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1712, 03 (Gallica)
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t 1
MERCURE
GALANT.
MARS,1712.
A PARIS,
M. DCCXII.
jîvcc Privilège du Roy.
fï E'ACORiM
GALANT.
Par le Sieur Dtt f***
Mois
de Mars
1711.
Leprix est 30.Fols relié en veau,$c
15. fois, brochez
A PARIS,
Chez DANIEL J 0 L LET, au Livre
Royal, au bouc du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU
,
à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë
du rFeih,direôeé dela ruë
Saint Jarres.
jivecApprQbation)&PrwilegcduRoi,
MERCURE
G A'L A N T.
MARS, jil.
R E'P 0 N SES
à quelques Plaintes
concfe
le
Mercure.
ONseplaint qi£mdltiùé
dans k Mercurecfueîquttouvraity
& quesqucémttnotrésdcf<*
tntHè,
A l'égard des Autheurs
ceux qui craignent de
bonne foy d'estre imprimez
ne doivent nyreciter
ny écrire leurs ouvrages
,&ceux qui n'ont
pas le courage de cacher
ce qu'ilsont fait de beau.
peuvent m'en faire tenir
ibus main des copies correctes
, & jurer ensuite
hautement qu'ils ne les
ontdonnées à personne,
& qu'ils en desavouent
les fautes; je prendray
ces fautes sur moy pour
leur faire plaisir.
-
A l'égard des noms de
famtHe
9
desgenealogies,
&autres mémoiresdefectueux
y
c'est purement la
faute de ceux qui ne prennent
pas le soin de me les
envoyer. On n'a qu'à les
IIdrcfercheZles Libraires
dont le nom est à la tejtc
du Livre.
Ceux dont les actions
& les familles meriteroient
le plus de place
dans ce Journal, font
quelquesfois ceux dont
les articles font ou negligez
ou tout- à
-
fait oubliez,
parce quevoulant
m'y attacher davantage,
je me suis fié sur de beaux
mémoiresqu'on ma promis,
& ces prometteurs
sontlapluspart beaucoup
plusnegligensà me tenir
leur parole que je ne le
fuis à donnerauPublic
tout ce que je luy ay promis.
On se plaintque je
Hemployé:poe$. assezt de
sempf 4 mon JMcriwà^
Ûtlarai,ConJil faudroit
travailler une aimée pour
chaque mois,& toute
déduction faite du tems
de l'lmpression,dutems
necessairement perdu, Se
dema paresses il ne reste à
peu prés que cinq ou six
jours pour l'écrire, c'est.
trop peu, & je m'en
plains comme vous pour,
toute réponse à cet
article.
Les Nowveïïijtes se
plaignent que j'abbrege
les Nouvelles,& queJe
donne trop de Poesies.
Les Poëtes répondent
que les vers font l'ornement
du Mercure.
Les DamesJe 'plaignent
qu'on sétend trop
sur les morceaux de Litterature&
de Physique.
Les Philosophes répondent
qu'ils s'occupent
agréablement, de ce qui
ennuye les Dames& que
ce qui fait plaisir aux
Dames ne convient
point aux gens studieux.
D'autresse plaignent
que le Mercure n'cft pas
afieZj rempli.
Les Librairesrépondent
qu'on le vend bien
tel qu'il est
,
c'est ainsi
que dans le commerce
de la vie , celuy qui est
content répond aux
plaintes de celuy qui ne
l'estpas. Je prieinstamment
une partie du Public
de répondre pour
moy a l'autre. IDEE
à l'imitation & file 1
Rabelaisien.
L' E QU 1 L IBRE.
:' Cerrain Mechanicien
, affectueusement verséés
Mechaniques,en estoit
si raffolé que nebeuvoit,
ne mangeoit, ne parloir,
ny rien , qui ne fut comparé,
induré, pesé,jusqu'à
l'air qu'il avalloit
par respiration, &C jusqu'au
vin qu'ilrespiroit
par avalement
,
Se il en
avalloitsicontinuëinent
que boireestoit devenu
en luy une secondé respiration
; il respiroit
regulierement à déjeuner
deux flacons de piot qu'il
envoyait tirer en cave
par: un) lien.Apprcllti
Mechaniciên, auquel il
rmeceodmelmeaçnodnoditepqauirlibfvoer.r
qu'il tint une & chacune
d'icclles bouteilles
, en
chacune des mains de
chacun de ses bras, perpendiculairement
pendants,
& tête& corps en
ligne droite, comme une
éguille de Balance, de
peur que ne trébuchât ledit
porteurau détriment
de son vin déjeunatoire.,
Or comme estoit en
marche reguliere & contre
posée ledit Apprenti
,
vinage à dextre, vina.-
ge à fenextre,iceluy par
délicate & scientifique
sensation équilibrique.
sentit sensiblement quelque
goûte devinplus en
line bouteille qu'en l'autre
, ce qui le molesta, 6C
par amour d'équilibre.,
huma eçs gouttes superfluës;
mais bien- toit se
tança luy-nlêlne d'avoir
rendu trop legere celle
qui trop pesanteestoit
tlvant) carfe sentit; pencher
& boiter du coste
gauche.Alors amour
d'équilibre le reprit de
rechef
,
il rehuma la
pesanteur excedente, &C
huma trop encore cette
feconde fois. Patience,
dit-il,j'y vindray avec
temps &experienceynliâi$
n'ay encore acquis lliabitude
de hunier iuflc-;U
de fait, tant plus il hu.;
nioit & tant plus acquêt
roit perfection d'équÏ;.
libre; car enfin finale
vuide dans l'une ne PC-b
fant. pas davantage que
vuide dans l'autre,exquis
libre te trouva es bouteilles
; maiséquilibren'y
eut plus en la teste du jeune
Apprenti. Tellement
que ne pouvant cheoir
d'aucun des cofstz pour
l'équilibre parfait des
bouteilles vuides, pesant.
teur de teiïelefît tonibex
en facci nez Seboucalleï
le cafTerent, ne groiiilloit
plus ne pieds ny pactes;
Ce qui fit quç le Maiftrfc
ne içachant pas qu'il
estoityvre, ne le crutque
more',1&&C s,e/cr.ia, c',es11t:
grand dommage du vin.
Or tirer pouvez de ceci
Morale inflruilânte,car
si l'Apprenti n'eut point
voulu chercherpar mechanique
trop de perfeétion
en l'équilibre des
bouteilles, il ne luy fut
point mesarrivé j ce qui
dénote, que qui veut
trop raffiner és sciences
humaines,s'enyvre de
son scavoir, &s'y casse le
nez.
DIXAIN
Sur le stile Marotique.
Du temps quela Langue
Françotfè
Estoit dans L'enfancetau..
, loise,
La France produisoit de
précocesesprits,
Qui dans leur enfantin
langage,
Begayoient des beauter,
dotnousCommessurpris
J'aime lesheureux traits
decetenfantillage;
Jidaijatijjï quandje vois
nosAutheurstriom-
- phants
Affecter ce jargon dans
leur meilleur ouvrage;
Jedis,oh qu'ilfitd bIen.
DedDepsagernlesedreclocemetmâgeel9ses
MORT :
du dernier Dauphin.,
Le 8. de Mars Monseigneur
le Dauphin se trouvant
en grand peril de mort,
reçut les Cérémonies du
Biptesme par les mains de
l'Evvesque de Mets, premier
Aumônier ; il fut nommé
Louis par le Comte de la
Motte & par Madame la
Duchesse de Ventadour
Gouvernante des Enfans de
France, & il mourut le même
jour.
Le 10. son corps fut porté
à Saint Denis,avec un
cortege de trois Carosses &
de six-vingt flambeaux,
portez par plusieurs Gardes
du Corps & par plusieurs
Pages; dans ïun desquels
estoit le corps.
Mrl'Evsque deMets qui
portoit le coeur.
Madame la Duchesse de
Ventadour.
Mr le Duc de Mortcmar,
premier Gentilhomme de la
Chambre.
Medela Lande Sous gouvernante.
Mrl'Abbédu Cambour,
Aumônier du Roy.
M' le Curé de Versailles.
Un autre Carosse où
estoient huit Gentilshommes
ordinaires, qui avoient
porté le cercuëil , qui étoient:
Mr de Saint-Olon.
Mrde Chasteau du Bois,
M' Roland.
Mr Charmois.
Mr de la Bussiere.
Mr de la Quiche.
MrBour delin.
Mr Messier.
Suivoit le Carosse des
Femmes de Chambre.
Ces trois Carrossesétoient
suivis de ceux de M. l'Eves-
<|ue de Mets ;de c la Duchesse
de Ventadour, & d-c
Mr le Duc de Mortemar.
-:.:
L'Evêque de Mets presenta
leCorps au Prieur de l'A'Q.
biye,>ôc fit un très -
beau
Discours ; après quoy il fie
l'inhumation.
On avoit preparé une
estrade de trois degrez
,
avec un Pavillon de satin
blanc
,
l'espace seulement
depuis Charles le Chauve,
jjjfques aux premiers degrez
du Sanctuaire, garnie
de tapis blancs; le Corps
placé sur cette Repre fcnia
tion - on chantaDomini efi
terra. Aprés quoy Mr l E
vesgue de Mets ayant chanté
l'Oraison convenable&
mis un peu de terre sur le
Poesse qui envelopoit le
Çerçiicil
,
sans Requiem ny
Kyrie eleïson
, on descendit
le Corps du Dauphin avec
ses entrailles dans le Caveau,
& fut placé auprès du Corps
de Monseigneur le Duc de
Bretagnesonaîné*, mort le
à 3. Avril 1705.
Les Religieux retirent le
Poëste qui eU de moëre d'argent.
Mr l'Evêque de Mets &
Me la Duchesse de Ventadour
à peu-prés avec le
mesme cortege, avec lequel
on y a porté ceux de
Monseigneur le Dauphin
& deMadame la Dauphine,
porterent en partant de S.
Denis à dix heures du soir,
le coeur du Dauphinau Valde-
Grace.
--
svR LES MESURES
geométriques des Voutes.
PARM- PARENT.
UN sçavantArchitecte
de Paris m'ayant representé
que les mesures géométriques
des voutes en dosnies
oblongs ou applatis,
manquoient dans l'Architecture,
ou du moins n'avoient
point esté mises à
la portée de tout le monde
, ce qui oblige à en employer
de fausses., & mesme
de grossieres au lieu
des véritables, je luy envoiay
celles-cy deux jours
après, & j'ai creu faire le
mesme plaisir au public, en
les luy communiquant
d'une maniere pratiquable,
avec les Tables dont
on se fert ordinairement
pour resoudre les problèmes
de geometrie pratique.
Sur lamesure geometrique des
Voutes surbaussées
5
ou des
demispheroïdes oblongs.
I. Ayant mesure la hau.
teur du dosme qu'on suppose
demi elliptique, &
l'ayant doublée, on luy ajouxtera
sa plus grande
largeur, c'est à direlediametre
de la base, & on l'en
retranchera,on multipliera
la somme par le reste,& on
tirera la racine quarrée du
produit, pour faire l'analogie
suivante.
2. Si le double de la hauteur
du dosme, donne la
racine quarrée cy-dessus ;
que donnera le finus total?
Il viendra au quatriéme
termie un finus, qui marquera
un nombre de degrez
& de minutes, dont
on se servira pour multiplier
le double de la hauteur,
afin d'avoir un produit.
3. Comme le nombre absolu
( 180000. ) est à l'absolu
( 3141. ) ainsi le produit
cy-deflfus,est àun quatriéme
terme.
4. Comme la racine du
premier article est au double
de la hauteur, ainsi le
quatrième terme de l'article
precedent
5 a un qua-
, e trième terme nouveau, auquel
on adjoustera le diametre
de la bafe pour avoir
une somme qu'on multipliera
par la largeur.
5. Enfin si (4ooo. ) nombre
absolu, donnent (3141.)
que donnera le produit de
l'article precedent : Il
viendra un quatriéme terme,
qui fera la surface de
la Voûte ; sçavoir l'interieure
, si les mesures ont
este' prises en dedans,&
l'exterieure sielles onteste
prises en dehors.
Et pour avoir la solidité
on prendra la hauteur &
k largeur par le milieu de
l'épaisseur, pour avoir une
superficie moyenne, qu'on
multipliera par son épaiC.
seur, ce qui donnera la soliditédesirée.
Sur la mesure des Voutessurbaissées,
ou des demispheroidesaplatis,
1. Ayant mesuré, comme
cy-dessus, le dosme qu'on
suppose encore demi elliptique,
on dou blera la hauteur
qu'on adjoustera avec
la largeur, pour avoir une
somme onosteraaussi de
la mesme largeur la hauteur
doublée, pour avoir
un reste;on multipliera la
somme par le reste, & ofi
tirera la racine quarrée du
produit ( ce qui donnera la
distance des foyers.)
2. Adjoustez la largeurà
cette racine ou distance
des foyers prenez le logaritme
de la somme,&ostezen
le logaritme du double
de la hauteur, pour avoir
un second reste.
3. Multipliez ce second
reste par le quarré du double
de la hauteur, & divisez
tousjours le produit par
3010300 fois la racine quarrée
du premier artic le
,
pour avoir un quotient.
4. Adjouftez la largeur
à ce quotient; multipliez
la somme par la mesme
largeur, & faites l'analogie
suivante.
5. Si (4000. ) nombre absolu
, donnent (3141. absolu)
que donnera le produit
cy -
dessus ? il viendra
au quatrième terme U
surface du spheroïde elliptique
applati, sur laquelle
on fera les mesmes reHcxions
que pour l'oblong.
Si les dosmes sont à arrestes
, au lieu de l'analogie
si4000. donnent 214.1.
&c. faites cette autre:si huit
foisle demi diamettre de
la base donne son circuit,
que donnera le produit
trouve, &c.
Voicy donc les Réglés
queMrHuygens n'a donnéesqu'en
énigme à,sa manicre
ordinaire,dans son
Traité de la Pendule, &
par des voyes beaucoup
plus longues: j'en donneray
les demonstrations
quand l'occasion s'en presentera.
Supplément au Mémoire insere
dans le Mercure de Trévoux
deJanvier 1711.sur
les changements arrive% à
lasurface de la Terre.
Par Mr PARENT Antheur
du Memoire.
Pour ne pas grossir trop
ce premier Memoire,je me
fuis exprèsabstenu d'expliquer
alors les causes de
quelquessingularitez qu'-
on trouve dans la Terre,
à différentes profondeurs,
comme des restes de navires
,
differents u stancilles,
sçavoir des ferrements, des
tests de pots
3
du charbon
,
&c. différents lits de terre
cultivée, des terres marescageuses
,
des plantes de
toutes especes desechees
, des animaux secs., ou petrisiez,
ou feulement terrifiez
,
différents coquillages
de mer, despoissons
de mer de toutes especes,
deseichez ou petrifiez, des
grands chemins pavez, &
jusqu'à des Villes entieres,
des squelettes d'hommes,
d'éléphants, de tigres,&c.
je n'ay pas mesme approfondi
la cause des embrasements
souterrains qui
produisent les tremblemens
de terre.Voicy maintenant
ce que j'en pense en
deux mots. Premierement
quant aux particularirez de
la Terre corticale, elles démonstrent
manifestement
que la surface de la Terre
habitée, s est trouvée à toures
ces différentes profondeurs,
où l'on rencontre
les vestiges que nous
venons de citer. Il reste
donc d'expliquer de quelle
maniere ces différentes furfaces
ont par succession de
temps esté couvertes de
nouvelles couches de terre
; & cela jusqu'à six ou
sept reprises differentes, ôc
jusqu'à la profondeur de
prés de cent pieds. Or il
suffit pour expliquer toutes
ces couches de concevoir
que la Terre a esté formée
à différentes fois, par
un concours d'atofmes qui
tendent tous vers son centre
par leur pesanteur
, Ôc
cela dans des intervalles
de - temps fort esloignez
les uns desaurres; &jene
trouve point qu'il soit plus
difficile
, ny moins physique,
de la concevoir ainsi
formée, que de supposer
qu'elle ait esté formée tout
de suite, sans interruption,
jusqu'à la grosseur où nous
la trouvons aujourd'huy.
Mais outre cette cause génerale,
&que tout le monde
peut aisément deviner,
il y en a une seconde particulière
, un peu plus cachée.
Ce sont les pluyes
extraordinaires, ou deluges
d'eauxtombées sur les
montagnes, qui doivent en
avoir détrempé & emporté
les terres labourables
dans les vallées
,
& les y
avoir déposées pendant
leurs inondations. Ainsi
une de ces premieres inondations
aura couvert la premieresurface
de la Terre
d'une seconde surface; &
celle cy aura enseveli fous
elle tout ce qui se trouvoit
sur Il premiere
,
plantes,
animaux, coquillages, ustancHes,
Villes
, &c. qui
se seront par succession ou
corrompus, ou déseichez,
ou mesme pérrifiez
,
selon
la nature de la Terre
,

toutes ces choses se feront
trouvées. Parce moyen les
vallées se feront élevées
peu à peu, à mesure que les
Commets des montagnes se
feront dépoüilleet de leurs
terres; & les mers auront
(fié obligées de s'éloigner.
en mesme temps du pied
des montagnes. Il n'y a
rien aureste encela quine
soit conforme à l'experience
journalière, & il ne ferait
pas difficile d'en apporter
porter quantité d'exemples
connus.
A l'égard des embrasements
sousterrains, la cause
generale n'est pas différente
de celle qui fait allumer
le Tonnerre) le foin
dans les granges; la va-
,
peur qui sort de la fameuse
fontaine de Varsovie, ou
des lacs qui sont sur une
des montagnes d'Auvergne
, ou sur une des Pyrenées,
ou de ces puits de feu
Ci communs 'à la Chine.&c.
sçavoir que quand l'exhalasson
sulphurée est asembleeenassez
grande quan- tité pour pouvoir ecarter
l'air environnant, cjlefidu
feu. Il est vray que ces
feux échauffent les eaux
sousterraines, & leur font
jetter quantité de vapeurs,
qui estant poussées par la
violence du feu
, ont une
force prodigieuse pour se
faire jour, & rompre tous
les obstacles qui les resserrent,
ainsi qu'on l'éprouve
dans. les, Eolipiles qui crevent
comme des bombes.
Il y a aussi quelques eau..
fçî. particulieres qui peu.
vent allumer du feu,comme
des meslanges d'eau,
de matiere ferrugineuse,
& de souffre(ainsi que Mr
Emery le rapporte) & autres
fermentations encore
inconnuës; & mesme lorsque
l'exhalaisonest fort
seiche comme dans les mines
de charbon, la deule
cheute d'une pierre sur une
autre, suffit pour faire un
embrasementepouventable.
D'une espece d'homme mariny
pesche ait Conquet.
r>
- Mr Savary Ecrivain de
Vaisseau
, m'a dit qu'en
l'année 1703. ilassistaàune
pesche qui Ce fit au Conquec>
dans laquelleon prit
un Monstremarin
,
semblable
en toutes choses à
un enfant de deux ans, &
de la mesmegrandeur : sa
peau estoit brune.& sans
poil, comme celle d'un
Chien de mer. Il avoit les
doigts des mains & des
pieds aussi fendus que ceux
d'un Singe, ôc armez d'ongles
,
mais sans toiles. Il
portoic au haut des bras,
& sur les os des jambes des
nageoires comme un poisson.
Il ne pouvoit se tenir
debout, ne criait point, ne
remuoic point ses yeux qui
estoient ronds comme ceux
d'unpoisson, sans sourcils,
ny paupieres. Il n'avoit
pour oreilles que deux
trous;sa bouche estoit plate
, son nez & son menton
allongés
,
sa teste ronde &
sans poil; il battoit continuellemenfidesjbras
& des
jambes comme pour nager.
Il ne vécut qu'une demi
journée hors de l'eau.
Mr Savary m'a asseuré
que les fleurs du Ménay
Lieutenant de Vaisseau
Claron Pilote du Conquer,,
ôc plusieurs autres, particulierement
les Religieux
de saint Matthieu de ce
lieu, l'ont veu&examiné,
de mesmequequantité
d'anciens Officiels de mer,
quiaffeurent n'avoir jamais
rien veu de pareil.
::.
Ce Metnoire'noiis|^eftç
communiquépar Mj~'F~
rent , à qui Mr Savary a
raconté la chose de vive
voix, telle que nous la
rapportons.
Surun Portrait engrand.) envoyéparune
Dame a l'.Autheur,
pour mettre dans une
Salle. ilsera
veu de tout Paris,
Vostre immense Portraita
tres.large bordeure,
J'eusse bien mieux aimé
vous voir en mignature, Au moins il m'eust esté
permis
De garder en secret cette
aimable peinture:
Ah qu'un peu de mystere
eust augmenté le prix
D'un present de cette nature:
Trop heureux qui reçoit
un don si precieux
D'une main
si
belle & si
chere,
Et cependant j'aimerois
mieux
Qu'elle n'eust osé me le
faire.
EXTRAIT
EXTRA1 T
de Lettre de Mr le Coloml
de Funck , écritede
Conflantinople le 14. Jimvieriyii.
àMr. de Crort-
(om Envoyé Extraordinaire
de Suede.
L- eGrand Vizir a bien.
voulu permettre aux 0-
tages Moscovites, sur.
leurs instances conjoin cc
tement avec les Ambac.cc
fadeurs d'Angleterre &-
d'Hollande, de conferer(c;
avec luy pour tascher de«
trouver des expédients«
«capables de détourner la
t, guerre; mais cesconferences
sont presentement
»rompues. Ali Bacha le
» Premier Grand Vizir dé-
» posé a esté porte icy &
«expose devant le Serrait
au peuple. Les nou-
«
vellesvenues ces jours icy

de l'arrivée de nostre
Transport en Pomeranie
avec le Comte de Sten-
»
bofz
3 ont extrêmement
»
réjoui
, tant nous que les
« Turcs,,quicet Etéavoienc
;»agi un peu froidement,
Ȉcause quece Transport
ne venoic pas. Le premier «
de ce mois le Grand Sei. *
gneur m'a fait dire que je«
fisse sçavoir au Royqu'ilcc
partira dans six fcmaines«
pour aller en campagne, «
afin de pouffer la guerre «
contre les Moscovites*
avec la dernière vigueur,«
que sa Majeste estoit lecc
maistre de partir quand il«
luyplairoit pour la PolO-te
gne , avec une escorte..
considerable & suffisante«
de Turcs qui se rendront«
pour cet effet à Bender)cc
& que j'eusse à suivre le« ,
"Sultan en campagne, au
»moyen de quoy j'espere,
8,
Mr. d'avoir l'honneur de
=. vous fairefçavoircequis'y
»
passera. Le Serasquier de »BelgradeAbdiBacha qui
»efl: fort porté pour les in-
»
terefts du Roy, a esté fait
o.
Commandant en Chef

des troupes de Romelie
J
» & doit se rendre incessam-
»ment.
D'autres Lettres portent
qu'on a publié à Constantinople
laguerre contre les
Moscovites, que l'Empire
Otoman faitdes préparatifs
extraordinaires, que
les Tartares se préparent à
faire une irruption en Moscovie
par trois costez. Le
quartier du General Ronne
,
qui a de beaucoup
augmenté ses troupes, est
à present à Pialacerkieu
, & les troupes Moscovites
qu'il commandesont avancées
jusqu'à Niemerow,&
à Braclaw enPodolie, pour
observer les mouvements
des Turcs, & du Palatin
de Kiovie, & la plus part
desMoscovites qui estoient
dans le Palatinat de Cracovie
, sont entrées dans
celuy de Sandomir.
Le Czar est arrivé à Peser
sbourg le 14. Janvier, &
le même jour il a jugé àpropos
de faire de molir les fortifications
d'Azak
)
du Fort
de TangarocK & de quelques
autres qui ont donnéombrage
aux Turcs, esperant
encore par là de les
appaiser, & de maintenir
la Paix de Falczin.
Le Vice-A miral Cruitz,
est arrivéd'AzaK à Moscou,
suivi de tous les Officiers
de marine, il doit
cilr,-, à present ducosté de
Petersbourg;ila laissé l'Amiral
à Praxin
,
à Azak
)
pour en faire démolir les
fortifications.
Les Moscovites ont tué
ou pris quarante mille personnes,
&enlevéune grande
quantité de Chevaux,
de Chameaux
, & de Beftail
,aprèsavoir forcé quelques
Troupes des Tartares
Calmuques.
On a fait de grande réjoüissances
à Moscou au
mois de Décembre dernier
, sur lanouvellequ'on
a receuë que le Princede
Moscovieaépousé la Princesse
de Volsenbutel
, ces
réjoüissances ont commencé
le 13.&la PripçeKe-
Natalie à Lexowits., fçeïir
du Czar.) a traité mjgni.
siquement pendant deux
jours lesGrands Seigneurs
ôç les Principaux Officiers.
-
La Princesse Mere du
Czar a donnéaussi un
grand festin où la Duchesse
de Ciîrjande, a paru pour
la première fois depuis la
mort du Duc son Epoux ,
ensuite ces Princesses sont
allées trouver le Czar à Petersbourg.
L'ELOGE DU VIN
de Bourgogne, traduction
de l'Ode Latine de
Mr GRENAN.
MI dujusdivin dont ta;
chaleur m'inspire
,
MaisPoëte inconnu dans lesacre
vallon,
En faveur de Po MAR je
vais toucher la lire;
Mon goustsera mon Appollon.
GRENANpuis jeefj>-?rer dete
JHIUYC au Parnasse ,
D'atteindre de tes sons Uforce
& l'agrément?
Je fuis affe% heureux, traduisant
««HORACE,
Si je traduis fidellement.
Je consacre ces vers à la
liqueur charmante,
Qui rend BEAUNE fameux,
qui fait l'hon-
'> neur de NUIS;
Autour d'elle suivis de la
sante brillante,
Voltigent amours, jeux &
ris.
Des prodiges certains signalent
sa puissances
Elle sçait délier l'esprit le
plus épais ;
Mieux qu'un travail constant,
mere de l'éloquence,
Elle nous preste d'heureux
traits.
A son riant afpeGl: fuit la
sombre tristesse ;
Le pauvre qu'elle anime
est au dessus des loix ;
Pour luy plus de misere :
aimable enchanteresse,
Tu l'éleves au rang des
Rois.
En vain s'offre une table
& propre & délicate,
Où le rafinement ait fîû
tout ordonner,
Leplus charmant repas at'il
rien qui me flate,
Si tu ne viens l'assaisonner?
Du mâle SILLERI que
RH E I M S s'enorguëillisse
Et prodigue l'encens à son
montant flateur;
Qu'étincelant de feux, -¥iOl
pétille,iljaillisse;
Redoutonsun vin séducteur.
Craignons de nous livrer
aux esprits qu'il envoyé,
D'un plaisir a pparent
fuyons la trahison;
Ilsflattent l'odorat, ils répandent
lajoye,
Mais ils cachent un sûr
poison.
Que cependant au fruit
A u VILLE' soit d'usage,
Bacchus modeste alors,
peut avoir des apas:
Avec luy les bons mots,
l'élégant badinage,
Viendront amuser le repas
Nuissuspend les regrets
de la morne vieillesse.
Lait divin, sa chaleur fource
des doux plaisirs,
Dans le déclin des ans fait
naistre la jeunesse
,
Ec rappelle au moins les
desirs.
Un Sophocle se glace? il
enfante avec peine,
Qu'illaisse l'eau du PINDE,
& gouste de ce jus,
L'aimableDieu du vin fera
couler sa veine;
Il inspire mieux que Phebus.
A quoy fert dans le camp
la bruyante trompette?
C'est à Nui s d'y répandre
une noble vigueur;
Sans ses dons le soldat certain
de sa deffaite,
N'est que foiblesse & que
langueur.
Mars, c'est assez regner J ô liqueur favorable,
Ramene avec la paix les
danses & les jeux;
Redonne -
- nous enfin sa
présence adorable.
Qu'elle est lente au gré de
nos vceux!
Aujourd'huy l'ornement
des tables fortunées,
Bientost de nos bergers tu
sécheras les pleurs.
Je les voy; quels plaisirs !
agreables journées! *
* Jours de réjoüissance pour la paix.
Ils ont oublié leurs malheurs.
Plusde foins inquiets, plus
d'horreur,plusde guerre.
Pour eux des jours sereins
vont couler déformais.
L'un chanre sa Philis, l'autre
vuide son verre.
Furent-ils à plaindre jamais!
Sil'AUVERNAT fumeux
s'offre dans une feste
, Vin grossier qui d'abord y
porte le cha grin
, De cruelles vapeurs,il accable
la teste
Breuvage affreux, hosteassasin.
Du
DuBOURGOGNEleger,
la douceur bienfaisante,
Est un remede sûr, ai[é,-
délicieux;
Nos maux sont dissipez ,
quand sa seve innocente,
Flatte nostre goust & nos
yeux.
A Le doux sommeils'envole
& sourd à ma priere,
S'obstine à me ravir les
charmes du repos.
A mon secours POMAR.
déja sur ma paupière Morphée , a versé ses pa-î
vots.
Mais tu n'es pas toûjours
à nos desirs propice;
Si nous blessons les loix de
la sobrieté,
Ton jus séditieux fera nostre
supplice;
Ton jus veut estre respecté.
Assure de longs jours au
modele des Princes;
Le Ciel long-temps encor
le doit à l'univers;
Qu'il vive seulement, nos
tranquiles Provinces,
Seront au dessus des revers.
Au Nectar de Louis disputez
la victoire,
Vins jaloux, Vins fameux
& du NEGRE&duRHIN,
Conserve nous Louis,
rien ne manque à ta gloire,
POMAR, ton triomphe eA
certain.
LA CHAMPAGNE
vengee3 ou loüange duvin
de Reims,qu'un Poëte
Bourguignon a blâmé.
CHEREhostessed'un
vin qu'on ne peut trop
priser
D'un vin qui doi,t à Reims,
comme moi, sa naifsance,
f
Bouteille à mon secours;
j'entreprensta deffense.
Pour ton propre inrerctt
vien me Favorifèr„
Est-ce un songe? ô merveille
une douce
manie
Chez moy, dans-ce moment,
au gré detaliqueur
-
Répand de veine en veine
,
- une noblevigueur,
Et forme de ces vers la
nombreuse harmonie.
Autant que, sans porter sa
teste dans les cieux,.
La vigne par son fruit est
au ckflus duchêne;
Autant, sans affecter une
gloire trop vaine,
Reims surpasseles vins les
plus délicieux.
Qu'Horacedu Falerne en-
N
tonne les loüanges,
Que de son vieuxMassique
il vante les attraits:
Tous ces vins si fameux
négaleront jamais
Du charmant Silleri les
heureusesvendanges.
Aussi clair que le verre, où
la main la versé,
Les yeux les plus perçans
l'en distinguentà peine.
Qu'il est doux de sentir
l'ambre de son haleine
Et de prévoir le goustpar9
l'odeur annoncé!
D'abord à petits bonds
une mousse argentine
Etincèle
,
pétille, & boust
de toutes parts;
Un éclat plus tranquile offre
ensuite aux regars
-
D'un liquide miroir la glacecrystaline.
1
; ¡ l >
Ce vin dont lafpeft seul
enchante le buveur,
N.eil: pas d'un bourgeon
foible une humeur
froide & cruë;
Autant que la couleur en
réjoüit la vuë,
Autant en plaist au goust
l'agréable faveur.
Taisezvous envieux, dont
la langue cruelle
Veut qu'icy fous les fleurs
se cache le venin,
Connoissez la Champagne
,& respectez un vin
Qui des moeurs du climat
- est l'image fidèle.
Non, ce jus, qu'à grand
tort vous osez outrager.
De nuages fâcheux ne
trouble point la teste
Jamais dans l'estomac n'e,xcite
de tempeste,
Ilest tendre,ilestnet,délicat,
& léger.
Il s'ouvre dans les reins une
facile route,
Il n'y fait point germer de
sable douloureux,
Et n'y prépare pas, féducteur
dangereux , Par l'attrait du plaisir le
tourment, de la goute.
Vers
,
Vers la fin du repas,à l'approche
du fruit, (Caron doitménagerune
liqueur si fine)
Aussitost que paroist la
Bouteille divine,
Des graces à l'instant l'aimable
Choeur la suit.
Parmy les conviez s'éleve
un doux murmure,
Leplus Stoïque alors se déride
le front.
Beaunealors cédeàReims,
& confus de l'affront
Cherche loin du buffetune
retraite obscure.
Equitablecenseur,je veux
bien toutefois,
Bourgogne , t'accorder
l'estime quit'est duë,
Pourvû,qu'à l'avenir une
honre ingénuë
Te force à rendre ommage
au nectar Champenois.
Mére des vins moëleux,
c'est toy je le confesse
Qui d'un teint languissant,
corriges la pâleur,
Qui versant dans les corps
<
une doucechaleur,
Sais égayer ensemble, &
nourrir la vieillesse.
Mais ne crois pas te faire
un mérite éclatant
D'oster au Laboureur le
soucy de saTaille,
D'animer le Soldat dans le
It champ de bataille;
Un simple vin de Brie en
feroit bien autant. ¡ O vous, puisque le Ciel
par un heureux présage
De la paix aujourd'huy
nous promet le retour,
Anglois de vos sterlins hastez-
vous dés ce jour
De venir dans nos ports
faire un meilleur usage.
Au lieu d'avoir si loin conduit
tant de guerriers,
Disposé tant d'assauts
,
&
formé tant de lignes,
Hélas! à moindres frais,
des trésors de nos vignes
Vous pouviez sans péril enrichir
vos celliers.
-
Ciel,fais que déformais
puny de safolie,
Quiconque insultera l'honneur
du Sillery,
N'abreve son gosier d'autrevinque
d'Ivry,
Ou d'un cidre éventé ne
suce que la lie.
MORTS.
Dame Susanne de Montgommery
de Ducé, Epouse
de Mre Antoine François
Gaspard de Colins,
Comte deMortagne, premier
Ecuyer de S. A. R.
Madame, mourut le 18.
Janvier 1712. âgée de 64.
ans.
Elle estoit de l'Illustre
Maison de Montgommery
de Normandie, tire son
origine des Comtes de
Montgommery
,
qui font
les seconds Comtes d'Angleterre
: tout le monde
sçait l'avanture d'un Seigneur
de cette Maison, qui
rompant une lance dans
un tournoiscontre le Roy
Henry II. eut le malheur
de le blesser à mort par un
éclatquisortit de sa lance.
Cette Maison a donné plusieurs
Generaux d'armée
,
&a toujours tenu un rang
fort considerable dans le
Royaume; elle avoit épousé
en premieres nôces, le
Comte de Quentin en Bretagne,
de l'ancienne Maison
de Gouyon, de laquelle
M.deMatignon &plusieurs
autresSeigneurstirent leur
origine. Mr le Comte de
Mortagne a long - temps
servy le Roy en qualité de
fous Lieutenant des Chevaux-
Legers de la Reine:
le Roy luy donna pour recompense
de ses services
la Compagnie des Gens-,
d'armes de feu Monseigneur
le Duc de Bourgogne.
DomHorotioAlbani,frere
du Pape, mort à Rome
le 23.Janvier 1712.
La Maison d'Albani a
donné autrefois un Cardinalillustre
à l'Eglise, qui
acomposéplusieurs grands
Ouvrages, i! vivoit fous les
Pontificats dePaul v.&de
Gregoire XIII. on le regardoit
dans son temps comme
un sujet digne de la
Thiare
,
il y a eu ancien-
- nement un General des
Troupes du Pape de ce
nom là.
Guillaume Daton ,Evesqued'Ossery
en Irlande
J
est mort en l'Abbaye de la
Couture,au Mans,le26.
Janvier 1712. âgé de 69.
ans, il y estoit retiré depuis
son exil, & y demeuroit depuis
14. ans.
Mr l'Evesque d-ofrery
estoit forty de noble Mai-
[on, il avoir estéDocteur
de Sorbonne,& avoit quitté
la France pour songer au
salut de ses Comparriotes
; on le nomma Evesque
d'Offery qui est un des
principaux Sieges de l'Irlande,
il remplitce poste
avec l'applaudissement du
public, ayant estéchassé de
son Siege, feu Mr du Mans
l'appelladansson Diocese
où il luy a donné durant 14.
ans,une Pension de cinq
cent écus, tout le monde
honoroit & respectoit sa
vertu; ces deux Prélats
moururenttous les deux le'
même jour.
Dame Marie
-
Magdelaine
Chapelier, Epouse de
Mre JeanJacques de SurbecK,
Lieutenant General
desArmées du Roy, &
Colonel d'un Regimeènt
Suisse, mortle 21. Fevrier
1712. elle estoit soeur de Mr
Chappelier, mort Doyen
de S. Germain-l'Auxerois.
Cette Dame a laissé deux
enfans, dont l'aisné qui est
Major sert depuis l'âge
de dix-sept ans , avec
beaucoup de distinction :
sa fille avoit épouséMonsieur
le Comte de Beranger
Colonel d'Infanterie,
qui a estétué au service
du Roy, il estoitfilsde
MrleComte-Dugas, Chef
de l'illustre Maison de Beranger
en Dauphiné.
Mre Jules d'Arnolsini-deMagnac
,Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis
,
Lieutenant General
des ArméesduRoy,
Gouverneur de Montdauphin,&
Inspecteur General
de la Cavalerie &des
Dragons, mourut le 23. Février,
âgé de 73. ans.
Son pereestoit Mr d'Arnolsini,
quiaeu l'honneur
de montrer à monter à
Cheval au Roy
,
il avoirun
frere nommé le Marquis
d'Arnosini
,
qui est more
Maréchal des Camps &Armées
du Roy.
Mre Marie Jean Baptiste
Colbert, Marquis de Seignelay,
Maistre de la Garderobbe
du Roy, Brigadier
desesArmées&Colo-
* nel du Regiment deChampagne,
mort subitement
le 16.Février 1712. en sa l'.
année. Il estoit fils aisné de
feu Mr le Marquis deSeignelay,
Ministre&Secretaire
d'Etat, & petit fils de
feu MrColbert aussi Ministre&
Secretaired'Eltat,&
Controlleur General des
Finances, & de Marie de
Gouyon de Matignon, qui
en secondes nôces épousa
Charles de Loraine Comte
de Marfan dont elle a eu
des enfans
, cette Dame
estoit arriere petite filledu
Mareschal de Matignon. Il
avoirépouséen 1708. Marie
Loüise Maurice de
Furstemberg, fille d'Antoine
Egon,Prince de Furstemberg
& de l'Empire,
Gouverneur de rt.leaorac
de Saxe, & de Marie de Ligny
,
dont il laisse deux
filles. ,». j
Mre Hugues Berault, Seigneur
de Chemeaux
) cydevant
Maistre des Requestes
, more le. 2.. Mars
17I2.
Il a eu pour soeur
,
Madame
la Presidente Molé
,qui estoit mere du dernier
President à Mortier
de ce nom, & Madame
Poncet qui a épousé en
sécondés nôces Mr Feranr,
il avoit épousé une Damoifelle
de Beon du Massés de
Luxembourg, qui est foeur
de Mr le Marquis de Beon
cy - devant Colonel d'Infanterie
,leur mere estoit
de la Maison de Cugnac de
Dampierre; la Maison de
Beon tire son origine des
anciens Princes de Bearn,
dont elle porte les Armes,
ellea esté alliéeàplusieurs
Maisons Souveraines, &
le Bis-ayeul de cette Dame
Bernard de Beon, Chevalier
de l'Ordre, Capitaine
desGens-d'Armes, & Gouverneur
du Limosin*avoit
epouséune-Princessedela
Maison de Luxembourg.
Le 3. Mars Charles de
SaulxMarquis deTavanne,
épousa Marie-Anne- UrsuleAmelot,
fille de MrAmelo
t *
lot de Gournay, Ambasadeur
en Espagne
,
& Conseiller
d'Estat, sa cousine
issuë de germaine.
Il est fils du Marquis de
Tavanne.) Lieutenant General
de la Province de
Bourgogne, & de Damoiselle
d'Aguesseau fille de
Mr daguesseau, Conseiller
d'Etat Ordinaire, &
soeur de Mr d'Aguesseau
ProcureurGeneral du Par-,
lement de Paris. La Maison
de Saulx-Tavanne tire
son origine d'Allemagne,
où elle a toujours tenu aufsi
-
bien qu'en France,un
rang considerable; elleeft
établie dans la Province de
Bourgogne, elleaeu un
Mareschal deFrance nommé
le Mareschal deTavanne,
on sçait que ce Seigneur
parossant tout sanglant
des blessures qu'il
avoir reçuës dans un Combat
, où il s'estoitsignalé
devant le Roy Henry II.
ce Prince luy mit font collier
de l'Ordre au col & le
fit Chevalier de l'Ordre
sur le Champ de Bataille.
La Maison d'Amelot e/t
tres-ancienne & une des
plus considerable de la
Robbe
, tant par les
grands Emplois qui yont
esté, que par lesAlliances
considerables qu'elle a eu
des premieres Maisons du J
Royaume, comme la Maison
de Beon, de Luxembourg
, de Vaubecourt
de Rohan ,
, d'Aumont,&
de Nicolai,&c.
Heraults d'Armes.
L'employ des Heraults
d'Armes consïstoit à aller
dénoncerla guerre
,
fommer
les Villes de se rendre,
& dresserun fidèleProcez
vei bal(commeils le peuvent
encore à present) de
tout ce qu'ils ont fait ôc
dit, ôc detoutcequileur
a esté respondu. Ils publioient
la paix comme ils
dénonçoient la guerre ;
faisoient défenses à tous)
mesme aux Princes, de
l'enfraindre ,à peine d'estre
déclarez traistres ôc
perturbateurs du repos public,
anfracteurs de la foy
donnée, & criminels de
leze Majesté& ceux qui
contrevenoient à la Paix,
ilslescitoient& mettoient
au Ban, comme par un
dernier remede
, portant
avec foy le fer & le feu. Anciennement
quand ils pur
blioient la Paix, ils estoient
couronnez de guirlandes
d'olivier, & en portoient
des rameaux en leur main,
& laVilleou laCité-où elle
estoit publiée leur dévoie
un marc d'or, ce qui s'observe
encore en ce temps.
Quelquefoisilssignisioient
les pardons ôc les graces
que les Rois ôc les Princes
accordoient aux Sujets qui
estoient tombez dans det
-
fautes cosiderables.
1
Ils sont employez aux
sacre & couronnement de
nos Rois. Ils y font les cris
-& proclamations ordinaires
;
précedent le Roy allant
àl'Offrandeyfont -
employez- à faire les largesses;
Au sacre du Roy
Philippe le Bel, Gauthier
de Troye
,
son Hérault
d'Arme, fut habillé des habits
que le Roy laissa pour
prendre ceux de la solemnité
du sacre
) & tous les
veftements- Royaux fourrez
d'hermine qui couvroient
la personne du Roy
en son sacre ( exceptéla
Couronne d'or, le sceptre
& lamain d'yvoire ) appartenoient
aux Officiers
d'armes; il en estoit de
mesme aux Couronnements
des Reines.
Aux mariages & cérémonies
nuptiales ils tenoient
leurs rang &eC.
toient lesMessa gers,& le
plus souvent en portoient
les premieres paroles,aussi
tous les manteaux Royaux,
ou ceux des Princes &
Princesses, où leur cotte
d'armes estoient déployées
leurappartcnoient anciennement
Aux baptesmes des Ensans
des Rois & Princes,
ils déployoient leur cotte
d'armes, les vases
,
éguieres,
saliere,bassin à laver,
les manteaux & langes de
parade, labassinoire,dais,
& oreillers des enfans baptisez
leur appartenoient,
& après le baptesme ils
jettoient par les ruës des
pieces d'or au peupJe, ôc
crioient par trois fois,largesse,
largesse
,
largesse
de
de la part du très-noble
Roy de France
3 pour ce
que Dieu luy a donné lignée.
Aux festins Royaux que
les Roys faisoient aux quatre
bonnes Festes de l'année
, où ils tenoient Cour
pleniere & grand tinel,
ils appelloient le grand
Maistre, le grand Pannetier,
le grand Bouteiller
,
Ôc autres anciens Officiers
de la Maison Royale, pour
venir faire leurs offices en
& ce jour ils avoient largesseenriere
& nouveaux
habillements, & la coupe
d'or dans laquelle le Roy
beuvoit
,
leur appartenoir.
Ils n'assistoient pas seulement
à toutes ces cérémonies
desprincesvivante,
mais encore les accompagnoient
en leurs obseques
& funerailles ; d'abord ils
faisoient tendre laSalle de
drap noir, faisoient couvrir
le lit
,
&, après avoir
tout ordonné ils se tenoienc
comme les Officiers d'armes
le font encore jour &
nuit assis auprès du lit de
parade où est le corps du
défunt, pour presenter
l'aspersoir aux Princes, aux
Prélats, Cours souveraines,
& autres grands Seigneurs,
pour jetter de l'eau benite
sur le lit mortuaire.Enfuite
le jour de la pompe funebre
ils marchoient en longs
habits de duëil, un peu devant
le chef du convoy
& estant arrivez à l'Eglise :
ils enfermoient dans le
tombeau toutes les marques
d'honneur, comme la
Couronne,le Sceptre, la
Main de ILIIIice) le Colier
des Ordres, le Casque, l)E..
cu, l'Epéc,les Gantelets,
les Eperons, la Cotte- d'armes,
les Estendarts, les Enfeignes,
& les Bannieres; &
après que le grand Maistre
de 'France.,mettant son
ballon dans la fosse, avoic
prononcé tour bas le Prince
est mort, ils crioient à
voix haute par trois fois, le
Prince est mort, priez Dieu
pour son ame.
AVANTVRE
de deux Officiers.
Lettre de Boulogne en
France. MONSIEVR,
Nouslisons fortrégulièrement
vostre Mercure en cette
Ville
J
mais ce que les Dames
Boulonoisesy aiment le mieux
cesont les bistoriettes; &commevous
ne nous en avezpoint
donné les deux derniers rnoiJ)
nous avons creu que peut-estre
lessajets vous manquoient,voicy
une avanture qui vous pourra
servir de canevas.
Un riche bourgeois de^
Boulogne, bon homme,
mais un peu foible d'elprit
& fort timide, avoit une
tres jolie filleà marier. Un
Capitaine de nostre garniton
qui estoit son hoste,
prit un tel afeendant sur
le bon homme
,
quil ne
put luy refuser sa fille"en
mariage. Cette fille
,
qui
d'ailleurs n'avoit point
d'autreaffaire en teste.consentit
par obeïssance à l'épouser,
le mariage fut resolu.
Cependant le pere
nevoulutle conclure qu'aprés
qu'il auroic fait un petit
voyage à Diepe pour
quelques affaires qu'il falloit
y terminer avant que
de marier sa fille. Il l'emmena
avec luy, & promit
au Capitaine qu'il feroit de
retour dans quinze jours
au plus tard.
Cette aimable fille estant
arrivée à Diepe avec
son pere, trouva dès le mesme
foir, dans l'auberge où
ils descendirent, un jeune
Officier qui devint passionnément
amoureux d'elle
& s'en fit aimer en peu de
temps. Son pere quis'en
apperceut
,
luy deffendit
de voir le Cavalier. Mais
il n'avoit pas assez de fermeté
pour deffendre au Cavalier
de lavoir illa vit
en sa presence, & se fit
mesme si bien connoistre
pour homme de famille
noble & riche, que le bon
homme l'eustpréféré au
Capitaines'il eust osé Pour
achever de le déterminer
nostre Cavaliercreut avoir
besoin de luy prouver la
naissance & les ric hesses.
Il avoit une Terre à dix
lieues de Diepe,oùilfit
un petit voyage de deux
jours feulement pour en
rapporter ses titres & autres
preuves convainquantes
de ce qu'il estoit.Mais
ce voyage luy cousta cher;
car des qu'il fut party, le
pere ayant terminéses affaires
plustost qu'il ne croyoit,
& se remettant dans
ridée un Capitaine fier,
emporté, & mesme un peu
brutal., à qui il avoit promis
, & qu'il retrouveroit
dans sa maison, sa timidité
le reprit,&il remmena en
diligence sa fille à Boulo
gne, pourconclure avant
que ce nouvel Amant peust
les rejoindre. Le Capitaine
qui attendoit avec impatience
le retour de sa maistresse
,
pressa le mariage,
mais elle faisois naistre des
sujets de retardement de
jourenjour. Efin le pere
n'ayant plus la force de resiller
à l'em pressement du
Capitaine, prépara les noces
pour le lendemain.
Cependant l'Officier amoureux
estant de retour
à Diepe avoit ésté surpris,
comme vous pouvez croire
,de n'y plusretrouver sa
Maistresse.Il cherchoit une
voiture pour Boulogne
lorsqu'un Pilote luy , promit
de l'y mener par mer
en fort peu de temps. Il
accepta le party & s'embarqua.
Lesvoilâ en mer
avec un vent si favorable
qu'ils croyoient desja toucher
sa rade de Boulogne
}{)rfqu"'ils apperçûrent un
petit Vaisseau qui venoit
sureux; c'estoit un Capre
Hollandois. Il yavoit avec
cet Officier plusieurs Soldats
ramaffcz qui alloient
aussî à Boulogne. L'Officier
remarquant que. le
Capre estoit sans canon exhorta les Soldatsà se bien,
deffendre y: mais les Hollandois
,en nombre fort
superieur,vinrent à l'abordage.
Enfin l'Officierfut
fait prisonnier, & ceux qui
le prirent, le voyant magnifiquement
vestu,se flaterent
d'une forre rançon,
&mirent le Cap versFlessingues.
Imaginez-vous le.
desespoir de nostreAmant.
Les Corsaires qui l'avoient
pris n'entendoient point
sa langue: mais par bonheur
pour luy un des Equipes
du Capre parloit un
peu François
, & luy servant
d'interprete ,
il luy
menagea un accommodement
On convint qu'il
leur donneroit en nandissement
quelques uns des papiers
qu'il avoit sur luy, &
sa parole d'honneur,que
les Corsaires accepterent
sur sa bonne mine, moyennant
quoy on le relaschaà
Boulogne feulement pour
vingt - quatre heures de
temps qu'il leur demanda.
Dés que l'Officier fut
dansla Villeilcourut chez
sa Maistresse où le Pere
fut fort surpris de le voir
arriver. Le Pere, la Fille.
&l'Amant, eurent ensemble
un éclaircissement, aprés
lequelJe bon homme,
felon sa foiblessè ordinaire
)
témoigna à l'Officier
qu'il eust voulu de bon
coeur luy accorder sa Fille:
mais qu'il craignoit ce Ca-
- pitaine à qui il avoit donné
sa parole.
L'Officier, sans rien tesmoigner
d'un déssein qu'il
avoir sceut adroitement
le nom & la demeure de
ce Capitaine dans Boulogne
, & dit au pere qu'il
alloit chercher quelque
moyen d'accommodement
à cette affaire. Il
entra dans l'Auberge où
mangeoit ce Capitaine,
dans le moment qu'on alloit
Couper. Dès qu'ille
vit entrer il le regardasixement
,
il fut de son
costé
,
surpris en arafiigeant
ce Capitaine, & leur
surprise mutuelle venoit de
ce qu'ils se trouverent un
certain air de ressemblance
l'un à l'autre qui les
frappa réciproquement en
mesme temps.
Le dessein de l'Officier,
en allant chercher son rival
, estoit de trouver occasion
de querelle pour (c
battre contre luy. Mais
cette ressemblance, qui
frappa aussi ceux qui cc..
toient presents
,
fut occasion
pour eux d'obliger les
deux Sosiesà boire enfemble.
ble. L'Officier ne put se
dispenser de se mettre à
table avec eux. Il fut triste
ôc réveur pendant tour le
souper: mais le vin qu'on y
butayantmis le Capitaine
en gayeté
,
illuy vint une
imagination gaillardequi
donna lieuànostreOfficier
d'imaginer de son costé ce
que vous verrez dans la
fuite.
Il y avoit un Bal d'esté
pour une noce chez un
Bourgeois considerable.
Le Capitaine proposa à
l'Officier pour toute mascarade
de troquer d'habit
avec luy, ce qui fut execu- téeUs allèrent au bal ensemble.
Jen'ay point sceu
ce qui s'y passa
,
mais ces
deux honlmes)l'ris apparemment
l'un pour fautre,
donneraient sujet à ceux
qui voudroient faire une
Historietre de cette Avanture
de s'estendre agréablement
sur les méprises
quecela putcauser.
Sur les quatre heures du
matirr leBalfinir,& l'Ofsicier
changea le dessein
qu'ilavoit de se battre contre
son rival, imaginant un
moyen plus doux pour s'en
défaire,il luy proposa de.
luy donner un déjeuner
mariti)se disant Capitaine
duVaisseau qui l'attendoit.
où illuy promit de donner
mesme s'il vouloit une feste
marine à sa maistresse
,
le
beautemps invita le Capitaine
à voir leverl'aurore
ftrr la mer,il accepta le déjeûner,&
l'Officier luy demanda
seulement un quart
d'heure pour une petite affaire
,& le livra à son valet
à qui il avoit doiiiiè le mot
pour le mener tousjours
devant au vaisseau qui attendoit
à la rade son prisonnier.
CeCapitainefortant
du bal n'avoit point
encore change d'habit, ôc
marchoir vers la rade suivy
du valet, qui luy dit
comme par une reflexion
soudaine qui luy venoit;je
prévois une plaisante chose,
Monsieur; c'est que tous lesgens
du Jfaijjcdu de mon Maistre
HJQUS vont prendre pour luy ;
Ce Capiraine prit goust à
la plaisanterie,& dit qu'il
falloit voir s'ils s'y niéprendroient.
Ilfaut remarquer
que ce valct avoir prévenu
ces gens la que ion
Maistre reviendroit; mais
qu'il avoit bu toute lanuit,
& qu'ils ne prissent pas
garde à ses folies, le Capitaine
qui avoit en effet
du vin dans la teste, aborda
le vaisseau en criant,
enfans prenez les Armes,
voilà vostre Capitaine qui
revient? en ce moment le
valet leur fit figne qu'ils
le receussent
,
& se sauva
sans rien dire pendant
qu'ils faisoienc les honneurs
du vaisseau
, à celuy
qu'ils croyoient leur prisonnier,
trompez par l'habit
& la ressemblance.
1
Quand cette ceremonie
eut duréun certain temps,
les Hollandois s'en lasserent,
& ayant prrs le large,
le traiterent comme feur
prilonnier qu'ilsemmenerentà
Flessingue.
Le Capitaine estant étourdy
dcvm & de surprise,
& les Hollandais n'entendant
pas sa langue, on
juge bien que ie^liirciflfement
futimpossible ,om
l'emmenade force,& il fue
quelquesjoursFlessingue
sans pouvoir retourner à
Boulogne
,
où le Pere
-
timide
se mit fous la protection
de son gendre,sur la
valeur duquel il se rassura
contre le retour du Capitaine
, trouvant rautre un
meilleur party pour sa fille
,
le mariage fut conclu
avant que le Capitaine
fust revenu de Flessingue,
ils se battirent quelque
temps aprés, leCapitaine
futblessé, tz on les accommoda
ensuite de façon
qu'ils sont à present les
meilleurs amis du monde. -
Lettre de Madame D. T.après
sa petite verole
y en luyenvoyant
lejourdesafesteun
Collierde Perles en lasd'amour.
ME
promenant hier au
foir plus tard qu'à mon ordinaire
ilmarriva, Madame,
une avanture assez furprenante
pour meriter de
vous estre racontée.
J'admiroisenresyant,les
beautés de la nuit,
Quand
Quand tout à coup un
agréable bruit,
En estvenu trou blerlepaisiblesilence.
Oncntendoit partoutmiliè
nouveaux concerts,
Plusieurs essains d'amours
se voyoient dans les airs.
Qui sembloient vers Paphos,
voler en diligence
Je fis pour leur parler des
- effortssuperflus,
Tous ces frippons ne me
- connoissent plus.
Je leur demandois des nouve
lles
Du dessein qui les conduisoit;
Mais c'estoit vainement,
pas un ne répondait, ;
Ilss'en suyoient à tire d'ailes,
Enfin un vieux amour, qui marchoit lentement,
Daigna s'arrester pour
m'entendre
1 Je le conjuray de m'apprendre
Où ses freres alloient avec
., empressement
Je veux, dit-il, vous en instruire
1* Vousm'entendrez
Vous m'entendrez avecç plaisir,
Alors pour contenter mon
curieux désir,
En deux mots il m'apprit
ce que vous allez lire.
Avant que d'aller plus
loin, vous ferez peut estre
surprise de l'epithéte
que j'ay donnée à l'amour
qui me parla. Sa vieillesse
ne paroiss pascompatible
avec la Divinité qu'on accorde
au fils de Venus:
Mais Madame.
Ces Dieux, tout Dieux
qu'ils sont reconnoissent
le temps,
A ses Loix ils s'assujettissent.
Tous les Poëtes ont beau
nous les dépeindre
enfans,
il n'estque trop certain
que les amours vieillissent,
Mais helas!c'estbien pis,
ils meurent les amours
Plus malheureuxque nous
ne femmes,
Nous ne voyons pas que
- leurs jours
Durent autant que ceux
- des hommes.
Revevons à la conversation
quej'eusavec nostre amour
Barbon. Il commença par
me faire des excutes de
l'impolitesse de ceux qui ne
m'avoient pas écoutée. Il
faut leur pardonner,me ditil,
carquoyque jevousconnoisse
depuis longtem ps,
& qu'un temps plusgalant.
que le leur m'ait vu naistre
}
je vous avouë que je
ne m'arreste icy qu'avec
peine.
De nostre empressement
: nevousestonez pas,
Nousfommes attendus par
l'amour & sa mere
,
Pour celebrer le retour des.
appas
D'une beauté qui vous ca
chere
Sans elle en ces climats
nous ferions inconnus;
Qu'elle nous acauséd'allarmes
!
Si le fort n'eust rendu ses at-
, traitsànos larmes ,-'
N'en déplaise au fils de
Venus,
Il pouvoit renoncer au pouvoir
de ses armes; -
Ce Dieu perdoit,malgré
'ses charmes,
Le plus clair de sesrevenus.
A peine eut-il fini ces
mots, qu'il me laissa remplie
d'estonnement & d'un
desir extresme de me trouver
à une feste que je compris
bien qui me regardoir.
La tendre amitié ma compagne
ord inaire
,
s'offrit à
m
y
conduire
,
elle me mit
sur ses ailles ( car elle ena
aussi-bien que l'amour) ôc
me ne arriver heureusement
à Paphos, où le plus
beauspectacledumonde
estoit encore embelly par
la joye qu'on voyoit briller
dans les yeux de ceux qui
le composoient. Ma fidelle
conductrices'alla placer
auprès de son frere, & je
me rangeay auprés des ris
qui m'amuserent par cent
agréables badineries, lorsqu'ils
furent interrompus
pour aller achever la ceremonie.
Une aimable troupe de
jeux
tEneparltanlt seemi;t à leur Onvoyoit marcher aprés
eux 1 Les graces en habit defeste;
Les amours, couronnes
de fleurs,
Portoient en triompheles
- .', Coeurs :
Dont par tes yeux ils firent
la conqueste,
Avec des airs mélodieux
Ton nom montoit jusques
, aux Cieux
Le Dieu charmant qu'on
adoreàCythere
Au pied du Throne de sa
! mere
Chantoit avec un coeur
d'amours,
Bannissons les tristes allarmes
, Iris a repris tous ses charmes
Nous régnerons toûjours.
Ensuiteau lieu de feu de
joye, les Amours donne- u
rent aux coeurs qu'ils portoient
la liberté de faire
briller leurs flâmmes, &
cela fit pendant quelque
temps un très-agréableeffet,
après que ces pauvres
coeurs furent consumez,
Cupidon assembla ses plus
tendres amis, & leur dit
qu'il manqueroit toû jours
quelque chose à sa gloire,
tant que vous ne seriezpas
sous son Empire;que pour
vous y soumettre il avoit,
souvent eu recours à ses
plus puissantes armes; mais
que puisqu'il vous trouvoic
toujours en garde contre
ses traits, il vouloit se servir
d'un autre moyen pour
vous attirer. Il commanda
sur l'heure que l'ontravail
last à un certainnombre de
lacs d'amour ,sur lesquels
il prétendoit répandre un
charme,auquel vous ne
pourriez resister;mais l'A..
mIne attentive à vos interefis
& aux siens, s'en saisit
avant qu'il eust eule temps
d'executer son dessein
)
&
me les donna tels que je
vous les envoye.
Iris, reçois ces noeuds, que
rien ne t'épouvante.
Ils furent volez à l'amour,
Et c'est par mes mains en
ce jour
Que l'amitié te les pre
sente;
Elle prétend te fixer dans
sa Cour,
Daigne rcfpondre àson attente
Pour réüssir dans ses projets
C'est en toy feule qu'elle
espere,
Jillç veut avoir des su jets
Aussi vifs que ceux de foa
-
frere.
LedeüildelaFrance.
',. -
ODE.
Par Mr de la A/Lotte, Pr INCE que de ses
'-
- mains sacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine , & adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4, -. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore
un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil :
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1 -
Dans l'instant qui te les
enleve
, Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
; Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes
Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
Tous ses jour,s ont dû leur
apprendre
Ce qu'est unPere cou-
ronné1 ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a sçû les meriter.
Mais,cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmant sa tendresse
D'exposer , ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des voeux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Ptreincne,jderlee d;ois trop enJe
te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer en tombeau pou* r
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes
, Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance
? Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
, Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson coura- ge
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableaux besoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. - Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ; Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
, Sur la foy de ta Pieté.
Que là
, notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
, Soit encore long-temps l'appuy;
Obtiens qu'au gré de nostre en- p
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos pr ieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé
:
Que tes vertus en eux renaissent
: Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
- lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races
Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
M. Nicolas CatinatMarêchal
de France, connu
par ses grandes actions,
mourut sans alliance le 2 3.
Février 1712. en sa terre de
aSt. Gratian prés Paris, en 74.année.
Il étoit filspuisné de M.
Pierre Catinat, mort
Doyen des Conseillers du
Parlement,&deFrançoise
Poille, Dame de St. Gratian
, & avoit pour frere
aisné René Catinat, Seigneur
de St. Mars Concilier
d'honneur
au Parlement,
mort e$ Janvier 1704. qui
de FrançoiseFrezon,alaisfé
pour enfans Louis Catinat,
Abbé de St. Julien
de Tours,& Pierre Carinat
Seigneur de St. Mars, aujourd'huy
Concilier au
Parlement, qui a épousé
en Juin 1700. Marie Fraguier
fille de Nicolas Fraguier,
Seigneur de Guyennés.,
Conseiller au Parlement)
& de Jeanne Charpentier.
La famille de Mr. Catinac
aussi modeste qu'il
était n'a jamais voulu donner
des mémoires que je
suis obligé de chercher
ailleurs,cela m'a fait differer
le reste de cet article
au mois prochain,en resormant
ce qui pourroit être
défectueux dans ce petit
article.
M. N. Barjavel Prêtre,
qui avoit été nommé Abbé
de la Vernuce en Aoust
1711. mourut le 24. Février
1711.
M. François Paul le Févre
Chancelier, Seigneur
d'Ormesson, du Cheret, &
Maître des Requêtes &
Intendant de la Generaliré
de SoiifoIlS, mourut subitement
à Paris, le 21.
Février.
M. Claude Châtelain,
Chanoine honoraire de l'Esgalise
de Paris, mourut en
maisonClaustralele20.
de ce mois, âge de 73. ans.
Il ya quelques années qu'il
s'était démis de son Canonicat,
en faveur de l'Abbé
Châtelain de Tilly son neveu.
C'était un homme
d'une érudition profonde,
particulierement en ce qui
concernoit l'Histoire des
Saints,quiest le nom qu'on
peut donner au Martyrologeuniversel,
que ses infirmités
causées par une
grande aplication & un
grand travail, l'ont empêché
d'achever; enfinson
éloge est contenu dans ce
qu'en a dit un celebre au.
theury,Catfellanumsuum non
cognovit soeculum,que le Géclen'a
pas connu ce que
valoitunde ceux qu'il doit
compter au nombre de ses
grands hommes. En effet
les plus sçavans Prélats, les
Autheurs les plus illustres
ne mettoient point la derniere
main à leurs ouvrages
sans l'avoir consulté, &
trouvoient chez luy des
décisions fures ôc sçavanres.
C'est une perte nonfeulement
pour la France,mais
pour l'Italie, pour l'Espagne,
Hollande, Rome,Milan,
& autres lieux,d'où il
étoit consulté. Le sçavant
Pere Papebroh d'Anvers
avoit avec lui un comerce
d'érudition, Enfin la reforme
des Breviaires de Paris,
de Cluny, de Sens, d'Orléans
, d'Evreux, de Lion
& une infinité d'autres, ne
3(k>ic fil puretéqu'à l'exacte
capacité qu'il avoit ssir ces,
matieres dans lesquelles il
étoit consommé.
Danie Helene d'Aligre,
_'feuve de M. Claude de
Laubespine, Marquis de
Verderonne, mourut le 16.
Mars1712.
M. Gabriel du Maitz
Chevalier Seigneur de
Goimpy, St Leger &c. Intendant
de justice.Police,
Finance&Marine aux Isles
de Terre ferme & de TAr
merique ,mourut le 19,
Mars 1712..
Dame Anne le Clerc de
Lesseville, épouse de M.
Armand de St. Martin,
Chevalier Seigneur de Taverny
, Montabois &c.
Conseiller du Royen sa
Cour de Parlement, mourut
le 21. Mars 1712.
On parlera de cet article
& de quelques autres
de ce mois-ci plus amplement
dans l'autre, & l'on
tâchera d'orner les articles
ainsi differezde quelques éruditionshiftoriques
sur ces
familles ou sur d'autres
faits qui conviendront au
sujet, afin de dédommager
l'anciennetéde ces nouvelles
dont il est difficile d'avoir
fitôc des mémoires.
NOUVELLE RECENTE
Il vient d'arriver une
nouvelle de Flandre dont
le fond est déjàcomfirmé,
mais comme l'Impression
presse, on ne vous donne
icy que le premier détail
qui en est venu, & dont
quelques circonitances
pouroient être sujetes à reforme
: voici ce qu'on en
dit aujourd'huy.
M. de Vivans avoit fait
un détachement pour faciliter
l'arrivée d'un convoy
pour Maubeuge, 4
pour achever d'en remplir
les magazins comme on a
fait dans toutes nos places,
nos gens conduisent se
convoy lorsqu'ils eurentavis
que cinq-cent chevaux
des ennemi venoient pour
l'enlever
,
les nostresjugerent
que les ennemis
les voyant un nombre a
peu prés égal n'entrepren»
. droient pas de les attaquer.
Nôtre commandant mit
en embuscade la plus
grande partie de son efcorte,
& marcha tres lentement
avec le reste, qui
étant en tres petit nombre
attira les ennmis & c'est ce
qu'il souhaittoit; car après
une maneuvre dont on ne
sçait pas encore bien le détail,
on fit donner insensiblement
les ennemis dans
l'embuscade, & tous se rejoignirent
sur eux,enforte
qu'ils -ont ététaillez en
pièces, on dit que tous nos
gens ainsi réunis ne compofoient
encore qu'environ
quatre-cent hommes.
SERENISSIMI
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINÆ
EPITAPHIUM.
Hie(\uosatcrnodefhbit
Gallia luctu
Conjugu atque viripulvis
& umbra jacent.
Hisidem tumulus> quibus
unum pettns
amore,
Ereptis morbopr&cipitique
nece.
O crudele nimis satum !
mediâ cecidere jut'fJenta
Nostraque cum Mis, heu!
gaudiaspesque cadunt.
Hos immica rapitfors
quos-rnodo regna manebant;
Imperio meritis major
uterque fuis.
Hæc Delphinafuit wtute
~&sanguine clara,
Hic Delphinusamorgentisy
& omne deem.
jtibftuht bunc nobis florentibusAtropos
annis,
hiha quem optabantgloria
nostra ruit.
Huicnumquam fuerat
neque par pietate futUYW,
Hunc Musastudiisinstitucre
(ÙiJ.
Huncmors invidit Regem,
il'lrvidrfJet & orbisj
Luctibus huic nostrisvita
perenniserit.
Dcrmeres nouvelles.
du25.Mars.
Tous les Colonels
ont eu ordre de partir
pour se rendre à leurs
Regimens,lesOfficiers
Generaux n'ont eu orf
dre que de se tenir prêts.
..- Le gouvernement de Fort- LLou.is a l'd 1 étédonné
àM.de Permangle.
- On écrit que les
Turcs sont entrez en
Pologne avec le Roy
de Suede, &que sur
cet avis, on a chy angé
les dispositions du voyage
de l'Archiduc en
Hongrie. On a contremandé
plusieurs regimens
qui avoientordre
d'aller en Flandres.
Dans le Mercure de
Septembre dernier on
a oublié dans l'article
des mariages celuyd'un
homme de cent deux
ans qui avoit épousé
une femme de soixante
&dix-huitans,on en fie
les noces à S. Lo. Et ce
mary
mary nommé1Antoine
de laRillere. Thiboust,
est mort le quatre de
ce mois.
C'est un Colonel Espagnol
nommé Scevola
qui a défait les cinqcent
chevaux dont on
parle dans l41 autre en,
droit du Mercure.
Mr. le Prince de
Dombes est hors de
danger.
M. de Vandôme est
guéri de sa goutte, qui
avoit retardé son voyage
sur la Frontiere de
Valence pour avancer
la Campagne.
C'est la Reyne d'Espagne
qui aprit la mort
de Monseigneurle Dauphin
au Roy son frere,
on ne sçauroit exprimer
la douleur du Roy &
de la Reyne,ni la part
que les Espagnols yont
pris.
Le Roy a fait la Scene
comme de coûtume
le JeudySaint, en lavant
les pieds à douze
pauvres,servis par Monseigneur
le Duc de Berry
,
Monsieur le Duc
d'Orleans, Se d'autres
Princes & Seigneurs.
M. l'Evêque de Tournay
a fait l'Absoute, &
l'Abbé de Copis de la
Fare le discours ordinaire.
Le 5. de ce mois le
Milord Pelham mourut
subitement à sa mai son
de Campagne, proche
Londres.
Le Chevalier de Soifsons,
neveu du Prince
Eugene, est mort de la
petite verole.
Le 7. de ce mois le
Duc d'Ormond fut déclaré
General & Commandant
en Chef des
Troupes qui sont aux
Pays-bas,à la solde de
la Reyne 5 le Comte
d'A rran ,
son frere, a été
fait Grand Maistre de
l'Artillerie en Irlande.
Le Duc de Beaufort
a été fait Gouverneur
du Comté de Glocerter
à la place du Comte
Berklei.
Le Procurateur Ruzzini
est parti de Venise
pour se rendre en Hollande,
& assister aux
Conferences d'Utrech
pour la paix.
Dona Bernardina veuve
de Dom Harazio
Albani %'ctf retirée dans
le Monastere de Torre
de Specchi.
ENIGME.
Jesuis fils de celuy de qui je
fus lepere;
J'aydonné la njiea ma mere;
Sans dessin, sans sçavoir si
jefais bien ou mal,
Inaniméjeforme un parfait
animal:
Mafraîcheur peu durable
est pour le goût qui l'aime
D'une délicatesse extrême,
Puisque celuy qui la ressent
le mieux
lue rebute si-tôt que je luy
parois vieux.
Je fuis bon pour le maigri
& peupropre au Carême,
Aujji rieft.ce pas luy qui
rend ma face blême:
Moncorps doux ~& poli riefl
pasfort dégagé,
Cependant je figure afieZbjen
à la table
Oùsouvent un ragoûtqu'on
trouve délectable
Sans moy ne feroit pas mange.
CHANSON
à dormir.
Venez admirer ma
sçience;
J'aprens à dormir scavamment,
Comme l'on dort à l'Audience.
Ronflez, ronflez gravement,
Latête levée,
Ouvrez les yeux en
dormant,
Et bâillez la bouche
fermée.


ESTRENNES.
Voyage de l'Amour & de
l'Amitié.
IRis
tout exprés pour
vous
Ces Dieux ont fait ce voyage;
Il vous doit être assez doux
Qu'à s'accorder on engage
Les Maîtres de l'Univers,
Qu'on voit rarement ensemble.
Fasse le Ciel, que les vers
De celui qui les rassemble
Pour vous feule dans son
coeur
Iris, ayant l'art de vous
plaire,
Vous qui feule pouvez faire
Sa fortune & son bonheur
,
Puisse sa nouvelle année
Passer commeune journée,
Les jours comme des momens,
Quedureste de nos ans
La course soit fortunée,
Etque nôtre destinée
Nous fasse avec ces beaux
jours
Si doux, si dignes d'envie,
Trouver la fin de la vie
Dans la fin de nos amours.
L'amour, partant de Cithere
Pour se rendre auprés d'Iris,
Inquiet de n'oser faire
Seul ce voyage à Paris,
Viens, dit-il à l'amitié
Viens, chere soeur,par pitié
Servir de guide à ton frere;
Car je ne veux en ce jour,
Quoique le Conteur publie,
Qu'il soit dit que la folie
Serve de guide à l'amour.
Chacun de nous a ses charmes
:
Je te prêreray mes armes,
Prete moy , ma chere
soeur,
Ton air sage, ta douceur,
Cette tendresse durable
De qui la solidité
Souvent n'est pas moins
aimable
Que l'estma vivacité.
Cela dit, pour ce voyage
Ils troquerent d'équipage,
Ils volent, sur leur passage
On vit d'abord s'enflammer
Tout cequi dans la nacure
Jusques à cette avanture
Avoitrefusé d'aimer.
Plus de Bergere cruelle,
Plus de malheureux berger,
Chacun qui voulut changer
Trouva maîtresse nouvelle>
Qui voulut rester amant
Retrouva dans sa maitresse
Pour un reste de tendresse
Un nouvel empressement.
Les amis se rechaufferent,
Tous les coeurs se renflammerent,
On s'aima mêmeàla Cour,
Et la triste indifférence
- Sentit dans son froid séjour
Echauffer son indolence
Aux approches de l'Amour.
Tandis qu'avec diligence
Ces Dieux traversent les
airs,
La nuit déployant ses voiles
D'un crêpe semé d'étoiles
Enveloppa l'univers.
Iris cependant livrée
Aux charmes d'un doux
sommeil
,
De ses pavots enyvrée
Attendoit que son reveil
Sur son tein eût fait éclorre
Bien plus de fleurs que
l'aurore
N'en avoit fait naitre -encore
Sur le chemin du Soleil.
Quand tout à coup à sa
porte
Cette belle entend dubruit.
Qui, dit-elle, de la sorte
Ose entrer ici la nuit ?
C'est un enfant miserable
Répond d'un air pitoyable
Cet enfant, maitre des
Dieux,
Qui vient chercher en ces
lieux
Un azile à sa misere
Auprès de vos agrémens.
Je suis chargé par ma mere
Pour vous de cent complimens.
On me banit, on me chasse,
Je trouve dans madisgrace
Peu de coeurs assez bien faits
Pour medonner encore
place.
On me traitte de cruel,
On me traitte de parjure
Et sans être criminel
Nonil n'est forte d'injure
Dontje ne sois accablé
> On diroit que j'ai trouble
Tout l'ordre de la nature,
Cependant quelle imposture
!
Sans rçioi, les hommesn'auroient
Qu'une languissante vie.
Je fais naître leurs desirs,
Je fais lesardens plaisirs
Parqui leur ame est ravie
Sans moi qu'ils ignoreroiet.
Et je voy leur injustice
Oublier tous mes bienfaits,
Et sur un leger caprice
Traiter même de supplice
Les biensque je leur ai faits.
Vôtre pitié vous engage
Au secours des malheureux
, Vôtre coeur est genereux,
Et par unAdoux assemblage J'ay toujours vû sa bonté
Compagne de sa beauté.
Pour un enfant maltraitté,
«
Dit Iris, vôtre langage
Me paroît bien doucereux,
Avec cet air langoureux,
Ce ton doux, cet équipage)
Ne seriez-vous point l'Amour
?
Je le fuis, mais las! je n'ose
Vous parler de mon retour,
Je sçai que je fuis la cause
D'une infinité de maux
Dont l'affreuse jalousie
Et sa trille frenesie
Ont troublé vôtre repos.
Qui fit seul vôtre souffrance,
Doit faire vôtre bonheur;
Aussi viens-je en recompense
Vous faire present
-
d'un
coeur
Dignedevôtre tendressè.,
Comme il n'est point aujourd'huy
Horsmis vous
<
d'autre
maitresse
Au monde digne de luy.
Ce coeur ell fait pour le
f, vôtre
Je les ay faits l'un pour
l'autre;
De mille&mille agrémens
Vôtreardeur fera suivie,
Et vos doux engagemens
Feront de tous les momens
D'une si charmante vie
Autant dejour dePrintems.
Le moyen, à ta parole,
Dit Iris, d'ajoûter foy!
Volage, n'est-ce pas toy,
Qui sous cet espoir frivole
Trompas ma credulité?
[J'en conviens, la verité
INeft pas toûjours mon
partage,
IRépond l'Amour:mais je
, gage,
)Que sur ma sincerité
[La caution que j'amene
rVa rassurervôtre çoeurJ
[ Et le convaincra sans peine.
[ L'amitié, ma chere soeur,
[ Icy presente s'engage
A tenir tous mes sermens,
1 Que dans l'ardeur de vous
plaire
Pour les rompre, j'ai fait
faire
Exprés aux autres amans,
Taprudence est non commune,
Amour, en cette action;
Qui fut, soit dit sans rancune,
Si sujet à caution
Fait très bien d'en mener
une
En pareille occasion.
Sans elle accepter je n'ose
Le coeur que l'on me propose,
Avec elle je le veux,
Et sans vous laisser morfondre
Plus long temps icy tous
deux,
Si vôtre soeur veut répondre
D'unir la sincerité
A vôtre vivacité,
Amour, j'accepte avec
joye
Ce coeur que Venus m'envoye,
Et je signe le traitté.
PIECE NOUVELLE
Dialogue entre un Berger & une
Bergere,parM. D. A.
* LE BERGER.
PHilis,
tous nos Bergers
vous repetent sans
cesse,
Qu'ils sentent pour vous
de l'amour,
Je les voy gémir chaque
jour
D'un nouveau tourment,
qui les presse,
Je
Je ne puis comprendre
leurs maux,
Jevoy tous les jours leurs
troupeaux
Aussi gras que les mins,
bondir dans cette
plaine;
Les biens que le Printemps
amene
Sont communs à tous les
Bergers,
Et pour tous, les Zephirs
legers
Rafraîchissentnos Champs
de leurs douces haleines.
Quelles peuvent être les
peines
Qu'ils vous racontent tous
les jours,
Belle Phifis,daignez milapprendre
Que peuvent être ces amours
; Qui font couler les pleurs
que je leur voy répandre.
LA BERGERE.
Vous le sçaurez à vôtre
tour,
Attendez sans impatience,
Berger,à connoître l'Amour,
Gardez vostre heureuse
ignorance •
Autant que ce Dieu le voudra,
Quand le fatal moment
viendra,
Pour acquérir cette science,
Malgré toute vôtre innocence,
yôtre coeur vous avertira,
J LE BERGER.
Suis-je le seul de ces Campagnes
, Qui ne connoisse pas l'amour?
LA BERGERE.
Berger, mes aimables compagnes
Vous le feront connoître
un jour.
LE BERGER.
Non, belle Philis, ce mystere
Dont les Bergers [e plaignent
tous,
J'ayme mieux l'apprendre
de vous
Cent fois, que d'une autre
Bergere
LA BERGERE.
Eh bien, sçachez donc
quel'amour ":
Se prend dans les yeux
d'une belle,
Le sensible Berger, qui la
, voit chaque jour,
Luy trouve chaque jour
une grace nouvelle,
Ce feu s'augmente incessamment
Auprès de l'aimable Ber-
Il gere, devient enfin un tour-
'- ment
Si le Berger la trouve fiere.
LE BERGER.
Si vousnommez amour,
cefeu qui brûle en
nous,
i
Et dont onnepeutsedéfendre,
Ai-je btfoin de vous apprendre
Que je brûle d'amourpour
vous?
LA BERGERE.
Berger, iln'est pas temps,
je dois encor vous dire,
Qu'il est un amour impofleur,
Qui ne cherche qu'à se
produire, L.
Au lieu que la ifncereardeur
,.,"
Qu'un veritable amour inf
pire, t
Est un secret de nôtre
coeur,
Dont les yeux seuls doiventinstruire.
LE BERGER.
N'oubliez pas, Philis, f
vous faites un choix,
Que sans sçavoir le nom
du Dieu qui fait qu'on
ayme
J'en ai rempli toutes les
loix,
Jugez de mon amour extrême,
Sans cesse je vous regardois,
Si c'etf ainsiqu'un coeur
soupire,
Ah! quand j'aurois connu
tout ce que je sentois
Aurois-je pû mieux vous
le dire?
LA
LA BERGERE.
Oüi
3
mais vous en dites
autant
A la bergere Floriselle,
Lors que d'un air vif &
content
On vous voit danser avec
elle.
Je içay qu'à louër ses appas
La fested'hier s'estpassée,
Vous suivîtes long-temps
ses pas,
Et même sa rigueur en parut
offensée:
Sans ses refus enfin, vous
ne m'aimeriez pas.
LE BERGER.
Je trouvois du plaisiràvoir
cette bergere,
Je ne puis le désavouër,
J'aimois à l'entendre louër:
Mais expliquez-moy ce
mystere;
Ses appas me paroissoient
doux,
Florifelle sçavoit me plaire,
Et parmi ces plaisirs je ne
pensois qu'àvous,
Philis, ne se peut-il point
faire,
Qu'elle ait quelques-uns
de vos traits?
Les - bergers n'aiment-ils
jamais
Ce qui ressmbre à leur
bergere ?
LA BERGERE.
Laissons ces discours dangereux,
Rejoignons nostroupeaux,
retournons à la plaine,
j
Reservons tous nos soins
poureux,
Le reste donne trop de
(
peine.
LE BERGER.
Helas déja nous nous qüitçpns?
Craignez-ousquedans
ces prairies
Un loup enlevenos moutons?
Voicy les miens errans far
ces herbes fleuries,
Ils me furent bien chers:
mais je les donne tous,
Philis, pour être encore un
moment avec vous.
LA BERGERE.
Je vous ferois, berger,
lemême sacrifice,
Mes troupeaux ne sont pas
ce quej'aime lemieux £
Je consens même qu'à mes
1
yeux
Un loup cruel. me les ravisse
y
Si contre un plus doux artifice
Je puis garder helas, un
-,
bLieEn pBluEs.RprGeciEèuRx».
Helas! si pour me fuir vous
allez dans ces plaines,
Quevais-je devenir tout le
reste du jour?
Je voulois connoîtrel'amour
- Je neconnoîtray que ses
peines.
LA BERGERE.
D'aujourd'hui tu visfous sa I°Y>
Et tu te plains de son empire
Sur lui j'aurai tantôt cent
choses à te dire
cTaursneibleiecnoqnnuoies ppaasseenn--
car.,( -LEBERGER.
Belle: Philis mon coeur
soupire,
De ne pas le connoître mieux
Demeurez encore en ces
lieux
Pour achever de m'en ine.
truire.
Mais vous suyez, Philis,
nonnel'eiperez pas,
Sans vous je ne scaurois
plus vivre,
Tircis à force de la suivre
La fit revenir sur les pas,
Auprès d'elle coucher sur
la fraîche verdure,
Tircisluy dit en soupirant
Toutce que la simple nature
Sçait dicter au plus ignorant,
Philis dont le coeur étoit
tendre
Ne put se lasser de l'entendre
Et connut trop tard le danger.
Pour une bergere amou.
reuse
L'ignorance d'un beau berger
Est mille fois plus dangereuse,
Que l'experience trompeuse
D'un berger sujet a changer.
La nuit commença sa carrière
Trop tôt pour de telles
amours,
Il salut se quitter, & la jeune
bergere
Finit par ce tendre discours
:
Tu viens d'apprendre en ce
bocage,
Ce que c'est que l'amour
au comble des souhaits,
Puisse-tu n'apprendre jamais
Ce que c'est que l'amour
volage.
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré
quece qu avoient projette
nos ennemis principalement
cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y avoir dixans ou environ
que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre,
formoient le dessein
de joindre à leurs Colonies
celle du Canada
ik
sqcueiasnecreo.it fort à leur bien-
Ce que les François
possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse
: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup
par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens.
Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots,
qui dans les changemens
des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;ceqtuiaestgsoueventutrèsxav.
an--
Cela supposé pour revenir
aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler
de ce pays-ci,sur le Canada
d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre
fous les yeux la
conduite habile &: très prudente
que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a gardée jusqu'àpresent
pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de Beau-
Bassin,sous les ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens
& de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{
e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
LLa m"ême annéle 1703. a,
la fin du mois de Décembre,
M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta
d'assaut laville de Diersields
dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit
à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein
de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques
qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez,
& contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie , Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez,dans,l'intention de
les mettre de son parti:
mais ils tinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie,
dans la nouvelle Angleterre
,
& dans Nevv-
York en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre.
Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale
de la nouvelle Anglterre,
envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année
1705. que les Canadiens
,fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également
habile dans l'art de
fortifier les places,& dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs
du fort S. Jean, poste
des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers
l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure
qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre
fut en 1707. bloquée,
s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages
alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation
au Conseil de Baston,
on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement
en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau
commencement
de Juin.
Une expédition memorable
ce fut celle de Haveril
fous le commandement
de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre
le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce
fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante
pour attaquer Montreal
: mais la flote fut contremandée
par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête
des siens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere
lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,
je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General
avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entreprendre
sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier
de Beaucour, Capitaine
Ingenieur,fort estime
dans la nouvelle Fran- ce & fort habile dans
l'architecturemilitaire, a
élevé le Fort dePontchartrain,
vulgairementappellédeChambly.
On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises
du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre)
ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres
de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant
tourné, & un de leurs domestiques
noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à travers
les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'égarerent
en cherchant à vivre
, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse.
Animaux qui font du
feu, dans des especes
de cavernes sons des
roches.
Pressez par la faim &C
cherchantauxdépens de
leur vie de quoi manger,
cIlest à dire suivant des
traces d'animaux sauvages,
pour en trouver
quelqu'un qu'ilspuisent
tuer pour le manger, ils
trouvèrent en plusieurs
endroits de ces cavernes
de petits monceaux ou
magasins d'animaux differens
qui leur parurent
comme defechez M
brûlés au feu; cela leur
fit croire que quelques
Sauvageshabitaientces
cavernes:rextrêmesaim
leur fit manger quelques
morceaux de ces
animaux defechez & si
durs, qua peine pouvoientils
en dechireravec
lesdents.Ilsremar- -
querent dans tous ces
endroits où étoient ces
monceaux, de grandes
places noires&des restes
de branches brulées,ce
qui leur avoit fait conclure,
cômej'ay dit,que
des hommes seuls pouvoient
avoir roti ces animaux
: mais ils remarquoient
en même temps
qu'ils étoient desechez
avecle cuir,lepoil,lesentrailles,
en un mot sans
aucun aprêt:ensuiteils
trouverent au bout de
ces cavernes quelqu'un
de ces animaux qui
fuioient & qui étoient
come des especes d'ours,
maisplusalongez &C si
tinlidcs, que du plus
loin qu'ilslesavoient
entend usilsavoienttoûjours
fui. Ils n'oserent
pourtant avancer plus
loin: mais en reprenant
leur route ils aperçurent
dans un autre enfoncement
une lueur de feu.
La curiosité les fit avancer
si doucement qu'ils
virent deux de ces animaux
auprès de ce feu
mourant, & qui fuyant
d'une grande vîtesse
donnèrent à nos gens la
hardiesse d'avancer jusqu'à
un brasier,où ils
virent plusieurs de ces
animaux brûlez & defechez
encor tout brulants
& d'autres tous
cruds. Ensortê qu'aprèsplusieurs
autres remarques
qu'ils firent, ils ne
doutent point que ces
animaux fuyars n'ayent
l'art d'alumer du feu 6L
la prévoyance de desecher
&: brûler les ani-.
maux dont ils se nourissent,
parce qu'aparemment
ils ne les peuvent
arrâper qu'en de certaines
saisons.
Au commencement du
piintems de cette année
1711. Vveteh Officier Anglois
prit le parti de s'engager
dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger
Quebec,ayant quelque
connoissance de la riviere
S. Laurent: il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François
Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre
de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit
si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une
fois à nous y laisser rentrer,
si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves
pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir
en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal.
: Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé
l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi
les Sauvages de l'Amerique
septentrionale exhortent
& prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots,
le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire
se mirent en devoir
de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverent tous ventre
contre terre; la décharge
des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
ne manquèrent point;puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-
uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages
ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers
de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié
le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré
s'il ne * se rendoit auprés
de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête
aux Officiers & aux (oldats
compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
! qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint
exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche
telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à travers d'épaisses forests,
des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit
souvent visiter le Capitaine
R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages,buvoit
& mangeoit si fréquemment
avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindreleSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part, la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu
cela que tu me dis sije t'avois
arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du Port-
Royal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu
chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages
s'étant saisi des provisions
& des vivres de ses
ennemis, il y découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à ceux de sa nation qui 1avoient
aidé dans le combat;
car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise
des ennemis. L'Aimable
voyant les blessés
en danger envoya dire au
fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit
la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-
neuve à Quebec
, apporta
des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vaudreüil.
M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant
que les Anglois préparant
un gros armement
pours'emparer de Plaisance
en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes
nations Sauvages d'enhaut,
je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y voyoit des Hurons,
des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés;des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis
ou Renards, des Pontcouatamis,
desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres
les Iroquois des villages
de Sononthouan,d'Onnonthagué,
d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché
de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré,
la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez
bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les Sauvages Chrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends
Pere Jesuites & des
Recolets, y furent appelles
, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement
pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit
a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison
de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque
comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient
pleines de fort longs
quartiers de Boeufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastes receptacles de viandes
, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes
especes,que l'on jettoit
avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain
dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation
qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure.
Il paroît un nouveau Livre
qui a pour titre les Belles
Grecques, ou l'Histoire
des plus fameux Courtisans
de la Grece,&c.
Extrait simplement historique de
ce nouveau Auteur.
RHODOPE. RHodope née en
Thrace de parens
fort pauvres, fut venduë à
Xantus, qui l'avoit recherchée
pour sa grande beauté.
Ce même Xantus peu
de temps aprés acheta le
fameux Esope. L'Histoire
rapporte que sa difformité
n'empefcha point Rhodope
d'être sensible à son merite,
& qu'Esope par l'agrément
de son esprit & par
son apologue, fçut en
peu de temps s'en faire aimer.
Il n'est point dit que
Xantus en devint amoureux,
je ne sçais'il étoit plus
PhilosophequEsope,ou s'il
étoit feulement plusdiscret.
L'Histoire donne à Rhodope
autant de delicatesse
dans la passionqu'elle avoit
pour Esope, qu'on en ,
a donné aux heroïnes de
Roman. Mais elle n'en eut
pas la constance, elle aima
depuis, ou du moins fut aimée
deCharaxus,de Phaon
& de tant d'autres, qu'elle
devint une des plus illustres
courtisanes de la Greve.
Elle épousaenfin Pfammetius
Roy d'Egypte:dénouëment
que ses autres
avantures ne sembloit pas
promettre. Les courrisannes
de ce temps commencent
&: finissent rarement
comme la fameuse
Rhodope.
-
ASPASIE. ASpasie, filled'Axiocus
Milesien, sut la
plus belle femme de son
temps, elle passa ses premières
années à Megare,&
fut ensuite a Athènes. Periclés
devint si amoureux
d'elle, que quoiqu'il en eût
obtenu ce qui fait d'ordinaire
des inconstans,ilne
laiflfa pas de quitter sa
femme pour l'époufcr.
C'eil avec une espece d'injustice
qu'on l'a traittée de
courrilanne:on devoit lui
pardonner quelques amans
quelle avoit eu à Megare,
en faveur de sa fidé.
lité à Périclés. L'Hiftolre
rapporte qu'elle resista même
à Alcibiades, qui n'avoit
gueres trouvé de refiC
tance dans plusieurs Greques
renommées pour leur
vertu. Aspasie ne fut
@
pas
moins celebre par sa lcience5
que par sa beauté, plulieurs
perionnes illuitres,
de l'un & de l'autre sexe
rechercherent sa , conversation
, comme la plus agréable
& la plus utile
qu'ils pussènt trouver dans
Athénes, & l'on pouroit
dire qu'elle fut la Ninon de
son temps.
- LAIS. LAis naquit à Hicara
en Sicile, elle fut
prise dans cette Ville par
Nicias, General des Atheniens)
il la mena en Grece
à l'âge de lept ans, elle s'établit
eniuiteaChorinte-,
Appelles fut le premier qui
rendit hommageà sa beauté,
qui étoit si rare,qu'elle
attira les plus grandshommes
de son temps. Le haut
prix qu'elle mit à Tes faveurs
donna lieu au proverbe,
il n'est pis permisi
tout le monde d'alter à Chorinte.
Demosthene aima
mieux avoir fait un voyage
inutile, que de luy donner
quatre cent pistoles
quelle luy demanda. Diogene
n'eut pas la peine de
les luy refuser, elle le reçut
pour quelques leçons
de Philosophie, & le
congédia pour Eubates
quelle aima, jusques-à le
vouloir époufer:mais cet
amant qui étoit déjà marié,
la quitta fous pretexte
qu'il étoit obligé d'aller aux
jeux olimpiques. Lais pour
se venger de ton infidelelui
sir autant d'infidelitez qu'il
s'en presenta d'occasions.
Le (eulXenocrate Philofophe
avoit jusques là. méprisé
ses charmes. Lais piquée
de sa froideur luy fit faire
un défi, où elle esperoit en
triolllpher, le Philosophe
l'accepta, & triompha luy
même, comme la pluspart
de nos Philosophes, moins
par force d'elprit que par
infcnfibilité de coe-ur., mais
il n'importe comment, ce
triomphe eit toujours loua- ble. Apres s'êrre si fort vengée
de l'infidélité d'Arbattes,
quiauroitcrû que Lais
pût s'attacher à Paulanias?
Elle aima ce Thtflalien
avec tant d'ardeur qu'elle
(e retira ieule avec luy à la
campagne, & qu'après
qu'il l'eut abandonnée elle
le fuiviten Thessalie:mais
n'ayant puleramener, elle
pouffa cette fécondé vengeance
encor plus loin que
la premiere,& fut enfin at
sommée dans un Temple
de Venus, par des femmes
jalouses de sa beauté.
LAMIA.
Lamia étoit fille de Cleanor
Athenien) celebre
joiieurde flute)elle en joiioit
elle-même parfaitement,
çe talent joint à son efpric
.&-sabeauté., la rendit fameule
dans ce métier de
courtisanne, que sa pauvretél'obligeadechoisir.
Ptolomée fut une de ses
premières conquêtes, mais
ce Roy la perditbien-tôt.
Demetrius Poliorcetes la
prit dans la défaite de la
flotte de Prolornée. Il en
devint si amoureux, qu'il
luy donna la preference
sur toutes ses autres maîtresses
3 en reeonnoiffance
elle lui fut trèsfîdelle,& fitôt
qu'il fut mort, elle prou
va par une retraite très reguliere,
que lanecessité
feule avoit été pourelle,
comme pour bien d'autres,
le premier écueil de sa vertu.
Onamis dans le Mercure
dernier le mariage
de Monteur de Gourgue,
dont le memoire
s'efl trouvé fautif, en
ce que ce n'est point Mr
de Gourgue Maître des
Requêtes, mais Jacques
Dominique de Gourgue
Conseiller au Parlement,
qui a épouséMademoiselle
Aubourg.
Voici ce qui est contenu
dans un memoire
plus juste qu'on m'a donné
sur la maison de
Gourgue.
Elle cft originaire de Guyenne,
elle fut iepare'e en
deux branches vers l'an 1310.
une s'établit en Efpagnc
l'autre qui éroit l'aînée de-y
meura en Guienne, où elle
a fourni depuis ce temps-là
un premier President ôc
plusieurs Presidens à Mortier
sùccessivement. Le
dernier dccedé etoit Jean
de Gourgue,fils de Marc
Antoine de Gourgue,Prefident
à Mortier au Parlement
de Bourdeaux, & de
Marie Seguyer, foeur du
Chancelier de ce nom, &
de Madame la Ducheflfe
de Verneiiil. Jean de Gourgue
decedéen 1683. a laisse
quatre garçons: Armand
Jacques de Gourgue Maître
des Requêtes,ci-devant
Intendant de Limoges,&
de Jean François de Gourgue
JesuiteJacquesJoseph
Evêque de Baras, & Jean
Michel President à Mortier
au Parlement de Guyenne.
Armand Jacques ie
Gourgue de son mariage
avec Marie Isabelle leClerc
de Cottier3iaeu Jean Fran.
çois Joseph de Gourgue,
marié en premieres noces
tivec Elisabeth deBarillon
de Morangis,petite-fillede
M. Boucherat Chancelier
de France, dont il y aune
Elle,MarieLoulfeC--abrielle;
& en fécondés noces avec
Catherine de Bardouvil-
4e, fille de Monsieur dr
BarMardouvîlle,,
ConiCiller au
Parlement de Roüen,& de
Marie Marche de Caradas
du Héron3{oeur de M. de
Héron, ci-devant Envoyé
extraordinaire du Roy en
Pologne, mort en Allemagne,
après avoir mérité
Teftime du Roy dans plufleurs
emplois dont illuy a
plu de l'honnorer. Louis
Armand Consèiller Clerc
au Parlement'de Parisdécedé
en 1508. &: Jacques
Dominique de Gourgue
Conseiller au Parlement,
qui a épousé Damoifèllç
N. Aubourg.Y
Dominique de Gourgue
dont il est parlé dans
Mezeray & dans plusieursautres
auteurs,qui
mourut à la Rochelle
fous leregne de Charles
IX.après avoir fait plusieurs
belles avions qui
luy firent meriter l'honneur
d'être choisi par la
Reine ElifabethpourAmiral
d'Angleterre, aprés
Ion retour de la Floride
, qu'il avoit remis
fous l'obeiffaiice du Roy
avec trois vaisseaux qu'il
avoit armez &équipez à
ses dépens, étoit frere
d'Ogier de Gourgue,
premier President du
Parlement de Bourdeauxeni;
6o. LeSrde
Mafleville
,
qui a fait
rHissoire de Normandie
,en parle en ces termes.
On fut fort étonné
de ce que l'armement
que l'on attendoit du
Roy sur le sujet de
la Floride, & qui ne
reussit point, fut entrepris
par un Gentil-hom-
- me quiyreussit fortglorieusement.
Ce fut Dominique
de Gourgue,
brave Gasconlequel ne
pouvant souffrir que sa
patrie fût insultée impunément,
vendit ce qu'il
avoit de bien, dont illeva
trois cent hommes,
qu'il mit dans trois vaisseaux,
avec lesquels il
passa heureusement dans
la Floridel'an 1567. Dés
qu'il y futarrivé, ilattaqua
trois forteresses
des Espagnols, il s'en
rend it le maître, & fit
pendre les Espagnols
qui écoiem ~n~ garnison en ; declarant
pour répondre à l'inscription
qu'ils avoient
faitmettre aux François
qu'ils avoient traitez de
même peu de tems auparavant,
qu'il les faisoit
mourir, non comme des
Espagnols,mais comme
des pirates perfides &
inhumains. La maison
de Gourgue estalliée à
celle de la Roche-foucault,
deDurasdelaFor-
,.-) ac Sully, de Mortemars,
de Lorraine & de
Charost, Se à plusieurs
autrestrés-distinguées
tant dans l'épée quedans
la robe.
On apprend aux sçavants
quil paroît y un portrait du
celebre MrBayle,gravépar
Mr Duchesne.Ces deuxvers
sont au bas du portrait.
Bælius hic ille est cujus
dum scripta vigebunt,
Lis erit, oblectent,erudiantne
magis.
De Châlons.
IMPROMPTU FORCE'
d'un Magistrat de cette ville,
pour une Dame qui l'obligeoit à
faire des vers sur sa laideur.
QUand le Seigneur eut
fait éclore
Toutvôtre esprit,
Et ce bon air qu'en vous
j'adore,
Sans doute il dit:
Cette mortelleen verité
Se passera bien de beauté.
CetImpromptu se chante
sur le Vaudteville de M. de
Grimaudin..
Lettre d'Arras du 3. de
Mars 1712.
La nuit du premier au t.
de Mars à la faveur de l'obscurité
les ennemiss'approcherent
d'Arras.
Lesécondsur lessept heures
du matinayant ouvert lu.
portes de la Ville à l'ordinaire,
les Paysansavertirent que la
ennemis travaillaient autour
de la Place, Mr le Mareschal
de Montesquiou fit AujJiroft
mettre toute la Garnison fous
les Armes, c-fitsortir lt
Cavalierie, les Grenadiers &
cinq Bataillons par la porte
.Rou'viul nous apperçûmes
les ennemis qui travailloient à
quatre cens soixante toises de
la Place, & mesmeétoient
déjà à moitié couverts dans
leur tranchées. Monsieur le
Mareschalayant envoyéreconnoijlre
, apprit qu'ilsn'asoientinvesty
la Ville que
depuis la rivière de Scarpe
jusquau Crinchon., il resolut
de faire attaquer les ennemis
quis'étoient rendus maistres du
Fatixbourg de Bapaume. On
leur tua baycoup de mondee
mais le combat estans trop
opiniâtre
, nous Jugeames à
propos de mettre le feu au
Fauxbourg en nous retirans.
Nous y avons perdu trois
braves Officiers; (9" le Colonel
du Regiment de Belsan
,
qui
commandoit cette attaque, fut
fait prisonnier. Sur les onze
heures les deserteurs affurérent
Mrle Mareschalque ce n'estoit
point pour assieger la Place ;
mais seulement pour brusler
les Magasins que les ennemis
stoient venus. Aussitost on
occupa la moitié de la Garnison
*défaire les Mules de soin
pour les transporter plus loin,
0* les mettre le long de la rivière
, mais malgré les Canons de
la Ville &de la Citadelle ,sur
les quatre heures après midy ils
commencerent a jetter des Bombes
& des Pots à feusur les
Magasins&sur la Citadelle;
ensuiteJur les dix heures ils tirèrent
à Boulets rougessur nos
Magasins. Voyantque son éteignoit
toujours le feu de leurs
bombes (7 de leurspots àfeu
a une heure aprèsminuit, il ne
fut plus possibled'éteindre le
feu qu'ils faisoientavec leurs
bouletsrouges quiperçoient en.,.
tierement nos Magasins;
d'ailleurs sur les dix heures du
Joir ils commencèrent à bombarder
la Ville
3
ce qui obligea
de relâcher tous les Bourgeois
que l'onretenoit depuis
midy aux Magasins. Sur les
quatre heures de ce matin
loyans quelques uns de nos
Magasins en feu cm quantité
de paille quonavoit allumée
exprésd'un autre costé,ils
crurent tout bruslé&craignant
quelque sortiesur des Troupes
qui s'étoient débandées
,
les
rassemblerent, ils se font retite^
cette nuit à quatre heures.
Ily a environ cinquante mille
rations de fourages brulées
ou gaflées. Il est, tombe
tant dans la Ville que dans 14
Citadelle environ deux cens
cinquante bombes & cent pots
A feu
,
ils ont esté contraints
de laisser dans leurs retranche.
ments environ trois cens bombes.
On a rasé les travaux
qu'ils ont faits, ils ont perdu
environ troiscens hommes,&
nous cent.
¡
Nouvelles d'Allemagne,
On a reçudesNouvelles
de Hollande dont la Cour
ne paroist pas être satisfaite y
& on en attend d'Angleterre
touchant lesCommissions
dont le Prince Eugene est
chargé; le Comte de Gallach
qui enest revenu assure
qu'il luy fera tres difficile
d'engager les Anglois à continuer
la guerre.
Les Lettres de Pologne;.
de Transylvanie& des Frontières
de Turquie, consirment
que la guerre a esié
déclarée à Constantinople
contre les Moscovites. On
travaille à la levée des Recruës
& à une augmentation
de dix hommes par
Compagnie, & d'une Compagnie
de Grenadiers par
Regiment.
Les Lettres de Constantinople
portent que leGrand
Seigneur avoit dessein d'aller
en Campagne avec une Armée
beaucoup plus nombreuse
que celle de l'année
derniere. Il a fait dire à Sa
Majesté Sucdoisequ'il pourroit
rester à Bender autant
qu'il luy plairoit, & que
quand il en voudroit partir
elle n'auroit qu'à luy faire
sçavoir, qu'illuy envoyeroit
un grand Corps de Troupes
pour l'accompagner par la
Pologne jusques dans ses
Etats.
Les avis de Belgradeconfirment
la resolution prisc
par le Grand Seigneur de
faire de nouveau la guerre
aux Moscovires.
Le Bacha de Belgrade a
ordre de se préparer pour
aller avec ses Troupes join.
drc l'Armée du Grand Seigneur.
Le Hospodar de Valaquie
a ordre de fournir au
Roy de Suede trois mille
hommes & cent cinquante
mille écus. Le desseinestde
faire la guerre detrois côtez
à la fois.
Les Tartares doivent faire
une irruption en Moscovie
tandis que l'Armée Ottomane
entrera en Ukraine,
& le Roy de Suede en Pologne.
Nouevlles d'EJftagne. )
Le Marquis de Bay ca.
parti pour retourner en Estramadure
avec plusieurs
Officiers de cette Ville. Les
Lettres de Badajoz portent,,
que les Troupes de la Frontiere
estoiententrées en Portugal,
où elles avoient pc^
netré, prés de vingt lieuës,
sans aucune opposition 8c
qu'elles avoient amené des
Otages pour les contribua
tions & un grand nombre
de bestes à cornes, 1
On mande de Catalogne
que le Marquis de Valdecanas
ayant esté informé que
les ennemis assembloient à
Igualada un Corps de Miquelets
avec des Troupes
reglées, ramassa les Troupes
de la Frontière qu'il commande
; il détacha pouraller
reconnoître les ennemis
,
un Corps de Cavalerie com-
Irlande par Don Jofcph
Vallejo,qui les chai gea &
mit en suite.
Le Duc d'Argile est parti
avec plusieurs Officiers pour
Londres, laissant les Troupes
Angloises à Tarragone.
Le Comte de Srarrcmberg
avoit laissé des Troupes
dans Calaf, qui paroissoient
resoluës de s'ymaintenir
; mais sur l'avis qu'on
se preparoit à les aller attaquer,
elles l'abandonnèrent
Un Parti de la Garnison de
Balaguer a deffait un Parti
de quarante Allemans.
* UnPartide laGarnisonde
Tortoseayant fait une courfc
ducôté de Tarragone,a
surpris un Quartier des ennemis
,dont plus de trente
ont cfté tuez & un grand
nombre fait prisonniers.
Nouvelles d'Angleterre..
On a délibéré en grand
Commité sur les Traitez entre
l'Angleterre & la Hollande,&
sur les contingents
d'hommes &d'argent que
les autres Alliez devoient
fournir;on a pris les rera..
lutions suivantes ; que les
EtatsGénéraux ont fourni
deux tiers moins que leur
contingent pour le Service
de Mer, & en general la
moitié moins de toutes les
dépenses ; que le feu Empereur
& l'Archiduc n'ont jamais
eu enEspagne aucunes
forces entretenuës à leurs
dépens, à l'exception d'un
Regiment de deux mille
Fantassins qui a servi l'année
dernierc ; que la Reine y a
fourni& payé depuis 1705.
jusqu'en 1711. cinquantecinq
mille neuf cens soixante
& treize hommes, outre
treize Bataillons & dix huit
Escadrons pour lesquelselle
a payé des subsidesà l'Empereur.
Autre Traduction de
l'Odelatine sur le Vin
de Bourgogne.
Ces Odes font aflêk belles en
latin pour mériter qu'on en
donne plusieurs traductions
en vers, afin qu'on puisse
trouver dans l'unequelque
beauté, qui aura peut- estre
échapé à tAuteur de l'autre.
Chere Feuillette Bourgui..,
gnonne,
Qui loges dans ton fein la
vermeille Santé, ,-
Les Plaisirs innocens,la douce
Liberre,
Et que d'Amours badins
une troupe environne.
Je veux te consacrer ces
vers.
C'est toi qui d'un murt peux
faire un Demosthéne.
Qui peux à l'idiot sans étude
& sans peine
Donner en un instant mille
talens divers.
«
Onvoit des Soins la noire
engeance
Disparoistreàl'aspect de
ton jus enchanteur,
Et le pauvre quepresse un
rudeCollecteur,
Perdre le souvenir de sa triste
indigence.
l
En vain la table offre des
mers
D'un superbe appareil, d'une
faveur exquise :
Si tu n'es du festin, le Bon
Goût lesméprise,
Et ne compte pour rien leurs
somptueuxapprêts.
Jusqu'auxcieux la Cham.
pagne éleve
De solniviqn puetilleantula rria1n.te
On fait qu'il brilleaux yeux,
qu'il chatoüille lecoeur,
Qiil pique l'odorat d'une
agréblc féve.
Mais craignons un poison
couvert.
L'aspic est fous les fleurs.
Queseulement pargrace
Quand Beaune aura primé,
Reims occupant la place
Vienne legerement amuser
le defferc.
A toi, dont je chante la
gloire,
Nourrice des vieillards, pleine
du lait divin
Qui réchauffe le fang, &
bannit le chagrin,
Chere Tonne, à roi seule appartient
la victoire.
Lorsque par les ans refroidi
-
On n'a plus ce beau seuque
la jeunesse inspire,
Que, propice autrefois, Apollonse
retire,
Et que, commele corps, l'esprit
est engourdi.
De l'âge, mieux que l'Hippocréne,
Tu guéris, vray nectar,
l'importune froideur,
Et soufflant au Poëte une
7 soudaine ardeur,
Du Sophocle glacé tu ranimes
la veine.
Mieux que trompettes &
tambours
Tu serois au soldat affronter lesalarmes.
Luy qui languit à jeun sous
le poids de ses armes
Ne le sentiroit pas aidé de
ton secours.
Mais, loin d'exciter à la
guerre,
Toi qui cherches plutost les
danses &les jeux,
Sollicitela Paix, lente au gré
de nos voeux,
De ne plus differer le repos
de la terre.
Déjà par des foins empressez
Le financier t'appelleàsatable
superbe;
Et dans peu nos bergers
vont étendus sur l'herbe
Noyer au fond des pots
tous leurs ennuis passez.
Qu'ailleurs Bacchus, hô- teinfidèle,
De nuages fâcheux occupe
le cerveau.
Qu'ilmine ailleurs les nerfs,
lent& secret bourreau,
Ou livre à l'estomacuneattaquecruelle:
De toi coule un jus pre-^
tieux,
Doux aux nerfs, à la telle,
ami de la poitrine,
Et
,
merveille sur tout rare
en la Medecine,
Remèdeenmême temps
sûr,&délicieux.
Le Sommeil sourd à nos
prières
S'enfuit-il loin de nous, attendu
vainement?
Ce Dieu, si nous prenons de
ton sirop charmant,
Viendra de Tes pavots humecter
nos paupieres.
Mais tout buveur doit se
regler.
Du modeste Bacchus c'est la
loi
loyla plus belle.
Tu veux qu'on la reîpcéteJ
&malheur au rc belle
Dont l'indigne attentatose
lavioler.
Veilletoujours, aimable
Tonne
Veille à fortif,ier la Royale
fanté,
Afin que fous Louis la France
en sureté
Puisse dompter enfin les fureurs
de Bellonne.
Ainsi
,
d'une commune
voix
Ton vin qu'en ses costeaux
la Bourgogne voit naître,
Des vins lesplus fameux soit
reconnu le maistre,
Utile aux jours du Prince, &
digne de son choix.
Nouvellesdiverses.
On a dissipé quinze mille
hommes des Ennemis qui
s'estoient assemblez aux environs
d'Arras, où il ne s'est
trouvé au juste que cent mil
nations de foin pour toute
perte. A l'égard dudommage
qu'ils ont fait sur la Sambre,
un Ingénieur a évalué
la reparation des travaux ruinez,
à quatre journéesde
travail & à mille livres de
dépense.
-
Un grand nombre de
Troupes marche de tous côtez
; mais sur tout du côté
de la Sarre en Flandre. Les
Officiers Generaux ont ordre
de s'y rendre incessamment
pour prévenir les En*
nemis, & se mettre enestat
d'empescher qu'ils ne troublent
les Négociations dela
Paix. On dit qu'au cinq du
mois prochain on fera réponse
aux propositions des
Ministres de t'Archiduc
de quelquesAlliez.
) Lettre d'Utrechr.
MONSIEUR,
Mon Amy & rnoy nous
achetons bien cher le plaisir de
sçavoirles premieres nouvelles
.des Négociations qui se font
icy ; car hors la bonne chere
les plaisirs d'Utrcchtsont fort
secs cm fort tumultueux,
Les Ajjemulécs font ordinaifan.
nt ae trente ou quarante
hommes & femmes de sept
ou huit Nations différentes
? dont chacune écorche le François
à sa façon, cm beaucoup
ne leparlepoint du JOute
C'est une idée de la varieté des
Langues de la Tour de Babel.
Toutes ces cobuës se reduisent
àsept ou huit tables d'Hombre
dans une chambre,&plusieurs
pelotons de Conteurs de
Nouvelles. Vous (fave:{appa.
ramment déja que:
Le 4. de ce mois les Plénipotentiaires
des Alliezfilent
deux Conférences particulieres;
l'une le matin, &
l'autre le soir, où ils reglerent
entre-eux les réponses
qu'ils feroient aux Plenipotentiaires
deFrance, &leurs
Délibérations furent rédigées
en Mémoires particuliers,
dont ils firent partaux
Plénipotentiaires de France
à chacun en particulier, &
qui n'ont pas encore esté
renduës publiques;on croit
qu'on y répondra vers le
4. ou le 5. d'Avril. On a
fçu pourtant icy que quelques
unes ayant paru d'abord
fort excessives;on cft
convenu qu'on entreroit en
Négociation sur ce qu'étiez
contiennent, & l'on doit
même faire aujourd'huy
pour cela une Conférence
extraordinaire; enfin nous
pouvons esperer que tout
tournera bien.
PENSIONS
données par le Roy.
Le Roy touché des pertes
qu'ont fait ceux qui étoient
attachez à Messeigneurs les
Dauphins & à Madame la
Dauphine, a déjàdonné à
plusieurs des pensions, dont
la somme monte à deux
cens cinquante mille livres,
juste.
Sa Majesté a donné à MC
la Duchessedu Lude, Dame
d'honneur de Madame la
Dauphine, izooo. liv.
A MC la Marquise de
Mailly, Dame d'honneur
de Madame la Dauphine,
9ooo.liv.
A neuf Dames du Palais
de Madame la Dauphine,
chacune 6000.liv.
A Mr le Mareschal de
Tessé, premier Efcuycr de
Madame la Dauphine,
nooo.iiv.
A Mr le Marquis de
Dangeau, Chevalier d'honneur
de Madame la Dau- phine,12000 k
A Mr le Marquis de
Villacerf, premier Maistre
d'Hôtel de Madame le
Dauphine, 6000 l.
A neuf Menins de
Monseigneur le Dauphin,
chacun 6000 l.
A Mr le Marquis de
Mimure, 3000 l.
A Mr de la Chenaye,
3000 l.
A M Quentin première
femme de Chambre de
Madame la Dauphine,
6000 l.
A douze femmes de
Chambre de Madame la
Dauphine chacune 900 l.
A MC de la Borde sa
pensionancienne conservée
à ses enfans. Elle est de
2ooo. liv.
A Mc de Montsouris?
2000. liv.
A Mr Domingue, Porte-
Manteau de Madame la
Dauphine, 3000.liv.
A Mr Boudin, premier
Médecin de Mon seigneur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, 9ooo.liv.
AMr Dionis, premier
Chirurgien de Monseigneur
le Dauphin & de Madame
la Dauphine, 3000.liv.
A Mr Dodart, premier
Medecin de Monseigneur
le Dauphin dernier mort ,
9000. liv.
A Mr Gervais, premier
Chirurgien deMonseigneur
le Dauphin dernier mort ,
3000. liv.
A Mr Caussin, 2500. liv.
A deux Huissiers de
Chambre, chacun 800.livi
- A Mr Desfossez, Huissier
du Cabinet, 900.IIV.
A six Valets de Chambre,
chacun 600.liv,
A un Porte- Arquebuze,
600liv.
A un Porte- Manteau,
600.liv.
A quatre Valets de Garderobe,
chacun 600.liv.
A douze autres Garçons
de la Chambre
,
chacun
500. L.
A plusieurs Valets de pied
& autres Officiers
,
chacun
400. liv.
ENIGMES.
Parodie de la derniere
Enigmedont le 0 mot était un Pépin.
Par Madame de L.
Pépin, néprisonnier,petit
&meprisable,
En coupant une pomme,
on me délivré a table,
J'engendre desenfansprisonniers
comme moi,
Pepin, porte le nom d'un
Roi,
Enferme dans son fein
limage de son pere,
N'est point l'Amour.
Dieu de Cithere.
Des fruits. Il habite les
coeurs,
rlry mortels rveifès des
pleurs,
Pommequ'il habitait,a
tuévotre mere,
Et vous causa bien des
malheurs.
NOMS
De ceux qui ont deviné
cette Enigme.
Le Marquis de la
Pepiniere - Owdinstolf,
Madelon Poiré, lamere
aux pepins, Maritorne,
la belle Tifonniere du
coin du feu, l'Oracle de
la ruë Thibaut- aux-Dez,
Angelique, le Batelier du
Fleuve Letæ du Stix.
ENVOI.
Par Madame Rigodon.
La femmedu premier
homme du monde, avoir
.à sa collation de beaux
raisins quirenfermaient
beaucoup de pepins: elle
abien délivrédes prisonniers,
en mordant à la
grape.
ENVOI.
Par le petit Baritonillet.
De cette Enigme
, j'ay la
clef
Je la devine de mon
chef
Je m'appelle)Pepin, le
Bref;
Maisj'ai l'esprit plus
long quelemats d'une nif.
ENVOI.
De la jolie Rapdiniert.
On meconseilled'aimer;
mais l'amour sans
chagrins,est aussi rare
queles raisinssanspépin.
ENVOI.
.A quatorze, ans Iris
feffi déjàfin vin,
Elle lorgne à table un
jeune homme,
: En mettant pourmouche
un pepin.,
Je croirois bien qu'elle a
déjà mangélapomme.
ENVOI.
Parodie de l'Enigme,
dont le mot cft le
Masque.
Par Mr Hortensius,
Precepteur de
Francion. -
Pardejustesliens, idest,
liens étroits,
Quand on unit à moy
semblable a mon minois,
Sub auditur, visage à qui
Masqueressemble, Jevois toutparsesyeux,
id est, aveclessiens,
Ilvoittoutpar,id est, tout
à travers des miens,
Tollé,lesderniersvers,
c'est un couplefrivole,
Parce mi Mercuré, si
j'ai dit laparole.
MessavansEcoliers devinent
en chorus,
Voicileurs noms.Arbas
Milo,Dejotarus,
Alcidon, Sotinet, Hâl.,
brada, Baldrns>
Etcetera , tuus ferviis?
Hortensius.
ENVOI.
Par Mr Ane..+
Madame de Saint Fard.
Dans une nuit du Carnaval,
Madame de Saint Fard
en superbeéquipage
s'étantmise en sueurau
auBal,
T laissa par malheurfin
Masque&sonvisage,
NOMS.
De ceux quiont deviné
le Masque.
Bon jour, bon jour
Masque
, Artaxarxez,
Ariane à la lévre bleue,
la jeune orfeline, les deux
associez
,
les trois visages,
Turlupin, Toinon.
ENvar.
Parmi les hommes
comme au Bal, autant
de Masques que de visages.
ENIGME.
Non, je n'aurai jamais
i'esPrit de m'atiffer,
Macoëffure eji toujours
pendante & négligée,
Jidescoè'ffeujes pourtant,
passentmaintejournée,
\A me coijfer& decoëffer,
Maisanssesoucier beaucoup
dema parure,
Uunerêve a quelque
avanture,
Celle-ci pense à bien,
celle-làpenseà mal,
Quoy qu'unrustique lieu
soit monpais natal,.
Polie avec droiture
J &
fermesans rudesse,
ÎeParvlensdans lecercle,
au rang de la Pri-ncelfe,
Souvent tejle levfé, on
m'ivoit dominer;
Mais malgré ma hauteur
teur,pouriezvous de.
viner,
Quelmanege est le mien,
pourparvenir àplaire,
J'aifaitcentmouvements
autour d'un llJcrcenaire,
Qui tenté du profit qu'il
efperqitdétmoj>
Aseu : me rendreenfin,
digne demon emploi.
NOUVELLES
Extraits de plusieurs Lettres.
Le Roy donnale15.une
Audience de
-,
CongéenPublic
au Marquis de Gerpc-
^villcr,Envoyé Extraordinaire
deS. A. R; Monsieur
Je Duc de Lorraine. Il était
accompagné de Mr Barrois,
EnvoyéExtraordinaire
de ce Prince, & cond uit
par le Baron de Breteuil, Introducteur
des Ambassadeurs,
qui avoir été le prendre
à Paris dans lesCarosses
,. *
L -
de SaMajesté. Il eut ensuite
audiance de Monseigneur
le Duc de Berry, de Madame
,
de Monsieur le Duc
d'Orléans,& de Madame
la Duchesse d'Or leans.
Le Prince Charles prêta
ferment entre lesmains de
Sa Majestéle 14 decemois
pour la Charge de Grand
Ecuyer de France, dont Mr
le Comte d'Armagnac son
pere, avaitremis entre les
mains de Sa Majesté, sa démission
volontaire pour la
survivance; & Mr le Prince
deLambescprêta le même
jour entre les mains du Roy
1
le ferment pour le Gouvernement
d'Anjou qu'avoit
Mr le ComteBrionne son
pere,filsaîné du Comte
d'Armagnac,& qu'il a fait
,palier à luy avec l'agrément
de Sa Majesté, comme ila
,fait passer la survivance de
grandEcuyer au Prince
.Char les.
Un Détachement de la
garnison de Brisaca envelopé
& fait prisonniers soixante
Houssards, eX. l'on a défait
dans laForest de Niderhurt,
le reste du parti ennemy de
quatre cens hommes qui
avoir esté défait à Rumersheim.
Le 2.9. de Fevrier les Seigneurs
après avoir presenté
une Adresse à la Reine Anne, 1
s'ajournerentjusqu'au 8. dece
mois. Le même jour les
Communes dresserent un
estat des resolutions prises
pour le Traité de la Barrière
de 1709.
Le 1. de ce mois les Communes
ont examiné le rapport
des Comptes publics, ;
& on declara que le sieur
AdamCardonnel Secrétaire
de Milord Marlborough , estoit coupable de malversation
pecuniaire; il fut ordonné
à la pluralité des voix
qu'il feroit chassé de la
Chambre.
Le sieur de Borselem, Envoyé
des Etats generaux, arriva à Londres le 29. Fevrier
& il eut hier sa premiereaudiance
de la Reine.
Le Chevalier Lorenzo
Thiepolo Ambassadeur de
Venise, a reçu nouvelle par
un Courier extraordinaire
qu'il avoit estéélû Procurateur
de S. Marc,àla place
du ficur Marcello,
-
accèdedepuis
peu Oq jçiurs. ,"
On çlit que le Czar qui.
estoit encore à Petersbourg
le9mQÎs de.r^içr,aap-
Rfis P^#R.Ç?8Wr^
d'Azaph,queleGouverneur
a executé ses ordres,
enrendant cejte Place aux
Turcs, aprés avoir démoli
les nouvelles Fartifications;
on a envoyé les Chrestiens
de cette ViJIç à Moscow.
Le Kam des Tartares ca
arrivé de Constantinople à
Bender. Il a reçu de grands
honneurs à Constantinople-,
à son arrivée & à son
départ. Il a eu ptu&urs'
Conferences icy avec le
Roy de Suede, &aprés
avoir fait declarer la guerre
contre les Moscovites, ila
ordonné en partantpour la
Crimée, qu'on fust prcfta.
marcher avec les Tartares
du Budziac.
Le sieur Lhoski General
des Hussarts
, mourut hier
d'un coup de sabre qu'il a
reçu dans un combatparticulier
contre le Colonel Betoni
, Colonel Hongrois.
Ilyaune Ordonnance nouvellement
publiée contre les'
combat"s pa,rt.icuIlietrs..
Extraitd'une autre Lettre. ,)
Lesort enestjetté, &tous
les Bachas ont en ordre de se
preparer àmarcher avec leurs'
Troupes pourse rendre auplus
tard à lafindu mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube, en consequence de
la guerre declarée contre les'
Moscovites;Cm le 16. Decembre
leKamdesTartares partit
de Constantinople pour aller
[ trouver le Roy deSutJe: Le'
Grand Seigneur a faitau Kam
plusieurs presens considerables
u , on luy afait de grand honneurs
à son arrivée& à fort départ.
On a ordonné de travailler
endiligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrades'estrendu auprés du
Royde Suede ,*-vec les Troupes
de Romelie, dont on le a
donnéle Commandement.
Le 2. Decembre Osman
Aga Kiaïa
,
Lieutenant du
grand Visit Mehemet nouytlltmcoc
déposé, & Mektubay
Effendi son Secretaire,
ont eu la teste tranchée
dans la Place qui efl devant
le Serail, & leurs corps ex-tf
posez trois jours au peuple.
On a aussi exposé en public
devant le Serail la teste du
Visir avant Mehemet,qui
avoitagi contre le Roy de
Suéde. Il avoit esté relegué
à, Metelin,ou l'on l' a ctran.¡'
crié.
Ô On dit à Constantinople
que le Grand Seigneur a déclaré
qu'il marcheroit en
personne à la teste d'une
puissanteArmée pour atta
quer le Czardu costé de l'Ukraine.
LaCourd'Espagneextrêmement
affligée des morts
qui ont affligé la France,
iefi reglée pour ledeuil sur
celuy
- qu'on porta à la1
mort de la Reine Marie-
Therese,&de la premiere
femme de l'Empereur Leopold
,
&, de l'Imperatrice
soeur de Marie Therese.
La Reinea témoigné qu'
elle seroit bien-aise de fairc'
ses couches auBuen Retiro
, ott le Roy fait faire
quelques accommodemens
pour la rendrehabitable.
Le Duc de San Juan est
mort le 12.Fevrier;il estoit
Viceroy deNavarre.Le Roy
a donné cette Charge au
,.
Duc deVeraguas.
LeRoy a donné à Don
Juan dela Ranenda Rubalcava,
la Chargede Fiscalde
lg'AudoiancseRosyaleede.Sarra-
Il est arrivéd'Andalousie
plus de 3000.chevaux pour
remonter les Gardes 4n
Corps & le reste dela Ç^-
valerie. nr ri
On écrit de Galice que le
sieur Ducasse est arrivé à la
Corogne,après avoir échapé
plusieurs perils, sur tout
une furieuse rempeste depuis
son départ de la Martinique.
On ditque les Vaisséaux
apportent la valeur de
trente cinq à quarante mil.
lions de livres en or ÔC en argent
,outre les marchandises
& autres effets. !
Les Troupes Françoises
de laConca de Trems marchent
vers Valence par l'ordre
de Monsieur le Duc de
Vendôme-,elles seront remplacéespar
des Troupes
Françoises.
Les Troupes du Roy
d'Espagneestant en quartier
dhiver en Catalogne,
fort tranquillement, Don
NicolasTeran de Urivé est
sorti avec un détachement
:pot:Jr escorter les Fourageurs,
il a rencontré un
Corps considerable de Miquelets
& deVolontaires ;
il les a chargez&misen suite
; il en a tué environ soixante
& faittrente prisonniers.
La disette de grains &
d'huilecitfort grande à,
Naples. On a envoyé plusieurs
Tarranes àOtrance, àCotronne, àBari, & plusieurs
autres Ports de la Calabre
par delà leFare, pour
en apporter des deshuiles. grains & deshuil,cs.,CCecssTTaarrttaanneessoonntt
tempeste ils ont gagné les
premiers Portsqu'ils ontpû
atteindre. Il y en a une de

TABLE.
changemens arrivez J lafurfacedelaTerre9
34-
lD)''u'unneeesepefce dd''hhoommmmee Marin,
péchéau. Conquety 44
Sur un Portrait en grand, en-
voyé, par uneDame à ¡l'.Auteur,
pour mettre dam une
Salle, 47
Extrait de Lettre- de Mr le Co-
L<md de Funch
,
écrite de
Confiantinople le 14. janvier
ijn, à Mr de Cronftroom,
Envoyé Extraordinaire de
SNedeJ 49
Vélage du, Vin de &ej*rgognc+
traduction de J'ode. Latine
deMonsieur Grenan, 57
La Champagnevangée, <M~
louange du vin de Reims,
fpïUH Poète Bourguignon a
TABLE.
- blajmé, 67
Morts, 77 Jgçwultsd'Armes,$1
Aventurede deux officiers, iot
Lettre de Madame D. T. apréï.
-' Tsa p/etite verole en 'Pl en* le Jour de sa sesit
: ht* Collier de ferles en Lacs 74S I ItQeùil(selaFrance*,132,
Morts, T4j
I îtowelURécente,IJJ.
ifpitaphe de Monseigneur& d%
I fâadaim lit Dauphine> If£ Voyage 4* fAmour& <~
I VAmitié. \($
I Dialogue entre un Berger & une l)celeBtterregere, 194
de £>uebft. - z.oJ, jfaiimvxqmfontdufe#i(Um
APPROBATION.
J Ay lû par ordre de Monseigneur
le Chancelier le Mercure
Galant du present mois
de Mars. A Paris ce 26 Mars
1712.
CA P 0 N.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le