1713, 08 (2)

идиа
BIBLIOTHEQU
60
" Les
Faniaines
”
1
S J
CHANTILLY

MERCURE
GALAN T.
AOUST 1713. :
mt Dve
hevilly
inde
UNI
NI
A PARIS ,
M. DCCXIII
Avec Privilege du Roy,
MERCURE
GALANT:
Par le Sieur Du F ***
Mois
ďAoût
1713.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , broché .
A PARIS ,.
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais .
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins,
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ru
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
AvecAprobation,&Privilege du Reia
MERCURE
GALANT.
A S. A. ELECTORALE
Monfeigneur le Duc
de Baviere.
O DE.
UE d'autres chantent
ces Princes
Qui peu maîtres
de leur coeur
,
Août
1713.
A ij
R
4 MERCURE
Ne ravagent des Province
Que pour un frivole hon,
neur :
Je cherche un coeur magna
nime
Qui s'attire nôtre eſtime
Sans troubler nôtre repos.
Un Dieu brillant de lumiere
Me découvre dans Baviere
Ce veritable Heros.
Bien que terrible à la guerre
Sa valeur arme fon bras ,
C'eſt malgré lui que la terre
Voit la fureur des com
bats.
GALANT.
Auffi fage qu'intrepide ,
De l'équité qui le guide
Il n'écoute que la voix ;
Sa bonté prévient l'orage ,
Et ne cede à fon courage ,
Que pour défendre fes
droits.
Animé du plus beau zele ,
Affable , humain , genëreux
,
Par tout où le fort l'appelle
Il fait des hommes heureux..
Plus élevé par lui même
Qu'il n'eft par fon rang fu
prême ,
Sa grandeur eft fans fierté.
A iij
6 MERCURE
Quiconque le voit , l'ad
mire ,
Et ne connoît fon empire
Qu'aux charmes de fa bonté.
Qu'on vante la deſtinée
De ce Tite fortuné ,
Qui crut perdre la journée
Quand il n'avoit rien don
né.
Prince , ta main liberale
Ne fouffre point d'intervale
Qui te dérobe un feul jour.
Merveille au fiecle où nous
fommes !
GALANT.
7
Digne du refpect des hom
(
mes ,
Tu ne veux que leur amour.
Vainement d'intelligence
Avec l'orgueil des Cefars ,
Le fort trompa ta vaillance
,
Et quitta res étendars.
Au deffus de fes caprices ,
Tu foûtins fes injuftices
Sans perdre ta fermeté.
Quels bienfaits tu vas répandre
,
Aujourd'hui qu'il va te rendre
.
Plus qu'il ne t'avoit ôté.
A iiij
8 MERCURE
Je vois le Dieu de la Seine
A tes fpectacles pompeux.
Tout Paris eft dans Surêne
Où tu raffembles les jeux.
Un monde qui t'environne
Vole autour de ta perfonne
,
Te fuit du coeur & des yeux .
Les Mufes t'y font hommage
:
Par ta prefence
un village
Devient
le féjour
des Dieux
..
Là ranimant les delices
Dont Mars émouſſoit les
traits ,
Par d'agreables premices
GALANT. 89
Tu nous fais goûter la paix.
Dans cette heureuſe con .
trée
Je la vois avec Aftrée
Suivre un genereux guer
rier .
La rivale de Bellonne
Elle même te couronne
Et joint l'olive au laurier.
Que l'Allemagne perfifte
A te difputer tes droits ,
Eft- il plus rien qui refifte
Au plus grand de tous les
Rois ?
Le Ciel prend foin de fa
gloire ;
16 MERCURE
Denain a vû la victoire
Retourner fous nos dra.
peaux.
Germains , craignez fa puif
fance ,
Er n'appellez point la Fran-”.
ce
A des triomphes nouveaux.
MARIAGE.
Le 31. Juillet 1713. le Comte
de Pontchartrain , Secretaire
d'Etat , & Com .
mandeur des Ordres du
Roy , époufa à Pontchartrain
Mademoiſelle de Lau
GALANT.
befpine de Verderonne
M. l'Evêque de Chartres
les a mariez .
M. de Pontchartrain eft
fils unique de M. le Chancelier-
Garde des Sceaux de
France , Commandeur des
Ordres du Roy , Miniſtre
d'Etat ; & de Madame la
Chanceliere , qui eft de la
Maifon de Maupeou
.
;
M. le Chancelier eft
fils de Louis Phelypeaux ,
Seigneur de Pontchartrain
, Conſeiller d'Etat ,
& Prefident des Comptcs
, qui étoit fils de
IL MERCURE
Paul Phelypeaux , Seigneur
de Pontchartrain , fait Se
cretaire d'Etat par Henry
le Grand .
Paul Phelypeaux fur en
voyé à Londres , y traita &
conclut la paix avec les
Princes , & fur Plenipotențiaire
du Roy au Traité de
Loudun .
Il y a eu dans cette Maifon
huit Secretaires dEtat ,
& cinq Commandeurs des
Ordres du Roy.
Leur genealogie fe trou
ve dans tant d'ouvrages &
d'archives de differens Or
4
GALANT .
13
dres de Chevalerie , & eft
fi connuë aufli bien que
leurs grandes alliances &
les fervices qu'ils ont ren
dus à l'Etat , qu'il eft inutile
d'en parler ici ; de plus en
leur donnant les éloges qui
leur font dûs , je craindrois
de bleffer la modeftie attachée
à leur Maiſon.
Mademoifelle de Verderonne
s'appelle Helene Angelique
Rofalie de Laubefpine
. Elle eft fille de
-
Claude- Eftienne de Laubeſpine
, Comte de Verderonne
, tué à la bataille de
14 MERCURE
Fleurus ; & de Marie- Anne
de Feſtard , heritiere de
Beaucourt , d'une ancienne
nobleffe de Picardie , qui a
pris des alliances dans les
Maifons de Rubempré , de
Rivery , de Carvoifin - d'Achy
, & plufieurs autrès des
plus anciennes de cette
Province.
Quant à la Maiſon de
Laubefpine , elle eſt fort
ancienne , & illuftrée depuis
prés de deux cens ans
des premieres & principa
les dignitez de l'Etat . Elle
a donné à l'Egliſe pluſieurs
GALANT. 13
Prelats confiderables , un
Garde des Sceaux de France
, deux Chanceliers des
Ordres du Roy , quatre
Commandeurs des mêmes
Ordres , deux Secretaires
d'Etat fous les Rois François
Premier , Henry II . &
lous François II . & Charles
IX . plufieurs Confeillers
d'Etat , & des Ambaffadeurs
dans les principales Cours
de l'Europe : & fans entrer
dans le détail des degrez au
deffus de l'an 1500. on remarquera
feulement que
Claude de Laubefpine, Sci16
MERCURE
gneur d'Erouville , épouſa
ruyer ,
l'an 1507. Marguerite le Ber
Dame de la Corbiliere
, & que de cette alliance
fortirent , entr'autres
enfans , Claude de Laubefpine,
Baron de Châteauneuf
, premier Secretaire
d'Etat , qui a fait la branche
des Marquis de Châteauneuf-
Surcher , alliée dans
les Maifons de la Châtre ,
de Neufville - Villeroy , de
S. Chaumont , de Volvire,
Ruffec, de Cochefilet Vau
celas , de Rouvroy- faint-
Simon , & de Beauvillier
&
GALANT . 17
*
& Gilles de
Laubefpine ,
qui a fait la branche
des
Marquis
de Verderonne
. Il
pere de Claude de Laubeſpine
, Seigneur de Verderonne
,
Commandeur &
fut
Secretaire des Ordres du
Roy , marié l'an 1593. avec
Loüife Pot , fille de Claude
Seigneur de Rodes & de
Chemaut, Commandeur &
Prevôt des Ordres du Roy ,
Grand Maître des Ceremo
nies de France ; & de Jacqueline
de la Châtre , de
laquelle il eut Louiſe de
Laubeſpine , mariée à Jean
Août
1713.
B
18 MERCURE
de Montberon , Comte de
Fontaines- Chalendray ; &
Charles de Laubeſpine
Seigneur de Verderonne
Ambaffadeur en Suiffe
Chancelier de Gafton Duc
d'Orleans , & marié avec
Marie le Bray de Flacourt.
Il en cut Claude de Lau
befpine , Marquis de Verderonne
, qui époufa He
lene d'Aligre , fille d'Etienne
d'Àligre Chancelier de
France , & petite- fille d'au
tre Etienne d'Aligre , auffi
Chancelier de France. De
ce mariage fortit le pere de
GALANT . 19
Madame la Comteffe de
Pontchartrain , comme il
été remarqué ci - devant.
Ceux qui voudront en
être inftruits plus amplement
, pourront avoir recours
à l'hiſtoire des Chanceliers
& Gardes des Sceaux
de France , par Antoine du
Chefne ; & à l'hiftoire des
grands Officiers de la Cou
ronne & de la Maifon du
Roy, par le Pere Anfelme,
de l'édition de 1712 .
***
Bij
20 MERCURE
RA:ARAKA : RI
Pour Mademoiſelle de...
le jour de fa Fête.
C'Eft la Fête d'Ifabelle,
Mufe , il me faut un bou
quet :
Toy que rarement j'appelle
,
Affile- moy le caquet.
Dieu des Vers , je veux
pour elle
Fafer
comme un
perroquet
GALANT 21
Et, montéfur ton criquet,
Galoper à tire-d'aile.
Soutiens - moy fi je chan
a
celle ;
Sur-tout prends foin de
la
felle
Où j'attache un plein pa
quet
Des vertus de ma pucelle.
Si tu veux en ratourci
Sa figure , la voici.
Taille entre humaine &
divine
Ni trop groffe , ni trop
fine s
22 MERCURE
Lesyeux beaux , la bouche
auffi;
Pour le nez, couffi, conffi:
Mais je l'aimebien ainfi.
Je dirai de fon oreille
Qu'elle eft & fraiche &.
vermeille
,
Sur-tout quand la belle
rit,
Ou bien quand elle rougit.
Sa gorge est une merveille
Et , fans la peindre en
détail ,
GALANT. 2
C'est albâtre , c'eft émail. »
Pour le resteje m'en doute;
Car ma foy je n'y vois
goute ,
Et fi mon instinct dit
orai ,
C'est corail , yvoire
geai :
&
Mais il eft certaines chofes
Quipour moy font lettres
clofes.
Voila pour le corps.
dit s
J'ai
Voyons maintenant l'efprit.
24 MERCURE
Moins qu'une autre elle
s'en pique :
Vif & doux , fimple&
fans fard,
Il n'emprunte rien de
l'art ,
Comme nature il s'expliques
Quand elle parle il pa
raist ,
Et quand même elle fe
taift.
Je voudrois , comme du
refte ,
De
GALANT.
23
De fon coeur dire du bien :
Pour ne point trahir le
mien
,
L'éloge en fera modefte.
Je fai qu'il eft genereux
,
Il eft tendre , je le veux ;
Ce qu'on en dit je l'avonë
,
Et j'endirai bien autant :
Mais à regret je le louë ,
Et je n'en fuis pas content.
4
Fai mes raifons pour le
dire
'Août
1713 .
C
26 MERCURE
Elle fçait ce qu'il en eft ,
Elle n'en fera que rire ,
Et c'est ce qui m'en dés
plaift.
Sus , allons , bride Pegaſe
,
Et prenons garde aux écarts;
Qu'on s'en moque , qu'on
en jaſe ,
Me voila monté, je pars :
GALANT. 27
鮮海鮮涵涵涵滾滾滾滾滾
LA TABATIERE
d'or.
NOUVELLE.
' Par Monfieur de L * *.
ON a parlé fi diverfement
de la Tabatiere
d'or , qu'on croit faire
plaifir de rapporter ce
qui peut avoir engagé
beaucoup de railleurs à
plaifanter aux dépens de
la belle Provinciale qui
Cij
28 MERCURE
avoit un procés auGrand
Confeil. Voila du moins
ce qu'elle a avancé aux
perfonnes qui lui offroient
du fecours & des
follicitations fi le pretendu
procés ne s'accommodoit
pas . La belle
Provinciale , qui a eu
des raiſons pour fe dire
de Bordeaux plûtôt que
de Toulouſe , où l'on
fçait certainement qu'
elle eft née , a demeuré
à Paris quatre mois ,
GALANT.
29
chez une femme qu'elle
appelloit fa tante . La
bonne tante , qui eſt encore
jeune , & point ennemie
des gens galans &
polis , a trés-bien reçû
pour elle & pour ſa niece
toutes les offres de fervices
qu'on leur a faites.
Un jeune Marquis , trésfpirituel
& trés-aimable,
ayant trouvé la niece
fort à fon gré , a imaginé
tout ce qu'il a pû pour
Jui plaire ; parties de Co-
C iij
30 MERCURE
medie , d'Opera & de S.
Clou ont été mifes en
uſage. On ne marchoit
que fous les étendars de
la tante , dont le plus
grand foin paroiffoit celui
de lorgner une tabatiere
d'or qui appartenoit
au Marquis , &
de la garder fouvent
des deux & trois jours ,
difant qu'elle aimoit
beaucoup le tabac, Les
amis du Marquis , qui
voyoient le train qu'on
GALANT.
faifoit prendre à ſa tabatiere
, en railloient
avec lui , & nedoutoient
aucunement qu'elle ne fe
perdît , ou qu'elle ne s'égarât
entre les mains de
la tante ou de la niece .
Une Comteffe , qui aimoit
le Marquis , & qui
en avoit été éperdûment
aimée , ne vit qu'avec
grande peine fon attachement
pour la belle
Provinciale. Elle fçavoit
les emprunts de la taba-
C iiij
32
MERCURE
tiere , & étoit la pres
miere à dire au Marquis
qu'elle couroit de grands
rifques . Il repartoit toutjours
qu'il la facrifieroit
volontiers , s'il ofoit feulement
efperer ce qui
excitoit l'envie de fes
amis , & la jalouſie des
Dames qui parloient mal
à propos
de la belle Provinciale
, qu'il affuroit
être la plus fage de toutes
les Dames qu'il eût
jamais connuës . Les cho
GALANT.
33
fes en étoient là , quand
la Comteffe , aprés y avoir
bien penſé , pria un
ami' commun d'elle &
du Marquis d'emprun
ter pour quelques jours
la tabatiere , fous pretexte
de s'en faire honneur
auprés d'une Dame
à qui il s'étoit vanté
d'en avoir une de quatre-
vingt piftoles . L'a
mi du Marquis , à qui
la Comteffe ne demandoit
que le fecret de ne
34 MERCURE
dire jamais à perſonne
qu'elle cuft cu part à fon
emprunt , n'eut pas de
peine à lui promettre
cette grace ; & dés qu'il
eut la tabatiere , il l'apporta
à la Comteffe , qui
avoit un homme tout
preſt pour la porter chez
Rondet , avec qui il convint
du prix de cinq pif
toles , pour en avoir une
de tombac qui la contrefift.
L'ouvrier
qui l'entreprit
y reüffit fi bien ,
GALANT.
35
que la Comteffe charmée
d'avoir de quoy duper
fa rivale , prit auſſi
le train d'emprunter la
tabatiere d'or : & quoique
le Marquis fuft fort
aife qu'elle pluft à tout
le monde , il fe faifoit
neanmoins
un merite
auprés de la belle Provinciale
de ne la laiffer
jamais plus d'un jour à
la Comteffe , qui ne la
rendoit auffi qu'en difant
, que tous les amis
36
MERCURE
a
étoient furpris qu'il ne
l'euft pas encore donnée
à la belle Provinciale
pour gage de la grande
paffion. Le Marquis ne
recevoit pareilles plaifanteries
qu'avec un air
à faire croire qu'il defeſperoit
de ſe voir bien
traité de fa belle : mais
la fupercherie de fa rivale
donna des foupçons
du contraire; car la Comteffe
finiffant
un jour une
partie d'ombre avec le
GALANT.
ر ف و ت
Marquis , tira de fa poche
la fauffe tabatiere ,
& la laiffa fur la table
où l'on avoit joüé , en
paroiffant vouloir donner
des ordres à une
femme de chambre qu'
elle avoit fait venir . Le
Marquis prit la tabatiere
fans rien dire , & fortit
pour ſe rendre
chez là
belle Provinciale , où il
trouva un de fes amis
qui entretenoit la bonne
tante. Il crut , dés en y
38 MERCURE
arrivant , que ſa belle le
recevoit mieux qu'à l'ordinaire
, & lui montra
gaiment fa tabatiere , difant
qu'il venoit de la
retirer par un heureux
hazard des mains d'une
Dame qui paroiffoit en
avoir beaucoup envie :
mais que fon intention
étoit de ne la plus prêter
qu'à la feule perfonne
qu'il aimoit. La belle
Provinciale , qui écoutoit
avec grand plaifir
GALANT
39
cette declaration , affecta
de ne recevoir la tabatiere
qu'en cedant à la
violence dont il ufoit
pour la mettre dans la
poche. Le jeu de la conteſtation
excita un combat
dont le Marquis eut
tout l'honneur , & la
belle ne fe trouva pas
malheureufe d'en remporter
la tabatiere . Elle
ne s'en fervit plus cependant
depuis comme elle
avoit accoûtumé
, & le
40 MERCURE
Marquis
, qui n'en étoit
pas content
, difoit
à tous
ceux
qui
lui demandoient
ce qu'étoit
devenuë
ſa tabatiere
, qu'elle
étoit chez une fort aimable
veuve , qui avoit
la vanité de ne la pas
montrer , de peur apparemment
qu'on le crût
heureux . Ce nom de veuve
, que la Provinciale
entendoit donner par le
Marquis à la Dame qui
ayoit ſa tabatiere , ne lui
1
plut
GALANT.
plut pas ; elle croyoit lui
avoir montré affez de
quoy pretendre au nom
& à la qualité de fille
dont elle ſe paroit : mais
il n'en rabattoit rien , &
la veuve étoit devenue
l'objet éternel de tout ce
qu'il avoit de malin à
debiter. Le Marquis
manquoit là de delicareffe
& de condefcendance
pour l'opinion
que toutes les filles veulent
qu'on ait de leur
Août
1713.
D
42 MERCURE
conduite paffée ; car il
n'y en a aucune qui ne
fe croye égale aux plus
fages & aux plus refervées.
La belle Provinciale
, qui voyoit le Marquis
penfer autrement ,
ou fatiguée de fes difcours,
ou par mépris pour
fon gage , pria un ami
de lui prefter cinquante
piſtoles fur la tabatiere,
L'ami la fit voir à un
orfevre , qui lui rit au
nez , en l'aſſurant que là
GALANT.
43
tabatiere n'étoit que de
cuivre. Il la rapporta fur
le champ à la belle Provinciale
, & lui redit ce
que l'orfevre venoit de
lui dire. Sa furpriſe fut
fi grande , qu'elle la renvoya
à l'inftant au Marquis
, avec le billet que
voici.
Je fuis hors d'état de
vous rendre moy - même
votre tabatiere de cuivre ;
vous avez eu grand tort
Dij
44 MERCURE
de me la faire recevoir
avec violence . Je vois bien
que je fuis votre dupe
mais je m'en vangerai
bientôt , ou je mourrai
dans la peine
.
Le Marquis reçut fa
tabatiere avec grande
demonftration de joye ,
que la lecture du billet
rendit courte; car en examinant
de prés la tabatiere
, il reconnut
que
ce
n'étoit
pas la fienne
, &
GALANT. 43
indigné du tour qu'il s'imagina
que lui joüoit læ
belle Provinciale , il lui
écrivit ce qui fuit .
Je comptois bien ne re
voir jamais ma tabatiere
: mais en m'en envoyant
un modele , vous
devie ne me l'annoncer
que pour ce qu'il eft : je
naurois pas dú alors me
vanter que vos prefens
n'ont aucune proportion
avec celui que je vous ai
46
MERCURE
de ne
fait. Favois auffi deßein
de me corriger ,
vousplus appeller ma veuve
: mais je ne m'en dédirai
jamais , & je vous
confeille de ne me pas obliger
à en dire davantage.
La belle Provinciale
avoit paru moins indignée
à la découverte de
la tabatiere de cuivre ,
qu'à la lecture de la réponſe
du Marquis , qu'-
elle laiffa fort impruGALANT.
47
demment fur un fopha ,
où dés le jour mefme
elle fut trouvée par un
jeune fou , qui la mit
dans fa poche , la montra
, & en donna des copies
à tous les gens de
fon efpece. Le Marquis,
à qui on fe faifoit un
plaifir de les montrer ,
ne douta pas que la belle
Provinciale ne l'eût livré
au public , & il ne
crut pas fe pouvoir jamais
juftifier qu'en mon28
MERCURE
trant la tabatiere de cuivre
& le billet qu'elle
lui avoit écrit. La jaloufe
Comteffe attentive au
dénoûment de fa piece ,
& ravie qu'elle cuft
rcüfli , cut encore la malice
de faire de grands
reproches au Marquis
fur les manieres qu'il
avoit pour une belle qu'il
avoit beaucoup aimée ;
& avant qu'il la quittât
, elle lui demanda
quel prix il donneroit à
la
GALANT. 49
la perſonne qui lui rendroit
fa tabatiere d'or.
Joüez bien vôtre rolle ,
lui dit - elle , & venez
fouper aujourd'hui avec
moy , vous y trouverez
de quoy vous conſoler.
Ce difcours fit un veritable
plaifir à l'amant
chagrin & inquiet car
faifant reflexion aux effets
que peuvent avoir
l'amour & la jalouſie ,
il fe perfuada aisément
que la Comteffe lui avoit
Мой: 1713 .
E
MERCURE
joué le tour. Il revint
chez elle deux heures
avant fon fouper , & cut
tête à tête une audiance
fi favorable , qu'aprés
avoir bien plaifan +
céil fentit fa tabatiere
L
dans fa poche. Il publia
dés le lendemain qu'il
l'avoit retrouvée par une
efpece. d'enchantement ,
& il pria fes amis de lui
trouver des Dames qui
vouluffent avec pareil
rafinement de jaloufic
GALANT.
FR
lui friponner la tabaticre
, & la lui rendre avec
pareil excés d'amour.
Premiere Question.
Si la prefence de ce
qu'on aime caufe plus de
joye que les marques de
l'indifference ne donnent
de peine.
Réponſe .
C'est un tourment d'aimer
fans être aimé
de même:
Mais pour un bel objet
E ij
$2 MERCURE
quand l'amour eft
extrême ,
Quels que foient fes regards
, ilsfont toujours
charmans,
Et fi l'on s'en rapporte aux
delicats amans ,
Fuft- on tyrannisé par celle
qui nous aime ,
Le tyran nous feroit ou
blier ce tourment.
Seconde Question.
Quel eft l'embarras
d'une perfonne , quand
GALANT.
53
fon coeur prend un parti
, & ſa raiſon un autre
.
Réponse.
On ne peut exprimer le
trouble où l'on s'expofe
Lors qu'en aimant le coeur
prend unparti
Où la raifon s'oppofe ;
Souvent cette cruelle eft
caufe
Qu'onfe repent de s'être
affujetti
Aux douces loix qu'un
E iij
$4 MERCURE
tendre amour impoſe :
Mais enfin quoy qu'on fe
propoſe ,
On fe repent toujours de
s'être repenti
.
Troifiéme Question .
Si l'on doit hair quelqu'un
de ce qu'il nous
plaît trop , quand nous
ne pouvons lui plaire.
Réponſe .
Quand ce qui nous plais
trop nefentpoint notre
peine ,
GALANT
SL
Que ponrtoucher fon coeur
notre tendreffe eft
vaine ,
Et qu'on voit que rien ne
l'émeut ,
Pour fe vanger d'une inbumaine
Doutez- vous ſi j'on doit
allér jusqu'à la
baine ?
Ha !fans doute on le doit ,
& le dépit le veut :
Mais je ne fçai fi l'on le
peut.
E.iiij
5.6 MERCURE
Quatriéme Question.
S'il eft plus doux d'aimer
une perfonne dont
l'efprit eft préoccupé ,
qu'une une autre dont le
coeur eft infenfible .
Réponſe.
Il n'est point de mépris qui
ne foit rigoureux:
Mais c'est un moindre
mal de fe voir amoureux
D'une
beauté pour tous
inexorable ,
GALANT
32
Que d'un objet qui brule
d'autres feux.
La gloire eft grande d
vaincre une infenfible
aimable :
Mais du moins en asmant
fi l'on est miferable
,
On n'a point de rival
heureux.
Cinquiéme Question.
Si meriter d'être aimé
confole du chagrin de
ne l'eftre pas.
MERCURE
Réponse.
Quand d'un coeur qu'on
attaque on manque la
victoire ,
Ce qu'on a de merite
beau paroître au
jour ,
Le merite fuffit pour contenter
la gloire:
Mais il ne fuffu pas pour
confoler l'amour.
GALANT
19
Article des
Enigmes.
Parodie de la
premiere
Enigme
, dont le mot
eft un
Maquereau .
Maquereau frais brillant
dans la faifon nouvelle
Suit de prés l'hirondelle.
Vous ,
Peintres , le voyant
blanc , bleu , verd,
violet;
Vous qui fçavez l'effet
du
mélange en peinture
,
60 MERCURE
Apprenez moy pourquoy,
virmeil par l'encolure ,
Le gril de fer le rend jaune
, noir , blanc de
lait ;
Enfuite un furtout noir
finit fa destinée.
Sauce noire eft fouvent
aux maquereaux
donnée .
A de mauvais plaifans
infpirans le bon mot ,
Maquereau fait railler:
( équivoque de for )
'Mais raillerie à part , il
GALANT.
a
pique les gens chiches,
Qui l'ont à bon marché ,
parfois mefme à
credit.
Il est plus doux fans contredit
Quand il eft frais & cher
3 vendu pour les gens
riches.
Avec force il agit fur les
plus pareffeux ;
Tant pis pour eux.
XX
62 MERCURE
Parodie de la feconde
Enigme.
F'habite une folide & vivante
maison ;
C'est l'écaille de l'huitre ,
ou la perle en prifon.
Gens qu'on appelle oififs
la mettent à la chaine.
Enfiler perle eft le di-
&
ton ,
les
ge
Que tous les
gens
oififs
devineront fans peine.
Le fer qui de la perle
tranfpercé le flanc
GALANT.
63
Ne lui fçauroit tirer de
fang.
Quoique le fangfous moy
coule en plus d'une
veine .
De cent petits rameaux
gorge de femme eſt
pleine.
L'oeil brillant de la perle
fonteins d'argent A
wif
Attirent les defirs du Cor
faire du Juif,.
Qui pour l'avoir montent
l'efquif.
64 MERCURE
Lorfque de deux beaux
Jeux tu vois couler
des larmes
,
Perles fortent des yeux ,
c'eft la comparaiſon
Aux romans jadis de faifon
,
Amant, fouviens- toy de
mes charmes :
Mais s'en fouvienne qui
voudra ,
Quelque mauvais Poëte
affè s'en fouviendra,
Cette derniere Enig
me
GALANT. 65
me n'eft pas des meilleures
; celle- ci vaut mieux ,
& fera plus difficile à
deviner.
ENIGME
nouvelle .
Dans un lieu qui
reffemble
aux coffres de la
Chine ,
Où notre allure on examine
Devant un Juge
glapif
fant ,
Août
1713.
F
66
MERCURE
Un homme enfueur nous
jugeant,
Dans de fombres cachots
nous fait entrer de
force,
Aux dépens quelquefois
de noftre tendre
écorce
,
Et fans avoir deßein de
nous faire perir,
Nous coupe adroitement
pour nous faire
mourir
,
Et fait crier à pleine tête
Des quidans qui par nous
GALANT 67
tâchent de fe nourrir
Sans coup ferir.
De maint hboonnnnêêtteess gens
nous faifons la manie ,
Ilsfe plaifent à voir notre
peau bien unie ;
Celui qui nous
tourmente,
belas! s'en réjouit ,
Et nous tourmente
moins
quand lejour l'ébložit. s
QUESTIONS
.
Perfonne n'a répondu
aux queſtions du mois
precedent ; cela eft fi
F. ij
1 .
68 MERCURE
honteux pour le Mercure
, que pour éviter pareille
honte au mois prochain
,j'ai mis dans celuici
les queſtions avec les
réponſes toutes faites . Je
prie les curieux de queftions
de me les envoyer
comme ceux- ci ont fait ,
3
avec les réponſes au bas ;
car je n'ai plus le temps
de répondre moy-même,
quand les réponſes me
manquent , & je crains
qu'elles ne memanquent
fouvent .
GALANT.
Tranchée de la nuit du 24.Juil
let , autres jours fuivans.
Le24. Meffieurs
De S. Fremont , Lieutenant
general.
Le C. de la Macq , Maréchal
de Camp.
Et Nonon , Brigadier.
Regimens.
Navarre ,
Sailliant ,at
Medoc ,
3. bar
.
Souches ,
D'Albergotty.
Bourc .
Dherlin .
Le25. Meffieurs
70 MERCURE
Regimens.
La Marine
Orleans ,
Perigord ,
Saintonge ,
Dilon ,
Le 26. Meffieurs
D'Hautefort.
Verac .
Regimens.
Barnhoel.
Tallart ,
Allace ,
Hefy,
Le 27. Meffieurs
Surville.
Maulevrier.
3.
2.
GALANT
Cebret.
Broffe ,
Regimens.
Bourbon ,
Vermandois ,
Sörbec ,
Le 28. Meffieurs
Dauvray.
De Broglio.
Hoel .
Regimens.
Poitou ,
amat
Roüergue ,
Villars ,
Flandres ,
Le 29. Meffieurs
Deſting.
$2.
2 MERCURE
Roth .
Regimens.
Brillac.
Dauphin ,
Brendelay ,
Chartres ,
Perry ,
Le30. Meffieurs
De Chelader.
.
De Mortemart .
Montbafon .
Regimens.
La Gervafais ,
Provence ,
3.
I.
2 .
Toulouſe ,
201
Auxerrois ,
Royal - Baviere ,
2 .
Comme
1
GALANT . 73
Comme on n'avoit
pas dans le Mercure precedent
une relation exa-
&te ni étendue de cette
entrée , on n'en a pû
dire que deux mots en
attendant celle- ci .
Relation de l'entrée de M. le
Duc d'Aumont, Ambaßad: ur
extraordinaire de France, à
Londres le 20. Juillet 1713.
LETTRE DE LONDRES.
J'ai reçû , Monfieur , vos
deux lettres du 2. & du 9 .
Juillet & ; pour fatisfaire
Août 1713. G
74
MERCURE
avant toutes choſes à vôtre
curiofité fur l'entrée publi-.
que de Monfieur le Duc
d'Aumont , j'aurai l'honneur
de vous dire que ce
fut Mercredi 12. de ce mois,
& le premier du vieux ſtile .
Nous nous étions tous rendus
à Grenwich , dans la
maifon de Monfieur Robinſon
, Capitaine du yacth
qui nous a amenez de France.
Monfieur le Duc y avoit
envoyé dés la veille
tous fes Officiers , pour y
preparer un magnifique déjeûner.
Entre midi & une
GALANT.
75
heure Milord Comte de
Skardel , accompagné de
fix Gentilshommes de la
Chambre privée de la Reine
, vint faire à Son Excellence
compliment ſur ſon
heureuſe arrivée dans le
Royaume.Monfieur
le Duc
defcendit trois marches de
l'efcalier pour le recevoir
& lui donna la droite jufqu'à
la chambre , où il y
avoit deux fauteuils , fix
chaiſes pour les fix Gentilshommes
, & une autre chaife
à main gauche
, & un peu
derriere le fauteuil de M. le
G ij
76
MERCURE
Duc , pour M. le Chevalier
Cotherel Maître des Ceremonies.
Le Comte eut la
place d'honneur , & fe couvrit
avec fa fuite . Il n'y eut
de nôtre part que M. le
Duc & le Maître des Ceremonies
qui furent affis &
Couverts.
D'abord aprés le compliment
Son Excellence propofa
à Meffieurs les Anglois
d'aller déjeûner , & leur
donna toûjours la droite
jufqu'à la falle de l'ambigu ,
qui fut des plus fomptueux,
fur deux tables de
quarante
GALANT.
77
couverts , où l'on ne s'affit
pas , chacun mangeant debout
& à la place où il fe
trouva. Sur les trois heures
on fortit de la maifon de
M. Robinſon , & depuis ce
moment- la les François eurent
toûjours la droite . On
traverfa , pour gagner le
port , plufieurs rues parfemées
de fleurs & la cour de
l'Hôtel desInvalides, où l'on
trouva les foldats fous les
armes , les tambours battant
aux champs , le Gouverneur
à la premiere porte
avec tous les Officiers , qui
G iij
78 MERCURE
vinrent faire cortege à M.
l'Ambaffadeur . Toutes les
berges de la Reine étoient
là à nous attendre . Rien
n'eſt plus propre , ni plus
galant ; ce n'eft en dehors
que fculpture & dorure , &
le dedans eft tapifſé de velours.
Celle où entra M. le
Duc , avec le Milord qui le
conduifoit , étoit fuperbe &
dorée juſqu'à l'eau : elle n'avoit
jamais fervi à aucun
Ambaffadeur. Tous les
yacths de la Reine , moüillez
prés de Grenvvich , avoient
arboré tous leurs
GALANT. 79
pavillons ; il y en avoit tout
le long des cordages , &
j'en comptai à un feul plus
de cinquante qui jouent au
gré des vents. Ils faluerent
de tous leurs canons la berge
de Son Excellence , &
tous les autres bâtimens
dont la Tamiſe eft couverte
étoient pleins de monde
juſqu'au haut des mats :
ce n'étoient que chapeaux
en l'air , & que cris reïterez
de houfay, houfay , hou
Say
On arriva vers les quatre
heures au pied de la
Giiij
80 MERCURE
Tour de Londres. Milord
Comte de Northampton ,
Connêtable de la Tour ,fuivi
du Commandant & des
principaux Officiers , fe
trouva au bas de l'escalier
du gay pour recevoir M. le
Duc , & lui prefenter la
main au fortir de fa berge.
Il lui fit compliment de la
part
de la Reine , & le conduifit
au caroffe de Sa Majeſté.
C'eſt un honneur qui
n'avoit pas encore eu d'exemple
, & nul Ambaſſadeur
n'avoit été reçû juſ
qu'à prefent que par le
GALANT.
Commandant de la Tour.
Tout le quay étoit bordé
par les gardes de la Reine ,
la bayonnette au bout du
fufil , les enfeignes déployées
, les tambours battant
aux champs , tous les
Officiers à leurs places &
faluant de l'eſponton : autre
diſtinction fons exemple ;
& qui n'a été accordée qu'à
M. le Duc d'Aumont.
Quand on fortit de la
Tour , tout le canon nous
falua au nombre de cent
quatre pieces. Voici l'or
dre que l'on garda.
82 MERCURE
Il y avoit à la tête une
trentaine d'Anglois parfaitement
bien montez ; ce
font les marchands & les
ouvriers qui fourniffent
l'Hôtel de Son Excellence .
Ils étoient fuivis des gardes
de M. le Chevalier Maréchalde
la Maifon de la Reine
, qu'ils precedoient.
M. le Chevalier Englich,
Maréchal des Ceremonies ,
lequel étoit dans le caroffe
de Milord Comte de Skardel
,
par
marche
.
où commençoit la
Enſuite les quatre Suiſſes
GALANT. 83
de M. le Duc fur des chevaux
, & aprés eux les trente
valets de pied de M. le
Duc , qui n'a voulu que ſa
feule Maiſon , & n'a pas
pris un feul homme de parade.
Enfuite deux écuyers fur
les plus beaux chevaux
d'Angleterre , à la tête de
douze pages , tous Gentilshommes
, parmi lefquels il
y a des Chevaliers de Malte.
Entre les deux files de
leurs chevaux il y avoit un
Ecuyer à cheval pour les
conduire.
MERCURE
Six palfreniers à cheval ,
qui menoient des chevaux
de main ; deux autres Gentilshommes
de Son Excellence
marchoient à cheval
immediatement devant le
caroffe de la Reine , dans
lequel étoit M. l'Ambaſſadeur
, Milord Comte de
Skardel , nommé Ambaſſadeur
à la Cour de Vienne ,
le Secretaire de nôtre ambaffade
, & le Maître des
Ceremonies.
Un fecond caroffe de la
Reine pour les fix Gentilshommes
de fa Chambre ; le
GALANT.
83
caroffe du corps de Son Excellence,
attelé de huit che.
vaux gris- pommelez , couverts
de harnois dorez , les
crins treffez de rubans cramoify
, avec des aigrettes
de plume fur la tête. Ce caroffe
étoit vuide , toutes les
glaces levées , fuivi de quatre
caroffes à huit chevaux,
appartenans à Son Excellence
, & de cinq autres caroſſes
à fix chevaux appartenans
à des Gentilshommes
de fa fuite , dont les cochers
& poftillons avoient
la livrée de M. le Duc . Tous
86 MERCURE
les domestiques de ces
Gentilshommes accompagnoient
à pied ces dix caroffes
: ils étoient habillez
de furtous rouges , unifor-
& formoient une
mes
nombreuſe livrée.
Aprés toute cette pompe.
fuivoient les caroffes à fix
chevaux des Seigneurs Torris
qui y avoient envoyé
tous leurs gens , & je crois
qu'il y avoit bien cinquante
caroffes.
En arrivant à Sommerfet
Houſe Son Excellence trouva
dans la cour une compaGALANT.
87
gnie des Gardes de la Reine
fous les armes , comme
à la Tour , & toutes les
trompettes de Sa Majeſté ,
qui avec les timbales &
tambours fonnoient des
fanfares fur la terraffe . Il
ne fut plus permis à qui que
ce foit de nôtre livrée d'entrer
dans les appartemens
,
& Son Excellence n'eut
plus d'autres Officiers que
ceux de la Reine. La falle
des Gardes fe trouva bordée
de trente ou quarante
Hoquetons en toque & en
habits de ceremonie , la ha-
A
18 MERCURE
lebarde à la main , & ils
n'en font pas fortis jufqu'à
Samedi aprés l'audience.
Le Comte de Skardel
conduifit M. le Duc dans
fon appartement , & l'en
mit en poffeffion ; & aprés
lui avoir fait un fecond
compliment au nom de la
Reine , M. l'Ambaffadeur
le reconduifit juſqu'à fa
chaiſe à porteurs en lui
donnant à fon tour la main .
Un moment aprés arriva
Milord Comte de Vvindfor
, que Son Excellence
alla recevoir jufques dans
la
GALANT.
la premiere falle , en lui
donnant la droite & la pla
ce d'honneur dans la chambre
d'audience. Le Comte
s'affit , & fe couvrit en mê
me temps que M. le Duc ,
à qui il fit compliment de
la part de Sa Majeſté ; aprés
quoy Son Excellence , en
lui donnant toûjours la
main , l'alla reconduire juf
qu'à fa chaife.
?
Toute la foirée ſe paſſa
à récevoir des vifites ou
des complimens . A dix heures
le Maître d'Hôtel de la
Reine vint avertir Son Ex-
Août 1713. H
MERCURE
cellence que le fouper étoit
fervi. On n'a jamais rien vû
de plus magnifique . C'étoit
une table longue , dont un
bout donnoit fous le dais ,
avec un feul couvert à cadenat
, & un fauteuil de velours
pour M. le Duc , qui
étoit feul à ce bout-là . Plus
bas des deux côtez , & à
une afſſez grande diſtance ,
étoient vingt - quatre couverts
, où s'allirent fur des
chaifes de natte à l'Angloife
Milord Skardel à la
droite , & Milord Vvindfor
à la gauche , d'autres Mi-
3
GALANT. 91
lords aprés eux , le Maître
des Ceremonies , le premier
Controlleur de la Maifon
de la Reine , & dans le
reſte des places ce qu'il y
put tenir de Gentilshommes
François. Son Excellence
a toûjours été ſervie
à verre couvert & en vermeil
doré par les mêmes
Officiers qui ont l'honneur
de fervir la Reine. C'étoient
les Hoquetons qui
portoient les plats couverts,
& les Gentilshommes fervans
qui les mettoient fur
la table. Pendant tout le.
Hij
92 MERCURE
repas les trompettes n'ont
ceffé de fonner : on a
bû toutes les fois à la fanté
pas
du Roy , & celle de Sa Majefté
Britannique , & celle
du Roy d'Eſpagne . Ces fantez
ont été bûës debout &
à découvert. Enfuite on a
bû les fantez de Monſeigneur
le Dauphin , de
Monſeigneur
le Duc de
Berry , de Monfieur le
Duc d'Orleans , & de Milord
Grand Treforier. Je
vous avouë que toutes ces
fantez n'accommodoient
pas la mienne : c'étoit un
GALANT.
93
vin de Volney trés vif , ou
un fin vin de Champagne ,
qu'il faloit boire pur & à
plein verre. Il y a eu fix
repas fervis avec cette magnificence
, fans compter
une autre table de plus de
quarante couverts pour les
autres Gentilshommes
, qui
ne pouvoient tenir tous à
celle de M. le Duc. Cette
table , dont M. le Maréchal
des Ceremonies faifoit les
honneurs , étoit fervie comme
la premiere par les Of
ficiers de Sa Majeſté. Cette
grande Princeffe , qui ne
94 MERCURE
dédaigne pas d'entrer dans
les moindres détails en nôtre
faveur , a donné ordre
qu'on fervît la plupart des
plats à la Françoife , & a
bien voulu envoyer
en
France chercher toutes fortes
de vins , de confitures
feches & liquides
.
Outre ces deux grandes
tables , il y en a eu une autre
pour les douze pages &
leurs gouverneurs , fervie
avec la même fomptuofité.
Enfin l'on peut dire
que tout a répondu à la
magnificence
d'une fi gran
"GALANT.
de Reine , & que toute la
fête a été veritablement
royale.
Le Samedi l'apréfdinée ,
fur les fix heures du foir ,
Milord Comte de Salisburi
eft venu prendre M. l'Ambaffadeur
pour le conduire
à l'audience publique. Il a
été reçû avec les mêmes
honneurs que
les deux autres
Comtes , & la pompe
a été la même que celle du
Mercredi , même cortege ,
mêmes équipages , mêmes
caroffes , & même foule à
nous voir paffer , & même
96 MERCURE
ardeur à fe battre pour ra
maffer l'argent du genereux
Ambaffadeur
.
A la porte de faint James
Son Excellence a été
reçûë par le Chevalier Maréchal
, par le Maréchal
des Ceremonies
, & par Ic
Concierge du Palais , avec
leurs bâtons de commandement
à la main , les Gardes
de Sa Majefté fous les
armes, enfeignes déployées,
les Officiers faluant , &
les tambours battant aux
champs , même dans le Palais
de la Reine.
Les
GALANT. 97
Les valets de pied de Son
Excellence ont été rangez
en haye tout le long de l'ef
calier , les pages ont entré
dans la falle des Gardes.
M. le Duc a été conduit
dans la Chambre du Confeil
, en attendant que toute
fa fuite fût raffemblée : alors
un Chevalier eft venu l'avertir
que la Reine étoit
fur fon trône , c'eft à dire
dans un fauteuil , fur une
eftrade fous fon dais. On a
traverſé la falle des Hoquetons
, leur Commandant à
leur tête , qui a conduit Son
Août
1713.
I
98 MERCURE
Excellence jufqu'à la falle
des Gentilshommes Penfionnaires
magnifiquement
vêtus , tous en haye , tenant
leurs hallebardes dorées.
Milord Duc de Beaufort ,
leur Capitaine , a reçû
l'Ambafiadeur à la porte de
la falle , & l'a conduit jufqu'à
la Chambre de la Reine
, à la porte de laquelle
tous les Gentilshommes
François qui precedoient
Son Excellence fe font ouverts
pour la laiffer entrer
la premiere entre le Comte
de Salisbury & M. le Che
GALANT.
99
valier Cook , Vicechambellan
, faifant les fonctions
en l'abfence de M. le
Duc de Shrevysbury grand
Chambellan.
*
M. le Duc a fait une prémiere
reverence
dés l'entrée
de la chambre , une ſeconde
au milieu , & une
troifiéme aux pieds de la
-Reine . Le ceremonial vouloit
que Sa Majeſté ſe levật
à la feconde mais l'incommodité
de la Reine & la foibleffe
de fes jambes ne le
lui a pas permis. Avant l'audience
Sa Majefté avoit fair
I ij
100 MERCURE
écrire à Son Excellence par
Milord Darmouth premier
Secretaire d'Etat , une lettre
d'excufe , qui a fuppléé
à la rigueur du ceremo
a
nial.
M. le Duc fe couvrit un
la forme, &
moment pour
prononça
fon compliment
en preſentant
fes lettres de
creance. Sa Majefté y répondit
trés- gracieufement
en Anglois , que le Maître
de
Ceremonie
interpreta ;
aprés quoy Son Excellence
fe retira , en faisant trois
reverences aux mêmes enGALANT.
ΙΟΙ
droits qu'en entrant , en
marchant en arriere juf
qu'à la fortie de la chambre.
On a été reconduit avec
tous les honneurs qu'on avoit
reçûs en entrant , &
l'on eft revenu au Palais de
Sommerfet dans le même
ordre qu'on en étoit forti.
Aprés que le Milord Comte
de Salisbury eut ramené
M. le Duc dans fon apparrement,
Son Excellence lui
donna la main , & le reconduifit
en cortege jufqu'à fa
chaife.
I iij
302 MERCURE
Le lendemain de fon au
dience étant allé à Kinfington
faire ſa cour à la Reine
, il lui demanda une gra
ce , qu'il fupplia inftamment
Sa Majefté de ne lui
pas refufer. La Reine le lui
promit , & Son Excellence
Îui dit qu'il avoit appris que
Sa Majefté avoit donné ordre
qu'on achetât pour elle
en Hollande un attelage de
chevaux gris - pommelez ;
qu'il en avoit neuf qu'on
avoit trouvez paffables ; &
qu'il fupplioit trés -humblement
Sa Majefté de les ac→
GALANT 103
į
cepter ofant lui dire qu'
Elle ne pouvoit s'en défendre
aprés la parole qu'Elle
lui avoit fait l'honneur de
lui donner
. La Reine , qui
ne s'attendoit
pas à accor
der une pareille grace , parut
un moment interdite ;
mais d'abord d'un viſage
riant Elle lui répondit
:
Monfieur le Duc , il n'y a
pas moyen de refufer une offre
faite d'une maniere fi engageante
; d'un autre j'y penserois
à deux fois : mais de vôtre
part je reçois tout avec
grand plaifir. Vous jugez
I iiij
104
MERCURE
bien que les neuf chevaux
avec leurs parures n'ont pas
tardé à être conduits à Kinfington
. Ce font les plus
beaux qu'on ait vûs ici , &
les neuf ont coûté en Hollande
dix mil francs . Vous
reconnoiffez là les manieres
de M. le Duc d'Aumont.
Avanthier il y eut à Londres
une fête fort folemnelle
pour
le Te
Deum
en
muſique
, chanté
à S. Paul
en
actions
de
graces
de la
paix
. La Reine
ne
put
s'y
trouver
; ce
qui
diminua
GALANT. NOS
beaucoup de la beauté dé
la cavalcade : mais tous les
Meffieurs du Parlement de
l'une & l'autre Chambre s'y
rendirent
tous en cortege
dans leurs caroffes , que les
Torris avoient rendus fort
brillans. Le foir & toute la
nuit il y eut des feux dans
la ville , & toutes les fenêtres
éclairées . Ceux qui n'y
mirent pas de lumiere s'expofoient
à voir brifer leurs
vitres , & il n'y en a gueres
de celles- ci qui ayent échapé
à la tumultueuſe réjoüiſfance
de la mable : c'eſt ainſi
106 MERCURE
qu'on appelle la populace
de Londres , qui ces jourslà
eft la maîtreffe
, & que
nulle puiffance n'a le droit
nila for ce de reprimer. I
y eut cette nuit là deux fort
beaux feux d'artifice ; l'un
dans Hoborn pour la ville ,
& l'autre pour la Reine fur
la Tamife , entre Sommerfet
& Vvitheal.
GALANT . 107
Compliment de Son Excellence
M. le Duc d'Aumont
à la Reine de la
Grande Bretagne
, à fa
premiere audience pu
blique.
MADAME ,
C'est un moment bien il
luftre pour moy que celui- ci :
dans la plus heureufe & plus
brillante conjoncture
j'ai
Phonneur de rendre à Vôtre
Majefté, de la part du Roy
"
mon Maitre , des témoignages
108 MERCURE
Janne
que
les liens
publiques de tous les fentimens
qui l'attachent à vôtre Pers
nne facrée . Les évenemens
d'une longue guerre n'ont rien
pris fur l'amitié
du fang lui ont inspirée , ni
fur cette haute confideration
qui eft due aux qualitez per-
Jonnelles , plus respectables
que la majefté des titres ,
que toute la puiffance du
trône.
Ces fentimens , Madame
ont été mutuels ; & l'intelligence
qu'ils ont formée entre
Les deux Couronnes a diffipe
les projets des partis , defarmé
GALANT.*
109
Les nations de la terre, changé
la face des Eftats , donné de
nouveaux Rois à l'Europe ,
affermi, fi je l'ofe dire ,
la gloire même de Vôtre Majefté
Par des conditions dont
Elle a été l'arbitre Elle procure
Le bonheur de ſes ſujets , l'avantage
de fes alliez , &
couronne en même temps les
grands memorables éve-
・nemens de fon regne , dont
l'antiquité n'a pas montré
d'exemple , & nouveaux mê
me fur le trône où regna
Elifabeth
La France accoûtumée
110 MERCURE
trouver dans fes malheurs de
la gloire des refources
n'en benira pas moins les confeils
de Votre Majesté. Elle
a reçû avec de vives accla
mations la nouvelle d'une paix
dont la moderation
foy , exercées de part & d'autre
avec émulation , ont tranche
toutes les difficultez, &
levé tous les obftacles.
la bonne
Ces vertus , fi rares dans
les traite , ont été reciproques
dans le cours de la derniere
negociation , elles font
devenues le prefage & le
fondement d'une ferme union,
GALANT.
qui dépofe entre les mains de
Votre Majefté & dans celles
du Roy mon Maître la ba
lance de toutes les Puiffances
de l'Europe
.
Nouvelles d'Angleterre..
On écrit de Londres que
le General Evans partit le
20. Juillet pour aller à Dou
vres caffer les regimens de
Pocock , de Nevvton &
d'Evans , qui doivent y être
arrivez de Flandres; que
-le 24. tous les artificiers a
voient été envoyez à Vvol ·
#12 . MERCURE
vvich pour charger des
bombes , & preparer d'autres
artifices pour l'escadre
qui eft vers l'embouchure
de la Tamiſe , qui devoit
partir inceffamment pour
aller joindre une efcadre
Hollandoife,& faire enſemble
voile vers la mer Baltique,
afin d'obliger les Puiffances
du Nord à faire la
paix , que neanmoins les
Miniftres des Erats , garans
des traitez de Vveſtphalie ,
de Travvendal & de Raenſtadt
, travailloient à engager
les parties intereffées à
un
GALANT . 13
an accommodement à l'amiable
, ou à les y contrain
dre par la force ; que le 27.
la Reine , qui jouit d'une
parfaite fanté , étoit reve
nuë de Kenſington au Palais
de faint James , d'où
elle alla à la Chambre des
Pairs ; que les Communes
s'y étant rendues , elle don
na fon confentement à
l'acte pour faire circuler
douze mille livres fterlin de
billets de l'Echiquier
, &
pour lever cinq cent mille
livres fterlin deftinées à
payer les dettes de la lifte
Août 1713
. K
114 MERCURE
civile , & à plufieurs autres
actes ; qu'enfuite elle avoit
fait une harangue aux deux
Chambres , dans laquelle
elle avoit declaré qu'elle
étoit venue pour terminer
cette feance ; qu'elle les
avoit remerciez des fubfides
qu'ils lui avoient ci
devant accordez , & qui lui
avoient fourni les moyens
de foûtenir la guerre & de
conclure une paix avantageufe
; qu'elle leur avoit
recommandé de faire connoître
à toute la nation les
biens qui lui en reviennent,
GALANT. 115
& de tâcher de détruire les
divifions fomentées avec
tant d'artifice , qu'il étoit
neceffaire de faire voir
l'amour qu'on avoit pour la
patrie , en fe reüniffant
pour prévenir la malice
des perfonnes mal intentionnées
, & détrompant
ceux qui étoient abuſez ;
que rien ne pouvoit maintenir
la paix , que de s'attacher
fermement
au gouvernement
dans l'Eglife &
dans l'Etat , qu'on ne pou
voit faire fond que fur ceux
qui ont ces fentimens ;
Kij
116 MERCURE
qu'elle efperoit trouver
l'hyver prochain fon Par
lement refolu d'agir dans
les mêmes principes. Aprés
quoy Sa Majesté Britannique
retourna en chaife au
Palais de faint James. Elle
étoit fuivie par fes Dames
d'honneur dans fon caroffe
de parade , attelé de fix des
beaux chevaux dont le Duc
d'Aumont lui a fait preſent.
Son Excellence , accompagnée
de plufieurs Gen
tilshommes de fa fuite ,
fuivoit avec deux de fes
magnifiques caroffes. La
GALANT. 117
Reine a fait diftribuer aux
membres des deux Chambres
des medailles d'or ,
qu'elle avoit fait fraper
pour la paix , du poids de
trois guinées & demie cha
cune.
Milord Compton , Eve
que de Londres , mourut le
18. Juillet , aprés quelques
jours de maladie , âgé de
quatre-vingt-un an.
La Comteffe Doüairiere
de Salisbury mourut le 19.
au foir.
Le 25. le Duc d'Aumont
donna un grand bal aux
118 MERCURE
Seigneurs & aux Dames de
Ja Cour , & autres perfon,
nes de diftinction ; il fit
diftribuer pour les maſques
deux mille billets , dont il
envoya cinquante à Milord
Maire pour en difpofer,
On y fervit des rafraîchif
femens en abondance , &
tout fe paffa avec beau
coup d'ordre & de magnificence.
Nouvelles d'Espagne.
On mande de Madrid
du 17. Juillet , qu'un couGALANT
119
rier dépêché par le Duc de
Popoli y étoit arrivé avec.
des lettres , qui portent que
dans une affemblée des trois
Eftats de Catalogne tenuë
à Barcelonne , le Clergé &
la plupart de la Nobleſſe &
des principaux bourgeois
avoient été d'avis de fe foû
mettre à l'obeïffance du
Roy mais que le deputé
de Manrefa , appellé Sinos ,
& quelques autres , avoient
perfuadé à la populace de
le défendre jufqu'à ce qu'
on leur eût accordé la confervation
de leurs privile
:
o MERCURE
ges ; qu'enfuite ils avoient
publié la guerre au fon des
tambours & des
trompettes
contre la France & contre
l'Espagne , & nommé des
chefs pour les commander ;
qu'il étoit arrivé le 13. un
courier de
Tarragonne ,
avec des lettres trés - refpe-
&tueufes de l'Archevêque
& du Clergé , pour affurer
le Roy qu'ils étoient prêts
de fe foûmettre à ſon obeïffance
; que les rebeles en
ayant étéinformez , avoient
envoyé le General Nebot
avec quatre- vingt chevaux,
pour
GALANT. 121
pour obliger les peuples
de la campagne de Tarragonne
àprendre les armes :
mais qu'au contraire ils les
avoient tournées contre lui,
fait plufieurs de fes gens:
prifonniers , & que les rebeles
n'avoient pas eu un meilleur
fuccés à Oftalric ; que
les troupes du Roy étoient
entrées le 13. dans Tarragonne
, & avoient été reçûës
par les habitans avec
des cris de Vive le Roy Philippe
V. que le Comte de
Staremberg s'étoit embar,
qué , & avoit fait voile avec
Août
1713.
L
122 MERCURE
les troupes Allemandes , à
la referve de quatre mille
hommes de l'Electeur Palatin
, aufquels les rebeles
avoient enlevé les bâtimens
de tranſport où ils devoient
s'embarquer , & qu'ils s'étoient
campez & retranchez
fur le bord de la mer ,
en attendant une autre
commodité pour leur départ.
Les dernieres lettres de
Catalogne confirment l'entrée
du Marquis de Leede
avec fon détachement dans
Tarragonne , pendant que
GALANT.
123
les troupes
Allemandes en
fortoient par une autre porte
. Elles font restées au
voiſinage , en attendant
l'efcorte que le
Marquis de
Leede leur a
promiſe pour
les mettre à couvert des infultes
des Catalans , & aller
en fûreté joindre deux regimens
Allemans qui n'avoient
pûs'embarquer avec
le
Comte de
Staremberg ,
& qui devoient être conduits
à quelque port au -delà
de
Barcelonne , où les vaiffeaux
doivent revenir pour
les tranfporter auffi en Ita-
Lij
124 MERCURE
a
lie , que le Marquis de Leede
avoit détaché un Officier
avec des troupes , & un ordre
du Commandant Allemand
de Tarragonne
pour
prendre poffeffion de la
tour de Salo , fituée ſur la
côte , à trois lieues de l'oueft
de Tarragonne ce qui a
été executé de bonne foy.
On affure qu'avant l'arrivée
du Marquis de Leede
à Tarragonne , plus de
vingt- cinq villes & bourgs
envoyerent leurs deputez
pour le remettre à la clemence
du Roy ; que ceux
GALANT 125
qui font de Barcelonne fe
feroient auffi foûmis , s'ils
n'en avoient été empêchez
par quatre cent volontaires
commandez par Raphaël
Nebot. Les lettres de Cervera
portent que le Duc de
Popoli en devoit partir le
16. avec toute l'armée pour
marcher vers Igualada , &
de là vers la plaine de Barcelonne
, où il devoit arriver
le 24. & qu'on croyoit
entreroit dans cette
qu'il
ville là , nonobftant la refolution
que la populace avoit
prife de fe défendre. On
Liij
126
MERCURE
écrit de Girone que les
Etats de Catalogne furent
affemblez le 30. Juin , pour
deliberer fur le parti qu'ils
devoient prendre aprés
avoir été abandonnez par
l'Archiduc , que le Clergé
avoit été d'avis de fe foûmettre
à leur Roy legitime
; que la Nobleffe avoit
été du même fentiment , à
la pluralité de deux voix
feulement : mais que le tiers
Etat , excité par les auteurs
de la revolte , avoit refolu
de fe défendre , à moins
qu'on ne leur accordât la
GALANT. 127
confirmation de tous leurs
privileges ; que plufieurs
des principaux de la Nobleffe
fe font retirez dans
leurs maiſons , ou font venus
à Girone , entr'autres le
Comte de Fuentes Arragonnois
, qui avoit été Viceroy
de Sardaigne ; & le
Comte de Palma , qui ayant
été Viceroy de Catalogne
pour Sa Majesté Catholique
, avoit embraffé le parti
de l'Archiduc , s'eft retiré à
Mattaro ; que les rebeles
ont choisi pour leurs chefs
le nommé Ragas , auteur
Liiij
128 MERCURE
de la revolte de la plaine de
Vich ; Baffet , qui fit revol
ter le Royaume de Valence
; Nebot, qui deferta avec
fon regiment & l'argent du
Roy d'Eſpagne ; & d'autres
perfonnes femblables . Que
Nebot étoit forti de Barcelonne
avec quatre ou cinq
mille hommes , pour furprendre
Tarragonne, quoi
que le Gouverneur lui eût
fait dire que s'il approchoit
on tireroit fur lui ; qu'il s'étoit
approché d'une porte
gardée par les bourgeois ,
qu'il efperoit feduire , & qui
GALANT. 129
tirerent fur fes gens : ce
qui l'obligea à abandonner
cette entrepriſe. Que le
18. nonobftant la ceffation
d'armes , ils s'étoient empa .
rez du poste de Riu d'Arenas
, à une lieuë au deçà
d'Oftalric , où il y avoit cinquante
hommes du regiment
de Beauvoifis , dont
le Capitaine fut tué avec
plufieurs foldats , & les autres
faits
prifonniers ; que
le Marquis de Leede avoit
dreffé une embuscade de
fix cent cavaliers à un gros
corps de Miquelets que Ne
130 MERCURE
bot commandoit , qui les
avoit furpris & les avoit entierement
défaits ; & qu'on
ne fçavoit pas ce qu'étoit
devenu Nebot , & que les
rebeles de Barcelonne avoient
envoyé au Gouyerneur
de Gironne le regiment
de la Ciudad pour
augmenter fa garnifon :
mais qu'il avoit refufé de
le recevoir , & qu'il avoit
répondu qu'il vouloit remettre
la place à Sa Majeſté
Catholique. Les dernieres
lettres de Catalogne portent
que le Duc de Popoli
GALANT..
137
étoit aux environs de Barcelonne
avec fon armée ;
que Sa Majesté Catholique
étoit maître de toute la Catalogne
, à la referve de
cette Capitale & de Cardone
, où étoient les Mique
lets : mais qu'ils en feroient
bientôt chaffez.
On écrit de Tortofe ,
qu'un convoy de trente bâ
timens , parmi lesquels il y
avoit fix galeres , étoit forti
le 15. Juillet du port des Alfaqués
, à l'embouchure de
l'Ebro , chargé de neuf
mille quintaux de farine ,
132 MERCURE
de quatorze mille quintaux
de bled , & de vingt mille
d'orge & d'avoine pour
Tarragonne.
On mande de Madrid,
que le Comte de Montijo
y eft arrivé d'Utrecht , avec
la ratification du traité fait
par les Plenipotentiaires
d'Efpagne avec la Reine de
la Grande Bretagne , le
Duc de Savoye & le Roy
de Pruffe , qu'il y paſſa il y
a quelques jours un courier
venant d'Utrecht , & allant
à Liſbonne , au fujet de
quelques difficultez qui re
GALANT.
133
tardent la conclufion de la
paix entre l'Eſpagne, & le
Portugal ; que le Duc & la
Ducheffe d'Albuquerque
y
étoient venus , leur affaire
ayant ététerminée
, moyen:
nant une fomme confiderable
que le Duc a donnée
au Roy pour les dépenses
de la guerre , & qu'il y étoir
arrivé un convoy d'argent,
qui eft le produit de l'indult
de huit & un quart
pour cent , dont on eft convenu
avec les intereffez fur
les effets de la flote. Il con
fifte en fept cent mille piaf
"
134 MERCURE
tres , dont deux cent mille
font pour les Officiers , &
les cinq cent mille autres
pour le Roy , qui les a fait
porter à la Treforerie generale
de la guerre
.
Nouvelles d'Allemagne .
Les lettres de Vienne du
29. Juillet portent qu'une
partie des troupes Alleman .
des de Catalogne étoient
arrivées à Genes ; qu'elles
feroient fuivies par le refte
vers la fin du mois ; & que
le Baron de Regal, Lieute
GALANT 135
ས་
nant general , devoit inceffamment
partir du Milanés
avec fon regiment &
celui du General Staremberg
d'infanterie , & celui
de Hautois de cavalerie ,
pour venir en Allemagne ,
& marcher enfuite vers
l'armée du haut Rhin .
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Pruffe
avoit fait declarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que fon contin
de fix mille hommes ,"
ayant befoin du refte de fes.
gent
16 MERCURE
troupes pour les garniſons
de Vvefel , de Meurs , de
Gueldres , & des autres places
voisines , & auffi pour
couvrir les Etats d'Allemagne
& de Pruffe , à cauſe
de la guerre du Nord . Les
conferences qui fe tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la baſſe Allemagne
, font finies , fans
qu'on ait pris aucune refolution
. Le Prince Menzikovy
pria le Roy de Pruffe
de lui prêter quelques canons
, qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
GALANT.
137
la guerre du Nord , il vouloit
employer tous fes foins
& fes bons offices pour la
faire ceffer. Ces Princes
confederez
ſe preparent
à
faire le fiege de Stetin , où
le Prinze Menzikovy doit
commander
, pendant que
les Danois & Saxons feront
celui de Stralzund , dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle differemment
de ce qui concerne
les affaires du Grand
Seigneur avec les Mofco-
Vites. Plufieurs lettres de
Bender , d'Andrinople
&
Août
1713.
M
138 MERCURE
des environs , portent que
la paix avoit été renouvel
lée avec le Czar : mais que
les conditions étoient fort
dures ,particulierement
touchant
le tribut annuel que
les
Mofcovites payoient
aux Tartares avant le traité
de
Carlovvitz ; que cependant
l'armée Othomane
continuoit la marche vers
la frontiere pour faire exe
cuter le traité, faciliter le
paffage du Roy de Suede ,
& favorifer le rétabliffement
du Roy Staniflas ; qué
le Kan des Tartares étoit
GALANT 139
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
chofes avec ces Princes , &
aller enfuite avec eux joindre
l'armée Othomane
; que
le Divan avoit refolu de ne
point declarer la guerre
aux Mofcovites ; que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecune eſcorte de fix mille
chevaux ; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
prefens du Roy Augufte
; que les ambaſſadeurs
& les ôtages du Czar n'a-
Mij
4:0
MERCURE
voient point été renvoyez
aux fept Tours ; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre : mais qu'on
efperoit le gagner par de
grandes fommes. D'autres.
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere ſatisfaction
au Roy de Suede touchant
l'attentat fait contre
fa perfonne à Bender : mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles affurances de toute
forte de fecours , jufqu'à
ce qu'il fût rétabli dans fes
Etats ; qu'il avoit declaré
GALANT. 141
Aux ôtages & aux ambaffadeurs
Moſcovites que le
Sultan confentiroit au renouvellement
de la paix à
ces conditions.
1. Que le Czar reftituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis fur
lui, fans aucune exception ,
& qu'il lui payeroit une
grande fomme pour dé
dommagement
des pertes ,
des ravages
la
guerre.
& des frais de
2. Que les Mofcovites ne
fe mêleroient plus directement
ni indirectement des
142 MERCURE
affaires de Pologne , ni de
maintenir le Roy Augufte :
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord
par mer , fans entrer
ni paffer par la Pologne.
3. Que le Czar quitte
roit le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement
de Mofcovie fur
fon ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U.
kraine qui eft au delà dus
Boriftene & le Royaume
GALANT 143
2
d'Aftracan , que les ôtages
& les ambafladeurs du Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propofitions , qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai ; que le Divan s'étoir
affemblé , & que le Mufty
y avoit parlé avec beaucoup
de force , & qu'aprés
plufieurs remontrances , il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moſcovites , & que
cette reſolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices ,
aufquelles elle avoit été auf144
MERCURE
fitôt communiquée ; qu'en
fuite le Grand Seigneur étoit
allé conferer fur ce fujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
fi contraires meritent
confirmation avant
que d'y ajoûter foy.
爽爽爽
望
GALANT.145
DEMONSTRATION
de l'Impoffibilité de la
quadrature du Cercle en
nombres exacts.
JE donnay au Public en
1700. dans le Journal des
Sçavans , une démonſtration
de l'impoffibilité du mouveшent
perpetuel avec des
coprs folides ou liquides ; &
par leur centre de gra
vité commun ; aprés l'avoir
expliquée à l'Academie des
Sciences , & enfuite dans mes
cela
Aoust 1713 .
N
146 MERCURE
Conferences publiques. De
puis ce tems l'ardeur pour
cette chimere a paru un peu
plus ralentie , aucune tentative
n'ayant paru depuis plus
de 12 années. Mais celle que
l'on a pour la quadrature du
Cercle femble croître de
jour en jour , par les productions
qu'elle fournit au Public
auffi frequemment
, que
&
la recherche du mouvement
perpetuel faifoit autrefois.
Cela m'a fait penſer que je
ferois peut - être autant de
plaifir au Public de le délivrer
de cette feconde chi
GALANT . 147
mere d'une maniere qui foit
à la portée de tout le monde
, que de la premiere. Or
on fçait que le Problême de
la quadrature numerique du
Cercle confifte à trouver un
quarré ou autre produit
dont la furface foit précifément
égale à celle du cercle ;
& que pour trouver cette
parfaite égalité , il fuffit de
trouver en nombres le raport
exact de la circonferen
ce d'un cercle à fon diametre.
Puis qu'Archimedes a
démontré il y a plus de 1500
ans , que la furface d'un Cer-
Nij
148 MERCURE
cle eſt égale au rectangle
compris fous fon circuit , &
fous le quart de fon diametre.
De forte que fi l'on avoit
en même tems la jufte valeur
de l'un & de l'autre , il
ne refteroit que de multiplier
l'une par l'autre , & de tirer
enfuite la racine quarrée du
produit , ou par les nombres
, ou par la Geometrie
pratique ; cette racine feroit
le côté du quarré , dont la
furface feroit précisément
égale à celle du Cercle , fi le
produit étoit un quarré parfait
; ou du moins en appro
GALANT
149
chant cette racine de plus en
plus , on approcheroit continuellement
de cette égalité
parfaite.
Voici donc maintenant
comme on peut démontrer
l'impoffibilité de trouver en
nombres le raport exact du
circuit d'un cercle à fon diametre.
Il ne faut pour cet
effet que prendre la progref
fion (4 moins plus moins
plus moins & c. ) de M.
Leibnitz ( que l'on trouve
dans les Journaux de Leipfik
de l'année 1682. dans les 2 .
tomes de l'Analyfe démon-
Niij
150 MERCURE
trée du P. Reinau ; dans la
Geometrie pratique de
M. Ozanam , & dans la 2 .
Edition de mes Effais de
Mathematique & de Phyſi
que ) afin de faire differentes
fommes des termes de
cette progreffion pris fucceffivement
, à commencer
au premier , enfuite des 2
premiers , puis des 3 premiers
, enfuite des 4 , & c.
Alors on aura differentes
fractions dans chacune def
quelles le numerateur marquera
la valeur de la circonference
d'un cercle quelconGALANT.
que , & le dénominateur fon
diametre , d'autant plus exa-
&tement , que l'on aura pris
une plus grande quantité de
termes. Ce que l'on pourra
verifier
en comparant
ces
fommes ou fractions avec
les raports approchez de 22 à
7 trouvé par
Archimedes
,
ou de 314 à 100 , qui fe tire
des Tables du cercle , ou encore
de 314159 & c . à 100000
&c. trouvé par Ludolphe de
Cologne , lefquels font connus
& reçûs de tous les Geometres.
Or on trouve que la fom-
Niiij
152
MERCURE
me des 2 premiers termes
de cette progreffion 4 moins
fçavoir eft une fraction
irréductible ou primitive , ce
qu'il faut remarquer. Ajoûtant
enfuite cette fraction
avec la fuivante afin d'avoir
la fomme des 3 premiers
termes , on aura 2 numerateurs
, fçavoir 8 par 5 , & 4
par 3 , & pour le dénominateur
commun 3 par 5. Or 8
pars , & 3 pars n'ont pour
meſure commune que ,
puifque 8 & 3 font premiers
entr'eux ) , mais cette mefure
commune ne meſure pas
GALANT. 153
5
4 par 3. De même 4 par 3 ,
& 3 par 5 n'ont pour meſure
commune que 3 , puifque 4
& s font premiers entr'eux ;
mais 3 ne meſure pas 8 par
5. Donc la fomme des 2 fra-
3
2
fçavoir eft ctions &
encore irréductible ou premier.
Otant enfuite de la
fraction fuivante , on démontrera
par un raiſonne-
15
ment femblable que la fraction
reftante 04 eft encore
irréductible
. Et fi l'on ajoûate
à cette derniere la fuivandont
le dénominateur -te
3 pour commune
meſure
154 MERCURE
avec le dénominateur 105 ,
on aura 2 numerateurs 304
par 3 , & 4 par 35 , & pour
dénominateur commun 3
par 105 ( en divifant 105 & 9
chacun par 3. ) Or 304 & 105
étant premiers entr'eux , 304
par 3 , & 105 par 3 n'auront
que 3 pour meſure commune
, mais qui ne meſure pas
4 par 35. De même 4 par 35 ,
& 105 par 3 n'ont ques pour
commune mefure , puifque
4 & 3 font premiers entr'-
eux , de même que 4
mais , ne meſure pas 304 par
3 , puiſqu'il ne meſure pas
& 9
GALANT. 155
304. Donc la fomme de ces
304
305
10312
3465
1052
315 2 fractions , fçavoir 10 eft
encore irréductible ; & fi
l'on en ôte enfuite la fraction
fuivante , il reftera
la fraction 10 qui eft encore
primitive , ce qu'on démontrera
comme pour les
fractions & cy- devant ,
les dénominateurs 3465 &
11 étant premiers entr'eux ,
puiſque 11 n'eft pas un des
nombres premiers qui ont
fervi à former 3465. Et continuant
ainfi ces additions
& fouftractions alternativement
& fucceffivement , on
156
MERCURE
.
démontrera que quand les
dénominateurs des 2 fractions
ajoûtées ou retranchées
feront premiers entr
eux , leur fomme ou leur
refte fera toûjours une fraation
primitive ; ou fi ces 2
dénominateurs ont une mefure
commune , divifant les
fractions ou aprés l'operation
ou pendant l'operation
même par cette meſure commune
, on trouvera toûjours
auffi une fraction irréducti
ble. Voici donc maintenant
une lifte ou table de ces fommes
, qu'on a calculées feu-
2
GALANT.
IS
lement de z termes en 2 termes
> à commencer par 4
1
moins ; enfuite
4 moins
plus
moins
, & ainfi
de
fuite
jufqu'à
( moins
4. )
8 304 10312 135904
ou 3 ,
3. 105 3465 ou 3. 45045 OU 355 .
•
1023461776
ou 324. 334639305
ou .
4425732
14549535
15411418072 I 13895011563328
5019589575
1392 6 277743 608
3
14 4512611027925
ou
12
ou 3
45 126 1 1027925
$ 16197940314096
166966 608033225
ou
3
ou
911392701638017048
10° 294362129962575675
T 4 3 3 5 5 78802 2 3 13481376
ou 3 .
&
ou 3 .
ou 3 .
10 ° 138350201082 410 5 6 7 25
303800544618003693032
968451407576803970751
7
Or il eſt aifé de comprendre
par la comparaiſon de
cette fuite de raports avec
158 MERCURE
les précedents , qu'en conti
nuant d'ajoûter les termes
de cette progreffion Leibnizienne
, on trouvera encore
les autres raports qui ménent
au raport exact de la
circonference au diametre ,
ce que chacun peut experimenter
foy- même . De plus
on voit que quoyque les 2
dénominateurs des 2 fractions
que l'on ajoûte , ou
que l'on ôte ayent quelquefois
une meſure commune ,
( ce qui rabaiffe alors leur
fomme ou leur refte ) , ces
fommes ou reftes ne laiffent
GALANT. 159
pas de croître continuellement
en expofants , parceque
cette mefure commune
eft toûjours fort petite ; de
forte que dans la
dans la 9 fomme
cy - deffus elle n'eſt
que
de
1155.Mais il arrive ſouvent en
récompenfe , que les dénominateurs
des 2 fractions
font premiers entr'eux , fçavoir
toutes les fois que ce
lui de la nouvelle fraction à
ajoûter ou fouftraire eft premier
en lui ; ce qui fe trouve
autour de tous les multiples
de 6 y compris , comme au
tour de ( 6,12 , 18 , 30 , & c . )
160 MERCURE
excepté ceux où le trouve
un multiple des ou 7 par un
des nombres premiers , comme
( 24 , 36 , 48 , &c. ) ce qui
ne laiffe pas de produire 25
nombres premiers depuis r
jufqu'à 100. D'où il faut conclure
que la fraction qu'exprime
le
raport exact de la
circonference d'un cercle à
fon diametre , eft auffi primitive
ou irréductible que
fon numerateur & fon dé
nominateur font infinis , &
qu'ainſi c'eſt courir aprés
une chimere que de chercher
à exprimer ce raport
en
GALANT. 161
en nombres exactement. I
en eft donc du cercle , comme
de toutes les racines fourdes
, que l'on exprime par de
femblables
progreffions indéfinies
, dont les fommes
font des
fractions primitives
qui croiffent en expofants
indéfiniment. Il y auroit
donc le même
entêtement
de chercher le raport exact
de la
circonference au diametre
en nombres , que par
exemple celui du côté d'un
quarré à fa diagonale , ce
que perfonne ne s'avifera de
faire.
Aouft 1713.
O
162 MERCURE
P
ERRATA
Pour le troifiéme Memoire
de la Mélodie.
MOIS D' A V RI L.
Age 82. au bas , double rencontrera. Pag.
94. ligne 16. s'accordent . Pag. 96. lig. 6.
coups contre. Pag. 97. lig . 3. & ce que. Pag.
98. lig. 16. auffi eft- elle. Pag. 99. lig. 14.
chacun par une ligne. Pag. 100. lig. 13. du
Daïré. Pag. 103. lig. 9. de nombres . Pag.
104. lig. 2. 135. 144. Pag. 113. lig. 10. de ce
que le coup. Pag. 114. lig. 6. jamais mieux ,
que. Pag. 116. lig. 16. des fons qu'elles . Lig.
18.
8
I
•
MOIS DE JUIN.
Pag. 122. lig. 13. expofans 3
Pag. 124. lig. 3. lui vient de. Lig. 8.
108
ou
72
96
on
72
144
8 16
108
Pag. 128. lig. derniere Pags
3 23
GALANT .
163
3 3
οὐ de. Pag. 130. lig. 14.
129. lig. 8. 2
4.
16 32
les de l'autre. Pag. 131. lig . 4. peut appeller
. Lig. 15. expofans . Pag. 131. lig. 6. 20
ou. Pag. 139. lig. 15. prefque >
16 32
·
141. lig. 16. les de. Pag. 143. lig. 7.
72
Pag.
96
80
144 108
· Lig. II. Ou
3
comme. Lig. 14 .
120 90
144
•
108
Pag. 144. lig. 8. 12 , 32. Pag. 145 :
3
S
lig. 7. les de l'autre. Pag. 147. lig . 10'
16
12
4843. Pag. 148. lig. 2.
>
24
24
Lig. 12.
3
4
font la. Pag. 149. lig. 2. eſt 3 , 3 ›
10 20
Lig. 10,
•
3 3
8
S
15 18 18 25
--
ΙΟ 20
Pag. 151. lig. 7.Quarte
Lig. 9. mineure . Pag. 152. lig. 10.
Pag. 154. lig. 8.
IS
>
4.
40
4
15
O ij
164 MERCURE
8
Pag. 176, lig, dern. - qui cft. Pag;
9
18 25
16
178. lig. 3.
-
difference. Lig. 8. 7. majeų-
IS
re Lig. 11. font · la 9. Pag. 180. lig. 74
dont 8
jeur.
I
font le ton mineur , & 9 le ma
Le Public eft auffi prié de vouloir bien corriger
ainfi le cinquiéme vers de l'Epigramme
Latine du mois précedentfur le Roy :
Nunc armis parcant , & Regem jure celebrent.
Sur les fept merveilles du
Louvre , de Versailles ,
& de Marly.
EPIGRAMME
énigmatique.
Ces admirables Forts , cette
immenſe Machine ,
GALANT.
165
Ces Globes fomptueux , ces
Tableaux animés ,
Ces Jardins jalliffans , ces Pa
lais d'or femés ,
Tant de productions d'une
adreffe divine ,
Qui s'offrent en ces lieux à
nos yeux éblouis ,
Nous retracent par tout la
Grandeur de LOUIS.
MORTS.
Meffire Edme Pirot Prê
tre Docteur en Theologie
de la Maiſon & Societé de
Sorbonne Chanoine &
Chancelier de l'Eglife de
166 MERCURE
Paris , Vicaire General de
S. E. Monfeigneur le Cardinal
de Noailles & Abbé
d'Hermiere , mourut le
Aouſt âgé de 79 ans.
4
M. Vivant Penitencier de
l'Eglife de Paris & Grand
Vicaire de Monfeigneur le
Cardinal de Noailles , lui
fuccede en la Place de Chancelier.
Et M. de la Chaffe fon petit
neveu en fon Canonicat.
Jean Louis le Mairat Chevalier
Seigneur de Briere le
Chatel , &c. Confeiller du
Roy en fes Confeils & d'hon
GALANT. 167
neur en fa Cour de Parlement
, mourut fans alliance
le 2 Aouft 1713 en fa 76 année.
Il avoit époufé Heleine
Baugier , qui mourut en 1701
âgée de 19 à 20 ans . Il étoit
coufin germain de Charlotte
Lefpinette le Mairat feconde
femme du premier
Prefident le Pelletier , & fils
d'Antoine Lefpinette le Mairat
Maître des Comptes &
de Loüife Bourgoin
.
Dame Loüife Therefe Au
bry époufe de Meffire Alexandre
le Fevre de la Faluere
Grand Maître des Eaux
168 MERCURE
& Forefts au département
de France , mourut le 9
Aouft âgée de 32 ans. Elle
étoit fille de feu Meffire Leonor
Aubry Maître des Com- ,
ptes , & foeur de M. Aubry
Confeiller de la premiere
des Requeſtes du Palais.
Dame Magdelaine Per
rot , veuve de Meffire Louis
Damas de Cormaillon , &
auparavant
veuve de Meffire
Jacques Honoré Barantin
premier & ancien Prefident
au Grand Confeil , mourut
le 13 Aouſt.
GALANT . 169
E N VO r
burlesque par un oifif
qui s'ennuye aux eaux
de Forges.
LEs Bains font pour l'oifiveté
,
Auffi
bien que pour la
fanté
Des amuſements falutaires
.
Ovous attaquez de catharres
,
Rhumatifmes &
fluxions ,
De vapeurs , oppilations ,
Aoust 1713 .
P
170 MERCURE
Tiedeur de coeur , humeur
cauftique ,
Ou dont l'eſprit paralytique
A befoin de ce fupplement
Pour eftre mis en mouvement
Puifez dans cette Poëfie .
Le bien , le mal à fantaiſie ,
Il eſt des bains alumineux
,
Plombez , ferrez bitumineux
;
Des Bains , les uns font fu
datoires ,
Et les autres font lavatoires
;
GALANT . 171
Quelques- uns font medicinaux
,
Les uns froids , & les autres
chauds ;
Tout comme font maintes
pillules
L'effet que veulent les
credules.
Des Bains , les uns font na
turels ,
Les autres artificiels ;
Des uns & des autres , Ic
Sage
Ou l'infensé peut faire ufa
ge ,
Au temps que quelque infirmité
Pij
172 MERCURE
L'oblige à chercher fa
fanté ;
Car une fanié ferme &
ftable
Traite l'effet des eaux de
fable.
Des Bains , les uns font
fulphurez ,
D'autres picez , d'autres
nitrez ,
Selon la qualité diverſe
De la Mine que l'eau traverſe.
Ana , le fils de Sebeon ,
Des Bains chauds fit l'in
vention ,
GALANT . 173
Allant dans un lieu folitaire
Paiftre les Troupeaux de
fon Pere.
C'eſt dont jamais ne dou
tera
Qui bien la Geneſe lira .
L'Interprete d'Ariftophane
Autheur non facré , mais
profane ,
Fut l'Inventeur du premier
Bain
Ce maiſtre Forgeron Vulcain
,
Qui d'un Bain chaud ( je
Piij
174 MERCURE
m'en
rapporte )
Fit un preſent de cette
forte
Au grand Hercule Conquerant
,
Dont le nom va par tout
courant.
D'où vient qu'on nomme
fans fcrupule
Tous les Bains chauds , les
Bains d'Hercule ;
Bains qui pafferent autrefois
Chez les Vaffaux & chez
les Rois ,
Dans le rang des chofes
facrées
,
GALANT. 175
Pour les matieres fulphurées
,
Et pour les Foudres repofez
,
Dont on tient qu'ils font
compofez.
Les Gens qui font d'une
autre verve ,
Imputent le tout à Minerve.
Si l'on en veut croire
Strabon ,
Autheur qui peut paffer
pour bon ,
Les Bains froids ont leur
origine
Piiij
176 MERCURE
Des Argonautes , Gent
marine ,
Gent aimant le Bain Gent
de coeur
Tous intrepides & fans
peur ,
Qui fans façonner davantage
,
Lavoient leur corps fur le
rivage
De la Mer , où Dame Circé
Son domicile avoit placé
Sur les bords de la Mer
Tyrrhene ,
Avec autre Magicienne ,
Quand cinquante - fix
grands Heros
GALANT. 177
Firent voile jufqu'à Colchos
,
Pour la conqueſte ambitieufe
D'une Toifon précieuſe ,
Qu'on appelloit la Toifon
d'or ,
Aprés qui chacun court
encor ,
Courra jufqu'à la fin du
monde
;
Car Toifon en or eft fe
conde
Et l'or , ce métal radieux ,
Se fait rechercher en tous
lieux .
Pour Chefs de cette illuftre
178 MERCURE
Flotte ,
Qu'on pourroit nommer
Argonaute ,
On avoit Hercule , Jaſon ,
Caftor, Pollux, & Telamon,
Hylas , Morphus , le fort
Thesée ,
Nauplius, Calaïs , Orphée ;
Le genereux Zethos auffi
Peut rencontrer fa place
icy.
Ces Chefs , ces Hommes
d'importance ,
Avanturiers à toute outrance
,
Ces Guerriers de fameux
renom ,
GALANT. 179
Dont je viens de
marquer
le
nom
Furent les premiers de leur
âge
Qui des Bains froids eurent
l'ufage
Sur les belles Eaux de
Thetis.
Aux Bains que l'on prenoit
jadis ,
Un Valet bafty comme un
Drille ,
Portoit &
l'Eponge , &
l'Etrille ,
Pour décraffer & favonner
180 MERCURE
Ceux qu'il alloit accompagner.
Si l'Eponge eftoit parfu
mée
,
L'Etrille eftoit toute embaumée
,
Car dans ces Bains grands
& communs
Onfe muniffoit de Parfums
Et d'agréables Caffolettes ,
Pour les Doüillers & les
Doüilletes
,
Pour les Mignardes & Mignards
,
Qui n'aimoient pas les jeux
de Mars ,
Et qui cheriffoient leurs
GALANT: 181
Carcaffe
Autant qu'un Coquin fa
Bezace ,
Autant qu'un Aveugle
( dit-on )
Cherit fa taffe & fon
Balton.
Dans ce temps - là plus
nous ne fommes ;
Un
temps
fut que Femmes
& Hommes
Dans le vafte Empire Romain
Pratiquoient tous le mef
me Bain ,
Sans mettre aucune diffe182
MERCURE
rence ,
(Honny foit- il qui mal y
penfe.)
Il falloit bien que ces Genslà
Fuffent diſcrets . Apréscela,
Certain Empereur , c'eſt
Severe ,
Empereur
d'une humeur
auftere
Des fexes fit divifion
Pour éviter l'occafion.
La Femme de Neron ;
Popée ,
Faifant la petite Poupée ,
Et refufant de s'attacher
GALANT. 1
A ce qui peut mater la
chair ,
Et punir fes delicateffes ,
Entretenoit cinq cens Afneffes
,
Et chaque matin de leur
Lait
Croyoit rendre fon teint
moins laid.
C'eftoit le Bain & l'artifice
De cette vaine Imperatrice
,
Qui fans fcrupule & fans
remords ,
Jour & nuit dorlotoit fon
Corps ,
Ne penfant la belle Mi184
MERCURE
gnonne ,
Qu'à bien rafraichir fa
perfonne ;
Mais comme tout tend à
la fin ,
Il luy fallut mourir enfin
Dans des angoiffes fans
pareilles .
Laitieres à grandes oreil
les ,
Voftre Lait faifoit fon teint
beau ,
Son trépas fut voftre tombeau.
Aux durs fanglots abandonnées
,
On vous vit en peu de
journées
GALANT. 185
journées
Mornes , & dans une maigreur
,
Qui faifoit aux Humains
horreur.
Eftant triftes & déconfites ,
Voftre Lait bientoft vous
perdiftes ,
Et la Mort avec fes Cyprés
Cette perte fuivit de prés.
Il n'eft point fur la terre
d'Homme
Qui ne puiffe encor voir à
Rome
Ces Monuments de vanité
De la fuperbe Antiquité
Aouft 1713 .
ра
186 MERCURE
Que jadis on a fait conftruire
,
Qu'encore aujourd'hui l'on
admire
Où les magnífiques Romains
Se lavoient , & prenoient
les Bains
Dans chaque coin d'Architecture
L'art y furpaffoit la nature ,
Et tous les Murs par le dedans
De fin Marbre eftoient
éclatans
,
Marbre apporté de Numidie
,
GALANT 187
รุ
Ou bien , venu d'Alexandrie.
L'injufte Diocletien
T
Et le Tyran Maximien
Ont employé fommés im▲
menfes
A faire de telles dépenses.
Mais continuons hos
deffeins
,
Et
décrivons
quelques
beaux Bains
Que les Autheurs recom
mandables
Ont rendus des plus ve
nerables ,
Qui mefme ont fait voir
}
Qij
188 MERCURE
à nos yeux
Un fpectacle delicieux .
Les Bains de Fritolle , ou
Tritolle ,
Que l'on rencontre auprés
Pouzzolle
Nommez les Bains de
Ciceron
Fabriquez mefme avant
Neron ,
Eftoient quelque chofe de
rare .
On n'y voyoit rien de bïzarre
,
Mais le tout proportionné ,
Et fort fçavamment ordonné
,
:
GALANT. 189
Suivant la regle & la mefure
De la plus noble Architecture
.
C'eſtoit
pour
le dire en
un mot ,
Non la Caverne d'un Marmot
Mais une Salle bien voutée,
Et de Peintures ajuſtée ,
Dont le temps qui tout oeu
vre abat ,
A
ravy le luftre & l'éclat ,
On y voit cependant encore
Depuis Vefper juſqu'à
l'Aurore
,
190 MERCURE
Et de l'Aurore juſqu'au
foir
,
Maint & maint petit Refervoir
Remply jadis d'une Eau
potable ,
Aux Infirmes fort profitable
;
Car chaque Malade y
Ce
que
trouvoit
fon medecin vouloit.
Efculape dort là fous roche
,
Comme une anguille eft
tout proche
Au temps que vivoient les
GALANT. 191
Cefars ,
Parmy la guerre & les hazards
,
On voyoit là maintes Statuës
Qui font maintenant ab.
battuës
,
Qui mettant la main fur
leur corps
,
Faifoient connoiftre en
leur dehors
Tant leur effence magnifique
,
Que leurs qualitez fpeci
fiques ,
Les Medecins Salernrçains
,
192 MERCURE
Plus envieux que les Latins
Piquez d'une jaloufe rage ,
Ont ravagé ce grand Ouvrage
,
Et deffeiché toutes les
Eaux
Qui rendoient ces Bainslà
fi beaux ,
S'imaginant que leur pratique
Diminuoit par l'hydraulique
Et qu'Hippocrates eftoit
perdu
Si Ciceron n'eftoit fondu .
anios
Près
GALANT . 193
Prés de là , fi l'on m'en
veut croire ,
On doit paffer au Sudatoire
;
Mais il faut bientoft s'épouffer
,
A moins que l'on veüille
étouffer ,
Y faifant chaud de telle
forte
,
Qu'auffitoft l'on cherche
la Porte.
On voit preſque au meſme
chemin
Les fameux Bains de Saint
Germain
Aouft 1713. R
194 MERCURE
Nommez Thermes de Fumerolles
.
Je n'ay prefque point de
paroles
Pour vous expliquer les
raifons
Des fumantes exhalaifons
Qui cette Caverne rempliffent
,
Et de leurs vapeurs la noirciffent.
Fuligineufes qualitez ,
Que de cerveaux vous enteftez
!
Domicile fudorifique ,
De Vulcain l'affreufe Boutique
,
Si- toft qu'on refpire voftre
GALANT . 195
air ,
On croit avoir cervelle en
l'air
,
Etre aux Sabat par negromance
Et le fçais par experience.
Aurefte, ce Lieu tant vanté
A l'heureufe proprieté
De guerir mainte maladie ,
Soit de France , foit d'Aufonie
;
Et quand on apporte en ce
Lieu ,
Tout fumant , tout bruſlant
de feu ,
Une autre Eau qui ſoit étrangere
,
Rij
196 MERCURE
Soit qu'elle pefe , ou foit
legere ,
Ce Bain , fans s'en appercevoir
,
Luy communique fon pouvoir.
Chacun fçait que les Bains
d'Alife
Et de Plombieres , font de
mife ;
Qu'à Vichy , qu'à Spa , qu'à
Mion ,
Ils font en réputation ;.
Qu'on peut de vous dire le
meſme ,
Bains de Pougues , Bains
GALANT. 197
de Belefme ;
Que d'ailleurs il n'eft rien
fi bon
Que font vos Eaux , Bains
de Bourbon.
Qui font rajeunir les Perfonnes
,
Fuffent vieilles comme
Gorgones,
L'à l'on vient chercher de
beaux
ans ,
Dans les plus beaux jours
du
Printemps ,
En
chemin l'amour pouvez
faire
Pour voftre ufage falutaire.
R iij
198 MERCURE
Je ne vous obmettray ja
mais ,
Belles Etuves , beaux Bains
d'Aix ,
J'entens icy d'Aix la Chapelle
,
Car voftre ſtructure eft
tres- belle ,
Et les Germains de tous
coftez
Recherchent vos humiditez
.
A Tongres , au Païs de
Treves
,
Auffi-bien qu'au climat de
Cleves
,
On rencontre encor tous
GALANT . 199
les
jours
De ces favorables fecours .
Ainfi la belle Germanie
A fes Bains comme l'Au.
fonie ,
Et comme les charmans
Païs
Soumis au Monarque des
Lys.
A Mofcou , Païs des Fourures
,
Climat tout glacé de froidures
,
Où regnent l'Aigle & le
Croiffant
Et dans l'Empire floriſſant
R iiij
200 MERCURE
Où le Soleil on idolâtre ,
Des Bains de Porphire &
d'Albâtre ,
Tous remplis de bonnes
odeurs
,
Se font voir chez les grands
Seigneurs.
C'eſt - là ce qui fait leurs
delices
,
Leurs pafletemps , leurs
exercices ;
Sur tout chez les Orientaux
,
Et chez les
Septentrionnaux
,
Fréquemment les Bains
on vifite ;
GALANT . 201
Pafferoit pour hétéroclite,
Et bourru , qui s'en pafferoit
,
Qu'on vive à Rome comme
à Rome ,
Si l'on veut vivre en honnefte
Homme,
Forges & Montdor
de
Rheims ,
, pres
Fourniffent encor de bons
Bains
Dont fe prévaut mainte
Perfonne.
Acqs & Therfis , prés de
Bayonne ,
Balleruc , avec Barboran ,
202 MERCURE
Sont encore vifitez chaque
an ,
Pour leurs Bains , qui dans
la Nature
Ont tousjours fait belle
figure.
Nommons-en encor quelques
uns
Que l'ufage a rendus communs
Comme utiles en cent manieres
,
Les Bains de Barege &
Bagnieres ,
Dont les plus fçavans Medecins
Font le pont aux ânes des
Bains.
GALANT. 203
NOUVELLES
de Landau.
LEs
Lettres du camp
devant
Laudau
portent
que 17. Juillet l'une des
fappes fut pouffée
jufqu'au
chemin
couvert
de la lule
nette de la droite , que le
Marefchal de Bezons ef
tant allé à la tranchée , avoit
ordonné de continuer la
fappe , & que fi les ennemis
fortoient de la lunette , de
ne leur oppoſer qu'une
vingtaine de Grenadiers ;
malgré l'ordre donné, quel204
MERCURE
ques ennemis s'eftant avancez
hors de la lunette furent
chargez par cinq
compagnies du Regiment
de Navarre , & par trois
piquets du Regiment de
Medoc , qui les repoufferent
, & fe logerent fur
deux angles faillants du
chemin couvert de la lunette
; mais eftant expofez
à découvert au feu de:
la Place , & des quatre lunettes
, il y eut onze Offi
ciers & cent cinquante fol
dats tuez ou bleffez . Que
le Prince Talmont qui
GALANT. 205
commandoit la Tranchée
ce jour là y receut une con?
tufion d'un gabion qui fut
renversé fur luy. Que la
nuit du 18. au 19. l'Arfe
nal avoit efté bruflé avec
quinze mille moufquets &
tous les affuts de rechange
des affiegez. Que le 20.
fept batreries de quatre canons
chacune , commencerent
à battre en breche
les quatre lunettes , que
noftre artillerie faifoit un
fi grand feu qu'il y avoit
desja des breches aux contregardes
, & avoit démon206
MERCURE
té tous les canons des affiegez
, à la referve de quatre
ou cinq , & qu'auflitoft que
les lunettes feroient prifes
on battroit la Place avec
foixante & dix pieces de
canon , quarante mortiers
& vingt pierriers. Que les
affiegez faifoient fouvent
jouer des mines fans effet .
On écrit de l'armée des
ennemis que le Prince Eugene
avoit paffé le Rhin
avec vingt mille hommes ,
& qu'il eftoit campé près
de Mayence , ayant fa
droite couverte par le
F
GALANT. 207
Rhin , fa gauche par un
ruiffeau , & devant luy un
double retranchement
qu'il avoit laiffé quarante
mille hommes pour garder
fes lignes. La nuit du 23.
au 24. on s'empara de la
quatriéme lunette fur la
droite que les ennemis abandonnerent
, on ſe logea
devant la gorge à caufe
des fourneaux . La nuit du
30. au 31. les ennemis firent
une fortie de la redoute
de Heffy , ils renverferent
quelques gabions
deux compagnies de Gre208
MERCURE
nadiers les repoufferent.
La nuit du 31. au premier
Aouft le Marefchal de Villars
fit attaquer les trois
lunettes qui reftoient, avec
neuf compagnies de la
tranchée & treize autres
qui eftoient venuës de la
grande armée .
On commença l'attaque
à la droite pour y attirer
les ennemis ; un moment
aprés on attaqua les
trois lunettes : on fit jouër
une mine fous la redoute
de Melac , qui ayant fait
une breche fuffifante , fut
emportée
GALANT . 209
"emportée la bayonnette au
bout du fufil , les deux autres
furent prifes par efcalade
, nous y avons perdu
dans ces differentes attaques
deux Capitaines & un
Ingenieur tuez , & quarante
fix bleffez. La nuit du 2.
au 3. les affiegez firent
jouer deux fourneaux dans
des trois lunettaf
les gorges
tes que nous avions priſes
deux jours auparavant , ils
firent des forties pour
cher de les reprendre , ils
entrerent dans une , mais
ils furent coupez , plufieurs
Aoust 1713.
S
210 MERCURE
furent faits priſonniers , &
les autres repouffez avec
perte, & fi vigoureuſement
qu'un Sergent & quinze
Grenadiers entrerent
dans le chemin couvert
que les ennemis abandonnoient
croyant qu'on vouloit
l'attaquer , nous avons
perdu dans cette occafion
deux Capitaines de Grenadiers
du Regiment d'Orleans
, huit autres Officiers
& quatre Ingenieurs
bleffez , quarante ou cinquante
foldats tuez , & environ
cent bleſſez . La nuit
GALANT . 211
du 4. au 5. fut employée à
faire une parallele de trois
à quatre cens toiles fur le
glacis du chemin couvert
du front des attaques , on
eftablit des batteries de
canon , de mortiers & de
pierriers . On attacha des
mineurs fous les angles.
faillans du chemin couvert
depuis la
porte de France
jufqu'à la fortie de la rivicre
; les affiegez firent jouër
cinq ou fix fourneaux qui
leur cauferent plus de perte
qu'aux affiegeants. La mef
me nuit on attaquà le paſ-
S ij
212 MERGURE
té qui couvroit la digue
qui barre la riviere , & rempliffoit
d'eau le foffé de la
contrefcarpe qui eft devant
le reduit ; ce paſté fut emporté
, il eftoit deffendu
par cent hommes.commandez
par un Capitaine
qui fut pris , toute la troupe
fut prife , tuée ou noyée.
Tandis qu'on travailloit à
s'y loger les affiegez firent
une fortie pour reprendre
cetouvrage, mais ils furent
repouffez , nous n'avons
perdu dans cette attaque
que quelques foldats & un
GALANT atz
Capitaine de Grenadiers
du Regiment de Villars-
Suiffe , le fieur Many Major
a eſté dangereuſement
bleffé . Depuis qu'on a coupé
la digue de charpente
&
l'éclufe qui font à la gorge
du pafté , les eaux font
beaucoup diminuées . On
affeure que les affiegez ont
desja fait jouër plus de quarante
mines. On écrit du
camp de Spire que le 28.
Juillet le Marechal de Villars
ayant fait un détachement
de cavalerie & de
dragons fut vifiter les bords
214 MERCURE
du Rhin jufqu'au deffous
de Mayence , & reconnoiftre
les nouveaux ouvrages
dont les ennemis ont augmenté
les fortifications de
la place. Il y arriva le 29.-
& reconnut que le Prince
Eugene avoit formé un
camp entre le Mein & le
Rhin , que les troupes
d'Hanover eftoient encore
à cinq ou fix lieuës de Mayence
, & que celle de Hefſe
& des autres en eftoient
encore plus efloignées . Le
Marechal de Villars revint
à fon camp ; cette
le
30.
GALANT. 215
courfe caufa une grande
allarme . Le Duc de Bourbon
fit le 5. la reveuë de la
Cavalerie.
Extraits de plufieurs Lettres
du Camp de Landau.
On écrit de l'Armée de
devant Landau du 2. Aouft,
que le 27. Juillet le Regiment
d'Alface defcendant
les tranchées , un boulet de
Canon emporta la jambe
aux fieurs Ferrette & Can
ville Enfeignes dudit Regiment
, & tua deux Sol216
MERCURE
dats ; que le fieur Guncherot
Capitaine de Grenadiers
eft mort de fa bleffure
, & que les fieurs de
Siller & de Petri Capitaines
de Grenadiets du Regiment
d'Alface qui ont
efté bleffez au bras , font
hors de danger , & que
malgré leurs bleffures ils
retournerent
aux attaques.
Le 31. Juillet les trois
Redoutes qui reftoient ont
efté attaquées
& empor
tées . M. le Duc de Guiche
eftant de tranchée le 3. de
ce n is , on devoit atta
quer
GALANT. 217
quer les chemins couverts .
On a fait pendant la nuit
du 3. au 4. la parallele de
communication environ
trois toifes en avant fur les
angles faillants du chemin
couvert , où les mineurs
font depuis pour taſcher
de découvrir les mines des
affiegez . A la droite à la
hauteur de la lunette
d'Heffi ou de Quaquem
nous avons un logement
fur l'angle du chemin couvert
de la place qui n'eſt
qu'à deux toiſes des palliffades
; nous avançons auf
T
Aoust 1713.
218 MERCURE
une fappe fur le paſté qui
eft à la droite de la redoute
de Quaquem qui eſt à la
fortie des eaux & qui couvre
le batardeau qui retient
celle que forme l'inondation
qui couvre le reduit
, nous cftions hier matin
fur le foffé du chemin
couvert de ce petit ouvrage
dans lequel il paroiſt y
avoir peu de troupes.
Du Camp devant Laudan
du s . Aoust.
Je defcendis avant hier
ma fixiéme tranchée , il
GALANT. 219
n'y en avoit point encore
eu de fi vive , nous nous
rendifmes maiftres de toutes
les traverſes que les ennemis
avoient encore entre
le chemin couvert & les
lunettes qui furent prifes
il y a deux jours , & nous
filmes un logement au pied
du glacis du chemin couvert
, ils nous inquiéterent
le plus qu'ils peurent par
un grand feu de moufqueterie
& de canon , & par
plufieurs petites forties où
ils furent repouffez , & par
cinq mines qu'ils firent
Tij
220 MERCURE
jouër , cependant nous avons
bien reuffi . La nuit
du 3. au 4. a eſté employée
à achever la parallele , &
à la perfectionner de telle
forte que nous l'occupons
preſentement. L'on a pris
cette nuit un pafté qui eft
tout - à - fait à la droite ou
font les éclufes de la fortie
des eaux , il eftoit deffendu
par cent hommes commandez
par un Capitaine,
qui a efté pris avec toute
fa troupe tuée , bleffée ou
prife , nous nous en fommes
emparez , nous efpeGALANT.
221
rons faire baiffer les eaux
de cinq pieds . L'attaque
qui eft entierement déterminée
de ce cofté- là fera
beaucoup plus facile , nous
efperons eftre maiſtre de
la Ville dans peu. Nous
avons fait dans cet ouvrage
quarante à cinquante
prifonniers , toutes nos
troupes ont fait merveille
dans toutes ces differentes
attaques. Je compte fort
n'avoir plus qu'une tranchée
à monter ; on croit
que ce foir l'on fera fauter
Tangle faillant du chemin
Tiij
222 MERCURE
couvert de la contregarde
du reduit où le mineur eft
attaché depuis deux jours ,
& qu'on fe logera fur cet
angle.
De Landau ce 13. Aoust 1713.
La nuit du 12. au 13. on
a attaqué le redent qui eft
entre les deux angles rentrans
des deux contregardes
, fçavoir la verte & cel
le qui eſt reveſtuë où l'on
s'eft logé le long de la gorge
, & l'on a fait une communication
fur la mefme
ligne avec un crochet en
GALANT. 223
retour depuis ladite gorge
jufqu'aux palliffades du
tambour le long de la demie
gorge qui regarde la
contregarde du reduit ; l'on
a pouffé une fappe à la parallele
qui fait le front de
la face gauche de cette
mefme contregarde , cela
a efté attaqué par vinge
Grenadiers , & foutenus
du Regiment Dauphin , le
redent n'eftoit nullement
endommagé , il eſtoit frifé
, palliſſadé avec un foſſé
& chemin couvert nous
n'y avons perdu que trois
>
Tiiij
224 MERCURE
Grenadiers , foixante travailleurs
, un Capitaine de
Broffe bleffé , & un Lieutenant
de Saillant . L'on a
jetté un pont fur le foffé
de la contregarde de la demie
Lune bruflé par les
affiegez , & reftabli dans
la nuit ; l'on a fait une batterie
de fix pieces de canon
pour battre en breche
la contregarde qui fera
à la gauche du redent ,
elle doit tirer demain ma.
tin 14. de ce mois.
GALANT. 229
De Landau ce 13. Aouſt 1713-
Mr de la Valliere qui
eftoit la nuit paffée de tranchée
a fait tafter par trenteGrenadiers
du Regiment
Dauphin le petit ouvrage
de terre qui eft entre les angles
rentrants des contregardes
de la demie lune &
du reduit , quoique fon ouvrage
fuft dans fon entier ,
qu'il n'y manquât pas une
paliffade , les Grenadiers y
font entrez , ont tué vingt
hommes qui le gardoient ,
excepté fix que l'on a pris ,
216 MERCURE
l'eftabliffement & la communication
ont efté diffici
les à caufe des feux des
contregardes qui plongent
dans cet ouvrage , il en a
couftéfoixante travailleurs
tuez ou bleffez mais l'ouvrage
eft fini.
Nouvelles de Flandres.
Les Lettres de Gand &
de Bruges portent que trois
Regiments de cavalerie
Anglois qui y eftoient en
garniſon , en eftoient partis
pour s'aller embarquer
& repaffer en Angleterre ,
R
GALANT . 127
que le General Sabine
ayant découvert que quelques
foldats tramoient une
nouvelle confpiration
, avoit
fait venir de Bruges
a
quelques Regiments de
Dragons qui arriverent le
22. Juillet à trois heures du
matin , & occuperent les
avenues des cafernes, qu'on
y avoit pris les autheurs du
précedent tumulte ,
aprés un Confeil de guerre
furent arquebuſez le lendemain
avec cinq autres.
qui
218 MERCURE
Nouvelles d'Utrecht.
On mande d'Utrecht
que le 4. de ce mois le Duc
d'Offone & le Marquis de
Monteleon Ambaffadeurs
d'Eſpagne , arriverent à la
Haye dans trois caroffes à
fix chevaux , qu'ils avoient
eu plufieurs conferences
avec les Députez de l'Ef
tat touchant quelques
articles
qui retardent la conclufion
du Traité , & qu'on
efperoit que les difficultez
feroient bientoft levées.
Les Lettres de la Haye por
1
GALANT . 229
tent que les Deputez de
l'Eftat avoient auffi eu diverfes
conferences avec les
Miniftres du Czar , du Roy
de Dannemark , & du Roy
Augufte , pour taſcher de
terminer la guerre
du
Nord. On mande de Bonne
que le Regiment Suiffe
du Colonel Diefbach , qui
y eftoit en garnison au fervice
des Provinces- Unies ,
avoit efté licentié ; que les
troupes du Duc d'Hanover
s'eftoient approchées de
Mayence , & que d'autres
avoient pris leurs places
230 MERCURE
toujours au deça du Mein ,
que les troupes de Pruffe ,
de Saxe , de Wirtemberg ,
& autres revenuës des
Pays- Bas , eftoient encore
dans le Wefterwalet au
Nord du Mein.
Les dernieres Lettres de
la Haye portent que les
Plenipotentiaires
d'Efpagne
avoient eu avec les
Députez des Eftats Generaux
& le fieur Heinfius
Penfionnaire
plufieurs
conferences dans lefquelles
prefque toutes les difficultez
avoient eſté levées ,
>
GALANT. 231
& qu'ils devoient retourner
dans peu à Utrecht pour fi
gner le Traité de Paix entre
l'Eſpagne & cet Eftat ,
& qu'on n'attendoit que
le retour des courriers pour
conclure aufli la Paix entre
la meſme Couronne &
le Portugal. On mande de
Francfort que les troupes
de Wirtemberg & de Saxe
avoient paffé le Mein pour
aller joindre l'armée de
l'Empire , que celles d'Hanover
& la pluſpart des
autres eftoient encore au
deça de cette riviere , &
232 MERCURE
qu'on ne fçavoit le party
que devoient prendre celles
du Landgrave de Heffe-
Caffel qui font encore dans
leur
pays.
Nouvelles de Paris le
25.
Aoust 1713 .
Il eft arrivé cette nuit
'deux Courriers du camp
devant Landau ; le premier
eft le fils de Mr de
Vallory , depefché le 19.
de ce mois , qui a apporté
la nouvelle de la prise de
deux contregardes ; le fecond
Mr de Luteau beaufrere
GALANT . 233
frere de M. le Maréchal de
Befons qui a apporté celle
de la prife de Landau ,dont
la Garnifon a efté faite Prifonniere
de guerre .
L'on attaqua les deux
Contregardes la nuit du 18.
au 19. Faction fut vive &
brillante ; elles furent emportées
toutes deux . L'on
fit 60. ou 80. Prifonniers
dans celle de la droite devant
le Reduit qui n'eftoit
pas reveftu , & 20. dans
celle de la gauche reveſtuë
de maçonnerie , l'on fe
contenta de ſe loger fur la
Aoust 1713. V
234 MERCURE
a
pointe de cette derniere ;
T'on eftendit le logement
tout le long de la Gorge
de celle de terre , parce que
l'on vouloit y eftablir des
Batteries pour achever de
battre en breche le Reduit.
Les Ennemis battirent
la Chamade le 19. au matin
, & envoyerent des Of
tages. M. le Maréchal de
Villars leur declara qu'il
vouloit que laGarniſon fuft
Prifonniere de guerre. Les
Oftages s'en retournerent
peu fatisfaits , & revinrent
deux heures aprés demanGALANT.
235
der que l'on leur accordaft
la mefme Capitulation
que les Alliez avoient accordez
à la Garnifon de
Tournay. M. le Maréchal
de Villars dit qu'il falloit
qu'ils fuffentPrifonniers de
guerre. Les Oftages s'en
retournerent , l'on recom
mença à tirer de part &
d'autre à 8. heures du foir ,
& les Affiegez firent le
plus grand feu de leurs Canons,
deBombes, deMoufqueterie
, qu'ils euffent fait
de tout le Siege ; mais enfin
ils arborerent le Draa
V ij
236 MERCURE
peau blanc le 20. au maż
tin , renvoyerent des Of
tages , & convinrent de fe
rendre Prifonniers. M. le
Maréchal leurs accorda
leurs équipages , & des
congez aux principaux Officiers
qui voudroient retourner
chez eux en don
nant leurs paroles.
MORT S.
+
Dame Françoife de Nar
gonne , Veuve de Charles
de Valois , Duc d'Engoulefme,
mourut au Chafteau
GALANT. 237
de Montmort en Champagne
le 10. Aouft âgée de
92. ans. Elle eftoit fille de
Charles de Nargonne , Baron
de Mareuil , & de Leonore
de la Riviere , fur mariée
par Contrat du 29.
Janvier 1644. à Charles de
Valois , Duc d'Engoulefme
, Pair deFrance , Comte
d'Auvergne , de Ponthieu ,
de Lauragais , & d'Alets ;
Chevalier des Ordres du
Roy , Colonel General de
laCavalerieLegere de France
, Fils naturel de Charles
IX. du nom , Roy de Fran
238 MERCURE
ce , & de Marie Touchet ,
Dame de Belleville. Il mou
24. Septembre 1650 .
rut
le
âgé de 77. ans ,, . ans 4. mois
aprés fon fecond mariage ,
parce qu'il avoit épousé en
premieres nôces Charlotte
de Montmorency , fille aînée
de Henry , I. du nom ,
Duc de Montmorency , Pair
& Conneftable de France ,
& d'Antoinette de laMarck
Bouillon .
De fon fecond mariage
il n'a point eu d'enfans , &
Madame laDucheffe d'Engoulefme
fa feconde EpouGALANT
. 239
fe a refte en viduité depuis
fa mort pendant 63. ans.Elle
n'avoit lors de fon mariage
que 23. ou 24. ans
& la chofe eft bien extraordinaire
de dire que en 1713.
la Veuve du Fils du Roy
Charles IX . eft decedée , ce
Roy eftant mort en 1574 .
il y a 139. ans , & que nous
avons eu depuis luy fur le
Thrône Henry III. Henry
IV. Louis XIII . & Louis
XIV . à prefent regnant.
Mre Artus de Lyonne Evef
que de Rofalie, Vicaire Apoftolique
de la Province de Suchüen
dans la Chine,mourut en cette
Ville le 2 , de ce mois , au Semi140
MERCURE
n
naire des Miffions Eftrangeres,
âgé de 58. ans . Il eftoit fils de
Mre Hugues de Lyonne,Minif
tre & Secretaire d'Eftat , & il
eftoit né à Rome en 1655. durant
l'Ambaffade de fon pere vers
les Princes d'Italie. Avaut embraffé
l'eftat Ecclefiaftiqué , il
s'eftoit engagé dans le Millions
d'Orient , où il a travaillé avec
'un grand zele durant plus de
'vingt années , & il avoit acquis
une grande connoiffance des
lettres & des fciencesChinoiſes.
Il vint en France en 1685. avec
les Ambaffadeurs du Roy de
Siam , qu'il remena en leur païs
l'année fuivante . De là il paffa
à la Chine , & il revint à Rome
en 1703. pour les affaires de la
Religion , & enfuite en cette
Ville.
GALANT. 241
·
Dons du Roy.
Le Roy a nommé l'Evêque
de Tournay à l'Archevêché
de Toulouſe. Cette
Ville eft la Capitale du Languedoc
, elle eft fituée fur la
Garonne , qui la diviſe en
deux parties fort inégales.
Sa Metropolitaine eft Saint
Etienne Cette Eglife eft confiderable
par plufieurs belles
Chapelles. Son Chapitre eſt
compofé d'un Prevoft , d'un
grand Archidiacre , d'un Archidiacre
de Laugarais , & de
Aoust 1713 .
X
242 MERCURE
vingt quatre Chanoines. Le
Dioceſe avoit autrefois une
grande étendue : mais depuis
que les Evéchez de Pamiers ,
de Saint Papoul , de Lombez
& Lavaur , ont efté démembrez
, il ne contient que
deux cent cinquante Paroiffes
& fix Abbayes . Aprés
cette Cathedrale fuit celle de
Saint Sernin , qui eft Abbatiale
, Collegiale & l'ancien
Maufolée des Comtes de
Touloufe . Saint Sernin fut
le premier Evêque de l'Eglife
de Touloufe , que le Pape
Jean XXII. érigea en ArGALANT.
243
chevêché l'an 1 317. luy donnant
pour Suffragans Pamiers
, Montauban , Mirepoix
, Lavaur , Rieux , Lombez
, & S. Papoul. Le Parlement
de Toulouſe aprés celuy
de Paris eft le plus grand
du Royaume. Il fut inftitué
par Philippes le Bel en 1 302 .
& Charles VII. le fit fedentaire
en 1443. Il eft partagé
en cinq Chambres , fçavoir ;
la Grand Chambre , la Tournelle
, la Premiere , la Seconde
, & la Troifiéme des Enqueftes
, & celle des Requêtes
que François I. inftitua
X ij
244 MERCURE
en 1543. Henry II . la fupprima
aprés 4. années & la réta
blit en 1558. François II . la
caffa de nouveau par fon Edit
du mois de Juillet 1560.mais
elle fut rétablie par Charles
IX . en 1573. Les Confeillers
joüiffent d'une preroga
tive fort particuliere qui eft
d'avoir Séance au Parlement
de Paris felon l'ordre de leur
reception ; ce qui n'eſt accordé
aux Confeillers d'aucun
autre Parlement . Ce
Parlement a dans fon reffort
le haut & le bas Languedoc
,
le Vivarais , le Velay , le
GALANT 245
le Gevaudan , l'Albigeois ,
Rouergue , le Quercy , le
Lauraguais , le Pays de Foix,
& une partie de la baſſe Gaſcogne.
Dans l'endroit où eft
le Palais eftoit autrefois le.
Chateau des Comtes qui en
cftoient Souverains . La Maifon
de Ville eft fort magnifique
. On luy donne le
nom de Capitole , & les Echevins
ou Confuls , celuy de
Capitouls . L'Univerfité eft
compofée de divers Colleges
, dont les principaux font
ceux des Jefuites , de Foix ,
de Sainte Catherine , de Saint
X iij
246 MERCURE
Nicolas & de Narbonne.
Les Ecoles de Droit , de
Medecine & de Theologie ,
font des plus renommées du
Royaume. Cette Univerſité
fut fondée par le Pape Gregoire
IX. en 1233. Le circuit
des murailles de cette
Ville eft de fix mille huit cent
pas communs , que l'on peut
faire en trois heures. Ceux
qui veulent tirer la grandeur
du fang des Troyens , difent
qu'un de leurs Chefs nommé
Touloufain , en jetta les fondemens
; d'autres donnent
cette gloire à un certain
GALANT 247
Tholus de la race de Japhet ,
ce qui arriva , difent ils , fix
cens ans avant la fondation
de Rome. Il y en a plufieurs
qui foutiennent qu'elle ait
pris fon nom de Tolofa ,
femme de Polyphême , qui
cut tant d'amour pour elle ,
qu'afin d'éternifer la memoire
, il fit bâtir cette Ville . Il
y a plus d'apparence qu'elle
ait efté appellée des Tolofates
, qui fuivirent les Tectofages
dans leurs expeditions ,
& qu'on accufa d'avoir enlevé
du Temple de Delphes
cette prodigieufe quantité
X iiij
248 MERCURE
d'or qu'on faifoit monter à
quarante millions , que le
Romain Cæpio trouva prés
de cette Ville dans un Lac où
ils l'avoient jetté par l'avis de
leurs Devins, qui leur annoncerent
que c'eftoit le feul
moyen de guerir d'une maladie
maligne qui les defoloit
, ce qui a donné lieu au
? Proverbe de l'or de Toulouſe.
Les Romains en ayant
fait une Colonic , luy choifirent
Minerve pour Protectrice
, d'où elle a efté quelquefois
nommée Palladia
ils l'embellirent d'un AmphiGALANT
249
teatre & d'un Capitole. Il
n'y a que Toulouſe , Narbonne
, & Carthage la neuve
, où ils ayent jamais fait
bâtir un Capitole . On ne
fçait pas même ſi l'Eglife de
de Noftre Dame n'eftoit
point celuy de Jupiter , &
celle de Saint Quentin celuy
d'Apollon.
*
Toulouſe fut longtemps
gouvernée par les Comtes
dont le premier fut Chorfon
ou Torfin du temps de
Charlemagne , & dont le dernier
fut Alphonfe frere de S.
Louis , & de Comte de Poi250
MERCURE
12
tiers , aprés la mort duquel
& de Jeanne fa femme fans
enfans en, 1270. à leur re- en , 1270 :
tour d'Affrique , la Comté
de Toulouſe fut réüni à la
Couronne de France , fuivant
le Traité qui avoit efté
fait à Paris l'an 1228. avec le
Comte Raymond dernier de
ce nom , & pere de ladite
Jeanne. La Fefte des Jeux
Floraux eft une chofe tresremarquable
en cette Ville.
Ils furent inflituez en 1324 .
par fept hommes de condition
de la Ville qui aimoient
les belles Lettres , & qui s'é
GALANT . 25x
tant affemblez dans un Jardin
au Fauxbourg de Saint
Etienne , firent une Lettre
circulaire , par laquelle ils
inviterent tous les Trouvai
res ou Poëtes des environs ,
de fe rendre à Toulouſe le
premier jour de May de la
même année ,
promettant
de donner une Violette d'or
pour Prix à celuy qui auroit
recité les plus beaux Vers ;
cé projet plut tellement aux
Capitouls qu'il fut reſolu
qu'on l'executeroit toutes les
années aux dépens du public.
Pour donner quelque forme
252 MERCURE
à cette Affembléec , on créa
un Chancelier & un Secre
taire. Dés ce temps là les fept
qui avoient efté caufe de cette
Inftitution prirent le nom
de Mainteneurs. On ajoûta
depuis à la Violette deux au
tres fleurs , l'Eglantine & le
Soucy pour fervir de ſecond
& de troifiéme Prix .
Vers l'an 1540. une Dame
de Toulouſe , appellée Clemence
Ifaure , forma le def-
Lein d'éternifer fa memoire
par l'Inftitution d'une Fefte
qui fut appellée les Jeux Flo- :
raux , & qu'elle voulut qu'on -
GALANT. 253
celebratt le premier & le
troifiéme jour de May. Elle
laiffa pour cela la plus grande
partie de fon bien à Meffieurs
de Ville , à condition
qu'ils feroient faire tous les
ans quatre fleurs de vermeil ,
qui feroient l'Eglantine , le
Soucy , la Violette & l'Oeillet
.
L'Hostel de Ville qui eft
tres- beau eftoit la Maifon de
cette Dame, qu'elle leur donna
pour y celebrer ces Jeux ;
avec la Place du Marché , appellée
la Pierre. Sa Satuë qui
eft de marbre blanc couron
254 MERCURE
née de fleurs & ceinte d'une
ceinture auffi de fleurs , cft
dans une niche contre la muraille
de la grande Salle de cet
Hoftel . Le Roy par fes Lettres
Patentes du mois de Septembre
1694. érigea les Jeux
Floraux de Toulouſe en Academie
de belles Lettres , avec
le Brevet de nomination
d'un Chancelier de ces Jeux
& de trente - cinq Academiciens.
Les Prix qui s'y
donnent à prefent font
une Amaranthe d'or , une
Violette , une Eglantine , &
un Soucy d'argent.
GALANT 255
L'Archevefque de Touloufe
fe nomme René François
de Beauvau , fils de
Jacques de Beauvau 3 ° du
nom , Chevalier Marquis du
Rivau , & de Dame Maric
de Campet de Saujon , ſon
époufe ; il fut d'abord grand
Vicaire de Sarlat fous François
de Beauvau , Evefque
dudit lieu , fon Oncle , puis
nommé Evefque de Bayonne
le premier Novembre 1700.
au lieu de Meffire Leon de la
Lanne , qui eftoit mort la
même année , & fut facré
à Paris le 17. Juillet 1701 .
556 MERCURE
en l'Eglife du Noviciat des
Jefuites par l'Archevefque
d'Auch , fon Metropolitain
,
Armand Tristan de la Baume
de Sufe , affifté de Meffire
François de Clermont-
Tonnere , Evefque de Lan
gres , Pair de France , fon
parent , & de Meffire François
de Kerhoen de Coëntafao
, Evefque d'Avranche ,
fut transferé à l'Evefché de
Tournay le jour de Paſques
24. Avril 1707. vaccant
par la mort de Louis Marcel
de Coetlogon , qui deceda à
Tournay le 18. Avril de laGALANT.
257
dire année 1707 & enfin
transferé à l'Archevefché de
Toulouſe , le
1713 .
Juillet
La Maifon de Beauvau eft
tres illuftre & tres - ancienne,
defcenduë des Anciens
Comtes d'Anjou par Foulques
d'Anjou , Seigneur de
Briolan , & de Jarzé , que
Fon dit eftre
quatrième fils
de Foulques deuxième du
nom , Comte d'Anjou & de
Gerberge de Bretagne . If
für pere de Foulques ' du
nom , Seigneur de Beauvau
& de Jarzé , qui mourut à
Aunft 1713.
Y
258 MERCURE
Angers , trois jours aprés
Pafques , l'an 1000. c'eft de
ce Foulques premier Seigneur
de Beauvau que toute
cette Maifon defcend par
vingt- deux generations jufques
à M' l'Archevêque de
Toulouſe , dans lefquels degrez
il fe rencontre des alliances
tres confiderables
& celle qui fait plus d'honneur
à cette Maifon eft celle
qu'Ifabeau de Beauveau contracta
en 1454. avec Jean
de Bourbon Comte de Vendofme
, Prince du Sang
Royal de France , de laquelle
GALANT. 259
eft defcenduë toute la branche
Royale de Bourbon , &
par elle prefque tous les
Princes & Princeffes de l'Eu-
#ope en defcendent , & l'honneur
qui en refte à la Maifon
de Beauveau , c'eft que
dans toutes les veines des
Princes & Princeffes de l'Europe
, le Sang de Beauveau
y circule avec le leur , & fe
trouve allié du 8. au 9 degré
avec toutes les Teftes couronnées.
Cette Maifon s'eft divifée
en quantité de branches
dont l'aînée cft tombée dans
Y ij
260 MERCURE
la Maifon de Bourbon ;
comme j'ay dit cy - deffus ,
par le mariage d'Ifabeau avec
le Prince Jean de Bourbon
Comte de la Marche , auquel
elle apporta les Terres
de la Rocheguyon & de
Champigny. La feconde
Branche eft celle de Manonville
, qui eft en Lorrai
ne , & qui fubfifte en plufieurs
branches , dont l'alnée
fubfifte en la perfonne
du Marquis de Beauveau Maréchal
de Lorraine , quia des
enfans , & le Marquis de
Craon grand Ecuyer de LorGALANT.
261
raine fon frere , qui a auffi
des enfans. Cette branche
eft divifée en quantité de rameaux
; fçavoir celles de Novian
, de Rollan , Depenſe ,
de Panges , de Lannan. Reneuve
; de Begnipont , &
Sandaucourt. La troifiéme
branche eft celle de Precigny
, divifée en celles de Tigny
, & de S. Laurent de
Mortiers. Et la quatriéme
cft celle du Rivau , de laquelle
eft l'Archevêque de
Toulouſe , qui fe divife en
deux rameaux ; fçavoir , le
Marquis de Beauveau le Ri262
MERCURE
vau , & les Seigneurs de Ri
Varennes .
L'Abbé Phelypeaux , Chanoine
de Nôtre- Dame à l'Evêché
de Riez. Cette ville eſt
dans la Provence , à onze
licues d'Aix : elle eft fituée au
bas d'une montagne , entre
deux petites rivieres , qui fe
rendent par une même em
bouchure dans le Verdon.
4
Son Evêché eft fuffragant de
la Metropole d'Aix , & for
Eglife Cathedrale porte le
nom de S. Maxime & de S..
Theode. Son Chapitre eft
composé d'un Prevôt , d'un
GALANT 263
Archidiacre , d'un Sacriftain ,
d'un Capifcol , & de buit
Chanoines , dont l'un eft
Theologal. Son Dioceſe n'eſt
pas de grande étenduë : il renferme
feulement cinquantequatre
Paroiffes, & le Doyenné
de Valenfoles , qui eft uni
à la Manfe Abbatiale de Clu
ny.
Le Roy a donné l'Abbaye
d'Hernieres , Ordre de Prémontré
, Diocefe de Paris , à
l'Abbé Frilon.
L'Abbaye de Beaulieu , à
l'Abbé Brofford , Grand Vicaire
de Limoges. Il y a en
264 MERCURE
France quatre Abbayes de ce
nom : deux de l'Ordre de S.
Benoift, dont l'une eft fituée
dans la Touraine , proche de
Loches , qui fut fondée au
commencement du onzième
fiecle ,, par Foulques
Nera ,
Comte
d'Anjou
; l'autre
cft
dans le Limofin
, aux confins
du Quercy
, proche
la ville de
Martel
Capitale
de la Vicomté
de Turenne
: elle fut fondée
en 855. par Raoul
, Art !
chevêque
de Bourges
, & qui !
releve en foy & hommage
de
cet
Archevêché
. Il y en a une
de l'Ordre
de Citeaux
, Do
cefe
GALANT . 265
cefe de Langres , proche le
Duché de Bar ; cette Abbaye
eft fille de Charlier : elle a été
fondée au mois de Juillet
1138. La quatriéme eft dans
le Diocefe de Troye , de l'Ordre
de Prémontré , dont elle
rcèût la Regle en 1140. S.
Bernard parle de cette Abbaye
dans l'Epitre 252 .
L'Abbaye de Nôtre- Dame
de Meaux , Ordre de S , Be-,
noit à la Dame de Charnifay
l'aînée .
L'Abbaye de Chaillot, Ordre
de S. Auguftin , Dioceſe
de Paris , à la Dame Prunelay
Aoust 1713 ,
Ꮓ
266 MERCURE
de Saint Germain .
L'Abbaye de la Saure , Ordre
de S. Benoit , Dioceſe de
Nifmes , à la Dame de Morangis.
Et le Prieuré ed Domfront,
à la Dame de Rezali .
Suplément aux Nouvelles. ,
Les lettres de Catalogne
portent , que le Duc de Popoli
avoit continué fa marche avec
l'armée , fans que les peuples
y ayen : aucune oppofition
: qu'au contraire les Villes
& les Bourgs envoyoient
GALANT . 267
des Députés pour affurer de
:
leur obeïffance & de leur fidelité
que les Habitans de la
Ville & du Château de Berga,
fur le Llobregat, avoient tué
le Colonel Don Francifco
Puig de Pierafica , qui y étoit
en garnifon , & qui étoit un
des quatre Chefs de la revolte
de la plaine de Vich , & qu'il
y avoit dans le Château de
Berga une grande quantité
d'artillerie & de munitions :
que le détachement que le
Duc de Popoli avoit fait pour
chaffer les Miquelets & les
Volontaires de quelques paf-
Zij
268 MERCURE
fages & défilés qu'ils occupoient
, les avoient entierement
défait : que les Troupes
de fa Majefté Catholique s'étant
avancées à la portée du
du canon de Barcelone , on
avoit tiré à boulet fur elles ;
ce qui marquoit affez que les
Rebelles y étoient encore les
maîtres. Les derniers avis affurent
, que le 27 Juillet le
Duc de Popoli étoit campé à
l'Hospitalet aux environs de
Barcelone : qu'il avoit entiement
bloqué la Ville, & qu'il
faifoit les difpofitions neceffaires
pour la réduire : qu'elle
GALANT. 269
par
étoit bloquée du côté de la
Mer fix Galeres d'Efpagne,
qui d'abord avoient pris
une barque de Mayorque ,
chargée de deux cent Canoniers
& de munitions , & enfuite
trois autres bâtimens ,
chargez de fel & de provifions
pour Barcelone : & que
le Duc de Popoli avoit reçû
par mer ungrand convoy de
farine & de grains qui avoient
été débarqué dans la riviere
de Llobregat . On mande
d'Oftalric , que le Gouverneur
de cette Ville avoit prié
les Troupes Françoifes qui
Z iij
270 MERCURE
f
font dans le Lampourdan , de
s'approcher de cette place- là ,
pour empêcher les Rebelles
de s'y introduire par intelligence
, & pour contenir dans
l'obéiflance les Mécontens
qui ypeuvent être ; mais qu'il
avoit refufé de laiffer les François
, voulant luy - même remettre
la place au Duc de Popoli,
dont il attendoit inceffament
les ordres ; que les garnifons
Françoiles qui étoient
dans la Citadelle de Pampelune
, & à Taraçona fur
la frontiere d'Aragon , avoient
remis ces places
aux Espagnols , & qu'elles
GALANT. 271
étoient retournées en France :
& que celles de Puicerda de
Belvert , étoient auffi parties ,
aprés avoir démoli les fortifications
qui y avoient été faites
. On affure que Don Antonio
de Villaroel que les Re
belles avoient choisi pour leur
General , malgré fon refus ,
s'étoit retiré à Collioure.
Les lettres de Genes confirment
l'arrivée du Comte
de Staremberg , avec la plus
grande partie des troupes qui
étoient en Catalognes qu'il
devoit dans peu de jours partir
pour Vienne, où le Com-
Z iiij
272 MERCURE
té de Konigsegg eft arrivé depuis
quelques jours pour rendre
compte de ce qui s'eft paffé
à l'évacuation de la Catalogne
: que l'Abbé de Kempren
avoit refufé d'accepter
la charge de Préſident du
Confeil Aulique , & qu'il avoit
pris congé de la Cour pour
retourner dans fes Etats : que
les Troupes Allemandes qui
font débarquées à Genes , avoient
ordre de fe tenir prêtes
à marcher dès que les autres
feront arrivées , pour aller
joindre l'armée fur le Rhin ,
fçavoir , le Regiment de CaGALANT.
273
valerie de Caraffa , & celuy
d infanterie de Wetzel. Celles
de Naples portent, que le
Comte de Thaun avoit ordonné
qu'on préparat des
quartiers pour quatre mille
Allemans attendu dans peu à
Genes , du nombre de ceux
qui étoient en Catalogne : que
les Officiers & Soldats Efpagnols
qui y étoient parmi les
Troupes , & qui ont refufé de
prêter un nouveau ferment à
Ï'Archiduc , eftoient encore
dans l'Arfenal , & que le terme
qu'on leur avoit donné
pour fe retirer , avoit été pro274
MERCURE
longé qu'on avoit propofé
à plufieurs d'être diftribu's
dans les Regimens Allemars,
qu'ils l'avoient refufé , & qu ',
ils avoient mieux aimé quitter
le fervice : que les paffeports
permis leur avoient étéaccordés,
& que le Comtede Thaun
avoit fait offrir à ceux qui ne
voudroient pas fervir ny retourner
, à demeurrer dans le
Royaume : que le Prince de la
Torella arrivé depuis quelques
jours de la Cour deVienne
, avoit apporté au Comte
de Thaun le Collier de la Toifon
d'or , & que le Marquis
GALANT. 275
del Vatto devoit luy donner
en ceremonie
.
Au Camp devant Landau le
20. Avust 1713 .
Avanthier je montay ma
huitiéme tranchée qui fait
la cinquante - huitiéme du
Siege : L'on attaqua les deux
Contre - Gardes ; fçavoir celle
du Réduit & celle de la
demie- lune ; la premiere fut
attaquée par les deux Compagnies
de Grenadiers de
mon Regiment , foûtenuë
d'une de Daguille & une de
276 MERCURE
Nice , qui fortirent
fortirent par le
Pafté & pafferent le long du
Bâtardeau qui eft à l'Angle
de l'ouvrage où l'on avoit
mis de clayes ; nos Grena
diers gagnerent cet Angle
& monterent dans l'ouvrage
, leur ordre eftoit de fuivre
le long de l'épaule jufcommunication
du qu'à la
chemin couvert qui eft à la
droite de noftre attaque , &
en même temps deux Compagnies
de Grenadiers de
Surbeck pafferent la riviere
au - deffous du Pont qui avoit
cfté rompû & monteGALANT.
277
9
rent dans le
même
ouvrage
pour
nettoyer
l'épaule
gauche
; cela a efté
executé avec
une valeur
inconcevable
&
nos
Grenadiers
fe font rendus
maiftres de tout
juſqu'à
la premiere
place d'armes
du
chemin
couvert
malgré la
la
refiftance
qu'ont fait les
ennemis , à quatre
trrverfes
qui estoient
avant cette place
d'armes
des fix Officiers
de
Grenadiers
de mon
Regij'en
ay eû deux de tuez &
tros de
bleffez ; nous avons
fait noftre
logement
entier ;
ſçavoir , coupé
l'ouvrage
de
278 MERCURE
là gorge le long du foſſé du
Reduit & deux boyaux paralelles
aux deux Flancs de
l'ouvrage ; l'autre Contre-
Garde de la demie- lune , aprés
avoir fait joué deux mines
aux deux épaules , ont
efté attaqucz par deux Compagnies
de Xaintonges d'une
part & de l'autre par la
troifiéme de Surbeck , & les
deux de Bourbon
, ouvrage
a eflé emporté comme l'au
tre , à la referve que les Affiegez
ont gardé deux traverfes
, dont nous ne nous
fommes pas rendus Maiftres .
GALANT. 279
Le Comte de Sezane & Mr
de Gonfaque eftoient les Generaux
de tranchée , Mr de
Cebret , Brigadier , & moy
nous avons cfté chargez de
l'attaque de la droite . Mr
Houet , Capitaine aux Gardes
montant comme Brigadier
avec Mr de Lemelle
Colonel à la fuire de Sorbeck
, de celle de l'autre demie-
lune ; ils ont perdu un
Capitaine de Grenadiers tué
& un bleffé , & un Lieutenant
& environ foixante-fix Grenadiers
; à noftre attaque un
Capitaine de mon Regiment
280 MERCURE
& un Lieutenant tucz , deux
Capitaines bleffez , quatre
Lieutenants ou Sous - Lieutenants
& environ quatrevingt
Grenadiers dont il en
a dix -neuf d'une Compagnic
& dix- fept de l'autre. Il y a
eu environ cent travailleurs
tucz ; nous avons pris à l'attaque
de mon Regiment 69.
prifonniers avec un Capitaine.
Les Affiegez avoient cens
Grenadiers , cent Fufiliers
dans cet ouvrage & cent
pour les foûtenir ; cette befogne
a efté faite de façon
que Metlicurs les Maref
GALANT. 281
chaux ont efté tres- contents,
ils ne lont pas moins eſté
lors qu'ils ont fçû qu'à neuf
heures les Affiegez avoient
arboré le Drapeau blanc &
demandoient des ôtages , j'y
ay efté envoyé avec un Lieutenent
Colonel , un Major ;
ils ont d'abord demandez la
même Capitulation que Mr
le Marefchal de Tallard avoit
accordé au Comte de Frize ;
elle leur a cfté réfufée , nos
Marefchaux les voulant prifonniers
de guerre. Ils demanderent
enfuite celle que
le Prince Eugene avoit accor
Avust 1713.
A a
282 MERCURE
déc à Tournay , elle leur a
encore efté refufée ; enfin à
huit heures nous recommençâmes
à tirer , & cette nuit
iis ont fait un feu enragé ;
mais au moment que je vous
écrit on me vient dire qu'ils
ont arboré le Drapeau fur la
brêche , la Garniſon eft prifonniere
de guerre.
TABLE .
A Son Alteße Electorale
Monseigneur
le Duc de Baviere,
Ode ,
Mariage,
3
ΙΟ
Pour Mademoifelle de..
lejour defa Fefte , 20
La Tabatiere d'or nouvellepar
Mr L**. 27
Questions, SI
Articles des Enigmes, 59
Relation de l'Entrée de
Mrle Duc Daumont
TABLE.
73
Ambaffadeurde France
à Londres
Compliment defon Exeellence
Mr le Duc
Daumont à la Reine
de la Grande - Bretagne
à fa premiere
Audiance Publique
,
107
Nouvelles d'Angleterre,
III
Nouvelles d'Espagne, 118
Nouvelles d'Allemagne ,
134
Envoy Burleſquepar un
TABLE.
oifif qui s'enuye aux
Eaux de Forges , 169
Nouvelles de Landau,
203
Extrait de plufieurs Lettres
du Camp devant
Landau,
Du Camp devant Lan-
215
dau du 5 Aonft , 218
De Landau le 13 Aouſt
222
De Landau le 13 Aouſt
225
Nouvelles de Flandres ,
226
TABLE.
Nouvelles d'Utrech, 228
Nouvelles de Paris le 25.
Aoust ,
Morts,
Dons du Roy ,
232
236
241
Suplément aux Nouvelles.
266
Au Camp devant Landan
le 20. Aouft
1713-
275
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panicus , hoc eft , Geographica & Hiftorica Da
fcriptio Catalonia & Rufcinonis : acceffere Gef
veterum Comitum Barcinonenfium
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cialis Res Sicula , &c. omnia nunc primùm edit
fol. petit papier ,
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3.1i pendice actorum veterum . in 8 .
Ejufdem Opufcula , nunc primùm in luce
edita . in 8 .
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Pontificum Romanorum qui in Gallia federu
ab anno 1305. ad annum 1394. fcripta ab auct
vol . 14. li
ribus coetaneis , cum Notis . in 4. 2 .
Sancti Agobardi Archiepifcopi Lugdunenfis Oper
necnon Leidradi & Amulonis Archiepifcoporte
Lugdunenfium Epiftola & Opufcula , cum Not
in 8. 2. vol . 6.1
Sancti Cafarii Epifcopi Arelatenfis Homilia ne
quam antehac edita , cum Notis . in 8. 1. l . 10
3.1
Marii Mercatoris Opera , cum Notis. in 8:
Reginonis Abbatis Prumienfis Libri duo de Ece
fiafticis Difciplinis & Religione Chriſtiana , &
cum Notis. in 8 .
4.1
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Maffilienfis
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Lirinenfis
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editio. 3. li
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Magni
Francia
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Les volumes fe vendent feparémer
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15.li
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DE RANCE' , Abbé de la Trappe.
De la Sainteté & des Devoirs de la vie monaftique
, avec les éclairciffemens für les difficultez
furvenuës au fujet de ce Livre , in 4. 3 .
vol.
Les mêmes in 12. 3. vol.
17. liv.
8. liv.
Les Eclairciffemens , in 4. feparément, 6.1.
Les mêmes in 12. feparément , 2. liv. Io. f.
Cinq Chapitres tirez du Livre de la Vie Monaftique
, fçavoir , de l'Amour de Dieu , de la
Priere , de la Mort , des Jugemens de Dieu, ..
& de la Componction , in 12. I. liv.
Difcours de la Pureté d'intention , & des moyens
pour y arriver , in 12 .
I. liv.io.f.
Carte de la Vifite de M. l'Abbé de la Trappe à
l'Abbaïe des Clairets , avec une Inftruction fur
la mort de Dom Muce , in 12 . 1. liv.
Inftruction de S.Dorothée Pere de l'Eglife Grecque
, traduites du Grec en François , avec la
la Vie de ce faint Pere , in 8. 2. liv . 5. f.
Inftructions fur les principaux fujets de la Pieté
& de la Morale Chrêtienne , in 12. 1. liv.10.f.
Lettres de Pieté choifies & écrites à differentes
perfonnes , in 12. 2. vol. 4. liv.
Meditations für la Regle de S. Benoît, troifiéme
édition , augmentée de la veritable Préparation
à la mort , in 12. 2. liv.
De la veritable Préparation à la mort , in 12. fcparément
.
1. liv.
Réponses au Traité des Etudes Monaftiques de
Dom Jean Mabillon , in 4 .
6. liv .
Le Texte de la Regle de S. Benoît
, trad. in 12. 1.l.
Regle
de S. Benoît
, traduite
& expliquée
fe- fon veritable
efprit
, in 4. 2. vol . 12. liv.
ême in
Reglemens generaux de l'Abbaïe de la Trappe,
in 12. 2. vol .
3. liv . 12. f.
Vies des Saints par Ribadeneira , fol. 2. vol . pa- pier fin.
De papier Champy , 2. vol.
15. liv.
12. liv. Relation de la Mort de Dom Abraham Beugnier
, in 12. brochure. 8.f.
Relation de quelques circonftances de la Mort
de M. l'Abbé de la Trappe ; in 12. brochure
,
8.f.
Traité abregé des Obligations des Chrêtiens ,
in 12.
1. liv . 16.f.
Du R. P. Dom LE NAIN , Souprieur de l'Abbaïe
de la Trappe.
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8. 2 .
vol . 7. liv. 12. f.
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux , ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9. vol . 16. liv. 4. f.
12-1
De Noffeigneurs du Clergé de France .
Procès verbal de l'Affemblée de 1690. fol . 6.1 .
De l'Affemblée de 1693. & 1695. fol. 10. 1 .
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6.1.
Relation des Affemblées de MM . les Prelats pour
la condamnation du Livre de M. l'Archevê
que de Cambray , in 4. 4. liv. h
Recueil concernant l'établiſſement de deux Seminaires
dans le Diocefe de Reims , in 4.6.1
.
S
e
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire:
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2. vol . 30. liv
Le fecond Tome feparément.
Du R. P. A MELOTTE , de l'Oratoir
IK
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vul
1 1
1
Du R. P. HARDOUIN , de la Compagnie
de Fefus.
Antirrheticus de Nummis antiquis Coloniarum &
Municipiorum adJoannem Vaillant, in 4. 3. liv .
Sancti Joannis Chryfoftomi Epiftola ad Cafarium
Monachum Grac. & Lat. cum Joannis Harduini
Notis , & Differtatione de Sacramento Altaris,
in 4.
De differens Auteurs .
4. liv.
Compendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen
diofa eorum tractatio , in 12 . 1. liv..
Coeur affectif de S. François de Sales , tiré de
ce qu'il y a de plus touchant dans fes Ecrits,
pour la confolation des ames devotes , ' par
M. Gambard , in 12. 1. liv . 12. f..
Diurnale Ciftercienfe ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin .
3. liv.
Difcours de S. Bernard,compofez à la priere de
fa four la Religieufe , où font contenus tous
les principaux points du Chriftianifme , nouvelle
traduction , in 16. 1. liv . 10.f.
Exercice Journalier à l'ufage des Religieufes de
la Congregation de N. Dame , in 16. 1. liv.
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe,
par Meffire François de Harlay Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu M.
l'Archevêque de Paris , in 12 .
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre,
in 12. 15. vol.
C
1. liv .
45. liv. ~ Les volumes fe vendent feparément 3.liv.
Reglement pour le Regiment des Gardes , in
2.
I. liv. s Chrêtiennes
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Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 .
1.liv . 10. f.
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Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris ,
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de la Viſitation , morte en 1694. in 12. 1. 1.10.f.
De l'Ufage de celebrer le Service divin en langue
non vulgaire , par le R. P. Caponnel Chanoine
Regulier, in 12. 1. liv . 5. f.
Hiftoire du Concile de Trente , par Fra Paolo,
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8. liv
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Les
Loix
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naturel
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au Tour , Latin & Franç. fol . 15. liv.
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d'Horace , in 12.
Nouvelle Grammaire Efpagnole ,
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Nouvelle Traduction de Juftin ,
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Conquête du Mexique
2. liv . 10. f.
par M. Per-
2. liv . 5.f.
avec des I
4. liv . 1
in t vol
Traité de la Nobleffe . par la Roque , 4. 1710.7il.
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoife du
Pere Chifflet , avec un Abregé d'Orthographe,
in 12.
>
1. liv . 10.f.
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand,
in 12. 2. liv. 10.f.
Novum Teftamentum Gracum , in 18. 1. liv . 16. ſ.
L'Efprit de l'Ecriture fainte, in 12.2.vol.3.l.10.f.
Le Comte de Cardonne , in 12. 1. liv. 16. f.
Les Avantures galantes du Chevalier de Theni-
Madame D... in 12. 1. liv. 16. f.
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere,
court
in 12.
› par
2. liv.
2. liv.
Traduction nouvelle de Miguel Cervantes ,
in 12.
Biblia facra, in 4.
6. liv.
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12.
I. liv . 10.f.
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1. liv..
Effais de Litterature pour la connoiffance des
bons Livres , & Supplement des Eſſais , in 12. 4. vol.
8. liv.
Le Jeu
de l'Hombre
, augmenté
des
Décisions
nouvelles
, & des Regles
fur les
Incidens
de
de ce Jeu , in 12 .
1.liv. 10.f.
La Vie de M. de Moliere
, in 12.
2. liv.
Les
Memoires
& la Vie de M. de Thou
, 4. Rotterdam
,
5. liv.
Hiftoire
de la Virginie
, contenant
celle
de fon
établiffement
& de fon gouvernement
jufqu'à
prefent
, les productions
naturelles
du
Païs
, la Religion
, les Loix
& les Coutumes
des
Indiens
naturels
, par un Auteur
natif
&
habitant
de ce Païs
- là , in 12.
enrichie
de fres
en taille
-douce
,
2. liv. 5. f.
arfaite
des Officiers
de Bouche
, qui enin
tures feches & liquides , les Liqueurs , tes
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtiflerie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des Pâtes , de
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux Ra
goûts qu'on fert aujourd'hui : Avec des mo
deles pour dreffer les Services de Table ,
12. 1713 2lives. F.
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Que
tions & Réponses familieres , tirées de dif
ferens Auteurs divifé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament , par le R. P.
Guerad , de la Congregation de faint Maur
feconde édition , în 12. 2 liv
Les Delices de l'Italie , contenant une defcrip
tion exacte du Païs des principales Villes
de toutes les Antiquitez , & de toutes les Ras
retez qui s'y trouvent ouvrage enrichi d'u
tres-grand nombre de figures en taille douce
in 12. 4. vol .
120 li
Traité des Jardinages , par M. de la Quintinie
in 4°. 2 vol.
Le Prince Grec in 12 .
h
li
L
Isliv
Hiftoire de D. Quixotte , derniere édition.
mentée d'un volume qui va jufqu'à la mort
in 12.6 vol.
Les Fables de la Fontaine , in 12.5 vol . 1o. li
La Princeffe de Clevés , in 12. 2 liv. 10
L'Arithmetique de Legendre , houvelle édition
augmentée de la maniere de compter aux Je
tonsiniz. 2 liv 16
Les Oeuvres de S. Evremond , in 12. 7 vol. 15 livi
Juvenal , de la traduction du P. Tarteron
12. 1.
Zayde , in 12. 2 vol.
i.
2 liv.
Toutes les Oeuvres de feu Mr. le No
Code de la Marine , in 4 . 3liv.
Traité hiftorique des Monnoyes de France , par M. le Blanc , in 4·
9 liv. Dialogues
entre le Diable Boiteux
& le Diable Borgne , par M. le Noble , in 12 . Traité de la Parole , in 12. brochure
,
2-liv.
8 f.
Lucien d'Ablancourt , nouvelle édition , augmentée
de Notes , in 12. 3 vol. 6 liv .
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & Urbis Jure
Latio donatis , ex omni modulo percuffa , autore
Joanne Foy-Vaillant , in fol . 2 vol. 36 liv.
L'Histoire reduite à fes principes , dediée à
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , in 12 .
2:vel. 3 liv. 10 f.
Contes des Fées , ou des Chevaliers Errans , &
le Genie Familier, par M. D ... in 12. 1 1.15 f.
D. Guzman d'Alfarache , in 12. 3 vol. 1. 10 f.
Traduction en vers François des Epigrammes
d'Ovven , in 12. 1 div. 10 f.
Virgile , de Martignac , in 12. 3 vol. 6 liv .
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol . 4. 1. 10 f.
L'Ambiguë d'Auteiiil , ou veritez hiftoriques ,
compofées du Joueur , du Nouvelliſte, du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
, du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 . I liv . s f.
Les Avantures d'Apollonius de Tyr, livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ftile que
Telemaque , par M. le B ... in 12.1972 liv.
Le Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocletian
, in 12.
2 liv. L.
Voyages de M. Tavernier dernière édition.
avec planeurs planches nouvelles qui n'ont
point paru dans les précedentes éditions , le
tout dirigé par un ami de l'Auteur qui a fait
plufieurs voyages avec lui , in 12. 6 vol . 1s liv.
Abregé de Geographie , & de tout ce qu'il y
a de plus remarquable dans chacune des quatre
grandes parties de la Terre , particulierement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
avec les routes des Poftes de France & d'Ef--
pagne, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes, par M. Poncein , in 12. xliv.s f
Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par Mdu
Ryer, derniere édition , in 12.3 vol . 6 liv
-Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Benferade , imprimées à Bruxelles, in 8. 4 liv
Les Fables d'Efope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Qua
drains à la fin de chaque difcours , avee figu
res . On a ajouté à cette nouvelle traductio
les Contes d'Efope , les Fables diverles d'A
brias & d'Avienus , in 11. 2 vol. 4 liv. to F.
Les Memoires de la Vie du Comte D ...avant fa
retraite , contenans diverfes avantures qui
peuvent fervir d'inſtruction à ceux qui ont à
vivre dans le grand monde; redigez par M. de
S. Evremont , in 12. 2 vol. 4 liv. 10 f.
Les. Memoires de McffireRoger Rabutin, Comte
de Buffy, in 12. 3 vol. 7 liv . 10 f
Idem , Ses Lettres , nouv . edit. in 12. 4 vol . 8 1.
Hiftoire de France par Mezeray , derniere édit .
4. 3 vol.
Idem , in 12. 7 vol.
24 liv
21 li Les Oeuvres d'Homere , traduites en Fran
-
14
Quinte- Curce , de la traduct . de M. de Vuagelas,
avec le Latin à côté , 2 vol. in 12 . 41. 10. f.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques , de M.
Dacier , troifiéme édition , revûe , corrigée.
& augmentée confiderablement par l'Auteur ,
in 12. 10 vol. 20 liv.
Hiftoire de France, P. Marcelle, in 12.4 vol. 8 l..
Lexicon Buxtorfi , in 8 .
4 liv . 10 f.
Corpus furis Canonici , à Petro Pithoeo , cum ap
pendiceFuris Canonici ; continens Librum feptimum
Decretalium , & Jo. Pauli Lancelotti inf
titutiones Furis Canonici , in fol. 2 vol . 20 liv.
Les Oeuvres de Maître Guy Coquille , Sieur de
Romanci , 1703. 2. vol. 13. liv.
Recueil de bons mots des Anciens & des Modernes',
in 12.
Corneille , in 12. 10 vol.
THEATRE DE MESSIEURS
Racine , 2 vol.
2 liv.
25 liv.
6 liv.
Campiftron , nouvelle édition , augmentée d'ane
Tragedie & d'une Comedie , & ornée de
De la Fofle , avec ſes Poëfies , 2 vol.
figures ,
Legrand' ,
Crebillon ,
Pradon ,
4 liv
I liv.
2 liv. 10 f.
3. liv.
ふ3 - liv.
De la Grange , augmenté d'Ino & Meliçerte
Tragedie ,
2 liv. 10 f.
Moliere , 8 vol. nourelle édition , augmentée
de fa Vie, avec de nouvelles Remarques , 1st.
Dancourt , 8 vol. , nouvelle édition , augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions précedentes , avec
ures & mufic
13.
De Hauteroche , 2 liv. 10f
Palaprat , 2.édition augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore été imprimées,
& d'un Recueil de Pieces en Vers , 2 vol.
liv.
Baron
De Riviere
De la Thuillerie ,
Boindin ,
De Champ-mêlé ,
De Montfleury , 2 vol.
Bourfault , 2 vol .
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut,
2
3 liv.
liv. 10 f.
2. liv
2 liv
2 liv.
liv
sliv
2.liv.io.
2. liv. 10.
Theatre François , 6. vol. 15. liv
Theatre Lyrique avec une Preface où l'on trait
du Poëme de l'Opera , & la Réponse à un c
Epitre Satyrique contre ce fpectacle , pai
M. le B. in 12. 2. li
Pieces Separées,
Idomenée.
Hypermneftre.
Atrée.
Electre..
Abfalon.
Rhadamifte & Zenobie .
Cyrus.
Geta.
Les Tyndarydes.
Saül .
Medée,
Herode.
Ino & Melicerte..
Polydore .
La Mort d'Ulyffe
Tragedies
14
Le Curieux Impertinent.
Les Agioteurs.
L'Amour Charlatan .
Le Naufrage.
Danaé.
Turcaret.
Crifpin Rival .
Le Jaloux defabuse.
Les Metamorphofes .
L'Amour vangé ..
Efope à la Ville .
Efope à la Cour .
Sancho Panfa Gouverneur .
La Devinereffe .
Comedies
Les Airs notez des Comedies Françoifes , par
M. Gillier , in 4. 7. liv Cantates
& Arietes
de M. le B. fol. 7. liv, 10. f.
Le quatriéme
Livre des Motets
de M. Campra
, Hsliv
.
I. liv.10.f
1. liv.s.f.
Le Mercure Galant ,
Et broché ,
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A. S.
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plu-
Geurs Effais de Poëfies diverſes , par M. de Palaprat
, 1. vol.in 12.
1. liv. ro. f
Et toutes les autres Pieces de Theatre, tant anciennes
que nouvelles.
L'Hiftoire de l'Empire , contenant fon origine,
fon progrès , fes revolutions , la forme de
fon gouvernement , fa politique , fes álliances
, fes negociations , & les nouveaux Reglemens
qui ont été faits par les Traitez de
Vveftphalie & autres : le Sieur Heill
Nouvelle édition , continuée juſques à preht
, & augmentée de plufieurs Remarques.
› par
13
Maifon Royale de France , des grands Offciers
de la Couronne , & de la Maifon du
Roy ; avec les qualitez , l'origine & le progrès
de leur famille : enfemble les Statuts &
le Catalogue des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du S. Eſprit. Le tout
dreflé fur les Titres originaux , Regiftres des
Chartres du Roy, du Parlement , de la Chambre
des Comptes , & du Châtelet de Paris ,
Cartulaires d'Eglifes , Manufcrits & Memoimoires
qui font dans la Bibliotheque du Roy ,
& autres. Par de P. Anfelme , Auguftin Déchauffe.
Revue , corrigée & augmentée par
l'Auteur , & après fon decès continué jufques
à prefent par un de fes amis , 2. vol. in fol .
1712.
36. liv
Dictionnaire
d'Agriculture
, contenant
generalement
tout ce qui regarde
le ménage
de la
campagne
, & l'ornement
des Jardins
, &c.
in 4.fous preffe
Le Munitionaire des Armées de France , qui enfeigne
à fournir les Vivres aux Troupes avec
toute l'economie poſſible , par M. Nodo , i "
8. 1. vol.
3.liv.
La
Connoiffance
parfaite
des
Chevaux
, contenant
la maniere
de
les
gouverner
, nourrir
&
entrenir
en
bon
corps
, & de
les
conferver
en
fanté
dans
les
voyages
; avec
un
détail
general
de
toutes
leurs
maladies
, des
fignes
& des
caufes
d'où
elles
proviennent
, des
moyens
de
les
prévenir
, & de les
en
guerir
par
des
remedes
experimentez
depuis
long
-temps
, & à
la portée
de
tout
le monde
. Joint
à une
nouwvelle
Inftruction
fur
le Haras
, bien
plus
éten
duë
que
celles
qui
ont
paru
jufques
à pre
afin
d'élever
de
beaux
Poulains
dour