Fichier
Nom du fichier
1713, 05 (2)
Taille
6.30 Mo
Format
Nombre de pages
285
Source
Lien vers la source
Année de téléchargement
Texte
MERCURE
GALANT.
MAT 1713 .
UNI
NIN
A PARIS ,
M. DCCXIII
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F
Mois
de
May
1713.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , broché .
A PARIS , '
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais .
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE , à l'entrée de la ruë
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
Avec Approbation,& Privilege du Roi.
MERCURE
GALANT.
LAHAINE SURMONTE'E
par l'amour.
Eux chefs de fa-
D
mille qui avoient
l'un contre l'autre
un procés ſur des affaires
de point d'hon-
May 1713. A ij
4 MERCURE
neur , parvinrent enfin à
fe hair à tel point
, que
l'un qui avoit une fille
dont le fils de l'autre é
toit amoureux
, nè voulut
jamais entendre parler
de ce mariage
, quoy
qu'il lui fût trés - avantageux.
Le pere de l'amant
mourut dans cette conjoncture
; & comme le
fils n'avoit jamais eu aucune
part aux procedez
du pere , il crut ne plus
trouver d'obftacle , & il
•
GALANT . S
alla fupplier le pere de
fa maîtreffe qu'il l'acceptât
pour gendre : mais
ce pere lui répondit que
fa haine pour le défunt
iroit jufqu'à la quatriéme
generation , & qu'il
ne pensât plus à ſa fille.
En effet , pour l'empêcher
d'avoir aucune relation
avec fon amant ,
il l'enferma dans un
Convent. L'amant defefperé
prit le parti d'aller
faire un voyage , &
A iij
6 MERCURE
!
trouva le moyen de ju
rer à fa maîtreſſe une
conftance inviolable ,
qui lui fut promiſe reciproquement
, & ils fe
tinrent parole. C'eſt ce
qu'il y a de plus fingu
lier dans cette hiftoire.
-Sitôt qu'il fut parti ,
le père fongea à marier
fa fille mais il ne put
jamais la faire obeïr , &
lui reprefenta pendant
trois ou quatre ans que
dura fa defobeïſſance
:
GALANT.
7
lui
que rien n'étoit plus
honteux que la foibleſſe
de l'amour , & que
qui étoit veuf depuis
dix ans , & qui n'avoit
encore que foixante ans,
croiroit être deshonoré
fi l'amour lui donnoit
envie de fe marier. La
fille fe contenta de louer
la force d'efprit de fon
pere , & ne voulut point
faire uſage de la fienne .
Elle declara que puis
qu'elle ne pouvoit point
A iiij
8 MERCURE
avoir celui qu'elle aimeit
, du moins elle n'en
auroit jamais d'autre. Le
pere étoit homme déraifonnable
, entêté , &
d'ailleurs cherchoit une
occafion de fe difculper
dans fa famille d'avoir
ruïné fa fille
par un procés
qui duroit encore . Il
prit cette occaſion pour
ne rien donner à fa fille
; il la desherita dés ce
moment , & l'enferma
dans un Convent .
1
GALANT.
Quelque temps aprés
une veuve trés - belle vint
fe retirer dans ce même
Convent , n'ayant pas
affez de bien pour vivre
dans le monde. Elle devint
amie de Dorotée ,
(c'eft ainfi que fe nommoit
la fille conftante
dont la veuve devint intime
amie) & cette amitié
devint fi parfaite ,
qu'elles fe firent mutuel
Hement confidence de
leurs fecrets les plus cachez.
10 MERCURE
La veuve avoüa à Dorotée
qu'une nouvelle
avanture qu'elle avoit
euë lui donnoit envie de
fe remarier. Ce n'est pas
lui dit- elle , avec un homme
aimable comme celui
dont l'abfence t'afflige depuis
fi long-temps : celui à
qui j'ai donné de l'amour
eft un vieillard , qui me
vit l'autre jour chez une
Dame de fes amies , où
je me trouvaiparhaZard.
Je n'ai pu encore fçavoir
GALANT.
le nom de cet amant mysterieux
il ne m'a declaré
d'abord que fes richesses ,
& m'a aßuré qu'il étoit
homme de condition . Il
m'a donné quinze jours
pour me determiner
, &
fes richelles me determineront
non pas que je les
aime : mais je hais naturellement
la pauvreté, &
j'aime à rendre fervice à
mes amis. Quel plaifir
aurois - je , par exemple ,
fi je pouvois te fournir
12 MERCURE
l'argent dont tu aurois
befoin pour foûtenir le procés
injuste que ton pere
te fait pour usurper les
biens de ta mere ! Dorotée
remercia fon amie de
a
fes offres
genereufes , &
lui declara qu'elle aimeroit
mieux tout perdre
que de plaider contre
fon pere. Cette conver
fation fut
interrompuë
par une Touriere , qui
vint apporter un billet
à la veuve. Ce billet éGALANT
.
13
toit du vieux amant inconnu
, qui lui donnoit
rendez - vous chez une
perfonne où ils fe trouvoient
tous les jours ; &
cette perfonne gardoit
fi exactement le fecret
au vieillard , que la veuve
n'avoit pû fçavoir en
core qui ilétoit . Ce vieillard
ne vouloit point declarer
fon nom , qu'il ne
fût für que la veuve
l'accepteroit pour mari.
Il avoit , difoit - il , fes
14 MERCURE
raifons pour ſe cacher ,
outre la fauffe honte
d'être à fon âge amoureux
, & refufé. La veu
ve de fon côté ne vouloit
rien promettre qu'-
elle ne fçût le nom du
vieillard , pour pouvoir
s'informer s'il étoit auffi
riche qu'il fe le difoit.
Ils en étoient là , quand
ils fe virent au rendezvous
à l'heure marquée
par le billet . La veuve
le preffa à fon ordinaire
GALANT .
IS
de lui dire fon nom .
Je vois bien , lui répondit
le
vieillard , que vous
voulez, vous informer de
moy avant que de me
promettre ; vous craignez
fans doute que je ne fois
pas auffi riche que vous
le
fouhaiteriez : mais pour
vous donner des preuves
de ma richeße , & en meme
temps de ma generofité
, voila une bourse de
cent louis d'or que je vous
donne pour commencer à
16 MERCURE
arranger vos affaires ; car
je fçai que vous avez des
procés. Dans quelques
jours vous me direz fi
vous commence à vous
confier affez à moy pour
vouloir qu'on faße dreffer
un contrat ; car vous ne
fçaurez qui je fuis qu'en
le fignant. La veuve, qui
n'eût jamais accepté les
cent louis pour elle , les
prit dans d'autres vûës ;
& aprés qu'elle fut convenue
d'un autre rendezvous
GALANT 17
vous avec fon vieux amant
, elle retourna au
Convent , & offrit les
cent louis à Dorotée
pour fon procés contre
fon pere : & voyant qu'-
elle les refufoit obſtinément
, elle ne la preffa
pas davantage : mais elle
alla trouver un bon pårent
, qui foutenoit le
procés de Dorotée malgré
elle contre fon injufte
pere , & qui : l'eût
laiffe perdre faute d'ar-
May 1713 .
B18
MERCURE
#
gent , fans ce renfort
de
cent louis que la veuve
lui donna
, en le priant
de n'en rien dire à Do
rotée . Quelque
temps
aprés ce parent
dit à la
veuve qu'il avoit befoin
de la fignature
de Dorotée
, & qu'elle
l'amenât
chez lui , pour tâcher
de
la faire confentir
à retirer
du moins
fon bien
des mains
d'un pere dont
elle ne pouvoit
jamais
rien efperer
. Dorotée
t
GALANT . 19
confentit d'y aller , fans
fçavoir ce qu'on vouloit
exiger d'elle. Un moment
aprés qu'elles y
furent
arrivées , le parent
de Dorotée la laiſſa
dans la chambre , & paſſa
dans fon cabinet avec la
veuve , pour lui parler
en particulier. Il lui dic
qu'un jeune homme trésriche
lui étoit venu demander
fon entremiſe
pour lui faire épouſer
Dorotée , & qu'il de-
Bij
20 MERCURE
voit revenir ce mefine
jour pour lui parler
plus amplement . Pendant
qu'ils parloient de
cette affaire , l'impatience
d'attendre & la curiofité
firent entrer Dorotée
dans le cabinet . Elle
entendit la propofition
que faifoit fon parent ,
& l'interrompit avec
dépit , lui proteſtant qu '
elle ne vouloit jamais
entendre parler de mariage.
Son amie lui reGALANT
. 21
montra qu'aprés avoir
été conftante pendant
fix ans pour un homme
abſent , & meſme qu'
elle pouvoit croire mort,
ou infidele , puis qu'elle,
n'avoit point eu de fes
nouvelles , il faloit enfin
fe determiner à faifir une
occaſion ſi
avantageuſe.
Dorotée ne daigna pas
feulement répondre à
fon amie , & pour ne
pas l'écouter davantage ,
retourna dans la cham22
MERCURE
bre d'où elle fortoit. El
le n'y fut pas plutôt entrée
, qu'elle fit un cri
qui fit accourir la veuve
& le parent , qui voyant
entrer le jeune homme
qui lui avoit demandé
Dorotée , le tourna auffitôt
vers elle , qui étoit
reftée muette & immobile
: Quoy , lui dit - il ,
avez- vous deviné que
c'étoit Monfieur que je
vouspropofois pourépoux?
votre conftance pour un
GALANT.. 23
abfent vous a- t- elle donné
fi fubitement de l'averfion
pour un Cavalier ſi
aimable ? La veuve pendant
cela les examinoit
tous deux ; & quoy qu'-
elle n'euft jamais veu le
Cavalier , elle reconnut
l'amant. En effet la furpriſe
, le trouble & le
plaifir faifoient un tel effet
fur Dorotée & fur
lui ,
que le
parent
fut
bientoft au fait , & reconnut
que l'amant ab24
MERCURE
fent & celui qui lui a
voit demandé Dorotée
étoient le meſme . Il y
eut alors entre eux quatre
une longue explication
. L'amant fe juftifia
de n'avoir pu faire fçavoir
de fes nouvelles à
Dorotée . Il arrivoit d'un
long voyage. Dorotéc
lui pardonna
, & la veuve
conclut
que pour ne
pas expoſer l'amant à
faire par defefpoir
un
fecond voyage , il faloit
г
les
GALANT. 25 :
les marier fecretement ,
en attendant qu'on pût
faire confentir le pere de
Dorotée. Le Cavalier
étoit en effet trés- riche
en fond de terre : mais
il avoit emprunté pour
Les voyages , & il avoit
auffi peu d'argentt
comptant
que Dorotée. Le
parent n'en avoit pas
plus qu'eux : il en faloit
pourtant
fi l'on vouloit
les marier fecretement ;
car le Cavalier , qui &-
May 1713 .
C
26 MERCURE
toit en tutelle , avoit
quelques parens interef
fez à
gagner , outre qu'il
faloit acheter le miniftere
de quelqu'un qui
voulût bien les marier
fans peres ni meres. En
un mot il leur faloit de
Fargent pour plufieurs
faifons. La veuve leur
die qu'elle en emprunte
roit à fon vieillard , avec
qui elle avoit encore rendez-
vous ce jour- là .
Je crois qu'il eft temps
a
GALANT . 27:
d'avertirici le lecteur
pere
de
que ce vieillard myſte
rieux étoit le
Dorotée , qui avoit
déja fourni à la veuve
de l'argent pour plaider
contre lui - même.
Il lui en prêta encore
pour marier fa fille à
fon ennemi ; & la veus
ve lui demanda deux
cent louis d'or , lui pro
mettant que , perfuadée
par là de fa richeffe &
de fa generofité , elle fe
C ij
28 MERCURE
declareroit avant qu'il
fuft huit jours . Les deux
cent louis d'or furent
donnez par l'amoureux
vieillard , qui n'oublia
pas de fe plaindre en general
qu'il lui en avoit
falu dépénfer beaucoup
depuis quelques jours
pour un procés qu'il avoit
cru gagner , &
qu'on avoit renouvellé
fortement , contre lui.
Aprés ces plaintes generales
, qui ne mirent
GALANT. 2.9
point encore la veuve
au fait , il lui donna rendez
- vous à huitaine ; &
elle courut bien joyeuſe
porter aux amans l'argent
qu'il leur faloit
pour fe marier malgré le
pere,de Dorotée. Le mariage
ſe fit fecretement ;
& le parent ayant mis
avec ce nouvel argent fe
procés en état de faire
craindre au pere de le
perdre, ils efperoient que
par un accommodement
.
C iij
ཐ༠
MERCURE
ils l'obligeroient à don
ner aprés coup fon confentement
à un mariage
déja fait , plutôt que
de faire un éclat dont
on l'auroit pû blâmer
dans le monde ; car il
étoit trés - delicat fur le
point d'honneur , com
me on l'a déja dit dans
le commencement de
cette hiſtoire .
Le mariage étant fait ,
& le procés pourfuivi
vivement
, le parent fit
GALANT
.
dire au pere que s'il vouloit
venir chez lui , il lui
propoferoit un moyen
d'accommoder
l'affaire.
Le pere ne manqua pas
de s'y trouver , & le parent
fit cacher les nouveaux
mariez dans une
chambre à côté de celle
où il devoit conferer avec
le pere pour l'accommodement
. Le parent
, homme d'efprit ,
fit d'abord fentir à ce
vieillard obftiné le peril
C
iiij
32 MERCURE
où il étoit de perdre fon
procés contre fa fille , &
qu'il devoit en homme
fage fe faire auprés d'elle
un merite de fa bonté ,
& lui accorder de bonne
grace ce qu'il perdroit
contr'elle malgré lui .
Enfuite il difpofa inſenfiblement
fon efpric à
confentir de bonne grace
à un mariage qu'il
ne pouvoit plus empê
cher , & le menaça même
de ne faire aucun ac+
GALANT.
33
commodement avec lui
fur le procés, qu'il n'euft
confirmé ce mariage .
Le vieillard parut malgré
lui traitable fur tous
les articles , & même fur
le mariage de fa fille ,
jufqu'à ce qu'on lui eut
nommé le fils de feu fon
ennemi : mais à ce nom
il rompit tout . Sa fille
& fon gendre entrerent
à cet inftant , & fe jettant
à fes pieds , tâcherent
de le fléchir : mais
34 MERCURE
ce fut inutilement , &
la vue du fils de fon ennemi
redoubla fon obſtination
& fon emportement.
Il jura qu'il feroit
caffer le mariage , & fortit
comme un furieux ,
fans vouloir rien écouter
, laiffant les deux amans
conſternez , & le
parent indigné , qui lui
dit qu'il avoit trouvé
une fource d'argent qui
ne lui manqueroit point
pour le plaider , & pour
1
GALANT. 35
le punir de fon obftination
& de fon injuftice .
Pendant que tout ce
ci fe paffoit , la veuve
vint chez le parent
, pour
fçavoir comment ſe ſeroit
paffée l'entreveuë
de la fille & du pere j
qu'elle ne foupçonnoit
point encore d'être le
vieillard anonime qu'-
elle étoit prête d'épou
ſer. Dans le moment qu’-
elle entroit dans la cham
bre du parent , il en for
36 MERCURE
toit , & fut auffi furpris
d'y trouver la belle veuve
, qu'elle le fut de l'y
voir. Hé que venez- vous
faire ici, Monfieur , lui
dit - elle Quy venezvous
faire vous - même ,
reprit le vieillard agité ?
Vous me voyez, transpor
té d'une jufte colere contre
une fille qui s'eft mariée
avec un homme que je
bais , & que je veux hair,
parce que fon pere étoit un
maraut. Et là - deffus il
GALANT . 37
continua dévaporer ſa
bele par un recit qui fit
connoître à la veuve
qu'il étoit celui à qui
elle avoit emprunté de
l'argent pour s'en fervir
contre lui- mefme . Elle
demeura toute interdi
te , pendant que le vieillard
la trouvant plus
charmante que jamais ,
paffoit infenfiblement de
la colere à l'amour . Nos
amans & le parent qui
Lobfervoient - furent
38 MERCURE
fort étonnez de le voir
engagé dans une converfation
tendre avec
leur amie . Ils s'approcherent
doucement . Dés
qu'il les revit , fa colere
fe ralluma : mais la veuve
revenant à elle , declara
au pere irrité que
fa fille étoit fa meilleure
amie , & que s'il n'en
ufoit bien avec elle , il
faloit qu'il renonçât à
fon amour. Mais , continua-
t-elle , en faiſant
GALANT. 39
uné reflexion fubite , je
ne vois point d'accommo→
dement à tout ceci ; car jë
ne me reſfoudrai jamais à
faire à mon amie le tort
d'épouser un pere dont elle
berite...
--- Dorotée ſe jetta à l'ins ·
ftant aux pieds de fon
pere ,pour le conjurer de
donner tout fon bien à
celle qui meritoit tout
fon amour ; & enfuite
embraffant cette amie ,
la conjura de l'accepter
40 MERCURE
Ce ne fut plus qu'un
combat de generofité entre
les deux amies & l'amant
. Pendant cette dif
pute le pere fut fort agité
entre fon amour pour
la veuve , & fa haine contre
ſon gendre : mais en
fin l'amour l'emporta
; les
deux mariages ſe firent ,
& les biens devinrent
communs entr'eux tous;
car par bonheur le vieil
lard n'étoit plus en âgede
donner des coheritiers à
fa fille.
GALANT. 4 *
Memoire touchant la Maifon
de Polignac.
On l'a promis dans le
dernier Mercure , n'en
ayant mis que quatre
mots , & fur un mauvais
memoire; ce qui a donné
hieu de le reformer fur ce
lui- ci , qui eft extrait ſur
le Nobiliaire de Picardie
imprimé à Paris le
Gafpard Scipion-Armand
de Polignac , Marquis du
dit lieu & de Chalançon
frerede S. E. M. le Cardinal
May 1713.
D
42 MERCURE
de Polignac , Colonel du
regiment d'Aunis, & à cauſe
de Marie de Rambures fon
époufe , ci - devant Fille
d'honneur de feue Madame
la Dauphine, & heritiere en
partie de cette ancienne &
illuftre Maiſon , Seigneur
de plufieurs autres grandes
Terres en Picardie, qu'elle a
partagées avec Madame la
Ducheffe de Caderouffe fa
foeur aînée . Il eft fils de
Louis . Armand II . Vicomte
de Polignac , Marquis de
Chalançon , Baron de Châ
teauneuf, &c.Chevalier des
GALANT
43
Ordres du Roy , Gouver
neur de la ville du Puy en
Auvergne , & des
pays de
Velay & de Vivarés , mort
au Puy le 3. Septembre 16926
âgé de 80. ans; & de Jacque.
line Grimoard de Beauvoir
fa troifiéme femme, fille de
Scipion , Comte du Roure ,
Marquis de Griffac , Cheva
lier des Ordres du Roy , &
de Jacqueline de Montlaur
& petit- fils de Gafpard- Armand
, Vicomte de Poli
gnac , Marquis de Chalançon,
Baron de Bandon, auffi
Chevalier des Ordres du
Dij
44
MERCURE
Roy,& Gouverneur des mê
mes lieux; iffu de Guillaume
Baron de Chalançon , fon
fixiéme ayeul , qui époufa
Valburge de Polignac fa
parente , foeur de Randon-
Armand II . Vicomte de Polignac.
+ Ponce IV. Vicomte de
Polignac , & qui s'étant allié
avec l'heritiere de Chalançon
, fut obligé den
tranſmettre le nom à la pofterite.
Etienne de Polignac,
Seigneur de Rochetaine ,
étoit fils puîné d'Heracle II.
Vicomte de Polignac, & de
GALANT
45
Belifinde foeur du Dauphin,
Comte de Clermont &
d'Auvergne , qu'il aſſiſta en
la guerre qu'il eut contre
l'Evêque de Clermont , foû
tenu par le Roy Louis VII ,
lequel ayant pris Clermont,
fit la paix entr'eux environ
l'an 180. Ponce III . Vicomte
de Polignac , pere d'He
racle , eut pareillement de
grandes guerres contre
Pierre Evêque du Puy , qui
obligerent le même Roy de
s'acheminer
en Auvergne
,
qui fit leur paix l'an 1171. la
quelle fut confirmée par
46 MERCURE
Ponce Evêque de Clermont
& Robert Archevêque de
Vienne , l'an 1173. Ponce II.
Vicomte de Polignac, ayeul
de Ponce III . fit de grands
biens à diverfes Eglifes &
Abbayes ; puis il le croiſa
pour la Terre Sainte , & au
retour de fon voïage il mou ,
rut à Rome l'an 1o. & fut
inhumé dans l'Eglife de Latran
par ordre du Pape Pafchal
II. ainfi qu'il eſt marqué
dans le Martyrologe de
T'Eglife de Polignac, qui raporte
fa mort au 9 , des Cal.
de
Novembre.Heracle
pre-
9.
GALANT.
47
mier,Vicomte de Polignac,
fon pere, n'eut pas moins de
zele pour la foy. Il fe croifa
au Concile de Clermont
l'an 1066. porta le grand
étendard de l'Eglife en la
Terre Sainte , & fut tué àla
bataille d'Antioche, aprés y
avoir donné des
marques
d'un grand courage.LeĈar
tulaire de l'Eglife de Poli
gnac le nomme le Chevalier
Chrétien , & marque fa
mort au 7. des Ides de Juillet.
Il avoit pour ayeul Armand
premier, Vicomte de
Polignac, vers l'an 1010. qui
48 MERCURE
fit bâtir l'Egliſe qui fe voit
encore aujourd'hui dans le
château de Polignac, &qu'il
fonda l'an 1062. du confen
tement d'Adelaïs fa femme,
de Guillaume & d'Etienne
fes enfans ; le dernier étant
lors Prevôt de Nôtre-Dame
du Puy , & qui depuis
fur Evêque de Clermont
l'an
1064.
GALANT. 49
ARTICLE
de la Paix.
ON ne voit en France
& chez fes Alliez , que
feltes &
réjoüiffances publiques
, la joye que la
paix inſpire aux peuples,
nous eft garand du bonheur
qu'elle leur promet,
il faut efperer que l'atrait
d'un bonheur pareil touchera
bien-toft le refte de
l'Europe , & rendra la
paix generale ; alors rien
May 1713 .
E
so MERCURE
ne manquant à la joye
publique , les Journaux,
les Gazetes & les Mercures
, feront remplis de
Nouvelles heureuſes , de
Deſcriptions riantes , &
d'ouvrages d'efprit agréa
bles.
J'efpere que la Paix
me donnera des facilitez
pour ameliorer le Mercure
, & des fonds pour
dedomager de fon application
laborieuſe , un Affocié
moins pareſſeux
GALANT. SI
que moy.
Le Public me fourniffant
des materiaux , mon
Affocié travaillant à les
épurer , je contribuëray
fans fatigue à l'arrangement
& aux liaiſons ;
mais fi les fonds manquent
point d'Affocié
point de materiaux arrangez
, adieu l'Edifice.
Cinq ou fix mois d'effay
me determineront à continuer
ou à abandonner la
compofition du Mercure.
E ij
32 MERCURE
SOMMAIRE
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France
&les Eftats Generaux des
Provinces - Unies , conclus
àUtrech le 11. Avril 1713 .
ARTICLE I.
LA Declaration de la
Paix, & la ceffation de tous
actes d'hoftilité , &c .
I I.
L'oubli & l'amniſtie generale
pour tous les Sujets
de part & d'autre , & le
reftabliffement dans leurs
biens.
GALANT.
53.
I I I.
Reftitution des prifes
dans la mer Baltique du
Nord , &c. dans quatre fe→
maines , de la Manche jufqu'au
Cap faint Vincent ;
dans fix femaines , de la
Mediterranée jusques à la
Ligne dans dix femaines
& dans huit mois par de là
la Ligne , & c.
2
I V. V. & V I.
Sincere , ferme & perpetuelle
amitié , & bonne
correfpondance par mer
& par terre , & reftitution
des biens aux premiers proprietaires,
& c. E iij
•
54
MERCURE
VII.
On remet aux Etats
Generaux en faveur de la
Maifon
d'Auftriche , pour
barriere les Pay - Bas appellez
Espagnols , conformément
au Traité de Rif
wich , fauf ce que poffede
le Roy de Pruffe , à qui il
fera remis de plus Lammanie
de Kirkembech
avec , & c . Plus il fera refervé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente mille écus
de revenu , qui fera érigée
GALANT.
55
en Principauté en faveur
de la Princeffe des Urfins ,
& heritiers , &c.
VIII.
En confequence Sa Majefté
Tres- Chreftienne remet
aux Sieurs Eftats Generaux
, Namur , Charle
roy , Nieuport , &c .
I X.
Sa Majesté Catholique
ayant cedé à Son Alteffe
Electorale de Baviere lef
dits Pays - Bas Eſpagnols ,
Sa Majefté Tres Chref
tienne s'engage de faire
donner un acte de ceffion
E iiij
56 MERCURE
de fes droits fur lefdits
Pays Bas , &c. Son Alteffe
retenant la Souveraineté ,
revenus , & c . du Duché &
Ville de Luxembourg , la
Ville & Comté de Namur ,
la ville de Charleroy , &c.
jufqu'à ce qu'elle ait efté
reftablie , dans fes Etats ,
& c. à l'exception du haut
Palatinat , & remife dans
le rang de neuvieme Electeur
& en poffeffion du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c. ]
L'article X. ne contient que
des faits & conditions fur
GALANT .
57
l'Article précedent , qui font
trop étendus pour un Sommaire.
X I.
Le Roy de France cede
Menin , & la Ville & Citadelle
de Tournay , &c...
excepté St. Amand & ...
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la poffeffion de la terre
d'Antoin , & c.
XII.
On cede à la Maifon
d'Auftriche Furnes . Am .
bagt , le Fort de Knoque ,
Loo, Dixmude ,Ypres , & c.
$ 8 MERCURE
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays -Bas Efpagnols ne
pourra jamais être tranfportée
à la Couronne de
France , & c.
X V.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute fa Chaſtelnie ,
&c. Orchies , le Pays de
Lalo, la Gourgue, les Villes
& Places d'Aire, Betune , St .
Venant, le Fort François ,
&c .
1
GALANT , 59
XV I.
Luxembourg, Namur ,
Charleroy , Nieuport &
toutes les Places , & Forts
poffedez par le Roy de
France & les Electeurs de
Cologne & de Baviere ſeront
remis avec les Canons
Artilerie, &c. qui y étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle II... Lile
Aire, le Fort François, & c.
avecCanons, Artillerie, & c .
qui y éroient au temps de la
prife . Ypres avec so. pieces
de Canon.
60 MERCURE
XVII.
La
retraite des
troupes
de part & d'autre .
XVIII.
Les droits perçûs de part
& d'autre , continués feulement
jufqu'au jour de l'E .
change des ratifications .
XIX.
Détail de l'Amnistie de
part & d'autre.
X X.
Liberté de Domiciles &
de Commerce reciproquement...
XXI.
Reftabliffement des dignités
, honneurs , benefiGALANT.
61
ces , & c. & tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre , &c.
XXII.
Claufe pour les Rentes
affectées fur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas.
XXIII:
Les benefices accordez
& legitimement conferez
pendant la guerre, laiſſez à
ceux qui les poffedent , &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romainei
confervé dans fon état,
libertez , franchiſes, droits ,
62 MERCURE
honneurs , & c. ainſi que
devant .
XXIV .
Pour l'exercice de la Reles
ligion Proteftante par
troupes que les Etats
Generaux auront dans les
Places defdits Pays Bas Ef
pagnols , & c. on ſe conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des Pays Bas
Eſpagnols , fous le regne
de Charles II.
2
XXV.
Conſervation des Privi
leges, Coûtumes , Droits ,
GALANT.
63
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons des Eftats Generaux
qui fe trouvent à
Huy & Citadelle de Liege
y resteront, aux dépens def
dits Seigneurs , Eftats ; Fortifications
de Bonne rafez.
XXVII.
Tous Prifonniers de
guerre feront delivrez, &c .
XXVIII.
Levée de Contributions
de part & d'autre continuée
jufqu'au jour de l'Eſchange
des Ratifications.
64 MERCURE
XXIX .
Renonciation reciproque
à toutes anciennes prétentions
, au préjudice du
prefent Traité , &c .
-
X X X.
Les voyes de la Juſtice
ordinaire ouvertes ; felon
les Loys de chaque Pays ,
&c.
. X X X I.
Précautions prifes , &
confirmées pour empêcher
que les Couronnes de France
& d'Efpagne ne puiffent
amais eftre unies fur la
ête d'un mefme Roy & c.
GALANT .
65
X X X II.
Commerce & Navigation
en Eſpagne , ou dans
les Indes Eſpagnoles , comme
elles étoient fous Charles
11 .
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec.
l'Empire , l'eftat de Reli-,
gion fera conforme à
la teneur des Traités de
Weftphalie , & Rhinfels ,
& S. Goard, demeurant au
Landgrave de Heffe Caffel ,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
May 1713.
F
66 MERCURE
,
Heffe Rheinfels à condition
que la Religion Catholique
Romaine
exercée .
Y
foit
Les Articles fuivans ne
contiennent que des formalités
, publications &
actes, & quelques clauſes,
en cas de contravention ,
qui n'auront pas lieu de nos
jours , puifque cette heureuſe
paix fera durable.
NOUVELLES
de
Hambourg
.
Les Lettres du Holſtein
portent que l'armée des
GALANT. 67
Princes Confederés avoit
ouvert la tranchée la nuit
du 3. au 4. de ce mois devant
Tonningen , & que le
6. ils avoient pouffé leurs
travaux à huit cens pas de
la Place & des retranchement
des Suedois . Que
leurs batteries de Canons
& de Mortiers devoient
eftre prêtes le 9. pour bombarder
la Place . Le 7. le
General Stinbock envoya
le Colonel Stroomfeld Suedois
, demander une Conference
qui lui fut accordée.
Elle fe tint le 8. à
Fij
68 MERCURE
Ofdenfvvorth , entre le
Comte de Steinbock , & les
Generaux Confederés :
mais ils fe feparerent fans
rien conclure . Les Suedois
demandoient que Tonningen
demeuraft en l'état où
il eft, & qu'il fuft rendu au
Duc de Holftein Gottorp .
Le Roy de Dannemarck
prétendoit qu'il luy fuft remis
, ou que les Fortifications
fuffent rafées , à quoy
le Comte de Steinbock ne
voulut pas confentir , ainfi
les hoftilités devoient recommencer.
Les dernieres
GALANT . 69
lettres de Hufum , marquent
que les Conferences
continuoient à Oldenf.
worth avec aparence d'un
accommodement.
On mande de Berlin que
le départ du Roy pour la
Pruffe etoit fixé au premier
de Juin , & que les troupes
deftinées pour ce pays- là
étoient déja en marche.
Elles font compofées de
Bataillons & trois Regimens
de Cavalerie . Les
autres troupes de ce Prince
feront diftribuées dans
fes Etats. Que la Reine de
7 .
72 MERCURE
།
prefent l'attention
de
toute l'Europe.
GALANT. 7
ANTIQUITEZ.
LETTRE.
MONSIEUR,
Ceux qui croyent que les
anciens avoient le fecret de
fondre les pierres , pourroient
appuyer leur opinion
fur une petite découverte
que j'ai faite il y a fix mois.
En creufant une cave chez
moy on trouva une boule ou
globe de pierre , d'environ
4 - pieds de diametre.Ce globe
étoit creux comme un
boulet de canon: on remar-
May 1713.
G
74 MERCURE
5
quoit une espece de foudure
en cercle ; & comme on la
brifa en la tirant , je vis dans
l'épaiffeur, qui étoit de qua
tre pouces , quantité de petits
morceaux de fer enfermez
dans la matiere , qui
étoient comme de petits
liens qu'on avoit apparem.-
-ment mis exprés en la fondant
, pour entretenir la
liaifon. Au refte cette mat
tiere étoit prefque pourrie
par le temps ; en forte que
tout s'en alla par morceaux
,
dont j'ai refervé feulement
quelques-uns par curiofité
GALANT.
75
Cela me fait fouvenir d'u
ne autre découverte qui ſe
fit il y a environ vingt années
dans le même lieu ,
qui eft Bar fur Seine , & ou
on trouva un autel qui paroiffoit
de pierre fonduë.
M. Perel , Avocat du Roy
à Bar fur Seine , faifant provigner
une de fes vignes ,
& fes ouvriers creufant
leurs foffes affez à fond ,
commencerent par hazard
cette découverte , qui fut
enfuite continuée par fes
ordres. On trouva dans
cette vigne , qui eſt à un
Gij
76 MERCURE
bon quart de lieuë de Bar
fur Seine , fur le penchant
d'un coteau , neuf cercüeils
de pierre , rangez trois à
trois de bout en bout , en
travers de la vigne & du
coteau , & vers le milieu ,
fans prefque aucun eſpace
vuide entr'eux , avec des
murailles à leurs côtez &
à l'un de leurs bouts ; &
cette groffe pierre faite
comme un ancien autel à
l'autre bout , qui paroifſoit
,
comme je vous dis , de morceaux
fondus , avec des ornemens
moulez , & non
GALANT. 77
fculptez. J'ai vu cinq de
:
ces cercüeils en leur en
tier , les autres ont été rompus
en les tirant de leur
place. Ils étoient d'une pierre
blanche , mêlée de petits
brillans ils étoient tous de
même grandeur & de même
figure , & ont dans oeuvre
cinq pieds & demi de
long , un pied & demi de
large, avecun pied de creux
à l'un des bouts , huit
pouces
de large & de creux à
l'autre bout , & deux pouces
d'épaiffeur par - tout .
Leurs couvertures étoient
G iij
78
MERCURE
de la même pierre & du
même travail , figurées en
rond par le dehors , &
creufes de fix pouces par le
dedans : mais toutes ont été
?
rompuës , & l'on n'en voit
que des morceaux , par où
l'on juge de leur nature &
de leur façon . Quant à l'au
tel , il eft en fon entier
tout d'une piece : il a quatre
pieds & demi de long ,
vingt pouces de large , &
quarante de hauteur. Il s'eft
trouvé des têtes & des os
dans tous ces cercücils , qui
étoient pointez vers l'ol
GALANT.
79
rient , & avoient l'autel à
leur pied ; & c'eft apparemment
pour les tourner de la
&
forte , que les cercüeils avoient
été rangez , non pas
du haut en bas du coreau ,
mais en travers comme
je l'ai obfervé. Ce coteau
fe nomme Devoye
eft du finage de Mefrey ,
village autrefois l'un des
fauxbourgs de Bar ſur Seine
d'une fituation trésbelle
& trés- avantageuſe
,
fur le penchant d'une colline
, qui a l'Ourſe d'un côsé
, & l'Arce de l'autre ,
Giiij
80 MERCURE
avec la Seine à fes pieds ,
où ces deux rivieres fe jettent
en moins de mil pas
de diſtance. Quelques- uns
difent que le nom de Mefrey
vient de Mefraint , l'un
des petits - fils de Noë :
mais les autres ne remontant
pas fi haut' , à cauſe
de la difficulté de la preuve
, fe contentent de l'attribuer
à Mithra , Dieu ou
Déeffe des Gaulois ; comme
ils attribuent celui de
Baleno , village voiſin , à
Balenus , autre Dieu de nos
ancêtres ; & ceux de Polis
GALANT. 81
appellé Choifeüil depuis
quelques années , & de Polife
, terre du même voiſinage
, à Ifis & à Ofiris , en
joignant le nom de ces deux
Divinitez au mot Pol ou
Polus , qui fignifie ciel ou
refidence. Peut - être que
ce coteau étoit un hofpice
ou une habitation
des
Dieux , & que les corps
que contenoient
les cercüeils
, avec l'autel à leur
tête , étoient ceux de quelques
Divinitez du pays ; ou ·
plûtôt , comme ce coteau
produit du vin trés-bon , il
82 MERCURE
étoit feulement confacré à
Baccus & aux Dieux de fa
fuite , & que les morts des
cercueils n'étoient que
quelques Sacrificateurs de
ces Divinitez Bachiques ,
Druides ou autres . Et voila
ce que j'en fçai , & ce que
jen juge . A l'égard du motde
Ricci , qui fe trouve fur
tous ces tombeaux ; c'eft
apparemment le nom du
bourg de Ricci , où ils ont
été fabriquez . Il y a trois
bourgs nommez Ricci, qui
ont reçû ce nom d'un Chef
des Helvetiens , c'eſt à dire
GALANT. 83
Suiffes , appellé Ric. Les
troupes qu'il commandoit
étoient de trois differens
cantons . Elles inonderent
nos campagnes ; & Cefar ,
qui les repouffa , ayant per
mis à quelques - uns de ces
peuples vaincus d'habiter
cette contrée , ils bâtirent
trois grands bourgs , qui
font ceux dont je vous parle
. Ce que l'on croit de l'origine
des Riftous , ou Vi
celois , a de grandes apparences
de verité , & confirme
bien ce qu'on dit de
Bar fur Seine & de Bar fur
84 MERCURE
Aube , que ces deux villes
, affiles fur deux rivieres
, étoient les barres
ou barrieres des Heduens ,
ou anciens Autunois , &
les Ambobarriens , ou Ambarriens
de Cefar , contre
le fentiment ordinaire de
fes interpretes. Jully Surfarce
, village de ce voifinage
, où font les reftes d'un
ancien & fort château , qu'
on attribue à cet Empereur
,
auffi bien que le nom de ce
lieu , appellé en latin Julia
cum. Et l'on peut dire encore
que les chemins Ro-
I
GALANT. 85
mains qui traverſent ce
pays de toutes parts , & les
medaillès que l'on y rencontre
S en font de fûres
marqués. Ce qui pourroit
auffi faire croire que les
cercüeils de Devoye con--
tenoient plûtôt des corps
de Romains , que des corps
de nos ancêtres : mais ce ne
font peut- être ni des uns ,
ni des autres , parce que les
Gaulois brûloient leurs
morts , au rapport même
de Cefar , & que les Romains
mettoient en la bouche
de ceux qu'ils enter86
MERCURE
roient despetites pieces
9
d'or, d'argent & de cuivre,
pour payer à Caron le paffage
du fleuve d'oubli , &
enfermoient quelquefois
des lampes ardentes avec
eux , pour fervir à leur
conduite dans les tenebres
de l'autre monde ; & l'on
n'a trouvé dans tous ces
cercueils que des os & de
la terre , fuivant l'obfervaen
ai faite . Nean .
tion
que j'er
moins
on peut
penler
que ,
comme
les Romains
bru
loient
par
honneur
quelques
uns
de leurs
morts
GALANT. 87
les Gaulois par la même
raiſon enterroient quelques-
uns des leurs , & que
ceux des cercüeils étoient
de ce nombre , & apparemment
de quelque illuftre
famille de Bar ſur Seine ,
qui avoit choisi la fepulture
dans fa vigne , comme
le bon pere Abraham
avoit choifi la fienne &
celle de fes enfans dans fon
champ .
88 MERCURE
&&&&&&&&&&&&&
CHANSON
nouvelle .
Vous dont la voix eft
fi touchante ,
Vous, roffignols jaloux,fitôt
que Philis chante
Vous êtes muets & rempans
,
Comme fivous étiez déja
chargé d'enfans .
Au lieu de vous laiffer
mouGALANT
. 89
mourir de jalousie,
Arrofez de cette ambroifie
Vospetits gofiers altere
Sur elle vous triomphereż
:
Sur elle foyez sûrs d'emporter
la victoire ,
Car elle refufe de boire.
AA:AAAAA:AK
BOUQUET.
Par feu M. Laîné.
Que de Poëtes aujour
d'hui
May 1713.
H
90 MERCURE
Ne trouvent que chardon's
fur les bords
d'Hipocrene !
2
Sous les mains de Lainé
bouquet's fe fontfans
peine,
Parnaße a desjardins tou
jours fleuris pour lui.
isto fode to XXX
O. D E. G
CRuelle Mere des Amours
Toy que j'ai fi long- temps
fervie
,
Ceffe enfin d'agiter ma vie,
GALANT
Et laiſſe en paix mes derniers
jours ;
Tatyrannie & tes caprices
Font payer trop cher tes delices
:
C'est trop gemir dans ta
Meprifon
,
Brife les fers qui m'y rel
tiennent ,
Et permets que mes voeux
obtiennent
Les fruits tardifs de ma rai .
fon.
Déja m'échape le bel âge
Qui convient à tes favoris ,
Et des ans le fenfible ou-
GameHij trage
92 MERCURE
Me va donner des cheveux
gris.
Si pour moy le deffein de
plaire
Devient un eſpoir teme
raire ,
Que puis-je encore defirer ?
Quelle erreur de remplir
mon ame
D'une vive & conftante flâ
me
Que je ne fçaurois infpirer ?
Quand onfçait unir & confondre
En deux coeurs mêmes fen
timens,
GALANT.
93
Et que les yeux de deux
amans
Sçavent s'entendre & ſe ré
pondre ;
Quand on fe livre tout le
jour
Aux foins d'un mutuel as
mour ,
Dans quels tranfports l'ame
eft ravic
Dans ces momens delicieux
!
Un mortel porte-t-il envie
A la felicité des Dieux ?
Mais l'amorce de tes promeffes
94. MERCURE
N'eut que trop l'art de m'é
bloüir
;
Reſerve toutes tes careffes
A l'heureux âge d'en jouir :
Etreins de la plus forte chaîne
L'ardent Cleon , la jeune
Ifmene ,
Vole où t'appellent leurs
defirs ,
Fais les mourir , fais les re
vivre ,
Et que ta faveur les enyvre
D'un torrent d'amoureux
plaifirs, run'l einke
-eng 293 plaifirs .
GALANT.
95
Pour moy dans un champêtre
azile ,
Ou l'Arroux de fes claires
-olub akozeaux p-innorof
Baigne le pied de nos cozoidania
Kréaux
Je cherche un bonheur
eno !plus tranquile , obo
Sur des fleurs mollément
couché ,
Avec un eſprit détaché
Des biens que le courtifan
pampƆol briguezug voca
Sur -moy le
nopos
pere du re-
Le fomitello d'une main
onojus пprodiguez corn oik
96 MERCURE
Verfera fes plus doux pa
vots.
Je verrai quelquefois éclore
Dans les prez les aimables
Aeurs
,
Odorantes filles des pleurs
Que verfe la naiffante aurore
,
Je verrai tantôt mes guerets
Dorez par la blonde Cerés ;
Dans leurs temps ces dons
de Pomone
Feront plier mes efpaliers ,
Et mes vignobles en autone
M'emGALANTA
97
M'emplirant de vaftes col
liers.
T
Mais quel trouble , & quel
les alarmes
Viennent me faifir malgré
moy !
Pourquoy , Cephife , he
las
pourquoy
Ne puis- je retenir mes lar
t
mes ?
Dans mon fein je les fens
couler.
Je rougis , je ne puis parler,
Un cruel ennui me devore.
Ah Venus ton fils eft vainqueur
;
May 1713 .
I
98 MERCURE
Qui , Cephife , je brûle encore
,
Turegnes toûjours fur mon
coeur.
Quelquefois la douceur
d'un fonge
Te rend fenfible à mes
tranfports.
Charmes fecrets , divins
trefors ,
N'êtes - vous alors qu'un
menfonge ?
Une autre fois avec dédain
Tu te dérobes fous ma
main ;
GALANT. 99
J'embraffe une ombre fugitive
,
Et te cherchant à mon réveil
,
Je hais la clarté qui me prive
Des doux fantômes du fommeil.
AA:AAAAA :AA
CANONISATION
de faint Pie.
LEs Jacobins du grand
Convent de la ruë S. Jacques
de Paris viennent de
folemnifer avec beaucoup
I ij
100 MERCURE
d'édification & de magnificence
la Canoniſation de .
faint Pie Pape , Religieux
de leur Ordre. Voici ce qui
s'eft paffé de plus remar
quable dans cette folemninité
, l'une des plus belles!
qui fe foient faites depuis
un fiecle.
Toute l'Eglife de ces Peres
étoit magnifiquement
tapiffée , au deffus du grand
Autel paroiffoit dans un
enfoncement la Statuë du
Saint. Il étoit revêtu du ca-^
nail , du rocher , & de la
robe blanche des Souve
GALANT: IQI
rains Pontifes , à genoux
devant un crucifix d'argent.
Le Jeudi 4. May M. l'Abbé
Pirot , premier Grand
Vicaire de S. E. M. le Cardinal
de Noailles , fe tranfporta
fur les deux heures
aprés midi au grand Convent
, dont la Communauté
le reçut avec beaucoup de
refpect & de joye . S'étant
placé en habit de ceremonie
devant le grand Autel ,
il fit à haute voix la lecture
de la Bulle de cette Cano .
nifation
; aprés quoy l'on
I iij
102 MERCURE
chanta , avec le Te Deum ,
l'Antienne & l'Oraifon du
Saint.
Le Vendredi 5. May ,
jour de la fête de faint Pie ,
les trois Communautez
des
Jacobins de Paris partirent
du grand Convent en pro
ceffion , vers les huit heures
du matin , precedée par
une banniere où le Saint
étoit peint au naturel. Cette
Proceffion
marcha droit
à Nôtre- Dame , pour aller
au- devant de S. E. M. le
Cardinal de Noailles , qui
alloit celebrer pontificale-
›
GALANT. 103
ment la Meffe & commencer
la folemnité . Il marcha
toûjours à pied depuis fa
Cathedrale jufqu'au grand
Convent , qui en eſt fort
éloigné. Son Chapitre fuivit
fon exemple ; il marcha
precedé de huit Chapitres
ou Collegiales. S. E. celebra
la grande Meffe, chantée
par la Mufique de Nôtre-
Dame.
Les principales Paroiffes
& les Communautez des
Convens y ont été en proceffion
.
Le Reverend Pere la
I iiij
104 MERCURE
Place , Docteur de Sor
bonne , & Religieux du
même Convent , a com
pofé un livre intitulé , Le
Triomphe defaint Pie , où il
a écrit l'abregé de la vie
du Saint.
ENIGME S.
Parodie ou explication de
l'Enigme dont le mot
eft le Lacet.
Pointu par mes ferets
a mes extremitez ,
GALANT . 105
Et brillant par mes fommitez,
Parfois ,ferrant un corps,
je mets à la torture
Femme portant deux
fruits , ou trois par
avanture ,
Qu'on peut dire être
double ou triple crea
ture.
Fille elle me fouffroit ferré
plus volontiers ,
Aprés qu'elle m'avoit acè
S courci de moitié: >
Par accourci f'entens té106
MERCURE
nant moins longue
place
Que quand j'étois gifant
defort mauvaiſegrace
Sur fa table ou fur fon
fauteuil.
En ferrant trop
tifanne
la
car-
Du corfet d'une payfanne
,
Du curieux Colin je borne
le coup d'oeil;
Serrant un corps je tiens
Claudine en équilibre.
Le Dimanche à Paris reGALANT
. 107
double mon employ ,
Plûtôt le jour ouvrable on
s'y paffe de moy.
D'un ferpent à peu près
j'ai la forme & l'al
lure ,
Et la foupleffe & latournure.
·Le jour je me tiens dans
mes trous ,
Et la nuit je les quitte
tous.
108 MERCURE
ENIGME.
Lorfque je fais mon extr
cice ,
Je rends l'homme muet ,
j'en fais un jaquemard.
Dés qu'il eft au carcan je
le mets aus fupplice,
Pour peu que je faffe un
écart .
Malheur à l'avare vieiltard
Qui lui-même fe martyrife
,
GALANT . 109
Et qui fur lui me donne
prife.
Pourfrustrer de fes droits
mon adroit
neur
gouver-
A d'autres vieux je fais
bonneur ,
En cachant un peu de leur
âge.
J'ai quelquefois fervi la
Et
par
rage ,
des coups adroits
J'ai fervi la pitié.
Je prends parfois auffi les
hommes par le pied ,
Ito MERCURE
Leur faifant faire la grimace.
Tant mieux pour qui je
cours toûjours legerement
;
Gar dans la route que je
trace
Nul ne m'arrête impunément.
MORTS.
Dame Loüife . Therefe
de Brichanteau , fille de feu
Meffire Louis - Faufte de
Brichanteau , Marquis de
GALANT Tia
Nangis ; & de Dame Ma ·
rie Henriette d'Alangny de
Rochefort, qui avoit épousé
le 22. Septembre 1710. Meffire
Pierre François - Georges
d'Entreigues , Comte de
Meillan & de Charenton
en Berry , mourut au commencement
de May.
La famille de Brichanteau
eft trés- ancienne ; elle tire
fon nom d'une Terre dans
la Beauce , dite Brichantel ,
ou Brichanteau . On en connoît
les Seigneurs depuis
l'an 1330. car Jean de Brichanteau
vivoit alors , & laif112
MERCURE
fa Jean II . pere de Robert ,
duquel vint Charles , & ce
dernier eut Louis, qui épou
fa Marie de Veres, heritiere
de Beauvais Nangis , &c.
dans la Brie.
1. Nicolas de Brichanteau ,
Seigneur de Beauvais Nangis,
Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de so. hommes
d'armes , &c. fe fignala
en diverſes occafions . Il
mourut d'une bleſſure reçûë
à la bataille de Dreux en :5621
Antoine de Brichanteau
Marquis de Nangis , Colol
nel du regiment des Gardes,
Ambaf
GALANT .
4143
Ambaſſadeur en Portugal ,
fur fait Chevalier des Ordres
du Roy en 1595. Il avoit
épousé Antoinettte de la
Rochefoucault , Dame de
Linieres, fille puînée & heritiere
de Charles & de
Francoife Chabot.
Benjamin de Brichanteau
, Evêque & Duc de
Laon, Abbé de fainte Geneviéve
& de Barbeaux
, fut
nommé à cet Evêché aprés
Geoffroy de Billy fon parent
en 1612. Il mourut à Paris
le 13 Juillet 1619. L'on voit
encore fon tombeau dans
K
May 1713.
114 MERCURE
l'Eglife de fainteGenevieve.
Philibert de Brichanteau,
Abbé de faint Vincent de
Laon , en fut auffi Evêque
aprés fon frère , & mourut
vers l'année 1652 .
› Nicolas de Brichanteau,
Chevalier des Ordres du
Roy,époula en i . noces Aimée
Françoife de Roche
fort , morte le 9. Juin 1644
Alphonfe de Brichanteau
, Marquis de Nangis ,
Mestre de Camp du regi
ment de Picardie , mourut
des bleffures qu'il reçut au
fiege de Bergues - Vinox le
1
GALANT
115
7
15. Juillet 1658. Il a laiffé un
fils pofthume d'Anne - Angelique
Alongui fon époufe
,fille puînée de Louis d'A
longui , Marquis de Rochefort
, Baron de Craon , de
Baillif, de Berry , Chevalier
desOrdres du Roi ; & de Marie
Hubert de Montmort.
: La famille de Brichanteau
eft alliée à celle de la
Rochefoucaut , de Bailleul ,
de Montmort , & c .
Dame Marie Brillard du
Perron , veuve de M. Jacques
de Gruel de la Fritte ,
Kij
116 MERCURE
Seigneur de Boiſmont , de
Foffes, & c.mourut le 7.Mai
La famille du Perron eft
originaire de la baffe Nor
mandie. Jacques du Perron
Cardinal Prêtre du titre de
fainte Agnés, grand Aumô
nier de France, Evêque d'E
vreux , & depuis Archevê
que de Sens , étoit de cette
Maifon . Il vint au monde le
25. Novembre 1556. Julien
du Perron , Gentilhomme
fçavant,lui apprit la Langue
Latine & les Mathematiques
jufqu'à l'âge de 10. ans .
Depuis de temps ce jeune
GALANT. 117
homme apprit lui - même la
Langue Greque & la Philo
fophie. La paix étant faite
en France, Philippe Defpor
tes , Abbé de Tyron , le fit
connoître à la Cour du Roy
Henri III . qui eut beaucoup
d'eftime pour lui. Il donna
de grandes preuves de fon
efprit , foit dans les confe
rences particulieres , foit
dans fes ouvrages , ſoit dans
fes difputes contre les Prote,
ftans.LeRoy le choifit pour
faire l'oraifon funebre de la
Reine d'Ecoffe. Il fit même
celle de Ronfard, & aprés la
118 MERCURE
mort du Duc de Joyeuſe fon
protecteur , en 1587. il com
pofa le Poëme que nous a
vons encore parmi fes oeu
vres. Il convainquit par fes
folides raifonnemens plu
fieurs illuftres Proteftans ,
qui quitterent leurs erreurs .
Henry Sponde, depuis Evêque
de Pamiers , fut une de
fes conquêtes . Celle du Roi
Henry le Grand lui eft pref
que toute dûë. Ce Monar
que l'envoïa àRome pour le
reconcilier . Il fut facré Evê
que d'Evreux à Rome . A
fon retour en France , ayant
GALANT.
119
lû le livre de Dupleffis- Mornay
contre l'Euchariſtie , il
y remarqua un grand nombre
de fautes; & dans la conference
de Fontainebleau il
remporta une illuftre victoire
fur ce celebre Protef
tant. Il fut fait Cardinal en
1604. par le Pape Clement
rle
VIII. Il affifta à la creation
du Pape Paul V. & fut l'ornement
du Sacré College
des Cardinaux . Il entreprit,
à la follicitation du Roy
Henry le Grand , la réponfe
au Roy de la Grande Bretagne
, & fut nommé à l'Ar120
MERCURE
chevêché de Sens. Il fut envoyé
à Romeavec le Cardinal
de Joyeuſe , pour terminer
les differens qui étoient
entre le Pape Paul V. & les
Venitiens. Ce Pape témoignoit
tant de déference
pour les fentimens du Cardinal
du Perron, qu'il diſoir :
Prions Dieu qu'il inſpire le
Cardinaldu Perron , car il nous
perfuadera tout ce qu'il voudra.
Il mourut à Paris le S.
Septembre 1618. âgé de 63 .
ans . Jean du Perron fonfrere
lui fucceda à l'Archevêché
de Sens.
GALANT. 121
HARANGUE
de la Reine
d'Angleterre
àfon Parlement
.
MYLORDS , &
MESSIEURS ,
Je finis la derniere Sean
ce en vous remerciant des
affurances folemnelles que
vous m'aviez données , par
le moyen defquelles je me
fuis trouvée en eftat de furmonter
les difficultez qu'-
on avoit concertées pour
empeſcher la Paix genera-
May 1713 .
L
122 MERCURE
le. J'ay differé la Seance
jufqu'à preſent , defirant de
vous communiquer à voftre
premiere Affemblée le
fuccez de cette importante
affaire . C'est donc avec un
grand plaisir que je vous
dis que la Paix eft fignée ,
dans
peu de jours les
&
que
ratifications
feront
efchangées.
La negociation a tiré en
de fi grandes longueurs
,
que tous nos Alliež ont eu
du temps fuffisamment
pour regler leurs differents
interefts . Quoyque les defGALANT.
123
penfes publiques ayent efté
augmentées par ces delais ,
j'efpere que mes peuples les
fupporteront, puifque nous
avons heureufement
obtenu
la fin que nous nous ef
tions proposée . Ce que j'ay
fait pour la feureté de la
fucceffion Proteftante & la
parfaite amitié qui eft entre
moy & la Maiſon de
Hanover, doit convaincre
ceux qui nous ſouhaittent
du bien , & qui aiment le
repos & la feureté de leur
pays , combien font inutiles
les attentats qu'on a
Lij
124 MERCURE
faits pour nous divifer , &
que ceux qui voudroient fe
faire un merite de feparer
nos intereſts ne reüffiront
jamais dans leurs mauvais
deffeins.
Meffieurs de la Chambre
des Communes
.
On a fait autant de
progrez
pour diminuer les defpenfes
publiques , que les
circonftances
des affaires
l'ont pû permettre
.
Je laiffe entierement à
mon Parlement le foin de
voir quelles forces feront
GALANT. 125
neceffaires pour affurer no
ftre commerce par Mer, &
pour les gardes & les garnifons.
Mettez vous vousmefmes
en feureté , & je
feray fatisfaite. Aprés la
protection de la Providence
divine , je me repoſe fur
la fidelité & l'affection de
mon peuple , & je n'ay pas
befoin d'autre garant . Je
recommande à vos foins les
braves gens qui ont bien
fervi par Mer & par Terre
durant cette guerre , & qui
ne peuvent eſtre employez
en temps de Paix.
Liij
126 MERCURE
Il faut auffi que je vous
demande de pourvoir aux
fubfides que vous jugerez
neceffaires , & d'y apporter
toute la diligence qu'il faudra
pour votre commodité
& pour le fervice public .
Mylords & Meffieurs .
Les grands avantages que
j'ay obtenus pour mes Sujets
, ont causé beaucoup
d'oppofition
& de longs délais
à cette Paix . Ce m'eft
une grande fatisfaction de
voir qu'il fera au pouvoir
de mon peuple de reparer
GALANT. 127
peu à peu ce qu'il a ſouffert
durant cette fi longue & fi
oncreufe
guerre
.
Il eft de voftre intereft
d'employer vos foins à rendre
noftre Commerce dans
les pays eftrangers auffi aisé
que le peut permettre le
credit de la Nation , & à
choifir les moyens les plus
propres pour avancer &
encourager noftre Commerce
& nos Manufactures
au dedans , & particulierement
la peſche qu'on
peut augmenter pour tous
nos gens inutiles : ce qui
Lijij
128 MERCURE
fera d'un grand
avantage ,
mefme aux endroits les plus
éloignez de ce Royaume .
Dans la derniere Seance
on mit devant vous plufieurs
chofes que le poids
& la multiplicité
des affaires
ne permirent
pas de
finir. J'efpere que vous
prendrez un temps propre.
à y donner toute la confideration
qu'elles meritent .
Je ne fçaurois pourtant
m'empeſcher
de vous marquer
expreffément
le déplaifir
que j'ay de la licen
ce fans exemple qu'on
a
1
GALANT . 129
prend de publier des libelles
feditieux & fcandaleux .
L'impunité de telles pratiques
a encouragé le blafpheme
contre toutes les
chofes les plus facrées , &
répandu des opinions qui
tendent à la deftruction de
toute forte de Religion & ,
de Gouvernement
. On a
ordonné de faire des pourfuites
; mais il faut de nouvelles
Loix pour arreſter ce
mal naiffant & vos plus
grands efforts chacun dans
fon pofte, pour le décourager.
La couftume impic des
130 MERCURE
duels demande auffi qu'on
y apporte un remede
prompt & efficace.
Prefentement que nous
fommes en paix au dehors,
je vous conjure de faire vos
derniers efforts pour calmer
les efprits au dedans ,
afin de cultiver les arts pacifiques
, & qu'une jaloufie
mal fondée formée par une
faction , & fomentée par
une rage de parti ne puiffe
effectuer ce que nos ennemis
n'ont pu faire.
Je prie Dieu qu'il dirige
vos déliberations toutes
GALANT . 131
pour la gloire & pour le
bien du peuple , &c .
Copie d'une Lettre de Mr le
Chevalier de Langon , à
Monfieur le C. de ....
Nous amenafmes le 12 .
du mois d'Avril à Alicante
un Vaiffeau d'Alger ; nous
l'avions pris cette nuit - la
à quinze lieuës au Sudeſt
d'Alicante, la fainte Cathe
rine en deux heures de
chaffe fut à bord ; il voulut
nous faire croire qu'il eftoit
Anglois. Aprés bien de
mauvais difcours nous le
132 MERCURE
reconnuſmes Turc à l'honneur
qu'il nous fit de nous
rendre vingt coups de canon
pour un que nous luy
avions tiré , & toute fa
mouſqueterie à la portée
du piſtolet , on tira fur luy,
& en trois heures il fut rasé
de tous fes mafts . Ce fut
alors que nos deux Vaiffeaux
avancerent à cinq
heures du matin , il leur tira
par honneur cinq à fix
coups en amenant pavillon.
Il couloit bas d'eau ;
il y a eu cent quatre-vingt
dix hommes tuez , & cent
GALANT . 133
foixante trois pris efclaves ,
& vingt fix bleffez , la pluſpart
mortellement. Trente
fix Chreftiens ont recouvré
leur liberté. Le
Rais , & fon fils ont efté
tuez ; il eftoit homme riche
& de confideration
parmi ceux qui ont commandé
leurs efcadres.
Le Vaiffeau s'appelle Mefaluna
, percé pour quarante
fix canons , n'en ayant
que quarante montez ; il
n'avoit pas fon équipage
ordinaire , qui eftoit de
quatre cens cinquante à
Anne
134 MERCURE
cinq cens hommes . Nous
n'y avons perdu que fept
hommes , & vingt bleffez ,
dont fept le font mortellement
.
On doit admirer la modeftie
de Mr le Chevalier.
de Langon qui a fait l'action
, & qui n'a pas dit un
mot de luy .
MARIA G E.
Emmanuel de Rouffelet
Comte de Chafteau - Renand
, Lieutenant General
des huit Evefchez de haute
& baffe Bretagne , CapiGALANT.
135
taine de Vaiſſeaux du Roy ,
fils de François Louis Rouffelet
, Chevalier feigneur ,
Marquis de Chafteau - Renaud
, & Chevalier des Ordres
du Roy , Grand Croix
de l'Ordre Militaire de
Saint Louis , Capitaine general
pour Sa Majesté Catholique
dans les Mers Occidentales
, Commandant
pour SaMajeſté Tres Chré.
tienne toute la Province de
Bretagne , Vice-Amiral &
Marechal de France , & de
Marie - Anne- Renée de la
Porte , fille & heritiere de
136 MERCURE
René de la Porte , Comte
d'Artois & de Crozon , &
Baron de Beaumont en
Bretagne , d'Anne - Marie
du Han de Bertrie : elle eft
morte au mois d'Octobre
1696 , & a laiffé de fon mariage
François Loüis - Ignace
de Rouffelet de Chaf
teau -Renaud , Anne- Albert
, Chevalier de Malte ,
& Emmanuel de Rouffeler,
qui époufa dans la Chapelle
de Verfailles la nuit du
24. au 25. Février , Mademoiſelle
Marie - Emilie de
Noailles fille de défunt
GALANT. 137
Anne- Jule Duc de Noaiiles
, Pair & Marefchal de
France , Chevalier des Ordres
du Roy , Gouverneur
des Comtez de Vigueries ,
de Rouffillon , Conflans &
Cerdaigne
, & des Villes &
Citadelles de Perpignan ,
cy- devant Premier Capitaine
des Gardes du Corps
de Sa Majefté , Vice - Roy
de Catalogne , & de Dame
Marie - Françoifſe de Bournonville
, Veuve du Marefchal
de Noailles.
Le Marefchal de Chafteau
- Renaud fit fes pre-
May 1713.
M
138 MERCURE
mieres campagnes dés l'année
1658. dans l'armée de
Flandres , commandée par
Mr le Marefchal de Turenne
, où il s'eſt diſtingué
en plufieurs fieges importants.
Il paffa en 1661. dans
le Service de la Marine en
qualité d'Enſeigne de Vaiſfeau
. Les nouvelles preu »
ves de fon courage , & les
bleffeures
confiderables
qu'il receut à l'entrepriſe
de Gigery , engagerent le
Roy à le faire Capitaine de
Vaiffeaux en 1664. Il fe fi
gnala depuis à la tefte des
GALANT. 139
Efcadres dont on luy confiia
le
commandement , particulierement
lorsqu'avec
un feul Vaiffeau il combatit
cinq Corſaires ennemis ,
& s'en rendit maiftre . II
fut fait Chef d'Efcadre en
1673. Peu de temps aprés ,
n'ayant que deux Vaiffeaux
il attaqua le jeune Ruyter
Contre - Amiral de Hollande
, qui conduifoit fous
l'eſcorte de huit Vaiffeaux
de guerre , une flotte Hollandoife
de cent trente navires
, dont huit furent coulez
à fond , & les obligea
Mij
140 MERCURE
de relaſcher en Angleterre.
Le combat qu'il donna
en 1678. contre l'Amiral
Everfen ne fut pas moins
glorieux , puifqu'avec
fix
de nos Vaiffeaux, il ſouftint
pendant tout un jour l'effort
de l'armée ennemie
composée de feize Vaiffeaux
de ligne & de neuf
bruflots, & contraignit leur
General de fe retirer en
defordre dans le port de
Cadix , & de reprendre enfuite
la route de Hollande
, fans avoir pû donner
à la Sicile les fecours qu'il
GALANT . 141
avoit ordre d'y conduire .
En 1678 il fut gratifié du
Grand - Prieuré de Bretagne
dans l'Ordre de faint
Lazare . En 1688. il fut fait
Lieutenant General des Armées
Navalles . En 1689.
il remporta une Victoire
complette fur nos Ennemis
dans le combat de Bautry ,
aprés avoir débarqué à leur
veuëun fecours d'hommes
& d'argent en Irlande
il prit mefme en revenant
à Breft ſept Vaiffeaux richement
chargez. Il paffa en
1690. avec fix Vaiſſeaux le
,
142 MERCURE
Détroit de Gilbratar au milieu
de vingt- huit Vaiffeaux
de guerre ennemis qui n'oferent
l'attaquer , & ayant
joint à Brest l'Armée Navale
, il eut le Commandement
de l'avant garde au
combat de Berezieres , où
il enveloppa les Hollan- .
dois , & fit perir dix fept
Vaiffeaux de leur avantgarde
, ce qui caufa le gain
de la bataille . On le fit
Grand Croix de l'Ordre
Militaire de Saint Louis.
En 1696. on luy donna le
Commandement de l'ArGALANT.___
143
mée Navale composée de
cinquante Vaiffeaux de ligne
qu'il conduifit de Toulon
à Breft , fans que les
Ennemis au nombre de
plus de quatre - vingt Vaiffeaux
puffent s'y oppofer.
Il fut pourveu 1701. de la
Charge de Vice- Amiral de
France ; & ayant efté honoré
en mefme temps du'
titre de Capitaine General
de la Mer par le Roy d'Efpagne
, il paffa avec vingt
Vaiffeaux dans les Indes
Occidentales pour s'oppofer
aux irruptions dont el144
MERCURE
les eftoient menacées par
les Anglois & les Hollandois
. Il conduifit en Europe
la flotte du Mexique , il
furmonta avec fermeté &
prudence les obftacles qui
paroiffoient les plus invincibles
, & conduifit la flotte
dans le feul port d'Eſ
pagne , où il pouvoit aborder.
Sa Majefté pour reconnoître
tant de fervices.
importants rendus fans interruption
, la honoré le 14
Janvier 1703. du bafton de
Marefchal de France .
Copie
GALANT. 145
Copie de la Lettre de Mr de
Pontchartrain
au fujer du
prefent du Portrait du Roy
d'Espagne.
MONSIEUR ,
Le Roy d'Eſpagne informé
de la generofité avec
laquelle vous avez refuséle
prefent de douze mille piaftres
d'une part , & vingtcinq
mille d'autre que
Reine fon Epouſe vous avoit
envoyées à Vigo en
reconnoiffance du fervice
important que vous luy
May 1713.
N
la
146 MERCURE
avez rendu & à fon Royaume
en ramenant la flotte
de la nouvelle Eſpagne ,
s'eft creu obligé de vous
donner une marque écla
tante de la reconnoiffance
qu'elle conferve de ce fervice
, & a prié le Roy de
fouffrir qu'il vous fit un
prefent de fon Portrait enrichi
de diamants d'une
grande valeur . Elle l'a mef
me envoyé en France, dans
la confiance que Sa Maje
fté ne luy refuferoit pas
cette grace. Je l'ay prefenté
à Sa Majeſté , & Elle m'a
GALANT. 147
fait l'honneur de me dire
de vous l'envoyer , & de
vous écrire de fa part , que
non feulement Elle a agrée
que vous le priffiez , mais
mefme qu'Elle vous l'ordonnoit
, & c.
La Famille de Rouffelet
Chafteau Renaud eft des
plus anciennes du Royau
me.ll y a plufieurs fiecles
que le nom de Rouffelet
eft marqué entre les noms
dont la Nobleffe eftoit Mi
litaire . Jean & Geoffroy de
Rouffelet Chevaliers , fu
rent du nombre de ces ce
*
Nij
148 MERCURE
lebres Affaillans qui fe fi
gnalerent au combat des
Trente en Bretagne l'an
W
1350. On trouve dans les
actes des années 1381. 1390 .
& 1402. Gervais de Rouffelet
Efcuyer , Albert de
Rouffelet feigneur de la
Cardive , de Lilli , des Abbatis
. Le Marquis de Chaf
teau Regnand , fut nommé
au baptefme par Albert de
Gondy fon oncle , Comte .
de Retz . Il fut envoyé auprés
de Marie de Gondy fa
tante Comteffe de Pancalier
qui le donna au Duc
GALANT , 149
Charles Emmanuel de Savoye.
Ce Prince le fit éle
ver , le pourveut enſuite de
la Charge de Gentilhomme
de fa Chambre-
& cela en confideration
de ce qu'il eftoit iffu de
noble & ancienne Maifon
, & à caufe des fervices
qu'il avoit rendus pendant
qu'il avoit efté nourri auprés
de luy. Lorſqu'il fut
de retour en France il fut
fait Chevalier de l'Ordre
du Roy , Gentilhomme ordinaire
de fa Chambre, Capitaine
de cinquante hom-
Niij
150 MERCURE
•
mes d'armes de fes Ordon
nances , Confeiller au Confeil
d'Eftat & Privé , &
Gouverneur des villes &
Chafteaux de Machecoul
& de Belleifle .
Le Roy qui ne laiffe paffer
aucune occafion de témoigner
au Duc de Noailles
l'eftime & la bonté qu'il
a pour luy , luy a fait l'honneur
de tenir fur les fonts
le Comte d'Ayen fon fils.
Il a choiſi Madame pour
le tenir avec luy , l'a nommé
Louis , & a felicité
Mr le Cardinal de NoailGALANT.
t
les fur la naiffance de cet
heritier de fa Maiſon . Ce
baptefme a efté celebré le
28. Avril 1713. par l'Evef
que de Mets premier Aumofnier.
Le Mardy 25. Avril l'A
cadémie Royalle des Infcriptions
& Medailles reprit
fes exercices.
Mr de Fanieres commença
la feance par un difcours
fur l'ufage du feu &
des illuminations dans les
Feftes facrées ..
- Mr Hardion a leu une
troifiéme Differtation fur
Niiij
152 MERCURE
l'Oracle de Delphes . Dans
les deux premieres il avoit
parlé de l'origine & de la
découverte de cet Oracle ,
desDivinitez qui y avoient
préfidé fucceffivement, des
Temples qu'on leur avoit
baftis , & enfin de la fituation
de la ville de Delphes .
La découverte de l'Oracle
eftoit deuë entierement au
hafard. Des chevres , en
rodant s'approcherent
d'un abyfme qui s'eftoit
ouvert fur le mont Parnaf
ſe , & reſpirerent une vapeur
maligne qui en forGALANT
. 153
toit , & qui les jetta dans
des mouvemens convulfifs .
Le paftre de ces chèvres ,
& les autres habitants du
lieu receurent les mefmes
impreffions de cette vapeur.
Dans leur délire qu'-
ils prirent pour une fureur.
divine , pour un tranſport
d'enthoufiafie , ils tinrent
quelques difcours pareils à
ceux des malades qui extravagent
, & comme leur
imagination eftoit remplie
d'idées de divination , leurs
difcours ne roulerent que
fur l'avenir. Ils attribue154
MERCURE
rent l'Oracle fucceffivement
à la Terre , à Neptune
, à Themis , & enfin à
Apollon qui en devint l'unique
poffeffeur. L'antre
d'où fortoit la vapeur prophetique
eftoit fitué à micofte
du mont Parnaſſe du
cofté du Midy . Les maifons
que l'on baftit autour
de cet antre , prirent infenfiblement
la forme d'u .
ne Ville , & remplirent un
circuit de feize ftades
c'eft à dire de deux mille
On pas geometriques .
n'euft pû donner plus d'é
GALANT . 15
tendue à la ville de Delphes
à caufe des rochers &
des précipices qui la bordoient.
En recherchant l'origine
du nom de Pytho que l'on
donnoit communément à
la ville de Delphes , Mr Hardion
s'eft jetté dans l'hiftoire
du Serpent Python . A ·
prés avoir ramaſſé ce que
les anciens Poëtes ont dit
de ce monftre que Junon
ou la Terre avoient enfan
té pour eftre le fléau deš
mortels , il a fait voir que
ce monftre prétendu avoiɛ
156 MERCURE
efté un tyran de Delphes ,
qui aprés la mort avoit eſté
metamorphosé en dragon
fuivant le privilege que
s'eftoient donné les anciens
Poëtes , d'ériger en
demi - Dieux & en Heros
les Princes fages & ver
tueux qui s'eftoient fait ai
mer par leur moderation
& de transformer au contraire
en monftres & en
dragons ceux qui s'eftoient
rendus odieux par leurs
mechancetez . Letyran fut
privé des honneurs funébres
, & fut abandonné à
GALANT. 157
la pourriture dans le lieu
où il avoit efté tué. C'eft
pour cela qu'il fut appellé
Python de l'ancien verbe
Pythefthai qui fignifioit
la mefme chofe que le mot
latin putere. C'est de là que la
ville de Delphes a efté appellée
Pytho, qu'Apollon a
efté furnommé Pythien , &
que la Propheteffe d'Apollon
à Delphes a eu le nom
de Pythie. C'eft cette Propheteffe
qui fait le fujet de
la troifiéme differtation de
M. Hardion,
Il la divife en deux par160
MERCURE
jeunes filles encore vierges,
à cause de leur pureté principalement.
Il falloit qu'-
elles fuffent nées legitimement
, qu'elles euffent efté
élevées
fimplement , & que
cette fimplicité paruſt juſques
dans leurs habits . On
les cherchoit pour l'ordinaire
dans des maifons
pauvres où elles euffent
vefcu dans l'obfcurité &
dans une ignorance entiere
de toutes chofes . Pourveu
que la Pythie fceuft
parler & repeter ce que le
Dieu luy dictoit elle en fçavoit
GALANT . 161
voit affez . Apollon fe fervoit
de fa
perfonne comme
d'un organe pour fe
communiquer
aux hom
mes , il lui donnoit le mouvement
felon qu'elle étoit
difpofée à le recevoir , &
elle ne
paroiffoit point
mieux difposée que lorsque
fon imagination
n'avoit
point encore donné d'entrée
aux objets qui euffent
pû changer la détermination
de ce
mouvement.
La couftume de choisir
les Pythies jeunes dura tréslong-
temps, mais une d'en-
May, 1713. O
162 MERCURE
tre elles ayant efté enlevée
par un jeune Theffalien
nommé Echecrates.
le peuple de Delphes pour
prévenir de pareils attentats
ordonna qu'à l'avenir
on n'éliroit pour monter
fur le trépied que des femmes
au deffus de cinquan
te ans , qui feroient habillées
comme de jeunes filles
, afin de conferver au
moins la memoire de l'an ,
cienne pratique
.
&
On le contenta d'une
feulePythie dans le premier
temps de l'Oracle , dans la +
GALANT. 163
fuite on en élut juſqu à
trois dans la décadence
de l'Oracle il n'y en cut
` plus qu'une .
M. Hardion avertit qu'il ne
faut pas confondre la Pythie
avec la Sibylle de Delphes.
Cette derniere n'avoit
pas befoin
pour prophetifer
du fecours de la vapeur
qu'exhaloit l'antre de
Delphes. La Pythie au con
traire ne pouvoit prophetifer
qu'elle n'euft efté enyvrée
par cette vapeur. M.
Hardion paffe à fa feconde
partie. Il y remarque que
dans le commencement
164 MERCURE
la Pythie ne montoit fur le
trépied qu'une fois l'année
le feptiéme jour du mois
que les habitans de Delphes
appelloient Bufion.
C'eftoit le premier mois
du Printemps . Dans la fuite
on obtint d'Apollon qu'il
infpireroit la Pythie une
fois le mois . Il y avoit dans
chaque mois des jours appellez
Apophrades jours malheureux
où il eftoit deffendu
à la Pythie d'entrer au
fanctuaire fous peine de la
vie. La plus grande partic
du mois s'employoit
à préparer
tout ce qui eftoit neGALANT.
165,
ceffaire pour l'inftallation
de la Pythie fur le trépied .
Les facrifices faifoient la
principale partie de la préparation.
La Pythie avoit
La préparation particuliere.
Elle fe baignoit dans de
l'eau de la fontaine de Caftalie
; elle avalloit une certaine
quantité d'eau de la
mefme fontaine. Après cela
on luy faifoit mafcher
quelques feuilles de laurier,
cueillies encore prés de
cette fontaine de Caftalie ,
Les Grands Preftres appellez
Prophetes , la condui-
やい
168 MERCURE
les fiecles , tous les temps ,
toutes les deftinées le ralfemblent
en foule dans fon
fein , & luy ferment le paffage
de la voix & de la ref
piration . Elle profere par
intervalles quelques paro-`
les mal articulées que les
Prophetes recueillent avec
foin: ils les
arrangent , &
leur donnent la liaiſon &
la ſtructure qu'il leur faut.
Enfuite Mr Blanchart lut
un difcours fur les ceremo
nies qui fe pratiquoient
aux fondations des Villes. I
EGLOGUE .
GALANT . 169
EGLOG VE:
BErgers qui craignez la
peine ,
Les rigueurs , & les mef
pris ;
Gardez de porter la chail
ne
De la fiere Amarillis :
Que peut - on
d'elle
attendre
Si pour la tendre Tirfis
Elle eſt tousjours fi cruelle ,
Qu'au plus fort de fon tourment
Il n'ofe à cette inhumaine
Faire connoiſtre fa peine
May 1713.
P
170 MERCURE
マ
Par un foufpir ſeulement ?
Eftime , refpect , tendreffe ,
Tout l'offenfe , tout la
bleffe
,
Tout ce qui vient à la Cour
Sous l'Etendart de l'Armour
Eft receu d'un air fevere ,
Et le Berger a beau faire ,
Elle le verra mourir
Sans fe laiffer attendrir.
Une ardeur fans efperance
Doit fignaler fa conſtance .
Le malheureux ! il voit
bien
Ce qu'il faudra qu'il endure
,
GALANT . 171
Mais un Amour fans mefure
Ne s'épouvante de rien ;
Qu'Amarillis foit contente,
Que tout refponde à fes
voeux >
Cet Amant qu'elle tourmente
Se croira tousjours heureux
.
Dans l'excés de fa tendreffe
Nul autre foin ne le preffe ;
Il voudroit dans fon tranfport
,
Il voudroit pour la Cruelle
Souffrir cent fois une mort,
Qui la deuft rendre immor-
Pij
172 MERCURE
telle.
S'il falloit , pour couronner
Ce cher objet de fes peines,
S'aller mettre dans les
chaifnes :
Nuls fupplices , nulles gefnes
Ne le pourroient eſtonner.
Cependant, eft- il poffible ?
Amarillis infenfible
Voit ces difcrettes lan
gueurs
Sans moderer fes rigueurs.
La crainte refpectueufe
De ce fidelle Berger ,
Sa tendreffe ingenieufe
Qui ne ceffe de fonger
GALANT. 173
A ce qui peut l'obliger ,
Rien ne la fçauroit changer.
Tousjours fiere , & ferieuſe
Elle prend foin d'éviter
De le voir , de l'écouter :
Elle joue avec Acante ,
Et rit avec Licidas ;
Mais fi Tirfis fe prefente
A tout autre complaifante
,
Elle ne l'écoute pas.
De cette injufte malice
Quand pour demander jus
ftice
Il cherche de toutes parts
A rencontrer les régards ;
L'inhumaine prévenuë
Piij
174 MERCURE
Du deffein de cet Amant ,
Mefnage fi bienfa veuë ,
Qu'il la cherche vainement.
Lorfqu'il vient fur fa Mufette
,
La plus douce du Hameau ,
Entonner un Air nouveau ,
Affectant d'eftre diftraite ,
Elle écoute avec Lyfette
Quelque groffier Chalumeau.
Quand il danfe à quelque
Feßte ,
Tout s'approche , tout s'arrefte
;
Elle feule avec dédain
GALANT
. 175
S'efloigne
, tourne la teſtè ,
Et le trouve trop badin .
Combien
de Fleurs refpanduës
A fa porte,fous fes pas
Soins inutiles
, helas !
Ce ne font que Fleurs perdues
,
L'ingrate ne les voit pas .
Dans cette rigueur extrême
Conferver pour ce qu'on
aime
Tousjours
le mefme penchant
,
Eft- il rien de fi touchant
?
Ce tranfport
inconcevable
Piiij
176 MERCURE
Dans un Siecle fi gaſté
Eft d'un prix inestimable ,
Et cette fiere Beauté
N'en verra point de femblable.
Nous ne voyons plus d'Amants
A l'épreuve des tourments
Le feul plaifir les engage ,
& l'on blaſme le Berger
Qui pluftoft que de changer
,
Veut languir dans l'efclavage
,
Et tel aujourd'huy charmé
Dés demain veut eftre
#
aimé.
GALANT. 177
REJOUISSANCES
faites en la ville du Puy en
Velay au fujet de l'éleva
tion de Mr de Polignac au
Cardinalat.
LA ville du Puy capitale
du Velay dans le Languedoc
, lieu de la naiffance
de Monfeigneur
le Cardinal
de Polignac , a creu
qu'il eftoit de fon devoir de
tefmoigner
au public combien
elle fe fent honorée de
l'élevation de ce grand
au Cardinalat
.
homme
C'eſt pour cela
que le Cha178
MERGURE
pitre Cathedral de cette
Ville fit auffi toft commencer
fes rejoüiffances publiques
par le fon de toutes
fes cloches .
Monfieur de la Roche-
Aymons Evefque de cette
Ville, à la tefte de fon Chapitre
, accompagné de tous
les Corps , & d'un concours
extraordinaire de peuple ,
entonna le Te Deum aprés
une grande Meſſe chantée
folemnellement en mufique.
Meffieurs du Chapitre
ſe diftinguerent , ils firent
allumer fur le haut
GALANT . 179
d'un grand rocher qui domine
toute la Ville , un feu
de joye , auquel le Doyen
des Chanoines , & le Syndic
de la Ville mirent le
feu. On en fit un autre
d'artifice tres - beau. Dans
le mefme temps on tira
toutes les petites pieces
d'artillerie qu'on conferve
dans cette Ville depuis un
tres-long - temps. Il y eut
des tables publiques &
chez de differens particuliers
magnifiquement fervies.
180 MERCURE
EXTRAIT
ou Sommaire du Traité de
Commerce , Navigation &
Marine entre la France
les EftatsGeneraux, con
clu à Utrech le 11. Avril
1713.
ARTICLE I.
LA liberté
reciproque de
Commerce
, comme de tout
temps avant cette guerre.
II. 2
Deffenfes de prendre aucunes
Commiffions pour
des armements particuliers
, ou lettres de répreGALANT.
181
failles des Princes & Eftats ,
ennemis de la France ou
de la Hollande .
III.
Toutes priſes de part &
d'autre aprés le temps des
délais marqué au Traité ,
feront portées en
compte
& renduës , avec compenfation
des
dommages , &c .
IV .
Toutes lettres de marque
& de réprefailles cydevant
accordées , declarées
nulles , & c .
V. )
Ne pourront les parti182
MERCURE
culiers Sujets des deux parties
eftre mis en action , & c .
pour les dettes publiques
des deux Eftats .
V IZ
Commerce de marchandifes
& denrées reftabli.
VII. VIII. & IX.
L'un ne pourra exiger des
Sujets de l'autre que les
mefmes droits qu'il exige
des fiens-
X..
Permis aux Hollandois
le debit du harenc falé en
France , fans avoir égard
aux Déclarations & ArGALANT.
183
refts au contraire , & c.
X I. & XII.
8
Meſmes facilitez aux
Doüannes pour les Sujets
de l'une & de l'autre part ,
ports , rades , rivieres & havres
réciproquement libres
, moyennant les Déclarations
des Capitaines
aux Gouverneurs , &c .
XIII.
Afile libre pour ceux des
deux parties qui auront
fait des prifes fur les ennemis
, & au contraire refus
d'afile à ces meſmes ennemis.
184 MERCURE
XIV.
Exemption reciproque
de la Loy d'Aubeine pour
les uns dans le pays des autres
, n'y pouvant eſtre reputez
Aubains.
L'Article XV. & les neuf
fuivants contiennent en fub-
Stance que
Les Navires chargez , de
l'un des Alliez , paffant des
vant les coftes de l'autre ,
& relafchant dans leurs rades
ou ports , ne feront
point obliger d'y deſcharger
leurs marchandiſes , ni
d'y payer aucuns droits , ni
faifis ,
GALANT. 185
!
faifis , ny arreftez , finon
pour loyales dettes & par
Juftice reglées , & en fera
libre le tranfport , mefme
aux lieux ennemis defdits
Allicz , fauf aux Villes &
Places affiegées , & cela à
l'exception des marchandifes
de contrebande.
XXIV. & XXV.
2 Que lefdits Navires fe
rencontrant en pleine mer ,
ne s'approcheront pas plus
près qu'à la portée du canon
, & fe communiqueront
par une petite Barque
, pour juftifier leurs
May 1713.
186 MERCURE
paffeports & lettres de
mer ; & en cas qu'il y ait
des marchandifes
de contrebande
elles feront confifquées
, & les permifes
qui fe trouveront parmy ne
le feront point
.
Le XXVI. XXVII.
XXVIII. & XXIX. expliquent
les cas particuliers
& exemptions defdits
Articles, avec confignation
par les Capitaines & Armateurs
, de quinze mille
livres tournois pour cau
tion folidairement des malverfations
& contraventions
, &c.
GALANT. 187
XXX. XXX I. XXXII .
& XXXII.
Si aucun defdits Capitaines
faifoit priſe d'un Vaifſeau
chargé deſdites marchandifes
de contrebande ,
ils ne pourront faire ouvrit
les coffres , caiffes ou tonneaux,
&c . qu'elles n'ayent
efté defcenduës en terre en
preſence des Juges , &c.
qui feront prompte & jufte
expedition , & Sa Majesté
fera revoir lefdits jugements
en fon Confeil en
cas que les Ambaffadeurs
en portent leurs plaintes. ›
Qij
188 MERCURE
XXXIV.
Sa Majefté & les Eftats
Generaux pourront en tout
temps faire conſtruire ou
freter dans les pays l'un de
l'autre , tel nombre de Na
vires ou de Guerre ou de
Commerce , que bon leur
femblera , & acheter telle
quantité d'amunition
de
guerre qu'ils auront befoin
, & employeront leur
authorité pour faciliter lef
dits achats à prix raiſonnable,
fans qu'ils puiffent donner
les mefmes permiffions
& facilitez aux ennemis
GALANT. 189
l'un de l'autre , en cas que
lefdits ennemis fuffent aggreffeurs.
X X X V.
Les Navires de Guerre
ou Marchands échoüant
par tempeftes ou autre accident
aux coftes de l'un
ou l'autre Allié , ce qui fera
fauvé defdits Navires ef
tant reclamé par les propriétaires
, &c. fera reftitué
fans forme
de procez
,
&c.
XXX VI.
Les deux Alliez ne fouffriront
que leurs Sujets re190
MERCURE
çoivent dans leur pays aucuns
pirates & forbans qui
feront punis , & leurs prifes
reftituées aux proprietaires.
XXXVII.
Les Sujets de part & d'autre
pourront ſe faire fervir
de tels Avocats , Procureurs
, Notaires , &c . qu'ils
voudront , & feront leur
Livre de trafic & corréfpondance
en telle langue
qu'il leur conviendra , &c.
XXXVIII..
A l'avenir aucuns Confuls
ne feront admis de part
CALANT. 191
& d'autre , & fi l'on jugeoit
à propos d'envoyer
des Refidents , Agents ,
Commiffaires ou autres
ils ne pourront eſtablir
leurs demeures que dans
les lieux de larefidence ordinaire
de la Cour.
Les quatre Articles derniers
contiennent la confirmation
& formalité ppour
l'execution & folidité des
conventions contenus dans
les Articles cy- deffus.
192 MERCURE
MORTS.
Meffire
Dame Marie Parlier
veuve de Meffire Armand
Diane Levefque , Marquis
de Marconnay , & aupara.
vant veuve de
Claude le Roy , Seigneur
de la Poterie , Préfident à
Mortier au Parlement de
Mets , mourut le 28. Avril. -
Meffire Jacques Matthieu
de Caftelas, Chevelier
de l'Ordre Militaire de S.
Louis , & cy - devant Gouverneur
de la Citadelle &
Chafteau de Dinan , mourut
le 7. May.
GALANT . 193
$
2255252SSS22252
LE
E mercredy 26. Avril
l'Academic Royale des
Sciences reprit fes'exercices
qui avoient efté
interrompus
pendant les Fêtes de Pafques ,
& elle les ouvrir à fon ordinaire
par une Affemblée
publique.
Monfieur Caffini commença
la Seance par un difcours
; dans lequel il démontra
que la figure de la Terre
étoit
Ecliptique , & que fon
axe pris d'un Pole à l'autre
May 1713 .
R
194 MERCURE
étoit beaucoup plus grand
que fon Diametre fous
l'Equateur : Il donna en
mefme temps une methode
pour avoir la méfure des
degrez des Meridiens.
M' Lemery le jeune , expliqua
enfuite la maniere
dont les Sels acides ( &
particulierement le Sel acide
du Nitre ) agiffent fur les
foufres pour produire la
flame.
Mr
Marchand ,
rapporta
la découverte
qu'il avoit
faite de la fleur d'une petite
plante ou efpece de moufle ,
GALANT.
195
nommée
Lichen
petræusſtellatus.
Cette
Fleur
avoit été
jufques
ici
inconnuë
aux
Botanistes ,
quoyque la plante
fût tres
commune.
M'
Geoffroy
termina la
Seance
par la lecture
d'un
memoire ,
concernant
quelques
obfervations
fur le Vi.
triol & fur le Fer . Il donna
plufieurs
manieres
de reduire
Je
Vitriol vert en une
liqueur
graffe
onctueule , & qui ne
fe
criftallife plus , qu'il nom
ma Eau mere ou effence ftiptique
du Vitriol . On appelle
ordinairement
Eaux
meres,
Rij
196 MERCURE
des liqueurs gralles , qui
reftent aprés les criftallifations
du falpetre , du Vitriol,
du fel marin , de l'alum , &c.
On avoit crû juſques ici que
les liqueurs graffes étoient
commpofées des fels alcalis
& de la graiffe de la Terre
qui fe trouvant meflez avec
ces fels s'en féparoient dans
la criftalifation ; mais il
avança que cela n'étoit point ,
& que c'eftoit la fubitance
même des fels qui étoit ainſi
changée , & qu'il prouva par
ce que tous ces fels , fi bien
épurez qu'ils puiflent eftre ,
1
GALANT. 197
ſe peuvent entierement
changer
en cette liqueur , ce qu'il
prouva par experience
fur le
Vitriol. Une des manieres
qu'il propofa
pour reduire
ainfi le Vitriol eft de calciner
du Vitriol
vert aux rayons
du Soleil pendant
l'Eté . Il
fe reduit en une poudre blanche.
On fait fondre cette
poudre
dans de l'eau de
pluye ; on philtre la diffolution
, & aprés avoir fait digerer
pendant quelque temps
la liqueur au Soleil , on la
fait évaporer
& on laiffe crif
rallifer le fel . Il reste entre
R iij
198 MERCURE
les criftaux une liqueur rou
gearre , graffe qui ne ſe criftallife
point du tour. On
la garde à part. On fait calciner
de nouveau les cristaux
au Soleil , on les fait diffoudre
, on digere la diffolution
on la philtre , on la fait criſtalifer
& onfépare la liqueur
qui ne fe criftallife point ;
on continue cela plufieurs
fois jufqu'à ce que tout le
Vitriol foit converti en huile
ou cau mere . Il ne propoſa
pas feulement cette liqueur
comme une fimple curiofité ;
mais encore comme un reGALANT.
199
mede utile , & comme un
fort bon ftiptique pour arrefter
le fang des playes apptique
exterieurement , &
pour appaifer les hemorrha
gies pris interieuremeut ; c'eſt
pourquoy il lui avoit donné
le nom d'Effence ftiptique du
Vitriol. Le temps ne luy permit
pas de lire les obfervations
fur le Fer .
MARIAGES.
M' le Marquis de Grandpré
a époufé à Reims depuis
quelque temps Mademoiſel-
Riiii
200 MERCURE
le de Famechon. Ils furent
maricz par M' l'Archevefque
de Reims , qui donna un repas
enfuite aux Mariez &
aux plus proches parens; c'est
luy qui a fait ce mariage , b
norant de fon amitié les parens
de l'un & de l'autre côré.
Mr le Comte de Grand-
, ho .
pré , intime amy de Mr l'Archevêque
de Reims , a crû
Le voyant
fans enfans
qu'il
eltoit de fon honneur d'élever
fon petit coufin de même
nom , afin que les biens
de la famille ne retombent
pas fur la même perfonne;
GALANT 201
le
c'eft ce qui l'a oonige aprés la
negociation de ce mariage
de faire en fa faveur par
Contrat de mariage paffé à
Reims au Palais Archiepifcopal
en fa prefence & en
celle de Mr l'Archevêque de
Reims
, le Is . Novembre
1.712 . une donation entrevifs
de fon Comté de Grandpré
, qui eft une Terre des
plus confiderables de Champagne
, avec les droits qui
luy appartiennent en la fucceffion
de feu Mr le Maréchal
de Joyeuſe.
Cette Maiſon a l'honneur
202 MERCURE
d'eftre alliée non - feulement
à celle de nos Rois , mais de
toucher de prés à leurs auguftes
Perfonnes , puifque
Anne Duc de Joyeule , Pair
& Amiral de France , Chevalier
des Ordres du Roy ,
Premier Gentilhomme de fa
Chambre & Gouverneur de
Normandie, que le Roy Henry
III. fit Duc & Pair au
mois d'Aouft 1581. époufa
en la même année Marguerite
de Lorraine foeur puifnée
de la Reine Louife , femme
du même Roy ; tant de Prelats
, Cardinaux , ArchevêGALANT
203
ques , Maréchaux de France ,
Generaux d'Armées , dont
l'Hiftoire particuliere a efté
écrite par les Autheurs de
leur temps , font des marques
effentielles de l'origine & du
rang que cette Maiſon tient
en France .
Dans le temps de la recherche
des faux - Nobles du
Royaume , cette Maiſon a
fait une des plus authentiques
par Tipreuves
de Nobleſſe
tres. Elle confifte
prefentement
en differentes
branches
, l'aînée
de laquelle
eſt
tombée dans la Maifon de
124 MERCURE
Guife , où elle a porté le Duché
de Joyeuse , que l'on pré;
tend eſtre pour mafles & femelles
; ces branches font
celles de S. Lambert prefentement
l'aînée , des Comtes
de Grandpré , & des fieurs de
Montgobert & de Verpel.
Robert de Joyeuse , Comte
de Grandpré , fils de Louis
Seigneur de Saint - Geniez &
d'Ifabeau d'Halluin , Comteffe
de Grandpré fa feconde
femme , laiffa de Marguerite
de Barbançon Dame de
Montgobert entr'autres enfans
, Foucault l'aîné & AnGALANT
205
toine , qui a fait la branche
de Montgobert.
Foucault de Joyeuſe , Comte
de Grandpré , Chevalier
de l'Ordre du Roy , Gentilhomme
de la Chambre du
Roy Charles IX . cut d'Anne
d'Anglurre , fille unique
de Claude Seigneur de Jours,
entr'autres enfans , Claude
Comte de Grandpré , Antoine
Seigneur de S. Lambert ,
& plufieurs autres fils & filles.
Claude de Joyeufe , Comte
de Grandpré , Gouverneur
de Beaumont , nommé à
206 MERCURE
l'Ordre du S. Elprit.
Antoine de Joyeuſe , Seigneur
de S. Lambert , Gouverneur
de Mezieres , a laiffé
de Henriette fille de Robert
Marquis de la Vieuville ,
Chevalier des Ordres du
Roy , Robert Antoine François
de Joyeuſe , Comte de
Grandpré.
Jean Armand Marquis de
Joyeuſe , Baron de Ville - furtourbe
, de Gernay en Dormois
, &c. Meſtre de Camp
de Cavalerie , Gouverneur
des Ville & Citadelle de
Nancy , Maréchal de France
GALANT. 207
en 1698. & Chevalier des
Ordres du Roy , qui eft mort
au mois de juin 1710. il
avoit époufé fa coufine
Marguerite de Joycule , fille
de Michel , Seigneur de Verpel
dont il n'a point eu d'enfans
. Claude Abbé de Mouzon
, d'Eflin & de Gorge en
Touraine , mort en Avril
1710.
Julle de Joyeuſe , Comte de
Grandpré , Colonel d'Infanterie
, Lieutenant General des
Provinces de Champagne &
Brie quia épousé Guillemette
Angolique des Reaux , fifle
208 MERCURE
de René , Seigneur de Coclois
, Lieutenant des Gardes
du Corps du Roy , vivant ,
de laquelle il n'a point
d'enfans.
Jean de Joycufe Comte
de Joyeufe , frere de Julle
Comte de Grandpré
, a pour
enfant le Marquis de Joyeufe
fubftitué au bien de feu Mr
le Maréchal de Joyeuſe.
La branche des Seigneurs
de Montgobert de Verpel,
a pour tige Antoine de
Joycufe , Seigneur de Montgobert
, deuxième fils de
Robert de Joyeuſe Comte
GALANT 209
de Grandpré , qui de Madelaine
de Lyons , fille d'Adol
phe , Seigneur d'Efpaux , a
Jaiffé plufieurs enfans , entr'-
autre Robert de Joyeuse
Seigneur de Verpel , dont
la femme Judith Hennequin
le rendit pere de Michel ,
Seigneur de Verpel , qui n'a
eu de fa femme Marie de
Trumelot , que Robert tué
à Valenciennes & la Maréchale
de Joyeuse..
Si la Maifon de Villers ne
compte pas tant de belles
Alliances & des fujets parvenus
à un fi haut degré , clle
May 1713 .
S
210 MERCURE
a du moins l'avantage d'avoir
donné des perfonnes
qui ont fervi leur Prince &
1 Etat avec zele , non ſeulement
dans les Armées ; mais
encore dans les celebres Ambaffades
où ils se font fait
diftinguer.
Cette Maiſon eft originaire
de Picardie , où Roland
de Villers , Seigneur de Berneuil
époufa Marie Thierry,
l'an 1552 , il étoit frère de
Jean de Villers , mort l'an
1535. ayant laiffé de Jeanne
de Flecelles , fon épouse ;
Louis de Villers , Seigneur
GALANT 211
de la Cour , qui contribua
beaucoup à la reduction
d'Amiens , à l'obeïſſance du
Roy Henry IV. il eft mort
en 1608 , il avoit épousé l'an
1564. Marie Dufresne Dame
de la Cour , de laquelle il eut
1º. Louis de Villers cy- aprés .
2°. Jean , Seigneur d'Authiul
époux de Marguerite de
Lattre & pere de Françoife ,
femme de Charles Gorguette
Seigneur du Bus 3° . Anne
femme de Jean de Moux , Seigneur
d'Heudicourt, Louis
de Villers Seigneur de Rouffeville
marié l'an 1584. av.c
Sij
212 MERCURE
Marie Gounet , fille de Pierre
& de Marie Feret , Dame de
Rouffeville qui épouſa l'an
1618. Catherine de Sachy ,
fille de Jean de Maurepas ,
&c .
Mr dé Montholon , Confeiller
au grand Confeil , fils
de Mr de Montholon Confeiller
au Chaſtelet de Paris , a
époufé depuis quelques mois
Mademoiselle Potier fille de
Mr Potier de Novion Prefident
à Mortier au Parlement.
Les deux familles d'oùfont
fortis les nouveaux Mariez
GALANT. 213
font incontestablement des
plus anciennes du Royaume.
Celle de Montholon qui
eft originaire de Bourgogne,
eft une des anciennes familles
de la Robe , (je dis originaire
de Bourgogne , fans
cependant l'affurer , puifque
d'autres la difent de Paris ,
& qui eft l'opinion la plus
vrai femblable ) dont l'origine
fe perd dans les ficcles
les plus reculez ; elle a fourny
des Magiftrats qui fe ſont ſacrifié
pour leur Patrie , & qui
ont laiffé des marques de
214 MERCURE
leur profond fçavoir.
Fé-
François de Moncholon
1.
du nom , fieur de Viviers &
d'Aubervilliers
, Avocat du
Roy , & enfin Prefident au
Parlement
de Paris le 3.
vrier de l'an 15 34. Il fut commis
à la Garde des Sceaux de
France per Lettres données
à Lyon le 39. Aouſt 1542 .
Il mourut à Villers - Cotterefts
le 15. Juin de l'année
d'enfuite , & fut enterré à S.
André des Arcs à Paris , où
l'on voit fon Epitaphe.
François de Montholon
fon fils , ficur d'AubervilGALANT.
215
liers , Avocat au Parlement
de Paris , fils de François
Garde des Sceaux , fut
pourvû de la même Charge
de Garde des Sceaux . Il laiffa
de Genevieve Chartier cinq
enfans , qui furent Mathieu
de Montholon Confeiller au
Parlement , mort fans alliance
; Pierre Chanoine de Laon
Docteur de Sorbonne ; Jacques
Avocat au Parlement
de Paris , François , Seigneur
d'Aubervilliers , Confeiller
d'Etat , & François de Montholon
, Seigneur d'Aubervilliers.
216 MERCURE
La Maifon de Montholon
a formé plufieurs branches
qui font en partie éteinres
.
Nous avons une infinité
de grands hommes , fortis
de celle de Porier ; leur memoire
doit eſtre en veneration
, leurs actions éclatantes
dans les Armées de leurs Rois
& leur vive penetration dans
les Confeils font connues de
toute la France , leur ont attiré
les plus hauts emplois .
-Cette Maifon eft alliée à
-tout ce qu'il y a de perfonnes
de la premiere qualité ,
&
1
GALANT 217
& même des Princes ; qu'elle
tire fon origine de Nicolas
Potier , Seigneur de Grofly,
qui fut Prevoft des Marchands
de Paris en 1499. Il
fut pere de Jacques Potier,
Confeiller au Parlement de
Paris .
Nicolas Potier à fervi
glorieufemeut quatre de fes
Rois , defquels il s'attira la
bien- veillance. Il fut fecond
Prefident au Parlement de
Paris , & Chancelier de la
Reine Marie de Medicis.
André Potier Seigneur de
May 1713 .
-C
Τ
218 MERCURE
Novion , Confeiller & puis
Prefident au Parlement de
Bretagne , & enfuite en celuy
de Paris.
Nicolas Potier , Seigneur
de Novión , &c . Premier Prefident
au Parlement de Paris
, Secretaire & Greffier des
Ordres du Roy , mort le 1.
Septembre 1691.âgé de 75 .
ans . Il fut marié avec Catherine
Gallard , fille de Claude
Gallard , Seigneur de Courance
, de laquelle il a laiffé
André Potier , Jacques Evêque
d'Evreux , Claude Comte
de Novion ; Maréchal des
GALANT. 219
Camps & Arnées du Roy.
Louis Potier , fieur de Gefvres
, Secretaire d'Etat , pric
la conduite des grandes affaires
avec Mr de Villeroy ,
Secretaire d Etat. Il fut quel
ques années aprés Secretaire
du Confeil , puis Secretaire
d'Etat .
René Potier , Comte puis
Duc de Threfmes , Pair de
France , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes
du Corps , &c. Chevalier
dés Ordres de Sa Majefté ,
époufa Marguerite de Luxembourg
, fille de François
I
ij
220 MERCURE
de Luxembourg , Duc de
Piney , & de Diane de Lorraine
, fa premiere femme ,
de laquelle il eut Louis tué au
Siege de Thionville.
Leon Potier , Duc de Gef
vres , Pair de France , premier
Gentilhomme de la Cham .
bre du Roy , mort le 1. Decembre
1704 avoit épousé
Marie Françoife du Val morte
en 1702. le 28. Octobre ,
d'où font venus François
Bernard qui fuit , Leon Archevêque
de Bourges , Jules-
Augufte Chevalier de Malthe
, Louis Marquis de GanGALANT.
221
delux , Mademoiselle de Gefvres,
Jeanne Filice , Sufanne-
Angelique , & Louiſe ....
François- Bernard Potier ,
Duc de Gefvres , Pair de
France , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy ,
Gouverneur de Paris , prit
place au Parlement le 23.
Jnillet 1703. Il avoit épousé
Marie - Madeleine - Louife-
Génevieve de Bois - franc
morte le Avril 1702.
de
laquelle il a eu Joachim - Bernard
Potier , Marquis de
3
Gefvres , Seigneur de Saint-
Ouen , né le 29. Septembre
Tiij
222 MERCURE
1.69. Louis Leon Marquis
de Gandelux , Etienne René
Comte de Threfmes , & Marie
Françoife
Potier , née le
5 Decembre 1697.
Joachim Bernard Potier ,
Marquis de Gefvres elt fils
aîné de Mr le Duc de Gefvres.
Il a époulé le 2. Juin
1709 Marie- Madeleine
- Emilie
Mafcranny, fille de Barthelemy
, Maitre des Requeftes
, & de Jeanne - Baptifte
le Fevre de Caumartin .
GALANT 223
ENIG ME .
Quorque
toujours
couché
je dors tres -rarement
Sans eftre oifif, je fuis
toujours
en mouvement
Je n'aime point le vin ,j'en
bois par avanture
Malgréceluy qui mat mon
corps à la torture
Etjamaisje n'en bois qu'il
n'arrive malheur
Tel qui s'expofe à ma
fureur
Till)
224 MERCURE
A deux doigts de la mort
Subite
Sur tout autre chofe
medite
En me confiant fes
trefors
A toutmoment, changeant
de
corps
Je fuis pourtant toûjours
le même
A plus d'une belle qui
m'aime
Je prete innocemment mes
bras
Tremblante à mon afpect,
le tein pâle & l'oeil bas
GALANT . 225
Elle voit mon brillant
avec indiference
Etfans chagrin auffifoufre
mon inconftance
Elle s'opofe à
penchant.
mon
Fe la fuis ,je la cherche ; &
même en la cherchant
Fufurpe fesfaveurs , mais
avec nonchalance
Car honi foit qui mal y
penſe.
226 MERCURE
Pierre de Gonzon , âgé
de 95. ans eft mort le 15.
Avril, dans un Chateau , en
Provence . Il avoit été Colonel
au fervice de Louis XIII.
Heftoit de la famille d'un
Chevalier Gonzon, dont on a
écrit une action , qui quoique
veritable tient beaucoup de
celle que nous voyons
la Fable.
OPPS
dans
AVANTURE.
I
Ly avoit dans l'Ifle de
Rhodes un Dragon , qui
fe retiroit dans une Caverne,
"
3
GALANT. 227
d'où il infectoit l'air de fon
halaine , & tuoit tous les
hommes & toutes les bêtes
qu'il pouvoit rencontrer .
Voicy comme il eftoit fait' ;
fa groffeur eftoit prefque
comme celle d'un cheval ;
il avoit une tefte de ferpent ,
& de longues oreilles , couvertes
d'unepeau écaillée , les
quatre jambes reffembloient
à celle d'un Crocodille ; fes
deux aîles eftoient noires pardeffus
, & d'un jeaune meflé
de verd pardeffous , & fa
queue faifoit plufieurs plis
& retours fur fon corps , il
228 MERCURE
couroit batant de ſes aîles , &
jettant le feu par les yeux,
avec un fifflement épouventable.
Le Chevalier de Gonzon
ayant entrepris de le
combatre , fen alla à Gonzon
en Provence où il fit un fan-
'tôme , qui reprefentoit ce
Dragon , & accoutuma fon
cheval & deux gros chiens à
T'aprocher & l'ataquer fans
crainte ; puis il retourna à
Rhodes , & ayant choiſi fon
jour , il monta à cheval , accompagné
de fes domeftiques
qui menoient fes deux chiens .
Eftant fur un Cofteau proche
GALANT . 229.
du Manpas ( lieu où eftoit le
Monstre ) il y laiffa fes
gens
& leur commanda de le venir
fecourir , s'il eftoit befoin ,
ou de fen fuir s'ils le voyoient
vaincu ou tué ; auffi tôt eftant
armé de toutes pieces , & la
lance à la main , il avança
vers la Caverne avec les deux
chiens , & aperçut le Dragon
qui venoit à luy avec fa furic
ordinaire , dabord illuy porta
un coup dans l'épaule dont
fa lance fut miſe en pieces.
fans offenfer cette bêté , à
caufe de la dureté de fes
écailles ; mais les deux chiens
230 MERCURE
qui ne craignoient pas plus
ce veritable Dragon que le
fantôme , contre lequel on
les avoit exercez , l'affaillirent
vivement , pour le prendre
par le ventre comme on les
y avoit accoûtumez , & donnerent
le loifir au Chevalier
de mettre pied à terre . Il
aprocha de ce Dragon , &
luy plongea fon épée fous la
gorge & l'enfonçant de plus
en plus , lui trancha le gofier.
Le Dragon perdant fes for
ces avec fon faug , tomba à
terre & renverfa par fa chûte
cc genereux Chevalier. Les
GALANT: 231
gens accoururent auffi toft ,
& voyant le Dragon mort ,
relevetent leur maistre , le
rafraîchirent avec de l'eau
d'un ruiffeau , & luy firent
revenir les efprits , que la
avec
fatigue & la puanteur avoient
affoupis. Gonzon remonta
enfuite fur fon cheval & retourna
victorieux à Rhodes,
où il fe prefenta au Maiftre ;
& luy fit recit de ce combat.
Le grand Maitre ravi d'un
heureux fuccés , luy en témoigna
de la joye : mais en
loüant fon courage il blâma
fa
defobeïſſance
, parce que
232 MERCURE
ileftoit deffendu expreffement
à tous les Chevaliers & Freres
de l'Ordre de paffer auprés de
la Caverne du Dragon , fur
peine d'eſtre punis de l'habit
de religion , & pour obſerver
la feureté de la difcipline ,
le fit mettre en prifon & luy
ôtat l'habit ; mais comme ce
chaftiment n'eftoit qu'une
formalité ; peu de jours aprés
il luy rendit la liberté avec
l'habit , & le remit en poffef
fion de fes Commanderies.
Gonzon fut enfuite élevé en
la dignité de grand Maiſtre.
Il mourut en 1553. On mit
GALANT. 233
fur fon Tombeau les deux
mots : Dragonis extinctor,
Vers de feu Monfieur
Laîné.
Caverne du Parnaſſe ,
où le fournois rimeur
Va fuer, en fecret , d'un
affidu labeur
Apelant de loin chaque
Muſe
Qui chagrine pour luy
devient une Medufe
May 1713. V
234 MERCURE
Fe ne t'habite point , je
cherche le grand jour
Un coin de ruë, un
carrefour
Quelque Salon ou fume
une liqueur amere
Où brille à peu de frais
un repas de chimère
Fy puife de l'efprit & la
grace & le tour
Lorfque fous quatre clefs
enfuite a mon retour
Je confulte Virgile, Ovide,
Horace , Homere ,
Je deviens fec, ob/cur, je
n'ayplus l'art deplaire
GALANT 235
Jesens que tout à coupmon
efprit devient lourd
Quandje veuxdediermon
ouvrage à la Cour.
A Madame la Comteffe de
** . qui entroit dans
un Jardin, où Mr Laîné
étoit la bouteille à la
main , au mois de May.
Tu viens iciregner dans
li l'Empire de Flore
Vij
236 MERCURE
Tu fait bien , car fans toy.
rien ny pourroit éclore
Mais que dis-je, non non ,
les fleurs à ton afpect
Rentrant dans leurs boutons
, par crainte ☺
par respect
En un moment vont
difparoiftre
Celles à qui ton tein ,fans
ceße donne l'être
Leur font honte par
par leur
émail
Et leur tefte fe cache au
fond d'un verd camail
GALANT. 237
Timides fleurs , c'est aßez
rendre
homage
Paroiffe reprenez courage
Pour vous faire afronter ,
l'éclat du plus beau tein
Je vais vous enroufer
de vin.
100%
Hap
Cup
93201
gornis
238 MERCURE
Extrait
d'Hiftoire
Arabe.
A
prié
Bubequer
, fameux
Poëte , Arabe fut
de faire un Poëme pour
fe plaindre de ce qu'un
Calife luy avoit enlevé fa
femme , le Poëme fut fait
& plufieurs Diftiques de
Poëme coururent parmi
les gens de lettres ; enforte
que le Calife qui les
aimoit fort en entendit
GALANT. 139
chanter un , dans les jardins
fous fes feneftres ; &
en fut fi frapé qu'il vouloit
fçavoir dans quel
Poëme étoit ce Diftique
mis en chant ; pas un
Poëte ne put luy en rendre
compte ; mais on luy
dit qu'Abubequer , qui
étoit en un Village à
douze journées de Damas
ſçavoit par meinoire
tous les Poemes anciens
& modernes. Le Calife
crdonna qu'on le fitvenit
240 MERCURE
& dépêcha quelqu'un
vers luy avec ordre de
luy donner cinquante
écus d'or , avec un bon
chamau afin qu'il put
arriver en douze jours à
Damas , celà fut exécuté ;
il arriva à Damas , la dou
ziéme nuit , à la difcendre
au Palais , du Calife qui
le fit entrer dans une
chambre pavée de qua
reaux de marbre , enchaf
fez dans des quadres d'or ,
& le Calife fe mis pour le
GALANT 241
recevoir dans un fauteuil
d'yvoire , marqueté d'òr
& de pierreries. Abubequer
le falua ; le Calife
lui rendit le falut , le fit
7
aprocher , & lui dit qu'il
l'avoit envoyé querir , lui
dont la memoire étoit
une bibliotheque orien
tale pour fçavoir de quel
Poëme étoit ce Diſtique,
dont il étoit en peine.
L'Aurore a verfe des
pleurs, parce que une
Grecque étoit plus belle
May 1713.
X
242 MERGURE
qu'elle , & fe confola en-
Suite parce que cette
Grecque a estearrachée des
bras de celuy qu'elle aimoit
par un plus puiffant que
lui; les pleurs de cette
Gresque ont ainfi fait
:
tarir Is pleurs de l'Aurore,
to snoldid ots
Ce Diftique étoit contenu
comme nous avons
dit dans ce Poëme , qu'A
bubequer avoit compofé
pour ſe plaindre de ce que
le Calife avoit fait enle
GALANT 243
ver cette Grecque ; elle
étoit là avec pluſieurs
autres belles Sultanes du
Calife , & Abubéquer la
reconnut , parce qu'en écoûtant
le Poëme qu'il·
recitoit , elle rougiffoit
& baiffoit les yeux , au
lieu que fes compagnes
fourioient malignement .
1. Pendant que le Poëte
recitoit ce Poëme le Calife
fe fentoit piquer au
vif, & fit cent reflections
diverfes tant que dura le
7
X ij
244 MERCURE
Poeme qu'il fut longtemps
à méditer ; enfuite
il fit donner cent écus
d'or à Abubequer : Voila
lui dit le Calife ; premiere
ment le falaire que merite
le Poème recité , &
je loue fort la beauté de
voftre memoire ; Je reçois
dir Abubequer cette recompenfe
en attendant
la punition que je merite ,
car c'eft moy qui fuis
l'autheur de ce Poëme ,
contre toy : le Calife fel
GALANT. £45
troubla à ces mots; &
fut encore quelques tems
à réver ; & lui dit Abubequer
, ignore tu encore
son métier;fcache que Is
Poëtes font faits pour
loüer ce qui eft lonable
& blâmer ce qui meri ẹ
de l'eftre ; Fay en main le
pouvoirdefaire des actions
blámables , je m'en fuis
fervi ; j'ay celuy de punic
ceux qui me blâment, &
de cepouvoir-là, je ne m'en
west point fervir; ainfi
X iij
246 MERCURE
laiffe moy mes plaiſirs , je
te laiffe les tiens ; je fais
ce qui me plaift , écrit ce
que tu voudras ; &pour
te marquer queje te pardonner
de bon coeur , je te
veut donner comme à l'au
-teur du Poëme , tel prefent
que tu voudras me
demander.
Abubequer fe profter-
'na , & aprés avoir baifé
les pieds du Calife , &
declamé quelques vers
qu'il fit fur le champs à
GALANT. 247
la loüange du Calife ; &
grand cent fois grand❜lui
dit-il, il n'est pas convenable
queje te demande de l'or
ou argent, parce que j'ay
blame unefoibleffe en toy ;
mais plustoft que je te
confole de ta foibleffe en te
découvrant qu' Abubequer,
qui a eu la force de
te dire la verité, eft encore
plus foible que toy; je te
demande donc pour t'aquiter
de ton offre quié
bloui de toutes les belles
X iiij
148 MERCURE
étrangeres qui l'envi
rannent , j'en puiffe choifir
celle qui me pla raleplus.
Le Calife fans faire at
tention que la belle Grecque
étoit du nombre , lay
accorda à l'inftant fa de
mande , & jura qu'il lui
donneroit celle qu'il choi
firoit ; alors
Abubequer
choifit la belle Grecque ,
favorife du Calife ;
l'inftant le Calife fit un
cri , & baiffant la tefte
mit fes deux mains fur fes
GALANT. 249
deux yeux ; pendant le filence
du Calife , Abubequer
continua de parler ,
& fit entendre qu'il ne
lui demandoit cetteGree
que que pour la rendre à
celui auquel on l'avoit enlevée
; alors le Calife prit
la parole & dit , je ne fuis
point tenu de tenir parole
à celui qui ne me la tient
point , Abubequer m'a
trompé , il m'a demandé
une Sultane pour me
prouver la foibleffe , &
250 MERCURE
elle ne fert qu'à
prouver
fa force & la vertu , quoiqu'il
en foit, continua- t-il
aprés avoir
encore
revé
un moment
, je te l'accorde
, mais je veux que
celui à qui je l'ay fait
enlever la
reçoive de ma
main , & qu'il
vienne
luimême
ici afin que je
lui face
comme à vous
des
preſens
dignes de fa
patience
& de voſtre
fermeté.
GALANT ass
Memoire qu'on a promis
dans le Mercure
précedent-
La Maifon d'Harcourt tire
fon origine de Bernard , furnommé
le Danois , Prince de
Dannemark , Gouverneur &
Regent en Normandie , pour
Bolle Duc de Normandie ,
lequel fut baptifé à Roüen
en 612. par l'Archevefque
Franegues avec les compagnons,
& entr'autres Bernard
le Danois le fut avec luy ;
Bernard eut pour fils de S.
Protte de Bourgogne , fon
9
232 MERCURE
époufe , Torf , Seigneur de
Vorville , qui époula Errembergh
de Briquebec , pere &
mere de deux fils 1. Thou .
roude , Sire du Ponteaudemer
, 2. Turchetil , Seigneur
deTurguetile, dethouroude,
du Ponceaudemer ;
& de Duceline de Crefpon ,
eft defcendu les Comtes de
de Meulant & de Beaumont
qui ont fini à Jeanne de
Meulant , Baronne de S.
Paer ,femme de Jean Dauray
en 1485. & à Perrine de
Meulant , fa foeur , Dame de
Courfeulles , femme de
&
:
GALANT. 253
Guillaume Bofenivien , Scigneur
de Champerin.
Des Cortes de Meulant eft
auffi forti les Comtes de
Leiceftre & les Comtes de
Warvick en Angleterre, &
de Meulant , Baron de Neu
bourg en Normandie.
De Turchetil , Seigneur
de Turqueril , eft delcendu
toute la Maiſon d'Harcourt ,
qui s'eft divifée en quantité
de branches , Anchetil fon
fils eft qualifié , Sire de Harcourt
, & il époufa Eve de
Boeffay le Chaftel en 1017.
il fut pere de Robert, pre
254 MERCURE
mier Baron de Harcourt , dit .
le Fort , qui époufa vers l'an
1094. Colede d'Argouges ,
d'une tres- noble & tres ancienne
famille de Normandie
, & de laquelle font encore
aujourd'huy Meffieurs
d'Argouges de Renes , dont
Mr d'Argouges de Renes ,
Maistre des Requettes &
Lieutenant Civil au Chaftelet
de Paris : de Robert Baron
de Harcourt & de Colede
pour!
d'Argouges ; ils
ils curent pour
petit fils Robert deuxième
du nom , Sire de Harcourt,
qui époufa Jeanne de MeuGALANT
255
lant fa parente ; il en ont
16 enfans , onze garçons
& cinq filles ; des onze garçons
il y eur quatre qui ont
fait branches . Sçavoir ,
Richard , 2 °. Guillaume , 3 .
Olivier , 4. Vautier ; la bran
che d'Olivier ne fubfiſta qua
pendant trois generations ,
celle de Vautier pendant 6
generations , il n'y a eu que
celle de Richard , & celle de
Guillaume qui fe font multipliez
, comme je levais
dire.domai
La branche de Richard eft
celle qui s'eft levplus multiə
256 MERGURE
pléc & qui
tubſiſte encore
aujourd'huy
, comme je le
diray ci aprés : Celle de Guillaume
, Seigneur
de Bofworts
, a fair les branches
de
Balworts
& de Stevart : celle
de Balvons
eft finie en
1231. à Guillaume
de Har
court , Baron de Bofworts
,
& celle de Stevart finie auffi
Pierre de Harcourt
, Seigneur
de Stevart , dont le
pere Pierre de Harcourt
vivoit en 1596.
'''
Quand
à la Branche
de
Richard
, Seigneur
de Harcourt
, qui vivoit en 32-10.
GALANT. 257
eft la fouche de toutes les
branches qui ont ſubſiſté
avec grandeur , & qui fubfiftent
encore aujourd'huy sil
eut nombre d'enfans , dont
trois faifferent pofterité , 1º
Jean 1 Sine de Harcourt ,
2 %. Raoul qui fic la branche
d'Avrilly finic aprés quatre
generationsà Jeanne de Har
court, Dame d'Avrilly , qui
époula en 1387. Amaury
de Meulant , Baron de Neubourg;
le troifiéme fut Røbere
de Harcourt , fixiéme
du nom , Baron de Beaumesnil
, qui fut tué fans alliance
May 1713. Y
258 MERCURE
à la bataille d'Azincourt en
1415.
I
7
Jean Sire de Harcourt
& d'Elbeuf, fils de Richard ,
fut au voyage de la Terre-
Sainte en 1248. avec le
Roy S. Louis ; ilépoufa Alix
de Beaumont , de laquelle il
cut nombre d'enfans , &
entr'autres Jean , deuxième
du nom , Sire de Harcourt ,
Maréchal & Amiral de France
, qui époufa Jeanne ,
-Vicomteffende Chaſtelleraud
, Dame de Liflebonne,
de laquelle il cut Jean troifiéme
du nom , Sire de HarGALANT
239
court , Vicomte de Chaftel-
Ieraud , & c . Pere de Jean ,
quatriénie , qui eut d'Ifabeau
de Parthenay , Jean , cinquiéme
du nom , Comte de
Harcourt , Vicomte de Chaf
telleraud, Seigneur d'Elbeuf,
lequel époufa Jeanne de
Ponthieu , Comteffe d'Au
male , & de Montgommery
,
de laquelle il eut nombre
d'enfans , & entr'autres trois,
19. Jean fixième du nom ;
Comte de Harcourt & d'Aul
male , 2 Jacques , Seigneur
de Montgommery
Philippe Baron de Bonnef
table.
Y ij
260 MERCURE
"
Jean , fixième du nom ,
Comte de Harcourt , &
d'Aumale, épouſa Catherine
de Bourbon , & ils curent dix
enfans ; entr'autres , Jean
feptiéme du nom , Comte de
Harcourt & d'Aumale , Vicomte
de Chaſtelleraud , Sire
d'Elbeuf, &c. qui mourut en
1452. qui laiſſa trois enfans ,
1º. Jean huitième , Sire de
Harcourt , mort fans poſ
terité legitime. 2°. Maric de
Harcourt , Comteſſe d'Au
male , frere de Henry de
Lorraine , Comte de Vaus
demont, à qui elle porta les
GALANT. 261
嚐
plus belles terres de la Maifon
de Harcourt ; fçavoir , le
Comté de Harcourt , d'Aumale
, Elbeuf, Liflebonne ,
&c. qui font aujourdhuy les
plus beaux appanages des
Cadets de la Maifon de Lorraine
établis en France.
3. Jeanne de Harcourt
fut femme de Jean , troifiéme
Sire de Rieux en 1414. puis
de Bertrand de Dinan , Scigneur
de Beaumanoir & de
Chafteau- Briants .
Mio De Jacques de Harcoure
Seigneur de Montgommery,
ſecond fils de Jcan cinquième
262 MERCURE
Comte de Harcourt , & de
Jeanne de Ponthieu , il eft
defcendu une nombreuſe
poſterité en pluſieurs bran.
ches , & entr'autres celle de
Beuvron dont est aujourd'huy
Monfieur le Maréchal
Duc de Harcourt , Pair de
France , Monfieur le Comte
de Sefanne , Chevalier de la
Toifon d'or , & c. AM
De Philippe de Harcourt
Seigneur de Bonneftable , 3
fils de Jean cinquiéme , &
de Jeanne de Ponthieu, eft
auffi defcendu aprés huit
dégrez de generations , Jace
GALANT. 263
ques de Harcourt
, Baron
d'Olonde
, qui épousa en
1648. Françoife
de S. Quen ,
Dame de Parfouru
, de laquelle
il a eu des enfans.
On peu dire que le peu que
l'on a dit ci deffus , fait juger
quelaMaifon de Harcourt
eft
une tres grande Maifon , qu'il
faut des volumes
entiers ,
comme a fair Monfieur
de
Ja Bocque qui en a fait l'Hiltoire
en quatre volumes
infolio
, pour en découvrir
la
beauté , ou du moins il fau
droit une carte d'une prot
digieufe grandeur
pour voir
264 MERCURE
tour d'un coup les grandeurs
& les alliances de certe Mai
fon.
On fçait qu'il y a du temps
que Monfieur Chevillard ,
Genealogiſte du Roy , &
Hiftoriographe de France ,
travaille fur cette Maiſon
pour en diſpoſer une parille
carte que celle de la Maiſon
de Montmorency , qui eft
chez Monfieur le Duck de
Luxembourg, au vieux Palais
de Rouen. Il faut efperer
qu'il achevera de travail qui
fora ordfunestares augrande
beautés quobning righ 10
GALANT *
265
Extrait du Traité de Paix
entre la France & l'Angleterre.
T
Les trois premiers articles
contiennent les proteftations
reciproques &
finceres de paix & d'union
entre le Roy de France &
la Reine de la Grande Bretagne
.
i
Articles 4 &
.
S.
On reconnoît le droit de
fucceffion hereditaire établi
dans le Royaume de la
Grande Bretagne , de la
Ꮓ
May 1713.
266 MERCURE
maniere qu'elle a été limi
tée par les loix de la Grande
Bretagne , tant ſous le
regne de Guillaume III . que
fous celui de la Reine à prefent
regnante, en faveur de
fes defcendans , & au défaut
d'iceux , en faveur de
la Princeffe Sofie ,' & c . &
à fes heritiers dans la ligne
Proteftante d'Hanover.
Article 6.
La renonciation du Roy
d'Eſpagne à la fucceffion du
Royaume de France , & la
renonciation de Monfeigneur
le Duc de Berry à la
GALANT 267
Couronne d'Eſpagne , & la
renonciation de Monfeigneur
le Duc d'Orleans à la
Couronne d'Espagne.
Art. 7. & 8.
·
La liberté reciproque de
commerce & de navigation
, & les voyes de la jufice,
ouvertes reciproquement.
>
Art. 9.
Le Roy Trés Chrérien
fera rafer les fortifications
de Dunquerque, aprés qu'il
aura été mis en poffeffion
generalement de tout ce
qui doit lui être cedé en
7
Zij
268 MERCURE
équivalent de ladite démolition.
&
Art . 10. 11. 12. 13. & 14.
>
Le Roy Trés-Chrétien
cedera la baye & le détroit
d'Hudſon , l'Ile de S. Chriſtophe
, la nouvelle Ecoffe
ou Acadie , la ville appellée
Anapolis Royale , &
Pille de Terre neuve
l'exception des cabanes neceffaires
pour fecher le poiffon
: mais l'Ile de Cap Breton,
& toutes celles de l'embouchure
& du golfe faint
Laurent demeureront
à l'avenir
à la France , avec l'enGALANT
269
tiere faculté au Roy Trés-
Chrétien d'y fortifier une
ou plufieurs places.
Art
. 15.
Les Canadiens , ou autres
fujets de la France ne
moleſteront point les cinq
nations des Indiens amis de
la Grande Bretagne , &
ceux - ci fe comporteront
pacifiquement
avec les Ameriquains
fujets & amis
de la France.
Art . 16 .
Lettres de reprefailles ;
de marqne & de contremarque
annullées , & l'on
Z iij
270 MERCURE
n'en expediera plus que par
le canal des Miniftres où
Ambaffadeurs du Prince
contre les fujets duquel on
pourſuivra lesdites lettres .
Art. 17. 18. & 19 .
Concerne le reglement
pour les prifes faites , foit
dans la mer Baltique ou
Septentrionale , ou par - tout
ailleurs.
Art.
10.
Il fera donné à tous &
chacun des hauts alliez de
la Reine de la Grande Bre .
tagne une fatisfaction juſte
& équitable fur ce qu'ils
GALANT. 271
peuvent demander legiti
mement à la France.
Art, 21.
Qu'on aura égard dans
le Traité à faire avec l'Empire
, aux Traitez de Veſt
phalie à l'égard de l'état de
la Religion .
Art. 22.
Le Roy Trés Chrétien
fera droit à la famille d'Hamilton
fur le Duché de Châtellerault
, au Duc de Ri
chemont fur les pretentions
qu'il a en France ; & au
Sieur Charles de Douglas
fur quelques terres en fond
Z iiij
272
MERCURE
qu'il
repete , & à
d'autres
particuliers.
Art.
23.
Prifonniers de
guerre de
part
&
d'autre
remis
en li
berté.
Art.
24.
Le
Traité de
Paix
entre
la
France & le
Portugal fe
ra
partie
du
prefent
Traité,
Sa
Majefté
de la
Grande
Bretagne
declarant
qu'elle
a
offert fa
garantie , &c.
Art.
25.
Le
Traité de
paix
entre
la
France & la
Savoye
fpecialement
compris &
conGALANT.
273
firmé par le prefent , Sa Majefté
la Reine de la Grande
Bretagne s'engageant à la
même garantie , &c.
Art. 26.
Le Sereniffime Roy de
Suede , &c. le grand Duc
de Toſcane , & c . la Répu
blique de Genes , & c. & le
Duc de Parme font mêlez
dans ce Traité.
Art. 27.
Leurs Majeftez ont auffi
bien voulu comprendre
dans ce Traité les villes
hanfeatiques, nommément
Lubec, Breme,Hambourg,
274 MERCURE
la ville de Dantzic , & c.
Art . 28.
Seront en outre compris
dans le prefent Traité de
Paix ceux qui avant l'échange
des ratifications feront
nommez à cet effet de
part & d'autre.
Art . 29.
Enfin les ratifications
feront expediées & changées
à Utrecht dans quatre
femaines du jour de la fignature
, &c.
Signé ,
LS.Huxelles. L S.J.Briſtol.
LS.Menager. LS.Strafford.
GALANT.
275
NOUVELLES.
On mande de Catalo
gne , qu'on attendoit à Barcelonne
des côtes d'Italie
l'eſcadre Angloife , & un
grand nombre de bâtimens
de tranfport, avec un Commiſſaire
general Anglois ,
qui devoit affifter à l'éva
cuation de la Catalognes
que le Comte de Starem.
berg avoit revoqué toutes
les Commiffions & Paffe
ports que d'autres Generaux
ou Chefs de volontai
276 MERCURE
res auroient accordez ; qu'il
avait fait venir le Colonel
Nebot & les Gouverneurs
d'Urgel & de la Montagne,
& les tenoit en arrêt à Barcelone
, pour avoir pillé &
ravagé le pays. Les lettres
d'Allemagne portent qu'on
travaille aux levées pour
faire la guerre à la France ;
que les regimens de cavalerie
de Gronfeld & de Ra-.
butin , & celui d'infanterie
de Neubourg, s'étoient mis
en marche de Hongrie
pour aller vers le haut
Rhin ; que le Prince EuGALANT.
177
gene , qui doit commander
en chef l'armée de l'Empire
, ne pourra partir que
vers le 10. May. Celles de
Londres portent que l'ordre
a été envoyé en Flandres
de faire entrer dans
Nieuport trois regimens.
Anglois pour garder cette
place , jufqu'à ce que la
Cour de Vienne ait accepté
les offres de la France
, &
donné fatisfaction
aux Electeurs
de Cologne
& de
Baviere
; que le regiment
du General Palmes avoit
été donné au Sieur Blak278
MERCURE
vvel , qui en étoit Lieute
nant Colonel ; & celui que
commandoit
le Chevalier
Richard Temple au General
Hill. La Charge qu'avoit
Mylord Cholmondley
à Mylord
Langsdovvn
,
Controlleur
de la même
maiſon ; que le Sieur Bridges
, Payeur general des armées
dans les pays étrangers
, avoit été privé de fon
employ, & que le Duc d'Ormond
avoit été fait Gouverneur
du Comté de Nortfolk.
GALANT . 279
Nouvelles de Paris.
Le 14. de ce mois le Sieur
de la Faye , Gentilhomme
ordinaire de la Maifon du
Roy , arriva ici d'Utrecht
avec la ratification du Traité
de Paix avec l'Angleterre
, la Savoye & la Pruffe
.
,
Le Sieur Pajot de Malzat
, Confeiller au Parle
ment arriva le 16. avec
celle des Traitez ci - devant
avec le Roy de Pruffe , &
avec les Eftats Generaux
280 MERCURE
des Provinces Unies.
La publication de la paix
fe fit le 22. avec les ceremonies
ordinaires dans les
principales places de cette
ville ; le Châtelet & le Corps
de Ville s'y étant rendus ,
accompagnez du Roy d'Armes
& des Herauts , des
trompettes , des timbales &
des tambours de la ville.
Le 25. on chanta le Te
Deum pour
le même fujet
dans l'Eglife Metropolitaine,
le Cardinal de Noailles,
Archevêque de Paris , officia
.
Le
GALANT. 281
ce
•
Le Chancelier de Franà
la tête du Confeil , le
Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville
'y affifterent.
Le foir il y eut un grand
feu d'artifice devant l'Hô
tel de Ville , & des feux
dans toutes les rues , avec
plufieurs autres marques
de réjouiſſances.
FIN.
May 1713.
A a
央爽爽爽爽爽爽爽爽
Bxtbox************
L
TABLE.
膠˙
A haine furmontée par
l'amour. P. 3.
Memoire touchant la Maifon
de Polignac.
Articles de la paix.
41
49
Sommaire des Traitezde Paix
& de Commerce entre la
France les Etats Generaux
des Provinces Unies .
53
Nouvelles de Hambourg. 68
Dons du Roy . 72
TABLE.
Antiquite
Chanfon nouvelle.
73
88
Bouquet , par feu M. Laîné.
2.89
Ode. 90
Canonifation de faint Pie
9990
Parodie ou explication de l'E
nigme dont le mot eft le
Lacet.
104
Enigme.
108
Morts. 110
Harangue de la Reine d'Angleterre
à fon Parlement.
121
Copie d'une Lettre de M. le
Chevalier de Langon d
A a ij
TABLE.
M. le C. de...
Mariage.
137
134
Copie de la Lettre de M. de
Pontchartrain au sujet du
portrait du Roy. 145
Dißertation fur l'Oracle de
Delphes , par M. Hardion.
151
Eglogue.
169
Rejoüiffances faites en laville
du Puy en Velay au fujer
de l'élevation de M. de
Polignac au Cardinalat.
177-
Extrait ou Sommaire du Traité
de Commerce , Naviga
tion & Marine entre la
TABLE:
France les Etats Gene
raux , conclu à Utrecht le
180
11. Avril
1713.
Memoire concernant quelques
obfervations fur le vitriol
fur lefer, par M. Geof
froy.
Mariages.
Enigme.
Avanturé.
195
199
223
226
233 Vers de feu M. Laîné.
A Madame la Comteſſe de **
qui entroit dans un jardin
où M. Laîné étoir la bouteille
à la main , au mois de
May.
Extrait d'Hiftoire Arabe, 238
235
TABLE.
Extrait du Traité de Paix entre
la France Angleterre.
.265
Nouvelles. 275
Nouvelles de Paris, 279
Fin de la Table.
GALANT.
MAT 1713 .
UNI
NIN
A PARIS ,
M. DCCXIII
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F
Mois
de
May
1713.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , broché .
A PARIS , '
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais .
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE , à l'entrée de la ruë
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
Avec Approbation,& Privilege du Roi.
MERCURE
GALANT.
LAHAINE SURMONTE'E
par l'amour.
Eux chefs de fa-
D
mille qui avoient
l'un contre l'autre
un procés ſur des affaires
de point d'hon-
May 1713. A ij
4 MERCURE
neur , parvinrent enfin à
fe hair à tel point
, que
l'un qui avoit une fille
dont le fils de l'autre é
toit amoureux
, nè voulut
jamais entendre parler
de ce mariage
, quoy
qu'il lui fût trés - avantageux.
Le pere de l'amant
mourut dans cette conjoncture
; & comme le
fils n'avoit jamais eu aucune
part aux procedez
du pere , il crut ne plus
trouver d'obftacle , & il
•
GALANT . S
alla fupplier le pere de
fa maîtreffe qu'il l'acceptât
pour gendre : mais
ce pere lui répondit que
fa haine pour le défunt
iroit jufqu'à la quatriéme
generation , & qu'il
ne pensât plus à ſa fille.
En effet , pour l'empêcher
d'avoir aucune relation
avec fon amant ,
il l'enferma dans un
Convent. L'amant defefperé
prit le parti d'aller
faire un voyage , &
A iij
6 MERCURE
!
trouva le moyen de ju
rer à fa maîtreſſe une
conftance inviolable ,
qui lui fut promiſe reciproquement
, & ils fe
tinrent parole. C'eſt ce
qu'il y a de plus fingu
lier dans cette hiftoire.
-Sitôt qu'il fut parti ,
le père fongea à marier
fa fille mais il ne put
jamais la faire obeïr , &
lui reprefenta pendant
trois ou quatre ans que
dura fa defobeïſſance
:
GALANT.
7
lui
que rien n'étoit plus
honteux que la foibleſſe
de l'amour , & que
qui étoit veuf depuis
dix ans , & qui n'avoit
encore que foixante ans,
croiroit être deshonoré
fi l'amour lui donnoit
envie de fe marier. La
fille fe contenta de louer
la force d'efprit de fon
pere , & ne voulut point
faire uſage de la fienne .
Elle declara que puis
qu'elle ne pouvoit point
A iiij
8 MERCURE
avoir celui qu'elle aimeit
, du moins elle n'en
auroit jamais d'autre. Le
pere étoit homme déraifonnable
, entêté , &
d'ailleurs cherchoit une
occafion de fe difculper
dans fa famille d'avoir
ruïné fa fille
par un procés
qui duroit encore . Il
prit cette occaſion pour
ne rien donner à fa fille
; il la desherita dés ce
moment , & l'enferma
dans un Convent .
1
GALANT.
Quelque temps aprés
une veuve trés - belle vint
fe retirer dans ce même
Convent , n'ayant pas
affez de bien pour vivre
dans le monde. Elle devint
amie de Dorotée ,
(c'eft ainfi que fe nommoit
la fille conftante
dont la veuve devint intime
amie) & cette amitié
devint fi parfaite ,
qu'elles fe firent mutuel
Hement confidence de
leurs fecrets les plus cachez.
10 MERCURE
La veuve avoüa à Dorotée
qu'une nouvelle
avanture qu'elle avoit
euë lui donnoit envie de
fe remarier. Ce n'est pas
lui dit- elle , avec un homme
aimable comme celui
dont l'abfence t'afflige depuis
fi long-temps : celui à
qui j'ai donné de l'amour
eft un vieillard , qui me
vit l'autre jour chez une
Dame de fes amies , où
je me trouvaiparhaZard.
Je n'ai pu encore fçavoir
GALANT.
le nom de cet amant mysterieux
il ne m'a declaré
d'abord que fes richesses ,
& m'a aßuré qu'il étoit
homme de condition . Il
m'a donné quinze jours
pour me determiner
, &
fes richelles me determineront
non pas que je les
aime : mais je hais naturellement
la pauvreté, &
j'aime à rendre fervice à
mes amis. Quel plaifir
aurois - je , par exemple ,
fi je pouvois te fournir
12 MERCURE
l'argent dont tu aurois
befoin pour foûtenir le procés
injuste que ton pere
te fait pour usurper les
biens de ta mere ! Dorotée
remercia fon amie de
a
fes offres
genereufes , &
lui declara qu'elle aimeroit
mieux tout perdre
que de plaider contre
fon pere. Cette conver
fation fut
interrompuë
par une Touriere , qui
vint apporter un billet
à la veuve. Ce billet éGALANT
.
13
toit du vieux amant inconnu
, qui lui donnoit
rendez - vous chez une
perfonne où ils fe trouvoient
tous les jours ; &
cette perfonne gardoit
fi exactement le fecret
au vieillard , que la veuve
n'avoit pû fçavoir en
core qui ilétoit . Ce vieillard
ne vouloit point declarer
fon nom , qu'il ne
fût für que la veuve
l'accepteroit pour mari.
Il avoit , difoit - il , fes
14 MERCURE
raifons pour ſe cacher ,
outre la fauffe honte
d'être à fon âge amoureux
, & refufé. La veu
ve de fon côté ne vouloit
rien promettre qu'-
elle ne fçût le nom du
vieillard , pour pouvoir
s'informer s'il étoit auffi
riche qu'il fe le difoit.
Ils en étoient là , quand
ils fe virent au rendezvous
à l'heure marquée
par le billet . La veuve
le preffa à fon ordinaire
GALANT .
IS
de lui dire fon nom .
Je vois bien , lui répondit
le
vieillard , que vous
voulez, vous informer de
moy avant que de me
promettre ; vous craignez
fans doute que je ne fois
pas auffi riche que vous
le
fouhaiteriez : mais pour
vous donner des preuves
de ma richeße , & en meme
temps de ma generofité
, voila une bourse de
cent louis d'or que je vous
donne pour commencer à
16 MERCURE
arranger vos affaires ; car
je fçai que vous avez des
procés. Dans quelques
jours vous me direz fi
vous commence à vous
confier affez à moy pour
vouloir qu'on faße dreffer
un contrat ; car vous ne
fçaurez qui je fuis qu'en
le fignant. La veuve, qui
n'eût jamais accepté les
cent louis pour elle , les
prit dans d'autres vûës ;
& aprés qu'elle fut convenue
d'un autre rendezvous
GALANT 17
vous avec fon vieux amant
, elle retourna au
Convent , & offrit les
cent louis à Dorotée
pour fon procés contre
fon pere : & voyant qu'-
elle les refufoit obſtinément
, elle ne la preffa
pas davantage : mais elle
alla trouver un bon pårent
, qui foutenoit le
procés de Dorotée malgré
elle contre fon injufte
pere , & qui : l'eût
laiffe perdre faute d'ar-
May 1713 .
B18
MERCURE
#
gent , fans ce renfort
de
cent louis que la veuve
lui donna
, en le priant
de n'en rien dire à Do
rotée . Quelque
temps
aprés ce parent
dit à la
veuve qu'il avoit befoin
de la fignature
de Dorotée
, & qu'elle
l'amenât
chez lui , pour tâcher
de
la faire confentir
à retirer
du moins
fon bien
des mains
d'un pere dont
elle ne pouvoit
jamais
rien efperer
. Dorotée
t
GALANT . 19
confentit d'y aller , fans
fçavoir ce qu'on vouloit
exiger d'elle. Un moment
aprés qu'elles y
furent
arrivées , le parent
de Dorotée la laiſſa
dans la chambre , & paſſa
dans fon cabinet avec la
veuve , pour lui parler
en particulier. Il lui dic
qu'un jeune homme trésriche
lui étoit venu demander
fon entremiſe
pour lui faire épouſer
Dorotée , & qu'il de-
Bij
20 MERCURE
voit revenir ce mefine
jour pour lui parler
plus amplement . Pendant
qu'ils parloient de
cette affaire , l'impatience
d'attendre & la curiofité
firent entrer Dorotée
dans le cabinet . Elle
entendit la propofition
que faifoit fon parent ,
& l'interrompit avec
dépit , lui proteſtant qu '
elle ne vouloit jamais
entendre parler de mariage.
Son amie lui reGALANT
. 21
montra qu'aprés avoir
été conftante pendant
fix ans pour un homme
abſent , & meſme qu'
elle pouvoit croire mort,
ou infidele , puis qu'elle,
n'avoit point eu de fes
nouvelles , il faloit enfin
fe determiner à faifir une
occaſion ſi
avantageuſe.
Dorotée ne daigna pas
feulement répondre à
fon amie , & pour ne
pas l'écouter davantage ,
retourna dans la cham22
MERCURE
bre d'où elle fortoit. El
le n'y fut pas plutôt entrée
, qu'elle fit un cri
qui fit accourir la veuve
& le parent , qui voyant
entrer le jeune homme
qui lui avoit demandé
Dorotée , le tourna auffitôt
vers elle , qui étoit
reftée muette & immobile
: Quoy , lui dit - il ,
avez- vous deviné que
c'étoit Monfieur que je
vouspropofois pourépoux?
votre conftance pour un
GALANT.. 23
abfent vous a- t- elle donné
fi fubitement de l'averfion
pour un Cavalier ſi
aimable ? La veuve pendant
cela les examinoit
tous deux ; & quoy qu'-
elle n'euft jamais veu le
Cavalier , elle reconnut
l'amant. En effet la furpriſe
, le trouble & le
plaifir faifoient un tel effet
fur Dorotée & fur
lui ,
que le
parent
fut
bientoft au fait , & reconnut
que l'amant ab24
MERCURE
fent & celui qui lui a
voit demandé Dorotée
étoient le meſme . Il y
eut alors entre eux quatre
une longue explication
. L'amant fe juftifia
de n'avoir pu faire fçavoir
de fes nouvelles à
Dorotée . Il arrivoit d'un
long voyage. Dorotéc
lui pardonna
, & la veuve
conclut
que pour ne
pas expoſer l'amant à
faire par defefpoir
un
fecond voyage , il faloit
г
les
GALANT. 25 :
les marier fecretement ,
en attendant qu'on pût
faire confentir le pere de
Dorotée. Le Cavalier
étoit en effet trés- riche
en fond de terre : mais
il avoit emprunté pour
Les voyages , & il avoit
auffi peu d'argentt
comptant
que Dorotée. Le
parent n'en avoit pas
plus qu'eux : il en faloit
pourtant
fi l'on vouloit
les marier fecretement ;
car le Cavalier , qui &-
May 1713 .
C
26 MERCURE
toit en tutelle , avoit
quelques parens interef
fez à
gagner , outre qu'il
faloit acheter le miniftere
de quelqu'un qui
voulût bien les marier
fans peres ni meres. En
un mot il leur faloit de
Fargent pour plufieurs
faifons. La veuve leur
die qu'elle en emprunte
roit à fon vieillard , avec
qui elle avoit encore rendez-
vous ce jour- là .
Je crois qu'il eft temps
a
GALANT . 27:
d'avertirici le lecteur
pere
de
que ce vieillard myſte
rieux étoit le
Dorotée , qui avoit
déja fourni à la veuve
de l'argent pour plaider
contre lui - même.
Il lui en prêta encore
pour marier fa fille à
fon ennemi ; & la veus
ve lui demanda deux
cent louis d'or , lui pro
mettant que , perfuadée
par là de fa richeffe &
de fa generofité , elle fe
C ij
28 MERCURE
declareroit avant qu'il
fuft huit jours . Les deux
cent louis d'or furent
donnez par l'amoureux
vieillard , qui n'oublia
pas de fe plaindre en general
qu'il lui en avoit
falu dépénfer beaucoup
depuis quelques jours
pour un procés qu'il avoit
cru gagner , &
qu'on avoit renouvellé
fortement , contre lui.
Aprés ces plaintes generales
, qui ne mirent
GALANT. 2.9
point encore la veuve
au fait , il lui donna rendez
- vous à huitaine ; &
elle courut bien joyeuſe
porter aux amans l'argent
qu'il leur faloit
pour fe marier malgré le
pere,de Dorotée. Le mariage
ſe fit fecretement ;
& le parent ayant mis
avec ce nouvel argent fe
procés en état de faire
craindre au pere de le
perdre, ils efperoient que
par un accommodement
.
C iij
ཐ༠
MERCURE
ils l'obligeroient à don
ner aprés coup fon confentement
à un mariage
déja fait , plutôt que
de faire un éclat dont
on l'auroit pû blâmer
dans le monde ; car il
étoit trés - delicat fur le
point d'honneur , com
me on l'a déja dit dans
le commencement de
cette hiſtoire .
Le mariage étant fait ,
& le procés pourfuivi
vivement
, le parent fit
GALANT
.
dire au pere que s'il vouloit
venir chez lui , il lui
propoferoit un moyen
d'accommoder
l'affaire.
Le pere ne manqua pas
de s'y trouver , & le parent
fit cacher les nouveaux
mariez dans une
chambre à côté de celle
où il devoit conferer avec
le pere pour l'accommodement
. Le parent
, homme d'efprit ,
fit d'abord fentir à ce
vieillard obftiné le peril
C
iiij
32 MERCURE
où il étoit de perdre fon
procés contre fa fille , &
qu'il devoit en homme
fage fe faire auprés d'elle
un merite de fa bonté ,
& lui accorder de bonne
grace ce qu'il perdroit
contr'elle malgré lui .
Enfuite il difpofa inſenfiblement
fon efpric à
confentir de bonne grace
à un mariage qu'il
ne pouvoit plus empê
cher , & le menaça même
de ne faire aucun ac+
GALANT.
33
commodement avec lui
fur le procés, qu'il n'euft
confirmé ce mariage .
Le vieillard parut malgré
lui traitable fur tous
les articles , & même fur
le mariage de fa fille ,
jufqu'à ce qu'on lui eut
nommé le fils de feu fon
ennemi : mais à ce nom
il rompit tout . Sa fille
& fon gendre entrerent
à cet inftant , & fe jettant
à fes pieds , tâcherent
de le fléchir : mais
34 MERCURE
ce fut inutilement , &
la vue du fils de fon ennemi
redoubla fon obſtination
& fon emportement.
Il jura qu'il feroit
caffer le mariage , & fortit
comme un furieux ,
fans vouloir rien écouter
, laiffant les deux amans
conſternez , & le
parent indigné , qui lui
dit qu'il avoit trouvé
une fource d'argent qui
ne lui manqueroit point
pour le plaider , & pour
1
GALANT. 35
le punir de fon obftination
& de fon injuftice .
Pendant que tout ce
ci fe paffoit , la veuve
vint chez le parent
, pour
fçavoir comment ſe ſeroit
paffée l'entreveuë
de la fille & du pere j
qu'elle ne foupçonnoit
point encore d'être le
vieillard anonime qu'-
elle étoit prête d'épou
ſer. Dans le moment qu’-
elle entroit dans la cham
bre du parent , il en for
36 MERCURE
toit , & fut auffi furpris
d'y trouver la belle veuve
, qu'elle le fut de l'y
voir. Hé que venez- vous
faire ici, Monfieur , lui
dit - elle Quy venezvous
faire vous - même ,
reprit le vieillard agité ?
Vous me voyez, transpor
té d'une jufte colere contre
une fille qui s'eft mariée
avec un homme que je
bais , & que je veux hair,
parce que fon pere étoit un
maraut. Et là - deffus il
GALANT . 37
continua dévaporer ſa
bele par un recit qui fit
connoître à la veuve
qu'il étoit celui à qui
elle avoit emprunté de
l'argent pour s'en fervir
contre lui- mefme . Elle
demeura toute interdi
te , pendant que le vieillard
la trouvant plus
charmante que jamais ,
paffoit infenfiblement de
la colere à l'amour . Nos
amans & le parent qui
Lobfervoient - furent
38 MERCURE
fort étonnez de le voir
engagé dans une converfation
tendre avec
leur amie . Ils s'approcherent
doucement . Dés
qu'il les revit , fa colere
fe ralluma : mais la veuve
revenant à elle , declara
au pere irrité que
fa fille étoit fa meilleure
amie , & que s'il n'en
ufoit bien avec elle , il
faloit qu'il renonçât à
fon amour. Mais , continua-
t-elle , en faiſant
GALANT. 39
uné reflexion fubite , je
ne vois point d'accommo→
dement à tout ceci ; car jë
ne me reſfoudrai jamais à
faire à mon amie le tort
d'épouser un pere dont elle
berite...
--- Dorotée ſe jetta à l'ins ·
ftant aux pieds de fon
pere ,pour le conjurer de
donner tout fon bien à
celle qui meritoit tout
fon amour ; & enfuite
embraffant cette amie ,
la conjura de l'accepter
40 MERCURE
Ce ne fut plus qu'un
combat de generofité entre
les deux amies & l'amant
. Pendant cette dif
pute le pere fut fort agité
entre fon amour pour
la veuve , & fa haine contre
ſon gendre : mais en
fin l'amour l'emporta
; les
deux mariages ſe firent ,
& les biens devinrent
communs entr'eux tous;
car par bonheur le vieil
lard n'étoit plus en âgede
donner des coheritiers à
fa fille.
GALANT. 4 *
Memoire touchant la Maifon
de Polignac.
On l'a promis dans le
dernier Mercure , n'en
ayant mis que quatre
mots , & fur un mauvais
memoire; ce qui a donné
hieu de le reformer fur ce
lui- ci , qui eft extrait ſur
le Nobiliaire de Picardie
imprimé à Paris le
Gafpard Scipion-Armand
de Polignac , Marquis du
dit lieu & de Chalançon
frerede S. E. M. le Cardinal
May 1713.
D
42 MERCURE
de Polignac , Colonel du
regiment d'Aunis, & à cauſe
de Marie de Rambures fon
époufe , ci - devant Fille
d'honneur de feue Madame
la Dauphine, & heritiere en
partie de cette ancienne &
illuftre Maiſon , Seigneur
de plufieurs autres grandes
Terres en Picardie, qu'elle a
partagées avec Madame la
Ducheffe de Caderouffe fa
foeur aînée . Il eft fils de
Louis . Armand II . Vicomte
de Polignac , Marquis de
Chalançon , Baron de Châ
teauneuf, &c.Chevalier des
GALANT
43
Ordres du Roy , Gouver
neur de la ville du Puy en
Auvergne , & des
pays de
Velay & de Vivarés , mort
au Puy le 3. Septembre 16926
âgé de 80. ans; & de Jacque.
line Grimoard de Beauvoir
fa troifiéme femme, fille de
Scipion , Comte du Roure ,
Marquis de Griffac , Cheva
lier des Ordres du Roy , &
de Jacqueline de Montlaur
& petit- fils de Gafpard- Armand
, Vicomte de Poli
gnac , Marquis de Chalançon,
Baron de Bandon, auffi
Chevalier des Ordres du
Dij
44
MERCURE
Roy,& Gouverneur des mê
mes lieux; iffu de Guillaume
Baron de Chalançon , fon
fixiéme ayeul , qui époufa
Valburge de Polignac fa
parente , foeur de Randon-
Armand II . Vicomte de Polignac.
+ Ponce IV. Vicomte de
Polignac , & qui s'étant allié
avec l'heritiere de Chalançon
, fut obligé den
tranſmettre le nom à la pofterite.
Etienne de Polignac,
Seigneur de Rochetaine ,
étoit fils puîné d'Heracle II.
Vicomte de Polignac, & de
GALANT
45
Belifinde foeur du Dauphin,
Comte de Clermont &
d'Auvergne , qu'il aſſiſta en
la guerre qu'il eut contre
l'Evêque de Clermont , foû
tenu par le Roy Louis VII ,
lequel ayant pris Clermont,
fit la paix entr'eux environ
l'an 180. Ponce III . Vicomte
de Polignac , pere d'He
racle , eut pareillement de
grandes guerres contre
Pierre Evêque du Puy , qui
obligerent le même Roy de
s'acheminer
en Auvergne
,
qui fit leur paix l'an 1171. la
quelle fut confirmée par
46 MERCURE
Ponce Evêque de Clermont
& Robert Archevêque de
Vienne , l'an 1173. Ponce II.
Vicomte de Polignac, ayeul
de Ponce III . fit de grands
biens à diverfes Eglifes &
Abbayes ; puis il le croiſa
pour la Terre Sainte , & au
retour de fon voïage il mou ,
rut à Rome l'an 1o. & fut
inhumé dans l'Eglife de Latran
par ordre du Pape Pafchal
II. ainfi qu'il eſt marqué
dans le Martyrologe de
T'Eglife de Polignac, qui raporte
fa mort au 9 , des Cal.
de
Novembre.Heracle
pre-
9.
GALANT.
47
mier,Vicomte de Polignac,
fon pere, n'eut pas moins de
zele pour la foy. Il fe croifa
au Concile de Clermont
l'an 1066. porta le grand
étendard de l'Eglife en la
Terre Sainte , & fut tué àla
bataille d'Antioche, aprés y
avoir donné des
marques
d'un grand courage.LeĈar
tulaire de l'Eglife de Poli
gnac le nomme le Chevalier
Chrétien , & marque fa
mort au 7. des Ides de Juillet.
Il avoit pour ayeul Armand
premier, Vicomte de
Polignac, vers l'an 1010. qui
48 MERCURE
fit bâtir l'Egliſe qui fe voit
encore aujourd'hui dans le
château de Polignac, &qu'il
fonda l'an 1062. du confen
tement d'Adelaïs fa femme,
de Guillaume & d'Etienne
fes enfans ; le dernier étant
lors Prevôt de Nôtre-Dame
du Puy , & qui depuis
fur Evêque de Clermont
l'an
1064.
GALANT. 49
ARTICLE
de la Paix.
ON ne voit en France
& chez fes Alliez , que
feltes &
réjoüiffances publiques
, la joye que la
paix inſpire aux peuples,
nous eft garand du bonheur
qu'elle leur promet,
il faut efperer que l'atrait
d'un bonheur pareil touchera
bien-toft le refte de
l'Europe , & rendra la
paix generale ; alors rien
May 1713 .
E
so MERCURE
ne manquant à la joye
publique , les Journaux,
les Gazetes & les Mercures
, feront remplis de
Nouvelles heureuſes , de
Deſcriptions riantes , &
d'ouvrages d'efprit agréa
bles.
J'efpere que la Paix
me donnera des facilitez
pour ameliorer le Mercure
, & des fonds pour
dedomager de fon application
laborieuſe , un Affocié
moins pareſſeux
GALANT. SI
que moy.
Le Public me fourniffant
des materiaux , mon
Affocié travaillant à les
épurer , je contribuëray
fans fatigue à l'arrangement
& aux liaiſons ;
mais fi les fonds manquent
point d'Affocié
point de materiaux arrangez
, adieu l'Edifice.
Cinq ou fix mois d'effay
me determineront à continuer
ou à abandonner la
compofition du Mercure.
E ij
32 MERCURE
SOMMAIRE
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France
&les Eftats Generaux des
Provinces - Unies , conclus
àUtrech le 11. Avril 1713 .
ARTICLE I.
LA Declaration de la
Paix, & la ceffation de tous
actes d'hoftilité , &c .
I I.
L'oubli & l'amniſtie generale
pour tous les Sujets
de part & d'autre , & le
reftabliffement dans leurs
biens.
GALANT.
53.
I I I.
Reftitution des prifes
dans la mer Baltique du
Nord , &c. dans quatre fe→
maines , de la Manche jufqu'au
Cap faint Vincent ;
dans fix femaines , de la
Mediterranée jusques à la
Ligne dans dix femaines
& dans huit mois par de là
la Ligne , & c.
2
I V. V. & V I.
Sincere , ferme & perpetuelle
amitié , & bonne
correfpondance par mer
& par terre , & reftitution
des biens aux premiers proprietaires,
& c. E iij
•
54
MERCURE
VII.
On remet aux Etats
Generaux en faveur de la
Maifon
d'Auftriche , pour
barriere les Pay - Bas appellez
Espagnols , conformément
au Traité de Rif
wich , fauf ce que poffede
le Roy de Pruffe , à qui il
fera remis de plus Lammanie
de Kirkembech
avec , & c . Plus il fera refervé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente mille écus
de revenu , qui fera érigée
GALANT.
55
en Principauté en faveur
de la Princeffe des Urfins ,
& heritiers , &c.
VIII.
En confequence Sa Majefté
Tres- Chreftienne remet
aux Sieurs Eftats Generaux
, Namur , Charle
roy , Nieuport , &c .
I X.
Sa Majesté Catholique
ayant cedé à Son Alteffe
Electorale de Baviere lef
dits Pays - Bas Eſpagnols ,
Sa Majefté Tres Chref
tienne s'engage de faire
donner un acte de ceffion
E iiij
56 MERCURE
de fes droits fur lefdits
Pays Bas , &c. Son Alteffe
retenant la Souveraineté ,
revenus , & c . du Duché &
Ville de Luxembourg , la
Ville & Comté de Namur ,
la ville de Charleroy , &c.
jufqu'à ce qu'elle ait efté
reftablie , dans fes Etats ,
& c. à l'exception du haut
Palatinat , & remife dans
le rang de neuvieme Electeur
& en poffeffion du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c. ]
L'article X. ne contient que
des faits & conditions fur
GALANT .
57
l'Article précedent , qui font
trop étendus pour un Sommaire.
X I.
Le Roy de France cede
Menin , & la Ville & Citadelle
de Tournay , &c...
excepté St. Amand & ...
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la poffeffion de la terre
d'Antoin , & c.
XII.
On cede à la Maifon
d'Auftriche Furnes . Am .
bagt , le Fort de Knoque ,
Loo, Dixmude ,Ypres , & c.
$ 8 MERCURE
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays -Bas Efpagnols ne
pourra jamais être tranfportée
à la Couronne de
France , & c.
X V.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute fa Chaſtelnie ,
&c. Orchies , le Pays de
Lalo, la Gourgue, les Villes
& Places d'Aire, Betune , St .
Venant, le Fort François ,
&c .
1
GALANT , 59
XV I.
Luxembourg, Namur ,
Charleroy , Nieuport &
toutes les Places , & Forts
poffedez par le Roy de
France & les Electeurs de
Cologne & de Baviere ſeront
remis avec les Canons
Artilerie, &c. qui y étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle II... Lile
Aire, le Fort François, & c.
avecCanons, Artillerie, & c .
qui y éroient au temps de la
prife . Ypres avec so. pieces
de Canon.
60 MERCURE
XVII.
La
retraite des
troupes
de part & d'autre .
XVIII.
Les droits perçûs de part
& d'autre , continués feulement
jufqu'au jour de l'E .
change des ratifications .
XIX.
Détail de l'Amnistie de
part & d'autre.
X X.
Liberté de Domiciles &
de Commerce reciproquement...
XXI.
Reftabliffement des dignités
, honneurs , benefiGALANT.
61
ces , & c. & tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre , &c.
XXII.
Claufe pour les Rentes
affectées fur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas.
XXIII:
Les benefices accordez
& legitimement conferez
pendant la guerre, laiſſez à
ceux qui les poffedent , &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romainei
confervé dans fon état,
libertez , franchiſes, droits ,
62 MERCURE
honneurs , & c. ainſi que
devant .
XXIV .
Pour l'exercice de la Reles
ligion Proteftante par
troupes que les Etats
Generaux auront dans les
Places defdits Pays Bas Ef
pagnols , & c. on ſe conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des Pays Bas
Eſpagnols , fous le regne
de Charles II.
2
XXV.
Conſervation des Privi
leges, Coûtumes , Droits ,
GALANT.
63
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons des Eftats Generaux
qui fe trouvent à
Huy & Citadelle de Liege
y resteront, aux dépens def
dits Seigneurs , Eftats ; Fortifications
de Bonne rafez.
XXVII.
Tous Prifonniers de
guerre feront delivrez, &c .
XXVIII.
Levée de Contributions
de part & d'autre continuée
jufqu'au jour de l'Eſchange
des Ratifications.
64 MERCURE
XXIX .
Renonciation reciproque
à toutes anciennes prétentions
, au préjudice du
prefent Traité , &c .
-
X X X.
Les voyes de la Juſtice
ordinaire ouvertes ; felon
les Loys de chaque Pays ,
&c.
. X X X I.
Précautions prifes , &
confirmées pour empêcher
que les Couronnes de France
& d'Efpagne ne puiffent
amais eftre unies fur la
ête d'un mefme Roy & c.
GALANT .
65
X X X II.
Commerce & Navigation
en Eſpagne , ou dans
les Indes Eſpagnoles , comme
elles étoient fous Charles
11 .
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec.
l'Empire , l'eftat de Reli-,
gion fera conforme à
la teneur des Traités de
Weftphalie , & Rhinfels ,
& S. Goard, demeurant au
Landgrave de Heffe Caffel ,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
May 1713.
F
66 MERCURE
,
Heffe Rheinfels à condition
que la Religion Catholique
Romaine
exercée .
Y
foit
Les Articles fuivans ne
contiennent que des formalités
, publications &
actes, & quelques clauſes,
en cas de contravention ,
qui n'auront pas lieu de nos
jours , puifque cette heureuſe
paix fera durable.
NOUVELLES
de
Hambourg
.
Les Lettres du Holſtein
portent que l'armée des
GALANT. 67
Princes Confederés avoit
ouvert la tranchée la nuit
du 3. au 4. de ce mois devant
Tonningen , & que le
6. ils avoient pouffé leurs
travaux à huit cens pas de
la Place & des retranchement
des Suedois . Que
leurs batteries de Canons
& de Mortiers devoient
eftre prêtes le 9. pour bombarder
la Place . Le 7. le
General Stinbock envoya
le Colonel Stroomfeld Suedois
, demander une Conference
qui lui fut accordée.
Elle fe tint le 8. à
Fij
68 MERCURE
Ofdenfvvorth , entre le
Comte de Steinbock , & les
Generaux Confederés :
mais ils fe feparerent fans
rien conclure . Les Suedois
demandoient que Tonningen
demeuraft en l'état où
il eft, & qu'il fuft rendu au
Duc de Holftein Gottorp .
Le Roy de Dannemarck
prétendoit qu'il luy fuft remis
, ou que les Fortifications
fuffent rafées , à quoy
le Comte de Steinbock ne
voulut pas confentir , ainfi
les hoftilités devoient recommencer.
Les dernieres
GALANT . 69
lettres de Hufum , marquent
que les Conferences
continuoient à Oldenf.
worth avec aparence d'un
accommodement.
On mande de Berlin que
le départ du Roy pour la
Pruffe etoit fixé au premier
de Juin , & que les troupes
deftinées pour ce pays- là
étoient déja en marche.
Elles font compofées de
Bataillons & trois Regimens
de Cavalerie . Les
autres troupes de ce Prince
feront diftribuées dans
fes Etats. Que la Reine de
7 .
72 MERCURE
།
prefent l'attention
de
toute l'Europe.
GALANT. 7
ANTIQUITEZ.
LETTRE.
MONSIEUR,
Ceux qui croyent que les
anciens avoient le fecret de
fondre les pierres , pourroient
appuyer leur opinion
fur une petite découverte
que j'ai faite il y a fix mois.
En creufant une cave chez
moy on trouva une boule ou
globe de pierre , d'environ
4 - pieds de diametre.Ce globe
étoit creux comme un
boulet de canon: on remar-
May 1713.
G
74 MERCURE
5
quoit une espece de foudure
en cercle ; & comme on la
brifa en la tirant , je vis dans
l'épaiffeur, qui étoit de qua
tre pouces , quantité de petits
morceaux de fer enfermez
dans la matiere , qui
étoient comme de petits
liens qu'on avoit apparem.-
-ment mis exprés en la fondant
, pour entretenir la
liaifon. Au refte cette mat
tiere étoit prefque pourrie
par le temps ; en forte que
tout s'en alla par morceaux
,
dont j'ai refervé feulement
quelques-uns par curiofité
GALANT.
75
Cela me fait fouvenir d'u
ne autre découverte qui ſe
fit il y a environ vingt années
dans le même lieu ,
qui eft Bar fur Seine , & ou
on trouva un autel qui paroiffoit
de pierre fonduë.
M. Perel , Avocat du Roy
à Bar fur Seine , faifant provigner
une de fes vignes ,
& fes ouvriers creufant
leurs foffes affez à fond ,
commencerent par hazard
cette découverte , qui fut
enfuite continuée par fes
ordres. On trouva dans
cette vigne , qui eſt à un
Gij
76 MERCURE
bon quart de lieuë de Bar
fur Seine , fur le penchant
d'un coteau , neuf cercüeils
de pierre , rangez trois à
trois de bout en bout , en
travers de la vigne & du
coteau , & vers le milieu ,
fans prefque aucun eſpace
vuide entr'eux , avec des
murailles à leurs côtez &
à l'un de leurs bouts ; &
cette groffe pierre faite
comme un ancien autel à
l'autre bout , qui paroifſoit
,
comme je vous dis , de morceaux
fondus , avec des ornemens
moulez , & non
GALANT. 77
fculptez. J'ai vu cinq de
:
ces cercüeils en leur en
tier , les autres ont été rompus
en les tirant de leur
place. Ils étoient d'une pierre
blanche , mêlée de petits
brillans ils étoient tous de
même grandeur & de même
figure , & ont dans oeuvre
cinq pieds & demi de
long , un pied & demi de
large, avecun pied de creux
à l'un des bouts , huit
pouces
de large & de creux à
l'autre bout , & deux pouces
d'épaiffeur par - tout .
Leurs couvertures étoient
G iij
78
MERCURE
de la même pierre & du
même travail , figurées en
rond par le dehors , &
creufes de fix pouces par le
dedans : mais toutes ont été
?
rompuës , & l'on n'en voit
que des morceaux , par où
l'on juge de leur nature &
de leur façon . Quant à l'au
tel , il eft en fon entier
tout d'une piece : il a quatre
pieds & demi de long ,
vingt pouces de large , &
quarante de hauteur. Il s'eft
trouvé des têtes & des os
dans tous ces cercücils , qui
étoient pointez vers l'ol
GALANT.
79
rient , & avoient l'autel à
leur pied ; & c'eft apparemment
pour les tourner de la
&
forte , que les cercüeils avoient
été rangez , non pas
du haut en bas du coreau ,
mais en travers comme
je l'ai obfervé. Ce coteau
fe nomme Devoye
eft du finage de Mefrey ,
village autrefois l'un des
fauxbourgs de Bar ſur Seine
d'une fituation trésbelle
& trés- avantageuſe
,
fur le penchant d'une colline
, qui a l'Ourſe d'un côsé
, & l'Arce de l'autre ,
Giiij
80 MERCURE
avec la Seine à fes pieds ,
où ces deux rivieres fe jettent
en moins de mil pas
de diſtance. Quelques- uns
difent que le nom de Mefrey
vient de Mefraint , l'un
des petits - fils de Noë :
mais les autres ne remontant
pas fi haut' , à cauſe
de la difficulté de la preuve
, fe contentent de l'attribuer
à Mithra , Dieu ou
Déeffe des Gaulois ; comme
ils attribuent celui de
Baleno , village voiſin , à
Balenus , autre Dieu de nos
ancêtres ; & ceux de Polis
GALANT. 81
appellé Choifeüil depuis
quelques années , & de Polife
, terre du même voiſinage
, à Ifis & à Ofiris , en
joignant le nom de ces deux
Divinitez au mot Pol ou
Polus , qui fignifie ciel ou
refidence. Peut - être que
ce coteau étoit un hofpice
ou une habitation
des
Dieux , & que les corps
que contenoient
les cercüeils
, avec l'autel à leur
tête , étoient ceux de quelques
Divinitez du pays ; ou ·
plûtôt , comme ce coteau
produit du vin trés-bon , il
82 MERCURE
étoit feulement confacré à
Baccus & aux Dieux de fa
fuite , & que les morts des
cercueils n'étoient que
quelques Sacrificateurs de
ces Divinitez Bachiques ,
Druides ou autres . Et voila
ce que j'en fçai , & ce que
jen juge . A l'égard du motde
Ricci , qui fe trouve fur
tous ces tombeaux ; c'eft
apparemment le nom du
bourg de Ricci , où ils ont
été fabriquez . Il y a trois
bourgs nommez Ricci, qui
ont reçû ce nom d'un Chef
des Helvetiens , c'eſt à dire
GALANT. 83
Suiffes , appellé Ric. Les
troupes qu'il commandoit
étoient de trois differens
cantons . Elles inonderent
nos campagnes ; & Cefar ,
qui les repouffa , ayant per
mis à quelques - uns de ces
peuples vaincus d'habiter
cette contrée , ils bâtirent
trois grands bourgs , qui
font ceux dont je vous parle
. Ce que l'on croit de l'origine
des Riftous , ou Vi
celois , a de grandes apparences
de verité , & confirme
bien ce qu'on dit de
Bar fur Seine & de Bar fur
84 MERCURE
Aube , que ces deux villes
, affiles fur deux rivieres
, étoient les barres
ou barrieres des Heduens ,
ou anciens Autunois , &
les Ambobarriens , ou Ambarriens
de Cefar , contre
le fentiment ordinaire de
fes interpretes. Jully Surfarce
, village de ce voifinage
, où font les reftes d'un
ancien & fort château , qu'
on attribue à cet Empereur
,
auffi bien que le nom de ce
lieu , appellé en latin Julia
cum. Et l'on peut dire encore
que les chemins Ro-
I
GALANT. 85
mains qui traverſent ce
pays de toutes parts , & les
medaillès que l'on y rencontre
S en font de fûres
marqués. Ce qui pourroit
auffi faire croire que les
cercüeils de Devoye con--
tenoient plûtôt des corps
de Romains , que des corps
de nos ancêtres : mais ce ne
font peut- être ni des uns ,
ni des autres , parce que les
Gaulois brûloient leurs
morts , au rapport même
de Cefar , & que les Romains
mettoient en la bouche
de ceux qu'ils enter86
MERCURE
roient despetites pieces
9
d'or, d'argent & de cuivre,
pour payer à Caron le paffage
du fleuve d'oubli , &
enfermoient quelquefois
des lampes ardentes avec
eux , pour fervir à leur
conduite dans les tenebres
de l'autre monde ; & l'on
n'a trouvé dans tous ces
cercueils que des os & de
la terre , fuivant l'obfervaen
ai faite . Nean .
tion
que j'er
moins
on peut
penler
que ,
comme
les Romains
bru
loient
par
honneur
quelques
uns
de leurs
morts
GALANT. 87
les Gaulois par la même
raiſon enterroient quelques-
uns des leurs , & que
ceux des cercüeils étoient
de ce nombre , & apparemment
de quelque illuftre
famille de Bar ſur Seine ,
qui avoit choisi la fepulture
dans fa vigne , comme
le bon pere Abraham
avoit choifi la fienne &
celle de fes enfans dans fon
champ .
88 MERCURE
&&&&&&&&&&&&&
CHANSON
nouvelle .
Vous dont la voix eft
fi touchante ,
Vous, roffignols jaloux,fitôt
que Philis chante
Vous êtes muets & rempans
,
Comme fivous étiez déja
chargé d'enfans .
Au lieu de vous laiffer
mouGALANT
. 89
mourir de jalousie,
Arrofez de cette ambroifie
Vospetits gofiers altere
Sur elle vous triomphereż
:
Sur elle foyez sûrs d'emporter
la victoire ,
Car elle refufe de boire.
AA:AAAAA:AK
BOUQUET.
Par feu M. Laîné.
Que de Poëtes aujour
d'hui
May 1713.
H
90 MERCURE
Ne trouvent que chardon's
fur les bords
d'Hipocrene !
2
Sous les mains de Lainé
bouquet's fe fontfans
peine,
Parnaße a desjardins tou
jours fleuris pour lui.
isto fode to XXX
O. D E. G
CRuelle Mere des Amours
Toy que j'ai fi long- temps
fervie
,
Ceffe enfin d'agiter ma vie,
GALANT
Et laiſſe en paix mes derniers
jours ;
Tatyrannie & tes caprices
Font payer trop cher tes delices
:
C'est trop gemir dans ta
Meprifon
,
Brife les fers qui m'y rel
tiennent ,
Et permets que mes voeux
obtiennent
Les fruits tardifs de ma rai .
fon.
Déja m'échape le bel âge
Qui convient à tes favoris ,
Et des ans le fenfible ou-
GameHij trage
92 MERCURE
Me va donner des cheveux
gris.
Si pour moy le deffein de
plaire
Devient un eſpoir teme
raire ,
Que puis-je encore defirer ?
Quelle erreur de remplir
mon ame
D'une vive & conftante flâ
me
Que je ne fçaurois infpirer ?
Quand onfçait unir & confondre
En deux coeurs mêmes fen
timens,
GALANT.
93
Et que les yeux de deux
amans
Sçavent s'entendre & ſe ré
pondre ;
Quand on fe livre tout le
jour
Aux foins d'un mutuel as
mour ,
Dans quels tranfports l'ame
eft ravic
Dans ces momens delicieux
!
Un mortel porte-t-il envie
A la felicité des Dieux ?
Mais l'amorce de tes promeffes
94. MERCURE
N'eut que trop l'art de m'é
bloüir
;
Reſerve toutes tes careffes
A l'heureux âge d'en jouir :
Etreins de la plus forte chaîne
L'ardent Cleon , la jeune
Ifmene ,
Vole où t'appellent leurs
defirs ,
Fais les mourir , fais les re
vivre ,
Et que ta faveur les enyvre
D'un torrent d'amoureux
plaifirs, run'l einke
-eng 293 plaifirs .
GALANT.
95
Pour moy dans un champêtre
azile ,
Ou l'Arroux de fes claires
-olub akozeaux p-innorof
Baigne le pied de nos cozoidania
Kréaux
Je cherche un bonheur
eno !plus tranquile , obo
Sur des fleurs mollément
couché ,
Avec un eſprit détaché
Des biens que le courtifan
pampƆol briguezug voca
Sur -moy le
nopos
pere du re-
Le fomitello d'une main
onojus пprodiguez corn oik
96 MERCURE
Verfera fes plus doux pa
vots.
Je verrai quelquefois éclore
Dans les prez les aimables
Aeurs
,
Odorantes filles des pleurs
Que verfe la naiffante aurore
,
Je verrai tantôt mes guerets
Dorez par la blonde Cerés ;
Dans leurs temps ces dons
de Pomone
Feront plier mes efpaliers ,
Et mes vignobles en autone
M'emGALANTA
97
M'emplirant de vaftes col
liers.
T
Mais quel trouble , & quel
les alarmes
Viennent me faifir malgré
moy !
Pourquoy , Cephife , he
las
pourquoy
Ne puis- je retenir mes lar
t
mes ?
Dans mon fein je les fens
couler.
Je rougis , je ne puis parler,
Un cruel ennui me devore.
Ah Venus ton fils eft vainqueur
;
May 1713 .
I
98 MERCURE
Qui , Cephife , je brûle encore
,
Turegnes toûjours fur mon
coeur.
Quelquefois la douceur
d'un fonge
Te rend fenfible à mes
tranfports.
Charmes fecrets , divins
trefors ,
N'êtes - vous alors qu'un
menfonge ?
Une autre fois avec dédain
Tu te dérobes fous ma
main ;
GALANT. 99
J'embraffe une ombre fugitive
,
Et te cherchant à mon réveil
,
Je hais la clarté qui me prive
Des doux fantômes du fommeil.
AA:AAAAA :AA
CANONISATION
de faint Pie.
LEs Jacobins du grand
Convent de la ruë S. Jacques
de Paris viennent de
folemnifer avec beaucoup
I ij
100 MERCURE
d'édification & de magnificence
la Canoniſation de .
faint Pie Pape , Religieux
de leur Ordre. Voici ce qui
s'eft paffé de plus remar
quable dans cette folemninité
, l'une des plus belles!
qui fe foient faites depuis
un fiecle.
Toute l'Eglife de ces Peres
étoit magnifiquement
tapiffée , au deffus du grand
Autel paroiffoit dans un
enfoncement la Statuë du
Saint. Il étoit revêtu du ca-^
nail , du rocher , & de la
robe blanche des Souve
GALANT: IQI
rains Pontifes , à genoux
devant un crucifix d'argent.
Le Jeudi 4. May M. l'Abbé
Pirot , premier Grand
Vicaire de S. E. M. le Cardinal
de Noailles , fe tranfporta
fur les deux heures
aprés midi au grand Convent
, dont la Communauté
le reçut avec beaucoup de
refpect & de joye . S'étant
placé en habit de ceremonie
devant le grand Autel ,
il fit à haute voix la lecture
de la Bulle de cette Cano .
nifation
; aprés quoy l'on
I iij
102 MERCURE
chanta , avec le Te Deum ,
l'Antienne & l'Oraifon du
Saint.
Le Vendredi 5. May ,
jour de la fête de faint Pie ,
les trois Communautez
des
Jacobins de Paris partirent
du grand Convent en pro
ceffion , vers les huit heures
du matin , precedée par
une banniere où le Saint
étoit peint au naturel. Cette
Proceffion
marcha droit
à Nôtre- Dame , pour aller
au- devant de S. E. M. le
Cardinal de Noailles , qui
alloit celebrer pontificale-
›
GALANT. 103
ment la Meffe & commencer
la folemnité . Il marcha
toûjours à pied depuis fa
Cathedrale jufqu'au grand
Convent , qui en eſt fort
éloigné. Son Chapitre fuivit
fon exemple ; il marcha
precedé de huit Chapitres
ou Collegiales. S. E. celebra
la grande Meffe, chantée
par la Mufique de Nôtre-
Dame.
Les principales Paroiffes
& les Communautez des
Convens y ont été en proceffion
.
Le Reverend Pere la
I iiij
104 MERCURE
Place , Docteur de Sor
bonne , & Religieux du
même Convent , a com
pofé un livre intitulé , Le
Triomphe defaint Pie , où il
a écrit l'abregé de la vie
du Saint.
ENIGME S.
Parodie ou explication de
l'Enigme dont le mot
eft le Lacet.
Pointu par mes ferets
a mes extremitez ,
GALANT . 105
Et brillant par mes fommitez,
Parfois ,ferrant un corps,
je mets à la torture
Femme portant deux
fruits , ou trois par
avanture ,
Qu'on peut dire être
double ou triple crea
ture.
Fille elle me fouffroit ferré
plus volontiers ,
Aprés qu'elle m'avoit acè
S courci de moitié: >
Par accourci f'entens té106
MERCURE
nant moins longue
place
Que quand j'étois gifant
defort mauvaiſegrace
Sur fa table ou fur fon
fauteuil.
En ferrant trop
tifanne
la
car-
Du corfet d'une payfanne
,
Du curieux Colin je borne
le coup d'oeil;
Serrant un corps je tiens
Claudine en équilibre.
Le Dimanche à Paris reGALANT
. 107
double mon employ ,
Plûtôt le jour ouvrable on
s'y paffe de moy.
D'un ferpent à peu près
j'ai la forme & l'al
lure ,
Et la foupleffe & latournure.
·Le jour je me tiens dans
mes trous ,
Et la nuit je les quitte
tous.
108 MERCURE
ENIGME.
Lorfque je fais mon extr
cice ,
Je rends l'homme muet ,
j'en fais un jaquemard.
Dés qu'il eft au carcan je
le mets aus fupplice,
Pour peu que je faffe un
écart .
Malheur à l'avare vieiltard
Qui lui-même fe martyrife
,
GALANT . 109
Et qui fur lui me donne
prife.
Pourfrustrer de fes droits
mon adroit
neur
gouver-
A d'autres vieux je fais
bonneur ,
En cachant un peu de leur
âge.
J'ai quelquefois fervi la
Et
par
rage ,
des coups adroits
J'ai fervi la pitié.
Je prends parfois auffi les
hommes par le pied ,
Ito MERCURE
Leur faifant faire la grimace.
Tant mieux pour qui je
cours toûjours legerement
;
Gar dans la route que je
trace
Nul ne m'arrête impunément.
MORTS.
Dame Loüife . Therefe
de Brichanteau , fille de feu
Meffire Louis - Faufte de
Brichanteau , Marquis de
GALANT Tia
Nangis ; & de Dame Ma ·
rie Henriette d'Alangny de
Rochefort, qui avoit épousé
le 22. Septembre 1710. Meffire
Pierre François - Georges
d'Entreigues , Comte de
Meillan & de Charenton
en Berry , mourut au commencement
de May.
La famille de Brichanteau
eft trés- ancienne ; elle tire
fon nom d'une Terre dans
la Beauce , dite Brichantel ,
ou Brichanteau . On en connoît
les Seigneurs depuis
l'an 1330. car Jean de Brichanteau
vivoit alors , & laif112
MERCURE
fa Jean II . pere de Robert ,
duquel vint Charles , & ce
dernier eut Louis, qui épou
fa Marie de Veres, heritiere
de Beauvais Nangis , &c.
dans la Brie.
1. Nicolas de Brichanteau ,
Seigneur de Beauvais Nangis,
Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de so. hommes
d'armes , &c. fe fignala
en diverſes occafions . Il
mourut d'une bleſſure reçûë
à la bataille de Dreux en :5621
Antoine de Brichanteau
Marquis de Nangis , Colol
nel du regiment des Gardes,
Ambaf
GALANT .
4143
Ambaſſadeur en Portugal ,
fur fait Chevalier des Ordres
du Roy en 1595. Il avoit
épousé Antoinettte de la
Rochefoucault , Dame de
Linieres, fille puînée & heritiere
de Charles & de
Francoife Chabot.
Benjamin de Brichanteau
, Evêque & Duc de
Laon, Abbé de fainte Geneviéve
& de Barbeaux
, fut
nommé à cet Evêché aprés
Geoffroy de Billy fon parent
en 1612. Il mourut à Paris
le 13 Juillet 1619. L'on voit
encore fon tombeau dans
K
May 1713.
114 MERCURE
l'Eglife de fainteGenevieve.
Philibert de Brichanteau,
Abbé de faint Vincent de
Laon , en fut auffi Evêque
aprés fon frère , & mourut
vers l'année 1652 .
› Nicolas de Brichanteau,
Chevalier des Ordres du
Roy,époula en i . noces Aimée
Françoife de Roche
fort , morte le 9. Juin 1644
Alphonfe de Brichanteau
, Marquis de Nangis ,
Mestre de Camp du regi
ment de Picardie , mourut
des bleffures qu'il reçut au
fiege de Bergues - Vinox le
1
GALANT
115
7
15. Juillet 1658. Il a laiffé un
fils pofthume d'Anne - Angelique
Alongui fon époufe
,fille puînée de Louis d'A
longui , Marquis de Rochefort
, Baron de Craon , de
Baillif, de Berry , Chevalier
desOrdres du Roi ; & de Marie
Hubert de Montmort.
: La famille de Brichanteau
eft alliée à celle de la
Rochefoucaut , de Bailleul ,
de Montmort , & c .
Dame Marie Brillard du
Perron , veuve de M. Jacques
de Gruel de la Fritte ,
Kij
116 MERCURE
Seigneur de Boiſmont , de
Foffes, & c.mourut le 7.Mai
La famille du Perron eft
originaire de la baffe Nor
mandie. Jacques du Perron
Cardinal Prêtre du titre de
fainte Agnés, grand Aumô
nier de France, Evêque d'E
vreux , & depuis Archevê
que de Sens , étoit de cette
Maifon . Il vint au monde le
25. Novembre 1556. Julien
du Perron , Gentilhomme
fçavant,lui apprit la Langue
Latine & les Mathematiques
jufqu'à l'âge de 10. ans .
Depuis de temps ce jeune
GALANT. 117
homme apprit lui - même la
Langue Greque & la Philo
fophie. La paix étant faite
en France, Philippe Defpor
tes , Abbé de Tyron , le fit
connoître à la Cour du Roy
Henri III . qui eut beaucoup
d'eftime pour lui. Il donna
de grandes preuves de fon
efprit , foit dans les confe
rences particulieres , foit
dans fes ouvrages , ſoit dans
fes difputes contre les Prote,
ftans.LeRoy le choifit pour
faire l'oraifon funebre de la
Reine d'Ecoffe. Il fit même
celle de Ronfard, & aprés la
118 MERCURE
mort du Duc de Joyeuſe fon
protecteur , en 1587. il com
pofa le Poëme que nous a
vons encore parmi fes oeu
vres. Il convainquit par fes
folides raifonnemens plu
fieurs illuftres Proteftans ,
qui quitterent leurs erreurs .
Henry Sponde, depuis Evêque
de Pamiers , fut une de
fes conquêtes . Celle du Roi
Henry le Grand lui eft pref
que toute dûë. Ce Monar
que l'envoïa àRome pour le
reconcilier . Il fut facré Evê
que d'Evreux à Rome . A
fon retour en France , ayant
GALANT.
119
lû le livre de Dupleffis- Mornay
contre l'Euchariſtie , il
y remarqua un grand nombre
de fautes; & dans la conference
de Fontainebleau il
remporta une illuftre victoire
fur ce celebre Protef
tant. Il fut fait Cardinal en
1604. par le Pape Clement
rle
VIII. Il affifta à la creation
du Pape Paul V. & fut l'ornement
du Sacré College
des Cardinaux . Il entreprit,
à la follicitation du Roy
Henry le Grand , la réponfe
au Roy de la Grande Bretagne
, & fut nommé à l'Ar120
MERCURE
chevêché de Sens. Il fut envoyé
à Romeavec le Cardinal
de Joyeuſe , pour terminer
les differens qui étoient
entre le Pape Paul V. & les
Venitiens. Ce Pape témoignoit
tant de déference
pour les fentimens du Cardinal
du Perron, qu'il diſoir :
Prions Dieu qu'il inſpire le
Cardinaldu Perron , car il nous
perfuadera tout ce qu'il voudra.
Il mourut à Paris le S.
Septembre 1618. âgé de 63 .
ans . Jean du Perron fonfrere
lui fucceda à l'Archevêché
de Sens.
GALANT. 121
HARANGUE
de la Reine
d'Angleterre
àfon Parlement
.
MYLORDS , &
MESSIEURS ,
Je finis la derniere Sean
ce en vous remerciant des
affurances folemnelles que
vous m'aviez données , par
le moyen defquelles je me
fuis trouvée en eftat de furmonter
les difficultez qu'-
on avoit concertées pour
empeſcher la Paix genera-
May 1713 .
L
122 MERCURE
le. J'ay differé la Seance
jufqu'à preſent , defirant de
vous communiquer à voftre
premiere Affemblée le
fuccez de cette importante
affaire . C'est donc avec un
grand plaisir que je vous
dis que la Paix eft fignée ,
dans
peu de jours les
&
que
ratifications
feront
efchangées.
La negociation a tiré en
de fi grandes longueurs
,
que tous nos Alliež ont eu
du temps fuffisamment
pour regler leurs differents
interefts . Quoyque les defGALANT.
123
penfes publiques ayent efté
augmentées par ces delais ,
j'efpere que mes peuples les
fupporteront, puifque nous
avons heureufement
obtenu
la fin que nous nous ef
tions proposée . Ce que j'ay
fait pour la feureté de la
fucceffion Proteftante & la
parfaite amitié qui eft entre
moy & la Maiſon de
Hanover, doit convaincre
ceux qui nous ſouhaittent
du bien , & qui aiment le
repos & la feureté de leur
pays , combien font inutiles
les attentats qu'on a
Lij
124 MERCURE
faits pour nous divifer , &
que ceux qui voudroient fe
faire un merite de feparer
nos intereſts ne reüffiront
jamais dans leurs mauvais
deffeins.
Meffieurs de la Chambre
des Communes
.
On a fait autant de
progrez
pour diminuer les defpenfes
publiques , que les
circonftances
des affaires
l'ont pû permettre
.
Je laiffe entierement à
mon Parlement le foin de
voir quelles forces feront
GALANT. 125
neceffaires pour affurer no
ftre commerce par Mer, &
pour les gardes & les garnifons.
Mettez vous vousmefmes
en feureté , & je
feray fatisfaite. Aprés la
protection de la Providence
divine , je me repoſe fur
la fidelité & l'affection de
mon peuple , & je n'ay pas
befoin d'autre garant . Je
recommande à vos foins les
braves gens qui ont bien
fervi par Mer & par Terre
durant cette guerre , & qui
ne peuvent eſtre employez
en temps de Paix.
Liij
126 MERCURE
Il faut auffi que je vous
demande de pourvoir aux
fubfides que vous jugerez
neceffaires , & d'y apporter
toute la diligence qu'il faudra
pour votre commodité
& pour le fervice public .
Mylords & Meffieurs .
Les grands avantages que
j'ay obtenus pour mes Sujets
, ont causé beaucoup
d'oppofition
& de longs délais
à cette Paix . Ce m'eft
une grande fatisfaction de
voir qu'il fera au pouvoir
de mon peuple de reparer
GALANT. 127
peu à peu ce qu'il a ſouffert
durant cette fi longue & fi
oncreufe
guerre
.
Il eft de voftre intereft
d'employer vos foins à rendre
noftre Commerce dans
les pays eftrangers auffi aisé
que le peut permettre le
credit de la Nation , & à
choifir les moyens les plus
propres pour avancer &
encourager noftre Commerce
& nos Manufactures
au dedans , & particulierement
la peſche qu'on
peut augmenter pour tous
nos gens inutiles : ce qui
Lijij
128 MERCURE
fera d'un grand
avantage ,
mefme aux endroits les plus
éloignez de ce Royaume .
Dans la derniere Seance
on mit devant vous plufieurs
chofes que le poids
& la multiplicité
des affaires
ne permirent
pas de
finir. J'efpere que vous
prendrez un temps propre.
à y donner toute la confideration
qu'elles meritent .
Je ne fçaurois pourtant
m'empeſcher
de vous marquer
expreffément
le déplaifir
que j'ay de la licen
ce fans exemple qu'on
a
1
GALANT . 129
prend de publier des libelles
feditieux & fcandaleux .
L'impunité de telles pratiques
a encouragé le blafpheme
contre toutes les
chofes les plus facrées , &
répandu des opinions qui
tendent à la deftruction de
toute forte de Religion & ,
de Gouvernement
. On a
ordonné de faire des pourfuites
; mais il faut de nouvelles
Loix pour arreſter ce
mal naiffant & vos plus
grands efforts chacun dans
fon pofte, pour le décourager.
La couftume impic des
130 MERCURE
duels demande auffi qu'on
y apporte un remede
prompt & efficace.
Prefentement que nous
fommes en paix au dehors,
je vous conjure de faire vos
derniers efforts pour calmer
les efprits au dedans ,
afin de cultiver les arts pacifiques
, & qu'une jaloufie
mal fondée formée par une
faction , & fomentée par
une rage de parti ne puiffe
effectuer ce que nos ennemis
n'ont pu faire.
Je prie Dieu qu'il dirige
vos déliberations toutes
GALANT . 131
pour la gloire & pour le
bien du peuple , &c .
Copie d'une Lettre de Mr le
Chevalier de Langon , à
Monfieur le C. de ....
Nous amenafmes le 12 .
du mois d'Avril à Alicante
un Vaiffeau d'Alger ; nous
l'avions pris cette nuit - la
à quinze lieuës au Sudeſt
d'Alicante, la fainte Cathe
rine en deux heures de
chaffe fut à bord ; il voulut
nous faire croire qu'il eftoit
Anglois. Aprés bien de
mauvais difcours nous le
132 MERCURE
reconnuſmes Turc à l'honneur
qu'il nous fit de nous
rendre vingt coups de canon
pour un que nous luy
avions tiré , & toute fa
mouſqueterie à la portée
du piſtolet , on tira fur luy,
& en trois heures il fut rasé
de tous fes mafts . Ce fut
alors que nos deux Vaiffeaux
avancerent à cinq
heures du matin , il leur tira
par honneur cinq à fix
coups en amenant pavillon.
Il couloit bas d'eau ;
il y a eu cent quatre-vingt
dix hommes tuez , & cent
GALANT . 133
foixante trois pris efclaves ,
& vingt fix bleffez , la pluſpart
mortellement. Trente
fix Chreftiens ont recouvré
leur liberté. Le
Rais , & fon fils ont efté
tuez ; il eftoit homme riche
& de confideration
parmi ceux qui ont commandé
leurs efcadres.
Le Vaiffeau s'appelle Mefaluna
, percé pour quarante
fix canons , n'en ayant
que quarante montez ; il
n'avoit pas fon équipage
ordinaire , qui eftoit de
quatre cens cinquante à
Anne
134 MERCURE
cinq cens hommes . Nous
n'y avons perdu que fept
hommes , & vingt bleffez ,
dont fept le font mortellement
.
On doit admirer la modeftie
de Mr le Chevalier.
de Langon qui a fait l'action
, & qui n'a pas dit un
mot de luy .
MARIA G E.
Emmanuel de Rouffelet
Comte de Chafteau - Renand
, Lieutenant General
des huit Evefchez de haute
& baffe Bretagne , CapiGALANT.
135
taine de Vaiſſeaux du Roy ,
fils de François Louis Rouffelet
, Chevalier feigneur ,
Marquis de Chafteau - Renaud
, & Chevalier des Ordres
du Roy , Grand Croix
de l'Ordre Militaire de
Saint Louis , Capitaine general
pour Sa Majesté Catholique
dans les Mers Occidentales
, Commandant
pour SaMajeſté Tres Chré.
tienne toute la Province de
Bretagne , Vice-Amiral &
Marechal de France , & de
Marie - Anne- Renée de la
Porte , fille & heritiere de
136 MERCURE
René de la Porte , Comte
d'Artois & de Crozon , &
Baron de Beaumont en
Bretagne , d'Anne - Marie
du Han de Bertrie : elle eft
morte au mois d'Octobre
1696 , & a laiffé de fon mariage
François Loüis - Ignace
de Rouffelet de Chaf
teau -Renaud , Anne- Albert
, Chevalier de Malte ,
& Emmanuel de Rouffeler,
qui époufa dans la Chapelle
de Verfailles la nuit du
24. au 25. Février , Mademoiſelle
Marie - Emilie de
Noailles fille de défunt
GALANT. 137
Anne- Jule Duc de Noaiiles
, Pair & Marefchal de
France , Chevalier des Ordres
du Roy , Gouverneur
des Comtez de Vigueries ,
de Rouffillon , Conflans &
Cerdaigne
, & des Villes &
Citadelles de Perpignan ,
cy- devant Premier Capitaine
des Gardes du Corps
de Sa Majefté , Vice - Roy
de Catalogne , & de Dame
Marie - Françoifſe de Bournonville
, Veuve du Marefchal
de Noailles.
Le Marefchal de Chafteau
- Renaud fit fes pre-
May 1713.
M
138 MERCURE
mieres campagnes dés l'année
1658. dans l'armée de
Flandres , commandée par
Mr le Marefchal de Turenne
, où il s'eſt diſtingué
en plufieurs fieges importants.
Il paffa en 1661. dans
le Service de la Marine en
qualité d'Enſeigne de Vaiſfeau
. Les nouvelles preu »
ves de fon courage , & les
bleffeures
confiderables
qu'il receut à l'entrepriſe
de Gigery , engagerent le
Roy à le faire Capitaine de
Vaiffeaux en 1664. Il fe fi
gnala depuis à la tefte des
GALANT. 139
Efcadres dont on luy confiia
le
commandement , particulierement
lorsqu'avec
un feul Vaiffeau il combatit
cinq Corſaires ennemis ,
& s'en rendit maiftre . II
fut fait Chef d'Efcadre en
1673. Peu de temps aprés ,
n'ayant que deux Vaiffeaux
il attaqua le jeune Ruyter
Contre - Amiral de Hollande
, qui conduifoit fous
l'eſcorte de huit Vaiffeaux
de guerre , une flotte Hollandoife
de cent trente navires
, dont huit furent coulez
à fond , & les obligea
Mij
140 MERCURE
de relaſcher en Angleterre.
Le combat qu'il donna
en 1678. contre l'Amiral
Everfen ne fut pas moins
glorieux , puifqu'avec
fix
de nos Vaiffeaux, il ſouftint
pendant tout un jour l'effort
de l'armée ennemie
composée de feize Vaiffeaux
de ligne & de neuf
bruflots, & contraignit leur
General de fe retirer en
defordre dans le port de
Cadix , & de reprendre enfuite
la route de Hollande
, fans avoir pû donner
à la Sicile les fecours qu'il
GALANT . 141
avoit ordre d'y conduire .
En 1678 il fut gratifié du
Grand - Prieuré de Bretagne
dans l'Ordre de faint
Lazare . En 1688. il fut fait
Lieutenant General des Armées
Navalles . En 1689.
il remporta une Victoire
complette fur nos Ennemis
dans le combat de Bautry ,
aprés avoir débarqué à leur
veuëun fecours d'hommes
& d'argent en Irlande
il prit mefme en revenant
à Breft ſept Vaiffeaux richement
chargez. Il paffa en
1690. avec fix Vaiſſeaux le
,
142 MERCURE
Détroit de Gilbratar au milieu
de vingt- huit Vaiffeaux
de guerre ennemis qui n'oferent
l'attaquer , & ayant
joint à Brest l'Armée Navale
, il eut le Commandement
de l'avant garde au
combat de Berezieres , où
il enveloppa les Hollan- .
dois , & fit perir dix fept
Vaiffeaux de leur avantgarde
, ce qui caufa le gain
de la bataille . On le fit
Grand Croix de l'Ordre
Militaire de Saint Louis.
En 1696. on luy donna le
Commandement de l'ArGALANT.___
143
mée Navale composée de
cinquante Vaiffeaux de ligne
qu'il conduifit de Toulon
à Breft , fans que les
Ennemis au nombre de
plus de quatre - vingt Vaiffeaux
puffent s'y oppofer.
Il fut pourveu 1701. de la
Charge de Vice- Amiral de
France ; & ayant efté honoré
en mefme temps du'
titre de Capitaine General
de la Mer par le Roy d'Efpagne
, il paffa avec vingt
Vaiffeaux dans les Indes
Occidentales pour s'oppofer
aux irruptions dont el144
MERCURE
les eftoient menacées par
les Anglois & les Hollandois
. Il conduifit en Europe
la flotte du Mexique , il
furmonta avec fermeté &
prudence les obftacles qui
paroiffoient les plus invincibles
, & conduifit la flotte
dans le feul port d'Eſ
pagne , où il pouvoit aborder.
Sa Majefté pour reconnoître
tant de fervices.
importants rendus fans interruption
, la honoré le 14
Janvier 1703. du bafton de
Marefchal de France .
Copie
GALANT. 145
Copie de la Lettre de Mr de
Pontchartrain
au fujer du
prefent du Portrait du Roy
d'Espagne.
MONSIEUR ,
Le Roy d'Eſpagne informé
de la generofité avec
laquelle vous avez refuséle
prefent de douze mille piaftres
d'une part , & vingtcinq
mille d'autre que
Reine fon Epouſe vous avoit
envoyées à Vigo en
reconnoiffance du fervice
important que vous luy
May 1713.
N
la
146 MERCURE
avez rendu & à fon Royaume
en ramenant la flotte
de la nouvelle Eſpagne ,
s'eft creu obligé de vous
donner une marque écla
tante de la reconnoiffance
qu'elle conferve de ce fervice
, & a prié le Roy de
fouffrir qu'il vous fit un
prefent de fon Portrait enrichi
de diamants d'une
grande valeur . Elle l'a mef
me envoyé en France, dans
la confiance que Sa Maje
fté ne luy refuferoit pas
cette grace. Je l'ay prefenté
à Sa Majeſté , & Elle m'a
GALANT. 147
fait l'honneur de me dire
de vous l'envoyer , & de
vous écrire de fa part , que
non feulement Elle a agrée
que vous le priffiez , mais
mefme qu'Elle vous l'ordonnoit
, & c.
La Famille de Rouffelet
Chafteau Renaud eft des
plus anciennes du Royau
me.ll y a plufieurs fiecles
que le nom de Rouffelet
eft marqué entre les noms
dont la Nobleffe eftoit Mi
litaire . Jean & Geoffroy de
Rouffelet Chevaliers , fu
rent du nombre de ces ce
*
Nij
148 MERCURE
lebres Affaillans qui fe fi
gnalerent au combat des
Trente en Bretagne l'an
W
1350. On trouve dans les
actes des années 1381. 1390 .
& 1402. Gervais de Rouffelet
Efcuyer , Albert de
Rouffelet feigneur de la
Cardive , de Lilli , des Abbatis
. Le Marquis de Chaf
teau Regnand , fut nommé
au baptefme par Albert de
Gondy fon oncle , Comte .
de Retz . Il fut envoyé auprés
de Marie de Gondy fa
tante Comteffe de Pancalier
qui le donna au Duc
GALANT , 149
Charles Emmanuel de Savoye.
Ce Prince le fit éle
ver , le pourveut enſuite de
la Charge de Gentilhomme
de fa Chambre-
& cela en confideration
de ce qu'il eftoit iffu de
noble & ancienne Maifon
, & à caufe des fervices
qu'il avoit rendus pendant
qu'il avoit efté nourri auprés
de luy. Lorſqu'il fut
de retour en France il fut
fait Chevalier de l'Ordre
du Roy , Gentilhomme ordinaire
de fa Chambre, Capitaine
de cinquante hom-
Niij
150 MERCURE
•
mes d'armes de fes Ordon
nances , Confeiller au Confeil
d'Eftat & Privé , &
Gouverneur des villes &
Chafteaux de Machecoul
& de Belleifle .
Le Roy qui ne laiffe paffer
aucune occafion de témoigner
au Duc de Noailles
l'eftime & la bonté qu'il
a pour luy , luy a fait l'honneur
de tenir fur les fonts
le Comte d'Ayen fon fils.
Il a choiſi Madame pour
le tenir avec luy , l'a nommé
Louis , & a felicité
Mr le Cardinal de NoailGALANT.
t
les fur la naiffance de cet
heritier de fa Maiſon . Ce
baptefme a efté celebré le
28. Avril 1713. par l'Evef
que de Mets premier Aumofnier.
Le Mardy 25. Avril l'A
cadémie Royalle des Infcriptions
& Medailles reprit
fes exercices.
Mr de Fanieres commença
la feance par un difcours
fur l'ufage du feu &
des illuminations dans les
Feftes facrées ..
- Mr Hardion a leu une
troifiéme Differtation fur
Niiij
152 MERCURE
l'Oracle de Delphes . Dans
les deux premieres il avoit
parlé de l'origine & de la
découverte de cet Oracle ,
desDivinitez qui y avoient
préfidé fucceffivement, des
Temples qu'on leur avoit
baftis , & enfin de la fituation
de la ville de Delphes .
La découverte de l'Oracle
eftoit deuë entierement au
hafard. Des chevres , en
rodant s'approcherent
d'un abyfme qui s'eftoit
ouvert fur le mont Parnaf
ſe , & reſpirerent une vapeur
maligne qui en forGALANT
. 153
toit , & qui les jetta dans
des mouvemens convulfifs .
Le paftre de ces chèvres ,
& les autres habitants du
lieu receurent les mefmes
impreffions de cette vapeur.
Dans leur délire qu'-
ils prirent pour une fureur.
divine , pour un tranſport
d'enthoufiafie , ils tinrent
quelques difcours pareils à
ceux des malades qui extravagent
, & comme leur
imagination eftoit remplie
d'idées de divination , leurs
difcours ne roulerent que
fur l'avenir. Ils attribue154
MERCURE
rent l'Oracle fucceffivement
à la Terre , à Neptune
, à Themis , & enfin à
Apollon qui en devint l'unique
poffeffeur. L'antre
d'où fortoit la vapeur prophetique
eftoit fitué à micofte
du mont Parnaſſe du
cofté du Midy . Les maifons
que l'on baftit autour
de cet antre , prirent infenfiblement
la forme d'u .
ne Ville , & remplirent un
circuit de feize ftades
c'eft à dire de deux mille
On pas geometriques .
n'euft pû donner plus d'é
GALANT . 15
tendue à la ville de Delphes
à caufe des rochers &
des précipices qui la bordoient.
En recherchant l'origine
du nom de Pytho que l'on
donnoit communément à
la ville de Delphes , Mr Hardion
s'eft jetté dans l'hiftoire
du Serpent Python . A ·
prés avoir ramaſſé ce que
les anciens Poëtes ont dit
de ce monftre que Junon
ou la Terre avoient enfan
té pour eftre le fléau deš
mortels , il a fait voir que
ce monftre prétendu avoiɛ
156 MERCURE
efté un tyran de Delphes ,
qui aprés la mort avoit eſté
metamorphosé en dragon
fuivant le privilege que
s'eftoient donné les anciens
Poëtes , d'ériger en
demi - Dieux & en Heros
les Princes fages & ver
tueux qui s'eftoient fait ai
mer par leur moderation
& de transformer au contraire
en monftres & en
dragons ceux qui s'eftoient
rendus odieux par leurs
mechancetez . Letyran fut
privé des honneurs funébres
, & fut abandonné à
GALANT. 157
la pourriture dans le lieu
où il avoit efté tué. C'eft
pour cela qu'il fut appellé
Python de l'ancien verbe
Pythefthai qui fignifioit
la mefme chofe que le mot
latin putere. C'est de là que la
ville de Delphes a efté appellée
Pytho, qu'Apollon a
efté furnommé Pythien , &
que la Propheteffe d'Apollon
à Delphes a eu le nom
de Pythie. C'eft cette Propheteffe
qui fait le fujet de
la troifiéme differtation de
M. Hardion,
Il la divife en deux par160
MERCURE
jeunes filles encore vierges,
à cause de leur pureté principalement.
Il falloit qu'-
elles fuffent nées legitimement
, qu'elles euffent efté
élevées
fimplement , & que
cette fimplicité paruſt juſques
dans leurs habits . On
les cherchoit pour l'ordinaire
dans des maifons
pauvres où elles euffent
vefcu dans l'obfcurité &
dans une ignorance entiere
de toutes chofes . Pourveu
que la Pythie fceuft
parler & repeter ce que le
Dieu luy dictoit elle en fçavoit
GALANT . 161
voit affez . Apollon fe fervoit
de fa
perfonne comme
d'un organe pour fe
communiquer
aux hom
mes , il lui donnoit le mouvement
felon qu'elle étoit
difpofée à le recevoir , &
elle ne
paroiffoit point
mieux difposée que lorsque
fon imagination
n'avoit
point encore donné d'entrée
aux objets qui euffent
pû changer la détermination
de ce
mouvement.
La couftume de choisir
les Pythies jeunes dura tréslong-
temps, mais une d'en-
May, 1713. O
162 MERCURE
tre elles ayant efté enlevée
par un jeune Theffalien
nommé Echecrates.
le peuple de Delphes pour
prévenir de pareils attentats
ordonna qu'à l'avenir
on n'éliroit pour monter
fur le trépied que des femmes
au deffus de cinquan
te ans , qui feroient habillées
comme de jeunes filles
, afin de conferver au
moins la memoire de l'an ,
cienne pratique
.
&
On le contenta d'une
feulePythie dans le premier
temps de l'Oracle , dans la +
GALANT. 163
fuite on en élut juſqu à
trois dans la décadence
de l'Oracle il n'y en cut
` plus qu'une .
M. Hardion avertit qu'il ne
faut pas confondre la Pythie
avec la Sibylle de Delphes.
Cette derniere n'avoit
pas befoin
pour prophetifer
du fecours de la vapeur
qu'exhaloit l'antre de
Delphes. La Pythie au con
traire ne pouvoit prophetifer
qu'elle n'euft efté enyvrée
par cette vapeur. M.
Hardion paffe à fa feconde
partie. Il y remarque que
dans le commencement
164 MERCURE
la Pythie ne montoit fur le
trépied qu'une fois l'année
le feptiéme jour du mois
que les habitans de Delphes
appelloient Bufion.
C'eftoit le premier mois
du Printemps . Dans la fuite
on obtint d'Apollon qu'il
infpireroit la Pythie une
fois le mois . Il y avoit dans
chaque mois des jours appellez
Apophrades jours malheureux
où il eftoit deffendu
à la Pythie d'entrer au
fanctuaire fous peine de la
vie. La plus grande partic
du mois s'employoit
à préparer
tout ce qui eftoit neGALANT.
165,
ceffaire pour l'inftallation
de la Pythie fur le trépied .
Les facrifices faifoient la
principale partie de la préparation.
La Pythie avoit
La préparation particuliere.
Elle fe baignoit dans de
l'eau de la fontaine de Caftalie
; elle avalloit une certaine
quantité d'eau de la
mefme fontaine. Après cela
on luy faifoit mafcher
quelques feuilles de laurier,
cueillies encore prés de
cette fontaine de Caftalie ,
Les Grands Preftres appellez
Prophetes , la condui-
やい
168 MERCURE
les fiecles , tous les temps ,
toutes les deftinées le ralfemblent
en foule dans fon
fein , & luy ferment le paffage
de la voix & de la ref
piration . Elle profere par
intervalles quelques paro-`
les mal articulées que les
Prophetes recueillent avec
foin: ils les
arrangent , &
leur donnent la liaiſon &
la ſtructure qu'il leur faut.
Enfuite Mr Blanchart lut
un difcours fur les ceremo
nies qui fe pratiquoient
aux fondations des Villes. I
EGLOGUE .
GALANT . 169
EGLOG VE:
BErgers qui craignez la
peine ,
Les rigueurs , & les mef
pris ;
Gardez de porter la chail
ne
De la fiere Amarillis :
Que peut - on
d'elle
attendre
Si pour la tendre Tirfis
Elle eſt tousjours fi cruelle ,
Qu'au plus fort de fon tourment
Il n'ofe à cette inhumaine
Faire connoiſtre fa peine
May 1713.
P
170 MERCURE
マ
Par un foufpir ſeulement ?
Eftime , refpect , tendreffe ,
Tout l'offenfe , tout la
bleffe
,
Tout ce qui vient à la Cour
Sous l'Etendart de l'Armour
Eft receu d'un air fevere ,
Et le Berger a beau faire ,
Elle le verra mourir
Sans fe laiffer attendrir.
Une ardeur fans efperance
Doit fignaler fa conſtance .
Le malheureux ! il voit
bien
Ce qu'il faudra qu'il endure
,
GALANT . 171
Mais un Amour fans mefure
Ne s'épouvante de rien ;
Qu'Amarillis foit contente,
Que tout refponde à fes
voeux >
Cet Amant qu'elle tourmente
Se croira tousjours heureux
.
Dans l'excés de fa tendreffe
Nul autre foin ne le preffe ;
Il voudroit dans fon tranfport
,
Il voudroit pour la Cruelle
Souffrir cent fois une mort,
Qui la deuft rendre immor-
Pij
172 MERCURE
telle.
S'il falloit , pour couronner
Ce cher objet de fes peines,
S'aller mettre dans les
chaifnes :
Nuls fupplices , nulles gefnes
Ne le pourroient eſtonner.
Cependant, eft- il poffible ?
Amarillis infenfible
Voit ces difcrettes lan
gueurs
Sans moderer fes rigueurs.
La crainte refpectueufe
De ce fidelle Berger ,
Sa tendreffe ingenieufe
Qui ne ceffe de fonger
GALANT. 173
A ce qui peut l'obliger ,
Rien ne la fçauroit changer.
Tousjours fiere , & ferieuſe
Elle prend foin d'éviter
De le voir , de l'écouter :
Elle joue avec Acante ,
Et rit avec Licidas ;
Mais fi Tirfis fe prefente
A tout autre complaifante
,
Elle ne l'écoute pas.
De cette injufte malice
Quand pour demander jus
ftice
Il cherche de toutes parts
A rencontrer les régards ;
L'inhumaine prévenuë
Piij
174 MERCURE
Du deffein de cet Amant ,
Mefnage fi bienfa veuë ,
Qu'il la cherche vainement.
Lorfqu'il vient fur fa Mufette
,
La plus douce du Hameau ,
Entonner un Air nouveau ,
Affectant d'eftre diftraite ,
Elle écoute avec Lyfette
Quelque groffier Chalumeau.
Quand il danfe à quelque
Feßte ,
Tout s'approche , tout s'arrefte
;
Elle feule avec dédain
GALANT
. 175
S'efloigne
, tourne la teſtè ,
Et le trouve trop badin .
Combien
de Fleurs refpanduës
A fa porte,fous fes pas
Soins inutiles
, helas !
Ce ne font que Fleurs perdues
,
L'ingrate ne les voit pas .
Dans cette rigueur extrême
Conferver pour ce qu'on
aime
Tousjours
le mefme penchant
,
Eft- il rien de fi touchant
?
Ce tranfport
inconcevable
Piiij
176 MERCURE
Dans un Siecle fi gaſté
Eft d'un prix inestimable ,
Et cette fiere Beauté
N'en verra point de femblable.
Nous ne voyons plus d'Amants
A l'épreuve des tourments
Le feul plaifir les engage ,
& l'on blaſme le Berger
Qui pluftoft que de changer
,
Veut languir dans l'efclavage
,
Et tel aujourd'huy charmé
Dés demain veut eftre
#
aimé.
GALANT. 177
REJOUISSANCES
faites en la ville du Puy en
Velay au fujet de l'éleva
tion de Mr de Polignac au
Cardinalat.
LA ville du Puy capitale
du Velay dans le Languedoc
, lieu de la naiffance
de Monfeigneur
le Cardinal
de Polignac , a creu
qu'il eftoit de fon devoir de
tefmoigner
au public combien
elle fe fent honorée de
l'élevation de ce grand
au Cardinalat
.
homme
C'eſt pour cela
que le Cha178
MERGURE
pitre Cathedral de cette
Ville fit auffi toft commencer
fes rejoüiffances publiques
par le fon de toutes
fes cloches .
Monfieur de la Roche-
Aymons Evefque de cette
Ville, à la tefte de fon Chapitre
, accompagné de tous
les Corps , & d'un concours
extraordinaire de peuple ,
entonna le Te Deum aprés
une grande Meſſe chantée
folemnellement en mufique.
Meffieurs du Chapitre
ſe diftinguerent , ils firent
allumer fur le haut
GALANT . 179
d'un grand rocher qui domine
toute la Ville , un feu
de joye , auquel le Doyen
des Chanoines , & le Syndic
de la Ville mirent le
feu. On en fit un autre
d'artifice tres - beau. Dans
le mefme temps on tira
toutes les petites pieces
d'artillerie qu'on conferve
dans cette Ville depuis un
tres-long - temps. Il y eut
des tables publiques &
chez de differens particuliers
magnifiquement fervies.
180 MERCURE
EXTRAIT
ou Sommaire du Traité de
Commerce , Navigation &
Marine entre la France
les EftatsGeneraux, con
clu à Utrech le 11. Avril
1713.
ARTICLE I.
LA liberté
reciproque de
Commerce
, comme de tout
temps avant cette guerre.
II. 2
Deffenfes de prendre aucunes
Commiffions pour
des armements particuliers
, ou lettres de répreGALANT.
181
failles des Princes & Eftats ,
ennemis de la France ou
de la Hollande .
III.
Toutes priſes de part &
d'autre aprés le temps des
délais marqué au Traité ,
feront portées en
compte
& renduës , avec compenfation
des
dommages , &c .
IV .
Toutes lettres de marque
& de réprefailles cydevant
accordées , declarées
nulles , & c .
V. )
Ne pourront les parti182
MERCURE
culiers Sujets des deux parties
eftre mis en action , & c .
pour les dettes publiques
des deux Eftats .
V IZ
Commerce de marchandifes
& denrées reftabli.
VII. VIII. & IX.
L'un ne pourra exiger des
Sujets de l'autre que les
mefmes droits qu'il exige
des fiens-
X..
Permis aux Hollandois
le debit du harenc falé en
France , fans avoir égard
aux Déclarations & ArGALANT.
183
refts au contraire , & c.
X I. & XII.
8
Meſmes facilitez aux
Doüannes pour les Sujets
de l'une & de l'autre part ,
ports , rades , rivieres & havres
réciproquement libres
, moyennant les Déclarations
des Capitaines
aux Gouverneurs , &c .
XIII.
Afile libre pour ceux des
deux parties qui auront
fait des prifes fur les ennemis
, & au contraire refus
d'afile à ces meſmes ennemis.
184 MERCURE
XIV.
Exemption reciproque
de la Loy d'Aubeine pour
les uns dans le pays des autres
, n'y pouvant eſtre reputez
Aubains.
L'Article XV. & les neuf
fuivants contiennent en fub-
Stance que
Les Navires chargez , de
l'un des Alliez , paffant des
vant les coftes de l'autre ,
& relafchant dans leurs rades
ou ports , ne feront
point obliger d'y deſcharger
leurs marchandiſes , ni
d'y payer aucuns droits , ni
faifis ,
GALANT. 185
!
faifis , ny arreftez , finon
pour loyales dettes & par
Juftice reglées , & en fera
libre le tranfport , mefme
aux lieux ennemis defdits
Allicz , fauf aux Villes &
Places affiegées , & cela à
l'exception des marchandifes
de contrebande.
XXIV. & XXV.
2 Que lefdits Navires fe
rencontrant en pleine mer ,
ne s'approcheront pas plus
près qu'à la portée du canon
, & fe communiqueront
par une petite Barque
, pour juftifier leurs
May 1713.
186 MERCURE
paffeports & lettres de
mer ; & en cas qu'il y ait
des marchandifes
de contrebande
elles feront confifquées
, & les permifes
qui fe trouveront parmy ne
le feront point
.
Le XXVI. XXVII.
XXVIII. & XXIX. expliquent
les cas particuliers
& exemptions defdits
Articles, avec confignation
par les Capitaines & Armateurs
, de quinze mille
livres tournois pour cau
tion folidairement des malverfations
& contraventions
, &c.
GALANT. 187
XXX. XXX I. XXXII .
& XXXII.
Si aucun defdits Capitaines
faifoit priſe d'un Vaifſeau
chargé deſdites marchandifes
de contrebande ,
ils ne pourront faire ouvrit
les coffres , caiffes ou tonneaux,
&c . qu'elles n'ayent
efté defcenduës en terre en
preſence des Juges , &c.
qui feront prompte & jufte
expedition , & Sa Majesté
fera revoir lefdits jugements
en fon Confeil en
cas que les Ambaffadeurs
en portent leurs plaintes. ›
Qij
188 MERCURE
XXXIV.
Sa Majefté & les Eftats
Generaux pourront en tout
temps faire conſtruire ou
freter dans les pays l'un de
l'autre , tel nombre de Na
vires ou de Guerre ou de
Commerce , que bon leur
femblera , & acheter telle
quantité d'amunition
de
guerre qu'ils auront befoin
, & employeront leur
authorité pour faciliter lef
dits achats à prix raiſonnable,
fans qu'ils puiffent donner
les mefmes permiffions
& facilitez aux ennemis
GALANT. 189
l'un de l'autre , en cas que
lefdits ennemis fuffent aggreffeurs.
X X X V.
Les Navires de Guerre
ou Marchands échoüant
par tempeftes ou autre accident
aux coftes de l'un
ou l'autre Allié , ce qui fera
fauvé defdits Navires ef
tant reclamé par les propriétaires
, &c. fera reftitué
fans forme
de procez
,
&c.
XXX VI.
Les deux Alliez ne fouffriront
que leurs Sujets re190
MERCURE
çoivent dans leur pays aucuns
pirates & forbans qui
feront punis , & leurs prifes
reftituées aux proprietaires.
XXXVII.
Les Sujets de part & d'autre
pourront ſe faire fervir
de tels Avocats , Procureurs
, Notaires , &c . qu'ils
voudront , & feront leur
Livre de trafic & corréfpondance
en telle langue
qu'il leur conviendra , &c.
XXXVIII..
A l'avenir aucuns Confuls
ne feront admis de part
CALANT. 191
& d'autre , & fi l'on jugeoit
à propos d'envoyer
des Refidents , Agents ,
Commiffaires ou autres
ils ne pourront eſtablir
leurs demeures que dans
les lieux de larefidence ordinaire
de la Cour.
Les quatre Articles derniers
contiennent la confirmation
& formalité ppour
l'execution & folidité des
conventions contenus dans
les Articles cy- deffus.
192 MERCURE
MORTS.
Meffire
Dame Marie Parlier
veuve de Meffire Armand
Diane Levefque , Marquis
de Marconnay , & aupara.
vant veuve de
Claude le Roy , Seigneur
de la Poterie , Préfident à
Mortier au Parlement de
Mets , mourut le 28. Avril. -
Meffire Jacques Matthieu
de Caftelas, Chevelier
de l'Ordre Militaire de S.
Louis , & cy - devant Gouverneur
de la Citadelle &
Chafteau de Dinan , mourut
le 7. May.
GALANT . 193
$
2255252SSS22252
LE
E mercredy 26. Avril
l'Academic Royale des
Sciences reprit fes'exercices
qui avoient efté
interrompus
pendant les Fêtes de Pafques ,
& elle les ouvrir à fon ordinaire
par une Affemblée
publique.
Monfieur Caffini commença
la Seance par un difcours
; dans lequel il démontra
que la figure de la Terre
étoit
Ecliptique , & que fon
axe pris d'un Pole à l'autre
May 1713 .
R
194 MERCURE
étoit beaucoup plus grand
que fon Diametre fous
l'Equateur : Il donna en
mefme temps une methode
pour avoir la méfure des
degrez des Meridiens.
M' Lemery le jeune , expliqua
enfuite la maniere
dont les Sels acides ( &
particulierement le Sel acide
du Nitre ) agiffent fur les
foufres pour produire la
flame.
Mr
Marchand ,
rapporta
la découverte
qu'il avoit
faite de la fleur d'une petite
plante ou efpece de moufle ,
GALANT.
195
nommée
Lichen
petræusſtellatus.
Cette
Fleur
avoit été
jufques
ici
inconnuë
aux
Botanistes ,
quoyque la plante
fût tres
commune.
M'
Geoffroy
termina la
Seance
par la lecture
d'un
memoire ,
concernant
quelques
obfervations
fur le Vi.
triol & fur le Fer . Il donna
plufieurs
manieres
de reduire
Je
Vitriol vert en une
liqueur
graffe
onctueule , & qui ne
fe
criftallife plus , qu'il nom
ma Eau mere ou effence ftiptique
du Vitriol . On appelle
ordinairement
Eaux
meres,
Rij
196 MERCURE
des liqueurs gralles , qui
reftent aprés les criftallifations
du falpetre , du Vitriol,
du fel marin , de l'alum , &c.
On avoit crû juſques ici que
les liqueurs graffes étoient
commpofées des fels alcalis
& de la graiffe de la Terre
qui fe trouvant meflez avec
ces fels s'en féparoient dans
la criftalifation ; mais il
avança que cela n'étoit point ,
& que c'eftoit la fubitance
même des fels qui étoit ainſi
changée , & qu'il prouva par
ce que tous ces fels , fi bien
épurez qu'ils puiflent eftre ,
1
GALANT. 197
ſe peuvent entierement
changer
en cette liqueur , ce qu'il
prouva par experience
fur le
Vitriol. Une des manieres
qu'il propofa
pour reduire
ainfi le Vitriol eft de calciner
du Vitriol
vert aux rayons
du Soleil pendant
l'Eté . Il
fe reduit en une poudre blanche.
On fait fondre cette
poudre
dans de l'eau de
pluye ; on philtre la diffolution
, & aprés avoir fait digerer
pendant quelque temps
la liqueur au Soleil , on la
fait évaporer
& on laiffe crif
rallifer le fel . Il reste entre
R iij
198 MERCURE
les criftaux une liqueur rou
gearre , graffe qui ne ſe criftallife
point du tour. On
la garde à part. On fait calciner
de nouveau les cristaux
au Soleil , on les fait diffoudre
, on digere la diffolution
on la philtre , on la fait criſtalifer
& onfépare la liqueur
qui ne fe criftallife point ;
on continue cela plufieurs
fois jufqu'à ce que tout le
Vitriol foit converti en huile
ou cau mere . Il ne propoſa
pas feulement cette liqueur
comme une fimple curiofité ;
mais encore comme un reGALANT.
199
mede utile , & comme un
fort bon ftiptique pour arrefter
le fang des playes apptique
exterieurement , &
pour appaifer les hemorrha
gies pris interieuremeut ; c'eſt
pourquoy il lui avoit donné
le nom d'Effence ftiptique du
Vitriol. Le temps ne luy permit
pas de lire les obfervations
fur le Fer .
MARIAGES.
M' le Marquis de Grandpré
a époufé à Reims depuis
quelque temps Mademoiſel-
Riiii
200 MERCURE
le de Famechon. Ils furent
maricz par M' l'Archevefque
de Reims , qui donna un repas
enfuite aux Mariez &
aux plus proches parens; c'est
luy qui a fait ce mariage , b
norant de fon amitié les parens
de l'un & de l'autre côré.
Mr le Comte de Grand-
, ho .
pré , intime amy de Mr l'Archevêque
de Reims , a crû
Le voyant
fans enfans
qu'il
eltoit de fon honneur d'élever
fon petit coufin de même
nom , afin que les biens
de la famille ne retombent
pas fur la même perfonne;
GALANT 201
le
c'eft ce qui l'a oonige aprés la
negociation de ce mariage
de faire en fa faveur par
Contrat de mariage paffé à
Reims au Palais Archiepifcopal
en fa prefence & en
celle de Mr l'Archevêque de
Reims
, le Is . Novembre
1.712 . une donation entrevifs
de fon Comté de Grandpré
, qui eft une Terre des
plus confiderables de Champagne
, avec les droits qui
luy appartiennent en la fucceffion
de feu Mr le Maréchal
de Joyeuſe.
Cette Maiſon a l'honneur
202 MERCURE
d'eftre alliée non - feulement
à celle de nos Rois , mais de
toucher de prés à leurs auguftes
Perfonnes , puifque
Anne Duc de Joyeule , Pair
& Amiral de France , Chevalier
des Ordres du Roy ,
Premier Gentilhomme de fa
Chambre & Gouverneur de
Normandie, que le Roy Henry
III. fit Duc & Pair au
mois d'Aouft 1581. époufa
en la même année Marguerite
de Lorraine foeur puifnée
de la Reine Louife , femme
du même Roy ; tant de Prelats
, Cardinaux , ArchevêGALANT
203
ques , Maréchaux de France ,
Generaux d'Armées , dont
l'Hiftoire particuliere a efté
écrite par les Autheurs de
leur temps , font des marques
effentielles de l'origine & du
rang que cette Maiſon tient
en France .
Dans le temps de la recherche
des faux - Nobles du
Royaume , cette Maiſon a
fait une des plus authentiques
par Tipreuves
de Nobleſſe
tres. Elle confifte
prefentement
en differentes
branches
, l'aînée
de laquelle
eſt
tombée dans la Maifon de
124 MERCURE
Guife , où elle a porté le Duché
de Joyeuse , que l'on pré;
tend eſtre pour mafles & femelles
; ces branches font
celles de S. Lambert prefentement
l'aînée , des Comtes
de Grandpré , & des fieurs de
Montgobert & de Verpel.
Robert de Joyeuse , Comte
de Grandpré , fils de Louis
Seigneur de Saint - Geniez &
d'Ifabeau d'Halluin , Comteffe
de Grandpré fa feconde
femme , laiffa de Marguerite
de Barbançon Dame de
Montgobert entr'autres enfans
, Foucault l'aîné & AnGALANT
205
toine , qui a fait la branche
de Montgobert.
Foucault de Joyeuſe , Comte
de Grandpré , Chevalier
de l'Ordre du Roy , Gentilhomme
de la Chambre du
Roy Charles IX . cut d'Anne
d'Anglurre , fille unique
de Claude Seigneur de Jours,
entr'autres enfans , Claude
Comte de Grandpré , Antoine
Seigneur de S. Lambert ,
& plufieurs autres fils & filles.
Claude de Joyeufe , Comte
de Grandpré , Gouverneur
de Beaumont , nommé à
206 MERCURE
l'Ordre du S. Elprit.
Antoine de Joyeuſe , Seigneur
de S. Lambert , Gouverneur
de Mezieres , a laiffé
de Henriette fille de Robert
Marquis de la Vieuville ,
Chevalier des Ordres du
Roy , Robert Antoine François
de Joyeuſe , Comte de
Grandpré.
Jean Armand Marquis de
Joyeuſe , Baron de Ville - furtourbe
, de Gernay en Dormois
, &c. Meſtre de Camp
de Cavalerie , Gouverneur
des Ville & Citadelle de
Nancy , Maréchal de France
GALANT. 207
en 1698. & Chevalier des
Ordres du Roy , qui eft mort
au mois de juin 1710. il
avoit époufé fa coufine
Marguerite de Joycule , fille
de Michel , Seigneur de Verpel
dont il n'a point eu d'enfans
. Claude Abbé de Mouzon
, d'Eflin & de Gorge en
Touraine , mort en Avril
1710.
Julle de Joyeuſe , Comte de
Grandpré , Colonel d'Infanterie
, Lieutenant General des
Provinces de Champagne &
Brie quia épousé Guillemette
Angolique des Reaux , fifle
208 MERCURE
de René , Seigneur de Coclois
, Lieutenant des Gardes
du Corps du Roy , vivant ,
de laquelle il n'a point
d'enfans.
Jean de Joycufe Comte
de Joyeufe , frere de Julle
Comte de Grandpré
, a pour
enfant le Marquis de Joyeufe
fubftitué au bien de feu Mr
le Maréchal de Joyeuſe.
La branche des Seigneurs
de Montgobert de Verpel,
a pour tige Antoine de
Joycufe , Seigneur de Montgobert
, deuxième fils de
Robert de Joyeuſe Comte
GALANT 209
de Grandpré , qui de Madelaine
de Lyons , fille d'Adol
phe , Seigneur d'Efpaux , a
Jaiffé plufieurs enfans , entr'-
autre Robert de Joyeuse
Seigneur de Verpel , dont
la femme Judith Hennequin
le rendit pere de Michel ,
Seigneur de Verpel , qui n'a
eu de fa femme Marie de
Trumelot , que Robert tué
à Valenciennes & la Maréchale
de Joyeuse..
Si la Maifon de Villers ne
compte pas tant de belles
Alliances & des fujets parvenus
à un fi haut degré , clle
May 1713 .
S
210 MERCURE
a du moins l'avantage d'avoir
donné des perfonnes
qui ont fervi leur Prince &
1 Etat avec zele , non ſeulement
dans les Armées ; mais
encore dans les celebres Ambaffades
où ils se font fait
diftinguer.
Cette Maiſon eft originaire
de Picardie , où Roland
de Villers , Seigneur de Berneuil
époufa Marie Thierry,
l'an 1552 , il étoit frère de
Jean de Villers , mort l'an
1535. ayant laiffé de Jeanne
de Flecelles , fon épouse ;
Louis de Villers , Seigneur
GALANT 211
de la Cour , qui contribua
beaucoup à la reduction
d'Amiens , à l'obeïſſance du
Roy Henry IV. il eft mort
en 1608 , il avoit épousé l'an
1564. Marie Dufresne Dame
de la Cour , de laquelle il eut
1º. Louis de Villers cy- aprés .
2°. Jean , Seigneur d'Authiul
époux de Marguerite de
Lattre & pere de Françoife ,
femme de Charles Gorguette
Seigneur du Bus 3° . Anne
femme de Jean de Moux , Seigneur
d'Heudicourt, Louis
de Villers Seigneur de Rouffeville
marié l'an 1584. av.c
Sij
212 MERCURE
Marie Gounet , fille de Pierre
& de Marie Feret , Dame de
Rouffeville qui épouſa l'an
1618. Catherine de Sachy ,
fille de Jean de Maurepas ,
&c .
Mr dé Montholon , Confeiller
au grand Confeil , fils
de Mr de Montholon Confeiller
au Chaſtelet de Paris , a
époufé depuis quelques mois
Mademoiselle Potier fille de
Mr Potier de Novion Prefident
à Mortier au Parlement.
Les deux familles d'oùfont
fortis les nouveaux Mariez
GALANT. 213
font incontestablement des
plus anciennes du Royaume.
Celle de Montholon qui
eft originaire de Bourgogne,
eft une des anciennes familles
de la Robe , (je dis originaire
de Bourgogne , fans
cependant l'affurer , puifque
d'autres la difent de Paris ,
& qui eft l'opinion la plus
vrai femblable ) dont l'origine
fe perd dans les ficcles
les plus reculez ; elle a fourny
des Magiftrats qui fe ſont ſacrifié
pour leur Patrie , & qui
ont laiffé des marques de
214 MERCURE
leur profond fçavoir.
Fé-
François de Moncholon
1.
du nom , fieur de Viviers &
d'Aubervilliers
, Avocat du
Roy , & enfin Prefident au
Parlement
de Paris le 3.
vrier de l'an 15 34. Il fut commis
à la Garde des Sceaux de
France per Lettres données
à Lyon le 39. Aouſt 1542 .
Il mourut à Villers - Cotterefts
le 15. Juin de l'année
d'enfuite , & fut enterré à S.
André des Arcs à Paris , où
l'on voit fon Epitaphe.
François de Montholon
fon fils , ficur d'AubervilGALANT.
215
liers , Avocat au Parlement
de Paris , fils de François
Garde des Sceaux , fut
pourvû de la même Charge
de Garde des Sceaux . Il laiffa
de Genevieve Chartier cinq
enfans , qui furent Mathieu
de Montholon Confeiller au
Parlement , mort fans alliance
; Pierre Chanoine de Laon
Docteur de Sorbonne ; Jacques
Avocat au Parlement
de Paris , François , Seigneur
d'Aubervilliers , Confeiller
d'Etat , & François de Montholon
, Seigneur d'Aubervilliers.
216 MERCURE
La Maifon de Montholon
a formé plufieurs branches
qui font en partie éteinres
.
Nous avons une infinité
de grands hommes , fortis
de celle de Porier ; leur memoire
doit eſtre en veneration
, leurs actions éclatantes
dans les Armées de leurs Rois
& leur vive penetration dans
les Confeils font connues de
toute la France , leur ont attiré
les plus hauts emplois .
-Cette Maifon eft alliée à
-tout ce qu'il y a de perfonnes
de la premiere qualité ,
&
1
GALANT 217
& même des Princes ; qu'elle
tire fon origine de Nicolas
Potier , Seigneur de Grofly,
qui fut Prevoft des Marchands
de Paris en 1499. Il
fut pere de Jacques Potier,
Confeiller au Parlement de
Paris .
Nicolas Potier à fervi
glorieufemeut quatre de fes
Rois , defquels il s'attira la
bien- veillance. Il fut fecond
Prefident au Parlement de
Paris , & Chancelier de la
Reine Marie de Medicis.
André Potier Seigneur de
May 1713 .
-C
Τ
218 MERCURE
Novion , Confeiller & puis
Prefident au Parlement de
Bretagne , & enfuite en celuy
de Paris.
Nicolas Potier , Seigneur
de Novión , &c . Premier Prefident
au Parlement de Paris
, Secretaire & Greffier des
Ordres du Roy , mort le 1.
Septembre 1691.âgé de 75 .
ans . Il fut marié avec Catherine
Gallard , fille de Claude
Gallard , Seigneur de Courance
, de laquelle il a laiffé
André Potier , Jacques Evêque
d'Evreux , Claude Comte
de Novion ; Maréchal des
GALANT. 219
Camps & Arnées du Roy.
Louis Potier , fieur de Gefvres
, Secretaire d'Etat , pric
la conduite des grandes affaires
avec Mr de Villeroy ,
Secretaire d Etat. Il fut quel
ques années aprés Secretaire
du Confeil , puis Secretaire
d'Etat .
René Potier , Comte puis
Duc de Threfmes , Pair de
France , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes
du Corps , &c. Chevalier
dés Ordres de Sa Majefté ,
époufa Marguerite de Luxembourg
, fille de François
I
ij
220 MERCURE
de Luxembourg , Duc de
Piney , & de Diane de Lorraine
, fa premiere femme ,
de laquelle il eut Louis tué au
Siege de Thionville.
Leon Potier , Duc de Gef
vres , Pair de France , premier
Gentilhomme de la Cham .
bre du Roy , mort le 1. Decembre
1704 avoit épousé
Marie Françoife du Val morte
en 1702. le 28. Octobre ,
d'où font venus François
Bernard qui fuit , Leon Archevêque
de Bourges , Jules-
Augufte Chevalier de Malthe
, Louis Marquis de GanGALANT.
221
delux , Mademoiselle de Gefvres,
Jeanne Filice , Sufanne-
Angelique , & Louiſe ....
François- Bernard Potier ,
Duc de Gefvres , Pair de
France , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy ,
Gouverneur de Paris , prit
place au Parlement le 23.
Jnillet 1703. Il avoit épousé
Marie - Madeleine - Louife-
Génevieve de Bois - franc
morte le Avril 1702.
de
laquelle il a eu Joachim - Bernard
Potier , Marquis de
3
Gefvres , Seigneur de Saint-
Ouen , né le 29. Septembre
Tiij
222 MERCURE
1.69. Louis Leon Marquis
de Gandelux , Etienne René
Comte de Threfmes , & Marie
Françoife
Potier , née le
5 Decembre 1697.
Joachim Bernard Potier ,
Marquis de Gefvres elt fils
aîné de Mr le Duc de Gefvres.
Il a époulé le 2. Juin
1709 Marie- Madeleine
- Emilie
Mafcranny, fille de Barthelemy
, Maitre des Requeftes
, & de Jeanne - Baptifte
le Fevre de Caumartin .
GALANT 223
ENIG ME .
Quorque
toujours
couché
je dors tres -rarement
Sans eftre oifif, je fuis
toujours
en mouvement
Je n'aime point le vin ,j'en
bois par avanture
Malgréceluy qui mat mon
corps à la torture
Etjamaisje n'en bois qu'il
n'arrive malheur
Tel qui s'expofe à ma
fureur
Till)
224 MERCURE
A deux doigts de la mort
Subite
Sur tout autre chofe
medite
En me confiant fes
trefors
A toutmoment, changeant
de
corps
Je fuis pourtant toûjours
le même
A plus d'une belle qui
m'aime
Je prete innocemment mes
bras
Tremblante à mon afpect,
le tein pâle & l'oeil bas
GALANT . 225
Elle voit mon brillant
avec indiference
Etfans chagrin auffifoufre
mon inconftance
Elle s'opofe à
penchant.
mon
Fe la fuis ,je la cherche ; &
même en la cherchant
Fufurpe fesfaveurs , mais
avec nonchalance
Car honi foit qui mal y
penſe.
226 MERCURE
Pierre de Gonzon , âgé
de 95. ans eft mort le 15.
Avril, dans un Chateau , en
Provence . Il avoit été Colonel
au fervice de Louis XIII.
Heftoit de la famille d'un
Chevalier Gonzon, dont on a
écrit une action , qui quoique
veritable tient beaucoup de
celle que nous voyons
la Fable.
OPPS
dans
AVANTURE.
I
Ly avoit dans l'Ifle de
Rhodes un Dragon , qui
fe retiroit dans une Caverne,
"
3
GALANT. 227
d'où il infectoit l'air de fon
halaine , & tuoit tous les
hommes & toutes les bêtes
qu'il pouvoit rencontrer .
Voicy comme il eftoit fait' ;
fa groffeur eftoit prefque
comme celle d'un cheval ;
il avoit une tefte de ferpent ,
& de longues oreilles , couvertes
d'unepeau écaillée , les
quatre jambes reffembloient
à celle d'un Crocodille ; fes
deux aîles eftoient noires pardeffus
, & d'un jeaune meflé
de verd pardeffous , & fa
queue faifoit plufieurs plis
& retours fur fon corps , il
228 MERCURE
couroit batant de ſes aîles , &
jettant le feu par les yeux,
avec un fifflement épouventable.
Le Chevalier de Gonzon
ayant entrepris de le
combatre , fen alla à Gonzon
en Provence où il fit un fan-
'tôme , qui reprefentoit ce
Dragon , & accoutuma fon
cheval & deux gros chiens à
T'aprocher & l'ataquer fans
crainte ; puis il retourna à
Rhodes , & ayant choiſi fon
jour , il monta à cheval , accompagné
de fes domeftiques
qui menoient fes deux chiens .
Eftant fur un Cofteau proche
GALANT . 229.
du Manpas ( lieu où eftoit le
Monstre ) il y laiffa fes
gens
& leur commanda de le venir
fecourir , s'il eftoit befoin ,
ou de fen fuir s'ils le voyoient
vaincu ou tué ; auffi tôt eftant
armé de toutes pieces , & la
lance à la main , il avança
vers la Caverne avec les deux
chiens , & aperçut le Dragon
qui venoit à luy avec fa furic
ordinaire , dabord illuy porta
un coup dans l'épaule dont
fa lance fut miſe en pieces.
fans offenfer cette bêté , à
caufe de la dureté de fes
écailles ; mais les deux chiens
230 MERCURE
qui ne craignoient pas plus
ce veritable Dragon que le
fantôme , contre lequel on
les avoit exercez , l'affaillirent
vivement , pour le prendre
par le ventre comme on les
y avoit accoûtumez , & donnerent
le loifir au Chevalier
de mettre pied à terre . Il
aprocha de ce Dragon , &
luy plongea fon épée fous la
gorge & l'enfonçant de plus
en plus , lui trancha le gofier.
Le Dragon perdant fes for
ces avec fon faug , tomba à
terre & renverfa par fa chûte
cc genereux Chevalier. Les
GALANT: 231
gens accoururent auffi toft ,
& voyant le Dragon mort ,
relevetent leur maistre , le
rafraîchirent avec de l'eau
d'un ruiffeau , & luy firent
revenir les efprits , que la
avec
fatigue & la puanteur avoient
affoupis. Gonzon remonta
enfuite fur fon cheval & retourna
victorieux à Rhodes,
où il fe prefenta au Maiftre ;
& luy fit recit de ce combat.
Le grand Maitre ravi d'un
heureux fuccés , luy en témoigna
de la joye : mais en
loüant fon courage il blâma
fa
defobeïſſance
, parce que
232 MERCURE
ileftoit deffendu expreffement
à tous les Chevaliers & Freres
de l'Ordre de paffer auprés de
la Caverne du Dragon , fur
peine d'eſtre punis de l'habit
de religion , & pour obſerver
la feureté de la difcipline ,
le fit mettre en prifon & luy
ôtat l'habit ; mais comme ce
chaftiment n'eftoit qu'une
formalité ; peu de jours aprés
il luy rendit la liberté avec
l'habit , & le remit en poffef
fion de fes Commanderies.
Gonzon fut enfuite élevé en
la dignité de grand Maiſtre.
Il mourut en 1553. On mit
GALANT. 233
fur fon Tombeau les deux
mots : Dragonis extinctor,
Vers de feu Monfieur
Laîné.
Caverne du Parnaſſe ,
où le fournois rimeur
Va fuer, en fecret , d'un
affidu labeur
Apelant de loin chaque
Muſe
Qui chagrine pour luy
devient une Medufe
May 1713. V
234 MERCURE
Fe ne t'habite point , je
cherche le grand jour
Un coin de ruë, un
carrefour
Quelque Salon ou fume
une liqueur amere
Où brille à peu de frais
un repas de chimère
Fy puife de l'efprit & la
grace & le tour
Lorfque fous quatre clefs
enfuite a mon retour
Je confulte Virgile, Ovide,
Horace , Homere ,
Je deviens fec, ob/cur, je
n'ayplus l'art deplaire
GALANT 235
Jesens que tout à coupmon
efprit devient lourd
Quandje veuxdediermon
ouvrage à la Cour.
A Madame la Comteffe de
** . qui entroit dans
un Jardin, où Mr Laîné
étoit la bouteille à la
main , au mois de May.
Tu viens iciregner dans
li l'Empire de Flore
Vij
236 MERCURE
Tu fait bien , car fans toy.
rien ny pourroit éclore
Mais que dis-je, non non ,
les fleurs à ton afpect
Rentrant dans leurs boutons
, par crainte ☺
par respect
En un moment vont
difparoiftre
Celles à qui ton tein ,fans
ceße donne l'être
Leur font honte par
par leur
émail
Et leur tefte fe cache au
fond d'un verd camail
GALANT. 237
Timides fleurs , c'est aßez
rendre
homage
Paroiffe reprenez courage
Pour vous faire afronter ,
l'éclat du plus beau tein
Je vais vous enroufer
de vin.
100%
Hap
Cup
93201
gornis
238 MERCURE
Extrait
d'Hiftoire
Arabe.
A
prié
Bubequer
, fameux
Poëte , Arabe fut
de faire un Poëme pour
fe plaindre de ce qu'un
Calife luy avoit enlevé fa
femme , le Poëme fut fait
& plufieurs Diftiques de
Poëme coururent parmi
les gens de lettres ; enforte
que le Calife qui les
aimoit fort en entendit
GALANT. 139
chanter un , dans les jardins
fous fes feneftres ; &
en fut fi frapé qu'il vouloit
fçavoir dans quel
Poëme étoit ce Diftique
mis en chant ; pas un
Poëte ne put luy en rendre
compte ; mais on luy
dit qu'Abubequer , qui
étoit en un Village à
douze journées de Damas
ſçavoit par meinoire
tous les Poemes anciens
& modernes. Le Calife
crdonna qu'on le fitvenit
240 MERCURE
& dépêcha quelqu'un
vers luy avec ordre de
luy donner cinquante
écus d'or , avec un bon
chamau afin qu'il put
arriver en douze jours à
Damas , celà fut exécuté ;
il arriva à Damas , la dou
ziéme nuit , à la difcendre
au Palais , du Calife qui
le fit entrer dans une
chambre pavée de qua
reaux de marbre , enchaf
fez dans des quadres d'or ,
& le Calife fe mis pour le
GALANT 241
recevoir dans un fauteuil
d'yvoire , marqueté d'òr
& de pierreries. Abubequer
le falua ; le Calife
lui rendit le falut , le fit
7
aprocher , & lui dit qu'il
l'avoit envoyé querir , lui
dont la memoire étoit
une bibliotheque orien
tale pour fçavoir de quel
Poëme étoit ce Diſtique,
dont il étoit en peine.
L'Aurore a verfe des
pleurs, parce que une
Grecque étoit plus belle
May 1713.
X
242 MERGURE
qu'elle , & fe confola en-
Suite parce que cette
Grecque a estearrachée des
bras de celuy qu'elle aimoit
par un plus puiffant que
lui; les pleurs de cette
Gresque ont ainfi fait
:
tarir Is pleurs de l'Aurore,
to snoldid ots
Ce Diftique étoit contenu
comme nous avons
dit dans ce Poëme , qu'A
bubequer avoit compofé
pour ſe plaindre de ce que
le Calife avoit fait enle
GALANT 243
ver cette Grecque ; elle
étoit là avec pluſieurs
autres belles Sultanes du
Calife , & Abubéquer la
reconnut , parce qu'en écoûtant
le Poëme qu'il·
recitoit , elle rougiffoit
& baiffoit les yeux , au
lieu que fes compagnes
fourioient malignement .
1. Pendant que le Poëte
recitoit ce Poëme le Calife
fe fentoit piquer au
vif, & fit cent reflections
diverfes tant que dura le
7
X ij
244 MERCURE
Poeme qu'il fut longtemps
à méditer ; enfuite
il fit donner cent écus
d'or à Abubequer : Voila
lui dit le Calife ; premiere
ment le falaire que merite
le Poème recité , &
je loue fort la beauté de
voftre memoire ; Je reçois
dir Abubequer cette recompenfe
en attendant
la punition que je merite ,
car c'eft moy qui fuis
l'autheur de ce Poëme ,
contre toy : le Calife fel
GALANT. £45
troubla à ces mots; &
fut encore quelques tems
à réver ; & lui dit Abubequer
, ignore tu encore
son métier;fcache que Is
Poëtes font faits pour
loüer ce qui eft lonable
& blâmer ce qui meri ẹ
de l'eftre ; Fay en main le
pouvoirdefaire des actions
blámables , je m'en fuis
fervi ; j'ay celuy de punic
ceux qui me blâment, &
de cepouvoir-là, je ne m'en
west point fervir; ainfi
X iij
246 MERCURE
laiffe moy mes plaiſirs , je
te laiffe les tiens ; je fais
ce qui me plaift , écrit ce
que tu voudras ; &pour
te marquer queje te pardonner
de bon coeur , je te
veut donner comme à l'au
-teur du Poëme , tel prefent
que tu voudras me
demander.
Abubequer fe profter-
'na , & aprés avoir baifé
les pieds du Calife , &
declamé quelques vers
qu'il fit fur le champs à
GALANT. 247
la loüange du Calife ; &
grand cent fois grand❜lui
dit-il, il n'est pas convenable
queje te demande de l'or
ou argent, parce que j'ay
blame unefoibleffe en toy ;
mais plustoft que je te
confole de ta foibleffe en te
découvrant qu' Abubequer,
qui a eu la force de
te dire la verité, eft encore
plus foible que toy; je te
demande donc pour t'aquiter
de ton offre quié
bloui de toutes les belles
X iiij
148 MERCURE
étrangeres qui l'envi
rannent , j'en puiffe choifir
celle qui me pla raleplus.
Le Calife fans faire at
tention que la belle Grecque
étoit du nombre , lay
accorda à l'inftant fa de
mande , & jura qu'il lui
donneroit celle qu'il choi
firoit ; alors
Abubequer
choifit la belle Grecque ,
favorife du Calife ;
l'inftant le Calife fit un
cri , & baiffant la tefte
mit fes deux mains fur fes
GALANT. 249
deux yeux ; pendant le filence
du Calife , Abubequer
continua de parler ,
& fit entendre qu'il ne
lui demandoit cetteGree
que que pour la rendre à
celui auquel on l'avoit enlevée
; alors le Calife prit
la parole & dit , je ne fuis
point tenu de tenir parole
à celui qui ne me la tient
point , Abubequer m'a
trompé , il m'a demandé
une Sultane pour me
prouver la foibleffe , &
250 MERCURE
elle ne fert qu'à
prouver
fa force & la vertu , quoiqu'il
en foit, continua- t-il
aprés avoir
encore
revé
un moment
, je te l'accorde
, mais je veux que
celui à qui je l'ay fait
enlever la
reçoive de ma
main , & qu'il
vienne
luimême
ici afin que je
lui face
comme à vous
des
preſens
dignes de fa
patience
& de voſtre
fermeté.
GALANT ass
Memoire qu'on a promis
dans le Mercure
précedent-
La Maifon d'Harcourt tire
fon origine de Bernard , furnommé
le Danois , Prince de
Dannemark , Gouverneur &
Regent en Normandie , pour
Bolle Duc de Normandie ,
lequel fut baptifé à Roüen
en 612. par l'Archevefque
Franegues avec les compagnons,
& entr'autres Bernard
le Danois le fut avec luy ;
Bernard eut pour fils de S.
Protte de Bourgogne , fon
9
232 MERCURE
époufe , Torf , Seigneur de
Vorville , qui époula Errembergh
de Briquebec , pere &
mere de deux fils 1. Thou .
roude , Sire du Ponteaudemer
, 2. Turchetil , Seigneur
deTurguetile, dethouroude,
du Ponceaudemer ;
& de Duceline de Crefpon ,
eft defcendu les Comtes de
de Meulant & de Beaumont
qui ont fini à Jeanne de
Meulant , Baronne de S.
Paer ,femme de Jean Dauray
en 1485. & à Perrine de
Meulant , fa foeur , Dame de
Courfeulles , femme de
&
:
GALANT. 253
Guillaume Bofenivien , Scigneur
de Champerin.
Des Cortes de Meulant eft
auffi forti les Comtes de
Leiceftre & les Comtes de
Warvick en Angleterre, &
de Meulant , Baron de Neu
bourg en Normandie.
De Turchetil , Seigneur
de Turqueril , eft delcendu
toute la Maiſon d'Harcourt ,
qui s'eft divifée en quantité
de branches , Anchetil fon
fils eft qualifié , Sire de Harcourt
, & il époufa Eve de
Boeffay le Chaftel en 1017.
il fut pere de Robert, pre
254 MERCURE
mier Baron de Harcourt , dit .
le Fort , qui époufa vers l'an
1094. Colede d'Argouges ,
d'une tres- noble & tres ancienne
famille de Normandie
, & de laquelle font encore
aujourd'huy Meffieurs
d'Argouges de Renes , dont
Mr d'Argouges de Renes ,
Maistre des Requettes &
Lieutenant Civil au Chaftelet
de Paris : de Robert Baron
de Harcourt & de Colede
pour!
d'Argouges ; ils
ils curent pour
petit fils Robert deuxième
du nom , Sire de Harcourt,
qui époufa Jeanne de MeuGALANT
255
lant fa parente ; il en ont
16 enfans , onze garçons
& cinq filles ; des onze garçons
il y eur quatre qui ont
fait branches . Sçavoir ,
Richard , 2 °. Guillaume , 3 .
Olivier , 4. Vautier ; la bran
che d'Olivier ne fubfiſta qua
pendant trois generations ,
celle de Vautier pendant 6
generations , il n'y a eu que
celle de Richard , & celle de
Guillaume qui fe font multipliez
, comme je levais
dire.domai
La branche de Richard eft
celle qui s'eft levplus multiə
256 MERGURE
pléc & qui
tubſiſte encore
aujourd'huy
, comme je le
diray ci aprés : Celle de Guillaume
, Seigneur
de Bofworts
, a fair les branches
de
Balworts
& de Stevart : celle
de Balvons
eft finie en
1231. à Guillaume
de Har
court , Baron de Bofworts
,
& celle de Stevart finie auffi
Pierre de Harcourt
, Seigneur
de Stevart , dont le
pere Pierre de Harcourt
vivoit en 1596.
'''
Quand
à la Branche
de
Richard
, Seigneur
de Harcourt
, qui vivoit en 32-10.
GALANT. 257
eft la fouche de toutes les
branches qui ont ſubſiſté
avec grandeur , & qui fubfiftent
encore aujourd'huy sil
eut nombre d'enfans , dont
trois faifferent pofterité , 1º
Jean 1 Sine de Harcourt ,
2 %. Raoul qui fic la branche
d'Avrilly finic aprés quatre
generationsà Jeanne de Har
court, Dame d'Avrilly , qui
époula en 1387. Amaury
de Meulant , Baron de Neubourg;
le troifiéme fut Røbere
de Harcourt , fixiéme
du nom , Baron de Beaumesnil
, qui fut tué fans alliance
May 1713. Y
258 MERCURE
à la bataille d'Azincourt en
1415.
I
7
Jean Sire de Harcourt
& d'Elbeuf, fils de Richard ,
fut au voyage de la Terre-
Sainte en 1248. avec le
Roy S. Louis ; ilépoufa Alix
de Beaumont , de laquelle il
cut nombre d'enfans , &
entr'autres Jean , deuxième
du nom , Sire de Harcourt ,
Maréchal & Amiral de France
, qui époufa Jeanne ,
-Vicomteffende Chaſtelleraud
, Dame de Liflebonne,
de laquelle il cut Jean troifiéme
du nom , Sire de HarGALANT
239
court , Vicomte de Chaftel-
Ieraud , & c . Pere de Jean ,
quatriénie , qui eut d'Ifabeau
de Parthenay , Jean , cinquiéme
du nom , Comte de
Harcourt , Vicomte de Chaf
telleraud, Seigneur d'Elbeuf,
lequel époufa Jeanne de
Ponthieu , Comteffe d'Au
male , & de Montgommery
,
de laquelle il eut nombre
d'enfans , & entr'autres trois,
19. Jean fixième du nom ;
Comte de Harcourt & d'Aul
male , 2 Jacques , Seigneur
de Montgommery
Philippe Baron de Bonnef
table.
Y ij
260 MERCURE
"
Jean , fixième du nom ,
Comte de Harcourt , &
d'Aumale, épouſa Catherine
de Bourbon , & ils curent dix
enfans ; entr'autres , Jean
feptiéme du nom , Comte de
Harcourt & d'Aumale , Vicomte
de Chaſtelleraud , Sire
d'Elbeuf, &c. qui mourut en
1452. qui laiſſa trois enfans ,
1º. Jean huitième , Sire de
Harcourt , mort fans poſ
terité legitime. 2°. Maric de
Harcourt , Comteſſe d'Au
male , frere de Henry de
Lorraine , Comte de Vaus
demont, à qui elle porta les
GALANT. 261
嚐
plus belles terres de la Maifon
de Harcourt ; fçavoir , le
Comté de Harcourt , d'Aumale
, Elbeuf, Liflebonne ,
&c. qui font aujourdhuy les
plus beaux appanages des
Cadets de la Maifon de Lorraine
établis en France.
3. Jeanne de Harcourt
fut femme de Jean , troifiéme
Sire de Rieux en 1414. puis
de Bertrand de Dinan , Scigneur
de Beaumanoir & de
Chafteau- Briants .
Mio De Jacques de Harcoure
Seigneur de Montgommery,
ſecond fils de Jcan cinquième
262 MERCURE
Comte de Harcourt , & de
Jeanne de Ponthieu , il eft
defcendu une nombreuſe
poſterité en pluſieurs bran.
ches , & entr'autres celle de
Beuvron dont est aujourd'huy
Monfieur le Maréchal
Duc de Harcourt , Pair de
France , Monfieur le Comte
de Sefanne , Chevalier de la
Toifon d'or , & c. AM
De Philippe de Harcourt
Seigneur de Bonneftable , 3
fils de Jean cinquiéme , &
de Jeanne de Ponthieu, eft
auffi defcendu aprés huit
dégrez de generations , Jace
GALANT. 263
ques de Harcourt
, Baron
d'Olonde
, qui épousa en
1648. Françoife
de S. Quen ,
Dame de Parfouru
, de laquelle
il a eu des enfans.
On peu dire que le peu que
l'on a dit ci deffus , fait juger
quelaMaifon de Harcourt
eft
une tres grande Maifon , qu'il
faut des volumes
entiers ,
comme a fair Monfieur
de
Ja Bocque qui en a fait l'Hiltoire
en quatre volumes
infolio
, pour en découvrir
la
beauté , ou du moins il fau
droit une carte d'une prot
digieufe grandeur
pour voir
264 MERCURE
tour d'un coup les grandeurs
& les alliances de certe Mai
fon.
On fçait qu'il y a du temps
que Monfieur Chevillard ,
Genealogiſte du Roy , &
Hiftoriographe de France ,
travaille fur cette Maiſon
pour en diſpoſer une parille
carte que celle de la Maiſon
de Montmorency , qui eft
chez Monfieur le Duck de
Luxembourg, au vieux Palais
de Rouen. Il faut efperer
qu'il achevera de travail qui
fora ordfunestares augrande
beautés quobning righ 10
GALANT *
265
Extrait du Traité de Paix
entre la France & l'Angleterre.
T
Les trois premiers articles
contiennent les proteftations
reciproques &
finceres de paix & d'union
entre le Roy de France &
la Reine de la Grande Bretagne
.
i
Articles 4 &
.
S.
On reconnoît le droit de
fucceffion hereditaire établi
dans le Royaume de la
Grande Bretagne , de la
Ꮓ
May 1713.
266 MERCURE
maniere qu'elle a été limi
tée par les loix de la Grande
Bretagne , tant ſous le
regne de Guillaume III . que
fous celui de la Reine à prefent
regnante, en faveur de
fes defcendans , & au défaut
d'iceux , en faveur de
la Princeffe Sofie ,' & c . &
à fes heritiers dans la ligne
Proteftante d'Hanover.
Article 6.
La renonciation du Roy
d'Eſpagne à la fucceffion du
Royaume de France , & la
renonciation de Monfeigneur
le Duc de Berry à la
GALANT 267
Couronne d'Eſpagne , & la
renonciation de Monfeigneur
le Duc d'Orleans à la
Couronne d'Espagne.
Art. 7. & 8.
·
La liberté reciproque de
commerce & de navigation
, & les voyes de la jufice,
ouvertes reciproquement.
>
Art. 9.
Le Roy Trés Chrérien
fera rafer les fortifications
de Dunquerque, aprés qu'il
aura été mis en poffeffion
generalement de tout ce
qui doit lui être cedé en
7
Zij
268 MERCURE
équivalent de ladite démolition.
&
Art . 10. 11. 12. 13. & 14.
>
Le Roy Trés-Chrétien
cedera la baye & le détroit
d'Hudſon , l'Ile de S. Chriſtophe
, la nouvelle Ecoffe
ou Acadie , la ville appellée
Anapolis Royale , &
Pille de Terre neuve
l'exception des cabanes neceffaires
pour fecher le poiffon
: mais l'Ile de Cap Breton,
& toutes celles de l'embouchure
& du golfe faint
Laurent demeureront
à l'avenir
à la France , avec l'enGALANT
269
tiere faculté au Roy Trés-
Chrétien d'y fortifier une
ou plufieurs places.
Art
. 15.
Les Canadiens , ou autres
fujets de la France ne
moleſteront point les cinq
nations des Indiens amis de
la Grande Bretagne , &
ceux - ci fe comporteront
pacifiquement
avec les Ameriquains
fujets & amis
de la France.
Art . 16 .
Lettres de reprefailles ;
de marqne & de contremarque
annullées , & l'on
Z iij
270 MERCURE
n'en expediera plus que par
le canal des Miniftres où
Ambaffadeurs du Prince
contre les fujets duquel on
pourſuivra lesdites lettres .
Art. 17. 18. & 19 .
Concerne le reglement
pour les prifes faites , foit
dans la mer Baltique ou
Septentrionale , ou par - tout
ailleurs.
Art.
10.
Il fera donné à tous &
chacun des hauts alliez de
la Reine de la Grande Bre .
tagne une fatisfaction juſte
& équitable fur ce qu'ils
GALANT. 271
peuvent demander legiti
mement à la France.
Art, 21.
Qu'on aura égard dans
le Traité à faire avec l'Empire
, aux Traitez de Veſt
phalie à l'égard de l'état de
la Religion .
Art. 22.
Le Roy Trés Chrétien
fera droit à la famille d'Hamilton
fur le Duché de Châtellerault
, au Duc de Ri
chemont fur les pretentions
qu'il a en France ; & au
Sieur Charles de Douglas
fur quelques terres en fond
Z iiij
272
MERCURE
qu'il
repete , & à
d'autres
particuliers.
Art.
23.
Prifonniers de
guerre de
part
&
d'autre
remis
en li
berté.
Art.
24.
Le
Traité de
Paix
entre
la
France & le
Portugal fe
ra
partie
du
prefent
Traité,
Sa
Majefté
de la
Grande
Bretagne
declarant
qu'elle
a
offert fa
garantie , &c.
Art.
25.
Le
Traité de
paix
entre
la
France & la
Savoye
fpecialement
compris &
conGALANT.
273
firmé par le prefent , Sa Majefté
la Reine de la Grande
Bretagne s'engageant à la
même garantie , &c.
Art. 26.
Le Sereniffime Roy de
Suede , &c. le grand Duc
de Toſcane , & c . la Répu
blique de Genes , & c. & le
Duc de Parme font mêlez
dans ce Traité.
Art. 27.
Leurs Majeftez ont auffi
bien voulu comprendre
dans ce Traité les villes
hanfeatiques, nommément
Lubec, Breme,Hambourg,
274 MERCURE
la ville de Dantzic , & c.
Art . 28.
Seront en outre compris
dans le prefent Traité de
Paix ceux qui avant l'échange
des ratifications feront
nommez à cet effet de
part & d'autre.
Art . 29.
Enfin les ratifications
feront expediées & changées
à Utrecht dans quatre
femaines du jour de la fignature
, &c.
Signé ,
LS.Huxelles. L S.J.Briſtol.
LS.Menager. LS.Strafford.
GALANT.
275
NOUVELLES.
On mande de Catalo
gne , qu'on attendoit à Barcelonne
des côtes d'Italie
l'eſcadre Angloife , & un
grand nombre de bâtimens
de tranfport, avec un Commiſſaire
general Anglois ,
qui devoit affifter à l'éva
cuation de la Catalognes
que le Comte de Starem.
berg avoit revoqué toutes
les Commiffions & Paffe
ports que d'autres Generaux
ou Chefs de volontai
276 MERCURE
res auroient accordez ; qu'il
avait fait venir le Colonel
Nebot & les Gouverneurs
d'Urgel & de la Montagne,
& les tenoit en arrêt à Barcelone
, pour avoir pillé &
ravagé le pays. Les lettres
d'Allemagne portent qu'on
travaille aux levées pour
faire la guerre à la France ;
que les regimens de cavalerie
de Gronfeld & de Ra-.
butin , & celui d'infanterie
de Neubourg, s'étoient mis
en marche de Hongrie
pour aller vers le haut
Rhin ; que le Prince EuGALANT.
177
gene , qui doit commander
en chef l'armée de l'Empire
, ne pourra partir que
vers le 10. May. Celles de
Londres portent que l'ordre
a été envoyé en Flandres
de faire entrer dans
Nieuport trois regimens.
Anglois pour garder cette
place , jufqu'à ce que la
Cour de Vienne ait accepté
les offres de la France
, &
donné fatisfaction
aux Electeurs
de Cologne
& de
Baviere
; que le regiment
du General Palmes avoit
été donné au Sieur Blak278
MERCURE
vvel , qui en étoit Lieute
nant Colonel ; & celui que
commandoit
le Chevalier
Richard Temple au General
Hill. La Charge qu'avoit
Mylord Cholmondley
à Mylord
Langsdovvn
,
Controlleur
de la même
maiſon ; que le Sieur Bridges
, Payeur general des armées
dans les pays étrangers
, avoit été privé de fon
employ, & que le Duc d'Ormond
avoit été fait Gouverneur
du Comté de Nortfolk.
GALANT . 279
Nouvelles de Paris.
Le 14. de ce mois le Sieur
de la Faye , Gentilhomme
ordinaire de la Maifon du
Roy , arriva ici d'Utrecht
avec la ratification du Traité
de Paix avec l'Angleterre
, la Savoye & la Pruffe
.
,
Le Sieur Pajot de Malzat
, Confeiller au Parle
ment arriva le 16. avec
celle des Traitez ci - devant
avec le Roy de Pruffe , &
avec les Eftats Generaux
280 MERCURE
des Provinces Unies.
La publication de la paix
fe fit le 22. avec les ceremonies
ordinaires dans les
principales places de cette
ville ; le Châtelet & le Corps
de Ville s'y étant rendus ,
accompagnez du Roy d'Armes
& des Herauts , des
trompettes , des timbales &
des tambours de la ville.
Le 25. on chanta le Te
Deum pour
le même fujet
dans l'Eglife Metropolitaine,
le Cardinal de Noailles,
Archevêque de Paris , officia
.
Le
GALANT. 281
ce
•
Le Chancelier de Franà
la tête du Confeil , le
Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville
'y affifterent.
Le foir il y eut un grand
feu d'artifice devant l'Hô
tel de Ville , & des feux
dans toutes les rues , avec
plufieurs autres marques
de réjouiſſances.
FIN.
May 1713.
A a
央爽爽爽爽爽爽爽爽
Bxtbox************
L
TABLE.
膠˙
A haine furmontée par
l'amour. P. 3.
Memoire touchant la Maifon
de Polignac.
Articles de la paix.
41
49
Sommaire des Traitezde Paix
& de Commerce entre la
France les Etats Generaux
des Provinces Unies .
53
Nouvelles de Hambourg. 68
Dons du Roy . 72
TABLE.
Antiquite
Chanfon nouvelle.
73
88
Bouquet , par feu M. Laîné.
2.89
Ode. 90
Canonifation de faint Pie
9990
Parodie ou explication de l'E
nigme dont le mot eft le
Lacet.
104
Enigme.
108
Morts. 110
Harangue de la Reine d'Angleterre
à fon Parlement.
121
Copie d'une Lettre de M. le
Chevalier de Langon d
A a ij
TABLE.
M. le C. de...
Mariage.
137
134
Copie de la Lettre de M. de
Pontchartrain au sujet du
portrait du Roy. 145
Dißertation fur l'Oracle de
Delphes , par M. Hardion.
151
Eglogue.
169
Rejoüiffances faites en laville
du Puy en Velay au fujer
de l'élevation de M. de
Polignac au Cardinalat.
177-
Extrait ou Sommaire du Traité
de Commerce , Naviga
tion & Marine entre la
TABLE:
France les Etats Gene
raux , conclu à Utrecht le
180
11. Avril
1713.
Memoire concernant quelques
obfervations fur le vitriol
fur lefer, par M. Geof
froy.
Mariages.
Enigme.
Avanturé.
195
199
223
226
233 Vers de feu M. Laîné.
A Madame la Comteſſe de **
qui entroit dans un jardin
où M. Laîné étoir la bouteille
à la main , au mois de
May.
Extrait d'Hiftoire Arabe, 238
235
TABLE.
Extrait du Traité de Paix entre
la France Angleterre.
.265
Nouvelles. 275
Nouvelles de Paris, 279
Fin de la Table.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères