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MERCURE
GALANT.
A PARIS, -M.DCCXII
Avec Privilege du &o-Ya@
GMAERLCAUNRTE.
, Parle Sieur Du F***
V Mois
de Decembre
1 7 12
Le prix est30.sols relié en veau,&
25. (oIs, broché.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la rue
du Foin, du côté de la rue
Saine Jacques.
aveApprobation,&PrivilègeduRoi,
MERCURE
galant.
ETRENNES.
E mot d'Etrennesvient,
dit-on,
du mot. (Irenia.
Celui de Strenuus,- -quisignifie
genereux, peut
avoir part à cetteetlmo-"
logie, dit Menage, parce
que chez les Romains
on donnoit les étrennes
à ceux qai se distinguoient.
par leur valeur.
Qued'étrennes aurionsnous
à donner cette année
ànos guerriers
,
a
leursCommandans& à
leur Chef! Minerve, dit
un ancien,doit presider
auxrecompenses, comme
elle preside aux actions
qui les meritent y
ïz nous voyonspar plusieurs
dons du Roy, qui
font les avant-coureurs
de plusieurs autres, que
le vrai mérité en France
est toûjours recompensé
quand il cil: connu.
On donnoit dans les
premiers temps des fruits
en e1 trennes : mais 'on
donna ensuite des médailles
d'argent. Acefujet
Ovide fait dire à janus,
que les anciens étoient
bien simples de
croire que le miel fût
plus doux que l'argent.
La fête desécrennesétoit
dédiée au Dieu Janus,
qu'on representoit à
deux visages. Une double
couronne que que!-
quesSculpceursont mise
à Janus dans des bas-reliefs
marquera, si l'on
veut, qu'il est aussi honorable
de recevoir des
étrennes que d'en donner.
Les etrennes qu'on
portoit aux Empereurs
Romains étoient des
marquesdhonneur. Auguste
en recevoit une si
grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir ecrennes, Caligulalesrétablit,
Claude
les défendit ensuite :
mais elles resterent toujours
en usage parmi le
peuple.
Le gui, sélon les Gaulois
, étoit un present
considerable du Ciel
qui preservoit du poifon}
8£ celui qu'on cüeilloit
le jour de l'an partoit
bonheur toute rannée
a ceux qui en gardoient
sur eux.
Il nousest restédecette
superstition payenne
le mot de laguil'an neuf.
Onsppelloitencoreainsi.
dans les derniers temps
les presensdes etrennes.
Les éruditions sur les
étrennes sont si rebactuës
Se si usées, qu'il seroitennuyeux
des'y étendreiauflibien
la modedes
étrennes estpresque
abolie,&c le mot
detrennes n'est Mecque
plus recommandafcle
que par son anden-
1neté.
-
AA:AAAikA.«AA
APOLOGUE,
ov
CONTENOUVEAU.
LES TOURTERELLES
&leRenard.
Par Madame de***- UN Renard débouté
de poule&depoulet,
Voulut tâter.de chair nou-
'Vclle.
C'estunragoût,dit-on.
Un jaur prés d'un
volet
11 étoit à l'afu de quelque
tourterelle :
A lafin fatigué degarder
lemulet, Ilpassasonmuseau par le
trou delaporte,
Etsi mit à prêcher la timide
cohorte.
On dit qu'au scelerat qui
fait l'homme de bien
La morale ne coûte rien.
Il en débita de très-fine:
Il n'ep rien
,
leur dit-il,
plus trompeur que
la mines
crel que vous tYJe voyez,,
je fii's le protectur
De l'innccen,ce&de l'honneur
:
Sij'ai croquéparfois quelque
jeune poulettey
C'étoit pour la punir Savoir
été coqettey J. Si je la croque,helas! ce
n'est qu'avec douleur:
Monfotblefut toujours la
tendresse de coeur; Mais l'horreur que J'ai
pour le vice,
Et mon zele pour la jtlr
tice9
ji changéma complexion.
Pour faire la correction
J'ai dugrand Jupiter de
nouvelles patentes,
Et J'en ai deplus obtenu
Pour recompenser la vertu.
O tourterellesinnocentes,
Aiodeles de pudicité,
Je veux recompenser votre
fidélité;
Venez donc dans cette
avenue
Devantmoy passerenrevue
Je prendrai vos noms f0
surnoms,
Pour vous citer dans mes
sermons.
Quandjecite unefemme,
ouneme veutplus
crOIre:
Mais par moy vous aureZj
lagloire
Ifêtre données à la fofterite
Pour modèles de chasteté.
Par ce discoursflateur le
Renardse pt croire:
De sortir il fut question,
Chacune fit reflexion
Quesagesse cfi choseéquivoque
i Chacune craint qu'on ne
la croque.
Ho bo, dit leRenard,
vous vous faites
prier;
Ma foy jevaisvous décrier.
Toujours on a cité les
chastes tourterelles:
Vous ne servirez plus
aux femmes de modeles.
Nôtre honneur efrperdu>
disoient-elles tout bas:
Sors la premiere toy. Je
ne sortirai pas.
Aioj, disoit celle-ci, je
sortirais sans peine:
Mais je crois que faila
migraine.
Aieyjeserois déja dehors,
Ditl'autre:maisje crains
une prise de corps , certain billet échu. Bref
chacune *exeuse,
AVcf#nt dire auelle reu
Prfe
) Et
Et croit que fin honneur
ne periclite pa*.
Voyant les autres dans le
cas,
Uneenfin par orgüeil à
tout risquer s'engage:
Oui, dit
-
elle, on verra
que je suis la plus
{age)
Oui seule je m'exposeraI,
Ouiseule je triompherai.
Pendant que pour sortir
elleétendoitsesailes,
Les autres impromptu
tinrent conseil entr'elles,
Et conclurent que seule
ainsije distinguer,
C'étoit les Accuser, les
honnir: les morguer;
Contr'elle un arrêt prononcerent,
Sur elle AU/fitôt s'élancerent,
Et malgré sa vertu,
sans pitié, sans
refpeéî
L'assommerent à coups de
bec.
C'est ainsique les femmes
assommentà coups de
becycejt à dire à coups
de langue,celles qui veulent
se distinguer, st) faire
voirpar une conduite singuliere
qu'elles n'approuvent
pas celle des autres.
CHANSON.
ETRENNES
à Climene.
Sur l'air: Réveillez-vous,
belle endormie.
Je
vous envoye vos etren-;
nts)
Climene, vous levo- yezbien:
Mais je vous demande les
miennes
Peut ,
-
être n'ensçavez-vous
rien.
Quelles êtrennes je desire,
Peut- être n'en [ça'VeZ-'Vous
rien:
Que voudroit -on quand au
soûpire?
Peut-être le sçavez-vous
bien.
De votre coeur je veux l'é-
»
trenney Peut-être le ffa'VeZ-'Vous
bien:
Est-il encore à vous, Climene?
Peut- être n'ensçavez-vous
rien.
) Je ne veux qu'un mot four
étrenne,
Quel il est vous le J[ave%
bien ;
Souvent très-loin ce mot nous
mene,
Peut-être n'en Jçave^-vous
rien.
Ase marier il engage;
Sans doute vous le ffd/ve'{,
bien:
Maisqu'est-ce que le maria- Le? Peut-êtren'ensçavez-vous
rien.
Cejl un bail à longues années,
Sans doute vous le .f?'VP'(
bien:
Mais au mariseul dessinées
y
Peut-être n'ensçavez-vous
rien.
Par ce bail de vous il disPo.
si,
Peut-être le sçauvez-vous
bien:
Mais il estpeu de baux sans
clause,
Peut-êtren'en ffaurez-vous
rien.
Là-deffia on peut trop (crû
re,
Climene, Yous lesçavezbien •
Ce trop le voudriezvous lire?
Peut-être n'en f^ave^-vous
rien.
J'aurois cent choses à vous
dire,
Climene^ousleJçave^hi^j
Demandez- moy si c'eji pour
rIre)
Peut-être que je rien sçaî
rien.
LETLETTREA
M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra
que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde:mais prenez
garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque
de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue
de la Reine d'Angleterre
à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale.
Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer
l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples
concourent par leurs
voeux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combustion,
a reconnu que les desfeins
ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux
des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces
de l'Europe, pour combattre
le chimérique projet
de la Monarchie universelle
dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets
elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
, aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées,sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines
en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
: mais c'en
est une de voir les principaux
membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition,
quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore
que depuis l'établissement
de leur Souverainetépar
les secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens
de ceux qui sont aujourd'hui
leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
Pendane t que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce
des Indes Occidentales.
Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre,
dans lequel les Etats Géneraux
n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ; & c'estsapolitique
dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager
la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables
intérêts de leur nation,
en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg
en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche
dans de si grandes entreprises,
afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant
pas en état de rembourser
les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr,
les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains
des dix-sept Provinces.
Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le commerce
de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter
à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte
que laReine d'Angleterre
& son nouveau Ministere
ont faite, qui devient
pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé
son ouvrage, les soûpirs
de la Hollande, en
comparant les négociations
d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant
sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne,
de la levée du siege
de Landreci, de la conquête
de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement
de toutes leurs grandes
esperances, ôc de n'être
pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes
au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de Marie-
Therese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés
après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe
V. restera sur le Trône
d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention,
feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
: mais ils le feront encore
davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs,
pour persuader au Public
que les alliez n'ont jamais
eu la moindre connoissance
des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a oublié que
le livre de la conduite des
alliez a désavoue son discours,
puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives
instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer
un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre
le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver
: maisil est honceux
de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Generaux
le droit sur les Couronnes
ne doit plus être réglé
ni sur la proximité du
sang, ni sur les titres les plus
autentiques, mais seulement
sur ce qui peut convenir
à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois
: il leur suffira de craindre
ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes
d'Espagne appartiennent
légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne,
& non la passion, il ieroit
aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions
faites par les Rois
d'Espagne. L'Empereurn'opose
à de si justes titres que
Ia- renonciation de Marie-
Therese d'Autriche,filleaînée
de Philippe IV. mais il
y a long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez
celui qui voudra sçavoir
& approfondir cette
matiere.Pour moy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
, contenterai des mêmes argumens
que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver
que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche
est bonne,le testament
deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore
plus nulle; par consequent
ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste.
- Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume
ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme
un troupeau de moutons,
par une même consequence
les Rois d'Espagne
peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre,
a ceder,&àfaire quelque
alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plusieurs
exemples qui prouvent
que tous actes qui
, ., 1 n'ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir
( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,
puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle
enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne
le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces
peuples
,quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir
pour être legitimement
Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ? elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a été
universelle a son avenement,
elle a duré trois ans
entiers sans aucune contradiction.
Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a débauché
dans la fuite quelques
sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte , ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment
une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux femelles,
& au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadetcadettes
dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions
des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant
faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche,
leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent
ni testamens posterieurs,
ni renonciations, ni
autres dispositions quelconques
ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte
pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable
, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe
II. ajoutez. y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires
à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations
d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques,
par lesquels Philippe
V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils
sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & Marie-
Therese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
, contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dans l'ordre de
la justicemême. Si le pere
a ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a pu le reparer;&
voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a été legitime,
c'cft qu'elle a remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient
valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité
de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
, mais du sien propre.
Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner
encre les vrais successeurs,
parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre
autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutes les conséquences.
Les dispositions personnelles,
selon lui, sont des chansons:
mais les renonciations.
font des loix fondamental
les,comme si les renonciationsnetoient
pas des disgoûtions
personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverser les anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient
pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes
ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables
Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes
en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application.
Remarquez en paffane)
je vous prie
, avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont
prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droits sur
l'EÍpagne) Anne, Marie-
Therese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais
celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux, malgré les regles 3O qu'ils leur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine
pour le reste du monde.
C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature
a repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe
V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutes les chimeres feroit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien
de fang répandu?combien
de trésors dissipez pour.
arriver à ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?
Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que
lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses
sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a toûjours
échapé;la premiere matiere
leur manquoit, c'est;
le coeur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée
mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne
& des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer. 1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore
plein de vie, on pouvoir
regarder les deux branches
de cette Maison comme
separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui
celle de Bourbon
: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur une même tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux
qu'aucun de ses predecesseurs,
seroit enorme.
La Reine a donc grande
raiion de penser differemment
depuis le mois d'Avril
1711.2. L'experienceapprend
quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner
d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,&
que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne
que lors qu'il en occuperoit
la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux,
qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une
choie à examiner,si l'Europe
doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine,que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun,
f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux
en prenant les armes.
C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit
de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,&
ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France,
de vouloir bien me définir,
une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder
cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement
d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument détruire
sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement.
Ces deux suppositions
leur paroissent necessaires
pour exciteren même
temps la haine &,ree..
perancer:mais malheureusement
ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a des
forces redoutables, des tréfors
infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre
à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleest sifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment
l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration,
se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis,
& qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere.
Le PrinceEugene en
conviendra,puis qu'enassiegeant
Landrecy
,
il promettoit
à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition
demesurée
, que de
vouloir couvrir son Royaume
par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne,
& les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
, & qui pourroir,
en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats
qu'elle n'en veut ellemême,
est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, ne peut -
faire soûpirer que les perturbateurs
durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711.
B A LAD E.
Sur les sotes.
LOrsqu'un berger fidèle
&rendre
Nous sert & s'attache à nos.
pas,
Pourquoy chercher à s'en.
défendre?
- Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Mais pour peu que l'onaie àcraindre,
Qu'on puisse cesser de charmer
, Ou qu'un berger n'ait l'art
de feindre,
Ah que l'on estsote d'aimer
i
Quand on peut former une
chaîne
Sans chagrin & sans embarras,
Que l'amour n'arien qui
nous gêne,
Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Mais lors qu'on voit un infi.
dele, Qu'on
Qu'on, peut aisement enflâmer
,
Qui voltige de belle en
belle,
Ah que l'on est sote d'aimer
:
Lorsque pour nous tout s'interesse
Pour nous faire un sort plein
d'appas,
Que les jeux suivent la
tendresse,
Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Quand un berger sans, la
confiance
Croit avoir droit de nous
charmer,
Qu'il faut payer ses soins
d'avance,
Ah que l'onest sote d'aimer
!
ENVOY.
L'amour paroît le doux partage
Des bergeres dans le bel
age,
Aux jeunes coeurs il dit tout
bas,
Qu'on est fote de n'aimer
pas!
Mais nous tient-il fous son
0 empire,
Il [e plaît à nous alarmer;
Et malgré tout ce qu'on
peut dira.,
Ah que l'on est sote d'aimer!
Dissertation académique sur
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours,
& surmonte même
souvent la nature. Le Miroir
spherique concave,
que M. V** de Lyon montre
publiquement aux curieuxy
& celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V** a trois
pieds & sept pouces de diametre.
Il reçoit par consequent
seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant
de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable
image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâmedu Soleil
est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes
les matieres combustibles,
& en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres
discours
, que ce prodigieux
effet n'est que la
terebration & violent poussement
que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas
compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez
dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source
est plus élevée & abondante,
& que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage,
est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava
, qu'Archimede a bien
démontré tout ce qui concerne
cette forte de Miroirs.
C'en: le même Gogava
que le docte Rivaltus
dans la vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
- Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse,
ville capitale de Sicile
, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme
livre de la troisiéme Decade.
Voici les termes, rendus
en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours
d'unseul homme pli étoit
alors dans Syracuse.C'était
le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres : mais admirable surtout
par l'invention des ma-,
chines de guerre f avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient
faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains à lever honteuse- -
ment le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine,
n'eût pas livré une porte
à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede,comme
le fruit de la plus glorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires
à la distance de trois stades,
qui valent sept cent
trente-cinq pas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention
du Miroir, bien que
dans le chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéquelesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede
pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme
livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede
ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle
point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes
que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que
lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers
pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes : On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome
de ses Histoires dans
Anastase Dicoro , parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede,
fabriquadans Bysance,
à present Conftantinople,
des Miroirs brûtans,
lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent
l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit
née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité, samaniere
de construire des Miroirs
concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean -
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme
livre de saMagie naturelle,
s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves.
Le premier est d'éclairer
& de découvrir pendant
les nuits les plus sombres
les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque
les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis
convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger
tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez.
On les pourra ensuite
reconnoître très-distinctement
par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction
en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne
& facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle
encre double & bien
gommée, vous tracez quelque
image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & la faifant
entrer dans une chambre
obscure, la figureparoîtrad'une
grandeur gigantesquesur
la muraille,
& comme revêtuë de gloire,
étant paréedemille,
couleurs que produit la differente
refraction & modification
de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble
sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira
que la pointe lui donne
dans l'oeil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât
à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement
au-dessous du Miroir,
on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque
petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image
en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface
du Miroir concave Se
son centre, & l'oeil étant
situé au-deçà du centre ; il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes
positionsou places de
l'oeit;ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.representent
toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez
dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave, limage
de votre face s'agrandit
jnfcjuà devenir d'unetaille
gigantesque
, & cela
est trés - commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs
poils,&c.En vous éloignant
peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira
en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques
à ce que l'oeil étant
arrive au centre du Miroir,
il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreoeil s'étant un peuplus
éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé
& hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra
jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant
plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité
en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée,
suivant que vous serez
plus ou moins éloigné
du Miroir.
LETLETTRE
DE GENES.
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit
en tête que le premier
voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable
s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter
cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina
à partir quelques
jours aprés.
A la veille- de son départ
la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever
de se rendre amoureux
d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë,afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour
luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, il semaria, pour fortifier
sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imagina qu'ilmanquoità
son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuve d'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer
un renouvellement
de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement
qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites
il reçut une lettre
de son correspondant
qui lui proposoit , un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage
de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'un mari
ne fut plus sensible à
une femme:elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances,
que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve
d'un tel voyage étoit
aussi feure pour l'amour
d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques
jours le départ du
navire dont il croitmaître
: mais l'ami n'employa
ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa
au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir
de contenter son caprice.
Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant
une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,
dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres
adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme
de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-
ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel
embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami
ne voulant pas absolument
que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose.
Il n'étoit naturellement
que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même tem ps qu'il nedevoit
pascraindre qu'ilrevît
jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetourner seul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi
les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher
à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner
quelques semaines.
Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie;car craignant
de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme:& voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit
la mort de son
mari avec les plustendres
Ô£ les plus tocuhantes
circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres
tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes
il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra
peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
, puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais
tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrair€$
àl'impatience qu'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet
i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent
aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, qui fut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
IIyavoitdéjàlongtemsqquuee
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde
son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois. Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMarchand
son ami étoit de retour
à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction
qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer
les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès
de la veuve, dont il renouvella
la douleur par son
arriarrivée.
Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble,
il lui proposa de rétablir
Ses affaires en l'épousant.
N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant
l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question
pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se remarier
après un mois de
veuvage ou environ.Cependant
leNegociantétoit obligé
de s'en retourner promtement
àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement,
de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec
ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante,
& une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit
se jetter dansunConvent;&
ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&
rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir,
pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à
son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant
lui causa, lui raconta
d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques
préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup : mais il ne sur au desespoir
quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoir suivideplusprés
les bruits differens qui couroient,
il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec
un homme pour Marseille.
La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation
cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y arriva dans un état pitoyablé,
& ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant
se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit
enlevé safemme à Gcmes.
Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne
lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu
à la porte de sa chambre,
que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,
qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme
de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrer sans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air ;la vue de
sa femme le rendit-immobile
comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir
quelques jours. Il pardonna
en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite
chacun dans un Convent.
On,¡}e sçait point combien
durera cette separation
volontaire:mais ils n'ont pas
eu un moment de santé depuis
cette triste catastrofe.
A MADEMOISELLE
C
Stances irregulieres.
C^Uel cft mon trisse fort,
Ciel! quel astre malin
De mes plus doux plaisirs
emprisonnela source?
Quoy
,
je ne puis plus voir
l'aimable C. Ch. dans mes maux mon
unique ressource:
Ah quelle perte, & dans
quel temps,
Lorsque j'ay plus besoin
d'exem ples éclatans.
Et de sagesse
,
& de confl
tance:
Ah, faut-ilque le fort m'envie
un si grand,bien!
Mais puirque je ne puis
jouir de sa presence
Joüissons de son entretie,n.
Muse autrefois si favorable..
Fais couler tes feux dans
mes sens:
Prestes
- moy cet artad mira
ble
Qui sçait rapprocher les
absens,
C'en estfait je fuis exaucée;
.Qüy desjaCh presente
a ma pensée,
Perce de mes ennuis le
voile le plus noir,
Et desjade sa voixqui
frappe mon oreille,
L'agréable son me reveille,
Je luy parle, je crois la voir.
Cess donc vous, genereuseamie,
Qui venez pour me fecourir,
Qu'à vostre seul aspect mon
ame est affermie
Dans les maux qu'elle doit
souffrir;
Aimable illusion je vous
voit, je vous touche
Sur vos mains j'attache ma
bouche,
Vous m'embrasez vousmesme,
ôdouK,6c tendre
foin,
Que sur mon cceur il a d'empire
!
S'il ne me guérit pas, je
sens bien qu'il m'infpire
La confiance dont j'ay besoin.
Lorsque je vousvois sans
murmure,
Souffrir l'injustice du fort
Surmonter par un noble
effort,
Les foiblesses de la nature.
Que ne peut sur mon mal
un exemple sibeau!
Je crois sentir en moy renaistre
un coeur nouveau.
Je ccflfe d'accuser ma nifH*
destinée , C'est vous qui m'en faites
la loy
Avec plus de vertu que moy
Estes vous moins infortunée.
A ces justes reflexions
Mafoible raison le ranime,
Et surmontant mes paisions
D'un soupir , qui m'échappe
elle me fait un crime;
Regarde ; me dit-elle, admireCh.
N'a-t-elle àregretrercomme
toy qu'une main.
Sur le chemin qu'elle te.
trace,
Et ton mal deust-il redoubler,
Console
- toy de ta dit
grâce
Par l'honneur de luy refsembler.
Que dis-je, que je vous ressemble,
Helas!quej'en fuis encor
loin:
De toutes les vertus qu'en
vous le Ciel rassemble
C'est , peu gJe destre le tcimoin
Quand ilfaut que l'on vous
imite ;
Mais qu'estce que je sèns,
éperduë, interdite,
Le jour qu'à peine j'entrevoy
) Se dérobé à mes sens par
un sombre nuage, Et pour comble de maux
voitre charmante image,
A mes yeux enchantez,di£1
paroist malgré moy.
LIVRE NOUVEAU.
Ilparoist depuis peu un
Livre nouveau qui a pour
litre LuNouvelle Astrée. On
croit ne vous pouvoir donner
une idée plus juste de
ce Li vre, ny des motifs de
l'autheur que par l' Avertit
sement de l'autheur mefrpe.
AVERTISSEMENT
du Livre qui a pour titre
La nouvelleAstrée.
Une Dame que la naissance
& les biens de la fortune
rendent moins recommandable
que les qualitez
personnelles, m'a donné
sans y penser, la premiere
idée de ce petit ouvrage.
Elle avoit oiiy dire qLi"-
une jeune personne,qui
veut avoir de l'esprit doit
lire & relire le Roman d'Aftrée
;,& cependant, malgré
sa préventionellen'avok
jamais pu aller jusqu'à la
findu premier volume. Les
Episodes continuels, l'affectation
d'une vaine science
dont elle ne s'imaginoit
pas avoir grand besoin,
l'estalage de la doctrine
profonde des anciens Druides
, les Poësies frequen es1
ôc froides,tout cela l'avoit
assez rebutée pour ne pas
continuer une lecture qu'-
elle trouvoit ennuyeuse;
mais en mesme temps la
deffiance de coy-mesme qui'
accompagne d'ordinaire les
bons esprits,.luy faisoit croireque
l'approbation du public
devoit prévaloir à son
sentiment particu lier, &
que l'ouvrage ne laissoit pas
d'être fort bon quoyqu'il ne
seust pas divertie. Elle me
fit l'honneur de m'en parler
en ce fens- là,&je ne
fus pas de l'avis de sa modestie,
persuadée que tout
ce qui lui avoir déplû dans
Astrée, devoit luy déplaire.
Je luy propose d'en oster
tous les deffauts qu'elle
avoic sentis par un bon
goust naturel
,
d'en faire un
petit Ouvrage de galante-1
rie champestre, d'en adoucir
certains endroits un peu
libres, que la pudeur scrupuleuse
de nostre siecle ne
sçauroit souffrir dans les Livres
,de le purger de Theologie,
dePolitique, de Mcdecine
,
de Poësie ; d'en
esloigner rous les personnages
inutiles
,
de n'y jamais
perdre de veuë Astrée
& Celadon, & d'éviterpar
là l'écuëil de tous leslongs
Romans, où le Heros &
l'Heroïne ne passent sur la
scene que rarement;ce qui
empesche qu'onne s'affectionneàla
suite derleurs
avantures ; leurs amis
,
&
leurs amies
,
qu'on n'aime
pas tant qu'eux;tenant ordinairement
lestrois quarts
du Livre. Il a fallu de plus
changer de stile,quoyqu'il
eust beaucoupde forcedans
l'original. Cent ans dans
une langue vivante, mettent
tout hors de mode.J'ay
pourtant conservé certains
traits qu'on remarquera al:
fez aux mots antiques, &
encore mieux à la beauté
des sentimens. Un homme
de la condition de Monsieur
d'Ursé, ne pouvoir en avoir
que de fort nobles & de
forteslevez.
Voila, mon cher Lecteur,
ce qui a fait naistre la
petite histoire d'Astrée ôc
de Celadon. L'accuëil favorable
que vous avez fait
à quelques bagatelles qui
me sont échappez, m'a enhardie
à vous fairecepetit
present ; il ne tiendra qu'à
vous devousenattirerbientost
un autre.
LATESTED'ASNE.
C 0 NTE.
UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant
quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti
de son village.
Il y voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des noeuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises
;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Lseipatiséan t:ouché de curio- De ce qatiln'1aavvooiittrrii,e-.nn )
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
qu'icy , je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque
chose
, Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez
donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une.
ENT R E £
de Monsieur le Chevalier
de la ViçuviU:
Ambassadeur de A4-alîhe.
;
Monsieur de la Vieuville,
Bailly
,
Grand Croix ,
Ambassadeur Extraordinaire
de l'Ordre de Malthe
près Sa Majesté,fit sonentréepubliqueencetteVille
le quatre decemois.
Plusieurs personnes curieuses
ducérémonial qui..
s'observe dans ces occa,q.
*
sions, seront bienaises devoir
ce que j'en rapporte
icy ,-gui fera d'autant plur
de plaisir que tout Paris a trouvé cette Entrée toute
des plus belles.
Monsieur rAmbafTadeu*
de Malthe se rendit le Dimanche
matin quatriéme
Decembre au Convent de-
Piquepus pour y recevoir
les compliments des Princes
& Princesses du Sang,
&ceux des Ministres Etrangers.
Il estoit accom pagné
de ses deux camarades
d'Ambassade,de Monsieur
le Commandeur Perrot,
Lieutenant cta Grand-
Prieur , & Receveur dudit
Ordre, de Messieurs les
Grands- Croix
,
Commandeurs,
Chevaliers Profez &
Novices
,
qui pour faire
honneur à leur Religion &
à Monsieur l'Ambassadeur
estoient venus le trouver
audit Convent de Piquepus
, où Monsieur le Mareschal
de Besons vint de
la parc du Roy Ty prendre
dans lecarrosse de Sa Majesté
avec Monsieur le Chevalier
de Saintot Introducteur
des Ambassadeurs.
Le Mareschal de France
sità l'Ambassadeur l'honneur
du carrosse du Roy: :
la marche se fitainsi.
La Mareschaussee à cheval.
Le carrosse de l'Introducteur..
Celuy du Mareschal de
France.
La Livrée de l'Ambassadeur
,
après son Escuyer
& les pages à cheval.
Le carrosse du Roy oir
estoient l'Ambassadeur
,
le
Mareschal de France, l'Introducteur
,
le Commandeur
de Balincour & le
Commandeur de Frenoy
camarades d'Ambassade, ôc leCommandeur Perrot.
Le carrosse de Monseigneur
leDuc de Berry.
De Madame la Duchesse
de Berry.
Le carrosse de Madame,
Celuy de Monsieur le
Duc d'Orleans.
Celuy de Madame la Duchesse
d'Orléans.
Celuy de la Princesse de
Condé.
boDenla.P*rin)cesse de BourD.;
la Princesse Dbiiairiere
de Concy.
De la Princesse de Conty.
Celuy du pricvcc de Conty.
Ceux de Monsieur le
Duc du Maine.
De Madame la Duchesse
du Maine."*
DeMadamela Duchesse
deVandosme.
•
De Monsieur le Comte
de Thoulouse.
Celuy du Marquis de
Torcy Ministre & Secretaire
d'Estat.
Ensuite venoient lesquatrecarrosses
del'Ambass-
V
deur,
deur, dont le bon goust &
la magnificence dans une
conjoncture comme cellecy,
se sont entierement attirez
l'admiration du public.
Il est vrayque le
nombreux cortege des
Grands-Croix
,
Commandeurs,
& Chevaliers qui
suivoientles carrosses de
l'Ambassadeur dans plus de
quarante à sixchevaux y
donnoient un air de grandeur
& de distinction, qui
a fait de cetteEntrée le
plus magnifique spectacle
qui ait esté veudepuis longtemps
; il y avoit mesme
plus de cinquante ans qu'il
n'y avoit eu à Paris d'Entréed'Ambassadeur
de
Malthe.
Lesix suivant son Excellence
fut à Versailles dans
le carrosse duRoy, accompagné
du mesme Mareschal
de France,& conduit
par l'Introducteur des Ambassadeurs,
où les Gards s de
la Porte, les Gardes de la
Prévosté estoient fous les
armes, les Cent Suisses en
haye sur le grand Escalier,
dans leur habitdecérémonie
,leurs hallebardes à la
main, les Gardes du Corps
fous les armes dans leur
Salle, à la porte de laquelle
le Mareschal Duc d Harcour
Capitaine des Gardes
du Corps du Roy en quartier
,
vint recevoir Monsieur
l' Ambassadeur & le
conduisit aussi à son Audience.
Sa Majesté le voyant
arriver dans sa chambre
se tint debout & découvert
: l'Ambassadeur y entrant
fit une profonde reverence,
& passa au milieu
de ce nombreux cortege
qui l'avoir précedé dans là
marche; il en fit encore
deux autres à differentes
distances, puisil entra seul
dans l'alcove du lit du Roy
où Sa Majesté estoit avec
les Princes de sa Maison &
ses
1
princi paux Officiers;
elle luy marqua de se couvrir
lors qu'il commença
sa Harangue qu'Elle écouta
debout enfuire Elle y
respondit, & ordonnaune
feconde fois à l'Ambassadeur
qui s'estoit découvert,
deserecouvrir. Pendantce
temps-Jates termes dont
Sa Majesté se servit pour le
remercier,estoient si avantageux
pour l'Ordre de
Malthe
,
& si remplis de
bonté pour l'Ambassadeur,
qu'il en sortit penetrédela
plus vive reconnoissance ;
il fut reconduit dans le meime
ordre par le Capitaine
des Gardes du Corps julaques
à la porte de la Salle
des Gardes, & retrouva sur
son passage les mesmes
honneurs qu'il avoit eus en
allant. Monsieurl'Ambassadeur
descendu dans la
Salle des Ambassadeurs y
-
attendit l'heure que Monsieur
l'Introducteur - avoit
prise pour aller chez Monseigneur
le Dauphin où il
fut receu à la porte de la
SaHe par l'Exempt des Gardes
du Corps qui est auprès
du Prince. Ensuite il alla
chez Monseigneur le Duc
de Berry
,
chez Madame
laDuchessede Berry,chez
Madame, chez Monsieur
le Duc d'Or leans, chez
Madame laDuchesse d'Orleans
,
où il receut tous les
honneurs accoustumez &
deus à soncaractere..
L'heure du disner arrivce
son Excellence passa
dans la Salle du traitement
où il y eut deux tables de
vingt-cinq couverts chacune
magnifiquement servie,
& en mesme tempsqui su
rent remplies des Grands-
Croix, Commandeurs
,
f,
Chevaliers qui avoient esté
du correge de Monsieur
l'Ambassadeur, qui alla
a prés ce superbe disnéchez
Monsieur le Marquis de
Torcy
,
& sur ensuite ramené
en son Hostel dans
le carrosse du Roy parMonfleur
l'Introducteur dee
Ambassadeurs.
Lanoblesse avec laquelle
il s'acquitta de ces différentes
fonctions n'ont fait
qu'augmenter l'estime que
son Ordre & le public avoient
pour luy.
OJI joint icy sonDiscours
au IUyy qui a pieu infiniment
à tous ceux qui l'ont
entendu, Ôc que vous serez
aussi bien aise de voir.
SIRE,
Le seul objet du Grand
Mastre de l'Ordre de Aialthe
efiant de donner à Sa Majesté
des marques continuelles de sa
parfaite obeïssance Cm de son
reJpeÛ
,
m'a choisi pour avoir
l'honneur de luy enrenouveller
les asseurances, & luy demander
la continuation de sa Royale
proicé-lion; je m'en acquitte,
SIRE
, avec confiance en la
honte qu'Elle a eu d'agréer mes
services pour ce glorieux employ.
Quel bonheur pour un
Ordre aussi attaché aux interefis
de VostreMajesté, &
pour un sujet qui luy est auss
dévoilé de luy rendre ses treShumbles
hommages dans le
temps que la Victoirese Journée
à la justice deses Armes.
Puissent ces heureux fucce"{).
SIRE ,
suivis de plusieurs
autres, nous laisser admirer
pendant une longue fuite d'années
ce que peut un Prince que
Dieu protege, & qu'il a formé
pour estre dans les temps t
venir le njraj modelle des plus
grands Rois,
C REA T I 0 N
dOjjîciers de lïdtirmt.
L E vingt. cinquiéme Novembre
le Roy fit deux
cents quatre -vingt huit
Officiers de Marine, fça-
, VOIr:
Un Commissaire General
d'artillerie.
Vingt, deux Capitaines
de vaisseaux.
Deux Majors.
Trois Capitaines d'artillerie.
Vingt sept Capitaines de
Fregares.
Cinquante six Lieutenants,
de Vaisseaux.
Quatre Aydes Majors.
Cinq Lieutenants d' artillerie.
Dix- neufCapitainesde
brulots.
Cent vingt-sixEnseignes
de vaisseaux.
Cinq Sous. Lieutenants
d'artillerie.
NeufLieutenants de fregates.
TroisCapitaines de Rutes.
Et six Aydesd'artillerie.
NOMINATION
de quatre -
vingtcinq Chevaliers
de l'Ordre militaire
de JaintLouis. L E mesmejour vingtcinq
Novembre Sa Majesté
a nommé quatre- vingt
cinq Chevaliers de l'Ordre
militaire de saint Louis,
sçavoir :
Trois Capitaines des
Ports.
Vingt- sixCapitaines de
vaisseaux.
Trois Capitaines d'artillerie.
Six Capitaines de Fregates.
Un Lieutenant de Port
Vingt-neuf Lieutenants
Je vaisseaux.
Quatre Lieutenants d'artillerie.
Trois Capitaines de brulots.
-
Six Enseignes de vaisseaux.
Quatre Lieutenants de
Fregates.
DONS DU ROY.
LERoy a donne cinq
pensions:
Une de quinze cens livres,
& deux de mille livres
chacune sur la Marine.
Une de mille livres, &
une autre de huit cens livres
sur l'Ordre de saint
Louis.
Trois Capitaines ont esté
mis à la haute paye.
DETAIL DE LA MORT
du Duc d'Hamilton. LE vingt- six Novembre
le Duc d'Hamilton sur à la
Cour de la Chancellerie,
au sujet d'un procez qu'il
avoit contre Mylord Mohun,
qui produisit un tesmoin
sur une des choses
qui estoient en question,
que le Duc recusa
, parce
qu'il estoit de notorieré publique
que cet homme avoit
esté recusé plusieurs
fois, comme manquant de
memoire,& que par consequent
son tesmoignage
n'estoit point recevable.
MylordMohun dit là dessus
quelques paroles choquantes
au Duc, qui se contint
avec beaucoup de moderation.
Le vingt-sept le sieur
Macartney fut chez le Duc
d'Hamilton,
d'Hamilton, & l'attendit
fort long temps. Sitost qu'il
arriva illuy fie un appelde
la part de Mylord Mohun
pourse battre le lendemain
dans Hydepark à huit heures
dumatin. LeDuc dl-IlA
milton jugeant que c'estoit
une affaire de parti,& ccn'!
certéepar lesseditieux pe-jr
c hercher un prétexte de le
deshonorer
,
s'il refusoit le
désy, l'accepta, & se rendit
à t'heure marquée à IîydePdde
Le Duc prit pour
second le Colonel JohnHimilton,
Mylord Mohun se
trouva au lieu marque; il
avoit avec luy Macartney
qui luy servit de second.
Le Duc pouffa sonennemi
avec tant de vigueur,
qu'aprèsluy avoir porté
quelques coups, il le tua du
dernier, & tom ba en merme
temps sur luy n'ayant
receu que deux legeres
blesseures ; une au bras &
l'autre à la jambe. Le Colonel
John Hamilton mena
si vigoureusement Macartney
,
qu'il le desarma & le
força de lui demander
la vie. Le Colonel voyant
le Duc tombé, courut a luy
pour l'aider à se relever, il
mit les deux épées à terre;
dans ce moment Macartney
se saisitd'une, & porta
en traistre un coup mortel
au Duc d'Hamilton à la
mamelle droite
,
duquel il
mourut sîtostcju^it fut arrivé
à son carrosse. C'ell ce
que le Colonel Hamilton a
declaré après avoir obtenu
un sauf conduit pour se faire
porter devant le Conseil
;
ainsi les circonstances.
de cette action la rendent
encore plus odieuse.
Mylord Mohunne laisse
qu'une fille; le Duc d'Hamilton
laisse trois fils ôc
trois filles. On fait de
grands préparatifs pour
transporter son corps en
Ecosse
,
& l'enterrer dans
le tombeau de ses Ancestres.
La Maison d'Hamilton
est une des plus illustres
& des plus anciennes
d'Ecosse, dont l'aisné porte
le titre de Duc. La branche
aisnée a fini dans le
dix-septiéme siecle en la
personne du dernier Duc
d'Hamilton
,
qui perdit ta
vie dans. les. troubles d'Angleterre,&
quine laiffaqu'une
fille,mariéedepuis
auComte de Duglas, lequel
a pris le nom ôc lesarmes
d'Hamiltom Unseigneur
de ce nom souffrit la
mort en Ecossependantles
- guerres delaReligionl'an
i.4±4- Madame la Comtesse
de Gramont d'au jourd'huy
Elisabeth Hamilton,
Dame du Palais de la feuë
Reine Marie Therese d'Autriche
, Epouse du Roy
Louis LE GRAND,est..
sortie de cette illustre Maison.
Il y aaussi uneFamilk
du melme Nom establie
en Irlande.
Le Comte de Montalet
qui vient d'etre fait ln.-
feigne de Vaisseaux, estfils
de Monsieur le M irqlils de
Villebreuil ancien Officier,
que le Roy a attaché à Son
Aitrfle Serenissime Monseigneur
le Comte de Thouloufe.
Il est de l'ancienne
Maison du Marquis de
Monralet
, Baron d'Alais
en Languedoc, qui est une
de* plus illustres de cette
Province.
Monsieur AmelotMais
tre des Requestes, Intendant
du Commerce, a obtenu
du Roy la permission
de garder la Charge d'Intendant
du Commerce en
se defaisant de celle de
Maistre des Requestes en
faveur de Monsieur de
Chaillou son fils qui n'est
âgéque de vingt- trois ans
& demy
,
& qui exerce
avec distinction depuis quatre
annéeslaCharge d'Avocat
General aux Requestes
de l'Hostel. On vous a
si souvent parléde la Fa-
Il
mille de Monheur Amelot,
qu'il est inutile d'en rien
répéter.
La nouvelle édition des
Essais & Recherches de Mathématique
«Se de Physique
de N4. Parent l'augmentée
d'un troisiéme volume
)
&
d'un tiers au moins en chacun
des deux premiers, va
paroistré au commencement
de Janvier prochain,
elle se vendra chez M. de
Nully
, rue saint Jacques :.
& chez M Jombert Quay
des Augustins
DEVISES
pour les Jettons de
l'année 1713.
Faites par l'Académie
Royale des Inscriptions.
ThresorRoyal.
Un Fleuve sur les bords
duquel il y a d'un cossé
un Laurier, & de l'autre
cofté un Olivier avec ces
mots
Utramque fovet.
Il Les PartiesCasuelles.
Des Navires dans un
Port. '-
Hie[eeura q-uies.
L'Extraordinaire des
Guerres.
Le Centaure Nessus
blessé par Hercule.
Longum haud Utabitur fjojiis.
L'Ordinaire des Guerres,
oulaMaisonduRoy.
Des Elephants armez
en guerre.
Dantstragem quocumque
mncunt.
La Marine.
Des Tritons sur une
Nuë avec des Nids d'Al-
Clans.
Recreatspes latasereni.
Les Galeres.
Le Dieu Glaucus accompagné
des Nereides.
Novum exontur pelago
numen.
E P I T A P H E
d'un Levron qu'on
avoirerapefché de
croistre enluy faisant
boire de l'eaude vie. PajjrntReflechiff?urqui
vois cemonument,
Dis-moy?puisquel'amour
fut éternellement,
Pourquoy faut- ilquela
xJ nature eaù pointfait d'éternel
amant?
Un petit Chien dontfé~
crisl'aventure,
J'adis d'amourfut un brasier
ardent:
Maintenant,chose estrange
, il estfroid comme
glace,
Car il est mort: grand
bien luy faffe ,
Puisse-t'ilestreconfiellé,
C'est-à-dire bien installé
Audessus du Signe d'Hercule
y Dans le Ciel de la Canicule
:
Helas! combien de pleurs
Amarilhsversa.
Lejourfatalquiltrépassa
Elle auroitmoinspleuré
maint Amant Romanesque
,
Qui de bruslantdevient
glacé
Avantque dd''eestretrépassé.
Feu Levron, quoy quijju
deracegigantesque,
Fit voeu devivre nain 9fn
raison la voicy :
Levriers allonoez, sont
proprespour la chasse,
Maispres des Dames non,
* 1
Levrons en raccourcj, Nichez au coin du feu
tiennent bien moins de
place,
Cecy confideré, Leruron
voulut refer
Dans sapetite taille, en
pria Jupiter,
Jupiterl'exauça
,
biscuit
eS confiture
fiu lieu deJe tourner en
vdine nourriture,
Se convertissoient en amour.
Le Levron temeraire enfinpourfairecourt,
Sous le jupon desa mais
tresse,
Pour avoir plus chaudse
glissa
Sans serupule, elle Ij
laissa.
JI estoitsipetit ; heureuse
petitesse !
S'écria le Levron transporté
d'allegresse
0 Si ]efiois Levrier grand
comme mes ayeux,
Pourrois
- je impunement
promener ma tendresse
Sous ce dosmedelicieux ?
Que je my trouve bien.
Dieux!quelle architecture.
Pour la mieux contempler
Levron leve lesyeux
, De ce palais jupon la
voute estoit obscure,
Cependant il la prit pour
la voute des deux:
Mais la trouvant voûtée
Trophautpoursaportée,
Alors ilfut fasche d'estre
nési petitJe
l'ay voulu, dit-il, je
rioseplus m'enplaindre;
Ainsi voyant
les
Cieux &n) , pouvant atteindre,
Petit Levron mourut d'a-
- mour &de depit.
Si quelquepassants'interesse
jiu sort d'un amant raccourcy
Passant refiechijyJeur, conclus
de tout cecyy
Que grandeur en amour
vaut mieux quepetitesse.
ENIGME.
DEvant
moy tous les
joursun richeorguëil
estalle
Ce qui remplit si bien la
vanité des coeurs,
Cesuperbe appareil regale
Les jeux amoureux des
grandeurs;
Maisinsensibleauxvains
honneurs
Je me fais distinguer par
des marques royalles,
Et j'aymesme beaucoup
dejceursy
Quisont à mon exemple
intégres f5 loyales.
Moncorps bien qu'unpeu
delicat
y .A plus de cinquante parties
Admirablement assorties,
.DDoonnttjjeeppuuiiss d'une fseèuullee,
appaisèr un débat.
J'ay dans tous les pays
haute & basseJustice,
Et puis abolir par tout
Lafraudel'artifice.
Je juge sans beaucoup
1 d'éclat,
Adais on mestime àsi bon
titre
y Et mon bon jugement est
tel
Qujl ness presque point
de mortel
Quine me prenne pour
- arbitre.
L'on voit avec plaisirma
taille belle &jujtey
Et l'on mespriseroit mil
soeur
Si l'on ne luy trouvoit une
mesme hauteur
Millefois le jour on m'ajufie,
Je mets mesmetousjours
quelque chose de neuf,
Etsuis encet estat aussi
polj qu'un oeuf.
Je m'habilletantost de
[Oyt,
Tantost d'or e5 d'argent,
& tantost de coton.
Si l'onveutdeviner mon
nom
Que l'on confidere (jf l'on
vigie
Combien tous les jours on
envoyé
Par le monde d'ajuste-
, mens,
Quand ilschangeroient
de Provinces,
Et mesmequ'ils seroent
destinez pour les
Princes,
Ils porteroient par tout
mon nom ajjeunment,-
A VA NT U R E
Tragi-comique, écrite
par un Suisede So-
Imre.
CEsjours-cy dans nostreVille
Capitale,est mort
de chagrin un homme de
quatre-vingt huit ans,
voicy l'avanture qui lui
causa l'an passé un fond
de melancolie, où il n'a
pû resister, quoy qu'avec
l'âge on doiveavoir acquis
la force de l'esprit,
par
par habitude de surmonter
les chagrins, & sur
tout ceux de l'amour;
cest pourtant un chagrin
d'amour, qui joint à quatre-
vingt huit années, a
fait perdre patience
,,
Be
vie, àundes plus braves
Suisses de nos Cantons.
Voicyl'origine de ce
malheur.
Une Veuve François
estimée de tous nous autres
pour sa rare, bonne
conduite & vertu, avoit
chez elle quantité de gens
d'esprit
,
de l'un & de
l'autre sexe ,comme il en
est beaucoup chez nous.
quoi qu'en dire les sots
cette Veuve approchoit
vers les trente ans,c'est
jeunesse encore en nos
pays, non comme en
France; en effet cette
Veuvebrilloit tellement,
que personne ne
pouvoit s'empescher de.
l'aimer, & elle menageoit
tous ces amours là
pour faire revivre la fortune
, morte pour elle
avec feu son mary; entre
tous ceux qui l'aimoient
il n'en estoit que trois qui
eussent pour but le mariage
, & tous les autres
qui avoient des veuës je
ne sçay quelles, furent
congediez
, par cette
vertueuse Veuve.
Voici donc les trois restants.
Le premier c'estoit
un jeune homme fait à
peindre, &C d'un esprit
aimable plein de raison,
maisn'ayant point de
bien, non plus que la
Veuve; ilsavoient resolu
tous deux de ne se plus,
voir, tous les jours ilsse
disoient adieu pour jamais
, & le lendemain,
c'estoit à recommencer~
maisle second amant qui,
estoit nostre homme de.
quatre-vingt tant d'années
voulut un jour que.
leur adieu ne recomençast.
plus;& cela fut resolu.
fermement en sa presence,
car il estoit revesche.
& brutal, ce vieil amant
resta seul à la Veuve pendant
quelque temps, il
ne tenoitquasià rien qu'il
n'épousast, il n'attendoit
pourfaire la nopce que
quelqu'un de ses bons
jours où la goute & la
gravelle lui donnoient du
relasche, &. il lui venoit
presque tous les mois,
quelqu'un de ces bons.
jours où il souffoit;
moins , c'est ce qu'il attendoit
pour Ce donner la
consolation du mariage.
Un autre Vieillard, à
peu prés du mesme âge,4
mais qui ne pouvoit plus
marcher, & qui se faisoit
porter tous les jours dans
l'Egliseen chaise à gouteux
, y avoit veu cette
belle personne
,
& en devint
encore plus amoureux
que n'estoitl'autre,
celuy-cy voyoit quelquefois
le jeune hOlnlne, il
s'adressa à lui, le priant,
comme il connoissoit cete
Veuve,d'obtenir d'elle
qu'ill'allât visiter en chaise,
& qu'elle permit que
sa chaise entrait jusques
danssachambre,pourl'inconvenient
de ce qu'il
souffroit, & des cris qu'il
faisoit quand il l'enfalloit
tirer; cette proposition
fut accompagnée d'un
offre deviiilyt mille écus
d'abord à la Veuve, pour
souffrir l'incommodité de
cette visite, &C condition
offerte de luy livrer les
vingt mille écus francs,
si l'ayant veuë, il ne jugeoit
par convenable de
l'épouser, mais que sielle
luy convenoit., ilvouloit
au lieu des vingt mille
écus, lui donner tout Ton
bien par un contrat de
mariage.
Cette proposition rendit
attentif ce jeune
Amant,d'abord le desir
de se vanger du vieux
DONbrutal
qui l'avoitcbaftè
d'auprès de sa Maistresse
luy fit escouter , ce rivalcy,
& deplus, il vit un
avantage seur, pour celle
qu'il aimoit
)
il alla d'abord
luy faire la proposition
,
à quoy elle respondit
aprèsavoir un peu rêvé
: mon Dieu que de
Vieillards; à quoy repartit
lejeune,béc'est tant
mieux, jesouhaite que
celuy-cy vive long-temps
avec vous, maisenfin de
compte, vous JèreZj ricke:
la Veuve ne répondit
qu'en soupirant,elleregarda
le jeune hoxnnjc^
& après un silence fort
tendre elle dit seulement,
hé bien faites venir le
Gouteuxenchaise.
Le jeune Amant fut
trouver le Gouteuxqu'il
réjouir fort par la bonne
nouvelle, laVeuve avoit
dit à sa servante un"i- que,
de faire monter une chaise
qui viendroit lavoir
cette aprèsmidy. Notez
que l'autre vieux Amant
n'estoit point venu depuis
quelques jours,retenu
au lit par gotfte&C
gravelle; maiss'enennuyant
,
il se fit, empaqueter
chaudement dans
une chaise
,
& porter
chez samaistresse qui le
sçavoit au lit, &voulant
la surprendre agréablement
parcettevisite inopinée
fitouvrirla porté
d'en bas. dont il avoit le
passe-par-tout
,
& sans
estre veu dela servante
qui estoit dans sa chambre
en haut, il entra tout
brandi jusqu'auprés du
feu de la Veuve où elle
revassoit aux vingt mille
écus de l'autre gouteux.
-
Dans sa surprise la
Veuve (e levé en sursaut
de son fauteuil, & fait
des compliments à celuicy
tels qu'elle les croyoit
faire à l'autre, jusqu'à ce
que s'appercevant de sa
mpric, elle se troubla.
Le bonhomme brutal aurait
pris ce compliment
pour resverie, ayant veu
en entrant la Veuve comme
endormie prés de son
feu. Mais le second gouteux
dans la féconde chaise
suivoit de prés, ayant
trouvé la porte ouverte, ses porteurs en quatre enjambéesl'eurenttransporté
dans la chambre. Enfin
les deux chaises se
trouverent placées aux.
costez dela cheminée, &c
---.k Veuve au milieu, les
porteurs évadez elle resta
entre ces deux vieillards.
Lorsaussi embarasséeque
le fut jadis Susanne, le premierprétendant
brutal Se
emporté commença la
querelle, comme il n'avoit
que la langue de libre
aussi s'en servit
-
il de
merveilles, Se conclut
par des reproches, accusant
la Veuve d'inconstance
& d'ingratitude,
envers un amant premier
en date,dont elle trahiffoit
l'amour. Il n'est point
tquçftion
,
reprit l'autre,
qui estoitpluscensé,ny
d'amour, ny de primauté
en date,ny d'inconstance,
avec de vieux gouteux
comme nous, & vous
,
avez tort de mettre vostre
amour en ligne de
comptesiln'y a qu'une
chose à sçavoir, & qu'un
mot qui serve 3 j'apporte
vingt mille escus pour
ma premiere visite ,en
avez vous là trente? elle
vous preferera, & je ne
m'en plaindray point,
qu'elle me
-
congedie.
L'autre ne répondit à cela
qu'en appellant ses porteurs
)
ôc menaçant furieusementsonrival,
&l
jurant qu'il auroit de ses
nouvelles avant le soir.
On le remporta, Se l'autre
après une visite trés
longue, promit d'époufer
le lcpdenlain, mais
en arrivant chez luy le
[air, il trouva un billet
du brutal, qui luy escrivoit
que la rage l'avoit
gueri de la goute, &C
qu'il avoit des pieds pour
aller hors les portes de la
Ville, &C une main pour
se battre,& qu'il ne manquait
pas de sy trouver
dés la pointe du jour:
celuy-cy luy manda qu'il
n'avoir qu'une main, &
point de jambes
,
mais
qu'il vint le voir, ou qu'il
l'attendist chez luy, &C
qu'ils conviendraient de.
la forme du combat, l'autre
y vint une heure aprés.
Le plus raisonnable des
deux dit au brutal que
n'étant point en estat de
tirer l'espée ,ilne doutoit
point qu'il ne consentist
à se battre au pistolet.
Ils convinrent pour cela
que sous prétexte d'aller
prendre l'air,ils se feroient
porter l'un & l'autre
dans une maison de
campagne fort proche de
la Ville, & qu'ils emprunterent
à un de leurs
amis sans luy dire pourquoy
; ils se firent dresser
deux lits dans la mesme
chambre,& après y avoir
couché la premiere nuit
fort tranquilles, ils foupercnt
le soir ensemble
,
se
firent coucher par leurs
valets qui se retirerent ensuite
, &C le lendemain htost
que le jour fut assez
grand pour ce qu'ils
avoient à faire, ils s'accommoderent
& se cantonnerent
chacun sur son
lit ,& tinrent chacun
deux pistolets en évidence,
à condition de les tirer
alternativement. Ce
fut une cérémonie un peu
longue à qui tireroit le
premier, le brutal commença&
manqua le premier
coup, l'autre tira cC
manqua aussi le lien,
maisle brutal recommença
& perça la poitrine à
l'autre; alors voyant celuy
cy qui estoit fort mal,
illuy dit: tu ne feras plus
en estat de me disputer
ma belle Veuve. Ce dernier
mot redoublant la jalousie
du blessé,il tire (on
second coup, qui blessa
l'autreau bras, pendant
ce combat les valets accoururent
aux coups, &
le brutal bravant tousjours
l'autre sur ce qu'il
auroit la Veuve; celuycy
demanda une plume
& de l'ancre; & pendant
qu'on alloit quérir du secoursil
écrivit quelques
lignes & fit cacheter le
billet par un valet affidé,
à qui il recommanda de
le donnerà la Veuve. Le
brutal cependant continuoit
ses bravades, vous
faites bien luy dit-il, de
luy escrire un tendre
adieu, car je la possederay
bien-tost. Une heure
aprés
,
le blessé à mort
mourut, les valets cacherent
ce duel, ils estoient
seuls dans la maison, on
emporta le brutal chez
luy,& on fit croire que
l'autre s'estoit tué luymesme.
Quelques jours après
la Veuveayant receu le
billet, & le jeune homme
l'estantallé trouver pour
se plaindre avec elle de ce
que le riche vieillard la
devant espouser le lendemain
,
estoit mort trop
tost de quelques jours, le
brutal victorieux se fit
porter chez elle, estant
beaucoup mieux & se
voyant en estat de jouïr
du fruit de sa victoire ; en
arrivant il fulmina d'abord
contre la Veuve &c
contre le jeune homme
à qui la jalousie luy fit
dire mille injures, mais
la Veuveluirépondit
tranquillement qu'ilavoit
eu tort d'insulter celuy
qu'il avoit tué, &quele
mourant justement irrité
avoit
avoit voulu du moins en
expirant luy oster les
moyens de triompher de
lui après sa mort en possedant
sa maistresse, &C
qu'illui avoit envoyé un
billet qui estoit un testament
par lequel il lui laissoit
tout son bien, à elle
Se au jeune homme,à
condition qu'ils s'espouferoient,
& qu'ainsi il
n'avoir qu'à se faire reporter
chez lui. Jugez
qu'elle fut la rage de nostre
brutal, elle finit par
un appel à coup de pistolet
qu'il fit au jeune hom- -
me,quiluidit qu'il lui
prefteroit volontiers le
colet l'espée à la main.
Levieuxappellants'écria
qu'iln'estoit pas en estat
de mettre l'espée à la
main, ne pouvant se tenir
sur les jambes, Se que la
partie n'estoit pas esgale;
puisque - vous voulez de
l'égalité répliqua la jeune
homme, attendez donc
que j'aye quatre-vingt
ans, & les goutes , car de
risquer à présent ma vie
contre la vostre
3 ce seroit
joiier trente contre un.
RECEPTION
faite à Monsieur le
le Duc, à son arrivée
aux Estats de Bourgogne.
LE dix huitiéme Novembre
Monsieur le Duc arriva
à Dijon pour prendre
possession de son Gouverxicmenc
de la Bourgogne,
& pour tenir les Estats de
la Province. Il y eut à son
entrée deux mille hommes
fous les armes, il fut harangué
par Monsieur l'Evesque
d'Autun à la teste
du Clergé, & comme estant
Président né des Estats,
par Monsieur le Président
de Magieu à la teste du Parlement,
en l'absence de
Monsieur Bouchu premier
Président
, par Monsieur
Rigolet premier Président
de la Chambre des Comptes,
&parMonsieur dela
Botte Maire perpetuel de
Dijon. Pendant le sejour
que S. A. S. a fait en cette
ville jusqu'au quinze de ce
mois de Décembre qu'Elle
en est partie. Il y aeu plusieursbals
& plusieurs repas
magnifiques chez Moniieur
l'Intendant, & à l'Hostel
de Ville, jeux, concerts
& Comedies & l'on
n'a rien negligé pour diverrir
le Prince qui a paru
tres satisfait.
M 0 R T S.
LA mort enleva le Samedy
dixseptiéme Décembre
1712. Monsieur de Lasteyras
Capitaine Gouverneur
du Palais & Maison Royalle
de saint Cloud, qui avoit
l'honneur d'estre estime
du Roy,aimé de Monsieur
,ôc consideré de Monsieur,
le Duc dOrléans, à
cause de son zele, de son
desinteressement & de sa
vertu, il avoit soixante &
sept ans. Il est mort d'une
blessureà lachasse,où deux
grains de plomb ramez qui
s'écarterent, le frapperent
dans le ventre quoy qu'esloigne
de plus de cent pas.
SonAltesse Royalle agréa
aussi-tost que le fils du deffunt
profitast de la survivance
accordée en 1706.
Messire Maximilien Pierre-
François.Nicolas, de
Bethune
,
Duc de Sully,
Pair de France, Prince
Souverain d'Enrichemont.
& de Boisbelle, Marquis
de Conty, Comte de Gien,
Vicomte de Meaux, Breteüil,
&c. Gouverneur des
Villes & Chasteaux de Gien
& Mantes, Lieutenant General
du pays Vexin, mourut
le vingt - quatre Decembre
1712. âgédequarante-
huit ans sans 1ai(Ter
de posteritéde Dame Magdelaine
Armande du Camboust,
fille de feu Messire
Armand du Cambouft Duc
de Coislin. - -
Parfa mort Messire Maximilien
Henry deBethune
son Frere
, connu fous
le nom de Chevalier de
Sully devient Duc de
Sully, Pair de France.
-
-
DON
DON DV ROY.
LERoyadonné le Gouvernement
de Guyenne vacant
par la mort de Monsieur
le Duc de Chevreu-
Ce, à Monsieur le Comte
d'Eu,second fils de Monsieur
le Duc du Maine.
LIVRE NOUVEAU.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach
pour l'année 1712. contenant,
par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables,
arrivez dans tous les Estats
& Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;,
Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année ,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage
ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers
, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées
faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées
aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées
; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin
tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir,
& on éprouve tous
les jours dans la conversation
, que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens
soient encore
presentes à l'idée,on ne
peut cependant que tresrarement
citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public
que l'on luy donnera
tous les six mois un volume
de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens
, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera
un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance
si agréable de l'histoire
,
dont on veut toujours
estre instruit
,
qui échape
si souvent de la memoire,
c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud-Homme,
Libraire,en la grande salle
duEalais ,à la Bonne-
Foy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe, à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde
vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecciinnqqffooIslsrerleiélieenevneavue.
au.
Le 22. Decembre le sieur
Danchet futrecuà laplace
vacante dans l'Académie
Françoise
, par le deceds
de l'Abbé Talmant
il fit , un tres beau discours,
auquel l'Abbé Regnier
Des Marais, Secretaire perpetuel
répondit avec beaucoup
d'éloquence.
LeDuc d'Aumont partit
le 17. Decembre pouraller
en Angleterre.
Le sieur Prior, Plenipotentiaire
d'Angleterre en
arrivé depuis quelques
jours.
Onmande deLuneville
que le 12 Décembre la
Duchesse de Lorraine estoit
accouchée d'un fils.
PARODIE
de l'Enigme dont le
motest rEcriveflè.
ParMadame de Luf.
L'Ecrevissen'estpoint de
nature à medire
Dans son humeurnoire
pourtant
Sournoise ellepince sans
rire.
Et ne marche qu'en Je
courbant
lJans des trous sans manger,
toutl'hiversejournant
A ce que nous dit Remon
Lule
Et ness-cc pas garderfèbrementsa
cellule.
C'estfaire leCaresmeavec
sobriete,
D'autantplus quelle vit
de poisson tout ¡'Ejlé.
Safigure en tout tempsest
affeZj ridicule
Dufeu qui sur son coeur
agit,
Parce qu'on l'aime elle
rougit,
Car ceux qui l'aiment la
fontcuire,
Et l'astre 1',./au ciel on
voitluire
Estant le principedduuffeeuu,,
EEnnoepféirdoalgcogguuees
,
Ne peut-on p-f,aissdaiirt-ee par
Jet!,
Qu'en unmois del'étéfort
procheduSolstice,
Le principe du feu loge
cf.,cz, l'Ecrevisse,
ENIGME.
J Esuis tantost Guillaume
y
& tantostMadagdelaine
Etje ne fuis pourtant ny
fille ny garçon,
Aux Dames quelquefois
je donne la migraine
Quelquefois auxvieillards
, je cause lefrisson
Je parle oeJfeZj souvent
pour qui ne ri/entendpas.
Et plus souvent à qui ne
voudrait pas m'entendre.
Je ne marche que Jur mes
bras,
CJest par le col qu'il me
fautprendre -
Quand on me veutfaire
chanter,
En parlant aux gourmands,
jescais les contenter.
Qucy que j'en desespere
aucuns quisonta table,
Etj'ay le talent admirable
De donner quelquefois des
conseils tres prudents,
Sans avoirraison ny bon
sens.
EN VOY.
par Madle Timide.
JE crains de ressembler
en certaines chosès
, parce
que je luy ressemble en
d'autrés, l'Ecrevisse pince
sasnsrire, moyj'aime
à rire sans pincer.Je
quitte mon humeur notre
comme l'Ecrervisse pour
ceux qui m'aiment de
bonne amitié, mais ainsi
que l'Ecrevisse
,
je recule
quand on me veut atrapper
l'Ecrevisserougitdu
feu quelle sent
y
ÇJ3 moy
je rougis dufeu que l'on
sent pour moy , car pour
parleren Pedagogue
, en
*
,go
Astrologue, j'aime mieux
loger dans la maison de
la Vierge que dans celle
de l'Ecrevisse & jamais
le principe du jeu ne
logera dansmoncoeur.
PARODIE
de la 2. Enigme dont le
mot est les Chenets.
Par Monsieur rulcain.
CHenets sont deux jumeaux
de pareille
grandeur
Assis aux deux coflez, d'une
maistresse,
Nous brûlons d'une mesme
ardeur,
Quand l'Epoux Doritie
estcausequ'onsempresse,
De
De venirpartager le beau
feu qui nous presse.
Plus ilfait chaud &
plus nous anj;ms de
froideur,
Plusilfait froid &plus
no)s11trefaÎ ce esItÎ terme.
Et si le Ciel tousjours
exerçoit sa rigueur
On nous verroit tousjours
en bonne compagnie.
A propos d'Enigmes, il
m'est tombé entre les mains
un Fragment de traduction
Arabe, qui dit que l'inventeur
des Enigmes en Orient,
futAlkalid ne l'an 100. de
J'Egire
,
& more à Botra
l'an 170. par la connoissance
de la Poësie & des nombres
,
il inventa plusieurs
regles de la versification
, & de la mesure des vers.
Il en forma les parties en
5 cercles. dont il tira 15
especes de vers. Il scandoit
continuellement ces vers,
& son fils l'estant venu voir
un jour, & l'ayant surpris
en cette exercice, dit en
sortant queson pere estoit
fou. Cela futrapporte à Alkalid
qui répondit comme
si son fils eurt elle present:
si tuscavois mon fils ce que
tu dis, tu m'excuserois, tu
m'a blamé parce que tu es
ignorant, jet'excuse parce
que tu es ignorant. Alkalid
, amoureux d'une fervante
la poursuivoit, elle
se sauva dans un Temple.
Il la suivit jusques dans ce
Temple encomposantces
vers sur elle.*-
Taj arrangé des nombres qui
par leur harmonie, devoient mener
une servante à l'amour
du grand chanteur de l'amour.
Occupé de cette pensée &
ne prenant pas garde à ce
qui estoit devant ses yeux, il se cassa la teste contre un
pillier
, & en mourut. Il
expira en scandant les vers
qu'il avoit fait contre la
servante. On se persuadera
mal aisément que tant de
Poësie pust habiter dans le
mesme cerveau avec tant
de sagesse. Cependant Al-
Kalid estoit un parfait Poëte
, & un parfait Philosophe.
Soliman Gouverneur
de la Perse, qui luy faisoit
une pension
,
luy écrivit
un jour de le venir trouver.
Alkalid luy. répondit en
Tfyy Soliman croit que jesuis
riche & dans l'abondance par
ses biensfaits mais je n'ay
point d'argent. Je vis ainsipour
conserver mon ame dégagé des
affections du monde parce que
je ne vois aucun riche dans le
mesme état. Que Soliman neanmoins
ne me croye pas pauvre , puisque la pauvreté & les richesses
sont dans l'ame. &
nondans l'argent. Soliman
qui n'entendoit point ce
-
sublime langage, & qui
vouloitun -courriran.) ÔC
non pas un Poëte, luy retrancha
sa pension. Alka.
lid répondit la dessus:»Ce
» que Soliman m'a oste-n'a-
»joute rien à ses richesses
'»& n'augmente point ma
je
pauvreté. Soliman honteux
de ce qu'il avoit fait,
rétablit la pension d'Alicalid
,
qui luy écrivit après
J le malheur vient des étoiles
mais l'admirationvient
de Soliman.
Dagbal fameux Poëte latyrique
, avoit coutume de
dire il y a 50.ans que je
porte une potence sur les
épaules; j'ay tourné de tous
costez afin qu'on m'y pende
, & je ne trouve personne
qui le veuille faire.Ayant
fait une Satire sanglante
contre le Prince Ibraim
,
parent duKalite Almamo.
cen, qui commence par ces
vers cc
Ibraim a paru dans
l'Heraque, & tous les
et
gueux & les fous acconr«
rent àluy de tous cost zr-
Ibraim alla demander julliceauKalife,
de l'insolence
de Dagbal. Almamocen
sans s'émouvoir luy demanda,
qu'a-t- il dit contre vous?
Ibraïin ayant recité au Kalife
les vers les plus insolens
de la Satyre, écoutés
,
lui
ditAlmamocen,les vers que
voicy il recica une douzaine
de vers sanglans que
Dagbal avoit fait contre
luy,&aprés les avoir recitez,
ildit, Dieu maudisseDagbal,&
punisse l'insolence
qu'il a eu d'attaquer aulIi
celuy qui eil: né dans le
Saint Kalifat.
Nouvelles d'Allemagne,
La commissiond'Administrateur
de la Baviere a été
donnée au Comte de Sraremberg
àla placeduPrince
de Lewenltein qui exerce à
present celle de premier
Commissaired'Autriche à
laDiette de Ransbonne.
L'Abbé de Kempten a été
fAait PurésildeintqduuCoense.il
On a envoyé des ordres
dans les Pays hereditdires
)
pour travailler aux revues,
& aux remontes de toutes
les Troupes Austrichienncs,
afin qu'elles puissent semettreen
campagne de bonne
heure. Les Etats decesPaislaont
fait voit qu'illeurétoit
impossîble de payer les fommes
extraordinaires qu'on
leur demande, étant épuisez
par la longueur de la guerre.
L'Archiduc a envoyé un
decret à la Diète de Ratifbone
pour solliciter les Princes&
Erats de l'Empire de
payer leur contingent du
misiond'écus accordé l'année
dernière, que pluficurs
n'ontpointencore satisfait,
>8cde fournir quatre milions
d'écus pour la Caisse Militaire
, & les autres dépenses
de la Campagne prochaine
afinde poursuivre la guerre
avec vigueur.
Les Etats de la Basse Au
striche s'assemblérnt le 16.
Novembre en presence de
l'Archiduc. Le Chancelier
leur fit la demande d'un sub.
fide plus considerable qu'à
l'ordinaire, à quoi l'Archiduc
les exhorta par un discours,
leur faisant connoître
le besoinqu'il en avoir.
Le Maréchal des Etats répondit
qu'ilsferoient tous
les efforts possibles dans le
mauvais état ou ils étoient
réduits par une si longue &,.
si onereuse guerre. -
L'Archiduc a confirmé
sans aucun changement les
Conseillers du Conseil Aulique,
qui depuis la mort de
l'EmpereurJoseph, n'exerçoient
leurs charges que par
provision.
Les lettres de Conltantinople
du t. Octobre portent
que le Roy de Suede &
le Kan des Tartares, de
voient se rendre a Andrinople,
où le Grand Seigneur
doit allerpasser l'hyver fitôc
qu'il aura donné audience à
l'Ambassadeur de Moscovie,
quelesMinistres dela
Porte regardoient comme
une contravention formelle
au dernier traité, les délais
que lesMôlçovites apportent
pour sortir de Pologne
& de l'Ukraine, que l'Armée
:
Otthomane n'étoit pas encore
separée,&qu'il yavoin
toute apparence a une rupture
avec le Czar, qu'on
attendoit le retour de l'Aga
envoyéenPologne à l'arrivée
de l'Amb ssadeur de ce
Royaume, que les Suédois
assurent n'avoir point été
envoyé par la Republique.,
mais par le Roy Auguste
Nouvellesd'An
Le Comte de Scraffoni
doit partir incessamment
pour retourner à Ucrechî
& le Sieur Prior pour retourneren
France.
Un Courrierdépêché par
le Comte de Lexington, a
rapportéque le 5. du mois
pasle le Roy d Espagne avoir
Signé l'Acte par lequel il renonce
à la Couronne de
France, on a tenu sur ce sujet
un conseil de Cabinet,
auquel le Comte de Strafford
assista le 19.Novembre,
Le Pennipost qui est un
Messager à pied, portant des
lettres & des pacquers d'un
quartier de Londres à Tau»
tre, porta une boëte au
Comte d'Oxford Grand
Tresorier, dans le cems
qu'on le rasoit. Le Docteur
Sweft son ami quiétoit present
lui demanda la permit
bon de l'ouvrir, ilcoupa
une fisselle par le côté & y fie
une ouverture par laquelle
il apperçûtdeuxpistolets.
chargez, dont la détente
étoit attachée à la fisselle de
dessus, qui les auroit fait tirer
si on l'avoir coupée; on
y a trouvé aussi des cornets.
d'ecritoire chargez à balle,.
On ne sçait pas quelest l'au..
teur de cette entreprise.On,
a promis de grosses recompen
fesà ceux qui le découvriront.
• Le Vaisseau François le
Griffon qui avoit été pris &
conduit enAngleterre ayant
été relâché,ja Reine a accordé
au Commandantdeux
Vaisseaux de guerre pour
l'escorter jusquà ce qu'il soitenpleineMer.
On mande de Lisbone du
7. Novembre que le Major
General Pearce qui commande
les Troupes Angioises
y étoit arrivé le 6. après
avoir fait publier sur la frontiere
la Suspension d'Armes
conclue avec la France &
l'Espagne:que le peuple fatiguéde
la guerre attendoit
avec imparience le Traité
de Suspensîon conclu à
Ucrechentre ces deux Couronnes
& le Portugal, que
le Vice Amiral Baker devoit
faire voile au premier jour
avec son Escadre de neuf
Vaissêaux de guerre pour
retourner en Angleterre
Traite de Suspensionà'Armes
entre i. France (p* l'Aiu
gleterre*
Ommc il ya lieu d'er.
perere un heureux
succes des Conférences établies
à Urechr par les soins
de leurs M. T.Chrétienne
& Britannique pour lerérablissement
de la Paix generale
,
& quelles ont jugé
necessaire de prévenir tous
les évenemens de Guerre,capables
de troubler l'état ou.
la Négociation le trouve
prefentemenc ; - leurdités
Majestez,atrentives au bonheur
de la Chrétienté, font
convenues d'une Suspension
d'armes, comme du moyen
le plus sûrpourparvenir au
bien général qu'Elles se pro..
posent. Et quoique jusqua
present Sa Majesté Britannique
, n'ait pu persuader
ses Alliez d'entier dans ces
mêmes sentimens, le refus
qu'ils font de les suivre n'étant
pas uneraisonsuffisante
pour empêcher Sa Maje«
(té Trés-Chrétienne de marquer
par des preuves effecti-
,
ves, le désir qu'Elle a de rétablir
au plutôt une parfaite
amitié, & une sincere correspondance
entre Elle &la
Reine de la Grande Bretagne,
les Royaumes, Etats
&Sujetsdeleurs Majeftez.
Sadite-Majesté Trçs Chrétienne
après avoir confié aux
Troupes Angloises la garde
des Ville,Citadelle&Forts
de Dunkerque
, pour marque
de sa bonne foy, consent
& promet, comme la
Reine de la Grande Breta-
I gne promet aussi de sa parc.
I.
Qu'il y aura uneSuspension
generale de
- toutes eiv
treprises & faits d'Armes,
& generalement de tous
a£tes d'hostlitez entre les ,-
Armées, Troupes, FJotcs,
Escadres& Navires de leurs
Majestez Très-Chrétienne
& Britannique, pendant le
terme de quatre mois, à
commencer du vingt deuxième
du present mois
d'Aoust, jusqu'au vingtdeuxiéme
du mois de Decembre
prochain.
IL
LamêmeSuspension fera
établie entre les garnisons&
Gens de Guerre,que leursM.
tiennent pour la défense &
garde de leurs Places, dans
tous les Lieux où leurs Armes
agissent, ou peuvent
agir, tant par Terre que par
Mer, ou autres Eaux, en
forte que s'il arrivoit que
pendant le tems de la Suspension,
on y contrevint de
part ou d'autre, par la prise
d'une ou de plusieurs Places,
soit par attaque, surprise,
ou intelligence iccreie, en.
quelque endroit du monde
que ce fust, qu'on fist des
Prisonniers, ou quelques
autres Actesd'hostilité,par
quelque accident imprévû
dé la nature de ceuxqu'on
ne peut prévenir
,
contraires
à la presenteCessation
d'armes, cette contravention
se reparera de part &
d'autre, de bonne foy, sans
délay ni difficulté, icftituant
sans aucune diminution,
ce qui aura été pris, &
mettant les Prisonniers en
liberté,
liberté, sans demander aucune
chose pour leur rançon,
ni pourleur dépense.
III,
Pour prévenir pareillement
tous sujets de plaintes
& contractionsqui pourroient
naîstre à l'occasion
des' Vaisseaux, Marchandises,
puautreseffets qui sesto,
ient p, ris parM,er, penT -
dant le tems de laSuspension
voiv est convenu reciptoquehrerrr
qtiè;: lefdite
"yài-ffcauxV Marchandises &£
effets qui seroient pris dans
la Manche, & dans les Mers
du Nord, après l'espace de
douze jours, a compter depuis
la signature de la susdite
Suspension,seront de part
& d'autre restituez réciproquement.
Que le terme fera desix
semaines pour les prises faites
depuis la Manche, les
Mers Britanniques, & les
Mers du Nord, jusqu'au
CapSaint Vincent.
Et pareillement de six lèmaines,
depuis& au- delà de
~c Capjusqu'àlaLigne
>
foie
dans l'Ocean, soit dans la
Mer Méditerranée.
Enfin, de six mois au<
delà de la Ligne, & dans
tous les auttes endroits du
monde, sansaucuneexception
ni autre distinction
plus particulière de temps
& delieu.
IV.
Comme lamêmeSuspension
fera observée entre
les Royaumes de la Grande
Bretagne & d'Espagne; Sa
MajestéBritanniquepromet
qu'aucun de ses Navires de
Guerre ou Marchands, Barques
ou autres Bastimens appartenais
à Sa Majesté Britannique
ou àses Sujets, ne
feront desormais employez
à transporterou envoyer en
Portugal, en Catalogne, ni
dans aucun des lieux où la
Guerre se fait presentement
des Troupes, Chevaux, Armes,
Habits, lX en general
routes munitions de guerre
:&de bouche.
.< V.
: ',', Toutefois il sera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes,
des munitions de guerre
& de bouche, & autres
provisions dans les Places de
Gibraltar, & dePort-Mahon,
actuellement occupées
par ses Armes,&donc
la possessionluidoitdemeurer
par le Traitéde Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne les
Troupes Angloises , & gçneralement
tous les
e
ffets
qui luy appartiennent dans
ce Royaume, soit pour les
faire passer dans ilflcde Minorque
, soit pour les conduire
dans la Grande Bretagne,
sans que lefdics Transports
soient censez contraires
à la Suspension.
Vl.
La Reine de la Grande
Bretagne pourra pareillement
sans y contrevenir,
prêcer ses Vaisseaux pour
transporrer en Portugal les
Troupes de cette Nation
qui font actuellement en
Catalogne, & pour [rane.
porter en Italie les Troupes
Allemandes qui sont aussi
dans la même Province.
VIL
Immédiatement après que
le present Traire de Suspension
aura été déclaré en
Espagne, le Roy se fait
fort que le blocus de Gibraltar
fera levé, & que la Garnison
Angloise aussi- bien
que les Marchandsqui Ce
trouveront dans cette Place,
pourront en toute liberté
vivre, traiter & négocier
fLYcc les Espagnols.
,
VIII.
Les Ratifications du present.
Traité seront échangées
de part& d'autre dans
le terme de quinze jours,
pq plûtôt si fairese peut.
Enfoydequoy, &en
vertu des Ordres& pouvoirs
rqeuçeûdNuoRusoysTourésssi-gGnehzréatviocnns,
& delàl^èine delaGrande
Bretagne, nos1 Maître&
PMaprpaeoîssteeresnlsteseess,,a&'Svcyo^anausvx^loidgnénstéielfecs
stïc Armes,
Armes. Fait à Paris le dixneuviéme
Aoust mil sept
cens douze.
(L.S.)COLBERT DE
TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE
PROCLAMATION
Du Traitéde Suspensiond'Armes
avec la France 0-
l'Angleterre.
o
N fait à sçavoir à
tous qu'il appartiendra,
qu'il y a Suspension
d'Armes générâtes de tous
actes d'hostilité, tant par
Terre que par Mer, entre
Très-Haut, Très Puissant,
& Très- Excellent Prince
LOUIS, par la grace de
Dieu, Roy de France& de
Navarre, nôtre Souverain
Seigneur: Et Tres Haute,
TrèsPuissante & Tres. Excellente
PrincesseANNE,
Reine de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux
,
Sujets,
Serviteurs, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres&
Seigneuries de leur obéïssance,
pendant le temps de
quatre mois, à commencer
du vingt- deuxième jour du
present mois d'Aoust, &
finissant le vingt-deuxiéme
du mois de Decembre prochain.
Pendant lequel temps
de quatre mois, ilest défendu
aux Sujets de Sa Majesté,
de quelque qualité & condition
qu'ils soient, d'exercer
contre ceux dela Reine
de la Grande Bretagne, aucun
ac*e d'hostilitépar Terre,
par Mer, sur les Rivieres,
ou autres Eaux, & de
leur causer aucun préjudice
ni dommage, à peine d'être
punis fevercmenc, comme
pertubateurs du repos public.
Fait à Foncainebleau
le vingt-uniéme Aout mil
sept cens douze.
SIGTC, LOUIS.
Etplus bas:
COLBERT.
ARTICLE
A¿j/.oûAt.é.*au TTr:a.ité d-,esSu,fsip. ension
d'Armes entre la France
O* l'Angleterre. Comme il estporté
par l'ArticleIII. du
Traité de Suspension d'Armes,
que les Vaisseaux,Marchandises,
ou autres effets
qui feroient pris de part &
d'autre par Mer au-delà de
la Ligne, & dans tous les
autres endroits du monde,
&c.suivant la derniere clause
dudit Article, aprés l'expiration
de six mois, seront
reciproquement restituez.
Pour prévenir tout équivoque
& tout embarras qui
pourroient naistre, & toutes
les difficultez qu'on pourroit
former sur le fondement
que la Suspensionn'étant
que de quatre mois,
les Prises qui seront faites
dans lesdits endroits au bout
de sixmois, feront bonnes:
Il a été convenu quesi malheureusement,
ce qu'à Dieu
, ne plaise, la Guerre rccoramençoit
encore entre leurs
Majestez Tres
-
Chrétienne
& Britannique
,
la même
Suspension de quatre mois
fera observée au-delà de la
'L,Ligignnee,&danslesautres en-
, & dans les autres cndroits
marquez en gcneral
par la derniere claufc de rArticle111. en forte que
ladite Suspensioncommencera
dans ces mêmes endroits
le vingt deux Février
1713. pour estre observée
jusques au vingt-deux Juin
de la même année 1713.
quoiqu'il arrive en Europe,
& les Ratifications de ce pre-l
sent Article seront échan-J
gées de part & d'autre dans:
le terme de quinze jours
ou ptûtôt s'il ca pofliblc.!
Fait à
-
Fontainebleau le
vingt quatre Aoust milfcpt
cens douze.
( L. S.)COLBERT DE
TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE.
PROROGATION
1 Il
De la Suspension d'Armes en.
tre la France & l*Angle-*
terre. cOmme un Traité Je
Suspension d'Armes
tant par Terre que par Mer»
ou autres Eaux a été fait
entre leurs Majestez Tres-
Chrétienne & Britannique
1 & signé à Paris le dix-neuf
d'Aoust 1712 pour leterme
de quatre mois, à commencer
le vingt- deuxiéme
dudic mois d'Aoust: Et
comme ladite Suspension
expirera le vingt-déuxiéme
jour de ce present mois de
Decembre, nouveau Rylet
leursMajestez le Roy Tres-
Chrétien, & la Reine de la
Grande Bretagne, étant du
même sentiment qu'elles
étoient alors, & ayant les
mêmes vûës pour le bonheur
de la Chrétienté, ont
,jugé necessaire de prévenir
tous les évenemens de la
Guerre, capables de troubler
les mesures qui ont été
prises pour parvenir au bien
général qu'Elles se proposent
: Et pour ces raisons&
aauuttrreess), oonnttaaggrreéee&r.ccoonnflcenn.-.
ti, comme elles agréent&
confcntent par ces Presentes,
de prolonger&continuer
ladite surpension d'Armes
pour le terme de quatre
mois, à commencer dudic
vingt- deuxieme de ce present
mois de Dccembrenouveaustyle,&
à durerjusqu'au
vingt-deuxième dumoisd'Avril
de l'an 1713. nouveau
style
, en forte que ledit
Traité de Suspension d'Armesconclu
à Paris le jour
susdit, fera continué&prolongéen
toutes manieres ;
sans aucune interruption ou
obstruction pour le terme
fus mentionne, comme s'il
étoitrenouvellé & inseré ici
de mot à mot.
En foy de quoi Nous
avons figné les Presentes,
& y avons apposé les sceaux
de nos Armes. Fait à Verfailles
le quatorziémeDécembre,
& à Londres le2 6. -
Novembre 7 Décembre
mil sept cens douze.
(L.S.) COLBERT DE
TORCY.
(L.S.)BOLINGBROKE.
PROCLAMATION
De la Prorogation de la Suspension
d'Armes entre la
France & l'Anglerre.
DE PAR LE Roy. ON faità sçavoiràtous
qu'il - appartiendra,
que la Suipenhon d'Armes
accordée levingt-deuxième
du mois d'Aoust
dernier, entre Tres-Haut,
Très- Excellent, & Tres-
Puissant Prince, LOUIS,
par la grâce de Dieu, Roy
de France & de Navarre,
nôtre Souverain Seigneur:
Et Tres-Haute, Tres- Excellente
& Tres-Puissante
Princesse,ANNE, Reine
de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux, Sujets, Serviteurs
, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres
& Seigneuries de leut
obéïssance, pour durer pendant
le temps de quatre
mois,commençant le vingtdeuxiéme
jour dudit mois
dJAoull:1dCrJuer, & finissant
le vingt deuxiéme du
present mois de Décembre,
aétéprorogée & ccoonnttlinnuueé~e
pour l'espace de quatre autres
mois,commençant ledir
jour vingt-deuxième du
prefenc mois de Décembre,
& hntÍfaot le vingt deuxiéme
Avril prochain 1713.
Pendant lequel temps il est
défendu aux Sujets de Sa
Majesté de quelque qualité
& condition qu'ils soient,
d'exercer eontre ceux de la
Reine de la Grande Bretagne,
aucun Acted'hostilité
par
par Terre, par Mer, sur
les Rivieres ou autres Eaux,
& de leurcauser aucun préjudice
ni dommage, à peine
d'estrepunissévérement
comme pertubateurs du repos
public. Et afin que personne
n'en prérende cause
d'ignorance
,
ordonne Sa
Majesté que la Presente sera
lûë, publiée & affichée
par tout ou besoin fera.
Fait à Versailles le quinziéme
Décembre 1711.
Signé, LOUIS.
Et plus bas:
,. COLBERT.
SUPPLEMENT
1
Aux nouvellles d'Espagne&
d'Hollande. LEs Lettres d'Estramadure
-
pottent, que
l'armée s'est separée pour
entreren quartier d'hyver,
& qu'un détachement de
Cavalerieétantalléen course
avoit rencontré un convoy
de vivres & d'autres
provisions, du côté d'Olivença,
ouil alloit, l'attaqua,
en ruina la plus grande partie,
poursuivitl'escorte jusqu'aux
barrieres de la Place,
& fit plusieurs prisonniers,
& prit plusieurs chevaux,
& les Timbales du Régiment
d'Olivença.
On mande deCatalogne
que l'armée s'étoitseparée
le 19. Novembre pouraller
prendre des quartiers
d'hyver dans le Comté de
Ribagorça en Arragon &
dans le Royaume de Valence.
Le Roy ayant eu avis
par un Courrier exprés que
le Maréchal de Berwick
avoir été nommé par le Roy
de France, pour commander
une armée qui s'assembloit
dans le Roussillon,
pour encrer en Catalogne
vers le ij. de ce mois; le
Roy a envoyé ordre à l'armée
de se rassembler, de
rentrer en Catalogne & d'y
penetrer le plus avantqu'il
feroit possible tandis que le
Maréchal de Berwick s'avanceroit
de son côté dans
le Lampourdan.
Les Gardes du Corps
qui sont en quartier à Talavera
de la Reina sur le Tage,
ont eu ordre de marcher
vers la Catalogne au
nombre de deux ou trois
mille Chevaux.
Les Lettres de Montpellier
du 6. Décembre
portent, que le Maréchal
Duc de Berwick y étoitarrivé,
& les Troupes du Dauphiné
au nombre de trente
neuf Bataillons & quarante
un Escadrons qui devoient
le lendemain continuer leur
marche vers le Roussillon,
.& vers la Catalogne.
Il y a plusieurs Officiers
Generaux, entre autres les
Sieurs de Silly,de Cadrieux,
d'Arennes, de Dillon, & de
Broglio.
On écrit de Perpignan
du 11. queleMaréchal Duc
de Berwick y étoit arrivé
& qu'il faisoit toutes les
dispositions necessaires pour
faire marcher l'arméeaussitôt
qu'il auroitété joint par
les Troupes du Dauphiné
qui ne pourroient arriver
quequelques jours avant les
Festes de Noel.
Les Lettres des environs
de Gironne du 7. portent
que le General Saremberg
étoit arrivé au blocus.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on tient souvent
des Conferences à la
Haycentre lesMinistresdes
Alliez, qui conferent aussi
avec le Comte deStrafford,
qui doit partir incessamment
pour se rendre à
Utrechr. Les Lettres d'Utrecht
assurent que le Com- te de Strafford y est arrivé
le 15. Decembreoù ltE..
vêque deBristol &ce Comte
ont eu plusieursConferences
avec les Plenipotentiaires
des deux Partis, que
le Comte de Strafford partic
d'Utrechtle18oùilnctoit
point encore revenu le
20. sans que l'on sçache
quelle route il a prise;son ne
sçaitpoint encore quand les
Conferences generales commenceront
àUtrecht, quoique
le Comte de Strafford
ait comumuniqué les Propositions
dontil étoit charge,
ily a toute apparence
qu'on attend le retour des
Courriers envoyez par les
Plenipotentiaires des Alliez
avant que de les rendre pi^
bliques.
Suite des Nouvelles
d'Angletette.
LA Reine a nommé le
Duc de Shrewfbury pour
alleren France à la place
du feu Duc d'Hamilton.
Ce Seigneur revint le six
Décembre de Windsor
,
il
ordonna à ses Domestiques
de se tenir prests à partir
dans douze ou quinze jours
au plus tard.
Le Marquis de Carmarthen
fils du nouveau Duc
de Léeds, épousela fille du
Comte d'Oxfort, Grand
Thresorier.
Le 5. De0cembreMylord
Marlborough partit de
Londres pour aller s'embarquer
àDouvres&passer
à Ostende.
On a publiéune proclamation
Dier laquelle on prometcinq
cent livres sterlin
de recom pense à ceux qui
livreront le General Ma-
Kartney entre lesmjinsde
la justice. Le Colonel Hamilton
qui est venu se presenter
volontairement
,
à
esté envoyé à la prison de1
Newgate, pour estre jugé
à la Jprochaine Session de
LoldBailly. Deux porteurs
de chaires avant declaré
qu'ils avoient portéle sieur
Macartenay deguisé en femme chez le Douc deRichemond
; on y envoya
quelques Huissiers
,
soutenus
par un détachement
des Gardes
,
maison ne l'y
trouva pas. La Duchesse
d'Hamilton a fait publier
qu'elledonneroit trois cens
livres sterlin, outre les cinq
cens que la Reine a promises
à ceux qui livreront le
Lieutenant General Macartenay
entre les mains
de la Justice: mais quelque
recherche qu'on ait faite
on n'a pu jusqu'à present le
trouver.
On attend à la Cour
d'Angleterre le Prince Ragotzi
:il vient prier la Reine
d'employer fès bons
offices pour faire inserer
dans le Traité de Paix qu'il
fera restabli dans la paisible
possession de ses biens. Le
bruit court qu'il passera en
France pour le mesme sujet.
Le Marquis de Monteleonarrivaà
Londres le seize
Décembre avec plusieurs
seigneurs Espagnols. Le
ifcur Lewis premier Commis
de Mylord Darmouch
Secretaire d'Estat
,
fut le
recevoir à deux mille de
Londres avec un carosse à
six chevaux de la Reine , & l'a conduit chez ce Mylord
, où ilaesté complimenté
par les seigneurs du
Conseil
, avec lesquels il
a esté magnifiquement
traité.
Le Comte d'Arran frere
du Duc d'Ormond, alla à Windsor pour remercier la
Reine de la Charge de
Grand Maistre d'Artillerie
d'Irlande que Sa Majesté
lui a donnée.
Le Comte d'Oxfort
Grand Thresorier
,
le Vicomte
deBullingbrookSecretaire
d'Estat, & plusieurs
autres qui ont des Emplois
à la Cour
,
allerent à la'
Cour du Ban du Roy où.
ils presterent les sermens
portez par les Loix.
Le Colonel Hamilton
qui est prisonnier à Newgate
est tres souvent vifué*
par ses amis & par ses Avocats,
il doit estre jugé à la
premiere Sessionde la Cour
de Lold Bailly qui se tiendra
le vingt-cinq. Les tesmoins
ont esté citez pour
y comparoistre.
10
Chan/on. Etrennes à Climenne2O.
Lettres a Al. le Marquis de..
sur un Livre intitulé, les
Soupirs de l'Europpe. 25
Balladefur les Sotes. 71
Envoy. 74
Dissertation Académique 3sur
les Miroirs ardens. 75
Lettres de Genes. Evénement
singulier, d'une mort arrivée
au mois de Juin 1712,.
5>7
A Afademoifelle C. Stances
irregulieres. m
Livre nouveau. 12.8
Avertijjement du Livre qui a
ptourr tiétre Lea N.oHuvell9eAs- La teste d'Asne, Conte. 13j
Entrée de M. le Chevalier de
la Vieuvdle, Ambajjadeur
de Ma/the. 1;9
Creation d'Officier de Marine.
154
Nomination de quatre - vingt
cinq, Chevaliers de l'Ordre
Âd.litdire de S. Louis. 157 DonduR,oy.158
Detail de la mort dIt Duc
d'Hamilton. 119
Devisès pour les Jettons de
l'anncc1-713. faites par
l'Academie Royale des Inf.
criptions. 169
Epitaphe d'un JLevron qu'on
avoitempefbe de croiflre
en luyfaisantboirede t'eau.
Edneviieg. me.17I972,
Avantliretragi-comique, écrite'
par un Suiffe de Soleure. 184
Receprionfaite à M. le Duc,
a son arrivée aux Eflats de
Bourgogne.m
Morts. 114.'
Nouvelles d*Ailmagne.241
Nouvelles etAngleterre.2,46
Traité de Sufpenfton d'Armes
entre la France C7 l'An.
gleterre. 2yr
GALANT.
A PARIS, -M.DCCXII
Avec Privilege du &o-Ya@
GMAERLCAUNRTE.
, Parle Sieur Du F***
V Mois
de Decembre
1 7 12
Le prix est30.sols relié en veau,&
25. (oIs, broché.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la rue
du Foin, du côté de la rue
Saine Jacques.
aveApprobation,&PrivilègeduRoi,
MERCURE
galant.
ETRENNES.
E mot d'Etrennesvient,
dit-on,
du mot. (Irenia.
Celui de Strenuus,- -quisignifie
genereux, peut
avoir part à cetteetlmo-"
logie, dit Menage, parce
que chez les Romains
on donnoit les étrennes
à ceux qai se distinguoient.
par leur valeur.
Qued'étrennes aurionsnous
à donner cette année
ànos guerriers
,
a
leursCommandans& à
leur Chef! Minerve, dit
un ancien,doit presider
auxrecompenses, comme
elle preside aux actions
qui les meritent y
ïz nous voyonspar plusieurs
dons du Roy, qui
font les avant-coureurs
de plusieurs autres, que
le vrai mérité en France
est toûjours recompensé
quand il cil: connu.
On donnoit dans les
premiers temps des fruits
en e1 trennes : mais 'on
donna ensuite des médailles
d'argent. Acefujet
Ovide fait dire à janus,
que les anciens étoient
bien simples de
croire que le miel fût
plus doux que l'argent.
La fête desécrennesétoit
dédiée au Dieu Janus,
qu'on representoit à
deux visages. Une double
couronne que que!-
quesSculpceursont mise
à Janus dans des bas-reliefs
marquera, si l'on
veut, qu'il est aussi honorable
de recevoir des
étrennes que d'en donner.
Les etrennes qu'on
portoit aux Empereurs
Romains étoient des
marquesdhonneur. Auguste
en recevoit une si
grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir ecrennes, Caligulalesrétablit,
Claude
les défendit ensuite :
mais elles resterent toujours
en usage parmi le
peuple.
Le gui, sélon les Gaulois
, étoit un present
considerable du Ciel
qui preservoit du poifon}
8£ celui qu'on cüeilloit
le jour de l'an partoit
bonheur toute rannée
a ceux qui en gardoient
sur eux.
Il nousest restédecette
superstition payenne
le mot de laguil'an neuf.
Onsppelloitencoreainsi.
dans les derniers temps
les presensdes etrennes.
Les éruditions sur les
étrennes sont si rebactuës
Se si usées, qu'il seroitennuyeux
des'y étendreiauflibien
la modedes
étrennes estpresque
abolie,&c le mot
detrennes n'est Mecque
plus recommandafcle
que par son anden-
1neté.
-
AA:AAAikA.«AA
APOLOGUE,
ov
CONTENOUVEAU.
LES TOURTERELLES
&leRenard.
Par Madame de***- UN Renard débouté
de poule&depoulet,
Voulut tâter.de chair nou-
'Vclle.
C'estunragoût,dit-on.
Un jaur prés d'un
volet
11 étoit à l'afu de quelque
tourterelle :
A lafin fatigué degarder
lemulet, Ilpassasonmuseau par le
trou delaporte,
Etsi mit à prêcher la timide
cohorte.
On dit qu'au scelerat qui
fait l'homme de bien
La morale ne coûte rien.
Il en débita de très-fine:
Il n'ep rien
,
leur dit-il,
plus trompeur que
la mines
crel que vous tYJe voyez,,
je fii's le protectur
De l'innccen,ce&de l'honneur
:
Sij'ai croquéparfois quelque
jeune poulettey
C'étoit pour la punir Savoir
été coqettey J. Si je la croque,helas! ce
n'est qu'avec douleur:
Monfotblefut toujours la
tendresse de coeur; Mais l'horreur que J'ai
pour le vice,
Et mon zele pour la jtlr
tice9
ji changéma complexion.
Pour faire la correction
J'ai dugrand Jupiter de
nouvelles patentes,
Et J'en ai deplus obtenu
Pour recompenser la vertu.
O tourterellesinnocentes,
Aiodeles de pudicité,
Je veux recompenser votre
fidélité;
Venez donc dans cette
avenue
Devantmoy passerenrevue
Je prendrai vos noms f0
surnoms,
Pour vous citer dans mes
sermons.
Quandjecite unefemme,
ouneme veutplus
crOIre:
Mais par moy vous aureZj
lagloire
Ifêtre données à la fofterite
Pour modèles de chasteté.
Par ce discoursflateur le
Renardse pt croire:
De sortir il fut question,
Chacune fit reflexion
Quesagesse cfi choseéquivoque
i Chacune craint qu'on ne
la croque.
Ho bo, dit leRenard,
vous vous faites
prier;
Ma foy jevaisvous décrier.
Toujours on a cité les
chastes tourterelles:
Vous ne servirez plus
aux femmes de modeles.
Nôtre honneur efrperdu>
disoient-elles tout bas:
Sors la premiere toy. Je
ne sortirai pas.
Aioj, disoit celle-ci, je
sortirais sans peine:
Mais je crois que faila
migraine.
Aieyjeserois déja dehors,
Ditl'autre:maisje crains
une prise de corps , certain billet échu. Bref
chacune *exeuse,
AVcf#nt dire auelle reu
Prfe
) Et
Et croit que fin honneur
ne periclite pa*.
Voyant les autres dans le
cas,
Uneenfin par orgüeil à
tout risquer s'engage:
Oui, dit
-
elle, on verra
que je suis la plus
{age)
Oui seule je m'exposeraI,
Ouiseule je triompherai.
Pendant que pour sortir
elleétendoitsesailes,
Les autres impromptu
tinrent conseil entr'elles,
Et conclurent que seule
ainsije distinguer,
C'étoit les Accuser, les
honnir: les morguer;
Contr'elle un arrêt prononcerent,
Sur elle AU/fitôt s'élancerent,
Et malgré sa vertu,
sans pitié, sans
refpeéî
L'assommerent à coups de
bec.
C'est ainsique les femmes
assommentà coups de
becycejt à dire à coups
de langue,celles qui veulent
se distinguer, st) faire
voirpar une conduite singuliere
qu'elles n'approuvent
pas celle des autres.
CHANSON.
ETRENNES
à Climene.
Sur l'air: Réveillez-vous,
belle endormie.
Je
vous envoye vos etren-;
nts)
Climene, vous levo- yezbien:
Mais je vous demande les
miennes
Peut ,
-
être n'ensçavez-vous
rien.
Quelles êtrennes je desire,
Peut- être n'en [ça'VeZ-'Vous
rien:
Que voudroit -on quand au
soûpire?
Peut-être le sçavez-vous
bien.
De votre coeur je veux l'é-
»
trenney Peut-être le ffa'VeZ-'Vous
bien:
Est-il encore à vous, Climene?
Peut- être n'ensçavez-vous
rien.
) Je ne veux qu'un mot four
étrenne,
Quel il est vous le J[ave%
bien ;
Souvent très-loin ce mot nous
mene,
Peut-être n'en Jçave^-vous
rien.
Ase marier il engage;
Sans doute vous le ffd/ve'{,
bien:
Maisqu'est-ce que le maria- Le? Peut-êtren'ensçavez-vous
rien.
Cejl un bail à longues années,
Sans doute vous le .f?'VP'(
bien:
Mais au mariseul dessinées
y
Peut-être n'ensçavez-vous
rien.
Par ce bail de vous il disPo.
si,
Peut-être le sçauvez-vous
bien:
Mais il estpeu de baux sans
clause,
Peut-êtren'en ffaurez-vous
rien.
Là-deffia on peut trop (crû
re,
Climene, Yous lesçavezbien •
Ce trop le voudriezvous lire?
Peut-être n'en f^ave^-vous
rien.
J'aurois cent choses à vous
dire,
Climene^ousleJçave^hi^j
Demandez- moy si c'eji pour
rIre)
Peut-être que je rien sçaî
rien.
LETLETTREA
M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra
que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde:mais prenez
garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque
de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue
de la Reine d'Angleterre
à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale.
Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer
l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples
concourent par leurs
voeux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combustion,
a reconnu que les desfeins
ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux
des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces
de l'Europe, pour combattre
le chimérique projet
de la Monarchie universelle
dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets
elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
, aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées,sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines
en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
: mais c'en
est une de voir les principaux
membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition,
quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore
que depuis l'établissement
de leur Souverainetépar
les secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens
de ceux qui sont aujourd'hui
leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
Pendane t que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce
des Indes Occidentales.
Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre,
dans lequel les Etats Géneraux
n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ; & c'estsapolitique
dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager
la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables
intérêts de leur nation,
en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg
en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche
dans de si grandes entreprises,
afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant
pas en état de rembourser
les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr,
les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains
des dix-sept Provinces.
Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le commerce
de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter
à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte
que laReine d'Angleterre
& son nouveau Ministere
ont faite, qui devient
pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé
son ouvrage, les soûpirs
de la Hollande, en
comparant les négociations
d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant
sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne,
de la levée du siege
de Landreci, de la conquête
de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement
de toutes leurs grandes
esperances, ôc de n'être
pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes
au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de Marie-
Therese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés
après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe
V. restera sur le Trône
d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention,
feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
: mais ils le feront encore
davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs,
pour persuader au Public
que les alliez n'ont jamais
eu la moindre connoissance
des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a oublié que
le livre de la conduite des
alliez a désavoue son discours,
puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives
instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer
un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre
le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver
: maisil est honceux
de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Generaux
le droit sur les Couronnes
ne doit plus être réglé
ni sur la proximité du
sang, ni sur les titres les plus
autentiques, mais seulement
sur ce qui peut convenir
à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois
: il leur suffira de craindre
ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes
d'Espagne appartiennent
légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne,
& non la passion, il ieroit
aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions
faites par les Rois
d'Espagne. L'Empereurn'opose
à de si justes titres que
Ia- renonciation de Marie-
Therese d'Autriche,filleaînée
de Philippe IV. mais il
y a long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez
celui qui voudra sçavoir
& approfondir cette
matiere.Pour moy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
, contenterai des mêmes argumens
que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver
que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche
est bonne,le testament
deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore
plus nulle; par consequent
ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste.
- Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume
ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme
un troupeau de moutons,
par une même consequence
les Rois d'Espagne
peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre,
a ceder,&àfaire quelque
alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plusieurs
exemples qui prouvent
que tous actes qui
, ., 1 n'ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir
( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,
puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle
enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne
le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces
peuples
,quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir
pour être legitimement
Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ? elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a été
universelle a son avenement,
elle a duré trois ans
entiers sans aucune contradiction.
Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a débauché
dans la fuite quelques
sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte , ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment
une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux femelles,
& au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadetcadettes
dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions
des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant
faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche,
leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent
ni testamens posterieurs,
ni renonciations, ni
autres dispositions quelconques
ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte
pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable
, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe
II. ajoutez. y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires
à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations
d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques,
par lesquels Philippe
V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils
sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & Marie-
Therese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
, contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dans l'ordre de
la justicemême. Si le pere
a ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a pu le reparer;&
voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a été legitime,
c'cft qu'elle a remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient
valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité
de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
, mais du sien propre.
Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner
encre les vrais successeurs,
parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre
autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutes les conséquences.
Les dispositions personnelles,
selon lui, sont des chansons:
mais les renonciations.
font des loix fondamental
les,comme si les renonciationsnetoient
pas des disgoûtions
personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverser les anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient
pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes
ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables
Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes
en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application.
Remarquez en paffane)
je vous prie
, avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont
prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droits sur
l'EÍpagne) Anne, Marie-
Therese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais
celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux, malgré les regles 3O qu'ils leur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine
pour le reste du monde.
C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature
a repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe
V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutes les chimeres feroit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien
de fang répandu?combien
de trésors dissipez pour.
arriver à ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?
Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que
lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses
sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a toûjours
échapé;la premiere matiere
leur manquoit, c'est;
le coeur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée
mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne
& des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer. 1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore
plein de vie, on pouvoir
regarder les deux branches
de cette Maison comme
separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui
celle de Bourbon
: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur une même tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux
qu'aucun de ses predecesseurs,
seroit enorme.
La Reine a donc grande
raiion de penser differemment
depuis le mois d'Avril
1711.2. L'experienceapprend
quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner
d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,&
que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne
que lors qu'il en occuperoit
la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux,
qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une
choie à examiner,si l'Europe
doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine,que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun,
f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux
en prenant les armes.
C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit
de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,&
ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France,
de vouloir bien me définir,
une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder
cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement
d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument détruire
sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement.
Ces deux suppositions
leur paroissent necessaires
pour exciteren même
temps la haine &,ree..
perancer:mais malheureusement
ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a des
forces redoutables, des tréfors
infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre
à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleest sifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment
l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration,
se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis,
& qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere.
Le PrinceEugene en
conviendra,puis qu'enassiegeant
Landrecy
,
il promettoit
à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition
demesurée
, que de
vouloir couvrir son Royaume
par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne,
& les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
, & qui pourroir,
en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats
qu'elle n'en veut ellemême,
est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, ne peut -
faire soûpirer que les perturbateurs
durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711.
B A LAD E.
Sur les sotes.
LOrsqu'un berger fidèle
&rendre
Nous sert & s'attache à nos.
pas,
Pourquoy chercher à s'en.
défendre?
- Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Mais pour peu que l'onaie àcraindre,
Qu'on puisse cesser de charmer
, Ou qu'un berger n'ait l'art
de feindre,
Ah que l'on estsote d'aimer
i
Quand on peut former une
chaîne
Sans chagrin & sans embarras,
Que l'amour n'arien qui
nous gêne,
Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Mais lors qu'on voit un infi.
dele, Qu'on
Qu'on, peut aisement enflâmer
,
Qui voltige de belle en
belle,
Ah que l'on est sote d'aimer
:
Lorsque pour nous tout s'interesse
Pour nous faire un sort plein
d'appas,
Que les jeux suivent la
tendresse,
Qu'on est sote de n'aimer
pas!
Quand un berger sans, la
confiance
Croit avoir droit de nous
charmer,
Qu'il faut payer ses soins
d'avance,
Ah que l'onest sote d'aimer
!
ENVOY.
L'amour paroît le doux partage
Des bergeres dans le bel
age,
Aux jeunes coeurs il dit tout
bas,
Qu'on est fote de n'aimer
pas!
Mais nous tient-il fous son
0 empire,
Il [e plaît à nous alarmer;
Et malgré tout ce qu'on
peut dira.,
Ah que l'on est sote d'aimer!
Dissertation académique sur
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours,
& surmonte même
souvent la nature. Le Miroir
spherique concave,
que M. V** de Lyon montre
publiquement aux curieuxy
& celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V** a trois
pieds & sept pouces de diametre.
Il reçoit par consequent
seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant
de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable
image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâmedu Soleil
est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes
les matieres combustibles,
& en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres
discours
, que ce prodigieux
effet n'est que la
terebration & violent poussement
que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas
compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez
dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source
est plus élevée & abondante,
& que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage,
est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava
, qu'Archimede a bien
démontré tout ce qui concerne
cette forte de Miroirs.
C'en: le même Gogava
que le docte Rivaltus
dans la vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
- Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse,
ville capitale de Sicile
, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme
livre de la troisiéme Decade.
Voici les termes, rendus
en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours
d'unseul homme pli étoit
alors dans Syracuse.C'était
le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres : mais admirable surtout
par l'invention des ma-,
chines de guerre f avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient
faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains à lever honteuse- -
ment le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine,
n'eût pas livré une porte
à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede,comme
le fruit de la plus glorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires
à la distance de trois stades,
qui valent sept cent
trente-cinq pas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention
du Miroir, bien que
dans le chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéquelesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede
pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme
livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede
ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle
point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes
que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que
lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers
pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes : On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome
de ses Histoires dans
Anastase Dicoro , parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede,
fabriquadans Bysance,
à present Conftantinople,
des Miroirs brûtans,
lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent
l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit
née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité, samaniere
de construire des Miroirs
concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean -
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme
livre de saMagie naturelle,
s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves.
Le premier est d'éclairer
& de découvrir pendant
les nuits les plus sombres
les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque
les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis
convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger
tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez.
On les pourra ensuite
reconnoître très-distinctement
par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction
en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne
& facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle
encre double & bien
gommée, vous tracez quelque
image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & la faifant
entrer dans une chambre
obscure, la figureparoîtrad'une
grandeur gigantesquesur
la muraille,
& comme revêtuë de gloire,
étant paréedemille,
couleurs que produit la differente
refraction & modification
de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble
sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira
que la pointe lui donne
dans l'oeil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât
à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement
au-dessous du Miroir,
on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque
petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image
en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface
du Miroir concave Se
son centre, & l'oeil étant
situé au-deçà du centre ; il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes
positionsou places de
l'oeit;ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.representent
toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez
dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave, limage
de votre face s'agrandit
jnfcjuà devenir d'unetaille
gigantesque
, & cela
est trés - commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs
poils,&c.En vous éloignant
peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira
en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques
à ce que l'oeil étant
arrive au centre du Miroir,
il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreoeil s'étant un peuplus
éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé
& hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra
jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant
plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité
en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée,
suivant que vous serez
plus ou moins éloigné
du Miroir.
LETLETTRE
DE GENES.
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit
en tête que le premier
voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable
s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter
cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina
à partir quelques
jours aprés.
A la veille- de son départ
la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever
de se rendre amoureux
d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë,afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour
luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, il semaria, pour fortifier
sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imagina qu'ilmanquoità
son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuve d'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer
un renouvellement
de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement
qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites
il reçut une lettre
de son correspondant
qui lui proposoit , un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage
de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'un mari
ne fut plus sensible à
une femme:elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances,
que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve
d'un tel voyage étoit
aussi feure pour l'amour
d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques
jours le départ du
navire dont il croitmaître
: mais l'ami n'employa
ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa
au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir
de contenter son caprice.
Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant
une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,
dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres
adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme
de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-
ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel
embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami
ne voulant pas absolument
que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose.
Il n'étoit naturellement
que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même tem ps qu'il nedevoit
pascraindre qu'ilrevît
jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetourner seul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi
les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher
à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner
quelques semaines.
Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie;car craignant
de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme:& voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit
la mort de son
mari avec les plustendres
Ô£ les plus tocuhantes
circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres
tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes
il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra
peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
, puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais
tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrair€$
àl'impatience qu'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet
i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent
aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, qui fut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
IIyavoitdéjàlongtemsqquuee
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde
son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois. Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMarchand
son ami étoit de retour
à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction
qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer
les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès
de la veuve, dont il renouvella
la douleur par son
arriarrivée.
Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble,
il lui proposa de rétablir
Ses affaires en l'épousant.
N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant
l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question
pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se remarier
après un mois de
veuvage ou environ.Cependant
leNegociantétoit obligé
de s'en retourner promtement
àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement,
de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec
ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante,
& une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit
se jetter dansunConvent;&
ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&
rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir,
pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à
son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant
lui causa, lui raconta
d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques
préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup : mais il ne sur au desespoir
quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoir suivideplusprés
les bruits differens qui couroient,
il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec
un homme pour Marseille.
La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation
cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y arriva dans un état pitoyablé,
& ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant
se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit
enlevé safemme à Gcmes.
Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne
lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu
à la porte de sa chambre,
que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,
qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme
de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrer sans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air ;la vue de
sa femme le rendit-immobile
comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir
quelques jours. Il pardonna
en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite
chacun dans un Convent.
On,¡}e sçait point combien
durera cette separation
volontaire:mais ils n'ont pas
eu un moment de santé depuis
cette triste catastrofe.
A MADEMOISELLE
C
Stances irregulieres.
C^Uel cft mon trisse fort,
Ciel! quel astre malin
De mes plus doux plaisirs
emprisonnela source?
Quoy
,
je ne puis plus voir
l'aimable C. Ch. dans mes maux mon
unique ressource:
Ah quelle perte, & dans
quel temps,
Lorsque j'ay plus besoin
d'exem ples éclatans.
Et de sagesse
,
& de confl
tance:
Ah, faut-ilque le fort m'envie
un si grand,bien!
Mais puirque je ne puis
jouir de sa presence
Joüissons de son entretie,n.
Muse autrefois si favorable..
Fais couler tes feux dans
mes sens:
Prestes
- moy cet artad mira
ble
Qui sçait rapprocher les
absens,
C'en estfait je fuis exaucée;
.Qüy desjaCh presente
a ma pensée,
Perce de mes ennuis le
voile le plus noir,
Et desjade sa voixqui
frappe mon oreille,
L'agréable son me reveille,
Je luy parle, je crois la voir.
Cess donc vous, genereuseamie,
Qui venez pour me fecourir,
Qu'à vostre seul aspect mon
ame est affermie
Dans les maux qu'elle doit
souffrir;
Aimable illusion je vous
voit, je vous touche
Sur vos mains j'attache ma
bouche,
Vous m'embrasez vousmesme,
ôdouK,6c tendre
foin,
Que sur mon cceur il a d'empire
!
S'il ne me guérit pas, je
sens bien qu'il m'infpire
La confiance dont j'ay besoin.
Lorsque je vousvois sans
murmure,
Souffrir l'injustice du fort
Surmonter par un noble
effort,
Les foiblesses de la nature.
Que ne peut sur mon mal
un exemple sibeau!
Je crois sentir en moy renaistre
un coeur nouveau.
Je ccflfe d'accuser ma nifH*
destinée , C'est vous qui m'en faites
la loy
Avec plus de vertu que moy
Estes vous moins infortunée.
A ces justes reflexions
Mafoible raison le ranime,
Et surmontant mes paisions
D'un soupir , qui m'échappe
elle me fait un crime;
Regarde ; me dit-elle, admireCh.
N'a-t-elle àregretrercomme
toy qu'une main.
Sur le chemin qu'elle te.
trace,
Et ton mal deust-il redoubler,
Console
- toy de ta dit
grâce
Par l'honneur de luy refsembler.
Que dis-je, que je vous ressemble,
Helas!quej'en fuis encor
loin:
De toutes les vertus qu'en
vous le Ciel rassemble
C'est , peu gJe destre le tcimoin
Quand ilfaut que l'on vous
imite ;
Mais qu'estce que je sèns,
éperduë, interdite,
Le jour qu'à peine j'entrevoy
) Se dérobé à mes sens par
un sombre nuage, Et pour comble de maux
voitre charmante image,
A mes yeux enchantez,di£1
paroist malgré moy.
LIVRE NOUVEAU.
Ilparoist depuis peu un
Livre nouveau qui a pour
litre LuNouvelle Astrée. On
croit ne vous pouvoir donner
une idée plus juste de
ce Li vre, ny des motifs de
l'autheur que par l' Avertit
sement de l'autheur mefrpe.
AVERTISSEMENT
du Livre qui a pour titre
La nouvelleAstrée.
Une Dame que la naissance
& les biens de la fortune
rendent moins recommandable
que les qualitez
personnelles, m'a donné
sans y penser, la premiere
idée de ce petit ouvrage.
Elle avoit oiiy dire qLi"-
une jeune personne,qui
veut avoir de l'esprit doit
lire & relire le Roman d'Aftrée
;,& cependant, malgré
sa préventionellen'avok
jamais pu aller jusqu'à la
findu premier volume. Les
Episodes continuels, l'affectation
d'une vaine science
dont elle ne s'imaginoit
pas avoir grand besoin,
l'estalage de la doctrine
profonde des anciens Druides
, les Poësies frequen es1
ôc froides,tout cela l'avoit
assez rebutée pour ne pas
continuer une lecture qu'-
elle trouvoit ennuyeuse;
mais en mesme temps la
deffiance de coy-mesme qui'
accompagne d'ordinaire les
bons esprits,.luy faisoit croireque
l'approbation du public
devoit prévaloir à son
sentiment particu lier, &
que l'ouvrage ne laissoit pas
d'être fort bon quoyqu'il ne
seust pas divertie. Elle me
fit l'honneur de m'en parler
en ce fens- là,&je ne
fus pas de l'avis de sa modestie,
persuadée que tout
ce qui lui avoir déplû dans
Astrée, devoit luy déplaire.
Je luy propose d'en oster
tous les deffauts qu'elle
avoic sentis par un bon
goust naturel
,
d'en faire un
petit Ouvrage de galante-1
rie champestre, d'en adoucir
certains endroits un peu
libres, que la pudeur scrupuleuse
de nostre siecle ne
sçauroit souffrir dans les Livres
,de le purger de Theologie,
dePolitique, de Mcdecine
,
de Poësie ; d'en
esloigner rous les personnages
inutiles
,
de n'y jamais
perdre de veuë Astrée
& Celadon, & d'éviterpar
là l'écuëil de tous leslongs
Romans, où le Heros &
l'Heroïne ne passent sur la
scene que rarement;ce qui
empesche qu'onne s'affectionneàla
suite derleurs
avantures ; leurs amis
,
&
leurs amies
,
qu'on n'aime
pas tant qu'eux;tenant ordinairement
lestrois quarts
du Livre. Il a fallu de plus
changer de stile,quoyqu'il
eust beaucoupde forcedans
l'original. Cent ans dans
une langue vivante, mettent
tout hors de mode.J'ay
pourtant conservé certains
traits qu'on remarquera al:
fez aux mots antiques, &
encore mieux à la beauté
des sentimens. Un homme
de la condition de Monsieur
d'Ursé, ne pouvoir en avoir
que de fort nobles & de
forteslevez.
Voila, mon cher Lecteur,
ce qui a fait naistre la
petite histoire d'Astrée ôc
de Celadon. L'accuëil favorable
que vous avez fait
à quelques bagatelles qui
me sont échappez, m'a enhardie
à vous fairecepetit
present ; il ne tiendra qu'à
vous devousenattirerbientost
un autre.
LATESTED'ASNE.
C 0 NTE.
UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant
quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti
de son village.
Il y voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des noeuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises
;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Lseipatiséan t:ouché de curio- De ce qatiln'1aavvooiittrrii,e-.nn )
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
qu'icy , je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque
chose
, Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez
donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une.
ENT R E £
de Monsieur le Chevalier
de la ViçuviU:
Ambassadeur de A4-alîhe.
;
Monsieur de la Vieuville,
Bailly
,
Grand Croix ,
Ambassadeur Extraordinaire
de l'Ordre de Malthe
près Sa Majesté,fit sonentréepubliqueencetteVille
le quatre decemois.
Plusieurs personnes curieuses
ducérémonial qui..
s'observe dans ces occa,q.
*
sions, seront bienaises devoir
ce que j'en rapporte
icy ,-gui fera d'autant plur
de plaisir que tout Paris a trouvé cette Entrée toute
des plus belles.
Monsieur rAmbafTadeu*
de Malthe se rendit le Dimanche
matin quatriéme
Decembre au Convent de-
Piquepus pour y recevoir
les compliments des Princes
& Princesses du Sang,
&ceux des Ministres Etrangers.
Il estoit accom pagné
de ses deux camarades
d'Ambassade,de Monsieur
le Commandeur Perrot,
Lieutenant cta Grand-
Prieur , & Receveur dudit
Ordre, de Messieurs les
Grands- Croix
,
Commandeurs,
Chevaliers Profez &
Novices
,
qui pour faire
honneur à leur Religion &
à Monsieur l'Ambassadeur
estoient venus le trouver
audit Convent de Piquepus
, où Monsieur le Mareschal
de Besons vint de
la parc du Roy Ty prendre
dans lecarrosse de Sa Majesté
avec Monsieur le Chevalier
de Saintot Introducteur
des Ambassadeurs.
Le Mareschal de France
sità l'Ambassadeur l'honneur
du carrosse du Roy: :
la marche se fitainsi.
La Mareschaussee à cheval.
Le carrosse de l'Introducteur..
Celuy du Mareschal de
France.
La Livrée de l'Ambassadeur
,
après son Escuyer
& les pages à cheval.
Le carrosse du Roy oir
estoient l'Ambassadeur
,
le
Mareschal de France, l'Introducteur
,
le Commandeur
de Balincour & le
Commandeur de Frenoy
camarades d'Ambassade, ôc leCommandeur Perrot.
Le carrosse de Monseigneur
leDuc de Berry.
De Madame la Duchesse
de Berry.
Le carrosse de Madame,
Celuy de Monsieur le
Duc d'Orleans.
Celuy de Madame la Duchesse
d'Orléans.
Celuy de la Princesse de
Condé.
boDenla.P*rin)cesse de BourD.;
la Princesse Dbiiairiere
de Concy.
De la Princesse de Conty.
Celuy du pricvcc de Conty.
Ceux de Monsieur le
Duc du Maine.
De Madame la Duchesse
du Maine."*
DeMadamela Duchesse
deVandosme.
•
De Monsieur le Comte
de Thoulouse.
Celuy du Marquis de
Torcy Ministre & Secretaire
d'Estat.
Ensuite venoient lesquatrecarrosses
del'Ambass-
V
deur,
deur, dont le bon goust &
la magnificence dans une
conjoncture comme cellecy,
se sont entierement attirez
l'admiration du public.
Il est vrayque le
nombreux cortege des
Grands-Croix
,
Commandeurs,
& Chevaliers qui
suivoientles carrosses de
l'Ambassadeur dans plus de
quarante à sixchevaux y
donnoient un air de grandeur
& de distinction, qui
a fait de cetteEntrée le
plus magnifique spectacle
qui ait esté veudepuis longtemps
; il y avoit mesme
plus de cinquante ans qu'il
n'y avoit eu à Paris d'Entréed'Ambassadeur
de
Malthe.
Lesix suivant son Excellence
fut à Versailles dans
le carrosse duRoy, accompagné
du mesme Mareschal
de France,& conduit
par l'Introducteur des Ambassadeurs,
où les Gards s de
la Porte, les Gardes de la
Prévosté estoient fous les
armes, les Cent Suisses en
haye sur le grand Escalier,
dans leur habitdecérémonie
,leurs hallebardes à la
main, les Gardes du Corps
fous les armes dans leur
Salle, à la porte de laquelle
le Mareschal Duc d Harcour
Capitaine des Gardes
du Corps du Roy en quartier
,
vint recevoir Monsieur
l' Ambassadeur & le
conduisit aussi à son Audience.
Sa Majesté le voyant
arriver dans sa chambre
se tint debout & découvert
: l'Ambassadeur y entrant
fit une profonde reverence,
& passa au milieu
de ce nombreux cortege
qui l'avoir précedé dans là
marche; il en fit encore
deux autres à differentes
distances, puisil entra seul
dans l'alcove du lit du Roy
où Sa Majesté estoit avec
les Princes de sa Maison &
ses
1
princi paux Officiers;
elle luy marqua de se couvrir
lors qu'il commença
sa Harangue qu'Elle écouta
debout enfuire Elle y
respondit, & ordonnaune
feconde fois à l'Ambassadeur
qui s'estoit découvert,
deserecouvrir. Pendantce
temps-Jates termes dont
Sa Majesté se servit pour le
remercier,estoient si avantageux
pour l'Ordre de
Malthe
,
& si remplis de
bonté pour l'Ambassadeur,
qu'il en sortit penetrédela
plus vive reconnoissance ;
il fut reconduit dans le meime
ordre par le Capitaine
des Gardes du Corps julaques
à la porte de la Salle
des Gardes, & retrouva sur
son passage les mesmes
honneurs qu'il avoit eus en
allant. Monsieurl'Ambassadeur
descendu dans la
Salle des Ambassadeurs y
-
attendit l'heure que Monsieur
l'Introducteur - avoit
prise pour aller chez Monseigneur
le Dauphin où il
fut receu à la porte de la
SaHe par l'Exempt des Gardes
du Corps qui est auprès
du Prince. Ensuite il alla
chez Monseigneur le Duc
de Berry
,
chez Madame
laDuchessede Berry,chez
Madame, chez Monsieur
le Duc d'Or leans, chez
Madame laDuchesse d'Orleans
,
où il receut tous les
honneurs accoustumez &
deus à soncaractere..
L'heure du disner arrivce
son Excellence passa
dans la Salle du traitement
où il y eut deux tables de
vingt-cinq couverts chacune
magnifiquement servie,
& en mesme tempsqui su
rent remplies des Grands-
Croix, Commandeurs
,
f,
Chevaliers qui avoient esté
du correge de Monsieur
l'Ambassadeur, qui alla
a prés ce superbe disnéchez
Monsieur le Marquis de
Torcy
,
& sur ensuite ramené
en son Hostel dans
le carrosse du Roy parMonfleur
l'Introducteur dee
Ambassadeurs.
Lanoblesse avec laquelle
il s'acquitta de ces différentes
fonctions n'ont fait
qu'augmenter l'estime que
son Ordre & le public avoient
pour luy.
OJI joint icy sonDiscours
au IUyy qui a pieu infiniment
à tous ceux qui l'ont
entendu, Ôc que vous serez
aussi bien aise de voir.
SIRE,
Le seul objet du Grand
Mastre de l'Ordre de Aialthe
efiant de donner à Sa Majesté
des marques continuelles de sa
parfaite obeïssance Cm de son
reJpeÛ
,
m'a choisi pour avoir
l'honneur de luy enrenouveller
les asseurances, & luy demander
la continuation de sa Royale
proicé-lion; je m'en acquitte,
SIRE
, avec confiance en la
honte qu'Elle a eu d'agréer mes
services pour ce glorieux employ.
Quel bonheur pour un
Ordre aussi attaché aux interefis
de VostreMajesté, &
pour un sujet qui luy est auss
dévoilé de luy rendre ses treShumbles
hommages dans le
temps que la Victoirese Journée
à la justice deses Armes.
Puissent ces heureux fucce"{).
SIRE ,
suivis de plusieurs
autres, nous laisser admirer
pendant une longue fuite d'années
ce que peut un Prince que
Dieu protege, & qu'il a formé
pour estre dans les temps t
venir le njraj modelle des plus
grands Rois,
C REA T I 0 N
dOjjîciers de lïdtirmt.
L E vingt. cinquiéme Novembre
le Roy fit deux
cents quatre -vingt huit
Officiers de Marine, fça-
, VOIr:
Un Commissaire General
d'artillerie.
Vingt, deux Capitaines
de vaisseaux.
Deux Majors.
Trois Capitaines d'artillerie.
Vingt sept Capitaines de
Fregares.
Cinquante six Lieutenants,
de Vaisseaux.
Quatre Aydes Majors.
Cinq Lieutenants d' artillerie.
Dix- neufCapitainesde
brulots.
Cent vingt-sixEnseignes
de vaisseaux.
Cinq Sous. Lieutenants
d'artillerie.
NeufLieutenants de fregates.
TroisCapitaines de Rutes.
Et six Aydesd'artillerie.
NOMINATION
de quatre -
vingtcinq Chevaliers
de l'Ordre militaire
de JaintLouis. L E mesmejour vingtcinq
Novembre Sa Majesté
a nommé quatre- vingt
cinq Chevaliers de l'Ordre
militaire de saint Louis,
sçavoir :
Trois Capitaines des
Ports.
Vingt- sixCapitaines de
vaisseaux.
Trois Capitaines d'artillerie.
Six Capitaines de Fregates.
Un Lieutenant de Port
Vingt-neuf Lieutenants
Je vaisseaux.
Quatre Lieutenants d'artillerie.
Trois Capitaines de brulots.
-
Six Enseignes de vaisseaux.
Quatre Lieutenants de
Fregates.
DONS DU ROY.
LERoy a donne cinq
pensions:
Une de quinze cens livres,
& deux de mille livres
chacune sur la Marine.
Une de mille livres, &
une autre de huit cens livres
sur l'Ordre de saint
Louis.
Trois Capitaines ont esté
mis à la haute paye.
DETAIL DE LA MORT
du Duc d'Hamilton. LE vingt- six Novembre
le Duc d'Hamilton sur à la
Cour de la Chancellerie,
au sujet d'un procez qu'il
avoit contre Mylord Mohun,
qui produisit un tesmoin
sur une des choses
qui estoient en question,
que le Duc recusa
, parce
qu'il estoit de notorieré publique
que cet homme avoit
esté recusé plusieurs
fois, comme manquant de
memoire,& que par consequent
son tesmoignage
n'estoit point recevable.
MylordMohun dit là dessus
quelques paroles choquantes
au Duc, qui se contint
avec beaucoup de moderation.
Le vingt-sept le sieur
Macartney fut chez le Duc
d'Hamilton,
d'Hamilton, & l'attendit
fort long temps. Sitost qu'il
arriva illuy fie un appelde
la part de Mylord Mohun
pourse battre le lendemain
dans Hydepark à huit heures
dumatin. LeDuc dl-IlA
milton jugeant que c'estoit
une affaire de parti,& ccn'!
certéepar lesseditieux pe-jr
c hercher un prétexte de le
deshonorer
,
s'il refusoit le
désy, l'accepta, & se rendit
à t'heure marquée à IîydePdde
Le Duc prit pour
second le Colonel JohnHimilton,
Mylord Mohun se
trouva au lieu marque; il
avoit avec luy Macartney
qui luy servit de second.
Le Duc pouffa sonennemi
avec tant de vigueur,
qu'aprèsluy avoir porté
quelques coups, il le tua du
dernier, & tom ba en merme
temps sur luy n'ayant
receu que deux legeres
blesseures ; une au bras &
l'autre à la jambe. Le Colonel
John Hamilton mena
si vigoureusement Macartney
,
qu'il le desarma & le
força de lui demander
la vie. Le Colonel voyant
le Duc tombé, courut a luy
pour l'aider à se relever, il
mit les deux épées à terre;
dans ce moment Macartney
se saisitd'une, & porta
en traistre un coup mortel
au Duc d'Hamilton à la
mamelle droite
,
duquel il
mourut sîtostcju^it fut arrivé
à son carrosse. C'ell ce
que le Colonel Hamilton a
declaré après avoir obtenu
un sauf conduit pour se faire
porter devant le Conseil
;
ainsi les circonstances.
de cette action la rendent
encore plus odieuse.
Mylord Mohunne laisse
qu'une fille; le Duc d'Hamilton
laisse trois fils ôc
trois filles. On fait de
grands préparatifs pour
transporter son corps en
Ecosse
,
& l'enterrer dans
le tombeau de ses Ancestres.
La Maison d'Hamilton
est une des plus illustres
& des plus anciennes
d'Ecosse, dont l'aisné porte
le titre de Duc. La branche
aisnée a fini dans le
dix-septiéme siecle en la
personne du dernier Duc
d'Hamilton
,
qui perdit ta
vie dans. les. troubles d'Angleterre,&
quine laiffaqu'une
fille,mariéedepuis
auComte de Duglas, lequel
a pris le nom ôc lesarmes
d'Hamiltom Unseigneur
de ce nom souffrit la
mort en Ecossependantles
- guerres delaReligionl'an
i.4±4- Madame la Comtesse
de Gramont d'au jourd'huy
Elisabeth Hamilton,
Dame du Palais de la feuë
Reine Marie Therese d'Autriche
, Epouse du Roy
Louis LE GRAND,est..
sortie de cette illustre Maison.
Il y aaussi uneFamilk
du melme Nom establie
en Irlande.
Le Comte de Montalet
qui vient d'etre fait ln.-
feigne de Vaisseaux, estfils
de Monsieur le M irqlils de
Villebreuil ancien Officier,
que le Roy a attaché à Son
Aitrfle Serenissime Monseigneur
le Comte de Thouloufe.
Il est de l'ancienne
Maison du Marquis de
Monralet
, Baron d'Alais
en Languedoc, qui est une
de* plus illustres de cette
Province.
Monsieur AmelotMais
tre des Requestes, Intendant
du Commerce, a obtenu
du Roy la permission
de garder la Charge d'Intendant
du Commerce en
se defaisant de celle de
Maistre des Requestes en
faveur de Monsieur de
Chaillou son fils qui n'est
âgéque de vingt- trois ans
& demy
,
& qui exerce
avec distinction depuis quatre
annéeslaCharge d'Avocat
General aux Requestes
de l'Hostel. On vous a
si souvent parléde la Fa-
Il
mille de Monheur Amelot,
qu'il est inutile d'en rien
répéter.
La nouvelle édition des
Essais & Recherches de Mathématique
«Se de Physique
de N4. Parent l'augmentée
d'un troisiéme volume
)
&
d'un tiers au moins en chacun
des deux premiers, va
paroistré au commencement
de Janvier prochain,
elle se vendra chez M. de
Nully
, rue saint Jacques :.
& chez M Jombert Quay
des Augustins
DEVISES
pour les Jettons de
l'année 1713.
Faites par l'Académie
Royale des Inscriptions.
ThresorRoyal.
Un Fleuve sur les bords
duquel il y a d'un cossé
un Laurier, & de l'autre
cofté un Olivier avec ces
mots
Utramque fovet.
Il Les PartiesCasuelles.
Des Navires dans un
Port. '-
Hie[eeura q-uies.
L'Extraordinaire des
Guerres.
Le Centaure Nessus
blessé par Hercule.
Longum haud Utabitur fjojiis.
L'Ordinaire des Guerres,
oulaMaisonduRoy.
Des Elephants armez
en guerre.
Dantstragem quocumque
mncunt.
La Marine.
Des Tritons sur une
Nuë avec des Nids d'Al-
Clans.
Recreatspes latasereni.
Les Galeres.
Le Dieu Glaucus accompagné
des Nereides.
Novum exontur pelago
numen.
E P I T A P H E
d'un Levron qu'on
avoirerapefché de
croistre enluy faisant
boire de l'eaude vie. PajjrntReflechiff?urqui
vois cemonument,
Dis-moy?puisquel'amour
fut éternellement,
Pourquoy faut- ilquela
xJ nature eaù pointfait d'éternel
amant?
Un petit Chien dontfé~
crisl'aventure,
J'adis d'amourfut un brasier
ardent:
Maintenant,chose estrange
, il estfroid comme
glace,
Car il est mort: grand
bien luy faffe ,
Puisse-t'ilestreconfiellé,
C'est-à-dire bien installé
Audessus du Signe d'Hercule
y Dans le Ciel de la Canicule
:
Helas! combien de pleurs
Amarilhsversa.
Lejourfatalquiltrépassa
Elle auroitmoinspleuré
maint Amant Romanesque
,
Qui de bruslantdevient
glacé
Avantque dd''eestretrépassé.
Feu Levron, quoy quijju
deracegigantesque,
Fit voeu devivre nain 9fn
raison la voicy :
Levriers allonoez, sont
proprespour la chasse,
Maispres des Dames non,
* 1
Levrons en raccourcj, Nichez au coin du feu
tiennent bien moins de
place,
Cecy confideré, Leruron
voulut refer
Dans sapetite taille, en
pria Jupiter,
Jupiterl'exauça
,
biscuit
eS confiture
fiu lieu deJe tourner en
vdine nourriture,
Se convertissoient en amour.
Le Levron temeraire enfinpourfairecourt,
Sous le jupon desa mais
tresse,
Pour avoir plus chaudse
glissa
Sans serupule, elle Ij
laissa.
JI estoitsipetit ; heureuse
petitesse !
S'écria le Levron transporté
d'allegresse
0 Si ]efiois Levrier grand
comme mes ayeux,
Pourrois
- je impunement
promener ma tendresse
Sous ce dosmedelicieux ?
Que je my trouve bien.
Dieux!quelle architecture.
Pour la mieux contempler
Levron leve lesyeux
, De ce palais jupon la
voute estoit obscure,
Cependant il la prit pour
la voute des deux:
Mais la trouvant voûtée
Trophautpoursaportée,
Alors ilfut fasche d'estre
nési petitJe
l'ay voulu, dit-il, je
rioseplus m'enplaindre;
Ainsi voyant
les
Cieux &n) , pouvant atteindre,
Petit Levron mourut d'a-
- mour &de depit.
Si quelquepassants'interesse
jiu sort d'un amant raccourcy
Passant refiechijyJeur, conclus
de tout cecyy
Que grandeur en amour
vaut mieux quepetitesse.
ENIGME.
DEvant
moy tous les
joursun richeorguëil
estalle
Ce qui remplit si bien la
vanité des coeurs,
Cesuperbe appareil regale
Les jeux amoureux des
grandeurs;
Maisinsensibleauxvains
honneurs
Je me fais distinguer par
des marques royalles,
Et j'aymesme beaucoup
dejceursy
Quisont à mon exemple
intégres f5 loyales.
Moncorps bien qu'unpeu
delicat
y .A plus de cinquante parties
Admirablement assorties,
.DDoonnttjjeeppuuiiss d'une fseèuullee,
appaisèr un débat.
J'ay dans tous les pays
haute & basseJustice,
Et puis abolir par tout
Lafraudel'artifice.
Je juge sans beaucoup
1 d'éclat,
Adais on mestime àsi bon
titre
y Et mon bon jugement est
tel
Qujl ness presque point
de mortel
Quine me prenne pour
- arbitre.
L'on voit avec plaisirma
taille belle &jujtey
Et l'on mespriseroit mil
soeur
Si l'on ne luy trouvoit une
mesme hauteur
Millefois le jour on m'ajufie,
Je mets mesmetousjours
quelque chose de neuf,
Etsuis encet estat aussi
polj qu'un oeuf.
Je m'habilletantost de
[Oyt,
Tantost d'or e5 d'argent,
& tantost de coton.
Si l'onveutdeviner mon
nom
Que l'on confidere (jf l'on
vigie
Combien tous les jours on
envoyé
Par le monde d'ajuste-
, mens,
Quand ilschangeroient
de Provinces,
Et mesmequ'ils seroent
destinez pour les
Princes,
Ils porteroient par tout
mon nom ajjeunment,-
A VA NT U R E
Tragi-comique, écrite
par un Suisede So-
Imre.
CEsjours-cy dans nostreVille
Capitale,est mort
de chagrin un homme de
quatre-vingt huit ans,
voicy l'avanture qui lui
causa l'an passé un fond
de melancolie, où il n'a
pû resister, quoy qu'avec
l'âge on doiveavoir acquis
la force de l'esprit,
par
par habitude de surmonter
les chagrins, & sur
tout ceux de l'amour;
cest pourtant un chagrin
d'amour, qui joint à quatre-
vingt huit années, a
fait perdre patience
,,
Be
vie, àundes plus braves
Suisses de nos Cantons.
Voicyl'origine de ce
malheur.
Une Veuve François
estimée de tous nous autres
pour sa rare, bonne
conduite & vertu, avoit
chez elle quantité de gens
d'esprit
,
de l'un & de
l'autre sexe ,comme il en
est beaucoup chez nous.
quoi qu'en dire les sots
cette Veuve approchoit
vers les trente ans,c'est
jeunesse encore en nos
pays, non comme en
France; en effet cette
Veuvebrilloit tellement,
que personne ne
pouvoit s'empescher de.
l'aimer, & elle menageoit
tous ces amours là
pour faire revivre la fortune
, morte pour elle
avec feu son mary; entre
tous ceux qui l'aimoient
il n'en estoit que trois qui
eussent pour but le mariage
, & tous les autres
qui avoient des veuës je
ne sçay quelles, furent
congediez
, par cette
vertueuse Veuve.
Voici donc les trois restants.
Le premier c'estoit
un jeune homme fait à
peindre, &C d'un esprit
aimable plein de raison,
maisn'ayant point de
bien, non plus que la
Veuve; ilsavoient resolu
tous deux de ne se plus,
voir, tous les jours ilsse
disoient adieu pour jamais
, & le lendemain,
c'estoit à recommencer~
maisle second amant qui,
estoit nostre homme de.
quatre-vingt tant d'années
voulut un jour que.
leur adieu ne recomençast.
plus;& cela fut resolu.
fermement en sa presence,
car il estoit revesche.
& brutal, ce vieil amant
resta seul à la Veuve pendant
quelque temps, il
ne tenoitquasià rien qu'il
n'épousast, il n'attendoit
pourfaire la nopce que
quelqu'un de ses bons
jours où la goute & la
gravelle lui donnoient du
relasche, &. il lui venoit
presque tous les mois,
quelqu'un de ces bons.
jours où il souffoit;
moins , c'est ce qu'il attendoit
pour Ce donner la
consolation du mariage.
Un autre Vieillard, à
peu prés du mesme âge,4
mais qui ne pouvoit plus
marcher, & qui se faisoit
porter tous les jours dans
l'Egliseen chaise à gouteux
, y avoit veu cette
belle personne
,
& en devint
encore plus amoureux
que n'estoitl'autre,
celuy-cy voyoit quelquefois
le jeune hOlnlne, il
s'adressa à lui, le priant,
comme il connoissoit cete
Veuve,d'obtenir d'elle
qu'ill'allât visiter en chaise,
& qu'elle permit que
sa chaise entrait jusques
danssachambre,pourl'inconvenient
de ce qu'il
souffroit, & des cris qu'il
faisoit quand il l'enfalloit
tirer; cette proposition
fut accompagnée d'un
offre deviiilyt mille écus
d'abord à la Veuve, pour
souffrir l'incommodité de
cette visite, &C condition
offerte de luy livrer les
vingt mille écus francs,
si l'ayant veuë, il ne jugeoit
par convenable de
l'épouser, mais que sielle
luy convenoit., ilvouloit
au lieu des vingt mille
écus, lui donner tout Ton
bien par un contrat de
mariage.
Cette proposition rendit
attentif ce jeune
Amant,d'abord le desir
de se vanger du vieux
DONbrutal
qui l'avoitcbaftè
d'auprès de sa Maistresse
luy fit escouter , ce rivalcy,
& deplus, il vit un
avantage seur, pour celle
qu'il aimoit
)
il alla d'abord
luy faire la proposition
,
à quoy elle respondit
aprèsavoir un peu rêvé
: mon Dieu que de
Vieillards; à quoy repartit
lejeune,béc'est tant
mieux, jesouhaite que
celuy-cy vive long-temps
avec vous, maisenfin de
compte, vous JèreZj ricke:
la Veuve ne répondit
qu'en soupirant,elleregarda
le jeune hoxnnjc^
& après un silence fort
tendre elle dit seulement,
hé bien faites venir le
Gouteuxenchaise.
Le jeune Amant fut
trouver le Gouteuxqu'il
réjouir fort par la bonne
nouvelle, laVeuve avoit
dit à sa servante un"i- que,
de faire monter une chaise
qui viendroit lavoir
cette aprèsmidy. Notez
que l'autre vieux Amant
n'estoit point venu depuis
quelques jours,retenu
au lit par gotfte&C
gravelle; maiss'enennuyant
,
il se fit, empaqueter
chaudement dans
une chaise
,
& porter
chez samaistresse qui le
sçavoit au lit, &voulant
la surprendre agréablement
parcettevisite inopinée
fitouvrirla porté
d'en bas. dont il avoit le
passe-par-tout
,
& sans
estre veu dela servante
qui estoit dans sa chambre
en haut, il entra tout
brandi jusqu'auprés du
feu de la Veuve où elle
revassoit aux vingt mille
écus de l'autre gouteux.
-
Dans sa surprise la
Veuve (e levé en sursaut
de son fauteuil, & fait
des compliments à celuicy
tels qu'elle les croyoit
faire à l'autre, jusqu'à ce
que s'appercevant de sa
mpric, elle se troubla.
Le bonhomme brutal aurait
pris ce compliment
pour resverie, ayant veu
en entrant la Veuve comme
endormie prés de son
feu. Mais le second gouteux
dans la féconde chaise
suivoit de prés, ayant
trouvé la porte ouverte, ses porteurs en quatre enjambéesl'eurenttransporté
dans la chambre. Enfin
les deux chaises se
trouverent placées aux.
costez dela cheminée, &c
---.k Veuve au milieu, les
porteurs évadez elle resta
entre ces deux vieillards.
Lorsaussi embarasséeque
le fut jadis Susanne, le premierprétendant
brutal Se
emporté commença la
querelle, comme il n'avoit
que la langue de libre
aussi s'en servit
-
il de
merveilles, Se conclut
par des reproches, accusant
la Veuve d'inconstance
& d'ingratitude,
envers un amant premier
en date,dont elle trahiffoit
l'amour. Il n'est point
tquçftion
,
reprit l'autre,
qui estoitpluscensé,ny
d'amour, ny de primauté
en date,ny d'inconstance,
avec de vieux gouteux
comme nous, & vous
,
avez tort de mettre vostre
amour en ligne de
comptesiln'y a qu'une
chose à sçavoir, & qu'un
mot qui serve 3 j'apporte
vingt mille escus pour
ma premiere visite ,en
avez vous là trente? elle
vous preferera, & je ne
m'en plaindray point,
qu'elle me
-
congedie.
L'autre ne répondit à cela
qu'en appellant ses porteurs
)
ôc menaçant furieusementsonrival,
&l
jurant qu'il auroit de ses
nouvelles avant le soir.
On le remporta, Se l'autre
après une visite trés
longue, promit d'époufer
le lcpdenlain, mais
en arrivant chez luy le
[air, il trouva un billet
du brutal, qui luy escrivoit
que la rage l'avoit
gueri de la goute, &C
qu'il avoit des pieds pour
aller hors les portes de la
Ville, &C une main pour
se battre,& qu'il ne manquait
pas de sy trouver
dés la pointe du jour:
celuy-cy luy manda qu'il
n'avoir qu'une main, &
point de jambes
,
mais
qu'il vint le voir, ou qu'il
l'attendist chez luy, &C
qu'ils conviendraient de.
la forme du combat, l'autre
y vint une heure aprés.
Le plus raisonnable des
deux dit au brutal que
n'étant point en estat de
tirer l'espée ,ilne doutoit
point qu'il ne consentist
à se battre au pistolet.
Ils convinrent pour cela
que sous prétexte d'aller
prendre l'air,ils se feroient
porter l'un & l'autre
dans une maison de
campagne fort proche de
la Ville, & qu'ils emprunterent
à un de leurs
amis sans luy dire pourquoy
; ils se firent dresser
deux lits dans la mesme
chambre,& après y avoir
couché la premiere nuit
fort tranquilles, ils foupercnt
le soir ensemble
,
se
firent coucher par leurs
valets qui se retirerent ensuite
, &C le lendemain htost
que le jour fut assez
grand pour ce qu'ils
avoient à faire, ils s'accommoderent
& se cantonnerent
chacun sur son
lit ,& tinrent chacun
deux pistolets en évidence,
à condition de les tirer
alternativement. Ce
fut une cérémonie un peu
longue à qui tireroit le
premier, le brutal commença&
manqua le premier
coup, l'autre tira cC
manqua aussi le lien,
maisle brutal recommença
& perça la poitrine à
l'autre; alors voyant celuy
cy qui estoit fort mal,
illuy dit: tu ne feras plus
en estat de me disputer
ma belle Veuve. Ce dernier
mot redoublant la jalousie
du blessé,il tire (on
second coup, qui blessa
l'autreau bras, pendant
ce combat les valets accoururent
aux coups, &
le brutal bravant tousjours
l'autre sur ce qu'il
auroit la Veuve; celuycy
demanda une plume
& de l'ancre; & pendant
qu'on alloit quérir du secoursil
écrivit quelques
lignes & fit cacheter le
billet par un valet affidé,
à qui il recommanda de
le donnerà la Veuve. Le
brutal cependant continuoit
ses bravades, vous
faites bien luy dit-il, de
luy escrire un tendre
adieu, car je la possederay
bien-tost. Une heure
aprés
,
le blessé à mort
mourut, les valets cacherent
ce duel, ils estoient
seuls dans la maison, on
emporta le brutal chez
luy,& on fit croire que
l'autre s'estoit tué luymesme.
Quelques jours après
la Veuveayant receu le
billet, & le jeune homme
l'estantallé trouver pour
se plaindre avec elle de ce
que le riche vieillard la
devant espouser le lendemain
,
estoit mort trop
tost de quelques jours, le
brutal victorieux se fit
porter chez elle, estant
beaucoup mieux & se
voyant en estat de jouïr
du fruit de sa victoire ; en
arrivant il fulmina d'abord
contre la Veuve &c
contre le jeune homme
à qui la jalousie luy fit
dire mille injures, mais
la Veuveluirépondit
tranquillement qu'ilavoit
eu tort d'insulter celuy
qu'il avoit tué, &quele
mourant justement irrité
avoit
avoit voulu du moins en
expirant luy oster les
moyens de triompher de
lui après sa mort en possedant
sa maistresse, &C
qu'illui avoit envoyé un
billet qui estoit un testament
par lequel il lui laissoit
tout son bien, à elle
Se au jeune homme,à
condition qu'ils s'espouferoient,
& qu'ainsi il
n'avoir qu'à se faire reporter
chez lui. Jugez
qu'elle fut la rage de nostre
brutal, elle finit par
un appel à coup de pistolet
qu'il fit au jeune hom- -
me,quiluidit qu'il lui
prefteroit volontiers le
colet l'espée à la main.
Levieuxappellants'écria
qu'iln'estoit pas en estat
de mettre l'espée à la
main, ne pouvant se tenir
sur les jambes, Se que la
partie n'estoit pas esgale;
puisque - vous voulez de
l'égalité répliqua la jeune
homme, attendez donc
que j'aye quatre-vingt
ans, & les goutes , car de
risquer à présent ma vie
contre la vostre
3 ce seroit
joiier trente contre un.
RECEPTION
faite à Monsieur le
le Duc, à son arrivée
aux Estats de Bourgogne.
LE dix huitiéme Novembre
Monsieur le Duc arriva
à Dijon pour prendre
possession de son Gouverxicmenc
de la Bourgogne,
& pour tenir les Estats de
la Province. Il y eut à son
entrée deux mille hommes
fous les armes, il fut harangué
par Monsieur l'Evesque
d'Autun à la teste
du Clergé, & comme estant
Président né des Estats,
par Monsieur le Président
de Magieu à la teste du Parlement,
en l'absence de
Monsieur Bouchu premier
Président
, par Monsieur
Rigolet premier Président
de la Chambre des Comptes,
&parMonsieur dela
Botte Maire perpetuel de
Dijon. Pendant le sejour
que S. A. S. a fait en cette
ville jusqu'au quinze de ce
mois de Décembre qu'Elle
en est partie. Il y aeu plusieursbals
& plusieurs repas
magnifiques chez Moniieur
l'Intendant, & à l'Hostel
de Ville, jeux, concerts
& Comedies & l'on
n'a rien negligé pour diverrir
le Prince qui a paru
tres satisfait.
M 0 R T S.
LA mort enleva le Samedy
dixseptiéme Décembre
1712. Monsieur de Lasteyras
Capitaine Gouverneur
du Palais & Maison Royalle
de saint Cloud, qui avoit
l'honneur d'estre estime
du Roy,aimé de Monsieur
,ôc consideré de Monsieur,
le Duc dOrléans, à
cause de son zele, de son
desinteressement & de sa
vertu, il avoit soixante &
sept ans. Il est mort d'une
blessureà lachasse,où deux
grains de plomb ramez qui
s'écarterent, le frapperent
dans le ventre quoy qu'esloigne
de plus de cent pas.
SonAltesse Royalle agréa
aussi-tost que le fils du deffunt
profitast de la survivance
accordée en 1706.
Messire Maximilien Pierre-
François.Nicolas, de
Bethune
,
Duc de Sully,
Pair de France, Prince
Souverain d'Enrichemont.
& de Boisbelle, Marquis
de Conty, Comte de Gien,
Vicomte de Meaux, Breteüil,
&c. Gouverneur des
Villes & Chasteaux de Gien
& Mantes, Lieutenant General
du pays Vexin, mourut
le vingt - quatre Decembre
1712. âgédequarante-
huit ans sans 1ai(Ter
de posteritéde Dame Magdelaine
Armande du Camboust,
fille de feu Messire
Armand du Cambouft Duc
de Coislin. - -
Parfa mort Messire Maximilien
Henry deBethune
son Frere
, connu fous
le nom de Chevalier de
Sully devient Duc de
Sully, Pair de France.
-
-
DON
DON DV ROY.
LERoyadonné le Gouvernement
de Guyenne vacant
par la mort de Monsieur
le Duc de Chevreu-
Ce, à Monsieur le Comte
d'Eu,second fils de Monsieur
le Duc du Maine.
LIVRE NOUVEAU.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach
pour l'année 1712. contenant,
par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables,
arrivez dans tous les Estats
& Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;,
Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année ,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage
ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers
, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées
faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées
aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées
; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin
tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir,
& on éprouve tous
les jours dans la conversation
, que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens
soient encore
presentes à l'idée,on ne
peut cependant que tresrarement
citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public
que l'on luy donnera
tous les six mois un volume
de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens
, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera
un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance
si agréable de l'histoire
,
dont on veut toujours
estre instruit
,
qui échape
si souvent de la memoire,
c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud-Homme,
Libraire,en la grande salle
duEalais ,à la Bonne-
Foy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe, à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde
vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecciinnqqffooIslsrerleiélieenevneavue.
au.
Le 22. Decembre le sieur
Danchet futrecuà laplace
vacante dans l'Académie
Françoise
, par le deceds
de l'Abbé Talmant
il fit , un tres beau discours,
auquel l'Abbé Regnier
Des Marais, Secretaire perpetuel
répondit avec beaucoup
d'éloquence.
LeDuc d'Aumont partit
le 17. Decembre pouraller
en Angleterre.
Le sieur Prior, Plenipotentiaire
d'Angleterre en
arrivé depuis quelques
jours.
Onmande deLuneville
que le 12 Décembre la
Duchesse de Lorraine estoit
accouchée d'un fils.
PARODIE
de l'Enigme dont le
motest rEcriveflè.
ParMadame de Luf.
L'Ecrevissen'estpoint de
nature à medire
Dans son humeurnoire
pourtant
Sournoise ellepince sans
rire.
Et ne marche qu'en Je
courbant
lJans des trous sans manger,
toutl'hiversejournant
A ce que nous dit Remon
Lule
Et ness-cc pas garderfèbrementsa
cellule.
C'estfaire leCaresmeavec
sobriete,
D'autantplus quelle vit
de poisson tout ¡'Ejlé.
Safigure en tout tempsest
affeZj ridicule
Dufeu qui sur son coeur
agit,
Parce qu'on l'aime elle
rougit,
Car ceux qui l'aiment la
fontcuire,
Et l'astre 1',./au ciel on
voitluire
Estant le principedduuffeeuu,,
EEnnoepféirdoalgcogguuees
,
Ne peut-on p-f,aissdaiirt-ee par
Jet!,
Qu'en unmois del'étéfort
procheduSolstice,
Le principe du feu loge
cf.,cz, l'Ecrevisse,
ENIGME.
J Esuis tantost Guillaume
y
& tantostMadagdelaine
Etje ne fuis pourtant ny
fille ny garçon,
Aux Dames quelquefois
je donne la migraine
Quelquefois auxvieillards
, je cause lefrisson
Je parle oeJfeZj souvent
pour qui ne ri/entendpas.
Et plus souvent à qui ne
voudrait pas m'entendre.
Je ne marche que Jur mes
bras,
CJest par le col qu'il me
fautprendre -
Quand on me veutfaire
chanter,
En parlant aux gourmands,
jescais les contenter.
Qucy que j'en desespere
aucuns quisonta table,
Etj'ay le talent admirable
De donner quelquefois des
conseils tres prudents,
Sans avoirraison ny bon
sens.
EN VOY.
par Madle Timide.
JE crains de ressembler
en certaines chosès
, parce
que je luy ressemble en
d'autrés, l'Ecrevisse pince
sasnsrire, moyj'aime
à rire sans pincer.Je
quitte mon humeur notre
comme l'Ecrervisse pour
ceux qui m'aiment de
bonne amitié, mais ainsi
que l'Ecrevisse
,
je recule
quand on me veut atrapper
l'Ecrevisserougitdu
feu quelle sent
y
ÇJ3 moy
je rougis dufeu que l'on
sent pour moy , car pour
parleren Pedagogue
, en
*
,go
Astrologue, j'aime mieux
loger dans la maison de
la Vierge que dans celle
de l'Ecrevisse & jamais
le principe du jeu ne
logera dansmoncoeur.
PARODIE
de la 2. Enigme dont le
mot est les Chenets.
Par Monsieur rulcain.
CHenets sont deux jumeaux
de pareille
grandeur
Assis aux deux coflez, d'une
maistresse,
Nous brûlons d'une mesme
ardeur,
Quand l'Epoux Doritie
estcausequ'onsempresse,
De
De venirpartager le beau
feu qui nous presse.
Plus ilfait chaud &
plus nous anj;ms de
froideur,
Plusilfait froid &plus
no)s11trefaÎ ce esItÎ terme.
Et si le Ciel tousjours
exerçoit sa rigueur
On nous verroit tousjours
en bonne compagnie.
A propos d'Enigmes, il
m'est tombé entre les mains
un Fragment de traduction
Arabe, qui dit que l'inventeur
des Enigmes en Orient,
futAlkalid ne l'an 100. de
J'Egire
,
& more à Botra
l'an 170. par la connoissance
de la Poësie & des nombres
,
il inventa plusieurs
regles de la versification
, & de la mesure des vers.
Il en forma les parties en
5 cercles. dont il tira 15
especes de vers. Il scandoit
continuellement ces vers,
& son fils l'estant venu voir
un jour, & l'ayant surpris
en cette exercice, dit en
sortant queson pere estoit
fou. Cela futrapporte à Alkalid
qui répondit comme
si son fils eurt elle present:
si tuscavois mon fils ce que
tu dis, tu m'excuserois, tu
m'a blamé parce que tu es
ignorant, jet'excuse parce
que tu es ignorant. Alkalid
, amoureux d'une fervante
la poursuivoit, elle
se sauva dans un Temple.
Il la suivit jusques dans ce
Temple encomposantces
vers sur elle.*-
Taj arrangé des nombres qui
par leur harmonie, devoient mener
une servante à l'amour
du grand chanteur de l'amour.
Occupé de cette pensée &
ne prenant pas garde à ce
qui estoit devant ses yeux, il se cassa la teste contre un
pillier
, & en mourut. Il
expira en scandant les vers
qu'il avoit fait contre la
servante. On se persuadera
mal aisément que tant de
Poësie pust habiter dans le
mesme cerveau avec tant
de sagesse. Cependant Al-
Kalid estoit un parfait Poëte
, & un parfait Philosophe.
Soliman Gouverneur
de la Perse, qui luy faisoit
une pension
,
luy écrivit
un jour de le venir trouver.
Alkalid luy. répondit en
Tfyy Soliman croit que jesuis
riche & dans l'abondance par
ses biensfaits mais je n'ay
point d'argent. Je vis ainsipour
conserver mon ame dégagé des
affections du monde parce que
je ne vois aucun riche dans le
mesme état. Que Soliman neanmoins
ne me croye pas pauvre , puisque la pauvreté & les richesses
sont dans l'ame. &
nondans l'argent. Soliman
qui n'entendoit point ce
-
sublime langage, & qui
vouloitun -courriran.) ÔC
non pas un Poëte, luy retrancha
sa pension. Alka.
lid répondit la dessus:»Ce
» que Soliman m'a oste-n'a-
»joute rien à ses richesses
'»& n'augmente point ma
je
pauvreté. Soliman honteux
de ce qu'il avoit fait,
rétablit la pension d'Alicalid
,
qui luy écrivit après
J le malheur vient des étoiles
mais l'admirationvient
de Soliman.
Dagbal fameux Poëte latyrique
, avoit coutume de
dire il y a 50.ans que je
porte une potence sur les
épaules; j'ay tourné de tous
costez afin qu'on m'y pende
, & je ne trouve personne
qui le veuille faire.Ayant
fait une Satire sanglante
contre le Prince Ibraim
,
parent duKalite Almamo.
cen, qui commence par ces
vers cc
Ibraim a paru dans
l'Heraque, & tous les
et
gueux & les fous acconr«
rent àluy de tous cost zr-
Ibraim alla demander julliceauKalife,
de l'insolence
de Dagbal. Almamocen
sans s'émouvoir luy demanda,
qu'a-t- il dit contre vous?
Ibraïin ayant recité au Kalife
les vers les plus insolens
de la Satyre, écoutés
,
lui
ditAlmamocen,les vers que
voicy il recica une douzaine
de vers sanglans que
Dagbal avoit fait contre
luy,&aprés les avoir recitez,
ildit, Dieu maudisseDagbal,&
punisse l'insolence
qu'il a eu d'attaquer aulIi
celuy qui eil: né dans le
Saint Kalifat.
Nouvelles d'Allemagne,
La commissiond'Administrateur
de la Baviere a été
donnée au Comte de Sraremberg
àla placeduPrince
de Lewenltein qui exerce à
present celle de premier
Commissaired'Autriche à
laDiette de Ransbonne.
L'Abbé de Kempten a été
fAait PurésildeintqduuCoense.il
On a envoyé des ordres
dans les Pays hereditdires
)
pour travailler aux revues,
& aux remontes de toutes
les Troupes Austrichienncs,
afin qu'elles puissent semettreen
campagne de bonne
heure. Les Etats decesPaislaont
fait voit qu'illeurétoit
impossîble de payer les fommes
extraordinaires qu'on
leur demande, étant épuisez
par la longueur de la guerre.
L'Archiduc a envoyé un
decret à la Diète de Ratifbone
pour solliciter les Princes&
Erats de l'Empire de
payer leur contingent du
misiond'écus accordé l'année
dernière, que pluficurs
n'ontpointencore satisfait,
>8cde fournir quatre milions
d'écus pour la Caisse Militaire
, & les autres dépenses
de la Campagne prochaine
afinde poursuivre la guerre
avec vigueur.
Les Etats de la Basse Au
striche s'assemblérnt le 16.
Novembre en presence de
l'Archiduc. Le Chancelier
leur fit la demande d'un sub.
fide plus considerable qu'à
l'ordinaire, à quoi l'Archiduc
les exhorta par un discours,
leur faisant connoître
le besoinqu'il en avoir.
Le Maréchal des Etats répondit
qu'ilsferoient tous
les efforts possibles dans le
mauvais état ou ils étoient
réduits par une si longue &,.
si onereuse guerre. -
L'Archiduc a confirmé
sans aucun changement les
Conseillers du Conseil Aulique,
qui depuis la mort de
l'EmpereurJoseph, n'exerçoient
leurs charges que par
provision.
Les lettres de Conltantinople
du t. Octobre portent
que le Roy de Suede &
le Kan des Tartares, de
voient se rendre a Andrinople,
où le Grand Seigneur
doit allerpasser l'hyver fitôc
qu'il aura donné audience à
l'Ambassadeur de Moscovie,
quelesMinistres dela
Porte regardoient comme
une contravention formelle
au dernier traité, les délais
que lesMôlçovites apportent
pour sortir de Pologne
& de l'Ukraine, que l'Armée
:
Otthomane n'étoit pas encore
separée,&qu'il yavoin
toute apparence a une rupture
avec le Czar, qu'on
attendoit le retour de l'Aga
envoyéenPologne à l'arrivée
de l'Amb ssadeur de ce
Royaume, que les Suédois
assurent n'avoir point été
envoyé par la Republique.,
mais par le Roy Auguste
Nouvellesd'An
Le Comte de Scraffoni
doit partir incessamment
pour retourner à Ucrechî
& le Sieur Prior pour retourneren
France.
Un Courrierdépêché par
le Comte de Lexington, a
rapportéque le 5. du mois
pasle le Roy d Espagne avoir
Signé l'Acte par lequel il renonce
à la Couronne de
France, on a tenu sur ce sujet
un conseil de Cabinet,
auquel le Comte de Strafford
assista le 19.Novembre,
Le Pennipost qui est un
Messager à pied, portant des
lettres & des pacquers d'un
quartier de Londres à Tau»
tre, porta une boëte au
Comte d'Oxford Grand
Tresorier, dans le cems
qu'on le rasoit. Le Docteur
Sweft son ami quiétoit present
lui demanda la permit
bon de l'ouvrir, ilcoupa
une fisselle par le côté & y fie
une ouverture par laquelle
il apperçûtdeuxpistolets.
chargez, dont la détente
étoit attachée à la fisselle de
dessus, qui les auroit fait tirer
si on l'avoir coupée; on
y a trouvé aussi des cornets.
d'ecritoire chargez à balle,.
On ne sçait pas quelest l'au..
teur de cette entreprise.On,
a promis de grosses recompen
fesà ceux qui le découvriront.
• Le Vaisseau François le
Griffon qui avoit été pris &
conduit enAngleterre ayant
été relâché,ja Reine a accordé
au Commandantdeux
Vaisseaux de guerre pour
l'escorter jusquà ce qu'il soitenpleineMer.
On mande de Lisbone du
7. Novembre que le Major
General Pearce qui commande
les Troupes Angioises
y étoit arrivé le 6. après
avoir fait publier sur la frontiere
la Suspension d'Armes
conclue avec la France &
l'Espagne:que le peuple fatiguéde
la guerre attendoit
avec imparience le Traité
de Suspensîon conclu à
Ucrechentre ces deux Couronnes
& le Portugal, que
le Vice Amiral Baker devoit
faire voile au premier jour
avec son Escadre de neuf
Vaissêaux de guerre pour
retourner en Angleterre
Traite de Suspensionà'Armes
entre i. France (p* l'Aiu
gleterre*
Ommc il ya lieu d'er.
perere un heureux
succes des Conférences établies
à Urechr par les soins
de leurs M. T.Chrétienne
& Britannique pour lerérablissement
de la Paix generale
,
& quelles ont jugé
necessaire de prévenir tous
les évenemens de Guerre,capables
de troubler l'état ou.
la Négociation le trouve
prefentemenc ; - leurdités
Majestez,atrentives au bonheur
de la Chrétienté, font
convenues d'une Suspension
d'armes, comme du moyen
le plus sûrpourparvenir au
bien général qu'Elles se pro..
posent. Et quoique jusqua
present Sa Majesté Britannique
, n'ait pu persuader
ses Alliez d'entier dans ces
mêmes sentimens, le refus
qu'ils font de les suivre n'étant
pas uneraisonsuffisante
pour empêcher Sa Maje«
(té Trés-Chrétienne de marquer
par des preuves effecti-
,
ves, le désir qu'Elle a de rétablir
au plutôt une parfaite
amitié, & une sincere correspondance
entre Elle &la
Reine de la Grande Bretagne,
les Royaumes, Etats
&Sujetsdeleurs Majeftez.
Sadite-Majesté Trçs Chrétienne
après avoir confié aux
Troupes Angloises la garde
des Ville,Citadelle&Forts
de Dunkerque
, pour marque
de sa bonne foy, consent
& promet, comme la
Reine de la Grande Breta-
I gne promet aussi de sa parc.
I.
Qu'il y aura uneSuspension
generale de
- toutes eiv
treprises & faits d'Armes,
& generalement de tous
a£tes d'hostlitez entre les ,-
Armées, Troupes, FJotcs,
Escadres& Navires de leurs
Majestez Très-Chrétienne
& Britannique, pendant le
terme de quatre mois, à
commencer du vingt deuxième
du present mois
d'Aoust, jusqu'au vingtdeuxiéme
du mois de Decembre
prochain.
IL
LamêmeSuspension fera
établie entre les garnisons&
Gens de Guerre,que leursM.
tiennent pour la défense &
garde de leurs Places, dans
tous les Lieux où leurs Armes
agissent, ou peuvent
agir, tant par Terre que par
Mer, ou autres Eaux, en
forte que s'il arrivoit que
pendant le tems de la Suspension,
on y contrevint de
part ou d'autre, par la prise
d'une ou de plusieurs Places,
soit par attaque, surprise,
ou intelligence iccreie, en.
quelque endroit du monde
que ce fust, qu'on fist des
Prisonniers, ou quelques
autres Actesd'hostilité,par
quelque accident imprévû
dé la nature de ceuxqu'on
ne peut prévenir
,
contraires
à la presenteCessation
d'armes, cette contravention
se reparera de part &
d'autre, de bonne foy, sans
délay ni difficulté, icftituant
sans aucune diminution,
ce qui aura été pris, &
mettant les Prisonniers en
liberté,
liberté, sans demander aucune
chose pour leur rançon,
ni pourleur dépense.
III,
Pour prévenir pareillement
tous sujets de plaintes
& contractionsqui pourroient
naîstre à l'occasion
des' Vaisseaux, Marchandises,
puautreseffets qui sesto,
ient p, ris parM,er, penT -
dant le tems de laSuspension
voiv est convenu reciptoquehrerrr
qtiè;: lefdite
"yài-ffcauxV Marchandises &£
effets qui seroient pris dans
la Manche, & dans les Mers
du Nord, après l'espace de
douze jours, a compter depuis
la signature de la susdite
Suspension,seront de part
& d'autre restituez réciproquement.
Que le terme fera desix
semaines pour les prises faites
depuis la Manche, les
Mers Britanniques, & les
Mers du Nord, jusqu'au
CapSaint Vincent.
Et pareillement de six lèmaines,
depuis& au- delà de
~c Capjusqu'àlaLigne
>
foie
dans l'Ocean, soit dans la
Mer Méditerranée.
Enfin, de six mois au<
delà de la Ligne, & dans
tous les auttes endroits du
monde, sansaucuneexception
ni autre distinction
plus particulière de temps
& delieu.
IV.
Comme lamêmeSuspension
fera observée entre
les Royaumes de la Grande
Bretagne & d'Espagne; Sa
MajestéBritanniquepromet
qu'aucun de ses Navires de
Guerre ou Marchands, Barques
ou autres Bastimens appartenais
à Sa Majesté Britannique
ou àses Sujets, ne
feront desormais employez
à transporterou envoyer en
Portugal, en Catalogne, ni
dans aucun des lieux où la
Guerre se fait presentement
des Troupes, Chevaux, Armes,
Habits, lX en general
routes munitions de guerre
:&de bouche.
.< V.
: ',', Toutefois il sera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes,
des munitions de guerre
& de bouche, & autres
provisions dans les Places de
Gibraltar, & dePort-Mahon,
actuellement occupées
par ses Armes,&donc
la possessionluidoitdemeurer
par le Traitéde Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne les
Troupes Angloises , & gçneralement
tous les
e
ffets
qui luy appartiennent dans
ce Royaume, soit pour les
faire passer dans ilflcde Minorque
, soit pour les conduire
dans la Grande Bretagne,
sans que lefdics Transports
soient censez contraires
à la Suspension.
Vl.
La Reine de la Grande
Bretagne pourra pareillement
sans y contrevenir,
prêcer ses Vaisseaux pour
transporrer en Portugal les
Troupes de cette Nation
qui font actuellement en
Catalogne, & pour [rane.
porter en Italie les Troupes
Allemandes qui sont aussi
dans la même Province.
VIL
Immédiatement après que
le present Traire de Suspension
aura été déclaré en
Espagne, le Roy se fait
fort que le blocus de Gibraltar
fera levé, & que la Garnison
Angloise aussi- bien
que les Marchandsqui Ce
trouveront dans cette Place,
pourront en toute liberté
vivre, traiter & négocier
fLYcc les Espagnols.
,
VIII.
Les Ratifications du present.
Traité seront échangées
de part& d'autre dans
le terme de quinze jours,
pq plûtôt si fairese peut.
Enfoydequoy, &en
vertu des Ordres& pouvoirs
rqeuçeûdNuoRusoysTourésssi-gGnehzréatviocnns,
& delàl^èine delaGrande
Bretagne, nos1 Maître&
PMaprpaeoîssteeresnlsteseess,,a&'Svcyo^anausvx^loidgnénstéielfecs
stïc Armes,
Armes. Fait à Paris le dixneuviéme
Aoust mil sept
cens douze.
(L.S.)COLBERT DE
TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE
PROCLAMATION
Du Traitéde Suspensiond'Armes
avec la France 0-
l'Angleterre.
o
N fait à sçavoir à
tous qu'il appartiendra,
qu'il y a Suspension
d'Armes générâtes de tous
actes d'hostilité, tant par
Terre que par Mer, entre
Très-Haut, Très Puissant,
& Très- Excellent Prince
LOUIS, par la grace de
Dieu, Roy de France& de
Navarre, nôtre Souverain
Seigneur: Et Tres Haute,
TrèsPuissante & Tres. Excellente
PrincesseANNE,
Reine de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux
,
Sujets,
Serviteurs, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres&
Seigneuries de leur obéïssance,
pendant le temps de
quatre mois, à commencer
du vingt- deuxième jour du
present mois d'Aoust, &
finissant le vingt-deuxiéme
du mois de Decembre prochain.
Pendant lequel temps
de quatre mois, ilest défendu
aux Sujets de Sa Majesté,
de quelque qualité & condition
qu'ils soient, d'exercer
contre ceux dela Reine
de la Grande Bretagne, aucun
ac*e d'hostilitépar Terre,
par Mer, sur les Rivieres,
ou autres Eaux, & de
leur causer aucun préjudice
ni dommage, à peine d'être
punis fevercmenc, comme
pertubateurs du repos public.
Fait à Foncainebleau
le vingt-uniéme Aout mil
sept cens douze.
SIGTC, LOUIS.
Etplus bas:
COLBERT.
ARTICLE
A¿j/.oûAt.é.*au TTr:a.ité d-,esSu,fsip. ension
d'Armes entre la France
O* l'Angleterre. Comme il estporté
par l'ArticleIII. du
Traité de Suspension d'Armes,
que les Vaisseaux,Marchandises,
ou autres effets
qui feroient pris de part &
d'autre par Mer au-delà de
la Ligne, & dans tous les
autres endroits du monde,
&c.suivant la derniere clause
dudit Article, aprés l'expiration
de six mois, seront
reciproquement restituez.
Pour prévenir tout équivoque
& tout embarras qui
pourroient naistre, & toutes
les difficultez qu'on pourroit
former sur le fondement
que la Suspensionn'étant
que de quatre mois,
les Prises qui seront faites
dans lesdits endroits au bout
de sixmois, feront bonnes:
Il a été convenu quesi malheureusement,
ce qu'à Dieu
, ne plaise, la Guerre rccoramençoit
encore entre leurs
Majestez Tres
-
Chrétienne
& Britannique
,
la même
Suspension de quatre mois
fera observée au-delà de la
'L,Ligignnee,&danslesautres en-
, & dans les autres cndroits
marquez en gcneral
par la derniere claufc de rArticle111. en forte que
ladite Suspensioncommencera
dans ces mêmes endroits
le vingt deux Février
1713. pour estre observée
jusques au vingt-deux Juin
de la même année 1713.
quoiqu'il arrive en Europe,
& les Ratifications de ce pre-l
sent Article seront échan-J
gées de part & d'autre dans:
le terme de quinze jours
ou ptûtôt s'il ca pofliblc.!
Fait à
-
Fontainebleau le
vingt quatre Aoust milfcpt
cens douze.
( L. S.)COLBERT DE
TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE.
PROROGATION
1 Il
De la Suspension d'Armes en.
tre la France & l*Angle-*
terre. cOmme un Traité Je
Suspension d'Armes
tant par Terre que par Mer»
ou autres Eaux a été fait
entre leurs Majestez Tres-
Chrétienne & Britannique
1 & signé à Paris le dix-neuf
d'Aoust 1712 pour leterme
de quatre mois, à commencer
le vingt- deuxiéme
dudic mois d'Aoust: Et
comme ladite Suspension
expirera le vingt-déuxiéme
jour de ce present mois de
Decembre, nouveau Rylet
leursMajestez le Roy Tres-
Chrétien, & la Reine de la
Grande Bretagne, étant du
même sentiment qu'elles
étoient alors, & ayant les
mêmes vûës pour le bonheur
de la Chrétienté, ont
,jugé necessaire de prévenir
tous les évenemens de la
Guerre, capables de troubler
les mesures qui ont été
prises pour parvenir au bien
général qu'Elles se proposent
: Et pour ces raisons&
aauuttrreess), oonnttaaggrreéee&r.ccoonnflcenn.-.
ti, comme elles agréent&
confcntent par ces Presentes,
de prolonger&continuer
ladite surpension d'Armes
pour le terme de quatre
mois, à commencer dudic
vingt- deuxieme de ce present
mois de Dccembrenouveaustyle,&
à durerjusqu'au
vingt-deuxième dumoisd'Avril
de l'an 1713. nouveau
style
, en forte que ledit
Traité de Suspension d'Armesconclu
à Paris le jour
susdit, fera continué&prolongéen
toutes manieres ;
sans aucune interruption ou
obstruction pour le terme
fus mentionne, comme s'il
étoitrenouvellé & inseré ici
de mot à mot.
En foy de quoi Nous
avons figné les Presentes,
& y avons apposé les sceaux
de nos Armes. Fait à Verfailles
le quatorziémeDécembre,
& à Londres le2 6. -
Novembre 7 Décembre
mil sept cens douze.
(L.S.) COLBERT DE
TORCY.
(L.S.)BOLINGBROKE.
PROCLAMATION
De la Prorogation de la Suspension
d'Armes entre la
France & l'Anglerre.
DE PAR LE Roy. ON faità sçavoiràtous
qu'il - appartiendra,
que la Suipenhon d'Armes
accordée levingt-deuxième
du mois d'Aoust
dernier, entre Tres-Haut,
Très- Excellent, & Tres-
Puissant Prince, LOUIS,
par la grâce de Dieu, Roy
de France & de Navarre,
nôtre Souverain Seigneur:
Et Tres-Haute, Tres- Excellente
& Tres-Puissante
Princesse,ANNE, Reine
de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux, Sujets, Serviteurs
, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres
& Seigneuries de leut
obéïssance, pour durer pendant
le temps de quatre
mois,commençant le vingtdeuxiéme
jour dudit mois
dJAoull:1dCrJuer, & finissant
le vingt deuxiéme du
present mois de Décembre,
aétéprorogée & ccoonnttlinnuueé~e
pour l'espace de quatre autres
mois,commençant ledir
jour vingt-deuxième du
prefenc mois de Décembre,
& hntÍfaot le vingt deuxiéme
Avril prochain 1713.
Pendant lequel temps il est
défendu aux Sujets de Sa
Majesté de quelque qualité
& condition qu'ils soient,
d'exercer eontre ceux de la
Reine de la Grande Bretagne,
aucun Acted'hostilité
par
par Terre, par Mer, sur
les Rivieres ou autres Eaux,
& de leurcauser aucun préjudice
ni dommage, à peine
d'estrepunissévérement
comme pertubateurs du repos
public. Et afin que personne
n'en prérende cause
d'ignorance
,
ordonne Sa
Majesté que la Presente sera
lûë, publiée & affichée
par tout ou besoin fera.
Fait à Versailles le quinziéme
Décembre 1711.
Signé, LOUIS.
Et plus bas:
,. COLBERT.
SUPPLEMENT
1
Aux nouvellles d'Espagne&
d'Hollande. LEs Lettres d'Estramadure
-
pottent, que
l'armée s'est separée pour
entreren quartier d'hyver,
& qu'un détachement de
Cavalerieétantalléen course
avoit rencontré un convoy
de vivres & d'autres
provisions, du côté d'Olivença,
ouil alloit, l'attaqua,
en ruina la plus grande partie,
poursuivitl'escorte jusqu'aux
barrieres de la Place,
& fit plusieurs prisonniers,
& prit plusieurs chevaux,
& les Timbales du Régiment
d'Olivença.
On mande deCatalogne
que l'armée s'étoitseparée
le 19. Novembre pouraller
prendre des quartiers
d'hyver dans le Comté de
Ribagorça en Arragon &
dans le Royaume de Valence.
Le Roy ayant eu avis
par un Courrier exprés que
le Maréchal de Berwick
avoir été nommé par le Roy
de France, pour commander
une armée qui s'assembloit
dans le Roussillon,
pour encrer en Catalogne
vers le ij. de ce mois; le
Roy a envoyé ordre à l'armée
de se rassembler, de
rentrer en Catalogne & d'y
penetrer le plus avantqu'il
feroit possible tandis que le
Maréchal de Berwick s'avanceroit
de son côté dans
le Lampourdan.
Les Gardes du Corps
qui sont en quartier à Talavera
de la Reina sur le Tage,
ont eu ordre de marcher
vers la Catalogne au
nombre de deux ou trois
mille Chevaux.
Les Lettres de Montpellier
du 6. Décembre
portent, que le Maréchal
Duc de Berwick y étoitarrivé,
& les Troupes du Dauphiné
au nombre de trente
neuf Bataillons & quarante
un Escadrons qui devoient
le lendemain continuer leur
marche vers le Roussillon,
.& vers la Catalogne.
Il y a plusieurs Officiers
Generaux, entre autres les
Sieurs de Silly,de Cadrieux,
d'Arennes, de Dillon, & de
Broglio.
On écrit de Perpignan
du 11. queleMaréchal Duc
de Berwick y étoit arrivé
& qu'il faisoit toutes les
dispositions necessaires pour
faire marcher l'arméeaussitôt
qu'il auroitété joint par
les Troupes du Dauphiné
qui ne pourroient arriver
quequelques jours avant les
Festes de Noel.
Les Lettres des environs
de Gironne du 7. portent
que le General Saremberg
étoit arrivé au blocus.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on tient souvent
des Conferences à la
Haycentre lesMinistresdes
Alliez, qui conferent aussi
avec le Comte deStrafford,
qui doit partir incessamment
pour se rendre à
Utrechr. Les Lettres d'Utrecht
assurent que le Com- te de Strafford y est arrivé
le 15. Decembreoù ltE..
vêque deBristol &ce Comte
ont eu plusieursConferences
avec les Plenipotentiaires
des deux Partis, que
le Comte de Strafford partic
d'Utrechtle18oùilnctoit
point encore revenu le
20. sans que l'on sçache
quelle route il a prise;son ne
sçaitpoint encore quand les
Conferences generales commenceront
àUtrecht, quoique
le Comte de Strafford
ait comumuniqué les Propositions
dontil étoit charge,
ily a toute apparence
qu'on attend le retour des
Courriers envoyez par les
Plenipotentiaires des Alliez
avant que de les rendre pi^
bliques.
Suite des Nouvelles
d'Angletette.
LA Reine a nommé le
Duc de Shrewfbury pour
alleren France à la place
du feu Duc d'Hamilton.
Ce Seigneur revint le six
Décembre de Windsor
,
il
ordonna à ses Domestiques
de se tenir prests à partir
dans douze ou quinze jours
au plus tard.
Le Marquis de Carmarthen
fils du nouveau Duc
de Léeds, épousela fille du
Comte d'Oxfort, Grand
Thresorier.
Le 5. De0cembreMylord
Marlborough partit de
Londres pour aller s'embarquer
àDouvres&passer
à Ostende.
On a publiéune proclamation
Dier laquelle on prometcinq
cent livres sterlin
de recom pense à ceux qui
livreront le General Ma-
Kartney entre lesmjinsde
la justice. Le Colonel Hamilton
qui est venu se presenter
volontairement
,
à
esté envoyé à la prison de1
Newgate, pour estre jugé
à la Jprochaine Session de
LoldBailly. Deux porteurs
de chaires avant declaré
qu'ils avoient portéle sieur
Macartenay deguisé en femme chez le Douc deRichemond
; on y envoya
quelques Huissiers
,
soutenus
par un détachement
des Gardes
,
maison ne l'y
trouva pas. La Duchesse
d'Hamilton a fait publier
qu'elledonneroit trois cens
livres sterlin, outre les cinq
cens que la Reine a promises
à ceux qui livreront le
Lieutenant General Macartenay
entre les mains
de la Justice: mais quelque
recherche qu'on ait faite
on n'a pu jusqu'à present le
trouver.
On attend à la Cour
d'Angleterre le Prince Ragotzi
:il vient prier la Reine
d'employer fès bons
offices pour faire inserer
dans le Traité de Paix qu'il
fera restabli dans la paisible
possession de ses biens. Le
bruit court qu'il passera en
France pour le mesme sujet.
Le Marquis de Monteleonarrivaà
Londres le seize
Décembre avec plusieurs
seigneurs Espagnols. Le
ifcur Lewis premier Commis
de Mylord Darmouch
Secretaire d'Estat
,
fut le
recevoir à deux mille de
Londres avec un carosse à
six chevaux de la Reine , & l'a conduit chez ce Mylord
, où ilaesté complimenté
par les seigneurs du
Conseil
, avec lesquels il
a esté magnifiquement
traité.
Le Comte d'Arran frere
du Duc d'Ormond, alla à Windsor pour remercier la
Reine de la Charge de
Grand Maistre d'Artillerie
d'Irlande que Sa Majesté
lui a donnée.
Le Comte d'Oxfort
Grand Thresorier
,
le Vicomte
deBullingbrookSecretaire
d'Estat, & plusieurs
autres qui ont des Emplois
à la Cour
,
allerent à la'
Cour du Ban du Roy où.
ils presterent les sermens
portez par les Loix.
Le Colonel Hamilton
qui est prisonnier à Newgate
est tres souvent vifué*
par ses amis & par ses Avocats,
il doit estre jugé à la
premiere Sessionde la Cour
de Lold Bailly qui se tiendra
le vingt-cinq. Les tesmoins
ont esté citez pour
y comparoistre.
10
Chan/on. Etrennes à Climenne2O.
Lettres a Al. le Marquis de..
sur un Livre intitulé, les
Soupirs de l'Europpe. 25
Balladefur les Sotes. 71
Envoy. 74
Dissertation Académique 3sur
les Miroirs ardens. 75
Lettres de Genes. Evénement
singulier, d'une mort arrivée
au mois de Juin 1712,.
5>7
A Afademoifelle C. Stances
irregulieres. m
Livre nouveau. 12.8
Avertijjement du Livre qui a
ptourr tiétre Lea N.oHuvell9eAs- La teste d'Asne, Conte. 13j
Entrée de M. le Chevalier de
la Vieuvdle, Ambajjadeur
de Ma/the. 1;9
Creation d'Officier de Marine.
154
Nomination de quatre - vingt
cinq, Chevaliers de l'Ordre
Âd.litdire de S. Louis. 157 DonduR,oy.158
Detail de la mort dIt Duc
d'Hamilton. 119
Devisès pour les Jettons de
l'anncc1-713. faites par
l'Academie Royale des Inf.
criptions. 169
Epitaphe d'un JLevron qu'on
avoitempefbe de croiflre
en luyfaisantboirede t'eau.
Edneviieg. me.17I972,
Avantliretragi-comique, écrite'
par un Suiffe de Soleure. 184
Receprionfaite à M. le Duc,
a son arrivée aux Eflats de
Bourgogne.m
Morts. 114.'
Nouvelles d*Ailmagne.241
Nouvelles etAngleterre.2,46
Traité de Sufpenfton d'Armes
entre la France C7 l'An.
gleterre. 2yr
Qualité de la reconnaissance optique de caractères