Fichier
Nom du fichier
1714, 01
Taille
50.80 Mo
Format
Nombre de pages
298
Source
Lien vers la source
Année de téléchargement
Texte
MERCURE galant.
A PARIS,
_-- M.DCCXIV.
AvecPrivilege du Roy.
M E R CU RE
GAJL'AJUT. -PA.,r -IfSieNr -Du F*.-:
Mois
de Janvie> r
I7»4-
i-C prix cft 30. sols relié en veau, 94
15. (ois, broché.
A PARIS,
Chez Daniel Jollet, au Livra
Royal, au bout du Pont S. Michel
du coté duPalais.
Pierre Rirou
>
à l'Image S. Louis,
* Jiir le Quaydes Augustins.
Gilles LavrmfytfCentrée de la ruï
du foiri, du coté de la ruë
---' ., Saint Jacques.
) -': ('
jtvec^proboe-ùox,j#F.,~,r-iv4 tlegeduRoi.
MERCURE
GALANT.
"t 1,
LES DOUZE AMANS.
Avanittre nouvelle.
Ne veuve de
condition mediocre,
assez bonne,
passablement bête,
& fort ambitieuse, fondoit
sa fortune sur la
beauté de sa fille unique.
Cette fille avoit
toutes les bonnes qualitez
qu'on peut joindre à
une beauté parfaite, &
meritoit la prévention
que sa mere avoit pour
elle.Peu après que cette
mere l'eut retirée du
Convent,il se presenta
un parti trés-convenable
: un jeune homme
aimable, qui avoit autant
de bien Se de naissance
qu'il en saloir, la
fit demander par Tes parens.
Lamere, à qui on
en fit la proposition, ne
put trouver d'autre raison
pour le refuser, finon
que cetoitdommage
de donner une fille
comme la tienne au premier
amant oui le presentoit,
&C que peut-être
s'en preicncefoit-il
de plus riche; enfinque
quand sa fille seroit une
fois pourvuë, elle ne
pourroit plus courir le
hazard d'une :', grande
fortune: qu'il faloit du
moins attendrequelques
années, après quoy elle
pourroit penser à lui si
elle ne trouvoit pas
mieux.
Pareils discours auroient
sans doute rebuté
l'amant, que nous appellerons
Doritnont : mais
il étoit devenu vcritablement
amant, &Thevese
( c'était le nom de
la fille) l'aima réciproquement
> & ils prirent
ensemble la resolution
de tromper innocemment
la mere, pour la
faire consentir à un marriage
qui lui étoit avantageux.
Dorimont soupant
un foiravec deux
de ses amis chez une
soeur mariée qu'il avoit,
setoit plaint à eux de
son malheur ; ce cette
soeur,qui avoitl'esprit
inventis& plaisant, concerra
avec les deux amis
& son frere ce que vous
allez voir dans la fuite.
Dés le lendemain l'un
de les amis
,
qui éroit un
jeune Conseiller à marier
&: plus riche que
Dorimonc, alla trouver
la mere, dont safamille
& ses biens étoient connus
, & luy demanda
Thereseen mariage. La
mere se tournant aussitôt
du côté de sa fille,
lui dit : Eh bien, ma
fille, tu vois qu'une fille
ne perd rien pour attendre.
Vous avez bien raison,
ma mere,répondit
Therese, & si nous àvions
acceptél'autre parti,
celui -ci, qui vaut
mieux, ne se feroit pas
presenté. C'est pourquoy,
reprit la mercen
parlant au Conseiller,
vous me permettrez de
vous faire attendrequelquesannées.
Je vous entends,
répondit le Conseiller,
s'il sepresente un
President, vous le prefcrerez
à moy qui ne fuis
que Conseiller : je ne
veux point attendre un
refus, &, jeme le tiens
pour dit, je n'y penserai
plus.
Le lendemainl'autre
ami deDorimont, qui
étoir d'une riche maison,
vintoffrir desbiens considerables
à la mere de
Therese,quis'applaudit
fort d'avoir refusé la
veille le Conseiller. Le
:
Chevalier fut reçû beaucoup
mieux que le Conseiller,
& on ne lui demanda
à lui que laclau-
: se des six mois; a près
quoy, s'il ne se pre sentoit
rien de mieux, on
se feroit honneur de l'aciCCPter
pour gendre.
Quelques jours après
Dorimont, quela veuven'avoit
presque point
vû,parcequ'ilavoirfait
demander Therese par
safamille,sefitdeblond
qu'il éroit, un brun à -
sourcilsreceints, & em- -
pruntant le nom & le-N
quipage d'unriche Marquis
qui étoit brun, .&
connu même par quelques
Dames fous le nom
du brun vif du Fauxbourg
saint Germain, il
alla faire le passionné de
Therese, se trouva à
quelques bals & autres
endroits, pour obliger
la mere à avoir quelque
ombrage des poursuites
qu'il faisoit sans parler
de mariage.Therefeun
jour en fit la fausse considenceà
sa mere , qui
étoit prête à lui en faire
des reproches, & Therese
lui promit de faire
expliquer le Marquis
brun à la premiere occation.
Cette premiere
occasion se presenta
quand Therese jugea à
propos deld'ire à sa mere, r- 1 quellesetoitpresentée,
& feignant d'être fort
affligée,elle, lui dit la
larme à I'oeil,qu'elle aimoit,
le Marquis, &qu'-
elle craignoit bien qu'il
- ne fut accepte que comme
les autres ,
à.conditiond'êtrelepis-
aller;
que ce Marquis étoit sier
& n'avait point voulu se
presenter qu'il ne fût
sur, d'autant qu'un pareil
refus lui feroit tort
dans le monde. Je m'en
çonsole, répondit la merc
car onma parlé ce
matin d'un Comte qui
eU bien plus riche que
lui. En effet, on avoit
fait parler par quelque
femme du quartier d'un
Comte Allemand, qui
etoit devenu amoureux,
disoit-on, de Thercfe à
un concerta & tout cela
étoit un jeu joué comme
te reste. Voila donc
déja sur les rangs le véritable
amànt Dorimont
Sele Marquisqû'ilreprefencoit
incognito;. le
Chevalier, le Conleiller
& le Comtey cela fait
déjàcinq amans que la
mere croit avoir à son
choix : voyons les autres.
La soeur de Dorimont
s'habilla en veuve, &
en grand équipage de
deuil alla trouver la mere
deTherese,& laconjura
de ne lui point donner
lechagrindaccepri
ter pour gendre un fils
uniunique
, riche héritier
de feu sonmari,& en
âge de se marier malgré
elle,&quidevoitluidcmander
sa fille en mariage
> & ce fut la fille
de chambre de la soeur
qui avec un habit d'heritier
en grand deüil fit
son personnage le foir
même, 8c lefit de façon
à faire presque consentir
sans delay la mere
: mais dans cemême
soirelle reçut une lettre
de Province, par laquelle
le premier President
de. qui avoit vû
safille au Convent, la
lui demandoiten mariage.
Cetétablissementsolide
la fit renoncer à la
poursuite de l'autre, &
elle attendit des nouvelles
du premier President
huit jours entiers, pendant
lesquels plusieurs
autres épouseurs,. tous
partant de la mêmesabrique,&£
tous enchetifTanî:
les uns sur les autres
en biens & en fortune.
Ils pen serent faire
tourner la tête à la mere
, &C la firent resoudre
à refuser cous ceux qui
se presenteroient, ne
doutant point que le
dernier quiviendroit ne
fût un Duc ou quelque
Prince étranger, & ne
voulant plus se determinerqu'à
ce prix.
:
Elle attendit le Prince
Se le Duc pendant
quinze jours, qui penserent
la faire mourir
d'inquietude & d'embarras;
cartous les amans
qui étoient, à ce qu'elle
croyoit, au nombre de
douze, se mirent à faire
des pourfuires si vives,
qu'à chaque heure du
jour, & même de lanuit,
elle recevoit une lettre
par des laquais de differentes
livrées , & chacun
envoyant aussi des
presens, non assez grands
pour lui faire plaisir,
mais en assez grand nombre
pour la fatiguer,
comme fruits, confitures,
gibier; & tous ces
valets de pied, pages,
laquais, gentilshommes
même la réveillant dés
la pointe du jour, elle
fut bientôt aussi laffedes
amans de sa fille, qu'un
homme à bonne fortune
affecte de l'estre de fcs
maîtresses.
Enfin elle resolut de
fermer sa porte,d'autant
plus que le Marquis
brun, dont elle
commençoit à se défier
beaucoup pour l'honneur
de sa fille, se servoit
de toutes ces allées
& venuës pour voir sa
fille dans les momens
dérobez 5 k Therese,
trés-reservée au fond
pourDorimont, feignoit
de ne l'estre pas
tant pour le Marquis
brun, dontDorimont
joüoit, le rôlepour arriver
au dénoûment que
nous verrons dans la
suite.
La galante fiétion du
Marquis brun allasiloin
auxyeux de la mere,
qu'elle le vit sortit un
jour avant l'aurore de la
chambre de sa fille 5 car
ayant eu de violens sou pçons
par degrcz
,
elle se
resolut àguetter le ga- lant, qui afFcéla de se
glisser mysterieusement
lenez dans un manteau,
pour aller gagner une petite
porte qui donnoit
d1ans.u.ne cour par où il étoit entré1 un quartd'heure
devant. Lamere
crut donc qu'il avoit pa la nuit dans la
chambre de sa fille
,
où
elle entra outrée de colere,
pour la maltraiter
du moins de paroles:
mais elle ne trouva point
sa fille dans sa chambre,
elle avoit pris la précaution
tion de passer la nuit
dans un appartement
voisin qu'occupoit une
Dame fort vertueufc
dans ce même logis,&
la fille prouva par alibi
qu'elle n'avoit point vû
l'amant à bonne fortune.
Cette preuve étoit suffisante
pour prouver un
jour à sa mere que tout
ce qu'elle avoit vû &
devoit voir dans la suite
n'étoit qu'une feinte innocente:
mais cette preuve
ne passa alors que pour
une fausse justification
d'une faute réelle; k
quelque bête que fùt
cette merc, elle crut
voir clairement qu'il étoit
temps de marier sa
fille avant qu'une pareille
avanture eût fait
éclat. Cela fit qu'elle
borna son ambition au
premier President de
Province, & lui écrivit
une lettre à l'adresse qui
lui avoit été donnée
dans la pretenduëlettre
quelle avoit reçûë de
lui. Cette lettre partie,
elle fut huit jours sans
avoir réponse, & voici
le jeu qu'on joüa pendant
ces huit jours.
l, La femme de chambre
de la iceur de Dorimont
s'habilla en devote
à grande manche, un
chapelet à sa ceinture
,
8c ses heures dans son
manchon, fuivic d'une
petite servante de la même
parure. Ellealla demander
à parler en particulierà
la mere deTherese
> & aprés tous les
préambules necessaires à
cellesqui veulent calomnier
par charité chrétienlie)
elle lui donna avis de
'iintrigue du Marquis
-
orun, & conseil en mê-
- me temps de marier sa
fille avant que la chose
ik sçûë de gens qui ne
seroient pas si discrets
u'elle.
Le même matin la mere
ayant mené Thercfc
à la3elle entendit
parler un peu haut deux
Dames qui
-
s'entretenoient
enfembie de l'intrigue
de sa fille, &disoient
l'avoir apprise de
la fausse devote. Vous
devinez bien que ces
deux femmes étoient la
soeur de Dorimont&sa
femme de chambre, qui
prirent bien garde de se
posterde maniereauprès
de la mere,que personne
qu'elle ne pût entendre
une conversation qui
eût fait tort à la fille.
Toutes deux retournerent
au logis fort desolées
,
la mere l'étant
réellement, &la hIIeaffectant
de l'estre, &
priant sa mere de presser
le President de Province,
parce quedés qu'-
une devote &deux fem-
Bles du monde sçavoient
son histoire, elle deviendroit
bientôt publique.
La mere n'eut pas
pour cette alarme seules;
on lui en donna de toutes
parts, & toutcela
partoit toûjours du petit
nombre d'amis de Dorimont
déguisez en plusieurs
façons. L'un des
amis enfin s'habilla en
Commissaire, & alla
- trouver la mere, pour
lui donner avis qu'on alloit
plaider une affaire
qui perdroit sa fille
d'honneur; qu'ily avoit
eu un homme blessé à !
mort par le Marquis
brun à bonne fortune,
dans le temps qu'il fortoit
de chez sa fille &
qu'un autre y vouloit
entrer. A ce rapport la
mere fût morte enfin de
saisissement aprés toutes
les autres alarmes dont
elle étoit troublée:mais
le faux Commissaire promit
de traîner cette affaire,
& de l'empescher
d'éclater pendant quelques
jours, afinqu'elle
cftc le loisir de marier sa
fillç avec toute sa bonne
renommée, SC que l'affaire
n'éc latant qu'aprés
le mariage, elle seroit
alors sur le compte du
mari.
La mere remercia le
faux Commissaire, qui
lui fit mesme voir, pour
combler la mesure,quelques
vaudevilles faits sur
cette avanture, & qu'il
avoit étouffez dés leur
naissance.
La mere alors serieusement
pressée, & n'entendant
point de nouvelles
du riche President,
on pressa tort l'amant le
plus riche après lui, duquel
n'ayant pas réponse
prompte, on alla au devant
de celui qui valoit
mieux que le Comte,
& du Comte au Chevalier.
Enfin les douze amans
furent par gradation
de richesses sollicitez
par les mesmes canaux
par où ils avoient
fait demander Therese
en mariage : mais point
de réponse ni des uns ni
des autres.
Cette mere abandonnée
par tous ceux qui la
recherchoient, crut bien
deviner la cause de la
retraite &du silence des
douze amans; elle crut
sa filleperduë d'honneur
publiquement, &nefortoit
point de chez elle
qu'elle ne crust que tous
ceux qui regardoient sa
fille parce qu'elle étoit
belle,ne la regardassent
pour en médire. On la
laissa quelques jours das
ce supplice, & Therese
la prioit incessamment
de la remettre dans le
Convent pour toute sa
vie: mais la mere ne
pouvant s'y resoudre,
prit un jour la resolution
d'aller chercher dans un
- pays étranger la fortune
qu'elle ne pouvoit plus
esperer en France; &
pe qui lui fit prendre ce
parti defcfperé, ce fut
le dernier jour de cette
Comedie, qui fut pour
elle le pluscruel de tous:
car tous ces messagers de
lifferentes livrées qui
l'avoient importunée par
des presens, vinrent en
un seul jour l'accabler de
lettres trés- polies, qui
lui enfonçoient autant
de fois le poignard dans
le sein,en lui faisant sentir
que les douze amans
cedoient Therese au
Marquis brun, qui envoya
aussi sa lettre de
refus, alleguant ses bonnes
fortunes pour excuse.
On laissa la mere desolée
vingt- quatre heures
dans cette situation
> & le lendemain parut le
fidele Dorimont, à qui
on n'avoit osé recourir,
parce qu'ilavoir paru le
plus offensé des preferences.
Il arriva donc,
comme ayant paffé tout
le mois en solitude à la
campagne,& comme ne
sçachant rien de tout ce
qui s'étoit passé, & n'accusant
que la mere d'infidelité.
Therefc affectant
une impatience vive
de prendre pour dupe
cet amant unique,
conseilla à sa mere de
ne le pas laisser sortir
sans conclure. Le contrat
se fit ce même soir,
on les maria la nuit, &
il demanda en grace
qu'il n'y eust au dîner
qu'on fit le lendemain
chez lui que ceux 6C
celles qui avoient été de
son complot; & ce fut
a ce dîner où tournant
en plaisanterie les douze
amans, il se declara le
Marquis brun, & la mère
ravie de retrouver sa
fille blanchecomme neigc.
ge, pardonna le tour
qu'on lui avoit jcüé pour
la guerir de sa folle ambition.,
MORTS.
François VII. du nom,
Duc de la Rochefoucault,
Pair & grand Veneur de
France,Chevalier des Ordres
du Roy,grand Maître
de la Garderobe de Sa
Majore, mourut le 12,. de
v ce mois, âgédesoixantedix-
neuf ans, étant né le
1 5. Juin 1654» Il étoit fils de
François VI du nom, Duc
de la Rochefoucault, &
d'Andrée de Vivonne, Dame
de la Châraigneraye. Il
épousa le
1 3.Novembre
1659. Jeanne.Charlotte du
Plessis-Liancourt, sa cousine,
fille unique de Henry
du Plessis, Comtede la Rocheguyon,
de laquelle il a
eu François VIII. du nom,
Comte, puis Duc de la Rocheguyon
à cause de sa
mere, en faveur duquel le
Royen 1679. érigea en Duché
la Terre de la Rocheguyon
dans le Vexin, qui
l'avoit déjaétéen1663 pour
son bisayeul maternel Roger
du Plessis connu fous
le nom de Duc de Liancourt.
Ila des en sans de
Dame Madelaine Charlotte,
fille de feu M. de Louvois.
La maison de la Rochefoucault
est une de celles
qui tiennent rang dans le
Royaume de France, &
elle descend, selon le sentiment
deplusieurs auteurs,
des anciens Comtes d'Angoulême
;& le premier par
lequeloncommence lagenealogie
de cette maison
étoit Foucault premier du
nom, Seigneur de la Roche
en Angoumois, qui vivoir
en 1026. sousle regne
du Roy Robert premier,
qui dans plusieurs titres est
qualifié de Seigneur trèsnoble;
& sa réputation fut
si grande, que Ces successeurs
ont tenu à honneur
de porter son nom. Son fils
Guy, premier du nom, prit la qualité de Seigneur
de la Roche à Foucault, ou
dela. Rochefoucault, nom
qui leur estrestédu depuis.
C'est de ce Foucault, Seigneur
dela Roche, que
M. le Duc de la Rochefoucault
descend par vingtdeux
degrez de générations,
dans lesquels degrez
il se rencontre de trésgrands
hommes, & le premier
qui sur honoré de la
dignité de Duc & Pair de
France François de laRochefoucault,
V. du nom,
ayeul de celui qui vient de
mourir,en faveur duquel
le Roy Loüis XIII. érigea la
Terre de la Rochefoucault
en Duché
-
Pairie au mois
d'Avril1622. par Arrêt ve.
risié en Parlement le4. Septembre
1631.
Cette maison a produit
quantité de branches
, qui
sont, outre la branche aînée
des Ducs de la Rochefoucault
celle deRandan,
dont a été Marie
-
Catherine
de la Rochefoucault,
Duchesse de Randan, premiere
Dame d'honneur de
la Reine Anne d'Autriche,
& Gouvernante du Roy
Louis XIV. qui fut mariée
en 1607. à Henry de Beaufremont,
Marquis de Senecay;
donc une fille, Marie-
Claire de Beaufremont,
qui porta le Duché de Randan
dans la maison de Foix,
par son mariage avec Jean-
Baptiste de Foix, Comte de
Fleix. De ce mariage est
forti Jean Baptiste Caston
de Foix, Duc de Randan,
quimourut sans enfans, &
Henry
-
François de Foix
Je aujourd'hui Duc de Randan.
La branche de Barbezieux
,
tombée en quenouille
dans les maisons
d'Epinay & de BrichanteauNangis.
Celle de Chaumont & de
Langheac est subsistante en
la personne de Jean-Antoine
de la Rochefoucault,
Marquis de Langheac.
Celle de Lorac & de Gondras
subsiste aussi, & Charles-
Ignace delaRochefoucault,
Marquis de Rochebaron,
a des en sans de M.
d'Escoubleau, fille du Seigneur
de Sury en Forez.
Celle d'Arlet & de Contage.
Celle des Marquis de
Montandre & de Surgeres,
dont est aujourd'hui Loüis
ri
po
de la Rochefoucaulc de
Fonseque, Marquis de
Montendre, qui fut nommé
Capitaine de vaisseau
en 1704. François, Chanoine
regulier de S. Victor à
Paris; Paul-Auguste-Gaston
de laRochefoucault, Côte
de Jarnac, à cause de son épouseAnne-
Marie-Loüise
Chabot, Cotesse de Jarnac.
Celle de Salles, qui descend
de celle de Montendre
, que je crois fonduë
dans celle de S. Gelais & de
Pont-Rochefort.
Celle de Vertueil & de
Barbezieux est finie à Philippe
de la Rochefoucault,
Seigneur de Melleran,
d'Aunac & de Noüans)qt!i
n'a laisse que des filles,mariées
dans les Maisons de
Beauvau, de Voluise,Busset
& de la Chambre.
Celle de Bayeres & de La
Bergerie, donc est aujourd'hui
Marhieu de la Roche-
Foucault, Marquis de Bayeres
, Colonel du regiment
d'Oleron,marié en 1704. à unefille de M. de Turmenies
de Nointel
)
Garde du
Tresor Royal.
Celle d'Orbé&de Maumont.
Celle du Parc &: d'Ar--
-chiac.
Celle de la Renaudie êc
de Fontpastour.
Celle de Neüilly le Noble.
Outre toutes ces bran-
-ches, il y a encore celle de
Rouci,qui descend de François
III. Comte de la Rochefoucault
, ôc de Charlotte
de Roye, Comtesse de
Rouci. Cette branche est
tres-illustre & subsiste en
plusieurs rameaux.
De cette Maison est sorti
François de la Rochefoucault,
Cardinal de la sainte
Eglise Romaine, Evêque de
Senlis,Abbéde sainte Geneviéve
du Mont à Paris,
grand Aumônier de France,
Commandeur des Ordres
du Roy.Il fut créé Cardinal
en 1607. par le Pape
Paul V. mourut âgé de 88.
ans, le 14. Février 1645. [on
corps fut enterré en l'Eglise
de fainte Geneviève du
Mont, & son coeur en FEglise
du College des RR.
PP. Jesuites. On voit au
fauxbourg faine Germain à
Paris un très- beau monument
de son zele & de sa
charité envers les pauvres
incurables,par la fondation
qu'il a faite de l'Hôpital
desdits Incurables, qu'il a
fait bâtir magnifiquement
pour y retirer les pauvres de
l'un ôc de l'autre sexe incapables
de se soulages à cause
de leurs infirmitez incurables.
Dame Marie-Louise Daligre
, femme de Messire
Guillaume de Lamoignon,
Avocat General au Parlement
de Paris, mourut le
âgée de 16ans & demi,
étant née le 25. Juillet
1697.Elleétoit fillede Messire
Estienne Daligre, President
à Mortier au Parlement
de Paris, & de Dame
Madeleine le Pelletier sa
premiere femme;petitefille
de Messire Michel Daligre,
Seigneur de Villenoble
&de Boislandry;&de
Madeleine Blondeau;& arriere-
petite-fille de Messire
Etienne Daligre,2.dunom,
Seigneur de la Riviere &
u
de Boiflandry
,
Chancelier
de France,qui mourut âgé
de Si ans le 25.Octobre 1677.
qui sur marié trois fois. De
ses deux derniers mariages
il n'eut point d'enfans
: mais
de Dame Jeanne Luillier
d'Interville, sa
1. femme, il
eut 11. enfans,sçavoir six
garçons & six filles, qui ont
tous paru avecdistinction,
& les filles alliées avec des
personnes de très
-
grande
distinction, à la reserve de
celles qui ont étéReligieuses
ôc Abbesses de S. Cyr.
M. le Chancelier Daligre
Etienne 2. du nom, étoit fils
de Messire Etienne Daligre,
i. du nom, aussi Chancelier
de France, qui mournt l'n.
Decembre 1655. Il croit originaire
de Chartres, & son
meritel'éleva à la premiere
dignité de la Robe. Il fut
d'abord Conseiller au grand
Conseil, Intendant de la
Maison de Charles de Bour-
Bon Comte de Soissons,qui
le nomma tuteur honoraire
de Louis son fils. Il sut enfuite
Conseillerd'Etat,Garde
des Sceaux, puis Chancelier
de France après la
mort deM. deSillery.Ilavoit
épousé Dame Elisabeth
Chapelier, de laquelle il eut
deux fils & une fille.
Quant à Messire Guillaume
de Lamoignon Avocat
General, son époux, il est
frere de M. de Lamoignon,
President à Mortier au Parlement
de Paris, Secretaire
de l'Ordre du S. Esprit; tous
deux fils de Messire Chreftien-
François de Lamoignon
,Marquis de Basville,
&c. Avocat General
,
puis
President à Mortier,mort le
7. Août 1709. & de Dame
Marie-Jeanne Voisin de
Carifay ; & petits-fils de
Mellirc Guillaume de Lamoignon,
Marquis de Basville,
&c. premier President
au Parlement, qui mourut
le 9. Decembre 1677. âgé de
61. an; & de Dame Madeleine
Potier d'Ocquerre.M.
le premier President étoit
fils de Messire Chrestien de
Lamoignon,aussi President
à Mortier au Parlement de
Paris,&deMarie deLandes.
Cette Maison de Lamoignon
cft trésancienne dans
le Nivernois,les personnes
qui en font descenduës se
font distinguéesavec éclat,
& le plus ancien qui foit
connu aété Guillaume de
Lamoignon, qui vivoit fous
leregne deS.Louis,qui portoit
le tirre de Chevalier. Il
mourut fous le regne dePhilippe
le Hardi. C'est de lui
qu'est descenduë toute la
Maison de Lamoignon, qui
s'est distinguée en 2. branches
La premiere, la branche
de la Riviere,quis'éteignitàHelindeLamoignon,
Seigneur de laRiviere,Gentilhome
ordinaire deFran
çoisDuc de Nevers, qui époulaen1549
Françoise de
Cleves, fille naturelle du
Duc de Nevers. Il mourut
sans enfans. v
La seconde branche est
celle d'Arthe,qui commence
à Jean de Lamoignon, 1.
du nom. Il eut pour ion partage
lesSeigneuries d'Arthe
en Nivernois & de Laleuf
en Bourbonnois;&c'est de
lui que descend la branche
établie à Paris:& le premier
qui s'y établit a été Charles
de Lamoignon, Chevalier
Seigneur de Bafville ôc de
Launay
-
Courson, fut Conseiller
au Parlement de Paris,
Maître des Requêtes,
Conseiller d'Etat ordinaire,
qui mourut en 1573. en la 55.
année de sonâge, fous le regne
du Roy Charles IX. qui
l'estimoit trèsfort,&qui lui
fit l'honneur de le,visiter
souvent pendant sa maladie,&:
dit après samort,qu'il
avoit perdu un serviteur fidele,
ôc capable de remplir
les premieres Charges de
l'Etat, ausquelles son merite
l'avoir élevé.
De M. le premier de Lamoignon
est sorti, outre
Chrestien de Lamoignon
i
pere de MM. de Lamoigno
dont je viens de parler, Nicolas
de Lamoignon deBas.
ville, Comte de Launoy-
Courson,Conseiller au Parlemet,
Maître des Requêtes
& Conseiller d'Etat, Intendanten
Languedoc, qui de
Dame Anne Bonin de Chaluet
a eu M. Urbain. Guillaume
de LatTIoignÕ de Courson,Maîtredes
Requêtes & Intendant
à Rouën, & Marie-Louise de
Lamoignon,femme de M. Pelletierdes
Fors, Conseiller d'Etat&
Intendant des Finances.
Article des Enigmes.
Parodie de la opremiere
Enigme, donc le mot
est L Mouche.
J'ai la couleur d'un diable, oeil
defeu, front cornu,
Pied griffe, corps njelu.
C'est par le microscope un
fait assez connu.
Je trouble le [orflmeil, je blese
la pensée.
Fait éprouvé par maint au-
-teur-Y
Dont la verve en estoffensée,
Et qui donne la mouche au diable
de bon mltr.
7T"eellqquuiippoorrttee mon nom evveennddiitt
mainte forçat.
Mouche ou mouchard
vend & livre à justice.
Etfait trembler lescelerat.
Telle portant mon nom prend
le nom d'assassîne.
Lacoquetc adonnécenom
A mouche qu'elleplace entre
l'oeil& le
front.
Auxpays chaudselle ajfajjtne
Voyageurs & chevaux, lors
qu'elle s'y mutine.
Je boiAs le-vin «en trahison,
En meglijjant dans la bouteille;
ojfenjè le Dieu de la treille
Quand unferm'ouvre maprison.
Ce
Ce fer est un - tire-bouchon.
Là je fais mal sans en avoir
envie,
La1cependantjeperds lavie.
La mouche à miel habite
lesforefisy
Comme firent jadis PhiloJôphesabifraitsy
Etconfirait dans un chesne une
- caverne [ombre,
Et dans sa ruche en medi-
,
tant à tombî-e,
Ellefait ouvragesdivins>
Cela veut dire
Cierges de cire,-
HQUÎ?illuminer les humains.
L - -
Parodie de l'autre Enigme,
dont le mot est la Nape.
Au fond d'un bois jepcndj:
mon oririne.
Le lin cest la moele d'un
bois.
Les Tisserans grossers, &
d'esprit & de mine,
Entre deuxbois ont travaille
sur moy
Pour lesujet &pour le Roy.
Claire comme un miroirl'eau
claire & transparente
M'embelit & me represente.
- De nape a pris nom nape
d'eau.
C'est l'eau quirendlelinge
beau. •
Je fais plaisir surtable , , à
souper je metens.
Chez les mortels je porte en
mejmetemps
L'argent, l'aliment, la lumiere,
Ragoûts qui menent dans la
biere
Mainte friand,
Mainté gourmand,
Et le glaive fatal aux boeufs
ZT moutons morts.
De la nape ils fouillent lesbords.
Lerivage au lingeestpropice.
La blanchisseuse, au lieudy
pescherl'écrevice,
Chante parfois en jmaffommant
de coups,
Et parfois devant moy Je met
a deux genoux; Puis meportant dansfa taniere
Adc d-onneformeasa maniere.
D'unscelerat mourantfatfouvent
le dessin.
Sur la corde tenduë
Ne suis,je pas penduë?
Avec les mains après on me jàr. le tein;
Puis me courbantsur moy sost
me redresse enfuite.
AjJèzpour deviner ou* l'on me
met ensuite
La gent devinçreffe a presènt
efl inftrutte.
I. ENIGME.
Quelque Poete en faisant de *sonmieux,
Eleza jadis jufquaux cieux
Ceux dontjeprens mon origine
Et quelquefois on me prend à
la mine
Pour un bottrgeois, pour un
manant:
AuJJifuis-jegrojjjçr.F-in quelquefois
pourtant,
Les voyageurs quelquefois me
benissent,
Et quelquefois voyageurs me
maudiffint.
Tellefemmequi chante & rit
Anjecfis deux mainsmattendrit,
Pendantqu'il pleut dans fin
écuelle.
Caressepar maint Demoijelle
Je n'en deviens que plus confiant)
Aux Dames j'en souhaite autant.
II. ENIGME.
Jamais dans aucunefamille
Nom ne fut si souvent chan
ceI.l
Or de'Vinez donc quel nom
foi;
Cenesipoint celui demafilleDansl'endroit
ou je prends
mon nom
lVla mereperd lefien, qu'elle
prit, non d'unpere,
Mais d'un quidan bon compagnon,
Qui la baptisà, mais d'une
rude maniere.
Or je fuis donc le petit-fils
D'unayeul dont le nom sist
pris
NondeJon pere on defiamere,
Et l'un ou l'autre en auoient
un
Qui n'eut nonplus rien de commun
Avecque celui de leur mere,
Quin'a point le nom de son
perepo
Si quelqu'un devine
cetteEnigme,onlui donnera
cent pistoles: mais
non; car plusieurs viendroient
, croyant avoir
trouvé Je mot, &: ilfaudroit
tenir un Bureau
d'explication qui occuperoit
plusieurs Commis.
On aime mieux promettre
à ceux qui la devineront
un merle blanc.
NouNouvelles
d'E'/pagne.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Regent de
l'Audiance de Seville à Don
Manuel de Torrés, Auditeur
du même Tribynal;
celle de Commissaire géneral
de la Croizade, que
possedoit Don Francisco
Rodriguez de Mendaros
Queta, Archidiacre de Maddrriidd,
à Don Philippe Antoj~
a Plil
nio deTaboada, President
de l'Audiance de Valladolid
; & celle de Regent du
fuprêmc Conseil de Navarre,
vacante par le decés
de Don Carlos de la Penna,
à Don Pedro Afan de
Ribera: que le Roy a ordonné
que dés le commencement
de l'année on afferme
les revenus des vingt
& une Provinces ou districts,
dans lesquelles ce
Royaume est partagé, a
vin gt & une personnes,chacune
desquelles fera chargée
de recevoir tous les revveennuuss&&
iimmppoosritions des
pays pour lesquels ils feront
destinez. Que les quatre
Presidens du Conseil des
Finances ont ordre de regler
ces Fermes de la maniere
suivante.
L'Evêque de Gironne
fera Directeur de celles de
Cordouë
,
de Jaen, de Seville,
de Grenade, de Murcie
& de Cuenca.
Le Marquis de Campo
Florido de celles de Borgos,
de Galice, de Zamo
ra ,
de Toro, de Salamanque
&: de Valladolid.
Don Sebastian Garcia
Romero de cellesd'Avila,
de Guadalaxara, de Palencia,
de Leon & d'Estramadure.
Don Manuel Antonio de
Azevedo de celles de Tolede
,
de la Manche, de Madrid,
deSegovie&deSoria.
Que Sa Majesté a nommé
à l'Evêché de SiguençaDon
Francisco * Rodriguez de
MendarozQueta, Commissaire
general de laCroizade
&Archidiacre de Madrid.
A l'Archevêché de Sarragosse
Don Manuel de
Araziel Evêque de Leon.
A l'Evêché de Leon Don
Joseph de Ulzurrun & Aslança,
Archidiacre de Daroca.
A l'Evêché de Jaen l'Eveque
de Segorbe.
A l'Evêché de Segorbe
Don Diego Munno Vaquerizo,
Inquisiteur de Valence.
A l'Evêché de Horihuela
Don Joseph de Espeja &
Cisneros
,
Archidiacre de
Malaga.
A l'Evêché de Salamanque
l'Evêque de Tortose.
A l'Evêché de Tortose
Don Juan Miguelez, President
de Grenade.
A l'Evêché des Canaries
Don Lucas Conciero
&Molina.
A l"Evêché de Ciudad-
Rodrigo Don Santos de
San Pedro Inquisiteur.
A l'Evêché d'Urgel Don
Simon de Guinda & Aperregni,
Abbé de saintIsidore
de Leon.
Sa Majesté a aussi donné
l'Abbaye de saint Isidore
de Leon à Don Andrez de
Pitillas, Chanoine de Tolede,
& ce Canonicat à
Don Juan Francisco de
Bierga & Vadillo. r
L'Abbaye de San Pedro
de Besalu à Don Francisco
Pastor, Abbé de l'Abbaye
de laO.
Le Prieuré de Roncevaux
à Don Francisco de
la Torre ôc Herrera, Inquisiteur
de Cordouë &
Chanoine de Palencia, &
ce Canonicat à Don Manuel
Curé de Munnez.
L'Archidiaconé de Madrid
à Don Carlos Borja,
Patriarche des Indes, ôc
l'Archidiaconé de Calatrava
qu'il avoit, à Don Raymond
de Villacis.
L'Archidiaconé de Malaga
à Don Juan de Lazaro
& Aparicio.
On écrit de Catalogne,
qu'il y avoit de la division
& une grande consternation
parmi les habitans de
Barcelone; que le Duc de
Popoli occupoit tous les
postes de la côte, pour empêcher
qu'on n'introduise
des provisions dans cette
ville-là, & que son camp
étoit bien renforcé par les
troupes Espagnoles arrivées
desPays-Bas, Onmande de
Solfone du 12. Decembre,
que Don Joseph Vallejo,
Brigadier d'armée, qui
commande dans cette ville-
là & sur la frontiere voisine,
ayant été informé que
les rebelles de Cardone en
étoient sortis avec deux
compagnies de grenadiers,
un detachement de cent
cinquante hommes d'infanterie
de trou pes reglées,
cent cinquante Miquelets
ou Sommettans, & tous
leurs volontaires à cheval,
pour attaquer une maison
à une lieuë de Solsone, où
il avoir postéle Sieur Min- ,-
nones de Falco avec sa compagnie
de Miquelets fideles,
le mit en campagne
avec toute la cavalerie &
ses dragons, & tous les grenadiers
de sa garnison. Sitôt
que les rebeles l'apperçurent
,
leur cavalerie se
sauva à toute bride, l'infanterie
prit auni la suite; elle
fut neanmoins jointe par
la cavalerie ôc les dragons,
qui firent main basse sur
eux. La perte des ennemis
consiste en la prise de Don
Pedro d'Alba ôc Marques,
Gouverneur de la ville de
Cardonne, & du Major du
regiment de la ville de Barcelone,
qui l'étoit aussi de
la ville & du château de
Cardonne, tous deux blessez
dangereusement '5 un
Capitaine de grenadiers tue
& l'autre blessé & fait prisonnier
; un Lieutenant de
grenadiers tué & l'autre prisonnier,
aussi bien que les
deux Enseignes un Sergent
& plus de trente hommes
prisonniers,&un grand
* nombre tuez. On leur a
pris deux charettes chargées
de poudre, de balles,
de grenades & d'outils. La
compagnie du Sieur Minnonés
de Falco se défendit
durant deux heures avec
une extrême vigueur.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.: "-
Explicationphyfique & chimique
àv$feuxJouterrams,
des tremblemens deterrey
des'ouragans, des éJairs&r
-du o tonmrre. -'
.(-' ,
1
Mon dessein est de donner,
par le moyen d'une
opération de Chymie, une
idée sensible de ce qui se
1
passe dans les nuës lors
qu'elles s'ouvrent en temps
detempête,pour produire
les éclairs ôc le tonnerre: mais avant que de faire
voir cette opération, il est
à propos de parler de la matiere
qui cause des effets si
violens, & d'examiner sa
nature & son origine.
On ne peut pas raisonnablement
douter que la
nature de l'éclair & du tonnerrene
soit un souffre en- amme, ôc élancé avec
beaucoup de rapidité. Nous
ne cannoissons rien d'inflammable
, ni de plus en
mouvement que le souffre,
ôc l'odeur du souffre que le
tonnerre laisse dans tous les
lieuxoù il a passé, prouve
assez sa nature. Il est donc
question de trouver l'origine
de ce souffre
: il n'est
pas vraisemblable qu'il Ce
soit formé dans les nuës, il
faut qu'il y ait étéporté en
vapeur.
Il me paroît que l'origine
de la matiere qui fait
le tonnerre est la même que
celle, des tremblemens de
terre, des ouragans, des
feux soûterrains. J'ai explique
la cause de ces grands
remuëmens dans un livre
de Chymie, à l'occasion
d'une préparation particuliere
sur le fer appeile safran
de Mars. Comme mon
explication a ététrouvée
assez juste, ôc que j'ai fait
encore plu sieurs autres experiences
qui servent à confirmer
ce que j'avois avancé,
je rapporterai en abrégé
les unes ôc les autres experiences.
Voici donc les
premieres.
On fait un mélange de
parties égales de limaille
de fer & de souffre pulverisé,
on reduit le mélange
en pâte avec del'eau, ôc on
le laisse en digestion sans
feu pendant deux ou trois
heures; il s'y fait une fermentation
& un gonflement
avec chaleur considerable
: cette fermentation
fait la pâte en plusieurs
endroits, & y fait des crevasses
par où il sort des vapeurs
qui sont simplement
chaudes,quand la matiere
n'est qu'en une mediocre
quantité:mais qui s'enflamment
lorsque , la matiere
d'où elles sont poussées fait.
une masse considerable,
comme de trente ou de
quarante livres.
La fermentation accompagnée
de chaleur, & même
de feu qui arrive dans
cette opération, procede
de la pénétration & du frotement
violent que les pointes
acides du souffre font
contre les parties du fer.
Cette experience feule
me paroîtréscapable d'expliquerdequelle
maniere
se fontdans les entrailles
de la terre les fermentations,
les remuëmcns &
les embrafemens
, comme
il arrive au mont Vesuve,
au mont Etna, & en plufleurs
autres lieux; car s'il
s'y rencontre du fer & du
souffre qui s'unissent & se
penetrent l'un l'autre, il
doit s'ensuivre une violente
fermentation, qui produira
du feu, comme dans nôtre
opération. Or il est aisé de
prouver que dans les monragnes
donc j'ai parlé il y a
du souffre & du fer; car aprés
que les flammes font
finies,on trouve beaucoup
de souffre sur la superficie
de la terre, & l'on découvre
danslescrevassesoùle
souffre a patTé, des matieres
semblables à celles qui se
separent du fer dans les
forges.
»
Voici les secondes experiences
que j'ai faites
)
qui
appuyeront les premières
& mon raisonnement. J'ai
mis du même mélangede
limaille de fer ôc de souffre,
en différentes quantitez,
dans des pots hauts & étroirs,
en sorte que la matiere
y a été plus comprimée
que dans les terrines;
il s'estfaitaussi desfermentations&
des embrasemens
plusforts, & la matieres'étant
élevée avec un peu de
violence,il en a rejailli une
partie autour des pots. J'ai
mis en été cinquante livres
du mêmemétla.n)ge dans un grand pot, j'ai placé le pot
dans un creux que j'avois
fait faire en terre à la campagne,
je l'ai couvert d'un
linge, ôc ensuirede terre à
la hauteur d'environ un
pied
}
j'ai apperçû huit ou
neuf heures après que la
-
terre se gonfloit,s'échauffoit
& se crevafToit
; puis il
en est forci des matières
foulfreufes & chaudes, ôc
ensuite quelques flammes
qui ont élargi les ouvertures,
& qui ont répandu autour
du lieu une poudre jaune
& noire. La terre a demeuré
long-tempschaude:
je l'ai levée aprèsqu'elle a
été refroidie, je n'ai trouvé
dans le pot qu'une poudre
noire & pesante, c'est la limaille
de fer dépouillée
d'une partie de son souffre.
On auroit pû mettre
davantage de terre sur le
pot: mais il y auroit eu à
craindre que la matiere
n'eût pû s'allumer faute
d'air. Cette opération rétiffit
mieux en été qu'en hyver,
à cause de la chaleur
du Soleil quiexcite un plus
grand mouvement aux parties
insensibles du fer 6c du
souffre. Il n'est donc pas
necessaire de chercher ailleurs
ce qui peut mettre les
souffres en mouvement
dans les mines & les enflammer,
leur jonction avec
le fer produira parfaitement
bien cet effet, demême
qu'elle a produit dans
nos opérations. Mais il se
presente ici une difecultéi,
c'etf que ces grandes fer
mentations & cesembraiemens
soûterrains nepeuventavoir
ete produitslans
air: or on ne comprend
pas bien par où il auroit pu
paffer de l'air si profonde-
-.ment. dans laterré.
On répond à cette obtjection
,
qu'il y a dans la
terre beaucoup de fentes
r& de conduits que nous ne
voyonspoint, & sur, tout
dans les pays chauds,où
ccsmouvemens soûterrains
.arrivent ordinairèment; car
la grande chaleur du Soleil
échauffant & calcinant, par
maniéré de dire, la terre
en plusieurs lieux, y fait
des crevasses profondes)
par où il se peut introduire
de l'air. Les tremblemens
de terre font apparemment
causez par une vapeur, qui
ayant été produite dans la
-
fermentation violente du
fer&du souffre,s'est con-
-
vertie en un vent sulfureux,
lequel se fait passage ic
roule par où il peut, en soûlevant
& branlant les terres
fous lesquelles il passe.
Si ce vent sulfureux se trou- ;
ve toujours renfermé, sans
pouvoir penetrer aucune issuë
pour s'échaper, il fait
durer le tremblement de
terre long-temps & avec
de grands efforts,jusqu'à
ce qu'il ait perdu son mouvement
: mais s'il trouve
quelques ouvertures pour
sortir, il s'élance avec grande
impetuosité,&c'est ce
qu'on appelle ouragan; il
écarce la
-
terre & fait des
abî»
abîmes, il deracine les arbres
& abat les maisons; &
les hommes même ne seroient
pas à l'abri de sa furie,
s'ils ne prenoient la
précaution de se jetter
promptement labouche&
le ventre contre terre, non
pas feulement pour s'empêcher
d'être enlevez, mais
pouréviter de respirer ce
ventlîitCureux &chaud qui
les [uffoqùoir.
Les feux foûtcçrains viennent
de la mêmeexhalaison
sulfureuse. LaNdifference
des effets qu'elle Prbduit
peut provenir de plusieurs
caules de ce que la
maticre a étéplus abondante
5
Se par. consequent.
la fermentation plusforte
de ce qu'il s'y est introduit
davantage d'air;de ce qu'il
s'est rencontré des fentes
ou des crevasses àla terre
assezgrandes, & disposées
pour laisser passer les flammes.
Cesflammesensélëvant
imperueusement ie
font bientôt un jour plus
grand, & elles donnent
lieu à toute la matiere du
fond de la terre de s'enflammer
& de pousser des
C-ux si abondas, qu'ils
couvrent & inondent cjueL
quefois de leurs cendres les
prochains villages.
Les feux folets &ceux
qui paroissent sur certaines
eaux dans les pays chauds,
tirent apparemment leur
origine de la même cause :
mais comme la vapeur fuifureufe
a été foible, &que
son plus grand mouvement
x été ralenti, en se filtrant
au travers des terres & en
passantpar leseaux,ilne
s'en est. élevéuqqwielflajïw
- me legere,spiritueuse,cr- *
rante ,
& qui n'est point entretenue
par une assez grande
quantité de matiere pour
être de durée. Il y a apparence
que les eaux minérales
chaudes, comme celles
de Bourbon, de Vichi, de
BaLrue, d'Aix,ont prisleur
chaleur des feux foûterrains,
ou des terres fulphureufes
& échauffées par où
elles ont passé; car quand
ces eaux sont en repos, il
s'enièpare des parties de
souffre aux côtez des baffînSrlifc
peut faire aussï
* que certaines eaux minérales
ayent tiré leur chaleur
d'une chaux naturelle,
quelles rencontrent en leur
chemin dans les entrailles
de la terremais cette chaux
n'est qu'une pierre calcinée
par des feux soûterrains.
Les colomnes d'eau qui
s'élevent quelquefois sur la
mer, & qui font aux matelots
les sinistres prcfages
d'un prompt naufrage,
viennent apparemment de
ces vents sulfureux pouffez
rapidement desterres de
dessous la mer) après des
fermentations pareilles à
celles dont il a été' parlé.
Les vents sulfureux, qui
font les ouragans,s'élèvent
avec tant de violence en
s'échapant de dessous la
terre,qu'il en monte une
partie jusqu'aux nues:c'estce
qui fait la matiere & la
cause du tonnerre ; car ce
vent qui contient un souffre
exalté s'embaraue dans les
nues, & y étant battu &
compriméfortement, il y
acquiertun mouvement assez
grand pour s'y enflammer
& y former l'éclair en
fendant la nuë, ôc s'élançantavec
une très- grande
rapidité. C'est CI furieux
mouvement qui cause le
bruit du tonnerre que nous
entendons; car ce vent
sulfureux sortant violemment
d'un lieu étroitoùil
étoit contraint
>
frape l'air
trés-rudement & y roule
d'une vîtesse extraordinaire,
de même que fait la
poudre qui fort d'un canon
où elle aété allumée.
On peut dire ici qu'un nitre
subtilqui est toûjours naturellement
répandu dans
l'air, se lie au souffre du tonnerre,
& augmente la force
de son mouvement &
de son action,demême
que quand oa mêlé du
salpêrre avec ousouffre
commun, il produitun efset
bien plus violent eh se
rarefiant, que quand il est
seul. Ce vent sulfureux du
tonnerre après avoir roulé
dans l'air quelque espace
de temps,se rallentit peu à
peu de son mouvement ; c'est pourquoy le tonnerre
est bien plus violent & plus
dangereux au moment qu'il
fort
fort de la nuë, que quand il
a déja fait dans l'air une
partie de ses rournoiemens
êc de ses virevoustes : mais
enfin après avoir fait tant
d'éclat, tant de bruit & tant
de fracas, il (e reduit à rien,
& il ne laisse dans les lieux -..
où il a passé qu'une odeur
de douffresemblable à celle
de l'ouragan.
Quant aux pierres de
foudre, dont le vulgaire
veut que le tonnerre foit
toûjours accompagné, leur
existence me paroît bien
douteuse, & j'ai assez de
pente à croire qu'il n'yen
a jamais eu de véritables.
Il n'est pourtant pas absolument
impossible que les
ouragans en montant rapidement
jusqu'aux nuës,
comme il a étédit, n'enlevent
quelquefois avec
eux des matieres pierreuses
& minerales, qui s'amollissant
& s'unissant par la
chaleur, forment ce qu'on
appelle pierre de tonnerre
: mais on ne trouve point
de ces pierres dans les lieux
où le tonnerre est tombé ;
ôc quand même on en auroit
trouvéquelqu'une
)
il
y auroit bien plus lieu de
croire qu'elle viendroir d'une
matiere minérale fondue
& formée par le souffre
enflammé du tonnerre
dans la terre même, que
de penser que cette pierre
eût étéformée dans l'air ou
dans les nuës, & élancée
avec le tonnerre.
Il reste une difficulté,
cess: de sçavoir comment
le vent sulfureux que j'ai
supposé être la matiere du
tonnerre , peut avoir été
allumé entre les nuës qui
sont composées d'eau, &.
y avoir été comprimé ians
s'éteindre; car il semble
que l'eau des nuës dévoit
avoir empêché que ce [ouf..
fren'allumât, ou du moins
elle devoit l'absorber étant
allumé.
Pour répondre à cette
difficulté,je dis que le souffre
étant une substance grasse,
n'est point si sujet à l'impression
de l'eau que les autres
substances, & qu'il
peut estre enflammé dans
l'eau & y brûler, de même
que le camphre 5c plusieurs
autres matieres sulfureuses
très
-
exaltées y brûlent. Il
doit néanmoins estre arrivé
qu'une partie de ce souffre
ait été plongée dans la
grande quantité d'eau qui
fait les nuës, & qu'elle se
soit éteinte avec une forte
detonnation, comme il arrive
quand on jette dans
de l'eauquelque matiere
solide rougie au feu. Cette
detonnation contribue
peut-être à faire le bruit du
tonnerre: mais l'autre partie
du souffre, qui étoit la
plus subtile ôc la plus disposée
au mouvement, a été
exprimée toute en feu. L'experience
que j'en ai faite
prouve mon raisonnement.
J'ai mis dans un matras
de moyenne capacité, &
dont le cou avoir été trempé,
trois onces de bon esprir
de vitriol, donze onces
..d'cati commune;j'ai fait
un peu chauffer le mélange
)
& j'y ai jetté à plusieurs
reprises une once, ou une
once & demie de limaille
de fer. Il s'est fait une ébulirion
& des vapeurs blanches
: j'ai presentéune bougie
allumée à l'embouchure
du matras; cette vapeur a
pris feu, & à même temps
a fait une fulmination violente
& éclatante. J'en ai
encore approchélabougie
allumée plusieurs fois; il
s'est fait des fulminations
semblables à la premiere,
pendant lesquelles le matras
s'est trouvé assez souvent
rempli d'une flamme
qui a penetré & circulé jusqu'au
fond de la liqueur,
ôc quelquefois la flamme a
duré une espace de temps;
considerable au cou du mettras.
Liiij
Il y a plusieurs circonstances
à remarquer dans
cette opération. La première
est que l'ébulition
qui arrive quand on a jette
la limaille de fer dans la liqueur
,
provient de la dissolution
qui se fait d'une
portion du fer par l'esprit de
vitriol: mais afin que l'ébulition
,
les fumées & la
dissolution soient plus fortes,
il est necessaire de mêler
de l'eau avec l'esprit de
virriol en la proportion qui
a été dite; car si cet esprit
étoit pur,& qu'il n'eût point
été dilayé & étendu par
l'eau, ses pointes à la vérité
s'atracheroient à la limaille
de fer: mais elles y seroient
ferrées & presséesl'une
contre l'autre, en forte qu'-
elles n'auroient point leur
mouvement libre pour agir
suffisamment, & il ne se feroit
point de fulmination.
La seconde est qu'on doit
un peu chaufferlaliqueur
pour exciter les pointes du
dissolvant à penetrer le fer
& y jetter des fumées:mais
il ne faut pas qu'elle soit
trop chaude, parce que ces
fumées fortiroient trop vite,
& quand on y mettroit
la bougie allumée,elle ne
seroit que s'enflammer au
cou dumatras sans faire de
futmination;car ce bruit
ne vient que de ce que le
souffre de la matiere étant
allumé jusques dans le fond
du matras, trouve de la resistance
à s'élever, Ôc il fait
grand effort pour fondre
l'eau & se debarasser. La
troisiéme est qu'il faut necessairement
que le souffre
qui s'exalte en vapeur &
quis'enflamme,vienne uniquement
de la limaille de
fer; car l'eau ni l'esprit de
vitriol, & principalement
le plus fort, comme celui
que j'ai employé,n'ont rien
de sulfureux ni d'inflammable
! mais le fercontient
beaucoup de souffre, comme
tout le monde le sçait.
Il faut donc que lesouffre
de la limaille de fer ayant
été rarefié & developé par
l'esprit de vitriol, se foit
exal té en une vapeur tréssusceptible
du feu. La quatriéme
est que les esprits
acides de sel, de souffre&
d'alun produisentdanscette
operation le même effet
que l'espritdevitriol:mais
l'esprit de nitre ni l'eau forte
n'y excitent point de fulmination.
Au reste,l'opération dont
je viens de parler n'a pas été
inventée seulement pour la
fulmination; elle fait le
commencement d'une préparation
nommée le sel ou
le vitriol de Mars,employée
& estimée dans la Medecine.
Si l'on veut donc profiter
de ce qui est resté dans
le matras aprèslafulmination,
il faut le faire bouillir
,
le filtrer, faire evaporer
sa liqueur filtre'e à diminution
des deux tiers ou
des trois quarts, & la laisser
crystaliser en un lieu
frais: on aura le vitriol de
Mars, qui ressemble beaucoup
en figure, en couleur
& en goût au vitriol d'Angleterre
: mais il est un peu
plus doux & il senc plus le
fer. C'est un fort bon apperitif
;la dose est depuis
six grains jusqua un
fcrupulc
: si l'on en donne une
plus grande dose, il est fut
jet à exciter quelques nausées,
mais non pas avec tant.
de force que fait le vitriol
ordinaire.
Le vitriol de Mars cft
proprement une revivisifeation
du vitriol naturel;
car l'espritacide du vitriol
qui avoit été sèparé de sa
terre par la diftilation
, entre
par cette operation dans
les pores de fer, le diflfout
& s'y corporifie. J'ajoûtc à
cela que le fer contient un
sel vitriolique tréscapablc
de contribuer à la formation
de ce vitriol de Mars.
J'ai mis dans unu cornuë
de grés huit onces de vitriol
de Mars, j'y ai adapté
un grand balon ou recipicnt,
& j'en ai fait la dif.
tilation.comme on aoûtume
de faire celle à
triol ordinaire; j'en ai retiré
cinq onces & cinq dra
gmes d'un esprit acide,
clair, ressemblant beaucoup
à Tefprit de vitriol
commun, mais laissant sur
la langue un goût un peu
plus astringent ou fiyptique.
Il est sorti du balon.
d'abord qu'il a été feparc de
la cornue, une forte odeur
de souffre. Cet cfprit est
bon pour les pertes de fang,
pour les cours de ventre.
J'ai trouve dans la cornuë
une maticre fort rarefie'e,
k -re ,
très
-
friable
, rouge>
se dilayant aifémenc
dans la bouche,d'un goût
astringent tirant un peu sur
le doux c'est un beau ôc
bon safran de Mars aperitif.
J'ai mis dans un creufct
sur le feu une autre portion
de vitriol de Mars cryfialife;
lajxuticrç$çftfondue,
il
il s'en est évapore beaucoup
de flegme,&ilestrelié du
vitriol blanc, comme il arrive
quand on calcine le
vitriol commun. J'ai poussé
par un grand feu ce vitriolblanc,
il est devenu rouge
comme du coleotar. On
peut donc conclure que le
vitriol de Mars ell en toutes
choses semblable au vitriol
naturel.
Entrée du Roy & de la Reine
de Sicile.
Les lettres de Palerms
du 14. Decembre portent
que le Roy & la Reine de
Sicile y firent leur entrée le
jour de S. Thomas;qu'ils
se rendirent àune grande
tente dressée dans la plaine
de S. Erasme, ornée de portiques,
couverts de velours
cramoisi, avec de grandes
dentelles d'argent, au bout
de laquelle on avoit dresse
une chambre tapissée de
brocard d'or, & dans le
fond étoit untrône où leurs
Majestez s'assirent. Que le
Sénat & les principaux Seigneurs
s'y rendirent, & le
Prince de Butera, premier
Noble, complimenta le
Roy de Sicile au nom du
Corps de la Noblesse
: enfuite
il receut l'Etendard
Royal, puis la marche commença
par un regiment de
dragons, les valets de pied
& les pages.
Que le grandJusticier ôc
les 3Juges Civils marchoiét
enfuitejpuis les Dcputez des
villes duRoyaume encorps,
& d'autres Officiers.
; Les Princes i Ducs, Marquis
Se Comtes venoient
après ; vêtus magnifiquement
& bien montez, fuivis
de plusieurs gens de IL
vréesfort lestes.LeSenac
& les Officiers de la Chambre,
du Patrimoint, &c d'aurres,
suivoient avec leurs
trompettes ; puis venoiens
les Evêques Ôc les Abbez.
Le Priace Spiaola-, Tresorier
général,
jettoit au
peuple quantité de pieces
d'argent. Les Officiers du
Roy de Sicile venoient enfuite,
les Gentilshommes
dela boucha lei, Maîtres
d'Hôtel,JesAimôïiiers',
les Gentilshommes de la
Chambrc) lesEcuyers, &
le Maître de la Garderobe.
Le Prince de Butera marchoit
seul, portantl'Etendardpuis
ie Prince Thomas
seul. Le Roy & la Reine
etoient à cheval fous un
dais fort riche, soûtenu par
les Sénateurs; le Marquis
Pallavicina, grand Ecuyer,
portoit l'epée nue : auprès
du Roy &auprèsde la Reine
étoit le Comte de Goivon,
Chevalier d'honneur,
& le Marquis de Tournon.,
Capitaine des Gardes du
Corps; puis les principaux
Officiers & les Dames.
A la porte des Grecs on
avoit dresse un arc de triomphe,
avec des cartouches
qui representoient les principales
actions du Prince.
L'Archevêque de Palerme
l'yattendoit à la tête du
Clergé seculier ®ulier,
& il donna à leurs Majcfter
la croix à baiser.
La marche continua par
la principale ruë magnifiquementornée,&
on arriva
à l'Eglise Métropolitaine,
où le Roy & la Reine montèrent
sur letrône, prépare
à main droite de l'autel
J
ôc
onchanta 1cTe Deum. Puis
le Protonotaire du Royaume
étant monté sur le cinquiémedegré
du trône,
'lut la forme du ferment de
fidélité, qui fut prête par
les trois Etats, l'ecclesiastique,
lemilitaire & le domanial
; & ensuite on presensa
au Roy le ferment
d'observer les loix & les privilèges
du Royaume, qu'il
fit en mettant la main Sur
les Evangiles & en birant
la croix. Il jura ensuite la
confirmation des privilèges
de la ville, contenus dans
le livre qui lui fut presente
par le Prêteur.
On fit durant cette ceremonie
trois salves générales
de l'artillerie. Le Roy
ôc la Reine allerent au Palais
dans le même ordre, &
le foir il y eut un grand feu
d'artifice ôc des illuminations
par toute la ville.
SATIRE
Contre les Maris.
Preface.
Quelque chose que je
dise contre le Mariage,
mon dessein n'est pas d'en
détourner ceux qui y font
portez par une inclination
naturelle; mais feulement
de faire voir que les dégoûts
& les chagrinsqui c? en font presque infëparable
viennent pour l'ordinaire
plustost du costé des
Maris que de celuy des
Femmes. Contre le fentimens
de Mf Despreaux,
j'espere qu'en faveur de la
cause que j'entreprends,
on excusera les defauts qui
se trouveront dans cet ouvrage
: Je me flatte du
moins que les Dames se.
ront pourmoy;SeàFabry
d'une si illustre protection
je ne crains point les traits
de la Critique la plus envenance.
SATIRE.
Non chere Eudoxe, non,
je ne puis plus me
taire,
Jeveux te détourner d'une
Himen téméraire
D'autres filles sans toy
vendant leur liberté
Sechargeront du foin de
la posterité.
D'autres s'embarqueront
sans crainte du nau.
frage
Mais toj voyant téeueil
sans quitter le riruagc)
Tu riiraspointesclave af
servie à l'amour
Sous le joug d'un époux
t'engaglirsans retour
Ny d'unJervile usage approuvant
linjufiice
De tes biensy de ton coeur
luyfaire unsacrifice,
Abandonner ton ame à
milleJoins divers,
Et toy même à jamais
forger tes propresfers.
JSle t'imagines pAS que l'ardeur
de médire
f
Arme aujourd'huy fila
- main des traits de la
Satire9
Kîy que par un Censeur le
beauftxeoutragé
Ait bcfoin de mes Vers
pour en estre vangc
Ce Sexe plein d'attraits
sans secours & sans
âmes
Peut assez,f deffcndre auecses
propres charmes,
Et les traits d'un Critique
ajfoibli par les ans
Sont tomber deles mains
sansforce & languifi
sans:
Mon tjprit antre-foisenchanté
de ses rimes
Luy comptoit pour rvertus
sessatiriques crimes,
Et livroit avecjoye à ses
nobles fureurs3
Vn tas infortuné d'inflpides
Auteurs;
Maisje riay pu foujfrir
1 qu'une indiscrete veine
Le forçatmieux Athlete
a rentrer Atrl'arene.
Et que laissant en paix
tant de mauvais écrits
NouveauPredicateur il
vint en cheveuxgris
D'un esprit peu chrétien
blâmerde chastesflammes
Et par des Vers malins
nous faire horreur des
j,
femmes
Si l'Himen aprè1s fiy
trame tant de d'goujts,
On n'en doit imputer la
faute qu'auxépoux.
Lesfemmes font toujours
dinnocentesvicitmeç
Que des loix d'interejfJ:J
que defausses maximes
Immolentlâchementà des
Maristrompeurs..
On ne s'informeplus ny
durangnydesmoeurs
Crispin, roux & mancellU,
vient d'epoufir
Julie
Il eji du genre humain&
L'opprobre & lalie
On trouvcroit encore à
quelque vieuxpillter
Son dernier hahit verd
pendu cheXj lefripier:
ParJes concussions fatales
à la France
lia déjàvingtfois affrontélapotence
;
Mais cent rvafts d'argent
parent(es longs buffets
11 - jivecpeine unguèret traversi
[es guèrets
y
Que faut-il davantage?
aujourd'huy la richesse
Ne tient-elle pas lieu di
vertuy de nobleffi?
Et pourfaire un époux,
que voudroit-on déplus?
Que dixterres en Beauce9
avecvingt mil écus.
RegardeDorilas9 cet échape
d*Esope 0z ne peut discerner
quavec un Micro/cope;
Dontle corps de travers&
tefpritplus malfait
D'un Therfite à nos yeux
retracent leportrait
Que t'en emhle dis-moy?
penses-tu quunefille
Qui ria Û cet amant
qu'au travers d'une
grille
Et qui depuis dix Ans
NourrieàPortRoyal
A paffé du parloir dans le
lit nuptial;
Puis-je garderlongtemps
uneforcetendrefie
En faveur d'un Maryd'une
si rare especey
Quand la Cour&la Ville
presententàfis yeux
Desflots d'adorateurs qui
la mertte mieux.
MatsJe veux que du Ciel
une heureuje influence
Rassemble en ton époux
&mérité & naissance
Infortunéjoueur,ilperdra
tousfisbiens
Quun contrat malheureux
confond avec les
fitns
Entrons dans le Brelandy
ou s'arrête à la
porte
De laquais mal payel^Ja
maligne cohorte
Voy les cornets en l'airjettes
avec transport,
Quon veut rendre garend
des caprices du fort.
Voy ces pâlesJoueurs qui
pleinsd'extravagance
D'un destin insolent affronte
l'inconstance
Etsur trois des maudits
lisent l'arrêtfatal
Qui les condamne enfin
d'aller à l'Hôpital.
Pénétrons plus avant
voy cette table ronde
Autet que avarice éleva
dés lemonde
Ou tous les forceriez, fem*
blent avoir faitvoeu
Dese facnfierau noir demon
duJeu,
Vois-tu sur cette carte un
contrat difparotfire
Sur cet autre unChajieau
prêt à changerdemaître
Quelsoudain desespoirsaisit
le malheureux?
Qfuieavfieinntedr'aun
coupegorgeaffreux
MaisfuyonsfousJespieas
tous les parquets gemissent
Defermns tous nouveaux
les platfonds retentifsint
Et par lefort cruel d'une
fatalenuity
, De vOIr enfinGalet a
l'Hôpital reduit,
Sa femme cependant di
centfrayeurs atteinre
Boitchez,elle a longs traits
& le fiel & Cabfmte
Ou traînant aprèsJoy d'infortunete1ans
Va chercher un azjileauprès
desesparenss
Harpagon cftatteit de
, toutautrefolie,
Le Ciell'avantagead'une
femme accomplie
re-ç)utpmrsa dotplus 1 -, 7 , li} deûus^alafois ': — Quun balancier nenpeut
reformer ensix mois.
Sa femmefeflattait de la
douce esperance
De "voirfleurir chez., elle
une heureuseabondance,
ElIecroyait au moins que
deux ou trois amisj
Pourvoientfoir&matinà
sa tableeflreadmis
Mais Harpagon aride&
presqueDiaphane-
Par les jeûnes cruels auf
quels ilse condamne: Nereçoitpointd'amis aux
dépens de son pain
Toutse ressentcheijuy des
langueursde lafaim,
Si pour fournir aux frais
d'un hahit necefaim
Saffmmt-^lÙJ-\'mande
une somme Itgere3
Son vifoegesoudain pre%d
une autre couLfur,
Ses valets font en butte à
sa ma,uvaife humeur,
UAvarice bien-tft au
teint livide &blême,
Surfincoffre defer va taF
foir elle-même3
Pour ne le point ouvrir il
abondeenraisons
Ses hqtes sans payer ont
vidêfts massons
D'un vent,venu du Nord • d^maligne, influence
t
A motjjonésesfruits avec
Ion esperance,
Où de fougueux Torrens
inondansiesFallons,
Ont noyésans pitié thonnAeur
desye~sj fyi/lions,
uiinfitoujours rétif, rien
nefléchitson ame
Pour avoir un habit il
faudra quesafemme
jittende que la mort k
mettant au cercueil,
Luyfaffe enfin unfalutafr
re dueil.
Mais,pourquoy diraJtu9
cette injujtc querelle
Les époux font ilsfaitsftr
lemêmemodelie,
jilcipe nflejf-il pas exempt
deces dejfauts,
Que tu viens de tracer
dans tes piquans tableaux
D'accord, il efi bien fait,
genereux3 noble, {age,
Mats à se ruiner(On propre
honneur l'engage
Si-tost que la victoire un
laurier a la main
appellera Louis Jur les
rives du Rhin
Que des Zephirs nouveaux
les fecondes haleines
Feront verdir nos bois (;;'
refleurir nos plaines:
,Ses Muletsimportais bisarrementornez
Et d'un airain bruyant9
par tout environnez
Sous des tapis brode si
suivantalafile,
ut pas Majeftueux tra«
verseront la Ville.
Tout le peuple attentifAU
bruit deses Mulets
Verrapasserauloin,Surtous9
Fourgons" Vdlets,
Chevaux de main Fringans,
insultant a la
terre.,
Pompe digne en effet des
enfans de laguerre
Mais pour donner fef7
sir à ce noble embarras
Combien cbez, le Notaire
A-t-ilfait des contrats?
Lesjoyaux de sa femme
oonntteétteérmnitsseenn gage
jyunsomptueux buffet le
pompeux étalagé
Que du débris commun il nyapAugarentir.,
Rentre cheZlc Marchand
dont on l'a vu sortir.
Pour assembler unfond de
deux mtlle pi[tôles
Combien nouveau Prothée
at-jt joüé de rôles:
Combien a-t-il fait voir
que leplusfierguerrier
Elplus humble aujourd'huy
qu'un indigne
Vfùrler.
Ilpart, enfin, il mene avec
luy l'abondance
Tout le Camp se ressent de
sa nobU difence
Des Cutfmiers fameux
pour luy fournir des
mets,
Epuisentchaque jonr les
Aiers & les Forefis*
Quefait sa femme alors?
dans le fond d'un Vil,lage Ellevasansargentdepio^
rer
rerfin veuvage
Dans fis jardins defirts
promenersa douleur
Et des champs paresseux
exciter la lenteur.
On voit six mois apre's,
tout ce trainmagnifique
Reduit à la moitiérevenir,
faible étique,
On voit sur les chemins l'équipage
en lambeaux
Des mulets decharneZ, des
ombres de chevauxy
Qui dans ce tri(teétatri0.
fantpresqueparoifire
S'en vont droit au marché
chercher un autre maî*-
tre
Cependant auprintemps il
_faut recommencer, Ilfautsur nouveauxfrais
emprunter9 dépenfer,
Mais nous verrons bientofl
une ltfte cruelle
1)u trépas de l'époux apporter
la nouvelle,
Etpourpayer enfin de tris
tes creancIers,
Ilne laijje après luy qu'un
tas de vains lauriers.
Ilefid'autres Maris
volages) infidellts;
Fatigans damerets/Tirans
nez, des ruelles,
Qu'on voidmaigre l'Hymen
&ses facreZu
flambeaux
S'enrôler chaquejourfous
de nouveaux drapeaux9
Quid'un coeur plein de
feux à leur devoir
contraires
Encensent follement des
beautez, étrdngeres;
Le foin toujours pressant
de leurs galans exploits;
En vingt lieuxdijferends
les appelleà lafois.
Wgaton dans Paris
court à bride abbatué
Malheur à qUI pour lors
est à pied dans la rue
D'un & d'autres cojtezj,
les chevaux bondijjans
D'un déluge deboueinondent
loespassans,
Tout .fuit aux environs,
chacun cherche un aile
Avec plus de rviteifè il
traverse la Ville
Que les courftersp uireux
que l'on vid les pre.
miers,
Du combat de Nervvinde
apporter les lauriers;
Et qui de la victoire emprunterent
les ailes
Pour en donner au Roy les
premieres nouvelles.
De cet ernprejfement lefajet
inconnu
Quelejl-ilen effet?eh quoyi
l'ignores tu?
o 11 va fade amoureux de
theâtre en theâtre
Annoncer un habitdontil
est idolâtre
Dans le même moment on
le retrouve au Cours
Hors la filey au grand
trot ilyfait plu/leurs
tours,
Tout hors d'haleine enfin
il rentre aux Thmlleries,
Cherchantpartoutmatiere
à sesgalanteries,
Ilreçoit tous lesjours mille
tendres billets
Ses brasfontjufquati coude
cntouez., de portraitsy
On voit briller dans l'or9
des blondes& des brunes
Qtitl porte pour garends
de ses bonnesfortunes.
jîux yeux de son épouje il
en fait vanité
Il prétend qu'en dépit des
loix de l'équité
Safemme luy confcrve une
amour éternelle
Tandis qu'il aime ailleurs,
& court de belle en
belle.
D'autres amours en- cor.mais non d'un
tel dficours
Il ne meji pas permis de
prolonger le cours.
lAaplume se rifule a ma
timide rueine
Eut-on crû que leTibre
eutcoulédans la Seine
Etqu'il eut corrompu les
moeurs de nos François
Pour confoltr le Rhin de
leurs fameuxexploits.
Je voudrois bien Eudoxe
abregeant la matiere
Calmer ici ma bile &finir
ma carrure
Maispuis-jefàpprimer le
portrait d'unjaloux
Qui sans cesse agité d'un
mouvement peu doux
Et paré des dehors d'une
tendresse vaine
Aime, mais d'un amour
qui ressemble à la haine?
dlidor vientici s'offrir
à monpinceau
Ilejldesa moitié l'amant
& le bourreau
Partout illapourfuit>fans
cesseUlaquer,lie
Il nepeut la fuitterJ riy
demeurerprès d'elle,
L'erreur au double fronts
le devorant ennuy.
Lesfunefies Joubçons vollent
autour de luys
Ungejle indifférénd un regardsans
étude>
Va deIon coeurjaloux ai.
grlr l*inquiétude,
Sans cejjeilse consume en
projetsfuperjlus
Il voit3 il entend tout, il
en croit encor plus;
Ileflmalgré ses foins, &
fisconstantesveilLes
uéveugle avec centyeux,
Jouràaveccent oretlles.
Chaque objet de son coeur
vient arracher la.pAi
Marbres, bronzées, tableauxyportiers.
cocher,
laquais
Ceux même quaux de-
Jerts de Vardente Guinée
Le Soleil a couvert d'une
peau basanée9
Tout luy paroistamatitfatal
à son honneur
Il craint des héritiers de
plus d'une couleur.
Quun folâtre Zephir arvec
trop de licence
Des cheveux desafemme
ait détruit l'ordonnance
Sa mainsarme aussi-tost
dufer& dupoison
D'unprétendu rival il
veut tirerraisons
Si la crainte des loix fufpendfafrenefte,
Pour l'immoler centfois il
luy laisse la vies
Dans quelque vieux châ.
teau retraitedeshiboux
Dont quelque jour peutejfre
il deviendra jaloux
,
Il trame en exil comme
une criminelle
Et eour la tourmenter il
S'enferme avec elle,
Dans le Jauvage lieu des
vivans ignoré
D'un sosjé large & creux
doublement entouré
Cette tri(le rviéfime, affligét"
eperdue*
Sur les funefies bords croit
ejfredescendue,
Lorsque la parque enfin répondantà/
es voeux
Vient terminer le cours de
ses jours malheureux.
Nomme moysitupeux
quelquemary sans
vice
MaMust cft toute prête
a luy rendre jufttce,
Sera-ce Lijirlas? qui met
avec éclat
Safemme en un convent
par arrejf du Sénat
Et qui trois mois après devenu
doux &Jage
Celebre en un parloir un
fécond mariage.
Sera-ce Lifimon qui toûjours
lntete
Convoqueavecgrandbruit
toute la Facu/té?
Et sur son fort douteux
confiiltant Hipocrate
Fait qu'aux yeux du public
son deshonneur
éclate:
Quel champ!sije parlois
d'un époux furieux
Quiprofanantsans ceJft un
chef-d'oeuvre des cieux
Ofe dans les transports de
sa rage cruelle
Porter sursonépouse une
main criminelle.
Maisje te veux encore
ébaucher un tableau
Remontonssurla Scene&
tirons le rideau.
Dieux que vois-je en dépit
d'une épaifefumée
Que répand dans les airs
maintepipe allumée
Tarmy desflots de vin en
tous lieux répandu9
J'apperçois Trafimontsur
le ventre étendu;
Qui tout pâle& defait rejettefouslatable
Les rebuts odieux d'un repas
qui l'accables
Jlfait pour se lever des effortsviolens,
La terresedérobé à (es pas
chance/ans
De mortelles vapeurs fil
tesse encore peine
Sous de honteux debris de
nouveau le rentrainej
Ilretombe& bien-tojttau*
rore en ce redutt
Viendra nous découvrir
les excés de la nuit;
Bien-tost avec le jour
nous allons voir paroiifre
atre insolens laquais
aussi fMouas isqturee leur
Oui charmez, dans leur
coeur de ce honteuxfracas
Prés de sa femme au lit
le portentfous les bras.
Quelcharme! quelplaifïr!
pour cette trijlefemme
Defsvoir le temain de ce
fPeOaclt infâme
Defintir des vapeurs de
vin & de tabac,
QUexaleprès de foy, un
perfide efiomach.
Tufremis?toutefois dans
le Stecle où noussommes
Chere Eudoxe3voila commefontfaits
les hom-
Quelmérmietés:quelstitresfoapurvèsertaoiunts!
quels titrfsfluverains
Rendent donc les maris &
fifiers&sivains,
Osent-ils se flatter qu'un.
contratautentique>
Leur doine sur les coeurs
un pouvoir tirannique?
Pensent
-
ils que brutaux,
peu comptasans, fâcheux
:A.vares,neghgens, debauchez,,
ombrigeux,
PArez, du nom dépoux ih
ferontsursdeplaire,
du mépris d'un amani
fournis, tendre sincere,
Complaisant,libéral, qui
Jefait nuit &jour
Vnfointoûjours nouveau
de prouverson amour.
Non non, cestseflatter
d'une erreur condamnable
Etpoursefaire aimer, il
faut se rendre aimables
,
Aprés tous cesportraits
bien ou mal ébauchez:..,
Et tant d'autres encor
que jeriay pas tou- cbe
Jras-tu me traitant etennuyeux
pédagogue?
Des martirs de tHimen
grossîr le catalogue,
Non? dans un plein repos
arrête ton dessin,
Ctfi le premier des biens
de vivresans chagrin.
Si dans des vers pi
quansJuvenal enfurie
fait poejfcr pourfou ce.
luy qui semarie3
D'un esprit plus sènsé
concluons aujourd'huy
Que celle qui repoulé est
plus folle que luy.
J. L.D.L.
MAriagr.
MjiRIAGE.
Messire Jean Claude Loppin,
Seigneur de Gémeaux &
de Preigné, Conseiller au Parlement
de Dijon, à épousé
le 29. Janvier Magdeleine
Begon, fille de Messsire MichelBegon,
Seigneur de
Montfermeil, & de la Source,
Et de Dame Catherine Guymont.
Messire Loppin de Gémeaux
est d'une des ancicnnncs
familles de Robe, des mieux
alliée de la Province de Bourgogne,
y ayant plus de sixvingt
ans que ses Ancestres de
peres en fils ont estérevêtus
sans interruption de Charges
de Maistres des Comptcs
& de Conseiller au Parlement.
Antoine Loppin, fou
bisayeulobtint par sonmérite,
& par ses longs services,
des Lettres Patentes pour contribuer
de travaillera laChambre
des Comptes & des affaires
importantes, concernant
le service de Sa Majesté
après avoir remis sa Charge
à Pierre Loppin son fils,
Seigneur de Marcelois.
Son Bisayeul maternel
etoit Charles Fevret, Seigneu,r
de S. Memin & deGodan;
Confciller au même Parlement
, Autheur du fameux
Traité de l'Abus, dont on
fait beaucoup de cas dans
tous les Parlemens du Royaume,
ce quia rendu sa mémoire
recommandable
, ayant
d'ailleurs mérité l'estime particulière
de Louis de Bouibon
Prince de Condé, Gouverncur
de la Province.
M1 Begon de Montfermeil
est frere de MIC Michel Be..
gon ,
Conseillerd'Honneur
au Parlement de Provence,
& Intendant de la Généralité
de la Rochelle, & de la Marine
du Ponent, mort en 1710.
si connu & estimé des Gens de
Lettres.
Il efi proche parent & allié
aux plus considerables familles
de la Cour & de Paris, &
il s'est acquis dans ses Emplois
l'cfiimc & l'amitié de toutes
les personnes de consideration
du Royaume, par sa pro.
bité, par son desinteressement
,& sur tout par l'envie
de faire plaisir.
TraitctHiftoir: Arabe.
MOutalaya, natif de
Hayatamar., petite Ville
proche de Medine, s'établit
à Bagdad, où il se fit
vendeur de Craches, &
ensuite s'acquit beaucoup
de réputation par sa Poësie,
& sur tout par sa Filosofie.
On disoit de luy
qu'il cadençoit toutes les
avions comme les Vers,
& à cause de sa grande
moderation on l'appella
d'un mot Arabe qui signifioit
le Peseur de Desirs
Malgré cela il se rendit celebre
par son amour pour
Hattebé, maistresse du
Calife Almondi, ayant
obtenu du Calife permission
de faire un presènt
à Hattebé le jour d'une
Feste. Il prefenca à
Hattebéen presence
du Prince une haute
Piramide de carton, au
bas de laquelle estoit representé
le Calife avec sa
Maistresse, &du bas de la
Piramide en haut tournoie
en spirale une bande de
roseaux portez par de petits
Amours serpentant dé
bas en haut, où estoient
écrits des Vers, qui marquoienr
qne le Vendeur
de Cruches portoit ses de-
-
sirs -jut'qu-aux plaisirs de -
son Maistre
, & les Amours
tenoient des balances
rompuës fous leurs
pieds, marque que luy,
qu'on appelloit le Pesèur
de desirs , n'avait point
pesé ccluy qui le portoità
un si haut point. D'abord
le present fut pris pour
une idée poëtique, mais
Moutalaya tomba en langueur
& pensa mourir de
son amour : en forte que
le Calife en ayant pitié,
luy promit de luy faire
present de Hattebé. Sa parole
donnée, Hattebé se
jetta en pleurs aux pieds
du Calife pour nestre
point livrée à un homme
si laid,car Moutalaya l'é.
toit beaucoup. Le Calife
ne voulant pas retirer sa
parole, envoya chercher
le Poëteamoureux, & luy
dit: 0 toy qui pese tes
desirs, regarde Hattebé
d'un côté de la balance,
& de l'autre ce grand vase
d'argent, &,- choisis. Oh,
luy répondit le Poëte
,
ton vase pese moins pour
moy qu'une plume de l'asle
de l'Amour qui m'a
blessé. En même temps le
Calife ordonna qu'on jettât
à poignée de l'or dans
le vase, & dit au Poëte.
Avertis- moy quand le
poids sera égal à celuy de
ton amour. Moutalaya
qui comprit par la profusion
du Calife qu'il avoit
peine àluy donner Hattebé3
luy cria:Arreste
,
le
poids est trébuchant.
Alors le Calife qui avoit
beaucoup desprit luy
dit: Ajoûte- donc ducôté
d'Hattebé, qu'elle ne peut
se résoudre à t'aimer, ou
plutôt qu'elle te haïra si
tu l'exige de moy )
& par
cette circonstance
3 prens
le vase sans balancer.
Moutalaya rêva un lno.
ment, & dit au Calise:
Donne-moy trois mois de
temps pour peser ces deux
presens; & pour faire encore
division
y
donne-moy
encore un autre objet à
desirer
,
qui est celuy de
la Couronne Poëtique &
le Triomphe qui s'accorde
au premier Poète de dix
ans en dix ans.
Le Calife luy donna encore
ce choix & les trois
mois qu'illuy demandoit
pour le déterminer. Ces
trois mois écoulez, il dit
au Calife, qu'il avoit demandé
ce temps pour voir
si son amour ou la haine
de Hattebédiminuëroient.
Hattebé qui estoit
presente luy cria devant
le Calife, avec une faillie
sans reflelhir: Eh! croistu
que trois moisd'âge &
de langueur t'ayent embelli.
Non certes, répondit
le Poëte, mais ce que tu
me dis a diminué ta beauté
à mes yeux; ainsi je
n'ay plus à déliberer que
sur l'argent&la gloire; &
pour me déterminer
,
je
demande six mois.
Les six mois de délay
luy furent accordez, aprés
quoy il dit au Calife
qu'il avoit demandé un
délay double de l'autre,
parce qu'il falloit bien
plus de temps au Sage
pour se guerir de l'avarice
que de l'amour;mais
qu'efin il le quittoit de ses
richesses& les refusa.
Acceptez donc le triomphe
&la couronne Poëtique
, luy repliqua le CSlife.
Pour sçavoir si je l'accepteray
ou non , jetedemande
un an de delay.
En effet,lePoëteFilososefut
une année sans vouloir
accepter le Triomphe
& l'an écoulé, il vint &
dit au Calife que le Sage
se guerissoit en peu de
temps de l'amour comme
il avoit fait en trois mois,
qu'illuy avoit fallu le double
pour se guerir de l'avarice
, mais que la vanité,
& sur tout des Auteurs
, augmentant avec
l'âge plutôt que de diminuër,
c'estoit merveilles
qu'il n'eut demandé qu'un
an pour s'en guerir, mais
qu'il en estoit tellement
gueri qu'il refusoit la Couronne
& le Triomphe de
Poëte, parce qu'il en connoissoit
un au-dessus de
luy. Mais,continua-t-il,
quand on a renoncé aux
premiers honneurs de la
Poësie & qu'on se croit
inferieur à quelqu'un, il
ne faut plus faire de Vers ;
ainÍÏ je me retranche àma
Filosofie.
Le Calife luy répondit:
Vous aurez donc la Couronne
& le Triomphe
comme Filosofe, & je
vous tiens à present pour
leplus grand de tous ceux
qquueeJj'aayy)ajatmllaaislSccoonnnnuuss,,
& le Calife lecontraignit
à recevoir des honneurs
qu'il refusoit obstinement.
Il paroist depuis peu un
Livre intitulé l'Iliade, Poëme
, avec un Discours sur
Homere, par Mrde la Motte,
de l'Academie Françoise, qui
se vend chez Gregoire Dupuis,
rue S. Jacques à la
Fontaine d'or.
LETTRE
A M. LE DUC DE ***
jiVerfaMss.
On vous a ditvray
,
Monseigneur,
ceux qui se piquent
icy de sçavoir le Grec, trouvent
fort mauvais que M. de
la Motte, qui l'ignore
,
ce
foit mêlé de faire quelques
Observations sur un Ouvrage,
dont l'Original est Grec:
mais il y a une chose à dire
pour sa deffense, à laquelle je
ne vois point de replique. Il
ne se propose point d'examinerl'Iliade
Grecque d'Homerc,
qu'il n'entend point, mais
feulement l'Iliade Françoise
de Madame Dacier, que tout
le monde entend. Or peuton
trouver mauvais qu'il
se foit mêlédexaminer un
Poëme en Prose, écrit sur
un sujet interessant.
Si Madame Dacier a mal
traduit tous les endroits sur
lesquels il fonde sa Critique,
si elle y a fait dire à Homere
des choses abfurdcs & impertinentes,
M. de la Motte n'en
cft pas coupable: c'est à elle
à se justifier, c'està elle feule
à garentir la fidelité de sa traduction
: mais quand cette
traduction seroit infidelle précisément
dans tous ces endroits
, les Observations de
M. de la Motte ne porteroient
pas à faux pour cela,
puisqu'elles tomberoient au
moins sur l'Ouvrage François,
qui pour tous ceux qui,
comme nous, ne sçavent
point de Grec, peut avecraison
tenir lieu d'un Ouvrage
Original. Or diront-ils que
tel qu'il est,il n'est pas digne
d'estrecritiqué par des Connoisseurs
?
La feule choseque doit garantir
M. de la Motte, c'est
la verité & lajustesse de ses
Critiques : voilà ce qui (si de
son fait, voilà ce dont il doit
répondre, c'est le seul endroit
par où ses Advcrfaircs peuvent
l'attaquer, sinon avec
succés, du moins sans injustice.
Or il les attend de pied
ferme, & même de concert
avec les Spectateursde la Dispute,
illesdéfie.
Il eG vray que si les Obfervarions
sont raisonnables
contre l'Iliade Françoise, il
ne reste à ces Messieurs, pour
en garanrir l'Iliade Grecque,
qu'à soûtenir que les endroits
bien critiquez ne sont pas
bien traduits;mais c'est justement
ce côté quedeffend Madame
Dacier, & M. de la
Motte le croit si bien deffendu,
que pour l'honneur
d'Homere même ils n'oseront
jamais l'attaquer.
A Pariscezz.Janvier1714.
MORT.
Dame Anne Denisot Falloux,
mourut à Paris la nuit du 19.
au 20. de Janvier, n'ayant pas
encore atteint sa 20e année,
elle avoit esté mariée à la S.
Martin 1708. dans leChâteau
d'Aulnay prés Paris,chez M'*
de Gourgucs dont elle estoit
parente par sa mere, au sieur
Falloux,Procureur du Roy de
l'Election du Mans. J'jliert
Denizot son pele) qui avoit
exercé la même Charge, cft
de l'ancienne famille des Denifots
au Perche, illustrée par
les Emplois & par les Lettres
dés le temps de François I.
Nicolas Denifot fameux par
les ouvrages qu'il a donnezau
Public, fous le nom de Comte
(ïyil[inoisest l'Anagramme
de son nom, & dont il est
fait une honorable mention
dans la Croix du Maine, estoit
son grand oncle, lequel eut
une soeur nommée Marie qui
épousa le Comte de Meaucé
J dont sont issus les Comtes de
Montfore au Maine.
HAKANGVE
prononcée par M. le Mar-
-quisde BaretyLaudy,
jimbajfadeurd'EJpagne
au Canton de Lucerne en
Suiffe, le 13. Decembre
1713.
ILLUSTRES ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
J'Ayexpressementattendu
le temps de cette
loüable Diette pour vous
donner part au nom du
Roy mon Maistre de la
naissanced'untroisieme
Prince appelle sur les fonds
de Baptesme l'InfantDom
Ferdinand; j'ay voulu que
chacune desillustres Republiques
qui font icydignement
respectées par
vous, su st instruite au retour
de ses Deputez des
expressionsdetendresse
avec lesquelles Sa Majesté
m'ordonne de vous annoncer
cette nouvelle benediction
de Dieu sur sa
Royale famille; & verita
blement, sil'allegresseest
plus sensible quand elle le
communique & se partage
pour ainsi dire avec
ceux qui nous ont donné.
de longues&fidelles preuves
de cette amitié, vous
devez croire llluftres &
Puissants Seigneurs que ce
témoignage que vous recevez
par 11109 canal de
SaMajesté, est non seulement
uneffet de son esti-
I1peq. wiluisdeil^fperance encore d; voir-
ZiUgmenmb joye par la vojjre.
La naissance de ce Prince
arrive dans une conjoncture,
où nul accident
contraire ne peut corrompre
le plaisir desa solemnisation:
la Paix cil desja
faire avec plusieursPuissances,&
preste à conclure
avec toutes les autres,
suivant les favorables apparencesque
nous fnJ
voyons éclater. L'Espagne
delivrée de ses ennemis
voit enfin son Roy assis
tranquillement fuf;fort*
Throfne ; tous les
-
braver
& genereux Espagnols luy
obéïssentavecliberté,
après que leur fidélité heroïque
luy a obéi avec péril
dans les rems des violences
; une feule Ville
abandonnée de Dieu a près
l'avoir esté de toutes les
Nations, soustient encore
les restes de sa perfidie; &
(ce qui en incompréhensible
) n'a point de honte
de faire paroistre son desespoir
;c'est par ses portes
-qJe la guerre sest introduite
dans la Monarchie,
mais si elle differe plus
longtems de s'en repentir
& de profiter de la clemence
du Roy, le théa\O"
tre de son crime pourra
devenir celuy de son supplice.
Barcelone reduite,
on n'invoquera plus dans
touteslesEspagnes d'autre
Souverain que le legitimé.
C'estpourquoy je me
flatte,Illustres & Puissants
Seigneurs, que Sa Majesté
avec laquellevous vous estes
alliez, se met en estat
de peser encore mieux le
zele avec lequel vous luy
avez con servé vostre foy
jusquau dernier pcriode
decette guerre. Une conduite
si franche & si loyale
cft bien digne de la mémoire
d. ce grand Prince,
son coeur estant éCJJ! à sa
dignité & à sa puiffj/ice,
il est juste de penser qu'il
fera gloire de vous estre
redevable d'uneaction
glorieuse: expliquons- nous
clairement;ceux qui, (ok
par des raisonsd'estat imâiginaires,
soit par crainte,
soit par conseils seducteurs
>
se sont ingerez de
donner àd'autres qu'à Phi.
lippes V. lenom de Roy
d'Espagne, n'ont peut estrejamais
pensé que vostre
exem ple seroit contre
eux, & non pas poureux;
vous seuls vous avezesté
à faireretentir à haute
voix un Souverain si honorable;)
vousn'avez point
estéesbloüis d'un meteore
passagersvous n'avez point
eu les yeux assez troubles
pour croire qu'il pust y
avoir deux Soleils dans le
Ciel.
C'est un compliment
réciproque qui ne doit
pointestre separé aujourd'huy
vous devez féliciter
,
dans vos coeurs leRoy mon
Maistre surlanaissance de
rln fant, Sa Majesté & le
monde entier quinemanque
jamais de rendre justice
au mérite, doit vous
feliciteràson tour devous
estre signa lez siglorieusement
dans sa juste cause,
entre tant deNationsdifferentes;
je vousassure, Ulustres
&: PuissantsSeigneurs,
que dans tous le
ordres que je reçois duRoy
rien ne m'est plus partieulièrement
recommande
que les assurances de la
tendresse de Sa Majesté
qu'c lle desirevostre bonne
union;&: qu'elle nenégligerarJcn
detour cequi
peut dépendred'elle pour
procurer vos avantages,
ceux de la Religion qui
sont les plus touchans, les
plus saints
,
& sans lesquels
tout secours humain devient
inutile, ceux devostre
liberté, ceux de vostre
honneur; c'est en mesme
tems une grande gloire &
un grand bonheur pour
monministere d'avoir toujours
eu pendant le cours
de 10.annéesle mesme
langageàvous tenir, &de
vous avoir tousjours veu
agir avec le mesme courage
& lamesmevertu.
DISCOVRS
prononcé a la Diette des
Cantons Catholiques par
Son Excellence Monfiignzur
le Comte du Luc,
Marquis de la Marthey
Lieutenant de Roy en Provence
, Commandeur de
l'Ordrede S. Louis, Gouverneur
des lflcs de Pour- cjuerolles,jirnhafjadeur de
Sa Maie/lé prés des Cantons
Suisses, Ligues Crises
& Republique de Palais,
a Lucerne le13. Decembrç
1713.
MAGNIFIQU-ES
- SEIGNEURS,
Le zele qui m'a jusqu'icy
attire à vos Assemblées
¡(a jamais eu d'objet plus
consolant pour moy que le
motif qui vousassemble
aujourd'huy Vous avez
esté témoins de ma douleur
à la veuë des maux
quiont affligé vostre Patrie.
Vous m'avezveuë appliqué
avec ardeur àchercher
avec vous desremedes
propres à les soulager;
Quelle joye ne dois je
point sentir en vous voïant
vou s-mesmes occupez,non
seu lement à les guérir, à
en prévenir les rechutes
en cimentant plus fortement
que jamais parmy
vous cette heureuse Union
qui fut tousjours le plus,
ferme rempart devostre
liberté, 8c dont la Rt'hgiotb
aussi-bien quela saine politiquefont
un devoir in-,
dispensable à tousceux
quile jinêçne.),eulcç & -Autels doi-,
vent unir dans les mêmes
veûës & dans les mêmes
interdis.
Vous concevez la necessité
d'un si pieux & si solide
ouvrage; vous allez
travailler à en retrasser !e
plan& à en restablir les
fondements esbranlez par
les secousses passées; le
Roy mon Maistretousjours
attentif à la felicité
de vos peu ples, regarde ce
bonheur comme une partic
essentielle dusien propre
;& Sa Majesté nedoute
plus de voir bientost
achever par vos mains ce
noble édifice, puisque la
bonne foy
,
la droiture &
la pieté en font les principaux
Architectes. Mais
poury travailler avec fuccez
, rappeliez sans cesse
à vostre mémoire les anciennes
maximes de vos
glorieux Predecesseurs
j
souvenez vous ,
Magnifiques
Seigneurs, des pre
miers temps de vostre liberté,&
n'oubliez jamais
les fages disposîtions que
l'équité de vos Ancestres
apporta autrefois à l'écablissement
de cette fainre
alliance,
alliance,quetant decorps
separez & de Gouvernements
differens ne. faisoit
parmi eux pourainsi dire,
qu'une lcu le alliance&
une seule Republique.
Unis dans un principe
commun ,
ilsconvinrent
que chaque Liac 11e pouvoie
subistler qu'en conservant
les principes particuliers
qui en faisoient
le fondement;ils regarderent
comme un artentat
contre la Providence de
gauchera l'ordre qu'elle
avoitestablie c hez d'anciens
voisins devenus leurs
nouveaux Alliez;ils jugerenr
sagement que ce fèroirun
mauvais moyen de
Ce de ffendre que de commencer
par s'attaquer, &
que la liberté particulière
dévoie estre la baze éternclie
de la liberté genera!
e.Ainsi les Villes demeurerent
Villes, les peuples
demeurerent peuples,
chaque pays conserva sa
forme, ses loix, son autoriré,
& rous enicmble jurèrent
de cormbattre jusqu'à
la mon pour la conservation
des droits & des
Privileges de chacun d'eux
en particuli,er.
, 1. >
1 Quelsur, le fruit d'une
Confédération si prudente
&siéquitable? vos
Annales en font pleines ;
elles n'offrent à vos yeux
que des faits éclatans &
des prodiges de fortune,
presque incroyables. Vous
y voyez par tout des Viçtoires
remportées,desVilles
conquises
,
des ennemis
terrassez
,
des amis
soustenusune Maison orgVvërtlewieforcée
à vous
demander la paix, & des
puissants voisins ravis de
concourir au maintient dc
vostre liberté, travailler
avec vous A rompre vos
chaisnes, & d'achepter
vostre amitié par l'asser,
missement de vostre bonheur
; relisez vos Histoires,
longez à la gloire & à,
la feliciré de vos peres, &
tachez en marchant fous
leurs traces, de devenir
comme eux l'entretien &
radmiration de vos ensans.
Mais permettez- moy de
le dire, MAGNIFIQUES
SEiCNEuRS Cette carrio
ère ou, vous entrez avec
de si justes esperances n'est
encore que la premiers
partie de celle qui vous
reste à remplir avant que
d'arriver au but que vous
devez vous proposer. Travaillez
à vous unir plus
fortement que par le passé
,
mais ne perdez pas
l'envie de vous réunir parfaitement
aveccette autre
moitié de vous mesme
donc une défiance mal
guene sembleaujourd'hui
vousavoir separez Vostre
seureté intérieure
, vos forces
, vostre consideration
ne resident pas seulement
dans les Erats que vous reprefemez
icy ; elle resîde
dans tout le Corps donc
vosAlliez Prott nans font
partie. S'ilsont lemalheur
d'estre né dans le sein d'une
mere différente, vous
devez songer que vous
estes tous en sans d'un même
pere ; que le nom de
Chrétien leur est com-
Bûun avec vous, & que ce
a.am sacré vousimpose
- comme à eux- la necessité
<k vous regarder les uns
& lesautres avec des yeux
defrere, A ce motif, dic
tez par la Religion met.
me , ne refusez pas de
joindre ceux que la raison:
naturel doit vous- suggerer
; vous le sçavez
5
& ils
Je fçavenr comme vous.
Voitreputilanceaussi-biefi
que la Leur n'auroit jamais
pu vous garartir du joug
de vos ennemis mortels,
,
si une union mutuelle ôc
necessaire n'en avoie fait
une digue propre à refitter
aux flots qui menaçoient
sans cesse vostre
chere liberté. Les temps
font changez ,. mais les
îmerefts font les mêmes:
,ilestinutile devous repeter
que dans le corps
politique, aussibien que
.dans le corps humain
,
la
vigueur ne dépend que de
l'étroiteliaison des parties,
& que l'assemblage n'en
peut estre que deffectueux
lorsque que lqu'un des
membres qui le com porent
se trouva malheureusenment
détaché de la place
ce où il doitestre, si les
mouvemens passez ont
latÍié parmy vous quelque
semence de jalousie qui
vous divise de vos anciens
Confederez;siez-vous à la
Providence qui n'abandonne
jamais ceux donc
- les intentions sont droites;
siez-vous enfin à la rendresse
d'un grand Roy
VOitre amy commun, qui
ne souffrira jamais que la
Puissance Helverique soit
affoibli par la desunion,
lorsqu'il ne tiendra qia
ses soins paternels d'y remedier.
1 C'est ce que Sa Majesté
m'ordonne de vous faire
entendre, & je ne fuis
icy en execution de sesordres
, que pour travailler
de concert avec vous à
l'accom plissement d'un
dessein si conforme à mes
plus vives inclinations, &
pour achever de vous convaincre,
MagnifiquesSei
gneurs, duzeleinviolable
qui m'attachera éternellement
à tous les interests
d'une Nation si cherie du
plus grand Monarque de
la terre.
DEVISES
¡
des Jettons de 1714.j
TRESOR ROYAL.
Un fleuve qui aprés
plusieurs cascades entre
des rochers prend un
cours tranquille & coule
en plein canal.
Tacaïopiemus alveo.
PARTIES CASUELES.
La Constellation du NavireArgo.
Non jarllfatalia terrent.
ORDINAIRE
des Guerres.
LaMassuë d'Hercule.
Dnum Hercule robur,
o
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Minerve tenant d'une
main sa pique dans lauelle
sont passées deux
Couronnes muralles, &
de l'autre une branche
d'olivier.
Vtraquetriumvhat.
MARINE.
Neptunequi calme les
flots d'une Mer agitée.
Præftlllcomponereflue?us.
GALERES.
Des Sirennes 6c des
Neréïdes tranquilles au
bord d'une Mercalme.
DaîJedeshabitarecjutetas.
BASTI M ENS.
Le Soleil parcourant
les signes du Zodiaque.
Jllufirat superum domos.
CHAMBRE
aux deniers.
UneColombe.
Ambrofiamdirvis hoecJola
miniftrat.
ARTILLERIE.
Friftinus eftolhsmgor.
ERVDITIONS
sur le fécond mois de
1'année.
FEvrier
est le second
mois de l'année que Numa
ajoustaau Calendrier
de Romulus
,
dont l'annéenestoit
que de dix
mois. On l'appella ainll
du nom de Februus
Dieu des Purifications,J
parce que le peuple se
~puriioit en ce mois; ou
du nom de Junon, Februata,
dont on faisoit
la - Feste en ce mois appellée
la Feste des Lupercales
, dans laquelle les
femmesestoientpurifiées
par les Prestres d_Pall'
de Lycie, appellez Luperques..
C'estoit dans le
,
commencement le dernier
moischez les Romains.
LeVs DC ecemvirs
en firent le second Numa
,
dédia ce second
mois de l'année au Dieu
fcornus,qu'oncroit le
Dieu des Denombremens.
Il falloit dans ce
mois fairele denombrement
de la Republique,
& fairedes sacrifices aux
Dieux des Enfers.
HISTO IRE
de BichonyChienne
favorite de Madame
deP.presèntée par
Bichonmejmeasa belle
Maistressepourfin
Bouquet) lezi. dejanrrjierjour
de sa Fesie.
Ostre Bichon, vostre
chere Maman *
Pour son Bouquet vous
donne son Histoire,
Qui passeroit pour Fable
ou pour Roman
S'il estrien dedisette
à croire.
Quand il s'agit du pouvoir
de vos yeux; Mais puisqu'enfin je les
prefere aux Cieux
Que deformaisnul égard
ne m'arreste,
Je doisl'aveu, mesme en
dépit des Dieux , De vostregloire au jour
de vostre feste.
Gonnoissez-moy iàu$
la peau de Bichoa*
Vous possedez une
Chienne immortelle
Qui , vous adore, & qui
veut fous ce nom
Fuïr le sejour des enfans
de Cibelle
Pourvous servir,pour
vous suivreen tous
lieux;
Pour moy ce fort a d'autant
plus de charmes ,
Que vous pouvez m'aimer
sans qu'à vos yeux
Jamais ma mort puisse
couster des larmes :
Or lisez donc la suite
sansallarmes.
Ce chien fameux, ce
chien de si haut prix
Qui fut donné par Diane
à Procris
y Et par Procrisàson Epoux
Cephale,
Qui s'en feroit heureusement
servi
Si ce beau chien de bonté
sans égale,
Du Dard fataln'avoitestésuivi.
Lelape enfin, c'est son
nom,fut mon pere :
S'il s'affranchit de la dent
de Cerbere
Ovideassez vous en in
formera,
Et comme chien, de tout
ce qu'il sçut faire;
Venons àmoy. Sous le
nom deMoera
Je fus jadiscelebre da,. ns
la Grece,
Chienne n'aima jamais,
ny n'aimera,
Comme j'aimay * ma
! Erigone. 1
premiere Maistresse:
Je la perdis. Quel fut
mon desarroy ?
Jevalus seule un funebre
convoy; J'étourdis tant VQurJe,
v
le Crepuscule,
-
Des jours, des nuits, par
maint perçant abboy,
Mes cris des airs par le
perpendicule
Frappent si fort les oreilles
du Roy,
Qui sur l'Olympe aux
autres fait la loy,
-. Que
Que Jupiter au Ciel
m'immatricule:
Ma loyauté fit un Astre
de moy
Que les Mortels nommerent
Canicule.
Tout l'U nivers sçaitquel
fut mon employ ;
Embraser tout. Mais
certaines années
Je vis pourtant que malgré
tous mes soins
Soit par malin vouloir
des Destinés, Soit autrement,je réüC
fïflois moins.
On frissonnoit quelquefois
fous mon regne >
Quoy de baiser est-il.
temps que je craigne,
M'imaginois-je ? un foir
a Í/"ïl'e::'rt':.[l
( Quand ces pensées me
rendoient triste&
sombre)
Pour mon bonheur vos.
beaux yeux par hazard
Comme un éclair tout
autravers de l'ombre,
Jusques à moy lancerent
un regard.
J'en vis ~paslir les naifsaintes
estoiles,
Et de leurs feux ses flammes
triompher,
Quoiqu'un nuage eut
opposé ses voiles
Je m'en sentis moi-filer.
-- me rechauffer.
Ho! ho! pensai-jeÏlefl
une Mortelle
--
Qui d'un regard peut
mettre tout en feu
Allons la , voir, allons
apprendre un peu
A raffiner nostre metier
prés d'elle.
Voilà comment (jevous
en fais l'aveu)
Je vins chez vous, où
fous cette figure
De
-
me cacher j'eus la
précaution,
Laissant le foin à la Vierge,
au Lion
Pour quelques jours
d'embraser la nature.
Je crus d'abord dans
chacun de vos traits-
Revoir ce Dard du malheureux.
Cephale
Seur de ses coups, Se
dont le but jamais
Ne fut soustrait à sa
pointe fatale..
Vos traits font plus, &C
par leur grand fracas
Dans tous les coeurs il y
doit bien paroistre.
Dessein
,
hazard
, tout
fert à vos appas, Et vous portez bien fouventle
trépas
Où vous n'avez jamais
visé-peut-e.stre1.
Meres tremblez pour
vos adolescens;
Sagesvieillards malgré
vostre bon sens
Dans vos glaçons craignez
de voiréclore
-
Folles ardeurs. Et vous
jeune Procris,
A qui l'hymen paroist
l'amour encore
De ma!Maistresse.efloi.
gnez vos Maris,
Elleestautant à craindre
que taurorer
Dés qu'on la voit pour
tousjours on l'adore:
Telest enfin son empire
charmant
Qu'elle pourroit (chose
impossible à Flore)
Fixer le coeur de son
volage Amant.
De tous vos traitsquand
je fus bien instruite
Un beau matin je meditois
ma fuite
Au Diable zot. Sortir
d'auprés de vous
Qui le pourroit? j'en ai
trouvé le giste
Sibon pourmoy, si commode
)
si doux,
De ses honneurs que je
tiens le Ciel quitte.
Si Jupiter voyoit ce que
je voy , Pour partager vostre lit
comme moy , Jupiter mesme en descendroit
plus viste,
Qu'il ne fit pour Alemene
& Leda j
Jamais l'amour si bien ne
le guida.
Quoyque l'amour fait sa
grande
grande Marotte,
Il paroistroitchez vous *
tel que la Motte
Vient de le peindre au
haut du mont Ida.
Pour moy , mon Ciel
n'est qu'aux lieux où
vous estes,
Aux plus huppez j'y dame
le pion,
Et mets au rang des plus
vilaines bestes
* La Cynosure avec le
Scorpion.
Dans son Iliade,l.7.
PetiteOurse.
Prés de ma Reine orgueilleuxSagittaire
Je ne vous croy qu'un
Archer mal adroit
Prenez chacun quelque
trait de Cithere
Et nous verrons qui tirera
plus droit.
Je vous verrai briller
sans jalousie,
Adieu vous dis Ecrevis-
-
jeyPoissons,
Je mangeicy * soyes gras
Sç Pigeons
* J'en mstémoin le premier del'an,
Qui valent mieux que
la maigre Ambrozie.
REMARQUES
critiquessur cet Ouvrage
très - moderne
par un Schohajte trésancien.
A la belle Maistressê de
Bichon.
SI
vous estes embarraffée
De découvrir le noeud
detoutcecy,
Incomparable Iris voicy
Comme la chose s'eit
pallee.
Ne scachant comment
ni par ou
Faire unBouquetgaland,
honneste,
Et qui fut bien reçu le
jour de vostre feste :
Conseil tenu chez Madame
&Aveu
On appelle Bichon, on
la flatte
) on s'appreste
A faire cet écrit, à le luy
-
pendreaucou;
Et, comme ilse pratique
en toutes les affaires,
On luy graille la patte
avec un Poulet gras,
Dont dejeuina Bichon,
sanss'embarrasser gueres
Des raisons de ce bon , repas. , Hebé qui sçait aÍlner la
plus digne des Meres,
Mais aimer, comme on
n'aime pas,
Et qui doit à ses traits
tout ce qu'elle a d'apas,
Hebedictoit,& le vieil
lolas
Ce tranquille Doyen des
p-auvres Secretaires
Se Tentant rajeusnir
, regaillardidu
cas 1 Tenoit la plume en nouveau
Dubartas
) Qui vain Gascon
, 8c
fier d'entrer dans ces
mysteres
Jusques aux jours caniculai
res
Auroit écrit sans estre
las.
Par M. PJaprat.
ARTICLE
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
T ABL E.
de Sicile. 137
Satire contre les Maris. I45
Mariages.
Trait d'Hifloirejérabe.
Harangue prononcée par M.
le Maquis de Barety Laudy
3
Ambassadeur d'Efpdgne,
au Canton de Lucerne.
117
Discours prononce à la Diette
des Captons Catholiques
par Son Excellence Monseigneur
le Comte du Luc
AmbassadeurdeSaMa-J -jefié prés des Cantons Suifses
Ligues Grises & République
de Valais, a Lu-
TABLE.
cerne le 13. Décembre1715,
2.2.3
Devifes des Jettom de 1714.
243
Eruditions sur le fécond mois
de l'année.2.48
Hijloire de Bichon
,
Chienne
favorite de Madame de P. presentée par Bichon
mcfmeasa belle Maiflreffe
pour son Bouquet, le 2.1. de
Janvier jour de sa Fcfte.
A PARIS,
_-- M.DCCXIV.
AvecPrivilege du Roy.
M E R CU RE
GAJL'AJUT. -PA.,r -IfSieNr -Du F*.-:
Mois
de Janvie> r
I7»4-
i-C prix cft 30. sols relié en veau, 94
15. (ois, broché.
A PARIS,
Chez Daniel Jollet, au Livra
Royal, au bout du Pont S. Michel
du coté duPalais.
Pierre Rirou
>
à l'Image S. Louis,
* Jiir le Quaydes Augustins.
Gilles LavrmfytfCentrée de la ruï
du foiri, du coté de la ruë
---' ., Saint Jacques.
) -': ('
jtvec^proboe-ùox,j#F.,~,r-iv4 tlegeduRoi.
MERCURE
GALANT.
"t 1,
LES DOUZE AMANS.
Avanittre nouvelle.
Ne veuve de
condition mediocre,
assez bonne,
passablement bête,
& fort ambitieuse, fondoit
sa fortune sur la
beauté de sa fille unique.
Cette fille avoit
toutes les bonnes qualitez
qu'on peut joindre à
une beauté parfaite, &
meritoit la prévention
que sa mere avoit pour
elle.Peu après que cette
mere l'eut retirée du
Convent,il se presenta
un parti trés-convenable
: un jeune homme
aimable, qui avoit autant
de bien Se de naissance
qu'il en saloir, la
fit demander par Tes parens.
Lamere, à qui on
en fit la proposition, ne
put trouver d'autre raison
pour le refuser, finon
que cetoitdommage
de donner une fille
comme la tienne au premier
amant oui le presentoit,
&C que peut-être
s'en preicncefoit-il
de plus riche; enfinque
quand sa fille seroit une
fois pourvuë, elle ne
pourroit plus courir le
hazard d'une :', grande
fortune: qu'il faloit du
moins attendrequelques
années, après quoy elle
pourroit penser à lui si
elle ne trouvoit pas
mieux.
Pareils discours auroient
sans doute rebuté
l'amant, que nous appellerons
Doritnont : mais
il étoit devenu vcritablement
amant, &Thevese
( c'était le nom de
la fille) l'aima réciproquement
> & ils prirent
ensemble la resolution
de tromper innocemment
la mere, pour la
faire consentir à un marriage
qui lui étoit avantageux.
Dorimont soupant
un foiravec deux
de ses amis chez une
soeur mariée qu'il avoit,
setoit plaint à eux de
son malheur ; ce cette
soeur,qui avoitl'esprit
inventis& plaisant, concerra
avec les deux amis
& son frere ce que vous
allez voir dans la fuite.
Dés le lendemain l'un
de les amis
,
qui éroit un
jeune Conseiller à marier
&: plus riche que
Dorimonc, alla trouver
la mere, dont safamille
& ses biens étoient connus
, & luy demanda
Thereseen mariage. La
mere se tournant aussitôt
du côté de sa fille,
lui dit : Eh bien, ma
fille, tu vois qu'une fille
ne perd rien pour attendre.
Vous avez bien raison,
ma mere,répondit
Therese, & si nous àvions
acceptél'autre parti,
celui -ci, qui vaut
mieux, ne se feroit pas
presenté. C'est pourquoy,
reprit la mercen
parlant au Conseiller,
vous me permettrez de
vous faire attendrequelquesannées.
Je vous entends,
répondit le Conseiller,
s'il sepresente un
President, vous le prefcrerez
à moy qui ne fuis
que Conseiller : je ne
veux point attendre un
refus, &, jeme le tiens
pour dit, je n'y penserai
plus.
Le lendemainl'autre
ami deDorimont, qui
étoir d'une riche maison,
vintoffrir desbiens considerables
à la mere de
Therese,quis'applaudit
fort d'avoir refusé la
veille le Conseiller. Le
:
Chevalier fut reçû beaucoup
mieux que le Conseiller,
& on ne lui demanda
à lui que laclau-
: se des six mois; a près
quoy, s'il ne se pre sentoit
rien de mieux, on
se feroit honneur de l'aciCCPter
pour gendre.
Quelques jours après
Dorimont, quela veuven'avoit
presque point
vû,parcequ'ilavoirfait
demander Therese par
safamille,sefitdeblond
qu'il éroit, un brun à -
sourcilsreceints, & em- -
pruntant le nom & le-N
quipage d'unriche Marquis
qui étoit brun, .&
connu même par quelques
Dames fous le nom
du brun vif du Fauxbourg
saint Germain, il
alla faire le passionné de
Therese, se trouva à
quelques bals & autres
endroits, pour obliger
la mere à avoir quelque
ombrage des poursuites
qu'il faisoit sans parler
de mariage.Therefeun
jour en fit la fausse considenceà
sa mere , qui
étoit prête à lui en faire
des reproches, & Therese
lui promit de faire
expliquer le Marquis
brun à la premiere occation.
Cette premiere
occasion se presenta
quand Therese jugea à
propos deld'ire à sa mere, r- 1 quellesetoitpresentée,
& feignant d'être fort
affligée,elle, lui dit la
larme à I'oeil,qu'elle aimoit,
le Marquis, &qu'-
elle craignoit bien qu'il
- ne fut accepte que comme
les autres ,
à.conditiond'êtrelepis-
aller;
que ce Marquis étoit sier
& n'avait point voulu se
presenter qu'il ne fût
sur, d'autant qu'un pareil
refus lui feroit tort
dans le monde. Je m'en
çonsole, répondit la merc
car onma parlé ce
matin d'un Comte qui
eU bien plus riche que
lui. En effet, on avoit
fait parler par quelque
femme du quartier d'un
Comte Allemand, qui
etoit devenu amoureux,
disoit-on, de Thercfe à
un concerta & tout cela
étoit un jeu joué comme
te reste. Voila donc
déja sur les rangs le véritable
amànt Dorimont
Sele Marquisqû'ilreprefencoit
incognito;. le
Chevalier, le Conleiller
& le Comtey cela fait
déjàcinq amans que la
mere croit avoir à son
choix : voyons les autres.
La soeur de Dorimont
s'habilla en veuve, &
en grand équipage de
deuil alla trouver la mere
deTherese,& laconjura
de ne lui point donner
lechagrindaccepri
ter pour gendre un fils
uniunique
, riche héritier
de feu sonmari,& en
âge de se marier malgré
elle,&quidevoitluidcmander
sa fille en mariage
> & ce fut la fille
de chambre de la soeur
qui avec un habit d'heritier
en grand deüil fit
son personnage le foir
même, 8c lefit de façon
à faire presque consentir
sans delay la mere
: mais dans cemême
soirelle reçut une lettre
de Province, par laquelle
le premier President
de. qui avoit vû
safille au Convent, la
lui demandoiten mariage.
Cetétablissementsolide
la fit renoncer à la
poursuite de l'autre, &
elle attendit des nouvelles
du premier President
huit jours entiers, pendant
lesquels plusieurs
autres épouseurs,. tous
partant de la mêmesabrique,&£
tous enchetifTanî:
les uns sur les autres
en biens & en fortune.
Ils pen serent faire
tourner la tête à la mere
, &C la firent resoudre
à refuser cous ceux qui
se presenteroient, ne
doutant point que le
dernier quiviendroit ne
fût un Duc ou quelque
Prince étranger, & ne
voulant plus se determinerqu'à
ce prix.
:
Elle attendit le Prince
Se le Duc pendant
quinze jours, qui penserent
la faire mourir
d'inquietude & d'embarras;
cartous les amans
qui étoient, à ce qu'elle
croyoit, au nombre de
douze, se mirent à faire
des pourfuires si vives,
qu'à chaque heure du
jour, & même de lanuit,
elle recevoit une lettre
par des laquais de differentes
livrées , & chacun
envoyant aussi des
presens, non assez grands
pour lui faire plaisir,
mais en assez grand nombre
pour la fatiguer,
comme fruits, confitures,
gibier; & tous ces
valets de pied, pages,
laquais, gentilshommes
même la réveillant dés
la pointe du jour, elle
fut bientôt aussi laffedes
amans de sa fille, qu'un
homme à bonne fortune
affecte de l'estre de fcs
maîtresses.
Enfin elle resolut de
fermer sa porte,d'autant
plus que le Marquis
brun, dont elle
commençoit à se défier
beaucoup pour l'honneur
de sa fille, se servoit
de toutes ces allées
& venuës pour voir sa
fille dans les momens
dérobez 5 k Therese,
trés-reservée au fond
pourDorimont, feignoit
de ne l'estre pas
tant pour le Marquis
brun, dontDorimont
joüoit, le rôlepour arriver
au dénoûment que
nous verrons dans la
suite.
La galante fiétion du
Marquis brun allasiloin
auxyeux de la mere,
qu'elle le vit sortit un
jour avant l'aurore de la
chambre de sa fille 5 car
ayant eu de violens sou pçons
par degrcz
,
elle se
resolut àguetter le ga- lant, qui afFcéla de se
glisser mysterieusement
lenez dans un manteau,
pour aller gagner une petite
porte qui donnoit
d1ans.u.ne cour par où il étoit entré1 un quartd'heure
devant. Lamere
crut donc qu'il avoit pa la nuit dans la
chambre de sa fille
,
où
elle entra outrée de colere,
pour la maltraiter
du moins de paroles:
mais elle ne trouva point
sa fille dans sa chambre,
elle avoit pris la précaution
tion de passer la nuit
dans un appartement
voisin qu'occupoit une
Dame fort vertueufc
dans ce même logis,&
la fille prouva par alibi
qu'elle n'avoit point vû
l'amant à bonne fortune.
Cette preuve étoit suffisante
pour prouver un
jour à sa mere que tout
ce qu'elle avoit vû &
devoit voir dans la suite
n'étoit qu'une feinte innocente:
mais cette preuve
ne passa alors que pour
une fausse justification
d'une faute réelle; k
quelque bête que fùt
cette merc, elle crut
voir clairement qu'il étoit
temps de marier sa
fille avant qu'une pareille
avanture eût fait
éclat. Cela fit qu'elle
borna son ambition au
premier President de
Province, & lui écrivit
une lettre à l'adresse qui
lui avoit été donnée
dans la pretenduëlettre
quelle avoit reçûë de
lui. Cette lettre partie,
elle fut huit jours sans
avoir réponse, & voici
le jeu qu'on joüa pendant
ces huit jours.
l, La femme de chambre
de la iceur de Dorimont
s'habilla en devote
à grande manche, un
chapelet à sa ceinture
,
8c ses heures dans son
manchon, fuivic d'une
petite servante de la même
parure. Ellealla demander
à parler en particulierà
la mere deTherese
> & aprés tous les
préambules necessaires à
cellesqui veulent calomnier
par charité chrétienlie)
elle lui donna avis de
'iintrigue du Marquis
-
orun, & conseil en mê-
- me temps de marier sa
fille avant que la chose
ik sçûë de gens qui ne
seroient pas si discrets
u'elle.
Le même matin la mere
ayant mené Thercfc
à la3elle entendit
parler un peu haut deux
Dames qui
-
s'entretenoient
enfembie de l'intrigue
de sa fille, &disoient
l'avoir apprise de
la fausse devote. Vous
devinez bien que ces
deux femmes étoient la
soeur de Dorimont&sa
femme de chambre, qui
prirent bien garde de se
posterde maniereauprès
de la mere,que personne
qu'elle ne pût entendre
une conversation qui
eût fait tort à la fille.
Toutes deux retournerent
au logis fort desolées
,
la mere l'étant
réellement, &la hIIeaffectant
de l'estre, &
priant sa mere de presser
le President de Province,
parce quedés qu'-
une devote &deux fem-
Bles du monde sçavoient
son histoire, elle deviendroit
bientôt publique.
La mere n'eut pas
pour cette alarme seules;
on lui en donna de toutes
parts, & toutcela
partoit toûjours du petit
nombre d'amis de Dorimont
déguisez en plusieurs
façons. L'un des
amis enfin s'habilla en
Commissaire, & alla
- trouver la mere, pour
lui donner avis qu'on alloit
plaider une affaire
qui perdroit sa fille
d'honneur; qu'ily avoit
eu un homme blessé à !
mort par le Marquis
brun à bonne fortune,
dans le temps qu'il fortoit
de chez sa fille &
qu'un autre y vouloit
entrer. A ce rapport la
mere fût morte enfin de
saisissement aprés toutes
les autres alarmes dont
elle étoit troublée:mais
le faux Commissaire promit
de traîner cette affaire,
& de l'empescher
d'éclater pendant quelques
jours, afinqu'elle
cftc le loisir de marier sa
fillç avec toute sa bonne
renommée, SC que l'affaire
n'éc latant qu'aprés
le mariage, elle seroit
alors sur le compte du
mari.
La mere remercia le
faux Commissaire, qui
lui fit mesme voir, pour
combler la mesure,quelques
vaudevilles faits sur
cette avanture, & qu'il
avoit étouffez dés leur
naissance.
La mere alors serieusement
pressée, & n'entendant
point de nouvelles
du riche President,
on pressa tort l'amant le
plus riche après lui, duquel
n'ayant pas réponse
prompte, on alla au devant
de celui qui valoit
mieux que le Comte,
& du Comte au Chevalier.
Enfin les douze amans
furent par gradation
de richesses sollicitez
par les mesmes canaux
par où ils avoient
fait demander Therese
en mariage : mais point
de réponse ni des uns ni
des autres.
Cette mere abandonnée
par tous ceux qui la
recherchoient, crut bien
deviner la cause de la
retraite &du silence des
douze amans; elle crut
sa filleperduë d'honneur
publiquement, &nefortoit
point de chez elle
qu'elle ne crust que tous
ceux qui regardoient sa
fille parce qu'elle étoit
belle,ne la regardassent
pour en médire. On la
laissa quelques jours das
ce supplice, & Therese
la prioit incessamment
de la remettre dans le
Convent pour toute sa
vie: mais la mere ne
pouvant s'y resoudre,
prit un jour la resolution
d'aller chercher dans un
- pays étranger la fortune
qu'elle ne pouvoit plus
esperer en France; &
pe qui lui fit prendre ce
parti defcfperé, ce fut
le dernier jour de cette
Comedie, qui fut pour
elle le pluscruel de tous:
car tous ces messagers de
lifferentes livrées qui
l'avoient importunée par
des presens, vinrent en
un seul jour l'accabler de
lettres trés- polies, qui
lui enfonçoient autant
de fois le poignard dans
le sein,en lui faisant sentir
que les douze amans
cedoient Therese au
Marquis brun, qui envoya
aussi sa lettre de
refus, alleguant ses bonnes
fortunes pour excuse.
On laissa la mere desolée
vingt- quatre heures
dans cette situation
> & le lendemain parut le
fidele Dorimont, à qui
on n'avoit osé recourir,
parce qu'ilavoir paru le
plus offensé des preferences.
Il arriva donc,
comme ayant paffé tout
le mois en solitude à la
campagne,& comme ne
sçachant rien de tout ce
qui s'étoit passé, & n'accusant
que la mere d'infidelité.
Therefc affectant
une impatience vive
de prendre pour dupe
cet amant unique,
conseilla à sa mere de
ne le pas laisser sortir
sans conclure. Le contrat
se fit ce même soir,
on les maria la nuit, &
il demanda en grace
qu'il n'y eust au dîner
qu'on fit le lendemain
chez lui que ceux 6C
celles qui avoient été de
son complot; & ce fut
a ce dîner où tournant
en plaisanterie les douze
amans, il se declara le
Marquis brun, & la mère
ravie de retrouver sa
fille blanchecomme neigc.
ge, pardonna le tour
qu'on lui avoit jcüé pour
la guerir de sa folle ambition.,
MORTS.
François VII. du nom,
Duc de la Rochefoucault,
Pair & grand Veneur de
France,Chevalier des Ordres
du Roy,grand Maître
de la Garderobe de Sa
Majore, mourut le 12,. de
v ce mois, âgédesoixantedix-
neuf ans, étant né le
1 5. Juin 1654» Il étoit fils de
François VI du nom, Duc
de la Rochefoucault, &
d'Andrée de Vivonne, Dame
de la Châraigneraye. Il
épousa le
1 3.Novembre
1659. Jeanne.Charlotte du
Plessis-Liancourt, sa cousine,
fille unique de Henry
du Plessis, Comtede la Rocheguyon,
de laquelle il a
eu François VIII. du nom,
Comte, puis Duc de la Rocheguyon
à cause de sa
mere, en faveur duquel le
Royen 1679. érigea en Duché
la Terre de la Rocheguyon
dans le Vexin, qui
l'avoit déjaétéen1663 pour
son bisayeul maternel Roger
du Plessis connu fous
le nom de Duc de Liancourt.
Ila des en sans de
Dame Madelaine Charlotte,
fille de feu M. de Louvois.
La maison de la Rochefoucault
est une de celles
qui tiennent rang dans le
Royaume de France, &
elle descend, selon le sentiment
deplusieurs auteurs,
des anciens Comtes d'Angoulême
;& le premier par
lequeloncommence lagenealogie
de cette maison
étoit Foucault premier du
nom, Seigneur de la Roche
en Angoumois, qui vivoir
en 1026. sousle regne
du Roy Robert premier,
qui dans plusieurs titres est
qualifié de Seigneur trèsnoble;
& sa réputation fut
si grande, que Ces successeurs
ont tenu à honneur
de porter son nom. Son fils
Guy, premier du nom, prit la qualité de Seigneur
de la Roche à Foucault, ou
dela. Rochefoucault, nom
qui leur estrestédu depuis.
C'est de ce Foucault, Seigneur
dela Roche, que
M. le Duc de la Rochefoucault
descend par vingtdeux
degrez de générations,
dans lesquels degrez
il se rencontre de trésgrands
hommes, & le premier
qui sur honoré de la
dignité de Duc & Pair de
France François de laRochefoucault,
V. du nom,
ayeul de celui qui vient de
mourir,en faveur duquel
le Roy Loüis XIII. érigea la
Terre de la Rochefoucault
en Duché
-
Pairie au mois
d'Avril1622. par Arrêt ve.
risié en Parlement le4. Septembre
1631.
Cette maison a produit
quantité de branches
, qui
sont, outre la branche aînée
des Ducs de la Rochefoucault
celle deRandan,
dont a été Marie
-
Catherine
de la Rochefoucault,
Duchesse de Randan, premiere
Dame d'honneur de
la Reine Anne d'Autriche,
& Gouvernante du Roy
Louis XIV. qui fut mariée
en 1607. à Henry de Beaufremont,
Marquis de Senecay;
donc une fille, Marie-
Claire de Beaufremont,
qui porta le Duché de Randan
dans la maison de Foix,
par son mariage avec Jean-
Baptiste de Foix, Comte de
Fleix. De ce mariage est
forti Jean Baptiste Caston
de Foix, Duc de Randan,
quimourut sans enfans, &
Henry
-
François de Foix
Je aujourd'hui Duc de Randan.
La branche de Barbezieux
,
tombée en quenouille
dans les maisons
d'Epinay & de BrichanteauNangis.
Celle de Chaumont & de
Langheac est subsistante en
la personne de Jean-Antoine
de la Rochefoucault,
Marquis de Langheac.
Celle de Lorac & de Gondras
subsiste aussi, & Charles-
Ignace delaRochefoucault,
Marquis de Rochebaron,
a des en sans de M.
d'Escoubleau, fille du Seigneur
de Sury en Forez.
Celle d'Arlet & de Contage.
Celle des Marquis de
Montandre & de Surgeres,
dont est aujourd'hui Loüis
ri
po
de la Rochefoucaulc de
Fonseque, Marquis de
Montendre, qui fut nommé
Capitaine de vaisseau
en 1704. François, Chanoine
regulier de S. Victor à
Paris; Paul-Auguste-Gaston
de laRochefoucault, Côte
de Jarnac, à cause de son épouseAnne-
Marie-Loüise
Chabot, Cotesse de Jarnac.
Celle de Salles, qui descend
de celle de Montendre
, que je crois fonduë
dans celle de S. Gelais & de
Pont-Rochefort.
Celle de Vertueil & de
Barbezieux est finie à Philippe
de la Rochefoucault,
Seigneur de Melleran,
d'Aunac & de Noüans)qt!i
n'a laisse que des filles,mariées
dans les Maisons de
Beauvau, de Voluise,Busset
& de la Chambre.
Celle de Bayeres & de La
Bergerie, donc est aujourd'hui
Marhieu de la Roche-
Foucault, Marquis de Bayeres
, Colonel du regiment
d'Oleron,marié en 1704. à unefille de M. de Turmenies
de Nointel
)
Garde du
Tresor Royal.
Celle d'Orbé&de Maumont.
Celle du Parc &: d'Ar--
-chiac.
Celle de la Renaudie êc
de Fontpastour.
Celle de Neüilly le Noble.
Outre toutes ces bran-
-ches, il y a encore celle de
Rouci,qui descend de François
III. Comte de la Rochefoucault
, ôc de Charlotte
de Roye, Comtesse de
Rouci. Cette branche est
tres-illustre & subsiste en
plusieurs rameaux.
De cette Maison est sorti
François de la Rochefoucault,
Cardinal de la sainte
Eglise Romaine, Evêque de
Senlis,Abbéde sainte Geneviéve
du Mont à Paris,
grand Aumônier de France,
Commandeur des Ordres
du Roy.Il fut créé Cardinal
en 1607. par le Pape
Paul V. mourut âgé de 88.
ans, le 14. Février 1645. [on
corps fut enterré en l'Eglise
de fainte Geneviève du
Mont, & son coeur en FEglise
du College des RR.
PP. Jesuites. On voit au
fauxbourg faine Germain à
Paris un très- beau monument
de son zele & de sa
charité envers les pauvres
incurables,par la fondation
qu'il a faite de l'Hôpital
desdits Incurables, qu'il a
fait bâtir magnifiquement
pour y retirer les pauvres de
l'un ôc de l'autre sexe incapables
de se soulages à cause
de leurs infirmitez incurables.
Dame Marie-Louise Daligre
, femme de Messire
Guillaume de Lamoignon,
Avocat General au Parlement
de Paris, mourut le
âgée de 16ans & demi,
étant née le 25. Juillet
1697.Elleétoit fillede Messire
Estienne Daligre, President
à Mortier au Parlement
de Paris, & de Dame
Madeleine le Pelletier sa
premiere femme;petitefille
de Messire Michel Daligre,
Seigneur de Villenoble
&de Boislandry;&de
Madeleine Blondeau;& arriere-
petite-fille de Messire
Etienne Daligre,2.dunom,
Seigneur de la Riviere &
u
de Boiflandry
,
Chancelier
de France,qui mourut âgé
de Si ans le 25.Octobre 1677.
qui sur marié trois fois. De
ses deux derniers mariages
il n'eut point d'enfans
: mais
de Dame Jeanne Luillier
d'Interville, sa
1. femme, il
eut 11. enfans,sçavoir six
garçons & six filles, qui ont
tous paru avecdistinction,
& les filles alliées avec des
personnes de très
-
grande
distinction, à la reserve de
celles qui ont étéReligieuses
ôc Abbesses de S. Cyr.
M. le Chancelier Daligre
Etienne 2. du nom, étoit fils
de Messire Etienne Daligre,
i. du nom, aussi Chancelier
de France, qui mournt l'n.
Decembre 1655. Il croit originaire
de Chartres, & son
meritel'éleva à la premiere
dignité de la Robe. Il fut
d'abord Conseiller au grand
Conseil, Intendant de la
Maison de Charles de Bour-
Bon Comte de Soissons,qui
le nomma tuteur honoraire
de Louis son fils. Il sut enfuite
Conseillerd'Etat,Garde
des Sceaux, puis Chancelier
de France après la
mort deM. deSillery.Ilavoit
épousé Dame Elisabeth
Chapelier, de laquelle il eut
deux fils & une fille.
Quant à Messire Guillaume
de Lamoignon Avocat
General, son époux, il est
frere de M. de Lamoignon,
President à Mortier au Parlement
de Paris, Secretaire
de l'Ordre du S. Esprit; tous
deux fils de Messire Chreftien-
François de Lamoignon
,Marquis de Basville,
&c. Avocat General
,
puis
President à Mortier,mort le
7. Août 1709. & de Dame
Marie-Jeanne Voisin de
Carifay ; & petits-fils de
Mellirc Guillaume de Lamoignon,
Marquis de Basville,
&c. premier President
au Parlement, qui mourut
le 9. Decembre 1677. âgé de
61. an; & de Dame Madeleine
Potier d'Ocquerre.M.
le premier President étoit
fils de Messire Chrestien de
Lamoignon,aussi President
à Mortier au Parlement de
Paris,&deMarie deLandes.
Cette Maison de Lamoignon
cft trésancienne dans
le Nivernois,les personnes
qui en font descenduës se
font distinguéesavec éclat,
& le plus ancien qui foit
connu aété Guillaume de
Lamoignon, qui vivoit fous
leregne deS.Louis,qui portoit
le tirre de Chevalier. Il
mourut fous le regne dePhilippe
le Hardi. C'est de lui
qu'est descenduë toute la
Maison de Lamoignon, qui
s'est distinguée en 2. branches
La premiere, la branche
de la Riviere,quis'éteignitàHelindeLamoignon,
Seigneur de laRiviere,Gentilhome
ordinaire deFran
çoisDuc de Nevers, qui époulaen1549
Françoise de
Cleves, fille naturelle du
Duc de Nevers. Il mourut
sans enfans. v
La seconde branche est
celle d'Arthe,qui commence
à Jean de Lamoignon, 1.
du nom. Il eut pour ion partage
lesSeigneuries d'Arthe
en Nivernois & de Laleuf
en Bourbonnois;&c'est de
lui que descend la branche
établie à Paris:& le premier
qui s'y établit a été Charles
de Lamoignon, Chevalier
Seigneur de Bafville ôc de
Launay
-
Courson, fut Conseiller
au Parlement de Paris,
Maître des Requêtes,
Conseiller d'Etat ordinaire,
qui mourut en 1573. en la 55.
année de sonâge, fous le regne
du Roy Charles IX. qui
l'estimoit trèsfort,&qui lui
fit l'honneur de le,visiter
souvent pendant sa maladie,&:
dit après samort,qu'il
avoit perdu un serviteur fidele,
ôc capable de remplir
les premieres Charges de
l'Etat, ausquelles son merite
l'avoir élevé.
De M. le premier de Lamoignon
est sorti, outre
Chrestien de Lamoignon
i
pere de MM. de Lamoigno
dont je viens de parler, Nicolas
de Lamoignon deBas.
ville, Comte de Launoy-
Courson,Conseiller au Parlemet,
Maître des Requêtes
& Conseiller d'Etat, Intendanten
Languedoc, qui de
Dame Anne Bonin de Chaluet
a eu M. Urbain. Guillaume
de LatTIoignÕ de Courson,Maîtredes
Requêtes & Intendant
à Rouën, & Marie-Louise de
Lamoignon,femme de M. Pelletierdes
Fors, Conseiller d'Etat&
Intendant des Finances.
Article des Enigmes.
Parodie de la opremiere
Enigme, donc le mot
est L Mouche.
J'ai la couleur d'un diable, oeil
defeu, front cornu,
Pied griffe, corps njelu.
C'est par le microscope un
fait assez connu.
Je trouble le [orflmeil, je blese
la pensée.
Fait éprouvé par maint au-
-teur-Y
Dont la verve en estoffensée,
Et qui donne la mouche au diable
de bon mltr.
7T"eellqquuiippoorrttee mon nom evveennddiitt
mainte forçat.
Mouche ou mouchard
vend & livre à justice.
Etfait trembler lescelerat.
Telle portant mon nom prend
le nom d'assassîne.
Lacoquetc adonnécenom
A mouche qu'elleplace entre
l'oeil& le
front.
Auxpays chaudselle ajfajjtne
Voyageurs & chevaux, lors
qu'elle s'y mutine.
Je boiAs le-vin «en trahison,
En meglijjant dans la bouteille;
ojfenjè le Dieu de la treille
Quand unferm'ouvre maprison.
Ce
Ce fer est un - tire-bouchon.
Là je fais mal sans en avoir
envie,
La1cependantjeperds lavie.
La mouche à miel habite
lesforefisy
Comme firent jadis PhiloJôphesabifraitsy
Etconfirait dans un chesne une
- caverne [ombre,
Et dans sa ruche en medi-
,
tant à tombî-e,
Ellefait ouvragesdivins>
Cela veut dire
Cierges de cire,-
HQUÎ?illuminer les humains.
L - -
Parodie de l'autre Enigme,
dont le mot est la Nape.
Au fond d'un bois jepcndj:
mon oririne.
Le lin cest la moele d'un
bois.
Les Tisserans grossers, &
d'esprit & de mine,
Entre deuxbois ont travaille
sur moy
Pour lesujet &pour le Roy.
Claire comme un miroirl'eau
claire & transparente
M'embelit & me represente.
- De nape a pris nom nape
d'eau.
C'est l'eau quirendlelinge
beau. •
Je fais plaisir surtable , , à
souper je metens.
Chez les mortels je porte en
mejmetemps
L'argent, l'aliment, la lumiere,
Ragoûts qui menent dans la
biere
Mainte friand,
Mainté gourmand,
Et le glaive fatal aux boeufs
ZT moutons morts.
De la nape ils fouillent lesbords.
Lerivage au lingeestpropice.
La blanchisseuse, au lieudy
pescherl'écrevice,
Chante parfois en jmaffommant
de coups,
Et parfois devant moy Je met
a deux genoux; Puis meportant dansfa taniere
Adc d-onneformeasa maniere.
D'unscelerat mourantfatfouvent
le dessin.
Sur la corde tenduë
Ne suis,je pas penduë?
Avec les mains après on me jàr. le tein;
Puis me courbantsur moy sost
me redresse enfuite.
AjJèzpour deviner ou* l'on me
met ensuite
La gent devinçreffe a presènt
efl inftrutte.
I. ENIGME.
Quelque Poete en faisant de *sonmieux,
Eleza jadis jufquaux cieux
Ceux dontjeprens mon origine
Et quelquefois on me prend à
la mine
Pour un bottrgeois, pour un
manant:
AuJJifuis-jegrojjjçr.F-in quelquefois
pourtant,
Les voyageurs quelquefois me
benissent,
Et quelquefois voyageurs me
maudiffint.
Tellefemmequi chante & rit
Anjecfis deux mainsmattendrit,
Pendantqu'il pleut dans fin
écuelle.
Caressepar maint Demoijelle
Je n'en deviens que plus confiant)
Aux Dames j'en souhaite autant.
II. ENIGME.
Jamais dans aucunefamille
Nom ne fut si souvent chan
ceI.l
Or de'Vinez donc quel nom
foi;
Cenesipoint celui demafilleDansl'endroit
ou je prends
mon nom
lVla mereperd lefien, qu'elle
prit, non d'unpere,
Mais d'un quidan bon compagnon,
Qui la baptisà, mais d'une
rude maniere.
Or je fuis donc le petit-fils
D'unayeul dont le nom sist
pris
NondeJon pere on defiamere,
Et l'un ou l'autre en auoient
un
Qui n'eut nonplus rien de commun
Avecque celui de leur mere,
Quin'a point le nom de son
perepo
Si quelqu'un devine
cetteEnigme,onlui donnera
cent pistoles: mais
non; car plusieurs viendroient
, croyant avoir
trouvé Je mot, &: ilfaudroit
tenir un Bureau
d'explication qui occuperoit
plusieurs Commis.
On aime mieux promettre
à ceux qui la devineront
un merle blanc.
NouNouvelles
d'E'/pagne.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Regent de
l'Audiance de Seville à Don
Manuel de Torrés, Auditeur
du même Tribynal;
celle de Commissaire géneral
de la Croizade, que
possedoit Don Francisco
Rodriguez de Mendaros
Queta, Archidiacre de Maddrriidd,
à Don Philippe Antoj~
a Plil
nio deTaboada, President
de l'Audiance de Valladolid
; & celle de Regent du
fuprêmc Conseil de Navarre,
vacante par le decés
de Don Carlos de la Penna,
à Don Pedro Afan de
Ribera: que le Roy a ordonné
que dés le commencement
de l'année on afferme
les revenus des vingt
& une Provinces ou districts,
dans lesquelles ce
Royaume est partagé, a
vin gt & une personnes,chacune
desquelles fera chargée
de recevoir tous les revveennuuss&&
iimmppoosritions des
pays pour lesquels ils feront
destinez. Que les quatre
Presidens du Conseil des
Finances ont ordre de regler
ces Fermes de la maniere
suivante.
L'Evêque de Gironne
fera Directeur de celles de
Cordouë
,
de Jaen, de Seville,
de Grenade, de Murcie
& de Cuenca.
Le Marquis de Campo
Florido de celles de Borgos,
de Galice, de Zamo
ra ,
de Toro, de Salamanque
&: de Valladolid.
Don Sebastian Garcia
Romero de cellesd'Avila,
de Guadalaxara, de Palencia,
de Leon & d'Estramadure.
Don Manuel Antonio de
Azevedo de celles de Tolede
,
de la Manche, de Madrid,
deSegovie&deSoria.
Que Sa Majesté a nommé
à l'Evêché de SiguençaDon
Francisco * Rodriguez de
MendarozQueta, Commissaire
general de laCroizade
&Archidiacre de Madrid.
A l'Archevêché de Sarragosse
Don Manuel de
Araziel Evêque de Leon.
A l'Evêché de Leon Don
Joseph de Ulzurrun & Aslança,
Archidiacre de Daroca.
A l'Evêché de Jaen l'Eveque
de Segorbe.
A l'Evêché de Segorbe
Don Diego Munno Vaquerizo,
Inquisiteur de Valence.
A l'Evêché de Horihuela
Don Joseph de Espeja &
Cisneros
,
Archidiacre de
Malaga.
A l'Evêché de Salamanque
l'Evêque de Tortose.
A l'Evêché de Tortose
Don Juan Miguelez, President
de Grenade.
A l'Evêché des Canaries
Don Lucas Conciero
&Molina.
A l"Evêché de Ciudad-
Rodrigo Don Santos de
San Pedro Inquisiteur.
A l'Evêché d'Urgel Don
Simon de Guinda & Aperregni,
Abbé de saintIsidore
de Leon.
Sa Majesté a aussi donné
l'Abbaye de saint Isidore
de Leon à Don Andrez de
Pitillas, Chanoine de Tolede,
& ce Canonicat à
Don Juan Francisco de
Bierga & Vadillo. r
L'Abbaye de San Pedro
de Besalu à Don Francisco
Pastor, Abbé de l'Abbaye
de laO.
Le Prieuré de Roncevaux
à Don Francisco de
la Torre ôc Herrera, Inquisiteur
de Cordouë &
Chanoine de Palencia, &
ce Canonicat à Don Manuel
Curé de Munnez.
L'Archidiaconé de Madrid
à Don Carlos Borja,
Patriarche des Indes, ôc
l'Archidiaconé de Calatrava
qu'il avoit, à Don Raymond
de Villacis.
L'Archidiaconé de Malaga
à Don Juan de Lazaro
& Aparicio.
On écrit de Catalogne,
qu'il y avoit de la division
& une grande consternation
parmi les habitans de
Barcelone; que le Duc de
Popoli occupoit tous les
postes de la côte, pour empêcher
qu'on n'introduise
des provisions dans cette
ville-là, & que son camp
étoit bien renforcé par les
troupes Espagnoles arrivées
desPays-Bas, Onmande de
Solfone du 12. Decembre,
que Don Joseph Vallejo,
Brigadier d'armée, qui
commande dans cette ville-
là & sur la frontiere voisine,
ayant été informé que
les rebelles de Cardone en
étoient sortis avec deux
compagnies de grenadiers,
un detachement de cent
cinquante hommes d'infanterie
de trou pes reglées,
cent cinquante Miquelets
ou Sommettans, & tous
leurs volontaires à cheval,
pour attaquer une maison
à une lieuë de Solsone, où
il avoir postéle Sieur Min- ,-
nones de Falco avec sa compagnie
de Miquelets fideles,
le mit en campagne
avec toute la cavalerie &
ses dragons, & tous les grenadiers
de sa garnison. Sitôt
que les rebeles l'apperçurent
,
leur cavalerie se
sauva à toute bride, l'infanterie
prit auni la suite; elle
fut neanmoins jointe par
la cavalerie ôc les dragons,
qui firent main basse sur
eux. La perte des ennemis
consiste en la prise de Don
Pedro d'Alba ôc Marques,
Gouverneur de la ville de
Cardonne, & du Major du
regiment de la ville de Barcelone,
qui l'étoit aussi de
la ville & du château de
Cardonne, tous deux blessez
dangereusement '5 un
Capitaine de grenadiers tue
& l'autre blessé & fait prisonnier
; un Lieutenant de
grenadiers tué & l'autre prisonnier,
aussi bien que les
deux Enseignes un Sergent
& plus de trente hommes
prisonniers,&un grand
* nombre tuez. On leur a
pris deux charettes chargées
de poudre, de balles,
de grenades & d'outils. La
compagnie du Sieur Minnonés
de Falco se défendit
durant deux heures avec
une extrême vigueur.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.: "-
Explicationphyfique & chimique
àv$feuxJouterrams,
des tremblemens deterrey
des'ouragans, des éJairs&r
-du o tonmrre. -'
.(-' ,
1
Mon dessein est de donner,
par le moyen d'une
opération de Chymie, une
idée sensible de ce qui se
1
passe dans les nuës lors
qu'elles s'ouvrent en temps
detempête,pour produire
les éclairs ôc le tonnerre: mais avant que de faire
voir cette opération, il est
à propos de parler de la matiere
qui cause des effets si
violens, & d'examiner sa
nature & son origine.
On ne peut pas raisonnablement
douter que la
nature de l'éclair & du tonnerrene
soit un souffre en- amme, ôc élancé avec
beaucoup de rapidité. Nous
ne cannoissons rien d'inflammable
, ni de plus en
mouvement que le souffre,
ôc l'odeur du souffre que le
tonnerre laisse dans tous les
lieuxoù il a passé, prouve
assez sa nature. Il est donc
question de trouver l'origine
de ce souffre
: il n'est
pas vraisemblable qu'il Ce
soit formé dans les nuës, il
faut qu'il y ait étéporté en
vapeur.
Il me paroît que l'origine
de la matiere qui fait
le tonnerre est la même que
celle, des tremblemens de
terre, des ouragans, des
feux soûterrains. J'ai explique
la cause de ces grands
remuëmens dans un livre
de Chymie, à l'occasion
d'une préparation particuliere
sur le fer appeile safran
de Mars. Comme mon
explication a ététrouvée
assez juste, ôc que j'ai fait
encore plu sieurs autres experiences
qui servent à confirmer
ce que j'avois avancé,
je rapporterai en abrégé
les unes ôc les autres experiences.
Voici donc les
premieres.
On fait un mélange de
parties égales de limaille
de fer & de souffre pulverisé,
on reduit le mélange
en pâte avec del'eau, ôc on
le laisse en digestion sans
feu pendant deux ou trois
heures; il s'y fait une fermentation
& un gonflement
avec chaleur considerable
: cette fermentation
fait la pâte en plusieurs
endroits, & y fait des crevasses
par où il sort des vapeurs
qui sont simplement
chaudes,quand la matiere
n'est qu'en une mediocre
quantité:mais qui s'enflamment
lorsque , la matiere
d'où elles sont poussées fait.
une masse considerable,
comme de trente ou de
quarante livres.
La fermentation accompagnée
de chaleur, & même
de feu qui arrive dans
cette opération, procede
de la pénétration & du frotement
violent que les pointes
acides du souffre font
contre les parties du fer.
Cette experience feule
me paroîtréscapable d'expliquerdequelle
maniere
se fontdans les entrailles
de la terre les fermentations,
les remuëmcns &
les embrafemens
, comme
il arrive au mont Vesuve,
au mont Etna, & en plufleurs
autres lieux; car s'il
s'y rencontre du fer & du
souffre qui s'unissent & se
penetrent l'un l'autre, il
doit s'ensuivre une violente
fermentation, qui produira
du feu, comme dans nôtre
opération. Or il est aisé de
prouver que dans les monragnes
donc j'ai parlé il y a
du souffre & du fer; car aprés
que les flammes font
finies,on trouve beaucoup
de souffre sur la superficie
de la terre, & l'on découvre
danslescrevassesoùle
souffre a patTé, des matieres
semblables à celles qui se
separent du fer dans les
forges.
»
Voici les secondes experiences
que j'ai faites
)
qui
appuyeront les premières
& mon raisonnement. J'ai
mis du même mélangede
limaille de fer ôc de souffre,
en différentes quantitez,
dans des pots hauts & étroirs,
en sorte que la matiere
y a été plus comprimée
que dans les terrines;
il s'estfaitaussi desfermentations&
des embrasemens
plusforts, & la matieres'étant
élevée avec un peu de
violence,il en a rejailli une
partie autour des pots. J'ai
mis en été cinquante livres
du mêmemétla.n)ge dans un grand pot, j'ai placé le pot
dans un creux que j'avois
fait faire en terre à la campagne,
je l'ai couvert d'un
linge, ôc ensuirede terre à
la hauteur d'environ un
pied
}
j'ai apperçû huit ou
neuf heures après que la
-
terre se gonfloit,s'échauffoit
& se crevafToit
; puis il
en est forci des matières
foulfreufes & chaudes, ôc
ensuite quelques flammes
qui ont élargi les ouvertures,
& qui ont répandu autour
du lieu une poudre jaune
& noire. La terre a demeuré
long-tempschaude:
je l'ai levée aprèsqu'elle a
été refroidie, je n'ai trouvé
dans le pot qu'une poudre
noire & pesante, c'est la limaille
de fer dépouillée
d'une partie de son souffre.
On auroit pû mettre
davantage de terre sur le
pot: mais il y auroit eu à
craindre que la matiere
n'eût pû s'allumer faute
d'air. Cette opération rétiffit
mieux en été qu'en hyver,
à cause de la chaleur
du Soleil quiexcite un plus
grand mouvement aux parties
insensibles du fer 6c du
souffre. Il n'est donc pas
necessaire de chercher ailleurs
ce qui peut mettre les
souffres en mouvement
dans les mines & les enflammer,
leur jonction avec
le fer produira parfaitement
bien cet effet, demême
qu'elle a produit dans
nos opérations. Mais il se
presente ici une difecultéi,
c'etf que ces grandes fer
mentations & cesembraiemens
soûterrains nepeuventavoir
ete produitslans
air: or on ne comprend
pas bien par où il auroit pu
paffer de l'air si profonde-
-.ment. dans laterré.
On répond à cette obtjection
,
qu'il y a dans la
terre beaucoup de fentes
r& de conduits que nous ne
voyonspoint, & sur, tout
dans les pays chauds,où
ccsmouvemens soûterrains
.arrivent ordinairèment; car
la grande chaleur du Soleil
échauffant & calcinant, par
maniéré de dire, la terre
en plusieurs lieux, y fait
des crevasses profondes)
par où il se peut introduire
de l'air. Les tremblemens
de terre font apparemment
causez par une vapeur, qui
ayant été produite dans la
-
fermentation violente du
fer&du souffre,s'est con-
-
vertie en un vent sulfureux,
lequel se fait passage ic
roule par où il peut, en soûlevant
& branlant les terres
fous lesquelles il passe.
Si ce vent sulfureux se trou- ;
ve toujours renfermé, sans
pouvoir penetrer aucune issuë
pour s'échaper, il fait
durer le tremblement de
terre long-temps & avec
de grands efforts,jusqu'à
ce qu'il ait perdu son mouvement
: mais s'il trouve
quelques ouvertures pour
sortir, il s'élance avec grande
impetuosité,&c'est ce
qu'on appelle ouragan; il
écarce la
-
terre & fait des
abî»
abîmes, il deracine les arbres
& abat les maisons; &
les hommes même ne seroient
pas à l'abri de sa furie,
s'ils ne prenoient la
précaution de se jetter
promptement labouche&
le ventre contre terre, non
pas feulement pour s'empêcher
d'être enlevez, mais
pouréviter de respirer ce
ventlîitCureux &chaud qui
les [uffoqùoir.
Les feux foûtcçrains viennent
de la mêmeexhalaison
sulfureuse. LaNdifference
des effets qu'elle Prbduit
peut provenir de plusieurs
caules de ce que la
maticre a étéplus abondante
5
Se par. consequent.
la fermentation plusforte
de ce qu'il s'y est introduit
davantage d'air;de ce qu'il
s'est rencontré des fentes
ou des crevasses àla terre
assezgrandes, & disposées
pour laisser passer les flammes.
Cesflammesensélëvant
imperueusement ie
font bientôt un jour plus
grand, & elles donnent
lieu à toute la matiere du
fond de la terre de s'enflammer
& de pousser des
C-ux si abondas, qu'ils
couvrent & inondent cjueL
quefois de leurs cendres les
prochains villages.
Les feux folets &ceux
qui paroissent sur certaines
eaux dans les pays chauds,
tirent apparemment leur
origine de la même cause :
mais comme la vapeur fuifureufe
a été foible, &que
son plus grand mouvement
x été ralenti, en se filtrant
au travers des terres & en
passantpar leseaux,ilne
s'en est. élevéuqqwielflajïw
- me legere,spiritueuse,cr- *
rante ,
& qui n'est point entretenue
par une assez grande
quantité de matiere pour
être de durée. Il y a apparence
que les eaux minérales
chaudes, comme celles
de Bourbon, de Vichi, de
BaLrue, d'Aix,ont prisleur
chaleur des feux foûterrains,
ou des terres fulphureufes
& échauffées par où
elles ont passé; car quand
ces eaux sont en repos, il
s'enièpare des parties de
souffre aux côtez des baffînSrlifc
peut faire aussï
* que certaines eaux minérales
ayent tiré leur chaleur
d'une chaux naturelle,
quelles rencontrent en leur
chemin dans les entrailles
de la terremais cette chaux
n'est qu'une pierre calcinée
par des feux soûterrains.
Les colomnes d'eau qui
s'élevent quelquefois sur la
mer, & qui font aux matelots
les sinistres prcfages
d'un prompt naufrage,
viennent apparemment de
ces vents sulfureux pouffez
rapidement desterres de
dessous la mer) après des
fermentations pareilles à
celles dont il a été' parlé.
Les vents sulfureux, qui
font les ouragans,s'élèvent
avec tant de violence en
s'échapant de dessous la
terre,qu'il en monte une
partie jusqu'aux nues:c'estce
qui fait la matiere & la
cause du tonnerre ; car ce
vent qui contient un souffre
exalté s'embaraue dans les
nues, & y étant battu &
compriméfortement, il y
acquiertun mouvement assez
grand pour s'y enflammer
& y former l'éclair en
fendant la nuë, ôc s'élançantavec
une très- grande
rapidité. C'est CI furieux
mouvement qui cause le
bruit du tonnerre que nous
entendons; car ce vent
sulfureux sortant violemment
d'un lieu étroitoùil
étoit contraint
>
frape l'air
trés-rudement & y roule
d'une vîtesse extraordinaire,
de même que fait la
poudre qui fort d'un canon
où elle aété allumée.
On peut dire ici qu'un nitre
subtilqui est toûjours naturellement
répandu dans
l'air, se lie au souffre du tonnerre,
& augmente la force
de son mouvement &
de son action,demême
que quand oa mêlé du
salpêrre avec ousouffre
commun, il produitun efset
bien plus violent eh se
rarefiant, que quand il est
seul. Ce vent sulfureux du
tonnerre après avoir roulé
dans l'air quelque espace
de temps,se rallentit peu à
peu de son mouvement ; c'est pourquoy le tonnerre
est bien plus violent & plus
dangereux au moment qu'il
fort
fort de la nuë, que quand il
a déja fait dans l'air une
partie de ses rournoiemens
êc de ses virevoustes : mais
enfin après avoir fait tant
d'éclat, tant de bruit & tant
de fracas, il (e reduit à rien,
& il ne laisse dans les lieux -..
où il a passé qu'une odeur
de douffresemblable à celle
de l'ouragan.
Quant aux pierres de
foudre, dont le vulgaire
veut que le tonnerre foit
toûjours accompagné, leur
existence me paroît bien
douteuse, & j'ai assez de
pente à croire qu'il n'yen
a jamais eu de véritables.
Il n'est pourtant pas absolument
impossible que les
ouragans en montant rapidement
jusqu'aux nuës,
comme il a étédit, n'enlevent
quelquefois avec
eux des matieres pierreuses
& minerales, qui s'amollissant
& s'unissant par la
chaleur, forment ce qu'on
appelle pierre de tonnerre
: mais on ne trouve point
de ces pierres dans les lieux
où le tonnerre est tombé ;
ôc quand même on en auroit
trouvéquelqu'une
)
il
y auroit bien plus lieu de
croire qu'elle viendroir d'une
matiere minérale fondue
& formée par le souffre
enflammé du tonnerre
dans la terre même, que
de penser que cette pierre
eût étéformée dans l'air ou
dans les nuës, & élancée
avec le tonnerre.
Il reste une difficulté,
cess: de sçavoir comment
le vent sulfureux que j'ai
supposé être la matiere du
tonnerre , peut avoir été
allumé entre les nuës qui
sont composées d'eau, &.
y avoir été comprimé ians
s'éteindre; car il semble
que l'eau des nuës dévoit
avoir empêché que ce [ouf..
fren'allumât, ou du moins
elle devoit l'absorber étant
allumé.
Pour répondre à cette
difficulté,je dis que le souffre
étant une substance grasse,
n'est point si sujet à l'impression
de l'eau que les autres
substances, & qu'il
peut estre enflammé dans
l'eau & y brûler, de même
que le camphre 5c plusieurs
autres matieres sulfureuses
très
-
exaltées y brûlent. Il
doit néanmoins estre arrivé
qu'une partie de ce souffre
ait été plongée dans la
grande quantité d'eau qui
fait les nuës, & qu'elle se
soit éteinte avec une forte
detonnation, comme il arrive
quand on jette dans
de l'eauquelque matiere
solide rougie au feu. Cette
detonnation contribue
peut-être à faire le bruit du
tonnerre: mais l'autre partie
du souffre, qui étoit la
plus subtile ôc la plus disposée
au mouvement, a été
exprimée toute en feu. L'experience
que j'en ai faite
prouve mon raisonnement.
J'ai mis dans un matras
de moyenne capacité, &
dont le cou avoir été trempé,
trois onces de bon esprir
de vitriol, donze onces
..d'cati commune;j'ai fait
un peu chauffer le mélange
)
& j'y ai jetté à plusieurs
reprises une once, ou une
once & demie de limaille
de fer. Il s'est fait une ébulirion
& des vapeurs blanches
: j'ai presentéune bougie
allumée à l'embouchure
du matras; cette vapeur a
pris feu, & à même temps
a fait une fulmination violente
& éclatante. J'en ai
encore approchélabougie
allumée plusieurs fois; il
s'est fait des fulminations
semblables à la premiere,
pendant lesquelles le matras
s'est trouvé assez souvent
rempli d'une flamme
qui a penetré & circulé jusqu'au
fond de la liqueur,
ôc quelquefois la flamme a
duré une espace de temps;
considerable au cou du mettras.
Liiij
Il y a plusieurs circonstances
à remarquer dans
cette opération. La première
est que l'ébulition
qui arrive quand on a jette
la limaille de fer dans la liqueur
,
provient de la dissolution
qui se fait d'une
portion du fer par l'esprit de
vitriol: mais afin que l'ébulition
,
les fumées & la
dissolution soient plus fortes,
il est necessaire de mêler
de l'eau avec l'esprit de
virriol en la proportion qui
a été dite; car si cet esprit
étoit pur,& qu'il n'eût point
été dilayé & étendu par
l'eau, ses pointes à la vérité
s'atracheroient à la limaille
de fer: mais elles y seroient
ferrées & presséesl'une
contre l'autre, en forte qu'-
elles n'auroient point leur
mouvement libre pour agir
suffisamment, & il ne se feroit
point de fulmination.
La seconde est qu'on doit
un peu chaufferlaliqueur
pour exciter les pointes du
dissolvant à penetrer le fer
& y jetter des fumées:mais
il ne faut pas qu'elle soit
trop chaude, parce que ces
fumées fortiroient trop vite,
& quand on y mettroit
la bougie allumée,elle ne
seroit que s'enflammer au
cou dumatras sans faire de
futmination;car ce bruit
ne vient que de ce que le
souffre de la matiere étant
allumé jusques dans le fond
du matras, trouve de la resistance
à s'élever, Ôc il fait
grand effort pour fondre
l'eau & se debarasser. La
troisiéme est qu'il faut necessairement
que le souffre
qui s'exalte en vapeur &
quis'enflamme,vienne uniquement
de la limaille de
fer; car l'eau ni l'esprit de
vitriol, & principalement
le plus fort, comme celui
que j'ai employé,n'ont rien
de sulfureux ni d'inflammable
! mais le fercontient
beaucoup de souffre, comme
tout le monde le sçait.
Il faut donc que lesouffre
de la limaille de fer ayant
été rarefié & developé par
l'esprit de vitriol, se foit
exal té en une vapeur tréssusceptible
du feu. La quatriéme
est que les esprits
acides de sel, de souffre&
d'alun produisentdanscette
operation le même effet
que l'espritdevitriol:mais
l'esprit de nitre ni l'eau forte
n'y excitent point de fulmination.
Au reste,l'opération dont
je viens de parler n'a pas été
inventée seulement pour la
fulmination; elle fait le
commencement d'une préparation
nommée le sel ou
le vitriol de Mars,employée
& estimée dans la Medecine.
Si l'on veut donc profiter
de ce qui est resté dans
le matras aprèslafulmination,
il faut le faire bouillir
,
le filtrer, faire evaporer
sa liqueur filtre'e à diminution
des deux tiers ou
des trois quarts, & la laisser
crystaliser en un lieu
frais: on aura le vitriol de
Mars, qui ressemble beaucoup
en figure, en couleur
& en goût au vitriol d'Angleterre
: mais il est un peu
plus doux & il senc plus le
fer. C'est un fort bon apperitif
;la dose est depuis
six grains jusqua un
fcrupulc
: si l'on en donne une
plus grande dose, il est fut
jet à exciter quelques nausées,
mais non pas avec tant.
de force que fait le vitriol
ordinaire.
Le vitriol de Mars cft
proprement une revivisifeation
du vitriol naturel;
car l'espritacide du vitriol
qui avoit été sèparé de sa
terre par la diftilation
, entre
par cette operation dans
les pores de fer, le diflfout
& s'y corporifie. J'ajoûtc à
cela que le fer contient un
sel vitriolique tréscapablc
de contribuer à la formation
de ce vitriol de Mars.
J'ai mis dans unu cornuë
de grés huit onces de vitriol
de Mars, j'y ai adapté
un grand balon ou recipicnt,
& j'en ai fait la dif.
tilation.comme on aoûtume
de faire celle à
triol ordinaire; j'en ai retiré
cinq onces & cinq dra
gmes d'un esprit acide,
clair, ressemblant beaucoup
à Tefprit de vitriol
commun, mais laissant sur
la langue un goût un peu
plus astringent ou fiyptique.
Il est sorti du balon.
d'abord qu'il a été feparc de
la cornue, une forte odeur
de souffre. Cet cfprit est
bon pour les pertes de fang,
pour les cours de ventre.
J'ai trouve dans la cornuë
une maticre fort rarefie'e,
k -re ,
très
-
friable
, rouge>
se dilayant aifémenc
dans la bouche,d'un goût
astringent tirant un peu sur
le doux c'est un beau ôc
bon safran de Mars aperitif.
J'ai mis dans un creufct
sur le feu une autre portion
de vitriol de Mars cryfialife;
lajxuticrç$çftfondue,
il
il s'en est évapore beaucoup
de flegme,&ilestrelié du
vitriol blanc, comme il arrive
quand on calcine le
vitriol commun. J'ai poussé
par un grand feu ce vitriolblanc,
il est devenu rouge
comme du coleotar. On
peut donc conclure que le
vitriol de Mars ell en toutes
choses semblable au vitriol
naturel.
Entrée du Roy & de la Reine
de Sicile.
Les lettres de Palerms
du 14. Decembre portent
que le Roy & la Reine de
Sicile y firent leur entrée le
jour de S. Thomas;qu'ils
se rendirent àune grande
tente dressée dans la plaine
de S. Erasme, ornée de portiques,
couverts de velours
cramoisi, avec de grandes
dentelles d'argent, au bout
de laquelle on avoit dresse
une chambre tapissée de
brocard d'or, & dans le
fond étoit untrône où leurs
Majestez s'assirent. Que le
Sénat & les principaux Seigneurs
s'y rendirent, & le
Prince de Butera, premier
Noble, complimenta le
Roy de Sicile au nom du
Corps de la Noblesse
: enfuite
il receut l'Etendard
Royal, puis la marche commença
par un regiment de
dragons, les valets de pied
& les pages.
Que le grandJusticier ôc
les 3Juges Civils marchoiét
enfuitejpuis les Dcputez des
villes duRoyaume encorps,
& d'autres Officiers.
; Les Princes i Ducs, Marquis
Se Comtes venoient
après ; vêtus magnifiquement
& bien montez, fuivis
de plusieurs gens de IL
vréesfort lestes.LeSenac
& les Officiers de la Chambre,
du Patrimoint, &c d'aurres,
suivoient avec leurs
trompettes ; puis venoiens
les Evêques Ôc les Abbez.
Le Priace Spiaola-, Tresorier
général,
jettoit au
peuple quantité de pieces
d'argent. Les Officiers du
Roy de Sicile venoient enfuite,
les Gentilshommes
dela boucha lei, Maîtres
d'Hôtel,JesAimôïiiers',
les Gentilshommes de la
Chambrc) lesEcuyers, &
le Maître de la Garderobe.
Le Prince de Butera marchoit
seul, portantl'Etendardpuis
ie Prince Thomas
seul. Le Roy & la Reine
etoient à cheval fous un
dais fort riche, soûtenu par
les Sénateurs; le Marquis
Pallavicina, grand Ecuyer,
portoit l'epée nue : auprès
du Roy &auprèsde la Reine
étoit le Comte de Goivon,
Chevalier d'honneur,
& le Marquis de Tournon.,
Capitaine des Gardes du
Corps; puis les principaux
Officiers & les Dames.
A la porte des Grecs on
avoit dresse un arc de triomphe,
avec des cartouches
qui representoient les principales
actions du Prince.
L'Archevêque de Palerme
l'yattendoit à la tête du
Clergé seculier ®ulier,
& il donna à leurs Majcfter
la croix à baiser.
La marche continua par
la principale ruë magnifiquementornée,&
on arriva
à l'Eglise Métropolitaine,
où le Roy & la Reine montèrent
sur letrône, prépare
à main droite de l'autel
J
ôc
onchanta 1cTe Deum. Puis
le Protonotaire du Royaume
étant monté sur le cinquiémedegré
du trône,
'lut la forme du ferment de
fidélité, qui fut prête par
les trois Etats, l'ecclesiastique,
lemilitaire & le domanial
; & ensuite on presensa
au Roy le ferment
d'observer les loix & les privilèges
du Royaume, qu'il
fit en mettant la main Sur
les Evangiles & en birant
la croix. Il jura ensuite la
confirmation des privilèges
de la ville, contenus dans
le livre qui lui fut presente
par le Prêteur.
On fit durant cette ceremonie
trois salves générales
de l'artillerie. Le Roy
ôc la Reine allerent au Palais
dans le même ordre, &
le foir il y eut un grand feu
d'artifice ôc des illuminations
par toute la ville.
SATIRE
Contre les Maris.
Preface.
Quelque chose que je
dise contre le Mariage,
mon dessein n'est pas d'en
détourner ceux qui y font
portez par une inclination
naturelle; mais feulement
de faire voir que les dégoûts
& les chagrinsqui c? en font presque infëparable
viennent pour l'ordinaire
plustost du costé des
Maris que de celuy des
Femmes. Contre le fentimens
de Mf Despreaux,
j'espere qu'en faveur de la
cause que j'entreprends,
on excusera les defauts qui
se trouveront dans cet ouvrage
: Je me flatte du
moins que les Dames se.
ront pourmoy;SeàFabry
d'une si illustre protection
je ne crains point les traits
de la Critique la plus envenance.
SATIRE.
Non chere Eudoxe, non,
je ne puis plus me
taire,
Jeveux te détourner d'une
Himen téméraire
D'autres filles sans toy
vendant leur liberté
Sechargeront du foin de
la posterité.
D'autres s'embarqueront
sans crainte du nau.
frage
Mais toj voyant téeueil
sans quitter le riruagc)
Tu riiraspointesclave af
servie à l'amour
Sous le joug d'un époux
t'engaglirsans retour
Ny d'unJervile usage approuvant
linjufiice
De tes biensy de ton coeur
luyfaire unsacrifice,
Abandonner ton ame à
milleJoins divers,
Et toy même à jamais
forger tes propresfers.
JSle t'imagines pAS que l'ardeur
de médire
f
Arme aujourd'huy fila
- main des traits de la
Satire9
Kîy que par un Censeur le
beauftxeoutragé
Ait bcfoin de mes Vers
pour en estre vangc
Ce Sexe plein d'attraits
sans secours & sans
âmes
Peut assez,f deffcndre auecses
propres charmes,
Et les traits d'un Critique
ajfoibli par les ans
Sont tomber deles mains
sansforce & languifi
sans:
Mon tjprit antre-foisenchanté
de ses rimes
Luy comptoit pour rvertus
sessatiriques crimes,
Et livroit avecjoye à ses
nobles fureurs3
Vn tas infortuné d'inflpides
Auteurs;
Maisje riay pu foujfrir
1 qu'une indiscrete veine
Le forçatmieux Athlete
a rentrer Atrl'arene.
Et que laissant en paix
tant de mauvais écrits
NouveauPredicateur il
vint en cheveuxgris
D'un esprit peu chrétien
blâmerde chastesflammes
Et par des Vers malins
nous faire horreur des
j,
femmes
Si l'Himen aprè1s fiy
trame tant de d'goujts,
On n'en doit imputer la
faute qu'auxépoux.
Lesfemmes font toujours
dinnocentesvicitmeç
Que des loix d'interejfJ:J
que defausses maximes
Immolentlâchementà des
Maristrompeurs..
On ne s'informeplus ny
durangnydesmoeurs
Crispin, roux & mancellU,
vient d'epoufir
Julie
Il eji du genre humain&
L'opprobre & lalie
On trouvcroit encore à
quelque vieuxpillter
Son dernier hahit verd
pendu cheXj lefripier:
ParJes concussions fatales
à la France
lia déjàvingtfois affrontélapotence
;
Mais cent rvafts d'argent
parent(es longs buffets
11 - jivecpeine unguèret traversi
[es guèrets
y
Que faut-il davantage?
aujourd'huy la richesse
Ne tient-elle pas lieu di
vertuy de nobleffi?
Et pourfaire un époux,
que voudroit-on déplus?
Que dixterres en Beauce9
avecvingt mil écus.
RegardeDorilas9 cet échape
d*Esope 0z ne peut discerner
quavec un Micro/cope;
Dontle corps de travers&
tefpritplus malfait
D'un Therfite à nos yeux
retracent leportrait
Que t'en emhle dis-moy?
penses-tu quunefille
Qui ria Û cet amant
qu'au travers d'une
grille
Et qui depuis dix Ans
NourrieàPortRoyal
A paffé du parloir dans le
lit nuptial;
Puis-je garderlongtemps
uneforcetendrefie
En faveur d'un Maryd'une
si rare especey
Quand la Cour&la Ville
presententàfis yeux
Desflots d'adorateurs qui
la mertte mieux.
MatsJe veux que du Ciel
une heureuje influence
Rassemble en ton époux
&mérité & naissance
Infortunéjoueur,ilperdra
tousfisbiens
Quun contrat malheureux
confond avec les
fitns
Entrons dans le Brelandy
ou s'arrête à la
porte
De laquais mal payel^Ja
maligne cohorte
Voy les cornets en l'airjettes
avec transport,
Quon veut rendre garend
des caprices du fort.
Voy ces pâlesJoueurs qui
pleinsd'extravagance
D'un destin insolent affronte
l'inconstance
Etsur trois des maudits
lisent l'arrêtfatal
Qui les condamne enfin
d'aller à l'Hôpital.
Pénétrons plus avant
voy cette table ronde
Autet que avarice éleva
dés lemonde
Ou tous les forceriez, fem*
blent avoir faitvoeu
Dese facnfierau noir demon
duJeu,
Vois-tu sur cette carte un
contrat difparotfire
Sur cet autre unChajieau
prêt à changerdemaître
Quelsoudain desespoirsaisit
le malheureux?
Qfuieavfieinntedr'aun
coupegorgeaffreux
MaisfuyonsfousJespieas
tous les parquets gemissent
Defermns tous nouveaux
les platfonds retentifsint
Et par lefort cruel d'une
fatalenuity
, De vOIr enfinGalet a
l'Hôpital reduit,
Sa femme cependant di
centfrayeurs atteinre
Boitchez,elle a longs traits
& le fiel & Cabfmte
Ou traînant aprèsJoy d'infortunete1ans
Va chercher un azjileauprès
desesparenss
Harpagon cftatteit de
, toutautrefolie,
Le Ciell'avantagead'une
femme accomplie
re-ç)utpmrsa dotplus 1 -, 7 , li} deûus^alafois ': — Quun balancier nenpeut
reformer ensix mois.
Sa femmefeflattait de la
douce esperance
De "voirfleurir chez., elle
une heureuseabondance,
ElIecroyait au moins que
deux ou trois amisj
Pourvoientfoir&matinà
sa tableeflreadmis
Mais Harpagon aride&
presqueDiaphane-
Par les jeûnes cruels auf
quels ilse condamne: Nereçoitpointd'amis aux
dépens de son pain
Toutse ressentcheijuy des
langueursde lafaim,
Si pour fournir aux frais
d'un hahit necefaim
Saffmmt-^lÙJ-\'mande
une somme Itgere3
Son vifoegesoudain pre%d
une autre couLfur,
Ses valets font en butte à
sa ma,uvaife humeur,
UAvarice bien-tft au
teint livide &blême,
Surfincoffre defer va taF
foir elle-même3
Pour ne le point ouvrir il
abondeenraisons
Ses hqtes sans payer ont
vidêfts massons
D'un vent,venu du Nord • d^maligne, influence
t
A motjjonésesfruits avec
Ion esperance,
Où de fougueux Torrens
inondansiesFallons,
Ont noyésans pitié thonnAeur
desye~sj fyi/lions,
uiinfitoujours rétif, rien
nefléchitson ame
Pour avoir un habit il
faudra quesafemme
jittende que la mort k
mettant au cercueil,
Luyfaffe enfin unfalutafr
re dueil.
Mais,pourquoy diraJtu9
cette injujtc querelle
Les époux font ilsfaitsftr
lemêmemodelie,
jilcipe nflejf-il pas exempt
deces dejfauts,
Que tu viens de tracer
dans tes piquans tableaux
D'accord, il efi bien fait,
genereux3 noble, {age,
Mats à se ruiner(On propre
honneur l'engage
Si-tost que la victoire un
laurier a la main
appellera Louis Jur les
rives du Rhin
Que des Zephirs nouveaux
les fecondes haleines
Feront verdir nos bois (;;'
refleurir nos plaines:
,Ses Muletsimportais bisarrementornez
Et d'un airain bruyant9
par tout environnez
Sous des tapis brode si
suivantalafile,
ut pas Majeftueux tra«
verseront la Ville.
Tout le peuple attentifAU
bruit deses Mulets
Verrapasserauloin,Surtous9
Fourgons" Vdlets,
Chevaux de main Fringans,
insultant a la
terre.,
Pompe digne en effet des
enfans de laguerre
Mais pour donner fef7
sir à ce noble embarras
Combien cbez, le Notaire
A-t-ilfait des contrats?
Lesjoyaux de sa femme
oonntteétteérmnitsseenn gage
jyunsomptueux buffet le
pompeux étalagé
Que du débris commun il nyapAugarentir.,
Rentre cheZlc Marchand
dont on l'a vu sortir.
Pour assembler unfond de
deux mtlle pi[tôles
Combien nouveau Prothée
at-jt joüé de rôles:
Combien a-t-il fait voir
que leplusfierguerrier
Elplus humble aujourd'huy
qu'un indigne
Vfùrler.
Ilpart, enfin, il mene avec
luy l'abondance
Tout le Camp se ressent de
sa nobU difence
Des Cutfmiers fameux
pour luy fournir des
mets,
Epuisentchaque jonr les
Aiers & les Forefis*
Quefait sa femme alors?
dans le fond d'un Vil,lage Ellevasansargentdepio^
rer
rerfin veuvage
Dans fis jardins defirts
promenersa douleur
Et des champs paresseux
exciter la lenteur.
On voit six mois apre's,
tout ce trainmagnifique
Reduit à la moitiérevenir,
faible étique,
On voit sur les chemins l'équipage
en lambeaux
Des mulets decharneZ, des
ombres de chevauxy
Qui dans ce tri(teétatri0.
fantpresqueparoifire
S'en vont droit au marché
chercher un autre maî*-
tre
Cependant auprintemps il
_faut recommencer, Ilfautsur nouveauxfrais
emprunter9 dépenfer,
Mais nous verrons bientofl
une ltfte cruelle
1)u trépas de l'époux apporter
la nouvelle,
Etpourpayer enfin de tris
tes creancIers,
Ilne laijje après luy qu'un
tas de vains lauriers.
Ilefid'autres Maris
volages) infidellts;
Fatigans damerets/Tirans
nez, des ruelles,
Qu'on voidmaigre l'Hymen
&ses facreZu
flambeaux
S'enrôler chaquejourfous
de nouveaux drapeaux9
Quid'un coeur plein de
feux à leur devoir
contraires
Encensent follement des
beautez, étrdngeres;
Le foin toujours pressant
de leurs galans exploits;
En vingt lieuxdijferends
les appelleà lafois.
Wgaton dans Paris
court à bride abbatué
Malheur à qUI pour lors
est à pied dans la rue
D'un & d'autres cojtezj,
les chevaux bondijjans
D'un déluge deboueinondent
loespassans,
Tout .fuit aux environs,
chacun cherche un aile
Avec plus de rviteifè il
traverse la Ville
Que les courftersp uireux
que l'on vid les pre.
miers,
Du combat de Nervvinde
apporter les lauriers;
Et qui de la victoire emprunterent
les ailes
Pour en donner au Roy les
premieres nouvelles.
De cet ernprejfement lefajet
inconnu
Quelejl-ilen effet?eh quoyi
l'ignores tu?
o 11 va fade amoureux de
theâtre en theâtre
Annoncer un habitdontil
est idolâtre
Dans le même moment on
le retrouve au Cours
Hors la filey au grand
trot ilyfait plu/leurs
tours,
Tout hors d'haleine enfin
il rentre aux Thmlleries,
Cherchantpartoutmatiere
à sesgalanteries,
Ilreçoit tous lesjours mille
tendres billets
Ses brasfontjufquati coude
cntouez., de portraitsy
On voit briller dans l'or9
des blondes& des brunes
Qtitl porte pour garends
de ses bonnesfortunes.
jîux yeux de son épouje il
en fait vanité
Il prétend qu'en dépit des
loix de l'équité
Safemme luy confcrve une
amour éternelle
Tandis qu'il aime ailleurs,
& court de belle en
belle.
D'autres amours en- cor.mais non d'un
tel dficours
Il ne meji pas permis de
prolonger le cours.
lAaplume se rifule a ma
timide rueine
Eut-on crû que leTibre
eutcoulédans la Seine
Etqu'il eut corrompu les
moeurs de nos François
Pour confoltr le Rhin de
leurs fameuxexploits.
Je voudrois bien Eudoxe
abregeant la matiere
Calmer ici ma bile &finir
ma carrure
Maispuis-jefàpprimer le
portrait d'unjaloux
Qui sans cesse agité d'un
mouvement peu doux
Et paré des dehors d'une
tendresse vaine
Aime, mais d'un amour
qui ressemble à la haine?
dlidor vientici s'offrir
à monpinceau
Ilejldesa moitié l'amant
& le bourreau
Partout illapourfuit>fans
cesseUlaquer,lie
Il nepeut la fuitterJ riy
demeurerprès d'elle,
L'erreur au double fronts
le devorant ennuy.
Lesfunefies Joubçons vollent
autour de luys
Ungejle indifférénd un regardsans
étude>
Va deIon coeurjaloux ai.
grlr l*inquiétude,
Sans cejjeilse consume en
projetsfuperjlus
Il voit3 il entend tout, il
en croit encor plus;
Ileflmalgré ses foins, &
fisconstantesveilLes
uéveugle avec centyeux,
Jouràaveccent oretlles.
Chaque objet de son coeur
vient arracher la.pAi
Marbres, bronzées, tableauxyportiers.
cocher,
laquais
Ceux même quaux de-
Jerts de Vardente Guinée
Le Soleil a couvert d'une
peau basanée9
Tout luy paroistamatitfatal
à son honneur
Il craint des héritiers de
plus d'une couleur.
Quun folâtre Zephir arvec
trop de licence
Des cheveux desafemme
ait détruit l'ordonnance
Sa mainsarme aussi-tost
dufer& dupoison
D'unprétendu rival il
veut tirerraisons
Si la crainte des loix fufpendfafrenefte,
Pour l'immoler centfois il
luy laisse la vies
Dans quelque vieux châ.
teau retraitedeshiboux
Dont quelque jour peutejfre
il deviendra jaloux
,
Il trame en exil comme
une criminelle
Et eour la tourmenter il
S'enferme avec elle,
Dans le Jauvage lieu des
vivans ignoré
D'un sosjé large & creux
doublement entouré
Cette tri(le rviéfime, affligét"
eperdue*
Sur les funefies bords croit
ejfredescendue,
Lorsque la parque enfin répondantà/
es voeux
Vient terminer le cours de
ses jours malheureux.
Nomme moysitupeux
quelquemary sans
vice
MaMust cft toute prête
a luy rendre jufttce,
Sera-ce Lijirlas? qui met
avec éclat
Safemme en un convent
par arrejf du Sénat
Et qui trois mois après devenu
doux &Jage
Celebre en un parloir un
fécond mariage.
Sera-ce Lifimon qui toûjours
lntete
Convoqueavecgrandbruit
toute la Facu/té?
Et sur son fort douteux
confiiltant Hipocrate
Fait qu'aux yeux du public
son deshonneur
éclate:
Quel champ!sije parlois
d'un époux furieux
Quiprofanantsans ceJft un
chef-d'oeuvre des cieux
Ofe dans les transports de
sa rage cruelle
Porter sursonépouse une
main criminelle.
Maisje te veux encore
ébaucher un tableau
Remontonssurla Scene&
tirons le rideau.
Dieux que vois-je en dépit
d'une épaifefumée
Que répand dans les airs
maintepipe allumée
Tarmy desflots de vin en
tous lieux répandu9
J'apperçois Trafimontsur
le ventre étendu;
Qui tout pâle& defait rejettefouslatable
Les rebuts odieux d'un repas
qui l'accables
Jlfait pour se lever des effortsviolens,
La terresedérobé à (es pas
chance/ans
De mortelles vapeurs fil
tesse encore peine
Sous de honteux debris de
nouveau le rentrainej
Ilretombe& bien-tojttau*
rore en ce redutt
Viendra nous découvrir
les excés de la nuit;
Bien-tost avec le jour
nous allons voir paroiifre
atre insolens laquais
aussi fMouas isqturee leur
Oui charmez, dans leur
coeur de ce honteuxfracas
Prés de sa femme au lit
le portentfous les bras.
Quelcharme! quelplaifïr!
pour cette trijlefemme
Defsvoir le temain de ce
fPeOaclt infâme
Defintir des vapeurs de
vin & de tabac,
QUexaleprès de foy, un
perfide efiomach.
Tufremis?toutefois dans
le Stecle où noussommes
Chere Eudoxe3voila commefontfaits
les hom-
Quelmérmietés:quelstitresfoapurvèsertaoiunts!
quels titrfsfluverains
Rendent donc les maris &
fifiers&sivains,
Osent-ils se flatter qu'un.
contratautentique>
Leur doine sur les coeurs
un pouvoir tirannique?
Pensent
-
ils que brutaux,
peu comptasans, fâcheux
:A.vares,neghgens, debauchez,,
ombrigeux,
PArez, du nom dépoux ih
ferontsursdeplaire,
du mépris d'un amani
fournis, tendre sincere,
Complaisant,libéral, qui
Jefait nuit &jour
Vnfointoûjours nouveau
de prouverson amour.
Non non, cestseflatter
d'une erreur condamnable
Etpoursefaire aimer, il
faut se rendre aimables
,
Aprés tous cesportraits
bien ou mal ébauchez:..,
Et tant d'autres encor
que jeriay pas tou- cbe
Jras-tu me traitant etennuyeux
pédagogue?
Des martirs de tHimen
grossîr le catalogue,
Non? dans un plein repos
arrête ton dessin,
Ctfi le premier des biens
de vivresans chagrin.
Si dans des vers pi
quansJuvenal enfurie
fait poejfcr pourfou ce.
luy qui semarie3
D'un esprit plus sènsé
concluons aujourd'huy
Que celle qui repoulé est
plus folle que luy.
J. L.D.L.
MAriagr.
MjiRIAGE.
Messire Jean Claude Loppin,
Seigneur de Gémeaux &
de Preigné, Conseiller au Parlement
de Dijon, à épousé
le 29. Janvier Magdeleine
Begon, fille de Messsire MichelBegon,
Seigneur de
Montfermeil, & de la Source,
Et de Dame Catherine Guymont.
Messire Loppin de Gémeaux
est d'une des ancicnnncs
familles de Robe, des mieux
alliée de la Province de Bourgogne,
y ayant plus de sixvingt
ans que ses Ancestres de
peres en fils ont estérevêtus
sans interruption de Charges
de Maistres des Comptcs
& de Conseiller au Parlement.
Antoine Loppin, fou
bisayeulobtint par sonmérite,
& par ses longs services,
des Lettres Patentes pour contribuer
de travaillera laChambre
des Comptes & des affaires
importantes, concernant
le service de Sa Majesté
après avoir remis sa Charge
à Pierre Loppin son fils,
Seigneur de Marcelois.
Son Bisayeul maternel
etoit Charles Fevret, Seigneu,r
de S. Memin & deGodan;
Confciller au même Parlement
, Autheur du fameux
Traité de l'Abus, dont on
fait beaucoup de cas dans
tous les Parlemens du Royaume,
ce quia rendu sa mémoire
recommandable
, ayant
d'ailleurs mérité l'estime particulière
de Louis de Bouibon
Prince de Condé, Gouverncur
de la Province.
M1 Begon de Montfermeil
est frere de MIC Michel Be..
gon ,
Conseillerd'Honneur
au Parlement de Provence,
& Intendant de la Généralité
de la Rochelle, & de la Marine
du Ponent, mort en 1710.
si connu & estimé des Gens de
Lettres.
Il efi proche parent & allié
aux plus considerables familles
de la Cour & de Paris, &
il s'est acquis dans ses Emplois
l'cfiimc & l'amitié de toutes
les personnes de consideration
du Royaume, par sa pro.
bité, par son desinteressement
,& sur tout par l'envie
de faire plaisir.
TraitctHiftoir: Arabe.
MOutalaya, natif de
Hayatamar., petite Ville
proche de Medine, s'établit
à Bagdad, où il se fit
vendeur de Craches, &
ensuite s'acquit beaucoup
de réputation par sa Poësie,
& sur tout par sa Filosofie.
On disoit de luy
qu'il cadençoit toutes les
avions comme les Vers,
& à cause de sa grande
moderation on l'appella
d'un mot Arabe qui signifioit
le Peseur de Desirs
Malgré cela il se rendit celebre
par son amour pour
Hattebé, maistresse du
Calife Almondi, ayant
obtenu du Calife permission
de faire un presènt
à Hattebé le jour d'une
Feste. Il prefenca à
Hattebéen presence
du Prince une haute
Piramide de carton, au
bas de laquelle estoit representé
le Calife avec sa
Maistresse, &du bas de la
Piramide en haut tournoie
en spirale une bande de
roseaux portez par de petits
Amours serpentant dé
bas en haut, où estoient
écrits des Vers, qui marquoienr
qne le Vendeur
de Cruches portoit ses de-
-
sirs -jut'qu-aux plaisirs de -
son Maistre
, & les Amours
tenoient des balances
rompuës fous leurs
pieds, marque que luy,
qu'on appelloit le Pesèur
de desirs , n'avait point
pesé ccluy qui le portoità
un si haut point. D'abord
le present fut pris pour
une idée poëtique, mais
Moutalaya tomba en langueur
& pensa mourir de
son amour : en forte que
le Calife en ayant pitié,
luy promit de luy faire
present de Hattebé. Sa parole
donnée, Hattebé se
jetta en pleurs aux pieds
du Calife pour nestre
point livrée à un homme
si laid,car Moutalaya l'é.
toit beaucoup. Le Calife
ne voulant pas retirer sa
parole, envoya chercher
le Poëteamoureux, & luy
dit: 0 toy qui pese tes
desirs, regarde Hattebé
d'un côté de la balance,
& de l'autre ce grand vase
d'argent, &,- choisis. Oh,
luy répondit le Poëte
,
ton vase pese moins pour
moy qu'une plume de l'asle
de l'Amour qui m'a
blessé. En même temps le
Calife ordonna qu'on jettât
à poignée de l'or dans
le vase, & dit au Poëte.
Avertis- moy quand le
poids sera égal à celuy de
ton amour. Moutalaya
qui comprit par la profusion
du Calife qu'il avoit
peine àluy donner Hattebé3
luy cria:Arreste
,
le
poids est trébuchant.
Alors le Calife qui avoit
beaucoup desprit luy
dit: Ajoûte- donc ducôté
d'Hattebé, qu'elle ne peut
se résoudre à t'aimer, ou
plutôt qu'elle te haïra si
tu l'exige de moy )
& par
cette circonstance
3 prens
le vase sans balancer.
Moutalaya rêva un lno.
ment, & dit au Calise:
Donne-moy trois mois de
temps pour peser ces deux
presens; & pour faire encore
division
y
donne-moy
encore un autre objet à
desirer
,
qui est celuy de
la Couronne Poëtique &
le Triomphe qui s'accorde
au premier Poète de dix
ans en dix ans.
Le Calife luy donna encore
ce choix & les trois
mois qu'illuy demandoit
pour le déterminer. Ces
trois mois écoulez, il dit
au Calife, qu'il avoit demandé
ce temps pour voir
si son amour ou la haine
de Hattebédiminuëroient.
Hattebé qui estoit
presente luy cria devant
le Calife, avec une faillie
sans reflelhir: Eh! croistu
que trois moisd'âge &
de langueur t'ayent embelli.
Non certes, répondit
le Poëte, mais ce que tu
me dis a diminué ta beauté
à mes yeux; ainsi je
n'ay plus à déliberer que
sur l'argent&la gloire; &
pour me déterminer
,
je
demande six mois.
Les six mois de délay
luy furent accordez, aprés
quoy il dit au Calife
qu'il avoit demandé un
délay double de l'autre,
parce qu'il falloit bien
plus de temps au Sage
pour se guerir de l'avarice
que de l'amour;mais
qu'efin il le quittoit de ses
richesses& les refusa.
Acceptez donc le triomphe
&la couronne Poëtique
, luy repliqua le CSlife.
Pour sçavoir si je l'accepteray
ou non , jetedemande
un an de delay.
En effet,lePoëteFilososefut
une année sans vouloir
accepter le Triomphe
& l'an écoulé, il vint &
dit au Calife que le Sage
se guerissoit en peu de
temps de l'amour comme
il avoit fait en trois mois,
qu'illuy avoit fallu le double
pour se guerir de l'avarice
, mais que la vanité,
& sur tout des Auteurs
, augmentant avec
l'âge plutôt que de diminuër,
c'estoit merveilles
qu'il n'eut demandé qu'un
an pour s'en guerir, mais
qu'il en estoit tellement
gueri qu'il refusoit la Couronne
& le Triomphe de
Poëte, parce qu'il en connoissoit
un au-dessus de
luy. Mais,continua-t-il,
quand on a renoncé aux
premiers honneurs de la
Poësie & qu'on se croit
inferieur à quelqu'un, il
ne faut plus faire de Vers ;
ainÍÏ je me retranche àma
Filosofie.
Le Calife luy répondit:
Vous aurez donc la Couronne
& le Triomphe
comme Filosofe, & je
vous tiens à present pour
leplus grand de tous ceux
qquueeJj'aayy)ajatmllaaislSccoonnnnuuss,,
& le Calife lecontraignit
à recevoir des honneurs
qu'il refusoit obstinement.
Il paroist depuis peu un
Livre intitulé l'Iliade, Poëme
, avec un Discours sur
Homere, par Mrde la Motte,
de l'Academie Françoise, qui
se vend chez Gregoire Dupuis,
rue S. Jacques à la
Fontaine d'or.
LETTRE
A M. LE DUC DE ***
jiVerfaMss.
On vous a ditvray
,
Monseigneur,
ceux qui se piquent
icy de sçavoir le Grec, trouvent
fort mauvais que M. de
la Motte, qui l'ignore
,
ce
foit mêlé de faire quelques
Observations sur un Ouvrage,
dont l'Original est Grec:
mais il y a une chose à dire
pour sa deffense, à laquelle je
ne vois point de replique. Il
ne se propose point d'examinerl'Iliade
Grecque d'Homerc,
qu'il n'entend point, mais
feulement l'Iliade Françoise
de Madame Dacier, que tout
le monde entend. Or peuton
trouver mauvais qu'il
se foit mêlédexaminer un
Poëme en Prose, écrit sur
un sujet interessant.
Si Madame Dacier a mal
traduit tous les endroits sur
lesquels il fonde sa Critique,
si elle y a fait dire à Homere
des choses abfurdcs & impertinentes,
M. de la Motte n'en
cft pas coupable: c'est à elle
à se justifier, c'està elle feule
à garentir la fidelité de sa traduction
: mais quand cette
traduction seroit infidelle précisément
dans tous ces endroits
, les Observations de
M. de la Motte ne porteroient
pas à faux pour cela,
puisqu'elles tomberoient au
moins sur l'Ouvrage François,
qui pour tous ceux qui,
comme nous, ne sçavent
point de Grec, peut avecraison
tenir lieu d'un Ouvrage
Original. Or diront-ils que
tel qu'il est,il n'est pas digne
d'estrecritiqué par des Connoisseurs
?
La feule choseque doit garantir
M. de la Motte, c'est
la verité & lajustesse de ses
Critiques : voilà ce qui (si de
son fait, voilà ce dont il doit
répondre, c'est le seul endroit
par où ses Advcrfaircs peuvent
l'attaquer, sinon avec
succés, du moins sans injustice.
Or il les attend de pied
ferme, & même de concert
avec les Spectateursde la Dispute,
illesdéfie.
Il eG vray que si les Obfervarions
sont raisonnables
contre l'Iliade Françoise, il
ne reste à ces Messieurs, pour
en garanrir l'Iliade Grecque,
qu'à soûtenir que les endroits
bien critiquez ne sont pas
bien traduits;mais c'est justement
ce côté quedeffend Madame
Dacier, & M. de la
Motte le croit si bien deffendu,
que pour l'honneur
d'Homere même ils n'oseront
jamais l'attaquer.
A Pariscezz.Janvier1714.
MORT.
Dame Anne Denisot Falloux,
mourut à Paris la nuit du 19.
au 20. de Janvier, n'ayant pas
encore atteint sa 20e année,
elle avoit esté mariée à la S.
Martin 1708. dans leChâteau
d'Aulnay prés Paris,chez M'*
de Gourgucs dont elle estoit
parente par sa mere, au sieur
Falloux,Procureur du Roy de
l'Election du Mans. J'jliert
Denizot son pele) qui avoit
exercé la même Charge, cft
de l'ancienne famille des Denifots
au Perche, illustrée par
les Emplois & par les Lettres
dés le temps de François I.
Nicolas Denifot fameux par
les ouvrages qu'il a donnezau
Public, fous le nom de Comte
(ïyil[inoisest l'Anagramme
de son nom, & dont il est
fait une honorable mention
dans la Croix du Maine, estoit
son grand oncle, lequel eut
une soeur nommée Marie qui
épousa le Comte de Meaucé
J dont sont issus les Comtes de
Montfore au Maine.
HAKANGVE
prononcée par M. le Mar-
-quisde BaretyLaudy,
jimbajfadeurd'EJpagne
au Canton de Lucerne en
Suiffe, le 13. Decembre
1713.
ILLUSTRES ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
J'Ayexpressementattendu
le temps de cette
loüable Diette pour vous
donner part au nom du
Roy mon Maistre de la
naissanced'untroisieme
Prince appelle sur les fonds
de Baptesme l'InfantDom
Ferdinand; j'ay voulu que
chacune desillustres Republiques
qui font icydignement
respectées par
vous, su st instruite au retour
de ses Deputez des
expressionsdetendresse
avec lesquelles Sa Majesté
m'ordonne de vous annoncer
cette nouvelle benediction
de Dieu sur sa
Royale famille; & verita
blement, sil'allegresseest
plus sensible quand elle le
communique & se partage
pour ainsi dire avec
ceux qui nous ont donné.
de longues&fidelles preuves
de cette amitié, vous
devez croire llluftres &
Puissants Seigneurs que ce
témoignage que vous recevez
par 11109 canal de
SaMajesté, est non seulement
uneffet de son esti-
I1peq. wiluisdeil^fperance encore d; voir-
ZiUgmenmb joye par la vojjre.
La naissance de ce Prince
arrive dans une conjoncture,
où nul accident
contraire ne peut corrompre
le plaisir desa solemnisation:
la Paix cil desja
faire avec plusieursPuissances,&
preste à conclure
avec toutes les autres,
suivant les favorables apparencesque
nous fnJ
voyons éclater. L'Espagne
delivrée de ses ennemis
voit enfin son Roy assis
tranquillement fuf;fort*
Throfne ; tous les
-
braver
& genereux Espagnols luy
obéïssentavecliberté,
après que leur fidélité heroïque
luy a obéi avec péril
dans les rems des violences
; une feule Ville
abandonnée de Dieu a près
l'avoir esté de toutes les
Nations, soustient encore
les restes de sa perfidie; &
(ce qui en incompréhensible
) n'a point de honte
de faire paroistre son desespoir
;c'est par ses portes
-qJe la guerre sest introduite
dans la Monarchie,
mais si elle differe plus
longtems de s'en repentir
& de profiter de la clemence
du Roy, le théa\O"
tre de son crime pourra
devenir celuy de son supplice.
Barcelone reduite,
on n'invoquera plus dans
touteslesEspagnes d'autre
Souverain que le legitimé.
C'estpourquoy je me
flatte,Illustres & Puissants
Seigneurs, que Sa Majesté
avec laquellevous vous estes
alliez, se met en estat
de peser encore mieux le
zele avec lequel vous luy
avez con servé vostre foy
jusquau dernier pcriode
decette guerre. Une conduite
si franche & si loyale
cft bien digne de la mémoire
d. ce grand Prince,
son coeur estant éCJJ! à sa
dignité & à sa puiffj/ice,
il est juste de penser qu'il
fera gloire de vous estre
redevable d'uneaction
glorieuse: expliquons- nous
clairement;ceux qui, (ok
par des raisonsd'estat imâiginaires,
soit par crainte,
soit par conseils seducteurs
>
se sont ingerez de
donner àd'autres qu'à Phi.
lippes V. lenom de Roy
d'Espagne, n'ont peut estrejamais
pensé que vostre
exem ple seroit contre
eux, & non pas poureux;
vous seuls vous avezesté
à faireretentir à haute
voix un Souverain si honorable;)
vousn'avez point
estéesbloüis d'un meteore
passagersvous n'avez point
eu les yeux assez troubles
pour croire qu'il pust y
avoir deux Soleils dans le
Ciel.
C'est un compliment
réciproque qui ne doit
pointestre separé aujourd'huy
vous devez féliciter
,
dans vos coeurs leRoy mon
Maistre surlanaissance de
rln fant, Sa Majesté & le
monde entier quinemanque
jamais de rendre justice
au mérite, doit vous
feliciteràson tour devous
estre signa lez siglorieusement
dans sa juste cause,
entre tant deNationsdifferentes;
je vousassure, Ulustres
&: PuissantsSeigneurs,
que dans tous le
ordres que je reçois duRoy
rien ne m'est plus partieulièrement
recommande
que les assurances de la
tendresse de Sa Majesté
qu'c lle desirevostre bonne
union;&: qu'elle nenégligerarJcn
detour cequi
peut dépendred'elle pour
procurer vos avantages,
ceux de la Religion qui
sont les plus touchans, les
plus saints
,
& sans lesquels
tout secours humain devient
inutile, ceux devostre
liberté, ceux de vostre
honneur; c'est en mesme
tems une grande gloire &
un grand bonheur pour
monministere d'avoir toujours
eu pendant le cours
de 10.annéesle mesme
langageàvous tenir, &de
vous avoir tousjours veu
agir avec le mesme courage
& lamesmevertu.
DISCOVRS
prononcé a la Diette des
Cantons Catholiques par
Son Excellence Monfiignzur
le Comte du Luc,
Marquis de la Marthey
Lieutenant de Roy en Provence
, Commandeur de
l'Ordrede S. Louis, Gouverneur
des lflcs de Pour- cjuerolles,jirnhafjadeur de
Sa Maie/lé prés des Cantons
Suisses, Ligues Crises
& Republique de Palais,
a Lucerne le13. Decembrç
1713.
MAGNIFIQU-ES
- SEIGNEURS,
Le zele qui m'a jusqu'icy
attire à vos Assemblées
¡(a jamais eu d'objet plus
consolant pour moy que le
motif qui vousassemble
aujourd'huy Vous avez
esté témoins de ma douleur
à la veuë des maux
quiont affligé vostre Patrie.
Vous m'avezveuë appliqué
avec ardeur àchercher
avec vous desremedes
propres à les soulager;
Quelle joye ne dois je
point sentir en vous voïant
vou s-mesmes occupez,non
seu lement à les guérir, à
en prévenir les rechutes
en cimentant plus fortement
que jamais parmy
vous cette heureuse Union
qui fut tousjours le plus,
ferme rempart devostre
liberté, 8c dont la Rt'hgiotb
aussi-bien quela saine politiquefont
un devoir in-,
dispensable à tousceux
quile jinêçne.),eulcç & -Autels doi-,
vent unir dans les mêmes
veûës & dans les mêmes
interdis.
Vous concevez la necessité
d'un si pieux & si solide
ouvrage; vous allez
travailler à en retrasser !e
plan& à en restablir les
fondements esbranlez par
les secousses passées; le
Roy mon Maistretousjours
attentif à la felicité
de vos peu ples, regarde ce
bonheur comme une partic
essentielle dusien propre
;& Sa Majesté nedoute
plus de voir bientost
achever par vos mains ce
noble édifice, puisque la
bonne foy
,
la droiture &
la pieté en font les principaux
Architectes. Mais
poury travailler avec fuccez
, rappeliez sans cesse
à vostre mémoire les anciennes
maximes de vos
glorieux Predecesseurs
j
souvenez vous ,
Magnifiques
Seigneurs, des pre
miers temps de vostre liberté,&
n'oubliez jamais
les fages disposîtions que
l'équité de vos Ancestres
apporta autrefois à l'écablissement
de cette fainre
alliance,
alliance,quetant decorps
separez & de Gouvernements
differens ne. faisoit
parmi eux pourainsi dire,
qu'une lcu le alliance&
une seule Republique.
Unis dans un principe
commun ,
ilsconvinrent
que chaque Liac 11e pouvoie
subistler qu'en conservant
les principes particuliers
qui en faisoient
le fondement;ils regarderent
comme un artentat
contre la Providence de
gauchera l'ordre qu'elle
avoitestablie c hez d'anciens
voisins devenus leurs
nouveaux Alliez;ils jugerenr
sagement que ce fèroirun
mauvais moyen de
Ce de ffendre que de commencer
par s'attaquer, &
que la liberté particulière
dévoie estre la baze éternclie
de la liberté genera!
e.Ainsi les Villes demeurerent
Villes, les peuples
demeurerent peuples,
chaque pays conserva sa
forme, ses loix, son autoriré,
& rous enicmble jurèrent
de cormbattre jusqu'à
la mon pour la conservation
des droits & des
Privileges de chacun d'eux
en particuli,er.
, 1. >
1 Quelsur, le fruit d'une
Confédération si prudente
&siéquitable? vos
Annales en font pleines ;
elles n'offrent à vos yeux
que des faits éclatans &
des prodiges de fortune,
presque incroyables. Vous
y voyez par tout des Viçtoires
remportées,desVilles
conquises
,
des ennemis
terrassez
,
des amis
soustenusune Maison orgVvërtlewieforcée
à vous
demander la paix, & des
puissants voisins ravis de
concourir au maintient dc
vostre liberté, travailler
avec vous A rompre vos
chaisnes, & d'achepter
vostre amitié par l'asser,
missement de vostre bonheur
; relisez vos Histoires,
longez à la gloire & à,
la feliciré de vos peres, &
tachez en marchant fous
leurs traces, de devenir
comme eux l'entretien &
radmiration de vos ensans.
Mais permettez- moy de
le dire, MAGNIFIQUES
SEiCNEuRS Cette carrio
ère ou, vous entrez avec
de si justes esperances n'est
encore que la premiers
partie de celle qui vous
reste à remplir avant que
d'arriver au but que vous
devez vous proposer. Travaillez
à vous unir plus
fortement que par le passé
,
mais ne perdez pas
l'envie de vous réunir parfaitement
aveccette autre
moitié de vous mesme
donc une défiance mal
guene sembleaujourd'hui
vousavoir separez Vostre
seureté intérieure
, vos forces
, vostre consideration
ne resident pas seulement
dans les Erats que vous reprefemez
icy ; elle resîde
dans tout le Corps donc
vosAlliez Prott nans font
partie. S'ilsont lemalheur
d'estre né dans le sein d'une
mere différente, vous
devez songer que vous
estes tous en sans d'un même
pere ; que le nom de
Chrétien leur est com-
Bûun avec vous, & que ce
a.am sacré vousimpose
- comme à eux- la necessité
<k vous regarder les uns
& lesautres avec des yeux
defrere, A ce motif, dic
tez par la Religion met.
me , ne refusez pas de
joindre ceux que la raison:
naturel doit vous- suggerer
; vous le sçavez
5
& ils
Je fçavenr comme vous.
Voitreputilanceaussi-biefi
que la Leur n'auroit jamais
pu vous garartir du joug
de vos ennemis mortels,
,
si une union mutuelle ôc
necessaire n'en avoie fait
une digue propre à refitter
aux flots qui menaçoient
sans cesse vostre
chere liberté. Les temps
font changez ,. mais les
îmerefts font les mêmes:
,ilestinutile devous repeter
que dans le corps
politique, aussibien que
.dans le corps humain
,
la
vigueur ne dépend que de
l'étroiteliaison des parties,
& que l'assemblage n'en
peut estre que deffectueux
lorsque que lqu'un des
membres qui le com porent
se trouva malheureusenment
détaché de la place
ce où il doitestre, si les
mouvemens passez ont
latÍié parmy vous quelque
semence de jalousie qui
vous divise de vos anciens
Confederez;siez-vous à la
Providence qui n'abandonne
jamais ceux donc
- les intentions sont droites;
siez-vous enfin à la rendresse
d'un grand Roy
VOitre amy commun, qui
ne souffrira jamais que la
Puissance Helverique soit
affoibli par la desunion,
lorsqu'il ne tiendra qia
ses soins paternels d'y remedier.
1 C'est ce que Sa Majesté
m'ordonne de vous faire
entendre, & je ne fuis
icy en execution de sesordres
, que pour travailler
de concert avec vous à
l'accom plissement d'un
dessein si conforme à mes
plus vives inclinations, &
pour achever de vous convaincre,
MagnifiquesSei
gneurs, duzeleinviolable
qui m'attachera éternellement
à tous les interests
d'une Nation si cherie du
plus grand Monarque de
la terre.
DEVISES
¡
des Jettons de 1714.j
TRESOR ROYAL.
Un fleuve qui aprés
plusieurs cascades entre
des rochers prend un
cours tranquille & coule
en plein canal.
Tacaïopiemus alveo.
PARTIES CASUELES.
La Constellation du NavireArgo.
Non jarllfatalia terrent.
ORDINAIRE
des Guerres.
LaMassuë d'Hercule.
Dnum Hercule robur,
o
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Minerve tenant d'une
main sa pique dans lauelle
sont passées deux
Couronnes muralles, &
de l'autre une branche
d'olivier.
Vtraquetriumvhat.
MARINE.
Neptunequi calme les
flots d'une Mer agitée.
Præftlllcomponereflue?us.
GALERES.
Des Sirennes 6c des
Neréïdes tranquilles au
bord d'une Mercalme.
DaîJedeshabitarecjutetas.
BASTI M ENS.
Le Soleil parcourant
les signes du Zodiaque.
Jllufirat superum domos.
CHAMBRE
aux deniers.
UneColombe.
Ambrofiamdirvis hoecJola
miniftrat.
ARTILLERIE.
Friftinus eftolhsmgor.
ERVDITIONS
sur le fécond mois de
1'année.
FEvrier
est le second
mois de l'année que Numa
ajoustaau Calendrier
de Romulus
,
dont l'annéenestoit
que de dix
mois. On l'appella ainll
du nom de Februus
Dieu des Purifications,J
parce que le peuple se
~puriioit en ce mois; ou
du nom de Junon, Februata,
dont on faisoit
la - Feste en ce mois appellée
la Feste des Lupercales
, dans laquelle les
femmesestoientpurifiées
par les Prestres d_Pall'
de Lycie, appellez Luperques..
C'estoit dans le
,
commencement le dernier
moischez les Romains.
LeVs DC ecemvirs
en firent le second Numa
,
dédia ce second
mois de l'année au Dieu
fcornus,qu'oncroit le
Dieu des Denombremens.
Il falloit dans ce
mois fairele denombrement
de la Republique,
& fairedes sacrifices aux
Dieux des Enfers.
HISTO IRE
de BichonyChienne
favorite de Madame
deP.presèntée par
Bichonmejmeasa belle
Maistressepourfin
Bouquet) lezi. dejanrrjierjour
de sa Fesie.
Ostre Bichon, vostre
chere Maman *
Pour son Bouquet vous
donne son Histoire,
Qui passeroit pour Fable
ou pour Roman
S'il estrien dedisette
à croire.
Quand il s'agit du pouvoir
de vos yeux; Mais puisqu'enfin je les
prefere aux Cieux
Que deformaisnul égard
ne m'arreste,
Je doisl'aveu, mesme en
dépit des Dieux , De vostregloire au jour
de vostre feste.
Gonnoissez-moy iàu$
la peau de Bichoa*
Vous possedez une
Chienne immortelle
Qui , vous adore, & qui
veut fous ce nom
Fuïr le sejour des enfans
de Cibelle
Pourvous servir,pour
vous suivreen tous
lieux;
Pour moy ce fort a d'autant
plus de charmes ,
Que vous pouvez m'aimer
sans qu'à vos yeux
Jamais ma mort puisse
couster des larmes :
Or lisez donc la suite
sansallarmes.
Ce chien fameux, ce
chien de si haut prix
Qui fut donné par Diane
à Procris
y Et par Procrisàson Epoux
Cephale,
Qui s'en feroit heureusement
servi
Si ce beau chien de bonté
sans égale,
Du Dard fataln'avoitestésuivi.
Lelape enfin, c'est son
nom,fut mon pere :
S'il s'affranchit de la dent
de Cerbere
Ovideassez vous en in
formera,
Et comme chien, de tout
ce qu'il sçut faire;
Venons àmoy. Sous le
nom deMoera
Je fus jadiscelebre da,. ns
la Grece,
Chienne n'aima jamais,
ny n'aimera,
Comme j'aimay * ma
! Erigone. 1
premiere Maistresse:
Je la perdis. Quel fut
mon desarroy ?
Jevalus seule un funebre
convoy; J'étourdis tant VQurJe,
v
le Crepuscule,
-
Des jours, des nuits, par
maint perçant abboy,
Mes cris des airs par le
perpendicule
Frappent si fort les oreilles
du Roy,
Qui sur l'Olympe aux
autres fait la loy,
-. Que
Que Jupiter au Ciel
m'immatricule:
Ma loyauté fit un Astre
de moy
Que les Mortels nommerent
Canicule.
Tout l'U nivers sçaitquel
fut mon employ ;
Embraser tout. Mais
certaines années
Je vis pourtant que malgré
tous mes soins
Soit par malin vouloir
des Destinés, Soit autrement,je réüC
fïflois moins.
On frissonnoit quelquefois
fous mon regne >
Quoy de baiser est-il.
temps que je craigne,
M'imaginois-je ? un foir
a Í/"ïl'e::'rt':.[l
( Quand ces pensées me
rendoient triste&
sombre)
Pour mon bonheur vos.
beaux yeux par hazard
Comme un éclair tout
autravers de l'ombre,
Jusques à moy lancerent
un regard.
J'en vis ~paslir les naifsaintes
estoiles,
Et de leurs feux ses flammes
triompher,
Quoiqu'un nuage eut
opposé ses voiles
Je m'en sentis moi-filer.
-- me rechauffer.
Ho! ho! pensai-jeÏlefl
une Mortelle
--
Qui d'un regard peut
mettre tout en feu
Allons la , voir, allons
apprendre un peu
A raffiner nostre metier
prés d'elle.
Voilà comment (jevous
en fais l'aveu)
Je vins chez vous, où
fous cette figure
De
-
me cacher j'eus la
précaution,
Laissant le foin à la Vierge,
au Lion
Pour quelques jours
d'embraser la nature.
Je crus d'abord dans
chacun de vos traits-
Revoir ce Dard du malheureux.
Cephale
Seur de ses coups, Se
dont le but jamais
Ne fut soustrait à sa
pointe fatale..
Vos traits font plus, &C
par leur grand fracas
Dans tous les coeurs il y
doit bien paroistre.
Dessein
,
hazard
, tout
fert à vos appas, Et vous portez bien fouventle
trépas
Où vous n'avez jamais
visé-peut-e.stre1.
Meres tremblez pour
vos adolescens;
Sagesvieillards malgré
vostre bon sens
Dans vos glaçons craignez
de voiréclore
-
Folles ardeurs. Et vous
jeune Procris,
A qui l'hymen paroist
l'amour encore
De ma!Maistresse.efloi.
gnez vos Maris,
Elleestautant à craindre
que taurorer
Dés qu'on la voit pour
tousjours on l'adore:
Telest enfin son empire
charmant
Qu'elle pourroit (chose
impossible à Flore)
Fixer le coeur de son
volage Amant.
De tous vos traitsquand
je fus bien instruite
Un beau matin je meditois
ma fuite
Au Diable zot. Sortir
d'auprés de vous
Qui le pourroit? j'en ai
trouvé le giste
Sibon pourmoy, si commode
)
si doux,
De ses honneurs que je
tiens le Ciel quitte.
Si Jupiter voyoit ce que
je voy , Pour partager vostre lit
comme moy , Jupiter mesme en descendroit
plus viste,
Qu'il ne fit pour Alemene
& Leda j
Jamais l'amour si bien ne
le guida.
Quoyque l'amour fait sa
grande
grande Marotte,
Il paroistroitchez vous *
tel que la Motte
Vient de le peindre au
haut du mont Ida.
Pour moy , mon Ciel
n'est qu'aux lieux où
vous estes,
Aux plus huppez j'y dame
le pion,
Et mets au rang des plus
vilaines bestes
* La Cynosure avec le
Scorpion.
Dans son Iliade,l.7.
PetiteOurse.
Prés de ma Reine orgueilleuxSagittaire
Je ne vous croy qu'un
Archer mal adroit
Prenez chacun quelque
trait de Cithere
Et nous verrons qui tirera
plus droit.
Je vous verrai briller
sans jalousie,
Adieu vous dis Ecrevis-
-
jeyPoissons,
Je mangeicy * soyes gras
Sç Pigeons
* J'en mstémoin le premier del'an,
Qui valent mieux que
la maigre Ambrozie.
REMARQUES
critiquessur cet Ouvrage
très - moderne
par un Schohajte trésancien.
A la belle Maistressê de
Bichon.
SI
vous estes embarraffée
De découvrir le noeud
detoutcecy,
Incomparable Iris voicy
Comme la chose s'eit
pallee.
Ne scachant comment
ni par ou
Faire unBouquetgaland,
honneste,
Et qui fut bien reçu le
jour de vostre feste :
Conseil tenu chez Madame
&Aveu
On appelle Bichon, on
la flatte
) on s'appreste
A faire cet écrit, à le luy
-
pendreaucou;
Et, comme ilse pratique
en toutes les affaires,
On luy graille la patte
avec un Poulet gras,
Dont dejeuina Bichon,
sanss'embarrasser gueres
Des raisons de ce bon , repas. , Hebé qui sçait aÍlner la
plus digne des Meres,
Mais aimer, comme on
n'aime pas,
Et qui doit à ses traits
tout ce qu'elle a d'apas,
Hebedictoit,& le vieil
lolas
Ce tranquille Doyen des
p-auvres Secretaires
Se Tentant rajeusnir
, regaillardidu
cas 1 Tenoit la plume en nouveau
Dubartas
) Qui vain Gascon
, 8c
fier d'entrer dans ces
mysteres
Jusques aux jours caniculai
res
Auroit écrit sans estre
las.
Par M. PJaprat.
ARTICLE
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
T ABL E.
de Sicile. 137
Satire contre les Maris. I45
Mariages.
Trait d'Hifloirejérabe.
Harangue prononcée par M.
le Maquis de Barety Laudy
3
Ambassadeur d'Efpdgne,
au Canton de Lucerne.
117
Discours prononce à la Diette
des Captons Catholiques
par Son Excellence Monseigneur
le Comte du Luc
AmbassadeurdeSaMa-J -jefié prés des Cantons Suifses
Ligues Grises & République
de Valais, a Lu-
TABLE.
cerne le 13. Décembre1715,
2.2.3
Devifes des Jettom de 1714.
243
Eruditions sur le fécond mois
de l'année.2.48
Hijloire de Bichon
,
Chienne
favorite de Madame de P. presentée par Bichon
mcfmeasa belle Maiflreffe
pour son Bouquet, le 2.1. de
Janvier jour de sa Fcfte.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères