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1708, 06 (Gallica)
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454
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DE DIEAMONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
TVIN, 1708,
A PARIS,
Chez MICHEL liauNET,5,?.!le
duPalaisj au Mctc:)rc G.:L.n'',
cGmrae il est impossible dans la c«ijoncture
presente de ne pas grossir
le Mercure,ce qui en augmente considerablement
les frais, on ne peut se dispenser
d'en augmenter aussi le prix. Ainsi les
volumes qui feront reliez en veau se vendront
doresnavant38. fols. Quant
aux volumes qui feront reliez en parchemin,
on n'en payera que trente-cinq.
Les Relations sevendront autant que - les Mercures.
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle au Palais,au Mercure
Galant.
M.DCCVIII.
jivet Privilege du Royl
AU LECTEUR.
ILJa lieu de croirequ'on
ne lit plus tAruÍs qui a
estémisdepuistantd'années
aucommencementdechaque
Volume du Mercure
,
puis
que malgréles prieresréitérées
qu'onafaites d'écrire en
caracteres lisibles les Noms
propres quise trouvent dans
les Memoiresqu'on envoye
pour estre employez,on néglige
de lefaire
, ce qui efi
cau/è qu'ilyenaquantité
dedéfigurez,,étantirnpcjpbk
de deviner le nom cluneTerre
, ou d'uneFamille ,s'il
rieji bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyént
d'y prendre gardey.
s'ils veulent que les nOins'
propres soient corrects.On
avertitencore qu'onneprend
aucun argent pour ces Tidemoires,~&
que l'on employerot
tous les bonsOLuvra'ges à leur* tour, pourvû qu'ils ne desobligent
personne, & que
ceux qui les envoyeront en
affranchissent le port.
MERCVRE
GALANT JFvVIINN,, 1708. 1 7 0 8..
E ne puis mieux commencer
ma Lettre que p[nar un Articlequiregarde uniqu-e----
ment le Roy, puisqu'il s'agit
d'un Panegyrique de Sa Majessé
, fondé par le Corps de
Ville, & qui doit estre pronon
ce tous les ans dans les Eca
extérieures de Sorbonne,
presence de ce même Corjl
par celuy qui se trouveraéle
a la dignité de Recteur de l'J
niversité.MrGibert qui
possede aujourd'huy,&qui
remplit parfaitement bien ~tc
les devoirs, a eu l'avantage
prononcer ce Panegyrique:
15. May dernier, en presen
de Mrs de Ville, & d'un grand
nombre de personnes distin
guées par leur naissance, I
leurs emplois, & par leur ~e
dition. Il fitconnoistre quo
Panegyrique annuel doit estre
regardé comme un triomphe
dont la Ville de Paris honore
les belles actions & les vertus
du Roy; & sçachant que ce
Discours ne fcmble fixé au
commencement du Printemps
de chaque année, que pour exposer
au Public tout ce que ce
Prince a fait de grand pendant
l'année precedente, afin d'encourager
les Françoisàsoûtenir
leur réputation, il se borna
à traiter ce qui s'est Fait de plus
beau & de plus éclatant dans
la derniere Campagne. Deux
choses luy fournirent une araple
matiere; sçavoir
,
la gloire
d'avoir vaincu dans les lieux
où l'on avoit fait agir nos Armées
, & la fermeté que l'on
avoit fait voir en resistant dans
ceux où l'on s'estoit tenu
sur la deffensive. Dans la premiere
Partie il mit la Victoire
d'A lmanza dans un beau jour,
ainsi que la Conqueste des
Royaumes de Valence&d'Arragon
; la prise de Lerida ; les
Courfcs victorieuses de Mr de
Villars en Allemagne;5c celles
de Mr le Comte de Forbin sur
la mer. Il n'oublia pas les éloges
personnels decesdeuxCapitaines
,
dont il fit un parallele
également glorieux pour
l'un & pour l'autre; non plus
queceluy de S. A. R. Monsieur
le Duc d'Orleans, & celuy de
Mr de Barwick.
Il fit voir dans la seconde
Partie, la gloire dont s'estoit
couvert Monsieur de Vendôme
, en empêchant pendant
plusieurs mois le Milord Marlborough
,
beaucoup superieur
en Troupes, de rien entreprendre
sur Tournay
,
sur Lille,sur
Namur sur Mons, & sur la Picardie,
ou sur la Champagne,
où ils'estoitflatté de penetrer
le prévenant au Camp.de Carnbron,
& même luy prêtant
quelquefois le flanc, pour engager
ce Milord dans une ac
lion, en cas qu'il en eust eu le
dessein, & il l'empêcha par sa
bonne nianoeavre d'cntanici
la France, pendant que nos
Troupes dcfoloient l'Allemagne
& la faisoient contribuër.
Mr Gibert parla ensuite du
mauvais succés de l'entreprise
de Mr de Savoye sur Toulon.
Il fit un beau portrait de la manierevigoureuse
dont les Provençauxavoientdeffendu
leui
Patrie. Ceux qui sçavoient que
IOrateur est Provençal
, eurent
d'autant plus de plaisir à
le voir rendre cette justice à ses
Compatriotes, qu'il fit connoîtreaussi
qu'ils estoient fore
sensibles à la gloire.
Le Roy fut par tout representé
comme l'ame & le mobile
de toutes ces actions par ses
conCeils) par sa sagesse, & par
sa prévoyance. Cet éloge de
Sa Majesté finit par un parallèle
du sujet qui oblige le Roy
de soûtenir cette guerre, & de
celuy qui a obligé ses Ennemis
à l'entreprendre
,
& Mr
Gibert fit voir que la justice
i
des Armes du Roy, sa moderation,
& l'amour qu'il a pour
la Paix ne luy font pas moins
d'honneur que les avantages
qu'il a remportez tant danscette
Campagne que dans plusieurs
des precedentes;& il fit
voir aussi que tous les avantages
que les Ennemis pouvoient
remporrer - ,
n'estoient
pas capables de laver ce qu'il
y a de blâmable dans kur-
Cause.
La Reine d'Espagne, qui depuis
qu'elle est à Bayonne n'avoit
point esté voir le Chasteau
neuf de cette Ville, où contr
mande Mr de Framboisiere, s'y
rendit le mois dernier avec toute
sa Cour; & aprés en avoir
visitéà pied toutes les Fortifications,
Sa Majesté alla se promener
dans les Jardins. Mr le Duc
& Me la Duchesse de Gramont
y allerent trouver S. M. avec
une grande suite d'Officiers &
de Dames. Cette Princesse alla
voir aussi laChapellede ce Charteau,
& lors qu'elle en sortit Mr
le Duc de Gramont eu l'honneur
de luy donner la main
pour la conduire à l'Apparrement
qui avoit esté préparé
pour la recevoir, où elle joiia
avec les principales Dames qui
l'accompagnoienr. Le jeu ayant
fini sur les septheuresdu soir,
S. M. vifica tous les Appartemens
du Chasteau.Cette Princesse
à qui Mr le Commandant
avoit fait preparer un grand
souper, se mit à table sur les
huit heures du soir, & ellefut
servieà genoux par ce
Commandant&
par Me son épouse:1
Personne n'eut l'honneur de la
voir souper. Dans la salle qui
est à costé de la chambre où S.
M. mangea, on avoit preparé
1-ir un ambigu magnifique pour
les personnes les plus distinguéfes
qui avoient accompagné
la Reine. Il y eutaussiuneautre
table qui fut servie de la deserte
dela table de la Reine;ainsi
quoiqu'il y eut plus de cent cinquante
personnes, elles furent
toutes regalées; la santé de la
Reine fut buë au bruit d'une
décharge du canon. Cette santé
fut commencée par Mr de
Gibaudiere Lieutenant pour le
Roy des Villes, Chasteaux &
Citadelle de Bayonne. On sortit
de table aprés avoir bû cette
fanté, & l'on dança devant la
Reine qui estoit sortie del'Appartement
où elle avoit soupé
pour prendre le plaisir de ce divertissement
qui dura ijufqu-"'a
onze heures du foir. La Reine
trouva en sortant du Chasteau
toutes les cours & les pont-levis
remplis de pots à feu qui
produisoient un tres- bel effet.
Toute lagarnison du Chasteau
estoit fous les armes, & S. M.
fut saluée ducanonensortant
de ce Chasteau de la même maniere
qu'elle l'avoit esté en entrant,
&au bruit de plus de
cinquante boëttes.On doitremarquer
que Mr le DucdeGramont
s'estant trouvé indisposé,
estoit sorti sur les sept heures -
du soir; tous ceux qui se trouverent
à cette feste, en forcirent
tres-satisfaits. Le lendemain
la Reine envoya chercher
Me de Framboisiere, & lors
qu'elle suc au Palais, S. M. luy
fit present de son portrait enrichi
de diamans. La mere de
cette Dame aeste élevée Dame
d'honneur de la mere de la
Reine.
Il vient d'arriver une chose
remarquable dans l'Eglise du
Prieuré de Subernoa,surnommé
YHoJpital du Parc de Vebobiere,
dont Mr Camou eflr
Prieur. Ce Prieurécft une anexe
de la Paroissed'Urrungue,paysj
des Basques, Dioceze de Ba-I,
yonne;ilest situévis-à
-
vis FEglise
d'Yvun; il n'est fcparé
d'avec: l'Espagne que par la Riviere
de Bidassoa, & il nestéloigné
de l'lsle de la Conférence,
ou des Faisans, que d'une por-j
tée de mousquet, On sçait que _1
le mariage du Roy s'est fait 1
dans cette Isle.| Des Maçons en remuantquelqucs
pierres d'un Tombeau, j
qui selon la tradition est depuis ]
plus de cinq cent ans dans l'E- ]
glise de ce Prieuré; on trouva
dans ce Tombeau un cad1avre"tf
tout entier, & aussi frais que
si il venoit d'expirer. On reconnut
que c'estoit un homme
dont la barbe paroissoit avoir
esté faite depuis quinze jours;
il a la teste rasée,& on le croit
Prestre; il a une écritoire à co fté
de luy & de la bougie doublée
en quatre ou cinq rangs
On voit aussi auprès de ce Cadavre
de plusieurs fortes d'herbes
aussi fraîches que si elles venoient
d' estre cüeillies; il a les
bras croisez; il est - nud dela
ceinture en haut, & lereste de
son corps est envelopé d'une
étoffe; & comme aucun habitant
ne se souvient que l'on ait
mis personne dans ce Tombeau
, il faut que ce cadavre y
foit dés le tem ps qu'il a esté érigé
; ce qui doit faire paroistre
ce fait fort extraordinaire. On
doit remarquer que ce Tombeau
est élevé de maniere,qu'il
auroit esté plusdificile d'y mettre
ce Cadavre que fous une
Tombe; parce que la fraction
auroit esté remarquée.J'accends
le sentiment de ceux que cet
article sera raisonner.
Mr l'Abbé de Polignac,
nouvel Auditeur de Rare, &
qui a eu la place de Mr le CarIlinat
de la Trimoille, a soûtenu
selon laCoûtume, des Thees
de Droit avant que d'entrer
dans l'exercice de la Jurifiidtion
de la Rote. L'Assemblée
estoit composée de tout ce
qu'il y a de plus illustre & de
plusqualifié à la Cour de Rome.
On ycompra plus de dix-
1
uit Cardinaux, un grand nemre
d'Archevêques ou Evêques.
Dn remarquaaussique presque.
ous ceux qui sont dans la Preature
&qui setrouvoient alors
Rome, y assisterent, & toute
Aifeiiiblée convint que les esrits
du premier ordre se dit
ringuent en tout, & qu'ils font
les actions communes, d'une
maniere particuliere, & quin'a
rien de commun. Mr l'Abbé
de Polignac commença cette
action en donnant des marques
deson éloquence dans une
Haranguelatine qu'il prononça
sur l'excellence duDroit; il
fit voir que les Loix sont un*
frein necessaire & tres -
utile
pour arrester la cupidité des
Grands, & qu'elles fervent à
tirer les malheureux de l'infortune
& de l'oppression. Cette
divisiontirée de l'esprit même
de la Lay) fut tres-applaudie
& trcs- bien soûcenuë. La peinture
que Mr l'Abbé de Polignac
fit de l'estat où se trouveroit
le monde sans le secours
des Loix, fut tres -touchante.
Ce qu'il dit sur les plus fameux.
Jurisconsultes, & sur les divers
Livres du Droit, fut tres-recherché.
Enfin toute l'Auemblée
avoüa que l'ancienne Ra.
me dans le temps de ses plus
fameux Orateurs n'auroit pas
desavoüé le style pur,natur.Lel,
& majestueux de ce Discours.
Plusieurs personnes distinguées
par leur naissance &: par leur
merite, argumenterent contre
Mr l'Abbé de Polignac, qui
fit remarquer dans ses réponses
autant d'érudition qu'il venoit
de faire voir d'éloquence dans
sa Harangue
,
& il reçut àla
fin de l'avion des comptimens
de toutes les personnes les plus
qualifiées qui s'y trouverent,
chacuns'estantempresse de luy
donner des marques du plaisir
qu'il avoir eu de l'entendre.
Personne n'ignore que Mr
l'Abbé de Polignac a refpricJ
fort cultivé & qu'il ne l'a pas
feulement rempli de ce qu'il y
-
a de sec & d'épineux dans les
Sciences; mais qu'il l'a aulTmrné
ne & embelli de tout ce qu'il
y a de gracieux dans les belles
Lettres. Son Poëme latin en six
Livres contre Lucrece
,
& dont
on nous fait bien-tost esperer
l'impression
, en est une preuve.
MrCrispi,nouvel Auditeur
de Rote pour la Ville de Ferrare
, a aussi soûtenu des Theses
de Droit Canon,pour entrer
en possessiondecette Charge,
& dixsept Cardinaux y assisterent,
accompagnez d'un grand
nombre d'Evêques & de pludseieurs
personnes de distinction la Prelature Romaine. Ce
nouvel Auditeur de Rote se fit
admirer par la solidité de ses
réponses, & par la vivacité
avec laquelle il resolut les plus
grandes difficultez qu'on luy 6e.
On le poussa beaucoup sur cette
Maxime des Canonistes :
Spoliatus ante omniarestituendus.
Cette regle si celebre dans le
DroitCanonique futattaquée
de toutes manieres, & ceIu)
qui la soûtenoit pouffé dans
tous ses retranchemens. On argumenta
ensuite sur le Digestes
sur leCode, sur les Novelles
& sur le Sexte. On diCputaaulI)
beaucoup sur les Decretales

<
& onvoulut prouver que celles
qui font plus anciennes que le
Pontificat du Pape Sirice, ne
font point apocryphes, comme
la pluspart des Critiques
prétendent. En parlant de la
Decretale Vnam Sanctam du
Pape Boniface VIII on luy
opposacelle de Clement V. son
Successeur. On parla fort de la
Constitution duPapeClement
III. sur le Mariage; on en attaqua
les consequences, & on
brilla beaucoup sur cette question
particuliere. Les Decretales
des Papes Sixte V. & Clement
VIII. furent opposées
l'une à l'autre , & on examina
à laquelle il falloit s'arrester aq
sujet des éditions de la Bible,
qui furent faites fous leurs Pontificats:
les Papes Innocent III,
& Adrien V I. furent fouvcni
citez avec éloge; & on fit beaucoup
valoir leur autorité.
MrCavallerini, petitneveu
du Cardinal de ce nom , q
estoit Nonce en France eii
1696. disputa avec beaucou1
de force & de solidité, & reçuï
de grands
applaudissemens
Deux jeunes Anglois ; fçJ
voir, l'un le Chevalier Pe
kins, <k l'autre le BaronM
Fenwick, difputercnt après Mr
Cavallerini. Ils descendent du
Chevalier Perkins & du Lord
Fenwick,qui signalerent leur
fidelité pour le Roy Jacques II.
dans le temps de la révolution
d' Anglererre. Le jeune Barklay
qu'on éleve à la Cour de Rome,&
qui est neveu du fameux
Chevalier Georges Barklay, un
des Officiers des Gardes du
même Prince,&qui lui donna
des preuves si fortes de son attachement
& de sa fidelité,
argumenta ensuite
*,
& ne fut
pas moins admiré que les autres.
Mrs Dallevat, Hayes, &
Crone, argumenterent sur la
fin de l'action, & firent chacun
un compliment tres- fleuri au
nouvel Auditeur
,
dans lequel
les loüanges d'une partie du
SacréCollege entrerent fort
naturellement. Le neveu du
Docteur Parterfon qui estoit
Archevêque de Glascow en
Ecosse, il y a prés de vingt ans
finit cet acte par une difficulté
qu'il proposa sur une Bulle de
Jean XXII. & par un tresbeau
compliment qu'il fit au
Soûtenant. Tous les Auditeurs
de la Rote
,
Confreres de Mr
Crispi se trouverent à cette
Ceremonie, dont ils firent les
honneurs. Le Pape que l'on informa
du succés qu'avoit eu le
nouvel Auditeur de Ferrare,
l'enfelicita dans la premiere
Audience qu'il lui donna, & lui
dit qu'onpouvoittoutesperer d'un
Prelatqui sçavoit dans un ave si
peu avancé
, tous les Principes de
la Jurisprudence Civile & Camonique.
Mr Jean Charles Krollius a
soûtenu une These dans 1 Université
de Vittemberçr sur la
verité de l'apparition d'une
Croix brillante dans le Ciel
,
apperçuë par legrand Constantin,
avec-une inscription qui
luypromettoit la victoire contre
le tyran Maxence, qu'il
alloit combattre. Thomasius,
Huber, Arnold, Tollius, &
plusieurs autres Critiques, ont
combattu la verité de ce prodige.
Mr Vossius a entrepris
d' en établir lacertitude sur des
preuves incontestables dans la
These que vient de soûtenir
Mr Krollius, &il a ensuiteréduit
cette These dans une Disc
sertation qu'il a renduë publique.
Mr Vossiusfait donc voir
contre ces Critiques que quoy
qu'Eusebe n'ait point parlé de
ce prodige dans ion Hiitoire
Ecclesiastique, on n'est pas en
droit d'en conclurre que ce qu'il
en dit dans la vie de Constantin
ne soit pas digne de nostre
croyance. Qu'il suffit que le
chiffre XP. qu'on remarqua
dans cette Croix, 6c ensuite
sur les Drapeaux Romains,
puisse estre pris pour le nom
de ChriPc) & qu'il le signifie
assez naturellement, quoy qu'-
on prétende qu'il convienne à
d'autres noms qu'à celuy de
Jesus-Christ ; qu'on ne sçauroit
prouver que ce chiffre
estoit sur les Drapeaux Romains
avant Constantin le
Grande & que quand on le
prouveroit, il en faudroit seulement
conclurre qu'avant
Constantin, il designoit quelqu'autrenom
, & que depuis
le prodige de l'apparition de la
Croix, il ne fignlfil plus que le
nom de Jesus Christ ; que la
diversité qu'on remarque dans
le langage de Sozomene, Philostorgius,
Zonaras, & Nicephore,
Auteurs plus nouveaux
quEufcbe
, prouve seulement
que ces Historiens ont ajoûté
quelques circonstances à la narration
d'Eusebe,& qu'elle ne
doit point affoiblir l'autorité
d'un Historien contemporain ;
& enfin contre l'objection où
l'on dit que si toute ïArmée
avoit njH le Prodige
,
il estoit
inutile que Constantin le Grand
l'assurast avec ferment. Mr Volsius
répond que beaucoup
d'années se sont écoulées, &
que nul de ceux qui avoient
accompagné l'Empereur à la
guerre contre Maxence
,
n'étant
peut-estre pas auprès de
luy, lorsqu'il instruisit Eusebe
de cet événementmemorable,
le serment n'estoit pas inutile
pour mettre hors des atteintes
de la critique un fait si favorable
à la Religion des Chrestiens.
MrFabricius, Professeur de
Hambourg, dont les intentions
nesont pas sans doute si droites
que celles deMr Volsius, a
publié dans le même temps une
Dissertation, où sans combattre
entierement le prodige, il
le réduit à l'ordre des choses
naturelles, & le rend ainsi Inutile
à la Religion Chrestienne.
Il prétend que la Croix que
Constantin vit dans le Ciél au
moment qu'il alloit combattre
Maxence, n'estoit qu'un Phenomene
naturel; je veux dire
81 Halo ou Parelic
,
& que ce
Prince qui apparemment sçavoir
peu les regles de l'Astromie,
regarda comme une chose
miraculeuse un fait qui
n'avoit rien d'extraordinaire.
L'inscription de la Croix, qu'-
on ne sçauroit appeller un Phenomene
naturel, embarasse un
- peu Mr Fabricius,& il estré-
- duit à soûtenir contre la foy
de tous les Historiens qui par-
»
lent de ce prodige, que Constantin
ne vit aucune inscription
dans le Ciel, qu'il ne vit qu'une
Croix brillante & uneCouronne
de lumiereau-dessus de la
Croix, qui estoitun signedela
victoire. Il prétend cirerce sens
forcé du texte d'Eusebe, mais
peu aprésilestobligéd'avoüer
que les monumens anciens qui
ont representéce prodige, contiennent
tous l'Inscription Greque
qu'on trouve dans l'Historien
Eusebe. Enfin l'apparition
de Jesus-Christ, qui la
nuit suivante ordonna en fonge
à Eusebe de faire de ce signe
l'Etendant Impérial
,
peut-elle
laisser aucun lieu de douter que
*la vision de la Croix
,
estoit njiraculeuse
& hors des regles de
la nature.
MrDolincan connu dansla
République des Lettres par la
culture qu'il a donnée à son esprit
&par le plaisir qu'il s'est fait
de traiter des sujets singuliers,
vient de publier un Traité des
Eunuques où il en fait voir de
différentes especes, avec le rang
qu'ils ont tenu & le cas qu'on
en a fait dans tous les temps &
dans les differens Empires du
monde. Cet ouvrage cil dedié
-
à Mr Bayle qui vivoit encore
lorsqu''il a elle composé;il luy
rend compte dans son Epitre
dedicatoire des raisons qui l'ont
engagé à traiter ce sujet; le se-

jour que plusieurs Eunuques
Italiens faisoient dans le lieu de
la residence de Mr Dolincan,
& la distinction. dans laquelle
ils y vivoient, sont le principal
motifqui l'a fait écrire sur cette
matiere; ils estoienttous Musiciens,
& avec le secours de leur
voix ils se mirent bien des chimeres
dans la teste par raporc
au beau sexe ; leurs projets ne
reüssirent pas, continuë l'Auteur
, les Dames ne furent pas
éblouïes par ce faux éclat; il y
en eut cependant une qui écouta
les propositions de mariage
que lui fit un de ces Chanteurs.
Un parent de cette Dame engageal'Auteur
à metre par écrit
ce qu'il pensoit sur cette alliance,
afin de pouvoir à l'aide de
sesraisonnemens détourner la
Dame d'un pareil engagement.
Dans cet ouvrage, auquel cette
avanture a donné lieu, & qui
estdivisé en trois parties, Mr
Dolincan parled'abord de l'origine
des Eunuques, &il leur
donne une antiquité si reculée,
qu'elle devient presque imperceptible
; il prouve dans la 117.
lettre de saint Basile de la traduction
de M'c Jean-Baptiste
MorvanAbbé de Bellegarde,
la définition qu'il donne des Eunuques.
Il auroit pû la prouver
d'une maniere encore plus seure
dans l'original Grec de ce Pere
de t'Egtiie; il developpe ensuite
les raisons que les Anciens
avoient euës de se servir de ces
fortes de gens, &ilexpliquela
maniere dont on faisoit cette
operation douloureuse; il dit
ensuite qu'il y avoir quatre sortes
d'Eunuques, dont étoient
ceux qui portaient seulement
ce nom, parceque leurs charges
qui avoient esté remplies
par des Eunuques du nombre
desquels estoit Putifar Eunuque
de Pharaon, & dont la femme
eut une si violente passion pour
Joseph. Il finit sa premiere partie
par un detail des Loix faites
contre les Eunuques. Dans la
seconde il soûtient que le mariage
est interdit aux Eunuques.,
- & il raporte sur ce sujet l'autorité
& les Loix de toutes les
Nations; il trouve un exemple
des inconveniens que de tels
mariages peuvent produire
dans Eusebia, jeune Princesse
qui épousa l'Empereur Constantius,
qu'une fuite d'infirmitez
avoit presque misdans le
trisse estat des Eunuques. Ce
mariage ne fut pas heureu
,
1
Princesse tomba dans une tristeflTe
que rien ne put dissiper :
sa grande jeunesse la sir resister
quelque temps, mais comme
une fleur qu'une trop vive ardeur
séche, la Princesse tomba
dans une fiévre éthique&mourut.
Dans la troisiéme preuve
de la premiere partie, Mr Dolincan
fait voir que les Loix des
Catholiques, des Calvinistes,
& des Lutheriens
,
& enfin de
tous les Protestans,déclarent
nuls ces fortes de mariages.
Dans la communion Lutherienne
on trouve un exemple
qui raie voir de la variation
dans la doctrine des Sectaires.
Un Eunuque Italien, Chambellan
de l'Electeur de Saxe,
épousa une jeune fille qui n'ignoroit
pas son estat non plus
que ses parens, qui ne s'opposerent
pas à ce mariage, qui fit
ensuite du bruit. L'Electeur
consulta les Theologiens qui
se partagerent sur ce sujet, &:
dans - cette incertitude l'Electeur
soudainement inspiré -,
prononça sur-la validité du mai-
iacyenimais Mr Dolincantraite
cette décision de FEtectcur de
subreptice& d'incompetente.
Les réponses qu'on peut faire
à six des principales objections
en faveur des Eunuques, contre
la rigueurdes Loix Civiles
& Ecclesiastiques, font le fonds
de la troisiéme partie de l'ouvrage
de Mr Dolincan. Il détruit
avec soliditélaforce specieuse
de ces objections, & il
ferme la bouche à ses Adversaires.
Je crois que la Relation que
je vous envoye vous paroîtra
curieuse. Je vous parlay il y a
quelques mois de ce qui enfait
le sujet; mais si succinctement,
que tout ce que vous allez
lire n'aura rien que de nouveau
pour vous. Je ne change
rien aux termes dans lesquels
cette Relation a esté envoyée.
Ainsi vous la devez regarder
comme une chose originale.
Du Fort Royal de la Martinique,
le 2e Fevrier 1708.
le--vous envoye laRelation d'un
Voyage quej'ayfaitchez les Caraïbes
de saint Vincent, à 30. ou
*3 J.IÚuë's de la Martinique avec
MrCoullet, Chevalier de saint
Loüis,y & Major pour le Roy en
Mte Isle.Ily a mené avec luy
dix personnes en qualité de Gentilshommes
dontj'estoisdu nombre.
Ce Voyage a estécausépar lesavis
que nous avons reçus que ces Caraïbes
estoient 1fociez avec les Anglois
pourfaire une descente dans
cette Isle
, ce que l'on craint beau*
coup avecjuste raison ; car ces Sau.,
vages viennent la nuit à terre aux (y endroits de ¡'¡fie les plus écartez,
Óo.J coulent leurs Pirogues bas,&
dans le tteemmpps).qquu'oonnnryiyjôsnogng.eeppaass
ils envoyent desfleches, dont L'orsqu'on
en estfrappé par malheurs il
riyaaucane esperanced'en rechaper,
Pour éviter de pareilles avantures,
M< de MachaultGeneralde
tlJU
l/jle ordonnaàMrleMajordy
allerpour les detourner de leurmauvais
dessein,&leurfairedespresens
qu'ils aiment beaucoup. Mr
Coulletayant reçu ses ordres le 7.
Novembre1707. pourprend/s
telBastimentqu'iljugeroit àpropos
pour son voyage ,
alla ci),,7
Mrl'Intendant oùJ'e
gnay ,pourluydemander les chefs
necessaires pour faire les pnfns.
Mr l'Intendant laissa ces achapts
a*fa prudence, & l'on travailla
*
à les emballer.Il arriva le 26. du
même mois à la rade d,'; Fortfunt
Pierre uneFregate desaintMalo
nommée le Marquis d'O, commandée
par le sieur de la Ville-
Josselin qui alloit à Carthagene.
Leditsieur Major, pour éviter les
frais engagea ledit Capitaine de
nous porter à saint Vincent avec
nos domestiques; étant convenus
avecluy,nousfîmessur lechamp
embarquer nos Hardes,Bagages
& Marchandises, croyant faire
route le mêmesoir; maisl'arrivée
JI: Mr du Casse qui commandoit
8. Navires du Roypourallerchercher
les Gallions
,
retarda nostre
depart de deuxjours.
Le 2p. nous mîmes à la voile
& nousfîmes route à saint Vin-
CENT;OHnous arrivâmes le 30. au
soiràminuità3.liëuessous le vent,
Mr le Major donna ordre au Capitaine
de mettre sa Chaloupe &
son Canot à la mer; il nousy fit
embarquer avec toutson Equipaggee,,&&
nnoouussararrivriâvmâmeesssaàteterrrreeaavveecc
beaucoup de peine, la mer étantsi
rude que nous fûmessur le point
deperir. Ilparut unegrandetroupe
de Sauvages sur lesable, c-Mr
le Majorfe jetta en merpour leur
aller parler. Ils sirent d'abord de
grands cris de joye en disant, c'est
le Compere ,) le mot de compere
cheeeuxveut dire amy;)il faut
sauvertout ce qu'ila,ce quifut
fait sur le champ. Le tout érant
hors de danger, il renvoya la Chaloupe&
le canot àson bord, aprés
quoy nous gardâmes nos Equipages
& nos Marchandisesjusqu'à
ce qu'ileutestéau Carbetdu Capitaine
à Boc-Pyaie;c'est le lieu
où ils s'assemblentpour déliberer
surleurs entreprises.(Pyaie est celuy
d'entre eux quise mêle de prophetiser
ce qui leur doit arriver,
& qui aprés avoir plusieurs fois
tourné une Calbafe quiestpenduë
dans leur Carbet qu'ils nomment
saint Mesmin
,
il dit cequ'il luy
vient dans la pensée, & ilssont
asseezsimplespourle croire.)Ce Cx*
pitaine envoya sur le champ des
Sauvages pour aporter tout nostre
Bagage audit Carbet, ce qui nous
fit bien du plaisir à cause que nous
avions grandfroid, les nuits dans
les Antilles étanttres-fraîches,&
surtout danscettesaison;maispar
lesecours de quelques coups d'eau
de vienousfûmes bien-tôt réchaufez.
Nous pendîmes dans le Carbet
tous nos Amac.ï) (cesont les lits
dans lesquels on couche aux Isles,
& que l'onpendauplanc/Jct) mais
à peine eûmes-nous deux heures de
temps pour nous rcpoffy le jour
étantprêt àIl lorsque nous
nous couchâmes.
Le premier de Decembre Mr le
Major envoya des Sauvagesfaire
le tour de l'ijk afin d'avertir les
Capitaines de chaque Carbet dese
rendre avec les plus anciens pour
y recevoir les presens que le Compere
Coullet avoit à leurfaire de
la part deson grand Roy. J'avois
grandfoin d'écrire tous leurs noms àmesure qu'ils arrivoient,&Mr
le Majorceluy de lesentretenir&
de les bien faire boire & manger.
Il ordonna le 4e jour, que l'on cessast
de leur donner de l'eau de vie ,
ce qui surprit les Caraïbes & les
Megres. (Ces Megressefont habituez
dans cette Isle par la perte
d'un Navire qui venoit de Guinéej
& quionttantpeuplé,qu'il
jy aprésentement beaucoup plus de
Nègres que deCaraïbes. )Quatre
Caraïbes & autant de Nègres des
ChefsjJe détacherent des autres
pour venir trouver Mr le Adajor^
&%y faire des plaintes sur ce
qu'il.avoit defjinduqu'on leur
donnafl à boire. Illeur rhonht,
qu'il les vouloit assembler tous
pour leur parler, &ils se trouvèrent
au nombre de cinquante- 1 sept Capitaines tant Caraïbes que
Nevres dans le Carbft.Adr le
Major,quipar la longue habirudequ'il
aeuë ave: eux, & qui
fiachant mieux quepersonnes'insinuer
dans leur efyrlt, se deshabilla
Jsi mittout nud comme eux,
&sefit rocoüer. ( Les Caraïbes
ont pour maxime de se peindre
tO."J)" les matins le corps avec du
Rocour, qui est unepeinture rouge
qui fcnt fort mauvais quand elle
c[} nouvelle. Elle est tirée d'un arbre
qui croist dans les Antilles,
CT iII: cfi enfermée dans descoques
qui piquent comme celles d'un maron
d'Inde. )Mrle Mayor,pourJe
faire rocoü r ,
fie fit peindre tout le
corps par la main de la plus belle
Caraïbesse. C'estchezeuxla couturne)
cr la marque la plus sensible
par où l'on peut leur faire
connoistre que l'on ne méprise pas
leurs manieres
,
dont ils font fort
amatturs. En (jfet on a toujours
remarqué que c'est le véritable
moyen de se les attirer. Dans ce
risible estat il alla embrasser tous
les Sauvages & les Negres qui
estoient dans l'Assemblée
,
après
quoy il leur adressa le Discours
suivant.
Mes Compères, Mr de Machaut
General de la Martinique,
m'a envoyé vers vous
pour vous parcager également
les presens qu'il veut vous faire,
& qui vous feront délivrez demain
matin avant l'eau de vie.
fAce
mot de Presens
,
ilspousserent
degrands cris de joye , en élevant
leurs mains par dessus leur
tesse,pourmarquer leurreconnois
sance, -& l'on auroit plutost pris
ces crispour deshurlemens de loups,
que pour des marques de remerciemens.
Mes Comperes
,
continua-
t-il,je fuis informé que
les Anglois viennent en cette
Isle plurost pour vous tromper
que pour vous estre fidelles,
& qu'il y en a dans la Compagnie
qui leur fournirent des
bois pour la construction de
leurs Moulins à sucre;v'ue d'ailleurs
plusieurs de vous autres
ont envoye leurs enfans à la
æarbade, (7 que actuellement
IWOUS y en avez encore quatre.
3Et en se retournant vers les Capitaines
Negres, il leur dit qu'ils
V en avoient aussi envoyez:
ityuis s'adressant au vieux Abel-
Pyaie
,
il luydit,c'est toy , mon
Compere
,
qui montre les ar- bres aux Anglois; & comme esttoy
,
il faut pour reparer tafaute que tu mettes le feu à
tous les bois qu'ils ont travaillez.
Toute ['AjJèrnb/ée conclut
pqtiilJaUoit luy accordersa dtmanhde
, &sur le champ le Capitaine
^jibelj mit lefeu,&brûla pour
plus de dix mille livres de bois
que les Anglois avoient travaille
tant pour faire des Rouleaux de
Moulins, quepour bâtir. Mrle
Majorleurpersuada quepourconserver
l'amitié des François il en
falloit tuer un ou deux à coups de
flèches, &faire boucanerune de -
leurs mains&la porter à la Martinique.
( LesSauvages ne mangent
point de viandequ'ils ne
l'ayent exposée à la fumée pendant
quelques jours
.)
comme nous
saisons en Europe nos Jambons,
& ils appellent cela Boucaner.)
Il ajoûta qu'il ne falloit pas absolumentsouffrir
qu'ils misent le
\oied dans leur Jjle3 &il leur defenditaussid'en
tuer plus quand
mêmeils en seroient les Maistres;
mais bien de les luy amener vi-
.'3)ans ,
leur promettant de les réssvmpenfer.
Ils le luy promirent
,aout d'une voix
, & l'assurerent
qu'ils luy tiendroient parole
, &
ils demandèrent qu'on leur renvoyajt
deux Sauvages qu'on revenoit
depuis long-temps Esclaves
la Martinique. Mr le Major
oeuf en donnasa parole
3-& il la
tintaussitojlaprès son retour. Ils
nus dirent aussi qu'à la chûte de
a Lune (cest leur maniéré de
marquer les temps) ils dévoient
partir avec douze de leurs Pirogues
pour executer avec les Anglois,
l'entreprise qu'ils avoient,
concertée ensemble, qui
estoit
d'aller faire une descenteala
Grenade, pour y tuer & InaCsacrer
tout ce qui se rencontreroit,
& ensuite venir à la
Martinique, pour y faire la
même chose.MrleMajoxleur,
persuada qu'ilfalloit étouffercela.
&il leur dit que les François d
la Grenade estoient gens à rou
oublier, aussi bien que ceux d
la Martinique ; ilsyconsentirent
&ils promirent de ne rien entre
prendre contreux. Mr le Majo
lesvoyant dans ces bonssentimens,
leur demanda des Otagespour les
engager à tenir leurs promeses, à
condition qu'il les feroit brûler
tout vifs s'ils manquoient de parole.
Il conseilla aux Caraïbes de
faire avertir de tout ce qu'ils rvenoient
de conclure, les braves Comperes
Negres
,
afin de leur prêter.
secours contre les Anglois
,
lorsqu'ils
viendroientles chercherpour
faire l'expédition de la Grenade
& de la Martinique. Un des
lVe,gres prit à l'instant la parole
pour tous, & dit que lorsquils
feroient avertis ilsnemanqueroient
pas de venir bien armez
leur donner tout le secours possible,
& qu'eux seul's suffiroient
pour prendre leuisChaloupes
sans que les Caraïbes y missènt
feulement les mains, d'aurant
qu'ilsn'estoient que des HACQUINS.
( Hacquins veut dire en
leur langage, Lâches,Faîneans,
Avaricieux,&cesi la plusgrande
injurequ'on leurpuisse dire.)Les
Caraïbes entendant cela n'oserent
répandre, attendu qu'ils craignent
beaucoup les Megrès,quifontenviron
douze contre un Caraïbe. -
Pendant ce Discours il arriva
trois a quatre cens Negreffes
,
chargées
comme des MuletsdeCaflà*
VC, &de Bananes; ( La Cassave
est une espece de galette qu'ils
font avec de la racine de Mayoc , qu'ils cultivent très-soigneusement3
& qui leur tient lieu de
pain
, & la Banane est un fruit
long comme un grand concombre,
& àpeu prés delàmêmegrosseur)
fcdfïemblée eslans finie, Mr le
Major ordonna que l'on mist un
Baril d'Eau
-
de-vie dans leur
grande Jarre ( une farre est un
grand Vase de terre propre àfaire
le Ouycoiis, qui est une liqueur
composée de Cassave avec de l'eau
&plusieurs ingrediensqu'ils lais
fent aigrir; cette liqueur enyvrc
beaucoup,) ils burent tous de cette
Eau-de vie,epltifieurss'enivrerent,
& la nuit ilsse battirent à
coups de couteaux & à coups de
flèches; ily en eut beaucoup de
tuez & plusieurs blejJèz:l du
nombredesquelsfut le Capitaine
Madé,quireçut un coup deflèche
au travers des deux cuijjes*
Le lendemain Mr le Major fit
assembler les Capitaines&tous les
Chefs, & lesfitappellera lourde
rolle,pourleur donnerachacun un
Chapeau, deux haches, deuxferpes,
dixgrosgrains de cristal, deux
Rasoirs, deux Calbassesd'Eau de
vie
, quatre aulnes de Rubans,
troisaulnes de to1les- & deux livres
de poudre à tirer: ilsfurent
tous si contens que leur joye alla
au delà de tout ce que l'on peut
s'imaginer. Aprés que cette distribution
eut estéfaite
,
Mr le Major
apercevant le saint Mesmin
qui étoit pendu au dessus de sa rête
( c'est une Calebasse remplie de
petites pierres comme les jouets des
petits enfans) ilse mit en devoir
de lefaire tourner comme le Pyaie;
maisils luy dirent, Compere va
pas toucher là; car Maboya y
emporteroit toy ,
à quoy il leur
répondit qu'il étoit bon Pyaie,
& que sitôt qu'ill'auroit fait
tourner trois fois, il fcroit venir
Maboya (MABOYA veutdire
le Diable) ayant entendu cela,
pour ne point faire trouver Mr
le Major menteur, je sortis du
Carbet,& ayant remarquéqu'il
y avoit derriere un grandCassier
qui portaitJes branchessur la couverture
qui étoit trouée en plusieurs
endroits) je montay par le
moyen de cet arbre sur la couverture;
je me plaçay directement au
dessus de la tête du Pyaie Caraïbe,
& quandje vis que Mr le Major
tournoit pour la troisiéme fois
lesaint Adesmin,jelaiffay tomber
mon Cargoujjier dans lequel ily
avoit16. Cargonflesavec les balles
sur la tête du Pyaie que je luy
caffay, ce que voyant les Caraïbes,
ils prirent tous la suite, en criant
que le Compere Coullet étoit bon
Pyaie. Ils crurent tous que c'étoit
effectivement Maboya qui étoit
tombesurleurPyaley çjr afinqu'ils
en sufent mieux persuadez, je
pris le temps de leur suite pour
descendre en bas sans qu'ils me
('viffi,nt; leur terreurpanique étant
passéeils revinrent nous faireres-
*
souvenir que les Anglois devaient
revenir avec deux Navires au
plein de la lune pour emporter les
bois qu'ils n'avoient pu emporter
le premier voyage, & que nous
avions fait brûler, ~& leurramener
4. Caraïbes avec les Negres
qu'ils avoient à la Barbade, ce qui
nousfitrefondre d'envoyerun ordre
par un exprés au Maistre d'une
Barque qui étoit à 7lieuës de nous,
(yquifaifoitsa charge deRocheà
Chaux
,
de nous venir trouver, ce
qu'elle ne pûtfairequ'au bout de
3.jours. Dés qu'elle futmouillée
nous nousembarquâmes avec nôtre
Bagage; & nous sismes route
pour la Martinique
,
où nous arrivâmes
le 10. Decembre à 9. heures
du matin. TlBERGE.
Mr N. de Monthelon (ou
Montholon) Abbé regulier de
faine Sulpice, dans le Diocese
du Belley & de l'OrdreCîteaux,
est mort dans son Abbaye dans
un âge fort avancé. Il étoit frere
aîné de Mr de Monthelon,
mort Premier President du Parlement
de Roüen;il avoit un -
autre frere qui se noya en Bugey
il y a plusieurs années, &
qui avoir beaucoup de merite,
& une soeur morte Religieuse
dans l'Abbaye de Bonsà Belley,
qui dépend de celle de saint
Sulpice. Mrl'Abbé de saint Sulpice
étoit fort estimé de tous
ceux qui le connoissoient. La
régularité de sa conduite,, &des
augmentations qu'il a -, faites
dans son Abbaye, & qu'il a
renduë par là une des plus considerablesde
l'Ordre, rendront
sa mémoire chere à ses successeurs.
Cet Abbé vivoit d'une
maniere fort noble; il étoit
Seigneur de Machura qui dépend
de saint Sulpice. Il y a des
vins très -
délicats dans cette
Contrée,& qui font fort recherchez
par lesEtrangers.
Nicolas de Monthelon fùt
Avocat général du Parlement
de D,jonJ & François 1. son
fils sur Président au Parlement
de
de Paris, & Garde des Sceaux
de France dans le pénultième
Siècle. Etienne de Montholon
son ayeul, & pere de Nicolas
avoit épousé Marie de Gannay,
soeur de Jean, Chancelier de
France, & de Germain, Evêque
de Cahors
, & ensuite d'Orleans
; & ce Prélat qui aimoit
beaucoup son petit - neveu le
tira de Bourgogne, dont cette
Famille cil: originaire d'une
Maison appellée Monthelon,
& qui luy a donné son nom;
& illuy conseilla de s'attacher
au Parlement de Paris, où son
mérite & sa. probité le firent
beaucoup considerer; il commença
à exercer la profession
d'Avocat,& dans les années
1 jn. & 1523. il eut la generosité
de se charger de la cause
de Charles de Bourbon,
Connêtable de France, contre
LoüisedeSavoye, mere du Roy
François. I. Ce Monarque qui
se trouva incognito à ce Plaidoyé,
fut si touché de l'éloquence
& du mérite de Mr de
Monthelon, que quoiqu'il eut
soûtenu des interests contraires
à ceux de la Duchesse sa mere
,
il le fit Avocatgénéral du
Parlement de Paris, & il lcleva
ensuite aux autres Dignitez
dont je viens de parler. François
II. du nom son fils, & Seigneur
d' Aubervilliersaprès son
pere, ayant esté longtemps simple
Avocat, futélevé par Henry
III. à laDignitéde Garde des
Sceaux; & après la mort de ce
Prince il les remit au Cardinal
de Vendôme en 1569. & il
mourut à Tours l'année suivante.
Avant ceux dont je viens de
parler, Jean de Monthelon,
Docteur de Sorbonne sur Secrétaire
d'Etat de Philippe le
Hardy, & de Jean sansPeur
Ducs de Bourgogne. Les Historiens
l'ontfort celebré. Charles
de Monthelon Chevalier de
Malthe se signala pour le fer-
,
vice de son Ordre, fous le
Grand-Maître d'Aubusson son
oncle maternel. Henry Pantaleon,
dans son Histoire des
Chevaliers de l'Ordre de faine
Jean de Jerusalem, parle tresavantageusement
de Charles
de Monthelon, & iln'est pas le
seul qui dise qu'il contribua
beaucoup à faire lever le Siège
que Mahomet II. mit devant
Rhodes en 1480Jean de Mon.
thelon, Docteur en Droit&
Chanoine régulier de saint Victor
de Paris estoitfils de François
I. Garde des Sceaux; ilfut
l'Auteur du Promptuarium, ou
Breviarium divini Juris
, ~7*
utriusque humani que Henry
Erienne imprimaen 1 52.0: en
deux volumes. Pierre de Monthelon,
Docteur & Professeur
de Sorbonne, Chanoine de
Laon & mort en 1596. fut fort
celebré par sa Doctrine.Jacques
de Monthelon, fameux
Avocat a donné un excellent
Recüeld'arrests; ilmourut en
1622.. François de Monthelon,
Conseiller derat des Rois
Henry III. HenryIV.& Louis
XIII. mourut en 1616. après
avoir fondé la maison des Peres
de l'Oratoire à nostre Dame
des Vertus.On prétend qu'il
y a eu un Guillaume de Monthelon
Cardinal fous Clement
VI. mais je n'ose l'assurer
,
les
preuves n'en estant pas bien certaines,
& d'ailleurs cette Maison
ayant esté remplie de tant
d'Honneurs & de Dignitez
qu'ellen'a pas besoin pour
estreillustrée de Fictions ou
de Faits douteux; je dois seulement
faire remarquer qu'elle
s'est longtemps distinguéedans
la profession des Armes, avant
de prendre le party dela Robe,
&qu'outre la branche de Monthelon
d'Aubervilliers,dont feu
Mr le premier Président de
Rouen estoit Chef;il yen a encore
une dont est ChefMre Mathieu
de Monthelon Conseiller
au Chârelet, pere de M1 de Monthelon
Conseiller au grand
Conseil.Cettebranche se forma
en la perlonne de Jerôme de
Monrhelon, Srde Perrousseaux
Conseiller au Parlement
, 2.
t:
fils deFrançois I. de ce nom, Garde des Sceaux, & ensuite-
Conseiller d'Etat, & Intendant
de Justice à Orléans. Il mourût
en1618. & laissa de Madelaine
de Bragelogne Guillaume dont
je vais o parler. Jerôme Maître
d'Hostelordinaire de la Reine
Marie de Medicis, pere d'un
Conseiller de la Cour des Aides
de Rouen. & Madeleine,
femme de Denis Palluau,d'où
est venu feu Mr de Palluau ,
mort Doyen du Parlement ,&
pere de feu Mrle Marquis de
Palluau
,
Maréchal de Camp.
Guillaume qui estoit l'aîné fut
Conseiller au Parlement, &
pere de Jerosme Maistre des
Comptes, quialaisse posterité,
& de Guillaume Substitut de
Mr le Procureur General, qui
a aussilaissé posterité.
1
Feu Mr le premier Presîdent
de Rouen a laisse des enfans de
Marie- Anne de laGuillaumie,
morteen 1694. Ravoir Charles
François de Monthelon 2..
du nom ,
qui fait ses exercices
à l' Acadenlie, & quatre filles,
dont trois sont Religieuses. Ce
Magistrat avoit épousé en sécondes
noces en 1700. Marie-
Madeleine de Canonville, Dame
de Grosmesnil
, veuve de
de Mr le Baron d'Esneval,Vi-,
dame de Normandie, Ambasfadeur
en Portugal & ensuite
en Pologne. Cette Dame eil:
petite-fille d'Anne-Françoise
de LOlllenic, seconde femme
de Mr le Chancelier Boucherat.
Feu Mr de Monthelon fut
reçu Conseiller au Grand Conseil
en 1679. & premier President
de Rouen en 1691. Il
estmorten 1703. Ilestoitfils
de même que Mr 1 Abbé de S.
Sulpice,de François de Monthelon
3. du nom ,
qui après
avoir exercé pendant vingtsept
ans la Profession d'Avocat
avec beaucoup d'honneur,
fut honoré du Brevct de Conseiller
d'Etat en 1645:& de
Dame Marie Lannier. Ce François
estoit fils de Jean aussi
Conseiller d'Etat, & petit-fils
du sécond Garde des Sceaux de
Dcetce Maison, & de Geneviéve
Chartier
,
d'une famille qui
subsiste encore à Paris, en la
personne d'un fameux Avocat
de ce nom.
L'Abbaye de Saint Sulplce
aesté fondée par Ame II. du
: nom & premier Comte de Sa.
voye, Seigneur de Bugey, qui
avoit fait voeu de fonder une
Abbaye dans ses Etats pour
avoir lignée. Ensuite de ce voeu
I
il eut un fils appelle Humbert;
mais ce jeune Prince étant tom-
, bé malade, & Amécraignant
de le perdre faute d'avoir accompli
son voeu, il fit bâtir &
sonda l'Abbaye de S. Sulpice
à la persuasion de la Comtesse
de Savoye sa femme. Cette Abbaye
est la sixiémefille de celle
de Pontigny; & les Historiens;
rapporrent qu'en 1130. quinze
Religieux de l'Ordre de Cîteaux
& Bernard leur Supérieur
allerent dans les montagnes de
Bugey parla permissiondHugues,
Abbé de Pontigny
,
dans
ledessein d'y mener une vie pénitente
& plus austere que celle
de Pontigny, & ils établirent
l'Abbaye de S. Sulpice. L'Abbaye
de Chassagne en Bresse
possedée , par Mr Pajot Conseiller
Clerc au Parlement, & celle
de Bons, qui est une Abbaye
de Filles, en dépendent. L'Abbaye
de Falcera en Toscane
,
au DiocesedeCivita-Castellana
en dépendoit autrefois, parce
qu'environ l'an 1143, elle
avoit esté fondée par les Abbez
de S. Sulpice. Nicolas le
Goux de la Berchere, oncle de
Mr l'Archevêque de Narbonne,
estoit predecesseur immediat
de Mr de Monthelon
Dom Demonjournal à qui le
Roy vient de donner cette Abbaye,
comme vous verrez dans
la suite, a un frere dans l'Ordre
deCisteaux, qui y est tresestimé.
Mre FrançoisJoisel, Prestre,
Docteur de la Faculté de Theologiede
Paris, Doyen delamême
Faculté, Seigneur deDouy
& de la Rainée, est mort âgé
de 90. ans. Il avoit toûjours
esté fort zelé pour la saine Doctrine
; il fit même dans le temps
des grands mouvemens qu'exciterent
en France les questions
de la Grâce, un voyage à Rome
,pour y deffendre la bonne
Cause. Il estoit bon Théologien
,
& il avoit une éloquence
naturelle, qui faisoit beaucoup
deplaisîrà tous ceux qui l'entendoient
parler dans les Afc
semblées de la Faculté. Sa La.
tinité estoit pure & digne du
siecle d'Auguile
, & personne
ne parloit plusaisément que
luy sur le champ, & sur toutes
fortes de sujets. Il estoit
exact pour l'observation déjà
discipline
,
& rien ne pouvoic
l'obliger d'en rien relâcher. Il
avoit esté Chanoine de Meaux.
MreJean-FrançoisJossel, ST de
Juilly, Conseiller du Roy &
Maistre ordinaire en sa Chambre
des Comptes, est son neveu.
Ils font d'une ancienne
familledeParis, qui a donné
plusieursOfficiers aux Cours
Supérieures de cette Ville. Mr
Joisel a esté porté à la Paroisse
de Saint Nicolas du Chardonnet
, sur laquelle il dcmeuroir.
Toute la Faculté de Theologie
assista à son Convoy ; les
Docteurs estoient en fourrure,
Le corps de ce Docteur a enfuite
cité porté à sa Terre, où
ila souhaité d'estre enterré.
Mr de la Roque,Docteur en
Theologie de la Faculté de Paris
, Sous-Doyen de la même
Faculté) & ci- devant Theologal
de l'Eglise de Meaux,a succedé
à Mr Joisel,& il est devenu
par cette mort Doyen de
la Faculté. Il fit une Harangue
latine à son installation dans
cette dignité, selon l'usage, le
premier de ce mois dans l'Assemblée
des Docteurs. Ce
Discours qui fut tres- beau
roula en partie sur l'éloge de la
Faculté; il parla de son antiquité
,
de sa severité dans ses
exercices;~ des grands hOlU.1
mes qu'elle a produits. Il parla
ensuite des devoirs d'un Doyen
&de l'attention qu'il doit
avoir pour l'observation des
Loix de la Faculté; il s'étendit
beaucoup sur ce sujet, & fit
voir que sans la pratique rigoureuse
de ces Loix la réputation
de la Faculté de Paris.
ne se soûtiendroit pas longtemps
, & qu'elle ne fera celebre
qu'autant qu'elle fera obferver
rigoureusement ses Sta.
tuts. A cette occasion il parla
du relâchement où estoient
tombez les plus grands établissemens
,parce que l'on n'avoit
pas esté ferme dans la pratiquede
leursStatuts& de leurs
Loix. Ce Discoursreçut de
grands applaudissemens, &
quoy que Mr de la Rocque soit
Doyen, c'est à-dire le plus ancien
Docteur de la Faculté de
Theologie de Paris, ille prononça
avec beaucoup de force.
Il a le talent de la parole; il
prêche avec succés
; & l'on
ne peut avoir plus de zele qu'il
en a pour la sanctification des
ames.
Je passe à l'Article des Benefices
donnez par le Roy dans
la dernicre Promotion;le nom—
— —— bre en est grand, quoy qu'il
n'y ait point d'Evêchez. Comme
j'ay à vous parler de plusieurs
Abbayes données, je ne
repeteray point aucommencement
de chaque Article, les
mots de le Roy a donnételle AbbtfJe;)
ou pourvû de telleAbbaye,
etc. & le premier mot de donné
servira pour tous les autres par
lesquels j'aurois dû commencer
chaque Article.
LeRoyadonnél'Abbaye
de Saint Jean de Falaise, Diocese
deSeezàMr l'Abbé de
Saint
-
Autairc, Chanoine &.
Grand Vicaire de Perigueux.
Il eO: Docteur en Droit de la
Faculté de Paris ,,& il a esté élevé
dans le Seminaire de Saint
Magloire. Il joint à un merite
generalement reconnu une
naissance distinguée. La maison
de Beaupoil dont il eH: origi'-
naire est de Bretagne
,
où elle
estoit déja tres -
considerable
dans le quatorziéme siecle
, puisqueYves de Beaupoil, Chevalier,
prit le party de Charles
de Blois, Duc de Bretagne,
contre Jean de Montfort, &
après la mort de Charles tué à
la Bataille d'Avray en 1364.il
se retira auprès du Roy Charles
V. qui fit sa Paix avec Jean
de Montfort alors Duc de Bretagne.
François de Beaupoil
Seigneur de Saint Aulaire, un
de ses petits- fils fut grand Panetier
des Rois François I. &
HenryII. & fut Chevalier de
l'Ordre du Roy. Germain son
fils sist aussi Chevalier de l'Ordre
& Gentilhomme ordinaire
de la Chambre du Roy Charles
IX. Il y a trois branches
de cette maison:sçavoir,celle
de Mrle Marquis de Saint-Au~
laire Lieutenant general de Limosin,
frere de Mr l'Evêque
de Tulles, & de l'Academie
Françoise ; celle du nouvel Abbé
; & celle de Mr le Marquis
de Lanmary
,
grand Echanson
de France.
L'Abbaye de Quincy à Mr
l'Abbé Bastide , Aumônier des
Pages de Sa Majesté. Mrl'AbbéZD
Bastide eil: Chapelain du
Chasteau de Brie-Comte- Robert
& Chanoine de S. Orner.
Il s'est toûjours fort attaché
aux fonctions de son ministere,
& il les a toûjours remplies,
avec beaucoup d'exactitude.
L'Abbaye de Quincy est tresancienne
& fort celebre dans
l'Histoire.Mrl'Abbé de Malmiesse
à qui Mr Bastide succede
, estoit d'une tres-ancienne
maison, quia donné dans le
dernier siecleunEvêque à l'Eglise
de Conferans en Bearn.
L'Abbaye de Quincy a esté
possedée par d'autres personnes
d'un grand merite, & d'une
vertu qui a édifiél'Eglise
,
:
sur tout dans le quinziéme &
dans le seiziémesiecle
,
où les
Abbez & les Religieux de
Quincy se distinguerent de
leurs voisins par une régularité
& une reforme rare dans ces
siecles là.
L'Abbaye de Meimac àMr
l'Abbe.
l'abbé de Rochette
,
Grand-
Vicaire de Clermont. Cette
Abbaye a esté long temps poc.
sedée par Mr l'Abbé deMêchatin,
Comte de Lyon & frere
de Mr l'Evêque de Gap, & en
dernier lieu par Mr Tournely,
Docteur & Profeseur de Sorbonne.
Mr l'Abbé de Rochette
à qui le Roy vient de la donner,
joint à une naissance fort
distinguée, un merite & une
pieté qui le rendent digne des
premieres dignitez;il efl: tresbon
Theologien. Il a étudié
dans les sources,& il s'est fait
dés sa plus tendre jeunesse une
étude particuliere des Saints.
Peres, & illes a lûs avec tant
de soin qu'il n'y a presque point
de passage dans leursécrits un
peu importans qu'ils ne sçache
par coeur.
Le PrieurédeBellamcombe
- à Mr l'Abbé de Morlet. Ce
Prieuré est fort ancien; & a
produit de grands sujets. Un
Religieux de ce Prieuré brilla
fort dans le Concile de Constance,
lorsqu'on y traitta de
l'affaire de Jean Hus & de Jerôme
de Prague;(on zele y fut
remarqué, & les Peres luy en
firent des remerciemens. 11-
avoit suivi à ce Concile son
General
,
qui n'y brilla. pas
moins. Mr l'Abbé de Morlet
qui vient d'avoir ce Prieuré,
s'est distingué dans le monde
par ses talens. Il est tres versé
dans la connoissance des Langues,
& il sçaitparfaitement
l'Ecriture Sainte. Il s'est appliqué
àcette étude depuis sa plus
grande jeunesse, persuadé que
de celle là dépend le succésde
: toutes les autres. Ce nouvel
Abbé est d'une naissance consi,
derabk. Il est alliéà toutes
les meilleures familles de Picardie
,
où Mrs de Morlet
estoient déja connus dans le
penultiéme siecle. Cette famille
a donnéde grands fujers
à l'Ordre de Saint Benoist, & à
celuy de Saint Augustin.
L'Abbaye de Saint Sulpice,
0rdre de Cisteaux, Diocese de
Bellay, à Dom Monjournal
Docteur de Sorbonne, , &Professeur
en Théologie au College
des Bernardins de Paris.
Ce Religieux est le quarantedeuxième
Abbé de Saint Sulpicedepuis
Bernard qui en fut
le premier Abbé,&qui mourut
en 113J. ainsiqu'il elt porté
par la Charte de la Fondation.
Ce Bernard a eu d'illus-
- tres Succcueurs. David quatorzième
Abbé
,
fut Vicaire general
de Berlio d'Amesin, Evêque
de Bellay en 1272. & un
des grands Theologiens de son
temps. Bernard des Echelles
vingt-deuxiéme Abbé, ne fut
pas moins habile; il associa
Jean d'Oncieux
,
Chevalier,
Seigneur de Douvres, & Alix
safemme, auxPrieres de la Maison
de Saint Sulpice. Jean d'Argit
son successeur, obtint d'Ame
V. Comte de Savoye
,
&
surnommé le Comte Vert, la
haute, moyenne, & basse Justice
de l'Abbaye de Saint Sulpice.
Jacques de Moyria ,Abbéd'Hautecombe,
fut le vingt
sixiéme Abbé de Saint Sulpice.
Pierre d'Escrivieux fut le vingtseptiéme
Abbé, & un des
plus grands Geometres de son
temps. Pierre de Mornieu d'une famille , qui subsiste en
Bugey, dans la personne de
Mr de GralTIond, fut le trentequatriéme.
On voit dans le Recüeil
des Epîrres d'Erasme deux
Lettres qu'il écrivit à cet Abbé
j & qui font voir l'estime
qu'il en faisoit. Jean de Belmont
fut, le trente -
sixiéme.
Gaspard& LouisDinet,Evêques
de Mascon
,
furent ses
successeurs. Pierre Nivellc, puis
Abbé de Cisteaux& Evêque de
Luçon, leur succeda, & à celui-
-ci
,
Mr de la Berchere. Dom
Monjournal est un des plus -
sçavans hommes de l' Ordre de
Cisteaux. Sa réputation yest
fort grande.
Celle de Marcilly, à Dom
Houdreville, qui est tres-estimé
par sa vertu & par sa capacité
encore plus que par sa naissance,
quoy qu'elle soit tresconsiderable.
Il a exercé dans
son Ordre, qui est celuy de
Cisteaux, des emplois qui prouvent
que ses Superieurs l'estiment
beaucoup. Mr l'Abbé
de Cisteaux a une grande confianceenluy,&
illuy enadonné
des marques en plusieurs occassons.
L'Abbaye de Marcilly
est dans le Diocese d'Autun.
Elle cft fort ancienne & elle a
donnéàl'Eglise des Solitaires
qui l'ont édifiée par leur pieté &
par la pratiqueexacte des vertus
religieuses, Cette Communauté
est remplie de beaucoup
de personnes de distinctiondu
Duché de Bourgogne.
Celle de Montier-neuf,située
dans la Ville de Poitiers, de
l'Ordre de S. Benoist, à Dom
du Poirier de Vallois, Religieux
du même Ordre. C'est
un homme de qualité quitient
par sa famille aux meilleures
Maisons de l'Anjou & de la
Touraine. Il est parent de Mr
le Marquis de Rafilly
,
Sous-
Gouverneur de Messeigneurs
les Princes, fort connu par sa
pieté, par sa probité, & par sa
prudence, qui ne laisse rien
à desirer. Cet Abbé a prêché
avec beaucoup de sçavoir &
d'onction. Il s'est appliqué à
l'étude des Conciles & de la
Discipline de l'Eglise,où il a
fait de grands progrés, ce qui
luy a elle d'un grand secours
pour les Controverses, où il
s'estappliqué pendant plusieurs
années par ordre de la Cour.
Comme l'Abbaye de Montier
-
neuftient un des premiers
rangs dans l'Université de Poitiers,
& que cette Abbaye est
fort considerable tant par ses
beaux Privileges & par les Benefices
qui en dépendent, que
par les Religieux de cette Maison
qui font presque tous de
maisons distinguées, le Roy a
fait un choix qui a esté fort
applaudi en nommant pour
remplir cette place Mr l'Abbé
du Poirier de Vallois qui unit
en sa personne la naissance, la
pieté, & les belles lettres ;il cft
frere du R. P. Poirier Jesuite,
qui a esté long temps Principal
au College de la Fléche. L'Abbaye
de Monstierneuf est une
des plus anciennes de France.
Elle estoit déja -fort considerable
fous les Rois Jean & Charles
V. son fils, qui y firent l'un
& l'autre divers pelerinages.
La Coadjutorerie de LiesfisàDom
Agapited'A mbrine.
Ce Religieux est fort consideré
dans son Ordre, plusencore
par sonesprit&par son merite
que par sa naiffanee, qui est
cependant tres -
considerable ,
puisqu'il est allié aux meilleures
Maisons de Poitou & de Picardie.
Il est tres- habile Theologien
, & il s'est fort distingué
dans le cours de ses études,
où il s'est attiré une estime generale.
L'Abbaye du Pré, au Mans,
à Mc Marie Claire de Beringhen,
fille de Mre Jacques-
Louis Marquis de Beriiio-hen
Chevalier des Ordres du Roy,
Comte de Chasteauneuf, pre-
,,
mier Ecuyer de la petite Ecurie,
& Gouverneur des Citadelles
de Marseille. Jevous ay plusieurs
fois parlé de cette Maison
sur de tres -
bons Memoires.
Ainsi je ne vous en diray
pasdavantage aujourd'huy.
Personne n'ignore que feu Mr
deBeringhen, grandpere dela
nouvelleAbbesse, estoit d'une
sagesse si reconnuë, qu'il estoit
generalement regardé comme leCaton de son temps. Le pere
decette Abbcne marche sur ses
traces, & il suffitde le nommer
pour donner aussï tost une idée
d'un homme prudent & sage.
La mere de cette Abbesse est
fille de feu Mr le Duc d'Aumont,
qui avoit épousé.N.
le Tellier, fille du Chancelier
de ce nom. Mr le Marquis de
Beringhen, frere de la nouvel-
Abbesse, quia épousé Mlle de
Beaumanoir Lavardin
,
donc
l'esprit répond à la valeur, s'est
fort distingué dans le service
dans un ig6 peu avancé. La
nouvelle Abbesse a aussi une
soeur quiaépousé Mr de ValTé.
Le sang dont cette Abbesseest
sortie doit suffirepourfaire
connoître les vertus dont elle
cft ornée,&qu'elle rcniplitdi.
gnement tous les devoirs de la
Profession qu'elle a embrassée.
L'Abbaye du Pré a eité possedée
pendant plusieurs années,
par Dame Catherine
-
Marie
d'Aumont, soeur de feu Mr le
Duc d'Aumont & de Me la
Comtesse de Broglio. C'estoit
uneDamed'unetres-grande
vertu.
Celle des Olives à Mrde Sucet
de Valois. Cette Dameest d'une
tres grande naissance.Sa maison
est originaire de Bretagne
où elle estoitdéjaconsiderable
fous FrançoisII. dernier Duc
de Bretagne, &pere de la Reine
Anne épouse des Rois Charles
VIII. & Louis XII. Le dernier
de ces Princes eut beaucoup
de confiance en un Chevalier
de Sucet,qu'ilavoitconnu
en Breragne pendant qu'ily
estoit, & lorsqu'il fut fait prisonnier
par l'Armée du Roy
Charles VIII.auquel il succeda
quelque temps aprés.
L'Abbesse qui donne lieu à cet
Article est de l'Ordre de Saint
Benoist,& elle joint à l'éclat
de sa naissance de grands talens
pour laconduite d'uneMaison
Religieuse. Elle a exercé
avec applaudissement les princi
pales Charges de sa Communauté,
& elle s'y est acquise l'amitié
de toutes les personnes
qui ont esté soûmises à ses
ordres.
Celle des Clairets, à Madame
Elisabeth de Chavigny Cette
Dame estoitReligieuse dans la
même Abbaye, où elle a donné
de grands exemples de vertu.
Elle est fille d'Armand Leon
le Boutillier
,
Comte de Chavigny
,Seigneur de Pons; & d'Elisabeth
Bossuet, & elle est soeur
d'Armand - Victor Comte de
Chavigny
,
Capitaine de Vaisseau
; de Claude-François Colonel
du Regiment cTAtfver*
gne, mort en 1703.de Loüis,
Colonel du Regiment de Quercy;
de Denis, Evêque de
Troyes; & elle estniéce de
François, ancien Evêque de
Troyes; de Gafton-Jean Baptiste,
Marquis de Chavigny,
BrigadierdesArmées du Roy,
& Colonel du Regiment dePiémont;
& d£ Jacques-Léon,
Conseiller honoraire au Parlelement
de Paris; de Loüis &de
Gilbert
-
Antoine, Chevalier de
MaIre, & de Madame la Maréchale
de Clairambault.
-
Celle de Bival à Madame du
Fours deRuissery;cetteDame cO:
d'une ancienneFamille originaire
du Forest dans le Gouverner
ment du Lyonnois; elle est alliée
à ia maison de Verdun,&à celle
-
de Tournon qui sont les plus
illustres de ces
Provinces. La
nouvelle Abbesse a donné des
marques de sa prudence & de
son habileté dans les Charges
qu'elle a exercées dans sa Communauté.
Feuë Madame l'Ab-
.besse de Bival a souvent dit en
parlant d'elle, que personne ne
pouvoit mieux remplir un jour
sa place que Madame du Fours.
La Communauté de Bival a
donné desmarques éclatantes
de la satisfaction qu'elle avoit
duchoixduRoy par lesréjoüissances
qu'elle a
faites
à l'occasîon
de cette nomination. Cette
Abbaye esten NormandieMadame
du Fours est parente d'un
Abbé de ce nom de l'Ordre
de Premontré.
Le ferment de fidélité del'Eglise
de Tournay à Mr l'Abbé
de Muyn Docteur de Sorbonne,
& grand Vicaire de Tournay
; il ca fils de feu Mr de
Muyn Intendant de Rochefort,
& frere de MIC Jean- Antoine
Lucas de Muyn ,Conseiller en
la seconde Chambre des Enquêtes;
& de Mr de Muyn qui
sert dans la Marine depuis plusieurs
années avec beaucoup de
ditlliiâion; cet Abbé est aussi
frere du Géneral de l'Ordre de
Premontré, aussi Docteur de
Sorbonne. La Famille de Mr
Lucas est fort ancienne dans
le Parlement de Paris.
Le serment defidelitédel'Eglise
d'Aix à Mr l'Abbé de Forbin,
dont le mérite & la pieté
font connus. Il e11 d'une branche
cadette de la Maisonde
Janson. Mie Charles- Gaspart-
Guillaume de Vintimille du Luc
des Vicomtes de Marseille, à
present Archevêqued'Aix, est
proche parent de Mr de Forbin,
estant petit fils d'une Janson.
Cette Maison est tres-ancienne
& tres-illustrée. Le celebre
Palamede de Forbin qui fut
premierPresident duParlement
d'Aix & Gouverneur de Provence
a fait beaucoup d'honneur
à cette Maison, & il a jetté
les fondemens de la grandeur
dont elle brille aujourd'hui.
Ilya plusieurs branches
de cette Maison, & elles ont
toutes produit des personnes
de valeur & de merite. Le nom
de Forbin- Janson estoit deja
connu fous le regne du Roy
Jean, & ceux qui le portoient
estoient dans une grande consideration
à la Cour. Un Janson
le distingua à la Bataille de
Poitiers, où ce Monarque fut
fait prisonnier par le Prince de
Gallesfils du Roy Edouard,&
que l'on surnommoit le Prince
Noir;il y donna de grandes
marques de sa valeur.
Et l' Archidiaconnéde l'Eglise
de Conseransà Mr l'Abbé
Desaugis, qui estun Ecclesiastique
aussidistingué par sa vertu
& par son mente> que par
sa naissance ;
sa Famille est originairedeLanguedoc,
&elle
a formé diverses branches, qui
toutes ont produit des personnes
d'un grand mérité. Celuy
-
qui fait le sujet de cet article
fournit en sa personne une
preuve de l'attention que le
Roy apporte dans le choix
qu'il fait des sujets qui doivent
estre employez au service de
l'Eglise; il est bon Theologien,
& il joint à la connoissance qu'il
a des Questions les plus épineuses
qui regardent la Religion,
de grandes lumières sur
le Gouvernement Ecclesiastique
que; il a passé une partie de sa
vie dans les Séminaires.
J'aioublié de vous parler du
ferment de fidélité de Noyon
que le Roy donna il y a deja
quelques temps à Mr l'Abbé
Cacher, Chanoine de la Collegialc
de Trevoux dans le Diocese
de Lyon. Cet Abbé est Bachelier
de la Faculté de TheologiedeParis,&
Docteur en
Droit de la Faculté de la même
Ville; il est fort sçavant, &
ses lumieres ne sont point bornées
à la connoissance de la
Theologie & du Droit; il est
aussi bon Geomettre & grand
Mathématicien;il est parent de
Mr Cachet de Montezan
, cydevant
Prevôt des Marchands
de Lyon
,
& premier President
du Parlement de Dombes.
Je dois ajoûter ici que lors
que je vous ai parlé de la nomination
de Mr l'Abbé du Pujet
à l'Evêché de Digne, je vous
ai dit que son pcre President à
Mortier du Parlement de Toulouse
avoit eu sa Charge de
Mrde Montauron; mais ce fut
son ayeul Jacques du Puget,
Seigneur de saint André, Conseiller
& depuis President à
Mortier du même Parlement,
qui acheta de luy cette Charge
-,
il estoit fils de François du
Puget, Seigneur de la Bastide;
& de N.. de Saint-André, le
même qui ayant esté députe en
Cour par la ville de Toulouse
en 1587.demanda au Roy Henry
III.l'Amiral de Joyeuse pour
Gouverneur du LanguedocMr
l'Abbé du Pujet a ion frere aîné
PreisidentàMortier; lesautres
sont, Mr du Puget Lieutenant
de Roy au Neuf- Brifac, & cydevant
commandant Un Bataillon
du Regiment du Roy;
Mrdu Puget,Chevalierde l'Ordre
Militaire de Saint.Louis,
Capitaine dans le mêmeRégiment,
& deux Chevaliers de
Malthe, l'un cy-devant Enseigne
des Galeres du Roy,retiré
depuis longtemps à Malthe, &
l'autre Lieutenant Colonel du
Regiment de Dragons de Saint
Chaumont; ses trois autres f/*reres
morts dans le Service sont,
un Capitaine du Regiment de
Dragons du vieux Languedoc,
ZD mort en Catalogne; un Lieutenant
dans le Regiment de Navarre
,
tué à l'âge de dix sept
ans au Siège de Luxembourg;
& un Capitaine du Regiment
du Roy,mort à la Bataille de

NerWinde.CetteMaisonaété
autrefois-très-considerable &
fort connuë en Provence fous
les noms du Puget, de Saint
Alban, & de Bals, mais ruinée
dans les Révolutions de
cette Province, & du Comté
de Nice. Il paroît par les Titres
& dans les Ecrits de plusieurs
Historienss qu'elle se retira en
Languedoc environ l'an 1427.
ou elle subsiste encore fous les
mêmes noms du Puge&de
Saint- Alban, &a fait les branches
des Seigneurs de Saint-André,
Ayeuls de Mr l'Abbé du
Puget, de la Serre,établiesdepuis
dans les Pays- bas ; de la
Marche dans I)Hl: de France
&c'estdecellecy qu'estotissu
Mr de Montoron dont j'ay
parlé au commencement de cet
article, &celle de Pomeuse en
Brie
,
éteinte depuis en la pcrsonne
d'Etienne duPuger Evêque
de Marseille décédé en
1668. Toute cette Maison a
toûjours servi avec diftin£bion>
& il y a encore plusieurs Officiersdans
les Armées de S. M.
qui en sont issus.
Si vous souhaitez sçavoir ce
qui a esté écrit de plus furpremnt,
de plus admirable,de
plus extraordinaire & de plus
prodigieux par lesNaturalistes,
les Historiens& les Voyageurs
sur les choses naturelles,sur
les Coûtumes, sur les Usages,
& sur les Opinions, vous l'apprendrez
dans un Livre nouveau
qui paroît ici depuis quelque
temps, & qui, autant que
j'en puis juger par le grand debit
qui s'en fait, doit satisfaire
vostre curiosité. Il estintitulé
MitaIJou Avanturesincroyables,
& toute-fois, rvr cetera, & il se
vend chez Charles le Clerc,
Quay des Augustins, du côté
du Pont Saint Michel,à la Toison
d'or. Tout est nouveau
dans cet Ouvrage; il est unique
dans son espece, dans son
projet, dans son dessein, & dans
son execucion. Il contient une
diversité fort amusante; on y
trouve un mélange d'enjoument
& de serieux, qui en rend
la lecture fort agreable. Ne
vous fatiguez point, croyezilloy>
comme beaucoup d'autres,
pour y trouver des explications
misterieuses; il n'yen
a point d'autre dans le dessein
de l'Auteur, que celle qu'on
peut tirer de ce que je vous ay
dit au commencement de cet
article; puisque c'est un jeu sur
ce ^ue bien des gens nous ont
laissé par écrit de plus bisarre,
de plus merveilleux&de plus
incroyable. On en promet une
clef, dont je vous fcray part
aussitôt qu'elle paroistra;je vous
diray cependant que le stile de
ce livre est fort aisé, qu'on y
trouve en plusieurs endroits un
sel répandu fort à propos, qui
donne beaucoup de goût pour
ce qu'on lit; aussi cet ouvrage
est-il d'unhomme qui en adonné
plusieurs au public , qui les
atres- bien reçus.
Jevousenvoïe l'art1-cloruivantde
la même maniere que je l'ai rcçu.
- Une Dame des amis de Madame
laPresidente de Croismare étant
à une Terre de Mr le Marquis de
Braque, nommée la Cave, proche
Chantilly trouva en rêvant
seule ,&fe promenant vers lafin
de l'automne dernier, une fleur
blanchâtre qui ne paroît que dans
ce temps & qui ressemble af-"z à
des cheveux blancs
y aescnerveUX¡ancs,)oouuaauunneevbaarr--
beblanche ce qui donna l'idée à
la Dame de feindre l'Histoire cy
jointe; elle se proposa de l'envoyer
en bouquet à Madame la Presidente
de Croismare le jour de sa
Feste Dame d'un caractere aimable,&
quiattireparses manière
charmantes tout ce qu'ily ade
gens de mérite e de(prit.
A MADAME
LA PRESIDENTE
DE CROISMARE ,
BOUQUET.
VNjour me promenantseuleaux
Boisde la 0^vty
J'entendis mar,her près demoy :
Et me tournant avec effroy) , yapperçus un Vieillard d'une mine
asez£ravey
Qui me dit d'un ton radoucy
,
g, Q!techerchevous,Madame^icy
Je cherchequelquesviolettes ,
Luy dis-e, d'un ton gracieux.
JQvoy dans cettesaisonvoir cieJfleurs
en ces lieux!
..,Ne ckerchez^vous point lesfleurettes
D'unaimable jeune amoureux?
Monseigneur, ou Monsieur, carselon
voflre mine,
Jenepuis deviner quel est vostre origine:
Lorsque l'on passesoixante ans,
L'on ne songepoint aux Amans.
Soixante ans, me dit-il, VfJUSn'en
avez, pas trente,
ElJi de mes respets vous paroiJJtez^
contente)
Jevouspresererois à dejeunes beau.
teZ,_,
Qui viennent me chercher dans ces
lieux écarte
Ce Monsieurestoit un vieux rpaflne
, Qui depuistrès-longtempshabiteles
£oiefis%
Sa barbe avoit bien près d'une
aune. il venoit la friser dans les taillis
secrets
, Et dèbarboüillerson teintjaune.
Je crûs qu'après ce tendre aveu, Ilmaccorderoit ma demande.
Je le tentay disant, vostrebarbe cft
trop grande ;
Vous en fouiriez^couper unpeu,
Elle en deviendrait plus fournie,
Car estant grande, ilfaut qu'elle
soit bien garnie.
Comme un secondBias ilportoit an
paquet, ily prit des ciseaux, ~&sans ceremonie
Ilcoupa justement dequoy faire un
Bouquet. Il siest pas le premier, quisans un
coup de hache
- M'asacrifiésa moustache,
Croyant me prouverson amour.
Le Faune apû croire à son tour,
Me voyantramasser ce qu'il venoit
de tondre,
Qu'ausien jepourrois bien répondre;
Mais ilsetrompe lourdement:
Carà vous parlerfranchement,
Quoy qu'unefemme de mon âge
Eutpeine à trouver un Amant,
Elle ne voudrait point d'un silaid
personnage;
Etje ne comprens pas que dejeunes
Bcautrz^,
Viennent exprés pour luy dans des
lieux écarte
A moins qu'il n'ait aufft la vestu
d'unSatyre,
Dentje ne fais pas cass & queje
n'osedire,
Enfin le baissantilfallut nous
quitter;
Ce qui ne sefit point sans luy bien
protefier Qtïaujji , tost que Phoebus montreroit
sa coëffure,
Je viendras profiter de Fbeuteufc
avanture.
Jrlcureufement pour moy l'hyver &
lesfrimtts
Me tirerent bien-tost de tout cet embaras.
LeSoleilpour long-temps abandonna
la plaine,
Eole y vint soufflerjusqu'à perte
d'haleine,
Neptuneysitcouler mille & mille
ruisseaux,
Qui montèrent enfin jusques sur les
coteaux.
Ainsichacun nfia danssa triste Cabanc9
,A manuel son chapon,son canard,
ou sacanne;
Mais st- tost que l'Hiver a fait
pUce au printemps,
Je n'ay point hesitê d'abandonner
nos champs
Tout me trouver icy le iour de vostre
Feste;
Car à vous honorer je seray toujours
preste.
Cestpourquoy je vous offre aujourd'hui
ce Bouquet
Qui n'a ny jasminny Muguet
Mais La barbe d'un Faune estmille
foisplus rare
Que les plus belles fleurs dont le
printemps se pare.
Je vous envoyé un Air nouveau,
dont les paroles ont cité
notées par Mr de Montailly.
PLAINTE DES BUVEURS
-CONTRE LA GELE'E. aZJ'onne m'apporte pointpONrfiL
lager ma peine,
La trïsse boisson du la-mand
Ny le breuvage du Normand:
*
puisqu'unSaison inhumaine
Fait périr en un jour,Bachus dans
son Berceau, Ilnefautplusforger qu'à descendre
au Tombeau*
Onajfaic cette annéeladistribution
des Prix de l'Académie
des Jeux Floraux à Toulouse,
avec le même appareil
& les mêmes ceremonies que
l'on fait tous les ans , & dont
je vous envoyay l'année det -
niere un détail fort exact
Mr le Chevalier d'Aliez, déja
connu par plusieurs Pieces d'éloquence,
sesurpassa danscelle
qu'il prononça ce jour-là à la
gloire de Clemence Isaure
,
qui
a donné lieu par ses bienfaitsà
l'établissement des Jeux Floraux.
CetEloge reçut de grandes
loüanges, & l'Auteur fut
fort applaudi il y a deux ans
lorsqu'on lût dans l'Assemblée
publiguedesPrix,une Analyse
de sa composition sur une
Epigramme de Martial. Mr le
Chevalier d'Aliez cft fils d'un
Conseiller au Parlement de
Toulouse.
Mr du Laurens, Avocat general
de la Table de marbre,&
qu'une Tradition domestique
dit être de la famille des du Laurens
deProvence quia donné un
Archevêque à l'Eglise d'Arles,
& un à celle d'Embrun, fit ensuite
la lecture d'une Analyse
de sa composition sur une
Epithalame de Barcle. Ce Magistrat
se trouvant premier Capitoul
ou Chefdu Consistoire
il y a quelques années, répondit
à la Semonce qu'on fait ordinairement
le second Dimanche
de chaque année, pour les
Jeux Floraux dans le grand
Consistoire de l'Hostel de Vilte,
oùest la Statuë de Clemence
I saure. Celuy qui fit la Semoncecette
année- làestoit Mr
d'Asp, President à Mortier au
Parlement de Toulouse,&auparavantMaire
de la même
Ville; la replique de Mr du
Laurent reçut de grands applaudissemens,
& il parut dés-lors
meriter la place de Maintcneur
des Jeux Floraux,qu'on vient
de luy donner,& qui vacquoit
par la mort de Mr d'Aldeguier,
Tresorier de France, & dont le
fils cil: Membre des Jeux Floraux;
la place de Survivancier
qu'avoit feu Mr duLaurens a
servi à l'Academie pour faire
une bonne acquificion
,
puisqueMrde
Granague fils de Mr
de Caulct President à Mortier
au Parlement de Toulouse,
& neveu du fameux Evêque de
Pamiers de ce nom, à qui elle
a esté donnée,est unde ces honr
mes d'un goust sûr & delicat
qu'on desire dans toutes lesSociereL
& qui font honneur à
toutes les Compagnies dont
ilsdeviennent Membres.
On fit ensuite la distribution
des Prix, & de quatre qu'on
doit donner chaque année, on
n'en a distribué que deux cellecy.
Le premier à Mr l'Abbé
Pellegrin, pour une Ode adressée
à Mr le Duc d'Orleans, sur
la Prise de Lerida, & le second
destiné à l'Elegie, à une Eglogue
qui a pour titre YOifeauy
& dont Mr de la Motte est Auteur.
Les Ouvrages de MrPellegrin
meritent de grands éloges.
Decelebres Academies
ont déjà rendu justice à son
merice en plus d'une occasion,
& sots nom fait un préjugé en
sa faveur; on attribuë à Mr
de Pellegrin son frere quelques
Pieces de Theatre qui ont eu
un grand succés ; ce qui fait
voir que l'esprit est hereditaire
dans cette famille. Mr de la
Mothe, déja plusieurs fois couronné
dans les Academies de
Paris & de Toulouse, a esté exclus
du Prix de l'Ode & de celuy
du Poëme dans la dernieredistribution
, par un endroit qui
luy est fort glorieux, puisque
c'est pour avoir remporté trois
Prix dans chacun de ces genres,
& il y a apparence qu'ille fera
un jour deceluy de l'Eglogue,
si pour l'empêcher de compofer
pourlesPrix,onneluy fait
bientost le même honneur qu'-
on fit à Mrs Baïf & Ronsard,
ausquels on envoya un Apollon
d'argent pour les prier de
ne plus composer pour les Prix,
parce que leur plume faisoit
tomber des mains celles detous
les autres Auteurs
,
& que le
succés de ces deux grands hommes
décourageoit les Poëtes
de ce temps-là.
L'Eglogue de Mr de la Mothe
a eu aurant d'Admirateurs
qu'il ya eude gens qui l'ontlûë.
Les
Les Prix destinez au Poëme
&à la Prose
, ont esté remis, &
il semble par là que l'Academiea
jugé que les Auteurs qui
ont travaillé pour les meriter,
onc succombé fous le poids de
l'entreprise. Cependant plusieurs
de ces Auteurs ont une
réputation tres-bien établie, &:
la severité des JeuxFloraux à
leur égard, neservira qu'à faire
beaucoup d'honneur à cette
Compagnie.
Outre les deux Pieces couronnées,
on a imprimé dans
le Recüeil celles qui auroient
merité de l'estre, si. d'aussi
dangereuxconcurrens que Mrs
Pellegrin & de la Mothe n'avoient
pas paru sur les rangs,
du nombre desquelles sont une
OdequiapourtitrelaMusique,
dont Mr le
Roy
Conseiller au
Chastelet , &: de l'Academie
Royale des Inscriptions, connu
par les Opera de sacomposition,
qui ont eu beaucoup de
succés, estl'Auteur. Cest le
même qui a fait l'Ode qui a
pour titre la Lyre d'Horace,
qui est consacrée à la gloire de
Mr de la Mothe
,
& qui fait
l'Apologie de ses ouvrages.
L'Idyllesur la mort de Tyrcis, de
Mr l'Abbé Asselin
, qui concourut
l'année derniere pour
le Prix de Poësie de l'Academie
Françoise, dans un âge où
l'on fcair à peine distinguer les
divers genres de la Poësie; telle
feroit aussi l'Ode qui a pour titre
LaLevée du Sieçre de Tculony
à la gloire de Mr le Comte de
Grignan, si l'Ode sur la Prisede
Leridan'avoit merité le Prix ;
& celle aussi sur laPnUde Lerida
de Mr l'Abbé de Maame-
- net qui auroit
,
de l'aveudes
Connoisseurs
,
disputé le Prix
à celle qui l'a remporté, si elle
n'avoit pas esté imprimée dans
un nouveau Journal. Les ouvrages
suivans peuvent estre
aussi de ce nombre, puisqu'ils
ont esté imprimez avant la distribution
des Prix. Ce sont
l'Ode qui a pour titre laBeauté,
adressée à Me la Princesse de
Guemené; celle qui est adressée
à Madame la Duchesse,&une
autre sur la naissance de Monseigneur
le Duc de Bretagne
)
toutes troiscompos/vées par Mr
Gendron du petit Fourchaud,
connu parses beaux talens pour laPoësie,& sur tout parceluy
qu'il a pour lesVers tendres.
Les petites altercations ausquelles
le Prix de l'Ode a donné
lieu cette annéefournissent
depuis quelque temps un agrea-.
blejeu aux Partisans de la belle
Litterature, & à ceux qui
font dansle goust de laPoëste;
l'Auteur qui a cru avoir mérité
cePrix,&celuy à qui ilaétéadjugé
écrivent avec vivacité;l'un
contre l'injustice qu'il croit qu'-
on luy a faite; & l'autre pour
soutenir le jugement renduen
sa faveur. Cette guerre Poëtique
amuse le Public agréablement.
On a publié un avertissement
nouveau qui renferme tout
ce qui regarde les Prix des Jeux
Floraux, qui seront distribuez
l'année1709 Jevousl'envoye
ray dans ma Lettre du mois
prochain.
Mr le Marquis de Villequier,
Colonel d'Infanterie
, a épousé
Mlle de Guiscard. Il est fils de
Louis d'Aumont, Duc &Pair
de France, Marquis de Villequier
,
premier Gentilhomme
de la Chambre,& de Dame
N de Broüilly de Piennes.
Mr le Duc d'Aumont est petitfils
d'Antoine d'Aumont & de
Rochebaron, Duc, Pair & Maréchal
de France, & qui estoit
petit-fils de Jean 6e du nom, aussi Maréchal de France. Pier-
-
re 3. son pere avoit épousé en
premieres noces Anne de la
Baume
,
fille de Marc de la
Baume, Comte de Montrevel.
L'Abbaye de Ressons de l'Ordre
dePrémontré} dans leDiocese
de Rouen,a esté fondée
par les Seigneurs de la Maison
d'Aumont
,
&on y voit leur
tombeau. Jean Abbé de Resfons
vivoit déja en 1 15 0. ce -
qui fait connoistre que laMaison
d'Aurmont estoit connuë
avant le douzième ficcle. Elle
a esté longtemps attachée aux
-
Ducs de Bourgogne.
Dame Catherine de Guifcard,
Marquifc deVillequier,
est fille. unique de Louis de
Guiscard
,
Comte de la Bourlie,
Marquis de Magny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
général de ses Armées,
& Gouverneur de Sedan, & auparavant
de Namur,& Ambassadeur
Extraordinaire en
Suede
,
& dElisabeth de Langlée,
fille de Claude de Langléc
Seigneur de l' Epicheliere, Maréchal
general des Camps Se
Armées du Roy. Louis-Auguste
de Guiscard, Colonel du Regiment
deson nom ,frere unique
de la nouvelle épouse ,
mourut à Vienne de la petite -
verole en 1689. Mrle Comte
de Guiscard efi. fils du fameux
Comte de la Bourlie, aussi
Gouverneur de Sedan, Sousgouverneur
de Sa Majesté ôc
Maréchal de Camp ;& de Geneviéve
de Longueval , Seigneur
de Tenelles & de Lemont,
& d'Elisabeth de Mangival.
Outre Mr le Comte de
- Guiscard
,
Mr le Comte de la
Bourlie eut encore de cette
Dame deux fils & une fille; Te
premier fut Capitaine aux Gardes
& ensuite Colonel du Régiment
de Normandie ; la fille
a épouse Camille Savari, Comte
de Breves. Gabriel de Guiscard
pcre de Georges Comte
de la Bourlie dont je viens de
parler, forma la branche de la
Bourlie. Il estoit le troisiéme
fils de Jean de Guiscard second
du nom, &, de françoise de la
Barre. Ce Jeanestoit fils d'un
autre Jean , Gentilhomme or.
dinaire de la Chambre du Roy
en 1541 & de Souveraine de
Genouillac, fille de Jean Baron
de Gourdon de Vaillac & de
Marguerited'Aubusson. Bernard
de Guiscard 4. du nom l'un de ses , ayeux s'obligea de
garder son Chasteau de la Cofte,
qui estoit alors une Fortereste
considerable
, contre les
courses des Anglais, pour le
service du Roy Charles V. &
fpiodéulritéle,ildcffendre avec plus de
fut reçûauxgages
de ce Prince au mois de May
de l'an 1548. avec douze Sergens
de pied & six Hommes
d'Armes , dont il fut établi
Capitaine. Il avoitépousé Hélix
de Monragu
,
fille de Bertrand
de Montagu , Seigneur
de Moncuc en Quercy. Gaillard
de Guiscard,grand oncle
de ce Bernard , ayant merité
auui bien que ses freres, d'estre
fait Chevalier dans les guerres
de Gascogne, où il servoit encore
en 1539. fut. prié en
1334. par un Particulier nommé
Pierre de la Tour deluyconferer
le titre de Noblesse, en
le faisant Chevalier àl'article
de la mort,&par un honneur
dont il y a peu d'exemples ,le
Roy Philippes de Valois confirma
cet Ennoblissement &
cette Chevalerie par Lettres du
mois d'Aoust1337. Leonard
de Guiscard, Chevalier Seigneur
de la Coste & de la Bourlie,
vivoit en 1280. Ilestoit fils
de Bernard de Guiscard, qui
estoit honoré du même titre, -
& qui vivoit vers le milieu du
treizième ficcle. La branche
aînée de cette maison qui porte
le nom de la Coste, subsisteen
Quercy,François de Guiscard
fils unique de Georges de Guis
card & d'Heliette d'Alart
, a
épousé Catherine le Berron , fille de Pierre Baron de Marnac.
Il est neveu de Mr.l'Abbé
de Guiscard, Prestre& Benéficier
en Quercy
,
dont le
mérité est singulier. Il alla en
Suede avec Mr le Comte de
Guiscard, &il se fit generaic..
ment estimer à la Cour du
Roy de Suede.
MrcArnolddeVille, Chevalier
Baron libre du Saine Empire
,
Seigneur Baron des deux-
Moldaves, du Bandesesse,Termoigne,
Ferme., Biemarée
Frere,&autres Lieux, Inventeur
& Directeur de la Machine
de Marly, vient d'epouser
à Metz, Damoiselle Anne Barbe
de Courcelles, fille de Chat,
les-Joseph de Courcelles, Ecuyer
Seigneur de Montigny
&dela Grange,ConseillerSecrétaire
du Roy prés le Con..
seil Souverain d'Alsace, & de
Dame Anne-Barbe de Besser.
Mr le Baron de Ville eH: fils
de feu Mlc Weinand de Ville,
Chevalier Baron libre du Saint
Empire, Seigneur de Bandeselle,
Termoigne, Ferme, Biemarée,
Frere &, autres lieux,
& de Catherine
-
Isabelle de
l'Erneux. L:4
Mr le Baron de Ville qu ivient
de se marier s'est distingué,
estant encore fort jeune par une
érudition infiniment au dessus
de sonâge; son application à
l'étude des belles Lettres, l'a
toujours élevé au dessus des autres
dans Its Universitez où il a
étudié,& sur tout dans celle de
Louvain qui l'a regardé comme
un prodige ; la réputation qu'il
s'est acquise dans un âge peu
avancé,obligea S. A. E. feu
Maximilien-Henry Electeur de
Cologne, de le nommer, sortant
à peine des Ecoles, àTEchevinage
de la Ville Souveraine
du pays & Cité de Liége. Il
exerça cette Charge avec une
habilité&un desinteressement
qui luy acquirent un applaudissement
general. Sa Famille a
un Domaine dans le Pays de
Liége, où font plusieurs Miniéres
de charbon de terre, &
des Droits des Araines, pour
le maintien desquels il donna
des preuves, & l'attente des
merveilleux talensqu'il avoit
pour l'élevaton des Eaux;ce qui
joint à l'estime particuliere
qu'en faisoit Mr le Maréchal de
Marfin General des Armées
d'Espagne, pere de Mr le Marêchal
de Marfin dernier mort,
avec lequel il avoit esté élevé
comme parent & amy ,
donna
occasion à S. A. S. feu Mr le
Prince deCondé de le faire prier
par feu Mr le Maréchal de Luxembourg
,de luy proposerde
taire un voyage en France, pour
donner ses avis sur les moyens
qu'on cherchoit de donner de -
l'eau à Versailles. Ce Baron
étant venuenCour, proposa
entr'autrcs desseins,celuy dela
prodigieuse Machine de Matly,
qu'il a conduite à sa perfection,
malgré tous les obstacles
qu'il y a trouvez, tant ducôté
de la nature que dela chosemême,
& malgré les oppositions
de tous ceux qui se picquoient
d'en sçavoirle plus, qui ne pouvaient
compter sur la necessité
d'une chose si incomprehensible.
Le Roy qui avoir eu la bonté
de demander souvent à S.
A. E. & aux Echevins de Liége,
que Mr le Baron de Ville
continuât ses travaux, dont Sa
Majesté cftoit si satisfaite, leur
demanda aussiqu'illuy fût permis
de se défaire de sa Charge,
& de le dispenser des engagemens
où l'attachoient sa naissance
& ses Charges, S. A. E.
& lesEtats de Liège accordèrent
cette demande à S. M. & marquerent
par les Lettres Patentes
qui luy en furent expediées,
qu'ilsneseprivoient qu'à laseule
considération de S. M. & pourluy
plaire, d'un Sujet qui leur estoit si
Precieux, & anils le recommandoient
à S. A4, comme un Sujet
qui leur estoit recommandable par
Janaijjancecrparson méritépersonnel;
enfuitc de quoy S. M.
en 1692. luy accorda des Lettres
de Naturalité tres-distinguées,
dans lesquelles il est
porté qu'aprés avoirfaitsespreurues
au Conseil
,
qu'avant le
14fiéclefia Maison portoit le même
nom CM les mêmes armes qu'elle
a aujourd'huy
, & qu'ellepossedoitpresque
tous les mêmes biens
dontellejouitàpresent,&qu'elle
occupoit les mêmes Charges&Dignite,<
, que les autres plus anciennes
c:rr noblesFamilles du Pays
de Liége ; Sa Majestélereconnaît
Gentilhomme d'Extraction£7*
d'ancienne Noblesse, & que ses
services importans
,
sa rare intel..
ligence&son habiletémériteraient
toutes ses grâces, sisa Naissance
ne les luy donnoit. pas comme elle
les Itty* donne.
Le Roy, Monseigneur &:
Messeigneurs les Ducs de Bourgogne
& de Berry luy ont fait
l'honneur de signer son Contrat
de mariage, àla priere de
Mr le Duc de la Roche-Foucault
qui a toujours honoré de
sesbontez&de sa prote£tiorv - Mr de Ville, depuis qu'il efleri;
France, l'indisposition de Mr
de Courcellle qui souhaitoit
voir finir ce mariage,n'ayant
pas permis à Mr deVille de
venir demander cette grace à Sa
Majesté.
Mr & Me de Courcelle se
font acquis une estime si univer
selle par leurs bontez & par
leurs maniéres genereuses envers
ceux qui ont eu besoin de
leur secours, que toute la Ville
de Metz, & les Pays circonvoisins
ont marque une joye
extraordinaire d'un mariage si
bien assorti, entre un Gentilhomme
si distingué, & d'un.
aussi grand mérite & une Demoiselle
qui a toûjours édifié
le Pays par sa pieté, par sadouceur,
& par la charitéquiluy
estnaturelle.
MessireFrançois Seguier,ChevalierSeigneur
de Liancour,Capitaine
de Fregate épousa le 1pv
du passé, Damoiselle Loüise-
Marie- Anne de SaintPol, nié..
ce de Messire François de Saint
Pol- Hécourt, Prieur des Granges
le Roy, & de feu Mr le
Chevalier de Saint Pol-Hécourt
son frere,commandant l'Escadre
des Vaissaux de S. M. dans
les Mers du Nort,qui mourus
il y a deux ans,comblé degloire,
ayant elle [ué dans un Combat
qu'il donna contre plufleurs
Vaissaux de guerre Anglois
qui furent pris à l'abordage,
&conduits à Dunquerque,
honorant le Triomphe ôc
le Convoy de leur Vainqueur.
Ces deux Maisons sont illustres
& très-anciennes, la première
ayant produit des Magistrats.
celebres, également recommandables
par leur mérite Ôc
par leur naissance
r- celle de Saint
Pol, dont on a déjà parlé est
originaire de Bretagne, & connue
dans cette Province dés le
temps.
temps de les premiers Souverains
; elle se divisa ensuite en
plusieurs branches, il y a prés
de quatre cent ans; un puisné
ayant épousé la fille de Pierre
le Prince, Seigneur de la Briche,
Guidon des Gens-d'Armes
du Roy Henry II. & de
Pcronne de Bischauteau,forma
celle de Messieurs de Saint
Pol-Hécourt; Pierre de Saint
Pol, Seigneur de Hécourt son
petit-fils, laissa trois enfans,
François de Saint Pol- Hécourt,
Prieur des Granges le Roy;
Marc-Antoine de Saint Pol-
Hécourt, Chevalier de Saint
Louis, commandant l"£fcadre
deDunquerque, & feu Pierre
de Saint Pol- Hécourt, Seigneur
de Lémondans leur aîné, pere
de la Damoiselle dont le mariage
donne lieu à cet article.
Mr Robert de Saint Vincent,
Conseiller au Parlement, &
Commissaire aux Requêtes du
Palais, a épousé Mademoiselle
Nivelle, feule fille du second
lit de ce celebre Avocat. Ce
mariage a esté fort aprouvé,
leurs peres estant deux anciens
Avocats duParlement, quiont
remply avec une tres-grande
distinction les devoirs de leur
prosession pendant plusieurs,
années
,
& qui ont eu l'honneur
d'entrer dans les Conseils de
deux Princes du Sang.
Mr Robert de Saint Martin,
fils de Mr Robert ancien Avocat
, qui pouvoitcompter une
succession d'Avocats au Parlement
de pere en fils pendant
plus d'un siécle, a eu dans fou
.alliance quatre Presidens à
-
Mortier. Il a eu place dans le
Conseil de feu S. A. S. Monsieur
le Prince de Condé ily
a plus de 40. ans, & depuis la
mort deMr de Gourville, il
a esté choisi par Monsieur le
Prince d'aujourd'hui pour Chef
desonConseil, & Intendant
de ses maisons & affaires.
Mr Nivelle qui tient l'un des
premiers rangs dans le Barreau,
& qui en continuë l'exercice
depuis plus de 40. ans avec la
même vivacité, ce qui est presque
sans exemple au Palais, a
eu aussi l'honneur d'avoir une
place dans le Conseil de S. A. S.
Monsieur le Prince de Conty,
de maniere que s'estant trouvez
l'un & l'autre dans les Conseils
de deux Princes d'une même
maison
, ce hazard leur a
fait naître le dessein de réunir
leurs familles par ce mariage
fait avec l'agrément des deux
grands Princes dont je viens
de parler.
Monsieur le Princeavoit aussi
eu la bonté d'obtenir l'agrément
de la Charge de Procureurgeneral
dugrand Conseil
pour M' de Saint Vincent qui
estoit Conseiller en cette Compagnie
avant son mariage ;
mais les difficultez qui se font
trouvées-touchant la vente de
cette Charge,l'ont obligé de remercier
le Roy de l'agrément
qu'il avoit eu la bonté d'accorder
,& de lui demander celui de
la Charge de Conseiller au
Parlement & Commissaire aux
RequêtesduPalais, oùilaesté
reçu ayant suivi en cela le conseilde
sa famille, & particulierement
celuy de Mr.Robert
Procureur du Roy auChastelet
son oncle, qui remplitcette
Charge importante depuis prés
de quarante ans , avec la satisfaction
du public qui connoist
son assiduité au travail, oùil
cft infatigable. Ce Magistrat a
fort approuvé son choix ayant
toûjours eu beaucoup de consideration
& d'amitié pour M*
Nivelle.
Il y a eu dans sa maison dans
le dernier siecle un General de
l'Ordre de Cisteaux,& un Evêque
; sçavoir
3-
Mre Pierre Nivelle
Evêque de Luçon
,
qui
- eut cet Evêché après Mr le
Cardinal de Richelieu.
Je dois ajoûter que Mrle Pro-
- cureur du Roya aussi consenti
à cemariage, à cause de Teftime
singuliere qu'il a,ainsi que sa tmiikjpour
le mérité,la vertu&
la modestic de Me Nivelle, qui
est de la famille de Mrs Riot
êc Pavillon, d'une trèsancienne
noblessealliée à plusieurs
Confcillers du Parlement,qui
a pris un foin particulier de
donner une éducation trèsavantageuse
à Mlle Nivelle
avec une dotte considerable,
ayant bien voulu luy remettre
la plus glande partie des biens
qu'elle tenoit de son ayeul en
faveur de son mariage avec
Mr Nivelle dans la vûë de marier
sa fille à un Conseiller au
Parlement
,
independemment
de bien de Mr Nivelle sonpere.
L'Ordre de Bataille de l'Armée
de Flandre que je vous envoye
,
est leseul sur lequelon
puissecompter fûrClnent,acLtant
différent de celuy qui a paru à
l'ouverture de la Campagne,
à cause des divers changemens
qui y ont esté faits après la Revûëgenerale
que Monseigneur
le Duc de Bourgogne fit le
-
8. & le 9. de ce mois. Cen'est
pas que parmy un aussi grand
nombre de noms propres, qu'il
s'en trouve dans le détail d'une
Armée de plus de cent mille
hommes, il n'yen ait quelques-
uns qui ne mayent embarassé,
rien n'estant si facile
que de se tromper aux noms
propres, lorsqu'ils ne font pas - parfaitement bien écrits. C'est
une faute presque generale
dans toutes les Relations, & à
laquelle,jusqu'icy ceux qui les
écrivent n'ont pu faire assez
d'attention. Rien n'est plus necessaire
à ceux qui aiment les
nouvelles, que d'avoir des Ordres
de Bataille
y parce qu'ils
fervent à éclaircir beaucoup
de choses ; que l'on sçait par
là dans quelle Ligne font les
Officiers Généraux, & que
l'on apprend au juste,le nombre
de Troupes dont une Arniée
est composée
, car on ne
peut imposèr là-dessus,&mertre
dans un Ordre de Bataille,
desRegimens qui ne sont point
dans l'Armée dont il s'agit. Il
cft vray que l'on ne peut (Ravoir
au juste ce qui peut manquer
de Troupes à chaque Bataillon
; mais il est confiant
qu'ils sont tous complets au
commencement de la Campagne
, &, que si dans la fuite la
desertion
,
les maladies, & ce
que l'on peut perdre de Troupes
en différentes rencontres, les font plus ou moins diminuer
,la même chose se trouve
parmi les Ennemis: mais ce
qu'il y a de veritable à l'égard
de l'Ordre de Bataille, que je
vous envoye, est que l'Armée
de Monfeigneuc le Duc de
Bourgogne,est presque toute
composée de vieux Corps qui
sont plus que complets,& dans
lesquels il y a des Soldats surnumeraires
; que loin qu'il y
ait de la desertion
,
plusieurs
Soldats se sont enrollez dés
qu'ils ont fçu que ce Prince devoir
commander en Flandre,
& que plusieurs qui avoient de-
[erré, ont acceptél'Amnistie
qu'il fit publierpresque auffitost
après son arrivée.Ainsi
l'on peut compter qu'il n'y
a jamais eu d'Arméeplus
complette & plus leste.
Vous sçavez que Mr le Comte
de la Mothe
,
commande
aussi en Flandres, un assez gros
Corps de Troupes, pour pouvoir
passer pour une petite Armée.
1 ORDRE DE BATAILLE
de l'Armée de Flandre.
MONSEIGNEURLE DUC
DEBOURGOGNE.
MONSIEUR LEDUC DE
VENDOSME.
Mr LEMARE'CHAL DE
MATIGNON.
LIEUTENANS GENERAUX.
Messieurs,
De Goebrian, De Grimaldy, De Guiche,
& d'Artagnan.
MARE'CHAUX DE CAMP. Messieurs,
Del'Isle,
De
-
Filtzgerald,
De Grimaldy,
& de Palavicin.
OFFICIERS GENERAUX
DELA DROITE.
LIEUTENANS GÉNÉRAUX.
Meffieun,
De Sousternon,
De Rohan,
& de Gassion.
MARECHAUX DE CAMP.
Messieurs,
De Coignies,
D'Apelter,
dePuig-pyon..
OFFICIERS GENARAUX
DE LA GAUCHE.
LIEUTENANS GENERAUX.
Meflîtmsy
D'Albergotty ,
&du Rozel.
MAKECHAUX DE CAMP. Meffieun,
De Bouzoles,
&deRuffey.
PREMIERE LIGNE.
Mr de Pezeux, Brigadier.
DRAGONS.
BLa Meelstarebde rCeam,p3. ,3. esc. Pezeux, 3.
9.
Mr de Montmin,Brigadier.
Cavalerie.
MaisonduRoy, 13.esc.
13.
Mr de Beauveau, Brigadier.
Gendarmerie, 8.efc.
8.
Mr le Vidame, Brigadier.
Bourgogne, 3. efc.
Saint-Aignan, 2. Soucarriere, 2.
7.
Mr de Rozen
,
Brigadier. Drussot,2.esc.
Rozen, 2. Cravactes, 3.
7'.
Mr de Selve, Brigadier.
Infanterie.
Picardie, 3.bat,
Boulonnois, 2*
5.
Mr d'Arpajou , Brigadier.
Piémont, 3.bat.
Chartres, 2.
5-
Mr du Barail, Brigadier.
Le Roy, 4.bat.
4.
MrdeMouchy , Brigadier.
Poitou, 2.bat-
Lorraine, 2.
4.
Mr d'Arling,Brigadier.
Charost, 2. bat.
Guyenne, 2.
4.
Mr d'Albergotty ,Brigadier.
Gondrin, 2.bat;
Rovil Italien, 1.
Louvigny, 2.
5*
Mr de-M- o-n---t-p- -eza-t , 1 Brigddier.
Gardes Françoises, 6. bat.
Gardes Suisses, 3.
9.
MAr dlesSatokcemeb,e4rg, Br.igadier: bat.
4.
, Mr de Beüil, Brigadier.
Dauphin, i.bac.
Nice, 1.
FMigeoranld,troux,1.1.
4.
Mr d'Isanguien,Brigadier.
Royal, 3.bat.
DIsanegsuilean,ndes,1.1.
5- Mr de Nangis, Brigadier.
Bourbonnois, 2. bat.
Mortemar, 2.
Obrien, 1.
Mr de Pionzac,Brigadier.
Beauce, 2. bat.
Navarre, 3. Pantoka, 1.
6.
Mr de Duras,Brigadier. Cavalerie.
Royal Roussillon. 3. efc;
Villeroy, 2. Duras, 2.
7'
Mr de Livry, Brigadier.
Orleans, 3. esc.
LaMotte 2. Livry, 2.
7.
Mr de Nill, Brigadier.
Desmarests , 2. efc;
Courcillion, 2.
Forsac, 2.
6.
Mr de Cloys , Brigadier.
DuRozel , î.cCcj.
Cloys, 2. Létang, 2.
Rouvroy, 2. Verneüille, 2.
10.
Mr d'Anlezy,Brigadier.
D'Anlezy, 2. etc.
Toulouse, 3.
Colonelle generale. 3.
8.
Mrde Villiers, Brigadiér.
LLa eResinpe,arre,36.3.. cc..;):
OFFICIERS GENERAUX
du centre de la seconde Ligne.
LIEUTENANS GENERAUX.
Messieurs,
DeBirkenfeld, De Capres,
&de Puysegur.
MARECHAUX DE CAMP.
MeJJîeurs
t Le Chevalier de Luxembourg,
De Zuniga,
& de Villiers.
OFFICIELS GENERAUX
DE LA DROITE.
LIEUTENANS GENERAUX
Mc/licurs)
De Goebrian,
& deMagnac.
MARECHAUX DE CAMP.
MeJJieUTi De Dreux, ,
&deConflais.
OFFICIERS GENERAUX
DE LA GAUCHE.
LIEUTENANS GENERAUX,
MeJJîtulS
De Cheladet, ,
& de Toulongeon.
MARECHAUX DE CAMP.
jVLeJJîeurs
> DeVilliers,
& de Senneterre.
SECONDE LIGNE,
Mr d'Aquaviva, Brigadier.
DRAGONS,
Rohan, 3. cfc.
Aquaviva, 2.
5.
Mr de Mimure,Brigadier.
CAVALERIE.
Egmont, 2.esc,
Matignon, 2.
Dauphin Etranger, 3.
7.
Mrde Kook, Brigadier.
Belacueil, 2. etc.
Harcourt, 2.
La Bretêche. 2.
6.
Mr de Frezin, Brigadier.
Esclainvilliers, 2. esc.
Marcillac, 2. Frezin, 2.
6.
Mr Gaydon, Brigadier.
Tourotre. 2. es-c.
Mortenville
, 2. 4
Mr de Barentin,Brigadier. -
Cayeux, 2.esc.
Barentin, 2.
Dauphin, 3. -
7-
Mr Sebret, Brigadier.
INFANTERIE.
Perche, 2. bat.
SDpararei, gn- y,1.2.
)0
MrBeaudoüin,Brigadier.
Vendosme, 2. bat.
Bou slers, 2.
Saint-Second , 1.
5- Mr de Saint-Pierre, Brigadier.
Royalla Marine, 2, bat.
Saint-Vallier, 2. Gassion, 1.
5.
, Mr de Ringraf, Brigadier.
LaMarck, 2. bat.
Ringraf, 1. Tilly, 1.
4-
Mr Pfisser, Brigadier.
Villards, 3. bat.
Mffer, 3.
6.
Mr du Buisson
,
Brigadier.
Greder, 3.bat.
3.
Mr de May, Brigadier.
May, 3. bat.
3.
Mr de Grenu, Brigadier,
Surbek, 3. bat.
3.
Mrde Brandelé, Brigadier,
Brandelé, 3. bat.
3.
Mrde Courieres, Brigadier.
Provence, 2. bat.
Courieres, 1.
Nassau, I.
4.
Mr de Montmorency, Brigadier.
Condé, 2. bat.
Wentmel, I.
Laern, I.
4*
Mr de Grimaldy, Brigadier,
La Fere, 2. bat.
Agenois, 2. Grimaldy, 1.
5.
Mr de Beringhen
,
Brigadier.
CAVALERIE.
Du Maine, 3. etc.
Beringhen, 3.
6.
Mr de Lacatoire, Brigadier,
Cherify, 2. cee.
Roye, 2. Lacatoire, 2.
6.
Mrd'Acosta, Brigadier.
Fontaine, 2. etc.
Tarneau, 2.
Acosta, 2.
6.
Mr de Çhanfleur, Brigadier.
Paon, 2,efc.
Saint Phal, 2. Caëtano, 2.
6.
Mr de Mortany
,
Brigadier.
Dalfo, 2. efc.
Royal Etranger, 3.
5.
Mr de brigadier.
DRAGONS.
, Saint-Chaumont, 3. etc.
LE Roy, 3. 6..
OFFICIERS GENERAUX
du Corpsde reserve du Centre.
LIEUTENANT GENERAL.
Mrde Saint-Maurice.
MARÉCHAL DE CAMP.
MrdeNotaff.
OFFICIERS GENERAUX
duCorpsdereserve dela droite,
LIEUTENANT GENERAL.
Mr de Chemeraut.
MARECAHAL DE CAMP.
Mr d'Estrades.
OFFICIER. GENERAL
du Corps de Reserve
dela Gauche.
MARECHAL DE CAMP.
Mr de Puiguyon.
RESERVE DE LA DROITE:
Mr de Pourieres, Brigadier.
DRAGONS.
Valsé, 3. csc.
Pourieres, 3.
6.
Mr d'Uzés, Brigadier.
CAVALERIE.
Royal Piémont, 3. esc.
Tarente 2. Uzés, 2.
7.
Mr d'Iverny
,
Brigadier,
INFANTERIE.
Lannoy
, 2. bar.
Nivernois , 2.
4.
Mr deMontendre, Brigadier.
Bearn , 2. bat.
Greder Allemand, 2.
4.
MrdeNugent,Brigadier.
- CAVALERIE.
Ligondez, 2. efc,
La Tour, 2. Nugent, 2.
6.
RESERVE DU CENTRE.
Mr de Brigadier,
INFANTERIE.
Gardes de Cologne, I. esc.
Wallkel, I.
2. Mr d'Opelstein>Brigadier. ,
CAVALERIE.
Arco, 2.esc.
Opelstein, 2.
4.
Mr de.Chassonville, Brigadier.
DRAGONS.
Chassonville, 2. etc.
Notaff, 2.
4.
RoyalArtillerie, 2. bat.
Bombardiers> I.
3' Houssards, 2. esc.
(amp'1'¡)tlt au Quartier General.
RESERVEDE LA GAUCHE.
Mr de Cano, Brigadier,
CAVALERIE.
Condé, 3. efc,
Bellefonds, 2.
Cano, 2.
7-
Mr de Crouy
,
Brigadier.
INFANTERIE.
Royal Roussillon, 2. bat.
Crouy , 2.
4-
Mrdela Mothe,Brigidier.
CAVALERIE.
La Reine, 3. esc.
3.
Mr de Krukemberg,Brigadier.
Biron, 2. esc.
Braque, 2.
RoyalAllemand, 3.
7.
Mr Pasteur, Brigadier,
DRAGONS.
Pasteur) 2. crca
Richebourg
, 3.
5.
Quoy que je vous aye déja
parlé de l'arrivée de Mr le Duc
de Noailles dans le Roussillon,
& que je vous aye rapporté ce
que ce Duc a fait aussi-tost
après son arrivée, cela ne doit
pas m'empêcher de vous envoyer
un Journal curieux Ôc|
suivi,& qui peut passer pour un
très beau morceau d'Histoire,
Ainsi vous y trouverez d'abord
quelques faits dont je vous ay
déjà parlé; mais moins historiquement
trairez, & moins
bien suivis que dans le Journal
que vous trouverez remply d'une
infinité de faits dont toutes
les Nouvelles publiques n'ont
point parlé.
JOURNAL
De la Campagne de Mrle Duc
de Noailles, Commandant
l'Armée du Roy dans le
Roussillon,
MrleDucde Noailles n'ayant
pd arriver à Perpignan que le21
Avrilils'appliquaentierementles
jourssuivans à faire preparer toutes
les choses necessaires pourentrer
en campagne,&pourceteffetilfut
oblige tout incommodé qu'il estoit
d'une entorje qu'ils'estoitfaite à
unpied en venant de Paris, dese
donner des mouvemensextraordinaires.
Enfin après avoirdépêche un
Courrier à Monsieur le Duc d'Orleans
le26.ausoir(apparemment
pour luy donner avis certain du
jourqu'il assembleroitson Armée)
& un autre à la Cour le27. Il
partit de Perpignan le 7. May à
sept heures du matin & alla dîner
au Boulou, où il voulut lui- même
posterla Cavalerie à mesure quelle
arrivoit, pour empêcher le dégafl
desfourâges
> & ménager le
Paysan. Ce jour-là mêmeSon Altesse
RoyalepartitdeSarragojje.
Le 8. on je mit en marche à
deux heures du matin
, & aprés
avoirpassé les montagnes sans le
Vioinàreobflacle
, on allacamper
à la Funquieres & à la Capmane.
Le 9. on battit la generale à la
même heure que le jour precedent
& les Troupes arrivèrent à Figuieres
à neuf heures du matin.
En approchant de la petite rivière
de la Mouque, on futaverti que
les ennemisavoient au Pont de
Moulins cinq cens hommes, tant
Paysans, que Miquelets ; &plus
basau Guéde la fnérnc riviere un
Corps de cent chevaux. Mr le
Duc de Noailles, commanda de
charger les uns & les autres. Mr
de LeffartBrigadier y marcha,
avec quatreEscadrons ; mais la
Cavalerie ennemie ne jugeapas
apropos de l'attendre & elleprit
la fuite dés qu'elle tappperçut.
D'un autre cossé on fit avancer
vers le Pont nos Fusilliers de Montagnes
,un détachement de Grenadiers
, avec le Piquet, soutenu de
la Compagnie des Gardes de Mr
le Duc de Noailles, qui ont pour
Capitaine Mr de Villedomar
, Gentilhomme de Roussillon
j
fort
estimé, qui efi cette année premier
Consul de Perpignan,&qui mene
sa Compagnie de fort bonne
gracepar tout où on luy commande
d'aller. Les Miqueletsfurentbientostdissipez.
On lespoursuivitjusqu'à
Sestella. Plusieurs furent
tuez & douze faits prisonniers
avec un Lieutenant. L'on étendit
le Camp depuis Figuieresjusqu'à
Alfar. Le bruit du canon de Gironne
se fit entendre jusques dans
le Camp,& l'on apprit depuis que
c'estoit pour l'arrivée du Prince
Henry de Darmstad
,
qui entra
dans la Place avec un Bataillon
d'Infanterie.
Le 10. ce Prince accompagné
d'un Officier GeneralHollandois,
&de NebotOfficier General Catalan
, qui fut lors de la révolution
un des premiers à embrasser le
parti de l'archiducjusqu'à mettre
aux fers ceux des Officiers de
son Regiment qui n'approuvoient
passa rébellion;ce Prince, donc,
s'avança aeck prés avec quatrevingt
chevaux pour reconnoître
nojlre Camp. Vn quart d'heure
plutost ils couroientrisque d'estre
enveloppez
,
puisqu'alors nous
avions dans le posse où ils s'arrêterent
un Bataillon de Fusilliers
de Montagne3 avec un détachement
de cent chevaux. Les Troupes
enenmies estoient ce jour-la
campées au Cold'Orriols;sçavoir,
deux Régimens de Dragons à la
solde des Hollandois,faisantchûcun
deux Escadrons,&le
ment de Cavalerie de Nebot compoje
de quatre Escadrons.
Le II.nostre Generalalla à
son tour reconnoistre leur Camp,
ayantavec luy cinq cent tant Chevaux
que Dragons
, & les Bataillons
de Bel-air,quieflun Provençal}
& de Pau-de-saffreCatalan,
réfugiéen Roussillon, tous
deux fort braves. Dés que Mr
le Duc de Noailles apperçut les
Vedettes ennemies, il détacha Mr
de la Framboisiere
>
Aide
- Major
deMasillac,avec cinquante chevaux
& ses Gardes. Mais la
Garde avancée appercevant ce
mouvement se retira. Mr de U
- Framboisiere continua sa marche
jusqu'au posse nomme l'Ange de
Pontosd'où il découvrit une autre
garde de 15. chevaux postez
au Campde fainte Anne;on les
chargea;ils prirent la suite, repagerent
la Fluvia
, & allerent
s'enfermer dans Bascara; nos Cavaliers
lessuivirentjusqu'à la Riviere
, & ils enfirent deuxprifonniers;
le Piquetpassal'eau,Pau
de saffre eut dans ce passage f un chevaltuésous luy;mais.Vnos gens
qui aperçurent un Escadron de
100. chevaux qui estoit au delà
de Bascara, depuis la porte de lta
villejusqu'àl'hermitage qui va
à Gironne, s'arrêtèrent, & revinrent
en deça de la Riviere.
Monsieur le Duc ayant (fié alors
averty qu'ilvenoit du Col d'Orriols
un détachement poursoutenir
les ennemis,ils'avança avecMr
de Lescart, & le restedes troupes
qui efloient auprès de luy
, (7 ramena
le Piquet& les autres Chevaux
avancez en tres-bon ordre,
&sans avoirperdu aucun homme;
on amena un prisonnier ennemi&
un de leurs deserteurs. Les Ennemis
ayant vu nostreGeneral rentré
dans son Camp
, renvoyèrent
destroupes aux-mêmesPoss.esd'où
on les avritchafez,,
Le Iz. & le 13.il nesipassi
rien de particulier; on apprît que
le Gouverneur de Gironne, nommeDom-
IgnatioPicalqués Cata- 7 lan, qui a unfrere Colonel de Dragons
dans l'Armée de Mrle Duc
d'Orléans,faijoit faire quantité
de Palissades £r de Fascines, pour
reparersesFortifications, &que
le Princed'Armstadestoit dans la
placeayant laissé Nebot pour
commander au Col d'Orriols;l'on
Jfut aussi que Mr le Comte Guy
de Starembergestoitarrivé à Barcelonne
le 17Avrilauec quelques
Officiers généraux > &qu'il estoit
aUi du côté de Tortose. Les mêmes
avisportoientque ce General avoit
esléfortsurpris àfin arrivéede
trouver les choses si différentes,
de ce que le Conseil de l'Archiduc
avoitmandéà Vienne :pointd'argent,
manque de provisions
,
grand
découragement cbe% les Catalans;
ensorte qu'il a cru qu'ilfalloit s'en
desser. Quelques uns d'eux entroient
quelquefois dans le Conjcil;
on ne lesy appelle plus, ce
qui les chagrine sifort qu'ils ne
vont plus au Palais faire leur
cour.
Le 14. ISlcbotrepajJxle Terau
Pont Majour , e7 s'alla posse,
entre cette Riviere & Gironne
»
n'ayant laisséqu'unegardedeCavalerie
au Col d'Orriols.Cejour
là on eut le détailjuste des Troupes
campées au delà du Ter, &
qui outre les huit Escadrons cydessus
nommez, ausquels se font
joints six Escadrons &sept Ba-,
taillons,sçavoir I. de Ferrer Castillan.
2.Portugais. 2. Lombards..
Taf&Bonnasana. I. Catalan
nommé le Regiment de la Reine,
& I. Hollandais, ce quifaitselon
ce que les Ennemispublient,
trois mille hommes d'infanterie&
deux mille de Cavalerie, mais
des avis certains ne patient auplus
que de 2500.hommes d'Infanterie
,&de 1200. chevaux.
Le 16.caril nese fit rien deremarquable
le
1 5. nostre Armée
fut renforcée de trois Bataillons;
sçavoir, de celuy de Bugey,sorti
de Roses, où il a passé l'hiver
& de ceux de la Force ed'Evo.
ly3 qui venoient de Cerdagne. Ce
dernier est équippé tout de neuf ;
ses armessont neuves, &fies habitssont
tres-propres;ilssont bleus
doublez de gris-blanc.L'ancien
Colonel
, Duc de Cassel-d'Airola
>
de la Maison de Caraccioli
,
s'est
retiré à Mdp10; & c'efi la plus
petite perte que pouvoit faire le
Roy d'EsPagne. Le Comte d'Evoli
qui eff à la teste de ce Regiment,
tft bien un autre homme.
Le 17. Mr le Duc renvoya à
Perpignan un détachement deCetnonniers&
de Mineurs pour travailler
à l'artillerie&pourmettre
en estat les chemins de la Montagne
depuis Ceret jusqu'à Prat
de Moüilloux
,
où l'on fait de
grands Magasins.
Le18. il arriva à Roses un
Convoy de neuf Tartanes parti
du Port de Vendre ,sousl'escorte
de lapetiteFregate l'Abel-I[ae)
commandée parMr de Ruthie,
neveu de Mrl'Evêque de Rieux.
Elles
Elles apporterent 4. pieces de canon
de14. deux de 16. &quanticé
de munitions deguerre. Ce
même jour Mr de Lessart alla
reconnoistre au Bord de la Fluvia
le Camp de S. Michel.
Le 19.le MarquisdeLucigny
Maréchal de Camp
,
quiavoit
échoué au Port Mahon
, en rff
sant d'ItalieàBarcelone,&que
le Gouverneur du Port Mahon
avoit envoyéà Collioure,d'où on
l'avoitconduitaPerpignan,partit
du Camp où Mr le Duc l'avoit
appelle pour l'entretenir
, & il
luy permet d'allerpasserun mois
à Barcelonne.
Le iz. on quitta le Camp de
Figueres. L'agrément quel'Arméey
avoistrouvé est que graces
à lavide nostre GeneralCI,
aux bons ordres qu'il avoit donnez
lesÀfiquelets ennemisdepuisqu'on
lesavoitchassezdu Pont de Moulins,
neparurentplusen aucun endroit
; les chemins des Perpignan
à Figuieres furent aussi libres
qu'en pleine Paix, ce qui contribua
à faire avoir tous les besoins
abondamment. Aussi Mr le Duc
avoit-il fait passer sur la route
differentes escadres de Paysans
( , c'est le terme dont on sesert if])
pour marquer une Troupe) qui
gardaient depuisunendroitjusqu'à
l'autre (7 il les avoit rendusresponsables
des moindres desordres
qui arriveroient f-il" le chemin,
leurpromettant que Jiles Miquelets
paroissoientpour les inquiéter,
dés qu'ilenauroit avis
,
il les feraitsecourir.
Ausortir de Figuieres
onse rendit à S. Michel de la
Fluvia. Mr le Duc s'eslans mis
à la testeduPiquet & des Grenadiers
, les alla pofler luy-même
au de-là de la riviere à Camallera
, & il revint ensuite au
Camp.
Le 23.on arriva à Serviasur
les bords du Ter. La droite fut
placée au desous du Village Cla
gauche fut étenduejusqu'a
SaintGeorge; on mit une garnison
à Madina& l'on se saisitdu
petit Poste nommé Saint Julien
de Ramis. Mr le Duc s'avança
lemêmejourjusqu'à la Coste rouge3
d'où il découvrit le Camp des
ennemisaude-làdu Ter; sçavoir,
l'Infanterie la gauche au Pont
Major, & la droite appuyée aux
Montagnes qui regnent des deux
costez du Ter; &la Cavalerie à
la petite Plaine de Camp-Doras
vis-à-vis la Coste-rouge. On reconnut
qu'ils avoient retranché le
Gué de la Riviere90* l'on apperçut
une espece de Fort en étoile
qu'ils avaient élevé à l'endroit où
ce Gué est plus facile. On jçut
auIJ1 rilsavoient mis deux cens
hommes de garnison au Poste de
Foxa; cr que toute leur attention
estoit de couvrirGironne
,
à
quoyMrle Duc ne songeoit pas
pour le present
,
se contentant de
manger une Plaine très-abondante
,
qui efioit l'unique objet qu'il
s'estoit proposé.
Le 24. on alla encore reconnoître
la Cavalerie ennemie,&aussitost
qu'ils apperçurent nos Troupes
ils plierent les Tentes &formerent
quatre petits Escadrons qui
neparurentpasfaireplus de huit
cens chevaux.Mr de Guerchy
qui commandoit les Piquets, descenditjusquau
bas dela Coste rouge:
J & il escarmoucha avec les
Gardes avancées
, & quelques
partis de Miquelets
,
qui se retirerent
bien viste.Ily refttt un
coup d'une balle morte, qui efiant
tombée sur son poulce
,
dans le
temps quil avoitsa mainétenduë
surson ventre, luyfit une legere
contusion. Mr de Compans Capitaine
des Grenadiersd'Artoisy
fut aussi blessé legerement, aussi
bien que deux Fuseliers des Montagnes.
Cejour-la il nousvint
beaucoup de Cavaliers deserteurs
avec leursarmes.
Le 18. Mr le Ducsortit drl
Camp à la pointe du jour avec
deux mille quatre cens hommes
d'Infanterie tirez des trois Brigades
de son Armée & mille chevaux
, & il monta sur la Coste
rouge avec dix pieces de canon,
pour réveiller les ennemis & leur
souhaitter le bon jour. La salve
dura unegrande heure. On croyoit
quelle les obligeroitàdécamperen
desordre &que l'on pourroit alors
tombersur eux. Mais ils firent
bonne contenance; & une partie
de leur Cavalerie quittantses tentes
,
alla
en bon ordre se mettre
derriere une Montagne al'abry de
la canonnade; de maniere qu'ils ne
perdirent qu'environ cinquante
hommes dans le Camp: les Ennemis
vinrenthonnestement cinq ou
six heures après nous rendre la vi- ,
site
, & le terrein leur permit de
s'approcher plus que nos gens n'avoientfait.
Ils s'attacherent au
Poste de SaintJulien,où estoient
vingt-cinq de nos Fuseliers de
Montagnes, commandez par un
de leurs Officiers.Ceux-cy sedesfendirent
en braves gens & ne
Je rendirent prisonniers de guerre
qu'au bout d'une heure. LesEnnemis
s'estoient jettez en même
temps sur le poste avancé de Marinan.
Mais Mr de Guerchyy
estant arrivé avec les Piquets &
& un Corps de Troupes,il les repoussa;
maisilsse retirerentpourtant
en bon ordre,3ayant eu quatre
à cinq hommes tuez.Onremplaçale
Postjle de SaintJulien. Ce
même jour le Chevalier Rousa
homme de qualité du Roussillon
Chevalier , de Malte, & Aide
de Camp deMr le Duc de Noailles
,
allant porter un ordre à nos
partis avancez, s'égara & tomba
entre les mains des ennemiscroyant
avoir rencontré nos gens. Il fut
conduitàGironne. Nostre Generalle
reclama, gr le Prince d'Armi
stad répondit qu'il croyoit pouvoir
le luy renvoyer dans cinq
ou six jours;mais ilfut plusgenereux
, e:';/ il le renvoya dés le
30.
Le29. MrleDuceutnouvelles
de l'arrivéeàRoses d'un Connjoy
de huit Tartanes chargées Je.
trois millesacsdefarine , de quantité
de boeufs, &d'autres provifions
pour son Armée, que Afr
Beliard Commissaire de la Marine
à Collioure,homme de valeur,
zelé pour le service & tres - entreprenant
s'estoitchargé de conduireluy-
memesans autre escorte
que d'une Tartane qu'il montoit ,
çy qu'il avoit garnie de quatorze
pierriers & de vingt-huit Fufeliers.
Il arriva le 30. au Camp
pour conferer avec nostre General,
qui le reçut aujJi gracieusement
que leservice qu'ilvenoit de IHJ
rendre le meritoit.
s-
Jen'ay pasreçu la fuite de ce
Journal; mais j'ayseulement
appris par plusieurs autres Lertres,
que le 2C de ce mois, Mr
de Quinçonestoit party aprés
midy de Perpignan pour Collioure
,où Mr le Comte d'AlbaretIntendantdu
R-ouffillo-n
s'étoit rendu dés le matin pour
donner le mouvement à la
marche d'un grand Convoy
pour l'Armée,parmy lequel
étoient neuf charges d'argent;
& que comme il n'y a pas de
seureté d'aller par Mer,on le fit
défiler par terre par le Col de
Bagnols;que plusieurs Officiers
qui n'avoient pas encore pu
joindre, se servirent de cette
occasion pour passer ; que l'on
commanda environ600. Sommettans
pour servir d'Escorte
à ce Convoy
,
& pour ce garentir
des incurfions des Miquelets,
& que c'estoit tout ce
que l'on avoit à craindre parce
que lePrince de Darmnat ne
pouvoirfaire couler des Trou,.
pes reglées jusques là Mr de
Matarcie Brigadier & Lieutenant
de Roy de Perpignan,
commandoit cette Escorte.
Ceux quivinrent le mêmejour
du Camp deServiaraporterent
que l'on y avoit abondamment
toutes les choses dont
on avoit besoin
, par la prudence
de Mr le Duc de Noailles,
qui vivoir aux dépens des
Ennemis, & qu'il conservoit
toute la recolte qui estoit entre
luy & Perpignan) pour y
avoir recours dans la fuite.
On apprit aussi à Perpignan
7 le dix que l'Armée de Mr le
Duc de Noailles, estoit toujours
dans son Camp de Servia
sur le Ter.
Je pasle à ce qui regarde
l'Armée deS. A. R. Monsieur
le Duc d'Orléans dont je vous
envoyé l'Ordre de Bataille.
ORDRE DE BATAILLE
de l'Armée commandée par Son
jiltejje Royale Monsieur le
Duc d'Orléans.
SON ALTESSE ROYALE.
LIEUTENANT GENERAL.
Mr de HeiTy.
MARECHAL DE CAMP.
Mr de Maulevrier.
OFFICIERS GENERAUX
DELA DROITE.
LIEUTENANS GENERAUX.
Messieurs,
De Labadie,
D'essain,
& de Bezons.
MARECHAUX DE CAMP.
Messieurs,
DeBligny.
De Kercado>
& le Duc de Sarno.
OFFICIERS GENERAUX
DE LA GAUCHE.
LIEUTENANT GENERAL.
Mr d'A varay.
MAKECHAUX DE CAMP.
Meilleurs,
De Silly,
& de Choiseul.
PREMIERE LIGNE.
Mr de Boucauve, Brigadier.
Cavalerie. -
LfJ Gardes, 4. est.
4
MrdeRousfo, Brigadier.
Milan, 3. etc.
3.
Mr de Lançarote) Brigadier.
Lan çarotte, 3. efc.
3
Mr de Carillo, brigadier,
A sturias. 4. etc.
4-
Mr de GlineBrigadier. Infanterie.
Les Gardes) 6. bac.
6.
Mr de Carolles, Brigadier.
Orléans, 2 bar.
Monchan, 2..
Barwick, 1.
6.
- Mr Lambert, Brigadier.
La Couronne, 2. bat-
Medoc,
Perigord, I.
Blaisois, 2.
6.
C. OteterreBrigadier.
Du Fort, 2. bac^
Angoumois,
Normandie, 3.
6.
Mr de Parabere, Brigadier.
CAVALERIE.
Vigneau, 2. etc.
Parabere, 2.
4e
Mr de Sandricour, Brigadier,
Germinon
5 2. etc.
Berry; 3.
5.
OFFICIERS GENERAUX
du Centre de la seconde
Ligne.
LIEUTENANTGENERAL
Mr le Duc d'Avré.
MARECHAL DE CAMP.
Mrde la Vayre.
OFFICIERS GENERAUX
DE LADROITE.
LIEUTENANS GENERAUX.
Me/lieurs)
D'A rene ,
& de joffreville.
MARÉCHAUX DE CAMP.
MeJJîeurs}
De Ceillo,
& de Medenilla.
OFFICIERS GENERAUX
DE LA GAUCHE.
LieutenantGeneral,
Mr de Gaetano.
MARECHAL DE CAMP,
Mr de Pons.
SECONDE LIGNE.
Mrde Crevecoeur, brigadier. Cavalerie.
LaReine, 4.efc.
4"*
Mrd'Amezaga, Brigadier.
Amezaga, 3. est;
3-
MrdeCordua, Brisadiev.
RoussillonViejo33.esc;
3"
Mrde Puerto, Brigadier.
IN FANTERIE.
Asturias, 1. bat.
1.
Mr de Damas, Brigadier.
Auvergne, 2. bac..
Haynaut, 2. Damas, 1.
Bankeley, 1»
6.
Mr de Valouze
,
Brigadier.
Bresse
, 1. bac.
L'IsledeFrance. 1.
La Sarre, I.
Le Maine. 2.
Mr de Simianes, Brigadier.
CAVALERIE. LaFeronaye,2.est
Simianes 2.. 4
Mrde Fleche, Brigadier.
Valgran., z.esc. flèche,
3-
5-
DRAGONS.
Picalquiez3-cfc-
Alarimon,
Graston, A BOZCIIY., 2
12.
Les quatre mille hommes
commandez par Mrd'Asfeld,
ne font point compris dans
cet Ordre de Bataille, non plus
que quelques autres Corps, &
si ion y joint l'Armée de Mrle
Duc de Noaillesx donc je vous
ay envoyé l'Ordre de Bataille
dés le mois paffé
, on trouvera
que les ennemis auront bien,
de la peine à resister à tant de
Troupes, commandées par de
si bons Généraux.
L.1
-
Rien n'en plus curieux,plus,
exaét, &mieux circonstancié
que les deux Extraits de Lettres
que vous allez lire & ilsdoivent
plutostpasser pour des
morceaux d'Histoire,,que pour
des Relations faites sur le
champ pendant le cours d'une:
Campagne.
EXTRAIT 1
D'une Lettre écrite de Lerida,
en Langue Castillane le
e12.nMFay r1a70n8.ç&otraidsui.t en
Unepartie de nostreArméeest
déjaentrée dans la Catalogne, (7
suivant les apparences elle prend
la route de Tortoje, marchant des
deux coftrZ de ÏEbre}sur lequel
on toiture les munitionsdeguerre,
(7 de bouche,les Canons &les
Mortiers. 1
Le 1r May Mr le Comte
d'Esteing campa prés de Monçon
avec
HVecson Corps de Troupescompo-
SE de six Regimens de Cavalerie,
&de quatre de Dragons.
Le t. ilfit deux détacHemens
l'un pour brûler le Pont de Blancafortce
quisutexecuté;&l'autre
pour rompre le Pont de Trago,
cequinereussit pas, parce quenos
gens furent chargez par plus de
cinq cens Miqueless commandez
parjapot.Nous eûmes quarante
hommes tant tuez que ~/f/
Nostre Mineur qui estoit attaché
à son travail du Pont.) y fut
aujjt tué dans le ternIeS qu'il alloit
mettre le feu à sonfourneau. Nos
Troupes furent obligéesde se retirer
le terrein estans trop Ccabreu",
poury refier.
Le 4. on fit un autre détachement
d'environcinq cens santas-,
fins,&d'un Regiment de Cavalerie
,
commandé par Mr de Fonbossard,
Maréchal de Camp, pour
s'emparer du Pont de Montenana.
Ce qu'il ne put fairefaute de
canon,eparce que les ennemis
s"y estoient fortifiez par un bon
sosje au devant du Pont, bien
pâlissade,&garni du Regiment
Allemand de Scover. Tous ces détachemens
rejoignirent fous les
ordres de Mr de Fonboifart aux
environs deMonçon&de Craus
pour empêcher les courses de Miqueletsdansl'Arragon;
Ilestresté
a Monçon quatre cens hommes
d'Infanterie, & dans Balbaflro
un Regiment aussi dJlnfanterie;,le
tout aux ordres de Mr de Fonboisard.
Le 6. Mrle Comte d'Efteing,
campa à Almenar, Albeden, Tamarit,
San-Estevan, & Castil-
Ion de Farfana.
Le 7. il marcha à Balaguer,
d'où il retira les Troupes quiy
estoient.)&les munitions deguerre
&de bouche,qu'il envoya à Lerida.
Il renversa aussi tous lesiramaux
qu'avoit fait cet hyverMr
de Bouville
,
qui en efloit Gouverneur.
On mit aussi le feu aux
paliJlàdesJ aux hameres> &aux
portes, <&* Mr le Comte d'Esteing
renforcé de cette garnison,
qui efloit de mille Fantassins& de
de deux cens Chevaux, alla camper
au Village de Termens & a
Villanova de la Marca.
Le 8. il alla camper le matin
à la afuë de Lerida, où il entra
pour en voir les travaux, & le
soir ilse renditavec toutesa troupe
à la Tour de Segre & aux environs.
Peudejoursauparavant
on avoitfaitsortir de Leridadix,
pièces de canon de 24. e. huit
mortiers,qui joint avec ceux qui
viennent de la Valence.) feront
plus de vingt pièces de batterie,
sans compter celles de campagne.
Le même jour 8. on travailla à
dresser un Pont à la vue de la
Granja, maisparce que les eaux
5y trouvèrent tropgrosses, on fut
obligé de l'approcher de Mcqui.
nença ,
où ilfut bientoflachevé, ~c
les ouvriersy travaillant en toute
seureté.
Le 9. le ReçimentdeDragons
de Buserin
,&le Regiment Royal»
des Asturies de cinq cens fantajjtns
commandépar le Colonel & Brigadier
Vicomte del Puerto,passerentsur
ce nouveau Pentpourje
joindre à Mr le Comte d'Esteing.
Le Regiment de Houssards resta
dans Lerida ou il efloit venu le 7. O croit anilyfera en garnison
& que les deux cens chevaux
Espagnols quiysont, iront joindre
leursRegimens. On appritque la
veille les Miqueletsavoientoccupé
Balaguer avec le Regiment Catalan
de Sobias
, & quds avoient
Jacagéla ville&tous les environs.
Le io. sur l'avis qu'on reçut
que le Comte Guy de Staremberg
avoit mangé à Tarrega, & qu'il
alloit reconnaître le terrain avec
unepartie desa Cavalerie,ondétacha
de Lerida un parti de trente
Chevaux&Houssards, qui aile..
rent battre l'estrade prés de Tarrega
Cm s'en retournerent sans
avoir rien trourvé. Le même
jour 10.Monsieur le Duc dOrléans
qui efloitpuni de Sarragojje
le 7. & qui le 9. avoitjointa
Torrenté le Corps d'Armée commandé
par Mr de Bezons,arriva
à Fragasurle midi.
S.A.R. en partit le 11 au matin
avec toutesa Cour pourse rendre
à Lerida
,
dont elle vijilad'abord
les Fortifications) C- Elle en parut
très-satisfaite. Ce Prince futreceu
au bruit d'unefalve Royale
du canon, & on luy fittous
les honneurs que la pauvreté
de laVillepermit de luyrendre.
Les eaux des rïvieres groifelant
tous les jours ,
&riy ayant
point de seureté à passer sur des
Ponts faits seulement avec des
Outresy SonAltesse Royale manda
à toutesonArmée de venirpafser
à Lerida, elle devoit camper le
12.. à Alcaras, & traverser le
13. Lerida
, pour se joindre au
Camp de Torre-de-Segre,&pour
partirensuite de la avec vingt-cinq
Bataillons & de la Cavalerie a
proportion. On tientpourfûr quelle
marchera par le plus court che~
mm, qui estceluyde Llar de cans,
Nayals, mas de Flix, & Garcia,
&l'on espere qu'avant le 2 o. toute
l'Armée sera devant Tortose
pour en faire le Siege & quelle
sera alors de quarante Bataillons
&de trente Ejcadrons
)
le reste des
Troupes devant passerpar la Valence
&par la Chastellenie d)Am--
posta
,
ou on laiffira dequoy garder
la Frontiere. Mr de Durban
efl parti de Lerida avec son Régiment
pour Fraga, où il refera
en garnison.
Extrait d'une Lettre de Lerida
du 19. May.
Le 12.ausoir Mr le Duc
d'Orléans alla camper à une lieuë
de Lerida
,
dans un lieu nommé
Alcaras avec les Troupesqui
avoientpajJe la Segre sous la conduite
de Mrs de Bezons, d'Avaray
, de Labadie,de Male- nilla.
Le 13. à six heures du matin
le reste des Troupes commença à
passersur le Pont de Lerida avec
les équipages, provisions,vivres,
&c. ce qui continua jusqu'à trois
heures aprèsmidy. Son Altesse
Royale lesjoignitavecsa Cour
& les deux Bataillons des Gardes,
É7 alla coucher au Village de
Suner. Le détachement de Mr le
Comted'Esteing s'avançacejourlàjusqu'a
Llar de cans. Le même
jouron détachasix-vingtchevaux
Espagnolssous la conduite de Dom
Josephd'Allejo. Il prit, le chemin
de la gauche de la Plained'Urgel,&
fit halte à las Borjas.
Le 14. ce détachement ayant
passépar le Village de Vinaixa , descendant du costéduBarbera
jtifèJr/à Poblet. Tous les lieux des
environs se soûmirent sans faire
-
la moindreresistance. Les gens à
pays croyentquenostre Arméede
cendra du costé de Montblanc
Collado, py Cabra,jusqu'à la
Plaine de Tarragone. Ce mêmi
jour l'Avantgarde de Mrle Comte
d'Esteings'avança jufcjHatê
Mas de Flix, Son Altesse
Royale campa avec toute fort
Armée à Llar de cans ou dix à
douzeMiquelets de la Compagnie
d'Adam & Bayle, vinrent
se rendre; quelques
- uns
estoientàcheval. Le détachement
de Dom Joseph d'Allejo aprés
avoir esté du costé de la Montagne
de Prades jujqua Uldemolins
vint rejoindre à l'Armée.
Le 1
5.le Regiment de Cavalerie
de Simianes sortit de Lerida
pour mieux couvrir l'Arriere-garde
de l'Armée pendantsa marche
& garantirlesBagages & les
Equipages des incursions des Miquelets.
Mr le Comte de Louvignies
Gouverneur de Lerida fit
aussi fermer lespassages du Pont
pour prévenir tous les desseins des
Miquelets qui depuis l'éloignement
de l'Armée pourroient avoir
dessein de nous visites, & il envoya
dire à un Convoy de vivres
de trois cens Mulets de repasser au
Pont de Frag/1,J & de joindre à
Corps de Troupes qui descendfoui
les ordres de Mr d'Arennes,pat
Caspé, Mequinença,ela Cbatellenie
d'Amposta
,
le long de la
Riviere d'Ebre.S. A. R. reçoit javec une bontésinguliere lespeupies
qui rentrent dans leur devoir
£?* elle a deffendusous degrandes
peinesaux Soldats defaire le moindre
desordre
, ayant mêmefaitpunirseverement
quelques -uns qui
avoient contrevenu àses ordres.
Le 16. on eut avis que le
Comte de Starremberg estoit allé
visiter les Villes de Tarragonec4,
de Tortose, e que le
1 5. il estoit
encore à Cervera, d'où il avoit
donné ordre pour rassembler les
Troupes qui avoient esié en quartier
dans la Sagarra, &auxenvironsd'Urgel,
afin qu'llespussent
marcher au premier jour. On donna
aujJi avis que la garnison de
Tarragone n'estoit que de cinq
cens Anglois
, avec vingt- deux
pieces de canon, ( on verra pourtant
cyaprès que le 6.oncomptoit
cette garnison de deux mille Anglois.)
S. A. R. campa à Flix &
le Comte d'Esteing à Ginesta. On
faisoit toûjours venir par l'Ebre,
soixante - quinze Barques, pour
construire des Ponts voiturerles
vivres.
Le 17onsçut que les ennemi,
ayant ramassé toutes les Troupes
qui avoient esté en quartier à
Agramunt, à Tarrega
, &
le long de la Riviere de Sio , estoient décampées de Cervera ,
pourse rendre à Verdu.
Le 18.on eut confirmation de
cette nouvelle&l'on assura qu'ils
estoient descendus du costé de Barberajusqu'à
Montblanc, nepouvantresterplushautfaute
de Mata'{
ins, ny ayanten tout à Cervera
que trois cens charges defarine;
ainsi ilssepressoient d'arriver
à la Plaine de Tarragone dans
l'esperance de tirer de cette faille
quelques provisions de guerre CI,"
de bouche.On apprit aussi ce
jour-là que Mr le Duc de MoaiU
les estoit entré dans le Lampourdan,
&qu'il campoit à Figuieres;
ce qui réjoüitfort nostre Armée.
Le 19. les avis des jours precedens
furent confirmez & l'on
sceut que du Camp de Verdu les
ennemis estoient venus entre la
Expliegade Francoli,&Montblanc
, cm qu'ils navoient laijje
que quelques Houssarts, quetques
Compagnies du Régiment de
Sobias à Pons, à Agramant,&
à Belpuig, tres-mal équipées (.;r
hors ctejiat de servir en Campagne.
Nostre Armeecontinuantj*
marche le long de ï'Ebre3a dû ar
river le 19. a la vue de Tortose.
sans le moindreohflacle de lapan
des ennemis.
Mr d'Asfeldestoit parti le13,
de Valence avec les Troupes quii
conduit au Siege de Tortose
s jèize canons & quatre mortiers.
on fait auJJi marcher le Pont de
Barques que nous prîmes annee
rdemiere aux Portugais après la
Bataille d'Aimanta. On a laissé
à ValencefèptRegimensd'Infanterie
3 &quatre de Cavalerie.
On a aujJi laissé du cofté de
Monçon quatre Bataillons d'infanterie
& cinq cens chevaux quifujjifentpour , empêcherles Miquelets
de courir la Frontière,
L'Armée de S. A. R. devant
Tortose fera de 2.1 000.fantassins
& de gooo. chevaux.
OnavûpasseràPampelune14.
canons de batterie tous neufs, venant
de France
, avec quantité de
provisions de guerre de toutes especes.
Les chemins depuis cette Villelà
jusqu'à Leridasont remplis des
voitures qui conduisent ces provisions,
aussi
-
bien que des Recruës
qui viennent encore pour les Troupes
Françoises.
L'on travaille à Pampeluneà
une augmentation du Pont d'Ou.-,
tres quifutfait l'année derniere
en cette Ville-là
, & dontMr
le Duc d'Orleans seservitutilement
comme il a commencé àfaire
cette année-cy.
S. A. R. a receu les avis ftivans
d'un Gentilhomme Catalan
de la Plaine de Tarragone qui s'est
retiré de ce costé-cy
,
dont le Memoire
est du 6. May. Il contenoit
en substance.
Que l'Infanterie Hollandoise
au nombre de mille hommes
marchoit à Torcose ;
que tous les Regimensd'Infatv
terie venus d'Italie & qui ne
font pas plus de 4000. hommes
estoient campez sur les
bords de l'Ebre ; qu'il y avoir
à Falseté & à Garcia, deux Regimens
composez de differentes
Nations qui furent levez
en Catalogne le Printemps de
l'année derniere à la solde de
la Reine Anne, & qui parce
qu'ils avoient esté mal payez,
ne montoient pas ensemble à
six cens hommes ; que les deux
Regimens de Cavalerie de
Cordouë & de Moras qui ne
font pas plus de quatre cens
hommes,estoient arrivez aux
environs de Tarragone ; que le >p
bruit estoit(c'est le6. de Ma)
que l'on parloit) qu'il y avoit
dans cette Place deux mille
hommes d'Infanterie Angloise
qui ett tout ce qu'il y a de
cette Nation dans le Pays;
mais qu'il n'y avoit qu'une
mediocre quantité de bled;
que toutes lesautres provisions
de bouche y manquaient;qu'il
y avoit ordre de travailler
promptement aux Fortifications
qui estoient commencées
depuis la Porte de Nostre Dame
du Rosairejusqu'à celle de
Saint Antoine: & de refaire
toutes les palissades depuis ladite
Porte du Rosaire jusqu'au
Port, n'yen ayant aucune en
estat jusqu'au parapet du chemin
couvert ,&qu'ilsn'ontque
vingt à vingt- deux pieces de
canon de bronze la pluspart
pieces de campagne, qu'ils
tiennent prestes pour pouvoir
les conduire où ils en auront
le plus de besoin ; qu'il y a encore
dans la Plaine de Tarragone
4. Regimens de Dragons,
& un de Cavalerie Angloise
qui y font assemblez, & qui
ne font en tout que douze cent
chevaux, qui n'estant point
payez font hors d'estat de se
mettre en campagne ; que tou."
leur esperance roule sur l'ar
gent qu'ils comptent leur de
voir estre apporté par laFlotte
d'Angleterre; &que c'estauCfi
là-dessus qu'ils remettent
payement des choses que te
Paysan est forcé de leur fournir
; qu'ils se font fortifiez au
Col de Cabra, qui eH: la grande
entrée pour venir de laPlaine
d'Urgel à celle de Tarrago-
-
ne, avec des lignes garnies de
palissades & de fascines de la
hauteur & de la largeur d'environ
six pieds:que comme il
court au milieu de ce Col un
petit
tit ruisseau,ils ont élevé ces lignes
sur le milieu jusqu'à quinze
pieds de haut & il leur en
ont donné neuf de large;ayant
feulement laisséunpassagefermé
par une barriere;&du côté
de la montagne où passe le
chemin
,
ils ont fait une espece
de Plate forme qui borde le
chemin,laquelle a dix pas de
large, & que comme de ce côtélà
la montagne est plus escarpée,
on ya dressé trois Tourelles
plus élevées les unes que
les autres, sur chacune desquelles
les ennemis prétendent
mettre une piece de canon
( mais tout cela ne peut nous fir¡
mer l'entrée de cette Plaine,puisque
les Bataillonspeuvent
cher tousformezsur la montagne
du costé du Levant sans aucune
difficulté, à moinsqu'ils ne conduisent
leurs lignes jusqu'ausommet
de cette Montagne, ou tout
au moins à plus de la moitié.)
Quejusqu-au6. Mayonn'avoit
tiré de Barcelone aucune
piece de canon, nyaucunmortier
;
qu'il n'y avoit pas alors
dans cette Ville plus de quatre àcinqmille charges de bled &
unemediocre provision de biscuit,
que du reste selon le bruit
communon y estoitdépourvû
îles autres chosesnecessaires;
que les Anglois depuis l'arrivée
du Comte de Starremberg refusoient
de luy obéïr, disant
jjue la Reine Anne est assez
grande Princesse pour leur
donner un General de leur Nation
;
qu'ainsi l'on croit que le
Comte de Belcastel arrivé avec
le Comte de Starremberg les
commandera ; & qu'enfin les
ennemis, selon la plus commune
opinion, n'ont en Catalogne
que cinq mille hommes
de Cavalerie, dix à onze mille
hommes d'infanterie
,
& trois
à quatre Escadres de Miquelets,
gens tous propres à prendre
la fuite dés que l'on marchera
à eux le sabre à la main.
C'estlà ce que contenoit le
Memoire presenté à Son Altese
Royale,en datte du 6. May.
Vous apprendrez dans les
trois Lettres qui suivent
,
la
suite de ce que vous venez de
lire, & vous y remarquerez
l'attention & la vivacité de S.
A. R. pour tout ce qui regarde
la gloire & le service des deux
Couronnes.
Au Camp de Vin-Ebre, le ip.
May 1705.
L'Arméepartit d'Alcara le
1 3.
&passa la Segre à Lerida
, ou S.
A. R. (fioil venue coucher la veille
, & vint campervis-a-vis
d'Alc¡,cz",t
,
à un Village appellé
Funes; Mr d'Esteing avoir aussi
marchécejour- là, &0il estoit campé
à troislieues de Llar de cans.
Le 14, à la pointe dujour nous
marchâmes jur troisColonnes
, & vinsmescamper à Llar de
cans, d'où Àdrd'Ejleingejloitparti
le même jour.
Noussejournâmes le 15.
Le 16.ondéfilapar des Montagnes
couvertes de bois (7 de roches
3 &nous vinsmes campersur
le bord de l'Ebrc
,
vis-à -w de
Fll:x. Mr d'Estain avoit quitté
ce Camp le matin & il efloit
campévis-à-visde nous aa-dessous
de la Rivière, qui fait en
cet endroit-là un espece de fer à
cheval
, au milieu duquelle Village
de Flix est jitué. Mrd'Arennesy
estoit campé avec toutes
fies Troupes, qui sont plus nombreuses
que les nostres
, & celles
de Mr d'Essain. Demie - heure
aprésnostre arrirvée, tous les batteaux
arrivèrent
, & on les a>ir
descendre
,
nis-a-vis le Camp de
de MraEJiain3pouryco^firuire
le Pont.
Le 17. nous Ajournâmes.Ilfit
ce jour-!}ansigros vent, & la
Rivière cfiou jï rapide à. cau/ê
d'unoragequil'avoit greffe
,
qi,,-
on ne puttravailler au Pont, ny
faire Pafier l: t.:zin af!X
Troupes
qui efioient à Flix ,&que nous
ne reçûmes que le soir.
Le 18. nomparlimespourveniricy.
S. A. R. passa au Camp
de Mr d'Estainpoury voir iravaillerau
Pont, ouilyavoit dej-x
huit Batteaux de placez dans le
plus rapide, & on croit qu'il fer*
finiaujourd'huy, l'Infanteriede Mr
d^Efiainsvint avec nous. On a laissé
feulement quelques Grenadiers
pourgarderla teste du Pont; La cavalerie
à quion n'avoit pû délivrer
le pain, viendra aujourd'huy
,

suivant toute apparence, nous attendrons
Mrd'Arennes. Nouspmme
s à six heues de Tortose ; d'ai
nous apprenons qu'on fortifie la teste
du Pont, & qu'on travaille à une
Tenaille de ce cossé-cy3ily a (ôus
le canon quatre Regimens d'infanterie,
campezavec le Régimentde
Cavalerie d'Aragon, & aux en"
virons deux Regimens Allemans,
un de Relîgionnaires, & un Anglois
; ils ne s'attendent pas dïeftrc
sï-tostassiegez: par les mouvemens
que Mr Langotse donne, rien ne
nous manque.
Au Camp de Ginestar, le 15*
May1708.
Le 19. ducourant dans le temps
que tyjtui croyoni devoirfinir le Pont
quiestoit commencé devant Flix il
survint une cruë d'eau, qui jointe
au mauvais fonds de la rivierefit
chajsdt les ancres des Batteaux ; de
maniere que nous perdimes toute esperance
d'ypouvoirréüssir
,
& comme
110US estions fort prés des ennemis.
S. A. R. prit le parti defairepasser
dans des bateaux plusieursBataillons
de l'Armée de Mr d'Arennes,
qui demeurerent sur le bord de
la riviere sans bagage
,
le 20. & le
21. pendant qu'onfaisoitl'épreuve
d'un Pontsans ancres , qui paroi
soit bien rendit*
Le 22. une partie de nos Troupe ~~t les défiez. qui estoient devan
nous, & vint nous joindre à Vin.
Ebre.
Le 2 3. nous partîmes &tous les
hatteaux descendirentjusqu'au defsous
de mor.,, où l'on a dessain de
faire le Pont, & nous campâmes visà-
vis de cette Place, lariviereentredeux,
oùnoussejournâmes le 24.
& pendant ce temps , on fit p-tjfit
dans de grands batteaux les quatre
Escadrons des Gardes du Corps,&
deux Regimens de Cavalerie, avec
les Gardes VValonnes, qui paJJerent
à la gauche de no/ire Camp ,
pour ne pas perdre de temps à la
construction du Pont qui sefai[bit à
la droite. Nous sommes partis le
matin de ce lieu avectrente - neuf
bataillons &presqu'autantd'Escadrons
pour venircamper icy
,
dans
un ues.beau Pays oùily a abondance
defourages Mrd'Arennes cil
aussivenu camper de l'autre costéde
l'Ebre, à un Village nomméBerizanel.
Jecroisquenousattendrons
icy que nostreArtilleriesoitpassée fut
le Pont> qui suivant touteapparencefera
fini demain
,
& en estat de
paffer toute la Qavaleric de mie
d'Arennes;quant au canon, nous
l'attendrons encore plusieurs jours.Je
ne vous parleray point de plusieurs
détachemens
, qui se font faits de
devant Mora pour allerchasser les
ennemis de divers Postes
; car ils se
sont toûjours retirez devant nos Troupes
)
sans nous laisser le temps de les
joindre. Mr de Zerezeda jtavttnf"
jusques sur le chemin de Tortose
Tarragone, &il dégageasoixant
cinq Prisonniers qu'on conduisoit
cette derniere Place, & dont II
Compagnie de Grenadiers de Chtfl
rolloisfaisoitpartie; il prit trent,
hommes des ennemis qui les conrlui.
soients
A Leridale26.May.
Le 21. nous apprimes que l'on
avoitdrcjffé un Pontde Barques sur
lequel les Troupes qui marchoient
de l*autre costé avoient passé pourse
joindre à S. A. R. & marcher de
concert avec son Armée le long de
cette riviere.
Le 22. deux habitans de Reols&
de la Selva dans la Plaine de Tarrfigone
t. vinrent assurer que quelque
rnvie qu'eut le Comte de Starremberg
de se mettre en Campagne, il
ce pouvoit en venir à bout tout luy
manquant pour cela. Ses Troupes
restent toûjours dans leurs Quartiers
aux environs de Barbera & dans la
Plaine de Terragone, où elles vivent
aux dépens des Paysans, qui
ont eu le malheur de porter tout le
fardeau de la guerre. LesTroupes
lesplus malentretenuëssont les Palatines
arrivées par le dernier débarquement.
Les ennemis preparoient
un détachement de quatre
hommes choisis par Compagnie,au
nombre en tout de huit cens hommes,
avec une partie de leur cavalerie,
pour reconnoistre les environs de Tortose,&
essayer dy jetter un Convoy
de vivres, & sur tout de bled &
defarine, dont ily a grandedisette
dans la Place.
Le 23. on aflurtl que les ennemi
TCavoientfait aucun mouvement
que le Comte de Staremberg ['(lot
toûjours dans son quartier à Mont
blanc, & quil y avoit rappelle le.
Troupes qui estoient à Moreon ; ainsiMr deFontboisard n'aurapas
grande occupation dececofiè-la.
Le 24. nous feumes que le quartier
General de S. A. R. estoit à
Ruina, & que Mr le Comte tfEftain
avecson détachement estoit arrivé
à la vûë de Tortose, & qu'il
s'estoitsaisides avenues„ Jgue toutes
les Villes &lesVillages revendent
navecceemdpreussement & avec joye à Roy; que ceux de Falcete
s'estoient distinguezpar un present
de cinquante charges de vin &
autant de pain , qui avoient tjJé
distribuées aux Soldats par ordre de
S. A. R.
Le même jour dans lanuit onfçut
que le Comte de Staremberg estoit
parti en diligence pour Qarcelonne,
& que ses troupes e;]oienttcéflkrs
dans leurs quartiers, sanssçavoirce
qu'ellesdeviendroient. OnfeutLU/JÎ
que la Flotte ennemie qui avoit touchéà
Barcelone r/y avaitdébarque
aucunes Troupes; mais seulement
quelque peu de bled
,
qui ne peutsuffire
pour ravitailler cette Place.
Toutes ces nouvelles ont esté confirméesaujourd'huy
26. & l'on a appris
avec joye que nos Troupes occupoientsibien
toutes les communications
e- les passages de Tortose à let
Plaine de Tarragone,aux Montagnes
de Pradas, &surtoutau Villa^
cdePetcllosi qui est leçrandebemin
des Voitures, que les ennemi
n'avoient pas ofè risquer de faire
entrer dans Tortose le Convoy qu'i4
avoientprepare.
Le Journal de la Lettre Cui..
vante,commençant au même
jour que finit celuy de la Lettre
precedente, j'aycrû qu'elle
devoit suivre naturellement cellesquevous
venez de lire.
Au Camp de Ginestar,le
premierJuin.
Nousarrivâmesicy le 25. oùnous
sommes ,36. Bataillons, 44. Efètedrons
de Cavalerie& 12. Escadrons
de Dragons. Noftfe Pontfutachevé
Samedy26: àmidy on commença
parfairepasser dessus les équipages
detoutes les Troupes qu'on avoit eftc
obligé de faire traverser dans des
Batteaux les joursprecedens.
Le iy, une partie de l'Infanterie
de Mr d'Arennes,passa ledit Pont
pour relever celle que nous y avions
laissée pour en garder la Teste
>
&
qui nous vinrentjoindre.
Le 2 8. un de nos Partis détachez
pour s'approcher d'un Poste des ennemit,
revintavec 14 Soldats qui deserterent
dudit Poste, leurs Camarades
ayant pris la fuited'aurtloin
qu'ils nous apperçurent.
Le 29 S. A. R. partit dés 4,
heures du matinpourallerfairefaire
unfourrage à deux lieuës d'icy, dans
les Montagnes; Mr de la Badie
avoit pris les devansà minuit avec
lOo. chevaux & Dragous, qui découvrirent
à la pointe du toth 5. ou
600 hommes tant Miquelets que
Troupes reglées qui se retirérent sur
des hauteurs à nostregauche,où ifs
ne firent pas un longsejour,ayant
apperçu2000 hommes de nostre Infanterie
,
qui tachoient à lescouper.
Onpilla le Village à cause qu'ony
trouva plusieurs mulles) qui nous
avaient estéprises,&on revint du
fourage sans avoir perdu personne.
Depuis ce temps-là on efl: occupé à
faire un Retranchement surune hauteur
à demie lieuë d'icy, vis-à-vis
Miravet ,
où l'on doit mettre 8. Bataillons
& 2.Escadrons que nous
attendons de l'Armée de.Valence;
ilsy resteront pour assurer la Navigation
de la Riviere sur laquelle en
doit embarquer, toutes les munitions:
pour l'Artillerie & le Canon, dont
îi. pecesde 24. venant de Leri&ti
avec quelques Mortiers,sont déja
arrivées de l'autre costéde la Riviere
; on ajjure que ce qui vient de
Bayonne, est encore il sept ou huit
journées d'icy, d'où nous faisons estat
departir dans trois ou quatre jours.
Il nous est venu aujourd'huy quinze
ou feizg Deserteurs
, (g* l'on croit
quils feront suivis par beaucoup
d'autres.
Au Camp de Ginestar, le 6.
Juin 1708.
Le premier du courant S.A. R,
fit distribuer dupain pour troisjours
a un détachement de Troupes qui devoit
aller aux ordres de Mr de Kercad?)(
ous pretexte de s'emparer du
Poste de la Ma:clcine du cojiède
de Garcia , dr de f. wiÇerl.t de<{»
cente des Batte*aux chargezdemunitions
que nous attendions, & que
lesennemis voulaientinsulter, pour
cet effet ils avoient envoyé à Falceté
mille hommes de pied & cent cinquante
chevaux commindez,.Par* un
ColonelIrlandois
,
qui est aufetvke
de 1*£lelfeur Palatin.
Le même jouràsix heures dusoir
onfit un a utredétachementd'infanterie
& de Cavalerie, sous pretexte
d'un fourage ,
qu'effectivement en
devaitfaire le 2. du costé de Tibise.
Toutes ces Troupes se joignirent à 8.
heures du (Õ'r) & marcherent toute
la nuit ,
latffant à leur gauche le
chemin deTibise que nos fourageurs
aevoient prendre pour éviter les Miquelets
qui estoient de ce coflé-la , &sous la gardedesquels les ennemis,
qui estoient à Falceté se repôsoient.
Ces détachemens
, qui faisoient
le nombre de trois millefantassins
& de huit cens chevaux
,
qui estoient commandez par Mr
Gaëtano, Lieutenant general des
Arméesd'Espagne, qui avoit sous
luy Mr de Ceylo,Maréchal de
Camp Mr le Marquis de Lambert
,
Brigadier, & Mr le Comtede
GlineaussiBrigadier.Tous nos
fourageurs partirent d'icy à deux
heures du matin, &prirentla route
de rihifè.S.A. R. partit d'ici
à deux heures & Lussant Tibise à
gauche, s' '.:tvanç.J du costé de Falcete;;
nos fourageurs trouverent à Tibise
les Miquelets lui, les Montagnes
j qui les voyant sans escorte
> les attaquerent & en prirent quelques
- uns, & obligerent les plus
POLTRONS à s'en revenir. Oncruttout
d'un coup icy que c'estoit une méprise,
& que l'escorte s'estoitégarée. On
vint chercher du secours pour renforcer
quelques Dragons, qui ayant
eu ordre de porter leurs armes au
fourage, repousserent de leur mieux
les Miquelets ; mais c'estoitseulement
pour les ttmufrr
pUiiqu';" la
petite pointe du jour on arriva Il
Falcetè5 on crut tout d'uncoupqu'il
n'y avoit plus personne,
n'ayant
trouvé aucunes gardesavancées ;
mais les ennemis dormoient sur la
garde des Miquelets ; sUmaginant
que nous ne pouvions passer quepar
Tibise.Sitostqu'ils nous apperçurent,
ils voulurent gagner en diligence
un défilé; mais iln'y eutque
la Cavaleriequiy pust parvenir,
encore n'y arriva-t-elle pas toute ;
'l'J:tn.: à l'infanterieaccompagnés
de quelquesMiqueletsvoyant que
la retraite luy cftoit coupée, elle chertha
à grimpersur une lVfontagne) où
ellefutvivementpoursuivie par nos
gens, qui l'accullerent contre une
Roche, où elle battit la chamade,
&mit bas les armes, demandant
quartier. Ouleurtuadumoins 4°°"
hommes. On ne fit aucun quartier
aux Miquelets, & nous avons pris
dans cette occasion un Colonel, un
Lieutenant-Colonel,un Major, &
environ trente autres Officiers dont
douze sont Capitaines , avec cinq
CCKS trente-trois Soldats de diverses
Nations ; mais la pluspart Palatins
, & Troupes venues d'Italie.
On a envoyé tous les prisonniers en
Ciiftîlle. NÙUS n'avons perdu que
dixhuitàvingt hommesseulement ; JtirJt ZercT^àùy Colonel E./pagn,¡}
eutsonchevaltuésous luydans cette
atliony qui luy attira des louanges
de Monsieur le Duc d'Orleans. Son
yllteffe Royale arriva à Falceté
dans le temps que l'actionfinissoit.
On trouva dans ce Villagesituéà
cinq grandes lieues du Camp,quelques
barils de poudre, cinq cens
mousquetsquantité de bales &de
bagages ,quifurentpillez,^
Ce Prince apprit le 4. que Mr
de Vallejo qu'il avoit envoyé du
costé de Parello sur le th. min de
Tortose à Tarragone »y avoit enlevé
mille boeufs ou vaches &Jix mille
rioulons
,
qui estoient en pâture aux
environs, d. destinezpour la provisionpendant
lesiege. Ilarriva hier
icy avec son butin
,
augmenté de
cent cinquante chevaux ou mules,
après avait défait les l/liqucleu
qu'on
qu'onavoit envoyez pour s'opposer à
sa retraite, dont ila seulementamené
huit prisonniers. S. A. R. donnaordre
qu'on distribuast tout le bétail
aux Troupes.
Nos batteaux& nos munitions
arrivèrent hier à Flix.Nouls faisons
aujourd'huy un fourage general,
& nous partirons incessamment
pour Tortose.
Du Camp de Ginestar, le 7.
Son Jlltlfl Royalefit défais
re le Pont, afin de fairepasser les
Batteaux d'Artillerie,dont quelques-
unss'assablerent
& £oyt fut
obligé de les alléger. Mr le Marquis
de Bezonspartitd'icy avec trois
brigades d'infanterie,
& quatre
Regimens de Dragons , pour aller
camper 2 lieuës en avant5 il nous
vintce jour-là 70 deserteurs )2.). desquels
estoientsortis d'un poste de 50.
hommes,commandezparunCapitaiticyun
Lieutenant,&un Enseigneque
Mr de Vallejo enleva ensuite, avec
le restede leurs Troupes, on enleva
aujji quelques petits Postes, de sorte
que nous eûmes environ 150. prisonniers.
Tous les deserteurs conviennent
que les Troupes ennemies ne
font paspayées, & que depuis qu'elles
ontesté débarquesen venant étltalie
,
les Soldats n'avoient reçu
qu'un écu chacun. S. A. R. estpartie
cette nuit à deux heures pour aller
joindreMr de Qezons
, qui doit
allt, camper àsix heures d'icy. Nous
devonsdemainpartir avec le reste
de l'Armée pour l'allerjoindre. Ce
prince a commandé un grand nombte
de Troevoeilkurs pour élargir les
chemins.
Ir S. A. R. dont la prevoyan.
ce est grande en toutes choses)
avoitordonnéavant tous ces
heureux avantages, à l'Intendant
de Guyenne, de faire acheter
quinze cens boeufs
, & de , les envoyer à son Armée,elle
avoit aussi ordonné à celuy de
Montauban de luy envoyer
un pareil nombre, de boeufs
qu'on devoit faire partir du
Roussillon, & mille pour les
Hôpitaux de l'Armée
, avec
beaucoup de moutons. M de
Meliand Intendantdel'Armée
,
s'est donné touslessoins
necessaires pour l'execucion des
ordres de S. A. R. & tout.ce
bétail fera arrivé à l'Armée de
ce Prince, long-temps avant
que vous receviez ma Lettre.
On a fait aussi acheter en Aragon
quantité de bled pour la
même Armée.
Je ne fermeray pas ma Lettre
sans vous donner encordes
nouvelles de l'Armée de Son
Altesse Rayale, & de celle de
Mr le Duc de Noailles.Cependant
je passe à quelques Articles
de Morts.
Dame N Hennequin
d'Hecquevilly,Femme de Mre
N de Gigault Marquis de
Bellefonds, Colonel d'un Regiment
de Cavalerie, Gouverneur
de Vincennes, & Petit-
Fils de feu Monsieur le Mare-
0-
chal de Bellefonds, est morte
en couche,& dans une grands
jeunesse. ElleétoitFilledeMre
André Hennequin Chevalier,
Seigneur Marquis d'Ecquevilly
& de Frênes. Seigneur deBalastre,
de Boüasse,de la Müette
de Verigny, de Goüillons, de
Prêle & autresLieux, Barol
d'Hesten Artois
,
& Capitaine
Genera l des Toiles de Chasse,
Tentes &PavillonsduRoy,&
de l'Equipage du Sanglier,Ila
succedé à feu Mre N HennequinSeigneur
désdits Lieux,
& qui avoit la même Charge;
il en prêta Serment à Fontainebleau
, entre les mains du Rov,
le 27. Juillet 1659. Il est d'une
Naissancetres con siderable. Mr
Hennequin donc le Pere étoit
François, cy- devant Procureur
General du Grand Conseil, qui
refusa d'estre Premier President
de Roüen
,
lorsque Monsieur de
Moncholon fut nommé à cette
P ace, & dont le Fils effc Antoine-
Joseph Sieur de Charmont,
cy- devantaussi Procureur
General du Grand Conseil
,
Be
au paravant Conseillerau Grand
Conseil, Grand Raporteur
,
&
cy-devant Ambassadeur à Venise,
& aujourd'huy Secretaire
de la Chambre & du Cabinet
du Roy) pour le Quartier d'Oc..
tobre, sont dela même Maison
que Mr. le Marquis d'Ecquevilly
Ce nom cil: fort connu
dans la Robbe: la Familledes
Hennequins a donné des Evêques
à l'Eglise & des Officiers
a toutes les Cours Su périeures
de cette Ville. Me laMarquise
de Bellefonds n'étoit mariée
que depuis deux ans à Mr.
le Marquis de Bellefonds Capitaine
& Gouverneur du Château
& Parc de Vincennes,&;
des Chasses dudit Lieu: elle
laisse un Fils. je vous ay fait
unassez grand détail de la Maison
deBellefonds; en vous apprenant
dans une de mesder-
111lercs Lettres le Mariage de
Melle de Bellefonds avec Mr le
Marquis de. Fervaques.
Soeur Antoine d'Albert-
Chaulnes Abbesse du Monastere
Royal de S. Pierre de Lyon,
estmorte dansunâgeassezavancé
, avec de grands sentimens de
pietés & après avoir recûtous
les secoursspirituels de la main
même de Mr l'Archevêque de
Lyon, qui l'a visitée plusieurs
fois, luy a administrélesSacremens
, & donné les dernieres
Benedictions. Elleavoit pris
l'Hab'ic & fait Profession en
l'AbbayeauxBois de Paris ; qui
cil: de l'Ordre de Citeaux, &
elle obtint ensuiteune Dispense
sur la Nomination du Roy, pour
estre transféréedans l'Ordre de
S. Benoist, dont estl'Abbaye de
S. Pierre: Elle y a fait de grands
embellissemens, &elleyafait
é lever les su perbes Bâtimens
que tous les Etrangers qui pafsent
par.Lyon,y vont admirer
& qui le disputent avec les plus
beaux decetteespece quifonten
Europe, Elle a gouverné sa.
Communauté avec une grande
Sagesse,mais en même temps
avec la severiré que les Abbesses
doivent avoir, depuis l'an 1672.-
qu'elle succeda à sa Soeur Anne
d'Albert-Chaulnes, quimourut
le 4. Février de la même
année, après avoiresté 22. ans
Abbesse. Elleavoit deux autres
Soeurs Religieuses, sçavoir Marie-
Magdeleine-Urbine
-
Therefe,
Coad jutrice, purs Abbesse
de l'Abbaye auxBois, morte en
1687. & Charlotte Prieure perpetuelle
du Monastere Royal de
S. Louisde Poissy, depuis 1669.
jusqua l'annéedernierequ'elle
mourut. Madame de S. Pierre
avoit eu quatre Freres
,
sçavoir
Henry-Louis Duc de Chaulnes..
Pairde France, &c. Charles î.r
Marquis de Raineval; Charlel
II. Duc de Chaulnes Pair de
France, Commandeur des Ordres
du Roy Gouverneur de
Bretagne, & ensuite de Guyenne:
& enfin,Armand, ditl'Abbé
deChaulnes; lesEnfansd'Henry
Loüis, & de Charles II. sont
parvenus à tous les honneurs
que leur grande Naissance pouvoit
leur faire esperer. Ils
étoientfortis duMariage d'Ho.
noréd'Albert Ducde Chaulnes
Pair & Maréchal de France,
Vidame d' Amiens, Seigneur de
Pequigny & de Raineval ,& qui
avoit d'abord porté la qualité
de Seigneur de Cadenet
,
petit
Fief du Comtat Venaissin
,
& de
Charlotte d'Ailly Comtessede
Chaulnes) Fille unique & heritiere
de Philibert Emmanuel
d'Ailly Seigneur de Pequigny,
de Raineval,Vidame d'Amiens,
Chevalier des Ordres du Roy,
& de Loüise d'OgniesComteiîe
de Chaulnes & Dame de Magny.
Monsieurle Maréc hal de
Chaulnes .croie le second Fils
d' Honoré d'Albert Sieur deLuinés)
&-Frere Puisné dû célèbre
Connétable de ce nom, qui en
s'élevant éleva tous ses Freres.
UneTradition domestique porte
, que la Maisond'Albert iteit
établie dans le Comtat VenaiJJîn,
sous llePape Innocent-VI. Mais
ce qu'il y a de sur,c'est qu'elle
s'est fort élevée dans le dernier
siecle, & qu'il y eut une grande
différence entre Honoré d'Al- bert Sieur de Luines dansce
Comtat, & ses trois Fils -qq
--Vvlinnrreenntteenn Frraannccee,, & doonntt Paaîlnnit
porta la qualitédeConnétable
de France; le fecond celle
de
Marechal de Chaulnes ; -& ld
troisiéme d'abord connu fous
le nom de Monsieur de étantes*
dont Mr. de Bassompierre parle
dans ses Mémoires, celle de Ducj
de Luxembourg,dont il épousa!
l'hericiere. Cet Honoré dont
je v iens de par ler, servitpourtant
utilement le Roy Henry le
Grand, à ce que disent quelques
Hilloriens, &fin Filles se
marierent assés avantageusemène,
Marie épousa- Claude,
ditdu Roux , Seigneur deBonneval
& de Combalet;ellesuc
Mere d'Anne, mariée à Charles
deCrequy Comte de Canaples:
ntoinette epousaen premieres
~fôccs le Seigneur du Vernay,
( en fécondes, Robert de la
MarckDucdeBouillon, Comte
e Braine : elle mourut à Paris
h1644. LouiseépousaAntoine
e Villeneuve Marquis de
Mons, Baron de Baux & Gouerneur
de Honflenr en Normandie,
mort âgé de 108. ans,
n 1682. & une Fille qui se fit
Rligieuise. AnnedeRodulffut
Acre de toutes ces Dames.
Quand Madame de Chaulnes
lia prendre possessiondel'Ablave-
de S? Pierre, ellemenaavec
lle Me de Chevry, qui avoit
fté aussi Religieuse de l'Ab-
~baye aux Bois; & après quelques
années elle obtint une dispensepour
luy faire changer
dOrdre, & la fit Grande.Priett
re de S. Pierre. Cette Dame
dont l'erprit étoit si connu, à
qui est morte depuis quelque
années,possedoit toute Ja-coii
fiance de Madame de S. Pierrei
& gouvernoittoutes ses affaires'
elle étoit de Paris-, & parente
de Mr le President de Chevry.
1
Dame Elisabeth d'Hamilton,
cy-devant Dame du Palais de la
Reine, veuve de feu Mre Philibert
Comte de Grammont
Vicomte d'Aster, Seigneur de
Sémeac, Commandeur desOrdres
du Roy, cy devant Gouverneur
de la, Rochelle & Pays
d'Aunis, est morte âgée de 67.
ans. Quoique cette Dame aie
brillé par sa beauté, elle s'est
encore plus fait admirer parsa,
vertu & par la solidité deson
esprit : aussi étoi t-elle consid erée
de tout ce que la Cour a de
plus élevé. Elle avoit toûjours
vécu d'une maniéré qui dévoit
empêcher qu'elle appréhendât
les a pproches de la mort : Cependant
elle a fait connoître
que les plus justes la doivent
craindre dans ces terriblesmomens.
Elle étoit d'une des plus
illustres Maisons d'Ecosse,puisque
les Ducs d'Hamilton & les
Ducs d'Athol font de la premiereNoblessede
ce Royaume.
Mr le Duc d'Hamilton aujourd'huy
Chef de cette grande
Maison en Eccsseen estun des
plus grands Seigneurs. Il s'est
trouvé un Milord Hamilton
dansles Troupes Angloises qui
.J » ont passé en Catalogne,Se l'A,
chiduc l'a envoyé audevant di
l'Archiduchesse son Epouse
pour la complimenter de si
part) ayant voulu faire chois
pour cette Comminion, d'un
Homme des plus qualifiez de
sa Cour. La Branche aînée dd
la Maison d'Hamilton s'est éteinte
dans celle de Douglas;,
il y a déja du tem ps: cellede
Douglas est aussi une des pl tis,"
illustres d'Ecosse. La Maisons
d'Hamilton écoi t déjà connue
en ce Roy aume-là, fous le Roy.)
Robert Bruys, & avantquelaj
Maison Royalede
Stuart,avec.ij
laquelle elle s'est fouvencal-1
liée
,
montât sur le Thrône
c'est-àdire avant le 14cGecle;1
& ce n'est pas d'aujourd'hui
*
quelle a essuyé des disgraces
& des revolutions. Patricius
Hamilton a eu la qualité de
Martyr, & fut immolé à la fureur
des Rebelles qui inonderent
l'Ecosse il y a un grand
nombre d'années. Un Jean Hamilton
Archevêque en Ecosse,
fit beaucoup parler de luy en
son temps. Le fameux Cardan
fit une ridicule prediction touchantce
Prelat, &qui neluy
convenoit gueres. Mr Bavle a
examiné la verité de cette horoscope
,
dans son Dictionaire
critique.
MelaComtesse de Grarnmont
avoit deux Freres, qui sonticy,
&qui se fout tous deux distinguez
dans le Service sçavoir
le Comte Antoine & le Comte
Richard
; le premier est Colo,
ne! d'Infanterie,son Regiment
qui porte le nom de Medoc a
porté autrefois celuy de Jerzé;
cesi un Corps très-confiderable
; le sécond joint à une valeur
Couvent éprouvée,surtout
dans toutes les actions de cette
derniere guerre, une grande
desicatesse d'esprits il parut il
à quelques années une Lettre
en Prose & en Vers qu'il écrivit
à Mr le Comte de Gram-;
mont son beau frere
,
sur les
operations de la Campagne, qui
luy fit beaucoup d'honneur.
Me la Comtesse de Grammont
a eu deuxfilles de son mariage
Me la Comtesse de Stassorc '&
Me labbeffe de Poussey en Lorraine,
connue auparavant sous.
le nom de Mlle de Semeac. Mr
le Comte Staffort, époux de la
premiere, fait son sejour à Bru.
xelles ; il est de l'illustte Maison
Howart
,
l'une des plus
grandes d'A ngleterre , & qui
a produit la branche de Norcfolk
dont estoit Philippe Thomas
Howart de Nortfolk, Cardinal
du Titre de Sainte Cécile,
Prelat Assistant de quatre Congregations
,
tx. qui après estre
forti de l'Ordre des Jacobins,
avoit esté- premier Aumônierde
la feue Reine d'Angleterre.
!Il estoit fils du celebre Thomas Howart; Duc de Nortfolk
Comted'Arondel , & deSuric,
Grand Maréchal d'Angleterre,
& Chevalier de l'Ordre de la
_Jarretiere. Cette premiere branche
est alliée à la Maison du
Bolc-Normanvilleen France,
qui a donné un Chancelier à ce
Royaume. Le pere de Mr le
Comte Staffort perdit la teste
sur un échafaut dans une persecution
qui s'élevacontre les
Catholiques en Angleterre fous
le regnedu feu RoyCharles II.
On les accusa d'avoir trempé
dans une conjuration contre
l'Etat, & le Comte Staffort
>, leur prétendu Chef, futla victime
de larage de ses ennemis.
Ce nom n'est pas heureux : le
celebre Comte Staffort d'où celuy
d'au jourd'huy eH: issu
,
fut
la premiere victime de la fureur
des Rebelles fous le Roy
Charles I. Ce Prince infortuné
eut la foiblesse de consentir à la
mort de ce fidelle Serviteur,
à laquelle les Parlementaires
l'obligerent de consentir,en luy
faisant insinuer que ce consentement
assureroit sa vie; mais
la mort de ce malheureux Comte
n'empêcha pas la sienne.
Mr le Comte de Grammont
estoit frere du Maréchal Duc
de ce nom, oncle de Mr le Duc
de Grammont d'aujourd'huy,
& grand onc le de Mr le Duc
de Guiche. Je ne vousen diray
pas davantage, \;OUS ayant amplement
parléde cette Maison
dans le tem ps de la mort de feu
Mr le Comte de Grammont.
La Lettre que vous allez lire
en renferme une autre de Mon'"
sieur,le Duc d'Orléans, qui fait
.,uiir,oistre que ce Prince parle
de ce qui le regarde avec une
modestie qui doitluy attirer de
grandes louantes.Onvoitaussi
par une autreLettrede ceprin.
ce,que tout le reste du détache.
ment dont il a parlé dans sa pre
miere Lettre,aestéentouré &
pris.
Du Camp de Moncon, ce 8.
Juin 1 7 0 8.
Nous sommes icy dans un petit
Campsetiré de la grande Armée.
Rien néchape à la prévoyance de
,^Monfei^n:ur le Duc d'Orleans. Il
a cru avec beaucoup de raison qu'il
estoit important de laisser icy quelques
Troupesàlagarde du Pont&
des Frontieres de l'Aira?on. fjotts.
somme demfurc;.i,y tiycc une *11
gade de Cavaleriefrun bonC:Jrl's
d'lnftr:terie
,
sous les ordres de Mr
de Tontboifard, qui ejl indisposé,
& qui estfort fouine dans toutes
nos opération^ par Mr le Mtlrq¡il
de S. Germain- Beaupré, qui neS-êfarine
en nen, La Riviere commence
à cftYe guéable
,
& cela nous
tient en Íhltclne. Nous nesommes
passans occupationj elt n,>UJ voyons
ions les jetirs qu'ilna pas esté hors
de propos de l.itfcticy quelques
Troupes,S. A. R. nousafaitL'honneur
de nous écrire,
ce qui s'ej} paffé
àLseotntreAdr,,encé,e-.Fii1n70elccy. la copie de la
DuCAMP DE GINESTAR.
le 3. Juin.
II s' eflpailé une petiteaffaide
ce costé-cy. Les Ennemi
avoient douze cens hommes
dans Falceté avec quatre cens
chevaux & douze cens Mique-
Jt;rs répandus aux environs. Je
£&a.vanc hier au foir, pour
couJjvrir
un fourage que je vouloi
faire de ce costé- là, un détachement
de trois millehomme
de pied & de huit cens chevaux).
qui marcha toute la nuit, &
arriva à Falceté à la pointe du
jour. Les Ennemis voulurent
l'abandonner, mais ils ont esté
suivis de si prés, qu'il yen aeu
quatreàcinq cens detuez,& env
iron six cens faitsprisonniers,
avec tous les Officiers de leur
détachement. Nous n'avons eu
qu'un Officier legerement blessée5
& quinze Soldats ruez ou
blcflcz,,
lessez; & nostre
-
tourage s'est
lie tranquilement & abondamment.
Hier 7. Juin nous reçumes me
rfttre Lettrede S. A.R.parlaquele
elle nous fait l'honneur de nous
apprendre que tout le reste de
l'Infanterie reglée avoit esté
depuisentourée & prise avecle
Commandant dudétachement.
L'Armée doit s'este mtfeen
rched'hier 7. Juin, pour al.
ler droit à Tortose. S. A. R. ri<z
différé ce siege que dans La necessité
d'attfndrWpour "la un dernier Con-
Ivroeyde munitions qui vient suriÉ, ,
d" qui doit estre arrivé le 5. bn ','II rien épargné pour luy faire
foire plus dediligence; mais il nya
pas este fojjible de le faire arriver
plutost. Oà ne crtitf><u\cjut4is,En
nemis veuillent sobtsinerà dejfené
Tertose, & qu'ils veuillents\exf>&
serày perdre une partiede ItuA
Troupes, dont ils auront grand DI!
foin dans lasuite.
Quoy que l'Article suivant
ne foie pas nouveau,ilmerite
neanmoins , d'avoir place icy,
& l'on ne peut trop marquer, le
zele pour Sa Majestéde ceux
qui le sont paroistre,surtout
pardesPrieres p ubliques.
Mrs les Maires, Lieutenant
& Pairs de la Ville &Commune
de Beauvais, firent chanter
un grande Messe en Musique à
dix heures du matin, en l'Eglise
de Saint Estiennele Mardi premier
du mois de May dernier,
pour remercier Dieu de la gracequ'il
a plû au Roy d'accorder
à cette Ville pour le C~~-
mutationduTaillon eTiTar/f.Cettc
cercmoniefut tres-magn i fique ;
tous les Corps de la Ville qui y
avoienc esté invitez, y assisterent;
& la Noblessedu Beauvoifis
qui estoit alors àBeauvais
s' y trouva aussi
, & même
les Gentilshommes de la Campagne
qui purent y venir, assisterent
à cette Messe, à laiïa
dee lnaquelle onchanta un Te Musique. On tiraenfuite
plusieurs boëttes, & la
Feste finit par un tres-grand
repas que donnèrent Mrs les
Maires & Officiers, oules fan-
-
IGZ du Roy & de toute la M ison
Royale furent buës au brit
de la Mousqueterie. La grace
que Sa Majesté vient d'accord
der à cette Ville, est très-considerable
, & elle merite bien la
reconnoissance de Ces Habitans.
Ce Prince en l'accordant a dit
à Mr le Cardinal de Janson
qu"iJ estoit bien aise d'accorderce,t
te grace à une Ville qui luy avoit
toujours esté tres affectionnée.On ya
fait des Prieres pendant plusieurs
jours pour Sa Majeité à
cause de cette concession.
Mrde Lesnerac de Mesniville,
a été reçuChevalier de l'Ordre
Royal de Nostre Dame de
Mont-Carmel &. de Saint Lazare
de Jerusalem
, dans l'Eglise
des Carmes des Billettes
, par
Mr le Marquis de Dangeau, Grand-Maistre de cet Ordre.
Le merite de ce Gentilhomme
est connu. Il a servi en qualité
d'Aide de Camp dans les Armées
de Sa Majesté.Il aestéenfuite
Commissaire & Controlleur
de la Marine dans les Ports
de Cherbourg & du Havre, ou
il a servi avec beaucoup d'honneur
& dedistinction pendant
plusdevingt-quatre années.
Les Officiers de cet Ordre &
plusieurs Chevaliers assisterent
à la Messe & aux Ceremonies
qui se firent à l'occasion de
sa reception. L'Assemblée fut
nombreuqe & choisie
,
à cause
du grand nombre de parens &
d'amis de
- ce Chevalier qui
avoient pris foin d'en avertir
leurs amis qui furent témoins
de sa pieté édifiante.Ila eu l'avantage
d'avoir pourtémoin
de sa conduite&de ses servi
ces , MN lesMaréchauxde
Choiseul
-- & de Joyeuse , s*injj
que Mr de Canisy
,
Evêque de
Limoges. De pareils témoignagessont
des preuves éclatantCancehs
deuvmearitelideecre n.ouveau enov£1
Je dois ajoûtericyqu'estant
Commissaire Ordonnateur de la
Marine à Cherbourg,ila eu
l'honneur de recevoir chez luy
Sa Majesté, Britanniqne,des
Maréchaux de France ; des Officiers
généraux des Armées du
-
Rov; de même que des Intendans
de Mer & de Terre ainsi
qu'il est porté par leCertificat
deMrde Beaujeu,aujourd'hui
Commandant du Havre , qui
commandoitalors à Cherbourg;
Je nedisriendes services que
Mr le Chevalierde Mesniville arendus à KEtac,& àdivers
Officiers de Marine
,
dans des
occasions fâcheuses & dont le
souvenir doit être effacé par les
grands avantages que nous
avons remportez sur Mer depuis
ce temps-là
,
& par les Batailles
Navales que nous avoo*
gagnées.
• Je vous envoye la fuite du
Journal de l'Armée deMonseigneur
le Duc deBourgogne,
dans laquelle vous trouverez
un nombre infini de particularitez
dont toutes les nouvelles
lpeubliques qui ont paru depuis commencement du moij5
n'ontpoinr parlé.
- Je dois vous avertir que
vous trouvez quelques jour
sans estre remplis, mon silene
ne proviendra que de ce qu'il
ne se fera rien passe deconsiderable
ces jours- là.
Le ibc de May, Mr Pasteur
fameux Partisan
,
& sott craint
des Ennemis, n'étant accompa--
gnéquedesept hommcsjeuren
prit trente &un, qui alloient à
la paille dans un Village.
Le 19. Monseigneur le Due
de Bourgogne se donna tous les
mouvemens que ce Prince se
donne ordinairement chaque
jour. Il monta à cheval, &
donna differens ordres, qui
furent éxecutez avec toute la
vivacité & toute la ponctualité
qu'on éxccutc tous ceux que
ioriniç ce Prince , à qui rien
lt'éochuapte,.& qui fait attention '.,' ,'- Ily eut un grand Fourrage
le 31. auprés de l'Abbaye de
Cambron. Monseigneur leDuc
de Bourgogne, Monseigneur le
Duc de Berry, & Monsîeurle
Chevalier de Saint Georges,
se trouvèrent à ce Fourage,ou
Monsieur de Vendôme n'alla
pas, parce qu'il estoit incommodé.
,.
Le premier de Juin, Monseigneur
le Duc de Bourgogne
partit de Soignies à 9. heures
du foir, pour se rendre au Camp
de Braine-laieu, où il n'y avoit
pas d'apparence que l'Armée
put arriver que le lendemain
après Midy. je dois marquer
icy
, pour bien faire conaoîm
la beauté de la Marche hardie
& perilleuse que ce Prince fil
fairece jour-là à les Troupesi
que Milord Marlboroughavot,
peu de temps auparavant, fait
un mouvement qui leur fermoit lechemin de Lessines à la
gauche
, & celuy de Nivelle*
à la droite. Il avoir mis sa
droite à Sainte Croix, le Bois de
Trion audevanc, & sa gauche à Lembeck sur la Senne, le
centreà S. Ernelle Monseigneur
le Duc de Bourgogne
devoit estre dans un grand embarras;
car s'il marchoit par
la gauche, qui étoit à Cauchie.
Nôtre Dame, il falloitessuver
un Combat d'InfanterieàStein ,
kerque, qui ne. pouvoit eftfS
vantageux; ii s'il marchoit
ar la droite à Naast vers Nielles,
les Ennemis pouvoient
ttaquer son Avant Garde,
prés avoir passé la Senne. Ils
voient le tiers moins de chemin
à faire que ses Troupes,
n cas qu'ils n'aimassent pas
nieux venir attaquer l'Arriere-
Garde par Brainede Comte.
Il est aisé de voir que cette
Marche étoit fort dangereuse;
cependant Monseigneur leDuc
de Bourgogne aprèsy avoir fait
toute l'attentionnecessaire, 6C
avoir pris des mesures qu'il crut
justes, & qui l'étoienteneffet,
resolut de l'entreprendre puisqu'il
auroit fallu, si ce Prince
n'eût pas pris ce party, qu'il fût
rentré dans ses Lignes avant 15.
jours. Après qu'il eût renvoy
les gros Equipages vers Moqî
& les menus du côté de Cât
tiaux, l'Armée se mit en mar
che à 8. heures du soir, apré
la retraite, & dans un fort boi
ordre. Monseigneur le Ducde
Bourgogne étoit à la tête dit
l' I n fancerie de lapremiereLigne,
Se toutes les Troupes qui
aiment ce PPrriinnccee,,v & qui onç
onij
beaucoup de confiance en luy
le suivirent avec joye. Il leur
avoit fait distribuer du painn
pour quatre jours. Lamarcbcii
se fie par Naast, par les EfcauC^ finesd'Enghien,&parFelluy*
& l'Armée passa la Senne à Ar-*
quenne & à Nôtre Damede";
BonConseil, pour aller se mettre
en Bataille à la hauteur de
Nivelles, après avoir passé le
iUiifléau.
La marche qui avoit commencé
le premier, ainsi que vous
venez de voir, continua Ici.
jusques bien avant dans la journée,
& comme rien ne pouvoit
faire connoître que les
Ennemis voulussent traverser
la marche de l'Armée, on s'avança,&
on se campa, la droite
à Gena pe, & la gauche à Braine
Laleu.
On doit remarquer que cette
marche n'est pas sans un grand
merite, & qu'elle donne beaucoup
de gloire à Monseigneur
le Duc de Bourgogne, puisque les Ennemis
,
s'ils fussent
venus passer à Braine-le-
Château, auroient eu beaucoup
moins de chemin à Faix
que l'Armée, quoiqu'il n'yeû
que crois petites lieues d'u
Camp à l'autre. i'1
Milord Marlborough, qu
avoit mandé en Holande qu'j:
attaqueroit les Françoisaupres
mier mouvement qu'ils feroient
fit tout le contraire ,
puisqu'
aussitost qu'il eut appris qu'ils
s'estoient mis en marche , il decampa
avec une précipitation
qui fatigua extrêmement ses
Trou pes pendant une pluyc
continueHc, & lors qu'il eutap,
pris que 6000. Grenadiers s'é.
toient approchez d'Ath, comme
s'ilseussent voulu l'investir,
il crut que l'onvouloit assieger
cette Place,de maniere que l'on
peut dire qu'il fut surpris deux j
fois, l'une par ledécampement
deMonseigneur le Duc de Bourgogne,
dont il n'avoit pas pris
d'assez justes mesures pour estre
averty, & l'autre par la feinte
que fit ce Prince d'aller du côté
d'Ath. Lorsque ce Milord
décampa, la plus grande partie
de
4
sa Cavalerie écoit au fourage,
& éloignée de 4. ou 5.
lieues, de manière que cette
Cavalerie n'ayant pu entendre
les signaux, il fut obligé de l'envoyer
avertir de suivre l'Armée,
&la crainte qu'elle eut d'estre
chargée par les 6000. Grenaniers,
l'obligea de quitter le
fourage avec tant de precipitation,
que les Cavaliers laisserent
dans la campagne plus
ce18000. trousses qu'ilsne pûrent
emporter. Cette retraite
pendant laquelle les Ennemis
perdirentenviron 2000. Chevaux
,
sans compter un grand
nombre de Soldats qui deserterent
, se fit avectant deconfusion,
qu'elleressembla beaucoup
plus à une fuite qu'à une
retraite; de forte que tout suc
en alarme dans Louvain & aux
environs. Les Ennemis allerent
camper à Anderlecht, & le lendemain
à Roscapel, entre Bruxelles
& Louvain, où Marlborough
parut bien chagrin de
s'estre laissé prendre pour dupe.
En effet, il avoit lieu de l'estre,
puisque nous étions dans un
Camp où l'on pouvoitvivre à
souhait, d'où Ton pouvoit tirer
des vivres de tous côtez,&d'oïl
îîos partis pouvoient fort incommoder
[ès Troupes parla
ForestdeSoignies.
Le 3 on travailla à se bien
établir dans le Camp.
Monseigneur le Duc de Bourdgeosgne
alla le 4. visiter les Trou..
de la Gauche & des Reserves.
Le même jour ce Prince
fit fourager en arrière vers le
Bois de Nivelles, & ilalla voir
la Chapelle de Vaterloo
,
qui
est sur le bord des Bois de
Soignies.
, Le 5. Monseigneur le Duc
de Bourgogne monta à cheval
pour faire faire des communications
à la droite,afin de la
mettre tout-à-fait à Genape,
où ce Prince ne camper quelques
Regimens d' I n fanterie ;
cependant il laissa toujours 14
gauche à Braine- Laleu,qui cft.
entre les deux Lignes.
Le matin du 6. on fit. sortir
un détachement de 5.. à èoof
Chevaux &de 200. Fantassins:
ce détachement marcha vers
Niel-Saint-Vincent, sur Corbais
pourreconnoîstre. Monseigneur
le Duc de Bourgogne&
Mr de Vendôine allerent jusqu'àHulpes,
&ces Princesimpatiens
d'entreprendre,quelque
chose
, & voulant tout voirpar
eux-mêmes, estoient souvent en
mouvement depuis leurarrivée
dans ce Camp, & alloient sur
les Hauteurs & sur les Epinates,
d'où ils découvroient Bruxelles
& ses environs,
Le 7. jour de la Feste deDieu.
Monseigneur leDucde Bourgogne
fit faire la processiondans
a place de Braine-Laleu, où
ce Prince assista a près avoir fait
ses devotions, & il monta à cheval
après son dîné.Lematindu
mêmejour,Milord Malborough
accompagné de plusieurs autres
Officiers Generaux , & escorté
par 500. Chevaux du Piquet,
alla reconnoistre les partages & leterreinlelong delaDyle.
Le 8. Monseigneur le Duc
de Bourgogne fitla revue d'une
partie de l'Armée. Ce Prince
vu la premiere ligne & une partie
de laseconde de la droite, &
de la reserve de la droite.
Le 9. Monseigneur le D uc de
Bourgogne passale restede l'Arinée
en revue, & comme il fit
ces revuesavec unetres-gran
de attention
, & qu'il examin
les Troupes presque homme pÍ
homme, illes trouva tres belles
& mêmeau de dus de son attetï
te & de ceux qui l'accompagnoient
Ce Prince toujours at4
tentif à tout ce qui regarda
l'employ d'un grand Generah
fit border le bois de Bossut paie
de l'Infanterie,afin d'asseurer
les Convois qui venoient de
Charleroy. Un de nos partis
enleva ce jour-là 56. chevaux
du Regiment de Grovenstein
qui y estoit allé fourager avec
d'autres. Les Partis des Alliez
n'avoient pas la même facilité,
à cause que les François pouvoient
fourager derriere eux &
autour de leur Camp.
Monseigneur le Duc de Bourgogne
reçut le 10. à soncoucher
un paquet de Mr de Saillant
Commandant deNamur:
il mandoit à ce Prince qu'il avoit
envoyé en party 70 Maîtres avec
Mr du Moulin ,pour apprendre des
nouvelles des Ennemis; qu'il ejloit
artivè à5. heures du soiravec 91,
CluvAttx) 40. Cavaliers & un Cornettequ'illeuravoitprisaueMalborough
avoit envoyé un attachement
de 1500. chevaux afin de le
joindre ; mais qu'il leur avoitfait
prendre le change en passant le ne,
merà zichem, & en le repassant
ensuite au ar/Jus de Ditft
,
& que
les Ennemisnesongeaientpas à décamper.
Le II. Morifeigneur le Duc
de Bourgogne monta à cheval
à 8. heures du matin pour il
ler au fourage qu'il avoir or
donné pour la droite de son A~ mée.
Les Ennemisformerent le 12 à Deinse un Camp de 5 à 6008
hommes pour observer Mr d~
la Motte dont le Camp separ~
leur donnoit de l'inquiétude~
Les rendus continuerentd'asfeurer
que les Ennemis manquoient
de fourage, ce quiestoitcause
qu'ils perdoient beaucoup
de chevaux.
Le 13. Monseigneur le Duc
de Bourgogne qui ne laissoit pasfer
aucun jour sans se donner
quelques mouvemens, monta à
cheval, & alla à la droite du
centre. (' Ce Prince fit faire le 14. la
procession dans la place de Braine-
Laleu, & il entendit la grande
Me(Te.-,- '1""4'4, '-Í!.
ILle 15. il alla à Nivelles. ordonna le 16.un fourage
à la droite où il se trouva , encontinuant toûjours d'observer,,
lesLieux, & en donnant
de nouveaux ordres pour estre
informé de toutce que faisoient
les Ennemis.
Le Dimanche 17. ce Prince
fit ses devotions & édifia toute
l'Armée par sa pieté.
-s Le 18. il alla à la premiere
ligne du centre, de maniere
que toute l'Armée avoic souvent
le plaisir de le voir, puisqu'il
en visitoit presque tous les.
jours quelque partie
Ce Prince ordonnale19.un
fourage pour la gauche,&co~
tinua de s'y trouver comme
faisoitpresque à tous les fou~
rages.
Quoique j'aye couposé
Journal sur plusieurslettres di~
ferentes, il peut neanmoins ef.
tre échapé beaucou p de chose~
à ceux dont j'ay vû les lettres;
& comme la plus part de ceux
qui écrivent Íe cotentent de
datter leurslettressans marquer
les jours des actions dont ils
parlent, en voici deux dont je
n'ay pu trouver les dattes. ",
Un party forti de Tournay a
ramené 30. hommes, & un autre
forti de Monsen aramené 25.
Plusieurs Lettres venuës de
l'Armée depuis un mois, on~
rapporté que Monseigneur le
Duc
Duc de Bourgogne se faisoit
adorer des Troupes, s'ilm'est
permis de parler ainsi; que sa
bonté
)
sa politesse, son exactitude
& son affabilité les charmoient,
& que sa presence & la
confiance qu'elles avoient en
luy les animoit tellement qu'-
elles ne respiroient quelecombat,
qu'elles demandoient haument.
D'autres Lettres ajoûtoient
que ce Prince travailloit avec
beaucoup d'application à établir
une bonne discipline dans
• l'Armée & parmi les Officiers;
qu'il fait camper tous les Colonels
à la teste du Camp, & qu'il
fait éloigner de l'Arméetoutes
les Berlines & les Chaises de
Poste.
Je ne dis rien dune IrrtîtiiteJ
d'autres Reglemens.J'aoûterai~
seulement q°ue ce Princemonte
tous les jours à Cheval 5/te qui
ne l'empêche pas d'employer
souvent beaucoup de
temps
à
écrire, & de tenir Conseil avec
les Generaux.
Plusieurs Lettres rapportent
aussi que Monseigneur le Duc^
de Berry paroist fort attentofa
tout ce qui peut servir àluyapprendre
le métier de la Guerre,
& que ce Prince est toujours
prest de monter à Cheval dans
l'esperance de trouver quelque j
occasion de se signaler, ce qu'il
souhaite avec toutel'ardeur
imaginable.
-
"j
A l'égard de Monsieur leChevalier
de Saint Georges, il ne
fcyuoaite pasavecmoins d'arldaeur
de donner des marques de valeur quiluy esthereditaire.
Il s'attache avec une applicationincroyable
à
-
examiner tout
ce qui regarde la Guerre dont
il paroist se faireunplaisir. Il
estaffable,ilseplaist à conferer
avec tous les Officiersqui ont
le ~us deréputation, & il mange
souvent avec eux.Enfin le
bruit de son merite s'estant repandumême
parmi les Ennemis,
plusieursont deserté. pour venir
serviraup résdeluy, & il ya lieu
decroire que la maniere dontil
les traite, & ses li bera l itez, en
feront deserter beaucou p d'au- trcs. Je crois que je ne finirai pas
ma Lettre sans vous envoyer
quelque chose de la suite d~
Journal que vousvenez delirë,
Cependant je dois ajouter ici
if Extrait suivant,tiré d'une Lettrede
la Haye.
t'
De la Haye le dixiéme Juin
On riefi enaucune maniere satisfait
ici des maoeuvres Su Duc de
Malborough,quifait avancerl'Armée
jusqu'a Tubise, promet mons
merveilles, dépensesipeu en Espions,
que se trouvant prévenu pat
les mouvemens des Ennemis, il ejî
obligè de reculerà toute bride, & de
fatiguer les Troupes presqu'autant
qu'ilfitl'annéederniere. La Cavaleriefurt
ut a extremement souffert,
quoiqu'ellesefustsoulagée en laissant
JurieJt ellslaplupart des four)âges
qu'elle avoit Jéla ram ¡/le" En un
mot tout le mondeconvientque cette
retraite precipitée nosts cause une
grande perte d'hommes & de chevaux,
& que l'Armée Ennemie tenant
la nostreen échec,la resserre
dansun coinoù elle ne pourra subsisterlong-
temps faute de fourrages,
Quoique l'onait vu plusieurs
grandes Relat ions touc hant le
Convoy enlevé prés de Tortose
par Mr de Valejo, & quoique je
vousen aye moy-lneme parlé
fort amplement dans plusieurs
endroits dema Lette,toutesces
Relations n'ont point neanmoins
encore fait voir la veritable
maniere dontl'affaire s'est
passees je vous en envoyeune qufc
vous la fera connoistre; vousy
trouverez un portrait tres cour
de cette action ; mais si reÍfem
blant que l'on peut direqu'il efi
peint par la véritémême,
* i' < \-»v\ «yV- C i
Le quatrième de Juin aupoint du
jour, Dom Joseph de Kalejosortitdu
Campde S. A. R. avec fIn Détâchement
de Cavalerie. Ilarriva à
la vûë de Tortose, & ayant mis{<£
-trmtie en embuscade, il s'approcha
seul de la Place à lapoytéedmfùfilj
c, après l'avoir ,u()nnu-é' pendant
< une heure, ense promenantauprèsde
la Paliffnde qui est ait dehors,sans
estre reconnu ni avoir paru suspect,il
retourna joindre saTroupe,&
l'ayant menée prés de la Palissade 1
où il avoitremarquéun tres grand
nombre de Bestiaux qui estoient en
pâture,ilenleva 1000 paches^ioo
rCdllX, 6000 Moutons & 1^0 IMulets
& Malesquel'onrassembloit la
nuit en cet eil't poury estre en
~seurcté. La Gn<Ji(orJ s'en estantappaçù't
, on envoya apïS luy 400
f./,(ltd.llirJJ) 50Chevaux&un gr-ind
nombre de Mujul.ti quile suivirent
pendant deux heures &qui ïincommoderent
beaucoup; maisenfinayant
vit qu'lis estoient fortéloignezde la
place il rebroussa sur eux avec tant
de valeur, qu'il entuaplusieurs, en
prit quelques-itos,rniileiefleensuite,
& il rentra dans le Camp le cinq
asseztard avec toute sa prise, que
S. A. R. a fait distribuer à ïArmée.
Extrait d'une Lettreécrite par
un Officier de l'Armée de
Monsieur le Duc d'Orleans.
Le 8 noussismes fin détachement
de quatrecens cinquante hommes des
Gardes du Roy & d'autres Régimenssous
les ordres du Brigadier
Trincherie, Catalan , pour tecon-•
noistre & déboucher le chemin Je.
Tor/ojè; & afin que ce détachement
ne fust arrefiè par aucun 06.
flaclej on le fit suivre de prés parun
autre plus considerable. Il rencontra
unegarde avancée de vingt
hommes commandez par un Lieutenant,
qui l'ayant appe>çu vinrent
se rendre à luy corinne Deserteurs
avec leur Chef. Il IrOflvtf plus
avant une garde de cinquante,hom^
mes commandez par un Capitaine
& un Lieutenant, qui n'ayantpas
estè avertis par la premiere ,
furent
surpris & se rendirent sans aucune
resistance ; & ayant appris de ceuxcy
que Mr de Saint-Amant, qu'on
mande estre Hollandois, & que
nous croyons estre un Religionnaire
]?tantôts, estoit à un autre Poste
avec trois cens hommes
, ilresolut
d'abordde l*allerinvefiir^,^- l'ayant
enfermé des deux corleZ\. il le contraignit
anssî à se rendre prisonnier
de guerre. Tous ces Prisonniers &
les Deserteurs qui entrerent ce jour*
là dans nostre Camp, se montoient
àplus de cinq cens hommes.
Le second détachement auquel le
premier servo ta'Avantgarde consistoit
en dou%c Bataillons & Je!'!.!'
Escadrons commandezpar Mi de
Bezons, &qUdtre Lieutenansgénéi"
raux , & le tout estoitdestiné pour
blocquerTortose.
L'Armée de S. A. R. décampa
le ro. pour se rendre devant cette
Place ; l'Artillerie a e/ié embarquée
surl*£bro jusques à la fyafle
de Chesta rqui est à demi-lieuë -au.-
dejjtt de Tortose, d'où on la condrlira
par terre jusqu'ace Camp, le chemin
estant commode à la gauche de ce
Fleuve.
-, -~h~')
Mr d'Asfeld jette un Pont tout
aupiès de laplace. ~mo~~9?"~
Si l'on considere que les Ennemis
n'ont que tres-peu de
Troupes reglées
,
ôc ce qu'ils
ont perdu à l'affaire de Falcccé>
§C dans les autres affaires qui
ont precedé & suivi cet avantage^&
que l'on joigne à- tous
cela les cinq cens hommes dont
ils viennent d'estre assoiblis, - suivant ce que vous venez de
lire5& si l'on examineaussique
Mr le Ducde Noailles,pendant
toute la marche qu'il a faite en
avançant toûjours dans le Pavs,
les a fort incommodez,& qu'ils
n'ont pas toûjours reculé sans
faire quelques pertes. Si l'on
confidere
,
dis-je
, toutes ces
choses
, on trouvera qu'il ne
doit plus guere rester de Troupesregléesaux
Alliez, & qu'ils
doivent avoir un extrême befoin
de celles quel'Amiral Lcake
leur doit amener.
if Enfinlelivreintitul é, Vafco*
niana,ou Reçut.Ides Bons metst
despenees lesplusplaisantes,&ldes
rencontres les plus vives des Gascons,
a été mis en vente au commencement
de ce mois, & il a si pleinement
satisfait l'attente du public
qu'il a témoigné beaucoup
d'empressement pourenacheter
de maniere qu'il y a lieu de croire
que l'on pourra en faire une
seconde édition. Ce prompt debit
fait beaucoup d'honneur aux
Gascons
,
puisqu'il n'a pu provenir
que de ce que l'on acru
que les faillies de leurefprit ne
pouvoient estre que tres-vives,
spirituelles, & remplies de sel,
& je puis même ajouter qu'il
y en a beaucou p remplies d'erudition
& même d'onction, &
que ce qui semble n'estre donné
3u public quecomme jeux de
mots,& ce que l'onappellePointes,
renferme souvent beaucoup
de morale pour ceux qui les regarderont
d'nn certain corte, &
l'on peut dire que la prudence
a beaucoup de part dans plusieurs
pensées de ce Livre, &
qu'en s'y divertissant on y peut
apprendre beaucoup de choses
qu'il est necessaire de sçavoir,
lorsque l'on est un peu répandu
dans le monde, & dont les Lecteurs
doivent profiter pour peu
GU':]s ayent de pénétration. Je
ne prétens pas que toutes les
reparties ,
les pensées
, & les
rencontres qui se trouvent dans
ce Livre, soient d'une égale
force, ce qui vrai-semblablement
ne peut estre
,
puisqu'ily
en a deux à trois mille. Ainsila
lecture de ce Livre, ne peut
manquer de bien divertir, puifque
dans trois mille articles
ou environ, on peut trouver
beaucoup de pensées, qui doivent
faire plaisir. J'entens dans
les moins brillans articles decet
ouvrag e , car il yen a qui enlevent,
& qui obligent decesser
- la lecture
,
soit pour admirer,
soit pour rire, ce qui n'elt pas
inutile à la santé des Melancholiques
"'oJ!Îuiq
Je dois ajouter à toutes ces
choses que tous les articles de
ce Livredivertissant, sont écrits
d'un stile si ferré, que les pensées
n'estant pointembarassées
dans un amas d^ p)rj!es inutiles
qui ne disent rien, & qui
ne sont que du verbiage,frappent
d'abord l'imagination, &
que de cette maniere elle est
toujours remplie de pensées
pleines d'esprit ou de vives reparties.
C'est pourquoy tout
ce que l'on peut dire contre ce
Livre est qu'il en trop rempli
de choses attachantes, & qu'il
occupe trop l'esprit auquel il
ne donne point de relâche;
mais si c'est un deffaut, il seroit
à fou ha iter pourle public que
plusieurs Auteurs eussent le
même deffaut ; mais par malheur
pour ce même public ,il
s'en trouve beaucoup qui sont
bien éloignez de l'avoir.
t.,. Ce Livre se vend 45. fols
chez le sieur Brunet, dans la,
grande Salle du Palais, à l' Enseigne
du Mercure galant. JU
Mre N. d'Alonville, Marquis
ce Louville
, cy - devant
Gentilhomme de la Manche de
Monseigneur le Duc d'Anjou,
a épousé N. Bechameil de
Nointel, fille de Mre Louis Bechameil,
Marquis de Nointel,
Conseiller d'Etat, & ci devant
Intendanten Bretagnc)&petÏtC:
fille de Mre Louis de Bechameil,
Marquis de Nointel, Secretaire
du Conseil des Finances
de S,M. & Surintendantde
la Maison de S. A. R. Monsieur
le Duc d'Orléans'^ deMadame
& de Dame Marie Colbert
soeur de feu Mrl'Abbé de Pré-,
montré General de cet Ordre,
& de feuë Me Pelot premiere
Presidente du Parlement de
Rouen. La nouvelle épouseest
niece de Me Defmaretz & de
Mela Duchessede Brissacqui
font toutes deux soeurs de Mr
de Nointel.Ainsi cette Dame
effc alliée à la Maison de Colbert
de deux costez ,- sçavoir,
parsa grand'mere qui en estoit
sortie, & par Me sa tante qui
a épousé Mr Defmaretz , neveu
de feu Mr Colbert.
Mr Defmaretz fit les honneurs
de la Noce, 6c Mr de
Bercy son Gendre donna aux
nouveaux E poux, le lendemain
une magnifique Feste à
Bercy.
En 1701. S. M. C. ne Mrle
Marquis de Louville,Chefde
sa MaisonFrançoise. En 17/01.
en allant en Italie, pour y
servir auprès de ce Monarque ,
il le fit Gentilhomme de sa
Chambre, & luy donna la Clef
d'Or. Il servit ce Prince en
qualitéd'Aide de Camp pendant
la Campagne,& ilcommanda
le Régiment de Lombardie
, & S. M. C. luy donna
le Gouvernement de Courtray,
au retour '':''-;{\l'C\f{'' ~j.p
Mrle Marquis de Louville
cft d'une des plus anciennes
familles de la Beausse dont il est
oiginaire; il y a plus de trois
cens ans que sa famille possede
la Terre de Louville de pereen
sïjs. Pierre d'Alonville ayano
epousé l'heritiere de Louville
en 1403. qui ettoit de l'ancienne
Maison des Chenards, dont
Louville porte encore le nom.
Jean d'Alonville, fils de Pierre
d'Alonville,estoitChambellan
du Roy Louis XI. son fils Edme
d'Alonville cotimanda toute la
Noblesse du Pays Chartrain
» de l'Orleanois & du Blesois,&c
il eut pour fils Jean d'Alonvilse
,
Chevalier de l'Ordre, qui
eut pour fils Esprit d'Alonville
aniIi Chevalier de l'Ordre,qui
épousa Sufanne de Laval. La
genealogie de la Maison d'Alonville
se trouve dans Duchesne
& dans l'Addition aux Memoires
de Castelnau, dans les
Articles quiregardent les Maisons
de Montmorency & de
Rochehoüart
, au squelles il elfc
allié.
On peut jugerdel'estimeque
Je Roy fait de Mr le Marquis
de Louville par les em plois de
confiance dont il a esté honoré.
Il a beaucoup d'esprit, & il
joint à une valeur connuë,une
grande lecture
, & une connoissance
exacte des Auteurs anciens
& modernes,sur lesquels
il s'est formé le goust.
Il s'est faitunautre grand mariage
qui aesté applaudy de tout
le monde,& qui a esté conclu
& consommé en 4 jours. Mr le
Marquis de Courcillon a épousé
Mlle de Pompadour. J'ay
parlé plusieurs fois de la grandeur
de ces deux Maisons, c'etlè
pourquoy je vous diray seulement
que les jeunes époux ont
toutes les graces de lajeunesse,
& qu'ils donnent lieu de croire
qu'ils auront un jour toutes les
vertus d'un âgeplus avancé.
VIr le Marquis de Courcillon
ilsuniquede Philippe de Courcillon
, Marquis de Dangeau,
Chevalier d'Honneur de Madame
la Duchesse de Bourgogne
& Grand-Maistre de l'Ordre
de S. Lazare, & de Sophie
de Baviere de Leveftein premiere
Dame du Palais de Madame
la Duchesse de Bourgognes
n'a que vingt-un an ; il a déja
fait six Campagnes. Au commencement
de l'année 1704. le
Roy luy donna le Regimentde
Cavalerie de Mr le Cardinal
de Furstemberg oncle de Me
de Dangeau, & ce Regiment
après la mort de ce Cardinal
prit le nom de Courdillonpar ordre
du Roy, qui le conservasur
le pied Allemand. Vous fça».-
vez ,
Madame
, que ces Regimens
ne sont jamais commandez
que par des Officiers de la
Nation; mais ce jeune Colonel
tient de si prés a plusieurs grandes
Maisons d'Allemagne, qu'il
a plus de facilité qu'un autre à
attirer dans son Regiment des
Officiers &des CavaliersAllemans,
& même des plus distinguez.
Aussi ont-ils toûjours
donné des preuves de leur valeur
dans toutes les occasions
oùce Regiment s'est trouvé, &
particulièrement à la Bataille
de Ramilles
,
où ce jeune Seigneur
, quov qu'il eust reçû un.
grand coup de Sibre sur la ceste,
ne laissa pas de mener à la charge
ses deuxescadrons & de renverser
plusieurs escadrons enr
nemis, malgrél e desordré prêt
que general où estoit l'aîle dans
laquelle il combatoit. Tous les
Officiersqui l'ont vti-dans 1action
, 01H rendu ce témoignage,
Mllede Pompadourestfille de
Mr le Marquis de Pompadour,
& dela 3efillede feu Mr le Maréchal
Duc de Navailles. Vous
sçavez que l'aînée des trois
foeurs est Me la Duchesse d Elbeuf,
mere de Me la Duchesse
de Mantoüe Mr le Marquis de
Pom padour est fils d'une feeur
de Mr le Duc de Montauzier,
& petit-fils de Jean de Pompadour
,Marquis de Lauriere frere cadet , de Philbert dePompadour,
Chevalier des Ordres
du Roy. Il a quitté le nom de
Marquis, de Lauriere, poun
prendre celuy de Marquisde
PompAJoNr) depuis qu'il est devenu
l'aîné de sa Maison
, par
l'extinction des mâles de la
branche aînée.
Le Roy adonné en cette oc..
casion aux Parties interessées,
des marques de sa bonté, en
consentant que Mr le Marquis
de Dangeau cedast à Mr le
Marquis de Pompadour, sa place
de Menin de Monseigneur,
& que Me de Dangeau cedast
à sa belle-fille sa place de Dame
du Palais. Sa Majestéa donné
en mernetemps à Me de
Dangeau une pension dé deux
mille écus.
La jeune épouse n'a que treizeans;
mais on peut dire que
l'excellente éducation qu'elle
a
a reçuë de Me sa mere , jointe
aux graces du corps &de lcfà
prit, que la nature luy a prodiguées
, la rendent presque
parfa ite.
La Ceremonie du mariage
se «fît à Saint Sulpice , Paroisse
de Mlle de Pom padour,
le Dimanche dix-septiéme Juin
à midi, par Mr de la C hetardie,
Curé de cette Paroisse.Vous
connoissez sa pieté, qui éclata
il y a quelques années par le
refus qu'il fit de l'Evêché de
Poitiers, & sa doctrine par les
belles Homelies, qu'il a données
au public. Me la Duchesse
d'Elbeuf, Me la Duchesse
deMontfort, Mrl'Abbé d'Au.
vergne, MrleDuc de Luines,
Mrs les Abbez de Pompadour
& de Dangeau, & un grand
nombre de perfonnesde la premiere
qualité, tous parens des
Mariez,se trouverent à cette
ceremonie. Mr le Marquis de
Dangeau donna un grand dîné
àtous les parens de ces deux
iliustres Maisons, & la noce se
fit le foir chez Me laDuchesse
d'Elbeuf, avec une magnificence
extraordinaire.
Mr le Marquis de Courcil-
Ion partit deuxjours a près pour
retourner à l'Armée, Me sa
femmealla à Fontainebleau,
pour faire les fonctions de sa
nouvelle Charge. Le Roy luy
a fait donner un A ppartement
dans le Chasseau.
Pendantque ces nouveaux
époux vont joüir du Printemps

htm,VfoS
le leurs belles années, je pasle
•ne Chanson
,
faite à l'occaion
du dernier Printemps
, Be
sont les paroles ont esté mi(e$
en Air par Mr de Montailly.
AIR NOUVEAU.
Iris m'avoit promis que la Saison
nouvelle
La rameneroitdansnos champs ;
Cependantvoicy le beau temps
Et l'on ne voit point cette Belle;
- Ah! je crains bien lac le Printemps
Ne reviennesouvent sans eUe"
Le Printemps & l'Esté n'étant
pas moins les Saisons de la
Guerre quecellesdes Amours.
voyons ce que S. A. R. qui les
a quittées pour faire unique;
ment sa Cour à Mars, condnu<
de fairepour sa gloire & pour
celle de deux grands Monarques.
DuCamp devant Tortose, ., le 16. Juin.
S. A R. qui étoitpartie le 9. de
Ginestar avec peu de suite, joignit
ce jour-là Mr de Bezonsà TlbiYlttt.
Le10lerestedel'Arméefrustes
ordres de Mr d*Abaret
, partit de
Ginestarsur deux colonnes ; la Cavalerie
, les Grenadiers & les bagages,
marchoient à la droite, fut
lebord de la Riviere. LL''IInnfanterie
grimpa sur les Montagnes , &
onmarcha ensuitesurtroisLignes
sur l',Ebrr, dans le même temps la#
tous les bateauxcharge^detoutes
[ les chosesnecessaires pourl'Arttllerie
& pourla conductiondes Ponts,
s'avançoient, &queU Régiment
de Souches & quelques autres TroufeS
machoient deL'autrecoté; l'Infanterie
& les bagages coucherentà
gewfaillete> la Cavalerie les Grenadiers
6' les bateauxpousserent
jusqu'à Tibintze.S. A. R. détacha
cejour-là Mr d'Ejtain avec 15.Encadrons
,pouroccuper la plaine^qUÎ
est entre Tor/bit la MÙ. îles Ûfiquelets
jiTcn/cc qu'ils purent^ ;t'ff
la Garnison
,
pourPi'nqeleterins
lesMontagnes
ou il eïoifobhqe dô
passer ;
niais il ne
il s'airejla-font. gagneleterrainqu'ilavait
L"rQi~ôu.,Ar. R.fayenvoya12,. empêcherlesEnnemisde
couperlacommunication
4
la Mtr de Taiwyine, & dè\
c.:.,mpa de Tihint^e, pour venir
unepetite lieuë de Tottofe>quilr%
connut ce jour là du côté du Satu"
la Riviere. On laissaaux Retranchemens
deàMitant
quelques Troupes pour assurer les
Convois qui venaient par eau.
Le ix. toute l'Arméemarcha,
&invejî^t la place de toutes paftsy
desipres que personnen'en pouvoit
firllr;, la Cavalerie est campéesur
le bord de la Riviere au dessus &
au dtffous de la Place, où ily a des
especes de plaines, qui sont de deux
partées de mousquetde 1-irge; lean.
veest occupéparl'Infanterie, dans
un terrain si coupé de ravins & de
mopi.^ne. , que les Ennemis t'all-
Wtqt Pû défendre plus facilement
quils ne feront Tortose. Le même
jour que la Place fut rllve..If'f
, Mr
d'Asfeldtarriva (lU boutduPont»
qu'ilinvestitavec h. Bataillons &
18. Escadrons. Ilfitpasserdansdes
barques 15. pieces de Canon de 16.
& de 14. livres debalesy aVEC des
munitions à proportion. On pretend
qu'il y a 4000. hommes de troupes
réglées dans la place, & qu'on a
forcé les Bourgeois &teS Paysans
de prendre les armes. On laissera
plusieurs ouvrages quifontducôté
du haut Ebre, & on attaquerala
Ville du côté de la Riviere
,
oùS.
j4. R. a prissonquartier.Onafait
un Pont de
bmeauK sur le haut Ébre,
vis-a-vis du Quartier de S. A. R.
sur des Bateaux de cuivre, que Mr
d'Asfed avo t faitpartiravec luy.
On a pris aux Ennemis p.ufîwi
Qhahufe»ducbtè de la Mer, &4.
Barqms, sur lefquellcs ifcy avoit
(>^Q^tfa%ntnes de bled;cesgrains
étoiejttdèjïtne^ pour Tortose. On
Sest d'abord servy de ces chaloupes
pittrfiaimpaffersept pieces de Cil.
non de 1&on a travaillè àfaire
paff«r4e*efte:% On s*(jè approchéde
la*)PÂ*ce r4 couvert du côté oùVon
adçjjitji d'ouvrirlaTrantkéeà demipvHctdt
mousquet, & l'on prit le
p$f*s<d&ïCapucins le même jour que
nla^Pi^ace fut investie : 120 hommès pris (Uns ce poste;on eutseulement
trois Soldats tue^& un Officierde
blesse. On établit l'Hôpital,
f!¡.,J¡,,,ntClldu iy. alPïj:. on trava^
iâa à faire une Redoute
, pour
ajfùrefjce Poste : les i&ntiftkisfirent
pendanttoute la ~nu foudecanon
& de mousqueterie, qui ne blessa
qu'un Soldat. Ils crurent que
cetoitCouverture delaTranchée,
& en effet elle se doit faire de ce côtélit,
i mais cene sera qu'aprèsy avoir
dressé une baterie ,pour raser le convent
des Carmes,qui est au milieu
du Bastion, que l'on doit attaquer,
& qui incommoderoit les travailleurs.
il vient tous les jours des de-
,
serteurs de la Place, entre laquelle
& Tarragone, on a encore pris 5.
à 600. Bctufs & vaches, tf,l,n a
dtftnhuez^ aux Soldats. On ne crois
pas qu'onouvre la Tranchée avant
le 10.
4 S. A. R. fitpartir le14.sept
Escadrons de Dragons, pour aller
joindre Mrde Fontboisard, qui étoit
restédu côté de BUaçiier, dfindempèihei
les Ennemis de rentrerdans fArray>n% :
Le15. S.A. R. alla reconnoître
laPlace ,'"&Elle en fit tout le
toutsJ&Ht eut soin aufftt^flatirés
fort arrivée
,
defaire retranchersept
Bdlllilhns pour faciliter les Convois.
Vous n'avez point vu de Relation
plus ample ny plus circonstanciée
de tout ce qu'a fait
S. A. R. depuisle9. de ce mois
jusqu'au ii. Aussi, cette Relation
est-elle tirée de plusieurs
autres, dont ils'en trouve une
qui fait monter la nouvelle prise
des boeufs ou vaches, à neuf
cens , & celle des moutons ou
chévres à quatre mille. Je ne
puisvous rien dire là-dessus, si
cen'est que toutes les Relations
sur lesquelles j'ay travaillé,
viennent de bon lieu.
Lors que je croyoïs n'avuir
plus rien à vous dire de HOU.
veau touchant £e qui regarde
la Relation que vous venez de
lire, il enest tombé une entre
mes mains, qui, quoy que de
peu d'étenduë , contient néanmoins
plusieurs faits nouveaux.
Je vous l'envoyé en original.
Au Camp devant Torcofe,
le 16. Juin.
• S. A. R.partitle9. deGineJiary
& nous en dçcampàmes Je 10. De-.
ppis ce temps-lailne s'est rien pujje.-
Nous arrivâtes le 11. & le mèmê
jour un Lieutenant de Dr,;gaiis. dm
Regiment de"PicillquéJ aixecifâty-1
îe Dragons, , art<fia à /'emb<m^buf^\
de fElITe) 4" Barquesxb4*%§hkd/lï
viandefallèey& de bled; & Id nuit
du ii. au 13. le Regiment d'Auvergne&
ceLuy d'Orléans aittluerent
le poste des C~j, s'en
rendirent les maistres. Nous y perfilmes
trois Soldats, & il y eut un
Officier âAuvergne blesse à la
main. Les Capucins ont reçu ordre
daller à Barcelonne. Hiermatin
on prit un Espion qui futpendu hier
au soir, & qui fut mis à la porte du
bant-Ebre par ou il estoit forti.
Anvanthier Son Klteffe Royale apprit
que les Ennemis avoient détachévingt
Escadrons du cossédeCaspé,
&hiermatin on détacha denotre
Armée les Regimens de Fléche)
d'Astourto &de Paneton, pour arrêter
leurcourse. La garnison el
composéedehuit Bataillons ,
dedeux
mille Millets de trois cens
chevaux,
chevaux, Les RegimensfontleGeneralFuifen
, HoLlarïdoit, Saint-
Amanty & Ntuvendail 3tous deux
AujjiJrîoLlandois ; Général Ephre,
Yen/ln, & Batbaut, kllemjins,
&la RÚne Anne, François Relz.
Stonnaires. La Villea fut lehaut-
Eble
, un chasseau (Õûrenfl par un
Ouvrage à corne ,
-où iei ennemis
commenceront à travailler ïjnnèe
.atinIe" & qu'ils ont perfectionné
d*epuis un mois, & elle a sur /f bif- ; le Convent des Carmes très*
fyenfowfié. On affûte que le 19.on
ouvrira laTranchée3quenostre ca-
* non pourra tiret à 14fin du mois,
&que le 25. du mois prochain nous
pourrons chanter le Te Deum.
La France vient de perdreunc
femme dont la naissance estoit
des plus illustres mais beaucou
p au dcflbus de Fon mérité.
Elle avoit une devotion sans
hypocrisie; une vertu sans fade ;
un coeur sincere & pénétré de
l'Amour divin; une humilité
Chrestienne > uneardente charité5
une pietésincere ,une
douceur Angélique
,
&une modestie
charmante. C'estoit une
épousequin'avoitpoint ou peu
de pareilles; une femme sans
volonté, sans ambition; sans
entestement, qui pouvoit servir
d'exemple à toutes les perfonpes
de son sexej qui elîoit eftimée
& honorée par tout; & qui
avoit enfin une patience & u :8
resignation aux volontez de
Dieu peu communes.
,n
Quand. âpres cette peinture
qui pourrait passer pourl'idée
d'une femme qui ne Te trouve
point, & que s'est pourtant
trouvée, je ne oommerois pas
Me la Comtesse de Pontchartrain
, tous ceux qui ont eu l'avantage
de la connoistre
, ou
qui enont entendu parler, 14
nommeroient aussitost, puil:"
que le bruit de toutes les venus
qu'elle possedoit daL,s le plus
haut degré, Se dont aucune ne
luy estoit dirputée, l'avoient
fait connoi itre même de tons
ceux qui n'avoient pas l'avansage
de l'approcher, & que Cûfl
nom eiloit tous les jours dans
la bouc he de tout le monde, &
sur tout dans celle des Pauvres
qu'elle a regardez pendant toute
sa vie commes ses' enfàns.
-
Toutes les choies, & tout l'argent
dont il juy estoit permis
de disposer, estoïent à euxj elle
entretenoit un grand nombre de
famillesi quelques gens même
de diftinclion que la fortune
avoic mal-traitez, particulièrement
ceux qui estoient dans
le service
,
recevoient lelon les
occafirms des marques de ses liberalicez
i mais sans sçavoir de
quelles mains elles leur venoient,
puifqu'elle vouloit ne
se pas souvenir elle-même du
bien qu'elle faisoit, & qu'elle
vou!oic que sa main gauche
içnoraft ce que faisoit si droite.
Vousjugez bien qu'une femme
de ce caractere, & qui paroissolit
sanctifiée déscemo nde, a fbuf"
fert avec autant de resignation
que de patience toutes les douleurs
d'une longue maladi.,
pendant Laquelle elle a esté affilée
par le Pere de la Tour,
General des Prestres de rOra.
toire qui ne l'a point abandonnée.
Son appartement ertoit
tous les jours rempli d'un fort
grand nombre de Duohetfes, &
l'on ne doit pas s'en étonner t puifqu'elle en pouvoit compter
beaucoup dans safamile. Tout
ce quela Cour a de plusillustre,
s'y rendoit souventaussi, &
l'empressement de sçavoir des
nouvelles d'une fanté qui estoit
si chere à tout le monde, & qui
Revoit estre bien prétieuse à
tousceux qu'elle avoit obligez,
faisoit que son appartement
eftoic presque toûjours rempit
d'un grand nombre de personn<^
de la plus haute diflintliono
& de beaucoup d'autres moins
qualifiées, demanierequeselon
les bruits qui s'y répandoient
qu'elle se portoit un peu mieux
ou qu'elle estoit plus mal, ord
voyoit regner la joye ou la douleur
dans. cette grande assemblée;
& si la mort de cette
Comtesse l'a fait cesser
,
elle ne
la pas fait oublier, puisque fOB
souvenir demeurera long- temps
gravé dans les coeurs de tous
ceux qui la connoissoient
, ou
qui ont ouï faire le portrait de
ses vertus. Je pourrois ajoûter
icy que ceux qui entendront un
jour parler d'elle, pourront
bien la regarder comme un®1
Sainte, puisqu'elle passe pour
telle aujourd'huy
,
dans l'esprit
de beaucoup de gens: Elle est
morte comme elle avoit vêcu
avec uneentiere soumissionaux
volontez de Dieu; quoy qu'elle
se fust depuis long-temps familiarisée
avec la mort, elle n'a
pas laissé de dire qu'elle n'avoit
pas crû la devoir apprehender
commeelle faisoit dans le temps
qu'elle la voyoit approcher.
Bel exemple pour tous ceux
quine menent pas une vieaussi
ïeguJiere, &aussisainte, car;,
* tous ceux qui vivent bien peuvent
com p ter sur la mi sericorde
Dieu ,
quandils ne seroient
pas parvenus à la perfection
des Saints. Me de Ponichartxàin
nedemandaque CUUJÎJ
chosesen mourant ; maiselles
les recommanda fortement m sçavoir, que son Convoy Cefïflrç
le plussimplement qu'ilseroit
possible
; & que l'on eut foiriq
desesDomestiques.
A peine eut-elle rendu les.
derniers soupirs que son époux
penetréde la plus vive datileurâ,
panitaual tostavec le Perede
la Tour, dont jeviens de par- ler, & le PereSimon de la même
Congregation, pour serendre
à Pontchartrain,afind'y
pleurer, éloigné de la foule qui
n'auroit pas manqué de l'accabler,
uneépouse dont il avoir
toû jours esté tendrement aimép
& qu'ilavoit aimée de même. :
En effet, jamais époux n'a fait,
voir plus d'amour & plus datf%
tachement pour une femme, 8c
n'en avoit eu plus de foin. Il
passoit les jours & les nuits auprés
d'elle, le temps dont
-
ses
grands emplois luy permettoient
de joüir. Il estoit témoin
de tout ce qu'elle prenoit, & il
le luy faisoit souvent prendre
luy-même. Enfin, jamais époux
n'onteu plus d'attachement
l'un pour l'autre, & jamais
union pareille n'a attiré plus de
loüanges aux époux que l'on a
donnez pour exemples de l'amour
conjugal.
- Ce triste époux fut à peine
arrivé à Pontchartrain, que
presque tous les parens de son
illustre épouse s'y rendirent
plutost pour estretémoins de
fz douleur, que pour le confo1er,
puisqu'ils avoient,besoin
d'estre consolez eux-mêmes;
mais ils devoient cette reconnoissance
à la maniere dont Mr
le Comte de Pontchartrain en
avoit toûjours usé avec une parente
qui estoitdigne de l'hommage
de toute la terre.M Ceux qui connoissentla bonté
du coeur de Monsieur le
Chancelier, dont je voudrois
qu'il me fust permis de vousfaire
icy l'éloge, peuvent juger
de ladouleur dont ce Chefde
la Justice fut penetre lorsqu'il
appritla rmrt d'une personne
pourqui ses vertus ne Jur
avoient pas donné moins de ve.;
neration que la grandeur de sa
naissance. Il en apprit la mort
au Roy, & il supplia en même*
temps Sa Majesté de le dispenserde
se trouverau Conseilqui
se devoit tenir le lendemain ;
ce que ce Prince luy accorda.
Me de Pontchartrainlaisse
trois Garçons;Ellen'avoit que
vingt-huit ans, & onze ansde
Mariage. Elle étoitFillede feu
Mre Frederic Charles, Comte
de Kove & de Roucy, Lieutenant
General des Armées du
Roy, qui fut demandéen 1683.
par le Roy de Dannemarc, pour
estre Generalissime de ses armées,
qu'il alla commander
avec la permission du Roy) 8c
de Dame Isabelle Fille de Guy
Aldoncede Durfort Comte de
Duras, & de Charlotte de la
Tour d'Auvergne, & Soeur des
feus Ducs de Duras & de Lorge,.
& de Milord Feversham:
Cette Dameest en Angleterre,
oùMrle Comte de Roucy se
retira dés l'an 1687. & y mourut
aux Eaux de Bath en 1690.
après avoir esté fait Pair d'Irlande
par le feu Roy Jacques
II. Me la Comtesse de Pontc
hartrain étoit Soeur de Dlle
Charlotte de Roucy, qui demeure
en Angleterre avec Me
sa Mere, & qui n'a point voulu
[c marier; de François Comte
de Roucy,Lieutenant General
des armées du Roy, Capitaine
Lieutenant des Gendarmes Ecossois
, & Commandant de la
Gendarmerie, qui épousa en
1689. CatherineFrançoise d'Arpajon,
Fillede LoüisDuc d'A rpajon
Pair deFrance , Cheva-
4' lier
lier des Ordres du Roy,Lieutenant
General & son Ambassadeur
Extraordinai re en Pologne,
& de Catherine Henriette
d'Harcour, Dame d'honneur de
Madame la Dauphine. Me la
Comtesse de Pontchartrain étoit
aussi Soeur de Guy Vidame de
Laonnois, tué au Siege de Luxembourg
en 1684. d'Henriette
veuve duComte de Sta ffort,
qu'elle avoit épouséen Angleterre
;de Charles Comte de
Blancs,&Lieutenant General
des ArméesduRoy, qui a éponfe
Henrietted'Allongny
veuve deMr leMarquisde Nang
is,doncelleaeu MrleMarquis
de Nangis , qui vient d'estre
faitMaréchal de Camp, & fille
d'e Louis d'Allongny Comte de
Rochefort Marechal de France,
Capitainedes Gardes du Corps,
Gouverneur de Lorraine & du
Barrois, & de Madeleine de
Laval, Dame d'A tour de Madame
la Dauphine, & Dame
d'honneur de Madame la Duchesse
de Chartres; enfin Madame
de Pontc hartrain étoit
Soeurde Guillaume Comte de
Marthon, Pair d'Irlande
,
fous
le nom de Milord Lesfart ; de
Louis, cy-devant Chevalierde
Roucy
,
& aujourd'huy Marquis
de Roucy & Lieutenant
General des Galeres de France,
qui épousa en 1704. N
Ducasse fille de Mr Ducasset
Chef d'Escadre des Armées
Navales,&d'Isabelle &Marie
de Roucy Religicnicsa. nô.,
tre- Dame de Soissons. Me la
COITne-ife de Pontchartrain ,
dont je vousaprens la mort,
étoit la plus jeune de cette
nombreuse Famille.
-
Feu MrleComte de Roucy
étoit Filsde Fran ç oisII, Comte
de Roye & de Roucy
, morten
1680. & de Julienne Catherine
de la Tourd'Auvergne, fille
de Henry Duc de Boüillon,
Prince de Sedan & deRaucour,
Pair & Maréchal de France; &
d'ElisabethdeNassau. Ainsiil
y a eu deux Alliances entre la
Branche de Roucy &la Maison
de Boüillon, sans compter celles
que la Maison de la Rochefoucauld
avoit déja prises avec ladernierede ces maisons ; & il
étoit frere aîné de Henry Vidame
de Laonnois, tué auSie
ge deMouzon. Charles II. du
nom, mort en 1607. quiafait
la Branche de Roucv,& Claude
de Gontaud fille d'Armand de
Gontaud de Biron Marechal
de France, & de Jeanne d'Ornezon
étoient Pere & Mere de
François II. dont je viens de
parler, & Charles étoit filsde
François III. dunom,Comte
de la Rochefoucaud, & qui de
vint Comte de Roye & deRoucy,
par son mariage avec Char- ité heritiere decetteMaison,
- <jJ'jl épousa en premieres Nôces.
Charlotte étoit Soeur d'Eleonor
do: Roye, mariée en 155I.
à Loüisde Bourbon I. dunom,
Prince de Condé, & marié en
1564,desortequelaTrisayeule
de Monsieurle Prince, & la
Trisayeule de Me la Comtesse
de Pontchartrain étoient soeurs.
La Maison de Roucy est originaire
de Champagne, & l'une
des plus nobles & des plus anciennes
du Royaume. Renaud
Comte de Rheims & de Roucy
épousaAlbrade fille de Louis
IV. Roy de France, & de Gerberde
de Saxe
, Soeur de l'Empereur
Othon I. Il mourut en
973. Mais comme Me de Pontchartrain
n'en descendoit que
ducôtématernel, je n'en diray
pas davantage; François III.
Comte de la Rochefoucauld,
Prince de Marsillac
,
Chevalier
des Ordres du Roy, & dont le
fecond mariage avec l'heritiere
de Condé, donnanaissance à la
Branche de Roucy- Rochefou.
cauld, fut un des grands Ca
pitaines de son temps. li fut tu.
à la Saint Barthelemy en 1571* Galliot Pic Prince de la Mi,
rande & d'Hyppolite de Gonzague
dont il eut François IV.
Comte de la Rochefoucauld,
qui continualaLigne directe.
Mr le Comte de Pontchartrain
a eu trois Fils de Me laComtesse
de Pontchartrain; ce
Comte est le huitiéme. Secretaire
d'Etat de sa maison; Ravmont Phelipeaux Seigneur
d'Herbautné à Bloisen 1560.
fut le premier.PaulPhelipeaux
Seigneur de Pontchartrain qui
forma la branche de Pontchartrain,
& qui est le Bisayeul du
Comte de ce nom fut pourvù
par Henry IIII. de la Charge
de Secretaire d'Etat à la place
de Mr Forget duFresne. A quelques
années prés, cette Charge
cft toû jours restée dans sa
branche;ilestoitle quatriéme
fils de Louis Phelipeaux Seigneur
de laVrilliere & de Radegonde
Garraut.
"1;' Vous avez paru si contente
du Journal que je vous envoye
tous les ans du voyage de Fontainebleau
, que je crois devoir
continuer de vous en envoyer
un cette année; cependant il
fera moins remply que ceux des
années precedentes
,
puisque les
divertissemens que l'onprend
pendant lesgrandes chaleurs de
l'Esté,sont moinsconsiderables
que ceux que l'Autonne fournit
Le 15 de ce mois Monseigneu
le Dauphin, qui estoit alors
Meudon,en partit lematin avec
Madame la Princesse de Cont
Douairiere, & passa à Petit-
Bourg qui appartient à Mr le
Marquis d'A ntin, pour se rendre
à Fontainebleau.
Ce Prince, depuis le jour dd
son arrivéejusqu'au18.alladeux
fois à la chasse du cerf & autant
à celle du loup.
Le 18. le Roy partit de Versaillesentre11.
heures &midy:
il avoit dans son carosse Madame
la Duchesse de Bourgogne,
Me la Duchesse de Brancas, &
Me la Marêchale d'Etrées. Sa
Majestéarriva sur les quatre
heures à Petit-Bourg; elle le
promena dans les Jardins où elle
ne pût demeurer long-temps
à cause de la pluye; les Dames
joüerent à differens jeux;Mr
le Marquis d'Antin ne servir
plusieurs tables pour tous ceux
qui voulurent manger en arrivant,
& il fit fournir à toutes
les su i testoutes leschoses dont
elles pouvoient avoir besoin ; de
maniere qu'il se fit une continuelle
dillribution de toutes
choses, depuis l'arrivée de la
Cour jusqu'àl'heure du fou per.
Les Gardes du Corps, les Cent-
Suisses & les GardesFrançoises
ScSuifles furent traitées comme
elles l'avoient esté dans les
precedens passagesde S. M.
Le 19.i1 yeut une excellente
Musique à la messe du Roy. S.
M. se promena encore le ma-»
tin , &vit les nouveauxouvra
ges qui se font dans les Jardins
Il y avoituneaugmentation d
Bâtiment pour les Officiers du
Gobelet, ainsique l'on er
avoit fait une l'année ptece",
dente pour ceux de la bouche.
S. M. partit à l'issuëdudîne
pour se rendre à Fontainebleau
où elle arriva sur les cinq heures.
Mrde saintHeran Gouverneur
& Capitaine du Chasteau
se trouva à l'entrée de la Forest
avec tous les Officiers & les
Gardesdes plaisirs; les Officiers
des Eaux & Forests parurent
avec leurs Gardes une demilieuë
au delà, & à une demilieuë
de Fontainebleau,on trouva
les Officiers de Juili:e & les
principaux habitansquitémoignerent
a S. M. la joye qu'ils
ressentoient de la voir arriver.
Monseigneur le Dauphin le reçut Roy à la descente du carosse,
& toutes les Princesses le saluerent
dans le grand cabinet.
S. M. passa le reste du jouravcc
ses Ministres.
/, Le 20. ce Prince, après avoir
donné à son lever fe> ordres pour
ce qu'il vouloit faire pendant
la journée, alla à la Messe &
ensuite au Conseil à la sortie
duquel S. M. dîna, ce qu'elle
fait tous les jours de même. A
* l'issuë de sondînéelle alla tirer
dans les Parquets
, & Monseigneur
alla à la chassedu loup;
Madame la Duchessede Bourgogne
& les Dames se promenerent
en carosse dans les routes
de la Forest, & elles joüe
rent au retour jusqu'àl'heure
du souper,leRoy travaillaà l'or
dinaire dans son cabinet. Sa
Majestéditlémême jour qu'elle
avoi t fait une promotion
d'Officiers Generaux, dont voicy
la Ikifie.
LIEUTENANS
GENERAUX.
Mrle Marquis de Puiguyon;
Mr le Marquis de Kercado; Ml"
le Marquis de Bousols; Mr le
Comte de Villars, & Mr le
Comte d'Evreux.
MARECHAUX DECAMP. "i
Mr le Vidame d'Amiens,8C
Mr le Marquis de Nangis. i.
BRIGADIERS,
B R IGAD IERS.H
Mr le MarquisdeMirabault;
Mr le Marquis d'Epinay Colonel
de Charolois; Mr le Marquis
d'Angennes; Mr le Marquis
de Leuville ; Mr le Chevalierde
Croüy;Mr le Marquis
deCharost; Mr le Duc de
Mortemart; Mr le Marquis de
Seignelay; Mr le Prince de
MontbazonMr Hoüet Capitaine
au Regiment des Gardes
Françoises; Mrde Brilhac Capitaine
au même Regiment, &
Mr de Contade Major du même
Corps.
Je vous parleray le mois prochain
de tous ces Mrs;cependant
si leursamis sçavent quelque
chose de particulier de leurs
actions ,ils peuvent en envoyer
des Mémoires.
Le 21. le Roy, Monseigneur,
Madame la Duchesse de Bourgogne
& ses Dames coururent
le Cerf l'aprés-dinée,& elles
le prirent après l'avoir couru
pendant 5. heures. Mrle Marquis
de Langeron prit congé
pour se rendre à Toulon.
Le 22. le Roy
, avec la même
Compagnie,chassale Cerf
avec la MeuttedeMrle Comte,
& Mr le Duc du Maine chassa
en même temps avec la sienne dans , un autre endroit de la Forest.
-
Comme j'ay mille fois verifié
que devingt relations touchant
une même affaire
,
il n'y ca *4
g.pas une seule qui ne raporte
quelques faits qui ne se trou- vent point dansles autres,vous ne devez pas estresurprise, si après vous avoir amplement
dapanrslé de tout ce qui s'est fait
la derniere Marche de
ri Monficur le Duc d'Orleans)
pourinvestir Tortose, & siaprés
vous en avoir mis dans ma Lettre
plusd'une Relation,j'y ajoûteencorel'Extrait
suivant d'une
I Lettre qui ra porte les circonstances
d'un fait singulier
,
dont
il n'y a que deux lignes dans les
r..autres Relations.
Le13. ilarriva une chose mêmerable
; un Party de 15 Dragons
Espagnol,scommandez, far un Ututenant,
courant le long de la Mer,
rencontra cinq Barques des Enne~
mis chargées degrains qui voguoient
le long de la terre. Il commanda à
ces Barques ~ff, voyant
qu'elles se mocquoient de cet ordre
>
ces Dragons à cheval se jetterent
dans la mer le pistolet à la main,
abordèrent les Barques à la nage, ~&les contraignirent de venir à taTe.;.
&comme à leur approche la plusp_'
lrt des Matelots s'ejloienijcrt.'K.
eux-mtmi» dans la mer pourse sauver
à la nage, ~&qu'ainsi nos Drtt.
gonsn'avoient pas degens capables
de mener ces Barques en lieu de seureté
,
ils détacherent quelqu'un
d'efllrcux vers Monsieur le DUCà*Orleans
pour luy dire la chose; mais S.
A. R. nepouvoit croire ce qu'elle
~en:en soit, & comme on luy eut affuiè
que l'action estoit veritable d*
qu'il n'y avoit qu'à pourvoir à ce
que les Barquesfassent menées où
elle souhaiteroit, elle parut ravie
de cette a[lion
>
~& en se récriant
qu'il estoit ~iooiii & sans exemple
que la Cavalerieeust jamais fait
de prises sur Mcr, Elle écrivit de
Iii main-i un ordre pour ajourercette
Prise.
J'ayfinile Journal de Flandre
au 19. de ce mois,en voicy la
suite;mais au lieu que ce que je
vous ay envoyé estoit tiré des
Lettres du Camp de l'Armée de
Monseigneur le Duc de Bourgogne
; cette fuite est tirée d'une
Lettre venuë du Camp des
Ennemis.
Extrait d'une Lettre du Camp*
deTerbankdu 15) Juin.
Sur l'avis que Milord ~Due eut
avanthier que les ennemis abattoient
leurs Ttntts, il crut qu'ils
alloient décamper, ~&il donnafut{
l'heure même, l'ordre de tenir les
Troupes prestes à marcher, Ilfit
aussî tirer trente coups de cllnon.pu.,
avertir celles qui avoient estédétachées
le matin pour aller faire un
fouragegeneral du costé de malines ,
~&quirevinrentsans avoirfutlragé;,
mais comme ce n'avoit esté qu'une
seinte de la part des ennemis, les
deux humées sont restées dans le
Camp lit elles font encore, ~&selon
toutes les aparences nous ne quitte-
~r ts ~'e nostre que lorsqu'ilplaira à
1-
Monsieurde Vendosme,caron peut
dire qu'il est le Quartier Mestre
General des deux hmées
, & il
semble que ce foit de ce Prince que
nous devons recevoir l'ordre ou
la permission de décamper. On
doit retourner au fourage le 2r,
mais on ne pourra pas lefaire au
de -làd'Arschot, à moins de trop risquer
,parce que les François se font
en quelquefaçonrendus les maistres
de ceux qui font entre le Demer &
la Dyle, de sorte que ce qu'ilnous
en reste dans nos derrieres &au defJJ
de Malines, ne pouvant pas durer
longtemps,on fera obligé d'allerfourager
du cossè £Anvers & de Lier*
& dans les Bruyeres qui font en
défi.
Le mot de l'Enigme du mois
dernier estoit le Livre, 8c il a
esté trouvé par Mrs le Comte
de Chester ; de Ploelo;de Liú:
rouë,ci - devant Capitaineau
Regiment de Piemont; le Blondin
,
de la ruë sainte Catherine ;
Antoine du May; Nicolas Vaudin
; Estienne Lambert; Pierre
& Jacques Vannereau; Gertrude
& son gros du Bois ;le
sage Perrin ;le Tabellion, lairé
du divorce; L. 1. du PontNôtre-
Dame; l'Ami fidelledu
charmantLoulou, de la ruë
Coquilliere ; le Solitaire des;
Angloux & son Ami Darius; le Forcier du lvlarais; le Solitaire
du Cul-de-sacq de Saint-
Landry, fie le Mechanicien de
Cour-Cheverny,au Diocefede
Blois.Mllesle Roy, dela ruë
Saint Antoine; de Forteville
du Marais , ; le Roux de la ruë
Saint Honoré; la jeune Muse
renaissante G. O> la gracieuse
Me Lobin, de la ruë de Barcy ;
l'Ancienne Antagoniste des
plaisirs permis ,
du petit Paris;
les deux blondes Locataires du
Praxitelle, du même quartier;
le Déesse hospitaliere,de Poüilla
sur Loire; 1Ineoimanie de
Lor; la Lune; la Nymphe, les
Dieux & les Déesses de la Fossée
, quelques fois habitans de
Montreüil; laplus jeune des
belles Dames de
la
ruë des Bernardins
; la Solitaire de la ruq
aux Féves; la Mere duCul-desac
de Saint Landry; la Solitaire
de la Place Maubert ; la
Colombe de Merignac ; Theureux
A. C. & Iris, l'ont expliquée
en Vers.
Je vous envoye une Enigme
nouvelle. Elle est de Mr l'Abbé, D.L.M.*****
ENIGME.
- 11 J'habite dans des lieux d'unaccét
difficile,
Ætfour m*en fairedéloger, V
on faitvenirunEtranger,
Encelaplusqu'unautrehabile
Alors lefer en main,&semblable
à l'Amour, Il me coupe; il mabat» &/Ïe' desavictoire
,
Si-tost qu'il voit lejour & Il chante à haute voix ma deffaite
&sa gloire.
Suite du Journal de Fontainebleau.
Le 23.SaMajesté devoit aprés
lesConseilsdu matin & de l'apresdinéealler
se promener dans
les Jardins & autour du Canal
avec Madame la Duchesse de
Bourgogne; mais la pluye qui
dura pendant tout le jour, empêchacette
promenade. LaCour
s'assembla chez Monseigneur,
où ilyeut jeu.
On apprit ce jour là que Mr
de C hamaranteestoit en marche
pour se rendre à Toulon avec
dix bataillons.
Le Roy alla tirer l'aprefdinée
du 24 nonobstant la pluye qui
dura prefquc pendant toute la
journée. SaMajesté envoya un
Gentilhomme ordinaire de sa
Maison, pour faire compliment
à Monsieur le Chancelier sur la
mort de Me de Ponccha-rtraioi
& toute la Cour fit paroistre qu'-
elle regrettoit beaucoup cette
Comtesse.
Oneut nouvelle lemême jour
que Mr le DucdeNoailles estoit
au Camp de Saint Pierre Pescador,
où il estoit à portée de profiter
des conjonctures favorables
qui pouvoient se presenter.
On doit remarquer que l'on
tire un grandavantage desa petite
Armée,puisqu'elleempêche
un gros corps d'Ennemisd'aller
joindre les Troupes qui s'opposent
à celle de Monsieur le
Duc d'Orleans, puisqu'ellesne
pourroit
pourroient faire un pas pour les
aller joindre sans estre suivies
par celles de ce Duc.
L e25.le Roy se purgea par précaut
ion,apres quoy Monseigneur
alla à la Chassedu Loup.LaMedecine
n'empêcha pas SaMajesté
de tenir Conseill'apresdinée.
Le 16. le Roy aprés avoir oüi IIMeile à l'heu,ec)rdinaire,tint
Conseil, & l'apresdin e SaMajseesigténcehuarssa
le Cerf avec Mon-
& Madame la Duchesse
deBourgogne; & après la prise
du Cerf, Sa Majcfté en courut
un second qu'Elle prit encore.
Monseigneur donna le retour de
Chaffr. chez luy, où Madame la
Duchefledetëoiirgogneloupa.
Le 27.le Roy alla ~tr"rl'a p resdinée,
& il ~rejeut à son retour
des Lettres de Monsieur le Duc
d'Orleans, par lesquelles il a pprit
que ce Prince avoit investi
le 12. la Ville de Torrose,& Mr
de Chamillart luy rapporta que
leII. S. A. R. t'elloitapprvcljée de
la place, à lafaveur d'un rideau ou
colline, à la portée àufufil5 que Un
Elle l'avoit investie&fait attaquer
plusieurs postes avancez^ dans lesquels
on avoitfait300prisonniers;
que des Carabiniers & des Dragons
ayant ejlécommandezpou,-descendre
ÏJibre au dessous de la place, ils
avoient trouvé5Barques chargées de
farine el;,- de chair saliés que l'ony
conduisoit,sur lesquelles ils avoient
tiré sifortement, que les ayant ton..
traintes d'ariver, ils lesprirent;qu'-
un autre Détachement envoyé pour
découvrir lesforces de de Starem,
mg IIflvoit rapporté qu'il estoitcampéavec10
à 12 mille hommes prés de
Tarragone, & que quelques prisonniers
avoient dit que fort dessein
esloitdetenterlesecours de Tortose.
Ce Détachement prit en revenant
500 Boeu fs que les Ennemis
avoientrassemblez, & illes
amena au Camp. S. A. R. mandroit
que si Mr de Starembergse
metioit en devoitdesecourir Tortofey
ce Generalseroit obligé de traverser
une Plaine desix lieuë, 6,- qu'en ce
cdf sa Cavalerie estant plusnombreuseque
lasienne, elleluy épargnerait
la moitié du chemin, & qu'E:le
en rendrontbon compte.Jusqu'au départ
de la Lettre de S. A.R.le
canon de la place qui avoit beaucoup
tiré, n'avoit tué personne,
les Troupes estant postées dans
des colines,où il ne pouvoit don-*
ner.
Onreçût ce jour là plusieurs
Lettres de Flandre, qui ne parloient
que de l'exactitude,avec
laquelle Monseigneur le Duc de
Bourgogne fait observer la disciplinemilitaire;
qui portoient
(le tous les Officiers qUE avaientac-
Ci-Utumcdese lover dans des maiforts
auxenvironsduCamp,estoientoblicoucher
jolis leurs Tentes à LA
queue desRegimens qu'ilscommandent,
&qu'ils estoient tous obliyezjle
demurer à leurposte,ce prince leur
a.v-,nt déclaréqu'il lesyenvoiroit
chercher lorsquil aurait des ordresà
leur ,loY/ntf.
Le iS. Madame lut le matin
une Lettre de Monsieur le Duc
d'Orleans,qui luy mande que les
Carabiniers après avoir pris les
5 Barques chargées de farines &
de chair fallée, en avoient ren- contrécinq autres plus bas,
chargées de bled, qui alloient
aussi dans la place, & qu'ils les
avoient prises, de même que les
cinq premieres.
Monseigneur alla le matin du
mêmejour à laChassedu Loup,
& l'apresdinée SaMajestéchassa
le Cerf avec Madame la DuclleOEe
de Bourgogne.
Mes de Pompadour & de Dangeau
presenterent ce jour- là
Me la Marquise de Courcillon
au Roy, à Monseigneur & aux
Princesses, & ensuite elles visitèrent
plusieurs personnes de
consideration. Cette Marquise,
quin'a que 13 ans & demi, c.
tres bien faire, son air modeste
en relevoit les grAces, & cjie
estoit d'ailleurs fortparée de
pierreries; elle futreçuëavec
tout l'agrémentimaginable.
On apprit le même jour que lemariagede. Mr le Prince Leon
avec Mlle de Roquelaure estoit
arresté.On leur donne à chacun
12000 livres de rente Mr de Rohan
substitue 50000 écus derente
qu'ilaenBretagneaufilsaînéde
Mr le Prince Léon, en cas de
mort au second, & au troisieme
&à leurs enfans mâles, à condition
que lorsqu'il aura un fils
agé de 16 ans,onluycréera un
Tuteur, entre les mains duquel
les revenus demeureront en sequestre
jusqu'à sa majorité, &
qu'en attendant cet âge, les reprises
de Me de Roban seront
prises sur ce revenu, & de plus
100000. écus pour Mlle de Rohan)
en faveur de laquelle & ses
ayans cause, la substitution luy
fera reversible, en cas qu'.il n'y
ait point d'enfans mâles, ou qu'-
ilsvinssent à manquer. - Le 29.le Roy alla tirer l'aprefdinée,
& tuabeaucoup de Faisans
& de Perdrix;mais il ne tira
que des mâles des deux especes, àcause des couvées des Faisandeaux
& desPerdreaux.Madame
la Duchesse de Bourgogne eue
1 la curiosité devoir un Lion d'une
grosseurextraordinaire,que l'on
avoir amenédepuisdeux jours.
Le Roy alla le trentième l'aprefdinée
à la Chasse du Cerf.
Il yeut retour de Chasse chea
Monseigneur, aprés lequel on)
joua.
Vous attendez sans doute des
nouvelles de ce que MrleMarêchal
de Villars a fait depuis
qu'il est parti de Paris. Vous
avez raison, puisque l'on n'apprendjamais
rien qued'agréable
des lieux où ce Maréchal commande.
Lorsqu'il a pproch a de Lyon,
la plus grande partie du peuple
ne putl'attendre dans la Ville,
tant rempressement de le voir
estoit grand. Les honneurs qu'-
on luy fit passerent son attente;
mais ils ne pouvoient estre que
très-grands, puisqu'ils estoient
proportionnez à la joye que
tout le peuple ressentoir.
Celuy de Grenoble ne merqua
pas moins d'empressement
tevoir ce General qu'il attendoit
avec impatience depuis que
le royl'avoit nommé pour commander
en ces quartiers - là.
Toute la Ville fut illuminée le
soir de son arrivée, & il reçut
des complimens de la part du
Parlement, de la Noblesse, &
de tous les Ordres. Enfin les
peuples qui apprehendoient
quelques jours auparavant les
grandes forces que l'on donnoit
à Monsieur deSavoye, parurent
entièrement rassurez.
Le 11. ce Maréchal sortit de
Grenoble pour aller visiter les
portes desMontagnes, & pour
s'avancer sur ceux des ennemis.
Depuis ce temps, ce Maréchal
acité camper à Exiles, & delà
à Oulx. Monsieur de Savoye
s'est retiré & se retranche. Il
n'y a pas lieu de croire que ce
Prince puisse rien entreprendre
, l'Empereur luy ayant retiré
une grande partie de ses troupes,
& celles de France estant
augmentées par 4000 hommes
de renfort. De plus Mr de
Villars a rassemblé toutes ses
Troupes en un seul Corps, &
il a donné la Garde des défilez
à des Paysans fort aguerris.
Toutes les fortifications de
Toulon font presque achevées,
& particulièrement celles du
Fort Artigues, & du Fort de
la Mileue & Mr de Chamarante,
que l'onyattendoit avec
dix Bataillons, y doic est re presentement
arrivé,
Il a esté tres-difficile jusques
icy de vous parler des Armées
d'Allemagne.Il y a plus de
deux mois que Mr le Prince Eugene
& le Duc de Marlboroug,
croyant avoir ébauché à la
Haye un grand projet pour l'ouverturede
la Campagne, aIle.
rent ensemble dans diverses
Coursd'Allemagne, pour achever
de le concerter avec plusieurs
Princes, & pour y mettre la derniere main, après quoy
le Prince Eugene retourna à
Vienne, & le Duc de MarlboroughenHollande.
On comptoit
pour l'ouverture de la Campagne
, sur un nombre de Troupes,
& sur une certaine quantité
de munitions & d'argent,
-!lac: toutes les Puissances d'Al.,
lemagne qui doivent des contingens,
dcvoient fournir; mai*
deux mois s'estant écoulez en
mouvemens de la part de l'Empereur,
du Duc d'Hanovre ÔC
des Hollandais, & sur tout en
menaces de S. M. I. pour faire
que toutes ces choses se trouvassent
prestes dans letemps où
la Campagne auroit dû s'ouvrir;
il ne s'est trouvé qu'une
partie de toutes ces choses, dans
le temps que les Troupes auroient
dû commencerd'agir, &
les Alliez fort embarassez,
voyant qu'ils ne pouvoient
avoir recours à leurs forces,
curent recours à l'adresse
, &
publierent qu'ils alloient faire
passer une Armée sur la Moselle,
qui seroit commandée par
le
elle Prince Eugene. LeS" plus
intelligens dans le métier de la
gcuerbre v,oyoient bien que Pc- execution d'un pareil projet
litote impossible, & que trente mille hommes ne pouvoient
subsister dans un Pays où l'on
n'avoit pointétabli de Magatilfi-
ns,& où toutes les munitions
manquoient. Les Alliez ne laisserent
pas de faire marcher
quelques Trou pes de ce coftépendant
que le Duc d'Hanovre
faisoit assembler le relie
)LdM Troupes Allemandes pour
agir d'un autrecosté, mais l'on peut dire que tous ces mouvemens
se faisoient presque sans avoir les pourquoy , parce que
premiers projets n'ayant pu
estremis en execution, les Alliez
se donnoient des mouvemens
sans sçavoireux-mêmesà
quoy ils aboutiroient, & il estoit
dificile de prendre de justes mesures
pour rompre leurs desseins,
puisqu'ils n'en avoient point
qu'ils vouloient feulement nous
embarasser, & qu'ilsne devoienc
agir que selon les conjonctures.
cCoempemnednacnét la Campagne ayant
en Flandre, & Monseigneur
le Duc de Bourgogne
s'estant avancé à la teste de
plus de cent mille hommes, &
les Hollandois voyant tous les
projets concertez avec les Alliez,
rompus, proposerent aux
Allemans de se tenir sur la défensive,
& d'envoyer des Troupes
pour grossir l'Armée du
Duc de Marlborough, s'ils n'aimoient
mieux envoyer en Flandre,
l'Armée qu'on publioit devoir
agir sur la Moselle 6c de
la faire commander par le Prince
Eugene , de maniere qu'il y
en auroit eu deux, l'une commandéepar
ce Prince, & l'autre
par le Duc de Marlborough,
car on doit remarquer que les
Hollandois sacrifieroient toutes
choses pour empêcher les
François d'approcher de leur
pays, qui ne pourroit tenir
long temps si les Frontières en
estoient une fois forcées.
Onne peut dire au juste pourquoy
rien de tout ce qui s'est
proposépendant deux mois entre
les Alliez,n'a reii ssi ; mais
cependant il paroist que Monsieur
l'Electeur de Baviere a
pris de si justes mesures qu'il a
empêché les ennemis d'executer
aucuns de leurs desseins,car dés
que les Alliez ont faitmarcher
des Troupes du costé de la Mosel
le, il en a fait marcher aussï
pour les observer
,
& il s'est
trouvé que ce Prince avoic des
Troupes dans cous les lieux
par où les Allemans auroient
pû en faire avancer. On doit
observerque si les Troupes que
les Alliez avoient commencé à
faire marcher sur la Moselle eussent voulu prendre la , route
de Flandre
,
Monsieur l'Electeur
de Baviere avoit pris de
si justes mesures
, que les renforts
qu'il auroit envoyez à
Monseigneur le Duc de Bourgogne
,
seroient arrivez six ou
;èpc jours avant les Troupes
Allemandes. Cependant le Prince
Eugene a quitté Vienne,&
JLDon a publié qu'il venoit se
mettre à la teste d'une Armée
qui estoit en estat de faire de
grandes choses ; mais tout cela
n'a abouti qu'à venir à Francfort
où il a demeuré jusqu'au
17. Juin. Voicy ce qui stelt
passédepuis ce temps là
, contenu
dans les Nouvelles arrivées
dans le temps que j'allois
fermer ma Lettre.
Mrle Duc d'Hanovre étant
arrivé à l'Armée Imperiale, il
en a fait larevue dans les Lignes
d'Etlingen; il paroissoit
qu'il devoit bientost se mettre
en marche, & l'on croyoit qu'il
devoit passer leRhin,
Dans le temps que l'on croyoit
que le Prince Eugene avoitarresté
à Francfort tout ce qu'il
devoie faire, & qu'il alloit se
mettre à la têtede l'Arméede
laMoselle
, pour passer en Brabant,
il est venu à Schwartsbach,
où le Prince Hereditaire
de Hesse-Casselprend les eaux,
pour ytenirunenouvelleConserence
avec ce Prince, & avec
le Baron d'Almeloo, Envoyé
Extraordinaire des Etats Generaux,
quis'y est rendu de Coblentz.
Si les Ennemis ne fonc
pas de grandeschoses cette année,
ce ne fera pas manque d'avoir
tenu des Conferences,puisque
l'on en compte plus de dix,
tenuës en divers lieux depuis 2.
mois; & comme ils ontralenty
les preparatifs qu'ilsfaisoient
surlaMoselle, il y aapparence
qu'ils ont changé de dessein.
Monsieur l'Electeur de Baviere
avoit partagé son Armée
en trois Corps campez en trois
Camps differens, en tirant vers
Kcvferlauter ,
foit pour faire
subsister les Troupes plus aifemeDt.,
l foit pour les disposer de
maniere à pouvoir s'en servir
plus utilement. Un de ces
Corps est commandé par Mr
d'Hautefort ; le second par Mr
de Verac ; ce font les deux plus
avancez; & le troisiéme qui eil:
campé à demi-lieue de Saar-
Loüis, & qui consiste en 17-
bataillons & 38. Escadrons ,efi:
commandé par Mr de Saint Fremont.
On vient d'apprendre icy par
d'autres Lettres, que Monsieur
de Baviere avec toute sa Cour,
ainsi que Mr de Barvick,
étoient partis le 23. de Saar-
Loüis, & qu'ayant réuni les
deux Corps, fous les ordres de
Mrs de Hautefort & de Verac,
ils étoient allez camper le24. à
Blicastel. Les mêmes Lettres
portent que l'on ne sçavoit pas
encore si ce mouvement se faisoit
pour aller détruire les Magasins
que les Ennemis ont fait
à Keyserlaucer, ou si S. A E.
veut repasser en Alsace, surle
bruit qui s'est répandu que le
Prince Eugene voyant ses mesures
rompuës du côté de la
Moselle, faisoit avancer quelques
Troupes vers Landau,
comme s'il vouloit donner de
l'inquiétude à celles que Mr le
Comte du Bourg commande
dans les Lignes de Weiffembourg.
Les Lettres de Flandre qui
viennent d'arriver , disent que
selon quelques avis, le Prince
Eugene, après avoir quitté le
Prince Hereditaire de Hesse-
Cassel, avoit marché du côté
de Flandre, pour s'aboucher
avec le Duc de Marlborough,
& qu'il se mettra à portée de
l'Armée de Flandre; & d'autres
'avis assurent qu'il n'entreprendra
pas la moindre chose, tant
qu'il n'aura pas autant de Troupes
qu'il en a besoin
,
& toutes
les c hofes necessaires
, pour ne
point risquer sa réputation.
Les mêmes Lettres assurent
que tout est encore en Flandre
dans lamême situation, & que
Monseigneur le Duc de Bourgognefaisoit
faire des sursa routes droi te, pour pouvoir paffer
la Dyle; & sur sa gauche,
pour monter du côté de Hall.
Ilyades Lettres d'Allemagne
, qui disent que le Prince
Eugene avoit eu desseind'Aflieger
Namur,mais qu'il a trouvé
son projet traversé par les monvemens
faits par Monsieur de
Baviere.
Le Capitaine l'Aigle, Command
ne la Fregate l'Avanturiere
de dix-huit canons, a pris
on Pinque ou Tartane Mayorquine
chargée de bled & de ris,
arrivée à Marseille. Il a pris
iâufll deux autres Tartanes sur
Ilcfquelles il y avoit onze cens
fbarils de poudre, & quatre millle
boulets pour Barcelonne, &
dix-neufgrosses caisses de meu- bles de la Princesse de Wolfembutel
; ces dernieres prises
sont arrivées à Toulon,où l'on
a sçu que Mr de Chamarante
estoit arrivé, & qu'il faisoit rtravai ller jour& nuit aux Forrtifications
de la Place.
Les Alliezmanquant de
fourage en Flandre,font obligez
d'aller fourager par de-là
Anvers
, ce qui les fatigue
beaucoup.
J'apprens en ce moment que
Me la Duchesse de Chastillon
~cH: morte de la petite verole.
S'ilme restoit plus de temps
& plus de place, je vous serois
une belle peinture de la desolation
où se trouve le Royaume
de Naples, & du desespoir où
font tous les honnêtesGens de
ce Royaume, d'avoir esté contraints
de ceder aux Traîtres
qui font cause de la cruelle fituation
oùeffc cet Etat, que les
Allemansont trouvémoyen d'é.
puiserenune année. Jem'étendroisaussi
sur la vigoureuse defsense
que le Ferrarois se prépare
à faire contre les Allemans.
Le Pape n'oublie rien
pour avoir de l'argent &des
Troupes;&de la manière donc
S. S. s'y prend , il y a beaucoup
d'apparence qu'Elleréüs-
!ira) & que la diversion qu'Elle
fera des Allemans, produira un
bice
bien pour l'Italie; car étantouïïïrée
du procedé de l'Empereur.
qui traite tous ses Souverains &
J:tous ses Peu ples en escl aves, &
jme cesse point de leur demander,
il y a a p parence que si l'Armée
Jtfu Pape devient considerable,
Mie sera jointeparles Trou p es
DMC tant de Puissances, que les
M.ilemarjs pourroient bien fc
epentir long-temps d'uneenj-
treprifeaussîinjuste; & les c ho- es pourroientaller si loin
, que
se ne dois pas en dire davantage.
Jenevousdirayriencemois-
Y:y de l'Archiduchesse, qui n'a
usqu'icy trouvé personne qui
E'air trairef de- Reine d'Espagne, !tron en excepte les sujets de
Empereur son beaufrere.
Ilya plusd'unmoisqu'il arriva
à la Rochelle une noce,
de dix Vaisseaux François venant
de la Martinique & de,-
SaintDomingue. Ilssontremplis
de plusieurs fortes de Marchandifes
, & l'on fait monter
leur charge à prés de trois millions.
Cette Nouvelleestéchapée
à tous ceux qui travaillent
aux Nouvellespubliques.
-
Il est vray que la Flote de Mr
le Comte de Forbin n'est point
encore sortie de Dunkerque, &
il feroit à souhaiter qu'elle n'en
sorcîtpasencore sitost, puisque
tant qu'elle fera gardée par'
deux Escadres; ces Escadres qui
pourroient estre d'une
plus
grande utilité ailleurs, nagi.,.:.
rontpoint contre la France.
Les Lettres du 23.del'Armée
d'Italie, portent que Monsieur
le Duc de Savoye le retranchoic
du costé de Suze ; que nous nous
retranchions aussi, & que cedpeendant
le 12. Mr le Maréchal
Villars avoit esté reconnoître
les ennemis. Les mêmes
Lettres ajoûtent que l'on croit
que de Maréchal les attaquera
au premier jour, & que Mr de
Médavy attendoit que les neiges
fussent fonduës pour aller
du coib: du Montcenis par le
Col de la Rouë.
Il faut enfin que je ferme
ma Lettre: je ne vous en ay
point envoyé de si longue depuis
31. ans que je vous écris des
Nouveiles; mais les articles de
Guerre l'ont tellement remplie,
ce mois-cy
, qu'il me reste encore
pour plusd'une -Lctt.rè'eritierc
d'articles differens que je
suis obligé de remettre au mois
prochain , quoiqu'il y en ait
beaucoup de considerables, &:,
qui auroient esté, de faison ce
mois-cy, mais je ne puis faire
l'impossible. Je suis, Madame
* vôtre,&c.
A Paris, ce 30. Juin 1708.. AVIS.
Le Mercure de Juillet se
distribuëra sans faute le Vendredy
troisiéme d'Aoust. On
doitremarquer qu'il se distribuë
toûjours le jour marque
dans les Avis que Ton donne
chaque mois, fie que ceux qui
ont des raisons de publier le
contraire, abusent le Public,
lorsqu'ils disent autrement.
Jîeftedonnée a la ReineDoüairiere
d'Espagne au Chasteau neuf de Bayonneiz Cadavre trouvéentier après 500
ans 17
Difiours prononce par Mr l*Abbé
de Polignac 20
Thess de Droitsoutenë à Rome 2 5
Autre These curieuse, soutenuë
dans CVniverftè
81
de yiJrcmberg
3r
»
Traité des Eunuques 39
Relation trèscurieuse d'une Ambassade
faite aux Caraïbes de
ilfie de Saint Vincent 46
premier Article desMorts 70
pifeours prononce par le nouveau
Doyen de laFaculté de Theologie. 89
Bénéfices donnez, par le Roy dans
la dernièrepromotion91
Mital, livre nouveau 126
Galanterie 129
Distribution faite a Toulouse, des
prixdes Jeuxfloraux 137
Mariages 150
Ordre de Bataille de l'Armée de
Flandre 176
Journal del'Armée deMrleDucde
Noailles 20r
Ordre de Bataille de l'Armée commandéepar
S. A. R. Monfieurle
Duc cfOrléans25I
premier article des Nouvelles de
1,Aimée deS. A. R. danslequel
on trouve un journal très curieux.
239
Second Article des Morts ijx
Second Article des Nouvelles de
l'Armée de S. A. R. 309
Aftionde Graces renduësa Beauvais
, en considerationd'une grace
acordée par le Roy 314
Reception de Mr de Lesnerac ,
dans l'ordre de notre Dame de
Moncarmel 316
Suite du Journal de l'Armée de
Monseigneur le Duc de Bourgogne
319
T)01fieme Article des Nouvelles de
lA'rméedeS. A. R. 341
Vafconiana
, ou Recueil des bons
Mots ,
des pensées les plus plaifamés,
dr des rencontreslesplus
vives des Gasions. 347
Second Articledes Mariages 352
Quatrième Article des Nouvelles
de l'Armée de S.A. R. 364.
MortdeMedePontchartrain 373
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le