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MERCURE
LYON
GALANT
DECEMBRE 17H
ANCY
NI
A PARIS ,
M. DCCXI.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F***
Mois
de Decembre.
1711.
Le prix eft 30. fols relié en veau ,
25. fols , brochez
&
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'ImageS. Louis ,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
IBLIO
ETRENNES
DE MERCURE
AU PUBLIC.
LES ETRENNES
de l'Oye.
Un Procureur des moins
fameux,
Pawore par confequens ,
mais pourtant genereux
DE
LYON
"
* A ij
4
TRENNES
Avoit famille tres nombreufe
Comme luy pauvre &
genereufe ,
Il attendoit pour l'étren
ner ,
Ce grand jour où Plai
deurs fe picquent de
donner :
Ce jour vint & rien pluss
du Perche , ny du
Maine
Il ne vint pas la moindre
aubeine ;
Mais une Oye arriva de
DE MERCURE . 1
il
la part d'un coufin :
Auffi toft pour Etrenne
l'envoye à fa tante ,
Et la tante à fa bru , par
qui l'Oye ambulante,
De parents en parents
continuant fon tour
a
Revint au Procureur vers
le milieu du jour.
Un autre l'eut de luy,foit
ou gendre ou beaufrere ,
Et par l'Etrenne circulaire
Chacun fut
cha
cunfut
etrenné
A iij
6 LETRENNES
Donnant ce qui luy fut
madonnés
C'est ainsi que fouvent
liberalite brille ,
Une Oye à peu de frais
etrenna la famille ,
Et par le dernier Etrenneur
Revint encore au Procureur
,
Qui le foir à fouper pour
Etrenne derniere
La donna de bon coeur
fa famille entiere.
*
Je fuis & genereux , €5
A
DE MERCURE. 7
pauvre comme luy,
Au Public de bon coeur je
redonne aujourd'huy
Tout ce que le Public
m'envoye ,
Ce font les Etrennes de
Poye .
A iiij
MA
MERCURE
GALANT.
I. PARTI E.
LITTERATURE.
A nouveauté detou-
LAtes chofes a tousjours
plû aux hommes.
N'est - ce point pour cela
feul qu'ils ont attaché au
MERCURE
nouvel An une idée heu
reufe & agreable ; Seneque
appelle nouvel an le
commencement du regne
de Neron annus novus
initium faculi felicif
fimi. Le pronoftic n'eftoit
pas juſte ; mais les
flatteurs prédifent tousjours
merveille. On donnoit
chez les Romains au
premier jour de l'an des
figues , du miel & des
dattes , fruits doux , fimboles
de la douce paix ,
1. PARTIE. ΓΕ
& de l'agreable union
qu'on fouhaitoit entre
parents & amis . N'eft- ce
point auffi comme fimbole
de pureté , de fran
chiſe & de fincerité , que
les Gaulois faifoient des
prefents de guy de chefne
coupé avec une ferpe
d'or ; l'or eft le fimbole
de la pureté , il ne reſte
plus qu'à prouver que le
gui de chefne eft le fimbole
de la fincerité ; un
autheur la dit , mais ces
MERCURE
fortes d'éruditions ne fe
démonftrent pas comme
un probleme de Geome
trie , quoyqu'il en ſoit ,
on dit que les Etrennes
Gauloifes eftoient plus
finceres que les noſtres .
Je
connois
pourtant un
Amant qui a donné celle
cy : elle eft de Monfieur
le B ....
Commefranc Gaulois
amant
Je vous donne en étrenne,
Iris, un caurfincere :
I.
PARTIE. 15
Pour vous , fi vous m'aimez
c'est un ricke
prefent,
C'en est un fort petit ft
Vous ne m'aimez
guere
La refponfe de la Gauloiſe
me paroift plus feurement
fincere.
Que je vous aime ou non,
voftre coeur vaut fen.
prix
Paimerois mieux celuy
d'un
autre
Fauray peu de plaifir à
14 MERCURErecevoir
le vostres
Mais c'eft tousjours autant
de pris.
Le Roy Tatius Sabinus
receut le premier la
Verveine du bois facré
de la Déeffe Strinia , ou
Strenia
, pour bon augure
de la nouvelle année ,
c'eftoit l'équivalent du
gui de chefne des Gau
lois. Etrennes vient , diton
, de ce mot Strenia ,
celuy de ftrenuus , qui
fignific genereux , peut
LOPARTIE .
auffi
avoir part à
cette
étimologie
, parce qu'on
donnoit
les
étrennes
à
ceux qui fe
diftinguoient
par leur valeur. Ön donnoit
dans les
premiers
temps des fruits en étrennes
, mais on donna enfuite
des medailles d'ar-
L
gent . A ce fujetOvide fait
dire à Janus, que les Anciens
eftoient bien fimples
de croire, que le miel
fuft plus doux que l'argent.
La fefte des étren16
MERCURE
nes eftoit dediée au Dieu
Janus qu'on repreſentoit
à deux vifages ; quelque
mauvais plaifant de ce
temps-là , a peut eftre dit
que l'un des vifages deJanus
eftoit trifte , & que
l'autre eftoit gay , pour
marquer la trifteffe de celuy
qui eft obligé de donner
des étrennes
, & lagaïeté
de celuy qui les reçoit.
S'il eft glorieux
de
donner
, il eft quelquefois
glorieux auffi de recevoir
1.
PARTIE . 17
cevoir , & les étrennes
qu'on portoit aux Empereurs
Romains, étoient
des marques d'honneur
.
Augufte en recevoit une
fi grande quantité
, que
pour n'en pas profiter , il
en achetoit des Idoles.
Tibere
ne voulut point
recevoir d'étrennes
; Caligula
les reftablit , Claude
les deffendit enfuite ,
mais elles refterent tousjours
en ufage parmy le
peuple.
Decembre 1711. I B
18 MERCURE
Qui croiroit qu'on puſt
trouver une raiſon phyfique
des étrennes , je ne
fçay quel Ancien a dit
que toutes chofes eftant
contenues dans leurs commencements,
on doit tirer
des augures bons ou mauvais
de toute l'année par
le premier jour.
L'avis eft bon profitez- en
Si vous voulez , Iris ,faire
un amant fidelle ,
De conftance rare modelle
:
I. PARTIE. 19
Faites - vous- en aimer au
premier jour de l'an,
A coup feur il fera conftant
toute l'année ,
A bien moins à prefent la
conftance eft bornée.
Les Gaulois
croyoient
que le gui eſtoit un prefent
confiderable
duCiel,
qu'il prefervoit du poifon
, & que celuy qu'on
cueilloit le jour de l'an
portoit bonheur toute
l'année à ceux qui en gar
doient fur eux .
Bij
20 MERCURE
Il nous eft refté de cette
fuperftition payenne le
mot de la guy l'an neuf.
on appelloit encore ainfi
dans les derniers temps
les prefents des étrennes .
le trouverois encore
beaucoup d'érudition fur
les étrennes
, mais pour
entrer dans l'efprit de la
fuperftition ancienne , je
veux éviter d'ennuyer au
premier jour de l'an , de
peur d'eftre ennuyeux
tout le refte de l'année.
I. PARTIE. 21
ETRENNES
de Me la C. de ....
aMr le Marquis de .
...en luy envoyant de
Poitou une Oye pour
Etrennes
C'est l'Oye qui parle . "
Quoyque jeune Oye à
teftefole
Je ne citeray point mes
anceftres Oyfons
Auffinobles que les Pifons
Iffus directement deceux
* MERCURE
du
Capitole.
De ce fang fi noble 5'fi
pur,
Ma foy je ne crois pas
defcendres
Je fuis jeune , 5 je feray
tendre :
C'eftpour vous, cherMar
quis , un merite plus sûr.
Autre Etrenne par Mr
de L. T.
Sur l'Air de la Baguette .
Del An passé la courſe
I.
PARTIE. 23
terminée
Devroit Iris finir voftre
3
rigueur ;
Heureux , heureux , fi la
nouvelle Année
Pouvoit auffi commencer
mon bonheur
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Dif
cours leu par Monfieur de
Reaumur , à l'ouverture
des affemblées de l'Acadé
mie Royalle des Sciences
d'aprés la faint Martin ,
24 MERCURE
fur la découverte d'une
nouvelle Teinture de Pourprc.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes fur
la couleur de Pourpre
fi
précieuſe aux Anciens , on
a efté peu inftruit de la nature
de la liqueur qui la
fourniffoit
: auffi tous ces
ouvrages ne font -ils que
des efpeces de Commentaires
de quelques paffages
d'Ariftote & de Pline ....
C'eft fur la nature mefme ,
& non fur les Naturaliſtes
qu'il faut faire des obfervations
1. PARTIE. 25
vations lorsqu'on veut découvrir
quelques - uns de
fes fecrets ....... Ariftote
& Pline nous ont cependant
laiffé bien des chofes
remarquables fur cette matiere
, mais plus propres à
exciter noſtre curiofité
qu'à la fatisfaire pleinement.
en
Monfieur de Reaumur
dit enfuite que quoy que
ces Auteurs ayent parlé er
differents endroits des poiffons
à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
fe fervoit pour teindre en
Decembre 1711. 1I C
26 MERCURE
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naif
fance , de la durée de leur
vie , de la maniere dont ils
fe nourriffoient , comment
on les pefchoit , comment
on leur enlevoit cette précieuſe
liqueur , & enfin les
diverfes préparations qu'-
on luy donnoit , on a neanmoins
mis la Teinture de
Pourpre des Anciens au
nombre des fecrets perdus
......
Ce que ces Autheurs
pourfuit-il , nous ont laiffé
fur cette matiere, n'a point
1. PARTIE . 27
empefché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois fur
la Teinture de Pourpre ,
que fournit un coquillage
commun fur les coftes de
fon pays ..... Ce coquillage
n'eft qu'une des efpeces
comprifes fous le genre
appellé Buccinum par les
Anciens , nom qu'ils a
voient donné à ces efpeces
de poiffons , parce que la
figure de la coquille dont
ils font reveftus , a quelque
reffemblance à celle d'un
I Cij
28 MERCURE
cors de chaffe ..... Pline
livre 7. chap. 36. range toutes
les efpeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre , fous deux
genres , dont le premier
comprend les petites efpeces
de Buccinum , & le fecond
les coquillages aufquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fourniffent
.....
Nos coftes d'Ocean
continue Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres efpeces de coI.
鹿
PARTIE. 29
quillages ; mais en revanche
on y rencontre trescommunément
une petite
elpece de Buccinum , dont
les plus grandes ont douze
à treize lignes de long , &
fept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles font
plus groffes ..... tournées
en fpirales comme celles
de nos limaçons de jardin ,
mais un peu plus allongées.....
C'eft en confiderant au
bord de la coſte les coquil
lages de cette efpece , que
je trouvay une nouvelle
I C iij
30 MERCURE
Teinture de Pourpre , que
je ne cherchois point .....
Je remarquay que les Buc
cinum eftoient ordinairement
affemblez autour de
certaines pierres , ou fous
certaines arcades de fable ,
pour ainfi dire cimenté ,
que la Mer feule a travaillées......
& qu'ils s'y af
fembloient quelquefois en
fi grande quantité , qu'on
pouvoit les y amaffer à plei
nes mains , au lieu qu'ils
eftoient difperfez ça & là
par tout ailleurs . Je remarquay
en meſme temps
1. PARTIE.
31
que ces pierres ou ces fables
eftoient couverts de
certains petits grains .....
dont la figure avoit quelque
reffemblance à celle
d'un fpheroide elliptique ,
ou d'une boule allongée ; la
longueur de ces grains ef
toit d'un peu plus de trois
lignes, & leur groffeur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenir une
liqueur d'un blanc tirant
fur le jaune , couleur affez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
I C iiij
#
32 MERGURE
Pourpre ; cette feule ref
femblance , & la maniere
dont les Buccinum eftoient
tousjours aſſemblez autour
>
telle
de ces petits grains , fuffirent
pour me faire foup
çonner qu'on en pourroit
peut -eftre tirer une Teinture
de Pourpre
qu'on la tire de ces coquil
lages ........ J'examinay
ces grains de plus prés , j'en
apperceus quelques - uns
qui avoient un oeil rou
geaftre. J'en détachay auffi-
toft des pierres aufquelles
ils font fort adherants ,
2
Ꭵ Bio
I. PARTIE. 35
& me fervant du premier
linge , & le moins coloré
qui fe prefenta dans le moment
, j'exprimay de leur
fuc fur les manchettes de
ma chemiſe elles m'en
parurent un peu plus fales ,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit cil
jaunaftre que je demeſlois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui.
attiroient mon attention ,
me firent oublier ce que je
venois de faire. Je n'y penfois
plus du tout , lorfque
jettant par haſard les yeux
34 MERCURE
fur ces mefmes manchet
tes , un demi quart d'heure
aprés , je fus frappé d'une
agreable furprife , je vis
une fort belle couleur
pourpre fur les endroits où
les grains avoient eſté
écrafez. J'avois peine à
croire un changement
fi
prompt & fi grand …………..
Je ramaffay de nouveau de
ces grains , mais avec plus
de choix , car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroif
foient les plus blancs , ou
pluftoft les moins jaunes ,
Y. PARTIE.
Je moüillay encore mes
manchettes de leur fuc
mais en des endroits differents
ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchaft en au
cune façon du rouge. Ce
pendant je les confideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une auffi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en eftoit affez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
4
36 MERCURE
couleur pourpre auffi belle
que celle des Buccinum. ....
Monfieur de Reaumur
rapporte enfuite plufieurs
experiences qu'il fit pour
connoiftre fi cette liqueur
avoit autant de tenacité
que celle des Buccinum , fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains, ne prend la couleur
de pourpre que lorfqu'on
l'expoſe au grand
air ; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que font
ces petits grains , il n'en a
I. PARTIE.
37
point fait d'affez heureuſes
pour y parvenir ; qu'on tireroit
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment plus
commode que celle dont
les Anciens oftoient la liqueur
des Buccinum , & fait
ce fujet un détail tresample
& tres- curieux
aprés lequel il conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs
plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum , parce qu'il y a
incomparablement plus de
ces oeufs que de ces coquil
38 MERCURE
lages , & qu'on auroit leur
liqueur beaucoup
plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur
paroift
parfaitement belle fur
le linge , & que dans le
grand gouft où l'on eft à
prefent pour les toiles
peintes , on pourroit s'en
fervir avec fuccez pour imprimer
fur du linge toutes
fortes de figures ; cette liqueur
celle auffi bien
que
des Buccinum , y feroit , dit
il , d'autant plus propre ,
ne s'étend pointi
delà l'endroit où on l'a
qu'elle
par
I PARTIE: 39
posée , de forte qu'elle
pourroit tousjours tracer
des traits nets .
De Rome.
On
fçait
que n fçait que feu Monfieur
Colbert, au commencement
de fon miniftere ,
fonda dans Rome, par l'ordre
du Roy , une Académie
de Peinture , Sculptu
re & Architecture , où l'on
envoya , fous la conduite
de Mr Erard , plufieurs
Peintres. Aprés Mr Erard,
Mr Coypel fut Directeur
de cette Académie. Enfui40
MERCURE
te Mr Houaffe , auquel
fuccedé M. le Chevalier
Poerfon qui y eft depuis
fept ans.
Rome a une autre Académie
tres fameufe & tresancienne,
appellée de Saint
Luc , dont le Directeur
qu'on appelle Prince de
l'Académie , eftoit le celebre
Chevalier Marat , quis
eftant âgé de quatre- vingt
neuf ans , & ne pouvant
plus vaquer aux foins de
cette charge on a choifiMr
le Chevalier Poerfon Di
recteur de la noftre , qui a
efté
I. PARTI É. 41
- efté nommé Vice Prince
de l'Académie de S. Luc
pendant la vie du Chevalier
Marat , pour prendre
la place de Prince, aprés
luy.
Le choix d'un François
pour eftre chef de l'Académie
Romaine , fait voir que
les François ne font pas inferieurs
aux Italiens dans
l'art de Peinture. Mrs de
Vernanfal & Beaunier
Eleves de l'Académie Françoiſe
, ont remporté les
prix dans cette mefme Académie
Romaine, qui ont
Decemb. 1711. 1 D
42 MERCURE
efté délivrez en preſence
de treize Cardinaux , plufieurs
Princes , Prélats &
Seigneurs ; & les Académiciens
de Larcadie , qui eft
une Académie de beaux
Efprits eftablie à Rome , y
reciterent plufieurs ouvra
ges de Poëfie , à l'aſſemblée
qui fut terminée par
un difcours que fit un Prélat
, à la loüange des Arts.
Le Roy content de la
conduite de Mr Poërfon à
Rome, a augmenté ſa penfion
de mille livres , & a
chargé Monfieur le MarI.
PARTIE. 43
quis de Dangeau
de
l'honorer de l'Ordre de
Chevalier de Saint Lazare
, qui luy a efté conferé
, au mois d'Octobre
dernier par Monfieur le
Cardinal de la Tremoille ,
aprés les preuves de Nobleffe
faites dans les formes
ordinaires.
De Lorraine.
Monfieur duTertre,dont
le Pere eft eftably depuis
plufieurs années à Bar-le-
Duc , a fouftenu dans le
College des Jefuites de
I Dij
44 MERCURE
Rheims une Theſe dédiée
à S. A. R. Monfieur le Duc
de Lorraine . Le Portrait
de ce Prince , gravé par un
habile Maiftre , faifoit le
fond de cette Thefe Mon
fieur le Duc de Lorraine ,
pour faire honneur au Souftenant
, y envoya Monfieur
le Marquis de Litta
l'un des principaux de fa
Cour , & cy-devant Grand
Maiftre d'Hoſtel de Madame
la Ducheffe de Mantouë
, avec le Pere Hugo ,
Prieur des Prémontrez de
Nancy , & Hiftoriographe
I. PARTIE.
45
de Lorraine . La harangue
que le Souftenant addreſ
foit à Monfieur le Duc de
Lorraine , eftoit imprimée
au haut de la Thefe. Elle
dit qu'il meritoit de porter
des Couronnes avant
qu'il en poffedaft , & que
fa fageffe eftoit le Chef de
fon Confeil & le premier
de fes Confeillers. A l'égard
du ſujet de la Theſe ,
Le Souftenant rejette le Syftême
des Automates , &
s'en tient aux formes fubftantielles
, il rejette auffi
le Syfteme de Copernic ,
46 MERCURE
pour fuivre celuy de Tichobrahé.
On a placé dans l'Article
des Mariages celuy
de Mr le Chevalier de
Luxembourg , & l'on
n'y a rien dit de fa Maifon
. Perfonne n'en ignore
la grandeur. Tous les
Livres d'hiftoire en font
pleins ; & j'évite également
de parler des Genealogies
trop connuës ,
& de celles qui le font
1. PARTIE . 47
,
trop peu : mais on place
icy comme
Ouvrage
nouveau
d'érudition
, le
Difcours
fuivant
qui eſt
nouvellement
composé
par Monfieur
Chevillard.
Il a fait fur cette
Maiſon
des Remarques
tres-curieufes.Quoique
ce Difcours
foit treslong
, je fuis perſuadé
qu'il n'ennuira
pas ; on
peuthafarder
d'eftre long
dans les fujets intereffans
,
& qui eft- ce qui ne s'in48
MERCURE
tereffe pas à tout ce qu'on
peut dire à l'occaſion de
Mr le Chevalier de Luxembourg.
Difcours
I. PARTIE. 49
Difcours nouveaufur l'origine,
la Genealogie , & la Maie
fon de Montmorency.
Tout le monde eft perfuadé
de l'antiquité de l'illuftre
Maiſon de Montmorency
, & perfonne ne
doute qu'elle ne foit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons
Chrétiens
en France , avec le cry de
Guerre ( Dieu aide au premier
Chreftien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
revolution des ficcles paf
Decembre 1711. 1 E
so MERCURE
fez à fait perdre les vieux
Titres , la negligence des
Hiftoriens en dérobent
la memoire , & il eft mal
aisé de fçavoir la verité de
fon origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de fa connoiffance
de cette Maiſon eft
le fameux André Duchefne
qui par fes foins nous a
laiffé dans un gros volume
toute fa pofterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en
mais il ne s'eft pas embarraffé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé , n'en
954
.
I. PARTIE.
Sa
ayant point trouvé
de
preuves
certaines
; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneurs de
Montmorency
..
Il dit qu'il fe trouve dans
la partie des Gaules qu'on
appelle France deux infignes
commencemens de
converfion ; la premiere
par faint Denis premier
Evefque de Paris , qui a
procuré la converſion des
Gaulois ; & la feconde par
faint Remy , Archevefque
de Paris , qui convertit les
I E ij
52 MERCURE
François ; ces deux con.
verfions font caufe de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une fi noble extraction
.
La premiere , que Lif
bius Chevalier d'une tresgrande
Nobleffe & d'autorité
parmy les Parifiens ,
eftoit Seigneur de Montmorency
proche de cette
Ville , & fut le premier des
Gaulois qui embraſſa la
Religion Chreftienne à la
prédication de faint Denis
vers l'an centiéme de noftre
Redemption
, fupposé
I. PARTI E.
53
:
que ce fut faint Denis
l'Areopagite qui avoit efté
converty par faint Paul
Apoftre mais fi l'on fuit
le fentiment
de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de faint Denis dans
les Gaules fous le Confulat
de Decius & de Gratus , la
converfion de Lifbius ne
pourroit eftre que vers l'an
253 .
La feconde opinion qui
eft de Robert Cenal, Evef
que d'Avranches , au premier
Livre de fes Remar-
E iij
54
MERCURE
ques Gauloifes, & de Clau
de Fauchet , au fecond Livre
de fes Antiquitez Françoifes
difent , que celuy
qui a donné origine à la
Maifon de Montmorency
ne fut pas le fameux Gaulois
Lifbius , mais un Grand
Baron François nommé
Lifoie ( lequel quand Clovis
premier Roy Chreftien
de France , fut baptisé par
faint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de fa fuite , qui
fe jetta dans la Cuve des
Fonds aprés luy , en meI.
PARTIE.
SS
moire dequoy fes defcendans
mafles ont efté honorez
du titre de premiers
Barons Chreftiens de France
, & ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chre-
Stien.
Quoy qu'il en foit , on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
efté dans cetts illuftre
Maiſon , de premier
Chreftien , & de premier
Baron Chreftien en Frant
ce , n'ayent une origine
tres ancienne , & tres illu
I E iiij
56 MERGURE
ftre , qui marque que les
anciens Seigneurs
Montmorency
de
eftoient
des plus puiffants du Royaume
mais comme la
fucceffion depuis Liſbius ,
ou de Lifoie,n'a pû fe con
ferver jufques à nous , il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus affeuré,
& fuivre ce qu'en a eſcrit
Duchefne auquel je renvoye
le Lecteur , qui com
mence l'hiftoire de cette
Maifon à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant
, & qui nous a
a don1.
PARTIE.
57
né la fuite de fa pofterité ,
qui eft rapportée dans la
Carte Chronologique
de
cette Maiſon , par Monfieur
Chevillard qui donne
à ce Bouchard pre
mier un pere , un ayeul ,
& un bifayeul , que Duchefne
ne rapporte pas ;
mais les ayant trouvez
dans un autheur , il les a
rapportez pour faire connoiftre
les alliances illuf
tres qu'ils avoient contractées,
puifque Jean Seigneur
de
Montmorency pere de
Bouchard premier , qui vi58
MERCURE
voit en 940. avoit époufé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais , fils
d'Adolphe Comte de Vermandois
, Everard Seigneur
de Montmorency
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier , époufa Brunelle
fille de Gaultier Comte de
Namur , & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmo
rency qui vivoit en 845
avoit épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponthieu ,
çe Leuto eftoit pere d'Everard
& bifayeul de Bou
I. PARTIE. 59
chard premier , c'eſt à luy
qu'il commence cet arbre
genealogique , afin de faire
connoiftre les trois di
vers changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maiſon de
Montmorency .
Ceux de cette Maifon
avoient pris d'abord pour
leurs Armes , comme premiers
Chreftiens , d'or à la
croix de gueules; Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou alle
rions d'azur , pour conferver
la mémoire de quatre
Enfeignes Imperiales pri60
MERCURE
fes à la victoire qu'il remporta
fur l'armée de l'Empereur
Othon II . Mat
thieu II . dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres , en memoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prifes à la bataille de
Bouvines fur l'Empereur
Othon IV. en 1214 Ainfi
depuis ce temps -là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules , cantonnée
de feize allerions
d'azur ; & comme cette
I. PARTIE.
Maifon a formé quantité
de branches , ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique
, mais
à prefent comme la branche
aifnée eft éteinte en la
perfonne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle , & Comte de
Horne décapité en 1568.
auquel la branche de Foffeux
a fuccedé à l'aiſneſſe
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maiſon ont quitté leurs
brifures , & ont retenu les
62 MERCURE
Armes pleines qu'ils portent
prefentement .
La Maifon de Montmorency
s'eft feparée en
quantité de branches , il y
en a eu plufieurs anciennes
qui font éteintes , mais
elle a confervé fon nom
jufqu'à aujourd'huy , par la
fucceffion de la branche
aifnée,dans plufieurs branches
qui fubfiftent, & quoy
qu'il paroiffe de grandes
branches forties de Mathieu
II. dit le Grand , Seigneur
de Montmorency ,
il n'y a eu que la poſterité
I. PARTIE.
6 ;
de fon fils aifné Bouchard
VI. qui ait retenu le nom
de Montmorency , parce
que fon fils cadet Guy de
Montmorency fut Seigneur
de Laval , qui commeheritier
de fa mere Eme
de Laval , fortie d'une tres
noble & tres illuftre Maifon
, en a tranfmis le nom
à fes Defcendans qui le re
tiennent encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency , la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brifure
, comme cadets de fa
Maiſon.
64 MERCURE
Quant aux honneurs de
cette Maiſon , on ne peut
difconvenir qu'elle eſt des
plus illuftrées
tant dans
les alliances
qu'ils ont contractées
, que dans les charges
qu'ils ont poffedées
les honneurs
qu'ils ont eus
par leurs alliances
, les font
toucher
de près à tout ce
qu'il y a eu de Teſtes couronnées
dans l'Europe
, &
pour le faire connoiſtre
il
faut diftinguer
ſes alliances
en trois manieres
. Premierement
, dans ſon ancienneté
: Secondement
,
depuis
I. PARTIE. 65
depuis la feparation de fes
deux Branches , les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
: Troifiémement ,
celle que la Branche de Laval
a euës.
Premierement , les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
font tres confiderables
puifque la premiere
qui eft rapportée par
Duchefne eft l'époufe qu'il
donne à Bouchard I. Elle
fe nommoit Hildegarde ,
& eftoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
Decembre 1711, 1 E
66 MERCURE
de Blois , & de Ledegarde
de Vermandois . Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois ,
pere de Eudes II . Comte
de Champagne , duquel
font fortis tous les Comtes
de Champagne ; & pour
four Emme , femme de
Guillaume III. Duc de
Guyenne , mère de Guillaume
IV . Duc de Guyenne
, élu Roy d'Italie , &
Empereur des Romains ,
duquel font defcendus les
Ducs deGuyenne , & Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
I.
PARTIE . 67
Hildegarde avoit pour
alliances du cofté de fa
mere Ledgarde de Vermandois
, qui eftoit fille de
Herbert II . Comte de Vermandois
, & d'une foeur de
Hugues le Grand , Duc de
France , & Comte de Pa.
ris , pere du Roy Hugues
Capet ; & auffi foeur d'Em-
>
me Reine de France
femme de Raoul , Duc de
Bourgogne & Roy de
France , fi bien qu'elle eftoit
coufine du fecond au
troifiéme degré du Roy
Hugues Capet , chef de la
I Fij
68 MERCURE
troifiéme Race des Rois
de France qui ſubſiſte aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Conneftable
de France , épouſa Aline
, fille de Henry I. Roy
d'Angleterre , & en fecon
des nôces il épousa Alix de
Savoye , veuve du Roy
Louis VI . dit le Gros, mere
du Roy Louis le Jeune , fi
bien qu'il avoit l'honneur
d'eftre beaupere du Roy
pour lors regnant.
Bouchard V.s'allia avec
Laurence , fille de BauI.
PARTIE 69
doüin, Comte de Hainaut,
defcendu par les Comtes
de Flandres , de l'Empereur
Charlemagne ; elle
eftoit tante de BaudouinV.
Comte de Flandres
Empereur de Conftantinople
, d'Ifabeau de Hainaut
, Epoufe du Roy de
France Philippe- Augufte ,
& d'Ioland de Hainaut
#
&
Imperatrice de Conſtantinople
, femme de Pierre
de Courtenay , auquel elle
porta la Couronne Imperiale.
Matthieu II. avoit épou
70 MERCURE
sé en premieres nôces Gertrude
de Néelle , fille de
Thomas Chaſtelain de
Bruges en Flandres , &
d'une foeur d'Yves , Comte
de Soiffons , Seigneur de
Néelle . C'eft de cette Da
me que toute la Maiſon de
Montmorency d'aujourd'huy
defcend , parce que
Matthieu ff . épouſa en ſecondes
nôces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval , comme
je le diray cy- aprés ; cette
Dame eftoit foeur aifnée
•
I.
PARTIE. + 71
d'Ifabeau de Laval, femme
de Bouchard
VI.Seigneur
de Montmorency
, fils aifné
du premier lit de Mathieu
II. ainfi l'on peut dire
que dans la feparation des
deux branches de Montmorency
, & de Laval , ils
ont les meſmes alliances
puiſque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maifon de Laval , ils fe
trouvoient alliez des Maifons
de France , d'Angleterre
, d'Ecoffe , de Caftil
le, des Comtes de Thouloufe
, & de quantité d'autres
72 MERCURE
Maifons tres confiderables
.
-
Secondement , les alliances
que la Maiſon de
Montmorency a contractées
depuis fa feparation
d'avec la branche de Laval
, font celles que Mathieu
III . contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerufalem ,
qui eftoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerufalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maiſon
de France , puifque Henry
Comte
1.
PARTIE
. 73
Comte de Champagne
Roy de Jerufalem , avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Louis le
Jeune , avec les Roys de
Navarre de la Maiſon de
Champagne , & avec les
Roys de Jerufalem & de
Chypre , de la Maiſon de
Lefignen.
Mathieu IV.dit le Grand,
Seigneur de Montmoren
cy , fils de Mathieu III.
Marie de
s'allia avec
Dreux
Princeffe
du fang
de France
, fille de Robert
IV . Comte
de Dreux,
Decembre 1711. 1 G
74 MERCURE
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Louis le Gros . D'ail
leurs elle eftoit fa parente
par trois endroits , d'abord
au quatrième degré du
cofté maternel par la Maifon
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoile
de Craon , femme de Guy
VI . Seigneur de Laval, qui
eftoit pere d'Ifabeau de Laval
mariée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de Mathieu I V.
1.
PARTIE. 75
7
Et d'Amaury de Craon ,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux , par la Maifon
de Montfort. Elle eftoit
fa parente du quatrié-
5me au cinquiéme degré ,
& par celle de Coucy du
cinquième au fixiéme.
Ce ne feroit jamais fait
fi on vouloit particularifer
toutes les alliances les unes
aprés les autres , on fe renferme
aux trois recentes; la
premiere eft celle queHen-
I Gij
76 MERCURE
ry Duc de Montmorency
11. du nom , Pair , Marechal
& Amiral de France ,
contracta avec Marie Felice
des Urfins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis fa mere ,
pour lors Regente du Ro
yaume , qui eftoit ſa parente
du deuxième au troifiéme
degré , puifque la
Reine avoit pour pere
François de MedicisGrand
Duc de Tofcane , qui eftoit
frere d'Elifabeth de
Medicis femme de Paul
I. PARTIE. 77
des Urfins Duc de Bracciano
, ayeul de Madame la
Ducheffe de Montmoren
cy: ainfi l'on peut voir par
cette alliance, l'eftime que
le Roy Louis XIII. d'heureufe
memoire , faifoit de
cette Maiſon , puiſqu'il faifoit
époufer à Monfieur le
Ducide Montmorency fa
parente au troifiéme de
gré.
La feconde alliance des
trois aufquelles on s'eft retranché
, eft celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
, four & heritie
I G iij
78 MERCURE
re de Henry II . Duc de
Montmorency mort fans
pofterité , laquelle épouſa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princeffe
aprés la mort de fon frere
, herita du Duché de
Montmorency , & de plufieurs
autres biens qui font
entrez par cette alliance
dans la Maifon de Condé.
La troifiéme alliance eft
celle que fit François Hen
ry de Montmorency Duc
de Piney - Luxembourg ,
forti de la branche de BouI.
PARTIE. 79
Magdelaine
teville , qui époufa en 1661.
Charlotte- -
Bonne- Therefe de Clermont
Ducheffe de Piney-
Luxembourg fille de Charles-
Henry de Clermont-
Tonnerre , & de Marie de
Luxembourg Ducheffe de
Piney , qui fe défit de fa
Duché en mariant fa fille ;
à condition que fon époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg , luy
tranſmettant le droit de fa
Duché femelle , afin de
conferver le nom de cette
illuftre Maiſon , qui a don-
1 G iiij
80 MERCURE
né plufieurs Empereurs
des Romains , des Roys de
Boheme , des Reines de
France , & à d'autres Couronnes
de l'Europe .
Ayant cy-deffus diftin
gué les alliances de la Maifon
de Montmorency em
trois manieres . Premiere
ment , dans fon commencement
. Secondement ,
depuis la feparation de fes
deux grandes branches , &
en troifiéme lieu , en celle
que la branche de Laval a
euë depuis fa feparation .
d'avec celle de Montmo
I. PARTIE. 81
rency. J'en rapporte quatre
qui font d'une tresgrande
illuſtration . La premiere
eft celle que Guy X.
Comte de Laval contrac
ta en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, & dont l'arriere pe
tite fille Ifabeau de Laval
époufa Louis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'eft
cette feconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaifir à la Maifon de
Montmorency ; puifque
c'eft de cette Ifabeau de
Laval que defcend toute la
82 MERCURE
Maiſon Royalle de Bourbon,
cftant la fixéme ayeulle
paternelle de noftre
grand Monarque Louis
XIV. à prefent regnant ,
qui voit en cette prefente
année 1711. fon Throfne
affermi dans fa Maiſon
pour plufieurs années par
la naiffance de fes arriere
petits fils Monfeigneur le
Duc de Bretagne , & Mon.
ſeigneur le Duc d'Anjou ,
&par cette alliance toutes
les Teftes couronnées de
l'Europe qui regnent au
jourd'huy font alliées à la
I. PARTIE. 83
Maifon de
Montmorency,
La troifiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maiſon , c'eft de voir
René d'Anjou Roy de Naples
& de Jeruſalem , qui
époufa Jeanne de Laval en
fecondes noces , mais cette
Reine n'en ayant point en
d'enfans , il n'eft resté à fa
famille que le plaifir de
s'en fouvenir .
& La quatriéme & dernie
re alliance eft celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
de Naples , qui fut femme
84 MERGURE
de Guy XVI. Comte de
Laval ; ils eurent plufieurs
enfans , entre autres deux
filles , dont l'aifnée Catherine
de Laval épouſa Claude
Sire de Rieux , qui porta
dans la Maifon de Coligny
le Comté de Laval ,
qui aprés l'extinction de
cette branche est tombé
dans celle de fa foeur cadette
Anne de Laval qui
époufa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars , dont eft defcendu
Monfieur le Duc de la
Tremoille qui poffede auI.
PARTIE . 8
jourd'huy le Comté de Laval
, & qui à caufe de cette
alliance , fait fes proteſtations
à tous les Traitez de
Paix , où il envoye une
perfonne pour le reprefenter
, prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
fa quatrième ayeulle.
Sans s'attacher à toutes
les alliances fouveraines
de cette illuftre Maiſon ,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres confiderables
qui luy font alliées ,
& le grand nombre de
y
86 MERCURE
Maiſons qui y ont pris des
femmes , tient à honneur
d'en eftre deſcendu , & ſe
fontun plaifir d'arborer les
Armes de Montmorency
dans leurs alliances.
L'on voit parmy les
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de la Maiſon de
Montmorency que d'aucune
autre Maiſon ; l'on y
compte deux grands Senéchaux
, fix Conneftables, &
un Conneftable d'Hibernie
, neuf Marechaux, quatre
Grands Amiraux , trois
1. PARTIE . 87
Grands Maiftres de la
Maifon du Roy , trois
Grands Chambellans , deux
Grands Bouteillers ou Efchanſons
, & deux Grands
Pannetiers.
Pluſieurs Conneftables,
& autres Grands Officiers
de France , font fortis de
cette Maiſon tres illuftre ,
ou en ont épousé des filles,
outre que cette Maiſon a
auffi produit plufieursDucs
& Ducheffes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
efté le partage des Sei-
む
88 MERCURE
1
gneurs de Montmorency
neanmoins l'on en voit
tres peu qui ayent eſté reveftus
de Dignitez Ecclefiaftiques
; l'on en voit cependant
un Archevefque
Duc de Reims , des Evef
ques d'Orleans , & peu
d'autres .
Ils ont encore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglife , dont on revere
la memoire aux Vaux
de Cernay en Beauce , c'eft"
faint Thibaud de Montmorency
Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
I. PARTIE. 89
d'Aline d'Angleterre , lequel
ſe croiſa en 1173. pour
le voyage de la Terre fainte.
A fon retour il fe fit
Religieux de l'Ordre de
Cifteaux , en l'Abbaye du
Val , puis il fut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Verſailles , entre
Chevreuse & Ramboüillet
, où il mourut faintement
vers l'an 1189 .
Enfin tant de grandeur
dans une Maiſon fait affez
connoiftre que la valeur a
efté hereditaire dans l'ame
des Seigneurs de Mont-
Decembre. 1711. I H
90 MERCURE
morency, & leur a fait meriter
tous ces honneurs
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffenfe de leurs Roys , &
de leur patrie , s'eftant tousjours
trouvez à la tefte des
Armées qu'ils comman
doient en chef , où ils ont
fait paroiftre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils .
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc , Pair , Marechal
, Conneſtable , &
1. PARTIE 91
Grand Maiftre de France
lequel après avoir blanchi
fous le harnois militaire ,
pour la deffenſe du Roy ,
& de la patrie , remporta
dans le tombeau la gloire
d'eftre mort au lit d'honneur
, puifque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de faint Denis , il
y receut huit coups mortels
, dont il mourut deux
jours aprés en fon Hoſtel
de Montmorency à Paris ,
eſtant âgé de prés de quatre
vingt ans , comblant
par ce moyen les derniers
I
Hij
92 MERCURE
jours de fa vie d'une fin
tres glorieuſe , aprés avoir
fervy cinq Roys , & aprés
avoir paffé par tous les degrez
d'honneur , & s'eſtre
trouvé à huit Batailles , en
ayant commandé quatre
en chef; auffi le Roy Char
les IX. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre , ordonna que
fa Pompe funebre fuft faite
en l'Eglife de Noftre- Dame
de Paris , avec toute la
magnificence poffible , où
toutes les Cours fouveraines
affifterent par ordre du
1.
PARTIE.
•
93
Roy. De là fon
corps fut
porté en l'Eglife de faint
Martin
de Montmorency
,
& fon coeur en celle des
Celeftins
de Paris , où il
fut mis dans un Caveau
,
proche de celuy du Roy
Henry II. Il eftoit bien
jufte qu'un coeur qui avoit
efté aimé de fon Prince ,
& qui avoit eu part à fes
plus importantes
affaires ,
fuft aprés fon trépas inhu
mé proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant fa vie ..
94 MERCURE
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre : Succeffion
Chronologique des Empereurs ,
des Imperatrices d'Occident,
depuis Charlemagne ·juſqu'à
prefent.
1.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains
, ni les Empereurs
d'Orient , on s'eft borné
à rapporter la Chronolo .
gie des Empereurs , & des
Imperatrices d'Occident ,
qui font ceux qui ont regné
en Europe depuis l'an
I.
PARTIE .
95
Boo. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le reftaurateur
de l'Empire d'Oceident
, quoyqu'il foit vray
qu'il eftoitEmpereur avant
qu'il euft efté reconnu tel
parles Romains eſtantEmpereur
par fa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant efté cedé à Clovis en
508. & confirmé à fes petits
fils par l'Empereur Jus
ftinien. Il eftvray que de
puis l'an 875. on n'a recon
96 MERCURE
nu pour Empereurs que
ceux qui ont efté reconnus
tels par les Papes , que mef
me les Rois de Germanie ,
& d'autres qui ont efté couronnezEmpereurs,
n'ayant
pris ce titre , du moins juf.
qu'au fiecle dernier , qu'aprés
ce couronnement , fe
contentant , jufqu'à cette
ceremonie , de celuy de
Roy desRomains ou d'Empereur
élu . On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoift pour Empereurs
ou qui ont efté élus
Empereurs ,
I. PARTIE. 97
Empereurs , par des partis
, pour les oppofer à ceux
qui avoient efté legitimement
élûs , ils font diftinguez
par des Couronnes
differentes .
Difcours fur la Dignité des
Empereurs , & fur fon
origine.
Le titre
d'Empereur a
pris fon origine des Romains
, elle ne fignifioit
pour lors que Commandant
ou General des Armées
, & il eftoit beaucoup
Decemb. 1711. I I
98 MERCURE
au deffous de celuy de Roy,
& marquoit une puiffance
moins abfoluë , ce qui porta
Augufte à la prendre ,
lorfque vingt neuf années
avant la naiffance de Jefus-
Chrift , il fe fut rendu maiftre
de Rome , & de tous les
pays foumis à la Republique
Romaine , fous ce feul
titre d'Empereur il joüit
d'une authorité fouverai
ne . Ses fucceffeurs prirent
& porterent le ' meſme titre
qu'ils eurent dans la
fuite fort fuperieur à celuy
de Roy , parce que leur
I. PARTIE.
29
puiffance & leur domination,
eftoit plus grande que
celle d'aucun Roy de la
terre.
Les pays foumis à la domination
Romaine s'appellerent
l'Empire Romain
, cet Empire eftoit
d'une eftenduë tres vaſte ,
il arrivoit fouvent par des
revoltes qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs
, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans . Poftume
s'éleva de la forte en
260. & forma l'Empire des
Gaules , qui comprenoit les
I I ij
100 MERCURE
Gaules , l'Eſpagne & les
Ifles Britanniques
.
Cet Empire des Gaules ,
détaché de l'Empire Romain
, ſubſiſta peu , & fe
reftablit dans la fuite par
des partages. Il fut le feul
que l'Empereur Conftans ,
pere de l'Empereur Conftantin
ait poffedé ; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fa perfonne , ſes fils le
partagerent , Conftantin ,
qui eftoit l'aifné, eut l'Empire
des Gaules & le poſfeda.
Dans la fuite , & partiI.
PARTIE. 101
culierement depuis la mort
du grand Theodofe , l'Em--
pire Romain fe trouva partagé
en deux ; fçavoir l'Empire
d'Occident , dont Rome
eftoit la Ville capitale ,
& l'Empire d'Orient , qui
avoit Conftantinople pour
Ville principale ; l'Empire
d'Occident finit en la perfonne
d'Augufte Momille
pris prifonnier , & déposé
le 31. Octobre 476. L'Empire
d'Orient a fini le 20 .
May 1453. par la mort de
Conftantin Paleologue, qui
deffendant la Ville de Con-
I iij Ι
10Z MERCURE
ftantinople contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs , qui la tenoit affiegée
. Conftantin fut étouffé
par la foule à une des
portes de la Ville , fon corps
ayant efté trouvé on luy
coupa la tefte , qui fut mife
au bout d'une pique , les
femmes & les enfans qui
reftoient de la Maiſon Imperiale
, furent maffacrez ,
ainfi finit l'Empire d'Orient
qui a efté depuis aux
Tures qui le poffedent depuis
ce
temps.
L'Empire d'Occident ,
I. PARTIE. 103
ou du moins celuy des
Gaules, fut cedé à Clovis
en 508. & confirmé à fes
petits fils par l'Empereur
Juftinien , ainfi Charlemagne
, que l'erreur commune
fait le reftaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. eftoit Empereur par
fa feule qualité de Roy des
François , & l'Empire a reſté
dans la famille l'efpace
de cent onze ans pendant
de neuf Empe- le
regne
reurs defcendus de luy ,
cinq defquels ont efté
Rois de France, aprés quoy
I I iiij
104 MERCURE
l'Empire a paffé à des Princes
de differentes Maifons
par élection . Il y en a eu
cinq de la Maifon de Franconie
, cinq de la Maiſon
de Saxe , fept de celle.de
Souaube , deux de celle de
Brunſwick , un de celle de
Naffau , cinq de celle de
Luxembourg , deux de Baviere
, feize de celle d'Au
triche , y compris l'élection
de l'Archiduc , defquels
feize Empereurs il y
en a treize de fuite & fans
interruption depuis l'élection
de l'Empereur Albert
I. PARTIE.
105
que l'Empire n'eſt
ty de leur Maifon . Il y a
eu quantité d'autres Maifons
qui ont efté honorées
de la Pourpre Imperiale
,
comme font celles de Spolette
, de Provence
, de
II . en 1438. qui font deux
cens foixante & treize ans
pas
for-
Frioul , de Quefort , de
Hollande , d'Angleterre ,
& d'Efpagne ; tous lesquels
Empereurs ſe voyent dans
la Carte que Mr Chevillard
Hiftoriographe de
France , & Genealogifte du
Roy vient de mettre au
106 MERCURE
jour , dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jufqu'à preſent ,
avec les Imperatrices leurs
Epoules.
Monfieur Chevillard a
donné au public depuis
vingt ans nombre de Cartes
de Chronologie , d'Hif
toire , & de Blafon, en quatre
vingt deux feuilles , &
travaillé à plufieurs autres
fujets , qu'il efpere qui feront
plaifir au public . On
trouve encore chez ledit
I.
PARTIE . 107
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles , de
l'hiftoire de l'ancien Tef
tament en genealogie , depuis
Adam jufqu'à Jefus
Chrift , dans laquelle , outre
la Genealogie , il fe trouve
l'Hiftoire fainte , & celle
des Roys contemporains
des Patriarches.
Monfieur Chevillard demeure
tousjous ruë neuve
Noftre-Dame , au Duc de
Bourgogne.
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs ; voicy
les ceremonies de leurs
couronnements.
108 MERCURE
L'Empereur doit eftre
couronné trois fois , & ce
n'eft que par le dernier
couronnement qu'il eft en
pleine poffeffion de fon
eftat .
Le premier couronnement
fe doit faire à Aixla
- Chapelle , où il eft couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie fe fait en
luy mettant fur la tefte la
Couronne de Charlemagne
, & en le reveſtant des
autres ornements Royaux
qu'on croit avoir fervy à ce
Prince . Le Magiftrat de
I. PARTIE. 109
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aixla
- Chapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux , ou les Clinodes de
l'Empire , en latin Clinodia
Imperii. Il arrive ſouvent
que le couronnement ne
fe fait pas à Aix , mais dans
une autre Ville d'Allemagne
, foit que la Guerre ſoit
dans les environs de cette
Ville , foit qu'il y ait des
maladies contagieufes , ou
par d'autres raifons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
110 MERCURE
Jofeph avoit efté couronné
à Augsbourg , & fon
pere l'Empereur Leopold
avoit efté couronné à
Francfort .
Suivant le quatrième
Chapitre de la Bulle d'or ,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix- la- Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'eſt point fait
à Aix , l'Electeur dans la
Province
duquel il s'eft fait , luy a
difputé fon droit. Il a pré-
Ecclefiaftique
I. PARTIE. III
tendu que l'honneur de
couronner l'Empereur
n'eftoit déferé par la Bulle
d'or à l'Electeur de Cologne
que parce qu'Aix - la-
Chapelle eft dans le reffort
Ecclefiaftique de l'Archevefché
de Cologne . Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empereur
Leopold
, parce que
le couronnement de ce
Prince fe faifoit à Francfort
, qui eft du reffort de
l'Archevefché
de Mayence.
Depuis il a eſté fait
112 MERCURE
une tranſaction entre l'Electeur
de Mayence & celuy
de Cologne , qui dit
que lorfque le couronnement
fe fera à Aix- la - Chapelle
, il fera tousjours fait
par l'Electeur de Cologne .
Quand il fe fera hors du
reffort de l'Archevefché de
Cologne , ces Electeurs
doivent alterner . Le dernier
qui eft celuy de l'Empereur
Jofeph , fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maiſon d'Ingelheim .
Ainfi c'eſt à l'Electeur de
Cologne
-
I.
PARTI E. 113
Cologne à faire le premier.
Quand on élit un Roy
des Romains , on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur Jofeph
fut ainfi couronné à Augſbourg
en 1690. Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne aprés la
mort de fon pere l'Empereur
Leopold .
Le fecond couronnement
de l'Empereur fe doit
faire dans l'Estat de Milan
avec la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
Decemb. 1711. 1 K
114 MERCURE
appelle vulgairement la
Couronne de fer , quoy
qu'elle foit d'or , parce
qu'elle eft fouftenue par un
cercle interieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eft Roy de Lombardie.
Le troifiéme couronnement
fe doit faire à Rome
par les mains du Pape , &
ce n'eft que par ce troifiéme
couronnement que le
Prince eft Empereur , & le
premier des Souverains de
la Chreftienté. Jufqu'à ce
couronnement luy mefme
·
I. PARTIE. 115
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains , mais
feulement le titre d'éleu
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas com
ment il s'eft eſtably , qu'il
ait neanmoins
par luy &
par fes Reprefentants
les
mefmes prérogatives
que
s'il eftoit veritablement
couronné Empereur
, quoy
que fa dignité ne foit qu'élective.
Charles Quint eft
le dernier des Empereurs
qui ait efté couronné en
Italie , les autres n'ont elté
couronnez que comme
I Kij
116 MERCURE ·
Roys de Germanie . Cependant
ils ont voulu fe
mettre en poffeffion de
tous les droits des Empereurs
, meſme de ceux qui
`paroiffent attachez le plus
infeparablement à la couronne
Imperiale , & au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglife Romai.
ne en la recevant par les
mains du Pape . Teleft le
droit des premieres Prieres ,
qui eſt à peu prés le meſme
que celuy qu'on appelle en
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
I. PARTIE . 117
Il confifte à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales , tant
dans les Chapitres Catholiques
, que dans les Chapitres
Proteftants. Quand
l'Empereur Joſeph cut eſté
éleu Roy des Romains , &
couronné Roy de Germanie
, fon pere l'Empereur
Leopold confulta les plus
habiles gens d'Allemagne.
pour fçavoir ſi ſon fils , en
vertu de ce couronnement
, pourroit fe mettre
en poffeffion du droit des
premieres Prieres. Leurs ref
118 MERCURE
ponſes n'eftant pas favora
bles , il n'y eut point de
décifion en forme.
Monfieur Sevin a donné
la premiere partie de
fes Recherches fur l'Empire
des Affyriens. Dans
le deffein de developper
l'hiftoire de cette ancienne
Monarchie , il commence
par examiner quelle en a
efté l'origine. Quoy qu'en
difent la plufpart des autheurs
modernes , il fouf
tient qu'Affur en doit eſtre
regardé comme le premier
Fondateur , chaffé du pays
I. PARTIE . 119
de Babylone par Nemrod
, il fe retira au delà du
Tigre dans les Provinces
qu'arrofent le Lyc & le
Caper. Ce fut l'an 190. ou
environ aprés le Deluge
que les fondements de cet
Empire furentjettez . Il paroift
par ce qu'en dit l'Ecriture
, que dès les commencements
il fut affez confiderable
; fes Roys neanmoins
pendant plus de fix
fiecles , ne firent aucune
figure dans l'Orient . Belus
fut le premier qui entreprit
de faire des con
120 MERCURE
queftes , & ce Prince n'a
velcu que deux cens vingt
deux ans avant la fameufe
guerre de Troye . C'eft ce
que Mr Sevin prouve par
les tefmoignages de Thallus
,d'Herodote
, de Denys
d'Halicarnaffe
, d'Appien
,
de Porphyre & de Macrobe
il fait voir enfuite
comment ce Prince s'empara
de la Province de Babylone.
Voilà en peu de
mots le fujet de tout les
Difcours de Mr Sevin .
DEL
MERCURE
11. PARTI
LYON
*
1893
AMUSEMENS
濃鮮雞
Fe reçois dans le moment
un Memoirefurune
avanture , je voudrois
pour l'amour du Lecteur,
qu'ellefût moins verita-
Dec. 1711. 2 A
2 MERCURE ,
ble &plus jolie , elle meriteroit
mieux le nom
d'Hiftoriette que je žluy
donne feulement parce
qu'on en veut une chaque
mois , pardonnez, la
negligence du ftyle , les
mois font bien cours pour
l'Autheur du Mercure.
LE BON MEDECIN
L'
HISTORIETTE.
'Efté dernier un riche
Bourgeois de
IL PARTIE . 3
Paris alla faire un voyage
à Rouen
, & laiffa
chez lui fa fille , pour
Savoir foin de fon ménageselle
prit tant de plaifir
à le gouverner
, que
donna
cela luy
envie
d'en avoir un à elle ; un
joli voifin qu'elle voyoit
quelquefois fortifioit
beaucoup cette envie ,
elle l'aimoit, elle en étoit
aimée , en un mot ils fe
convenoient , c'étoit un
mariage fait , il n'y man-
2 A ij ·
4 MERCURE
,
5
quoit que le confentement
du pere , & ils ne
doutoient
point de l'obtenir
à fon retour : ils
fe repaiffoient
un jour
enfemble
de cette douce
efperance
, lorfque
la
fille reçût une lettre de
ce pere abfent ; elle ouvre
la lettre , la lit , fait
un cri , & la laiffe tomber
: l'amant
la ramaſſe,
jette les yeux deffus , &
fait un autre cri . Cruelle
furpriſe
pour ces deux
II. PARTIE.
tendres amans ! pendant
que cette fille fe marioit
de fon côté , le pere l'ayoit
mariée du fien , &
luy écrivoit qu'elle fe
preparat à recevoir un
mary qu'il luy amenoit
de Rouen .
Quoiqu'il vienne de
bons maris de ce payslà
, elle aimoit mieux
celui de Paris . La voila
defolée
, fon amant fe
defefpere , aprés les
pleurs & les plaintes on
2 A iij
ſe
6 MERCURE ,
fonge au remede , la
fille n'en voit point
d'autre pour prévenir
un fi cruel mariage que
de mourir de douleur
pere
aravant
que fon
rive. Le jeune
amant
imagina
quelque
chofe
de mieux
, mais
il n'ofa
découvrir
fon deffein
à
fa maîtreffe
. Non , difoitil
en luy - même
, elle
n'approuvera
jamais
un
projet
fi hardi
, mais
quand
j'aurai
réüffi
, elle
II. PARTIE. 7
me pardonnera
la hardieffe
de l'entrepriſe
, les
Dames pardonnent
fouvent
ce qu'elles n'auroient
jamais permis .
Notre amant la conjura
de feindre une maladie
fubite pour favoriſer un
deffein qu'il avoit , &
fans s'expliquer davantage
il courut à l'expedient
qui n'étoit pas
pas trop bien concerté :
Le jeune homme étoit
yif, amoureux & étour-
2 A iiij
8 MERCURE ,
di , à cela prés tres raifonnable
mais les
amans les plus raiſonnables
ne font pas ceux
qui réuffiffent le mieux .
Celui- ci s'étoit fouvenu
à propos qu'un
Medecin de Rouen étoit
arrivé chez un autre
Medecin fon frere , qui
logeoit chez un de les
amis ; il s'imagina
que
ce Medecin de Rouen
pourroit bien étre fon
rival', il prit ſes meſures
là - deffus .
II. PARTIE.
Il étoit affez beau
garçon pour avoir couru
pluſieurs fois le bal
en habit de fille. A ce
déguisement , foutenu
d'une voix un peu feminine,
il ajoûta un cor™
fet garni d'ouatte à peu
prés jufqu'à la groffeur
convenable à une fille
enceinte de ſept à huiť
mois : ainfi déguifé dans
une chaiſe à porteur ,
fur la brune il va myf
terieuſement chez le
to MERCURE,
Medecin , fe doutant
bien que le fecret qu'il
alloit lui confier feroit
bientôt revelé à l'autre
Medecin fon frere : La
choſe luy réüffit mieux
encore , car le Medecin
de Paris n'étoit point
chez luy , n'y devoit
rentrer què fort tard , &
le Medecin de Rouën
étoit arrivé ce jour - là ,
& fe trouvant dans la
falle fe crut obligé de
recevoir cette Dame
II. PARTIE. It
qui avoit l'air d'une pra
tique importante pour
fon frere. Il
engagea la
converfation avec la
fauffe fille , qui ne luy
laiffoit voir fon vifage
qu'à travers une coëffe .
Elle luy tint des difcours
propres à exciter
fa curiofité , & paroiffoit
prendre confiance
aux fiens à mesure qu'il
étaloit fon éloquence
provinciale pour luy
paroître le plus habile
wide
12 MERCURE ,
& le plus difcret Medecin
du monde . Dés qu'-
elle eut reconnu fon
homme pour être celuy
qui la devoit époufer
c'eft- à -dire qui devoit
époufer fa maîtreffe
dont il vouloit faire ici
le perfonnage
, il tira
fon mouchoir , fe mit
à pleurer & fanglotter
fous fes coëffes
, & aprés
quelqu'une
de ces ceremonies
de pudeur que
Fufage à prefqu'autant
II. PARTIE. 1
1
abregées que les autres
ceremonies du vieux
temps ; il parla au Me
decin en ces termes.
Monfieur , vous me
paroiſſez ſi habile & fi
galant homme , que ne
connoiffant
pas Monfieur
vôtre frere plus
que vous , j'aime enco
re mieux me confier à
vous qu'à luy enfuite
la confidence fe fit pref
que fans parler , la jeune
perfonne redoubla
*
44 MERCURE ,
fes pleurs , & entr'ou
vrant fon écharpe pour
faire voir la taille d'une
femme groffe , elle dit ,
Vous voyez la plus malheureufe
fille du monde .
Le Medecin des plus
habiles , connut , fans
duy tâter le poulx , de
quelle maladie elle voudoit
guérir , il luy dit ,
pour la confoler , qu'il
couroit beaucoup de ces
maladies- là cette année
& qu'apparemment on
II. PARTIE.
luy avoit promis mariage
, helas ! oüi , repliqua-
t - elle , mais le
malheureux qui m'a féduite
n'a ni parole , ni
honneur.
Aprés plufieurs invectives
contre le feducteur
& contre ellemême
, elle conjura le
Medecin de luy donner
quelqu'un de ces remedes
innocens , qui précipitent
le dénouement
de
l'avanture
, parce
16 MERCURE ,
qu'elle attendoit dans
peu un Mary de Province
.
pas
Quoique le Medecin
nes'imagina pas d'abord
qu'il put être ce Mary
de Province
qu'on attendoit
, il ne laiffa
d'avoir plus de curiofité
qu'il n'en avoit eu
jufques- là, & pour s'attirer
la confidence
entiere
, il redoubla fes
proteftations de zele &
de difcretion . Enfin
aprés
II. PARTIE . 17
aprés toutes les fimagréés
neceffaires , nôtre
jeune homme déguiſe
luy dit : Je fuis la fille
d'un tel , qui m'a écrit
de Rouen , qu'il m'avoit
deftinée un honnête
homme, mais tel qu'il
foit , on eft trop heureufe
de trouver un Mary
aprés avoir été trompée
par un amant. Vous
comprenez bien quel
fut l'effet d'une telle
confidence fur le Me-
Dec.
1711 .
2 B
18 MERCURE ,
decin , qui crut voir fa
future épouſe enceinte
par avance , il demeura
immobile , pendant que
luy embraffant les genoux
, elle le conjuroit
de conduire la chofe de
façon , que ni fon Pere ,
ni le Mary qu'elle attendoit
, ne pût jamais
foupçonner fa fageffe.
Le Medecin prit ladeffus
le parti de la difcretion
, & fans témoigner
qu'il fût l'honnête
II. PARTIE. 19
鉴homme que l'on vou
loit charger de l'iniqui
té d'autrui , il offrit fon
fecours , mais on ne l'accepta
qu'à condition
qu - il ne la verroit point
chez fon Pere , on fupe
pofoit que le Medecin
feroit affez delicat pour
rompre un tel mariage,
& affez honnête homme
pour ne point dire
la caufe de la rupture
.
Le Medecin alla chez
le Pere dés qu'il le fçut
Bij
20 MERCURE ;
arrivé , ce Pere luy dit
avec douleur qu'il avoit
trouvé en arrivant fa
fille tres malade , & ce
lui- ci , qui croyoit bien
fçavoir quelle étoit fa
maladie , inventa plufieurs
pretextes de ru
pture , mais le Pere ef
perant
que la beauté
de
fa fille pourroit
renouër
cette affaire
qu'il fouhaittoit
fort , mena
no
tre homme
voir la malade
comme
Medecin
,'
II. PARTIE . 21
& elle le reçût comme
tel , ne fe doutant point
qu'il fût celui qu'on lui
vouloit
donner pour
mary , fon Pere n'avoit
encor eu là - deffus aucun
éclairciffemét avec elle ,
la voyant trop mal pour
lui parler fi - tôt de may
riage ; le Medecin , qu'il
pria d'examiner la ma
ladie de fa fille , parla
avec toute la circonfpe
ction d'un homme , qui
ne vouloit rien appro22
MERCURE ,
fondir; il demanda du
temps pour ne point
agir imprudemment ,
cette difcretion plût
beaucoup à la malade ,
elle crût que connoif-
•
fant bien qu'elle feignoit
cette maladie , &
qu'elle avoit quelque
raifon
importante pour
feindre , il vouloit lui
rendre fervice ; dans
cette idée elle le gracieufa
fort , il répondit
à fes
gracieufetez en
II. PARTIE. 27
Medecin qui fçavoit le
monde , enforte que cette
confultation
devint
infenfiblement une converfation
galante , c'eft
affez la methode de nos
Confultans modernes ,
& elle vaut bien , pour
les Dames , celle des anciens
Sectateurs d'Hipocrates
. Le tour agreable
que prit cette entrevûë
, donna de la gayeté
au Pere , qui dit en badinant
, que comme Pere
24
MERCURE,
difcret il laiffoit fa fille
confulter en liberté fon
1
Medecin , & les quitta,
croyant s'appercevoir
qu'ils ne fe
déplaifoient
pas l'un à l'autre .
Voila donc le Medecin
& la malade en li
berté , leur tête- à- tête ?
commença
par le filenla
fille avoit remarce
,
qué dans ce Medecîn
tous les fentimens d'un
galant homme , mais
elle
hefitoit
pourtant
encor
II. PARTIE . 25
encore à lui confier
fon fecret. Lui de fon
côté ne comprenoit pas
bien pourquoy elle hefitoit
tant ; fi l'on fe
fouvient icy de l'entrevûc
du Medecin & de
l'amant déguisé en fille
enceinte , on comprendra
qu'une fi grande
reſerve dans cette fille
qu'il croyoit la même ,
devoit le furprendre
;
cependant il y a des
filles fi vertueules , qu'-
Dec., 1711. 2 C
26 MERCURE ,
है
un fecond aveu leur
coûte prefque autant
que le premier. Nôtre
Medecin tâcha de r'ap
peller en celle- cy cette
confiance dont il croyoit
avoir été déja honoré.
Cela produifit une
converfation équivo
que , qu'on peut aifément
imaginer , la fille
lui parloit d'une maladie
qu'elle vouloit feindre
pour éloigner un
mariage , & le Medecin
II. PARTIE. 27
d'une autre maladie
plus réelle , dont il croyoit
avoir été déja le
confident. Quoyqu'il
touchât cette corde tres
delicatement , la fille en
fremit de furpriſe &
d'horreur , elle pâlit ,
elle rougit , elle fe trouble
, tous ces fymptomes
étoient encor équivoques
pour le Medecin
, la honte jointe au
repentir fait à peu prés
le même effet , il fe fer
Cij
18 MERCURE,
pour la raffurer des lieux
communs les plus confolans
, vous n'êtes pas
la feule à Paris , lui ditil
, ce malheur arrive
quelquefois aux plus
honnêtes filles , les meil
leurs coeurs font les
plus credules , il faut efperer
qu'il vous époufera.
On juge bien
que l'é
clairciffement fuivit de
prés de pareils difcours,
mais on ne fçauroit imaII.
PARTIE . 29
•
giner la furpriſe où ils
furent tous deux quand
la choſe fut miſe au net,
le Pere arriva affez tôt
pour avoir part à l'é
clairciffement & à la
furprife , ils fe regar
doient tous trois fans deviner
de quelle part venoit
une fi horrible cas
lomnie , la fille même
n'étoit pas encor au fait
lorfque fon amant arriva
de la maniere que
vous allez voir. 22
C iij
30 MERCURE ,
fe
Pendant que cecy
paffoit
, l'amant
inquiet
vint s'informer
de la
fille de Chambre fur le
mariage qu'il craignoit
tant ; elle avoit entendu
quelque chofe de la rupture
, elle l'en inftruifit
, & il fut d'abord
tranfporté de joye e
mais ayant appris enfuite
que le Medecin
venoit d'avoir un grand
éclairciffement avec le
Pere & la fille , il perdit
II. PARTIE . 31
la tramontanne , & courut
comme un fol à la
chambre de fa Maîtref
fe , & là tranfporté de
defefpoir il lui demanda
permiffion de fe percer
le coeur avec fon
épée , il n'ofa faire fans
permiffion cette feconde
fottife , qu'elle n'auroit
pas plus approuvée que
la premiere ; il entra
donc , & fe jetta la face
contre terre entre le
Pere , la fille & le Me-
C iiij
32
MERCURE ,
decin , qui fe
regardoiết
tous trois fans dire mot;
la fille parla la
premie
re , comme de raifon ,
& fon amour
s'étant
changé en colere , elle
ne parla que pour foudroyer
le pauvre jeune
homme , elle
commença
par lui défendre
de
la voir jamais , le Pere
auffi outré
qu'elle , le
fit fortir de fa Maifon
, & la fille auffi- tôt
offrit fa main au Me
*
II PARTIE.
33
decin pour fe venger de
l'offenfe qu'elle avoit
reçûë du jeune homme,
le Medecin convint
qu'il meritoit punition ,
& dit qu'il alloit luymême
le faire avertir
qu'il n'avoit plus rien à
prétendre , ainfi aprés
que le pere & la fille eurent
donné leur parole
au Medecin , il promit
de revenir le lendemain
pour terminer le marias
ge.
34 MERCURE ,
Le Pere & la fille pafferent
le reste du jour à
parler contre l'imprudent
jeune homme la
fille ne pouvoit s'en laf
3
fer , & fon Pere en la
quittant lui conſeilla de
dormir un peu pour ap
paiſer fa colere , lui
faifant comprendre qu'
un amant capable d'une
telle action ne meritoit
que du mépris . La nuit
calma la violence de fes
tranſports , mais au lieu
II. PARTIE . 35
du mépris qu'elle atten
doit , elle ne fentit fucceder
à la colere que de
l'amour , elle fit pourtant
cent reflexions fur
le rifque où l'avoit miſe
ce jeune homme d'être
le fujet d'un Vaudeville
, mais elle ne put trou
ver dans cette action
que de l'imprudence &
de l'amour , & le plus
blamable des deux
ne fert qu'à prouver
l'excez de l'autre , en36
MERCURE ,
forte qu'avant le jour
elle fe repentit d'avoir
donné fa parole , & fut
bientôt aprés au deſeſpoir
de ce qu'il n'y avoit
plus moyen de la retirer.
Quand le Medecin revint
il trouva fon épou
fe fort trifte , je me dou
tois bien , dit- il au Pere
en prefence de fa fille ,
qu'elle n'oublieroit pas
fi-tôt , ni l'offence , ni
l'offenceur
, elle pour
II. PARTIE. 37
toit s'en fouvenir encor
aprés fon mariage , fon
amant n'eft pas preſt
non plus d'oublier fon
amour , je viens de le
voir , j'ai voulu le pu-
*
nir , en lui laiffant croire
pendant vingt- quatre
heures qu'il feroit malheureux
par ſon imprudence
, il en eft affez puni
, car il a penſé mourir
cette nuit , je m'apperçois
auffi que vôtre
fille eft fort mal , voila
38 MERCURE ,
de ces maladies que fça
vent guerir les bons Medecins
: mariez - les tous
deux , voila mon Ordon .
nance.
Le jeune amant étoit
riche , la fille eût été
au deſeſpoir
; le pere
fut raifonnable
, le mariage
fe fit le même
jour par l'entremiſe du
bon Medecin.
II. PARTIE. 32
BOUTS - RIMEZ
du mois paffé.
ن م
L'Un aime le tambour ,
l'autre aime la flute ,
Le Docteur argumente , & le
Boulanger
blute :
Celui- ci d'un coup fier aime
à preßer le
flanc
Celui-là tire un liévre , un
autre tire au blanc :
Aminte fe repait d'une amou
reufe
flame
Auffi feroit Iris , mais elle
craint le blame ;
40 MERCURE ,
Belife fe mocquant & du
brun , du blond ,
Sur fes voifines fait des couplets
deflon
Aon.
Chacun a fès plaifirs , mais
Caron dans fa
flete
belette
Nous attend, &la mort plus
•fine que
Nous furprend, moißonnant
les humains à grands flots :
Ainfi du marbre enfin le temps
détruit les blocs.
QUESTION.
II. PARTIE . 41
QUESTION.
Quelle difference y at-
il entre la tendreſſe &
l'amour ?
REPONSE .
Le coeur fait la tendreffe
, & l'imagination
fait l'amour. Il y a des
occafions où les mouvemens
du coeur , & les
effets de l'imagination
confondus . De font
Dec.
1711.
2 D
t
42 MERCURE ,
tout temps on a diſputé
fur les mouvemens
du coeur & de l'efprit ,
ce font vrais fujets.
Les deux partis peu
vent avoir raiſon .
REPONSE .
Les Poëtes font en
poffeffion de les confondre
, mais fans leur difputer
le droit d'exprimer
l'amour par le mot
de tendreffe , & la tenII.
PARTIE . 43
dreffe par le mot d'amour
, je crois qu'il n'y
a perfonne qui n'en faſſe
la difference , & tous
ceux qui d'abord fenfibles
au merite d'une jolie
femme , en deviennent
amoureux par degrez
, fçavent du moins
qu'ils étoient tendres
avant que d'être amoureux
, & que cet objet
avoit réveillé la tendreffe
dans leur coeur avant
que d'y former la paſ
2 D ij
44 MERCURE,
fion de l'amour.
>
La
tendreffe e pour
ainſi dire la trempe du
coeur
les uns aiment
plus , les autres moins
tendrement
, & chacun
aime felon la
convenance
de fon coeur .
L'amour
eft la tendreffe
d'un coeur attaché
à un objet , la ten-d
dreffe eft la qualité d'un
coeur qui n'attend
qu'un
objet pour s
3'
s'attacher.ucd
Je ne fçai fi ces défiII.
PARTIE . 45
nitions paroîtront bien
justes dans un temps où
1 amour tient moins de
la tendreffe que de la
volupté ; auffi n'ai - je
pretendu parler que de
celui que la tendreffe
produit. L'amour eſt la
plus naturelle & la plus,
belle de toutes les paffions
, parce que la tendreffe
eft la plus naturelle
& la plus belle de ba
toutes les qualitez du
coeur humain ; parce
46 MERCURE,
que la volupté l'a dé
gradée , l'amour eſt une
paffion qu'on cache , &
dont on rougit
.
Si la tendreffe feule
agiffoit dans l'amour ,
cette paffion feroit la jufte
meſure de la bonté ,
de la nobleffe , & de la
delicateffe des coeurs ;
& la decadence de cet
amour vient fans doute
des efprits les plus bornez
, qui incapables des
grandes idées , & des
II. PARTIE. 47
3
beaux fentimens , në
trouvent de reffources.
ni de plaifirs que dans
la volupté. Comme le
nombre des efprits médiocres
eft le plus grand
& le plus fort , la plû
part des Dames fe font
tellement rangées de
leur party qu'elles fe
paffent maintenant fort
bien de tendreffe , &
qu'elles la regardent
comme imbecillité dans
ceux qui font en âge de
48 MERCURE,
raiſon, & dans les jeu
· nes gens comme le défaut
d'un ufage qu'elles
efperent que l'âge & le
monde leur donnera. Ce
ne font point elles qui
confondront l'amour
avec la tendreffe ; j'en
foupçonnerois bien plûtôt
celles , qui malgré
le torrent de l'ufage
foûtiennent encore
f'honneur d'une paffion
que tant d'autres exem
ples aviliſſent .
II. PARTIE. 49
Je fuis bien éloigné de
penfer que la race en foit
efteinte , & quand j'ay
dit que la plufpart des
femmes fe rangeoient du
mauvais party , c'eft que
leur nombre, fuft- il mille
fois plus petit , me paroiftroit
tousjours trop
grand.Quoyqu'ilen
foit ,
rien ne fait plus d'hon-
7 neur aux femmes que la
tendreffe des hommes, &
pour moy j'y conçois de
grands plaiſirs , & je ſuis
Decembre 1711, 2 E
So MERCURE
perfuadé que le plaiſir ſecret
que fait la lecture
des belles Tragedies &
des beaux Romans vient
de la tendreffe qui y eft
peinte . On eft charmé de
retrouver en foy les mcfmes
fentiments qu'on y
donne aux Heros.
L'âge d'or n'avoit rien
de fi doux que l'union des
deux fexes , par l'amour
que produit feulement la
rendreffe ; & le prefent le
plus funefte qu'on puſt
II. PARTIE.
leur faire eſtoit la volupté
que Pandore apporta ,
& qui finit pour jamais
cet heureux temps . Pour
lors
Les deux fexes eftoient
unis des plus beaux .
noeuds ;
Ce qui pouvoit les rendre
heureux
N'eftoit jamais illegitime.
Leur penchant eftoit leur
maxime ;
Par la fimple nature ils
eftoient vertueux
2 E ij
$2 MERCURE
Le respect , l'amour , &
l'eftime
Eftoient les feuls liens de
leur focieté
,
Et chacun poffedoit
fans
crime
Son plaifir &fa liberté.
Mais , ofunefte barbarie!
Bientoft l'infame volupté
Vint troublerparfa tirannie
La commune felicité.
La mutuelle fympathie
Qui s'expliquoit dans tous
les coeurs ,
II. PARTIE.
53
Effrayée à l'afpect de tant
defrenefie
Nyfit plus fentir fes dou
ceurs.
Sous les loix de cette traitreffe
Le coeur ne connut plus les
innocents defirs ,
Et tous les fens troublez,
d'une honteufeyureffe
Luy ravirent le droit de
choifirfes plaifirs.
Depuis ce tempsfatal , l'a
mant la
maiftreffe
Que ce monftre unit en un
N
E
ij
$4 MERCURE
jour
Gouftent les plaifirs de l'a
mour
Sans goufter ceux de la
tendreffe..
ENIGME S.
A. On donnera ordinairement
l'Enigme devinée
dans le Mercure fuivant
avec la nouvelle , afin
qu'on puiffe juger fi on
l'a devinée jufte. Voicy
une Parodie de celle de
la Toilette qui fera à
près le mefme effet.
peu
ی
II. PARTIE.
$52
A fa Toilette Alix n'a ny
poudre ny plomb . A
Croyez- vous pour cela
qu'elle y fait defoeuvrée
.
De fa Boutique bien parée
Cent ingredients font le
alb fond.
Elle fe les applique avec
mainte
grimace .
Les Rofes & les Lis dont
elle orné fa face
Ne font ny Lis ny Rofes
de
Printemps.
Toilette peut luy dire en
E iiij
$6 MERCURE
faifant l'importante
Avec le nombre de mes
ans
Près de vous mon credit
s'augmente ,
Et fans rougir vous n'ofe
moy prefent ,
Recevoir vos derniers
Amants.he
Noms de ceux qui ont
deviné cette Enigme.
Mr.de Conflans ; le
beau Licencié , & fon
gracieux Beaufrere ; la
Bru du Gendre de la BelIL
PARTIE. 57
lemere ; le beau Caffandre
.
EN VOY. .
Lafemme àquarante ans
Doitfonner la retraite .
Fe renonce aux Amans ;
Fayplié la Toilette.
Le Deferteur des Toilettes.
Guillemetté le
Blanc . Jerofme Carmin ,
& Mathurin Pomadet
affidus à la Toilette des
Dames . Le Farfadet ; le
jeune Doyen ; les deux
jeunes foeurs de la rue
t
38 MERCURE
Michel le Conte; la grof
fe Marguerite .
Par l'aimable & toute
fpirituelle veuve Me del
Coffeffeville.
Voftre Enigme me coufte peu ,
Ce n'estpour moy qu'une Amu-.
fette.
Fe la lis auprès de monfeu ;
Jela devine à ma Toilette.
Réponſe fur les mefmes
Rimes.
La Toilette vous coufte peu
Ce n'est pour vous qu'une
Amufette. 20
11. PARTIE .
Avec un teintfi vif, des yeux
fi pleins de feu ,
Coffeffeville n'a pas grand befoin
de Toilette.
Le Doux
rempant ; la
Grimaffe
brodée
; l'éloquent
Avocat
de la rue
Jean Fleury
; la belle Devineufe
a dit voftre Toilette
s'eft developpée à
mes
yeux .
EN. VOY
par une Precieufe
.
Une vive douce lumiere
to MERCURE
Avec peine & plaifir
m'entr'ouvre la paupiere ,
A ce charme des yeux je
veux donner un nom ;
Car ce n'eft point Diane,
encor moins Apollon
C'eft une beauté plus parfaite.
Qui donc ? eft-ce l'aurore?
non's
C'est le Soleil à fa Toilette.
ENIGM E.
Maformefait mon eftre ,
jexifte fans corps.
1
II. PARTIE. 61
On m'en donne
pourtant
de foibles & deforts
Dont hors de moy les uns
en
cercle fe
promenent ,
Et les autres en may haut
bas fe demenent.
Parmoy
fe fit jadis quelque
amoureux
larcin
Et par moy fut fauvé jadis
quelque
affaffin .
En toutpays je fuis d'une
mefme
nature;
Mais je change de noms
en changeant
defigure.
>
*
J
2
曩
62 MERCURE
Autre Réponse à la Que
ftion du mois dernier.
Par Mr P.
C
La tendreffe eft une
impreffion delicate que
fait fur un coeur la difpofition
qu'il a à devenir
amoureux ; elle devient
amour lorſqu'elle fe détermine
fur un objet.
Quoyqu'un enfant n'ait
point de ces defirs
preſſans
Qui fe rendent maistres
des fens ,
II. PARTIE. 6
Etfont despathons le fouverain
empire;
Déja pourtant on connoift
aspires qu'il afpire
A ce qui doit le dominer
unjour
Ainfi dans fa tendre jeu
and meſſe ,
A 2010 (ne
b
Amour n'eft
encor que
tendreffe:
Et
tendreffe eft
l'enfance
de
l'amour.
Questions nouvelles.
Qu'eft ce que le coeura
de
commun avec l'efprit?
+
64 MERCURE
On demande s'il y a
de la difference entre ce
qu'on appelle s'aimer , &'
ce qu'on appelle Amour
propre.
On s'eft déja plaint
plufieurs fois que je donnois
des Chanſons anciennes
mais on s'eft
plaint bien plus encore de
ce que j'avois interrompu
la fuite de mes Chanfons
de Caractere que j'a
vois promiſes au Public ,
& qu'on y chante tout
autrement
DE
LA
LYON
BIBLIOT
VILLE
II.
PARTIE. 65
autrement que je ne les
ay composées , parce que
je ne les ay jamais fait
noter.Cette derniere confideration
l'emporte , car
elle eft aidée de l'envie
que j'ay de les mettre à
Couvert de l'oubly & de
T'eftropiement.
CHANSON
du Tabac.
D'où me vient cette foms
bre humeur ?
Pourquoy mes foiblesyeux
craignent -ils la lumiere ?
Decembre 1711. 2 F
དོདན
66 MERCURE
Pourquoy fuis - je acablé
d'une trifte langueur
?
Ab ! je n'ay point ma
Tabatiere !
Point de Tabac , kelas !
plaifir , fanté,
Raifon , vivacité ,
Tout avec mon Tabac eft
refte fur ma Table.
Amyfecourable,
Le tien est-il bon .
deteftables
Il est parfumé.
Adefim , adefim , a de
Simple Tabacje fuis
II.
PARTIE. 67
accoustume.
Cet autre eftplus agreable.
Ab !qu'il eft aimable !
Ah ! quelle volupté!
Dieu du Tabac que tes
Autels
Soient encenfes par les
mortels.
Que du plus noir Petun
mille Pipesfumantes
Tefourniffent d'encens.
Que les Beautez les plus
charmantes
Se
barbouillent de tes prefens.
Fij
68 MERCURE
Que tes doyens enchifrene
Chantent
du ne
Tes plaifirsforcenez ,
Et que pour te rendre propice
,
Ton Temple retentiffe
D'eternuements &
Et de reniflements.
Ton Temple retentiffe
D'éternuements
Et de reniflements.
II. PARTIE. 64
Devifes des Jettons
de
l'Année 1712 .
TRESOR ROYAL
Des Cyclopes travail
lant à un Bouclier.
Arte atque metallo.
PARTIES CASUELLES.
Daphné changée en
Lauriers , & ces mots de
Virgile.
Mortalem eripuit
formam.
70 MERGUREN
ORDINAIRE
des Guerres.
La Maffue d'Hercule.
Eadem poft mille labores.
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercule avec fa peau
de Lion & fa
Maffuë ,
marchant agrands pas.
Orbem
pacare
laborat.
MARIN E.
Neptune dans fon Char.
Bello pacique
.
II.
PARTIE. 7
GALERE S.
Medufe couchée dans
fon antre au bord de la
mer.
Etiam tranquille videtur.
BASTIMENTS.
Minerve tenant à la
main une equerre & quelques
inftruments defardinage.
Gravibus folatia curis.
22 MERCURE
Le fujer choif pour te
Jetton de Madame la
Dauphine eft une Cou
ronnefermée de Dauphins,
pour Devife ces mots.
Magnus fplendor maximaque
virtus.
Celle - cy n'eft pas de
Académie,
MERCURE,
III. PARTIE
∙
DE
PIECES
FUGITIVES
PIECE NOUVELLE
par M. R.
ETRENNES,
en envoyant un Pigeon.
LE PIGEON.
DE
vous dire bon jour ,
ce n'eft grande merveille,
3 A
Dec.
1711.
2 MERCURE ;
Un Perroquet vous en di
roit
autant ,
Et ces bavards parlent
tout venant ;
Je fuis plus refervé , je par,
le
rarement ,
C'eſt méme tout bas
l'oreille ,
à
Que je vous fais mon compliment.
Meffager de l'amour , j'ar
riye de Cythere ,
L'Amour du Char de fa
mere
M'a détaché ce matin ,
Je me fixe chez vous , tendre
, fidelle, fage ,
III.
PARTIE
Et même auffi
gc ,
peu
vola-
Que fi j'avois encor mon
frein ,
Les foupirs font tout mon
langage ,
Ecoutez fans
courroux ces
muets
entretiens ,
De tous autres foupirs ne
fouffrez point l'hommage
,
Belle **** Belle
****
n'écoutez que,
les
miens
Vous fçaurez
quelque jour
que je fuis un grand
Maître
Dans l'art de
bequeter ,
A ij
MERCURE ,
d'attendrir un baifer ,
Et ma délicateffe eft fur
ce point peut-être ,
vray
modelle
à propo Un
fer.
En preffant ces levres fi
vives ,
Que de douceur j'y vais
puifer
Vos roſes & vos lys ont
des couleurs naïves
Qu'augmentent mes bai
fers fans les pouvoir
ufer ,
Pour vous donner du frais,
mes doux battemens
d'ailes
III. PARTIE.
Feront auprés de vous l'office
des Zephirs
Et fouvent ce feront à vos
tendres plaifirs
Des applaudiffemens
fidelles
,
Courrier leger, cheminant
par les airs ,
En cette qualité comment
vous fervirai-je ,
On fçait que mes pareils
en cent climats divers
De la Pofte ont le Privilege
,
Ils portent à leur col Lettres
& Billets doux ,
Et pour en rapporter les
A iij
6 MERCURE
réponſes fecrettes
Ils vôlent par - deffus les
têtes des jaloux ;
Mais de pareils emplois ,
de l'humeur dont
vous êtes ,
M'occuperont fort peu
pour vous
Voicy les Hymnes , les
Cantiques ,
Qu'en l'honneur de l'Amour
, fit un de fes
fujets :
On vante de ce Dieu le
2
pouvoir & les traits ;
Vous lirezfans rougir dans
Les
Panegyriques ,
III. PARTIE.
Les éloges de vos attraits .
Peut- être qu'apreſent Venus
fur fa toillette
Trouve un bijou de moins,
L'Amour eft le filou , moi
j'ai prêté mes foins
Venus fera fort inquiette ,
Si le vol n'eft point fait par
quelqu'autre Pfiché,
Et fi cette beauté , qui doit
étre parfaite ,
Par l'auteur du larcin n'a
point le coeur touché ,
Vous feule en avez connoiffance.
com
Ne m'en pourriez - vous pas
dire un mot aujourd'hui ,
A iiij
8 MERCURE ,
Faites-m'en la confidence
Je n'en parlerai qu'à luy.
Balzac dit qu'il y a
une figure de la piece
fuivante
dans une Table
de Jafpe à Naples ,
où les femmes
lapident
l'Amour
avec des Rofes-
AUTRE PIECE
nouvelle ,
à limitation d'Aufomne.
L'AMOUR PUNI
Loin de ces
prifons
redoutables
, AI,
III. PARTIE .
Où Pluton aux ombres
coupables ***
Fait fentir fon jufte
courroux ;
Il eft dans les Enfers des
azyles plus doux .
La des Myrthes toufus
forment de verds
ombrages ,
Qui n'ont rien des horreurs
de l'éternelle
nuit ;
Des ruiſſeaux y coulent
zud fans bruit ,
Des Pavots languiffans
10 MERCURE ,
couronnent leurs rivages
,
On voit parmi les fleurs
qui parent ce féjour ,
Hyacinthe & Narciffe ,
& tant d'autres
encore ,
Qui mortels autrefois
de l'Empire d'amour
Ont paffé fous les Loix
de flore.
Dans les fombres dé
tours de ces paifibles
lieux
Plufieurs Amans , dont
III. PARTIE. 11
la memoire
Doit vivre à jamais dans
l'Hiftoire ,
S'occupent encor de
leurs feux ;
L'ambitieufe
dente,
impru-
Qui voulut voir Jupiter
Armé de la foudre tonnante
,
Rappelle ce plaifir qui
lui coûta fi cher ,
Et la Maîtreffe de Ce
phale , Mich
12 MERCURE ,
Soupirant pour ce vainqueur
,
Cherit la fleche fatale
Dont il lui perça le
coeur , iban¶
Hero d'une main tremblante
,
Tient la lampe étince
lante ,
Qui luifervit feulement
A voir périr fon amant.
Ariane roule en colere
Ce fil trifte inftrument
d'un perfide attentat ,
Trop malheureuſe , heIII
. PARTIE . 13
las d'avoir trahi
fon Pere
Pour n'obliger qu'un
1:
îngrat.
Phedre , chancelante &
confufe ,
Baigne , mais trop tard
de fes pleurs ,
L'écrit où la main accufe
Ses criminelles ardeurs
Moins coupables cent
fois , & plus à plaindre
qu'elle
,
Et Didon & Thifbé
14 MERCURE ,
vont fe frapper le fein ,
D'un perfide ennemi ,
l'une a le fer en main ,
L'autre celui d'un amat
trop fidelle .
L'Amour , de leurs dou
leurs , voulut être
témoin
,
Decouvrir fon carquois
il avoit pris le foin ,
Les Arbres d'un boccage
,
L'épaiffeur d'un nuage
Adoucirent en vain l'é
clat de fon flambeau ,
III. PARTIE. IS
On reconnut bientôt
cet ennemi nouveau
,
Déja la troupe rebelle
Lui preparoit des Tour
mens inhumains ;.
L'Amour tout fatigué ,
ne bat plus que
d'une aîle ,
Il fe foutient à peine , il
tombe entre leurs
mains.
Amour , pour defarmer
les Juges implacables ,
C'eft vainement que tu
verfes des pleurs ,
16 MERCURE
On enchaîne tes mains ,
qui portoient dans
les coeurs F
Des coups inévitables ;
Attaché fur un Myrthe,
en proye à leurs
fureurs ,
Tu vas de mille morts
éprouver les horreurs ,
Leurs clameurs menaçantes
Ont étouffé tes plaintes
languiffantes ,
L'une vient t'effrayer
savec le fer fanglant ,
Qui
III. PARTIE. 17
Qui finit de fes jours le
Indéplorable refte ,
L'autre avec le débris
€ 25) encor étincelant
Du bucher de fa mort ,
theâtre trop funeſte ,
De fes pleurs endurcis ,
par le pouvoir des
Dieux ,
Myrrha fait contre toy
de redoutables armes ,
Leur poids va t'accabler,
fes remords ,
fes allarmes
Ne puniront que toy de
B. Dec.. 1711.
3 B
18 MERCURE ,
fon crime odieux .
L'Amourattire fa Mere
Par fes pleurs & par les
cris ,
Vient-elle à fon fecours?
non Venus en colere
Vient augmenter les
tourmens de fon fils.
Je n'ai que trop fouffert
de cet audacieux ,
Dit- elle , qu'à ſon tour
il éprouve ma rage ,
Des filets de Vulcain ,
des ris malins des
Dieux
III. PARTIE. 19
Je n'ai pas oublié l'outrage
,
C'eſt Venus en courroux
, qui menace ,
tremblez ,
Sa main s'arme auffitôt
d'un long bouquet
de Rofes ,
De leurs boutons à peine
écloſes ,
Le fang couloit dé-ja
fous fes coups redoublez
,
'Arrêtez Deeffe irritée ,
S'écrie avec tranſport
3 Bij
20 MERCURE ,
laTroupe épouventée,
Lorfque nous refpirions
le jour
Le fort fit nos malheurs
ce ne fut
pas
l'Amour.
PAR Mr. V. A Mr. DE**
Qui lui avoit envoyé un Remede
pour la Fiévre.
PLus ne m'enquiers de
quelle drogue avez !
Formé ce bol , par qui feroient
bravez
Bien plus de maux , plus
III PARTIE.
de peftes encore
Que parmi nous n'en ap
porta Pandore..
Nul mal ne tient contre
ce bol divin ,
J'envoys en moy
confirmée
la vertu
Contre une Fiévre en mon
fang allumée ,
Du Kinkina le fecours
étoit vain ,
Point n'en étoit la fureur
allentie ,
Vous dites Parts , & la •
voila
partie.
Mais à la fin le voile eft
arraché
,
22 MERCURE
Ainfi que vous , je fçai ce
qui compoſe
Ce bol , en qui tant de
force eft encloſe ,
Pour un Poëte il n'eft rien
de caché ,
Lors qu'Apollon nôtre efprit
a touché ,
Comme les Dieux nous
voyons toute choſe..
Que nous voulions penetrer
aux Enfers
Tous leurs fecrets à nos
yeux font offerts ,
Nous y voyons jufqu'à
l'ardeur farouche ,
Que pour fa femme a PluIII.
PARTIE.
1
ton dans la couche ;
S'il faut percer les myſte.
res des Cieux ,
Là , nous allons manger
avec les Dieux ,
Dans leur Confeil nous
fommes reçûs même ,
Nous y voyons Jupin ce
Dieu Luprême ,
Pour cent Amours furtifs
fe travailler ,
$
Et fon époufe aprés luy
criailler.
Dans fon Palais , dans fes
grotes profondes
Neptune en vain préten
droit fe cacher ,
Ca
24 MERCURE ,
Tout au travers de l'abyme
des Ondes
Nos yeux perçans iroient
là le chercher.
Nous difcernons les effences
premieres ,
Rien , en un mot , n'évite
nos lumieres ,
Aviez -vous crû pouvoir les
éviter ?
MA
Adonc , afin que n'en puiffiez
douter
N'eft-il pas vray que ce
bol falutaire.
Par qui tout maux font
gueris en ces lieux.
N'eft feulement qu'un magique
III PARTIE. 25
gique myftere
Qui de leur Ciel fait def
cendre les Dieux ,
Et les contraint de venir
en perfonne
Suivre la loy que vôtre bol
leur donne ?
Car je l'ay veu clairement
de mes
yeux ,
Er ne fuis point trop fimple
, trop credule ,
Lorfque je pris ce philtre
merveilleux
Sur le fommet de ce puif
fant globule
Je vis s'affeoir la Deeffe
Santé
Dec.
1711. 3 C
26 MERCURE,
*
Au teint vermeil , à ferme
corpulence ,
A la dent blanche , à l'oeil
plein de gayté , Ű
Et telle enfin qu'au fiécle
d'innocencev
Toûjours les Dieux l'ac
cordoient aux humains ,
Ou telle encor que leurs
benignes mains
La font fouvent dans le
fiécle où nous fommes ,
Briller au front de quel
ques bonnes gens ,
Qui malgré l'air corrompu
de nos
temps
Ont le coeur pur commeles
III PARTIE. 27
premiers hommes ,
J'entens Abbez , Chanoines
, & Prieurs,
Gens indulgens pour leur
propre moleffe
Et contre autrui fi feveres
crieurs.
Mais revenons à la faine
27324 Deeffe ,
Bacchus , l'Amour , les ris ,
les enjouëmens
Sommeil aifé , confiance
en fes forces ,
Defirs puiffants , delicates
amorces , T
Tout en un mot ce que de
Dieux charmans
C ij
28 MERCURE ,
Compte l'Olimpe , étoient
lors à fa fuite.
Ce n'eft le tout , je vis fous
fa conduite
Et j'en fremis encore de
relpect ,
Je vis ces Dieux fur moy
fondre avec elle ,
Je crus alors qu'une guerre
cruelle
S'alloit fur moy former à
fon afpect ,
Mais non,rien moins , la redoutable
Fiévre
Fuit fans combat comme
un timide Liévre
Fuit à l'afpect du vîte Lé
vrier.
III. PARTIE. 29
Aprés cela la Deeffe ra-
" vie
Marque à chacun des
Dieux qui l'ont fuivie
Le Logement qu'il doit
s'approprier.
Bacchus d'abord de mon
Palais s'empare ,
Pour pofte Amour mon
coeur s'en va choifir ,
Les enjouemens mon ame
vont faifir
Le doux fommeil auffitôt
fe
prepare
A fe loger dans mes yeux
languiffans
,
Non pour toûjours , con-
Ciij
30 MERCURE
vention fut faite
Que du Soleil chaque
courfe parfaite
Miſe en trois parts , fes pavots
raviffans
En auroient une , où fe
rains & tranquilles ,
Mes yeux pour eux feroient
de fûrs azyles , *
Que de ce cours , pendant
.
价
les autres parts ,
Mes yeux pourroient, dans
leur mince ftructure ;
Loger des Cieux , de toute
la nature
La vive image , & celle
* des beaux arts ,
III. PARTIE.
3L
0
Y
Et pour Iris mille amousupereux
regards.
La confiance ou l'abus de
ces forces
Courent remplir l'imagi-
Lo nation
Jolis defirs , delicates amorces
Prennent auffi même habitation
,
Puis d'autres Dieux dont
ne fais mention
Selon leur rang à leur de
voir fe rendent ,
Et la fanté de qui tous ils
Welles
dépendent
Ne voulut point prendre
A
Ciiij
32. MERCURE ,
un poste arrêté ,
Mais fe logea dans toute
la Cité. Supang
Ains , grace à vous , je me
vois en fanté ,
Mieux que ne fut oncques
le fort Hercule. C
J'ai toutefois là- deffus un
fcrupule , por
Dont befoin eft que vous
m'éclairciffiez.
Je craindrois fort que par
hazard n'euffiez
Fait un mécompte à l'égard
de mon âge , &I
Et qen faifant vôtre pa-
&te enchanteur
III
PARTIE. 31
Vous ne m'euffiez invoqué
50 par malheur
Quelque fanté trop jeune
& trop peu fage
J'ai fur le front trente-ſept
soud ans au moins ,
Or , fi m'aviez , par vos
A tragiques foins ,
#
Tout de nouveau fait couoler
dans les veines
Le même fang & les mêmes
efprits ,
Qui m'animoient à vingt
de
peines
h
ans , que
J'aurois
encor
fous le joug
de
Cypris !
34 MERCURE
,
DEDEDESTESTDEDEDEDESTORESENT
ODE
O
2
NOUVELLE
à Monfieur de M.
a
! Mufe , en ces , momens
, où libre
cette table ,
Jy voy mes airs fuivis de
ce bruit favorable
,
Qui me rend aujourd'huy
le plus fier des hu
mains
,
Viens , toi-même , & mets
moi Lyre entre les
mains ;
Que mes doigts en tirant
III.
PARTIE. 35
B
le fon le plus aimable ,
De tes pompeux accords ,
de tes accens divins
Render l'ufage à nos feftins.
*
Commençons ; je connois
à l'ardeur qui m'infpire
Que Pollymnie eft en ces
lieux :
Oui , je te reconnois , &
chacun dans fes yeux.
Avec tranſport me laiſſe
lire
Ce que peuvent fur nous
* C'étoit la coûtume chez les Anciens
de chanter aprés les grands repas.
Perfonat auratá .
Cythará crinitus Iopas
Virg. Hom. dans l'Iliade & l'Odyf
36 MERCURE,
tés fons harmonieux ,
Mais n'entreprenons point
de dire
Les exploits des Heros , la
naiffance des Dieux :
Comment d'un ſeul regard
ébranlant fon Empire
Jupiter fait trembler & la
terre & les Cieux ;
Ce qui forme les vents, ce
qui fait le tonnere,
Comment chaque faifon a
partagé la terre ,
Ce retour fi conftant &
des nuits & des jours ;
Entre tant de fujets fublimes
,
III. PARTIE.
37
Que toy feul aujourdhuy
fois l'objet de nos rimes;
Chantons la gloire de ton
cours.
Où fuis-je ? & dans cette
carriere *
D'où je vois s'élever fous
les pieds des chevaux .
Cette épaiffe & noble
pouffiere
Dont fe viennent couvrir
mille jeunes rivaux ,
Quel mortel ** affis les
couronne ?
Cette foule qui l'environne
Jeux Olimpiques .
** Pindare.
38 MERCURE ,
De fa voix feule attend le
prix de fes travaux.
Sur quel ton monte-t- il fa
lyre?
Et comment pourrai - je
décrire
Ses ambitieufes chanfons?
L'air s'ouvre devant luy de
l'un à l'autre Pole ,
Comme un Cygne écla
tant loin de nous il
s'envole ,
Et la hauteur du Ciel eft
celle de fes fons.
Mufe , avec tant d'efforts
à peine tu refpires ,
Mais , aimable Sapho , je
III. PARTIE. 39
t'entends , tu foupires ,
Tu cedes à l'amour qui poffede
tes fens.
Bien plus doucement que
Pindare ,
Tu fais que la raifon s'égare
BonnentendBlus,onmeurtporcedetes accens Bacchus
nous ranime
,
pour plaire
Il prend cette lyre lege
re
Qu'Anacreon touche pour
luy ;
A fa voix le plaifir ſe répand
fur la terre ,
Et partout il livre la guerre
40 MERCURE ,
Aux foins , à la peine ,
l'ennui .
De fes fons le galant Ho .
race
Parant fes accords avec
grace ,
Aux bords les plus fleuris
va dérober Fe thim ,
Plus diligent que n'eft une
abeille au matin .
Que loüerai - je le plus , ou
fa cadence juſte ,
Ou de fes vers aiſez le tour
ingenieux ?
Par fa main l'immortel
Augufte
Boit le même nectar qu'-
Hebé
1
III. PARTIE. 41
Hebé difpenfe aux
Dieux :
Mais fa lyre avec luy s'enferme
fous fa tombe ;
En vain , fans qu'un beau
feu daigne au moins
l'éclairer ,
Ronfard chez nos ayeux
cherche à la retirer :
Sous les vains efforts il
fuccombe
,
Et couvert du mépris plus
cruel que l'oubli ,
obfcure audace
Sous
fo
il refte enfeveli.
Mais le
Dec.
1711.
nous change ,
3 D
des arts pour
42 MERCURE ,
L'ordre des temps enfin
& s'explique & s'arrange
,
Et commençant l'éclat du
Parnaffe François
,
Nous donne de Malherbe
& l'oreille , & la
voix.
Quels accords épurez
quels nombres pleins
de charmes ,
Soit que , s'animant aux
combats ,
Il fuive au milieu des af-
1
larmes.
Un Roy qui foumer rouss
à l'effort de fon bras :
III.
PARTIE. 43
1
Soit que triomphant de
l'envie ,
Dans la paix des plaifirs
fuivie
Il peigne ce Heros le front
orné de fleurs ,
Et que luy faifant plaindre
une amoureuſe
peine
Il touche la Nymphe de
Seine
De fes incurables douleurs.
*
C'en eft fait , & le Ciel
acheve ;
De ces Maîtres fameux
* Vers imitez de Malherbe.e
3 Dij
44 MERCURE ,
je vois un jeune Eleve **
Qui fixe de nos airs &
l'éclat & le fon :
Efprit jufte , efprit vrai ,
que
fa force admirable
Du Pinde & du Lycée a
fait le nouriffon ,
Et qui ne reconnoît pour
beauté veritable.
Que celle qui veut bien
avouer la raiſon .
Muſe , joüis dans luy du
comble de la gloire ;
Ce mortel fi content au
temple de Memoire
M. de la Mothe .
III PARTIE. 41
Avec pompe en ce jour
à nos yeux eft conduit
;
Un immortel éclat let
fuit ,
btient à fon gré cet
h . neur qu'il defire ;
Ah ! qu'on ouvre ce tem
ple , & que chacun
admire
Ces Heros que l'eſprit y
raffemble à nos yeux :
*** entr'eux place fa
lyre
Plus brillante en ces lieux:
où le mérite afpire ,
Que celle d'Arion , qui
46 MERCURE ,
brille au haut des
Cieux.
M *** Eſtimateur aimable
Du mérite de nos écrits ,
Qui prendroit bien des
tiens le tour inimitable ,
Seroit fûr d'emporter le
prix.
Par toy déja deux fois admis
dans le myttere
De tes ouvrages fi bril
lans
,
J'ai vu pour les beaux arts
ton goût hereditaire ,
Un naturel ailé , les plus
III.
PARTIE. 47
rares talens.
J'ai vu que , ta mufe facile
Sur le Pinde avec grace
affermiffant
tes pas ,
Tu ferois fans peine Virgile
,
Si tu n'étois
pas
né du
rang
de Mecoenas.
48 MERCURE ,
Plufieurs
perfonnes
font ravics d'avoir des
Pieces fugitives anciennes
, qui n'étant point
imprimées échapent à
beaucoup de recueils ;
quelques - uns ne voudroient
dans les Pieces
fugitives que des Pieces
nouvelles : pour contenter
les uns & les autres je
donnerai de l'ancien &
du nouveau , car le nouveau
eft trop rare pour
en donner un volume
tous les mois.
MERCURE
GALANT.
IV. PARTIE.
NOUVELLES.
**IKIKINIKIINIMININK
BALNO
THE
OCE
BIBLIOT
YO
VILLE
DELA
{
Nouvelles d'Allemagne , de
Pologne & du Nord.
Quoy qu'on ait parlé le
mois dernier du Mariage du
Prince de Mofcovie avec la
Decembre 1711. 4. A
» MERGURE ·
Princeffe de Wolfenbuttel,
on a cru devoir donner ce
mois-cy plufieurs particula
ritez concernant cette Ceremonic
, dont on n'avoir
pas efté inftruit ; ainfi la
lettre fuivante qui a cfté écrite
à une grande Princeffe,
quoy que d'ancienne datte ,
peut eftre regardée comme
nouvelle : On commencera
toûjours à l'avenir , la partie
des nouvelles , par d'anciens
détails qu'on aura reçus depuisl'impreffion
duVolume
precedent.
IV. PARTIE 3
A Torgau le 27. Octobre.
qu'on
Le Czar arriva icyfamedy
dernier, Sa Majestéalla àpied
à la Cour; le Czarowitz fon
fils alla au-devant de luy ,
l'accompagna à l'Appartement
on luy avoit preparé. S. A.
le Duc Antoine Ulrick alla luy
rendre vifite. Monfeigneur le
Duc fe retira enfuite, & le
Czar alla voir la Ducheße
Louife , parce que la Reine
n'étoit pas encore habillée . Il
trouva auprés de la Ducheffe,
la Princeſſe fiancée au Czar-
4. A ij
4 MERGURE
owiz. Je dois vous dire , Madame
, que le Czar eft us
Prince grand, tres bienfait, &
fort gracieux. Il porte fes cheveux
qui font bruns & friſez.
Il a une grande barbe à la Polonoife
; fes habits font à la
Françoife ; mais plus modeftes
"qu'éclatans . Il a toûjours une
Canne à la main ,
d'un grand Capitaine , comme
il est en effet. Il parlefouvent
à fon Grand Chanchelier le
Comte Galenski
, & aux
Princes & Generaux Mcfowites
: il n'eſt pas un moment
oiff. Il parle Bas Alemand ,
il a l'air
IV. PARTIE,
autres
mieux qu'il ne croit luy même.
La Ducheße Louife le fair
fort bien entretenir. Il y a
toujours dans fes Apartements ,
des Bouffons , & des moindres
domestiques , miſlez avec les
Princes Generaux ,
Seigneurs. S. M. Czarienne
ne foupa point Samedy. Ala
fortie de la Comedie , dans le
temps qu'on fervoit fa Table .
elle entra dansfon Apartement ,
mit un Manteau furfa tefte
alla paffer la nuit dans une
Maifon de la Ville , où l'on
ne s'attendoit pas d'avoir l'honneur
de recevoir un fi grand
A iij 4.
MERCURE
Prince. Il fait prefque regu -
lierement quatre repas chaque
jour; il mange deux fois avec
la Reine , & deux fois chez
luy.
Le Mariage fe fit hier
Dimanche. Tous les Princes
toutes les Princeßes dinerent
en particulier , & fe rendirent
enfisite auprés de la Reine
La Cour étoit magnifique.
La nouvelle épouse avoit un
hahit de Moire d'argent , brodé
auffi d'argent , & fort riches
un Manteau Royal de la
mefme coulenr , fes cheveuse
bien treßez , & une Couronne
IV. PARTIE 7
couleur de Cramoify fur la
tefte , toute garnie de Diamants ,
Le Czarowitz avoit un habit
blancfort beau , brodé d'or ; &
le Czar avoit un habit rouge
dont les boutonnieres étoient de
Galon
d'argent.
Les Maréchaux vinrent
avertir à trois heures que
tout
étoit
preft
, & toute
l'affemblée
fe rendit
dans
la grande
Salle
où l'on avoit
dreẞé
un Autel
. Le vieux
Duc
mena
la Printrois
ceße fa petite fille , e
Dames de la Reineporterent la
queue de fon Manteau.
Le Czar accompagna la
A iiij
8 MERCURE
Reine , & le Czarowitz la
Ducheße Loüife. Dés qu'ils
furent arrivez le Preftre Gree
qui étoit habillé à peu prés de
mefme que les Catholiques ,
donna la Benediction ; il changea
les Bagues , e demanda
en latin au futur époux
lafuture épouse , s'ils vouloient
Je prendre pour Mary & pour
Femme. Il mit enfuite un
Bonnet Ducal , ou Couronne
de velours Cramoift , fur la
teste
te du Prince; mais celle
de la Princesse s'étant trouvée
trop étroite , le Czar ordonna
à fon Grand Chancellier de la
29
IV. PARTIE
tenir fur la tefte de cette Prin
eiße. Le Czar se promena
toûjours pendant ceste Ceremo
nie , lors qu'elle fut achevér,
ilfelicita les nouveaux époux.
On retourna enfuite chez la
Reine , dans le mesme ordre
qu'on en étoit foni , & toute
la Cour fit Compliment at
Prince à la Princeffe. Le
Czar donna pendant tout le
jour de grandes marques de
joye , il écrivit à la Princeffe
fon époufe qui étoit à Thorn en
Pologne , pour luy notifier ce
Mariage
a
On fervit un grandfouper
to MERCURE
à huit heures , fur une Table
où il y avoit douze Couverts .
Le Czarowitz fut placé dans
le milieu ayant àfa droite le
Czar fon Pere & la Princeffe
fon épouse à fa gauche . Le
Duc Antoine Ulrick, étoit a
la droite du Czar, la
Reine à la gauche de la nouvelle
époufe ; le Duc Loüis , à la
gauche de la Reine , ainſi que le
Prince Dolorouki , à l'un des
bouts de la Table : le Prince
Turbetti étoit vis - à- vis de l'a
Reine , le Prince Courquin ,
vis- à- vis de la Princeffe ,
General Pruffe vis- à- vis le
IV PARTIE. It
Duc Antoine Ulrick, qui
avoit à fa droite la Duchiffe
Loüife ; & le Comte Galouskt,
• à l'autre bout de la Table.
Aprés le fouper , on ſe rendit
dans la Salle où l'on avoit
fait la Ceremonie. Ony danfa
d'abord plufieurs danfes Polo-
1 noifes. Le Czarowitz danfa
le premier; le vieux Duc danfa
aprés luy , puis le Czar ,
enfuite tous les Princes Mofcovites
. Ces danfes durerens
long-temps ; le Czar fortoit
quelques fois de la Salle ,
غ ر ا ف
alors tout étoit dans l'inaction :
quelques fois les Bouffons dan…
12 MERCURE
foient feuls , puis fe faifoient
donner de grands verres pour
boire à la fanté de la Compagnie.
Le Czarowitz danfa
quelques Menuets ; le Bal
finit par une danfe Angloife
Il étoit onze heures lorsque
l'on conduifit les nouveaux
époux à leur Apartement. Le
Czarowitz alla fe deshabiller
dant un autre Apartement, &
quand on eut deshabille la
Princeffe , le Czar entra avet
toute la Cour. Le Prince fon
fils avoir une Robbe de Cham
bre rouge femée de fleurs d'or.
La Princeffe en avoit une blans
IV. PARTIE 13
A
chefemée de fleurs au naturel
brodées.
la
Aprés que le Czar cut
donné fa Benediction au Prince
fon fils , il le fit entrer dans le
Lit d'un cofté, pendant que
Princeße y entroit de l'autre ,
la Reine la Ducheße Louife
I étant auprés d'elle , enfuite
dequoy chacun fe retira,
P. S.
Le Duc Antoine, Ulrick
m'a dit qu'il feroitdeVendredy
en huit jours à Gorde qu'il ira
enfuite avec le Czarowitz à
14 MERCURE
* Francfort
voir le nouvel
Empereur, & que le Czar
partira Feudy pour la Pomeranie
, où la Campagne
eft fort
penible.
Voicy plufieurs autres
Lettres , qui quoy qu'elles
foient auffi
dattes , n'en font
curieufes .
P d'anciennes
pas moins
IV. PARTIE. 15
{
$
Copie d'une Lettre de M
Fabien , Envoyé d'Holf.
tein auprés du Roy de
Suede , dattée à Bender
le 3. Septembre.
Les Affaires font encore icy
au même état comme je l'ay
mandé par mes dernieres. Le
Capizilar Kiahiafi du grand
Vifir eft arrivé ces jours passés
à l'Armée ; comme il eft fort
dans les interefts du Roy de
Suede , on s'attend à quelque
changement favorable d'un
moment à l'autre ; le Palatin
de Kiovie & le Comte Tarlo ,
16 MERCURE
font allez trouver le grand
Viftr, à l'Armée & c'eſtà leur
retour que nous pourrons fçavoir
quelque chofe de pofinf.
Selon les apparences les Mofcovites
ne rendront point Afaff.
Ainfi la Guerre pourroit bien
eftre continuée. Ils ont demande
des nouveaux délais ; le
grand Vizir a dit à Meffieurs
Czeremethof, Schafirof
qu'il les feroitpendre vis-à- vis
l'un de l'autre , fi on ne rendoit
la Place dans le temps fixé.´
Ny a apparence que le Roy'
paffera encore icy cet hiver,
pas
IV.
PARTIE. 17
Lettre de l'Ambaffadeur
d'Hollande , écrite de
Conftantinople le r 8 .
Septembre.
Les Lettres de l'Armée dis
29. Aou ft portent que le Vifi
étoit encore campé en Moldavie
du cofté Septentrional du Danube
; le Czar s'excuse toujoursfur
l'execution du Traité,
ce qui caufe quelque soupçon
comme s'il cherchait à l'éluder
le Roy de Suede continuë
fe plaindre du grand Vifir &
de la Paix àfon exclufion
Decembre 1711. 4. B
18 MERCURE
l'Envoyé de fa Majefté Suedoife
, Monfieur Funck , s'eft
rendu à l'Armée auprés du
grand Vifir poury négocier à
la place du General Poniatovvski
, à qui la Cour du Vifir ,
eft défendue : l'on a eu avis icy
que Sa Majestéfaifoir réparer
les maisons ruinées
inondations du Niefter à Bender
, avec intention d'y paffer
l'Hivers Depuis les dernieres
nouvelles , les Plenipotentiaires
les Otages du Czar , font
étroittement gardez aux fept
Tours & mis hors de tout
accés.
عيرس
par.
les
IV. PARTIE. 19
1
1
#
Copie d'un Lettre de Mon-
* ficur Stirnhoc, Secretaire
de Suede à Vienne du 19 ,
Septembre .
Le Roy a refufe d'acepter
le Corps de Cavallerie que
le
grand Vifir luy avoit offert
pour le conduire à fes Provinces
ou à fon Armée fous le commandement
du Bacha de Ro
melie , & l'on croit que Su
Majefté ne quittera pas les
Turcs qu'elle n'ait auparavant
la Paix avec le Czar ; lors
que le Roy a dit au grand Vifer
Bij
20 MERCURE
qu'il ne tenoit qu'à luy de pren→→
dre le Czar prifonnier
puis ftipuler telles conditions
qu'il pouvoit fonbaitter ; il
répondu que s'il prenoit le
Czar prifonnier il ne fçauroit à
qui s'adreffer pour traiter de la
Paix; a demandé qui gou
Verneroit la Mofcovie pendant
fa prifon ; Monfieur Fabrice ,
a ajouté que le Roy differoit
encore d'écrire ou de faire écrire :
auffi n'ay- je point reçû de
Lettre de Bender depuis cet
évenement qu'une de Monfieur
le Lieutenant General
d'Adorf , du 26.Juillet con-
A
IV PARTIE 24
cernant fes affaires particulieres
où il n'y a pas un mot de nouvelles.
Il est arrivé icy , un
Secretaire du RéfidentDalman, ·
qui a fuivi le grand Vifir en
Campagne ; je luy ay parlé il
m'a confirmé tout ce que nous
fçavons déja , ajoutant que la
mifere de l'Armée Moscovite
étoitfi grande qu'elle étoit inexprimable
: que plus de 20. mille
hommes tous les cheveaux
&
étoientpéris , & que le defspour
avoit même , aprés la Paix
faite , porté prés de deux mille
Mofcovites qui n'ont pas eu la
force de marcher à pied , le long
22 MERCURE
chemin qu'ils avoient encore
faire, d'embraffer la Religion
Mahometane ; le même Secretaire
dit encore que le grand
Vifirfaifoit tout de fon mieux
pour attirer dans fon parti le
Kan des Tartares en luy offrant
une bonne part de l'or & des
pierreries du Czar, mais l' Ambaffadeur
d'Angleterre à Conf
tantinople a écrit icy du 21 .
Aouft, que le Kan étoit toûjours
dės amis du Roy , & nonobf
tant que le Grand Seigneur as
voit ratifié la Paix, Sa Majesté
pourroit pourtant en continuant
La Guerre contre le Czar, dif
IV. PARTIE. 23
pofer de toutes les forces des
Tartares.
Les Lettres de Hambourg
du 20. Novembre portent
que les Suedois ont publié
un Manifefte pour répondre
à ceux du Roy de Danne
marck & du Roy Augufte!
Il réprefentent qu'ils n'ont
donné aucun fujet de rup
ture à ces deux Princes , qui
contre les Traitez , ont allumé
la Guerre dans l'Empire
où ils ont introduit les
Mofcovites , qui pourront
leur donner , ainfi qu'aux
-24 MERCURE
autres Princes voiſins , tour
lieu de s'en repentir ; qu'ils
ont auffi publié un autre Ecrit
où ils marquent les fervices
que le Roy Guftave
Adolphe , rendit à l'Empire
dans le temps que l'Empereur
Ferdinand II. publia
le 18. Avril 1629 : un Edit
dans le deffein de fe rendre
maiftre abfolu de toute
l'Alemagne , fous pretexte
de faire reftituer les biens
des Eglifes Catholiques
dont les Proteftants étoient
en poffeffion ; que la liberté
de l'Empire avoit été réta
blie
IV. PARTIE 25
4
5
blie & affermie par les Traitéz
de Weftphalic qui avoient
terminé cette Guerre
, que tous les Princes de
l'Empire en devoient témoigner
leur reconnoiffances
aux Suedois , & que fi
ces Princes avaient confenti
par ces Traitez à leur céder
quelques Provinces , ils ne
l'avoient pas tant fait pour
les dédommager des frais
de la Guerre , que pour leur
conferver une entrée ,
laquelle ils pouroient venir,
en cas de befoin , au ſecours
de l'Empire ; que nonobf-
Décembre 4 C
par
26 MERCURE
tant le Traité de Neutralité
fait pour conferver la tranquilité
de la Baffe Allemagne,
le Roy de Dannemarck
& le Roy Augufte y avoient
commencé la Guerre , quoy
que la Regence de Stokholm
, cur approuvé ce Traité
; que fi le Roy de Suede
, ne l'avoit accepté , il le
falloit attribuer à fon
grand éloignement , & à
quelques expreffions préjudiciables
à fa Souveraineté ,
& à ce qu'il rendoit abſolument
inutile l'Armée qu'il
avoit en Pomeranie , peni
IV . PARTIE . 27
dant que fes Ennemis auroient
pû employer toutes
leurs forces contre fes autres
Etats.
2
Ces mêmes Lettres difent
qu'un Officier énvoyé par le
General Ducker , Commandant
de Stralzund , avoit
rapporté en paffant à Hambourg
pour aller à Stralzund
, que la Garnifon &
les Fortifications de la Ville
étoitent en fi bon état quelle
pouroit foutenir un long
fiege , ce qui donneroit tout
le temps au fecours que l'on
prépatoit d'y arriver ; que
4 .
Cij
28 MERCURE
celles qu'on avoit reçûës du
Camp devant cette Place
portoient , que du nombre
des Baftiments du Roy de
Dannemarck , qui étoient
chargez d'Artillerie , il n'en
étoit arrivé que deux , le refte
ayant été difperfé par la
tempefte ; qu'il n'y avoit fur
ces deux Baftimens que quatorze
pieces de gros canon
& onze de dix huit livres de
bale , que l'on travailloit à
débarquer , & que le refte
de l'Artillerie & les Munitions
étoient fur les autres
Baftimens qui avoient eſté
IV. PARTIE. 29
obligez de relâcher vers l'Ifle
de Femeren ; que la plus
grande partie des Vaiffeaux
de Guerre s'étoient retirez
du cofté de l'Ifle de Moon ,
& que le refte croifoit à la
hauteur de l'Ile de Rugen ,
où il n'y avoit pas d'apparence
que les Ennemis fiffent
une défente ; qu'il n'y avoit
pas non plus d'apparence
qu'ils puffent attaquer la
Place dans les formes , leur
Armée fouffrant beaucoup
par les maladies , & par les
mauvais temps , & particulierement
la Cavalerie
4. C iij
10 MERCURE
dont on avoit déja envoyé
une grande partie fur les
Frontieres de Pologne.
Les Lettres de Stokolm du
15. Octobre difent que le
Roy Stanislas , aprés avoir
.eu plufieurs Conferences
avec la Regence , en étoit
party pour Carelſcroon , où
il devoit s'embarquer fur
une Flotte de trente Vaiffaux
de Guerre ou Fregates,
commandée par le General
Wachtmeister , qui devoit
tranſporter treize mille
hommes , en Pomeranie,
"
IV. PARTIE. 31
Celles de Varfovie du 14
Novembre marquent , qu'-
un grand nombre de Gentilshommes
& d'autres gens
rüinez par les Taxes & Contributions
exigées par les
Troupes de la Nation , par
les Saxfons , & par les Mofcovites
, avoient formé un
corps confidérable dans la
grande Pologne , où ils faifoient
de grands défordes ;
ainſi que dans le Palatinat de
de Cracovie , fous le nom
d'Indépendants ; que l'Armée
de Lithuanie qui s'étoit
approchée de la Frontiere ,
4. C iiij
32 MERCURE
faifoit aufli de grands defordres
en retournant dans ce
Duché, où elle doit prendre
des quartiers d'hiver que
les Députez nommez par la
Republique pour traiter avec
les Envoyez du Grand
Seigneur , eftoient arrivez
à Leopol , ainfi que le
Comte Sienawski , Grand
General de la Couronne }
mais qu'on nefçavoit pas en
core quand ces Envoyez s'y
rendroient..
Par les avis qu'on avoit
cus à Hambourg le 27. Novembre
, du Camp devant
IV.
PARTIE 33
on
Stralzund , l'Artillerie du
Roy Augufte n'y étoit pas
encore arrivé, les chemins étant
tous rompus à caufe des
pluyes continuelles ;
travailloit à débarquer celle
qui étoit fur les deux Baftiments
de la Flotte Danoife
qui avoient abordé heureufement
; mais comme elle
n'étoit pas fuffifante pour
battre la Place vigoureufement
on croyoit que les
deux Rois feroient contraints
d'abandonuer cette
entrepriſe, ou de la terminer
par un bombardement , 3
34 MERCURE
caufe de l'impoffibilité qu'il
y avoit de faire hiverner
leurs Troupes dans la Pomeranie
, à caufe de la difette
des fourages.
D'autres Lettres por
roient
que les Partis de
Wilmar continuoient leurs
courfes fans que les Troupes
Danoifes qui en font le
blocus , puffent les en empê
cher que le 21.ils enleverent
un Courrier qui venoit de
l'Armée ; que la nuit du 15
au 16. un Détachement de
la Garniſon battit auprés de
Warnemunde , une garde
IV. PARTIE. 35
Danoife & brûfla un Bafti
ment chargé d'Artillerie ;
que le Capitaine d'un Yacht
Suedois , arrivé dans le Port
de cette Place avoit rapporté
que cent quarante Baltimens
de tranfport partis de Stokholm
étoient arrivez à Ca-
>
relfcroon
eſcortez
par
vingt - huit Vaiffeaux de
guerre & qu'ils devoient inceffiment
tranfporter treize
mille hom . en Pomeranie.
Par les avis de Berlin du 24.
on a appris que l'Electeur
de Brandebourg , avoit envoyé
ordre àfes Troupes qui
36 MERCURE
ont fait la Campagne dans
le Pays Bas , de retourner en
diligence dans fes Etats .
Extrait d'une Lettre de
Vienne , du 18. Novembre .
Les Quartiers d'hiver de
l'Armée de l'Empire ont été
reglez , neuf Regiments Autrichiens
, doivent hiverner en
Baviere , trois dans la Boheme,
& un dans l'Autriche , &
les Troupes des Electeurs dans
leurs Etats. Les Lettres qu'on a
reçeûës des Frontieres de Turquie
confirment que l'Armée
Othomane prenoit fes quartiers
IV. PARTIE. 37
que
d'hiver des deux coftez du Danube,
& du Prut; que le Grand
Seigneur paroiffoit toujours
difpofé à obferver exactement
le Traité de Carlowitz , &
le Roy de Suede devoit
hiverner à Bender. L'Imperatrice
Regente a écrit à ce Prince
pour luy offrir un paſſage libre
par la Hongrie , & par les
Pays Hereditaires , à condition
qu'il ne feroit accompagé que
de deux mille hommes . L'Archiduc
ayant envoyé ordre au
Comte de Staremberg , Prefident
de la Chambre des Finances
, de préparer desfommes con
38 MERCURE
fiderables pour les dépenfes de
fon Couronnement , & pour
continuer vigoureusement la
Guerre , on parle de mettre fur
le tapis le projet proposé
1703. qui eft de mettre une
tres - forte taxe fur tous les
biens meubles & immeubles ,
fur tous les Marchands
autres
en
ce qui
Artifans ,
cauſe une grande confternation.
Le jour du Couronnement n'eft
point encore fixé : cependant les
principauxe Officiers de la
Maifon du nouvel Empereur ,
partent pourfe rendre à Francfort.
On a reçu icy les PrélimiIV.
PARTIE 39
naires de la Paix , fignez entre
la France & l'Angleterre ; le
Confeil qui s'eft Affenbléplufieurs
fois pour les examiner ,
ne les à pas approuvez.On commence
à battre laCaiſſe , pour
lever les Recreuës néceſſaires
pour les Regiments Autrichiens
&on a envoyé des ordres dans
tous les Pays Hereditairespour
les obliger àfournir le nombre de
Soldats auquel ils ont été taxez
defournir. Le Primce Charles
de Nembourg, Gouverneur du
Tirol qui avoitporté à Milan le
Decret de l'Election à l'Archiduc
, eft revenu à Inspruch afin
40 MERCURE
de donner ordre aux préparatifs
pour la réception de ce Prince
recevoir le 22 .
qui devoit y
l'hommage des Etats du Tirol.
NOUVELLES
d'Eſpagne .
Les Lettres de Madrid du
16. Novembre , portent que la
Cour partit d'Aranjuez le 14 .
Que leurs Majeftez Catholiques
, en paffant par Cien-
Poguelos , où les Ennemis avoient
campé longtemps l'année
précedente , y avoient été
reçûës avec de grandes démonfIV.
PARTIE. 41
༡
a
trations de joye ; que les Habitans
avoient planté exprés fur
le chemin , une Avenuë d'arbres
d'un quart de lieuë de
longueur ; à chacun des bouts il
y avoit un Arc de Triomphe
orné des portraits du Roy , de
la Reine , & du Prince des
Afturies ; qu'ils avoient tiré
plufieurs feux d' Artifice , fait
couler des Fontaines de vin ,
donnéplufieurs autres mar-
·ques de leur zele : que le xs.
leurs Majeftez arriverent à
Madrid ; qu'Elles allerent defcendre
à Noftre Dame d'Atocha
où l'on chanta le Te
4. D
42 MERCURE
Deum ; que le Roy monta en
fuite à cheval, & la Reine en
Caroffe , avec le Princefon fils:
que toutes les rues où leurs
Majeftezpafferent étoient tendues
des plus belles Tapifferies ,
avec un grand nombre de Portraits
du Roy , de la Reine ,
les
du
Prince ; que Boutiques
de la rue des Orphévres
étoient
ornées
de vaſes
& de Vaiſſelle
d'or er d'argent
, de quantité
de
Bijoux
& de toutes
fortes
de
pierreries
; que la marche
dura
jufqu'à
la nuit
, avec
des acclamations
&
des
marques
de zele
inexprimables
; que
le
IV .
PARTIE . 43
foir on fit jouer la grande Machine
de feux d' Artifice qui , avoir
été dreẞée dans la Place du
Palais ; que les feneftres des
Maifons furent illuminées. de
flambeaux de cire blanche pendant
toute la nuit.
Celles du 2 3.
marquent que
les réjouiffances
ont continué
les deux joursfuivans par des
feux d'Artifice
d'une beautéſur
prenante
, de l'invention
d'un
célebre Artificier d' Alcala ; par
des
illuminations , par toutes
les autres démonſtrations
d'une
grande joye que le 19. on cé
Tebra dans l'Eglife des Carme
:
4.
Dij
44 MERCURE
lites Defchaußées , une Miße
folemnelle pour rendre graces à
Dieu de l'heureux retour de
leurs Majeftez Catholiques &
du Prince leur fils ; que Don.
Lorengo - Folch de Ćardona ,
grand Aumofnier, officia , &
que Don Juan de las Evas
Prédicateur du Roy , fit un tres
beau Sermon ; que le 22. les
Jefuites du College Imperial firent
des obfeques folemmelles
pour le repos des Ames des Soldats
qui font morts pendant la
derniere Campagne , & que
toute la Nobleffe y affifta : que
plufieurs Particuliers recom- :
IV. 45 PARTIE
1
mencerent le 23. à donner des
نیرم
marque de leur joye pour l'arrivée
de leurs Majeftez , par des
illuminations
, par des feux
d'Artifice , des Arcs de
Triomphe , ornez de Peintures
& de vers à la loüange de leurs
Majeftez ; que
; que les deux Compagnies
de Comediens Efpa
gnols allerent en Mafcarade
au Palais où ils chanterent des
réprefen- , Airs nouveaux ,
terent une tres- belle Piece qui
finit par un Bal magnifique.
Qu'à l'égard des nouvelles
de la guerre , les Lettres qu'on
avoit reçues d'Arragon por46
MERCURE
toient
que les Troupes du Roy
qui font dans ce Royaume s'étoient
emparées de Benavarri
où il y avoit trois cens hommes
, qui avoient étéfaits prifonniers
avec Don Bonfacio
Manrique, qui les commandoit.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Calaf du 18
Novembre.
Mr le Comte de Muret,
Lieutenant General ayant efté
détaché avec trois mille hommes
pour aller attaquer Cardone
y arriva le 14. Il trouva
IV. PARTIE. 47
que
les Ennemis avoient affez
bien fortifié la Ville & le
Chasteau , & que même ils
avoient auffi fortifié une Caffine
où ils avoient misfix- vingt
la
bommes . Il faut auffi que
Garniſon
étoit compofée
de
bonnes Troupes ; fçavoir du
Régiment de Taf, de deux
Battaillons ; d'un Régiment de
Grifons , de celuy de la
Députation de Catalogne d'un
baitaillon chacun , & trois cens
hommes d'autres Troupes , qui
toutes étoient bien difpofées à
faire une vigoureufe résistance :
Mais les Troupes du Roy
48 MERCURE
étoient auffi bien difpofées à les
attaquer. L'Artillerie ayant
rüiné les deffenfes de deux
Tours quiflanquoient ungrand
retranchement que les Ennemis
avoient élevé entre la Caffine
la Ville , Mr le Comte de
Muretfit toutes les difpofitions
neceffaires pour attaquer ce
retranchement. Il partagea
quatorze cens hommes en trois
Corps ; celuy du centre , de fix
Compagnies de Grenadiers &
de fix piquets , étoit commandé
par Mr le Marquis d'Arpajon ;
celuy de la droite , composé d'un
pareil nombre de Grenadiers
de
IV . PARTIE. 49
de piquets étoit commandé par
Mr le Comte d'Hercel , &
celuy de la gauche de trois
cens Dragons & defix Piétoit
commandé par
quets ,
Mr le Comte de Melun. On
marcha dans cet ordre le 17. à
la pointe du jour , en laißant
derriere la Caffine fortifiée, &
le retranchement fut emporté
l'Epée à la main , aux trois attaques.
Les Troupes qui les
deffendoientfurentfuivies de fi
prés que les nôtres entrerentdans
la Ville avec elles . Le Gou-\
verneur du Chafteau , voulant
profiter de ce défordre , fit fortir
Decembte 1711. 4 E
to MERCURE
trois cens hommes pour envelo→
per nos Troupes , les mettre
entre deux feux; mais elles fe
rallierentfi promptement qu'elles
obligerent les Ennemis de fe
jetter dans un Ravin, de
fe retirer derriere la Riviere de
Cardonner. On ne trouva poine
d'Habitans dans la Ville, parce
qu'ils en étoient tous fortis a
Papproche de nos Troupes, Mr
le Comte de Muret fit enfuite
fommer le Commandant de la
Gaffine , qui fe rendit avecfept
autres Officiers & cent douze
Soldatsfans avoir efté attaqué;
quoy que ce poftefuftfraiſe es
IV. PARTIE.
W
1
palißade. Mr de Gourtieres ,.
Lieutenant Colonel dans les
Troupes Walones ,un Capiraine
des Grenadiers un Aide
pas
Major des mefmes Troupes ,
fuvent bleffez à l'attaque du
retranchement , qui n'à po
cousté aux Troupes du Roy
quarante hommes – tuez ou
bleßez, au
au lieu que les Enne-
I mis en ont perda environ fept
cens , tant then, bleſſez , dé
ferteurs on prifonniers , y coma
pris les fix - vingts hommes qui
étoient dans la Caffine. On
trouva beaucoup de vivres
I dans la Ville , que les Ennemis
A Eij
52 MERCURE
y avoient amaßez. Le lendemain
de l'action ; Mr. le Comte
de Muret fit dreẞer des Batteries
contre le Chasteau.
NOUVELLES
de divers endroits .
De Venife le 14. Novembre,
On a fair icy pendant
trois jours des Prieres publiques
dans les Eglifes de
S. Marc , & de S. Roch ,
avec l'Expofition du Saint
Sacrement , pour demander
à Dieu qu'il luy plaiſe faire
IV. PARTIE 33
ceffer le fleau de la mortalité
fur les Beftiaux qui continue
avec une grande violence.
Tous les Corps & toutes les
Communautez ont efté en
Proceffion à ces Eglifes ,
pendant ces trois jours ,
durant lefquels les affemblées
particulieres ont efté
deffendues , & les Theatres
1 fermez . Cette maladie s'eft
- communiquée dans le Mantoüan
, dans la Stirie , & dans
la Carinthie , où elle fait de
grands ravages.
E iij
54 MERCURE
De Milan le 11. Novembre.
Les Ambaffadeurs de Venife
curent le 7. Audiance
de l'Archiduc Le Comte
Antonio Rainoldi alla les
prendre au College Helvetique
où ils étoient logez ,
avec un Carroffe à quatre
Chevaux. Ils étoient en ha
bir de deuil , ainfi que toute
leur Livrée ; mais les jours
fuivants , ils parurent vêtus
magnifiquement , ainfi
toute leur fuite .
fio
que
Le 8. le Cardinal ImpeIV.
PARTIE. st
diale Legat à Latere , envoyé
par le Pape pour complimenter
ce Prince , fit fon
entrée publique. Le Comte
Rainoldi alla leprendre avec
plufieurs Carroffes à fix
Chevaux au Monaftere de
3
Caftellazzo , & le conduifit
jufqu'au dehors de la Porto
Romaine, où s'erant mis
fous un Dais , il donna la
Benediction au Clergé.
L'Archiduc arriva enfuite ,
& aprés des compliments
Cereciproques , ils monterent
à cheval , & entrerent dans
Ville. Le Clergé feculier
Eiiij A
36 MERGURE
& regulier commençoit la
marche ; les Gardes à pied
& à cheval marchoient enfuite
; puis vingt - quatre
Mulets du Legat avec de
riches couvertures, un grand
Carroffe , & une Litiere ;
douze Eftafiers de l'Archiduc
, avec chacun un cheval
de main ; les Valets de
Chambre du Legat avec
deux Maffes ; les Principaux
de fa fuite à cheval , fes
Eftafiers veftus de fa livrée
ceux de l'Archiduc étoient
en deüil. Ce Prince étoit
fous un Dais de Toile d'or
IV. PARTIE. $ 7
ayant le Legat à la gauche .
Plufieurs Seigneurs marchoient
devant eux , & ils
étoient fuivis de douze
Evefques ouPrelats à cheval .
Le Senat venoit enfuite ,
fuivi des Tribunaux & des
foixante Decurions de la
Ville. Ils arriverent en cet
ordre devant l'Eglife Metropolitaine
; mais L'Archi
duc n'y entra pas , & il alla
droit au Palais . Le Legat y
entra , & fut reçu par le
Cardinal Archinto qui en
eft Archevefque , il fut en
fuite conduit au Palais dans
B
8 MERCURE
貞
un Carroffe à fix chevaux , &
de- là au logement qui luy
avoir efté preparé. Le lende
main il rendit encore vifite
à l'Archiduc qui le reçut
la feconde Anti - chambre,
& le reconduifit jufqu'à la
troiſième.
Les Ambaffadeurs de la
Republique de Genes, frent
auffi leur Entrée le mefme
jour; & curent Audiance ;
& le lendemain matin 10.
ceux de la Republique de
Lucques curent aufli Audiance
, & l'apréfdinée du
mefme jour l'Archiduc
IV. PARTIE.s
partit puur aller coucher à
Lodi.
152
De Lisbone le 9. Novembre.
.)
La nouvelle qui s'étoit
épandue depuis buit jours
que la Paix fe traitoit en An
gleterre , a été confirméopar
un Exprés dépeché par not
tre Ambaffadeur en cette
Cour là , qui a apporté les
Préliminaires. Le Comte de
Portmore , a reçû ordre de
remoner en Angleterre les
Troupes de certe Couron
ne , excepté deux Bataillons
Go MERCURE
pour remplacer
les Soldats
qui manquent
à la Garnifon
de Gibraltar
, fept Vaiffeaux
de guerre Anglois
qui é
toient dans noftre Port , en
partirent hier pour retourner
en Angleterre . Le pain
eft toûjours tres - cher icy ,
& on eft fort en peine des
Bâtimens quifont allez char
ger des grains en Barbarie.
De Naples le 10 Novembre.
Le13 . de ce mois on com
mença les réjouiffances
pú
bliques , pour l'Election de
IV. PARTIE. 61
E
S
Archiduc à l'Empire. Elles
devoient durer trois jours ;
mais le foir du troifiéme à
une demi - heure de nuit , il
tomba une fi grande pluye
qu'elle éteignit toutes les illuminations
, gaſta les Tentures
qui étoient en plufieurs
endroits , & trempa tellement
les Artifices , qu'ayant
reconnu le lendemain qu'ils
ne pourroient plus fervir
on les abandonna au pillage
ainfi que toutes les Machi
nes. Le Vice- Roy qui devoir
aller ce foir là vifiter les
Feux d'Artifice , préparez
·
62 MERCURE
de
fur la Mer avec de grandes
Machines chargées
fruits , donna un Bal danss
le Salon du Palais , pour fu
pléer à l'execution de ces
grands préparatifs , qu'on
renouvellera aprés le Couronnement.
Le 8. il fut chan
ter le Te Deum dans l'Eglife
du grand Convent des
Dominicains , & il y ring
Chapelle ; pendant laquelle
l'Infanterie Allemande qui
étoit dans la Place fit trois
décharges de Moufquererie
, & les Canonniers des
Chaftcaux , firent trois falIV.
PARTIE 63
ves de toute l'Artillerie. Il
le fit chanter hier dans l'E
g'ife des Theatins , & doit de
main le faire chanter dans
celle de la Maiſon Profeffe
des Jefuites.
De Cadiz le 12. Novembre,
Des Armateurs François
amenerent avant - hier icy
trois Vaiffeaux Hollandois
qui venoient du Levant , Il
font chargez de Soye , de
Cotton filé, de Caffé & d'au
tres riches Marchandifes
le tout cftimé prés d'un
million .
Une Fregate
Françoife
64 MERCURE :
ayant attaqué fur les coftes
de Galice , un Vaiffeau de
Guerre Portugais , montéde
60. pieces de canon , étoit
fur le point de s'en emparer
aprés quatre heures de combat
, lors que le feu ayant
pris au Vaiffeau , il fauta en
l'air avec tout l'Equipage ,
dont on ne put fauver que
trois perfonnes.
Il eft encore venu quarante
fept Deferteurs de Gibraltar
, prefque tous Hollandois
, & qui continuent
de dire que la Garnifon n'eft
point payée , & que les viIV.
PARTIE 65
vres y font à un tres - haut
prix .
De Rome le 14. Novembre.
*
Le trois de ce mois , la
Marquife de Prié , comme
Ambaffadrice
de la Cour
de Vienne , quitta le deuil
& reçûr les compliments fur
Election de l'Archiduc
' Empire . Il y cut le foir une
grande Affemblée chez elle
où le touverent la Connetable
Colonne, Dona Maria
Bernardina , les Neveux du
Pape,l'Envoyé de Portugal,
4.
F
66 MERCURE
:
& plufieurs autres Perfonnes
diftinguées Le Prince
d'Avellino , avoit mandé à
fes principaux Domestiques
de donner part aux Cardinaux
de l'Election de l'Archiduc
, & de faire des illu
minations pendant trois
foirs ; mais les Maiftres des
Ceremonies ayant reprefenté
qu'il étoit contre l'ordre
qu'il fe fit fous les yeux du
Pape , des réjouiffances pour
une nouvelle dont on n'avoit
point donné part à Sa
Sainteté ces réjoüiſſances
one efté differées.
IV. PARTIE.
De Venife le 21. Novembre,
***
L'Archiduc ayant paſſé le
$ 4 . à Buffolengo , fur les
Frontieres de l'EtatVenitien
fur fa route de Milan à Inf
pruch , les Procurateurs
Pifani
& da- Lezze , Ambaffadeurs
Extraordinaires
de la
Republique , le complimen
rerent. Ce Prince fur conduit
au Palais qui luy avoie
été préparé ; & qui étoit
magnifiquement
meublé &
illuminé, & où il trouva une
garde de deux mille Cava
3
Fij
68 MERCURE
liers ou Dragons tous habillez
de neuf. Le lendemain les
Ambaffadeurs luy prefenterent
un Régale de Cire , de
Miroirs , de Cristaux , de
Confitures , & de plufieurs
autres chofes galantes : On
luy fervit un repas magnifi
que aprés lequel il alla à Roveredo,
accompagné par les
mêmes Ambaffadeurs , &
par les deux mille Cavaliers
ou Dragons , qui ne le quic
térent que fur les Frontieres
du Trentin. Ce Prince fit
preſent aux Ambaſſadeurs
de chacun une Boeſte à porVI,
PARTIE, 69
trait , garnies de pierreries
& eftimées mille piftoles.
De Lifbonne le 13.Novembre.
Gué
On eft icy dan's de grandes
inquiétudes , fur l'avis qu'on
a eu , que M du Guest
Trouin , avoit débarqué des
Troupes aux Ifles du Cáp
Vert ; & qu'étant entrée.
dans la Baye de Tous les
Saints ' , il avoit pillé la Ville
de San Salvador , Capitale
du Bréfil , ainfi qu'un autre.
Port , où il avoit brûlé tous
les Vaiffeaux qui y étoient
-
10 MERCURE
De Londres le 24 Novembre.
M l'Evêque de Briſtol ,
Garde du Sceau Privé fe prés
pare à partir pour la Hol
lande en qualité d'Ambaffa
deur - Plenipotentaire pour
les Négociations de la Paix,
que tous les Peules des trois
2
fouhaitoient
Royaumes
avec tant d'empreffement ;
qu'il avoit efté refolu en
plufieurs endroits de prefenter
des Adreffes à la Rei
ne pour la fuplier de la con
clure aux conditions qu'ElTV.
PARTIE. 71
Je & fon Confeil jugeroient
à propos ; mais on s'en cit
abſtenu de crainte qu'il ne
patuft qu'on voudroit donmer
atteinte au pouvoirabſolu
qu'a le Souverain de faire
la Paix & la Guerre , quand
il luy plaiſt.
Trois cens prifonniers
François ont été tranſpor
rez à Calais , pour
eftre
échangez.
La Foudre étant tombée
la nuit du 16. au 17. fur l'E
glife de Southwel , dans le
Comté de Nottingham
cette Eglife a été brûléc a
*
172 MERCURE
" vec l'Ecole quien étoit proche
, & les Cloches fondues.
Du premier Décembre .
Le 25 Novembre il ar
riva un Courrier du Comte
de Strafford , qui apporta le
confentement des Etats Generaux
pour traiter de la
Paix fur le pied des Prelimi
naires, & les Paffeports pour
les Ambaffadeurs du Roy
Tres Chreftien . Obtre les
vingt - cinq gros Vaiffeaux
guerre qui ont été defar
mez , on en defarme encore
plufieurs autres.d on
de
IV PARTIE. 73
Le 28. jour de la naiffance
de la Reine Elifabeth , auquel
le menu peuple avoit
coutume , avant le regne de
Jacques II . de célebrer la
memoire de cette Princeffe
en brulant l'Effigie du Pape ,
& celles de plufieurs Cardinaux
& Religieux , le Confeil
fut averti que quelques mal
intentionnez , avoient fait
faire fecrettement de grands
préparatifs , dans le deffein
de caufer quelque tulmute .
On envoya des Huiffiers
avec un Détachement de
Grenadiers commandé par
Decembre
4. G
74 MERCURE
un Officier , dans l'endroit
qu'on avoit indiqué , & ils y
trouverent une figure du
Pape , avec plufieurs autres
de Cardinaux , & Religieux,
& même du Diable dans un
Chariot , qui fut brifé ainfi
que toutes les Figures. Le
foir du même jour , & la nuit
fuivante on fit prendre les
armes aux Milices , qui firenc
des patrouilles dans les rues ;
mais il ne fe paffa pas le
moindre défordre.
!
IV. PARTIE.
De Genes le 26. Novembre.
Monfieur ic Marquis de
Monteleon , Ambaſſadeur
d'Espagne ayant reçû ordre
de fe rendre à Madrid pour
y recevoir les instructions
fur les Congrez de la Paix
aufquels il doit afſiſter , en
qualité de Plenipotentiaire ,
prit hier fon Audiance de
de congé du Senat .
Les fix mille Allemands
qui s'étoient avancez fur
nôtre Frontiere pour y prendre
des Quartiers d'hiver ,
4.. Gij
76 MERCURE
marchent dans le Mantoüan
où ils occuperont les Quartiers
qui étoient deftinez
aux Troupes de Brandebourg
qui retournent en
Allemagne.
Il est entré huit mille
Allemands fur les Terres du
Grand Duc , où il prennent
des Quartiers , ce Prince ayant
refufé de fournir aux
Commiffaires Imperiaux
les huit cens mille livres que
l'Archiduc luy avoit fait
demander
, a ne så , me
vuo sul sostilny pot sup
201
Y
IV. PARTIE 77
De Grenoble 30. Novembre:
Il parut il y a quelques
jours de ce cofté- cy un gros
party de la Garniſon de Suze
qui étoit venu par Exiles .
Auffi toft qu'on en eut avis
on fit fortir trente Dragons
avec chacun un fantaflin en
croupe : Ils trouverent les
Ennemis qui rafraichif
foient dans un Village ; Les
Fantaflins y entrerent criant
qui vive , & au premier feu
que nos gens firent fur eux ,
ils fe retirerent . Les Dragons
4. G iij
78 MERGURE
qui les obfervoient les pourfuivirent
& mirent en défor
dre ; cinq furent tucz &
trente cinq faits prifonnires.
De Huninguele 4. Decembre,
Nôtre garniſon a fait une
courfe dans la Foreft Noire
fans aucune oppofition , &
a ramené un gros butina
Les Lettres de Hombourg ,
portent que foixante Huf
fars ennemis étant entrez
dans le Pays , avoient commencé
à piller & brûlery
mais que des Détachemens
IV. PARTIE. 79
de certe Place & de Saar
Louis, ayant été à leur pourfuite
, les avoient battus
& repris le butin qu'ils
avoient fait.
De Bayone le 4. Decembre.
Il y a prefentement icy
18 Baftimens Anglois qui
ont apporté diverfes Marchandifes
pour les vendre ,
& enfuite charger des Vins
& des Eaux de vie.
Une Fregate du Roy de
$34. canons a pris un Fleffingois
de 32. canons & de
Giiij 4.
30 MERCURE
150. hommes d'équipage
dont plus de 60.ont été tuez
dans le combat qui a duré
cinq heures.
Des Lettres de Gibraltar
du zo . du paffé portent que
la difette y étoit fi grande
que le Commandant de la
Place étoit obligé de tenir
les Portes fermées pour
empêcher la deſertion : que
quatre Baftimens Port ugais
étant entrez dans la Baye
pour fe mettre à couvert
d'un gros temps qui auroit
pû les jetter fur les coftes
de Barbaric , on leur avoir
the
IV. PARTIE. ST
fait décharger le grains qu'ils
avoient à leur bord , &
remboursé l'argent qu'il
leur avoit coufté.
On a auffi appris que les
Maures qui font devant
Ceuta ayant voulu emporter
par Efcalade le Baſtion de
S. Pierre avoient efté vive
ment repouffez jufques dans
leur Camp avec perte de
plus de 1200 hommes ; &
qu'il étoit arrivé de Cartha
gene à cette Place , un renfort
de 400. hommes &
beaucoup de munitions
de
guerre & de bouche
A
*
82 MERCURE
Du Fort-Louis le 10.
Decembre
Le Commandant , de
Lauterbourg ayant eu avis
que le 6. au foir il devoir
fortir un Bataillon de Phi
lifbourg pour aller à Landau
, envoya un party de
Dragons & de Grenadier's
qui fe pofterent fur le che
min en des lieux couverts.
Les Ennemis étant tombez
dans l'Embufcade , furent
envelopez ; le Commandant
fut tué avec plufieurs Sol
IV. PARTIE. 83
dats , & le reste pris. Ce
bataillon étoit des Troupes
de Souabe & de Franconie ,
& alloit relever un autre
bataillon des mêmes Trou
pes qui eft à Landau,
De la Haye le 8. Dicembres
Le Courier que le Comte
de Goes , Envoyé de la
Cour de Vienne avoit dé
pêche à Milan pour porter
à l'Archiduc les Prelimina
res de la Paix , en revint le
22 Novembre Il apporta
une Lettre par laquelle co
84 MERGURE
Prince prie les Etats Gene
raux de n'avoir point d'égard
à ces Preliminaires ,
qu'il les avoit rejettez , &
qu'il proteftoit
contre
toutes les Affemblées & les
Negotiations qu'on pouroit
faire fur ce fujer.
On a appris depuis qué ce
Prince perfifte dans la réfolution
de ne point envoyer
de Plenipotentiaires pour
traiter de la Paix fur le pied
des Preliminaires.
Hier le Comte de Straf
ford , Ambaffadeur Pleni
potentiaire d'Angleterre ,
IV. PARTIE.
83
85
communiqua aux Miniftres
de tous les Alliez dans une
Affembléc que l'on tint exprés
, que la Reine ſa Maitreffe
avoit nommé la Ville
d'Utrecht pour le lieu où fe
tiendroient les Conferences
pour la Paix , & que l'ouver
ture s'en feroit le 12. Janvier
prochain. Il remit enfuite
à chacun de ces Minif..
tres une Lettre de la Reine
de la Grande Bretagne
qu'elle écrivoit à leurs Mai
tres pour les inviter à y en
voyer leurs Plenipotentiai-
ICS .
38 MERCURE
D'Arras le 1 2. Decembre.
Monfieur le Marechal de
Montefquiau , partit d'icy
avanthier avec la plus grande
partie de notre Garnifon
pour le mettre à la tefte
d'un Détachement de trois
cens hommes par bataillon
& de cent hommes par Regiment
de Cavalerie & de
Dragons de toutes les
Troupes qui font depuis la
Meule jufqu'à la Mer. Leur
rendez vous étoit le long de
la Scarpe depuis Douay
IV. PARTIE 87
jufqu'à Mortagne , & le
long du Canal & de la Deule .
Ces Troupes n'ont point de
bagages , & n'ont porté des
vivres que pour quatre
jours , & des outils à remuer
la terre ; elles travaillent à
combler le canal en quel
ques endroits , à ruiner les
Ponts , les Eclufes & les Digues
de ce même Canal , de
la Scarpe , & de la Deule ,
afin d'ôter aux Ennemis le
moyen d'établir leurs Magafins
de vivres & de munitions
à Douaypour la Cam
pagne prochaine , ainfi qu'
88 MERCURE
ils l'avoient projetté .
Pendant qu'une partie de
ce gros Détachement commençoit
ces travaux , Mr de
Goëbriant marchoit à la
petite Ville de Lillers , oùles
Ennemis avoient cinq cens
hommes qui ont efté faits
prifonniers ; & les Fortifica
tions qu'ils y avoient faites
ont efté démolies.
De Courtray le 18 , Decembre.
Un Parti de cent hommes
de la garnifon d'Ipres
ayant rencontré plufieurs
IV. PARTIE. 89
Détachements de cinq Rements,
les a défaits l'un aprés
l'autre , & en a fait la plus
part prifonniers.
Le même jour foixante
Huffards , furent furpris la
nuit dans un Village à deux
lieues de Cologne , par un
party de trente Fantaflins
François qui leur enleverent
trente chevaux.
A Madrid le 3. Decembre.
Le Confeil envoya Vendredy
dernier des inftructions
aux Plenipotentiaires
Decembre 1711. 4. H
20 MERCURE
qui doivent partir incellam
ment pour les Conferences
de la Paix Le Roy a donné
la Charge de Prefident du
Confeil de Guerre à M
le Marquis de Bedmar : Les
Lettres de Malaga portent
qu'il y étoit arrivé un Baftiment
venant de Gibraltar:
où il y avoit quatre - vingt
fix Soldats de la Garnifon
de cette Place , qui ayant
monté de nuit dans ce Vaif
feau obligerent les Matclots
de mettre à la vvooiillee ,, aprés
avoir eux mêmes coupé les
cables
IV. PARTIE 91
MORTS.
Germain de la Faille
Doyen des Anciens Capitouls
, Syndic de la Ville dé
Toulouze , Secretaire - Per
peruel de l'Academie des
Jeux- Floraux , & Auteur
des Annales de la même Vil
le, y mourut le 12. Novem
bre âgé de 96. ans.
Bernardin Kador , Marquis
de Sebville , Maréchal
des Camps & Armées du
Roy, mourut lem . Octobre
, dans fon Chafteau de
4. Hij
92 MERCURE
Sebville , âge de 70. ans. Il
avoit été Envoyé de Sa Majefté
, à la Cour de Vienne.
*
Elifabeth - de - Rouxel de
Medavy de Grancey , Dame
d'Atour de la feue Reine
d'Espagne , mourut le 26 .
Novembre , âgée des 8. ans.
Elle étoit fille du feu Maréchal
de ce nom .
Marie Mignor , qui avoit
épousé en 1633. François
de l'Hôpital , Comte de
Rofnay , Maréchal de Frances
Chevalier des Ordres
du Roy & c. mourut le 30.
IV. PARTIE 93
âgc
Novembre , dans unvâg
fort avance. cyn dibaw
Pierre Deiria , Laboureur,
de la Paroiffe de Braffempoy
dans le Diocefe d'Aire , mourut
le 21. Novembre âgé de
cent ans. Il travailloit enco
re à la terre huit jours avant
fon decés.sw
Jacques Bouchet , Sieur
de la Tour , de Teiffodé dans
le Diocefe de Lavaur , mourut
le 25 Novembre âgé de
cent onze ans.
ARMARIAGES.
* Chriftian . Loüis de Montmorency
Luxembourg ,
94 MERCURE
Lieutenant General des Ar
mées du Roy , & de la Pro
vince de Flandres , époufa
le 7. Décembre, Loufe de
Harlay , fille unique d'Achil
les de Harlay , Comte de
Beaumont , Confeiller d'E
rat ordinaire; & d'Anne Re
née Louiſe du Louet de
:
Coetjenval , & petite fille
d'Achilles de Harlay , cydevant
premier Préfident dé
Parlement Le nouvel Epoux
, qui portoit le nom de
Chevalier de Luxembourg ,
porte préfentement celuy
de Prince de Tingry.
IV. PARTIE, 95
On ne peut vous donner
une plus jufte idée de lagran
deur & des illuftrations de la
Maifon de Montmorency
qu'en vous rapportant le
Difcours que Mr Chevil
lard , Historiographe de
France , & Genealogifte du
Roy a composé à l'occafion
d'une Carte Genealogique
,
qu'il a faite pour Monfieur
de Montmorency Foffeufe,.
chef de cette Maiſon. Ainfi ,
ce Difcours qui eft inferé
dans la premiere partie de
ee Volume , doit eftre regar
dé comme un Ouvrage
nouveau.
96 MERCURE
N. Ahacte de Chevilly ,
Capitaine aux Gardes , a époufé
Catherine Turgot de
Saint Clair , fille d'Antoine
Turgot, & de Jeanne Marie
du Tillet de la Buffiere . Elle
étoit veuve de Gilles d'Aligre
de Boiflandry, Confeiller
au Parlement ; & elle eft
foeur de Mr Turgot Maître
des Requeftes , & de Mr
Turgot Evêque de Seez . - ››
Il s'eft fait depuis plufieurs
autres Mariages dont on a
cfté informé trop tard pour
les inferer dans ce volume :
en en parlera le mois prochain.
IV. PARTIE . 97
Le Roy a nommé Monfieur
Aniffon de Hauteroche
, Prevoft des Marchands
de la Ville deLyon .
Il eft pere de Monfieur de
Hauteroche Confeiller au
Parlement de Paris , &
Confeiller de la Chambre
du Commerce , dont eft
auffi Monfieur Menager
& de Mr l'Abbé Aniffon.
Il a un frere à Lyon , quia
efté Echevin de la meſme
Ville.
Le Lundy 30 , Novembre
, Monfieur l'Archevefque
de Lyon , facra dans
Decemb
. 1711. 4D
1..
98 MERCURE
FEglife Collegiale de faint
Nizier , Monfieur l'Abbé
Sicault Evefque de Syno
pe , affifté de Monfieur
Madot Evefque de Bellay ,
& de Monfieur de Montmartin
Evefque de Grenoble
; l'Eveſché de Synope
eft fuffragant de l'Arche
vefché d'Amafie , donc
Monfieur le Nonce Cufani
aefté pourveu .
Le 28. Novembre Henry
- Charles Arnauld de
Pomponne , Abbé de faint
Medard de Soiffons , Aumofnier
du Roy, cy- devant
IV. PARTIE
Ambaffadeur de Sa Ma
flé à Venife , fut nommé
Confeiller d'Eftat d'Eglife ,
à la place de feu Monfieur
le Tellier Archevefque de
Rheims .
Monfieur Trudaine Intendant
de Bourgogne ,
ayant efté nommé Confeiller
d'Eftat , s'eft demis
de cette Intendance.
Monfieur de la Briffe ,
Intendant de Caen , a efté
nommé Intendant de
Bourgogne ; & Monfieur
Guinet Maistre des Requeſtes
, a eſté nommé In-
4 I ij
100 MERCURE
tendant de Caen .
* Le premier Decembre ,
Louis Augufte d'Albertd'Ailly
Vidame d'Amiens ,
Capitaine - Lieutenant des
Chevaux Legers de la
Garde du Roy , ayant eſté
nommé par Sa Majesté
Duc de Chaulnes , Pair de
France , prefta ferment au
Parlement , & y fut receu
avec les ceremonies ordinaires
.
Le 17. Decembre on
fit un Service folemnel
dans l'Eglife des Minimes
près de la Place Royale
IV. PARTIE IOL
pour le repos de l'Ame de
feu Monfieur
le Marechal
de Boufflers. Monfieur
l'Evefque de Tournay celebra
la Meffe , & le Pere
de la Rue Jefuite , prononça
l'Oraifon funebre. Un
grand nombre de Seigneurs
& de Dames de la
Cour y affifterent.
L'Académie Françoiſe a
proposé pour le fujet du
Prix de Poëfie qu'elle delivrera
l'année prochaine le
jour de faint Louis : L'Application
continuelle du Roy à
leurer le repos de fes Sujets ,
I iij
102 MERCURE
& fon attention à rendre
Monfeigneur le Dauphin de
plus en plus capable de refpondre
àfes veuës.
Dernieres Nouvelles.
De Lisbonne le 4. Decembre.
Le Roy affemble fouvent
fon Confeil pour prendre
des mefures convenables
aux conjonctures prefen
res , & un Exprés partic
hier pour l'Angleterre
avec des Dépeſches qui
portent , à ce que l'on afleure
, que Sa Majeſté reIV.
PARTIE. 103
met à la Reine fes interefts
au fujet de la Paix , & nos
Envoyez à Londres & à la
Haye , font nommez pour
affifter au Congrez en qualité
de Plenipotentiaires.
La nouvelle qu'on a euë
icy de l'expedition des
François dans le Brefil ,
nous a efté confirmée par
un Baftiment arrivé de San
Salvador, & l'on y adjoufte
d'autant plus de foy , que
nous n'avons point de nous
velles de la Flotte que nous
en attendons.
I iiij
104 MERCURE
De Gironne le 10. Decembre,
Les dix- huit Bataillons,
& les douze Eſcadrons qu'
on attendoit de Dauphiné
eftant arrivez , Monfieur le
Marquis de Fiennes s'eft
mis en marche pour aller
faire le fiege d'Oftalric.
Les Ennemis en ayant efté
informez , s'avancerent au
nombre de 400. Chevaux,
de deux Bataillons , & d'un
gros corps de Miquelers
pour luy difputer le paffage
entre Bazola & CaftelIV.
PARTIE. 105
follit ; mais Monfieur de
Fiennes
ayant marché
eux avec fon Avantgarde
feulement , ils fe retirerent
avec beaucoup de précipítation
, abandonnant tous
les poftes qu'ils occupoient
dans les
montagnes.
De Hambourg le 11.Desembre
Les dernieres Lettres
qu'on a receues du Camp
devant Wilmar , portent
5. trois
au 5 .
que la nuit du 4.
mille hommes d'Infanterie
, & trois cens Dragons,
106 MERCURE
eftoient fortis de la Place
avec neuf petites pieces de
canon pour furprendre les
Troupes du Blocus ; que le
General Rantzaw qui y
commande en ayant efté
informé , avoit envoyé une
Troupe de Cavallerie devant
chacune des portes ,
pour obſerver les mouvements
de la Garniſon , &
donna en mefme temps les
ordres neceffaires pour dif
pofer toutes fes Troupes de
maniere qu'elles puffent
marcher promptement où
il feroit neceffaire : que les
IV.
PARTIE. 107
Suedois en fortant de la
Ville , avoient repouflé la
Cavallerie Danoife ; qu'ils .
pouſfferent enfuite la Garde
avancée & le Piquet de
deux cens Chevaux , aprés
quoy ils attaquerent le Regiment
de Dragons de Bu
lau , qui ayant efté foufte
nu par trois autres Regiments
le combat dura
deux heures , ce qui donna
le temps au General Rantzaw
de faire avancer des
Troupes qui prirent les
Suedois en flanc des deux
coftez , & marcha en mef-
>
108 MERCURE
me temps avec un autre
Corps pour leur couper la
retraite , enforte que L'In_
fanterie fut obligée de former
un Bataillon quarre
pour le retirer fe retirer , mais que
ce Bataillon ayant efté
rompu , il n'eftoit rentré
dans la Ville qu'environ
feize cens hommes , le refte
avoit efté tué ou pris
avec les neuf pieces de Canon.
Extrait de Lettres de Bender
du 26. Octobre.
Mr Funck noſtre EnIV.
PARTIE. 109
voyé , mande par un Expres
qui vient d'arriver
que le Grand Vilir fait à
preſent des merveilles , &
promet au Roy de Suede
tout ce qu'il luy demandera
en Troupes & en argent.
Les Mofcovites ont employé
plufieurs artifices
pour éluder & retarder l'éxecution
de la Paix faite
avec la Porte. Le dernier
terme fixé pour la reddition
d'Aſaf, & la démolition
de Taganrok expirera
dans quelques jours , &
ils cherchent encore à ga-
4
10 MERCURE
*
gner une prolongation ;
mais nous avons de tresgrandes
raiſons pour croila
Porte ne fe laiffe
re
que
ra plus
amufer
, & qu'elle
reprendra
les armes
inceffamment
.
Cependant
de
quelque
maniere
que
la
chofe tourne , le Roy de
Suede demeure ferme dans
la refolution qu'il a prife
de partir cet hiver , & des
fe porter en Pologne .
D'Arras le 20. Decembre.
Les Troupes qui ont
IV . PARTIE. TI
efté employées à combler :
le canal de la Deule , & celuy
de Douay ; à rompre les.
Eclufes , les Ponts & les
Digues , font retournées
dans leurs quartiers fans
avoir perdu un feul hom
me;on a auffi ruiné le Pont
à-Vendin , & enfoncé des
batteaux & abbatu des ar
bres dans la haute Scarpe
au deffus de Douay , de
forte que les munitions quis
font à Gand ; & deftinées
pour les magafins de cette
Place , n'y pourront eftre
tranfportées que par charMERCURE
}
rois , ce qui fera tres- difficile
à executer , tant à caufe
des groffes fommes qu'il
en couftera aux Ennemis ,
qu'à caufe des fortes efcortes
pour chaque convoy .
Les cinq hommes qui
ont eſté faits priſonniers à
Lillers, & qui font de Trou-
Hollandoifes , ont eſté pes
amenez icy .
D'autres Lettres portent
que dès que les Ennemis
furent informez de
ce qui fe paffoit , ils affemblerent
toutes les Garnifons
de la frontiere ; mais
;
que
IV.
PARTIE. 113
que n'ayant pû le faire
affez promptement
, les
noftres fe retiroient lorfque
les Gouverneurs de
Lille &deDoüai parurent à
une lieuë & demie d'Arras,
à la tefte de trente Efcadrons
, qui aprés quelques
efcarmouches avec l'ar
riere garde de nos Troupes,
commandée par Mr. le
Comte de Broglio , fe retirerent
, crainte d'eftre coupez.
De Strafbourg le 17.Decembre.
Les Ennemis ont tenté
Decembre
. 1711. 4 K
114 MERGURE
de nouveau de conduire de
Philifbourg à Landau , un
gros Convoy de bled & de
farine; mais fur l'avis qu'ils
ont eu que nos Troupes
eftoient en mouvement
pour l'enlever , ils l'ont fait
rentrer dans cette Place.
Il deferte beaucoup de
leurs foldats , il en eft venu
en un jour vingt- fix à Lauterbourg',
qui difent qu'ils
ne font point payez.
Un party de la Garnifon
de Brifack eftant en
courfe le 14. rencontra
quarante cinq Huffards en
IV .
PARTIE .
S
nemis , en tua treize & en
prit dix-neuf qui ont efté
amenez tous montez à Bri
fack.
De Madrid le
14. Decembre
Les dernieres Lettres
qu'on a receues de Catalogne
, portent que le Comte
de Staremberg ayant fait
un détachement de TroupesAllemandes
pour changer
la Garnifon de Tarra
gone , les Officiers des
Troupes Angloifes qui y
font , avoient refusé d'éva-
Kij
116 MERCURE
cuer cette Place, & avoient
fait dire au Comte de Staremberg
, qu'ils en refpon
doient .
Le 20 Decembre , le Pere
Athanafe de Megrigny,
Capucin, fut facré Evefque
de Graffe, dans l'Eglife des
Capucins de la fue faint
Honoré , par Monfieur
l'Evefque de Strasbourg
affifté de Meffieurs les Evefques
de Toul & d'Evreux.
Le 21. Mr.l'Abbé le Pil
leur fut facré Evefque de
Saintes , dans la Chapelle
IV . PARTIE . 117
de l'Archevefché par Monfieur
le Cardinal de Noailles
, affifté de Meffieurs les
Evefques de Tournay , &
de Seez.
hcbkb
BIBLIOT
LYON
TABLE
Trennes de Mercure au Pu-
ETrennbleisc
I. PARTIE.
3
Erudition fur le mot Etrennes, 9
Etrennes de Mela C. de .
Mr le Marquis de ....
"
21
Autre Etrenne par Mr de L. T
Extrait du Difcours de Mr de
Reaumur , lù à l'ouverture de
l'Académie Royale des Sciences
, 23
43
AcadémieFrançoise de Rome, 39
Thefe fouftenue à Reims ,
Difcours nouveau fur l'Origine ,'
la Genealogie , & la Maifon
de
Montmorency
,
Difcours fur la dignité des Empereurs
& furfon origine , 97
Ceremonie du Couronnement des
J
49
107
Empereurs ,
Recherches fur l'Empire des Af
fyriens ,
II. PARTIE
118
Amuſements.
Le bon Médecin , Hiftoriette 3
Bouts rimez: Questions : Ref
ponfes : Enigmes , &c. I &
fuivantes.
III. PARTIE.
Pieces fugitives .
Piece nouvelle par Mr R. Etrennes
en envoyant un Pigeon , r
Autre piece nouvelle
Par MrV. & Mr de ***
8
20
Ode nouvelle à Mr de M. 34
IV. PARTIE.
Nouvelles d'Allemagne , de Pologne
, & du Nord ,
Nouvelles
d'Espagne ,
I
40
Nouvelles de divers endroits , 52
Morts , 91
Mariages , 93
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, de l'amour
de Dieu
, de la
Priere
, de la Mort
, des Jugemens
de Dieu
,
& de la Componction
, in 12.
Les mêmes in 12. 3 vol.
1 liv. Difcours
de la pureté d'Intention
, & des moyens pour y arriver , in 12 . I liv. 10 f. Carte de la Vifite de M. l'Abbé de la Trape å l'Abbaye
des Clairets , avec une Inftruction fur la mort de Dom Muce , in 12.
i liv . Inftructions
de faint Dorothée
, Pere de l'E, glife Creque , traduites
du Grec en François , avec la Vie de ce faint Pere , in 8 °. 2 l. 5 f. Inftructions
fur les principaux
fujets de la Pieté & de la Morale Chretienne
, in 12. 1 1. 10 f.
Lettres de Pieté choifies & écrites à differentes
perfonnes
, in 12 , 2.vol, 4 liv. Meditations
fur la Regle de faint Benoît , troi fiéme édition, augmentée
de la veritable
pre- ..
paration à la mort in 12.
2 liv. De la veritable
preparation
à la mort , in 12 .
feparément
,
I liv. Réponses
au Traité des Etudes Monaftiques
de Dom Jean Mabillon
, in 4º , 6 liv. Le Texte de la Regle de S. Benoît, trad.in 12.1 1. La Regle de faint Benoît , traduite
& expliquée
felon fon veritable
efprit , in 4º , 2 vol. 12 1 . La même in 12. 2 vol.
s liv. Reflexions
morales
fur les quatres Evangiles
, în 12.4 vol.
7 liv . 4 f.
Reglemens generaux de l'Abbaye de la Trappe,
in 12. 2 vol.
3 liv . 12 f.
Relation de la mort de Dom Abraham BeuS
% f. gnier , in 12. brochure ,
Relation de quelques circonftances de la mort
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. brochure
,
8 f.
Traité abregé des Obligations des Chrétiens ,
in 12 . 1 liv . 16 f.
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous- Prieur de l'Abbaye
de la Trappe.
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° , 2.
vol. 7 liv. 12 f.
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux , ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9 vol. 16 liv. 4 f
De Noffeigneurs du Clergé de France.
Procés verbal de l'Affembléé de 1690. fol . 61.
De l'Affemblée de 1693. & 1695. fol 10 1.
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6. 1 .
Relation des Affemblées de MM . les Prelats ,
pour la condamnation du Livre de M. l'Archevêque
de Cambray , in 4 ° , 4 liv.
Recueil concernant l'établiffement de deux Seminaires
dans le Dioceſe de Reims , in 4 , 61.
·
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2 vol . 30 liv.
Le Tome fecond feparement ,
Is liv.
Du
R. P. A MELOTTE
, de l'Oratoire
.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulga
te , ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4 , 2 vol.
Le même in 18.
12 liv.
I liv.
Du R. P. HARDOUIN , de la Compagnie
de Fefus.
Antirrheticus de nummis antiquis Coloniarum &
,,, '
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in
Sancti Joannis Chryfoftomi Epiftola ad
Monachum , Gr. & Lat. cum Joannis Harduini
Dißertatione Notis, de Sacramento Altaris ,
in 4 ,
De differens Auteurs.
4 liv.
>
Compendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen
diofa earum tractatio , in 12 .
I liv.
Coeur affectif de faint François de Sales , tire
de ce qu'il y a de plus touchant dans fes
Ecrits , pour la confolation des ames devotes
, par M. Gambard , in 12. I liv. 12 f.
Diurnale Ciftercienfe , ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin , 3 1.
Difcours de faint Bernard , compofez à la priere
de fa foeur la Religieufe , où font contenus
tous les principaux points du Chriftianiſme
nouvelle traduction , in 16 . 1 liv. 10 f.
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de la Congregation de N. D. in 16 . I liv.
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe,
par Meffire François de Harlay , Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu
M. l'Archevêque de Paris , in 12.
1 liv .
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre ,
in 12. 15 vol.
4f liv.
Les volumes fe vendent feparément , 3 1 .
Reglement pour le Regiment des Gardes , in
12 .
1 liv . Prieres Chrétiennes
recueillies
par ordre de feu M. l'Archevêque
de Paris , en Latin & en François
avec une Inftruction
pour la Con- feffion & Communion
, & une Conduite
pour bien gagner le Jubilé , in 12. troifiéme
édi- tion ,
I liv. Tradition
de l'Eglife fur le Silence Chrétien
&
Monaftique , contre l'intemperance de la langue
, & les paroles inutiles en general , & en
particulier contre la trop grande frequentation
des Parloirs des Religieufes , par M.
Hermant , in 12 . I liv. 16 f.
Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 .
I liv . 10 f.
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Joly ,
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris
3 in 12.
>
2 liv.
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religieufe
de la Vifitation , morte en 1694. in 12. 1 1. 10 L
De l'ufage de celebrer le Service Divin, en langue
non vulgaire , par le R. P. Caponnel ,
Chanoine Regulier , in 12 . I liv . s £.
Imitation de Jefus - Chrift en vers , avec figures,
par M. de Corneille, Bruxelles. in 8 ° , 4 1.
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaolo ,
in 4 ,
8 liv.
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , fol.
2 vol.
18 liv .
: Les mêmes , in 4 ” , 6 vol . 36 liv.
L'art de Tourner ou de faire en perfection
toutes fortes d'ouvrages au Tour : ouvrage
tres-curieux & tres- neceffaire à ceux qui s'exercent
au Tour , fol . Latin & Fr. 15 liv.
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon , par
M. de la Foffe , feconde édition , augmentée
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'autre
d'Horace , in 12.
2 liv. 10 f.
Nouvelle Grammaire Eſpagnole , par M. Perger
, in 12 .
2 liv. S f.
Nouvelle Traduction de Juftin , avec des Remarques
, in 12. 2 vol .
Conquête du Mexique , in 12. 2 vol.
3 liv . 10 f.
s liv.
Conquête du Pèrou , in 12. 2 vol . 4 liv . 10 L
Voyage d'Alep à Jerufalem, in 12 .
2 liv.
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoise du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Ortographe
,
I liv . Io f.
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
in 12 .
Norum Teftamentum Gr&cum , in 18 .
L'Esprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2
Le Comte de Cardone , in 12.
2 liv. 1o f
1 liv . 16 f.
vol.3 1.10 f.
I liv . 16 f.
Les Avantures Galantes du Chevalier de Thémicourt
, par Madame D... in 12. 11. 16 f.
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere ,
in 12.
2. liv.
Avantures galantes de France & d'Espagne ,
in 12 .
2 liv .
Traduction nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 . 2 liv.
6 liv. Biblia facra , in 4º ,
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
I liv. 10 f.
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
Effais de litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Effais , in 12 .
4 vol.
8 liv.
Le Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions
Nouvelles , in 12.
I liv . 10 f.
Les Campagnes du Roy de Suede , in 12. 3
vol.
6 liv .
La Vie de M. de Moliere , in 12 . 2 liv .
Traité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamation , la Lecture & l'Action publique
, in 12. I liv. to f
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Païs , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
habitant de ce Païs- là , in 12. enrichie de figures
12 .
,
9
gurès en taille- douce , 2 liv. ƒ f
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui enfeigne
les devoirs du Maître d'Hôtel & du
Sommelier la maniere de faire les Confi
tures feches & liquides , les Liqueurs , les
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des pâtes , des
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux Ragoûts
qu'on fert aujourd'hui : Avec des modeles
pour dreffer les Services de Table , ir
2 liv. s f
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Quef
tions & Réponſes familieres , tirées de dif
ferens Auteurs ; diviſé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament , par le R. P.
Guerard , de la Congregation de faint Maur feconde édition , in 12 . 2 liv
Les Delices de l'Italie ; contenant une defcription
exacte du Païs , des principales Villes ,
de toutes les Antiquitez , & de toutes les Raretez
qui s'y trouvent ; ouvrage enrichi d'un
tres-grand nombre de figures en taille douce ,
in 12. 4 vol.
Traité des Jardinages , par M. de la Quintinie ,
in 4º, 2 vol .
12 liv.
12 liv.
2 liv.
Le Prince Grec , in 12 .
Hiftoire de D. Quixotte , in 12. 5 vol . 12 l . 10 f.,
Les Fables de la Fontaine , in 12.5 vol. IQ liv .
La Princeffe de Cleves , in 12. 2 liv . 10 f.
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. 10 f.
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in 12 .
2.vol.
s liv.
Les Oeuvres
de S. Evremond
, in r2 . 5 vol. 10 l .
Juvenal
, de la traduction
du P. Tarteron
, in
12..
Zayde, in 12, 2 vol
2 liv . 10 f.
4. liv
10
3
liv.
Style du Confeil , par M. Gauret , in 4 , 5 liv.
Code de la Marine , in 4 ,
Traité historique des Monnoyes de France , par
M. le Blanc . in 4 .
9 liv.
Dialogues
entre
le Diable
Boiteux
& le Diable
Borgne , par M. le Noble , in 12 .
Traité de la Parole , in 12. brochure,
Lucien d'Ablancourt , nouvelle édition
mentée de Notes , in 12. 3 vol .
2 liv.
8 L.
, aug-
6 liv.
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & vrbibus Jure
Latio donatis , ex omni modulo percußa , autore
Joanne Foy- Vaillant , in fol . 2 vol . 36 liv.
L'Histoire reduite à fès principes , dediée à
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , în 12.
2 vol.
3 liv. IO f.. Contes des Fées , ou les Chevaliers
Errans , & \le Genie Familier , par M. D ...in 12. 11. 15 f. D. Guzman d'Alfarache
, in 12. 3 vol . 71. 10 f. Traduction
en vers François
des Epigrammes
d'Ovven , in 12.
Les Amours de Pfiché , in 12 .
La Mufe Moufquetaire , in 12 .
Virgile , de Martignac , in 12. 3. vol .
I liv. 10 f.
2. liv.
2 liv .
6 liv.
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol . 4 1. 10 f.
L'Ambiguë d'Auteuil , ou varietez hiftoriques ,
compofées du Joueur , du Nouvelifte , du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
, du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 . I liv . s . f.
Les Avantures d'Appollonius de Tyr , livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ftyle
que Telemaque , par M. le B ... in 12 . 2 liv.
Le Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
II
tian , in 12. 2 liv. s. f.
Abregé de Geographie , & de tout ce qu'il y
a de plus , remarquable dans chacune des quatregrandes
parties de la Terre , particulierement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France : le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
>
avec les routes des Poftes de France & d'Efpagne
, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes >par M. Poncein , in 12. liv . § f.
Hiftoire fecrete de Bourgogne , in 12. 2 vol . 3 1 .
Vaſconiana , ou Recueil des bons mots , des penfées
les plus plaifantes , & des rencontres les
plus vives des Gafcons , feconde édition , augmentée
, in 12 . 2 liv. $ f.
Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par M.
Durier , derniere édition , in 12.3 vol . 6 liv .
Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Bencerade, imprimées à Bruxelles , in 8 ° , 4 l ..
Les Metamorphofes , ou l'Afne d'or d'Apulée ,'
Philofophe Platonicien avec le Demon de
Socrate , traduction en François , avec des
Remarques , in 12. 2 vol. s liv.
Les Fables d'Efope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Quatrains
à la fin de chaque difcours , avec figures.
On a ajoûté à cette nouvelle tradution
les Contes d'Efope , les Fables diverfes
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f.
Les Memoires de la Vie du Comte D ... avant fa
retraite , contenant diverfes avantures qui
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui ont à
vivre dans le grand monde ; redigez par M. de
S. Evremont , in 12. 2 vol.
L
4 liv . 10 f.
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Comte
de Buffy, in 12. 3 vol. 7 liv. 10 f,
Bij
12
7dem , Ses Lettres , nouv . Edit . in 12. 4 vol. 8 I.
Les Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D... enrichies de figures en tailledouce
, divifées en 4 vol . in 12 . 10 1.
Quinte- Curce , de la traduct . de M. de Vaugelas,
avec le Latin à côté , 2 vol . in 12. 4 1. 10 f.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques , de M.
Dacier , troifiéme édition , revûë , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur
in 12.10 vol , 20 liv
Hiftoire de France, P. Marcelle , in 12. 4 vol.8 1.
Lexicon Buxtorfi , in 8ª,
4 liv. 10 f.
Idem Lexicon Paforis , Greco- Lat. in 8º , 4 1. 10 f.
Corpus Juris Canonici , à Petro Pithoxo , cum appendice
Juris Canonici , continens Librumſeptimum
Decretalium, & Jo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol. 2 vol. zo liv.
Les Oeuvres de Maître Guy Coquille , Sieur de
Romaney , 17 03. 2 vol. 13 liv. Recueil de bons mots des Anciens & des Mddernes
, in 12 . 2 liv.
THEATRE DE MESSIEURS
Corneille, in 12. 10 vol. 20 liv.
6 liv . Racine , 2 yol .
Campiftron , nouv . éd. augmentée d'une Tragedie
& d'une Comedie , & ornée de figures , 4 !.
De la Foffe , avec les Poëfies , 2 vol . S liv .
Legrand ,
Crébillon ,
Pradon ,
2 liv. 10 f.
3 liv. 10 f.
3 liv.
2 liv . 10 f.
De la Grange ,
Moliere , & vol . nouvelle édition , augmentée
de fa Vie , avec de nouvelles Remarques , 15. l.
Dancourt , 7 vol. nouvelle édition , augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions precedentes ,avec
fgures & Mufique
Regnard , z vol.
Poiffon , 2 vol .
De Hauteroche ,
4Jiva
`s liv.
3 liv.
2 liv. to f
Palaprat , 2. éd . augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore efté imprimées , &
d'un Recueil de Picces en Vers, 2 vol. 4 1. 10f
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Bpindin ,
De Champ-mêlé ,
De Montfleury , 2 vol .
Bourfault , 2 vol.
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut ,
Theatre François , 6 vol.
Idomenée >
3 liv
liv. 10 f
2 liva
2. liv.
+ liv.
s liva
s live
liv. 10 fa
2 liv. 10 f
as live
Aftrée ,
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobie
Cyrus ,
Les Tyndarydes ,
Saül ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe ,
Muftapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberinus
Le Curieux Impertinent
Les Agioteurs,
L'Amour Charlatan ,
Le Naufrage ,
Danaé ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le Jaloux défabuſe
Tragedic
}
Comedies;
14
Les Airs notez des Comedies Françoifes , par
M. Gillier , in 4º,
7 liv.
liv. 10 f.
Cantates & Arietes de M. le B. fol. 7
Le quatriéme Livre des Motets de M. Campra
,
Le Mercure Galant ,
Et broché ,
s liv.
11.
IO f.
1 l . sf.
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A. S.
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs
Effais de Poëfies diverfes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol. in 12. 1 1. 10 f.
Et toutes les autres Pieces de Theatre , tant
anciennes que nouvelles.
LYON
GALANT
DECEMBRE 17H
ANCY
NI
A PARIS ,
M. DCCXI.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F***
Mois
de Decembre.
1711.
Le prix eft 30. fols relié en veau ,
25. fols , brochez
&
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'ImageS. Louis ,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
IBLIO
ETRENNES
DE MERCURE
AU PUBLIC.
LES ETRENNES
de l'Oye.
Un Procureur des moins
fameux,
Pawore par confequens ,
mais pourtant genereux
DE
LYON
"
* A ij
4
TRENNES
Avoit famille tres nombreufe
Comme luy pauvre &
genereufe ,
Il attendoit pour l'étren
ner ,
Ce grand jour où Plai
deurs fe picquent de
donner :
Ce jour vint & rien pluss
du Perche , ny du
Maine
Il ne vint pas la moindre
aubeine ;
Mais une Oye arriva de
DE MERCURE . 1
il
la part d'un coufin :
Auffi toft pour Etrenne
l'envoye à fa tante ,
Et la tante à fa bru , par
qui l'Oye ambulante,
De parents en parents
continuant fon tour
a
Revint au Procureur vers
le milieu du jour.
Un autre l'eut de luy,foit
ou gendre ou beaufrere ,
Et par l'Etrenne circulaire
Chacun fut
cha
cunfut
etrenné
A iij
6 LETRENNES
Donnant ce qui luy fut
madonnés
C'est ainsi que fouvent
liberalite brille ,
Une Oye à peu de frais
etrenna la famille ,
Et par le dernier Etrenneur
Revint encore au Procureur
,
Qui le foir à fouper pour
Etrenne derniere
La donna de bon coeur
fa famille entiere.
*
Je fuis & genereux , €5
A
DE MERCURE. 7
pauvre comme luy,
Au Public de bon coeur je
redonne aujourd'huy
Tout ce que le Public
m'envoye ,
Ce font les Etrennes de
Poye .
A iiij
MA
MERCURE
GALANT.
I. PARTI E.
LITTERATURE.
A nouveauté detou-
LAtes chofes a tousjours
plû aux hommes.
N'est - ce point pour cela
feul qu'ils ont attaché au
MERCURE
nouvel An une idée heu
reufe & agreable ; Seneque
appelle nouvel an le
commencement du regne
de Neron annus novus
initium faculi felicif
fimi. Le pronoftic n'eftoit
pas juſte ; mais les
flatteurs prédifent tousjours
merveille. On donnoit
chez les Romains au
premier jour de l'an des
figues , du miel & des
dattes , fruits doux , fimboles
de la douce paix ,
1. PARTIE. ΓΕ
& de l'agreable union
qu'on fouhaitoit entre
parents & amis . N'eft- ce
point auffi comme fimbole
de pureté , de fran
chiſe & de fincerité , que
les Gaulois faifoient des
prefents de guy de chefne
coupé avec une ferpe
d'or ; l'or eft le fimbole
de la pureté , il ne reſte
plus qu'à prouver que le
gui de chefne eft le fimbole
de la fincerité ; un
autheur la dit , mais ces
MERCURE
fortes d'éruditions ne fe
démonftrent pas comme
un probleme de Geome
trie , quoyqu'il en ſoit ,
on dit que les Etrennes
Gauloifes eftoient plus
finceres que les noſtres .
Je
connois
pourtant un
Amant qui a donné celle
cy : elle eft de Monfieur
le B ....
Commefranc Gaulois
amant
Je vous donne en étrenne,
Iris, un caurfincere :
I.
PARTIE. 15
Pour vous , fi vous m'aimez
c'est un ricke
prefent,
C'en est un fort petit ft
Vous ne m'aimez
guere
La refponfe de la Gauloiſe
me paroift plus feurement
fincere.
Que je vous aime ou non,
voftre coeur vaut fen.
prix
Paimerois mieux celuy
d'un
autre
Fauray peu de plaifir à
14 MERCURErecevoir
le vostres
Mais c'eft tousjours autant
de pris.
Le Roy Tatius Sabinus
receut le premier la
Verveine du bois facré
de la Déeffe Strinia , ou
Strenia
, pour bon augure
de la nouvelle année ,
c'eftoit l'équivalent du
gui de chefne des Gau
lois. Etrennes vient , diton
, de ce mot Strenia ,
celuy de ftrenuus , qui
fignific genereux , peut
LOPARTIE .
auffi
avoir part à
cette
étimologie
, parce qu'on
donnoit
les
étrennes
à
ceux qui fe
diftinguoient
par leur valeur. Ön donnoit
dans les
premiers
temps des fruits en étrennes
, mais on donna enfuite
des medailles d'ar-
L
gent . A ce fujetOvide fait
dire à Janus, que les Anciens
eftoient bien fimples
de croire, que le miel
fuft plus doux que l'argent.
La fefte des étren16
MERCURE
nes eftoit dediée au Dieu
Janus qu'on repreſentoit
à deux vifages ; quelque
mauvais plaifant de ce
temps-là , a peut eftre dit
que l'un des vifages deJanus
eftoit trifte , & que
l'autre eftoit gay , pour
marquer la trifteffe de celuy
qui eft obligé de donner
des étrennes
, & lagaïeté
de celuy qui les reçoit.
S'il eft glorieux
de
donner
, il eft quelquefois
glorieux auffi de recevoir
1.
PARTIE . 17
cevoir , & les étrennes
qu'on portoit aux Empereurs
Romains, étoient
des marques d'honneur
.
Augufte en recevoit une
fi grande quantité
, que
pour n'en pas profiter , il
en achetoit des Idoles.
Tibere
ne voulut point
recevoir d'étrennes
; Caligula
les reftablit , Claude
les deffendit enfuite ,
mais elles refterent tousjours
en ufage parmy le
peuple.
Decembre 1711. I B
18 MERCURE
Qui croiroit qu'on puſt
trouver une raiſon phyfique
des étrennes , je ne
fçay quel Ancien a dit
que toutes chofes eftant
contenues dans leurs commencements,
on doit tirer
des augures bons ou mauvais
de toute l'année par
le premier jour.
L'avis eft bon profitez- en
Si vous voulez , Iris ,faire
un amant fidelle ,
De conftance rare modelle
:
I. PARTIE. 19
Faites - vous- en aimer au
premier jour de l'an,
A coup feur il fera conftant
toute l'année ,
A bien moins à prefent la
conftance eft bornée.
Les Gaulois
croyoient
que le gui eſtoit un prefent
confiderable
duCiel,
qu'il prefervoit du poifon
, & que celuy qu'on
cueilloit le jour de l'an
portoit bonheur toute
l'année à ceux qui en gar
doient fur eux .
Bij
20 MERCURE
Il nous eft refté de cette
fuperftition payenne le
mot de la guy l'an neuf.
on appelloit encore ainfi
dans les derniers temps
les prefents des étrennes .
le trouverois encore
beaucoup d'érudition fur
les étrennes
, mais pour
entrer dans l'efprit de la
fuperftition ancienne , je
veux éviter d'ennuyer au
premier jour de l'an , de
peur d'eftre ennuyeux
tout le refte de l'année.
I. PARTIE. 21
ETRENNES
de Me la C. de ....
aMr le Marquis de .
...en luy envoyant de
Poitou une Oye pour
Etrennes
C'est l'Oye qui parle . "
Quoyque jeune Oye à
teftefole
Je ne citeray point mes
anceftres Oyfons
Auffinobles que les Pifons
Iffus directement deceux
* MERCURE
du
Capitole.
De ce fang fi noble 5'fi
pur,
Ma foy je ne crois pas
defcendres
Je fuis jeune , 5 je feray
tendre :
C'eftpour vous, cherMar
quis , un merite plus sûr.
Autre Etrenne par Mr
de L. T.
Sur l'Air de la Baguette .
Del An passé la courſe
I.
PARTIE. 23
terminée
Devroit Iris finir voftre
3
rigueur ;
Heureux , heureux , fi la
nouvelle Année
Pouvoit auffi commencer
mon bonheur
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Dif
cours leu par Monfieur de
Reaumur , à l'ouverture
des affemblées de l'Acadé
mie Royalle des Sciences
d'aprés la faint Martin ,
24 MERCURE
fur la découverte d'une
nouvelle Teinture de Pourprc.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes fur
la couleur de Pourpre
fi
précieuſe aux Anciens , on
a efté peu inftruit de la nature
de la liqueur qui la
fourniffoit
: auffi tous ces
ouvrages ne font -ils que
des efpeces de Commentaires
de quelques paffages
d'Ariftote & de Pline ....
C'eft fur la nature mefme ,
& non fur les Naturaliſtes
qu'il faut faire des obfervations
1. PARTIE. 25
vations lorsqu'on veut découvrir
quelques - uns de
fes fecrets ....... Ariftote
& Pline nous ont cependant
laiffé bien des chofes
remarquables fur cette matiere
, mais plus propres à
exciter noſtre curiofité
qu'à la fatisfaire pleinement.
en
Monfieur de Reaumur
dit enfuite que quoy que
ces Auteurs ayent parlé er
differents endroits des poiffons
à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
fe fervoit pour teindre en
Decembre 1711. 1I C
26 MERCURE
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naif
fance , de la durée de leur
vie , de la maniere dont ils
fe nourriffoient , comment
on les pefchoit , comment
on leur enlevoit cette précieuſe
liqueur , & enfin les
diverfes préparations qu'-
on luy donnoit , on a neanmoins
mis la Teinture de
Pourpre des Anciens au
nombre des fecrets perdus
......
Ce que ces Autheurs
pourfuit-il , nous ont laiffé
fur cette matiere, n'a point
1. PARTIE . 27
empefché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois fur
la Teinture de Pourpre ,
que fournit un coquillage
commun fur les coftes de
fon pays ..... Ce coquillage
n'eft qu'une des efpeces
comprifes fous le genre
appellé Buccinum par les
Anciens , nom qu'ils a
voient donné à ces efpeces
de poiffons , parce que la
figure de la coquille dont
ils font reveftus , a quelque
reffemblance à celle d'un
I Cij
28 MERCURE
cors de chaffe ..... Pline
livre 7. chap. 36. range toutes
les efpeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre , fous deux
genres , dont le premier
comprend les petites efpeces
de Buccinum , & le fecond
les coquillages aufquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fourniffent
.....
Nos coftes d'Ocean
continue Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres efpeces de coI.
鹿
PARTIE. 29
quillages ; mais en revanche
on y rencontre trescommunément
une petite
elpece de Buccinum , dont
les plus grandes ont douze
à treize lignes de long , &
fept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles font
plus groffes ..... tournées
en fpirales comme celles
de nos limaçons de jardin ,
mais un peu plus allongées.....
C'eft en confiderant au
bord de la coſte les coquil
lages de cette efpece , que
je trouvay une nouvelle
I C iij
30 MERCURE
Teinture de Pourpre , que
je ne cherchois point .....
Je remarquay que les Buc
cinum eftoient ordinairement
affemblez autour de
certaines pierres , ou fous
certaines arcades de fable ,
pour ainfi dire cimenté ,
que la Mer feule a travaillées......
& qu'ils s'y af
fembloient quelquefois en
fi grande quantité , qu'on
pouvoit les y amaffer à plei
nes mains , au lieu qu'ils
eftoient difperfez ça & là
par tout ailleurs . Je remarquay
en meſme temps
1. PARTIE.
31
que ces pierres ou ces fables
eftoient couverts de
certains petits grains .....
dont la figure avoit quelque
reffemblance à celle
d'un fpheroide elliptique ,
ou d'une boule allongée ; la
longueur de ces grains ef
toit d'un peu plus de trois
lignes, & leur groffeur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenir une
liqueur d'un blanc tirant
fur le jaune , couleur affez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
I C iiij
#
32 MERGURE
Pourpre ; cette feule ref
femblance , & la maniere
dont les Buccinum eftoient
tousjours aſſemblez autour
>
telle
de ces petits grains , fuffirent
pour me faire foup
çonner qu'on en pourroit
peut -eftre tirer une Teinture
de Pourpre
qu'on la tire de ces coquil
lages ........ J'examinay
ces grains de plus prés , j'en
apperceus quelques - uns
qui avoient un oeil rou
geaftre. J'en détachay auffi-
toft des pierres aufquelles
ils font fort adherants ,
2
Ꭵ Bio
I. PARTIE. 35
& me fervant du premier
linge , & le moins coloré
qui fe prefenta dans le moment
, j'exprimay de leur
fuc fur les manchettes de
ma chemiſe elles m'en
parurent un peu plus fales ,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit cil
jaunaftre que je demeſlois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui.
attiroient mon attention ,
me firent oublier ce que je
venois de faire. Je n'y penfois
plus du tout , lorfque
jettant par haſard les yeux
34 MERCURE
fur ces mefmes manchet
tes , un demi quart d'heure
aprés , je fus frappé d'une
agreable furprife , je vis
une fort belle couleur
pourpre fur les endroits où
les grains avoient eſté
écrafez. J'avois peine à
croire un changement
fi
prompt & fi grand …………..
Je ramaffay de nouveau de
ces grains , mais avec plus
de choix , car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroif
foient les plus blancs , ou
pluftoft les moins jaunes ,
Y. PARTIE.
Je moüillay encore mes
manchettes de leur fuc
mais en des endroits differents
ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchaft en au
cune façon du rouge. Ce
pendant je les confideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une auffi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en eftoit affez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
4
36 MERCURE
couleur pourpre auffi belle
que celle des Buccinum. ....
Monfieur de Reaumur
rapporte enfuite plufieurs
experiences qu'il fit pour
connoiftre fi cette liqueur
avoit autant de tenacité
que celle des Buccinum , fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains, ne prend la couleur
de pourpre que lorfqu'on
l'expoſe au grand
air ; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que font
ces petits grains , il n'en a
I. PARTIE.
37
point fait d'affez heureuſes
pour y parvenir ; qu'on tireroit
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment plus
commode que celle dont
les Anciens oftoient la liqueur
des Buccinum , & fait
ce fujet un détail tresample
& tres- curieux
aprés lequel il conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs
plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum , parce qu'il y a
incomparablement plus de
ces oeufs que de ces coquil
38 MERCURE
lages , & qu'on auroit leur
liqueur beaucoup
plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur
paroift
parfaitement belle fur
le linge , & que dans le
grand gouft où l'on eft à
prefent pour les toiles
peintes , on pourroit s'en
fervir avec fuccez pour imprimer
fur du linge toutes
fortes de figures ; cette liqueur
celle auffi bien
que
des Buccinum , y feroit , dit
il , d'autant plus propre ,
ne s'étend pointi
delà l'endroit où on l'a
qu'elle
par
I PARTIE: 39
posée , de forte qu'elle
pourroit tousjours tracer
des traits nets .
De Rome.
On
fçait
que n fçait que feu Monfieur
Colbert, au commencement
de fon miniftere ,
fonda dans Rome, par l'ordre
du Roy , une Académie
de Peinture , Sculptu
re & Architecture , où l'on
envoya , fous la conduite
de Mr Erard , plufieurs
Peintres. Aprés Mr Erard,
Mr Coypel fut Directeur
de cette Académie. Enfui40
MERCURE
te Mr Houaffe , auquel
fuccedé M. le Chevalier
Poerfon qui y eft depuis
fept ans.
Rome a une autre Académie
tres fameufe & tresancienne,
appellée de Saint
Luc , dont le Directeur
qu'on appelle Prince de
l'Académie , eftoit le celebre
Chevalier Marat , quis
eftant âgé de quatre- vingt
neuf ans , & ne pouvant
plus vaquer aux foins de
cette charge on a choifiMr
le Chevalier Poerfon Di
recteur de la noftre , qui a
efté
I. PARTI É. 41
- efté nommé Vice Prince
de l'Académie de S. Luc
pendant la vie du Chevalier
Marat , pour prendre
la place de Prince, aprés
luy.
Le choix d'un François
pour eftre chef de l'Académie
Romaine , fait voir que
les François ne font pas inferieurs
aux Italiens dans
l'art de Peinture. Mrs de
Vernanfal & Beaunier
Eleves de l'Académie Françoiſe
, ont remporté les
prix dans cette mefme Académie
Romaine, qui ont
Decemb. 1711. 1 D
42 MERCURE
efté délivrez en preſence
de treize Cardinaux , plufieurs
Princes , Prélats &
Seigneurs ; & les Académiciens
de Larcadie , qui eft
une Académie de beaux
Efprits eftablie à Rome , y
reciterent plufieurs ouvra
ges de Poëfie , à l'aſſemblée
qui fut terminée par
un difcours que fit un Prélat
, à la loüange des Arts.
Le Roy content de la
conduite de Mr Poërfon à
Rome, a augmenté ſa penfion
de mille livres , & a
chargé Monfieur le MarI.
PARTIE. 43
quis de Dangeau
de
l'honorer de l'Ordre de
Chevalier de Saint Lazare
, qui luy a efté conferé
, au mois d'Octobre
dernier par Monfieur le
Cardinal de la Tremoille ,
aprés les preuves de Nobleffe
faites dans les formes
ordinaires.
De Lorraine.
Monfieur duTertre,dont
le Pere eft eftably depuis
plufieurs années à Bar-le-
Duc , a fouftenu dans le
College des Jefuites de
I Dij
44 MERCURE
Rheims une Theſe dédiée
à S. A. R. Monfieur le Duc
de Lorraine . Le Portrait
de ce Prince , gravé par un
habile Maiftre , faifoit le
fond de cette Thefe Mon
fieur le Duc de Lorraine ,
pour faire honneur au Souftenant
, y envoya Monfieur
le Marquis de Litta
l'un des principaux de fa
Cour , & cy-devant Grand
Maiftre d'Hoſtel de Madame
la Ducheffe de Mantouë
, avec le Pere Hugo ,
Prieur des Prémontrez de
Nancy , & Hiftoriographe
I. PARTIE.
45
de Lorraine . La harangue
que le Souftenant addreſ
foit à Monfieur le Duc de
Lorraine , eftoit imprimée
au haut de la Thefe. Elle
dit qu'il meritoit de porter
des Couronnes avant
qu'il en poffedaft , & que
fa fageffe eftoit le Chef de
fon Confeil & le premier
de fes Confeillers. A l'égard
du ſujet de la Theſe ,
Le Souftenant rejette le Syftême
des Automates , &
s'en tient aux formes fubftantielles
, il rejette auffi
le Syfteme de Copernic ,
46 MERCURE
pour fuivre celuy de Tichobrahé.
On a placé dans l'Article
des Mariages celuy
de Mr le Chevalier de
Luxembourg , & l'on
n'y a rien dit de fa Maifon
. Perfonne n'en ignore
la grandeur. Tous les
Livres d'hiftoire en font
pleins ; & j'évite également
de parler des Genealogies
trop connuës ,
& de celles qui le font
1. PARTIE . 47
,
trop peu : mais on place
icy comme
Ouvrage
nouveau
d'érudition
, le
Difcours
fuivant
qui eſt
nouvellement
composé
par Monfieur
Chevillard.
Il a fait fur cette
Maiſon
des Remarques
tres-curieufes.Quoique
ce Difcours
foit treslong
, je fuis perſuadé
qu'il n'ennuira
pas ; on
peuthafarder
d'eftre long
dans les fujets intereffans
,
& qui eft- ce qui ne s'in48
MERCURE
tereffe pas à tout ce qu'on
peut dire à l'occaſion de
Mr le Chevalier de Luxembourg.
Difcours
I. PARTIE. 49
Difcours nouveaufur l'origine,
la Genealogie , & la Maie
fon de Montmorency.
Tout le monde eft perfuadé
de l'antiquité de l'illuftre
Maiſon de Montmorency
, & perfonne ne
doute qu'elle ne foit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons
Chrétiens
en France , avec le cry de
Guerre ( Dieu aide au premier
Chreftien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
revolution des ficcles paf
Decembre 1711. 1 E
so MERCURE
fez à fait perdre les vieux
Titres , la negligence des
Hiftoriens en dérobent
la memoire , & il eft mal
aisé de fçavoir la verité de
fon origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de fa connoiffance
de cette Maiſon eft
le fameux André Duchefne
qui par fes foins nous a
laiffé dans un gros volume
toute fa pofterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en
mais il ne s'eft pas embarraffé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé , n'en
954
.
I. PARTIE.
Sa
ayant point trouvé
de
preuves
certaines
; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneurs de
Montmorency
..
Il dit qu'il fe trouve dans
la partie des Gaules qu'on
appelle France deux infignes
commencemens de
converfion ; la premiere
par faint Denis premier
Evefque de Paris , qui a
procuré la converſion des
Gaulois ; & la feconde par
faint Remy , Archevefque
de Paris , qui convertit les
I E ij
52 MERCURE
François ; ces deux con.
verfions font caufe de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une fi noble extraction
.
La premiere , que Lif
bius Chevalier d'une tresgrande
Nobleffe & d'autorité
parmy les Parifiens ,
eftoit Seigneur de Montmorency
proche de cette
Ville , & fut le premier des
Gaulois qui embraſſa la
Religion Chreftienne à la
prédication de faint Denis
vers l'an centiéme de noftre
Redemption
, fupposé
I. PARTI E.
53
:
que ce fut faint Denis
l'Areopagite qui avoit efté
converty par faint Paul
Apoftre mais fi l'on fuit
le fentiment
de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de faint Denis dans
les Gaules fous le Confulat
de Decius & de Gratus , la
converfion de Lifbius ne
pourroit eftre que vers l'an
253 .
La feconde opinion qui
eft de Robert Cenal, Evef
que d'Avranches , au premier
Livre de fes Remar-
E iij
54
MERCURE
ques Gauloifes, & de Clau
de Fauchet , au fecond Livre
de fes Antiquitez Françoifes
difent , que celuy
qui a donné origine à la
Maifon de Montmorency
ne fut pas le fameux Gaulois
Lifbius , mais un Grand
Baron François nommé
Lifoie ( lequel quand Clovis
premier Roy Chreftien
de France , fut baptisé par
faint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de fa fuite , qui
fe jetta dans la Cuve des
Fonds aprés luy , en meI.
PARTIE.
SS
moire dequoy fes defcendans
mafles ont efté honorez
du titre de premiers
Barons Chreftiens de France
, & ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chre-
Stien.
Quoy qu'il en foit , on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
efté dans cetts illuftre
Maiſon , de premier
Chreftien , & de premier
Baron Chreftien en Frant
ce , n'ayent une origine
tres ancienne , & tres illu
I E iiij
56 MERGURE
ftre , qui marque que les
anciens Seigneurs
Montmorency
de
eftoient
des plus puiffants du Royaume
mais comme la
fucceffion depuis Liſbius ,
ou de Lifoie,n'a pû fe con
ferver jufques à nous , il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus affeuré,
& fuivre ce qu'en a eſcrit
Duchefne auquel je renvoye
le Lecteur , qui com
mence l'hiftoire de cette
Maifon à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant
, & qui nous a
a don1.
PARTIE.
57
né la fuite de fa pofterité ,
qui eft rapportée dans la
Carte Chronologique
de
cette Maiſon , par Monfieur
Chevillard qui donne
à ce Bouchard pre
mier un pere , un ayeul ,
& un bifayeul , que Duchefne
ne rapporte pas ;
mais les ayant trouvez
dans un autheur , il les a
rapportez pour faire connoiftre
les alliances illuf
tres qu'ils avoient contractées,
puifque Jean Seigneur
de
Montmorency pere de
Bouchard premier , qui vi58
MERCURE
voit en 940. avoit époufé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais , fils
d'Adolphe Comte de Vermandois
, Everard Seigneur
de Montmorency
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier , époufa Brunelle
fille de Gaultier Comte de
Namur , & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmo
rency qui vivoit en 845
avoit épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponthieu ,
çe Leuto eftoit pere d'Everard
& bifayeul de Bou
I. PARTIE. 59
chard premier , c'eſt à luy
qu'il commence cet arbre
genealogique , afin de faire
connoiftre les trois di
vers changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maiſon de
Montmorency .
Ceux de cette Maifon
avoient pris d'abord pour
leurs Armes , comme premiers
Chreftiens , d'or à la
croix de gueules; Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou alle
rions d'azur , pour conferver
la mémoire de quatre
Enfeignes Imperiales pri60
MERCURE
fes à la victoire qu'il remporta
fur l'armée de l'Empereur
Othon II . Mat
thieu II . dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres , en memoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prifes à la bataille de
Bouvines fur l'Empereur
Othon IV. en 1214 Ainfi
depuis ce temps -là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules , cantonnée
de feize allerions
d'azur ; & comme cette
I. PARTIE.
Maifon a formé quantité
de branches , ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique
, mais
à prefent comme la branche
aifnée eft éteinte en la
perfonne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle , & Comte de
Horne décapité en 1568.
auquel la branche de Foffeux
a fuccedé à l'aiſneſſe
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maiſon ont quitté leurs
brifures , & ont retenu les
62 MERCURE
Armes pleines qu'ils portent
prefentement .
La Maifon de Montmorency
s'eft feparée en
quantité de branches , il y
en a eu plufieurs anciennes
qui font éteintes , mais
elle a confervé fon nom
jufqu'à aujourd'huy , par la
fucceffion de la branche
aifnée,dans plufieurs branches
qui fubfiftent, & quoy
qu'il paroiffe de grandes
branches forties de Mathieu
II. dit le Grand , Seigneur
de Montmorency ,
il n'y a eu que la poſterité
I. PARTIE.
6 ;
de fon fils aifné Bouchard
VI. qui ait retenu le nom
de Montmorency , parce
que fon fils cadet Guy de
Montmorency fut Seigneur
de Laval , qui commeheritier
de fa mere Eme
de Laval , fortie d'une tres
noble & tres illuftre Maifon
, en a tranfmis le nom
à fes Defcendans qui le re
tiennent encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency , la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brifure
, comme cadets de fa
Maiſon.
64 MERCURE
Quant aux honneurs de
cette Maiſon , on ne peut
difconvenir qu'elle eſt des
plus illuftrées
tant dans
les alliances
qu'ils ont contractées
, que dans les charges
qu'ils ont poffedées
les honneurs
qu'ils ont eus
par leurs alliances
, les font
toucher
de près à tout ce
qu'il y a eu de Teſtes couronnées
dans l'Europe
, &
pour le faire connoiſtre
il
faut diftinguer
ſes alliances
en trois manieres
. Premierement
, dans ſon ancienneté
: Secondement
,
depuis
I. PARTIE. 65
depuis la feparation de fes
deux Branches , les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
: Troifiémement ,
celle que la Branche de Laval
a euës.
Premierement , les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
font tres confiderables
puifque la premiere
qui eft rapportée par
Duchefne eft l'époufe qu'il
donne à Bouchard I. Elle
fe nommoit Hildegarde ,
& eftoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
Decembre 1711, 1 E
66 MERCURE
de Blois , & de Ledegarde
de Vermandois . Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois ,
pere de Eudes II . Comte
de Champagne , duquel
font fortis tous les Comtes
de Champagne ; & pour
four Emme , femme de
Guillaume III. Duc de
Guyenne , mère de Guillaume
IV . Duc de Guyenne
, élu Roy d'Italie , &
Empereur des Romains ,
duquel font defcendus les
Ducs deGuyenne , & Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
I.
PARTIE . 67
Hildegarde avoit pour
alliances du cofté de fa
mere Ledgarde de Vermandois
, qui eftoit fille de
Herbert II . Comte de Vermandois
, & d'une foeur de
Hugues le Grand , Duc de
France , & Comte de Pa.
ris , pere du Roy Hugues
Capet ; & auffi foeur d'Em-
>
me Reine de France
femme de Raoul , Duc de
Bourgogne & Roy de
France , fi bien qu'elle eftoit
coufine du fecond au
troifiéme degré du Roy
Hugues Capet , chef de la
I Fij
68 MERCURE
troifiéme Race des Rois
de France qui ſubſiſte aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Conneftable
de France , épouſa Aline
, fille de Henry I. Roy
d'Angleterre , & en fecon
des nôces il épousa Alix de
Savoye , veuve du Roy
Louis VI . dit le Gros, mere
du Roy Louis le Jeune , fi
bien qu'il avoit l'honneur
d'eftre beaupere du Roy
pour lors regnant.
Bouchard V.s'allia avec
Laurence , fille de BauI.
PARTIE 69
doüin, Comte de Hainaut,
defcendu par les Comtes
de Flandres , de l'Empereur
Charlemagne ; elle
eftoit tante de BaudouinV.
Comte de Flandres
Empereur de Conftantinople
, d'Ifabeau de Hainaut
, Epoufe du Roy de
France Philippe- Augufte ,
& d'Ioland de Hainaut
#
&
Imperatrice de Conſtantinople
, femme de Pierre
de Courtenay , auquel elle
porta la Couronne Imperiale.
Matthieu II. avoit épou
70 MERCURE
sé en premieres nôces Gertrude
de Néelle , fille de
Thomas Chaſtelain de
Bruges en Flandres , &
d'une foeur d'Yves , Comte
de Soiffons , Seigneur de
Néelle . C'eft de cette Da
me que toute la Maiſon de
Montmorency d'aujourd'huy
defcend , parce que
Matthieu ff . épouſa en ſecondes
nôces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval , comme
je le diray cy- aprés ; cette
Dame eftoit foeur aifnée
•
I.
PARTIE. + 71
d'Ifabeau de Laval, femme
de Bouchard
VI.Seigneur
de Montmorency
, fils aifné
du premier lit de Mathieu
II. ainfi l'on peut dire
que dans la feparation des
deux branches de Montmorency
, & de Laval , ils
ont les meſmes alliances
puiſque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maifon de Laval , ils fe
trouvoient alliez des Maifons
de France , d'Angleterre
, d'Ecoffe , de Caftil
le, des Comtes de Thouloufe
, & de quantité d'autres
72 MERCURE
Maifons tres confiderables
.
-
Secondement , les alliances
que la Maiſon de
Montmorency a contractées
depuis fa feparation
d'avec la branche de Laval
, font celles que Mathieu
III . contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerufalem ,
qui eftoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerufalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maiſon
de France , puifque Henry
Comte
1.
PARTIE
. 73
Comte de Champagne
Roy de Jerufalem , avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Louis le
Jeune , avec les Roys de
Navarre de la Maiſon de
Champagne , & avec les
Roys de Jerufalem & de
Chypre , de la Maiſon de
Lefignen.
Mathieu IV.dit le Grand,
Seigneur de Montmoren
cy , fils de Mathieu III.
Marie de
s'allia avec
Dreux
Princeffe
du fang
de France
, fille de Robert
IV . Comte
de Dreux,
Decembre 1711. 1 G
74 MERCURE
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Louis le Gros . D'ail
leurs elle eftoit fa parente
par trois endroits , d'abord
au quatrième degré du
cofté maternel par la Maifon
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoile
de Craon , femme de Guy
VI . Seigneur de Laval, qui
eftoit pere d'Ifabeau de Laval
mariée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de Mathieu I V.
1.
PARTIE. 75
7
Et d'Amaury de Craon ,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux , par la Maifon
de Montfort. Elle eftoit
fa parente du quatrié-
5me au cinquiéme degré ,
& par celle de Coucy du
cinquième au fixiéme.
Ce ne feroit jamais fait
fi on vouloit particularifer
toutes les alliances les unes
aprés les autres , on fe renferme
aux trois recentes; la
premiere eft celle queHen-
I Gij
76 MERCURE
ry Duc de Montmorency
11. du nom , Pair , Marechal
& Amiral de France ,
contracta avec Marie Felice
des Urfins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis fa mere ,
pour lors Regente du Ro
yaume , qui eftoit ſa parente
du deuxième au troifiéme
degré , puifque la
Reine avoit pour pere
François de MedicisGrand
Duc de Tofcane , qui eftoit
frere d'Elifabeth de
Medicis femme de Paul
I. PARTIE. 77
des Urfins Duc de Bracciano
, ayeul de Madame la
Ducheffe de Montmoren
cy: ainfi l'on peut voir par
cette alliance, l'eftime que
le Roy Louis XIII. d'heureufe
memoire , faifoit de
cette Maiſon , puiſqu'il faifoit
époufer à Monfieur le
Ducide Montmorency fa
parente au troifiéme de
gré.
La feconde alliance des
trois aufquelles on s'eft retranché
, eft celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
, four & heritie
I G iij
78 MERCURE
re de Henry II . Duc de
Montmorency mort fans
pofterité , laquelle épouſa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princeffe
aprés la mort de fon frere
, herita du Duché de
Montmorency , & de plufieurs
autres biens qui font
entrez par cette alliance
dans la Maifon de Condé.
La troifiéme alliance eft
celle que fit François Hen
ry de Montmorency Duc
de Piney - Luxembourg ,
forti de la branche de BouI.
PARTIE. 79
Magdelaine
teville , qui époufa en 1661.
Charlotte- -
Bonne- Therefe de Clermont
Ducheffe de Piney-
Luxembourg fille de Charles-
Henry de Clermont-
Tonnerre , & de Marie de
Luxembourg Ducheffe de
Piney , qui fe défit de fa
Duché en mariant fa fille ;
à condition que fon époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg , luy
tranſmettant le droit de fa
Duché femelle , afin de
conferver le nom de cette
illuftre Maiſon , qui a don-
1 G iiij
80 MERCURE
né plufieurs Empereurs
des Romains , des Roys de
Boheme , des Reines de
France , & à d'autres Couronnes
de l'Europe .
Ayant cy-deffus diftin
gué les alliances de la Maifon
de Montmorency em
trois manieres . Premiere
ment , dans fon commencement
. Secondement ,
depuis la feparation de fes
deux grandes branches , &
en troifiéme lieu , en celle
que la branche de Laval a
euë depuis fa feparation .
d'avec celle de Montmo
I. PARTIE. 81
rency. J'en rapporte quatre
qui font d'une tresgrande
illuſtration . La premiere
eft celle que Guy X.
Comte de Laval contrac
ta en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, & dont l'arriere pe
tite fille Ifabeau de Laval
époufa Louis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'eft
cette feconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaifir à la Maifon de
Montmorency ; puifque
c'eft de cette Ifabeau de
Laval que defcend toute la
82 MERCURE
Maiſon Royalle de Bourbon,
cftant la fixéme ayeulle
paternelle de noftre
grand Monarque Louis
XIV. à prefent regnant ,
qui voit en cette prefente
année 1711. fon Throfne
affermi dans fa Maiſon
pour plufieurs années par
la naiffance de fes arriere
petits fils Monfeigneur le
Duc de Bretagne , & Mon.
ſeigneur le Duc d'Anjou ,
&par cette alliance toutes
les Teftes couronnées de
l'Europe qui regnent au
jourd'huy font alliées à la
I. PARTIE. 83
Maifon de
Montmorency,
La troifiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maiſon , c'eft de voir
René d'Anjou Roy de Naples
& de Jeruſalem , qui
époufa Jeanne de Laval en
fecondes noces , mais cette
Reine n'en ayant point en
d'enfans , il n'eft resté à fa
famille que le plaifir de
s'en fouvenir .
& La quatriéme & dernie
re alliance eft celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
de Naples , qui fut femme
84 MERGURE
de Guy XVI. Comte de
Laval ; ils eurent plufieurs
enfans , entre autres deux
filles , dont l'aifnée Catherine
de Laval épouſa Claude
Sire de Rieux , qui porta
dans la Maifon de Coligny
le Comté de Laval ,
qui aprés l'extinction de
cette branche est tombé
dans celle de fa foeur cadette
Anne de Laval qui
époufa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars , dont eft defcendu
Monfieur le Duc de la
Tremoille qui poffede auI.
PARTIE . 8
jourd'huy le Comté de Laval
, & qui à caufe de cette
alliance , fait fes proteſtations
à tous les Traitez de
Paix , où il envoye une
perfonne pour le reprefenter
, prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
fa quatrième ayeulle.
Sans s'attacher à toutes
les alliances fouveraines
de cette illuftre Maiſon ,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres confiderables
qui luy font alliées ,
& le grand nombre de
y
86 MERCURE
Maiſons qui y ont pris des
femmes , tient à honneur
d'en eftre deſcendu , & ſe
fontun plaifir d'arborer les
Armes de Montmorency
dans leurs alliances.
L'on voit parmy les
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de la Maiſon de
Montmorency que d'aucune
autre Maiſon ; l'on y
compte deux grands Senéchaux
, fix Conneftables, &
un Conneftable d'Hibernie
, neuf Marechaux, quatre
Grands Amiraux , trois
1. PARTIE . 87
Grands Maiftres de la
Maifon du Roy , trois
Grands Chambellans , deux
Grands Bouteillers ou Efchanſons
, & deux Grands
Pannetiers.
Pluſieurs Conneftables,
& autres Grands Officiers
de France , font fortis de
cette Maiſon tres illuftre ,
ou en ont épousé des filles,
outre que cette Maiſon a
auffi produit plufieursDucs
& Ducheffes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
efté le partage des Sei-
む
88 MERCURE
1
gneurs de Montmorency
neanmoins l'on en voit
tres peu qui ayent eſté reveftus
de Dignitez Ecclefiaftiques
; l'on en voit cependant
un Archevefque
Duc de Reims , des Evef
ques d'Orleans , & peu
d'autres .
Ils ont encore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglife , dont on revere
la memoire aux Vaux
de Cernay en Beauce , c'eft"
faint Thibaud de Montmorency
Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
I. PARTIE. 89
d'Aline d'Angleterre , lequel
ſe croiſa en 1173. pour
le voyage de la Terre fainte.
A fon retour il fe fit
Religieux de l'Ordre de
Cifteaux , en l'Abbaye du
Val , puis il fut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Verſailles , entre
Chevreuse & Ramboüillet
, où il mourut faintement
vers l'an 1189 .
Enfin tant de grandeur
dans une Maiſon fait affez
connoiftre que la valeur a
efté hereditaire dans l'ame
des Seigneurs de Mont-
Decembre. 1711. I H
90 MERCURE
morency, & leur a fait meriter
tous ces honneurs
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffenfe de leurs Roys , &
de leur patrie , s'eftant tousjours
trouvez à la tefte des
Armées qu'ils comman
doient en chef , où ils ont
fait paroiftre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils .
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc , Pair , Marechal
, Conneſtable , &
1. PARTIE 91
Grand Maiftre de France
lequel après avoir blanchi
fous le harnois militaire ,
pour la deffenſe du Roy ,
& de la patrie , remporta
dans le tombeau la gloire
d'eftre mort au lit d'honneur
, puifque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de faint Denis , il
y receut huit coups mortels
, dont il mourut deux
jours aprés en fon Hoſtel
de Montmorency à Paris ,
eſtant âgé de prés de quatre
vingt ans , comblant
par ce moyen les derniers
I
Hij
92 MERCURE
jours de fa vie d'une fin
tres glorieuſe , aprés avoir
fervy cinq Roys , & aprés
avoir paffé par tous les degrez
d'honneur , & s'eſtre
trouvé à huit Batailles , en
ayant commandé quatre
en chef; auffi le Roy Char
les IX. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre , ordonna que
fa Pompe funebre fuft faite
en l'Eglife de Noftre- Dame
de Paris , avec toute la
magnificence poffible , où
toutes les Cours fouveraines
affifterent par ordre du
1.
PARTIE.
•
93
Roy. De là fon
corps fut
porté en l'Eglife de faint
Martin
de Montmorency
,
& fon coeur en celle des
Celeftins
de Paris , où il
fut mis dans un Caveau
,
proche de celuy du Roy
Henry II. Il eftoit bien
jufte qu'un coeur qui avoit
efté aimé de fon Prince ,
& qui avoit eu part à fes
plus importantes
affaires ,
fuft aprés fon trépas inhu
mé proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant fa vie ..
94 MERCURE
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre : Succeffion
Chronologique des Empereurs ,
des Imperatrices d'Occident,
depuis Charlemagne ·juſqu'à
prefent.
1.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains
, ni les Empereurs
d'Orient , on s'eft borné
à rapporter la Chronolo .
gie des Empereurs , & des
Imperatrices d'Occident ,
qui font ceux qui ont regné
en Europe depuis l'an
I.
PARTIE .
95
Boo. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le reftaurateur
de l'Empire d'Oceident
, quoyqu'il foit vray
qu'il eftoitEmpereur avant
qu'il euft efté reconnu tel
parles Romains eſtantEmpereur
par fa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant efté cedé à Clovis en
508. & confirmé à fes petits
fils par l'Empereur Jus
ftinien. Il eftvray que de
puis l'an 875. on n'a recon
96 MERCURE
nu pour Empereurs que
ceux qui ont efté reconnus
tels par les Papes , que mef
me les Rois de Germanie ,
& d'autres qui ont efté couronnezEmpereurs,
n'ayant
pris ce titre , du moins juf.
qu'au fiecle dernier , qu'aprés
ce couronnement , fe
contentant , jufqu'à cette
ceremonie , de celuy de
Roy desRomains ou d'Empereur
élu . On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoift pour Empereurs
ou qui ont efté élus
Empereurs ,
I. PARTIE. 97
Empereurs , par des partis
, pour les oppofer à ceux
qui avoient efté legitimement
élûs , ils font diftinguez
par des Couronnes
differentes .
Difcours fur la Dignité des
Empereurs , & fur fon
origine.
Le titre
d'Empereur a
pris fon origine des Romains
, elle ne fignifioit
pour lors que Commandant
ou General des Armées
, & il eftoit beaucoup
Decemb. 1711. I I
98 MERCURE
au deffous de celuy de Roy,
& marquoit une puiffance
moins abfoluë , ce qui porta
Augufte à la prendre ,
lorfque vingt neuf années
avant la naiffance de Jefus-
Chrift , il fe fut rendu maiftre
de Rome , & de tous les
pays foumis à la Republique
Romaine , fous ce feul
titre d'Empereur il joüit
d'une authorité fouverai
ne . Ses fucceffeurs prirent
& porterent le ' meſme titre
qu'ils eurent dans la
fuite fort fuperieur à celuy
de Roy , parce que leur
I. PARTIE.
29
puiffance & leur domination,
eftoit plus grande que
celle d'aucun Roy de la
terre.
Les pays foumis à la domination
Romaine s'appellerent
l'Empire Romain
, cet Empire eftoit
d'une eftenduë tres vaſte ,
il arrivoit fouvent par des
revoltes qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs
, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans . Poftume
s'éleva de la forte en
260. & forma l'Empire des
Gaules , qui comprenoit les
I I ij
100 MERCURE
Gaules , l'Eſpagne & les
Ifles Britanniques
.
Cet Empire des Gaules ,
détaché de l'Empire Romain
, ſubſiſta peu , & fe
reftablit dans la fuite par
des partages. Il fut le feul
que l'Empereur Conftans ,
pere de l'Empereur Conftantin
ait poffedé ; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fa perfonne , ſes fils le
partagerent , Conftantin ,
qui eftoit l'aifné, eut l'Empire
des Gaules & le poſfeda.
Dans la fuite , & partiI.
PARTIE. 101
culierement depuis la mort
du grand Theodofe , l'Em--
pire Romain fe trouva partagé
en deux ; fçavoir l'Empire
d'Occident , dont Rome
eftoit la Ville capitale ,
& l'Empire d'Orient , qui
avoit Conftantinople pour
Ville principale ; l'Empire
d'Occident finit en la perfonne
d'Augufte Momille
pris prifonnier , & déposé
le 31. Octobre 476. L'Empire
d'Orient a fini le 20 .
May 1453. par la mort de
Conftantin Paleologue, qui
deffendant la Ville de Con-
I iij Ι
10Z MERCURE
ftantinople contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs , qui la tenoit affiegée
. Conftantin fut étouffé
par la foule à une des
portes de la Ville , fon corps
ayant efté trouvé on luy
coupa la tefte , qui fut mife
au bout d'une pique , les
femmes & les enfans qui
reftoient de la Maiſon Imperiale
, furent maffacrez ,
ainfi finit l'Empire d'Orient
qui a efté depuis aux
Tures qui le poffedent depuis
ce
temps.
L'Empire d'Occident ,
I. PARTIE. 103
ou du moins celuy des
Gaules, fut cedé à Clovis
en 508. & confirmé à fes
petits fils par l'Empereur
Juftinien , ainfi Charlemagne
, que l'erreur commune
fait le reftaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. eftoit Empereur par
fa feule qualité de Roy des
François , & l'Empire a reſté
dans la famille l'efpace
de cent onze ans pendant
de neuf Empe- le
regne
reurs defcendus de luy ,
cinq defquels ont efté
Rois de France, aprés quoy
I I iiij
104 MERCURE
l'Empire a paffé à des Princes
de differentes Maifons
par élection . Il y en a eu
cinq de la Maifon de Franconie
, cinq de la Maiſon
de Saxe , fept de celle.de
Souaube , deux de celle de
Brunſwick , un de celle de
Naffau , cinq de celle de
Luxembourg , deux de Baviere
, feize de celle d'Au
triche , y compris l'élection
de l'Archiduc , defquels
feize Empereurs il y
en a treize de fuite & fans
interruption depuis l'élection
de l'Empereur Albert
I. PARTIE.
105
que l'Empire n'eſt
ty de leur Maifon . Il y a
eu quantité d'autres Maifons
qui ont efté honorées
de la Pourpre Imperiale
,
comme font celles de Spolette
, de Provence
, de
II . en 1438. qui font deux
cens foixante & treize ans
pas
for-
Frioul , de Quefort , de
Hollande , d'Angleterre ,
& d'Efpagne ; tous lesquels
Empereurs ſe voyent dans
la Carte que Mr Chevillard
Hiftoriographe de
France , & Genealogifte du
Roy vient de mettre au
106 MERCURE
jour , dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jufqu'à preſent ,
avec les Imperatrices leurs
Epoules.
Monfieur Chevillard a
donné au public depuis
vingt ans nombre de Cartes
de Chronologie , d'Hif
toire , & de Blafon, en quatre
vingt deux feuilles , &
travaillé à plufieurs autres
fujets , qu'il efpere qui feront
plaifir au public . On
trouve encore chez ledit
I.
PARTIE . 107
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles , de
l'hiftoire de l'ancien Tef
tament en genealogie , depuis
Adam jufqu'à Jefus
Chrift , dans laquelle , outre
la Genealogie , il fe trouve
l'Hiftoire fainte , & celle
des Roys contemporains
des Patriarches.
Monfieur Chevillard demeure
tousjous ruë neuve
Noftre-Dame , au Duc de
Bourgogne.
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs ; voicy
les ceremonies de leurs
couronnements.
108 MERCURE
L'Empereur doit eftre
couronné trois fois , & ce
n'eft que par le dernier
couronnement qu'il eft en
pleine poffeffion de fon
eftat .
Le premier couronnement
fe doit faire à Aixla
- Chapelle , où il eft couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie fe fait en
luy mettant fur la tefte la
Couronne de Charlemagne
, & en le reveſtant des
autres ornements Royaux
qu'on croit avoir fervy à ce
Prince . Le Magiftrat de
I. PARTIE. 109
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aixla
- Chapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux , ou les Clinodes de
l'Empire , en latin Clinodia
Imperii. Il arrive ſouvent
que le couronnement ne
fe fait pas à Aix , mais dans
une autre Ville d'Allemagne
, foit que la Guerre ſoit
dans les environs de cette
Ville , foit qu'il y ait des
maladies contagieufes , ou
par d'autres raifons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
110 MERCURE
Jofeph avoit efté couronné
à Augsbourg , & fon
pere l'Empereur Leopold
avoit efté couronné à
Francfort .
Suivant le quatrième
Chapitre de la Bulle d'or ,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix- la- Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'eſt point fait
à Aix , l'Electeur dans la
Province
duquel il s'eft fait , luy a
difputé fon droit. Il a pré-
Ecclefiaftique
I. PARTIE. III
tendu que l'honneur de
couronner l'Empereur
n'eftoit déferé par la Bulle
d'or à l'Electeur de Cologne
que parce qu'Aix - la-
Chapelle eft dans le reffort
Ecclefiaftique de l'Archevefché
de Cologne . Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empereur
Leopold
, parce que
le couronnement de ce
Prince fe faifoit à Francfort
, qui eft du reffort de
l'Archevefché
de Mayence.
Depuis il a eſté fait
112 MERCURE
une tranſaction entre l'Electeur
de Mayence & celuy
de Cologne , qui dit
que lorfque le couronnement
fe fera à Aix- la - Chapelle
, il fera tousjours fait
par l'Electeur de Cologne .
Quand il fe fera hors du
reffort de l'Archevefché de
Cologne , ces Electeurs
doivent alterner . Le dernier
qui eft celuy de l'Empereur
Jofeph , fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maiſon d'Ingelheim .
Ainfi c'eſt à l'Electeur de
Cologne
-
I.
PARTI E. 113
Cologne à faire le premier.
Quand on élit un Roy
des Romains , on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur Jofeph
fut ainfi couronné à Augſbourg
en 1690. Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne aprés la
mort de fon pere l'Empereur
Leopold .
Le fecond couronnement
de l'Empereur fe doit
faire dans l'Estat de Milan
avec la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
Decemb. 1711. 1 K
114 MERCURE
appelle vulgairement la
Couronne de fer , quoy
qu'elle foit d'or , parce
qu'elle eft fouftenue par un
cercle interieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eft Roy de Lombardie.
Le troifiéme couronnement
fe doit faire à Rome
par les mains du Pape , &
ce n'eft que par ce troifiéme
couronnement que le
Prince eft Empereur , & le
premier des Souverains de
la Chreftienté. Jufqu'à ce
couronnement luy mefme
·
I. PARTIE. 115
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains , mais
feulement le titre d'éleu
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas com
ment il s'eft eſtably , qu'il
ait neanmoins
par luy &
par fes Reprefentants
les
mefmes prérogatives
que
s'il eftoit veritablement
couronné Empereur
, quoy
que fa dignité ne foit qu'élective.
Charles Quint eft
le dernier des Empereurs
qui ait efté couronné en
Italie , les autres n'ont elté
couronnez que comme
I Kij
116 MERCURE ·
Roys de Germanie . Cependant
ils ont voulu fe
mettre en poffeffion de
tous les droits des Empereurs
, meſme de ceux qui
`paroiffent attachez le plus
infeparablement à la couronne
Imperiale , & au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglife Romai.
ne en la recevant par les
mains du Pape . Teleft le
droit des premieres Prieres ,
qui eſt à peu prés le meſme
que celuy qu'on appelle en
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
I. PARTIE . 117
Il confifte à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales , tant
dans les Chapitres Catholiques
, que dans les Chapitres
Proteftants. Quand
l'Empereur Joſeph cut eſté
éleu Roy des Romains , &
couronné Roy de Germanie
, fon pere l'Empereur
Leopold confulta les plus
habiles gens d'Allemagne.
pour fçavoir ſi ſon fils , en
vertu de ce couronnement
, pourroit fe mettre
en poffeffion du droit des
premieres Prieres. Leurs ref
118 MERCURE
ponſes n'eftant pas favora
bles , il n'y eut point de
décifion en forme.
Monfieur Sevin a donné
la premiere partie de
fes Recherches fur l'Empire
des Affyriens. Dans
le deffein de developper
l'hiftoire de cette ancienne
Monarchie , il commence
par examiner quelle en a
efté l'origine. Quoy qu'en
difent la plufpart des autheurs
modernes , il fouf
tient qu'Affur en doit eſtre
regardé comme le premier
Fondateur , chaffé du pays
I. PARTIE . 119
de Babylone par Nemrod
, il fe retira au delà du
Tigre dans les Provinces
qu'arrofent le Lyc & le
Caper. Ce fut l'an 190. ou
environ aprés le Deluge
que les fondements de cet
Empire furentjettez . Il paroift
par ce qu'en dit l'Ecriture
, que dès les commencements
il fut affez confiderable
; fes Roys neanmoins
pendant plus de fix
fiecles , ne firent aucune
figure dans l'Orient . Belus
fut le premier qui entreprit
de faire des con
120 MERCURE
queftes , & ce Prince n'a
velcu que deux cens vingt
deux ans avant la fameufe
guerre de Troye . C'eft ce
que Mr Sevin prouve par
les tefmoignages de Thallus
,d'Herodote
, de Denys
d'Halicarnaffe
, d'Appien
,
de Porphyre & de Macrobe
il fait voir enfuite
comment ce Prince s'empara
de la Province de Babylone.
Voilà en peu de
mots le fujet de tout les
Difcours de Mr Sevin .
DEL
MERCURE
11. PARTI
LYON
*
1893
AMUSEMENS
濃鮮雞
Fe reçois dans le moment
un Memoirefurune
avanture , je voudrois
pour l'amour du Lecteur,
qu'ellefût moins verita-
Dec. 1711. 2 A
2 MERCURE ,
ble &plus jolie , elle meriteroit
mieux le nom
d'Hiftoriette que je žluy
donne feulement parce
qu'on en veut une chaque
mois , pardonnez, la
negligence du ftyle , les
mois font bien cours pour
l'Autheur du Mercure.
LE BON MEDECIN
L'
HISTORIETTE.
'Efté dernier un riche
Bourgeois de
IL PARTIE . 3
Paris alla faire un voyage
à Rouen
, & laiffa
chez lui fa fille , pour
Savoir foin de fon ménageselle
prit tant de plaifir
à le gouverner
, que
donna
cela luy
envie
d'en avoir un à elle ; un
joli voifin qu'elle voyoit
quelquefois fortifioit
beaucoup cette envie ,
elle l'aimoit, elle en étoit
aimée , en un mot ils fe
convenoient , c'étoit un
mariage fait , il n'y man-
2 A ij ·
4 MERCURE
,
5
quoit que le confentement
du pere , & ils ne
doutoient
point de l'obtenir
à fon retour : ils
fe repaiffoient
un jour
enfemble
de cette douce
efperance
, lorfque
la
fille reçût une lettre de
ce pere abfent ; elle ouvre
la lettre , la lit , fait
un cri , & la laiffe tomber
: l'amant
la ramaſſe,
jette les yeux deffus , &
fait un autre cri . Cruelle
furpriſe
pour ces deux
II. PARTIE.
tendres amans ! pendant
que cette fille fe marioit
de fon côté , le pere l'ayoit
mariée du fien , &
luy écrivoit qu'elle fe
preparat à recevoir un
mary qu'il luy amenoit
de Rouen .
Quoiqu'il vienne de
bons maris de ce payslà
, elle aimoit mieux
celui de Paris . La voila
defolée
, fon amant fe
defefpere , aprés les
pleurs & les plaintes on
2 A iij
ſe
6 MERCURE ,
fonge au remede , la
fille n'en voit point
d'autre pour prévenir
un fi cruel mariage que
de mourir de douleur
pere
aravant
que fon
rive. Le jeune
amant
imagina
quelque
chofe
de mieux
, mais
il n'ofa
découvrir
fon deffein
à
fa maîtreffe
. Non , difoitil
en luy - même
, elle
n'approuvera
jamais
un
projet
fi hardi
, mais
quand
j'aurai
réüffi
, elle
II. PARTIE. 7
me pardonnera
la hardieffe
de l'entrepriſe
, les
Dames pardonnent
fouvent
ce qu'elles n'auroient
jamais permis .
Notre amant la conjura
de feindre une maladie
fubite pour favoriſer un
deffein qu'il avoit , &
fans s'expliquer davantage
il courut à l'expedient
qui n'étoit pas
pas trop bien concerté :
Le jeune homme étoit
yif, amoureux & étour-
2 A iiij
8 MERCURE ,
di , à cela prés tres raifonnable
mais les
amans les plus raiſonnables
ne font pas ceux
qui réuffiffent le mieux .
Celui- ci s'étoit fouvenu
à propos qu'un
Medecin de Rouen étoit
arrivé chez un autre
Medecin fon frere , qui
logeoit chez un de les
amis ; il s'imagina
que
ce Medecin de Rouen
pourroit bien étre fon
rival', il prit ſes meſures
là - deffus .
II. PARTIE.
Il étoit affez beau
garçon pour avoir couru
pluſieurs fois le bal
en habit de fille. A ce
déguisement , foutenu
d'une voix un peu feminine,
il ajoûta un cor™
fet garni d'ouatte à peu
prés jufqu'à la groffeur
convenable à une fille
enceinte de ſept à huiť
mois : ainfi déguifé dans
une chaiſe à porteur ,
fur la brune il va myf
terieuſement chez le
to MERCURE,
Medecin , fe doutant
bien que le fecret qu'il
alloit lui confier feroit
bientôt revelé à l'autre
Medecin fon frere : La
choſe luy réüffit mieux
encore , car le Medecin
de Paris n'étoit point
chez luy , n'y devoit
rentrer què fort tard , &
le Medecin de Rouën
étoit arrivé ce jour - là ,
& fe trouvant dans la
falle fe crut obligé de
recevoir cette Dame
II. PARTIE. It
qui avoit l'air d'une pra
tique importante pour
fon frere. Il
engagea la
converfation avec la
fauffe fille , qui ne luy
laiffoit voir fon vifage
qu'à travers une coëffe .
Elle luy tint des difcours
propres à exciter
fa curiofité , & paroiffoit
prendre confiance
aux fiens à mesure qu'il
étaloit fon éloquence
provinciale pour luy
paroître le plus habile
wide
12 MERCURE ,
& le plus difcret Medecin
du monde . Dés qu'-
elle eut reconnu fon
homme pour être celuy
qui la devoit époufer
c'eft- à -dire qui devoit
époufer fa maîtreffe
dont il vouloit faire ici
le perfonnage
, il tira
fon mouchoir , fe mit
à pleurer & fanglotter
fous fes coëffes
, & aprés
quelqu'une
de ces ceremonies
de pudeur que
Fufage à prefqu'autant
II. PARTIE. 1
1
abregées que les autres
ceremonies du vieux
temps ; il parla au Me
decin en ces termes.
Monfieur , vous me
paroiſſez ſi habile & fi
galant homme , que ne
connoiffant
pas Monfieur
vôtre frere plus
que vous , j'aime enco
re mieux me confier à
vous qu'à luy enfuite
la confidence fe fit pref
que fans parler , la jeune
perfonne redoubla
*
44 MERCURE ,
fes pleurs , & entr'ou
vrant fon écharpe pour
faire voir la taille d'une
femme groffe , elle dit ,
Vous voyez la plus malheureufe
fille du monde .
Le Medecin des plus
habiles , connut , fans
duy tâter le poulx , de
quelle maladie elle voudoit
guérir , il luy dit ,
pour la confoler , qu'il
couroit beaucoup de ces
maladies- là cette année
& qu'apparemment on
II. PARTIE.
luy avoit promis mariage
, helas ! oüi , repliqua-
t - elle , mais le
malheureux qui m'a féduite
n'a ni parole , ni
honneur.
Aprés plufieurs invectives
contre le feducteur
& contre ellemême
, elle conjura le
Medecin de luy donner
quelqu'un de ces remedes
innocens , qui précipitent
le dénouement
de
l'avanture
, parce
16 MERCURE ,
qu'elle attendoit dans
peu un Mary de Province
.
pas
Quoique le Medecin
nes'imagina pas d'abord
qu'il put être ce Mary
de Province
qu'on attendoit
, il ne laiffa
d'avoir plus de curiofité
qu'il n'en avoit eu
jufques- là, & pour s'attirer
la confidence
entiere
, il redoubla fes
proteftations de zele &
de difcretion . Enfin
aprés
II. PARTIE . 17
aprés toutes les fimagréés
neceffaires , nôtre
jeune homme déguiſe
luy dit : Je fuis la fille
d'un tel , qui m'a écrit
de Rouen , qu'il m'avoit
deftinée un honnête
homme, mais tel qu'il
foit , on eft trop heureufe
de trouver un Mary
aprés avoir été trompée
par un amant. Vous
comprenez bien quel
fut l'effet d'une telle
confidence fur le Me-
Dec.
1711 .
2 B
18 MERCURE ,
decin , qui crut voir fa
future épouſe enceinte
par avance , il demeura
immobile , pendant que
luy embraffant les genoux
, elle le conjuroit
de conduire la chofe de
façon , que ni fon Pere ,
ni le Mary qu'elle attendoit
, ne pût jamais
foupçonner fa fageffe.
Le Medecin prit ladeffus
le parti de la difcretion
, & fans témoigner
qu'il fût l'honnête
II. PARTIE. 19
鉴homme que l'on vou
loit charger de l'iniqui
té d'autrui , il offrit fon
fecours , mais on ne l'accepta
qu'à condition
qu - il ne la verroit point
chez fon Pere , on fupe
pofoit que le Medecin
feroit affez delicat pour
rompre un tel mariage,
& affez honnête homme
pour ne point dire
la caufe de la rupture
.
Le Medecin alla chez
le Pere dés qu'il le fçut
Bij
20 MERCURE ;
arrivé , ce Pere luy dit
avec douleur qu'il avoit
trouvé en arrivant fa
fille tres malade , & ce
lui- ci , qui croyoit bien
fçavoir quelle étoit fa
maladie , inventa plufieurs
pretextes de ru
pture , mais le Pere ef
perant
que la beauté
de
fa fille pourroit
renouër
cette affaire
qu'il fouhaittoit
fort , mena
no
tre homme
voir la malade
comme
Medecin
,'
II. PARTIE . 21
& elle le reçût comme
tel , ne fe doutant point
qu'il fût celui qu'on lui
vouloit
donner pour
mary , fon Pere n'avoit
encor eu là - deffus aucun
éclairciffemét avec elle ,
la voyant trop mal pour
lui parler fi - tôt de may
riage ; le Medecin , qu'il
pria d'examiner la ma
ladie de fa fille , parla
avec toute la circonfpe
ction d'un homme , qui
ne vouloit rien appro22
MERCURE ,
fondir; il demanda du
temps pour ne point
agir imprudemment ,
cette difcretion plût
beaucoup à la malade ,
elle crût que connoif-
•
fant bien qu'elle feignoit
cette maladie , &
qu'elle avoit quelque
raifon
importante pour
feindre , il vouloit lui
rendre fervice ; dans
cette idée elle le gracieufa
fort , il répondit
à fes
gracieufetez en
II. PARTIE. 27
Medecin qui fçavoit le
monde , enforte que cette
confultation
devint
infenfiblement une converfation
galante , c'eft
affez la methode de nos
Confultans modernes ,
& elle vaut bien , pour
les Dames , celle des anciens
Sectateurs d'Hipocrates
. Le tour agreable
que prit cette entrevûë
, donna de la gayeté
au Pere , qui dit en badinant
, que comme Pere
24
MERCURE,
difcret il laiffoit fa fille
confulter en liberté fon
1
Medecin , & les quitta,
croyant s'appercevoir
qu'ils ne fe
déplaifoient
pas l'un à l'autre .
Voila donc le Medecin
& la malade en li
berté , leur tête- à- tête ?
commença
par le filenla
fille avoit remarce
,
qué dans ce Medecîn
tous les fentimens d'un
galant homme , mais
elle
hefitoit
pourtant
encor
II. PARTIE . 25
encore à lui confier
fon fecret. Lui de fon
côté ne comprenoit pas
bien pourquoy elle hefitoit
tant ; fi l'on fe
fouvient icy de l'entrevûc
du Medecin & de
l'amant déguisé en fille
enceinte , on comprendra
qu'une fi grande
reſerve dans cette fille
qu'il croyoit la même ,
devoit le furprendre
;
cependant il y a des
filles fi vertueules , qu'-
Dec., 1711. 2 C
26 MERCURE ,
है
un fecond aveu leur
coûte prefque autant
que le premier. Nôtre
Medecin tâcha de r'ap
peller en celle- cy cette
confiance dont il croyoit
avoir été déja honoré.
Cela produifit une
converfation équivo
que , qu'on peut aifément
imaginer , la fille
lui parloit d'une maladie
qu'elle vouloit feindre
pour éloigner un
mariage , & le Medecin
II. PARTIE. 27
d'une autre maladie
plus réelle , dont il croyoit
avoir été déja le
confident. Quoyqu'il
touchât cette corde tres
delicatement , la fille en
fremit de furpriſe &
d'horreur , elle pâlit ,
elle rougit , elle fe trouble
, tous ces fymptomes
étoient encor équivoques
pour le Medecin
, la honte jointe au
repentir fait à peu prés
le même effet , il fe fer
Cij
18 MERCURE,
pour la raffurer des lieux
communs les plus confolans
, vous n'êtes pas
la feule à Paris , lui ditil
, ce malheur arrive
quelquefois aux plus
honnêtes filles , les meil
leurs coeurs font les
plus credules , il faut efperer
qu'il vous époufera.
On juge bien
que l'é
clairciffement fuivit de
prés de pareils difcours,
mais on ne fçauroit imaII.
PARTIE . 29
•
giner la furpriſe où ils
furent tous deux quand
la choſe fut miſe au net,
le Pere arriva affez tôt
pour avoir part à l'é
clairciffement & à la
furprife , ils fe regar
doient tous trois fans deviner
de quelle part venoit
une fi horrible cas
lomnie , la fille même
n'étoit pas encor au fait
lorfque fon amant arriva
de la maniere que
vous allez voir. 22
C iij
30 MERCURE ,
fe
Pendant que cecy
paffoit
, l'amant
inquiet
vint s'informer
de la
fille de Chambre fur le
mariage qu'il craignoit
tant ; elle avoit entendu
quelque chofe de la rupture
, elle l'en inftruifit
, & il fut d'abord
tranfporté de joye e
mais ayant appris enfuite
que le Medecin
venoit d'avoir un grand
éclairciffement avec le
Pere & la fille , il perdit
II. PARTIE . 31
la tramontanne , & courut
comme un fol à la
chambre de fa Maîtref
fe , & là tranfporté de
defefpoir il lui demanda
permiffion de fe percer
le coeur avec fon
épée , il n'ofa faire fans
permiffion cette feconde
fottife , qu'elle n'auroit
pas plus approuvée que
la premiere ; il entra
donc , & fe jetta la face
contre terre entre le
Pere , la fille & le Me-
C iiij
32
MERCURE ,
decin , qui fe
regardoiết
tous trois fans dire mot;
la fille parla la
premie
re , comme de raifon ,
& fon amour
s'étant
changé en colere , elle
ne parla que pour foudroyer
le pauvre jeune
homme , elle
commença
par lui défendre
de
la voir jamais , le Pere
auffi outré
qu'elle , le
fit fortir de fa Maifon
, & la fille auffi- tôt
offrit fa main au Me
*
II PARTIE.
33
decin pour fe venger de
l'offenfe qu'elle avoit
reçûë du jeune homme,
le Medecin convint
qu'il meritoit punition ,
& dit qu'il alloit luymême
le faire avertir
qu'il n'avoit plus rien à
prétendre , ainfi aprés
que le pere & la fille eurent
donné leur parole
au Medecin , il promit
de revenir le lendemain
pour terminer le marias
ge.
34 MERCURE ,
Le Pere & la fille pafferent
le reste du jour à
parler contre l'imprudent
jeune homme la
fille ne pouvoit s'en laf
3
fer , & fon Pere en la
quittant lui conſeilla de
dormir un peu pour ap
paiſer fa colere , lui
faifant comprendre qu'
un amant capable d'une
telle action ne meritoit
que du mépris . La nuit
calma la violence de fes
tranſports , mais au lieu
II. PARTIE . 35
du mépris qu'elle atten
doit , elle ne fentit fucceder
à la colere que de
l'amour , elle fit pourtant
cent reflexions fur
le rifque où l'avoit miſe
ce jeune homme d'être
le fujet d'un Vaudeville
, mais elle ne put trou
ver dans cette action
que de l'imprudence &
de l'amour , & le plus
blamable des deux
ne fert qu'à prouver
l'excez de l'autre , en36
MERCURE ,
forte qu'avant le jour
elle fe repentit d'avoir
donné fa parole , & fut
bientôt aprés au deſeſpoir
de ce qu'il n'y avoit
plus moyen de la retirer.
Quand le Medecin revint
il trouva fon épou
fe fort trifte , je me dou
tois bien , dit- il au Pere
en prefence de fa fille ,
qu'elle n'oublieroit pas
fi-tôt , ni l'offence , ni
l'offenceur
, elle pour
II. PARTIE. 37
toit s'en fouvenir encor
aprés fon mariage , fon
amant n'eft pas preſt
non plus d'oublier fon
amour , je viens de le
voir , j'ai voulu le pu-
*
nir , en lui laiffant croire
pendant vingt- quatre
heures qu'il feroit malheureux
par ſon imprudence
, il en eft affez puni
, car il a penſé mourir
cette nuit , je m'apperçois
auffi que vôtre
fille eft fort mal , voila
38 MERCURE ,
de ces maladies que fça
vent guerir les bons Medecins
: mariez - les tous
deux , voila mon Ordon .
nance.
Le jeune amant étoit
riche , la fille eût été
au deſeſpoir
; le pere
fut raifonnable
, le mariage
fe fit le même
jour par l'entremiſe du
bon Medecin.
II. PARTIE. 32
BOUTS - RIMEZ
du mois paffé.
ن م
L'Un aime le tambour ,
l'autre aime la flute ,
Le Docteur argumente , & le
Boulanger
blute :
Celui- ci d'un coup fier aime
à preßer le
flanc
Celui-là tire un liévre , un
autre tire au blanc :
Aminte fe repait d'une amou
reufe
flame
Auffi feroit Iris , mais elle
craint le blame ;
40 MERCURE ,
Belife fe mocquant & du
brun , du blond ,
Sur fes voifines fait des couplets
deflon
Aon.
Chacun a fès plaifirs , mais
Caron dans fa
flete
belette
Nous attend, &la mort plus
•fine que
Nous furprend, moißonnant
les humains à grands flots :
Ainfi du marbre enfin le temps
détruit les blocs.
QUESTION.
II. PARTIE . 41
QUESTION.
Quelle difference y at-
il entre la tendreſſe &
l'amour ?
REPONSE .
Le coeur fait la tendreffe
, & l'imagination
fait l'amour. Il y a des
occafions où les mouvemens
du coeur , & les
effets de l'imagination
confondus . De font
Dec.
1711.
2 D
t
42 MERCURE ,
tout temps on a diſputé
fur les mouvemens
du coeur & de l'efprit ,
ce font vrais fujets.
Les deux partis peu
vent avoir raiſon .
REPONSE .
Les Poëtes font en
poffeffion de les confondre
, mais fans leur difputer
le droit d'exprimer
l'amour par le mot
de tendreffe , & la tenII.
PARTIE . 43
dreffe par le mot d'amour
, je crois qu'il n'y
a perfonne qui n'en faſſe
la difference , & tous
ceux qui d'abord fenfibles
au merite d'une jolie
femme , en deviennent
amoureux par degrez
, fçavent du moins
qu'ils étoient tendres
avant que d'être amoureux
, & que cet objet
avoit réveillé la tendreffe
dans leur coeur avant
que d'y former la paſ
2 D ij
44 MERCURE,
fion de l'amour.
>
La
tendreffe e pour
ainſi dire la trempe du
coeur
les uns aiment
plus , les autres moins
tendrement
, & chacun
aime felon la
convenance
de fon coeur .
L'amour
eft la tendreffe
d'un coeur attaché
à un objet , la ten-d
dreffe eft la qualité d'un
coeur qui n'attend
qu'un
objet pour s
3'
s'attacher.ucd
Je ne fçai fi ces défiII.
PARTIE . 45
nitions paroîtront bien
justes dans un temps où
1 amour tient moins de
la tendreffe que de la
volupté ; auffi n'ai - je
pretendu parler que de
celui que la tendreffe
produit. L'amour eſt la
plus naturelle & la plus,
belle de toutes les paffions
, parce que la tendreffe
eft la plus naturelle
& la plus belle de ba
toutes les qualitez du
coeur humain ; parce
46 MERCURE,
que la volupté l'a dé
gradée , l'amour eſt une
paffion qu'on cache , &
dont on rougit
.
Si la tendreffe feule
agiffoit dans l'amour ,
cette paffion feroit la jufte
meſure de la bonté ,
de la nobleffe , & de la
delicateffe des coeurs ;
& la decadence de cet
amour vient fans doute
des efprits les plus bornez
, qui incapables des
grandes idées , & des
II. PARTIE. 47
3
beaux fentimens , në
trouvent de reffources.
ni de plaifirs que dans
la volupté. Comme le
nombre des efprits médiocres
eft le plus grand
& le plus fort , la plû
part des Dames fe font
tellement rangées de
leur party qu'elles fe
paffent maintenant fort
bien de tendreffe , &
qu'elles la regardent
comme imbecillité dans
ceux qui font en âge de
48 MERCURE,
raiſon, & dans les jeu
· nes gens comme le défaut
d'un ufage qu'elles
efperent que l'âge & le
monde leur donnera. Ce
ne font point elles qui
confondront l'amour
avec la tendreffe ; j'en
foupçonnerois bien plûtôt
celles , qui malgré
le torrent de l'ufage
foûtiennent encore
f'honneur d'une paffion
que tant d'autres exem
ples aviliſſent .
II. PARTIE. 49
Je fuis bien éloigné de
penfer que la race en foit
efteinte , & quand j'ay
dit que la plufpart des
femmes fe rangeoient du
mauvais party , c'eft que
leur nombre, fuft- il mille
fois plus petit , me paroiftroit
tousjours trop
grand.Quoyqu'ilen
foit ,
rien ne fait plus d'hon-
7 neur aux femmes que la
tendreffe des hommes, &
pour moy j'y conçois de
grands plaiſirs , & je ſuis
Decembre 1711, 2 E
So MERCURE
perfuadé que le plaiſir ſecret
que fait la lecture
des belles Tragedies &
des beaux Romans vient
de la tendreffe qui y eft
peinte . On eft charmé de
retrouver en foy les mcfmes
fentiments qu'on y
donne aux Heros.
L'âge d'or n'avoit rien
de fi doux que l'union des
deux fexes , par l'amour
que produit feulement la
rendreffe ; & le prefent le
plus funefte qu'on puſt
II. PARTIE.
leur faire eſtoit la volupté
que Pandore apporta ,
& qui finit pour jamais
cet heureux temps . Pour
lors
Les deux fexes eftoient
unis des plus beaux .
noeuds ;
Ce qui pouvoit les rendre
heureux
N'eftoit jamais illegitime.
Leur penchant eftoit leur
maxime ;
Par la fimple nature ils
eftoient vertueux
2 E ij
$2 MERCURE
Le respect , l'amour , &
l'eftime
Eftoient les feuls liens de
leur focieté
,
Et chacun poffedoit
fans
crime
Son plaifir &fa liberté.
Mais , ofunefte barbarie!
Bientoft l'infame volupté
Vint troublerparfa tirannie
La commune felicité.
La mutuelle fympathie
Qui s'expliquoit dans tous
les coeurs ,
II. PARTIE.
53
Effrayée à l'afpect de tant
defrenefie
Nyfit plus fentir fes dou
ceurs.
Sous les loix de cette traitreffe
Le coeur ne connut plus les
innocents defirs ,
Et tous les fens troublez,
d'une honteufeyureffe
Luy ravirent le droit de
choifirfes plaifirs.
Depuis ce tempsfatal , l'a
mant la
maiftreffe
Que ce monftre unit en un
N
E
ij
$4 MERCURE
jour
Gouftent les plaifirs de l'a
mour
Sans goufter ceux de la
tendreffe..
ENIGME S.
A. On donnera ordinairement
l'Enigme devinée
dans le Mercure fuivant
avec la nouvelle , afin
qu'on puiffe juger fi on
l'a devinée jufte. Voicy
une Parodie de celle de
la Toilette qui fera à
près le mefme effet.
peu
ی
II. PARTIE.
$52
A fa Toilette Alix n'a ny
poudre ny plomb . A
Croyez- vous pour cela
qu'elle y fait defoeuvrée
.
De fa Boutique bien parée
Cent ingredients font le
alb fond.
Elle fe les applique avec
mainte
grimace .
Les Rofes & les Lis dont
elle orné fa face
Ne font ny Lis ny Rofes
de
Printemps.
Toilette peut luy dire en
E iiij
$6 MERCURE
faifant l'importante
Avec le nombre de mes
ans
Près de vous mon credit
s'augmente ,
Et fans rougir vous n'ofe
moy prefent ,
Recevoir vos derniers
Amants.he
Noms de ceux qui ont
deviné cette Enigme.
Mr.de Conflans ; le
beau Licencié , & fon
gracieux Beaufrere ; la
Bru du Gendre de la BelIL
PARTIE. 57
lemere ; le beau Caffandre
.
EN VOY. .
Lafemme àquarante ans
Doitfonner la retraite .
Fe renonce aux Amans ;
Fayplié la Toilette.
Le Deferteur des Toilettes.
Guillemetté le
Blanc . Jerofme Carmin ,
& Mathurin Pomadet
affidus à la Toilette des
Dames . Le Farfadet ; le
jeune Doyen ; les deux
jeunes foeurs de la rue
t
38 MERCURE
Michel le Conte; la grof
fe Marguerite .
Par l'aimable & toute
fpirituelle veuve Me del
Coffeffeville.
Voftre Enigme me coufte peu ,
Ce n'estpour moy qu'une Amu-.
fette.
Fe la lis auprès de monfeu ;
Jela devine à ma Toilette.
Réponſe fur les mefmes
Rimes.
La Toilette vous coufte peu
Ce n'est pour vous qu'une
Amufette. 20
11. PARTIE .
Avec un teintfi vif, des yeux
fi pleins de feu ,
Coffeffeville n'a pas grand befoin
de Toilette.
Le Doux
rempant ; la
Grimaffe
brodée
; l'éloquent
Avocat
de la rue
Jean Fleury
; la belle Devineufe
a dit voftre Toilette
s'eft developpée à
mes
yeux .
EN. VOY
par une Precieufe
.
Une vive douce lumiere
to MERCURE
Avec peine & plaifir
m'entr'ouvre la paupiere ,
A ce charme des yeux je
veux donner un nom ;
Car ce n'eft point Diane,
encor moins Apollon
C'eft une beauté plus parfaite.
Qui donc ? eft-ce l'aurore?
non's
C'est le Soleil à fa Toilette.
ENIGM E.
Maformefait mon eftre ,
jexifte fans corps.
1
II. PARTIE. 61
On m'en donne
pourtant
de foibles & deforts
Dont hors de moy les uns
en
cercle fe
promenent ,
Et les autres en may haut
bas fe demenent.
Parmoy
fe fit jadis quelque
amoureux
larcin
Et par moy fut fauvé jadis
quelque
affaffin .
En toutpays je fuis d'une
mefme
nature;
Mais je change de noms
en changeant
defigure.
>
*
J
2
曩
62 MERCURE
Autre Réponse à la Que
ftion du mois dernier.
Par Mr P.
C
La tendreffe eft une
impreffion delicate que
fait fur un coeur la difpofition
qu'il a à devenir
amoureux ; elle devient
amour lorſqu'elle fe détermine
fur un objet.
Quoyqu'un enfant n'ait
point de ces defirs
preſſans
Qui fe rendent maistres
des fens ,
II. PARTIE. 6
Etfont despathons le fouverain
empire;
Déja pourtant on connoift
aspires qu'il afpire
A ce qui doit le dominer
unjour
Ainfi dans fa tendre jeu
and meſſe ,
A 2010 (ne
b
Amour n'eft
encor que
tendreffe:
Et
tendreffe eft
l'enfance
de
l'amour.
Questions nouvelles.
Qu'eft ce que le coeura
de
commun avec l'efprit?
+
64 MERCURE
On demande s'il y a
de la difference entre ce
qu'on appelle s'aimer , &'
ce qu'on appelle Amour
propre.
On s'eft déja plaint
plufieurs fois que je donnois
des Chanſons anciennes
mais on s'eft
plaint bien plus encore de
ce que j'avois interrompu
la fuite de mes Chanfons
de Caractere que j'a
vois promiſes au Public ,
& qu'on y chante tout
autrement
DE
LA
LYON
BIBLIOT
VILLE
II.
PARTIE. 65
autrement que je ne les
ay composées , parce que
je ne les ay jamais fait
noter.Cette derniere confideration
l'emporte , car
elle eft aidée de l'envie
que j'ay de les mettre à
Couvert de l'oubly & de
T'eftropiement.
CHANSON
du Tabac.
D'où me vient cette foms
bre humeur ?
Pourquoy mes foiblesyeux
craignent -ils la lumiere ?
Decembre 1711. 2 F
དོདན
66 MERCURE
Pourquoy fuis - je acablé
d'une trifte langueur
?
Ab ! je n'ay point ma
Tabatiere !
Point de Tabac , kelas !
plaifir , fanté,
Raifon , vivacité ,
Tout avec mon Tabac eft
refte fur ma Table.
Amyfecourable,
Le tien est-il bon .
deteftables
Il est parfumé.
Adefim , adefim , a de
Simple Tabacje fuis
II.
PARTIE. 67
accoustume.
Cet autre eftplus agreable.
Ab !qu'il eft aimable !
Ah ! quelle volupté!
Dieu du Tabac que tes
Autels
Soient encenfes par les
mortels.
Que du plus noir Petun
mille Pipesfumantes
Tefourniffent d'encens.
Que les Beautez les plus
charmantes
Se
barbouillent de tes prefens.
Fij
68 MERCURE
Que tes doyens enchifrene
Chantent
du ne
Tes plaifirsforcenez ,
Et que pour te rendre propice
,
Ton Temple retentiffe
D'eternuements &
Et de reniflements.
Ton Temple retentiffe
D'éternuements
Et de reniflements.
II. PARTIE. 64
Devifes des Jettons
de
l'Année 1712 .
TRESOR ROYAL
Des Cyclopes travail
lant à un Bouclier.
Arte atque metallo.
PARTIES CASUELLES.
Daphné changée en
Lauriers , & ces mots de
Virgile.
Mortalem eripuit
formam.
70 MERGUREN
ORDINAIRE
des Guerres.
La Maffue d'Hercule.
Eadem poft mille labores.
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercule avec fa peau
de Lion & fa
Maffuë ,
marchant agrands pas.
Orbem
pacare
laborat.
MARIN E.
Neptune dans fon Char.
Bello pacique
.
II.
PARTIE. 7
GALERE S.
Medufe couchée dans
fon antre au bord de la
mer.
Etiam tranquille videtur.
BASTIMENTS.
Minerve tenant à la
main une equerre & quelques
inftruments defardinage.
Gravibus folatia curis.
22 MERCURE
Le fujer choif pour te
Jetton de Madame la
Dauphine eft une Cou
ronnefermée de Dauphins,
pour Devife ces mots.
Magnus fplendor maximaque
virtus.
Celle - cy n'eft pas de
Académie,
MERCURE,
III. PARTIE
∙
DE
PIECES
FUGITIVES
PIECE NOUVELLE
par M. R.
ETRENNES,
en envoyant un Pigeon.
LE PIGEON.
DE
vous dire bon jour ,
ce n'eft grande merveille,
3 A
Dec.
1711.
2 MERCURE ;
Un Perroquet vous en di
roit
autant ,
Et ces bavards parlent
tout venant ;
Je fuis plus refervé , je par,
le
rarement ,
C'eſt méme tout bas
l'oreille ,
à
Que je vous fais mon compliment.
Meffager de l'amour , j'ar
riye de Cythere ,
L'Amour du Char de fa
mere
M'a détaché ce matin ,
Je me fixe chez vous , tendre
, fidelle, fage ,
III.
PARTIE
Et même auffi
gc ,
peu
vola-
Que fi j'avois encor mon
frein ,
Les foupirs font tout mon
langage ,
Ecoutez fans
courroux ces
muets
entretiens ,
De tous autres foupirs ne
fouffrez point l'hommage
,
Belle **** Belle
****
n'écoutez que,
les
miens
Vous fçaurez
quelque jour
que je fuis un grand
Maître
Dans l'art de
bequeter ,
A ij
MERCURE ,
d'attendrir un baifer ,
Et ma délicateffe eft fur
ce point peut-être ,
vray
modelle
à propo Un
fer.
En preffant ces levres fi
vives ,
Que de douceur j'y vais
puifer
Vos roſes & vos lys ont
des couleurs naïves
Qu'augmentent mes bai
fers fans les pouvoir
ufer ,
Pour vous donner du frais,
mes doux battemens
d'ailes
III. PARTIE.
Feront auprés de vous l'office
des Zephirs
Et fouvent ce feront à vos
tendres plaifirs
Des applaudiffemens
fidelles
,
Courrier leger, cheminant
par les airs ,
En cette qualité comment
vous fervirai-je ,
On fçait que mes pareils
en cent climats divers
De la Pofte ont le Privilege
,
Ils portent à leur col Lettres
& Billets doux ,
Et pour en rapporter les
A iij
6 MERCURE
réponſes fecrettes
Ils vôlent par - deffus les
têtes des jaloux ;
Mais de pareils emplois ,
de l'humeur dont
vous êtes ,
M'occuperont fort peu
pour vous
Voicy les Hymnes , les
Cantiques ,
Qu'en l'honneur de l'Amour
, fit un de fes
fujets :
On vante de ce Dieu le
2
pouvoir & les traits ;
Vous lirezfans rougir dans
Les
Panegyriques ,
III. PARTIE.
Les éloges de vos attraits .
Peut- être qu'apreſent Venus
fur fa toillette
Trouve un bijou de moins,
L'Amour eft le filou , moi
j'ai prêté mes foins
Venus fera fort inquiette ,
Si le vol n'eft point fait par
quelqu'autre Pfiché,
Et fi cette beauté , qui doit
étre parfaite ,
Par l'auteur du larcin n'a
point le coeur touché ,
Vous feule en avez connoiffance.
com
Ne m'en pourriez - vous pas
dire un mot aujourd'hui ,
A iiij
8 MERCURE ,
Faites-m'en la confidence
Je n'en parlerai qu'à luy.
Balzac dit qu'il y a
une figure de la piece
fuivante
dans une Table
de Jafpe à Naples ,
où les femmes
lapident
l'Amour
avec des Rofes-
AUTRE PIECE
nouvelle ,
à limitation d'Aufomne.
L'AMOUR PUNI
Loin de ces
prifons
redoutables
, AI,
III. PARTIE .
Où Pluton aux ombres
coupables ***
Fait fentir fon jufte
courroux ;
Il eft dans les Enfers des
azyles plus doux .
La des Myrthes toufus
forment de verds
ombrages ,
Qui n'ont rien des horreurs
de l'éternelle
nuit ;
Des ruiſſeaux y coulent
zud fans bruit ,
Des Pavots languiffans
10 MERCURE ,
couronnent leurs rivages
,
On voit parmi les fleurs
qui parent ce féjour ,
Hyacinthe & Narciffe ,
& tant d'autres
encore ,
Qui mortels autrefois
de l'Empire d'amour
Ont paffé fous les Loix
de flore.
Dans les fombres dé
tours de ces paifibles
lieux
Plufieurs Amans , dont
III. PARTIE. 11
la memoire
Doit vivre à jamais dans
l'Hiftoire ,
S'occupent encor de
leurs feux ;
L'ambitieufe
dente,
impru-
Qui voulut voir Jupiter
Armé de la foudre tonnante
,
Rappelle ce plaifir qui
lui coûta fi cher ,
Et la Maîtreffe de Ce
phale , Mich
12 MERCURE ,
Soupirant pour ce vainqueur
,
Cherit la fleche fatale
Dont il lui perça le
coeur , iban¶
Hero d'une main tremblante
,
Tient la lampe étince
lante ,
Qui luifervit feulement
A voir périr fon amant.
Ariane roule en colere
Ce fil trifte inftrument
d'un perfide attentat ,
Trop malheureuſe , heIII
. PARTIE . 13
las d'avoir trahi
fon Pere
Pour n'obliger qu'un
1:
îngrat.
Phedre , chancelante &
confufe ,
Baigne , mais trop tard
de fes pleurs ,
L'écrit où la main accufe
Ses criminelles ardeurs
Moins coupables cent
fois , & plus à plaindre
qu'elle
,
Et Didon & Thifbé
14 MERCURE ,
vont fe frapper le fein ,
D'un perfide ennemi ,
l'une a le fer en main ,
L'autre celui d'un amat
trop fidelle .
L'Amour , de leurs dou
leurs , voulut être
témoin
,
Decouvrir fon carquois
il avoit pris le foin ,
Les Arbres d'un boccage
,
L'épaiffeur d'un nuage
Adoucirent en vain l'é
clat de fon flambeau ,
III. PARTIE. IS
On reconnut bientôt
cet ennemi nouveau
,
Déja la troupe rebelle
Lui preparoit des Tour
mens inhumains ;.
L'Amour tout fatigué ,
ne bat plus que
d'une aîle ,
Il fe foutient à peine , il
tombe entre leurs
mains.
Amour , pour defarmer
les Juges implacables ,
C'eft vainement que tu
verfes des pleurs ,
16 MERCURE
On enchaîne tes mains ,
qui portoient dans
les coeurs F
Des coups inévitables ;
Attaché fur un Myrthe,
en proye à leurs
fureurs ,
Tu vas de mille morts
éprouver les horreurs ,
Leurs clameurs menaçantes
Ont étouffé tes plaintes
languiffantes ,
L'une vient t'effrayer
savec le fer fanglant ,
Qui
III. PARTIE. 17
Qui finit de fes jours le
Indéplorable refte ,
L'autre avec le débris
€ 25) encor étincelant
Du bucher de fa mort ,
theâtre trop funeſte ,
De fes pleurs endurcis ,
par le pouvoir des
Dieux ,
Myrrha fait contre toy
de redoutables armes ,
Leur poids va t'accabler,
fes remords ,
fes allarmes
Ne puniront que toy de
B. Dec.. 1711.
3 B
18 MERCURE ,
fon crime odieux .
L'Amourattire fa Mere
Par fes pleurs & par les
cris ,
Vient-elle à fon fecours?
non Venus en colere
Vient augmenter les
tourmens de fon fils.
Je n'ai que trop fouffert
de cet audacieux ,
Dit- elle , qu'à ſon tour
il éprouve ma rage ,
Des filets de Vulcain ,
des ris malins des
Dieux
III. PARTIE. 19
Je n'ai pas oublié l'outrage
,
C'eſt Venus en courroux
, qui menace ,
tremblez ,
Sa main s'arme auffitôt
d'un long bouquet
de Rofes ,
De leurs boutons à peine
écloſes ,
Le fang couloit dé-ja
fous fes coups redoublez
,
'Arrêtez Deeffe irritée ,
S'écrie avec tranſport
3 Bij
20 MERCURE ,
laTroupe épouventée,
Lorfque nous refpirions
le jour
Le fort fit nos malheurs
ce ne fut
pas
l'Amour.
PAR Mr. V. A Mr. DE**
Qui lui avoit envoyé un Remede
pour la Fiévre.
PLus ne m'enquiers de
quelle drogue avez !
Formé ce bol , par qui feroient
bravez
Bien plus de maux , plus
III PARTIE.
de peftes encore
Que parmi nous n'en ap
porta Pandore..
Nul mal ne tient contre
ce bol divin ,
J'envoys en moy
confirmée
la vertu
Contre une Fiévre en mon
fang allumée ,
Du Kinkina le fecours
étoit vain ,
Point n'en étoit la fureur
allentie ,
Vous dites Parts , & la •
voila
partie.
Mais à la fin le voile eft
arraché
,
22 MERCURE
Ainfi que vous , je fçai ce
qui compoſe
Ce bol , en qui tant de
force eft encloſe ,
Pour un Poëte il n'eft rien
de caché ,
Lors qu'Apollon nôtre efprit
a touché ,
Comme les Dieux nous
voyons toute choſe..
Que nous voulions penetrer
aux Enfers
Tous leurs fecrets à nos
yeux font offerts ,
Nous y voyons jufqu'à
l'ardeur farouche ,
Que pour fa femme a PluIII.
PARTIE.
1
ton dans la couche ;
S'il faut percer les myſte.
res des Cieux ,
Là , nous allons manger
avec les Dieux ,
Dans leur Confeil nous
fommes reçûs même ,
Nous y voyons Jupin ce
Dieu Luprême ,
Pour cent Amours furtifs
fe travailler ,
$
Et fon époufe aprés luy
criailler.
Dans fon Palais , dans fes
grotes profondes
Neptune en vain préten
droit fe cacher ,
Ca
24 MERCURE ,
Tout au travers de l'abyme
des Ondes
Nos yeux perçans iroient
là le chercher.
Nous difcernons les effences
premieres ,
Rien , en un mot , n'évite
nos lumieres ,
Aviez -vous crû pouvoir les
éviter ?
MA
Adonc , afin que n'en puiffiez
douter
N'eft-il pas vray que ce
bol falutaire.
Par qui tout maux font
gueris en ces lieux.
N'eft feulement qu'un magique
III PARTIE. 25
gique myftere
Qui de leur Ciel fait def
cendre les Dieux ,
Et les contraint de venir
en perfonne
Suivre la loy que vôtre bol
leur donne ?
Car je l'ay veu clairement
de mes
yeux ,
Er ne fuis point trop fimple
, trop credule ,
Lorfque je pris ce philtre
merveilleux
Sur le fommet de ce puif
fant globule
Je vis s'affeoir la Deeffe
Santé
Dec.
1711. 3 C
26 MERCURE,
*
Au teint vermeil , à ferme
corpulence ,
A la dent blanche , à l'oeil
plein de gayté , Ű
Et telle enfin qu'au fiécle
d'innocencev
Toûjours les Dieux l'ac
cordoient aux humains ,
Ou telle encor que leurs
benignes mains
La font fouvent dans le
fiécle où nous fommes ,
Briller au front de quel
ques bonnes gens ,
Qui malgré l'air corrompu
de nos
temps
Ont le coeur pur commeles
III PARTIE. 27
premiers hommes ,
J'entens Abbez , Chanoines
, & Prieurs,
Gens indulgens pour leur
propre moleffe
Et contre autrui fi feveres
crieurs.
Mais revenons à la faine
27324 Deeffe ,
Bacchus , l'Amour , les ris ,
les enjouëmens
Sommeil aifé , confiance
en fes forces ,
Defirs puiffants , delicates
amorces , T
Tout en un mot ce que de
Dieux charmans
C ij
28 MERCURE ,
Compte l'Olimpe , étoient
lors à fa fuite.
Ce n'eft le tout , je vis fous
fa conduite
Et j'en fremis encore de
relpect ,
Je vis ces Dieux fur moy
fondre avec elle ,
Je crus alors qu'une guerre
cruelle
S'alloit fur moy former à
fon afpect ,
Mais non,rien moins , la redoutable
Fiévre
Fuit fans combat comme
un timide Liévre
Fuit à l'afpect du vîte Lé
vrier.
III. PARTIE. 29
Aprés cela la Deeffe ra-
" vie
Marque à chacun des
Dieux qui l'ont fuivie
Le Logement qu'il doit
s'approprier.
Bacchus d'abord de mon
Palais s'empare ,
Pour pofte Amour mon
coeur s'en va choifir ,
Les enjouemens mon ame
vont faifir
Le doux fommeil auffitôt
fe
prepare
A fe loger dans mes yeux
languiffans
,
Non pour toûjours , con-
Ciij
30 MERCURE
vention fut faite
Que du Soleil chaque
courfe parfaite
Miſe en trois parts , fes pavots
raviffans
En auroient une , où fe
rains & tranquilles ,
Mes yeux pour eux feroient
de fûrs azyles , *
Que de ce cours , pendant
.
价
les autres parts ,
Mes yeux pourroient, dans
leur mince ftructure ;
Loger des Cieux , de toute
la nature
La vive image , & celle
* des beaux arts ,
III. PARTIE.
3L
0
Y
Et pour Iris mille amousupereux
regards.
La confiance ou l'abus de
ces forces
Courent remplir l'imagi-
Lo nation
Jolis defirs , delicates amorces
Prennent auffi même habitation
,
Puis d'autres Dieux dont
ne fais mention
Selon leur rang à leur de
voir fe rendent ,
Et la fanté de qui tous ils
Welles
dépendent
Ne voulut point prendre
A
Ciiij
32. MERCURE ,
un poste arrêté ,
Mais fe logea dans toute
la Cité. Supang
Ains , grace à vous , je me
vois en fanté ,
Mieux que ne fut oncques
le fort Hercule. C
J'ai toutefois là- deffus un
fcrupule , por
Dont befoin eft que vous
m'éclairciffiez.
Je craindrois fort que par
hazard n'euffiez
Fait un mécompte à l'égard
de mon âge , &I
Et qen faifant vôtre pa-
&te enchanteur
III
PARTIE. 31
Vous ne m'euffiez invoqué
50 par malheur
Quelque fanté trop jeune
& trop peu fage
J'ai fur le front trente-ſept
soud ans au moins ,
Or , fi m'aviez , par vos
A tragiques foins ,
#
Tout de nouveau fait couoler
dans les veines
Le même fang & les mêmes
efprits ,
Qui m'animoient à vingt
de
peines
h
ans , que
J'aurois
encor
fous le joug
de
Cypris !
34 MERCURE
,
DEDEDESTESTDEDEDEDESTORESENT
ODE
O
2
NOUVELLE
à Monfieur de M.
a
! Mufe , en ces , momens
, où libre
cette table ,
Jy voy mes airs fuivis de
ce bruit favorable
,
Qui me rend aujourd'huy
le plus fier des hu
mains
,
Viens , toi-même , & mets
moi Lyre entre les
mains ;
Que mes doigts en tirant
III.
PARTIE. 35
B
le fon le plus aimable ,
De tes pompeux accords ,
de tes accens divins
Render l'ufage à nos feftins.
*
Commençons ; je connois
à l'ardeur qui m'infpire
Que Pollymnie eft en ces
lieux :
Oui , je te reconnois , &
chacun dans fes yeux.
Avec tranſport me laiſſe
lire
Ce que peuvent fur nous
* C'étoit la coûtume chez les Anciens
de chanter aprés les grands repas.
Perfonat auratá .
Cythará crinitus Iopas
Virg. Hom. dans l'Iliade & l'Odyf
36 MERCURE,
tés fons harmonieux ,
Mais n'entreprenons point
de dire
Les exploits des Heros , la
naiffance des Dieux :
Comment d'un ſeul regard
ébranlant fon Empire
Jupiter fait trembler & la
terre & les Cieux ;
Ce qui forme les vents, ce
qui fait le tonnere,
Comment chaque faifon a
partagé la terre ,
Ce retour fi conftant &
des nuits & des jours ;
Entre tant de fujets fublimes
,
III. PARTIE.
37
Que toy feul aujourdhuy
fois l'objet de nos rimes;
Chantons la gloire de ton
cours.
Où fuis-je ? & dans cette
carriere *
D'où je vois s'élever fous
les pieds des chevaux .
Cette épaiffe & noble
pouffiere
Dont fe viennent couvrir
mille jeunes rivaux ,
Quel mortel ** affis les
couronne ?
Cette foule qui l'environne
Jeux Olimpiques .
** Pindare.
38 MERCURE ,
De fa voix feule attend le
prix de fes travaux.
Sur quel ton monte-t- il fa
lyre?
Et comment pourrai - je
décrire
Ses ambitieufes chanfons?
L'air s'ouvre devant luy de
l'un à l'autre Pole ,
Comme un Cygne écla
tant loin de nous il
s'envole ,
Et la hauteur du Ciel eft
celle de fes fons.
Mufe , avec tant d'efforts
à peine tu refpires ,
Mais , aimable Sapho , je
III. PARTIE. 39
t'entends , tu foupires ,
Tu cedes à l'amour qui poffede
tes fens.
Bien plus doucement que
Pindare ,
Tu fais que la raifon s'égare
BonnentendBlus,onmeurtporcedetes accens Bacchus
nous ranime
,
pour plaire
Il prend cette lyre lege
re
Qu'Anacreon touche pour
luy ;
A fa voix le plaifir ſe répand
fur la terre ,
Et partout il livre la guerre
40 MERCURE ,
Aux foins , à la peine ,
l'ennui .
De fes fons le galant Ho .
race
Parant fes accords avec
grace ,
Aux bords les plus fleuris
va dérober Fe thim ,
Plus diligent que n'eft une
abeille au matin .
Que loüerai - je le plus , ou
fa cadence juſte ,
Ou de fes vers aiſez le tour
ingenieux ?
Par fa main l'immortel
Augufte
Boit le même nectar qu'-
Hebé
1
III. PARTIE. 41
Hebé difpenfe aux
Dieux :
Mais fa lyre avec luy s'enferme
fous fa tombe ;
En vain , fans qu'un beau
feu daigne au moins
l'éclairer ,
Ronfard chez nos ayeux
cherche à la retirer :
Sous les vains efforts il
fuccombe
,
Et couvert du mépris plus
cruel que l'oubli ,
obfcure audace
Sous
fo
il refte enfeveli.
Mais le
Dec.
1711.
nous change ,
3 D
des arts pour
42 MERCURE ,
L'ordre des temps enfin
& s'explique & s'arrange
,
Et commençant l'éclat du
Parnaffe François
,
Nous donne de Malherbe
& l'oreille , & la
voix.
Quels accords épurez
quels nombres pleins
de charmes ,
Soit que , s'animant aux
combats ,
Il fuive au milieu des af-
1
larmes.
Un Roy qui foumer rouss
à l'effort de fon bras :
III.
PARTIE. 43
1
Soit que triomphant de
l'envie ,
Dans la paix des plaifirs
fuivie
Il peigne ce Heros le front
orné de fleurs ,
Et que luy faifant plaindre
une amoureuſe
peine
Il touche la Nymphe de
Seine
De fes incurables douleurs.
*
C'en eft fait , & le Ciel
acheve ;
De ces Maîtres fameux
* Vers imitez de Malherbe.e
3 Dij
44 MERCURE ,
je vois un jeune Eleve **
Qui fixe de nos airs &
l'éclat & le fon :
Efprit jufte , efprit vrai ,
que
fa force admirable
Du Pinde & du Lycée a
fait le nouriffon ,
Et qui ne reconnoît pour
beauté veritable.
Que celle qui veut bien
avouer la raiſon .
Muſe , joüis dans luy du
comble de la gloire ;
Ce mortel fi content au
temple de Memoire
M. de la Mothe .
III PARTIE. 41
Avec pompe en ce jour
à nos yeux eft conduit
;
Un immortel éclat let
fuit ,
btient à fon gré cet
h . neur qu'il defire ;
Ah ! qu'on ouvre ce tem
ple , & que chacun
admire
Ces Heros que l'eſprit y
raffemble à nos yeux :
*** entr'eux place fa
lyre
Plus brillante en ces lieux:
où le mérite afpire ,
Que celle d'Arion , qui
46 MERCURE ,
brille au haut des
Cieux.
M *** Eſtimateur aimable
Du mérite de nos écrits ,
Qui prendroit bien des
tiens le tour inimitable ,
Seroit fûr d'emporter le
prix.
Par toy déja deux fois admis
dans le myttere
De tes ouvrages fi bril
lans
,
J'ai vu pour les beaux arts
ton goût hereditaire ,
Un naturel ailé , les plus
III.
PARTIE. 47
rares talens.
J'ai vu que , ta mufe facile
Sur le Pinde avec grace
affermiffant
tes pas ,
Tu ferois fans peine Virgile
,
Si tu n'étois
pas
né du
rang
de Mecoenas.
48 MERCURE ,
Plufieurs
perfonnes
font ravics d'avoir des
Pieces fugitives anciennes
, qui n'étant point
imprimées échapent à
beaucoup de recueils ;
quelques - uns ne voudroient
dans les Pieces
fugitives que des Pieces
nouvelles : pour contenter
les uns & les autres je
donnerai de l'ancien &
du nouveau , car le nouveau
eft trop rare pour
en donner un volume
tous les mois.
MERCURE
GALANT.
IV. PARTIE.
NOUVELLES.
**IKIKINIKIINIMININK
BALNO
THE
OCE
BIBLIOT
YO
VILLE
DELA
{
Nouvelles d'Allemagne , de
Pologne & du Nord.
Quoy qu'on ait parlé le
mois dernier du Mariage du
Prince de Mofcovie avec la
Decembre 1711. 4. A
» MERGURE ·
Princeffe de Wolfenbuttel,
on a cru devoir donner ce
mois-cy plufieurs particula
ritez concernant cette Ceremonic
, dont on n'avoir
pas efté inftruit ; ainfi la
lettre fuivante qui a cfté écrite
à une grande Princeffe,
quoy que d'ancienne datte ,
peut eftre regardée comme
nouvelle : On commencera
toûjours à l'avenir , la partie
des nouvelles , par d'anciens
détails qu'on aura reçus depuisl'impreffion
duVolume
precedent.
IV. PARTIE 3
A Torgau le 27. Octobre.
qu'on
Le Czar arriva icyfamedy
dernier, Sa Majestéalla àpied
à la Cour; le Czarowitz fon
fils alla au-devant de luy ,
l'accompagna à l'Appartement
on luy avoit preparé. S. A.
le Duc Antoine Ulrick alla luy
rendre vifite. Monfeigneur le
Duc fe retira enfuite, & le
Czar alla voir la Ducheße
Louife , parce que la Reine
n'étoit pas encore habillée . Il
trouva auprés de la Ducheffe,
la Princeſſe fiancée au Czar-
4. A ij
4 MERGURE
owiz. Je dois vous dire , Madame
, que le Czar eft us
Prince grand, tres bienfait, &
fort gracieux. Il porte fes cheveux
qui font bruns & friſez.
Il a une grande barbe à la Polonoife
; fes habits font à la
Françoife ; mais plus modeftes
"qu'éclatans . Il a toûjours une
Canne à la main ,
d'un grand Capitaine , comme
il est en effet. Il parlefouvent
à fon Grand Chanchelier le
Comte Galenski
, & aux
Princes & Generaux Mcfowites
: il n'eſt pas un moment
oiff. Il parle Bas Alemand ,
il a l'air
IV. PARTIE,
autres
mieux qu'il ne croit luy même.
La Ducheße Louife le fair
fort bien entretenir. Il y a
toujours dans fes Apartements ,
des Bouffons , & des moindres
domestiques , miſlez avec les
Princes Generaux ,
Seigneurs. S. M. Czarienne
ne foupa point Samedy. Ala
fortie de la Comedie , dans le
temps qu'on fervoit fa Table .
elle entra dansfon Apartement ,
mit un Manteau furfa tefte
alla paffer la nuit dans une
Maifon de la Ville , où l'on
ne s'attendoit pas d'avoir l'honneur
de recevoir un fi grand
A iij 4.
MERCURE
Prince. Il fait prefque regu -
lierement quatre repas chaque
jour; il mange deux fois avec
la Reine , & deux fois chez
luy.
Le Mariage fe fit hier
Dimanche. Tous les Princes
toutes les Princeßes dinerent
en particulier , & fe rendirent
enfisite auprés de la Reine
La Cour étoit magnifique.
La nouvelle épouse avoit un
hahit de Moire d'argent , brodé
auffi d'argent , & fort riches
un Manteau Royal de la
mefme coulenr , fes cheveuse
bien treßez , & une Couronne
IV. PARTIE 7
couleur de Cramoify fur la
tefte , toute garnie de Diamants ,
Le Czarowitz avoit un habit
blancfort beau , brodé d'or ; &
le Czar avoit un habit rouge
dont les boutonnieres étoient de
Galon
d'argent.
Les Maréchaux vinrent
avertir à trois heures que
tout
étoit
preft
, & toute
l'affemblée
fe rendit
dans
la grande
Salle
où l'on avoit
dreẞé
un Autel
. Le vieux
Duc
mena
la Printrois
ceße fa petite fille , e
Dames de la Reineporterent la
queue de fon Manteau.
Le Czar accompagna la
A iiij
8 MERCURE
Reine , & le Czarowitz la
Ducheße Loüife. Dés qu'ils
furent arrivez le Preftre Gree
qui étoit habillé à peu prés de
mefme que les Catholiques ,
donna la Benediction ; il changea
les Bagues , e demanda
en latin au futur époux
lafuture épouse , s'ils vouloient
Je prendre pour Mary & pour
Femme. Il mit enfuite un
Bonnet Ducal , ou Couronne
de velours Cramoift , fur la
teste
te du Prince; mais celle
de la Princesse s'étant trouvée
trop étroite , le Czar ordonna
à fon Grand Chancellier de la
29
IV. PARTIE
tenir fur la tefte de cette Prin
eiße. Le Czar se promena
toûjours pendant ceste Ceremo
nie , lors qu'elle fut achevér,
ilfelicita les nouveaux époux.
On retourna enfuite chez la
Reine , dans le mesme ordre
qu'on en étoit foni , & toute
la Cour fit Compliment at
Prince à la Princeffe. Le
Czar donna pendant tout le
jour de grandes marques de
joye , il écrivit à la Princeffe
fon époufe qui étoit à Thorn en
Pologne , pour luy notifier ce
Mariage
a
On fervit un grandfouper
to MERCURE
à huit heures , fur une Table
où il y avoit douze Couverts .
Le Czarowitz fut placé dans
le milieu ayant àfa droite le
Czar fon Pere & la Princeffe
fon épouse à fa gauche . Le
Duc Antoine Ulrick, étoit a
la droite du Czar, la
Reine à la gauche de la nouvelle
époufe ; le Duc Loüis , à la
gauche de la Reine , ainſi que le
Prince Dolorouki , à l'un des
bouts de la Table : le Prince
Turbetti étoit vis - à- vis de l'a
Reine , le Prince Courquin ,
vis- à- vis de la Princeffe ,
General Pruffe vis- à- vis le
IV PARTIE. It
Duc Antoine Ulrick, qui
avoit à fa droite la Duchiffe
Loüife ; & le Comte Galouskt,
• à l'autre bout de la Table.
Aprés le fouper , on ſe rendit
dans la Salle où l'on avoit
fait la Ceremonie. Ony danfa
d'abord plufieurs danfes Polo-
1 noifes. Le Czarowitz danfa
le premier; le vieux Duc danfa
aprés luy , puis le Czar ,
enfuite tous les Princes Mofcovites
. Ces danfes durerens
long-temps ; le Czar fortoit
quelques fois de la Salle ,
غ ر ا ف
alors tout étoit dans l'inaction :
quelques fois les Bouffons dan…
12 MERCURE
foient feuls , puis fe faifoient
donner de grands verres pour
boire à la fanté de la Compagnie.
Le Czarowitz danfa
quelques Menuets ; le Bal
finit par une danfe Angloife
Il étoit onze heures lorsque
l'on conduifit les nouveaux
époux à leur Apartement. Le
Czarowitz alla fe deshabiller
dant un autre Apartement, &
quand on eut deshabille la
Princeffe , le Czar entra avet
toute la Cour. Le Prince fon
fils avoir une Robbe de Cham
bre rouge femée de fleurs d'or.
La Princeffe en avoit une blans
IV. PARTIE 13
A
chefemée de fleurs au naturel
brodées.
la
Aprés que le Czar cut
donné fa Benediction au Prince
fon fils , il le fit entrer dans le
Lit d'un cofté, pendant que
Princeße y entroit de l'autre ,
la Reine la Ducheße Louife
I étant auprés d'elle , enfuite
dequoy chacun fe retira,
P. S.
Le Duc Antoine, Ulrick
m'a dit qu'il feroitdeVendredy
en huit jours à Gorde qu'il ira
enfuite avec le Czarowitz à
14 MERCURE
* Francfort
voir le nouvel
Empereur, & que le Czar
partira Feudy pour la Pomeranie
, où la Campagne
eft fort
penible.
Voicy plufieurs autres
Lettres , qui quoy qu'elles
foient auffi
dattes , n'en font
curieufes .
P d'anciennes
pas moins
IV. PARTIE. 15
{
$
Copie d'une Lettre de M
Fabien , Envoyé d'Holf.
tein auprés du Roy de
Suede , dattée à Bender
le 3. Septembre.
Les Affaires font encore icy
au même état comme je l'ay
mandé par mes dernieres. Le
Capizilar Kiahiafi du grand
Vifir eft arrivé ces jours passés
à l'Armée ; comme il eft fort
dans les interefts du Roy de
Suede , on s'attend à quelque
changement favorable d'un
moment à l'autre ; le Palatin
de Kiovie & le Comte Tarlo ,
16 MERCURE
font allez trouver le grand
Viftr, à l'Armée & c'eſtà leur
retour que nous pourrons fçavoir
quelque chofe de pofinf.
Selon les apparences les Mofcovites
ne rendront point Afaff.
Ainfi la Guerre pourroit bien
eftre continuée. Ils ont demande
des nouveaux délais ; le
grand Vizir a dit à Meffieurs
Czeremethof, Schafirof
qu'il les feroitpendre vis-à- vis
l'un de l'autre , fi on ne rendoit
la Place dans le temps fixé.´
Ny a apparence que le Roy'
paffera encore icy cet hiver,
pas
IV.
PARTIE. 17
Lettre de l'Ambaffadeur
d'Hollande , écrite de
Conftantinople le r 8 .
Septembre.
Les Lettres de l'Armée dis
29. Aou ft portent que le Vifi
étoit encore campé en Moldavie
du cofté Septentrional du Danube
; le Czar s'excuse toujoursfur
l'execution du Traité,
ce qui caufe quelque soupçon
comme s'il cherchait à l'éluder
le Roy de Suede continuë
fe plaindre du grand Vifir &
de la Paix àfon exclufion
Decembre 1711. 4. B
18 MERCURE
l'Envoyé de fa Majefté Suedoife
, Monfieur Funck , s'eft
rendu à l'Armée auprés du
grand Vifir poury négocier à
la place du General Poniatovvski
, à qui la Cour du Vifir ,
eft défendue : l'on a eu avis icy
que Sa Majestéfaifoir réparer
les maisons ruinées
inondations du Niefter à Bender
, avec intention d'y paffer
l'Hivers Depuis les dernieres
nouvelles , les Plenipotentiaires
les Otages du Czar , font
étroittement gardez aux fept
Tours & mis hors de tout
accés.
عيرس
par.
les
IV. PARTIE. 19
1
1
#
Copie d'un Lettre de Mon-
* ficur Stirnhoc, Secretaire
de Suede à Vienne du 19 ,
Septembre .
Le Roy a refufe d'acepter
le Corps de Cavallerie que
le
grand Vifir luy avoit offert
pour le conduire à fes Provinces
ou à fon Armée fous le commandement
du Bacha de Ro
melie , & l'on croit que Su
Majefté ne quittera pas les
Turcs qu'elle n'ait auparavant
la Paix avec le Czar ; lors
que le Roy a dit au grand Vifer
Bij
20 MERCURE
qu'il ne tenoit qu'à luy de pren→→
dre le Czar prifonnier
puis ftipuler telles conditions
qu'il pouvoit fonbaitter ; il
répondu que s'il prenoit le
Czar prifonnier il ne fçauroit à
qui s'adreffer pour traiter de la
Paix; a demandé qui gou
Verneroit la Mofcovie pendant
fa prifon ; Monfieur Fabrice ,
a ajouté que le Roy differoit
encore d'écrire ou de faire écrire :
auffi n'ay- je point reçû de
Lettre de Bender depuis cet
évenement qu'une de Monfieur
le Lieutenant General
d'Adorf , du 26.Juillet con-
A
IV PARTIE 24
cernant fes affaires particulieres
où il n'y a pas un mot de nouvelles.
Il est arrivé icy , un
Secretaire du RéfidentDalman, ·
qui a fuivi le grand Vifir en
Campagne ; je luy ay parlé il
m'a confirmé tout ce que nous
fçavons déja , ajoutant que la
mifere de l'Armée Moscovite
étoitfi grande qu'elle étoit inexprimable
: que plus de 20. mille
hommes tous les cheveaux
&
étoientpéris , & que le defspour
avoit même , aprés la Paix
faite , porté prés de deux mille
Mofcovites qui n'ont pas eu la
force de marcher à pied , le long
22 MERCURE
chemin qu'ils avoient encore
faire, d'embraffer la Religion
Mahometane ; le même Secretaire
dit encore que le grand
Vifirfaifoit tout de fon mieux
pour attirer dans fon parti le
Kan des Tartares en luy offrant
une bonne part de l'or & des
pierreries du Czar, mais l' Ambaffadeur
d'Angleterre à Conf
tantinople a écrit icy du 21 .
Aouft, que le Kan étoit toûjours
dės amis du Roy , & nonobf
tant que le Grand Seigneur as
voit ratifié la Paix, Sa Majesté
pourroit pourtant en continuant
La Guerre contre le Czar, dif
IV. PARTIE. 23
pofer de toutes les forces des
Tartares.
Les Lettres de Hambourg
du 20. Novembre portent
que les Suedois ont publié
un Manifefte pour répondre
à ceux du Roy de Danne
marck & du Roy Augufte!
Il réprefentent qu'ils n'ont
donné aucun fujet de rup
ture à ces deux Princes , qui
contre les Traitez , ont allumé
la Guerre dans l'Empire
où ils ont introduit les
Mofcovites , qui pourront
leur donner , ainfi qu'aux
-24 MERCURE
autres Princes voiſins , tour
lieu de s'en repentir ; qu'ils
ont auffi publié un autre Ecrit
où ils marquent les fervices
que le Roy Guftave
Adolphe , rendit à l'Empire
dans le temps que l'Empereur
Ferdinand II. publia
le 18. Avril 1629 : un Edit
dans le deffein de fe rendre
maiftre abfolu de toute
l'Alemagne , fous pretexte
de faire reftituer les biens
des Eglifes Catholiques
dont les Proteftants étoient
en poffeffion ; que la liberté
de l'Empire avoit été réta
blie
IV. PARTIE 25
4
5
blie & affermie par les Traitéz
de Weftphalic qui avoient
terminé cette Guerre
, que tous les Princes de
l'Empire en devoient témoigner
leur reconnoiffances
aux Suedois , & que fi
ces Princes avaient confenti
par ces Traitez à leur céder
quelques Provinces , ils ne
l'avoient pas tant fait pour
les dédommager des frais
de la Guerre , que pour leur
conferver une entrée ,
laquelle ils pouroient venir,
en cas de befoin , au ſecours
de l'Empire ; que nonobf-
Décembre 4 C
par
26 MERCURE
tant le Traité de Neutralité
fait pour conferver la tranquilité
de la Baffe Allemagne,
le Roy de Dannemarck
& le Roy Augufte y avoient
commencé la Guerre , quoy
que la Regence de Stokholm
, cur approuvé ce Traité
; que fi le Roy de Suede
, ne l'avoit accepté , il le
falloit attribuer à fon
grand éloignement , & à
quelques expreffions préjudiciables
à fa Souveraineté ,
& à ce qu'il rendoit abſolument
inutile l'Armée qu'il
avoit en Pomeranie , peni
IV . PARTIE . 27
dant que fes Ennemis auroient
pû employer toutes
leurs forces contre fes autres
Etats.
2
Ces mêmes Lettres difent
qu'un Officier énvoyé par le
General Ducker , Commandant
de Stralzund , avoit
rapporté en paffant à Hambourg
pour aller à Stralzund
, que la Garnifon &
les Fortifications de la Ville
étoitent en fi bon état quelle
pouroit foutenir un long
fiege , ce qui donneroit tout
le temps au fecours que l'on
prépatoit d'y arriver ; que
4 .
Cij
28 MERCURE
celles qu'on avoit reçûës du
Camp devant cette Place
portoient , que du nombre
des Baftiments du Roy de
Dannemarck , qui étoient
chargez d'Artillerie , il n'en
étoit arrivé que deux , le refte
ayant été difperfé par la
tempefte ; qu'il n'y avoit fur
ces deux Baftimens que quatorze
pieces de gros canon
& onze de dix huit livres de
bale , que l'on travailloit à
débarquer , & que le refte
de l'Artillerie & les Munitions
étoient fur les autres
Baftimens qui avoient eſté
IV. PARTIE. 29
obligez de relâcher vers l'Ifle
de Femeren ; que la plus
grande partie des Vaiffeaux
de Guerre s'étoient retirez
du cofté de l'Ifle de Moon ,
& que le refte croifoit à la
hauteur de l'Ile de Rugen ,
où il n'y avoit pas d'apparence
que les Ennemis fiffent
une défente ; qu'il n'y avoit
pas non plus d'apparence
qu'ils puffent attaquer la
Place dans les formes , leur
Armée fouffrant beaucoup
par les maladies , & par les
mauvais temps , & particulierement
la Cavalerie
4. C iij
10 MERCURE
dont on avoit déja envoyé
une grande partie fur les
Frontieres de Pologne.
Les Lettres de Stokolm du
15. Octobre difent que le
Roy Stanislas , aprés avoir
.eu plufieurs Conferences
avec la Regence , en étoit
party pour Carelſcroon , où
il devoit s'embarquer fur
une Flotte de trente Vaiffaux
de Guerre ou Fregates,
commandée par le General
Wachtmeister , qui devoit
tranſporter treize mille
hommes , en Pomeranie,
"
IV. PARTIE. 31
Celles de Varfovie du 14
Novembre marquent , qu'-
un grand nombre de Gentilshommes
& d'autres gens
rüinez par les Taxes & Contributions
exigées par les
Troupes de la Nation , par
les Saxfons , & par les Mofcovites
, avoient formé un
corps confidérable dans la
grande Pologne , où ils faifoient
de grands défordes ;
ainſi que dans le Palatinat de
de Cracovie , fous le nom
d'Indépendants ; que l'Armée
de Lithuanie qui s'étoit
approchée de la Frontiere ,
4. C iiij
32 MERCURE
faifoit aufli de grands defordres
en retournant dans ce
Duché, où elle doit prendre
des quartiers d'hiver que
les Députez nommez par la
Republique pour traiter avec
les Envoyez du Grand
Seigneur , eftoient arrivez
à Leopol , ainfi que le
Comte Sienawski , Grand
General de la Couronne }
mais qu'on nefçavoit pas en
core quand ces Envoyez s'y
rendroient..
Par les avis qu'on avoit
cus à Hambourg le 27. Novembre
, du Camp devant
IV.
PARTIE 33
on
Stralzund , l'Artillerie du
Roy Augufte n'y étoit pas
encore arrivé, les chemins étant
tous rompus à caufe des
pluyes continuelles ;
travailloit à débarquer celle
qui étoit fur les deux Baftiments
de la Flotte Danoife
qui avoient abordé heureufement
; mais comme elle
n'étoit pas fuffifante pour
battre la Place vigoureufement
on croyoit que les
deux Rois feroient contraints
d'abandonuer cette
entrepriſe, ou de la terminer
par un bombardement , 3
34 MERCURE
caufe de l'impoffibilité qu'il
y avoit de faire hiverner
leurs Troupes dans la Pomeranie
, à caufe de la difette
des fourages.
D'autres Lettres por
roient
que les Partis de
Wilmar continuoient leurs
courfes fans que les Troupes
Danoifes qui en font le
blocus , puffent les en empê
cher que le 21.ils enleverent
un Courrier qui venoit de
l'Armée ; que la nuit du 15
au 16. un Détachement de
la Garniſon battit auprés de
Warnemunde , une garde
IV. PARTIE. 35
Danoife & brûfla un Bafti
ment chargé d'Artillerie ;
que le Capitaine d'un Yacht
Suedois , arrivé dans le Port
de cette Place avoit rapporté
que cent quarante Baltimens
de tranfport partis de Stokholm
étoient arrivez à Ca-
>
relfcroon
eſcortez
par
vingt - huit Vaiffeaux de
guerre & qu'ils devoient inceffiment
tranfporter treize
mille hom . en Pomeranie.
Par les avis de Berlin du 24.
on a appris que l'Electeur
de Brandebourg , avoit envoyé
ordre àfes Troupes qui
36 MERCURE
ont fait la Campagne dans
le Pays Bas , de retourner en
diligence dans fes Etats .
Extrait d'une Lettre de
Vienne , du 18. Novembre .
Les Quartiers d'hiver de
l'Armée de l'Empire ont été
reglez , neuf Regiments Autrichiens
, doivent hiverner en
Baviere , trois dans la Boheme,
& un dans l'Autriche , &
les Troupes des Electeurs dans
leurs Etats. Les Lettres qu'on a
reçeûës des Frontieres de Turquie
confirment que l'Armée
Othomane prenoit fes quartiers
IV. PARTIE. 37
que
d'hiver des deux coftez du Danube,
& du Prut; que le Grand
Seigneur paroiffoit toujours
difpofé à obferver exactement
le Traité de Carlowitz , &
le Roy de Suede devoit
hiverner à Bender. L'Imperatrice
Regente a écrit à ce Prince
pour luy offrir un paſſage libre
par la Hongrie , & par les
Pays Hereditaires , à condition
qu'il ne feroit accompagé que
de deux mille hommes . L'Archiduc
ayant envoyé ordre au
Comte de Staremberg , Prefident
de la Chambre des Finances
, de préparer desfommes con
38 MERCURE
fiderables pour les dépenfes de
fon Couronnement , & pour
continuer vigoureusement la
Guerre , on parle de mettre fur
le tapis le projet proposé
1703. qui eft de mettre une
tres - forte taxe fur tous les
biens meubles & immeubles ,
fur tous les Marchands
autres
en
ce qui
Artifans ,
cauſe une grande confternation.
Le jour du Couronnement n'eft
point encore fixé : cependant les
principauxe Officiers de la
Maifon du nouvel Empereur ,
partent pourfe rendre à Francfort.
On a reçu icy les PrélimiIV.
PARTIE 39
naires de la Paix , fignez entre
la France & l'Angleterre ; le
Confeil qui s'eft Affenbléplufieurs
fois pour les examiner ,
ne les à pas approuvez.On commence
à battre laCaiſſe , pour
lever les Recreuës néceſſaires
pour les Regiments Autrichiens
&on a envoyé des ordres dans
tous les Pays Hereditairespour
les obliger àfournir le nombre de
Soldats auquel ils ont été taxez
defournir. Le Primce Charles
de Nembourg, Gouverneur du
Tirol qui avoitporté à Milan le
Decret de l'Election à l'Archiduc
, eft revenu à Inspruch afin
40 MERCURE
de donner ordre aux préparatifs
pour la réception de ce Prince
recevoir le 22 .
qui devoit y
l'hommage des Etats du Tirol.
NOUVELLES
d'Eſpagne .
Les Lettres de Madrid du
16. Novembre , portent que la
Cour partit d'Aranjuez le 14 .
Que leurs Majeftez Catholiques
, en paffant par Cien-
Poguelos , où les Ennemis avoient
campé longtemps l'année
précedente , y avoient été
reçûës avec de grandes démonfIV.
PARTIE. 41
༡
a
trations de joye ; que les Habitans
avoient planté exprés fur
le chemin , une Avenuë d'arbres
d'un quart de lieuë de
longueur ; à chacun des bouts il
y avoit un Arc de Triomphe
orné des portraits du Roy , de
la Reine , & du Prince des
Afturies ; qu'ils avoient tiré
plufieurs feux d' Artifice , fait
couler des Fontaines de vin ,
donnéplufieurs autres mar-
·ques de leur zele : que le xs.
leurs Majeftez arriverent à
Madrid ; qu'Elles allerent defcendre
à Noftre Dame d'Atocha
où l'on chanta le Te
4. D
42 MERCURE
Deum ; que le Roy monta en
fuite à cheval, & la Reine en
Caroffe , avec le Princefon fils:
que toutes les rues où leurs
Majeftezpafferent étoient tendues
des plus belles Tapifferies ,
avec un grand nombre de Portraits
du Roy , de la Reine ,
les
du
Prince ; que Boutiques
de la rue des Orphévres
étoient
ornées
de vaſes
& de Vaiſſelle
d'or er d'argent
, de quantité
de
Bijoux
& de toutes
fortes
de
pierreries
; que la marche
dura
jufqu'à
la nuit
, avec
des acclamations
&
des
marques
de zele
inexprimables
; que
le
IV .
PARTIE . 43
foir on fit jouer la grande Machine
de feux d' Artifice qui , avoir
été dreẞée dans la Place du
Palais ; que les feneftres des
Maifons furent illuminées. de
flambeaux de cire blanche pendant
toute la nuit.
Celles du 2 3.
marquent que
les réjouiffances
ont continué
les deux joursfuivans par des
feux d'Artifice
d'une beautéſur
prenante
, de l'invention
d'un
célebre Artificier d' Alcala ; par
des
illuminations , par toutes
les autres démonſtrations
d'une
grande joye que le 19. on cé
Tebra dans l'Eglife des Carme
:
4.
Dij
44 MERCURE
lites Defchaußées , une Miße
folemnelle pour rendre graces à
Dieu de l'heureux retour de
leurs Majeftez Catholiques &
du Prince leur fils ; que Don.
Lorengo - Folch de Ćardona ,
grand Aumofnier, officia , &
que Don Juan de las Evas
Prédicateur du Roy , fit un tres
beau Sermon ; que le 22. les
Jefuites du College Imperial firent
des obfeques folemmelles
pour le repos des Ames des Soldats
qui font morts pendant la
derniere Campagne , & que
toute la Nobleffe y affifta : que
plufieurs Particuliers recom- :
IV. 45 PARTIE
1
mencerent le 23. à donner des
نیرم
marque de leur joye pour l'arrivée
de leurs Majeftez , par des
illuminations
, par des feux
d'Artifice , des Arcs de
Triomphe , ornez de Peintures
& de vers à la loüange de leurs
Majeftez ; que
; que les deux Compagnies
de Comediens Efpa
gnols allerent en Mafcarade
au Palais où ils chanterent des
réprefen- , Airs nouveaux ,
terent une tres- belle Piece qui
finit par un Bal magnifique.
Qu'à l'égard des nouvelles
de la guerre , les Lettres qu'on
avoit reçues d'Arragon por46
MERCURE
toient
que les Troupes du Roy
qui font dans ce Royaume s'étoient
emparées de Benavarri
où il y avoit trois cens hommes
, qui avoient étéfaits prifonniers
avec Don Bonfacio
Manrique, qui les commandoit.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Calaf du 18
Novembre.
Mr le Comte de Muret,
Lieutenant General ayant efté
détaché avec trois mille hommes
pour aller attaquer Cardone
y arriva le 14. Il trouva
IV. PARTIE. 47
que
les Ennemis avoient affez
bien fortifié la Ville & le
Chasteau , & que même ils
avoient auffi fortifié une Caffine
où ils avoient misfix- vingt
la
bommes . Il faut auffi que
Garniſon
étoit compofée
de
bonnes Troupes ; fçavoir du
Régiment de Taf, de deux
Battaillons ; d'un Régiment de
Grifons , de celuy de la
Députation de Catalogne d'un
baitaillon chacun , & trois cens
hommes d'autres Troupes , qui
toutes étoient bien difpofées à
faire une vigoureufe résistance :
Mais les Troupes du Roy
48 MERCURE
étoient auffi bien difpofées à les
attaquer. L'Artillerie ayant
rüiné les deffenfes de deux
Tours quiflanquoient ungrand
retranchement que les Ennemis
avoient élevé entre la Caffine
la Ville , Mr le Comte de
Muretfit toutes les difpofitions
neceffaires pour attaquer ce
retranchement. Il partagea
quatorze cens hommes en trois
Corps ; celuy du centre , de fix
Compagnies de Grenadiers &
de fix piquets , étoit commandé
par Mr le Marquis d'Arpajon ;
celuy de la droite , composé d'un
pareil nombre de Grenadiers
de
IV . PARTIE. 49
de piquets étoit commandé par
Mr le Comte d'Hercel , &
celuy de la gauche de trois
cens Dragons & defix Piétoit
commandé par
quets ,
Mr le Comte de Melun. On
marcha dans cet ordre le 17. à
la pointe du jour , en laißant
derriere la Caffine fortifiée, &
le retranchement fut emporté
l'Epée à la main , aux trois attaques.
Les Troupes qui les
deffendoientfurentfuivies de fi
prés que les nôtres entrerentdans
la Ville avec elles . Le Gou-\
verneur du Chafteau , voulant
profiter de ce défordre , fit fortir
Decembte 1711. 4 E
to MERCURE
trois cens hommes pour envelo→
per nos Troupes , les mettre
entre deux feux; mais elles fe
rallierentfi promptement qu'elles
obligerent les Ennemis de fe
jetter dans un Ravin, de
fe retirer derriere la Riviere de
Cardonner. On ne trouva poine
d'Habitans dans la Ville, parce
qu'ils en étoient tous fortis a
Papproche de nos Troupes, Mr
le Comte de Muret fit enfuite
fommer le Commandant de la
Gaffine , qui fe rendit avecfept
autres Officiers & cent douze
Soldatsfans avoir efté attaqué;
quoy que ce poftefuftfraiſe es
IV. PARTIE.
W
1
palißade. Mr de Gourtieres ,.
Lieutenant Colonel dans les
Troupes Walones ,un Capiraine
des Grenadiers un Aide
pas
Major des mefmes Troupes ,
fuvent bleffez à l'attaque du
retranchement , qui n'à po
cousté aux Troupes du Roy
quarante hommes – tuez ou
bleßez, au
au lieu que les Enne-
I mis en ont perda environ fept
cens , tant then, bleſſez , dé
ferteurs on prifonniers , y coma
pris les fix - vingts hommes qui
étoient dans la Caffine. On
trouva beaucoup de vivres
I dans la Ville , que les Ennemis
A Eij
52 MERCURE
y avoient amaßez. Le lendemain
de l'action ; Mr. le Comte
de Muret fit dreẞer des Batteries
contre le Chasteau.
NOUVELLES
de divers endroits .
De Venife le 14. Novembre,
On a fair icy pendant
trois jours des Prieres publiques
dans les Eglifes de
S. Marc , & de S. Roch ,
avec l'Expofition du Saint
Sacrement , pour demander
à Dieu qu'il luy plaiſe faire
IV. PARTIE 33
ceffer le fleau de la mortalité
fur les Beftiaux qui continue
avec une grande violence.
Tous les Corps & toutes les
Communautez ont efté en
Proceffion à ces Eglifes ,
pendant ces trois jours ,
durant lefquels les affemblées
particulieres ont efté
deffendues , & les Theatres
1 fermez . Cette maladie s'eft
- communiquée dans le Mantoüan
, dans la Stirie , & dans
la Carinthie , où elle fait de
grands ravages.
E iij
54 MERCURE
De Milan le 11. Novembre.
Les Ambaffadeurs de Venife
curent le 7. Audiance
de l'Archiduc Le Comte
Antonio Rainoldi alla les
prendre au College Helvetique
où ils étoient logez ,
avec un Carroffe à quatre
Chevaux. Ils étoient en ha
bir de deuil , ainfi que toute
leur Livrée ; mais les jours
fuivants , ils parurent vêtus
magnifiquement , ainfi
toute leur fuite .
fio
que
Le 8. le Cardinal ImpeIV.
PARTIE. st
diale Legat à Latere , envoyé
par le Pape pour complimenter
ce Prince , fit fon
entrée publique. Le Comte
Rainoldi alla leprendre avec
plufieurs Carroffes à fix
Chevaux au Monaftere de
3
Caftellazzo , & le conduifit
jufqu'au dehors de la Porto
Romaine, où s'erant mis
fous un Dais , il donna la
Benediction au Clergé.
L'Archiduc arriva enfuite ,
& aprés des compliments
Cereciproques , ils monterent
à cheval , & entrerent dans
Ville. Le Clergé feculier
Eiiij A
36 MERGURE
& regulier commençoit la
marche ; les Gardes à pied
& à cheval marchoient enfuite
; puis vingt - quatre
Mulets du Legat avec de
riches couvertures, un grand
Carroffe , & une Litiere ;
douze Eftafiers de l'Archiduc
, avec chacun un cheval
de main ; les Valets de
Chambre du Legat avec
deux Maffes ; les Principaux
de fa fuite à cheval , fes
Eftafiers veftus de fa livrée
ceux de l'Archiduc étoient
en deüil. Ce Prince étoit
fous un Dais de Toile d'or
IV. PARTIE. $ 7
ayant le Legat à la gauche .
Plufieurs Seigneurs marchoient
devant eux , & ils
étoient fuivis de douze
Evefques ouPrelats à cheval .
Le Senat venoit enfuite ,
fuivi des Tribunaux & des
foixante Decurions de la
Ville. Ils arriverent en cet
ordre devant l'Eglife Metropolitaine
; mais L'Archi
duc n'y entra pas , & il alla
droit au Palais . Le Legat y
entra , & fut reçu par le
Cardinal Archinto qui en
eft Archevefque , il fut en
fuite conduit au Palais dans
B
8 MERCURE
貞
un Carroffe à fix chevaux , &
de- là au logement qui luy
avoir efté preparé. Le lende
main il rendit encore vifite
à l'Archiduc qui le reçut
la feconde Anti - chambre,
& le reconduifit jufqu'à la
troiſième.
Les Ambaffadeurs de la
Republique de Genes, frent
auffi leur Entrée le mefme
jour; & curent Audiance ;
& le lendemain matin 10.
ceux de la Republique de
Lucques curent aufli Audiance
, & l'apréfdinée du
mefme jour l'Archiduc
IV. PARTIE.s
partit puur aller coucher à
Lodi.
152
De Lisbone le 9. Novembre.
.)
La nouvelle qui s'étoit
épandue depuis buit jours
que la Paix fe traitoit en An
gleterre , a été confirméopar
un Exprés dépeché par not
tre Ambaffadeur en cette
Cour là , qui a apporté les
Préliminaires. Le Comte de
Portmore , a reçû ordre de
remoner en Angleterre les
Troupes de certe Couron
ne , excepté deux Bataillons
Go MERCURE
pour remplacer
les Soldats
qui manquent
à la Garnifon
de Gibraltar
, fept Vaiffeaux
de guerre Anglois
qui é
toient dans noftre Port , en
partirent hier pour retourner
en Angleterre . Le pain
eft toûjours tres - cher icy ,
& on eft fort en peine des
Bâtimens quifont allez char
ger des grains en Barbarie.
De Naples le 10 Novembre.
Le13 . de ce mois on com
mença les réjouiffances
pú
bliques , pour l'Election de
IV. PARTIE. 61
E
S
Archiduc à l'Empire. Elles
devoient durer trois jours ;
mais le foir du troifiéme à
une demi - heure de nuit , il
tomba une fi grande pluye
qu'elle éteignit toutes les illuminations
, gaſta les Tentures
qui étoient en plufieurs
endroits , & trempa tellement
les Artifices , qu'ayant
reconnu le lendemain qu'ils
ne pourroient plus fervir
on les abandonna au pillage
ainfi que toutes les Machi
nes. Le Vice- Roy qui devoir
aller ce foir là vifiter les
Feux d'Artifice , préparez
·
62 MERCURE
de
fur la Mer avec de grandes
Machines chargées
fruits , donna un Bal danss
le Salon du Palais , pour fu
pléer à l'execution de ces
grands préparatifs , qu'on
renouvellera aprés le Couronnement.
Le 8. il fut chan
ter le Te Deum dans l'Eglife
du grand Convent des
Dominicains , & il y ring
Chapelle ; pendant laquelle
l'Infanterie Allemande qui
étoit dans la Place fit trois
décharges de Moufquererie
, & les Canonniers des
Chaftcaux , firent trois falIV.
PARTIE 63
ves de toute l'Artillerie. Il
le fit chanter hier dans l'E
g'ife des Theatins , & doit de
main le faire chanter dans
celle de la Maiſon Profeffe
des Jefuites.
De Cadiz le 12. Novembre,
Des Armateurs François
amenerent avant - hier icy
trois Vaiffeaux Hollandois
qui venoient du Levant , Il
font chargez de Soye , de
Cotton filé, de Caffé & d'au
tres riches Marchandifes
le tout cftimé prés d'un
million .
Une Fregate
Françoife
64 MERCURE :
ayant attaqué fur les coftes
de Galice , un Vaiffeau de
Guerre Portugais , montéde
60. pieces de canon , étoit
fur le point de s'en emparer
aprés quatre heures de combat
, lors que le feu ayant
pris au Vaiffeau , il fauta en
l'air avec tout l'Equipage ,
dont on ne put fauver que
trois perfonnes.
Il eft encore venu quarante
fept Deferteurs de Gibraltar
, prefque tous Hollandois
, & qui continuent
de dire que la Garnifon n'eft
point payée , & que les viIV.
PARTIE 65
vres y font à un tres - haut
prix .
De Rome le 14. Novembre.
*
Le trois de ce mois , la
Marquife de Prié , comme
Ambaffadrice
de la Cour
de Vienne , quitta le deuil
& reçûr les compliments fur
Election de l'Archiduc
' Empire . Il y cut le foir une
grande Affemblée chez elle
où le touverent la Connetable
Colonne, Dona Maria
Bernardina , les Neveux du
Pape,l'Envoyé de Portugal,
4.
F
66 MERCURE
:
& plufieurs autres Perfonnes
diftinguées Le Prince
d'Avellino , avoit mandé à
fes principaux Domestiques
de donner part aux Cardinaux
de l'Election de l'Archiduc
, & de faire des illu
minations pendant trois
foirs ; mais les Maiftres des
Ceremonies ayant reprefenté
qu'il étoit contre l'ordre
qu'il fe fit fous les yeux du
Pape , des réjouiffances pour
une nouvelle dont on n'avoit
point donné part à Sa
Sainteté ces réjoüiſſances
one efté differées.
IV. PARTIE.
De Venife le 21. Novembre,
***
L'Archiduc ayant paſſé le
$ 4 . à Buffolengo , fur les
Frontieres de l'EtatVenitien
fur fa route de Milan à Inf
pruch , les Procurateurs
Pifani
& da- Lezze , Ambaffadeurs
Extraordinaires
de la
Republique , le complimen
rerent. Ce Prince fur conduit
au Palais qui luy avoie
été préparé ; & qui étoit
magnifiquement
meublé &
illuminé, & où il trouva une
garde de deux mille Cava
3
Fij
68 MERCURE
liers ou Dragons tous habillez
de neuf. Le lendemain les
Ambaffadeurs luy prefenterent
un Régale de Cire , de
Miroirs , de Cristaux , de
Confitures , & de plufieurs
autres chofes galantes : On
luy fervit un repas magnifi
que aprés lequel il alla à Roveredo,
accompagné par les
mêmes Ambaffadeurs , &
par les deux mille Cavaliers
ou Dragons , qui ne le quic
térent que fur les Frontieres
du Trentin. Ce Prince fit
preſent aux Ambaſſadeurs
de chacun une Boeſte à porVI,
PARTIE, 69
trait , garnies de pierreries
& eftimées mille piftoles.
De Lifbonne le 13.Novembre.
Gué
On eft icy dan's de grandes
inquiétudes , fur l'avis qu'on
a eu , que M du Guest
Trouin , avoit débarqué des
Troupes aux Ifles du Cáp
Vert ; & qu'étant entrée.
dans la Baye de Tous les
Saints ' , il avoit pillé la Ville
de San Salvador , Capitale
du Bréfil , ainfi qu'un autre.
Port , où il avoit brûlé tous
les Vaiffeaux qui y étoient
-
10 MERCURE
De Londres le 24 Novembre.
M l'Evêque de Briſtol ,
Garde du Sceau Privé fe prés
pare à partir pour la Hol
lande en qualité d'Ambaffa
deur - Plenipotentaire pour
les Négociations de la Paix,
que tous les Peules des trois
2
fouhaitoient
Royaumes
avec tant d'empreffement ;
qu'il avoit efté refolu en
plufieurs endroits de prefenter
des Adreffes à la Rei
ne pour la fuplier de la con
clure aux conditions qu'ElTV.
PARTIE. 71
Je & fon Confeil jugeroient
à propos ; mais on s'en cit
abſtenu de crainte qu'il ne
patuft qu'on voudroit donmer
atteinte au pouvoirabſolu
qu'a le Souverain de faire
la Paix & la Guerre , quand
il luy plaiſt.
Trois cens prifonniers
François ont été tranſpor
rez à Calais , pour
eftre
échangez.
La Foudre étant tombée
la nuit du 16. au 17. fur l'E
glife de Southwel , dans le
Comté de Nottingham
cette Eglife a été brûléc a
*
172 MERCURE
" vec l'Ecole quien étoit proche
, & les Cloches fondues.
Du premier Décembre .
Le 25 Novembre il ar
riva un Courrier du Comte
de Strafford , qui apporta le
confentement des Etats Generaux
pour traiter de la
Paix fur le pied des Prelimi
naires, & les Paffeports pour
les Ambaffadeurs du Roy
Tres Chreftien . Obtre les
vingt - cinq gros Vaiffeaux
guerre qui ont été defar
mez , on en defarme encore
plufieurs autres.d on
de
IV PARTIE. 73
Le 28. jour de la naiffance
de la Reine Elifabeth , auquel
le menu peuple avoit
coutume , avant le regne de
Jacques II . de célebrer la
memoire de cette Princeffe
en brulant l'Effigie du Pape ,
& celles de plufieurs Cardinaux
& Religieux , le Confeil
fut averti que quelques mal
intentionnez , avoient fait
faire fecrettement de grands
préparatifs , dans le deffein
de caufer quelque tulmute .
On envoya des Huiffiers
avec un Détachement de
Grenadiers commandé par
Decembre
4. G
74 MERCURE
un Officier , dans l'endroit
qu'on avoit indiqué , & ils y
trouverent une figure du
Pape , avec plufieurs autres
de Cardinaux , & Religieux,
& même du Diable dans un
Chariot , qui fut brifé ainfi
que toutes les Figures. Le
foir du même jour , & la nuit
fuivante on fit prendre les
armes aux Milices , qui firenc
des patrouilles dans les rues ;
mais il ne fe paffa pas le
moindre défordre.
!
IV. PARTIE.
De Genes le 26. Novembre.
Monfieur ic Marquis de
Monteleon , Ambaſſadeur
d'Espagne ayant reçû ordre
de fe rendre à Madrid pour
y recevoir les instructions
fur les Congrez de la Paix
aufquels il doit afſiſter , en
qualité de Plenipotentiaire ,
prit hier fon Audiance de
de congé du Senat .
Les fix mille Allemands
qui s'étoient avancez fur
nôtre Frontiere pour y prendre
des Quartiers d'hiver ,
4.. Gij
76 MERCURE
marchent dans le Mantoüan
où ils occuperont les Quartiers
qui étoient deftinez
aux Troupes de Brandebourg
qui retournent en
Allemagne.
Il est entré huit mille
Allemands fur les Terres du
Grand Duc , où il prennent
des Quartiers , ce Prince ayant
refufé de fournir aux
Commiffaires Imperiaux
les huit cens mille livres que
l'Archiduc luy avoit fait
demander
, a ne så , me
vuo sul sostilny pot sup
201
Y
IV. PARTIE 77
De Grenoble 30. Novembre:
Il parut il y a quelques
jours de ce cofté- cy un gros
party de la Garniſon de Suze
qui étoit venu par Exiles .
Auffi toft qu'on en eut avis
on fit fortir trente Dragons
avec chacun un fantaflin en
croupe : Ils trouverent les
Ennemis qui rafraichif
foient dans un Village ; Les
Fantaflins y entrerent criant
qui vive , & au premier feu
que nos gens firent fur eux ,
ils fe retirerent . Les Dragons
4. G iij
78 MERGURE
qui les obfervoient les pourfuivirent
& mirent en défor
dre ; cinq furent tucz &
trente cinq faits prifonnires.
De Huninguele 4. Decembre,
Nôtre garniſon a fait une
courfe dans la Foreft Noire
fans aucune oppofition , &
a ramené un gros butina
Les Lettres de Hombourg ,
portent que foixante Huf
fars ennemis étant entrez
dans le Pays , avoient commencé
à piller & brûlery
mais que des Détachemens
IV. PARTIE. 79
de certe Place & de Saar
Louis, ayant été à leur pourfuite
, les avoient battus
& repris le butin qu'ils
avoient fait.
De Bayone le 4. Decembre.
Il y a prefentement icy
18 Baftimens Anglois qui
ont apporté diverfes Marchandifes
pour les vendre ,
& enfuite charger des Vins
& des Eaux de vie.
Une Fregate du Roy de
$34. canons a pris un Fleffingois
de 32. canons & de
Giiij 4.
30 MERCURE
150. hommes d'équipage
dont plus de 60.ont été tuez
dans le combat qui a duré
cinq heures.
Des Lettres de Gibraltar
du zo . du paffé portent que
la difette y étoit fi grande
que le Commandant de la
Place étoit obligé de tenir
les Portes fermées pour
empêcher la deſertion : que
quatre Baftimens Port ugais
étant entrez dans la Baye
pour fe mettre à couvert
d'un gros temps qui auroit
pû les jetter fur les coftes
de Barbaric , on leur avoir
the
IV. PARTIE. ST
fait décharger le grains qu'ils
avoient à leur bord , &
remboursé l'argent qu'il
leur avoit coufté.
On a auffi appris que les
Maures qui font devant
Ceuta ayant voulu emporter
par Efcalade le Baſtion de
S. Pierre avoient efté vive
ment repouffez jufques dans
leur Camp avec perte de
plus de 1200 hommes ; &
qu'il étoit arrivé de Cartha
gene à cette Place , un renfort
de 400. hommes &
beaucoup de munitions
de
guerre & de bouche
A
*
82 MERCURE
Du Fort-Louis le 10.
Decembre
Le Commandant , de
Lauterbourg ayant eu avis
que le 6. au foir il devoir
fortir un Bataillon de Phi
lifbourg pour aller à Landau
, envoya un party de
Dragons & de Grenadier's
qui fe pofterent fur le che
min en des lieux couverts.
Les Ennemis étant tombez
dans l'Embufcade , furent
envelopez ; le Commandant
fut tué avec plufieurs Sol
IV. PARTIE. 83
dats , & le reste pris. Ce
bataillon étoit des Troupes
de Souabe & de Franconie ,
& alloit relever un autre
bataillon des mêmes Trou
pes qui eft à Landau,
De la Haye le 8. Dicembres
Le Courier que le Comte
de Goes , Envoyé de la
Cour de Vienne avoit dé
pêche à Milan pour porter
à l'Archiduc les Prelimina
res de la Paix , en revint le
22 Novembre Il apporta
une Lettre par laquelle co
84 MERGURE
Prince prie les Etats Gene
raux de n'avoir point d'égard
à ces Preliminaires ,
qu'il les avoit rejettez , &
qu'il proteftoit
contre
toutes les Affemblées & les
Negotiations qu'on pouroit
faire fur ce fujer.
On a appris depuis qué ce
Prince perfifte dans la réfolution
de ne point envoyer
de Plenipotentiaires pour
traiter de la Paix fur le pied
des Preliminaires.
Hier le Comte de Straf
ford , Ambaffadeur Pleni
potentiaire d'Angleterre ,
IV. PARTIE.
83
85
communiqua aux Miniftres
de tous les Alliez dans une
Affembléc que l'on tint exprés
, que la Reine ſa Maitreffe
avoit nommé la Ville
d'Utrecht pour le lieu où fe
tiendroient les Conferences
pour la Paix , & que l'ouver
ture s'en feroit le 12. Janvier
prochain. Il remit enfuite
à chacun de ces Minif..
tres une Lettre de la Reine
de la Grande Bretagne
qu'elle écrivoit à leurs Mai
tres pour les inviter à y en
voyer leurs Plenipotentiai-
ICS .
38 MERCURE
D'Arras le 1 2. Decembre.
Monfieur le Marechal de
Montefquiau , partit d'icy
avanthier avec la plus grande
partie de notre Garnifon
pour le mettre à la tefte
d'un Détachement de trois
cens hommes par bataillon
& de cent hommes par Regiment
de Cavalerie & de
Dragons de toutes les
Troupes qui font depuis la
Meule jufqu'à la Mer. Leur
rendez vous étoit le long de
la Scarpe depuis Douay
IV. PARTIE 87
jufqu'à Mortagne , & le
long du Canal & de la Deule .
Ces Troupes n'ont point de
bagages , & n'ont porté des
vivres que pour quatre
jours , & des outils à remuer
la terre ; elles travaillent à
combler le canal en quel
ques endroits , à ruiner les
Ponts , les Eclufes & les Digues
de ce même Canal , de
la Scarpe , & de la Deule ,
afin d'ôter aux Ennemis le
moyen d'établir leurs Magafins
de vivres & de munitions
à Douaypour la Cam
pagne prochaine , ainfi qu'
88 MERCURE
ils l'avoient projetté .
Pendant qu'une partie de
ce gros Détachement commençoit
ces travaux , Mr de
Goëbriant marchoit à la
petite Ville de Lillers , oùles
Ennemis avoient cinq cens
hommes qui ont efté faits
prifonniers ; & les Fortifica
tions qu'ils y avoient faites
ont efté démolies.
De Courtray le 18 , Decembre.
Un Parti de cent hommes
de la garnifon d'Ipres
ayant rencontré plufieurs
IV. PARTIE. 89
Détachements de cinq Rements,
les a défaits l'un aprés
l'autre , & en a fait la plus
part prifonniers.
Le même jour foixante
Huffards , furent furpris la
nuit dans un Village à deux
lieues de Cologne , par un
party de trente Fantaflins
François qui leur enleverent
trente chevaux.
A Madrid le 3. Decembre.
Le Confeil envoya Vendredy
dernier des inftructions
aux Plenipotentiaires
Decembre 1711. 4. H
20 MERCURE
qui doivent partir incellam
ment pour les Conferences
de la Paix Le Roy a donné
la Charge de Prefident du
Confeil de Guerre à M
le Marquis de Bedmar : Les
Lettres de Malaga portent
qu'il y étoit arrivé un Baftiment
venant de Gibraltar:
où il y avoit quatre - vingt
fix Soldats de la Garnifon
de cette Place , qui ayant
monté de nuit dans ce Vaif
feau obligerent les Matclots
de mettre à la vvooiillee ,, aprés
avoir eux mêmes coupé les
cables
IV. PARTIE 91
MORTS.
Germain de la Faille
Doyen des Anciens Capitouls
, Syndic de la Ville dé
Toulouze , Secretaire - Per
peruel de l'Academie des
Jeux- Floraux , & Auteur
des Annales de la même Vil
le, y mourut le 12. Novem
bre âgé de 96. ans.
Bernardin Kador , Marquis
de Sebville , Maréchal
des Camps & Armées du
Roy, mourut lem . Octobre
, dans fon Chafteau de
4. Hij
92 MERCURE
Sebville , âge de 70. ans. Il
avoit été Envoyé de Sa Majefté
, à la Cour de Vienne.
*
Elifabeth - de - Rouxel de
Medavy de Grancey , Dame
d'Atour de la feue Reine
d'Espagne , mourut le 26 .
Novembre , âgée des 8. ans.
Elle étoit fille du feu Maréchal
de ce nom .
Marie Mignor , qui avoit
épousé en 1633. François
de l'Hôpital , Comte de
Rofnay , Maréchal de Frances
Chevalier des Ordres
du Roy & c. mourut le 30.
IV. PARTIE 93
âgc
Novembre , dans unvâg
fort avance. cyn dibaw
Pierre Deiria , Laboureur,
de la Paroiffe de Braffempoy
dans le Diocefe d'Aire , mourut
le 21. Novembre âgé de
cent ans. Il travailloit enco
re à la terre huit jours avant
fon decés.sw
Jacques Bouchet , Sieur
de la Tour , de Teiffodé dans
le Diocefe de Lavaur , mourut
le 25 Novembre âgé de
cent onze ans.
ARMARIAGES.
* Chriftian . Loüis de Montmorency
Luxembourg ,
94 MERCURE
Lieutenant General des Ar
mées du Roy , & de la Pro
vince de Flandres , époufa
le 7. Décembre, Loufe de
Harlay , fille unique d'Achil
les de Harlay , Comte de
Beaumont , Confeiller d'E
rat ordinaire; & d'Anne Re
née Louiſe du Louet de
:
Coetjenval , & petite fille
d'Achilles de Harlay , cydevant
premier Préfident dé
Parlement Le nouvel Epoux
, qui portoit le nom de
Chevalier de Luxembourg ,
porte préfentement celuy
de Prince de Tingry.
IV. PARTIE, 95
On ne peut vous donner
une plus jufte idée de lagran
deur & des illuftrations de la
Maifon de Montmorency
qu'en vous rapportant le
Difcours que Mr Chevil
lard , Historiographe de
France , & Genealogifte du
Roy a composé à l'occafion
d'une Carte Genealogique
,
qu'il a faite pour Monfieur
de Montmorency Foffeufe,.
chef de cette Maiſon. Ainfi ,
ce Difcours qui eft inferé
dans la premiere partie de
ee Volume , doit eftre regar
dé comme un Ouvrage
nouveau.
96 MERCURE
N. Ahacte de Chevilly ,
Capitaine aux Gardes , a époufé
Catherine Turgot de
Saint Clair , fille d'Antoine
Turgot, & de Jeanne Marie
du Tillet de la Buffiere . Elle
étoit veuve de Gilles d'Aligre
de Boiflandry, Confeiller
au Parlement ; & elle eft
foeur de Mr Turgot Maître
des Requeftes , & de Mr
Turgot Evêque de Seez . - ››
Il s'eft fait depuis plufieurs
autres Mariages dont on a
cfté informé trop tard pour
les inferer dans ce volume :
en en parlera le mois prochain.
IV. PARTIE . 97
Le Roy a nommé Monfieur
Aniffon de Hauteroche
, Prevoft des Marchands
de la Ville deLyon .
Il eft pere de Monfieur de
Hauteroche Confeiller au
Parlement de Paris , &
Confeiller de la Chambre
du Commerce , dont eft
auffi Monfieur Menager
& de Mr l'Abbé Aniffon.
Il a un frere à Lyon , quia
efté Echevin de la meſme
Ville.
Le Lundy 30 , Novembre
, Monfieur l'Archevefque
de Lyon , facra dans
Decemb
. 1711. 4D
1..
98 MERCURE
FEglife Collegiale de faint
Nizier , Monfieur l'Abbé
Sicault Evefque de Syno
pe , affifté de Monfieur
Madot Evefque de Bellay ,
& de Monfieur de Montmartin
Evefque de Grenoble
; l'Eveſché de Synope
eft fuffragant de l'Arche
vefché d'Amafie , donc
Monfieur le Nonce Cufani
aefté pourveu .
Le 28. Novembre Henry
- Charles Arnauld de
Pomponne , Abbé de faint
Medard de Soiffons , Aumofnier
du Roy, cy- devant
IV. PARTIE
Ambaffadeur de Sa Ma
flé à Venife , fut nommé
Confeiller d'Eftat d'Eglife ,
à la place de feu Monfieur
le Tellier Archevefque de
Rheims .
Monfieur Trudaine Intendant
de Bourgogne ,
ayant efté nommé Confeiller
d'Eftat , s'eft demis
de cette Intendance.
Monfieur de la Briffe ,
Intendant de Caen , a efté
nommé Intendant de
Bourgogne ; & Monfieur
Guinet Maistre des Requeſtes
, a eſté nommé In-
4 I ij
100 MERCURE
tendant de Caen .
* Le premier Decembre ,
Louis Augufte d'Albertd'Ailly
Vidame d'Amiens ,
Capitaine - Lieutenant des
Chevaux Legers de la
Garde du Roy , ayant eſté
nommé par Sa Majesté
Duc de Chaulnes , Pair de
France , prefta ferment au
Parlement , & y fut receu
avec les ceremonies ordinaires
.
Le 17. Decembre on
fit un Service folemnel
dans l'Eglife des Minimes
près de la Place Royale
IV. PARTIE IOL
pour le repos de l'Ame de
feu Monfieur
le Marechal
de Boufflers. Monfieur
l'Evefque de Tournay celebra
la Meffe , & le Pere
de la Rue Jefuite , prononça
l'Oraifon funebre. Un
grand nombre de Seigneurs
& de Dames de la
Cour y affifterent.
L'Académie Françoiſe a
proposé pour le fujet du
Prix de Poëfie qu'elle delivrera
l'année prochaine le
jour de faint Louis : L'Application
continuelle du Roy à
leurer le repos de fes Sujets ,
I iij
102 MERCURE
& fon attention à rendre
Monfeigneur le Dauphin de
plus en plus capable de refpondre
àfes veuës.
Dernieres Nouvelles.
De Lisbonne le 4. Decembre.
Le Roy affemble fouvent
fon Confeil pour prendre
des mefures convenables
aux conjonctures prefen
res , & un Exprés partic
hier pour l'Angleterre
avec des Dépeſches qui
portent , à ce que l'on afleure
, que Sa Majeſté reIV.
PARTIE. 103
met à la Reine fes interefts
au fujet de la Paix , & nos
Envoyez à Londres & à la
Haye , font nommez pour
affifter au Congrez en qualité
de Plenipotentiaires.
La nouvelle qu'on a euë
icy de l'expedition des
François dans le Brefil ,
nous a efté confirmée par
un Baftiment arrivé de San
Salvador, & l'on y adjoufte
d'autant plus de foy , que
nous n'avons point de nous
velles de la Flotte que nous
en attendons.
I iiij
104 MERCURE
De Gironne le 10. Decembre,
Les dix- huit Bataillons,
& les douze Eſcadrons qu'
on attendoit de Dauphiné
eftant arrivez , Monfieur le
Marquis de Fiennes s'eft
mis en marche pour aller
faire le fiege d'Oftalric.
Les Ennemis en ayant efté
informez , s'avancerent au
nombre de 400. Chevaux,
de deux Bataillons , & d'un
gros corps de Miquelers
pour luy difputer le paffage
entre Bazola & CaftelIV.
PARTIE. 105
follit ; mais Monfieur de
Fiennes
ayant marché
eux avec fon Avantgarde
feulement , ils fe retirerent
avec beaucoup de précipítation
, abandonnant tous
les poftes qu'ils occupoient
dans les
montagnes.
De Hambourg le 11.Desembre
Les dernieres Lettres
qu'on a receues du Camp
devant Wilmar , portent
5. trois
au 5 .
que la nuit du 4.
mille hommes d'Infanterie
, & trois cens Dragons,
106 MERCURE
eftoient fortis de la Place
avec neuf petites pieces de
canon pour furprendre les
Troupes du Blocus ; que le
General Rantzaw qui y
commande en ayant efté
informé , avoit envoyé une
Troupe de Cavallerie devant
chacune des portes ,
pour obſerver les mouvements
de la Garniſon , &
donna en mefme temps les
ordres neceffaires pour dif
pofer toutes fes Troupes de
maniere qu'elles puffent
marcher promptement où
il feroit neceffaire : que les
IV.
PARTIE. 107
Suedois en fortant de la
Ville , avoient repouflé la
Cavallerie Danoife ; qu'ils .
pouſfferent enfuite la Garde
avancée & le Piquet de
deux cens Chevaux , aprés
quoy ils attaquerent le Regiment
de Dragons de Bu
lau , qui ayant efté foufte
nu par trois autres Regiments
le combat dura
deux heures , ce qui donna
le temps au General Rantzaw
de faire avancer des
Troupes qui prirent les
Suedois en flanc des deux
coftez , & marcha en mef-
>
108 MERCURE
me temps avec un autre
Corps pour leur couper la
retraite , enforte que L'In_
fanterie fut obligée de former
un Bataillon quarre
pour le retirer fe retirer , mais que
ce Bataillon ayant efté
rompu , il n'eftoit rentré
dans la Ville qu'environ
feize cens hommes , le refte
avoit efté tué ou pris
avec les neuf pieces de Canon.
Extrait de Lettres de Bender
du 26. Octobre.
Mr Funck noſtre EnIV.
PARTIE. 109
voyé , mande par un Expres
qui vient d'arriver
que le Grand Vilir fait à
preſent des merveilles , &
promet au Roy de Suede
tout ce qu'il luy demandera
en Troupes & en argent.
Les Mofcovites ont employé
plufieurs artifices
pour éluder & retarder l'éxecution
de la Paix faite
avec la Porte. Le dernier
terme fixé pour la reddition
d'Aſaf, & la démolition
de Taganrok expirera
dans quelques jours , &
ils cherchent encore à ga-
4
10 MERCURE
*
gner une prolongation ;
mais nous avons de tresgrandes
raiſons pour croila
Porte ne fe laiffe
re
que
ra plus
amufer
, & qu'elle
reprendra
les armes
inceffamment
.
Cependant
de
quelque
maniere
que
la
chofe tourne , le Roy de
Suede demeure ferme dans
la refolution qu'il a prife
de partir cet hiver , & des
fe porter en Pologne .
D'Arras le 20. Decembre.
Les Troupes qui ont
IV . PARTIE. TI
efté employées à combler :
le canal de la Deule , & celuy
de Douay ; à rompre les.
Eclufes , les Ponts & les
Digues , font retournées
dans leurs quartiers fans
avoir perdu un feul hom
me;on a auffi ruiné le Pont
à-Vendin , & enfoncé des
batteaux & abbatu des ar
bres dans la haute Scarpe
au deffus de Douay , de
forte que les munitions quis
font à Gand ; & deftinées
pour les magafins de cette
Place , n'y pourront eftre
tranfportées que par charMERCURE
}
rois , ce qui fera tres- difficile
à executer , tant à caufe
des groffes fommes qu'il
en couftera aux Ennemis ,
qu'à caufe des fortes efcortes
pour chaque convoy .
Les cinq hommes qui
ont eſté faits priſonniers à
Lillers, & qui font de Trou-
Hollandoifes , ont eſté pes
amenez icy .
D'autres Lettres portent
que dès que les Ennemis
furent informez de
ce qui fe paffoit , ils affemblerent
toutes les Garnifons
de la frontiere ; mais
;
que
IV.
PARTIE. 113
que n'ayant pû le faire
affez promptement
, les
noftres fe retiroient lorfque
les Gouverneurs de
Lille &deDoüai parurent à
une lieuë & demie d'Arras,
à la tefte de trente Efcadrons
, qui aprés quelques
efcarmouches avec l'ar
riere garde de nos Troupes,
commandée par Mr. le
Comte de Broglio , fe retirerent
, crainte d'eftre coupez.
De Strafbourg le 17.Decembre.
Les Ennemis ont tenté
Decembre
. 1711. 4 K
114 MERGURE
de nouveau de conduire de
Philifbourg à Landau , un
gros Convoy de bled & de
farine; mais fur l'avis qu'ils
ont eu que nos Troupes
eftoient en mouvement
pour l'enlever , ils l'ont fait
rentrer dans cette Place.
Il deferte beaucoup de
leurs foldats , il en eft venu
en un jour vingt- fix à Lauterbourg',
qui difent qu'ils
ne font point payez.
Un party de la Garnifon
de Brifack eftant en
courfe le 14. rencontra
quarante cinq Huffards en
IV .
PARTIE .
S
nemis , en tua treize & en
prit dix-neuf qui ont efté
amenez tous montez à Bri
fack.
De Madrid le
14. Decembre
Les dernieres Lettres
qu'on a receues de Catalogne
, portent que le Comte
de Staremberg ayant fait
un détachement de TroupesAllemandes
pour changer
la Garnifon de Tarra
gone , les Officiers des
Troupes Angloifes qui y
font , avoient refusé d'éva-
Kij
116 MERCURE
cuer cette Place, & avoient
fait dire au Comte de Staremberg
, qu'ils en refpon
doient .
Le 20 Decembre , le Pere
Athanafe de Megrigny,
Capucin, fut facré Evefque
de Graffe, dans l'Eglife des
Capucins de la fue faint
Honoré , par Monfieur
l'Evefque de Strasbourg
affifté de Meffieurs les Evefques
de Toul & d'Evreux.
Le 21. Mr.l'Abbé le Pil
leur fut facré Evefque de
Saintes , dans la Chapelle
IV . PARTIE . 117
de l'Archevefché par Monfieur
le Cardinal de Noailles
, affifté de Meffieurs les
Evefques de Tournay , &
de Seez.
hcbkb
BIBLIOT
LYON
TABLE
Trennes de Mercure au Pu-
ETrennbleisc
I. PARTIE.
3
Erudition fur le mot Etrennes, 9
Etrennes de Mela C. de .
Mr le Marquis de ....
"
21
Autre Etrenne par Mr de L. T
Extrait du Difcours de Mr de
Reaumur , lù à l'ouverture de
l'Académie Royale des Sciences
, 23
43
AcadémieFrançoise de Rome, 39
Thefe fouftenue à Reims ,
Difcours nouveau fur l'Origine ,'
la Genealogie , & la Maifon
de
Montmorency
,
Difcours fur la dignité des Empereurs
& furfon origine , 97
Ceremonie du Couronnement des
J
49
107
Empereurs ,
Recherches fur l'Empire des Af
fyriens ,
II. PARTIE
118
Amuſements.
Le bon Médecin , Hiftoriette 3
Bouts rimez: Questions : Ref
ponfes : Enigmes , &c. I &
fuivantes.
III. PARTIE.
Pieces fugitives .
Piece nouvelle par Mr R. Etrennes
en envoyant un Pigeon , r
Autre piece nouvelle
Par MrV. & Mr de ***
8
20
Ode nouvelle à Mr de M. 34
IV. PARTIE.
Nouvelles d'Allemagne , de Pologne
, & du Nord ,
Nouvelles
d'Espagne ,
I
40
Nouvelles de divers endroits , 52
Morts , 91
Mariages , 93
Dernieres nouvelles ΙΟΣ
CATALOGUE
DES LIVRES NOUVEAUX ,
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Defcente du Pont Neuf, à l'Image
faint Louis.
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Auguftini , fol. feparément , petit pap . 18 I.
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illuftrata , fol. petit papier , 18 liv .
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& les Aureurs originaux , par Dom Guy Alexis
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de la Congregation de faint Maur , in
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Gallia
Narbonenfis
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Archiepifcopi
Parifienfis Dißertationes
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Sacerdotii
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Gallicane
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Defcriptio Catalonia & Rufcinonis : acceffere gefta
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Vita Paparum Avenionenfium , hoc eft , Hiftoria
Pontificum Romanorum qui in Gallia federunt ab
anno 1305. ad annum 1394. fcripta ab auctoribus
coëtaneis , cum Notis , in 4º , 2 vol . 14 liv ..
Sancti Agobardi Archiepifcopi Lugdunenfis Opera ,
necnon Leidradi & Amulonis Archiepifcoporum
Lugdunenfium Epiftola & opufcula , cum Notis,
in 8 , 2 vol. 6 liv .
Sancti Cafarii Epifcopi Arelatenfis Homilia ; nunquam
antehac edita , cum Notes , in 8 ° , 1 l. 10 f.
Marii Mercatoris Opera , cum Notis , in 8 ° , 3 liv .
Reginonis Abbatis Prumienfis Libri duo de Ecclefiafticis
difciplinis & Religione ohriftiana , &c. cum
Notis , in 8 ° , 4 liv.
Salviani Maffilienfis , & Vincentii Lirinenfis Opera,
cum Notis uberioribus , in 8 ° , tertia edit. 3 liv.
Vita Petri Caftellani , Magni Francia Eleemofynarii
, à Petro Gallandio fcripta , cum Notis , in
8. I liv . 10 f.
Mifcellaneorum Libri quinque , hoc eft , Collectie
veterum Monumentorum , in go
1
د ر ک
vol . Is liv.
Les volumes
fe vendent
feparément
3 liv.
Ouvrages de feu Mre ARMAND LE BOUTHILLIER
DE RANCE' , Abbé de la Trappe.
De la Sainteté & des devoirs de la vie Monaftique
, avec les éclairciffemens fur les diffi-
A ij
4
eultez furvenues au fujet de ce Livre , in
vol. 3 > 4
17 liv.
8 liv .
Les Eclairciffemens
,in 4 , feparément
, 6 1.
Les mêmes
in 12. feparément
, 2 liv. 10 f.
Cinq
Chapitres
tirez
du Livre
de la Vie Monaftique
; fçavoir
, de l'amour
de Dieu
, de la
Priere
, de la Mort
, des Jugemens
de Dieu
,
& de la Componction
, in 12.
Les mêmes in 12. 3 vol.
1 liv. Difcours
de la pureté d'Intention
, & des moyens pour y arriver , in 12 . I liv. 10 f. Carte de la Vifite de M. l'Abbé de la Trape å l'Abbaye
des Clairets , avec une Inftruction fur la mort de Dom Muce , in 12.
i liv . Inftructions
de faint Dorothée
, Pere de l'E, glife Creque , traduites
du Grec en François , avec la Vie de ce faint Pere , in 8 °. 2 l. 5 f. Inftructions
fur les principaux
fujets de la Pieté & de la Morale Chretienne
, in 12. 1 1. 10 f.
Lettres de Pieté choifies & écrites à differentes
perfonnes
, in 12 , 2.vol, 4 liv. Meditations
fur la Regle de faint Benoît , troi fiéme édition, augmentée
de la veritable
pre- ..
paration à la mort in 12.
2 liv. De la veritable
preparation
à la mort , in 12 .
feparément
,
I liv. Réponses
au Traité des Etudes Monaftiques
de Dom Jean Mabillon
, in 4º , 6 liv. Le Texte de la Regle de S. Benoît, trad.in 12.1 1. La Regle de faint Benoît , traduite
& expliquée
felon fon veritable
efprit , in 4º , 2 vol. 12 1 . La même in 12. 2 vol.
s liv. Reflexions
morales
fur les quatres Evangiles
, în 12.4 vol.
7 liv . 4 f.
Reglemens generaux de l'Abbaye de la Trappe,
in 12. 2 vol.
3 liv . 12 f.
Relation de la mort de Dom Abraham BeuS
% f. gnier , in 12. brochure ,
Relation de quelques circonftances de la mort
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. brochure
,
8 f.
Traité abregé des Obligations des Chrétiens ,
in 12 . 1 liv . 16 f.
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous- Prieur de l'Abbaye
de la Trappe.
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° , 2.
vol. 7 liv. 12 f.
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux , ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9 vol. 16 liv. 4 f
De Noffeigneurs du Clergé de France.
Procés verbal de l'Affembléé de 1690. fol . 61.
De l'Affemblée de 1693. & 1695. fol 10 1.
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6. 1 .
Relation des Affemblées de MM . les Prelats ,
pour la condamnation du Livre de M. l'Archevêque
de Cambray , in 4 ° , 4 liv.
Recueil concernant l'établiffement de deux Seminaires
dans le Dioceſe de Reims , in 4 , 61.
·
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2 vol . 30 liv.
Le Tome fecond feparement ,
Is liv.
Du
R. P. A MELOTTE
, de l'Oratoire
.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulga
te , ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4 , 2 vol.
Le même in 18.
12 liv.
I liv.
Du R. P. HARDOUIN , de la Compagnie
de Fefus.
Antirrheticus de nummis antiquis Coloniarum &
,,, '
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in
Sancti Joannis Chryfoftomi Epiftola ad
Monachum , Gr. & Lat. cum Joannis Harduini
Dißertatione Notis, de Sacramento Altaris ,
in 4 ,
De differens Auteurs.
4 liv.
>
Compendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen
diofa earum tractatio , in 12 .
I liv.
Coeur affectif de faint François de Sales , tire
de ce qu'il y a de plus touchant dans fes
Ecrits , pour la confolation des ames devotes
, par M. Gambard , in 12. I liv. 12 f.
Diurnale Ciftercienfe , ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin , 3 1.
Difcours de faint Bernard , compofez à la priere
de fa foeur la Religieufe , où font contenus
tous les principaux points du Chriftianiſme
nouvelle traduction , in 16 . 1 liv. 10 f.
Exercice Journalier , à l'ufage des Religieufes
de la Congregation de N. D. in 16 . I liv.
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe,
par Meffire François de Harlay , Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu
M. l'Archevêque de Paris , in 12.
1 liv .
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre ,
in 12. 15 vol.
4f liv.
Les volumes fe vendent feparément , 3 1 .
Reglement pour le Regiment des Gardes , in
12 .
1 liv . Prieres Chrétiennes
recueillies
par ordre de feu M. l'Archevêque
de Paris , en Latin & en François
avec une Inftruction
pour la Con- feffion & Communion
, & une Conduite
pour bien gagner le Jubilé , in 12. troifiéme
édi- tion ,
I liv. Tradition
de l'Eglife fur le Silence Chrétien
&
Monaftique , contre l'intemperance de la langue
, & les paroles inutiles en general , & en
particulier contre la trop grande frequentation
des Parloirs des Religieufes , par M.
Hermant , in 12 . I liv. 16 f.
Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 .
I liv . 10 f.
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Joly ,
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris
3 in 12.
>
2 liv.
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religieufe
de la Vifitation , morte en 1694. in 12. 1 1. 10 L
De l'ufage de celebrer le Service Divin, en langue
non vulgaire , par le R. P. Caponnel ,
Chanoine Regulier , in 12 . I liv . s £.
Imitation de Jefus - Chrift en vers , avec figures,
par M. de Corneille, Bruxelles. in 8 ° , 4 1.
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaolo ,
in 4 ,
8 liv.
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , fol.
2 vol.
18 liv .
: Les mêmes , in 4 ” , 6 vol . 36 liv.
L'art de Tourner ou de faire en perfection
toutes fortes d'ouvrages au Tour : ouvrage
tres-curieux & tres- neceffaire à ceux qui s'exercent
au Tour , fol . Latin & Fr. 15 liv.
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon , par
M. de la Foffe , feconde édition , augmentée
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'autre
d'Horace , in 12.
2 liv. 10 f.
Nouvelle Grammaire Eſpagnole , par M. Perger
, in 12 .
2 liv. S f.
Nouvelle Traduction de Juftin , avec des Remarques
, in 12. 2 vol .
Conquête du Mexique , in 12. 2 vol.
3 liv . 10 f.
s liv.
Conquête du Pèrou , in 12. 2 vol . 4 liv . 10 L
Voyage d'Alep à Jerufalem, in 12 .
2 liv.
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoise du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Ortographe
,
I liv . Io f.
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
in 12 .
Norum Teftamentum Gr&cum , in 18 .
L'Esprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2
Le Comte de Cardone , in 12.
2 liv. 1o f
1 liv . 16 f.
vol.3 1.10 f.
I liv . 16 f.
Les Avantures Galantes du Chevalier de Thémicourt
, par Madame D... in 12. 11. 16 f.
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere ,
in 12.
2. liv.
Avantures galantes de France & d'Espagne ,
in 12 .
2 liv .
Traduction nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 . 2 liv.
6 liv. Biblia facra , in 4º ,
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
I liv. 10 f.
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
Effais de litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Effais , in 12 .
4 vol.
8 liv.
Le Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions
Nouvelles , in 12.
I liv . 10 f.
Les Campagnes du Roy de Suede , in 12. 3
vol.
6 liv .
La Vie de M. de Moliere , in 12 . 2 liv .
Traité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamation , la Lecture & l'Action publique
, in 12. I liv. to f
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Païs , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
habitant de ce Païs- là , in 12. enrichie de figures
12 .
,
9
gurès en taille- douce , 2 liv. ƒ f
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui enfeigne
les devoirs du Maître d'Hôtel & du
Sommelier la maniere de faire les Confi
tures feches & liquides , les Liqueurs , les
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des pâtes , des
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux Ragoûts
qu'on fert aujourd'hui : Avec des modeles
pour dreffer les Services de Table , ir
2 liv. s f
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Quef
tions & Réponſes familieres , tirées de dif
ferens Auteurs ; diviſé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament , par le R. P.
Guerard , de la Congregation de faint Maur feconde édition , in 12 . 2 liv
Les Delices de l'Italie ; contenant une defcription
exacte du Païs , des principales Villes ,
de toutes les Antiquitez , & de toutes les Raretez
qui s'y trouvent ; ouvrage enrichi d'un
tres-grand nombre de figures en taille douce ,
in 12. 4 vol.
Traité des Jardinages , par M. de la Quintinie ,
in 4º, 2 vol .
12 liv.
12 liv.
2 liv.
Le Prince Grec , in 12 .
Hiftoire de D. Quixotte , in 12. 5 vol . 12 l . 10 f.,
Les Fables de la Fontaine , in 12.5 vol. IQ liv .
La Princeffe de Cleves , in 12. 2 liv . 10 f.
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. 10 f.
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in 12 .
2.vol.
s liv.
Les Oeuvres
de S. Evremond
, in r2 . 5 vol. 10 l .
Juvenal
, de la traduction
du P. Tarteron
, in
12..
Zayde, in 12, 2 vol
2 liv . 10 f.
4. liv
10
3
liv.
Style du Confeil , par M. Gauret , in 4 , 5 liv.
Code de la Marine , in 4 ,
Traité historique des Monnoyes de France , par
M. le Blanc . in 4 .
9 liv.
Dialogues
entre
le Diable
Boiteux
& le Diable
Borgne , par M. le Noble , in 12 .
Traité de la Parole , in 12. brochure,
Lucien d'Ablancourt , nouvelle édition
mentée de Notes , in 12. 3 vol .
2 liv.
8 L.
, aug-
6 liv.
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & vrbibus Jure
Latio donatis , ex omni modulo percußa , autore
Joanne Foy- Vaillant , in fol . 2 vol . 36 liv.
L'Histoire reduite à fès principes , dediée à
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , în 12.
2 vol.
3 liv. IO f.. Contes des Fées , ou les Chevaliers
Errans , & \le Genie Familier , par M. D ...in 12. 11. 15 f. D. Guzman d'Alfarache
, in 12. 3 vol . 71. 10 f. Traduction
en vers François
des Epigrammes
d'Ovven , in 12.
Les Amours de Pfiché , in 12 .
La Mufe Moufquetaire , in 12 .
Virgile , de Martignac , in 12. 3. vol .
I liv. 10 f.
2. liv.
2 liv .
6 liv.
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol . 4 1. 10 f.
L'Ambiguë d'Auteuil , ou varietez hiftoriques ,
compofées du Joueur , du Nouvelifte , du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
, du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 . I liv . s . f.
Les Avantures d'Appollonius de Tyr , livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ftyle
que Telemaque , par M. le B ... in 12 . 2 liv.
Le Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
II
tian , in 12. 2 liv. s. f.
Abregé de Geographie , & de tout ce qu'il y
a de plus , remarquable dans chacune des quatregrandes
parties de la Terre , particulierement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France : le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
>
avec les routes des Poftes de France & d'Efpagne
, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes >par M. Poncein , in 12. liv . § f.
Hiftoire fecrete de Bourgogne , in 12. 2 vol . 3 1 .
Vaſconiana , ou Recueil des bons mots , des penfées
les plus plaifantes , & des rencontres les
plus vives des Gafcons , feconde édition , augmentée
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Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par M.
Durier , derniere édition , in 12.3 vol . 6 liv .
Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Bencerade, imprimées à Bruxelles , in 8 ° , 4 l ..
Les Metamorphofes , ou l'Afne d'or d'Apulée ,'
Philofophe Platonicien avec le Demon de
Socrate , traduction en François , avec des
Remarques , in 12. 2 vol. s liv.
Les Fables d'Efope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Quatrains
à la fin de chaque difcours , avec figures.
On a ajoûté à cette nouvelle tradution
les Contes d'Efope , les Fables diverfes
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f.
Les Memoires de la Vie du Comte D ... avant fa
retraite , contenant diverfes avantures qui
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui ont à
vivre dans le grand monde ; redigez par M. de
S. Evremont , in 12. 2 vol.
L
4 liv . 10 f.
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Comte
de Buffy, in 12. 3 vol. 7 liv. 10 f,
Bij
12
7dem , Ses Lettres , nouv . Edit . in 12. 4 vol. 8 I.
Les Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D... enrichies de figures en tailledouce
, divifées en 4 vol . in 12 . 10 1.
Quinte- Curce , de la traduct . de M. de Vaugelas,
avec le Latin à côté , 2 vol . in 12. 4 1. 10 f.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques , de M.
Dacier , troifiéme édition , revûë , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur
in 12.10 vol , 20 liv
Hiftoire de France, P. Marcelle , in 12. 4 vol.8 1.
Lexicon Buxtorfi , in 8ª,
4 liv. 10 f.
Idem Lexicon Paforis , Greco- Lat. in 8º , 4 1. 10 f.
Corpus Juris Canonici , à Petro Pithoxo , cum appendice
Juris Canonici , continens Librumſeptimum
Decretalium, & Jo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol. 2 vol. zo liv.
Les Oeuvres de Maître Guy Coquille , Sieur de
Romaney , 17 03. 2 vol. 13 liv. Recueil de bons mots des Anciens & des Mddernes
, in 12 . 2 liv.
THEATRE DE MESSIEURS
Corneille, in 12. 10 vol. 20 liv.
6 liv . Racine , 2 yol .
Campiftron , nouv . éd. augmentée d'une Tragedie
& d'une Comedie , & ornée de figures , 4 !.
De la Foffe , avec les Poëfies , 2 vol . S liv .
Legrand ,
Crébillon ,
Pradon ,
2 liv. 10 f.
3 liv. 10 f.
3 liv.
2 liv . 10 f.
De la Grange ,
Moliere , & vol . nouvelle édition , augmentée
de fa Vie , avec de nouvelles Remarques , 15. l.
Dancourt , 7 vol. nouvelle édition , augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions precedentes ,avec
fgures & Mufique
Regnard , z vol.
Poiffon , 2 vol .
De Hauteroche ,
4Jiva
`s liv.
3 liv.
2 liv. to f
Palaprat , 2. éd . augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore efté imprimées , &
d'un Recueil de Picces en Vers, 2 vol. 4 1. 10f
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Bpindin ,
De Champ-mêlé ,
De Montfleury , 2 vol .
Bourfault , 2 vol.
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut ,
Theatre François , 6 vol.
Idomenée >
3 liv
liv. 10 f
2 liva
2. liv.
+ liv.
s liva
s live
liv. 10 fa
2 liv. 10 f
as live
Aftrée ,
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobie
Cyrus ,
Les Tyndarydes ,
Saül ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe ,
Muftapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberinus
Le Curieux Impertinent
Les Agioteurs,
L'Amour Charlatan ,
Le Naufrage ,
Danaé ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le Jaloux défabuſe
Tragedic
}
Comedies;
14
Les Airs notez des Comedies Françoifes , par
M. Gillier , in 4º,
7 liv.
liv. 10 f.
Cantates & Arietes de M. le B. fol. 7
Le quatriéme Livre des Motets de M. Campra
,
Le Mercure Galant ,
Et broché ,
s liv.
11.
IO f.
1 l . sf.
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A. S.
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs
Effais de Poëfies diverfes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol. in 12. 1 1. 10 f.
Et toutes les autres Pieces de Theatre , tant
anciennes que nouvelles.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères