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1703, 07
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MERCURE.
JUILLET.1703.
A PARIS,
ChezMICHEL BRUNET,Grande Sait1 du
Palais
9 au Mercure galant.
cOmme il est impossible dans la conjoncture
presente de ne pas grossir
le Mercure,ce qui en augmente confidcrablement
les frais, on ne peut se dispenser
d'en augmenter aussi le prix. Ainsi les
volumes qui feront reliez en veau se vendront
doresnavant trente-huit sols,quant
aux volumes qui feront reliez en parchemin
, en n'en payera que trente-cinq.
Les Relations se vendront autant que
les Mercures.
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle du Palais, au Mercure
Galanr.
M. D CCIII.
AvecPrivilège dffRoy.
AU LECTEUR.
L y a lieu de croire qu'on
f• 1 la*• ne lit plus lAvis qUI a
esié misdepuistantd'années
aucommencementdechaque
Volume du Mercure, puis
quemalgré les prieres reileréesqu'on
afaites d'écrire en
caraffieres lisibles les Noms
propres quise trouventdans
les Memoires qu'onenvoye
poureftreemployez,>on néglige
de le faire, ce qui est
cause qu'ily en a quantité
de défigureZJJejlant impossible
de deviner le nom d'une Terre,
ou d'une Famille, s'il
riefl bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en en-
*voyent d'y prendre gaidey
s'ils veulent que les noms
propresJoientcorreBs. On
avertitencorequ'on neprend
aucun argent pour ces Ade*
que l'on employera
tous les ùonsOuvragcs à leur
tourypourvu qu'ils ne defobligent
personne
,
(f que
ceux qui les envoleront en
affranchirent le port.
;ql--iEliqti--~j~"i4-Jy'RI-E".
CALe.t--eur
JUILLET 1703.
ÎT
-.,a-
Ecroi ne pouvoir mieux
commencer ma Lettre
que par un ouvrage qui
aesté gcneralement applau.
dydetous ceux quiont eu
le plaisir de le lire.
Sur les Bouts-Rimez proposez
à la loüange du
Roy, par Messieurs de
la Compagnie des Lanternistes
de Toulouse.
SONNET.
QVipeut avec Louis f/lrt mis
en balance!
D'une criucillcufe ligue il abbat
la fierté)
Renverse le projet contre luy concerte,
Triomph* de l'envie, & la force
au fiience,
La Justice estsa règlej il hait la
violence,
Dompte
,
quand il luy plaist
,
fin
courage irrité »
V- bonheur des Mortels fait sa
félicité
3 Consulte sa douceur plutost que sa
vaillance.
Ses miracles,en nombre égalent ses
momenst
Sa gloire est sans exemple
3
& de
fonnom célébré
L'Avenirgarderad'immortels monumens.
-
PRIERE,
Quand pour ce Royfidelle à vos loix
qu'il observe
Nous implorons vofire bonté;
SEIGNEUR, nous demandons que
.sa faveut conferve
La fuftice) la Pieté.
Quoy que les nouvelles,
suivantes ne soient pasconsiderables
, ellesne laissent
pas de faire voir ce qui se
passeenPerse, &lasituation
des affairesde cePays là,où
la tranquilitéest plus grande
qu-en
D'Hispahanle 15. Juillert.
1702.
N*Ous eûmes icy l'anneepassée le
lieur Hocambir) Envoyé de
Batavie
, qui prit le titre AAtubasiadeur
de Hollande, Il vint
avecgrand train, mais sans éten-
Jarts ny trompettes, & avec tant de
fafit, qu'il ne voulut rendre la visite
À aucun Franc, pas mêmeà Mr
Ourt, Agent&ChefGeneraldes
Anglois. ilenfutblâmédesapropre
Nation. ilfit degrandes depensés
en régales au Sophi, & aux principaux
Minières de cette Cour , &
presenta a Sa Majesté quatre petits
Elephans,Oifeuux,Singes, Ambre
,
Fpiceries, &quantité d'autres
choses des Indes.
il avoit fous le regne du défunt
Sopbi obtenu par surprise
,
torfquil
rieftoitquesimple Marchand
,
ta
permd/ion d'arborer l'étendart de
Hollande a Bandar-Congo, au
préjudice des Capitulations accordées
aux Portugais par le gand
Schiabas
,
après laprise d'oimrts-
& après quinze jours de jesse, il
avoit eslè obligé de l'abattre avec
beaucoup de confufitn par ordre exprés
de Schia-Soliman. il croyoit
maintenant en venirh bout par cette
foltmn lie Ambajftde,& les prometsquilfaifoitkcette
Cour3 an
nom de sa Nation
3
de reptimer la
témérité des Arabes Corfaires de
Mafcati, qui ruinent le commerce
du Sein Perfijue ; m-til l'arrivée
fort apropos de la plote Porrugaife
Audit Port,fit échouerfortprojet> d*
il s'en retourna vers le Caresme ,
comme il estoit venu, sans avoir
rienfait que beaucoup de dspenfe,
& divers imprudens combats dans
les ruiis si'HiJPahdR avec les
Grandipourle pas : car la permzl/ion
qu'on luy a accordée de hâtir à Bendarabafi
une grande Loge pour le
commerce des Hollankle, ( qui y
ont plus besoin de Sepulchres
, y
mouransengrandnombre, aujjî bien
que tous les autres Europeans ) il
n'avoit pas besoind'Ambassade ny
de tantde frais.
Pourfaire croire néanmoins qu'il
estoit parti content, il donna en j'en
allant une richeveste de brocardéor
& chargent, estimée plus de deux
millefrancs auJîeurScid Armenien
Catholique du Rit Latin, Beaufrere
dufîeur Alexandrede Lest..oilc)
fin premerInterprete. Ils'enrevêtit
en ceremmie, avec cavalcade
pat la Ville & fauxbourg de fùlpha
où, il demeure, entre l' Èglise
des Iesuites & des Peres Dominicains
)
& traita magnifiquement
les Europeans Réguliers & Séculiers,
enjowsdijferens.
Parut ensuite icy vers Noël sur
la Scene des Amba/Jadeurs
, un devot
Tartare Catholique, quiavoit
esièquelque temps à Paris, au Seminairedes
Millions Etrangères, il
voulut celerfi Nation) mais on la
devina bientoif >
il prit le nom de
Chevalier Charles Kaiman. On le
trai a comme les autresPorte-lettres
, & même ilfut régalé du So.
phi de vesses & d'étoffes de foye ,
quoy qu'il neuji apporté aucun present
j mais defimples recommanda'
lions du Pape & de l'Empereur,
mais n'ayant pu obtenir la nombreuse
escorte qu'il demandoitpour
passer à la grande Tartariesa patrie
, il partit d'Hijftaban le il.
de May dernier pour retourner en
Europe par Tamis, Trapezante>
& la Mer noire, après s'ejire icy
comporté pieusement & genereuftment
avec lesFrancs, accompagné
d'un Capitaine Portugais qui va à
Lishonne) du R. P. Hamilton,
Thedtin) & de trois ou quatre autres
Religieux
, tous dtfrayez, en
Ptrfe ,d,iiis le voyage) aux dépens
du Sophi.
Ledit P. HamiltonEcossois d'origine)
néà Londres, dune maison
assiz connue en Europe, coltpn de
Métdame la Qomtejje de Grammont,
& di M? le Qomte£Hamiltona
Gouverneurde Moravie,efloit venu
icy avecune Patente de Rome,pour
tes Millions de Goa
3 vers la fin
dAoust dernier; mais l'âge avancé
de cinquante-deux ans, lafoiblejje>
la maladie,& les ordresexprés du
Royde Portugalde ne recevoir aucun
Millionnaire étranger à Goa,
quilnefesoitpresentéà Lisbonne,
Vavoient retenujusqu'a ce temps-là
auprès de FEveque de Babylone
& il , syefi servi de l'occasiondudit
sieur Kaiman , pour retourner à la
Cour de Vienne, d'où ila esièpersonnellement
rappellé.
Ce Chevalier Tartare riejloit
pas bien loin d'icy, que lesieur HoranjanGéorgien
de Schiamaquie
,
du Rit Armenien) quise dit Catholique
,y vint par la Moscovie,
jouerson Rolle, avecune JLtttre du
Royde Pologne.Ilefljeune,neveu
dufeuJïeur Bogdanhegh
, Georgien)
qui a deux ou trois fois fait le même
petfonnage en Perse. On croit qu'il
ne demande autre cho,fsee-. que ll''hiieerrii--
tage de son oncle.il a étendart,
deux trompettes) & une paye de
quelques soixante - dix livres par
jour, On parle de le renvoyer bientost.
Lefameux Vaisseau François le
Pontchartrain arriva l'Automne
passée à Banàarabafjt, de Suratte,
chargéd'effets des Armeniens de
Iulpha
y
& en repartit peu après
avec la même charge anffipour Suratte)
d'ou on l'attend encor audit
Port5bientofi.
Le R, P. Hiacinthe Carme
Dèchaussé3Gascon3 arriva icy de
Baffica , par Bandar- CongoJ &
SchirtU) Le 15. du payé, chassé par
un flux defang3 & efi decedè ily a
cinq jours 5 ce voyage & sejour de
deux ou trois mois luy ayant coûte la
viet On en a (çu que le commerce
commençait à s'y établir, les Turcs
ayans battus & htlmtlÙzles Ara-
6eJ, & un vaif/fau Anglais y dcvoit
venir. Les Carmes n'y ont depuis
longtemps qu'un Religieux ,y
ayans perdu beaucoupdesujets, ont
bien de la peine a maintenir cette
lAi.fion difficile à cause desexccffîves
chaleurs, quoyquel'airyfoitmeilleurqtfkBandarabajjî,&
lei eaux
bonnes.
La FFlloo,,t~ee PPoorrttuugraise de Bandar.
Congo) qui riefioit que de quatre
ou cinq Búftimcns)tftmaintenant
de neuf Vaisseaux, nonobfiant le
naufrage de deux gros yaiffeaux
proche de Goa, & le Sophi luy a
accordé defaire des recrues de Persans.
Cette Cour paroiss tout de bon
diftofèe à faire la guerre aux Corsaires
de h/lafcati, quellemédité il
y a plus de trois ans, conjointement
avec les portugais. Le General
est nomme., & ftizg mille hommes
font déja prefis.
Lehuit dupaffése fit auFauxbourgs
de juliha, avec grand concours>
l'ouverture de la nouvelle
Eglise, quiefi vasse &grande
3
des
RR. PPDominicains. VEvèqne
de Babylone l'a bénit, officia, &
chanta la Messe Pont'-ficalement
& , portt le Saint Sacrementfous le
Dais3dam les allées du lardin ou
on avoit drefièunrefofoirafje2;propre.
yîu retour de la Processîon : avant
la derniere benediflion
,
dans J'E..;
zlifè, trois jeunes enfant* filsdu
sieur Antoine lourdes,Qalvinifig
Gttfton, déclamerent joliment en
surplis aux pieds du grand Autel
quelques , vers Arméniens, avecfatifattion
du Peuple. LesieurSerat
fils dusieur Gaspard Scherimani
Fondateurdeladite Bglifefitles dè-,
penfts de la Feste. Ilya environ deux mois que
quelques EglisesOfniefienesou Schifi
matiques Armeniens
3
du même
Fauxbourg
,
font fermées par ordre
du Sophi3pourdecertaines taxes ou
impofis.
Du 18. Aoust 1702.
On maffura hier que la nouvelle
tentative dusieurHocambirpour le
Pavillon de Bandar-Congo ejioit
unefittion des Portugais, & que cet
Ambajfaieurrieftoitvenu quepour
obtenirla permifitondefinirsa Loge
commune a BandaTahafli) en forme
de FoTterefte , qui avait déplu en
cette Cour, & quelque diminution
sur le prix des soyes que la Verse
vend aux Hollandais
,
& qu'il
avoit tout obtenu.
Du 3, Janvier 1703.
La guerre de Vlafcatiparoiss
toujours incertaine, & IdFIole
Vortugaife depuis plus d'un an
à Bandarcongo
, ne veut plus attendre
quecemois-cy. On dit que le
Sophi la veut, mais il nesi pas
ebeï.
Vous auriez eu les artides
suivans le mois passé
,
si
l'abondance de la matière
ne m'avoit empêché de vous
les envoyer.
Dom Carlos Bazan qui
estoit Ambassadeur depuis
plusïeurs années du Roy d'Es
pagne auprès de la Republique
de Venise, est more
dans cette Ville là
,
regretté
universellement & de ses
Compatriotes, & de la Nation
parmy laquelleilestoit,
& dans laquelle il s'esoit en
quelque manicre naturalisé,
par la douceur de les moeurs
,& par la bonté de son coeur.
Ce Seigneur avoittoutesles
qualitez necessaires à une personne
publique &àun Minis
tre d'un grand Roy. Perronne
n'étoit plus propre pour lanégociation,il estoit con
sommé dans la scienceépneufe
delapolitique, & personne
ne sçût jamais mieux
accorder les principes de cet
art quelquefois si dangereux,
avec les principes& les régles
de laJustice la plus épurée
: Onpeut juger de son
habileté par la satisfaction
- que le Conseil d'Espagne &
receu de sa conduite
,
dans
la Cour de l'Europe la plus
raffinée, & donc la politique
est la plus impenetrable, dans
les temps sur tout les plus
difficiles,&lesconjonctures
les plus delicaces où un Minière
Espagnol Ce soittrouvé
depuis l'etablissement de
la Monarchie. Dom Carlos
Bazin est de ces anciennes
Maisons dont l'origine se
perd parmy ces anciens Gots,
dans le fang desquels estoit
le germe de la veritable NoblesseEspagnolle
d'aujourd'huy.
Il y eut un Silvestre
Bazanqui se trouva enveloppe
dans l'affaire du malheureux
Comte Julien, il est
vray que lorsqu'il eue reconnu
la perfidie de son parent,
il la detesta quelque pitié
qu'il eut pour l'infortune de
sa fille, & vint mourir sous
les ruines de & Patrie.
La Republique de Venise
a fait faire des Obseques magnifiques
à cet Ambassadeur
dans l'Eglise des Saints Jean
& Paul. Le R. P. Calore de
l'Ordre des Sommasques,
prononça 1*0raison Funebre
avec l'eloquence qui luy est
naturelle.
Il commença son Discours
par une réflexion bien touchance
, il dit donc à ses
Auditeurs, qu'au milieu de ce
funèbre appareil dam ce Temple
sacré où la mort amasse de
grandes dépouilles,qu'à la vue
de ce tristecercueil
,
de ce coeur
genereux e digne du sang des
anciens Gots qui n'estoit plus que
cendretout prêchoitlafragilité&
le néant desgranieurs humaines.
,
L'Fffr" deDieucontinuât il nous
enseigne dans les Ecritures, qu 111
faut déplorer lefort des Pecheurs,
pârce
farce que leur mie paJJé comme
tombre,
@
& qu'il vient un jour
fatal où perijjtnt tentes leurs
grAndeurs) & où leur memoire
aprèsavoirfait un peu de bruit
vase perdre dans un silenceéternel
,où les biens qu'ils ont acquis
tchapent de leurs mains avidesj
où leurgloirefiche commelherbe
où leurs Couronnes f fletirijjent
&tombentdelles mêmes:mats ce
mêmee/prit qui nous apprend ces
étonnantes veritt^ nous en dit
auffide bien confiantes Il nous
enseigne que lagrandeur tfl ftlzJt
quandelle jert a la pieté9 quon
Janftifieles Couronnes& les ti:
trèsdemandeurlorfquon Usjette
aux pieds de lJgneass ; les ri,
chtjjts lorsquon Us répand dans le
fein des pauvres ; il dit donc
qu'tl ne venoit pas desabuser les
Grands du monde devant Ufquels
il avoitIhonneurdeprêcherdes
grandeurs humaines
,
mail qu'il
vcnoit Itur apprendre le bon uja•
gdetfajuaonn tri peut faire : kue[on
n(ftoj pas de les tmOIl.
voir par un dtfcws touçhmt,
mats deUs infirutrepardesexem
Pkf? 0* quelexemple plus d4.
gujle,quel mo itiéplus parfait
aun Grand de la terre quia
far.éltfié Us grandeurs Cm les ri
>
thefjes puis-je vous propofn que
ccltg de très Hautcme. Voila
comment cet Orateur entra
en matière;que ne devoit-on
Eas esperer d'un si beau dé
burt en parcouranc les ver.
tus chrestiennes du Héros
quilloüoit
,
il fit voir qu'il
meritoitcetElogepompeux
parune pieté sans interruption
t
se une si elice constante
à observer la loy de Dieu,
& que la vertu marq épar
de si beaux cara&ere* dévoie
estre louée à la face des Autels
,
devant le Duu vivant
& par les Mlnifirrs de son
Evangile. Ce ne sur point une
de ces vies mondaines donc
on ne peut louer que la fin, &
ou leChristianismeesttréduit
à quelquesactes de Religion
faits dans le cours d'une maj
ladie, où l'on ne peut que
flater la vanité, où l'on
confond toujours la fortune
avec la vertu, &où l'on jette
sans y pen fer quelque grain
de l'encens qui n'est du qu'à
Dieu, sur le monde quin'cil
qu'un Uole; ce nefûtpoint
dis jeune telle vie que nôtre
Orateur Chrestien loüa, la
Vlébm: qu'il consacra le fât
avec discernement ,ce ne fut
point de ces Victimes purifiées
à la hâte sur le point de
recevoir le coup morre l
,
&
il n'excusa point des années
de vanitéen faveur de quelques
jours depenitence ; Pro.
vidence eternelle c'estoitpour nous,
s'écria t- il, &pourl'édification
de tout unMondeChretien que
vous formiez ce coeur: Vous
conduisiez cette belle ame à vos
fins des DOJÎS secrettes. Il
finit en disant, que les honneurs
dont ila joüi
, 0* ceux qu'on rend
àsa memoiresont d'inutibsç*r
foiblessecours,~que ce quiseul
peut nous consoler dansfàmort,
ell l'aflurunce de son ftlut ! M'-
unetelle fin doit nous instruire ;
une nuit vient dit le Fils de Dieu
où personne ne peut travailler,
Faite le Ciel, dit i), que si
nous n'avons pas comme Ici
Heros que nous pleurons le
merite d'une vie pure & innocente
, nous ayons au
moins les précautions de la
Penitence.
MessirePierrede MJiÍfar;
Seigneur deLeveville
, Doyen des Secrétaires du
Roy ,
& ancien Secrétaire
du Conseil est aussi décedé.
Il estoit fort entenduesdansles
fonctions de sa Charge, &
& il avoit servy avec beaucoup
d'utilité au Conseil où
son souvenir est encor fort
cher. Mr de ~Maissat a conservéjusqu'au
dernier mo
ment ce fia &cettesagacité
qui luy rendoieat les affaires
les plus difficiles & les plus
embarassées, tres maniables.
Il avoit beaucoup de
pieté, mais de cette pieté
dont le faste & l'éclat ne
corrompent point la source:
il aimoit les pauvres ôcil répandoità
pleinesmainsdans
leur sein les biens que la
Providence luy avoit departy
, mais en pratiquant le
Conseil de l'Evangile qui
nous apprend qu'il ne faut
pas que la main gauche sçache
ce que la droite a donné.
Mr de Maissat aimoit
beaucoup les belles lettres;
il n'est pas le seul homme de
sa maison qui les ait aimé,
un Pierre de Maissat, Religieux
de l'Ordre de Saint Benoist
brilla fort dans la. derniere
Session du Concile de
Trente, quoy qu'il n'y eut
aucun caractere & qu'il n'y
fut qu'à la fuite du grand
Cardinal de Lorraine, il y
parla par l'ordre de son Maî"',
tre; mais comme dans cette
occasion il ne parla pas conformément
aux ordres qui
luy avoient esté donnez &
qu'il s'abandonna trop à son
zele
,
il s'attira un ordre
fâcheux de ne pas rentrer
dans le Royaume; il s'en retourna
à Rome où il auroit
pu pretendre aux dignitez
Ecclesiastiques si une mort
prematurée n'estoit venue
moissonner ses esperances.
On vit dans le mesmetemps
danxFondre des Camaldules
un Criasque de Maissat
qui fut dans une grande
odeur de Sainteté. L'Ordre
de ~Camaldoli tout austere
qu'il efi. luy parut encor trop
mitigé, & il crut y voir des
reachcm,-ns quin'y estoient
point, il voulut s'eriger en
Reformateur dans la Maison
de cet Ordre, qui est dans
la Province deForeRIj mais
on sçait assez que son zele
fut mal recompensé; quoy
qu'il en soit après bien des
orages qu'il s'estoit attirez,
ilmourut comme un
Saine en Italie, dansla Malson
Chefd'Ordre où il avoie
demandé à aller finir ses
jours. -
Mr Pelletier Destouches,
recommandable parsa pieté,
& (a vie retirée, & par plusieurs
aâiom de charité,
est mort âgé de plus de 8t.
an). Il n'avoit que vingt
deux iM qu'il Te vit Maistre
de -quarante mille livres de
rence; mais bien loin que
ce luy fut un attrait pour le
monde 8 au contraire cela -
luy servità s'en détacher, à
ne s'y faire connoistre que
par l'exemple qu'il y donnoit,
& le grand bien qu'il
y faisoit, en donnant libéralement
& pour ainsi dire
à toutes mains, à ceux qui
avoient besoin de son fcw
cours. Il a donné quinze &
vingt mille francs àrla fois
pour délivrer des personnes
chargées de debres Quelques
années avant sa mort
il fonda chez les Peres de
l'Oratoire un Seminaire d'Ecclesiastiques
aspirants aux
Ordres Sacrez, & il fit pour
cela un don de cinquante
mille écus au Séminaire de
Saint Magloire. Ily a palfc
ses dernieres années. Il s'estoit
si parfaitementdétaché
de toutes choses, qu'à la mort
il s'esttrouvé pauvre & d'autant
plus conforme à Jcluschrist
,
& plus en estatde
paroistre devant ce Juge. Il
feroic à souhaiter, pour le
bien de l'Eglise que tant de
gens riches se propolassent
souvent l'exemple de ce Saint
homme.
- Mr le Chevalier d'Hivours
qui a esté tué dans les
dernieresactions deFlandres
dansl'Armée de Mr le Maréchalde
Villeroy estoit Aide
de Camp de ce Maréchal,
&iln'eftoicarrivéàl'Armée
que du jour precedent. Il
estoit le troisiéme fils de
feu Mr de Camus, Seigneur
d'Hivours & de Dame N.
de Chatillon, & Neveu de
Mr de Camus dont je vous
appris la mort le mois passé,
L'aîné des fils de Mr d'Hivours
qu'on appelloit dans
le monde Mr 1,: Comte de
iCnaftillon mourut de la pe- Ititc verole il y a déja quelquesannées,
le second qui
est aujourd'hui laisnc,&
quipoitoit alor. rbabit Ec
çknaûique,est un Gentilhomme
tm estiroé, le troi..
siéme estoit celuyqui vîem
d'estrelue, Le premieravoit
esté Page de ta Chambre du dRiofyti,niU£vHopinf déjà (ervy avec ,U%dçuxautr<S
avolfot lorg-îempselle
Capuainel d'Infamerie. Ils
avoirm placeurs soeurs
dont l'aîuée qui , <st vmc très
belle personne a époulé depuis
quelques années, Mr
le Comte de Dortans, toutes
les autres meritent une
aulIi bonne deflinéeelles ont
toutes beaucoup de merite.
Je vous ay déja tant parlé de la
Maison de Camus qu'il est
inutile de vous en ricn dire
davantage, ce que je puis
ajouter à ce que je vous en
ay déjà ditJc.cfi que la bran.
che d'Hivours a roujours
beaucoup brillé dans le monde
,
foit qu'elle ait porté les
Armes ou qu'e lleait esté engagée
dans l'Estat Ecclesiassique.
La Lettre qui fuieestanc
remplie d'érudition, fera
plaisir aux Sçavans de vostre
Province.
A Seyssel, le4 Juin 1703.
Qu'il efidoux,moncherMonfeeur,
Savoir un commerce liéavec voeu;
que vousyfournifiez^abondamment-,
& qu'il efi heureux pour les gens
de lettres qui font sur le rivage chi
Rhône de recevoir quelques écoulemens
de cette plénitude d:éruditiolz
dont vous esses, pour ainsidire,furchargé.
Vos Lettres nous tirent de
cette mortelle langueur
, ou le non
nfagt de l'étude) & Vélo^nement
des "flvans nous mettent. Ce Pais,
mon cher Monfteur,efi (î peu propre
aux Gens de lettres) aitil efi
comme impossible que la ftience
d'un hommequi l'habite ne grouille.
Le voifinagt de la Savoyt &
Vefytit de la procédure qui domine
absolument en ce pays , nous btent
entièrement le goust des feiences>
ainsi lorsque quelque jour ftrtlÍn,
quelqu'un de ces jours ou lignorance
7épand moins ses tenèbres qu'a Pefdinaire
, nofU laisse appercevoir,
quoyque dans le plus grandéloignement,
le Commet du Mont idcré
noussommesalorstranjfiortez^dejoyej
nous triomphonsj nous comptons
parmi ces joursfortunezcettx où nous
recevons vos (favdrJtfS Lettres5
c'est une nourriture celefie
>• unemanne
que l'on recueille avec Sautant
plus d'empressement qu'elle tombe
plus rarement, & moins abondamment.
La derniere Lettre que vous.
-- ---- -- JJ mus avcricrit estrempliede laplus
ptofonde érudition) les ouvrages dont
elle efioit accompagnée) nota ont
agréablementoccupez,pendant quelques
jours. La démonstration de
l'immortalité de fAmr, du Philesophe
ClirteJient inférée dans la féccoonndd,
é paarittiiee du SSuupplément des Essais
de
Littérature, m'a plà ifay
reconnu dans cette preuve l'efprtt du
Partiy&MrDefcartesl*asouvent
employéej mais enfin ne feroit-il[as
plus raisonnable de tirer lapreuve de
Vimmortalité de nos ames du me
meprincipe dont Allftotea tirécelle
de l'existence de Dieu, je veux dire,
de prouver l'immortalité de l'ame
raisonnable, par la doHrine du
mouvement, patlaquelle cet ancien
Philosopheprouva autrefois l'exiftenu
d'unE-strefipcricNr. Et riest-ce
,
perieur. n'e,#«.
puraifonntr confiquemment que de
dire que l'ame raisonnable est immortelle
parcequ'elle est exempte de
changementycomme l'on dit ordinairement
que Dieuest immortel
, parce
qu'il est immuable. Il me paroist
donc que ce qui ne dépend que d'un
principe immobile, est immortel &
incorruptible3 & que par une consequence
necessaire,l'ame raifionna.
ble tirant immédiatementsonorigine
de Dieu qui l'a créée, 6 ne dépendant
dansfiaproduction d'aucune
cause corruptible, elle participe de
rimmortalité de son principe.Ne
vous fiemble-t-il pas, Mon/ieur)
que cette raison est plusfuffifiante
que celle du Pbilofopbe Cartpen;
celle-cy Il la véritéest pltu éblouififante
, mais elle riest parsifiolide:
éeft l'ufiage des Cartejiens) qui *
l'exemple de leur ftdaiflie
,
cherchentplus
àséduire l'esprit & à 1"ébloüir,
qu'à le convaincre; que nône
Philosophe anonymeasuivi. La
piece qui fuit cette âemonftratien &
qu'on trouve dans le même Supplément,
me paroifiplusfôutentlë., &
la difficulté que l'Anticartefien propose
contre l'étendue consideréc
comme l'essence de la matiere,
me semble fort raisonnable: on a
d'abord reconnu Mr Arnaud dans
Autheur designê par trois étoiles,
aont il cite les paroles au commencement
de son obsession. J'aysouvent
oui proposer par cet habile homme
cette difficulté qui embara([oitfort
un Philosophe Cartesîen
, qui entroitquelquefoisenliceavec
luyfuv
la divisibilité de la matiere à
l'infini. Quoyqu'ilensoit Monfienty
on trouve dansces deux pietes:
des grandsprincipes
,
& bien établis.
Tay là avec plaisir les Nouveaux
Elsass Critiques de Prose
& de foëfiej fyay trouvé
des cdrafieres fort réjoüifJans
,
&
* des portraits fort naturels. Ce que
ditl*Autheursurle P. Bûuhoursme
paroififort fineere, & il me fcmble
]
quil le connoissoitbien, & qu'il J
avoitfait une étude particulière du
1 cataElere deson e/prit; mais il s'eif
trompé en parlant de la guerre que
ce lefuite a fait aux puites Italiensy
& cefi en suivant le P. Boubours,
qui citant ces deux Vers.
-
Il pouér huomo ché non s'en
eraavorto
Andavà combatteado & era.
morto.
Comme s'ils efloient de lAriofte, net
paspris garde qu'ilsfontdu Bernin
dans ÏOrlandi.
On doitregarder lautheurdes nouvelles
des eaux de Bourbon CommeleSucceffeurde
l'amusantMrde
Sainville,cepetit livre efiécrit dans
le mêmegeufiquel*eftoientXzsamu.
fcmens de la Campagne5c'eif h
dire composè de plujiearspittts différentes
sur le[queliesjenay pas la
témérité d'hafarder mon jugement1
le viens d'apprendreque lespirituel
Ablé des Fourneaux efi dans une
Cour voijîne, oà je le vois dans le
train de jouerun ajJe, bon rblle tje
croisquecette nouvelle ne vous fera1
pas indifférente.Il ne manquait k
lagloire de AutheurduCabinet
des Grands, qued'cereen relation
avec le Grand Duc de Moscovie
a
cefi le seul Prince de l'P.urope dfl";
quel il n'ait pas écrit, ou dont il
riait pas reçu des lettres. Tay vîtla
copie de celle que ce Prince luy a
écrit, elle 1t tres-obligeante.Ilfaut
que la réputation du livre qu'il luy
demande ,fait bien grande, puifqu'elle
a pu volerjusquessurlesgla-
Fons de Moscovie : Si cet Aut"cur
fait réponse au Grand Duc, vous
vOlldrtz bientrienfairepart j car
sans doute elle fera publique. JLoe
lettre qu'il a projetée pour Mr le
Duc dyAlbe
, rn'a paru tres-helle.
Si l'on continué les Dialogues des
Animaux, envoyé^-lesmoy. le
trouve beaucoup de naturel dans cet
,Autheur,& ily a pluseurs endroits,
qui rendent cet ouvrage comparable
aux Fables de la Fontaine. lefuis)
Mr, Le Chevalierde ** *
Les
Les fréquentés & longues
pluyes qui desoloientdepuis
placeurs mois la Province du
Maine, faisant avec raison
craindre pour la récolté : MI
l'Evuesque du Mans trouva à
propos de donner un Mati^
dcment, par lequel il ordonnoit
des Prières dans toutes
lesCommunautez, & Paroi(f:
ses de laVille: Mais comme
les vents &les pluyes cosci-.
nuoient
,
& augmentoiens
même tous les jours; il resolut
d'aller accom pagné de sa
Cathédrale,enl'EgliseRoya-
Je&CollegideSaint Picrse
de la Cour, où reposelai
Relique de Sainte Scholaftiàï
que ,
Patrons de la Ville. Il
y célébra laMefie qui fut
chantée en Mufiquc ; & les
vents& les pluyes csseffercnc,
ensùitetout d'un coup, leSo.
leil se fit voit tous les jours,
la crainte que l'on avoit
pour les fruits de sa terre fut
dissipée: Cependant l'on ne
laissa pas de continuer les
Processions que Mr l'Eveque
du Mans avoit ordonnéaux
Comraunautez
,
& Paroisses
dans la même Eglise de Saint
Pierre, pour demander à
tittc Sainte Vierge la conti-i
»uation de son intercessionf
& pour rendre gracesà Dieu
4e la bonté qu'il avoir eu
d'exaucer son Peuple.
Sainte Scholastique estoit
feeur de Saint Benoist, tous
deux d'une noble Famille de
Nursi en Italie. Elle se doa>
na à Dieu dés sa tendre jeu.
Desseàl'exemple de son frere,
& à sa folliciiation elle procura
à un Monastere à trois
mille deMontCaffin où elle
s'estoit retirée, & dont elle
estoit Abbcffe, la Regle de
-
Saine Benoist, qui a* eftd
depuis en si grande considdration
en France. Après sa
mort son corps fut porté au
Monailere du Mont Caffin.,
&mis dans unTombeau où
Saint Benoist voulut depuis
estre iiumé : Ce Saint Patriarche
ayarndesiré de n'être
pas separé après sa morr,d'une
foeur avec laquelle il avoic
éi'éfiforr uni pendant sa vie.
Quand quelque temps
après les Lombards ravagèrent
l'Italie
,
& qu'entre au.
tres hoftilirez ils ruinerent le
Monastere du Mont Caffin,
& détruifirenc rEglife
,
le
Tombeau de Saint Benoilt
&de SainteScholaftiquefut
enseveli fous les ruines &
comme mis en oubly: Cependant
Saint Bererd Eveque
du Mans, quivivoitlors.
que Clovis fils de Dagobert
regnoit en France, fut inspiré
de procurer à la Ville du Mans
ce pretieux Tresor
;
il depu.
ta deux de ses Chanoines
pour tâcher de l'avoir. Ils
ifrent le voiage du Mont
Cassin avec deux Religieux
de Fleury, que Monmole leur
Abbé avoit choisis pour tâ.
cher d'avoir la Relique de
Saint Benoist. Le tombeau
leur fut indiqué par un
ancien du Lieu,qui l'avoic
veu avant que les Lombards
eussent renversé l'Eglise, les
deux corps Saints furent
enlevez & portezen France:
Celuy de Saint Benoist dc74
meura aux Religieux de Fleury
;
celuy de Sainte Scholaftique
fut porté au Mans ,
où il fut deposé dans un Mona
flere,queS. Bererd fit bâtir
& fonda pour des Religieuses
qu'il en si," les depofiiaires.
Cette Communauté fut
florissante jusques autemps
que les Normands vinrent
assieger le Mans,&ruinerent
si fort cette Communauté,
que depuis elle n'a pas esté
rétablie. La Relique fut fauvée
par les soins des Habitans
du Mans, qui regardent
Sainte Scholastique comme
leur Patrcone & mise en dépôt
chez des Particuliers de cor,0uelle demeura,
dansl'esperance derebâtir
repeupler le Monastere*mais
Hugues premier Comte du
Maine ayant fait bârir une
Chapelleprés son Palais, &
yayant fondé des Chapelains
pour y celebrer le Seu
vice divin,la voulut avoirj
elle y fut portée & y cft en*
core. La confiance que le
Peuple du Mans a eu à l'interce
ssion de cette Sainte a attiré
tant de liberalitez à cette
Chapelle
, que la Commua
nauté des Chapelains a esté
changée en Chapitre de Col
legiale; Henry11. Roy d'Angleterre
& Comte du Maine,
leur a fait de grands biens:
Les Pre bendes fontàlaCoL
lation du Roy.
La Ville du Mans n'a jamais
invoqué cette Sainte
Patrone sans recevoir quelques
grâces, entre lesquelles
la suite inopinée des Prctendus
Reformez n'est pas
des moindres. En 1562.. ils
s'emparerent de la Ville,
ils y commirent de grandes
impictez
,
& dépouillèrent
la Cathedrale de ses richesses,
ils avoient brûlé le Monastere
des Cordeliers, ils avoient
chasle les Jacobins de leur
Convent, ils tiroient lesReligieuses
de leur Communauté
, ils avoient foulé aux
pieds la Sainte Hostie dans
plusieurs Paroisses.L'on a
coutume de faire tous les ans j
uneProcession générale ten.
Juillet feste de Sainte Scho-
Jastique, où l'on porte sa
Chasse par la Ville, cette
ceremonie s'estoit pratiquée
depuis l'Episcopat de Saine
Bererd; mais l'on n'osoit
l'entreprendre, les Catholiques
n'estoient pas les plus
forts ,une terreur pannique
prit aux Heretiques, ilsabandonnerent
la Ville avant le
jour, si bien que l'on se vie j
en libertéde rendre àcette
SEaintenles hoenncursZaccoutu.-
Mf l'Abbé leNormant,
Prieur de Sorbonne prononça
le Vendredy sixiéme de
Juillet, la harangue qu'on a
coutume de prononcer à
l'ouverture des Sorboniques.
Elle fut trouvée tres éloquent
te, & elle fut prononcée
avec beaucoup de grace &
d'agrément. Mr l'Abbé le
Normant est né naturellement
Orateur. Elle estoit sur
la Religion, cet Abbé en
prouva l'antiquité, la vérité,
l'évidence,& l'unité. Ilyfit
entrer l'éloge du Roy, avec
beaucoup de délicatesse ; il
loüa ce grand Prince de son
amour pour la Religion, pour
la Justice, & pour la Paix qu'il
a toujours donné à ses Ennemis
dans le fort de ses Con,
questes.L'Assemblée fut très
nombreuse, Mr le Nmcc
Ordinaires'ytrouva,&Mr
l'Abbé le Normant luy fit
un compliment qui fut trouvé
d'une grande beauté. On
jugeaà l'entendre que c'estoit
un bon Rhetoricien. Tou-,
tes les parties de l'éloquence
le firent remarquerdansce
discours, l'invention del'O
rateur y brilla, le feu de Yi*
magination y parut beaucoup
, une belle latinité &
une déclamation parfaitement
belle. Mr l'Abbé le
Normant est Chanoine de
Saine Thomas du Louvre. Il fait sa Licence avec beaucoup
de succés,& il est fort
Mr
de
la Tournelle a
épousé Damoiselle N. de ?Cheméde laVallette fille
t de feu Messire N. de Chemé
,
Chevalier, Seigneur
J de la Vallette, & de Dame
; N. de Saint Georges,soeur
de Mrl'Archevêquede Lion.
Tout le monde connoistl'antiquité
& l'illustration de la
Maison deChemélaVallette:
Elle a donné des Comtesà
l'Eglise de SaintJean de Lion;,
Mr le Comte de Chemé
frere de a la nouvellemariée;
est encor aujourd'huy Chanoine
de cette illustre Eglise.
Madame de laTournelle:
est Soeur de Madame de Chavanes
qui perdit son époux
à laBataille de Fridlinguen
& elles font toutes deux Nie..
ces de Mrle Baillifde Saint
Georges, Frere de Mr l'Aiv
chevêque de Lion
,
qui a le
Baillage de Lion &laCoramanderie
de Saint Georges
danslaVille de Lion. Mr
de la Tournelle demeure à
Coligny
,
Bourg qui est en
Bresse & en Franche Comté.
Il est filsdeMr de la
Tournelle, Gentilhomme
de Bressetrèsestimé, &tres
confideré, & de Dame N.
de Michaud de la Tour
Soeur de Mr le Comte de la,
Tour du Comté de Bourgogne
& de Meilleurs de la
Tour, Chanoines de l'Eglise
Collégiale de Saint Nizier
de Lion. Mr de la Tour:
Delle defeend de Jean Bdpcifte
de Vialet ( c'est le nom
de la Maison ) Seigneur de
Grosbos & de la Tournelle,
& de Dame Philiberte de
Riccé, fille de Marc Marie de
Riccé
,
Chevalier Seigneur
deCornaton, & de Philiberte
de Pollia, Dame de l'Er.
piney. Jean Baptiste de Via-
ICI: estoitfils de Gabriel de
Vialet Chevalier Seigneur
de Grosbos & de Dame Denise
deCachod,fille de Pierre
deCachod, Ecuyer Seigneur
de Martigna , sa premiere
femme, car ilépousa enfuite
Philiberce de Toulonjeon
de laquelle il n'eut point
denfans. Gabriel de Vialec
estoit fils de Pierre de Vialec,
Seigneur de Grosbosqui
fleurissait en 1560. & deLouise
de laGriffonniere. Le nouveau
marié avoit un Frere
aisné qui fut tué au Siege de
Luxembourg
,
il en a deux
dans l'Estat Ecclesiastique
dont l'un est Curé de Roanne
, le plus grand Bourg du
Royaume. Ily a en certe
Ville un Mr de la Tournellequiabeaucoup
de mérité.
Vialet porte d'azurau faU4'
toir d'or
, aune étoile aussi
d'or en chef, cimier en ~Lioat
yssant d'or.
Si le commencement des
cette Lettre vous inquiete,
la fuite vous fera beaucoupe
de plaisir.
Au Bourg de S. Pierre ce 15,
May 1703.
De la Martinique,
1L ptititt d'icy peu après noftrtî
arrivée, un vaisseau Marchonte
pour Nantes, noflre Généraladon--
né sa nouvellesdeson arrivée pars
iCîttt occasion ,pôurmoyje riay point
eu le temps(fen pouvoir propter
pour vous écrire,ayant eu intention
de le faire un peu plus amplement
dans la veNë de vous mander quelques
nouvelles de ces I/les où la
guerre e7 aujjiallumée qu'en Europe
, puifquaprès la prise de la partie
Ftançoife de t'I/le de Saint
Chrifiophe à la déclaration de la
guerre en cePays ,
les Anglais ont
faitun armement de quarante quatre
voiles
,
defquets il y a six gros
V.tijJe.lux de guerre) le refle confie
en Barques ou Brigantins pourporter
les gens qui doivent eflre mis a
terre.Aprèsavoir paru à la vnï de
cetteifls
,
ils font aliénafJfie de
la1¡{?:If-' à trente ott quarante
Uenéicl't'v
,
où il) m.-rent pied à
terre le 17. du MÛ;s de Miv> P-ifé3
au nombre de quatre mille hommes1 Il y a quatre ou cinq Regimens dt
7«rou lées
,
Troupes réglées,lele re resse cfi de milice.
On n'a pû les empêcher de s'atJprocher
du Bourg & de (e rendre maîtres
de ïEglise des jefuites
,
qui commande
audit Bourg. Sur les avis
que nofire Generalreçutpeudejours
aprésnostre arrivée icy, qui fut le
20. de Mars passé, il dtfpofa un
secours de troupes & de milicej qu'il
envoya à la Guadaloup:, avec toute
la diligencepnjjîble
, av nombre de
plu* de huit cent hommts, dans des
bonnes Barques avec dei vivres; ce
secours cftstru le commandement de
Mr de Gabaret>Lieutenant de Ry
au Gouvernement & Gouverneur de
la Martinique avecdes L'eutenans
de Roy & plufettrs autres Officiers.
Ce secours efl arrive à bon portsans
aucune rencontre des Ennemis, &
t trois jours après leurarrivéeilsfirent
une sortie dans laquelle les Anglois
eurent près de cent cinquante hommes
tant tuez^que blcffez^ lesnoflres
ncurent que deux hommes tuez,\&six
; ou septblesîez,.
Par les dernieres nouvelles que
nous en avons reçues
,
le Général
Quadnnqjon qui commande àcette
entreprise
,
paroisss'opiniastrer à
vouloir se rendre le Maiftrde ladite
iflc ; il fait attaquer en gens de
guerre, ils ont ruiné entièrement un
Cavalier & un petit Fort qui le
d•{fendait, en forte que nos gens ont
ejic forcez de le faire fauter & d4
labandonner
, pour se retirer tous
cnfemble
, au réduit,ilfaut vous
dire ce que etejl que ce réduit: cefi
un lieu avantageux dans les bois
que l'on fortifie le mieux qu'il efi
po.ffible
,
ou tous les Habitans
avec leursfamilles &leurs meubles
se retirent aux moindresal/armes,
& quand, on est affi<:géonyfait-porter
tous les vivres & toute la munU
tion de guerre, on y a de bonnes
batteries de canon, & là on tftplM
en efiatdefoutenirunlongfiege. La
garde en eflfacileJes abords difficiles
aux ennemis, il n'y a que la
famine à craindre dans ces reduits.
ily a quelques autresposses encore à
la Guadeloupe
, comme pafjtgrs de
rivieres& dtfilez^quifont bien gardez,
pour empêcher que les ennemis
ne serendent maiflres de toutz ïIjle.
Comme ily a prés de cinq se-naines
qu'ils font à terre, & qu'ils enfant
le Jiege, on espere que la loirueur
dujÙge & les grandes incQmm:;),tte;.
> de la chaleur du pays les obligera
par les maladies qui prennent
ordinairement à -Ustroupesquifatiguent
,
à fr Nous
avaisrcnvnycrl-^a.'S peu de jours a
nostre élcetun renfortde vivres
pjur cinq on sixsemaines, escortez
par trois Vaisseaux du Roy
que nous avons icy, & un Vaifieait
Marchand bon voilier, sur lequel
on a mis plus de quatre-vingt hommes.
Nous ne doutons point que
cela ne (Oit arrivé à bon port, nous
en attendons des nouvelles avec le
retour de nos Vaisseaux.Je vouscontint-
éraylafuite de cette expédition
aux premières nouvelles qui nom viendront, vous diray cependant
que MrRobertno^reIntendant se
donne icy les mouvemens d'un Général
da-reie"eiil pourvoit à tout avec
une intelligence & une diligence
inimitable, il a fait faire. icy
depuis la declaration de la guerre
dans t'interregtze d'un Generals
le long de la mer pour couvrir
le Bourg & le mettre en seureté, un
bon &fort rempart -ieMaçonnerie
&plusieurs bonnes batteries de canon
y
où il en eji de besoin
, en forte
que les ennemie ne peuvent mettre fiel a terre ici n'y aux environs, &
quefiansobligez^de mettre a terre
fort loin d'icy, comme toute l'Ifie
eji presque Montagnes bien efeatpi'cs
,
cettept ,-,jt;oa bareufe &
naturelle rend cet abord dificile à
no- eniems. Nom avons à cinq
lieu" d iry la Firtereffe de cette isle
quirappelle le Fore Royal, c'cft
e !J}re aiei- ces sîtuations avantageas
que la nature afait pjurcon-
(Z'r-,
ferver des Habitans dans ces Jjles.
Ilfautpour attaquer ce Fort &- cette
Jjle) un Armementconfiderahle,&si
cette expédition ne sefait en peu de
tempsilJurvientdesouragants en ce
Pays en certaines Saifions
, comme
fin de Juillet & mois tfAoust
,
qui
ne permettent pas aux faiffeaux
de tenir la mer, sur tout dans les
rades de ces Ijles. Tout ce qu'ilya
de plus à apprehender icy cefi de
manquer de vivres, comme ils ne
nous arrivent queparles Vaisseaux
de France ,
lorsquecela manque,
& qu'ils tardent à airiver, les vivres
du pays ne (uififant vas , tout
le monde pàtit extrêmement. Nous
avons trouvé les choses en cet efiata
nofite arrivée, plusieurs Navires
Marchands qui venoient en ce pays
avec desvivres
, avaient efiépris$
il ny avoit ny painnyvist,Tel
principaux &pinsconjiderables hA.
hitans essuient réduits à manger la
Caffane
,
& a l'eau ; nous étions
partis de la Rochelle deux Vaisséaux
de guerre avec vingt - trois
Navires Marchands3 defqutls ily
en avoit sepi ou huit pour ce paysj
mais nous eûmes un gros temps sur
le Cap de Finistere, qui nous separa
tous ; nous avons demeure près d'un
mois I'lddoriofItcr le Cap, toûjours contrAriezpaï
les vents & une mer en
fureur, qui nous obligea de rc[àcher
à Port-Louisj nojhegouvernail
ayant esié umptt, mais après avoir
fait quatre A cinq heures de relâche
& le vent avant change tout d'un
coup au Nord Nord el}) nons fumes
forcez de faire route pources
isles. Au bout de sept on huit hm.
res les vents vinrent contrains , on
mit à la Cap,onfittravaillercomme
l'on pût pour accommoder nostre
gouvernail
, on jugea apes l'avoir
accommodé quonpouvoitpoursuivre
sa route ity ; ce que nous avons fait
Ayantprisconnoissance des Ifies de
2/fandere
,
t &approché de fort prés IsledePorto-Sanilo. Nousavons
ejjuyédans le groJ temps qu'il afait
sur le Cap de Finiflere) un orage de
ionnene qui a tom6é dans nostre
yaijfieau en lam de sist ;)ar trok
reprifies
,
il a serpenté jusquÀ la
fdinte Barbe & entre les Ponts) il
ne st autre mal que d'épouventer
tout l'équipage
, qui eut d'abord iecoûts
à la Priere5 car ily en eut
plusieurs touchez^ du tonnerre aux
jambes êl' à la lesse, qui leurfit des
marques comme de brulure, il nom
laissa une odeurdesouffre quiJefin*
tit près d'un quart d'heure, nous
avons enfin gagné le Tropique, &
attrapéau bout d un mois les vents
alizjes. Nous avons esié cinquante
jours à faire nofire traversée
,
nofire
Vaisseauefiarrivé tout seul. Nofire
General estoit icy attendu &fouhaité
comme le Messîe, on avoit fait
des Prierespubliquespourson airivée,
on l'areçu avec tous les honneurs
dûs àson caractère
,
ilse fait
aimer& adorerparsabonté&par
sapieté.Son arrivée ici fera memorable
,
puifqu'il a procuré i'abondancey
& remis le calme dans des
e'/pritJ allarmez,par la guerre, &
par la famine qui commenta àse
faire sentir. Peu de temps après
nous, efiarrive le Vaisseau le Sage,
& aprés nos Marchands
, en forte
qu'a present sans le Siege de la
Guadaloupe3nousferions tout,a-fait
tranquilles, car cet événement ne
laif/è pas de nous donne1 bien de
Vinquiétude.
Du Fort Royal, ce 11. May
1703.
Nous venons tout presentement
de recevoir une lettre du Bourg Saint
Pierre qui nous donne avis que Mr
de Gabaret y avoit mis pied à terre
de retour de la Guadaloupe, que
tou:es les Barques qui ramenent
no/Ire détachement du secours efioient
prestes à mouiller, & que les Anglois
se font rembarque^ de Vendre..
dy dernier dix- huitième de ce mois.
Nous nefçavons encore aucune autreplus
grande particularité.
Nous prenons le party d'habiterau
Fort Royal dans une fort belle
maisongrande &bien logeable; lest
où MrnoftfeGeneral septopofe de
faire sa principale demeure pour se
conformer autantqt^illepourraaux
intentions de la Cour,ce queses Predecesseursn'avaientpu
faire.
La -fia de la Lettre que
vous venez de lire a dû vous
préparer aux nouvelles fuivantes.
COPIE
d'une Lettre delaRochelle.
Je vous écris cellecy en droiture
MonfitN' afin que vmsfeye7
le premierà apprendre que les
Anglaisaprès avoirpille pendant
septfemmes, brûléepfmïtgé
le"Bourg 0* les Cannes de U
Capeflere de la Guadaloupe
,
@je
y avoir petd" sept à hutt cens
hommes dont leur General si du
nombre, fesont retire%
Leur Flotte efloit composée de
quarantequatre Voilesentre lesquelles
Ily avoit huit Vaijjeaux
deguerret dont Cttn efloit defoixante
&fei%e CanonsJ trois de
[Oixante dix Canons, quatre de
jo à60. &plus de quatremille
hommes de débarquement,
Lesalut de celte1Jle est dm
à savigilance de Mr de Machault
,
lequel trois jours après
- t Ion arrinct à J. Martiniquey
xn vOY. Mr Gabaret avec huit
cens hommes, qui ont fait des
zueTveilles. Nous nj avons per.
du que dix ftpt hommesen tout,
tant blancs que noirs ,
le dommage
que les Ennemis ont fait
jtra bitntoflreparé.
Le General Quadfington9
qui commandoit tant par mer
que par terre, estant tombé fort
malade, fut obligé de se retirer
huit ou dix jours avant les autres.
Mrs GAbaret, & Auger , irayant pu (Ou/enir le Fort, le
firent miner&enc/oüer tous leurs
Canons&se retirerent dans un
Réduit9 où ils reUcrentjufqiïaui
départ des Ennemis.
Ces Nouvelles nous font venuës
par un 'Bru/or nomme le
DAngereux; qui ri*eslé que
vingt huit jours en chemin, il
seji battu contreune Flûte jin0*
gloire qu'il auroit enlevéesi le Sr
Chobon, qui le commandoit n*4-
voitpasestétuédans l'abordage.
Air le Chevalier Sau.on
qui commande U Renommée de..
voit partirde la Martinique au
commencement de ce mois , e
amener icy Mr Robrt auquel
les gens de la Guadeloupe donnent
mille benedictionsy parce
que c'ep par le moyen des secours
qutl leur a envoyé, tant en vi
Dre* quen munitions qu'ils ont
fait une si loriotrtjtflance
M, de (jtnns après avoir
fejlé long ttmps Lhez les Anglois
a pajje à 14 GuadalD/lpe, où il
A acheté un VJifleausur lequel
il s tjl tmbarqué sansautres Is.
telots que sesNoirsyil n'a dit
àperjonne lA toueq*ilvouloit
faire On croit pourtant qu il efl
Allé dpns son ComtédOja.
Cette petite Relation d'un
si grand succés vous en fait
sans doute attendre une plus
grande,lavoicy.
IlELATION..
de ce qui s est :¡afJé à la Gu*d<tloupe,
sur toutdepuis le secourS
deces700 hommesvquiyfurent
envoyf^ de U Martintant par
Mr de Macbtult, Gouverneur
& Lieutenant General pour le
Royi aux lfies Franforfèsde 4'1
merique, jous le Commandement
de Mr de Gdbaret Gouvernent
Particulier de l*fjl1de la MtJrlini.
que qvty covduifît en mesmetemps
un Cotivoj de toutes fortes de mil,
nitions de guerre &de bouche. MOnsieur de Gabarec
ayant eu avis que les
Anglois avoient fait descente
à la Guadaloupe
,
réfoluc
d'aller au secours de cette Ifle,
il s'embarqua le31. Mars
avec sept cens hommes. tous
gens de bonne volonté, n'en
n'ayant point voulu prendre
d'autres. Ilenauroiteuplus
de quinze mille
,
s'il avoit
voulu recevoir tous ceux qui
s'offrirent à le suivre, sa petite
Armée estoit composée de
douze Compagnies, sçavoir
deux de Troupes reglées,
quatre de Milices, & six de
,
Flibustiers, toutes embarquées
sur deux petits Vaif»
seaux
, un Brigantin & neuf
Barques. Le deux d'Avrilles
Troupes débarquerent devant
Sainte Marie, qui est
un des Ports de la Capesterrede
la Guadaloupe. On ap-
1 prit en arrivant que le même
jour les Anglois avoient commencé
à tirer le Canon sur
le Cavalier. Le 6 d'Avril,
jour de Vendredy Saint, il
y eu un petit Combat entre
nos gens, & les Anglois
où , nos Troupes, quoy que
beaucoup inférieures à celles
} des Ennemis, curent tout
l'avantage. Nous ne perdîmes
que quatre homniesentre
lesquels se trouva maU)
heureulement Mr le Fc-|
vre ,
Capitaine de Volontaires.
Mr deBoisfermé,reçûtuncou
p de fusil a travers
de son bras de bois. !
Nous eûmes dix sept blessez
dans la même rencontre.
Mais la perte des ennemis
fut bien plus grande, car on
compta jusqu'a soixante ôc
quinze des leurs tuez sur la
place, ils eurent bien du
moins autant de blessez. Il
faut dire à l'avantage des
Troupes Angloises qu'on ne
peut marcher avec plus de
fierté ny en meilleur ordre
que marcherent les Troupes
de Mr Quadringion. Si les
nostres avoient esté aussi bien
disciplinées, avec la bravoure
,
le zele, & le courage
qu'elles ont marque, les Ennemis
se feroient retirez bien
plustost; qu'ils n'ont fait. Le
onziéme on tint Confei! de
Guerre, & il y fut arresté ,
que pour la seureté de rIlleJ
il estoitnecessaire de faire
fauter le Château, & le Cavalier
,
l'un & l'autre né-»
tant pas. en estat de soutenir
l'assaut que les Ennemis se
préparoient à donner de jour àautre, & pour cet effetils
avoient soixante échelles de
prestes avec quantité de faC-y
cines. Onjugea que le peu
de monde qui estoit dans
-
ces Postes ne resisteroit ja.
mais au grand nombre d'Ennemis
, qui te disposoient à
l'attaquer; quand on eut appris
la résolution du Conseil
de Guerre, les Religieux
, les Officiers de Milice & les
habitans de la Guadaloupe
murmurerent beaucoup, &
ils eurent même l'indiscretion
de dire que si cela s'executoit
ils s'en iroient tous
chez eux , & se retireroient
dans les Bois. Ce murmure
fit que Mr Gabarec donna
ordre qu'on sursit l'execution,
de l'arresté au Conseil
de guerre, afin dexamU
nerde nouveau les avantages
, & les inconveniens
de cette demolition. Pluson
examinoit cette affaire &
plus on trouvoit qu'il estoit
abfolumenr necessaire de démolir
ces Postes qu'on ne
pouvoit pas conserver
, Se
qui estant occupez par les
ennemis, leur donneraient
moyen de se retrancher si
bien dans cette Isle qu'il seroit
impossible de les en chasfer.
Pour faire finir tous ces
murmures on s'avisa d'un expédient
qui réussit. Ce fut
d'assemblerun nouveau Conseil
de guerre, or l'on voulut
bien admettre les Religieux
de tous les ordres, les
Officiers de Milice
, & les
principaux habitans. Là il
fut dresséun Procès Verbal,
dont on fitla lecture tope
haut, aprésquoy on demanda
à chacun qu'il signast au
bas du Procès Verbal, ou
pour la démolition, or pour la
conservation des Forts. Tout
signa pour la démolition,
& personne pour la conservation.
Il est vray que le
ProcèsVerbal ne fut pas prcsenté
aux Religieux qui s'ée
toient, trouvez à l'assemblée
t maisqui ne voulurent pas se
trouver àlaSignature. Toutes
ces oppositions
,
& ces
difficultés furent cause que
les Ordres pour la démolition
des Postes furent expedicz
lin pru trop tard. Deux
Soldats déserterent en ce
même temps, & allerent
avertir les Ennemis de ces
qui se passoit, & avant Ieun
départ ils jetterent de Team
dans la Mine du Cavalier..
Mr Gabaret fut tres chagrin
d'a pprendre que le Cavalier
ne pourroit fauter. Ille fut
encore davantage, voyant
qu'après une heure entiere,
la Mine du Chasteau n'avoit
pas son effet. Les Ennemis
cependant alloiententrer
dans les POÍles abandonnez.
Comme ce malheur le rejestoit
dans les mesmes inconyeniens
quil avoit aprehende
en retenant ces Polles ,
& en les voulant deffendreil
résolut d'y remedier à quelque
prix quecefut. Il fit
chercher en toute diligence
des gens de bonne volonté
pour aller malgré le danger
évident qu'il y avoit, tâcher
de remettre le feu à la Mine
du Chasteau & faire ensorte
que cette du Cavaliereut son
effet,deux Freres nommez
Mv ssieursde Vipar
,
Gentilhommes
Volontaires de la
Compagnie deMaisoncelles
s'offrirent d'y aller, & à leur
exemple Mr le Chevalier ds
la Moche
,
Volontaire de la
Martinique & douze Soldats
à condition que l'Ingenieur
viendroit avec eux pour leur
montrer les Mines
, ce qui
fut executé. Ils y allerent ,
& accommodèrent le mieux
qu'ilspurent la mine du Cavalier
, laquelle fit son effet
mais non pas entierement
ayant esté éventée parleCa-
$i&i\ des Ennemis. Quand
ils furent pour visiter la Mine
du Chasseau,ilsn'y trouvèrent
plus que deuxou trois
poucesdemeche, & ils n'eurent
que letemps de se retirer
pour n'estre pas ensevelis
fous les ruines du Chasteau.
Le Sieur Vipar l'aisné fut
blessé de plusieurs pierres le sieur Guilet qui fut celuy
quiaccommoda les mèches,
y fut aussi blessé, avec trois
Soldats, lXtrois autres Soldats
eurent levisage & les
mains brûlées. La Mine du
Chasteau fit bien son effet.
Depuis ce tempsjusqu'au 18.
May que les Ennemis se rembarquerent
&se retirèrent,
ils ont fait diversestentatives
sur divers endroits del'Isle,
mais par le bonordre que
donna Mr Gabaret, qui avoit
l'oeil àtout,& quienvoyoic
par tout du monde, ilsont ','
toujours esté repoussez;&
nont pu prendre porte en
aucun endroit. La maladie
s'estant mise dans leurs Vaik;
feaux,les vivres corameriçans
à leur manquer, & les
Troupes Angloises le trouvantrebutées
de larigoureuse
resistance des nostres, ils ont
cfté obligez de se retireraprés
avoir mis le seuaux maisonsdu
Bourg, qui ont esté
toutesconsumées à la reserve
d'une petite qui subsiste encore,,
core, & l'Eglise des Jesuites,
&celledes Capucins. Le Colonel
Amilton a esté enterré
dans la premiere. Les Ennemis
ont perdu dans cette expedition
sepi à huit cens hommes,
dont il y en a eu cent
quarante huit de tuez parmy
lesquels on compte cinq Osficiers.
Nous n'avons perdu
que neusSoldats des Troupts
reglées& quatre deMilices,
quiont esté CUfZ ou pris. Les
[ Ennemis en onteu soixante
dix neuf, qui ont deierté &
que l'on a fait pritonniers.
Dansle nombre que les Ennemis
ont perdu, on ne comprend
pas ceux qu'ils peuvenc
avoir perdu avant l'arrivée
de Mr Gabaret, c'est à dire
depuis le jour de leur dcÍcen.
te jusqu'ali i d'Avril,nous
n'avons perdu que deux ou
trois hommes. Suivant le
rapport des Deserteurs, Mr
Quadrington
,
esloit bien
chagrin d'avoir fait cette entreprife,&
ilsluy ontenten.
du dire qu'il voudroit avoir
donné dix millelivressterling
&estre à recommencer. Les
fiévres malignes, ladissenre.
rie &c, les ont defoIez.-On
ne sçauroitasseslouerMrCabaret
, il n'a rien oublié de
ce qu'un General ex perimenté
pourroit faire en pareille
occasion ; on peut dire que
s'est luy qui a sauvé la Guadaou
pe, il n'estoit pas seulement
le General des Troupes
il avoit encore foin de
l'Artillerie, & des vivres, &c.
chacun s'adressant à luy pour
tous ses besoins.On doit
sussi beaucoup au zele & à
l'application de MI Robert,
qui a eu foin denvoyer des
Barques chargées de rafraichissemens,
vins, eau de vie
farines, boeufs, & biscuit ;
dont les Troupes avoient
grand besoin, car depuis le
Siege jusqu'à l'arrivée des recours,
ils n'avoient bûque de
l'eau,ils mangeoient
deméchante
viande, &n'avaient
que des farines.
Tous les Officiersont parfaitement
bien fait leur de
voir. Le Negre la Perle, qui
commaodoit une Compagnie
de Negres afait des merveilles.
Ilalloit tous les jours
en party ,& il amenoit tou
jours quelques Prisonniers
les Ennemis voulurent le de
baucher,mais au lieu d'aller
à eux, il les invitoit tant
Blancs que Noirs à venir se
rendre à nous, s'ils vouloient
boire de bon vin, & faire
bonne chere.
Je finis l'Histoire de la
glorieuse delivrance de la
Guadaloupe par une lettre,
dans laquelle vous trouverez
un grand nombre de prises
faites sur les Anglois,
De laMartinique le 7. Avril
1703. ENfin eftlr de Machault;
nofire Général eji bien arrive
en cette fjle le vingtième du
mois dernier, mais sans aucuns
des VajJeaux Marchands desa
Flote, dont il a cflè fepoeré peu
de jours après son départ de la
Rochelle par le mauvais temps.
par bonheur ces Vaijjeauxarrh
vent journellement les uns après
les autres, comme la Renomméet
le Pkeylpeaux, le Frontenac &
l'aimable, (7 nOMsifperons tous
lesautres.
Sur l'avis que Mr Auger
Gouverneur de la GUAda'oupe a
donné que les Anglois avaient
mis à terre à ton Jjls, Mr de
Cabaret, nostre Gouverneur &
depuis peu Lieutenant au Gou.
vtrnemtnt général de ces Isles
,
est parti de celle cy le;idu mois
pajJi pour aller au secours de 1.4
Guadaloupe avecsept cens hommet
fçtvoir
Deux Compagnies de Troupes
de la Marine-
SixCompagniesdHabitans»
Quatre Compagnies de Flibustiers
& environ cent Volan.
tains.
Ces Troupesfont embarquées
dans deloc Corvettes, un Urigamw
Cf muf Barques
t 10US
Banmenspour la courfi, & qui
font efeorte% de tro*sraifleaux
de Guerre le Sagr de cinquante
six Canons., la RpnommEe de
quarante hait3Crie Dangereux
de dix.
L'on ne sçait pas au jufle les
forces des Ennemis, mais l'on4
en avis par plusieurs Pnfes que
Ion afaitsur eux, qu'ils leur
tjloÎl venu djfnglet.rre trois
mtllE huitccnshommes grquils
pouvoient bien avoir ramajïc
mille à dou'{.t cens Habitant ,
ils ont trente deux Navires
,
doutée Barques
,
Cm trois Bri..
gsntins. CMr Çabaret a renvoyé une
des Barques par laquelle tl a fait
fçaioirquil avoir mis heureu.
¡(mrnt à terre avec toutes [es
Troupes au vent de lJjle sans
aucune oppofinon, les Enntmis
nayant point de vigies de ce coté
là. Il mande que les jdnglois
font les maiflres du Bourg, Ër
qu'ils travaillent à monter du
canon pour battre le Cavalier (Ir
le Qbaieau mais quenosbatte,
ries détruifoient le jour ce qu'ils
avoitnt fait pendant U nuit
que daillentsles Angloisavaient
bien perdu autour de tiois cens
hommes, & qu'il ny avolt que
six de nos gens blej~
é- nosgensblejjeZ^ les aay-ainntt
toujours barcele% dans des défilez.
Mr Augr a fiait armer fioi-
Xante N gres Créoles des plus
fidels & allertes qui désolent les
Ennemis la nuit, en ayjnt tué
piufieurs &fair des PrrjOnnzerl.
Noussommes icy dans l'tmpa<
tience de fiçavoir la réussite de
cesiege
Le Grand Saint Paul de
CMarjetlle efl arrivé icy depuis
huit :ours avec une forte Carl/
IAtfon &une Prise qu'il *fiai1
te en venantcbargee de huit cens
Barils de beuf, quatrevingt BA.
rils de beure CT plufteurs autres
marchandées
,
elletftoit sortie
ditlande & devoit aller à t.
BarbaJe.
L Hercule venant de Nantes
tfl auss arrivéayant pris dans
sa route un BrtganttnAnglois
qui allott en Guinée à la traite des
Nègres
,
mais il la laijjé en chemin
CJT* il ntft pAS encore arri-
"Je~o. -
Une petite Barque de deux
Canons partie de cttte Isle depuis
deuxmois pour la sêche de la
tortueafait rencontre en s'tn rcz
venant d'une Barque j4ngJot'se
de six Canons, & chargée de
deux cens Barils de lard, elle
la prise&laamnniéee cceejjoouurrmmeê.
me en cetterade
La pnfe de lHercule vient
d'arriver presentementdématée
desongrandmast.
Du 10 d'Avril 1705
Il vient J'arriver une Birque
de la Guadaloupe qui rapor.
te que les ennemis ont enfin mon.
té leur baterie proche la maison
des lvuÍtrs, qu'ils avoient di.
monteZ noflreCanon du Gavalier
& qu'on attendrit qu'ils
njiendroient à l-a/saut dans peu
de jours lo# se préparé à le foutenir
le mieux qu'il fera pojjir
b!e
,
la dtrniert extrémité fera
de se retirer jur les hauteurs de
la rivière du Ga/Ion, où il fera
presqueimpossible de forcer nos
gens
!
Dieu veuille les aider.
Ily eut le Vendredj Saint
,
une rude efcarmouchr, les En.
nemis ayant voulu j-urcer une
maison audtjjous du Bourg
y
J7 où 0
nous avions un détachement d'en.
viron deux cens hommes laffton
dura ) pres de deux heures où nous
avons eu trois hommes tUf\' &.
doit\! blejez,; les morts font
le Sieur le Fevre qui comman.
doit une Compagnie d'Encans
perdus & de Né gres ,
les deux
autres font de la Martinique
J
nommez Querous 0* Sanson
,
Mr de Boisfermé
,
Lieutenant
de Roy à la Guadeloupe, £7*
Gouverneur de MarieGalaniet
commandait à cette occasion, e
recru un coup de mousquet AU
travers de son bras de Bois, ton
ajjure que les Ennemis ont perdu
cent à (tx vingt hommes
dans cette occafton
,
Ion prepa.
reicy un fécond secours pourcette
Islc, Dieu fois de la partie> nous
aurions bien bcfoin d'un secours
de France, nous ejpetons en recevoir
dans peu.
Du ti. May 1703.
Jenefçaurois rien ajouter icy
de plus agréable, fin)" que Mr
de G4baret est de retour d hier an
matin avec toutes nos Barques
& nos habitAns, Us Enmmis
efiant partis de la GUAdaloupe
le dixbitit du courant, après avoir
mis le feu aux mdifons du
Bourg, (0 cep la belle proüeJle
qutls y ont fait
,
n'ayant pas
poufféune ailion de vigueur pwdant
deux mois qu'ilsy ont esle
à terre, & sily a en quelque
chose, ce font nos gens qui les ont
eslé cherchât. Il nous a tftetué
y
Jeulcment quatrehommes de cette
Isle Martinique
,
huit ou dix
de la Gmadat"Oupe,'G.- les Ennemis
en ont bien perdu sept cens,
fçaioir xutour de cent cinquante
tueZ CT le refle mort de mala.
die
,
Mr de Quadringion leur
Général s'tft retiré dés le on7,e
courantà S. Cbnftophe à cause
d'une fluflion qu'il luy eg tombéesur
Usyeux, l'on dit mt4
me qu'il est en danger de perdre
la veue jjayoubliédevous dire
que Jiïlr de Saint Vendrille qui
estàla cote Guinée avec quatre
Fregattes du Royy a pris un
Traiteur Anglois de vingt Canons
&deux cens soixante Ne.
gres quil a envoyé tcy# comman.
dépar le SieurAlbert.
Le Navire
,
l'Amitié de
<Bord^auxiejiarrivée depuis huit
jours & a amené deux prijes
jingloijes, l'une chargée de vin
de Madère
,
lautre de vin de
Canane & ratflns, il en auroit
amené d' avantages'il avoit en
du monde pour les amariner.
Vous voyez qu'il faut rarement
ajoûter foy aux nouvelles
imprimées en Hollande,
puisqu'ellesavoient trespositivement
assuré que les
François avoient estéentière
ment chassez de la Guadaloupe
& qu'il n'y en restoit
pas un feu).
Le Memoire suivant m'a
esté envoyé par une Compagnie
de personnes de dist-netion,
au sujet d'une nouvelle
maniéré deremonter lesBatteaux
sur les ri vieres ra pides.
Comme les Sels & autres
Marchandées ne peuvent rcmonter
le Rhône, non seulement
sans qu'il en coure
beaucoup; mais aussi sans
consommer beaucoup de
temps, on a cherché les
moyens d'employer utilement
la force naturelle &
continuelle de son courant
impetueuxsquienest la eau.
se principale. Apres toutes
les observations necessaires,
sur l'inégalité dudit coursn:,
sur ses mouvemens compofez
, selon le choc des corps
qu'il rencontre à son paitige,
sur les grandes & prompres
cruës d'eau de cette rivière,
sur son changement de lit &
& par contequent sur ses
fonds presque toujours incertains
, on a trouve un
moyen de remonter toutes
fortes de Barques&Batteaux
sur cette riviere
,
beaucoup
plus promptement que par le
tirage ordinaire deschevaux,
en faisant servir le couranc
de moteur; mais d'une maniere
qui fait éviter les inconveniens
de toutes les Machines
qu'on a eprouvées jusqu'à
present, & dont toutes
les manoeuvres se feront nature
llement par le courant.
Le Public a l'obligation de
cette découverte qui luy est
utile, à Mr duGuet,dontle
genie va droit à la difficulté,
d'une maniere simple & naturelle,
surces matieres, ainsi
qu'il le prouve, tant par ses
différentes productions dont
on fait mention de plusieurs
dansl'Histoire de l'Academie
Royale des Sciences, que
par les experiences qu'il a
faites sur la Seine, en presence
de quatre personnes de
cette illustre Compagnie,sur
ce sujet pour raison desquelles
experiences ses Coineres,
fez le sont joints à luy.
Par récabliflement de cette
nouvelle maniéré de re-r
monter les Batteaux, le Public
est a(Taré que les Marchandéesremonteront
le
Rhône plus facilement en
moins de temps, & à moins
de frais, que par l'usage
ordinaire des chevaux. On
allure que les Batteaux monteront
en cinq ou six jours
d'Arles à Lyon, & que les
Machines necessaires pour
cent lieuës de Pays ne coûteront
au plus que cent mille
livres. On jçaitdJailleursque
l'on fait de la depense pour

plus d'un million de livres
par an , pour remonter les
Batteaux sur ce fleuve. On
t
assureaussiqueles petitsBatteaux
monteront plus viste
que les grands, suivant le
volume d'eau qu'ils auront
de moins à refouler. Le tout
sans le secours d'aucun chet
val, celuv mais feulement par du Courant, dont on
prendra telle quantitéque
é
l'on jugera necessaire pour
avoir la force & la vitesse tous
r
ensemble, sans causer d'incommodité.
Ceux qui souhaiceronc
s'associer pourun
établissementaussiutile au-
Public
,
s'adresseront chez
Mr du Guet, Ingénieur pour *
les Vaisseaux de guerre, qui
demeure ruë Dauphine, à
l, l'Hôtel deGenlisàParis.
Les Vers que vous allez li- J
re ont esté faits par Mr de 1
Gargas
,
Baron de Blagnac,
d'une des meilleuresMaisons
de Toulouse, sur un Ruban 1;
qui luy avoit esté donné par i
unetrès. belle Demoiselle. i
.LE Ruban charmante Bergere j
Que vous avezJ>orié n'aguere 1 Devient,
Devient de mon épée aovjoàvrdfisy
l'ornement, -
Z4plll46elte main qu'on aitvue
L'arrache de cefein charmant,
pltM blancincomparablement
Que la neige qui de la nuë
Vient de tomber nouvellement.
Ce Rubanprefcrablement
A mon Epée infortunée
Devroit, des Conquerans ,
tfirc la
destinée)
Ils le fortement dignement.
Du jeune Zys François Roy de
tant de Royaumes,
-
Et du Prince du Nard) fifécond en
Lauriers,
Des Catmats & des Vendômes.
Çe Rubanpayeroittou4 Ustravuttx
guerriers..
Ouy» cette noble recompense
Conviendrait bienmieux entrenous
jî ces Meros qui comme vous
Fontdes Conquefies d*importance,
Zes Etendarts& les Drapeaux
Qu'on bénit tous les ans rendentles
Cieux propices:
La France (ous de tels auspices
$ejîqnaletoujours par des exploits
nouveaux.
Puis qu'un belAnge, un objetplein
de charmes
De qui tout mon bonheurj'attens
Bénit S* protege mes armes
Je dois croire qu'en peu de te>ps,
Je verray changer mes alarmes
En des triomphes éclatans.
Je riay pas perdul'efyerance
Que mon Epée enfin ne tire un jour
vangeance
DeVinjurefaiteàmon Roy-
Maissi dufort cruel la bizarre inconfiance
Disposoit autrement de moy.
Que Les Rebelles aAngleterre
Tentaffent de nouveaux efforts
Et qu'il mefallut dans la guerre
Augmenter le nombre des morts)
* Mourant) je tàcherois encore
De ferrer mon hpèe avec tous les
transports
Que j'aurois aferrer la beauté que
j'adore.
On verroit mes lèvres alors
.A ce cher Ruban accrochées,
Elplusfortement attachées
Que le monument a mon corps.
lift-il deScithe sibarbare!
Qui voulut alors marracher
Vn ornementsi precieux, si rare ;
Et qui vivant m'efloitrtiber.
L'Air suivant cil: de Mr le
Camus, le fils.
AIR NOUVEAU.
BEfggeerrss qquuiif0UffreK. en aimant. !
Soyez constans,soyez,sidelLes £
Vourengagerles coeurs desplus cruelles
Il nefaut qu'un heureux moment
Le Pape ayant fait faire des
Missions dans les principales
Eglises de Rome,MrleCardinal
de Janson, en fitfaire 1
une dans l'Eglise de S. Louis



des François, & pria le Pere
Alexis du Bue.Theatin de
la commencer, après avoir
obtenu de Sa Sainteté une
dispense pour ce Pere, de
faire ses Leçons pendant huit
jours que dura cette Mission,
pendant laquelle il a prêché
& confessé dans ladite Entité
de Saint Louis. Voicyl'Exo*or-
de du premier Serm4on qu'il
fit le Dimanche d'après le
tremblement de terre arrivé
le2 Fevrier.
Dédit DOMINUS
VOCEM SUAM, MOTA
EST Terra. Psal, 4j.
Qu^atendez^-vous de moyaujourd'bay
,Cbrefl.ens Que diray-je !
Dequoy parleray - je Dieu vous
plrla ily a huit jours,ness-cepat
ajjezj Quoy quea voix ait ejléfouterraine,
elle n'en a pas este moins
forte, & moins éloquente: cettevoix
si terrible, &siextraordinaire, demande
plutofldes larmes que despa-
7vv£S•desplaintes plutofl que des
difeours5 des Prieres plutofl que des
Sermons: Je devrais donc pleurer,
gemir) & demeurer dans le silence,
comme les Amis de Job5 mais la
Souverain Passeur veut que je parCe
Pere a prêché dans la
même Eglise pendant le Carefme
dernier, deux fois la
semaine, il y a prêché le jour
de la Pentecoste, le jour de
la petite Feste de Dieu & le
Dimanche suivant,& doit
prononcer le Panegyrique
île Saint Louis le jour de la
Feste dans la même Eglise ;
ainsi vous voyez que ce Rez
verend Pere ne manque pas
d'occupation dans Rome.
Mrle Marquis d'Espinchal
a eûé tué en Italie, il estoit
d'une des meilleures maisons
d'Auvergne. IlestoitfilsCadet
de ce fameux Marquis
d'Espinchal dont on a tant
parlé dans le monde, & q4i.
est mort en Baviere, où il
eut l'honneur d'estrechargé
en partie de la negociation
du mariage de feuë Madame
la Dauphine; & de Dame
N -- de Levis de Chasteaumorant,
qui estoit une Dame
d'un merne & d'une pieté qui
ont particulièrement éclaté
dans les differens évenemens
de sa vie, où sa patience & sa
douceur ont fait voir ce que
peur la pratique des vertus
chrestiennes sur un bon cceur.
Elle estoit soeur de feu Mr le
Marquis de Chasteau-morant
& tanre deMr le Marquis de
Chasteau-morant d'aujour
d'huy, qui a esté Capitaine
de Cavalerie dans le Régiment
de Charlus. Mr le Marquis
d'Espinchal qui vient
d'estre tué
1
estoit frere de Mr
l'Abbé d'Espinchal, Ecclesiastiqued'un
grand mérite
& d'une grande vertu, & de
Madame la Comtesse de S.
-
Marcel, épouse de Mr le !
,
Comte de S. Marcel, qui est
de la Maison d'Albon, & frere
de Mr l'Abbé de S. Marcel,
Chanoine &Comte de Lyon..
La Maison d'Espinchalatoûjours
tenu un rang considerable
en Auvergue. Il y cura
dans le quinzième siecle un
Georgesd'Espinchal qui passa
en Italie, & qui se distingua
fort dans les guerres des
Guclphes & des Gibelins, autrement
des blancs & des
noirs. Il y suivit Charles,
Comte de Valois, qui y fut
appelléparBoniface VIII.
Georges d'Espinchal y mou- rutempoisonné.
Mr JeCornee de Segueiran
qui a esté tué dans le Combat
donné par Mr de Bouflers
, ettoit Colonel du Regiment
du Maine. Il avoit
toûjours serviave caucoup
de distinction, Il estoit fils de
feu Mr le Premier President
de la Chambre des Comptes
d'Aix en Provence
,
& son
oncle paternel exerce encor
aujourd'huy cette Charge,
donc il n'avoit pas voulu
prendre possession
,
après la
mort de son pere,ayant toûjours
preferé le party des armes
à celuy de la Robe. Sa
Maison a dans le Parlement
d'Aix lemême avantage que
celle de Nicolaï dans le Parlement
deparis;carilyaaussi
longtemps que Mrs de Segueiran
possedent la Charge
;
de Premier President de la
Chambre des Comptes d'Aix
que Mrs de Nicolaï celle de
Premier President de la
Chambre des Comptes de
Paris. Mrs deSegutiranont
tous esté de grands Magistrats
, & leur nom est fort
consideré en Provence. La
Maison d'ailleurs est fort ancienne
,
& a produit des
grands hommes de guerre. Un bastardde Segueiran com-
J battit vaillamment à Ujournée
des Eperons, autrement la
Bt.I!aiae de Poitiers, si fune ste
aux François.
- Mr le Comte de Tavanes
cffc aussi décède, ila iaific
des enfans de Dame N.
Daguesleau fille de Mr Daguesseau,
Conseiller d'Etat,
& soeur de Mr le Procureur
General. Il estoitl'aisné de:
toute l'illustre Maisonde
Saux,& descendoit en droite
ligne du Marêchal de Tavanes,
si cele bre dans l'Histoires
du seizieme Siccle. Il y al
plusieurs branches de cette
grande Maison, celle de Mr
le Marquis de Tavanes,dont
le fils est Lieutenant aux Car
des, n'est pas la moins dif--
tinguée parle mérité de ceux
qui l'ont formée, & qui la
soutiennent encore. Mr le
Marquis de Tavanesaépousé
Dame N. de Busset Bourbon,
soeur de feuë Madame
la Marquiie de Langeron.
Le nom de Buffet Bourbon
est assez connu, sans qu'il
soitnecessaire queje m'etcade
là dessus Cette Dame a
esté Dame dhonneur de
Madame la Duchessed'Hanover,
à qui elle a l'honneur
d'appartenir ; elle est revenuëdepuis
peu de cette Cour,
où elle est fort regrettée
,
aussi bien que dans toutes
celles d'Allemagne où elle
a cfté traitée avec des grandes
distinctions. FeuëMadrame
la Marquise de Saint Martin
, mere du feu Comte de
Moncrevel, tué (je crois) à
Nervinde, estoit Saux Tava-ç
lies:Elles'apelloitClaireFrançoise,
& estoitfille de Charles;
de Saux
,
Chevalier Comte:
de Brandon
,
Baron de Tavanes,
& de Philiberte de la
Tour Occors. Charles de
Saux estoit fils de Jean des
Saux
,
Vicomre de Tavanes,
Gouverneur d'Auxonne, ta
de Catherine Chabot &
ce Jean estoitfilsdeGalpard
de Saux Seigneur de Tavanes
,
Maréchal de France,
Amiral de Levant, Gouverneur
deProvence,&deFrançoifede
la Baume Montrevel.
Mrle Comte de Tavanes qui
vient de mourir estoit Lieutenant
de Roy de Bourgogne,
Mr l'Abbé de Morange
,
un des Grands Vicaires de
Mr l'Archevêque de Lyon, Chanoine & Chantre de l'E.
glise Collegiale de Saint Nizier
de Lyon, Théologal
de l'glisedeLyon& Prieur
de Saine Jean hors les Murs
de Geneve,est mort à Lyon
dans un âge fort avancé.
Messire Bedien de Morange
estoit Docteur de laMaison
&Sociétéde Sorbonne,
il estoit d'une Maison qui
s'est toujours consacrée au
servicede l'Eglise,ilavoitun
frere qui avoit la même dignité
que luy
,
auprès de
feu Mr l'Archevêque de
Paris, il est mort depuis quelques
années. Mr deMorange
a un neveu C hanoine de
l'islebarbeauprés de Lyon
, c'est Mr l'Abbé Seguin. Il
nousreste de cet illustrepersonnage,
une Theologie qui
porte son nom qui est tresestimeé.
Mr de Morange
avoitesté le seul Grand Vicaire
de feu Mr de Villeroy
Archevêque de Lyon, &
dans l'accablement d'affaires
oùestoitceprelatqui estoit
chargé du poids du Gouvernement
,
Mr Morange se
mesloit seul du Spirituel ; à
la mort de ce Prelat, & pendant
la vacance du Siege;
le Chapitre de Saint Jean le
continua dans la fonction de
Grand Vicaire; Mais Mr de
Saint Georges ayant prispossession
de son Eglise,considerant
l'estenduë du Diocése
de Lyon, & l'âgeavance
de MrMorange,luy donna
beaucoup d'Aioints, de maniere
qu'il n'avoir plus qu'une
portion du Diocese à regir :
C'est luy qui est l'Auteur
de ces prudentes Retraites
que les Curez faisoient toutes
les années àl'Islebarbe;
il estoit fort aimé de tous les
prestres. Mrl'Archevéque de : Lionadonné leCanonicatde :
S.Nizierà Mrdes Ecures son
parent. Mr l'Abbé d'Esnay a
donné le Prieuré à Mr de
Rochefort Prevost d'Esnay,
homme de mérité.
Ce qui suit aesté imprimé
à Toulouse, de la même mai
niere que je vous l'envoye.
PVBLICATION
du Sonnet qui a remporté
le Prixdes Lanternilfes.,
cette année1705, MOnsieur Magnas,de
Lectoure
,
est rAu.
teur du Sonnet qui a rem.
porté le Prix, il ne dément
point dans ses Vers cette vi :
vacitéquiest naturelle àceux
de sa Patrie, II nous a paru
que l'Allegorie de Jupiter &
des Titans, par rapport au
Roy & à ses ennemis, donnoit
à ce Sonner que lque
avantage sur les autres. On
en a fait imprimer huit, qui
sont précédez d'un Discours
que Mr deNoiec,Tresorier
de France, prononça avant
la dirtribution du Prix. On a
cru qu'on devoit faire partau
Public d'une production qui
n'est pas moins ingenicuse
que galante.
vOicy lejour, Mefieurs, oùsuivant
la coutume établie par
nostre illuflie Doyen,not/4 donnerons
le Prix à un Sonnet, que nota allons
,Jilofè parlerainsi, tirer de la
foule & du milieu du peuple pour le
couronner. -
Quelque frivole, quelque peu
important qu'ait paru ïufage des
Bouts.rimez, h des ejftrits ou trop
éleveaj
, ou trop bigarres
3
fien riefi
frivole, rien riefipeu important dés.
quil faut parler de nofireGrand
Roy : Tout devient fitieux, tout
devient difficile dés qu'il faut le
Joüer; ce riefl plus une bagatelle
,
que de juger>fi on le loue comme il
faut.
Rien riestsifin,rienriejlsia%rèa~
ble nysi touchant, pour lei esprits çfc
pour les coeurs delicats, quune louange
bien appreflèe ; rien n'efifigrossier
, rien nefi si dégoûtant qu'un
amas infinide de louangesusèes.
Les Hros & les Dieux font
également (enfibles à certaines douceurs,
ils veulent eflreflatezjfr loiïez^
mats flatl"?", & loiie\jpar une bonne
main,&foferai dire que les louanges
que l'on donne aux premiers
dans,'e monde, n* font qu'une douce fréparation ,
&qu'une beureufeantiepation
du NeSlar,quils goûtent,
quand ils font au rang des
autr:s.
QuosinterAugustus recumbens
Purpureo bibit orenedar.
Lp bon goufii Meilleurs,&la delu
Cateffe que/aytoujours trouvé dans
(gtteaimable Compagnieunion &
la iustice
,
qui malgré l'envie ne
cesserent jamais d'y regner, & qui
font presque toujours également rares
dans les Compagnies trop nombreuses
; enfinl'esprit & le/çavoir
quipresident icy, ne me laijjent pas
douter un moment de la Jînccrité de
vos sentimens, de la juflefie de vos
décidions
} ny de la bonté du choix
que vous allezfaire.
Laissez,gronder les trisses Poêtes,
qui toujoursinfortune^ & toujours
dignes de l'ejlre3 ramperont toute
leur vie, au pied du Parnajle ; ils
ne meritent pas qu'Apollon leur
tende la main,pour les aideras'élever.
Mèprisons leurs cris & leurs
plaintes,ordinaire & trisse rejlource
des méchans Autbeurs. Abandonnons-
les a leur mauvais gouss ; puiffent-
ilscomposer sans (esle
,
ils ne
peuvent mieux ejlre punism
Les vapeurs {une/es quisôrtent,
des marais & des eaux corrompues ,,
ne montentjamaisjufqu*au sommets
du Parnaffè
,
ileftrop élevé,l'aire
y demeure toujourspur, ferain &.-
tranquille.
En un mot, malgréles otages &\
lestempêtes qui grondent au dessous ,< Apollon dont nous étalons tous Icsi
ans ta figure dansnos Assemblées &',
dans nos Prix3 Apollon Proteïlcuiw
du Parnasseysçait toujoursconfèrever
le calme & le repos. Il efl le')\
Dieu de la clarté, quoy qu'ilfoit lt.
Dieudes OraclesJ ilpeut également:
promettre & donner de beaux jours><
l'Amour seul peut quelquefois luyti
disputer cet avantage.
AU ROY.
SONNET
qui a remportéle Prix. LOuïs deson costéfait pencher
la Balance,
Des Germains orgueïlleux il
abbat la fierté.
Toutcequ'il faitest grande si
1
bien concerté
Que l'Envie en frémit & garde
le iflences
Audacieux Titans, faites vous
violence,
Et n'osez plus braver Jupiter
irrité;
C'est de Juy que dépend vostre
,
félicitéi
Eprouvez sa douceur, mais non
pas sa vdillance.
Sa foudre vatomber, tremblez
Aigle ennemi,
Le Lionestdéja sur le Trône
affermi
Et le Laurierrennaissance rivages
de l' Ebre.
Si vous luy resistez encor quelques
momens,
Vouschallueztepacr él'élcélabt dr'uén,e
Elever à son nom d'éternels
monnmem.
PRIERE POUR LE ROY.
Qonfetvemusyh Çitl,ceRcywadL
lant&sage,
Dont lt bras redoutable clf lappuy
des Autels;
Puisque tes dons front mis au de./JU!
des Mortels,
Tais-le vivre toujours pourfinirson
ouvrage.
GII. SONNET. UnddoY, ton bras vainqueuremporte
la balance5
De cent Princes liguez il abbat
la b fierté;
Tu détruis un projet follement
concerté
3 Et tu forces l'Envie à garder le
silence.
L'Albion de tes cou ps ressent
la violence,
Le Batave gemic de t'avoir.
irrité,
Le fier Germain jaloux de ta
- félicité
Succombe sous l'effortde ta
haute vaillance.
Malgré tous lesefforts d'un superbe
1 ennemi,
Sur un Trône éclatant Philippe
est affermi,
Et l'abondance vole au rivage
- de l' Ebre.
Tu furprens l'Univers dans ces
moindres momens:
Tu marque chaque instant par
quelque exploit célébré.
Que la Gloire te doit d'immortels
monumens!
PRIE RE.
Arbitresouverain du mondex
T,oq}uiformasLouis four modelé , qui formM Louis pour modele
desRok,
RensJe viBoricuxsurla terre &sur
l'onde
Toutfera fournish tes Loix.
i III. SONNET. ATe loüer
,
Grand Roy,
quelleMuse
-
balance,
Tu poursuis ces projets avec
tant de jÙrté)
Et tout ce que tu fais est si bien
concerté
Qu'on seroit criminel à garder
le silence.
Comme un fougueux torrent
fond avec violence,
On ce voit attaquer ceux qui
t'ont irrité,
Et tu fixes le cours de ta félicité
Par le rapide effort d'une rare
vaillance.
Leseul brui t de ton nom impose
à l'ennemi,
Dans ses propres Etats l'Aigle
mal affermi
Perd l'espoir d'approcher des ri.
vages de l' Ebre.
La Gloirea de tes jours marque
tous les momens,
Et toûjours attentive à ton re.
gne célébré,
Eleveà tagrandeur d'éternels
monumens.
PRIERE.
Qyfil suisse vivre heureux ce fameux
Conquéranti
Tour l'interest du, Ciel>ilfait tou-
>
jours la guerre, Qu'ilyfoitun jouraujjîgrand
Qu'il l'estaujouîd'huysur la ter.
re,
IV. SONNET. TEnir du monde entier le
destinen Balance;
Sage, comblé de gloire, heu-
-
reux,plein de fierté>
Prévoir de ses Rivaux le dessein
concerté,
Souvent d'un seul regard leur
imposer sience i
De son juste courroux régler
la violence, Quand tout cede au transport
de son coeur irrité,
Répandre l'abondance & la
.t: 1 } Jeilc"tte,
Sur cent peuples témoins de sa
haute vaillance,
Vaincre
,
faire des Rois,
dompter son enmmi,
Triompher sur le Rhin de son Trôneaffermy»
Porter l'éclat des Lis aux fameux
bords de l' Ebre;
seigneur) du Grand Louis , foutiens
les dejtinèesy
Egale sa gloireà nos voeux, -
Et le nombre deses années
A ses nobles projets & ses exploits
fameux.-
L V. SONNET. Espagne qui tenoit ta
Grandeuren balance,
Louis voit par ton sang r'animer
sa fierté,
Que ce projet fut beau? qu'il
- fut bien concerté;
Conceu dans le secret, conduit
dans le silence - ?
Tu l'as executé, Grand Roi,
sans violence, Le Demon de l'envie en paroist
irrité,
Il s'oppose par tout à ta selicité
>
Maigrelesvains efforts d'un
cruel ennemi, De Philippe ton fils le Trofne
est affermi,
Il domine adoré sur le Tage &
sur-l' Ebre.
Quels plus heureux succés?
encor quelque momens,
Et detant de jalbux la défaite
celebre
Va dresser à ton nom d'éternels
monumens, PRIERE.
Seigneur de vostrebrasappuyez^nb*
treRoy, Il ria pour tout dessein que celuy
de vous plaire.
21protégéfinfils, ilsoutientvofire
Loy.
Pue & Chrcftien,peutilmieux
faire.
HVII. SONNET. Eros dont la valeur tient
la Ligue en balance,
Quel triomphe pour toy d'abbatre
sa fierté,
De confondre à Tinftant ce
qu'elle a concerté ,
Et deforcer l'envie à garder le
silence.
Quandon trouble la Paix on
te éfait violence,
Mais on Cent le malheur de t'avoi
r irritéy
Mars toûjours attentif à ta
félicitéi
Ne donne ses Lauriersqu'à ta
noble vaillance.
Philippe efi- à couvert des
traits de l' l'Ennemi,
Son Trône est puissamment par
ton bras affermi)
Malgré l'Aigle jaloux il regnera
sur l' Ebrc,
Maistriser ledestin,& vaincreà
tous momens,
C'est rendre, puissant Roy, ta
gloire si celebre
Qu'onen verra par tout d'éternels
monumens,
PRIERE.
l'Qur dux Peuples unis j'implore
ton fecoun ; --
Tupeux,Seigneur lessatisfaire.
Louis fait leur repos., & lefera
toujours ;
Conferve leur un Roysinecessaire.
VIII. SONNET.
CLa France à l'Empire. Esse Empire orgueilleux
d'oser mettre en balance,
Ta force avec l'éclat de ma noble
fierté,
Dequoy sert ce projet follement
concerté,
Louis va te contraindre à garder
le silence.
Le pouvoir de son bras sans nulle
violence
Fait redouter par tout Ion cou-;
rage i,rrité,.
Pourquoy. troubler le cours de!
ta félicité\
As-tu pû te flater d'égaler sa
vaillance?
Contre tant de hauts faits, impuissant
ennemi,
Son invinciblefilssurleTrône
affermi,
Fait briller ses vertus dans les
1 Climats de l' Ebre.
Ainsi ses beaux exploits croif*
fane à tous momens; Jusques dans ces Estats sa con- questecélébré - Eleve , à sa grandeur d'éternels
monumens.
PRIERE.
Grand Dieu qui de nos Rois réglés
les dessinées
, Et qui veilles toujours au bejoin des
sujets5
Du Héros des François prolonge
les années,
Puisqueluyseus peutnous donner
la paix.
Le Sonnet qui est au commencement
de ma Letrre,
avoit son rang parmy ceux
que vous venez de lire, mais
je l'ay retranché
,
afin qu'il
ne se trouvast pas drux fois
dans la même Lettre CeSon.
net avoir reçu de grands ap:
plaudiffemens à la Cour, qui
n'est point un pays de flate.
rie pour les ouvrages;de sorte
que son peut dire que l'on
n'y approuve rien qui ne foie
parfaic&de bon goust.
Je vous envoye deux Epi.
trss deMr le Duc de Neverst
adrefleesàMr le Marquis de
Dangeau, & deuxréponses
de ce Marquis. Comme je
connois leur modestie
,
je ne
leur ay point demandé la permission
de vous les envoyer:
quand une fois les ouvrages,
d'esprit font échapez du Ca:
binet de leurs Auteurs, ilest
impossible d'empêcher qu'ils
ne lerépandent dans le monde.
Les ouvrages de cette nature
doivent coûter beaucoup
plus que les autres, parce
qu'ils renferment presque
autant de Rimes que de
mots.
A MONSIEVR.
LE MARQVIS
DEDANGEAV.
ËPITRE.
Grand Danreau-
Qui bois l'eau
D*Hipocreriey
De Touraine
Gouverneur,
GrandSeigneur
Surla Seine,
Encejour
Vndcsjàges
Perfinnages
De la Cour.
Cygne aimable
Dont le chant
jlgreable
Nous plaist tant
Pour entendre
T'esconcerts>
Lefin tendre
De tes Versy
Je ranime z~-
MoneJPritq,
Etje rime
Cet écrit
Que je lime.
~-~ 1
Sur messens
Vieillijfans
Tout s'efface;
Refouillons
Les filions
Etla trace
Du Printemps
De mes ans.
JIntercede
rasfaveurs
Dodes Soeurs
Et vojlre aide;
DonneZj-mo
Ce beau plefire
D'or d'éleéfre
Queje <voy,
Pour produire
Sur ma Lyre
Les beaux fins
Des Horaces>
Des Marons, DesNafonsy
Et des Stacesy
Comrnençons.
Quoy qu'onfajfe
Le temps paffe
Ces beaux ans
Florifans
3 Pleins dejoje,
D'or de foye
Ton* filez..,:J
Sont par l'âge
EcouleZ-J.
Queldommage!
Du débris
DesIris
Rien ne reste
y Trop funefie
Pour nos jours
9 Llbïùnt.
Libitine
En termine
Le beau cours.
ToyJ célébré
Courtisan
9 DeiAlgebre
Partijan
Très - insigne,
Homme digne
D-'un bon-heur
Sans limites9
Plein d'honneur
Demérites,
Doux>poli*
Etrempli
D'honorables
Dignitet,
Et d'aimables
Qualité^
Lecoeur tenddrree
s Prest toujours
Afè rendre
Aux Amours ;
PromptJ fidele
, Satisfait
Quand tattrait
D3une Belle
Te rappelle.
Jete ruoy
Près du Roy
De maniere
A luj plaire9
Quel bonheur!
Quel honneur l
Nos affaires
Militaires
Vont tres -
bien;
Il n'estrien
Qui ne plie;
Alfoiblie
Par Villars
Nouveau Mars;
L'Aigle tombe
Et Juccombe
s
Les Germains
Sont atteints
De nos glaives
Eblouis
> Quels Eleves
Fait Louis,
Plein de bile
Etd!aigreur,
L'Empereur
Tout debile , Tout chagrin
Se lamenote
9 Viens enfin
Paix charmante>
Amener
La Concorde,
Enchaîner
La Dijèorde.
Maistrop loin
Sans besoin
J'abandonne
Aies regards.
Laissons Mars
Et Belionne,
Etchantons
Sur des tons
Moins horribles
Moins terribles.
Si tu veux
Estre heureux3
Et revivre
Il nefaut >
Que me suivre
Au plutofis
Le tempspresse
Vienssans cesse
Voir à Seaux
La Nature
Toute pure,
Etses eaux
Jaliijfantes
,
Si charmantes>
Vn Palau
Plein d'attraits,
Ou reside
Cette Armide
QQ.u.-,i sans art
D'un-regard
Nous enchante,
Dont tout vante
Iry bas
Les apptU;
OnJeligue,
Chacun brigue
Sesfaveurs,
SaPut(fance
Sur les coeurs
Est immenjèj
L'influence
De Jes yeux
Efi un charme
Quide/arme To,us les Dieux.
Tour bien faire
Ne difere
Plus àj voir
Sonpouvoir,
Ses lnerveilles
Sanspareilles j
Prens ton temps
rel quEole
Viens,cours ,vole,,
Je fattens.
REPONSE
DE Mr LE MARQUIS
DEDANGEAU,
A L'EPITRE
DE MONSIEUR
LE DUC DENEVERS.
Invoquons
Les OrbhéeS}
Les Mpfèef;
Evoquons
Pitagoore)Dontfim*plore
Lesecours
Pour les nombres ; Jay recours
Aux lieuxfombress
Dottes Ombres
Secourez..,
Mon geniey
Prens enfoin
Polimnie
Jlaybesoinj
,.,D'harmonie.
Le Nevers
Dans ces Vers
QJM me chantent,
Et m-enchantent,
ATasurpriss
Ses écrits
Sontsublimest
Deqttel prix
SontJesRimes;
Apollon en étonne9
Son Vallon
En resonne
,
On Si plaint,
Ony craint
QuelesAlufes
'Tropconfuses
Dusçavoir
Qrnlfait nJGir
Alarmées
> Mats chttrmées
De Cefyotr
De l'avoir3
Ne tenlevent
De ces lieux
fufquauxCieux
Ne télevent.
Ces neufs Soeurs
Dans leurs Choeurs
De Musique
Chanteront
Sur leur Mont
UnCantique j
Magnifiques
Ecriront
Surfin front
Qujl doit estre
Leseul JVLaijtre>
Et diront
jiu Blond Pere
De lumiere3
Eclairez^
Parcourez..,
&Hemijfhere ;
L'Univers
Vous référé
LaisseZ;faire
Prose &Vers
A Nenvers
Vojlre Frere,
C'ejtceluy
Quisçait flaire Aujourd'?huy ;
Et quidoute
Que Phoebus
S'ilïécoute,
Neredoute
D'estre exclus
De l'Empire
De la Lyre,
Et qu'enfin
Le Destin
Ne lechasse
Du Poernajfe
* En mettant
A l'inflant
Danssa Place
LeNevers
Qui me chante9
Et m'enchante
DanscesVers.
C'eji un homme
Par qui Rome
Refleurit;
Son esprit
Est Jublime
Il ranime
Mes accensy
Et jeJèns
Que ma raeine
D'orgueil pleine
Va danspeu
Prendrefeu
9 Mais je nosè
Mettre au jour
Vers ny Proje
Qui suppose
De l'amourj
'La rvieilleJfc
Doit calmer
Cette Tvrejfe ;
Latendresse
Peut charmer
La jeunefe.,
L'animer
A tout faire
Pour Cithere3
Qui fiait plaire
Doit aimers
Il Il - A notre age.
Ilfied bien
D'estrefage,
9ons, rien
Qui nom trouble"
Qui redouble
Nos malheurs;
Un coeurtendre
Trop de pleurs
Fait répandre;
Combattons
Refilons
Avecforce
A l'amorce
DesplaiJirJ
3 Desdésirs
Quinomrefirent
> -, Ils empejlent
Tout lecours
Des vieux jourss
Lasagesse
DeceRoy
Quejevoy
Sans foiblessey
Nousredresse
Vous&moy; Il neflnge
Quabanir
Le menflnge,)
Qi£a punir
L'injufttce
Et le vice;
Dans la Paix
Ses biens faits
Sur laterre
Il répand)
Dans laguerre
Son tonnerre Ilreprend,
EtJfafoudre
Sous Villars
Met en poudre
Les Rempars;
La Montagne iyAllemagne
S'applanit;
On sunit
AABaviere>
-
ElBeaaveteurer,.',
Conducteur
De Gentfiere
Et guerriere ;
Que d'exploitst
Mais facheve
Car féleve
Trop ma voix;
Ma Trompette
Sois muette, Viens Hautbois>
Chante &vante
Ce beau Bois:
QQuuieMmeancrhyalntey;
Efîrempjl.
De merveilles
Non pareillesj
Leseul Seaux ji des charmes
Presque égaux;
Sans allarmes
Ony<vit,
Touty rits
L'heureux Adaijlre
De ces lieux
Fait connoifire
Quefin efire
Vient des Diems
Ton Armide
T reside ;
1 prejide
3 Sow ces pas
On voitnaiftrc
Les appas
Ouel'Aurore
Et que Flore
Font éclore
Ici bas:
Ta peinture
Ta figure
Trait pour traita
Vive ,
belle
> Naturelle
> Non, Apelle
N'eust pasfait
Vn portrait
Plmfidelle3
Je le croy
Digned'elle
Et de toy.
ji MONSIEUR
LE MARQVIS
DE DANGEAV.
EPITRE.
L'AIre heureux>
Lumineux,
T-el
TaPlanetea -
Ton ajfete"
Ton appuy
Qui eineire.,
Mefait dire
Qujiujourd'huj
Tu surpasses
Les Garains;
Les Marine.,
EtleITassès
Tant vantez,
Tant citcZ:I
Que tu limes
Mieux tes Rime4
Que Trifiant
Que Racan,
Que laSuje3
Et la Must
Qui nourrit
Ton efyrit
Harmonique
Et Lyrique
De douceurs
Etdefleurs,
EJtplus vive
PIUfactive
QueJes Soeurs.
Ouy cesielle
Que je veuxj Quej'appelle,
Et les deux
Antevortes,
Et Poflvortes,
Pourfournir
L'Avenir
De tes veilles
Sans pareilles * Et desfins
De ta Lyre.
Que fadmire
crel leçons,
Desàgesse
Prés de toy
De la Grèce
, Sur mafol
LesJeptSages
Personnages
Ne font rien
> yiujjl bien
Riennégale
Ta Morale
9 Et pour moy
Qjtandje voy
Urame
Exaltan,t
Ton genie
Eclatant
Je mevante
Te chantant>
Que je chante -
Diofante Raphaël, ,
Et Stiffel,
Et Bombel.
Ces Grands lïdaijïres
Geomêtres
Ces Auteurs
Inventeurs
Trifm-egijlîres
Algebnflres.
L'Alfabet
Quils ont fait
Logifiique>
Ideal.)
Numeral,
Et CoJJiqMe
y AJurpris
Aies ejprits:
Tous ces nombres
Compliquez^>
Dijfequezj,
Noirs &jombres>
Dans messens
Impuijfans
Sont des ombres : jiusecours !
J'ay recours
jLvojtre aide
uirchimede
>
CajfwiP
EtLagni ;
Le TrÓiangle,
Le Rectangle,
Ce quarré
Bien tiré
ParmeJure
Quon figure
*T~-<outéga<~l
Latéral
, iQuon dérange
Ses costet
Limitez.,
Qjion les change,
11s'en fait
Comme on ffait
UnTrape&e
La Sinteze
De bien prés
Examine
Les progrès
Les combine,
Puisaprès
Les compare
Aux sujets
Etpréparé
Les objets
Difjjopwt >
- Dmijant
Chaquechojè3
Et cornpofè
Danslessens
Des images
En eflages
Differens.
LAnaljfe
Seuleyuije
Dans l'enclos
D'un cahos
Sa lumiere Elleéclaire ,
Et voit tout
Et refout
Theorêmes
9
Et Problêmes,
Pénétrant
Etmontrant
D'admtrables
Qualité^
:1 Depalpables
Ventes
Zététiques
Et pratiques.
C'efraIfezj
y Hola,JVLufe , FimffeZj,
Oj£onexcuje
Mon fran/port;
Lamatiere
Hï'ejtsifort
Etrangère>
Que fay tort
De produire,
De décrire
Au hasard
Defigurés
Sans parures
Sans nulArt
Mal formées
9 ArrefieZj
> Evitez^
Vers Pigmées,
Mon courroux
TaifeZ-eVOUS.
RFPONSE
DE Mr LE MARQUIS
DE DANGEAU,
A MONSIEUR
LE DUC DE NEVERS.
Archimede
Je j te cede,
Je riayyas
Mon Lexique
Hijtorique s
Cet amas
Efil'unique
Spécifique
AuxCombats
Que tu livres
Je riaylivres
Ny sÇavoir,
Pour pouvoir
Me dejfèndre,
Pour entendre
Desdiftours
Si fultimes,
Quoy quen Rime¡
Et Vers courts.
LAnaljfe
Que tu fais,
EEijli eexxqquuitfftè
Et précije
> Ses effets *
Agreables
9 Raiflnnables)
Nom font rvoir:
Ton sçavoir
Algebriques
Ta Logique
Nous explique
Les ressorts
Par ou tAme
Vive flame
Jointe au corps
Sfaitproduire
Ses accorts9
Quifontluire
Les Trefbrs
De Nature
La plus pure.
Vray Platon,
Vray Socrate,
Philojïrate
, Licophron
D3Emberijè
Stagirifè
Tel enfin.
QueFicm,
Ptolomée
3 RoyVOiJill
D'Humée
S'ilteut vu"
S'ileutpu
Te connoistre,
Voir p-aroijire,
Tesécrits9
Les eut mis
Bien Traduits
Dans l'agile
DelaVille
Qui du nom D'Alexandre
Voitde/cendre
SonRenom.
Tes Armées
De Pigmées
Combatroient
Et metroient
Sans nule doute
En déroute
Vers Geants
DesTriflans
DesRacans,
Et Malherbe
Sifameux
9 Si futierbe
, -
Tout honteux
Devanteux
Plus bas qu'herbe
Ramperoit3
Et ruerroit
Sa memoire
Selfétriry
Et sagloire
Déperir;
Mais facheve
Etfais Treve
Au Combats,
Je fuis las>
Et ton Mètre
Geometre
v2\defaitmètrei
firmes bas. _-
Jeteloué
- Etmavoué
Pourvaincu
Je mepâme
PEJt rend PAme; vécu.
Les Vers qui suivent font
e Mr de Bellocq. La reutation
de ses ouvrages
ous oblige à m'en denander
souvent 5 mais il
travaille rarement.
kA MONSIEVR.
LUMARQVIS
DE DANCEAV,
EPITRE.
Enchaîner
Et trainer
En prijon
La raison>
C'ejl le crime
De la Rime, réaux.
Dans fis mots
Fort Jalé3
A moulé
Les travers
Ouse jette
Vn Poète,
Dans des Vers
Ou domine
La mutine.
Cependant
-'
L3Ascendant
De Daweaw
Efl si beÓau;
Dans le doM
D'Apollon ----
Mancini
Infini
NOMSfait voir
Tel pouvoir,
Quils étonnent
-' Et façonnent
En deux mots?
Des propos
MoinsgêneZ;
Mieux tourneZ
Que tAntique
Laconique.
Plein de feu9
Leur genie
Fait d'un jeu ~0*~i~i-l~ mmaanniiee
Doctement
Des Pucelles
Immortelles
L'ornement.
Vers tronqueZ.;
Applique'{
Aux combats
jufqutcy y
N'avaientpas 1
Reüssi
Cejargon
JSPeJtait bon
Quen Burlesque:
Leur ejprit
Gigantesque
Convertit
CheZ tow deux
Le Grotejque
En Pompeux.
Toutechosè
De leur part
Dervient Ro/e:
Le bel Art
D'Hippocreine
Fait leur veine j , Kuijfeler:
Louer parle,»
Fait couler
Le Pafiole.
O, Marquis!
Donne-moy
Comme à toy
Coufiexquis! ma Adujè
Fay venir
Crace infufi
9 Pour fournir
Du sublime
9 Four unir
LaIvufln
jiu doux fin
De la Rime!
Si j'obtiens
Que mes Vers
De NerzJers
Oudes tiens
Ayent tEmphajè;
Souverain
DésleRhin
Jufyuau Phaje ,«~/7
Je Jerois
Moins heureux:
Jecroirois
Que mes Voeux ,Sontcomble
Redoublez^
Beaux esPrits:
Que Paris
Quela Cour
Tour à tour
VOtU admirent;
Qiilsflupirent
Pour'vosChants,
Comme aux Champs
Fait la Biche
Pour les eaux.
Des rmjfeaux
De l'Autriche
Depeigne,zj La terreur:
Contraignez^
Lafureur --- JA firtir
Defion Antre,
Et venir
Se blottir
Dans le Centre
Delétat
Dujaloux
Potentat,
Qui pour nous E,(ta7 plaindre
Fhis qua craindre*
Vostre voix
De Tonnere9
Desexploits
Delaguerre
Peut parler,
Et mêler
Sonaudace
Au Canon
DuDémon
DelaThraceJ
Dontle bruit
Nous instruit
En Campagney
Des Succès
Du Procès
Del'Espagne.
Chantes-nous
larquels coups
LAmejiere
De Bavière
Va rangoer Fus> & Frerei
Et charger
Du renom
Defin nom
Lamemoire
De L'Hifloirt.
Moyy qui/fais
Me borner
j
Pointne vais
Entonner
La Trompette. t/
Ma Mujette
Dans les bois
A ma voix
Sur Iherbette
Se joindra
Etfera
Retentir
Les Hameaux
9 Reverdir
Les Ormeaux
En nommant
Seulement
La Prmcejfc
Quejefers.
La Deesse
Dont lesfers
Font la gloire
De ce Dieu
Quen tout lieu
La Viéloire
Sert, &fuit
Agrand bruitP
Autresd'elle
NJejfpoint belle.
Deson teint
Le Lys craint
Lafraîcheurs.
LeJasminJ
De là main
La blancheur;
L'incarnat
De la Rose
Montrer rioje
Son éclat
Moindre endoje.
Les Amours
Etlesgrâces
'1 Sonttoujours
SurJes tracesx
Lajeunesse
La caresse
Tendrements
Lenjoument
La devance
Galament:
Uexellence
Desaâanfè
Rit aux Jeux;
Moinslereres
Sont les SÓpheres
Des hauts Cieux:
L'oeilJe cole,
Le coeur vole
Surjespas:
Onadmire3
Onsoupire,
Mais fortba*.
Quel eJfrit !
Qu'ilfleurit!
Vif;) &doux
Les Louis
Ensint tous
Eblouis.
Le plusgrand
Quilsurprend
Parsa grâce>
Sj délasse
Sanstémoins,
Des grands feins
Que luy donne
Sa Couronne.
Mais.,comment?
Inflmment
Trop rustique,
Quel Cantique.
Paix! hola!
Sont-ce la
Des objets3
Dessujets
Faits pour nous ;- Ma Aiufette?
Tai/è^j-<vow3
1ndifèrette.
Je vous envoye les noms
des Chevaliers reçûs dans
l'Ordre de Nostre Dame du
dont Carmel, & de Saint
Lazare, depuis le 7. Janvier
le cette année.
Gilbert Gnyon de la Chevalerie,
Gentil homme Poitevin,
frere du Lieutenant
Colonel du Regiment du
Boulay.
Jean Jacques Lumagne, Chevalier
Seigneur de la Vaure,
Capitaine du RegimentSuiflede
Mey.
Simon Antoine de Grandcourt,
Sieur d'Orgemont,
Capitaine dans le Regiment
pe Moranges.
LouisComtedeSmihanne.
fils & petit fils des Comte
de Bosnie, Lieutenant refo
mé dans le Regiment dl
Roy.
Charles Claude Guyon
net de Vertron
,
de l'A
cademie Royale d'Arles
Historiographe du Roy
Chevalier Bien-faicteur de
l'Ordre.
Freres Servans d'Armes
Pierre Salomon Pothoin
Avocat en Parlement.
Jean Jacques Fruitier Seigneur
de Saint Vaast, & de
Montigny ,Lieutenant particulier
du Comté de Saint
Paul en Artois.
Je dois ajouter icy la re-*
ception d'un de ces Chevaliers
seulement, pour ne vous
point repeter plusieursfoisles
mêmes ceremonies.
Le 3 Juin, Mr de Vertron
fut reçûpar Mr le Marquis
de Dangeau, GrandMaître
de cet Ordre, cette reception
se fitavec l'agrement du Roy
quin'estleProtecteur. A prés
la Messe& la prestation de
Serment faite parMdeVertron,
Mr leGrand Maistre,
&Messieurs les Comman-
:
deurs & principaux Officiers
de cet Ordre s'assembleres
dansla Salle du Chapitre de
Reverends Peres Carmes d
SaintSacrement desBillette;
Mrde Vertron en habit d
Chevalier, fit le remercie
ment qui suit dans leque
vous trouverez autant d
traits d'éloquence que d'hit
toire; vous sçavez qu'ilcontinue
d'écrire celle du Roy
en prose latine, quant à l'éloquence,
ilen a donné souvent
des preuves & particulierement
dans l'Academie
Françoise,où il a eu l'avantage
de parler au nom de
Acade.m,ie.R.oy,ale.-d.".A-.r.l-eJsJ.
prononça le Discours suivant
d'une maniere agreable,
k qui luy estnaturelle.
1 MESSTEVRS,
Jesens bien que mes CxpreJJîonî
font infiniment au dessous de l'bon.
neur que vous venez^ de me faire:
mais je craindrois avec juflice de
m'en. rendre indigne, si je gardois
plus longtemps lcftlence. Non, rien
ne peut me dispenser d'une loy que
ma rectnnoiffance rnimpofe ) & si
mesyeuxfont éblouis de Lagloire
que vusrépandez^ (urmjy,ma Jangue
ne doit pas demeurer muette en
£ette importante oLctfi-n.
L'Ordre de Nostre Damedu
Mont Carmel & de Saint La.
zare de Jerusalem
,
dans. lequt
vous mavet^ fait la grâce de mi
recevoir, estJi considerable par luy.
même, qu'ilriapasbefoinpour bril.
1er3 de ces grands efforts d'éloquenci
quirelevent les choses lesplus baffes;
sur de pareilssujets, la vérité tout'
nuë en dit plus que lesfiEtions !CJ
pilis recherchées, & pour les exprimer
, comme il faut, on ria qu'.
les reprefenier tels-quilsfont.
Voilà, Me.flîeuïs3 ce qui menhardita
vousentretenir sur une matiere
dont vous cfics mieux inflruits
que moy h le ne vous diray rien dt
nouveau5jechercheplutfiàsi.;ter
voflre inclination
,
i-iia satisfaire
voflre curioftè, d" je ne crainspdf de
vous ennuyé? en ne vous disant que
des choses qui font toujours presentes
à vos esprits,toujours capables
defurprendje agréablement ceux a
qui elles font inconnues.
En effet,Meilleurs, il n'y a per-
(onne dans cetti noble Affembte,
qui ignore que l'ordrequ'ila embrassè
, nefoit ptefque aujjî ancien
que la Religion qu'ilprofesse. A
peineya-t-il eu des Fidèles dans
le monde, qu'ils ont foulé du saint
deji.'- de visiter des lieux où les plus
"augujlcs Mifieres de nostri Rédempuon
ont esié operemais tiUS ces
Fideles ne se font pas bornera ren.
dre un sijufie devoir au depost adorable
que les murs de Jerusalem renfermaient
; c'lrenfin il s'en efi trouvé
quise font genereusementdévoue^
à secourir leurs frères dans les maladies
qu'ils avoient contrariées
pendant ce penible & long pelerinau;&
cefia ces charitablesCbrc\
t(iens que l'Ordre de Saint Lazst qu'Henry le Grand de triom
pbante memoire a heureusementm
à celuy de Nojhe-Dame de Mot
Qarmel)doitsanuisance.
Si ion conftdere, MtJJteurs
quels ont eslè nos glorieux Prede
cejjeurs, on verra, que leur gjti
augmenta ,
a mesure que les besoin
despieuxVoyageurs s'dcrurent. Lt
Infidellespat un jufie & terribleju
gement de Dieu, s'efioient rendu
maistres de la plus fdinte Ville d
monde. Les chrejliens n'osoient
aller baiset les traces de leur Divil
Rcdempteur, dans lajufte appre
henfion de tomberfous la dure tiran
nie de ces Barbares. Ce fut-là
iïfeffîeurs
, ce qui obligea les Che.
valiers de Saint Lazare à prendn
les armes, & à répandre leurfang
but dèlivttr le Qhrifiianifms d'une
'cruelleoppre/Jtou
3
leurvaleur èclat
bientofl aux dépens de leurs enntlisy-
les vasles Campagnes d'Idulée
rougirent souvent d'un fang
mpit}&les rempars orgueilleux
t Pcolemaïde
, que ces malbeueux
SeElateurs du faux Prophète
Mahomet occupoient3 ne purent
tnir contre le puifli-lnt Belier de
es invincibles Athletes de Jefus-
Dhrift.
L'Ordre de Saint Lazare
stoit trop agréable aux yeux de
Dieu, pour en demeurer là : unt
igesibelledevoitpouffer des rejetont,
qui contribuassent à l'eterntferr_
jr vous n'ignorezpas que l'Ordre
de Saint Jean de Jerusalem, qui
rendu Rhodes
,
& qui rend encore
,ujourJ'hlJ] Malthe,siterribles à
l'Empire Ottoman ) n'el qu'un iL
Infire rameaud'untroncsi ptecieuz
e-sifécond.
Ces traits d' Histoire
,
Mefteurs,
vous remettenten mémoire la naifsancty
& les progrès de cet Ordre
Royal, Militaire, & Ho/pitaliel
tout ensemble ; Ordre que Pie V.
appelle le plus ancien de la charité&
delami ede Jesus-Christ.
PJJfJrproftve" fan origine
, ilfaut
lemmter au quatrième fiede
,

Julienl'Apostat exerça ses perfidies
& lès c:,udufeznntre ces braves
& p!.'ux Ch-v<.ilic->sdont vous
esseslesfidellcsimitateurs Soninftitutron
efl si pire & si (ainte, que
f>lu[îe%'s Souverains Pontifeslacon.
fii-nerent*>:ird"S Belles lesplusantoeitiqurs&
l'enrichirent des privilèges
lesplus honorables
;
quelques
Empereurs , & même des Rota
d'Angleterre & de Hongrie contribuèrent
àfon élévation :maisparticuliefement
nos Monarques, qui
tomme Fils ttÎneZ de lyEglise, ont
suivyde pluspicslyexemple des Vicaires
de lefus-Chrifl, par les honneurs>
les prérogatives, & les droits
qu'ils luyontattribuez^ Decélébrés
Conciles en ont approuvéles privileees,
& le (aint Siege a commis les
prélats, pour en eflre lcs Confervateiirs
:
Lhfin de grande & saints
Docteurs el ont fait l'eloge d'une
manièrehle rendre venetablea toute
laPaterne. l'ay(Lia eu l'honneur de vous dire,Me/ïiiurs, que Henry IV.
excitéput unfentiment de Retzgion,
0'" pat une dévotion particulière
four la Sainte Vierge,injlituoe
l'Ordre de Noftrc -Dame d
Mont Carmel qu'il unit à cek
de Saine Lazare; ce grand Re
ordonna, que tous ceux quiyseroient
reçus, s'engagement par des voeu
solemnels à défendre leur Patrie,C
lesAutelssacrez, &qu'ilfaudroit
pour aspirer à cet honneur, qu'il
fussentégalementennoblis par leur
naissance, & par leur vertu: Ce
pendant ilfaut avouer, Messieurs
que ces deux dernieres quatitezne
se rencontrent pas toûjours dans un
même fijeti de quelquenobl
sang qu'on soitsorti,on enconserve
rarement toute la pureté, jusqu'à la
dernieregeneration ; & quoy qu'un
jeune Gentilhommen'ait queetèda
tans modeles à imiter, dans les perfonne*
deses illustres ayeux, iln,
Laissepu de s'abandonner quelquefois
"Õis a des fuyionsflateufes, qui la
çont malheureusementégarer de la
route qu'on luy a tracée.
Henry le Grand prit foin de
prévenir ce malheur, qui auroil pic
ternir la gloire de nostreOrdre. en
luy donnant un Grand- Matfire dontla naifiance & la , vertu estoient
yineralemtnt reconnues : Tel fut
Philibert de Nereftang, Capitaine
de ses Gardes, qui termina
llorieufement sa carriere
, en prodiguant
son fang pour les intcrefls
de sa Patrie, dans unfameux combat
,
quifut donnéprés du Pont de
iCV, ou ce grand homme commandoit
l'Armée,
Je ne m*étendray pas davantage
sur une matiere , qu'une plume plus
iéloquente, que ma houche, traite
.avec toute la dclicatejfe
,
& toute
Vénergie
,
quelle demande; & j
laifferay les aUlles Grand-Maistre.
qui ont suivi ce premier, pour- ne
7nattacher qu'à celuy qui Les sais
tous revivre aujourd'huy
,
& qut
Louis le Grand a donné pour lai
conduite de l'Ordre3&pouren eff"
le principalornement.
j Mr de Vertron se leva pour
lors, & adressa la parole à Mt.
le Marquis de Dangeau.
Otty ; Mgr, permettee, que'jt
fdffi icy violence à vojhcmodeftieJ
pour montrer a meschers Freres
, quellesobligations nous avons au
plus glorieux Monarque de
l'Univers. Pouvoit-ilmieuxnou*
faire voir qu'il e/lnoÍl:re Auguste
& Souverain Protecteur, qu'en
nous donnantun Chef, dontnous
n'avonsqu'àfuivre les tra.es3 poui
1
forter lagloire de nofire Ordre
,
aujjî
loinqu'elle ait jamais esté, Quelle
pieté! quelle fagejjelquellegrandeur
d'ame ne remarquons-nouspar
en vous, Mgr, quel zele four le
maintien de nos privileges ! quelle
vigilance à prevenir les abus qui
fourroient insensiblement se gliffi,
parmi nous ! quelle fidélité pour un
Prince, dont les interests font infefarables
de ceux de Dieu ! Avec
quel foin ne répondez-vous fas à
l'honneur de sonchoix par le nouvel
établif/èment que vous avez, fait,
d'une Ecole de jeunes Gentilshommes
, qui font élevez. à vosfrofres
défens
,
dans tous les exerciceJ qui
conviennent égalementala noblejfey
& à la vertu: ce font autant de
plantes que vous cultiveZ, & dont
lefruit embellira bientost l'Ordre5
quia l'avantagede vousavoirpouf
Grand-Maifire.
Je ne finirok point, Mgr, si je
n/iengageois dans un détail de vos
rares qualitémaisf-e riay pas
besoin de les expofer a desyeux qui
enfont tous les jours les heureux témoins
: Pour moy , content de les admirer)
ie borneray mon zele à demandersans
ce/Je au Ciel la conservation
de la Personne Sacrée du
Heros) à qui nous devons ce pre-l
deux Tresor, ei- celle de ce même
Tresor, dont il avoulu nous enrichir.
1
Il est à propos de vous dire
presentement que pour estre
reçû dans cet Ordre Royal,
on examine non feutcmcnc
les titres, mais encore la conduite
du Prétendant; ainsi
ila besoin des témoignages
du serment&de la signature
de trois personnes irreprochables,
connuës, & dignes
defoy.MrLeullier, Doceur
de Sorbonne, & Curé de
Saint Louis, Mrle Ragois de
Brettonvilliers, President en
la Chambre desCompres,&
M' de la Fons, Procureur
General de la Cour des Monoyes,
ont tous trois rendu
justiceàMrde Vertron
,
qui
fous lesaufpices de Mr le Mac*;
«pis de Dangeau , eut l'hoa^
neur le16. de Juin à Trianon
de remercier le Roy de l'agrément
que Sa Majesté luy
avoit donné, & en même
temps de luy presenter au
sortir du Conseil, de nouveaux
& curieux Ouvrages,
de safaçon,le 17 il en presen.
ta d'autres en differentes langues
à Monseigneur le Dauphin,&
le18.à Madame la
Duchesse de Bourgogne. Sa
Majesté
, & ces Puissances
luy firent un accüeil tres favorable.
Le18.JuilletlaFestedeN.
D. du Mont Carmel, fut cele,
brée parlesChevaliers decet
Ordre avec les ceremonies
l'
ordinaires, dans l'Abbaye de
; Saint Germain des Prez. Mr
fle Nonce ordinaire, & Mr
f l'Ambassadeur de Venise y
I assisterent incognito dans
I une Tribune.
Onreçut ce jour là Chevaliers,
LouisJoseph Daquin,
t, Comte de Scelle,cy- devant
t. Capitaine au Regiment des
1 Gardes Francoises,& prefentement
Lieutenant pour le
j Roy de la Province d'Orleat.
nois, & Claude Dorat ,ChevalierSeigneur
de la Barre,
Richardec, Brayer, & autres
lieux, Seigneur Spirituel du
Prieuré Commendataire de
de Nostre Dame de Serqueux
, & de Saine Laurent
de Bourbonne,
L'Estat qui fuit vous fera
connoistre au juste à combien
montent les troupes
Bavaroises.
ARMEE
DE Mr L'ELECTEUR
DE BAVIERE.
GcnersliJJirnc. Son Altesse
Electorale.
Le Comte d'Arco Feldt
MarschalcK.
Officiers Gentraux,
JMeflicursf
De Monasterol.
Weckel.
Sefeldtetring.
Luczelbourg.
D'Atembach.
.- -. -.
Wolframfdorf.
General Wachuneifter.$
Huffars.200.h.]
ESCADRONS.
Dragons de Monasterol.
Archers Gardes. 5
Carabiniers Gardes.
Cuirassiers d'Arco. 3?
Cuirassiers dewolframfdorf 3
BATAILLONS.
Regiment desGardes 1
Regiment de Darembac. 3
Regiment de Necri.
Regiment deMafei. 2
Regiment de Lutzembourg 2 j
Regiment de Curpint 3!
Cuirassiers de Verita
'J
Cuirassiers de Weckel.
Gardes àCheval.3
Regiment de Sefeld.
Tetring.
Dragons de Monasterol 1
Dragons de Santini.-3
Cuirassiers d'Arco. 3
lCuirassiersdeWolframfdorf.3 BATAILLONS.
Regiment d'Egfort. 3
Regiment deWasser 3
Bataillons de Bergsera.3
Bataillons deSoya. j Regiment de Bilindorf.
Regiment deSpilberg
Regiment de Kifbourg.
Regiment de Koyeliiuki»
Regiment de Grondeur. |
Cuirassier de Verita )
Cuirassier de Weckel
Dragons de Santini
DragonsdeSefeld
Tetring
Artillerie64 pieces ij
Deux Compagnies deBom
bardiers.
Total. ï
Bataillons 54
Escad rons 4j>
Chaque Bataillon est de
Compagnies qui font 700,
hommes,ainsi il y a en tout
d'infanterie 23800. hommes,
Cchaque Escadron est 130 de
insi il y a en tout 5860. hommes
de Cavalerie.
Total, 29650
Il ya outre cela plusieurs
Compagnies franches repandues
dans les Places de Bariere
quine font pas comprises
icy. De plus il y a deux
Compagnies de Bom bardiers
Be cent hommes chacune,
fcc un Escacion de200 Hustars,
ces 400 hommes joints
aux autres font 300^0.
Le Roy a donné à Mr.de
Chamillart un second Brevet
de retenuë de cent mille écus
far sa charge de Secretaire:
d'Etat, à laquelle le dépar.
tement de la Guerre est joint.
Rien ne fait mieux connoître
combien ce Prince est fatisfait
des services de ce Minilirc.
Il est inoüy qu'un seul
homme suffiseenmêmetems
à tout ce qui concerne la
Guerre & les Finances, sur
tout lors qu'il est chargé du
foin de ce qui regarde plusieurs
grand es Armées
,
&de
trouver les fonds necessaires
t
pour les entretenir. C'estce
que fait Mr deChamillart,
avec l'applaudissement general
detousles Officiers & du
Peuple; des Officiers, parce
qu'ils ont tous lieu de s'en
loüer, qu'ils ont un accez facile
auprés de luy
,
qu'illes
reçoit avec affabilité, & qu'il
a pour eux toute la considera:
tion que l'on doit avoir pour
des gens de coeur qui repandent
leur fang pour la gloire
de ltur Prince, & pour le bien
de 1 Etat. Quant au peuple
il a raison d'estre content dYn
Controlleur General, qui depuis
que la Guerre presente
est commencée, a trouvémo
yen de la soûtenir sans avoit
fait aucune affaire aux dépend
du public. Il est vrai que le
Roy a beaucoup pris sur luy,
&quepresque tout ce qui a
esté fait pourachever de remplirles
fonds necessairespour
soûtenir une aussi grande
Guerre, està la charge de Sa
Majesté, &qu'illuy en coûte
de gros interests; mais ce Prince
ayme beaucoup mieux:
prendre sur luy que sur [cs
peuples, tant qu'il trouve:
des facilitez pour faire les
fonds dont il a besoin ;
mais
G la guerre continuë
,
il se
trouvera bien tôt obligé pour
en sortiravec plus de gloire,
& la faire finir plus promptement
de consentir que son
MinistredesFinances,malgré
sa repugnance, fasse desaffaires
extraordinaires, ainsi
qu'il s'en est fait dans les
Gruerres precedentes.. Ce moyen étant infaillible pour
~mecrre leRoy en état d'impofer
la paix à ses Ennemis 9-.ce
qu'il y a d'avantageux en cela,
est qu'on ne met pas longtemps
en usage ce moyen de
trouver des fonds, puisqu'
est presque toujours suivi <H
la paix.
Madame la Duchesse de
Vantadour après avoir eftci
longtemps auprés de Mada.
me en qualité deDame d'honneur,
ayant souhaitédeseretirer
de la Cour pour mener
une vie plus retirée, & pour
s'abandonner sans reserve à
ce que la grande vertu -&
sa haute pieté demandoient
d'elle, il aesté question de
faire choix pour remplir
l4
place d'une Dame qui sacquitast
des fonctions de f1
Chargequ'ellequittoitavec
autantde dignité que cette
Duchesse; & qui eut, s'il
étoit possible, ses mêmesvertus&
la mêmepieté. Toutes
ces choses s'étant trouvées
dans la personne de Madame
laDuchesse de Brancas, elle
a esté nommée Dame d honneur
de Madame. Elle est
fille de feu Mr le Comte de
Brancas, Chevalier d"ho-m--
neur de la Reine Mere. Elle
a épousé son Coufin germain,
fils de Mr le Duc de Villars,
frereaîné de feuMr leComte
de Brancas son pere. Le choix
que l'on a fait de cette D.
chesse, pour remplir la plaa
de Madame la Duchesse a
Vantadour, a esté generale
ment applaudi; ce qui doit
luy estre fort sensible.Elle
ne doit pas avoir moins de
joye de se voir auprésd'un
grande Princesse dont laboni
té égale la naissance.
Je vousay dit, il y a déja
quelquesmois,que MrrAbt
bé d'Argenson Doyen de S
Germain de l'Auxerois, ayant
esté nommé Evêque de DaI.
Mr le Cardinal de Noaiiles
Archevêque de Paris , nom**
na Mr. Chaplier Chanoine
le Nostre- Dame pour rem-
!>lir la place de Mr l'Abbé
l'Argenson ; Cette nomination
ayant fait vacquer le
Canonicat de Nostre.Dame
Mr l'Archevêque qui n'y avoit
point encore pourvû
vient d'y nommer Mr. TAbtw
bé Chevalier son Secretaire
Il possede à fonds toutes les
matieres bénéficiales,s'étant
attaché à les connoître petM
dant dix ou douze années
qu'il a esté Avocat au Parler
ment. Mr l'Evêque de Chalons
y
aujourd'huy Archevê
que de Paris, connoissant son
mérité le de venir àChalons
aprc:s ravoir choisi pour son
Promoteur. Il s'acquita des
devoirs de cet employ avec
tant de zele & de ca pacité ,
que Mr de Chalons aïant été
nommé Archevêque départs,
& connoissant le merite de
Mr Chevalier voulut l'avoir
auprès de luy, & pour l'attacher
d'avantage à û personne,
il le fit son Secretaire. Mr
Chevalier Oata passeulement
profond dans les matières
donc je vous ay déjàparlé;
il possedeparfaitement plusieurs
Langues, du nombre
desquelles font l'Hebreu, &le
Syriaque. Ilestaffable,ses
maniérés font douces,&tous
ceux qui ont besoin de son
Ministere s'en louent beaucoup.
Messieurs du Chapitre
deNostre- Dame ont remercié
Mr l'Archevêque de leus
avoir donneun si digneSujet,
Ce qui fait voir que son Em -
nence ne fait que de bons
choix, & des choix applaudie
Elle a en même temps recora*
pensé la pieté de Mr Lord
son premier Aumônier, en
luy donnant un Prieuré q4 a-%-
voitcydevantMrChaplier.
Chacun s'empressant par un
loüable zele de donner des
Cartes nouvelles qui conviennent
aux affaires du
Temps, on vient d'en donner
une qui a pour Titre.
Nouvelle Carte pour les mou*
vemenspresens des Armées, Pro.
lIincef., dessus & aux environs
in Rhin gr dela Mofette. &c.
tiréedesOriginaux lev.e;Cssïr les
lieux, dréssée suivant les non-
Délits Observations (fJ' gravee
pAf [nf/II'. Cette Carte se
vend chez l'Auteur, ruë des
yuillet
Vieilles Etuves, à la Providence,
vis.à.vis la Croix du
Tiroir. On trouve chez le
même
,
la Carte du Theatre
de la Guerre en Allemagne
& en Alsace du même Auteur,
& chez Mr Besson Geographe du , Roy, sur le
Quay de l'Orloge du Palais,
à l'ancien Buys.
Mr Liebaux
)
Geographe
vient de mettre au jour une
tres belle Carte du Cercle
de Suabe, où font distinguez
tous les Etats qui le composent,
sçavoir le Duché de Wirtcmberg,
lesMarquisats de Ba.
de & de Burgou. Les Comtez
de Furstemberg,deHohenzo.
lern, deKonigsek, deRech
berg,&d'Ottingen. Les Baro.
niesde Waldbourg, de Limpurg
& de Justingen. Le territoire
d'Ulm,lesEtatsaux Fug
gers, l'Evêché de Constant
ce, l'Abbaye de Kempten.
les quatre Villes Forestieres,
Le Brisgau, l'Ortenau
, une
gran departie de l'Alsace &
des Cantons des Suisses-Tou.
tes les Enclaves qui dépendent
du Cercle d'Autriche ,
font divisées par une couleur
particulière, l'on y remarque
û
facilement les Montagnes
& Forests noires. La toute
des Armées & les Plans des
principales Villes, dressees
sur les mémoires de Merian de , Mercator & de Wit, &
sur plusieurs Cartes manuscrites.
On trouve cette Carce
chezl'Auteur
,
sur le petic
Pont , attenant le petit
Cbaftelec, au Planisfere
Royal.
On vient de donner au
Public vingt six Motets nouveaux
à une, deux, & trois
voix, avec Symphonie &
sans Symphonie, dediez à
Monseigneur le Duc OE
Bourgogne
,
composez par
Mr Bernier, Maistre de Musique
de l'Eglise Royale ik
Collégialede Saint Germain
l'Auxerois & gravez par Mr
Baussen, ilssontInfolio,&
sevendent iz. livres reliez en
veau & 10 livres dix sols en
blanchis se vendent chez l'AU'
teur, Cloistre Saint Germain
l'Auxerois, & chez Mr Foucault,
MarchandruëS. Honoré
à la Regle d'or.
La défaite de l'Armée
commandée par de MrleBa•
4 ron d'Obdam & dont il a si
1
bien rendu compte luy mê-
: me, s'est encore trouvée
i; plus grande que l'on n'avoic
l crû j'abord
,
& la Relation
de Mr Hop
,
imprimée dans
I la Gazette d'Amsterdam à
! indigné tous les gens de bon
? sens, sans excepter meftuc
ceux des ennemis qui font
profession d'en avoir. Mr
Hop devoir prendregarde
* que lorsqu'on veut imposer
au Public on ne doit point
dire de choses qui font manifestement
fausses
,
qu'on
ne doit tien dire qui se
contrarie, ou dont on puisse
faire tirer des inductions
contraires à celles qu'on en
tire foy même en s'aveuglant
lorsqu'on croit empeïcher
les autres de voir assez clair
pour développer la verité.
MrHop devoir se souvenir
lorsqu'il dit que l'Armée des
Alliez n'estoit que de treize
Bataillons, que plusieurs
Relations qui ont parlé de
cette Armée ont marqué
qu'elle en avoit vingt. Nous
demeurons d'accord que
nous en avions vingt huit Ôc
MrHop en convient,cepen
dant il dit sans y faire de
réflexion
, & tout remply
du dessein qu'il s'estoit formé
d'imposer au Peuple de Hollande,
en luyfaisant prendre
le change, que l'ipfantctic
des AllieZ estoit sur deux lignes
à peu prés egales a celles de lInfanterie
Françoise. Si les Li.
gnes d'Infanterie des deux
Partis estoient à peu prés égv
les, le nombre desBataillons
devoit estre à peu prés pareil.
Nous avoüons que nous
en avions vingt huit. Mr
Hop ne nous les dispute pas
& dit que les deux Lignes
d'Infanterie estoient de chaque
costé à peu prés égales,
ainsi il fait voir sans s'en
appercevoir qu'au lieu de
treize Bataillons,les Alliez
en devaient avoir prés de
vingt huit, sans quoy les Lignes
d'infanterie n'auroient
pu se trouver presques égales
, de part & d'autre.
Comment les Alliez auroient
ils pû, si nous avions eu une
fois autant d'Infanterie
qu'eux, donner autant d'étendue
à leurs. Lignes, que
nousen donnions aux nostrès,
le miracle auroit esté
,-'
besu, pour des gens qui n'en
croyent point.
Mr Hop prend grand foin
de marquer que les Alliez
avoient (fié bienavertis,&
qu'ils avoient marché pour
prévenir les Troupesdes
deux Couronnes: cependant ilpoursuit en disant quel'Ennemyparut
parderriere
,
par deà
vant, & à leurscostez. Il ne
parle point à l'avantage des
Alliez lorsquil tient ce langage.
Eh, comment est-il
possible que des Troupes qui
marchent fierement pour prévenir
leurs Ennemis, en commençant
le combat selaissent
prendre en front, en
flanc, & à dos ; il faut qu'elles
ayent fait une tres mauvaise
manoeuvre, pour se laisser
ainsi envelopper,& qu'-
elles sçachent bien peu le
mêtier de U guerre. Enfin
après les avoir fait voir dans
cettesituation
,
il est nonseu
lement difficile de persuader
que la Victoire est demeurée
de leur costé; maisil
est aussitres mal aisé de faire
croire qu'elles ayent pû se
tirer d'affaire sans estre battuës.
Mr Hop dit encore sans
prendre garde aux consequences
que l'on peut tirer
de ce qu'il dit, le Commandant
general Obdama cessé d'estre D&
des le commencement du combat,
& il a tflé conduit prisonnier à
Anvers.
Mr Hop soutient aussi affirmativement
legainde la Bataille
qu'il assure la prise de
Mr d'Obdam par les François
: cependant l'un estoit
aussi faux que l'autre; Mr
d'Obdamn'ayant point esté
fait prisonnier, & ayant jugé
à propos de fuir, voyant la
Bataille perduë, pour éviter
d'estrefait prisonnier Ilya
du moins apparence que Mr
d'Obdam n'a fui qu'à l'extremité,
s'il a attendu jusqu'a ce
tem ps là pour fuir, on ne peut
douter de la perre de la Bataille,&
s'il afui déslecommencement
du Combat
,
le mauvais
succez de cette journée
est encore moins douteux
pour les Alliez,puis qu'aucune
relation ne porte qu'aucun
autreaitcommandéen saplace
: cependant il est necef.
faire que quelqu'un agisse superieurement
dans un Combat,
sans quoy le desordre
se mer dans les Troupes, sur
tout pendant une Bataille où
un General doit incessamment
envoyer desOrdres de
tous costez. M' Hop ne
marque point que personne
ait commandé à la place de
Mrd'Obdam,il dit seulement
que le Lieutenant GeneralFagel
a reçû deux blessures à latête&
au pied ; que le Colonel Balland
commandant le Regiment de Mr
d'Obdam ËMBàt4dltS
;
celuy de
Dragons d Molestein ont esté bIef. sez le Colonel, Kenenbourg
aejié tué il ajoute que les Regtmcns
de Fagel Frieshein, Nafflou)
Vpralon
, &"" deMunfier
ont beaucoup souffert, &
ne parle point de nostre
perte, parce que n'ayant
perdu personne de marque
qu'un Colonel, il n'en *
pourroit rien dire que de nia-j nifestement faux. On trouve
encore deux choses dans sa
Relation, dont la fausseté saute
aux yeux; l'une qu'ils ont
pris deux Etendars des Gen- t
darmes
,
cependant il est de ;
nocoriete publique qu'iln'y <
avoit point de Gendarmes
dans l'Armée qui a battu Mr ;
d'Obdam, & aucun n'ayant
point fait de prisonnier. Mr
Hop ne laisse pas d'assurerque
quelques Officiers qui font
morts de leurs blessures dans
nôtre Camp font prisonniers
dans le leur.
La perte de cette Bataille
doitd'autant plus chagriner
les Ennemis qu'ils ont d'abordcombatu
avec un nombre
fort superieur. & sans que
nous eussions d'Infanterie, ce
qui devoit faire tourner l'avantage
de leur costé.Lafortunedevoit
encore continuer de les favoriser aprés l'arrivée
de nôtreInfanterie,puisqu'ellefut
obligée de combattre
aprés une marche de 20. heu-1
res, sanss'estre reposée un instant
pour reprendre haleine.
Outre tous ces avantages,
les Alliez avoient encore ceux
des Postes dont la situation
leur étoit favorable; de maniere
qu'il salut les pousser de
poste en poste, & gagner autant
de Batailles qu'on les repoussa
de fois. Ils ont laissé
les Equipages qu'ils avoient
dans leurs derniers postes &
.;
aux environs
, une Armée
qui va combattre ne faisant
point marcher ses équipages
à la tête, ainsil'on ne peut être
poussé jusqu'aux Bagages que
l'on n'aie entierement perdu
la Bataille. Outre cela les
Alliez ont abandonné leurs
morts & blessez
,
& Je font
retirez avec une précipitation
qui a esté cause que plusieurs
se sont noyez; ceper chnt Mr
de Hop veut persuader que
l'avantage leur est demeuré,
parce qu'on ne les a pas poursuivisaussi
loin qu'on auroit
pûfaire si la nuit n'estoit pas
survenuë
,
& si l'on n'avoit
pointété sur des digues sur lesquelles
il est dangereux de
combattre pendant la nuit.
Parmy le grand nombre de
corps morts qu'on trouva jusqu'à
Lillo, où les Ennemis se
retirerent en desordre,onremarqua
celuy d'une femme
avecun justaucorps & des jupes,&
vétuë comme font ici
nos Dames lors qu'ellesvont
à lachasse.Onapprit par des
prisonniers que c'estoit une
Princesse de Hesse qui estoit
venuë au Camp des Ennemis
le jour de l'action avec Madame
de Tilly,& qui saisie de
:
peuts'estoit ainsidéguisée,&
avoit pris un cheval, croyant
se pouvoir sauver de cette
maniere ,on dit que c'est une
fille. Plusieurs prisoniers ont
rapporté que ces Dames étoient
venuës pour voir bomÏ
barder Anvers. Si les Alliez
avoient gagné la Bataille, ils
auroient non feulement pû
donner aux Dames le divertissement
du bombardement
d'Anvers, mais ils auroient
même pû assieger cette place,
ou faire un autre Siege. Enfin
;
tout marque la perte qu'ils
ont faite, &siquelques Su-
> jetsdesEtatsenavoientdouté
,
la Lettre de Mr le Baron
d'Obdam leur auroit
bien prouvé le contraire,
ce Baron a envoyé des copies
de sa Lettre en tant
d'endroits afin qu'on se tinst
sur ses gardes, qu'il n'y
a pas eu moyen de tromper
les Peuples de Hollande,
cen'est pas que l'on n'ait saic
ce que l'on a pû pour tromper
les Habitans d'Amsterdam
, d'où l'on mandeque
les Magistrats voyant que les
Peuples commençoient à se
chagriner & à murmurer;
avoient jugé à propos defaire
tirer du Canon pour le rc«*
jouir.
c Je vous envoyé la Lettre
du Roy écriteà Mr l'Archevêque
de Paris pour faire
chanter le Te Deum.
- Je ne vous l'envoye pas
comme une nouveauté, piais
parce que vous m'avez tCe:
moigné que vous la conferveriez
mieux si elle eftoic
înferée dans mes Lettres. ;
,
- Mon Coufirz, laplusgrande
partie de mes Forces efiant occtim
féef»vItalie/fur le RhinJ C,
jusques dans le coeur de l'Empire;
les Ennemis ont crû que celles
que ay en FlaNàres) quoy que
jointes aux Troupes d'Efpagne9
ne pourroient resister à la nous.
breufeArméequ'ilsyont raUt mJ
blee Flate decette(jf>rancey
gr ifers de leur fuptriorué, ils
menacent avec ossi ntation depuis
le commencement de la Campagne
les Places les plus confidtfables
de la Flandre Espagnole
: Mais mon Coufin le
MarêcbalVoc de Villeroy, i
la vt^ilancc duquelils hont pu
jufq*icydérober aucun de leurs
mwvmenSifçmquilsavoient
forcé les Lignes du Pays Je
VVaes, quilsprojettoient lé
même entreprise sur celles &An.
vers. Auflitofi jugeant de quelle
importanceilejioit d envoyer du
fecoun à l'Armée de mon CouFle
Marquis de Bedmar , Commandant
général des Pays bas
Espagnols; il en prit la refolutiott
de concert avec mon CQujîn I,
Maréchal DucdeBouflers
,
qui
se mit à la tesse de quinze Esca.
dtons de Qavalerie autant de
Dragons, & de quinze cens
Grenadiers,& sy rendit avec
une diligence incroyable le 30 ail
mois dernier. Malgré lajituation
dvantageufe des Posses queles
Ennemis rxcllpoienl. grloesupe.
riorité de lur Infanterie, on
marchaaujji wjîàeux;&aptes
Un Combat tres sanglant C?
tres opiniâtre depuis quatre be".
res aptes midy jusques fort avant
danslanuit ilsfurent contraints
de se retirer avec précipitation
& dabandonner le C'hJmp de
B,sraille. leurs Iturs
1entes leurs 3agages six pie.
ces de Canon. quarante quatre
Mortiers, leurs munitions de
guerre CF de bouche, cent cinqvan'e
Chaûots dArtillerie0*
grplufieunDrapeaux C7 Timbaks
baies, avec perte de cinq cens
Prisonniers. L tsuccésdune ac.
tion si glorieuse
, & qui décors
certe les projetsdesEnnemis, (JE
également dû à la conduite des
Çeneraux & a la valeur des
Troupes, mais encore plus à l*
prouElloll visible, dont il plaist à
Dieudefavortfercontinuellement
mesArmes.E1 comme ilelijujîe de
lay rendre publiquement lesgrâces
ejui ItdifOntdûës;je vous écris cette
Lettre, pourvous dire que mon
intention eji que vous fajji Z,
chanter le Te Deum dans l E.
gliseMétropolitainede ma bonne
Vtlle de Paris) au jour &,À
l'heure que le grandMaifire, «u
le llÆaijire des Cérémonies vous dira
de ma part : A quoy iriaffurant
:
quevousfatisferez^avec vcJIrepieté
ordinaire > le prie Dieu qu'il vous
;, ait mon Coujin en ra fa~inte &digne
garde. Ecrit à Versailles le Ilfuillet
1703. Signe
j L OU ZS> Et
plus bas,PHELYPEAUJT.>
Mr le Marquis de Bedmar
ayant partagé la gloire du Cornbat
d'Eckeren) leRoyl'a honoré
de la Lettre suivante.
'don Caujîn vous ar-'eztu trop
departa ce qui s'e7pagé deyjorieux
dans la journée du 30. du
mois dernier pour mes Armes) &
„ pour celles du Roy mon petit-fils ;
four ne pas regarder comme un excès
de voflre politesse l*honnêteté que
vous avezfaite auMarêchal de
! BOllflers, de luy donner le foin de
•' men rendrecompte, Voflre conduite
sassee& ce que vous faites tous les
jours pour la conservation de mon
- Petit pis, la maniéré dont vous
ravez^expofévoflrepersonne, & ce
que vous ave\ pris sur vous pour
soutenir le danger &lafatiguecfun
î-Cjeombat anfft long t meritent que vousentémoigné masatisfassion5
- elle efl proportionnée à vos ferviccs
<5* telle que vous la pouvezeffierCi.
t'4" Mrle Comte de Brias, Colonel
d'un Regiment d'Infanterie
qui a esté rué au Com- bat d'Ekeren, c'estoit un des
meilleurs Officiers des Trou-
<• pes d'Espagne. Il avoit dans
toutes les occasions marqué
beaucoup de zele pour le servicede
Philippe V. &ilavoit
receu de ce jeune Monarque
des distinctions avantageuses
dans plusieurs occasions considerables.
La Maison de ceSeigneur
Espagnol avoit toujours
marqué unzele distingué pour
les Rois
,
ses ma i stres. Les
Historiens Espagnols pretendent
qu'un Ismael de Brias suc
empoisonné par les ordres secrets
de Dom Carlos, fils aisné
de Philippe second pour n'avoir
pas voulu suivre lesdesfeins
ambitieux de ce jeune
Prince, Se pour avoir rçfaié
de servir la passionindiscrecte
qu'il avoit pour la Reine Isabelle
; on croit même que c'eil
la mort inopinée de ce Seigneur
qui étonna tant laCourd'Efpagné
qui obligeaenfin le Roy
Philippe 1 L. de faire arrester
son fils, dans les papiers dtiquel
, on trouva, dit on, les
ordresde la mort de cet infortuné
Seigneur. - On dit que le
Roy quiparoissoit si dur à l'exterieur
ne put refu fer quelques
larmes à la mort de ce fidelle
serviteur,quiavort p lu sieurs
fois sacrifié sa viepourson fervice
, car on affure que ce fut
luy qui garentit les jours de ce
Monarque, dans l'avanture
nocturne qu'il eut en allant
voir la femme d'un de ses Ministres.
Le Seigneur dont nous
parlons qui ne quittoit presque
jamais le Roy entendant le
danger où il estoit, accourut à
son secours & donna lachasse
au Mary jaloux,qui par la fuite
se garentit de l'infortune
dont il estoit menacé
Mr le Cardinalde Bonzy
Archevêque de Narbonne » , &
en cette qualité, President né
des Etats de Languedoc, est
mort dans un âge fort avancé.
Ce Cardinal a esté grand Aumonter
de la Reine de France
Marie Therefc d'Autriche. Il
a esté Ambassadeur de France,
a Venise,en Pologne,& en Espagne.
A pres avoir esté quelque
temps Evêque deBeziers,
il sur Archevêque de Touloufc,
&ensuite Archevêque de
Narbonne. Il fut nommé Cardinal)
le vingt-deux Fevrier
1672. Ce fut à la nomination
des ,Rois de Pologne, Jean Cazimir
de la Maison de Vasa &
de MichelKoributs, Duc de
VVicfnoviski,qu'il fut honoré
de la Pourpre Romaine. Son
grand Oncle le Cardinal, Jean
de Bonzy ,
Grand Aumônier
de la Reine Marie de Medicis,
fut fait Cardinal à la nomination
delaFrance. La maison
de Bonzyest de Florence &
fort illustrée
Mr le Cardinal de Bonzy
estoitadoré dans le Languedoc
& sa mémoire y fera à jamais respectée.
Ilavoit deux soeurs mariées,
l'uneà MrdeCastries dela
maiion de la Croix,dont font venus
\fr le Marquis de Castries&
Mr l'Abbé de Castries,&l'autreà
Mr deKailus, dont sont
ventu, plusieurs enfans entre
autres Mr l'Abbé de Kailus.
? Clement de Bonzy
,
Evêque
de Beziers rendit de grands services
àla France pendant les
guerres civ i les du dix-septiéme
Siecle. Il resista courageusement
aux sollicitations pressantes du
Duc de Montmorency qui avoit
pris les armes contre son Roy;
il pouffa même la chosejusqu'à
luy dire beaucoup de duretez.
Il alla secourir Leucate Ville
du Languedoc que les Espa,
gnolsassiegeoient, & il s'y ren- dit à la teste du Regiment qu'il
avoit levé à ses dépens. Il fic
plusieursprogrés avec le Maréchal
de Schomberg
,
auquel il
s'estoitjoint. Samemoireest en
benediction dans l'EglisedeBeziers,
àlaquelleila fait beaucoup
de bien.
,.
Jean Cardinal de Bonzy donc
j'ay déjà parlé;aussi Evêquede
Bez iers
,
estoitfilsdeDominique
, Senateur de Florence, &
premier Miniftredu Grand Duc
de Toscane L'Université de
Padouëluy donna le Bonnet de
Docleur en droic Canonique &
Civil. La Cour de Rome avoit
une si haute idée de son merite
& de sa vertu, qu'elle consentit
au choix que le Grand Duc de
Toscane avoi t fait de luy pour
estre Arbitre des differens qu'il
avoit avec Clement VIII. touchant
leurs limites. Le succés
que Jean de Bonzy eut dans
cette affaire luy valut le titre
de Senateur, que le Grand Duc
luy donna, quoy qu'il n'eust
pas encore l'âge. En1598.ilprit
possessiondel'Eglise de Beziers,
donc HenryIV.l'avoit nommé
Evêque Il futchoifi pour faire
la ceremonieduMariage de Marie
de Medicis avec le même
Roy & on luy ordonna enfuice
d'assister aux Etars Généraux
du Royaume. Enfin après une
carriereglorieusè de travaux, te Pape Paul V le rair dans le
Collège des Cardinaux) &il re.
çuc le Chapeaudes mainsmême
de ce Pontife. Ayantfait agréer
pour son Coadjuceur Dominique
de Bonzy, son neveu, il alla
finir ses jours à Rome, où il
assistaàl'élection de Gregoire
XV. en l'année1611.Ilnefurvécut
pas longtemps à cette
Ccremonie. Il mourut plein de
merites & regretté de tout Rome.
Il souhaita d'estreenterré
dans les Theatins de Florence,
où son corps fut transporté pour
executer ses dernieres volontez.
Il fut celebre par le talent qu'il
avoit pour la Poësie. Il s'attatachoit
particulierement aux
Vers heroïques.4 rt £vom Efc
La Lettre suivante vous apprendra
des nouvelles de Malte.
- Je croirois) Monsieur3 manquer
À ce que je vous dois, Jije detiois,
davaUtçe à vous faire part de Id,
nouvelle que ie viens de recevoir de
Maltbe : elle porte que le. Grand'
f Maistre ne se lassant pas de donnet
des marques de l'honneur de [111-
bien-veillance à Mr le Çhevaliet
de Ricard, qu'ila là à S. A. R.
Monfcurle Duc d'Orléans de lw>
recommander
,sur la Co7mn.i7ider:edsCiblonssur
Marne3leCou[ingermain de celuy
a qui fortEminenee donnailyaJix
semainesleBailliageeu Commande:
e de la Ville-Dieu duorand
prieuré de TouUufe. Cette Commanderie
de Cbàlons ejr du grand
Prieuré de C.ampage
, queparlamortdeMrqdu'Hi aauvtea-cfeuille
Sa place d*Ambajjadeur
a rflé donnée à Mr le Bailhf de
Nr."tisses, avec la Commandée de
l$Croix en Brie, en remettant celle
de /crrj:es,quiaefrédonnée à Mr
le Cheval.cr- de Par.s^ontarnequi
a remis un Membre de Commanderie
ap^ellèle De/use) jîtué a
Mon/INn pns de Paris, dont on a
gratifié MrleChevalier de Mefine
quivatenirGalere. LaCommundeiie
de Pezçnas a estè donnéeàMr
le Chevalier de la Rochefoucauld,
fils de Mr de la Recheguyon
, avec
dispensedW'^e du Pape. Cette dermeie
ne doit point de Droit dîAnnate
jparce que c'estune-Commun*
dcrie vA^pfrralc.La Qommandefic
de la Roche.Ville-dieu du Pricu-
7c d'Aquitaine a fjlé donnée-à IVJr
le Chevalier de lAou/Ji
,
Capitaine
de la Ga1ere Mapfirale, & le
fTi'd'f'ld Prieuréd'Aquitaine a cflè
pris ~~y droit d'.lfh¡ot?Jeté ¡,'Ir Mr
Le Commandeur de Frefnieres&Mr
le O- mmandew de Chvifeul de GittL
h a cfiéfaitgrandHojpitalierpar
d'olt dancienneté. Voilà Mon-
Jî,;r, la promotion qui a estèfaite
h ïodajïon de la dépouille defm
Mr ÀAutefeuilk.Jefuis,
On s'est mépris Iorfque l'on
m'adit que Mr Maréchalavoit
donné sa place de Chirurgien
de la Charitéà Mr Lardv premier
Chirurgien de S. A. R.
Monsieur le Duc d'Orléans,ce
qu'il y a de constant
,
est que
MrMaréchal l'ayant jugé trescapable
de remplir la place
qu'il quittait, l'avoit proposé
aux Peres de la Charité, & que 1 S. A. R. Payant ensuite recom. !
mandé aux mêmes Peres,ils
se font faitd'autant plus de
plaisir de le nommer que le sujec
que ce Prince leur recommandoit
est digne de remplir la t,
place vacante. Les Peres de la j
Charité quiont le Roi pourProtecteur,
ont droit par leur fondation
de nommer les Medecins
& les Chirurgiens qui doivent
servir cet Hôpital. Le Roy a
marqué qu'il leur sçavoit gré
du choix qu'ils ont fait de Mr
Lardy. *
Enfin Monsieur le Comte de
Toulouse est parti pour serendreà
Toulon : jamais impatience
de courir à la gloire n'a esté
plus grande que celle de ce
Prince. Il y a long-temps qu'il
se faisoit un plaisir de son depart
, âc qu'il en attendoit le
moment: ce Prince demandoit
à faire sa Charge
,
& à monter
les Vaisseauxquand il n y en
auroit pas eu dix ensemble, ce
qui marque la valeur & l'intrepidité
qui font les Heros,
^,
Le Roy vient de faire une de
ces belles actions qui lui sontordinaires.
Mr le Comte deVVallestin
se voyant Prisonnier
,
fit
remettre au Roy les Pierreries
qu'il avoit sur lui, dont le nombre
estoit considerable
,
&-fit
dire à S. M. qu'étant son Prisonnierces
Pierreriesluyapartenoient;
ce Prince en convint,
& ordonna en même temsqu'on
les luy rendit, & qu'on lui dit,
qu'il auroit souhaité qu'elles
fussent encore plus considerables
afin que le present qu'il
luy faisoit fût plus grande ces
avions sont si ordipaires ail Roi,
& font si naturellement l'Eloge
de ce Prince que je ne vous
dois rien dire de ce qui porte
son Eloge avec foy. J¡
Le dernier artic le du Journaldela
grande Armée de
F landres quiestoit dans ma derniere
Lettre finissoit au troisiéme
de Juillet: Elle campa le
4. à Santhoven à deux lieuës
des ennemis &le5.ellevint
camperà Massenhoven.Ce mouvement
se fit afin que l'Armée
pût se mettre plus aisément en
bataille en cas que lesennemis
voulussent retourner du costé
d'Anvers. Lesmêmes Lettres
du 5. ajoûtoient que les ennemis
auroient pu entreprendre
sur nos Places maritimes si elles
n'avoient pas estéaussi en seureté
qu'elles estoient,que Messieurs
de Villeroy & de Boufflers
avaient prevû à tout ayant
prés de quarante Bataillons qui
veilloient à laseuretéd'Ostende
, & vingt qui restoient sur
l'Escaut, pour observer & être
à portée de joindreMr le Comte
de la Mothe
,
s'il en avoit besoin,
ou pour aller du costé
d'Anvers & de Bruxelles; les
ennemis avoient resoludevenir
camperà Massenhoven,s'imaginant
que nos Generauxn'ozoient
prendre ce Camp à cause
qu'il ca hors des lignes. Comme
il estoitaisé auxennemis de
donner bataille,qu'ilsle pou
voient faire avec avantage, &
qu'ilsen laisserent écha per l'occasion
; on jugea que leur dessein
n'étoi t pas de combatre
,
6c
qu'ils demeureroient sur la défensive
pendant toute la Campagne
,le 5, on fie trois salves
de toute l'Artillerie, & de toute
la Mousqueterie de l'Armée
en réjoüissance du gain de la
Bataille d' Eckeren : le Gouverneur
du Fort de Saint Philippes
voyant que les ennemis se retiroient
en desordre, après avoir
perdu cette Bataille, sortitavec
sa garnison qu'il disposaen plusieurs
pelotons,Tambours batans,
il les attaqua, leur prit
plus de trois cens Chariots de
vivres & de munitions de guerre
) avec des Equipages, & fie
einlviron trois cent Prisonniers: avoitfortsollicitéMrdeBedemar
de luy envoyer les munitions
dont il avoit besoin,
mais il lui manda après avoir
t.
fait ce butin, qu'il n'en avoit
plus de besoin, & qu'il avoic
justement pris ce qui lui eftoïc
necessai re. l«-'r>nî>» ,01 9t> site;*
S' Le 6. un des partis de l'A rmée
retourna au Camp, il venoit
de reconnoitre les ennemis,
& avoit rencontré trente
Maistres. Mr deSaint Cent Capitaine
de Carabiniers,qui
marchoit à la telle du detachement
avec vingt Maistres, pour
découvrir,en trouva six vingt
des ennemis, ilsenvoyerent au
qui vive, ils répondirent Hollandois:
MrdeSaint Centayant
connu par là qu'ils étoientHol
landois
,
continua sa marche,
& s'étant detaché un peu
de
temps aprés alla à toutes jambes
au gros du party ,
& demanda
encore vingtMaistres
qui prirent les trenteenflanc,
pendant qu'il les prit par la
tesie, de forte qu'il en fit vingtdeux
prisonniers, & qu'il tua
les huit autres, le Lieutenant
qui les commandoit fut au/îîdu
nombre. Le même jour sixiéme
les ennemis se retirerent de
Kastel, &allerent camperà
la gauche de Turnhout, la
droite à Béerfe, la gauche à
Guiurle, & le Quartier general
à R0Ve.lin-il
-4 Le 8. on fit un Fourage à la
veue des Ennemis, il y avoit
vingt cinq mille hommes d'escorte,
& quatre pieces de Canon
,on leur prit quelques Dragons,
a v-,nir,^rru».
Le mesmejour les Trou pes
de Mr le Prince de Serclas
Tilly & celles deMr le Marquis
de Bedmar, commandées
par Mr le Comte de Guiscard
passerent le matin au travers
d'Anvers sans Tambour ny
Trompettes.
Le 9. Mr le Maréchal de
Villeroy vint camper à Saint
Job, à deux lieues & demy
d'Anvers & fit marquer un
Champ de Bataille devant son
Camp. On estoit persuadé que
les Ennemis avoient dessein
d'embarquer quelque Infanterie
pour joindre au Corps
quecommandoit Mr deCoehorn
& que leur grand dessein ayant
manqué ils songeoient à faire
quelque tentative sur une autre
Place maritime: cependant
ils se trouverent fort embarassez
& les avis furent partagez,
les Anglois & les Hollandois
ne s'estant presques point trouvez
de même sentiment pendant
cette Campagne. Ce qui
fut cause que Mr de Marlbourough
partit le 5). & laissa le
Commandement de l'Armée à
Mr Dovverkerke pouraller à
Breda assister à un Conseil de
GuerreavecMrle Baron d'Obdam
,
plusieurs Officiers Generaux,
& trois Officiers des
Etats.
On intercepta une lettre de
Mrde Malebourough.Voicy.
ce quelleportoit.
Je fuis fâché que la Reine ne
foitpas contente demaconduite
, je
riay pû excuter mon dessein sur Anvers
, la dejrfaite de la, petite Ar.
mee a rompu mes mefur'es pf ietfe
Place
, je riofe paroistre m raft
Campagne,parceque La Cavalerie
Françoise efi meilleure &plusinombreuse
que la nostre, mais j'tif
unt sibonneInfanterie qiielle batira
partout celle
-
des Ennemis3 je
tache à-l'engager dans dcs Posses
refferez^, je fatisfetois tout nostre
mondesicelasefoifoit.
Jevous Iaiffe. faire vos reflexions
pour ne pas trop imcrrompremon
Journal.
Le 13. Mr le Maréchal de
Villeroy fit faire un fourage
gleienueëral à VVeftn-iaet à une
de ce Camp ,
& a une_
lréuë & demie de celuy des Ennemis
,
qui le laisserent faire
tranquillement. Le mêmejour
Mr
Mr le Maréchal de Villeroyenvoya
Mr Joult avec deux Bataillons
,dont l'un fut posté audevant
le Fort Marie, à la gau.
che de l'Escaut au delà d'Anvers
, & l'autre dans le Fort
de la Perle, situé au delà du
Fort Marie.
r
Mr de Coehornayant sçu que Mr de Guiscard avoit passé par
Anvers avec les Troupes donc
je viens de vous parler,décampa
en diligence de Polder; &
marcha du costé du Fort de Kilderecht
, il mit sa gauche à ce Fort, & sa droite tirant ducôté
du Fort de Bedmar, & se retrancha
craignant qu'on ne
marchast à lui Mr de Guiscard 1
manda àMr le Maréchal de,
Villeroy
, "r:le ce General ne
pouvoit plus rien faire dans le
païs de VVaës de ce costé-là,
& qu'iln'osoit même allonger
la ligne, craignant de se mettre
entreMr de la Mothe & lui: de
maniere qu'il seroit obligé defe
retirer bientost.
Mr le Maréchal de Villeroy
ayant resolu de faire le 17. un
fourage general à Coftmael
,
à
une lieuë du Camp des Ennemis,
qui avoient fait un mouvement
pour inquiecer nos Fourageurs
, envoya Mrde Montigny
Colonel des premiers Houssards
qui ont servi en France t
avec 400 chevaux à la guerre de
ce costé- là, afin que le fourage
sepassast tranquillement, il ne
parut personne
, on laissa faire
le fourage comme onl'avoit fait
àVVestmaël, les Ennemis ne
voulanten aucune maniereavoir
affaire à nostre Cavalerie.
Le General Coehorn se trouvant
dans une mauvaise situation
dans le Pays de VVaës,
& s'y voyant presque enfermé
par Mr de Guiscard & par Mr
de la Mothe,& l'cntreprife sur
Anvers estant manquée par la
deffaitede l'Armée commandée
par le Baron d'Obdam, crut n'y
pouvoir rester au de-là du 10.
sans un peril évident. Tout y
estoit à craindre pour luy, & il
n'estoit flatté de l'espoir d'aucun
progrés. Il n'y avoit pris
qu'une Redoute, dont la garnison
n'estoit que de 18. hommes,
qui s'y estoientdeffendus pendant
quatre heures, & avec
lesquelsil avoit été obligé decapituler.
Enfin il demeuroit avec
chagrin dans un Païs dont l'entréelui
avoitcoûté bien cher,
elle lui avoit esté disputée pendant,
sept heures & demie par huitcens hommes seulement.
Il avoir vingt-deux bataillons,
sixescadrons de Cavalerie 8C
deDragons, vingt-quatre piec'e$
de canon & six mortiers. Jamais:
combac ne futplus sanglant
-le' fossé& les environs
estoient Comblez d'Anglois&
de Hollandois tuez ou blessez.
Mr le Chevalier de Guenand,
Capitaine de Grenadiers, s'açquit
beaucoup de gloire en cette
occasion
,
il fit mettre à sa
Compagnie la bayonnette dans
1~futile & soutint l'assaut des
derniers, & tant,qu'il ne resta
que sept hommes d'une autre
Compagniede Grenadiers & de
la sienne, les autres ayant esté
tuez aux costez de ces deux Capitaines.
Les Ennemis furent
d'abord si vigoureusement repoussez
qu'ils furent obligez de
lâcher le pied. Leur nombre
estoit si grand qu'ils firent monter
de nouvelles Troupes à l'assaut.
Toute la Compagnie de
Mr le Chevalier de Guenand
ayant pery,à la reserve de trois,
il se jetta avec ces trois Grenadiers
,
son Souslieutenant
)
&
son Sergent, dans une autre
Compagnie de Grenadiers,où
il combattit tant qu'il lui resta
des munitions. Le c hien de forï
fillil fut emporté par une bale,
& il eut trois coups dans Ces
habits. On se retira tambour
battant, & la bayonnette au
bout du fusil. Les Ennemis ne
forcerent le passage que parce
que les munitions manquerent.
Je n'ose vous dire que
j'ay vu une Lettre qui porte
que les Ennemis ont eu deux
mille hommes tant tuez que
blessez en cette occasion, &
trois Brigadiers de tuez, sans
que nous ayons perdu aucun
Officier.- Nos Trou pes a prés
s'estre retirées se retrancherent
au Village de Lore, où elles
firent trente-deux prisonniers.
Elles eurent ordre ensuitedese
rendre à Gand. Quoy que cette
action ne soit pas nouvelle,
Je détail en est nouveau ,
puisqu'il
n'a point encore esté donné
au public. La longue resistance
qu'on a fait pendant un
assaut de sept heures & demie,
empêche de douter de leur perte
,
ils estoient en si grand nombre
que vrai - semblablement
presque tous les cou ps de nos
Troupes devoient porter; ainsi
ils auroient épargné beaucoup
de monde, s'ils n'avoient point
fait cette entreprise qui ne leur
aesté d'aucune utilité, puifqu'ils
n'ont point assiegé Anvers
, au contraire, leur honte
a suivi leur perte, ayant ellé
obligez de se retirer; c'est ce
que fit le General Coehorn le
20. Il décampa à la pointe du
jour, & separa son Armée
,
douze
Bataillons passerent à Lillo
avec m1 de Spaar,pour s'y em..
barquer,&Mr de Coehorn marchaavec
le resteà Saint Jean
Stéen. Mr leMaréchal deVilleroyavant
appris ces mouvemensfit
revenir Mr de Guiscard
avec 15. batai llons des 20. qu'il
avoit de l'autre costé, en avant
laissé cinq pour garder la teste
de la Flandres. Mr le Prince
de Bifachia campa dans le même
temps sur la riviere Durme,
dans le Pays de V Vaës à V Vasmunster
pour joindre Mr de la.
Mothe en cas de besoin
, qui
estoit campé avec douze bataillons
auprés de Dam. Mrde
Thoy alla camper à Merkem
avec douze Bataillons.
Tous ces mouvemensayant
esté faits de part & d'autre,on
appritque Mr de Marlbouroug
avoit envoyé des ordres aux
Garnisons de Breda, Bolduc, Bergopsom, Nimegue, Grave 8t,
autres lieux, & de se rassembler
fous Lillo&d'y formerun corps
ce qu'ils firent,des Milicesaïant
esté mises en leurs places: Ce
Corps qui estoitassez considerable
ne se trouvoitéloigné que
de quatre lieuës de la grande
Armée, commandée par Mr
de Marlbouroug. Ils publierent
qu'ils se rassembleroient incessament
, & qu'ils viendroient
donner Bataille. Mr le Marêchal
de Villeroy ne l'eut pas
lpelusltoiesut xappris qu'il fit applanir
qui pouvoient servir
d'obstacleàuneaction: Cependant
ce Maréchal pour estre en
estat de combatre, s'il leur en
prenoit envie, donna ordre
aux campemens de Mrs de Bed.
mar ,
de Serclaës
, & de Thoy
de le venir joindre sitost que le
Camp de Lillo auroit joint
l'Armée de Mr de Marlbouroug
, & pourceteffet leur
Camp fut marqué, on n'estoit
neantmoins pas bien persuadé
que les Ennemis osassent tenter
une Bataille;cependant comme
ils ne pouvoient avoir que cette
vûë là ou celle de faire un détachement
pour l'Allemagne ,
on trouva à propos de Íe précautioner.
Les Ennemis marcherent le
23. à la pointe du jour, &
allerent camper leur droite à
Lonouth, ayant le Village de
V Vegterfel devant eux:C..e, tt-e'
même droite estoit à la portée
de la Carabine du Pont de
Chebredet. Leur gauche estoit
à Ostrats.Ilsavoient un Pont
de Bateaux à Lillo sur lequel
ils pouvoient passer dix de
front.
Rien ne marque mieux la
grande perte que les Ennemis
ont fait à la journée d'Ekeren,
que les Garnisons tirées de leurs
Places pour remplacer les
Troupesqu'ils ont perduës dans
ce Combat.
Vous trouverez la fuite de
ce Journal à la fin de ma Lettre.
Le mot de l'Enigme du mois
tjpafle étoit la Rape àtabac, ceux
qui l'ont trouvé font, Mrsdu
Pie(Ils le fils de la ruë de la Verrerie:
l'Onc l e le fils dela même
rue. l'Abbé Dufflot du quartier
S. André: Doby de la rue
de la Tixeranderie: Du Part:
l'Ailné de la rue Porte- foin au
Marais: Le Vacher, cy-devant
enfant de Choeur de S. Maurille
d'Angers: Beaufils C. de S.
Michel de Chartres en Beaunè:
Bardet & son amy duPlessis du
Mans: D.P. & son Epousede la
rue SaintJulien des Menestriers.
Tamiriste & sa fille Angelique
: Le Pere d'Achille & son
aimableMaistresse: L'Elite de
laclericaturedela ruë Boutde
Brie: Le cercleaimable des propos
niterrompus : Les trois
Amansnfortunez de la ParoHfc;
S. Benoist : Le plus petitdes
trois freres: Blacet de la Gréve
: Le grand Devineur d'Enigmes
du Comté d'Eglegny,
proche d'Auxerre,& son grand
amy Trebuchet Juge Mage audit
lieu: le gros&la petiteDuchesnede
l'Etoilerue S, Martin,
l'Eleve delasagesse pro-
>
che les Peres de Nazareth: les trois Solitaires de Vaugirard
, & Mr Lambert leur hô-
) te : Loiseau Brun, l'Organiste
deS. Cloud. Mesdemoiselles du
Moustierdel'Arsenal
,
la fille de Brigal de la Montagne Sainne
Geneviève:Massonde la rue
^dBaeradubourg: Magdelaine Go-^
fille de la rue des Menétriers
: LacharmanteMademoiselle
Madelon de la rue des
Gravilliers: La jeune Muse qUI
a quitté leParnasse: Laimable
Maman & son cher fils Aimé: la Poule menteuse de la rue du
Mail & son Roquet: la Bergere
Climene, & son Berger Tircis
de la Place Royale: la Poitevine
du Mans, Maistresse d'Ecole
en Langue Françoise: l'incomparable
de la rue du Foin, &
son Compere:l'aimable Jardiniere
de la rue Boutdebrie & le
beau Prunier: la spirituelle
Manon de la belle Etoile de la
rue S. Severin. &le Berger toujours
fidelle : la bonne faiseuse
de Caffé de la rue de la Verrerie
, & Mr l'Abbé Prelos : l'aimable
Brune du Cloistre de
Saint Benoist, & l'agreable
Controlleur ; Mademoiselle de
Laï, la petite Savigny de Villeneuve
Saint Georges:l'Adonis
de la rue du Coq & son ami
sans nom : la Naine geante , &
la Pagode du milieu de la ruë
des Bernardins: la Jonte du
Caffé de Livry,ruë Saint Honoré
: le bon Grivois de Poitiers
- le petit Coufin de Genève
& son gros Coufin d'Alais: Tortoba de la ruë de la Colombe
: la Population dupée & sa
Trou pe de Musiciens de la ruë
Saint Jean de Beauvais : Jean-
L not de 1.1 rue de la Poterie: le
> Chevalier du Vase d'or: l'heureux
contemplatif de la ruë de
l'Epicerie : Nicolas Gosset de la
/uë de Gesvres, prés le Pont au Change , Marguerite de Chenerderes
Chopelene : les aimables
Compere & Commere du
Carrefour de l'Ecole: le petit
Commis Nouvelliste: MrNobire
& la vive Brune sa chere
moitié: l'Indifferent par droit
de represailles : la blonde & fiere
Bourgogne de la rue Saine
Severin: la Demoiselle de l'esprit
fin de Lyon: la petite Dragone
de la même Ville, & la
petite Prude leur voisine : la
belle Clelie, sonfideleAronce,
& toute leur famille de Rouen:
la petite Ùeeife du bas du grand
Pont & sa belle voisine : les
deux plus constans & malheureux
de la Ville de Rouen.
L'Enigme que je vous envoye
est de Madame d'Athie,
connuë fous le nom de la grande
Doris. On a déja vu des
Enigmes de sa façon qui..o,net
esté trouvées fort belles.
ENIGME.
D>7Jn air tlf!e(poly ma naissance
est suivie,
Je brille de mille couleurs.
2emejoueavec l'airauplus beau
de ma vie
Et quandje ne fuis fins
9
je vous
laissè mes soeurs.
Pouravoirla beauté dela machineronde
, Les Zepbirs me fontla cour,
Ivfais plus legere que l'amour.
Je JfparoiJl aux yeuxdu monw
de.
OnJe plaifi il reglst mon fort
- Avec un infirument rustique, II ne faut pas avoir une grande
pratique
Pourftavoir que ma vie efi proche
de ma mort.
Il faut bien peu aintelligence
Pour donner la matière e la forme
a mon corps,
lefais paroijlre un beau dehors5
Mais je nepuis montrer quun ma*
ment de confiance.
Je vous envoyé une seconde
Chanson.
AIR NOUVEAU. 1.E sens que mon amour
Augmente chaque jour
,~ Mon aimable Philis en faitesyotésdemême*
-



vousnidimicz^oeutantque jevousaime,
Vous ne manqueriez^as de dire h
vostretour
Jesens que mon amout
Augmente chaque jour.
Je reprens le Journal qui regarde
Monseigneur le Duc de
Bourgogne,où je l'ay laissé le
'no]s paIdré'.
Ce Prince monta à cheval le
matin du 27 Juin, & fit passer
en revuë les Gendarmes, U
les Chevaux-legers de Bourgogne,
& son Regiment de Cavalerie.
Le 28. ce Prince ne sortit
point la pluye fut excessive, &
ne cessa pas pendant vingtquatre
heures.
Le 29. on arresta un cipiorr;
portant une grande barbe, on
luy trouvades Lettres, il estoit
Anabaptiste. On cherchoit à
l'arrester depuis le commencementde
cette Campagne. 1, Il ne se passa rien de considerable
le 50. Mr le Maréchal de
Tallardalla àVVeissembourg,
& revint par Lauterbourg 6c
passapar le Bois de Binval pour
avller mearqueraun Cuamp no.u~î Monseigneur le Duc de Bourgogne
montaà cheval le 1. Juillet,&
allavisiterson Camp.
Le 2. ce Prince fit décamper
sonArmée, & vint à Sambach,
où il mit sa droite, & sa gauche
à Lauterboug
X-c temps fut si mauvais
le trois que cePrince ne sortit
point.
Il ne se passa rien le 4. On
eut ordre le 5. de charger les
gros Bagages & de les faire
marcher.
On croyoit décamper le 6-1
mais on ne marcha point, à car un quart de lieüe du Camp
l'Artillerie& les gros Bagages
resterent embourbez, & la
pluye fut si forte& si continuelle
que l'on ne pouvoit aller
d'une Tente à l'autre, ce qui
fit changer l'ordre Laseconde
ligne ne laissa pas neanmoins
de marcher le 6. pour couvrir
les Equipages. Mr de Tallard
se donna des peines continuelles
: CeMaréchal eitaimé-dû;
toute l'Armée.
- - Le 7. à cinq heures du matin,
l'Armée se mit en marche
pour aller au Fort- Louis, le
temps fut assez beau, mais les
chemins estoient A rompus, &
si épouventables que la Chaise
de Monseigneur le Duc de
Bourgogne demeura
@
plus de
deux heures embourbée,quoique
ce Prince fût seul dedans,
Mr le Maréchal de Tallard
demeura toujours à cheval nonobstant
les dangers qu'il couroit.*•-
.,'Vr "10-
Monseigneur le Duc de Bourgogne
apprit le 8. la nouvelle
de la Victoire remportée sur
Mr le Baron d'Obdam.
Ce Prince sejourna le 9. au
Fort- Louis & fit le tour du
Rempart , l'Arriere-garde de"
quelques détachemens fut attaquée
par quatre cent Huffars
ou Cavaliers Ennemis qui tomberent
entre deux de nos Bataillons
, & un Regiment de
Cavalerie, on en tua beaucoup
& l'onfit quelques Prisonniers.
Les Troupes du Roy ne perdirent
qu'un Trompette.
Le 10. on ne put partir de
Strasbourg ainsi qu'il avoit esté
rcrolu, parce que le Rhin
avoit encore cru prodigieusement
la nuit du 9. au 10. ÔC
que tout estoit inondé. Monseigneur
le Duc de Bourgogne
alla au Camp où il fit chanter
le Te Deum par Mr L'Abbé de
Pompone, en rejoüissancedela
Victoire remportée en Flandres,
toutes les Troupe*, e
coûte l'Artilleriefirent3. salves.
Monseigneur leDucde Bourgogne
ne forcit point, & le
Rhin commença à diminuer un
peu..
Le 12 les
-
gros Bagages
eurent ordre de partir à la
pointe du jour avec une grande
lpaartie de l'Armée, à cause de
difficulté des chemins.
Monseigneur le Duc de Bourgogne
partir le 13. à quatre heures
du Fort- Louis, toute l'Arcillerielefalua,
il laissa treize
Bataillons campez sous le Fort.
loute l'Infanterie marcha
presques nuë dans l'innondacon'.
& fit troisquarts de lieuë
de cettemaniere sans montrer
mYoinsod'ardleuor, ôcndetbéonne. Le
Le 14.. Monseigneur le Duc
èle Bourgogne alla coucher à
Haguenau,il en partit à quatre
heures & demie du matin &
vint camper à l'Abbaye de
Stephansfelt;c'est une Maison
d Hospitaliers de l'Ordre du
Saint Esprit de Montpellier :
La Riviere de Sorr passe pro.
Che de cette Abbaye, & la separe
du Village de Brumpt.
Le 15 Monseigneur le Duc
de Bourgogne partit à quatre
heures du matin & vint diner
à Strasbourg où il fut reçu
avec tous l,es honneurs accoutumez.
Ce Prince en partit le 16. sur
t lesonze heures du matin,&allaC'tabl.
Ir ion Quartierà Santh,
oùsonArméeétoit déjacampée.
tIl y sejourna le 17.— ---
-Ce Prince en partit le 18. à
la pointedu jour,« fitpasserà
son Armée la Schitter, &
la Kintche& alla établir fçm
QuartieràVVilftet. Il y sejournale 19, il monta
à Cheval ce jour-là& alla visiter
son Armée.
On reçut àla Cour des Lettres
dattées du même jour& du
même Camp de VVilstet; elles
portoient,que l'ony attendoit Je'
retour de Mrde Silly, que j,'on avoit :
envoyé a la Cour, &qy?PeU:
aprés fort arrivée,onymanifesteroit
les projets de la Campagne,qu'il 1
n'estoit point encore jqueftioni
d'Ennemis& qu'ils ne fortoient
point de leurs retranchemens
, que ¡n
on ne vouloit que vivre à leurs de--
fsns ,
ils en laissoient aux nôtres
toute la liberté, sans leur donner
lamoindre inquiétude: ces Lettres
ajoutaient, qu'il tftott arrivé
à l'Armée de Monfeigneuv
le Duc de Bourgognequelques
Bataillons. & deux Regimens de
Dragons que Ion avoit latflé au
Fort-Louis douze Bataillons, &
- deux RegimensdeDragonsfous Mr
de saint Segond, que Mr de Sailly
efloit du collé de Molsheim avec un
Reglment de Cavalerie
,
& un de
Drugons, & huit Bataillons
,
&
t que ce dernier ejhita portée dejoin-
; dre d'un moment à l'autre, qu'ily
avott d's préparatifs à Strasbourg
pour faire descendre un Pont, &
qu'ily en avait pour un Siège si on
voulo ten faire un , que si on attd-
* quoit les Lignes, on donneroitde
grandes inquiétudes aux ennemis
parce Pont qu'on tâcheroit defaire
au Fort-Louis
, ce quiferoit une
grandediversîon pour des gens qui
font deja foibles
,
leurs Defertturi
ajsurant qu'ils n'ont pas plus de dix
milhommes pour garderleurs retran.
chemens
,
s'étantaffaiblis par les
renfortsquils ont envoyez.aux Gar-
• nifons de Fribourgt& de Bri..
sack
- Monseigneur le Duc de Bour-
-
gogne sejourna encore le vingt:
au Camp de Vvilftet. Ce Prin-
• cemoncaàcheval lematinpour :
aller dans les bois visiter divers
postes, il rev i nt parla gauche ;
de son Armée, & à son retour
il receut au nom du Roy Che--
valiers de S. Louis Mrs d'Aves--
ne Colonel du Regiment d' Ia^.-
fanterie de la Marche,de Ranzau
Lieutenant Colonel du Regiment
Allemand de Greder,
~Alilanoiiis Major du Regiment
de Greder, de Fontaine Capitaine
de Cavalerie au Régiment
de S. Pouange,de la Borde
Capitaine au Régiment de
Dragons de Hautefort, de Talange
Capitaine reformé,& de
la Fond Lieutenant reformé au
même Regiment
,
& Tarade)
Ingenieur & Directeur des Fortifications
des Places d'Alsace.
Monseigneur le Duc de Bourgogne
aprit le même jour les
avantages remportez par Mr ChevalierdeS.Pol. le
1
«
Mrde Silly arriva le 21 de la
Cour dont il aporta les ord res,
41 demeura long-temps enfers.
mé avec Monseigneur le Duc
de Bourgogne,& Mr de Tallard
, mais le secret fut si bien
observé,qu'il n' éc ha pa pas la
moindre chose des projets resol
us.
Le 22. Monseigneur le Duc
de Bourgogne fic les devotions.
Le 25. il y eût un grand fourage
du costé de Rixein
,
quelques
Houssarts y parurent,mais
ils furent d'abord dissipez: Monseigneur
le Duc de Bourgogne'
monta à cheval l'aprésdinée,
&alla voir sept ou huit Bataillons
qui arrivoient.
Le 24. ily eut encor un grand
fourage
,
mais uniquement pour
la gauche.
Cette Armée ayant grossi depuis
l'ordre de bataille que je
vous en ay envoyépje crois-voTus"
faire plaisir de vous en envoyer
un nouveau. ORDRE
DE BATAILL E
de l'Armée du Rhin)
du 23. Juillet 1703.
Monseigneur le Duc de Bourgogne.
Mr le Maréchal de Tallard.
Lieutenans Generaux.
Meneurs
De Loëmaria. ,
Courtebonne.
Surville.
Zurlauben.
1 cfUuteforc.
Marfin.
Maréchaux de Camp.
Messieurs,
DeFlamanville.
Galmoy.
Forcat.
Prince de Camille.
Blanzac.
D'Humieres.
Valsemé.
Sailly.
Hautefort, Brigadier.
DRAGONS
Colonel general. 3"2
Hautefort. 3>99
YaflTé. 3
Vertilly,Biitadier. pendarmcric.8)!
La Val/itre) Brigadier.
CAVALERIE.
"LaVVailleienre.ne >2-j 7
Cravates. 3
INFANTERIE.
Navarre. 3^
Royal Italien. 1
7
Sillery. 2 Monroux. 1J - Monroux3 Brigadier.
Royal. 2p
La Marche. 25
I Sourches. 1") 7
Zurbek. 1
aTournaifis.1J
Calvo, Brigadier.
Touraine. 2•> Greder, Allemand. 15
Flandres. 2-s
Aulnix. 18
Orleanois. 1
Hainaulc,
1
Polignac, Brigadier.
Santerre> 1Î
La Couronne. 2> 8
Le Roy. 4)
Croissy, Brigadier.
CAVALERIE.
Saint Poüange.1.5
Noai i les. b i>
Scheldon.1)6
-
DAyen,Brigadier,
LaBçaurne. 2?
Bourgogne. 2, 7; Mettre de Camp gencral. 3V
-
Puyguyon,Brigadier. «-
Rohan, - - - 3/
Bourille. 3 ?
La Reine. 3
SECONDE LIGNE.
1 Lieutenans Generaux.
Messieurs,
De Saint Mauris.
Comte d'Horn.
Clerembault.
Roussy.
Marquis de Grammont.
tJ Maréchaux de Camp. Mtljîcurs,
De Saint Hermine.
Joffreville.
Du Chastelet.
Asfeld.
lThianges.
ÑÕgent.
Vaillac.
Imecourt.
PesDeRuAxG.O3NS), 3
Silly
,
Brigadier. CAVALERIE,
Orleans. 2
Ternau. a./
Croy. 2: x 8
Briiîac.2,>
Rajfetot, Brigadier,
INFANTERIE,
NFice.oix..1) Brie.j«1r ..Auxerrois. 1 7 Baudeviile. iC
, tVaudcrgraiF. ,
i3
Robeck
,
Brigadier.
Second de Xaintonge. ip
Robeck. 2
Frou lay. 1 4.
LafTey. 1( Trcceifon.1S
Sknier, Brigadier.
Isle de France. i Broiffia. 1
Geufac.
ï)
Savines. 1(
Grimaldi. 1( Corriere.i
c 1: t S 1, B;r¡ '7
).o , i' Saint Secon à B,L;,.
Alaubourg.
STaine ShccoonJy.1.11 5 TeflK. n5
JBoulonois, i )
Cheppy,Brigadier.
CAVALERIE.
Dauriac. Gaëtano.. 1aC-
Ligondez. 2A8 Chartres.
ij
VerfDerialgleo.n3s.) 3 Artillerie.
Royal Artillerie. 1")
Grenadiers. 1 22~" Total
-
Bataillons 54.'
Escadrons. 68.
Ces Troupes font beaucoup*}
plus que complettes,s'il efti^
permis de parler ainsi, parcC=>i
que l'o a incorporé danscettes;
Armée les Officiers, & les Sol-l
dats qui n'ont pu passer a l'Arri
-
mée de - Mr le Maréchal de
r Villes,ce qui monte à plus
de trois mille hommes outre
cela toutes les Troupes qui doivent
joindre-cette Armée ne
font pas encore arrivées.
Depuis les derniers jours de
f Juin jusques vers la fin deJuil-
1kt, il s'est passé quantité d'actions
en Italie
, qui toutes en-
- semble forment un corps d'avantages
asses considerables
les Danois s'y font mutinez d'u-
:'ne maniere si vive, & ont demandé
avec tant de hauteur
qu'on leur payât leur solde, que
Mr de Starembergaesté obligé
de faire incorporer les soldats
dani les RegimensAllemans & de faire arrêter plusieurs Of,-
ncîers- .-- t
Le i6- &le 27. de Juin Mr de
Vendosmeayant donné la chasse
au Baron de Vaubonne,l'o;
bligeaà se sauver ducolléde
Rivoli: cependant Mr de Vendôme
fit charger sur des bateaux
surla Dige trois mille sacs de
bled qui avoient restez à Veronne
depuis deux ans, & les
fit conduire jusqu'àLenago:ce
Prince ayant eu avis que les ennemis
avoient fait embarquer
entre Veronne & Lenago des:
troupes pour couperla Digue:
fit marcher leI. de Juillet deux.
Brigades de Cavalerie avec pa-.
reil nombre d'Infanterie pour-,
aller se poster à Lenago? il fît]
aussi marcher de ce costé la deux:
BrigadesduCam pdeZeloce quii
rompit les desseins des ennemis,.t
•JÀ
i-1 Ce Prince partie ce même
jour avec toute l'Armée pour
se rendreà Due Castelli..
)J Le 2. un parti ennemi de soixante
& quinze hommes,qui
avoir passé à Quistello, dans le
dessein d'enlever un de nos partis
*, fut lui-même enlevé, &
ceux qui composoient ce parti
furent échangez avec autant de
prisonniers de l'affaire de Mr
d'Albergoti.
Le4. Mr de Vendosme ar"
riva à Due Castelli
,
sans que
les ennemis eussent fait aucun
mouvement pour troubler sa
marche. s} Ce Prince ayant laissé à Duc
Castelli le commandement de
rO.l1te l'Infanterie, &devingt
eufEscadrons aMr de Vatubecour
: il alla s'aboucher avec
Mr de Vaudemont à San Bcnedecto.
Le 7. il fit repasser ducostés,
de Due Castelli le reste de la--.
Cavalerie, a lareserve de treize
Escadrons qui estoient der-
- riere le Mincio aux ordres de ;
Mr de Narbonne.
Il s'est: passé une action le
8. que vous trouverez dans la.
Lettre suivante.
Je vous diray pour Noftvfl/e. qu&m
nos Huffars ontfait des merveilles.*.i*
Mr le Comte de Vaubecouit le".
tnvoya alag(uerre au nombre de"i
quarante, commandtz par fin dèsc
leur Capitainesnommé Fitte, &M
leur ordonna d'aller devers fillu^^
jFr4nca i Cnfe promenant hies dans
la Plaine, ilstrouvèrentun Party
detrente-ttoisàtrente-quatreHuffars
Ennemi* quist,-enl aJ!e",'JfJnne
contenancej les nôtres allèrent (*
eux le fabre à la main, & les
chargèrentsivigoureusement qu'ils
en tuerent huit ou dix sur la.
place, & en meneitnt hier au
foir a t Mr de Vaubecourt dixsept
tle[cherpe'{
}
entre Autres un
Lieutenant de réfutation farmy
tux qui avoit quatre ou cinq coups
&- dont le Cheval avoit esié vendu
Quarante Louis d'or. Ils ammenetent
Attffi 18. Chevaux, & ils
pn avoient tué cinq3ainsivous
voyez^quevoila un Party fortmal
mené ,fesis que nous ayonsjerdu u'"
fattjffard:2^eus finijjions defojilérquandilsarrivèrent,
ils deffîan~
derent pcrm¿(!ion à MrdeVaubecourt
de les dépouiller ce qu'il leu\
accorda volontiers; cela a vallu A chaque Hujjardplus de quarante
Icus.
Mr de Langallerie qui avoir
esté envoyé du costé des Toim
de Saravales avec un corps de
Cavalerie & degrenadiers,pour
enlever les grains que les Impériaux
avoienc fait battre, arrivar.
le 5. à Mantouë j & en amena:
plus de trois cens sacs
, yen"
ayant encor laissé plus de sir
cens faute de voitures: on
vit paroitre deux trou pes des,
ennemis qui n'ozerent l'atta.-
quer : mais une troisiéme troupe
quiestoit composée de Hufsarts,
ayant avancé un peu trop.
avant, Mr de Langaleric les
Et charger: on en tua quatre,
& dix-sept furent faits prisonniers.
Voici le Détachement qui a
esté fait de l'Armée d'Italie,
pour aller joindre Mrl'Electeur
de Baviere.
Mr de Bezons, Lieutenant general.
Maréchaux de Camp,
h/leffîeun
DLe Bou ligneux.
D'Estin.
Du Vaudray. Brigadiers
mecourt. OGorugeeo1r0cnht.y;..: ..,
,:', 20. bataill. & 27. Escadr. «
INFANTEMB,
La Marine. 3
Auvergne. z
Anjou. z
Mirabau. 2, Sourches. 1
Morangis. 1
LCLaa FSâerme.abarerseis..I11
Flandres. 1
Quercy. 1 Beauue. 1
BTassoignuy. rnefis.I1 Beau jolojs. 1!
CAVALERIE.
Commissaire general. 5-
Anjou. j
Bourbon. y Du Troac» :-%,
Ruffec. ,2
Bartillat. 2
Desclos. 2
bOllzoles. 2
Dourches. a DRAGONS,
Seneterre. 3
Du Heron. 3
27.
Mr d'Andrefel estCommissaire
général Ordonnateur
decetArmée.
Les Troupes qui devoienc
former ce détachement partirent
peu de temps après
,
ainu
que vous verrez par la Lettre
suivante.
Au Camp.deRivoly.le.22
Juillet1703.
Z'Armésaya.nYtajn>t Iriyiss. dd-uu 1îa4i.il,
pour quatrejours & du bifcttitfrours
deux, partit du Camp de Due--
dafielli le20. alla campera San--
tino prés de Villefranche. Mr de*':
4* Vendômepartit le même jour de\
Mantouë, &alla coucherau Camp ,;
tfoù tl vint hier au matin avec".J
l'Armée camperh CajJel-Novo)(
où nousjoignit un Convoy qui ve- -
Issoit de GoitO, & qui porte pour
deuxjours depain,&dubijeuitpour
six. Nous sommes venus de la à
.camper icy où nous sèjournerons,
(
parce quecettejournée> & celle que :
nousifmeshier ont efiétrès-grandes,
*2fous sommes au pied du Mont J
Baldo à l'entrée des Montagnes ,
oùl'air. &l%eaufont admirables ; J Xm ne craindronsplus les mala*«
dies ,
Hy'a mêmeapparence que
Ves malades ouisuiventl'Arméefefont
feront bientofl remis. Mr de Vendomesepbrte
à merveilles. "Depuis
hier nous apprîmes, que Mr de
Vanbonne avoit eslé détaché de
l'Armée des Ennemis avec trois cens
hommes de pied, & quatre cens
Dragons,& qu'ilr9montoit ltAdi.
gede l'autre côté, on nous a dit aujourd'huy
qu'ily avoit deux ou trois
cens Heiduques à la Ferrara, Si
lssouus nee trouvons pas d'autres obf- celny-lk d'icy a Trente,
ily aurait lieu d'efyerer que nous
Maurions bien-tostjoint Mr de Êa~
viere. Les Ennemis ont deux Bar-
\gues armées sur le Lac. Mr de
pendômeIl mandé à Mr Boucbu
qui e teftèk Dezcnï^ano,£enfaire
armer diligemment pour leur oppafer
» &a fait marchetun Equipage
des G.tliotesquiejîoietttfurle Pb
fourai effet
,
jîbienqu'ily a lieu
d?e(frere,* que nous ne trouverons
point de difficulté de tirer nos Cd-,
nons deDezfnzgnoparle Lac.
Mr de Vendôme a écrit du
même jour &. du même Camp)
qu'il y venoit d'arriveaprès trois
jours de marche avec vingtcinq Escadrons
& t'infanterie, que Mr
de Medavi couloit le long du Lac
de Garde le laissant à main droite
avec huit Bataillons, & quatre ou
cinq Regimens de Cavalerie ~&de
Dragons pour se rendre maistre du
Riva, tandis qu'il essayeroitd'en
faire autant du Château de Ta?-
bolé qui est aufjîh la pointe droite
du Lac, mais qui efi beaucoup
meilleur. Il ajoucoit que Mr le
Comte de Senneteres estoit rendu
maifire à De'{enZdno de vingt-sèpt
Barques,dont quelquesunespeuvent
porter deux millesacs de grains ,
&
par ce moyen venir jttfJu'à Rivoli :
Que l'onnavok trouvé aucun Ennemi)
& que L'Armée devoitsejourner
le 13. &le 24. monter àla
Ferrare; d- que l'onsçauroit dans
peusi on vouloit luy dijputer le passage,
mais qu'il n'y avoitnul lieu
de le croire; que Mr Elechur de
Baviere donnoit tropd;inquietude
dans le Tirol, pour que les Ennemis
0furent se tenir long-temps entre
deux feux.
Je passe à d'autres nouvelles
en attendant le second Courier
qui aportera des nouvelles du
passage de Mr de Medavi,&j'espere
que vous lesaurez avant
queje ferme ma Lettre : mais
quand même elles ne viendroient
pas,vous les aurez avant
que de la recevoir, parce qu'il
faut du temps avant qu'elle
vous foit rendue.
Mr Dalcn premier President
au Parlement de Pau a esté
.1 nommé pour succeder à Mr le
Marquis de la Trefne premier
President du Parlement de Bordeaux,
dont je vous ay apris la
mort : Mr Da lon est fils de feu
Mr Dalon qui après avoirété
Avocat général du Parlement
de Bordeaux, futnommé premier
President de Pau oùil est
mort. Mr le premier President
d'aujourd'huy a aussi esté luimêmeAvocat
général du Parlement
de Bourdeaux, & il n'y
a que trois ou quatre ans qu'il
• 1
succeda à Mr son pere : il est
petit-fils de ce fameux Mr de la
Vie, qui estoit regardé comme
l'Oracle du Parlement de Bordeaux
, & qui estoit très-célébre
Jurisconsulte. Mr le premier
President Dalon a épousé depuis
2.ou3. années MlleChoart
fille de Mr Choart
,
autrefois
Surintendant de la Maison de
Madame la Dauphine dont je
vous ay déja parlé dans plusieurs
de mes Lettres. Mr l'Abbé
Dalon qui a embrasse le parti
de l'Eglise est d'un merite, ôc
d'une pieté reconnue
3
& qui
demeure à Paris où il vit dans la
pratique des vertus chrétiennes,
est frere de Mr le premier
President de Bordeaux.
Q"°y qu'il me redc à vous
entretenir de beaucoup de personnes
mortes depuis ma derniere
Lettre,jenevousparlerai que
des deux dont vous allez lire
les articles, reservant les autres
pour le mois prochain.
Damoiselle Anne Marie de
Noailles,fille de feu Mr le MarquisdeNoailles
,Maréchal des
Camps & Armées du Koy, &
de Dame Marguerite Rouillé,
aujourd'huy Duchesse de Richelieu
: Elle est morteâgée de
douze ans: elle estoit accordée
à Mr le Duc de Fronsac, fils de
Mr le Duc de Richelieu.
Messire Jean-Baptiste Brunet
Seigneur de Chailly, Serigny
, &c. ancien garde du Tresor
Royal, il laisse un fils &
deux filles, le filsaesté Maî:
re des Requestes, & està préent
President des Comptes, les
illes font Madame du Tillet de
la Bussiere, femme du President
au Grand Conseil
, & Madame
de Villarceaux veuve du Marquis
de ce nom ,
Chevalier des
Ordres du Roy,tuéàlabataille
de Fleurus, ilavoit eu une troisiémefillequiefl:
decedée,&.qui
avoit épouséMrBignon deBlanzy
Intendant des Finances. Je
Vous ay parlé plusieurs fois de
cette Famille qui est tres-bien
établie, & composée de gens de
mérité MrBrunet dont je vous
aprens la mort , estregretté de
linute sa Famille, &Z>de ceux tous dont il estoit connu: ila
toüjours esté regardé comme l'un des hommes du mondequi
aimoit le plus à faire plaisir
Madame la Princessede Conty
est accouchée d'un fils,qui
doit
,
à ce que l'on assure
3 porter
le nom de Comte d'Alais.
On peut dire qu'il ne coule que
du fang de Bourbon dans ses
veines, tant du cossé paternel,
que du maternel
: il luisuffira
de lire l'Histoire des Heros de
sa Maison, & de les imiter pour
devenir un des plus grands
hommes du monde.
Les nouvelles qui regardent
Mr l'Electeur de Baviere dans
àlmaaprdiesreniere Lettre fînissant à du Chasteau de Kuf-
Hein. Cette nouvelle estoit si1
fraische que je ne la sçavois
alors
-
qu'imparfaitement. Le
Roy reçut presqu'enmême
emps la [ ettrc suivante, clic
st de Mr le Maréchal de Vilars&
dattée du22. Juin.
SIRE
J'aprcns dans ce moment far un
Confier de Mr ttEleReur de Banet,
qu'il a pris Kufftein par
'l:e e/pece de miracle.C'est une
9lace très-bonne. Le Gouverneur
ltAproche des Troupes a voulu saie
brûlerquelques maifvns qui avoinoient
la vil-'e. L* feu de ces ma;.
ms poufféparun ajje7, grand vent
\eftcommuniqué à la Ville qui en
r esle consommèe en un moment. Le
çeu de la Ville a f*ffe au Chaeau.
Vn des Inqenieurs François
luefavois donné à Mr l*Eletteur,
lommé des Ventes) a demandé cinjuante
Grenadiers fours'aproçbet
-
d.J'u1 ne T- ou- r~-:-q-u-'il-croy-o.it--p--o:-uvoiïx
aborder & que le grandfeuempc•
choit les Ennemis de de{fendre Li
feu n'a pasempêche nos Grenadiers
de la grimper les uns sur les autresy
& en deux heures Ville & Chafîeat&\
on esséemportez^ Nc's Grenadiers
& cet Ingénieur sur tout,meriteniv
des louangesinfinies. Mr ïElecteurme
mInde qu'il va expedies.
le reste. il marche à Inspruck,gra-\
ce à Dieu, SIRE ,
voilà un beau.,
début. Partous Usavisquefay<
refeus cefoir, l*Ennemy marche de^i
Ttuinà moy.l'a reconnumon Pof—'
te,&(e l'ttttenJ avec la confiance9
que ïEtoile de VoJlre Majesté, la.*r
jussiee deses Armes, la bonté deîes,
Troupes & mon zgle me donnent.
Il y avoir dans Kustein trois,,-,
ens hommes qui furent faits
prisonniers de guerre. Voicy
extrait d'une Relation qui
parle de cette Place, elle dit
en parlant des Grenad iers François
quil'ontemportée, ilsmonoient
surles épaules les uns des aures
& guindoient leurs camarades
ar le moyen de leursfusils
,
les preniers
se jetterent dans le Chasteau
tvec précipitation&surprirent si
"Ort le Gouverneur & la Carnifon
le voir arriver des Troupes par où
ilscroyoient qu'il ne pouvoit passerque
desoiséaux qu'ils se rendirent
tous Prisonniers de guerre. Cela
facilita l'entrée de la Place aux
Troupes de Son Altesse Electorale,
qui sanscetexpedient auroitpû teniir
qu,inz•e jours.
- La Lettre que vous allez lire
vous apprendra ce qui a suivi
cette conquête.
Du Camp de S. A. E. de
Baviere prés d'Inspruk
le 27 Juin.
Après la fiife de Kuf/lein , Monseigneurl'EleHeurs'est au/Ji
,rendu maistre du Château de Rattemùerg,
& quoiqu'il y eut une*
Gamifin de quatre cens hommes,
de Troupes ieglées
,
& deJtx cens.
Paysans armez^d'Arquebutfest
rayées , cette Place ne nous Jk
pourtant coûtéqueneuf Grenadiersc
François. Nous mar hâmes enfuîtes
Schuats, où le Mapfirat de Haïti
vint au devant de Son Alteftn
Electorale pour luy presenterlesx.
clefSX
clefs de leur Ville
,
& comme Son
..AltelJe Electoraley fut. informée
*que le General Grefcbvvind tftoil
pessè devant Jnfpruck avec trois
cens hommes de Troupes reglées)
jlle détacha le Comte de Taufktrktn
AV'CC ordre d'attaquer, &de
forcer lesdits trois cens hommrs dans
le Posse avantageuxqu'ils ovcttpaient
; ce quilexecuta avec tant
de vigueur, que nonfeulement illes
deffiientietement, mais qu'il prit aue tout le Bagage du General
Grejchevvind. Après cet exploit le ;Regence générale d'inf:JTUck prit
d'autres mesures,&vint trouver
Son Aït'fjeB.iulraie dms la
nVille de H:;Il}
pour luysenter
ylcsclefs, & pour implorerji pro-
\tcciivnt, elle 14j reçut avec sa boniteordinaire
& leur dewani-a le
pal/-l!;C pHtr les Couriers qtïelle
reènpv/o,iydéiren&t qrueçiolsitadn'j11i.eihuet,actcutellielsment
dJp¿,jj:! de tels Afandemens
p'l1 toutle Tirol,que Son Ahcffe
JUlechrîle n'v trouverait aucu-ie
àssi'cuîté.i\r'J V<fSère ,¡!lime Electeur
y*- mitensuiteh la telle de Ces
Troupes, (j> marht d^-icaInf
pric,:, & 1 d d J à queljuedj't.mcc de la
Vdle il fut rencontré par Madame
l'Elcci'icePalatine Douairière,
6"" par 4\11 lEvéqued\4u;h..urç
) iaccompagneVr.d'u»ne nombreuse'fuite
d:f?rfonncsdediftinct-.onqui vinrent
pareillement demand-<(a protection
,
Son Altels? EÜ(f rne les
reçuttres-gr.ici'ufement,&après
quelques compliment & civilité^
réciproques, ellepoursuivitsa marche
t
&fit[on Entrée dans ladite
Ville a- In-spru..c- k- -a-ccon:-p"lgné..J 1de,s
ferfonnes nommcts cy dtjJus.- On
avoit préparélePalais Impérial
peuryloger son Alt:jje Electorale
,
6" on le irly offrit :!VCC beaucoup
d, l d'injrance 1]' r; ,maiselles'en exeufa
fort honnêtement & prit son logcmentchyles
Révérends Peres Jefaitteosu.
sL-uenshsaucictocuetunms"eP?^ahystainrserarmex^
au
blancy qui ef}oientsur les
hauteursVJ:'finesaInsp'uck
,
ayant
appris que - la R4ger.ce Imperiate
venaitdepresentet les clefs à Son
w4lie/Je Electorale, quittèrent leurs
pofits
,
jetterent les armes b* s .é;o#
V-'t'y'e.itaussi implorer laprotvHicn
du Prince,Immédiatementaprès
l'entréede Son A!flJle Electorale,
m chanta le Te Deum, auquel
tffijletent Madamel*EleEiriccPalatine,
& Mr Evequed'Aufbourg
avecun trèsgrand concours de
mande. Mrl'ArchevêquedeSoeïtZçbourg
aenvoyé deux Chanoines de
fin chapitre Metropolitain pour
csmpkmehter Son Altesse Electorale
, qui n'ont pas encore esiè admis
if VAudiance. Pour ce qui regarde
le ChâteAuKuflleinJ lois
queSon Altesse Electorale le vit,
sasîtuation avantageuse la surprit
(7. elle le regarda comme une des
plus for/esPlace^qu'elle aye veuë , & l'ayant bien vifttè & confideré,
elleditque le Châteaude Yiuffteuj,
cjleitp-usfûi-fque Cr/MY de Namurt & capable d'arrêter long-temp s
ttve Aîtdèe de soixante milecombattant
, ayant autrefois soutenu
dix ans de fuite le blocus & le Siege
d'unefuifante Armé: Imperiale
Onatrouvé dans cette Place toutes
fortes de,munitions debouchepouf
plusieurs années & entre antres
foixahte &dix pieces de Canonde
bronq & quelque mille bombes
chargées : on travaille actuellement
a réparer cette place, &ala rendre
tncor plus fohe par dè'nMeatix
ouvrages quon efyere d'achever en
deux mois de temps5 il est a remarquer
que pendant la marthe de
Son Altesse Eleflorale
,
elle rencontra
a Vijback du cojlé de Kuffiem
sept grands Chariots de Nurembergattelez^
chacun de huit Cbe..
vaux, elle les fit arrejier &on
trouva qu'ilsefioientçhargex^dela
principale richcfie des habilanrde
la Ville de Nurembergqui TaiJoH*
loientjauverdans le Tiroir
L ".,
On doit remarquer quel'E".s
toille de Madame l'Elctrice: Palatine Doüairiere
)
Mere de ; l' Impératrice, eil: de l'obliger à
se soumettre partout à Mrl'Electeur
de naviere. Ce Prince
l'avoit trouvée dans Neubourg,
& elle avoic crû s'estre re- tirée si loin, en se réfugiant à-
Inspruck qu'il estoit impossible
que Mr de Baviere allait affieger
cette Place, c'est néanmoins
ce que cet Electeur a fait ou
du moins ce qu'il alloit faire
: Si on ne luy eust point apporté
lesclefsdecette Place,de
forte que Madame l'Electrice
Palatine ne pouvant revenir de
ton étonnement, cette Princesse
fit trois choses qui font assez
~surprenantes, & dignes d'estre
remarquées. Elle alla au devant
de Mr l'Electeur de Baviere
il elle assista avec son fils au Te
Deum qui fut chanté en action
de graces d'une conqueste faite
sur son Gendre, elle dîna avec le Vainqueur de ce même
Gendre. Cela est bien glorieux
à Mr de Baviere , & il
faut que cette Eleftricc,4 son
Fils ayent eu de puissantes raisons
pour les engager à faire
de fcmblables pas, & qu'ils
ayent crû Mr l'Electeur de Baviere
bien puissant, bienétabli
Ii. bien aimé dans le pays, pour
faire des choses si extraordinaires
en sa faveur, &qui ne
doivent pas estre agreablesà
l'Empereur.
Mr l'Electeur de Baviere
ayant des droits sur le Tirol,
& le regardant comme une Province
qui lui appartiens y fait
exercer tout ce qui regarde la
Justice
,
la Police, & les Finances,
autrement qu'il ne feroit
dans une Place qu'il ne regarderoit
que comme une conqueste,
& en traiteles peuples
comme ses veritables Sujets.
Ce Prince a fait presser ferment
à la Garnison, comme veritable
Souverain de cette Province. -- Cet Electeur continuant ses
conquestes, acheva de s'emparer
de tous les Postes & passages
du Tirol du costé du Trentin,
& envoya un détachement
vers le haut de la riviere d'Inn,
& du Lek, qui prit par stratagême
les Chafteaux d'Erhnberg
, & de Reuth, ce dernier
est estimé plus fort que celui
de Kusstein. On a trouvé tant
dans ce Chasteau que dans la
Ville, quarante pieces de canon
de fonte,quatorze mortiers,
un magasin de boulets,
bombes, grenades, & poudre ,
& seize mille sacs d'avoine, de
blé, & farine, pour nourrir
pendant trois mois une Armée
de trente mille hommes. On y
a aussitrouvé du sel pour fournir
toute la Suisse. Ces dernieres
conquestes ont rendu Mr
de Baviere entierement maistre
du Tirol
,
où tous les peuples
l'aiment & lerespectent.
Les mêmes Détachemens qui
ont pris les deux Châteaux dont
je viens de parler, ont aussi diffipélesPaïsansquiavoient
pris les
armes dececosté là, pour défendre
les passages. Le Comte Porrta
y a esté tué; & le General
Comte de Tanfkirken a esté
fait prisonnier. Il est surprenant
que Mrl'Eleveurde Baviere
le soit rendu iiiaillrepretque
en six jours des principales
Places du Tirol, qui eil: une des
meilleures Provinces de laMaison
d'Autriche. Cette conquête
luy ouvre l'entrée en Auilriche,
Carinthie, & Stirie, 6c
i
ostede ce costé-la aux Impe- I
riaux la communication avec
l'haHe. On assureque les Salines
de Hall, fuuéesà unelieiic1
- au dessous d'Inspruch
,
& les
autres revenus du Tirol
, rendoient
tous les ans à l'Empereur
quatre millions &demi de
florins.
Vous attendez sans doute des
nouvelles de l'Armée de Mr le
Maréchal de Villars. En voici.
, Au Camp de Dilinghen le
7. Juillet.
1erretranchemens que Mrde
¡Tdj,{'s a fait commencer ily a dix
- j>msdepuis Villinçhen jnfques icy
font pcrfrclioncz^, Mr de Bade
cj} c-oapé à demielieue du centre
de ny:re Linle ,
rI fauche dP-
~<;~ à Vl^.lhni'jjcnsurla Scera5
& Li droite derrière je Château
Dhau^en.Lorsque ce Princeani*
va à ce Camp , Mr le Maréchal
j'en approcha d'assez. près pour en
pouvoircompter les tfeadrons entiemis
y
ce qu'ilfitfians que fitcu~-
riojité fusi troublée
, mais y efiant
retourne le fuir) Mr de Bade fiti
descendre deux Escadrons & un; grand nombre- de Volontaires qui
tutrent à coups de Carabines un de ; fis Aides de Camp , nommé Varuil-
Ion, & en hleffèrent quelques autres.
Cette Armée pouvoit efire de
",
vingt mille hommes auplus , dont il
yavoit 8000chevaux, ilspublient ; qu'ils attendent un grand secours..
Comme Mrde Bade peut voir de fort
Camp tous les mouvemens que nous
\fouvons faire dans le noJhe) il'.
n'a point mis de Gardes avancées à 5 la te(te duficn, mais feulement le v
piquetdefit Cavalerie en front de
deux lignes. Cette nouveauté lui
nnoofuUs Jff¿w'¡ {'jIrrittt nnOo.'o'bsJ f:uifteexxppli¿qqu'céeepar
des Défisrieurs , qx.: lJ(¡{f.r ont affurê ;
{Jl':'}
que ilit de Bade n'avoit pris cette
précaution que pour empêcher ladeftrtion
ïson Armée manquant JaT.
gent & de vivres. On atrouvé dans
le Cbtfteau de Dilinghen vingt
pliliefltcs degrains, quel'Evéque
d*Au<bourg avoit amassé pourfane
des Magasins pour l'Empereurson
J]t;lufrere.
Jenedois pasoublier devous
dire qu'aussitost que l'Armée
commandée par Mr le Maréchal
de Villars
, eut appris
que Mr le Prince de Bade avoit
joint Mr le Comte de Stirum
avec un assez gros Corps de
Troupes, elle demanda avec
tant d'instance qu'on la menast
au Combat,que Mr leMaréchal
de Villars se trouvant vivement
preiïe tant par les Officiersques
parles Soldats ,futobligé des
teo'r un Conseil de * Guerres
pour délibérersion satisferoit
ou non, l'impatience de tança
de braves. La chose ayant esié:
agitée
,
il futconclu dans ces
Conseil que les ordres de Mri
de Villars estant de ne rien faire
que de concert avec Mr ('£--
le&eurde Baviere, il ne pouvoit
donner Bataille. Voicy ces
que porte une autre Lettre du
mêmeCamp. 1
;, LePrincedeB*des'efapfroché\
Le 'Prince 'deiapproçhé\ *deMr le Maréchal de Villars&"i
a faitattaquer un Posse où cftoitY
':fin Hospital, ses Troupes ont cftêM
repoujTées, &ily eu quelques cen-'-i
îdines$Allemànsiuâ%. CetteaW* z,.
taqueriejloit. qu'une feinte, Mr
Maréchal de Villars avoit envoyé
un Corpssur le Danube pour observer
les ennemis, on a découvert qu'ils
travaillaient à y jetter un Pont,
pourprendrenofire Arméepar derriere
, nos Troupes s'y estant opposéesontfaitquitterprise
aux Impériaux
,
dontplus de trois cens ont
esiétue^
Ce qui suits'est publié là
Versailles & à Paris,mais je
n'en ay pas vu1\ dde LLettres de
l'Armée, ainsi que desautres
Nouvelles que je vous envoye.
Mr de Villars ayant fait en se
promenant chargerune grande
Garde des Ennemis
,
qui fut
renversée & dont plusieurs furent
tuez, se persuada que Mr
Tc Prince de Bade voudroit
avoirsa revanche le lendemain,
& pour n'estre point surpris
il fit mettre quantitéd'Infanteriesur
le ventre auprés de sa
grande Garde, &les Ennemis
n'ayant pas manqué de la venir
pousser
le
Iailfa lendemain, on les
avancer pour les attirer
au feu de l'Infanterie, qui en
tua beaucoup,on n'en dit pas
Je nombre On écrit de cette
Armée qu'elle efi: au/Ti complette
qu'elle ait jamais esté
,
& qu'il n'y manque pas un homme
; cela vous paroîtra d'autant
plus sur p renant qu'ellen'a
point reçu de Recruës; mais
il se trouve des François par
tout, il y en avoit beaucoup
en Allemagne, & dés qu'ils
*crt*t vû une Armée de leur
Nation, ils ont quittétous ,lçs
Princes qu'ils servoient pour
s'y rendre Cette Armée dlie
descontributions & prend des
Places, sans que Mr de Bade
y mette aucun obstacle ; & le
Virtemberg quis'estoitlongtemps
deffendu de contribuer
iYienc de se soumettre à la can»
tribution: Mr de Villarss'est
emparé dans le même temps
de la Ville d'Aichstet, vous
sçavez qu'il y a un Eveché, &
qu'ainsi cette Ville est considerable
,
les Troupes & les Milices
qui estoientdedans ont
esté faites prisonnieres de
- guerre. La Nouvelledela reddition
d'Ausbourg eH: arrivée
enmême temps, CettePlace
devoit recevoir Garnison Im*
periale, quoyqu'elleeûtaccepté
la Neutralité: Cependant
se voyant fort pressée elle
n'a pu refuser deux Portes qui
luy ont esté demandées. -
, On assure que Mr de Villars
ne pouvant plusresister à l'impatience
que les Troupes témoignent
tous les jours de combatre
Mr de Bade, & que
croyant d'ailleurs avoir de bonnes
raisons pour attaquer ce
Prince,il s'estoit mis en estat de
le faire; mais que quelques Bavarois
estoient venus le trouver
& lay avoient reprefenré qu'il
couvroictoutela Baviere,quele
fortde cet Electoratdépendoit
de luy, & qu'ilsle prioient J:
de ne rien risquer, quoy que
le gain dela Bataille leur parût
assuré,commeàluy , ce qui
avoit obligé Mr de Baviere à
revoquer les ordres qu'il avoit
donnez pourle Combat.
La nouvelle de la maladie de
Mrle Prince de Bade se trouve
dans un si grand nombre de
lettres qu'il y a lieu de croire
qu'elle est veritable.
Voicy la suite des Nouvelles
de Flandres.
Les Nouvelles du 15. aufoirpaxtoient
que lesennemis ayant rejoint
leurs forces enfcmble, & dégarny
leurs Places d'une partie de leurs
garnisons
s
ils avoientfait mine de
-
vouloir attaquer Mr le Maréchal
-
de Vtl/sroy) & d'en venir k une
aïiion àecifîve, ce qui avoit obligé*,
ce Maréchal hfaire bonne contenancepourleurmarquer
quilne les craignoit
pas, Mais que ce GcneraV
Ayant appris qu'ils tournoient du
cossé de Lillo) comme à dcffiin d'y
fifier sur leu* Pont le glan i Efcauty
il avoitjugé àpropos defaire entr, r £Armée dans les lignes, & d'envJver
cinquante Escadrons fous la
ionduite de My de B-Jrvvick, entre
ltes deux GGeetttirrss)ou ils feroientcom-
.,
ou
modementpmrfu^/tfiert &en efiat
de le rejoindre au/Ii- tojî qu'il en auroit
besoin.
: Il cft: à remarquer que les
Ennemisavoient plus de vingtcinq
mille hornmes plus que
nous, parce que l'Armée de
Mr deBedmarn'avoit pasjoint;
cependant MrleMaréchalde
Villeroy au lieu de décamper
la nuit comme quelques Gene.
rauxauroientpû faire, atten- ditqu'ilfût jour pour mettre
son
Armée
en Bataille, il fit défiler
les gros bagages, & partie
après avoir demeuré pendant
cinq heures en Bataille & avoir
inutilement attendu les Ennemis,
Cette fermetélesestonna
si fort qu'elles les rendit immobiles,
& plusieurs demeurerent
persuadezqu'elle fit évanouir
une espece d'envie qu'ils
avaient delivrer Bataille
Pendant que les Armées
estoient si proches, qu'il n'y
avoitque la Bruyèreentre deux,
on alla au 1'41 vive, & il se
trouva que les deux Généraux
s'envoyoient taire des COmpalmens
l'un à l'autre,Mr le Comte
de Verrue alloit trouver Mr le
Duc de Marlbouroug
, & un
Trompette avec un cheval de
bastchargé devinestoitenvoyé
à Mr le Duc de Barvvik son nc,
veu , ce Prince citant né d'unç
soeur de ce Milord.
L'Armé de Mr le Maréchal
de Villeroy estantentrée dan-s
les lignes, campa à deux petites
lieues d'Anvers dans uij
lieu nommé VVineghem
, oti
elle efVoic le 2 7 on avoitrésolu
ce jour là que Mr le Maréchal
de Bouflers passeroit
l'Escaut à deux lieues d'Anvers
avecunCorps de Trou pes pour
rester dans le Païs de Vvaës afin
demettre Ostends à couvert,
r Vous attendez sans doute
que je vous parle de la belle
action de Mr le Chevalier de
Saint Pol- Hecourt, j'enattendois
une Relation plus ample
que celle quia esté donnée au
Pubiic; mais comme je n'ay
rien reçu, que cette Relation
est tres- belle,& que je ne repette
jamais ce quia esté donné
au Public,à moins qu'il ne
soit considerablement augmen- té, & rempli d'un grand nombre
decircondances nouvelles,
je ne vous donneray point de
détail entier de cette action puisque celuy , que je vous envoverois
feroit infiniment au
dessous de celuy que vous avez vû : Voicycependant quelques
extraits de Lettres qui contiens
nent des choses dont iln'est
pas parlé dans la Relation generale.
Pendant le combat la Flote des
Pefchcurs feifduvafurles Cotes d'ifi/
and. MtdeS. Pol ntsçachant OM
la trouver , & la Brume Vayant
dérobéeasa vue, ilctoifa entre les
Qrcades & l'Ijlland. llprit encroi.
fant un petit B^fiiment Ecoffoist &
promit au Commandant sa liberté
& de luy rendre son Vaisseau,s'il
luy vouloit apprendre ou s'tfloit retirée
la flote des peJèhcttrs. L'Ecofjoisaccepta
le pariy & amena
Mr defiint Pol dans les Ports d'ljql
land, où l'on en brûla centsoixante.
Ilyavoit treize hommes surchaque
Bajliment j on affureque ces
Btflirnens reviennent à dix mii/e1
livres chacun. i
Voie;
Voici ce qu'en a écrit Mrde
Roquefeüil
,
qui fut envoyé
pour les brûler.
- - - Pendant le combat ta Flote des
Pescheurs s'enfuit
J on en a brûle
plufellrs àla Coftej mais legrosqui
tjloit deplus de cent s
s'efioit retiré
dansun Port> nomméLetrvic> à
rouvert d'une Forteresse ; feus ordre
dy alleravec mon Navire, e- après
(lvoir bien reconnu l'endroit, &pris
le commandement de cinqChaloupesy
j'allay au pied de ce FOTt,
dont les Hollandais au nombre de
de quinzecents'efoientrendus maîtres
3 ils firent de leur mieux pour
m'empêcher d'approcher, ]ejfuyay
leur décharge
,
6- j'allay mettre le
feu aux Bafiimensjils rftoientpllM
de cent tnfèmhle. Cette affaire ejïfï
tomplettequ'apeine s'en estvé
pourporter la nouvelle en Hol.
lande.
Voussçavez que Mr le Marquis
de Gesvres, premier Gentilhomme
de la Chambre du
Roy a esté reçu au Parlement
en qualité deDuc de Tresmes,
Pair de France sur la démission
de Mr le Duc de Gesvres,son
Pere. Ce Duc estant parent de
Mr le premier President, a esté
reçu par Mr le President Molé.
L'Assemblée fut nombreuse,
& tous les Ducs & Pairs qui
sont icy & qui estoient en estat
de se rendre au Parlement y,
accompagnèrent les Princes du
Sang qui voulurent faire l'honneur
à Mr le Marquis de Gesvres
de se trouver à sa recep -
tion. Le Raporteur suivantl'aage
ordinaire y m l'éloge de
cenouveau Duc& Pair. Jene
lis rien de sa naissance & de sa
Charge qui luy donnent un
grand relief dans le monde: )n peut dire de ce Marquis
\u'il a toujours fait voir beauoup
de conduite & de fhgefîe
,
e qu'il n'a jamais esté jeune
ans un lieu ouplusieurslefont
ms- temps.
t J'ay attendu jusqu'àlafin de
ia Lettre a vous-parler de Berelle,
dans l'esperance que. je
ous apprendrois la Capitulaton
de cette Place. Le Roy
îçut le 29. de Juillet une Let-
.0 de Mr de Vaudemont quelle par ce Prince luy mandoit
ue la GarniCon avoit demandé
capituler, & qu'elleavoitenvoyé
ses proportions à Mr Je
Duc de Vendosme, mais que
celuy qui les portoitn'ayant
point trouvé ce Prince, parce
qu'il estoit party poureconduire
le Détachement destiné pour
l' Allemagne, l'affaireestoit demeurée
indecise
, parce que les
Allemans qui font dans la Place,
ne reconnoissant point le
Roy d'Espagne
, ne vouloient
traiter qu'avec Mr de Vendô-
- me. Or) a (çu depuis que la garnison
ne'vÕ'llanr pas- se rendre
à discretion
,
rien n'avoir efté*
conc l u. Je suis, &c -
A p.,¡ris , ce 2. Aoust 1703.
On a mis dans le Mercure dernier,
dans l'Article de la. more de Mr le
premier Président de Rouen ,
Abbé
de Citeaux au lieu aAbbéssel'hbbaje
Reguliere de l'Ordre de Qitedtix»-J
APOSTILLE.
Voici ce que l'on mande de
de l'Armée de Mr de Villeroy,
du 30.
Noussommesfort en repos, & l-es
ennemis très -
emhara/Jez; nous ne
voyons pas quel parti ils peuvent
prendre. Onse confirme tous les jours
danslapensée qu'ils vouloientnous
attaquer parnojlregauche, & rif.
'queruneBataille,nous efiant trèssuperieurs
,
& leurs forces rassèmbléssinous
navionsramassé les
nofires
,
ils nous auroient donné jalousse
pour Ofiende
, par le moyen de
-leur Pont entre Ltllo &Liélenfou
,
&de leurs Batteaux.Leparti que
MrdeVilleroy a pris de rentrer dans
les lignes,&defilire npiffer 1,
caut à l'.ArmÙ' de Bednarr atout
;mu enfureté, &déconcerté lesprojets desennemis. Ontravaillehfortifier
le Camp de Burcq
,
où estMr
de Guiscard en l'absence de Mr de
BeÀmar. Ce Posse est d'une trèsgrandeimportance.
Les Ennemisont
toujours leur droite à VVoftreftl, le
Village derriere eux, & leur gauche
a Klampthout. L'Armée qui
tjloitfous Lillo, est hpresent à Capelle.
Il a pajjè deux Regiment de
Dragons de nostre Armée dans le
Pays de rVaifs.TOlue la Cavalerie
de la féconde ligne, à la reserve
deseptÊscadrons, cfl allée à Lierre
fous les ordres du Milord Barvvickj
c'elf pour épargner les grains des lignes>
y ayant des Plairies à Lierre,
& la Cavalerie estant très-inutile
dins nos lignes.fQArleMaréchalde
Villeroy a visitéavecgrandfoin tous
les Fortt d'Anvers,Zafaifon s'avance,&
nottJ ne prévoyons pas quels
peuvent estre lesprojets des ennemis.
Le General est toujours aussi graâetexquedccoutume,
& toute l'ATmée
luifouhditeunefindeCampagne
auffiqlorieufe que lecommencement.
t Mr de Badeayant fait pouffer une
de nos Gardes de Cavalerie, Mr le
Prince Charles, fils de Mr le Grand ', it marcher le piquet, qui avoit attaque
les Ennemis avec tant de vigueur
qu'illes avoir renversez & poursuivis
jusqu'au prés de leur Camp, avec per- lieldes leurs. est arrivé deux Courriers d'Italie ,• un dépêché par Mr de Vaudemont,
C l'autre par Mr de Vendosme. Par
; premierl'onapprend que Berillc
est rendue&que la Garnison tft
isonniere de guerre, qu'elle s'cft
ouvéeêtre encor de onzecent hoiries
en bonne santé & de quatre cenc
malades, que le Gouverneur est aussi
prisonnier de guerre. On croit qu'ou-
,
tre ce Gouverneur il y avoit un Ofsicier
General. On a trouvé six vingt
pieces de Canon dans la Place
,
elle
se rendit le 27, à deux heures après 4
midy, & a trois les Grenadiers François
prirent possessïon de la Forte du Pô..
Mr de Vendôme mande par le fe--
cond Courier qu'il a pJlfé Montebaldo
, & la Ferrare, qu'il a trouvés
quelques ennemis dans ce dernier Poste
qui n'ont fait qu'une légère résistance tfj
& qui après une décharge ont pris las,
fuite & se sont dispersez
, que nous n'y".
avons perdu que sept à huit Soldats <S<;~
aucun Officier, qu'il a marché ensuite,
à un petit Chasteau
, & que ceux quiaj
estoient de dans pour le deffendre
,
fc,)
font retirez avec - tant de précipitation
qu'ils ont laissé trois pieces de Canon
Il ajoute qu'il va marcher à Aqua Ne
gra , ('< que Mr de Bavière luy a
mann
dé qu'il envoyoit des Troupes au deJJ
vantdeluy ju(q'u'J ce lieu, qui r/tlj
ilaa quinze mille de Trente..,"'1

Second article de Morts.j18
Sonnet qui a remporté le Vrixdonné
par la Compagnie des Lanternifie
de Touloufeyavec les Sonnets
qui l'ont âifputé. 141
EPitres envers,. 161
Chevaliers reftts dans l'ordre de
Noftre_Dame du MontCarmel
& de S. Lazare ,
depuis le7. fan.
vier de laprtfenteannée.118
Ordre â?Bataille de l'Armée de Mr ïElecieur de Bavière. 249
Brevet de retenue donné à Mr de
Qhamillart, 254
Madame la DuchcJJe de Brancas
estnommée Dame d'honneur de Madame.158
Bénéfices dgnnezparmiPArcbevêque.
260
Cartes nouvelles. 164
Nouveau livre de motets. 167
Reponse à la Retttion de la Ba»
taille cf Ekeren imprimée dans
laGazette<£Amsterdam 268
Troisiéme article des morts. 191
Qommanderiesdonnées.par Mrle
GrandNiaiftre de Malte. 1579
Privilèges del'Hospitalde la CLharité.
301
Départde Mrle Comtede Toulou-
-
si. 3°3
Belle affion du Roy.. 504
Journal de la grande Armée de
Flandres. 305
Article desenigmes. 323
Iourn.rl de CArmée deA'donjeigncitr
le Duc de Bourgogne.331
Ordre de Bataille de cette Armte.
334-
Journal de l'Armée dItalie. 351
XJifr Dalon ejl nommé Premier Prefident
de Bordeaux. 364
Dernier Articledes Morts. 366
Nouvelles de Mr l'Electeur de Baviere.
368
NoMuvellels dleaMrr lse M.3aréc8hal3de
Suite des Nouvelles de Flandres
391
Belle action de Mr le Chevalier
de Saint Pol.
AîrleMarquis de Gepvresejlrefu Duc
& Figr au Parlement, 398
Nouvelles deBerctlle. 399
Correftion. idem.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le