
de la PrincesseJeanne
,
elle ne put jamais y
réussir
,
tellement que le Roy mourut en proteftant
qu'elle étoit sa fille. Cependant cette
protestation n'empêcha pas qu'aprés la mort da
Roy, Don Ferdinand Roy de Sicile & Doña
Isabelle sa femme ne prient le Titre de Rois
deCastelle,&qu'ils ne fissent proclamer Doña
Isabelle leur fille aînéeprincesse des Asturies à Madrid
en 1+76.
Dans la fuite la Re:n:: étant accouchée d'un
garçon appellé DonJean, il sur proclamé Prince
des Asturies à Tolede au mois de Mars 1480 &
la Princesse sa soeur quitta le nom de Princesse
des Asturies, & prit celui d'lnf/lr:lt ,
qu'elle porta
jusqu'à la mort du Prince son frere, qui arriva
en 1498.auquel tems elle fut proclamée une
seconde fois Princesse des Asturies, Elle fut mariée
avec Don ManuelRoyde Portugal,dont elle
eut un fils nommé Don Michel, lequel fut proclamé
Prince des Asturiesà Ocaiia au mois de
Janvier 1499,mais étant mort deux ans après,
Dona Yestnni seconde fille du Roy Don Ferdinand
- M*nd & de la Reine Dona lflfbtllc, sur proclamée
Princesse des Asturies à Tolede le6 Novembre
1502. Elle fut mariée avec Philippe furnomniélebteu,
Archiducd'Autriche
,
duquel
elle eut deux fils, dont l'aîné appellé Charles
fut proclamé Princedes Asturiesen1517.apres
lamortdu Roy Don Ferdinand le Catholique
son Ayeul. Peu.de tems après son pere mourut,
& il fut proclamé Roy d'Espagne. Ensuite il
parvint à l'Empire fous le nom deCharles Vrflc
serendît recommandable dans toute l'Europe
^ar ses Exploits heroïques.
Ce Monarque eut un fts appellé Philippe, qu'il
fit proclamer Prince des Asturies dans l'Eglise de
Saint Jerôme de Madrid le 19 Avril de l'année
1528,n'ayant encore que dix mois&vingt jours.
Don Carlosfils dePhi lippeII. &dela Reine
Doña Marieh premiere femme, fut proclamé àToledeau mois de Fevrierde l'année 1560,
étant âgé de 14.ans7mois& 3 jours. -
Don Ferdirand fils du mêmePhilippe II. & de
la Reine DoñaAnne sa quatrième femme, fut
proclamé Prince des Asturies dans l'Eglise de
Saint Jerôme de Madrid
,
le 31 May de l'année
.)J. n'ayant qu'un an 5 mois & 27 jours.
Don Diego,troisiéme fils du mêmePhilippe II.
& dela même Reine DonaAine, fat proclamé
dans la Chapelle du Palais Royal de Madrid,le
premier Mars i'j80. n'ayant que4 ans 7 mois
& 14 jours.
Don Philippe,quatrième fils du mê-me Philippe
II.fut proclamé dans l'Eglise deSaint Jerime
de Madrid le 11 Novembre 1584. âgé de 6 ans
} mois&29 jours, en prefcnce du Roy son pere,
de Dona M-irit Infante d'Espagne& Imperatrice,
It des Infantes Dona Isabelle & Doña Catherin*
sessoeurs, lesquelles le reconnurent en ^aalicé
d'Infantes & lui prêtèrent ferment de fidélité.
Don
Don Philippe- Dominique - Victor de la Crn%, fils de Philippe III. & de la Reine Dona Margue-
,itc. fut proclamé dans l'Eglise de Saint Jérôme
de Madrid le3 Janvier iéoJt.
Don Carlos deruier Roy d'Espagne
,
& fils de
Philippe IV. & de la Reine Dona MarieAnne
d'Autriche, fut proclamé dans la même Eglise
le de l'année 1661.
Don Louis,fils de Philippe V. à presentRégnant
,
& de DonaMarie- Louise-Gabriellede
Savoye, fut proclame dans la même Eglise au
mois de Février de l'année 1710 ,
n'ayant que
deux ans & six mois.
,Après avoir parlé de l'établissement du Titre
des Princes des Ajlttries
,
& avoirrapporté les
noms de tous les Princes- & Princessesqui l'ont
porté,on ne fera pas fâché de sçavoir les Ceremonies
qui s'observent à leur proclamation,..
Lorsque le Roy a determiné de faire proclamer
son filsaînéPrince des Asturies
,
il convoque
les Etats Généraux
,
les Prélats
>
les Grands
les Titres de Castille,les Tribunaux , & les Procureurs
des Villes,qui ont séance à cette celebre
Cérémonie, pour laquellel'Eglise deS.Jerôme
de Madrid,depuis que les RoisCatholiques y
font leurresidence,est choisie, Se danslaquelle
on dresseune Estrade fort élevéeentrele Choeur
& le Maître Autel, sur laquelle on monte par
douze degrez. On place à la droite une Courtine*
pour le Roy, pour la Reine & pour les Infants,
avec un Fauteuil pour le Roy à la droite d'un
Prie Dieu, & quatre Carreaux pour la Reine à
la gauche, sur lesquels elles'assied
, avec autresdeux
au-devant pour mettre fous les genoux de
Leurs Majestez. Lorsqu'il y a des Infants on
leur met des Chaises à côté du Roy, & des CarteauxauxInfantesàcôté
dela Reine.
.* Ce»r"»f,çfl une Loge quarréc en forme de Pavillon*
On
On dresse du même côté près de l'Autel deux
Buffets
,
l'un pour servir de Credence,qu'on
garnit d'Argenterie pour la célébration de la
messe,8c l'autre pour mettre le Bassin & autres
effets necessaires pour la Confirmation du Prince,
supposéqu'il n'ait pas été confirmé. Sur une autre
petite Credence on met une Croix & six cierges
de cire blanche.
De l'autre côté de l'Autel ,on place un Banc
couvert d'un tapis pour l'Officiant & pour les
Prelats qui lui fervent d'Assistans, & un autre
yis à-vis de laCourtine du Roy pour les Ambassadeurs
des Têtes Couronnées,&c.
Au bout du banc des Prélats, on met un Tabouret
pour le Chapelain MJlJr , & un autre
pour le Grand Aumônier, lorsqu'on même Prélat
ne possede pas ces deux éminentes Dignitez.
Le Grand-Maistre d'Hôtel se placesurunTabouret
entre le Prie Dieu du Roy & le banc des.
Prélats.
Derrière le banc des Ambassadeurs font placez
les Membres de la Chambre & du Conseil
de Castille
, ceux de la Chambre en qualité d'Assistans
des Etats Généraux,& ceux du Conseil en
qualité de Témoins.
Au-dessous del'Estrade on met des deux côtez
quatre rangs de bancs couverts de tapis, placez
à trois pieds de distance les uns des autres.
Le premier qui est du côté de l'Evangile, est
pour les Prelats qui font invitez à la Ceremonie vis-à-vis duquel est celui des Grands. Celui qui,
est au dessous est pour les Titres de Castille &
pour leurs fils aînez. Le quatrième est pour le
Procureur des Etats Généraux
, & on met ut*
petit banc separé à la porte du Choeur pour les
Procureurs & pour les Etats de Tolede.
Après que le Roy a donné ses ordres au
Grand Maître d'Hôtel, tant pour l'heute que - la
, la ceremonie se doit faire, que pour le rang
qu'un chacun doit occuper, soit au Cortège,
soit à l'Eglise, celui ci les communique au
Maitre d'Hôtel de semaine. afin qu'il les fasse
executer ponctuellement.
Le jour de la Proclamation les Gardes da
Roy se rendent de bon matin à l'Eglise où elle
se doit faire, au bruit des Timballes, des
Trompetres. des Tambours & des Fifres,ayant
leurs Officiers à leur tête. Dès qu'ils y font
arrivez, ilssesaisissent de routes les Portes de
l'Eglise & duCloître, afin d'en descendrel'entrée
à tous ceux qui n'ont pas droit ou permillion
d'y entrer.
Toutes choses étant ainsidisposées, le Roy , la Reine, le Prince, les Infants & les Infantes
partent du Palais en cortège, & se rendent au
Couvent de SaintJérôme, où ils restent jusqu'au
temps de la ceremon ic. Pendant que leurs Majetez,
le Prince, les Infants&les Infantes se
reposent dans leurs appartemens. les Grands &
autres qui font du cortege se tiennent dans l'antichambre
de la Reine, pour y attendre le temps
auquel il faut se rendre à l'Eglise, où l'on va
en l'ordre suivant.
On descend par le grand escalier du haut
Cloître, &on entre dans l'Eglise par laporte
qu'on appelle de la procession. Les Alcaldesde
Cour & de la Maison du Roy marchent les premiers,
ensuite vont les Pages, accompagnez
de leur Gouverneur & du Sous Gouverneur.
Les Ecuyers, les Gentilshommes de laMaison
du Roy & de la Bouche, les Titres de Castille ,
Se les Procureurs des Etats Généraux suivent
immédiatement pêle méle) sans rang ni distinction.
Après eux vont quatre Massiers, deux
à deux, portant,leurs Masses levées. Les Maîtres
d'Hôtel du Roy & de la Reine portant
leurs
leurs bâtons, marchent après les Massiers. Se
font suivis par les Grands, à la telle desquels -
se met le Grand Maître d'Hôtel avec son bâton.
- A la fuite des Grands marchent quatreHeraults
,
ou Rois d'Armes
, portant leurs Cottesde maille
aux Armes Royales, accompagnées de celles des
Royaumes qui ont séance aux Etats Généraux.
Après les Rois d'Armes,paroîtle Comte d'Oropesadécouvert
, portant l'Epée Royale sur l'épaule,
pour marquer la justice & la puissancedu
Roy, en son absence le Grand Ecuyer remplit
sa place.
Quand tout le monde a défilé, le Prince des
Aflttries entre dans la marche, & s'il y a des Ins,
fants ils vont à ses cotez un peu après lui.
A deux pas de distance vont Leurs Majestez,
le Roy à ladroite, revêtu du grand Collier de
la Toisond'Or,& la Reine à la gauche un pelt
ptus, bas que lui,appuyée sur le bras d'un MenÎn,
Be suivie de la Camarera Mayor qui lui
porte la queuë,
Après la Camarera Mayor, marche le Grand-
Maistre d'Hôtel de la Reine,suposé qu'il ne foit
pas Grand d'Espagne
,
mais s'il l'cft ,-il va
avec les autres Grands.
Après le Grand-Maistre d'Hôtel de la Reine
les Dames d'Honneur & les , autres Dames du Palais
, marchent deux à deux en se tenant par la
main. Elles font accompagnées par le Maistre
d'Hôtel de Semaine de la Reine, & par le Garde-
Dames.
Dès que le Cortege arrive dans l'Eglise
-'
la
Musique du Roy, qui est placée dans le Choeur,
commence à chanter, Se ne finit que quand
Leurs Majestez ont pris leurs places.
• Le Roy, la Reine,le Prince, les Infants, les
Infantes,la Camarera Mayor, les Dames d'Honneur
& les Meniues montent sur l'Estrade,& après
avoir
avoir salué le Saint Sacrement,le SacristainMayer
ôte un taffetas cramoisi qui couvre la Courtine,
& après que le Sumillier du Corps ,( c'est-à dire,
le Grand Chambellan)en a tiré le rideau, Leurs
Majestez s'y placent.
Celui qui porte l'Epée Royale se met prés
de la Courtine,ducôté de l'Autel, ayant à sa
droite le Grand Maistre d'Hôtel du Roy, Bek
celui de la Reine s'y trouve, il se place après
lui. Tous trois setiennent debout,&tête nue. Les
Dames d'Honneur,les Dames du Palais & les
Menines se placent au-dessous de cette Courtine.
Les Maitres d'Hôtel du Roy & de la Reine
se placent dans l'espace qu'il y a entre les bancs
des Prélats & des Ambassadeurs
,
visa vis de
la Courtine.
Les quatre Rois d'Armes se mettent sur les
hauts degrez de l'Estrade, deux d'un côté& deux
de l'autre. Les quatre Massierssetiennent sur le
dernierdegré jusqu'à ce que la Ceremonie foit
finie.
Tout étant ainsi disposé
,
l'Officiant commence
la Messe, àlafindelaquelle il prend la
Chappe & la Mitre
,
& confirme le Prince,supposé
qu'il n'ait pas été confirme
,
après quoi il
s'assîed sur un fauteuil au pied de l'Autel, vis-à.
vis duquel il y a un Prie Dieu, sur lequel font
une Croix & un Missel.
Dès qu'il est assis, un Herault avec sa masse
Se sa côte d'armes,monte sur l'estrade
, & crie à
haute voix, ElfJ/lter , Ecouter, Eccute%la lecture
qui va vous estre faite duferment d'hommage,de
foy, d'obéissancedefidélité qu'aujollrti'huJ-les
Infants, les Infantes, les Prélats, lesGrands,
les Chevaliers
,
(y les Procureurs qui font ici
.ffimbJer par ordre du Roy notre Seigneur,vont
préter AUSERENISSIME PRINCE N.
FILS AINE' DE SAMAJESTE'
,
le
le reconnoissantpourPRINCE DE CES
ROYAUMES PENDANT LA VIE DU
ROY, ET APRE'S SON DECE'S POUR
.ROY ET SEIGNEUR NATUREL.
Le Hérault ayant prononcé ces paroles, le
plus ancien Auditeur du Conseil Royal de Castille
lit un Acte qui contient en substance, que tous
ceux qui font presens, d'un consentement unanime
le reconnoissent pour Prince de tous les
Royaumes qui composent la Monarchie d'Espagne
pendantla vie du Roy, & après sa mort
pour Roy & Seigneur naturel. Que ce ferment
se fait librement, de bonne volonté, sans force,
contrainte, ni violence, & qu'ainsi ilslui garderont
h foy &la fidélité comme à leur Seigneur
Souverain
,
& lui rendront l'obéïssance, comme
bons &fideles Sujets, de la même maniere que
l'ont fair & observé leurs Predecesseurs. Qu'ils
deffendront son honneur, & qu'ils le serviront
en toutes les occasions qui se presenteront
fous peine d'être , notez d'infamie. Qu'ils observeront
religieusement la promesse & le ferment
qu'ils font, sans qu'il leur soit jamais permis de
les violer directement ni indirectement, fous
tel pretexte que ce puisse être. en aucuntemps,
ni en aucun lieu, fous les peines déja dites; &
au surplus d'être declarez atteints & convaincus
du crime de Parjure & de Felonie, & que
pour cet effet ils vont prêter leur ferment à la
face du saint Autel, entre les mains de N.
preposé par Sa Majesté pour le recevoir.
La lecture de l'Acte étant faire en la forme <
qu'on vient de dire, les Personnes Royales qui
doivent prêter-le ferment s'approchent du Prelat
qui le doit recevoir, lequel le reçoit en la
forme suivante.
Si c'est une Imperatrice, ou une Reine,
comme il arrive quelquefois, il lui dit, Votre
C Majeé
Majesté jure-telle par cete sainte Croix
,
& par
les saints Evangiles, qui font là presens
,
qu'elle
gardera&observera tout ce qui ejl contenudans
VAUe qui lui a été lù ! & partant, Dieu vous
fou en aide.
Si c'est une Prraccflc d'un autre Royaume,
ou un Infant, il le traite d'Altesse. Le Prince, ou
la Princesse qui prêteferment,répond au PreLc
à haute voix, Je lepromets ainsi. AMEN, &
à l'instant il va baiser la main au Prince, quand
même la Princesse qui prête ferment seroit son
Ayeule ou saTante,ainsi qu'il arriva à la Proclamation
de Philippe MI. que l'Imperatrice
Marie son Ayeule reconnut pour Prince des Asturies,
& lui baisa la main en cette qualité.
Après que les Princes & les Princesses ont
p hé leur ferment, les Prelats vont prêter le
leur par rang d'ancienneté, auxquels lePrelat
qui le reçoit dit, Jurez vjpus degarder observer
tout ce qui ee contenu dans l'Acte qui vous
a été IÛ? ainsi Dieu vous soit en aide,& ces
saints Evangiles. Le Prelat qui prête le ferment
répond, Je le promets & lejureainsi.AMEN.
Cela fait, le Prelat qui tend hommage s'approche
du Prie Dieu du Roy, & le rend entre
les mains d'un Grand d'Espagne, lequel lui dit
Ces paroles: Yurq vous une, deux, trois fois :
une. deux, troisfois ; une, deux trois fois, que
vous prêter foy & hommage au Prince, selon
l'Usage & Coutume d'Espagne, & que vous gav
Jere:{ & ob!ervere'{ ce qui est contenu dans t'¿ia.
"'lMi a étélû? Le Prelat répond comme ey devant,
Je le promets & le jure ainsi. AMEN,& ensuite
il baise la main au Prince.
Lors que les Prelats ont rendu leur hommage,
les Grands qui se trouvent à la ceremonie,rendent
le leur en la même forme, avec cette feule
dHferegce, qu'il ne s'observe entre eux aucune préseance,
préseance, & qu'ils se presentent selon le rang
qu'ils occupent sur le Banc où ils font aiïîs,
au lieu que les Evêques vont par rang d'ancienneté
du jour de leur Sacre.
Les Titres de Castille,c'est à-dire les Comtes
& les Marquis qui ne font pas honnorez de la
Dignité de la Grandesse. vont immédiatement
aprtS les Grands ; les Chevaliers vont après les
Titres de Castille; & les fils des Grands vont
après les Chevaliers ; ensuite les Députez des
Villes. Après le Députez des Villes, se presentent
les Maîtres d'Hôtel du Roy.
Quand tous ces hommages font rendus, le
Grand Maître de la Maison du Roy, qui pendant
toute la ceremonie a été debout avec son
Bâton de Commandement à la main, rend son
hommage, & après luile Comte d'orapesa
, qui
en vertu d'un Privilege attaché à sa Maison, a
droitde te nir l'épée Royale, rend le fien
, Se
dès qu'il l'a rendu, il reçoit le ferment du Grand
qui a reçu la foy & l'hommage des Prelats.
Après que tous les sermens ont été faits , &
que les hommages ont été rendus, le Prelat qui
officié ôte sa Chappe & sa Mitte, & le plus
ancien Prelat de l'Assemblée les prend pour recevoir
le ferment de l'Officiant, après quoy le
Grand qui a reçu la foy & l'hommage des autres
Prelats,reçoit le sien.
Dès que le Prelat officiant a prête ferment
& rendu hommage,un Secretaire de la Chambre
s'approche du Prie- Dieu du Roy, & luydit à
haute voix: SIRE, VotreMajesté accepte-telle le
ferment qu'ont prêté les PersonnesRoyales N. N.
& les ferment que les Prelats, Grands, Titres Chevaliers V' , Deputez des Etats, en vertu des
pouvoirs de leurs Royaumes, ont prêté AU
(ittENISSIlE. PRINCE N. par lequel il le
reconnoissent POUR PRINCE durant la vie
heureuse deVotre Majesté,&après votre decès
POUR ROY ET POUR VERITABLE ET
PROPRIETAIRE SEIGNEUR DECES
ROYAUMES? Jure t-elle qu'elle leur feragarder
& observer tous les Privileges,Usages, &
anciennes Coutumes, & qu'Elle ordonnera qu'il
en soit rendutémoignage i toutes les Citez, Villes
(y Lieux oU il sera necessaire? A quoy le Roy
répond: Jel'accepteainsi &> l'ordonne.
Ainsi finit la Ceremonie de la Proclamation io
qui certainement est une des plus augustes Be
des plus folemnelles qu'on puisse voir.
Comme il n'est pas possible que rous les Pre-
- Jars, Grands, Titres & Chevaliers du Royaume
puillent concourir à cette celebre fonction
le Roy depute dans les Provinces & Royaumes
unis à laCouronne de Castille, des Commissaires
pour recevoir le ferment & l'hommage de
ceux qui n'y ont pasaMIftcj furquoi Don Louis
de satai.trr de Mendoza remarque dans le 25
Chapitre du 4 Livre de son Traité des Dignitéz
Seculieres de Castille & de Léon, que ces Députez
ne s'en retournent jamais les mains vuides,
Tous les Prelats, les Grands, les Titres de
Castille, les Maréchaux, & autres Chevaliers
particuliers qui possedeur des Terres anciennes
Titrées dans les Royaumes de Castille, de
Leon, & de Galice, font obligez de prêter
ferment & de rendre hommage dans l'Assemblée
generale entre lesmains des Commissaires
que le Roy nommepour cela
, moyennant quoi
le Prince des yifiuries monte de plein droit sur
le Trône après la mort du Roy.
Traduction
Traduction de la troisiéme ode du premier
Livred'Horace,
QU E venus fous d'heureux auspices
T'aplanisse les flots amers !
Que Castor & Polluxpropices
Quirent la course sur les Mers!
Qu'eu ta faveur Eole enchaine
Les Tirans de l'humideplainel
Et pour feconder mes defiis>
Qu'il écarte le sombre orage,
Et ne laisse sur ton passage
Que L'haleine des doux Zephirs
Vaisseauqui doit porter Virgile,
Et me répondre de ses jours,
Que dans ton sein toujours tranquille
R:CD n'en puisse allarmer le cours
Que l'onde que ta rame prdTc:)
Sur les bords de l'heureuse Grèce
Rende ce dépôt précieux!
Conserve avec foin ce que j'aime:
La meilleure part de moi même
S'éloigne avec toi de ces lieux.
Sans douteen sa vive colere
Le Ciel arma d'un triple airain.
Le coeur du premier temeraire, -
Qui des Mers s'ouvrit le chemin:
Que sur ua fragileNavire,
Sans pâlir de l'humide Empire,
Traça la route aux Matelots,
Dont l'ame aux éc~ueils agguerrie
Ne redouta point la furie
Desvents armés contre les flots.
Quel genre de mort si terrible
Peut effrayer l'audacieux,
Qui peut braver la Mer horrible,
Ses monstres,ses écueils affreux!
C'est en vain que la Providence
Scut creuser cet abîme immense
Qui separe tant de Climats ,
Foibles, inutiles barritres
Que de Vaissèauxtrop temeraires
Aujourd'hui ne respectent pas.
- : L'Homme trop kardi dans sesvnes, -----
Victime de sa passion
,
S'ouvre des routes deffenduës
,
Et n'écoute plus la raison,
Pere, à tes, enfans trop funeste
J
Helas! avec le feu celeste
„
Que de maux tu nous apportas !
La mort dèslorsplusmeurtriere,
Hâtant notre triste carriere,
Précipita versnous ses pas.
- Dedale
Dédale d'un vol intrépide
Sous fcS aîles brava les airs.
Maigre mille obstacles Alcide
Se fit jour jufqoes aux Enfers.
Qu'eft- il de difficile aux hommes !
Mortels, insensés que nous sommes,
Nous déclarons la guerre aux Cieux.
Nos crimes défiant la foudre,
Sans celle à nous reduire en poudre
Forcent le Souverain des Dieux.
Traduction de la quatorzième ode du
second Livre d'Horace,
A Ml, l'ordre des destinées
Hâte le cours de nos années,
Et précipité notre fort,
La Vertu même avec ses charmes
NOlo prête de trop foibles armes
Contre la vieillesse & la mort.
pour fléchir le Dieu du Tenare,
Qui voit d'un oeil sec & barbare
Les suplices les plus cruels
En vain ta main pure & sans crime
Chaque jour de mille victimes
Enfanglanteroit ses Autels.
Tous dans une Barque fatale
Nous passerons l'Onde Infernale
Que l'on ne repasse jamais.
Pluton dans ses Royaumes sombres
sera descendre au rang des ombres
Les Rois, ainsi que leurs Sujets,
Aux flots irrirés de Neptune,
Aux fureurs de Mars la Fortune
En vain aura Coudrait nos jours.
En vain l'Automne moins cruelle
Par quelqu'influence mortelle
N'en aura point troublé le cours.
11 faudra voir le noir Cocyte,
Qui, sans connoître de limite ,
Roule languillamment ses eaux.
Là Sisyphe &les Danaïdes
Etonneront nos yeux timides
Par leurs vains & cruels travaux.
Tu quitteras avec la vie
Cette Epouse aimable le cherie.
Ces terres, ces biens, ces Palais.
Ces arbres que ta main culuve,
Bien-tôt sur. l'infernale rive
Seront changés en noirs Cyprés..
Tes vins fortis de l'eclavage
Deviendront alors le breuvage
Dun héritier plus digne d'eux.
On verra jusques fous ses tables
* Couler
Coulerces vins plus dele&ables a
Que ceuxque l'on consacre aux Dieux.
Traduction de l'onziéme odedupremier
LfVre d'Horace.
USQUES dans le sombre avenir
N'osons jamais porter nos yeuts,
Ses routes nous font deffendues
,
Le Ciel fanroit nous en punir.
Il vaut mieux avec patience
Sans craindre ou desirer la mort ,-
Attendre ce qu'à notre fort
A
réservé la Providence.
Soit qu'elle préparé à nos jours
Encor de longues destinées,,
Ou qu'elle fait de nos années
Déjàprête à trancher le eours.
Bacchus nous invité à le suivre.
Livrons nousà ses doux plaisirs.
Pour porter plus loin ses deffrs
L'Homme a trop peu de tems à vivre;
Plus vîte que le vent ne fui,
Letems fait d'une aile legere,
Usons du jour quinon? éclaire:
Comptons peu sur le jourqui fuir.
Cts trois odes font du P. du B. J. du
College deLyon.
CV Relation
Relation du Voyage de son Excellence
M. le Comte d'Enceira, Grand de
Portugal
3
cy-devant viceroy & Capitaine
General des Indes Orientales
pour Sa MajestéPortugaise. M le Comte d'Ericeiraayantobtenu
du Roy son Maître la permission
de s'en retourner en Portugal, partit de
Goa,Capirale de tous les Etats que lesc Portugais
possedent dans les IndesOrientales le
25 Janvier 1721, sur le Vaisseauappelle la
Vierge du Cap, percé pour 72. piècesde
canon, mais qui n'en avoir que 30, Péquipage
étoit de 130 hommes. & il y
avoir un grand nombre de Palhgecs Ecclesiastiques
& gens de Justice qui revenoient
en Europe. Le voyage sur Toujours.
traverfc par des vents contraires & par
des calmes plats, sans que le Vaisseau gou.-
vernât, jusqu'à ce que le 9 Mars, à la
hauteur de 11 degrez 25 minutes Sud, 6c
par les 97 degrez 56 minuttes de longi-
HIle, un gros temps survint. Le vent après
avoir fojtïlé par grains, augmentoit de
plus en plus; de sorte qu'on fut obligé de
nf r e à la cape avec sa grande voile toute
h nuic.
Le
Le 10 on secrut être par les 11 degrez
36minutes de latitude; on courut avec
la Mizaine feulement: le vent fit le tour
du compas, & la Mer devint effroyable
Le 11 l'estime fit croire qu'on étoit par
le 13 degrez37 minutes Sud, & par les
97 degrez 53 minutes de longitude, à neuf
heures du loir. En moins d'un horloge
le Vaisseau démâta de tous mats, excepté
le Beaupré. Il s'ouvrit par les flancs &
par d'autres endroits,jusqu'à mettre sept
pieds d'eau dans la caile. La voye d'eau
augmentair; le roulis qui étoit furieux,
empêchoir de couper les haubans,qui foutenoient
encore les mats, les uns du côté
de bas-bord, C,,, les autres de celui de tri-1
bord. A la vue d'un si grand danger l'Equipage
perdircourage, &ilfallut que
M. le Comte d'Ericeira. mit en usage la
sollicitation, les menaces & les coups pour
faire travailler, jusqu'à-ce' qu'enfin le
Vaisseau sur entièrement debarasse de ses
trois mas. Le tourbillon continuoit toujours
, & les secousses du Vaisseau étoient
plus violenres, faute de voiles pour le sontenir.
A la pointe du jour, on s'apperçur
que le gouvernail étoit fendu du haut en
bas, ce qui découragea encore plus l'Equipage,
qui se crutperda sans renource.
Mais M. le Comte d'Ericeira, dont la
prévoyance ÚoÍt admirable, toujours sur
le pont, pour être à portéed'ordonner ce
que la capacité lui inspiroit, obligea trois
des plus habiles Matelots dese faire amarrer
avec des Manoeuvres, pour tâcher de
racommoder le gouvernail; mais la mer
qui étoit extrêmement grotte, & le tangage
du Navire les empêchoient, & ils.
lurent toutes les peines du monde à appliquer
queues barres de fer, & lier le
( gouvernail avec des cordes,
Le il par la hauteur de 14 degrez +
minutes, & par la longitude de97 degrez
25 minures, après avoir jette à la mer
neuf pieces de canon, quantité de marchandées
, & tout ce qui étoit dans la
chambre du Viceroy & dans celle du Conseil
, l'on découvrir heureusement les voyes
eeau; on fit tomber le Vaisseau sur le
nez, en le déchargeant de l'arriere, 8c
l'on tâcha d'appliquer des platines de
plomb pour boucher les voyes d'eau.
Le : J- legros temps continuoittoujours
avec la même violence, sans avoir encore
d'aurre voile que la Civadiere.. Danscet
état, la principale occupation fut celle de
boucher les voyes d'eau, toutes les. pompes
n'érant pas suffisantes pour en venir,
à bout-
Le 14 leVaisseau alloit toujours au caprice
du vent & de la Mer, sans gouvernail
, mais le temps étoit moinsrude.
Le
Le 15 le passa de même que le 14,&
sur le soir on mit un mast de Hune à la
place de celui de Mizaine.
Le 16 on envèrgea un petit perroquet à.
la place du petit hunier, & un petit hunier
à la place de la Mizaine. Pour lorsle
Vaisseau gouverna vers l'IsleBourbon,
ou Mascaragna,éloignée d'environ 48a
lieuës, c'étoit la terre la plus proche où
l'on pur relâcher.
Le 17 par la hauteur de 1 5degrez 40
minutes,& par les 95 degrez16 minutes
de longitude, on mit un autre mast dehune
à la place du grand mast.
Le iX; le 19 & le 10 furent employez
à gréer les voiles, les haubans, & ce qu'il
falloit deplus pour continuer le voyage.
Le 28 on eut connoissance de l'lae de
Diego Rodrigue
,
qui est par la latitude
de 19 degrez 14 minutes, & par la longitude
de 83degrez 13 minutes. Le 19
on fut aussi à la vue de terre..
Le 30 on essuya un très gros temps.
qui augmenta encore les deux jours iuivans.
Le 3 Avril on vit à la distance d'environ
trois lieuës l'IsleMaurice,nommée par
les François l'HIe de France.
Le 4 on eut connoissance de l'Isle
Bourbon
,
où l'on mouilla le 6 à la pointe
du jour sur seize brades d'eaudans la
rade
rade saint Denis, au fond de laquelle est
te quartier & l'habitation deM.de Beauvoilier
de Courchant, Gouverneur de l'isle
pour SaMajesté Très Chrétienne,lequel
reçur M. le Comre d'Ericeira avec tous
les honneurs qui font dûs à un Seigneur
d'une naissance aussi distinguée que la
sienne, & avec toute la magnificence qu'un
rel lieu pouvoir le permerrre. Il le reçue
à son débarquement tous les armes,le fit
saluer de sept coups de canon, & accompagner
par les Habirans jusqu'à la maison
qui lui avoir été préparée, oùil entra en
passant par une doublehaye de cetre Milice
, qui le falua de trois décharges de
mousqueterie.
M. l'Archevêque de Goa, qui étoit
ressé dans le Vaisseau,n'étant pasenétat
de marcher
,
& ne pouvant trouver ni
chaise, ni palanquin pour se faire porter
à la maison qui lui avoit été destinée
,
8c
qui étoit fort éloignée de l'endroit où l'on
avoit debarqué; le Gouverneur lui sir
dire que la Mer érant très calme, il lui
feroit pluscommode de se faire mettre à
tene auprès de cette maison, où il l'alla
recevoir le même jour avec les habitans
fous les armes,de la mêmemaniéré qu'il
avoir fait le matin àl'égarddeM.leViceroy
à l'exception du bruit du canon , dont on manquoit en cet endioit-là; mais •il
il avoir été salué en sortant de son bord de
sept coups.Comme il y avoir sur le Vaisseau
plusieurs malades, M. le Comte d'Ericeira ,
tendre & compatissant, les fit mettre à
terre, & leur fit préparer une '-maiton..
Le 16du. mêmemois, à la pointe du
jour, il parut deux Vaisseaux qui s'approchoient
de saint Denys,avec la brife assez
forte. Ils avoient tous deux pavillon Anglais.
M.le Comte d'Ericeira qui étoit
à terre dans une maison qui n'étoit pas
éloignée du bord de la Mer, & à une certaine
distance de celle où croient les malades,
les passagers, & les domestiques, s'en
alla promptement à son bord, suiviseulement
de deux Gentils-hommes
,
dont l'un
avoir été son Capitaine des Gardes dans les
Indes, & l'autre Capitaine de sa Chaloupe.
d'un Capitaine d'Infanterie au Régiment
de Goa, & d'un Valet de chambre. M. de
Courchant sit tout ce qu'il put pour empêcher
son Excellencede s'aller exposer
dans une rade foraine sur un Navire tout
délabré & sans soldats; mais sa valeur
l'emporrant sur l'avis de ce Gouverneur, il lui dit qu'il croyoit qu'il étoit de son
devoir de courir les mêmes risques que
le Vaisseau du Roy son Maître, qui lui
avoit été confié.
Avant que de radouber le Vaisseau on
avoir découvert le derriere pour levisiter,
&
& l'on avoit trouvé 45 courbes crevées
par la force du roulis. Son Excellence
n'ayant que 21 pieces de canon, 34 fusils,
point de sabres, d'espontons, ni de grenades;
ôc enfin manquant de tout ce qui
effc necessaire pour empêcher un abordage,
à cause que quelquescaisses pleinesdeces
armes avoient été jettées à la Mer
, avec
une partie du canon&les marchandises;
il ne faut pas s'étonner si on se trouva
dans un grand embarras, mais comme les
plus grands perils ne font pas capables
d'effrayer ce Seigneur, il se prepara le
mieux qu'il put à se deffendreà l'anchre,
faute de mats ôc de voiles pour se battre
en faisant des bordées.
, La côte de l'luc étant dépourvuë de
canon ,
deforteresses & de troupes, il n'étoit
pas possible d'empêcher l'approche
des deux Vaisseaux en cas qu'ils fussent
Pirates, ni de fournir des Chaloupes aux
Passagers & aux Matelots qui étoient restez
à terre,n'y ayant que des Pirogues d'une
feule piece de bois, que les Habitansne
voulurent pas même risquer.
Cependant les Vaisseaux approchoient
tous deux pavoisez de rouge, & étant à
portée dufmn, virerent leurs Pavillons
noirs semez de Têtes de Morts,& com..
mencerent brusquement x envoyer des
bordées de canon & desdécharges de
mousqueterie.
mousqueterie. M. le Comte d'Ericeira
resolu de vaincre ou de périr, en fit faire
autant à son Vaisseau. Mais quelques efforts
qu'il fit, la partie étoit trop inégale
pour n'être pas accablé. Le Victorieux
un des Vaisseaux Forbans, monté de 36
piéces de canon, & de 200 hommes d'équipage
,
commandé par la Bousse,François
de Nation, moüilla fous son beaupré
, & en même tems l'autre Forban
nommé la Fantaisie
,
commandé par Siger
Anglois de 58 canons &. 280 hommes
d'équipage vint par le Gaillard ducôté
de Tribord, mais le feu des Portugais
lui firent manquer l'abordage
, & après
avoir été repoussévigoureusement ,ilalla
se mettre à l'Atribord
, toutouvert &
sans deffense, & continua son feu jusqu'à
ce qu'il eut fait sauter la Dunette. Le
Vaisseau pour faire mieux servir son canon
,
tâcha de presenter le côté aux ennemis
en faisant couper son Cable, mais
malheureusement le calme qui survint tout
à coup, fit que le Vaisseau n'appella pas
sur son Cable d'afourche, demeurant immobile
faute de vent& de lame. Cependant
le feucontinuoit de toutes parts,&
déja sept canons du Vaisseau Portugais
étoient hors d'état de servir
,
l'un ayant
fauté à la Mer par le Sobord, & six ayant
été démontez de leurs affuts, lesquels fu-
[est
rent brisez par la violence du roulis du
Vaisseau avant & après qu'il eut été demâté,
ce qui donna moyen aux Forbans
de monter à l'abordage pour la seconde
fois, & en vinrent à bout, sautant par le
Beaupré, par l'Arriere, & même par les
Sabords, par où ils entrerent près de 100
hommes
,
qui accablerent les Portugais,
dont le nombre étoitfortdiminué par les
morts, par les blessez
,
& par ceux, qui
au nombre de 13. avoient gagné le Vaisseau
le Victorieux & pris parti avec les
Forbans. Le reste de l'équipage se jetta à
la Mer, tâchant de gagner la terre à la
nage, ou se precipita dans la Calle
)
tellement
que M.le Comte d'Ericeira se trouva
sur le Pont abandonné de tout son monde
, excepté d'environ vingt personnes,
y compris ses trois Domestiques, & ceux
qui resterent dans l'entre- pont, gardant
le lieu où on les avoir placez.
Comme Son Excellence a eu la bonté
de nous communiquercette Relation écrite
de sa propre main , & que sa modestie
nous a imposé silence sur une infinité
d'actions heroïques qu'il fit durant ce rude
combat, dont le Gouverneur de l'ine
Bourbon a envoyé un détail exact & circonftancié
à la Compagnie des Indes, nous
sommes forcez malgré nous de supprimer
ce que la Renommée ne manquera pas de publier,
publier,& nous nous contenterons pour
obéir à M. le Comte d'Ericeira, de dire
simplement qu'il demeura ferme sur le
Gaillard de derriere
,
où il essuya un feu
terrible & continuel à la tête de sa petite
Troupe, composée d'onze personnes ,où
il fut d'autant plus exposé
, qu'ayant lui
seul un habit d'écarlate
,
les deux Vaisseaux
Forbans avoient toujours tiré sur lui, le
choisissant à chaque coup ,
de sorte que
c'est une espece de miracle qu'il n'ait pas
été tué, ayant été obligé de pointer luimême
plusieurs canons avec des morceaux
de bois, faute d'instrumens necessaires ,
ce qui irritoit si fort les Forbans, qu'un
d'eux étant passé à l'Arriere & ayant coupé
la Doisedu Pavillon, plusieurs autres se jetterent
impetueusement sur lui à coups de
sabre, dont il en para un fort heureusement
desa canne, selon le rapport qu'en
a fait le Gouverneur de l'Isle Bourbon.
Mais enfin , accablé par la multitude, il
fut saisi par derriere , & renversé sur le
Pont, où il se dessendit encore intrepidement
avec sa canne, la lame de son épée
a y ant été cassée. Il seroit pourtant peri
fous les coups redoublez, si Taylor Anglois
& Quartier-Maistre des Forbans n'eût
pas crié aux siens de ne le pas tuer ,& de
taire cesser par tout le carnage. Il y avoit
sur le Pont plusieurs Portugaismorts ou blessez
Menez, & le nombre des Negres Esclaves
qui étoient à bord
,
destinez pour le Bresil,
sur diminué de plus de soixante.
M. le Comte d'Ericeira fut conduit à
bord du Vaisseau la Fantaifle
,
& traité
fort civilement par les Forbans. Ils lui
rendirent même son épée
,
quoiqued'Or,
& sa Croix de l'Ordre de Chrill. Quelque
tems après le Vaisseau Portugais qui
étoit degréé des vergues & des iiianoeti.,
vres fut remorquéjusqu'à la rade de Saint-
Paul, éloigné de 7 ou 8 lieuës de celle
de Saint-Denis.
Les Forbans détacherent le Vaisseau le
Victorieux,qui étoit le meilleurVoillier,
lequel arrivaavant la nuit, & ayant envoyé
Ú Chaloupe à bord d'un Vaisseau
Ostendois, nommé la Ville d'Ostende, de
24 canons & de 60 hommes d'équipage r commandé par le Capitaine Erderik-Andrik,
qui se rendit sans avoir tiré un seul
coup de canon, à cause que l'équipage,
qui s'étoit mutiné contre le Capitaine ne
voulut pas combattre; Ce Vaisseau qui
avoit relâché pour boucher plusieursvoyes
d'eau, ayant appris ce quise passoit à Saint-
Denis, s'étoit approché de terre sur un
pied à demi d'eau.
Le Gouverneur de l'Isle, qui étoit allé
par terre à Saint - Paul, où il craignoit
quelque descente, y étoit arrivé à la pointe
du
du jour pour donner avis des Forbans,
& pour faire mettre les Habitans fous les
armes, afin d'être en état de deffense. A
huit heures du soir M. le Comte d'Ericeira
vit venir à bord Cogdom
,
Forban Anglois
,
qui avoit commandéun Vaisseau, ÔC
avoit obtenu pour lui & pour son équipage
une Amnistie au nom du Roy & de
la Compagnie. Il fit à Son Excellence des
complimens de la part du Gouverneur,
& tâcha de persuader les Officiers Forbans
de laisser aller M. le Comte d'Ericeira à
terre, mais quelques instances qu'il en fit,
il ne put rien obtenir.
Le jour suivant Son Excellence parla
elle même au Capitaine François la Bousse,
qui lui promit de faire tous les efforts
imaginables pour obtenir sa liberté, mais
il lui fut impossible de vaincre l'obstination
du Capitaine Siger Anglois.
M. le Comte étant à table avec ces malheureux-
là, leur dit en riant: Qu'il étoit un * meuble bien inutile dans unVaisseauForbant,
qu'il ne leur servoit à autre chose
qu'à faire devenir leurs vivres plus rares, & qu'ils le devoient laisser aller à Fine
Bourbon. Sur quoi Siger lui demanda si
Son Excellence pourroit trouver à terre
.!ooo piastres pour sa Rançon. Elle lui
répondit: Qu'après avoir perdu tout ce
qu'Elle avoit, il feroit peut-être assez dif-
.1 sicile
sicile de trouver cette Comme, mais qu'on
lui permît d'écrire à M. le Gouverneur
par un de ses Gentilshommes; ce qui lui
fut accordé, & le lendemain la Bouffe
s'offrit pour aller lui-même porter la Lettre.
Les looo piastres arriverent à midy,
& les Forbans tapisserent magnifiquement ,
leur plus beau Canot qu'ils offrirent à M.
le Comte pour le conduire à terre. Les
Officiers l'accompagnerent, chaqueVaisseau
, aussi-bien que les Prites le salüerent
de 21. coups de canons, & par onze cris
de rive le Hoy.
Le Gouverneur toujours attentif à ce
qui étoit dû à Son Excellence, l'attendoit
sur le bord de la Mer, à la tête de quelques
Habitans le fusil sur l'épaule, & le
mena dîner chez M.des Forges-Boucher,
Lieutenant de Roy de liste. Les Forbans
resterent encore deux jours à terre, se
promenant par tout sans armes, & sans
faire insulte à personne. Ils demandèrent
quelques rafrachissemens qu'ils payèrent
au prix courant. Ils voulurent faire pretent
au Gouverneur d'une magnifique Pendule
d'Angleterre, mais il la refusa. Ils
partirent enfin après avoir tenu Conseil,
manquant à la parole qu'ils avoient donnée
de rendre une des Prises après l'avoir
foüillée. On croit que ce manquement de
parole vient de ce que les Portugais & - les
les Flamans
,
qui avoient pris parti avec
eux, leur firent accroire qu'il y avoit des
Diamans cachez,ce qui étoit faux.
Son Excellence demeura à lisle Bourbon
jusqu'au 15 Novembre, qu'Elle
en partit pour France sur le Vaisseau le
Triton de. la Compagnie des Indes de 34
Canons; commandé par M. de Fougeray-
Garnier de Saint- Malo, qui venoit de
Moka chargé de Caffé.
M. desFougeray- Garnier traita M. le
Comte d'Ericeira avec toute sorte d'attention
& de déference jusqu'au Port-Louis,
où le Vaisseau mouilla le zi Mars dernier.
S. E. y reçut beaucoup de marques de la
bienveillance de S. A. R. Monsieur le
Duc d'Orléans, qui ordonna à M. de
l'Ettobee, Directeur de la Compagnie
des Indes au Port de l'Orient, qui appartient
à la Compagnie, &qui n'esteparée
du Port-Louis que par une petite langue
de terre, de traiter ce Viceroy avec
les égards que meritent sa dignité, sa
haute naissance & son mérité personnel;
il lui fit offrir de l'argent, & tous les se-
-
cours dont il auroit besoin.Mrs les Com.
missaires en firent autant de leur parr.
Ce Seigneur a été reçu par-tout avec les
marques d'honneur & de distinction qui
lui font dues. Il arriva à Paris vers le
milieu de l'autre mois. M. d'Acugna,
Ambassadeur
Ambassadeur & Plénipotentiaire de S. M.
Porrugaife le presenta au Roy & à Monheur
le Regent, qui l'ont reçu gracieusement.
-
M. le Comte d'Ericeira a epousé une fille
du Comte de Ribeira & d'une Princesse
de la Maison de Rohan-Soubise, foeur
du Prince & du Cardinal de Rohan. Il
est fils du Comte d'Ericeira, si connu
dans la republique des Lettres par sa
grande érudition, & par les éloges que
lecele bre Despreaux lui a donnés. M. le
Comte d'Ericeira dont nous parlons, n'est
pas moins distingué par son esprit&par
son fejavoir7i il a les manieres nobles &
engageantes, il parle notre langue dans
la perfection, & il est si fait à nos usages,
qu'on diroit qu'il a été élevé à la Cour
de France.
EPITRE A DAMON.
SOuffre
qu'envers Toy je m'acquite
Du tribut qu'en tous lieux on rend à ton merite ,
Et que mon coeur ici se découvrant au tien,
Je te parleen ami sincere,
Et sur tout en ami Chrétien;
Tout ce qu'il faut pour plaire.
Chez Toi nous le trouvons, il ne te manque rien.
Dans
Dans l'âge où la raison si rarement nous guide,
Où l'on fc li vre en proyeà ses jeunes desirs,
Jusques à tes plaisîrs
La Sagesse préside »
Can. Toy le Ciel a joint aux qaalitez dueoeur ,
Celles du plus aimable Be du plus beau Génie J
Il fut prodigue en ta Faveur
De cent talens qu'aux autres il dénie:
Lorsque ta voix fait retentir les airs,
Tout s'arrête, charmé de sa douce harmonie,
Elle est l'ame de nos concerts,
Et seroit rougir Polymnie,
Si la Belle existoit ailleurs que dans nos Vers.
Unenoble pudeur brille sur ton visage,
Ta bouche ne dit rien qui ne lui foit dissé
, Par la droite raison
, ou par la vérité.
Qui mieux que Toy (pit juger d'un ouvrage *
-
Un goût exquis, ami de l'équin:
,
Te fut donnédès l'enfance en parrage;
Et je ne connois point d'Auteur
Qui ne doive se faire honneur
De meriter d'obtenir ton fufïra^c.
Le Dieu qui t'a formé
Si charmant, si parfait, si digne d'être aimé,
De ton coeur, cher Damon, veut le prcmier
hommage,
Luy-mèmeen te créant, de sa Divinité
Imprime sur ton front larespectable image,
Et t'a fait, naître enfin pour l'immortalité:
Un Royaume éternel, voila ton appanage ,
Si tu le fers avec fldelité.
Pourt'affranchir d'unaffreuxesclavage,
Sçais-tu ce qu'il en a coûté ?
Tout lesang de ton Dieu:Quel autre témoignage
Exiges-tu de sa bonté?
Que ton ame étoit chere!ah ! de grace envisage
Quel est son prix, sa dignité.
Tu m'as vu dans le Siecie esclave miserable,
Suivre des partions l'imperieuse loy,
Maintenant revenu d'une erreur déplorable,
Te ls dirai-je, Ami, j'éprouve, je conçoi
Qu'on ne trouve qu'en Dieu son repos véritable;
Tu pourrois t'en fier à inoy;
J'en veux bien cependant apeller à toi-même:
Sont-ce des biens en foule, est-ce un rang
fastueux
,
Des plaisirs passagers, vains & tumultueux
,
Qui fassent ici bas notre bonheur suprême
Non,non, quels que soient leurs attraits,
Ces plaisirs dans un coeur laissent un triste vuide,
Ilen est tou jours plus avide;
Rien ne sçauroit fixer ses desirs inquiets,
Chaquechose a son centre, & Dieu scal est le
nÔtre,
Des coeurs formez pour lui n'en peuvent avoir
d'autre.
Et d'ailleurs, tu lesçais, ni les jeux, ni les ris
N'écarcent
N'écartent point la sombre inq uiétude,
C'est en vain qu'on la charte
,
elle met son étude
A voltiger autour des plus riches lambris;
Les Grands ressentent ses atteintes
Encore mieux que les petits.
Les soupçons importuns , d'où naissent mille
craintes,
Les pâles soins,les noirs soucis
Environnent le Trône où le Prince est assis;
Qui peut donc rendre l'homme heureux en cette
vie ?
Aimer Dieu,le servir, considerer la mort
Avec un oeil d'envie,
L'attendre avec transport,
Ne soupirer qu'après la celeste Patrie,
Où Dieu nous garde un meilleur fort ; s
Mettre dans ses bontez toute sa confiance,
Songer quelle fera la beauté, la grandeur
De l'auguste Palais, où sa magnificence
Doit briller à nos yeux dans toute sa splendeur :
Voila ce qui peut faire enl'état où nous sommes
Du Chrétien le plus affligé,
Le plus heureux de tous les hommes :
Point d'ennui si cuisant
,
qui ne soit soulagé;
Point aussi de plaisir
,
qui bientôt ne nous lasse,
Et qui ne perde ses appas,
Lorsqu'éclairez du nambcau dela grâce,
Nousnousressouvenonsenvoyantquetoutpasle,
Que le Ciel a des biens qui ne passeront pas:
Ces seuls biens, cher Ami,merirent ton estime:
La sainteté peut feule éterniserton nom,
Je ne sçaurois offrir à ton coeur magnanime
Unplusnobte dessein
, un objet plus sublime,
Et plus digne à la fois de ton ambition.
Tu pardonneras bien la longueur du Sermon
A ma tendresse, au zele qui m'anime;
Je ne fuis point entré dans le sacré Vallon,
-
Pour t'exprimer mes secrettes pensées;
C'estla grace & l'amour qui te les ont tracées
Voila mon unique Apollo, --
Daigne sur toi le Ciel êpuiser ses largesses ,
Qu'il écarte loin de tes pas
Les Syrenes enchanteresses
,
Dont les regards portant un assuré trepas
Livrent tant de mortelsauxflammes vengeresses.
1
-
Mais le Soleil a déja fait sontour,
La nuit d'un voile obscur couvre notre hernie
sphere :
,
: -
Je t'ayparlesansfeinte& sans detour,
Adieu, veille sur toy ,
travaille, prie,espere
, -
Songe que ton faimest ta plus grande affaire
,
Etqu'il ne sert de rien aux plus fiers Potentats,
;
De conquérir par le fer & la flamme
Tant de vastespays, tant de puissans Etats,
S'ils viennent perdre leur ame.
Par le P. de P. y.-
LETTRE
LETTRE DE M. CAPERON,
ancienDoyen de Saint Maxent,
à M** * au sujet de deux anciens
Tombeaux qui ont été découvrts Ii *
la Ville d'Eu.
MONSIEUR,
Comme bien loin d'être dans l'indissrence
où vivent la plupart des gens pour
tout ce qui ne regarde pas leurs interests
personnels, vous prenez tout au contraire
beaucoup de part à tour ce qui a le moindre
rapport à la gloire de votre chere patrie;
connoissant d'ailleurs combien vous
aimez tout ce qui a quelque goût de litteature,
& qui peut donner la moindre
connoissance de l'antiquité; j'ay cru vous
faire plaisir de vous apprendre une découverte
qui s'est faite ces jours passz de deux
anciens tombeaux, & dequelques autres
particularitez qui confirment ce que j'ay
dit sur l'antiquité de la Ville d'Eu, dans
l'essay qui fut inféré dans les Mémoires
de Trevoux du mois de May 1716.
Vous sçaurez donc, MON51EUP-,que
lé J., du mois de Novembre dernier, un
Particulier qui labouroit une piecede terre
limée sur le penchant d'une coline qui est
• à l'Orient de cette Ville, éloignée d'environ
150 pas de la porte que j'ay dite
avoir été anciennement la plus considerable
de la Ville, quoi qu'à present murée,
(lX presque joignante un chemin qui conduisoit
autrefois à cette porte; il arriva
que le fer de sa charrüe rencontra le ddrus
d'un tombeau de pierre de taille, & l'ayant
reculé hors de sa place, la charrüe s'enfonça
dans ce tombeau, ce qui l'obligea
d'arrêter pour examiner ce que ce pouvoit
être. Ayant tiré la terre, il se trouva qu'au
lieu d'un tombeau il y en avoir deux tout
proche l'un de l'autre, tous deux également
de pierre de taille, ayant chacun
leur couvercle de pareille pierre. Dans l'un
il y avoit les ossemens d'un corps qui y
avoit étéinhumé, au lieu que dans l'autre
il ne s'yen trouva pas.
Etant allé moi-même sur les lieux avec
quelques autres personnes pour examiner
de près cerre découverte ; voici ce que
j'observai Il ne se trouva aucune inseriprion
sur ces tombeaux; mais ayanr fait
foüir la terreaux environs, je remarquai
d'abord que la terre n'y avoir pas été generalement
remuée comme dans un lieu
où l'on auroit déposé certain nombre de
corps
corps ou d'ossemens; mais il se trouvoit
feulement d'espace en espace quelques endroits
où l'on voyoit visiblement que la
terre avoir été remuée, pendant que les
environs étoient dans leur état naturel. Or
ces endroits qu'on voyoit avoir été remuez,
étoient d'environ trois à quatre
pieds de longueur, sur un pied 6c demi ou
deux pieds au plus de largeur, & parm i
la terre qui les remplissoit, il s'y trouvoit
des ossemens de corps humains mélangez
sans ordre & en assez petit nombre, dont
plusieurs même n'étoient pas entiers. Je
n'y vis, par exemple,que deux feules vertebres
de l'épine du dos, quelques os des
bras, des jambes & des cuisses. Il n'y fut
trouvé aucune tête, & il ne parut pas qu'il
yeut eu aucun corps inhumé de son long,
comme l'on fait dans nos fosses ordinaires j
n'ayant pas vû d'ossemens rangez,comme
ils doivent être, lors qu'on a inhumé
un corps de cette façon. Bien loin de
cela, dans chacun de ces trous il ne se
trouvoir an plus que sept à huit os, presque
tous differens, & comme j'ay dit, sans le
moindre arrangement naturel. Enfin dans
l'un de ces trous, il se trouva une urne
ancienne de terre fort dure, danslaquelle
il n'y avoitquedela terre grise dontelle
étoit pleine, Sec'ctf tout ce que j'ay pu -
remarquer, sur quoi il me reste à faire mes
reflexions. D îiij Premiere
Premierement, je dis, MONSIEUR.
que vu cette découverte de l'urne, l'on ne
peut pas douter que le lieu où l'on a trouvé
ces tombeaux & ces ossemens, ne fut du
temps des Romains le lieu qui étoit destiné
pour y déposer les cendres, les ossemens,
& quelque-fois les corps entiers de ceux
qui mouroient dans la Ville d'Eu
, ce qui
s'appelloit alors Offarium ou Offttaria, &
que nous nommons Cimetiere ; car tout le
monde sçait que les Romains ne permettoient
pas que les corps & les ossemens
des défunts fussent inhumez dans les Villes,
conformément a cette Loy des douze Tables
: Hominem mortumum inVrbe ne ftpe.
lito, neve urito. Cic.lib. 2. de Leg.
Cette Loy parle & de la sepulture des
corps, & de ce qu'on les brûloit, parce
qu'il dépendoitde la volontédes mourans
d'ordonner qu'après leur mort leur corps
fut ou inhumé dans un tombeau,ou brûlé
sur un bucher ; c'étoit neanmoins cette
derniere methode qui étoit la plus usitée.
Voilà donc pourquoi à la vérité on a trouvé
ces deux tombeaux, dans l'un desquels
le corps de quelque personne de distinction
avoit.. été inhumé, parce que cette personne
l'avoit ainsi souhaitéavant que de
mourir; ce qui avoir onné lieu à la dépense
des deux Tombeaux faitsdedestinez
peut-être ( étant si proche l'un de l'autre)
pour
pour le mary & la femme, ou pour le
pere& l'enfant, celui des deux qui resta
ayant pû ensuite mourir ailleurs, ce qui
a pû donner lieu à ce que l'autre tombeau
soit demeuré vuide.
Pour ce qui est de l'urne, c'est ce qui
fait la preuve que ce lieu étoit destiné pour
y inhumer les corps & les ossemens des
morts, lors que l'usage subsistoit encore
de brûler les corps des définis, sur tout
si l'on joint à cela
, & quels ossemens on
y a trouvé, & le peu d'ordre dans lequel
ils se font rencontrez;car vous n'ignorez
pas, MONSIEUR, que suivant l'ussage
établi chez les Romains pour les funérailles,
lors qu'on avoir brûlé un corps,l'on
ramassoit exactement les cendres, on les
lavoit ensuite avec du vin & du lait, aussi
bien que ce qui restoit des ossemens qui
n'avoient pas été brûlez, & l'on mettoit
ensuite le tout dans une urne, si elle
étoit suffisamment grande, sinon l'on
y mettoit feulement les cendres, & enterrant
ensuite cette urne, l'on enterroit
aussi auprès ce qui étoit restéd'ossemens.
- Il ne faut donc pas estre surpris s'il n'y
avoit que de la terre grise dans l'urne qui
a été trouvée, puisqu'elle n'avoit été remplie
qué de cendres; si tout ce qu'on a
trouvé d'ossemens étoit sans ordre, plusieurs
même n'étant pas entiers ) qu'il
ne s'en soit pas trouvé de petits & de menus
, tels que les côtes,ou ceux desmains
ou des pieds; car puisque l'on n'enterroit
que ceux qui écoient échapez par hazard
à la violence du feu, les plus petits étoient
sans doute ceux dont il restoit le moins,
plusieurs n'étant pas même entiers, parce
qu'ils avoient été brûlez en partie; & il
y a apparence que comme la tête étoit ce
qui pouvoitle plus toucher lacendresse des
parens, on prenoit d'autant plus de soin
qu'elle fut brûlée. Enfin ne s'étant trouvé
qu'une feule urne dans quatre ou cinq
fosses où il y avoit des ossemens, il est à
presumer que plusieurs se contenaient de
deposer dans la terre les cendres & les
restes des ossemens, sans s'embarrasse
d'une urne. D'ailleurs, comme l'on n'a
foüi qu'un assez petit espace autour des
tombeaux, il y a lieu de croire qu'il peut
y avoir encore d'autres tombeaux & d'autres
urnes dans la même piece de terre.
Voici maintenant ce que je conclus de
tout cela;scavoir, que cette urne, ces
tombeaux, & ces ossemens) ayant été
posez dans ce lieu lors que l'usage de brûler
les corps des défunts subsistoit; il s'enfuit
qu'il faut qu'il y ait plus de seize cens
ans qu'ils y ont été mis; car selon le fçavant
Alexandre ab Alexandro lib. Jier.
ltnilil. l.2. 3. cet usage a duré jusqu'au
temps
temps des Antonins Empereurs des Romains,
c'est-à-dire jusques vers l'an 160
de Jesus-Christ; aussi M. Gronovius faitil
voir par les partages formels de Xiphilin
& de Fcftus Pompeius, qu'on enterroit
rarement tous les morts du temps de
l'Empereur Commode, qui succeda à Antonin
le Philosophe, par consequent il
faut que ces ossemens & ces tombeaux
ayent été posez dans cette piece de tere
avant l'an. 160 ) il y a donc plus de seize
cens ans. -
De plus, je me fers encore de cette
découverte, pour justifierce que j'ay dit
dans mon Essay touchant l'ancienneté de
la Villed'Eu, parce qu'ilestvisibleque
tout ce qui s'observoit à l'égard des lieux
où l'onplaçoit les tombeaux, & où l'on
enterroit les ossemens de ceux qui mouroient
dans les Villes qui subsistoient du
temps des Romains, & qui leur étoient
soumises
,
se trouve fidelement executé
à l'égard du lieu oùont été trouvez ces
tombeaux par rapport à la Ville d'Eu,
car,comme j'aydéjàdit,le lieu où l'on
pofoit les tombeaux & les ossemens des -
morts devoit être hors de la Ville. Il dévoie
estre à son Orient: Sepulchra ipsa
ad Orienlem posita
,
dit Diog. Laert. in
Solon. selon Vorron. lib. 5. de fing.Lat.
il devoit eue proche les grands, chemins
les plus frequentez, & aux avenuës des
Villes, afin, dit-il, que les passants se
souvinssent qu'ils étoient mortels, & que
ceux dont ils voyoient les sepultures l'avoient
été comme eux. jQu* ( sepulchra )
proeterenntes admoneant,&se eHe, & illos
ftttjjt mortales. Or voila justement quelle
est la situationdu lieu où setrouvent placez
les tombeaux découverts. Ils font i
l'Orient de la Ville,éloignez feulement
d'environ 1 50 pas de la principale porte
par laquelle on y entroit anciennement,
& proche le grand chemin qui y conduisoit
: tout cela marque donc que cette Ville
subsistoit du temps des Romains, que la
porte qui est presentement muréeétoit
alors incontestablement la plus considerable,
auflfi bien que le chemin qui y conduit,
& qui estle moins éloigné des tom- beaux. De là je conclus encore que feu M. Huet,
ancien Evêque d'Avranches, n'a pas pensé
juste, lors qu'il a prétendu dans ses origines
de Caën, page 235 , que la Ville
d'Eu tiroit son nom des mors Allemands,
Au, Aur, Aure,lesquelssignifient
un Pré; car outre qu'il est visible que la
Ville devoit être située dans les prairies,
comme il le suppose, elle est presque entierement
placée sur une colinc très seiche,
c'est que par la situation de ces tombeaux
on
on reconnoît qu'elle a toujours été située
dans le lieu où elle est, & pour le moins
qu'elle l'étoit long-temps avant que les
Allemandsfussent entrez dans les Gaules;
car si du temps des Romains cette Ville
avoit été située dans les prairies de la vallée,
la principale partie n'auroit pas dû estre
placée où elle est, & leur grand chemin
militaire qui vient de la Picardie,loin de
traverser la vallée pour se rendre à cette
porte, auroit dû aussi se terminer naturellementdumême
côté de Picardie; 5c
ces tombeaux pour estre placez à l'Orient
de la Ville, auroient aussi dû être de l'autre
côté de la vallée. Ainsi cette Ville n'a
donc jamais été situéedans les prairies, ni
du temps des Romains
,
ni depuis ce tempslà
; ainsi la pensée de M. Huet ne peut
estre vraye. Enfin j'ajouterai ici, pour confirmer
ce que j'ai dit de l'ancienneté de la
Villed'Eu, qu'il s'y voit encore aujourd'huy
en son entier un ancien Temple
consacré autrefois ou aux Dieux des Gaulois,
ou à ceux des Romains; il estdans
la ruë de la Chauffée, & il est aisé de
voir par la massonnerie & le mortier,
qu'il est aussi ancien que les plus anciennes
murailles de la Ville. Voilà ce que
j'avois à vous dire touchant cette découverte;
il ne me reste qu'a vous assures que
je fuis, &c.
rtfiN, «Il Decembre 1721.Mad.
MADRIGAL.
TIRSIS
qui croit tous les songes menteurs,
S'endormit l'autre jour dans le fond d'un bocage,
Et Morphée aussi tôt lui presenta l'image
De son Irissensibleàses tendres ardeurs.
Le plaisir longtems ne sommeille,
Dans ce moment Tirfis s'éveille,
Sa Bergere paroît à ses regards surpris :
Dieu des pavots, dit il,faut-il que tes mensonges
D'un feu sincere soient le prix!
L'Amour qui l'écoutoit força la jeune Iris
De retablir l'honneur des songes.
Extraitd'une Lettre écrite de Bourges
le26 Avril1722. vOus êtes priez, Messieurs, de vouloir
bieninserer dans votre premier
Mercure le Jugement ci-joint
,
en attendant
qu'on puisse vous adresser celui qui
fera prononcé contre les faux Dénonciateur,
Témoins,&c.
EXTRAIT DU JUGEMENT.
Jacques Barberie, chevalier, Marqnb
de Qonneiïie & autrelieux,Conseiller
dm
du Roy en ses Conseils,Maistre des Requesteshonoraire
de son Hôtel, Intendant
de JHflÙe, police Ù1 Finances en la Generalité
de Bourges, juge & Commissaire
Député par Sa Majesté en cette partie.
Vû le Procés Criminel extraordinairement
fait & instruit à la requeste du Procureur
du Roy de la Commission, contre lessieursNICOLASFRANÇOIS LANÇON,
Conseiller au Parlement de Metz, PIERRE-
FRANÇOIS BARET, sieur de Ferand,
Directeur de la Monnoyede cetteVille,
PIERRE DUMAN
,
Commis à la Recette
generale des Finances de cette Generalité ,
&la nommée MARIE POTTIER, femme
du nomméParent, habitant de cette dire
Ville, &c. O UY le Rapportde Me Louis
Joseph Bernot de Charant, Lieutenant Ge"
neral de la Charité, le tout vîi & deliberé
avec lui & avec Maistres &c. tous
Graduez par Nouschoisis, & à ce appeliez.
NOUS Intendant de Commissaire susdit,
par Jugement en dernier ressort avons déchargé
lesdits sieurs Baret,Lançon, Duman
& la nommée Marie Pottier de ladite
accusation, & iceux renvoiez absous des
cas à eux imposez, ôc en consequence
Ordonnons que lesEcrouës de leurs personnes
seront rayez & bissez sur Le Registre de
la Geolle, en marge duquelmention feca
faite
faite du present Jugement, fauf à eux à
se pourvoir pour leurs reparations, depens,
dommages & interests, contre qui, & ainsi
qu'ils aviseront bon être. Fait & arrêré en
la Chambre du Conseil de l'Hôtel de Ville
de Bourges dans l'Enclos du Palais, ce
jourd'hui 20 Avril 1722. Signé Barberie,
Bernotde Charant, Raporteur,Girard de
Villefaifon, Vivier,Dumas, &c.
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure. ON trouve, Messieurs, dans votre
Mercure d'Avril page 12. un fait qui
surprendra bien les Historiens de ce tems,
si M.l'Abbé deVayrac,qui l'avance, peut
le prouver. Tous jusqu'à present ont cru
que Guillaume fils aînéd'Estienne Comte
de Blois, & d'Abdele d'Angleterre, fille
de Guillaume le Conquerant avoit été desheriré,
parcequ'il étoit begue, sans aucun
merite
,
& qu'il avoit en le coeur affei bas
pour épouser Agnés,fille dGillon de Sully
en Berri, qui étoit attaché au service de
la Comtesse sa mere. Leurs garants font
entr'autres Orderic Vital, contemporain
du même Guillaume, & Alberic
,
qui
vivoit au siecle fuivanr. Voici les termes
du premier: Guillelmus qui major nain
erat, filiam Gilonis de Soleio NXQrem d*-
- xit
xiI) & foceri sui hereditatem possidens du
patificè vixit, laudabilemque jobolem Odoxem
& Fjthenum genuit. pag. 810. Voici
encore les paroles du second sur l'année
1217. Horum omnium pater Guillelmus
frater extitiffe magni Comitis C"mp""ie
Theobaldi: sed quia nullins valoris fuit,
& balbus, & quamdam nobilem puellam
que erai in servitio matrissuæ, filiamDomini
de Soilliaco accepit ; ideircò ComitlllN
alienatus fuit.
Cependant, Mrs
,
M. l'Abbé de Vayrac
raporte bien une autre cause de cette exheredation
de Guillaume de Blois dans son
Explication Historique& Topographique de
la Carte des Lieux par où l'Infante a passé , de laquelle il a enrichi plusieurs de vos
derniers Mercures. Il assure que ce Prince
fut si extravagant, que de sequalifier Seigneur
du Soleil, que par cette raison il
fut privé de son droit d'aînesse, & qu'il
n'eut en partage que le Comté de Chartres.
Mais où a t-il pris une telle particularité?
c'est ce qu'il lui reste à marquer. Comme
de Soleium ou Solleium on a dit d'abord
Solei ou Sollei, avant que de dire Sully, on
seroit tenté de croire que M. l'Abbé de
Vayrac se feroit imaginé que Guillaume
de BloissequalifioitSeigneur du Soleil,
parce qu'il étoit dit Seigneur de Solei. Mais
le moyenqu'il eut ainsi pris le change,&
- qu'il
- qu'il n'ait pas fÇLI que ce Guillaume fut
le Chef de la féconde Maison de Sully,
qui a été si ilIuthe, donc étoit le celebre
Odon de Sully Evêque de Paris, qui eut
fous le Roy Philippe Auguste la principale
gloire de l'édifice de l'Eglise Cathédrale de
cette Capitale de la France, laquelle ne
finit que par Marie de Sully,fille de Louis,
qui étant veuve sans enfans de Charles de
Berri, petit-fils du Roy Jean,qu'elle avait,
cpoufe vers l'an 1J86, se remaria ensuite
à Guy de la Tremoille, l'un des Ancêtres
des Ducs de la Tremoille d'aujourd'hui
, &
encore à Charles d'Albret, cinquiéme ayeul
de Jeanne d'Albret, cinquiéme ayeule de
notre jeune Monarque, tous issus de cette
Marie. N'y auroit-il point quelque vieux
Romancier qui eut donné ce titre de Sei.
gneur du Soleil au- Prince dont il s'agit
y.
par allusion à ce nom de Slei? c'est ce
qu'on souhaiteroit. On voudroit peutêtre
en admettant la méprise
,
la faire retomber
sur un Copiste, comme on a déja fait 4
l'égard de la Maison de Pons, que le Copiste
de M l'Abbé de Vayrac avoir donnée
pour éteinte, quoiqu'elle subsiste encore
en plusieurs branches: mais c'est ce que la
fuite du discoursnepermet point, & ainsi
on est necessairement reduit à attendre à
voir la preuve,s'il en a, ou sa confession
sincere
,
s'il n'en a point.
- Il
Il y a neanmoins plusieurs autres cndroits
de son Explication qui ne font pas
exacts, & on trouve même encore quatre
fautes dans celui dont il est question
sur les Comtes de Blois. M.l'Abbé de Vayrac
dit que notre Guillaume eut le Comté
de Chartres en partage, & il est certain que
Thibaud le Grand son frere l'emporta seul
avec les autres Comtez de Dunois, de
Blois, de Brie & de Champagne
,
de forte
qu'il ne lui laissa rien, ni à ses puînez.
Aussi voit-on par Orderic qu'Estienne l'un
d'eux, qui fut ensuite Roy d'Angleterre,
n'eut d'autres biens que ceux qu'il obtint
de Henri I. Roy d'Angleterre, & Duc de
Normandie son oncle, qui d'abord lui donna
Hiesmes & Alençon, & après au lieu
de ces Villes, le Comté de Mortain. Il est
vray que Guillaume a été appellé Comte
de Chartres dans quelques Titres, mais
c'étoit apparemment avant son mariage,
&il n'a jamais été maistre de ce Comté,
comme Orderic le témoigne clairement.
Une secondé faute de M l'Abbé de Vayrac
sur ce point,est qu'il affure que Eudes
II. mourut sans enfans
, ce qui n'est point.
La troisiéme est qu'Estienne Comte de
Meaux & de Troyes, son cousingermain,
fut ensuite Comte de Blois;car cet Estienne
n'est point ce dernier Comte, outre que
c'étoit d'Eudes I. pere d'Eudes II. dont il
étoic
étoit Coufin germain. Enfin la quatrième
faute est qu'après la mort du même Estienne
arrivée vers l'an 1020 ,
Eudes son fyen
marid'Ermengarde d'Auvergne
,
se saisit
du Comté de Blois, &prit la qualité
de Comte de Champagne, parce que ce dernier
Eudes n'est point different d'Eudes II.
coufin seulement au troisiéme degré, lequel
Eudes avoir succedé au Comté de Blois dès
1096 ,
après la mort de son pere, & s'étoit
effelivement saisi aussi de celui de Champagne
après la mort d'Estienne, au droit de
Ledgarde de Vermandois son Ayeule, soeur
de Herbert pere de cet Estienne ; tout
cela est bien éclairci dans les Tableaux
Genealogiques du P. Labbe, & dans les
autres bonnes Genealogies.
Au reste on ne doit pas sétonner de voir
de semblables brouilleries dans des compositions
rapides & pleines de feu celles que
celles de M. l'Abbé de Veyrac, sur tout
quand ce sont des matieres si variés; des
narrations où il y a autant de recherches
curieuses, dédommagent toujours bien des
petites erreurs où elles pourroient jetter
ceux qui n'auroient pas assez de lumieres
pour les apercevoir. Je suis, &c.
A Paris ce 16May.1722.
Nous avons oublié de dire en son lieu,
que long rems après l'heureuse convalescence
cence du Roy, nous avons encore reçû
des Memoires sur les Réjouïssances faites
dans les Provinces à cette occasion
,
Me..
moiresarrivés trop tard,& qu'on n'a pas
pû employer. Nous avons confervé celui
qui regarde la petite Ville de Jargeaufut
la Loire, laquelle s'est fort distinguée de
ce côté-là; nous avons trouvé dans cette
Piéce une chose digne de quelque attention
sur la prétenduë origine de la Cocarde
: nous disons prcrenduë, parce que
quelque serieusement que l'Auteur du Memoire
semble par ler, ce qu'il dit là-dessus
en Vers & en Prose, nous paroît un peu Romanesque
& fabuleux. Cependant s'il veut
bien donner de bonnes preuves de ce qu'il
avance, & constater pour ainsi dire l'autenticité
du Manuscrit en question
, nous
nous engageons de faire honneur à sa production,
& de rendre au public ce que nous
lui devons dans ces fortes de rencontres.
Quelque soin que nous prenions de
remplir notre Journal d'uneagreable varieté,
& d'en écarter tout ce qui pourroic
ennuyer, ou déplaire en quelque façon que
ce soit; nous n'avons jamais presumé de
pouvoir contenter tous nos Lecteurs. La
Lettre qui fuit est une preuve que nous
avons pensé juste à cet égard.
Lettre
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
ON ne peut être trop surpris
,
Messieurs,
de ce que vous suprimez les
Lettres qui VOPS ont été écrites touchant
l'Enigme de la Cronique du Bec. Le
Public les verroit avec plaisir; & on n'a
appris qu'avec chagrin dans votre Mercure
, que la crainte d'être prolixe causoit
cette suppression. Aureste,Meilleurs,
croyez qu'aucun de vos Lecteurs n'eût
été ennuyé d'une matiereaussi curiettfc.
Plusieurs Pieces de votre Livre meriteroient
mieux ce fort ; enfin que ceci ne
vous fasse pas croire que cette Lettre parte
de la main de quelqu'un des Auteurs de
ces Lettres re butées : non assurément c'est
d'un Particulier qui n'y a aucun interêt
qu'autant que la curiosité lui en donne,
&quiest Votre trés-humble&nés-obéissant
Serviteur, DE BEAUMONT.
A Paris ce 18 Avril 1722.
M. de Beaumont nous dispensera
,
s'il
lui plaît, d'une Réponseenforme, & il
nous permettra de nous en tenir à la declaration
que nous avons faite sur les Lettres
en question, dans le second Volume
du Mercure du mois de Mars, pag. Si.
declaration
déclaration que nous sçavons avoir été
approuvée par beaucoup de personnes desinteressées&
d'un goût sûr. Pour donner
cependant quelque chose à la remontrance
de M. de Beaumont , nous aurons l'honneur
de lui presenter ici encore une Lettre
sur cette matiere : nous l'avons reçuë
presque en même tems que la sienne.
Autre Lettre écrite aux Auteurs du
* Mercure, oN vous sçait bon gré
,
Messîeurs
de , vous dispenser de mettre dans vos
Mercures toutes les explications qu'on
vous a adressées de l'Enigme Chronographique
d'Evreux, & vous avez très bien
jugé que quelque ingenieusement tournées
qu'elles soient, elles ne pouroient
plus qu'ennuyer les Lecteurs, puisqu'ilest
fr aise de la deviner, ou , comme parle
un des OEdipes modernes qui l'ont déchiffrée
, de la débarboüiller
, n'êtant mie
une Enigme, mais une vraye frapoüille
supposé , pourtant qu'il sçache bien ce que
c'est qu'une frapoüille
, car on l'avouë
franchement
, on n'entend pas ce terme
burlesque
,
& on ne l'employe icy que sur
son autoritévaille que vaille.
r
t Les Normands entr'autres feront bien
contens qu'il ne soit plus question d'elle;
car
car il y avoir toujours quelque coup de
dent pour eux dans ces explications
, &
ils contribuoient beaucoup plus que cette
frapoûille au divertissement de ceux qui
exerçoient leur genie à la commenter.
Ainsi notre OEdipe a eu le plaisir d'appeller
les Normands d'Evreux de Venerables
Chltjollre,
,
de bonnesgens, subtils
,
rHfe, grands Clercs& de fine , pratique,ce qui est
les peindre parfaitement.
Cependant la pratique des grands Clercs
d'Evreux a encore été plus fine qu'il ne
pense, car lui & les autres OEdipes de
la frapoüille font leurs duppes
,
s'ils n'ont
point voulu feindre exprès de l'être, pour
Ce mieux réjouïr. Ils paroissent croire bonnement
sur le témoignage de ces Venerables
Chafourez que la date enigmatique,
dont il s'agit, étoit encore à expliquer,
& que la Chronique du Bec, d'où elle est
tirée, n'est que manuscrite, mais l'une &
l'autre furent mises au jour dès 1648. 1
lorsqu'on imprima les Oeuvres de Lanfranc,
à la fuite desquelles on voit &
cette Chronique, & l'explication de cette j
datte. J
Puisqu'ils sçavoient que ce present leur
venoit de gens rases
, ne devoient-ils pas
s'en défier, ôc se dire à eux-mêmes comme
Laocoon faisoit aux Troyens pour le cheval
que les Grecs leuravoient donné; Anulla
putatis
putatis dona carere dolis Danaum? Sic mtusUlysses
? Mais au lieu d'être sur leurs
gardes, charmez du Chronographe Normand
,ç'a été à qui s'en saisiroit, & à qui
feroit de plus grands efforts pour chercher
, développer, débarboüiller ce qui
étoit tout trouvé,tout démêlé, tout nettoyé
, avant qu'ils fussent aumonde ,
à
moins qu'ilsn'ayentdéjà plus desoixante
ôc treizeans. C'est ce qui conviendroit
peut être àcelui qui se dit,
A Ein Grison deVerein fHeUrf.
Mais il est à craindre pour lui que les
-grllnds Clercs d'Evreux ne veuillent entendre
cette qualité de Grifon aurremenr,
surce qu'il dit que
Quand Gieus, oy Faé se démit
D'Ahhé du Bec& Euvreuxprit,
il quitta la noire Jacquette
Et se mit Robe violette.
Carassurément il se montre là aussî peu
versé dans leur Histoire, qu'il se fait voir
habile à expliquer leur Chronogryphe.
Les Religieux du Bec étoient en ce
tems-là vêtus de blanc&lebonGieufroy
Faé nonobstant sa dignité Episcopalevoulut
toujours porter son habit Monacal
afin de se mieux souvenir desobligations,
de son premier état, selon laChronique
en question, quin'estnullement énigmatique
sur ce point; Nec propter eitlS d¡'g
nitatem habitum dimisit RegularemEcclesioe
Beccensis
,
fed semper omni loco usus fut
vestimentis albis
,
& maximè cuculla aiba,
tjllæ specialis habitasEcclesioe extitit.
Au reste, il ne faut pas s'imaginer que
le Pays de Sapience foie le seul qui produsse
des Chronogryphes de ce genre, le
Pays des Rébus en a un tout semblable; &
apparemment que les autres Pays, sans
excepter celui d'auprés de la Peste où l'on a
aussi voulu avoir la gloire de débarboüiller
le Chi onogryphe du Bec,en pourroient pareillement
fournir, .iï on en failoit recherche.
~l Le Chronogryphc, dont on veut parler,
étoit gravé sur une plaque de cuivre attachée
au portail d'une Eglise de la Ville de
Saint-Quentin
,
bâtie au commencement
du seiziéme siécle par Oudard de Mailes
Argentier de cette Ville, & qui sur à la
fin la proye d'un Soldat Espagnol qui l'arracha
durant les Guerres. Heureusement
on en avoit conservé une copie que Hemeré
Chanoine de Saint-Quentin a consacrée
la posterité dans son AtiguflaViroman.
duorum vindicata
,
qui durera bien plus
que le bronze, il a aussi eu foin de l'ex- i
pliquer
,
mais ce n'a pasété avec le même 1
enjouëment que feroient nos OEdipes
modernes, le voici dans ses propres termes, 21 D'un
D'un Mouton& de cinq chevaux
Toutes les têtes prend,.;'{
, -
-
Et à icelles sans nuls travaux
La queue d'un Veau joindrez
4 -
Etau bout 4jOûttrt\
Tous les quatrepiedsd'une Chate
> R.ifJemhle\
, vous apprendrez
L'an de ma façonÔ* la date.
Je fuis
, &c.
Ce 20. Avril 172.i.
Le mot de la premiere Enigme dumois
dernier est le Treste, on doit expliquer
la feconde par le Colier
,
& la troisiéme
par l'Epervier Oiseau, & l'Epervier filer.
PREMIEREENIGME.
MOn Maitre est comme un Directeur
Au milieu de tous ses Regîtres.
Mais ce qu'il a sur lui d'habile Travailleur,
C'est que sans le secours de la clarté desvitres
- Ni d'aucune autre lueur,
Il pourroit remplir son labeur
Où se trouvent maints beaux Chapitres ;
Il est vrayqu'en donnant de son habileté
Il choque un peu la bienséance,
Il va jusqu'à l'irreverence,
E ij Mais
Mais ils'y voitnecessité:
Etmalgré toutesa science,
1 Quoique je fois d'une rare excellence,
Si par un tiers nous n'étions soutenus,
Fût- il d'une crasse ignorance ,
Son mérité & le mien vous sevoient
•
ils
1 connus ?
SE CONDE ENIGME.
Je Onnoissés - vousdeux freres trés-jumeaux,
Qui naissent & meurent ensemble ;
Untrés-petit toit les rassemble;
Très également laids ou beaux;
'çf\: peu souvent que l'un à l'autre n'est semblable
,
C'est peu souvent que l'un souffte quelque douleur
Sans que l'autre ait sa part à son fort déplorable ;
Ensemble du repos ils goûtent la douceur
jamais l'un ne sommeille
Tandis que l'autre veille.
Toujours prêts l'un de l'autre ils ne se touchent
pas ;
Sans parler ils se font entendre ; sanspieds ils vont trés vite; ils attirentsans bras;
Lorsqu'ils se donnent un air tendre,
Cet air tendre n'est pas toujours
fn bon garend de leurs amours.
TROISIEME
Jeneconnois pas trop Dieu,
Cependant dans plus d'un lieu -
J'ayde à publier sa gloire.
J'ay-causede grandscombats,
- Et quoiqueje ne sois pas
Meublé, i"atu:a.its commeHelene ,..
Cependant pour m'enlever
Quelqu'un s'est mis fort en peine; '-'
-
Un autre pour me sauver
S'est mis souvent hors d'haleine.
AI R.
Lr'Hiver, l'affreux Hiver veut-il encor longtems
-
Usurperl'Empire de Flore?
Plus il retarde le Prims, Plus il cache àmes yeux la beauté que j'adore. -
Elle ne vient sousles ormeaux
Qu'avec la aissante verdure,
Il faut pour l'attirer quele bord des ruisseaux
Lui presente des - fleurs avec un doux murmure. , L'Hiver, l'affreux &c.
NOUVELLES LITERAIRES
DES BEAUX ARTS,&c. IE PUBLICnous sçaurasans
doute bon gré de lui annoncer
un Ouvrage, dont le sujet nous
paroît trés interessant. Le Pere
Laffiteau Jesuite en est l'Auteur. Il se dispose
à le faire imprimer fous ce titre:
Afaurs des Sauvages Americains, comparées
aux moeurs des premiers tems. Quoique
le titre paroisse beaucoup promettre la lecture , du Manuscrit convainc qu'il
donne encore plus qu'il ne promet. En
effet, ce n'est pas un parallele general qui
porte sur quelques traits de ressemblance
entre les anciens Thraces & les Sauvages
de l'Amerique : c'est une comparaison détaillée
ou l'on rapproche le portrait de ce
que Marot appelle le bon vieux tems, avec
les precieux restes qui s'en font conservez
chez des Peuples qu'il nous plaît d'appeller
Barbares, parce que la Nature y est moins
alterée & plus naïve que chez nous.
Outre des recherches infinies sur l'antiquité
, on voit dans cet Ouvrage une
connoissance profonde des Americains,
-
fursur
tout de Canadiens, avec qui l'Auteur
a passé ph rieurs années. La conformité
de Gouvernemenc, de Coutumes,de Religion
,
d'Usages,& ce qu'on trouveentre
les premiers tems & les nôtres, quant
à ces Nations, ne peut manquer de produire
dans l'esprit du Lecteur je ne sçai
quoi de lumineux, qui passe infiniment
l'effet des simples conjectures. On yrencontre
chemin faisant, des choses curieuses
que le titre n'annonce point; desorte
que le Lecteur va de lui-même par (es
reflexionsau-delà de ce qu'on se propose
de lui montrer.
Tel est le fonds de ce Livre qui sera
enrichi de figures. A l'égard dela maniere
elle paroît simple & naturelle,ingenieuse
pourtant & en îoiiée. On n'y trouvera ni
le vuide des Relations ordinaires, ni la
sécheressedes Dissertations sçavantes. L'Erudition
& l'Histoire y font bien maniées
,
& le mêlange de l'une & de l'autre fait un
trés-bon e f[t.
Projet pour une nouvelle Edition des
Oeuvres de S. Ambroise. c Omme il ne restepresque plus d'Exemplaires
de la premiere Editiondes
Oeuvres de S. Ambroise, donnée par les
RR. PP.Bénédictins, une Compagnie de
Libraires de Paris en a entrepris une nouvelle
, avec les secours que veut bien leur
donner le R. P. Don Nicolas Noury l'un
des Auteurs
,
de. le seul qui reste de ceux
qui ont travaillé à la premiere Edition.
Celle-ci sera divisée en trois Volumes,
dont k/j deux premiers contiendront les
veritables Ouvrages de S. Ambroise-,&
le troisiéme, les Piéces doteuses,ouqui
sont attribuées à ce Saint Docteur. On
ajoûtera à. ce troisiéme Tome le fameux
MisselAmbroisien
,
desiré de tous les Sçavans,
accompagné des Notes & des Remarques
necessaires.
Les nouveaux Editeurs prient lesSçavans
de les aider de leurs lumieres en tout
ce qui pourra contribuer à rendre cette
Edition parfaite,&sur-tout de vouloit
bien leur communiquer ou leur indiquer
les Manuscrits de quelque reputation dont
s il se peut faire que les premiers Editeurs
n'ont pas eu connoissance
,
de quoi ilsauront
toute la reconnoissance poqble. :
Ce grand Ouvrage pour lequel on n'épargnera
ni soin ni dépense est proposé par
sou scri prions. Leprix en papierLombard
en blanc fera pour les Souscripteursde cinquante-
quatre livres, sçavoir, trente livres
en souscrivant, & vingt-quatre livres en
v recevant les trois Volumes, dont on espere
que l'Edition seraachevée vers la fin de
l'année
l'année1724. Ceux qui n'auront pas soulent
le payeront quatre-vingt-quatre liv.
On n'en tirera point en grand Papier,
qu'on appelle Grand-Raisin, si ce n'est
pour ceux qui voudront souscrire
,
lesquels
en souscrivant payeront cinquante
livres, & autant quand on leur donnera
les trois Volumes imprimes.
On recevra les Souscriptions depuis le
15 Avril 1722.jusqu'au premier Sep-'
rembre exclusivement, aprèslequel tems
personne ne fera plus admis à souscrire.
On prie ceux qui voudront souscrire
>
de s'adresser aux Libraires nommés ciaprés
,
qui leur donneront une Reconnoissancesignée
d'eux aux clauses de conditions
cy-dessùs exprimées.
Noms des Libraires.
Charles Osmont, ruë S. Jacques.
Michel Clousier, Quay Malaquais.
Gabriel Martin, ruë S. Jacques.
Guillaume Cavelier, ruë S. Jacques.
FrançoisBarois, ruë de la Harpe.
PierreFrançois Giffard, ruë Saint Ja."
-:luet -
LETTRE de M.
Sur l'état present des Lettres.
MONSIEUR,
Témoin de mon ardeur à faire quelque
progrés dans les Sciences, vous aviez bien
raison de m'exhorter à venir à Paris, le
Theâtre des belles Lettres en France, &
où je pourrois étudier les exemples vivans.
Il ne se passe presque pas de jours ici où
l'on n'ait à voir & à apprendre quelque
chose de nouveau. Je me trouvai dernierement
à l'ouverture des Academies des
Sciences & des Belles Lettres; & parmi
plusieurs beaux Discours j'eus le plaisirde
voir & d'entendre Mrs. Racine & Cassini,
qui ne se font pas contentés d'herirer du
nom de leurs illustres peres. M. le Cardinal
de Polignacpresida à l'une & à l'autre
Academie; il fit selon la coutume l'analyse de y tous les Discours qu'on avoir
reckés, & ce ne fut pas sans les embellir.
Il parla avec cette noblesse, cette aisance,
cette érudition, & cette politesse que tout
le monde lui connoît.
LeTheatre a été occupé par plusieurs
belles Piéces anciennes & nouvelles. Le
Romulus
Romulus de M. de la Motte & le Timon
de M. de Lisle ont occupé cetHyver la
Comedie Françoise & Italienne
,
la Tragedie
de Romulus n'est pas sans defaut,
mais elle a aussi de grandes beautés. La
Comedie de Timon après plusieurs Representations
s'esttoujours soutenuë, parce
qu'elle est pleine d'un sel & d'un goût
de vrai, dont la raison ne se lasse jamais.
La Nature y est representée dans tout son
jour, sans être défigurée par l'art &par
les préjugés; mais on peut dire que l'Auteur
n'a pas cueilli toutes les fleurs qui se
trouvoient sur son passage. Il paroît un
nouvel OEdipe;cette Piece eil bien liée,
couduite avec art ,
& parsemée de beaux
endroits; maistoutn'est paségal.
Le Livre de M. l'Abbé Houteville sur
la Religion prouvée par les faits, fait du
bruit. Le stile en est noble, élevé, majestueux,
& digne du sujet qu'il traire;
mais quelques expressions trop hardies,
& des propositions peu exactes donnent
prise aux Critiques.
Le nouveau Mercure n'estplus vuide
comme il étoit autrefois; les Curieux &
les Sçavans y trouvent également de quoi
se satisfaire par le mêlange agreable des
Nouvelles, des Spectacles
,
des Poësies &
des autres Ouvragesd'esprit qu'on y r:;¡{.:
semble.
Evj Parmi
Parmi les Journaux, ceux de Trevoux
«lui viennent de ressusciter
, attirent mon
attention, on sent à la lecture des plumes
legeres & delicates, on y allie l'érudition
à la politesse: la varieté des mains &
desmatieres diversifient l'Ouvrage &:
amusent agreablement. Controverse, Histoire,
Physique, Mathématique
,
Critique,
Belles Lettres, beaux Arts, tout y
eH: rassemblé & peint avec ses couleurs.
J'allai à la source pour en sçavoir les Auteurs
j mais le Libraire fixa macuriosité,
en me disant que jen'étois pas le premier
à lui faire une pareillequestion, & que
je devois me contenterd'apprendre que
les Journaux avoient beaucoup d'éclat ,
& qu'il étoit obligé d'en tirerdepuis
quelques mois un plus grand nombre
d'Exemplaires, parce qu'on lui en demandoit
detoutes parts en France & dans
les Pays Etrangers. Pourvû qu'on y pro-.
digue toujours le sel & la vivacité dont
ils font assaisonnés, qu'ils ne degenerent
pas en fades éloges, & qu'ils renferment
exactement l'analyse d'un Livre, je crois
qu'on les lira d'autant plus volontiers
qu'ils flatent la paresse du Public, en exposant
fous un point de vue des Ouvragges
qrui eoffray~ent &use dersfe.ndent par leur j'ay pris assez exactement lesLeçons.
d'Anatomie
d'Anatomie que les habiles Maîtres enont
données. J'ay souvent été à l'Observatoire
, où j'ayété également charmé de
la politesse& de l'habileté des Academiciens
qui y font leurs observations. Je
n'ay pas negligé les beaux Arts (car je
trouve que cette Ville estla maîtresse en
tout.) La Peinture, la Sculpture,la
Danse, l'Art de tirer des Armes, demonter
à Cheval, & les autres Exercices me
paroissent être dans leur perfection. Je
n'entens rien à la Musique
, mais si j'edjuge
par le sentiment , je donne le prix
à celle de Campra, comme àcellequi me
plaît le plus. Je m'apperçois que je parle
bien librement avec vous; mais c'est toujours
selon nos conventions ^c'està-dire,
en soumettant mes reflexions & mes lumieres
aux vôtres. Elles me guideront toujours
deloin,comme ellesfaisoient autrefois
de près lorsque la situationde ma
maison de çampagne me procuroit. l'avantage
de passer l'Automne avec vous.
Il me semble, que j'ay payé le tribut de
l'hommage que je doisàvotre goût pour
les Sciences. Ilne me reste plus qu'à vous
assurer du tendre & respectueux dévouë-
Jnept avec lequel je suis, M. &c.
AFaris le 16Avril 1722.
•
Il
IL paroît une Lettre de trois pages d'impressionin
40, écrite par Madame de .*".
à M. au sujet de la Tragedie de Romulus,
quiest fort bien écrite. » J'écou-
M tay cette Piece avec attention
,
dit l'Au-
M teur, elle m'attacha, me surprit, &
»m'attendrit. J'en trouvay l'exposition
»nouvelle & delicate; les sentimiens
93 grands, nobles & bien soutenus
,
les
M pensées neuves & brillantes, & unever-
«sification pure, pompeuse, & cependant
53
aisée; mais ce qui me parut extraordi-
« naire, fut l'effet qu'elle produisit en
33 moy ; elle m'attendrit par reflexion, &
« je ne pûs m'en retracer le tableau sans
93 répandre des larmes. Je ne puis me-
>3lafier d'admirer l'Art de l'Auteur, qui-
93 en donnant à Romulus l'amour le plus
«tendre, ne lui en fait jamais montrer
93 l'excès qu'après avoir remporté des vic-
M toires éclatantes, & montré une valeur
«heroïque. Cela nous fait envisager
33 lesmomens qu'il donne à sa palIion,
t; comme un repos que la gloire lui doit.
«Si c'estn'avoir point d'esprit, dit
j3 Madame. en finissant sa Lettre 3c
»l'Apologie du Poëme qu'elle ddfenn,
33 que de ne pas éplucher une Piece mot »àmot, & que de ne pas rechercher jus-
93 qu'aux
»qu'aux minuties pour le fronder avec
» plus de force.
Je rends graces auCiel den'être pasRomain
Pour conserver encor quelque chose d'humain.
La cinquiéme feüille du S pectateur roule
presque toute sur l'Entrée de l'Infante,
dont le cortege, l'apareil & le concours
du peuple ont fourni diverses reflexions.
Voici quelques-unes de celles que notre
Spectateur a faites en voyant passer le Roy,
M Le peuple à son ordinaire a crié vivenieRoy!
j'ay trouvé ces acclamations
M attendrissantes.C'étoit plus qu'un Roy,
« plus qu'un Maître qui paroissoir. Ce
M peuple, dans ses transports
,
sembloit
*5 revêtir ce jeune Prince de titres moins
» superbes
,
mais plus aimables,plus rou-
M chans, & peut-être plus augustes: c'étoit
"le bienfaiteur, l'ami de chaque homme
M de la Nation, c'étoit le protecteur, l'espe-
» rance, l'amour & les delices du peuple
»que l'on voyoit paffer.
M Rois, Princes de la Terre! ce n'est
»ni la Garde qui vous environne, ni
cette foule d'hommes fournis qui compon
sent votre Cour, ni vos richesses, ni
M votre vaste puissance, qui feroient mon
»envie. Ceux qui parmi vous ne font
»sensibles qu'à ses avantages, font sim- »plement des hommes riches, redouta-
» bles, puisants, & ne font pas Rois, &c.
„ Quel
,,.Quel est le Prince qui joüisse du bon-.
»heur attaché au Trône? C'ell celui qui
» sçait faire un genereux usage de la crainte
»ôc du respect que la Majcfte"de son
i)ranc, L cette crainte & ce respect
»sont les moindres de ses droits, ou -
» plutôt ils ne fontque lui préparer ses
» veritables droits. Craint, iln'est encore
»que leMaître; aimé, le voilà Roy.
Eh! comment l'aime-t'on? comprez
»tous lessentimens de veneration
,
d'esti-
»me, d'admiration., tous les mouvemens
33 de tendresse, de dévouëment, de con- »
si fiance, dont l'homme est capable.Voilà
s? de quoy se compose l'amour qu'on a
33 pour unMaître,dans lequel on di char-
» mé de trouverun Roy: enfin. voilà les
33 tresors du rang suprême.Un accueil obli--
» géant,un sentiment de bonté,unsu-
»rire,ungeste, une parole; Princes!
»ce sont là pour vous les clefs de ces
»tresors. Ouy! soyez doux, affables,,
»genereux, compatissans
,
caressans dans
»vos discours., & vous êtes possesseurs.
»de ces biens dont l'ambition a fait les.
33 grands hommes, & dont à peine çnt-,
,) ilspu s'acquérir une petite partie.
Danslasixiéme feüille du Speébtfur"
qui paroîtdepuis Jecommencement dece.
mois, on voit une conversation d'un homme
âgé.^yec un Libraire. 33 Celui-ci luy,
»propose le Spectateur à lire comme une
M nouveauté qui excite lacuriosité de bien
n des gens. Moy, lire le Spectateur! lui
3> répondle Vieillard, je ne l'ay point lû
3)ni ne le liray; je ne lis que du bon '-
,n du raisonnable, del'instructif: ce qu'il
jïme faut n'est pas dans vos feüilles. Ce
» ne font ordinairement que de petits ou-
» vrages de jeunes gens qui ont quelques
»vivacitez d'Ecolier, quelques faillies,
»plus étourdies que brillantes,&qui
»Mpieruecnnent les mauvaises contorsions de
esprit, pour des façons de penser.
3, legeres , delicates & cavalieres.Je n'en
n veux point, moncher, je ne fuis point
» curieux d'originalite pueriles.
,
»En effet, je suis du sentiment de Mons
»
sieur, dis- je alors, en me mêlant de la
M conversation ; il parle en homme sensé ;.
si pure bagatelleque ces feüilles ! la raisison,
le bon sens & la finesse, peuvent-
9) ils se trouver dans si peu de papier?;
» ne faut-il pas un vaste terrain pour les
»contenir ? un bon esprit s'avisa-t'il ja- -
»mais de penser & d'écrire autrement »qu'en gros volumes? Jugez de quel
»poids peuvent être des idées renfermées
»dans une feüilled'impression que vous,
»allez soulever d'unsouffle? & quand
» même ellesferoient raisonnables ces
»idées, est-il de la dignité d'un perfon-
»nage»
nage de cinquante ans, par exemple,
»de lire une feüille volatile, un colifi-
»cher?cela letravestiten petit jeune
s* homme, & deshonnore sa gravité; il
»déroge: non, à cet âge-là,tout sçavant,
»tout homme d'esprit ne doitouvrir que
9) des in folio, de gros tomes respectables
3) par leur pesanteur, & qui, lors qu'il
» les lit, le mette en posturedécente, &c. »UnTraité de Morale, poursuit le
M S pecteur, en presentant au même
jï homme un assez gros livre, cela fait
»une lecture importante Se digne du
»flegme d'un homme sensé; peut-être
M même la trouverez vous ennuyeuse, &
a;tant mieux; à un certain âge il est beau
M de soutenirl'ennuy que peut donner une
9) matiere naturellement froide, servie
» sans art, & scrupuleusementconservée
x dans son caractere. Si on avoir du plaisir à la lire, cela gâteroit tout: voilà une
t, plaisante morale que celle qui instruit
e) agréablement l
Le Spectateur donne sur la fin de cette
feuille la traduction du Rêve qu'il avoit
promis; il s'agit de l'Amour, de son Palais
, de ses Jardins, &c. des arbres & des
fleurs, dont l'Estime fous la figure d'une
femme explique les vertus & les representations
symboliques en cette maniere.
;
M Cet Arbre plus haut que les autres, &
»dont
»dont en quelques endroits on a coupé
l' les racines,figure les vertus d'un jeune
» Héros, qui dût à son arrachement pour
» une aimable & vertueuse personne l'estip
me& l'admiration que son Siecle eut
t, pour lui. Avant que l'Amourl'eût assu-
» jetti fous ses loix
,
la grandeur de sa
» naissance lui inspiroit unnoble orgueil ;
M mais un peu d'excès dans cet orgueil en
»alteroit la dignité. Ce Héros étoit gene-
M reux, quand il s'offroit desoccasions de
» l'être
,
mais il ne savoit pas encore cher-
»cher ces occasions précieuses;il auroit
» craint de trahir son rang,il M avec un air prévenant, comme un abaissenmenc
dans ses pareils ;il auroit cru s'hu-
»milieren se rendant aimable.Iln'estimoit,
M
il ne mettoit encore au nombredes hom-
Il mes, que ceux qui par leur naissance
b pouvoient ou l'approcher ,ou liercom-
M merce avec lui,c'étoit aussi les seuls
» qu'il obligeoit, parce qu'il n'imaginoit
M de reconnoissance flateuse que la leur:
»>
c'étoit au rang de celui sur quitomboient
pjfes bienfaits, que se mefuroit le plaisir
M qu'il avoit à les répandre. Il méconnois-
)ttoit la misere la plus touchante, dès
-que le malheureux qu'elle accabloit,
"érait un homme obscur, qui n'eut offert
'mL sa vertu qu'un exercice ignoré &sans
M faste. Ce n'étoit pas qu'il ne fust naturellement
»Tellement sensible; mais sa fierté n'ad-
« mettoit rien de genereux que ce qui étoit
« superbe, & vouloir trouver dans les,
» sujets, un vain éclat qui les ajustât à
» elle, & pour ainsi dire, justifiât l'inte-
»rest qu'elle y daignoit prendre. Ce Hé-
,;ros étoit plein de valeur dans les comte
bats, mais d'une valeur aveugle, sujette
M à se fouiller d'un fang respectable
, du
»sang d'un ennemi vaincu. Quand il re- »compensoit un service, ce n'étoitque
»l'action qu'il payoit : il ne joignoit pas
aï à la recompense cette aimable façon de
J3 donner, qui fait précisément le salaire
33de celui qui a merité qu'on lui donne:
»il étoitéquitable, & n'étoit pas gene-
» ralement bon. Dés qu'il aima, ce ne fut
3Î plusle même homme; l'envie de de-
»venir digne decelle qu'il aimoit, fit
- »disparoître tous ses defaurs ; l'amour
33 purifia sa valeur & sa fierté de cet excès
»qui les deshonoroit toutes deux. Tout
»l'Empire retentit bientôt du bruit de
»ses vertus,&c..
33 A l'égard de ces fleurs, elles figurent
J) les bonnes qualirez d'un prix peutêtre
»égal aux vertus des grands Personnages j »mais que la condition de ceux qui les
s» dûrent à l'Amour, rendit moins brillans,
as& d'une importance plus mediocre. Ce
93font des ivrognes devenus sobres; des »debauchez.
1) debauchez devenus sages; des avares
» faits généreux ; des menteurs corrigez de
»leur vice par la honte d'êtreméprisa-
M bles ; des brutaux ramenez à un caractère
»doux & sociable; c'est de la jeunesse
»impudente, devenue modeste & respe-
M ctueuse,des faineans devenus laborieux 5
»des hommes sans foi, sans probité,
»transformez en gens d'honneur;ce font
»d'habiles dans les arts, à qui l'Amour
33 inspira de l'émulation& qui crurent
»leurs Maîtresses dignes d'avoir des Amans
» illustres par leurs talens; ce font même
>3 des coquettes, dont l'Amour a reformé
t) les manieres
,
qu'il a guéries de cette in-
« satiable avidité de plaire,, & qui ont
)3
senti qu'une pudeur scrupuleuse étoitle
k plus aimable trait d'une femme;qu'ilest
13
honteux de debaucher les coeurs, &
3 glorieux de les attendrir.
RODERICI AlexandriOjifistjulltun.
Rien Premier. A Paris chez la Veuve le
Fevre, rue S. Severin, 1722. petite Brohure
in 12.de 15pages.
IlJtn qui est personifié , & qui parle dans
et Ecrit, ne donne. pas grand'chose ail
elà dece qu'il promet, & menace dese
montrer tous les premiersLundis du Mois.
LeDICTIONNAIREdubon Menager
de
de Campagne & de Ville, qui apprend x
nourrir, gouverner & élever toutes fortes
de Belliaux tant sains que malades; s
mettre à profit tout ce qui vient de1'A-1
griculture; à faire valoir toutes fortes dol
Terres, Prez, Vignes & Bois; à cultivel:
les Jardins soit potagers,fruitiers & fleiuj
ristes,à conduire les eaux, & à faire goe
neralement tout ce qui convient aux Jaca
dins: avec un Traité de Cuisine
,
d
Confitures, de lapatisserie, des Liqueursa
de la Pesche
,
&autres divertissemens de II
Campagne. Par le sieur Liger. nouvel:
édition, deux vol. in 40. 10 liv. A Paris!
chez la veuve Ribou, Quay des Auguftina
1 TRAITE' DE LA LITHOTOMIE, 01
Extraction de la pierre hors de la Veffij
par M. Tolet, MI Chirurgien de Pt-i
Cinquième édition, figures,in 12. ch
Laurent dHouri. 1
Traité des Maladies Veneriennes, p
Vcay,Medecin de Toulouse
,
quatrième
édition, augmentée de la Panacée Mea
curielle des Invalides, in 12. chez le méiiM
Questio flltrlica, an Pestis Mttffi/ienfi
&c. Question de Medecine, où l'on exam,
ne si la Peste de Marseille aété cauféep^t
des Vers. A Besancon, 1721 ,
broch
in 80. de 16pages.
M le Begue, Auteur de cette Dissertation,
definit la Peste de Marfeillle une maladie
tres-contagieuse& tres-funeste, titant
sonorigine d'une foule d'oeufs de Vers,qui
infectent premièrement la salive ou les alimens,
puis le suc nerveux, ôc enfin les
parties
solides.
TRAITE' DES MATIERESBENEFICIALES,
dans lequel on examine tout ce qui
a rapport aux Benefices & aux Beneficiers,
suivant les saints Decrets, les Ordonnances
du Royaume, & la Jurisprudence du
Palais, dédié à S. A. S. M. le Comte de
Clermont. A Parischez Hochereau Libraire
Quay des Augustins, 1721. in4.
TRAITE' DE LA PESTE, faiten1635
par Cottin, Medecin de la Faculté de
Montpellier, nouvelle Edition. A Paris,
chez E. Ganeau, ruë saint Jacques.
REFLEXIONS CRITIQUES d'un Allemand
, sur la Comedie de Timon le Misantrope.
A Paris, chez la Veuve Mongé, ruë
saint Jacques, à saint Ignace. 1722,Brochure
in 12 de 46 pages.
On vient de réimprimer les Decades de
Tite-Liveen8.vol.in 1z. de la Traduction
de M. Durier de l'Academie Françoise,
revûës
revûës & corrigées de quantité de fautes
& d'omissîonsqui s'étoientglissées dans les
précédentes impressions. A Paris, chez
G. Cavelier, Libraire dans la Grand' Salle
du Palais, à l'Ecu de France. Le ptix est
de 24 livres.
'.ILA VIE DE SAINT BERNARD,Religieux
de l'Ordre de saint Benoist, Fondateur
desAbbayes d'Ambronay & de
Romans, & Archevêque de Vienne : Par
le K. P. Fleury, de la Compagnie de JefusI
A Paris, chez André Cailleau, Place de
- Sorbonne.
CetteHistoirerenferme lesévenemens
les plus considerables du Regne de Charlemagne
& de Louis le Debonnaire, &
sefait lire avecplaisir.
On apprendde Londres, qu'on a trouve
à Ewelin, dans le Comté d'Oxford, près
d'un ancien chemin des Romains appellé
Acknell-Road, une urne remplie demedailles
de bronze, dont quelques-unes
marquent l'époque de la descente des Romains
en Angleterre, fous JulesCesar.
Le Mardy 14 Avril l'Academie Royale
desBelles Lettres fit l'on ouverture publique,
comme nous l'avonsdit dans le dernier
Mercure. M. Racine lut un Discours
qui
quiavoir pour titre,Des causesduprogrès&
de la décadencedesBelles Lettres. L'Auteur
choisit d'abord pour point de vûë les
quatre siecles qui ont été les plus féconds
en beaux esprits. Celui de Philippe Roy
de Macedoine, & d'Alexandre le Grand
son fils; celui de César & d'Auguste;- celui
de François premier & de Leon X ; & enfin
celui de Louis XIII & de Louis XIV.
M. Racine parla en détail des grands hommes,
qui avoient vécu dans ces heureux
siecles. Demosthene,Xenophon, Sophocle,
Menandre, Aristophane,&plusieurs autres
formerent le premier tableau, où l'Eloquence,
l'Histoire, laTragedie& la Comedie paroissent
dans tout leur éclat. On voit briller
dans lesecond siecle, Ciceron, Hortensius,
Horace, Virgile, Ovide, Tibulle, Catulle,
Tite. Live, Velleius Paterculus, & tous ces
grands hommes qui ayant herité du bon
goût des Grecs,porterent les Sciences & les
Arts à ce haut degré de perfection qui at
depuis servi demodele à tous ceux qui ont
voulu les imiter. Les Sçavans du quinziéme
siecle paroissent dans le troisiéme
r
Tableau, je veux dire le Tasse, Sannazar,
Petrarque, le Dante, & quelques autres
- pour l'Italie, Marot, Sarrazin
,
des Portes,
Octavien de Saint Gelais pour la
i France. Enfin le quatriéme siecle qui aété
si second en beaux esprits, vit former les
Corneilles, Rotrou, Racine, Moliere,
-
Despreaux, la Fontaine, &tant d'autres
dans toutes forces de Sciences & d'Arts.
M. Racine, après avoir observé quelles
trois premiers siecles ont été suivis d'une
funeste & longue barbarie,& qu'il paroît
déjà que le bon goût du dernier commence
à degenerer, recherche les causes de cette
décadence, & après avoir rapporté ce
qu'on a débité là-dessus, il paroît conveair
que le bon air d'un païs, unelongue
paix qui banit les foins &lesinquietudes,
le goût du Prince, & l'accueil qu'il fait
aux Sçavans, la protectiondes Ministres
font ce qu'il y a de plusp.iopre au progrès
des Sciences & des Arts, comme les guerres
& les irruptions des Peuples barbares
fonMt bie.n-tôt disparoître le bon goût. CardinaldePolignac qui presidoità
FAuembiee, après avoir resumé ce
qu'il y avoir de plus brillant dans le discours
de M. Racine, lui dit, que comme
il connoissoit paifaitementles causes du
progrès & de la décadence du bon gOÛt,
il étoit plus propre qu'un autre à le ramener,
étant fils d'un des plus grands hommes
d'un des quatre siecles, dont ilavoir fait
choix pour faire l'histoire des BellesLetrres.
M. l'Abbé Anselme lut ensuite uneDifsertation
surles AGies, dans laquelle après
en avoir recherché l'origine parmi les
Juifs,
Juifs, & les droits qui en avoient été
réglez dans les Livres de l'Ecriture Sainte,
il explique de quelle manière les Grecs
& les Romains avoient imité ce même
usage; il parle ensuite des abus qui
s'étoient introduits sur cette matiere, & *
qui étoient si grands que l'Empereur Tibere
sur oblige de donner plusieurs Edits
pour les reformer. Cette Dissertation est
écrite avec beaucoup denetteté & d'élegance,
& M. le Cardinal de Polignacrendit
justice à l'Auteur, & fit sentirtout ce
qu'il y avoit de curieux dans cet ouvrage.
M. Fourmont, Professeur en Arabe au
Collège Royal, lut ensuite uneDissertation
surla Littérature Chinoise.
Dans le préambule il déduisit les progrès
qu'a fait laLittérature en general depuis
1400, ôc montra qu'avant M. l'Abbé
Bignon,personne en France n'avoit pensé *
à la Littérature Chinoise.
'1 LesieurHeam-ge,Chinois lettré, venu
en France avec M. de Rosalie, presenté
au feu Roy par M. l'Abbé Bignon
, avoit
été designé pour travailler à un Dictionnaire
de sa Langue; la mort l'enleva peu
données après, & [on Altesse Royale
chargea. deFourmontde continuer ce - travail. M. Hoam-ge n'avoit laissé que
cinq mille caractères Chinois, & il y en aquatrevingts mille. La Dissertationde M.
de Fourmont fut divisée en deux parties.
Dans la premiere, il fitvoirl'étendue
de la Litterature Chinoise, & enmêmetems,
ce quel'Europe en a connu jusqu'ici.
Dans la seconde, il donna une idée de
la Langue Chinoise, d'abord prononcée,
ensuite exprimée par ses caraéteres hieroglyphiques,
& il ajoura un détail, tant
des secours qu'il a eus, que des ouvrages
qu'il a entrepris, pour éclaircir & avancer
cette nouvelle Litterature.
La Langue Chinoise n'a que des monosyllabes,
ils font en petit nombre
,
mais
ils se multiplient à l'infini par la difference
de leurs tons,& parce qu'un seul s'applique
quelquefois à 50 ou 40 caracteres.
M. de Fourmont a déja fait graver plus de j
2 5000 caracteres Chinois
, & prépare non
leseul Dictionnaire que l'on avoit de-
- mandé à M. Hoamge, mais au moins une
demy douzaine que lanature de la Langue j
Chinoise exige,avecpluiseursautresouvrages
qu'il a cru necessaires pour faciliter ;
cette Langue aux Européens. M. l'Abbé
de Fourmont, Professeur en Syriaque au
College Royal, &le premier qui y ait j
enseigné l'Ethiopien, a été Adjoint aux
travaux de M. de Fourmont son frere,
pour l'aider à copier ces Ouvrages,parce
que cela ne peur être fait que par un j
connoisseur, & pours'avancer luy-même
dans J
Il
dans la Littérature Chinoise, dont la
moisson quoi que vaste, pourroit manquer
d'ouvriers.
M. le Cardinal de Polignac loüa le travail
immense que M. Fourmont avoir fait
sur la Litterature Chinoise
,
& après lui
avoir dit que s'il s'étoitenseveli si longtemps
parmi les livres Chinois, comme
M. Fourmont l'avoit avoüé, il en étoit
ressucité bien glorieusement ; il l'exhorta
à continuer de s'y appliquer, afin de pouvoir
donnerau Public unDictionnaire &
une Grammaire Chinoise, ce que les sçavans
hommes dont il parle dans sa Dissertation,
n'avoient pu executer.
A l'Academie Royale des Sciences, le
Discours de M. Geoffroy reveloit plufleurs
supercheries qui ont été mises en
usage par ceux qui font profession d'un -
Art aussi pernicieux que la recherche de
la Pierre Philosophale.
Ces fortes de gens, dit M. Geoffroy,
ne cherchent qu'à duper les autres, font
des Charlatans, d'autant plus capables de
seduire, qu'en promettant les choses les
plus desirables qui font les richesses & la
santé, ils font des productions qui semblent
tenir du miracle.
Tous les tours de ces Charlatans ne
font pas épuisés
,
5c ils ont des moyens
infinis de les varier.Avec quelque exactitude
que vous les surveilliez ,ilsglisseront
toujours quelque peu d'or ou d'argent
dans leur operation ; soit en l'insinuant
dans la doublure descreusets, soit en le
mettant au bout des verges de fer, dont
ils se fervent pour remuer la matiere en,
fusion, foit en le cachant dans les creux
des charbons,ou dans les eaux qu'ils employent
pour leur dissolution.
Les choses qui en ont le plus imposé
en fait de Pierre Philosophale
,
font les;
clous prêtendus moitié fer, & moitié or,
& les Medailles moitié or & moitié argent.
On montroit il n'y a pas encore longtems
un de ce clous à Florence,qu'on
n'a pas jugé à propos d'exposer davantages
à la curiosité desVoyageurs
,
depuis qu'on
a publié que ce n'étoit que du fer soudé
très-proprement avec de l'or. M. Geoffroy
en montra à l'Assemblée qui paroissoient
être moitié fer & moitié argent. Telles
font encore ces lames de coûteau faites de
deux métaux, un côté d'or & l'autre de
fer, pour faire croire qu'étant toutes de
fer auparavant , une partie de ces lames
aété transmuée en or. On a entendu
parler il y a quelques années d'un Charlatan
qui se rendit celebre dans la Provence
en convertissant en argent le bout
des lames de coûteau qu'on lui donnoit all,
hazard, & qu'il reudoit au bout de quelque
que tems. C'étoit certainement un bout
de lame d'argent de semblable forme qu'il
soudoit à la place de la partie de fer qu'il
ôtoit. Et qu'on ne se recrie point sur ce
qu'ille faisoit d'une manicre fort desinteressée
,
il faut sçavoir amorcer les hommes
pour les duper; Et voilà ce que nos
Charlatans pratiquent avec foin
,
jusqu'à
laisser l'or ou l'argentqu'ils ont operé en
presence de quelque personne, & disparoître,
presqu'aussi-tôtdepeur, à ce qu'il
semble, qu'ils ne soient découvertscomme
possesseurs d'un trésor capable de faire
envier leur fort aux Puissances de la Terre.
Mais ce n'est que pour mieux dorer la
pilulle. Ces petites liberalitez entretiennent
l'opinion de la pombitité de la Pierre,
& nourrit toujours des dupes & des dupes
trés-entêtez par ce prétendu desinteressement
, dont le Charlatan le dédommage
dans quelqu'antre endroit, où le bruit de
ces fortes d'opérations brillantes aura penetré
j & où ne penetre -
t'il point? Ses
Medailles partie or & partie argent que
quelques personnes dignes de foy assurent
avoir vûës
,
& qu'on vente comme des
preuves convaincantes de la transmutation
des métaux
,
font aussi sujettes à caution
que le reste. Un Charlatan habile qui
sçait escamoter vous presente des Medailles
d'argent, & il choisit pour cela des Monnoyes
d'Allemagne, qui font ordinairement
d'une fabrique assez grossiere. Aprés *
vous les avoir Iaifle considerer
,
il substitue
à la place trois autres pieces de même
forme blanchies de vif argent, & qui sont
toutes preparées pour son operation,illes
trempe dans la liqueur qui les doittransmuer
,
& il s'enfuit trois effets differens, -
celle qui n'étoit que blanchie de vif argent,
paroisttoutà fait changée en or par
le sejour considerable qu'on lui laisse faire
exprès dansla liqueur. L'autre composée
d'une partie d'or soudée proprement &
exactement à une partie de Medaille d'argent
bien correspondanteparoist convertie
feulement moitié en or, parce qu'elle a
sejourné la moitié moins que la premiere
& la troisiéme enfin qui paroist d'or
*
8c
qui est fourrée d'argent au milieu paroist,
étant coupée, n'avoir pas été totalement
convertie , parce que la bienheureule liqueur
n'a pas eu le loisir
,
disent-ils
,
de
penetrer jusqu'au centre, & d'achever de
transmuer cette lame d'argent, sur laquelle
on avoit soin de souder de part & d'autre
une lame d'or portant l'empreinte de la
même Medaille. Tout cela demande à la
veriré bien dela circonspection & de l'a.
dresse. Mais que ne fait-on pas pour attraper
des dupes, qui sur des exemples si
marqués se laissent prendre au trebuchet,
àc
& avancent à ces fortes de Charlatans des
sommes considerables pour avoir de leur
precieuse liqueur,dont ilsne peuvent plus
faire aucun usage dès que l'Operateur est
parti; & souvent ne s'en prennent-ils qu'à
leur propre mal-adresse.
Toutes ces subtilités qui marquent du
génie & de l'habileté,firent dire au Cardinal
de Polignac, qui presidoit à l'Assemblée
, que si on avoit employé pour
perfectionner l'Astronomie & la Chimie
les talens dont on a fait un si mauvais
usage, foit pour les prédictions de l'Astrologie
,
soit pour les recherches de la
Pierre Philosophale
, on auroit certainement
des Astronomes r& des Chimistes
plus habiles. Que dis je, reprit le Cardinal
en se corrigeant, on n'en auroit point de
plus habiles que ceux que nous avons ici , mais on en auroit un plus grand nombre.
Nous avons reçu de Hollande le Catalogue
imprimé d'un Cabinet de Tableaux
rares & curieux, qui doit être vendu à
Amsterdam le 15 Juin 1722 & jours
suivans, dans le vieux Heere-Logement.
Sur la foy d'une personne très éclairée,
qui a vû ce Cabinet, où il a trouvé des
morceaux des plus fameux Peintres d'ltalie
& des Pays-Bas, nous allons donner
ce Catalogue, dans lequel les curieux
trouveront des Tableaux dignes de leur
attention, qui même sans dessein de les
acquérir
,
leur feront toujours un certain
plaisir, par la connoissance qu'ils leur donneront
des ouvrages des grands Maîtres.
Ce Cabinet composé de 82Tableaux
appartient à M. David Amoury,homme
de goût, qui aime les Arts & les Sciences,
qui y employe beaucoup de foins Se de
très grandes dépenses. Il ne le vend que
parce qu'il a été obligé de changer de situanon,
& de passer en Zelande.
Outre les Tableaux on trouvera encore
dans ce Cabinet quantité de desseins originaux
des plus excellens Peintres, une
grande collection des meilleures estampes
d'Italie, de France,&c. un grand amas
de pierres antiques & autres, gravées en,
creux & en relief; des statuës antiques,
des bustes de marbre, & d'autres pierres.
tares; une belle fuite de Medailles Greques
& Romaines, d'or, d'argent & de
bronze
, & quantité de porcelaines,des
maux, & autres curiositez.
Tableaux de Rubens.
La Fable de Junon & d'Ixion,six figures
de grandeur naturelle. Tableau de 1 pieds
cr demi de large, sur6 de haut.
Salvatormundi, ou Christ glorieux dans
les nuées, accompagné de trois Anges,
tous de grandeurnaturelle; Tableau admirable
mirable pour l'expression, haut de 6pieds,
sur 4 Ù* demi de large.
La Pucelle d'Orleans armée, de grandeur
naturelle, à genoux devant un Crucifix
, 6 pieds & demi sur 4 & demi.
Apollon & Meleagre, avec un beau
païsage de FIttvvelen Breughel, large de
40 pouces sur 28.
Rubens & sa femme, portraits.
Portrait de H. Holbeen.
De Vandeik.
Samson dormant dans le giron de Dalila;
elle lui coupe les cheveux
,
&c.5 figures
de grandeur naturelle, & trois dans l'éloignement
; S pieds 3 pouces de large, sur
5 pieds & demi.
I Un portrait
De Valerio Castello.
Moyse, qui fait couler l'eau du rocher,
Il figures de grandeur naturelle, large
de 9 pieds sur 7.
De Jean Benedette Castiglion
,
Peintre &
Graveur de Genes, en qui on voit beaucoup
d'esprit & de caractere
,
mais assez
peu de correction dans le dessein ; mort
, depuis environ 70 ans.
Tobie s'en retournant chez lui avec sa
fiancée; trèsbeaupaïsage, peuplé de
diverses figures & d'animaux, dans le
goût du Poussin, 6 pieds 2 pouces delarge,
sur 4 pieds 4 pouces.
De Salvator Roza
,
dit Salvatoriel, Peintre,
Graveur à l'eau force, & Poëte
Napolitain. Il excelloit pour le païsage,
les Ports de Mer
,
les tempêtes, naufrages,
& sur tout pour les batailles; mort
en 1673.
Deux beaux païsages avec des statuës, &c.
faisant pendant39 pouces de haut sur ;0.
Deux vûës de ruines, de même grandeur.
De Michel Ange des Batailles, Peintre
de Gennes.
Un Tableau representant un Corps de
garde, dans la maniere de Jean Miel, ôc
un autre dans le même goût qui sert dépendant.
De Nicolas POHffin, Peintre François, admirablepar
l'élegance & la justesse de
son dessein, par la sage & noble convenance
qu'il a jettée dans les sujets
qu'il a traitez, par la précision & la finesse
des expressions, par les moeurs & les
coutumes des anciens, & par le caractere
de l'antique, qui, quand il n'est pas
poussé trop loin, éleve l'ame & charme
le coeur & l'esprit;mort à Rome en 1665,
âgé de 7 1 ans.
1. Les trois Rois qui offrent leurs prefcns
, &c.le fond est un édifice antique,
oins
orné de statuës
>
&c. large de 5 pteds sur
4 & demi, gravé en Estampe par Avice.
2. Venus & Adonis.
Du Titien, celebrePeintreVenitien.
1. La sainte Vierge avec l'Enfant Jesus,
saint Jerôme, & autres figures, demi figures
, 4 pieds 8 pouces de large, sur4
pieds 5 pouces.
2. Bain de Diane, avec quantité de Nimphes,
& Acteon dans un beau païsage,
large de4pieds&demisur 3 pieds 5 pouces.
Du Guide.
Hercule encore enfant, terrassant l'hydre,
3pieds de haut, sur 2 pieds & demy.
D'Alexandre Turc Veronese, dit Dorbet,
mort depuis environ 50 ans: sa maniere
elt foible & léchée, mais fort agreable
; son coloris est meilleur que son
dessein.
Tableau de 3 pieds & demi sur deux pieds,
representant Loth avec ses filles.
De Philippe Laure, peintre Romain, tres
habile en petit.
Le triomphe de Bacchus, large de16
pouces, sur 11.
De Guillaume Courtois, dit Bourguignon.
Bataille de Josué contre les Amalecites,
de 27 pouces de large sur19.
De Paul Veronese.
L'Ascension de N. S. de iS pouces de
hant sur 14, gravé par Corn. Visser,
£*
Du Tintoret.
UnPortrait.
-
DeleBlond.
Un Crucifix, haut de 20pouces sur 14.
De Gerard de Lairesse.
1. Paris & Helene entrant dans Troyet
où l'on voit un bel édifice & quantité de
statuës. 29.pouces de large fmrr 2 5.
2. Un Tableau de fleurs.
De Jean-Baptisse Weninx. -
L'enfant prodigue, de 2.9 pouces de large
sur 26.
De Both.
Des Païsans yvres dans une mazure,
30 pouces de large sur 24.
De Jean Both
Un beau païsage avec de petites figures
& de petits, animaux, large de30pouces
sur IL. - l
, De T.Affeleyn, autrement Crabfetje,
Un païsage,de %1 pouces de largesur x€.:
- De Bartolet.
La Fiancée de Scipion, Tableau de y
pieds de haut, sur 3 pieds 4 pouces.
Du Cavalier Gaspard de Celio, Peinrre Romain,
Disciple de Nicolas Pomarancie,
morten 1640, âgéde70 ans.
Judith avec la tête d'Holoferne, de f
pieds de haut sur4pieds 3 pouces.
De Vincent cVMlIlt.
David avec la tête de Goliat. 4jphdp-
-- 9.
9 pouces de haut sur 5 pieds 7 pOlicer.
De Montalte.
Un joüeur de Guicarre. hdllt de 44
pouces sur 50.
De BarthelemyManfredy , de Man-
-, touë, Disciple du Caravage, qu'il a
très- bien imité, au dessein près,
qui n'étoit pas si bon.
1. Des Soldats qui jouent. Tableaude
44 pouces de large sur 36.
2. Une Diseuse de bonne avanture.
même grandeur.
De Jacques jordans,d'Anvers
y Disciple de Rubens, mort en 1678..
âgé de 84 ans.
Des Mangeurs de boüillie. Large de 7
pieds sur 6.
De Pierre-François Mola, Disciplede
l'Albane
,
excellent Paysagiste.
Un beau Paysage
,
haut de 26 pouces
sur 20.
De FrancisqueMilet, Peintre d'Anvers
,grand Paysagiste dans le goût
du Poussin,mortà Paris en 1680.
âgé de 36 ans.
1. La Vierge avec le petit JÉSUS,&
S. Joseph dans un Paysage. Petit Tableau
de 7 pouces en quarré.
2. Pan & Sirinx. mêmegrandeur.
De David Teniers,dAnvers.
1.Très-beau Paysage avec des figures,.
«fe4 pieds de èarge surX*
2. Une tentation deS. Antoine.
De Fluwelen Brughel.
Un beau Paysage, avec un Char&de
petites Figures, largede 18 pouces sur14-
D'Adam Elsbeymer, Peintre& Graveur
à l'eau-forte, né à Francfort
en 15 74. & mort jeune à Rome,
fous le PontificatdePaul V.
Ceréscherchant Proserpine. 12 pONcer
de baftt sur 9 •& demi. -
De Philippe WQflwertnlln, Peintre
Hollandois.
- Un Paysage avec des Chevaux & de
petites figures, large de 17 pouces sur
Jj.
De Godfrîed Schalken, Disciple de
Reinbrant & de Girardaw.
,4. Une petite Demoiselle qui travaille
un Bouquet de fleurs. 11 pouces de haut
sur8,
2. Une autre travaillant à uneGuirlande,
même grandeur, D'Eglon Vander Neer.
-
1. Son Portrait peint par lui - même
9 II* pouces de haut foo--8i-
2. Portrait du même & de sa femme,
même grandeur.
Un clair de Lune.
-
De Gabriel twetfa.
Une petite Poissonniere,13 pouces de
,- J,;rg-e sur 'z. - DI
,
De Nicolas'Berghem.
Un Paysage,- dans lequel on voit une
Chasse de Faucons, 38 pouces de largesur
z8.
De Roeland Savery, Peintre Hollandois,
qui excelloit pour le Paysage,
les Animaux, les- Insères
,
les
Fleurs & les, Fruits;il finissoit extremement,
& ses plus grands Tableaux
n'ont que 30 pouces; mort
vers l'an 1660. fort âgé. Jean Bol
avoit été son Maître.
Une belle Forest, avec quantité de
petits Animaux. Large de 28. pouces sur
*4»
, De Kampen, Peintre Hollandois.
Un Hyver
, avec la Ville de la Haye
dans l'éloignement, où l'on voit le Prince
Maurice, Frederik Henry, & Vanden
Stom.
2. Autre Hyver, avec quantité de Figures
, de pareille grandeur.
De Vander vlft.
Un Triomphe Romain, large el, 4
pieds 8 pouces, sur 2 pieds 9 pouces.
De Brottk.borB.
Le Sacrifice d'Abraham,dans le goût
Italien, large de3piedssur 1 if demi.
De Jean Mabujto
, ou de Maubeuge,
très - bon Dessinateur & Peintre
estimé mort en 1 j62.. -
Les
Les trois Rois, qui offrent leurs pre-
(cns, &c. demi Figures. Tableau de 4
pieds
@
de haut, sur3. très- bienconserve.
D'Emanuel de Wit.
Une belle Eglise, 4pieds delargesur 3.
De steenwyk.
Une Eglise.21poucesdelargesur16,
- De Thomas Wyek..
1, Tableaux, vûës de Ports de Mer
d'Italie, larges de 17 pouces sur 1 De Lucas Kranag.
La Parabole
,
laissez venir les petits Endans
à moy. Tableau du Cabinet du Comte
d'Arondel.
De Mostard.
S, Jerôme dans un Paysage
,
où l'on
travaille aux Mines.
D'AbertDurer
,
Peintre, Archireéte,
Sculpteur & Graveur Allemand,
contemporain de Raphaël, dont il
merita les éloges. Mort en 1518.
âgé de 57 ans. ,
Un Christ, avec la Couronne d'épines.
De Lucas de Leyde, Peintre & Graveur,
contemporain & Emule d'Albert.
Mort en 1533.âgé de 39 ans.
La Vierge avec le petit JESUS,& deux
autres Saintes. Trés-bienconservé.
De Kass.
1. La Vie tranquille.s.piedsdehaut,
4. pieds 4. pouces, l.
2. Autre Tableau du même. CMcmes
,dimensions.
3 Un troisiéme
,
idem.
De Jean Vander Lis.
1. Un Paysage avec des Femmes qui
se baignent. 15 pouces delargesur 12.
2. Un autre, pendant.
3. Une Bacchanale antique.
De Denis.
Un Tableau de Fleurs.
De Pierre Candi.
La Cene de N. S. avec ses Apôtres.
De Swart San.
Le Vieux & le Nouveau Testament.
D'Adrien Van de Velde.
Un beau Paysage.
De Jean Van Goyen.
Une vûe sur l'Eau.
Bustes antiques.
De Turnus, d'Enée, de Sophocle, d'Auguste,
&c.
Deffeim.
De Raphaël, Jules Romain,Perin del
Vago
,
d'André del Sarte, Leonard de
Vinci, A. Carrache, André Mautegne A.Brufcoli, Lucas Cangiato , , Paul Veronese,
Campagnola
,
Baccio Bandinelli, le
Titien, Pietro Testa
,
Tadée & Frederic
Zucre, &c. de Hemskerk
,
Schorel, Swart
Jan, Breughel, Antoine Van Dyk
,
Rubens,
Jordans, Abr. Bloemart, Goltzins,
&c.
&c. Des Desseins enluminez de Flawel
Breughel, Nicolas Berghem, Van de
Velde, Ostad, Moninx, Kock
,
Saveri
& autres Peintres fameux des PaysBas.
Un Cabinet du Japon, enrichi de pierres
antiques, gravées en creux & en relief;
onix, cornalines,agathes, ambre, &c.
partilesquellesily a un Buste fait d'une
Hyacinte
,
de deux pouces de hauteur,
representant une Mater dolorosa
,
dont on
fait beaucoup de cas.
Medailles.
Soixante.trois Medailles d'or, dont les
deux premieresGrecques sont d'Alexandre,
& de Lysimachus. Les autres font Romaines
, & font une espece de suite depuis
Jules Cesar jusqu'à jtiftiiiien avec
quelques Revers peu communs. 11 y a à
la fin de cette fuite deux Medailles de
Rois de France de la premiere Race, qui
ne font pas nommes, & une Medaille
aussi d'or de Louis Roy de France &
de Naples, avec cette Legende au Revers:
VerdamBabylonis nomen.
Une suite de Medailles Romaines d'ar-
-
gent d'Empereurs&d'Imperatrices, avec
des Revers rares.
Une autre fuite d'Empereurs & d'Imperatrices
en bronze, dont les Revers font
des plus rares.
t
Une suite des Medailles Grecques des
Empereurs
Empereurs Romains,avec de bons Revers.
Et diverses Medailles de Princes &
de Villes de Grece, comme aussi quel.
ques-unes des Colonies.
Le Roy aaccordé un Privilege exclusis
à M du Quet,Ingenieur, sur le Mouvement
alternatif,qu'il a inventé, pour faire
jouer des fleaux par le secours d'un cheval , & battre autant de bled pendant le même
espace de temps, que peuvent faire sept
Batteurs, par l'usage des fleaux à l'ordinaire.
Cette invention qui délivre les hommes
d'un travail plus convenable aux chevaux
qu'à eux, présente un gain considerable
aux Laboureurs.
La demeure de M. du Quet est dans
la rue de l'Arbre-sec, vis-à-vis du petit
Paradis.
M. Couston l'aîné, excellent Sculpteur
de l'Academie Royale de Peinture & Sculpture,
travaille au Buste du Royen marbre
; il servira pour fraper la Medaille du
Sacre de S. M.
Cette Academie vient de faire une perte
tres-conlideraele en la personne du Sieur
Gilot,Peintre& Graveur, d'un genie singulier
& tres-abondant. Il est mort le 7 de
ce mois,âgé d'enviton 48 ans; il étoit
natif de Langres.
Suite
Suite des Medailles du Roy
, avec l'explication
des Types & Legendes.
MEDAILLE V. L'Esperance que donne le Roy. On voit
d'un côté la tête de Louis XV
, avec
l'inscription ordinaire. Revers, Le Soleil
levant. Legende: Jubet sperare: Il flatte
notreesperance. Exergue , 1715.
VI.
L'application de Monsieur le Regent aux
affaires. D'un côté la tête de ce Prince
avec l'inscription ordinaire. Revers, La
France assise, écrivant ces mots sur un bouclier
votif: Vota ptlblÙa)Vux publics.
Legende: Confervatori fao, A son Conservateur.
Exergue, 1716.
VII.
La Chambre du Justice. D'un côté la
tête de Louis XV avec l'inscription ordinaire.
Revers: Hercule qui ayant enfoncé
la Caverne de Cacus, est sur le point de
Panommer, & pour Legende ces mots
d'Horace, Vindex avaroe fraudis : Vangeur
de la fraude& de l'avarice. Exergue,
Chambre de Justice 1716.
Spectacles
SPECTACLES.
LE Samedi 16 de ce mois, les Comediens
François ont remis au Theâtre
la Tragedie d'Orefle & Pilade de M. de
la Grange, qu'on n'avoit point encore
repris depuis l'année 1698,qu'elle fut
jouée dans sa nouveauté. La Dlle Champmeslé
y joua le Rôle d'Iphigenieenviron
douze fois: la Piece, qui eut un fort grand
succès, fut interrompue par la maladie &
la mort de cette celebre Actrice
,
à laquelle
laDlle Desmares succeda dans le même
:
Rôle. Les Rôles de Thomiris, de Thoas,
d'Oreste&dePilade étoientremplis par
la Dlle & par les Srs Champmeslé,
Baubourg & Baron fils. Ces Rôles font
jouez aujourd'huy par les Dlles le Couvreur&
Dangeville, par le Sr le Grand,
& par les Srs Quinaut.
Quoique M. de la Grange n'eut pas 20
ans quand il fit cette Piece, ce n'etf pas
son premier Ouvrage; ilavoit fait quatre
ans auparavant la Tragedied'Adherbal
Roy de Numidie;il donna en 1699, Meleagre
Tragedie,en 1700, Athenais Tragedie
, en 1701 ,
AmasisTragedie. Il fit
en 1702 pour l'Opera la Tragedie de Medusy
Roy des Medes, mise en Musique
par
par M. Bouvard. En 1/04 la Tragedie
d'Alceste, en 1706l'Operade Cassandre,
mis en musique par Mrs Bouvard & Bertin.
Il donna au mois de Mars 1713 sa Tragedied'Ino
& Melicerte, qui sur représentée
quatorze fois avec succès
,
& au mois
de Novembre1716;Sophonisbe,Tragedie
qui ne fut jouée que quatre fois.
On a representé pour la premiere fois
le 19 de ce mois l'Opiniâtre, Comedie nouvelle
en vers, & en trois Actes, qui a
été fort bien reçue du Public. Elle est de
l'Auteur du Grondeur: nous en parlerons
plus amplement.
Le 21, le Sr Poisson, frere cadet de
celui qui vient de quitter le Theâtre, a
paru pour la premiere fois dans la Comédie
d'Amphitrion de Moliere, & y a joué le
Rôle de Sosie avec un applaudissementuniversel;
il a du feu & de la vivacité; on lui
trouve beaucoup decet heureux naturel ÔC
des graces de son pere & de son grand-pere.
L'Academie Royale de Musique a représenté
le 11 de ce mois le Ballet des Saisons,
qui n'avoit pas été joué depuis dix ans.
Le Poëme est de M. Picque, Auteurde
de deux autres Opera, la Naissance de
Venus & Aricie: la Musique est de M.
Colasse, à l'exception des airs de Baller,
qui font de M. de Lulli. Il fut representé
pour
pour la premiere fois en 1695.
- CeBallet, composé d'un Prologue &
de quatre Entrées, est assez bien reçu du
Public, quoiqu'il soit donné après deux
xlesplusbeaux Opéra de M. deLully,
--qu'on vient de quitter. -
,
Le Sr Thevenard chante dans lePrologue
le Rôle d'Apollon;-
dans la premiere
Entrée les Rôlesdu Printems & deZephize
font remplis par les Sr s Muraire & Tribout.
La DlleHermans qui chante celui de
Etore, est fort applaudie dans l'aittendre
:..& brillant, - ,
Amour, tu m'as soumise encore à ta puissance,&6*
Les Rôles de Vertumne & de l'Eté dans
a feconde Entrée sontchantez parlesSrs -
Thevenard & Granet, &ceux de Pomone
Se de Cerès par les Dlles Antier & Le -
Maure.
Dans la troisiéme Entrée, les Srs le frlirc
g: Dun chantent les Rôles de l'Automne 8c
Bl Bacchus, & la Dlle Tulou celui d'Aiane.
laLes Srs Dubourg & Artaud jouent dans quatrième Entrée les Rôles deBorée 8c i.del'Hyver,&Mlle-Antier qui ne cesse
irdietes'attirer les applaudissemens qu'elle me- dans tout ce qu'elle chante, celui d'rirhi; elle brille sur tout dans ce bel air Meplaindrai -jetoujours,Amour,souston
empire? "&c.
THEATRE ITALIEN. yOici le discours &r le Sonnet Italien
que la Dlle Flaminia premiere Actrice
de la Comedie Italienne, prononça a
l'ouverture duTheâtre, pour suppléer, à
l'absence du Sr Riccoboni Lelio son mari qui n'a , pu trouver place dans notre dernier
Mercure
, & que nous donnons pour
satisfaire à l'empressementdes amateurs de
la Langue Italienne. Après avoir marqué
quelque embarras sur la necessité qu'on lui
imposoit de faire un compliment, elle
commença ainsi:
COM E? dunque da voi violentata, faro
costreta à sciogliere,piu tosto che ogni altro la
Lingua allapresenza di cosinobiliSpettatori per
suplicarlidi bentgnaaJfljien^a ! éche speratedal
discorsoche esca della mente di unll donna ?
L'obligatecosi generosi ascoltanti a nostro avantaggio
non e impiego per una femina a cui mAnc*
l'arte di persuadere: ma voi tutti vi tacete ,
e mi volete al grande impegno
,
sia.
Setalefosse oggi la nostraComediaquale si vidde
quellaall'ora che della Grecia traendo ; natali
coll' avanzarsi del tempo e d'onore
, e digloria
aricchita comparue ,si che per decorate.i
recitattivi racconti e di marmi finissimi
, e di
piu ricco argento ornavansi iTeatri, e si concedevano
le palme à piu famosi recitanti,e da
statue la loro memoria ettirna rendevasi, ed in
varie guise a loro si acresceva la gloria ,con
quanto piu diardire,onobilissimiSignori, verrei
ad
ad offrirvi questa nostra ,
che ctimerei veramenta
degna di voi ,
se con l'antico decoro, el'antica
condotta guidata ella fosse : ma pur troppo varia
g la forte e col corso del tempocangia quasi di
faccia anche l'aspetto del defiino.
Tuttavia anche mancando LI nosirA Comedia
di un cosi alto fplendore
,
prenderei qualchecoraggio
per pregarvi del vostro benigno compatimento
,se tale potessimonoi rapresentarvela,quale
sotto del nostrocielo compare adorna.
Cola le varte forti di rapresentattonifanno il
nostro teatro piu dilettevole, ed il nostro idtoma
nel proprio paese inteso
, a i tragici componimenti
,
ed alle Comedie di comico e di ferio
miste, lascia un libero campo ..J?er divertire
gratamente i Spettatori. li Comici Italiani nofirt
Predecessori trovatisi in Parigi ove la loro materna
Itngna non era intesa,sisonovedutialla
necessita di parlare il Francese ,e perche non cosi
di facile un straniero aprende un altro linguaggio
,
il loro discorso imperfetto nella pronuncta
adattavasi piu col Comico che adogn' altro
genere di rapresentatione. Questo a fatto nascère
fra loro qutlla forte di Comedia,che nel Teatro
Italiano, cosi nomato ,
si legge. Componimenti
(hefrottole ponnochimarst,enonComedie.Han
ouefii per molti anni fujfijfito in questa nobile
Citta
,
ed IIlorll che un sourano e favorevole
comando hà riccondotto gl'ltaliani Comici in
Pariggi, loro e convenuto accomodarisi a quel
- genere di cose, delle quali il pa,:{e , era inuafo ,
e per l'impressione che dal raconto denostri Padri
si ritragge, e perche l'ltalillno ntn é fuo r del
° suo proprio paese comunemente inteso. gutsto sa
che I'Anditorio della Comedia Italiana , non
conosciuta,che dal lato del ridicolo,dimanda
solo di ridere, e chi nel nostro Teatro si riduce, solo alle risa. disposto ne viene.
DIt ció hebbe, ed d origine quellavarieta di
cose che la povera nostraComedia han eeft
miseramente sfigurata.
Conoscendola io pero tanto dall'ordine suo diversa
,
che poffo offerire che vaglia ad appagare
,i/ sotilissimoingegno di chi fraqueste mttra attende
da noi esca degna delsuo grandspirito.
Mapoiche una bellaforte ci hà condotti fottra di questo cielo doue gta permoldannigodiamo
gli ejfetti benigni di sue influenze, non vo con
dispreggio tale abbatere lenostre fatiche si che
tolga a voi la jaffereYya per ascostarle
, ed a ntÎ
il toraggio per azardarle.
Ció che vi offerisco ,o nobilissimi Spttt/ltori"
il nostro Cuore, mai pagodiaffaticarsipermeritare
da voi se non loda
, almeno compatimeto. SONETTO,
ALmll Lutetia mill, uco ragiono ,
A cut splende nel Ciel sebo secondo
,
Ein cui pur ode con invidia il mondt
Delle njtrgint dive il dolcesuono.
Date, madre d'ingegni ,attende in dono
Or la nostra Talia nuovo , e secondo
Lauro, che adorni il nobil crin suo biondo,
Porche pit* letta qui si Assida in Trono.
La tua tnerce ritorni a la smarita
Diva la gloria ,
é la negletta omai
Fia nostra Scena d'altro onor vestita,
E poiche per virtute altera vai, v
E'l portico, e'lliceo in té saddita ,
L'ltalo socco ancor chiaro sarai.
Tl(.ADVCIJON'
TRADUCTIONSOMMAIRE
du compliment.
MESSIEURS,
Si notre Comédie étoit telle aujourd'huy
qu'elle sur autrefois, lorsque redevable de sa'
naissance à la Grece, elle parut dage en âge
enrichie d'honneur & de gloire, que la pompe
& la magnificence relevoient l'éclat du Theâtre,
& que les Prix & les Statuës s'acoi doient aux
plus fameux Acteurs, nous vous l'offr irions avec
d'autant plus de confiance qu'elle seroit veritablement
digne de vous. Quoiqu'ellefo:t privée
de cetéclat, nous nous flaterions encore de
pouvoir meriter l'honneur que vous nousfaites
d'yassîster
,
si nous pouvions du moins lui conserver
en France les mêmes agrémens qu'elle a'
en Italie.
Mais malheureusement plusieurs choses contribuent
à nous en ravir les moyens, la delicatesse
de notre Langue soutient la beauté des-
Pieces qu'on y represente, & l'agréable mélange
du Tragique & du Comique, du Serieux &
du Burlesque y laisse aux Acteurs un champ
beaucoup plus libre pour amuser agréablement
les Speaateurs s ici nous sommes pri vez de
tous ces avantages, de forte que par l'impuissance
où nous nous trouvons de pouvoir nous
faire entendre à la plupart des Auditeurs, nous
sommes réduits à la triste necessité de mêler
danspresque toutes nos Pieces des Scenes'
Françoises, ce qui forme une composition bizarre
, quia plutôt le caractere d'un assemblage
de Vaudevilles que de tout autre genre de Comedie
,
& dont tout le merite fc reduit à exciter
à rire ceux qui nous écoutent.
Comme vous sentez mieux que nous, Mesfleurs
,
l'impossibilité dans laquelle nousnous
trouvons de satisfaire pleinement le desir Au-,
cere que nousavons de vous plaire, dans une
Langue qui nousest étrangere ,& dont la véritable
prononciation nous est presque impossible,
nous osons cependant esperer, que si nous ne
pouvons meriter des louanges de votre part, les efforts que nous ferons pour ne pas rendre
les Pieces que nous jouerons cout-a faitméprisables
, nous feront du moins meriter votre indulgence
,
& enfin que la bonne volonté que
vous remarquerez toujours en nous nous tiendra
lieu de merite.
Voici le sens du SonnetItalien.
Paris, Ville celebre, où Apollon& les Muses
font entendre des chants qui meritent l'attention
de tout l'Univers,mere des beaux esprits,
notre Thalie attend de toi que tu ceignes sa tête
d'un nouveau & fertile Laurier; si tu daignes te
déclarer en safaveur
, tes jugemens aussi renommez
que l'éroient ceux du Portique & du Lycée
lui rendront son premier lustre.
Les ComediensItaliens ontrepresenté le J:de
ce mois la Surprise de l'Amour, Piece nouvelle
Françoise en trois Ades, avec un Divertissement
à la
fin
de la Comedie, dont voicy l'Extrait.
Lelio est trahi par une maîtresse; il enest si
piqué qu'il l'abandonne de dépit, & se retire à
une maison de Campagne,avec une ferme resolution
, non feulement de ne plus frequenter
des femmes, pour ne pas exposer son coeur au
danger d'aimer, mais encore deles mépriser:
&
&de publier leurs deffauts toutes les fois qu'il
est trouvera l'occasion ; Arlequin son Valet qui
aimoit de soncôtélaSuivantede laDameinfidelle
,
& qui n'en a pas été mieux traité que
son Maître, prend la même resolution & les
mêmes sentimens
,
& accompagne son Maître
à cette Campagne; après y avoir passé quelque
tems , il y arrive une Dame inconnue à Lelio,
& cette Dame ( qu'on appelle la Comtesse) n'a .J
jamais vu niconnu Lelio j Madame la Comtesse
est fort opposée à tout ce qu'on appelle
amour ou galanterie ; le dereglement de conduite
& Je raisonqu'ellea remarqué dans plusieurs
Amants, lui ont donné de l'aversion &
de l'éloignement pour tout ce qui s'appelle tendre
engagement,&!'oaf persuadée qu'un homme
ne meritoit pas d'étreaimé comme amant,
& qu'une femme s'avilissoit toujours quand elle
s'avifoit d'aimer quelqu'un,&c. Sur ce principe
il n'yavoit pas beaucoup d apparence que Lelio&
la Comtesse pussent lier quelque conversation
ensemble,& encore moins de contracter
quelque amitié entre eux;cependant c'estl'amour
, contre lequel ces deux personnessedechaînent
qui donne sujet à leur premiere entrevue.
Le Fermier de la Comtesse amoureux
de la Fermiere de Lelio, & voulant l'épouser
s'avise de prier la Comtesse de faire , trouver
bon à Leliod'épouser sa Fermiere; laComtesse
promet de faire cette priere, & d'engager même
Lelio de faire quelque present à sa Fermiere
en faveur de ce mariage.
La Comtesse n'est pas long-tems à rencontrer
Lelio
, elle le trouve à la promenade, Lelio
veut s'éloigner d'abord qu'il l'apperçoit, mais
la Comtesse le fait appeller pour lui dire qu'elle
a quelque chose à lui faire sçavoir ; Lelio ,en l'abordant, lui fait ses excuses sur ce qu'ils'étoit
d'abord éloigné d'elle,&c. Qu'ellenedoit
attribuer cette démarche qu'à une forte resolution
qu'il a prise de fuir désormais toutes les
femmes, à cause d'une infidélité qu'uneMaîtresse
lui a faiteautrefois,&c. La Comtesse est
fort piquée des idéesqueLeliofaitparoîtreau
sujet des femmes,elle ne contredit pas d'abord
ses sentimens
,
elle blâme même l'infidélitéde
cette Maitresse, qui n'est causée
,
dit ellequelquefois
que par le ridicule des hommes, &
qu'elle pourroit bien lui donner des preuves
convaincantes de ce ridicule, si elle vouloit
s'en donner la peine, en le rendant,lui Lelio,
aussi amoureux qu'il l'a été de cette premiere
Maitrelle : Lelio défie la Comtesse d'une pareille
tentative; &c. Cette conversation
, jointe audéfi,
jetre dans l'ame de ces deux personnes je
ne sçai quelle revolte d'amour-propre l'un contre
l'autre qu'on voit naître dans l'instant
,
&
qui éclate dans la fuite par un Billet que la
Comtesse écrit à Lelio au sujet du Fermier&
de la Fermiere, par lequel elle lui mande qu'il
est inutile de se voir davantage pour une affaire
de si peu de consequence ,&c. Cette Lettre qui
ne décidé rien sur l'affaire du Fermier,ne fait,
qu'augmenter l'envie & l'empressement de Lelio
de revoir la Comtesse, laquelle ne souhaite pas
moins de son côté de revoir Lelio.
Cependant le Fermier de laComtesse,àqui
lamauvaise humeur de Lelio contre les femmes,
a donné mauvais exemple, s'avise de vouloir
faire l'épreuve de la fidélité de la Fermiere ;
mais celle cy en est si irritée qu'elle vient demander
son congé à Lelio pour sortir du Village
, afin de n'être plus à portée de pardonner
à son Amant,&c.
La Comtesse arrive un moment aprés, cherchant
un Portrait qu'elle a perdu ; Lelio fait
semblant
semblant de ne pas l'appercevoir,& de se promener
,
mais la Comtesse en cherchant le Portrait
s'approche si fort de lui qu'il ne peut plus
éviter de lui parler; Cette Scene est fortplaisante
par le jeu de Theatre,de voir deux pérsonnes
qui font semblant de ne vouloir pas se,
trouver, & qui ne demandent pas mieux que
de se joindre & de lier conversation ce qui ne
manque pas d'arriver dans l'instant. Cependant
quelque remord qui prend à Lelio, l'oblige de
quitter la Comtesse assez brusquement; mais sa
fermeté l'abandonne à quatre pas de-là
,
il se
ravise
, & revient sur ses pas pour rejoindre la
Comtesse, laquelle de son côté étant fort fâchée
du départ de Lelio
, trouve un prétexte de
Je faire rapeller ;ils se trouventtous les deux
un instant après presque face à face
, comme
des gens qui se cherchent avec empressement,
ce qui produit sur la Scene un jeuassezplaisant.
La Comtesse demande enfin à Lelio d'une maniere
assez vive ce qu'il a encore à lui dire; Lelio
répond que sa Fermière neveut plus épouser le
Fermier
, &c. Ce discours occasionne entre eux
une querelle bizarre, dans laquelleilssedisent
à tout moment qu'ils s'aiment, en voulant s'efforcer
de se persuader le contraire. Ils finissent
certe conversation par l'assurance que Lelio
donne à la Comtesse de finir le mariage du
Fermier ,&c. Enfin la Comtesse & Lelio moins
en état que jamais de cacher le penchant qu'ils
ontl'un pour l'autre, ouvrent enfin les yeux &sedévelopent réciproquement ,- ce qu'ilsont
de plus caché dans le coeur, &c. Le Portrait
de la Comtesse qu'elle a égaré. trouvé par
Arlequin, & gardé par Lclio
,
fous pretexte
qu'il ressemblé à une parenté qu'il aimoit
beaucoup,est une preuve convaincante de l'aaafcur
que Lelio a pour la ComtdIe, cette
pteuve est-suivie de l'aveu que Lelio lui enfait
, la Comtesse ne peut pas s'empêcher de
lui en faire un semblable. C'est par où la Comediefinit
avec le mariage du Fermier & de
la Fermiere ,qui ferme le divertissement de la
Piéce; Arlequin,Valet de Lelio
, & Colombine
Suivante de la Comtesse, font un jeu dans la
Pièce tout à-fait divertissant, nous n'en dirons
rien pour ne pas entrer dans un trop grand
détail.
La Pieceà été fort bien reçûedu Publicpar
la simplicité de l'intrigue
,
qui ne roûle que
sur les mouvemens de deux principaux Personnages.
LaDlle. Silvia jouë le fien d'une
maniere qui ne laisse rien à souhaiter. La Dlle.
Flaminia n'apas été moins aplaudie dans son
Rôle de Suivante, qu'elle a joüé avec autant
de feu qu'elleen fait paroître dans lesScenes
qu'elle compose
,
le sieur Lelio,à qui la Langue
Françoise ne devroit pas naturellement être si
familière
, a joüé son Rôle qui est tout François
en perfection
, & Arlequin a joüé le sien à
jfoo ordinaire
,
c'est-à-dire, àla satisfaction de
tout le Public.
NOUVELLES ETRANGERES.
-
De pekin, ceil Janvier 1721. xe"*t N mande de la Chine qu'il y a eu
à Pekin un tremblement de terre le
1 11 Juillet 1710: cetremblement
ne se fit sentir avec violence que
v vers le milieu de lanuit j il durajurgu,
au lendemain sept heures du matin avec
differentes secousses, dont la derniere fut la plus,
1 dangereuse,
dangereuse. Il est tombé plusieurs Temples Se
Edifices publics, qui ont enveloppé fous leurs
ruines un très grand nombre d'Habitans consternez.
Ce tremblement de terre a parcouru
jusqu'au 28 du même mois toutes les Provinces
Méridionales & Orientales de ce vaste Empire >
mais il n'a incommodé considerablement que le
Pekeli, le Channfi
,
le Honnan ,
& le Cannton.
Le 14 du mois suivant une éclipse du soleil presque
totale, augmenta terriblement la confiernation
du peuple Chinois, qui n'a pas sur ces
matieres la tranquillité des Mandarins éclairez.
Cette éclipse commença à dix heures43 minutes
du matin, & finir à une heure 42 minutes après
midi. Quelques jours après un Jeûne général
de quatre jours fut ordonné par l'Empereur,.
qui lui même donna l'exemple de ce qu'il commandoit.
Ensuite il assigna les fonds necessaires
pour relever les édifices publics renversez par
le tremblement de terre, & partit de Pekin
pour se rendre au Château qu'il a fait bâtir au pied d'une des montagnes de la Tartarie. Il
fut' accompagné dans ce voyage par les R. Peres
Jean Mouraon, & Dominique Parrenim Jesuites.
& suivi par les Seigneurs de sa Cour & ses principaux
Minîstres; ils eurent permission d'y demeurer
avec lui pendant tout le temps que dura
la grande-chasse des Tigres
,
qui se fit par son
ordre, pour extirper ces animaux feroces qui.
ravageoient depuis plusieurs années ce pays.
L'Empereur revintle 2° deNovembresuivantà
Cham chum-yam, Maison de plaisance située à
trois lieuës de Pekin : là il partagea avec ses
Sujets les réjoüissances extraordinaires que fit
naître pendant huit jours consecutifs la victoire
signalée que l'un de ses fils avoit remportée le -
14 du même mois sur les Peuples du Royaume
du Grand Tibet, qui ont enfinétésournis par
ce jeune Prince, avec la plus grande partie des
Provinces qui les confinent, & qui reconnoissent
prefentcment la domination de l'Empereur
de la Chine. Le R. Pere Cardofo Jesuite
,
est de
retour en cette Ville, après avoir employé six
années entiercs à visiter le Royaume,& àlever
une Carte générale de l'Empire.
De l'Isle de Bourbon. cEtte Isle appellée autrefois Mascaragne
,
da"
nom d'un Capitaine ou Chef des Portugais
qui , en firent la découverte, elt htuée en Affrique
dans l'Océan Ethiopique. Elle est à l'Orient de
l'isle de Saint Laurent ou de Madagascar, longue
d'environ a5 lieues,&largede14.LesPortugais
s'y étoient établis autrefois, mais ellea
passésous la domination des François, qui lui
ont donné le nom qu'elle porte aujourd'huy.
On dit qu'il y a une montagne qui jette du feu:
le pays est fertile, les eaux y font saines, & en
y a presque toutes lescommoditez de l'Isle de
Madagascar,avec les Ports de Saint Paul & de
l'Assomption, où font les habitations des François.
On écrit decetteIsledu mcis de Novembre
1721. quele premierOctobre le Dragon,Vaisseau
Forban Anglois, arriva à l'Isle de Mada-
* gascar, commandé par le Capitaine Congdon,
owi a un bras coupé; il venoit de faire UIKJ prise très riche sur les Maures, prèsde Surate;
Ce Forban nefit aucun tort à un petit bâtiment
Anglois-
,
nomme le Cooker, commandé par
M. Henry B ker, propriétaire,qui étoit dans
Ja: même rade, lui ayant bien payé le vin & les
autres liqueurs qu'il lui prit.Ilmême
à venir à l'isle de Bourbon de sa part de-
Jnande.oeniaie,.,&passer sur cette Isle trois
ChirurgiensChirurgiens
qu'il avoit pris sur dîsserens Navires
,
l'un François Be Parisien
,
nommé du Vernet,
enlevé sur un des Vaisseaux que M. de
FraociofS commandoit pour la Rivière de ht'
Plate; l'autre Flamand. pris vers le Cap de
Bonne-Esperance sur le Prince Eugene
,
VaHfeau-
Ostendois; & le troisiéme Anglois, pris aullisur
un Vaisseau d'Ostende.
Pour s'assurer du retour du Cooker, le Forban
lui avoit pris son Capitaine, son Chirurgien,
son Charpentier, 8c deuxMatelots i comme
aussi une partie de sa cargaison, avec promesse
de lui rendre le tout à son retour, &del'indemniser
du tort qu'il lui faisoit.
LeCooker moüilla le 15 Novembre à l'Islé.
de Bourbon ; M. Beker & les trois Chirurgiens.
firent leur déclaration, fous ferment à M. de
Courchant, qui en est Gouverneur, &qui avoit
ordre de la Compagnie des Indes, non seulement
de recevoir les gens sans aveu qui viendroient
lui remettre leurs Bâtimens, mais encore
d'employer toutes fortes demoyens pour
les attirer sur L'Isle,&par là leur faireabandonner
la piraterie.
Cette déclaration consistoit à dire que les
Forbans les avoient assurezque si onleur accordoit
une Amnistie, ils viendroient à tflfle de
Bourbon
J' pour remettre leur Vaisseau
, armes
& munitions à M. le Gouverneur, se foumettre
à ses ordres, & se faire boas & fideles
Sujetsdu Roy de. France, mais qu'au cas qu'il
n'yeut point d'Amnistiepour eux, qu'ils fortiroient
en quatre mois, &qu'ils feraient le plus
de mal & de dommage qu'ils pourroient, jusqu'àce
qu'oneut envoyé uneAmnistie d'Europe.
M. de Courc hant assembla le Conseil Prov
incial de 1*fie
,
lequel ayant mûrement exaléine
& peséles.moyensdetirer ces Piratesde
leurs
leurs desordres, pour le bien des Nations qui
trafiquent dans l'Inde, aprouva touc d'une voix
&signa l'Amnistie, qui fut envoyée pourx hommes, avec une Lettre au Capitaine Congdon.
Sur la fin de Decembre suivant les Plibustiers
dépêcherent uneseconde fois à M. de Courchant
le même Cooker; & M. Beker en 1uy
donnant une Lettre du Capitaine Congdon,
lui dit queles Forbans avoientreçul'Amnistie,
& s'étoient fournis à toutes les conditions
j avec
les marques de la plus grande joye, & qu'ils
avoient sur l'heure commencé à regréer leur
Navire pour se rendre à luy d'autant plus promprement,
qu'ils voyoient déjà mourir plusieurs
deteurs gens, mais sur le point de partir,
quelques-uns d'entr'eux avoientformédes difficultez
; car comme la tranquillité elt le partage
des gens-de bien, rien n'est plus naturel
aux méchants que la crainte.
Le Gouverneur fit partir M. Bekerle; Janvier
1721, & r'assura les Forbans du mieux
qu'il put, pour les attirer,& se disposa à les
recevoir.
Enfin le 30 Janvier 1721. le Cooker-vint
moüiller à Saint Paul, chargé du Capitaine
Congdon avec42 de ses Flibustiers,presque
tous en très-mauvais état par le poison que <
, leuravoient donné les Noirs de Madagascar, dont le reste de l'équipage du Dragon "¡¡voie
péri. Ils avoient engagé M. Beker à lespasser
surMlle deBourbon, après aveir mis le feu
à deux autres de leurs Navires, dontilsavoient
auparavant encloüé le canon, qu'ils ne pouvolent
embarquer sur le petit Bâtiment Anglois.
Dans la traversée il leur étoit mort quatre
de leurs camarades; ils ne croyent pas qu'aucun
de ceux qui font restez puissent réchaper;
carplusieurss'étant traînez jusqu'au bord de la
", Mer
Mer pour s'embarquer, étoient tombez morts
avant de pouvoir mettre le pied dans la Chaloupe.
Les Noirs de Madagascar auront toujours
foin de détruire ainsi ceux qui ayant apporté
de l'argent dans leur Ille,voudront en sortir
avant de l'avoir dépensé. La débauche aide
encore beaucoup au poison, dont la cupidité
arme ces malheureuxInsulaires , & les querelles
préviennent souvent l'effet de l'un & de
l'autre.
Dès que le Capitaine Congdon s'apperçut
du poison. il se retira à son bord, où ilresta
toujours depuis avec les plus fages de son Equipage
sansallerà terre ,ce qui les a conservez.
Le 2 Fevrier 1711 la Mer grossit beaucoup,
& ou vit dans l'air toutes les marques d'un
orage qui se formoir. Le premier coup de vent
qui se fit sentir, commença par le Sud-Est,
ap..ès avoir paslé par 1 Est & par le Nord, jusqu'au
Nord Oxest, & à l'Quest-Nord-Ouest, où
il força rudement pendant quatre heures, la
nuit du 5 au 6> après quoy il continua son
tour jusqu'au Sud-Ouest, où il tomba le foir
du 6. Ce vent a fait grand tort dansles Habitations
où il a ravagé tout le mays qui s'y
étoit trouvé sur pied., 6c le riz qui étoit en épi.
Le plus fâcheux c'est la quantité d'arbres
de caffé creoles de Moka, auxquels il a fait
tort par la perte de plusieurs milliers de graines
déja formées,& qu'on auroit bien tôt semées ¡-
par. des branches brifées, & des arbres entiers
de caffé rompus, & quelques autres déracinez.
Les Habitans de l'Isle de Bourbon sentiront
rudementcette année la perte de leurs banainier5
dont le fruit leur est d'un grand secours
pour leur nourriture. Il avoir fait mauvais
temps pendant presque tout le mois de janvier,
mài,
mais il y avoit touj ours eu plus de pluye que
dé vent.
Depuis le ouragan ayant fait faire le recensement
de TOUS les arbres de caffé creoles de
Moka, dans tous les quartiers del'Isle, ils'enest
trouvé215 portant fruit,&3595 qui n'ont
pas encore porté On en va semer cette année
un grand nombre, malgré la quantité de
graines quele ouragan a détruites; ainsi quoi
qu'ilfoit à presumer qu'il perira encore beaucoup
de ces graines en terre, & que plusieurs
germes feront mangez au sortir de la terre par les
insectes,&qu'il yen aura encore de détruits
par d'autres accidens; On espere qu'ils vont
multiplieràmilliers, par les foins desHabitans,
dont la plûpart
,
quoique paresseux commencent
d'en connoîrre l'utilité, &- s'empressent
pour en avoir & pour les cultiver avec foin.
DeConstantinople, ce 20Mars 1722.
ONadécouvert àTripoliunenouvelle
conspiration contre le Deydepuis l'aiîaflînac
d'Asciaban, & la blessure de son fils. Les
Prisonniers mis à la question pour cette affaire,
ont déclaré qu'on avoit résolu parmi les Conjurez
de se defaire du Dey, & de changer la
formedu Gouvernement. La lifte des Complices
de ce projet criminel monte à cinquantecinq
personnes, dont quelques-uns ont déja été
punis de mort. Malgréla sever té des jugemens - le Dey n'estpas oncore tranquille sur les évenemens
; il porte des pistolets au Conseil,
route sa Cour est armée, & toutes les Gardes
doublées. Le GrandSeigneur a fait present à
la Regence de Tripolid'un Vaisseau de Guerre
decinquante. Canons.
M.Neplies, ResidentduCzar, eut audience
du
du Grand Visir le 13 Avril, &depuis a eu de
frequentes conferences tant avec ce Ministre,
qu'avec le Mufti.
L'Ambassadeur que le Roy de Perse a envoié
en cette Cour, y est reçu avec une grande'
distinction, le Grand Visir lui rend des honneurs
extraordinaires, & le Grand Seigneur v
declaré qu'il nommeroit incessamment un Ambassadeur
, pour aller àErivanconclure le Traité
de Commerce proposé par la Perse.
Le Résident de l'Empereur a fait partir un
Courier, pour avertir Sa Majesté Imperiale des
grands préparatifs de Guerre qui se font en'
Turquie.
On fait marcher du côté desDeserts d'Arabie
un Corps de Troupes nouvellementlevées
, pour
la défense des Caravanes. Ces Troupes marlqeusoient
de la repugnance pour un Service qui
oblige de se battre contre des peuples de'
leur Loy. Mais ce scrupule a été guéri par la,
promesse d'une double paye, & de la fourniture
gratuite des vivres, avec un tribut qui leur
seroit accordé par chaque Caravane. Ces Troupes
feront releyées dans deux ans, & Courenues
dans les cas requis par le Bacha d'Egypte, qui
en a l'ordre. Cet établissement a fort réjoui les
Pelerins de la Meque & les Marchands.
L'Ambassadeur deVenise en consequence du
Traité conclu entre la Porte& la Republique
au sujet de l'affaire des Duleignotes, a eu audience
du grand Visir
, & ensuite du Grand Seigneur
, à qui il a remis des presens considerables
, & deux cens Esclaves Turcs,à qui cet
Accommodement donne la liberté.
Le Ministre du Czar a porté ses plaintes au Grand Visir, à l'occasion des courses que les
Hussebecqs font dans leCandahar, &decelles
desLascis le long des Côtes de la Mer Caspien-
MS.y»
M, où ils ont surpris une petite Ville, dont
les habitans font presque tous Sujets de Sa Majessé
Czarienne:on luia répondu que ces
peuples n'étant ni Sujets ni Alliez de la Porte Ottomane
, on ne pouvoir se mêler de cette affaire.
Le 16 Mars, le Résident de l'Empereur fut
averti que le lendemain le Grand Seigneur l'admettroit
à son audience. Il se mit en marche
le 17dès la pointe du jour avec tout son cortcge.
&s'étant rendu du Fauxbourg de Pera
à l'entrée de Consantinople, il y fut reçupar
le Chiaussar Emini, ou son Maréchal, & par
le ChiauslarKiatibi, ou Secretaire des Chiaoux
qui , y avoient été envoyés avec vingt Chiaoux,
pour l'accompagner, & l'Oda des Janistaires :
Ils lui présenterent un tres-beau Cheval des
Ecuries de Sa Hautesse, qu'il monta; étant arri-
'Vé devant le Serrai, il rcfta à la porte jusqu'à ce
que le Grand Visir & les autres Officiers du Divan
y furent entrez avec leur fuite, & ensuite
il entra avec son Cortège, &ayant mis pied à
terre à la seconde porte ,
il fut conduit dans la
Salle du Divan, où il fut introduit par le Chiaou
Bacha ou Grand Maistre du Serrail, & par le Capucilar-
Chehayasi ou Grand Chambellan, tous
deux en habits de cerémonie, & tenant des bâtons
dorez dans leur main. Laie Résident de
l'Empereur fit son compliment,& après l'avoir
fait s'assit sur un tabouret audessous du Nichangi
Bachi. Le Grand Visir étoit placé sur un
banc long&couvert de brocard d'or, audessous
de la jalousie où étoit le Grand Seigneur. Le
Capitan Bacha ou Grand Amiral étoit à la droite
de la Jalousie, les deux Kadifleskiers à quelque
distance ; le Desterdar avec deux autres
Officiers étoient assis surun autre banc vis à vis leNichangi Bachi. On plaida d'abord quelques
Causes ,ensuite on apporta à laver, & on dressa : devant
dçyaat chaque Officier du Conseil des Tables,
qui furent couvertes d'une grande quantité de
differens mets: Mr DierlingMinistre de l'Empereur
,
fut conduit à celleduCapitan Bacha
beaupere du Grand Visir ,
, & après lui le premier
Officier de l'Etat, les Officiers de la fuite du
Résident furent placez aux autres tables. A la fin
durepas le Resident fut revetu du Caffetan,
ainsi que dixhuit personnes de son Cortege ,mais
il n'y eut que quatre des plus distinguez qui
eurent permission d'entrer avecloidanslaSalle
d'Audience:il y fut introduit par deux Chiaoux,
&suivi du premier Interprete duGrand Seigneur.
On voyoit Sa Hautesse sur un Trône élevé &
enrichi de pierreries, de perles & de plumes
d'Autruche; ce Trône étoit fait en forme delit.
Le Grand Visir & le Capitan Bacha étoient debout
aux deux côtez. Le Resident de l'Empereur
fit les reverences accoutumées,& présenta
au Grand Seigneur les lettres de créance de Sa
Majesté Ilr.peri;¡:) après avoir fait une courte
harangue en Latin, il seretirade laSalle; on
recommença les mêmes ccremonies observées à
son arrivée, en lereconduisanthorsdelaSalle
du Divan; il monta à cheval dans la Cour, où
il attendit que le Grand Visir & les autres Officiers
en fussent fortis: ensuiteil continua sa
marche, & retourna dans son Hôtel au Fauxbourg
de Pera : en passant par le Port il fut salué
d'une décharge de toute l'Artillerie d'un Vaisseau
Venitien qui étoir à l'ancre depuis quelques
jours.
De Moscou le 4 jivril 1722.
ON croit ici que le Czar nommera pour
son successeur le Prince Nariskin son neveu.
On debite même que Sa Majesté Czarienne
luy
luy a écrit fort gracieusement sur ce sujet. 0D1
observe que dans l'année 1498, Jean Bafilowitzdisposa
de sa succession en faveur de son
neveu; il changea cette disposition en l'année
1502, & rétablit son fils dans le droit delui
succeder. On travaille assiduement à l'établissement
d'une Poste reglée d'ici à Peterbourg : les
Couriers passeront par Novogrod, Weliki &
Olonits: les Paisansserontobligez de fournir à
chaque Relais vingt chevaux, qui feront nourisaux
dépens de Sa MajestéCzarienne.
Le Czar est parti d'Olonits le 13 Mars, &avant
que de revenir à Moscou
,
il estallé visiter quelques
Forges. Missa-Aga est arrivé ici sans ca,
ractere, pour complimenter Sa MajestéCzarienne
de la part du Grand Seigneur, sur la conclusion
dela paixavecla Suede. M. Dafchof Envoyé
Extraordinairedu Czar à laPorteest aussiarrivé
de Constantinople.
Sa Majesté Czarienne estarrivée d'Olonitsle
%) Mars. Les vingt-deux Escadrons& les six
Régimens d'Infanterie destinez pour passer dans
la Province d'Astracan font prests à- marcher.
Mais on ne sçait pas encore qui fera le Commandant
chargé de ces Troupes ,
& de l'Expedition
qu'on en attend. Le départ du Czar pour
Astracan est fixé au premier May. Sa Majesté
Czarienne a déja envoyé par le Volga trente
mille hommes pour reduire les Calmoucs&les
Tartares, qui par leurs Courses fréquentes
nuisoientaucommerce des Caravanes Moscovites.
Le Capitaine Jean Vaast qui a levé la Carte
desCôtesdela Mer Caspienne, doit s'y rendre
incessamment, pour s'emparer de quelques Placesde
la Georgie & du Daguestan, & y construire
des Forts quile rendront maître de cette Mer.
"près cette Expedition le Czar ira àArchangel
gel; il ya fait construire dix Fregates & soixante
&dixGaleres.
On mande de Peterbourg ,que le grand Canal
qu'on fait pour la décharge des Eaux de la
Mer dans le Lac de Ladoga est fort avancé
,
& on
croit qu'il fera achevé avant la fin de l'année. Le
Czar a fait de grands changemens dans les differens
Colleges établis à Peterbourg tant pour ce
qui regarde le Gouvernement, que pour l'administration
de la Justice; on a envoyé dans d'autres
Provinces, pour y établir une nouvelle
forme de Gouvernement,plusieurs étrangers,
quiétoientemployez dans cesColleges.
De Stokolm, ce 16 Mars1722.
LA Cour a pris le deuil de la mort de la DuchesseDouairiere
de Zell, qui a étéannoncée
par M. Finch, Ministre de Sa Majesté Britannique
auprès duRoy de Suede. M. Hopcken Secretaire d'Etat, aconferé , avec Sa Majesté,
au su jet du Memoire que M. Bertuchef Ministre
du Czar lui a remis. Ce Memoire concerne les
Provinces cedées à Sa Majesté Czarienne par le
Traité de Nystadt. Ou doit y répondre incessamment,
sans donner au Czar d'autres titres
que ceux qui lui font ordinairement accordés.
Les Anglois établis dans ce Royaume, ont été
déchargez de la taxe imposée depuistrois ans
sur les Domestiques. L'Article XII du dernier
Traité fait entre cette Couronne & celle d'Angleterre
porte en termesexprès, qu'ils ne pourront
être compris dans les Rôles des Impositions
extraordinaires.
On dit que M. Bertuchef Ministre du Czar ,
a prié le Roy de la part de Sa MajestéCzarienne
d'accorder le titre d'Altede Royale au Duc de
Holstein; mais on ne croit pas qu'il y ait encore
core de réponse positive sur cet article. On
parle fort d'une entrevue entre Sa Majesté, & tes
Rois d'Angleterre, de Pologne & de Prusse.
On a envoyé des ordres à Carelscron
, pour
y faire équiperauplutôt quatorze Vaisseaux
de Guerre, qui doivent sejoindre, à ce que
l'on dit, à l'Escadre réunie que le Roy d'Angleterre
& de Danenmark doivent mettre incessament
en Mer.
Le Conseil de Guerre assemblé sur l'affaire
du Colonel Stobens, rendit ces jours passez une
Sentence, qui condamne le Capitaine Guldenroot
à être décapité, deux Officiers subalternes
4 être exposez au Pilory
, & marquez au front
par la main de l'Executeur, & ensuite transportezà
Maelstrand en Norvege, &l'Avocat Serlatius
à une prison d'un mois, & de là au banissement.
De Coppenhague ce19 Avril1722. LA Cour a pris ledeüil pour la mort de la
ComtesseDoüairiere de Reventlau , mere de
la Reine,& veuve du Grand Chancelier de ce
Royaume.
Tous les Matelots qui font au serviceduRoy
ont ordre de se rendre en cette Ville au commencement
du mois de May prochain pour
monter la Flote qu'on y équipe. Ondit qu'on
va faire passervingt mille hommes dans le
Holstein pour le deffendre contre le Czar
, au
cas qu'il ne survienne point d'accommodement
en cetteCour avec lui.
On a publié une Ordonnance qui enjoint
fous peine de mort & de confiscation
, aux Soldats
qui avoient eu pemission d'aller servir
chez les Etrangers ,de revenir icy dans un certain
tems. Les Troupes qui étoient enquartier
dans
dans la Norvege reviennent dans ce Royaume.
L'Escadre que le Roy met cette année en
Mer, fera composée de vingt-un Vaisseaux de
guerre, on soupçonne qu'il en laissera le Com-
•
mandement à M. le Chevalier Jean Jennings,
-qui doit commander l'Escadre d'Angleterre.
1
De Varsovie, ce 21 Avril 1722.
iM Popieli, Envoyé Extraordinaire de laRe-
* publique à la Courdu Grand Seigneur,
est parti depuis quelques jours, & pour éviter
les difficultés de sa reception à Constantinople,
le Grand General de la Couronne a envoyé au
Bacha de Chocsin le détail de la fuite de ce
Ministre , &le Bacha de Chocfin doit en don- ! ;ner avis au Grand Visir.LesRegimensMoscovites
continuent d'arriver sur les frontieres de la Carlande
,
mais ils n'y font plus de degât.
Les Magistrats de Dantzik laissent toujours enlever
des grains au Commissaire du Czar, malgré
les deffenses du Roy de Pologne.
M. Santini Nonce du Pape,reçoit presentement
visite des Senateurs qui font encette Ville, à qui il a fait part de son arrivée. Il a aussi
envoyé aux Evêques des Lettres Circulaires
pour la publication de la Bulledu Jubilé que le Pape a accordé au Monde Chrétien ausujet
,¡de son Exaltation au Pontificat.
,i' On mande des frontieres que les Turcs y font
de grands mouvemens, & qu'on pense que leur
"rldfeindl d'attaquer la Pologne. Le Grand General
de l'Armée de la Couronne a dépêché au Roy un Courier, pour lui porter cette nou- velle. L'Armée de la Couronne s'assemble actuellement
,
& doit se mettre incessament en
campagne. On craint une entreprise du Czar
sur la Ville de Dantzik , &ouen a renforcé la
garnison.
garnison.Ce Prince inquiete du côte'duDuck<?
de Curlande
, comme les Turcs du côté de
Chocsin, dont le Gouverneur vient d'êtrecontinué
pour un an, & a reçu des sommes trésconsiderables
pour la construction des nouvelles
Fortifications au dehors de cette Place. On ne
parle pas encore du départ du Roy pour la
Pologne,cela fait aprehender que la Diete Generale
ne se tienne pas aussi-tôt que l'exigent
les affaires du Royaume, qui ont grand besoin
d'un promt Reglement.
On écrit de Berlin que le Roy dePrussene
veut pas consentir au passage des Troupes Mescovites
par ses Etats, cela ne confirme pas l'union
de ces deux Princes que l'on aprehende
fort icy.
De Vienne, ce 26 Avril 1722. LE 9. Avrille Cardinal Czacki partit pour
se rendre à Presbourg avec ses dernieres
instructions concernant la Diette des Etats de
Hongrie, où on croit qu'il proposera de declarer
les Archiduchesses habiles à succeder à ce
Royaume,qui fait partie des Etats Hereditaires
de l'Empereur. L'affaire du Comte de Cinfuentes
,& du Comte de Torring
,
Envoyé de l'Electeur
de Baviere, est accommodée, & Son Altesse
Electorale a dispensé le premier de venir à Mu-
DiclC pour lui faire fansracHon de l'insulte qu'il
a faite à. son Ministre.
Le 21. Avril M. Jerôme Grimaldi Archevêque
d'Edesse, Nonce du Pape en cette Cous
fit son Entrée en cette Villeavec beaucoup de
magnificence, & le 22. il eut son Audience
publique de l'Empereur. On debite qu'il y a
des fonds destinés pour acheter douze mille che-
,'vaux,& faire de nouvelles levées de Troupes. î
De
re Londres, ce S May 1722. ONa declaré à la Doüanne pendant les trois
derniers jours du mois de Mars dernier
19899 d'argent étranger, qui ont été chargés
sur les Vaisseaux partis pour les Indes Orientales.
Les Yachts qui doivent transporter le
Roy en Hollande feront prêts pour le 25 de
May. Onasçu par des Lettres d'Edimbourg
que les seize Pairs Ecossois pour le prochain
Parlement ont été élus le i May. Les élections
pour le prochain Parlement font presque finies
dans les Provinces ; le nombre des Membres
élus monte jusqu'à present à 407. dont il yen a
246. du parti de la Cour, & 161.du parti de*
Tories. Le Guillaume & Elisabeth est arrivé
aux Dunes de Saint Christophe, ayant été pillé
par des Forbans peu de jours après son départ.
De Madridce 1 May 1722. 0N mande de Barcelone qu'on y a fait venir
de Valence un grand nombre de Matelots
, qu'on destine pour les quatre Vaisseaux
de Guerre qu'on y équipe actuellement. Ces
Lettres ajoutent qu'on avoit changé depuis huit
jours toutes les Garnisons des Places voisines
de cetteVille.
1 Le Roy a donné au PrincedesAsturies l'entrée
du Conseil des Dépêches, pour lui fournir les
moyens de s'instruire des maximes du Gouvernement.
M. le Ducd'Ossone,ci-devant Ambassadeur
extraordinaire à la Cour de France,est
arrivé le 6 Avril à Madrid, il eut le même
1 jour l'honneur debaiser la main deSaMajesté,
qui le reçut très favorablement, & lui marqua
la satisfaction qu'elle avoitde sa conduite dans
les affaires dont il avoit été chargé.
On a publié ici une Bulle du p. dattée
du 17 Janvier dernier
,
accordée à la requisition
de Sa Majesté Catholique, pour faire celebrer
dans toutes les Villes dépendantes du Royaume
d'Espagne tant en Europe que dans l'Amérique
la Fête de S. Antoinede Padoue, comme fête
de commandement.
On a sçu qu'un Bâtiment d'avis étoit parti
dePanama au mois d'Aoust dernier, pour proposer
aux habitans de Lima Capitale du Perou
de se rendre à Portobello avec leurs matieres
d'or & d'argent, pour y tenir la Foire accoutumée,
dont on attendoit le détail.
M~Coliter, Ambassadeur des Etats Généraux
des Provinces unies, a présenté au Roy un Memoire
concernant le Commerce des Hollandois
dansce Royaume. On prétend qu'il doit solliciter
au nom de leurs Hautes Puissances la diminution
de quelques droits d'entrée qu'elles
trouvent plus forts que ne les payoient autrefois
les Navires Marchands portants le Pavillon
de la République.
DeLisbonne, ce 12 Avril 1712.
LA Flotte de ce Royaume destineé pour la
Baye de tous les Saints
,
doit partir de ce
Portle4 Avril, au nombre de dix-neuf Navires
Marchands escortez par cinq Vaisseaux de Guerre;
cinq autres Vaisseaux doivent aussi mettre
à la voile, pour divers Ports de l'Amerique,
des Indes Orientales & des Echelles du Levant,
où l'on doit envoyer encore huit autres Bâtimens.
M. Lumley, Envoyé extraordinaire du Roy
d'Angleterre, est arrivé ici sur le Vaisseau de
Guerre la Lima. Il vit deux jours après M. le
Marquis de Mendoca Secretaire d'Etat, qui lui
rendit
w rendit visite le jour même. M. Worsley nommé
au Gouvernement des Barbades, que ce Ministre
vient remplacer,n'a pas encore pris son
Audience de congé. 1-
De Rome,ce iz Avril 1722. 0N attend ici le Patriarche Mezzabarba, qui estde retour de Pekin: on dit que
l'Empereur de la Chine lui ayant marqué dans
laseuleaudience qu'il lui a accordée, qu'il ne
changeroit rienaux loix & aux usages de son
Royaume, ce Patriarche s'étoit refola de revenir
en Europe prendre de nouvelles inftruftions.
Le Prevost de l'Eglise de Segrani, patrie de
~HlluftreMaison Conti , a fait present à Sa
Sainteté de la Chappe dont se servoitlePape
Innocent III, son parent.
Le 29Mars
,
Dimanche des Rameaux, il y
eut Chapelle Pontificale à Monte
-
Cavallo : ie
.Pape y tit la Benediction des Palmes, qu'il distribua
ensuiteaux Cardinaux, aux Prelats, aux
Officiersde la Chapelle,& à plusieurs Seigneurs
étrangers. Les deux Princes de Bavie
,
qui font
iciincognite fous lenom de Comtes de Leat,"
sperg & de Suabet, furent de ce nombre. -
Le 31 Mars, le Pape accompagné dans Ton
Carrosse du Cardinal de Sainte Agnès Secretaire
d'Etat, & de Mr l'Abbé Olivieri,Secrétaire
des Brefs
3
& précédé des Chevaux legersde sa
Garde,se rendit au Vatican
, pour y demeurer t
& y remplir les fonctions de la Semaine Sainte
& des Festesde Pâques. Le 2 Avril, jour du Jeudi-
Saint ilassistaà laMesse celebrée par M.-le
Cardinal DelGiudice, &, porta ensuite leSaint
Sacrement de la Chapelle de Sixteà aChapelle
Pauline, quel'onavoitparee superbementà
Sa Sainteté reçut l'obédience des Cardinaux,
ensuite le Pape fut porté à la loge sur lePortail de
l'Eglise de Saint Pierre, & la Bulle In Coena Domini,
y ayant été lûë suivant la Coutume, il
donna la benediction au Peuple qui remplissoit
la grande Place. Après cette ceremonie Sa Saintaté
quittases ornemens Pontificaux,& n'ayant
gardé que l'Etole violette & la Mitre simple,
lava les pieds à treize Prêtres étrangers qu'elle
servit à table. Le 3 le Pape accompagne des
Cardinaux, entendit dans la Chapelle deSixte
l'office du Vendredy Saint, & l'après midy le
Sacré College suivant l'usage serenditau Tresor
de Saint Pierre pour l'adoration de la vraye
Croix & des autres Reliques. Le lendemain veille
de Pâques le Pape accompagné des Cardinaux
entendit dans la Chapelle de Sixte la Messe celebrée
pontificalemcnt par M. le Cardinal d'Althan.
Le 5 jour dela fête de Pâques, le Cardinal
Tanara , Doyen du Sacré College
,
la celebra
dans la même Chapelle ,& lors qu'elle fut finie
on porta le Pape avec les ceremonies prescrites
par l'usage à la loge de Saint Pierre,où il donna
la benediction au peuple. L'après midy plusieurs
Cardinaux entendirent les Vêpres dans l'Eglise
de Sainte Marie Majeure,& les autres allèrent
tenir Chapelle dans celle de saint Jean de Latran.
Le 6 lendemain de Pâques, le Sacré Collège
entendit la Messe dans la Chapelle de Sixte , mais le Pape n'y assista pas. 4
M. l'Abbé de Tencin, chargé des affaires de
France, eut ces jours passez au Vatican une
longue audience du Pape, & l'on dit que les
propositions faites de la part du RoyTrès Chre
~ren pour conserver Avignon que la maladie
contagieuse a si longtemps desolé faute d'or
dre, de remedes & de Medecins, ont été
bien
reçuës de Sa Sainteté.
CHARGES
CHARGES ET ~DIGNITEE
des Pays Etrangers.
LACHINE.
LE R. P. Ignace Kellerne, Jesuite, a été
nommé par l'Empereur de la Chine President
des Mathématiques à Pekin.CettePlaceétoit
vacante par la mort du R. P. Kilian-Stumpf,
aussi Jesuite, qui est mort après une maladie
de langueur le 24 Juillet 1710.
DAN N EM A RK.
Le Roy a donné l'Ordre de ~Dannebror à
M. le Comte de Geyerberg
,
qui estactuellement
en Saxe.
* A M. le Comte de Holsten, Grand Maître
de la Maison de la Reine.
A M. le Comte de Holsten, Grand Maître
de la Maison de la Princesse Sophie Hedvvige.
• A M. Arnold,Major General & Colonel du
Régiment des Gardes Infanterie, &c. ALLEMAGNE.
- M. le Comte Guizardi, cy-devant Ministrev
de Modene à la Cour de l'Empereur
, a obtenu
de SaMajesté Imperiale une pension de six mille
florins.
M. le Comte de Staremberg, Ministre Plenipotentiaire
de l'Empereur à la Cour d'Angleterre
, a pris séance le 8 Avril au Conseil
d'Etat, en qualité de Conseiller d'Etat ordinaire
,après avoir prêtéserment le même jour.
M. Fabert, Sergent Major, a été nommé
H iij Commandant
Commandant de Leopolstad en Hongrie, à la
place du Baron de Trevenfels, qui est mort
depuis quelques jours.
M. le Prince Adam François de Svvartsenberg
,
Conseiller d'Etat, a obtenu de l'Empereur
la Charge de Grand Ecuyer, vacante par
la mort du Comte d'Althan.
M. le Comte François Sigismond de la Tour,
& de Valsassine, a été nommé parl'Empereur
à la Viceregence du Duché de Carniole,dont
il est Grand Maître hereditaire.
ANGLETERRE.
Le 9 AvrilM. le Colonel Meggor, du party
des Tories, & M. Emond Halfey
,
de celui des
Whigs, furent élus à Londres à la pluralité
des voix pour Députez du Fauxbourg de Southvvarck.
Le 10 M. Bertié & Aurtent furent élus pour
Députez du Comté de Middiefex.
M. le Comte de Loudon est party pour aller àEdimbourg presider à l'Assemblée générale
des Eglises du Royaume d'Ecosse, en qualité
de Commissaire de Sa Majesté Britanique.
M. Hugues Drysdale, Major du Regiment
du Prince de Galles, a obtenu la Charge de
Lieutenant Gouverneur de la Virginie.
Madame la Comtesse de Kilmensegg, que
le Roy avoir créé au mois de Novembre dernier
Comtesse de Linster en Irlande
, a obtenu
encore de Sa Majesté le titre de Baronne de
Brandfort, & Comtesse d'A liogtOD. avec les
prérogatives de la Pairie dans le Royaume
d'Angleterre.
Madame h Comtesse de Sculembourg, niece
de la Duchesse de Kendal, a été faite Barone
deAldborough, &Comtesse de Walsinghan.
Le Lord Hovve , & M. le Chevalier Robert
Sutton
1
Sutton , cydevant chargé des affaires du Roy
à la Cour de France, ont été élus membres
du Parlement pour le Comté de Notringham.
M. le Chevalier Jennings, a été nommé
pour commander l'Escadre qui doit conduire
le Roy en Hollande.
Mrs Richard Lockvvood, Jean Barnard,
Pierre Godfrey, & le Chevalier Child
, ont été
élus Membres de la Chambre des Communes
du prochain Parlement, pour la Ville de Londres.
La Maison de Povvis a étérétablie dans ses
anciens honneurs par un Arrest de la Cour du
Banc du Roy, du 22 Avril, qui casse les procedures
& Arrest qui avoit condamné M. le
Duc de Povvis'pere, comme criminel de leze-
Majesté, pour avoir servi en Irlande dans les
Troupes du Roy Jacques II. -
Noms des seize Pairs Ecossois élus à Edimbourg
pour le prochain Parlement, le x May.
Mrs le Duc de Montrose,leDuc de Roxborough,
le Marquis de Tividale, les Comtes de Sutherland,
de Roches, de Londovv
,
de Haddington,
de Buchan, deSelkirk,deOrkney,deStairs,
de Lorraine
,
de Islay, de Hopton , de Butte,
& de Aberdeen.
ESPAGNE.
Dom Melchior de Mendicta
,
Lieutenant General
des Armées du Roy, & Gouverneur de
Peniscola, a obtenu de Sa Majesté Catholique
le Gouvernement de Tortose.
PORTUGAL.
Le R. Pere François de la Croix,Religieux
desaint François, a obtenu l'employ de Grand
Chapelain des Armées du Roy de Portugal.
Don Ferdinand Telles de Silva, troisiémefils
de M.le Comte de Tarouca ,
Ambassadeur E¡;-'
traordinaire de Portugal prés les Etats Généraux
des Provinces Unies, & Plénipotentiaire au
Congrès de Cambrai, a obtenu du Roy une
Compagnie dans le Régiment de la Marine. ITALIE.
M. Joseph Marie Martelli, Archevêque de
Florence, fut sacré à Rome le22 Mars, dans
l'Eglise de S. Jean des Florentins,par M. le Cardinal
Corsini, assisté de Mrs les Archevêques de
-
Larisse&d'A pamée.
Le 2. 3 Mars, dans un Consistoire tenu an
Quirinal le Pap:; proposa
M. Gaëtan Cavalieri, nommé Nonce à Cologne
, pour l'Archevêché Titulaire de Tarsi.
Ensuite M. le Cardinal Barberin préconisa
Le R. Pere Archange Feni Dominicain, pour
l'Evêché Latin de Nakfivan dans la Province
d'Erivanen Perse,qui est toujours possedépar
un Religieux de cetOrdre.
LeR. Pere Raymond Gallani Dominicain,
Archevêque d'Ancyre,fut proposé pour l'Arche-
VêCRé de Raguse, par Mle Cardinal Tolomei.
- Le R. Pere Vincent Platamone ,
aussi Dominicain
,
fut proposé pour l'Archevêché de Lipari
par M. le Cardinal de Sainte-Agnès.
M.Etie:me de Sparr fut proposé pour l'Evêché
deRossa en Carie, parM. leCardinal d'Althan.
Le R. P. Charles de Blitterdorf, Religieux de
l'Ordre de S. Benoît, pour l'Abbaye de Corwey
ou Corbie Diocese de Paderborn.
M. l'Abbéd'Auvergne sur proposé pour l'Archevêché
de Vienne
en Dauphiné, par M. le
Cardinal Otroboni.
M.l'Archevêque de Florence& M.l'Archevêque
d'Otrante obtinrent le Pallium.
M. l'Abbé de Beaufort a été proposé pour
i l'Evêche
l'Evêché deLeictoure, par M. te Cardinal Ottoboni.
M l'Abbé Sommier, Conseiller d'Etat du
Duc de Lorraine, & son Résident à Rome, a
obtenu du Pape une place de Camerier d'honneur.
M. le Comte Ferdinand Bolognetti , M. Christophe
Censier, M. le Marquis Pompée Frangipani
ont été nommez Conservateurs du Peuple
Romain à Rome.
LeR.P. Philippe Valignam Dominicain, Sc
Coufin du Pape, a été nommé par SaSainteté
à l'Archevêché de Chieti vacante par la mort
de M. Vincent Capeco.
M. l'Abbé Silvestre Scaner a été nommé à
l'Archevêché de Minuti, vacant par le decês.
- de M. Gabriel Tosti. MAL THE.
M. le Bailly de la Croix a obtenu duGrand
Maistre la Commanderie de Saint Etienne de
Renneville pour récompense de laVictoire qu'il
remporta l'année derniere contre l'Escadre de.
Tunis. Cette Commanderie vaquoit par le deces
du Commandeur Feydeau de Vaugien. FLORENCE.
M. le
Marquisd'Albizzi
a obtenu du Grand
Duc le Gouvernement delaLunegiane, avec une
place dans le Conseil de santé
,
quivaquoit par
le decès du Senateur Compagni.
M. Caponi, M. Marthe Medicis,,le M. Doni
ont été fait Sergens Generaux.
LesChevaliers de Saint-Etienne qui ont tenu
leur Chapitre General à Pife au nombrede
deux cens quarante huit, ont élû pour Grand
Conétablede l'Ordre M. le Marquis Gerini, pour
Grand PrieurM.le Chevalier Balbati,pour Grand
Chancelier M. le ChevalierAlessandri, pour
Grand Trésorier M. le Chevalier Maracci,&
pour Grand Conservateur M. le Chevalier BerMORTS,
BATESMES ET MARIAGES
des PaysEtrangers.
M Oronzio Pinclli
,
Ducd'Acerenza, Prîrre
de Belmonte, qui a été Grand d'Espagne
& Conseiller d'Etat de Sa Majesté Catholique,
est mort à Vienneen Autriche le 29 Mars,âgé
de 64 ans. Son corps a été mis en depôt dans
l'Eglise Cathedrale, en attendant qu'on le porte
dans les Terres qu'il avoit au Royaume de Naples.
Madame Marie-Therese Comtesse de Lamberg,
épouse d'Amedée Comte de Rabutin
>
Chambellan
de l'Empereur. & Colonel d'un Regimeut
de Dragons, est morte à Vienne en Autriche
dans lemois d'Avril, âgée de 21. ans.
Le i 5 Avril lefilsaînéduPrince deTrautson
Grand - Maître de la Maison de l'Empereur , épousa à Vienne en Autriche Madame la Comtdre-
Marie-Jofephede Weissenwolf, dcpài$.pei»
Dame du Palais de l'Imperatrice.
Le 14 Avril se sit à Vienne en Autriche la
celebration du mariage de M. le Comte Joseph
de FranKemberg
, avec Madame la Comtesse Eve
Catherine de Collonitsch,Dame d'Honneur de
l'Imperatrice Leurs Majestez Imperiales assisterent
à cette Ceremonie.
Le 20. M. l'Evêque de Vienne en Autriche
donna la benediction Nuptiale à M. le Comte
Ferdinand de Daun
Chambellan ordinaire de
l'Empereur , Conseiller & Regent des Pays de la
Basse Autriche, & à Madame la Comtesse Marie
Rosine de Herbestein,
Dame du Palais de l'Imperatrice.
Cette Ceremonie se fit au Palais de
l'Empereur, cu presence de L. M. Imperiales.
Le
- -
Lemême jour, le même Prelat donna aussi
la benediction Nuptiale à M. le Prince de Hohenzollera
,
qui épousa Madame laCornière de
Oettinghen. Aprés la Ceremonie les nouveaux
matiez se rendirent à Feldbourg, chez M. le
Prince de Liechtestein.
M. de Robethon : Conseiller & Secretaire
d'Etatde Sa Majesté Bricaniqae pour les affaires
de Hanover est mort à Londres au mois d'Avrildernier
dans son appartement au Palais de
Saint-James; il étoit distingué par la confiance
particuliere du Roy de la Grande Bretagne, &
par son merite personnel.
La Pnmceue épouse du Prince Ferdinand de
Iiivicreest accouchée à Munich d'un Prince,
qui a été presenté sur les Fonts par M.l'Evèque
de Munster, & nomme Clement,FrançoisdePaule
,Marie ,Crescence.
, M. le Comte de Sunderland
,
Premier Gentilhomme
de la Chambre, & Premier Ministre
du Roy d'Angleterre,& Chevalier de l'Ordre
de la Jarretiere , - est mort à Londres le premier
May d'unepleuresie violente; on lesaigna
inutilement quatre fois dans l'espace de 42.
heures.
Ilci
extremement regretté; son corps
a ccéptrie à Althorpe dans le Comté de Northampton.
Le jour suivant le plus jeune deses
quatre fils est mort âgé de trois ans.
LeR. P. Manuel de la Conception,Docteur
en Théologie
,
Qualificateur du Saint-Office Grand Chapelain des Armées du Roy de Por-,
tugal , & Commissaire General de sa Province , est mort le 11 Mars dans le Monastere de
NFotre Drameade Jnesus dçu Tieors Ordire dse Sa.int Le 25 Avril dernier , jour de l'AnnonciatCioonnse,
ilDleorn Pierre Sanchés Farinha de Bayent
au Conseildu Roy ,Deputédu Saint
Hvj Office,
Office
,
& Recteur de l'Universitéde Coimbre,
mourut subitement à Lisbonne dans le College
de la Grace en entendant la Messe.
Le 6 Avril on conclut à Lisbonne par Procureur
le mariage duDon Diego de Souza Mcxia,
fils de Don Barthelemi de Souza Mexia, cy devant
Secretaire & Expéditionnaire des graces du
Roy de Portugal, avec Donna Louise
,
Helene,
Therese
,
Berger de Santa Crus
,
fille& heritiere
de Don Charles-Isaac Berger, autrefois
Resîdent du Roy de Prusse à la Cour de Portugal.
M. le Comte de Virmont, Commandant géneral
de la Principauté de Transylvanie, yest
mort le il Avril. Il étoit Conseillerd'Etat &
de Guerre, General de l'Artillerie,& Colonel
d'un Régiment d'Infanterie. L'Empereur l'avoit
employé dans plusieurs Ambassades qu'il avoit
achevées avec capacité
,
sur-tout à Palfarowiis-
& à Constantinople.
M. le Comte de Sinfcndorf
,
Grand Bailly
de la Haute Autriche
,
Conseiller d'Erat de l'Empereur,
& Vice-President du Conseil Aulique
est mort à Viènne en Autriche Dimanche i.$>
Avril.
JOURNAL DE PARIS.
LE 16 Avril la Deputation des Etats
d'Artois, composée de M. de Gouy
Abbé de S. Jean au Mont pour le Clergé,
de M le Marquis de Preffy pour la Noblesse
, Se de M. d'Assenoy l'aîné Avocat
& Echevin de la Ville d'Aire pour le Tiers
Etat, fut presentée au Roy par M. le
Due
Duc d'Elbeuf,Gouverneur de la Province,
& par M. le Marquis de la Vrilliere Secretaire
d'Etat. Ces Députés furent conduits
à l'audience par M. le Marquis de Dreux
Grand Maitre des Ceremonies, & par M.
DesgrangesMaître des Cérémonies, ils
présentèrent à Sa Majesté le Cahier des
Etats de la Province.
Le même jour M. le Marquis de Courtenvaux
,nommé par le Roy pour exercer
les fonctions de la Charge de Capitaine
des Cent Suisses de la Garde, jusqu'au
tems où M. le Marquis de Montmirel son
neveu fera en âge de servir auprès du Roy,
presta ferment entre les mains de Sa Majesté
, en presence de Monsieur le Duc
d'Orleans
,
Regent du Royaume.
Le 17, M. Mafceï Archevêque d'Athenes
,
Nonce Extraordinaire du Pape,,
eut audience particulière du Roy. Il y fut
conduit parM.Remond Introducteur des
Ambassadeurs.
Le28. le Roy prit àVincennes le divertissementde
la chasse de l'Oiseau, il y fut
accompagné par M.le Comte de Clermont
& par M. le Comte de Russé Soû-Gouverneur
de Sa Majesté.
Le 30. le Roy alla diner au Château de
la Muette
, M. le Comte de Clermont &
M. le Maréchal Duc de Villeroy Gouverneur
de Sa Majesté, l'accompagnerentdans
fiewepromenade^ Le
Le premier May le Roy entendit dans
sa Chapelle du Louvre la Messe chantée
par sa Musique & ce même jour M. l'Evêque
de Laon presta serment entre les
mains de Sa Majesté, en presence de Monsieur
le Duc d'Orleans. *
Le 2 May le Roy signa le Contrat de
mariage de M. le Prince de Chimey, avec
Mademoiselle de Saint-Simon, fille ainée
de - M.le Duc de Saint-Simon.
Le même jour 2. May une Limonadiere
demeurant au Carrefour de l'Ecole mourut
& fut ouverte le quatre. On lui trouva
dans une extensîon de la matrice un enfant
mort qu'elle gardoit depuis trois ans,
quoiqu'elle fut accouchée depuis six mois
d'un enfant qui se porte bien.
Le 4. M. le Duc de Gelvres prit séance
au Parlement, & le même jour on y reçut
M. d'Argenson Lieutenant General de Police
, quile lendemain fut inftalé dans cette
Charge; ce fut suffi le quatre que M.
d'Ombreval & M. Dodart nouveaux Maîtres
des Requestes commencèrent à travailler
au Visa
, en vertu d'un Arrest du
Conseil. Lemême jour M. Pecot de Saint-
Maurice fut reçu President à la Chambre
des Comptes
-,
il a vendu sa Charge de
Maistre des Requestes à M. Perrin de Moras,
gendre de M. Fargets.
- Le 7. M.le Cardinal deNoailles fit au -.V
Val-de-Grace la Ceremonie de la BenediactiondeMadame
l'Abbene deMalnoue,
en presence de Madame l'Abbesse de
Chelles, & de plusieurs autres Abbesses ;
il yeut un grand concours de personnes
de dittinâioti.
M. le Marquis de la Valiere a obtenu
pour son fils la survivance de ion Gouvernement.
Le Roy a aussiaccorde à M. le Marquis
de Saumery son Sou-Gouverneur la sur--
vivance du Gouvernement des Isles de
Lérins, qui comprend celui de Sainte
Marguerite& de Saint Honorat, en faveur
du Comte de Saumery, son second fils, ey-.
devant Mettre de Camp du Regiment de -
Cavalerie Royal-Roussillon.
Le 8. la Cour a reçu avis que les Etats
de Provence ont accordé au Roy un Don
gratuit de quatorze cens mille livres; sçavoir
, sept cens mille livres pour l'année
1721. & pareille somme pour l'année
'712..
,- Le Parlementde Bretagne a enregistré
l'Arrest duConseil, qui ordonne lerétablissement
des Quatre sols pour livres &
des Droits'd'Entrée.
M.le Duc de Mercoeur, Prince du Sang,
second fils de M. le Prince de Conti, est
mort le douze, âgé d'un an huir mois &
vingt-deux jours. La Cour ea a pris Je
deuille17.Le
Le 10. M. l'Abbé d'Auvergne fut sacré-
Archevêque de Vienne dans la Chapelle
de la Congrégation du Noviciat des RR.
Peres Jesuites, par M. le Cardinal de
Rohan, assistéde M.l'Evêque de Nantes
& de M. l'Evêquede Coutances.
Le 12. le Roy accompagné de M. le
Comte de Cleimont, & de M. le Maréchat
Ducde Villeroy,alla se promenerau
Bois de Bologne,& le 18 Sa Majesté alla
diner au Château de la Muerre.
Le même jour 11 May,l'Infante-Reine
alla avec les deux Princesses d'Orleans à
l'Abbaye de Montmartre, où elle fut reçuë
par Madame la Duchened'Orléans Regenre.
L'Ordre de S. Lazare rentre dans tous
ses Benefices anciennement unis à des
Communautez Religieuses & à des Hopitaux
; il rentre pareillementdans ses anciens
fonds de Terre alienés à vil prix.
M. le Duc de Chartres,Grand-Maitre
de cet Ordre
, a déjà pris possessîon de
Saint Jacques de l'Hôpital
,
où se feront
d'orénavant les Ceremonies de l'Ordre,
en vertu d'un Edit du Roy donné à Pans
au mois d'Avril dernier, portant Confirmation
de l'Ordre de N. Dame de Mont-
Carmel & de SaintLazare de Jerusalem
dans ses biens, Droits & Privilèges , &
union de l'Hopital &Eglise de S. Jacques
~c Paris. L~ deParis.Le
Le 13. M.l'Evêque Duc de Laon presida
au College de Navarre à la Mineure
1de M. l'Abbé Chopler ; & cette ceremonie
sur non-seulement distinguée par samagnificence, mais encore illustrée par
la presence des CardinauxdeNoailles, de
Rohan, de Bissy
,
du Bois & de Polignac.
On y compta un grand nombre de Prelats
& de Personnes de distinction de tous les
Etats, & on y distribua une Ode en Grec,
en Latin & en François à la loüange de
Monsieur le Duc d'Orleans, & de M. le
Presîdent de la These. Le Soutenant y a
fait briller son esprit & son sçavoir.
Le même jour les Gens du Roy parlerent
à la Grand'Chambre dans lacausede
ce fameux Parieur de Pluye
,
qui acquit
tant de réputation l'année derniere. Sa Familles'estavisée
de regarder sesPredictions
comme desfaillies d'un cerveau dérangé,
ôc l'a fait interdire. Les parieurs interessés
à le trouver raisonnable ont prissonparti,
ce qui n'a pas paru soutenable aux Juges,
& M. Daguesseau Avocat General, quia
parlé dans cette cause
, a conclu à la resiliation
des paris. L'affaire fut apointée.
Le 15. M. l'Evêque Se Duc de Laon,
Pair de France, est parti de Paris pour'
aller prendre possession de son Evêché.
Le Vendredi 15. le Roy fit à l'Etoile du
Cours la Revuë des Regimens des Gardes
Françoises
Françoises & Suisses
-,
le concours fut
brillant & nombreux. M. le Duc du Maine
qui étoit à la tête des Suisses, fut parfaitement
bien reçu de Sa Majesté, & il eut
avec Monsieur le Duc d'Orleans uneassez
longue conversation.
Le 16. M. l'Abbé de Chabanes soutint
en Sorbonne sa Tentative dediée au Roy.
La Ceremonie se passa dans les Ecoles
extérieures ,
qui furent parées des plus
belles Tapisseries des Gobelins. La planche
dela These reprefenroit le Roy dans
un Médaillon cantonné de quatre Anges
supportant quatre Devises à la gloire de
Sa Majesté. L'assemblée fut des plus illu.
stres ; M. le Comte de Clermont, les
Cardinaux de Noailles, de Rohan, de
Bissy
,
de Polignac,& du Bois, & M. le
Garde des Sceaux setrouvèrent à cet Aéh:,
avec tout ce qu'il y a de plus distingué à la
Cour&à la Ville. M. l'Abbé de Chabanes
signala son érudition & son esprit dans
cette These
,
qui eut pour President M.
l'Evêque de Tulle.
Le même jour M. le Contrôleur Ce.
neral des Finances posa la premiere pierre
de l'aile gauche de la nef de l'Eglise de
S. Sulpice. La ceremonie fut pompeuse
, & se fit au bruit des tambours & des
trompettes. M. Ig Contrôleur General
donna deux mille écus à M. le Curé de
cette
cette grande Paroisse
, pour contribuer à
la perfection de l'édifice.
Le 16 de ce mois le Roy tint sur les
Fonts de Batême, avec l'Infante Reine, le
fils du Prince de Carignan, qui fut nommé
Victor-Amedée. La cérémonie fut faite
dans la Chapelledu Château des Thuilleries
par M. le Cardinal de Rohan,Grand
Aumônier de France. i Le même jour on supprima deux Commis
par Bureau de Commissaire du Visa.
On doitétablir une Caisse par Bureau pour
faire lareconnoissance des Effets quechacun
des Commissaires auravisez, & procéder
ensuite à brûler ces Papiers.
Le 18 de ce mois le Parlement fit des
Remontrances au Roy, en son Château
des Thuilleries.
Le départ du -Roy pour Versailles est
remis au 15 du mois prochain..
On apprend de Londres que quelques
Juifsqui ont acheté un trèsgros Diamant,
le font, actuellement tailler pour l'exposer
en vente. Il pese brut 214 carats, ou 8 56
grains. On dit que le grand Mogol en a
un très beau qui pese 179 carats, tout
taillé. Celui que Monsieur le Regent a
acheté pour le Roy il y a quelques années,
pese 184 carats.
On mande aussi que le sieur Pierre Laurens
,
Horlogeur de la même Ville, a
trouvé
trouvé le moyen de construire une Machine
pour la découverte infaillible des
Longitudes sur Mer. -
On ajoute que M. le Blond a établi à
Londres par Lettres Patentes du Roy une
Imprimerie de Peinture , & qu'ilaformé
une Compagnie qui a reçu 2000 Souscriptions
sur le pied de 15 livres sterlin.
Nous avons donné la description & la
maniere d'operer dans la fabrique de ces
Estampes' coloriées dans notre Mercure
du mois de Décembre dernier.
On mande de Venise que les Chevaliers
Laurent TiepoLo & Nicolas Fofcarini,
Procurareurs de S. Marc,nommez
par la Republique Ambassadeurs Extraordinaires
, doivent partir pour venir en
cette Cour complimenter le Roy sur son
avenement à la Couronne. - -
Le 19de ce mois, le Roy accompagné
du Duc de Bourbon, du Comte deClermont
& du Maréchal Duc de Villeroy,
alla visiter la Princesse de Conti, sur la
-
mort du Duc de Mercoeur Prince du Sang
son second fils.
Les Vaisseaux le Mercure & le Prothée
.qui ont repassé à Constantinople Mehemet
Effendi Ambassadeur du G. S. moüillerent
dans la Rade de,nrell le 14Avril dernier
à trois heures aprèsmidy. Ils parrÍj.,
rent
rent de Constantinople le 18Novembre
de l'année passée, & après avoir visité les
Echelles de Salonique, Smyrne, Candie,
Ôc Modon
,
ils arriverent à Malte le >8
Fevrier dernier, d'où ils sont revenus à
Brest après une traversée de 50 jours,
pendant laquelle ils ont toujoursété contrariez
par les vents. Il n'est mort personne
de leurs équipages pendant leur
Campagne,qui a été de 10 mois.
M. le Chevalier de Luynes,Capitaine
de Vaisseau & des Gardes du Pavillon
Amiral, a été fait Chef d'Escadre des
Armées Navales, en la place de M. le
Marquis de Saujeon.
- Le Dépost des Cartes, Journaux de
Voyages & autres Mémoires concernant
Ja Navigation, qu'avoit M. le Chevalier
.de Luynes, a été donné à M. le Chevalier
de la Blandiniere
,
Capitaine de Vaisseau,
o La pension de 2000 liv. sur l'Ordrede
S. Louis qu'avoit M. le Marquis de Saujeon
,
aétédonnée à M. Droüard Capitaine
de Vaisseau.
Celle de 1500 liv. de M. Droürd a
été donnée à M. d'Escoyeux Capitaine de
Vaisseau
-,
ôc celle de 1000 liv. de ce
dernier à M- Descartes, aussi Capitaine
de Vaisseau.
M. le Marquis de Saujcon Chef-d'Es-
,
cadre
cadre des Armées Navales, mourut à Rochefort
âgé d'environ56 ans le 8 May,
generalement regretté. Il s'étoit rendu recommandable
par sa valeur, par sa probité
& par son desinteressement, qualitez
qui lui avoient acquis l'estime de tous les
Officiers. Il étoit frere de M. le Chevalier
de Saujeon, Enleigne des Gardes-du
Corps Ayde-Major de la Compagnie de
Villeroy.
Le 2. 3. Madame la Princesse deConti
se retira au Monastere du Port Royal, au
haut de la ruë S. Jacques, par de-là le
Val de grace : ce font des Bernardines
reformées. Madame la Marquise de Feuquieres
sadame d'Honneur, demeurera
auprès d'elle.
Le 24. jour de la Pentecôte, le Roy
accompagné de M.le Duc & de M. le Maréchal
de Villeroy,alla entendre le Salut
aux Cordeliers Le R. P. Duval Gardien,
à la tête de sa Communauté, reçut S. M.
à la Porte de l'Eglise. Le Roy fut fort
content du Motet, chanté par une excellente
Musique, & sur-tour de l'Orgue &
de la main brillante du sieur Marchand.
BENEFICES
BENEFICES DONNEZ. LAbbaye Commandataire de Fesnieres,
Ordre de Citeaux ,
Diocése de Clermont,
vacante par le décès du sieur Gérard
de Cordemoy
,
Historiographe de S.
M. en faveur du lieur Antoine de Montmorilion,
Prêtre du Diocése d'Autun
, &
Comte de Lyon.
L'Abbaye de Gigean
,
Ordre de S. Benoist
,
Diocése de Montpellier, vacante
par la démission pure & simple de Dame
Renée-Angelique de la Croix de Castries,
en faveurde Dame Françoise Dauphine de
Vilars la Fare, Religieuse Ursuline au
Couvent de Sommieres.
: L'Abbaye Commandataire de Foncaude,
Ordre de Premontré
,
Diocése de S. Pons
: de Tommiere
, vacante par la demission du
sieur Gabriel de Lort de Serignan
3 en sa-
! veur du sieur Louis Cesar de Lort de Serignan
,
Diacre du mêmeDiocése, à la
ctharge de huit cens livres de pension pour lelieur Gabriel de Lort de Serignan.
I L'Abbaye de la Sainte Trinité de Beaulieu
,
de Ordre de S. Benoist Congrégation S. Maur, Diocésede Tours, vacante
par la démssïon du sieur Joseph Jean-Baptiste
Quinoc, Bibliothécaire du College
- Mazarin,
Mazarin, en faveur du sieur Simon Nicolas
Frison de Blamont, Diacre du Diocese de
Paris, à la charge d'une pension de seize
cens livrespour ledit sieur Quinot.
L'Abbaye de Mauzac, Ordre de S. Benoist
,
Diocese de Clermont, vacante par
le decès du sieur Archon, en faveur du
sieur François ferrand Decoffey
,
Prêtre
du même Diocese.
La Coadjurorerie de l'Abbaye Reguliere
Conventuelle & Elective de Notre-Dame
de Chancelade, de l'Ordre des Chanoines
Reguliers de S.Augustin, au Diocésede
Perigueux, dont le Pere Jean Valbrune de
Belair est Abbé, en faveur du Pere Antoine
Gros de Beller, Prieur Claustral de
ladite Abbaye.
Le Roya accordé l'Abbaye Commandataire
de Beauport, Ordre de Premontré,
DiocesedeSaint-Prieux, vacante par le
decès de l'Abbé de la Rochefoucault dernier
Titulaire,en faveur du sieur Frederic
Jérôme de Roye de la Rochefoucault,
Clerc tonsuré du Diocese de Paris, à la
charge de quatre cens trois ducats d'or,
valant 2500 liv. monnoye de France de
pension annuelle & viagere, en faveur du
sieur François de Cugnac de Dampierre,
Chevalier de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem,
Clerc ronfuré du Diocese d'Orléans.
L'Abbaye de Bons, Ordre de Citeaux,
Diocese
Diocese de Belley,vacante par le decès de
la Dame d'Isnard de Rougemont derniere
Titulaire, en faveur de Dame Helene de
Falcos de la Blache, Religieuse du même
Ordre en lad. Abbaye. -
La Prevôré de l'Eglise Cathedrale du
Puy, vacante en Regale par le decès du
sieur Claude Genestet, en faveur du sieur
Canelle de la Lobe, Clerc tonsuré du
Diocefede Reims, à la charge d'une pension
de 600. liv. pour le sieur Abbé de
Morangle.
L'Abbaye de Ressons, Ordre de Premontré,
Diocese de Rouen, vacante par le decès
de l'Abbé Moslier,à l'Abbé de Serignan.
M. l'Abbé de Rohan,fils du Prince de
Guimené, aété nommé Archevêquede
Reims le 28 de ce mois. s
Il MORTS, I L est mort à Bourges le 14 Mars dernier
Messire Pierre le Begue
,
Chevalier
Seigneur Vicomte de Villemenard, Saint
Germain du Puis, & de Saint Michel de
Volangy, Premier President du Presidialde
Bourges, âgé de 86 ans, après avoir rempli
sa Charge de Premier President47 ans
avec honneur& integrité au contentement
de toute la Province, qui a souventressenti
avec latisraction l'équité de ses Jugemens.
f Il étoit fils de Messire Henry le Begue,
I - Chevalier
Chevalier Seigneur de Silly
,
de Montpensier
, & de Charpagne
, Vicomte de
Villemenard, de Saine Germain du Puis,
& autres lieux, aussi Premier President
du Presidial de Bourges.Lequel étoit fils de
Meilire Philippele Begue, Chevalier Seigneur
de Bouchetin
,
VicomtedeVillemenard,
&c. aussi Premier President du Presidial
de Bourges, lequel fut fait Conseiller
d'Etat en 1633. peur les bons &agreables
services par lui rendus au Roy & à l'Etat.
Plusieurs personnes nous mandent de
Bayonne que le R. P. Thomas Comarrieu
Religieux de l'Ordre de la grande Observance
de S. François, natif du lieu de
Gouyac, prèsde Dax, y est mort le 19
de l'autre mois, au Couvent des Cordeliers
,
âgé de 118 ans. Il dit encore la
Messe le 2 Mars dernier, jour des Rameaux.
Il se souvenoit du meurtre d'Henri
1 V. & parloit souvent des particularitez
qu'il avoit ouy dire en sa jeunesse de ce
terrible évenement. Ce bon Pere avoir
passé par tous les principaux Emplois de
son Ordre. Il étoit ancien Conventuel à
Bordeaux en 165 o. lors dela revolte qui
s'y fit en faveur des Princes de Condé,
de Longueville & de Conti. Il a été deux :
, ou trois fois Gardien du Couvent de
Bayonne. Sa santé n'a jamais été alterée
que par de très-petitesmaladies;il a con- servé
servé par sa frugalité sa vivacité de corps
& d'esprit jusqu'à sa mort. Il marchoit
encore aussi
-
bienqu'ilfaisoit à 50 ans,
lisoit sans lunettes, & avoit toutes ses dents.
Il alloit souvent à pied faire sa Cour à la
Reine Doüairiere d'Espagne
,
qui avoit
beaucoup d'estime & de consideration pour lui,&qui fournissoit à ses besoins depuis
plusieurs années,ayant donné ordre qu'il
ne manquât de rien. Il a prêché plusieurs
fois devant S. M. & dans plusieurs Villes
de la Province avec applaudissement. Il
avoit fait plusieurs fois le voyage de Paris
en qualité de Deputé de son Ordre. M. le
Marquis de la Vrilliere le pere Secretaire
d'Etat l'honoroit de son estime. Il est
mort de la maniere du monde la plus édifiante
,
c'est-à-dire
, de la mort des Justes,
après quarre jours entiers d'agonie, sans
sentiment
,
sans vue & sans ouïe. La
Reine d'Espagne a eu la bonté de le visiter
dans ces tristes momens.
M. Noël Gaillard, Predicateur du Roy,
Abbé Regulier depuis 1701. de N. Dame
d'Arles, Ordre de S. Benoist au Diocese
de Perpignan, premier Conseiller d'Honneur
auConseil Superieur de Roussillon,
cy- devant Abbé de Tasques au Diocese
de Tarbes, & Religieux Profés de l'Abbaye
de S. Victor de Marseille,elt mort
à Pezenas, où il s'étoit rendu de son Ab-
Iij baye
baye pour aller prendre les Eaux de Ba-
Jaruc, le 16 du mois dernier, âgé d'environ
65 ans. Il étoit frere du P. Gaillard,
aujourd'huy Superieur dela Maison Professe
des Jesuites à Paris.
M. de Boisrargues, Lieutenant de Vaisseau
, & Capitaine d'une Compagnie franche
de la Marine, est mort à Toulon le 1
Avril, après une longue Maladie.
Dame Anne-Elisabethle Tanneur, veuve
de Messire François le Bascle Comte d'Argenteuil
, est morteà Troye le 28 du mois
dernier.
Le 6 de ce mois Dame Anne Rebel,
épousedeM. de la Lande, Surintendant
de la Musique de la Chapelle & de la
Chambre du Roy,est morte à Paris âgée
de 67 ans.
Le 7 ,
M. Louis de Clermont, Comte
de Chiverni, Marquis de Monglat, Baron
de Rupt,Conseillerd'Etatd'épée,& Gouverneur
de S. A. S. M.leDucde Chartres,
Premier Prince du Sang, Colonel General
de l'Infanterie,mourut à Paris âgé de
7-8 ans. Il avoit éré Ambassadeur du Roy
en Dannemark.
Le 16y M. Alexandre-de la Rochefoucault,
Abbéde l'Abbaye Royale de Notre
Dame de Molême & de Beauport, est aussi
mort à Paris âgéde 67 ans.
M. Lugat, Ecuyer, Conseiller-Secretaire
taire du Roy honoraire, Maison, Couronne
de France & de ses Finances,cydevant
premier Commis du Tresor Royal,
est mort le 20 de ce mois. Illaisse deux
fils, dont l'un est Gentilhomme ordinaire
dtu Reoy,l&el'autrte C.onseiller au Châ- Le 22 de ce Mois, M. Henry de Guenegaud
,
Chevalier Marquisde Plansi
,
est
mort âgé de 80 ans.
M. Vaillant, Associé Botaniste de l'Academie
Royale des Sciences, & Professeur
au Jardin du Roy, est aussi mort à Paris,
âge d'environ 50 ans.
MA Z.IAG ES.
Le 21 May, Mre Louis-Antoine de fat
Roche-Fontenilles, Chevalier, Marquis
de Rambures, Mestre de Camp du Regiment
de Navarre, âgé de 24 ans, fils de
Mre François dela Roche-Monluc Ceffac
Cazillac, Chevalier, Marquis de Fontenilles
, Comte de Courtenay, Sire de Rambures,
Seigneur d'Authuy,Lambercour,
&c. & de Dame Therese de Mesmes,
a épousé Demoiselle Marguerite Benigne
Bossuet,âgée de 19ans, fille de M. Louis
Bossuet, Chevalier, Conseiller du Roy
en ses Conseils, Maistre des Requêtes
honoraire de son Hôtel, Seigneur d'Azu,
la Cosne, & autres lieux, & de Dame Marguerite
de la Britte.
M Louis Robert Hippolyte de Brehan ,
Cornre de Plelo, Mestre de Camp de Cavalerie,
& Sous-Lieutenant des Gendarmes
de Flandres,âgé de 23 ans, fils de M.
Jean René François Almaric de Brehan ,
Chevalier Comte de Mauron & de Plelo
Baron de Pordic & , autres lieux, & de defunte
Dame Catherine Françoise le Fevre
de la Faluere
, a épouséDemoiselle Louise
FrançoisePhelypeaux de la Vrilliere, âgée,
de 14ans, fille de M. Louis Phelypeaux,
Marquis de la Vrillière & de Châteauneuf
sur Loire, Comte de Saint-Florentin &
autres lieux, Conseiller du Roy ordinaire
en tous ses Conseils ,& au Conseil de
Regence, Ministre & Secretaire d'Etat;
& de Dame Françoise de Mailly. Le Roy
a figné ce Contrat de mariage le 14 de ce
mois.
La Maison de Brehan est une des p!us
anciennes de la Province de Bretagne
,
où
on l'a toujours vu tenir un rang confiderable,
& posseder de grands etablissemens.
Le premier de cette Maison que l'onconnoisse
, est Brient le Vieil, qualifié Brientensium
summus Dominus dans une Donation
qu'il fait à l'Abbaye de Saint Aubin
des Bois, & dont FActe est aux Archives
deMarmoutier ; ceTitreest de l'an 1080. * De
De ce Brient le Vieil &Ide son fils Geffroy,
Sire de Brehan
,
mentionné en 1108
,
dans
un autre Titre de la même Abbaye, est
venue par une fuite non interrompue Ete
vingt & un Ayeuls, M.le Comte de Plelo.
Pendant ce long cours de Siecles, les Seigneurs
de ce nom ont paru dans tous les
Titres qui en parlent, comme Barons,
Chevaliers, Capitaines d'hommes d'armes,
Ecuiers ,
& enfin avec toutes les qualitez
reservées dans ces temps de sincerité à la
plus haute Noblesse. Cette Maison d'ailleurs
a pris & donné des alliances dans
celles de Rohan,de Beaufort, d'Herford,
de Tournemine, de Penthievre,de Dinan,
de Gouion, de la Lande, de Châteaubrient,
du Pleffisde Montfort, de Boisboessel,
de Lanvallay
,
de Craon de Ploeve,
de Plorec, d'Acigné, deBoisgelin, de
Maletroit, de la Moussays
,
d'Andigné , de Savonnieres, de Penmarch, de Couvran
,
de Quelenec
,
du Gouray
,
de Hay,
de Quelen, de Rostrenan,du Cambout,
de Reilhac, de Huraut
,
de Pembrok, de
Montgommery, de Sesmaisons
,
de Madeuc
,de Cadilliac
,
de Sevigné
,
du Chastel,
ôc plusieurs autres aussi anciennes
qu'illustres.
Iiiij EDITS,
EDITS, DECLARATIONS,ARRESTS,
Lettres Patentes, &c.
DECLARATION DU ROY,donnée à Paris
le 14 Mars1722,pourl'execution des
Articles 74, 755c 76 de la Coutume générale
d'Artois. -
ARREST de la Cour de Parlement, du 21
Mars dernier, portant défenses à toutes personnes
de quelque qualité& condition qu'elles
soient, de donner à joüer, ou de joüer même
aux Foires, aux Jeux de hazard ,& notamment
aux dez & aux Jeux appellez le Hoca, la Bassette
, le Pharaon, le Lansquenet, la Dupe, &
le Biribi, fous quelques noms & formes qu'ils
puissentestre deguisez
,
à peL,e de trois mi.le
livres d'amende contre ceux qui auront tenu
Academies ou Assemblées de Jeux
, & donné à
joüer chez eux, & de mille livres contre ceux
qui auront joüé auxdits Jeux.
ARREST du Conseil d'Etat du Roy, du 14
d'Avril, qui ordonne que tous les Registres
des Comptes en Banque, ensemble tous les
Certificats desdits Comptes en Banque,tant des
Villes de Provinces que de Paris, toutes les
Actions&Dixiémes d'Actions, tant Interessées
que Rentieres,ensemble 1& Etats qui ont été
envoyez au sieur Prevost des Marchands de la
Ville de Paris,& depuisremis au Greffe dudic
Hôtel de Ville, & dont le Greffier a donné ses
Recepissez & décharges, feront incessamment
remis par ledit Greffier audit sieur Saintard, qui
lui
lui en fournira sa reconnoinance, au pieddes
Inventaires qui en feront cirerez par ledit Greffier
de l'Hôtel de Ville, & dont il fera délivré
Duplicataaudit sieur Saintard ; & au moyen desdites
Reconnoissances, ledit Greffier de l'Hôtel
de Ville de Paris en demeurera bien & valablement
déchargé.
II. Ordonne pareillement Sa Majesté qu'il
ferafourni auditsieur Saintard par ledit Greffier
de l'Hôtel de Ville deParisdes Etats de luy
signez & certifiez véritables
,
de tous les Certificats
qu'il aura jusqu'à present délivrez &
coupez, ensemble des Actions & Dixiémes
d'Actions qu'il aura renduësaux Propriétaires.
III. En cas que par la fuite il fût encore
necessaire de couperqaelques Certificats,Veut
Sa Majesté qu'il y foit procédé par ledit sieur
Saintard, dépositairedesRegistres, Certificats
& Actions, lequel Sa
Majesté
a
,commis &
commet à ceteffet, sans néanmoins qu'il puisse
le faire qu'en consequence des Jugemens qui
ont été ou feront rendus par les sieurs Commissaires
do Conseil députez parl'Arrest du
f: Janvier 1721.
IV. Les Actions Interessées&les Certificats
pour Ecritures en Banque feront rendusaux
Propriétairespar ledit sieur Saintard, en' luy
fournissant par eux décharge valable: Et feront
les precedens Arrests executez en ce qui n'yest
point derogé par le present Arrest.
•
LETTRES PATENTES sur Arrest,données
à Paris le7 Avril 1722; qui ordonnent que
le Sr du Perrier fera tenu de fournirincessamment
dix-sept Pompes pour servir en cas d'incendie
dans la Ville de Paris, &c.
Ai*. 1. Ordonne Sa Majesté qu'outre les 1 Pompes qui font actuellement établies, le Srdpenier
J suivant sa soumission qu'il en a
-- donnée, & dont l'original demeurera annexé à
.la minute du present Arrest
,
fera tenu de fournir
incessammentdixsept Pompes nouvelles
avec leurs ultenciles &caisses, faisantavecles
treize, le nombre de trente, qui feront dépcfées
fous les ordres&inspection du sieur Lieutenant
général de Police; scavoir
, une à l'Ar-
, chevêché, une chez M. le Premier President,
une à la grande Poste, deux aux Prêtres de
l'Oratoire de saintHonoré, deux aux Capucins
de la ruë saint Honoré,uneà l'Opéra
,
trois
aux petits Peres, Place des Victoires
,
trois à
la Trinité ruë saint Denis, une à l'Hôtel de
Bourgogne, trois à la Mercy ,une au saint Efprit,
une chezleLieutenantgeneral dePolice,
trois aux Jesuites de la rue saint Antoine, trois,
aux Carmes, Place Maubert, trois à l'Académie
de Va'cdeiii", & uist à la Comedie Fran- çII. Loesditesitrenste Poempeain.siétaétba lileiess Se.
distribuées, feront fournies & entretenues der
toutes choses par le Sr du Perriet, qui fera
obligé d'en substituer d'autres quand il con- > viendra, le tout à ses frais. ,,•
III Pour C'rvir lesdites Pompes, & !ea faire
joüer dans le occasions, il instruira soixante
Gatdieps ,à chacun desquels il payeratous les
a\ln la somme de çent livres; ensorte que chaqueP
ompe ait au moins deux hommes pour -
la senÍr.: IV Ledit du Perrier fourniraausdits soixante.
Gardiensun habit uniforme& un bonnet : r.ticune\ pourles pp»;i<.rd?ns- lesincendies, .¡'., f<r:mt!u;fctftilprnçqt•reconnus!,
c. «: ;^ro'y*MIV: ksoyvr:cr.s !y>: %-..-<Si.1y »$.A - $ : * " <' -' v L *-vC: .m;
maniement des Pompes par lesifflet
,
afin qu'il
puisse se faire entendre d'eux,& avec plus d'assurance
& de commodité diriger lesdifférentes
manoeuvres qu'ilsdoivent faire.
VI. Veut Sa Majesté qu'il foit arrêté un rôle
contenant le nom & la demeure desdits soixante
Gardiens, dont un double fera remis entre les
mains dudit sieur Lieutenant General de Police;
& qu'en presence du Sr du Perrier & des soixante
Gardiens,lesdites trente Pompes soient
visitéesaumoinsune fois le mois parlesieur
LieutenantGeneral de Police
, pour connoître si
elles sont bien entretenues & en état de faire'
leservice. Si en cas d'incendie quelqu'un defdits
soixante Gardiens ne se trouvoit pas dans
la maison où il aura indiqué sa demeure par
Jedit rôle, & manquoit au service, ou se
trouvoit incapable de le faire, il fera retranché
durôle, & condamné à l'amende par ledit
sieur Lieutenant General de Police, qui en remettra
un autre en sa place: Et pour mettre
ledit Sr du Perrier Dncfteur des trente Pompes
,
enétat de les fournir & de les entretenir
avec les soixante hommes & les outils necessaires&
détaillezdans la soûmission, il lui fera
payé par les Tresoriers de Police en exercice
ro-i hors d'exercice, sur les fonds qu'ils ont
entre leurs mains, ou qui leur feront remis,
la somme de quarante mille livres une fois
payée, &celle de vingt mille livres par chacun
an pour l'entretien desdites trente Pompes, des
soixante hommes
,
des outils,&du renouvellement
d'iceux , surles ordonnances quien feront
expédiéespar ledit sieur Lieutenant General de
Police; sçavoir
, pour le payement de dix-sept
nouvelles Pompes, à mesurequ'elles feront
f urmies, & pour le payement de l'entretien,
oc ..()s moisen troi s r.,o Vçat Sa Majesté.-
que Icfd:ces sommes soient passées & allouées
dans les comptes qui feront rendus par lesdits
Tresoriers, tant
devant
ledit sieur Lieutenant
General de Police, qu'à la Chambre des Comptes
, sans aucune difficulté, & sur les simples
quittances dudic sieur du Perrier, qui fera en
outre tenu de representer à la fin de chaqueannée
audit sieur Lieutenant General de Police
les reçus ou quittances des soixante Gardiens
esdites Pompes, pour estre jointes aux Certificats
des visites qui auront été faites desdites.
Pompes, a:n{¡ qu'il est cy dessus ordonné, &
remis audit sieur du Perrier pour sa décharge.
Enjoint Sa Majesté audit sieur Lieutenant- General
de Police de tenir la main à l'execution
du present Arrest, sur lequel toutes Lettres
Patentes nscessaires feront expediées. Fait au
Conseil d'Etat du Roy, tenu à Paris le dixiéme
jour de Mars mil sept cent vingt- deux Collationné.
Signé,.GOUJON.
Ensuit la teneur de la Soûmission mentionnée
enl'Arrest.cy-dessus.
NOUS fouffignez, François di.1 Mouriez dui
Perrier, Directeur General des Pompes établies
dans la Viiie de Paris, en consequence de l'Ordonnance
du Roy, du 23 Février 1716, Se
Nicolas François du Mouriez du Perrier son fils,
reçu en survivance à cet employ, par Brevet
du 9 Septembre 1719, offrent à Sa Majestédefournir
incessamment & au plus tard dans quarre
mois, dixsept nouvelles Pompes, pour
avec les treize qui fervent actuellement faire
le nombre de trente.
'D\tablr huit Magasinsdistans les uns des
autres, dans lesquels ils entretiendront pour le
L-ryice desdites trente Pompes, seize grandes
echelles,
échelles
,
seize longs cordages oti chablois,
seize grands crocs ferrez par les deux bout,
propres pour abbattre une maison dans les cav
où la necessïtéobligera de lamettre à bas
,
afin
de sauver les autres ; trente pioches
, trente
pelles, trente coignées
, trente pinces pour arracher
les pavez , & trente long cizeaux pour
percer les tuyaux des Fontaines qui passent
fous lesdits pavez , au cas que l'eau desPuits
ne suffise pas pour éteindre le feu.
D'établir pareillement trente Loges pour renfermer
lesdites trente Pompes separément , &
fous la clef
De fournir en outre les chariots necessaires
pour transporter diligemment lesdites Pompes
d'un quartier à l'autre.
D'établir vingt-huit nouveaux Gardiens, &
sous Gardiens desdites Pompes,quijoints avec
les trente deux qui servent actuellement, féroce
en tout le nombre de soixante.
De fournir ausditsvingt-huitnouveaux Gardiens
des habits neufs & bonners uniformes,
& pareils à ceux des asceus*
De leur payer à chacun cent livresdegages
par an.
De faire avertir lePublic par desaffiches
deslieux où lesdites Pompes feront déposées , ,
& des noms & demeures desdits Gardiens.
De renouveller lors qu'il en fera besoin
, non
feulement lesdites trente Pompes, mais encoretous
les ustenciles exprimez cy-dessus, & qui
fervent a l'usage &au service desdites Pompes,
aux conditions suivantes.
Qu'il fera delivré ausdits sieurs du Perrier,
pere & fils, la somme de quarante mille livres
; savoir
,
moitié d'avance, & le surplus
lors que le tout aura été livré ; & en outre
la somme de vingt mille livres, à commencer
<m
OU'premÍer Janvier 1722 par chacun an, pcurl'entretien
annuel & renouvellement des Pompes
, & cous les ustenciles generalement quelconques
qui font necceaires. Fait à Paris ce
vingt cinquième Décembre mil sept cent vingtun.
Signé, F. mi MOURIEZ DU PERRIER,
& NICOLAS-FRANÇOIS DU PlJ'{RIER'
DU MOURIEZ. Collationné. Signé
,
GOUJON.
EDIT du Ray,donné à Paris au mois
d'Avril 1722 , portant confirmationde l'Ordre
de N. D. du Mont Carnrel &de Saint Lazare de
Jerusalem
,
dans ses biers,droits& privilèges,
& union de l'Hôpital & EsLi(e' de S. Jacquesde
Paris.
ARREST de la Cour de Parlement, du 19
Avril, concernant l'administration du Bureau
dts Saisies Réelles.
ARREST du Conseil drFtlt du j May,qui -
ordonne que les Certificats de liquidation qui
ont été ou qui serontdélivrez par le sieur Breha.
mel, séront coupez ponr la facilité des porteurs
d'iceux; & commet les Commissaires du Conseil
pour viser les Certrficats qui feront délivrez aux
particuliers, pourlavaleur de ceux qu'ils autout
raportezpour être coupez.
DECLARATION du Roy
,
donnée à Paris
le 3 May, concernant lafaillites & Banqueroutes.
*
ORDONNANCES RoysurMély, quicontinue
l'établissement dans Parisdes quatre Corpgde
Garde
,
placés aux Barrieres des Sergens de
M rue S. Honoré, du CimetiereS. Jean,du pe-
~TH.Marchésded'Abbaye SaintGermain,&dir
Mar'i'C'-
Marché Neuf;pourfavoriser l'executiondes
ordres de S. M & les mandemens de Juftii»;v
& pour la sureté & la tranquillité publique ,
Lesdits Corps de Garde composez chacun d'un
Sergent
,
d'un Caporal, & de hu:r Archers du
Guet à pied, qui s'y rendront tous les jours en
armes, & y
resteront
depuis six heures dunntin
jusqu'à neuf heures du foir en Eté, & depuis
sept heures jusqu'à cinqheures en Hiver.
DECLARATION du Roy, du 15 May, por*-
tant rétablissement de plusieurs droits,registrée
au Parlement le 20 dudit mois par laquelle S
Majesté declaré que les droits qui étoient
~attri
huez aux Officescréez sur les Porct, Quais,
Halles & Marchez de notre bonne Ville de Paris
depuis l'année 1689.& reservez par l'Edit
dumois de May 1715 , portant suppression desdits
Offices, soient perçus pendant le cours de
six arnées, conformément audit Edit du mois
deMay 1715,& suivant le Tarifattachésous,le
contreseel de la Declarations du 6 Aoust 1715,.
& queles droits qui étoient attribuez aux anciens
Offices sur lefdirs Porcs, Quays,Halles
& Marchez, créez avantl'annee1689, soient
pareillement perçus pendant le nveme temps de
six années, sur le pied des mêmes Tarifs, S£
en lamême forme SC maniere que les Titulaires
desdits-Offices les percevoient,& avoient
droitde 1*8 percevoir lors de la suppression.
ordonnée par l'Edit dumois deSeptembre 1719. Exceptonsdu ~rétablissementdesdits droitsceux -
quiétoientétablis& perçus sur les Bleds, Or*
ges & Fjriifjes,8c lur lesBois à brûler
,
debois,Cotterrets&Fagors Charbon ,lesquelsdemeu-
~rerortébejut&supprimezconformément
a.
gCOS de notre bonne Ville de Paris soient &
deneurent rétablis pour les denrées provenances
st leur crû
,
dans les mêmes privilèges & exem- ptions à l'égard desdits droits, dont ils jouif-
1 soient lorsquelesdits droics étoient perçus par
les Titulaires des Offices supprimez, dérogeant
en tant que besoin est ou seroit à la Déclaration
du 6 Aoust 1715. & au Tarif arrêté ea
confcquence : & pour prévenir les abus & les
fraude3 qui pourroient arriver fous pretexte
dudit Privilege, voulons & ordonnons que les
Bourgeois de notre bonne Ville de Paris qui
voudroct jouyrdeladite exemption, soienttenus
de faire en-egistrer dans la quinzaine au
plus tard au Bureau général de la régie desdits-
Droits rétablis, leurs titres de propriété des
terres & héritages qu'ilspossedent, &defournir
lors dudit enregistrement un Certificat en
bonne forme des Collecteurs de laParoisse où
font situez lears heritages , contenant la quantité
d'arpens de prez& terres que lesdirs Propriétaires
fontvaloir par leurs mains& à leurs
frais & dépens
,
sans être tenus a ferme, à peine
en cas de sausse déclaration,de cinq cens livres
d'amende contre lesd ts Collecteurs qui donneront
de faux Certificats, & de décheance des
Privileges contre les Bourgeois qui les rapporteront
, sans que ladite amande puisse estre moderée
,
ni les Privilèges rétablis fous quelque
prerexte que ce soit. Enjoigneos ausoits Propriétaires
de declarer tous les ans après larécolte
, & au plus tard dans le mois d'Octobre
de chacune année
,
la quantité des Foins& d'Avoines
qu'ils ont recueillis provenants de leurs
héritages,celles qu'ils entendent faire entrer à
Paris pour leur consommation ,& par quelles
Portesou Bureaux, à peine de décheance du
Brivilege par chacune des années, dans laquelle
- ilsis
masqueront d'y satisfaire. Voulons parcHément
que les Droits manuels sur les Sels - servez par les Edits de Janvier 1715.6cDecemv
bre 1716. ceux reservez dans les Cours
,
Chancelleries
,
& Presidiaux,Bailliages, & autres Sieges
Jurisdictions par les Edits des mois d'Aoust
1716. Janvier & Novembre 1717. ceux des
Courtiers-Jaugeurs créez par Edit de Fevrier
1674.d'inspecteurs aux Boucheries créez par
Edit de Février 1704. & ceux d'Inspecteurs aux
Boissons,créez par Edit d'Octobre 170 5. dont
Nous avons fait cesser la perception,continuent
d'estre levez & perçus pendant six années, après
Hesquelles tous les susdits Droits demeureront
éteints & supprimez ; tous les fonds qui pro.
vci£elnudsront du recouvrement desditsDroits cyrétablis,
feront uniquement employez au
remboursement des dettes de l'Etat, suivant les
états qui en seront arrêtez tous les sixmoisen
notre ConecH) sans que fous quelqueprétexte
que ce soit, ils puissentestreappliquez à d'autres
usages; desquels remboursemens
,
ainsi que
du recouvrement desdits Droits, il fera compté ttous
les ans en notre Chambre des Comptes,
en la forme qui fera prescrite par la Déclaration
que Nous ferons expedier à cet effet,&c.
ARREST du Conseil du 16 May, qui ordonne
que toutes les Declarations qui ont été
reines par les Notaires du Châtelet de Paris,
sur lesquelles les Particuliersn'auront pas fourni par écrit, dans le 2;y du present moisdeMay,
les réponses & ëclaircidojmens qui leur font demandez
,feront jugées diffinitivement,&liquidées
en l'état où elles se trouveront. Et qu'il
en fera usé de même pour les Déclarations des
RPoayrtaiucmuleiers des Provinces & Generalitez du ,qui n'auront pas fourni leurs Ré.
,
ponfcs
portes dans le 10. du mois de Juin, sanspou-
Tyir estreadmis à aucunes remontrances ni
eprefentations contre les Jugemens,Liquida..
tÏQDS ou Reductions.
AVIS.
LABONDANCE. des Matieres nous
0oblige de donner au Mercure de ce
Mois un Simplement, actuellement fous
presse
,
quifera un juste Volume. La
principale Piece qui nous y determine,
est une Dissertation Historique trés-étendue
de A/,l'jbbé de camps, dans laquelle
ilest traité du Sacre & du Couronnement
des Rois de France depuis Pepin
jusqu'àLouisXIV. inclusiVement.
Nous prenons d'autant plus Volontiers
ce parti, que cet Ouvrage rempli d'une
érudition peu commune & de Recherches
tres-curieuses, qui interessent toute la
Nation, servira naturellement de Vrélu
minvire au journal Historique que nous
devons donner du Sacre du Roy,
Le
LE second Volume de ce mois, qip.
nous promerrons, fera orné de deux
1 Planches en taille douce, dont l'une represencera
le superbe Feu d'artifice , donné
par le Duc d'Ossone, Ambassadeur extraordinaire
du Roy d'Espagne,qui a été
tiré en presence du Roy & de l'Infante
Reine: On trouvera dans l'autre deux sortes
de caractères inconnus, que l'on propole
aux Sçavans.
APPROBATION.
JAy III par ordre de Monseigneur le Garde des
Sceaux le premier Volume du Mercure -du
mois de May.. & j'ay cru qu'on pouvoir en
permettre l'impression.A Paris le trentième
jour de May 1722, - HARDION.
TABLE.
PIECES FUGITIVES. Ode sur l'établissement
de la Religion Chrétienne. Page I
Relation del'Entrée
,
Cavalcade & Audiance
duPapeduBailliSpinola, 7
Elegie, il
Dissertation historique sur letitre dePrincedes
Asturies.
yâurîes , avec les noms des Princes qui l'ont,
porté, & les Ceremonies qui s'observent dans
leurproclamation, 17
Traduction en Vers de 3. Odes d'Horace, 4e
Relation du Voyage de Don Louis de Mendes,
Comte d'Ericeira, cy-deyant Viccroy des Indes
Orientales, 54,
EpitreàDamon, 68
Lettre de M. Capperon, &c. au sujet de deux
anciens Tableaux, découverts à la Ville d'Eu,
7,
Madrigal, 82
Lettre de Bourges, & Jugement rendu contre,
&c. ibid.
Lettre Critique écrite aux AuWwrs du Mercure,
84
OrÍgÍge de la Cocarde» tg
Lettre écrire aux Auteurs du Mercure sur l'Enigme
Chronographiqued'Evreux, 90
Autre Lettre sur le mêmesujet , contenant une
pareille Enigme à dechiffrer 91
Explication des Enigmes du mois passé,nouvelles
Enigmes & Chan on, 95
NOUVELLES LITTERAIRES & des beaux
Arts. Moeurs des Sauvages Americains.corn.
parées aux moeurs des premiers rems, 98
Les Oeuvres deS.Ambroise,projet d'une nouvelle
Edition. 99
Lettre écrite à Mr. sur l'état present des Lettres, 100
Lettre sur laTragédiede Romulas, 106
Cinquiéme & sixiéme feuille du Spectateur , &c.
107
Discours de M. Racine fut les causes du prtorè*
& de la décadence des Belles Lettres, àle
Discours de M. l'Abbé Anselme sur les Asiles
118
Dissertation de M. Fourmont sur la Littérature
Chinoise, &c. lif
iDifcours de M.Geoffroy sur lasupercheriedes
chercheurs de Pierre Philosophale
, m
catalogue d'un Cabinet de Tableauxàvendre.
avec des Medailles, bas Reliefs, Bustes, fcc
li$
Suite des Médailles du Roy, i)8
Spectacles, d'Orste&Pilade, &c. Comédie nouvelledel'Opiniâtre,&
c. 1j9
11.c Balet des quatre Saisons,140.
Théâtre Italien, Discours & Sonnet Italien.
Comedie nouvelle de la surprise de l'Amour,
&c. 141
MOUVELLES ETRANGERES de Pexin
, &
de l'Isle de Bourbon, où il eu parlé des arbres
de Caffé,&c. 4. 150
De Constantinople, de Moreou, de Stokolm
,
de
Copenhague, deVarsovie,de Vienne,de Londres,
deMadrid, de Lisbonne,deRome.&c.156
Charges & Dignitez des Pays Etrangers,169,
: Morts,Mariages,&c. 274
Journal de Paris, 176
&Benefices donnez,&c. 187
[ Morts, où il est parlé d'un Religieux âgé de
118ans. 189
Mariages, 19j
Edit »
Declarations, Arrests
>
lettres Patentes;
xc. igé
JYis pour le second Volume du Mercure de ce
1
mois,
-
106
Fautes et, corriger dans. le Mercure dA"Pril.,
A La page 17; , en parlant de Madame la
Princesse de Soubise, qui aété reçûë en
survivance de la Charge de Gouvernante des
Enfans de France, nous avons dit que c'est la seule
Charge où la survivance demande prestation
de ferment. Il falloir dire que c'est la seule
Charge remplie par une Dame, qui demande
prestation de ferment entre les mainsdu Roy.
Page 18) ligne 3 d'Avyan,lisez d'Avejan.
L'Air à chanter: doit regarder la page 97
L3 Planche des Médaillésdu Roy doit regarder lapage138
SUPPLEMENT
MERDCUURE
DE M A Y x7ii.
CONTENANT UNE DISSERTATION.
Historique du Sacre & Couronnement
des Rois deFrance5 depuis Pépin
a jufquk Louis le Grand.
{.LVÆ COLLIGIT - SPARGIT.
A PARIS,
Chez GUILLAUME CAVELIER., au PaTil.
GUILLAUME CAVELIER, Fils,rue
S. Jacques,àla Fleur-de-Lys d'Or.
1
ANDRE CAILLEAU, à l'Image Saint
André, Place de Sorbonlle.
NOELPISSOT,QuaydesAugustins,àla
descente du Pont-Neuf,à la Croix d-Or.
M DCC. XXII.
Avec Approbation & Privilege du Roy.
LISTEDES LIBRAIRES
qui débitent le Mercure dans les
Provinces du Royaume, & dansles
Pays étrangers.
Lyon, cher Plaignard. Libraire.
Montpellier, cher les freres Faures.
Toulouse, cher la Veuve Tene.
Bayonne,cher Etienne Labottiere.
Bordeaux, cher la veuve Labottiere.
Charles Labottiere, vis àvis la Bourse. ibid,
Rennes, chef Vattar.
Nantes, cher Julien Maillard.
Saint Malo,che%la Mare.
Poitiers
, chr Faucon.
Xaintes, chef Delpech.
Blois.cherMatron.
Orleans, (ber Rouzeau.
La Rochelle, chez Desbordes.
Angers, chezFourreau.
Tours, cbq Gripon.
Caën ,clpe^ Cavelier.
Rouen, ebe-, la Veuve Herault.
Le Maris, cher Pequineau.
Chartrescher Feltil. '., Châlons, (her Seneuze.
Troye, rbey-BoUillerot.
Rheims,chez Godard.
Dijon , chef la veuve Armil.
Beauvais, che'{ A leau.
Abbeville, chez Dumesnit.
Soissons
,
cbq Courtois.
Amiens, cher le François, 8c Godard.
Arras, cher C. Duchamp.
Sedan , ch,:{ Renaud.
Metz, chez Colignon.
Strasbourg, chef Doulfeker.
Cologne, chef Meternik.
Francfort, chef J. L. Koeniq.
Berlin, chef Erenne.
Leipfic, chef Gledich.
Lille, chef Danel.
Bruxelles
,
chef Tserstevens,
Anvers, chef Verduilen.
La Haye, chef Rogiffard.
Londres, chef du Noyer.
Madrid,chef Anisson.
Geneve,chef les freres de Tournes.
Turin, chef Reinssan.
L-e prix est 25 sols.
AVIS.
YL1
,ADRESSE generalefour toutes
choses est àM. MOREAU,
commis au Mercure3 chez M.le
Commissairele Comte, vis-à-vis
la comedie Françoise à Paris. Ceux qui
pour leur commodité Voudront remettre
leurs Paquets chetez aux Libraires qui
rvendent le Mercure à Paris, peuvent se
servirde cette Voye pour les faire tenir.
On prie très-instamment quand on
adresse des Lettres ou Paquetsfar laPosse,
d'avoir foin d3enaffranchir le Port,
comme celas'est toujours fratiqué, afin
J'épargner, à nous le déssaisir de les
rchuter, & à ceux qui les enoyent
celui3 non feulement de ne pas voir
faroître leurs ourages, maismême de
les perdre, s'ilsn'en ont PtJs gardé di
cosi£
SUPPLEM E NT
DU MERCURE
DE MA Y1721.
DISSERTATIONHISTORIQUE
du Sacre & Couronnement des Rois
de France depuis Pépin jujqua Louis
le Grand inclusivement, &c..
PAR M.DE CAMPS,
jilbé de Signy,
OMME j'ay intitulé cette
Dissertation du Sacre Û*
Couronnement des Rois de
France, on trouvera peutêtre
à redite que je n'y fais
aucune mention des Lettres circulaires
pour la convocation des Grands du Royaume
qui y ont assisté, des préparatifs pour
la marche, de la suite & de la gardede
leurs Majestezpour se rendre dans les lieux
où ils ont été faits, de l'ordre & des ceremonies
qui s'y sont observez,même dans
le festin Royal après le Couronnement j.
mais si quelques-uns me faisoient ce reproche
,
je les renvoyerois pour s'en instruire
au grand Cérémonial de France,
mis au jour par les soins de Denis Godefroy
en l'année1649
,
dans lequel ils-trouveront
tout ce détail déduit, une partie des
fragmens des Historiensanciens & modernes
qui en ont parlé, & même les procès
verbaux qui en ont été dressez par les
Grands Maîtres des Ceremonies & les Herauts
d'armes, ou par les Chanoines de
différentes Eglise dans lesquelles nos Rois
ont été sacrez & couronnez.. Jeleurdi
rois d'ailleurs que je ne l'ay fait que pour
contenter une personne de confédération
qui , ne souhaittoit que de sçavoir à quel
âge les Rois peuventêtre couronnez,
dans quelle Eglise, & par quel Evêque
la ceremonie en doit être faite; s'il effc
confiant, comme quelques Historiens de
ces temps-là en ont voulu persuader le
Public, que les Rois de la féconde Race
n'ont été élevez au Trône que par la voye
de l'élection ; s'il est vrai & pourquoi les
Regens du Royaume pendant la minorité
de nos Rois de la fécondé Race, ont été
sacrez & couronnez; en quel temps les
douze
K - j
douze Pairs Ecclesiastiques & Seculiers
ont assisté pour la premiere fois à la ceremonie
du Sacre *, & enfin ce qui se trouve
dans notreHistoire de faits interessans par
rapport aux temps & aux circonstances
de cette auguste ceremonie, qui ne font
point rapportez dans le grand Cérémonial
ni-par les Auteurs qui ont donné au Public
des Histoires generalesde France, depuis
l'imprenion du Recueil de Godefroy.
Si je ne répons pas à toutes ces questions
dans l'ordre, qu'elles me font proposees,
j'y satisferay au moins dans l'occasion, en
parlant des differens Sacres de nos Rois,-
& quoi qu'elles pûssent faire la, matiere
d'un gros Livre, je les reduiray dans les
bornes d'une simple Dissertation.
Les Archevêques de Reims prétendent
qu'ils ont seuls le droit de sacrer les Rois:
Que ce fut le Pape Horsmisdas qui leur
en a donné le privilege, en leur conférant
le Titre de Légats nez du Saint Siege. Je
ne prétends pas decider cette question; je
n'en parleray donc que comme Hiftonen.
Le P. Ruinard dit dans le 23e Article
de sa Préfacé à l'Edition de Gregoire de
Tours, que le Vicariat du saint Siege est
attaché à l'Eglise de Reims depuis le temps
de saint Remy:cependant ce Vicariat a été
fort concerté par les plusSçavans dans notre
Histoire, & suivant ce qu'ils en disent il
y auroit plus de raison d'en dourer, Sei
même de le rejetter entièrement que de leI
croite.D'ailleurs quand ce Vicariat seroit
constant, le P. Ruinard ne dévoie pas
ignorer que le P. le Cointe a prouvé par
une sçavante Dissertation qu'il n'a été conféré
qu'à la personne de saint Remy, &
non à J'Eglise de Reims
, que ce saint Archevêqueavoir
été Vicaire du Sainr Siege
dans les Gaules, mais que cette dignité
n'avoit nullement passé à ses successeurs.
Quant à la prétention d'être seuls en
droit de sacrer les Rois, il me semble que
les Archevêques de Reims & leur Eglise
ne l'ont hlir paroître que dans le douzième
siecle. Le sçavant Yves de Chartres l'a refutée
par une longue Lettre que je rapporterayen
parlant dusacredeLouisVI,
dit le Gros, dans laquelle ce Prelat soutient
que le choix de l'Eglise & de l'Evêque
pour la ceremonie du sacre de nos
Rois, a toujours dépendu de la volonté
ou de la dévotion de leurs Majestez, ou de
ce qui leur étoit le plus commode;& que
ce n'a été qu'au milieu du huitième siecle
que nos Monarques qui ont succedé les
uns aux autres, ont continué de se faire
sacrer; mais que ç'a été tantôt dans une
Eglise, tantôt dans un autre, & par tel
Evêque qu'il leur a plû.
* Coint. ad an. SH. n., 59. t.I. p.4TT.
L'Histoire
L'Histoire ne nous apprend pas que depuis
le batême du grand Clovis, cous les
Rois qui en font issus & qui lui ontsuccedé
jusqu'à Pepin le Bref, se soient saic
sacrer. On apprend feulement de la même
Lettre d'Yves de Chartres, que Charibert
& Gontram, petits filsde ce grand Monarque,
l'un Roy d'Orleans, & l'autre
Roy de Paris, ne reçurent aucune bénédiction
ou couronnement de l'Evêque de
Reims, maisqu'ils furent élevez& sacrez
parles Evêquesdes Provinces sur lesquelles
ils commandoient.
Sacre& Couronnement de PEPIN.
Quelques Auteurs ont écrit que l'an
75oex d'autres l'an 751, Pepin fut couronné
& sacré à Soissons par Boniface
Archevêque de Mayence, & le P. Daniel
après avoir soutenu que ce Monarque da
été élevé sur le Trône que par la voye de
rdecHon & par le concours de l'autorité
du Pape, a suivi cette derniere époque,
& en cela il a adopté le sentiment de-
Cordemoy, qui dit la même chose dans
son Histoire de France,pag.436 ôc 446;
mais les plus sçavans dans notre Histoire
ont douté & doutent encore decefait&'
les plus habilès le nientabsolument car
ilest certain que pour lors l'usage de sacrer
les Rois n'étoit pas encore bien établi.
Cet Anacronisme & cette diversité de
sentiment sur l'année du sacre de Pepin
le Bref, font voir le peu de solidité de
cette opinion; mais ce qui estle plus à remarquer
,c'est que cette diversité, ou plutôt
cette contradiction se trouve dans les
• ouvrages d'un même Auteur ; cet Auteur
est Eginard, qui etoit contemporain. Il
rapporte dans ses Annales fous les années
749ôc 750l'Ambassade de Burcard, le
conseil tk l'ordre du Pape Zacharie; &
dans un autre ouvrage qui est là vie de
Charlemagne, il dit que ce conseil &cet
ordre se doivent rapporter au Pape Etienne..
Est-il à croire qu'un mêmeAuteureût pil,
varier de lasorte sur un fait de cette importance
, arrivé presque fous ses yeux,ôc
qu'il ne pouvoit ignorer, n'étant pas pos
sible qu'un homme du rang qu'Eginardtenoirà
la Cour de Charlemagne, ne sçut
point à quel titre le Roy son maître tenoit,
sa Couronne? L'avenement de Pepin à la
Couronne & son Sacre, n'étoient éloignez
que de 16 à 14années, & ce n'étoit pas.
une assez longue distancede temps pour
qu'il ne fç trouvât alors personne qui en
eut connoinance.
Cette surprenante diversité prouve évi..
demment que ce qui se trouve dans les
Ouvragesd'Eginard touchant la prétendue
déposition de Childeric, l'avenement de
Pepin
Pepin le Bref à la Couronne, & son Sacre ar Boniface Archevêque de Mayence par ,
pas de cet Auteur , mais feulement
l'ouvrage de quelques Interpolateurs
,
qui
n'ont pas fcù le temsni-
les circonstances
du fait qu'ils vouloient avancer, & dont
l'unique but n'a été que d'attribuer aux
Papes un droit qu'ils n'avoient pas, &
qu'ils vouloient leur donner. Cette contradiction
n'est pas la feule que ces Interpolateurs
nous font trouver dans les Ouvrages
d'Eginard. Je les ay observées dans
une autre Dissertationque je donnerai bientôt
au Public. Je n'en dirai rien deplus dans
celle-cy.
On trouve encore une autre contradiction
dansles Annales du même Eginard,
telles que nous les avons. Son Interpolateur
lui fait dire fous l'an 750. que Je
Roy Pepin fut oint & sacré Roi par saint
Boniface, pour faire honneur à la dignité
Royale; & cependant fous l'an 754 on
lui fait encore rapporter que le Pape
Etienne oignit & sacra le Roy Pépin pour
le mêmesujet,c'est-à-dire pour faire honneur
à la dignité Royale. Ainsi il y auroit
eu deux onctions d'unmême Roy pour un
même Royaume enquatre années
, ce qui
est entièrement contraire à la Discipline
& aux Usages de l'Eglise.
C'est une opinion, & c'est aussi la mienne,
que l'onction que les Rois reçoivent
à leur sacre, imprime caractere; de même
que le Baptême, la Confirmation & les,
Ordres sacrez qui ne se réïterent pas.
On ne doit donc pas croire que Pépin;
ait été oint & sacré deux fois. Cette variété
fait encore connoître que ces Annales ont
été interpolées par des ignorans; & c'est
en partiecesmêmes raisons qui ont deter.
miné le P. le Cointe de regarder comme
des interpolations tout ce qui se trouve
dans ces Auteurs, & dans ceux des trois
siecles suivans touchant le concours de
l'autorité des Papes dans la pretendue déposition
de Childeric, & dans l'Intronisation
de Pepin le Bref, & son Sacre par
saint Bonface.
Il est feulement confiant que Pépin fut
sacré le 9 Juillet de l'année754 dans l'E.
glise de saint Denis, avec Berthe sa femme
4k les fils Charlemagne & Carloman par
le Pape Etienne IIIv.
CHARLEMAGNE CARLOMAN.
PépinleBref mourut le 26Septembre
de l'année 768. Charles & Carloman ses
fils lui succederent,& furent couronnez, k premier à Noyon, & le second à Soifsons
le 7 des Ides d*0<5lobre de la même
année; c'est ainsi qu'en parlent les Annales
de France, qui commencent l'an 708, &
finilient
finissent l'an goo. D'autres Annales quicommencentl'an
708,8c finissent l'an loS,.
ne parlentpasde ce second Couronnement,,
mais disent feulement qu'après la mortde
Pépin, Charles & Carloman furent élevez
sur le Trône:Carolus & Qarolomannus
elevati funt in Zegnom,
Le Moine d'Angoulême quia écrit la
vie de Charlemagne, n'en dit pas davantage
que les precedens: il rapporte seulement
que la même année que Pépinmourut,
Charlemagne & Carloman furent
élevezsur le Trône en un même jour, le
premier à Noyon, & le second à Soissons, -
& ne parle pas de leur Sacre: Elevati sunt - inregnum uno diesimulCarolusinNoviomo,
& CarolomannusSuessionis Civitate;
Eginard dans ses Annales ne fait atlCtme"
mention du second Sacre de Charlemagne,
& de Carloman son frere ; il dit feulement
qu'après le decès de Pépin, Charles &
Carloman ses fils, du consentement de tous
les Grands, furent reconnus Rois, & reçurent
les marques de la Royauté, l'un à
Noyon, & l'autre à Soissons: Filii vero
tjtts Caroltts & Carolomannus in Noviomagocivitàte,
Carolomannus in Suessionâ
insignia regni perceperunt..
1 Charlemagne mourut le 18 Janvier
814.*
Sacr*
Sacre de Louis le Debonnaire.
LQUIS LE DEBONNAIREsonfils&son
successeur, fut sacré dansl'Eglise de Reims
par le Pape Etienne V, l'an 8 16. Le Pape
Leon étant decedé, Etienne lui succeda
aussî-tôt qu'il fut en possession du Pontificat
, il ordonnaàtout le peuple Romain
de promettre & jurer ferment de fidélité à
Louis le Debonnaire. Ce saint Pontife fit
ensuite demander à ce Monarque par ses
Légats, la permissionde le venir trouver
en France, en tel.lieu qu'il lui plairoit.
S'étant rendu à Reims deux mois après son t
élévation au Pontificar, & ayant déclaré
à Louis le Debonnaire le sujer de son voyage
, il le sacra & le couronna commeEmpereur
avec Ermingarde sa femme, vers la
fin du mois de Juillet, oiv au commencement
du mois d'Août de la même année
Si6.
Sacre de CHARLES LECHAVVlS
CHARLESLE CHAUVE succeda À
Louis le Debonnaire l'an 840, Fauchet
dir que ce fut le 6 Juin, & sur couronné
Roy d'Aquitaine à Limoges en Octobre
de l'année854. Lothaire Roy de Lorraine étant decedé:
dans la Ville de Plaisance, Charles le
Chauve lui succeda & se fit couronner Roy
de|
de Lorraine en l'Eglise de saint Etienne de
Mets le 9 Septembre de l'année689, &-
l'on ne voit pasdans l'Histoire que l'Archevêque
de Reims ait fait paroître alors
aucune prétention d'être seul en droit de
sacrer & coaronner les Rois.
On voit dans l'ordre pour le sacre de
Charles le Chauve,qui est dans les Capitulaires
de ce Monaarque, imprimez en
1623 par le P. Sirmond Jesuite, que les
Evêques qui assisterent au Sacre furent Adventius
Evêque de Mets, Otronde Verdun
,Arnoul de Toul, François de Liege,
tous Evêques de la Province de Treves ,
avec ceux de la Province de Reims, qui
avoient à leur tête Hincmar leur Archevêque.
Selon l'ordre ordinaire ç'auroit été
à l'Evêque de Mers à sacrer le Roy, pui[..
»
que la ceremonie se faisoit dans ton Eglise,..
ou bien à l'Archevêque de Tieves comme
Métropolitain, s'il y en avoir eu un; cependant
ce fut Hincmar Archevêque de Reims
qui fit ce Sacre; & afin qu'on ne pûr pas
croire qu'il pretendit être seul en droit
de sacrer les Rois, ni qu'il voulut faire
en cela aucun préjudice àl'Archevêque
de Treves,il declare qu'il ne le fait que
parce qu'il est le plus ancien Evêquesacré;
& que les Evêques de la Province de 1 reves
n'ayant pas alors de Metropolitain,
ld'en aovoiennt sonllicitéé, &l.eEluiavosienttorEst
& alia crlllþ , quia ijii venerabiles
Domini&Confratres nostri Provincie iftittr
(Trevivensis ) Episcopi, non habentes Metropolitanum
Episcopum, exiguitatem no.
stram sic in {Nis- , ftCHt & in specialibus
nostris causis nosfraternâ charitate jubetit-
& commonent agere,~&c.
On trouve dans la Relation de l'Ordredont
je viens de- parler, trois choses qui
.-merirent une attention particulière, & qui,
confirment encore de plus en plus la réfutation
que j'ai faire ci-devant du sentiment
du P. Daniel sur la prétendue élection des.
Rois de la seconde Race à la Couronne
deFrance.
La premiere le trouve dans le Discours
que fit avant le Sacre de Charles le Chauve,
Adventius Evêque de Mets, dans le
quel H dit que Charles le Chauve estélude
Dieu, que c'est sa volonté qu'on le
reconnoisse pour Roy, & que la Couronne
lui appartient comme à l'heritier
legitime, Videmus hunc Regni htijai he..-
rtdsm ejje legitimum.
La deuxième se trouve dansles propres
paroles de Charles le Chauve, par lesquelles
il reconnoît ne devoir qu'à Dieu la Couronne
dont il prend possesion,Regnum l
Deo mibi datum.
La troisi me, qui n'est pas moins remarquable,
& quiprouve que Pepin n'est
monte
1
monté sur le Trône que par le droit du
Sang, se lit dans le discoursde Hincmar,
qui sertdeRéponse à celui d'Advenrius)
où il assure que Louis le Debonnaire, pere
de Charles le Chauve, est issu du même
Sang de Clovis par S. Arnoul: Quia [atifta
memoriae pater suus Vominm Hludovicus,
fifts Imperator Augujltts ex progenie HIIIdovici
Francorum Régis incliti, per Beati
Remigii Francorum Apostoli catholicam priZ"
dicationem cum intégrâ genteconversi.
exortus per Beatum Arnulphum, è cajur
carne idem Hludovicus Pius Augujltts on*
ginem duxit carnis*
Cela est conforme à la Loy fondamentale
de l'Etat pour la successionà la Couronne.
Le P. Daniel, qui raporte souvent
des faits & des exe nples dans son Histoire,
sans s'apercevoir qu'ilsrenversent son Systême,
ditCol. 687. tom. I. que quand
il y avoit plusieurs Rois en France, &
qu'un de ces Rois mouroit, lefrere prétendoit
à l'a succession au préjudice des
enfans du mort; que ce point fut décidédans
la Conférence de Messen sur la Riviere
de Meuse
, en faveur de leurs ensans:
ôc pour le prouver, il raporte que
Lothaire Empereur r Louis le Germanique
& Charles le Chauve étant assemblez à
Messen sur la Riviere de Meuse auprès de
Mastrick, firent là de concert divers Reglement
glemens
, doncle plus remarquable est le
neuviéme, par lequel ils reglerent qu'après
leur mort, leurs enfans seroient leurs successeurs
dans leurs Etats, qu'ils auroient
chacun le partage que leur pere leur auroit
assigné, & que leurs Onclesn'y auroient
aucune prétention; à condition néanmoins
que les filsduRoy mort auroient pour eux
le respect & les égards que la qualité de
Neveux les obligeoit d'avoir.
Charles le Chauve mourut le<TO#obre
877
,
à son retour d'Italie.
- Sacre deLOUIS LE BEGUE.
IOUIS 11.dit le BEGUE,ayant reçu
l'épée par laquelle son pere l'investissoit du
Royaume, l'habit Royal
,
la Couronne &
le Sceptre
,
qui lui furent apportez à Compiegne(
a)du consentement de tous les
Grands du Royaume,sans qu'il y ait été
fait aucunemention d'élection, y fut sacré
& couronné par Hincmar Archevêque de
Reims le huit Décembre de l'année 877.
Le même Louis le Begue, & Louis
Roy de Franconie, son Cousin germain,
s'étant trouvez ensemble à Furont b.), reconnurent
dans un Traitésolemnel qu'ils
firent le premier Novembre 878
,
qu'ils
tenoient leur Royaume par droit successif,
a Vide le Comin. d'Aimoin lib-S-rOP- yg.
bjUnal. Bert. adann.878. C..pit. t. 2..p.171
lk
& qu'il devoit passer à leur posterité par
droitde succession. En voici lestermes
tels qu'ils sontrapportez dansles Annales
de S.. Bertin, imprimées dans le 3^ Tome
de duChesnepag. 256 & 257, & qui
décident la même choie qui avoir été reglée
dans le Traité fait à Messen entre
Lothaire, Louis le Germanique Charles
le Chauve. -
(a) Cenventio que inter gloriofos IÇegei
Zàtdovicum filium Caroli Imtei-iavris,itemque
Ludovicum fitium Regis Ludovici in
loco qui vocatur Faronis,Kal. Novembris,
ipsis&communibus fidelibus ipsorumfaventibus~&
consentientibus,facta eflannaIff- -
carnationis Dominicoe878.
Capit. n-L. Vt" si eg9
-
vobh
-
feptrjfis;
féero-, filiumvestrum Ludovicum adhuc
parvulum,~& aliosfilios vestros,quosvobîs
Dominus donaverit, ut regnum paternum
hoereditariojure quietè tenerepossint-i,
éT consilio, & awx-ilio, prout meliùs Po.
filtre, "d;Hvaho. Si autem vosmihi superstitesfueritis
,fitios taeosXndovlcum&Karirùmanmtmyr&
aliosquos divinapietus mihi
douare voluerit, ut regnumpateTtlsm..qllie:ti:'
tenere possint,similiter Ù*confilio C? JIll. si xilio,frout mdiùspotueriéis,adjuvabith•
Louis le Begue fut couronné comme
Empereurle 7Septembre de Pànncc979s
2.Annal.Bert.apud Chesn. t. 3. p. 2,3 "Ó''lIE7.
par le Pape Jean VIII. au Conciletenu
dans la Ville de Troyes en Champagne.
Sacrede LOUIS & deCARLOMAN.
Ce Monarque étantmalade à l'extremité
à Compiegne,envoia les Ornemens
Royaux à Louis son fils aîné, & ordonna
aux Grands qui étoient avec lui de le faire
Sacrer & Couronner Roy. Ses ordres
furent ponctuellement executez, & Louis
fut sacré & couronné Royavec Carloman
son frere, d,¡ns l'Eglise de S. Pierre de Ferrieres
en Gatinois, par Ansegise Archevêque
de Sens, l'an 879. Iln'y a en tout
cela aucune marque délection, nirien qui
puisse favoriser le Systeme de ceux qui
prétendent que la Couronne étoit alors élective.
Il ne paroît pas même que l'Archevêque
de Reims sesoit plaint qu'un autre
Prelatque lui eût sacré ces deux Monarques.
Louis mourut le 4 Aoust882. & Carloman
le G Décembre 884. [à) l'un Bi:
l'autre ne l'aisserent point de posterité.
Sacre de CHAl?.LES- LE SIMPLE.
Charles le Simple devoit être reconnu
Roy aprés la mort de Carloman, si son
bas âge n'y eile. été un obstacle invincible.
flf' CointiAimoin. L.5.c.39.
il
fil n'étoit alors que dans sa cinquiéme an- née, & comme les François avoient besoin
èemettre à leur tête un Prince brave 6c
puissant pour faire cesser les troubles du
Royaume,&repousser les Normans, qui
ravageoient la France avec une fureur incroyable
,
ils defererent l'administration
& la Regence du Royaume à Charles le
Gras Roy de Germanie, d'Italie .& Em^'
[pereur. (b)
--
L.. Regence de CHARLES LE GAS.
Charles le Gras ne fut que le Gouverneur
& le Regent du Royaume , & non
lie Roy. Aussi lesHistoriens les plus habiles
ne l'ont-ils regardé que comme Tuteur
& Regent, & ne l'ont pas compris
dans le nombre de nos Rois du nom de
Charles :car s'il avoit été Roy de France, le Roy Charles le Bel, qui n'est nommé
parlesHistoriens contemporains que le
quatrième du nom, auroit été le cinquiéme.
(c) C'est donc à tort que quelques Historiens
modernes lui ont donnéletitre de
lRey de France fous le nom de Charles II.
Je sçai bien que Charles le Gras a été
mn des Rois des François ,
c'est-à-dire,
> si) Cron. Floriac. Chen. t.2.p.638.
, (c) Guidon. Cron.
AU>cjrt.Crtn,*dun.SS4,
le
le Maitre de la partie de la Monarchie
Françoise qui fut donnée à Lothaire & à
Louis le Germanique par le partage fait
entr'eux & Charles le Chauve,aprés la
celebrebataille deFontenai mais il n'a
,
jamais été Roy de France. -
Charles le Gras ne regit & ne gouverna
le Royaume de France & ses propres Etats
que jusqu'à l'année 887. La foiblessede
son esprit donna lieu à tous ses Sujets de
l'abandonner: ce qui arriva au mois de
Novembre. Il mourut pauvre , & selon
quelques Auteurspeut-êtreempoisonné,
le 11 Janvier 888. (d)
Charles le Simple n'avoit pas encore
huit ans complets lors du decés de FEmpereur
Charles le Gras.
Regence ~& Sacre d'EVDES.
Comme les Normans ruinoient alors le
Royaume par toutes sortes d'hostilitez , les François supplierent Eudes Comte de
Paris,fils aînéde Robert le Fort &Prince
du Sang
>
de le charger de la Tutelledu
jeune Charles le Simple, Se delaRegence
du Royaume, ce qu'il accepta, quoique
malgré lui, bien que cette Regence suçs
dûë à sa naissance.
Supererantduofilii Roberti,Senior Odo
(d) AnnAl. Meten. adan.887. & 88S.
dicebatur,
dicebatur,Robertus alter patrem nomine
referens
, -ex bis majorem natu Odonem Franci, licet reluctantem , ,Tutorem pueri,
Regniqueelegêre gubernatorem, qui mente
benignus <b* Reipublica hostes arcendo(e)
strenue proefuit, & parvulum optimefovit
atqueadolescenti &sua repetentigratanter
%egna refudit, a quo parte Regni redonatus
quoad vixittempore hostibus terribilis
eique semper extitit fidelis.
J'ay encore pour garant un grand nombre
d'autres Auteurs de ces tems-là,que je
me contenteray de citer au bas dela page,
quiassurent
, comme celui dont je viens
de rapporter le passage
,
qu'Eudes ne fut
que le Tuteur du jeune Charles le Simple,
comme Charles le Gras l'avoirété.(f)
Eudes ne fut donc pas élu Roy simplesment,
comme quantité d'Auteurs peu habiles
dans notre Histoire l'ont soutenu ; (g)
& je m'étonne que le sçavant Auteur de
l'Histoire Ecclesiastiquede Paris l'ait avan-
(e) Bibl. Florisc.Chen. t. 2.. p.638.
( f ) Aimoin. de mirac.S. Bened.l, iri.c. 1*
!
1 Ivon. Carnot. Epist.inter edit. 144.l. 4*
Chen. T. 4. Epist. 40. p. 337.
Cron. Virdun.ibb.T. 1. p. 417.
Libintz IId Ann. 888. Part. I. p.ir|.
Dacher. Spicil. T. I. p.417.
Vitll Garner. Perard. p. izj.
(g) Dubois. L.8. c.5.p.552.
Ce
cé comme un fait flic , & que ce senti
ment ait étéadopté par d'autres Historiens
qui ont écrit depuis.
Je sçaiqu'Eudes eut le titre de Roy. Je
sçai qu'il fut couronné Roy; (h) mais il
ne le fut que pour un tems, c'est-à-dire,
pendant laminorité de Charles le Simple.
- Mortuo Ludovico ( Balbo ) remanfittritrims
Carolus infatrs, deinde inito Conjtlio
Francorum tltBtis est Odo in Regnum ad
tempus ,
deinceps Carolas atate fafttts
Sceptrum %?gni recepit cum aIJenfN Odonis
%e?is. (i)
Le Regent étoit couronné Roy, agissoit
en Roy,&avec une autorité Royale, &
sedisoit Roy du Royaume appartenantà
son Pupile, son nom seul, les années de
son Regne éroient marquez dans les Aéles.
& le Pupile ne Regnoit que du jour qu'il
étoit reconnu majeur.
En un mot cet usage étoit universel chez
les François, il y a subsisté long-tems,
comme jele ferai voirparlantdu Sacre de
S. Louis,& de son avenement à la Couronne
,
les Princes succedans au Royaume
, n'étoienr reconnus Rois, quequand
ils avoient éte Couronnez, & que lors
qu'ils étoient pàrvenus à une pleine ma-
(h) Annal. Meten. & Rhegin.adan. 888.
L (i) Duchen.T.3.p.356é.
jorité,
Jerité, à moins que les Rois leurs peres
agissant de leur autorité Souveraine, ne
les eussent fait Couronner pendant la vie
de leurs Majestez, ou n'eussent.ordonné
en mourant qu'ils sussent Couronnez le
plutôtt que faire se pourront, & sans attendre
qu'ils fussent majeurs ,ou qu'enfin
les Grands du Royaume ne supléassent à
ce défaut, en faisant Couronner le jeune
Prince à quelqu'âge, qu'il ptÎt avoir.
L'usage de Couronner Rois les Regens
des Royaumes pendant les minoritez
,
fubfiftoit
encore en 1229. puisque cetteannée
les Princes François, Maitres de l'Empire
d'Orient, deferant la Regenceà Jean.
deBrienne pendant la minorité de l'Em
pereurBaudouin de Courtenai le firent
couronner Roy. (l) Jean de Brienne surle
Regent de l'Empire de Constanrinople
par les mêmes raisons qu'Eudes sur élu
Regent du Royaume de France pendant;
la minorité de Charles le Simple.
I Rien n'a été plus commun en Francd
que de voir les Bails ou Tuteurs agir avec
la même autorité que s'ils avoient été
propriétaires des biens de leurs Puipiles
prendre le titre de Ducs ou de Comtes,
des Duchez ou Comtez de ces Pupiles.
(l) Du Cang. des Emp. de Constant, p.88.'
4&
Dubouchec preuve de l'hist. de Court. p. 66.
On peut voir à ce lujet le Glossaire Latin
de du Cange fous le mot Baillivus. Cet
usage qui subsistoit en France fous Charles
le Simple, subsiste encore en Allemagne,
la feule partie de l'ancienae Monarchie
françoise qui ait mieux conservé les anciens
usages de cette même Monarchie.
Lorsqu'un Prince laisse en mourant des fils
mineurs, ils lui succedent de droit & de
fait, sans jouir neanmoins d'aucun des
avantages de la succession. Ils passent tous
à celui des Princesde laligne collatérale
de leur Maison, qui est la plus proche à
leur succeder
,
&qui est en âge de Regner
par lui-même. Ce Prince devient le Regent
& l'Administrateur de leur Etat, par
le seul droit de sa naissance
,
& a la même
autorité que le Pere du mineur y avoir,
Il remplit les fonctions honoraires ana..
chées à leurs Fiefs ou Principautez. Il
en porte les Charges & tous les avantages,
& il ne reste aux Mineurs que le vivre,
le vêtir,
,
& une éducation conforme à
leur rang ,
l'Administrateur étant obligé
de la lui donner, & de plus le droit de
posseder ses Etats lorsqu'il feramajeur,
& d'en remplir les Charges honoraires &
oneraires dès le moment de sa majorité,
& alors le Prince Regent & Administrateur
cesse entièrement de l'être.
Eudes étant Regent du Royaume pen..
dancl;
'¿ant la minorité de Charles le Simple, fut proclamé &' couronné à Compiegne
par Vautier Archevêque de Sensau même
mois de Janvier 387.(m) quoique Compiegne
ne fut pas de sa Metropole, mais
de celle de Reims.
Fauchet rapporte que Fouques Archevêque
de cette derniere Ville y voulut former
quelque empêchement, de même qll'Ar1
noul Comte de Flandres.
Eudes prit le titre de Roy dans Tes
Chartes selon l'usage, & les datta de son
Regne, ce qui paroît par celles que je
cite. (n) Charles le Simple le traite aussi
lui-même de Roy dans les Diplomes.(o)
Cependant il ne gouverna la France que
comme Tuteur de ce Monarque. (p) Son
administration fut glorieuse tk trés-avantageuse
au Royaume. (q)
(rai Cron.Marchien. L.2. c. 19.
L'Abb. Allianc. Cronol. p. 577.
(n) Baluz. affend.adCapital,col. iSiS.&
i;i7.
Mabill. Diplom. p. siSR(
eo)gM.abill. Dipl. p. 196. des Chart. coté 47. Alt. IJ7.
(pj Alber. Cron. adann.988.
(q) Cron. 5. Eparchu. Labb. t. 1. p.162.
Cron. Virdun. Labb. t. I. p.m.
* Cron. Flortac. Chen. t. t. p.638. Cteu.I>i<vton p.418. & 410.
B ij Sacre
Sacrede CHARLES LE SIMPLE.
Charles le Simple étant parvenu à un
âge de recevoir conseil, dit Fouques Archevêque
de Reims dans sa Lettre à l'Empereur
Arnoul, (r) fut rapellé d'Angleterre,
& fut Sacré ôc Couronné Roy à
Reims par le même Archevêque, (s) ce
qui arriva l'an 3'1, Charles étant alors
dans sa treizième année. (t)
Papire Masson parle de l'élévation de
Charles le Simple sur le Trône d'une maniere
bien opposée au sentiment de ceux
qui veulent que depuis Pepin aucun Roy
de ses descendans ne foit parvenu à la
Couronne que par la voye de l'élection ;
Cet Auteur assure que Fouques Archevêque
de Reims, & les autres Grands de
France s'étantassemblés, reconnurent que;
la Couronne appartenoit à Charles le Simple
, parce que les François n'avoient pas
coutume d'avoir d'autres Rois que ceux
que leur donnoit le droit de la naissance,
& l'ordre de la succession. Fulco & atir:
Proceresconveniunt acSententiis distiscen--
sent RegnumCarolo deheri., quod Franci ex
Jaccejftonet(eges habere consueverint,& hic ;
(r) Faucher. L. XI.c.3.
(s) Frod.Hist. Rom. L. 4. c. 5.
{c) Annal. Meten. & Rhegin. ad an. 892.
folffi1
solus-ex Rfgîa progenie soperessetconsanguimeusArnuls.
(a) - I Eudes rendit un ou deux ans après le
Royaume à Charles le Simple, dont il'
n'avoitété jusques alors que le Tuteur(b),
ou du moins Charles le Simple prit le
gouvernement du Royaume du consentement
d'Eudes, & ce Monarque pour reconnoître
les services qu'il en avoit reçus T
partagea le même Gouvernement avec lui,
lui cedant les Provinces de delà la Loire,.
pour les tenir &-gouverner,.mais fous sa.
Souveraineté. ( e ) v
.- Cet accord ne Ce fit pas néanmoins suc.
le champ, Eudes & Charles le Simple se
firent la guerre(d),& ne conclurent la paix
qu'en 913 ou en 9 14,& ce tut alors que
ce Gouvernement fut partagé, & que la.
Regence d'Eudes, ou plutôt son Regne
reçut une nouvelle force. J'apprens l'époque
de cette Paix de la datte de l'accord
entre Geofroy Abbé de Flavigny
,
& Grégoire
Abbé de saint Martin d'Autun. Elle
est: conçue en ces termes.
t Cet Accorda été fait l'an 894, qui étoit
la septiéme année du regne d'Eudes.
a Papir. Matron. L. 2. de sesAnnal. de Fran.
b VViitt-a4 Garner. PPrrîappoorist.itD.Diviviotonn. .PPeerraarrddpp. .i1t2S5,.
1
c Cbron. brev. bibl. Tillian. Chen. T. 3. p.
156*
d Chrono Rhegin, ad Ann\ 891 &feqi*
On ne peut éclaircir cette contradiction
qu'en divisant le Regne d'Eudes en deux
parties, l'une depuis l'an 887, qu'il avoit
pris la RRéeggeenncceedduuRRooyyaauummee,&l'autre ,&l'autre
depuis son accord avec Charles le Simple.
Or l'année 894 étant la septiéme du Regne
d'Eudes, à compter depuis sonavenement
à la Regence, il faut que son accord se
soit fait après l'an 89j commencé, ou
en 894, pour que la même année894
soitaussi la premiere du Regne d'Eudes,
autorisé par Charles le Simple, a
•Il faut observer de plus, que les Historiens
quinousparlentde la guerre d'entre
Charles le Simple & Eudes, n'en parlent
que jusqu'à l'an 894. b
Il est bon de remarquer que presque
tous les Historiens modernes ont traité
Eudes d'Usurpateur de la Couronne de
France; ce qui est l'effet d'une ignorance
grossiere, étant seur qu'il ne fut que le
Regent & Administrateur de la Couronne,
& qu'il ne le fut, comme je l'ay dit, que
malgré lui, du consentement, & à la
priere de tous les Grands du Royaume.
Il avoit mêmeétédesigné ou declaré
a Chron. Virdun. Labb. t. 1> p.272. Anno
894,Odonisregnantis primo& septimo iDica
est.
b Annal.Meteni,& Chron. Rhegin.ad ann* S Regent
Regent du Royaume,& Tuteur de Charles
le Simple, par l'Empereur Charles le
Gras., lequel après le decès de Hugues
l'Abbé reconnut qu'il ne pouvoit gouverner
seul & avec succès ses propres Etats ,
&ceux du jeune Charles leSimple.a
Tous les Modernes conviennent que le
Prince Eudes ne devint Roi Regent & Adïiiiniftrateur
de la Couronne que l'an 888,
sans doute parce qu'ils considerent que
Charles le Gras ne mourut que cette année
, & qu'ils ne prennent pas garde que
Charles le Gras n'étoit que Regent, Se
non Roy de France. Pour moi je crois
qu'Eudes fut reconnu Regent dès l'an 887,
lorsque le même Charles le Gras lui confia
la tutele de Charles le Simple,ôc l'administrationdu
Royaume du jeune Prince. b
Les Chartes du même Eudes sont, ce
me semble
, une preuve qu'il commença
de gouverner dès l'an 887. c On en voit
plusieurs de l'année888
,
qu'il dit être la
deuxiéme de son Regne: mais comme on
envoitausside l'année889d, qui dldite
la seconde année du Regne d'Eudes, on
doit convenir que ce Prince fut reconnu t aGuid.AlberChron.adan, 887.
1 b Alber. Chron. adan. 887.
l' c Baluz.Append. ad Capitul.col. 1515 &1517.
j[4Mabill.Diplom.lib.6. C.118. p.f5f.
Mabill.Diplom.b l. '.c. 119, 12.0&111. - -- -
Roy Regent & Administrateur vers l'automne
8 87
,
lorsque Charles le Gras s'en
retourna vers le Rhin; & qu'ainsi la premiere
année d'Eudes courut depuis l'automne
de l'année 887, jusqu'à l'automne
de l'année 888, & ainsi des années suivantes.
- Une Charte du même Eudes qui se
trouve en original dans les Archives du
Chapitre Cathedral deLangres, dont M.
Philpin Chanoine de la mêmeEglise m'a
envoyé une copie cxaéèc en 1719, me confirme
dans cette opinion; elle est dattée
en cette forme:
Datum 1S j'^al.Januar. Indict. 7 Anno
IInnccraØrnaatítoionníisDominica888. Anno primo s )o 'f<f E $. ~?~~o pr mo
regnanteDomino Odone glariosissimoRege.
Aftum Lugduno Clavato, in Dei nomine
Amen.
Eudes Roy Regent & Administrateur
de la Couronne de France, mourut le 3
Janvier de l'année898 at aprés avoir regné
& gouverné dix ans & quelques mois; 8c
ce fut alors que Charles le Simple réunit
à son Domaine la partie qu'il en avoir cedée
à Eudes. n
Sacre de ZOBEP,Tfrere d'EVDEs.
Après la mort d'Eudes, Robert Duc
a Chron,Rhegin. ad an, S'S. Ann. Bert. ad
tin, 8,8.
de
je France se voyant privé par Charles le
Simple de la partie qu'il demandoit du
Gouvernement, pars regiminis, que son
frere avoit possedée
, en fut tres-indigné a.
Il excita des troubles & de la division dans
l'Etat, & assisté de quelques Mécontens,
se fit sacrer à Reims par Vautier Archevêque
de Sens, qui étoit du nombre de
ceux quiétoientde son parti. b
Marlot après Frodoard,dit que Robert
fut sacré par Hervé Archevêque de Reims.
Il me seroit aisé de faire voir que Frodoard
s'est trompé, mais comme j'ai discuté
ailleurs cette querelle, je n'en dirai
rien davantage.
Sacre de RAOUL Roy Regent.
RAOULfils de RichardDuc de
Bourgogne
,
qui fut élû Regent & Administrateur
de la Couronne de France pendant
la prison de Charles le Simple, qui
étoit son Parain, par ordre de ce Monarque,
& par le conseil deHugues le Grand
son beaufrere, fut sacré & couronné à
Soissons le 13 Juillet de l'année9 23. c
Comme ce Prince est un de ceux que
a Contin.Aimoin.l. 5. c. 42. Vita Garner.
Praposit. Divion. Berard Hist. de Bourg. p.
..Ii:J
bAlber. chron. ad an.12.. ex Guidon-
JJknit% t. 2. part. I. p.251. €Contins Aimoin.
la plûpart de nos Historiens modernes
traitent encore d'Usurpateur de la Couronne,
& qu'ils le mettent au nombre de
nos Monarques,comme étant parvenu au
Trône par la voie de l'éleaion, je crois
qu'il est à propos de rapporter ici les preuves
qu'il ne fut que Roy Regent, ainsi
qu'Eudes l'avoir été.
J'ai observé ci-devant que Charles le
Simple devint le seul Maître du Royaume
de France après la mort d'Eudes. Il futarrêté
prisonnier en 92.1, par le Comte
de Vermandois, & cela par la plus noire
•
des trahisons: il fallut donc proceder au
choix d'un autre Regent, pour gouverner
le Royaume pendant la prisonde ce. Monarque;
il n'y avoir que deux Princes sur
qui ce choix pût tomber, sçavoir Herbert
Comtede Vermindois, Prince légitimé,
issu de Bernard Roy d'Italie , fils de Pepin
second fils de Charlemagne; & Hugues le
Grand, Prince du Sang, fils du Roy Robert
, qui venoir d'être tué, & neveu
d'Eudes Roy Regent.
On ne put couronner Hugues le Grand
Roy Regent, parce qu'il étoit encore tropjeune
pour gouverner utilement dans le
desordre où étoit le Royaume,& onn'avoit
que de l'aversion pour Herbert, tant
à - cause du défaut de naissance de son
bisayeul, que parce que par une des trahisons
hisons des plus noires, il venoit d'arrêter
Charles le Simple dans une entrevûe contre
le droit des gens, le respect & la fidélité
qu'il devoir à son Souverain. Ainsi Herbert
étant exclus par le defaut de sa naissance
, par sa trahison & sa felonie; & Hugues
par sa trop grande jeunesse; les François
choisirent pour Roy Regent & Administrateur,
Raoul Duc de Bourgogne, Se
le couronnerent; & par ce moyen la Regence
& le Gouvernement furent transferez
à un étranger, ainsi que le dit Hugues
Abbé de Flavigny dans laChronique
de Verdun, qu'il acheva d'écrire en
1102.
a Rodulphus regendæ præficiturFranciæ,
& sic regnum Vraficorttm ad Extraneum
transfertur.
Il faut examiner en quel sens l'Auteur
de la Chronique de Verdun entend le mot
Etranger, dont il se sert. Il ne le prend
point dans le même sensque nous l'entendons
aujourdhui, parlant en general
c'est-à-dire, , pour désigner une personne
née hors le Royaume:car ce Chroniqueur
raporte à la page précedente,que les Ancêtres
du Duc Raoul fils de Richard Duc
de Bourgogneétoientd'anciens Sujets de
la Monarchie Françoise. Ils l'étoient en
effet: ainlitAuteur disant que le Royaua
chron. Virdun. Labb. t. I. P.îiy.
me passa pour lors à un Etranger, a voulu
nous donner à entendre que le Gouvernement
sortit de la Race Royale,& fut deferé
à un Prince d'une autre Maison.
Ainsi selonl'Abbé de Flavigny
3
Hugues
leGrand & Herbert II Comte de Vermandois
éroient de la Maison Royale, tous
deux étoient habiles au Gouvernement;
mais Hugues le Grand n'en étoit exclus que
par sa jeunesse, suivant l'usage de ce temslà
; & Herbertpar ledéfaut de sanaissance
& sa felonie.
Herbert II Comte deVermandoisétant
incontestablement de la Race Royale, &
Hugues le Grand n'étant pas plus regardé
étranger de cette Race, que Herbert,
ri en faut conclure que tous deux étoient
par les mâles d'extraction Royale, avec
cette feule difference, que Hugues le
Grand éroit Prince du Sang
, & que Herbert
n'étoit que Prince legitimé: l'Abbé
deFlavigny semble faire cette difference,
nommant Hugues le Grand avantle Comte
Herbert
>
& parlant du sujet qui donnoit
l'exclusion à ce jeune Prince, avant que
tte faire mentionde celui qui rendoit Herbertindigne
du Gouvernement & de la
Régence du Royaume.
Sacr-e de LOUIS ^OOT£EAfE£
AprèslaamorrtdreCiharvlesleéSimeple,
arrivée le 7 Octobre de l'année929
, 8c.
celle de Raoul; Hugues le Grand & les
autres Seigneurs de France envoyerent en
Angleterre redemander Louis filsde Charles
le Simple, lequel étant arrivé à Boulogne,
après lui avoir prêté ferment de,
fidélité comme à leur Souverainlégitimé,
tifgem hoereditario jure regnaturum, ( a )
ils menerent ce Monarque à Laon, où il.
fut sacré parArtold Archevêque de Reims-.
1n936; le 20 Juin.
Sacre de LOTHAlRE
LOTHAIREfils de Louis d'Outremer 3\
fut sacré & couronné à Reims du consentement
de Hugues le Grand Duc d&'
France, & des autres Seigneurs de France,
de Bourgogne & d'Aquitaine,par le même
Artold, le15 Novembre de l'an 954»
à l'âge de 13 ans.
Sacre de L 0 UIS V.
Lothaire n'eut qu'un fils nommé Louis
V. Il le declara Roy érant encore tout
jeune, & le fit couronner pour regner après
lui, (b) & après avoir regné glorieufe-
(a) Flod; adann.936.
Glab. Rad. Hist. Franc.
Contin. Aimoin.
Fauchetl 12.C.I. (b)Fragmexantiq. membran. Floriac.Coenob.
<;l",b Rad.
ment
ment trente années, il mourut l'an 985,
& Louis son fils qui lui succeda fut élevé
surle Trône la même année à Compiegne.
Le P. Mabillon commence le dixième
Chapitre de son Suplément à sa Diplomatique
, par des Remarques sçavantes sur
l'époque du couronnement de Louis V.
fils de Lothaire, qu'il fixe sur la datte
d'une Charte de Lothaire au 8 Juin 979 ;
mais il ne devoir pas, ce me semble
, avancer
, comme il a fait, que Baluze (a) étoit
le premier qui sur deux Chartes qu'il a
données dans son Marc* Hispanica, avoit
découvert que Louis V. avoir été couronné
du vivant du Roy son pere, & l'avoir été
l'an 979, puis qu'il est seur qu'on trouve
l'époque de ce couronnement dans la Cronique
d'Alberic, sous l'an 979, & dans
lapetite Cronique de Fleuri, imprimée par
Duchesne, & que parconsequentil y avoir
près de six siecles que cette découverte
avoit été faite, mais ce qu'il y a de vrai,
c'est qu'elle n'avoir pas été remarquée.
Le P. Daniel observe fort à propos dans
son Histoire de France,col. 467 , tom. I.
que la felonie des Vassaux étoit punie par
la privation de leur Domaine, & il le
prouve par les exemples de Didier Roy
des Lombards, du Duc d'Aquitaine,& de
Thassillon Duc de Baviere
,
qui furent pri-
(a)Ch. IQ, IL. I, 4~0'~
vez
vez par Charlemagne de leurs Etats pour
crime de felonie. Il auroit pû ajoûter que
c'est le sentiment des meilleurs historiens,
& des plus sçavans Jurisconsultes de France,
d'Allemagne & d'Italie.
SacredeHUGUES CAPET.-
Ce fut pour un semblable crime que
Charles de France frere du Roy Lothaire,
fut déclaré par jugement des Etats Generaux
, déchu du droit de succeder à la Couronne
, parce qu'il avoir pris les armes
contre le Roy son frere, & par ce Jugement
la deuxiéme ligne de nos Rois étant
finie, le Royaume fut transferé à la sroisiéme
ligne, ainsi que le rapporte le fragment
de l'Histoire de saint Benoist sur
Loire, depuis Louis II jufqtiàlitigues,
Capet.
Hugues Capet étant le Chef de cette
troisiéme ligne, comme issu du même sang
que Clovis par saint Arnoul, parvint au
Trône des François, & fut reconnu Roy
dans la Ville de Noyon par les Grands de
France comme Prince du sang le plus proche
à succeder, 4c fut sacré à Reims par
l'Archevêque Adalberon le troisiéme jour
de Juillet 987. -
Ludovicus V. deceffitIncarntitionis DominicæAnno
~987sepultusest Compendio.
trancorum "litem inmates communi consensu
Hugonem
Hugonem qui tunc Ducatum Vramine strenuègubernabat,
Magni HugonissiliumNoviomo
sublimantsolioeodem anno quo dictus Ludovicui
adolescens ~obiit,&unftusest Hugo
ltemÏs V. Non. Julii, ita Francorum Regnum
secundâ deficientelineâ,in tertiamesttranslatum,
in qua &e. (a)
Sacre de £0 B E (: T.
ROBERT fils d'Hugues Capet, fut Cacré;
à Orleans du vivant de son pere, & non aReinis, le 50 Janvier de l'année987, a.
compter suivant la maniere de ces tempslà,
que l'annéefinissoità Pâques, ou en.
l'année 988
,
à compter à" lamaniere d'aujourd'huy
,
&l'on ne voit pas que l'Archêque
de Reims ait fait aucune plainte que
ce Sacre ne se fui pas fait dans son Eglise
ni , par lui. Suivant le sentiment des Historiens
les plus proches du Regne de Hugues
Capet, ce Monarque ne ni sacrer & couronner
son fils Robert de son vivant, qu'à
cause de ses infirmitez & de son grand âge,
& non pour apurer la Couronne à sa posterué,
comme le dit Nangis & quelques
autres modernes que lePere Daniel a preferés
aux plus anciens.
(a) Fragm. Hist. Fran. à Lud. II. Carol. Calv.
filio usque ad Hugon. fi/pm. Capet. Floriae.
Cxnobii.
Sacre
Sacre de HENR.wÍ 7. ; Le Roy HENRYI.étoit le second fils de
Robert, dit le Pieux, & ledevot Roy de
France, & de Constance d'Arles, fille de
Guillaume II Comte d'Arles oude Provence,&
d'Adelais ou Blanche d'Anjou. (a)
Nous ignoronsl'année de la naissance
du Roy Henry I; mais l'âge de Hugues
le Grand son frere aîné, sert en quelque
façon à la fixer. Hugues deceda le 17
Septembre de l'année 1026, âgé de 18
ans. ( b) Il étoit né par consequent l'an
1.008; ainsi on ne peut fixer la naissance
du Roy Henry frcre puîné du Prince Hlhgues,
plutôt que l'an 1009.
Le Roy Henry étant devenu l'aîné des
fils du Roy Robert ,Sa Majesté resolut de
le faire couronner Roy suivant l'usage de.
ces temps-là; mais la Reine sa mere s'y
opposa hautement, & voulut que Robert
frere puîné de Henry fut couronné, (c)
(a) Glab.Rodulph.l. 3.c.z.Chesn.t.4. P.1C;
Chron. vetus e Bibl. Thuanâ, Chesn.t. 4.,.
p. 96. -jilbei. Chron. adann. 1013.
(b) Glab. l. 3.c.9.Chen. t. 4. p. 36-
Epitaph Hug. Magni à Girardo Aurel.
Chen. t. 4. P 79,
Mabill.Prafat. adpartem I. Sac. ,.Bmedl'-
Jfc)GUb.I.j, c.9. p. 37. Chron. Floriac. Chen. t.4. p: Sz.
s'embaras--san
s'embarrassant peu de renverser les anciennes
Loixdu Royaume, pourvu qu'elle pût
se satisfaire. ( a) Elle prenoit pour prétexte
,que le Roy Henry étoit lâche, moû,
& qu'ii auroir aussi peu de foin de maintenir
les droits du Royaume que leRoyson;
pere, &que le Prince Robert avoir des
qualitez toutes opposées. ( b )
Tous les Grands furent mandez pour
assister àla ceremonie de ce Couronnement.
Peu s'y trouverent, dans l'incertirude
duquel des deux l'emporteroit, ou
,
de la Reine, ou du Roy, personne ne
voulant choquer le Roy, ni s'attirer la
haine de la Reine Confiance, qu'un
chacun connoissoit pour être fort vindicative.
( c )-
L'opiniâtreté de cette Princesse fut si
grande, que l'on étoit à Reims prest à
faire la ceremonie du Sacre, sans qu'on
sçut bien encore lequel des deux Princes
Henry ou Robert feroit couronné. ( d )
(a) Besli, Hist. des Comtes de Poitou ,p. 76
&77-
(b) Fulb. Epist. 106 inter edit. à Pith. &Sc
apud Chesn. t. 4. p.90 & 9J.
(c) Fulb.Epist. 59 apud Pith. & 2.4 apud
Chesn. t, 4. p. Igr- Ejusdem Epist. 1'18 apudPith.
&61 apud Chen. t.4,. p.194. & 128 IIputl
Pith. &61apudChen.p. 194 &iys.
(d) Fulb.Epist.106apud Pith. & 5o IIpad.
Chen* t,4. P. 90 & 91. L'
La Reine Confiance fut obligée de ceder:
les anciennes Loix du Royaume & la volonté
duRoyson mari l'emporterent; le
Prince Henry sur couronné. Cette ceremonie
se fit l'an 1027. ( d)
L'histoire ne nous apprend point à quel
jour de l'année 1027 le Roy Henry 1 fut
couronné ; je crois néanmoins qud ce tue
le jour de la Pentecôte, qui arriva cette
année leIfC jour de May
,
& il me semble
que j'en trouve une preuve de fait dans
une Lettre de Guillaume Duc d'Aquitaine
à. Fulbert Evêque de Chartres: Voici une
traduction de la partie de cette Lettre,
qui sert à fixer cette époque.
»Nous prions votre grace de ne pas
M manquer de nous venir trouver aux
« OL'taves de la Pentecôte, ou si vous nt
»le pouvez, venez au moins huit jours
»avant la saint Jean. Nous vous donne..-
brons une escorte pour vous conduire en
» toute seureté, vous, vos Clercs & vos
» Domestiques. Nous avons assez de Sol-
93 dats pour cela. Quand vousnepasseriez
»que trois jours avec nous, vous nous,
»feriez toujours beaucoup de plaisir.
» Oh,si vous nous étiez venu voir aux
« Rogations dernieres, que vous nous au-
» riez donné iste joye & de consolation!
b, r-
(a) Glab.l. }tc.f, p,37, Chron.Floriac.
Chen.t.4.p.87.
1)e
» lk que vous en auriez donné à nos Evê-
»ques & à nos grands Vassaux! vous au-
» riez eu assez de temps pour vous rendre
« à Chartres, afin d'y celebrer les Fêtes
« de la Pentecôte, si vous l'aviez voulu ,
» ou du moins si vous n'aviez pas été dans
3) ce dessein, vous auriez, eu un pretexte
"de ne vous point trouver à la Cour,
9) afin d'assister au Couronnement. Je ne, »m'y rends point, persuadé que je m'at-
9) tireray moins lahaine du Roy & de la
m Reine, ne m'y trouvant pas, que si je
« m'y trouvois.
Cette Lettre nous fait voir que le Couronnement
du Roy Henry I a dû se faire.
depuis les Rogations jusqu'au Dimanche
Octave de la Pentecôte.
Or pendant ce temps-là il n'y a eu de
Fêtes que le jour de l'Ascension, le Dimanche
jour de la Pentecôte,& le Lundi.
& Mardi suivans.
La ceremonie du Couronnement n'a.
point été faire le jour de l'Ascension, la.
Lettre étant écrite après, & étant encore,
incertain si quelqu'un des deux Princes
seroit couronné ou non, comme le marque
la suite cette même Lettre.
t) Mandez moy (ditle Duc d'Aquitaine.
»à Fulbert Evêque de Chartres) s'il y
i) aura un Couronnement, ou s'il n'y en
aura point..
Cette
Cette ceremonie n'a point été faite non
plus le Dimanche suivant, puisque l'in..
tervale n'étoit que de deux jours. L'Evêque
de Chartres n'auroit pû être blâmé de son
absence
,
à cause de l'éloignement du lieu
où il auroit été, quand même il auroit été
à Chartres; de maniere qu'il faut fixer
cette ceremonie au jour de la Pentecôte.
Le pretexte que l'Evêque de Chartres auroit
eu des'absenter ce jour-là, s'il avoit
passé à Poitiers le temps des Rogations,
auroit été le long cheminqu'il auroit eu
à faire de Poitiers lufqti'à Reims dans les
dix jours, quisont depuis l'Ascension jusqu'à
la Pentecôte, Poitiers étant éloigné
de Reims de plus de six vingts lieuës. Or il
n'auroir pas eu le metne pretexte, demeurant
à Chartres, qui n'est qu'à cinquante
lieuës de Reims, ppur le plus. Ainsi il
lui étoitaisé d'aller de Chartres à Reims
en dix jours.
Surcette raison je crois qu'il faut fixer
le Couronnement du Roy Henry au jour
de la Pentecôte 14 jour de May de l'année
1027.
J'ay deux fragmens d'Auteurs, qui parlent
de ce Couronnement. (a)
Le Roy Henri quitta le titre de Duc de
Bourgogne dés le moment qu'il eut été
couronné Roy. Il avoit été fait Duc de
(a } Acte I.
Bourgogne
Bourgogne par le Roi son pere l'an 1012 (a)
selonAlberic,quoique Hugues Abbé de
Flavigny assure que le Prince Henri avoit
succedé au Duché de Bourgogne dès le
decès de Henri Duc de Bourgogne ton
oncle paternel. (b)
La Cronique de S. Denis, par le Cicle
de Pâques, place le Couronnement du
Roi Henri fous l'an 1028, & dit que Gui
Archevêque de Reims enfit la Ceremonie.
(c) L'Auteur de cette Cronique, qui cessa
d'écrirel'an1292. s'est trompé, puisque
l'Archevêque de Reims ne s'apelloit point
Cui. Celui qui occupoit alors le Siege,
étoit Ebles de Rouci
,
qui posseda l'Archevêché
de Reims jusqu'à son decés arrivé
l'onzième jour de May de l'année
1053. Il eutpour successeur Gui de Chatillon.
(d)
LeMoine Alberic a fait une faute bien
plus grossIere
, avançant contre le sentiment
de tous les autres Historiens, que
le Roy Henri étoit puiné de Robert son
frere
,
& qu'il ne lui fut preferé
, que
par la feule volontéde la Reine Confiance,
((a) Alb.Chron.adnnn.1011. Chron. Virdun.farte I.Labb.Bibl.P. If8.
ic) Chron. S.Dionis.ad ann. 1028. Spicil. t. 2. p.808.
(d) Marlot. Rift. Remens.Metrofol. t. 2. L. s c.21.p.70.
qui
qui changea en cette occasion
,
l'ordre
commun de la succession (e)
Tous les Historiens & les Lettres écrites
en ce tems-là, nous prouvent le contraire.
Le Roy Henri n'étoit âgé que de 18
ans lorsqu'il fut Couronné.
Robert Roy de Francesmourut le 20
Juillet de l'année103 1. Il eut pour suc.
cesseur le Roi Henri son fils aîné. Une
petiteHistoire nous apprend que la Reine
sa mere fit tout ce qu'elle put pour ufurper
la Couronne, & la mettre sur latête
du Prince Robert son second fils; mais
que le Roy Henri, puissammentassisté par
Robert Duc de Normandie, se maintint
sur le Trône, & reprit les Places dont la
Reine sa mere s'étoitassurée.
Il est bon d'observer que l'Auteur de
cette petite Histoire a copié fqr celle de
Guillaume de Jumieges, (f) ce qui regarde
le secours donné au Roy Henri par le Duc de Normandie, & mêmel'acopié
de mot à mot. Il a tenu la même conduite
parlant de Raoul de Vacé
, que
k
Guillaume le Bâtard Duc de Normandie
(e) Alber. Chron. ninnn. 10x5.
(f) Willel. Gemet. 1. 6. c. 7.
Chesn. Hist. Jstorm. p. 160, & 17. c. 4 & f; * r,269.
avoir
avoit choisi pour General de les Armées;
& parlant de la prise du Château deTillieres
par le Roy Henri. Ce qui fait connoître
que son Auteur écoÍr exadfc ,.&me
travailloit que sur de bons Mémoires.
Sacrede PHILIPPEI.
Le Sacre de Philippe I. âgé de sept à
huit ans, se fit à Reims avec beaucoup
d'appareille 27 May jour de la Pentecôte
de l'an 195" par l'Archevêque Gervais
de Bellefme
,
assisté de trois Archevêques,
d'un grand nombre d'Evêques, de vingtsix
Abbez, des Legats du Pape,&d'autres
grands Seigneurs, sans qu'il (oiten-I
core fait aucune mention de l'assistance ni
de la presence des douze Pairs à cette auguste
Ceremonie. <
Après le ferment fait par le Roy, & avant
que de commencer le Sacre, l'Archevêque
de Reims dit que l'Election & la Consecration
du Roy lui appartenoit depuis que
Saint Remi avoitBatisé& Sacré Clovis:
il dit aussi que par le Bâton Pastoral qu'il
tenoit en main,le Pape Hormisdas avoit
accordé au même Saint Remi le pouvoir de
Sacrer les Rois,aussi-bien que la Primatie
sur toute la France, & rapporta de quelle
1 maniere le Pape Victor II. lui avoit con- j Jeré le mêmepouvoir à lui personnellement
& à son Eglise. Ce discours de Ger- i
vais s
vaisde Bellesme est bien opposé à celui
que Hincmar, un de ses prodecesseurs,avoit
tenu environdeux cens ans auparavant, lorsqu'il couronna Charles le Chauve dans
l'EglisedeMetz, comme ayant succedé
au Royaume de Lorraine ; car loin de
prétendre,comme nous l'avons déja dit,
quele Pape Hormisdas eut accordé aux
Archevêques deReims leprivilegede Sacrer
les Rois, "Se laPrimatie sur toutes
les Gaules,Hincmar declara aux Evêques
de la Province de Treves, assemblez dans
l'Eglise de Metz, qu'il ne faisoit le Sacre
de Charles le Chauve, que parce que n'y
ayant pas pour lors d'Archevêque à Treves
, ils l'avoient euxmêmes requis 8c
sollicité d'en faire la Ceremonie, & qu'il
se croyoit obligé de leur faire cette declaration
pour ne prejudicieren aucune ma- niere à la Métropolede Treves, ne voulant
pas,disoit-il, porter la faux dans la
moisson d'autrui. L/où l'on peut conclure
que Gervais de Bellesme est peut-être le
premier qui s'est avisé d'avancer cettepretenduë
concession du Pape Hormisdas
-
aux Archevêques de Reims, de la Primatie
ou Vicariat du S. Siege sur les Gaules,
& du'droit de Sacrer les Rois, Prétention
que Ives de Chartres a même refutéeparune
sçavante Lettre que je rapporterai
enparlant du Sacre de Louis VI.
C Comme
Comme il paroît par la Relation de
l'ordre du Sacre de Philipe1. tirée d'un
Manuscrit de M. Petan.,traduit par du
Tillet
, que les Legats du Pape ont été
presens à cette Ceremonie, il est bon d'obferver
que la mêmeRelation porte en
termes exprès qu'on y declara que leconsentement
du Pape n'yétoit pas requis,
Se que ce n'étoit que par honnêteté ÔC
amitié que les Legats yassistoient.
Post eum LegatiRomance sedlS (cum id
fine Papa nlltH fierilicitum esse disertum
ibi sit, honoris tamen & amoris gratiâ
tantùm ibi "ffNersnl Legati) Tom.1du
Ceremonial, pag.121.
Sacre deLOVIS VI. -
Louis VI. surnommé le Gros & le
Batailleur , ne voulut pasêtre Sacré à
Reims, comme PhilipeI.sonPere l'avoit ,
été, parce que l'Archevêque de cette Ville
étoit parvenu à cet Archevêché sans le
consentement de Sa Majesté, & sans celui
du Roy son Pere ,
il fut resolu quela Ce,.
remonie de son Sacre se feroit à Orleans
parle ministere de DaimbertArchevêque;
de Sens, & des Evêques ses Suffragans.
Cette resolution fut executéeletroisiéme
jour d'Août, fête de l'Inventionde Saint
Etienne l'an i106. Ce sur pour lors que
l'Achevêque de Reims fitéclater pour la
seconde
seconde fois, sa prétention d'êtreseul eu
'cQroJt de Sacrer les Rois.
On apprend ce fait d'une Lettre d'Ives
''iie Chartres, & de quelques autres Auteurs.
L'Archevêque de Reims & son Cha-
-pitre ayant ouy-dire qu'on alloit Couronner
le Roy Louis VI. à Orléans, yenvoyerent
des Deputez pour s'opposer à ce
Couronnement, àcause
,
disoient-ils,
comme avoit fait Gervais de Bellefme sous
le Regne precedent, que par un privilege
special accordé à l'Eglise de Reims en la
personne de S. Remi, c'étoit aux Archevêques
de Reims exclusivement à tous
les autres, à Couronner les Rois pour la
premiere fois.
L'Archevêque de Reims se promettoit
que par ce moyen il feroit sa paix avec
le Roy,ou que Sa Majesténeseroit point
Couronée; cependant il le trompa,(es
Deputez ôc ceux de son Chapitre arriverent
trop tard
,
la Ceremonie du Sacre
étoitdéja faire.
L'Archevêque de Reims & son Eglise
se plaignirent du Sacre de Louis VI.&
soutinrent que les autres Archevêques du
Royaume n'avoient pû ni dû le faire.
Ives
,
Evêque de Chartres, refuta ce
sentiment par une Lettre très-sçavante.
Ily prouve que Daimbert Archevêque de
C ij Sens
Sens son Métropolitain
,
n'a fait rien contre
le Droit, ni contre la Coutume, ni
contre la Loy, lorsqu'il a Sacré LouisVL
Roy deFrance.
.n Si nous consultonslaraison, dit-il,
.*>c'est à bondroit &avec justice quenous
-%) avons Sacré le Roy Louis VI. puisque
»le Royaume lui appartenait pardroit
-t) d'hérédité. (a)
Il fait voir enfuire par des exemples
queplusieurs MonarquesFrançois avoient
été Sacrez ailleurs qu'à Reims, & par
d'autres Archevêques que par ceux de
Reims, tantôt dans une Province, tantôt
dans une autre; que les Archevêquesde
Reims n'ont point Sacré nos Roishors
de leur Province, & qu'ils n'ont pas de
droit particulier de les Sacrer; & il ajoûte,
qu'iln'y a ni Loy ni Coutume qui ordonne
que les Rois des François soient
Sacrez par les Archevêques de Reims ex-
•clusivement à tous les autres Evêques,
ou que s'il y en a quelques unes, elles
n'ont pas été publiées ,& que les Loix
ne sont executoires que lorsqu'elles sont
renduës publiques par leur publication.
La Lettre d'Ives de Chartres est trèsconsiderable
en tout ce qu'elle contient,
pourfairevoir le peu de fondement de
(a) Grand Ceremonial de France. t.1. p.ila
la pretention des Archevêques de Reimsd'être
seuls en droit de Sacrer nos Monarques
, & principalementpartequ'elle
nous prouve à n'en pas douter.,
10. Que personne ne s'était encore.
avisé de dire que laCouronne étoit élecrive,
ainsi que quelques Historiens modernes
ont eu la temerité de l'avancer.
ip Que la presence & encore moins
le contentement des Grands du Koyaumen'étoient
pas non plus necessaires pour
l'installation du Roy qui succedoit ait
Trône de son pere.
Sacre de LOVIS VII.
La Ceremonie du Sacre de Louis VII.
fut la plus celebre & la plus auguste donc
riL soit fait mention dans notre Histoire.
Ce Monarque sur Sacré à Reims par le
P1ape I1nnoce3nt II.xle 25 Oc-tobre de l'année Ce saint Pontife y tenoit alors un
Concile qu'il y. avoir convoqué. Il éroiç
composé de treize Archevêques
>
de
deux cens soixante trois Evêques, &d'un
litres-grand nombre d'Abbez & de Moines
venus de toutes les parties de la Chrétienté.
(a) Le Roy Louis VI, la Reine, le
Prince Louis VII. leur fils,& les Grands
du Royaume étant arrivez à Reims, Rer]
Suger. Vita. Lud, Grossi.Cron.Moriniac.
ïCxook. -- C iij naud,
naud, Archevêque de cette Ville, pria Ièj
Pape de faire la Ceremonie du Sacre de
LouisVII , ce qu'il accorda. :5e le Samedi"
24 Octobre il ordonna à tous les Peres,1
du Concile de se rendre le lendemain à,
la grande Eglise
,
revêtus de leurs Ornemens
Pontificaux,pourassister à cette Ce- 1
remonie, ce qu'ils executerent. Une
circonstance qu'ilest important de remarj
quer, est que le Pape revêtu de ses ha.
bits Pontificaux
, - la Tiare en tête
accompagna le Prince Louis VII. depuis
l'Abbaye de Saint Remi,où ce jeune
Prince étoit logé, jusqu'à l'EglisèCathedrale.
Ils étoient accompagnez d'un grand
nombre d'Ecclesiastiques, marchans procesiionnellement.
-
Le Roi Louis VI., la Reine son époureJ
les Grands du Royaume & divers Arche-'
vêques& Evêques les attendoient devant
la Porce de l'Eglise
,
& entrerent avec
eux. Le Pape Sacra le Roy avec l huile
de la sainte Ampoule. La Cronique de
Morigny d'où j'ai tiré cette - Relation
,
porte en termes exprès, que le Pape accompagne
de ses Courtisans & d'un grand
nombre d'Archevêques & d'Evêques, (el
rendit processionnellement du Palais Archiepiscopal,
où il étoit logé, à l'Abbaye'
de Saint Remi,où Louis VII. avoit son
logement, & que s'y étant revêtu de Tes
habits
habits Pontificaux, & la Tiare entête,
ïl revint dans le même ordre à l'Eglise
Cathedrale
,
conduisant le Prince Louis
VII; qu'il devoit Couronner.,
r Orderie Vital i-aporçe que le Sacre de
Louis VII. déplus i plusieurs personnes
des deux Ordres,àquelques Laïques ,•
parce qu'ils esperoient qu'à'la mortdu Roy
ils pourroient accroître leurs Terres, à
quelquesEcclesiastiques
, d'autant qu'ils
cherchoient à s'attribuer le droit d'élire
les Rois.
Plusieursdonc murmurerent contre ce
Sacre, & quelques-uns l'auroient empêché
,
s'ils avoient pû.
Le Roi Louis le Gros, ajoûtre Orderic
Vital, trouva très-mauvais que par des
efforts sans, exemple, on auroit voulu introduire
des nouveaux usages dans le
Royaume au prejudice desaposterité ,&
fut tellement en colere de ce que quelques-
uns avoient eu dessein de détrôner
les descendans, qu'il resolut de s'en vanger
par la perte de leur vie,juravit qflrJ
extenderet manus inseditiosos. Le dessein
de Sa Majesté étant connu, donna lieuà
quelques-uns de vanger leurs querelles
particulieres
, ce qui causa l'assassinat de
Hugues Evêque élu d'Orléans, & de
Thomas Soûprieur de Saint Victor, fous
pretexte qu'ils étoient du nombre de ces se-
Ce témoignaged'Orderic Vital,qui vivoit
& ccrivoit alors,& dans le Royaux
me, fait voir , ainsi que. la Lettre d'Ives
de Chartres,que jusqu'au Regne de Louis
VI,ouplutôt Jusqu'au Couronnement de
LouisVII.son fils,c'est-à dire,jusqu'àl'an
1131. la Couronne de France avoir
été hereditaire; qu'elleavoit passé parle
seul droit du sang du pere au fils ,mais que
par un attentat punissable. quelques Ecclesiastiques
vouloient, la rendre élective , ainsi que le Pape & le Clergé de l'Allemagneavoient
rendu ékébve la Couronne
Imperiale un siécle auparavant..
SacredePHILIPE-AUGUSTE.
On a pprend de l'histoire anonime de
Louis VII. & de celle de Rigord
, que
Philippe-Auguste nâquit le jour de la fête,
des Saints Simphorien & Timothée 21,
Août de l'année 11*5. Que le lendemain,
il fut batisé par Maurice Evêque de Paris,
& tenu sur les Fonts par les Abbez de
Saint Germain & de Saint Vidtor
,
&.
par la Reine Confiance Comtesse de Toulouse
,
soeur de Louis VII, & par deux
Dames Veuves de la Ville de Paris.
Le Roy Louis VII. sesentant vieux Se
cassé,resolutde faire couronner Roi, le
Prince Philipe-Auguste Ion fils, & dans
cette vue convoqua&assembla les Grands
du,.
du Royaume dans le Palais Episcopal
de Paris, & leur communiqua son
dessein
,
leur declarant qu'il vouloit
mettre son Fils sur le Trône le jour de
l'Assomption prochaine, avec leur conseil
& leurvolonté, (a)
C'est ainsi que Rigord raporte ce fa- it,
& il est le seul Auteur de ce rems-là, qui
en parle de cette forte, & c'est sur sa Relation
, que des Auteurs modernes ont osé
avancer que la succession à la Couronne
n'étoit pas encore bien établie, & qu'il
falloir que les Grands consentissent au Couronnement
des Rois de la troisiéme Race y
& c'est ce qu'aencore insinué un Auteurmoderne
dans un mauvais Livre, rempli
d'erreurs & de fautes,qui paroît sous letitre
d'Histoire de Philippe-Augusteimprimé
à Paris en 1701. chez Brunet.
Rien n'est plus faux que ce sentiment
lJa'ay fait voir cy-devant que nos Rois de
troisiéme Race ont fait couronner leurs
fils bon gré & malgré les Grands ; que.
Robert qui étoit le second de la troisiéme-
Race, fit couronner les Princes Hugues
lX Henri ses fils malgré les Grands du
Royaume, & seulement parce qu'il le vouloit
: (b) Que Louis le Gros se fit Sacrer
((ab) R)igor.Chen. t. 4. p.4.' Glabl.3Chen.t.4.35
Fub. Carnot.Epist;50.Chen,t.4 Cymapl.g19r0é.
malgré la plupartdes Grands, & à leur
insçû. (a) J'ai prouvé par la Lettre d'Ives
de Chartres,que le consentement des
Grands, n'étoit pas necessaire pour le Sacre
, & que ceux qui firent la Cérémonie
de celui de Louis le Gros, agirent conformément
au Droit & à la Justice
, parce
que le Royaume lui appartenoit par droit
hereditaire. (b)
J'ai prouvé nulIi qu'en l'année 11;4.
le Roy Louis VI. fit couronner le Roy
Louis VII. son fils au Concile de Reims
par le Pape Innocent II. malgré quelques
Grands, Ecclesiastiques &Seculiers, qui
vouloient insinuer d'introduire leledion,
& l'accident funeste qui en arriva à l'Evêque
élu d'Orleans, & à Thomas
Soûprieur de S.Victor. De maniere que
si Louis VII. a dit aux Grands du Royau-
Me,ainif que Rigord l'avance, qu'il vouloir
faire Sacrer le Prince son fils, cum
consilio Ù* eorum voluntate, il ne l'a fait
que par un compliment, & sans aucune
necessité
,
du moins par raport à la succession,
d'autant que, comme je l'ai prouvé
par le témoignage des meilleurs Historiens,
laLucceuiQQ étoit alors solidement
établie.
(a) Suger. Chen. t. 4. p. 19J;
(b) lvon. Carnot. Epist. 1.9.Chen. t. 4. p.,
iJTSi
Si le Roy Louis VII. a voulu avoir le
conseil & le consentement des Grands
pour le Sacre de Philippe-Auguste son
fils, ce ne fut qu'à cause de l'âge de ce
Prince, qui n'étoit pas encore majeur.
J'ai touché cetteraison en parlant du
Sacre de Charles le Simple,& j'en dirai
davantage lorsque je parlerai du Sacre de
Charles VI. fils de Charles V. dit le Sage.
Il est certain que lors du Sacre de Philippe-
Auguste, les Rois n'étoient pas encore
cenfez majeurs à 14. ans; car s'ils
l'eussent été, le Roy Louis VII. n'auroit
-
pas eu besoin de prendre le conseil de'
Grands, d'autant que le jour de l'Assomption,
Philippe-Auguste son fils auroit eu
14.années complettes, moins six jours;
& ce petit nombre de jours, n'auroit pas
merité de faire un incident, sur-tout le
Roy Louis VII. étant encore vivant;mais
le Sacre ne put se faire le jour de l'Assomption
indiqué par Louis VII , d'autant
que Philippe-Auguste tomba dangereusement
malade de peur, de fatigue &-
d'inquiétude, s'étant perdu&égaré de
ceux de sa suite dans le plus épais de la
Forest de Guise, où il étoit allé à la Chasse.
-
Le Roy Louis VII. étant tombé paralitique
presque de la moitié de son corps
dans l'Abbaye de Saint Denis après [on
retour d'Angletere, où il étoit allé faire
des Prieres à Dieu sur le Tombeau de
Saint Thomas de Cantorberi
, pour ob-*
tenir la guerison de ion Fils, ne negligea
pas le foin de le faire couronner; car
sçachant qu'il avoit recouvré la santé, il
ordonna à tous les Grands du Royaume
de se rentre à Reims pour assister à la Ceremonie
du Couronnement qu'il fixa au,
jour de la Toussaint.
Philippe-Auguste fut donc Sacré&
Couronné à Reims le jour de laToussaint
de l'année1179. par le Cardinal de Champagne
Archevêque de Reims son oncle ma- 1 ternel, assisté des Archevêques deSens &,
de Bourges, & de presque tous les Evêques
du Royaume en la 14e année, deux
mois &neuf jours de son âge.
Henri le Jeune Royd'Angleterre aflîfta^
à cette Ceremonie comme Duc de Normandie&
Pair de France, il porta la Cou- j
ronne Royale depuis la Chambre de PhilippeAuguste
devant ce jeune Prince jukj
qu'à l'Eglise, y étant obligé enqualitéde 1
Duc deNormandie;(a)leComte deFlandres
portoit l'Epée Royale, & plusieurs autres
Ducs; Comtes& Baronsalloientdevant&
& après cÇ ieune Prince, remplissant lei.,
fonctionsausquelles ils étoient dlhnelf j
(a)Rigor.Chen.t.5.p.5.
Roger. Hoved.ad an: 1179. p. J?*»-
Vùjli*lr Brit.l. I.Chen.t. 5. p. 101. Nous
1 Nous n'avons pas de Relation plus circonstanciée
du Sacre des Rois predecesseurs
de Philippe Auguste.
On voit donc que leRoyd'Angleterre,
comme Ducde Normandie,porta la Couronne
Royale devant Philippe Auguste,
& le Comte, de Flandres l'épée Royale
depuis lachambre deSa Majesté jusqu'à
l'Eglise; & que plusieurs Grands marchoientdevant&
après le Roy,faisant les
fonctions,pour lesquelles ils avoient été.*
destinez (a) * Que le Roy fut oint de -la.-
sainte Ampoule; Que l'Archevêque de
Reims fit laceremonie (h) assisté des
Archevêques de Bourges & de Sens, &de
presquetous les Evêquesdu Royaume, (c)
Que lors du Couronnement, le jeune
Roy d'Angleterre, comme Duc deNormandie
, soutenoit d'uncôté la Couronne
sur la tête du Roy avec les Archevêques,
Evêques, (d) & Princes du Royaume
, un chacun d'eux, leClergé&le Peuple
, criantVive le Roy. (e)
- DuTillet, lk', après lui Godefroy(f)
ontfait imprimerune Ordonnance con-
(( a) V'ILclJBritun. piah b)Rigor.Chen,t 5. p. 50 ((c) Roger. Hoved. p.j91.. dRigor. Chen. t. 5. p. y. (e) DuTillet,Rec.desRois, p. iS^.ediéJ
Ac Paris
v 1117.,. (f) Ceremonial, t. 1. p. 1.
tenant l'ordre qui doit être observé au Sacre
& Couronnement des Rois, dressée,
disent-ils, par l'ordre de Louis VII pour
le Sacre de Philippe Auguste. Sa Majesté
y regle le rang des Pairs Ecclesiastiques
en cette sorte :l'Evêque de Laon, l'Evêque
de Langres ,puis les Evêques de Beauvais,
de Châlons & de Noyon.
On dit quele Roy Louis VII y regla
les fonctions des Pairs au Sacre des Rois,
& distribua ces fonctions à douze Pairs,
sçavoir à l'Archevêquede Reims, & aux,
cinq Evêques que je viens de nommer, &
à six Princes Laïques; sçavoir, aux Ducs
de Normandie
,
d'Aquitaine,&de Bourgogne,
& aux Comtes de Flandres, de
Champagne & de Toulouse.
Il y adesraisons invincibles de fixerce
Reglement en 1179 au Sacre de Philippe
Auguste. La premiere est, que la Pairie de
Langresavoit commencé cette année 1179 • par la donation faite à Gautier Evêque de
Langres,& à ses successeurs du Comté de
Langres, par Hugues Duc de Bourgogne,.
.& par Henry Comte de Bar & ses freres
--que ce Duc en avoit investis. (a-)
Or l'Evêque de Langres n'étant P'ai1':si
qu'à causede son Comté, dit aujourd'huy.
(a) Voyez les Chart.decette donat. p.~~i~
& ij4, & dans du Chen. Preu. de l'Hist. de
3oupg. p. 1 Duché
Duché de Langres, & n'ayant obtenu ce
Comté qu'en 1179, il s'enfuit qu'il n'a
pu être Pair avant cette année.
On ne peut aussi fixer plus tard le Reglement
des fanétions des douze Pairs:
car jusqu'à l'an 1179, il n'y en a eu que
onze, & depuis 1137 jusqu'à 1171 il
n'yen a eu que dix, le Duché d'Aquitaine
ayant été tenu depuis l'an 1137 jusqu'en
xi5.1 par le Roy Louis VII. & depuis ce
temps-là jusqu'en1171 par le Roy d'Angleterre
,
qui possedoit en même temps le
Duché de Normandie. Or au mois deJanvier
de l'an 1171 le Roy d'Angleterre investit
Richard son second filsduDuché d'A..
quitaine, &il avoit fait reconnoître Henri
son fils aîné pour Duc de Normandie; ainsi
il y eut alors onze Pairs, & la douziéme
Pairie commençaen 1179parl'uniondu
Comté deLangresà l'EglisedeLangres,
comme je l'ay observé.Ce nombre de douze
Pairs nesubsistaque jusqu'en 1183, par la
mort de Henrile Jeune Royd'Angleterre,
qui étoit Duc de Normandie,&même cette
Pairie fut entierement éteinte en 202
par la réunion de la Normandie au Domaine
de la Couronne: ainsi de quelque
maniere qu'on le prenne, il faut fixer le
Reglement pour les fondions au Sacre des
Rois attachées aux douze Pairs de France,
l'Cnre 1179 pour le ptutoc,ôen-olpouc
- le
le plus tard. Or comme dans ces entretemps
il ne se trouve qu'une occasion de
regler ces fonctions;sçavoir, le Sacre dei
Philippe Auguste, il est commeincontestable
qu'elles ont été reglées pour ce Sacre,
c'est l'opinion la mieux reçûëi
Il ne faut pasnéanmoins se persuader
que ces fonctions ayent été attribuées à
tous les Pairs, étant seurquequelques-uns.
remplissoient déjàlesmêmes fonctions.
Ce qui paroît par la Relation du Couronnement
delaReine Isabelle, femme de.
Philippe Auguste,celebré dans l'Abbaye
de saint Denis le 29 May, jour de l'Ascension
de l'année 1181. Cet Auteur dit qu'à.,-
cette, ceremonie le Comte de Flandres
portal'épéeRoyale devant leRoy, selon
la Coutume.
Philippus Comes Flandrensium, qui<
dlit, prout moris est, ensem ante Dominøtnl
.Xggem honorifice portavit. (a)
Cesdeux mots, selon la CONtI/me) font
voir que c'étoit aux Comtes de Flandres
àporter l'épée Royale au Sacre des Rois:
Oril me semble que Rigord n'auroit pojnr¡¡
parlé de la sorte, si cette fonction avoit
été attribuée pour la premiere fois aux
(gOlnres de Flandres deux années auparavant,
étant à observerque leCouronnement
dela Reine Isabelle étoit la pré- J[?Cht»+-t* j. p. 7.
Manièreftuére
ceremonie depuis le Sacre de Phi
lippe Auguste, où l'occasion se fut prefenn-
e de porter l'épée Royale devant le
Roy.: or on ne croira jamaisque laseule
CeremonieduSacredePhilippe Auguste
ait pû faire une Coutume.
Je nedoute pointde plus que la fonéban
de porter laCouronne Royale dont
le Roy devoir êtrecouronné àson Sacre,
ne sur attachée aux Ducs de Normandie
avant le Règlement de 1179; car si cela
n'eut pasété, il me semble que Roger de
Hoveden l'auroit remarque, & qu'il ne,
seseroit pascontenté de dire que le jeune
, Henry portoit la Couronne Royale, y.
étant tenu àcause de son Duché de Normandie.
Unechoseme surprend ; sçavoir,qu'aucundes
Auteurs de ce temps-là, n'aitparlé
de ce Reglement, quoi que Roger de„
Hoveden, Rigord, Robert Abbé du Mont
Í'aint Michel, Guillaume l'Armorique, &
Guillaume le Breton,qui vivoientalors ,,
ayent parlé, du Couronnement de Philippe
Auguste, & que de plus il ne soit fait
aucune mention de la même Ordonnance
dans lei Historiens des deux siecles suivans.
Le P. Ruinard remarque que les affaires
de la plus grande consequence, étoient
terminées par le jugement des François,
c-efo
c'est-à-dire des Ordres & des Etats du
Royaume, &que c'est àceJugement Otl-
Assemblée qu'a succedél'institution des
douze Pairs de France, &celle des Parlemens,
(JI) & il fair cette observation
sur ce que Fredeguaire rapporte dans le
Chapitre 40 deson Hdlmre) queBrunehaud
Reine Regente d'Australie, s'étant
plainte à Glotaire II de l'invasion qu'il
avoit faite dans les Etats de Sigebert KOYi
de Bourgogne& d'Austrasie
, son arrierepetit
fils, & le priant de s'en retirer, iL
répondit, qu'il feroit à ce iutec ce qui
seroit ordonne par le Jugement des François
qui seroient choisisde part & d'autre
pour en decider.
Per suos Legatos Brunichildi mamlA.beil*
judicio francorumelectorumquidquidprecedente
Domino à Francis inter eosdem ju*
dicabitHr, pollicetur se se implere.
Le P. Ruinard n'auroit point parlé de
la forte
j s'il avoit fçu que les Pairs sont
aussi anciens que la MonarchieFrançoise
, - quoi qu'il soit vrai qu'on ne leur a donné
le titre de Pairs que tous la troisiéme Race
de nos Rois.
Il y avoit alors en France trois Ordres
dans la Noblesse
-, sçavoir, les premiers 6c
les plus grands que Hincmar appelle les
£.a) Ruin,note,tnIred. tel, 6io,nota,K.
premiers
premiersSénateurs du Royaume,( a) ÔC:
les premiers d'entre les Grands,( b )&'
c'étoiteux qui étoient ce que nous appel-
Ions aujourd'hui les Pairs de France; les.
autres Grands qualifiez Minores, comme
ttant inférieurs aux precedens, était cfe
qu'on appella dans la suite les Barons;
étantàobserver que tous les Pairs etoient
Barons, &que tous les Barons n'étoient
pas Pairs. La feule lecture de la, Lettre:
d'Hincmar que je viens de citer, nous.,
fait connoître à fond les fonctions des
anciens Pairs de France,& nous apprend
que l'ordre confervé en Allemagne jusqu'au
milieu du seiziéme siecle pour les
Dietes-Electorales, & pour les Dietes -
generales,étoit le même qu'en France
Qur les premiers d'entre les Grands croient
convoquez pour le Jugement des grandes
affaires, comme il s'est encore pratiqué
fous nos dix premiers Rois de la troisiéme
Race. On peut voirà ce sujet le Glossaire
de du Cange,sous le mot Par. Mais sans
sortir de la Lettre de Hincmar, on voitdepuis
l'article 28iusqu'à la fin que le
College des Pairs (ub¡(toir sous toute la
seconde Race
,
& que ces Pairs ou Senioris3
ou PrimiSenatores, avoient le pre-
(a) Hinc. epist. de institut.Régis, 6. }/
Chen.t.5.p.49é.
ib1 Ejusd, c. 29. p. 494.
mier.
mier rang dans les Etats, comme ils l'ont
toujours eu; Qu'eux seuls y avoient de
droit voix active & deliberative; Qu'ils
étoient appeliez pour traiter de toutes les
affaires generales avec toute la Nation,
& aussi de toutes les grandes affaires,
mais seuls & dans les besoins, pressans,
Ces Pairs l'étoient par leurs dignitez,
par leurs grands biens& par leur naissance.
Sous la premiere Race tous les Evêquesétoient
Pairs, &mêmelessimples Evê"
ques etoient Pairs aux Metropolitains, ce
qui piroît par le titre de quelques Lettres
de saint Gregoire (a) & tous éroient appellez
aux Assemblées generales , 8c y
tenoient le premier rang, comme le
P. Ruinard l'observe dans leseiziéme
Article de sa. Préfacé,&il adû voir dans
Gregoire de Tours, quela Cour des Pairs,
subsistoit des le Regne de Gontram, puisque
cet Auteur dit que Gontram convoqua
quatre Evêques &c quatre des plus
plus Grands de la Nation pour juger les
Ducs, qui s'étoient si mal acquittez de
leur devoir encommandant l'armée qu'il
envoya contre les Gots fous leur conduite,
(b) ce qui arriva vers l'an 585.
Au reste je ne sçai point où le P. Rui
(a) EpijJ; S. Greg. 10. & 18: Itputl.
Chen. t. 1. p. 8'9f. & 907.
(b) Greg. THr 1. 3. c. 19. nard
narda pris ce College des douzePairs de
France ,& j'avouë que je n'en ai jamais
purien aprendre de positif., & je ai que
s'il a jamais subsisté, ce n'a été que pendant
six ou sept années tout au plus.
Il fautobserver àce sujet ,que sous la
premiere Racedenos Rois, & sous la seconde
jusqu'à l'an 888. la Pairie étoit attachéeauxDignitez&
à la haute naissancejtouslesEvequescroient
Pairs, tous
les Ducs& tous les Comtes qui ne dépendoient
d'aucuns Ducs, mais qui relevoient
nuement du Roy à cause de saCouronne,
étoientaussi Pairs deFrance. Il enétoit
de même de cesSeigneurs d'unenaissance
illustre
, qui possedoient de trés-grands
biens pareux-mêmes , & qui sans avoir
ni DuchéniGomté
, avoient rang avec les
Ducs & les Comtes : ce qu'on voit par
diverses Chartes imprimées par le P.Mabillon
dans sa Diplomatique,(c) &par
diverses autres autorirez rapportées par du
Cange dans son Glossaire Latin feus le
mot Optimates. (d)
Les choses changèrent de face lors du
démembrement de la Monarchie Françoise,
les Ducs & les Comtes qui n'avoient
étéjusqu'alors que desimplesGouverneurs.
(c) Mabill. Diplom.1.6. p.474.475.&479,
¡ (d) Gloss, CanZ. ad VerbumOptimates, t. J. f.4y.
- se
se firent des propres de leurs Gouvernemens
, & fournirent à leur Comté ou
Duché tout ce qu'ilspurent^Parce moyen,
presque tous les Evêques du Royaume
devinrent sujets desDucsoudesComtes,
Se il arriva même queles Ducsse fournirent
plusieurs Comtes. ily eut aussi des
Comtes qui s'en fournirent d'autres.
Ceux des Ducs & des Comtes, qui de-'
meurerent Vassaux immédiats du Roy à
cause de sa Couronne,devinrent Pairs de
France, & ceux des Evêques qui purent
acquerir !e Comté de leur Ville , & ne
relever que du Roy, se trouvèrentaussi
Pairs de France, aucun d'eux n'étant resté
Pair à cause de (a dignité d'Evêque, ni
même à cause du temporel de son Lvêché
, mais à cause du Duché ou Comté at:
taché à son Evêché.
Or il est très sur,qu'avant le Regne de:
Xouis VII. & même avant l'an1179.on
n'a point vu douze Pairsen France,sçavoir
six Ecclesiastiques .& sixLaïques
attendu que l'Evéque de Langres, ainsi
que je l'ai observé ci-devant, n'acquit le:
Comté de Langres qu'en 1178. par le
don que Hugues Duc de Bourgogne en fit:
àGautier de Bourgogne Evêque de Langres
son oncle, & à les successeurs Eve-,
ques de Langres : donation qui n'eut sont
effet, comme je l'ai dit cy-dessus3 que par
la;
la renonciation à ce Comté,que firent
l'année suivante à l'Eglise de Langres,
Henri Comte de Bar & ses freres ,ausquels
le Duc deBourgogne l'avoir inféode
après l'avoir acquis par échange de Gui
de Saux & de les enfans. (a)
^nfi, je le repete, l'Evêque deLangres
n'a pû être Pair qu'en '1J79-- & par
consequent, jusqu'alors il n'y avoir eu que
onze Pairs , <2c même il n'yen eut douze
que jusqu'en 1183. c'est-à-dire ,pendant
quatre années, Henri Duc de Normandie
étant mort cette mêmme année; & ce
Duché aété possedé dans la suiteparceux
qui croient aussi Ducs d'Aquitaine ,
jusv4qWàésa
reeünieon aunDo1mai2ne,0qui f2ut ac.he-
Ainsi le College des douze Pairs, n'a
subsisté en France que pendant quatre années
, & il est même très vrai emblable
que ceux qui l'ont imaginé, n'onteupour
fondement que les fonctionsau Sacre des
Rois, attachées à six Evêques& à six Ducs
& Comtes, & cet établissement n'a pû se
faire plutôt qu'en 117ôcJDIUÎ tard qu'en
318
Je croy qu'il faut le fixer tous l'an
3179, étant vraisemblable que le Roy
Louis VII.régla ces fonctions pour le
(a) Voyez les Chart. dans lleraid. p.252.
&*/4. -Sacre;
Sacre du RoyPhilippe-Auguste sonKls*
c'est l'opinion-commune.
Au reste,je ne sçai d'Auteursanciens-,
Olui-ayent parle des-doutePairs de France
que Mathieu Paris, qui en parle souvent,
,(a) & qui en parle dans un tems qu'iln'y
en avoit queonze ,
leDuché de Noandie
étant alors réuni à laCouronne.
Marloc observe que le Cardinal de
Champagne Archevêquede Reims, fit la
Ceremonre de ce Couronnement,& que
même il en fit tous les frais, qui furent
si grands, qu'il fut obligé d'emprunter des
fournies considerables: qu'il pria son Chapitre
de l'aiderà les payer,cequ'il obtint
: & afin que cette grace ne put être
tirée à consequence
,
il declara qu'ilne
pretendoit pasavoir acquis aucun droit
sur son Chapitre par la subvention qu'il
lui avoitaccordée libéralement & gratuitement
, ni quecette subvention put être
d'aucun-prejudice au même Chapitre. Et
c'est la plus ancienne preuve que nous
ayons quelesArchevêques de Reims faisoient
les frais des préparatifspour la Ceremonie
du Sacre des Rois.On en a plusieurs
autres preuves pour les Regnes suivans;
&on observeque le Roy Louis VIlla SuccesseurdePhilippe-
Auguûe, ordonna que
(a) Mfitfh.Psrif. ad a»»- 1257.p.634.
tous
tous les Bourgeois de Reims du Ban & Seigneurie
de l'Archevêque
,
porteroient leur
part des frais que ce Prélat étoit obligé de
fairepour le Sacre desRois.
Sacre de LOVIS VIII.
Le Roy Philippe-Auguste mourut le
14. Juillet de l'année1123. Le Prince
Louis VIII. son sissaîné lui ayant fucccdé,
fut Couronné dans l'Eglisede Reims
avec la Reine Blanche son Epouse le Ii.
1 xiéme jour -ci'Août Fête de laTransfiguration
de l'année 112.j. par l'Archevêque
Guillaume de Joinville
,
accompagné d'un
grand nombre de Prelats, de Jean Roy de Jer\j"alcm-& des Grands du Royaumede
France , comme on l'aprend de quelques
fragmensd'Auteurs contemporains que
j'ai insérés dans le premier Chapitre du
Cartulaire historique des Monarques. (a)
L'Archevêque de Reims étant obligé de
faire les frais du Couronnement & ceux
du Feitin Royal qui suivoit cette Cérémonie
,
dépensa pour cela 4000. Parisis,(
b) comme nous l'aprenonsdesLettres
Patentes de ce Monarque
,
& de celles
(a) Gest. Lud. 8. Chen. t. 5. p. 1S4.
Nicol. de Braio. (b) Chen. t. f. p. 191. , C'étoit47750.liv.4.f.8.den. de la
monnoye d'aujourd'hui
,
à ne compter les Ecus
que sur le pied de 3. liv.
D qu'il
qu'il donna dattées de la Ville deSens au
mêmemoisd'août 1*115. que j'ai rapportées
dans le même Chapitredu Carm.
laire de ce Monarque, par lesquelles il
déclare aux Echevins,& aux Bourgeois de lamême Ville que leur Archevêque a fait
des dépenses si considerables pour les frais
du Couronnement de Sa Majesté & de la
Reine son Epouse, qu'il ne put les sup.
porter seul;c'est pourquoi il leur ordonne
- de porter telle part decette dépense qu'elle
en doive être contente , & de le faite au
plutôt, & sans contestation, leur déclarant
que quandmêmel'Archevêque voudroit
les décharger entierement de ces frais, Sa
Majesté ne le souffriroit pas. Marlot dit que quelques uns croyoient
que ces Lettres de Louis VIII. sont les
premieres où il soit fait mention de la dépense
que l'Archevêque de Reims étoit
obligé de faire pour le Couronnement des
Rois.
Je ne sçai comment ila pii alleguer
cette opinion sans la réfuser
,
d'autant qu'il
avoit déjà rapporté dans son histoire Ecclefiaftique
sous l'an 1179. les Lettres de
Guillaume de Champagne Archevêque de
Reims, CardinalLégat du S. Siege en
France, par lesquelles ce Prelat declare
que le Chapitre de sa Cathédrale ayant
payé partie de la dépense qu'il avoir faire
, pour
pour le Couronnement de Philippe-Auguste
,
sur ce qu'il leur avoir representé
qu'il avoir été obligé d'emprunter be.lwcoup
pour y satisfaire, il ne veut &
-
ne
prétend point avoir acquis par ce secours
volontaire,&qui est un
effet
de leur liberalité
à son égard, aucun nouveau droit
pour lui ni pour les successeurs Archevêques
, ni que son Chapitre en reçoive
aucun prejudice pour l'avenir. (a)
Ces Lettres font donc voir que celles
de Louis VIII. ne font point les premières
qui parlent de la dépense faire par les Archevêques
de Reims pour le Sacre de nos
Rois.
Sacre de SAINT L0VIS.
Saint Louis n'étant âgé que de
onze ans six mois & quatorze jours lors
du decès de Louis VIII. son Pere, qui
arriva le 8. Novembre de l'an 1226. Il
fut Sacré & Couronné le lendemain de
la S. André de la même année dans l'EgWe
de Reims par l'Evêqué de Soissons.
Nous apprenons cette époque d'une Lettre
des Archevêques de Sens & de Bourges
,des Evêques de Beauvais, de Noyon
& de Chartres, de Philippe de France
Comte de Boulogne, du Comte de Blois,
(a)Marlot. Tirfî,Remit, 2. p. 41jv
D ij d'Enguerrand
d'Enguerrand Sire de Coucy
,
d'Amauti
de Montfort, d'Archampaud de Bourbon
deJean , Sire de Neele, & d'EtienneComte
de Sancerre
, par laquelleilsinforment
Thibaut Comte de Champagne que Louis
VIII. prevoyant qu'il nereleveroir pasde
sa maladie, les avoir fait venir, & pour
éviterle peril dont le Royaume pouvoir
être menacé, leur avoir fait promettre
par ferment qu'ils feroienr Couronner Roy
.Louis sonfils aîné le plutôt qu'ils pourroient,&
qu'enexecution de ce ferment,
ilsavoient resolu defaire Couronner Louis
IX. le lendemain de la S. André, & qu'ils
l'inviroient à cette Ceremonie. -
Ces mêmes Seigneurs envoyerent plusieurs
Lettres Semblables aux autres -Evêquçs
& Grands duRoyaume, que j'ai tirées
du Tresordes Chartes duRoi Jeles
aitranscrites & placées avec les autres
preuves du premier Chapitre du Cartu-
Jaire. Hiaor-iÇJucd.eSaint Louis.Godefroi
les a rapportées dane le grand Ceremonial,
Tom, I.pag. 142. mais leprécis
G,dl très-malfait. Ces Lettres ont donné lieu à quelques
Auteursignorons ou mal intentionnez
d'avancer que Louis VIII n'avoitexigé
ce ferment qu'àcausequ'ilcroyait la succession
mal établie dans sa Famille; mais
ces
Auteurs,ontavancé un fait contraire j
i : au *
au langage des Papes, des Prélats & des
Historiens de ce tems. là
,
rien n'étoit plus
solidement établi que la succession à la
Couronne
,
& ÍÍ cet étàblissement avoir
paru très constant fous les deux premières
Races, il avoir encore paru plus solide
sous la troisième
J'ai fait voir ci devant en parlant du
Sacre de Hugues Capet, & par les autorités
que j'ai rapportées, que ce Prince
avoir succedé de plein droit après l'excluf16n
de Charles de France pour Forfaiture
& sa Felonie, & que s'il avoir fait Couronner
de son vivant le Prince Robert
sonfils aîné, ce n'avoit point été pour
lui affûter la Couronne
, comme disent
tousles modernes, mais parce que son âge
& ses infirmitez ne lui permettoient plus de
supporter seul le poidsduGouvernement,
il avoit besoin d'un Collègue quile soulageât
: ce que nous a pprenons des Auteurs
contemporains, (a) étant à observer
que les Rois Couronnez jouïssoient de
l'autorité Souverainedès ICi jour de leut
Couronnement.
Les Rois n'avoient pas besoin du consentement
des Grands pour faire Couronner
leurs fils. Preuve qu'il n'y avoit point
alors d'élection, ils les faisoient Couronner
(a) Glllb. Raoul Chen. t.4. p. 11.
Frag. Cron. Veter.Chen,t.4. p. 96b
de leur autorité Royale .& 41Js consulter
que leur propre volume.
On a vu ci devant que le Roi Robertfit
Couronner le Prince Hugues son fils,
û>é malgré les Grands du Royaume,(a)
6c ce Prince étant mort, Robert fit Couronner
Henri son second fils, malgré une
partie des Grands. (b) Ce qui lut auroit
été d'une impossibilitéabsolue s'il avoir
été au pouvoir des Grands de disposer de
la Couronne en faveur de qui bon leur
sembloit & si la succession n'avoir point
été solidement établie.
j'ai fait voir aussi qu'en remontant aux
tems plus éloignez, nous trouvons de nouvelles
preuves que la Couronne éroit non
seulement successive,mais même héréditaire.
J'ai observé ci-dessusque le Roi Philippe
I. étant mort, le Prince Louis VI.
son fils aîné se fit Couronner Roi à Orleans
par Daimbeit Archevêque de Sens,
quelques Grands du Royaume ne le vouloicnr
absolument point
,
d'autant qu'ils
avoient reconnu que ce Prince ne pouvoir
supporter leurs tyrannies. L'Archevêque
(a)Glaber.l 3.c. 9. p. 3'.
Helgaud. Chen. t. 4. p. 67. (b)GlabChen.t.4p.37.
Cron. Floriac, Ghen.t. 4. p. if-
FuJ- Epist.Chen. t.4. p.181.
de
de Reims s'y opposa par une autre raison
soutenant , que par un privilège special attaché
à son Egiife, c'étoit à luiàmettre
au Roy la ptemiere Couronne, ou à le
Couronner la premiere fois. (a)
j'ai rapporté à ce sujet que Ives de
Chartres
,
dont le seul nom fait l'éloge
chez tous les Sçavans, écrivit contre les
prétentionsde l'Eglisede Reims. Ce Prelat
dir en termes formels:
»Si nous consultons la raison
,
c'est avec
justice que nous avons Couronné Roi
» celui à qui le Royaume appartenoit par
» droit d'hérédité. (b)
Qui peut douter après un semblable témoignage
que la successîon hereditaire au
Trône ne fut très-solidement établie: il
falloir qu'en cette occasionIves de Chartres
parlât très juste, & qu'il n'avançât
rien qui pût être contesté
, ce que l'on
n'auroit pas manqué de faire : d'ailleurs,
on ne peut dire que ce Prelat se loit trompé
, & il n'etf pas à croire qu'un homme
de ce mérite & Grand Chancelier du
Royaume, n'ait pas été instruit à fonds
de la Loy fondamentale qui defere la Couronne
au Prince du Sang le plus proche
à succeder.
Suger, depuis Abbé de Saint Denis,
(a) Suger. chen.t. 4 p. 293.
(b) Epist. 40. Chen t. 4. p. 237.
premier Ministre d'Etat, puis Regent du
Royaume, avance aussïdemêmequeYves
de Chartres, que Louis le Gros étoit
l'heritier du Royaume. ( a )
Le même Louis le Gros ayant été couronné
fut quelques années sans se marier,
& demeura du temps dans l'incertitude
de ce qu'il seroit là dessus. Yves de Chartres
lui écrivit pour l'exhorter à se marier,
afin,disoit il, de donner au plutôt un successeur
au Royaume, pour confondre le
dessein des Grands, qui seroient ravis de
broüiller l'Etat, & pour réunir les voeux
de tous les François en un même Prince.(b)
J'ay aussi observé que Louis VI mourut
en 1136, & qu'il eut pour successeur
Louis VII
,
dit le Jeune, son fils aîné.
Les Auteurs qui parlent de l'avenement
de ce Prince à la Couronne, assurent
que toute la France témoigna une joye
extrême, &qu'elle ne fut si grande qu'à
cause que le Royavoit laissé un héritier
legitime, qui par son avenement à la
Couronne apporreroit la paix dans le
Royaume, & maintiendroit l'honneur de
la Monarchie; Que de plus un chacun
consideroit que l'Empire d'Allemagne &
le Royaume d'Angleterre n'avoient soufa
Gest. Lud. Cross. Chen t.4. p 18J.
b Yvon. CIIYnat. epist. Chen t.4. epist. 47» ~ï~~
f-ert
fert tant de troubles, & n'étoient déchus
de leur premiere grandeur qu'à cause que
le dernier Empereur & le dernier Roy
d'Angleterre étoient morts sans laiflfer
d'heritiers d'eux. (a)
Il est à remarquer que Henry V Roy de
Germanie ôc Empereur,étoit mort en
1125le 7.3 May sans laisser d'enfans, &
que la more avoit été suivie de plusieurs
guerres civiles, ses parensayant pretendu
que l'Empire leur appartenoit par droit
d'heredité, & plusieurs Princes de l'Empire
ayant deseré la Couronne Imperiale i
Lothaire, Duc de Saxe Suplimbourg. ( b)
Henry I. Roy d'Angleterre mourut aussi
le 3 Décembre de l'année 1135 ne laissantqu'une
fille unique nommée Mathilde ou
Mahaut.
Comme c'étoit la premiere fois que le
Royaume d'Angleterre tomboit en quenoüille,
il sur dechiré par quantité de guerres
civiles,(c) qui étoient encore dans
toute leur force lors que la France se réjoüissoit
de ce que le Roy Louis VI avoir
aGest.Lud.7.Chen t.4. p. 390.
b Apend.adLamb. schaf. Ad An. 1125.1126.
& 1128.
Sigeb. adAn. IIlf. 1127. & [eqq.
c Cron. Andeg.Ad an. 1135.
Beli. hist,des Ducsd'Aquit.p. 466.
Math. Paris, ad an. II 3 5.
Rilb. de À%Ionte,ape*d.ad Sigeb. ad tyt-, 1125.
laissé en mourant un successeur & un h.
ritier legitime qui étoit son fils.
Le Roy Louis VII donc l'avenement à
la Couronne causa tant de joye à la France,
fut tres long-temps marié sans avoir de
fils, n'ayant eu que des filles de ses deux
premieres femmes. Toute la France offroit
sans cesse des voeux à Dieu pour lui obtenir
un Prince qui lui succedât.Ils furent
exaucez par la naissance de Philippe II,
( il naquit le 20 Août 1175 ) qui sur pour
ce sujet surnommé Dieudonné. Nousavons
sur cela deux Lettres, l'une du Roy Louis
VII
, pere de Philippe II, surnommé Auguste;
l'autre de l'Evêque de Lizieux, au
mêmeRoy Louis VII.
La premiere est une Charte, par laquelle
ce Monarque donne trois muids de froment
de rente annuelle, à prendre sur la
Grange de Sa Majesté, située à Gonesse,
à un Serviteur de la Reine nommé Ogier,
en recompense de ce qu'il lui avoit apporté.
le premier la nouvelle que cette Princesse
étoit accouchée d'un fils. Voici la tradu
ction de cette Charte.
Louis par la grace de Dieu Roy des
François. Il y a long temps que tout le
Royaume- souhaittoit uniquement, bien
que sans effet, que Dieu par sa bonté&:
par sa misericorde nous donnât nufils qui
pût porter le sceptre aprèsnous,&gou-, veiner
verner le Royaume.Nousmême épouté
par le grand nombre de filles que nous
avions eu jusqu'à present, nous souhaitions
avec ardeur d'avoir un fils; c'est pourquoi
à present que cet héritier si desiré nous
est apparu, nous avons cru devoir recompenser
celui qui le premier nous a fait part
d'une nouvelle quia rempli de joye notre
ame & notre corps. Ainsi nous faisons à
sçavoir, &c. (a)
Arnoul Evêque de Lizieux écrivant à
Louis VII sur la naissance de Philippe Au<*
guste fils de Sa Majesté, se sert de ces termes.
Le porteur des presentes a rempli mon
ame d'une joie que je souhaittois depuis
long temps, & d'une joye après laquelle
moy & tous les François soupirions depuis
plusieurs années, & qui nous charme tous
.à present qu'elle nous est arrivée. Dieu
a visité son peuple, & a ouvert les entrailles
de sa misericorde à tout le Royaume
des François, lors qu'il nous a donné un heritier
certain, & qu'il a donné un Seigneur
legitime a tous les Grandsdu Royaume. (6)
Les Historiens contemporains qui para
Hist.dereb, Franc. Chen. t. 4 epist. 156,.
P.6e7--
b Epi./l.deYeb. Franc. epist. 233. Chen. t. 4.
P.64y.
lenc de la naissance de Philippe Auguste ,.j
disentaveclamême force qu'il étoit l heriticr
certain & legitime du Royaume. ( a)
Le Pape Innocent III écrivant au Roy
Philippe Auguste,reconnoît que ce Monarque
étoit parvenu au Trône par droit
d'hérédité. (b)
Le Pape Alexandre III s'étoit servi des
mêmes termes écrivant à Louis VII. (c)
Peut-on trouver des preuves plus autentiques
que la Couronne de France étoit
herediraire,que le fils y fuccedoit au pere
de plein droit, sans qu'il eut besoin pour
cela d'aucun autre que de celui de sa naissance?
Non content d'avoir rapporté une fuite j
non interrompuë, des preuves etc cette
succession hereditaire depuisHugues Ca- i
pet jusqu'à la naissance de Philippe Augufte,
c'est-à- dire depuis l'an 987 jusqu'à
l'an 1175, je crois en devoir rapporter
quelques autres jusqu'à Saint Louis petitfils
de Philippe Auguste.
Les Auteurs qui nous apprennent la
naissance de Louis VfII pere de Saint
Louis, arrivée le Lundi S, Septembre de
l'année1187 assurent que tous les François,
& même les Etrangers eurent beaua
Hist Lud. 7. Chen t. 4.p. 4Ij.
b Innoc. 111. epip.Bissus.t, 1. p 708.
c Chen. epist.87. 4. p. jj;.
coup
coup de joye de ce que Dieu avoir donné
un heritier au Royaume de France. ( a ):
Le Pape Innocent III dans sa Décrétai©»
Per Venerabilem, parlantde Louis VIII y dit que le Roy Philippe Avoiteud'Isabelle
Reine de France sa premiere femme, un 1
fils qui étoit l'heritier legitime de S»
Majesté. (b) ,
Ce Prince Louis étoit aussi reconnu &
regardé dansle Royaume comme l'heritier
legitime de la Couronne,& il avoit en
cette qualité une tres grande autorité dans
le Royaume.
J'ay trouvé dans les Archives du Châteaude
Foix, Diocese de Pamiers, une
Relation manuscrite, par laquelle on voit
qu'en 121 5 , lors qu'il alla pour la premiere
fois à la guerre contre les Albigeois,
: Simon Comte de Montfort& de Toulouze,
&c. & le Comte de Foix furent au
r devant de lui comme leur Seigneur, &
que le CardinalPierre de Benevent, Legat
du Saint Siege, eut peur que ce Prince,
comme fils aînédu Roy, & en cette qualitéhaut
Seigneur, des Païs où la guerre
se faisoit, ne voulur pas se servir assez de
sa pleine puissance & agir en maître; Que
ceux de Narbonne, quoi qu'engagezdans
le parti des Albigeois, reconnurent le
a Rigor.Chen. t. 5. Pi 24.
h Innoc.111,etiji. ixSJ. t. 1.p. 674.
Prince
Prince Louis pour leur Seigneur. L'Arche-
- vêque de Narbonne fit de même, & ce
fut par l'autorité suprême de ce Prince, &
en même temps par le Confcil du Légat
qu'il fit raser les murs de Narbonne. ( a )
Le Roy LouiseVIII éprouva plusieurs
autres fois pendant la vie du Roy ion pere,
qu'il étoit regardé comme l'héritier légitime
de la Couronne, & qu'il l'étoit en
effet,aussî y succeda-t'il de plein droit le
14 Juillet 1223 , & sans qu'il s'y sur formé
aucun obstacle il fut couronné d'un
consentement unanime, sans que personne
s'y opposât. De maniere que Louis VIII
étant fortement convaincu que la Couronne
de France étoit herediraire, c'est à
tort & avec malice que l'on ose avancer
qu'il ne crut pas la succession hereditaire
bien établie
,
lors qu'il fit jurer, aux Grands
qu'ils feroient couronner son fils; car il
est à observer qu'il ne leur dit point qu'ils
le feront élire pour Roy, mais feulement
qu'ils lui prêteront ferment de fidélité,
& le feront couronner le plutôt que faire
se pourra. Ce Prince ne leur demandoit
- que de la diligence pour le Sacre du Prince
ion fils, & rien de plus. Aussi les Auteurs
proches de ces temps-là, qui parlent plus
-au desavantage de la France, ne disent
a Pétri Monac, Val!.*C.rn*b hist. AUigflar.
81.Cbea.t.y. jt'.<;~.
pas
pasque la Couronne n'appartenoit point
à Saint Louis, mais ils disent feulement
que les Grands vouloient. avant toute
chose que ce Monarque ôc la Reine sa
mere remissent en liberté tous les Grands
qui étoient prisonniers,& qu'ils rétablissent
dans leurs biens ceux qui en avoient ,-
été dépoüillezpar les Rois Louis VIII &
par Philippe Auguste. ( a )
Lacause delaprécation de Louis VIII
venoit donc, non qu'il ne sur persuadé
que la Couronne étoit solidement affermie
dans sa famille, mais à cause du bas âge
du Prince Saint Louis son fils aîné. Ce
Prince étoit né le 25vril de l'année
il15> (b)ainsi le 8 Novembre 1226, qui
est le jour de la mort du Roy ion pere,
& le cinquièmejouraprès que Louis VIII;
eut exigé ce serment des Barons, le Roy
Saint Louis n'étoitâgé que de onze ans,
six mois& quatorze jours. De maniere
que Louis VIIIcraignoit que les Barons
ne profitassent du bas âge du jeune Prince
son fils, Se de l'incertitude des affaires
pour troubler le Royaume s'ils differoient
de le faire couronner;car on observe qu'en
ces temps-là les Rois n'avoient véritablement
de l'autorité que lors qu'ils étoient
couronnez; & que quelques-uns desBaa.
Math,Paris,ad an1226 p.231.
b Joinvitt. hist. de S.Louis, p. ij.
rons
rons ne se croyoienr pas entièrement obit*
gez à obéir lors qu'ils n'avoient pas encore
prêté ferment de fidélité. Ainsi je répété
encore une fois queLouisVIII ne prit
cette précaution que pour prévenir les
guerres civiles & les desordres qu'il prévoyoit
devoir arriver pendant la minorité
du Roy Saint Louis, s'il n'étoit prompte- -
Jnem sacré.
Si l'on ne douta pas en France que la
succession à la Couronne ne fut solidement
établie avant l'an 1226, que Saint
Louis sur couronné Roy, on douta encore
moins fous le Regne de ce Monarque que
la Couronne ne fut héréditaire. Nous en
trouvons- unexemple célébré fous l'an
ii-j9. Le Papeayantexcommunié l'Empereur
Frédéric, & l'ayant declaré déchu-
& privé de la Couronne Imperiale, à causedes
crimes d'apostasre & d'heresie, la fitoffrir
à Robert, Filsde France,Comte
d'Attois, frere de Saint Louis.
Ce Saint Roy fit assembler tous les
Grands du Royaume pour prendre leur
conseil sur cette offre. On resolut dans
cetteAssemblée de ne point accepterles
offresdu Pape, qu'après qu'on seseroir,
informé sur les lieux de la véritédescrimes
dont Frédéric étoit accusé.
Le Roy & l'Auemblée choisirent des
Ambassadeurs qui allerent trouver Frédé-
,
ric,
ric, &luiexposent le sujet pourlequel ilr
avoient été envoyez Ce Prince se justifia
devant eux des crimes donc il étoit accusé,
puis leur declara qu'en cas que les François
voulussent lui faire la guerre, il tâcheroit
de se deffendre.
J> A Dieu ne plaise, dirent- ils, que noes-
»attaquions jamais aucun Prince Chret*
tien, sans en avoir un juste sujet. L'am-
» bition rP nous fait point agir, nou*-
» croyons que le Roy de France notre Sou- )venin, que la feule raison du Sang
"tleve sur le Trône,est plus excellent-
»que quelque Empereur que ce soit, quiu
ne parvient à la Couronne que paris
élection : Il suffit à Monsieur le Comte
n Robert d'être frere d'un si grand Roy.
Cela dit, ils (e retirèrent avec l'amour &
la grace de l'Empereur. ( a)
Cette protestation que les Rois de France
ne parvenoienr au Trône que par le seul
droit de leur naissance, sefit par les Ambassadeurs
du Roy & de toute la Nation.
Elle se ni en 1239, c'est-à-dire treize ans
après que Louis VIII eut fait promettre à
quelques Barons de faire couronner auplutôt
son fils; précaution qu'il ne prit,.
dirent cependant les modernes, qu'à cause
que la succession à la Couronne n'étoit
point bien établie. Or qui devoir être
aMathieu Paris, ai un, 1239. p.;so.-
mieux
mieux instruit de l'usage pratiqué en 11
ou des grands Seigneurs de l'Etat & des
personnes d'un âgemeut, qui parloient
en 1239,c'est-à-dire treize années après;- ou des Auteursmodernes, qui sans autres
preuves que leur pretendue pénétration ,
ont écritplusde trois cens ans après tout
le contraire de ce que les Grands du Royaume
& les Auteurs contemporains ont
avancé : *
D'ailleurs ilfaut observeu que ce fait elb
rapporté par Mathieu Paris, ouvertement
déchaîné contre les François, & parconsequens
plus croyable en cetteoccasion,
qu'il est forcé de les louer, & cette protestationque
leRoy de France ne devoir
sa Couronne qu'à sa naissance se fait à
l'Empereur, & se fait d'une manière où
il est indirectement choqué;neanmoins
il ne le nie point, il le reconnoît pour
vrai, & renvoye les Ambassadeurs en
France, les assurant de son amitié pour,
eux & pour toute la Nation.
Il est donc sur & incontestable qu'en
1239. l'on étoitr persuadé
comme dans
tous les siecles precedens ,que l'on ne
parvenoit à la Couronne de France que
par la seule ligne du Sang, & non par
l'élection : néanmoins nous voyons qu'en
1248.c'est-à-dire neuf ans après, le Roy
Saint Louis eut la précaution qu'avoit euë,
, le
p Roy son pere en 1226. "sçachez,die
« Joinville, qu'avant le partir, le Roy
M manda à Paris tous les Barons de France,
,,& leur fit fairefoy& hommage & jurer
» que loyauté ils porteroient à sesEnfans,,
»s'aucun male avenoit de sa Personneu-
» au saint veage d'Outre-Mer. (a)
Les mal intentionnez pourroient dire de
là précaution de Saint Louis la même
chose que de celle deLouis VIII. néanmoins
ils se tromperoient autant pour le
moins que ceux qui ont raisonné sur celle
de Louis VIII. carenfin il est incontestable
que la succession à la Couronne étoitsolidement
établie, & que de l'aveu même
de route la Nation, parlant par ses Deputez
,
les Kois ne parvenoient au Trône
que par la ligne du Sang. Pourquoi donc
ces fortes de précautions ont-elles été prises
, si ce n'est pour empêcher les revoltes,
qui eussent pû survenir jusqu'à ce que les
Enfans de ce Saint Roy qui étoient tous
jeunes, n'ayant été marié que quatorze,
annéesauparavant
,
fussent devenus majeurs
?:
Sacre de PHI L 1P P Fi LE HARDI.
, La Ceremonie du Sacrede Philippe le
Hardi fils & successeur de Saint Louis fut- (a ) JoinyiH. hist. de S. Louis, par duCange,
p. ij-- faite
-
faite dans l'Egise de Reims le 15. Aoûtt
jour de l'Assomption 1271. parMilonde
Basoches Evêque de Soissons, le Siege de
l'Eglise de Reims étant alors vacant. L'Historien
contemporain de ce Monarque dit
que Robert Comte d'Artois portadevant
ce Monarque l'Epée de Charlemagne,suivant
l'usage qui s'étoit pratiqué aux Couronnemensdes
Rois depuis lamort dece~
Empereur.
Sacre de PHILIPPELE BEL.*
Le sixJanvier de l'année1285. à Il
maniere de comprer les années de cestemslà
que l'année finissoit à Pâques,ouen
1186. en commençant l'année au premier
Janvier, le Roy Philippe le Bel fut Sacré
à Reims par l'Archeveque Pierre Barbet,
Çc Couronné avec laReineJeanne son
Epuse; Philippe le Bel avoir succedé au
Roy Philippe le Hardi son pere, decedé
le 6 Octobre 1185,dans la Ville de Perpignan.
(a)
L'Archevêque de Reimsétoit tenu de
faire lesfrais du Sacre & du Festin Royal
qui le suivoit
,
mais il reptenoit sur les
Bourgeois & ses Vassaux les fraisqu'il
avoir faits, ainsi qu'il se pratiquoitdepuis leRegne de Louis VIII.comme je l'ay
observé cy-dessus, ausujet d'une Ordon-
(a)Nang.gest,Philip,III.Chen.t. s.P. H8.
nance,
nance, par laquelleil enjoint aux Boutgeois
de Reimsderembourser leurArche-
.vêque des frais par lui faitspourle Sacre
de Sa Majesté.
Pierre Barbetvoulant,selon la coutume,
tetirer lesfrais par lui faits pour le Sacre
de Philippe le Bel, taxa les Chanoines,
& les Religieux de Reims o leursHommes
; ce qui donna lieu à un procès devantle
Roy., l'Archevêque le perdit,
ayant été ordonné en 1290.que lesChanoines
, les Religieux & les Hommes seroient
&devoient être exem pts de cet
impôt, & qu'il ne devoir être levé que
surles Vassaux de l'Archevêque. (If)
Il est à observerquel'Archevêque de
Reims ne faisoit que les seuls frais du Couronnement&
duFestin Royal,c'est-à-dire
qu'il faisoit dresser cequiétoitnecessaire
dans l'Eglise, & payoit le Repas, les Rois
faisoient le restedeladépense,quiétoit
considerable.
UnRôletiré du Regrftae cotté Noster
de la Chambre des Comptes, & imprimé
par du Caoge;(b) nous apprend que la
dépense duCouronnement de Philippe le
Bel s'étoit montée à vingt-quatre mille
cinq. cens soixantlivres dix sols Tournois,
qUi faisoientdeux cens trente-sept
(a) Mirlvf. hist.Rom.l. 3. c.4j1. f.578.
JpiJ Maîs.4çjfrjiafiç,lij|,ç.4.1.1,p 155.
mille
mille quatre cens cinquante-sept livrés
trois fois quatre deniers de la monnoye
d'aujourd'hui, l'Ecu valant trois livres,
laquelle somme avoitétéprise sur le terme
de la Chandeleur. Ce Rôle apprend encorequ'il
en avoir coûte en 1285. pour
la Chevalerie de ce Monarque quatorze
mille fr-x cens quatre-vingts-quatre livres
douze sols Tournois, quiavoienr étéprises
sur la grande Recette de la Toussaint
de l'année precedente. Cette somme
,
qui
aujourd'hui paroîtpetire, étoit alors considérable
,
le montantàcent quarante-un
mille neuf cens quatre-vingts quinze liv.
seize sols quatre deniers de la monnoye
d'aujourd'hui, à ne compterles Ecus que
sur le pied de trois livres. ';.
Cet Acte est considerable
, parce que
l'on y reconnoît que le Revenu du Roy
étoit alors de deux millions trois cens
trente-quarre mille livres Tournois de k
monnoye de ce tems, qui font vingt-deux
millions huit cens soixante-deux mille liv.
de celle d'aujourd'hui., à ne compter les
Ecusque sur lepied de trois livres chacun.
Revenuqui donne le démenti à nos
Historiens modernes,& qui découvre en
même tems ou leur ignorance
, ou leur
malice , qui pourinsinuet que *lesimposions
étoient^alors beaucoup moins forotes.
qu'ellesne i'ttoCent lorsqu'ils ont. in-
:. '," , secté
:seété le Public de leurs Ecrits, ont re-
\pre[emé le Revenu du Domaine Royal
très-petit sousleRégne de Philippe le
Bel,soit qu'ils ne se soientpas donnéla
peine d'examiner ce que valoient alors les
monnoyes par rapportà celles d'aujour-
'hui ,
soitqu'ils ayent voulu flatter les
Peuples en décriant la conduire de nos
Monarques;maissi ces Frondeurs avoient
voulu ferieufemenc se donner la peine
pour s'en instruire eux-mêmes,& en informer
aussi le Public , ils auroient vâ
que les Impositions dévoient être alors
pourle moinsaussi sortes,& même plus
qu'elles ne l'ont été jusqu'à la fin du Regne
de Louis le Grand, étant àremarquer que
plusieurs Provinces qui font maintenant
réuniesau Domaine , ne l'étoient pas encore
fous les Regnes dePhilippe le Bel
,& de Philippe de Valois; & qu'ainsi ces
Monarques n'en retiroient que peu de revenu.
Oren 1185. que le Roy avoit de
revenu annuelvingt-deux millions huit
cens foixance-deux mille livres,monnoye
d'aujourd'hui, le Duché deBourgogne,
le Dauphiné, la Provence, la Bretagne.
l'Artois, la Flandres, & plusieurs autres
Pays qui rapportent à present des sommes
très-considerables
, n'étoient pas encore
Teunis au Domaine , & les Ducs, les
Comtes& les autres Grands qui lespof-
1 sedoient,
sedoient ,y levoienr les mêmes Droits
que le Roylevoit dans les Provinces réunies
au Domaine de la Couronne. Il est
vray que ces memes Ducs , Comtes &
autres Grands payoient quelques Droits à
Leurs Majestez, mais ces Droits étoient
infiniment au -
dessous de ce qu'ils retiroient
eux -
mêmes des Provinces qu'ils
possedoient avant leur réunion au Domaine
Royal.
-
Philippe le Bel étant de retourà Paris
après son Sacre, fut haranguéau nom de
l'Université par Gilles Colomne, qui avoit
été sonPrecepteur. Ce sçavant homme representa
dans sa Harangue qu'on devoit
parler aux Rois avec le mêmerespect qu'à
-
Dieu ,
d'autant qu'il les avoit établis ses
Lieutenans & Vicaires dans le monde pour
gouverner fous son autorité les Peuples
-de la Terre. Il representa d'une maniere
vive ôc. éloquente à ce Monarque qu'il
devoir cultiver avec soin touteslesVertus,
&particulièrement la Justice,afin
de merirer le surnom deJuste
,
qui n'a-
-
voit encore étp porté par aucun Roy qui
futconnu dans l'Histlire, & afin de rendre
à ses Peuples ce qui leur étoit dû. - : 1j. Louis X.ditHutin,filsde Philippe
le Bel, fut Sacré & Couronné dans
l'jEglife de R-cims. avec Clemence de
Hongrie
Hongrie sa femme,fille de Robert Royde
Sicile, le 3. Aoust 1315. par Robert de
Courtenai Archevêque delamême Eglise.
Il avoir été Couronné Roy de Navarre à
Pampelune le premier Octobre 1307.
1 5 1 6.
La Ceremonie du Sacre & du Couronnement
de PHILIPPE V. son fils, furnommé
le Long
,
fut faite dans l'Eglise de
Reims par le même Archevêque,le Dimanche
après les Rois 9. Janvier 1516".
La Comtesse d'Artois, belle-mere du Roy,
tint rang à ce Sacre entre les Pairs, non
sans indignation de quelques - uns, die
Godesroy, & l'Evêque de Beauvais y obtint
la préseance sur celui de Langres
1311.
,
CHARLES IV. dit le Bel, fils de Philippe
V. sur Sacré & Couronné à Reims
le 12.. Fevrier 1321. Le même Archevêque
Robert de Courtenai en six années
de tems eut l'honneur de Couronner trois
Rois. -
1328.
Y
PHILIPPEDEVALOIS VIe. dunom,
fut Sacré & Couronné dans l'Eglise de
Reims par l'Archevêque Guillaume de
Trie le 29. May,jour dela Trinité 1328.
avec la Reine sa Femme, Jeanne fille
de Robert II. du nom Duc de Bourgogne.
1350.
Le Roy JEAN, fils de Philippe de Valois,
fut Sacré&c Couronné dans la même
Eglise, avec la Reine sa Femme, Jeanne
Comtesse de Bourgogne & d'Auvergne
1
par Jean d'Arci Archevêque de Reims le
1(3. Septembre 1350.
1 364.
CHARLES V. dit le sage, fut Sacré 8c
Couronné à l'âge de 1 4. ans dans l'Eglise
de Reims, avec la Reine Jeanne, fille de
Pierre 1. Duc de Bourbon
, par l'Archevêque
Jean de Craon le 19 May 1364.
On trouve des preuves que quelquesuns
ne croyoient pas qu'un Roy dût être
reconnu & Couronné Roy,qu'après qu'il
étoit parvenu dans unâge à Regner par luimême
; & que cette opinion ou cet usage
subsistoit encore fous le Regne de Charles
V. Elle n'a été abolie que par diverses
Ordonnances du Roy Charles VI. dont la
derniere est de l'an 1407.
Charles V. Prince si Sage, qu'il en 1
merité le surnom, se sentant infirme, &
prévoyant qu'il laisseroit son Fils (Olt
successeur en bas âge
,
voulut abolir la
Loy & la Coutume, qui portoit que les
Rois de France ne dévoient être Couronnez
Rois que quand ils feroient parvenus
à une entiere majorité. Il en fit une, par
laquelle il ordonnoit que dans la suite les
Rois
Roisde France seroient majeursà 14. ans,
& qu'ils gouverneroient par eux-mêmes,
commes'ilsenavoient25. Cette Ordondonnance
fut faire à Vincennes au mois
d'Aoust de l'an 1374. (a) & publiée au
Parlement, le Roy y tenant son Lit de
Justice le 20. jour de May de l'année 1 57j
en presence du Dauphin,du Duc d'Anjou
, de plusieurs Archevêques, Evêques
& autres Grands,(b) -
Charles V. ne doutant point qu'il ne
mourut avant que le Dauphin son fils aîné
fut parvenu à l'âge de 14. ans, & vou- - lant prevenir les consusions presqu'inseparables
d'une administration qui seroit
une espece d'Interregne, le Dauphin son
fils ne devant être Couronné qu'après qu'il
seroit parvenu à une entiere majorité, resolut
de l'associer à la Royauté,& de le
faire Couronner Roy de son vivant. Il fie
faire à ce sujet les habits Royaux nocessaires
pour le Sacre, & à la veille <i'at~
complir son dessein
,
il tomba malade de
la maladie dont il mourut, (c) Ce Prince
(a) Godefr. Cercm. Franç. t. 1. p. 15*3.&
154.
Dapui. Trait. de la major, de nos Rois,p.
-79. & preuv. de ceTrait.p. 155.
(b) Dupui. preuv. du Trait, dela major, des
Rois, p. siss
(c) Hist. de Charl. V-I. par un Auteur anomm,
contemp. Se traduit par le Labour p. 4.
étant au lit de la mort fit venir les Ducs
de Bourgogne Ôc de Berri ses freres, ôc
le Duc de Bourbon son beau-frere
,
ôc
après leur avoir donné divers ordres &
conseils pour leGouvernement du Royaume
, leur dit:
y» Si vous recommande & encharge
» mon fils C harles, & en usez ainsicomo)
me bons Oncles doivent user de leur
%) Neveu,& le COllronne, Roy au plutôt
» après ma mort que vous paurez. (a)
Quelques jours auparavant le Roy Charles
avoir fait promettre par tous les Parens
de Sa Majesté, & par tous ceux qui étoient
alors à la Cour, qu'après son décès ils
serviroientfidelement le Dauphin Charles
son filsaîné. (6)
Charles V. mourut le Dimanche 16
jour de Septembre sur les deux heures du
matin.
Charles VI. son fils aîné suràl'instant
reconnu son Successeur legitime au Royaume
de France. Personne ne lui contesta la
successïon
,
mais on ne crut pas qu'il dût
être Couronné ni reconnu Roy, qu'après
avoir atteint l'âge de majorité. Le Conseil
fut partagé sur ce sujet. Dorgemont,
Chancelier de France, soutint qu'en ne
(a) Froissart. Vol. 2. c 56. t. 1. p. 97.
(b) Juvenai Hist. de Charl. VI. par Godefr.
p. y, de l'édit. du Louvr. in fol. en 1673.
devoi-t
devoir Couronner Roy le jeune Charles
VI. qu'après qu'il feroit majeur, suivant
l'ancienne Loy du Royaume,& qu'en attendant,
le Duc d'Anjou
,
qui étoit l'ainé
des Oncles paternels de ce jeune Prince,
auroir la Regence souveraine du Royaume.
Jean Desmaretz , Avocat General du
Parlement de Paris, l'un des plus sages
& des plus habiles Ministres de ce temslà,
soutint au contraire
, que pour éviter
tous les troubles qui procederoient du retardement
du Sacre de Charles VI. il falloir
que ce Prince fut Couronné incef-
: famment,étantsur que ces troubles quicommençoientdéja,
finiroient incontinent
après cette Ceremonie.
Il fit voir que pour éviter les malheurs
ausquels la France alloit être exposée
, on
pouvoit & on devoir déroger à toutes les
Loix & Coutumes qui ordonnoient que le
Sacre des Rois mineurs devoir être differé
jusqu'à leur majorité ; & pour faire voir
que cette dérogation n'étoit pas sans exemple,
il allegua ceux de Saint Louis ;&de
quelques autres Rois de la troisiéme Race,
qui avoient été Couronnez Rois avant
leur majorité.
Le conseil de Jean Defmaretz ayant été
appuyé par ceux qui opinerent après lui,
il fut resolu que nonobstant toutes Loix
f.& Coutumes contraires, le Roy Charles
VI. seroit Sacré incelfamincnt. (a)
Personne ne doute que la succession nefut
parfaitement bien établie fous le Regne
de Charles V. neanmoins ce Monarque fe1
donna de grands mouvemens pour faire
couronner Roy, le Dauphin Charles VI.
son fils, non pour lui assurer la succession
à la Couronne,parce qu'elle lui étoit af..
surée & incontestable, mais pour éviter la
confusion qu'il prevoyoit devoir arriver
fous une administration Souveraine, qui
devoit durer jusqu'à ce que ce même
Dauphin fut en pleine majorité.
1 3 80.
CHARLES VI. âgé de13.à 14. ans,
fut donc Sacré & Couronné dans l'Eglise
de Reims par l'Archevêque Richarde Pi-
.que)¿ic de Besançon,le25Octobre 1380.
1429. CHARLES VII. fut Sacré&Couro,nné
dans l'Eglise de Reims par l'Archevêque
Renaud de Chartres,Chancelierde France,
au moisdeJuillet1429. Il avoir déja été
proclaméRoy à Poitiers l'an 1422.
(a) Hist. de Charl. VI. trad. par le Labour. l.I.c.I. p.4.5.&6. Juvenal. des Ursins Hist. de Charl. VI.
p. 3. -
Cerem.Franç. t. I., p. 154.
Dupui, Trait. de la major. des Rois,p.82.
& 8j.
1461c,
1461.
LOUIS XI. fut Sacré & Couronné dans
l'Eglise de Reims par l'Archevêque Jean
Juvenal des Ursins
,
le 1 5. Aoust 1 461.
1484.
Le Roy CHARLES VIII. âgé de 13.à
14. ans, fut Sacré & Couronné à Reims
par l'Archevêque Pierre de Laval, le Dimanche
30. May 1484.
1498.
Louis XII. surnommé le Pere dn Tenple,
âgé de 36. ans, fut Sacré & Couronné
dans l'Eglile de Reims par le Cardinal
& Archevêque Guillaume Brissonnet
le 27. May 14'9
1514.
Le Roy FRANÇOIS 1. fut Sacré & Couronné
à Reims par l'Archevêque Robert
de Lenoncourt, le 25. Janvier 15 14.
- M4 7.
HENRI II. sur Sacré & Couronné i
Reims par l'Archevêquede la mêmeVille,
le28. Juillet1547.àl'âgede29. ans.
1559.
FRANÇOIS II. du nom, fut Sacre 8c
Couronné dans l'Eglise de Reims par le
Cardinal de Lorraine; Archevêque de la
même Ville , le 18. Septembre1559.
1 5 6 1.
La Ceremonie du Sacre & Couronnement
du Roy CHARLES IX. fut faiteà
Reims par le mêmeArchevêque, le 1 S.
May 1561. jour de l'Ascension.
I.J7S.
Le Roy HENRI III. fut Sacré&Couronné
dans l'Eglise de Reims le 15. Février
1575. par Louis de Lorraine, Cardinal
& Evêque de Metz. Le Siege de
Reims étoit alors vacant par le décès du
Cardinal Charlesde Lorraine, & Louis
de Lorraine son neveu nommé à cet Archevêché,
n'étoit pas encore Prêtre. Le
Cardinal de Guise ,Evéque de Metz, fit
l'office du Sacre, representant l'Archevêque
de Reims. Charles de Roussi
,
Evêque
de Soissons
,
fit les préstations, 8c
soutint que la prerogative de Sacrer le
Roy lui appartenoit en l'absence de l'Archevêque
de Reims; cependant ce Prelat
reçut & complimenta le Roy à la Porte
Je l'Eglise.
1594-
La Ceremonie du Sacre & du Couron.
nement du Roy HENRIIV.ditleGrand,
fut faire à Chartres parNicolasdeThou,
Evêque de la même Ville, le Dimanche
27. Fevrier 1594. La Ville de Reims
étoit alors dans le parti de la Ligue.
1 610.
Le Roi Louis XIII. fut Sacré&Couronné
dans l'Eglise de Reims le 17 Ouèo.
v bre 1610. par le Cardinal de Joyeuse,
reepresentant l'Archevêque de Reims.
1^54.
Louis XIV. dit le Grand, fut Sacré
& Couronné dans l'Eglise de Reims par
Mr le Gras
,
Evêque de Soissons ,* pendant
la vacance du Siege de Reims, le
7. Juin 1654
Messieurs du Chapitre de Reims ont
fait imprimer depuis peu le Procès-verbal
de ce qui s'est passé dans leur Eglise pour
cette auguste Ceremonie. Les Recueils
des Pieces qui ont été imprimées la même
année, en contiennentaussidetrès-amples
Relations. On peut y recourir si l'on souhaitte
d'en sçavoir le détail.-
VERBA ECCLESIASTÆ,.
Filii David, Regis Jerusalem.
LES DISCOURS DE LECCLESIASTE,,
Fils de David, Roy de Jerusalem.
fkemiez CHANT.
TOut
n'estquesanité, disoit l'Ecclesiaste,
Le brillant de l'esprit, celui de la beauté,
les tresors adorés, les honneurs pleins de farte.
Tout n'est que vanité.
Après avoir perdu lesmomens detavie,
A chercher ces neans dont l'éclat te séduit,
Mortel,voi de quel prix tant de peine est [uivic).
La mort en est le fruit.
Nous sommes renfermez dans un étroitespace
,
L'un naît, l'autre périt, tout change à tout
moment,
Et la terre immobile, est la Scene où se passe
* Un si grand mouvement.
L'Astre le plus brilla nt dans sa vaste carriere
De l'Aurore au Couchantvad'unrapidecours,
Et répandant par tout la vie & la lumiere,
Meurt & naît tous les jours.
Quand les vents choquent l'air d'une rude
secousse,
L'Univers ébranlé gemit fous leursefforts,
Puisayant c'puisé la fureur qui les pouffe * - Ils tombant comme morts.
L'Océan sans grossir devore tous les Fleuves
Qui sans se consumer lui fervent d'aliment,
1.1
Ils renaissent toujours, & leurs eaux toujoursneuves
,
Coulent incessamment.
*
On ne peut qu'admirer l'ordre de la nature,
C'èft aux vains curieux un abîme profond,
fIHus oncherche de jour dans cette nuitobscure
-
Plus l'esprits'y confond.
Comme Î
Comme en tous lieux le monde offre mille
merveilles, 1
Où le raifonnernent ne peut rien concevoir , Du moins à les entendre on s'use les oreilles,
Et les yeux à les voir.
En discourant des tempsnousnous plaignons
du nôtre
, -
Je croi qu'on seplaignoitde même autems
d'Hemor
,
Ce qu'on fait en ce tems se fera dans un autre,
Peut-être pis eucor.
l'oeil du jour qui penetre au centre de la terre,
Ec jusque dans les creux des abîmes de l'eau,
Aussi facilement qu'il penetre le verre,
N'y voit rien de nouveau.
Tel fut jadis fameux par d'illu!hc:s ouvrages,
Qui jusqu'à notre tems ne font pas parvenus; - Tel en fait aujourd'hui qui dans lesderniersâges
Ne feront plus connus.
Détaché quelquefoisdes foins de ma Couronne,
Je me fuis appliqué d'un esprit curieux
A creuser lanature
, & ce qu'elle environne
Dans le contour des Cieux.
Qu'ai je appris ? j'ay connu par mon experience,
Hemor, contcmfcramd'Abr*b&m, fW.
Que l'efpric veut en vain percer plus loin que l'oeil,
Et qu'en nous inspirant l'ardenr pour la science,
Dieu punit notre orgueil.
J'ai plus vu, je sçai plus que beaucoup d'autres
hommes,
Et de ce que je sçai je ne tire autre bien
Sinon d'avoir connu que tout tant que nous
sommes
,
Nous ne connoissons rien.
On veut être sçavant, ou du moins le paroître,
Que produit cet orgueil? des travaux superflus :
Tous les hommes font foux
, & qui ne croit pas
l'être,
L'est encore le plus.
Mon front en Israel est ceint du diadème,
Le peuple avec palisir y respecte mes loix :
1/on m'admire
,
& l'on croit que la sagessemême
Y parle par ma voix.
Et*effet j'ay connu la juste différence,
Du bien d'avec le mal, du vrai d'avec le faux,
Je l'ay fuë, & j'ay vù que cette connoissance
N'engendre que des maux.
Un sage soulevé contre l'erreur commune, :
S'indigne incessamment d-être parmi les foux,
UnSçavant qui méprise & grandeur & fortune ,
Est méprisé de tou
LETTRE
LETTRE
Ecrite par M. Manchart, DoCteUr
en Medecine, de stuttgarden Allemagne,
aux Auteurs du Mercure
Contenant quelques Remarques mtereffan+
tessur le nouveau Traité des maladies
des yeux, &c. par M. de S. Yves,
chirurgien oculistedeSaint Côme;
à Paris chez Pierre-Augustin le
Mercier, ruë Saint Jacques, àSaint
Ambroise.1722.
MESSIEURS,
Le Mercure a déja été le Messager fidele
& l'Arbitre d'une vive dispute touchant la
nature de laCataracte & leGlauccmedel'oeil,
aux Volumes desmoisd'Octobre1708 &
suivans, jusqu'à celui du mois d'Avril1709
inclusivement. Ces Pieces * ont emporté
es suffrages unanimes des Sçavans de
* Dissertation critique de M. de Woolhoufe
,
&c. sur La Cataracte & le Glaucome, à Offemback
-
sur le Mein, proche de Francfort, en l'année
1717. l'Europe,
l'Europe, ayant été traduites en Latin,en
Allemand
, en Anglois & en Flamand;
& l'adversaire le plus obstiné ( M. Heistery,
Docteur & Professeur en Medecine à
Helmestadt) a reconnu la vérité à la fin t & s'est retracté dans ses Vindiciæ(écrites
en Latin in iz ) imprimées à Altorff1718
Se dans son Cours d'opérations de Chirurgie,
écrit en Allemand, & imprimé in
4°.à Nuremberg l'année1719 : Je ne
doute nullement que M. Antoine Maître
Jean (II) n'eût fait la même démarche,
s'il avoir vécu jusqu'aujourd'huy;& comme
M. Brisseau, Professeur à Douay , ( b)
n'a pas trouvé bon de faire aucune réponse
à ces différents Discours, & auxexperiences
averées, publiées depuis sur cette matiere,
il est plus que probable qu'il cede aussi
la victoire. Voici pourtant une espece
d'Antagoniste nouveau qui veut s'acquérir
de la réputation, en reprenant les brisées
de ses devanciers distinguez ( à la page
*46 de son Livre)où ilpriétend que, ces
trois Meilleurs nous ont tiré de l'erreur
(a) Auteur du Traité des Maladies de l'oeil
, in <t°. imprimé à Troyes et) Champagne l'année
1707, qui sevend chez d'Houry en féconde
Edition. imprimée l'année 1711.
(b) Auteur du Traire de la Cataracte & dui
Glaucome, imprimé la féconde fois chef d'Bour!'"
cb l'année 170ei
OUoù
les anciens nous avoient jettez, faute
d'avoir examiné ce fait à fond.
Parmi les prétenduesnouvelles découvertes
dont l'Auteur du nouveau Traité se
vante, tant dans l'affiche qu'au titre du
Livres; On trouve à la page 9 de la Preface
son nouveau systeme sur la maniere
dont seforme la Cataracte. Ala page 241
il assure que ceux qui n'ont connu que des
Cataractes membraneuses,le font trompez
& à la page suivante il declare que
5» par vraie Cataracte il entend, avec la
Ȕ plupart des Modernes, l'humeurcryftal-
»line alterée,&non pas une membrane
»formée dans l'humeur aqueuse , comme
» l'ont voulu les Anciens.-
« Des exueriences sans nombre ont fait
»
reconnoître l'erreur de ces derniers
,
dit-
M il; cependant on voit encore plusieurs
« personnes qoi Partisans de l'antiquité,
»s'obstinent à soutenir l'opinion de ces
« hommes sages, qui cependant n'étoient
» pas infaillibles. Ils aiment mieux cher-
» cher des raisons dans les Auteurs pour
» appuyer leur sentiment, que de se ren-
« dre à des experiences évidentes, & s'en
sirapporter à leurs propres yeux.
A la page 6. de sa Preface, il parle d'un
»espece d'hommes, qui incapables de rien
Tt produire, se font un mérité de trouver
n des fautes dans l'ouvrage d'autrui
,
allai
bien
» bien que ceux,qui honteux d'avoirpassé
n toute leur vie dans dès idées fausses, ne
» peuvent se resoudre à convenir qu'ils
»se font trompez, qui conduits par leur
»amour propre, ne connoissent d'autres
« ressources que de tenter les moyens d'obw
scurcir les véritésqu'ils n'ont pu décou-
» vrir. Il est à remarquer que l'Auteur,
aux pages 3 & 4 de sa Preface, est obligé
de reconnoître les grandes difficultez de
la science d'Oculiste; il avoue que c'est
peu faire que de s'y appliquer entièrement,
& qu'il auroit été bien plus heureux dans
ses écrits & ses recherches, s'il n'avoit pas
commencé à s'y appliquer si tard & dans
Un âge si avancé.
Mais revenons au nouveau sistême de
notre Auteur sur la Cataracte, qui suffit
simplement pour faire le sujet de ces Reflexions.
A la page 252 M. S. Yves dit,
»que la Cataracte est une espece de mem-
>5
brane qui se remarque à la suite d'un
>9
épanchement de matiere purulente dans
»l'humeur aqueuse; & plus bas, la Ca-
» taraéle membraneuse, dit il, est une
m suite des ophtalmies de la choroïde &
»de l'uvée, dont les vaisseaux obstruez
»laissent échaper un pus blanchâtre qui
« se répand dans l'humeur aqueuse ce
« pus par sa viscosité
,
s'attache à la ciras
conference de la prunelle, & y fait pa-
53 roître
»roître une toile fine. H faut remarquer
» en partant que l'Ecrivain devoir dire
>5 vaisseaux ulcerés ou déchirés, au lieu de
» vaisseaux obftrliez Aux pages 256, 257
il poursuit l'explication de la pretenduë
nouvelle espece de Cataraéte membraneufc,
& il ajoute à la fin : Tous ceux qui
« soutiennent qu'il n'yaque les Cara-
9: ractes membraneuses qui réussissent
» par l'opération, ne nous ont encore
» donné aucune preuve convaincante de
»ce fait, s'ils avoient ouvert un oed,&
»qu'ils y eussent trouvé le cryftallin dans
M son entier, après la mort d'une personne
» à laquelle on auroit abbattu une Cata-
» racte de cette nature, & qui eîu vû après »l'opération dont le crystallin se seroit
»trouvé (ans altération
,
ils auroient quel-
53 que sorte de fondement à fourenir leur
33 opinion, & on les croiroit s'ils avoient
>3 fait voir plusieurs experiences de ce fait
j3 bien averées. Tour ce qu'ils ont donné,
33 est feulement la direction de quelques
» yeux auxquels on n'avoit point opéré,
>3 & où il s'est trouvé des Cataractes mem-
2) braneufes; au lieu que l'opinion con-
M traire qui soutient que presque toutes
» les Cataractes viennent par une altérais
tion du crystallin, est appuyée sur une
»infinité d'experiences averées, faitessur
» les yeux des personnes qui avoient soufv
fert
9) fert l'opération, & qui ont vû clair
» depuis jusqu'à la mort; ces yeux ayant
33 été ouverts, on a trouvé le cryftallin
» abattu conjointement avec lamembrane
w qui le recouvre.
Premièrement, dans la Lettre du R. P..
le Brun
,
luë à l'Academie Royale des
Sciences par M. de la Hire le filsdansla
naissance du nouveau Sistême de GafJend¡
adopté par M. Brisseau
,
M. de Woolhouse
produisit un fait & experience trés-authenrique
& bièn circonstanciée qui se trouve
à la page ij. desesDissertations Critiques
,
touchant une Cararacte membraneufe
qu'il avoit exprimée au nommé
Gabriel Coeq àl'Hôpital de Madame de
Montespan
, près S. Germain en Laye-
Ce malade mourut quelques annéesaprès!
à la Charité dudit lieu. La cataracte étant
remontée en partie, M. de Woolhouse;
cerna cet oeil du cadavre en presence de;
M. Conestable ( Médecin ordinaire du feaJ
Roy Jacques d'Angleterre) & il l'ouvrit;
en presence de Mrs le Chevalier Waldgrave
( Premier Médecin) Conestable & Wood
Médecins en second
,
& on y trouva une
petite membrane corriace, placée entre
Piris & le ligament ciliaire }
l'humeur
crystalline éranr bien saine & transparente,
excepté une ternissure au milieu, causée
pearxle frpottemeentdruciorpes étnrangecr. Ceetteexpérience
est infiniment plus juste
,
détaillée
& precise que toutes celles que les
adversaires des Anciens ont encore pu ramasser
,
puisque toutes leurs preuves font
faibles, comme celle de M. Antoine Maître-
Jean
,
qui n'est appuyée d'aucun témoignage
,
& celle de notre Ecrivain à
la pag. 146* du Traité en question, oît
il n'y a eu que M.Mery present, l'Auteur
auroit dû avertir M. de Woolhouse
d'y assister
,
puisque c'est lui ( à ce qu'on
prétend) qui en avoit fait l'opération youtre
que j'ay entendu dire fort souvent
à M. de Woolhoufe que d'abord en voyant
cet homme il déclara à M. de Saint-Yves
en presence de M. Thuilliet Medecin,
que la Cataracte de ce Jardinier étoit
compliquée avec le glaucome du cryftallin,
& qu'il n'en verroit gueres mieux après
l'opération; cependant M. de Saint-Yvesne
déclare pas sicemalade a recouvré la
vue, ou non. Quoiqu'il en (air, cet éclaircissement
de M.deWoolhouse avoit donné
alors une leçon si salutaire à M, de Saintr
Yves, que quelques années après ayant
fait l'opération de la Cataracte au R. P.
Jesuite au College de Louis le Grand,
ruë S. Jacques
y
il déclara après avoir
t operé
,
qu'il y avoit encore une autre Cataracte
en derriere
,
& qu'il falloit en attendre
la maturité. Le R. P. Tournemine
qui
qui rapporta ce fait,en fait foy dans un
de ses Journaux de Trévoux, il y a 7 ou
1 années. Outre la precedente experience
de S. Germain en Laye, n'yena-t'il pas
icix autres de M. Gessler
,
Chirurgien de
l'Hôpital du Saint-Esprit à Nuremberg
dont deux font , décrites dans les Mémoires
de Trevoux du mois deMay 1718dont
le Certificat original signé par cinq Médecins
,
reste en dépôt entre les mains du
R. P. Tournemine, & on le peur lire au
long dans ledit Mémoire. Environ deux
années après ces deux premieres, M.
Gessier fit inferer dans le Journal XXVIII
des Sçavans, du Lundi 22. Juillet1720.
quatre autres notables experiences de Ca.-
taractes membraneuses abbatuês; lesmalades
ayant bien recouvré lavue, & vécu
quelques années après l'opération, sélon
toutes les circonstances que M. Saint Yves
exige (d'après M.Heister) dans son Traité.
Les Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences de 1719. font mention de deux
premieres expériences de M. Gessler, lues
à l'Academie par M. Geoffroy, Docteur
& Professeur Royal en Medecine. La Ca.
taraéte membraneuseque M. de sistre pro.
duisit dans PAlfenlblée de l'Academie , ( dont leurs Mémoires font mention) fufsisoit
pour convaincre toutes personnes
desinteressées & de bonne foy de la defi-
-x nition.
nition de l'existence & de la réalité des
vrayes Cataractes membraneuses. M.
Gastaldy
,
Doctceur & Professeur en Médecine
à Avignon,a fait de ces deux premières
experiences de M. Geisser le sujet
d'une These abregée dans le Journaldes
Sçavans du 6 Fevrier 1719 ,
& le fameux
Certificat est annoncé au Mercure du mois
de Juillet 1718; les Acta eruditorum de
Leipsîckde l'année 1720,font auui mention
deces deux experiences, puis le Journal
des Sçavants du 18 Novembre1720
> fait rapport de 19 Cataractes membraneuses
qu'on a vues depuis le commencement
de cette dispute. On a fait aussi
mention dans ce Journal de la maladie de
l'Empieme
, ou ,
suppuration intérieure de
l'oeil, que Gallien( dans son introduction)
nomme Diapyesis, & que M. Saint Yves
substituë à la place de la Cataracte membraneuse,
quoique Galien ait suffisamment
refuté cette méprisegrossiere il y a près de
2.O<JO années. Dans la Diapyefis, ou suintement
& ulcération interne de la Choroïde
le malade souffre beaucoup, I'oeil est rouge
, enflamé & larmoyant; mais dans la
naissance de la Catarade membraneuse
le malade , ne sent aucun mal,& la Cataracte
se forme très - lentement. Dans la
Diapyejts la congestion & concrétion de la
matière boiseuse se fait en peu de jours,
ôc
& à vued'oeil,& la vue s'éteint tout-à.
fait. Pas un en cent en revient par l'opération
de la Cataracte , & on y fait une
différente opération, que M. Saint-Yves
ignore. Dans la suppuration
,
nommée en
terme d'Art Diapye]îstl'oeil est atrophié ou
grossi & terni contre nature, & la prunelle
cft ordinairement percluse, irreguliere Se
embarassée de certaines pendeloches ÔC.
distensïons des fibres de Piris & elle ne
retient jamais son ressort naturel, comme
dans la veritable Cataracte des Anciens
dans la Cataracte, le bulbe de l'oeil retient]
sa grosseur, tournure & forme naturelle»]
Enfin Galien ( parlant de lamatiere puru-j
lente de l'Ophtbalmie, au 19. Chap. du 1
Liv. de sa Thérapeutique, nous enfeigncl
que la matiere de la ~Dtapyefts(qu'ilyappelle
la Pyefis ) est moindre en quantité,8c
plus pesante que n'est la matiere lympha-i
tique de la suffusion ou l'hypochyme naif-j
fante;deforte que la nouvelle définitions
de la Cararacte membraneuse de notre Au-I
reur,est justement le revers
numerique.
& specifique de celle que Galien en donne.!
danssonsgoge ou Medicus.»Dyapiejïsi
r»
(suppuratio) est htttnor exiguus in DphthAl-,
"mlâ collectus
, qui ~dijîfcultcrévaporât â
a ac ~JifèHtitsrCataratlâ ficcior. Y
Il vient encore de paroître une autre
These, au sujet de la Cataracte, de M. l
Docteur
Docteur Freytag le fils ( Medecin Oculiste
de pere en fils à Zurich) & ainsi moins
sujet à le méprendre sur ce fait, qu'un
autre. Le Journal des Sçavans du Lundi
9 de Mars 1722. en sait- un récit succint.
On y appercevra bien,non pas feulement
que la Cararacteest membraneuse (comme
ont dit les Anciens) mais qu'on l'a tirée
de l'oeil, en presence de témoinsirréprochables,
par une éguille à crochets. Lefeu
Sgnr Lllnâft, Medecin du Pape,fit aussî
sçavoir à M. de Woolhoufe par une Lettre
écrite de Rome, au mois de Janvier 1719-
qu'il y avoit rencontré trois pareilles Cataractes
membraneuses , dans les yeux de
cadavres humains. Cette Lettreaétélue i
l'Académie Royale des Sciences:le même
Sgnr Lancisi fitpart de ces rencontres à
I'Academie des Chirurgiens de la Nation
d'Allemagne, dont il étoit membre, & le
Journal de Leipsick, de l'année 1719 en faitrapport. Enfin, M. Winilon a rencontré
deux ou trois fois de semblables
Cataractes membraneuses, ce qu'il a avoué i M. de Woolhouse. Il en a fait part de
quelques - unes à l'Academie Royale des
Sciences.
M.deSaint-Yvessoutient, à la pag.19 • de son Livre,que la chambre posterieure
du globe de l'oeil est très-petite, &qu'elle
contient très-peu d'humeur aqueuse. Opi-
H nion
nion empruntée du Livre de M. nriffcatl
& de M. Heister dans son Anatomie, ce
queM. de Woolhouse a refuté bien au
long dans le Journal du i3 Novembre
1720. M. Reneaume,Docteur en Médecine
de la Faculté de Paris, Membre
de l'Academie Royale des Sciences
,
&
Medecin de la Charité,estrétnoin de la
dictée d'une Observation nouvelle sur la
Cataracte & sur le Glaucome des Anciens,
qui n'a pas encore été publiée. La voici.
M. Pinson,Chirurgien François,ana,
ché au Prince de Hohenzollern,dit à M.
de Woolhoufe , en presence de M. Reneaume
,le 1x Mars 1722.que lui ledit
Pinson en faisant les opérations de Chirurgie
dans le Theatre de l'Universitéde
Zubinghem,avec le Docteur Zeller (mon
beau-pere) premier Médecin du Serenissime
Prince de Wurtemberg en 1715. sur
le cadavre d'une fille;
Cette fiile, âgée de 35 ans , eut la téte
tranchée à Stourgard, pour avoir deraic
son enfant; il y avoit dix ans que cette fille
éqtuoeit aveugle,& ne voyoit point, sinon
dans les beaux jours elle discernoit les
rayons du Soleil, sans distinction specifique
d'aucune espece d'objet. 1
En faisant l'operation de la Cataracte fug
l'oeil gauche, je m'apperçûsque le crystallin
ne resisioit pas à l'éguille, & étoiot
molasse,
molaIre-, de forte qu'en l'abattant, il s'en
alloit par morceaux ( chose à laquelle je
ne m'attendois point) parce que j'avois
plongé mon éguille à l'ordinaire ; mais le
crystallin déplacé s'étoit avancéen devant,
& les assistansapperçurent distinctement
le crystallin qui s'en alloit en pieces.
Enréiterant cette manoeuvre surl'oeil
droit (après avoir plongé l'éguille à l'ordinaire
) je sentis une membrane dure&
coriace,qui resistoitàl'éguille ; de sorte
qu'après l'avoir détachée, avec quelque
peine,d'environ la huitiéme partie de sa circonference
,si j'avois vqulu aller plus loin
j'aurois dechiré l'Iris. ,
- L'envie d'examiner l'état de cet oeil.
m'arrêta,de sorte que je tirai l'un & l'autre
oeil de leurs orbites, & par l'examen ,
après l'ouverture
,
je trouvai dans le premier
le crystallin çn plusieurs morceaux , & d'une substance molasse. Il-
Dans le second
,
le crystallin,toutan
contraire, étoiten sa place naturelle, &
dans un état parfait, n'étant alteré en aucune
maniere, car il étoit auili beau qu'on
en puisse voir, d'une belle transparence,
on s'en servit même aux experiences sur
de l'écriture, pour voir s'il feroit son
effet, & l'experience réussir.
Quant à la Cataracte
,
ou membrane
-
dont nous avons parlé, laquelle faisoit tout
le defaut de l'oeil droit, & empêchoit la
vision: sa dureté étoit si considérable, &C
elle étoit si adherante aux ligaraensciliaires
, que l'on auroit plutôt rompu & dechiré
l'Iris, que de la détacher : la couleur
de cette membrane tiroit sur le bleuâtre,
& pouvoitavoir un tiers de ligne d'épaisseur.
Le Docteur Zeller ( premier Medecin
du Duc de Wirtemberg ) a décrit cette
opération, avec toutes les circonstances
de l'observation, bien détaillée.
Enfin tout l'Univers presentement ce.
connoît la verité des Cataraaes membraneuses
, ôc des Glaucomes des Anciens,
que M. de Woolhouse a defendu depuis
l'origine de cette Controverse
,
dont les
deux Lettres, adressées au R.P. le Brun,
font foy, ôc les sçavans Adversaires de M.
de Woolhouse en conviennent. Il en adévelopé
tout le secret d'abord
,
& à present
on en est tout convaincu. C'est lui qui
nous a appris la différence de la vuërétablie,
après l'operation,d'une Cataracte
d'avec un glaucome; comment on distingueroit
l'un de l'autre mal; qu'il y avoit
bien plus de Glaucomes que de vrayes Cataractes
; que les Coureurs, Empiriques,
& Batteurs de Campagne ne font aucune
distinction de ces deux maladies;& que
les Charlatans & autres Avanturiers n'en
ont jamais voulu reconnoître la difference;
&
& -que si Paulus Æginita
,
Oribasius Se
Afinanus disent qu'il y avoit des gens qui
ne faisoient aucune distinction entre les
Cataractes & les Glaucomes, il falloit les
entendre en ce sens-là; puisque ces
Auteurs declarent aux mêmespassages
très-formellement leur opinion,conforme
à celle d'Hippocrate & de Galien sur cet
article important.
Nous finirons ces Remarques sur la Cataracte
par deux passages notables du nouveau
Traité. La premiere, est à la pag.
316.» Il arrive quelquefois qu'en rele-
» vant l'éguille
,
le corps de la Cacaracte
« tient à la pointe. Pour lors on tient la
"po,nec panchée en bas, on leveunpeu
» les deux doigts qui posent sur là temple,
»on ftappe adroitement un petitcoup de
« ces deux doigts sur la temple. Cela cause
« un ébranlement ou tremoussement à l'é-
« guille, qui fait que le corps quiytient
»tombe de lui-même en abandonnant sa
m pointe.
Ceux qui ne font pas Connoisseurspeuvent
trouver de l'admirable & du merveilleux
dans le passage susdit ; mais quand
ils liront le second Paragraphe de la pag.
317. 11 L'Operateur doit être attentif aux
« differens mouvemens que les malades
»donnent quelquefois à leurs yeux, afin
a» qu'il gouverne son aiguille suivant ces
à) mouvemens, sans quoi il lui peut arriver
)) de piquer l'Iris, d'en couper lesfibres
» qui en font la rondeur, en un mot de
>3 gâter & perdre l'oeil du malade. Ils feront
bien attention que ce prétendu tour
d'adresse ou d'artifice & souplesse du cliqueris
des doigts en frapant sur la temple,
n'est rien.Par cette methode on court grand
risque de gâter entièrement Poeit, pour
se tirer d'un mauvais pas où l'Operateur
s'est engagé, en méprenant le crystallin
pour le corps étranger de la Cataracte. En
pareilles rencontres l'Oculiste circonspect
& habile retire un peu la pointe de son
éguille du corps du crystallin glaucomatique,
ou, si c'est une vraye Cataracte,
il est obligé de la hacher & de la briser en
plusieurs parcelles
,
selon l'instruction excellente
de celsus, au Livre 7. »De Na-
» turâ Oculorum, & corum suffusione ea-
J3Jem acu magis concidenda
,
& in plures
»partes dissipanda est
,
qrto singuloe&faci-
» liùs conduntur & minus latè officÙmt.
Je fuis, MESSIEURS >8cc,
SECOND
SECOND CHANT
DE L'ECCLESIASTE.
J Eveux, disois je un jour, me plonger dans
la joye,
Employer aux plaisirs les biens que Dieu m'envoye
;
Vive la volupté.
A peine eus je connu cette joye insensée
,
Et ses appas trompeurs, que centre ma pensée,
Je m'en vis dégoûté.
Etvoulant reveiller mon ame enfevelic
)
Dans l'assoupissement d'une aveugle folie
>
Qui me faisoit horreur;
Incertain, inquiet, & toujours plein de donte,
Je pris divers sentiers
,
& tombai dans la route
D'une nouvelle erreur.
Ebloüi par l'éclat de la magnificence, -
J'entrepris de bâtir des maisons de Plaisance i
Et des Parcs spacieux.
"!"
Je plantai des Jardins,où les Arbres sans
nombre,
; Au lieu d'utiles fruits ne donnoient que de
l'ombre
Et du plaisir aux yeux.
Là je fis, au milieu des jaspes & desmarbres,
Murmurer & faillir sur la cime des Arbres
Le cristaldesruisseaux.
Et traçant à leur onde une voye inconnuë,
Je leur apris à joindre aux vapeurs de la nuë
Le pesant faix des eaux.
J'étois environné d'une garde inutile -,
Dont la foulenombreuseen marchant parlaVille
Causoit mille embarras.
- Le pavé gemissoit fous mes grands équipages,
Et l'Idumée à peine avoir assez d'herbages
Pour paître mes haras.
Mes Repas refonnoient d'un concert delectable.
Les Vins delicieux n'approchoient de ma--rabJe
Que dans des vases d'or.
- Le poids de ma Grandeur accabloit les Provinces
,
Et toujours la substance & du Peuple & des
Princes
Remplissoit mon Tresor.
Israël desolépar mes foles dépenses,
Prodiguoit son encens àtant d'extravagances,
- Pour complaire à sonRoy.
Mais
Mais la vaine louange & lafollerichesse,
Ne pûrentétouffer un reste de Sagesse
Qui respiroit en moi.
Ce qu'enferme la Mer
, ce que produit la
Terre,
Ne sembloit à mes yenx formé que pour leur
plaire,
Et pour les rejoüir.
La grandeurmarche t'erte avec la temperance?
Et peut-on se trouver toujours dans l'abondance
Sans vouloir en joüir ?
Enfin defenyvré des vanités mondaines,
Qui coutent millefois plusds soins& de peines
Que leur plaiiir ne vaut ,
Je sentis dans mon ame une atteinte mortelle,
D'avoir tant travaillé pour une bagatelle
Qu'on doit quitter si-tôt.
Je discourois ainsi sur le peu que nous sommes,
Roy de tout Israel. je Ó;as parmi les hommes,
Le plus auguste lieu.
J'ay sur les autres Rois d'insignes avantages,
Mais que suis je ? un Mortel
, & que font mes
ouvrages,
Au prix de ceujp de Dieu >
LeSage~suit en tout la raison quil'éclaire,
Le fou tête baissée agit en rcmeiàirc,
Et l'erreur le conduit.
Mais ils ont même fin
,
commemêmenaissance,
Quoi qu'entr'eux il se trouve autant de diffé-
Tcncc,
Que du jour à la nuit.
De quoi ~sert le génie à ces hommes célébrés>
Puisqu'avec tant de foux dans les mêmes tcoebres
,
Le tombeau les confond
Croyons - nous qu'à jamais nos monuments
demeurent
, Tout passe avec le tem ps, & les ouvrages meumeurent
Comme ceux qui les font.
Mon coeur contre la mort se souleve
, 8c
s'irrite
OMort! qui ne connaît ni vertu, ni merite,
Tu nous rends tous égaux.
Nous sommes tous su jets à cette Loy barbare,
Et dans le même instant un héritier s'empare
Du fruit de nos travaux.
Un
- Un heritier indigne, un scelerat peut être,
Sousombre que chésmoi le hazard l'a fait Dare'
Joüira de mes foins.
Mais eût il des talens d'une gloire immortelle
Mes yeux dans les horreurs de la nuit éternelle
v En ferontils témoins ?
L'ambition nous livre aux gênes les plusrudes
Le jour ce n'est qu'efforts, la nuit qu'inquiétudes,
Jamais qu'émotions.
Je n'ay que trop senti ce que la grandeur
coûte,
Et je doAAistccoueetssernrétieefrflleleexrexpiooisonqusnej.se.goate
Aujourd'hui tout à moi sans souci
,
sans fatigue
, Jevistranquillement des biens que me prodigu
La Divine Bonté.
Etre en paix dans soname ,&content de soi.
même 1
C'est un present que Dieu ne fait qu'à ceux qu'i
aime,
Et qui l'ont mérité.y
Mais il dfonlneüaux meêchsans,des peines super Des foins tumultueux
,
des passions aigües
,
Dont leur coeur se repaît.
Il imprime en leur ame une cruelle attache
Aux grandeurs, aux tresors, que sa main leur arrache
,
Et donne à qui lui plaît.
La Lettre qu'on va lire, ne nous fut
pas remise IIjJ"'i. tôt pour être inserée dans le
dernier Mercure*
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
J E me HÔte
,
Messieurs
,
de rendre justiceà
Ml'Abbéde Vayrac. Je demandois
qui était son garant de ce qu'il assure dans
votre dernier Mercure,où il dit que Guillaume
fils aîné d'Etienne Comte de Blois,
portait l'extravagance jusqu'à se qualifier
Seigneur du Soleil, que c'est ce qui le fit
priver du droit d'aînesse, & qu'il n'eut en
partage que le Comté de Chartres. J'ignorois
faute de Livres d'où il avoir tiré des
faits si cur eux; mais je me suis défié depuis
que ce pouvait être de l'Histoire de
Blois par Bernier; je l'ai cherchée, & je
les y ai trouvez page 295. Ainsi voila
M. l'Abbé de Vayracà couvert de ce côtélà
, & c'est à lui feulement à voir s'il
pourroit-ensuite produire aussi les garants
de
de Bernier; car celui-cin'en cite point,
& comme j'ai eu l'honneur de vous le dire,
je ne vois pas que ce Guillaume ait été
traité d'extravagant par les Auteurs de son
temps. Yves Evêque de Chartres se plaint
bien de sa violence dans ses lettresi 1; mais un Prince ne peut-il point être
violent sans être fou? Je vous ai déja raporté
un passage d'Orderic, qui ne donne
nullement de lui cette idée; & voici encore
un autre passagedumême Historien
1 qui ne lui est pas moins avantageux: (Stephanus, dit-il,Comes Blesensis)filios
quatuor,Guillelmum,Theobaldum,Stephanum
& Henricum ex proefatâ conjuge
genuit, quorum tres priores sunt patentes
Consules
, & inter Maximos Francorum
computantur, & Anglorum Proceres. p. 5 74.
J'avoue donc que je ne puis me resoudre
de croire que ce Guillaume sesoit dit Seigneur
du Soleil, si on ne me le prouve par
quelque témoin digne de foy
,
c'est-à-dire,
qui approche au moins de son temps; de
je n'en connois pas.
# Comme j'ai observé que la Maisonde
Sully issue de ce Prince fondit par une
heritiere dans lesMaisonsdela Tremoille
& d'Albret, je fuis bien-aise d'ajouter ici
que ce ne fut que pour la branche aînée,
& qu'une branche cadette ne finit qu'environ
cent ans après, dans le seiziéme Siecle
; on en rrouve la genealogie bien deduitedans
l'Histoire de Berry par la Thaumassiere.
Je fuis, &c. Ce 20 May 1721..
VERS SUR L'AMITIE'.
Par M. deR* * *
Qui avait engagél'Auteur à travailler
sur cette matiere.
L'Amitié
n'est point dangereuse
,
Ses sentiments,Iris, font pris de la candeur;
De l'honneur on la voir toujours ambitieuse,
Et son nom n'a jamais alarmé la pudeur:
Un coeur tranquillement peut goûter tous ses
charmes,
Ilestà l'abri des alarmes,
Qdil souffre dans les fers de l'Empire amoureux:
Elle a des sentiments plus grands, plus genereux.
Que ceux qu'inspire la faiblesse ;
Quand un objet aimable exige sa tendresse,
Conduire par lesloixquedicte l'équité,
Elle n'a d'autre but dans les voeux qu'elleadresse,
Qu'à s'assurer de sa fidélité. -
Chez elle on ne sent point de contrarieté,
Dans chaque occasion paraît sa complaisance;
Mais une fausse bienséance
Ne
Ne lui fera jamais choquer la probité
,
Et sa langue n'agit que pour la verité.
Elle eut toujours la franchise en partage,
Le vice par elle est repris
,
Et de la vertu feule elle exalte le prix.
Quand de deux coeurs choisis elle fait l'assemblage,
»
On voit en eux les mêmes mouvements ;
Si du plaisir ils font usage ,
Il leur devient un commun avantage,
Et les unit de sentimens.
Le noir chagrin vient-il leur causer des alarmes,
Ilspartagententr'euxleurssoupirs&leurs larmes,
Une tendre union leur fait alors trouver
Un bien qu'un fort fâcheux n'a pu leur enlever.-
Dans ces cruels momens l'Amitié secourable
Triomphe de l'adversité ;
Son visage se montre encore plus aimable,
Qu'il ne fut au milieu de la prosperité;
Saconduite est invariable,
Rien ne peut ébranler sa generosité.
Telle qu'aux heureux temps d'Astrée,
Au sordide interêt elleinterditl'entrée,
Et de l'ambition son esprit combattu
Réunit ses souhaits dans l'unique vertu.
Chez le Sexeelle est peu d'usage,
L'Amitié ne rait point change..
L'Amour, ce petit Dieu volage
Convients
Convient mieux au Sexe léger.
Mais vous, que la Sagesse éclaire,
Qui vous placez par elle au dessus du vulgaire,
Iris, dont les vertus secondent la beauté ,
Votre ame a trop d'égalité,
De prudence, de fermeté,
Pour oser écouter un Amour temeraire;
Avec moins de danger, plusde reticite,
Prêtez-vous aux desirs d'une Amitié fidelle
,
Que nos deux coeurs unis en forment le modelle,
Et pour remplir un fort si doux,
Rendez viste à mon coeur ce qu'il ressent pour
vous.
L'Orgue, les Tet/x, & le Lutrin, sont
lesmots des Enigmes du dernier Mercure.
PHEMlEF^E ENIGME. J
E supplée au defaut de l'ingrate Nature,
Je porte&suis porté, je pare& défigure;
Je fuis sans crime, & l'on me pend.
Ma tête est sans cervelle, & non sans agrément
Souventje n'ai point d'yeux, & souvent j'en a
quatre.
Sans vigeur&sans bras, j'ai du talent pour battre.
J'allume le courage,&j'inspire la peur.
Je fers sansinjustice,uneinjuste fureur.
Je fuis ~dur
& poli, chéri de tous les âges.
&Tns voir aucun ~Païs
)
je fais de longs voyages
Du
Du fard assez souvent j'emprunte les appas. - Je faisappercevoir ce que je ne vois pas.
Grqff batteurde pavé ,toujoursprêtàl'escrime»
Je faiségalement,&je punisle crime.
J'attaque, je défends, j'arrête & je poursuis.
Tu me vois tous les jours, devine qui je suis.
SECONDE ENIGME. CE n'emst paes lra igrtaend,eur qui me donne un
Ma naissanceest très vile,&ma taille petite;
Je puis donner à l'homme une utile leçon, »
Sans avoir d'un Docteur ni la voix, ni le ton;
Cependant je lui fuis soumise ,
Et d'ordinaire il me méprise;
Quoy qu'il en soit, je puis dire de moy,
Qu'en un sens je lui fais la loy;
Comme lui ses enfans verront ma vigilance
ir Censurer leur molle indolences
Pourfinir sans trop me vanter;
Il y a nombre d'ans, nombre de ficcles même
Qu'à ses lâches Ayeux un Conseiller suprême
A proposé de m'imiter,
TROISIEME ENIGME. DE la terre & du feu je tire ma naissance,
De ces deux élemensj'aytoutemonessence,
Je fuis beau, je fuis net & si rempli d'appas ,
Qua tout moment courtisé de la Belle
J-
- - Elle
Elle idolâtre en moy des traits que je n'ai pai-i
Mais je demeure froid
, & fuis glace pour dle:.
Simple, naturel & sans fard
,
Je surpasse Apelle, & son art,
Sans être su jet au caprice
, Chez moy tout est sans artifice ;
Et pour parler avec sincerité
,
Ma devise est la verité.
NOUVELLES LITERAIRES,
DES BEAUX ARTS,&c.
ISTIRE DE TIMUR-BEC,
connu fous le nom du Grand
TAMERLAN, Empereur dei
Mogols &Tarrates, en forme
de Journal Historique de ses Victoires Se
Conquêtes dans l'Asie & dans l'Europe^
écrire en Persan par Chereseddin-Ali,
natif d'erzd, Auteur contemporain; traduite
en François par sect M. Petis de la
Croix, Professeur en Langue Arabe au
College Royal, Secietaire Interprece du
Roy pour les Langues Orientales: Avec
des Notes Historiques& des Cartes Geographiques
, 4. vol. in 12. A Paris, chez
Robert-Marc d'Efpilly,& André Cailleau;
Place de Sorbonne, 1722.
Si
i Si on peut comparer à beaucoup d'égards
le grand Tamerlan à Alexandre , & Ali
Cherefeddin à Quinte-Curce, on peut dire
qu'ilne manquoit à la gloire du Conquerant
Tartare, & à la bonne fortune de
son Historien, que d'être connus dans un
siecle aussi. éclairé & dans un païs aussi
fécond en bons genies
, que celui où nous
vivons;ilfalloit pour cela trouver un
Auteur François qui fut également versé
dansla connoissancedes moeursdes Orientaux
, & dans celle de la Langue Persane.
C'eit ce qui s'est heureusement rencontré
dans la personne de seu M. Petis de ,1a
Croix, Auteur de cette importante traduction.
Nous n'entrerons point dans le
détaild'un ouvrage aussivaste, & également
bien soutenu ju qu'à la fin par l'Auteur
original, & par l'excelenTraducteur..-
Nous presenterons seulement à nos Lecteurs
un morceau choisi de la Preface,
qui après la mort de M. de-la Croix,aété
mise parles Editeurs à la tête de tout
fouvrage; morceau qui nous a paru singulier&
tout-à-fait digne d'être rapporté:
>3 Depuis que M. Petis de la Croix a eu
achevé la Traduction de cette Histoire -
:p'de Timur-Bec, ila eu connoissance d'un
M.Livre
-
Espagnol, imprimé à Seville dep
IssÏs cent trente ans, qui porte témoi-
»gnage authentiquedela verité-de quelw
qaes
95 ques faits rapportez par l'Historien Per-
» san, c'est la Relation du Voyage & de
53
l'Ambassade de Ruy Gonzalés de Clavijo,
93 envoyé en qualité d'Ambassadeur extra-
« ordinaire vers Timur-Bec, par Henry
»III. Roy de Castille,Ambassade dont
» notre Historien Persan fait mention. Cet »Ambassadeur dans sa Re lation fait le
>5 detail d'une autre Ambassadedumême »RoyaumêmeEmpereur Tartare, qui
»avoit precedé celle dont il avoit été
5j chargé: en la premiere ils étoient deux
r> Ambassadeurs, dont l'un se nommoit
9) Payo de Gomcz de Sotomayor,8c l'au-
»tre Herman Sanchés de Palacuelos,
m Gentilshommes de la Maison du Roy.
95 Ils furent fort bien reçus de Timur-Bec,
55 & se trouverent même à la Batailleoù »l'Empereur Ottoman Bajazet fut fait
prisonnier. Timur Bec leur fit plusieurs
» presens, & en les renvoyant, il les fit
as accompagner par un grand Seigneur de <
95
sa Cour nommé Mehemet Alcagi, en
M qualité de son Ambassadeur vers le Roy
93 de Castille, le chargeantd'une Lettre *
95 pour ce Prince, & de quantité de riches.
95 pre sens. La Lettre contenoit des comn
plimens & des marques d'amitié, don-
»noit avis de la victoire remportée depuis
jo peu sur Bajazet. & de la cause de cette * ) guerre, prenant les Ambassadeurs Cassis.
53 lans
m
lans pour témoins de la grande action
n qui venoit de se passer. Parmi les presens
»étoient deux Dames d'une grande beauté,
m tirées du Sérail de Bajazer après sa déo,
faite, dont l'une étoit fille du Comte
m Jean, Prince Hongrois,nièce du Roy
L» de Hongrie, & s'appelloit Dona Ange-
,,, lina de Grecia, & l'autre étoit Grecque, » & se nommoit Dona Maria. Ces Dames
m furent considerées à laCour de Castille,
1'" & eurent depuis un fort convenable à
j,) leur condition; Dona Angelina épousa
-j) Diego Gonzalés de Contreras,Regidor
'ànde Segovie,&Dona Maria fut mariée Payo Gomez de Soto-Mayor, l'un des
» Ambassadeurs. Le tombeau de la prew
miere se voit encore dans la principale
) Chapelle de Saint Jean de Segovie;
9: l'autre est enterrée dans un Monastere
à trois lieues de Pontevedra. » Cependant l'Ambassadeur Tartare
9; .,)dseétantacquitté de sa commission, le Roy
Castille envoya à Timur-Bec une
',»s féconde Ambassade, dont le Chef étoic
ce Ruy Gonzalez de Clavijo, Gentilis,
homme de sa ( hambre, Auteur du Livre
»Etsopau,Zs,>nol dont il est ici parlé, & d'où
ces faits sont tirés. Il partit de Ma-
» drid, accompagné de deux Collegues &
a) de l'Ambassadeur Tartare, le 21 May
jî 1403 , & il fut de retour en Espagne le
r- » 24
n 24 Mars 1406, Après avoir décrit (om
a voyage parla Natolie & laPërse,jusqu'à
»Samarcande, il marque touteslesparti-
53 cularirez de sa premiere audiance ; fait
» ensuite la description des Fêtes superbes
»-& des Banquetsmagnifiquesque Timurn
Bec donna à l'occasion delanôcede ses
»enfans, à laquelle ces Ambassadeurs si
M rrouverenc, y ayant été invités. Ce q
j>est parfairemenr conforme à tout ce qu
notre Htstorien Pedan- a die tà-ddfu
LeLivre Espagnol d'où ces traits son
tires, a pour titre: Hijloria del grfln
merlan, e Itimrario y enanacion deltïagi
y 'lelacivn de ta embaxkda que Ruy Gonca
let de Clavijo le h\o permandado .(Ie
ma] poderofo sfior Rey Don Henriqyeak
tercero.. de &c.-En Sevilla 1381,
fol. , C'est à M. de la Chapelle, Secretaire
general du Conseil de la Marine, à qu
Ja Republique des Lettres a la premier
obligarion de cette découverte par la corn
municanon qu'il donna à M. de la Croix
du seul exemplaire qui soit peut-être en
France, dela Relation Historique donton
vient de parler, & qui se trouvedansla
Bibliotheque, avec quantité d'autres LL
vres rares k choisis. Lc!trelle de la Preface mise à la tête
de,
là traductionde M. de la Croix, cont-ient
rm détail des études & des négociations
de ce sçavant homme, avec unétat des
principauxouvragesqu'il a composés ou
traduits; ce qui fait l'un des endroits des
blus curieux de cette Preface, où l'on mis a demarquer qu'il mourut à Paris aussi
chrétiennement qu'il avoit vêcu, le 4 du
mois de Décembre 17 1 3 ,
laissant un fils
aîné qui marche toui-a-raie sur ses traces.
Il a déjaété pendant six ans dans le Levant,
par ordre du Roy, & il occupe à present
,a Charge de Secretaire Interprete de Sa
Majesté,quefeuM.sonPere &son Ayeul
pnt si long-tems& sidignementexercée.,
R TRAITE' DE LA Piste,ouconjectures
Physiques sur sa nature & ses causes. Par
M. Gavet de Rumilli, Docteur en Medecine
de l'Université d'Avignon. A Lyon
11722. & se vend à Paris chez André
Cailleau, Place de Sorbonne,au coin dp
paruë des Maçons, in12.p.346.
M. Gavet croit que les particules spiitueuses
,qui causent la Perte,viennent
les minéraux renfermez dans le sein de la
erre ,
d'oùelles s'exhafent par differentes
,;aufes, & se mêlent avec l'air, avec lequel
elles demeurent quelquesfois dans
ceur Pays natal en tout ou en partie; 5C
l'autresfois elles sont portées avec lui en
diifferens Pays,selon les differens vents
qui
quil'agitent, ou transportées avec les marchandises.
Que ces particules n'ont d'elles:
mêmes aucun venin, & qu'elles ne devienlient
pestilentielles que lors qu'entrant
dans nos corps par la respiration
,
elles:
s'unissent aux differens sels surabondans
qu'elles y trouvent ; en sorte que si elles)
rencontrent un sel superflu ou exalté qui,
foit acide,ces particules formeront un acide
corrosif qui coagulera le sang. Si le sel est
âcre, elles formeront un âcre corrosif qui
produira la dissolution du fang. Deplus
il soutient que la Peste n'est point un ve-1
nin contagieux, comme l'ont crû presque
tous les Medecins, qu'on peutservir
toucher & approcher un Pestiferésasns
prendre le même mal, & qu'il ne s'exhaloj
de son corps aucuns corpuscules vénéneux
qui puissent le communiquer. Ce qu'il
prouve par des faits remarquables. Co:
Traité est precedé d'une Preface à Mrs.
les Medecins, & d'une Lettre Circulaire
à toutes les Facultez de Medecine do]
France, par lesquelles on verra que M
Gavet n'eil pas deces Auteursentêtez
d
leurs opinions. Voici comme il finit sa
Lettre Circu'aire.
Je les attends, Messieurs, ces decision:
pour en profiter le premier en ce Pays, ÏJ
Dieu vouloit l'affliger de la Pestre. Je m'en
serviraiparprovision
pour reformer ou< supprimes
i
Supprimer entierement mon sistême
, si
elles le condamnenr, ou pour me fortifier
de plus en plus dans mes conjectures
,
si
elles ont le bonheur d'avoir votre appro
bation.
TRAITE' des pertes de Sang, avec leur
remede specifique
,
& une Lettre sur le
Cancer. Par M. Helvetius
,
deuxiéme Edi..
tion. A Paris, chez L. ctHoury, in 12.
i
ADMINISTRATIONSANATOMIQUES,
par Tassin, troisiéme Edition,augmentée
de la Chirurgie Militaire. Chez le même.
in 12.
t ABREGE'.complet dela Chirurgie de
Guy de Chauliac
,
&c. Par L. Verduc.
Quatrième Edition, in 1x. chez le même.
LES RusES INNOCENTES, dans lesquelles
le voit comment on prend les Oiseaux
passagers
,
& non passagers,& de
plusieurs sortes de Bêtes à 4. pieds, avec
les plus beaux Secrets de la Pêche dans
les Rivieres & dans les Etangs, Se la maniere
de faire tous les Rets & Filets qu'on
peut s'imaginer; le tout divisé en cinq
Livres, avec les Figures demonstratives ;
Ouvrage très-utile & très-agreable pour les
personnes qui font leur séjour àla Cam.
pagne.
pagne. Derniere Edition,augmentée d'un
Traité de la Chaneaussi curieux qu'utile.
Vol. in 4°..
VERITEZ CATHOLIQUES,declarées
prouvées selon la vraye idée qu'en ont euë
le SS. Peres & les Docteurs qui ont écrit
dans les cinq premiers siecles de l'Eglise,
qu'ilsontforméedu vray sens de la pure
Parole de Dieu. Troisiéme Edition. Par le
P. Leonard Champeils, Jesuite. Augmentée
par M. Biroat, in 8e. Paris, chez
Couterot
,
ruë S. Jacques.
NOUVELLE & parfaite Grammaire
Francoise
,
où l'on trouve dans un bel ordre
tout ce qui est de plus necessaire & de
plus curieux pour la pureté de l'ortographe
& la prononciation de cette Langue..
Par le P. Chiflet, Jesuite, 8s. Edition.
augmentée d'une Methode abregée de l'Ortographe
,
de Règles & de Remarques sur
toutes les lettres de l'Alphabet. A Paris,
chez la veuve Ribou , Quay des Augustins.
OBSERVATIONSsur le Concordat fait
entre Leon X. & François Premier; dans
lesquelles on rapporte les changemens arrivez
depuis Rebuffe au sujet des Reserves,
Elections, Graduez, Censures
Mandats, , Préventions & Concours; avec
un
-
un précis de la matiere Beneficiale & Ecclesiastique.
Autorisées par les Conciles,
Constitutions Canoniques, Ordonnances
& Arrests. Par CW* Michel du Perrll),
ancien Bâtonnier de Mrs. les Avocats.
A Paris,chez D.Beugnié,Libraire, Grand'-
Salle du Valais,1722. Leprixestde50 f.
in 12. pp. 445. <
v 1 HISTOIRE DE FRANCE sousle Regne
de Louis XIV. jusqu'à sa mort , par M.
de Larrey,chez Pierre Humbert à Amsterdam,
9 vol. in il.
REFLEXIONS. sur l'Histoire des Juifs,
pour servir de preuves à la verité de la
Religion Chrétienne. Chez le même 17*1.
A vol. in 12.
L'HISTOIREdesOrdres Militaires, ou
le Chevalier des Milices Seculieres & Regulieres
de l'un & de l'autre Sexe, qui ont
été. établis jusqu'à present ,avec des figures
qui representent les diffetens habillesneos
de ces Ordres
, leursArmes, &c.
Chez PierreBrunel à At-nûeudam, 4 vol.
in 8°. .i TRAITE' GENERAL duCommerce
d'Hollande, contenant la réduction des
mesures, poids & monnoyes, Lettres de
Change & Escomptes. Par Samuel RjcArJ ,
nouvelleédition,augmentée du Tarif des
droits d'entrée & de sortie des Provinces
unies, avec le Tarifdu poids d'Amsterdam,
&c.1in 40.
On a imprimé à Utrecht La Verité de
la premiere Epitre de S. Jean, chap. 5,
verf. 7. Car il y en a trois au Ciel, &c.
démontrée par des preuves qui font tludeJJns
de toute exception.Par feu M. Martin, in 80.
On a imprimé à Lisbonne le second volume
des Sermons du P. Manoel de Lima,
Augustin,intitulé ldeas Sagradas.
De PesteDissertatio, &c. Dissertation
sur la Peste, prononcéedansl'Amphitheatre
du College Royal des Medecins de
Londres, avec une description de la maniere
de greffer la petite verole.Par Gautier
Harris. A Londres 1711.in 80. pp. 48*
Quoiqu'on cite dans cet Ouvrage un sameux
Medecin nommé Schonberg, qui
avoit guéri à Cracovie plus de trois cens
Pestiferez par le secours de l'Emetique,
l'Auteur prefere les vomitifsles plus doux,
tels que leVitriol blanc & l'Ipecacuana aux J
Emetiques amimoniaux, que leur violence
excessive doit rendre suspects en pareils cas,
Pour les Cordiaux, il ne fait cas que de j
ceux qui font absorbans, tel que le Bol *
d'Armenie
d'Armenie,l'Antimoine diaphoretique &
semblables; tout au plus la Serpentaire de
Virginie, die le Diascordium, en y joignant
dans la necessité de soutenir les forces
chancelantes, l'esprit de corne de Cerf , ou le vin de Canarie. Il desaprouve l'usage
de la Theriaque à cause de l'Opium qui la
rend narcotique, & parce que le sommeil
devient mortel pendant les sueurs dans
certaines maladies pestilentielles.
Pour faciliter l'éruption des Charbons
& des Bubons, l'Auteur recommande fore
l'emplâtre d'Angelos Sala, &. l'Aimant
Arsenical du même Auteur. A l'égard des
preservatifs, il cite divers exemples de
ceux qui se sont garantis de la Peste par
le moyen d'un cautere. Hodges témoigne,
dit-il, que pendant la pesse, lorsqu'il se
transportoit dans les lieux les plus infectez,
il sentoit aussitôt une vive douleur à l'endroit
d'un de ses bras où il avoit un cautere,
& qu'il en sortoitmême alors de la sanie,
ce qui étoit pour lui un avertissement de
recourir promptementaux cordiaux.M.
Harris allegue entore l'exemple d'un Medecin
Hongroisqui s'étoit préservé de la
perte par le moyen de deux setons qu'il
portoit aux aines.Sur ce principe l'Auteur
felicité ceux qui entemsde perte se
trouvent couverts de galle, d'ulceres, d'éresipelles, &c. comme autant de cauteres
naturels
,
qui peuvent les garantir dtIJmal
conragieux.
Touchant la manière d'enter la petite
verole, on apprend qu'il y a environne
ans que les Tartares, les Circassiens, les
Géorgiens
,
& quelques autres Peuples
d'Asie l'introduisirent à Constantinople.
Par cette opération on communique la
petite verole à ceux qui n'ont jamais eu
cette maladie, & on en tire deux avantages
; l'un, que La petite verole qu'on
prend par cette voie est des plus favorables,
puisqu'elle se réduit à deux ou trois
pustules dans certains sujets, à dix ou à
vingt dans certains autres, qu'elle vatresrarement
jusqu'à une centaine de grains,
& qu'elle n'estaccempagnée d'aucun accident.
L'autre avantage, c'est que par Jà.
on se trouve pour le reste de les jours garanti
de cette maladie, quelquefois sidangereuse
& si meurtriere.
i
Vers le Printems ou l'Automne
,
l'Opecateur
après avoir placésonSujet dans un
lieu chaud, lui fait aux muscles du bras,
quelques legeres scarifications avec une
aiguille à trois pointes, ou quelquefois
avec uniancecce, jusqu'à tirer de la partie
blessee quelques goûtes de sang. Ensuite
par la moien d'un stilet moussé ou (Tua
cure-oreille, il porte dans chacune des
petites plaies une goûte du pus qu'ilatiré
des,.
x
des pustules situées aux jambes ou aux jarrets
d'un jeune garçon actuellement malade
de cette espece de petite verole donc
les grains sont distincts & separez l'un de
l'autre ,&qu'il conferve chaudement, ety
mettant dans son sein le petit vaisseau qui
renferme ce pus; après quoi il couvre
chaque blessure avec la moitié d'une coque
de noix, qu'il assujettit sur la partie par.
une ligature pendant quelques heures, de
Grainte que le pus n'en soit essoié avant
que d'avoir communiqué son infection au
sang. Cela ne produit ordinairement Ton.
effet qu'au bout de sept jours, pendant.
lesquels il faut s'abstenir de viande, ôc
même des bouillons où elle entre, ainW
que de vin & detoute liqueur ardente otk
spiritueuse.
La manoeuvre de l'opération faite autrefois
à Constantinople à trois enfans du Secretaire
de M. de Châteauneuf
,
Ambassadeur
du Roy à la Porte étoit un peu differenre
de celle qu'on vient de décrirer
L'Operateutpassoit alors plusieurs aiguilles
garnies de leurs fils, à travers plusieurs
grains de petite verole parvenus à leur maturiré.
Ensuite après avoir gratté jusqu'au
fang avec la pointe d'une aiguille la peau
duSujet en huit endroits, c'est-à-dire,
au front, aux deux joues, au menton,
aux paumes des mains, & aux plantes des
pieds, il frottoit sur la playe qu'il venoit
de faire, les fils imbibez de mariere purulente.
Ces enfans qui avoient eu tous trois
la petite verole, n'en conservoient nul
vestige. M. Harris allure qu'une ou deux
scarificationssuffisent pour l'effet dont il
est question; il ajoute qu'on ne peut gagner
qu'une feulefois la petite verole par
cette sorte d'orarion, & qu'à Constantinople
on a fait inutilement diverses tentatives
pour la communiquer de nouveau
à gens qui l'avoient déjà euë par cemoyen.
Il remarque de plus que les Chinois la
donnent à leurs enfans, en leur fourrant
dans le nez une petite tente de cotton imbibée
de pus sorti des pustules de la petite
verole; & que pourles préserver de cette
maladie,les Sages femmes ont soin avant
que de couper le cordon ombilical, d'exprimer
vers le placenta le sang contenu
dans. ce même cordon; ce qu'elles. reïterent
aprèsl'avoir coupé, avant que d'y
faire la ligarure.
Cette operarion devient tous les jours
plus commune en Angleterre; on l'a faire
depuis peu avec succès aux trois jeunes
Princesses filles du Prince de Galles.
Cependant par les dernieres nouvelles
qu'on a reçues de Londres, on apprend
qu'il y a paru unTraité intitulé, Trèshumbles
llemOlllrllnces an Parlement,pour
empêcher
empêcher la dangereuse experience de
l'inoculation de la petite verole. L'Auteur
prétend démontrer que cette entreprise est
temeraire,& défendue par ce passage de
l'Ecriture sainte: Tu ne tenteras pas le
Seigneur ton Dieu.
PROGRAMME
De l'Academie Royale des Belles Lettres;
Sciences & Arts de Bordeaux. Mle Duc de la Force, Pair de France,
Protecteur de l'Academie Royale
des Belles Letrres
,
Sciences & Arcs, propore
à tous les Sçavans de l'Europe, un
prix qu'il renouvelle tous les ans, & qu'il
a fondé à perpetuité. C'est une Medaille
d'Or de la valeur dl' 300. liv. au moins,
où sont gravées d'un côté ses Armes, &
de l'autre la Devise de l'Academie. Il fera
distribué le premier jour du mois de May
1723.
Cette Compagnie, à qui M. le Protecteur
laisse le choix du sujet sur lequel
on doit travailler, &le droit de decider
du merite des ouvrages qui feront envoyés,
avertit le Public qu'elle destine le prix à
celui qui donnera l'hipothese la plus probable
sur l'action du Bain, & ses utilités.
-
L'Academie souhaite de trouver du nouveau
dans les Dissertations qu'elle recevra.
Il n'est pourtant pasindispensableque
cette nouveauté soit dans le sistême
, peutêtre
le vray a-t'il été déja presenté
,
&c
n'a-t'il été méconnu que faute d'avoir été
rendu évident. Maissi un Auteur adopte
une hipothese déja connuë , il faut dumoins
qu'il en augmente la vrai-semblance
par de nouvelles preuves,fondées sur des
raisonnemens solides, sur des experiences.
& sur des obsesvations.
Dans la Conference publique du premier
jour de May, on fait la leétllre de la
Piéce qui a remporté le Prix. Quand elle
est trop longue, on n'a le tems que d'en
lire des lambeaux. Cela est peu Íatjsfailario.
pour le Public & pour l'Auteur. Dans la
vue d'y remedier
, on prie ceux qui se
trouveront obligés par l'abondance de la.
matiere
,
de donner une grande étenduë
à leurs Dissertations, d'y ajouter separément
une espece d'Abregé ou d'Extrait de
leur Ouvrage, dont la lecture
,
qui ne
doit durer que demi-heure au plus, puisse
donner une idée fuflifante du sistême & des
preuves. La Dissertationpreferée n'en fera
pas moins impriméetout;aulong.
Il fera libre d'envoyer les Dissertations
en François ou en Latin: elles ne feront
reçuës que jusqu'au premier jour de Janvier
vier prochain inclusivement. Celles qui
arriveront plus tard n'entreront point en
concours. Au bas des Dissertations il y
aura une Sentence, & l'Auteur, dont
l'Academie veut absolument ignorer le
nom jusqu'à ce qu'elle ait donné son jugement
J mettra dans un Billet separé &
cacheté la même Sentence,avec son nom
& son adresse.
Ceux qui envoyeront leurs Ouvrages
les adresseront y à Mrs. de l'Academie
Royale de Bordeaux, ou au Sr Brun, Imprimeur
de cette Compagnie, ruë Saint-
Jâmes. On aura soin de faire affranchit
de port les Paquets, sans quoi ils ne feront
pas retirés du Courier. A Bordeaux, le
premier May 17zz.
Voici un projetde Livrequ'on nousprie
d'inserer dans notre Journal, pour sçavoir
le sentiment du Public, & pour demander
quelques secours aux Sçavans qui voudront
bienaider l'Auteur de leurslumieres c9* de -
leurs recherches sur ces matieres, en se servant
de l'adresse du eqiercore.
TRAITE' HISTORIQUE des Triomphes,
Pompes, Fêtes, Réjoüissances,
jeux,Apareils
,
Actions 6c Ceremonies
publiques, chez lesAnciens, chez les
Modernes, &les Nations les plus illustres;
sçavoir,.-a -
Fêtes sacrées, Processions, Pelerinages,
Pompes funebres, Convois, Consecrations,
Erections de Statuts & d'Edifices
publics, Couronnemens, Sacres, Mariages
, Barêmes, Publication de Paix & de
Tréve, &c.
Tournois, Joûtes, Carrouzels, Cavalcades
,Chasses
,
Pêches, Combats d'hommes
& d'animaux, Courses, Exercices
de force ou d'adresse, &c.
Entrées de Villes, Passages
,
Receptions,
&c.
Naumachies ou Fêtes Navales, Champêtres
& Galantes.
Grands Spectacles, Arcs triomphaux,
feux d'artifices; Illuminations, &c.
Décorations, Balets, Bals, Mascarades,
Serenades, Zappates,Festins,Collations
& autres magnificences celebres & solemnelles.
*
Une infinité de gens à Paris même,
dans les Provinces& hors du Royaume;
allarmez d'un faux bruit qui a couru au
sujet de M. l'Abbé de Longuerüe, seront
sans doute bien aise d'apprendre que ce
Sçavant du premier ordre, si connu & li
estimé de toute l'Europe par sa profonde
érudition
,
bien loin d'être mort, n'a pas
même été malade, & qu'il n'a jamais
joui d'une meilleure santé.
Le
Le Sr Daudet Ingenieur du Roy, natif
de Nismes, est de retour de Reims, où il a été pour lever le plan de la Ville &
de ses environs, de même que celui de
l'Eglise Notre-Dame du Palais-Archiepiscopal
& de plusieurs autres monumens
dont nous parlerons plus au long dans les
Mercures [uiv..
Le Roy a été très content des Ouvrages
du Sr Daudet, qui aété presenté à Sa
Majesté par M. le Blanc: il travaille
actueiïenenr â faire la Carte de la Route
depuis Paris jusqu'à Reims, où l'on verra
le Pian de tous les lieux par du le Roy
passera,avec la situation du pays raJ-Ie
qu'elle est à une lieuë à droite & à gauche
de la Route. Cet ouvrage dont nous avons
vû une partie, & dont nous ferpns part
à nos Lecteurs, fera curieux & instructif.
Nous donnerons dans le prochain Mercure
quatre Médailles du Roy au lieu de
trois
y
& cette suite ne fera plus interrompuë.
Nous ajouterons à cet article, que
M. de Launay, Directeur de la Monnoye
des Medailles, reçut le 4 May une Lettre
de cachet adressante au R. P. Prieur de
PAbbaye Royale de saint Denis, par la<-
quelle il lui étoit ordonné de remettre
r audit Sr de Launay la Couronne d'or
qui a servi au Sacre & Couronnement
de Louis XIV
, en ayant besoin pour les 1
Medailles qu'il fait actuellement faire pour
le Sacre du Roy. - Voici des caracteres tres anciens qu'on -J¡
trouve dans un Livre in 4e. dont les feüil- j
lets ressemblent au parchemin, & qu'un
Juif Portugais mort à Amftcrdam, avoitjj
apporté sur la fin du dernier siecle de la
Cachemire,Province où est la source de
l'Inde, & qui est éloignée de la MerCaf- j
pienne d'environ 140 lieuës Françoises.
Ces caracteres ont été envoyez à des Sçavans
de France par M. le ComteUbaldini,
homme de condition de l'Etat de Paurne
également distingué par son érudition &
par sa naissance.
Les caracteres marquez fous la lettre A
contiennent le titre de ce Livre, où sont
peints en mignature les portraits de 178
Rois anciens: ces premiers caractères ne
Roy est le premier de cette Dynastie.
C
On interprete que ces caracteres ~signifient
fient Gopal Bram Jogii ,qui regna 15 ans
7 mois & 9 jours. Dans un semblable Livre
que possedoit M. Vitzen, Bourguemestre
d'Amsterdam,on lit que ces mêmes,
caracteressignifient Gopal Bren Hogi, &.
qu'il regna 15 ans 7 mois & 8 jours: ce
Roy est le centiémede la même fuite.
D
Suivant la traduction ces caracteres designent
Oranzeb
,
qui est le cent foixantedixhuitiéme
Roy de la mêmeDynastie
qui mourut l'an 1707, & qui avoit
regné 4É ans, ou 37, quand le Livre de •
Witzen fut recopié.
Ce Livre contient les portraits en mignature
de 178 Rois sortis de ix familles
que l'on croit avoir regné sur les Villes
de Samarcande, Deli, Agra
,
&c. environ
l'espace de 45QO ans. Les caracteres de ce
Livre paroissent assezsemblables à ceux de
la LangueHanscrite qui est celle des Brac- -.
manes, ou Bramins, qui font les anciens
Gimnosofistes, comme on peut le voir
dans la Chine illustrée du P. Kirker, page
162: on voudroit sçavoir s'ils sont aussï
semblables auxcaracteres destrois Livres
qui ont été trouvez depuis peu proche
la Mer Caspienne, & qui sont àla poffefr
sion du Czar.
Autres Caractres.
Un homme de Lettres qui a sçu que
nous
nous devions faire graver les caracteres
Indiens dont nous venons de parler, nous
a mis encre les mains une piece singuliere,
& qui paroît fort ancienne, écrite en
caracteresinconnus, sur une matiere qu'on
a prise d'abord pour de l'écorce d'arbre
preparée, mais qu'on croit être de la toile,
enduite d'une certaine gomme ou vernis.
Les caracteres n'y sont point peints , mais
gravez en creux avec un stile à la maniere
des* Anciens. Nous nous servons avec
plaisir de cette occasion pour en faire part
au Public, en faisant graver sur la même
planche quelques lignes de ces caracteres
que nous avons prises de ce qui nous a
paru être le commencement de la piece :
peut-êrre se trouvera-t'il quelqu'un dans
le monde sçavant, qui pourra les déchiffrer.
On les croit de quelque contrée des
Indes, & on pense que ce pourroit bien
être une Lettre, à cause de sa forme, &
qu'elle se plie également en deux, avec
un petit trou au milieu somme pour l'attacher
ou la fermer; elle est écrire des deux
côtez sur onze pouces de longueur, & sur
deux de largeur. Nous la communiquerons
volontiers aux curieux, qui feront
bien ai ses de la voir.
* Suivant le témoignage du Livre de Job, plus
ancien qu'aucun Livre profane; Quismihi det ut
exarentur in Libro stilô ferreô ? Job XIX. 1 3.
SPECTACLES
SPECTACLES.
LES Comediens François jouent encore
l'Opiniâtre, que le Public voit
favorablement. Trois traits d'opiniâtreté
caracterise le principal personnage
,
qui
estparfaitement joué par le Sr Quinaut y
l'intrigue de la Piece est imaginée avec
art ,
ôç même à ne regarder cette Comedie
que de ce côté-là,elle fait beaucoup
de plaisir
,
quoique l'Auteur, à ce qu'on
pretend
,
n'ait pas tiré tout le parti qu'il,
auroit pû, des situations agreables que
ion sujet lui offroit.
Dans la premiere Scene, le Baron veut
faire revenir son fils Eraste
,
du sentiment
opiniâtre où il estque Dorife
,
qu'il doit
épouser, lui a pris une bague, ce que
Damis cousin & ami d'Eraste
,
soutient
aussi.
LE BARON.
Mon Dieu,Monsieur Damis, 1
Sans lui complaire en tout, soyez de ses amis:
Son sentiment toujours estla regle du vôtre;
Quand il est d'un avis vous n'en avez point
d'autre.
A present qull'cft nuit,s'ils'avisoit ici
De dire, qu'il est jour, vous le diriez aussi.
;
L'on
L'on doit pr (es amis avoir quelque indul;
gence;
Mais on ne porte pas si loin la complaisance:
Et lorsque sans raison il s'obstine si fort,
Vous devriez quelquefois lui dire qu'il a tost; Mais vousn'en faites rien,j'ai beau vous lerebattre
,
Ex vous mourrez flateur
,
&. vous opiniâtre,
ERASTE.
Eh ! Monsieur ,quand j'ay tort; je merends fant
détours ;
Mais lors que j'ay raison.
LE BARON.
Vous l'avez donc toujours,
Eraste
, car jamaisje ne vous ay vu rendre,
Vous soupçonnez Dorife à causede Clitandre;
L'aparence est pour vous,j'en demeure d'accord:
Mais voici sûrementen quoi vous avez torr.
Croyez-vous que ce foit assez que l'aparence,
Pour soutenir un fait avec tant d'assurance?
Et s'il n'en étoit rien n'enrageriez vous pas
D'avoir mal-à propos, fait un si grand fracas?
Je veux que vous soyezassuré de la chose;
Alors que contre vous tout le monde s'oppose,
A lavoye generale il faut s'accommoder;
Et ,
quoiqu'on ait raison, a est mieux de ceder.
Entrenousje crains fort que Doris en colère
Contre
Contre vous n'ait aigri la Marquise sa merc:
Je l'ay vue en couroux de votre entêtement;
Rentrons pour l'apaiser je crainsson changer - Et lafineToinon,qui nous dlÕpoféeJ
Pour vous nuire auprès d'elleest bien assez rulee.
&c.
Toinon Suivante de Dorife arrive,elle
dit à Fraste qu'il a setré sa bague dans fz
bourse, ce quisetrouve, vray , &c.
LE BARON.
Et puis vous me direz
,
sur quelque vaineexcuse,
Que d'être opiniâtre à tort on vous accuse?
Je vous l'ai dit souvent,l'opiniatreté
N'est point dedisputer contre la verité;
S^avoir que l'on a tort, le voir & le comprendre
>'
Et de mauvaise foy ne vouloir point se rendre
C'estlorsque prévenu de bonne opinion,
On croit obstinément avoir toujours raison;
Et n'aprouvant jamais les sentimens des autres,
Sans rien examiner
, ne suivre que les nôtres.
Le premierviceest bas-, & ne tombe jamais
Qu'en de lâches esprits, & dans des coeurs nul
faits
,
Et ce defaut n'estpas, queje pense
,
le vôtre »
Mais aisément, Eraste, onypasse de l'autre:
On le voittous les jours. Un espritprévenu,
D'abord de bonnefoy soutientce qu'il a cru ; * , ~lui Mais
Mais lorsqu'à la raison en vain on le rapelle,
Qu'à la prévention la passion se mêle;
Alors pour soutenir ce qu'il a d'abord dit,
Contre la verité souvent il se roidit;
Et honteux d'avouer qu'il ait pu se méprendre f
Il voit, ilsent,il touche
,
& neveut pasfc rendre.
Vous vous reconnoissez sans doute à ce portrait
Car voila justement ce que vous avez fait. &c.
Eraste s'obstine à ne point rentrer chez
Dorise,& à vouloir partir pour aller à
Toulon inviter ses parens à sa nôce.
Dans les deux dernieres Scenes de cet
Âtre Dorise,Clitandre son Amant& Toinette
complotent pour rompre le mariage
pro etté d'Eraste avec Dorife, quoique promise
à Clitandre par son pere ,que tout le
monde croit avoir été tué sur mer dans un
combat contre les Ottomans. Toinon imagine
de gagner un Turc nommé Ibraim 7
nouvellementarrivé,pourluifairedire qu'il
a vu le pere de Dorife en bonne santé, &c.
Dans le second Aéte) le Marquis pere
de Dorise en habit Turc, sous le nom
d'Ibraim, s'entretient avec la Ramée son
ancien domestique, chez qui il efi: logé.
Toinon les trouve ensemble, & prie le
Turc,sans le connoître, de dire à la Marquise
que son mari est vivant en Asie
,
où
il l'a vû. Le prétendu Turc promet de
jouer
jouer ce personnage
, pour differer le mariage
de Doriseavec Eraste, &c.
Dans les Scenes suivantes Dorife voit
le faux Ibraim, & consent qu'il mette
empêchement à son mariage avec Eraste,
pour pouvoir êtreà Clitandre, à quison
pere l'avoir promise avant son départ.
La Marquise qui a appris l'arrivée du
Turc, veut le voir, pour tâcher d'apprendre
des nouvelles de son mari. Elle
dit au Baron que son fils est chez elle,
& que pour se raccommoder avec Dorise,
il acheve la reprise d'Hombre commencée.
Ils sortent pour les aller voir jouer.
Dans la Scene suivante, Toinonarrête
la Ramée, qui porteen cachette un paquet
où font les anciens habits de son Maître
9
avec lesquelsil veut sefaire connoître.
TOINON.
Qu'emportez-vous d'ici?
LA RAME'E. :
C'est. c'est. un vieuxbalot.
Que j'avois au grenier. Adieu.
TOINON.
De grace, un mot.
Je v iens de preparer Madame à la nouvelle
Que nous voulons répandre
, & je vous réponds
d'elle.
Elle m'a commandé de vous faire venir.
Mais le Turc est-il prêt à l'enentretenir * Parlera-il
Parlera-t il bientôt? Comment va notre affaire?
LA RAME'E.
Fort mal.
TOINON.
Pourquoi fort mal?
LA RAME'E.
c'ctt qu'ildit quelamer
Ne peut croire jamais qu'il ait vu son époux.
TOINON.
Mais de notre projet comment sortirons-nous
LARAME'E.
iort bien.
TOINON:
Fort mal
,
fort bien, que diantre a-t-il entête r
LA RAME'E.
Un grand destein,Toinon,va,je ne suispasbête,
Et si je ne craignois ta langue.
TOINON.
O, surmasoy1.
Vous pouvez surement vous confier à moy. ''dt ce?
LA RAME'E.(doute
C'est un dessein. un dessein. quisans
Te plaira fache donc. je crains qu'onne
m'écoute.
Regarde,
TOINON.
Non personneicinedoitvenir;
11 font tous occupezau jeu qui va finir.
LA
LA 'RAME'E.'
O ça,juremoy donc.
4
- TOINON. ,
Que le Ciel me confonde.
F-Puifré--je devenir l'horreurde tout le monde.
•Que la terre, l'enfer.
LA RAME'E.
Non,tous ces sermens-là
"Ne te retiendroient point;voici quisuffira.
Pour M'assurer de toy comme je le defirc.
Il faut.
TOINON.
Eh bien. il faut?
-LA RAME'E.
Ilfaut ne te rien dire.
: il fort.
,
Dans la Scene enfuire on voie le (ecÕnd
trait de l'Opiniâtre; c'est un coup dHom
bre, que la Marquise explique ainrl.-
Monsieur donne, Damis & Dorife ont passés
Eraste dit qu'il joue il écarte, & s'explique,
En jettantson écarrJ qu'il va jouer en pique.
Sur celal'on n'a point de contestation.
Pourprendre,ilse saisitdes Cartes du talon.
"^1lf?compte,recompte a enfin ab lieu de treize
Les tenant dansses mains il en a trouvé seize;
ERASTE.
Eh qu'importe ? &c.
Vous
Vous en riez ? J'avois trois Matadors sixiémes.
DORISE.- *
Et moy j'avois
,
Meilleurs, les deux As noirs
septiémes.
LAMARQUISE.
Dans les Cartes de trop il estaisé de voir
Qu'avoientété laissés&l'un& l'autre As noir;
Ils'en est trouvé quatre,& partant treize piques;
&c. -
Tout cela n'y fait rien, dit Eraste, &
veut parier contre tous ceux qui le condam.
nent, soutenant qu'il a gagné le coup;
il dit en finissant;
,
Mais que l'on joue ainsi
>
si l'on veut, à Toulon
A Marseille,à Madrid;pourmoi, je le proteste,
Puisque je sçai le coup,& qu'on me le conteste,
Sur mes Terres au moins,j'en fais ici ferment,
Je ne soffrirai point que l'on joue autrement.
Dans la Scene d'après, la Ramée vient
dire à la Marquise que le Turcqui estlogé
chez lui assure qu'il a vu forç mari se portant
bien en Alle, où il aété Esclave,
prêt à partir pour revenir en Europe.
Erastetraite cela d'imposture
,
& croit le
Turc aposté par Toinon. La Marquisemême
soupçonne quelque tromperie; elle
s'adresse à sa fille, qui lui avoue ledessein
de Toinon, &c.
Dans le troisiéme Aâc la Ramée vient
rassurer
rassurer Dorife, son Amant Clitandre, &
Toinon, sur le prétendu mariage d'Eraste,
Mont on fait tous les aprêts. Il annonce
l'arrivée du Turc, qui a, dit-il,fait abjuration
, & va paroître en habits à la Françoise.
Il paroîten effet, & dit à Dorise:
J'ai promis d'informer Madame votre Mere,
Que son marivivoit;mais jen'ay pu le faire,
Qu'après avoir connu par le choix d'un époux
Lequel de vos Amans étoit digne de vous;
Et je viens à present vous tenir ma parole.
TOINON.
Jusques-là notre Turc jouessez bien son rôle,
&c.
CLITANDRE.
Qiyind nos peres vivoient, tous deux des notre
enfance.
Nous fumes élevez dans la douce esperance.
D'être unis quelque jour par les plus tendres
noeuds.
Et sa mere au jourd'hui nous accable tous deux.
LE MARQUIS.
J'espere que pourvû qu'elle veuille m'entendre,
A ce que je vais direelle pourra se rendre.
Dans la Scene qui fuit,ilse faitconnoître
à la Marquise,& lui dit:
Madame en arrivant je courrois pour vous voir,
Mais ayant su de lui *l'himen où l'on s'apreste,
* La Ramée.
Sous
Sous mes habits deTurc j'allai me mettre en tête
De connoître l'épouxque vous vouliez choisir.
Lesoin que j'en ai pris,m'aprivé du plaisir
De me montrer d'abord à toute la famille,
Et j'en avois fait même un Secret à mafille,
&c.
Eraste se signale en troisiéme lieu, en
s'opiniâtrant à ne vouloir pas reconnoître
le Marquis; son complaisant Damis estde
son sentiment
,
& traitent cela de sable,
dont Toinon est l'auteur.
LAMARQUISE. &i ,
Meneurs, vous me croyez capable
De pouvoir entrer moi dans un dessein fejfiblablc;
Il est vrai que Toinon l'a tantôt inventé;
Mais ce qu'elle a cru seinte, est une verité, &c.
LEMAR QUI S.
Ovotreentêrement, Monsieur, fut-ilextrême,
mVouêsmn'eem.pêcherez pas que je ne fois moy-
Croyez le ,
s'il vous plait.
,
LE BARON.
Eraste
, en verité,
C'est porter dans l'excèsl'opiniatreté,
Voulez vous tenir seul contre la voix publique?
Contre Monsieur,Madame,&ce vieux domestique
,
Contre tout?
ERASTE
ERASTE.
Mais,Monsieur, je sçai ce que je dis :
Cet homme là n'estpoint,vousdis-je, le Marqui
LA RAME'E.
Tout le monde,morbleu ,
le connoit dans les rues.
ERAST E.
fA d'autres! On veut doncqu'il soit tombé des nues. DAMIS.
Sçait-on pas qu'il est mort depuis plus de quinze
ans?
ERASTE.
Ma foy
, ce conte est bon à faire à des enfans.
LEMARQU I S tmnt
Ce conte? ERASTE.
Oui, oui ce conte,ou plûtôtcette fable
LE BARON. Eraste.
ERAST E.
Il ne l'est point
10 LARA, mMonEpe'Ere. Comment diable
Monsieur n'est pas mon Maistre?
LA MARQUISE
Il n'est: pas mon époux?
- ERASTE
Non, non,Madame,non.
LE BARON
Mon fils, que faites vous ?
ERASTE
Ce que je fais
,
Monsieur ? quoi!souffrir qu'on
me jolie?
LE BARON
Mais enfin l'on se rend, quand tout le monde
avoue. ERAST£
Moi, je neme rends point: c'est unefiction.
LEMA R QJJ I S
Jene fuis pas l'époux de Madame,moi?
ERASTE
Non,
,i: DORISE Monsieur que j'embrasse
ERASTIi
Il n'estpoint votre pere ) JjJadarce, il nel'est point. TOINON
0 vous avez beau faire!
On vous l'avoit bien dit, que quand il le verroit,
Ilne se rendroitpoint.
ERASTE
Qui diable se rendroit ?
Je fcrois ua nigaut;& bon,Toinontoi-même
LNC me l'as-tupas dit?
LE BARON
Quelle folie extrême!
ERASTE
Eh) ne voyez-vous pas qu'on cherche à me
tromper?
Par
Par quelque ressemblance on prétend me duper.
Maisonabeaule dire, il a beau le paroître,
Je sçai qu'il ne l'est point, &qu'il ne le peut acrc.
Non
, vous ne l'êtespoint.
LE MARQUIS
0 quelségaremens:
Monsieurest il sujetàcesentêtemens ! 8cc.
Enfin le Marquis lui declare qu'ilpromit
autrefois sa fille au fils de son meilleut
ami,& pour l'en convaincre ,illui montre
le Testament dont il étoit dépositaire, ÔC
qui justifie le choix qu'il saic de Clitandre,
que ce Testament fait rentrer en possession
de tous ses biens. La Piece finit par la
conclusion de son mariage avec Dorise.
On promet du même Auteur, aauellfrment
âgé de 84 ans, une Tragedie intita
lée tasba Prince Tartare.
Le sieur Poisson qui a été reçu si favorablement
du Public dans le rôle desosie ,
a joué le même rôlesur leTheâtre du Palais
Royal, & y a été encore fort applaudi. Ce
succès a donné lieu aux Vers qu'on va lire :
Par une heureuse fancaisie
la nature a tout fait pour le jeune Sesse ,
Instruit par elle, il fçaic tousles rapports
Que le geste & la voix doivent avoir pour plaite.
Il metàcequ'il ditla chaleur necessaire,
Illajoint aux grâcesdu corps.
- Pourquoy s'en étonner? l'ame de son grand pere
Met en mouvement lesressorts
'De cefortuné temeraire.
Le même Aaeur vient de jouer le rôle
de Strabon dans la Comedie de Democrire
de M Renard, avec beaucoup d'applaudissemenr.
On a fait depuis peuune reformeàla Comedie
Françoise de quatre femmes & un
homme. Ce sont les Dlles Jouvenot,
Aubert, Duchemin & Gravet, & Lesieur
de Chanvalon.
NOUVELLES ETRANGERES.
De Constantinople
L , ce 15 Avril 1711. A Portecontinue à faire de grands
preparatifs de guerre.. Les Janissaires
sont prêts à marcher au premier
ordre. Les projersne paroissent pas encore,
quoi qu'on voye toutce qui se prépare
pourleur execution. LeGrand Visir est
impenetrable, & traire les affaires avec
autant de secret que de capacité. Il paroît
que le Prince Ragotzi est parfaitement
bien dans cette COllr; on lui a fait divers
presens
presens & donné cent bouses pour ioi>
entretien. La tranquifité est parfaitement
rétablie au Grand Caire: cette heureuie
nouvelle est venueavec lesVaisseaux qui,
ont apporté le tribut del'Egypte.
Le MarquisdeBonac, Ambassadeur de-
France, informé que Abdur Achman,
Bachade l'me de Scio, avoir fait abbattre
les deux nouvelles Eglises queles Chitiens
avoient construites dans cette HIe,
ainsi que la Maison & la Chapelle du Consul
de France, s'en plaignit le 4 Avril aLi.
Grand Visir, qui lui promit de manderle
Bacha pour le eUllir de sa conduite envers.
le- Consul.
Depetersbourg, le6 May 1722. sUivant les Lettres de Moscou la Russie
a son Pontofi comme l'Espagne. On
mande que les Ingenieurs envoyez par le
Czaren Siberie, pour tenter la découverte
de quelques mines d'or, ont rapporté
qu'après avoir traversé les Montagnes de
laGeorgie, pour tâcher de penetrer jusqu'à
la source de la Riviere Doria; ils avoient
été arrêtez dans leur recherche par des
rochers escarpez qui les ont obligez de
retourner à Toboski, après un mois de fatigues
Se de marche. Ces Ingenieurs ont
31Iuré que le fleuve Doria rouloit des fables
d'or, & qu'ils avoient découvert dans
se pays des mines de ce Roy desmétaux.
Ssir cette assurance Sa Majesté Czarienne
veut faire construire un Fort à l'embouchure
de la Doria dans la Mer Caspienne ;
cependant ce projet paroît d'une execution
difficile, les Peuples de ce pays sontsous
1* protection du Roy de Perse. Le voyage
du Czar est toujours incertain. On doute
fort qu'il se rende à Astracan, quoique
tous les bagages soient prêtsdepuis longtemps
; on croit plutôt qu'il retournera
incessamment à Petersbourg, & qu'il doit
executer quelque projet importantdu côté
de la Mer Baltique.
Par les dernieres Lettres de Moscou on
a appris que le Czar y avoit été attaqué
d'une violente colique:SaMajesté Czarienne
pendant les douleurs de cette vive
maladie, a fait remettre dans le Trésor des
Archives un Testament olographe qui contient
la nomination de son successeur. On
se flatte que la guerison ne tardera pas,
&que son retour à Petersbourg ne sera,
pas long-temps différé; on y équipe une
Flote de trente Vaisseaux de ligne, & de
près de trois cens Galeres.
DeVarsovie,ce 20 úYfay jyn. LEs inquietudesaugmentent chaque
o
jour en Pologne,malgré l'assurance
qu'on
qu'on donne ici du retour du Roy vers
le 15May. L'opinion qui s'estrépandue
qu'il veut abolir les anciens privilèges de
la Nation,en faisant declarer l'hérédité
du Trône en faveur des Princes de la,
Maisonde Saxe, indispose fort ses Sujets
contre lui;une nouvelle Confederation
des principaux de la Republique paroît
favoriser lesdesseins du Czar, & augmente
les allarmes du Royaume, qui craint encore
une invasion des Turcs. Cette crainte
a chassé du Palatinat de Podolie une très
grande quantité de familles qui se sont
retiréesàLemberg avec leurs effets les
plus considerables. Les Troupes du Czar
occupent actuellement les frontieres de
Livonie &duDuché de Curlande; on
n'en fort point sans un passeportdu Prince
de Repnin Gouverneur de Livonie. Le
Duc regnant de Curlande doit, dit-on,
dans la prochaine Diete generale demander
à la Pologne du secours contre le Czar,
qui paroît méditer une expédition contre
son Etat. On apprend par les Lettres de
Dantzik, que le Duc de Meckelbourg
avoit envoyé des ordres secrets au Gouverneur
de Domitz, portez par le Colonel
Ziclavu, en consequence de quelques
importantes dépêches qu'il avoir reûës
du Czar, qu'on dit à present malade à
Moscou.
DeCopenhague ce23May 1722.
L'Escadre de ce Royaume fera compofée
de vingt Vaisseaux de ligne, de
cinq Fregites, de trois Brulots; on continuë
l'embarquement des provisions de
bouche &des munitionsde guerre qui lui
sont necessaires,
Un VaisseauMoscovitede quatre-vingts
pieces de canon, faisant roure vers Petersbourg
, a passé le détroit du Sund sans
jerrer l'anchre, & sans vouloir payer les
droits ordinaires. Le corps de Troupes
qu'on assemble dans le Holstein fera de
douze a quinze mille hommes. Le jeune
Comte de Rantzau passant le Il May à -
Reimberg, pourse rendre à Hambourg,
fut arrêté par ordre du Roy de Dannemarck,
de le lendemain conduit avec escorte
à Rensbourg.
Le Roy arriva le 16 May à Sleswich,
& partit le lendemain en poste pour se rendre
à Friderisbourg ; onsuppose quec'est
pour quelque dessein important, attendu
que les Troupes campées aux environs de
cette Ville ont reçu ordre de se tenir prêtes
pour marcher au premier commandement.
Les Commissaires Imperiaux établis
à Rostock pour regler l'affaire du Duc de
Meckelbourg, ont suivant les Lettres de
Domits,
Domits reçu la derniere decision de la
Cour Imperiale, qui ordonne au Duc de
payer un million de Risdales à sa Noblesse,
pour dédommagementdes pertes qu'il lui
acausées, de saisir en cas de refus tous les
revenus,& de commencer par la saisie des
Doüannes de Domits.
On écrit de Berlin que le Roy de Prusse
n'a jusqu'à present formé aucune liaison
avec le Czar.
De Stokolm; ce 12 May 1712.
LE Roya resolud'établir l'ancien Cérémonial
de ses Predecesseurs
, & l'a
fait notifier à tous les Minières Errangers.
Suivant ce Cérémonial les Ambanadeurs
doivent s'adresserau Presidentdelà Chancellerie
, soit qu'ils ayent des propositions
à faire à Sa Majesté
,
foir qu'ils ayent des
Lettres à lui rendre de la part de leurs
Souverains.,
» M. Bertuchef, Ministre du Czar en
Suede, eux audience le 27 Avril, & si
part au Roy du nouveau titre d'Empereur
que prend, son Maître
, avec demande de
le reconnoître encette qualité. On ne
sçait si cette proposition seraacceptée.
Le même M. Bertuchef a eu une longue
Conference avec le General Duker
, ôC
quelques autres Senateurs au sujet du Duc
d'Holstein
, on prétend que le Roylui
refuse constammentle titre d'Altesse
Royalle. Le Capitaine Guldenrood aété
décapité ; ses complices dans l'affaire du;
Colonel Stobens ont subi les peines pronoacées.
dans leur Arrest.
De Vienne ,cc lyAfayiyin ON debite icy que l'Empereur a fait
offrir au Roy de Pologne, Electeur
de Saxe, le titre de Gentralissisme des
Troupesdel'Empire, si on estobligé
d'entrer en guerre;le Prince Eugene alors
commandera fous lui.
Le 13 May,M. Jaquemin
,
Conseiller
d'Etat ordinaire du Duc de Lorraine,fit
hommage à Sa Majesté Imperialeau nom
de ce Prince, pour le Duché de Tischen
en Silène..
On dit que l'Assemblée des Etats de
Transilvanie & de Croatie a consenti que
la successîon de ces deux Provinces passât.
aux Princesses de la Maison d'Autriche.
L'Empereur, espere que l'Assemblée des
Etats d'Hongrie suivra cet exemple , ÔC.,
signera on pareil consentement.
Le Comte de Kinski, Ambassadeurde
l'empereur a.h Cour du Czar, a mandée
quele proteDgucé,de.Meckelbourg étoit tou- par SaMajestéCzarienne- -. &.'
& qu'elle lui avoit promis de le rétabli
dans les Etats
,
si la Commission Impériale
de Roftok perfeveroit à soutenir la
rigueur de ses procédures.
De Londres, ce 30May 1712.
LInsertionde la petite Verole prouve
chaque jour son utilité, les jeunes
Princesses ont essuyé cette operation sans
aucun accident fâcheux, elle s'est faire
aussi heureusement sur les six enfans ,dw
Lord Bashurt.
Le bruit d'une conspiration contre le
Roy & l'Etat
, acausé bien des mouvemens
6ed-esinquiccudes dans cette Ville.
Le 19 May & les jours fuivans, le campement
des Troupes à Hidepartconfirma,
cette nouvelle. On y vit arriver à la fois
les trois Regimens des Gardes à pied,&c
les six Compagniesdes Gardes duCorps
& des Grenadiers à Cheval. Cela causa
une épouvante generale, & cette épouvante
fit courir en soule à la Banque; le
prixdes Allions tombatout d'un coup
jusqu'à soixante & dix-huit.. La tranquillité
ne s'est un peu rétablie que depuis,
une Lettre écrite par le Lord Townshen
Secretaire, d'Etat
, au Lord. Maire de la
Ville de Londres ,quicontient l'avisde
laconspiration; j mais qui marque en même
Hvj tems •;
rems que si des Sujets infidelles & de-i
Traitres fugitifs avoient forméensemble,
le prorjet criminel de renverser la forme;
de l'Etat ik la Religion du Pays,les Anglois
amateurs de leur Patrie doivent se
rassurer
,
& ne pas craindre une RebelliÓm,
qu'aucune Puissance Etrangere ne
prétendni fomenter ni soutenir; que Sa
Majesté,parfaitement instruite des devins
des Conjures, ne l'est pas moins de leur,
peu de crédit hors du Royaume, & qu'ainsi.
n'ayant à Ce precautionner que contre des,,,
ennemis qui le sont aussideses fîdeles
s.ujcts) elle espere que ces Sujets fideles
l'aideront à dissiper une faction contraire,
au repos & à la felicité dela Nation
Britanique.
Le LordMaire après la reception decette
Lettre, fit assembler lesAldermans.
& les Scherifs
,
qui, informez de laconfpirarion
, dressereur une Adresse au Roy,
qu'ils lui presenterent le jour suivant.
Cette Adresseétoitdictée par leuraffaction
pour la personne de Sa Majesté,
& leur zéleinébranlable pour son Gouvernement,
& pourla continuation de la
succession Protestantedans, ta Famille
Royale d'Hanovre. Lorsquenousreflechissons,
disent ils,surtoutesles benedictions
don: joü.jfen,t les Anglois sous la pretectiondl'unPrince
quiseproposeles Loixdu Pays<,
£om
pour regle de son Gouvernement. Lorsque
nous considerons que ni Droits Civils ni
£&Cleft"fliques des Sujets de Votre Majesté
n'ont souffert aucunes atteintes depuis son
heureux avenement au Thrône de ces Royaumes,
nousne pouvons que témoigner une
extréme horreur pources amesviles & dé-
, testables qui osent conspirer , &c.
Le Roy répondità-ces protestations
zélées & lespedueuses avec bonté, &
promit de proteger toujours les Privileges
de la Ville de Londres, & de maintenir
constamraent les Loix,la Religion & les
Libertez du Royaume; ensuite le Lord
Maire, les Aldermans & les Scherifs eurent
l'honneurde luibaiser la main.
On envoya le même jourdeux cens
Gardes de renfort à la Tour. On doit
former deux Camps dans le Royaume
pour sa sûreté, l'un près de Marlborough,
& l'autre dans la Province de Lancastre.
Le Lord Maccarteneyost parti pourl'Ecoffe
,
oùil va commander lesTroupes
qui s'y trouventactuellement.Onnes'en
est pas tenu à ces precautions. On a proclamé
le. 11. un ordre du Roy à tous les
Catholiques. Romains de sortirde laVille
de Londres & decelle de Westminster
,
&; de.s'enéloigner de dixmille.:.Le même
jour les Juges de Paix furent informés
<d£S..internionsda Roy& du Conseil
,
ils*
remplirent
remplirent leurs ordres la nuit suivante,
& visiterent exactement plusieursmaisons
qui leur avoient été indiquées, ils n'y
trouverent cependant aucunes provisions,
suspectes
,
qui pussent déposer contre les
personnes dénoncées. On a envoyé des
ordres précis à tous les Officiers des
Doüanes des Portsdevisiterplus scrupuleusement
qu'à l'ordinaire les Vaisseaux
arrivant des Pays Etrangers ,
ainsique les
Passagers &leurs papiers. Le Camp de
Hydepart est à present de quatre- mille
huit cens quatre-vingts- treize hommes
,
tant Infanterie que Cavalerie. La discipline
y elt observéetrès-severement fous
les ordres de M. le Comte de Cadegan ;
Lieutenant General des Armées de Sa
Majesté, qui s'y rend tous les matins,
& qui a deffendu expressément aux Soldats
de s'en écarter. On J' atransporté
de la Tour vingt-une piéces de Campagne,
avec des Caissons- chargés de poudre &
de boulets, escortés par un détachement
des Gardes à pied. Deux jours auparavant
on avoit envoyé à Greenwich un pareil
détachement pour garder les magasins à
poudre du Royen cas de Coulevement.
Le Regiment de Cavalerie des Gardes
Bleuës, commandé par le Duc de Bolton,
a été envoyé dans un Camp situé dans la
plaine de Honslow. Tous ces preparatifs
y.1j
qui allarment ordinairement les Peuples,
ont cependant produit un effet bien contraire,
la Banque est remontée à son premier
credit, &_lesJonds ne sont baissés
que de quatre par cent depuis les premiers
bruits de la Contpiration.
£}eLisbonnetce 30Avril 1722.
~ON4 à publié une nouvelle Ordonnancedu
Roy contre ceux qui frauderont
les Droits de Sa Majesté. On rembarqué
sur le VaissEau qui est parti pour Goa,
dix-neuf Marchandsaccules&convaincus
d'avoir fait defausses déclarations de leurs
marchandises, &condamnés au bannissement
dans les Indes, d'où illeurestdeffendu
de revenir.
M. Worfley
,
Envoyé Extraordinaire
du Roy d'Angleterre en cette Cour,eut
son audience de congé le 7Avril
,
& le
Colonel Thomas Lumley qui lui succede
dans cet Emploi, eut sa premiere audience
le 18.avec les ceremoniesordinaires.
Le Roy pour remedier aux embaras que
cause dans le Commerce ledifferent titre
des especes d'or & d'argent qui ont cours
dansle Royaume
, en aordonné une refonte
générale par un Edit enregistré à la
grandeChancelleriele16Avril.
1>,eDeMadridce
10May 1711.
~O Nfit le 3May la Processionsolemnelle
de la ChâssedeS. JeandeMatha.
Cette Ceremonie est celebre & des
plus' magnifiques; cette Châsse fut portée
par leMarquis de Cogolludo& douze autres
Grand du Royaume, & suivie par
tous ceuxqui se sont trouvez ce jour-là à
Madrid.
L'invitation leutfut faite de la part du
Duc deMedina Celi, Protecteur & Patron
des Trinitaires Déchaussés,) possesseurs
de cette fameuse Relique.
On atranfporré de Cadix cinq cens Ouvriers
dans PlHe de Majorque, pour reparer
les fortifications de la Capitale, &
celles de Palomera & d'Acudia.
Les Troupes Espagnoles qui étoient assemblées
près de Gibraltar,ont reçu ordre
de passer du côté de Malaga; & le Gouverneurde
Cadiz a fait proposer au Gouverneur-
Anglois de la même Place, de
rétablir Je Commerce interrompu par des
soupçons mal fondés.
On écrit de Barcelone que les Catalans
ont obtenu de SaMajesté une grace qui
leur avoir été toujours refusée par les Rois
les Predecesseurs
,
c'est la déchargede
l'ustancile & du logement des Officiers.
Il
Il y a eu une longue Conference avec le
ColonelStamhope Ambassadeur d'Angleterre,
& le Marquis de Grimaldo Secretaire
d'Etat, au sujet de l'armement que
l'on fait dans ce Royaume,on donne de
la part de Sa Majesté Catholique desassurances
qu'tlle ne prétendoit rien tentercontre
la quadruple Alliance. Là-dessusle
Ministre de la Grande Bretagnedépêcha
un Courier à Londres pour dissiper les
soupçons que de fauxavis avoient pu faire,
naître -
On continue dans les Provinces la levêedesMilices,
& celles qui sont destinées
pour la gardedesCôtes, le sontdéja
renduës à leurs postes. On équipe à Ma,
jorque des Fregates qui doivent joindre
l'Escadre que. les Etats Generaux ont envoyé
dans la Mediterannée contreles Corsaires
de Barbarie.
Les Maures tant battus par le Marquis
de Lede en 1720 au siege de Ceuta
, ayant
voulu prendre leur revanche
,
& faire une
descente sur les Côtes de Murcie ou de
Valence, ont été repoussés deux fois par
la tempête avec une perte 1 trèsconsiderable
,
qui les mer absolument hors d'état
de rien entreprendre cette année. Cinq de
leurs meilleursVaisseaux ont coulé à fond
lereste aété dispersé sur les Côtes du,
Royaume de Maroc. Ils ont été obligés.
de.
de jetter à la mer presque toute leur artillerie&
tous les chevaux qu'ils avoient
embarqués; la maladie s'est misedans leurs
Soldats & Matelots; enfin la disette des
vivres augmente dans le Royaume de Fez
& de Maroc, & la misere est si grande du
côté de Salé & de Miquenés, que la plupart
des Habitans sont forcés de vendre
leurs enfans pour acheter du pain.
De I?..ome:lee lyMty 1722.
LE1. May, le Cardinal d'Acunhaeut
son audience de congé duPape
,
ôc
partit le 4. après avoir signalé les adieux
par desliberalitez excessives.
La Chambre Apostolique, aprèsplusieurs
assemblées, vientd'assigner au Pape
mille écus par jour, outre sa dépense ordinaire
pour tout le tems que Sa Sainteté
passera à la Campagne.
M.Correlli, Commissaire de la Chambre
Apostolique
,
est parti pour Civitavecchia,
avec ordre d'y faire armer promtement
deux Galeres pour aller en course
sur quelques Corsaires de Barbarie qui
font entrés dans le Canal de San Severino,
où ils ont enlevé quelques Barques de
Pêcheurs; on dit même que M. de Platamonte
,
nouvel Evêque de Lipari, est
tombé entre leurs mains.
Les
Les Galeres de Sa Sainteté font rentrées
dans Civitavecchia, avec une Prise d'une
Galiotearmée des Côtes de Barbarie, de
quatre- vingts hommes d'équipage.
La nuit du 8 au 9 May, un Gentilhomme
de la fuite de l'Ambassadeur de
Portugal
,
fut pris par les Sbirres dans,
le moment qu'il escaladoit le mur d'un
Couvent de Religieuses. du Quartier de
Trastenere, il fut i-nenétn prison
,
d'où il
sortir, à la sollicitation de l'Ambassadeur,
le 10. au soir.
DIGNITEZETEMPLOIS
des Pays Etrangers.
SUEDE. M de Stackelberg, Lieutenant General
des Armées de Suede, qui eil
revenu depuis deux mois de Moscou, où
il étoit prisonnier deguerre, a été honoré
par le Roy du Commandement en chef
des Troupes du Duché de Finlande.
ALLEMAGNE.
« Dame Marie-Catherine, Baronne de
Meyerfeld, qui étoit Doyenne des Chanoinesses
Regulieres de Saint Augustin,
Bric possession le i 9 Avril de la Prevôté
perpetuelle
perpétuelle du Couvent de Saint Jacques
à Vienne.
M. le Comte Ulrich-Félix-Popel de
Lobkowitz, a été fait Conseiller d'Eiac
ordinaire par l'Empereur.
Le Cardinal d'Althan a été fait Viceroy
de Naples par l'Empereur.
M. le Comte d'Almenara obtenu de
Sa Majesté. Impériale la Viceroyauté de
Sicile.
Le 3 May, jour de l'Invenrion de Sainte
Croix, l'une des Fêtes de l'Ordre de la
Croisade, l'Imperatrice Amelie, accompagnée
de l'Archiduchesse sa fille, tint
Chapelle dans l'Eglise de la Mâi(on"Pro.
fesse des Jesuites, & après le Service celebré
pontificalement par le Nonce du
Pape, elle aggregea à l'Ordre de la Croisade
vingt-deux Dames des plus qualifiées
d'A llemagne & d'Italie.
Le Baron de Sonneberg, Conseiller
Imperial & Assesseur du Tribunal Provincial
de la basse Autriche, a pris seance
le 4 May dans le Conseil des Députez de
la Province, à la place de M. le Comte
d'Enkenoist,qui a fini son temps.
Le Comte de Valsassine, Viceregent
Provincial du. Duché de Carniole,a été
nommé le 4 May Conseillerau Conseil
d'Etat de la Basse-Autriche.
, U Comte Gaspard de Cobenzel
,
Grand
Echanson
Echanson hereditaire de la Carniole & de
la Marche de Wendi, a obtenu de l'Empereur
la Charge de Grand Maréchal de la
Cour,vacante par la démimon volontaire
du Prince de Schuartzenberg.
Le General Zumjungen a été nommé
Felt-Maréchal General par l'Empereur,
& doit aller incessamment commander les
Troupes en Sicile.
Le Cardinal deSaxe-Zeitsdoit presider
comme Primat du Royaume aux Etats de
Hongrie, qui s'assembleront à Presbourg
le 20 Juin.
Le Prince Frobenius de Furstemberg est
nommé premier Commissaire de l'Empereur
à Ratisbone à la place du Cardinal
deSaxe-Zeits.
ANGLETERRE.
La Comtesse doüairiere de Sunderland
a obtenu du Roy unepension de mille
livres sterling.
Le Comte de'Peterborough a obtenu le
renouvellement de sa Patente de General
des Troupes de Marine & de débarquement
; le Roy y a joint quatre mille livres
sterling d'appointemens.
M. Edoüard Beecher,Scherif de la
Ville de Londres,aété fait Chevalier par
le Roy.
Le Chevalier Robert Sutton a été nommé
,mé membre du ConseilPrivé du
.,
Roy.
Le Lord Gilbert., Irlandois, a été nom- j
mé Baron de l'Echiquier.
Le Roy a créé Pairs de la Grande Bretagne
les filsaînés des Ducs de Rokbotough
& de Montroff,SeigneursEcossois.
PORTUGAL.
Le R. Pere Ricard de Mello,Docteur
en Theologie & Procureur General des
Religieux de l'Ordre de Christ, aété élu
dans leur Chapitre le 20 Avril General
de cet Ordre, à la pluralité des voix, &
Prieur de leur Monastere Royal de Tho-
,mar.
Le R. P. Manuel de la Conception,de
l'Ordre de Saint Augustin,Qualificateur
du Saint Office,cy-devantPrieur du Couvent
de Notre- Dame de Grace de Lisbone,
& qui a étéDéfiniteurGeneral au Chapitre
general que tint cet Ordre à Boulogne
dans l'année 1699, a été élu le 1;5
cAvril Prieur Provincial des Augustins du
Royaume de Portugal.
ESPAGNE.
Le Marquis de Valhermofo, Lieutenant
General des Armées du Roy d'Espagne,
a été nommé par Sa Majesté Gouverneur
des Isles Canaries, & President de l'Audience
des mêmesisles.
Le
Le Colonel Don Jean Perés y d'Osante
a éténommé Lieutenant de Roy de la
Place d'Albuquerque.
Don Jean Antoine de Lardisabal, Chanoine
delaCathedrale de Salamanque, &
Professeur de Theologie dans l'Université
de la même Ville, a été nommé par le
Roy à l'Evêché de la Puebla de los Angelés
dans la nouveile Espagne.
I T ALIE.
Dans un Consistoire tenu à Rome lelz.
Avril,auPalais du Quirinal
,
le Pere Philippe
Valignani, Dominicain, cousin de
Sa Sainteté, futproposépour l'Archevêché
de Chieti dans l'Abrusse.
Le R. Pere Archange,aussi Dominicain,
fut proposé par le Cardinal Barberin pour
l'Archevêché de Navisanen Armenie.
¡ M. Bogislas Coruni Gosiewski,Prêtre
Polonois
,
fut proposé par le Cardinal Corfini
,au nom du CardinalCamerlingue,
pour le titre Episcopal d'Erisso.
M. Etienne Stucanowich fut proposé
par le CardinalFabroni, pour l'Archevêché
d'Anlinari dans la Dalmatie.
L'Abbé Silvestre Stana
, par le Cardinal
Tolomei, pour l'Evêché de Minori, Suffragant
d'Amassi.
M. Jean Michel Vinceflas de Conti de
Spaur,parle Cardinald'Althan,
pour l'Evêché
vêché Titulaire de Rhossen en Sirie
, avec
le titre de Suffragant de Trente.
M l'Abbé Valbelles des Tourves ,
sur
proposé par le Cardinal Ottoboni, Protecteur
des Affaires de France, pour l'Evêché
Titulaire de Geropolis, avec la
Coadjutorerie de Saint Omer.
M.l'Abbé de Montboissier de Canilhac,
pour l'Abbayede Notre-Dame de Barbeaux,
Ordre de Citeaux, Diocésede Sens.
Le R. Pere Jean-François du Bienheureux
Jean de la Croix,natif de Mondovi
en Piemont, a été élu General de l'Ordre
des Carmes Déchaussés ; il exerçoit depuis
trois ans la Charge de Vicaire General de
cet Ordre.
Le Cardinal Cinfuegos a éténommé par
l'Empereur pour occuper à Romelaplace
du Cardinal d'Alchan,& lui succederdans
le soin des Affairesde S. M. Imperiale.
M. Pierre deCarolid
, cy- devant CommissaireApostolique
de la Santé, & M.
Jean-BaptisseSpinola, Auditeur du Cardinal
Camerlingue
J ont obtenu deSa Sainteté
les deux Charges de Clercs de 130<
Chambre Apostolique, vacantes par la
démission de M. Antoine Vidman
,
& la
nomination de M. Cavalieri à la Nonciature
de Cologne.
M. Lanfredini aété fait Auditeur du
Cardinal Camerlingue.
,
- M.
M. Robert Bellarmin a été fait Chevalier
de Cape & d'Epée.
M. de Sorbelloni a obtenu la place de
r Vice-Legat deFerrare, qu'avoit M. Bardi,
à present Ponent de la Consulte.
MORTS ET MARIAGES
des Pays Etrangers.
LE jeune Comte Golofskin a épousé à
Moscou le 10 Avril la Princesse Romandonofski.
Le jeune Comte Trubeskoy a épousé
à Moscou dans le même mois, la soeur du
Comte Golofskin.
Le Prince Valenski, Gouverneur d'Astracan
, a épousé à Moscou la Princesse
Nariskin, proche parente de S. M. Czarienne.
La Comtesse Marie Augustine de Bucchein
,
Pievôte perpetuelle du Couvent
de S. Jacques à Vienne,y est morte au
mois de Janvier dernier.
LeComte Charles Louis deSinzendorf-
Erstbrun, est mort à Vienne le Ü; Avril,
âgé de soixante & dix ans. Il étoitTresorier
hereditaire de l'Empereur, Grand EchansondesArchiduché
d'Autriche, Conseiller
ordinaàe-ait-Conseil d'Etat de l'Empereur,
il -&.
& President du Conseil Imperial des Finances.
Le Comte Damien Hugues de Virmond,
Commandant General & Gouverneur de
Transilvanie & de Valaquie
,
Conseiller
au Conseil de Guerre de l'Empereur,
General d'Artillerie, & Colonel d'un Regiment
d'Infanterie, est mortàHermanstadt
la nuit du 10 au 11Avril, il avoir
été Plénipotentiaire de l'Empereur au
Traité de Passarowits, & son Ambassadeur
Extraordinaire à la Porte en 17 19.
Il est mort à Edimbourg une femme
Hongroise
,
âgée de cent vingt ans onze
mois & vingt-quatre jours,qui a vécu quatre-
vingts-deux ans avec son premier mari,
& vingcinq ans avec le fecond
,
quiest
encore vivant.
Le Comte Jean-Baptiste de Neidnard,
Conseiller au Conseil d'Etat de l'Empereur
,
& President de la Chambre de la
Haute Silesie
, effc mort à Breslau le 19
Avril, âgé de soixante & dix sept ans.
Le Chevalier Bury, l'un des quatre
Barons de l'Echiquier, & l'un des douze
grands Juges d'Angleterre, est mort à Londres
le 15 May.
Le Comte de Rorhes
,
Gouverneur de
Sterling, & l'un des seize Pairs d'Ecosse
qui ont été élus pour avoir séance dans
le prochain Parlement, est mort en Ecosse
le May. Dom
Dom Pierre de Figneyredo de Alarcani,
Seigneur de la Tour d'Otta
,
Alcaide Major
de la Ville de Couilhaa
,
autrefois Envoyé
Extraordinaire du Roy Pierre II. à
la Cour de France, est mort à Lisbone le
15 Avril, il a étéenterré dans l'Eglise de
Notre-Dame de l'Incarnation, où est la
Sepulture de ses ancêtres.
Don Diego Soharés de Bulhoens, Sergent
Major de Bataille. & Gouverneur
d'Eftremos dans la Province d'Alentejo,
est mort dans son Gouvernement le 1.j
Avril, âgé de soixante & six ans.
Dom Philippe Antoine Gil Taboada,
Archevêque de Seville
, eil: mort le 19
Avril, âgé de cinquatre-quatre ans. Il avoit
été Grand Collegial de l'Universitéde Salamanque
,Chanoine Penitencier del'Eglise
d'Oviedo, Chanoine & Theologien de
celle de Tolede Primatie du Royaume, Vicaire de Madrid
,
President de la Chancellerie
de Valladolid, President & COInmissaire
general de laCroizade,Evêque
d'Oma
,
& Gouverneur du Conseil d'Etat
& du Conseil Privé.
Le Commandeur Ventiert, Surintendant
general des Galeres du Royaume de
Naples, y est mort le 17 Avril.
Le mariage du Prince de Bellevedere-
Carasso avec la fille unique du Duc de
Sora de la maison de Buoncompagni, est
I ij conclu.
conclu. On en doit faire incessamment la
Ceremonie.
• Don Martin de Gusman, Marquis de
Montalegre
,
Comte de Castronuevo
Commandeur de Biennenida ,
, & de la Pula de Sancho, de l'Ordre de S. Jacques
,
Administrateur des Revenus de la
Commanderie de Liche & de Castileja de
l'Ordre d'Alcantara
,
Sumelier du Corps
ou Grand Chambellan deSa MajestéCatholique
,& Capitaine des Halbardiers de
la Garde Royale Espagnole
, mourut à
Madrid le 15 May,âgé de64 ans.
Don Fabrice Tustavilla , Duc de Calabrito
& de Saint-Germain dans le Royau-
1
me deNaples,a épousé à Rome la fille
du Prince de Carbognano.
Dona Marie-Madeleine Boromei-Altieri,
Princesse de l'Oriolo, accoucha le premier
May d'une fille.
EAU DE --SEAVTE.,. QU OIQJL7 E cette Eau ait été inconnue
jusqu'aujourd'hui dans toute laFrance,
ellea - pourtant fait l'admiration de tout ce beau
sexe de l'Angleterre, de la Hollande
,
& de toutes
les Cours d'Italie ; elle y a été goutée, & a merité
par sespropres effets d'être appellée Eau de
beauté.Je ne doute pascependant qu'en France
il ne se trouve quelques Seigneurs qui en ayent
dans
dans les Cours étrangeres connu la valeur,pour
peu qu'ils ayent eu de relation avec le beau sexe.
Cette Eau quoiqueclaire & brillante comme
l'eau deroche,est cependant grasse
,
proprieté
extraordinaire d'un fcul simple assez rare, ç
auneodeur difficile àdéfinir,qui se perd en
sechant;cette Eau n'est autre chose qu'une corn:
position de simples, mais des plus rares & des
plus exquis quelanature ait produis.
Voici ses proprietez& ses effêtS, Elle nourrit
lapeau
,
& lui donne un éclat de blancheur parfaite
, conferve la delicatessedes traits,ranime
toutes les couleurs,& répand sur tous les teins -
les plus secsun air de fraîcheur qui est égal &
aussi naturel que celui que faitle fang le plus put
dans un corps le plus sain. On peut sans lui rien
prêter, prouver par cent exemples,que ceux qui
en font usage ne s'aperçoivent point que le nombre
desannéespuisseflétrir & diminuer la fraîcheur
de leurs teins & de la gorge, puifqu'elle en
ôte toutes les rides &rousseurs qui proviennent
de lasecheressedu tein. Ce qui prouve que ce
n'est point du fard
,
c'est qu'il en faut faire usage
pluficurs jours avant d'en connoître aucuns changemens
; mais lorsque vous vous ferez habituez
a vous en servir de la façon qui fuit, vous connqîtreï
bientôt que c'est le seul secret qui est capable
d'ajouter des charmes à la beauté &.dela
conserver jusqu'à la mort. Celles qui par un fang
acre & mauvais sevoyent une peau noire 3c livide,
& un tein couvert de boutons,conviendront
qu'il n'y a jamais eu de tel Secret
, en donnant
de la blancheur
, en conservant les traits, & ranimant
toutes les couleurs, & faisantressentiraux
teins & à la gorge un air de fraîcheur naturel
ôtant , tous les boutons
, &les rides, sans qu'il y
en reste la moindre marque. Il ne faut pas sefigurerque
cette Eau, toute merveilleuse qu'elle
Iiij soit,
soit,opere toutes ces qualirez sur le champ, il
fautlui donner le temps, & se figurer qu'un
Peintre,quelque habile qu'il soit, ne rend parfait
son ouvrage, qu'avec le grand nombre de
coups de pinceau qu'il lui donne.
Voici la façon dont il faut s'en servir; le
foir en se couchant
,
il fautverser la valeur de
trois culieres de bouche de cette Eau dans un
petit vase
, avec un linge ni trop gros ni trop
fin, c'est à dire comme une grosse toile d'Hollande
ferrée, le tremper dans cette Eau, s'en
bien décrasser le visage & la gorge,jusqu'à ce
que vous sentiez dans le tein un peu de chaleur
, & alors vous cesserez pour un instant
,
&
ensuite avec le mêmelingeretrempé, vous vous
en redecrasserez de la mêmefaçon plus legerement,&
vous ne vous secherez point d'aucun
linge
, car la liqueur sechera un instant après,
& vous vous coucherez.
Le matin vous vous en decrasserez de la même
façon
,
à U reserve que la seconde fois après que
la liqueur aura seché, vous vous passerez legerement
un linge sur le tein
, comme si vous vouliez
vous ôter de la poudre.
Les Dames qui portent du Rouge, peuvent
tremper le pinceau dans une goute de cette Eau,
& s'en servir à leur gré. Le Rouge avec cette
Eau ne mange point la couleur naturelle. Les
-
Dames connoîtront sur le champ l'éclat qu'elle
donne au Rouge, puisqu'elle le pâlit de telle
façon, qu'elle lerend parfait couleur de chair.
Cet effet se fait sur le champ, & les yeux le
distinguent.
Cette Eau peut se garder aussi longtemps
que l'on souhaite; plus vieille elle est, plus elle
se purifie; il nt faut point douter qu'au Printemps,
Eté & Automne, elle n'agissepluspuissamment
,
puisque vous remarquerez qu'étant
composée
composée de Simples, elle aura dans sa phiole
la même agitation qu'ont tous les Simples dans
ces faisons chaudes.
Pour prouver une seconde fois que ce n'est
point fard, vous n'avez qu'à mettre àla lessive
les linges avec lesquels vous vous serez decrassez,
vous verrez s'ils font tachez d'aucunes couleurs.
Les Dames qui portent du blanc, sielles veulent
se conserver les dents
, & empêcher la peau deCe
rider, en useront de la même façon, & avant
demettre du blanc, & dans la fuite elles pourront
s'abstenir de mettre du blanc, puifqu'il
n'y a rien de si pernicieux pour la peau & les
dents.
Dans le temps que j'avois l'honneur d'apartenir
àla Reine Anne, comme son Parfumeur &
Distilateur pour toutes leschoses necenaires à
sa Personne sacrée
, & que mon eau lui étoit
connue & agréable par toutes ses bonnes qualitez&
effets,je n'avois pas besoin de cirer dans
mes manuscrits les differens effets qu'elle operoit.
Comme en France je n'interesse aucune
Puissance, &ne veux meriter leur protection,
que quand ils feront convaincu que mon Eau
est la composition la plus rare&laplusexcellente
pourlesproprietez que je lui donne, que
tout ce qui a paru de rare & de bon dans ces
fortes de secrets. J'avois oublié dans mes manuscrits
l'utilité de se servir pour la petite verolle
de cette Eau. Ce qui vient d'arriver en faveur
de la petite Marquise de la Lande m'oblige,
m'étant permis de la nommer, d'en instruire
cette grande Ville & les Provinces étrangeres.
La petite verolle ayant pris cette aimable enfant
âgée de douze ans au mois de Mars passé de
cette année,elle en fut couverte abondamment; les symptômes de cette maladie se passerent à
son égard de la même façon qu'aux autres; mars
Iiiij étant
étant hors de danger, & n'ayant plus que les
croutes sur le visage, la démangeaison qui accompagne
la fin de cette maladie,la. fit se cacher
de sa Gouvernante,& se gratta avectant de force,
qu'elle se mit tout en sang: oneffuia sonfang
d'abord, & on eut recours à mon Eau, &
pendant l'espacede trois fcmaines de temps on
lui bassina le visage cinq fois par jour avec
cetteEau tiede en presence de son Medecin nommé
M. Perraud
,
Medecin de Montpelier, Eleve
de M. Chiquaneaux, Chancelier dela Faculté
deMontpelier,&lorsqu'il n'y a plus eu de crouteni
enlevûre, qu'iln'yaplusresté queles
rougeurs, onlui lavoit le visage à l'ordinaire,
comme le Manuscrit le porte. Elle a, de l'aveu
de tout le monde, le plus beau tein&la plus
belle peau que l'on puisse trouver, sans aucune
marque de petite verolle; rien n'estlégal à sa
couleur, ni à la blancheur de son tein : ce fait
est véritable &approuvé. Je pourrois bien en
citer d'autres touchant tous les articles de ce
Memoire,ri les Dames à qui cette Eaftl a fait
plaisir, souhaitoient me le permettre; mais je
renvoye tous ceux qui s'en servirontàleurs décisions,
après l'usage d'une premiere bouteille.
Façon pour se servir de cette Eau pour la
petite verole: Quand les boutons ou croutes
commencent àse (echer
,
il fautalors faire tiedir
cette Eau, & en bassiner h personne quatre à
cinq fois le jour, & la nuitluiappliquer un
linge fin plié en deux sur le visage, & quand
toutes les croutes feront tombées, vous vous
cn servirez à l'ordinaire.
LesDames qui se trouvent les yeux battus
par certaines indispositions, même les hommes
qui peuvent avoir reçu quelque coup de ferain,
n'ont qu'à s'en bassiner les yeux plusieurs fois
lemême jour. Toutes ces épreuves ont été veri.
fiées
fiées pardevant M. Dodart, après une preuve de
fil: semaines. Je crois que tout Paris connoîc
a(fez les qualitez de ce digne Doéteur, c'est
pourquoi jefaismecne au bas de ce Mémoire
son approbation.
Cette Eau se vendra ,her Mademoiselled'Arliac,
demeurante (her M. Rousselot. Marchand
GantierparfumeurduRoy, Privilégiésuivant 1-z
Cour, demeurant rue Tirechappe au Gant de Pa- ris.Lagrandeur de chaquebouteille estd'une
demi chopine, &le prix est devingt livres lA -
bouteil et
Approbation de M. le PremierMedecindu Roy. N OU S Conseiller ordinaire du Royen tous
ses Conseils d'Etat &Privé,premier Medecin
deSaMajefie, Surintendant'gênerai des
Çaux, Bains & Fontaines minérales & médicinales
de France, SALUT: Sur les témoignages de
beaucoup de personnes de merire des bons efFcrs
de l'Eau dite de BEAUTE*, composée.par lesieur
Lambert,Parfumeur du Roy d'Angleterre,pour
ôter les boutons, rougeurs, tenir toujoursle
tein très uni ,& blanchir la peau, garantir &
empêcher d'être marqué de la petite verolle Nous confeïuons , que ledit sieurLambert,pour
le bien du Public,la vende &diftribue
, enconnoiffant
la veritabre composïtion
,
après en avoir
fait toutes les Epreuves itipulées dans ledit Mémoire
qu'il donne au Public. En foydequtoi
Nousavonsfigné ces Presentes, que nous avons
fait contreifgner par notre Secretaire ordinaire ,':
& à icelles fait apposer le cachet de nos Armes.
Fat à Paris au Château des Tuilleries, le Roy
étant , cc douzième jourde Février 1712.
Signé,DODARlT.r
putM, le premierMedecinduRoy. LASALIE*'
I T' .ARRBSrJ--
ARRES TS.
A RREST duConseil d'Etatdu 19 May
1711, qui permet la sortie des Chanvres hors
du Royaume.
ARR EST du5Juin 1711 ,
qui ordonne
que les Notaires du Châtelet de Paris feront tenus
de faire mention,si fait n'a été, tant sur les Minutes
,que sur les Grosses des Contrats qu'ils repréfenteront
aux sieurs Commissaires, des Rentes
perpetuelles constituées tant sur ks Aides & Gabelles
, que sur les autres Fermes & Revenus de'
Sa Majesté, de la réduction des Arrerages desdites
Rentes du denier tSau denier 40.
JOURNAL
FestePubiWUZsJUlirrunatÛTTV etFeu dfartîfice, dcmne'par<f.£.^fcfû?i<tieurleDucdO'jvûTie^Tn&ajjad au Jujeede ffieureudèalumCi
Héraut dél.sfarûcfu*JDor*Jurl*ÇvfyfelUfrerà-tforuip*tfTjtfartin--..",
,
JOURNAL DEPARIS. NOus esperons que ceux qui n'ont
pas été à portée de voir le Ecu
d'artificede M. le Duc d'Ossone,
nous sçauront bon gré de la representation
que nous en donnons dans la Planche en
taille douce cy à côté. Elle a été dessinée
& gravée avec foin &..£.récilion. Nous ne
pouvons rien mettre tous les yeux qui
donne une idée plus sensible de ce superbe
& ingenieux [pedacle. Pour ne pas repeter
ce que nousen avons deja dit dans la
description que nous en avons donnée
dans le sécond Volume du mois de Mars
dernier, page 1501 nous y renvoyons le
Lecteur : Nous dirons feulement que ce
feu d'artifice fut tiré en presence du Roy
& de l'Infante Reine, le 14 Mars dernier*
Le corps de l'Edifice, representant le ,Tem.
pie de lhymenée,éroitélevé sur des Bateaux
au milieu de la Seine, vis-à-vis
l'appartement de cette Princene. M. Bcrin
Dellinateur ordinaire de la Chambre 8c
Cabinet du Roy, a donné les Desseins de
cette pompeuse & magnifiquefête. Les
Peintures font de M. Petrauc de l'Academie
Royale, très habile pour ces fortes
d'ouvrages, I vj Le
Le Roy a donné une Charge d'Inspecteur
de Cavalerie à M. de la Noüe, cy-
devant Colonel du Regiment de Cavalerie
de M. le Prince de Conti: S. A. S. a donné
ce Régiment au Marquis du Chaiia,
Brigadier des Armées du Roy, cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de la Garde
de S. M. Il est petit-fils & héritier de la
Presïdente d'Ofernbray.
Dame Elizabeth de Fontette du Vau..
main, veuve de Messire Charles de Foiiilleuse,
Chevalier,Seigneur de Saint Aubin
la Grand-Cour,ôcde BoispFeaux, mouloue
le 24 Avril dernier, âgée de S6ans,
à Ton Château de Boispreaux proche de
Lions en Normandie. Elle étoit mere de feu
M. Michel de Foiiilleufa,qui avoitété
*el.£vé Page de S. A. R. Monsieur le Duc
.d'Orleans, mort depuis quelques années
sans avoir été marié, ce qui a éteint la
branche cadette de la Maison de Fouilleuse
flavacourt, Madame de Fouilleuse, qui
vient de mourir, laisseàux filles, qui
font les Dames de Pillavoine & de Lou.
-:yigny. Elleavoit été de la Courdes PriivceiTes
de Nemours, qui font mortes l'une
Reine dePortugal
,
& l'autre Ducheffede
-Savoyej lesquels avoient fait beaucoup
«d'jna:ances& de^promeffes ilateufes pour
ij',¡rdrfr la premiere à Lisbonne, & la fecon- 4,. :r,qr. C'etoituneDamecM~-
blé ôetrès-aimable, tant par laddicareffe
&la vivacité de Ton esprit,qne par les agrémens
de sa personne. Elle a passé pour une - des plus belles femmes & des mieux faites
de son temps.
M. Joseph-Charles Joubert., Chevalier
Marquis de Châteaumorant, Lieutenant
General des Armées Navales deS. M.
-
•eft mort à Paris !e i juin 1722,,
M. le Comte d'Hauresort, Chef dEffadre
des Armées navales, a été fait Lieu"
tenant General en la place de M. le Marquis
de Châteaumorant,&sa place de
-Chef d'Eftadre a été donnée à M. Hurault
-de Villeluilant, Capitaine de Vaiueau.
Lapenfionde 1 couvres sur la Marine
qu'avoit M. de Villeluifant, aété donnée
s M. le Comte de Boulainviliers, Com-
4niflaire général d'Artillerie; &celle de
1000 livres de ce dernier à M.de Ricouar,
Infpeéteur,de& Compagnies Franches de
-La Marine, au département de Rochefort.
M. de L'Escorce, Capitaine de Brûlot9
Chevalier de l'Ordre de Saint Louis, est
mort à Brest le 23 May..
< Le Controlle des GalèresdeMarseille ,
2qui a vaqué par la promotion de M. Ranché,
a été donne à M. Beuf Commissaire
des Galères, AL-Latil a obtenu en mêmetemps
la Commission de Commissaire des
iCakrfci, qui étoit vacanu..-
;. - U
La mort de M. Poulard
,
Consul général
de la Nation Françoise en Egypte,& celle
de M. le Maire Consul dans le Royaume
de Chypre, ont donné lieu à un mouvement
dans les Consulats de Levant. Celui
d'Egypte, dont la residence est au Caire
,
a été donné à M. de Cremery Consul de
Seyde, celui de Seydeà M. Expelly
,
Conful
de Tripoly de Barbarie; celui de Tripoli
à M. Martin;celui de Chypre, dont
la residence est à la Canée,àM.Benoist
le Maire, Vice-Consul d'Alexandrie; le
Vice-Consulat d'Alexandrie à M. de Marigny
Vice-Consul à Chio; le Vice-Consulat
de Chio à M. Rougeau Consul de
Satalie, & le Consulat de Satalie à M.
Bonnal.
On mande de Lunneville que le Duc de
Lorraine revient parfaitement de sa maladie
, & que sa famé est aussi bonne qu'elle
le peut être dans la situation où il se
trouve par les Remedes du sieur Meunier.
Le Prince François a souffert pendant
quelques jours un mal de gorge,
qui l'a obligé de garder la chambre.
Le jour de la Pentecôte le Roy se conffiTa
à M. l'Abbé Chupperelle
, l'un des
Chapelains de la Chapelle de Musîquej
après la Confession Sa Majesté entendit la,
grande Mesle celebrée par M. l'Abbé Du{
Bois, Chapelain ordinaire de la Chapelle
de
de Musique du Roy Monsieur le Duc
d'Orleans, M. le Duc de Chartres, &M.
le Duc de Bourbon y accompagnerent le
-
Roy,qui le même jour fit rendreles Pains
benits dans l'Eglise des Barnabites de
Passy, Paroisse du Château de la Muette,
où-Sa Majesté alla se promener le 25 &
dînerle 28 May.
Don Patricio Laulés, Ambassadeur ordinaire
de Sa Majesté Catholique, eut
audience particuliere du Roy le 24, & lui
presenta M. le Marquis de LedeGrand
d'Espagne; M.de Remond Introducteur
des Ambasadeurs les conduisit à cette audience.
Le 15 M.le Marquis de Dreux, Grand
Maître des Ceremonies, & M. Desgranges
Maître des Ceremonies, conduisirent
à l'audience du Roy les Deputez des Etats
de Bourgogne, qui furent presentez à Sa
Majesté par M.le Duc de Bourbon GCHW
verneur de la Province,& par M.le Marquis
de la Vrilliere Secrétaire d'Etat. M.
l'Abbé Bouhier, Doyen de la Sainte Chapelle
de Dijon, pour leClergé, M. le Marquis
de Vienne pour la Noblesse, & M.
de l'Estang, Maire d'Auxone, pour le
TiersEtat, composoient cette dépuration.
Le 4 Juin, jour de la Fête du Saint Sacrement
,le Roy reçut à la premiere porte
de la Cour du Louvre, la Protection de
- ESlis
l'Eglise de Saint Germainl'Auxerois, Paroisse
cb Sa Majesté. Elle accompagna le
Saint Sacrementjusqu'à la Chapelle, où
l'on chanta un beau Motet en Musique.
Après cette ceremonie le Roy suivit la Proceilîon
j & accompagna le Saint Sacrement
jusqu'il sa Paroisse par la ruë S. Honoré,
&c. où Sa Majesté entendit la grande Metre'
chantée par Sa Musique, & celebrée par
M. l'AbbéVivant Doyen du Chapitre,
qui lui fit un compliment court & édifiant
à son arrivée. L'après midy le Royenten- « dit les Vêpres dans sa Chapelle du Palais
des Thuilleries, & le soir il alla au Salut
à l'Eglise des Capucins de la ruë saisit
Honoré, où il fut accompagné par M. le
Maréchal Duc de Villeroy son Gouverneur
, & par M.l'ancien Evêque de Frejus
son Précepteur. Le même jour Monsieur
le Duc d'Orléans, accompagné de M. le
Duc deChartres, & suivi des principaux
Officiers de sa Maison, alla à l'Eglise de
Saint Eustache sa Paroisse,assista à la Procession,
& ensuite entendit la grande Messe.
La Procession de saint Sulpice, celebre
par lenombre & la modestiedesonClergé,
a presenté comme à l'ordinaireau Public
Ain spectale pieux & brillant; M. le Cardinal
de Polignac y a assisté le jour de
l'Octavede la Fête du Saint Sacrement,
avec plusieursPrélats.
Le
Le Vendredy 5 le Roy alla entendre le
Salut dans l'Eglise des Feüillans de larue
5, Honoré.
Le 6 Sa Majesté assistaau Salut dans
l'Eglise duMonasterre des Religieuses de
l'Ave Maria, & après labenediction du
Saint Sacrementmonta à la grille,où elle
assura ces austeres Religieuses de sa protection
, Se(t recommanda à leurs prieres.
Le 7 le Roy entendit le Salut aux Capucines
, le S à l'Eglise de l'Hôtel Royal des
Invalides, le 9 aux Filles de saint Thomas
dela ruë Vivienne; le 10 aux Nouvelles
Catholiques, & le 11 aux Carmes Déchaussés.
Sa Majesté a été accompagnée
dans toutes ces dévotions par M. le Maréchal
Duc de Villeroy, & M.l'ancien Evêque
de Frejus. M. le Cardinal de Rohan
grand Aumônier de France, n'a pas aussi
quitté le Roy pendant cette Octave du
,Saint Sacrement, & l'a suivi à la Procefsion,
ainsi que M.le Cardinal de Polignac.
M.l'Evêque de Leictour qui avoit étésacréle
7 Juindans l'Eglisede l'Abbaye
Royale du Val de Grâce, par M.l'Archevêque
de Bordeaux, assistédeM.l'Evêque
d'Aire, &<ie M.l'Evêque de Coutances,
prêta serment de fidelité le 11 entre les
mains du Roy, en presence de Monsieur le
Duc d'Orléans Regent du Royaume.
Le 1 2 le Roy alla dîner à la Muette , &
le
le loir Sa Majesté prit le divertissement de
la charte dans le Bois de Boulogne.
Messire Joseph Philibert, Comte de l'Escherenne,
Lieutenant General des Armées
du Roy, mourut à Paris le 7 Juin,âgé de
48 ans.
Le Roy a donné l'Abbaye de Saint Vinox,
Diocese d'Ypres, à M.le Cardinal Du Bois.
La Coadjutorerie de l'Evêché d'Aire,
dont M. Joseph-Gaspard de Montmorin de
Saint Herem est Evêque, à M. Gilbert de
Montmorin son fils,Prêtre du même
Diocese.
A l'Abbé de Monralet de Villebreüil
Chanoine & Archidiacre , de Provins dans
la Métropolitaine de Sens, l'Abbaye de
Norre - Dame de Baleine, Ordre de
Cîteaux,Diocese de Besançon, vacante
par la démission de l'Abbé de la Chetardie.
L'Abbaye Reguliere d'Arles, Ordre de
Saint Bencist, au Diocese de Perpignan,
qui a vaqué par ledecès de l'Abbé Gaillard,
a été donnée à M. l'Evêque de
Perpignan, pour être unie audit Evêché.
M. du Vivier, de l'Academie Royale de
Peinture& Sculpture, vient d'achever le
coin de la Medaille qu'il afaire d'après le
Roy: Cette Médaille doit avoir pour Revers
l'Entrée solemnelle à Paris de l'Infante
Reine. Nous en donnerons l'empreinte
en taille douce incessamment.
Le
-
Le Lundi 1 5 Juin à trois heures après
midi, le Roy partit de Paris, & arriva à
Versailles en fort peu de tems, avec toute
la Cour.
Le Roy a bonoré le Bailly de Langeron
de la Charge de Lieutenant General de
ses Armées, & l'a fait Commandant à
Marseille, avec douze mille livres d'appointemens.
Voici le Brevet Scia Commission
des deux nouveaux grades dont
ce digne Officier vient d'être revêtu.
LOUIS PAR LA GRACE DE DIEU,
&c. Desirantreconnoître les bons ôc
importans services que notre cher &bien
amé le Sieur Bailly de Langeron, Maréchal
de Camp en nos Armées, & Chef
d'Escadre de nos Galeres, nous a rendus
pendant longues années en diverses Charges
& Emplois de Guerre que nous lui
avons confies, tant sur Terre que sur Mer & , recemment en qualité de notre Commandanten
notre Ville de Marseille, dont
les Habitans long-temps accablés par tous
les malheurs inseparables de la Contagion,
ne sont parvenus au rétablissemens de
l'ordre & de la fanté, que par le courage
avec lequel il s'est livré à des dangers
continuels pour leur conservation, par la
sagesse de plusieurs Reglements, qui sont
autaat de preuves de sa capacité & de
- fou
son experience, & par la fermeté avec
laquelle il les a fait execucer ; Et désirant
lui témoigner l'estime particuliere que
nous faisons de la personne, & le mettre
en état de nous servir de plus en plus
utilement, nous avonsresolu de l'honorer
de la Charge de l'un de nos Lieucenans
Généraux en nos Armées, &c.
COMMISSION DECOMMANDANT
de la ville de Marseille.
LOUIS PAR LA GRACE DEDIEU,&C.
A notre cher &bien amé le Sr Bailly
de Langeron, l'un de nos Lieutenans Generaux
en nos Armées, Salut. Les malheurs
dont notre Ville de Marseille a été
accablée depuis que la Contagion s'y est
introduite, nous ayant fait connoître
l'importance dont il est d'y établir un
Commandant fixe, qui par une application
suivie, puisse veiller à ce qu'il ne s'y
passe rien de contraire à notre service, à
l'interest de l'Etat, & au bien des Habitans
de ladite Ville; Nous avons crû ne
pouvoir faire un meilleur choix que de
Vous, pour la connoissance particuliere
que nous avons de votre valeur, courage,
experience en la guerre, actvité & bonne
conduite, de votre fidelité & affection à
notre Service, dont vous avezdonné des
preuves -
preuves dans les divers Emplois de guerres,
tant par Terre que par Mer, qui
vous ont été confiés, & notamment dans
le Commandement que vous avez déja
exercé dans ladite Ville, dont la conservationestduc
à tout, ce que vous avez
fait pour y rétablir l'ordre & la santé, ce
qui nous donne lieu d'esperer que vous
nous servirez plus utilement que personne
dans ledit Commandement: A ces causes
& autres, &c.
On dit qu'on a trouvé à la Loüisiane une
Plante resineuse
,
dont le lue exprimé fs
congele & devient propre à faire des Chandelles,&
qu'on en a apporté ici desgraines
pour en femer.
L'Imperatrice a envoyé l'Ordre de la
Croisadeà Madame de Souvel, filledu
Marquis de Mouy ,
Dame d'Honneur de
laDuchesse d'Hannover.
M. de Lucé, Receveur General des
Finances de Bordeaux, est mort subitement
le premier de Juin.
On dit que les Etats de Bretagne se
tiendront à Nantes aumois deSeptembre
prochain,& que le Marquisd'Ancenisy
presidera.
NlJfJS
Nous sommes obligez de renvoyer au
Mercure prochain une Lettre apologetique
de M. l'Abbé de Vayrac, qui nous
a été remise trop tard pour pouvoir estre
inserée dans ce Journal. M. l'Abbé de
Vayrac répond aux critiques d'un anonyme,
au sujet de Guillaume fils
d'Etienne, Comte de Blois, & autres
faits historiques contenus dans l'explication
de la Carte qui marque les lieux
par où l'infanteReine a passé.
APPROBATION. JAY lû par ordre de Monseigneur le Garde des
Sceaux le secondVolume
-
du Mercure du
mois de May, & j'ay crû qu'on pouvoir en
permettre l'impression. A Paris ic seiziéme
jour de Juin 1722. HARDION.
TABLE
TABLE.
DU Sacre & Couronnement des Rois de
France, depuis Pepin jusqu'à Louis le
Grand. Dissertation de M. l'Abbé de Camps.
p. 1
LesDiscours de l'Ecclesiaste. Poëme 10[.
Lettre de M. Mauchart
,
Medecin
, sur un Traité
des maladies des Yeux, ioy
Second chant de l'Eccleisiaste,121
Lettre deM. pour justifier M. l'Abbé de Vayrac
, 12 6
VEersnsur il'Agmitmié, es,130iz8
Nouvelles Litteraires,&c.Histoire de Timur-
Bec, iji
Traité de la Peste,&c. iJ7
Dissertation sur la Peste
, avec la maniere de
greffer lapetite Verole,&c. 142
Programe pour le Prix de l'Academie Royalede
Bordeaux, 147
Projet de Li vre ,sur les triomphes, pompes, fêtes
& réjouyssances publiques, 149
Caracteres inconnus, Ip.
Spectacles. Comédie de l'Opiniâtre, extrait, ISS
Nouvelles Etrangeres, &c 168
EAau de Breaurté.Aevis,sts,198192
Journal de Paris, 195
'cQrreélions au Y.ercure
P Age 74.ligue 3. adressés,ll/ci: adrdT"écs.
7f. l.derniere,vrai, ZiF'?YG:r.
76 l. 4- aprés ferra,xjoâte'{ etroiterneu*
77.l. 19. auroit au environ, lisez,auroit
au moins 80 1ieues.
80.l. 11. c'estM.voilà M.&c.
Errata dupremierVolume are May. PAge zz. seconde du bas,pourtant à,lisez
pourtant pasà
PJge 71 derniereligne,viennentperdre ,
li/cr,
viennent à perdre. t>
Page 97 ligne 17 usurper
,
liiq retarder.
Page99l.1. de,lisezdes.
Page 126 l.9 y employe
,
[ifer. y a employé.
Page 175l.25 Montegue ,
lisez Montagne.
Page 136 l. derniere, suites des ,life% de.
Page 137 1. 19M.Couston l'aîné
,
lisez Mr
Coustoule jeune.
Page 13g l. 16 du, ¡¿lei. de- ._-
Page 143 premiere lig.offrervi,lisez offerirvi.
Fautessurvenuespendant l'impression de ce Livre.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères