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MERCURE
GALANT.
NOVEMBRE 171
LYON
NCY
NI
N
A
PARIS ,
M. DCCXI.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F ***
Mois
de Novembre.
1711.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
23.2
fols , brochez *
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis ,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE , à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la rue
Saint Jacques .
BIBLIO
?
DE
LYON
MERCURE
GALANT.
I. PARTI E.
Novembre 1711.
**************
$
185
LITTERATURE.
Vo
VILLE
Oicy un article d'une
érudition tresprofonde
pour les friands
& les valetudinaires
, qui
A ij
Novemb.1711.
4 MERCURE
font leur eftude principa
le de leur gouft & de leur
fanté : c'eſt une methodeexactepour
compofer
un
Chocolat tres agreable &
tres fain.
La fcience du Chocolat
a cela de commun
avec les autres , qu'elle
fera tousjours fujette à
difpute , toute compofition
où il entre plufieurs
drogues , ne fçauroit contenter
tout le monde ;
l'un veut du mufc dans
1. PARTIE.
le Chocolat , l'autre n'
voudroit pas mefme de
vanille ; celuy - cy l'aime
ny
fucré en un mot on
poivré , celuy - la l'aime
peut dire que lala com-
1
pofition du Chocolat eft
une efpece d'ouvrage
d'efprit , il n'eft jamais
parfait qu'au gouft de celuy
qui le compofe.
I A iij
P
6 MERCURE
RECETTE
pour faire d'excellent
Chocolat.
Par M. H.
Prenez de Cacao de Caraque
vingt livres , dont
les amandes foient groſſes
& bien nourries .
Des Vanilles de Sofofmufco
ou de Guatimala ,
fraifches , & de bonne o
deur , qui ne foient point
fourrées ny frottées de
baume du Perou : au nombre
de quarante brins qui
doivent pefer environ cinq
I. PARTIE

ou fix onces.
D'Ambre gris bien choifi
quatre vingt grains.Jo
De Mufc , huit grains.
De Canelle fine , quatre
onces .
De Sucre Royal bien
fec , quinze livres feulement
, car fi on met partie
égale de Sucre & de Cacao
, le Chocolat fe gafte.
METHODE.
Epluchez bien voftre Cacao
pour en oſter ce qu'il
y auroit ou de pourri , ou
de mellé , mettez -le dans
un chaudron de fer qui aic
I A iiij
& MERCURE
environ un pied & demy
de diametre fur un pied de
haut , & n'en bruflez que
cinq livres à la fois , faitesle
brufler à petit feu en remuant
tousjours avec une
cuällere de bois, pour qu'il
foit bruflé également &
mediocrement, Cette opesation
fe fait dans l'efpace
d'une demy heure , ou
de trois quarts d'heures.
Quand ces cinq livres
feront bruflées , vous en
bruflerez cinq autres
ainfi de fuite. Il faut fur
&
tour prendre garde de ne
I PARTIE.
le
$
le pas trop brufler , parce
que cela feiche le fruit &
rendamerou de le
brufler trop peu ; ce qui
luy laiffe un gouft de terre.
Lorſqu'il eft bruflé à pros
pos , il a infinimét meilleur
gouft , il nourrit & tempere
& tient le ventre libre ,
mais au contraire quand
il est trop broflé , il reflerre
& échauffe beaucoup.
Lorfque le Cacao eft
bruflé on l'étend à terre
fur un torchon blanc , on
l'écrafe groffierement avec
le Rouleau , aprés quoy on
10 MERCURÈ
le vanne bien , & on le
paſſe par le crible pour of
ter toutes les petites
queues qui font dures &
ameres. Enfuite on le met
dans un mortier de fer
où on le pile après avoir
mis du feu fous la pierre
ou table de fer. On l'y
paffe avec le Rouleau de
bois deux fois avant que
d'y mettre le fucre , que
L'onincorpore enfuite dans
une Poëlle à confitures auprés
du feu pour le paſſer
deux autres fois . La Canelle
, la Vanille , l'Ambre ,
1
I. PARTIE. TI
le Mufc , meflez enfemble
& pilez , s'incorporent
comme le fucre , mais feulement
lorfqu'on le paffe
-pour la premiere fois
Quoyque la Vanille fort
difficile à piler , parce qu’-
relle eft onctueufe , il ne
faut pas fe laffer de la battre
pourla reduire en pou
dre fubtile , fans quoy le
Chocolat ne peut jamais .
eftré bon. Afin d'en venir
plus aisément à bour ;
peut y adjoufter une por
tion de fucre pour le piler
en mefme temps , & les
on
12 MERCURE
paffer par le tamis de foye .
11 faut de mefme redui
re l'Ambre gris en poudre
fubtile , en le pillant avec
le triple de fon poids de fucre
VOUS
Aprés que la prepara
tion fera achevée ,
prendrez des moules de
fer blanc , carrez ou ronds ,
de telle grandeur qu'il
vous plaira, que vous garnirez
de papier blanc .Vous
les remplirez de Chocolat,
& vous les fecouerez pour
les eftendre exactement .
Vous l'y laifferez pendant
1. PARTIE 13
4
quatre ou cinq heures ; en .
fuice vous le retiterez des
moules,& le garderez dans
un lieu fec , où il n'y ait ny
odeur ny linge.
Quand on veut prépa
rer le Chocolat pour le
prendres il faut que l'eau
ne bouille qu'un bouillon
ou deux. Pour faire unet
taffe de Chocolat , il ne
faut qu'une paftille , done
les douze ou ferze doivent
compoſer une livre . Il faut
avoir foin de bien faire
mouffer le Chocolar
, qu'on
ne doit jamais faire bou
14% MERCURE
lir ny rechauffer , ce qui
luy fait perdre beaucoup
de fon agréement.
+
On obfervera que le
Chocolat qui fe fait au
Printemps , & en Automne
, eft le plus excellent. Il
le faut garder au moins
deux mois , avant que de
s'en fervir ; car quand on
l'a gardé un an & plus , il
n'en eft que meilleur .
11 fe trouve vingt compofitions
differentes de
Chocolat. Les uns augmentent
les dofes de la
Vanille & de la Canelle ;
I. PARTIE.
les autres diminuent le fucre
& quelques - uns
retranchent abfolument
l'Ambre & le Muſc ; mais
ces derniers ont fort. La
petite quantité qui y entre,
ne fert qu'à developper &
à pouffer l'odeur de la Val
nille ; d'ailleurs l'odeur de
l'Ambre & du Mufc devient
fi imperceptible qu'
elle eft incapable de faire
le moindre mal à ceux
mefme qui font le plus fujets
aux vapeurs . A la ri,
gueur on peut retrancher
le Mufe , & augmenter la
16 MERCURE
dofe de l'Ambre gris.Quelques
- uns y adjouftent fur
la quantité cy - deffus , de
la fleur de Muſcade & du
Poivre long , de chacun
un gros , mais cela ne convient
pas tousjours pour la
fanté ny pour le gouft.
Les Elpagnols préparent
un Chocolat qu'ils appellent
Chocolat de fanté,
dont ils retranchent tout-
- fait la Vanille , & n'y
mettent que tres peu de
fucre ; mais l'experience a
appris qu'un long ufage
eftoit plus nuifible qu'u
tile.
Le
1. PARTIE. 17
fe Le Chocolat ſe prépare
ordinairement
dans de
l'eau de fontaine ou de ri
viere. Si l'on paffe cette
eau par
deffus de la graine
de Melon d'Italie qu'on
aura pillée dans un mortier
de marbre , il n'en fera
que plus delicat. Quelques
malades y meflent moitié
de lait & un jaune d'oeuf:
d'autres
autres enfin le font avec
le lait fans eau , cela dé.
pend du befoin.
Dans les
pays froids on
prend pour le faire du vin
d'Efpagne ou du vin blanc
Novemb
. 1711. ΓI B
18 MERGURE
au lieu d'eau. Mais il y a
lieu de croire que cela fe
fait pluftoft par un principe
de débauche que pour
fe vouloir conferver la
fante , qui eft l'unique but
qu'on doit avoir en fe faifant
habitude de prendre
du Chocolat .
U
Quelques-uns avant que
de prendre le Chocolat,
boivent un verre d'eau ,
afın 'de n'en eftre point
échauffez ; d'autres dans
une veuë opposée, mettent
dans la raffe, en le prenant,
une pincée ou deux de
I. PARTI E. 19
poudre des Indes.
Le Chocolat eft une des
plus faines & des plus précieufes
boiffons dont on ait
usé jufqu'à prefent . Tout
ce qui y entre eft tres falu,
taire & tres cordial. Il eſt
auffi fort utile dans les ma
ladies qui font causées par
la foibleffe de l'eftomac
& convient à toute forte
de perfonnes languillantes
& foibles , mefme aux vicillards
, aux enfans , & aux
femmes groffes . Aprés en
avoir pris il faut éviter de
boire , de manger & de fai
I Bij
20 MERCURE
re aucun exercice ; on doit
au contraire demeurer
*
2
quelque temps en repos &
fe tenir chaudement .
Ilarrive en Hollande un
Chocolat de Gouaka , qui
vient dans des boëtes carrées
, petant une livre , qui
fe vend un patagon . Pour
preuve qu'il eft tel , il doit
eftre marqué deffus d'une
feuille des Indes , qu'on appelle
Poivre d'Efpagne ou
Pimentum .
On en met quatre livres
far vingt livres de la compofition
cy-deffus , ce qui
1. PARTIE. 27
augmente infiniment l'a
gréement du Chocolat.g
La poudre des Indes eft
composée de Cacao , de
Vanille , d'Ambre , de Canelle
, de Sucre & d'Aviota
, elle vient des Indes
dans de petits facs gommez.
rokome
L'origine du Choco
lat vient de certains peuples
de l'Amerique
qui
faifoient d'abord une ef
pece de pain avec le Cacao
, & les friandes Ame
riquaines ymeflerent en
22 MERCURE
fuite quelques aromates .
Les Espagnols ont rafiné
fur les Ameriquains,
& nous tafchons de rafiner
fur les Efpagnols .
Un autheur Elpagnol
dit qu'on a éprouvé à
l'Amerique fur des criminels
condamnez à
mourir de faim , qu'une
once de Cacao les faifoit
fubfifter plus long temps
qu'une livre de viande ,
ou qu'une livre de ris .
Cependant un i luftre
K
L.
PARTIE. 23
autheur Italien apprend
auxCafuiftes
que le Chocolat
ne rompt point le
jeune.
Un autre autheur, c'eft
Maradon , je croy , dit
qu'il rafraichit les eftomacs
chauds , & échauf
fe les eftomacs froids.
LE CHOCOLAT.

Surl Air de Joconde ,
Le vin eft pour le tiers
eftat &
24 MERCURE
Il deroge a nobleffe ,
La loy ne permet qu'au
pied plat ,
Les risques de l'yureſſe.
Faifons mouffer le Chocolat
,
Qu'on m'en donne une
prife ,
C'eft friandife de Prélat
,
Et la loy l'authorife. I
Modefte friandife eut
lien
Dès le temps de Moife
I PARTIE, 25
Il permit au peuple de
Sql Dieu ,
Modefte friandife.
Un Fuifau palais delicat
Meprifant tout le reste
Voulut le gouft de Chocolat
Dans la mane celefe
L'undefon travailrebuté
Par luyfeul y refifte ,
A l'autre de l'oifiveté
Il rend l'ennuy moins
trifte.
Par luy le diner évité ,
Novembre 1711. C
26 MERCURE
2
Grandjouper
autorije ,
L'unen prendparfobrieté,
L'autre
pargourmandife.
Par le
Chocolat repeté ,
L'apetit fe deroute ,
Son
eloge auffi trop
chanté,
Degouteroit
fans doute,
Chers
friants
encore un
couplet ,
Paffez le moy degrace.
Moy d'un Chocolat à
fouhait
Je vous paffe une taſſe.
I.
PARTIE. 27.
Il donne ou guerit les
vapeurs,
Selon qu'on le compofe
Vous Medecins ou Directeurs
,
Scache en-bien la doze.
Vousy ferezpour le repos , sy.
Desfemmes ou des filles
Dominer les froids Cacaos,
Ou les chaudes Vanilles.
1 .
Cij
28 MERCURE
ACADEMIES.
L'ouverture des Afſemblées
de Meffieurs de l'Academie
Royale des Sciences
, fe fit le Samedy 14.
Novembre par une AL
femblée publique.
Cette affemblée commença
par les Eloges que
fit Mr de Fontenelles Secretaire
de l'Académie , de
deux
Académiciens morts
pendant l'année, dont l'un
eftoit Mr Carré Académicien
penſionnaire Mecha1.
PARTIE. 29
nicien , & l'autre Mr Claude
Bourdelin premier Medecin
de Madame la Ducheffe
de
Bourgogne , aujourd'huyMadame
la Dauphine
, & affocié Botaniſte.
Aprés ces Eloges ceux
qui avoient rempli leurs
places payerent leur bienvenue.
Mr de Reaumur qui
rempliffoit la place de Mfr.
Carré, lutun memoire contenant
la découverte
d'une
nouvelle teinture de pourpre
. La pourpre des Anciens
eft un fuc jaunaftre
Ciij
30 MERCURE
qui fe trouve dans un petit
fac au col de certains limaçons
de mer. Et refpandant
ce fuc fur un linge
, & le laiffant exposé à
l'air , de jaune qu'il eftoit
il devient d'une belle couleur
de pourpre. Mr de
Reaumur cherchant de
ces coquillages , obferva
qu'ils fe ramaffoient dans
certains endroits du bord
de la mer , & que les pierres
autour dèfquelles ils
eftoient , fe trouvoient
chargées de petits grains
oblongs ou ovales , de deitx
3
1. PARTIE. 31
à trois lignes de long , &
d'environ une ligne de large
, que ces grains eſtoient
compofez d'une peau
membraneufe , ouverts à
une de leurs extremitez ,
& fermez de l'autre , que
l'extremité ouverte eftoit
bouchée par un petit corps
rond ,folide & tranſparent,
& que ces grains renfermoient
une liqueur jauna -
ftre , qui répanduë fur le
linge , & exposée au grand
air le teint en couleur de
pourpre. Il obſerva aufli
que cette liqueur tenuëdás
24
I
Ciiij
32 MERCURE
un lieu fombre & hors du
grand air, ne change point
de couleur Il doute fi ces
grains font les oeufs du li
maçon qui porte la pourpre
, ou fic eft le fruit de
quelque plante maffive qui
ferve de nourriture à ces
animaux , & qui leur fournit
ce fuc. Ilrapporta auffi
beaucoup d'experiences
qu'il avoit faites fur ce fuc,
stant pour en découvrir la
nature , que pour trouver
la raifon de ces changements
de couleur. Il a fait.
remarquer de plus que cet .
I. PARTIE . *
te teinture foutient plufieurs
blanchiffages , quoy
qu'il avoue qu'elle fe décharge
tousjours à chaque
fois .
On donnera de ce dif
cours un extrait plus ample
le mois prochain.
Extrait du Difcours de Mr
Geoffroy le jeunes
Monfieur Geoffroy le
jeune ayant fuccedé à feu
Mr Bourdelin , en fa place
d'affocié Botaniſte , lut des
obſervations qu'il a faites
34 MERCURE
fur la ftructure & l'ufage
des principales parties des
fleurs . On fçait bien que
c'eft la fleur qui donne
naiffance au fruit & à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaiftre ; mais
il eft plus difficile de connoiftre
quelles font les parties
de la plante qui y contribuent
le plus, & de quel
le maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous frappent le
plus , font les feuilles dont
la varieté , la ftructure , &
le vif éclat des couleurs
I.
PARTIE ss
amufent le curieux. Mais
Je Phyficien va plus loin ,
il approfondit , & ne trouvant
dans ces parties rien
de confiderable que leur
beauté , il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plus effentielles
pour la confervation de
chaque efpece de plante ,
font ces fommets garnis de
-pouffiere qui fe trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs , & cette
<tige verte & creufe qu'on
36 MERCURE
appelle le piftille. Ces parties
contribuent effentiel
lement à la reproduction
de la plante , puifque fi les
fleurs font privées de l'ufage
de l'une ou de l'autre ,
il ne vient point de graine
ou cette graine eft fterile ,
& ne peut germer.
Ces deux parties , felon
Mr Geoffroy , reſpondent
à celles des animaux qui
font deſtinées à la generation.
Les fommers avec
leurs pouffieres , tiennent
lieu de parties mafles , & le
piftille , qui eft comme l'o1.
PARTIE. 37
vaire où fe trouvent ren
fermez les embrions des
graines , y tient lieu de partie
femelle.
a
Voila donc deux fexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils fe
trouvent ordinairement
réunis dans lamefme fleur
à caufe de l'immobilité des
plantes ; mais ils fe trouvent
auffi quelquefois fe
parés , & c'est ce qui ap
puye le fentiment de Mr
Geoffroy qui rend raiſon
parlà de la difference que
les Botaniftes avoient mi
41
38 MERCURE
fes entre certaines plantes .
qu'ils appelloient males ,
& d'autres de la meſme efpece
qu'ils appelloient feinelles
fans en fçavoir bien
la raifon. La voicy prefentement
toute évidente :
c'eſt que les plantes maſles
ne produisent que des
fleurs à étamines garnis de
fommets & de pouffiere
fans piftille ; de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le piftille d'où naiſt le
fruit fans étamines ny fommets
: mais la pouffiere des
1.
PARTIE. 39
fommets qui les rend fe--
condes , leur eft apportée
par le moyen de l'air ou
du vent , foit que ces étamines
foientfur differentes
branches du meſme pied ,
foit qu'elles foient fur des
pieds differens , les autres
Acurs réuniffent tout à la
fois les deux fexes.
On voit ordinairement
que ces pouffieres qu'on
voit fufpendues à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs ,
n'en font que comme les
excrements. Mais Mr
40 MERCURE
Geoffroy en les examinant
de plus près , a découvert
que ce n'eftoit point une
poulliere formée au hafard
; mais que ces petits
grains avoient une figure
particuliere
& déterminée
dans chaque efpece , &
qu'ils eftoient renfermez
dès la naiffance de la fleur
dans les fommets comme
dans des capfules de diffe
rentes formes felon la dif
ference des plantes . Ildonne
le détail de toutes ces differences qu'il avoices
obfervées
avec beaucoup de
foin
1. PARTIE . 41
foin à l'aide du microfcope.
Enfuite il appuye fon
fentiment de trois obfervations
confiderables
. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connue qui n'ait
fes étamines avec les fommets
garnis de pouffiere ,
ou réunis avec fon piſtile ,
ou feparez en differents
endroits du mefme pied ,
ou mefme fur des pieds differens
: c'eft ce qu'il prouva
folidement au 35
La feconde obſervation
eft que dans les fleurs qu
Novembre 1711, 1 D
42 MERCURE
les deux fexes font réunis ,
les fommets garnis de leurs
pouffieres , font tellement
difpofez autour des piftiles ,
qu'ils en font neceffairement
couverts, de maniere
que cette pouffiere peut
s'infinuer dans la cavité
de ces piftiles pour feconder
les embrions des grains
qui y font renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonftances
- dans les differentes fortes
de fleurs de ce genre.
S La troifiéme obfervation
, qui eft la déciſive :
1. PARTIE.
43
c'eſt que ces pouffieres
font abfolument neceffaires
à la fecondité des plantes.
Quand les fruits manquent
, que le bled eft niellé
, ou que la vigne coule ,
cela n'arrive que parce que
les pouffieres des fommets
ne peuvent s'introduire
dans les piftiles , foit parce
que la gelée deffeiche le
piftile avant qu'il ait receu
les pouffieres , ce qui arrive
aux arbres fruitiers , foit
que la pluye venant à laver
ces pouffieres , les entrail-
I
Dij
44 MERCURE
nent & empefchent qu'el
les ne s'introduifent dans
les piftilles , ce qui produit
la nielle des bleds , ou la
-couleure de la vigne.
Pour preuve que c'eft
là ce qui produit ces effets
dont la caufe foit fi peu
connue, c'eft que Mr Geoffroy
ayant élevé exprés
plufieurs pieds de bled de
Turquie qui , comme l'on
fçait , porte dans le haut de
la tige , fes étamines chargées
de ſommets & les
fruits ou les épies le long
-de la tige dans quelques
I.
PARTIE. 45
aifelles de feuilles , aprés
avoir coupé ces étamines
dés qu'elles commençoient
à paroiftre, les épics
ne font venus qu'à une
certaine groffeur , & fe font
enfuice entierement deffeichez
, fans que les embrions
des grains ayent
profité. La mefme chofe
eft arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étamines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce fifteme , c'eft de con46
MERCURE
cevoir comment les plantes
mafles , qui font quelquefois
fort efloignées de
leurs femelles , peuvent les
rendre fecondes de fi loin .
Mais c'eft un fait dont on
ne peut douter aprés l'e-
-xemple que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eflevé dans les bois
d'Otrante , & qui ne commença
à porter dès fruits
que quand s'eftant eflevé
au deffus des autres arbres ,
put jouir , dit Pontanus ,
qui rapporte ce fait , de la
veuë d'un Palmier malle
il
I.
PARTIE. 47
qu'on ellevoit à Brindes.
2
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
pouffieres du male jufques
aux fleurs de la femelle
, elle devint feconde
de fterile qu'elle eftoit ,
fans qu'il foit befoin pour
expliquer ce fait de recou
rir à la fympathie ou à l'amour
des plantes , termes
qui ne fignifient rien , &
qui ne fervent de refuge
aux Phyciſiens que juſqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable caufe.
3
MERCURE
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les pouffieres des fommets
qu'on avoit negligé jufques
icy comme de viles
excrements qui fembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parties effentielles à la fe
condité des plantes , où les
deux fexes font auſſi diſtin
guez que parmy les anil
maux , excepté qu'ils font ·
plus rarement feparez. oh
1002
1. PARTIE. 49
5
$
La Seance publique de
l'Academie Royale des
Infcriptions &Medailles fe
tint le Vendredy 13. Novembre.
Mr Buret Mede
cini, lut une Differtation
fur la Lutte des Anciens
extrait d'un Traité qu'il
a fait furla Gynáftique
.
Mr l'Abbé Sevin en lut
enfuite une fur l'Hiftoire &
l'Origine de l'ancien
Royaume d'Affyrie. On
donnera le mois prochain
des Extraits de ces Dif
cours. 1 ba Thom
Mr de Valois , qui ter-
Novembre 1711 . E
10 MERCURE
mina la Seance sy lut la
premiere partie d'un Dif
cours de fa compofition fur
les Spectacles de l'Amphitheatre
chez les anciens
Romains. Cette premiere
partie renferme les Combats
de Gladiateurs . Il y fir
voir que les Romains , avoient
puisé chez les Etruriens
,la coûtume de donner
des Combats de Gla
diateurs que ces Com
bats dans leur origine , fu
rent etablis pour honorer
les Funerailles des Perfon
mages Illuſtrės : qu'ils fe
I. PARTIE.
5
donnerent d'abord au pied
des Buchers , & qu'enfuire
ils furent transferez dans
la place Publique. Cepen
dant les Romains ayam
trouvé cette forte de Spec
tacles fort à leur gré , ces
Combats Funebres fe mé
tamorphosérent bientôt
en Combats de plaifiri , &
comme tels fe donnérent
dans l'Enclos du champ de
Mars , où l'on s'affembloit
pour les fuffrages ; dans le
Cirque , & plus ordinairement
dans l'Amphithéa
E ij
MERGURE
Mr de Valois pafla à la
condition des Gladiateurs.
Il montra qu'anciennement
leur Corps n'eftoit
compofé quedePrifonniers
de guerre , d'Efclaves &
de Criminels Premiere
Claffe , qu'il appelle Gladiateurs
Forçats que par la
fuite des hommes libres
s'aviferent de fe louer pour
cet infame exercice
c'eft la feconde claffe à la
quelle il donne le nom de
Bonnevogles ou Volontairest
Il obferva que non feulement
des hommes libres
%
&
L PARTIE.
d'une naiffance obfcure
embrafferent cette profeffion
, mais que des Cheva
liers , des Senateurs , & des
plus illuftres Mailons partagerent
avec eux ce deshonneur.
Il fit enfuite l'ées
ur
&
la
de
rest
le
res
?
numerarion de ceux d'entre
les Empereurs Ro
mains qui fe font desho
norez entré autres chofes
par leurs combats dans
Amphitheatre. Il remar
qua que des Dames de qua
lité n'avoient point eu de
honte de s'addonner aufft
à un exercice fi peu pro-
E iij
14 MERCURE
preà leur fexe, & fi indigne
de leur rang. Il adjoufta
que Domitien fit mefme
combattre des Nains fur
l'arene, pour rendre la magnificence
de fes jeux plus
complette par la fingularité
d'un fpectacle , qui juf
qu'alors n'avoit point efté
imaginé , au lieu que celuy
des combats des Dames
dans l'Amphitheatre avoit
commencé fous l'Empe
reur Neron , & ne prit fin
que fous celuy de Septime
Severe.mobba'a ob mod
Aprés avoir parcouru
i
I PARTIE.
toutes les Perfonnes de dif
ferens états qui ont com
battu dans l'Amphithea
tre , il parla des diverfes
efpeces de Gladiateurs , de
leurs armes & de leurveſte
mentul fous - divifa les
deux claffes generales de
Gladiateurs , fçavoir des
Forçats & des Volontaires , en
dix autres claſſes ou eſpeces
particulieres qui avoient
chacune leur nom
different & leurs armes dif
ferentes.
Ceux de la premiere chaf
fe s'appelloient Effedarii
$6 MERCURE
Ceux de la feconde , An
dabata.
Ceux de la troifiéme
Secutores,
Ceux de la quatrieme
Retiarii,
Ceux de la cinquiéme »
Threces ou Thraces .La zuob
Ceux de la fixiémé
Myrmillones.
Ceux de la feptiéme. »
Hoplomachi, qui avoient d'as
bord eu le nom de Samnitess
Ceux de la huitiéme
Dimachari.
Ceux de la neuviémo
Laqueatores ou Laqueari.
I.
PARTIE 37
Enfin ceux de la dixiéme &
dernierefe nommoient Velites.
Mr de Valois ayant exacte
ment expliqué ces dix Claffes
de Gladiateurs , décrivit la for
me de leur combat, après quoy
il marqua quelle eftoit la recompenfe
deftinée aux vainqueurs.
Cette recompenfe con
fiftoit en une palme & une
fomme d'argent affez confide
rable , à laquelle on ne laiffoit
pas d'en adjouter quelquefois
encore une autre de furcroift
nommée Corollarium. Paroc
cafion it fit voir que la paffion
des Romains pour les Gladia
teurs avoit de tout temps efte
fi grande que non contents
des combats funebres & de
ceux de l'Amphitheatre ils en
18 MERCURE
voulurent encore avoir en par
ticulier dans leurs maifons
lorfqu'ils regaloient leurs amis ,
qu'il n'y avoit point de bon
repas parmy les Grands , our l
n'y euft toujours quelques cou
ples de Gladiateurs de tuez au
bout de la table ; couftume
barbare que les Romains a
voient empruntée des peuples
de la Campanie , au rapport
de Silvius Italicus
Mr de Valois rermina cette
premiere Partie par l'interdic
fion de ce fanglant Spectacle
Il remarqua que Conftantin le
Grand fut le premier des Em
pereurs Chrétiens , qui défens
dit les combats de Gladiateurs
par tout l'Empire Romain l'an
314.de Jefus Chrift & de Ros
1. PARTIE
me 1067. C'est à dire , environ
600, ans après leur inftitution
Cependant une loy fi fage ne
fut obfervée à la rigueur que
tant que ce Prince vefcut , &
Pon commença à y donner des
atteintes fous l'Empire mefme
de fon Fils. Et ce Spectacle fe
remit encore en vogue, de maniere
qu'il dura jufqu'au temps
d'Honorius , qui l'abolit enfin
entierement à l'occafion d'un
faint Moine nommé Telemaque
, qui faifant fes effo ts
pour feparer les Gladiateurs
qui combattoient fur l'arene
Rome , y fut
miferablement
lapidé
par les Spectateurs
, l'an
404.
de Jefus
- Chrift
& de
Rome
1157.
c'eft
à dire
go .
ans après
la premiere
défenfe

1
60 MERCURE »
qu'en avoit faite le Grand
Conftantin,
7
MERCURE
II. PARTIE
AMUSEMENS
LYON
HISTOIRE
toute veritable.
D
Ans les Illes d'Hieres
eft fcitué entre
des rochers , fur le bord
de la mer , un petit Cha-
Novemb
.
1711. 2 A
MERCURE
fteau antique , dont la
defcription meriteroit
d'occuper trente - pages
'dans un Roman Efpagnol
, mais l'impatience
du Lecteur François ,
paffe à prefent pour aller
au fait , par deffus les
defcriptions , & les converfations
qui amuſoient
fi agreablement nos peres
, je ne parleray donc
icy que d'une allée ďOrangers
fort communs
· dans les Ifles d'Hieres ;
A
II
PARTIE.
c'eſt
fous ces
Orangers
qui
couvrent
une
efpece
de
terraffe
naturelle , que
ſe
promenoient
au mois
de
Septembre
dernier
deux
foeurs , dont le
habite
ce
Chafteau
folier
S
taire.
1-
at
e
10
pere
L'aifnée de ces deux
foeurs peut eftre citée
pour belle , & la cadette
eft tres - jolie , l'une eft
faite pour caufer de l'admiration
, l'autre eft plus
propre à donner de l'a
A ij
4. MERCURE
mour ; l'aifnée que je
nommeray Lucille , a du
merveilleux dans l'efprit,
Marianne fa cadette fe
contente d'avoir du naturel
& de l'enjouëment,
elle joint à cela un bon
coeur & beaucoup de
raifon : Lucille a auffi de
la raifon , mais elle a un
fond de fierté , & d'a
mour pour elle -meſme ,
qui l'empefche d'aimer
les autres. Marianne aimoit
fa four tendreII.
PARTIE .
ment , quoy que cette aifnée
méprifante prit fur
elle certaine fuperiorité
,
que les femmes graves
croyent avoir fur les enjouées
. Lucille s'avançoit
à pas lents vers le bout de
la terraffe qui regarde la
mer , elle eftoit trifte depuis
quelques jours , Marianne
, la plaiſantoit fur
ce que leur pere vouloit
la marier par intereſt de
famille à un Gentilhomme
voiſin , qui n'eftoit ny
2
a
A iij .
MERCURE
jeune ny aimable. Ce
mariage ne vous convient
gueres
, luy difoit Ma
rianne en badinant , vous
eftie née pour épouser à
la fin d'un Roman quel
que Cyrus , ou quelque
Orondate.
Lucille avoit en effet
cet efprit romanefque à
prefent banni de Paris &
des Provinces mefme , &
relegué dans quelque
Chafteau defert comme
celuy qu'habitoit LucilII.
PARTIE
7
le , où l'on n'a d'autre
focieté que celle des Romans
. Elle tenoit alors en
main celuy de Hero
dont elle avoit leu certains
endroits tres - convenables
aux idées qui
l'occupoient , & après
avoir long - temps parcouru
des yeux la pleine
mer elle tomba dans
une réverie profonde :
Marianne la pria de luy
en dire la cauſe , elle
ne refpondoit que par
A iiij
"
2
8 MERCURE!
des foupirs , mais Marianne
la preffa tant
qu'elle réfolut enfin de
rompre le filence. D'abord
, malgré fa fierté
naturelle , elle s'abbaiffa
jufqu'à embraffer fa ca
dette , & l'embraffa
de bon coeur , car elle
aimoit tendrement ceux
dont elle avoit befoin.
Enfuite , prefentant d'un
air précieux fon Livre
ouvert à Marianne, life ,
luy dit- elle , lifez, icy les
II. PARTIE.
inquietudes les allar
mes de la tendre Hero ,
attendant fur une tour
fon cher Leandre qui devoit
traverser les mers
pour venir au rendezvous.
Je n'ay pas befoin
de lire ce Livre , luy ref
pondit Marianne , pour
fçavoirque vous attendez
comme Hero , un cher
Leandre. La parente de
ce Leandre , m'a conté
voftre avanture , que
jay feint d'ignorer par
10 MERCURE
difcretion & par respect
pour mon aifnées je fçais
qu'en quittant cette Ifle ,
où il vint il y a quelques
mois , il vous promit dy
revenir pour vous deman
der en
mariage
pere.
à mon
Lucille la voyant fi
bien inftruite , acheva de
luy faire confidence de
fon amour , c'est- à- dire ,
de l'amour qu'elle s'ima
ginoit avoir , car les richeffes
& la qualité de
II. PARTIE. 11
fon Leandre l'avoient
beaucoup plus touchée
que
fon
mo
e
mais
elle fe piquoit de grands
fentiments , & à force de
les affecter , elle s'imagi
1 noit reffentir ce qu'elle ne
faifoit qu'imaginer : elle
n'avoit alors que la poëfie
de l'amour dans la tefte
, & elle dit à Marianne
tout ce qu'on pourroit
écrire de mieux fur la
plus belle paffion du
monde.
12 MERCURE
Venons au fait , luy dit
Marianne , Leandre eft
tres - riche le mary que
mon pere vous donne ne
je veux l'eft gueres ,
bien épouser celuy- cypour
vous laiffer libre a'épouser
l'autre , j'obtiendray cela
de mon pere.
Le pere eftoit un bon
gentilhomme
, qui char
mé de l'humeur de Marianne
, l'aimoit beaucoup
plus que fon aifnée
, c'eſtoit à table fur
11. PARTIE . 13
tout que le bon homme ,
fenfible auplaifir du bon
vin & de l'enjouement
de fa cadette, regloit avec
elle les affaires de fa famille
; elle eut pourtant
de la peine à obtenir de
ce pere fcrupuleux fur le
droit d'aifneffe , qu'il mariaſt
une cadette avant
une aifnée , il fallut que
Lucille cedaft fon droit
d'aifneffe à Marianne par
un écrit qui fut figné à
table : & Lucille n'ofant
14 MERCURE
dire fon vray motif à fon
pere, dit feulement , qu'-
elle fentoitje nefcay quel
le antipathiepour le mary
qu'elle cedoit à fa foeur.
On plaifanta beaucoup
fur ce mary cedé avec
le droit d'aifneffe
le bon homme but à la
fanté de Marianne devenuë
l'aiſnée , le mariage
fut refolu , & l'on le fit
agréer au gentilhomme ,
qui aima mieux Marianne
que Lucille , parce
1
II. PARTIE.
qu'en
effet
, quoyque
moins
belle , elle fe faifoit
beaucoup
plus
aimer.
Le mariage réfolu , les
deux foeurs furent également
contentes ; car Marianne
indifferente fur fes
propres interefts , partageoit
fincerement avec
La foeur l'efperance d'une
fortune brillante : cepen
dant quelques jours s'écoulerent
, & le temps
que Leandre avoit mar46
MERCURE
qué pour fon retour , eftoit
desja paſsé. Lucille
commençoit à reffentir
de mortelles inquietudes,
& Marianne retardoit de
jour enjourfon petit eſtabliffement
, refoluë de le
ceder à fa foeur en cas
que l'autre luy manquaft,
Un jour enfin elles eftoient
toutes deux au
bout de cette meſme terraffe
d'où l'on découvroit
la pleine mer. Lucille
avoit
II. PARTIE. 17
avoit les yeux fixez vers
la rade de Toulon , d'où
devoit partir celuy qui
ne s'eftoit feparé d'elle
que pour aller difpofer
fes parents à ce mariage :
elle eftoit plongée dans
5 la trifteffe lorfqu'elle apperceut
un vaiffeau ; cet
objet la tranfporta de
Joye , comme s'il n'euft
pû y avoir fur la mer que
le vaiſſeau qui devoit luy
ramener fon amant ; fa
joye fut bien plus gran-
Novembre 1711 . 1 B
18 MERCURE
de encore lorſqu'un vent
qui s'éleva, fembla pouf
fer ce vaiffeau du cofté
de fon Ifle; mais ce vent
ne fut pas long-temps favorable
à fes defirs. Ce
vaiffeaus'aprochoit pourtant
d'une grande viteffe,
mais il fe forma tout à
coup une tempefte fi furieufe
, qu'elle luy fit
voir des abyfmes ouverts
pour fon Leandre. La Romanefque
Lucille diroit
fans doute en racontant
H. PARTIE.
cet endroit de fon hiftoire
: que la tourmente ne
• fut pas moins orageufe
dans fon coeur que fur la
mer où le vaiffeau penfa
Le perir.
T
St
S
Après quelques heures
de peril , un coup de
vent jetta le vaiſſeau fur
le rivage entre des ro,
chers qui joignent le
Chasteau , jugez du plai
fir qu'eut Lucille en voyant
fon Amant en feureté.
I
Bij
20 MERCURE
2.
Leandre devoit fe trou
ver à fon retour chez une
voifine où s'eftoient faites
les premieres entreveuës
elle eftoit
pour lors au Chaſteau
où les deux foeurs coufurent
l'avertir de ce
qu'elles venoient de voir,
& elles jugerent à propos
de n'en point encore
parler au pere. Lucille
luy dit qu'elle alloit coucher
ce foir- là chez cette
voifine , car elle y alloit
II. PARTIE. 25
affez fouvent, & Marianne
refta pour tenir compagnie
à fon pere , qui
ne pouvoit le paffer
d'elle.
Un moment après que
Lucille & la voifine furent
montées en caroffe ;
un homme du vaiffeau
vint demander à parler
au maistre du Chateau,
cet homme eftoit une ef
pece de valet groffier qui
debuta par un recit douloureux
de ce que fon
22 MERGURE
jeune maiſtre avoit fouf
fert pendant la tempefte ;
& pour exciter la com
paffion , il s'eftendoit fur
les bonnes qualitez de ce
jeune maiftre qui demandoit
du fecours & le couyert
pour cette nuit.
Le pere qui eftoit le
meilleur homme du mon
de , fit allumer au plus
vifte des flambeaux
, parce
qu'il eftoit prefque
nuit ; il voulut aller luy
mefme aurivage.aù Ma
II. PARTIE.
23
rianne le fuivit , curieufe
de voir l'Amant de fa
foeur , & ne doutant
point qu'il n'euft pris le
pretexte de la tempefte ,
pour venir incognito dans
le Chasteau où il
pourroit
voir Lucille plus
promptement que chez
fa
parente.
En marchant vers le
rivage on apperceut à la
Jueur d'autres flambeaux
dans un chemin creux
entre des rochers , plu-

24 MERCURE
fieurs valets occupez autour
du nouveau debarqué
, qui fatigué de ce
qu'il avoit fouffert , tomba
dans une efpece d'évanouiffement
, l'on s'arrefta
quelque temps pour
luy donner du fecours :
Marianne le confideroit
attentivement , elle admiroit
fa bonne mine ,
& l'admira tant , qu'elle
ne put s'empefcher , elle
quin'eftoit point envieufe
, d'envier à fa foeur le
bonheur
II PARTIE.
bonheur d'avoir un tel
Amants cependant il revenoit
à luy , il fouffroit
beaucoup ; mais dès qu'il
eut jetté les yeux fur Marianne
, fon mal fut fufpendu
, il ne fentit plus
que le plaifir de la voir..
Admirez icy la varieté
des effets de l'amour , la
vivacité naturelle de Mar
rianne , eſt tout à coup
rallentie
une paffion
par
une
naiffante, pendant qu'un
homme prefque mort eſt
Novembre 1711 , 2. C
23 MERCURE
ranimé par un feu dont
la violence fe fit fentir
au premier coup d'oeil ,
jamais paffion ne fut plus
vive dans fa naiffance ;
comment eft-il poffible ,
dira- t'on quece Leandre,
tout occupé d'une autre
paffion qui luy fait traverfer
les mers pour Lucille
, foit d'abord fi fenfible
pour Marianne . Il
n'eſt pas encore temps de
reſpondre à cette que
ftion . Imaginez-vous feuIT.
PARTIE. 27
fement un homme qui ne
languit plus que d'a
mour ; fes yeux fixez
fur Marianne qui avoit
les fiens baiffez contre
terre , ils eftoient
muets l'un & l'autre , &
le pere marchant entre
eux deux, fourniffoit feul
à la converfation fans fe
douter de la caufe de leur
filence. Enfin ils arrivent
au Chafteau, où Marianne
donne d'abord
tous fes foins , elle court,
C ij
28 MERCURE
elle ordonne , elle s'em
preffe pour cet hofte aimable
avec un zele qu'r
elle ne croit encore ani
mé que par la tendreſſe
de l'hofpitalité le pere
donna ordre qu'on allaſt
avertir Lucille de revenir
au pluftoft pour rendre
la compagnie plus agreable
à fon nouvel hofte
qu'on avoit laiffé feul en
liberté avec fes valets'
dans une chambre.
On alla avertir Lucilff
. PARTIE . 29
le chez fa voifine , elle
vint au plus viſte , elle
eftoit au comble de fa
joye ,& Marianne au contraire
commençoit à eftre
fort chagrine , cette vertueufe
fille s'eftoit desja
apperceuë de fon amour,
E elle avoit honte de fe
trouver rivalede fa foeur,
mais elle prit dans le moment
une forte refolution
de vaincre une paffion
fi contraire aux fentumens
vertueux qui luy
C iij
30 MERCURE
eftoient naturels ; elle
court au devant de Lucille
, & la felicite de
bonne foy , elle fait l'éloge
de celuy qui vient
d'arriver , elle luy exagere
tout ce qu'elle a
trouvé d'aimable dans fa
phifionomie , dans fon
air , & fe laiffant infenfiblement
emporter au
plaifir de le louër , elle
luy en fait une peinture
fi vive qu'elle ſe la grave
dans le coeur à elle-met11.
PARTIE.
me , encore plus profondement
qu'elle n'y eftoits
elle finit cet éloge par un
foupir, en s'écriant : Ah,
ma foeur, que vous eftes
beureuse ! & faifant auf
fi toft reflexion fur ce
foupir , elle refta muette,
confuſe , & fort ſurpriſe
de fe retrouver encore
amoureuſe après avoir
refolu de ne l'eftre plus.
Lucille en attendant
que fon Leandre parúſt ,
fit force reflexions Ro-
1
C iiij
32 MERCURE
manefques fur la fingu
larité de cette avanture
je fuis enchantée , difoitelle
, du procedé myfterieux
de cet Amant delicat
, il feint de s'éva-t
nouir entre des rochers
en prefence de mon pere ,
pour avoir un prétexte
de venir, incognito me furprendre
agreablement ,
je veux moy par delica
teffe auffi , luy laiffer le
plaifir de me croire furprife
, & je feindray dès
11. PARTIE A
qu'il paroiſtra un eſton
nement extreme de trou
ver dans un hofte incon
nu l'objet charmant
En cet endroit Lucille
fut interrompue
par un
valet qui vint annoncer
le fouper , les deux foeurs
entrerent dans la falle
par une poste pendant
que le pere y entroit par
Fautre avec l'objet char
mant , qui s'avança pour
faluër Lucille : dès qu'-
elle l'apperceut elle fit
34 MERCURE
un cri , & refta immobile
, quoy qu'elle cuft
promis de feindre de la
furpriſe; Marianne trouva
la feinte un peu outrée,
le pere n'y prit pointgar
de, parce qu'il ne prenoit
garde à rien , tant il eftoit
bon homme.
Lucille eftoit réellement
tres eftonnée , &
on le feroit à moins , car
cet inconnu n'eftoit
.
point le Leandre qu'-
elle attendoit , c'eftoit
II. PARTIE .
un jeune negociant, mais
aufli aimable par fon air
& par fa figure que le
Cavalier le plus galant.
Il eftoit tres riche , &
rapportoit des Indes
quantité de marchandifes
dans fon vaiffeau , il
avoit efté furpris d'un
vent contraire , en touchant
la Rade de Toulon,
& jetté , comme vous
avez veu , dans cette Ile.
Ce jeune Amant fe
mit à table, avec le pere
3 MERCURE-
& les deux filles , le fou
per ne fut pas fort guay
il n'y avoit que le pere
de content auffi n'y
avoit- il que luy qui parë
laft , le negociant encore
eftourdi du naufrage , &
beaucoup plus de fort
nouvel amour , ne 'ref
pondoit que par quel
ques mots de politeſſe ,
& ce qui paroiftra furprenant
icy , c'eſt qu'er
deux heures de temps.
qu'on fut à table , ay la
11. PARTIE. 37
pere ny les filles ne s'apperceurent
point de fon
amour ; Lucille ne pouyant
regarder ce faux
Leandre fans douleur ,
cut tousjours les yeux
baiffez , & Marianne s'e
ftant apperceue qu'elle
prenoit trop de plaifir à
le voir , s'en punifſoit en
ne le regardant qu'à la
dérobée ; à l'égard du
il eftoit bien efloi.
gné de deviner un amour
ſi prompt & fi violent..
pere
MERCURE
Il faut remarquer icy
que le pere qui eftoit bon
excitoit fans convive
ceffe fon hofte à boire, &
ſes filles à le réjouir •
Qu'est donc devenuë ta
belle humeur ? difoit il à
Marianne , auffi toft elle
s'efforçoit de paroiftre
enjoüée , & comme les
plaifanteries ne viennent
pas aisément à ceux qui
les cherchent , la premiere
qui luy vint , fut fur
le droit d'aifneſſe , qui
IL
PARTIE. 39
faifoit depuis
quelques
jours le fujet de leurs
converfations
, jefuis fort
furpriſe , dit Marianne à
fon pere , que vous me
demandiez de la
guaye
té quand
je dois eftre ferieufe,
la gravité
m'appar
tientcomme
à l'ailnée
, &
par
l'enjouement eft le
tage des cadettes : & le
negociant conclut natu
rellement
de là que Marianne
eftoit l'aifnée , &
c'eſt ce qui fit le lende
40 MERCURE
main un Equivoque facheux
, le pere ne ſe ſouvenant
plus de ces propos
de table , fon caracte
re eftoit d'oublier au fecond
verre de vin tout ce
que le premier luy avoit
faitdire, enfinaprèsavoir
bien régalé ſon hoſte¸ il
le conduifità fa chambre,
& Lucille qui refta feule
avec fa foeur luy apprit
que ce n'eftoit point là
fon Amant. Quelle joye
.euft efté celle de Marian
ne
II. PARTIE. 4
ne fi elle avoit eu le coeur
moins bon , mais elle fut
prefque auffi affligée de
la trifteffe de fa foeur ,
qu'elle fut contente de
n'avoir plus de rivale. ⠀⠀
Les deux foeurs fe retirerent
chacune dans
leur chambre où elles ne
dormirent gueres. ^ Marianne
s'abandonna fans
fcrupule à toutes les idées
qui pouvoient flatter ſon
amour , & Lucille ne faifoit
que de triftes refle
Novembre
1711. 2 D
42 MERCURE
xions , defefperant de re
voir jamais ce Leandre
de qui elle eſperoit fa fortune
, mais elle eftoit def
tinée à eftre rejouië par
tous les évenements qui
chagrineroient Marian
ne le jeune negociant
eftoit vif dans fes paffions,
& de plus il n'avoit
pas le loifir de languir ,
il falloit qu'il s'en retournaft
aux Indes. Il prit
fa
refolution auffi promptement
que fon amour
II. PARTIE
J
luy eftoit venu , Le pere
entrant le matin dans fa
5
chambre , luy demanda
s'il avoit bien paſſe la
nuit : Helas, luy reſpon
dit-il , je l'ay fort mat
• passée, mais jay buit cens
t millefrancs d'argent comptant
, le pere ne compre
t noit rien d'abord à cette
éloquence de negociant ,
l'Amant paffionné s'expliqua
plus clairement
enfuite , il luy demanda
e mariage fa fille aifnée
2 Dij
44 MERCURE
ils eftoient l'un & l'autre
pleins de franchiſe , leur
affaire fut bien toft conclue
, & le pere fortit de
la chambre , conjurant
fon hofte de prendre
quelques heures de repos
pendant qu'il iroit
annoncer
cette bonne
nouvelle à fa fille aifnée ,
ce bon homme eftoit fi
tranfporté
qu'il ne ſe ſouvint
point alors des plaifanteries
qu'on avoit faites
à table fur le droit
S
IT PARTIE »
daifneffe de Marianne ,
que le negociant avoit
prifes à la lettre . Cet
'équivoque fut bien triſte
pour Marianne au mo
ment que le pere vint an
noncer à Lucille que le
riche negociant eftoit
amoureux d'elle , & Lu
cille voyant le negociant
beaucoup plus riche ques
fon Leandre , ne penfa
plus qu'à juftifier ſon inconftance
par de grands
fentiments
, & elle en
MERCURE
trouvoit fur tout , pour
& contre, fon devoir luy
en fourniſſoit un , il eſt
beau de facrifier fon a
mour à lavoloté d'un pere.
A l'égard de Marian
ne ellefe feroit livrée d'a
bord au plaifir de voir fa
foeur bien pourveuë
,;
C'euft efté là fon premier
mouvement , mais un
autre premier mouvemene
la faifit : quelle douleur
d'apprendre
que ce-›
luy qu'elle aime , eft
II.
PARTIE. 47
amoureux de fa foeur.
Pendant que tout cecy
fe paffoit au Chateau ,
Leandre , le veritable
Leandre arriva chez fa
parente , qui vint avec
empreffement en avertin
Lucille , mais elle la trou
ya infenfible à cette nou
velle , fa belle paffion
avoit difparu , Leandre
devoit arriver pluſtoſt , »
elle jugea par delicateffe,
qu'un Amant qui venoit
trop tard aurendez-vous,
* MERCURE
n'ayant que cinquante
mille efcus, meritoit bien
qu'on le facrifiaft a ur
mary de huit cens mille
livres. La parente de
Leandre s'écria , d'abord
fur une infidelité fi marquée
, mais Lucille luy
prouva par les regles de
Pamour leplus rafiné que
Leandre avoit le premier
tort , que les fautes de
coeur ne ſe pardonnent
point , que plus une femme
aime , plus , elle doit
fe
TI.
PARTIE. 49
fe venger , & que la vengeance
la plus delicate
qu'on puiffe prendre d'un
Amant qui oublie c'eft
d'oublier auffi .
Lucille , après s'eftre
tres fpirituellement juftifice
, courut à fa toillette
fe pafer , pour eftre belle
comme un aftre au reveil
de fon Amant, & la
rente de Leandre qui s'in
tereffoit à luy par une veritable
amitié , retourna
chez elle fiindignée , qu'
Novembre 1711. 2 E
paso
MERCURE
elle convainquit bientoft
Leandre de l'infidelité de
Lucille , & Leandre re
folut de quitter cette Iſle
dès le mefme jour pour
n'y retourner jamais.
Marianne de fon coſté
ne fongeoit qu'à bien cacher
fon amour & fa
douleur à un pere tout
occupé de ce qui pouvoit
plaire à fon nouveau gendre
: Viens , ma fille , dit
il à Marianne , viens avec
moy , faifons luy vor par
11.
PARTIE.
j
nos empreffements , & par
• nos carreffes , qu'il entre
dans une famille qui aura
• pour luy routesfortes d'at
tentions , il les merite bien,
n'eft-ce pas , ma fille, con
viens avec moy que tu as
la un aimable beaufrere
Marianne le fuivoit
fans luy refpondre , tres
affligée de n'eftre que la
belle foeur de ce beaufre
re
charmant. Dès qu'ils
furent à la porte de fa
chambre , Marianne de-
E ij
32 MERCURE
2
tourna les yeux , craignant
d'enyiſager le peril
. Son pere entra le pre
mier , & dit à noftre
Amantque fa fille aifnée
alloit venir le trouver ,
qu'elle avoit pour luy
toute la reconnoiffance
poffible , & mefine desja
de l'eftime, Ce petit trait
de flatterie échappa à cet
homme fi franc , l'amour
& les grandes richeffes
changent toujours quelque
petite chofe au coeur
II. PARTIE. $533
du plus honnefte homme
, cependant Marianne
s'avançoit lentement .
Dès que noftré Amant
la vit entrer il courut au
devant d'elle , & luy dit
cent chofes plus paffionnées
les unes que les au
tres; enfin aprés avoir exprimé
ſes tranſports par
tout ce qu'on peut dire ,
il ne parla plus parce que
les paroles luy manquoient.
Marianne eftoit fi fyr
E iij
34 MERCURE
prife & fi troublée, qu'el
le ne put prononcer un
feul mot ; le pere ne fut
pas moins cftonné , ils
refterent tous trois muets
& immobiles : ce futpens
dant cette ſcene muette
que Lucille vint à pas
mefurez , grands airs mas
jestueux & tendres , brillante
& parée comme
une Divinité qui vient
chercher des adorations .
Pendant qu'elle s'avance
le pere rappelle dans fon
II. PARTIE. 5
5
A
*
idée les plaifanteries du
fouper qui avoient don!
né lieu à l'équivoque,
pendant qu'il l'éclaircit
Lucille va tousjours fon
chemin
&
fait une reves
rence au Negociant , qui
5 baiffe les yeux , interdiu
& confus, elle prend cette
confufionpour la pudcun
d'un amant tinide , ello
minaude pour taſcher de
le raffurer mais le pauvre
jeune homme ne pous
vant fouftenir cette fitua
E j
16 MERCURE
tion , fort doucement det
la chambre fans rien dire
Que croira - t - elle d'um
tel procedé: l'amour peut
rendre un amant muet
mais il ne le fait point
fuir Lucille eftonnée
regardé fa foeur qui n'ofe
hy apprendre fon mal
heur , le pere n'a pas le
courage de la detromper.
Il fort , Marianne le fuit,
& Lucille refter feule au
milieu de la chambre
, jugez
de fon embarras , elle
IEPARTIE
n'en feroit jamais fortie
d'elle - mefme , elle n'efl
toit pas d'un caracterea
deviner qu'on puft aimer
fa foeur plus qu'elle. Ja
n'ay point fceu paraqui
elle fut detrompée ; mais
quoy qu'elle fuft accas
blée du coup, ellene pers
dit point certaine prefen
ce d'efprit qu'ont les
femmes , & fur tout cel
les qui font un peu co
quettes ; elle court chez
fa voiſine pour taſcher
.
58 MERCURE
de ratrapper fon vray
Leandre , je ne fçay of
elle y reuffira. Lechiny al
Le pere voyant fortie
Lucille du Chateau ,
crut qu'elle n'alloit chez
cette voifine que pour
neftre point telmoin du
bonheur de fa foeur. On
ne fongea qu'aux prépa
ratifs de la noce , avant
laquelle le Negociant
vouloit faire voir beau
coup d'effets qu'il avoit
dans fon. vaiffeau , donn
II. PARTIE.
59
le Capitaine commen
çoit à s'impatienter , car
le vaiffeau radoubé eftoit
preft à repartir. Ce Capi
taine eftoit un homme
franc , le meilleur amy
du monde , & fort atta
ché au Negociant , c'ef
toit fon compagnon de
voyage , il l'aimoit com
me un pere , c'eftoit for
confeil , & pour ainfi dira
, fon tuteur , il atten
doit avec impatience des
nouvelles de fon amy
60 MERCURE
mais vous avez veu que
Famour la trop occupé
il ne ſe fouvint du Capitaine
qu'en le voyant entrer
dans le Chasteau , it
courut l'embraffer, & ce
fut un fignal naturel à
tous ceux du Chateau
pour luy faire un accueil
gracieux ; il y fut receu
comme l'amy du gendre
de la maifon , il receut
toutes ces gracieuſetez
fort
froidement , parce
qu'il eftoit fort froid de
II. PARTIE. 61
fon naturel. On eftoit
pour lors à table , on fit
rapporter du vin pour
émouvoir le fang froid
du Capitaine, chacun luy
porta la fanté de ſon jeu
ne amy , & de fa maiftreffe
: a la fanté de mon
gendre , difoit le pere ,
tope a mon beaupere , difoit
le Negociant : à tout
cela le Capitaine ouvroit
les yeux & les oreilles ,
eftonné comme vous
pouvez vous l'imaginer ,
62 MERCURE
il avoit creu trouver fon
amy malade , gefné &
mal à fon aife , comme
on l'eft en maiſon étran
gere avec des hoftes qu'
on incommode , & il le
trouve en joyé , en liberté
comme dans fa famille
, il ne pouvoit rien
comprendre àcette avanture
, c'eftoit un mifan
trope marin , homme
flegmatique , mais qui
prenoit aisément fon par
ty: il écouta tout, & après
IL PARTIE. 6
avoir révé un moment il
rompit le filence par une
plailanterie à fa façon a
la fanté des nouveaux
Epoux , dit-il , & de bon
coeur , j'aime les mariages
de table moy , car ils fe
font en un moment , &
rompent de mefme.
Après plufieurs pro
pos pareils , il fe fit expliquer
ferieufement ac
quoy en eftoient les affaires
, & redoublant for
fang froid il promit une
64 MERCURE
fefte marine pour la nôce.
Ca mon a mon cher
n cher amy ,
dit - il au Negociant .
venez m'aider à donner
pour cela des ordres
dans mon vaiffeaus volontiers
,
refpondit l'amy,
auffi bien j' ay quelque cho
fe à prendre dans mes cof
fres, & je veuxfaire voir
mespierrertes a mon beaupere.
Il y alla en effet
immediatement après le
difner, & le pere refta
au Chafteau avec Má
rianne
IL PARTIE. &
rianne , qui fe voyant au
comble de fon bonheur ,
nelaiffoit pas de plaindre
beaucoup Lucille. Troist
ou quatre heures de tems
fe paſſerent en converſations
, & Marianne im-
1
patiente de revoir fon
Amant , trouva qu'il tardoit
trop à revenir ; l'im
patience redoubloit dei
moment en moment lorf
que quelqu'un par hafard
vint dire que le Negociant
avoit pris le large
Novembre
1711. 2 F
46 MERCURE
fi
avec le Capitaine , & que
le vaiſſeau eftoit desja
bien avan en mer. Om
fut long- temps fans pou
voir croire un évenement
peu vray - femblable.
On courut fur la terraffe
d'où l'on vit encore de
fort loin le vaiffeau qu'-
on perdit enfin de veuë ,
il feroit difficile de rapporter
tous les differents.
jugements qu'on fit là
deſſus , perfonne ne put
deviner la caufe dum 2
I
II. PARTIE 67
départ fi bijare , & fi pré
cipité; jene confeille pas
au lecteur de fe fatiguer
la tefte pour y réver , la
fin de l'hiftoire n'eft pas
loin, drin on
: fin
Après avoir fait pendant
plufieurs jours une
- infinité de raisonnements
fur l'apparition de ceri
che & paffionné voya
geur , on l'oublia enfin
comme un fonge : mais
les fonges agreables font
quelquefois de fortes im-
Fij
680 MERCURE
preffions fur le coeur d'u
ne jeune perfonne , Ma
riannene pouvoit oublier .
ce tendre Amantelle
merite bien que nous employions
un moment à
la plaindre , tout le monde
la plaignit , excepté
Lucille , qui reffentit une
joye maligne qui la dé
dommageoit un peu de
ce qu'elle avoit perdu par
fa faute: car on apprit que
fon Leandres trouvant
l'occafion du vaiffeaup
17
TI. PARTIE 69
s'eftoit embarqué avec le
Capitainepour ne jamais.
revenir , & le gentilhom
me voyant Marianne engagée
au Negociant, n'a
voit plus pensé à rede-
A
mander Lucille. Le père
jugeabà propos de res
nouer l'affaire avec Ma
rianne , qui voulut bien
fe facrifier , parce que co
mariage reftabliffoit un
peu les affaires de for
pere qui n'eftoient pas en
bon ordre , en un mot
70 MERCURE!
on dreffa le contract , &
Fon fit les préparatifs de
la noce.
Ceux qui s'intereffent
un peuà Marianne ne fe-
Font pas indifferents: au
recit de ce qui eft arrivé
au Negociant depuis
qu'on l'a perdu de veuë,
il avoit fuivi le Capitaine
dans fon vaiffeau , où il
vouloit prendre quelques
papiers. H l'avoit entretenu
en chemin du plaisi
fir qu'il avoit de faire la
II.
PARTIE.
$
fortune d'une fille qui
meritoit d'eftre aimée
enfin il arriva au vaiſſeau
où il fut long temps à de-.
ranger tous les coffres
pourmettre enſemble fes
papiers, & enfuite il vou→
lut retourner au Chaf
teau : quelle furpriſe fut
la fienne , il vit que le
vaiffeau s'efloignoit du
bord, il fait un cry, court
au Capitaine qui eftoit
debout fur fon tillac, fu
mant une pipe , d'un
7720 MERCURE &
grand fang froid : He
mon cher amy , luy dic
noftre Anant allarmé
ne voyez - vous pas que
nous avons démaré ? je le
vois bien , refpond tranquillement
le Capitaine,
en continuant de fumer ,
c'est doncpar votre ordre,
reprit l'autre , ne vous
ay-je pas dit que je veux
terminer ce mariagé avantque
departir. Pourquoy
donc me jouer untour
fi cruel ?parce que je fuist.
voftre
II.
PARTIE. 73
1
vôtre ami , luy dit notre
fumeur. Ah ! fi vous êtes
mon ami , reprit le Negociant,
ne me defefperez pas,
rémenez, moy dans l'Ifle , jer
vous en prie , je vous en
conjure. L'amant paffion
né fe jette à fes genoux ,
fe defole, verfe même des
larmes : point de pitié ,
Capitaine acheve fa Pipe,
& le vaiffeau va toûjours
fon train Le
Negociant a
beau luy remontrer qu'il
a donné fa parole, qu'il y
va de fon honneur & de
fa vie , l'ami inexorable
2 G
Nov. 1711.
le
74 MERCURE ,
luy jure qu'il ne fouffrira
point qu'avec un million
de bien il fe marie , fans
avoir au moins quelque
temps pour y rêver. Ik
faut , lui dit- il , promener
un peu cet amour - là fur
mer , pour voir s'il ne fe
refroidira point quand il
aura paffé la Ligne .
Cette promenade fe ter
mina pourtant à Toulon
ou le Capitaine aborda
voyant le defefpoir de fon
ami , qui fut obligé de
chercher un autre vaif
ſeau pour le reporter aux
IL PARTIE 75
ifles d'Hyere, il ne s'en fa
lut rien qu'il n'y arrivât
trop tard, mais heureufe
ment pour Marianne elle
n'étoit encor mariée que
par la fignature du Contrat
, & quelques milli ers
de Piſtoles au Gentilhomme
rendirent le Contrat
nul. Toute l'Ifle eft encor
1 en joye du mariage de ce.
Negociant & de Marianne
, qui étoit aimée & refpectée
de tout le Pays.
Ce Mariage a été colebré
magnifiquement
fur la
"
2 Gij
76 MERCURE ,
du
fin mois de Septembre
dernier , & j'en ai reçû ces
Memoires par un parent du
Capitaine.
T
HI. PARTIE 77
QUESTION.
Quelle difference y a-t'il entre
fouhaiter & defirer?
80.1
abry REPONSE,μor
par Monfieur de B ..
T
De tout temps des fols
ou des fots
Les fouhaits furent l'apanage,
Et les defirs font les de-
VA fauts
De l'homme d'efprit
du fage
.
& Giij
78 MERCURE
REPONSE,
par Monfieur P...
Les chofes qu'on defire
touchent de plus prés
que celles qu'on fouhaite,
les defirs font plus ardents
, les fouhaits plus
tranquiles ; on defire ordinairement
pour foi- même
, & l'on ne fait que
fouhaiter pour autruy.
AUTRE REPONSE,
1. Par Dom Gourmand.
Il entre plus d'efperanII.
PARTIE . 79
ee dans les defirs que dans
les fouhaits .
Quinstch
Sans efpoir on fouhaitte un
Royaume , un Empire ,
On efpere manger un Meale
ton qu'on defire.
L
REPONSE
par l'homme regle
Je fouhaitte toutes les
belles femmes que je voy,
je ne defire que la mienne
, & fi je ne la defire
gueres .
2 G iiij
80 MERCURE
REP ON SE
Par Hortentius .
Le malade tout haut defire
how de guérir ,
Et fonbaitte tout bas de ne
jamais mourir.
REPONSE.
L'homme defire à tout moment
,
T
Il fouhaitte plus rarement ;
C'est l'esprit qui fonbaitte ,
le coeur qui defire ,
Les defirs font fouffrir, &
Les fouhaits font rire.
HI PARTIE. &
:
Mademoiſelle de Scudery
parle ainfi Fai eu
des defirs pour des chofes
que je n'ai point fouhaittées
, parce que ma
raifon s'y oppofoit ; les
gens qui veulent etre
heureux ne doivent s'abandonner
qu'à des fouhaits
; les defirs ne font
que troubler l'ame. Petrone
difoit tout le contraire.
Il n'y a que les
defirs qui nous rendent
heureux... Ronfart dit au
contraire :
Jamais content ne vit le
defireux.
82 MERCURE ,
Rabelais dit en Profe
le fens de ces deux Vers
pour fonder la vie heu-

reuſe de l'Abbaye de Teleme.
Et l'on n'y fait d'autre ab
finence
Que de chagrins & de defirs.
Mais il a tort , car l'abftinence
des defirs eft plus
rude que celle de la bonne
chère.
II. PARTIE .
REPONSE
par *** .
Les meilleurs Autheurs
confondent ces deux
mots . Les hommes defirent
tant de chofes , qu'il
n'y a prefque plus de dif .
ference entre fouhaiter
& defirer..
1
Vous qui calmie la violence
De nos defirs impétueux ,
Et qui ne permettiez aux
mortels trop heureux
84 MERCURE ,
Que des fimples fouhaits l'ot
five experience,
O puißante raifon , vertueufe
innocence !
Nous quittez - vous
pourjamais ?
done
Venez oter le voile épais
D'une trop funefte ignorance
On ne fait plus la differen-
се
Des violents defirs aux tranquillesfouhaits.
Il y aune difference entre
une honnefte femme
& une coquette , que
II. PARTIE .
&
fune defire d'être aimée ,
& l'autre le fouhaite .
Meffieurs les difeurs de bons
mots
Par un injufte ufage
Confondent
trés mal à pro
pos
La coquette & la fage.
Diftinguons équitablement
La fage & la coquette ;
Celle- ci defire un Amant
Et l'autre le fouhaite.
Unhomme qui voit une
jolie femme aux tuilleries
defire de la voir chez elle ,
86 MERCURE,
& fouhaite qu'elle fçache
qu'il eft amoureux d'elle,
quand il l'a vûe chez elle , il
defire luy declarer fon amour,
& fouhaite d'en être
entre
fouhaiter & defirer eft
aimé, quad il lui a declare
fon amour , il defire d'en
être aimé , & fouhaite d'être
encore plus heureux.
La difference
fenfible dans un Héros
de roman ; fa paffion. lui
fait fouhaiter
ce que fa
delicateſſe l'empêcher de
defirer .
msisilej
Souhaiter , cleſtrap
II. PARTIE. 87
procher par l'imagina
tion des plaifirs dont les
caufes font éloignées ;
c'eft fe rendre prefens les
plaifirs poffibles defirer ,
c'eft chaffer par la convoitife
des plaifirs poffibles
, la joüiffance des
plaifirs prefens.
Le fage parfait , s'il
étoit poffible , fouhaiteroit
toûjours , & ne defireroit
jamais. Souhaiter,
c'eft proprement faire des
Châteaux en Eſpagne , &
je ne crois pas qu'on fe
foit jamais avifé de re38
MERCURE,
gretter le temps qu'on y
a employé.
Les tranquiles fouhaitsfont
Châteaux en Espagne
Que j'ai grand plaisir à
bâtir ,
Mon efprit me transporte au
pays de Cocagne,
Et j'y poffede tout dans un
heureux loifir:
Ab qu'il me rend un bon of
fice !
Mais les impetueux defirs
En renverfant mon edifice ,
Vinnent m'ôter tous mes
plaifirs.
II. PARTIE. 89
Si l'on peut fouhaiter
fans defirer , on peut aimer
& n'aimer pas en
même temps. Un paref
feux aime, & n'aime pas
les gens d'efprit ordinai,
rement aiment & n'aiment
pas ; il n'y a gueres
que les fots qui aiment
ou qui haïffent tout à fait,
c'eft fur aimer & n'aimer
pas que font fondez les
reproches & les juſtifica!
tions des Amans. Quand
un Amant prouve à fa
Maîtreffe qu'il l'aime par
le plaifir qu'il a de la voir,
2 H Nov.
1711.
90 MERCURE ,
il a raifon , c'eft aimer :
mais fi fa Maîtreffe lui
reproche qu'il trouve des
plaifirs où elle n'eft pas ,
elle a raiſon auffi , c'eft
aimer & n'aimer pas.
Non feulement on peut
aimer & n'aimer pas ,
mais on peut encore al
mer & hair en même
temps. Un miſantrope
aime
& hair , fai lieu de
hair ma maitreffe & je la
hais en effet : mais eficje
me perfuade
que je ne
l'aime plus , je me trompe;
les retours de cette
H S
II. PARTIE.
gr
3
2
paffion m'apprendront
bientôt que je puis aimer
& hair en même temps.
Un honnête homme qui
a naturellement du goût
pour le vin , mais qui
craint de s'enyvrer , aime
& hait en même temps.
Un yvrogne quand il
commence à senyvrer.
aime & n'aime pas..
***
REPONSE par Don
Qui
SE
JE fuis du pur amour
2 Hij
92 MERCURE ,
chevalier fcrupuleux,
Et fouhaitant ma Dul-
*
cinée
Seulement pour remplir
ma haute deftinée
Sans defirs je fuis amou
reux ,
Et je laiffe à Sanchot:
defirer fa Therefe ..
SANCHOT.
Moy, mon maître , ne
vous deplaife ,
Qui n'ay que mon inf-
CHS1 s
G ...
II. PARTIES 93
tinct pour comprendre
les mots
,
Je regarde l'amour ,.
comme la gourman
dife
,
Et quand on voit la
nape mife ,
Souhaiter fans manger,.
c'eſt le repas des fots .
zeld
Mammal no
cobbornej inabusqɔƆ
94 MERCURE,
ARTICLE
des Questions.
QUESTION.
Si l'on peut en même
temps aimer & ne pas
aimer.
REPONSE.
Non , car il faut bien
qu'une porte foit ouverte
ou fermée.
Cependant j'entre dans
II PARTIE. 95 25
Tidée de la queftion ; on
ne demande qu'un jeu
d'efprit là deffus . En voici
un tel que tel:
Mon coeur eft naturellement
tendre mais il eft
indifferent
par pareffe. Je
vis l'autre jour une char
mante perſonne
dont je
ne devins qu'à moitié.
amoureux
Mon coeur fait fon chemin
mais non pas en unjour ,
Il va bien jufqu'à la tendreffe
;
Mais retenu par la pareſſe ,
33
96 MERCURE ,
Il ne va pasjusqu'à l'amour.
Je mets une grande difference
entre la tendreffe
& l'amour , ce feroit une
autre queſtion de Mercu
re , fuivons celle- ci ; je
puis dire à prefent de ma
charmante Ifabelle , que
je l'aime , & que je ne • l'aime
pas. Je l'appelle char-
, parce que j'en
mante
fus
charmé du
premier
coup d'oeil.
Mais elle me paroît en la
51.regardant
mieux
IL PARTIE. 97
Et moitié belle , & moitié
laide ,
Des maux que me font fes
grands yeux
Sa grande bouche eft le remede
Hier au foir
pourtant je
penfai l'aimer tout à fait
car ayant été frappé de l'é
clat de fon tein , de fes
regards , & d'un certain air
qui faifit d'abord.
L'amour en faveur d'Isabelle
D'un coup d'aîle auffio tor
Créteignit la chandelle.
Nov. 1711.
2 I
98 MERCURE ,
Afin que je n'euffe pas
leloifir de voir fes défauts :
mais un moment aprés ils
vinrent en foule fe preſenter
à mon imagination , &
j'avois prefque oublié fes
beautez , quand tout à
Coup
L'amour en faveur d'Isabelle
Du feu de fon brandon ral-
Maluma la chandelle.
C'eft ainfi que l'Amour
rufé voudroit m'engager à
elle fans referve : mais
comme je la vois en même
IL
PARTIE. 99
temps
mps belle & laïde , je
puis dire auffi qu'en même
temps je l'aime , & je ne
l'aime
pas.
QUESTION NOUVELLE.
Sans préjudice de celles du
mois paße que je laißerai encore
pour celui- ci.
Quelle
difference y at-
il entre la tendreffe &
T'amour ?
****
THE
UE
13
jj
#
1893*
VILLE
100 MERCURE ,
J'avois profcrit les Bouts
rimez , on m’en redemande
, on en fera bien-tôt
las , je les retrancherai , on
veut de tout, on fe laffe de
tout , cela eſt naturel, mais
j'avertis que je ne placerai
que les Vers qui feront
bons , independamment
de la contrainte des Bouts
rimez , car nous fommes
dans un Siecle , où la difficulté
d'un Ouvrage n'en
fait point excufer la me
diocrité.
II.
PARTIE. for
Alute
blute
flanc
blanc.
flame
isblame
blon
flon.
flete
belette
flots
blocs.
z Tiij
102 MERCURE ,.
·
ENVOY
Sur l'Enigme d'Octobre ,
Par Monfieur Flipe.
L'Enigme gripe
Terriblement ,
Dit Ariſtipe ;
C'eſt le polipe
Du jugement.
Je m'émancipe
Comme un Edipe ,
Mais vainement ;
Par Aganipe
Mufe diffipe
L'aveuglement
Qui me conſtipe
II. PARTIES 103
L'entendement.
La malepipe
J'y fuis vraiment ,
C'eſt une pipe.
***********:
ENIGM E.
Quand je n'ay ni poudre ni
plomb , rougey
Prés de moy ma maitreffe eft
un peu defoeuvrée ;
De ma boutique bien parée
Prudemment on cache le fond.
Il est peu de belle grimace ;
On en peut voir pourtant en
2.I шij
104 MERCURE
me voyant en face..
Ma maitreße dans ſon printemps
Ne me trouve guere impor
tante ;
Avec le nombre de fes ans
Prés d'elle mon credit s'angmente:
Mais elle n'ofe plus fans rouz
busging may prefente ,
Recevoir fes derniers a
mants,
{
II PARTIE 105
XX : XX:XXI: BX
PRESENCE D'ESPRIT
D'UNE JEUNE FILLE.
Quoique cette avanture
paroiffe fort ordinaire ,
& qu'on pût dire en deux
mots que c'eft une fille quit
a penſé fe noyer ; il y a
pourtant quelque chofe de
fi fingulier , qu'elle merite
un petit détail.
On peut rire du peril
quand il eft paffé , jamais
Nayade , habitante naturelle
des eaux n'y fut moins
106 MERCURE
embaraffée , que la jeune
& jolie Marchande
dont
je vais vous parler. Un
petit bateau où elle étoit
ayant été renversé , elle fe
trouva dans le milieu de
la plaine liquide qui fepare
le vieux Louvre , du Col
lege des quatre Nations
elle portoit dans une de
fés jupes un gros paquet
d'étofes & de coton . Comme
elle vit que ce gros
ballot la foûtenoit un peu ,
elle eut la prefence
d'ef
prit de le groffir encore
avec fes autres jupes qui
H. PARTIE . 107
flottoient fur l'eau , & de
le diftribuer également
autour d'elle pour en former
un gros bourlet ; au
milieu duquel cette jeune
fille fe tint droite comme
une Infante Efpagnole
milieu de fon vertugadin :
Un fang - froid plus qu'Efpagnol
lui fit conferver fon
equilibre pendant, une
grande demi-heure , avec
une main qu'elle tenoit en
L'air , pendant qu'avec l'au
tre main elle entretenoit
la forme du vertugadin
falutaire
. On a remarqué
que
108 MERCURE
fai
dans un peril fi
prochain ,
elle ne cria que pour
re des voeux au Ciel , &
pour appeller quelques bâ.
teliers qui
accouroient
pour la fauver. Ils la fauverent
en effet , & c'eût
été une vraye perte pour
la gloire du beau fexe ; car
marques qu'elle a données
de fon
courage font
des
préjugez
probables
qu'elle fe tirera toûjours
glorieufement
des occa-
Lions
perilleufes , où les
filles perdent
quelquefois
les
la
tramontane.
II.
PARTIE. 109
Cette
courageufe perfonne
le nomme Marie
Aquaire , & elle courut ce
danger leVendredy 13. Novembre
, fur les deux heures
aprés midy . Ce fut la
corde d'un grand batteau
qui l'enleva & la jetta dans
l'eau , qui l'emporta plus
de deux cent pas la Riviere
étoit fort groffe , &
très agitée ce jour- là , &
elle fut portée , fans exagerer
, pendant une groffe
demi-heure, & aprés qu'on
l'eut fauvée , on luy trouva
encore dans la main une
110. MERCURE ,
piece de monoye , qu'elle
tenoit dans le batteau ,
aparemment pour payer le
Battelier , car elle ne ſçapour
voit pas affez la Fable
avoir en vue le paffage de
la Barque à Caron .
CHANSON .
烤味
A Chanfon fuivante
n'a jamais
été nottée ,
quoique je
l'aye faite il y a plus de
vingt ans , j'en ai plu-
&
II. PARTIE. an
fieurs de ce caractere &
de cette datte , que je
donnerai , car elles réjouiffent
; je n'en ferai
plus de fi folâtres , parce
que je ne reviendrai
plus à l'âge de vingtcinq
ans . Age fecond
en idées pareilles , âge
où il m'eft échappé tant
d'ouvrages
imparfaits ,
j'en
defavouërois à prefent
les deffauts , mais
je ne defavouërois
pas
ce fond de jeuneſſe &
112 MERCURE ,
de gayeté qui me les
infpiroit alors , ni cette
vivacité qui ne me permettoit
pas de leur donner
la derniere main .
LE CARILLON.
BQn , ban , bon ,
Entendez- vous les grof
fes Cloches, bon,
ban, bon.
Quand j'entens fonner
fur ce ton
Je me Jouviens toujours
qu'bier
M
ber ?bom bam bom.
BIBLIO
LY

II. PARTIE . 113
qu'hier ma femme eft
morte ,
Le temps n'affoiblit point
une douleurfi forte ,
Elle redouble à ce lugubre
Son.
Bon , ban , bon.
Pour égayer le bon , ban,,
bon
,
Faifons un autre carillon,,
Carillon du verre ,
De la pinte & du flacon :
La pauvre femme elle eft
en terre ,
¿ K
Nov.
1711.
114 MERCURE,
Je baimois tant , bavons
pour elle en carillon ,
Choquons le verre en carillon
,
En double carillon
Tirez, du bon vin , bon ,
bien bon , bin bono
Exerçons - nous fur ce
jambon ,
Ce fauciffon n'est- il pas
bien bon, bien bon, bin bon.
Hé tatons donc de ce dim
den dindon, din, dan ,
don din, dan, don,
din, dan don,
Xs
II. PARTIE. 115
Ma femme eft en terre,
bon ,
Ab qu'il eft bon ce carillon.
2. Couplet .
Bon , ban , bon ,
Que ce lugubre fon m'affige,
bon , ban, bon .
Fentendois chez moy fur.
ce -ton P
Gronder en faux bourdon
lapauvre Mathurine
,by bes
z Kij
116 MERCURE ,
Quand pour avoir été
tropgay chez ma voisine
J'en revenois plus trifle à
la maiſon
Bon,ban,bon.
Elle egayoit fon faux
bourdon
En y mêlant un carillon,
Carillon de femme ,~
De jaloufe , de Demon ;
Pour lui laiffer chanterfa
games's
Jem'endormois , mais elle
- prenoit unbâton
Pour me donner du reII.
PARTIE. 117
veillon
En double carillon
En double carillon .
Moy qui fuis bon , bon ,
bon , bienbon,
bin bon ,
1
Je souffrois comme un
vrai mouton
Fufqu'au bâton , fuis-je
bien box , bien
pas
bon?
bon,
Que le Ciel lui falle pardon
,
Din, don, din, dan, don ;
Din, dan, don , din, dan ,
don :
11& MERCURE ,
Ma femme eft en terre ,
bon
,
Elle a finifon carillon.
On donnera au mois
prochain la chanfon du
Tabac.
IL PARTIE
119
LAMOUR
JUSTIFIE ...
Par Monfieur de Roc ***..
Funeftéennemi
de lapaix,
Source de troubles d'allarmes
,
Perfide Amour qui ne te
plaît
Que dans le fang, & dans
les larmes i
La cruautéforge tes traits 7
Ils font naître en nos coeurs
L'espoir qui les abuse ;
120
MERCUre ,
AIBLIO
Et tu n'as un bandeau
pour fervir d'excuſe
Aux injuftices que tu fais..
LYONC
સંગ
MERCURE
III PARTIE.
THEAUE
BLIO
7
PIECES FUGITIVES.
PIECE NOUVELLE.
DIALOGUE
LYON
Entre un Chevalier errant , &
un Berger.
Sur les bords du Lignon
jadis fi renommezon
Nov.
1711. 3 A
ILL
2 MERCURE ,
Lieux où les defcendans
d'Aftrée , sa
De fon tendre efprit
spri
animez ,
$ Renouvellant encor
l'heureux fiecle de
Rée ,
Eternifent dans leur
HIIIcontrée ECOFIT
Le doux plaifir d'aimer
& celui d'eftre
aimez
,
Unl Chevalier errant
l'amé defefperée ,
Pouffant des foupirs
A& III
III. PARTIE. 3
enflammez ,
Se plaignoit des rigueurs
de fa Dame
adorée ,
Par les cris inacoûtumez
,
De fa douleur immoderée
,
Les paifibles Bergers
furent tous allarmez
,
Mais revenu de fes allarmes
,
L'un d'entr'eux le voyant
fans armes ,
3 A ij .
4 MERCURE ,
Et le prenant pour un
Berger ,
Court à lui pour le
foulager ,
Et lui demande ainſi
le fujet de fes
larmes.
LE BERGER.
De quoi vous plaignezvous
, malheureux
étranger ,
Qui venez habiternos
plaines ?
}
III. PARTIE .
Pouvez- vous reffentir
des peines ?
Vous vivez en ces lieux
& vous êtes Berger.
LE CHEVALIER ER.
Je ne fuis point Berger,
je viens dans
cette plaine
Faire
un r
mêtier bien
different ,
Un foin tranquille
30 Vous y mene ,
Moy les fombres cha-
A
iij
6 MERCURE ,
grins d'un Cheva- T
lier errant
.
LE BERGER .
Lá paix regne dans ces
retraites ,
Laiſſez - nous goûter ſes
douceurs ,
Ce n'eft que pour les
tendres coeurs
Que la nature les a
faites .
LE CHEVALIER ER.
S'il faut être bien amou
reux
III. PARTIE. 7
Pour meriter de vivre
en ces lieux folitai- !
res ,
Ah !je jure par tous les
Dieux !
D'en chaffer les amants
ebo vulgaires.
Autant que ma Dame
en beauté
Surpaffe toutes vos Silvies
,
Je paffe en fenfibilité .
Les Tircis de vos Bergeries.
ad
Un Berger eft plus
3. A iiij
8 MERCURE ,
My famoureux
3
1
Des plaifirs que de fa
3 en Bergere ,muok
Et s'il ne fonge quà
luy plaire ,
Il eft affuré d'être heu-
Moreux .
Pour moy j'aime fans
pem efperance
D'être jamais récompenfé
,
Mais l'amour dont je
fuis bleffé
N'en. a pas moins de
violence ,
HI PARTIE
Et cet amour fi mal-
3baheureux
,
Nourri de foupirs &
Bom de larmes , a
Me doit faire mille envieux
,
Puifqu'il a pour objet
des charmes
Dignes d'enflammer
tous les Dieux.
LE BERGER.
Vôtre amour malheureux
1
10
MERCURE ,
Ne me fait point d'envie
,
Je fuis
content de mes
plaifirs ,
J'aimerai
toûjours ma
Sylvie ,
Et je verrai toute ma
vie
Remplir mes amoureux
defirs ;
Je croy qu'un autre
peut vous plaire ,
Et qu'elle eft digne de
vos foins ,
Mais fi vous
voyiez ma
III. PARTIE . IL
Bergere ,
Vôtre Dame vous plai
roit moins.
LE CHEVALIER ER.
C'eſt bien à vous , petite
efpece
D'amants indignes d'ê
tre heureux ,
A vanter l'ardeur
de
vos feux ,
Et l'objet de vôtre tendreffe
;
Vous devez à l'oifiveté
Tous les plaifirs de vô12
MERCURE,
tre vie ;
Votre baffe fimplicité
ante
Fait toute la naïveté
Qui charme tant vôtre
Sylvie ,
Une molle
tranquilli-
τέ
Fait la tendre fidelité
Que vous gardez à vos
Bergeres ; A
Amants pareffeux , imparfaits
,
La peur d'en trouver
de feveres
Fait que vous në
II . PARTIE. 13
changez jamais.
LE BERGER .
$122400 al sugot A
Voftre amour eſt une
chimere ,
Et cette heroïque beau

Qui connoît voftre ca
ractere ,
Affecte une fauffe fierté,
Que nos Bergers vaincroient
avec moins
de myftere
Et bien plus de facilité.
14 MERCURE ,
Comme la feule vanité
Fait en amour votre
conftance
,
Vous n'avez pas la récompenfe
Que noftré amour a
merité ;
!
Seigneur voyez cette
Prairie
,
Qu'arrofent les plus
clairs
ruiffeaux ,
Toute voftre Chevalerie
Ne vaut pas le charIII.
PARTIE . 15
mant
repos
Que j'y goûte avec ma
Sylvie ;
Un Berger qui doit
être heureux toute
fa vie ,
Ne fe
changeroit pas
pour le plus grand
Héros .
LE CHEVALIER ER.
Malheureux ,
craignez
ma
vengeance ,
Et que deformais en
ces lieux

16 MERCURE ,J
On garde fur l'amour
un éternel filonce ,
Vous ne meritez pas
l'honneur d'être
amoureux .
XXXXX:XXIXII:
STANCE.
ARreftez , jeune Bergere
,
Je fuis un amant fincere
,
Un amant vous fait- il
peur ?
Je
LII PARTIE. 17 ་
Je n'ay qu'un mot
vous dire 09
Et tout ce que je defire
Eft de vous tirer d'erreur
.
Le tems vous pourfait
fans ceffe ,
L'éclat de vôtre jeunef-
-19 fe
Sera bien-tôt effacé..
Letems détruit toutes
chofes ,
Et l'on ne voit plus de
rofes
Nov.
1711. 3 B
18 MERCURE ,
Quand le Printem's eft
palle .
I
Les plus fombres nuits
finiffent ,
Leurs ombres s'évanouiffent
,
Et rendent bien -tôt le
jour,ublelabo
Mais quand l'aimable
jeuneffe
A fait place à la vieilleffe
,
Elle ignore le retour.
II.
PARTIE. 19
L'éclat des fleurs naturelles
Fait
Fornement de nos
belles ,
On prife leur nouveauté.
$
Mais au bout d'une
journée
Cette heureuſe deſtinée
Finit avec feur beauté .
Vos attraits , belle Sift
vies,
Ne mettront point vô
tre vie
3 Bij
20 MERCURE ,
Hors des atteintes du
fort.
Il vous promene fans
ceffe :
Du bel âge à la vieilleffe
De la vieilleffe à la
mort.
Ainfi foyez moins volage
.
Et puifqu'avec le bel
âge
Le plaifir paffe & s'enfuit
,
HI PARTIE . 21
Quittez
vôtre indiffe
rence ,
La nuit àgrands pas s'a
vance ,
Profitez du jour qui
luit.
Un peu de tendre folie
Fait d'une fille jolie
Le plaifir & le bonheur
,
Et dans le déclin de i
l'âge
Un dehors fier & fau-
1
vage
22 MERCURE ,
Lui rend la gloire &
l'honneur.
Par cette leçon fidelle
Tircis preffoit une belle
D'avoir pitié de fon
mal ;
Son difcours la rendit
fage:
Mais elle n'en fit ufage
Qu'au profit de fon rikval
III. PARTIE, 23
DEDESIGNESTMESEDENIE DEDEDEDEDE
ODE .
Sur un Procez gagné
par une Dame.
Quels
nouveaux concerts
d'allegreffe
Retentiffent de toutes
parts ?
Quelle lumineuse Déeffe
,
Attire icy tous mes res
gards
24 MERCURE ,
C'eft Themis qui vient.
de defcendre ,
Themis empreffée à dé
fendre
L'honneur de fon fexe
outragé ,
Et qui fur l'envie étouf
fée
Vient élever un beau
Trofée
Au merite
qu'elle a
vengé.
Par la nature & la fortune
Tous
HI PARTIE. 25
Tous nos deftins font
soy compaffez , LI
Mais toujours les bienfaits
de l'une
Par l'autre ont été traverfez.
n
O Déeffes , une mortelle
Seule à votre longue
querelle
Fit fucceder d'heureux
accords.
Vous voulûtes à fa naiffance
Signaler
vôtre intel-
Νου. 1711 . 3 C
26 MERCURE ,
ligence
En la comblant de vos
trefors .
Mais , que vois-je a la
noire Envie
Agitant fon ferpent affreux
,
Pour tenir l'éclat de fa
vie
Sort de fon antre téne
breux .
L'avarice lui fert de
guide ,
La malice au fouris perIII
.
PARTIE . 27
olifide 200
L'impoſture aux yeux
effrontez ,
De l'enfer filles inflexibles
Secoüant leurs flambeaux
terribles
Marchent fans ordre à
fes côtez .
L'innocence fiere &
do
tranquille
Voit leurs
exploits fans
s'ébranler ,
On croit que leur fu-
3 Cij
18 MERCURE
reur fterile
En vains éclats va s'ex
haler .
Son efperance fut trom
pće ,
De Themis alors oc
cupée
Les fecours furent differez,
Et par l'impunité plus
forte
Leur audace frappoit
aux portes
Des tribunaux les plus
facrez .
JA
III. PARTIE. 29
Enfin Divinité brilt
s lante ,
Par toy leur orgueil eft
oldétruit Idétruite
Et ta lumiere étincelante
Diffipe cette affreuſe
nuit.
Déja leur troupe confondue
,
A ton afpect tombe
éperdue ,
Leur eſpoir meurt
ancanti ,
Et le noir démon du
3 C iij,
30 MERCURE ,
d menfonge k
Fuit , difparoit , & fe
51 replonge
Dans l'ombre dont il
on eft forti.l
02
18
Quitte tes vêtemens
funebres ,
Fille du Ciel , nobla
pudeur ,
La lumiere fort des
tenebres ,
Reprends ta premiere
fplendeur.
De cette divine morIII.
PARTIE . 31
telle
Dont tu fus la guide fidelle
Nos loix ont été le foùtien
..
Reviens de palmes couronnée,
Et de plaifirs environnée
,
Chanter fon triomphe
& le tien .
(
Affez la fraude & l'injuſtice
,
Que fa gloire avoient
3 C iiij
32 MERCURE ,
fçu bleffernoM
Dans les piéges de l'ar
tifice
Ont tâché de l'embaraffer.
Fuyez , jaloufied obſtinée
,
De vôtre haleine empoifonnée
Ceffez d'offufquer les
vertus,
Regardez la haine impuiffante
Et la difcorde gemiffante
,
TIIU PARTIE. 33
Monftres fous fes pieds-
美abbatus .
Pour chanter leur joye
& fa gloire ,
Combien d'immortelles
chansons-
Les chaftes filles de memoire
Vont dicter à leurs. a
nourriffons ?
Oh ! qu'aprés la trifte
froidure
Nos yeux amis de la
verdure
34 MERCURE
,
font enchantez de fon
retour.
Qu'aprés les frayeurs du
naufrage ,
On oublie aïfément l'orage
Qui cede à l'éclat d'un
beau jour.
Tel
fouvent un nuage
fombre
Du fein de la terre exhalé
Tient fous l'épaiffeur
de fon ombre
III. PARTIE. } ;
Le celefte
voilé .
flambeau
La nature en eft confternée
,
Flore languit abandonnée
,
Philomele n'a plus de
fons .
Et tremblant à ce noir
préfages,
Cerés pleure l'affreux
ravage
Qui menace fes nour
riffons.
16 MERCURE ,
Mais bien - tôt , vengeant
leur injure ,
Je vois mille traits enflâmez
Qui forcent la priſon
obfcure
Qui les retenoit enfermez.
Le ciel de toutes parts
s'allume
L'air s'échauffe , la terre
fume ,
Lenuage creve & pâlit,
Et dans un gouffre de
lumiere
III . PARTIE. 3177
Sa vapeur humide &
groffiere
Se diffipe & s'enfevelit.
LETTRE A MADAME
P...fur deux marieZ, dont
l'un ne parloit que Frangois
, l'autre qu' Anglois.
IL eft
conftant que
noftre époux ne parle
point François , & que
l'épouſe ne parle pas
un mot d'Anglois : ce38
MERCURE ,
la paroît d'abord affez
bizare , mais c'eft faute
de bien confiderer
, ce
dont il s'agit en ce
rencontre .
I
FATTHI
Dés le moment qu'un
coeur foûpire ,
On connoît en tous lieux
ce que cela veut
dire ,
Et malgré Babel & fa
Tour,
Dans le climat le plus
Jauvage ,
III . PARTIE . 39
Ne
demandez que de
l'amour ,
On entendra votre lan-
Stgage
.
La terre en mil Etats a
beau fe
partager
En Afie , en Afrique ,
en Europe , il n'importe,
L'Amour n'est jamais
étranger
En quelque Pais qu'on
le porte.
40 MERCURE
,
Comme il eft le Pere
de tous les hommes ,
il eft entendu de tous.
fes enfans ; il eſt vray
que quand
il veut faire
quelque mauvais coup,
comme il faut qu'il ſe
mafque
& qu'il fe déguife
, il faut auffi qu'il
fe ferve de la langue du
Païs , mais quand il eſt
conduit par l'himenée,
fans lequel il ne peut
être bien reçu chez les
honnêtes
gens , il luy
fuffit
III. PARTIE, 41
fuffit de fe montrer
pour fe faire entendre,
& tout le monde parle
pour luy .
En quelque langue qu'il
s'exprime ,
On fçait d'abord ce qu'il
prétend,
Et dés qu'il peut parler
[ans crime
bro
Une honnête fille l'en--
tend...
La raison de cela eft
Nov. 1711. 3D
42 MERCURE
,
que le langage d'amour
eft une tradition trés
fimple & trés aifée ,
dont la nature eſt dépofitaire
, & qu'elle ne
manque
jamais
de réles
filles véler à
toutes
lorfque
la Loy
l'or
donne
, & quelquefois
même quand elle ne
l'ordonne pas.
Parmi toutes les Na-
She then tions Man B.
111.
PARTIE . 43
L'Himen en ces occafions
A certaines expreffions ,
Qui n'ont point besoin.
d'interprettes.
Ne vous étonnez
donc pas que deux perfonnes
étrangeres , &
d'un langage fi different
, ayent pû ſe réfoudre
à fe marier enfemble
, & croyez.comme
un article de la Loy
naturelle , que dans ces
3 Dij
44 MERCURE ,
fortes de myſteres tout
le monde parle François
, ajoûtez à cela que
de jeunes époux ont
leurs manieres particu
lieres de s'entretenir ,
indépendamment
de
toutes les langues de la
Terre.
Difcours & fleurettes
- frivoles
,
Amans , ne conviennent
I qu'à vous
Mais entre deux beuIII.
PARTIE. 45
reux époux
L'Himen n'admet plus
les paroles..
DEDE DENGOY DIESEDIGDIE MEN
REPONSE
A UNE
Dame , laquelle s'étoit
excufée de venir à la
maifon de Campagne de
Auteur , parce qu'elle
avoit un Procés.
J'ai reçu vôtre lettre,
elle a mille beautez
46 MERCURE ,
Que voulez- vous que
j'y réponde ?
Vous écrivez le mieux
du monde ,
Et vous tenez fort mal
ce que vous promettez
.
Vous n'avez pû venir ,
c'eft une chofe claire,
Quand on plaide on
n'eſt pas maîtreffe de
fon temps
,
Et l'on ne fait rien
moins que ce qu'on
III . PARTIE. 47
voudroit faire :
Mais le fuccez fait
voir pour corrompre
les gens
Combien vous êtes ne
ceffaire ;
Quoiqu'il en foit je
Vous entens ,
Vous avez gagné vôtre
affaire ,
Et j'en ai payé les dépens
gludt goudleve JOV
Vôtre éloquence eft
naturelle ,
48 MERCURE ,
Le ftile en eft charmant
, le touren eſt
adroit ,
Vous avez tantd'efprit
qu'on vous excuferoit
Si vous étiez un peu
moins belle ,
སྡུ
Votre interêt étoit trés
fenfible & trés
grand ,
Vôtre prefence feule
a fait votre victoire : "
Oui vous avez raiſon ,
nion
III.
PARTIE. 49
mon efprit le comprend
,
Mais mon
coeur ne le
fçauroit
croire.
Je
fçai
bien
que
vous
voir
dans
un
Procez
douteux
Eft une piece inconteſtable
,
Mais
quand vous trahiffez
les plus doux
de mes
voeux
Je fuis trop affligé pour
être
raifonable .
Νου.
1711 ,
3 E
50 MERCURE
,
Vous pretendez an
vain que tout vous
eft permis ;
Si vous vous ſouvenez
de ce qu'en cet Automne
Vous m'avez tant de
fois promis
,
Vous ne croirez jamais
, Iris , qu'on vous
pardonne.
Nous vivions en ces
lieux , charmez du
feul efpoir
II. PARTIE . SI
D'un bien où vos bontez
nous avoient
fait prétendre
,
Si nous étions déja ravis
de vous attendre
,
ono
Helas ! quel eût été le
plaifir de vous
voir.
Quoy tant de beaux
projets s'en iront
en fumée ?
Que le Ciel, que je vais
contre vous animer, -
3 Eij
52 MERCURE ,
Ne pouvant vous ravir
la gloire d'être
aimée ,
Vous ôte le plaifir d'ai
mer ;
Que le maudit Procés
tous les jours re - b
anouvelle ,
Ou pour vous fouhaitter
tous les maux
à la fois ,
Puiffiez-vous dans l'ardeur
que donne un
nouveau choix ,
Trouver un jour un
III. PARTIE. $3
infidelle
Auffi beau que vous
êtes belle .
Voila , Madame , des
Vers , qui aẞeurément
ne vallent pas vôtre
Profe ; j'aurois fouhaitté
qu'ils eußent été dignes
de vous être envoyez ,
mais unplus habile hom
me que moyy eût été bien
empêché ; je vous fupplie
de ne les pas juger
felon leur merite , & de
14 MERCURE ,
leur faire quelque grace,
en confideration de la
bonne intention avec laquelle
ils font venus au
monde.
Et fans perdre de tems
-..en de plus longs
difcours ,
Excufez qui n'a pû
mieux faire ;
On ne réuffit
jours
pas toû-
Quand on a deffein de
vous plaire.
II . PARTIE. ST
XXXXXXIIX
POUR UNE DAME
qui avoit demandé des
Vers à l'Auteur.
CEffe, charmante Iris,
ceffe de fouhaitter
Des Vers qu'Apollon
me refuſe ,
Et n'efpere pas que ma
mufe
Puiffe à preſent te con-
C tenter ;
Je ne fuis plus quoi56
MERCURE ,
que tu faffles
,
Ce que j'étois dans mes
beaux jours ,
Quand à la fuite des
Amours
Je badinois avec les
Graces.
C'eſt alors que j'aurois
chanté
Tous les charmes de
ta beauté ,
Sur un ton fi doux &
fi tendre ,
Que ton coeur par mes
fens
III .
PARTIE . 57
fens fe laiffant
émouvoir
Auroit prefqu'autant
pris de plaifir à
m'entendre
Que mes yeux en ont à
te voir.
Cet heureux temps
n'eft plus , excuſe
ma foibleffe ,
Tout ce que je puis faire
, en l'état oùje fuis ,
C'eft de combattre les
ennuis
Nov. 1711. 3 F
58 MERCURE ,
Que traîne avec foy la
vieilleffe ;
Mon efprit plus timide
, & mon corps
plus pefant
Me font voir toute ma
mifere ;
Je pleure le paffé , je me
plains du prefent ,
Et l'avenir me defefpere
.
Non , non , puifque les
2 cheveux gris
Ont fait fuir les jeux &
les ris
III. PARTIE. 19
Il ne faut point que je
t'ennuye ;
Quel agrément
trouverois
- tu
A
m'entendre prêcher,
d'un ton de Jeremie ,
Qu'il n'eft aucun plaifir,
fur la fin de fa vie ,
Que celui d'avoir bien
C ..
vêcu ?
Cependant c'eſt ce que
je penfe ,
Ce que chacun penfe
à fon four fol
60 MERCURE,
Ce que toi-même en fin
tu penſeras un jour.
Heureufe
fi tu peux
m'en croire par
avance ,
Et fi dés
aujourd'huy ,
faifant quelques
efforts ,
Un fentiment fi falutaire
T'arrache à des plaifirs
qui ne dureront
guere
Pour t'épargner de
longs remords.
MERCURE
GALANT.
IV . PARTIE.
NOUVELLES.
東京京辦
Nouvelles du Nord &
d'Allemagne
......
LYON
*
189

Les Lettres de Warfovic du
28. Septembre confirment
que les Envoyez du grand
Novembre. 1711. 4.
DE
LA
VILLE
2 MERCURE
Vifir & du Kan des Tartares
s'en étoient retournez
fans avoir voulu délivrer les
Lettres dont ils étoient
chargez , aux Senateurs qui
eftoient allez conferer avec
cux à Jaflowiecz , à cauſe
reconnu
qu'ils
n'avoient pas efté
nommez
par la Republique
, mais par le Roy Augufte
, que le Grand
Scigneur
n'avoit
pas
pour Roy de Pologne
;
qu'on attendoit
le retour du
courrier
qu'ils avoient
envoyé
au grand Vifir ; que
les Mofcovites
étoient
enIV.
PARTIE.
3
core dans la Volhinie pour
obferver les Turcs ; que le
Roy Augufte avoit envoyé
ordre à l'Armée de la Couronne
de repaffer la Viftule
pour eftre à portée de s'opofer
au Roy de Suede qu'on
difoit eftte parti de Bender
à la tefte d'une puiffante
Armée.
Extrait d'une Lettre
d'Alemagne.
Le Roy de Suede eft toùjours
à Bender avec un corps
deTroupes Ottomanes qui doit
4 A ij
4 MERCURE
S.
luy fervir d'escorte eg on ne
Içait point encore préciſement
quand ce Prince en partira.
La réponse que le grand Vifir
a faite fur les plaintes que
M.S. & le Kan des Tartares
ont portées contre luy , n'eft
pas demeurée fans replique &
les Lettres de Conftantinople
continuent de dire qu'il y a
fort à craindre pour le grand
Vizir , parce que le Czar ne
vent executer aucun des Articles
du Traitéde paix tant que
le Roy de Suede fera dans
l'Empire du Grand Seigneur .
"Cependant l'Armée des Turcs
+
IV. PARTIE.
eft toûjours fur les bords dis
Danube , la faifon eft fi
avancée qu'on croit qu'elle ne
pourra rien entreprendre quand
même on auroit deßein deforcer
le Czar à executer les con
ditions de fon Traité.
Ce Prince partit le 16.
Octobre de Carelsbaden ; il
devoit fe rendre à Torgan
pour y affifter à la Ceremonie
du Mariage du Prince herediaire
de Mofcovie fon fils
avec la Princeffe de Wolfembusel
aprés quoy il devoit
aller à Elbing , & de-là à
Petersbourgfa nouvelle Ville ,
A iij
6 MERCURE
dans le Golphe de Finlande.
Les Danois font toujours
devant Stralzund fans avan
cer le fiege faute de gros canon.
Les Suedois font de temps en
temps des forties . Ils en firent
une le 20. Octobre dans la
quelle ils tuerent beaucoup de
monde. Les Suedois ont reçu
quelque fecours dans l'Ifle de
Rugen par plufieurs Vaisseaux
de transport quiyfont arrivez.
la
contagion
L'on
aẞure
que
eft dans
la Flotte
Danoife
, &
que
ce mal
diminue
beaucoup
Copenhague
.
Ily a dans la Hongrie ,
MERGURE 7
dans la Tranfylvanie & dans
l'Autriche , une maladie qui
s'eftjettée fur le gros beftail ,
de maniere qu'en peu de temps
il y eft mort la plus grande partie
des Boeufs & des Vaches ,
qu'en beaucoup d'endroits
les Payfans ne feront pas en
état de labourer leurs Terres.
On y a envoyé de Vienne des
Medecins & des Chirurgiens
fur les lieux pour taſcher de
découvrir le principe du mal
y aporter du remede ; mais
les Medecinsfont revenus fans
y avoir pú rien connoiftre.
Le dommage caufé par le
Auij
4 .
8 MERCURE
coup de foudre qui tomba le
26. Aouft fur la Tour de
Sainte Elifabeth à Hermanf
tad en Tranfylvanie , eft tresconfiderable.
Le Magafin de
poudre qui étoit dans cette
Tour lafit fauter en l'air ; en
renverfa plufieurs autres avec
une partie du Rempart ; ily
eut foixante & trois Maifons
entierement ruïnées , cent quarante
autres fort endommagées,
toutes les vitres des feneftres de
toutes les autres Maifons tant
de la Ville que des fauxbourgs,
furent brifées , & un grand
nombre de perfonnes furent éIV.
PARTIE.
crafées , ou
ou moururent de
frayeur.
Les Lettres de Hambourg
du 16. Octobre ,
portent qu'un Officier venant
de Norwege pour aller
trouver le Roy de Dannemarck
de la part du General
Lewendal , en paffant le 12 .
en cette Ville-là , avoit rapporté
que ce General s'étoit
retiré à Chriftiania avec les
Troupes qu'il commandoir ,
aprés avoir étably les contributions
dans une partie du
Gouvernement de Bahus , &
avoir campé pendant quin
10 IV. PARTIE.
ze jours dans un pofte avan
tageux à la vuë de l'Armée
Sucdoife , quoy que plus
nombreuſe
que la fienne .
On a appris par
d'autres
Lettres que les Troupes
Suedoifes deftinées pour la
Pomeranie étoient embarquées
; que la groſſe Artıklerie
que le Roy de Dannemarck
faifoit venir pour
battre la Ville de Stralzund
étoit encore à Fridericfort
prés de Kiel , & que celle du
Roy Augufte étoit arrivée
en Pomeranie , mais qu'elle
ne pouroit estre au Camp
IV . PARTIE . II
1
que dans dix jours au plûtoft
: que la Flotte Danoiſe
continuoit de croifer dans
la Mer Baltique ; que quelques
deferteurs de la garnifon
de Stralzund avoit affuré
qu'il y étoit entré deux barques
chargées de munitions;
que les Troupes qui y é-;
toient avoient des provifions
de bouche en grande
quantité ,ainſi que celles qui
étoientdans l'Ile de Rugen ,
que le General Meyerfeld &
follicitoit la Nobleffe de
cette Province de fe rendre
à Stetin , pour avec les
12 MERCURE
Troupes qui y font , former
un Corps fuffifant pour en
lever les Convois des Afficgeans
, ou faire une affez
grande diverfion pour les
obliger de feretirer , à quoy
il y avoit beaucoup d'ap
parence de pouvoir réüſſir ,
parce qu'outre que cette
Ville étoit bien munie , la
faifon étoit fort avancée , &
l'Armée Danoife & Saxonne
n'avoit point de maga
fins ni de Place fortes dans le
Pays , pour pouvoir y pren
dre des quartiers d'hiver.
IV. PARTIE. 13
1
V
Extrait d'une Lettre de
Warfovic du 9. Octobre ,
Les Generaux travaillent
à regler la diſtribution des quar
tier d'hyver pour les Armées
de la Couronne de Lithua- &
nie ; mais on apprehende que
les Troupes Mofcovites cantonnées
dans la Volhinie , ne
veulent prendre le leur dans la
Lithuanie. La mortalité eft
parmy celles qui étoient reftées
à Mobilow prés du Niefter
& celles qui avoient marché
vers l'Vkraine dans le deßein
14 MERCURE
qu'ils y pouroient trouver de
quoy fubfifter , ont efté obligées
d'en revenir , les fauterelles
ayant détruit tous les grains de
cette Province, & la contagion
·
ayant fait mourir un grand
nombre d'habitans . Le General
Baver eft arrivé avec environ
dix mille hommes à trois licuës
d'icy ; mais on ne fçait pas encore
s'il paẞera la Viftule où
s'il prendra la route de la
haute Pologne. Il continue
d'exiger des vivres par force
nonobftant les promeses que
luy & les autres Generaux
Mofcovites avoient faites de
IV. PARTIE . 15
payer tout ce qui feroit founi
pour la fubfiftance des Troupes.
17.
D'autres Lettres dattées du
de la même Ville portant
que M ' Bonkousk &
Wilkowki , qui avoient été
envoyez à Conſtantinople
par ordre du Roy Auguſte ,
& que le grand Vizir avoit
retenus,avoient été relâchez
le 12. Septembre & qu'ils
étoient arrivez le 28. à l'Armée
de la Couronne . Qu'aprés
leur arrivée le bruit s'étoit
repandu que le Grand
Seigneur vouloit entretenir
une bonne correfpondance
16 MERCURE
avec la Republique fuivane
le Traité de Carlowitz ;
qu'il avoit même reconnu
le Roy Augufte pour Roy
de Pologne : que le grand
Vifir preffoit vivement le
Roy de Suede qui étoit encore
à Bender , de retourner
dans fes Etats avant l'hiver
avec l'Eſcorte qu'on luy avoit
promife , par la route
qu'il luy plairoit.
Celles de
Hambourg
difent que la groffe
du
25.
Artillerie du Roy de Dannemarck
n'étoit
pas encore
arrivée au Camp devant
IV . PARTIE. 17
Stralzund ; que celle du Roy
Auguſte ne pouvoit pas y
arriver avans la fin du mois ;
que le Roy de Dannemarck
avoit envoyé ordre à deux
Regiments
de Cavalerie du
blocus de Wilmar , de le
venir joindre; qu'il avoit prê
té au Roy Augufte les plus
groffes pieces de fon canon
de Campagne
pour ſervir
à l'attaque du fort de Pene
munde fitué à l'embouchure
de la Pene dans l'Oder' que
ce Prince à affiegé ; que
deux mille chevaux & 500.
fantaffins de la Garnifon de
Novembre. 4. B
18 MERCURE
Stralzund en étoient fortis
pour détruire les Radeaux
que les Affiegeants avoient
préparez pour faire une defcente
dans l'Ile de Rugen ,
& qui étoient couverts par
des redoutes qu'ils avoient
conftruites ; qu'ils emporterent
la premiere de ces redoutes
l'épée à la main ,
tuérent cinquante hommes
qui la deffendoient , " & en- ~
clouërent le canon ; mais
qu'ils ne purent rüiner les
Radeaux , parce qu'un gros
corps des Affiegeans étant
accouru les obligea de fe
IV. PARTIE ·19
retirer.
Par une Lette du 27. du
Camp devant cette Place ,
on a appris que les Saxons
s'étoient emparez du Fort
de Penemunde
, que la garnifon
composée d'un Capîtaine
, de quatre Officiers
fubalternes , & de foixante
Soldats , s'étoit renduë
prifonniere de Guerre ; que
depuis la prise de ce Fort ,
le Roy Augufte avoit ordonné
au Prince de Saxe
Weiffenfel , d'attaquer la
Redoute de Swiner , & d'occuper
les Illes d'Ufendom
4. Bij
20 MERCURE
& de Wollin , fçituées à l'enbouchure
de l'Oder , afin de
couperentierement la communication
entre Stetin &
Stralzund .
Extrait d'une autre Lettre.
La Flotte de Dannemarck.
eft enfin arrivée aux environs
de l'Ile de Rugen , & on va
travailler à
débarquer le gros
canon aprés lequel on a attendu
fi long- temps . On doit onvrir
la Tranchée au premier
jour , & la réfolution eft prife
de battre la Place le plus vi
IV. PARTIE. ΣΥ
vement que faire fe pourra ,
afin de tâcher de s'en rendre
maiſtre avant que la faifon ne
puiße plus permettre de tenir
la Campagne. Cependant les
Troupes font déja fort incommodées
, file mauvais temps
continuë , le Siege de cette Place
pouroit bien fe terminer par
un bombardement.
On a appris de Leipfik
que le Duc Antoine Ulric
de Wolfembuttel y étoit
arrivé le 19. & que le len
demain il en étoit party
pour Torgau , ou lá Du
22 MERCURE
cheffe fa belle fille & la
Princeffe fille de cette Ducheffe
étoient arrivées par
une autre route ; que deux
jours auparavant le Prince
de Mofcovie étoit auffi
paffé par la premiere de ces
Villes pour aller au devant
du Czar fon pere qui étoit
party de Carelbade pour
aller auffi à Torgau , où
le Mariage du Prince fon
fils avec la Princeffe de
Wolfembuttel , devoit eftre
celebré.
Par les Lettres de Drefde
du 28. on a fçu que le Czar
IV. PARTIE. 23
y étoit arrivé le 18. qu'il
avoit donné l'ordre de Saint
André au Prince de Furftemberg
Gouverneur de
l'Electorat
de Saxe ; que le
21. il s'étoit embarqué fur
l'Elbe , & que le 22 il étoit
arrivé à Torgau ; que le
mefme jour 21. le Prince
de Mofcovie fon fils , le
Duc Anroine Ulric de Wol
femburtel , le Prince herediraire
fon fils , avec la Prín
ceffe fon époufe & la Princeffe
leur fille allerent à
Lichtenberg rendre vifite à
1'Electrice Douairiere de
14 MERGURE
Saxe , d'où ils s'eltoient rendus
à Torgau le 22. que
le Dimanche 25. le Mariage
du Prince de Moscovic
avec la Princefle Charlote
Chriſtine- Sophie de Wol
fenbuttel y fur celebré par
un Preftre Mofcovite, fuivant
les Rites de l'Eglife
Grecque ; que le Prince fut
conduit par le Czar fon
Pere , & la Princeffe par le
Duc Antoine Ulric fon
grand Pere ; que le foir il
y cut un tres grand feftin
auquel le Prince de Mofcovic
occupa la premiere place
L
ayant
IV.
PARTIE
25
ayant le Czar fon Pere à fa
droite , la Princefle fon épouſe
à fa gauche ; que les
Princes & Princelles de la
maifon de Wolfenbuttel
furent placez felon leur
rang , ainſi que plufieurs
autres Princes Mofcovites
& Allemans. h
Les Lettres de Vienne du
17. Octobre portent que
J'Imperatrice épouſe du feu
Empereur Jofeph paruc
en public le

00
fa Maifon
ayant efté formée , qu'elle
alla à la Chapelle du
Palais avec un grand Cor.
Novembre 1711. 4. C
26 MERCURE
tege de Seigneurs & de
Dames ; que le Comte de
Windischgrats aporta le 16 .
la premiere nouvelle de
l'Election faite à Francfort
le 12. en faveur de l'Archiduc
; que les Etats d'Autriche
avoient nommé trois
Seigneurs de leur Corps
pour allerben Italie luy
reprefenter que l'on continue
d'exiger d'eux des
Tommes tres confidérables
pour les faire paffer dans des
Pays Etrangers , toutes celles
qu'ils ont données pendant
le féjour quel Archiduc
IV. PARTIE. 27
a fait à Barcelonne y ayant
paffe , & la derniere qui eft
de trois millions de florins
ayant fervy aux frais de fon
Voyage , ils feront contraints
d'abandonner
leur
pays & de fe retirer ailleurs ;
qu'on ne doutoit plus que le
Couronnement
de l'Archiduc
ne fe fift à Francfort , les
Electeurs n'ayant pas voulu
confentir qu'il fe fic à Aufbourg
; que les avis d'Hongrie
portoient que la Contagion
y avoir fait de fi grands
ravages que plufieurs Villages.
éoient entierement dé-
4 . Ci
18 MERCURE
y
peuplez
; qu'outre
cela
il
avoit
une mortalité
de bef
tail fi extraordinaire
, qu'il
y avoit
des perfonnes
qui
en avoient
deux
cens pieces
,
auxquelles
il n'en
étoit
resté
que deux
ou trois
; & qu'il
y avoit
en plufieurs
endroits
une
fi grande
quantité
de
fouris
dans
les Terres
qui
mangeoient
les grains
qu'on
avoit
femez
, qu'il
y avoit
tout
lieu d'apréhender
une
grande
famine
; que les Lectres
de Conftantinople
portoient
que le Gouverneur
d'Aſaph
ayant
été ſommé
IV. PARTIE.
de rendre la Place conformement
au Traité que le
Czar avoit conclu avec le
grand Vifir , il avoir deman
dé un delay de trois mois
qu'il avoit refufé de démolir
les Forts qui font au voifinage
, ſous prétexte qu'ayant
été conftruits au dépens
du Clergé , il ne pouvoit les
remettre aux Ennemis de
deur Religion ; que le Czar
avoit déclaré qu'il n'execu
reroit le Traité qu'aprés
que le Roy de Suede feroit
forti des Etats du Grand
Seigneur quoy que cet Ar-
4. Biij
30 MERCURE
ticle n'y fut pas inferé ; que
le Sultan avoit été fort irrité
de cette déclaration , &
qu'on croyoit que ces retardemens
& les inftances du
Kan des Tartares qui fa
plaignoit des Hoftilitez que
les Mofovites avoient exercées
contre les Colaques
qui étoient fous fa protec
tion , pourroient caufer une
nouvelle rupture avec le
Czar ; qu'on blafmoit la
conduite du grand Vifir ,
de ce qu'il avoit précipitemment
conclu un Traité fans
prendre toutes les furetez
IV. PARTIE. 31
neceffaires pour l'execution ,
de maniere qu'on ne doutoit
pas qu'il ne fût déposé."
Extrait d'une autre Lettre
de Vienne du 24. Octobre,
?
Le Comte de Welzekpartit
d'icy le17 . pour aller en Saxe,
en qualité d'Envoyé extraor
dinaires auprés du Czar, co
le Comte de Schlik , partit pour
aller à Presbourg avec une
Commiffion de l'Imperatrice
Regente pour régler avec les
Etats d'Hongrie , les quartiers
d'hiver es la ſubſiſtance des
4. Biiij
32 MERCURE
તે
Troupes. Le 20. un Courrier
extraordinaire aporta la nouvelle
que l'Archiduc étoit ar
rivé le 8. à Valo n'ayant été
que douze jours à y paßer de
Barcelonnes que le donże it
avoit débarqué à Saint Pierre
d' Arena prés de Genes d'où it
étoit party le douze & que
lendemain il étoit arrivé à
Milan où il devoit refter quelques
jours
te
qu'il devoit fe
rendre
directement à Fnſpruk ,
& de - là à Francfort. Le
Comte de Weltz partit le lendemain
en pofte pour aller com
plimenter ce Prince de la part
IV . PARTIE . 3ƒ
de l'Imperatrice Regente : il
fut accompagné par le Comte
de Noftitz envoyé par l'Im
peratrice Willelmine Amelie ;
par le Baron de Weiberg , Envoyé
de Dedannmarck , par
le Comte François de Wurmb
Envoyé du Duc de Wirtemberg .
par plufieurs autres Seigneurs.
Les Bagages & les
Livrées pour la Couronnement
de ce Prince ont été embarquez
fur le Dannube pour eftre conduits
à Ratifbonne en attendant
de nouveaux ordres . On
à choift cinquante Archers
Trabans auxquels on a ordonné
34 MERCURE
le
de fe tenir prefts a marcher lors
qu'on les avertira du lieu où
ils devrontfe rendre. Les der
nieres Lettres qu'on a reçûës de
la Walaquie affurent que
grand Vifir étoit encore campé
avec son Armée à la gauche
du Dannube au de- là de ce
Fleuve ; qu'il avoit reçû ordre
du Grand Seigneur , de faire
trancher la tefte à tous ceux
qui entreprendroient de les repaßer
; que le Roy de Suede étoit
encore à Bender fans fçavoir
encore le temps auquel il en devoit
partir , que le Grand
Seigneur avoit envoyé un Be
IV.
PARTIE. 35
cha pour commander en Moldavie
, ne voulant plusy mettre
de Prince ou Hofpodar
L'Electeur de Mayence eft
tombé malade à Francfort.
Au Fort Louis le 7 .
Novembre.
Les Ennemis ont commencé
afaire repaßer le Rhin à une
partie de leur Armée &parti
culierement la Cavalerie qui
eft en fort mauvais état , un
grand nombre de Cavaliers étant
démontez. Les Generaux
doivent ſe rendre à Francfort
1
36 MERCURE
poury
4. que
attendre l'Archiduc.
Sur des avis qu'on eut le
deux cens hommes des
Ennemis avoientpris pofte dans
une Ifle du Rhin nommée Do
exland , on fit partir lefoirfur
des Batteaux cent Grenadiers
cinquante Dragons , qui
nonobftant le débordement de ce
Fleuve décendirent le lendemain
à la pointe du jour dans
cette Ifle , furprirent les Ennemis
, dont ils tuerent trente
fix & firent le reste prifonniers
avec leur Commandant.
IV. PARTIE 37
NOUVELLES
d'Espagne .
Lettre contenant
un détail de
ce qui s'eft paßé à l'Armée
commandée
par Monſieur
de Vendofme
, depuis le 16,
Septembre
jufqu'au
23 .
››
و د
Pour vous informer au
jufte des mouvements
de
nôtre Armée , je vous
,, diray qu'elle décampa le
,, 16. Septembre de Cervera
,, & Agramunt, & vint cam-
› per en deux Corps à Tar-
››
38 MERCURE
,, roja & à Guiffonna .
دو
و د
و د
Le
lendemain 17. nous
étant tous joints dans la
Plaine de Connil , no us
,, marchâmes
à la hauteur !
de Saint
Martin qui eft
,, un Village
ou nous devions
faire halte , nous la
fimes
effectivement ; mais
nous ne nous attendions
,, pas à beaucoup
prés d'y
,, trouver les Ennemis
, dont
nous vimes
l'Armée
qui
,, marchoit
pour venir l'o-
,, cuper auffi - bien que le
,, gros bourg
de Calaf.
ΗIl fallut faire une difpo-
م د
و د
IV. PARTIE. 39
د ر
fition pour aller en ,
,, avant , dans un terrain fort
, dificile & fort fcabreux par
tous les ravins & les amphiteatres
que formoient
2
و د
د ر
,, les Vignes. Pendant ce
,, temps là , les ennemis qui
,, s'etoient arreftez & qui s'é-
» , toient mis en battaille ,
commencerent à défiler
», par leurs derrieres juſqu'à
Pratz-del Rey où ils ap
», puyerent leur droite , &
leur gauche à un gros
Convent ou il y a un
Moulin fur le bord d'un
و ر
د ر
و ر
و د ,, ruiffeau , derriere lequel
40 MERCURE
ils fe formerent ; nous
,, nous aprochâmes d'eux en
, bataille à la portée du fufil;
Mais comme le canon
n'étoit point encore arrivé
, que nous avions plus
de la moitié de l'Armée
و د
و د

derriere , à caufe de la
,, longue journée par ce
qu'elle ne put trouver
d'eau dans toute fa marche
, on remit la partic
,, au lendemain , & les deux
Armées coucherent au Bi-
> vouac en ſe donnant force
fanfares meflez de Hautbois
. Pendant la nuit
و د
IV. PARTIE . 41
"""
on fit reconnoiftre les
, bords du ruiffeau qui fe
, trouverent cfcarpez plus
, qu'on ne penfoit , &
abfolument impraticables
Le 18. au matin noftre
canon étant arrivé on
commança
à fept heures
, & -demie à tirer fur les
,, ennemis
qui ne pouvoient
„, avoir le leur , par ce qu'
étant angagé dans le defilé
qui eft entre Santa Colo-
,, ma & Saint Martin dont
,, il étoit déja affés prés &
,, que nous occupâmes
,, d'abord , ils avoient été
Novembre
1711. 4. D
42 MERCURE
4
,, obligez de le faire retour-
,, ner fur les pas avec dili-
,, gence & de luy faire
faire le tour
"
""
و د
"
و ر
par
Iguaïda
. Ainfi
le
noſtre les
maltraita
fort
&
fit *,, fouffrir
principalement
,, leur
Cavallerie
; ils
recu- lerent
leurs
lignes
de
quelque
diftance
&
les
,, ayant
placées
fur
des
hauteurs
fort
avantageufes
,
ils
tâcherent
de
fe
cou- vrir
de
noftre
feu
en ,, profitant
de
petits
rideaux ,, qui
étoient
devant
eux
;
Ils
envoyerent
deux
mille
"
و د
و ر
"
IV. PARTIE 43
د ر
hommes dans le village de
Pratz - del- Rey , endeca
, du ruiffeau & qui eft bien
,, fermé par une muraille
» , épaiſſe , bien flanquée par
,, des tours & avec un chemin
de ronde deffus : ils
mirent auffi à leur gauche
dans le Convent qui eft
as, au de-là huit cent hommes
qui s'y retrancherent .
, Ainfi il étoit inutile de
, tenter une affaire qui certainement
auroit mal
tourné pour nous puiſque
,, la Cavallerie ne pouvoit
pas feulement donner un
D ij
"
4.
44 MERCURE
"
"
>>
+

,, coup de màin , & que
,, leurs poftes n'etoient que
,, l'affaire de l'Infanterie
,, dont la leur eft fuperieure
à la noftre ; cependant
comme il faut boire ab-
, folument & qu'il n'y
avoit
d'autre eau que
pas
celle du ruiffeau , Monfieur
de Vendofme s'étant
avancé à uno de nos battéries
, envoya deux compagnies
de Grenadiers des
Gardes Wallones pour
chaffer une des petites.
Gardes que les ennemis
poitées pour
و د
د ر
»
و د
"
و د
""
,, avoient
IV. PARTIE . 45
garder les bords du ruif
feau ; les ennemis voyant
ces Troupes pouffées envoyerent
leurs Grenadiers
, en plus gros nombre qui
,, ramenerent
les noftres
jufques auprés de la batterie
, ce qui fit qu'un battaillon
entier des Gardes
wallones décendit fur eux
& les pourfuivic fort loin
au de- la du ruiffeau fur
, quoy toutes la premiere
ligne des ennemis s'étant
ébranlée pour marcher en
,, avant , la noftre en fir
de mefme , & nous nous
"
"
j
46 MERCURE
و ر
aprochâmes à la grande
, portée du pistolet croyant
,, la faire engager
, de A ma.
,, niere qu'on ne pouvoit
plus s'en dedire : cepen-
و
و د
dant Mr. de Vendofme
» ayant crié halte de la
batterie , les deux Armées
refterent en prefence
,, quelque temps , pendant
lequel noftre canon défiloit
; l'Armée ennemie
enfin fe retira dans fes
,, premiers poftes en fe cou
vrant de quelques rideaux .
Ainfi ils nous laifferent
maiftres de cette partie du
IV. PARTIE. 47
د و
ruiffeau aprés avoir perdu
une trentaine d'hommes .
Les deferteurs qui vinrent
,, en grand nombre dirent
,, que le canon leur avoit
tué plus de quatre - vingt-
,, dix Cavaliers ou Soldats
,, & autant de chevaux : tout
le refte de la journée s'e-
5, tant paffé à les canonner ,
,, nous nous campames fur
,, noftre mefme terrain , &
,, les ennemis qui n'avoient
point d'équipages , les
ayant renvoyez croyant
,, d'eftre attaquez certaine-
,, ment , coucherent en
د ر
48 MERCURE
"
ر ذ
battaille au Bivouac , &
,, travaillerent à fe retrancher
& a faire des batte
,, ries , ce qui fit prendre
party à noftre General
de faire auffi retrancher
les piquets que l'on avoit
avancez prés du ruiffeáu &
de faire camper les Trou
pes qui n'étoient pas à
ste couvert feulement du
,, fufil , derriere des rideaux
qui ne les éloignent pas
d'avantage ; le foir le
,, Régiment de Chazel ,
› Dragons arriva avec huic
,, piéces de canon & un
convoy
ر ذ
"
IV.
PARTIE. 49
ſe
convoy de plus de deux
,, mille facs de farine ...
,, Le 19. fe paffa à tirer
» , quelques coups . de canon
beaucoup de coups de fufil
,, & à travailler
à fe garantir
de ce que nous pourroit.
,, faire l'Artillerie
des ennemis
que l'on croyoit
,, devoir amener la mefme
nuit.
Tout le 20 , on continua 20.0
,, à perfectionner les retran ,
chements avancez auffi ,
bien les batteries &
que
les ennemis travaillerent à
,, élever leurs retranche-
Novembre 1711. 4. E
""
so MERCURE
و ت
ments pour
fe couvrir
de
noftre canon qui ne tiroit
, cependant pas fort Lou-
,, vent attendu le peu de
boulets qu'on avoit ; on
, en attendoit de Lerida par
un convoy qui en venoit
avec dix ou douze piéces
,, de vingt quatre, deftinées à
,, faire le Siége de Cardonne .
Venafque fe rendit le 16 .
la garnifon de deux cent
, vingt hommes & vinge
,, Officiers a efté fait prifonniere;
nos Troupes font
allées faire le frege de Caftel
- Leon & ne peuvent
"
I
IV .
PARTIE. ST
د ز
eftre icy que le 6 ou le 8 .
du mois prochain ; il doit
arriver tous les jours des
, remontes pour la Cavallerie
& les quatre mille
,,
hommes qui ont pris Ve
,, nafque , ne
laifferont pas
de tenir ici un bon coin .
,, Il vient tous les jours
,, beaucoup de deferreurs de
l'Armée des ennemis dont
,, le canon arriva le 21. au
,, foir , & commença à tirer
le 22. Ce matin 23. ils ont
,, commencé à nous bontbarder
dans noftre Camps
on fait
monter leur perte
و د
4 .
Eij
52 MERCURE
و د
"
د ر
و و
tant par 1
Artillerie que
,, par la Moufqueterie à cinq
cens hommes tuez ou
bleffez ; un Colonel , un
Lieutenant Colonel , un
,, Major tucz & quelques
Officiers. On fait au jour-
,, d'huy un grand fourrage
à la vue des ennemis , je.
,, ne fçay s'il produira quel-
,, que mouvement ; il n'y વે
pas apparence que nous
», décampions de long-
,, temps d'icy ,je vous infor-
,, meray de tout ce qui s'y
pafleraIV.
PARTIE. 53
Les Lettres de Madrid du
12. Octobre , difent qu'on
y en avoit reçû de Corella
qui portoient que le Roy ',
la Reine , & le Prince des
Afturies en de voient partir
le 20. pour retourner en
cette Capitale , ce qui caufoit
une grande joye parmy
Tous les Habitants ; que le
Maréchal des Logis de la
Cour étoit déja party pour
aller devant faire reparer les
chemins avec plufieurs officiers
pour faire meubler les
apartemens de leurs Majeftez
; que Meffieurs les Ducs
4 . E iij
SA MERGURE
d'Offone , & de Veraguas.
y étoient déja artivez , ainſi
que M' le Marquis de Valero
que le Roy avoit nommé
Don Jofeph Molinés ,
Doyen des Auditeurs de
Rote , à l'Archevéché de
Saragoffe ; Don Franciſco
de Solis , Evefque de Lerida,
& cy devant Vice Roy
d'Arragon par interim ,
Evéché de Siguença ; Don
Francifco Julian Cano
Evêque d'Urgel , à l'Evéché
d'Avila ; Don Juan Diaz de
Arce , qui eft à Rome , pour
y eftre Agent General , &
à
IV PARTIE. yy
Don Manuel - Gonçalez de
Arce , Chevalier de l'Ordre
d'Alcantara , pour fervir
dans la Treforerie de la
Arcas Reales.
Celles du 26. de la même
Ville portent que le Roy en
partant de Corella ordonna
de récompenfer liberalement
les proprietaires des
Terres fur lesquelles Sa M.
avoit pris le divertiffment de
la chaffe , pour les indemni
fero dum dommage qu'on
pouroit y avoir caufé ; que
Tous ces particuliers , loin
d'accepter les fommes qu'
E iij
56 MERCURE
on vouloit leur donner les
avoient refufées genereufement
, en difant que c'étoit
la moindre marque de leur
zele pour leur Souverain , en
forte que S. M. avoit eſté
obligée de leur faire dire que
ce feroit luy faire plaiſir de
prendre les fommes qu'elle
avoit ordonnées que le même
jour 26 , toute la Cour
devoit arriver à Alcala de
Henarés , d'où elle devoit
aller paffer plufieurs jours
à Aranjuez , en attendant
que les nouveaux Baſtimens
qu'on faifoit au Palais , fufIV.
PARTIE. 57
ཎྞ
fent achevez ; que Madame
-la Princeffe des Vrfins , qui
étoit arrivée à Madrid depuis
quelques jours , devoit
en repartir le lendemain
pour fe rendre auffi à Aranjuez
, & que le Roy avoit
nommé à l'Archevéché de
Lima dans le Perou , Don
Antonio de Soloaga , Abbé
de Covarruvias , qu'il avoit
nommé cy devant à l'Evéché
de Ceuta ; que les derniers
Lettres qu'on avoit
reçûes de Catalogne portoient
que les deux Armées
occupoient toûjours les mê
18 MERGURE
mes poſtes ; que celle des
Ennemis foufroit beaucoup
étant obligée d'aller fourager
à dix lieues du Camp ;
que depuis que les deux
Armées étoient en prefence
, jufqu'au 8. Octobre ,
il étoit venu plus de deux
mille Deferteurs qui avoient
pris party dans les Troupes
de Sa Majefté Catolique ,
que le Chasteau de Caftel
Leon , fçitué dans la Vallée
d'Aran s'étoit rendu le 3. &
quela Garnifon qui étoit de
cent cinquante hommes
fans y conprendre les Offi
IV.
PARTIE. 59
ciers avoit été faite priſon-..
niere de guerre ; que les
Troupes qui avoient été
employées à ce fiege étoient
en marche pour aller joindre
M de Bracamonte
Maréchal de Camp , qui
avoir été détaché avec deuxmille
hommes pour aller
s'emparer du pofte de Noftre
Dame des Miracles , entre
Solfone & Tora , & où
les Miquelets fe retiroient
fouvent aprés avoir fait
leurs cources ; que le 12. les
deux Armées avoient ceffé
de fe canonner à cauſe des
60 MERCURE
pluyes continuelles , & que
Pratz del Rey , étoit pref
que entierement détruit.
Extrait d'une Lettre du même
Camp , du 16.
Nous occupons toûjours nos
·mêmes poftes , & les Ennemis
les leurs, s'ilsfoufrent beaucoup
par le mauvais temps qu'il fait
depuis plufieurs jours , & par
le manque de fourage , nous ne
foufrons gueres moins qu'eux.
Monfieur de Vendofme , a cependant
fait mettre la plus
grande partie de la Cavalerie
IV . PARTIE. 61
à couvert dans les lieux lesplus
proches du Camp. On travaille
à reparer les cheminspour conduire
l'Artillerie devant Cardonne
& Solfone , qui doivent
eftre attaquez par les Troupes
qui ont fait les Sieges de Venafque
& de Caftel- Leon. Les
Deferteurs qui continuënt de
venir en grand nombre , aßurent
que les Ennemis font obli.
gez d'aller fourager juſqu'à
douze & treife lieues de leur
Camp : nous n'allons pas encore.
fi loin à beaucoup prés. Deux
cens foixante & dix chevaux
des Ennemis ,de Troupes réglées
62
MERCURE
ou
volontaires , nous ayant enlevé
un
Convoy
de deux mil
le
Mulets , de
cinquante Sept
grands
Chariots , de fix- vingt
Charettes , que l'on
conduifort
de
l'Armée à
Lerida , Mon
fieur de
Funbuena , Colonel qui
étoit à
Balaguer , en
ayant cú
avois , enfortit avec cent foixante
chevaux , ayantjoint
les
Ennemis au de - là de Ter
mens , il les défit
entièrement
quatre - vingt furent tuez C
les autres faits
prifonniers ,
parmy lefquels ily avoit un
Colonel, trois
Lieutenants
Colonels qui
furent tous conIV
PARTIE . 63
duits à Balaguer, où le Colonel
est mort de fes bleßures ;
le Convoy a été reconduit
à Lerida. Cette action n'a
couſté qu'un Lieutenant , &
dix Cavaliers tuez ou hießez
& une légere bleffure à Mª de
Funbuena.
Les dernieres nouvelles
qu'on avoit reçûës d'Eftremadure
étoient que l'un des'
partis deſtinez pour empé-3
cher le tranfport des grains
de Caftille en Portugal , avoit
rencontré prés d'Olivença
un Regiment des En64
MERCURE
nemis , qui, quoy que furpérieur
, avoit été attaqué par
ce Patty qui l'avoit entièrement
défait , la plupart des
Soldats & Officiers de ce
Regiment ayant été rucz &
le refte faits prifonniers
; que
l'Armée étoit féparée en
trois Corps qui étoient ap
portée de fe joindre en čas
de befoin ; mais qu'elle de
voit fe fépater bientoft éntierement
, & entrer en quartier
d'Hiver.
Ic
Les Lettres du Royaume
de Valence difoient que
fameux Rebelle , nommé
IV. PARTIE. 65
Alicantino , avoit été pris
& qu'on devoit en faire juf
tice inceffament .
Celles d'Arragon
, que
les habitans de Huefca , des
lieux de fon Territoire ,
de
Santa Oladieta , de Sabaliés,
& d'Apiés , ayant appris
qu'une Troupe de volontaires
avoient fait une cource
dans le voisinage , les a
voient coupez dans leur retraite
, & avoient repris leur
butin aprés en avoir tué un
grand nombre , & fait beaucoup
de prifonniers & que
le Roy pour récompenfer
Novembre
4.
F
66 MERCURE
leur zele , les avoit tous exemprez
de logement de gens
de guerre,
• Nouvelles d'Angleterre
de Hollande
(
Les Lettres de Londres
du 16, Octobre portent
qu'on en avoit reçû de la
Jamayque par lesquelles on
aprenoit que le Capitaine
Littleton , Commandant
une Efcadre de fix Vaiffeaux
de Guerre y étant arrivé
le 22. Juillet cut avis
que Mr du Caffe , étoir du
IV. PARTIE 67
côté de Cartagene , & qu'il
n'avoit que trois Vaiffeaux
de guerre & deux Fregates ,
ce qui le fit réfoudre de
L'aller ateaquer ; que dans ce
deffein il fit voile le 29. &
que le 6. Août il vit terre à
huit ou dix lieues à l'Orient
de Cartagene. Que le même
jour un Vaiffeau qu'il avoit
envoyé à là découverte
fit fignal qu'il voyoit cinq
Vaiffeaux à Boca Chica , qui
eft à l'entrée du Port de Car-
Tagene ; que le 7 au matin il
découvrit quatre Navires à
qui il donna chaffe & le foir
4
4. Fij
68 MERCURE
ilen prit un grand qu'il crût
eftre un Gallion , & une Patache
; qu'il réfolut enfuite de
retourner à la Jamaïque afin
de fortifier fon Eſcadre du
Vaiffeau le Medway , & d'aller
attendre Mr du Caſſe , au
bout Occidental de l'Ile de
Cuba , par où il devoit paffer
pour aller à la Havane ;
mais que l'on n'avoit eû depuis
aucunes nouvelles de m'
de Littleton , & qu'on avoit
feulement apris de la Jamaïque
qu'on n'avoit trouvény
or ny argent dans les deux
Baltum ens pris , ce qui faifoit
Г
IV. PARTIE 69
croire que Mr du Caffe , les
avoit Envoyez pour amufer
ce Capitaine pendant qu'il
prendroit une aurre route
avec les Gallions , and
Celles du 20. difent que
ile Colonel Clayton , aporta
le 16. la Relation de l'entre¹
prife formée fur Quebec
qui portoit en ſubſtance
que la Flotte aprés avoir été
Tetenue plus d'un mois à
Bafton dans la nouvelle Angleterre
, en partit le ro .
Août dernier qu'elle arriva
Je 29. à l'entrée de la grande
viviere de Saint Laurent ou
a
70 MERCURE
elle fut obligée par un vent
de Nordoüeft tres violent ,
de moüller dans la Baye de
Gafpés que le premier Septembre
ils entrerent dans la
riviere où ils avancerent environ
quarente lieuës , aprés
quoy ils fe trouverent incomodez
d'une brume fort
épaiffe & d'un grand vent
d'Eft fad. Eft ; que vers les
huit heures du foir le Cher
valier Hovendon Walker ,
qui commandoit la Flotte ,
fit fignal aux Vaiffeaux de fe
tenir ferrez , & de porter au
Sud , les Pilotes qu'il avoir-
2
IV. PARTIE. 71
pris à Bafton , dont le Gouverneur
luy avoit répondu
de la capacité , ne conniſſant
pas les mouillages ; que quoy
qu'il euft pris cette précau
tion , les Courants ne laif
ferent pas de porter la Flotte
vers la cofte du Nord où elle
donna fur des rochers qui
firent périr deux Vaiffeaux
chargez de provifions , &
huit autres chargez de vinge
fix Compagnies de Troupes
réglées ; que neanmoins il
ne fe perdit aucun Vaiſſeau
de guerre ; que le lendemain
4 la
demeuraau
mês
72 MERCURE
me endroit pour fecourir
ceux qui s'étoient fauvez fur
les débris ; que le 5. on tint
Confeil de Guerre dans lequel
il fut réfolu d'abandonner
l'entrepriſe , parce que
la perte qu'on venoit de
faire en rendoit l'excution
plus difficile, & que d'ailleurs
la faifon étoit fi avancée ,
qu'on avoit tout lieu de
craindre de pareils accidens ,
par le peu de connoiffance
des Pilotes ; qu'ainſi on mit
à la voile pour décendre la
Riviere ; que la Flotte arriva
le 15. à la Baye des Eſpagnols
IV7..
PARTIE 73
gnols , dans l'Ile du Cap
Breton ; que le 19. on tint
un autre Confeil de guerre
pour déliberer fi on artaqueroit
le Fort de Plaisance
dans l'ile de Terre- Neuve ,
fuivant l'ordre qu'on en
avoir en cas que l'entrepriſe
fur Quebec ne réüffit pas ;
mais qu'il fut réfolu de retourner
en Angleterre , parce
qu'on n'avoit pas fuffila ,
ment de vivres .Que d'autres
Lettres écrites par des Officiers,
font monter la perte
quatorze Navires , à prés de
deux mille hommes , &
Novembre 1711 . G 4.
G
1
3
74 MERGURE
difent qu'on étoit en peine
du Colonel Nicholſon , qui
avoit ordre lorfque la Flotte
partit de Bafton de s'avan
cer de la New York avec
J
3000. hommes, ce qu'il pou
roit raffembler de Sauvages
pour attaquer l'Ile de Mont
real fçituée vers le haut de
la Riviere de Saint Laurent ,
parce que la Flotte devant.
luy fournir des vivres , on ne
fçavoit pas comment il auroir
pû fe retirer & réſiſter
aux François & aux Sauvages
leurs amis.
IV.
PARTIE 75
Les Lettres du 30. de la
même Ville , portent que le
Chevalier Hovendon Walker,
étoit arrivé à la Rade de
Sainte Helene prés l'lfle de
Wight avec la Flotte qui étoit
allée en Canada ; que les
Troupes qui étoient deffus
avoient efté diftribuées en
quartier de rafraichiffement
dans les lieux voifins ; que le
26. le feu ayant pris par accident
auVaiffeau l'Edgar de
70. pieces de Canons , fauta
en l'air avec cinq cens hom
mes qui étoient deffus , dont
4. Gij
76 MERCURE
aucun ne ſe ſauva qu'un Matelot
qui étoit dans la Chaloupe
, & trois Officiers qui
avoient mis pied à terre ;
qu'il y avoit fur ce Vaiſſeau
quelques
Habitans
de Portfmouth
qui eurent la même
deftinée
que l'Equipage
.
Que le 24. on publia les
Preliminaires
dont on affuroit
que la France
& l'Angleterre
eftoient
convenus
pour parvenir
à une Paix generale
, qui contiennent
que
Le Roy Tres - Chreftien
reconnoftra
la Reine de la
Grande
- Bretagne
en cette
IV . PARTIE . 77
qualité , & la Succeffion
à
la Couronne
, felon qu'elle
eft à preſent eſtablie ; qu'il
confentira
de bonne foy
qu'on prenne toures les mefures
juftes & raiſonnables
pour empêcher
que les Couronnes
de France & d'Ef
pagne ne foient jamais réünies
en la perfonne
d'un même
Prince ; que l'intention
du Roy eft que tous les Princes
& Etats engagez
dans
cette guerre , fans aucune
exception
trouvent
une fatisfaction
raifonnable
dans
le Traité de Paix , & que le
4. Giij
8 MERCURE
Commerce foit rétably &
maintenu à l'avantage de la
Grande Bretagne, de la Hol
lande & des autres Nations ;
que comme le Roy veut exa
Atement obferver la Paix
quand elle fera concluë , &
que l'objet qu'il fe propofe
eft d'affurer les Frontieres de
fon Royaume fans inquieter
en aucune maniere les Etats
de fes voisins , il promet de
confentir par le Traité qui
fe fera que les Hollandois
foient mis en poffeffion des
Places fortes qui y font fpecifiées,
& qui ferviront à l'aIV.
PARTIE. 79
venir de bariere pour affurer
le repos de la Republique de
Hollande ; que le Roy confent
auffi qu'on forme une
barriere feure & convenable
pour l'Empire & la Maiſon
d'Autriche , que quoyque le
Roy ait dépensé de grandes
fommes pour l'acquifition&
& les fortifications de Dunkerque,
Sa Majefté s'engage
à les faire rafer aprés la con,
clufion de la Paix , moyennant
un équivalent à la fatisfaction
: & comme les Anglois
ne peuvent le fournir,
la difcution en fera remifè
Giiij
80 MERCURE
aux Conferences pour la
Negociation de la Paix , &
que lors que les Conferences
feront commencées on y
examinera à l'amiable & de
bonne foy les pretentions
des Princes & Etats engagez
dans cette Guerre , & on
n'obmettra rien pour les
terminer à la fatisfaction des
Parties. MM42 Duprod
On a appris par les Lettres
de la Haye du 22. Octobre
que fur le bruit qui s'y eſtoir
répandu que la Paix ſe négocioit
en Angleterre avoit
obligé les Etats Generaux à
IV. PARTIE 81
y envoyer M' Buys , Pen
fionnaire
d'Amfterdam
en
qualité d'Envoyé
Extraordi
naire que le 16. il partit
pour aller s'embarquer
fur
un Yacht de l'Etat
que
leComte
de Strafford Ambaffadeur
d'Angleterre
arriva
le 21. à la Haye , &
que le lendemain
matin il
curcune conference
avec le
Penfionnaire
Heinfius .
Celles du 29. portent
qu'-
on ne doutoir plus des Ne
gociations
de la Paix commencées
entre l'Angleter
re & la France ; que comme
81 MERGURE
elle étoit ardemmeut fou
haitée le Publicquen'avoit
point d'autre attention ; que
depuis l'arrivée du Comte
de Strafford , Ambaſſadeur
& Plenipotentiaire d'Angleterre
, il avoit toûjours eu
des Conferences avec le
Penfionnaire Heinfius , &
Lept Députez des Etats Ges
neraux qui s'étoient aufli
extraordinaire affemblez
1
ment pour déliberer fur co
qu'il avoit communiqué.
Celles dus . Novembre
difent que tous les Miniftres
des Puiffances Alliées , leur
IV. PARTIE. 83
avoient dépêché des Courriers
pour les informer de
ces Propofitions Préliminaires
, afin de recevoir leurs
ordres.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Monfieur de Vendofme,
ayant cu avis que trois mille
hommes des meilleures
Troupes de l'Armée du Ge
neral Staremberg , avoient
pris fecrettement la routé
de Tarragone pour quelque
expedition , il envoya aver.
84 MERCURE
tir les Gouverneurs de Tor
tole & de Lerida de fe tenir
fur leurs gardes. En effet , le
General Wezel , à la tefte de
ce détachement , auquel il
avoit joint deux mille cinq
cens Miquelets , arriva le 25.
Octobre avant le jour fur le
glacis de Tortofe fans avoir
efté découvert à cauſe d'un
grand brouillard. Ses Trou
pes furprirent d'abord un
Corps de Garde prés de la
barriere & la demi lune de
Ja Porte du Temple , où il
n'y avoit point de Garde . Ils
voulurent enfuite efcalader
IV. PARTIE. 85
la muraille prés de la Tour
voifine de l'angle flanqué du
Baftion de S. Jean ; mais le
bruit qu'ils firent en pofant
leurs Echelles , les fit décou
vrir. On avertit auffi toft
M'de Glines Commandant
de la Place qui s'y tranfpor
ta avec toute la diligence
poffible. Dés qu'il fut arrivé
il fit tirer cinq coups de ca
non qui eftoient le ſignal
pour faire prendre les armes
à la Garniſon. Dans le même
il fit tirer fur le Rempart
les Echelles que les Entemps
nemis avoient dreffées , par
86 MERCURE
les Soldats de la garde qui
l'avoient fuivi . Les ennemis
ſe voyant découverts le glif
rent entre les ouvrages & la
riviere ; mais la Garniſon &
un grand nombre de Bourgeois
ayant occupé tous les
Poftes , on fit plufieurs dé
charges de canon fur eux
´chargé à cartouche, qui leur
tuérent beaucoup de mon
de. Cependant ils ne fe rebuterent
pas & s'avancerent
aux portes du Temple & de
Saint Jean aufquelles il vou - s
lurent attacher des petards
pour les enfoncer ; mais les
IV. PARTIE. 87
grandes décharges que l'on
fit fur eux les obligerent de
fe retirer en fi grand defordre
qu'ils abandonnerent
quatre cens hommes qui
avoient pris pofte dans la
demi lune de la Porte du
Temple , avec un Lieutenant-
Colonel & plufieurs
autres Officiers ; tout leur
attirail , & huit cent fufils,
Mrs de Bustamante qui étoit
avec deux cens hommes à
deux lieuës de là , accourut
au bruit du canon , lequel
ayant trouvé les Ennemis
qui fe retiroient , les pour88
MERCURE
fuivit , & en prit un grand
nombre. On compte que
cette entrepriſe leur a coûté
prés de quinze cens hommes
tant tuez que prifonniers &
deferteurs qui fe font venus
rendre depuis.
- D'autres Lettres portent
qu'aprés que les Ennemis fe
furent retirez , l'Evêque fit
chanter le Te Deum , & diftribuer
enfuite des rafraîchiffemens
à la Garniſon &
aux Bourgeois qui avoient
pris les armes pour
Te de leur patrie ; que dans le
même temps que les Ennela
deffenIV.
PARTIE. 89 .
mis avoient effayé de furprendre
Tortofe , plufieurs
Vaiffeaux de guerre & pluficurs
Galeres où il y avoit
des Troupes de débarquement
, avoient approché de
Vignaroz à l'embouchure
de l'Ebre , dans le deflein de
s'emparer de cette Ville ou
de brûler les Magafins de
grains qu'on y avoit amaffez
;mais qu'ils avoient efté
pareillement contraints de
fe retirer fans avoir pû exccuter
leur deffein .
Novembre 4. H
90 MERCURE
NOUVELLESA
de divers endroits.mon
De Gironne le 26. Aouft.
Mr le Marquis de Bran
cas , Lieutenant General des
Armées du Roy , Gouver →
neur de Gironne , & Commandeur
de l'Ordre Militai
re de S. Louis , a donné unc
grande Fefte
pour honorer
la memoire de ce Saint , &
pour donner des marques
de fon zele au Roy , à Sa
Majeſté Catholique , & à
TV PARTIE. 91
Monfeigneur
le Prince des
Afturies , qui en porte le
nom .
Le 24 il ordonna aux
Trompettes de la Ville d'avertir
les Habitans d'illumi
ner le foir toutes les fenêtres
de leurs maiſons ; ce qui fut
executé avec toutes les marques
d'un zele des plus ar
dents.
Le 25. jour de la Feſte de
Saint Louis , Mr le Comte
de Fiennes , Lieutenant
ge
neral des Armées
du Roy ,
& Commandant
en chef les
Troupes
fur la Frontiere
,
Hij
72 MERCURE
Chevalier de Saint Louis ;
Mr le Marquis de Caylus ,
& Mr de Rignolet , Maré
chaux de Camp Mr lẹ
Comte de Valoufe , & Mr
le Comte de Parabere , Bri
gadiers ; Mr de Grefigny ,
Lieutenant de Roy de la
Place ; Mr de Reding , Colonel
; Mr du Chayla , Ingenieur
, & Chevalier de Saint
Lodis ; l'Etat Major , & plufieurs
Officiers des Quartiers
voifins , allerent le matin
faire compliment à Mr le
Gouverneur , ainfi que le
Clergé de la Ville , la NoIV.
PARTIE 93
L
bleffe , les Jurats , & les principaux
Bourgeois , & cha
cun luy prefenta un Bouquet.
Toute cette Affemblée
fe rendit enfuite dans une
Paroiffe du Mercadal qui eft
commune aux Religieufes
de Saint Bernard , où l'on
chanta une grande Meffe en
Mufique qui finit par le verfet
Domine falvum fac Re
gém.
L'apréfdinée il y eut un
grand Concert de voix &
d'inftrumens dans la maiſon
de Mr Prats , Gentilhomme
94 MERCURE
diftingué & premier Jurat
de la Ville , où logeoit Mr
le Marquis de Caraffa Scigneur
Napolitain , Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majefté Catholique,
Les Dames, qui estoient ma
gnifiquement parées, furent
placées fur des chaifes & fur
des carreaux à la maniere
Eſpagnole , felon leur rang ,
dans une Salle fort fpacieu
fe illuminée par un grand
nombrede luftres , de girandoles
& de confoles garnies
de bougies.
On y fervit une grande
IV. PARTIE 91
Collation , aprés laquelle on
tirá un beau Feu d'artifice ,
de l'invention de Mr de la
Grange. Ileftoit dreffé dans
la grande Place de la Ville.
C'étoit un Arc de Triomphe
de figure exagonale qui foû
tenoit une efpece de Châ
reau à quatre pans , orné d'un
côté d'Ecuffons aux Armes
de France , & de l'autre d'Ecuffons
des Armés d'Efpagne
, & entouré d'une baluf
trade de Fleuts - de- lys . La
Statuë Equeſtre de S. Louis
qui eftoit au haut , fembloit
détruire par des foudres qui
56 MERCURE
partoient de fa main droite
quatre figures de Maures
qui reprefentoient l'Herefie
, l'Idolatrie , & les Sarrafins
, dont il avoit délivré la
Cité fainte , & les deux cô
tez où il n'y avoit point d'Ecuffons,
étoient garnis d'Emblêmes
à la louange des deux
Rois , & du Gouverneur.
Une triple falve de prés
de cent pieces de canon fut
le fignal de l'execution de ce
Feu , aprés laquelle Mr le
Marquis de Brancas donna
un foupé magnifique.
De
IV. PARTIE. 97
De Bayonne le 24. Octobre.
La Reine Doüairiere d'Ef
pagne ayant fouhaité d'aller
paffer quinze jours au Château
de Bidache appartënant
à Mr le Duc de Grammont ,
choifit Mr de Larretigny
,
Commiffaire Ordonnateur
des Claffes au Département
de Bayonne , pour l'y conduire
, Sa Majefté s'embarqua
le 22. à neuf heures du
matin dans une Chaloupe
du Roy , & arriva à midy
& demy . Elle fut fi fatisfaite
Novembre 4. I
$ MERCURE
de la diligence avec laquelle
Mr de Larretigny l'avoit
fait conduire , qu'elle luy fit
l'honneur de le gratifier d'u
ne tabattiere magnifique.
De Genes le 17.Octobre
.
L'Archiduc débarquaicy
le 12. au matin , mais il ne
voulut point s'y arrefter ,
quoy qu'on luy cuft faic
préparer un Logement : il
refufa auffi les prefens de la
Republique , fous pretexte
qu'elle n'a point voulu le
reconnoître pour Roy d'Ef
DE
LA
VILLE
99 IV. PARTIE
pagne : il monta dans fa Ca
léche à la fortie de la Cha
loupe qui le mit à terre , 8
prit la route de Milan.v
De Milan le 21 Octobre
Depuis le 12. que l'Archiduc
eft arrivé icy plu
fieursSeigneurs y font venus
le falüer , & entr'autres le
Duc d'Ucede qui a quitté le
fervice du Roy Philippe V
& qui cependant n'a pas cfté
reçu par ce nouveau
Maiftre , cavec autant d'agrément
qu'il l'efperoit . Ce
THEQUE
LYON
*
1893
4. Lij
100 MERCURE
Prince mange tous les jours
en public , travaille avec fes
Miniftres aux moyens de
trouver les groffes fommes
dont il a befoin. Le 19 le
Comte de Windiſchrats ,
Envoyé par l'Ambaſſadeur
de l'Archiduc à Francfort
luy aporta la nouvelle de
fon Election à l'Empire.
Le Prince d'Avellino , & le
Marquis de Prié arriverent
le mefme jour de Rome.
On atrend un Deputé de la
Diete Electorale qui aporte
l'Acte de l'Election , & la
Cardinal Legat que le Pape
IV. PARTIE. for
envoye pour complimenter
ce Prince.
De Hambourgle 6 Novembre
Le feu ayant pris à
Altena le 2 , de ce mois , aces
plus de trois cens maiſons
ont efté brulées , ainfi que
le Quartier des Juifs & leur
Synagogue ; on y envoya
d'icy plufieurs Pompes pour
efteindre le feu avec des
Maffons & des Charpentiers;
Mais
telles coupures
que l'on fift dans les baftimens
, on ne put l'empef
4. I iij
ho2 MERCURE
cher de fe
communiquer
des uns aux autres , & cer
incendie ne fut arrefté que
le lendemain
à cinq heures
du foir.
La Ville de Preſtoë ,
fituée présol dés la pointe
Meridionales de l'Ile de
de Zeeland , a efté entiere
ment reduite en cendres .
De Leipfik te 5. Novembre.
Il fit hier une
tempefte
extraordinaires
qu'elle a
renversé
plufieurs
maiſons ,
deraciné & abbatu une
IV . PARTIE. 103
grande
quantité
d'arbres
dans les Forcfts
& ailleurs
ruiné les Jardins
que le Roy
Augufte
avoit fait faire
proche du Château
de
Drefde ; & cette meſme
tempefte
a fait perir un
Yacht magnifique
de l'Elec
teur de Brandebourg
.
#
DeVienne le 2. Novembre.
La mortalité parmy le
beftail dans l'Autriche &
dans la Hongrie eft incroyable.
Pour peu que cela
dure l'on fera contraint
4. I iiij
104 MERCURE
d'y vivre fans viande , fan
beurre , fans fromage , &
fans laitage ; & comme le
labour des Terres fe fait
en ces Pays là prefque uniquement
avec des Boeufs , il
y a beaucoup de Terres qui
y resteront on friche. Cette
maladie qui a d'abord regné
dans la Tranfylvanie , n'y a
prefque laiffé ni Boeufs , ni
Vaches ni Moutons
De Rome le 24.
8
Octobre
-95On reçut la femaine
derniere plufieurs Lettres
IV. PARTIE. 105
de Ferrare , portant que la
mortalité du beftail augmentoit
confiderablement
dans le Veronois , le Vicen
tin , & le Padouan , ce qui
faifoit aprehender la conta
gion. Ces lettres ayant eſté
lues dans la Congregation
de la Confulte , il as efté
ordonné de prendre toutes
les mefures neceffaires pour
empécher qu'il n'entraſt
dans l'Etat Ecclefiaftique
aucuns beftiaux venant de
ces Pays là , & on a recommandé
au Cardinal Imperiale
qui va à Milan de ne
है
TOG MERCURE
paffer par aucun des endroits
qui font infectez de cette
maladie.
MORTS.
Jacques de Savonieres
Chevalier de l'Ordre de
Saint Louis & Capitaine du
Port de Marfeille , y mourut
lesti . Septembre . Il avoit
efté pendant 47. ans Of
ficier des Galleres , dont
il étoit devenu premier
Capitaine.
Maric Hyacinthe , néc
Princelle de Ligne , & du
Saint Empire Romain ;
mourut le premier Octobre

IV. PARTIE. 107
âgée de 17. ans. Elle étoit
fille de Mr le Marquis de
Moi , ci devant Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes
Ecoffois , Commandant la
Gendarmerie de France ,
& d'Anne Catherine de
Broglia.
Louis de Vilevant , qui .
avoit efté reçu Confeiller au
Parlement , en 1653. puis
Maitre des Requeftes en
1671 mourut le 29. Octobre
âgé de 80 ans ."
Antoine de Lux ; Comte
de Vantelet , Gentilhomme
Ordinaire du Roy mourut
108 MERCURE
le 4. Movembre âgé de plus
de 80 ans.
Just
Catherine
Vincent
veuve
d'Antoine
Guyer
Maiſtre
des Compres
, mourut
auffi
le 4.
Novembre âgée de
80 ans .
Michelle Chanlatre épouſe
de Jacques Pallu ,
Confeiller Honoraire au
Grand Confeil , mourut le
le 7. Novembre.
·
Henry Felix de Taffy
Evefque de Châlons fur Sône
, y mourut le 11. Novembre
âgé de 72. ans ,
Jean - Leonard Secouffe
IV. PARTIE. 109
Confeiller
-
Secretaire du
Roy , & Avocat au Parlement
de Paris , mourut le
16. Novembre âgé de 52 .
ans huit mois , avec une profonde
pacité . Il avoit plufieurs
talens qui ne fe rencontrent
pas toujours dans
la même perfonne
. Il par
loit en public & parloit
bien . Le ton de fa voix qu'il
fçavoir varier en vray Orateur
,fuivant les chofes qu'il
avoit à dire ; fa netteté &
fon érudition luy attiroient
fans féduire l'attention de
tout le monde. Hors du Bar110
MERCURE
reau , c'eftoit un guide fût
par les confeils . Il eftoit celuy
de S A. S. Madame la
Princeffe Douairiere de Condé
; de celuy de la Maifon de
Conry & de celle du Maine,
Mais il fçavoit fe partager
entre- cux & le public. Il ne
refufoit aux pauvres ny fon
temps ny des fecours qu'il
prenoit fur fon neceffaire.
En 1709. il vendit ſon caroffe
& leur en fit diftribuer
les deniers par Mr Secouffe
fon frere, Curé de S. Euſtache.
Jofeph François Petit de
IV . PARTIE . 111
Ville - neuve , qui avoit cfté
reçu Confeiller Clerc au
Parlement le 4. Janvier
1702. mourut le 22. Novembre..
Monfieur de Brom Ficubet
, eft auffi mort.
BENEFICES.
Le 31. Octobre , le Roy
donna l'Abbaye de Marbarck
en Alface , Ordre de
de Saint Auguſtin , Diocefe
de Bafle , au Pere Preift..
Celle de Noftre Dame de
la Protection , Ordre de
Saint Benoit , Diocefe, de
112 MERCURE
Couſtances ,, à Madame de
Saint Pierte.ukondu kü
Celle de Montigny,
Ordre de Saint Francois ,
Diocefe de Belançon , à Me
du Tillerer, libns sug
3. Er celle de Saint Aufone
d'Angoulefme , Ordre de S.
Benoift,à Me d'Orleans Rothelin
, fur la prefentation
de Monfeigneur le Duc de
Berry.
Rentrée du Parlement.
L'ouverture des Audiances
du Parlement a efté faite
par Mr le Preſident de Mefmcs.
Mr Chauvelin Avocat
IV. PARTIE. 113
General fit un tres , beau
Difcours fur l'Amour propre
, & fit Véloge de feu Mr
Secouffe , celebre Avocat.
Mr le Preſident de Mefmes
prit enfuite la parole . Le
jour des Mercuriales CC
même Prefident fit auffi un
Difcours à Meffieurs du
Parlement. Mr le Procureur
General parla fur la fermeté
du Juge , & fit les Eloges
de feu Mr le Pelletier le Miniftre
, de feu Mr Molé , de
feu Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le
Dauphin fon fils . Ty
Novembre 1711. 4. ĶK
14 MERCURE
De Madrid le 9. Novembre
On fait jcy de grands
preparatifs pour la reception
de leurs Majeſtez Catholiques
: les Rejoüjflances
feront d'autant plus grandes
, qu'on a des affurances
certaines que la Reine elt
groffe de trois mois. On
travaille à la conſtruction
de quatre Chateaux de Fruž
d'Artifice , devant le Palais
& devant l'Hotel de Ville
& les Orphevres commen .
cent à établir dans la ruë
de la Plateria , ce qu'ils ont.
de plus precieux en Argent
IV. PARTIE. s
teric & en Pierreries,
Le Roy a nommé trois
Plenipotentiaires
pour affifter
aux Negociations
de la
Paix.
Les Gallions font arrivez
heureufement ; de '
De Londres le 10. Novembre .
Le Comte de Gallatfch ,
Envoyé de la Cour de
Vienne a eu ordre de ala
Reine Anne de fortir incef,
famment d'Angleterre , fa
conduite étant fufpecte ;
cet ordre luy a ofté fignifié
par le Chevalier Cotterel
Maistre des Ceremonies ,
1
4. Kij
116 MERCURE
2
aprés avoir cité averty par
le Comte de Darmouth de
ne fe prefenter plus devant
la Reine , us
De Paris le 28. Novembre.
Un Courier dépêché par
par Mr de Vendofme , à
raporté que le Duc d'Argyle
avoit reçu ordre de la Reine
Anne de mettre en quartier
les Troupes Angloifes &
celles qui font à la folde de
la Couronne d'Angleterre ,
& de n'agir offenfivement
ni deffenfivement.soushqy
Les bruits que les écrangers
avoient fait repandre
IV. PARTIE. 17
le Roy
avoit
envoyé
des mordres
dans
tous
les
que
Ports de France de n'en
laiffer fortir qu'aprés la
conclufion de la Paix , aucuns
Vaiffeaux Anglois qui
y feroient venus avec paffe
port de Sa Majeſté ,
quant mefme ils feroient
chargez
fondement au contraire
Sa Majesté a renouvellé
fes ordres dans tous les
Ports pour donner aux
Vaiffeaux Anglois toute
Paffurance
& la protection
poffible.
n'avoit aucun
118 MERCURE
De Versailles le 27.
Novembre ting
Il cft arrivé ce matin un
Courier du Comte de Stra
fort , qui a raporté que les
Etats Generaux avoient en
voyé des Paffeports : à la
Reine Anne pour nos 1
Plenipotentiares , & qu'ils
luy laiffoient le choix du
lieu pour les Conferences.
Le Roy a nommé. Mrs
l'Abbé de Pomponne Confeiller
d'Etat d'Eglife à la
place de feu Mr l'Archevel
que de Reims.
IV.
PARTIE 119
-
De Paris le 30. Novembre.
Il y a eu plufieurs actions
entres les Armées dé Catalogne
au defavantage des
Eninėmis . On en donnera
le détail le mois prochain ,
ainfi que de toutes les autres
nouvelles importantes ,
a T A BL
I Parties Litterature ,
Recettepour faire le Chocolat ,
Academies,
6
ballo da usillaume28
Partie. Amuſemens.
Hiftoire toute veritable,
Queſtions , Réponſes Bouts
rimez , Enigmes, prefence d'efr
prit d'une jeune Fille , Chan-
77.& fuivantes,
Son,
TABLE.
III Partic. Pieces fugitives.
Piece nouvelle ,
Stances
>
Lettre à Madame P....
Réponse à une Dame
Autre ,
IV Partie. Nouvelles.
I
16
37
45
55
Nouvelles du Nord & d'Allemagne
,
Nouvelles d'Espagne ,
Nouvelles d'Angleterre& d'Hollande
,
1
37
66
83
Suite des Nouvelles d'Espagne ,
Nouvelles de divers endroits, 90
Morts ,
Benefices ,
Rentrée du Parlement ,
2106
III
112
Dernieres Nouvelles de divers
endroits 114
CATALOGUE
DES LIVRES NOUVEAUX ,
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necnon Leidradi & Amulonis Archiepifcoporum
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difciplinis & Religione chriftiana , & c. cum
Notis , in 8 ° , 4 liv .
Salviani Maffilienfis , & Vincentii Lirinenfis Opera,
cum Notis uberioribus , in 8 ° , tertia edit. liv.
Vita Petri Caftellani , Magni Francia Eleemofynarii
, à Petro Gallandio fcripta , cum Notis ,
in
1 liv.10 f.
Mifcellaneorum Libri quinque , hoc eft , Collectio
veterum Monumentorum , in 8º val. If liv.
Les volumes fe vendent feparément 3 liv.
د ر
Ouvrages de feu Mre ARMAND LE BOUTHILLIER
DE RANCE' , Abbé de la Trappe.
De la Sainteté & des devoirs de la vie Monaftique
, avec les éclairciffemens fur les diffi-
A ij
4
cultez furvenues au fujet de ce Livre ,
4 ° , 3 vol .
Les mêmes in 12. 3 vol .
in
I liv . 10 f.
17 liv.
8 liv.
Les Eclairciffemens
,in 4 * , feparément
, 6 l .
Les mêmes
in 12. feparément
, 2 liv. 10 f.
Cinq Chapitres
tirez du Livre
de la Vie Monaftique
; fçavoir
, de l'amour
de Dieu
, de la
Priere
, de la Mort
, des Jugemens
de Dieu
,
& de la Componction
, in 12.
1 liv.
Difcours
de la pureté
d'Intention
, & des moyens
pour
y arriver
, in 12 . Carte
de la Vifite
de M. l'Abbé
de la Trape
å
l'Abbaye
des Clairets
, avec une Inſtruction
fur la mort
de Dom
Muce
, in 12.
1 liv .
Inftructions
de faint Dorothée
, Pere de l'Eglife
Creque
, traduites
du Grec
en François
,
avec la Vie de ce faint
Pere , in 8 °. 2 l: 5 f.
Inftructions
fur les principaux
fujets
de la Pieté
& de la Morale
Chretienne
, in 12. 1 1. 10 f.
Lettres
de Pieté
choifies
& écrites
à differentes perfonnes
, in 12 , 2 vol .
4 liv .
Meditations
fur la Regle
de faint Benoît
, troifiéme
édition
, augmentée
de la veritable
preparation
à la mort
in 12 .
2 liv.
De la veritable
preparation
à la mort
, in 12.
feparément
,
1 liv.
Réponses
au Traité
des Etudes
Monaftiques
de
Dom
Jean Mabillon
, in 4° ,
6 liv.
Le Texte
de la Regle
de S. Benoît
,trad.in
12. 11.
La Regle
de faint Benoît
, traduite
& expliquée
felon
fon veritable
efprit
, in 4 , 2 vol . 12 1.
La même
in 12. 2 vol.
,
s liv.
Reflexions
morales
fur les quatres
Evangiles
in 12. 4 vol. 7 liv . 4 f.
Reglemens generaux de l'Abbaye de la Trappe,
in 12. 2 vol .
3 liv. 12 f.
Relation de la mort de Dom Abraham BeuJ
8f. gnier , in 12. brochure ,
Relation de quelques circonftances de la mort
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. brochu
re ,
8 f.
Traité abregé des Obligations des Chrétiens ,
in 12 .
I liv. 16 f.
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous - Prieur de l'Abbaye
de la Trappe.
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° , 2.
vol.
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux

>
7 liv. 12 f.
ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9 vol . 16 liv . 4 f.
1
De Noffeigneurs du Clergé de France.
Procés verbal de l'Affembléé de 1690. fol . 6 I.
De l'Affemblée de 1693. & 16 95. fol. 10 l.
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6. I.
Relation des Affemblées de MM. les Prelats ,
pour la condamnation du Livre de M. l'Archevêque
de Cambray , in 4º ,
4 liv.
Recueil concernant l'établiffement de deux Se
minaires dans le Diocefe de Reims ,in 4 , 61. M
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2 vol . 30 liv.
Le Tome fecond feparement , Is liv.
Du R. P. A MELOTTE
, de l'Oratoire
.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulga
te , ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4 › 2 vol.
Le même in 18 .
12 liv.
I liv.
Du R. P. HARDOUIN , de la Compagnie
de Jesus.
Antirrheticus de nummis antiquis Coloniarum
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in 4º , 3 - I ,
Sancti Joannis Chryfoftomi Epiftola ad Cafarium
Monachum , Gr. & Lat. cum Joannis Harduini
Notis, Dißertatione de Sacramento Altaris ,
in
De differens Auteurs.
,
in 12.
4 liv.
Compendium InftitutionumJuftiniani , feu compen
diofa earum tractatio I liv.
Coeur affectif de faint François de Sales , tiré
de ce qu'il y a de plus touchant dans fes
Ecrits , pour la confolation des ames devotes
, par M. Gambard , in 12. I liv. 12 -f.
Diurnale Ciftercienfe , ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin ,
31.
Difcours de faint Bernard , compofez à la prière
de fa focur la Religieufe , où font contenus
tous les principaux points du Chriftianifme
nouvelle traduction , in 16.
i liv . 10 f.
Exercice Journalier , à l'ufage des Religieufes
de la Congregation de N. D. in 16. I liv .
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe ,
par Meffire François de Harlay , Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu
M. l'Archevêque de Paris , in 12.
1 liv.
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre ,
in 12. 15 vol . 45 liv.
Les volumes fe vendent feparément , 3 1.
Reglement pour le Regiment des Gardes , in
I liv
Prieres Chrétiennes recueillies par ordre de
feu M. l'Archevêque de Paris , en Latin & en
François avec une Inftruction pour la Confeffion
& Communion , & une Conduite pour
bien gagner le Jubilé , in 12. troifiéme édition
, I liv.
Tradition de l'Eglife fur le Silence Chrétien &
12.
7
Monaftique , contre l'intemperance de la langue
, & les paroles inutiles en general , & en
particulier contre la trop grande frequentation
des Parloirs des Religieufes , par M.
Hermant , in 12 . I liv . 16 f.
Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 . I liv. 10 f
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Joly ,
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris
in 12.
>
2 liv.
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religieufe
de la Vifitation, morte en 1694. in 12. 1 1. 10 L.
De l'ufage de celebrer le Service Divin , en langue
non vulgaire , par le R. P. Caponnel , Chanoine Regulier , in 12. liv.sf.
Imitation de Jefus- Chrift en vers , avec figu- res, par M. de Corneille, Bruxelles. in 8 °, 4 I.
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaolo ,
in 4 ,
8 liv .
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , fol.
2 vol. 18 liv .
Les mêmes , in 4” , 6 vol. 36 liv.
L'art de Tourner ou de faire en perfection
routes fortes d'ouvrages au Tour : ouvrage
tres-curieux & tres- neceffaire à ceux qui s'exercent
au Tour , fol . Latin & Fr. Is liv.
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon , par
M. de la Foffe , feconde édition , augmentée
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'autre
d'Horace , in 12.
Nouvelle Grammaire Efpagnole , par M. Perger
, in 12.
marques , in 12. 2 vol.
2 liv. 10 f.
2 liv . 5 Lo
Nouvelle Traduction de Juftin , avec des Re-
Conquête du Mexique , in 12. 2 vol.
3 liv . 10 f.
s liv. Conquête du Perou , in 12. 2 vol . 4 liv . 10 f.
Voyage d'Alep à Jerufalem , in 12 . a liv.
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoife du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Ortographe
, I liv .
1༠ ..
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
in 12 .
Novum Teftamentum Gracum , in 18 .
L'efprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2
Le Comte de Cardone , in 12.
2 liv . 10 f.
1 liv. 16 f.
vol.3 1.10 f.
1 liv . 16 f.
Les Avantures Galantes du Chevalier de Themicourt
, par Madame D... in 12. 1 l . 16 f.
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere
in 12 .
2. liv.
Avantures galantes de France & d'Eſpagne
in 12 . 2 liv.
Traduction nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 .
2 liv .
6 liv.

1 liv . 10 f.
Biblia facra , in 4" ,
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
Effais de litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Effais , in 12.
4 vol. 8 liv.
Le Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions
Nouvelles , in 12 .
Les Campagnes du Roy de Suede
vol.
I liv. 10 f.
in 12 .
6 liv.
3
2 liv .
La Vie de M. de Moliere , in 12 .
Traité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamation , la Lecture & l'Action pu
blique , in 12 . 1 liv. 10 f.
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Pais , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
habitant de ce Païs-là , in 12. enrichie de fi-.
-
gures
9
12.
,
2 liv. f.
ر ت
Agures en taille-douce ,
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui enfeigne
les devoirs du Maître d'Hôtel & du
Sommelier la maniere de faire les Confitures
feches & liquides , les Liqueurs , les
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des pâtes , des
Liqueurs nouvelles & des nouveaux Ragoûts
qu'on fert aujourd'hui : Avec des modeles
pour dreffer les Services de Table , in
2 liv . s f.
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Queftions
& Réponſes familietes , tirées de differens
Auteurs ; divifé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament, par le R. P.
Guerard , de la Congregation de fapt Maur,
feconde édition , in 12.
Les Delices de l'Italic , contenant une défcri-
2 liy.
ption exacte du Païs , des principales Villes,
de toutes les Antiquitez , & de toutes les Raretez
qui s'y trouvent ; ouvrage enrichi d'un
tres-grand nombre de figures en taille douce ,
in 12. 4 vol .
3
12 liv.
Traité des Jardinages , par M. de la Quintinie,
in 4º , 2 vol.
Le Prince Grec , in 12 .
12 liv.
2 liv.
Hiftoire de D. Quixotte , in 12. s vol. 12 1. 10 f
Les Fables de la Fontaine , in 12 .
La Princeffe de Cleves , in 12 .
vol. 10 liv.
2 liv. 10 f.
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. ro ſ.
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in 12.
2 vol.
Les Oeuvres de S. Evremond , in 12.5 vol . 10 1.
s liv.
Juvenal, de la traduction du P. Tarteron , in
12.
Zayde , in 12, 2 vol,
2 liy . to f
4. liy,
ΤΟ
Style du Confeil , par M. Gauret , in 4 , 5 liv.
Code de la Marine , in 4 ° , 3 liv.
Traité hiftorique des Monnoyes de France , par
M. le Blanc. in 4. "
>
9 liv.
2 liv .
Dialogues entre le Diable Boiteux & le Diable
Borgne , par M. le Noble , in 12.
Traité de la Parole in 12. brochure , 8 f.
Lucien d'Ablancourt , nouvelle édition , augmentée
de Notes , in 12. 3 vol . 6 liv.
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & Urbibus Jure
Latio donatis , ex omni modulo percußa , autore
Joanne Foy-Vaillant , in fol . 2 vol. 36 liv.
L'Hiftoire reduite à fes principes , dediée à
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , în 12 .
2 vol. 3 liv. 10 f.
Contess Fées , ou les Chevaliers Errans , &
le Genie Familier , par M. D ... in 12. 11. 15 f.
D. Guzman d'Alfarache , in 12. 3 vol. 7 l . 10 f.
Traduction en vers François des Epigrammes
d'Ovven , in 12 . 1 liv . 10 f.
Les Amours de Pfiché , in 12 .
La Mufe Moufquetaire , in 12 .
Virgile , de Martignac , in 12.3 vol.
2 liv .
2 liv .
6 liv.
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol.´ 4`l . 10 f.
L'Ambiguë d'Auteuil , ou varietez hiftoriques ,
compofées du Joueur , du Nouvelifte , du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
, du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 . I liv . s . f.
Les Avantures d'Appollonius de Tyr , livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ftyle
que Telemaque , par M. le B ... in 12 . 2 liv .
Le Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
II
"
tian , in 12 . 2 liv. s. f.
Abregé de Geographie , & de tout ce qu'il y
a de plus remarquable dans chacune des quatre
grandes parties de la Terre , particulièrement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
avec les routes des Poftes de France & d'Efpagne
, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes , par M. Poncein , in 12. 1 liv . 5 f.
Hiftoire fecretede Bourgogne , in 12. 2 vol . 3 l .
Vafconiana , ou Recueil des bons mots , des penfées
les plus plaifantes , & des rencontres les
plus vives des Gafcons , feconde édition , augmentée
, in 12. z liv . s f
Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par M.
Durier , derniere édition , in 12. 3 vol. liv.
Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Bencerade, imprimées à Bruxelles , in 8 ° , 4 1 .
Les Metamorphofes , ou l'Afne d'or d'Apulée ,
Philofophe Platonicien , avec le Demon de
Socrate , traduction en François
Remarques , in 12. 2 vol. S liv .
Les Fables d'Elope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Quatrains
à la fin de chaque difcours , avec figures.
On a ajoûté à cette nouvelle tradution
les Contes d'Efope , les Fables diverfes
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol . 4 l . 10 f.
Les Memoires de la Vie du Comte D... avant fa
retraite , contenant diverfes avantures qui
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui ont à
vivre dans le grand monde ; redigez par M. de
S, Evremont , in 12. 2 vol .
L
> avec des
4 liv . 10 f.
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Comte
de Buffy , in 12. 3 vol. 7 liv . 10 f
Bij
1
12
Io .
Idem , Ses Lettres , nouv . édit . in 12. 4 vol. 8 Į.
Les Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D.... enrichies de figures en tailledouce
, divifées en 4 vol . in 12 .
Quinte- Curce , de la traduct. de M. de Vaugelas,
avec le Latin à côté , 2 vol . in 12. 4 1.1of.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques , de M.
Dacier, troifiéme édition , revûë , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur ,
in 12. to vol. 20 liv Hiftoire
de France, P. Marcelle
, in 12. 4 vol.8 1 .
Lexicon Buxtorfi
, in 8 °, > •
4 liv. 10.f.
Idem Lexicon Paforis , Greco- Lat. in 8°; 4 1. 10 f.
Corpus Juris Canonici , à Petro Pithoxo , cum appendice
Juris Canonici, continens Librum feptimum
Decretalium, & Fo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol. 2 vol. 20 liv.
Les Oeuvres de Maître Guy Coquille , Sieur de
1 Romaney , 1703. 2 vol.
13 liv
Recueil
de bons
mots
des Anciens
& des
Mỏ- dernes , in 12.
Corneille , in 12. 10 vol.
THEATRÉ DE MESSIEURS
2 liv.
20 liv.
Racine , 2 vol. 6 liv .
Campiftron , nouv . éd. augmentée d'une Tragedie
& d'une Comedie , & ornée de figures , 41.
De la Foffe , avec fes Poëfies , 2 vol . S liv.
Legrand
Crébillon ,
Pradon ,
>
2 liv . 10 f.
3 liv. 10 f.
f.
3 liv.
De
la Grange
,
2 liv . $10
Moliere
, 8 vol . nouvelle
édition
, augmentée
de fa Vie
, avec
de nouvelles
Remarques
, 15.
l.
Dancourt
, 7 vol. nouvelle
édition
, augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions precedentes, avec
#gures & Mufique ;
Regnard , 2 vol .
Poiffon , 2 vol .
De Hauteroche ,
24liva
¹s live
3 liv
2 liv . 10 f
Palaprat , 2. éd. augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore efté imprimées , &
d'un Recücil de Pieces en Vers, 2 vol . 4 I. 10f
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Bpindin ,
De Champ- mêlé ,
"
De Montfcury , 2 vol.
Bourfault , 2 vol .
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut >
Theatre François , vol.
Idomenée ,
Aftrée ,
3 liv
liv. 10 f
2 liva
liva 2.
aliva
's liva
liva
a liv. 10 f
2 liv. 10 fo
as liva
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobie ,
Cyrus ,
Les Tyndarydes ,
Saül ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe
Mustapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberinus ,
Le Curieux Impertinent ,
Les Agioteurs ,
L'Amour Charlatan
Le Naufrage ,
· Danaé ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le Jaloux défabuſe
Tragedies
Comedies
14
Les Airs notez des Comedies Françoiſes , par
M. Gillier , in 4 °,
Cantates & Arietes de M. le B. fol .
Le quatriéme Livre des Moters de
pra ,
Le Mercure Galant ,
Et broché ,
7 liv.
liv. 10 f.
M. Cams
liv.
11. 10 f.
I l . 5f.
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A. S
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs
Effais de Poëfies diverſes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol. in 12. 1 1. 10 f.
Et toutes les autres Pieces de Theatre , tant
sanciennes que nouvelles,
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le