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1712, 08 (Gallica)
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61.40 Mo
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318
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Texte
MERCURE
GALANT.
AOUST, 1712.
A PARIS,
M. DCC XII.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F.
Mois
d'Aoust ,
1712.
Le prix est30. sols relié en veau,&
25. sols, brochez
A PARIS,
Chez DANIEL J 0 L LET, au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIIRRE RIBOU
,
à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE,àl'entrée de la rue
du Foin, du côté de la rue
SaintJacques.
jtvesApfrob*tiort)&Privilege duRoi.
MERCURE
GALANT.
AOUST 171Zr.
LA CONVENTION
matrimoniale. uNe nouvelle mar*iée,
femme tres -
vertueuse.,
mais encore plus enjouée,
demandoit à son mary
s'il seroit aussi fidelle 5-
qu'elle. fly.pit Yçfolu de
Tertre> cela n'est p-is
égal, respondit le mary,
qui entendoitraillerie,
mais qui ne plaisantoit
quede fang-fioUL--Non,
continua-t-il? il n'est pas
juste qu'un homme borne
sa tendresse à sa femme
,
maisune * femmes
doit borner la sienne à
son mary. Ils disputerent
quelque tempsfiirj ebeoe
matieresirebattus,&
de se dirent que des plaisanteries
usées que je
n'aime point à repeter,
& que vous aimeriez encoremoins
à lire.
Le resultat de leur dis
pute fut un marché conclu
entre eux ; sçavoir,
qu'ils s'entre-aimeroient
tant que leur amour durerait
, mais ils s'obligerent
de faire succeder à
cet amour,estime, amitié
,
égards, en un mot
fout ce que se promettent
les époux après quelques
mois demariage
lorsqu'ils sont prests de,
se haïr, ceux - cy se promirent
de plus, une sincerité
sans reserve , une
confiance mutuelle, u
si exacte qu'ils ne se cacheroient
aucun deleurs
sentiments, non pas met
me leurs infidelitez
,
si le
cas arrivoit,c'est-à-dire,
à l'égard du mary, car la
femme solidement vertueuse,
promitde bonne
foy
, que ne pouvant re spondre
de la durée de son
amour, elle refpondoit
du moins de la durée de
son indifférence.
Le maryd'aussi bonne
foy que sa femme, avoüa
qu'il ne pouvoit en promettre
autant, & sa femme
plus raisonnable qu'-
on ne pourroit se l'imaginer,
n'exigea de luy qu'
une feule chose.
G)est le moins que vous
yutJJïeZjfaire pour moy,
dit-elle, quandvostre
amour cessera,que de rriestimer
aficz* pour me confier
vossecrets
,
f5 je vous
declare, que si vous me
caci)ez, jamais les moindres
circonstances de vos
avantures , je me tiens
en conscience relevée du
serment de fidelité que je
vous faits..
Le mary trouva cette
menace -tres-equitable
Se après avoir juré qu'il
n'aimeroit jamais que sa.
femme, illuy jura que si
par malheur il devenoit
parjure
,
iln'auroit point
d'autre confidente que sa
chcre époule.
Ce fut là les conventions
matrimoniales de
ces nouveaux mariez,
conventions verbales feulement
, car ilsavoient
oubliéde les stipuler dans
leurcontract de mariage.
Quelques mois de fidelité
s'écoulerent, celle du
Jllary ne resista pas longtemps
à certaine voisine,
femme de peu de merite ,
à sa beauté près, sonmary
estoit si brutal qu'il
meritoit bien une femme*
coquette, elle ne put refuser
à nostre jeune marié
une partie de campagne
,
il ne sagissoit pourtant
que d'un souper ?
car ilsestoient tous deux
mariez, ainsi ma plume
est trop reguliere pour
écrire cette avanture si je
n'avois sceu de bonne
part qu'ils n'avoient dessein
que de boire ensemble
feulement. Quoy
qu'il en soit, le nouveau
marién'eut pas le courage
de confier à sa femme
cette nouvelle inclination
:voicycomme elle
en fut informée.
Un jeune fat beau de
visage, droit & guindée
tres feur de plaire
, se
crut aimé d'elle
, quoy
qu'elleluy jurast qu'il
n'en estoitrien; il comr
mençoit à l'importuner
beaucoup, elle luy don-
,
na son congé qu'il ne
voulut point prendre;
farce que, disoit-il; cette
rueriu, qui soppoje a mon
bonheur, doit ceder a une
raisonsans répliqué: cep
que rvojlre." >mdry vous
trompe. Elle, luydemanda
des preuves convainquantes
, moyennant
quoy elle luy promit ce
qu'ellen'avoit nulle enviedeluy
accorder. Pçiv
dant qu'on travailloit à la
convaincre ,un Laquais
de cette voisine vint pour
apporter une Lettre à son
maryqui estoit partidès
le grand matin pour. Ver
,
failles,elle connoissoit
les livrées delavoisine;
dès qu'elle vit le Laquais,
elle luy détacha un des
siensqui legagna. Dix
louis d'or firent tomber
la Lettre des mains du
porteur, ,
& onluyen
promit dix. autres pour
aller dire à sa maistresse
qu'il avoitremis la Lettre
entre les mains dumary ;
cela estoit necessaire pour
l'idée que cette Lettre fist
naistre à nostreépouse
offensée.Voicy ce que
marquoit la Lettre avec
d'autres traits qui la mirent
entièrement au fait.
Moncher, &c. nous ne
pouvonspas aller ce soir
à la maisonde campagne
de Mr,&c. jevous
prie de remettre ce souper
à demain, &c.
Dans cette Lettre estoit
enfermé un billet sur lequel
le concierge qui
avoit préparéle souper à
la maison de campagne,
devoitlaissèr entrer trois
Dames & un homme. Le
22. Juin iyiz. les Dames
avoient renvoyé le billet
afin que son Amant changeast
la date;car parcertaines
circonstances trop
longues à deduire, ce
souper mysterieux, en
maison d'emprunt,avoit
ees,teéoorrdoonnnneéppaarruunnttIieerrss,,
& l'Amant ne devoit sy
rendre que tard au retour
de Versailles, oùilefloit
allé dès le matin pour affaires
impreveuës.
Ces deux billets suffisoient
pour faire naistre
l'idée dont vous allez
voir la qu1ite.Nostre jeu- ne mariéequi avoit3com~
me j'ay desja dit, beaucoup
de gayeté dans l'ef
prit, pria deux de ses
amies
amies de venir avec elle
à la campagne manger
le soupes de son mary ,
,& le jeune importun arriva
tout a propos pour
faire le quatrièmeporté
par le billet. Enfin 'vous
mavezpersuade,luy
.dit-elle dèsqu'elle le vit
entrer,je- conviens
,qu'il est juste queceluy
qui mafiaiLçonnoifiretinfidelite
mon mary, m'aide à m'enranger
mgiiiezen carrosse avec
nousje veux njous donner
âsouper a la campagne.
Jugez si la vanité
du fat fut flattée, car il
estoit plus vain qu'amoureux
,
& il fut ravy d'avoir
ces deux autres Dames
pour tesmoins de sa
bonne fortune. Ils arriverent
enfin tous quatre
à la maison de campagne,
où il futencore plus charmé
de la seste magnifique
&galante qu'il creut
pré,paré1e exprés pour 1luy.
Le concierge les receut
sur le billet qui estoit de
la main de celuy qui
avoit ordonné la feste,&
sur lequel on devoit recevoir
sa compagnie.
Les Dames userent de
la maison & de la feste
avec une liberté qui confirmoit
encore te concierge
dans son erreur. Elles
se firent servir le fouperen
attendant le mary qui arriva
bien-tost après avec
l'impatience d'un Amant
qui croit estre attendu
par samaistrsse Le concierge
luy dit à son arrivée
que ces trois Dames
&. son amy estoient desja
à,table
,
& avoient fait
servir malgréluy
,
qui
vouloit l'attendre, il fut
charmé que sa maistresse
en usast si librement, &
cette liberté luy fut de si
bon augure qu'il ne fit
qu'un faut delà dans la
salle ,<& courutavectant
daprecipitation,qu'ilestoit
au milieu des trois
Dames avant que de s'estre
apperceu que ce n'estoient
pas celles qu'il croyoit
trouver là. Quelle
surprise fut la sienne, il resta
immobiledansun fauteüil
où sa femme le fit
tomber auprèsd'elle,pendant
que les deux compagnes
retenoient dans
un autre le petit homme à
bonne fortune,qui avoit
voulu fuirà l'arrivée du
mary. Mettez- vous à la
place de l'un de l'autre
06 jugez lequel des deux
cistoit le plus estourdi ou
du mâry ou du galant.
La femme rompit le silence
la premiere Vous
avez manquéa vos conventions,
dit- elle à son
mary, il netient pas à
Monsieurqueje n'execute
les miennes , vous m'avezfait
mistere de vos
nouvelles amours , & si
Monsieurn'avoit eu la
bonte de m'en, avertir
vous fériez, icy bien plus
avojlreaise que vous n'y
estes. Ce seroit pourtant
dommagequ'une feste si
galamment préparée se
passast tristement
, qJous
¿tqJeZ.icy deux partis a
prendre, choisissez:l'un
c'est de nous laisser avec
, Monsieur dans la joyer
que vous troubleriez à
coup seurpar l'humeur où
je vous voy : l'autre party
ycejt de restergayement
avec nous, enchas.
sant d'icy celuy que jeny'
ay amenéquepour leconfondre.
Cette alternativefut
~d~oonl~nlJéé~eaumaryd'une au inary, d'une
iàçonc sienjouée sidouçe.&
si naturelle
, que
loin•. de soupconner la
vertudesa.fenmie, il sut 1nouvellad'amour pour
^elle/ Dèsce - moment
toute la honte &la consusionretomberent
sur le
pccijt:.fax, qu'on reconduisit
duifit en le bernant jusqu'à
la porte de la maison
; $C le mary,qui estoit
hommeà craindre pour
luy, luy ordonna, fous
peinedubaston,s'ily
manquoit,d'exercerson
employ de donneur d'avis
, en allant de ce pas
avertirlavoisine Goquette
qu'il la prioit de.M
plus compter sur luy.
Cette commission fut
donnéeavec des menaces
si serieuses, que le petit
homme à bonne fortune
retourna toute la nuit de
son pied à Paris, où l'on
k sit suivre par un valet
à cheval, qui promit de
luy faire accomplir exactement
cette penitence
dontla femme ne voulut
rien rabattre.
Cetteaimable perron
ne ainsidebarrasséedeson
importun, & seflattant
d'avoir regagné du
moins pour un temps,le
coeur de son marv, luy
fit avoüer à table qu'il
n'avoit pas de regret à sa
voisine. Cesouper se fit
avec tantde gayeté,qu'on
pourra dire après cela,
que comme il riejl chere
que d'avaricieux, il n'est
bonnes festesqu'entre
maris & femmes.
LIVRE ESPAGNOL:
IL paroist depuis peu
un
Livre en Espagnol, qui meriteroit
bien qu'on le traduisist
en François: il est
d'un des plus excellents
Medecins de l'Europe, & •
cet autheursemble ne s"cf,
tre consommé dans la theorie,
&dans la pratique de
la medecine que pour détruire
tous les fauxpréjugez
dont cette scienceest
obscurcie.-
Letitredu Livreest,Hippocrate
deffendu detoutes
lescalomnies;dont les Medecins
l'accusoientinjustenient
en particulier dans
la cure des maladies ai-,
guës ';. & on Jufquesaàpefrafitenvotpireqrufaenne
n'a sceu comment il traietoit
ces maladies, c'est ce
qu'explique, comentant le
premier des aphorismes,le
Docteur Michel Marcellino -
Boix
,
natif du Royaume
deValence, membredu
Collegedes trois Langues,
Professeur en Medecine
{JansTypivçrfïçe' d'Alcala
Fondateur de l'Académie,
Royale deSeville, & à present
Medecin honoraire
du Roy.
: h
Ce Livre a esté escrit par
l'autheur, pour détruire la
confusiondes sistemes,qui
au lieu d'avancer la Medecine,
retardent considerablement
ses progrez, il explique
mot par mot les paroles
du premier aphorisme
d'Hippocrare,&àchaque
periode fait un discours
qui comprend tout ce qu'il
y a de meilleur & de plus
necessaire aux Medecins
pour bienconduire leurs
mala des.Il fait voir par
plusieurs partages des Livres
légitimés d'Hippocrate,
quelle a efi¿ sa pratique
dans les maladies aiguës.
Il prétend qu'il faut écouter
la nature
-
sans la détourner
des mouvements
critiques qu'elle feroit sans
l'importune pratique des
saignées & purgations faites
dans ces maladiesla
ordinairement mal à propos
: il prouve tout cela par
l'experience
,
la raison &
l'authorité non feulement
d'Hippocrate, mais des
meilleurs Praticiens de
l'Europe. C'est asseurement
un Livre, où l'autheur
fait connoistre beaucoup
d'érudition, & une
profonde connoissance en
tout ce qui regarde sa prôsession.
", EXPERIENCE
sur un Chat enragé.
Extrait d'une LettreAngloifc
de Londres.
MONSIEUR,
Un habile Chimiste de
mes amis,qui ne veut point
estre nomme avant que davoir
verifiéencore par quelques
expériences le remede
qu'il croit avoir trouve
contre la rage, a fait en
ma presencel'épreuve que
yoicy. Il a choisi un Chat
tres fort,ôc la attaché par
deux coliers à boucles, l'un
au col,& l'autre au bas des
reins, & l,¡ ainsi suspendu
au bout d'un cordon de
soye passé dans une poulie
attachée au plafond d'une
chambre; ensuite illa laissé
sans boire quelques jours,
& la fouetté de coups de
baguettes menuës en fortnc
de verges, &cela si
violemment à plusieurs reprises
, que jamais on 'n'a
veuunobjet si terrible que
ce Chat. Rien ne peut
donner l'idée d'une rage
plus violente; il a encore
mis au dessous de l'endroit
où le Chat estoit suspendit
un baquet d'eau tiede, dans
laquelle il a jette environ
un demillier de sa distillation.
On a plongé leChat
deux fois dans ce baquet
en laschant le cordon, ôc
le retirantpresque dans le
mesmeinstant; ensutre ostant
le baquet, on a descendu
le Chat jusques sur
le plancher, où on l'a veu
s'estendre & allonger les
pattes & le col comme un
Chat qui se reveille d'un
long sommeil
, & il a paru
si tranquille que mon amy
s'en est approché avec un
peu de viande que le Chat
a pris avec toute la douceur
ôc toutes les carresses imaginables.
Mon amy prerend
que ce bain fera le
mesme effet sur les ani-
-, maux & les hommes atteients
d'une veritable râge
; c'est ce qu'il veut éprouver
avant que de rendre
son remede public.
Cette distillation esttirée
en partie de certaines
araignées à jambes courtes,
que mon amy a fait
venir d'Italie,&quisontà
peu près de l'especede celles
qu'on nomme Tarentoles,
parce quelles font fort
communesdans le territoire
de lavilledeTarente
*à Royaume de Naples;
Le venin que cet animal
communique par sa morfïl£
C
,
produit des effets si
surprenants, & si contraires
entre eux, qu'ils paroistroient
incroyables s'ils
nestoient connus par une
infinité d'experiences. Entre
ceux qui en sont piourmeizr,
lleesusns ne sçauroienc
autres ne peu-
,vent estre éveillez,lesuns
forment de continuelles
plaintes,& les autres rient
tousjours, Quelques-uns
grincent les dents, & sont
agitez detransports derage:
quelquesautresau contraires
chantient & dansent
sans cesse. Aux uns,
ce venin cause des vomissements
, aux autres des
sueurs abondantes & prefque
a tous une forte parnon
pour les couleurs;
mais differemment.- Ainsi
le rouge plaist à l'un, le
verd contente l'autre
»
le
jaune en réjouit plusieurs
&c. Ce qu'il y a de particulier
en ce venin, c'est
que comme il est gluant,
n'estant que l'humeur salivaire
de cette araignée,
il fixe d'abord l'imagination
sur l'objet qui l'occupoit
lorsqu'il est piqué, de
forte que si un homme s'imaginoit
alors d'estre Roi,
cette agreable idée ne le
quitteroit qu'après l'entietiere
dissipationdel'humeur
insinuée par lamorsure
de la Tarentole. Ce
venin, par la mesme raison
de viscosité, ne fait d'abord
ressentir auçun fascheux
symptosime ; mais dans la
suite, qui est quelquefois
d'une année entiere, après
estre demeuré long. temps
caché, il se subtilise ,&se
reveille par la chaleur du
Soleil. Il acquiert du mouvement
& de l'action
, &
produit différents effets,
selon les parties qu'il ixisecte.
Si ce venin bouche
les nerfs dans leur concours
au cerveau, les esprits animaux
ne pouvant dcfcendre
aux organes, demeurent
comme endormis. Au
contraire, il cause des veilles
continuelles s'il tient
par son activité tousjours
ouverts les nerfs par où
ces mesmes esprits peuvent
descendre sansdis
continuation. En corrompant
la bile,ce venin cause
des fiévres ardentes, & en
se joignant avec lesesprits
à l'origine des nerfs,ilpicote
, cote extraordinairement
tes muscles & parce picotement
porte le malade à
gesticuler &à danser, ce
qui arrive principalement
lorsque les esprits y sont
excitez par quelquesairs
de Musique convenables
au temperamernt di}mala-.
de,&à la qualité diijvenku
lCa'e,sMt ptiafriqcueeette/tTraciifnqi#qru,qç,u&e
souverain remecle<\pom;>cô
mal; car le malade dansant
avec violence au son
de l'instrument, & mesme
( avec justêssequandîln'au-j
roit jamais appris à danfer,
fait sortir ce venin avec la
sueur. Que s'il en reste
quelque petite partie, c'est
un levain qui causse périodiquement
les mesmes
symptosmes,& dela vient
que l'on voit des personnes
qui en font incommodées
des quarante & cinquante
annees.
Ona différé l'article de
la mort de Monsieur de Vendosme
jtifcytes à ce mois - cy
pour avoir les memoires fui..
vantsy ileustfallu le differer
trop long-temps pourrecevoir le
détail de toutes les belles agitons
qu'il a faites.
MONSIEUR LE DUC
de Vendosme lLOU[S joseph Duc de
Vendosme,Pair de France,
Prince de Martigues,Chevalier
des Ordres du Roy,
Grand Senechal & Gouverneur
de la Provence,
General des Galeres, mourutàVinaros
leII. dumois
de juin,âgé de cinquante
huitans, petit fils du plus
grand Roy qui ait veseu
avant Louis le Grand ,dû_'
quel il estoitune image
vivante par le trait de son
visage
,
plus encore par
ceux de son ame-
Il donna dès son enfance
des marques de ses raresqualitez
, qui dans les
Princes font au dessusdes
qualitez heroïques, deson
humanité affable, généreux,
compatissant donnanttout&
c.
Il s'appliqua dès sa plus
tendre jeunesse à ce grand
m'estier dont il s'est servy
depuis plusieurs fois si utilement
pourrestablir les
affaires dans tous les lieux
où il a esté appelle.
Dés l'âge de dix-sept
ans, il fut à la teste d'un.
Regiment d'Infanterie,&
il servit avec la mesme assiduitéque
s'il avoitesperé
delà sa fortune.
Il fit son chemin avec la
mesme lenteur d'un particulier,
& passa par tous les
dégrez, ce qui le rendit un
si grand General.
Il fit son apprentissage
fous Monsieur de Turenne
, qui à cet âge -
là luy
donnoit mille marques de
saconfiance.
Il repoussales ennemis
ayant son seulRégiment,
au combat d'Althenem où
il fut grievement blessé.
Après la mort de Monsieur
de Turenne, il eut
pour Maistre Monsieur le
Mareschal de Crequy ,
&
fit voir dans toutes forte4
d'occasions combien il avoitprofité
des leçons de
ces deux grands Généraux.
Tous les temps de paix
ont esté signaléc par ses
magnificencesdans sa belle
Maison d'Anet, où il
donnoit presque tous les
ans des sestes à Monseigneur
le Dauphin qui l'honoroit
d'une tendre ami-
"hé qui n'aefté ignorée de
perfonne-
Jamais le Roy n'adonné
à personne de sa Cour , de si grandes marques de
sa confiance; & Sa Majesté
le fie bien paroistre
par laLettre qu'Elle luy
fit l'honneur de luy escrire
en rassemblant sur sa
telle le Generalat des Galeresau
Gouvernement de
Provence.
Il faudrait une histoire
commecelle de Mezerec, sil'onvouloirraconter toutes
les astions particulières
qu'il afaites avant de commander
en chef, en Allemagne
fousMonseigneur,
& fous Messieurs les Mareschaux
de Duras & de
Lorge; en Flandres fous
Monsieur de Luxemborg,
où toute l'armée vit avec
plaisir que le gain du combat
de Steinkerque fut deu
à un avis qu'il avoit donné.
< A la Marfaille Monsieur
le Mareschal de Catinat
publia que c'estoit Monsieur
de Vendosme qui s'estoit
avisé la veille de mettre
la droite à la gauche,
&la gauche à la droite,
afin d'opposer par la la
Gendarmerie aux Cuirassiers
de l'Empereur , & il
chargea le lendemain, &
fit des actions surprenantes
à la teste de cette Gendarmerie.
Les commandements
dans la Vallée de Barce-
Jonnette
,
à Nice, ôc en
Provence suffiroient pour
faire l'éloge d'un autre,
mais voyons le commander
en chef.
Le Roy luy donne le
commandement de l'armée
de Catalogne, il y
arrive, trouve nostre armée
decouragée, nos Grenadiers
tremblanrs devant
les Miquelets; son arrivée
restablit tout ,
&¡;en une
campagne;il fait lever le
siege de plusieurs places,
Palamos
,
Ostallery, Calcet-
soüilles, &c.
Il bat un gros corps de
Cavalerie, commande par
le Prince d'Armée, & se
seroit mis en estac de faire
le siege de Barcelonne dès
cette campagne, si la Cour
n'avoit trouve à propos de
differer à la suivante.
Quelfut ce siege de Barcelonne
!Une grandeVille
qui ne peut estre investiè
défendue , par une garnison
au dedans qui estoit aussi
forte qu'unearmée, & et
tant assiege tuy.
-
mesme
au dehors par une armée
aussi forte que la sienne,
commandée par le Viceroy
,
il commence par le
battre, & le mettre entièrement
en deroute; & aprés
cinquante deux jours de
tranchéeouverte
,
il se
rend maître de cette place.
Tout le monde se souvient
encore des aétions furprenances
qui se passerent à ce
siege ; & c'est bien dommage
que la paresse de
Monsieur Capiftron Tait
empefehéde lesescrire La
< prisede cette Ville fit faire
la paix de Rifwik.
L'affairedeCremonearrive,
Monsieur deVendosme
y vole, on tremiroit à
voir sur la Carte les pays
donc les Ennemis estoient
emparez ,
& dont il les
cbufTi depuis faine Nazaro,
& de l'Etradel, jusques à
Goito au delà de Mancouë
que l'armée de l'Empereur
tenoit bloqué, & dont il fit
lever le blocus après avoir
pris chemin faisant cinq
ou six places ausquelles il
fallut ouvrir la tranchée, ilbattitcette même Campagne
Vice-conty à la Victoria,
& gagna fous les ordres
du Roy d'espagne la
fameuse bataille de Luzara.
La Campagne ensuite il
penetra jusqu'à Trente
aprèsavoir pris cinq ou six
Chasteaux qui paroissoient
im prenables par leur situation
, & revient à la fin de
la Campagne, battre le
mesme Vice-conty à S.
Sebastien prés d'Alexandrie,
laisse le commandement
de l'armée dePiémont
à Monsieur le Grand Prieur
son frere, retourne à celle
deLombardie sur la Sequia,
d'où il partit pour suivre
1.
Nuremberg, & pendant
prés de quinze jours battre
tous les soirs fort arriere
garde, marche qui fut
égalertt£ri£glorieuse à la
respectable opiniatreté de
ses grands rivaux.
Que de Villes prises en
1704. Ivrée, Verceil
, &:
toutes les places de Monsieur
de Savoye
,
Veruë
priseaucommencement
de 1705. & ce Prince réduit
au seul Turin.
Le Combat de Cassan
où sa seule valeur alla plusieurs
fois arracherJ^;vicr
toire dans les bataillons
des Ennemis.
Quelle ouverture pour
la Campagne de 1706. que
la glorieuseaffaire de Calsinat,
il l'aprojette à Mantoüe,
fait ses dispositions,
& profite de la rigueur de
l'hyverquile mettoit dans
l'impossibilité de les executer
, pour venir faire sa
cour au Roy, qu'il n'avoit
eu l'honneur de voir depuis
quatre ans, & dont il ne
pouvoit plus vivre essoigné,
reçoit à Anet les applaudissements
de toute la France
,qui l'y traita pendant
tous les six jours qu'ily fut
avec une magnificence qui
jusques là n'avoit point eu
d'exemple. Il part enfin de
ce sejour de delices pour
aller executer son dessein
sur Calsinat le mesme jour
qu'ill'avoit projette, &
Monsieur le Prince Eugene
y arriva à temps pour estre
le tesmoin de savictoire.
Il est rappelled'Italie
pour aller commander l'armée
de Flandres après le
malheur de Ramilly. Il y
trouve le Generaldes Ennemis
enSe de ses prosperitez
,
& prometrant à son
armée de la mener à Paris;
il rabu si bien foi} audace,
que les soldats luy disoient
tout haut que Bruxelles
n'en estoit pas le chemin.
Sa valeur sur tousjours
la mesme, mais la victoire
l'abandonna à Oudenarde,
peut estre pour relever sa
gloire. On ne voir jamais
un Heros toutentier quand
on ne le voit que dans la
prosperité.
Tout ce qui s'est passé
en Espagne est si nouveau,
que je ferois tort d'en donner
des Mémoires à celuy
qui prendra le foin d'escrire
ce qu'il a fait depuis son
dernier départ d'Anet jusqua
sa mort. On travaille
à present au Journal exact
de cette suite de belles actions
qui ont affermi la
Couronne du Roy d'Espagné,
quand ce Journal serafaitj'en
donnerai un ex-
, trait.
Nouvelles Kefponjèsaux
Que(lions des Mercuresprécedens
, sur les
grandsparleurs,&les
taciturnes. Auxéloquencesdiffuses
& brillantes on prese
reroit l'éloquence tenebreuse
d'Heraclite incité
par les Citoïens à haranguer
le peuple dans une
sédition. Ilponte sur la
Tribune,'verse de l'eau
froidedans un vase
,
se
saupoudre de farine, l'avale
& s'en va sans rien
dire, signifiant par là à
sesCytoiens que leur luxe
& leurs excès en touteschosesaussi-
bien qu'en ,
paroles estoient la cause
de leurs désordres Se
qu'il n'y avoit que la fragilité
qui pust les faire
cesser. Le symbole estoit
obscur,mais il donna de
l'attention au peuple, le
fit penser & le rendit fage.
Celui qui pique Se
embarrasse nostre entendement
par une idée obscure,
nous déplaift moins
que celui qui lui oste
[on action en l'étouffant
( pour ainsi dire) par
une éloquence trop diffuse
, nous aimons mieux
n'entendre pas assez que
d'entendre trop.
Eloquence de Table.
Plutarque compare nos
tre esprit & nostre aIne
à une merenourrice à legard
du corps; S6 dit
que de mesme qu'elle
ne prend les plaisirs & ne
fait bonne chere qu'après
avoir allaitté son nourrisfouSe
l'avoir fait dormir,
nôtre esprit pareillement
ne doit songerà s'exercer
qu'après avoir bien traitté
son poupon. Il ne peut
être tranquille ni content
que l'autre n'ait ce qu'il
lui faut & ne foit en bon
estat. Homere fait manger
ses Heros en silence,
après quoi le plus digne
foit par son rang soitpar
son esprit entretient la
compagnie.
,
Athenée semocqueavec
raison du pedantesque
banquet d'Epicure où
l'on ne voyoit que des
éplucheurs d'atomes, &C
où l'un des plus severes
commença d'abord par
proposer une question
comme dans l'Ecole. Un
.-
plat devuide&d'atomes
a l'entrée de table quels
entremets.
entremets. Les Sophistes
croient bien mieux celebrer
l'entrée de table,
parce qu'ils s'empressent
dés le potage à debiter
leurs vains arguments.
On les voit, dit un Grec,
suffoquez par le potage
qui veut entrer, & la
vanité qui veut sortir
dans le mefine temps.
LeGrammairien & le
Rhetoricienont raison
de dire qu'ils né font rien
lors qu'ils ne parlent
point, le silence au contraire
ne couste rien au
Philosopheà l'homme
de bon sens, parce
qu'il estpersuadé qu'on
n'est aimable & estimable
qu'autant qu'on a
d'attention pour les autres
& peu pour foy. Il
efl: persuadé que l'homme
fê montre tel par le
silenceencore mieux que
par la parole. Non seulement
lebabil & les
grandes conversations
sont ridiculesàl'entrée
decable, l'esprit mesme,
tout cfpdt- qu'ilest, doit
eY taire, & ne se regargeralors
que comme
présidentà une fonction
corporelle comme le surintendant
& surveillant
4tJ goust. Lecorps estant
satisfait veut bien partagor^
LV<C1eiprk la volupté
a laquelle tout le
restedurepasestdestiné;
alors tous propos intelligibles
,
agréables & fages
feront reçeus avec
plaisir ; je dis intelligibles
à toute l'assemblée
,
car les discours comme
le vin doivent estre commun
en un repas, & le
Metaphysicien où le Geometre
qui veulent y donner
un plat de leur façon
,font d'aussi mauvasse
compagnie que le
Renard à l'égard de la
Cigogne, & de la Cigogne
àl'égard du Renard.
Selon les Anciens tout
Sophiste devoit estre exclus
de la table, & n'y point
troubler la vérité & le plaisir
dans le seul afile qui leur
reste & où ils doivent régner
seuls : j'entends la verité
du coeur & non de rcc.
prie, car celuy- cy est si fort
altéré & abatardi des son
enfance,par la tirannie du
Sofisme, qu'on ne peut plus
se fierà ce qui part de lui.
Les discours qui sortent du
coeur sont tousjours agréables
par eux-mesmes, & un
grain de selsuffit pour leur
donner un goust charmant.
Voir & estre vu eû
le charme & la perfection
de la societé;mais qujpeuç
estre vu impunement ôç
qui peut voir&penetrer le
coeur d'autruiassez chajricablement&
assez£^çmejuï
Il estmal aisé&prcfque-iHipossible
d'assortir une comT
pagnie où l'on puUlegosuC
ter ce plaisir, il;fa^tplaft^fl:
s'en mefier que feïpçrefYî
Repetez-vous efuvççtJ
vous nefme ce Proverbe
Arabe, teivim estentré, ig
secret va sortir ,ilplu*
seur comme plus ordinaire
à table de se moquer de son
prochain que de se fier à
luy,cen'estpas à dire que
la raillerie doive estre approuvai
table plus qu'ailleurs.
Au contraire dit un
Auteur Grec, comme on
renveseaisément ceux qui
sont dans un lieu glissant
& penchant pour peu
qu'on leur touche, aink
desesprits échauffez parle
vin sont tousjours prests à
broncher de colere.
Quipeut divertir & rai ller
une personne en mesme
temps, loin de l'offenser ,
qui peut à l'occasion du
moindre petit ridicule innocent
qu'on luy presente,
imaginer des traits plaisants
, & leur donner un
tourvif & poli, qui sçait
se moquer de soy-mesme
encore plus souvent
, Se
plus plaisamment que des
autres, aura attrape le vray
cfprit de raillerie , qui fait
l'agrément d'un convive.
LE SOUVERAIN,
0 DE.
HEros,qui vous vantez
de l'estre,
Pour donner des Loix
aux Mortels,
Par vos vertus faites connoistre
Que nous vous devons
des Autels.
OUi, nous l'avoüons
, nous ne sommes
Devant vous que de lim..
ples hommes :
Mais estes-vous des Demidieux
?
Apprenez que la seule
Gloire,
Qui peut vous placer
dans l'Histoire,
N'éleve pas jusques aux
Cieux.
Voussçavez lancer le
Tonnerre,
Et vous brillez dans les
assauts :
Mais cette valeur dans la
Guerre
Nous cache-telle vos
défauts?
Au retour des champs
de Bellone,
Cet éclat qui vous environne
S'évanoüit dans le repos.
Prompts à vous rendre à
la molefle,
Nous voyons que vostre
foiblesse
Efface à l'instant le Heros.
Loin d'icy ce meslange
énorme
De superbe & de volupté
:
C'est la pure vertu qui
forme
Le grand Homme tant
respecté.
Sans elle
, avec tout ce
,
faux lustre
A nos yeux ce phantosme
illustre.,
Ce prétendu Heros n'est
rien.
Celuy. la ternit sa memoire
Qui pour aimer trop la
victoire
, Neglige d'estre homme
de bien.
L'Héroïsmeseroitfacile
Si par de belliqueux ex-
, ploits,
Ou par quelque vertu
sterile
Vousmeritiez d'estre nos
Rois.
Ce César & cet Ale- -
xandre
N'eurent le droit de nous
surprendre
Que par des triomphes
nombreux :
Je doute que dans la disgrace
Ainsique , CHARLE, avec
audace
Ils sceuffent estre malheureux.
En vain cette valeur
brillante
Fait valoir un heureux
Vainqueur;
Son mérite nous épouvante,
S'il n'est scellé par nostre
coeur.
Loince Héros qui par
vengeance
Ofefaire une indigne
offense
A la gloire de (on Rival.
Souvent les Dieux dans
leur colere,
Pour nous plonger dans
la misere
Nous font , un present si
fatal.
Le vrai Héros est tousjours
fage;
S'il triomphe, c'est pour
la Paix;
Elle estl'objet de son
courage ;
Nous le sommes de les
bienfaits.
Occupé de nostre fortune
, Jamais Mortel ne l'importune
;
Il nous consacre les projets:
On le revere, on le con.,
tcmple>*v
Il sçait faire par son exemple
De vrais Héros de les
sujets.
Tout est sacré pour sa
grande ame,
Ses Loix,ses moeurs &
son honneur;
Et si quelque desir l'enflâme,
C'est de faire nostre bonheur.
Inviolable en sa parole,
Mille fois son grandcoeur
s'immole
Audenousla tenir.
Du malheureux il est
l'asyle;
Chacun, en ses foyers
tranquille)
Est seur d'un heureux
avenir.
Son coeur au dessus du
vulgaire
Rempli do'une noble
fierté)
N'eil: pas si grand quand
il prospere,
Qu'au comble de l'adverfité.
C'est alors que par sa
confiance,
Satisfait de sa conscience,
Il fait trembler ses ennemis
Et , que par une vertu
ferme
Il reproche au Destin le
terme
Ou son injustice l'a mis.
C'est donc à ces illuftrès
marques Héros qui voulez i,mpofer,
Que je vous reconnois
Monarques;
Non à l'ardeur de tout
oser.
Le triomphe devient car*•
nage Lorsque rien ne nous dédommage
D'estrefournis à vostre
fort.
Point de Héros si l'on
ne l'aime,
S'il ne sçait se vaincre
luy - mesme,
S'il ne ressemble au Roy
du Nord.
L'exemple que je vous
propose
Est un prodige à runivers:
Jamais ce Prince ne repose
Dans l'éclat, ny dans les
revers.
C'est peu pour ce Héros
terrible
Qu'ilose tenter l'impôt
sible,
Quil ait vaillamment
combattu;
Malgré tous les traits de
l'Envie,
Il sçait pendant sa belle
vie
Joindre la Gloire à la
Vertu.
SUITE DU DISCOURS
préliminairesur la Lumiere
,
inféré dans le Mercure'
précèdent,
La lumiere entant qu'elle
est contenue dans le
corps lumineux, n'est autre
chose que l'avion mesme
du corps lumineux,
par laquelle il pouffe à la
ronde autour de luy la lumiere
matérielle qui l'environne.
Or cette action
du corps lumineux vient
de ce que sa surface estant
composée ou couverte d'u.
ne matière tres fluide, &
tres agitée
,
son mouvement
tend tousjours à la
faire écarter de son propre
centre; desorte que sans
la matiere plus grossiere
qui resserreexterieurement
le corps lumineux, ilest
certain qu'il se dissiperoît
incontinent, ou du moins
sa su perficie.C'est pourquoy
il y a une espece de
combat perpetuel entre la
matiere du corps lumineux
qui tend à s'estendre
,
&
celle de l'ether qui l'environne
,
laquelle tend à le
resserrer.
resserrer. Dans ce combat
chacun est vaincu, & vain.
queurtouràtour,sansque
jamais la victoire cede entièrement
àaucun des deux,
si ce n'est peut- estre quand
le corps lumineux s'estend
tout à fait, ce qu'on peut
plustost attribuer au défaut
d'alimens qu'à la prêt
sion de l'ether environnant.
Cet effort du corps
lumineux pour s'estendre,
peut se comparer, si l'on
veut, à celuy dîme éponge
que l'on presseroit, 6c
qu'on lafcheroit successivemenr
entre ses doigts, &
l'action par laquelle l'effort
que le corps lumineux fait
pour s'estendre, poulie la
lumiere autour de luy
, a
beaucoup de rapportàcelle
par laquelle on dit que les
Porcs
-
épies lancent à la
ronde contre ceux qui les
poursuivent & qui les pres ,[enr,les poils, ou plustost
les dards donc leur peau est
toute herissée, quoy qu'on
ait tout droit de douter de
cet effet.
Il n'est pas difficileapre's
celad'imaginer comment
la lumierequi environne
le corps lumineux estant
pouffée, pouffe celie qui e
st
plus esloignée qu'<)!e/&:
celle cy ce lle qui est encore
plus loin, jusquaceque
cet effort à force de s'entendre,
soit tour
-
à fait aneanti
; & comment il se
forme par ce moyen au
tour du corps lumineux des
spheres concentriques de
lumiere qui se poussentmutuel
lement & continue ilement
les unes les autres ,
comme on voitqu'ilarrive
aux cercles qui seforment
dans l'eau quand on
y jetre quelque pierre. De
plus il est encore aisé de
concevoir par ce moyen
comment en quelque endroit
qu'on mette l'oeil autour
d'un corps lumineux,,
il parvient tousjours de la
lumiere jusques à nous. Enfin
si l'on considere que
l'oeil est composé de parties
transparentes, telles
que sont la cornée, l'humeur
aqueuse, le cristallin
,
l'humeur vitrée & la
retine, on verrasans peine
quci la lumière estant un
corps tres-subtil & tresfluide,
pénétré avec facilité
toutes ces humeurs*
pour venir faire son impression
sur les esprits ani-
-
maux qui font contenus
dans les membranes qui
tapissent le fond de l'oeil,
& c'est de cette manière
que la lumière découle du
corps lumineux, pour venir
dans nos yeux..
-
Ce n'est pas que je prétende
pour cela, qu'il faille
qu'à chaque fois que nous
voyons un corps lumineux,
la lumière qui l'environne
immédiatement parvienne
jusques à nos yeux; car si
cela estoitil faudroit peucestre
, non pas un temps
de deux heures environ ,
-
pour qu'elle pust faire sentir
son impression depuis
Saturne >ul-cjues a, nous
comme on la dir cy-devant
; mais un temps de
plusieursjours, ou mesme
de plusieurs mois.
Pour imaginer donc comme
cette impression peut
parvenir à nos yeux de si
loin dans un temps si court,
il faut considerer que tout
l'Univers estant rempli de
matière et herée
, ce qui
reste de vuide enrre les parties
de la lumiere
, peut
estre réputé pour rien; &
c'est pour cela que les partics
de lumiere qui sont
proche de nos yeux font
presque meuês en mefmc
temps quecelles qui environnent
le corps lumineux.
Quant à lamaniere dont
la lumiere se fait sentir,
elle est peu différente de
celle en laquelle les objets
des autres sens s'apperçoivent;
desorte que pour bien
expliquer raébon de la lumiere
au dedans du cerveau,
on peut asseurer.
qu'elle n'est autre chose
qu'une motion ou un ébranlement
qu'elle cause
dans les esprits
,
sur les
quels elle fait impression
en arrivant au fond de l'oeil;
car ces esprits, comme
ceux detous les autres sens,
n'arrivant au fond de l'oeil,
que par de petits canaux
appeliez nerfs, qui respon-,
dentautond du cerveau,
il est aisé de concevoir
comme
comme les motions que la
lumiere cause dans ces esprits
parviennent jusques
à la partie la plus reculée
de sa substance, &c'en est
assez pour que le corps lumineux
puisse dit estre veu.
Comme c'est assez pour
qu'un corps sonore soit
entendu, ou un corps odoriférant
senti,ou un corps
savoureux gousté,ou enfin
un corps doux ou rude
mou ou dur, apperceu par
le toucher, que l'ébranlement
que ses parties, ou
ses sucs ou sa sur face eausent
dans les esprits animaux
qui abondent dans
les organes de l'ouie
,
de
l'odorat ; du goust & du
toucher, arrive jusques au
fond du cerveau.
De la mesme maniere
dont un corps lumineux est
apperceu; on peut dire aussi
qu on voit tous les autres
corps: car la lumiere que
le corps lumineux chasse à
la ronde
,
arrivant sur des
objets qu'elle ne peut penetrer
,
cft obligée de se
réfléchir
, comme l'experience
des miroirs le fait
voir; & cette refléxion ne
changeant rien dans la nature
dela lumiere,non plus
que le mouvement d'une
baie de jeu de paume ne
change pas de nature pour
réflechir sur le pavé ou sur
la raquette, il est évident
que nos yeux sont toucher
recette lumiere réflechie.
comme ils le seroient,sielle
parvenoit à eux immédiatement
du corps lumineux;
c'estpourquoy elle forme
encore les mesmes modifications
dans le cerveau.
Et. par la mesmeraison
que nous voyons les corps
lumineux par leur lumiere
immediate , on peut dire
que nous voyons les objets
éclairez par les corps
lumineux
, au moyen de
leur lumiere réflechie. Car
alors les corps qui réflechissent
la lumiere peuvent
eux-mesmes estre regardez
comme des corps lumineux.
Enfin le sentiment des
cou leurs ne differant de
celuy de la lumiere, qu'en
ce-qu'il est accompagné
de quelque circonstance
accidentelle
,
qui modifie
la sensation, il est confiant
qu'on doit l'expliquer aussi
de la mesme maniere que
celuy de la lumiere immediate,
ou directe & de la réflechie.
Ainsi ilfera vray
de dire, par exemple, qu'-
un corps paroist coloré,
parce qu'ily a un corps lumineux
qui pouffe de la
lumiere sur luy, & que ce
corps réflechissant cette lumiere
,
luy laisse une certaine
impression qu'elle navoit pas auparavant,
comme il arrive aux vents,
qui passant par de certaines
regions froides ou
chaudes, retiennent quelque
chose de leur temperature.
On peut adjouster à cette
explication celle de la
formation des ombres des
corps; & on dira qu'un
corps opaque devant empescher
la lumiere du corps
lumineux de tomber immediatement
sur les corps qui
font derriere luy
;
il ne faut
pas s'estonner si ces corps
ne se font point sentir du
tout;ou du moins que très*
peu; sçavoir à proportion
de la lumiere qu'ils peuvent
recevoir par laréflexion
des autres corps qui
les environnent; laquelle
lumiere appellée réflet, ne
venant dans nos yeux tout
au plus qu'après deux réflexions
, n'y doit causer
que des motions bien plus
foibles.
Outre la.lumiere & l'ombre
,
il y a encore quelque
chose de moyen entre l'un
& l'autre qu'on appelle Pénombre
, dont on parlera
dans la fuite.
Enfin il n'arrive pas seulement
dela lumiere d'un
corps lumineux dans nos
yeux, par les réflections
qu'elle souffre sur les corps
durs,qu'elle ne peut penetrer
; mais il y en vient
aussi aprèsqu'elle a passé
au travers d'autres ,
qu'on
appelle transparents, tel
que sont les verres ,
les
cristaux
,
les pierres précieuses,
les bois,les gomroes)
les sels
, & les liqueurs
,dans lesquels ourre
qu'elle ceflfe de continuer
son chemin en ligne droite
, comme on le dira en
son lieu, elle contracte aussi
decertaines qualitez qui
forment des couleurs.
De sorte
que pour traiter
le sujet de la lumiere dans
toute son estenduë
,
il ne
resteroit,aprèsavoirparlé
de l'origine de la lumiere
directe, de sa nature & de
son progrez, de continuer
dans les discours suivants
à parler des ombres & des
pénombres, qui sont des
effets de la lumiere directe,
d'entreprendre ensuite
d'expliquer la lumiere réflechie
,& de finir par la
lumiere rompuë & par les
couleurs.
Dans le traité des ombres
& des pénombres on
explique comment les figures
des corps opaques
se trouvent representées
par leur moyen en grand,
ou en petit.
Dans celuy de la Catoptrique
ou de la lumiere ré
flechie, on explique les
differentes proprietez des
miroirs plats, des convexes
& des concaves, d'où
vient qu'ils grosissent,ou
qu'ils diminuent, qu'ils redressent,
ou qu'ils renversent
les objets, qu'ils les
representent au juste, ou
qu'ils les defigurent,qu'ils
les approchent, ou les éloignent
,& d'où vientenfin
que lesunsbruslent, Ôc
que les autres n'échauffent
pas seulement,ou mesme
causent du froid.
Enfin dans le traité de
la Dioptrique ou de la lu-
- miere rompuë, on fait connoistre
toutes les proprietez
des verres plats
,
des
convexes, ôc des concaves ;
d'où vient qu'ils font les
mesmes effets par refraction,
que les miroirs précedens
par réflection ; de
quelle maniere on enfait
des microscopes
, & des
telescopes pour grossir ou
approcher lesobjets;comment
se forment les couleurs
primitives;quelle est
la mechanique de l'oeil, &
comment on peut perfectionner
la vision: & aprés
avoir developpé les miracles
que la lumiere produit
sur la terre ; il reste
de nous élever à confi derer
ceux qui se passent dans
les Cieux,tels que font les
Arcs en-ciels,les Parélies,
& les Couronnes celestes,
dont je me flatte que l'explication
ne donnera pas
moins de plaisir que ces
phenomenes ont pû causer
d'admiration.
L' A V ARE
ET LE PATISSIER.
CONTE.
UN Harpagon à court
rabat,
Manchette unie & soulier
plat,
Des plus devotsen apparence
, Mais n'ayant d'autre Dieu
que la seule finance;
En un mot uu Avare ingrat
& sansretour,
Avoit cent fois receu maintes
pieces defour,
D'un pauvre Patissier son
voisin, son compere;
Cependant pour ne point
demeurer en arriere,
Etant devenu Marguillier,
L'Avare ditauPatissier,
Je te veux,cher amy, faire
avoir la pratique
Des Pains benis de la Fabrique;
Ils sont payez fort grasse-
'- ment
Et je ne veux pour ce fervice
Qu'une brioche,c'est justice,
Feste & Dimanche seulement.
A l'instant Godar luy replique,
Mr, je vous rends grace,
& toute ma boutique
Est à vostre commandement.
Après son petit compliment,
Godar s'en retourne à la
haste,
Assaisonne un Chevreüil,
& le mettant en paste,
Il y trace en relief les Armes&
lenom
De son ladre & vilain Pa":
tron.
Le pasté fait & cuit, soudain
ille luy porte,
Le priant d'agréer ce don.
A l'aspect du pasté le sordide
Harpagon
Feint d'estreen colere&
s'emporte >
Non, non, ditil, je ne
veux
veux pas
Recevoir un pasté de cette
consequence,
Onen feroit trente repas,
C'est une fois trop de dépense.
Dismoy ce qu'il te couste,
afin que la dessus.
Mr
,
reprit Godar, c'est
une bagatelle,
Douze ecus plus ou moins.
vraiement la piece cil
belle,
Repartit Harpagon, il vaut
bien douze écus:
Un riche & gros seigneur
en feroit bonne chere,
Et devant que d'en voir ra
fin,
On boiroit plus d'un muïd
devin.
, Remporte-le,mon Cher
compere,
Crois moy, dans ta bouti -
que il trouvera son prix:
Ilest juste qu'elle en prosite.
Des douzeécus qu'il vaut,
ami, donnes-m'en six,
Et pour le resteje te quitte.
A ce discours Godar mille
fois plus surpris,
Que ne l'est un fondeur
, de cloche , ;
Tire six écus de sa poche,
Et reprenant son grand
pasté
,
Remercie Harpagon de.
son honnesteté
,
Le quitte;. mais bien- tost
levilain lerappelle:
Cher ami, luy dit
- il,jc
crains avec raison
Que ma femme ne mf
querelle;
Elle aime fort la venaison,
Coupe- m'en feulement
une tranche pour elle.
Godar pouffant à bout sa
libéralité,
Saisit son grand cousteau?
partage le pasté,
Et laiÍfe enfin 1"Avare au
comble de sa joye
,
De Ce voir maistre de fit
proye.
La femme d'Harpagon de
retour au logis,
Trouvant que le Chevreuil
estoit d'un goust exquis,
Blafma fore le mari d'efire
par trop modelle,
Et comme elle ignoroit
qu'il eust eu sixécus, -
Renvoye demander le
reste,
Sans crainte d'avoir un
refus.
Godar se doutant de l'assi.
faire I|
A l'envoyer sur diligent;
,
Etle riche vilain de son
I pauvre compere,
Eut la marchandé & l'argent.
NOUVELLES
de FlanSres.
Du Camp de Hefnain-Lietard
le 15.Aoufl 1711.
La tranchée aesié ouverte
devant Douay hier
au foir à huit heures, & a
cfié poussee à soixante soises
du chemin couvert .,il'
y a deux attaques à la Ville
, l'une à la porte Nostre-
Dame, & l'autre à la ports
Morelle,(L'on a fait une
troisieme attaque au sort
d'Escarpe,on a conduit cette
tranchée avec succez,5
& sans beaucoup de pèrre,
nous n'avons eu qu'un Capitaine
du Regiment de
Lanoy tué, deux Lieutenants,
un fous
- Lieutenant
,& un Ingenieur
blessez nous avons tra,
vaillépris de dejux heures
&ns sans quelesennemi
s'en apperceulfent. Comme
la garnison de la place
cft foible
, & qu'elle fera
attaquée avec vigueur nous,,
cfperons en efire maistres
aussi bien que du Fore
avant le 26. de ce mois.
Le Prince Eugene a saic
ces jours-cy quelques mouvements
du costé d'Orchies
& de la Deulle pour
tafeher de nous inquieter3
êc de jetter du secours dans
Douay ,
à quoy il n'a pu
reussir. Il fait courir le
bruit dans son armée depuis
deux jours qu'il veut
nous attaquer,&nous forcer
absolument à abandonner
l'entreprise de ce siege
, mais ces menaces ne
nous font point peur, &
nous sommes prests à le
bien recevoir en cas qu'il
ose tascher de nous forcer
dans nos retranchements.
But des troupes de l'armée
qui doivent avoir la tête
de la tranché de la ville de
Doiiay & dufort de Scarpt.
Fort deScarpe.
Le 15. 2.. bataillons dePicardie.
Le 16. 3. bataillons de Pi.
cardie..
Le 17. 1. dePiemont.
Le 18.1. de Piemont.
Le 1 9. 3. de Piémont
Le 10,1. du Roy.
Le11. 1. du Roy.
Le 21. 3.duRoy.
Le 2. 3. 4. du Roy.
Le 14. le Maine.
Le 15.le Maine.
1 Le 16. Meuse, *
Les Gardes Françoises &
Suiffes.
Le 16. Gardes de Cologne,
Le 17. Navarre. ,
Le 18. Champagne..
Le 19.Bourbonnois.
Le10.Broïïes.
Le21.Royal.
Le 11. Poitou.
.;
*
Le 13.Lionnois.
- Le 14. Touraine.
Le 15. Gondrin.
> Le 26. la Reine.
Pompe Vuntbreé
La ville de Dreux, qui
Vest de touttemps signalée
par sa fidélité envers le
Roy, & par son attachement
envers les Seigneurs
Comtes de Dreux, qu'il a
pluàSaMajestede luichoisircomme
étant duDomaine
de la Couronne de France,
a crû ne pouvoir donner
des marques plus grandes
de son zele & de sa reconnoissance
à Son Altesse
Serenissime Monseigneur
le Duc de Vendôme, Comte
de Dreux, qu'en faisant
celebrer un Service folemnel
pour le repos de l'ame
de ce Prince, dans la principaleParoisse,
où,parles
foins de M. Mallet, Maire
de la ville,on éleva dans le
Choeur de cette Eglise un
magnifique Mausolée,tout
brillant de lumieres, & orn-
é d'une infinité d'armoi- —--—roJl*
cernant les principalesvernus
de cet îllustre Prince.
Toute l'Egtilè étoit tenduede
noir, aussi bien que
l'Hôtel de Ville
,
d'où lapompe
funebre partit, en
observant rordre qu'on avoit
tenu à la pompe sunebre
de Monsieur de Soifsans,
dernier Comte de
Dreux. Messieurs les Maire
&Echevins n'ont rien omispour
rendre cette action
des plus éclatantes-, ayant
invité a cette ceremonie
Meilleurs du Chapitre, tout
le Corps du Bailliage vainfi
que celui de rEleaion, des
Eaux & Forêts, du Grenier
à Sel. & tour ce qu'il y a
dans la ville de personnes.
de diftinttion, qui y ont -MORTS.
1•
Soeur Isàbelle de Serk
court Efclainvillicrs, Ab~
besse de l'Abbaye defaine-
Michel de Doullens, mou.,
rut dans son Abbaye le du>
xiéme de ce mois,âgée de
quatre-vingt-huit ans. Elle
étoit soeur de feu M. d'.El:-
cfaiiivillie,rsLieutenant gé-
,
néral des armées du Roy,
& Commissaire général de
laCavalerie Legere de
France êc du Chevalier
d-Eiclainvilliers, Brigadier
desarmées du Roy, tue à
ta. bataille de faine Denys :
tance du feu Marquis d'Esélairivilliersfyfaréchal
de
ca-m;mort à Mantouë;
&, grandetante du Marquis
d'Efctainvilliers
,
servant
actuellement Colonel
d'unregiment de cavalerie,
le seul qui reste de
cette illustre & ancienne
famille de la Province de
Picardie.
Monsieur de Giraud;
Mestre de Camp de cavalerie
du regiment du Maine
)& Brigadier des armées
duRoy, étant en marche
à la tête dudit regiment,
pour aller aux ennemis >U.
lui prit proche la Sambre;
19. du mois de Juillet dernier,
une hemorragie de
sang, à trois, heures aprés
midy,causée
par uneveine
qui se cassa dans son corps,
qui lui fit perdre son Gtng.
par la bouche. Il fut trané:
portéà saint Quentin, où it
mourut le lendemain 20. à
minuit, âgé de cinquanteneufans.
C'étoit un bon Ofi
sicier, qui avoit servi Sa
Majesté quarante & un an
avec honneur & distinction
dans ses armées.
Messire Paul Tal'Iemant,.
Prieur de saint Geny, l'un
de; quarante de l'Acaderrlie
Françoise,&Vétéran
de celle des Médaillés Be
Inscriptions,mourut le joi
Juillet 1711*
Dame Marie Martin de laRoche;çpouiê:deM.lTt
sire Charles VireaiidesEfe
poisses, Conseiller; Secretaire
du Roy,Maîtrede la
Chambre aux Deniersde
Sa Majesté;&Fermier
general,mourut le 3. Aoûs
1711., -iDamëMarkjdeBaiLIèûî,
ycuvçdeMeflixe. Jacques
deHautefort, Marquis de
saintChamarra:y^mourut la
raAàûtjjwi. Elle étoit fille
de Messire Charles deBailleul,
Seigneur duPerray
Jt¡
&c. grand Louvetier de
France.
La Maisonde Bailleulest
une des plus nobles & des
plus anciennesduRoyaume^
originairedeNormandie','
o"èjce«xdecettefamille
se signalerent aux
voyages de laTerreSainte.
& la conquête d'Angleterre.
On assurequ'undecette
famille ayant eu l'honneur
dans une bataille de
remettre cheval un Duc
de Bretagnequiavoit été
délTIOnré, ce Prince, en,
ceconnoissance d'un service
si important ,lui permit de
joindre les armes de Bretagne
à celles de sa famille.
Messire Loüis-Armand
Bonnin de Chalucet, Evêque
deToulon, est mort
dans (on, Diocese, fort regrettéàcause
de sa charité,
& du bien qu'ily a fait pendant
plusieurs années.
François de Rohan, Prince
de Soubize,Lieutenant
général des armées du Roy
en 1677. Capitaine-Lieutenant
de ses Gendarmes,
'Gouverneur de Champagne
& de Brie, mourut le
24. Août à Fontainebleau.
Jlavoic épousé le 17. Avril
,j6^. Anne Chabot de Ro-
,han, fille aînée de Henry
Chabot, Duc de Rohan,
& de Marguerite,Duchesse
de Rohan, qui mourut le
4.Février 1709. âgéedesoixante
& un an. De cette alliance
sont issus Loüis de
,Rohan, dit le Prince de
; Rohan, Colonel d'un regi- [ment de cavalerie, mort à
: Paris le 5. Novembre 1689.
a d'une blessure cjuil avoit reçûé
dans une occasion en
Flandres, n'étant âgé que
de vingt-trois ans; Hercules-
Meriadée, dit le Prince
de Rohan; Henry-Louis,
dit le Chevalier de Rohan,
Enseigne des Gendarmes
de la Garde du Roy,tuéà
la bataille de Ramilly en
1706. Armand-Gaston-Maximilien,
Cardinal,& Evêque
de Strasbourg ; Frederic-
Paul-Malo de Rohan;
Anne-Marguerite de Rohan,
Abbesse de Jouarre;
Constance-Emilie,mariée
par procuration à Paris le
18May1683àDon Joseph
de Camara, Comte de Ribera
grande, Gouverneur
de Tillede saisitMici'--iel.
de la ville de Poule delGarde
; & Emilie-Sophronie-
Pelagie de Rohan, mariée
le21.Juillet 1694. par procuration
avec Alphonse de
Vasconcellos
,
Comte de
Calheta.
Hercules
-
Meriadéede
Rohan, dit le Prince de
Rohan, fut pourvû du Gouvernement
de Champagne
& de Brie, par la demission
du Prince de Soubize son
pere, quile fit recevoir aussi
à sa Charge de Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes
de la Garde du Roy, lepremier
Janvier 1704. Il a épousé
le 15. Fevrier 1694.
Anne-Geneviève de Levy
de Ventadour, veuve de
Louis de la Tour, Vicomte
deTurenne,&fille unique
de LouisCharles de Levy,
Duc de Ventadour, & de
Charlotte-EleonoreMagdelaine
de la Motte-Houdancourt,
de laquelle il a
des enfans. Je ne parle point
ici de l'ancienneté decette
illustre
illustre Maison, ni des
Charges considerables qu'-
elle a toujours possedées
::
je renvoye le lecteur à ce
que j'en ai dit dans le Mercure
de Juin.
MessireAuguste Macé
le Boulanger,Baron de
Maflieres , Seigneur de
Viarmes, &c. Conseillerdu.
Royen ses Conseils, Maître
desRequêtes honoraire
de son Hôtel, & President
en son Grand Conseil,mourut
le 16. Août 1712. en (a
quatre vingt-deuxièmeannée,
ayant une fille uniquequi
avoit épousé M. le Ca--
mus de Pontcarré, Premier
Prefideot du Parie-;
ment.
Dame Catherine de
Mouy
, veuve de Melïire
Philippe Jacques, Seigneur
deVitry sur Seine, & de
Mont-Saint-Pere, Greffier
en Chef du Parlemenr:),
mourut le 19. Août 1712.
Dame Marguerite Pichan,
épouse de M. Charles
de Benoise, Chevalier
GbnfeilLcr du Roy en ses
Gonfeils, & d'honneur au
Parlement, mourut le 1 3. Aoûtâgéde soixante &
u-nan-2 1.
Messire Loüis Rolin
Rouillé;, Seigneur & Com- te deJouy,Villeras, Fontaine-
Guerin, &c. Maître
des Requêtes de l'Hôteldu
Roy,& Controlleur
geîïèràl des Postes mourut le 13.. Août.
Dame Marie de Bailleul,
veuve de Messire Henry
-François Marquis de
Franquetot, mourut le 23.
Août.
Elle étoit fille de feu M.
le President de Bailleul, &.:
-
soeur du President d'aujourd'hui.
-
Dame Catherine le Tek:
lier, veuve de M. Paul-Armand
Langloisde Blac,,
fort, Chevalier. Maître
d'Hôtelordinaire duRoy,
mourut le 2 5. Août 1712.
âgé de soixante & dix-Iepc. ans. <
E XPPLOOTITT.
UNE DAMOISELLE.
A lm jeuneMarquis , pour une
1%^€ure fen/tlë. - '; -,
L'Anmilsept
cent douze,
un Lundi,
Dix-neufAvril,avant mi-
Noble & charmante Da-.
moiselle,
Arçnable LpiïifeT..diy;>
Souveraine naturelle
De tout mortel assez har-
-' di Pourlever les y-eu-?e fiu* elle,
En vertu de certain pari
Fait l'autre jour en la ruel-
, ,, 7 Je~~ :
Sommé, dénoncé, j'interpelle,
Non pas un Marquis é+
ftourdi-,:
Un*lee^nofoetfânscef-^
veUé",
Dont lepublicméprisela
fe-quelk^-, Mais iaii jèufrèSttgncurde*
prudencemuni,
Homme à sa promessesidçlle>.
De payer sans délai-à tihoy Sergent Royal !'-"
L'interêt & le principal
Du contenu dans certaine
promesse , Compromis, cedule, ou
billet,
Suivant les jugemens dont
la teneur expresse
Au susdit payement le condamne
tout net:
Duquel present exploit j'ai
délaissé copie
A son le quais nommé Jasmin,
Controllée à Paris, écrite de
ma main.
Signé, l'amantSergent na-
0-
tif de Normandie,
Qui par-tout où la trouvera
Autres exploitsluidonnera.
Du
DuCampd'Henin-Lietard,
ce II.Août jyiiu
Nos lignesdecirconvallationducôté
d'Orchies
sont achevées, la droite à
Lalain, ayant la Scarpe devant
nous jusqu'à Pont à
Rache, où la ligne commence
de l'autre côté dela
Scarpe, derriere la petite
riviere de Flines,que nous
avons diguée
,
& dont les
eaux forment une espece de
marêt ou inondation ,qui
fortifie le poste : de là la li-,
gne passe à Belle Foriere,
& va jusqu'a Auby sur le
canal,où la gauche est appuyée,
ayant toûjours devant
elle cette petite riviere
qu'on appelle en cet endroit
le ruisseau de Querchin,
& qui nous sert d'avant-
fossé, avec beaucoup
,
de marêrs & watregans. M.
d'Albergotty est à la droite
decetteligne, ôcM. deBroglioàAuby,
avec des ponts
qui communiquent dans la
,
plaine de Lens.
Monsieur le Maréchal a
pris le parti de défendre le
ruisseau des Souchets, qui'
cft fort bon: ainsi les ennemis
ne pouvant nous attaquer.,
àce qui paroît, & secourir
Douay que par la
plaine de Lens, lechamp
de bataille est marqué, la
droite à Lens,&la gauche
au Mont saint Eloy. Nous
avons retranché une tête,
dune demie lieuë, qui est
entre Carency & la source
de la Scarpe. Nous avons
des troupes à Carency, à
Giveney, au Grele, à Carrieres,
à Auby derriere le
canal, sans celles que M. de
Broglio a au-delà; & lar~
ornée est campée entre la
Scarpe & le Moulinet, à
portée de marcher par la
droite à Lalain.&lelong de
la Scarpe,ou par la gauche
.dans la plaine de Lens. Voila
quelle est nôtre position.
Nousavons trouvé les lignes
decirconvallation toutes
faites du côté de Bouchain
,
c'est à dire depuis
Brebieresurla Scarpe, passant
à Corbehensurle Moulinet,
jusqu'au petitruisseau
de Lalain. Ils n'ont point
rafé non plus leurs lignes
d'Henin-Lietard 5c de Vitry
: mais nous ne nous en
servons pas.
Les ennemis sont campez
à Seclin entre la haute
Deule & la Marque, la droite
àEmerain, & la gauche
à.Fretin:ils ont taiïÏeunpetit
corpssous Tournay.
Nous faisons faire isoooo.
fascines, que M. de Valory
Ingenieur a demandées d'avance
.,,
sans cellesque l'on
fera journellement. L'onreserve
à Marchiennes quelques
belandres pour en porter.
Il y a trente-six escadrons,
& quarante batail-
Ions destinez ausiege; il en
reste encor cent vingt-huit
à l'armée d'observation. Il
n'y a dans la place que huit
bataillons fortfoibles, sans
munitions, ou fort peu. On
arrêta hier un Ingenieurqui
vouloit s'yjetter.
&&&iftrfc'&irtifà
EPISTRE
A M. DE VENDOSME.
Sur la bataille de Villaviciosa
V en 1710. Raiment c'eût étégrád
dommage
De voir Vendôme en son
village
S'amuser à planter des
choux,
A tirer aux canards, à courre
après des loups,
Comme nous l'avons vû la
derniere campagne.
On a besoin de lui jusqu'audelà
des monts,
Pour en chasser les loups &
sauver les moutons:
Bien pires que des loups,
Allemans en Espagne
Par force ont resolu d'enle-
1 ver laToison;
L'Archiduc cadet de Jason,
Vient de percer le labirinte:
Le vin des Castillans n'est
plus que vin d'absinte
Tout est triste à Valladolid,
Les heretiquessontlesmaîtres
dans Madrid,
Ils le sont assi dans Tolede.
Voila le mal si grand
>
qu'il
paroîtsans remede.
Vendôme arrive: mais ne
vient-il point trop tard?
Staremberg est un sin. renard
; Vendôme *l'apper,çut.: uiv.
jour en Italie,
*sfiïti'fion à la fameusemarche dn•
GeneralStarçmbergw.Italie,
Et je ne crois pasqu'il l'oublie.
Philippe un peu ragaillardi
De revoir un Bourbon iifLi
du grand Henri,
Lui conte sa de'convenuë,
Et comme son armée avoit
été battuë : *
Mais battuë à ne sçavoir
pas
Comment former ensemble
un corps de six
soldats.
A parler franchement,l'affaire
est serieuse,
Et lesplus assurez la trou-
*:¡ La batailleSarragosse.
,
voient dangereuse.
Vendôme,sans être alarme,
Dit au Roy: Vous êtes aime,
Detousvos bons amis reformons
une armée
Par vôtre presence animée;
Je gage mon château. d'A-
- net.
Quel'Archiduc parvous fera
battutoutnet,
Et recogné dans Barcelone.
Quand un Roy commande
en personne,
Et qu'il ne voit autour de
lui
Pas un dont il ne soit cheri , Il doit être certain du gain
delabacaille;
Un - oeu desens rassis vous JL1 verrez si jeraille. r-
Il rassemble les Castillans,
,Tous aussi zelez que vaillans,
Castillans si gourmands de
gloire :
Onleur a parlé de victoire,
Resolusdevaincreoumou-
Il semble qu'à lanoce on les
voit accourir
Ilsemble qu'on les v,oit renaître
> 1
Par troupes on les voie paraître
*
r„ Dans les montagnes& vallons;
, Ils fè marchant surlestalons,
Desireux de voir ce Vendôme
Venu pour sauver le Royaume;
.Vendômeeste'coutedu Roy;
De disposer de tout il lui
donne l'employ,
Et le fait après lui General
,
Capitaine.
Morblea! que n'ai-je ici.
bonne&guerriere
veine
Pour peindre un jeune Mars
Avec son Lieutenant!
Philippe est tout Bourbon,
il arpente en avant,
Il frape, & marche enmaître
du Royaume,
Il va plus vîte que Vendô-
me.
Chacun lui cede le ter1 rain,
Crainte d'avoir l'honneur
de mourir delà maiiii
Car de fraper par-tout sa
mainn'est jamais lasse:
Il faut que jeunesse se passe.
Mais Vendôme dit à partsov
Suivi des Castillans laissons
faire le Roy;
Que-c,hacuncombatteàsa. guise,
J'ai dans laprêtre iunse eent.re-
Staremberg doit passer par

S'il veut secourir Brihuega.
Le matois ne sçait pas que
cettevilleestnôtre;
Il m'estime un trés-bon gar-
- çon,
Ni malin, ni rusé, simple
comme un Apôtre
:
Par nôtre *ordre pourtant
ronfle encore lecanon.
De ce que je lui dois je voudrois
être auicce;
-Il faut que je lui rende en
passant la visire
Qu'ilnevoulut pas * * recevoir
Quand je brûlois jadis du
desir de le voir.
Il n'eut pas achevé, que
'*Aï- de Vtniomc> aprés la prise
de Brl'isîeo^a
,
Bribuega sa!fit rirtr
>
faifjittoujours tirer
le canon , pourfaire croire au General
Staremberg que cette zilletenoit
encore, &l'engager à la venir senH
ir.
** En Italie.
voila l'Allemagne
Qsivviieinctntottmomibbeerr sfuàrr lui ddeli
haut d'unemontagne: De la maniéréquon le fert
Il voit. bien que c'estStaremberg.
Contraint de reculer quel,
ques pas en arriéré,
Il voit donner aux siensrudescoups
d'ecriviere:
Il rallie, &se joint aux renommez
Vvallons,
De gerbes d'Allemans il
couvre les sillons
;
Les honteux d'avoir fui reviennent
à l'ouvrage,
Des voleurs de reliques on
,
fait
fait un saint carnage,
Et l'on met les Saints à couvert.
Vendôme voudroit bieny
mettreStaremberg
Il , manque y pour avoir la
victoire parfaite:
Mais. c'est un faiseur de retraite
Que l'on neprend pas comme
on veut.
Il: Ce sauve, & sauve qui
peut:- Voyantson armée en deV
route,
Sans se faire prier ilempaume
la route
Que l'Archiduc avoit marquée
auparavant; Car il avoit pris le devant.
Philippe triomphant rassïsdessus
son trône,
Tranquile, attend que Barcelone,
,.
Dont Vendôme autrefois
fit present à Loüis,
Embelisse encor son his-
..,
tOIre,
Et qu'il ait encore la gloire
De la donner au Petit-fïls.
Extrait deplusieurs lettres de
Flandres.
L'armée du Prince Eugene
coucha à la Cambron
le 5. Août, le lendemain à
Leuse. Celle du Maréchal
de Villars étoit à Mortagne,
côtoyant celle des alliez.
Larmée de Monsieur
de Villars est plus forte que
celle des ennemis de cinquante
bataillons. M. d'Albergotty
,
qui fait le siege
de Doüay, travaille à ses lignes
de circonvallation, ôc
à faire faire des fascines.
Le Prince Eugene dîna
& soupa le onze à l'Isle. Ila fait un detachement de son,
armée de quarante batail-
lons & trente escadrons , pouraller du côté de PCJnt.
a Rache. Ilsontavec eux,
quarante pieces de canon,
ilsenont tirédix-sept de.
l'Isle, & les autres de Tournay.
Ils publient qu'ils vont,
tâcher: de forcer. quelques
postesde ce côté-là, & faire
en forte de jetter du secours
dans Doüay. Le restes
de leur arméeestsousles
1
1
armes- prêt à marcher.
Les Deputez des Etats
Généraux ont donné carte
blanche au PrinceEugene:
mais à mêmetemps ils ont
prié ce Prince de ne points
avoir d'affaire de Malplacue
-
que.
Messieurs les Deputezdes
EtatsGeneraux sont partis
le 12. pour aller prendre
leur quartieràBerslé: l'on,
croit que l'armée s'avancera
de ce côté là.
Le Prince Eugeneétoit le
i$. Août avec toute son infaAtçrie
,
son artillerie,&
trente escadrons, aux environs
de l'Isle, sa droite
vers le Pont à Vendin, &\.
sa gauche à Ribencourt, où
est son quartier. Il a laissé;
pour couvrir son camp de'
cavalerie qui est à Seclin,
deux brigades d'infanterie.
Le bruit a couruqu'il devoit
attaquer le mêmejour
le château du Forêt, & le
lendemain les retranchemens
qui sont triples de ce
côté-là. On doute fort qu'il
le fasse, attendu que M. le
Maréchal de Villars est plus
retranché là qu'ailleurs
en second lieu qu'iln'y a qu'un où front fort étroit par querl'on puisse venir atta- nos retranchemens.
Leslettres de l'Isle du 14,
portent que le Prince Eugene
n'avoit point encore
attaqué le château du Forêt,
non plus que nos re-
tranchernens - ; que ce Prince
se disposoit à aller attaquer
ce château avec cinquante
piecesde canon, &
que toute son attention est
de jetter du secours dans
Doüay : on' croit qu'il ne
négligera rien pour y parvenir.
La cavalerie ennemiea
fait un fourrage le 14. dans
la Châtellenie de l'Isle. Oit
mande de Flandres qu'on a
arrêté un Ingénieur qui
vouloit se jetter dans Doüai,
qui dit que le Prince Eugene
avoit dessein d'yfaire
entrer dix bataillons par le
côté d'Auby, ou six autres
par celuide Bouchain, où
ils font entrez. Onafïiire
qu'ils manquentdevivres,
aussibien que la garnison,
qui n'a que du pain d'avoine.
Le dessein des ennemis
ayantmanqué par les précamions
cautions que le Maréchal
de Villars avoitprise, il
s'avança hier versles re»
tranchemensdePont à Rache,
ayant sa droite à Carvin&
Epinoy, le centre à
Autricourt,& la gauche
vers Coutiche. Il employa
le reste du jour, commeil
a fait aujourd'hui avec plusieursOfficiers,
àreconnoîtrelesretranchemens.
Lartillerie,
les munitions, &
une grande quantité de fascines
ont été amenées, &
ainsi on ouvrira demain au
soir la tranchéedevant
Doüay. Le General Hompesch
yentra le 30.Juillet
evec trois bataillons tirez.
derille^cdeTournayjainsiil
y a huit bataillons:mais
pomme ils sont foibles, la
gar,ni[on.n'eH: que de 3500
fantaOEnsf & de 2.ou 300
f,ihevaux. "p MORT.
v./Milord Richard Cromyvel,
fils aîné d'Olivier
Cromvvel , si fameux dans
Hiiftoire, d'Angleterre, mourut à Lpndjjes le 2,4,
juillet 1712. âgé de quatrevingt-
dix ans;lequel, aprés
la mort de son pere, arrivée
le 13. Septembre1658.
fut déclaré protecteur avec
une promptitudenecessaire
ence rencontre,& le privé
Conseils'étant assemblé,
delibera sur la nomination
que le défunt avoit faite de
la personne de son fils aîné
: ce qui futagréé unanimement
de toute l'Angleterre
,& ensuite il fut proclamé
le lendemain14. par
tous les lieux dela-ville de
Londres,avec grande fo*
lemnité, &il setrouvaun
grand concours de peuple.
La proclamation etoit conçûë
en cestermes,& publiée
àhautevoix par le
Roy d'armes.
Comme il a plûà Dieu
par sa providence retirerdu
mondele Serenissime & renomméOlivier,
Seigneur
procecteurdecetteRépublique,
SonAlcesseapendant
savie;,félonl'humble
requête & avis du Parlement,
declaré & ordonné
le trés-noble & illustre Seigneur
Richard, son fils aî-
-i
né,pour luisucceder dans
le gouvernements de ces
Nations.Nous,duduprivé
Conseil,avecMilord Maire
& les Aldermans de Londres,
lesOfficiers de l'armée,
& plusieursautres des
principaux de la Noblesse,
publions& declarons d'une
communevoix,&d'un consentement
general, de langue
& de coeur, ledit noble
& illustre Seigneur Richard
être justement protecteur
de cette République d'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande,
& des Seigneuries 8e
Territoires qui en dépendent;
en sorte que nous reconnoissionsluidevoir
toute
fidélité ÔQ inviolable
obeïssance,selon les loix ôs
ladite humble requête &
avis; avec toute affeéèiol\
cordiale: suppliant le Seigneur,
par qui lesPrinces
regnent,delebenir d'une
longue vie, & de combler
ces Nations de bonheur
sous son gouvernement.
L'apresdînée le Maire
les Aldermans vinrent en
ceremonie trouver Son AltesseàVvitheal,
pour fë
condouloir avec elle, au
nom de tous lespeuples de
Londres,de laperte de Milord
sonpere,& la feliciter
pareillement de son élection
en qualité de protecteur
; ce qu'ayant fait en
presence des Seigneurs du
Conseil, qui s'y étoientexprés
trouvez,ce Maire remit
l'épée de la ville entre
les mains de Son Altesse,
quila lui rendit aussitôt.
Cette proclamation &reconnoissance
étant faite,
il reçut quantité d'Adresses.
des Juges de paix, des Mi>-
niftres,&Genjilsl^ommes,
en un motde toutes les \iU
ks des Royaumes. Ilfitplusieursreglemenspourla
sûreté
publique.
Le 24. Février. 1659. le
Parlement nouveaud'Angleterre
fut assemblé, le
reconnut pour proted:ew:;.
&- suprêmeMagistratd'Angleterre,
d'Ecosse & d'Ir-.
lande; &par son Ordonnance
du 3. May suivantil
cassa & dissouditle Parlement
pour plusieurs raisons
importantes, parce que le
parti du Roy CharlesII.
commençoitàéclater fi*
bienque ce futla derniere
action qu'ilfitenqualité de
protecteur, parce que la
jalousie&la défiance s'étant
glissées contre ce nouveaUi¡
Parlement & corure
le protecteur,que le parti
contraireapprehendoit qu'-
on ne declarât Roy, firent
agirlesOfficiers de l'armée,
qui après plusieursassemblées
resolurentde rétablir
l'ancienParlement qui avoit
été cassé par le défunt
protecteur ,& firent une
Ordonnancepour son rétablissement,
promettant leur
assistance; ce qui fut fait^
& aprés les Officiers prélenterent
Requête àce Parlement
rétabli, & demanderent
quelestrois Nations
fussent regies fous le gouvernement
d'un Etat libre
sans Protecteur, Royauté,
ni Chambre desSeigneurs,
& un Comité,futchargé
d'aller trouverMilord Richard
Cromvvel pour lui
proposer d'acquiescer au
Gouvernement; ce qu'il fit
par écrit, & son frere Henny
Cromvvel,Viceroy d'Ii:./
lande, se démitde son autorité
parordre duParlement
entre les mains de deux,
Commissaires,&vintrendre
compte de sa gestion; aprèsquoy
onlui permit de se retirer
en tellieu,dela campagne
qu'illui plairoit.
Cependant les Chevaliers
Georges Booth, &,.
Thomas Middletonprirent
les armes en sa, Comté de
Chester pour le Roy d'Ari,
glecerre ,Nqui y,sur proclawe&
tout le gouvernement
d'Angleterre fut cliangé,,
&l'ancien Parlement fut
cassé par l'autorité des Offî-1
ciers destroupes comman:
dées parle General Morek,
qui étoit le plusfort. Il vint:
à Londres, où ayant été re-*
çûavechonneur ce fur-
Itii^qui procurala cafîàtionL
de l'ancien Parlement, &l
l'établissement. d'un nou«v
veau; , composé d'unç
Chambre des Seigneurs ÔC
d'une Chambre des Communes.
Ce nouveau Parlement
reconnut pour Roy.
Charles II. du nom , qui
pour lors étoit aux Pays-
Bas yôc il paira. en Angleterre
le 4.Juin166o.foc
reçuà, 1 Douvresparle General
Morek,àlatètede
.4000. Gentilshommes;&
quatre joursaprèsilfit ion
crLcreeaLondres, accorda
une amnistie& un pardon
général des troubles passez,
Jt l'exclusion de vingt-huit
personnes qui avoient eu
part àla mortduRoy son
Pere., dont quelques-uns
furentpunis du dernier supplice.
Comme je ne pretens
point traiter de l'histoire
d'Angleterre, qu'il faudroit
-des" volumes entiers pour
la contenir,n'ayant fait ce
traité qu'au sujet de la mort
-de Richard Cromvvel, &
pour faire connoître ce qui
arriva après la mort d'Oliviersonpere
jusqu'au réra-
"!blilfement du RoyCharles
II. il est necessaire de dire
quelque chose des entreprises
dudit OlivierCromwel.
Olivier Cromvvel3 simple
Gentilhomme, devint
fort capable par son application
à l'étude de l'Histoire
&de la Politique, fut
d'abord Capitaine de cavalerie
dans l'armée des re,
belescontrele Roy Charles
premier, fous l'autorité du
Parlement. En 1641. il s'avança
dans les Charges militaires
, par sasouplesse &
parson courage il devint
Commissaire général de
l'armée Parlementaire,que
Thomas Farfax commandoit
contre son Souverain.
Il défit le Duc de Bukingham,
& broiiilla son Prince
légitimeirreconciliablement
avec le Parlement,
& il fut le principal auteur
d'un attentat incroyableà
la posterité, par le juge.
ment qui fut renducontre
9c Roy Charles premier, lui firentcouper latêtesur
un échafaut en public le 9.
Février 1648. Cet homme
ayant joint l'artifice, laviolence,
la perfidie,le faux
zele de justice & de religion,
devint l'exemple d'une
élévation outrée; si bien
que leRoyétantmort, il
ne songea plus ou-à regner
sanstrône &sansle nom de
Roy, ayant pris celui de
Protecteur, & exerça une
-
puissanceabsoluë
jusques à sa
mort,arrivée letreize Septembre
1658. fut enterré avec
la magnificence Royale
dans le tombeau des Rois,
ayant les habits Royaux, la
couronne sur la tête, le
sceptre &; le globe Royal
en main: mais le Roy Charles
fecond ne fut pas plûtôt
rentré à Londres,& aprés
f011 couronnement, qu'il fit déterrer son cadavre,
& ceux d'Mon & de
Bradeshau,&les fit attacher
au gibet public; ensuite on
fit une fosse profonde au bas
du gibet, où on les jett£>
dedans. La tête de Crom^
vvel fut mise sur un pieu,
& posée où elle cft. encore,
sur la salle où le Roy Charks
premier aété jugé indibgenleems.
ent par ses sujets re-
Ainsivoila la fin de
cette grande élévation d'un
homme qui aété fameux
tyran en Angleterre sous
le nom, de protecteur; de
ce Royaume.
1 -
Article des Enigmes.
Parodie de l'Enigme du
mois passé, le Vers de
laPoëjîe.
L E Vers, selonlarime;
est ou mâle, oufemelle,
Quiseseparent rarement, Et pensent peu differemmtnt,
Tant l'un est pour l'autre
fidelle.
Selon leterroiroùjesuis,
Dit le Vers, jeproduis,
de bons oumauvais
fruits:
'Tantôt, tendre&g- alant,
&quelquefoitbarbare,
Jechemined'unpas inégal
, & bizarre,
^Tantôt triste &chagrin,
tantôt joyeux,plaifant,
Tantôtfaisant éloge,&
tantôt médisant.
Quand je suis serieux ,
quandj'ai dela trijr -
, r tesie
sifors mon corps plusentendu
Sur plus de piedsest rè~
panai*:
Maisloin d'augmenter
mavtttfie,
je n'en vais que plus gravement.
Quandje suis gai,quand
j'ai de l'enjoûment,
Alors moncorps& ma
'- figure
Sontuneftrucr
ture,
Et ne marchentqu'à petit
train.
fers,dansïamoureufc.
peine
Lesfoins dutendre amour3,,. ledépit&lahaine>
Jt mords,je
pique,&répands
du venin, .,
Dont le poison a tant, de
violence,
Qu'il revient vivement
sur celui quile lance.
he buveurtransportédes
douceursde Baccus,
Vient chanter avec moy
la douceur desonjus.
Cejlmoy qui fous laloy
,
de cette rime obscure
Te viens,cacher ici cette
sombre peinture.
C'est chercher trop longtemps,
leffeur trop
curieux , QHOJ tu ne me vois pas ?
-
jefuis devanttes
yeux..
O
ENIGME
burlesque..
Tout ainsî qu'unRegent
explique
Quelemotdecannes'applique
uiubâtonfotuten du vieil.',
lard,
Comme à iponfe, du canards
AïnsiCauteur de cette Erimtie
Quine,fiaitpoint derime
me en igme,
Faitparler sous un mot
plusieursindividus.
Si pareilsmots sont dl..
fendu?,
Et mêmeen Enigmecomique,
Jeprens,pourm'excuser
licence énigmatique.
Jesuisfaitepour le reposé Jefatigueà la longueEcoliers
& Héros ;
L'on me brode & ionme
rabotte; ,
Sansmoy le joli Savenir
Aurlait maoins de constance motte, - Etrenoncerouan-métier.
Entredtuxammaux se
- fais de -longs voyages
J'babiteendepmw&t menagesy
Je brilledamnes carousels
J'aidis'vêitrnens telsqye
.cF
..1.,..
v
fteJs. vivante-guja >nsu
kmortc
JMefaitrepoferoutracer;
J'embrjfJe c?!mqui me
a.r>v
*EEtî.ppo-ortretebienct:eel/uuiic^i
sçaitbienm*embraser*-
CONTRE-PARTII
duprocès deLion.
LA PETITE FILLE.
àdeux feres,
UN - jeuneOfficier devint
amoureux d'une jeune
personne appellée Marianne
;elle: lepréféra à un
vieux Bourgeoistrés-opulent.
CetOScierecoic si
bienfait & si pauvre,
qu'il fit. compassionà une
riche veuve,, ni jeune, ni
belle, mais d'un bon naturel.
Elle eut autant d'envie
de faire la fortune de l'Ofsicier
, que l'Officier enavoit
defairecelle de Marianne
: mais quel parti
prendre ? S'épouser sans
bIen, c'étoit se rendremiserablesépouserle
vieillard
& lavieille,c'étoit sacrifier
leur bonheur pour des
richesses nos jeunes amans
ne pouvoient s'y resoudre.
Cependant le vieillard &
la vieille les pressoientfort,
ôc le mauvais état de leurs
adiréslesprenant encore
davantage, ilsse conseillejent
enfin
l'un àl'autre ce
qu'ils ne pouvaient se resoudre
d'executer :ce fut;
d'épouser ceux qui pouvoient
leur donner moyen
d'être quelque jour l'un &
l'autre bienà leur aise; car
quoyqu'ils ne souhaitassent
pas en se mariant de devenir
bientôt veufs, le grand
âge du Bourgeois & de la
veuve devoirprévenir leur
souhait en peu d'années. Ils
prirent donc la verrueufe
refollition de ne se jamais,
voir,dés, qu'ils auroient
promis chacunà leur vieille
moitié une fidélité inviolable.
Il salut se separer
que ne se dirent point ces
tendres amans! que de soûpirs
! que de larmes ! La,,
douleur d'une separationsi
cruelle redoubla leur ten.
dresse, & troubla leur rarson.
L'Officier perditle respeét
,
Marianne perdit la
ttamqnrane;ils ne se poffedoientplus.
Jenesçaicomment
ilsse separerent:mais
ils promirentde se revoir
encore; cependant levieillard
& la vieille vouloient
terminer leurs mariages;
les jeunes remettoienttoujours
aulendemain; & de
lendemain en lendemain ils
auroient;différé. toute leur
vie, sansunecrainte fecrece
qui obligea Marianne de
conclure les noces au plûtôfcv
Elle n'y perdit pas un
moment,&au moyen de
cette diligence levieillard
eut lignée justement au
bout de neuf mois.
,
L'Officier s'étoit marié
dés le même jour à cette
vieille veuve, enquil'amour
fit par miraclel'effet
de la jeunesse;car à 60. ans,..
dit-on, elle accoucha d'une:
fille, à qui ayant donné le
peu de chaleur naturelle
qui lui restoit, elle mourut à
rinftantj&rÔfficier se trouvant
pere & veuf en même
jour, se fit un plaisir de
-
don.
ner secretement cette fille
à nourrir à la même nourrice
qui nourrissoitdéjà
celle de Marianne. Ensuite
roncier partit pour la
guerre, parce que la vertueuseMarianne
nevouloir
:
point le voir tant. que [olt;
mari vivroit,
Peu de temps après le
vieillard & Marianne sa
femme furent,obligez dé
faire un longvoyage pour
des affaires importantes;
en tprie que lesdeux petites
filles resterent en nourrice
ensèmble, & l'une des deux
ecant morte peu aprés,
la nourrice avare voyant la
mere 6c tes, deuxperes absens,
continua de se faire
payerdes deux côtex lapensîôn
de celle qui restoit ;
mais; l'embarras fut que là*
nourrice étant morteenfuite
subitement. la fille,
qui pouvoiravoirquatre
oucinqans,resta entre
les mainsd'une voisine,qui
s'en chargea pour tâcher de
tirer encoreles deux pensions.
Mais l'Officier revint
Bientôtde l'armée, & s'empara
dela petitefille, qu'il
crut de bonne foy être celle
qu'ilavoit euë deson mariage,
parce quelle avoit
beaucoup de son air.
Il faut remarquer- que
personne ne sçavoit plus véritablement
àqui elle, ap-
-. «
p^fceaoic :la jeune mere ficeles
deuxperes ne l'avoient,
point vuedepuis sa naissance,
6c cela doiuia lieu à.
un grand procès
; car le
vieillardde retour ,.
voulut
avoir le fruit desonmariage
, dontl'Officiers'étoit
emparé.Onplaida la causè,
quelquesJuges opinerenc.x
~t~c~M/~ de iobfeuritêimfmttrairitrépandissur
xt4tte affaire
y
l'enfant reftttroit
au perc leplusriche parcme
qiue'iluetxoiételneÇÏvAÏ ederI.II
Un autre Juge, plusér
claire, demanda si la petite
lIfaillmeone'raevo; iot pnnorinétpeonn.codrietVqIuL e - Il nousresse donc,dit ce
* Jpge, deux moyens de con
noitresi la femme du vieillard
te mere ou non. Le premier,*
cVyî la ressemblance,quenous
examineron dans lafuite.
Vautre moyen,.t'ifl qu'il!
faut mettre la petite fille au
milieu d'une douzaine dam..dtres
du mêmeâge, v', qu'on
.l(S amene toutes ensemble. deJ
vant nous.
On!executa l'arrêtcomrne
ce dernierJuge. l'avoit
prononcé;onamena à laudience
suivante cette troupe
de petites filles,l'ondit
-"a lamere de choisir celle
de toutespour qui elle se
sentoit le plus d'inclination
naturelle,&ellechoisitjustement
entre toutes la petite
filleen question.
Je sçavoisbien, dit le Juge,
quel'instinctferoit meilleur
Juge
que moy : la ressemblnceparfaitequeje
vois entre
lamere & lafillemepersuade
encore que Cinfliniléfl
veritable.
Les deuxperescepen-
Jant etoieil'tns à ce
jugement. Le vieillard
,,, -transporté de joye qu'on feûtjugépubliquement qu'à
> sonâge il pouvoitêtrepere,
courut pour embrasser la
;;petite fille
;
maiselle eut
peur, & s'écria en le repoussant
: Ah ce n'est point
là monpapa, j'aime bien mieux
celui.ci;continuait-elle, en
se tournant vers l'Officier,
qu'elle courutembrasser ;
ahjevois bien que celui-ci est
mon "iraipapa.
Cet évenementimprévu
embarassaquelques-uns des
.:tdHoie,nt-ils si oient-ils, st
CinjlinB a donnél'enfant àla

mere.tSPau-vieill.irdy le même
injlinÛ taaujji donné a l'Ofsficier
: ainjïcelanedécidé
rIen. .,Ol\JNt queIey pluscensez
opinerent pour le premier
instinct; parce que la
inerc' étant designée sûrementpar
l'instinct
,
&le
pere demontrépar lemariage
avec la mere,ilfaloit
suivrelaloyà l'égard du
pere,&non l'instinct. En
effetcen'estpasla faute des
.)uges si la loy ne s'accorde
pastoûjours avec l'instinct.
MORTS.
Messire de Marboeuf,
President au Mortier dans leParlement de Bretagne,
mourut le 26. Juillet 1712.. âgé d'environ soixante ans.
Son integrité &sagrande
vertu l'ont fait regretter de
tout le monde. Il étcit d'unedes
plus anciennes & des
plus illustres familles de
cette Province, tant dans
la Robe que dansl'Epée; &
étoit
étoit petit-fils de ce fameux
Marboeuf,President au même
Parlement, qui a eu
trentedeux enfans presque
tous vivans ensemble.
Celui-ci laisse trois enfans,
dont deux ont pris le parti
de. l'Egliseou du Cloître,
le troisiémeest encore trop
jeunepour posseder laCharge
de President. Il avoit
pour freres l'Abbé de Langonet
de Marboeuf,le President
du Gué de Marboeuf,
leComte de Marboeuf, Bri-
»
gadier desarméesduRoy,
Se, Colonel du regiment de
dragons de Bretagne;deux
freres Chevaliers de Malte,
dont l'un est à present Commandeur
;trois foeurs, dont
lune est veuve du Marquis
de Quebriac,l'autre est
veuve du Marquisde Birague,
la troisiéme est Reli-.:
gieufe de laVisitation de
":. Rennes en Bretagne. Ra.
bine de. Marboeuf,sa tante
, qui étoitune de ces
trente-deux enfans,avoit
épousé le Marquis de la Roche
de Kernezne, second
Marquis de Bretagne,dont
il y a unpetit-filsquiapprend
actuellement ses exercices.
F. Loüis le Roux d'Infreville,
Chevalier de Malte
, le plus ancien Chefd'efcadre
des armées navales
du Roy,qu'ilservoit en
qualité de Capitaine de vaiseau
depuisquarante- trois
ans, mourutà lnfreville le
23. Juillet,âgé de soixante
&dix ans.
DONSDVROY.
Lei5.AoûtleRoynomma
à l'Evêché de Toulon
l'Abbé de Montauban
Grand Vicaire d'Apt.
Et donna l'Abbaye de
Vaux-Cernay, Ordre de
Cîteaux, Diocese de Pa":
ris, vacance par la mort de
Messire Loüis - Armand
Bonnin de Chalucet,Evêque
deToulon,àl'Abbé
de Broglio,Agent general
du Clergé.
Cette Abbaye est à huit
lieuës de Paris, & à une
lieuë &demiedeChevreuse,
à l'occident d'hyver. Elle
fut fondée en mS. par- le
.,
Comte de Nelle, Connêcâble
de France,&par sa
femme nommée Eve.
L'Abbaye de Lezat, Ord^
e de saint Benoît, DiocesedeRieux
,vacante par
la mort de l'Abbé de Crussold'Uzez
, Chanoine de Strasbourg -
,
aFAbbedeBe
rulle*
UAbbàyc deS.Paulde
Verdun, Ordre de Prémon
tré,vacante par la mort de
l'AbbéMolé, AbbédeSte
.: Croix
-
de Bordeaux , - au..
Pere Etheard , Abbé de la. -L'Abbaye du Rivet,Ordrrc
deCîteaux
,
Diocese
de Bazas,auReverend Pere
Jourdan de Fleins.
-
Il est d'une des meilleur
res famillesd'Angers,allié
a toutcequ'il ya de plus
distingué danslaNoblesse.
de la Province d'Anjou. Il
/efitReligieux en l'Abbaye
dePontron : peu de temps
aprèsqu'il fut Prêtre on le
|ïc;Soupripir. Il fut choisi
g$urêtreDiredeurdesDames
Religieuses de l'Abaye.
Royale de Panthemont,
dans le Fauxbourg faine,
Germain. Il s'est acquitté
de cet employ pendant -
quinze ans; ensuite il fut
;
fait Prieur de l'Abbaye de
Lepau, proche laville du
Mans.
L'Abbaye de Gendras,
Ordre de saint Benoît,Diocese
de Nîmes 3à l'Abbé de
Maniban.
, LePrieurédeVauxàl'Evêque
d'Arethuse.
1.
Le Prieuré de saint Léonard
àl'AbbédeMaranzac.
L'Abbaye de laVirgini- té, Ordre de Cîteaux,Diocefedu
Mans, à la Dame de
Preaux, Religieuse; de la..
due Abbaye.
Le 11. Août l'Abbé du
Crevy fut sacréEvêque du
Mans, dans la Chapelle du
Noviciat des Jesuites, par
l'Evêque de Tournay
,
asfifié
des Evêques deQuimpçr&
de Rennes.
OrAon*-
^Ordonnance du Roy four U
publication du Traitédtfif.
pension d'armes entre fil
France
&ïjirizUtêtre. i On faità sçâvoir à tous<
.iu"il appartiendra,cju'il;y.
àsuspension d'armes générale,
& detous a&esd'hoG
tilité,'tâsit par terre-que par
i.ner.,èntÉé tres-haut/tre'spuissant,
& trés
-
excellent
prince LÔULS., par là grâce
de Dieu Roy de Francè
'& de Navarre, nôtre souverain
Seigneur; & tréshaute,
très-puissante, '.8Ç
très
-
excellente Princesse
ÀNNJ^, Reine delaGrande
Bretagne, leursvassaux,
sujets,serviteurs, en tous
leurs Royaumes,Pays, Terres
& Seigneuriesde leur
obeissance ,pendant le
temps de quatre mois,a
commencer,levingt-deuxiéme
jour dupresentmois
d'Août,&sinissantlevingtdçu.
iç,dù-de Décembre
prochain:pendant
lequel temps de quatre
mois il est défenduaux fîijets
de Sa Majefté^dequelque
qualité & condition
qu'ils soient, d'exercer contreceux
dela Reine de la
Grande Bretagne aucun
.'aéte d'hostilité par terre,
parmer,surles rivierès,
ou autres eaux,
Se de leur
causer aucunprejudice ni
dommage,à peine d'être
punis severement comme
perturbateurs du repospublic.
Fait àFontainebleau le
vingt-uniéme Aoûtmil sept
cent douze. Signé, LOUIS,
& plus bas, Co LBEKT,
Nouvelles il' Angleterre.
: Le 21.JuilletJe ColonaI
de Desaunayenvoyé par
le Major General Hill vap<-
posta lanouvelleque leiq.
il étoitentré dans Dunket;-
jquje, La Reine luiHc donliercinq;
cenrguinées.Qn
jiça,le.canon du Parc saint
<Jam4si&:derla Toijr*on fit
-dâns, yii)e des feux& dçs
illuminations.Qnaembarj
quésur la riviere toutesfor- j
tesdemunitions & de vivres
pour envoyer à Dun- 1
lerque
,
& on équipe un
paquebot quiira de Douvres
toutesles semaines.
On affure que l'escadre
du Vice-Amiral Jennings
passeral'hiver au Port Mahon,
& qu'il y aura toûjours
des vaisseeauxde guerrepour
la sûreté du commerce.
Les lettres de Dublin
portent que depuis que le
General Srevvart, qui commande
en chef les troupes
, d'Irlande en l'absence du
Duc d'Ormond, est arrivé
, ilafait divers changemens
parmilesOfficiers,
militaires, & que les Lords
Justiciersavoient aussifait
plusieurs reformes dans le
Gouvernement civil.
-' La Reine n'ayant pasencore
disposé de la Charge
de grand Ecuyer, qui étoit
ci-devant possedée par le
Ducde Sommerfet,anomméles
Sieurs Dar£y&:Fielcdiongmpmourisl'sexieorcner.
par
;-
Les deux partis opposèz
à Londres se sont donné de
-grands mouvemens pour
l'élection de trois nouveaux j
Deputez, des Communes ~Ia ppilaacceéddeecceeuuxxààqquuiill,aà
Cour à donne desemplois:
maisle parti desAnglicans
l'a. emporter puisque les
Sieurs Guillaume de Stcr phens,DïxeiVvindfor9 & Jean Hind Cotton,ausquels
ncesoemuplovis aevoiaenttéité
çteélus,(e premierpour le èffîfï;deNevvp°rc, dans Milçde Vvight; lesdeux
utres pqur l'Universite & Ja ville de Cambridge.
Milord Lansdown -, a été .Controllçur de la Maison
de la Reine, a la lac«. ]
de MylordMansel, a qui
on a donné la Charge de
Receveur de l'Echiquier.
Toutestes Villes,Bourgs
& Communautez font presenterdesAdresses
à la
,
Reine,
pour la remercier des.*-
soinsqu'elleprend pour,
leur donner la paix! Oi*v
écrit de Lisbonne dtf>5*
Juillet,
-
que le Comte de
Portmore étoit sur Tondé*,
partpour veniren Angleterre,
& qu'illaisseroit au
-
Major General Pearce le
commandement des trouses;
Angloises.
Le SieurHillBrigadier,
Commandant des, troupes
qui sont à Dunkerque, &
"été faitMajor général,.
Le Chevalier Guillaume
Courtney a été élû Mem-
-
brè de la Chambre Baisé à
Exceter pour leComtéde
EXevon, a laplace du Chevalier
Guillaume Pole, qui
- a accepté unemploy à la
-Cour: Ils sonttous deux du
parti des Anglicans, quise
fortifie; tous les jours de
plus en plus, auill
-
bienen
Ijrlândè qu'en Angleterre,
Les lettres de Dublin
portentque les Chevaliers
Thomas Southyvel & Guillaume
[aine Quentinqui
étoientdu. parti contraire,
avoient étédepossedez de
leurs Charges de Commisfaires
des revenusde la
Couronne,& qu'onavoir
mis en leur,pjaçeleSiçur
Sharp,fils de l'Archevêque
d'York, & les Sieurs Vvalpôle
& Mediey, çelez.Anglicans.
; Le Duc de Leedsmoulrutdle
6. Aoaût danns leCosmfjquatre
-
vingt-sèptiéme;
aannnénee. e., Il avoit été créeVicomte
£atimer par le Roy Charlés
sécond ensuiteComte
de Danby. grand Tresorier
& Chevalier,dé la Jar- xetiere.
A prés larévolutionil
fut fait President du Confçil
Marquis deCarmarthen,
& enfinDuc,deLeeds,
en 1694. .:
Il a substitue sesbiens au
fils du Marquis de Carmarthen
son fils, qui lui succede
enses dignitez.
NouvellesMHollanâ
Onne,parleàlaHaye&
dans tout le pays que des
nouvelles queplufictilrscou-i
riers de l'armée ont apportées
depuis le 16. Juillet, de
ce qui s'estpassé àDenain.
& aux environs. On nefut
point informé d'abord de
lagrande perte qu'on y
avoit faite :mais depuis
on a apprisqu'à peine ils'étoit
sauvéquatre centhommes
de tout le camp de De—!
nain; quele Comte d'Albemarle
General avoitété
pris,avec le Lieutenant
generalSickinga,le Prince
bdeelH,loelsCteoimnt,elCeoSrnieeuilrlZedoe-
Nassau, & le Baron d'AIS
j-)erg,Marécli.,iux deCamp;
aue le jeunePrincé d'An-
*Jia1lt a été tué sonfrereMaréchal
deCamp noyé,avec
le Comte deDhona, Lieutenant
général & Gouver- t>neurdeMolonns,s&, l&e-le CCoommtèee
de Nassau Vvoudenberg,
Maréchal deCamp:&ennféinralque
pas un Officier ge- , ni aucun Officier- 1.)
dont on ait connoissancey
ne s'est échapé.On a sçû
ensuitequele 31. Juillet la
garnifbn de Marchienne
s'étoit rendue prisonniere
de guerre,avec perte de
cent cinquante belandres
-e des magasins qui étoient
dansla plièe) suffisans pour
toute la campagne; que
,l'armée,du Prince Eugène aflanque' de pain durant
six jours ; que ce Prince
manquant de munitions &
de vivres, avoit eteoulio-é
de lever le siege de Landrecy
,
& que le Maréchal
•SëViflars:,avoitassïegé
Douay. Cesnouvellesarrivées
ensipeu de temps
ontcausédans toutle pays
&Wchagrind'autantplus
grand,que les personnes
Pbi.en >i^teriripnnéës disent
qu'onpôuv6ic"éviter toxil
tes ces pertes par la fàfpreénsfiuonsdé'arem.
es qu'on a
LesEtatsGeiierauxlortt
obligez maintenant de faire
partir de Bruxelles leurs
convois surdes chariots, qui sonttous les joursexposez
àêtre enlevezparlés
François, à moinsqu'ils ne
fatiguent, leurstroupes en
les faifimtaccompagner
pardepuissantes efeortes. Le Prince Eugene ayant
pté rejoint par le Prince
<fAnhalc avec les troupes
deAinees
au siege de Laiidrecy,
vint camper le deux
Août vers Bossut êcsaint
Guillain. Le trois il alla
camper à Havré,&le quatre
il continua sa marche
par la plaine de Lens, pour
allerpasserl'Escaut à Tournay
,&tâcher de faire leverle
siege deDoüay.
Comme son armée est af-

foiblie par les pertes qu'il
agraires, & par-la desertion,
le Major général Grovenstein,
Gouverneur de
Bouchain, qui avoit fait
une course. en Champagne
; ôc au pays MelIin, arriva
le 26. du mois deJuilletà
Bruxellesyavecsestroupes
reduites àla moitié, & ilenpartit le 30. pour aller
joindrel'armée. Les' regi-
- mens de Caril , de Mestrail,
4ëcun autre,qui sontfortis
de Gand depuis que les
Anglais y sont entrez, arriverent
le premier dece
mois àBruxelles, &le 2.
ils. prirent aussi laroute
d'Ath & deTournay. D'un
autre côté le Prince Eugene
y. qui avoit retire des
?..
places une partie des garnisons
ôc des Gouverneurs
.pour renforcer ion armée,
est obligé de l'affoiblir pour
remettre les places en état
de défense. Ila jetté 2. ou3.
bataillons dans Bouchain,il
, a mis le régiment de Douglasau
Quesnoy
, ceux de
Spar & de Cavanac à Mons, a
&le regiment de May qui
ecoica Oudenarde, a ordre
d'aller renforcer la garnison
de Tlfle, Le General
Hompeîch, Gouverneur
deMons, àqui on. a donné
lecommaridèm^riî des
placesconquises, àcause
de laprison du Comte d'Albemarle
qui possedoit cet erqploy.yafaitentrer dans
'pôiiày deux bataillons tirez
de Bethune, où il faudra
les remplacer.
Le Duc d'Ormond , afin
de fairesubsistercommodément
son armée,l'a distribuée
de la maniere fiiivantëi».
Il a envoyéàBrugesquatre
regimens& sixpièces
de canon ";,,
& ilaoccupé
le postede Leffingue sur le*
canalde Plassendal à ï>Jku.
porc. - Ilaenvoyé six bataillons; àDunkerque. Ilamis six bataillons
dans Gand
,
où ilfait sarefidence
avec les principaux
Officiers.
La cavalerie va secan-
- tonner dans le pays de
Vvaës, & les Etats du pays -
fournissent les vivres ôctes|
fourrages à ses troupes, enh
deduction des droits qu'ils,
ont accoûtumédepayer.
nUn convojr.de. sept cent
chariot ,chargez de farine
w& d'autres provisions, par-
-ni: le5.d'Août deBruxelles,
éc il arrivale7. à Mons,
-!escossé par lesregimens ou :
-.b:ataiUOr\s deMetrail, Ca-
- ris&Colier,sortisdeGand
cà latrive'e1 desAnglôis néanmoins : : onapprend que
lle'aprmainéee,sttoûjours cher à
qui en a manque
"dÏÏrantplusiéùrs jours ;ce
*qui cause une grande defçrtion,.
Nouvelles d"Allema& <-«- «$»;.
Le Prince deSchvvartzenberg,
le Comte de Mollart,
& le ComtedeGalUrfch se
preparentàpartir pour accompagner
en Catalogne
l'Archiduchesse Marie-Elisabeth
,quivatenirà Barxjçelonnelapiace,
del'Arçl^i-
,
d^chelle, quelePrince
deSchvvartzenberg&le
Comte de Mollart doivent
-
ramener -,.ôc leComte de
.CaHarich yrestera en qua- kté d^GraadlMaîtredela
J)..,
Maison dela Princesse.
On écrit de Presbourg.
Que l'Archiducaaccordée
auxProtestans la permission
de bâtirdes Temples
-
à
, kurs dépens. Comme il ya
encoredesHongrois en arn)
es,que fëJPrjpcç Ragotziarefuséd'accepter
-
-
l'amnistie qui lui aété of-
.'fçttt de k part de l'Archiddaucc,,.
oonnddooiitteennvvooyyeerrtr[o~oijss
regimens qui
,. campoient
gtiro'ur de Presbourg,vers
les frontieres de Hongrie&
de Transylvanie, pour dissiper
ces Mécontens, &veiller
à la sûretéde ces pays-là.
Les lettres de Constantinop!
e portent que les Turcs
persistent toûjoursàvouloir
faire escorterle Roy de Suede
dans ses Eracs; ,& qu'il
paroissoit qu'ayant appris
les resolutions prises en Angleterre
pour lapaix, ils ne laconcluroient pas à preficnt
avec le Czar,sielle n'é-
., roit pas déja faite, &qu'ils
font disposezà renouveller ,l,a,guerre'à,-la'm-oi'.n;.dr,ec°+t- jjr^ventionautraité^
Traduction de la Protestation
des Seigneurs de la Chambre/
Haute.
N r-, Ous jugeons qu'il
estnecessaired'avoir -1 la seureté proposée, dune
garantie mutuelle, parce que
Nous, concevons que les
Conditions delaPaix quoti
a offertes, procedentd'une Nt'-
gociationséparée conduitepar les
Ministresavecla France ,sans
la participation des principaux
jdihe^
,
particulierement des
Etats GenerAUX) comme ils
le disent dans leur Lettre à
la Reine: Eux dont Sa
Majesté regarde les interests
comme inséparablesdusien,
ainsi qu'Elles'en est expliquée
àce Parlement. Et
Nous concevons que' cette
Negociation est contraire à
ces ordres que S. M. déclara
avoir donnez, dans la réponrgrendit
à f'Aj
dresse de cette Chambre,
qu'Elleavoit charge ses Plenipotentiaires,
àUtrecht de
concerterjW-ec çeux des Alht
Elle estencorecontraire àla
Résolution contenuëd ans
le M:(Taaedu.iiJanvier',
qu„ BUe.CMfnvoy^ Chambre,de çettq l'Union étroite
où Elle se proposoit d'entrer
avec Eux, pour obtenir, une
bonne P~~ pour
Tdntir& la ma.Z.Ptenir-uni
qu'Elle l'avoit déclarédans
son discours àl'ouverture
de cerrç^eflion,'x^Elie.m}
treroit avec Eux dans les Engagemens
les plusétroits,pour
continuer ïalliance, afin de
rendreIfPa>x generale, (Iflt
0* durable. De plus, Nous
jugeons cette Négociation
contraire au VIII. Article
de la Grande Alliance, qui
oblige expressement tous les
AiltcTide ne traiter que conjointement
& du cçmmm
consentement de toutes les
Partiës.
Nousconcevons que le
refus qu'on fait d'ajoûter ces
paroles, peut estre çonfideré
par les Alliez comme une
approbation que cette Chambre
donneroit à cette Methode
qu'on a prise de traiter avec la
France,qui peut teur pafroiftre
Coramt tendant à
une Paixseparée, contre laquelle
S. M. a temoigné
son juvctjtoh, & qui 2Çilé
de plus reconnu dans cette
Chambre commeune chose
folle,scelerate ~0* de mauvaise
foi; - qui seroitde fascheuse
consequence pour ce
Royaume, &qui empêcheroit
certe Garantie de la
Paix par les Alliez, laquelle
est absolument necessaire
pour leur fureté mutuelle;
ce qui Nous laisseroitexposé
au pouvoir de la France, n'y
ayant point de raison d'attendre
du secours d'eux à ,
l'avenir,aprèsune si grande
violation de lafoi publique.
'j4'Il'nous ^arbift encore,
cjlietertemanierede traStcr
séparement peur excitet une
si grande méfiance entre les
/Ult^'qtj'èik^eèc-lè^ijette
dans la tentationdeprendre
de pareilles mesures, & donner
parcemoyen occasion
ai.fôFranéede romprecette
Uhien: qui nous a
esléfl
utile juTcjuà présent, & si
formidable pour Elle, &
iJoht-'+âjjafence fcule peut
l'encourager, ou àdifférer
la conclusion de la Paix, ou
en imposer aux Alliez dans
le cours de ce Traité. :
Il Nous paroit qu'une
Union parfaite entre les Alliez
est d'autant plus necefïùire
dans le cas present, que
le fondement de coûtes les
Offres de la France qui regardent
tant la Grande
-
Bretagne
que les Alliezetbasti
sur la Renonciation du Duc
d'A njou à ce Royaume là:
Renonciation qui,à nôtre avis,
est si rrom?tu(r, qu'aucun-
Homme raisonnable, beaucoupmoins
des Nationsentieres,
ne peuvent la confidcici
comme unesureté vala- J
ble. L'experience suffit pour j
Nous convaincre,combien j
peu Nous devons Nous |
exposer sur les Renonciations
de la MaisondeBourbon; Et
quoi qu'il arrivât,que le
present Ducd'Anjou secrût
lié par son present Aéte,
( ce que son Grand Pere n'a
pas fait;) il ne fera pas j
moins libreà sesDescendans
de dire, qu'aucun A£le desa
façon ne pouvoit les priver
d'un Droit que la Naissance
leur donne; sur tout quand
ce Droit est tel, que de l'avis
de tous les François il doit
estre maintenu inviolablement
selon la Constitutionfondamentale
du Royaume de France,
Nous ne croyons pas
qu'il soit sur de dépendre
& de faire fonds sur cette
partie principale du Traité,
de fupofcr qu'il s'execute de
lui-mesme, ~e que cejl l'interess
de la France de la maintenir;
puisqu'au contraire,
il est manife ste qu'Elle a fait
des effortsconstans depuis
le Traité de Pirenées) pour
unir ensemble les Monarchies
de France&d'Efpagne>
laquelleUnionElleregarde ;
comme son plus grand a-
1
vantage, & commele 1
moyen le plus efficace pour
établir la Monarchie Univer-
Jelle dans la Maison de 1
13ourbolJ. • 1nd mesmeon pourroit
raisonablement se pro-
- |
mettre,que les deux Couronnes
de France & d'Es- |
pagne resteroient separées 1
dans des Branches de la |
Misson de Bourbon;cependant,
cela est contraire à la
Grande Alliance mefme^
<quiexposel'Vfutpttion que
le Roy de France a fait de la
Monarchie d'Espagne pour
le Ducd'Anjou, comme la
principale cause de la Guerre.
Et pour ce qui est du
Port-Mabon; de Gibraltar,
dè'V'ïdfïentoyÔC des autres
avantages que laFrance offre
à la Grande-Bretagne;
outre qu'ils sont précaires.
Sc' qu'il fera au pouvoir de
la Francede Nous les oster
quand il luy plaira, vû la
situation de cesRoyaumes
& les vastes Richesses&
forces qu'on leur làiflera*:
Nous concevons qu'il est
impossible qu'aucun Homme
puisse les envisager, en
aucun degré comme une
Compensation à la Grande
Bretagne pour l'Éspagne &
les Indes, qu'on laisse à la
MaisondeBourbon; ce q4*-
enrr'autres confcquences satales,
fera extrêmement préjudiciableànos
Manufactures
de. Laines, s'il ne les
ruine pas entièrement.
-. Qpant à la démolition
de Dunkerque, quoi- que
Nous avoüons qu'elle contribura
beaucoup à la
furetédenostreCommerce,
cependant, Nous avons raison
de craindre, par ce qui
a esté dit dans le Débat,
qu'on siest pas encoreconvenu
de le démolit,que
moyennant un
Equivalent
qui soit à la satisfaction du
J^oydeFïance, 'r:
[ Pour ce qui regarde en
particulier les interests des
-pliiez, quoy qu'ils ne
soient pas encore arreftezj
cependantpar ce qui paroist,
les Alliez courent
risque d'estre laissez dans un
état,exposé,qui nesçauroit
du tout consister avec nostre
proprelufcté.-
Le Rhin qu'on propose
pour Barrièredel'Empire
a1lie Strjj^jurg ,&Hannii
nghen entreles mains de la
France & la premiere de ces
P.laççs a citéregardée comme
la Clefdel'Empire..
Les propositionss de,l3
France touchant la Barriere
des Etats.Généraux,neles
privent pasfçulçrncnc, de
toutes lesPlaces quiot}t ejle
prisès depuisl'année1709.
Jpais, aussi dre deup.-outrois
fym^o/nftrifcssans£s.Ç)jv
pimclcsifrentlejr ftalf
Généraux en atteAnnée-la;
ce qui rendra leur Barrière
entièrement insuffisante, &
ce qui, par const queac, a
foiblit considerablement la
fureté de la Grande
Bretagne.
- Le Portugal paroist entièrement
abandonné au
pouvoir de l'Espagne, no.
nobstant les grands avantages
que Nous avons reçu
de ce Royaume, parraport à nostre Commerce, pendant
cette Guerre, laquelle
pourrait nous estre encore
extrêmement, avantageuse,
Sur le tout, il y a une
différence si petite & si peu
considerable entré ces Offres
de la France, &ceux qu'Elle
fit le 11.Février N. S. à
Vtrecht, qui éroient signées
Huxelles,qu'il Nous paroist,
en les comparant ensemble,
que tant les uns que les
autres font l'effetd'uneNego.
tion Jecrete e particulière
avec Id France. Et cette
Chambre ayant alors unamimement
concouru a témoigner
à la Reinefin plus
grand resentiment contre les
Conditions offertes à S.M.
& à ses Alliez par les Plenipotentiaires
de France, &
S. M. ayant favorablement
reçu cette Adresse, & ayant
recompensé cette marque
d'obeïssance & de zele par
de sinceres remercimens de sa
part; le Respect que Nous
avons pour S. M. & la
justice que Nous devons à
nostre Patrie, ne Nous permettent
pas de retracter
nostre sentiment, ny do
croire les Conclusions presentement
bonnes pour Nous
& pour les, Alliez, ny de
donner
-
quelque aprobation
aparente à ce qui futreçu
alors par la Chambre & par
les Alliez avec mépris &
detelfattons.
Pour ces raisons, Nous
sommes d'avis que les
Offres de la France fonc
trompeuses, & cachent des
pièges; qu'elles ne sont en
aucune maniéré proportionnées
aux avantages que S.
M. peut justement attendre, |
pour Ces Royaumes & pour !
ses Alliez, des grands fuc- j
césdont il a plû à Dieu de È
bénir leurs Armes pendant t
-
w
le cours de cette Guerre;
que ces Offres ne font pas
necessaires pour conserverla
Balance du Pouvoir dans
l' Europe, ni pour la fureté
future de S. M. & de ses
Alliez,quand mesme elles
feroient exactement accomplies
, & que telles qu'elles
sont, elles ne renferment
aucune fureté pour leur
execution; ce qui rend
absolument necessaire la
Proposition; - que Nous
avons faite, qu'onprenne des
de concert avec les Allie%,
afin de les porter à se joindre à
S. M. dans une Garantie
mutuelle.
Cette Protestation se
trouve signée par lesDucs
de Sommerset de Devonsbire,
de Bolton, de Marlbourough,
de Ritiland& de Montait:
le Marquis de Dorchester:
les Comtes de Berklery, de
- Godilpbin, de Carlisle, de
Scarborough, de Bridgewater,
de Lincoln ÔC de Bradfort,
le Vicomte de Townshend:
les Evesques d'Ely, de St
j4[apb9 d'Oxfort, & de
Banger: les Barons de Haversbam,
de Mohum., &
Cowper.
Du Camp d'Henin-Lietard
ce 18. AOUst.171Zr.
La nuit du 14 au 1 5. le
Regiment des Gardes ouvrit
la tranchée devant
Dotiay en deux endroits;
l'attaque de la gauche est
appuyée à l'Inondation,
coupe laChaufféeS. Eloy,
& va regagner la tranchée
de la droite qui fut ouverte
a Sains &
poussee
cette nuic
jurqu'à soixante toises des
Palissades. Picardie ouvrit
la tranchée au Fort de
Scarpe, nous simesaussi
une fausse attaque à la
porte de Querchm, mais
les ennemis n'y tirerent pas un coup; nous embrassons
aux deux - attaques de la
Ville la porte S. Eloy & la
porte Nostre-Damc avec
un Pont sur la Scarpe pour
cbmmuniquerà l'attaque
du Fort; il n'y a dans la
fpolarcteque 3000 hommes &
peu de munitions; il y ,
avoit eu 40 bataillons destinez
au Siege, mais les
Troupes qui sont campées
depuis aussi sur le Canal de
la Deulc julquàl'Alainlur
la Scarpe font devenues
l'armée d'observation par
le mouvement que les ennemis
ontfait glitst sont
avancez la droiteà Carvain
Epinoy, la gauche à
Hauteur de Vatines; de
forte quec'est la grande
Armée qui fait- le Siege)
nous avons 1G pieces de
canon qui tireront ce soir
a la Visse, ,&, 10; au Fort
avecdes Mortiers.
On écrit de Lille du 20.
Aoust que le Prince Eugene aquittélaresolution de
nous attaquer dans nos
retranchements & de fe-
: courir Doüay, qu'il a fait
ramener tous les Gabions
qui avoient esté destinez
pour cette expédition &
les a fait conduire à Tlfle
pour sen servir dans le
¿
-que depuis le
1 7.
on tiroir en breche, que le
Fortde Scarpe étoit le 18.
en feu, & quon ne croyoit
pas qu'il put encore durer
deux ou trois jours, que
r
le Prince Eugene a envoyé
deux mille Cavaliers demonccz
à Bethune, Aire &
S.
S. Venant en Garnison, la
maladie étant d'ans leurs
chevaux; dauttes Lettres
portent que l'armée des
Alliez devoit venir de Ribaucourt
dans son Camp
de Seclin le 21 ou le 22,.
à caufc de la disette de fourages
& d'eaux, que les
Députez estoient arrivez le
20. aumatinàLille,cequifaisoit
croire que leur armée
neremerciepas longtemps à
Seclin. rP ::
NouvpellaesgJ'Enlfagene..
Le Régiment des Gardes
d'Infanterie
,
commandé
par le Marquis d'Aytona,
composé de 3116. hommes
effectifs, est en marche
pour allerjoindre l'Armée
en Catalogne, les Officiers
de ce Régiment qui avoient
esté faits prisonniers font
partis pour s'y rendre,ayant
esté échangez.
Le Régiment des Gardes
Walones donc le Duc d'Avreett
Colonel, doit partir
incessament pour aller joindre
l'Armée qui s'assemble
vers Lerida.
,
OnécritdeSaragosse que
le Prince Tierclas de Tilly
étoit sur le point de partir
pour aller se mettre à la
teste de l'Arméequ'il doit
commander.
D'autres Lettres de
Saragosse portent que le
14. Juillet douze cent
hommes des Troupes reglées
des ennemis & huit
cent Miquelets, attaquèrent
un Convoy de sixcent
Chariots & de deux cent
Mulets qui alloit deMequinença
à Lerida, mais
que lescorte composée de
quatre cent chevaux & de
iepc cent Fantassins, la pluspart
Troupes Françoises,
les reçeut avec tant de
vigueur qu'ils furententierement
défaits & poursuivis
jusqu'aux Montagnes, avec
perte de plus de deux cent
ommes tuez & de quatre
cent prisonniers parmi
lesquels étoienc pluficurs
Chefs des rebelles.
On mande de Saragosse
que le Prince de Tserclas
de Tilly,après avoir visité
toutes les places Frontieres
& les Magasins,étoitallé à
Fraga surla Cinca, où il assembloit
ton Armée.Suiuant
les derniers, avis de ce
Pays-là l'Armée d'Espagne
fera du moins aussi forte
en Infanterie &en Cavalerie
que l'année derniere, sans
y comprendre les Troupes
necessaires pour les Places
des Royaumes d'Aragon &
deValence,&celles qui ont
este occupées en Catalogne.
Le General Staremberg a
mis en quartier de cantonnement
ses Troupes aux en virons
de Montblanc, de San- taColoma&d'Igualada, à la
reserve du détachement qu'il
avoit envoyé dans le Lampourdan
ou il n'a fait aucune
entreprise, & qui y est
resté pour consommer les
grains & les, fourages du
Pays que pour empescher
les troupes Françoises qui y
font ne viennent faire des
courses aux environs de
Barcelonne, pendant que
toute l'Armée ennemie se-<
roit au-delà du Lobregat,
Le Prince Tferclas de
Tilly a retiré la Garnison
de Cerveraà cause de la
difficulté qu'il y avoit ày mener
des Convois, pour sattacher
à réduire cntierement
les volontaires &les Miquelets
d'Aragon & de Catalogne
au Nord dela Segre.
,
Onécrit dePerpignan du
11. Juillet qu'on avoit conduitde
Roses à Gironne un
grand Convoy de blé &
de farine, escorté par quatre
cent chevaux & six cent
Fantassins sans aucune opposition
des ennemis.
Quinze cent Miquelets - avec quelques Troupes reglées
avoient investi le Château
d'Agcr entre les deux
Nogucra & à cinq lieués
de Balaguer: MaisDom PatricioLaules
Maréréchal de
Camp, qui commande en
ces quartiers là,ayant marchepourlescombatre
,les
obligea à prendre la fuite
avecrant de diligence qu'il
ne put les joindre.
Les Lettres de Cadiz du 24.
Juillet portent que les Anglois
de la Garnison de Gibraltars'étoient
emparez de
tous les posses occupez par
les Troupes Hollandoises,
qui devoient s'embarquer à
la premiere occasion pour retourner
en leur Pays; cette
nouvelle a esté depuis confïrméc.
Douze Bastiments
Portugais fortis de Lisbone
pouraller acheter des grains
en Barbarie escostez par
quatre Vaisseaux de Guerre,
avoient esté batus dans le
Détroit d'une tempeste
qui en avoit fait perir huit,
que les quatre autres ayant
échoüé à la coste avoient
esté enlevez par des Armateurs
François, & qu'on ne
sçavoient pas ce que les
autres étoient devenus.
On écrit du Camp de
Weissenbourg, du 19.
Aoust que les ennemis aprés
avoir publié qu'ils alloient
repasser le Rhin & envoyer
un grand détachement en
Flandres, marchèrent la nuit
du 13. au 14. vers les lignes de
Weissenbourg, & vin ent
camper en deux lignes entre
Otrer bach & Steinfeld. Ils
distribuerent du plomb&de
la poudre à leurs Troupes,
& ils dresserent des batrency
comme pour attaquer les
lignes. Mais tous ces préparatifs
se terminèrent à une
canonnade qui dura le 15.
& 16. de part & d'autre,
sans autre effet que de cinq
hommes tuez des Troupes
du Roy & de trente de celles
des ennemis. La nuit du 15.
au 16. ils firent quelques
tentatives à la droite & à la
gauche; mais à la premiere
déchatge ils se renverserent
les uns sur les autres, particulièrement
à la gauche où
Commandoit le comte de
Sezane;&ayant voulu tourner
par la Montagne endeux
colonnes pour la prendre
en flanc, elles se rencolitrerent
& se chargèrent sans
se rcconnoistte;en forte
qu'il y eut trois Ofticiers &
& quarante soldats tuez &
plus de cène blessez. La
nuit suivante ils retirerent
leur canon, Se le Comte de
Sezane estans sorti avec des
Grenadiers & des Carabin
niers,a. fait rüiner& brusler
leurs batteries. Une de leurs
troupes s'étant approchée;
des Carabiniers sans les voir
à causedu broüillard, fut
fort mal traitée. Ce matin
ils ont marché vers Kandel:
ce qui a estéconfirmépar
les Partis & par leurs deserteurs
qui viennent en grand
nombre.
Sujpension d*Armes
entrelaFrance & > l'Angleterre. cOmme il y a lieu d'esperer
un heureux succés
des Conférences établies
à Ucrecht par les foins de
leurs Majestez Très-Chrétienne
& Britannique, pour
le rétablissement de la Paix
generale
,
& qu'elles ont
jugé necessaire de prévenir
tous les évenemens de guerre
,
capables de troubler
l'étatoù la négociation se
trouve presentement;leursdites
Majestez, attentives
au bon heur de la Chrétienté,
sont convenuës d'une
suspension d'armes, comme
du moyen le plus sur pour
parvenir au bien général
qu'Elles fc proposent. Et
quoy que jusqu'à present
Sa Majesté Britannique
nait , pû persuader ses Alliez
d'entrer dans ces mêmes
sentimens
,
le refus qu'ils
font de les suivre n'estanc
pas une raisonsuffisante
pour empescher Sa Majesté
Très
-
Chrétienne de marquer
par des preuves cffectives,
le desitqu'Elle a de
rétablir au plutôt une parfaire
amitié, & une sincere
correspondance entre Elle
& la Reine de la Grande-
Bretagne, les Royaumes,
Etats & Sujets de L L. MM.
Saditc Majesté Trés-Chrétienne
après avoir confié
aux troupes Angloises la
garde des Ville, Citadelle,
!& Forts de Dunkerque,,
pour marque de sa bonne
foy, consent & promet,
comme la Reine de la Grande-
Bretagne promet aussi
de sa part.
I
Qu'il y aura suspension
générale de routes entreprises
& faits d'armes, & generalement
de tous Actes
d'hostilitez entre les Armées,
Troupes, Flotes
,
Escadres
& Navires de leurs Majestez
Très-Chrétienne & Britannique
, pendant le terme
de quatre mois, à commencer
du vingt-deuxième du
present mois d'Aoust, jusqu'au
vingt
-
deuxième du
-mocis hde aDéicenmbr.e .p)roII.
**V
< La même suspension fera
établie entre les garnisons,
& gens de guerre, que leurs
Majestez tiennent pour la
deffense & garde de leurs
Places, dans tous les lieux
où leurs armes agissent, ou
peuventagir, tant par Terre
que par Mcr,o-U autres eaux:
en forte que s'il arrivoit quc
pendant le temps de la suspension,
on y contrevint
de part ou d'autre
, par
la prise d'une ou plusieurs
Places, soit par attaque ,
surprise
, ou intelligence se.
crette , en quelque endroit
du monde que ce fut,qu'on
fit des prisonniers ou quelques
autres actes d'hostilité,
par quelque accident imprévû30
de. la nature de ceux
quon ne peut prévenir,
contraires àla presente cessation
d'Armes;cette conavention
se réparera de
part & d'autre, de bonne
soy, sans delay, ni difficulté,
restituant sans aucune diminution,
ce qui aura esté pris,
& mettant les prisonniers
en liberté, sans demander
aucune chose pour leur ran
çon, ni pour leur dépense.
III.
Pour prévenir pareillement
tous sujets de plaintes, &
contestations quipourroient
naistre à l'occasion des Vaisseaux
,
Marchandises
, ou
autres effets qui seroient pris
J. par Mer,pendant le temps
de la suspension, on est
convenu réciproquement
»
que lesdits Vaisseaux
,
Marl,
chandifes & effets qui seroient
pris dans laManche,
& dans les Mers du Nord,
après l'espace de douze
jours, à compter depuis la
signarure dela susditeSuspension
,
feront de part &
d'autres restituez réciproquement.
Que le terme fera de six
semaines pour les prises faites
depuis la Manche,les
Mers Britanniques & les
Mers du Nord, jusqu'au
Cap Saint Vincent.
- Et pareillement de six
semaines, depuis &au-delà
de ce Cap jusqu'à la Ligne,
fpiidana-,j}'Ocean) foit dans
la Mer Méditerranée.
Enfin de six mois au- delà
de la Ligne, & dans tous
les autres endroits du mon
de, sans aucune exception
ny autre diflinâtoti plus
particulière de temps & de
lieu.
¿ IV.
Comme la même Suspension
fera observée entre les
Royaumes déjà Grande-
Bretagne & d'Espagne ; Sa
Majesté Britannique promet
qn'aucun de ses Navires de
guerre ou Marchands,Bar,
ques ou autres Bastiments ,
appartenans à Sa Majesté
Britannique ou à ses Sujets,
ne seront désormais employez
à transporter, ou
convoyer en Portugal, en
Catalogne,ny dans aucun
des lieux où la guerre sesait
presentement,des Troupes,
Chevaux,Armes,Habits,
& en general toutes munitions
de Guerre & de bouche.
V.
Toutesfois il fera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes
,des munitions de guerre
& de bouche, & autres
provisions dans les Placesde
Gilbraltar, & de Port- Mahon,
actuellement occupées
par ses Armes, & dont la
possession luy doit demeurer
par le Traité de Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne le?
troupes Angloises & generalement
tous les effets qui
luy appartiennent dans ce
Royaume, soit pour les
faire passer dans l'Isle de
Minorque, soit pour lesconduire
dans la Grande Bretagne
,
sans que lesdits transports
soient fenfez contrairesà
la su spension.
VI.
:
1
La Reine de la Grande-
Bretagne pourra pareillement
sans y contrevenir
prester ses Vaisseaux, pour
transporter en Portugalles
Troupes de cette Nation,
qui sont actuellement en
Catalogne
,
& pour transporter
en Italie les Troupes j
Allemandes qui. sont aussi
dans
dans la même Province.
VII.
Immédiatement aprèsque
le present Traité de Suspension
aura esté declaré en
Espagne, le Roy se fait sort
que le blocus de Gibraltar
fera levée, & que la garnison
Angloisesaussi bien que les
Marchands qui se trouveront
dans cette Place, pourront
en toute liberté vivre,
traiter & négocier avec les
Espagnols.
vm.
Les ratifications du prenne
Traité se ront échangées
de parer d'autre dans
je terme de quinze jours,
ou plustost si faire se peut.
ENFOYde quoy,&en
vertu de ces Ordres & pou.
voirs queNous soussignez
avons reçu du Roy Très-
Chrétien & de la Reinede
la Grande-Bretagne
, ryx
Maistre & Maistresse, avons
signé les presentes & y
avonsfait apposer les Sceaux
de nos Armes. Fait à Paris
le dixneuvième Aoust mil
; sep cent douze.
(L. S.) COLBERT DETORCY.
! (L. S. ) BOLINGBROkE.
Au Camp de Lewadre,
ce 29.Aoust1712.
LettredeM.leM.de***
auComte de Lionne. ( Je vous suis très-obligé
Mr de la part que vous voulez-
bien prendre à mes
tres justes & très-vives dou-
¡ leurs, voicy un temps où il
faut,pour ainsi dire,s'oublier
foi-mcfmc pour ne songer
qu'au service du Roy &
de l'Etat.
Vous verrez par la Copie
cy jointe d'un Bourgeois
de Namur que selon lesapparences
un parti que j'ay
détaché il y a quelque jours
aura fait - un assez hardy
voyage & le secret a esté
grand
, car je vous assure
que hors leCommandant
& rooy personne du monde
n'en a rien sçu.
Copie d'une Lettre qu'un
MarchanddeNamur a receu
de son Correspondant
danversle15.Aoust
1712.
Je vousdiray que les
François font de justes
represailles de ce que le
Comte de Grovestein a
voulu faire en Champagne,
ils ont commence par la
Ville de Tercoten. à laquelle
après l'avoir pillé ils ont
mis le feu.
J'ayparlé ce matin à un
Batelier qui m'a dit que
tout estenflasme dans ce
Çayst jusques aux portes
dc-:Roterdam.> La Ville de
Steembergen estoit aussi en
flilme,lattionrs'est passé
hier à onze heures du matin,
cest Mr Jacques Pa steur
qui les commande; on dit
qu'il y a environ cinq mille
, hommes. ",
- , Du Camp devant :Douay*
'rC( < 'a
Le Maréchal de 'ViUart,.
a reglé que les Officiers
Generaux monteraient la
tranchée selon leur anncienneté
,
ansi le Comte de
Gassion estant indisposé , Monsieur le Marquis d'Alegre
a monté la tranchée
avec la Regiment des Gardes.
A l'attaque du Fort de
Scarpe, leComte d'Albertgoti
montala tranchée avec
le Regiment de Picardie,
& elle fut poussée à trente
toises sans d'autre perte que
d'un Valet d'Officier, les
deux nuits suivantes latranchée
fut pouffée jusqu'àla
contrescarpe
,
sans aucune
perte. La nuit du 17 au iS.-
a minuit on commença a
batre la Ville & le Fort avec
vingt -
six pieces de canon
& des mortiers, & mettre
vingt autres pieces de cannonen
batterie, les bombes
ont fait de grands ravages
dans le Fort le
1 8. ayant
mis le feu à l'Eglise & à
la maison du Gouverneur,
& aux Cazernes.
Les Lettres du 28assurent
qu'il, yavoit prés de quatre
cent malades & deux cent
portant les armes, pris dans
le Fort d' Escarpe, & dixhuit
pieces de canon.
Que l'attaque de Saint
Eloy devenoit considérable
& qu'il y avoit des batteries
qui battoient en
brcche ; on avance fort à la
droite, ensorte que l'on espere
que l'on aura la Place
vers le quatre ou le cinq.
Il y a bien des malades.
Que le Maréchal deVillars
avoit marché à d'Henin
Lietard , à Levendrc entre
Doiiay & Bouchain: il a
marché depuis avec quinze
mille hommes à Ribaucourt
& y fait des retranchements
Le Prince Eugene s'estoit
retiré à Marquese
,
derrier
Lille & avoit détaché foix -
aMnte Escoadrnonssdu.co.sté de
Le Maréchal de ViH.ars
avoit détaché de son cofté
Monsieur de Coigny
, avec
ses Dragons pour empecher
un Convoy qui vouloir cni
trer dans le Quednoy, pour
y porter des vivres& en retirer
les canons que le Prince
Eugrne avoit à Landrecy.
Les Lettres de l'Armée
de Flandres du zi. Aouft5
portentqu'on coupa le 2. yla
communication du Fory
avec la Ville où la Garnison
vouloit tacher de se retirer.
Il n'y avoit eû au Siege jusqu'a
ce jour, que trois cent
hommes tuezou bltflfcz.
- On remarqua le vingtquatre
,que l'inondation se
perdoitd'elle-même dans les
terres ; cependant comme
les Assiegez pouvoit lacher
de nouvelles caux,on acheva
la coupure pour les faite
écouler. Le vingt - quatre
ou le vingt - cinq on s'empara
du chemin-couvert
du Fort, le même jour, on
fit une batterie pour battre
le Fort en breche , on fie
jouër le 26 une mine qui fit
un si grand effet,que cinquan
te hommes qui estoient
en cet endroit furent presque
tous accablez en mêmetemps
, les grenadiers du
Regiment des Vaisseaux se
jetèrent]la bayonette au
bout du fusil dans le chemin
couvert ..& poursuivirent
les ennemisjusqu'à la seconde
traver se , pour facvoriser
les travailleursqui
firent un logementdans la
Place d'Armes. On continuoit
de battre en breche
la Villeaussi bien que le
Fort, dont on commençoit
à combler le Fossé
: mais la
garnison craignant d'estre
emporté d'assaut batit la
chamade le vingt-sept.
Elle s'est renduë prisonniere
de Guerre, & on a
accordé aux Officiers d'envoyer
leurs bagages dans
quelqu'une de leurs Places,
de cinq cent hommes qui y
estoient il n'en reste que -
trois cent; on a trouvé dans
le Fort dix huit pieces de
canon,&onad'abordouvert
les éclusespour faire
couler les eaux, ce qui
faciliterabeaucoup l'attaque
delaVille. ",
Les ennemisqui depuis it. de cemoiscampoient
à Ribaucourt,avoient tfa;,
vailé sans relâche à preparer
des Gabions,desGlayes, des
Fascines & a faire venir
cinquante pieces de. Canon
pour attaquer nosretran»
chementsjtnaisils n'avoient
encore rien entrepris, ou
avoir cru le 20 qu'ils. se re.
retireroient maison aprit
que ce n'estoit qu'un détachement
qui marchoit du
cofté de Mons. La disette
de pain &de fourage étoit
toujours si grande dans ,
leur arméequ'ils - étoient
obligé d'aller sourager audelà
de la Lis du costé
de Varneton. Néanmoins
aprés avoirplusieurs fois
reconnu lesretranchement
ils jugerent qu'ils ne pouvoient
les attaquer sans exposer
toute leur armée,b
25.ilsfirent défiler leurs
bagages & leur artillerie,le
foir ils. brûlèrent les grands
amas de facines, de cla yes
&deGabions qu'ils avoient
préparez & le
- 2 5. toute
leur armée marcha & se retira
entre Lille & Tournay.
Le Partisan Jaquot
ayant joint vers Namur
le Partisan du Moulin
qui avoit 1 5 00. Chevaux,
marcha du costé d'Anvers
avec six pieces de Campagne
& neuf Pontons.
Le Maréchal de Villars
a envoyé le Marquis ..Je---
Coigny du cossé duQues-
- noy avec sa reserve de Dragons,
sur lavis qu'il a eu
que le PrinceEugène hiioïc
marcher un détachement
de ce costé là pour tâcher
d'emmener à Mons 90.
piècesde gros Canons qui
font dans le Quesnoy.
Il est arrivé la semaine
passé àlaMonnoyede cette
Ville douze charettes venant
de Brest chargées de
piastres & de lingots d'or
êc d'argent pour estre convertisenespeces.
TAnConiveantiolneMa.rimr3
LivreEjjagnoL 27
Expérience sur un QbAt enragé>
Extraitd'une Lettre
jingloife±deLmdreu 5*'
Mort de Monjiejur le Duc de endofnr.4e Nouvelles&eponfe$4HX
tions des Mercures précédém.
6o
Sur lesgrands Parleurs&les
Tarciturnes. 70
SuiteduDiscoursPréliminaire
surlaLumieresinférédans
le Mercure préce dent. 87
Vavare
, & le Patisser ,
Conte. 109
Nouvelles de Flandre
, du
Camp d'Henin Lietard le
quinze Aoust1711. 117 o'
Etat desTroupes de ÏArmee qui
doivent avoir la trfie de /4
tranchéedelaVillede Doiiay,
•& du Fort de Scarpe. 1it
Pompe Fumbre,11y*
Morts 116
Exploitpour une Dimoifeffe.,
à un jeune Marquis, pour
unegageureperdue.141
DuCamp d'HemnLietard ceIIAoust145
EpitreàMr de Veniofine3
sur laBataille de Veillaviciosa
150
Extrait de plusieurs Lettres
deFlandres. lC3
Mort deRichard Cromwel.
170
Article des Enigmes, Parodie
de l'Enigmes du mois pas- sé.C ,.' 1S7
- Enigme Bxrlefque.192,
Ordonnance du< Roy pour
la publication du Traité
d'Armes
, entre la France
&l'Angleterre. 217
Nouvelles d'Angleterre. 110
Nouvelles d'Hollande.218
Protestation. 241
Nouvelles d'EJjtagne.16j
SuspensiondAmes entre la
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le