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<36616463140019
<36616463140019
Bayer. Staatsbibliothek
MERCURE
GALANT.
MV
UNI
NIN
A PARIS ,
M. DCCXI.
Avec
Privilege du Roy.
GALANT
.
Par le Sieur Du F *:
Mois
de Decembre
1710.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25.fols , brochez
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins .
GILLES LAMISLE, à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
MERCURE
GALAN T.
JANVIER 1711 .
L
E Mercure eft la
bafe de toute perfection
Philofophique
,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait ; j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
A ij
4 MERCURE
plus grands Autheurs
cette vertu brillante &
folide , qui charme également
les Philofophes
& le vulgaire
.
Enfin par un heureux
travail je fuis devenu
maiftre & poffeffeur de
l'efprit univerfel .
Ce n'eſt pas moy qui
parle au moins , c'eft Remon-
Lulle, & il ne s'agit
pas icy du Mercure Galant
; il s'agit du Mercure
des Alchymiftes , &
GALANT.
S
je cite ce
paffage à propos
d'un petit Livrehouveau
que je vous annonce
.
Ce Livrequi a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimiftes fur
la Pierre
Philofophale ,
prouve par de bonnes
raifons que la Pierre Philofophale
eft impoffible ;
d'autres
Livres
prouveront
le contraire par des
raifons qui feront peuteftre
auffi bonnes ; mais
A iij
6 MERCURE
tous ces Livres enſemble
ne prouveront
jamais
parfaitement
que l'ignorance
de l'homme furles:
fecrets de la nature , c'eft
cette ignorance dont j'ay
ma bonne part , qui fufpend
mon jugement fur
la Pierre Philofophale.
Je vous expoſerai ſeulement
quelques endroits
d'un manufcrit qui la def
fend : ce manufcrit qu'on
m'a envoyé n'eft pas d'un
Sçavant ; mais cette miaGALANT.
7
tiere eft devenue à la mode
par les nouvelles experiences
que nous en
voyons , & il eft permis
aux femmes mêmes de
parler du Magiftere
d'Hermes , de la Quinteffence
harmonique , du
Miftere des Sages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuſcrit ,
Oncherche depuis longtemps
le
Mouvement perpetuel
& la Pierre Philofophale
, & on traite éga-
A iiij
8.
MERCURE
lement de vifionnaires ceux
qui fe vantent d'en avoir
fait la découverte ; à l'égard
du mouvement perpetuel ,
l'impoffibilité en eft démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent ,
mais la demonſtration n'a
pû mordre encore fur la
Pierre Philofophale , nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre ; ainfi ceux qui en
font enteftez n'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent .
Ecoutons à prefent l'Auteur
du Livre nouveau .
GALANT .
12 La perfection d'une chofefe
connoiftpar la ceffation du mouwement
qui en faifoit la nutrition
on l'augmentation . Cela
paroift dans les vegetaux :
quand le grain de bled eft mûr,
le mouvement cesse de luy pora
ter la nourriture.
tenn
Tantqu'une chofe
vement elle n'est que dans la
voye de fa perfection ; car le
mouvement est un moyen qui
conduit à une fin qui eft le repos.
L'animal même arrivé à un
certain temps ne paffe pas ontre
,fa grandeur ,fa force, &
10 MERCURE
erfinfa vie font bornées .
Quant il eft parvenu à cet
eftat de confiftance , il eft comme
en repos ; je veux dire que
la nature ne faitplus que repa-.
rer autant qu'elle peut les pertes
qu'ilfait tous les jours . D'où
vient
que
l'Animal qui dans
l'état de confiftance
a tout ce
qu'il faut pour faire une parfaite
digeftion, c'est à dire qui
eft capable de recevoir plus de
nourriture
& d'accroiffement
,
n'en reçoit qu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir
dans cet
eftat ,fans augmentation
? C'eſt
terme preferit par l'Auteur le
GALANT. 11
de la Nature , qui a voulu
borner nos jours ; C'elt , pour
parler avec les Alchimistes , la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux dans les vege- ;
taux la Nature borne &
fixe leur mouvement à un certain
eftat deperfection au de- là
duquel ils ne vont point.
د
D'où vient donc
que
cette
nature , qu'on dit eftre unique
en tour , ne garde pas la même
regle dans les Métaux ?
Voici un endroit du ma
nufcrit qui répond à peu
prés à cette question .
12 MERGURE
Nous ne conoiffons que
tres - imparfaitement
les regles
de la nature , s'il y en a
quelqu'une dont on puiffe.
cftre fûr , c'est que la nature
eft variée à l'infini , même
dans les Ouvrages qui
nous paroiffent les plus femblables.
Toutes ces propofitions ,
la nature n'a qu'ın bu. Elle
agit toujours par les mêmes
voies. La nature eft une ; ce
font autant de Sophifmes
que les Alchimiftes & ceux
qui les combatent peuvent
GALANT.
13
expliquer chacun felon fon
filtême.
Les Animaux & les Vege
faux ( dit l'Auteur du Livre )
neproduifent que leurfemblable
.... Les graines les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
eftre engendrez &c...... leur
-production n'eft réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'efprit qui le penetre
, le dilate & le difpofe à
recevoir l'aliment propre qui fe
change en la fubftance , & en
augmente toutes les parties
14 MERGURE
dans toutes leurs dimenſions.
Tout cela eft vrai ,l'Auteur
conclut de là qu'on
ne pourroit produire un
metal , queparlesfemences
de ce metal. Il a peut-
&
que
l'or
eftre raiſon , &
eftant un tout homogene,
ne peut contenir defemences
propres à fire developées.
C'est ce que je ne
fçai point , mais mon manufcrit
dit que toute la
nature n'eſt compoſée
que de petites femences
GALANT is
propres à eftre animées ,
que fçait- on files Parties
qui compofent le Mercu
rene font point autant
de petits Animaux , & fi
cet efprit univerfel que
cherchent lesAlchimistes
n'eſt point compoſé d'autres
Animaux infiniment
petits , qui font propres
à accrocher enfemble , &
à fixer ceux dont le Mercure
eft compofé ; les
plus grands Philofophes
ont eu des opinions auſſi
16 MERCURE
vifionnaires que celles - là ;
ils ont découvert auffi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philofophie n'eft qu'un
compofé de veritez & de
viſions; ainſi je conſeille à
49
ceux qui n'ont point d'argent
à riſquer de croire la
PierrePhilofophaleimpoffible,&
je confeille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaifir,
de préferer celui-là à d'autres
, puifqu'il peut eftte
a
GALANT. 17
utile en découvrant une
infinité de fecrets , que
les Alchimistes trouvent
chemin faifant , & s'ils ne
trouvent pas cette Quin
teſſence qui a fait vivre
Artefius mille années. Ils
ont trouvé des effences
qui peuvent guerir des
Rhumatiſmes .
C'eſt en cherchant la
PierrePhilofophale qu'on
a trouvé les belles teintures
, & nous avons obligation
aux Alchimistes
B
8 MERCURE
des meflanges qui font les
plus belles couleurs pour
les étoffes & pour les
Dames.
J'ai eu plufieurs converfations
avce Mr le Prefident
de S. Maurice,fur
cette matiere : il eftoit
dans cette incertitude
cenfée , où l'on doit eftre
à l'égard d'une fcience
obfcure , quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette
; il a eu
CALANT. 19
toutes les attentions poffibles
pour n'eftre point
furpris, & il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or, avec une
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'empêcher
de faire attention à
cela , c'eft toûjours un ſecret
curieux,il reſte à ſçavoir
s'il fera utile , & fi les
frais de l'operation n'excederont
pasle profit.
Puifque l'occion s'en
prefente , diſons un mot
Bij
20 MERCURY
de Nicolas Flamel & de
fon Livre Hieroglifique,
dont on voit encore quelques
figures aux Chat
niers S. Innocent ; tout le
monde fçait cela , mais il
faut bien groffirmon Livre
pour ceux qui veulent
de l'épaiffeur.
Nicolas Flamel Ecri
vain & Habitant de Paris
, en 1599. demeurant
rue des Ecrivains , prés
la Chapelle S. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
GALANT Y
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux, dont les feuillets étoient
d'corces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
lui-même , trois foisfept
feuillets , le feptiéme def
quels eftoit toujours fans
écriture , au lieu de la
quelle eftoit peint au premier
feptiéme une Vierge
& des Serpents s'englou
tiẞans , audeuxième fcp.
tiéme une croix où eftoit
ataché un Serpent ,
zz MERCURE
aux autres (eptiéme s'étoient
peints des deferts ,
au milieu defquels couloient
des fontaines , d'où
fortoient plufieurs Serpents.
Au premier des feuillets
écrits eftoit Abraham
Juif , Prince , Preftre
Levite , Aftrologue &
Philofophe à la Nation
des fuifs , par l'ire de
Dieu difperfez aux Gaules
, falut, D. I. après cela
il eftoit plein de maleCALANT
23
'dictions avecce mot mara
natha , contre tous ceux
qui le liroit , s'il n'eftoit
Sacrificateur ; ou Scribe
je crois qu'il venoit des
Juifs qu'on avoitchaffez
de Paris , & c.
lons
Au quatriéme feuillet
eftoit peint unjeune homme
avec des aifles aux taavec
un Caducée
dont ilfrappoit un cafque,
qui lui couvroit la tefte
c'eftoit Mercure ; „ contre
lui venoit courant& vo24
MERGURE
lant à a les ouvertes un
grand Vieillard qui avoit
fur fa tefte une Horloge
attachée , en fes mains
une faulx, dont il vouloit
trancher les pieds à Mercure.
A un autre feuillet étoit
fur le fommet d'une
Montagne , une Plante à
tige bleue , fleurs blanches -
rougesfeuilles luifantes
comme orfin, & des Dragons
& Griffons autour.
A un autre feuillet un
Roy
GALANT 2
RoZierfleuri appuyé contre
un Chêne creux &
une Fontaine d'eau blanchefeprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Roy avec un grand coutelas
, quifaifoit tuerpar
fes Soldats , force petits
enfans , & leurs meres
pleurant, & le fangdes
enfans eftoit ramasse par
d'autres Soldats , & mis
dans un grand Vaiffeau ,
dans lequel le Soleil& la
C
46
MERGURE
Lunefe venoient baigner.
Flamel, dit un autreHif
torien , avoit une jeune
femme nommée Prenelle,
avec qui il s'afligeoit fort
de ne pouvoir trouver le
arai fens des Figures du
Livre , qu'un Medecin
nommé Mr Anfeaume,
commença à lui debrouil
ler.
Flamel entreprit enfuite
un pelerinage , Prenelle
fut tres-affligée de le voir
partir ; mais il lui promit
GALANT 27
de revenir avec le tréfor
des tréfors , ce qui lui fit
Suporter fon abfence patiament.
Sur la route de
fon pelerinage , un Marcrand
de Boulogne luifit
connoiftre un Medecin
Fuif, nomme Canches, qui
acheva de l'inftruire , il.
revint à Paris, oùfachere
Prenelle fut tres -joyeuſe
de le revoir , &
pourtant
fachée , ne le croyant pas
plus riche que quand il
'il eftoit parti; mais enfin
Cij
* MERGURE
#
aprés quelques années de
travail il accomplit
le
grand oeuvre le 17. Janvier
, l'an mil trois cent
quatre - vingt deux enpréfence
de Prenelle fa fem:
me, qui enpenfa mourir
de
joye.
Ce Livre fe vend à Paris
chez DANIEL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du cofté du Marché Neuf,
au Livre Royal.
GALANT. 19
DEVISES
DesFettons qu'on a don
nez a la Couraupremierjour
de l'An,
Ces Devifes ont eſté
compofées par Meffieurs
de l'Academie Royale
des Médailles & Infcriprions
; & l'on y a ajou
té des Explications en
Vers François , fans s'attacher
trop fcrupuleufe
ment au fens litteral.
30 MERCURE
TRESOR ROYAL .
Un ancre de Navire.
Mediis fpes certa
procellis.
Malgré les vents , malgré
l'orage,
L'espoir nous conduit au
rivage.
£.
GALANT. 31
MADAME
La Ducheffe de Bourgogne.
Un Bouquet de Lis &
de Rofes
.
Noyus ex nexu decor.
Superbe lis ! Rofe brillante
,
C'est par votre union que
votre éclat s'augmente.
2
32 MERGURE
L'ORDINAIRE
des Guerres.
Une Troupe de jeunes
MAN
Lions.I MO
Bello lecta cohors.
NOSTRADAMU s .
De fiers Lions ,
Troupe d'élites
Quoyque petite,
g
Tiendra tête àcent legions.
GALANTE . 33
L'EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercules menaçantNef
fus qui enleve Dejaniregado
ach no
Et robur & arma
fuperfunt.
Par tesfuccés tu crois tes
projets infaillibles,
Crains mes derniers efforts,
ce font lesplus terribles.
$4 MERGURE
LES PARTIES
Cafuelles.
Par rapport à la Polette , dont
le payement affure la pof
feffion des Charges.
Un Arc en ciel.
Jubet effe quietos .
Je diffipe l'inquiétude ,
Moins de richelles &
plus de certitude.
GALANT 35
LA MARINE.
Hercules appuyé fur fai
Maffue
Virtus non fracta quiete .
Comme j'agis avec prudence
,
Je repofe avec vigilance s
Le courage
Heros ,
d'un vrai
Eft à l'épreuve du repos..
36- MERGURE
2
LES GALERES.
Des Fleches dans un
Carquois.
Ad juxta
parata...
Peu de force , beaucoup
d'adreſſe,
Commandez , nous irons
au bout de l'Univers ;
Ernousfendrons les eaux
avec plus de viteffe ,
Que la Fleche nefend les
airs.
GALANT 37
LES BATIMENS.
Par rapport à la nouvelle Cha
pelle de Verfailles .
Un Autel chargé d'encens
& d'offrandes précienfes.
Non opibus parcit
pietas.
Quand on a toutreceudes
Dieux ,
Peut - on rien épargner
pour eux.
31 MERCURE
Les deux Devifes fuivantes ne
font point de l'Académie .
LA CHAMBRE
aux Deniers .
Un Soleil au deffus d'un
Parterre defleurs.
Alit virefque miniftrat.
fentretiens , je fortifie
Par moy l'on tient à la
vie.
CALANT. 35
L'ARTILLERIE.
Le Mont Etnajettant
peu deflames.
Condit quos non vomit
ignes.
1
Peude mesfeux ontéclaté
Redoutez ceux queje renferme,
Des Titans & de leur
fierté
Par lepouvoir des Dieux
je fus jadis le terme.
MERGURE
MARINE.
Avis de Prifes.
De Malte.
Le Capitaine Gazagnery
a mené à Malte , une
prife Hollandoife , eftimée
150000. livres.
Du Havre , le 11. Decembre
1710
.
Le fieur de Villers fainte
Croix
GALANT 41
Croix,a pris & mené au
Havre une Fregatte
Hollandoife , eftimée
>
cent mil écus. px
Soubra of
De Calais , le 12, De
cembre 1710.00
Le Capitaine Louver,
a pris un Dogre Hol
landois , nommé le Marfouin
de Zenuxée , de 50
Tonneaux , qu'il a conduit
à Calais.
Le Capitaine y a me-
Ꭰ .
42 MERCURE
né le même jour une pri
fe de Tonneaux , nommée
lePoftillon de Ton--
ningue .
Le 17. du même mois , ›
le Capitaine Cardon , ya
conduit un Dogre, Hollandois
, chargé d'Oran--
ges & de Citrons.
CALANT
43
E&C LOGUE
par
Mr
H**
Dans le temps où nous
fommes une Eglogue amoureuſe
, quelque parfaite
qu'elle foit , n'eft
goutée que de peu de
gens , parce que
l'amour
d'Eglogue n'eft plus en
ufage. Il faut avoir aimé
comme on aimoit du
temps d'Aftrée , pour
bien goûter la délicateffe
Dij
44 MERCURE
des fentimens dont l'Eglogue
de Mr H ** cſt
remplie,comme je la place
icy malgré l'Auteur, il
m'eft permis de la louer
emot auffi malgré lui
On la luc l'autre jour
dans une maifon d'où elle
ne vient , & de quatre
que nous eftions , trois en
furent charmez ; mais un
quatriéme demeura froid
immobile , il ne fourcil
la pas , je ne ſuis touché
que du parfait , dit- il ,
GALANT 45
d'un air grave & dédaigneux
, & je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut infnportable , c'eft
qu'ily a trop d'efprit; uno
femme qui avoit auff
trop d'efprit felon noſtre
Cenfeur , lui répondit
d'un air fimple , il faut
que ce foit un défaut
bien choquant , Monfieur
, que le défaut d'avoir
trop d'efprit ; car
ceux qui n'ont point ce
défaut la font au defef46
MERCURE
poir de le voir aux au
tres.
2
A proprement parler'
il ne peut y avoir rrop
d'eſprit dans les Ouvra➡
ges même les plus fimples
, pourveu qu'il y'
foit fi bien mis en oeu
vre , qu'il n'en ofte ni
la fimplicité , ni le naturel.
}
Le fimple devient
puerile , dés que l'efprit
y paroift affecté , ofter
entierement l'efprit du ,
GALANT 4%
fimple , c'eft faire du
fublime à trop bon mar
ché ; cacher beaucoup
d'efprit dans le fimple ,
c'eſt la difficulté du vrai
Sublime.
Aprés cela , on peut
faire cent chicannes fur
la fignification , & fur
l'étendue du mot d'efprit
, chacun l'explique
felon le fien;mais je crois ,
a propos d'Eglogue ,
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'efprit dans
F
48 MERCURE
il
les fentimens du coeur
& quoi que le coeur feul
doive parler dans un
Dialogue amoureux ,
eft certain que le coeur
d'un Berger de l'Aftrée
doit s'exprimer plus fine--
ment , que celui ďun
Berger de Village.
EGLOGUE
GALANT 49
E
GLOGU E.
Par M ***
Deux
jours
s'eftoient
paffez
fans que le beau
Thamire
Eut ni vû ni cherché la
Bergere Delphire
Non pas qu'au fond du
coeurjustement irrité
Ilpût lafoupçonnerd'une
infidelité,
On eft dans nos Ha-
Janvier 1711 .
E
So
MERCURE
on
meaux infenfible on
fidelle ,
Mais un jour qu'ilfembloit
moins empreſſe
pour elle ,
Delphire épourventée
à la
moindre froideur
,
Voulut, en l'allarmant ralumer
fon ardeur.
Atis , le jeune Atis
Etranger au Village,
La terreur des Amants,
sileftoit moins volage ,
Entre tous nos Bergers
parut le feul objet
GALANT. 51
Qui luy put affurer le fue
cés du projet.
Unjour doncqu'en nos
champs une vivejeur
neffe
Offroit des jeux galants
à la tendre Déeffe ,
Nos deux Amants étoient
l'un prés de l'au
tre affis ,
Delphire prés defoy fçut
attirer Atis.
Elle n'eut pas befoin
d'un grand Art pour
Luy plaire ;
E ij
s2 MERCURE
Il fuffit qu'elle fut moins
diftraite & moins fiere,
Atis , fur ce qu'il voit
croit à peine fes yeux,
Delphire l'entretient d'un
air plus gracieux.
Devenu moins timide il
offre à la Bergere,
Un bouquet qu'il venoit
de cueillirpour Glicere,
Thamire qui le voit n'en
eft point irrité,
Le plaint & rit tout bas
de fa temerité.
Mais quel prodige ! ô
GALANT. 53
Dieux ! quel caprice bi-
Zarre
Delphire luyfourit,prend
les fleurs& s'enpare
Il en faut moins encor
pour fafcherun Berger,
Thamire furieux croit
qu'on veut l'outrager ,
Quitte les jeux & fuis
Fame d'horreur faifie ,
Source de fes ennuis
foeur de la jalousie
Delicatelle
enfant du
plus purdes Amours,
Pourquoy de ce Berger
E iij
$4 MERCURE
troublois - tu les beaux
jours.
Il cherche de nos bois les
plus épaiffes ombres
Nos Forefts à fon gré ne
font pas affez fombres,
Les oifeaux font de trop:
un Berger amoureux ,
N'est jamais affel Seul
quand il eftmalheureux.
Enfin toujours guidépar
fon inquietude,
Et cherchant plus encor
l'ombre & la folitude ,
Son deftin , ou pluftoft le
އ
.
GALANT, 55
ގ
ነገር
op:
X.
ar
cor
Dieu de nos Hameaux,
Amour le conduifitfur le
bord de ces eaux.
Dont le paifible cours amufe
les allarmes ,
·
Des malheureux qui
vont leur confier leurs
lames s
Mais quelle eft fa furprife
; il voit d'un air
ré-veur,
La boulette à fes pieds
fans ruban ny fans
fleur,
Delphire d'une main s'ap
E iiij
56 MERGURE
puyantfurLarive,
Contempler du Ruiffeau
la courfe fugitive :
En vain parcent baifers
toûjours fi bien reçus
Son Chien veut l'amufer
, elle ne le voit
plus :
Que penfoit-elle ? belas !
fon air eftoit trop tendre
,
Elle penfoit à luy, pouvoit-
il fi méprendre ?
Il ne fcait s'il doitfuir ou
GALANT . 57
L
8
s'il doit luy parler :
Il croit que la premiere
elle doit l'appeller:
Il s'avance ; il s'éloigne s
il la cherche ; il l'évite
,
Son coeur au même inf
tant s'attendrit &
s'irrite
Incertain , il voudroit
qu'on le vit le premier
,
Et que Delphire vint
pourſe juſtifier :
Il fait cent & cent fois le
$ 8 MERCURE
tour de la prairie ,
Il craint ce qu'il voudroit
acheter defa vie.
Delphire qui le voit , de
-L'oeilfuit tousfespas,
Feint de ne le point voir,
mais ne l'évite pas ,
Enfin l'Amour triomphe,
& le Berger s'approche
Surfes lévres ilfent expirer
le reproche ,
Doit-il feindre ? doit-il
montrer tout fon cour
roux ?
GALANT S
Sa fierté luy deffend de
paroiftrejaloux,
Quoy Delphire eft icy;
dit-il , je me retire
Je craindrois .
ой
fuis-tu cruel , reprit
Delphire ,
Ab! Dieux pour toy ma
mort a-t-elle tant
d'appas ,
Que fervent
ces détours 5
mon cher Thamire
,
helas !
C'eft feindre trop longtemps
pour mon coeur
60 MERCURE
& le vostre ,
Vous de ne m'aimer plus,
moy d'en aimer un
autres
Pardonnez à mon coeur
l'artifice innocent ,
Dont j'ay cru ranimer
un Amant languißant,
D'un crimefi leger , quelle
affreufe vengeance,
Helas? il m'a couftédeux
jours entiers d'abfence.
Vous feignie , dit Thamire
en avezvous
douté,
GALANT. 61
Cruel , & fuis-je faite à
Pinfidelite?
Jefeignois ...... & c'eft
la ce qui me defefpere ,
De voftre foible Amour
cette preuve eft trop
claire ,
Dit-il , un coeur bien pris
n'eft pas maistre de
Soy,
L'objet de fon amour eutilmanqué
defoy ,
Dût-il.apprehender qu'il
ne devint volage,
Il n'y fait que d'aimer
62 MERCURE
une fois davantage,
Il ne ménage rien , il aime
aveuglement,
Tout eft tranfport en luy,
tout eft emportement.
Vousfeigniez dites-vous ,
ingrate , est-il poſſible !
Grands Dieux pourfeindre
ainfi , qu'il faut
eftrepaisible!
Quoy vous pouviezpenfer
qu'infidelle à fes
feux,.
Mon traiftre coeur ofoit
former de nouveaux
noeuds
GALANT. 63
Et les premiers effets
d'un fifenfible outrage,
N'ont pas efté l'horreur ,
le defefpoir , la rage,
Vous vous eftes bornée à
feindrefeulement,
Delphire eftoit- ce là m'aimer
bien tendrement?
Car ne me dites pas que
cette heureufe adreffe,
Afouvent d'un Amant
ranimé la tendreffe,
Que fouvent un Berger
trop feur defes Amours
64 MERCURE
S'en lafferoit bien - toft
fans cet beureux ſecours.
Je Sçay que ce moyen eft
quelquesfois utile ,
Je çay même , je ſçay
qu'on s'en fert à la
Ville :
Mais un coeur paftoral,
un coeur bien enflamé,
Fuit jufqu'au moyenfür
defe voirplus aimé.
Qand ce moyen n'eftpas
d'eftrefidelle & tendre,
Oùfuis-je, dit Delphire ,
GALANT 65
& que viens-je d'entendre
!
Je triomphe , & mesfoins
ont unfuccés heureux,
Helas ! plus que jamais
Thamire eft amou-
Bereux :
Si des tranfports fi doux
font toute la
ce ,
vengean
MoncherThamire craint
que je ne recommence.
Ils parloient, & l'Amour
les entendit des
weCienx
Janvier1711
. F
66 MERCURE
Quelsfentimens ? dit-il,
je n'aimerois
pas
mieux 37.
NOUVELLES
d'Espagne
.
On a marqué dans les
Relations de la Bataille de
Villa viciofa , que Mr le
Marquis de Thoy , quoy
qu'il cuft efté bleffé à l'attaque
de Brihuega , ne laiſſa
pas de combatre, à la tefte
d'un Efcadron ; mais on n'a
pû rien dire de l'avanture
qui luy arriva , n'en ayant
GALANT. 67
efté informé que depuis
peu.
Il avoit percé jufqu'â la
Batteric des ennemis , lorfque
quatre de leurs Bataillons
& un de leurs Efcadrons
, ayant
efté
jusques
entre
nos deux
Lignes
, fe
retiroient
en bon
ordre
.
Il reconnut
bien
leur Infanterie
; mais
ayant
crû
que
l'Efcadron
ennemi
eftoit
un
des noftres
, il alla fe mettre
à la tefte
, en difant
qu'il
falloit
aller
charger
. Il fut
reçû
à coups
de fabre
, &
enfuite
mené
à la tefte
des
Fij
68 MERCURE
quatre Bataillons qui fe for.
moient en un Bataillon
quarré pour fe retirer
voyant que la Bataille eftoit
perdue- Le Colonel d'un
Regiment Palatin qui avoit
: efté entierement deffait répondit
de Mr de Thoy aux
Officiers qui eftoient prefens.
On le relâcha , & il
vint enfuite rejoindre le
Roy d'Espagne.
Sa Majefté Catholique
aprés avoir envoyé des détachemens
pour fuivre le
General Staremberg , alla
camper le 12.à Fuentes , &
AGALANT 65
arriva le 15. à Siguença . Les
habitans de cette Ville ont
donné des marques de fidelité
pour leur Roy legitime ,
en fe délivrant eux - mêmes
des Ennemis. Le General
Staremberg y avoit envoyé
un Bataillon qu'ils contraignirent
de mettre bas les
armes.
Mr de Bracamonte avoit
fait prifonniers deux cens
hommes qui eftoient dans
Hita ; & Mr de Valejo en
avoit encore pris deux cens
cinquante qui eftoient fortis
de Medina - celi pour aller
70 MERCURE
joindre le General Staremberg.
ch
res , sh
A Daroca le 31. Decembre .
L'Armée du Roy a efté obligée
defejourner à Siguençajufqu'au
24. à cauſe de la difficulté
des fubfiftances. Les mêmes
Taifons avoient retenu les Ennemis
icy où ils avoient marchéjour
& nuit , ce qui fair
que nous leuravons encore pris
plus de quinze cens hommes.
Mr de Villareal qui fuivoir
Mr de Staremberg avec cinq
cens: Fantaffins des Regimens
GALANT. 71
ds Staremberg & de Reventlam
, trente Maiftres , a
efté coupé par Mr de Valejo ,
& s'eft jetté dans le Chasteau
d'Illuega à trois lieuës de Calatajudou
il s'eft rendu prifonnier
de guerre. Nous avons trouvé
dans ce Chasteau d'Illuega à
trois lieues de Calatajud où il
s'eftrendu prifonnier de guerre,
Nous avons trouvé dans ce
Chasteau cinq mille facs de
grain , deux pieces de canon.
Nous prîmes encore hier le
Chasteau d'Ariffa, où ily avoit
deux cens hommes des vicilles
72 MERCURE
*
Troupes de l'Empereur qui s'y
eftoient trouvées envelopées
par les détachemens que nous
avons àlafuite des Ennemis.
Le 23. M³ de Staremberg
arriva à Saragoffe avec les debris
de fon Armée. Mª de
Valejo qui le fui voit toujours
attaqua fon Arriere garde , &
le culbuta dans cette Ville..
Monfieur de Vendofme a envoyé
ordre à Mr de Valejo &
à Mr de Bracamonté de paffer
l'Ebre , l'un au deffus & l'autre
au deffous de Sarragoffe
pour couper entierement la communication
des Ennemis avec
Barcelone.
GALANT 73
a
Barcelone. Mr de Valdecañas
eft à quatre lieues de Sarragoffe
avec la tefte de noftre Cavale
rie , noftre Infanterie y arrivera
le 2. du mois prochain.
D'autres Lettres portent
que tous les habitans des
lieux fituez dans les Pyrenées
& le long de l'Ebre font
foumis à Sa Majesté Catholique
; que Mr le Chevalier
de Croix , Lieutenant general
ayant affemblé les Troupes
Eſpagnoles de la Navar
re à Tudela avoit marché
de l'autre cofté de l'Ebre ,
à la droite de fon cours vers
G
Janvier 1711 .
74 MERGURE
Sarragoffe ; que le Colo
nel Nebot , s eftant joint à
un Corps de Miquelets
avoit entrepris de faire des
courfes dans le Royaume de
Valence,où il avoit cfté battu
& obligé de fe retirer en
defordre , & que les Troupcs
de ce Royaume - là , avoient
reçu ordre de marcher
vers Tortofe pour entrer
dans la Catalogne
; que
l'Archiduc eftoit arrivé à
Barcelone avec une efcorte
de cinquante Cavaliers feulement
, & environ cinquan
de fes Officiers & Domef IC
C
I I
GALANT. 75
tiques ; que le lendemain
18. à minuit , on entendit
une décharge de canon &
de moufqueterie , fuivie de
grandes illuminations
; que
ce qui avoit donné lieu de
faire ces réjouiffances , cftoit
l'arrivée d'un Courtier de
Mr de Staremberg qui avoit
apporté la nouvelle que ce
General avoit entierement
défait l'Armée du Roy Philippe
; qu'en même temps
l'Archiduc fortit de fon Palais
, & alla à l'Eglife pour y
faire chanter le Te Deum ;
que pendant tout le jour on
Gij
76 MERCURE
le lendemain on n'en
parla prefque plus ; que trois
parla de cette Victoire ,
que
mais
jours s'eftant paffez fans
qu'on en reçuft la confirmation
, les plus fenfez commencerent
d'en douter ;
qu'il arriva enfuite quelques
fuyards qui dirent qu'il n'y
avoit point de Victoire gagnée
, mais qu'aprés le Combat
on s'eftoit retiré de
part
& d'autre accablé de fatigues
, & que Mr de Staremberg
s'en revenoit , & que
Mr de Vendofme le fuivoit ;
que le General Staremberg
GALANT. 77
qui eftoit arrivé le 2 3. à Sarragoffe,
en eftoit forti le 27 .
qu'il avoit abandonné dix
pieces de canon , quantité
munitions , & un magafin
d'habits pour les Troupes ;
qu'il n'avoit pas dix - huic
cens hommes , y compris
avec
quelque Cavalerie ,
quatre pieces de campagne ;
que la Reine y devoit arriver
inceffamment de Navacarra
, & que le Roy devoir
l'y attendre.
Giij
78 MERCURE
Du Camp de Gironne , le
27 Decembre 1711 .
Nous avons efté quinze
jours en marche en mouvement,
tant pour l'embarquement
quepourle débarquement.
Nous femmes venus enfuite
droit à Gironne , où dés le lendemain
nous avons travaillé
à nos Batteries. Ce n'a pas
efté fans rifque. Nous eftions
fort expofez au feu des Ennemis
; mais nous fommes en
état de leurfaire tête . La tran
chée fut ouverte la nuit du 2 3 .
GALANT 79
au 24. Nous n'avons encore
perdu que deux Officiers , dont
l'un eftvit Officier de l' Artilleris
. On commence d'aujourd'hui
à monter la tranchée avec les
drapeaux , ce n'eſt proprement
auffi que d'aujourd'hui
que Mr le Duc de Noailles
la tranchée ouverte s compte
mais dés qu'on a remué la
terre devant une place , on dre
la tranchée ouverte . Nous
fommes à prefent en état de
preffer laplace. On ne s'y épar
gneta pas .
Giiij
80 MERGURE
Du Camp devant Gironne ,
ble 29 Decembre 1710.
La tranchée fut ouverte le
27 au foir , Mr le Comte de
Fienne y commandoit ; hier ce
fut Monfieur de Guerchy ,
Mr le Duc de Noailles envoya
s'emparer d'un Poſte au
deffus du Calvaire aujour
d'hui la Bréche paroiffoit déja
confidérable & notre tranchée
va jufqu'à dix toifes prés du
chemin couvert. Mr le Duc
de Noailles a fait monter à la
Bréche en Ja prefence , un
CALANT. 87
Ce
#
C
Lieutenant des Grenadiers
d' Auvergne , fuivi de fept on
huit Grenadiers pour reconnoître.
Ils ont fait leur décharge,
enfuite Monfieur le Duc
de Noailles leur a fait figne de
fe retirer. Ce Lieutenanta efté
bl ffélégerement à la jouë. Mr
le Duc de Noailles eftoit réfolu
de faire monter cefoir à l'af
faut ; mais on apprend dans le
moment que
les Ennemis ont
fait jouer trois Fourneaux
à
Fort dans le deffein de l'abandonner.
Un moment
aprés que
les Mines ont eu fait leur ef
fet on y a fait entrer les Gre82
MERGURE
nadiers. On n'y a trouvé que
trois pieces de Canon de Ferg
un de Bronze ; ils ont apparem-
´ment enlevé le reste cette nuit ;
ce font les deux Baftions enface
de notre Tranchée qu'ils ont
fait fauter , leflanc de celui du
cofté de leur droite, la face
gau- de celui du cofte de leur
che . Il n'eft pas aife de comprendre
quel a esté le deſſein des
Ennemis en cela. On travailla
dés ce ſoir à faire une Batterie
au deffous du Fort pour battre
une Redoute qui eft entre le
Fort & la Ville, & je crois
qu'on l'attaquera cette nuit.
GALANT. 83
Pendant l'aprés - diné quelques
Grenadiers fe font rendus maitres
d'une des dernieres maiſons
du Fauxbourg; elle estoit retranchée
en forte qu'ayant occupé
ce pofte , cela nous facilite
les aproches de la Ville. On
croit qu'on s'en rendra maître
dans peu.
Du Camp devant Gironne ,
le 2 Janvier 1711.
Depuis
la prife du Fort
rouge , Mr le Duc de Noail
les a fait dreffer fur la même
hauteur
, par où on l'avoit
attaqué
, une Batterie
de quatre
pieces de Canon
qui tire fur le
$4 MERGURE
a même
am Fort du Calvaire ,
déja ruinéfes deffenfes , deforte
qu'il ne peut plus nous incommoder.
Il afait dreffer une autre
Batterie de l'autre cofté du
Ter,
pour
Ville
. Cette
Batterie
a commencé
à tirer
ce matin
, elle eſt
de onze
pieces
de canon
; on
l'augmentera
encore
. Les
Ennemis
font
un grand
feu
fur
cette
batterie.Du
Fort
Conneftable
on a tiré
une
espece
de
Boyau
au deßous
du Fort
rouge,
pour
approcher
d'une
rebattre
en breche la
"
doute
que
une
demie
-portée
du
Moufles
Ennemis
occupent
GALANT. 8$
me
orte
com.
alli
té ave
The la
comlle
eft
jon
En.
(ur
nnece
de
TOKe
re
cupent
Lonsquet
de la Place. Il y a auffi
une batterie de trois pieces de
Canon dans ce boyau qui tire
fur cette redoute , dont on n'a
pu encore s'emparer. On vout
lut en faire la tentative la nuit
derniere,mais ayant trouvé qu'
elle eftoit trop bien deffendue,
même foutenue par quatre ou
cinq cens Miquelets , onferetira.
La Batterie des Mortiers
a mis lefeu à quelques endroits;
il a efté éteintpar les habitans.
Mr le Duc de Noailles doit
encore faire faire une batterie
de Canon cette nuit , dans le
Fauxbourg , fur le chemin du
86 MERCURE
Pont-Major pour battre de ce
cofté-là la Ville en breche.
Un Courrier que Mr le
Duc de Noailles fit partir de
Gironne le 17 ,acfté 54 heures
à venir à Perpignan. Ce
General mande au Roy que
les grandes pluyes & les torrens
continuels ont retardé
les
Les
ouvrages ,
mais que
bréches font en bon état, &
que malgré les difficultez
de
faire venir exactement
les
provifions
au Camp,il efpereeftre
maistre de la Ville le
20 de ce mois , aprés quoi le
refte des Forts ne l'embaraffera
pas.
GALANT. 87
t
C
Juc
dé
Des
&
de
les
le
le
ral-
HISTORIETTE.
Pour fatisfaire au goût
que le public a pour les
Hiſtoriettes
, je tâcherai
d'en donner au moins
une , peut - eſtre deux dans
chaque Mercure , mais
pour varier il en faut de
toutes les efpeces . En
voici une dans le ftile figuré
des Orientaux
, qui
ne s'expriment que par
comparaifons
, & croyent
88 MERCURE
briller dans la converfa
tion à force de citer le
Soleil , la Lune & les
Etoiles .
CONTE
Oriental.
Il y avoit en Orient
une fille fage , & fi fage
qu'elle refiftoit aux defirs
d'un riche & puiſſant
Kalife, & ce Kalife eftoit
fi bon qu'il fouffroit patiemment
qu'une fille lui
réfiftât
Pork
GALANT.8 ,
réfiftât. Cette fille s'appelloit
Zoroïne , & comme
elle eftoit au ſervice
de la femme du Kalife
il la voyoit fouvent; leurs
converfations eftoient
mêlées de maximes en
,
vers Arabes , car c'eft
l'excellence
des converfations
Orientales .
pute
Un jour dans une diffur
l'amour , le Kalife
foutenoit à Zoroïne
qu'elle devoit répondre
à fa paffion & s'obſti-
H
90 MERCURE
noit un peu trop à vouloir
qu'elle fût de ſon ſentiment
. Voici comment
cette fille vertueuſe reprima
l'ardeur du Kalife
dans la difpute.
Il faut fçavoir que le
Kalife avoit pour le Soleil
une veneration fu--
perftitieufe, en forte qu'il
fuffifoit de lui nommer
feulement cet Aftre pour
lui infpirer du reſpect.
Zoroïne le prenant par
fon foible,s'écria !
CALANT . 91
Par ce Soleil je te jure ,
Que ma vertu 1oûjours
pure;
Famais ne s'éclipfera ,
Tant qu'il nous éclairéra.
Le Kalife crut entrevoir
dans ce ferment que
Zoroïne feroit moins vertueufe
la nuit que lejour;
ton ferment , lui dit-il ,
C'est un ferment de femme,
ilfied bien dans
ta bouche ,
Hij
92 MERCURE
Contre moita vertu tien
drato
Tant que le Soleilparoîtra
,
Mais le foir le Soleil fe
couche .
Sans doute , répon
dit Zoroïne en quittant
bruſquement le Kalife
qui l'avoit fait affeoir
prés de lui ſur un Sofa ;
mais tu vois que je ſçai
me lever avant que le
Soleil fe couche.
A
GALANT 94
Le Kalife fe flata encore
que Zoroïne ne l'avoit
quitté que parce
qu'elle avoit vû de loin
fa Maîtreffe qui venoit
de ce côté-là : il chercha
l'occaſion de la réjoindre
& l'ayant ſurpriſe fur le
foir dans un jardin rempli
de plantes curieuſes ,
il l'aborde , & pendant
qu'elle rêve à la maniere
dont elle fe pourra
tirer
d'affaire , voici ce que
lui dit le Kalife .
94 MERCURE
Le Soleil ne luit plus ,
belle Zoroine , & nos
Poëtes Arabes comparent
les femmes à certai--
nes Plantes, dont la vertu
n'eft forte que pendant
l'ardeur du Soleil ; ainfi
les femmes eftant moins
fortes la nuit que le jour ,
il leur eſt pardonable d'être
moins vertueuſes.
Leur force foutient leur
fageffe
Ainfi telfentiment d'amour,
GALANT . 95
Qui feroit un crime en
plein jour,
La nuit n'est que fimple
foibleffe.
·
Il te feroit honteux ,
reprit Zoroïne, de devoir
mon amour à la nuit &
à ma foibleffe : crois que
je ferois gloire de t'aimer
fi je n'avois pas juré le
contraire en prefence du
Soleil. Puifque tu le
crains , repliqua le Kalife
96 MERCURE
Profite- donc de fon abfence
Il ne verra point ton amour:
Dans ton fexe la nuit
difpenfe , ..
Des fermens qu'on afait
le jour.
S'il faut enfin t'aimer
reprit Zoroïne en fuyant,
je ne veux t'aimer qu'en
plein jour. Arrête-donc ,
lui cria le Kalife , faut-il
me
GALANT 27
me renvoyer ainfi de la
nuit au jour & du jour
à la nuit. Zoroïne fuyoit
toûjours & de Kalife ne
la pût rejoindre que le
lendemain, mais il la pref-
La tant que pour s'en débaraffer
elle lui promit
qu'elle iroit le trouver
er
T,
11
dans fon
apparteinent ,
& pour le prendre toujours
par fa fuperftition
,
lui dit : Ouyje tejurepar:
le Soleil qu'ilfera témoin
de
l'execution de ma pro-›
melle.
I
98 MERCURE
Le Kalife ne fit point
d'attention au vrai fens
de ces paroles , tant il
eftɔit tranſporté de joye ,
& la voilà encore débarraffée
de lui ; mais le
foir craignant qu'elle ne
lui manquât de parole ,
il fut l'attendre fecrete
ment dans la chambre
où elle couchoit ; elle fut
fort ſurpriſe en y rentrant
à minuit d'y trou
ver celui qu'elle fuyoit ;
elle demeura immobile :
GALANT . 99
Tefouviens-tu de tes der
nieres paroles , lui dit le
Kalife : Je me fouviens
des tiennes , lui répond
elle en tremblant.
Dans mon fexe la nuit
dipenfe ,
Des fermens qu'on afair
le jour
. e
C
C
Moi , j'ai juré que le
Soleil feroit témoin de
l'execution
de ma promeffe.
Enfuite elle ou-
I ij
100 MERCURE
vrit la fenêtre & regardant
le Ciel obfcur , elle
s'écria : Parois Soleil, pas
rois, vientéclairer un crime
que veutcommettre de
Kalife fi vertueux&ſi
bon , fi tu approuves fon
crime , viens en eftre témoin.
soʻ
Ces paroles prononcées
dans l'horreur de la nuit,
firent impreffion fut le
Kalife ,il demeura muet ,
& Zoroine continua d'apeller
le Soleil : Viens
GALANT. 101
donc,s'écria -t-elle, viens
donc ; mais , continua -telle
, en regardant le
Kalife intimidé : le Soleil
ne paroit point , an
contraire le ciel s'obfcurcit
de plus en plus.
Le Soleil ne viens point
ce n'est qu'enfaprefence,
Que je t'avoispromis d'é
couter ton amour ,
C'est ainsi que la nuit dif
penfe
y
Desfermens qu'on afait
le jour.
102 MERGURE
De Bayonne le 17. Decembre
1710
.
Le fieur Févre , Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo , a
pris un Vaiffeau Portugais
, venant du Brefl ,
d'environ 600. Tonneaux
, qu'il a conduit à
Caftres.
Du Havre le 19. Decem
bre 1710
.
Deux prifes Angloiſes,
l'une de 120 Tonneaux,
GALANT 103
& l'autre de 8o . conduite
ce Port par la Fregate
la Couronne de S. Malo
, eftimées 200000. livres.
De Calais le 21. Decembre
1710
.
Le Capitaine Marc-
Tefte , Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouſe , a mené en ce
Port, une priſe de 60.
Tonneaux , chargée de
Beurre.
I iij
104 MERCURE
De Dunkerque le 25.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauff , a
conduit en ce Port , uné
priſe Angloiſe , & a tire
d'une prife Portugaiſe
,
faifant partie de la flotte
du Brefil , 600. Caifles
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere , a pris un
GALANT 105
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port..
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoye Monfieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adreffée pour
vous ; je profite de cette occafion
, pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Sauff , Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite ; il commande le Vaiffeau
l'Augufte , Mr Battement
le Blakoal , & Mr Po106
MERCURE
mer le Prothée , & ils eftoir
joint à eux trois Corfaires
de Calais ; ils ont rencontré
22. Navires Anglois venant
de la Virginie , eſcortez par
deux Vaiffeaux de Guerre
de 36
36 & 40 Canons Mr
Sauff ayant fait fignal ďabordage
, les convois ont
pris la fuite avec 4 Navires
Marchands , dont deux fe
font échouez & bruflez ;
quatorze ont efté pris . Il
eft auffi arrivé à Calais quatre
autres prifes faites par
des Corfaires de ce Port
chargées de differentes Mar
GALANT. 107
ב
T
chandifes , dans lesquelles
Mr Sauffapart.
4
Mrs de la Jaille commandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne , & du Bois de la
Mothe commandant l'Argonaute
, ont pris trois Navires
Anglois , venant de la
nouvelle York , chargez de
bled , farine & bifcuits ;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venife
chargé de faumon & ftocfich
, & un autre venant de
Ligourne, chargé debled &
de ric.
On a appris de Malthe
108 MERCURE
que le Commandeur des
Aulaire , de la Maifon de
Beaupoil , Capitaine de Vaiffeau
du Roy , Secretaire des
Commandemens & Grand
Maiſtre pour les affaires de
France , fon Grand Ecuyer
& Gouverneur de cette Vil
le , a efté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
MORTS
Milord Griffin , qui avoie
efté fait
prifonnier à bord
du Salfburi , lorfque le Roy
d'Anglererre
tenta de faire
GALANT 109
une deſcente en Ecoffe en
1708. eft mort le 21. Novembre
dans la Tour de
Londres, où il avoit efté mis
d
comme coupable de haute
He
tráhifon , fon execution
ayant cfté diffetée pour raifon.
Le Baron , Ezechiel Spanhein
, Ambaffadeur en Angleterre
pour l'Electeur de
Brandebourg , & fort connu
par fes emplois & par
quantité d'ouvrages d'érudition
, mourut à Londres
le 25. Novembre 1710.
âgé de 82 ans,
ito MERCURE
Meffire Pierre Code , Archevêque
de Sebafte & Vicaire
Apoftolique dans les
Pays bas , mourut à Utrecht
le 12. Decembre 1710. âgé
de 60 ans.
Jean Chriftian , Prince
d'Eggenberg , Duc de Crumau
, Comte de Gradifch
& d'Adflperg , & Confeiller
d'Etat de l'Empereur
, monrut
fans pofterité à Prague
en Boheme le 14. Decembre
1710. en fa 70. année
eftant né le 7 Septembre
1641. Il avoit époufé en
1666. Maric Erneftine , fille
GALANT ITI
de Jean Adolfe , Prince de
Schwartzenberg, & de Marie
Juftine , Comtefle de
Stahremberg
.
Ce Prince eftoit fils de
Jean Antoine , Prince d'Aggenberg
, Duc de Crumau ,
&c. Chevalier de la Toifon
d'or , mort le 24 Mars
1647. & d'Anne Marie ,
fille de Chriftian , Marquis
de Brandebourg Bareith
mort le 8 Mai 1680. Il avoit
pour four Marie Elifabeth
, née le 26. Septembre
1656. à Ferdinand
Prince de Dietrichſtein.
112 MERCURE
Comme le Prince d'Eggenberg
eft mort fans enfans
, fon frere puifné Jean
Liffroid d'Eggenberg, Confeiller
d'Etat de
l'Empereur,
& Gouverneur de la Car
niole , lui a fuccedé dans
tous les biens, qui font tresconfiderables
.
Ce Prince qui eft né le
12 Aouſt 1642.a épousé en
1666. Eleonore Rofalie
fille de Charles Euſebe , Prine
ce de Licteinſtein , dont il
a pour fils unique Jean- Antoine
Jofef , Prince d'Eg.
genberg , né le 6 Janvier .
GALANT 13 A
1669. Gouverneur de la
Carniole en furvivance de
fon pere & Confeiller d'Etat
de l'Empereur. Il a é
poufé au mois deMars 1692 .
Marie Charlote , fille d'Adolfe
Uratiflas , Comté de
Sternberg , dont il a des
enfans .
Albert Antoine , Comte
de Scwartzbourg & d'Hohnftein
, eft mort le 15. De-
9
cembre 1710. à Roudolftat
en Thuringe dans fa 70.
année , cftant né le 2 Aouſt
1641. Il avoit épousé le 7 .
Juid 1863. Emilie Julienne,
K
70 .
114 MERCURE
filled Albert Frederic, Comte
de Barby & de Sofie Urfule
d'Oldembourg , dont
il a un fils unique qu'on
nomme Louis Frederic.
Comte Schwartzbourg &
d'Hohnftein , né le is . Octobre
1667. & qui a épou
fé le 15 Octobre 1691 Anne
Sofie , fille de Frederic Duc
de Saxe Gotha , & de Madeleine
Sibile , Ducheffe de
Saxe Hall , dontil á 13 en
fans.
Marie Claude , née Comtelle
de Kunige , eft morte
à Vienne le même mois
1710. âgée de 41 ans ; elle
GALANT us
G
1.
te
avoit épousé Mathias Leopold
Prince de Lamberg &
du S. Empire , Landegrave
de Leichremberg , Chevalier
de la Toifon d'or , Confeiller
d'Etat, Grand Ecuyer
de l'Empereur & Grand Veneur
hereditaire d'Autriche.
Jean Hugues d'Orffbeck,
qui avoit efté éleu Coadjuteur
de l'Archevêché de Treves
en 1672. & qui y fucceda
en 1676. à Charles Gafpar
Van der- Leyen ſon oncle
, eft mort à Coblens le
6 de ce mois. Ce Prélat qui
avoit cfté auparavant EKij
116 , MERCURE
vêque de Spire , eftoit fils
de Guillaume d'Orftbeck
Seigneur de Vernich , & de
Marie -Catherine Van - der-
Leyen . Le Prince Charles
de Lorraine , Evêque d'Ofnabruch
, & d'Olmurs &
Coadjuteur de Treves , eſt
parti de Luneville le 11 pour
aller prendre poffeffion de
cet Archevêché.
GALANT 117
ANONIMES.
La Mufe naiffante.
J'étois trop jeune le
mois paffé je ne pûs remplir
que la moitié de vos
bouts - rimez , mais un
mois de plus forme bien
l'efprit d'une fille. J'ay
rempli ceux- cy d'un bout
à l'autre , à la verité ma
mere m'a un peu aidé ,
fans cela je me ferois per118
MERCURE
duë en tric trac, fric frac,
cric crac .
SUR UN TOUSSEUR.
le
Je ne connoiffois pas
Toußeur d'Albicrac ,
Quand ma mere me dit
enjouant au trictrac,
Voudrois - tu d'un mari
charmé de fa feringue
,
Purgon , Fleurant fans
ceße occupantfa brelingue.
Dansfon corps bien purgé
n'ont laiſſe fric ni
frac.
GALANT. 119
A ma mere je dis , le
voudriez
- vous , crac,
Non,non, car vous avez
cor
plus defens que Pibrac.
Jamais à tel mari ne direz
tope & tingue.
Ni moi non plus vraiement,
carj'ai lû dans
Balzac.
Qu'enménage untouffeur
fait toujours du micmac
,
Contre vos loix jamais
ma volonté ne fringue',
42 MERCURE
Mais-donnez - moi plûtoftpar
jour cent coups
tringue ,
deu
Où jettez- moi dans l'eau
la tête dans un fac .
LANONIME
amoureux
.
La Dame pour qui j'ay fait
ces premiers Vers a la paffion
de les voir imprimez , jay
celle de la fatisfaire , j'en fuis
paffionement amoureux , &c.
909
RE'PONSE
GALANT. 121
E
it
RE'PONS E.
Vos Vers intitulez :
Amant inftruit par la
raifon , font les feuls
que
j'aye receu de vous . Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raiſon
qui eft dans votre lettre ,
fi la Dame dont vous
eſtes paffionement amoureux
, ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour ; qu'elle eft
Janvier 1711. L
122 MERCURE
heureuſe d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer fon
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconftance eftre
une preuve contre lui
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour .
1. F. G. B.
Je vais faire une tourGALANT
123
née en Espagne pouryramaffer
bonne provifion
d'Hiftorietes
dans legoût
de Miguel de Cervantes,
vousfçavez pour qui, tenez-
moi compte , &c.
REPONSE.
Je ne puis vous faire
ici de longs complimens ,
ils ennuyroient le public;
qu'il vous remercie luimême
de ce que vous
travaillez pour lui. Votre
Lij
124 MERCURE
Don Quixote trouvera
fa place dans le mois prochain
; il faut un peu l'ha
biller à la
Françoiſe.
LE TONTONIC .
Si uncoup d'effay peut
meriter place , &c.
REPONSE.
A
Ce coup d'effay me
fait fouhaiter que tous
ceux qui ne font pas PoëGALANT.
izj
2 tes , s'eflayent à faire des
Vers , car ceux qui en
font naturellement de
bons , font plus Poëtes
que les autres. Vous m'avez
permis par votre lettre
de changer quelques
mots, vous trouverez icy
deux Vers de moi ; je
conviens qu'ils font
moins vifs que les deux
vôtres , mais vous conviendrez
qu'ils font
moins libres. Il eft vrai
que nous fommes en
Liij
126 MERCURE
Carnaval , mais quelqu'un
pourroit lire mon
Livre en Carême.
RONDEAU.
En ftile demi Marotique.
Philis tient peu
de
conte,
d'Albicrac
Du vifamouril n'entend
pas
le
trac ,
Longs complimens fans
ceffe il lui
Gants blancs en main la
feringue ,
GALANT. 127
mene àfa brelingue ,
Et fur fon coeur pretent
fric frac.
t
faire
Au doux moment quand
il croit toucher , crac,
Elle fe leve en lui chantant
Pibrac.
Prés de ce Fat ne pos
vant dire
Philis tient peu.
tinque .
Lij
* 28 MERCURE
·
Il nefuffit auffi d'eftre un
Balzac ,
Pour réuffir en l'amoureux
mic
mac ,
Il faut de l'or , ou bien un
fringue ,
air
qui
Par
ces
moyens
on
fait
crier la
tringue ,
· Contre grand air, contre
l'or à
plein
Philis
tient peu.
fac.
GALANT 129.
-eat
zac ,
now
mac,
en un
que,
fait
que,
Entre
fac.
L'ANONIMÈ
que je voudrois
bien
connoître
.
Monfieur,je vousfais
part d'une avanture qui
n'eft pas fort plaifante
mais c'est ce qu'il y a de
plus nouveau , &c.
RE'PONSE.
J'avoue que ceux qui
ne font curieux que
d'a-
8
8
I
130 MERCURE
vantures plaifantes ne
trouveront pas icy leur
conte ; mais ceux qui
font fimplement curieux
fe contentent du nouveau
pourvû qu'il foit
vrai ; il y en a même qui
fe contentent encore à
moins & qui veulent du
nouveau quand il ne feroit
ni vrai niplaifant .
Je mets ici voſtre Lettre
, pardonnez ſi j'en ay
retranché ce qui eftoit le
GALANT. 131
2
I
[
1
plus agreablement
écrit.
C'eftoit des Portraits &
je ne veux defigner perfonne
, c'eftoit des préjugez
cenfez ; mais je ne
veux que rapporter des
faits , je ne dois rien deviner
, ni en.hiftoires
ni en politique.
Le jeune Dorilas plusfage
& plus arangé à vingt- cinq
ans , qu'un autre ne l'eſt à cinquante
, perdit il y a un anfor
pere & fa mere , dont la fucceffion
, jointe à celle d'une
rente , l'a rendu riche à peu
nepa
* 32 MERGURE
prés de douze mille livres de
rente; il n'apas pour cela hauffé
fon train , au contraire il a
vecu encore plus modeftement,
cet economie publiée dans
Paris , lui a bientôt procuré
un mariage confiderable; la veuve
d'un riche Gentilhomme
mort depuis quelques années
avoit deuxfort aimablesfilles ,
élevées dans une pieté exemplaire.
La modeftie, la pieté &
l'oeconomie du jeune Dorilas
parvinrent jufqu'à fes oreilles ,
elle crut ne pouvoir faire un
meilleur choix pourfa fille ainée
; elle conduifit les choſes
GALANT. 133
ر
avec tant de prudence que le
jeune Dorilas fut bientôt accordé
avec la Damoiselle , au
grand contentement de la mère.
qui ne confulta fa famille &
Jes amis que pour
que pour leur dire
qu'elle vouloit abfolument ce
mariage ; la Damoiselle en fille
obeiffante , modefte , & qui
n'a jamais regardé un homme
en face , trouve Doriläs fort
aimable , parce quefa mere l'affure
qu'il l'eft ,elle l'épouse
paffe dix jours avec lui dans
une union admirable ; mais ce
qui eft encore plus étonnant ,
d'eft qu'au bout de ce temps , &
134 MERGURE
fans qu'on en puiffepenetrer les
raifons , il atout d'un coup difparu
;fa femme en fut fort inquiette
dés le premierjour , le
Lendemain fon inquietude rele
troifiéme jour
doubla
1
ع و ب
" elle eftoit dans la derniere afflic
tion , lorfqu'un inconnu luż
le
rendit un pacquet , dont le
diffus eftoit de la main de fon
marys elle en futfi troublée
qu'elle ne s'aperceut pas que
Porteur de cette Lettre difpa
rut dans le moment,fans qu'elle
put lui faire aucune queſtion ,
elle ouvre précipitament l'enveloppe
; mais au lieu d'une
GALANT. x35
à
Lettre qu'elle y croit trouver , il
ne s'y rencontre qu'une Procurationgeneralefousfeingprivé
, pour recevoir tous leurs
biens,les tranfporter , cedd‹ réchanger
, vendre, en un motpour
en faire tout ce qu'ellejugera
propos , & ce , pendant l'efpace
de 10 ansfeulement . Voi
là une femme bien étourdie
elle envoye au plus vifte chercher
fa mere , à quijufqu'alors
elle avoit caché fon malheur ,
& qui en veritable devore ne
s'effraya point de cette nouvelle,
Ma fille, luidit- elle, avec douceur
, c'est une affliction que
136 MERCURE
le Ciel vous envoye, & que
vous devez recevoir avec foumiffion
; ce qui doit vous confoler
, c'est que vous eftes juftifiée
dans le Public , & qu'il
paroift que voftre mary ne s'eft
point éloigné par aucun mécon
tentement qu'il ait receu de
-vous , puiſqu'il vous addreſſe
marque
cette procuration comme une
de confiance qu'il a en
vostre faceffe ; il eft honnefte
homme ; il faut fans doute
qu'il ait eu des raifons qui vous
font inconnues , & lorſqu'elles
feront ceffées , vous trouverez
en lui un mary tendre & fiGALANT.
137
a
3
es་
dele;ces raifons tant bonnes que
mauvaises raffermirent un peu
l'efprit de la jeune mariée ; ily
a déja un mois qu'elle vit dans
cette cruelle efperance ,fort retirée
du monde , que comme une
autre Penelope , elle attend que
ces longues années foient expirées.
SUITE DES MORTS.
Cofme Roger , Prédicateur
ordinaire du Roy ,, Evêque
& Seigneur de Lombez
, & cy devant Abbé &
Superieur Generalde la Con
M
138 MERCURE
gregation de Noftre- Damer
des Feüillans , Ordre de Cif
teaux , mourut en fon Diocéfe
le 20. Decembre dernier
, âgé de 95 ans. Les
PP . Feuillans de la rue S.
Honoré lui ont rendu les
derniers devoirs par un Service
folemnel qu'ils ont fait
dans leur Eglife.
Gilles le Sourd, Docteurs
en Theologie , ancien Recteur
de l'Univerfité de Paris
Curé de Saint Paul & Principal
du College de la Marche
, eft mort le deuxième
jour de Janvier. Mr Bou-
474
GALANT. 139
5
ret , Docteur de la Maiſon
de Sorbonne & Profeffeur
en Theologie , a obtenu les
provifions de la Cure de S.
Paul , commne plus ancien
Gradué ; on fçait que les Benefices
qui vaquent pendant
les mois de Janvier & de
Juillet , qu'on nomme mois
de rigueur appartiennent aux
plus anciens graduez ; on
appelle mois de faveur, Avril
& Octobre , parce que les
Benefices qui vaquent pendant
ces deux mois peuvent
eftre donnez par le Coilateur
, à des Graduez , fans
Mij
140 MERCURE
diftinction d'ancienneté.
Cette Cure eft difputée à
Mr Bouret par un autre Gradué
, qui eft veritablement
le plus ancien ; mais Mɛ
Bouret prétend qu'il a perdu
fon droit d'ancienneté
par un Canonicat de S. Germain
l'Auxerois ; voilà le
fujer d'un Procés.
La Paroiffe S. Paul eftoit
Royale , du temps que les
Rois occupoient le Palais
des Tournelles ; cette Eglife
fut conftruite du temps de
Charles V I.
Maric Catherine de BraCALANT
I 41
gelonne , fille de Pierre de
Bragelonne , Preſident des
Enquestes du Parlement de
Bretagne , mourut en cou
ches le 7 Janvier , âgée de
vingt ans. Elle avoit épou .
fé Michel Chauvin , Confeiller
au Parlement .
Marie Nicolle le Gorlier,
de Dreuilly ,époufe de Jean-
Baptifte Molé de Champlatreux
, Prefident à Mortier,
eft morte le 11 de ce mois ,
âgée de 3.3 ans .
René Bonneau , Abbé de
S. Martin d'Autun , & cidevant
Aumônier du Roy
142 MERCURE
eft mort le 23 de ce mois
.
enfa 81 année .
Maximilien Titon , Ecuyer
Seigneur d'Oignons,
Secretaire du Roy & Directeur
General des Magafins
d'Armes de Sa Majefté , eft:
mort le 24 de ce mois, âgéde
80 ans.
C
MARI AGES.
Le Prince Frederic Guillaume
. Duc de Curlande ;
époufa le 13. Novembre
1710. la Princeffe Anne ,,
fille de feu Jean , Grand Duc
GALANT. 143
>
de Mofcovie , & niéce de
celui qui regne aujourd'hui .
Ce Prince eft fils de Cafimir
, Duc de Curlande
mort le 22. Janvier 1698.
& de Sofie de Brandebourg
fa deuxième femme , fille
de Frederic Guillaume , Electeur
de Brandebourg .
Le 22 de ce mois 1711. Mr
le Comte de Chatillon , fils
de Claude Eleazar Duc de
Chatillon , Premier Gentilhomme
de la Chambre de
Monfieur le Duc d'Orleans
, époufa Mademoifelle
Voifin 2,2 fille de Mr
44 MERCURE
Voifin , Secretaire d'Etat,
Mr le Comte de Chatillon
eft frere aîné du Marquis de
Chatillon ; ces deux freres
font les feuls mâles reftans
de cette grande & tres - illuftre
Maifon , par ce que Me
le Marquis de Chatillon n'a
que deux filles de fon Mariage
avec Maric Rofalie
de Brouilly de Piennes, foeur
cadette d'Olimpe de Piennes
, Ducheffe d'Aumont.
EXTRAIT
GALANT . 145
EXTRAIT
d'un memoire tou
2
chant les
vegetations
artificielles , lu par
Mr Hombert dans la
derniere affemblée de
Académie Royale
des Sciences.
Nous avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
reffemblent en quelque façon
àla vegetation des plantes
, ce qui a donné lieu de
N
·Janvier 1711 .
146 MERCURE
les appeller Vegetations métalliques
, arbres de Dianne ,
& ...
J'ay rangé ces fortes de
Vegetations en trois claſſes,
1. Celles qui confiftent
en un métal pur & maſſif
fans aucun mélange .
2.Celles dont la compofition
confifte en un metal
diffous , le diffolvant reſtant
mellé avec le metal, &
faifant partie de l'arbriſfeau
qui en eft produit .
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique
, mais fimplement des
GALANT. 147
matieres falines , terreufes
& huileufes , &
Je donneray pour exemples
de la premiere claffe
les productions
des trois
operations fuivantes.
1. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin , &
de dix fois autant de Mercure
, reffufcité du Cinabre
broyé ; lavez cet amalgame
plufieurs fois dans de
l'eau nette de riviere , jufqu'à
ce que l'amalgame ne
laiffe plus de falleté dans
l'eau . Pour lors fechez vô-
Nij
148 MERCURE
tre amalgame
, mêléz - le
dans une corne de verre ,
diftillé au bain de fable à
tres petit feu que vous en
tretiendrez
pendant
un
jour ou deux , plus vous
pourrez continuer
le feu
fans chatfer tout à fait le
Mercure, plus la vegetation
fera parfaite . Vous poufferez
le feu à la fin juſques à
faire fortir tout le Mercure
, laiffez éteindre le feu ,
vous trouverez voftre Mercure
dans le recepient , &
l'or ou l'argent qui restera
dans la cornuë , fera doux
GALANT. 149
& pliant , & de la plus belle
couleur que ces metaux
peuvent avoir,dont la maffe
aura pouffé des branches
en forme de petits arbriffaux
de differentes figures
& de differentes hauteurs ,
que l'on peut tirer de la
cornuë , les féparer de la
maffe du metal qui leur a
fervide vafe , les faire rougir
au feu , & les garder
tant que l'on veut fans
qu'ils le gâtent .
Mr Hombert explique
par ordre chaque
1
Niij
150 MERCURE
operation , & en develope
la mecanique avec
tant de netteté & de précifion
qu'on ne pourroit
abreger fes explications
fans les alterer , c'est ce
qui m'a déterminé à ne
prendre de fon difcours
que l'inftruction neceffaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique .
Le fecond exemple de
cette premiere claffe des vegetations
artificieles fe tire
GALANT. 151
de l'operation
fuivante.
Prenez une once ou deux.
d'argent fin,fondez - le dans
un creufet , & pendant qu'il
eft en fonte , jettez deffus
par diverfes repriſes autant
pefant de fouffre commun ;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer
& le retirez promptement
du feu , laiffez refondre la
matiere , puis pilez la bien
menuë , remettez la dans
un autre creufet que vous
placerez dans un feu doux
de charbons , ou dans une
forte digeſtion ou bain de
Niiij
152 MERCURE
fable fans fondre la matie
re , le foufre s'évaporera
peu à peu de la maſſe qui
eft dans le creufet , & entraînera
avec luy une partie
de l'argent en forme de
filets fort blancs , brillants
& fort doux , qui tiennent
à la maffe du metal d'où ils
font fortis. J'en ay vû de la
hauteur de trois pouces , &
des lames de deux lignes
de large , & de l'épaiffeur
d'une carte à jouer .
L'operation fuivante
donnera noftre troifiéme
exemple . Fondez enſemble
GALANT. 153
deux onces d'argent de
vaiffelle , & fix onces de
plomb , mêlez ce mélange
dans une coupelle de
cendre deffous une mouf
fle , donnez le feu qui con
vient pour purifier cet argent
à la coupelle , & dés
que vous verrez la marque
que l'argent eft devenu fin ,
vous retirerez la coupelle
promptement du feu , & la
laifferez refroidir . Deux
ou trois minuttesaprés que
vous l'aurez retiré du feu ,
il fortira brusquement de
deffus la fuperficie de ceo
154 MERCURE
argent un ou plufieurs jers
d'argent fondu de la groffeur
d'un brin de paille, &
de la hauteur de 7. ou 8 .
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils fortiront
de la maffe d'argent qui eft
dans la coupelle . Ces jets
font ordinairement
creux ,
& prennent fouvent la figure
de branches de coral.
Ils reftent folidement
at
tachez à la maffe d'où ils
font fortis.
Il faut que j'éclairciffe en
quoi confifte la marque
que l'argent eft devenu fin
GALANT. Iss
que
dans le
་
dans la coupelle , puis que
c'eſt le point qui fait réüffir
l'operation , ou qui la
fait manquer. Cette marque
eft lors
mefme degré de feu où l'argent
a efté en parfaite fuhion
pendant tout le tems
du rafinage , fa furface fe
fige dans la coupelle tout
d'un coup en une croute
dure & brillante , qui tient
fortement attachée par fes
bords au corps de la coupelle
, pendant que l'interieure
de cette malle d'argent
eft encore en fufion :
156 MERCURE
c'eft dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu , & la placer dans un
lieu froid.
Ces operations fuffifent
pour établir le caractere des
vegetations artificielles de
la premiere claffe , c'eſt -àdire
, de celle dont la matiere
confifte en un metal
pur , maffif & fans aucun
mélange. Pour ce qui eft
de celles de la feconde claffe
dont la compofition
confifte en un metal dif
fous , & où le diffolvant
refte mêlé avec le metal,
GALANT 157
J'ay lû autrefois dans une
de nos affemblées un memoire
qui a été imprimé
en 1692. Ce memoire contient
plufieurs operations
qui enfeigent differentes
manieres de faire des vegetations
artificielles ; el
lés peuvent toutes fervir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la feconde
claſſe ; ainfi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troifiéme claffe toutes les
autres vegetations artifi158
MERCURE
cielles qui ne tiennent rien
de metalique , nous en
donnerons icy de meſme
trois exemples . Prenez huit
onces de falpeſtre fixé par
le charbon à la maniere
ordinaire , faites les réfoudre
à la cave , ou huile par
défaillance , filtrez la , &
verfez dedans peu à peu de
l'huile de vitriol jufques à
parfaite faturation , ou juſ
que l'ébullition
ques
à ce
que
ceffe , faites évaporer l'humidité
, il reftera une maffe
faline , compacte , pu- -
re, tres-blanche , & fort
GALANT. 159
acre ; pillez la groffiere
nient , & verfez deffus un
demi-feptier d'eau froide
de riviere dans une écuelle
de grais , laiffez la pendant
quelques jours fur une table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie , & le
fel encore humide commencera
de vegeter en plufieurs
endroits , en pouffant
des touffes en aigrettes qui
partent chacune d'un mefmé
centre , & qui fe divifent
en diverfes branches
pointuës , roides & caffantes
, longues de 12. à 15.
160 MERCURE
lignes . Ces aigrettes le forment
ordinairement fur
tout le bord de l'écuelle, &
y composent une espece de
couronnement . Elles ceffent
de croiſtre quand toute
l'eau a efté évaporée de
l'écuelle ; mais en remettant
de l'eau fur ce fel , il
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour fecond
exemple de cette claffe
certaines criftalifations
ou arbriffeaux que j'ai trouvées
produites naturellement
fur le rivage de la
mer d'Efpague , que l'on
peut
GALANT . 161
peut imiter facilement par
art , n'étant autre chofe
qu'une tige branchuë
quelque plante deffeichée
& fans feuilles, qui a été arrofee
plufieurs fois par l'eaut
de la mer , dont l'humeur
aqueuſe ayant efté évaporée,
le fel y eft refté , & s'eft
criftallife deffus , en couvrant
toute la plante d'abord
fort legerement ; mais
ayant efté moüillée plufieurs
fois en divers tems , le
fel s'y augmente peu à peu ,
& reprefente une plante de
fel .J'en ay vû une fort belle
·Janvier 1711.
O
162 MERCURE
de cette nature dans le cabi
net de feu Mr. de Tournefort,
qui eftoit d'environun
pied , blanche comme de
la neige. J'en ai fait de femblables
en employant de
l'eau falée. Il faut avoir la
précaution d'ofter l'écorce
de la branche qui fert de
charpente ou de foutien à
cette criftallifation
, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obfcuciroit
la blancheur tranfparante
du fel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troifiébe
Be
te
te
C
re
me
Die
fee
GALANT. 163
me exemple l'obfervation
fuivante
. Dans un temps
d'orage accompagné de
beaucoup de pluie & de tonnerre
, je remplis une bou
teillende verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluic qui avoit coulé de
deffus un vieux toit de thui
les , & qui avoit repofé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
negligemment ferpamée
d'un bouchon de
pier fur une feneftre expofée
au midi , où l'ayant où-
O ij
184 MERGURE
bliée elle refta fans eftre re
muée environ trois mois .
l'eau ne paroiffoit pas trou!
ble quand je la puifay . Cependant
il s'amaffa peu à
peu au fond de la bouteille
un fediment de couleur
verte de l'épaiffeur de trois
ou quatre lignes . Il fe fit
apparemment une fermentation
dans cette matiere
car elle me parut fort fpongieufe
& pleine de petites.
bubes d'air , qui felon tou
tes les apparences s'étoient.
ſeparées du limon qui faifoit
le fediment , comme
GALANT
il arrive toûjours de pareilles
feparations aëriennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
Un jour qu'il faifoit fort
chaud dans le mois de Juillet
, vers les deux heures
après midi , je paffay dans
l'endroit ou eftoit cette
bouteille , je la regarday par
hazard, ję ne trouvay point
de limon au fond ; mais je
la vis remplie d'une efpece
de vegetation d'une tresbelle
couleur verte , dont
une partie paroiffoit tenir
au fond de la bouteille, &
166 MERCURE
le refte eftoit fimplement
fufpendu comme des fillets
dans l'eau parmi lefquels
il y en avoit qui étoient
élevez jufques à la
fuperficie de l'eau , & d'au
tres qui eftoient reſtez à
differentes diftances de la
fuperficie , nageant entre
les ramificadeux
eaux
tions & filets eftoient
gar
nies chacune d'un grain ou
d'une petite boule qui paroiffoit
blanche dans l'eau ,
& brillante comme de l'argent
, & qui repreſentoit
comme un fruit fur le fomGALANT
. 167
met de la plante , en remuant
un peu la bouteille,
je m'aperçûs que cette vegetation
n'avoit point de
confiftance ; mais qu'elle
eftoit foûtenue par l'eau de
la bouteille, & qu'elle flottoit
dans toute la maffe de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide
.
7:
Le lendemain environ
vers les heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avois parlé, je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
168 MERCURE
•
& du limon verd rappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vû autrefois
, ce qui me donna la
curiofité de regarder fouvent
pendant la journée
cette bouteille , pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord furpris . Vers
les dix heures du matin ,
qui eftoit le temps que le
foleil touchoit la feneftre
où eftoit pofée la bouteil
le , le limon du fond commença
de s'enfler, & à me
fure que Leau s'échauffoit
il s'éleva de deffus la fuper
ficie:
GALANT 169
ficie de ce limon , une infinité
de boffes , qui peu
peu en s'élevant davantage
diminuerent de groffeur
, & produifirent des
filets de la fubftance du limon
même ; de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapiffoit le
fond de la bouteille eftoit
converty en filets dont
quelques - uns tenoient enfemble
& paroiffoient fortir
les uns des autres reprefentant
des branchages , &
les autres flottoient comme
de fimples filets droits
Fanvier 1711 .
Р
170 MERCURE
4624
en
& tournez felon qu'ils avoient
été obligez de fe dé .
tourner par les autres qu'ils
avoient rencontrez
chemin , chacun ayant attaché
à fon bout fuperieur
une perle blanche qui eftoient
de differentes groffeurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
refterent ,dans cette fitua
tion pendant tout le temps ,
le Soleil les éclaira ;
c'eſt- à - dire juſqu'à quatre
heures aprés midy. Immediatement
aprés ce tems
je vis les filets & les ramifique
IM
ON!
a
GALANT. 170
cations retomber peu à peu
au fond de la bouteille , &
en meſme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications , diminuer
peu à peu de groffeur , &
eftant enfin entraifnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ils
recompoſerent la
mefme quantité de fediment
ou de limon verd
que j'avois obfervé en premier
lieu . Le lendemain il'
arriva la mefme chofe &
aux mefmes heures , ce qui
a continué pendant tout le
Pij
172 MERCURE
refte de l'Efté ; c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
& que le Soleil a pû atteindre
la bouteille . Le refte
de l'année , non feulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau , mais le
limon du fond ou le fediment
de la bouteille , qui
pendant les nuits de l'Efté
eftoi épais de trois ou quatre
lignes , s'eft fi fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaiffeur
, & les petites bulles
d'air dont ce limon
eftoit fort fenfiblement
GALANT. 173
parfemé en Efté , ont difparu
entierement pendant
l'hyver ; de forte qu'on ne
les voyoit plus du tout .
J'ay de loin approché
cette phiole du feu pendant
T'hyver , les bulles d'air'ont
reparu dans le fediment
& à mesure que l'eau de lá
bouteille s'eft échauffée !
le fediment s'eft gonflé
les branchages fe font refaits
dans toute la maffe
de l'eau comme il eftoit
arrivé en Efté par la chaleur
du Soleil , & en éloignant
la bouteille du feu
Piij
174 MERCURE
le fediment s'eft remis au
fond de l'eau à meſure
qu'elle s'eft refroidie . J'ay
fait cette experience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver , qui ont bien réüffy
; mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille
, il s'eft fait une écume
fur l'eau,ce qui n'eftoit
jamais arrivé , & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toute l'eau ,
fe font précipitez fubite,
ment au fond de la bouteille
en forme de limon
qui ne s'eft jamais relevé
GALANT . +75
"
depuis en branchages comme
il faifoit auparavant
.
L'on voit aisément icy
que les bulles d'air enveloppées
dans le fediment
verd ont efté la cauſe de
l'élevation de ce fediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
, & que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits , n'eſtoient autre
choſe que ces mefmes
bulles d'air engagées &
8
Piiij.
176 MERCURE
*1
enveloppées en partie dans
le tiffu de ce limon ; ces
bulles d'air ayant efté dilatées
confiderablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu , font devenuës fi
legeres en comparaiſon
d'un pareil volume d'eau ,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobſtant le
poids du limon à
quoy
elles eftoient attachées ; de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages qui ont formé
cette vegetation . Et comme
la derniere fois que j'ay
GALANT. 177
prefenté la bouteille au
feu , je l'ay trop échauffée ,
lesbbulles d'air ont efte
trop dilatées & ont entraifné
les enveloppes qui les
retenoient , & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru fur l'eau de la
bouteille. Auffi depuis ce
temps le limon ne s'eft
plus élevé dans fon eau , &
il n'y a plus paru de vege
tation.
ร
Quand on obfervera
bien toutes ces circonſtan
ces que j'ay marquées . En
amaffant de l'eau de pluye
178 MERCURE
on réiterera cette experience
de la même maniere
quand on le voudra.
Si la fameuſe Palingenifie
eftoit verifiée
pourroit fervir encore d'exemple
de la troifiéme claffe
des vegetations artificielles.
MORTS
elle
On a oublié dans le
mois paffé l'Article de Suzanne
- Henriette de Lor
raine , Ducheffe de Mantoue
morte fans pofterité
le 6. Decembre 1710. en fa
25 année , eftant née le 1 .
GALANT. 179
་
Février 1686. Elle eftoit
fille de Charles de Lorraine
troifiéme du nom , Duc
d'Elbeuf , & de Françoiſe
de Montaut de Navailles ,
fa troifiéme femme . Elle
fut mariée le 8 , Novembre
1704. à Ferdinand Charles
de Gonzague quatriéme
du nom , Duc de Mantouë
, mort à Padouë le 5.
Juillet 1708. Cette Princeffe
a efté inhumée dans
l'Eglife des Jacobins du
Fauxbourg S. Germain ,
dans le Tombeau du Maréchal
Duc de Navailles ,
180 MERCURE
fon grand-pere. La premierefemme
du Duc de Mantouë
eftoit Gonzague , heritiere
de la branche de
Gouaſtal , & luy apporta
en mariage la Principauté
de Gouaftal . Eleonor de
2
de Gonzague grande- mere
l'Empereur , eftoit · foeur
du pere du Duc deMantouë
qui avoit épousé Claire-
Ifabelle d'Autriche .:
La Maifon de Gonzague
a regné environ 400 .
ans dans Mantouë , d'abord
fous le nom de Capitaines,
enſuite de Marquis ,
GALANT . 18
& enfin fous le nom de
Ducs.
Les Gonzagues tuerent
dans une fedition certain
tyran nommé Pafferin qui
avoit ufurpé Mantouë , &
l'on m'a affuré qu'on avoit
lû dans un Manufcrit ancien
les circonſtances qui
fuivent. Pafferin avoit enlevé
une foeur des Gonzagues
, & la tenoit enfermée
dans fon Chafteau ; les
Gonzagues ne pouvant
forcer ce chafteau qui eftoit
tres - fort comme il l'eft
l'eſt encore à prefent , fe
182 MERCURE
joignirent fecretement à
quelques Chevaliers qui ,
feignant de prendre querelle
contre d'autres auffi
de leur complot , firent un
défi à jour nommé pour
vuider leur querelle dans
la grande place de Mantoue
, ils s'y rendirent armez
de pied en cap , & la
lance au poing. L'on en
avertit Pafferim qui eſtant
fort curieux de ces fortes
de fpectacles , fortit de fon
Chafteau
avec les gens armez
, feulement
en fimples
fpectateurs . Nos Chevaliers
}
.4
GALANT. 183 :
commencerent entr'eux le
combat concerté , & tout
d'un coup les deux quadrilles
fe réüniffant tournerent
leur furie contre Paſſe
rin & fes gens , & aprés
l'avoir bleffé à mort ils
furent s'emparer du Chafteau
.
On voit dans le Cabinet
du feu Duc de Mantouë
une grande Médaille de
marbre du temps d'Augu
fte , c'est le Portrait du
Poëte Virgile, qui , comme
on fçair , eftoit natif de
Mantoue. Mantua me ge
2
184 MERCURE
nuity rc. Cette Epitaphe
de Virgile eft trop connue
pour la mettre icy. La
Ville de Mantouë a tant
de veneration pour ce Poë
te , que fa Médaille gravée
fert encore de Cachet ou de
Sceau à certains Paffeports
qu'on appelle , Billets de
Santé , & que la Ville donne
dans les temps de pefte.
La Maifon de plaiſance
de Claire- Ifabelle eftoit autrefois
celle du Poëte Virgile..
Mr Antoine de la Porte
Chanoine de l'Eglife de
NoftreGALANT.
185
Noftre- Dame de Paris
*
Decembre
mourut
le 24
.
1710 en fa 83 année. Il
a fait de fon vivant des
prefens
confiderables
à
l'Eglife
de Noftre- Dame ,
a
entr'autres un Soleil magnifique
, & de tres-beaux
Ornements.
"
Mr le Cardinal de Noailles
a donné à Mr l'Abbé
Tambouneau le Canoni
cat de Mr de la Porte , b
Ferdinand Obizzi
Marquis du S. Empire
Chambellan & Confeiller
d'Eftat & de Guerre de
Fanvier 1711.
186 MERCURE
I'Empereur
Maréchal
General de Camp , cydevant
Colonel & Commandant
à Vienne , & Sur
'Intendant General des Ordonnances
de Sa M. I.
mourut à Vienne le 12 .
Decembre 1710. âgé de
71. ans aprés en avoir
paffé cinquante au ſervice
de la Maifon d'Autriche ,
tant dans la guerre que
dans les negociations &
commiffions importantes.
Son corps a efté tranſporté
dans le Tombeau de fes
anceftres, Il avoit épousé
GALANT. 187
M
en premieres noces Marie
Therefe Palfi , veuve d'Augufte
, Comte de Sinzemdolfe
; & en fecondes
Anne - Marie- Elifabeth
Comteffe de Rathmansdorf.
Il avoit pris une troifiéme
alliance avec Marie
Claire Apolline
, Comteffe
de Staremberg , veuve de
François Leopold Guillau
me Comte de Slavata
defquelles
il n'a point eu
d'enfants
.
N. Manfart , fille de
feu Mr Manfart , Sur- Intendant
des Baftiments ,
Qij
188 MERCURE
eſt morte dans un âge peu
avancé . Elle avoit épousé
Mr de Montargis , Garde
du Trefor Royal.
VERS
en ftile Marotique.
Par Mr de la F
Sur la Comedie d'Am
phitrion reprefentée au
Chafteau de Sceaux .
tion s'a li all
Lorſque Baron ce Protheus
charmant
Vient meditant fa conCALANT.
189
queſtefuretive
Qui ne croit vray que
Jupiter Amant
Che
Alcmena fousfaux
Jemblant
arrive.
Quand il paroift avoir
de crainte vive
Le coeur faify par ce
prompt changement
,
Me femble voir dans fa
douleur
naived
Amphitrio trompé cruellement
Pareil au fien eft mon
eftonnement
190 MERCURE
Quand la beauté qui forz
ame captive
Le trifte aveu luy fair
ingenuement
Du cas à qui tant fied la
negative.
SoZia, mefme , infortuné
convive ,
On Serfbattu , me toucke
également s
Contre raifon faut-il que
foyfouscrive
A
Atout cecy quoyquefeint
Seulement ?
Ouy , belle Alcmene , ay
GALANT . 191
cru le tout
vrayment
De voftre jeu , force perfuafive
,
Efprits coeurs entraifne
Seurement ;
Et bien qu'Ovide en cecy
fable écrive
3
Fable rendez- vous à nos
yeux effective
Car merite le Dieu du
firmament.
De Cleantis a fon droit
attentive,
Et de la nuit fi bonnement
tardive ,
192 MERCURE
Euffe voulu dire auffi
l'agrement
Le coeur men dit ; mais
Rimefugitive
Malà propos en ordonne
autrement.
Monfieur d'Hofier a
fait recevoir fon neveu en
furvivance des Charges de
Juge general des Armes &
des Blafons de France , &
de Genealogifte de France,
& des Ecuries de Sa Majefté.
Monfieur d'Hofier
qui a exercé dignement
ces Charges depuis cinquante
GALANT. 193
quante ans , avoit fuccedé
au celebre d'Hofer , fon
pere , homme excellent qui
s'étoit rendu recomandable
en ce genre d'eftude . Il
ávoit une vaſte connoiffan
ce de toutes les Races de
l'Europe , & une memoire
qui tenoit du prodige . Le
fameux d'Ablancourt
dis
foit de ce rare homme
qu'il avoit affifté à tous les
Contrats de Mariage , & à
tous les Baptefmes de l'Univers
parce qu'il connoiffoit
toutes les familles en détail
par Noms , Surnoms , Ti .
Fanvier 1711.
R
194 MERCURE
tres , & Armoiries
. Mrs
d'Hofier , pere & fils ;
ayant également
travaillé
depuis cent ans à former le
fond d'un précieux
Cabinet
qui contient
tout ce qu'il
ya de plus sûr & de plus
curieux
dans la difcuffion
Genealogies
. La Nobleffe
de France doit jetter
les yeux avec plaifir, ſur un
Neveu élevé en fi bonne
école , & que fon Oncle
acheve
de former
en luy
des
infpirant
l'honneur
, l'exa-
Atitude , & la probité qui
luy ont attiré la confiance
de tout le monde .
GALANT. 199
Parapluies & Parafols
nouvellement invente
qui fe portent
છ
dans la pocke.
Cette nouvelle invention
me fait fouvenir
d'un foldat qui pendant
un orage affreux fuivoit
tranquillement
fon chemin
malgré la pluye qui
le perçoit. Je luy criay
d'une maiſon où j'étois
qu'il entraft pour ſe mettre
à couvert. Vous ne
Rij
196 MERCURE
fçavez donc pas , s'écria→
t’il , qu'un bon Soldat a
toûjours dans fa poche
dequoy fe garentir des
injures du temps , &
difant cela , il tira une
longue bouteille
de fer
blanc qu'il acheva de
vuider en me demandant
dequoy la remplir.
On pourra donc dire
à preſent tres - ferieuſement
, j'ay dans ma poche
dequoy me garantir
des injures du temps ,
GALANT. 197
car ces nouveaux Para- !
pluies dont on peut fairebufagene
tiennent
pas plus de place que la
bouteille du Soldat. J'en
ferois bien icy la def-
?
cription exacte , mais
elle feroit longue ; on
n'a qu'à les acheter :
c'eft le plus court. Ils fe
vendent proche la barriere
S. Honoré. Celuy
qui les a inventez c'eſt
Mr Marius à qui on a
l'obligation de ces Cla-
R iij
198 MERCUŘE
veffins brifez qu'on
pourroit prefque appeller
auffi des Clavellins
de poche. Je ne defefpere
pas que fon induſtrie
ne parvienne juſqu'à
nous donner pour nos
Armées des Tentes , ou
du moins des
Baraques
de poche.
Aufone à qui les Mufes
ouvrirent la route à
la plus haute Magiſtrature
; Aufone , Poëte &
Conful , fit autrefois une
GALANT . 199
Piece intitulée , Cupido
cruci affixus . Il dit que
c'eft d'aprés un Tableau
placé à Treves , dans la
Galerie d'Eole , qu'il a
tiré fon Poëme, Mr R ..
a imité cette Piece , &
l'a rendue en Vers françois.
LAMO V R
puni & juftifié...
Vers libres.
Loin de ces prifons redoutables
,
Rij
200 MERCURE
Où Pluton aux Ombres
coupables
y
Faitfentir fon jufte courroux
,
Il est dans les Enfers des
aZilesplus doux.
Des Myrtkes tousjours
verds y forment des
ombrages
Qui n'ont rien de l'horreur
de l'éternelle nuit.
Des Fleuves y coulent
fans bruit's
Des Pavots
languiſſants
couronnent leur rivages.
GALANT 201
On voit parmi les fleurs
qui parent cefejour,
Hyacinthe , Narciffe
& tant d'autres encore
Qui ,
mortels autrefois ,
de l'empire & Amour
Ont paffe dans celuy de
NYFlore.
CesBeaute dontlesnoms
fameux
Rempliffent la Fable
Bowl'Hiftoire
,
Malgré Peau du Lethe
confervent la memoire
De leurs malheurs & de
leurs feux.
202 MERCURE
L'ambitieufe imprudente
Qui voulut voir Jupiter
Armé de la foudre tonnante,
Rappelle ce plaifir qui
luy couftafi cher.
La maiftreffe deCephale,
Plaignant toujours fon
vainqueur ,
Cherit la flechefatale,
Dont il luy perça le coeur.
Hero d'une main tremblante
Tient la lampe étince
Lante ,
GALANT. 203
Qui luyfervitfeulement
A voir perirfon Amant.
Ariane roule en colere
Ce fil , trifte inftrument
d'un perfide attentat.
Infortunée , belas , d'avoir
trahifonpere
Pour ne rendre heureux
qu'un ingrat.
Phedre interdite , & confuſe
,
Baigne trop tard de fes
pleurs
L'écrit,oùfa main accuſe
Ses criminelles ardeurs.
204 MERCURE
Moinscoupables cemfois,
&5 plus a plaindre
qu'elle,
Et Didon & Thifbé vont
Se frapper lefein
D'un perfide ennemi l'une
a le fer en main
L'autre celuy d'un Amant
trop fidelle..
De leurs douleurs l'Amour
voulut eftre
témoin
Car dans nos maux le
traiftre admire fan
ouvrage.
GALANT 205
Il cachoit fon
carquois
fon flambeau
d'un
nuage.
Vaine adreffe inutile
foin !
Le voila découvert, La
Decohorte rebelle
Le menace. Il veut fuir.
Il ne bat que d'une aile.
Il tombe. On le faifit. Il
verfe en vain des
pleurs.
Attache fur un Myrthe,
unefureur nouvelle
Luy va de mille morts
prefenter les horreurs.
206 MERCURE
Fendre Amour de ton
fein l'une approche
l'épée
Parquifa tramefut coupée
s
L'autre offre àtes regards
les debris enflammeZ
Du Bucher , où fes jours
ont été confume .
Myrrha de quilesDieux··
ont endurcy les larmes ,
Enfait pourt accabler de
redoutables
armes .
Tes cris ont attiré ta mere
2 dans ces lieux.
GALANT . 207
Vient-elle à ton fecours ?
Non. Que l'audacieux
Dit Venus ,
éprouve ma
rage.
Des filets deVulcain , des
ris malins des Dieux ,
Je n'ay pas oublié l'ou
trage.
Un Buiffon épineux offre
aux yeux de Cypris
De long's bouquets de ro-
Jes
De leur boutons a peine
eclofes
Elle en arme fa mains
208 MERCURE
elle approchefon fils.
Arreste Deeffe irritée
S'écrie avec transport la
troupe épouvantée:
Lorfque nous refpirions le
jour
Lefort fit nos malheurs ,
ce n'eftoit pas l' Amour,
Il paroift depuis peu un
Livre qui a pour titre :
Explication hiftorique des
Fables , où l'on decouvre leur
origine & leur conformité
avec l'hiftoire ancienne , & où
l'on rapporte les époques des
Heros ,
GALANT. 209
Heros, & des principaux évenements
dont il est fait men
tion.
Si les
Anciens revenoient
nous
parler de
bonne foy , ils avoueroient
qu'ils n'ont pas
cru mettre
dans leurs
Fables
obfcures
toutes
les
beautez que nous y
voyons
.
On y a trouvé tout ce
qu'on a voulu , dit l'Au .
teur , le Phyficien y a apperçu
les myfteres de la
Nature ; le Politique , les
Fanvier 17.11.
S
210 MERCURE
rafinements de la Sageffe ;
le Philofophe , la Morale
la plus pure , & le Chymifte
y trouve les Secrets les
plus importants de fon
Art , & c...
Quoyqu'on ne puiffe
douter que les Fables ne
renferment une partie de
l'Histoire , il ne faut pas
croire cependant que toutes
les circonstances y faffent
allufion , & c.
Les Poëtes qui ont éſté
les premiers Hiftoriens , y
ont mêlé la verité avec les
vains ornements de la FaGALANT
211
ble. C'eſt le premier eftat ,
& pour ainfi dire , l'enfanee
des Fables , & c. ¡
Ceux qui dans la fuite
traiterent des mefmes fu
jets , y mêlerent auſſi plufieurs
circonftances par
rapport à leur Philofophie,
& a leur Religion ; ainfil,
les mêmes Fables qui n'es
ftoient d'abord qu'hiftoriques
, devinrent dans la
fuite , morales , theologi
ques , & phyfiques , & c...
Les évenements de ces
Fables n'ayant pas paru aux
Poëtes affez glorieux pour
Sij
212 MERCURE
les Heros qu'ils vouloient
chanter , ils y ont mêlé
mille fictions pompeufes
qui ont paffez pour des éve
nements réels. C'eft à les
développer , à les démêler,
& à voir ce qui peut y avoir
donné lieu , que l'Auteur
de ce Livre s'eft unique.
ment attaché , & c... d
On peut diftinguer dans
les Poëtes cinq fortes de
Fables . Les Fables hiftoriques
font d'anciennes Hitoires
mêlées avec plufieurs
fictions ; telles font
celles qui nous parlent
GALANT 23-
d'Hercules , de Jafon , & c
Les Fables philoſophi
ques font celles que les Anciens
ont inventées comme
des paraboles propres à envelopper
les myfteres de
leur Philofophie ; comme
quand ils nous dépeignent
POcean par des Fleuves
&c...
Lesballegoriques font
auffi des paraboles où ils
cachent quelques fens myfterieux
, comme celle que
Platon raconte de Porus &
de Penie , & c..
Les morales font celles
14 MERCURE
qu'on ainventées pour de
biter quelques preceptes
propres à regler les moeurs;
telles font les Fables d'Efope
, & autres femblables
Apologues , & c . ..
Les Fables inventées a
plaifir font celles qui n'ont
d'autre but que le divertif
fement ; comme celles de
Pfiché ..... Generalement
parlant , il y a tres - peu de
Fables dans les Anciens qui
ne renferment quelque
trait d'hiſtoire , & c .
Sources des Fables.
La vanité des hommes
GALANT. 215
eft fans doute la premiere
fource des Fables ; la verité
ne leur ayant pas tousjours
paru affez belle ni affez
amufante , ils ont cru que
pour paroiftre elle avoit
befoin du merveilleux
&
du fublime , & c....
Avant que l'ufage des
lettres fut introduit dans la
Grece , les grands évene--
ments & les belles actions
n'avoient d'autres monuments
que
la memoire des
hommes , ou tout au plusquelques
hieroglyphes ob
fcurs , & dont le fens tou
216 MERCURE
jours ambigu pouvoit fignifier
tout ce qu'on vouloit
; de forte que pour perpetuer
le fouvenir de leurs
faits éclatants , les peres les
racontoient aux enfants,
& fuivant la louable coutume
de ne dire jamais les
chofes fimplement aux jeunes
gens , ils mêloient dans
le recit des avantures quelques
circonftances propres
a les y rendre attentifs , &
à en faire fouvenir . Ainfi fe
rempliffoit d'idées fublimes
la memoire & l'imagi
nation foible des enfants
qui
GALANT . 217
qui venant dans la fuite à
raconter les mefmes chofes
à leur tour , y ajouſtoient
encore quelques autres circonftances
, enforte que
quand on a voulu faire des
Annales de ces Hiftoires ,
on n'a trouvé d'autres monuments
que cette tradition
confuſe & défigurée
,
& c
Anciennement on avoit
coutume de louer les Heros
aprés leur mort , & les
jours de leurs feftes par
des Panegyriques eftudiez ,
où de jeunes Rheteurs ,
So Janvier 1711 .
Ꭲ .
218 MERCURE
d'ef
dont on vouloit éprouver
le genie par ces coups
fay , fe donnoient
une entiere
liberté de feindre &
d'inventer
tout ce qui pouvoit
contribuer
à la gloire
des Heros qu'ils reprefen ..
toient non tels qu'ils avoient
efté , mais tels qu'ils
auroient
dû eftre Ainfi
lorfque
dans la fuite on a
voulu faire l'hiftoire
de ces
grands
Hommes
, on n'a
fur des
pû travailler que
memoires plus fabuleux
que veritables , &c . ..words
Les Voyageurs & les
GALANT . £tg
Marchands ont auffi beaucoup
gafte Thiftoire par
leurs relations fabuleufess
car ces fortes de gens eſtant
ordinairement ignorants
ou menteurs ſe trompent
eux - mêmes en voulant
tromper les autres , & c...!!
? Ce qui a donné lieu ita à
multiplication des He
ros , c'eſt qu'on a partagé
entre plufieurs les actions
d'un feul fous differents
noms . Mercure par exem
ple qui s'appelloit Teutas
chez nos anciens Gaulois ,
fe nommoit Faune en Itala
Tij
126 MERCURE
lie & Hermés
chez les
Grees
& c Au contraire
on a multiplié
les actions
d'un feul Heros
en luy
attribuant
celles de plu
fieurs fous un même nom ;
comme
dans l'hiftoire
d'Hercules
de Thebes
où
l'on a mêlé les voyages
&
des actions d'Hercules
Phe
nicien , & de plufieurs
qu
tres Heros de même nom ,
& c...
A
Tous les hommes s'eſtant
trouvées ſubmergez
par les eaux du Deluge ,
excepté Noé & fa famille ,
GALANT. 221
le monde ne puft eſtre repeuplé
que tres- longtemps
aptés. Mais quoyq e la
Syrie , la Paleſtine , l'Arabie
, l'Egypte , & les autres
Pays les plus proches du
lieu où l'Arche s'arrefta
furent repeuplez les premiers,
& long- temps avant
les Provinces d'Occident
cependant il ne laiffoit pas
de s'échapper de temps en
temps quelques- uns des
plus hardis pour aller chercher
fortune ailleurs . Ceux
qui arriverent les premiers.
dans la Grece , y vécurent
Tiij
222 C MERGURE
dans une ignorance & une
groffiereté eftonnante , fans
Arts , fans Coutumes , fans
Loix fe couvrant de feuilles
, & broutant l'herbe
comme des beftes . Quand
dans la fuite les estrangers
Egyptiens & Pheniciens ,
gens plus polis & plus fçavants
, y arriverent , ils tâcherent
d'adoucir humeur
ferace & barbare de
ces premiers habitants
leur firent part de leurs
Coutumes & de leurs Loix,
& leur apprirent la nianiere
de s'habiller , de fe nourGALANT
. 223
rir: & de cultiver la terre,
Cette nouvelle maniere de
vivre leur parut fi belle ,
que ne fqachant comment
leur témoigner la reconnoiffance
qu'ils en avoient,
ils les prirent pour des
hommes envoyez du ciel ,
& les regarderent comme
des Dieux à qui ils facrifierent.
C'est ce qui a donné
lieu à la Fable qui dit que
Promethée avoit dérobé le
feu du ciel , c'eft à dire ,
l'efprit divin , &c.
lly a beaucoup d'apparence
, & la plupart des
Tiiij
224 MERGURE
Sçavants en font perfuadez
, que prefque tout le
fublime & le furnaturel
qui fe trouve dans les ouvrages
fabuleux desPoëtes,
eft tiré de quelques circonftances
de la vie de Noel,
de Moyfe , de Jofué , &
de quelques autres Heros
de l'Ecriture Saintelef
quels ayant répandu le
bruit de leurs belles actions
jufqu'en Egypte , en Phenicie
, & dans plufieurs autres
Pays , ces Peuples ido
latres , & furtout les Grecs
grands amateurs du fubli
sces
GALANT. 1225
me & du furnaturely ne
manquerent pas d'en embellir
dans la fuite l'hiftoire
de leurs Heros , Celles
d'Hercules & de Bacchus ,
ont beaucoup de reffemblance
avec Jofué & Moyfe.
Celles de Deucalion &
de Saturne , avec Noé & le
Deluge , & c .
3 ! Pour ce qui regarde les
Arts & les Sciences uils
fubftituent
à tout propos
leurs Divinitez fabuleufes
à la place des anciens Patriarches
, que l'Ecriture
nous apprend en avoir efté
11 95
216 MERCURE
qu
les premiers inventeurs,
Jubalop par exemple , fur
Pinventeur de la Mufique,
delà vient leur Apollon
uvils font encore , inventeur
des Sciences au lieu de
Moyfe. D'Abel qui le premier
a mené la vie paſtorale
, ils ont fait Pan. Vul
cain pour Tubalcaïn a le
premier appris à forger le
Fer .... Ce mefme Vulcain
qu'ils difent eftre tombé
du Ciel n'eft autre chofe
que Moyfe defcendu de la
Montagne ... Au reſte
l'hiftoire des Grecs ne
28
CALANI. 227
commença à devenir un
peu raisonnable que da
temps des Olympiades , &
du temps d'Efdras , c'eftà-
dire , long - temps aprés
la guerre de Troye. Tout
ce qui fe paffa auparavant
n'eft que confufion & que
chimere.
Les temps inconnus
font depuis la Creation
jufqu'au Deluge d'Ogigis
arrivé vers l'an 2240. Les
temps fabuleux renferment
ce qui s'eſt paffé depuis
ce Deluge jufqu'à la
premiere Olympiade qui
128 MERCURE
tombe fur la 3203. Enfin
les temps hiftoriques re
gardent ce qui s'est écoulé
depuis l'eſtabliſſement des
Olympiades , &c. ), osied
Le peu d'habileté qu'on
avoit dans l'Art de la Nag
vigation & dans la Geoq
graphie , a donné licu à
beaucoup de Fablés tauffi
bien que le foil charitable
qu'on avoit de fauver
l'honneur des Dames galantes.
Lorfque quelques
Princeffes avoit cu de lá
foibleffe ppoouurrffoonn Amiant ,
les flatteurs appelloient au
M
GALANT. 229
fecours de fa reputation
quelque Divinité favora
ble ,» qu'on fuppofoit avoir
triomphe de fon inſenſibilité
. Ces fortes de galan
teries eftoient mefme fihonorables
, qu'il n'y avoit
pas jufqu'aux Epoux qui
ne les favorifaffent . L'hif
toire de Mundus & de Pauline
n'en eft pas le feul
exemple , & c ...
Aprés avoir découvert
l'origine des Fables,
l'Autheur theur commence
l'hiftoire des Dieux.
230 MERCURE
Il est bien difficile de
fixer l'époque de l'idola
trie, & de dire precisément
par qui elle a commencé ;
care qnoyquede l'Ecriture
nous apprenne que les one
fants de Cain tomberent
dans l'idolatrie elle ne
nous dit rien d'explicite
de ces Idolatres .
il n'eſt pas moins difficile
de décider quel en a eſté le
premier objet, Les uns prétendent
qu'on a commencé
paradorer les Aftres . D'au
tres veulent que la plus ancienne
idolatrie a efté celle
Ainfi
GALANT. 231
des deux Principes , c'eſtà
dire de reconnoiftre un
bon & un mauvais Genie
à qui on facrifia, à l'un par
reconnoiffance du bien
qu'on en croyoit recevoir ,
& à l'autre par la crainte
des maux qu'il pouvoit
caufer , & c..
D'autres ont cru que les
bons Anges mediateurs entre
Dieu & les hommes
avoient cfté le premier
objet de l'idolatrie . Quoyqu'il
ensoit , il eft certain
que l'idolatrie ne fut pas
d'abord fi groffiere qu'elle
2
23 MERCURE
degrez . On
le devint par
n'adora au commence .
ment que les Aftres , & fur
tout le Soleil & la Lune ' ,
delà on paffa à l'adoration
des Elements , & enfuite à
celle des chofes animées ,
comme des Princes & des
autres hommes illuftres
& enfin les choſes inanimées
& mefmes les plus
viles devinrent l'objet du
culte des hommes.
Comme le nombre de
ces faux Dieux devint pref
que infini , ils les diviferent
en plufieurs claffes . La
premiere
GALANT 233
premiere eftoit de ceux
qu'ils appelloient maj rum
gentium Dit. C'eftoient des
Dieux eftrangers , comme
le Soleil & les autres Af
tres . La feconde claffe eftoit
de ceux qu'ils nommoient
minorum gentium , & c'eftoient
des Dieux de differents
Peuples . nag
On les divifa enfuite
en grands Dieux ou Dieux
du Confeil . Les Grecs en
connoiffoient douze de
cette forte ; Junon , Veſta ,
Minerve , Cerés , Diane ,
Venus , Mars , Mercure ,
Fanvier 1711 .
V
234 MERGURE
Jupiter , Neptune , Vul
cain , & Apollon ,
Les Romains y en joignirent
huit autres qu'ils
nommoient Dieux choifrs.
Sçavoir , Janus , Saturne ,
le Genie , le Soleil , la Lu
ne , Pluton , Bacchus , &
l'ancienne Veſta
Terre.
our
la
Enfuite venoient les
Dieux Senones , qu'on ne
croyoit pas allez grands
pour habiter dans le Ciel .
Il y avoit auffi des Dieux
communs qui favorifoient
les Partis , comme Mars ,
GALANT. 235
Bellone , & c...
Il y en avoit outre cela
dans chaque Pays qu'on
nommoit Indigetes , parce
qu'ils eftoient tousjours
prefts à écouter les befoins
de ceux qui avoient recours
à eux .
Il y avoit encore les
Dieux Cabbires , coinme
qui diroit Affociez . Les
Hiftoriens en varient le
nombre . Quelques - uns n'en
admettent que deux : fçavoir
; Jupiter & Bacchus ;
d'autres veulent qu'il y en
ait quatre qui font Cerés ,
V ij
236 MERCURE
Proferpine
, Pluton & Mercurestoffs
191026
2710 On en adoroit en Sicile
e
C
d'une efpecé particuliere
qu'on nommoitPalices, &c.
upEnfin on connoiffoit des
Dieux particuliers, connie
les Dieux Penates ,les Dieux
Lares , que chacun adoroit
dans fa maifon , & lesDieux
Compitales , qu'on adoroit
dans les Carrefours fans
parler de la populace des
Dieux , comme les Nymphes
, les Syrenes les Satyres
, &c . On ypeut joindre
encore des Dieux Ani
GALANT . 237
mez & des Dieux Naturels .
Les premiers eftoient ou
sles Demons , tous les Ames
dos grauds Hommes you
des Efprits bienfaifants .
Les autres n'estoient que
les fymboles fous lefquels
yon (adoroit où la nature
entiere comme Pan , Qu
xquelques uno de fes parties ,
3 comme Apis , Dagon , & .
204) Au reste pour donner
eine idée generale de tous
ces Dieux , il n'y a qu'à
dire qu'ils eftoient Celeftes
ou Terreftres , Aquatiques
où Infernaux .
138 MERCURE
La plupart des Dieux
n'ont ellé que des hommes
illuftres , & fouvent plus
recommandables par leurs
vices que par que par leurs actions
heroïques . Coelus¹‚§ par
exemple ou Ouranos
qui eftoit fils d'Agamemnon
& petit -fils de Gomer ,
fet rendit maitre d'une
grande partie de la Grèce
par: fa bravoure . Il épouſa
Titée fa foeur dont il eut
Titan , Hifperion . Japher,
& Saturne.Ċeluy
-cy quoyque
le plus jeune eut affez
d'efprit & d'intrigue pour
GALANT. 259
monter fur le trône au
préjudice de fes aîuez , à
condition toutefois que
Titan y remontroit aprés la
mort Saturne ayant époufé
Rhea fa four , refolut de
facrifier à Coelus fon pere
tous les enfants
males ,
mais la femme trouva le
moyen de fauver Jupiter
en fubftituant
un autre en
fa place , ce qui obligea
Titan à fe revolter contre
Saturne qui fut mis en pri
fon ,
a
Mais Jupiter eftant devenu
grand fe fit des bri240
MERCURE
gues , & fit la guerre à fon
oncle &
reftablit fon pere fur le
trône ; mais Saturne s'eftant
broülllé avec Jupiter,
fut enfuite dépofé par luy
& obligé de s'enfuir en
Italie , où quelque temps.
aprés s'eftant ligué avec les
Titans contre Jupiter , ce
luy-cy les defit tous prés le
Tartefe , & les chaffa Ades
Gaules & des Efpagnes , &
& enfin aprés foixante &
deux ans de regne il mourut
dans l'Ile de Crete , où
l'on voyoit anciennement
cette
GALANT. 241
cette Epitaphe fur fon
Tombeau
. Cy gift Zan que
l'on nommoit Jupiter. Com .
me il demeuroit ordinairement
fur le Mont Olym.
pe , on le regarda depuis
comme Dieu du Ciel . Ce
qui a donné lieu auxPoëtes
de dire que Jupiter avoit
précipitez les Titans dans
le Tartare , où Neptune les
tenoit enfermez , c'eſt parce
qu'il les avoit defait prés
de Cadix qu'on regardoit
alors comme le bout du
monde. Neptune eft dir
Dieu de la Mer parce qu'il
Fanvier 1711.
X
242 MERCURE
eftoit Amiral de la flotte
de Jupiter. Pluton n'a paffé
pour le Roy des Enfers
que parce qu'il eut ce Pays
en partage , & qu'il faifoit
faifoit travailler aux mines
.
>
Cette mefme guerre a
donné lieu à la Fable qui
dit que
les Geans voulurent
détrôner Jupiter
&.c.
•
La raifon
pourquoy on
les a fait paſſer pourles enfants
du Ciel & de la Terre
, c'eft qu'ils eftoient defcendu
d'Ouranus qui en
GALANT 243
longue Grecque fignifie
Ciel , & de Titée ou Titeia
qui en langue Celtique
veut dire Terre Le
mot de Geant veut dire
pareillemment forti de
Terre du Grec yn , terra &
gaw , nafcor.
Voilà le dénouement
de toutes les Fables que
quelques - uns expliquent
autrement , difant que
Sa- tuine
eft
lé mefme
que
Noé
, & que Jupiter
, Neptune
& Pluton
n'ont
eſté
autres
que
Sem
, Cham
&
Japhet
, & que
la cruauté
X ij
244 MERCURE
de Jupiter envers fon pere ,
n'eft qu'une imitation de
la curiofité de Cham ou
Chanaan , mal interpretée.
Comme Mercure eftoit
le plus brave & le plus adroit
de tous les enfants de
Jupiter , ce Prince s'en fervoit
ordinairement pour
los negociations qu'il avoit
avec les Princes voiſins , &
c'eft fans doute ce qui l'a
fait nommer Meffager des
Dieux, Les Gaulois meſme
le regardoient comme l'inventeur
des beaux Arts ,
& copo moup 30
1
GALANT. 245
Diodore nous apprend
que prés la Ville de Memphis
eft un Lac nommé
Acheruſie , au delà duquel
on enterroit anciennement
les morts de forte qu'aprés
les avoir embaumez ,
on les portoit fur le rivage
d'où l'on indiquoit aux
Juges le jour de leur paſſage.
Ils s'y rendoient pour
faire le Procez aux Morts
qui devoient paffer ; on
examinoit la vie qu'ils
avoient mené , & s'ils ef
toient jugeż dignes de fepulture
on faifoit paffer
*
X iij
246 MERCURE
leurs cadavres dans une
barque par un Batelier qui
en langue du Pays s'appelloit
Caron . Ceux qui eftoient
jugez indignes de la
pulture , ne paffoient point
le Lac , & eftoient jettez à
la voirie ou enterrez fecrettement.
Cette coutume eftoit
auffi pratiquée à l'é
gard des Princes mefmes ,
ce qui ne contribuoit pas
à retenir les vivants
peu à
dans leur devoir, Comme
le Batelier prenoit quelque
droit pour le paflage , on
avoit coutume de mettre
GALANT . 247
une piece d'argent fous la
langue du mort.
}
Au-delà du Lac Acherufie
eftoient des bois &
des bocages charmants
un Temple confacré à He
cate, & deux autres fameux
Marais ,le Cocite & le Lethé
. Il y avoit encore prés
de là une autre Ville nommée
Achante , où un Preftre
verfoit tous les jours
myſterieuſement de l'eau
du Nil dans un vaiffeau
percé . Il y a grande apparence
que ces fepultures eftoient
gardées par quel-
X' iiij
248 MERCURE
ques chiens de peur qu'on
ne vint déterrer ces Mo
mies. Tout cela a donné
occafion à la Fabie des Poë
tes touchant le fejour des
Ames heureuſes dans les
Champs Elisées , leur paffage
par la Barque à Caron,
&c...
Mais ce qui a fait appeller
Cerbere , le Chien
qui gardoit l'entrée de cet
Enfer , eft un affreux Serpent
ou Dragon qui habitoit
autrefois la Caverne,
de Tenare. Parce qu'on regardoit
l'entrée de cette
GALANT . 249
Caverne comme la bouche
de l'Enfer , on a pris de là
occafion de dite que ce
Dragon eftoit le Portier de
ces triftes demeures . Voilà
le Chien des Enfers .
Pour ce qui eft des Furies
& des Parques , l'Autheur
en attribue l'origine
à l'imagination des Poëtes ,
& dans tout le reste de fon
Livre , il démêle fçavamment
la verité des évenements
hiftoriques d'avec
les imaginations fabuleufes
qui les ont défigurez .
Ce Livre qui fe vend à
250 MERCURE
Paris chez le Breton , au
bout duPont - neuf, entre la
rue Dauphine & la ruë
Guenegaud, a été composé
par M. L. B.
Feftes de Mr le Ducd'Albe
Mr le Duc d'Albe donne
tous les ans une belle Fefte ,
felon l'ufage de fon Pays ,
le jour de la Naiffance du
Roy d'Espagne. Les Eſpagnols
appellent ce jour
Dia de Anos , jour d'An .
nées . Son Excellence a du
grand & du magnifique
dans tout ce qu'Elle fait ,
GALANT . 251
mais la nouvelle du fuccez
de Brihuega , quElle reçût
le matin , augmenta bien
la joye & l'éclat de cette
Feſte , ce qui l'a fait diffe
rer de quelques jours . Les
perfonnes de diftinction
qui y furent invitées en
grand nombre, & le Public
qui en peut juger par le dehors
, furent dans une égale
furprife , qu'à l'occafion
d'une nouvelle qui eftoit
arrivée le mefme jour , &
qui ne pouvoit pas eftre
prévûë , on put donner
deux repas de cette magni252
MERCURE
ficence, des divertiffements
publics & particuliers , &
le foir une grande illumination
, & un beau de joye,
qui fut fuivi d'un bal qui
dura jufqu'à cinq heures
du matin .
Son Excellence eut un
peu plus de temps à donner
fes ordres & à fe preparer à
la rejoüiffance que meritoit
la victoire complete de
Villaviciofa qui affure le
thrône au Roy fon Maiftre
, dont il a fi fort à
coeur la Perfonne , la gloi
re , & les interefts, a encoGALANT
. 25 ;
re donné à cette occafion
une Fefte qui n'a pû eftre
comparée qu'à celles qu'-
Elle a déja donné à Paris
fur tout à la Naiffance du
Prince des Afturies . Cellecy
s'eft donnée. Dimanche
28. Decembre. Elle commença
dés le midy. Ily eut
un grand dîner, & un grand
l'après- midy. Sur le
foir trois ou quatre cens
perfonnes des plus qualifiées
& du plus haut rang ,
qui y avoient efté invitées,
s'y rendirent. Le jeu con
tinua ; il y eut des concetts
jeu
254 MERCURE
de mufique au dehors &
au dedans de l'Hoſtel. A
l'entrée de la nuit . Il y eut
une illumination
qui dura
toute le refte de la nuit , en
gros flambeaux de cire
blanche. Madame la Ducheffe
de Vendofine s'y
rendit fur les 9. heures . Entre
neuf & dix on fervit un
des plus fomptueux
fouper
qui fe foit encore donné .
La premiere table où eftoit
Madame de Vendofme
a
vec des Princeffes & des
Ducheſſes invitées , & des
Seigneurs
du premier rang:
GALANT . 255
eftoit de quarante couverts
. Cette Table eftoit en
fer à Cheval. Il y fut fervi
plus de trois cens plats
portez & rapportez par des
Suiffes avec des habits uniformes
. Trois ou quatre
autresTables furent fervies
en mefme temps . Les plus .
excellents mets y furent
fervis avec autant d'ordre
que de profufion. Les Liqueurs
les plus rares y furent
prodiguées
. Dés qu'on
fortit de table entre onze
heures
& minuit
, il partit
un grand nombre de fu256
MERCURE
fées que le feu d'artifice
fuivit de prés . Le Bal commença
immediatement aprés
. Il fut ouvert par Mr
le Prince d'Efpinoy & par
Me la Marquife de Torcy."
A minuit les Maſques entrerent
, & le concours du
plus beau monde , maſqué
la plufpart magnifiquement
, y fut fi prodigieux
que l'on compte qu'il eft:
entré cette nuit - là chez
Son Excellence environ
douze mille perfonnes
mafquées , & qu'elle a donné
à fouper ce ſoir- là à plus
de
GALANT . 257
0
de cinq cens perfonnes . Les
Appartements eftoient ornez
& éclairez magnifi
quement. Le Jeu continua
toute la nuit dans une Galerie.
Le Bal dura jufqu'à
neuf heures du matin . Les
rafraichiffements y furent
prodiguez fans interruption
. On dança en fix endroits
differents . Il ne s'eft
gueres vû enſemble un plus
grand nombre de belles
perfonnes & d'hommes de
meilleur air , ni mafquez
d'un plus grand gouft . Les
concerts au dehors & au
Fanvier 1711.
Y
258 MERCURE
dedans de l'Hoftel , ne fini
rene qu'à l'ouverture du
Bal. Les ordres y furent
donnez ſi à propos qu'il
n'y eut ni contretemps ni
accident fâcheux. Quelqu'un
vint dire à Mr le
Duc d'Albe que que l'affluence
des Mafques qui fe pref
foient contre les Tremieaux
avoienc caffé plufieurs gla
ces de grand prix , a quoy.
Son Excellence répondit
en riant , les vertes caffez
font des marques de joye.
Les 4. de ce mois , Son
Excellence fit, de nouvelles
X
•
1
GALANT. 259
réjouiffances pour la victoire
de Villaviciofa . Il
donna un magnifique repas
fur trois Tables differentes
. La premiere eſtoit
de quarante-fix couverts , &
les deux autres de douze &
de treize feulement . Cere
gal fut fuivi d'un Bal , &
d'une collation abondante,
d'illuminations & de feux
d'artifice. Ces réjoüiffances
durerent jufqu'au matin .
Dons faits par le Roy
d'Espagne.
"
Le 20. Decembre le Roy
d'Espagne donna a Mr le
Y ij
260 MERCURE
Marquis de Jamaïca , à
preſent Duc de Veraguas ,
la Commanderie d'Aravaca
, vacante par le decez de
Mr le Duc de Villada.
Celle d'Alingé , vacante
par le decez de Me la
Comteffe de Monterey , à
Mrle Marquis de Caſtillar
, Intendant General.
Celle de la Sarça , vacante
par le decez de Mr le
Duc de Veraguas , à Mrle
Comte de Germiencourt
,
Maréchal general des Logis
de la Cavalerie.
Celle de Livera , vacanGALANT:
261
te par le decez de Mr le
Marquis de Lançarote , à
Mr le Marquis de Muya ,
fils de Mr le Duc d'Eſcalona
. D'autres qui estoient
auffi vacantes ont efté données
à Mr le Marquis de
Valdecanas , Capitaine general
, à Dom Antonio
d'Amezaga , à Don Joſeph
de Armendaris
, & à Mrle
Comte Mahoni , Lieute .
nants Generaux , & à Mrs
Grafton , Pimentel & Toalba
.
Mr de Bonnetot fils du
feu Premier Preſident de la
262 MERCURE
Chambre des Comptes de
Rouen , & beau- frere du
Premier Prefident du Parlement
de cette Ville , a
acheté le Regiment dont
feu Mr de Louvignies
Gouverneur de Lerida eftoit
Colonel H l'a payé
70000. liv . argent comp
tant.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
De Saragoffe le in.
Janvier 1711.
La Reine
devoit partir
*
GALANT: 263
鞠
avant- hierde Najera où Elle
avoitfejourné plufieurs jours
en attendant les ordres du Roy
peur venir à Saragoffe , d'ois
Sa Majesté partira Mercredy
prochain 14. de ce mois pour
aller au devant de la Reine
jufqu'à Mallen , Village à
neuf lieues de cette Ville. Le
lendemain is . Leurs Majeftez
en partiront , & iront coucher
à Alagon , & le 16. Elles arriveront
icyoù ily a apparence
qu'Elles pafferont le reste de
Phyver. Le Roy ayant envoyé.
toutes fes Troupes dans des
quartiers pourfe delaffre des
264 MERCURE
fatigues qu'elles ont eues depuis
plufieurs mois.
Le debris de l'Armée du
Comte Staremberg , fuivant
les derniers avis
a
a paffé la
Segre à Balaguer
pour entrer
en Catalogne
, où le Roy
actuellement
deux detache
ments de Cavalerie
, commandez
par Dom Feliciano
Bracamonte
, Maréchal
de Camp,
Dom Jofeph Vallejo , Brigadier
qui font tousjours
à la
pourfuite
des Ennemis
. On attend
inceffamment
la nouvelle
de la prife de Gironne
, dont la
conquefte
facilitera
beaucoup
celle
GALANT 265
celle du refte de la Catalogne.
Des Deferteurs rapportent
que les habitants de Barcelone
font partagez en deux partis
cantonnez l'un contre l'autre 3
que celuy du Roy Philippe
groffit tous les jours , & qu'il
n'attend que l'approche de nos
Troupes pour fe declarer oùvertement
; de forte qu'on a
efté obligé de mettre une forte
Garde au Palais ou loge l'Ar
chiduc.
Fanvier 1711. Z
266 MERCURE
Le retour des Officiers.
Par Mr D. O. L. V. !
Pour le Myrthe amoureux
Mars quitte
Lauriers ,
les .
Et nous ramene enfin nos
aimables . Guerriers .
Chacun d'eux flolaftrant
au fon de la Mufette
S'enyore du plaifir de
revoir fa .. Lifette.
Les Bergers au retour de
Cefars ,
ces jeunes
GALANT 267
Devant eux, de l'amour
baiffent les Etendars.
De
Rubans neufs ornant
fa tefte & fa Houlette ,
La Bergere bondit, chante,
fait la . folette
Pour
attendrir ces coeurs
dont
l'intrepidité
Semble ne
refpirer que
immortalité.
Patience
Bergers , les
printaniers .
ramages
Dans peu vont les chaffer
de vos
charmant's
bocages,
Z ij
268: MERCURE
Article burlefque.
Je vous demande excufe
de n'eftre pas en
humeur de rire . Je ne
vous donneray que la
Chanfon fuivante pour
tout burlefque. Ce titre
eft neceffaire pour autorifer
un jeu de mots fur
quoy roulent fes refrains.
Encore un mot de digreffion
; j'ay tout privilege
dans cet Article , &
pour vous dédommager
GALANT. 269
de ce que vous ne riez
point , je veux au moins
vous ennuyer.
J'ayfait depuis dix ou
douze ans plus de cent
Chanfons
, & depuis dix
ou douze ans j'ay la patience
d'en entendre eftropier
les airs & les paroles
. Ce n'eft pas manque
d'affection pour mes
Ouvrages , mais j'ay
toûjours efté auffi paref
feux de les écrire que de
les
chanter. Je me punis
Z iij
270 MERCURE
affez de ma pareſſe , car
il m'en coufte à chaque
Mercure plufieurs Couplets
nouveaux pour en
faire paffer un vieux.
CHANSON .
Bon vin , bon vin ,
Quoyque
ton pouvoir
foit
drvin ,
Malgré toy nos jours
prendrontfin.
Mais pendant que le
temps s'écoule,
Coule , coule , bon vin ,
coule ,
4
AIRA BOIRE .
Bon
vin
,
bon vin ,quoi que ton pouvoir foit Di.
,.:ftvjdnpvMBiioororiaonnyuosenlnrnngstré
f:in
tMplqcfaeeeuoeinmeusdsant C,lleqeu
bon vin
Cou
cl,Seaefnfse cou
cou le
le .
a
a
Gay
p3
8
Puifqu'on nepeut fiver
nos
jours , Gardons
nous de fi
xer ton
cours .Cou
Gile .·le
coule bon vin cou
cours . Gravé par Barlion .
GALANT . 271
Sans ceffe coule ,
Puifqu'on ne peut fixer
nos jours ,
Gardons-nous de fixerton
cours .
II. COUPLET.
Sur la Science.
Bon fens , bon fens ,
Te chercher parmy les
Sçavants ,
C'eft perdrefon kuile 5
fon temps.
O toy , qui paflis fur ta
lampe ,
Z iiij
272 MERCURE
Lampe, lampe, Docteur,
Lampe ,
Doctement
lampe ,
Jurifconfulte
ou Medecin
!
Puifestonfçavoir dans le
vin .
III. COUPLET.
Sur la Jaloufie .
Qu'entends-je helas ,
Faylaiffé ma femme la
bas ,
Quelqu'un vient , & je
n'y fuis pas.
GALANT . 273
Pour me cacker ce qui s'y
paffe ,
Paffe , paffe , bon vin ,
paffe,
Dans mes yeux paffe ,
Quand je fuis yure , je
fuis bien,
Mesyeux ouverts ne vérront
rien .
IV. COUPLET.
Le vieux
Yvrogne.
Que vois-je , o Dieux ,
Quel fantofme vient à
mes
syeux
274 MERCURE
Mouillerfes doigts dans
mon vin vieux.
C'eft la Parque qui mes
joursfile,
File , file , bon vin , file ,
•·Doucement file ,
Tant que mon bon vin
durerà ,
Pour moy la Parque filera.
A propos de bon Vin,
on a demandé dans le
dernier Mercure : Si le
Vin eft une bonne chofe.
GALANT. 275
REPONS E.
*** Par Mr L. Magni.
La fore chofe que le vin³
Je le gafte fi je le mefle ?
Tout pur ilgafte ma cervelle
,
La fotte chose que le vin.
Mais non , j'aime ce jus
divin ;
Pur , il égaye ma cervelle
,
Me rafraichit fi je le
mefle ,
276 MERCURE
La bonne chofe que le
alvin.
vin
.
Plufieurs perfonnes
ont répondu differemment
chacun felon fon
caractere.
REPONSE
d'un homme fincere.
Le vin est une bonne
chofe , parce qu'ilfait dire
la verité.
Je conclus delà , dit
l'homme prudent , que
le Vin eſt une mauvaiſe
GALANT. 277
chofe , car toutes veritez
ne font pas bonnes à dire.
LAVAR E.
La bonne chofe que le
vin ,
Quand on le boit chezfon
voifin
Le Vin eft le lien de
la focieté , dit un Yvrogne
qui a le Vin fociable
, mais Alexandre en
avoit bu , quand il tua
Clitus.
278 MERCURE
LE PHILOSOPHE
& le MEDECIN.
;
Nous défendons le Vin
il estpernicieux
Nous le buvonspourtanti
il eft delicieux.
UN TURC.
Nous trouvons leVin
bon , parce qu'il nous
eft deffendu .
UN GOURMET.
Le Vin eft bon
quand il eft bon.
GALANT. 279
UN YVROGNE.
Tout Vin eft bon
pourvû que ce foit du
Vin .
UNE FEMME COQUETTE.
Le Vin eft une bonne
chofe , il endort mon
Mary , and
LE MARY PAISIBLE.
Pefte foit du Vin , il
reveille le caquet de ma
Femme.
280 MERCURE
1
UN HOMME SAGE.
Le Vin eft mauvais ,
car il enyvre.
UN SOT .
Le Vin eft bon , car
il enyvre.
DEMOCRITE.
I
J'aime le Vin , car il
fait rire. Al
HERACLITE.
J'aime le Vin , car il
fait
pleurer.
Ou
GALANT. 281
Ou d'une autre façon ,
HERACLITE
.
Je deffends le Vin ,
car il fait rire.
DEMOCRITE .
Je deffends le Vin ,
car il fait pleurer.
Réponse par l'un des
trois Procureurs quifaute
de fçavoir leprix du Vin
de Champagne , en ont
bu
innocemment pourcent
,
francs
l'heure du Palais.
Janvier 17u . A a
en attendant
282 MERCURE
CHANSON.
On prie Mr du Bouffet
d'y faire un air.
La bonne chose que le
Fen
Vin.
en connois un que pour
Jupin
Fit expres le Dieu de la
treille.
Il chatouille , il grate , il
reveille.
GALANT. 283
Mais un retours maudit
fait fecouer l'oreille ,
Quand le Cabaretier
mutin
Nous force à le payer
deux ecus la bouteille.
Je garde pour le mois
prochain plufieurs autres
réponſes qu'on m'a
envoyées , tant fur cette
queftion : Si le Vin eft
une bonne chofe ? que fur
la queſtion galante: Que
peut-on direpour blafmer
Aa ij
24 MERCURE
ou pour justifier un komme
amoureux d'une femme
qui n'auroit ny beauté.
ny efprit
?
Laiffons auffi la même
queſtion galante pour ce
mois-cy. La matiere eſt
ample ' , & il eft bon de
a
fonder à perpetuité dans
les Mercures un Article
Galant,auffi- bien qu'un
Article Bachique . Ily a
longtemps que l'Amour
& le Vin -font des fujets
amufants. On ne s'en eſt
GALANT 285
pointennuyé depuis tant
de fiecles . Si l'on s'en ennuye
, ce fera ma faute
ou.celle des Anonymes
qui fè lafferont de traiter
agreablement
des fujets
fi heureux .
Le R. P. Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
College de Louis le
Grand , a fait un Difcours
Latin für la Satyre.
Un de mes amis qui
eftoit de l'Affemblée, &
qui a une memoire pro286
MERCURE
digieufe m'en a promis
un Extrait en François
que j'efpere vous donner
le mois prochain.
RECEPTIONS
au Parlement.
Le 7. de ce mois , Mr
le Prince de Conty prit
feance au Parlement avec
les ceremonies ordinaires .
Le mefme jour , Mr le
Duc de la Tremoille y fut
reçu Duc & Pair de France.
GALANT. 287
Le 22. de ce mois , Mr
le Duc de S. Agnan fut
reçu Duc & Pair au Parlement
, & y prit ſeance fur
la démiffion de Mr le Duc
de Beauvilliers fon frere.
aîné.
Dons faits par le Roy."
On a oublié de dire
dans le dernier mois que
Mr le Marquis de Miromeni
a efté fait Maréchal
de Camp , en confideration
de fes fervices . Il eftoit
auparavant Brigadier d'In288
MERCURE
་
fanterie, commandant cel
le de la Garnifon de Bethune
pendant le fiege de
certe Ville , où il fit cette
grande fortie dont on a
tant parlé , dans laquelle il
poufla les Ennemis fort
loin , tua un grand nombre
de ceux de la Tranchée , &
rafa tous leurs travaux .
Mr Boucher d'Orſay ,
Maistre des Requeſtes , &
fils du Confeiller d'Eftat ,
de mefme nom , a efté fait
Intendant
de Limoges
.
Chevaliers
GALANT. 289
CHEVALIERS
de l'Ordre.
Le 31
Decembre 1710 ,
le Roy fit Chevaliers
de
S. Michel.
M. le Prince de Conty.
M. le Comte de Médavi .
M. le Comte du Bourg.
M. d'Albergoty.
M. le Marquis de Goefbriand.
Et le premier Janv.1711.
il les fit Chevaliers du faint
Elprit.
Fanvier 1711. Bb
290 MERCURE
Voicy leurs noms & ceux de
leurs peres & meres.
Louis- Armand de Bourbon
, Prince de Conty , fils
de François Louis de Bourbon
, Prince de Conty & de
Marie-Therefe de Bourbon
de Condé.
·
Jacques Léonor Rouxel
Comte de Médavi & de
Grancey , Lieutenant General
des Armées du Roy ,
Gouverneur
de Dunkerque
,
fils de Pierre Rouxel Comte
GALANT . 291
de Grancey , & d'Henriette
de la Pallu de Bouligneux
,
& petit - fils de Jacques
Rouxel Comte de Grancey
Maréchal de France , Chevalier
des Ordres ..
Léonor- Marie du Maine
Comte du Bourg , Marquis
de S.Ciran , Lieutenant
General des Armées du Roy
fils de Philippe du Maine ,
Comte du Bourg & de Léo,
nor de Damas de Thianges.
François Zénobe. Philip
pe Albergoti , Lieutenant
General des Armées du
Roy , Gouverneur de Sarre,
Bb ij <
292 MERCURE
Louis , fils de Rerovio Albergoti
, Sénateur de Flǝrence
& de Madeleine
Bardi . Les Albergoti font
originaires d'Arerzo établis
depuis long- temps à Florence.
Ils ont poſſedé plufieurs
Charges dans ces Villes
lorfqu'elles cftoient en
République.
Louis François Marquis
de Goësbriand , Lieutenant
General des Armées du Roy ,
fils d Yves Marquis de Coëlbriand
& de Francoife-
Gabrielle de Kerquefay .
Cette Maiſon eft originaiCALANT.
293
re de Bretagne & poffede la
Terre de Goesbriand dans
l'Evêché de Treguier , de
temps immémorial .
NOUVELLES
de Turquie.
A Vienne en Autriche , le
9 Janvier 1711.
Il n'eſt plus queſtion de
douter de la déclaration de
la guerre que le Grand Seigneur
a faire au Czar
au Roy Augufte & à leurs
adherans ; elle a efté publiée
ช
Bb ij
294 MERCURE
à Belgrade & dans toutes
les Villes de Livonic & de
Pologne , d'où on mande
que le Czar en avoit la nouvelle
. Il y a des avis à Vienne
que l'Ambaffadeur de
Mofcovie a efté arrêté à
Conftantinople; & il eft certain
que le fieur d'Alman
Envoyé de l'Empereur en
cette Ville a écrit que l'on
fe tint für fes gardes , qu'il
y avoit un corps de Troupes
de quarante mille hommes
qui ne tarderoit pas à
faire des incurfions ; & cela
s'accorde affez avec ce que
GALANT 29
l'on m'écrit de Dantzic, dont
je parlerai tout à l heure.
Voicy comment les Turcs ont
difpofé leurs forces. :
Le Kam des Tartares
commandera une armée qui
agira en Mofcovie au delà
du Borifthéne.
Le Roy de Suéde en
commandera une autre ,
compofée de ce qu'il a pû
conferver de fes Troupes ,
de la petite armée du Palatin
de Kiovic & de quelques
Colaques.
Bb iiij
296 MERCURE
Et la troifiéme de cent
mille hommes , fera commandée
par le Grand Seigneur
en perfonne , afſiſté
de Cuproly dernier Vific
déposé , que fa Hauteſſe a
rappellé auprés d Elle .Cette
armée , doit eftre le 15 Mars
à Andrinople ; & fi cela eft
vrai , il n'y a prefque point
à douter que le Turc n'ait
formé un deffein fur la
Tranfilvanic ou la Hongrie;
car file feul objet eftoit d'aller
contre les Mofcovites ;
il ne faudroit pas prendre
une route fi détournée .
GALANT 297
Quoiqu'il en foit , jamais
la Cour de Vienne n'a
efté plus intriguée qu'elle
l'eft aujourd'hui. Elle a donné
fes ordres à fes Generaux
qui font en Hongrie ,
malgré la faifon fi avancée ;
le befoin que fouffrent les
Troupes , & le dégât que
fait dans ce pays la contagion,
de pourfuivre les avantages
qu'ils y ont eu depuis
quelques mois.
Sa Majesté Imperiale
rifque beaucoup pour fon
armée à caufe de la contagion
qui eft parmi les Hon298
MERCURE
grois , mais le peril preffe ,
& l'on regarde comme un
grand bien la conqueste de
quelques Places qui peuvent
fervir à barrer le Turc .
Aprés la prife d'Efperies les
Allemands venoient de fe
rendre Maistre de Scharkat
<
petite Place , mais tres - forre,
qui eft le paffage entre
Arath & le grand Waradin .
Les confeils que l'on tient
tous les jours à la Cour de
Vienne font affez connoître
à l'Empereur de quelle
importance il eft pour lui
d'avoir une groffe armée en
GALANT 299
Hongrie , qui le rende ref
pectable au Turc , & pour
cela on ne trouve point de
plus prompt moyen que celui
d'y faire repaffer fes
Troupes d'Italie , mais l'on
craint en même temps que
les Princes Italiens fe voyant
délivrez de ces Hôtes qui
leur ont efté fi onereux
ne faffent entr'eux une ligue
pour leur liberté; & l'on
m'écrit que cette confideration
a déterminé l'Empereur
à les y laiffer , afin de s'y
maintenir en credit ; cependant
comme il cft impoffi
300 MERCURE
ble que dans ces embarras
preffans
l'on fe détermine
tout d'un coup à un parti.
Sa Majesté
Imperiale
a faie
demander
au Nonce
du Pa.
pe
fi Sa Sainteté
ne voudra
pas contribuer
, à l'imitation
d'Innocent
XI . à une
guerre
qui intereffe
toute la
Chrétienté
, puifqu'elle
fe
fait contre
les Mofcovites
,
avec qui le Roy Auguſte
a
de tres
étroites
liaifons
.
Il a recommandé
au Nonce
d'avoir
inceffamment
réponſe
du Pape
fur cela ,
pour
prendre
les mesures
;
·
GALANT . 301
tous les Couriers qu'il
reçoit de Catalogne ne
font que pour avoir de
prompts fecours , & tous
ceux que le Comte de Zinzendorf
envoye de la Haye,
tendent à la même chofe.
L'on dit donc que l'Empereur
fera paffer en Catalogne
quelques Regimens qui
font en Italie , & qu'on les
remplacera le mieux que
l'on pourra par des recrues
que l'on y fera filer ; en ce
cas il restera peu de Troupes
en Hongrie & en Italie .
L'on me mande de Dant302
MERCURE
zick que l'on y avoit des
nouvelles que quarante mille
Tartares,lefquels devoient
eſtre joints par douze mille
Janiffaires, eftoient entrez en
Valachie , qu'on craignoit
pour Caminick , où le Roy
Augufte avoit donné ordre
d'envoyer
incefſamment
quelque argent pour payer
la Garnifon & relever les
Fortifications
de cette Place
; que ce Prince feroit obligé
de retirer les Troupes
du fervice des Hollandois
,
& que l'on eft d'autant plus
embarraflé
pour l'armée
GALANT . 30 %
d'Allemagne qui doit maintenir
la neutralité du Nord ,
qu'on avoit appris que l'on
préparoit en Suéde douze
mille hommes pour les faire
paffer en Pomeranie & ſe
joindre au General Crafſaw ,
Le Mofcovite jufqu'à prefent
fait bonne mine; il prétend
qu'après avoir aſſuré
fes conqueftes en Livonie ;
il oppofera quatre- vingt- dix
mille hommes au Roy de
Suéde.
304 MERCURE
( PROMOTION
de Benefices.
EVESCHEZ.
Le 4 Decembre 1710. Dominique
Barnabé Turgot
de S. Clair , Aumônier ordinaire
du Roy & Agent
General du Clergé de France
, fut facré Evêque de
Séez , dans l'Eglife des Je
fuites de la rue S. Antoine
par Mr Le Cardinal de
Noailles , affifté des Evêques
d'Aire & de Tournay,
Le 21. Decembre 1710.
Jean le Normand Docteur
GALANT . 305
>
de la Maifon de Sorbone ,
Officier & Síndic du Clergé
du Dioceſe de Paris fur
Sacré Evêque d'Evreux dans
Eglife de Sorbonne , par
Mr le Cardinal de Noailles
affifté des Evêques de Tournay
, & de faint Malo.
Le 4. de Janvier 1711.
Alexandre le Filleul de la
Chapelle , fur Sacré Evêque
de Vabres , dans la Chapelle
de l'Archevêché de Paris,
par Mr le Cardinal de Noailles
, ayant pour affiftans les
Evêques de Cahors , & de
Sécz .
Janvier 1711. Co
306 MERGÜRE
う
Le même jour , Cefar
Gafpar de Montmorin
de
Saint Herem
fut Sacré
Evêque d'Aire en Gascogne
dans l'Eglife
Metropolitai
ne de Saint Maurice
de
Vienne , par l'Archevêque
de cette Ville , affifté des
Evêques
de Valence , & de
Grenoble. Ce Prelat avoit
efté marié le 10. Fevrier
1684. à Louiſe
Françoife
de Bigni d'Aynai
fille de
Louis Armand de Bigni
Comte d'Aynai ; elle mourut
le 28. Novembre 1700 .
luy laiffant huit enfans , fçaGALANT
. 307
voir , cinq garçons , & trois
filles ; s'eftant fait Preftre
aprés la mort , Armand de
Montmorin fon coufin Archevêque
de Vienne , le fit
fon Grand- Vicaire.
ABBAYE S.
Le Roy a donné l'Abbaye
de Lendeve au Pere du Vau,
Chanoine de Sainte Geneviéve
& Chancelier de l'Univerfité
de Paris ; cette Abbaye
eft de l'Ordre des Chanoines
Réguliers , & fcituée
dans le Diocéfe de Rheims
Ccij
308 MERCURE
& non de l'Ordre de S. Benoift
dans le Diocéfe de
Kimper , comme le porte
le memoire qu'on m'avoit
donné pour le mois de No
vembre.
S. M. a donné l'Abbaye
des Trois Roys , dire auffi
Lieu Croiffant à Mr l'Abbé
de Saulx Tavanes, Comte
de S. Jean de Lyon ; elle
eft de l'Ordre de Cifteaux ,
dans le Diocéfe de Befançon
.
Celle de Sainte Margue
rite , Ordre de S. Auguftin
, Diocéfe d'Autun , à
Mr l'Abbé Machecois de
GALANT. 309
Premeau , qui eft Abbé de
S. Paul de Narbonne ; il eft
neveu de Mr de la Berchere
, Archevêque de Narbonne
.
Celle de Chaſtillon de
l'Ordre de S. Auguftin , au
Diocéfe de Langres à Mr
l'Abbé Guier.
Celle de Relo , Ordre des
Prémontrez , Diocéfe de
Sens , à Mr l'Abbé de Ville--
fort.
L'Abbaye de Cendras ,.
Ordre de S. Benoist , Dio .
céfe de Nîmes à Mr l'Abbé:
de Broiffia ..
io MERCURE
Celie de S. Pierre du Vi
geois , Ordre de S. Benoist,
& Diocéfe de Limoges , à
Mr de Boiſte de la Forge ,
Grand Vicaire de Limoges.
Celle de Rofebrecq , de
l'Ordre de S. Auguſtin
dans le Diocéfe d'Ipres
Dame N. de Marquant.
Et le Prieuré de Peyrat à
Mr l'Abbé de Prye.
,
Mr le Cardinal de Noailles
a donné à Mr l'Abbé
Tambonneau le Canonicat
de feu Mr l'Abbé de la
Porte,qui eftoit refté ſeul de
la claffe dans la Tontine, ou
CALANT. 311
il avoit tous les ans 40000
livres de revenu. Mrl'Abbé
Tambonneau eft fils de Mr
le Prefident Tambonneau ,
dont la mere eftoit foeur de
Madame la Ducheffe de
Noailles , & de Madame de:
Bigni.
SUPLE' MENT
des Anonimes.
Vranie d'Hanover &
les Philofophes de Bruxeles
trouveront ici des ex--
cuſes, leurs réponſes font:
312 MERCURE
N
venuës trop tard ; je
mettray d'ors en avant
pendant trois mois de fuite
les réponſes anciennes
avec les nouvelles ,
en faveur des Lettres tardives
des Pays Etrangers
& des Provinces , à qui
l'espace d'un mois ne
fuffit pas pour recevoir
les Mercures
, compofer
leurs piéces & les envoyer,
cela fera commode
auffi pour les Anonimes
de Paris & de la
Cour
GALANTA 313
.
2
Cour, qui fe multiplient
de plus en plus , & me
fourniffent en un mois
trop
delvers pour un
feul
Mercure. Je place
ici les premieres
receuës,
& j'en obmets de tresbonnes
, dont les Auteurs
ont peut- être, raifon
de fe plaindresje leur
etr fais exouſe ; les affid
jettiffèmens de l'impreſhion
& de
l'arrengement
m'einpêchent
de rendre
juftico à pluſieurs Ano?
Fanvier 1711.8)
11. Did
314 MERCURE :
nimes que j'eftime , &
que j'honore infiniment.
BOUTS RIMEZ.
Par le genie Champêtre
-257do LR. D. P.
Atal mob , vcnd
Philis tient pan compte
dunabaini
Albicrac ,
Dant l'esprit lens nÈ VA
Aque
Iob and trac
Fade noinois à Rubarbe ,
web
ob morferingue,
Gorp's enshalleqant droit
dansfa hrelingue ,
GALANT. 315
Fà dans fon coeur ne fera
fric ni frac.
Ieune étourdi vient - il
chez elle ,
crac.
Elle en eft folle en dépit
de Pibrac.
Contre un babil où le fien
tingue. wtope &
Philis tientpeu.
Elle lit plus
Rabelais que
Coroidia
mainoBalzac ,
Toutférieux eft pour elle
un
micmac ;
Dd
ij
316 MERCURE
L'ennui laprendfi lepied
ne lui fringue ,
Allant , venant comme
rideau fur tringue,
En même lieu la mit- on
dans un
Philis tient peu.
AUTRE
fac.
Sur les mêmes Bouts
rimez.
Par Monfieur d'Albicrac.
Philis tient peu fa place .
aux côte d'Albicrac.
Ce mari parle- t-il , elle
GALANT. 317
joue au
tric trac.
Vent-il aller en ville elle
prend
la
feringue,
L'arrofe & le conduitjuf
ques à fa brelingue.
Puisforçant es tiroirsni
laiffe
fric ni frac.
Veut- il lui remontrer , elle
lui
répond
crac.
fen fçais autant que
vous , n'ai-je pas li
Pibrac.
De fafamillefage ou bon
fens fe diftingue
.
Philis tient peu.
Dd iij
318 MERCURE
Madame , lui dit - on ,
aufiecle de Balzac
.
Nulmarin'eut
fouffertcet
étrange mic mac.
Elle écoute un moment ,
puis rit , gambade,
fringue.
Puis réveufe , roulant un
rideau furfaringue.
1ac .
Elle promet, on croit Laffaire
dans le
5. Philis tient peu.
GALANT 319
ARTICLE
des Enigines.
Le mot de la grande
Enigme du mois paſſe
eft la Fin .
Madame *** a parodie
ain Enigme en la
devinant , fans y dien
changer que trois où
quatre mots.
at 7.9 .
Toutfinit par la fin ,ſoit
calmefoit orage>
320 MERCURE
Soit liberté, foit efclavaago
ge ITAL
Jay bien pefé ces mots ,
je ne my trompe pas ,
Et c'eft fur la fin d'un
Sirepas th surferl
Qu'on s'enyore en difant
merveilles ,
L'ardente foif prent fin
1 en vuidant les bouteilcilesorí
On fait qu'onfinira, c'eft
l'arrest du deftin,
Les Chiens prennent le
Lieure, & le Lièvre
prend fin.
GALANT 321
La fin dans les plaifirs
affreuse ,
Eft charmante dans la
douleur,
Dans le malheur tresparefleuſe
,
Diligente dans le bonheur
.
La fin pour les mortels ,
trop prompte ou trop
tardive ,
Avec la mort toujours
arrive,
voedin zei
322 MERCURE
Le Critique Gaulois.
Un commencement de
bibus ,
Dans ton Enigme tient
un peu trop du rebus,
En approuvant la fuite
à ta fanté je bus,
Mais FINIS coronat
opus .
Je fouhaiterois que
les Autheurs à qui j'ay
demandé des Critiques ,
GALANT 323)
fiffent celles de leur picce
comme on fait celle de
mon. Enigme ; s'ils vouloient
commencer.comme
je commence , je finirois
comme le Critique
gaulois a fini.
ENVOY
de la jeune Cloris.
A quinze ans jeune &
belle au feul plaifir je
toovo penſe,
P
Pourquoi m'infpirer du
chagrin ,
324 MERGURE
A peine mon printemš
commencer
Tu mefais penfer à la
fin .
DE ROTERDAM.
Sur le mot FIN , qui eft
celui de l'Enigme
du mois.
21. To or
L'Air & le feu, la terre.
& l'onde ,
Tout ce qui paroift en ce
monde
,
GALANT. 325
Ainfi que nous doit pren
dre fin ,
D'un deftin fi fatal nul
ne peut fe deffendre ,
C'est un arreft de l'Oracle
divin
,
Chaque inftant , il peat
nous furprendre,
Et chacun de nous doit
l'attendre.
Cependant infenfible à
cette verité ,
Et de mille autres foins
jour & nuit agité ,
Sans ceffe l'homme met
316 MERGURE
fon efprit à la gêne,
Pour achever quelqu'entrepriſe
vaine,
Q ciel! quelle temerité !
Mortelprêt àfortir de ta
captivité,
C'eft ta fin qui détruitou
COURODNE TES QUIRES :
~Renonce donc à tes folles
manoeuvres ,
No penfe qu'à l'éternité.
20110) 2231.00 L.C. DÁT.
132
GALANE 327
Le mot de la petite
Enigme , eft l'ombre.
L'ombre eft au Ciel Ciel
en
Lair fur la Terre&fur
ronde ,
L'ombre n'est
pourtant
rigny elle fuitequila
monde.
I 200
ΕΝΥΟΥ
par Monfieur Anfean
De l'homme tel eft be
condino)deftina sinchar
72397
318 MERCURE
Toujours fon efprit vague
&fombre,
Entaffe deffeinfur deffein,
Et pourquoi pour un
rien,tout au plus pour
un ombre .
AUTRE ENVOY.
Tabroa
Dans un Jardin Belife
à l'Enigme revoit,
Voyant au grand 'Soleil
Ayuna
fon mary qu'elle aimoit,
Elle cria foudain d'un
réduitfraise fombre,
Venez
GALANT. 322
Venez , mon cher Epoux,
venez j'ay trouver
Too l'ombre.
* NO Mp Skt for NOMS
Dictums , rebus , &c, de
ceux qui ont deviné
l'Enigme de l'ombré.
Le gros boeuf ruë! SI
Pierre aux Boeufs , l'ades
viné en ruminant , Tas
mirifte; l'Oiseaur de proye
la atrapée én volant ; le
Devin obfcur; Gano j'ai
Fanvier 1711 ,
E c
330 MERGURE
deviné l'ombre; brin-d'avoine
; un Peintre a deviné
l'Enigme , le coloris
n'en vaut rien , l'ombre
y eft plus clair quele jour;
la belle ombrageufe; l'extraordinairement
réflechiffante
; Duvivić, bon
vers trop louangeurs , le
Pirhonien s'en eft douté
, la Rocheloife , le Taeiturne
trouve l'ombre
par tout Criſtine
Perinne le Lanternilte
je me rafraîchis ,
३
GALANT. 331
j'ay trouvé l'ombre , POracle
de Nancy. Lamin
NOMS , & c.
de ceux qui ont deviná
Enigme de la fin
Pour deviner l'Enigme,
il faut eftre un Lutin,
Ab: j'y fuis , mon efpris
sebrante ,
Le commencement d'un
Callein brantes
Me fait deviner la fin.
Ecij
332 MERCURE
-La Lucreſſe de la ruë
Galande ; Finerte a trou¬
vé fin , fin , l'oedipe
clair- voyant voici mon
bebus enfin j'ai trouvé le
mor , du Vivić , le Sçavant
Grivois ; pour avoir
lût le Mercure en Claffe ,
j'ai eu une ferule , mais
je l'ai devinée , je ne ſçai
rien , mais je devine tout ,
rubi fur l'ongle , placez
moi fur la fin, le Quiétiſte
de Londres. 163
GALANY . 333
.
Jolla buretovo se mod
ENIGME.
Chez moipour mes voi-
- Jins , je fais bouillir
le pot
A ce métierje me ruine ;
Quelqu'un d'eux cependant
me payefon Ecot,
En
travaillant pour la
cuifine ,
Entr'eux eft certaine voifine,
Chut,tropparler lui nuit,
avec cettte coquine i
334 MERGURE
L'on me confond affe
A fouvent
Je l'entretiens dés fa jeuneffe,
s
De fonfexe elle a la foibleſſe,
Et quand elle fait mal ,
c'est à moi qu'on s'en
"prend.
sativ pes 92.
CALANT. 335
BOUTS RIMEZ.
Par le Chevalier
5- d'Argentic.
Philis tient peu de fon
peres Albicrac
Il lui laiffa pour tout meutric
trac ,
ble
un
Mais
fon
tein
frais
qu'
entretient
fa
feringue
,
Et
fes
beaux
yeux
font
rouler
fa
brelingue
,
·
326 MERCURE
Pourfon efpritce n'eft ni
fric ni frac.
L'Amant à pied chez
elle eft caffe ,
Eut- ill'efprit du Confeilcrac,
ler Pibrac.
Mais contre unfot heureux
autope & tin-
1611 Sh
Philis
tient peu.
gue.
Elle
GALANT. 337
Elle ne lit Voiture ni
Balzac ,
Elle aime mieux un turbulantomic
mac ,
Chez, elle on rit , on boit ,
on faute , on fringue ,
On brife tout, table , mitringue
, roir &
Dans
un
quartier
fans
d'érangerfon
Philis
tient
peu.
fac.
Janvier 1711. Ff
338 MERGURE
f
Chute qu'on donne
pour un autreRondeau,
Peut- eftre bien,
Cette chute peut avoir
plufieurs fens diffe
rents comme l'autre,
Bouts riméz, pour un
Sixain, fisi
bondi,
bonde,
ronde.
arondi.
profonde,
approfondi.
GALANT 339
SUITE
des novelles d'Espagne
Les dernieres nouvelles
de Gironne du 17. portent
que le temps s'eftant remis au
beau , Mr le Duc de Noailles
avoit fait rétablir les Batteries
qui avoient efté endommagées
par les pluyes & les
débordemens du Ter & que
les bréches qui eftoient déja
fort confiderables , commençoient
d'eftre en bon
eftat , de forte qu'ils efpe-
F fij
340 MERGURE
roient donner l'affaut le 2 2.
au plus tard. :
D'autres Lettres portent
que le G. Staremberg ayant
fait démolir les fortifications
de Balaguer , fe reriroit vers
Barcelone
, avec environ
3000. hommes , & quc Mr
de Vendôme
eftoit à Cervera
avec l'Armée pour lui
couper le paffage .
D'autres enfin difent que
les Portugais avoient affemblez
un corps de 6000 hom
mes pour furprendre
Miranda
, où ils avoient des
intelligences
fecrettes ; mais
GALANT 341
que le
Gouverneur en ayant
efté averti , fit charger l'artillerie
, & pofta une partic
dela garniſon
en embuſcade
;
de forte que les ayant laiffé
approcher
fort prés de la
place , on en tua 7. à 800.
& plus de mille furent
faits
prifonniers
.
A Paris ce 31. Janvier 1711 .
Ff
iij
TABLE.
3208
-29
43
Nouvelles de Marine, 40 & 102
Livres
nouveaux ,
Devifes,
Eglogue,
262. & 339 .
Hiftoriette ,
Morts ,
Nouvelles d'Espagne , 66. 2591
88
108. 137 & 178
Mariages ,
Anonimes
142
›
e 117 &129
121 Réponses aux Anonimes
& 129.
Rondeau ,
Difcours Académique ,
Vers Marotiques ,
Parapluye inventé,
Vers libres ,
126
.
145
188
195
1999
7
Feftes de M. le Duc d'Albe , 250
Bouts rime 266.314,335
Chansons ,
Article burlesque,
Questions & Réponses ,
268
270 & 280*
275
Piéce d'Eloquence, 285
Receptions au Parlement , 206
Dons faits par le Roy ,
287
"Nouvelles de Turquie , 293
Promotions de Benefices , 304
Supplément d'Anonimes ; 343
Enigmes
319
APPROBATION.
་ ་
A'Y lu par ordre Monfer
gneur le Chancellier le
Mercure Galant des mois de
Decembre & de Janvier derniers.
A Paris ce 30. Janvier
1-71-1 .
CAPON
PRIVILEGE DU ROY.
OUIS par la
Lou
de Dieu , Roy de grace
France & de Navarres : A nos amez
& feaux Confeillers les gens tenants nos
Cours de Parlements , Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel , Grand Confeil,
Prevôt de Paris , Baillifs , Sénéchaux , leurs
Lieutenants Civils , & autres nos Jufticiers
& Officiers qu'il appartiendra , SALUT.
Ayant choifi Nôtre tres-cher , & bien amé
CHARLES DU FRESNY , Sieur de
Riviere , Nôtre Valet de Chambre ordi
naire ; pour continuer de faire le Recueil
de plufieurs nouvelles , Relations , & Hif
toires ; & le faire imprimer fous le titre
de Mereure Galant ; il Nous a trés-humblement
fait fupplier de lui vouloir accor
der nosLettres de Privilege fur ce néceffaires.
A CES CAUSES Nous lui avons permis & per
mettons , par ces Prefentes , de faire Impri
-mer le Livre intitulé LE MERCURE
GALANT , Contenant plufieurs Nouvelles
, Relations , Hiftoires, & generalement
tout ce qui dépend dudit Livre , & qu'on
a coutume d'y mettre depuis trenté ans ',
en telle forme , marge , caractere , & autam
de fois que bon lui ſemblera › par
meur & Libraire qu'il voudra choifir
tel Int
& de le faire vendre & débiter par tout
nôtre Royaume , pendant le temps de trois
années confecutives à compter du
la datte des Prefentes , Faifons défenſes à
jour de
toutes fortes de perfonnes de quelque qualité
& condition qu'elles foient d'en introduire
d'Impreffions Etrangeres en aucun liet
de notre obéiffance , & à tous Imprimeurs ,
Libraires , & Colporteurs , & tous autres
de faire Imprimer , vendre , & débiter , &
contrefaire ledit Livre , ni Graver aucunes
Planches fervant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendant ledit
temps fous quelque pretexte que ce foit,
fans la permiffion expreffe , & par écrit
dudit Expofant , ou de ceux qui auront
droit de lui , à peine de confifcation des
Exemplaires contrefaits de fix mil livres
d'amende contre chacun des
contrevenants),
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris , un
tiers au Dénonciateur , & l'autre tiers audit
Expofant , & de tous dépens dommages &
interefts à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre
de la
Communauté des
Imprimeurs
& Libraires de Paris , & ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles ; que Pimpreffion
dudit Livre fera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs , & ce
conformément aux
Reglemens de la Librairie ; & qu'avant de
l'expofer en vente , il en fera mis deux Exem
plaires dans notre Bibliotheque publique
>
undans celle de nôtre Château du Louvre ,
& un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France , le Sieur
PHELIPPE AUX, Comte de Pontchar →
train , Commandeur de nos Ordres , le tour
à peine de nullité defdites Prefentes , du
contenu defquelles , Vous MANDONS , &
enjoignons de faire jouir & ufer ledit fieur
Expofant , ou fes ayant caufe , pleinement
& paifiblement fans fouffrir qu'il leur foit
caufé aucun trouble ou empêchement.
Voulons qu'à la copie des Prefentes qui fera
Imprimée au commencement ou àla
fin dudit Livre , foit tenue pour bien , &
duëment fignifiée , & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & feaux
Confeillers & Secretaires foy foit ajoûtée
comme à l'original. Commandons au Pre- 3
mier nôtre Huiffier ou Sergent de faire pour
l'execution des Prefentes tous Actes requis ,
& neceffaires fans autres permiffions , nonobftant
Clameur de Haro , Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires : CAR
tel eft nôtre plaifir. Do N N E' à Verſailles
le trente -uniéme jour d'Août , l'an de grace
mil fept cent dix , & de nôtre Regne le foixante
huit. Par le Roy en fon Confeil. Signé
, DEVANOLLES.
Regiftré fur le Regiftre num. 3. de la
Communauté des Imprimeurs & Libraires
Paris , page 63. num. 36. conformément
aux Reglements , & notamment à l'Arreft
du 13. Août 1703. A Paris ce 2. Septembre
1710. Signé , P. DI LAUNAY,
Syndic
<36616463140019
Bayer. Staatsbibliothek
MERCURE
GALANT.
MV
UNI
NIN
A PARIS ,
M. DCCXI.
Avec
Privilege du Roy.
GALANT
.
Par le Sieur Du F *:
Mois
de Decembre
1710.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25.fols , brochez
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins .
GILLES LAMISLE, à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
MERCURE
GALAN T.
JANVIER 1711 .
L
E Mercure eft la
bafe de toute perfection
Philofophique
,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait ; j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
A ij
4 MERCURE
plus grands Autheurs
cette vertu brillante &
folide , qui charme également
les Philofophes
& le vulgaire
.
Enfin par un heureux
travail je fuis devenu
maiftre & poffeffeur de
l'efprit univerfel .
Ce n'eſt pas moy qui
parle au moins , c'eft Remon-
Lulle, & il ne s'agit
pas icy du Mercure Galant
; il s'agit du Mercure
des Alchymiftes , &
GALANT.
S
je cite ce
paffage à propos
d'un petit Livrehouveau
que je vous annonce
.
Ce Livrequi a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimiftes fur
la Pierre
Philofophale ,
prouve par de bonnes
raifons que la Pierre Philofophale
eft impoffible ;
d'autres
Livres
prouveront
le contraire par des
raifons qui feront peuteftre
auffi bonnes ; mais
A iij
6 MERCURE
tous ces Livres enſemble
ne prouveront
jamais
parfaitement
que l'ignorance
de l'homme furles:
fecrets de la nature , c'eft
cette ignorance dont j'ay
ma bonne part , qui fufpend
mon jugement fur
la Pierre Philofophale.
Je vous expoſerai ſeulement
quelques endroits
d'un manufcrit qui la def
fend : ce manufcrit qu'on
m'a envoyé n'eft pas d'un
Sçavant ; mais cette miaGALANT.
7
tiere eft devenue à la mode
par les nouvelles experiences
que nous en
voyons , & il eft permis
aux femmes mêmes de
parler du Magiftere
d'Hermes , de la Quinteffence
harmonique , du
Miftere des Sages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuſcrit ,
Oncherche depuis longtemps
le
Mouvement perpetuel
& la Pierre Philofophale
, & on traite éga-
A iiij
8.
MERCURE
lement de vifionnaires ceux
qui fe vantent d'en avoir
fait la découverte ; à l'égard
du mouvement perpetuel ,
l'impoffibilité en eft démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent ,
mais la demonſtration n'a
pû mordre encore fur la
Pierre Philofophale , nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre ; ainfi ceux qui en
font enteftez n'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent .
Ecoutons à prefent l'Auteur
du Livre nouveau .
GALANT .
12 La perfection d'une chofefe
connoiftpar la ceffation du mouwement
qui en faifoit la nutrition
on l'augmentation . Cela
paroift dans les vegetaux :
quand le grain de bled eft mûr,
le mouvement cesse de luy pora
ter la nourriture.
tenn
Tantqu'une chofe
vement elle n'est que dans la
voye de fa perfection ; car le
mouvement est un moyen qui
conduit à une fin qui eft le repos.
L'animal même arrivé à un
certain temps ne paffe pas ontre
,fa grandeur ,fa force, &
10 MERCURE
erfinfa vie font bornées .
Quant il eft parvenu à cet
eftat de confiftance , il eft comme
en repos ; je veux dire que
la nature ne faitplus que repa-.
rer autant qu'elle peut les pertes
qu'ilfait tous les jours . D'où
vient
que
l'Animal qui dans
l'état de confiftance
a tout ce
qu'il faut pour faire une parfaite
digeftion, c'est à dire qui
eft capable de recevoir plus de
nourriture
& d'accroiffement
,
n'en reçoit qu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir
dans cet
eftat ,fans augmentation
? C'eſt
terme preferit par l'Auteur le
GALANT. 11
de la Nature , qui a voulu
borner nos jours ; C'elt , pour
parler avec les Alchimistes , la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux dans les vege- ;
taux la Nature borne &
fixe leur mouvement à un certain
eftat deperfection au de- là
duquel ils ne vont point.
د
D'où vient donc
que
cette
nature , qu'on dit eftre unique
en tour , ne garde pas la même
regle dans les Métaux ?
Voici un endroit du ma
nufcrit qui répond à peu
prés à cette question .
12 MERGURE
Nous ne conoiffons que
tres - imparfaitement
les regles
de la nature , s'il y en a
quelqu'une dont on puiffe.
cftre fûr , c'est que la nature
eft variée à l'infini , même
dans les Ouvrages qui
nous paroiffent les plus femblables.
Toutes ces propofitions ,
la nature n'a qu'ın bu. Elle
agit toujours par les mêmes
voies. La nature eft une ; ce
font autant de Sophifmes
que les Alchimiftes & ceux
qui les combatent peuvent
GALANT.
13
expliquer chacun felon fon
filtême.
Les Animaux & les Vege
faux ( dit l'Auteur du Livre )
neproduifent que leurfemblable
.... Les graines les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
eftre engendrez &c...... leur
-production n'eft réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'efprit qui le penetre
, le dilate & le difpofe à
recevoir l'aliment propre qui fe
change en la fubftance , & en
augmente toutes les parties
14 MERGURE
dans toutes leurs dimenſions.
Tout cela eft vrai ,l'Auteur
conclut de là qu'on
ne pourroit produire un
metal , queparlesfemences
de ce metal. Il a peut-
&
que
l'or
eftre raiſon , &
eftant un tout homogene,
ne peut contenir defemences
propres à fire developées.
C'est ce que je ne
fçai point , mais mon manufcrit
dit que toute la
nature n'eſt compoſée
que de petites femences
GALANT is
propres à eftre animées ,
que fçait- on files Parties
qui compofent le Mercu
rene font point autant
de petits Animaux , & fi
cet efprit univerfel que
cherchent lesAlchimistes
n'eſt point compoſé d'autres
Animaux infiniment
petits , qui font propres
à accrocher enfemble , &
à fixer ceux dont le Mercure
eft compofé ; les
plus grands Philofophes
ont eu des opinions auſſi
16 MERCURE
vifionnaires que celles - là ;
ils ont découvert auffi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philofophie n'eft qu'un
compofé de veritez & de
viſions; ainſi je conſeille à
49
ceux qui n'ont point d'argent
à riſquer de croire la
PierrePhilofophaleimpoffible,&
je confeille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaifir,
de préferer celui-là à d'autres
, puifqu'il peut eftte
a
GALANT. 17
utile en découvrant une
infinité de fecrets , que
les Alchimistes trouvent
chemin faifant , & s'ils ne
trouvent pas cette Quin
teſſence qui a fait vivre
Artefius mille années. Ils
ont trouvé des effences
qui peuvent guerir des
Rhumatiſmes .
C'eſt en cherchant la
PierrePhilofophale qu'on
a trouvé les belles teintures
, & nous avons obligation
aux Alchimistes
B
8 MERCURE
des meflanges qui font les
plus belles couleurs pour
les étoffes & pour les
Dames.
J'ai eu plufieurs converfations
avce Mr le Prefident
de S. Maurice,fur
cette matiere : il eftoit
dans cette incertitude
cenfée , où l'on doit eftre
à l'égard d'une fcience
obfcure , quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette
; il a eu
CALANT. 19
toutes les attentions poffibles
pour n'eftre point
furpris, & il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or, avec une
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'empêcher
de faire attention à
cela , c'eft toûjours un ſecret
curieux,il reſte à ſçavoir
s'il fera utile , & fi les
frais de l'operation n'excederont
pasle profit.
Puifque l'occion s'en
prefente , diſons un mot
Bij
20 MERCURY
de Nicolas Flamel & de
fon Livre Hieroglifique,
dont on voit encore quelques
figures aux Chat
niers S. Innocent ; tout le
monde fçait cela , mais il
faut bien groffirmon Livre
pour ceux qui veulent
de l'épaiffeur.
Nicolas Flamel Ecri
vain & Habitant de Paris
, en 1599. demeurant
rue des Ecrivains , prés
la Chapelle S. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
GALANT Y
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux, dont les feuillets étoient
d'corces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
lui-même , trois foisfept
feuillets , le feptiéme def
quels eftoit toujours fans
écriture , au lieu de la
quelle eftoit peint au premier
feptiéme une Vierge
& des Serpents s'englou
tiẞans , audeuxième fcp.
tiéme une croix où eftoit
ataché un Serpent ,
zz MERCURE
aux autres (eptiéme s'étoient
peints des deferts ,
au milieu defquels couloient
des fontaines , d'où
fortoient plufieurs Serpents.
Au premier des feuillets
écrits eftoit Abraham
Juif , Prince , Preftre
Levite , Aftrologue &
Philofophe à la Nation
des fuifs , par l'ire de
Dieu difperfez aux Gaules
, falut, D. I. après cela
il eftoit plein de maleCALANT
23
'dictions avecce mot mara
natha , contre tous ceux
qui le liroit , s'il n'eftoit
Sacrificateur ; ou Scribe
je crois qu'il venoit des
Juifs qu'on avoitchaffez
de Paris , & c.
lons
Au quatriéme feuillet
eftoit peint unjeune homme
avec des aifles aux taavec
un Caducée
dont ilfrappoit un cafque,
qui lui couvroit la tefte
c'eftoit Mercure ; „ contre
lui venoit courant& vo24
MERGURE
lant à a les ouvertes un
grand Vieillard qui avoit
fur fa tefte une Horloge
attachée , en fes mains
une faulx, dont il vouloit
trancher les pieds à Mercure.
A un autre feuillet étoit
fur le fommet d'une
Montagne , une Plante à
tige bleue , fleurs blanches -
rougesfeuilles luifantes
comme orfin, & des Dragons
& Griffons autour.
A un autre feuillet un
Roy
GALANT 2
RoZierfleuri appuyé contre
un Chêne creux &
une Fontaine d'eau blanchefeprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Roy avec un grand coutelas
, quifaifoit tuerpar
fes Soldats , force petits
enfans , & leurs meres
pleurant, & le fangdes
enfans eftoit ramasse par
d'autres Soldats , & mis
dans un grand Vaiffeau ,
dans lequel le Soleil& la
C
46
MERGURE
Lunefe venoient baigner.
Flamel, dit un autreHif
torien , avoit une jeune
femme nommée Prenelle,
avec qui il s'afligeoit fort
de ne pouvoir trouver le
arai fens des Figures du
Livre , qu'un Medecin
nommé Mr Anfeaume,
commença à lui debrouil
ler.
Flamel entreprit enfuite
un pelerinage , Prenelle
fut tres-affligée de le voir
partir ; mais il lui promit
GALANT 27
de revenir avec le tréfor
des tréfors , ce qui lui fit
Suporter fon abfence patiament.
Sur la route de
fon pelerinage , un Marcrand
de Boulogne luifit
connoiftre un Medecin
Fuif, nomme Canches, qui
acheva de l'inftruire , il.
revint à Paris, oùfachere
Prenelle fut tres -joyeuſe
de le revoir , &
pourtant
fachée , ne le croyant pas
plus riche que quand il
'il eftoit parti; mais enfin
Cij
* MERGURE
#
aprés quelques années de
travail il accomplit
le
grand oeuvre le 17. Janvier
, l'an mil trois cent
quatre - vingt deux enpréfence
de Prenelle fa fem:
me, qui enpenfa mourir
de
joye.
Ce Livre fe vend à Paris
chez DANIEL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du cofté du Marché Neuf,
au Livre Royal.
GALANT. 19
DEVISES
DesFettons qu'on a don
nez a la Couraupremierjour
de l'An,
Ces Devifes ont eſté
compofées par Meffieurs
de l'Academie Royale
des Médailles & Infcriprions
; & l'on y a ajou
té des Explications en
Vers François , fans s'attacher
trop fcrupuleufe
ment au fens litteral.
30 MERCURE
TRESOR ROYAL .
Un ancre de Navire.
Mediis fpes certa
procellis.
Malgré les vents , malgré
l'orage,
L'espoir nous conduit au
rivage.
£.
GALANT. 31
MADAME
La Ducheffe de Bourgogne.
Un Bouquet de Lis &
de Rofes
.
Noyus ex nexu decor.
Superbe lis ! Rofe brillante
,
C'est par votre union que
votre éclat s'augmente.
2
32 MERGURE
L'ORDINAIRE
des Guerres.
Une Troupe de jeunes
MAN
Lions.I MO
Bello lecta cohors.
NOSTRADAMU s .
De fiers Lions ,
Troupe d'élites
Quoyque petite,
g
Tiendra tête àcent legions.
GALANTE . 33
L'EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercules menaçantNef
fus qui enleve Dejaniregado
ach no
Et robur & arma
fuperfunt.
Par tesfuccés tu crois tes
projets infaillibles,
Crains mes derniers efforts,
ce font lesplus terribles.
$4 MERGURE
LES PARTIES
Cafuelles.
Par rapport à la Polette , dont
le payement affure la pof
feffion des Charges.
Un Arc en ciel.
Jubet effe quietos .
Je diffipe l'inquiétude ,
Moins de richelles &
plus de certitude.
GALANT 35
LA MARINE.
Hercules appuyé fur fai
Maffue
Virtus non fracta quiete .
Comme j'agis avec prudence
,
Je repofe avec vigilance s
Le courage
Heros ,
d'un vrai
Eft à l'épreuve du repos..
36- MERGURE
2
LES GALERES.
Des Fleches dans un
Carquois.
Ad juxta
parata...
Peu de force , beaucoup
d'adreſſe,
Commandez , nous irons
au bout de l'Univers ;
Ernousfendrons les eaux
avec plus de viteffe ,
Que la Fleche nefend les
airs.
GALANT 37
LES BATIMENS.
Par rapport à la nouvelle Cha
pelle de Verfailles .
Un Autel chargé d'encens
& d'offrandes précienfes.
Non opibus parcit
pietas.
Quand on a toutreceudes
Dieux ,
Peut - on rien épargner
pour eux.
31 MERCURE
Les deux Devifes fuivantes ne
font point de l'Académie .
LA CHAMBRE
aux Deniers .
Un Soleil au deffus d'un
Parterre defleurs.
Alit virefque miniftrat.
fentretiens , je fortifie
Par moy l'on tient à la
vie.
CALANT. 35
L'ARTILLERIE.
Le Mont Etnajettant
peu deflames.
Condit quos non vomit
ignes.
1
Peude mesfeux ontéclaté
Redoutez ceux queje renferme,
Des Titans & de leur
fierté
Par lepouvoir des Dieux
je fus jadis le terme.
MERGURE
MARINE.
Avis de Prifes.
De Malte.
Le Capitaine Gazagnery
a mené à Malte , une
prife Hollandoife , eftimée
150000. livres.
Du Havre , le 11. Decembre
1710
.
Le fieur de Villers fainte
Croix
GALANT 41
Croix,a pris & mené au
Havre une Fregatte
Hollandoife , eftimée
>
cent mil écus. px
Soubra of
De Calais , le 12, De
cembre 1710.00
Le Capitaine Louver,
a pris un Dogre Hol
landois , nommé le Marfouin
de Zenuxée , de 50
Tonneaux , qu'il a conduit
à Calais.
Le Capitaine y a me-
Ꭰ .
42 MERCURE
né le même jour une pri
fe de Tonneaux , nommée
lePoftillon de Ton--
ningue .
Le 17. du même mois , ›
le Capitaine Cardon , ya
conduit un Dogre, Hollandois
, chargé d'Oran--
ges & de Citrons.
CALANT
43
E&C LOGUE
par
Mr
H**
Dans le temps où nous
fommes une Eglogue amoureuſe
, quelque parfaite
qu'elle foit , n'eft
goutée que de peu de
gens , parce que
l'amour
d'Eglogue n'eft plus en
ufage. Il faut avoir aimé
comme on aimoit du
temps d'Aftrée , pour
bien goûter la délicateffe
Dij
44 MERCURE
des fentimens dont l'Eglogue
de Mr H ** cſt
remplie,comme je la place
icy malgré l'Auteur, il
m'eft permis de la louer
emot auffi malgré lui
On la luc l'autre jour
dans une maifon d'où elle
ne vient , & de quatre
que nous eftions , trois en
furent charmez ; mais un
quatriéme demeura froid
immobile , il ne fourcil
la pas , je ne ſuis touché
que du parfait , dit- il ,
GALANT 45
d'un air grave & dédaigneux
, & je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut infnportable , c'eft
qu'ily a trop d'efprit; uno
femme qui avoit auff
trop d'efprit felon noſtre
Cenfeur , lui répondit
d'un air fimple , il faut
que ce foit un défaut
bien choquant , Monfieur
, que le défaut d'avoir
trop d'efprit ; car
ceux qui n'ont point ce
défaut la font au defef46
MERCURE
poir de le voir aux au
tres.
2
A proprement parler'
il ne peut y avoir rrop
d'eſprit dans les Ouvra➡
ges même les plus fimples
, pourveu qu'il y'
foit fi bien mis en oeu
vre , qu'il n'en ofte ni
la fimplicité , ni le naturel.
}
Le fimple devient
puerile , dés que l'efprit
y paroift affecté , ofter
entierement l'efprit du ,
GALANT 4%
fimple , c'eft faire du
fublime à trop bon mar
ché ; cacher beaucoup
d'efprit dans le fimple ,
c'eſt la difficulté du vrai
Sublime.
Aprés cela , on peut
faire cent chicannes fur
la fignification , & fur
l'étendue du mot d'efprit
, chacun l'explique
felon le fien;mais je crois ,
a propos d'Eglogue ,
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'efprit dans
F
48 MERCURE
il
les fentimens du coeur
& quoi que le coeur feul
doive parler dans un
Dialogue amoureux ,
eft certain que le coeur
d'un Berger de l'Aftrée
doit s'exprimer plus fine--
ment , que celui ďun
Berger de Village.
EGLOGUE
GALANT 49
E
GLOGU E.
Par M ***
Deux
jours
s'eftoient
paffez
fans que le beau
Thamire
Eut ni vû ni cherché la
Bergere Delphire
Non pas qu'au fond du
coeurjustement irrité
Ilpût lafoupçonnerd'une
infidelité,
On eft dans nos Ha-
Janvier 1711 .
E
So
MERCURE
on
meaux infenfible on
fidelle ,
Mais un jour qu'ilfembloit
moins empreſſe
pour elle ,
Delphire épourventée
à la
moindre froideur
,
Voulut, en l'allarmant ralumer
fon ardeur.
Atis , le jeune Atis
Etranger au Village,
La terreur des Amants,
sileftoit moins volage ,
Entre tous nos Bergers
parut le feul objet
GALANT. 51
Qui luy put affurer le fue
cés du projet.
Unjour doncqu'en nos
champs une vivejeur
neffe
Offroit des jeux galants
à la tendre Déeffe ,
Nos deux Amants étoient
l'un prés de l'au
tre affis ,
Delphire prés defoy fçut
attirer Atis.
Elle n'eut pas befoin
d'un grand Art pour
Luy plaire ;
E ij
s2 MERCURE
Il fuffit qu'elle fut moins
diftraite & moins fiere,
Atis , fur ce qu'il voit
croit à peine fes yeux,
Delphire l'entretient d'un
air plus gracieux.
Devenu moins timide il
offre à la Bergere,
Un bouquet qu'il venoit
de cueillirpour Glicere,
Thamire qui le voit n'en
eft point irrité,
Le plaint & rit tout bas
de fa temerité.
Mais quel prodige ! ô
GALANT. 53
Dieux ! quel caprice bi-
Zarre
Delphire luyfourit,prend
les fleurs& s'enpare
Il en faut moins encor
pour fafcherun Berger,
Thamire furieux croit
qu'on veut l'outrager ,
Quitte les jeux & fuis
Fame d'horreur faifie ,
Source de fes ennuis
foeur de la jalousie
Delicatelle
enfant du
plus purdes Amours,
Pourquoy de ce Berger
E iij
$4 MERCURE
troublois - tu les beaux
jours.
Il cherche de nos bois les
plus épaiffes ombres
Nos Forefts à fon gré ne
font pas affez fombres,
Les oifeaux font de trop:
un Berger amoureux ,
N'est jamais affel Seul
quand il eftmalheureux.
Enfin toujours guidépar
fon inquietude,
Et cherchant plus encor
l'ombre & la folitude ,
Son deftin , ou pluftoft le
އ
.
GALANT, 55
ގ
ነገር
op:
X.
ar
cor
Dieu de nos Hameaux,
Amour le conduifitfur le
bord de ces eaux.
Dont le paifible cours amufe
les allarmes ,
·
Des malheureux qui
vont leur confier leurs
lames s
Mais quelle eft fa furprife
; il voit d'un air
ré-veur,
La boulette à fes pieds
fans ruban ny fans
fleur,
Delphire d'une main s'ap
E iiij
56 MERGURE
puyantfurLarive,
Contempler du Ruiffeau
la courfe fugitive :
En vain parcent baifers
toûjours fi bien reçus
Son Chien veut l'amufer
, elle ne le voit
plus :
Que penfoit-elle ? belas !
fon air eftoit trop tendre
,
Elle penfoit à luy, pouvoit-
il fi méprendre ?
Il ne fcait s'il doitfuir ou
GALANT . 57
L
8
s'il doit luy parler :
Il croit que la premiere
elle doit l'appeller:
Il s'avance ; il s'éloigne s
il la cherche ; il l'évite
,
Son coeur au même inf
tant s'attendrit &
s'irrite
Incertain , il voudroit
qu'on le vit le premier
,
Et que Delphire vint
pourſe juſtifier :
Il fait cent & cent fois le
$ 8 MERCURE
tour de la prairie ,
Il craint ce qu'il voudroit
acheter defa vie.
Delphire qui le voit , de
-L'oeilfuit tousfespas,
Feint de ne le point voir,
mais ne l'évite pas ,
Enfin l'Amour triomphe,
& le Berger s'approche
Surfes lévres ilfent expirer
le reproche ,
Doit-il feindre ? doit-il
montrer tout fon cour
roux ?
GALANT S
Sa fierté luy deffend de
paroiftrejaloux,
Quoy Delphire eft icy;
dit-il , je me retire
Je craindrois .
ой
fuis-tu cruel , reprit
Delphire ,
Ab! Dieux pour toy ma
mort a-t-elle tant
d'appas ,
Que fervent
ces détours 5
mon cher Thamire
,
helas !
C'eft feindre trop longtemps
pour mon coeur
60 MERCURE
& le vostre ,
Vous de ne m'aimer plus,
moy d'en aimer un
autres
Pardonnez à mon coeur
l'artifice innocent ,
Dont j'ay cru ranimer
un Amant languißant,
D'un crimefi leger , quelle
affreufe vengeance,
Helas? il m'a couftédeux
jours entiers d'abfence.
Vous feignie , dit Thamire
en avezvous
douté,
GALANT. 61
Cruel , & fuis-je faite à
Pinfidelite?
Jefeignois ...... & c'eft
la ce qui me defefpere ,
De voftre foible Amour
cette preuve eft trop
claire ,
Dit-il , un coeur bien pris
n'eft pas maistre de
Soy,
L'objet de fon amour eutilmanqué
defoy ,
Dût-il.apprehender qu'il
ne devint volage,
Il n'y fait que d'aimer
62 MERCURE
une fois davantage,
Il ne ménage rien , il aime
aveuglement,
Tout eft tranfport en luy,
tout eft emportement.
Vousfeigniez dites-vous ,
ingrate , est-il poſſible !
Grands Dieux pourfeindre
ainfi , qu'il faut
eftrepaisible!
Quoy vous pouviezpenfer
qu'infidelle à fes
feux,.
Mon traiftre coeur ofoit
former de nouveaux
noeuds
GALANT. 63
Et les premiers effets
d'un fifenfible outrage,
N'ont pas efté l'horreur ,
le defefpoir , la rage,
Vous vous eftes bornée à
feindrefeulement,
Delphire eftoit- ce là m'aimer
bien tendrement?
Car ne me dites pas que
cette heureufe adreffe,
Afouvent d'un Amant
ranimé la tendreffe,
Que fouvent un Berger
trop feur defes Amours
64 MERCURE
S'en lafferoit bien - toft
fans cet beureux ſecours.
Je Sçay que ce moyen eft
quelquesfois utile ,
Je çay même , je ſçay
qu'on s'en fert à la
Ville :
Mais un coeur paftoral,
un coeur bien enflamé,
Fuit jufqu'au moyenfür
defe voirplus aimé.
Qand ce moyen n'eftpas
d'eftrefidelle & tendre,
Oùfuis-je, dit Delphire ,
GALANT 65
& que viens-je d'entendre
!
Je triomphe , & mesfoins
ont unfuccés heureux,
Helas ! plus que jamais
Thamire eft amou-
Bereux :
Si des tranfports fi doux
font toute la
ce ,
vengean
MoncherThamire craint
que je ne recommence.
Ils parloient, & l'Amour
les entendit des
weCienx
Janvier1711
. F
66 MERCURE
Quelsfentimens ? dit-il,
je n'aimerois
pas
mieux 37.
NOUVELLES
d'Espagne
.
On a marqué dans les
Relations de la Bataille de
Villa viciofa , que Mr le
Marquis de Thoy , quoy
qu'il cuft efté bleffé à l'attaque
de Brihuega , ne laiſſa
pas de combatre, à la tefte
d'un Efcadron ; mais on n'a
pû rien dire de l'avanture
qui luy arriva , n'en ayant
GALANT. 67
efté informé que depuis
peu.
Il avoit percé jufqu'â la
Batteric des ennemis , lorfque
quatre de leurs Bataillons
& un de leurs Efcadrons
, ayant
efté
jusques
entre
nos deux
Lignes
, fe
retiroient
en bon
ordre
.
Il reconnut
bien
leur Infanterie
; mais
ayant
crû
que
l'Efcadron
ennemi
eftoit
un
des noftres
, il alla fe mettre
à la tefte
, en difant
qu'il
falloit
aller
charger
. Il fut
reçû
à coups
de fabre
, &
enfuite
mené
à la tefte
des
Fij
68 MERCURE
quatre Bataillons qui fe for.
moient en un Bataillon
quarré pour fe retirer
voyant que la Bataille eftoit
perdue- Le Colonel d'un
Regiment Palatin qui avoit
: efté entierement deffait répondit
de Mr de Thoy aux
Officiers qui eftoient prefens.
On le relâcha , & il
vint enfuite rejoindre le
Roy d'Espagne.
Sa Majefté Catholique
aprés avoir envoyé des détachemens
pour fuivre le
General Staremberg , alla
camper le 12.à Fuentes , &
AGALANT 65
arriva le 15. à Siguença . Les
habitans de cette Ville ont
donné des marques de fidelité
pour leur Roy legitime ,
en fe délivrant eux - mêmes
des Ennemis. Le General
Staremberg y avoit envoyé
un Bataillon qu'ils contraignirent
de mettre bas les
armes.
Mr de Bracamonte avoit
fait prifonniers deux cens
hommes qui eftoient dans
Hita ; & Mr de Valejo en
avoit encore pris deux cens
cinquante qui eftoient fortis
de Medina - celi pour aller
70 MERCURE
joindre le General Staremberg.
ch
res , sh
A Daroca le 31. Decembre .
L'Armée du Roy a efté obligée
defejourner à Siguençajufqu'au
24. à cauſe de la difficulté
des fubfiftances. Les mêmes
Taifons avoient retenu les Ennemis
icy où ils avoient marchéjour
& nuit , ce qui fair
que nous leuravons encore pris
plus de quinze cens hommes.
Mr de Villareal qui fuivoir
Mr de Staremberg avec cinq
cens: Fantaffins des Regimens
GALANT. 71
ds Staremberg & de Reventlam
, trente Maiftres , a
efté coupé par Mr de Valejo ,
& s'eft jetté dans le Chasteau
d'Illuega à trois lieuës de Calatajudou
il s'eft rendu prifonnier
de guerre. Nous avons trouvé
dans ce Chasteau d'Illuega à
trois lieues de Calatajud où il
s'eftrendu prifonnier de guerre,
Nous avons trouvé dans ce
Chasteau cinq mille facs de
grain , deux pieces de canon.
Nous prîmes encore hier le
Chasteau d'Ariffa, où ily avoit
deux cens hommes des vicilles
72 MERCURE
*
Troupes de l'Empereur qui s'y
eftoient trouvées envelopées
par les détachemens que nous
avons àlafuite des Ennemis.
Le 23. M³ de Staremberg
arriva à Saragoffe avec les debris
de fon Armée. Mª de
Valejo qui le fui voit toujours
attaqua fon Arriere garde , &
le culbuta dans cette Ville..
Monfieur de Vendofme a envoyé
ordre à Mr de Valejo &
à Mr de Bracamonté de paffer
l'Ebre , l'un au deffus & l'autre
au deffous de Sarragoffe
pour couper entierement la communication
des Ennemis avec
Barcelone.
GALANT 73
a
Barcelone. Mr de Valdecañas
eft à quatre lieues de Sarragoffe
avec la tefte de noftre Cavale
rie , noftre Infanterie y arrivera
le 2. du mois prochain.
D'autres Lettres portent
que tous les habitans des
lieux fituez dans les Pyrenées
& le long de l'Ebre font
foumis à Sa Majesté Catholique
; que Mr le Chevalier
de Croix , Lieutenant general
ayant affemblé les Troupes
Eſpagnoles de la Navar
re à Tudela avoit marché
de l'autre cofté de l'Ebre ,
à la droite de fon cours vers
G
Janvier 1711 .
74 MERGURE
Sarragoffe ; que le Colo
nel Nebot , s eftant joint à
un Corps de Miquelets
avoit entrepris de faire des
courfes dans le Royaume de
Valence,où il avoit cfté battu
& obligé de fe retirer en
defordre , & que les Troupcs
de ce Royaume - là , avoient
reçu ordre de marcher
vers Tortofe pour entrer
dans la Catalogne
; que
l'Archiduc eftoit arrivé à
Barcelone avec une efcorte
de cinquante Cavaliers feulement
, & environ cinquan
de fes Officiers & Domef IC
C
I I
GALANT. 75
tiques ; que le lendemain
18. à minuit , on entendit
une décharge de canon &
de moufqueterie , fuivie de
grandes illuminations
; que
ce qui avoit donné lieu de
faire ces réjouiffances , cftoit
l'arrivée d'un Courtier de
Mr de Staremberg qui avoit
apporté la nouvelle que ce
General avoit entierement
défait l'Armée du Roy Philippe
; qu'en même temps
l'Archiduc fortit de fon Palais
, & alla à l'Eglife pour y
faire chanter le Te Deum ;
que pendant tout le jour on
Gij
76 MERCURE
le lendemain on n'en
parla prefque plus ; que trois
parla de cette Victoire ,
que
mais
jours s'eftant paffez fans
qu'on en reçuft la confirmation
, les plus fenfez commencerent
d'en douter ;
qu'il arriva enfuite quelques
fuyards qui dirent qu'il n'y
avoit point de Victoire gagnée
, mais qu'aprés le Combat
on s'eftoit retiré de
part
& d'autre accablé de fatigues
, & que Mr de Staremberg
s'en revenoit , & que
Mr de Vendofme le fuivoit ;
que le General Staremberg
GALANT. 77
qui eftoit arrivé le 2 3. à Sarragoffe,
en eftoit forti le 27 .
qu'il avoit abandonné dix
pieces de canon , quantité
munitions , & un magafin
d'habits pour les Troupes ;
qu'il n'avoit pas dix - huic
cens hommes , y compris
avec
quelque Cavalerie ,
quatre pieces de campagne ;
que la Reine y devoit arriver
inceffamment de Navacarra
, & que le Roy devoir
l'y attendre.
Giij
78 MERCURE
Du Camp de Gironne , le
27 Decembre 1711 .
Nous avons efté quinze
jours en marche en mouvement,
tant pour l'embarquement
quepourle débarquement.
Nous femmes venus enfuite
droit à Gironne , où dés le lendemain
nous avons travaillé
à nos Batteries. Ce n'a pas
efté fans rifque. Nous eftions
fort expofez au feu des Ennemis
; mais nous fommes en
état de leurfaire tête . La tran
chée fut ouverte la nuit du 2 3 .
GALANT 79
au 24. Nous n'avons encore
perdu que deux Officiers , dont
l'un eftvit Officier de l' Artilleris
. On commence d'aujourd'hui
à monter la tranchée avec les
drapeaux , ce n'eſt proprement
auffi que d'aujourd'hui
que Mr le Duc de Noailles
la tranchée ouverte s compte
mais dés qu'on a remué la
terre devant une place , on dre
la tranchée ouverte . Nous
fommes à prefent en état de
preffer laplace. On ne s'y épar
gneta pas .
Giiij
80 MERGURE
Du Camp devant Gironne ,
ble 29 Decembre 1710.
La tranchée fut ouverte le
27 au foir , Mr le Comte de
Fienne y commandoit ; hier ce
fut Monfieur de Guerchy ,
Mr le Duc de Noailles envoya
s'emparer d'un Poſte au
deffus du Calvaire aujour
d'hui la Bréche paroiffoit déja
confidérable & notre tranchée
va jufqu'à dix toifes prés du
chemin couvert. Mr le Duc
de Noailles a fait monter à la
Bréche en Ja prefence , un
CALANT. 87
Ce
#
C
Lieutenant des Grenadiers
d' Auvergne , fuivi de fept on
huit Grenadiers pour reconnoître.
Ils ont fait leur décharge,
enfuite Monfieur le Duc
de Noailles leur a fait figne de
fe retirer. Ce Lieutenanta efté
bl ffélégerement à la jouë. Mr
le Duc de Noailles eftoit réfolu
de faire monter cefoir à l'af
faut ; mais on apprend dans le
moment que
les Ennemis ont
fait jouer trois Fourneaux
à
Fort dans le deffein de l'abandonner.
Un moment
aprés que
les Mines ont eu fait leur ef
fet on y a fait entrer les Gre82
MERGURE
nadiers. On n'y a trouvé que
trois pieces de Canon de Ferg
un de Bronze ; ils ont apparem-
´ment enlevé le reste cette nuit ;
ce font les deux Baftions enface
de notre Tranchée qu'ils ont
fait fauter , leflanc de celui du
cofté de leur droite, la face
gau- de celui du cofte de leur
che . Il n'eft pas aife de comprendre
quel a esté le deſſein des
Ennemis en cela. On travailla
dés ce ſoir à faire une Batterie
au deffous du Fort pour battre
une Redoute qui eft entre le
Fort & la Ville, & je crois
qu'on l'attaquera cette nuit.
GALANT. 83
Pendant l'aprés - diné quelques
Grenadiers fe font rendus maitres
d'une des dernieres maiſons
du Fauxbourg; elle estoit retranchée
en forte qu'ayant occupé
ce pofte , cela nous facilite
les aproches de la Ville. On
croit qu'on s'en rendra maître
dans peu.
Du Camp devant Gironne ,
le 2 Janvier 1711.
Depuis
la prife du Fort
rouge , Mr le Duc de Noail
les a fait dreffer fur la même
hauteur
, par où on l'avoit
attaqué
, une Batterie
de quatre
pieces de Canon
qui tire fur le
$4 MERGURE
a même
am Fort du Calvaire ,
déja ruinéfes deffenfes , deforte
qu'il ne peut plus nous incommoder.
Il afait dreffer une autre
Batterie de l'autre cofté du
Ter,
pour
Ville
. Cette
Batterie
a commencé
à tirer
ce matin
, elle eſt
de onze
pieces
de canon
; on
l'augmentera
encore
. Les
Ennemis
font
un grand
feu
fur
cette
batterie.Du
Fort
Conneftable
on a tiré
une
espece
de
Boyau
au deßous
du Fort
rouge,
pour
approcher
d'une
rebattre
en breche la
"
doute
que
une
demie
-portée
du
Moufles
Ennemis
occupent
GALANT. 8$
me
orte
com.
alli
té ave
The la
comlle
eft
jon
En.
(ur
nnece
de
TOKe
re
cupent
Lonsquet
de la Place. Il y a auffi
une batterie de trois pieces de
Canon dans ce boyau qui tire
fur cette redoute , dont on n'a
pu encore s'emparer. On vout
lut en faire la tentative la nuit
derniere,mais ayant trouvé qu'
elle eftoit trop bien deffendue,
même foutenue par quatre ou
cinq cens Miquelets , onferetira.
La Batterie des Mortiers
a mis lefeu à quelques endroits;
il a efté éteintpar les habitans.
Mr le Duc de Noailles doit
encore faire faire une batterie
de Canon cette nuit , dans le
Fauxbourg , fur le chemin du
86 MERCURE
Pont-Major pour battre de ce
cofté-là la Ville en breche.
Un Courrier que Mr le
Duc de Noailles fit partir de
Gironne le 17 ,acfté 54 heures
à venir à Perpignan. Ce
General mande au Roy que
les grandes pluyes & les torrens
continuels ont retardé
les
Les
ouvrages ,
mais que
bréches font en bon état, &
que malgré les difficultez
de
faire venir exactement
les
provifions
au Camp,il efpereeftre
maistre de la Ville le
20 de ce mois , aprés quoi le
refte des Forts ne l'embaraffera
pas.
GALANT. 87
t
C
Juc
dé
Des
&
de
les
le
le
ral-
HISTORIETTE.
Pour fatisfaire au goût
que le public a pour les
Hiſtoriettes
, je tâcherai
d'en donner au moins
une , peut - eſtre deux dans
chaque Mercure , mais
pour varier il en faut de
toutes les efpeces . En
voici une dans le ftile figuré
des Orientaux
, qui
ne s'expriment que par
comparaifons
, & croyent
88 MERCURE
briller dans la converfa
tion à force de citer le
Soleil , la Lune & les
Etoiles .
CONTE
Oriental.
Il y avoit en Orient
une fille fage , & fi fage
qu'elle refiftoit aux defirs
d'un riche & puiſſant
Kalife, & ce Kalife eftoit
fi bon qu'il fouffroit patiemment
qu'une fille lui
réfiftât
Pork
GALANT.8 ,
réfiftât. Cette fille s'appelloit
Zoroïne , & comme
elle eftoit au ſervice
de la femme du Kalife
il la voyoit fouvent; leurs
converfations eftoient
mêlées de maximes en
,
vers Arabes , car c'eft
l'excellence
des converfations
Orientales .
pute
Un jour dans une diffur
l'amour , le Kalife
foutenoit à Zoroïne
qu'elle devoit répondre
à fa paffion & s'obſti-
H
90 MERCURE
noit un peu trop à vouloir
qu'elle fût de ſon ſentiment
. Voici comment
cette fille vertueuſe reprima
l'ardeur du Kalife
dans la difpute.
Il faut fçavoir que le
Kalife avoit pour le Soleil
une veneration fu--
perftitieufe, en forte qu'il
fuffifoit de lui nommer
feulement cet Aftre pour
lui infpirer du reſpect.
Zoroïne le prenant par
fon foible,s'écria !
CALANT . 91
Par ce Soleil je te jure ,
Que ma vertu 1oûjours
pure;
Famais ne s'éclipfera ,
Tant qu'il nous éclairéra.
Le Kalife crut entrevoir
dans ce ferment que
Zoroïne feroit moins vertueufe
la nuit que lejour;
ton ferment , lui dit-il ,
C'est un ferment de femme,
ilfied bien dans
ta bouche ,
Hij
92 MERCURE
Contre moita vertu tien
drato
Tant que le Soleilparoîtra
,
Mais le foir le Soleil fe
couche .
Sans doute , répon
dit Zoroïne en quittant
bruſquement le Kalife
qui l'avoit fait affeoir
prés de lui ſur un Sofa ;
mais tu vois que je ſçai
me lever avant que le
Soleil fe couche.
A
GALANT 94
Le Kalife fe flata encore
que Zoroïne ne l'avoit
quitté que parce
qu'elle avoit vû de loin
fa Maîtreffe qui venoit
de ce côté-là : il chercha
l'occaſion de la réjoindre
& l'ayant ſurpriſe fur le
foir dans un jardin rempli
de plantes curieuſes ,
il l'aborde , & pendant
qu'elle rêve à la maniere
dont elle fe pourra
tirer
d'affaire , voici ce que
lui dit le Kalife .
94 MERCURE
Le Soleil ne luit plus ,
belle Zoroine , & nos
Poëtes Arabes comparent
les femmes à certai--
nes Plantes, dont la vertu
n'eft forte que pendant
l'ardeur du Soleil ; ainfi
les femmes eftant moins
fortes la nuit que le jour ,
il leur eſt pardonable d'être
moins vertueuſes.
Leur force foutient leur
fageffe
Ainfi telfentiment d'amour,
GALANT . 95
Qui feroit un crime en
plein jour,
La nuit n'est que fimple
foibleffe.
·
Il te feroit honteux ,
reprit Zoroïne, de devoir
mon amour à la nuit &
à ma foibleffe : crois que
je ferois gloire de t'aimer
fi je n'avois pas juré le
contraire en prefence du
Soleil. Puifque tu le
crains , repliqua le Kalife
96 MERCURE
Profite- donc de fon abfence
Il ne verra point ton amour:
Dans ton fexe la nuit
difpenfe , ..
Des fermens qu'on afait
le jour.
S'il faut enfin t'aimer
reprit Zoroïne en fuyant,
je ne veux t'aimer qu'en
plein jour. Arrête-donc ,
lui cria le Kalife , faut-il
me
GALANT 27
me renvoyer ainfi de la
nuit au jour & du jour
à la nuit. Zoroïne fuyoit
toûjours & de Kalife ne
la pût rejoindre que le
lendemain, mais il la pref-
La tant que pour s'en débaraffer
elle lui promit
qu'elle iroit le trouver
er
T,
11
dans fon
apparteinent ,
& pour le prendre toujours
par fa fuperftition
,
lui dit : Ouyje tejurepar:
le Soleil qu'ilfera témoin
de
l'execution de ma pro-›
melle.
I
98 MERCURE
Le Kalife ne fit point
d'attention au vrai fens
de ces paroles , tant il
eftɔit tranſporté de joye ,
& la voilà encore débarraffée
de lui ; mais le
foir craignant qu'elle ne
lui manquât de parole ,
il fut l'attendre fecrete
ment dans la chambre
où elle couchoit ; elle fut
fort ſurpriſe en y rentrant
à minuit d'y trou
ver celui qu'elle fuyoit ;
elle demeura immobile :
GALANT . 99
Tefouviens-tu de tes der
nieres paroles , lui dit le
Kalife : Je me fouviens
des tiennes , lui répond
elle en tremblant.
Dans mon fexe la nuit
dipenfe ,
Des fermens qu'on afair
le jour
. e
C
C
Moi , j'ai juré que le
Soleil feroit témoin de
l'execution
de ma promeffe.
Enfuite elle ou-
I ij
100 MERCURE
vrit la fenêtre & regardant
le Ciel obfcur , elle
s'écria : Parois Soleil, pas
rois, vientéclairer un crime
que veutcommettre de
Kalife fi vertueux&ſi
bon , fi tu approuves fon
crime , viens en eftre témoin.
soʻ
Ces paroles prononcées
dans l'horreur de la nuit,
firent impreffion fut le
Kalife ,il demeura muet ,
& Zoroine continua d'apeller
le Soleil : Viens
GALANT. 101
donc,s'écria -t-elle, viens
donc ; mais , continua -telle
, en regardant le
Kalife intimidé : le Soleil
ne paroit point , an
contraire le ciel s'obfcurcit
de plus en plus.
Le Soleil ne viens point
ce n'est qu'enfaprefence,
Que je t'avoispromis d'é
couter ton amour ,
C'est ainsi que la nuit dif
penfe
y
Desfermens qu'on afait
le jour.
102 MERGURE
De Bayonne le 17. Decembre
1710
.
Le fieur Févre , Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo , a
pris un Vaiffeau Portugais
, venant du Brefl ,
d'environ 600. Tonneaux
, qu'il a conduit à
Caftres.
Du Havre le 19. Decem
bre 1710
.
Deux prifes Angloiſes,
l'une de 120 Tonneaux,
GALANT 103
& l'autre de 8o . conduite
ce Port par la Fregate
la Couronne de S. Malo
, eftimées 200000. livres.
De Calais le 21. Decembre
1710
.
Le Capitaine Marc-
Tefte , Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouſe , a mené en ce
Port, une priſe de 60.
Tonneaux , chargée de
Beurre.
I iij
104 MERCURE
De Dunkerque le 25.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauff , a
conduit en ce Port , uné
priſe Angloiſe , & a tire
d'une prife Portugaiſe
,
faifant partie de la flotte
du Brefil , 600. Caifles
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere , a pris un
GALANT 105
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port..
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoye Monfieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adreffée pour
vous ; je profite de cette occafion
, pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Sauff , Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite ; il commande le Vaiffeau
l'Augufte , Mr Battement
le Blakoal , & Mr Po106
MERCURE
mer le Prothée , & ils eftoir
joint à eux trois Corfaires
de Calais ; ils ont rencontré
22. Navires Anglois venant
de la Virginie , eſcortez par
deux Vaiffeaux de Guerre
de 36
36 & 40 Canons Mr
Sauff ayant fait fignal ďabordage
, les convois ont
pris la fuite avec 4 Navires
Marchands , dont deux fe
font échouez & bruflez ;
quatorze ont efté pris . Il
eft auffi arrivé à Calais quatre
autres prifes faites par
des Corfaires de ce Port
chargées de differentes Mar
GALANT. 107
ב
T
chandifes , dans lesquelles
Mr Sauffapart.
4
Mrs de la Jaille commandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne , & du Bois de la
Mothe commandant l'Argonaute
, ont pris trois Navires
Anglois , venant de la
nouvelle York , chargez de
bled , farine & bifcuits ;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venife
chargé de faumon & ftocfich
, & un autre venant de
Ligourne, chargé debled &
de ric.
On a appris de Malthe
108 MERCURE
que le Commandeur des
Aulaire , de la Maifon de
Beaupoil , Capitaine de Vaiffeau
du Roy , Secretaire des
Commandemens & Grand
Maiſtre pour les affaires de
France , fon Grand Ecuyer
& Gouverneur de cette Vil
le , a efté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
MORTS
Milord Griffin , qui avoie
efté fait
prifonnier à bord
du Salfburi , lorfque le Roy
d'Anglererre
tenta de faire
GALANT 109
une deſcente en Ecoffe en
1708. eft mort le 21. Novembre
dans la Tour de
Londres, où il avoit efté mis
d
comme coupable de haute
He
tráhifon , fon execution
ayant cfté diffetée pour raifon.
Le Baron , Ezechiel Spanhein
, Ambaffadeur en Angleterre
pour l'Electeur de
Brandebourg , & fort connu
par fes emplois & par
quantité d'ouvrages d'érudition
, mourut à Londres
le 25. Novembre 1710.
âgé de 82 ans,
ito MERCURE
Meffire Pierre Code , Archevêque
de Sebafte & Vicaire
Apoftolique dans les
Pays bas , mourut à Utrecht
le 12. Decembre 1710. âgé
de 60 ans.
Jean Chriftian , Prince
d'Eggenberg , Duc de Crumau
, Comte de Gradifch
& d'Adflperg , & Confeiller
d'Etat de l'Empereur
, monrut
fans pofterité à Prague
en Boheme le 14. Decembre
1710. en fa 70. année
eftant né le 7 Septembre
1641. Il avoit époufé en
1666. Maric Erneftine , fille
GALANT ITI
de Jean Adolfe , Prince de
Schwartzenberg, & de Marie
Juftine , Comtefle de
Stahremberg
.
Ce Prince eftoit fils de
Jean Antoine , Prince d'Aggenberg
, Duc de Crumau ,
&c. Chevalier de la Toifon
d'or , mort le 24 Mars
1647. & d'Anne Marie ,
fille de Chriftian , Marquis
de Brandebourg Bareith
mort le 8 Mai 1680. Il avoit
pour four Marie Elifabeth
, née le 26. Septembre
1656. à Ferdinand
Prince de Dietrichſtein.
112 MERCURE
Comme le Prince d'Eggenberg
eft mort fans enfans
, fon frere puifné Jean
Liffroid d'Eggenberg, Confeiller
d'Etat de
l'Empereur,
& Gouverneur de la Car
niole , lui a fuccedé dans
tous les biens, qui font tresconfiderables
.
Ce Prince qui eft né le
12 Aouſt 1642.a épousé en
1666. Eleonore Rofalie
fille de Charles Euſebe , Prine
ce de Licteinſtein , dont il
a pour fils unique Jean- Antoine
Jofef , Prince d'Eg.
genberg , né le 6 Janvier .
GALANT 13 A
1669. Gouverneur de la
Carniole en furvivance de
fon pere & Confeiller d'Etat
de l'Empereur. Il a é
poufé au mois deMars 1692 .
Marie Charlote , fille d'Adolfe
Uratiflas , Comté de
Sternberg , dont il a des
enfans .
Albert Antoine , Comte
de Scwartzbourg & d'Hohnftein
, eft mort le 15. De-
9
cembre 1710. à Roudolftat
en Thuringe dans fa 70.
année , cftant né le 2 Aouſt
1641. Il avoit épousé le 7 .
Juid 1863. Emilie Julienne,
K
70 .
114 MERCURE
filled Albert Frederic, Comte
de Barby & de Sofie Urfule
d'Oldembourg , dont
il a un fils unique qu'on
nomme Louis Frederic.
Comte Schwartzbourg &
d'Hohnftein , né le is . Octobre
1667. & qui a épou
fé le 15 Octobre 1691 Anne
Sofie , fille de Frederic Duc
de Saxe Gotha , & de Madeleine
Sibile , Ducheffe de
Saxe Hall , dontil á 13 en
fans.
Marie Claude , née Comtelle
de Kunige , eft morte
à Vienne le même mois
1710. âgée de 41 ans ; elle
GALANT us
G
1.
te
avoit épousé Mathias Leopold
Prince de Lamberg &
du S. Empire , Landegrave
de Leichremberg , Chevalier
de la Toifon d'or , Confeiller
d'Etat, Grand Ecuyer
de l'Empereur & Grand Veneur
hereditaire d'Autriche.
Jean Hugues d'Orffbeck,
qui avoit efté éleu Coadjuteur
de l'Archevêché de Treves
en 1672. & qui y fucceda
en 1676. à Charles Gafpar
Van der- Leyen ſon oncle
, eft mort à Coblens le
6 de ce mois. Ce Prélat qui
avoit cfté auparavant EKij
116 , MERCURE
vêque de Spire , eftoit fils
de Guillaume d'Orftbeck
Seigneur de Vernich , & de
Marie -Catherine Van - der-
Leyen . Le Prince Charles
de Lorraine , Evêque d'Ofnabruch
, & d'Olmurs &
Coadjuteur de Treves , eſt
parti de Luneville le 11 pour
aller prendre poffeffion de
cet Archevêché.
GALANT 117
ANONIMES.
La Mufe naiffante.
J'étois trop jeune le
mois paffé je ne pûs remplir
que la moitié de vos
bouts - rimez , mais un
mois de plus forme bien
l'efprit d'une fille. J'ay
rempli ceux- cy d'un bout
à l'autre , à la verité ma
mere m'a un peu aidé ,
fans cela je me ferois per118
MERCURE
duë en tric trac, fric frac,
cric crac .
SUR UN TOUSSEUR.
le
Je ne connoiffois pas
Toußeur d'Albicrac ,
Quand ma mere me dit
enjouant au trictrac,
Voudrois - tu d'un mari
charmé de fa feringue
,
Purgon , Fleurant fans
ceße occupantfa brelingue.
Dansfon corps bien purgé
n'ont laiſſe fric ni
frac.
GALANT. 119
A ma mere je dis , le
voudriez
- vous , crac,
Non,non, car vous avez
cor
plus defens que Pibrac.
Jamais à tel mari ne direz
tope & tingue.
Ni moi non plus vraiement,
carj'ai lû dans
Balzac.
Qu'enménage untouffeur
fait toujours du micmac
,
Contre vos loix jamais
ma volonté ne fringue',
42 MERCURE
Mais-donnez - moi plûtoftpar
jour cent coups
tringue ,
deu
Où jettez- moi dans l'eau
la tête dans un fac .
LANONIME
amoureux
.
La Dame pour qui j'ay fait
ces premiers Vers a la paffion
de les voir imprimez , jay
celle de la fatisfaire , j'en fuis
paffionement amoureux , &c.
909
RE'PONSE
GALANT. 121
E
it
RE'PONS E.
Vos Vers intitulez :
Amant inftruit par la
raifon , font les feuls
que
j'aye receu de vous . Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raiſon
qui eft dans votre lettre ,
fi la Dame dont vous
eſtes paffionement amoureux
, ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour ; qu'elle eft
Janvier 1711. L
122 MERCURE
heureuſe d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer fon
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconftance eftre
une preuve contre lui
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour .
1. F. G. B.
Je vais faire une tourGALANT
123
née en Espagne pouryramaffer
bonne provifion
d'Hiftorietes
dans legoût
de Miguel de Cervantes,
vousfçavez pour qui, tenez-
moi compte , &c.
REPONSE.
Je ne puis vous faire
ici de longs complimens ,
ils ennuyroient le public;
qu'il vous remercie luimême
de ce que vous
travaillez pour lui. Votre
Lij
124 MERCURE
Don Quixote trouvera
fa place dans le mois prochain
; il faut un peu l'ha
biller à la
Françoiſe.
LE TONTONIC .
Si uncoup d'effay peut
meriter place , &c.
REPONSE.
A
Ce coup d'effay me
fait fouhaiter que tous
ceux qui ne font pas PoëGALANT.
izj
2 tes , s'eflayent à faire des
Vers , car ceux qui en
font naturellement de
bons , font plus Poëtes
que les autres. Vous m'avez
permis par votre lettre
de changer quelques
mots, vous trouverez icy
deux Vers de moi ; je
conviens qu'ils font
moins vifs que les deux
vôtres , mais vous conviendrez
qu'ils font
moins libres. Il eft vrai
que nous fommes en
Liij
126 MERCURE
Carnaval , mais quelqu'un
pourroit lire mon
Livre en Carême.
RONDEAU.
En ftile demi Marotique.
Philis tient peu
de
conte,
d'Albicrac
Du vifamouril n'entend
pas
le
trac ,
Longs complimens fans
ceffe il lui
Gants blancs en main la
feringue ,
GALANT. 127
mene àfa brelingue ,
Et fur fon coeur pretent
fric frac.
t
faire
Au doux moment quand
il croit toucher , crac,
Elle fe leve en lui chantant
Pibrac.
Prés de ce Fat ne pos
vant dire
Philis tient peu.
tinque .
Lij
* 28 MERCURE
·
Il nefuffit auffi d'eftre un
Balzac ,
Pour réuffir en l'amoureux
mic
mac ,
Il faut de l'or , ou bien un
fringue ,
air
qui
Par
ces
moyens
on
fait
crier la
tringue ,
· Contre grand air, contre
l'or à
plein
Philis
tient peu.
fac.
GALANT 129.
-eat
zac ,
now
mac,
en un
que,
fait
que,
Entre
fac.
L'ANONIMÈ
que je voudrois
bien
connoître
.
Monfieur,je vousfais
part d'une avanture qui
n'eft pas fort plaifante
mais c'est ce qu'il y a de
plus nouveau , &c.
RE'PONSE.
J'avoue que ceux qui
ne font curieux que
d'a-
8
8
I
130 MERCURE
vantures plaifantes ne
trouveront pas icy leur
conte ; mais ceux qui
font fimplement curieux
fe contentent du nouveau
pourvû qu'il foit
vrai ; il y en a même qui
fe contentent encore à
moins & qui veulent du
nouveau quand il ne feroit
ni vrai niplaifant .
Je mets ici voſtre Lettre
, pardonnez ſi j'en ay
retranché ce qui eftoit le
GALANT. 131
2
I
[
1
plus agreablement
écrit.
C'eftoit des Portraits &
je ne veux defigner perfonne
, c'eftoit des préjugez
cenfez ; mais je ne
veux que rapporter des
faits , je ne dois rien deviner
, ni en.hiftoires
ni en politique.
Le jeune Dorilas plusfage
& plus arangé à vingt- cinq
ans , qu'un autre ne l'eſt à cinquante
, perdit il y a un anfor
pere & fa mere , dont la fucceffion
, jointe à celle d'une
rente , l'a rendu riche à peu
nepa
* 32 MERGURE
prés de douze mille livres de
rente; il n'apas pour cela hauffé
fon train , au contraire il a
vecu encore plus modeftement,
cet economie publiée dans
Paris , lui a bientôt procuré
un mariage confiderable; la veuve
d'un riche Gentilhomme
mort depuis quelques années
avoit deuxfort aimablesfilles ,
élevées dans une pieté exemplaire.
La modeftie, la pieté &
l'oeconomie du jeune Dorilas
parvinrent jufqu'à fes oreilles ,
elle crut ne pouvoir faire un
meilleur choix pourfa fille ainée
; elle conduifit les choſes
GALANT. 133
ر
avec tant de prudence que le
jeune Dorilas fut bientôt accordé
avec la Damoiselle , au
grand contentement de la mère.
qui ne confulta fa famille &
Jes amis que pour
que pour leur dire
qu'elle vouloit abfolument ce
mariage ; la Damoiselle en fille
obeiffante , modefte , & qui
n'a jamais regardé un homme
en face , trouve Doriläs fort
aimable , parce quefa mere l'affure
qu'il l'eft ,elle l'épouse
paffe dix jours avec lui dans
une union admirable ; mais ce
qui eft encore plus étonnant ,
d'eft qu'au bout de ce temps , &
134 MERGURE
fans qu'on en puiffepenetrer les
raifons , il atout d'un coup difparu
;fa femme en fut fort inquiette
dés le premierjour , le
Lendemain fon inquietude rele
troifiéme jour
doubla
1
ع و ب
" elle eftoit dans la derniere afflic
tion , lorfqu'un inconnu luż
le
rendit un pacquet , dont le
diffus eftoit de la main de fon
marys elle en futfi troublée
qu'elle ne s'aperceut pas que
Porteur de cette Lettre difpa
rut dans le moment,fans qu'elle
put lui faire aucune queſtion ,
elle ouvre précipitament l'enveloppe
; mais au lieu d'une
GALANT. x35
à
Lettre qu'elle y croit trouver , il
ne s'y rencontre qu'une Procurationgeneralefousfeingprivé
, pour recevoir tous leurs
biens,les tranfporter , cedd‹ réchanger
, vendre, en un motpour
en faire tout ce qu'ellejugera
propos , & ce , pendant l'efpace
de 10 ansfeulement . Voi
là une femme bien étourdie
elle envoye au plus vifte chercher
fa mere , à quijufqu'alors
elle avoit caché fon malheur ,
& qui en veritable devore ne
s'effraya point de cette nouvelle,
Ma fille, luidit- elle, avec douceur
, c'est une affliction que
136 MERCURE
le Ciel vous envoye, & que
vous devez recevoir avec foumiffion
; ce qui doit vous confoler
, c'est que vous eftes juftifiée
dans le Public , & qu'il
paroift que voftre mary ne s'eft
point éloigné par aucun mécon
tentement qu'il ait receu de
-vous , puiſqu'il vous addreſſe
marque
cette procuration comme une
de confiance qu'il a en
vostre faceffe ; il eft honnefte
homme ; il faut fans doute
qu'il ait eu des raifons qui vous
font inconnues , & lorſqu'elles
feront ceffées , vous trouverez
en lui un mary tendre & fiGALANT.
137
a
3
es་
dele;ces raifons tant bonnes que
mauvaises raffermirent un peu
l'efprit de la jeune mariée ; ily
a déja un mois qu'elle vit dans
cette cruelle efperance ,fort retirée
du monde , que comme une
autre Penelope , elle attend que
ces longues années foient expirées.
SUITE DES MORTS.
Cofme Roger , Prédicateur
ordinaire du Roy ,, Evêque
& Seigneur de Lombez
, & cy devant Abbé &
Superieur Generalde la Con
M
138 MERCURE
gregation de Noftre- Damer
des Feüillans , Ordre de Cif
teaux , mourut en fon Diocéfe
le 20. Decembre dernier
, âgé de 95 ans. Les
PP . Feuillans de la rue S.
Honoré lui ont rendu les
derniers devoirs par un Service
folemnel qu'ils ont fait
dans leur Eglife.
Gilles le Sourd, Docteurs
en Theologie , ancien Recteur
de l'Univerfité de Paris
Curé de Saint Paul & Principal
du College de la Marche
, eft mort le deuxième
jour de Janvier. Mr Bou-
474
GALANT. 139
5
ret , Docteur de la Maiſon
de Sorbonne & Profeffeur
en Theologie , a obtenu les
provifions de la Cure de S.
Paul , commne plus ancien
Gradué ; on fçait que les Benefices
qui vaquent pendant
les mois de Janvier & de
Juillet , qu'on nomme mois
de rigueur appartiennent aux
plus anciens graduez ; on
appelle mois de faveur, Avril
& Octobre , parce que les
Benefices qui vaquent pendant
ces deux mois peuvent
eftre donnez par le Coilateur
, à des Graduez , fans
Mij
140 MERCURE
diftinction d'ancienneté.
Cette Cure eft difputée à
Mr Bouret par un autre Gradué
, qui eft veritablement
le plus ancien ; mais Mɛ
Bouret prétend qu'il a perdu
fon droit d'ancienneté
par un Canonicat de S. Germain
l'Auxerois ; voilà le
fujer d'un Procés.
La Paroiffe S. Paul eftoit
Royale , du temps que les
Rois occupoient le Palais
des Tournelles ; cette Eglife
fut conftruite du temps de
Charles V I.
Maric Catherine de BraCALANT
I 41
gelonne , fille de Pierre de
Bragelonne , Preſident des
Enquestes du Parlement de
Bretagne , mourut en cou
ches le 7 Janvier , âgée de
vingt ans. Elle avoit épou .
fé Michel Chauvin , Confeiller
au Parlement .
Marie Nicolle le Gorlier,
de Dreuilly ,époufe de Jean-
Baptifte Molé de Champlatreux
, Prefident à Mortier,
eft morte le 11 de ce mois ,
âgée de 3.3 ans .
René Bonneau , Abbé de
S. Martin d'Autun , & cidevant
Aumônier du Roy
142 MERCURE
eft mort le 23 de ce mois
.
enfa 81 année .
Maximilien Titon , Ecuyer
Seigneur d'Oignons,
Secretaire du Roy & Directeur
General des Magafins
d'Armes de Sa Majefté , eft:
mort le 24 de ce mois, âgéde
80 ans.
C
MARI AGES.
Le Prince Frederic Guillaume
. Duc de Curlande ;
époufa le 13. Novembre
1710. la Princeffe Anne ,,
fille de feu Jean , Grand Duc
GALANT. 143
>
de Mofcovie , & niéce de
celui qui regne aujourd'hui .
Ce Prince eft fils de Cafimir
, Duc de Curlande
mort le 22. Janvier 1698.
& de Sofie de Brandebourg
fa deuxième femme , fille
de Frederic Guillaume , Electeur
de Brandebourg .
Le 22 de ce mois 1711. Mr
le Comte de Chatillon , fils
de Claude Eleazar Duc de
Chatillon , Premier Gentilhomme
de la Chambre de
Monfieur le Duc d'Orleans
, époufa Mademoifelle
Voifin 2,2 fille de Mr
44 MERCURE
Voifin , Secretaire d'Etat,
Mr le Comte de Chatillon
eft frere aîné du Marquis de
Chatillon ; ces deux freres
font les feuls mâles reftans
de cette grande & tres - illuftre
Maifon , par ce que Me
le Marquis de Chatillon n'a
que deux filles de fon Mariage
avec Maric Rofalie
de Brouilly de Piennes, foeur
cadette d'Olimpe de Piennes
, Ducheffe d'Aumont.
EXTRAIT
GALANT . 145
EXTRAIT
d'un memoire tou
2
chant les
vegetations
artificielles , lu par
Mr Hombert dans la
derniere affemblée de
Académie Royale
des Sciences.
Nous avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
reffemblent en quelque façon
àla vegetation des plantes
, ce qui a donné lieu de
N
·Janvier 1711 .
146 MERCURE
les appeller Vegetations métalliques
, arbres de Dianne ,
& ...
J'ay rangé ces fortes de
Vegetations en trois claſſes,
1. Celles qui confiftent
en un métal pur & maſſif
fans aucun mélange .
2.Celles dont la compofition
confifte en un metal
diffous , le diffolvant reſtant
mellé avec le metal, &
faifant partie de l'arbriſfeau
qui en eft produit .
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique
, mais fimplement des
GALANT. 147
matieres falines , terreufes
& huileufes , &
Je donneray pour exemples
de la premiere claffe
les productions
des trois
operations fuivantes.
1. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin , &
de dix fois autant de Mercure
, reffufcité du Cinabre
broyé ; lavez cet amalgame
plufieurs fois dans de
l'eau nette de riviere , jufqu'à
ce que l'amalgame ne
laiffe plus de falleté dans
l'eau . Pour lors fechez vô-
Nij
148 MERCURE
tre amalgame
, mêléz - le
dans une corne de verre ,
diftillé au bain de fable à
tres petit feu que vous en
tretiendrez
pendant
un
jour ou deux , plus vous
pourrez continuer
le feu
fans chatfer tout à fait le
Mercure, plus la vegetation
fera parfaite . Vous poufferez
le feu à la fin juſques à
faire fortir tout le Mercure
, laiffez éteindre le feu ,
vous trouverez voftre Mercure
dans le recepient , &
l'or ou l'argent qui restera
dans la cornuë , fera doux
GALANT. 149
& pliant , & de la plus belle
couleur que ces metaux
peuvent avoir,dont la maffe
aura pouffé des branches
en forme de petits arbriffaux
de differentes figures
& de differentes hauteurs ,
que l'on peut tirer de la
cornuë , les féparer de la
maffe du metal qui leur a
fervide vafe , les faire rougir
au feu , & les garder
tant que l'on veut fans
qu'ils le gâtent .
Mr Hombert explique
par ordre chaque
1
Niij
150 MERCURE
operation , & en develope
la mecanique avec
tant de netteté & de précifion
qu'on ne pourroit
abreger fes explications
fans les alterer , c'est ce
qui m'a déterminé à ne
prendre de fon difcours
que l'inftruction neceffaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique .
Le fecond exemple de
cette premiere claffe des vegetations
artificieles fe tire
GALANT. 151
de l'operation
fuivante.
Prenez une once ou deux.
d'argent fin,fondez - le dans
un creufet , & pendant qu'il
eft en fonte , jettez deffus
par diverfes repriſes autant
pefant de fouffre commun ;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer
& le retirez promptement
du feu , laiffez refondre la
matiere , puis pilez la bien
menuë , remettez la dans
un autre creufet que vous
placerez dans un feu doux
de charbons , ou dans une
forte digeſtion ou bain de
Niiij
152 MERCURE
fable fans fondre la matie
re , le foufre s'évaporera
peu à peu de la maſſe qui
eft dans le creufet , & entraînera
avec luy une partie
de l'argent en forme de
filets fort blancs , brillants
& fort doux , qui tiennent
à la maffe du metal d'où ils
font fortis. J'en ay vû de la
hauteur de trois pouces , &
des lames de deux lignes
de large , & de l'épaiffeur
d'une carte à jouer .
L'operation fuivante
donnera noftre troifiéme
exemple . Fondez enſemble
GALANT. 153
deux onces d'argent de
vaiffelle , & fix onces de
plomb , mêlez ce mélange
dans une coupelle de
cendre deffous une mouf
fle , donnez le feu qui con
vient pour purifier cet argent
à la coupelle , & dés
que vous verrez la marque
que l'argent eft devenu fin ,
vous retirerez la coupelle
promptement du feu , & la
laifferez refroidir . Deux
ou trois minuttesaprés que
vous l'aurez retiré du feu ,
il fortira brusquement de
deffus la fuperficie de ceo
154 MERCURE
argent un ou plufieurs jers
d'argent fondu de la groffeur
d'un brin de paille, &
de la hauteur de 7. ou 8 .
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils fortiront
de la maffe d'argent qui eft
dans la coupelle . Ces jets
font ordinairement
creux ,
& prennent fouvent la figure
de branches de coral.
Ils reftent folidement
at
tachez à la maffe d'où ils
font fortis.
Il faut que j'éclairciffe en
quoi confifte la marque
que l'argent eft devenu fin
GALANT. Iss
que
dans le
་
dans la coupelle , puis que
c'eſt le point qui fait réüffir
l'operation , ou qui la
fait manquer. Cette marque
eft lors
mefme degré de feu où l'argent
a efté en parfaite fuhion
pendant tout le tems
du rafinage , fa furface fe
fige dans la coupelle tout
d'un coup en une croute
dure & brillante , qui tient
fortement attachée par fes
bords au corps de la coupelle
, pendant que l'interieure
de cette malle d'argent
eft encore en fufion :
156 MERCURE
c'eft dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu , & la placer dans un
lieu froid.
Ces operations fuffifent
pour établir le caractere des
vegetations artificielles de
la premiere claffe , c'eſt -àdire
, de celle dont la matiere
confifte en un metal
pur , maffif & fans aucun
mélange. Pour ce qui eft
de celles de la feconde claffe
dont la compofition
confifte en un metal dif
fous , & où le diffolvant
refte mêlé avec le metal,
GALANT 157
J'ay lû autrefois dans une
de nos affemblées un memoire
qui a été imprimé
en 1692. Ce memoire contient
plufieurs operations
qui enfeigent differentes
manieres de faire des vegetations
artificielles ; el
lés peuvent toutes fervir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la feconde
claſſe ; ainfi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troifiéme claffe toutes les
autres vegetations artifi158
MERCURE
cielles qui ne tiennent rien
de metalique , nous en
donnerons icy de meſme
trois exemples . Prenez huit
onces de falpeſtre fixé par
le charbon à la maniere
ordinaire , faites les réfoudre
à la cave , ou huile par
défaillance , filtrez la , &
verfez dedans peu à peu de
l'huile de vitriol jufques à
parfaite faturation , ou juſ
que l'ébullition
ques
à ce
que
ceffe , faites évaporer l'humidité
, il reftera une maffe
faline , compacte , pu- -
re, tres-blanche , & fort
GALANT. 159
acre ; pillez la groffiere
nient , & verfez deffus un
demi-feptier d'eau froide
de riviere dans une écuelle
de grais , laiffez la pendant
quelques jours fur une table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie , & le
fel encore humide commencera
de vegeter en plufieurs
endroits , en pouffant
des touffes en aigrettes qui
partent chacune d'un mefmé
centre , & qui fe divifent
en diverfes branches
pointuës , roides & caffantes
, longues de 12. à 15.
160 MERCURE
lignes . Ces aigrettes le forment
ordinairement fur
tout le bord de l'écuelle, &
y composent une espece de
couronnement . Elles ceffent
de croiſtre quand toute
l'eau a efté évaporée de
l'écuelle ; mais en remettant
de l'eau fur ce fel , il
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour fecond
exemple de cette claffe
certaines criftalifations
ou arbriffeaux que j'ai trouvées
produites naturellement
fur le rivage de la
mer d'Efpague , que l'on
peut
GALANT . 161
peut imiter facilement par
art , n'étant autre chofe
qu'une tige branchuë
quelque plante deffeichée
& fans feuilles, qui a été arrofee
plufieurs fois par l'eaut
de la mer , dont l'humeur
aqueuſe ayant efté évaporée,
le fel y eft refté , & s'eft
criftallife deffus , en couvrant
toute la plante d'abord
fort legerement ; mais
ayant efté moüillée plufieurs
fois en divers tems , le
fel s'y augmente peu à peu ,
& reprefente une plante de
fel .J'en ay vû une fort belle
·Janvier 1711.
O
162 MERCURE
de cette nature dans le cabi
net de feu Mr. de Tournefort,
qui eftoit d'environun
pied , blanche comme de
la neige. J'en ai fait de femblables
en employant de
l'eau falée. Il faut avoir la
précaution d'ofter l'écorce
de la branche qui fert de
charpente ou de foutien à
cette criftallifation
, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obfcuciroit
la blancheur tranfparante
du fel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troifiébe
Be
te
te
C
re
me
Die
fee
GALANT. 163
me exemple l'obfervation
fuivante
. Dans un temps
d'orage accompagné de
beaucoup de pluie & de tonnerre
, je remplis une bou
teillende verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluic qui avoit coulé de
deffus un vieux toit de thui
les , & qui avoit repofé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
negligemment ferpamée
d'un bouchon de
pier fur une feneftre expofée
au midi , où l'ayant où-
O ij
184 MERGURE
bliée elle refta fans eftre re
muée environ trois mois .
l'eau ne paroiffoit pas trou!
ble quand je la puifay . Cependant
il s'amaffa peu à
peu au fond de la bouteille
un fediment de couleur
verte de l'épaiffeur de trois
ou quatre lignes . Il fe fit
apparemment une fermentation
dans cette matiere
car elle me parut fort fpongieufe
& pleine de petites.
bubes d'air , qui felon tou
tes les apparences s'étoient.
ſeparées du limon qui faifoit
le fediment , comme
GALANT
il arrive toûjours de pareilles
feparations aëriennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
Un jour qu'il faifoit fort
chaud dans le mois de Juillet
, vers les deux heures
après midi , je paffay dans
l'endroit ou eftoit cette
bouteille , je la regarday par
hazard, ję ne trouvay point
de limon au fond ; mais je
la vis remplie d'une efpece
de vegetation d'une tresbelle
couleur verte , dont
une partie paroiffoit tenir
au fond de la bouteille, &
166 MERCURE
le refte eftoit fimplement
fufpendu comme des fillets
dans l'eau parmi lefquels
il y en avoit qui étoient
élevez jufques à la
fuperficie de l'eau , & d'au
tres qui eftoient reſtez à
differentes diftances de la
fuperficie , nageant entre
les ramificadeux
eaux
tions & filets eftoient
gar
nies chacune d'un grain ou
d'une petite boule qui paroiffoit
blanche dans l'eau ,
& brillante comme de l'argent
, & qui repreſentoit
comme un fruit fur le fomGALANT
. 167
met de la plante , en remuant
un peu la bouteille,
je m'aperçûs que cette vegetation
n'avoit point de
confiftance ; mais qu'elle
eftoit foûtenue par l'eau de
la bouteille, & qu'elle flottoit
dans toute la maffe de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide
.
7:
Le lendemain environ
vers les heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avois parlé, je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
168 MERCURE
•
& du limon verd rappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vû autrefois
, ce qui me donna la
curiofité de regarder fouvent
pendant la journée
cette bouteille , pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord furpris . Vers
les dix heures du matin ,
qui eftoit le temps que le
foleil touchoit la feneftre
où eftoit pofée la bouteil
le , le limon du fond commença
de s'enfler, & à me
fure que Leau s'échauffoit
il s'éleva de deffus la fuper
ficie:
GALANT 169
ficie de ce limon , une infinité
de boffes , qui peu
peu en s'élevant davantage
diminuerent de groffeur
, & produifirent des
filets de la fubftance du limon
même ; de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapiffoit le
fond de la bouteille eftoit
converty en filets dont
quelques - uns tenoient enfemble
& paroiffoient fortir
les uns des autres reprefentant
des branchages , &
les autres flottoient comme
de fimples filets droits
Fanvier 1711 .
Р
170 MERCURE
4624
en
& tournez felon qu'ils avoient
été obligez de fe dé .
tourner par les autres qu'ils
avoient rencontrez
chemin , chacun ayant attaché
à fon bout fuperieur
une perle blanche qui eftoient
de differentes groffeurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
refterent ,dans cette fitua
tion pendant tout le temps ,
le Soleil les éclaira ;
c'eſt- à - dire juſqu'à quatre
heures aprés midy. Immediatement
aprés ce tems
je vis les filets & les ramifique
IM
ON!
a
GALANT. 170
cations retomber peu à peu
au fond de la bouteille , &
en meſme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications , diminuer
peu à peu de groffeur , &
eftant enfin entraifnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ils
recompoſerent la
mefme quantité de fediment
ou de limon verd
que j'avois obfervé en premier
lieu . Le lendemain il'
arriva la mefme chofe &
aux mefmes heures , ce qui
a continué pendant tout le
Pij
172 MERCURE
refte de l'Efté ; c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
& que le Soleil a pû atteindre
la bouteille . Le refte
de l'année , non feulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau , mais le
limon du fond ou le fediment
de la bouteille , qui
pendant les nuits de l'Efté
eftoi épais de trois ou quatre
lignes , s'eft fi fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaiffeur
, & les petites bulles
d'air dont ce limon
eftoit fort fenfiblement
GALANT. 173
parfemé en Efté , ont difparu
entierement pendant
l'hyver ; de forte qu'on ne
les voyoit plus du tout .
J'ay de loin approché
cette phiole du feu pendant
T'hyver , les bulles d'air'ont
reparu dans le fediment
& à mesure que l'eau de lá
bouteille s'eft échauffée !
le fediment s'eft gonflé
les branchages fe font refaits
dans toute la maffe
de l'eau comme il eftoit
arrivé en Efté par la chaleur
du Soleil , & en éloignant
la bouteille du feu
Piij
174 MERCURE
le fediment s'eft remis au
fond de l'eau à meſure
qu'elle s'eft refroidie . J'ay
fait cette experience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver , qui ont bien réüffy
; mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille
, il s'eft fait une écume
fur l'eau,ce qui n'eftoit
jamais arrivé , & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toute l'eau ,
fe font précipitez fubite,
ment au fond de la bouteille
en forme de limon
qui ne s'eft jamais relevé
GALANT . +75
"
depuis en branchages comme
il faifoit auparavant
.
L'on voit aisément icy
que les bulles d'air enveloppées
dans le fediment
verd ont efté la cauſe de
l'élevation de ce fediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
, & que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits , n'eſtoient autre
choſe que ces mefmes
bulles d'air engagées &
8
Piiij.
176 MERCURE
*1
enveloppées en partie dans
le tiffu de ce limon ; ces
bulles d'air ayant efté dilatées
confiderablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu , font devenuës fi
legeres en comparaiſon
d'un pareil volume d'eau ,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobſtant le
poids du limon à
quoy
elles eftoient attachées ; de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages qui ont formé
cette vegetation . Et comme
la derniere fois que j'ay
GALANT. 177
prefenté la bouteille au
feu , je l'ay trop échauffée ,
lesbbulles d'air ont efte
trop dilatées & ont entraifné
les enveloppes qui les
retenoient , & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru fur l'eau de la
bouteille. Auffi depuis ce
temps le limon ne s'eft
plus élevé dans fon eau , &
il n'y a plus paru de vege
tation.
ร
Quand on obfervera
bien toutes ces circonſtan
ces que j'ay marquées . En
amaffant de l'eau de pluye
178 MERCURE
on réiterera cette experience
de la même maniere
quand on le voudra.
Si la fameuſe Palingenifie
eftoit verifiée
pourroit fervir encore d'exemple
de la troifiéme claffe
des vegetations artificielles.
MORTS
elle
On a oublié dans le
mois paffé l'Article de Suzanne
- Henriette de Lor
raine , Ducheffe de Mantoue
morte fans pofterité
le 6. Decembre 1710. en fa
25 année , eftant née le 1 .
GALANT. 179
་
Février 1686. Elle eftoit
fille de Charles de Lorraine
troifiéme du nom , Duc
d'Elbeuf , & de Françoiſe
de Montaut de Navailles ,
fa troifiéme femme . Elle
fut mariée le 8 , Novembre
1704. à Ferdinand Charles
de Gonzague quatriéme
du nom , Duc de Mantouë
, mort à Padouë le 5.
Juillet 1708. Cette Princeffe
a efté inhumée dans
l'Eglife des Jacobins du
Fauxbourg S. Germain ,
dans le Tombeau du Maréchal
Duc de Navailles ,
180 MERCURE
fon grand-pere. La premierefemme
du Duc de Mantouë
eftoit Gonzague , heritiere
de la branche de
Gouaſtal , & luy apporta
en mariage la Principauté
de Gouaftal . Eleonor de
2
de Gonzague grande- mere
l'Empereur , eftoit · foeur
du pere du Duc deMantouë
qui avoit épousé Claire-
Ifabelle d'Autriche .:
La Maifon de Gonzague
a regné environ 400 .
ans dans Mantouë , d'abord
fous le nom de Capitaines,
enſuite de Marquis ,
GALANT . 18
& enfin fous le nom de
Ducs.
Les Gonzagues tuerent
dans une fedition certain
tyran nommé Pafferin qui
avoit ufurpé Mantouë , &
l'on m'a affuré qu'on avoit
lû dans un Manufcrit ancien
les circonſtances qui
fuivent. Pafferin avoit enlevé
une foeur des Gonzagues
, & la tenoit enfermée
dans fon Chafteau ; les
Gonzagues ne pouvant
forcer ce chafteau qui eftoit
tres - fort comme il l'eft
l'eſt encore à prefent , fe
182 MERCURE
joignirent fecretement à
quelques Chevaliers qui ,
feignant de prendre querelle
contre d'autres auffi
de leur complot , firent un
défi à jour nommé pour
vuider leur querelle dans
la grande place de Mantoue
, ils s'y rendirent armez
de pied en cap , & la
lance au poing. L'on en
avertit Pafferim qui eſtant
fort curieux de ces fortes
de fpectacles , fortit de fon
Chafteau
avec les gens armez
, feulement
en fimples
fpectateurs . Nos Chevaliers
}
.4
GALANT. 183 :
commencerent entr'eux le
combat concerté , & tout
d'un coup les deux quadrilles
fe réüniffant tournerent
leur furie contre Paſſe
rin & fes gens , & aprés
l'avoir bleffé à mort ils
furent s'emparer du Chafteau
.
On voit dans le Cabinet
du feu Duc de Mantouë
une grande Médaille de
marbre du temps d'Augu
fte , c'est le Portrait du
Poëte Virgile, qui , comme
on fçair , eftoit natif de
Mantoue. Mantua me ge
2
184 MERCURE
nuity rc. Cette Epitaphe
de Virgile eft trop connue
pour la mettre icy. La
Ville de Mantouë a tant
de veneration pour ce Poë
te , que fa Médaille gravée
fert encore de Cachet ou de
Sceau à certains Paffeports
qu'on appelle , Billets de
Santé , & que la Ville donne
dans les temps de pefte.
La Maifon de plaiſance
de Claire- Ifabelle eftoit autrefois
celle du Poëte Virgile..
Mr Antoine de la Porte
Chanoine de l'Eglife de
NoftreGALANT.
185
Noftre- Dame de Paris
*
Decembre
mourut
le 24
.
1710 en fa 83 année. Il
a fait de fon vivant des
prefens
confiderables
à
l'Eglife
de Noftre- Dame ,
a
entr'autres un Soleil magnifique
, & de tres-beaux
Ornements.
"
Mr le Cardinal de Noailles
a donné à Mr l'Abbé
Tambouneau le Canoni
cat de Mr de la Porte , b
Ferdinand Obizzi
Marquis du S. Empire
Chambellan & Confeiller
d'Eftat & de Guerre de
Fanvier 1711.
186 MERCURE
I'Empereur
Maréchal
General de Camp , cydevant
Colonel & Commandant
à Vienne , & Sur
'Intendant General des Ordonnances
de Sa M. I.
mourut à Vienne le 12 .
Decembre 1710. âgé de
71. ans aprés en avoir
paffé cinquante au ſervice
de la Maifon d'Autriche ,
tant dans la guerre que
dans les negociations &
commiffions importantes.
Son corps a efté tranſporté
dans le Tombeau de fes
anceftres, Il avoit épousé
GALANT. 187
M
en premieres noces Marie
Therefe Palfi , veuve d'Augufte
, Comte de Sinzemdolfe
; & en fecondes
Anne - Marie- Elifabeth
Comteffe de Rathmansdorf.
Il avoit pris une troifiéme
alliance avec Marie
Claire Apolline
, Comteffe
de Staremberg , veuve de
François Leopold Guillau
me Comte de Slavata
defquelles
il n'a point eu
d'enfants
.
N. Manfart , fille de
feu Mr Manfart , Sur- Intendant
des Baftiments ,
Qij
188 MERCURE
eſt morte dans un âge peu
avancé . Elle avoit épousé
Mr de Montargis , Garde
du Trefor Royal.
VERS
en ftile Marotique.
Par Mr de la F
Sur la Comedie d'Am
phitrion reprefentée au
Chafteau de Sceaux .
tion s'a li all
Lorſque Baron ce Protheus
charmant
Vient meditant fa conCALANT.
189
queſtefuretive
Qui ne croit vray que
Jupiter Amant
Che
Alcmena fousfaux
Jemblant
arrive.
Quand il paroift avoir
de crainte vive
Le coeur faify par ce
prompt changement
,
Me femble voir dans fa
douleur
naived
Amphitrio trompé cruellement
Pareil au fien eft mon
eftonnement
190 MERCURE
Quand la beauté qui forz
ame captive
Le trifte aveu luy fair
ingenuement
Du cas à qui tant fied la
negative.
SoZia, mefme , infortuné
convive ,
On Serfbattu , me toucke
également s
Contre raifon faut-il que
foyfouscrive
A
Atout cecy quoyquefeint
Seulement ?
Ouy , belle Alcmene , ay
GALANT . 191
cru le tout
vrayment
De voftre jeu , force perfuafive
,
Efprits coeurs entraifne
Seurement ;
Et bien qu'Ovide en cecy
fable écrive
3
Fable rendez- vous à nos
yeux effective
Car merite le Dieu du
firmament.
De Cleantis a fon droit
attentive,
Et de la nuit fi bonnement
tardive ,
192 MERCURE
Euffe voulu dire auffi
l'agrement
Le coeur men dit ; mais
Rimefugitive
Malà propos en ordonne
autrement.
Monfieur d'Hofier a
fait recevoir fon neveu en
furvivance des Charges de
Juge general des Armes &
des Blafons de France , &
de Genealogifte de France,
& des Ecuries de Sa Majefté.
Monfieur d'Hofier
qui a exercé dignement
ces Charges depuis cinquante
GALANT. 193
quante ans , avoit fuccedé
au celebre d'Hofer , fon
pere , homme excellent qui
s'étoit rendu recomandable
en ce genre d'eftude . Il
ávoit une vaſte connoiffan
ce de toutes les Races de
l'Europe , & une memoire
qui tenoit du prodige . Le
fameux d'Ablancourt
dis
foit de ce rare homme
qu'il avoit affifté à tous les
Contrats de Mariage , & à
tous les Baptefmes de l'Univers
parce qu'il connoiffoit
toutes les familles en détail
par Noms , Surnoms , Ti .
Fanvier 1711.
R
194 MERCURE
tres , & Armoiries
. Mrs
d'Hofier , pere & fils ;
ayant également
travaillé
depuis cent ans à former le
fond d'un précieux
Cabinet
qui contient
tout ce qu'il
ya de plus sûr & de plus
curieux
dans la difcuffion
Genealogies
. La Nobleffe
de France doit jetter
les yeux avec plaifir, ſur un
Neveu élevé en fi bonne
école , & que fon Oncle
acheve
de former
en luy
des
infpirant
l'honneur
, l'exa-
Atitude , & la probité qui
luy ont attiré la confiance
de tout le monde .
GALANT. 199
Parapluies & Parafols
nouvellement invente
qui fe portent
છ
dans la pocke.
Cette nouvelle invention
me fait fouvenir
d'un foldat qui pendant
un orage affreux fuivoit
tranquillement
fon chemin
malgré la pluye qui
le perçoit. Je luy criay
d'une maiſon où j'étois
qu'il entraft pour ſe mettre
à couvert. Vous ne
Rij
196 MERCURE
fçavez donc pas , s'écria→
t’il , qu'un bon Soldat a
toûjours dans fa poche
dequoy fe garentir des
injures du temps , &
difant cela , il tira une
longue bouteille
de fer
blanc qu'il acheva de
vuider en me demandant
dequoy la remplir.
On pourra donc dire
à preſent tres - ferieuſement
, j'ay dans ma poche
dequoy me garantir
des injures du temps ,
GALANT. 197
car ces nouveaux Para- !
pluies dont on peut fairebufagene
tiennent
pas plus de place que la
bouteille du Soldat. J'en
ferois bien icy la def-
?
cription exacte , mais
elle feroit longue ; on
n'a qu'à les acheter :
c'eft le plus court. Ils fe
vendent proche la barriere
S. Honoré. Celuy
qui les a inventez c'eſt
Mr Marius à qui on a
l'obligation de ces Cla-
R iij
198 MERCUŘE
veffins brifez qu'on
pourroit prefque appeller
auffi des Clavellins
de poche. Je ne defefpere
pas que fon induſtrie
ne parvienne juſqu'à
nous donner pour nos
Armées des Tentes , ou
du moins des
Baraques
de poche.
Aufone à qui les Mufes
ouvrirent la route à
la plus haute Magiſtrature
; Aufone , Poëte &
Conful , fit autrefois une
GALANT . 199
Piece intitulée , Cupido
cruci affixus . Il dit que
c'eft d'aprés un Tableau
placé à Treves , dans la
Galerie d'Eole , qu'il a
tiré fon Poëme, Mr R ..
a imité cette Piece , &
l'a rendue en Vers françois.
LAMO V R
puni & juftifié...
Vers libres.
Loin de ces prifons redoutables
,
Rij
200 MERCURE
Où Pluton aux Ombres
coupables
y
Faitfentir fon jufte courroux
,
Il est dans les Enfers des
aZilesplus doux.
Des Myrtkes tousjours
verds y forment des
ombrages
Qui n'ont rien de l'horreur
de l'éternelle nuit.
Des Fleuves y coulent
fans bruit's
Des Pavots
languiſſants
couronnent leur rivages.
GALANT 201
On voit parmi les fleurs
qui parent cefejour,
Hyacinthe , Narciffe
& tant d'autres encore
Qui ,
mortels autrefois ,
de l'empire & Amour
Ont paffe dans celuy de
NYFlore.
CesBeaute dontlesnoms
fameux
Rempliffent la Fable
Bowl'Hiftoire
,
Malgré Peau du Lethe
confervent la memoire
De leurs malheurs & de
leurs feux.
202 MERCURE
L'ambitieufe imprudente
Qui voulut voir Jupiter
Armé de la foudre tonnante,
Rappelle ce plaifir qui
luy couftafi cher.
La maiftreffe deCephale,
Plaignant toujours fon
vainqueur ,
Cherit la flechefatale,
Dont il luy perça le coeur.
Hero d'une main tremblante
Tient la lampe étince
Lante ,
GALANT. 203
Qui luyfervitfeulement
A voir perirfon Amant.
Ariane roule en colere
Ce fil , trifte inftrument
d'un perfide attentat.
Infortunée , belas , d'avoir
trahifonpere
Pour ne rendre heureux
qu'un ingrat.
Phedre interdite , & confuſe
,
Baigne trop tard de fes
pleurs
L'écrit,oùfa main accuſe
Ses criminelles ardeurs.
204 MERCURE
Moinscoupables cemfois,
&5 plus a plaindre
qu'elle,
Et Didon & Thifbé vont
Se frapper lefein
D'un perfide ennemi l'une
a le fer en main
L'autre celuy d'un Amant
trop fidelle..
De leurs douleurs l'Amour
voulut eftre
témoin
Car dans nos maux le
traiftre admire fan
ouvrage.
GALANT 205
Il cachoit fon
carquois
fon flambeau
d'un
nuage.
Vaine adreffe inutile
foin !
Le voila découvert, La
Decohorte rebelle
Le menace. Il veut fuir.
Il ne bat que d'une aile.
Il tombe. On le faifit. Il
verfe en vain des
pleurs.
Attache fur un Myrthe,
unefureur nouvelle
Luy va de mille morts
prefenter les horreurs.
206 MERCURE
Fendre Amour de ton
fein l'une approche
l'épée
Parquifa tramefut coupée
s
L'autre offre àtes regards
les debris enflammeZ
Du Bucher , où fes jours
ont été confume .
Myrrha de quilesDieux··
ont endurcy les larmes ,
Enfait pourt accabler de
redoutables
armes .
Tes cris ont attiré ta mere
2 dans ces lieux.
GALANT . 207
Vient-elle à ton fecours ?
Non. Que l'audacieux
Dit Venus ,
éprouve ma
rage.
Des filets deVulcain , des
ris malins des Dieux ,
Je n'ay pas oublié l'ou
trage.
Un Buiffon épineux offre
aux yeux de Cypris
De long's bouquets de ro-
Jes
De leur boutons a peine
eclofes
Elle en arme fa mains
208 MERCURE
elle approchefon fils.
Arreste Deeffe irritée
S'écrie avec transport la
troupe épouvantée:
Lorfque nous refpirions le
jour
Lefort fit nos malheurs ,
ce n'eftoit pas l' Amour,
Il paroift depuis peu un
Livre qui a pour titre :
Explication hiftorique des
Fables , où l'on decouvre leur
origine & leur conformité
avec l'hiftoire ancienne , & où
l'on rapporte les époques des
Heros ,
GALANT. 209
Heros, & des principaux évenements
dont il est fait men
tion.
Si les
Anciens revenoient
nous
parler de
bonne foy , ils avoueroient
qu'ils n'ont pas
cru mettre
dans leurs
Fables
obfcures
toutes
les
beautez que nous y
voyons
.
On y a trouvé tout ce
qu'on a voulu , dit l'Au .
teur , le Phyficien y a apperçu
les myfteres de la
Nature ; le Politique , les
Fanvier 17.11.
S
210 MERCURE
rafinements de la Sageffe ;
le Philofophe , la Morale
la plus pure , & le Chymifte
y trouve les Secrets les
plus importants de fon
Art , & c...
Quoyqu'on ne puiffe
douter que les Fables ne
renferment une partie de
l'Histoire , il ne faut pas
croire cependant que toutes
les circonstances y faffent
allufion , & c.
Les Poëtes qui ont éſté
les premiers Hiftoriens , y
ont mêlé la verité avec les
vains ornements de la FaGALANT
211
ble. C'eſt le premier eftat ,
& pour ainfi dire , l'enfanee
des Fables , & c. ¡
Ceux qui dans la fuite
traiterent des mefmes fu
jets , y mêlerent auſſi plufieurs
circonftances par
rapport à leur Philofophie,
& a leur Religion ; ainfil,
les mêmes Fables qui n'es
ftoient d'abord qu'hiftoriques
, devinrent dans la
fuite , morales , theologi
ques , & phyfiques , & c...
Les évenements de ces
Fables n'ayant pas paru aux
Poëtes affez glorieux pour
Sij
212 MERCURE
les Heros qu'ils vouloient
chanter , ils y ont mêlé
mille fictions pompeufes
qui ont paffez pour des éve
nements réels. C'eft à les
développer , à les démêler,
& à voir ce qui peut y avoir
donné lieu , que l'Auteur
de ce Livre s'eft unique.
ment attaché , & c... d
On peut diftinguer dans
les Poëtes cinq fortes de
Fables . Les Fables hiftoriques
font d'anciennes Hitoires
mêlées avec plufieurs
fictions ; telles font
celles qui nous parlent
GALANT 23-
d'Hercules , de Jafon , & c
Les Fables philoſophi
ques font celles que les Anciens
ont inventées comme
des paraboles propres à envelopper
les myfteres de
leur Philofophie ; comme
quand ils nous dépeignent
POcean par des Fleuves
&c...
Lesballegoriques font
auffi des paraboles où ils
cachent quelques fens myfterieux
, comme celle que
Platon raconte de Porus &
de Penie , & c..
Les morales font celles
14 MERCURE
qu'on ainventées pour de
biter quelques preceptes
propres à regler les moeurs;
telles font les Fables d'Efope
, & autres femblables
Apologues , & c . ..
Les Fables inventées a
plaifir font celles qui n'ont
d'autre but que le divertif
fement ; comme celles de
Pfiché ..... Generalement
parlant , il y a tres - peu de
Fables dans les Anciens qui
ne renferment quelque
trait d'hiſtoire , & c .
Sources des Fables.
La vanité des hommes
GALANT. 215
eft fans doute la premiere
fource des Fables ; la verité
ne leur ayant pas tousjours
paru affez belle ni affez
amufante , ils ont cru que
pour paroiftre elle avoit
befoin du merveilleux
&
du fublime , & c....
Avant que l'ufage des
lettres fut introduit dans la
Grece , les grands évene--
ments & les belles actions
n'avoient d'autres monuments
que
la memoire des
hommes , ou tout au plusquelques
hieroglyphes ob
fcurs , & dont le fens tou
216 MERCURE
jours ambigu pouvoit fignifier
tout ce qu'on vouloit
; de forte que pour perpetuer
le fouvenir de leurs
faits éclatants , les peres les
racontoient aux enfants,
& fuivant la louable coutume
de ne dire jamais les
chofes fimplement aux jeunes
gens , ils mêloient dans
le recit des avantures quelques
circonftances propres
a les y rendre attentifs , &
à en faire fouvenir . Ainfi fe
rempliffoit d'idées fublimes
la memoire & l'imagi
nation foible des enfants
qui
GALANT . 217
qui venant dans la fuite à
raconter les mefmes chofes
à leur tour , y ajouſtoient
encore quelques autres circonftances
, enforte que
quand on a voulu faire des
Annales de ces Hiftoires ,
on n'a trouvé d'autres monuments
que cette tradition
confuſe & défigurée
,
& c
Anciennement on avoit
coutume de louer les Heros
aprés leur mort , & les
jours de leurs feftes par
des Panegyriques eftudiez ,
où de jeunes Rheteurs ,
So Janvier 1711 .
Ꭲ .
218 MERCURE
d'ef
dont on vouloit éprouver
le genie par ces coups
fay , fe donnoient
une entiere
liberté de feindre &
d'inventer
tout ce qui pouvoit
contribuer
à la gloire
des Heros qu'ils reprefen ..
toient non tels qu'ils avoient
efté , mais tels qu'ils
auroient
dû eftre Ainfi
lorfque
dans la fuite on a
voulu faire l'hiftoire
de ces
grands
Hommes
, on n'a
fur des
pû travailler que
memoires plus fabuleux
que veritables , &c . ..words
Les Voyageurs & les
GALANT . £tg
Marchands ont auffi beaucoup
gafte Thiftoire par
leurs relations fabuleufess
car ces fortes de gens eſtant
ordinairement ignorants
ou menteurs ſe trompent
eux - mêmes en voulant
tromper les autres , & c...!!
? Ce qui a donné lieu ita à
multiplication des He
ros , c'eſt qu'on a partagé
entre plufieurs les actions
d'un feul fous differents
noms . Mercure par exem
ple qui s'appelloit Teutas
chez nos anciens Gaulois ,
fe nommoit Faune en Itala
Tij
126 MERCURE
lie & Hermés
chez les
Grees
& c Au contraire
on a multiplié
les actions
d'un feul Heros
en luy
attribuant
celles de plu
fieurs fous un même nom ;
comme
dans l'hiftoire
d'Hercules
de Thebes
où
l'on a mêlé les voyages
&
des actions d'Hercules
Phe
nicien , & de plufieurs
qu
tres Heros de même nom ,
& c...
A
Tous les hommes s'eſtant
trouvées ſubmergez
par les eaux du Deluge ,
excepté Noé & fa famille ,
GALANT. 221
le monde ne puft eſtre repeuplé
que tres- longtemps
aptés. Mais quoyq e la
Syrie , la Paleſtine , l'Arabie
, l'Egypte , & les autres
Pays les plus proches du
lieu où l'Arche s'arrefta
furent repeuplez les premiers,
& long- temps avant
les Provinces d'Occident
cependant il ne laiffoit pas
de s'échapper de temps en
temps quelques- uns des
plus hardis pour aller chercher
fortune ailleurs . Ceux
qui arriverent les premiers.
dans la Grece , y vécurent
Tiij
222 C MERGURE
dans une ignorance & une
groffiereté eftonnante , fans
Arts , fans Coutumes , fans
Loix fe couvrant de feuilles
, & broutant l'herbe
comme des beftes . Quand
dans la fuite les estrangers
Egyptiens & Pheniciens ,
gens plus polis & plus fçavants
, y arriverent , ils tâcherent
d'adoucir humeur
ferace & barbare de
ces premiers habitants
leur firent part de leurs
Coutumes & de leurs Loix,
& leur apprirent la nianiere
de s'habiller , de fe nourGALANT
. 223
rir: & de cultiver la terre,
Cette nouvelle maniere de
vivre leur parut fi belle ,
que ne fqachant comment
leur témoigner la reconnoiffance
qu'ils en avoient,
ils les prirent pour des
hommes envoyez du ciel ,
& les regarderent comme
des Dieux à qui ils facrifierent.
C'est ce qui a donné
lieu à la Fable qui dit que
Promethée avoit dérobé le
feu du ciel , c'eft à dire ,
l'efprit divin , &c.
lly a beaucoup d'apparence
, & la plupart des
Tiiij
224 MERGURE
Sçavants en font perfuadez
, que prefque tout le
fublime & le furnaturel
qui fe trouve dans les ouvrages
fabuleux desPoëtes,
eft tiré de quelques circonftances
de la vie de Noel,
de Moyfe , de Jofué , &
de quelques autres Heros
de l'Ecriture Saintelef
quels ayant répandu le
bruit de leurs belles actions
jufqu'en Egypte , en Phenicie
, & dans plufieurs autres
Pays , ces Peuples ido
latres , & furtout les Grecs
grands amateurs du fubli
sces
GALANT. 1225
me & du furnaturely ne
manquerent pas d'en embellir
dans la fuite l'hiftoire
de leurs Heros , Celles
d'Hercules & de Bacchus ,
ont beaucoup de reffemblance
avec Jofué & Moyfe.
Celles de Deucalion &
de Saturne , avec Noé & le
Deluge , & c .
3 ! Pour ce qui regarde les
Arts & les Sciences uils
fubftituent
à tout propos
leurs Divinitez fabuleufes
à la place des anciens Patriarches
, que l'Ecriture
nous apprend en avoir efté
11 95
216 MERCURE
qu
les premiers inventeurs,
Jubalop par exemple , fur
Pinventeur de la Mufique,
delà vient leur Apollon
uvils font encore , inventeur
des Sciences au lieu de
Moyfe. D'Abel qui le premier
a mené la vie paſtorale
, ils ont fait Pan. Vul
cain pour Tubalcaïn a le
premier appris à forger le
Fer .... Ce mefme Vulcain
qu'ils difent eftre tombé
du Ciel n'eft autre chofe
que Moyfe defcendu de la
Montagne ... Au reſte
l'hiftoire des Grecs ne
28
CALANI. 227
commença à devenir un
peu raisonnable que da
temps des Olympiades , &
du temps d'Efdras , c'eftà-
dire , long - temps aprés
la guerre de Troye. Tout
ce qui fe paffa auparavant
n'eft que confufion & que
chimere.
Les temps inconnus
font depuis la Creation
jufqu'au Deluge d'Ogigis
arrivé vers l'an 2240. Les
temps fabuleux renferment
ce qui s'eſt paffé depuis
ce Deluge jufqu'à la
premiere Olympiade qui
128 MERCURE
tombe fur la 3203. Enfin
les temps hiftoriques re
gardent ce qui s'est écoulé
depuis l'eſtabliſſement des
Olympiades , &c. ), osied
Le peu d'habileté qu'on
avoit dans l'Art de la Nag
vigation & dans la Geoq
graphie , a donné licu à
beaucoup de Fablés tauffi
bien que le foil charitable
qu'on avoit de fauver
l'honneur des Dames galantes.
Lorfque quelques
Princeffes avoit cu de lá
foibleffe ppoouurrffoonn Amiant ,
les flatteurs appelloient au
M
GALANT. 229
fecours de fa reputation
quelque Divinité favora
ble ,» qu'on fuppofoit avoir
triomphe de fon inſenſibilité
. Ces fortes de galan
teries eftoient mefme fihonorables
, qu'il n'y avoit
pas jufqu'aux Epoux qui
ne les favorifaffent . L'hif
toire de Mundus & de Pauline
n'en eft pas le feul
exemple , & c ...
Aprés avoir découvert
l'origine des Fables,
l'Autheur theur commence
l'hiftoire des Dieux.
230 MERCURE
Il est bien difficile de
fixer l'époque de l'idola
trie, & de dire precisément
par qui elle a commencé ;
care qnoyquede l'Ecriture
nous apprenne que les one
fants de Cain tomberent
dans l'idolatrie elle ne
nous dit rien d'explicite
de ces Idolatres .
il n'eſt pas moins difficile
de décider quel en a eſté le
premier objet, Les uns prétendent
qu'on a commencé
paradorer les Aftres . D'au
tres veulent que la plus ancienne
idolatrie a efté celle
Ainfi
GALANT. 231
des deux Principes , c'eſtà
dire de reconnoiftre un
bon & un mauvais Genie
à qui on facrifia, à l'un par
reconnoiffance du bien
qu'on en croyoit recevoir ,
& à l'autre par la crainte
des maux qu'il pouvoit
caufer , & c..
D'autres ont cru que les
bons Anges mediateurs entre
Dieu & les hommes
avoient cfté le premier
objet de l'idolatrie . Quoyqu'il
ensoit , il eft certain
que l'idolatrie ne fut pas
d'abord fi groffiere qu'elle
2
23 MERCURE
degrez . On
le devint par
n'adora au commence .
ment que les Aftres , & fur
tout le Soleil & la Lune ' ,
delà on paffa à l'adoration
des Elements , & enfuite à
celle des chofes animées ,
comme des Princes & des
autres hommes illuftres
& enfin les choſes inanimées
& mefmes les plus
viles devinrent l'objet du
culte des hommes.
Comme le nombre de
ces faux Dieux devint pref
que infini , ils les diviferent
en plufieurs claffes . La
premiere
GALANT 233
premiere eftoit de ceux
qu'ils appelloient maj rum
gentium Dit. C'eftoient des
Dieux eftrangers , comme
le Soleil & les autres Af
tres . La feconde claffe eftoit
de ceux qu'ils nommoient
minorum gentium , & c'eftoient
des Dieux de differents
Peuples . nag
On les divifa enfuite
en grands Dieux ou Dieux
du Confeil . Les Grecs en
connoiffoient douze de
cette forte ; Junon , Veſta ,
Minerve , Cerés , Diane ,
Venus , Mars , Mercure ,
Fanvier 1711 .
V
234 MERGURE
Jupiter , Neptune , Vul
cain , & Apollon ,
Les Romains y en joignirent
huit autres qu'ils
nommoient Dieux choifrs.
Sçavoir , Janus , Saturne ,
le Genie , le Soleil , la Lu
ne , Pluton , Bacchus , &
l'ancienne Veſta
Terre.
our
la
Enfuite venoient les
Dieux Senones , qu'on ne
croyoit pas allez grands
pour habiter dans le Ciel .
Il y avoit auffi des Dieux
communs qui favorifoient
les Partis , comme Mars ,
GALANT. 235
Bellone , & c...
Il y en avoit outre cela
dans chaque Pays qu'on
nommoit Indigetes , parce
qu'ils eftoient tousjours
prefts à écouter les befoins
de ceux qui avoient recours
à eux .
Il y avoit encore les
Dieux Cabbires , coinme
qui diroit Affociez . Les
Hiftoriens en varient le
nombre . Quelques - uns n'en
admettent que deux : fçavoir
; Jupiter & Bacchus ;
d'autres veulent qu'il y en
ait quatre qui font Cerés ,
V ij
236 MERCURE
Proferpine
, Pluton & Mercurestoffs
191026
2710 On en adoroit en Sicile
e
C
d'une efpecé particuliere
qu'on nommoitPalices, &c.
upEnfin on connoiffoit des
Dieux particuliers, connie
les Dieux Penates ,les Dieux
Lares , que chacun adoroit
dans fa maifon , & lesDieux
Compitales , qu'on adoroit
dans les Carrefours fans
parler de la populace des
Dieux , comme les Nymphes
, les Syrenes les Satyres
, &c . On ypeut joindre
encore des Dieux Ani
GALANT . 237
mez & des Dieux Naturels .
Les premiers eftoient ou
sles Demons , tous les Ames
dos grauds Hommes you
des Efprits bienfaifants .
Les autres n'estoient que
les fymboles fous lefquels
yon (adoroit où la nature
entiere comme Pan , Qu
xquelques uno de fes parties ,
3 comme Apis , Dagon , & .
204) Au reste pour donner
eine idée generale de tous
ces Dieux , il n'y a qu'à
dire qu'ils eftoient Celeftes
ou Terreftres , Aquatiques
où Infernaux .
138 MERCURE
La plupart des Dieux
n'ont ellé que des hommes
illuftres , & fouvent plus
recommandables par leurs
vices que par que par leurs actions
heroïques . Coelus¹‚§ par
exemple ou Ouranos
qui eftoit fils d'Agamemnon
& petit -fils de Gomer ,
fet rendit maitre d'une
grande partie de la Grèce
par: fa bravoure . Il épouſa
Titée fa foeur dont il eut
Titan , Hifperion . Japher,
& Saturne.Ċeluy
-cy quoyque
le plus jeune eut affez
d'efprit & d'intrigue pour
GALANT. 259
monter fur le trône au
préjudice de fes aîuez , à
condition toutefois que
Titan y remontroit aprés la
mort Saturne ayant époufé
Rhea fa four , refolut de
facrifier à Coelus fon pere
tous les enfants
males ,
mais la femme trouva le
moyen de fauver Jupiter
en fubftituant
un autre en
fa place , ce qui obligea
Titan à fe revolter contre
Saturne qui fut mis en pri
fon ,
a
Mais Jupiter eftant devenu
grand fe fit des bri240
MERCURE
gues , & fit la guerre à fon
oncle &
reftablit fon pere fur le
trône ; mais Saturne s'eftant
broülllé avec Jupiter,
fut enfuite dépofé par luy
& obligé de s'enfuir en
Italie , où quelque temps.
aprés s'eftant ligué avec les
Titans contre Jupiter , ce
luy-cy les defit tous prés le
Tartefe , & les chaffa Ades
Gaules & des Efpagnes , &
& enfin aprés foixante &
deux ans de regne il mourut
dans l'Ile de Crete , où
l'on voyoit anciennement
cette
GALANT. 241
cette Epitaphe fur fon
Tombeau
. Cy gift Zan que
l'on nommoit Jupiter. Com .
me il demeuroit ordinairement
fur le Mont Olym.
pe , on le regarda depuis
comme Dieu du Ciel . Ce
qui a donné lieu auxPoëtes
de dire que Jupiter avoit
précipitez les Titans dans
le Tartare , où Neptune les
tenoit enfermez , c'eſt parce
qu'il les avoit defait prés
de Cadix qu'on regardoit
alors comme le bout du
monde. Neptune eft dir
Dieu de la Mer parce qu'il
Fanvier 1711.
X
242 MERCURE
eftoit Amiral de la flotte
de Jupiter. Pluton n'a paffé
pour le Roy des Enfers
que parce qu'il eut ce Pays
en partage , & qu'il faifoit
faifoit travailler aux mines
.
>
Cette mefme guerre a
donné lieu à la Fable qui
dit que
les Geans voulurent
détrôner Jupiter
&.c.
•
La raifon
pourquoy on
les a fait paſſer pourles enfants
du Ciel & de la Terre
, c'eft qu'ils eftoient defcendu
d'Ouranus qui en
GALANT 243
longue Grecque fignifie
Ciel , & de Titée ou Titeia
qui en langue Celtique
veut dire Terre Le
mot de Geant veut dire
pareillemment forti de
Terre du Grec yn , terra &
gaw , nafcor.
Voilà le dénouement
de toutes les Fables que
quelques - uns expliquent
autrement , difant que
Sa- tuine
eft
lé mefme
que
Noé
, & que Jupiter
, Neptune
& Pluton
n'ont
eſté
autres
que
Sem
, Cham
&
Japhet
, & que
la cruauté
X ij
244 MERCURE
de Jupiter envers fon pere ,
n'eft qu'une imitation de
la curiofité de Cham ou
Chanaan , mal interpretée.
Comme Mercure eftoit
le plus brave & le plus adroit
de tous les enfants de
Jupiter , ce Prince s'en fervoit
ordinairement pour
los negociations qu'il avoit
avec les Princes voiſins , &
c'eft fans doute ce qui l'a
fait nommer Meffager des
Dieux, Les Gaulois meſme
le regardoient comme l'inventeur
des beaux Arts ,
& copo moup 30
1
GALANT. 245
Diodore nous apprend
que prés la Ville de Memphis
eft un Lac nommé
Acheruſie , au delà duquel
on enterroit anciennement
les morts de forte qu'aprés
les avoir embaumez ,
on les portoit fur le rivage
d'où l'on indiquoit aux
Juges le jour de leur paſſage.
Ils s'y rendoient pour
faire le Procez aux Morts
qui devoient paffer ; on
examinoit la vie qu'ils
avoient mené , & s'ils ef
toient jugeż dignes de fepulture
on faifoit paffer
*
X iij
246 MERCURE
leurs cadavres dans une
barque par un Batelier qui
en langue du Pays s'appelloit
Caron . Ceux qui eftoient
jugez indignes de la
pulture , ne paffoient point
le Lac , & eftoient jettez à
la voirie ou enterrez fecrettement.
Cette coutume eftoit
auffi pratiquée à l'é
gard des Princes mefmes ,
ce qui ne contribuoit pas
à retenir les vivants
peu à
dans leur devoir, Comme
le Batelier prenoit quelque
droit pour le paflage , on
avoit coutume de mettre
GALANT . 247
une piece d'argent fous la
langue du mort.
}
Au-delà du Lac Acherufie
eftoient des bois &
des bocages charmants
un Temple confacré à He
cate, & deux autres fameux
Marais ,le Cocite & le Lethé
. Il y avoit encore prés
de là une autre Ville nommée
Achante , où un Preftre
verfoit tous les jours
myſterieuſement de l'eau
du Nil dans un vaiffeau
percé . Il y a grande apparence
que ces fepultures eftoient
gardées par quel-
X' iiij
248 MERCURE
ques chiens de peur qu'on
ne vint déterrer ces Mo
mies. Tout cela a donné
occafion à la Fabie des Poë
tes touchant le fejour des
Ames heureuſes dans les
Champs Elisées , leur paffage
par la Barque à Caron,
&c...
Mais ce qui a fait appeller
Cerbere , le Chien
qui gardoit l'entrée de cet
Enfer , eft un affreux Serpent
ou Dragon qui habitoit
autrefois la Caverne,
de Tenare. Parce qu'on regardoit
l'entrée de cette
GALANT . 249
Caverne comme la bouche
de l'Enfer , on a pris de là
occafion de dite que ce
Dragon eftoit le Portier de
ces triftes demeures . Voilà
le Chien des Enfers .
Pour ce qui eft des Furies
& des Parques , l'Autheur
en attribue l'origine
à l'imagination des Poëtes ,
& dans tout le reste de fon
Livre , il démêle fçavamment
la verité des évenements
hiftoriques d'avec
les imaginations fabuleufes
qui les ont défigurez .
Ce Livre qui fe vend à
250 MERCURE
Paris chez le Breton , au
bout duPont - neuf, entre la
rue Dauphine & la ruë
Guenegaud, a été composé
par M. L. B.
Feftes de Mr le Ducd'Albe
Mr le Duc d'Albe donne
tous les ans une belle Fefte ,
felon l'ufage de fon Pays ,
le jour de la Naiffance du
Roy d'Espagne. Les Eſpagnols
appellent ce jour
Dia de Anos , jour d'An .
nées . Son Excellence a du
grand & du magnifique
dans tout ce qu'Elle fait ,
GALANT . 251
mais la nouvelle du fuccez
de Brihuega , quElle reçût
le matin , augmenta bien
la joye & l'éclat de cette
Feſte , ce qui l'a fait diffe
rer de quelques jours . Les
perfonnes de diftinction
qui y furent invitées en
grand nombre, & le Public
qui en peut juger par le dehors
, furent dans une égale
furprife , qu'à l'occafion
d'une nouvelle qui eftoit
arrivée le mefme jour , &
qui ne pouvoit pas eftre
prévûë , on put donner
deux repas de cette magni252
MERCURE
ficence, des divertiffements
publics & particuliers , &
le foir une grande illumination
, & un beau de joye,
qui fut fuivi d'un bal qui
dura jufqu'à cinq heures
du matin .
Son Excellence eut un
peu plus de temps à donner
fes ordres & à fe preparer à
la rejoüiffance que meritoit
la victoire complete de
Villaviciofa qui affure le
thrône au Roy fon Maiftre
, dont il a fi fort à
coeur la Perfonne , la gloi
re , & les interefts, a encoGALANT
. 25 ;
re donné à cette occafion
une Fefte qui n'a pû eftre
comparée qu'à celles qu'-
Elle a déja donné à Paris
fur tout à la Naiffance du
Prince des Afturies . Cellecy
s'eft donnée. Dimanche
28. Decembre. Elle commença
dés le midy. Ily eut
un grand dîner, & un grand
l'après- midy. Sur le
foir trois ou quatre cens
perfonnes des plus qualifiées
& du plus haut rang ,
qui y avoient efté invitées,
s'y rendirent. Le jeu con
tinua ; il y eut des concetts
jeu
254 MERCURE
de mufique au dehors &
au dedans de l'Hoſtel. A
l'entrée de la nuit . Il y eut
une illumination
qui dura
toute le refte de la nuit , en
gros flambeaux de cire
blanche. Madame la Ducheffe
de Vendofine s'y
rendit fur les 9. heures . Entre
neuf & dix on fervit un
des plus fomptueux
fouper
qui fe foit encore donné .
La premiere table où eftoit
Madame de Vendofme
a
vec des Princeffes & des
Ducheſſes invitées , & des
Seigneurs
du premier rang:
GALANT . 255
eftoit de quarante couverts
. Cette Table eftoit en
fer à Cheval. Il y fut fervi
plus de trois cens plats
portez & rapportez par des
Suiffes avec des habits uniformes
. Trois ou quatre
autresTables furent fervies
en mefme temps . Les plus .
excellents mets y furent
fervis avec autant d'ordre
que de profufion. Les Liqueurs
les plus rares y furent
prodiguées
. Dés qu'on
fortit de table entre onze
heures
& minuit
, il partit
un grand nombre de fu256
MERCURE
fées que le feu d'artifice
fuivit de prés . Le Bal commença
immediatement aprés
. Il fut ouvert par Mr
le Prince d'Efpinoy & par
Me la Marquife de Torcy."
A minuit les Maſques entrerent
, & le concours du
plus beau monde , maſqué
la plufpart magnifiquement
, y fut fi prodigieux
que l'on compte qu'il eft:
entré cette nuit - là chez
Son Excellence environ
douze mille perfonnes
mafquées , & qu'elle a donné
à fouper ce ſoir- là à plus
de
GALANT . 257
0
de cinq cens perfonnes . Les
Appartements eftoient ornez
& éclairez magnifi
quement. Le Jeu continua
toute la nuit dans une Galerie.
Le Bal dura jufqu'à
neuf heures du matin . Les
rafraichiffements y furent
prodiguez fans interruption
. On dança en fix endroits
differents . Il ne s'eft
gueres vû enſemble un plus
grand nombre de belles
perfonnes & d'hommes de
meilleur air , ni mafquez
d'un plus grand gouft . Les
concerts au dehors & au
Fanvier 1711.
Y
258 MERCURE
dedans de l'Hoftel , ne fini
rene qu'à l'ouverture du
Bal. Les ordres y furent
donnez ſi à propos qu'il
n'y eut ni contretemps ni
accident fâcheux. Quelqu'un
vint dire à Mr le
Duc d'Albe que que l'affluence
des Mafques qui fe pref
foient contre les Tremieaux
avoienc caffé plufieurs gla
ces de grand prix , a quoy.
Son Excellence répondit
en riant , les vertes caffez
font des marques de joye.
Les 4. de ce mois , Son
Excellence fit, de nouvelles
X
•
1
GALANT. 259
réjouiffances pour la victoire
de Villaviciofa . Il
donna un magnifique repas
fur trois Tables differentes
. La premiere eſtoit
de quarante-fix couverts , &
les deux autres de douze &
de treize feulement . Cere
gal fut fuivi d'un Bal , &
d'une collation abondante,
d'illuminations & de feux
d'artifice. Ces réjoüiffances
durerent jufqu'au matin .
Dons faits par le Roy
d'Espagne.
"
Le 20. Decembre le Roy
d'Espagne donna a Mr le
Y ij
260 MERCURE
Marquis de Jamaïca , à
preſent Duc de Veraguas ,
la Commanderie d'Aravaca
, vacante par le decez de
Mr le Duc de Villada.
Celle d'Alingé , vacante
par le decez de Me la
Comteffe de Monterey , à
Mrle Marquis de Caſtillar
, Intendant General.
Celle de la Sarça , vacante
par le decez de Mr le
Duc de Veraguas , à Mrle
Comte de Germiencourt
,
Maréchal general des Logis
de la Cavalerie.
Celle de Livera , vacanGALANT:
261
te par le decez de Mr le
Marquis de Lançarote , à
Mr le Marquis de Muya ,
fils de Mr le Duc d'Eſcalona
. D'autres qui estoient
auffi vacantes ont efté données
à Mr le Marquis de
Valdecanas , Capitaine general
, à Dom Antonio
d'Amezaga , à Don Joſeph
de Armendaris
, & à Mrle
Comte Mahoni , Lieute .
nants Generaux , & à Mrs
Grafton , Pimentel & Toalba
.
Mr de Bonnetot fils du
feu Premier Preſident de la
262 MERCURE
Chambre des Comptes de
Rouen , & beau- frere du
Premier Prefident du Parlement
de cette Ville , a
acheté le Regiment dont
feu Mr de Louvignies
Gouverneur de Lerida eftoit
Colonel H l'a payé
70000. liv . argent comp
tant.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
De Saragoffe le in.
Janvier 1711.
La Reine
devoit partir
*
GALANT: 263
鞠
avant- hierde Najera où Elle
avoitfejourné plufieurs jours
en attendant les ordres du Roy
peur venir à Saragoffe , d'ois
Sa Majesté partira Mercredy
prochain 14. de ce mois pour
aller au devant de la Reine
jufqu'à Mallen , Village à
neuf lieues de cette Ville. Le
lendemain is . Leurs Majeftez
en partiront , & iront coucher
à Alagon , & le 16. Elles arriveront
icyoù ily a apparence
qu'Elles pafferont le reste de
Phyver. Le Roy ayant envoyé.
toutes fes Troupes dans des
quartiers pourfe delaffre des
264 MERCURE
fatigues qu'elles ont eues depuis
plufieurs mois.
Le debris de l'Armée du
Comte Staremberg , fuivant
les derniers avis
a
a paffé la
Segre à Balaguer
pour entrer
en Catalogne
, où le Roy
actuellement
deux detache
ments de Cavalerie
, commandez
par Dom Feliciano
Bracamonte
, Maréchal
de Camp,
Dom Jofeph Vallejo , Brigadier
qui font tousjours
à la
pourfuite
des Ennemis
. On attend
inceffamment
la nouvelle
de la prife de Gironne
, dont la
conquefte
facilitera
beaucoup
celle
GALANT 265
celle du refte de la Catalogne.
Des Deferteurs rapportent
que les habitants de Barcelone
font partagez en deux partis
cantonnez l'un contre l'autre 3
que celuy du Roy Philippe
groffit tous les jours , & qu'il
n'attend que l'approche de nos
Troupes pour fe declarer oùvertement
; de forte qu'on a
efté obligé de mettre une forte
Garde au Palais ou loge l'Ar
chiduc.
Fanvier 1711. Z
266 MERCURE
Le retour des Officiers.
Par Mr D. O. L. V. !
Pour le Myrthe amoureux
Mars quitte
Lauriers ,
les .
Et nous ramene enfin nos
aimables . Guerriers .
Chacun d'eux flolaftrant
au fon de la Mufette
S'enyore du plaifir de
revoir fa .. Lifette.
Les Bergers au retour de
Cefars ,
ces jeunes
GALANT 267
Devant eux, de l'amour
baiffent les Etendars.
De
Rubans neufs ornant
fa tefte & fa Houlette ,
La Bergere bondit, chante,
fait la . folette
Pour
attendrir ces coeurs
dont
l'intrepidité
Semble ne
refpirer que
immortalité.
Patience
Bergers , les
printaniers .
ramages
Dans peu vont les chaffer
de vos
charmant's
bocages,
Z ij
268: MERCURE
Article burlefque.
Je vous demande excufe
de n'eftre pas en
humeur de rire . Je ne
vous donneray que la
Chanfon fuivante pour
tout burlefque. Ce titre
eft neceffaire pour autorifer
un jeu de mots fur
quoy roulent fes refrains.
Encore un mot de digreffion
; j'ay tout privilege
dans cet Article , &
pour vous dédommager
GALANT. 269
de ce que vous ne riez
point , je veux au moins
vous ennuyer.
J'ayfait depuis dix ou
douze ans plus de cent
Chanfons
, & depuis dix
ou douze ans j'ay la patience
d'en entendre eftropier
les airs & les paroles
. Ce n'eft pas manque
d'affection pour mes
Ouvrages , mais j'ay
toûjours efté auffi paref
feux de les écrire que de
les
chanter. Je me punis
Z iij
270 MERCURE
affez de ma pareſſe , car
il m'en coufte à chaque
Mercure plufieurs Couplets
nouveaux pour en
faire paffer un vieux.
CHANSON .
Bon vin , bon vin ,
Quoyque
ton pouvoir
foit
drvin ,
Malgré toy nos jours
prendrontfin.
Mais pendant que le
temps s'écoule,
Coule , coule , bon vin ,
coule ,
4
AIRA BOIRE .
Bon
vin
,
bon vin ,quoi que ton pouvoir foit Di.
,.:ftvjdnpvMBiioororiaonnyuosenlnrnngstré
f:in
tMplqcfaeeeuoeinmeusdsant C,lleqeu
bon vin
Cou
cl,Seaefnfse cou
cou le
le .
a
a
Gay
p3
8
Puifqu'on nepeut fiver
nos
jours , Gardons
nous de fi
xer ton
cours .Cou
Gile .·le
coule bon vin cou
cours . Gravé par Barlion .
GALANT . 271
Sans ceffe coule ,
Puifqu'on ne peut fixer
nos jours ,
Gardons-nous de fixerton
cours .
II. COUPLET.
Sur la Science.
Bon fens , bon fens ,
Te chercher parmy les
Sçavants ,
C'eft perdrefon kuile 5
fon temps.
O toy , qui paflis fur ta
lampe ,
Z iiij
272 MERCURE
Lampe, lampe, Docteur,
Lampe ,
Doctement
lampe ,
Jurifconfulte
ou Medecin
!
Puifestonfçavoir dans le
vin .
III. COUPLET.
Sur la Jaloufie .
Qu'entends-je helas ,
Faylaiffé ma femme la
bas ,
Quelqu'un vient , & je
n'y fuis pas.
GALANT . 273
Pour me cacker ce qui s'y
paffe ,
Paffe , paffe , bon vin ,
paffe,
Dans mes yeux paffe ,
Quand je fuis yure , je
fuis bien,
Mesyeux ouverts ne vérront
rien .
IV. COUPLET.
Le vieux
Yvrogne.
Que vois-je , o Dieux ,
Quel fantofme vient à
mes
syeux
274 MERCURE
Mouillerfes doigts dans
mon vin vieux.
C'eft la Parque qui mes
joursfile,
File , file , bon vin , file ,
•·Doucement file ,
Tant que mon bon vin
durerà ,
Pour moy la Parque filera.
A propos de bon Vin,
on a demandé dans le
dernier Mercure : Si le
Vin eft une bonne chofe.
GALANT. 275
REPONS E.
*** Par Mr L. Magni.
La fore chofe que le vin³
Je le gafte fi je le mefle ?
Tout pur ilgafte ma cervelle
,
La fotte chose que le vin.
Mais non , j'aime ce jus
divin ;
Pur , il égaye ma cervelle
,
Me rafraichit fi je le
mefle ,
276 MERCURE
La bonne chofe que le
alvin.
vin
.
Plufieurs perfonnes
ont répondu differemment
chacun felon fon
caractere.
REPONSE
d'un homme fincere.
Le vin est une bonne
chofe , parce qu'ilfait dire
la verité.
Je conclus delà , dit
l'homme prudent , que
le Vin eſt une mauvaiſe
GALANT. 277
chofe , car toutes veritez
ne font pas bonnes à dire.
LAVAR E.
La bonne chofe que le
vin ,
Quand on le boit chezfon
voifin
Le Vin eft le lien de
la focieté , dit un Yvrogne
qui a le Vin fociable
, mais Alexandre en
avoit bu , quand il tua
Clitus.
278 MERCURE
LE PHILOSOPHE
& le MEDECIN.
;
Nous défendons le Vin
il estpernicieux
Nous le buvonspourtanti
il eft delicieux.
UN TURC.
Nous trouvons leVin
bon , parce qu'il nous
eft deffendu .
UN GOURMET.
Le Vin eft bon
quand il eft bon.
GALANT. 279
UN YVROGNE.
Tout Vin eft bon
pourvû que ce foit du
Vin .
UNE FEMME COQUETTE.
Le Vin eft une bonne
chofe , il endort mon
Mary , and
LE MARY PAISIBLE.
Pefte foit du Vin , il
reveille le caquet de ma
Femme.
280 MERCURE
1
UN HOMME SAGE.
Le Vin eft mauvais ,
car il enyvre.
UN SOT .
Le Vin eft bon , car
il enyvre.
DEMOCRITE.
I
J'aime le Vin , car il
fait rire. Al
HERACLITE.
J'aime le Vin , car il
fait
pleurer.
Ou
GALANT. 281
Ou d'une autre façon ,
HERACLITE
.
Je deffends le Vin ,
car il fait rire.
DEMOCRITE .
Je deffends le Vin ,
car il fait pleurer.
Réponse par l'un des
trois Procureurs quifaute
de fçavoir leprix du Vin
de Champagne , en ont
bu
innocemment pourcent
,
francs
l'heure du Palais.
Janvier 17u . A a
en attendant
282 MERCURE
CHANSON.
On prie Mr du Bouffet
d'y faire un air.
La bonne chose que le
Fen
Vin.
en connois un que pour
Jupin
Fit expres le Dieu de la
treille.
Il chatouille , il grate , il
reveille.
GALANT. 283
Mais un retours maudit
fait fecouer l'oreille ,
Quand le Cabaretier
mutin
Nous force à le payer
deux ecus la bouteille.
Je garde pour le mois
prochain plufieurs autres
réponſes qu'on m'a
envoyées , tant fur cette
queftion : Si le Vin eft
une bonne chofe ? que fur
la queſtion galante: Que
peut-on direpour blafmer
Aa ij
24 MERCURE
ou pour justifier un komme
amoureux d'une femme
qui n'auroit ny beauté.
ny efprit
?
Laiffons auffi la même
queſtion galante pour ce
mois-cy. La matiere eſt
ample ' , & il eft bon de
a
fonder à perpetuité dans
les Mercures un Article
Galant,auffi- bien qu'un
Article Bachique . Ily a
longtemps que l'Amour
& le Vin -font des fujets
amufants. On ne s'en eſt
GALANT 285
pointennuyé depuis tant
de fiecles . Si l'on s'en ennuye
, ce fera ma faute
ou.celle des Anonymes
qui fè lafferont de traiter
agreablement
des fujets
fi heureux .
Le R. P. Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
College de Louis le
Grand , a fait un Difcours
Latin für la Satyre.
Un de mes amis qui
eftoit de l'Affemblée, &
qui a une memoire pro286
MERCURE
digieufe m'en a promis
un Extrait en François
que j'efpere vous donner
le mois prochain.
RECEPTIONS
au Parlement.
Le 7. de ce mois , Mr
le Prince de Conty prit
feance au Parlement avec
les ceremonies ordinaires .
Le mefme jour , Mr le
Duc de la Tremoille y fut
reçu Duc & Pair de France.
GALANT. 287
Le 22. de ce mois , Mr
le Duc de S. Agnan fut
reçu Duc & Pair au Parlement
, & y prit ſeance fur
la démiffion de Mr le Duc
de Beauvilliers fon frere.
aîné.
Dons faits par le Roy."
On a oublié de dire
dans le dernier mois que
Mr le Marquis de Miromeni
a efté fait Maréchal
de Camp , en confideration
de fes fervices . Il eftoit
auparavant Brigadier d'In288
MERCURE
་
fanterie, commandant cel
le de la Garnifon de Bethune
pendant le fiege de
certe Ville , où il fit cette
grande fortie dont on a
tant parlé , dans laquelle il
poufla les Ennemis fort
loin , tua un grand nombre
de ceux de la Tranchée , &
rafa tous leurs travaux .
Mr Boucher d'Orſay ,
Maistre des Requeſtes , &
fils du Confeiller d'Eftat ,
de mefme nom , a efté fait
Intendant
de Limoges
.
Chevaliers
GALANT. 289
CHEVALIERS
de l'Ordre.
Le 31
Decembre 1710 ,
le Roy fit Chevaliers
de
S. Michel.
M. le Prince de Conty.
M. le Comte de Médavi .
M. le Comte du Bourg.
M. d'Albergoty.
M. le Marquis de Goefbriand.
Et le premier Janv.1711.
il les fit Chevaliers du faint
Elprit.
Fanvier 1711. Bb
290 MERCURE
Voicy leurs noms & ceux de
leurs peres & meres.
Louis- Armand de Bourbon
, Prince de Conty , fils
de François Louis de Bourbon
, Prince de Conty & de
Marie-Therefe de Bourbon
de Condé.
·
Jacques Léonor Rouxel
Comte de Médavi & de
Grancey , Lieutenant General
des Armées du Roy ,
Gouverneur
de Dunkerque
,
fils de Pierre Rouxel Comte
GALANT . 291
de Grancey , & d'Henriette
de la Pallu de Bouligneux
,
& petit - fils de Jacques
Rouxel Comte de Grancey
Maréchal de France , Chevalier
des Ordres ..
Léonor- Marie du Maine
Comte du Bourg , Marquis
de S.Ciran , Lieutenant
General des Armées du Roy
fils de Philippe du Maine ,
Comte du Bourg & de Léo,
nor de Damas de Thianges.
François Zénobe. Philip
pe Albergoti , Lieutenant
General des Armées du
Roy , Gouverneur de Sarre,
Bb ij <
292 MERCURE
Louis , fils de Rerovio Albergoti
, Sénateur de Flǝrence
& de Madeleine
Bardi . Les Albergoti font
originaires d'Arerzo établis
depuis long- temps à Florence.
Ils ont poſſedé plufieurs
Charges dans ces Villes
lorfqu'elles cftoient en
République.
Louis François Marquis
de Goësbriand , Lieutenant
General des Armées du Roy ,
fils d Yves Marquis de Coëlbriand
& de Francoife-
Gabrielle de Kerquefay .
Cette Maiſon eft originaiCALANT.
293
re de Bretagne & poffede la
Terre de Goesbriand dans
l'Evêché de Treguier , de
temps immémorial .
NOUVELLES
de Turquie.
A Vienne en Autriche , le
9 Janvier 1711.
Il n'eſt plus queſtion de
douter de la déclaration de
la guerre que le Grand Seigneur
a faire au Czar
au Roy Augufte & à leurs
adherans ; elle a efté publiée
ช
Bb ij
294 MERCURE
à Belgrade & dans toutes
les Villes de Livonic & de
Pologne , d'où on mande
que le Czar en avoit la nouvelle
. Il y a des avis à Vienne
que l'Ambaffadeur de
Mofcovie a efté arrêté à
Conftantinople; & il eft certain
que le fieur d'Alman
Envoyé de l'Empereur en
cette Ville a écrit que l'on
fe tint für fes gardes , qu'il
y avoit un corps de Troupes
de quarante mille hommes
qui ne tarderoit pas à
faire des incurfions ; & cela
s'accorde affez avec ce que
GALANT 29
l'on m'écrit de Dantzic, dont
je parlerai tout à l heure.
Voicy comment les Turcs ont
difpofé leurs forces. :
Le Kam des Tartares
commandera une armée qui
agira en Mofcovie au delà
du Borifthéne.
Le Roy de Suéde en
commandera une autre ,
compofée de ce qu'il a pû
conferver de fes Troupes ,
de la petite armée du Palatin
de Kiovic & de quelques
Colaques.
Bb iiij
296 MERCURE
Et la troifiéme de cent
mille hommes , fera commandée
par le Grand Seigneur
en perfonne , afſiſté
de Cuproly dernier Vific
déposé , que fa Hauteſſe a
rappellé auprés d Elle .Cette
armée , doit eftre le 15 Mars
à Andrinople ; & fi cela eft
vrai , il n'y a prefque point
à douter que le Turc n'ait
formé un deffein fur la
Tranfilvanic ou la Hongrie;
car file feul objet eftoit d'aller
contre les Mofcovites ;
il ne faudroit pas prendre
une route fi détournée .
GALANT 297
Quoiqu'il en foit , jamais
la Cour de Vienne n'a
efté plus intriguée qu'elle
l'eft aujourd'hui. Elle a donné
fes ordres à fes Generaux
qui font en Hongrie ,
malgré la faifon fi avancée ;
le befoin que fouffrent les
Troupes , & le dégât que
fait dans ce pays la contagion,
de pourfuivre les avantages
qu'ils y ont eu depuis
quelques mois.
Sa Majesté Imperiale
rifque beaucoup pour fon
armée à caufe de la contagion
qui eft parmi les Hon298
MERCURE
grois , mais le peril preffe ,
& l'on regarde comme un
grand bien la conqueste de
quelques Places qui peuvent
fervir à barrer le Turc .
Aprés la prife d'Efperies les
Allemands venoient de fe
rendre Maistre de Scharkat
<
petite Place , mais tres - forre,
qui eft le paffage entre
Arath & le grand Waradin .
Les confeils que l'on tient
tous les jours à la Cour de
Vienne font affez connoître
à l'Empereur de quelle
importance il eft pour lui
d'avoir une groffe armée en
GALANT 299
Hongrie , qui le rende ref
pectable au Turc , & pour
cela on ne trouve point de
plus prompt moyen que celui
d'y faire repaffer fes
Troupes d'Italie , mais l'on
craint en même temps que
les Princes Italiens fe voyant
délivrez de ces Hôtes qui
leur ont efté fi onereux
ne faffent entr'eux une ligue
pour leur liberté; & l'on
m'écrit que cette confideration
a déterminé l'Empereur
à les y laiffer , afin de s'y
maintenir en credit ; cependant
comme il cft impoffi
300 MERCURE
ble que dans ces embarras
preffans
l'on fe détermine
tout d'un coup à un parti.
Sa Majesté
Imperiale
a faie
demander
au Nonce
du Pa.
pe
fi Sa Sainteté
ne voudra
pas contribuer
, à l'imitation
d'Innocent
XI . à une
guerre
qui intereffe
toute la
Chrétienté
, puifqu'elle
fe
fait contre
les Mofcovites
,
avec qui le Roy Auguſte
a
de tres
étroites
liaifons
.
Il a recommandé
au Nonce
d'avoir
inceffamment
réponſe
du Pape
fur cela ,
pour
prendre
les mesures
;
·
GALANT . 301
tous les Couriers qu'il
reçoit de Catalogne ne
font que pour avoir de
prompts fecours , & tous
ceux que le Comte de Zinzendorf
envoye de la Haye,
tendent à la même chofe.
L'on dit donc que l'Empereur
fera paffer en Catalogne
quelques Regimens qui
font en Italie , & qu'on les
remplacera le mieux que
l'on pourra par des recrues
que l'on y fera filer ; en ce
cas il restera peu de Troupes
en Hongrie & en Italie .
L'on me mande de Dant302
MERCURE
zick que l'on y avoit des
nouvelles que quarante mille
Tartares,lefquels devoient
eſtre joints par douze mille
Janiffaires, eftoient entrez en
Valachie , qu'on craignoit
pour Caminick , où le Roy
Augufte avoit donné ordre
d'envoyer
incefſamment
quelque argent pour payer
la Garnifon & relever les
Fortifications
de cette Place
; que ce Prince feroit obligé
de retirer les Troupes
du fervice des Hollandois
,
& que l'on eft d'autant plus
embarraflé
pour l'armée
GALANT . 30 %
d'Allemagne qui doit maintenir
la neutralité du Nord ,
qu'on avoit appris que l'on
préparoit en Suéde douze
mille hommes pour les faire
paffer en Pomeranie & ſe
joindre au General Crafſaw ,
Le Mofcovite jufqu'à prefent
fait bonne mine; il prétend
qu'après avoir aſſuré
fes conqueftes en Livonie ;
il oppofera quatre- vingt- dix
mille hommes au Roy de
Suéde.
304 MERCURE
( PROMOTION
de Benefices.
EVESCHEZ.
Le 4 Decembre 1710. Dominique
Barnabé Turgot
de S. Clair , Aumônier ordinaire
du Roy & Agent
General du Clergé de France
, fut facré Evêque de
Séez , dans l'Eglife des Je
fuites de la rue S. Antoine
par Mr Le Cardinal de
Noailles , affifté des Evêques
d'Aire & de Tournay,
Le 21. Decembre 1710.
Jean le Normand Docteur
GALANT . 305
>
de la Maifon de Sorbone ,
Officier & Síndic du Clergé
du Dioceſe de Paris fur
Sacré Evêque d'Evreux dans
Eglife de Sorbonne , par
Mr le Cardinal de Noailles
affifté des Evêques de Tournay
, & de faint Malo.
Le 4. de Janvier 1711.
Alexandre le Filleul de la
Chapelle , fur Sacré Evêque
de Vabres , dans la Chapelle
de l'Archevêché de Paris,
par Mr le Cardinal de Noailles
, ayant pour affiftans les
Evêques de Cahors , & de
Sécz .
Janvier 1711. Co
306 MERGÜRE
う
Le même jour , Cefar
Gafpar de Montmorin
de
Saint Herem
fut Sacré
Evêque d'Aire en Gascogne
dans l'Eglife
Metropolitai
ne de Saint Maurice
de
Vienne , par l'Archevêque
de cette Ville , affifté des
Evêques
de Valence , & de
Grenoble. Ce Prelat avoit
efté marié le 10. Fevrier
1684. à Louiſe
Françoife
de Bigni d'Aynai
fille de
Louis Armand de Bigni
Comte d'Aynai ; elle mourut
le 28. Novembre 1700 .
luy laiffant huit enfans , fçaGALANT
. 307
voir , cinq garçons , & trois
filles ; s'eftant fait Preftre
aprés la mort , Armand de
Montmorin fon coufin Archevêque
de Vienne , le fit
fon Grand- Vicaire.
ABBAYE S.
Le Roy a donné l'Abbaye
de Lendeve au Pere du Vau,
Chanoine de Sainte Geneviéve
& Chancelier de l'Univerfité
de Paris ; cette Abbaye
eft de l'Ordre des Chanoines
Réguliers , & fcituée
dans le Diocéfe de Rheims
Ccij
308 MERCURE
& non de l'Ordre de S. Benoift
dans le Diocéfe de
Kimper , comme le porte
le memoire qu'on m'avoit
donné pour le mois de No
vembre.
S. M. a donné l'Abbaye
des Trois Roys , dire auffi
Lieu Croiffant à Mr l'Abbé
de Saulx Tavanes, Comte
de S. Jean de Lyon ; elle
eft de l'Ordre de Cifteaux ,
dans le Diocéfe de Befançon
.
Celle de Sainte Margue
rite , Ordre de S. Auguftin
, Diocéfe d'Autun , à
Mr l'Abbé Machecois de
GALANT. 309
Premeau , qui eft Abbé de
S. Paul de Narbonne ; il eft
neveu de Mr de la Berchere
, Archevêque de Narbonne
.
Celle de Chaſtillon de
l'Ordre de S. Auguftin , au
Diocéfe de Langres à Mr
l'Abbé Guier.
Celle de Relo , Ordre des
Prémontrez , Diocéfe de
Sens , à Mr l'Abbé de Ville--
fort.
L'Abbaye de Cendras ,.
Ordre de S. Benoist , Dio .
céfe de Nîmes à Mr l'Abbé:
de Broiffia ..
io MERCURE
Celie de S. Pierre du Vi
geois , Ordre de S. Benoist,
& Diocéfe de Limoges , à
Mr de Boiſte de la Forge ,
Grand Vicaire de Limoges.
Celle de Rofebrecq , de
l'Ordre de S. Auguſtin
dans le Diocéfe d'Ipres
Dame N. de Marquant.
Et le Prieuré de Peyrat à
Mr l'Abbé de Prye.
,
Mr le Cardinal de Noailles
a donné à Mr l'Abbé
Tambonneau le Canonicat
de feu Mr l'Abbé de la
Porte,qui eftoit refté ſeul de
la claffe dans la Tontine, ou
CALANT. 311
il avoit tous les ans 40000
livres de revenu. Mrl'Abbé
Tambonneau eft fils de Mr
le Prefident Tambonneau ,
dont la mere eftoit foeur de
Madame la Ducheffe de
Noailles , & de Madame de:
Bigni.
SUPLE' MENT
des Anonimes.
Vranie d'Hanover &
les Philofophes de Bruxeles
trouveront ici des ex--
cuſes, leurs réponſes font:
312 MERCURE
N
venuës trop tard ; je
mettray d'ors en avant
pendant trois mois de fuite
les réponſes anciennes
avec les nouvelles ,
en faveur des Lettres tardives
des Pays Etrangers
& des Provinces , à qui
l'espace d'un mois ne
fuffit pas pour recevoir
les Mercures
, compofer
leurs piéces & les envoyer,
cela fera commode
auffi pour les Anonimes
de Paris & de la
Cour
GALANTA 313
.
2
Cour, qui fe multiplient
de plus en plus , & me
fourniffent en un mois
trop
delvers pour un
feul
Mercure. Je place
ici les premieres
receuës,
& j'en obmets de tresbonnes
, dont les Auteurs
ont peut- être, raifon
de fe plaindresje leur
etr fais exouſe ; les affid
jettiffèmens de l'impreſhion
& de
l'arrengement
m'einpêchent
de rendre
juftico à pluſieurs Ano?
Fanvier 1711.8)
11. Did
314 MERCURE :
nimes que j'eftime , &
que j'honore infiniment.
BOUTS RIMEZ.
Par le genie Champêtre
-257do LR. D. P.
Atal mob , vcnd
Philis tient pan compte
dunabaini
Albicrac ,
Dant l'esprit lens nÈ VA
Aque
Iob and trac
Fade noinois à Rubarbe ,
web
ob morferingue,
Gorp's enshalleqant droit
dansfa hrelingue ,
GALANT. 315
Fà dans fon coeur ne fera
fric ni frac.
Ieune étourdi vient - il
chez elle ,
crac.
Elle en eft folle en dépit
de Pibrac.
Contre un babil où le fien
tingue. wtope &
Philis tientpeu.
Elle lit plus
Rabelais que
Coroidia
mainoBalzac ,
Toutférieux eft pour elle
un
micmac ;
Dd
ij
316 MERCURE
L'ennui laprendfi lepied
ne lui fringue ,
Allant , venant comme
rideau fur tringue,
En même lieu la mit- on
dans un
Philis tient peu.
AUTRE
fac.
Sur les mêmes Bouts
rimez.
Par Monfieur d'Albicrac.
Philis tient peu fa place .
aux côte d'Albicrac.
Ce mari parle- t-il , elle
GALANT. 317
joue au
tric trac.
Vent-il aller en ville elle
prend
la
feringue,
L'arrofe & le conduitjuf
ques à fa brelingue.
Puisforçant es tiroirsni
laiffe
fric ni frac.
Veut- il lui remontrer , elle
lui
répond
crac.
fen fçais autant que
vous , n'ai-je pas li
Pibrac.
De fafamillefage ou bon
fens fe diftingue
.
Philis tient peu.
Dd iij
318 MERCURE
Madame , lui dit - on ,
aufiecle de Balzac
.
Nulmarin'eut
fouffertcet
étrange mic mac.
Elle écoute un moment ,
puis rit , gambade,
fringue.
Puis réveufe , roulant un
rideau furfaringue.
1ac .
Elle promet, on croit Laffaire
dans le
5. Philis tient peu.
GALANT 319
ARTICLE
des Enigines.
Le mot de la grande
Enigme du mois paſſe
eft la Fin .
Madame *** a parodie
ain Enigme en la
devinant , fans y dien
changer que trois où
quatre mots.
at 7.9 .
Toutfinit par la fin ,ſoit
calmefoit orage>
320 MERCURE
Soit liberté, foit efclavaago
ge ITAL
Jay bien pefé ces mots ,
je ne my trompe pas ,
Et c'eft fur la fin d'un
Sirepas th surferl
Qu'on s'enyore en difant
merveilles ,
L'ardente foif prent fin
1 en vuidant les bouteilcilesorí
On fait qu'onfinira, c'eft
l'arrest du deftin,
Les Chiens prennent le
Lieure, & le Lièvre
prend fin.
GALANT 321
La fin dans les plaifirs
affreuse ,
Eft charmante dans la
douleur,
Dans le malheur tresparefleuſe
,
Diligente dans le bonheur
.
La fin pour les mortels ,
trop prompte ou trop
tardive ,
Avec la mort toujours
arrive,
voedin zei
322 MERCURE
Le Critique Gaulois.
Un commencement de
bibus ,
Dans ton Enigme tient
un peu trop du rebus,
En approuvant la fuite
à ta fanté je bus,
Mais FINIS coronat
opus .
Je fouhaiterois que
les Autheurs à qui j'ay
demandé des Critiques ,
GALANT 323)
fiffent celles de leur picce
comme on fait celle de
mon. Enigme ; s'ils vouloient
commencer.comme
je commence , je finirois
comme le Critique
gaulois a fini.
ENVOY
de la jeune Cloris.
A quinze ans jeune &
belle au feul plaifir je
toovo penſe,
P
Pourquoi m'infpirer du
chagrin ,
324 MERGURE
A peine mon printemš
commencer
Tu mefais penfer à la
fin .
DE ROTERDAM.
Sur le mot FIN , qui eft
celui de l'Enigme
du mois.
21. To or
L'Air & le feu, la terre.
& l'onde ,
Tout ce qui paroift en ce
monde
,
GALANT. 325
Ainfi que nous doit pren
dre fin ,
D'un deftin fi fatal nul
ne peut fe deffendre ,
C'est un arreft de l'Oracle
divin
,
Chaque inftant , il peat
nous furprendre,
Et chacun de nous doit
l'attendre.
Cependant infenfible à
cette verité ,
Et de mille autres foins
jour & nuit agité ,
Sans ceffe l'homme met
316 MERGURE
fon efprit à la gêne,
Pour achever quelqu'entrepriſe
vaine,
Q ciel! quelle temerité !
Mortelprêt àfortir de ta
captivité,
C'eft ta fin qui détruitou
COURODNE TES QUIRES :
~Renonce donc à tes folles
manoeuvres ,
No penfe qu'à l'éternité.
20110) 2231.00 L.C. DÁT.
132
GALANE 327
Le mot de la petite
Enigme , eft l'ombre.
L'ombre eft au Ciel Ciel
en
Lair fur la Terre&fur
ronde ,
L'ombre n'est
pourtant
rigny elle fuitequila
monde.
I 200
ΕΝΥΟΥ
par Monfieur Anfean
De l'homme tel eft be
condino)deftina sinchar
72397
318 MERCURE
Toujours fon efprit vague
&fombre,
Entaffe deffeinfur deffein,
Et pourquoi pour un
rien,tout au plus pour
un ombre .
AUTRE ENVOY.
Tabroa
Dans un Jardin Belife
à l'Enigme revoit,
Voyant au grand 'Soleil
Ayuna
fon mary qu'elle aimoit,
Elle cria foudain d'un
réduitfraise fombre,
Venez
GALANT. 322
Venez , mon cher Epoux,
venez j'ay trouver
Too l'ombre.
* NO Mp Skt for NOMS
Dictums , rebus , &c, de
ceux qui ont deviné
l'Enigme de l'ombré.
Le gros boeuf ruë! SI
Pierre aux Boeufs , l'ades
viné en ruminant , Tas
mirifte; l'Oiseaur de proye
la atrapée én volant ; le
Devin obfcur; Gano j'ai
Fanvier 1711 ,
E c
330 MERGURE
deviné l'ombre; brin-d'avoine
; un Peintre a deviné
l'Enigme , le coloris
n'en vaut rien , l'ombre
y eft plus clair quele jour;
la belle ombrageufe; l'extraordinairement
réflechiffante
; Duvivić, bon
vers trop louangeurs , le
Pirhonien s'en eft douté
, la Rocheloife , le Taeiturne
trouve l'ombre
par tout Criſtine
Perinne le Lanternilte
je me rafraîchis ,
३
GALANT. 331
j'ay trouvé l'ombre , POracle
de Nancy. Lamin
NOMS , & c.
de ceux qui ont deviná
Enigme de la fin
Pour deviner l'Enigme,
il faut eftre un Lutin,
Ab: j'y fuis , mon efpris
sebrante ,
Le commencement d'un
Callein brantes
Me fait deviner la fin.
Ecij
332 MERCURE
-La Lucreſſe de la ruë
Galande ; Finerte a trou¬
vé fin , fin , l'oedipe
clair- voyant voici mon
bebus enfin j'ai trouvé le
mor , du Vivić , le Sçavant
Grivois ; pour avoir
lût le Mercure en Claffe ,
j'ai eu une ferule , mais
je l'ai devinée , je ne ſçai
rien , mais je devine tout ,
rubi fur l'ongle , placez
moi fur la fin, le Quiétiſte
de Londres. 163
GALANY . 333
.
Jolla buretovo se mod
ENIGME.
Chez moipour mes voi-
- Jins , je fais bouillir
le pot
A ce métierje me ruine ;
Quelqu'un d'eux cependant
me payefon Ecot,
En
travaillant pour la
cuifine ,
Entr'eux eft certaine voifine,
Chut,tropparler lui nuit,
avec cettte coquine i
334 MERGURE
L'on me confond affe
A fouvent
Je l'entretiens dés fa jeuneffe,
s
De fonfexe elle a la foibleſſe,
Et quand elle fait mal ,
c'est à moi qu'on s'en
"prend.
sativ pes 92.
CALANT. 335
BOUTS RIMEZ.
Par le Chevalier
5- d'Argentic.
Philis tient peu de fon
peres Albicrac
Il lui laiffa pour tout meutric
trac ,
ble
un
Mais
fon
tein
frais
qu'
entretient
fa
feringue
,
Et
fes
beaux
yeux
font
rouler
fa
brelingue
,
·
326 MERCURE
Pourfon efpritce n'eft ni
fric ni frac.
L'Amant à pied chez
elle eft caffe ,
Eut- ill'efprit du Confeilcrac,
ler Pibrac.
Mais contre unfot heureux
autope & tin-
1611 Sh
Philis
tient peu.
gue.
Elle
GALANT. 337
Elle ne lit Voiture ni
Balzac ,
Elle aime mieux un turbulantomic
mac ,
Chez, elle on rit , on boit ,
on faute , on fringue ,
On brife tout, table , mitringue
, roir &
Dans
un
quartier
fans
d'érangerfon
Philis
tient
peu.
fac.
Janvier 1711. Ff
338 MERGURE
f
Chute qu'on donne
pour un autreRondeau,
Peut- eftre bien,
Cette chute peut avoir
plufieurs fens diffe
rents comme l'autre,
Bouts riméz, pour un
Sixain, fisi
bondi,
bonde,
ronde.
arondi.
profonde,
approfondi.
GALANT 339
SUITE
des novelles d'Espagne
Les dernieres nouvelles
de Gironne du 17. portent
que le temps s'eftant remis au
beau , Mr le Duc de Noailles
avoit fait rétablir les Batteries
qui avoient efté endommagées
par les pluyes & les
débordemens du Ter & que
les bréches qui eftoient déja
fort confiderables , commençoient
d'eftre en bon
eftat , de forte qu'ils efpe-
F fij
340 MERGURE
roient donner l'affaut le 2 2.
au plus tard. :
D'autres Lettres portent
que le G. Staremberg ayant
fait démolir les fortifications
de Balaguer , fe reriroit vers
Barcelone
, avec environ
3000. hommes , & quc Mr
de Vendôme
eftoit à Cervera
avec l'Armée pour lui
couper le paffage .
D'autres enfin difent que
les Portugais avoient affemblez
un corps de 6000 hom
mes pour furprendre
Miranda
, où ils avoient des
intelligences
fecrettes ; mais
GALANT 341
que le
Gouverneur en ayant
efté averti , fit charger l'artillerie
, & pofta une partic
dela garniſon
en embuſcade
;
de forte que les ayant laiffé
approcher
fort prés de la
place , on en tua 7. à 800.
& plus de mille furent
faits
prifonniers
.
A Paris ce 31. Janvier 1711 .
Ff
iij
TABLE.
3208
-29
43
Nouvelles de Marine, 40 & 102
Livres
nouveaux ,
Devifes,
Eglogue,
262. & 339 .
Hiftoriette ,
Morts ,
Nouvelles d'Espagne , 66. 2591
88
108. 137 & 178
Mariages ,
Anonimes
142
›
e 117 &129
121 Réponses aux Anonimes
& 129.
Rondeau ,
Difcours Académique ,
Vers Marotiques ,
Parapluye inventé,
Vers libres ,
126
.
145
188
195
1999
7
Feftes de M. le Duc d'Albe , 250
Bouts rime 266.314,335
Chansons ,
Article burlesque,
Questions & Réponses ,
268
270 & 280*
275
Piéce d'Eloquence, 285
Receptions au Parlement , 206
Dons faits par le Roy ,
287
"Nouvelles de Turquie , 293
Promotions de Benefices , 304
Supplément d'Anonimes ; 343
Enigmes
319
APPROBATION.
་ ་
A'Y lu par ordre Monfer
gneur le Chancellier le
Mercure Galant des mois de
Decembre & de Janvier derniers.
A Paris ce 30. Janvier
1-71-1 .
CAPON
PRIVILEGE DU ROY.
OUIS par la
Lou
de Dieu , Roy de grace
France & de Navarres : A nos amez
& feaux Confeillers les gens tenants nos
Cours de Parlements , Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel , Grand Confeil,
Prevôt de Paris , Baillifs , Sénéchaux , leurs
Lieutenants Civils , & autres nos Jufticiers
& Officiers qu'il appartiendra , SALUT.
Ayant choifi Nôtre tres-cher , & bien amé
CHARLES DU FRESNY , Sieur de
Riviere , Nôtre Valet de Chambre ordi
naire ; pour continuer de faire le Recueil
de plufieurs nouvelles , Relations , & Hif
toires ; & le faire imprimer fous le titre
de Mereure Galant ; il Nous a trés-humblement
fait fupplier de lui vouloir accor
der nosLettres de Privilege fur ce néceffaires.
A CES CAUSES Nous lui avons permis & per
mettons , par ces Prefentes , de faire Impri
-mer le Livre intitulé LE MERCURE
GALANT , Contenant plufieurs Nouvelles
, Relations , Hiftoires, & generalement
tout ce qui dépend dudit Livre , & qu'on
a coutume d'y mettre depuis trenté ans ',
en telle forme , marge , caractere , & autam
de fois que bon lui ſemblera › par
meur & Libraire qu'il voudra choifir
tel Int
& de le faire vendre & débiter par tout
nôtre Royaume , pendant le temps de trois
années confecutives à compter du
la datte des Prefentes , Faifons défenſes à
jour de
toutes fortes de perfonnes de quelque qualité
& condition qu'elles foient d'en introduire
d'Impreffions Etrangeres en aucun liet
de notre obéiffance , & à tous Imprimeurs ,
Libraires , & Colporteurs , & tous autres
de faire Imprimer , vendre , & débiter , &
contrefaire ledit Livre , ni Graver aucunes
Planches fervant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendant ledit
temps fous quelque pretexte que ce foit,
fans la permiffion expreffe , & par écrit
dudit Expofant , ou de ceux qui auront
droit de lui , à peine de confifcation des
Exemplaires contrefaits de fix mil livres
d'amende contre chacun des
contrevenants),
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris , un
tiers au Dénonciateur , & l'autre tiers audit
Expofant , & de tous dépens dommages &
interefts à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre
de la
Communauté des
Imprimeurs
& Libraires de Paris , & ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles ; que Pimpreffion
dudit Livre fera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs , & ce
conformément aux
Reglemens de la Librairie ; & qu'avant de
l'expofer en vente , il en fera mis deux Exem
plaires dans notre Bibliotheque publique
>
undans celle de nôtre Château du Louvre ,
& un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France , le Sieur
PHELIPPE AUX, Comte de Pontchar →
train , Commandeur de nos Ordres , le tour
à peine de nullité defdites Prefentes , du
contenu defquelles , Vous MANDONS , &
enjoignons de faire jouir & ufer ledit fieur
Expofant , ou fes ayant caufe , pleinement
& paifiblement fans fouffrir qu'il leur foit
caufé aucun trouble ou empêchement.
Voulons qu'à la copie des Prefentes qui fera
Imprimée au commencement ou àla
fin dudit Livre , foit tenue pour bien , &
duëment fignifiée , & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & feaux
Confeillers & Secretaires foy foit ajoûtée
comme à l'original. Commandons au Pre- 3
mier nôtre Huiffier ou Sergent de faire pour
l'execution des Prefentes tous Actes requis ,
& neceffaires fans autres permiffions , nonobftant
Clameur de Haro , Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires : CAR
tel eft nôtre plaifir. Do N N E' à Verſailles
le trente -uniéme jour d'Août , l'an de grace
mil fept cent dix , & de nôtre Regne le foixante
huit. Par le Roy en fon Confeil. Signé
, DEVANOLLES.
Regiftré fur le Regiftre num. 3. de la
Communauté des Imprimeurs & Libraires
Paris , page 63. num. 36. conformément
aux Reglements , & notamment à l'Arreft
du 13. Août 1703. A Paris ce 2. Septembre
1710. Signé , P. DI LAUNAY,
Syndic
Qualité de la reconnaissance optique de caractères