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M"t,~kIr~3u-r~l-tF.4,
A PARIS,
AV PALAIS.
ON donnera toujours un Volume
nouveau du Mercure Galant le
premier jour de chaque Mois, & on
le vendra Trente sols relié en Veau,
& Vingt-cinq sols en Parchemin.
A PARIS,
Chci G.DE LUYNE, au Palais, dans la
Salle des Merci ers, à la Justice.
T. GIRARD, au Palais, dans la Grande
Salle, à l'Envie.
Et MICHEL GUEROUT, Court-nenve
du Palais, au Dauphin.
M. DC. LXXXIX,
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
AVIS. QUelques prieres qu'on aitfaîtes
jufqua present de bien
écrI;-::- les noms de Famille employez,
dans tesMemoires qu'on envoyepour,
le Mercure,on ne laijfepou d'y manquer
toûjours. Cela eficausequ'ily x
de temps en temps quelques-uns de
ces Memoires dont on ne se peutfervire
On reitere la mesme priere de
bien écrire ces noms,enfirte quon
ne sJ puissetromper. On ne prend
aucun argentpour les Memoires, &
l'on employera tous les bons Ouvrages
à leur tour , pourveu qu'ils ne
dyôbligent personne
,
& qu'il n'yaitriende
licentieus.Onprieseulementceux
qui les envoyent, &far
tout ceux qui ri, é1 crivent que pour
faire employer leurs noms dans l'article
des Enigmes
)
d'affranchir leurs
Lettres de port, s'ils veulent qu'on
faffe ce qu'ils demandent. C'ejlfort
peu de chose pour chaque particulier,
& le tout ensemble efl beaucouppour
lin Librdire.
Le sieur Guerout qui debite presentement
le Mercure, a rétably les
choses de maniere qu'il eji toujours
imprimé aa commencement de chaque
mou. il avertit qu')à\ l'égarrdd des
Envoú qui sefont à la Campagne) ilfera partir les paquets de eeux
qui le chargeront de les envoyer avant
que ion commence à vendre icy le
Mercure. Comme ces paquets feront
plusieursjours en chemin, Paris ne lai(ferapasSavoir le Mercure longtemps
avant quilfoit Arrivé dans
les Villes éloignées,mdis aussi les
Villes ne le recevront pas si tard
quelles faisoientauparavant. Ceux
quisele font envoyerpar leurs Amts
sans en charger ledit Gueroutjs'expoJènt
J le recevoir toujoursfort tard
par deux raisons. La premiere ,parce
que ces Amts n'ont pas foin de le
venir prendresi-tostquilefl imprimé
, outre quil leferatoujours quelques
jours
@
avant qu'on en ftffi le
debit
}
& t'autre, que ne l'envoyant
qu'tlprés qu'ils [ont leu, eux &
quelques autres à qui ils le pressent,
ils rejettent la faute du retardement
sur le Libraire) en disant que la
vente n'en a commencé que fort
avant dans le mois. On évitera ce
retardement par la voye dudit sieur
Guerout,puis qu'il se charge de faire
lespaquets luy-mesme & de les {aire
porter a la pojle ou aux Me(pigers
sans nul interest, tant pour les Particuliers
que pour les Libraires de
Province) qui luy auront donnéleur
adnjfe. Ilfera la mefinechef gi'lié..
ralement de tous les Livres nouveaux
quon luy demandera>foit qu'il les
débite, ou qu'ils appartiennent à
d'autrfs Librairesffins en prendre
pour cela davantage que le prixfixé
par les Libraires qui lesvendront.
Jîhiandilse rencontrera qu'on demandera
ces Livresà lafn du mois,
il les joindra au Mercure , if" de
n'en fairequunmefinepaquet. Tout
celafera executé avec une excîitude
dont on aura tout lieu d'eflre
content.
??~1~-~
OCTOBRE 1680. R- I E N ne marque
tant la grandeur du
Roy que ce qu'on
voit aujourd'huy. Toute l'Eu.
rope est en armes, & la ja,"
lousse qu'on a de sa gloire
est le seul motif qui lesà
fait prendre. Tant de Souverains
ne se feroient pasunis:
contre ce Monarque, s'ils
n'avaient sceu qu'il pouvoit
seul résister à tous, & qu'il
luy seroit facile d'en triompher,
pour peu que leurs forces
fussent divisées. Cette
vérité vient d'estre mise en
son jour par MrMagnin, dans le Sonnet que vous allez
lire.
LA grandeur de L OV I S.,fli
put[tancesupreme,
Ses Vertus ,
ses Explois, & fil
travaux divers,
Ont-ils encor besoin du ifcours de
nos Vers?
Nony comme le Soleil il brille par
luy-mesme.
On voit sur ce Héros> on voit le
Diadème
Remplir de fin éclat, & charmcr
l'Univers,
La fortune jamais , ny fis plus
grands revers
N'ont pu donner atteinte à sa fige(
se extrême.
Les plus heureux tatens) les grandes
qualités
.!i!.ltf l'on voit diflingticr les Rois
les plusvantez,,
Le Ciel en ee Monarque à la fois
les affcmble.
Mdissans vouloir pouffer ce détail
jl!/¿l'J'dU hout,
Cent Princes contre luyse font liguez,
cnfemble,
Pour prouver sa Grandeur, cette
Ligtte dit tout.
Pendant que cet Auguste
Monarque travaille avec tant
de prévoyance & de sagesse
à défendre ses Estats des injustes
attaques de ses Ennemis,
il n'oublie rien pour
contribuer en tout ce qui le
regarde, aux établissemens
dont ses Sujetspeuvent retirer
des utilitez considerables,
8.
& sur tout à ceux où la pieté
a quelque part. C'est ce qu'on
a pû connoistre par celuy qui
wVient [ d'estre fait dans la Ville d'Amiens
,
d'une Commu-
1 nauté de Filles Seculieres, fous
i le titre de Filles de Sainte Gel
neviéve, à l'imitation de
f celle de Paris, dont Madame
de Miramion est Supérieure.
SaMajesté ayant accordé ses
|Letrres Patentes pour cetéta- blifTement
J
l elles furent en- regiHrées au Par lement de
Paris, le 3. du mois passé.
Je vous en envoye une copie, afin que vous connoissiez
mieux en quoy il consiste,
que vous sçachiez le noue
des Fillespieuses qui l'on~c
entrepris.
LETTRES
D'ETABLISSEMENT
d'uneCommunauté deFilles
à Amiens.
L oVIS par la grace d\s
Dieu yRoy de France & dihi
Navarre, àtouspresens &àve-w
nir, Salut. Nos cheres (si bien-m
ornées Claire de la Gotterie^i
hM^rie de Dourlens
,
Marie
3 Dugard >Anne Dugard
>
Marh
tlJe Fouachc, MarieDumoulin.,
À Isabelle Dumoulin, & Made-
)\ leinePidieu> folles majeures de
* noflre Pille d'Amiens,Nous ont
y fait representer tres-humblement,
>que depuis quelques années portées
par un mesme esprit de pieté
& J'inclination pour l'infîruthon
gratuite des pauvres jeunes
Filles de ladite Ville d'Amiens>
tant pour le spirituel que
pour leur apprendre a travailler3
comme auflîpourfcoulagerc,panfer
les Pauvres
3
ellessyferoient
appliquées, & auroient formé
le dessein de létablir en Comvs
munauté
> pour perpetuer
tonnes oeuvres qu'elles Je Jonm
proposées
3
pourveu qu'il noum
pluft leur accorder nos Lettres
sur ce necessaires; ce quelles au»?
roient communiqué a noflre chern
dr bien amé le SieurFeydeau dei\
Drou, nomméptfr nous a l'Evef*
chéd*Amiens3 qui ayant pris v
fcoo~n~nooissan~ccce de lV'eempmloy d~e~fdi-- -
tes Filles, auroit loué leur pieux Y
dejjein ; il auroit encore esté oep- -
prouvé par les Premier>Ecbe- -
ilins &Conseillers de ladite Ville
par afie du 20.Février de la s
presente année 1688. & sur ce3 ,
par l'avis & conseil dudit Sieur
Evesqued'Amiens3ellesJeroient
venues en nojire bonne Ville de
Paris, pour s*unirs'incorpo*
rer à quelque CommunautéSecuhere
,
dont les constitutions
feroientconformes à leurs emplots)
&feroiententrées dans le.
Communautédes FiUes de Sainte
Geneviève
3
dont la Dame de
Miramion est Supérieure; avec
laquelle Communauté elles auroient
trouvéunegrandeconformité
d'emplois & d'inclination;
& deftrcroientsuivre les constitutions
& reries d'icelle Como
munauté; Et nous ayant lefdi:
tes Filles tres-bumblementfut
pliéde leur permettre ledit éta~~i
blijfement, & de leur accordera
nos Lettres niceJJaires. A CESZ
CAVSES, voulant contribuera
dinoflre part à ce pieux dejfiin,^
de noflregrâcespeciale>pleines
puijjance 0 autorité Royale,
Nous leur avons permis &per- -*i
mettons par ces Presentes fgnèes
de noflremain3d'établir ladite
Communauté, fous le titre de -à
FillesdeSainte Geneviève, dans u
nostredite Ville d-Ades
miens,(& <.«j ii
s'unir & affilier a ladite Com- -s
munautédesFillesdeSainteGeneviéve
de Paris> fouf lesmcfmes
règles & constitutions a1-
celle Communauté. J7oulons aujji
quellespuijjent pojjeder & acqquueérriirr
les lrieux Cmberit-a,,o qquu'--
elles aviseront, accepter ou recevoir
tous dons & legs qui leut
pQurront ejlrefaits. Avons neanmoins
(eulement amorty & amortijjons
par ces Prefcntcsy la
AftijontChapelle >Jardin,
gencralement tout ce qui fera
dans l'étendue de leur enclos,
camme Vieux dédie^^7*confacre%
à Dieu, pour en jouirpleine,
ment, franchement & quittementisans
que ladite Communauté
foit tenuë d'en vttider les
mains, nous bailler homme vi.ii
uant mourant, &nous payevv
& à nos SucceJJeurs Roist aucune
financeJ indemnité, ny autre,"rdroits
quelccnques) dont nou:\\
•irnble * rC iavonsfaffranchtie• (gf ajjran-«
chijjoni
y a quelqueJomme qu
sepuijjentmonter, £7" f7KVÎ
avons j-kit & j-aifonsdonpan:-.
ccfiitrs Présentés,alacharge^
toutefois de payer les indeninitez,
droits & devoirsdeus a &
autres qu'à Nous, &que laditeM
Communauténepourraette chan--s
gre en MaisOn 'fl..!.lig,ieuse. Si *2
donnons en mandement à nos a- -1
mez &féauxConjeillers
>
les v
Gens tcnJntnoftr, Cour de Parlementdc
Paris,que ces Presentes
ils ayent àfaireenregiflrer>& du
contenu en icelles, jouir & ufir
lesdites Fillespleinement? paisiblement
il perpétuellementy cep
fant &fuisarit cefer tous troubles
& empefehemens : Car tel
est no(Ire plaifr. Et afin que ce
foit chofc ifrme efiableàtou- iours) Nous avons fait mettre
noflreScel à cefdites Presentes.
rDonné à Verfailks au mois de
Mars l'an de grâce 16SS. & de
noflre regne le quarante - cin*
cjuicme.Signé, LOVIS; Ë7-
sur le Reply
,
Par le Royy
PHELYFEAUX;Cojqéit.,
Visa, BOUCHERAT.
Outre le bien que les Fil
les nommées dans ces Lettres
apportent chacune en particulier
pour leur subsistance ,t Mr du Fresne, Curé de Saint 3
Remy d'Amiens, qui est leur 1
Paroisse,a donné une Comme s
considerable pour fonder la £
Communauté dont Sa Majesté
a bien voulu permettre s
l'établissement.Aussi ses fa-
-,
ges confcils n'ont pas peu 1
servy à faire former cette a pieuse entreprise, dont les
Pauvres de la Ville ont lieu
d'esperer de grands secours.
A l'égard des belles Lettres,
on peut dire qu'elles
n'ont jamais si bien fleury
que sous le regne du Roy. Il
s'est étably des Acadcmies en
plusieurs Villes de France, &
les Conférences qui s'y tiennent
produisant de tresgrands
fruits. Toulouse qui
s'est toujours maintenuë dans
la qualité de sçavante que luy
donnent les Auteurs, tant anciens
que modernes, se voyoit
privée avec regret des avantages
qu'elle peut attendre de
ces nobles exercices. M dcd'i
Baville
,
Intendant de la Pro—<
vince, si connu par sa naissance
& par son merite, ayant
fait reflexion que dans cettcZ«.
Capitale du Languedoc il y
avoit un grand nombre d'esprits
nez pour toute forte de o
Littérature,fitunprojet d'A- -.
cademie au commencement
de cette année, où il proposa.
d'unir l'Eloquence & la Poë- -
fie aux plus curieuses recher- J
ches del'Histoire,delaPhisique,&
des Mathématiques, J
Ce projet fut si univerfelle- -
ment approuvé, qu'on nes
songea plus qu'al'executer.
Ainsi ceux qui se trouverent
le moins occupez par leurs
emplois, commencerent à
s'assembler au nombre de
vingt, & resolurent de consacrer
leur loisir à des soins
si dignes de gens qui ne recherchentrien
avec plus d'ardeur
que les belles connoissances.
On ouvrit ces Conferences
par un Discours sur
les motifs qui doivent porter
à faire des Assemblées, & sur
les matieres qu'il est avantageux
d'y traiter. Celles cy qui
se tiennent régulièrement une
fois chaque semaine, ont
continué pendant tout leaJ
cours de cette année sansinterruption,
& avec un succés
si favorable
,
qu'on y aveuu
une grande affluence de ner.-i
sonnes choisies, à qui on n'a
pû honnestement refuserl'entrée.
Elles s'ouvrent par un
Discours que chacun est obligé
d'y prononcer à son tour
sur quelque sujet problematique
que la Compagnie a
proposé, & l'on y explique
son sentiment avec netteté & 2
avec justesse. Les Seances du- -1.
rent trois heures, & dans la si suite
suite de la Conferenceon
s'entretient sur des Dissertations
historiques
,
sur des
points de Critique touchant
les meilleurs Auteurs, ou sur
des questions de Phisique,
que l'on tâche d'éclaircir par
les expériences qu'on y fait.
On traite toutes ces matieres
en differens jours & alternativement,
pour éviter la confusion;
mais on s'attache sur
tout à examiner la Langue
Françoise, dont la pureté est
lce butipricncipael de cses ex.er- Dans le temps de la mort
dela Reine Christinede Suc- -
de, on fit l'Eloge de cette 0
Princesse dans l'une de ces
,Afferriblées, &ce fut Mr de 3
Rocoles qui le prononça, il 11
prit ces paroles du Chapi- -;
tre II. de Judith,Magnaeris, i
& nomen tuum nominabitur in
universa terra. Il parla devanc 31
une Compagnie de cent personnes
,tous gens choisis,
Jesuites
,
Abbez, Conseillers 2*
du Parlement, & autres, & ai
quoy que son Discours eust f
duré une heure & demie, on n
luy fit ce compliment tout 3;
d'une voix, qu'il avoir siny
nu àtrop
tost, Il fit voir que
cette Reine estoit Grande
pour avoir quitté de grands
Estatsafin d'embrasser la Religion
Catholique; pouravoir
aimé les Sciences, & ceux qui
en font profession, & enfin
pour avoir marqué un fort
grand attachement à la Nation
Françoise, ce qui luy
donna occasion de faire l'Eloge
du Roy. Une autre fois
il fit un fort beau Discours
sur les avantages qu'on peut
retirer de l'établissement des
Academies, & il en a mesme
fait un en Latin à la loüange
de Mr Malapeire, principalla
Membre, & comme le Chests
de celle qui est sur le pointîf
de s'éta blir à Toulouse. III
s'en: aussi fait remarqueravec
beaucoup de gloire pourluy>t^
dans des Theses publiques
des JcCuires,, où il a harangué
en presence du Parlement; &2
de quantité de personnes con--f!
siderables.
Toutes fortes de matieres
ont estétraitées danslesConferénces
dont je vous parle..3
On y a fait des disséctions
Anatomiques. On yaexaminé
le sens de la veuë & [on ne
objet, qui estla lumière; on
yafait des disserrations sur
les endroits les plus difficiles
de l'Histoire &- de la Chronologie
touchant les premieres
Epoques, & enfin on
s'est attaché à des Questions
fort utiles, la pluspaittirées
de la Morale. Les plus curieusesontesté
celles qui fuivent
; Si les femmes font aussi
propres que
les
hommes pater
réussir dans les Sciences, &si
on doit les admettre dans les
Academies;Laquelle de toutes
les Sciencesestla plus utile f0
la plus necessaire dans un Estat;
Si l'on peut plus facilement
refifler au plaijir qua la dou.t\
leur ; Lequel efi le plus A*
fouhaitcr) de posseder les ri--s
cheffis) ou d'eflre Sçavant a
Lequel est le plus utile ou de bicnw>
écrire, ou de parlerjufle. Lef-^\
quels de tous lesphilosophes ontxis
cfté ceux qui ont fait profJfionw
d'une vertu plus auflere) ouM
lesEpicuriens>ou les Stoiciens ; "Co
Si celuy qui peut pouffer safor- *
tune fait mieux de vivre dans it
une condition mediocre3 que de
s'élever au dtjfusdeson ejlat; «.
Lesquelsfont lesplusproprespour'M
t:éujfir dans les Sciences, ou les
Melancoliques,ou les Enjouez ;
laquellede ces deux Disciplines
a de plus grands avantages ) ou
l'Eloquence, ou la Poësie.Voilà
une partie des questions qui
ont esté agitées dans ces
Conférences. Je vous feray
part des Discours que je pourray
recouvrer. Cependant
comme les Mufes quiaiment
le repos ne peuvent souffrir les
alarmes de la guerre, & que
d'ailleurs la situation des affaires
de l'Etat ne permet pas
de penser encore à l'institution
de l'Academie dont je
vous parle, ceux qui fornlent.
ces Assemblées se contentent
de continuer leurs Conferences,
& de donner au Public
des marques de leur at- -
tachement aux belles Lettres <1
en attendant une occasion
plus favorable qui autorise s
leur établissement. Vous serez 3
sans doute bien aise d'appren- -
dre le nom & le caractere de î
quelquesuns de ces Mer.
sieurs. Je ne vous entretiendrayaujourd'huy
que de ceux
qui ont le plus d'assiduité à
se trouverà ces fortes d'exercices;
& dans la fuite je vous
parleray des autres, donc le
mérite n'est pas moins con*
nu dans le Languedoc, &
qui ont fait voir par des
Discours fort éloquens, que
l'esprit&le sçavoirsont de
tout Pays.
Mr de Malapeire, Conseiller
, de l'ancienne Famille de
Vandages,estoit d'une Assemblée
de gens de belles
Lettres, que Mr Pellisson, de
l' Academie Françoise, avoit
commencé à former dans la
Ville de Toulouse, dont il
ne fut pas un des moindres
ornemens. Il eut beaucoup de
part dans l'amitié de Mr le
President Donneville, & il
entretient depuis long-temp
un commerce de Lettresavec
Mr du Plessis Prastin,Evesque
de Tournay ,
qui a rendu
justice à son mérite dans un
Livre qu'il a écrit contre lesza
Athées, les Heretiques & leszs
Libertins. Onvoitpeu d'es- 3
prits d'une si grande étenduë.
Il parle de tout avec force & iî
netteté; il a penetré tout ce
qui se rencontre d'obscur i:
dans les Sciences les plus sublimes,
& il n'ignore pas ce a
qu'il y a de plus recherché
dans les Arts. Les Voyages i
qu'il a faits en Italie,l'ont
rendu bon Connoisseur pour
tout ce que la Peinture, la
Sculpture & l'Architecture
ont de plus regulier, & il a
fait bastir une magnifique
Chapelle à l'honneur de la
Vierge,sous le nom duMont
Carmel
,
dont l'ordre & la
fimetrie que l'on y ad mire,
font de son invention. Il a
écrit surune infinité de matieres
différentes. Son Livre
sur les Planetes, & ses Ephemerides
font assez voir qu'il
a un genie propre à déve loper
ce que la Physique & les
Mathematiques ont de plimu
secret. Il est naturellement
éloquent; les Panegyrique
qu'il a faits de la Vierge &~
de S. Joachim, en font desas
témoignages qu'on ne sçauroit
contester, & quoy qu'illi
ne s'occupe pas ordinalrement
à laPoësie, il ne laisse i
pas de faire de très-beaux
Vers.
Mrs de Carrieres font trois
Freres,aussi illustres par leur ï
merité que par leur noblesse.
Leurs Ancestres se font ren- - dus recommandables par l'inviolable
fidélité qu'ils onttoujours
fait paroistre leurs pour Souverains dans les
temps les plus difficiles. Leur
Mereétoit de l'ancienneMaison
de Flotte, qui a eu l'avantage
de donner deux Chanceliers
à laFrance,&où l'on a vu
plusieurs Ambassadeurs.René
Flotte fut honoré de ce glorieux
employ fous le règne
de Philippe le Bel
,
dont il
gagna par Ces services Teftimc
& la confiance. Mr de Carrieres
l'Aisné est un Gentilhomme
qui a fait ses Etudes
à Paris avec succés. Son discernement
est vif & lohde
sur les Ouvrages d'esprit. Il a
une fort belle Maison, &son
amour pour les belles Lettres
luy en a fait faire le sejour
des Mufes. Mr l'Abbé de
Carriere, après avoir disputé
glorieusement une Regence
de Theologie, fait voir tous
les jours qu'il sçait joindre
dans la Chaire la veritable
Eloquence avec une profonde
intelligence de l'Ecriture.
Mr de Carriere, Avocat, a
une pénétration & une étendue
d'esprit que l'on trouve
rarement dans ceux de son
âge. Outre la connoissance
parfaitequ'il a duDroit Civil
& Canonique) il sçait les Antiquitez,.
& parle la Langue
Latine aussi naturellement&
avec autant de pureté que la
Françoise.
Mr l'Abbé de Tourniez
Frere d'un Conseiller au Par-
I lement de ce nom, possede en
un degré éminent, les Langues
Hebraïque, Grecque &
, Latine. Il s'est acquis une si
grande reputation par ses Prédications
dans les Chaires les
plus célébrés, que le Roy in-»
formé de son mérité lechoisit
pour instruire les nouveaux
> Convertis de Xaintonge. Il y( fitun tres-grand fruit, &rona'
peut dire à son avantages;
qu'ayant joint l'étude duu
mondepoly à celleduCabinet,
il débité agreablement
ce qu'ilya de plusennuyeux
&deplus dégoutant dans les
Sciences. Il est fort Amy de
Mr l'Abbé de Cordemoy,
assez connu par ses Ouvrages
& par ses Conferences, qui
attirent chez luy quantité de
gens d'une profonde érudi- -
tion. De pareilles liaisons ne s
se forment qu'entre les Personnes
d'un véritable xne- - rite.
k Mr l'Abbé Guilhemot
»
Frcre de Mr Guilhemot celebre
par les secrets dont il a
fait part au public avec un.
succés si avantageux, s'est
acquis beaucoup de gloire par
les belles découvertesqu'il a
faites dans la nature.La parfaite
connoissance qu'il a de
1 la Chimie, luy a fait penetrer
ce que la Phisique a de plus.
obscur. Comme il possedeles
Mathématiques, il eut grande
part dans les Inventions du
Perc Maignan Minime, &. it.
l'aida mesme àdécouvrir,
lissage de ces Trompes qui
fervent si utilement sur Me
pour porter la voix fort loinn
Il parle à fond des chofes~&&
traite tout avec beaucoup de
solidité. 1
Mr de Rocoles, que jevous
ay déjà nommé,. Ancien
Chanoine de Saint Benoist, est
fort connu dans la Republique
des Lettres. Les divers
Ouvrages qu'il a misau jour
& sur tout son introductionà
l'Histoire, & le Monde dea.
l'Abbé Botero traduit par
Davity, qu'il a augmentédes
trois gros Volumes, l'ont ren- H
duIllustre parmy les Sçavans. ,L
C'est de cet Ouvrage que feu
Mr de Mezeray a écrit en luy
donnant son Approbation,
que depuis vingt ans il n'avoit
paru aucun Livre plus
utile.
Mr de Vilespassans, petit
Fils de Mr le premier President
Bertier, Neveu de Mr
l'Evesque de Rieux
,
& Freve
de deux Conseillersau Parlement
de Toulouse qui portent
ce nom, parle avec justesse
sur toutes fortes de matieres,
&les Pieces de sa façon
font reconnoistre sans peine,
qu'il n'est pas moins diftingué
par ion mente, qUI pari
sanaissance.
1
Mr de Mazades estoit autrefois
d'un commerce de
belles Lettres avec Mrs de
Santussan, Marcel & Pader,
dont les Ouvrages remplis
d'érudition & de politesse.
ont esté siestimez duPublic.
Tout ce qui regarde l'exacte
pureté de nostre Langue luy
est fort connu. Il estné pour
la conversation, & passe pour
un Critique tres- judicieux,
tant pour l'Eloquence & la
Poësie que pour l'Histoire.
Il sçait tous lesbeaux endroirs
des meilleurs Auteurs.
r M.Massot, Avocat,marche
sur les traces de son Pere,
& soustient avec beaucoup
de réputation & de gloire la
profession qu'il a embrassée.
On ne voit rien de mieux
dirigé que tout ce qui part de
luy, & l'on yremarque une
Eloquence concise, pressante
& naturelle, que l'on pourroit
comparer à ce beau Feu
de Demostenes., qui le rendoit
Maistre des esprits dans
les Deliberations publiques
d'A thenes.
M. du Puy, Avocat qui a.
disputé une Regence en Droit
avec applaudissement, sçait
tres- bien l'Histoire. Il possede
les Lettres anciennes, ÔÙ
a fait des Oraisons Latines
qu'on trouve si belles, que
l'on a peine à les mettre au
dessous de celles de Ciceron.
Mr Montaudié , Avocat
, est de ceux que l'on
peut dire nez pour le Barreau.
Si Quintilien vivoit,
il auroit trouvé en luy l'Orateur
parfait, dont il ne
nous a donné que l'idée. Il
a sceu joindre la justesse de
la composition avec l'art de
bien parler
,
alliant l'interieur
de l'Orateur
J
qui est
la science
3 avec l'extérieur,
c'est à dire, avec la beauté
de la Déclamation.Ainsi il
fait naturellement ce que
d'autres font pararc3ô~ avec
étude.
Mr d' Arquesplats, Avocat,
sçait de très belles choses
, &
illes débite avec beaucoup
de brillant d'esprit. Il a le
talent d'embellir ses discoursde
descriptions fort agreables
, & quand il saic des
Portraits il y reüssitadmirablement.
Il trouve le caractere
de ceux dont il parle,
; êc se fert heureusement des
ressorts cachez des passions
qui peuvent faire dans le
coeur humain les impressions <
qu'il veut faire prendre.
Je passe d'une matiere serieuse
»
à une Galanterie qui
vous plaira, & que vous
trouverez pleine d'enjouement.
Elle est d'un jeune
Cavalier, qui tâche de perfuader
à Sa Maistesse qu'elle
doit aimer, si elle veut
éviter d'estre punie en l'autre
monde.
A L'INDIFFERENTE IRIS. vErs le bord du F"leuvefatal
J>)ui porte les Morts sur foip
onde-,
Et qui roule fin noir crifiai
Dans les Plaines de Cautre monde f
Dans une Forcfl de Cyprès
Sont des routes froides&fomhres,
Faites par la nature exprés
Pour la promenade des Ombres,
La, malgré la rigueur du Sort,
Les Amans se content lfeuret*
tes,
Etfont revivre après leuv mort
Leurs amours & leurs amONrcttts.
-
Arrivé dans ce basJejour
1 Comme j'ay le coeur itffiz tendre,
Je rtfolus d'abordd'apprendre
'Comment on y faifiit Camour.
J'allay dans cetteJForefisombre»
VOllce retrdte des- Amans » Et j'en a*perçus un grand nombre
,
t .f¿ui pouffbicnt les beaux pnti.
mens.
Les uns sefai/oient des caresses>
Les atitres efoientauxabois
Attprh etèîèùrsfêtésittarfreffes,
JEtmouraient encore une fois.
Lay
desBeautez, trjlesa M&udijptnt leursfeux violens,
Murmuraient contre leurs Galens
Etseplaignaient de leurs Rivales.
Là9 deffunts Mcjjieurs les Abbe^JJ
Aveccjue leursdiferetesflâmesJ
Alloient dans les lieux dérobez,
Cajoler quelques be'ties Ames.
Tarmy tant d'objets amoureux
(Y
, je vis une Ame difolée ;
Bile larrachoit les cheveux
Dans lefond d'une sombre allée.
Mille soûpirs
>
qu'elle poujjoit
Montroient quelle efioit amonreuss;
Cependant elle paroîjfolt
Auffl belle que malheureuse.
Toutle mondedisoit, voilà,
Cette Ame triste & miserable,
Et quoy qu'elle fusifort aimable)
Tout le monde la laissoit là.
Ombre pleureuse ,
Ombre crieufey
HeltU) luy dis-je en l'accojlant
D'une maniere fèrieufi,
^uejl-ce qui te tourmente tant ?
Chexj les Mortssans ceremonic
On se pirleainsi brusquement,
Et l'on renonce au compliment
Des que l'onfort de cette vie. ;
..!!!Jti que tusiss
,
dit-elle, belas
rit vois une Ame malheureuse,
Furieufementamoureuse,
Et.qui n'aime que deïingr"ts.
Dans t'autre Mondej'estois belle,
Maisrien ne pouvoit me toucher;
J'estois jiere,j'estoiscruelle,
Et j'avois un coeur de rocher.
J'estois peste ,j'estois rieuse,
Je traitois Abbez & Blondins
D'impertmens & de badins,
El jefaisois la Pretieuse,
Ils venoient humblement ",J'offrir'
Et leur estime (};-.. leur tendresse y
Ils âssoient qu'ilsfoufroientsans
cesse,
Et moy , je leslaissoissouffrir.
Je rendois leur fort déplorable
torsquilsserangeaientfous maloy>t;
Et dés qu'ilssedonnaient à Je moy lesfaisois donner au Diable.
Cessoit en vain qu'ils s'enflal'noient;
Maintenant les Dieux me punijfnt,
Je haïjfois Ceux qui m'aimoient,
Et j'aime ceux quimehaïjjent.
Mon coeur nysçAuroitreftfler,
Je n'ayplus nypudeur ny fjonte Je , cherche par tout qui men conte , Personne ne men veut conter.
En vainjesoupire &jf grande
-,
Les destins le veulent tlinJi
,
Les Prudes de ce premiermonde,
Sont lesfolles de celuy-cy.
La, cette Ombre amoureuse&folle
PouffatmUtfl/ipirs ardens)
Se plaignit
5
pleura quelque tempsv
Puis en rr/ddreffint la parole;
Pauvre Ame,dit-elle, à ton tour,
Te voilà peut-eflreforcée
De venirpayer a l'amour
Ton indifférence passée.
De nos cendresfroidesilJort
Vne vivesource defiâmes
^UI s'attache A nos trisses lunes,
Et nous ronge aprèsnojlre mort.
Situ fus jadis des plusfiges
Tu deviendras fou malgrétoy,
Et tu viendras dans ces Bocages
Te desesperer comme moy.
Ombre, luy dis-je, ce prefagt
Ne ma pasbeaucoup al/Armé,
Je naimeray pas davantage)
Je riay déjà que trop aimé.
Mais je connois une Insensible
Dans le monde quej'ayquitté,
fins cruelle & plus inflexible
.f<!;e vous riavez,jamais esié.
On voit tous lesjours la cruelle
A qui Galans, Blondins> GriflnJ;¡
A Cenvy content leurs raisons,
Sans en tirer aucune d'elle.
Van luy donne des Madrigaux
>
Des Epigrammes, des Devises,
Luy presse Carosse& Chevaux>
Et la me-ne dans les Eglijes.
Vautre admire ce qu'elledit*
Luyfoufrit d'un airagreablef
Il la traite de bel eJPrifJ
Et trouve sa juppe admirahle.
Tel lapresche inutilement
Surles doux plaijirsde la vie,
Et tel autre luy facrife
Ce qu'il connoijl de plus charmant.
Telavec sa mine discrette
> Tlusdangereux 4 ce qu'on croitr
Luy fait connoistrequ'ilsçauroit
Tenir une faveursecrette.
Jamais rienn'a pu la fléchit,
*
Vers >- Prose
,
foins& compU*
fonce,
Discretion,perseverance,
Tout cela ne fait que blanchir.
- Ellese rit, cette cruelle
> Des voeux & dtsfoins assidus
x
Les fiupirs qu'on pOltjJê pour- elle
Sont autant defonptrsperdus.
On a beau luy faire l'éloge
De ceux qui l'aimenttendrement>
Coeurs François
>
Gascon
*
Alldr
broge
Enfont traitez également.
Jïueje plains,ditl'Ombre étonnéek _I? ueje,
Cette Belle au coeur endurcy !
Nous la verrons unjour icy
Souffrir comme une ame damnée.
Bêlas helas l unjour viendr".
Jgtte la prudeflrA coquette ;
Et croit-elle qu'on luy rendra
iXous les Amans quelle rejette r
<
Mille foins la déchireront,
Ellesechera de tendresse
,, Et ceux qui lasuivoientsans cesse
Eternellement lafuiront.
Ombressans couleur, ô--fins grâce*
ombres noires comme charbon)
Ombres froides comme la glace
3 Qu'importeront luyfera bon.
Elle ira faire des avances
A tous les Morts qu'elle verra ,
Leur dira mille impertinences,
Et pas un ne l'écoutera.
,
Alorscette Villeperdue'
Sans esperance de retoury
Sanspudeur &sans retenue
Vçudra toujours faire t'amour.
D'unesi violenteftkme
Ptut-op trop craindre les effortsf
Nous avons les peines de l'ame,
Sans avoir les plaisirs du corps.
Malgré le feu qui nous devorep
Tous nos desirsfontsuperflus,
Les passions restent encore ,
Mais il ne reste rien de plus.
Tusçais ce qu'elle devroitfairey
Etsi tu peux l'en informer,
Dy-luy qulellefoitmoinsfevcrey
Et qu'ellesehasse daimer.
Pourfuirce decretsi terrible
uisçauroit la forcer un jour
D)dlmer quelque Mort inftnfible
J^uun bon Vivant ait son amour.-
A ces mots la malheureuse orMhrç
Se Jeût refuant ason dessin -,
Et retombant dansson chagrin
Reprit son humeur trisse &sombre.
Les Dieux veulentvaus exempter
Iris yde ce malheur extrême, Et je viens de reffifliter
Pour vous en avertir moy-mesme.
Quittez, l'erreur que vous suivez,
Craignez, que le Ciel ne s'irrite,
Etsongeant queje ressuscite
AimeT^pendwt que vous vivrz.
Moy,quifçus mourir& renaistre,.
J'ay veu L'autre Monde de prés,
Et n'ay point veu le Myrthey croiflre
Parmy les funestes cyprés.
JufiJu'au bord de l'ondeinfernale
Vamourfaitcraindreson pouvoir,
Mais passé la rive fatale,
Le p-auvre enfant n'a plus que voir.
Là bas, dans ces dimeuresJombres3
Rien ne peut plus toucher un crur,
Croyez-m'en pluiofi que les ombres)
Car il n'est rien de (imenteur.
Il en efi à mines difiretes.
Et d'un entretien décevant,
Maisfiez-vous à leurs fleurettes,,
Jutant en emporte le vent.
Sans dessein r sans choix,sans
étude,
"D'autresfoupirent tout le jour;
Vn certain refle d'habitude
Lesfaitencorparler d'amour.
A de pareilles dejhnee's
Grand nombre degens eftfournis ;
Si telles Amesfont damnées,
Malheur cent fois à nos Amis.
Enfin la mort aux Morts ne laiffi
De leur amour qu'unsouvenir,
Sans que leur deffunle tendresse
Leur puijfcjamais revenir.
L'objetagréable ou funefle
TaitJur eux peu d'imprejjion,
Ombres qu'ils sint, ilne leur reste
Ztee des ombres de pajjian.
Blondin, Grifon, rien ne diffèrc)
N Lay jamais aucun doux propos,
Ce n'eftpas le moyen de plaire
£)tie d'estresans chair d- sans es.
Souvent rien rieft plus detestable
.!!?!Je l'entretien d'unTrépasséy
Car quesçaït-H, le miserable,
,jf(ae des çontes du temps p-afé ?

rf r,,-,•«» £/»L(Trctt_teqiLejciAj tant atirbeze puurqiceckrrz autreobjet tu te
xrerwenj-lame~e vajizjqztozi peu,, al ter tany/z. -—— uur - - '1
te ri1gueur ne ifcmneptius a mon amour pcurje1e1 qi-an1&trtpcurdiq1 nc
deton coeurn'estpasdigne de ta pen~v?1c
Les parolesdel'Air nouveau
que je vous envoye ont
esté mises en air parMr Goyer.
Elles marquent un dépit d'amour
,mais elles ne prouvent
pas la guerison de l'Amant.
C'est aimer toujours que de
se plaindte, & qui ne peut
cacher son chagrin., cft bien
éloigné d'estre indifferent.
AIR NOUVEAU. i
Ngrate que j'ay tant aimée ,
Tuts que d'un Aulre Objet tu teJens si* e.npamee,
Va jusqu'ott peut aller ton injufic
rigueur.
NeJonge plus à mon amourpajsee;
^uinestpAs dignedetoncoeur,
N'eftpas digne de tapenfce.
Cet article de Musique me
fait souvenir de vous donner
avis d'une chose, dont peutestre
vos Amis prositetont.
On a reconnu par experience
que IcsL plus belles Pieces &
les mieux touchées sur le
Clavessin
) & sur les autres
Instrumens à Clavier) n'ont
leur plus grand effet pour enlever
l'ame par Pharmonie,
qu'autantque l'excellence de
l'Accord répond à celle des
sujets, & à la manière de
bien toucher les Instrumens
de Musique Ainsileur meilleur
effetdépend de la justesse
de leur accord ,& comme le
Clavessin est un Instrument
desplusaccomplis, & le plus
en usage parmy les personnes
de qualité & le beau monde,
M s¡ Ttii~!-c At. de Romare,
Opères en cesInstrumensde
Musique
, & qui d'ailleurs
possedentdanstoutese perfectionlaregle
desConsonances
harmoniques de feu Mr
D.L.B par laquelle le point
des affinitez essentielles, appellé
Point élementaire, d'où
naissent les causes del'effet
sublime & animant des Airs
& de toute l'harmonie en général,
cft rendu sensible dans
tous les Accords musicaux,
ayant communique cette rcglé
à Mr Corniers, l'un des
premiers Mathématiciens du
siecle, non feulement il l'a.
approuvée, mais il a encore
reconnu que cette réglé des
consonances harmoniques,
est très, utile
, & mesme
de la derniere importance
pour toutes les personnes qui
touchent ces Instrumens de
Musique, & sur tout pour
ceux qui s'y veulent distinguer.
Elle forme l'oreille aux
perionnes mesme qui n'y ont
que peu dedispositionnaturelle,&
exempted'avoir besoin
d'une profonde connoissance
de la Musique pourexceller
dans la pratique de l'Accord
; ce que les Dames pourront
aussi experimenter facilement
Tous ceux qui souhaiteront
apprendre cette
regle,ou faire remettre leurs
Clavessins ou Epinettes en
bon ordre, n'auront qu'avoir
là-dessusMr Comiersqui loge
dans la court pavée des
Quinze - vingt. Le nom de
ce Sçavant homme vous fera
souvenir que je vous ay promis
ce moiscy la conclusion
de son Traité des Propheties
&Devinations,maisquelques
raisons l'ont obligé à la remettre
jusqu'au mois prochain.
Ce retardement ne
peut servir qu'à vous donner
cette fin dans une plus grande
perfection.
Jecroy vous avoir mandé-
-;
que l'Academie des Ricovrati
de Padoüe
, ayant donné des
Lettres d'association à beaucou
p de Dames d'un fore
grand merite, ceux qui composent
cet illustre Corps, en
avoient aussi envoyé à Madame
de Saliez,Viguiere
d'Albi. Il y a long-temps
que ses Ouvrages vous l'ont
fait connoistre. La réponse
qu'elle a faite à cette gavante
Compagnie) est tres-digned'elle,
& ellevous doit plaire
d'autant plus, qu'outre qu'elle
y soûtient noblement
les avantages de son Sexe,
elle a trouvé moyen d'y
meslerl'éloge denostre Auguste
Monarque. En voicyles
termes.
LETTRE -1
DE MADAM,E3
de Saliez, à Mrs de PAca*- -i
demie des Ricovrati de al
Padouë. M
ESSIEVRS,
Les Lettres Patentes quenjour in
aavvee;%~ fait eexxppreddiieerr en. ma ffiài-- -3
eveur.,,pour medonnerune place ~;
dans voflre celelre Academie"
«_
!
efiant en Langue Italienne, il U
semble que les très-humbles r.t- -y
merciemens que je vous jaisr
devraientejlre auJji en Italien
>
mais outre que Jenen connais
pas aetez toutes les delicateffis
y
CJT1 qu'il efl indiffèrent en quelle
Langue l'on parle a des personnes
qui les pojJedcllttOUks.) quel
moyen, quand on a le bonheur
d'êtreSujette de LOVIS LE
GRANDt de preferer un
Autre Langage à celuy qui régne
dans ses Etats> C4 duquel
ilJefertpour nous donner desi
juste-s & de si douces Loixî
Tandis que toutes les Nations
du monde qui aimentses vertus,
ofi qui craignent sa ptfijjknce
>
apprennent à parler comme nous,
< je ne puis m'attacher qu'à une'
Langue qui va devenir universelle
p & que nojlresçavants
AcademieFrançoift a mise en
un si haut point de perfection>
quelle eflplus severe
,
plusmoaejie
, *presque aussi ferrée&
aujft fécondé que la Latine.
f*avouéyMoeurs, quemts
Ecrits ne peuvent pas vous prouruer
cette vérité.Née dans la
Province, & n'ayant pointejlé
à Paris corriger les défauts de
mon Langage,comme Yonalloit L)<-> autrefois corrigeràAt-henes ceux
de la LangueAsiatique> je rit
q puis ecrireavec la mesme jufa
l teJJè que Mesdames de Scudery ,
) des Houlieres, Dacier) &
i de Ville-Dieu9qui font si diJ
» gnes du rang que vous leur ave^
donnéparmy vous. La hauteur
de leur e/prit a eslé fecondéc
d'une jïtuation heureuse au milieu
de n?aris> &animée par la
'Ueué. er par lufage du grand
& du beau monde. taujfi ces
'Dames font-dles devenues un
des miracles de ce SiecleJ& leurs
Ecrits étonneront bien plus la
pofleritéyque ceux des Femmes
dessieclespa/fez ne nous étonnent.
Je croy quïlm'eji permis
de vous dire
, ^Hcffieurs
>
afin
que vous ne vous repentIez pas
de l'honneur que vous m'ave%
faity que bien que mes écrits
joient infiniment au dejjous des
leursy ils ont fouveHt d'heureux
succés. Von y voit la nature
toutepure>&ce caraflere aisé ne
déplaift point. Enfin puis que
mes Ouvrages mont attirévofirf
estime,personnen'efl plus en
droit de les condamner. Vous tenez
dans le monde la place de
ces fameux Grecs qui décidoient
du merite des Auteurs, aujJibien
que de celuy des Heros.
Fous les furpajfie^mesme pas
une
Une droiture de coeur qui vous
fait rendrejuflice à mon Sexe,
en me recevant dans vojlre illttstre
Academie
3 & naffefiant
point une diftinElion que le Ciel e la Nature nont jamais ett
dejjein de mettre entre les hommcs
& nous. Leur jalousie la
fitnaijlre> nostre modeflie l'a
souffertey & sans que nous
ayons troublé le monde par nos
plaintes, les hommes commencent
àse repentir de leur usurpation
3 & lever empire tirannique va
tomber de luy-mesme. Déjàl*Academie
Royale d'Arles afuinjy
njoftre exemple à noflre érard,
Cm- de nos meilleurs Scrivainé
ont traité à fond de l'égalité
des Sexes
,
qui ne si contesse
plus en France depuis que
nojlre jufle Monarqueeflirne c5r
récompense le mente de l'un &
de l'attire Sexe. NtoublicZ pas
MejJieurs, cette marque deÇon
équité dans les Eloges que vous
l7uy dJonnez. JTe Jçay que cet
auguste fujct remplit jouvent
'Vos gavantes veilles. Quelle
-" , occupation pourrie^-vous trouver
plus digne de vous; & quels
Homeres peut trouver ce
JÈJeros
plus dignes de luy? Mais quelques
idées que la Renommée vous
donne de fis vertus> vous rien
comprendrez jamais quunepartie;
le bonheur de lesconnoiflre
toutes en reservé à [es heureux
Sujetssurlesquels il regne par
amourplusoebfolument que tous
les autres Rois ne regnent sur les
leurs par la terreur & par la
crainte. Il gouverne avec tant
t
de douceur un Peuple naturelle
t ment fournis a ses Monarques,
> & dont il fait les delices
y que
j
chacun sacrifieroit avec plaifr
\pour luyses biens £7*sa vie. Il
h Aime ses Sujets autant qu'il en
est aimé7 & cejl sans doute en
à cela que confîfle la plus veritable
st) la plus feure félicité da
Rois. Vous voyez, Messieurss
que je confirme mon caraéhrc
douxeJimple,en ne vous parlant
que de la honte de [on toeur. Je laisse au flde sublime à le representer
telqu'il cft à la resse
de Jes yérméesiportant lafrayeur
che% ses EnnemÚ. Cependant»
MessieursJ toute la France vous
eftobligée del'ïnterst que mous
prenez. à sa gloire) C' cette raison
nesspasmoins puyfante que
la f!lrace que vous mame%faite>
pour pour mm'eennggaaggeerrAa, eejplrrce toute ma
'Vie, Moeurs
>
voflre»&c
A Albi lezs. Sept. 1689.
Ma Lettre du mois passe
vous a appris fort au long ce
qui se passa à l'Académie
Françoise le jour de la Feste
de S. Louis. Comme on lace.
lebre solemnellement dans la
pluspart des Villes de France,
on n'oublia pas ce jourlà à
Nismes les ceremonies accoutumées.
Mr de la Mothe-
Bailly, Lieutenant de Roy de
la Ville & du Fort, fit tirer le
Canon des le point du jour,,
comme pour annoncer cette
Feste.C'estun homme d'une
tres grande sagesse& qui s'est
rendu digne de ce poste
, par
une bravoure dutinguée? &
parune fidélitéà toute épreuve.
Mr l'AbbéFléchier,nommé
a l'Evesché de Nismes,
& dont le merite est connu
de tout le monde, se rendit
sur les dix heures dans la
Chapelle du Fort. Il y celebra
la Messe
>
pendant laquelle il
y eut une excellente Musique.
Aussi- tost qu'elle fut
dite> Mr l'Abbé Begault fit
le Panegyrique de S. Louis.
Mrs de l'Academie Royale
de Nismes, qui s'y trouverent,
se firent beaucoup
d'honneur de cette action
- .------..- ---- _.- ---- --- .- *-
qui estant faite avec tout l'éclat
possible par une personnede
leur Corps,faisoit rejallir
sur tous la gloire qu'en
retiracet Abbé. Son Discours
fut aussi fort que brillant;
on y remarqua beaucoup
d'eloquence & de politesse
3 & l'Eloge du Roy qu'il y fie
entrer, eut un tour si fin &
si délicat, qu'il feroit fort
difficile de mettre dans un
plus beau jour les merveilles
étonnantes qui font admirer
le règne de nostre Auguftc
Monarque. Le Sermon finy,
on donna labenediction du
Saint Sacrement, & pendant
ce temps il se fit une décharge
de tout le Canon,&de
toute la Moufquetcrie du
Fort. Au sortir de là
j
Mr le
Lieutenant de Roy donna à
disner à tous les Officiers du
Fort, & aux Principaux de la
Ville. Ce repas fut magnifique
aussi-bien que le Soupe,.
& Madame la Mothe-Bailly
qui est une personne d'une
vertu distinguée, en fit les
honneurs admirablement. A.
l'entrée de la nuit il y eut
un feu de joye que les Consuls
avoient fait dresser, ôc.
- , -' - - .-- -. ----
ten mesme temps, la closture
de la Feste se sir par une nouvelle
décharge de tout le Canon
& de toute la Mousqueterie
du Fort, d'où l'on jetta.
un grand nombre de fusées,
qui réussirent comme on l'avoit
souhaité.
La religion &la picté des
Marchands de la Rochelle,
quoy que la pluspart nouveaux
Convertis
y parurent ce
mesme jour à l'occasion de
la mesme Feste. Comme ils
font leurs Assemblées au
Convent des Carmes, ilschoisirentleur
Eglise pour la ce
lebrer. Le Pere Simon de la-
Vierge, Prieur de ce Monastere
, donc je vous ay déjà
envoyé quelques extraits de
Sermon, quiontescé applaudis
de tout le monde,, monta
en Chaire après que la Meslè
eut esté dite avec beaucoup
de solemnité, & prit pour
texte ce verset du Pseaume 88.
Et ego Primogenitum ponam iL
lum excessumproeRtgihus terroe.
Comme il s'agissoit de
montrer l'élévation de Saint
Louis au dessus des Rois qui
l'ont précédé
»
il s'expliqua
en cette maniéré. Choisi
de Dieu comme David, il d
imite la penitence de ce Prophete,
mais plus innocent que luy
il ne ta pas suivy dansfoncrime.
Sage comme Salomon.) il a
gouvernéJîmTeuple avec fageffi.)
mais plus réglé dans fei
defirsjil adéfendu son coeur des
excès que l'Ecriture reproche à
ce Monarque. Zelé comme Jo~>
fias ilafait des Loix pour abolir
le faux culte

maisplus religieux
que ce Prince>il a détruit
jufquaux Gtrancbemens que
l'Heresïe s'efloit ménageLes
avantages quirelevoient Saint
Louis au dessus des Constan-
- -. -
tins, des Arcadius & des
Theodofes, furent touchez
nobltment, & voicy comment
il fit ladistribution de
son Discours. Sans douteSaint
Louis efi le premier & le plus
augufle de tous les Rois, foit
que je le confidere au milieu de
Jes Sujets> foit que je le regarde
à la tesse de JesArmées foit que
je l envisageentre les mains de
sesEnnemis. 'Dans la Cour
>
il
na point d'autre regle de Jh
affions que l'Evangile. Dans
son Camp, iln'efl point embrasé
d'uneautre ardeur que du zele.
des Apojlres, Dans sa captivités
H ntesi point anime dun autre
esprit que de celuy des Martirs.
Entrez dans le Palais de Saint
Louis, vous qui croC;( que la
Coar est un airfuneste ala pieté*
& vous apprendrez par Jori
exemple qu'on se peut Çanflifier
dans la maison des Rois comme
dans le Cloipre des Religieux.
Sui'Ve'{ Saint Louis dans les
Armées, vous qui portez un
coeur dur & impie-fous l'habit
de SoldAt) & vous trouverez
que la vertu nejl pas incompatible
avec la valeur. Aceompa.,
gnezSaintLouisjulyque danssa
captivité. vous qui vous révoltez
a la veuëdune disgrace,&
vous con^oiflre^que la confiance
efl facileaconsèrver dans les
plus grands malheurs. S.Louis
fandifie[esCourtisans en Jefanélifiantluy-
mesme ,il,apprend a
ses Soldats à combattre pour le
Ciel en combattant luy-mesme
pour la conqueste de la Terre
Sainte, & il enseigne à tous
les hommes la soumission que demandent
les souffrances, en
souffrant luy-mesmecequilya
de rude d,an~s l,a perte dte lra liberté..
Les vertus chréstiennes de ce
saintRoy brillerent danstout
leur jour, & ses expéditions
militaires receurent un éclat
si vif
, que les Assistans
croyoient citre spectateurs de
ce que faisoit ce grand Prince
devant Damiore, lors que le
Bouclier en une main, & l'épée
dans l'autre, il se lança
dans la mer, affronta la muraille,
monta le premier à l'assaut,
& mit en desordre les
Ennemis qui demeurerent immobiles
voyant uneaction si
hardie. Mais, dit ce Predicateur
> ne vous figurez. pas
dans cette rencontre une temerité
aveugle que d'heureuxsuccésjustifient
,
unevaleur imprudente
qui s'expose sans fruit H
une faillie decourage qui cber—-x
che le danger pour le danger
me/me, & qui n'a pour but que-im
la reputation & les applaudif-:'\
femens des hommes. Je parlesV
d'une hardieffi fage & reglée^i
qui lanime à la njeuë des Enne~i
mis
>
entreprend leschoses ~~--?
cites, ne tente pas les impos
fibles. Je parle d'une fainte te- -y
mérité qui aime mieux s'ajjurer ~T
du moment de la ntiEloire en la &\
cherchantparde vives attaquejb 4*
que de s'exposer à le perdre, en w
l'attendant par des lenteurs me- -3
nagêesje parleenfin d'un Roy '{C
capable de tout oser quand le
conseil est inutile? & prcft à
amouroir danns la Dtéloire3 ou à malheur en com~
battant pourlagloire de Dieu,
&pour les interejlsduChrijlianifme.
Apres un naturel, mais
pompeux recit des exploits
de ce saint Roy:Oufont ceux9
continua,t-il >
qui s'ima
que la Religionne contribue en
rien aux effets glorieux de la
vertu militaire ,Sièges de Pla- 1 ges PlacesS.
prises de Villes) gain de Ba--
tailles? LaReligion a-t-elle troubléS.
Loiiis, lors quils'agijjoit
de donner les ordres necessaires3
ouplutofl ne l'a-t-elle pas conduit
par des lumieres toujours infaillibles?
La Religion a-t-elle rendu
S. Louis timide dans les attaques
3
ouplûtost ne l'a-t-elle
pas rendu intrepide dans les Sie.
ges ? La Religion a-t-elle em- pêché Saint L,,o, uis de poursuivre
la vifloire avec chaleur, ou
pllttojl ne l'a-t-elle pas engagé
Jans la mêlée quand il riyavoit
point d'autre reÇource? La derniere
partie eut de très grandes
beautez. Elle fit voir que
S. Louis estoit toujours égal
a luy-mesme; qu'heureux
sans orgueilj &malheureux
avec dignité il sçavoit chan.,
ger de vertus quand la fortune
changeoit de face. Touc
fut digne de la majesté de la
Chaire,& de la grandeur da
sujet. Ce Discours finit en.
cette forte. C'est par une fide..
litéentiere kJuivre les exemples
de Saint Louis*que Louis XIV<>•
s'eflacquis la qualité deGrand-,
&je meplaindrois de la mort:
précipitée de L'un, si je ne læ.
irouvois reparée dans l'admirable
vie de l'autre. Reconnoiffi:{'
avecmoji la proportion du mérite
qui les égale,.Laterre lesa longtemps
attendus pour donner le
loijirau Ciel defaire desmira^
cles. Les Enfansn'ontrien ordinairementqui
les diflingue
,
mais ces deux Roisfurprenoient
des leur enfance. Raisonnables
aê;,¡ant lujage de la raijon;
circonjpctts dans leurs paroles3,
aujji-tojl que la Nature leur a
délie la langue; nezpourremplir.
le premierTrône du monde)
pour "voir à leurs pieds des Peu
pies de toutes les T^ations yils
ont trouvé desfallions dans leur
minorité,^jfils les ont dijjipées
par leur presence. Connoissant.
de bonne heure qu'il y a un
Dieu au dejjus de leurs teflesi
qui leur doit demander compte
de leur administration
>
ils s'appliquent
a la vertuyils veillent
àlagarde de leur cmr> @J ils
en fiavent regler les mouvemens.
Leur espritseperfectionne
en mesmetemps que leur corps se
fortifie : ils unissent les interejls
de la Religion aux interests de
l'Etat: le crimenose tenir de-0
'Vant leurs yeux. La fureur des
Duels) la prophandtion des chosessacrées,
l'entejlement des No:'
Dateurs difparoiffent au seul
bruit de leurs Edits. La Justice
par leurs foins n'a rien de mercenaire
irien d'incommode. Le
pajjage des Troupes neporte plus'
par leur vigilance ces images
dlffreufes qu'ilmonîroit autrefois
: on est Soldat sans estre
cruel
t & on a l'avantage d'obeir
a des Princes qui JÇavent
prononcer contre leurs propre-s
interejls. Mille autres comme
eux ont forcé des Bdjlions3 renversédesmurs>
pris des Villes3
gdgné des Batailles. Mille autres
comme eux ont bravé les Elemens,
fournis la Nature à leurs
deffiins
> & se font couronne%
de lauriers dans les plus rigoureuses
faisons. Mille autres comms
eux pouvant conquérir toute
Va terrey ont borné leur pouvoir
tàladélivrer de Jes maux:) (Qf à
duy donner la Paix> mais quels
iautres n'ont pris les armes que
ffour étendre la Religion? nont
foudroyé des remparts que pour
élever des tAntels
y
n'ont ravar
gé les terres des philistins que
pour faire rendre auvray Dieu
les honneurs quiluyfont deusf
Si la pieté de Saint Louis est
Allée chercher les Ennemis de la
Foy jujquaux extremite^ de
l'Orient, le zele de Loüis le
Grand pénétré jujquaux terres
les plus reculées pour proteger
les Cbrejliens. Si. la Mer atremi
blefous le nombre des Vaisseaux
qu'employa Saint Louis pour loe
conqueste de la Terre-Saintey,
l'Océan admire la Flote prodi-.
gieufe dont Louis le Grandcou--
vre la Mer pour le rétablissement
d'un Monarque Catholi^
que. Si Saint Louis a fondé des-,
Lfofpitauxpourl'entretien des'
Pauvres9 le soulagement des
Malades, &la consolation de
ces Vaillans) mais malheureux
Guerriers? qui avaient perdu à
sonservicequelque partie d'euxmesmes,
Louis le qrand continue
de si charitables joins avec
une magnificence dont les Ouvrages
tiragesfont incomparables. Seigneur
)
qui apres avoIr exprime
vojtre plus noble image dans
Saint Louis. le couronnez de
vojlrepropre gloire) nous vous
demandons dans toute laferveur
de nos prieresy de continuer vo+
stre proteèlion à Louis le Grand)
qui vous imite desi près.Répande'{
[ur sa Terfonnesacrée au':'
tant de grâces qu'il en répand
sur nous. Abrege'{ nos jours
pour en ajouter aux pense RcndeZ
fin regne aujji long qu'il ejl
glorieux, 0* faites quayant
l'honneur de luy obéir sur U
1
terre , nous ayons la joje de
le voir dans le Ciel.
Le lendemain de la Feste
de S. LoUis, Monseigneur le
Dauphin citant allé chasser àVilleneuve S. Georges, Mr
Marcel eut l'honneur de luy
presenter à son retour les
Vers que vous allez lire. Ils
furent tres. bien reccus de ce
Prince.
TOUR LA FESTE
DE MONSEIGNEUR LEDAUPHIN.
ODE. IMVfs,sitant defois des plut
britlantesfleurs J£uesurle Tarnajfe on voitnaiflret
Vour peindre le Heros que la France
a pour Maistre,
Vous m'avez, preslé g les couleurs ;
A formerunBouquet que j'tfè
presenter
Au dtgne Fils qui luy njfemblcy
VSecondez, mon ardeur, & souffrez,
quefajfîmble
Les fleurs dont il doit éclater.
Olt;, dans mon noble orgueil je me
croy tout permis,
Et je veux confacrerfa Tejlc.
Vu fameux Philisbourgje ebantay
la Conquefie
Jïnand CesArmes l'eurentfournis.
Prince, ilfattt l'avouer
, cet immor*
tel Laurier
Nedans lesiin de ta victoire,
Des plus parfaits Héros confommeroit
lagloires
Etcependantcest ton premier.
Maisje te leprédis
» ton glorieux
defin
N'ejlpllf borné d'une Campagne; £ien tessà ta valeur la Flandre,&
l'Allemagne
Ouvriront un nouveau chemin.
Attendant ce grandjour3 tobjet de
tesdcjirs,
Fay toy de la chasse uneguerre.
Heureuses nos Forejls ! heureuse nôtre
Terre,
JOui te fournit tant de plaisirs!
Et vous , Loups, en mourant que
vojlrefort efl doux!
AIJ, dans lafaisonou, nomfommes9
Voussauvez, autrepart la vie à cent
mille hommes,
* Jgu'enverraitpérirfousses coilpr.
Tout ce quiest pastorat h
vous a toujours pleu,& cela
m'oblige à vous envoyer les
Vers suivans. Leur mesures
semble estre propre aux Bergers.
Ils sont naturels, & leur T
stile simple ne dcment point 11
la matiere.
EGLOGUE. L,fHerbe pouffe à la prairie , AlleZpaiftrc, mes Bribisj
VujL comme elle estfleurie
Sous les pas de mon Iris.
Pro/itez de la toidnfe
Qu'elle a pourfoa cher Berjers
Ellefaitfin ailegreffe
,
Vous devez, la pttrfager.
Amours tendres &fteretes
,
Combien vous aveZd'dppa.' !
Allez Kfiâmes indiferetes
»
Vousne les connoissez, pas.
Eloignédesa Bergen
Le Bergetparloitainsi
De la tendressesincere
Jjhù etluflfin douxsoucy,
Lapaisible intelligence
De leurs desirs amoureux,
Enfante une confiance
£hii les rend toujours heureux.
Point de chagrins dans l'absente
Point de foible défiance
,
Tout cela nesspoint pour eux.
fIfJ" esi rien qu'ils appréhendent
Tontfert à les confier :
D'unseulregardils sentendent
Etse voir,cefife parler.
Dans cette ardeur mutuelle
Latendresse neperdrien
>, Elle elffine, elle eflfidelle,
Etfait leur unique bien.
cherchez à voir ma Bcrgere,
TarlcT^luy
,
Rivauxjaloux ,..
En vain vous voudreT^luyplaire>
Son amour n'efl pas pour vous.
Elle efl aimable, elle efl belles
Malgré vosfoins amoureux
Elle meferajidtlle
Jeferay toujours heu, reux.
Dans cette tendre assurance
Si le Berger vit content,
La Bergere en fait autant,
Ce qu'il dit, elle le pense.
Sur le coeur de mon Berger
Jgjte pretendez-vous, Coquettes?
Tous les efforts que vousfaites
Ne le feront pas changer.
Avant qu'il ni eufl pu connoiflrt
Vous pouviez, toucherfin coeur,
Mais ila trouvé fin Maiflre,
Etl'amour que j'ayfait naiflre
S'en eJl rendu Le vainqueur.
Ensi quittant, ils n'ttjjirent
Qu'art plaisir desirevoir,
Tant l'amourdont ilsfoufirent
A prissur eux de pouvoir.
Dans ces douces dessinées
Rien ne trouble leur reposs
Des amoursfifortunées
Engraissent les deux Troupeaux.
Les Chiens mesme qui lesgardent
Sontsi tobuftes yfiforts,
Qu'aucuns Loups ne si hazardent
D'en épfuivcr lesefforts.
Les voit-on à quelqueEefle,
Ces deux fortunes Amans, N'ont-ils pas mille agrément
Ou tout le mondes'arresteï
2,ir une allegressehonneste
La Bergerefait honneur
A cette cbcre Conquest: ;
Lesfleurs qui parent sa tpe"
Elles naifftnt dans [on coeur.
Le Berger,d'unfoinsemblable
Sfait s'occuper ú fvn tour , Et s'il nefloit pas aimable>
Seroit-ce finie d'amour?
Terfonne dans le Village j
Nesçaitencorleurfecret»
Hais d'un commerce diferet
La conduite la plusfige
Edit-elle tant de chemin,
Sans que l'on découvre enfin
Le rniftere que l'on cele?
On se contraint vainementy
L'amottr mesme le revele >
Et cltche-t on aisément
Vnfortgrand embrasèment
Comme on fait me étincellet
La Ville d'aucun remarquable
par tant dechoses qui
la distinguent
,
merite sur
tout des louanges, en ce
qu'elle ne se contente pas
d'envoyer à la guerre toute la
jeunessequ'elle a capable de
porter les armes ; elle prend
encore un foin particulier de
donner tous les ans au Roy,
le premier jour de Septembre
>
des marques éclatantes
dj son zele, en instruisant
les jeunes gens & fortifiant
les vieillards dans l'exercice
des combats, afin de pouvoir
contribuer au succés des
entreprises de ce Monarque,
Cette maniere de Feste est la
suite d'une Cavalcade que font le jour precedent les
Chanoines de l'Eglise Cathedrale.
Cette Eglise, tres- belle
par elle-mesme,, & par son
Chapitre, estoit autrefois sous
le titre de S. Nazaire
,
& est
aujourd'huy sous celuy de
Saint Lazare. Les Chanoines
s'y assemblent tous les ans en
Corps le dernier d'Aoust, &
après les Vespresquise disent
ce jour-là de meilleure heure
qu'à l'ordinaire, ils se rendent
au logis du Terrier,, c'est
à dire du Chanoine qui doit
à son tour avoir loin du Territoire)
& montez sur de
beaux chevauxcouverts de
housses de velours, qui traînent
à demy pied de terre, &
qui sont rehaussez de brode.
rie,ilsvont au delà des anciens
murs de la Cité,dont le
circuit estoit d'environ deux
mille pas; & là, ayant avec
eux les Officiers de leur JusticeJ
ils font un acte de prise
de possesion de la Jurisdictionde
la Ville. Les Druides
qui avoient leur Senat à Autun,
comme les jeunes Gaulois
leur Ecole, faisoient une
semblable Cavalcade. Aprés
avoirporté par la Ville l'image
de
la
Deesse Cibele, deux
à deux, au nombre de trois
cens soixante, ils en sortoient
avec pompe , & alloient sur
une Montagne, où ils jugeoient
les procès des particuliers,
& donnoient leurs
avis sur les affaires les plus
importantes de la Republique.
Les Autunois ont cité
les Amis fidelles & les bons
Alliez des Romains, qui les
appelloient leurs Freres, &
qui leur donnèrent droit de
r
Bourgeoisie dans leur Ville.
Autun estoit la Capitale de la Republique des Heduens,
qui com prenoit une partie
bdela Bourgogne Duché, la
fIBreffe, le Forest, le Lionnois, le Baujolois, Dombes? & le
Nivernois. On luy donnoit
alors le nom de Bibracte, &
) ce nom fut changé depuis en
celuy d'Augustodmum en faveur
d'Auguste. Dunum est
un mot
Celtique qui signific
Ville ou Montagne. Les An-
) cicns ont prononcé Augusdun,
[ puis Augun, & enfin Autun.
1 On y voyoit un Capitole, divers
Temples,& d'autres Edifices,
dont les restes, comme
StatuësColomnes Aqueducs
& Arcs de triomphe, marquent
encore la magnificence.
LeTombeaude,Divitiacus
dont parle Cesar, s'y n
est confervé jusqu'à aujourd'huy
, ce qui est une 4,
grande marque d'Antiquité.
Ce qu'on y appelle la Jenitoye,
estoitun Temple de
Janus; le Mont Dru, le Siege.
des Druides; le Marchauci,
le Champ de Mars,&le Mont
Jou, le Mont de Jupiter. \;,
Les Chanoines de la Cathedrale
s'estant assemblez
-- ----- _- - -----.----
selon la coutume, le 31. du
mois d'Aoust dernier, allerent
en Corps chez Mr Binier,
leur Terrier, au nombre
de six-vingt, tant Chanoines
que Chapelains, Chantres
& Enfans de Choeur. Leur
marche commença par vingt
Hautbois, six Sergens de leur
Chapitre
,
&dix petits Chorisses.
Les Sergens estoient
revessus de leurs
revestusdeleursmmaanntteeaauuxx,
violets aux armes duChapitre,&
lesChoristes, de leurs
petitessoutanes violetes doublées
de rouge,avec le bonnet
carré rouge sur la teste. Les
Chapelains suivoient selon
l'ordre de leur ancienneté, &
les Chanoines marchoient aprés
eux, tres- superbement
montez ,avec leurs soutanes
& de longs manteauxdesoye.
La marche estoitfermée par
les Dignitez, & au milieu
estoit leur Terrier qui portoit
leBastonde commandement
enrichi d'une infinité de Perles
& de Pierres precieuses.
Ce Baston est déposé dans le
Tresor de l'Eglise, d'où il ne
fort jamais que pour cette
Ceremonie. Les Officiersde
la Justice du Chapitre suivoient
en longues robes, precedez
par leurs Huissiers) &
trente Violons marchoient à
pied immédiatement devant
le Terrier. Les Chanoines passerent
en cet ordre par les
grandes ruës de la Ville, &
allerent audelàdu Pont d'Arroux,
où ayant fait rendre la
Justice par leurs Officiers,
ils retournerent par d'autres
ruës au logis de Mr Binier,
aprèsavoir passé par lacourt
du Palais Episcopal, où ML
l'Evesque d'Autun, accompagné
de quantité de personnes
de qualité, souhaita les
voir? n'ayant pû luymesme
assister à cette Assemblée., t1
comme il a fait quelquefois 2j
dans le temps que sa santé luy y
permettoit de le faire. On
avoit accoutumé de regaler
la Compagnie d'un Souper
mais Mr Binier aima mieux x
donner à l'Egliseun fond de a
huitcenslivres qui luy de- ,-:
meure à perpétuité, que de s
faire une dépense dont il ne a
reste rien le jour mesme qu'-
elle est faite. Il ne laifCi pas 21
de traiter quelques uns de ses
Amis particuliers, & après le.Ja
,Z.CR-ls onsonna. touteslescio- -
tches pour avertir de l'heure
[du Te Deum. Les Chanoines
se rendirent de nouveau chez
luy en Corps, & le condui-
I
firent à l'Eglise,precedez de
vingt flambeaux,& de six de
distance en distance Le Te
Deum fut chanté par trois
Choeurs de Musique. mestez,
de simphonie.Celaestant fait,
Mr Binierallamettrele feu à
des Feux d'attifice, qui occupoient
depuis la voûte de l'Eglise
jusques à la pointe du
clocher, qui estconstruit de
pierrede taille à huit pans, &
l'un des plus beaux qu'il y ait
en France. On vit d'abord l
toute l'Eglise & tout le clo-
- cher en feu. Les fusées & les z
grenades faisoient un bruit T
continuel, & l'air se trouva j
rempli de lances à feu& de è
serpens qui rendoient une 3
clarté admirable.
Le lendemain Mr deLesclialier,
Avocat du Roy au i
Bailliage qui avoit esté éleu i
Vierg
,
fit avertir Mr de a
Bart, Major de la Ville de
donner ses ordres à tous les 2
Capitaines d'assembler leurs 2
Compagnies fous les armes 2
pour en faire la reveuë. Ce :
mot de Vierg vient de celuy
j
de Vergobrete, qui estoit le
! Souverain Magistrat de l'an
cienne Bibracte. Quoy que
cette Magistrature ne fust
qu'annuelle, ceux qui l'exerçoient
avoient un pouvoir
absolu sur les biens, & sur la
vie de leurs Sujets. Les Habitans
d'Autun ayant accoûtume
tous les ans de faire cet
exercice,il ne fut pas difficile
de les mettre dans l'estat où
l'on souhaitoit qu'ils fussent.
M. deBart, monté sur
un superbe Cheval, & suivy
devingt Cavaliers lestement
vestus
,
fit le tour de las
Ville. Il avoit un habit d'un f
drap brun tout couvert d-ca
Gal ons d'or
rsa
Veste estoit a
en broderie, & son Echarpc:
de mesme. Lors qu'il eut:
donné ses ordres, on vit M..
de Montagu, Capitaine du
Capitole, & à present du
Chasteau
,
à la teste de cent
Soldats vestus d'une mesme
parure, avec des Armes luisantes,
quis'alla poster à la
Porte de M. le Vierg. Il estoit
vestu d'un habit bleu garny
de Galons d'argent en plein,
& portoit une demie-pique.
Son.
Son Echarpe estoit à Frange
d'argent. Six Tambours, six
Fifres & quatre Sergens a,
voient ses Livrées. SonLieutenant
estoit vestu comme
luy, & l'Enseigne estoit d'un
Taffetas blanc parsemé de
Fleurs de Lys d'or, & de plusieurs
L'entre-lassées&couronnées.
On voyoit les Armes
du Royaux quatre coins avec
ces mots en lertres d'or, Lilia
sicsequimur, Solem ut sua Sydera
norunt. Mr Maiziere
Capitaine du second quartier,
suivoit à la teste de cent
Soldats avec six Tambours.
six Fifres, & quatre Sergens
vestus de bleu galonné d'argent.
L'Enseigne de sa Compagnie
estoit deTaffetas blanc
parsemé de Fleursde Lys dor,
avec les armes du Roy d'un
collé,&cellesdelaVillede
l'autre. Il y avoit pour deviseFidusLiliacustos.
M. de
Siry , Seigneur de Noizercti
Capitaine du troisiéme
quartier, vestu d'écarlate galonné
partout d'argent, avoit
ses Soldats, vestus de drap
brun avec un galon d'argent
sur toutes les coustures. Six
Tambours
,
six Fifres &
quatre Sergens portoient des
Livrées; leurs Chapeaux étoient
bordez d'argent, &
ornez de plumes blanches.
L'Enseigne de la Compagnie
estoit d'un taffetas blanc parsemé
de plusieurs Couronnes,
& de Fleurs de Lys d'or; au
milieu les armes du Roy avec
une Foy, & aux quatre coins
des Trophées, &ces mots en
broderie d'or, vive la Fidélité.
Les autres Compagnies vinrent
les unes après les autres
dans un équipage conforme
à la grandeur d'ame des
Autunois. Leurs Enseignes
avoient
>
l'une un Dragon,
de pour devise
,
tetigijje perissè
est ; l'autre un Lion J&.
cette inscription
) parcere fiubjestis~
st) debellare superbos,
Une aucre avoit d'un costé
l'Effigie de la Vierge, avec ces
mots, in hoc signo vincam
,
&
au revers un S. Simeon avec
cette devise, dux egovester
ero. On voyoit un Soleil dans
uneautre,&pour devise,fulget
& ardet. Dans une autre
estoit une Bombe, avec ces
mots J
pereant dum frangar
oportet ; & enfin la derniere
avoitun Arc-en-ciel bordé,
avec ses couleurs, & cette
inscription, nuncia certa pacis.
Les Officiers du Bailliage
en Robes longues, & bien
montez; precedez par douze
Huissiers, parurent ensuite.
Mr le Prevost avec ses Archers,&
autresOfficiers fc
mit à leur teste, & au devant
de luy douze Sergens deVille,
portoient des Faisseaux
, avec
des Mantcaux rouges? & les
Armes de la Ville en broderie
sur les costez. Le Heraut d'armes
marcha le premier, le
casque en teste avec la cuirasse.
& toutes les pieces qui
rendent une armure completé,&
le tout garny de mailles
aux defauts. Son cheval
estoit bardé & caparaçonné.
Il avoit à son cofté l'épée
d'armes, l'estoc d'un cofté de
l'arçon
>
la masse de l'autre,
& un Guidon vertavec ces parolesen
lettres d'or,In meIPes
una recumbit. Mr de Lefchalier
estant sorti de son Hostel,
toute la Mousqueterie le falüa.
Mr de Montagu commença
à marcher; les autres
Compagnies le Cuivirent. M*
le Prevost marcha ensuiteàla
telle de ses Archers,&toute
la Justice suivoit Mr de Leschalier,
estant au milieu de
Mrs Darlay
,
Lieutenans Generaux
du Bailliage,& de la
Chancellerie, tous deux distinguez
par leur naissance,
par leur mente, & par leur
sçavoir. Il montoit un tresbeau
cheval gris pommelé, ôc
portoit leBallondecommandement
garny de Pierres precieuses,
qu'on garde dans le
Tresor de la Ville pour cette
auguste Solemnité. Trente
Violons & Basses de Violes
marchoient à pied immédiatement
devant luy. On le
conduisit en cet estat au d(5
là du Portail d'Arroux, où
l'on avoit conduit MrBinier
le jour precedent. MrdeBart
avoit fait préparer une table
couverte d'un tres- beau tapis
de Turquie. Elle estoit environnée
de quatorze fauteuils,
où [e1 placerent les Officiers
de Justice & les Echevins. Ils
yen avoir un autre plus élevé
en forme de Trône fous un pavillon
de damas rougeà frange
d'or. Il fut occupé par Mr
deLedchalier,qui entendit de
là les harangues qui luy furent
faites,par de sçavans Avocats.
III leur répondit à tous avec
beaucoup de presence d'esprit,
& rendit aussi quelque
) Ordonnance pour le fait de
I la Police. LaSoldatesque qui
estoit en armes depuis le Trône
jusqu'à la porte de la nouvelle
Ville, ayant fait une décharge
de Mousqueterie, on
monta à cheval pour le reconduire
en son Hostel. Mr,
deBart avoit à son ordinaire
préparé un divertissement
dans le Champ de Mars, qui
est au milieu de la Ville, pour
faire honneur à M' le Vierg.
Il ordonna donc aux trois
premieres Compagnies d'allen
promptement se poster [ur,
une éminence,& d'étendre
l'aille gauche un peu plus que
la droite, parce que celle cy
avoit une hauteur qui sem- J
bloit la garantir d'insulte. Le
Corps de reserve estoit commandé
par M' de Montagu.
Les cinq autres Compagnies
qui representoient les Puissances
unies contre laFrance,
ayant un terrein plus spacieux,
s'étendirent davantage,
& en forme decroissant,
pour enveloper leur Ennemy.
On fit des escarmouches
> on
>Yc canonna de part & d'autrJe,
ïiôc enfin on lia la partie pour
une Bataille. L'aisle gauche
des Ennemisquiestoitoppotfée
à laisse droite des trois
premieres Compagniescommença
par un feu épouvantable.
L'aisle droite l'essuya
sans tirer, &ayant misFépee
à la main,elle courut sur les
Ennemis qu'elle mit en fuite,
mais l'aisle droite qui estoit
plus au large & plus nombreuse,
sembloit avoir l'avantage,
quand Mr de Montagu
ayant détaché quelques Bataillons
renforça les ifens,
qui encouragezparce secours
renver serent l'Ennemy, & les
mirent en déroure. Le Corpst:
de Bataille paroissoit cancojfH
vainqueur, & tantostavoir
du pire; mais comme les deux
ailles de l'Ennemy avoient: plié, le desordre se répandit
par tout, & les trois Compagnies
remporterent une entière
vidoire sur les cinq. On
entendit pour lors mille cris
qui furent portez de ruë en
lue; de forte qu'en un moment
toute la Ville fut remplie
de voix qui s'unirent
toutes pour crier Vive lcP\oj.
les cloches de toures les Egli-
(es sonnerent en même temps,
)On fit plusieurs décharges de
)Canon & de Mousqueterie,
,& comme il estoit tard, chaque
Habitant alluma un feu
devant sa porte pour marquer
la joye qu'il avoit d'un
succés si favorable. On reconduisitMrle
Vierg en son Hofiel,
où il traita les Officiers
de la Justice & de la Ville.
Mr l'Evesque d'Autun, &
toute la Noblesse, ainsi que
11SBoyer, President au Parment
de Dijon, yassisteront.
La table estoit de soixante
couverts, & tout ce qu'on
avoit pû trouver de plus rare
y sur servi avec beaucoup de
profusion. Le repas finy
>
la
Compagnie se separa
,
& à
mesure que chacun sortoit,il
trouvoit des gens avec des
flambeaux pour le conduire.
Les Habitans de leur costé
avoient eu foin d'en mettre
sur leurs fenestres, ce qui
éclairoit toute laVille. L'Hôtel
de Mrde Lefchalier est au
milieu de la granderue. Au
devant on avoit dresse six
pilastres de fculpture peints
en jaspe, sur lesquels estoient
ITorées trois voûtes rondes
pjui composoient trois grands
portiques. Sur ces voûtes es-
~xoit une lanterne à trois fenestres,
& au dessus un globe
d'or environné de la Couronne
Royale. Les vuides
estoient remplis de figures,
) de faisseaux
)
& de feuïllages.
1 Du dedans du globe sortoient
) des rayons qui rehaussoient
f l'éclat de toutes ces diverses
i lumieres. Les Armes du Roy
) estoient sur le Portique du
milieu;celles de Monsieur le
Prince, Gouverneur de la
Bourgogne, à la droite, &
celles delaVilled'Aucun,à
la gauche. Il falloit pour achever
une réjoüissance si remarquable
, que Mr l'Evesque
d'Autum,illustre par son me.,
rite& par sa profonde vertu,
y donnast la derniere main.
Ce Prelat fit avertir les Magistrats
qu'il avoit fait un
voeu de faire faire à perpetuité
l'Eloge du Roy dans son
Seminaire. Le Pere Archange
de Lion,Capucin
y
qui fit le
Panegyrique sur la pieté & la
religion de ce Prince, s'en
acquitta avec beaucoup de
succés, Mr l'Evesque y celerhra
pontificalement la Messe.
du Saint Esprit
,
& elle sur,
répondue par les Prestres de
son Seminaire, au nombre de
quatre-vingtdix. Il donna,
ensuite à disner dans ce mesme
Seminaire aux Ecclesiastiques,.&
à la Noblesse ; mais;
ce fut avec la propreté & la
modération qui luy sont orclinaires.,
sans qu'onservist
aucun mets que ceux qu'on a
de coutume de servir pour
les personnes qui demeurent
dans cette fainte Maison. Je
ne m'arresteray point à vous
en dépeindre toutes lesbeautez
; je vous diray seulement
que ce Séminaire est un des
plus beaux qui soient en Europe.
La situation en est trèsavantageuse.
Un grand corps
de Logis élevé de quatre étages
, regne au milieu de deux
autres corps de mesme structure.
Il est basti à la moderne
, percé par degrands jours,
êc orné des plus belles parties
de l'Architecture.Il peurcontenir
deux cens personnes,&
du costé du Soleil levant il a
quantité de Villages & d'Eglises,
qui semblentavoir esté
faits exprés pour contenter
la veuë de ceux qui l'habi-
J tent. Elle efl: bornée du Midy
par des montagnes d'une hauteur
excessive
,
quine laissent
pas d'avoir un certain agrément
particulier qu'on ne
t sçauroit exprimer,& que l'on
ressent en les voyant. Du
Couchant, ce Séminaire regarde
la Ville, & les differens
Bastimens que l'on y voie
à la fois, entremeflez des
Clochers de plusieursEglises,
font une bigarrure si agréable
>
qu'on diroit que l'Architecte
abasti la Ville pour
la beauté du Seminaire, ou
qu'ilachoisi le lieuduSéminaire
dans l'endroit où il est,
pour se faire un plaisirde voir
laVille,avec toutce qu'elle
peut offrir de plus agreable
aux yeux.Du costé du Septentrion
on découvre des plaines
decinq à six lieuës, qui font
terminées par des montagnes,
dont les unes sont fournies
de Villages de distance en
distance ,les autres de grands
arbres verds, & d'autres semées
de bleds garnies de
verdures, ce qui produit un
tres-bel effet. La maison ca
entourée d'un grand fossé re<
vestu de pierres de taille pas
le devant& les deux costez,
& les anciennes murailles de
la Ville soutiennent de l'autre
le Jardin & le Verger. La
porte pourentrer danslabassecourr,
est d'un grillage de fer,
suivi d'un mesmegrillage sur
le fossé. La route de l'entrée
fait voir un grand tapis verd
,
aux costez duquel sont deux
autres grandes routes sablées,
& deux autres à coUé, de verdure
d'une moindre largeur.
Du costé du Levant sont deux
Cabinets d'un bois peinr en
vert,garny de bandes de fcril
a six pans& six Portiques,
qui font d'une trèsgrande
beauté. On voit au milieu un
Bassin de pierre de taille d'une
grandeur extraordinaire,
avec un jet d'eau d'autant plus
rare, que venant des montagnes
qui sont du costé du
Midy, l'eau se trouve obligée
de descendre dans des
abismes, d'où elle se porte
avec rapiditéau haut du Seminaire,
& s'éleve à plus de
trente pieds. Enfin on peut
dire que la nature s'est épuisée
pour fournir à ce beau
lieu tous les agrémens qu'elle
eut donner, & que l'art a
perfetionné ce qui pouvoit
manquer du costé des ormemens.
Le Roy a fait voir sa
magnificence par les granbdes
sommes qu'il a données
pour cet Edifice, qui doit
dbeaucoup à la pieré de Mr
, l'Evesque d' Autun,ce Prelat
n'ayant épargné ny ses soins
ny ses biens propres pour le
• doter, & pour mettre cer
) Ouvrage dans la perfection
) où il est.
Toutes les productions
d'esprit de Madame des
[ Houlieres sont si recherchées
que je croy toujours que
vous les avez,si-tost qu'il
en court une copie. C'est ce
qui m'a empesché de vous
envoyer plûtostle Songe que
vous me demandez. Cette
Dame est admirable, & dans
ses pensées, & dans la maniere
de les exprimer.
SONGE D'IRIS.
Q
Ve fit reviens diligemment!
Ne cejjeras-tu point
,
impatients
Aurore,
v De courir après Illn Amant ?
x Non)
k *
Non,je te parle vainement. 1
Demain tu reviendras encore ;
Lttjfl de ton Vieillard tu cherches
tousIcsjpo~uyrsj
Ce Chtlffiltr qui fait moinsde
compte
De lafolle ardeur qui te dompte,
Que de la dépouille d'un Ours.
Tun'es pas lafeuleDeejJe
jQue CAmour ait forcée à recevoir jsi. loy.
Diane & Sentis comme toy,
Tour deJImples Mortels ont eu de U t:;:dyf/}.
Ii '1 :.- Mais enfin,si leurs coeurs se font
Lift charmer,
Leurs Amans ont brttlé pourelles
e
Toy feule entre les Immortelles
N'as jamaisseeu te faire aimer.
PourJauvcr £honneur de tes charmes
,
Les frJufls, ces scavantes Sæurs,
Nous ont imposésur les larmes
.f.?!J'dIt sortir de ton lit tu répans
sur les fleurs.
Ce neftpointton Fils mort qui caufc
tes douleurs,
Vn trait plus cutfant sa blesée.
Le mépris que Cephale a fait de tes
faveurs,
Toujourspresent à ta pensée,
C'eif ce qui faitcouler tespleurs.
Elle faitplus encor, cette Troupequi
t'aime ;
Elle dit que l'éclat vermeil,
Dontonvoit l'orientsi peindreX
ton réveil,
Vient dtsRoses que ta main for.c
Dans la carriere du Soleil.
Jj)uelconte! Si le Cielprend la cot4-
leur des Roses
LLoorrss equueettuuvviieennss ouvrir la barrieère
du jour, [tu t'expojès.
C'eif que le Ciel qui voit la honte oh
Rourit pour toy de ton amour.
Dans quelque autre Mortel plus
jaloux que Cephale,
£)uenas-tu trouvédes appas
Il euji moinsfaçonnésur la foy
conjugale.
Ordinairementicy-bas
La plus lelle Epousen'ejl pas
Vnedangereuje Rivale.
Contente entre ses bras de ton heureux
dessin, -
Tu nauroispasy des Mers oh le Soleil
se plonge
y
Fait firtir ton Charfmatin
, Et achcvfmonSonge.
"lu L'as interrompu par ton cruel
retour
Bar:s l'endroit leplus agreable.
Je croyonseîfre>helas ! dansuncharmant
Iiioiir.
Oùsur un vertga'{!n,de cent larcins
coupable,
Je vojyois à mes pieds£Amant le
plus aimable,
Le plus plein de reJiJtfl, c" le plus
plein d'amour.
Lesommeilme rendoit, ce mefimble3
moins jicre)
Et quand ton viféclat a frjpé ma
paupiere,
Jljuroitdem'aimer jusqua son
dernier jour.
Pour la perte d'une chimcre
Ne me reproche point que jefuis
trop de bruit.
Jefç.iy que la raifou conduit
A liiee r~egryeter points 01J ne regretet p(?/~) ot,, ;-,er guere
Un faux bien qui dans l'air s',,';'"
vole avec la nuit.
Mt s, rcjîexion importune 1
Ou trouve-t-on desbicm certains*
£>ue ryi~e~n n~'\a7r~ra6c'he de~s<.~maint s,>, Etceux de la Nature , r ccux de la
fortune,
J0^!uJet (foonntt--iillss qquttet cdfetss fongcsvatns?
T2
/'-i Tout ce tempsqu'un bon Songe
dure,
Si nous fln/ni:'s ir/fflcoûtens
Des biensquenousdevaisàfachuce
impoflure
,
G)rte S'HSe({oient vrais (;,;' (¡)/'rt" llfans,
Peut-on les perdre sans mur*
mure?
Helas! n'efl-ce donc point une beureussAventure
Pour qui laisse au devoir conduire
tousJes pas,
De pouvoir,sans blcffer la vertu
la plus pure.
Ecouter sur un lit de fleurs d;" de
verdure
Vn Amant qui ne déplaijl pas?
A ces mots fin depit ceffint dellre
le maiflre,
Lajeune Irisse teut >pouffa quelques
soupirs
y Rougit
y
& se livra peut- eflre
A de dangereux souvenirs,
Madame la Princesse d'Enrichemont,
Fillede M.le Duc de
Coislin,si distingué à la Cour
par ses qualitez personnelles,
& par les avions d'éclat qu'il
a autrefois faites à l'Armée,
& qui l'ont fait parvenir à
l'employ de Lieutenant General,
alla voir il y a quelque
temps Madame la Duchesse
de Verncuil à sa Maison de
Verneuil. C'est un Chasteau
d'une Architecture admirable;
basty par Henry le Grand,
situé prés de Chantilly. Il
feroit difficile de vous faire
un rccit exact de tout ce qui
le passa a cette reception. La
politesse & la magnificence y
furent également observées.
Madame la Duchesse de Verneuil
envoya plusieurs personnes
desaMaison au devant
de Madame la Princesse d'Enrichemont
au bout de l'avenuë
du Chasteau. Elletrouva
une Compagnie nombreuse
fous les Armes
>
commandée
par un Capitaine qui fit un
grand feu lors qu'elle passa
, & s'estant rendue à la porte
du Chasteau où les Officiers
de la Justice l'attendoient en
Robes, elle y receut une
Harangue à laquelle elle répondit
avec autant de presence
d'esprit que de modestie,
renvoyant à Madame la Duchesse
de Verneuil? pour laquelle
elle a unetendresserespectueuse
, tous les Eloges
qu'on luy donnoir. Cette
Duchessel'alla recevoir e llemesme
sur le Batcon,câpres
luy avoir fait voir tout le
Château,qu'elle trouva richement
meublé
,
elle luy donna
un grand repas servy avec
tout l'ordre & toute la delicatesse
imaginable. Il fut suivy
d'une illumination dans toutes
les avenuës, &dans les
fenestres du Chasteau. Un
Feu d'artifice d'un dessein
ingénieux termina la Feste.
On voyoit les armes & les
chiffres de Mr& de Madame
d'Enrichemont meslez en,
semble avec beaucoup d'art.
L'air noble & la bonne grace
qui accômpagnent cette jeune
Princesse luy attirerent de
grands applaudissemens. Elle
a naturellement l'esprit bienfait,
& il a estécultivé par
les soins & les bons exemples
d'une Mere, qui n'est pas
moins recommandable dans 1
le monde par sa politesse que
par sa pieté.
Les Peres Jesuites ont
écrit des Philippines, & ont
mandé à Madrid que l'Empereur
de la Chine ayant fait
examiner dans son Conseilla
Religion Chrestienne, a permis
à ses Sujets de la suivre,
& aux Missionnaires de ta
prescher. On pretend que cela
est arrivé à l'occasion de
l'entrée du Pere deFontenay,
& de quatre autres Jesuites
François qui font allez à la
Chine par Siam. Je ne répons
pas que la nouvelle foit vraye;
je vous marque seulement lez
lieu d'où elle est venuë
>
ô~~
vous y aurez tel égard qu'ilI
vous plaira.
Le 19. du mois passé, MIS2
de la Société de Sorbonnes
éleurent par la voye du Scru--
tin, MrBouret,Docteur de :
la mesme Société
,
second Vi--
caire de Saint Eustache, & >
Directeur de laCommunauté i
des Ecclesiastiques de cette ;
Paroisse
, pour remplir la
J Chaire deProfesseuren Ecriture
Sainte, qu'occupoit Mr
Grandin,Docteur de la mesme
Societé, D&oyen,w& cyr
evant Sindic de la Faculté
de Theologie de Paris,qui
'en est demis volontairement
i cause de son grand âge,
ipres avoir professe plus de
Soixante ans les Humanitez
>
a Philosophie, laTheologie,
& l'Ecriture Sainre, & soûçenu
ces divers emplois avec
ne application merveilleuse.
Feluy. qu'on luy a donné
pour Successeur, sçait parfaitement
l'Hebreu, &a traduit
les Livres des Rois de cette
Langue. Il y a quinze ans
qu'il s'attache uniquement à
étudier les SaintesEcritures.
Son zele & sa modestie l'ont
faitestimer de tous ceux qui
le connoissent, & l'on peut
dire que jamais élection n'a
esté plus Canonique, tout le î
monde estant convenu d'à-
- bord qu'il meriroit cet employ,
qui luy donne d'autant
plus de gloire que les follici-
- rations n'y ont eu aucune part.
L'éledion estant faire, il 1
alla saluer Mrl'Archevesque :
de Paris, comme Proviseur
de la Maison de Sorbonne.
Jecroy vous avoir appris
il y a déjà un ;»n , que Madame
la Princesse de Meckel-
- - --- -.--- ., -'.
bourg avoit fondé un Monastere
de Filles du S. Sacrement
dans la Ville de Chastillon
sur Loin, pour tâcher
de reparer par l'adoration
perpetuelle de ce Sacrement
Auguste
)
l'injure qu'il y a
receuë pendant plus d'un siecle.
La bonne odeur que ce
Monasterea déjà répanduë
dans la Province, y a attiré
des Filles de beaucoup d'endroits
; mais cette Princesse
n'ayant pu se rencontrer à la
ceremonie de leurs vestures
> elles s'estoient faites avec
moins d'éclat. Une jeune Demoiselle
eut l'honneur le iz.
de ce mois, de recevoir l'habit
de ses mains. Toute la
Noblesse du Pays y avoit esté
invirée, & Madame la Marquise
de Briquemault, nouvelle
Convertie, de laMaison
de la Force, y assista avec une
pieté tres-édisiante. Mr le
Prieur de Briquemault, qui
fit l'exhorration, parla avec
une force & une éloquence
dont. tout l'Autdioire fut
charmé. Il fit voir dans son
discours que leConventestoit
un asile à la vertu persecutée,
ou par les véritables tentations,
ou par les fausses loüanges
du monde,&que c'estoit
dans cette pensée que Madame
la Princesse de Meckelbourg
avoit fait bastir un
Monastere dans la Villede
Chastillon
y
afin de contribuer
à la sainteté des PeupIes,
& de faire adorer le
Sauveur du Monde dans le
lieu mesme, où l'Heresie
avoit triomphé pendant tant
d'années. Il dit que siNoéavoir
esté loüé par S. Paul
d'avoir bastiune Arche pour
garantir saFamille du Deluge,
cette Princesse meritoit de
grandes loüanges, de n'avoir
rien épargné pour achever
cette Arche mistique de la
Vie Religieuses où tant d'ames
viendroient jusques à la
fin des siecles, se sauver du
deluge des crimes des hommes.
Ilajoûta que sa pieté n'en
demeuroit pas là ; que non
contente d'avoir dresse un
Temple à la misericorde d'un
Dieu riche? elle vouloir encore
élever un Autelàla mi.
fere d'un Dieu pauvre) ( il
designoir par là un Hospital
qu'elle fait bastir) afin que
çç Dieu
>
soit qu'il le cachait
fous les voiles du Sacrement
pour faire grace, soit qu'il
se mist sous les haillons des
Pauvres pour la demander,
fust par tout également l'objet
de ses liberalitez& de sa
Religion. Lors qu'il eut finy,.
on fit les ceremonies accoutumées
dans une pareille occasson,
& la jeune Demoiselle
qui prenoit l'habit, donna
toutes les marques que
l'on pouvoit souhaiter d'une
véritable vocation.
J'ay presentement à vous
parler d'un engagement d'une
autre nature. Une fort aimable
personne, nee avec
beaucoup d'esprit & qui en
auroit eu encore davantage, si
on eust voulu consentiràluy
permettre quelque pracique
du monde, a éprouvédepuis
peu de temps que quelquefois
l'amour se sert dévoyés
détournées, qui font que
l'on passe en un moment
de la plus grande infortune
à l'estat le plus heureux.
Sa Mere estant morte lors
qu'elle estoit dans son plus
bas âge, elle demeura fous
la conduite d'un Pere
,
qui se
voyant défait d'une Fernrnè,,
naturellement aussi libérale
qu'ilestoit avare, & dont les
dépénses luy avoient donné
de grands chagrins, renonça
pour toujours au mariage,
& ne Conge',plus qu'à
reparer par de vilaines épargnes
le desordre qu'il pretendoit
qu'e lleeust mis dans ses
affaires. Il avoit beaucoup
d'argent comptant, & n'estans
point scrupuleux sur la maniere
de le faire profiter, il
en tiroit de gros interests qui
luy firent bien-tostamasser
des sommesconsiderables.
Lors que sa Fille eut douze
ans, il se resolut à luy donner
une espece de Gouvernante
pour avoir, l'oeil sur
ses actions, & l'accompagner
quand elle iroit à l'Eglise
à
ou chez une Tante qui demeuroit
dans le Voinnage.
C'estoit la feule visite qu'il
luy permettoit de faire. Cette
Tante qui l'aimoit avec tendresse,
& qui voyoit que son
Pere estoit en estat de la
marier un jour avec de grands
avantages, voulut l'obliger
à luy choisir quelques Maîtres
, tant pour la Danse &
le Chant, que pour d'autres
choses qui semblent donner
du mérite aux Filles
3
mais il
trouva à propos de n'en rien
faire, & crut que c'estoit avoir
remply tous les devoirs,
d'un bon Pere
, que d'avoir
mis auprès d'elle une Fille
sage, qui luy tenant toûjours,
compagnie, devoit FempeLcher
de s'ennuyer. Heureusement
cette Gouvernante avoit
des lumieres au dessus
de celles qui se rencontrent
ordinairement dans ces fortes
de personnes
>
& ayant trouvé
dans la jeune Demoiselle
dont on luyconfioit 1"édu.
cation
5
des dispositions trèsfavorables
, elle s'appliqua à
regler ses sentimens
, & n'eut
pas de peine à y réüssir. En
luy peignant les defauts qu'elle
devoit éviter, elle luy fit
prendre une égalité d'humeur,
& une droiture d'ame
qui la rendoienttoute aimable.
Cependant, comme elle
avoit les traits assez réguliers
& le teint fort vif, ce fut à
seize ans une très belle personne.
Tous ceux qui la rencontroient
lors qu'elle alloit
a l'Eglise ou chez sa Tante,
prenoient plaisir à la regar-
- der,
der, & si elle estoit touchante
par les agrémens de sa personne
,
elle plaisoit encore
davantage par sa modestie.
Plusieurs personnes, pour qui
de si beaux dehors estoient
un grand charme, tâcherent
de trouver accès chez elle,
dans le dessein de connoistre
si son coeur & son esprit répondoient
à sa beauté; mais
ils furent obligez de s'en rapporter
au bien qu'endisoient
les Domestiques. Illuy estoit
défendudevoir personne., &
elle avoit d'elle mesme de
trop grands scrupules de vertu
pour consentir à des visites
secretes. Ainsi les plus amoureux
prirent le party de se
déclarer au Pere.Il avoit des
yeux qui l'asseuroient de ce
que valoit sa Fille, & d'ailleurs
les loüanges que luy
donnoient ceux de ses Voisins
chez qui il se trouvoir
quelquefois
,
lavoient rendu
si fier là-dessus, qu'il la regardoit
comme un tresor dont
il dévoie retirer de grands
avantages. Il écoutoit tousles
Pretenaans,& quand on luy,
demandoie quelle avance il
avoit dessein de faire à sa f
Fille
,
il répondoit, que non
seulement on n'en devoit
; point attendre d'autre que
celle desa beauté, mais qu'il
pretendoit ne la marier qu'à
des conditions tres-avantageufes.
L'amour le plus échause
se trouvoit fort refroidy
par cette réponse ; & comme
elle rebutoit tous les Amans
qui se presentoient, ceux de
la Famille qui voyoient avec
chagrin qu'il refusoit de tresbons
partis, tacherent de l'oobligerà.
parler une autre langue
; mais leurs ces remontranne
gagnerent rien sur
son avarice. Il leur disoit qu'il
n'y avoit que les laides à qui
il falloit donner de l'argent,
pour s'en défaire; qu'il n'e-
- stoit point encore ennuyé de
; garder sa Fille; qu'elle luy
faisoit plaisir à voir; que ;
quand elleavanceroit en âge
il prendroit foin de luy trouverunMary
,
& que cepen- - dant il estoit juste qu'on x
le laissastjouit de son bien,
puis qu'il avoit t eu tant de t
peine à l'amasser. LaBelle qui
s'accoutumoit insensiblement 3
à la retraite, &qui ne voyant j
personne,n'avoit encorefait )
nul usage de son coeur, menoit
une vie tranquille qui
n'estoit troublée de rien. Elle
aimoit l'ouvrage & la lectures
& s'y occupant agréablement,
elle passa encore trois
ou quatre années sans avoir
songéqu'elle deust jamais
changer d'estat. Ellene pensa
à l'importance du choix qu'-
elle avoit à faire, que lors
qu'il luy dit un jour qu'il
estoit tout fait, & que tandis
qu'elle se reposoit sur ses soins
d'un établissement qui luy,
fust propre, il avoit veillé en
t bonPere àluy chercher un*
party avantageux. C'estoit
un homme d'une qualité
considerable, qui ayant beaucoup
de bien luy devoit donner
un grand équipage, gz
qu'une grande réputation
de probité & de sagesse faisoit
estimer & considerer de
tout le monde. Ill'avoit souvent
examinée dans l'Eglise
& samodestie l'avoit charmé.
La Belle répondit en Fille
d'esprit
y
qu'elle ne pouvoir
douter qu'en choisissant par
ses yeux,elle ne deust eilre
heureuse, mais qu'elle ne
s'assuroit pas allez sur la bonne
opinion que l'on avoit
conceuë d'elle,pour ne trouver
pas fort important que
l'on jugeait par quelque entreveuë
si elle estoit verirablementcequ'on
la crayoit;
que le merite regardé de loin
brilloit sans peine sur des
dehors un peu apparens, mais
que regardé de prés, il n'estoit
souvent rien moins que
ce qu'il avoit paru; que chacun
avoit son goust ; que ce
n'estoit pasassezqueles yeux
fussent contens ; qu'il falloit
aussi que l'esprit le fust, ce
qui demandoit qu'on ne précipitaft
rien dans une affaire
qui engageoit pour
toute la vie. Une réponse si
fage ne plut pas au Pere,, qui
dit brusquement & d'un ton
d'empire, que toutes les informations
estoient faites;
que celuy qui la vouloir épouser
estoit content d'elle ;
que comme il la devoit mectre
dans une grande fortune,,
il ne falloir pas luy laisser le
temps de se repentir; que plusieurs
raironsl'avoientobligé
de le prier que le mariage fs
fcfl: au plûtost & secretement
; qu'il en avoit donné
sa parole,& qu'il pretendoit se
faire obéir. Ce secret,& cette
précipitation à conclure firent
comprendre à laBelle que
le Mary qu'on luy proposoit
n'avoit pas une entiere liberté
de disposer de luy-meftllc.
Elleentémoigna de l'inquietude,
mais fort inutilement.
On refusa mesme de luy apprendre
son nom. Son Pere
devoit dresser des Articles entièrement
à son avantage
qu'elle signeroit aveuglement.,
aprésquoyelle choisiroit
un jour pour se trouver
de grand matinà l'Eglise..
Tout ce mistere l'effraya si
fort,qu'elle protesta que
dans quelque rang que la puft
mettre celuy qu'on vouloit
qu'elle épousast, nulle autorité
ne l'y feroit consentir
qu'elle ne luy eust au moins
parlé une fois Elle se mon- j
tra si ferme dans cette resolurion.
qu'il fut obligé de j
luy promettre de la satisfaire,
& par consequent de luy j
avoüer que c'estoit un homme
un peu avance en âge.
Il ne luyfallut rien dire de
1 plus pour luy faire entendre
qu'ilefloit du moins fexat~
il
genaire. Elle en versa force
larmes avec la Demoiselle
qui avoit eu foin de l'élever,
& qui connoissant le Pere
d'une humeur fort absolue,
ne sceut que luy conseiller
sur le party qu'elle devoit
prendre. Il fut feulement resolu
entre elles, que quand le
bon homme luy viendroit
rendre virice
> on le feroit
suivre en s'en retournant afin
de sçavoir qui il estoit
) & de
voir ensuite ce qu'on auroit
à resoudre. La Tante ayant
sceu la chose fit ce qu'elle
put pour rompre le coup ?
mais le Pere avare qui trouvoit
son compte à vendre la
Fille, demeura inexorable,
& après luy avoir dit d'un
ton menaçant qu'elle prist
bien garde à ne pas détruire
par un accueil incivil
ce qu'il avoit fait pour sa
fortune,illuy amena unsoir
l'honneste Vieillard àquielle
avoit eu le malheur de plaire.
C'estoit un homme qui alloit
beaucoup au delà de soixante
ans,mais àquidiverses conquelles
qu'il avoit faites pendant
son jeune âge,laissoient
conserver encore jene sçay
quoy de galant qui le rendoit
supportable. Il estoit aisé de
voir à ses manières qu'il estoit
de qualité. Il parloit bien, &
l'amour ajoûtant un nouveau
feu à la vivacité quiluy estoit
naturelle, il dit à la Belle mille
jolies choses sur ce que l'amour
luy faisoit faire. Il s'étendit
fortsurConmerite,&
luy donna des loüanges qui
auroient pu la lfater dans une
autre bouche. Elle y répondit
niodcftcmcnt,& lors qu'il
l'eut priée de ne point trouver
mauvais qu'il pressast les
choses
,
l'impatience estant
pardonnable quand il s'agissoit
d'un bien aussi précieux
que celuy qu'il poursuivoit,
elle luy dit sans luy
témoigner aucun dégoust,
qu'il ne devoit point estre
surpris si ayant toujours mené
une vie fort retirée, où
elle n'avoit jamais esté occupée
que de son ouvrage,
elle ne pouvoit se resoudre
tout d'un coup à changer
d'estat; qu'elle avoir besoin
d'un mois pour se reconnoistre,
& que s'il vouloit qu'elle
fust persuadée des sentimens
favorables dontill'assuroit, il
luydonncroit ce temps pour
se disposer à ceux qu'elle de.,
voit prendre. Il essaya d'accourcir
le termes estant enfin
contraint de ceder, il la -
conjura d'agréer quelques
Pierreries qu'il luyavoit apportées
pour gages de [on
amour. Le Pere qui la vouloit
engagera quijugeant d'elle
par rapport à luy,croyoit
qu'elle dust estre ébloüie de
ce present, luy dit qu'elle
pouvoir l'accepter, le mariage
estant déjà conclu de parole;
mais le Vieillard eutbeau
la presser; elle resista toûjours
en disant que ce seroit bien
mal debuter
, que de faire
voir qu'elle eust l'ame interessée,
&qu'ayant dessein de
meriter son estime ,elle vouloit
luy donner sujet de la
croire digne de son choix.
Tout cela fut dit, &avec esprit,
& d'une maniere honneste,
& le bon homme après
avoir laisse plusieurs fois ses
Pierreries sur la table, fut
obligé de les remporter. Il
sortit fort amoureux, & en
assurant la Belle que c'estoit
luy faire un grand facrisice
que de consentir au
retardement
qu'elle demandoit.
La Demoifellc qui s'étoit
chargée du foin de le
faire suivre
>
avoit donné
de bons ordres. Ils furent
executez sans qu'il puft le
remarquer , & on sceutpat
là tout ce qu'on avoit envie
de sçavoir. Il estoit riche
& de qualité, & la cause du
secret qu'il vouloit garder
dans son mariage, venoit de
l'obstacle qu'il craignoit de
la part d'un Fils unique, qui
joüissant. dubien de saMere
quiestoit considerable, faisoit
dans lemondeune assez
belle figure. Il ne doutoit.
point que ce Filsestant aimé,
n'employast des personnes
d'un grand poids pour le détourner
de son dessein, & il
ne pouvoit éviter l'éclat que
feroient ses brigues qu'en se
mariant sans qu'on le sceust.
La Belle alla porter ces nouvelles
à sa, Tante,&prit ion
avis sur ce qu'elle avoit à
faire. Le Vieillard, comme
Vieillard,n'avoit rien de dégoustant
>
mais la disproportion
del'âgeestoitune chose
sur laquelle il luy estoit impossible
de se vaincre,& on
luy parloit d'un ton siira
i
ricux qu'elle ne sçavoit comment
se défendre d'obeïr.
Après un long examen ,
elles
ne purent trouver de moyen
plus leur pour rompre l'affaire.,
que d'en avertir le Fils.
Elle estoit entièrementcontraire
à ses interests, & il n'y
a point de motif plus fort
pour mettre un homme qui
a du credit dans tout le mouvement
necessaire. La Tante
l'envoya prier de luy rendre
une visite. Il alla chez elle
dés le lendemain
>
& fut fore
surpris d'apprendre l'engagement
secret de l'on Pere. Il
demanda qu'on fist traifnetf'
la chore en longueur,afin :
d'avoir plus detemps à ménager
son esprit. Il le vouloirgagner
par adresse, le respect
qu'il avoit pour luy ne per- 'j
mettant pas qu'il fist un éclat
qui pouvoitle rendreridicule
dans lemonde. LaBellearriva
lors qu'ils- agitoient cette
matiere
, 3c ses traits vifs &
piquans fraperent si fort le,
Cavalier qu'aprèsl'avoir regardée
quelquesmomens, ile
fut forcé de luy dire
,
qu'il
ne pouvoit plus condamner
son Eere. Elle receutlagalanterie
d'un air modeste, éc
y répondit avec esprit. Elle
entra ensuite dans le détail
de l'affaire qui les regardoit
également, & dit qu'elleressentoit
comme elle devoir
l'honneur qu'on luy vouloir
faire, & que si elle montroit.
dela repugnance à l'accepter,
ce n'estoit pas dans la veuë
de se conserver pour quelque
Amant
à
à qui elle eust engagé
son coeur;qu'elle avoir
toûjours vescu dans une retraite
qui éloignoit d'elle
l'ombre mesme du foup<^on>
mais que regardant le ma^
riage comme l'affaire la plus
importance de la vie
>
elle ne
s'y resoudroit jamais que pour
remplir son devoir, & rendre
heureux par ses complaisances
celuy qu'elle épouieroit ; qu'il n'estoit pas étonnant
si une jeune personne avoit
de l'éloignement pour un
homme qui avoit prés de
cinquante ans plus qu'elle;
qu'ordinairement l'inégalité
de l'âge ne souff. oit point de
rapport d'humeur, sans quoy
il n'y avoit point d'union à
esperer, & qu'elle seroit d'ailleurs
au desespoir d'entrer
dans une Famille pour y mettre
le desordre; que le nom
de Belle-mere estoit toûjours
un nom odieux;qu'elleavoit,
un Pere avare, qui apparemment
ne la promettoit à un
vieil homme que sur des conditions
avantageuses pour
elley & qu'ainsi leurs interests
estoient si meslez
>
qu'il
ine devoit rien omettre pour
l'empeschet de luy faire tort.
Le Cava lier ne trouva pas
moins d'esprit que de sagesse
dans tout son raisonnement,
& en l'asseurant qu'il travailleroit
detout son pouvoir à
don reposilluy promit d'oublier
qu'il estoit interressé à
la chose
y- pour n'avoir en
veuë que le seul plaisir de
l'obliger. Il prit jour pour la
revoir
3
& trois ou quatre
conversations ,qu'il poussa
toûjours fort loin, luy ayant
fait découvrir tout foiv merite
,
il en fut assez touché
pour ne pouvoir s'empescher
d'en donner des marques. La
Tante s'en apperceut, &confeilla
à sa Niece de profiter
du pouvoir qu'elle commençoit
à prendre sur luy. La
Belle, luy répondit qu'elle se
101t:;
roit tres fâchée de luy donner
de l'amour,puis qu'il
ne pourroit servir qu'à le
rendre malheureux par l'obstacle
de deux Peres, dont
l'un ne cederoit pas ce qu'il
demandoit pour luy, tandis
que l'autre possedé par l'avarice
s'attacheroit à des propositionsdéraisonnables.
Cependant
il se passa quinze
jours sans que le Cavalier
cuit rien avancé. Il se concentoit
de direqu'il préparoit
un obstacle qui renverseroit
tous les desseins
que l'on avoit faits, & plus il
voyoit la Belle,plus il en étoit
charmé. Le temps avançoit.
Le bon hommeaussi pressant
qu'amoureux, luy rendoit
souvent des visitesdérobées,
& elle craignoit que sa passion
prenant tous les jours de
nouvelles forces, ne l'aveuglast
à la fin assez pour l'empescher
d'entendre raison.
Elle entretint le Cavalier de
sa crainte, & ill'assura de
l'en tirer, pourveu qu'elle luy
permiss de pretendre pour
luy-mesme ce qu'il vouloit
oster à son Pere. La Belle
rougit, & cette rougeur accompagnée
d'un aimable
trouble, luy ayant assez marque
qu'il ne luy déplaifoit
pas, il la conjura de hly découvrir
ses sentimens. Elle
luy dit d'une maniere agreable,
quoy qu'embarassée, que
quand ellevoudrait croire
qu'il luy trouvast assez de
mérité pour luy donner son
attachement ,elle luy confeilleroit
de ne se pas embarquer
dans une entreprise dont
il ne pouvoit esperer aucun
succés; qu'un Pere estoit un
Rival plus dangereux que
tout autre, & qu'elle voyoit
le sien d'autant plus à craindre,
qu'il faisoit paroistre un
amourtrès-violent. Ce qu'elle
dit ne put étonner le Cavalier.
Lavoye qu'il avoit imaginée
luy paroissoit feure
,
&
illa pria de trouver bon qu'il
l'expliquait à sa Tante dans
un entretien particulier. La
Tante trouva l'expedient admirable
j .& donna parole
pour sa Niece
,
qui n'eut pas
de peine à yconsentir, que
quand on luy permettroit de
l'épouser,elle y feroit toute
disposée, Il la quitta transporté
de joye, & observa le
moment qui luy pouvoirestre
favorable. Il luy fut aisé de
lé trouver. Son Pere qui
cherchoit à le gagner, avoit
pour luy des honnestetez extraordinaires,
& il ne luy eus
pas plûtost dit, qu'estant devenu
eperdûment amoureux
d'une fort jolie personne) il
alloitestre le plus malheureux
de tous les hommes s'il
desaprouvoit sa passion, qu'il
se monrraprest de faire tour
ce qui pouvoir dépendre de
luy. Il ajoufta que loin de
la condamner, quand la Demoiselle
n'auroit aucun bien^
il connoissoit trop combien
l'amour estoitviolent pour
s'opposer à ce qui pouvoit le
rendre heureux, & qu'à l'âge
qu'il avoit il ne voudroit pas
encore répondre d'avoir le
coeur insensible. LeCavalier
quiestoit adroit ,le conjura
de ne se faire aucune contrainte
pour ses in[crefis,l'ae.
feurant que s'il avoir quelque
veuë pour un second mariage
, il recevroit une Bellemere
sans aucun chagrin.
Rien ne pouvoir mieux flater
le Pere
>
qui après luy
avoir marqué toute forte de
tendresse, luy demandace
qu'il souhaitoit qu'il fist
pour asseurer le succés de son
amour.Il répondit qu'il avoit
besoin sur tout qu'il voulust
bienluy pardonner une faute
que l'emportement de sapassion
luy avoit fait faire; que
la Demoiselle dont il estoit si
charmé dépendant d'un Pere,
qui pour ne luy faire aucune
avance,quoy qu'il fust fort
riche, avoit refusé obstinément
de la marier, il s'estoit
laissé conduire à une Parente
qui avoit rrouvé moyen de
la luy faire époufer sans bruit;
qu'il y avoit quatre mois que
le mariage estoit consommé;
qu'il n'avoit osé luy en rien
dire à cause qu'il n'en pouvoir
esperer de bien du vivant
duPere;qu'ilnesçavoit
pas comment il avoit esté
gagné par un Gentilhomme
de Campagne, dont sa Maistresse
( car il feignoit de n'ofer
encore l'appeller sa Femme
) ne luy avoit pu apprendre
le nom,mais quece Pere
vouloit qu'ellel'épousast, ce
qui la mettoit dans un embarras
terrible
>
qui finiroit
s'il vouloit bien. l'aller demander
pour luy ; qu'il ne
seroit pas besoin de luy parler
du mariage secret, &
que pourveu qu'il le laissast
maistre des conditions, il
ne doutoit point qu'il ne
confentift à le preferer au
Gentilhomme, qui estant fort
vieux,n'auroit pas de peins
às'en consoler qu'en tous
cas, s'il vouloit absolument
luy tenir parole, on declareroit
le mariage, ce qui l'obli.
geroit de se rendre, pour
n'ex poser pas sa Fille à des
contes qu'il est toujours avantageuxd'éviter.
Le bonhomme
étonné de l'avantures y
vit tant de choses qui convenoient
à la sienne, qu'il
apprehenda que la Femme de
son Fils ne fust la belle personne
qu'il n'avoit pu s'empêcher
d'aimer: Il n'osa luy
en demander le nom, pour
n'apprendre pas si- tost ce
qu'il craignoit de sçavoir, &
il se contenta de luy faire differentes
questions sur les circonstances
de son mariage. Le
Cavalier, après avoir répondu
àtoutes, le pria de vouloir
bien venir avec luy chez une
Tante quiavoit conduit cou*-
te l'affaire. Il yalla,& ilapprit
d'elle tout ce que son
Fils luy avoit déjaconté, sans
que le nom de la Belle eust
échapé encore à aucun. Le
Cavalier le laissa avec la Tante
>
afin qu'ils prissent ensemble
les mesuresnecessaires,
pour détourner le coup qu'ilsapprehendoient.
Le bon homme
qui ne la connoissoit
point, fut obligé de luy demander
qui estoit celuy donc
son Fils avoit épousé la Fille.
Imaginez vous avec combien
de douleur il entendit prononcer
un Nom qui luy apprenoic
quaucune esperance
ne luy pouvoit plus estre
permise. La Dame qui l'observoit,
le vit changer de
visage. Il demeura tout ref-»
veur, & la laissa parler quelque
temps sans luy répondre.
Ce silence luy donna lieu d'ajoûter
que s'ilbalançoit à
pardonner à son Fils ce que
l'amour luy avoit fait faire,
elle luy feroit connoistre sa
Nièce ,nedoutant point que
sa beauté, sa douceur, & les
autres bonnes qualitez qu'il
découvriroit en elle,ne luy
fissent souhaiter de l'avoir
pour Belle-fille, & que si elle
n'avoit pas de bien present,
elle estoit l'unique Heritiere
d'un homme fort riche, qui
en amassoit encore tous les
jours. Il répondit qu'il la
connoissoit sans avoir sceu
qu'elle fust sa Nièce, & que
peut-estre dés ce mesme jour,
elle apprendrait quelque
chose dont elle seroit surprise.
Il retourna chez luy
lors qu'il l'eut quittée, ÔC
passa deux heures dans son
Cabinet. Apparemment il les
employa à voir ce qu'un
homme sage avoit à resoudre,
Le mariage secret de son Fils
qui luy venoit d'estre confirmé
,rendoit inutiles les prétentions
qu'il avoit euës, & il
ne pouvoit s'y opposer après
les démarches qu'il avoir faites
j
sans faire connoistre sa
foiblesse à tout le monde. Il
eust esté accusé,ou dejalousie,
ou d'un sentiment ridicule
de vangeance s'il eust éclaté,
.& c'eust esté apprester à rire à
ceux qui prennentavidement:
l'occasion de faire un bon conte.
Ainsile seulparty qu'il vit:
propre à le tirer d'embaras,
ce fut de trouver un prétexte
honneste pour se degagerauprès
de la Belle,& voicy enfin
comment il s'y prie. Ill'alla
trouver, & luy dit en presence
de son Pere
>
qu'il avoit
toujours pour elle la mesme
tendresse & la mesme efii.
me, mais qu'il n'avoit feint
de la vouloir épouser, que
pour s'asseurer si elle avoir un
cfprit flexible; qu'il avoitesté
ravy de voir,que toute sa resistance
se fust bornée à demander
un mois de délay,
quoy qu'elle ne dust pasestre
contente d'avoir à passer sa
1 vie avec un vieil homme ;
que comme ilestoit d'un âge
qui le garantissoit de l'amour,
il n'avoit jetté les yeux sur
elle que dans le dessein de la
donner à son Fils aux mesmes
conditions qu'il avoit déjà
offertes; que ce Fils estant en
possession du bien de sa Mere
avoit dequoy soûtenir toute
la dépense à quoy sa qualité
l'engageoit ; que Peftimc où
il estoit dans le monde l'avoit
fait assez connoistre
>
& qu'il
n'y avoit guere d'emplois
ausquels il nepustpretend re.
LePere n'eut point à se plaindre
dece changement. Au
contraire il le trouva si avan..
tageux, que faisant effort sur
luy
,
il fit à sa Fille une avance
raisonnable. Vous jugez
bien qu'elle eut grande
joye d'une déclaration si peu
attenduë. Le Cavalier prit la
place du bon-homme
)
& feignant
de croire que le hazard
avoit fait qu'illuy eust choisy
pour Femme la mesme personne
dont il s'estoit die
l'Epoux,illuy en fit des remercimcnsproportionnezà
l11crClmc:nsproportlonneza
son amour. On fit les préparatifs
du mariage ,qui fut ccle^
bré quelques jours après
)
laos
qu'on parlait de celuy qu'on
pretendoit avoir esté fait seetretement
quatre mois auparavant.
Jamais on n'avoit tant recherché
que l'on a fait en
ce siecle
, tout ce qui peut 3 contribuer à la guerison des
diverses maladies quiarrivent
aux hommes. Cela est cay[c
que je vous ay entretenuë de
beaucoup de gens qui ont
trouvé
de
ces retnedes extraordinaires
mais je ne vous
en ay rien dit que je n'aye
eu de fort grandes certitudes
des choses dont je vous ay
fait part, & bien souvent les
certificats en bonne forme des
Malades gueris
) ont esté les
moindres preuves. Ainsi vous
me pouvez croire sur ce que:
j'ay à vous dire aujourd'huy
de Mr Audibert, Curé d'Ivry
en Brie. Il distribuëun Sudorifique
qui a esté éprouvé le
mois d'Aoust dernier à Versailles,
suivant les experiences
que le Royen a fait faire.
Ce Curé asseure qu'il guerit
infailliblement la goute sans
retour, la Paralisie) les Rumatismes
,
la retention d'urine
3
la petite Verole sans
laisser aucune marque, î~
Colique nefretique, & autres,
lesOpilationsde rate,la Dissenteriefx.
toutes autres pertes
de sang, la Migraine, les
passes couleurs, les vapeurs,
& toutes les inflamations
des yeux. Toutes ces fortes
de maux font gueris par
transpiration en purifiant le
sang. Il a uncertificat de Mr
Maurin
,
Docteur Regent
de la Faculté de Medecine
de Paris, & Medecin du
Roy a Versailles
5
qui attelle
que le Sudorifique dont
te vous parle
>
est tres bon,
rayant reconnu en plusieurs
sujets ausquels il l'a donné
tres-utilement. Mt Maurin.
estant Medecin de l'Hôpital
de Versailles, a pu faire en
peu de temps diverses experiences.
C'est une chose incroyable
que la quantité de
certificats, qui ont esté donnez
à Mr Audibert,touchant
les cures heureuses qu'il a
faites. J'avois resolu d'en raportericy
quelques-unemais
outre que le nombre en est
trop grand,j'ay cru qu'il
suffiroit de vous dire que le
Roy luy a donné une somme
considerable,& qu'il ya dant
sonOrdonnance,pourgratification,
enconsideration desbonsremedesqu'il
a donnez au public,
($f particulierementauxPauvres.
Cette Ordonnance prouve
davantage que les Certificats
les plus autentiques. Mr Audibert
demeure à Paris, ruë
de Guenegaut à l'Hostel du
Pérou. Il donne parcharité
son remede aux Pauvres.
Je vous parlay il y a quelque
temps de l'Armorial Historique
,
blasonné & orné de
Supports & de Cimiers, fait
par Mr de la Pointe, Ingenieur
& Géographe du Roy.
On y voit toutes les créations
des Chevaliers de l'Ordre
du S. Esprit faits par le
Roy, & les Gouvernemens,
Charges, & Dignitez dont ils
font pourveus. Il n'y a rien
de plus curieux & de mieux
gravé que ce Livre, qui est
presentement en vente. Il
contient cent quatre-vingt
Armoiries in quarto, & fc
debite sur le Quay del'Horloge
3 aux trois Etoil es.
La vertu a de grands charmes,
& les moins capables
d'estre touchez sont le plus
souvent forcez de s'y rendre.
Un Juif de Florence ayant
abordé il y a quelques mois
à Cannes, apprit d'abord qu'il
y avoit à Grasse un Evesque
d'une pieté fort exemplaire,
qui distribuoit tout sonrevenu
aux Pauvres;qu'ilenestoit
le Pere par ses charicez comme
par sa Charge, & que s'appliquant
uniquement à la
conduite de sonDiocese,iln'avoit
en veuë que ses devoirs
pour les bien remplir. Cela
donna quelque curiosité au Juif, sans qu'il eust aucune
pensée de se faire Chrestien.
- - - - Il
Il vint àGrasse,& souhaita.
d'estre presentéàceluy de qui
il avoit entendu dire de si
grandes choses.Il en fut receu
avec tant de bonté
, qu'un
mouvement secret qui le pénetra,
luy fit demander à
estre instruit dans la Religion
desChrestienss. CePrelatne
laissa pas perdre l'heureuse
disposition où ille vit tout
d'un coup. Ille fortifia dans
ces sentimens, en fortc que
cet Infidelle qui n'avoit esté
à Gresse que par curiosité,
changea de motif, & demanda
le Baptesme. M[deGrafre
luy dit que cela ne pouvoit
sefairesipromptement;qu'il
falloir du temps pour l'instruire
à fond du Christianisme,
& que s'il estoit resolu de
rembraflèr> il n'épargneroit
ny ses soinsny son bien pour
luy procurer cetavantage. Il
voulut tout ce que ce saint
Pielat luy conseilla, & serendit
tous les jours chez luy
pour profiter des instructions
qu'illuy donnoit, Cependant
commeceCathecumeneavoit
dit qu'il estoit de Florence,
que ses Parens avoient beaucoup
de bien en ce païs-là,
& qu'il en seroitprivé s'il
abandonnoit sa Religion, Mc
l'Evsque de Grasse luy osta
bien-tost cette crainte. Il écrivit
à l'Envoyé de Sa Majesté
en cette Cour pour surmon-
ter cet obstacle,& l'apprehension
qu'il avoitluymesme
d'administrer le Baptesme
à un inconnu, fut
dissipée par la réponse de cet
Envoyé. Il ne laissa pas, pour
éprouver encore plus forcement
cet esprit
, & mieux
reconnoistre sa vocation, de
l'envoyer pendant quelque
temps à une lieuë de Graffe»
auprés d'un bon Hermite. Il
y demeura deux mois, Se
cette retraite ne servit qu'à
luy faire souhaiter plusfortement
d'estre Chrestien. Le
jour fut pris pour le baptiser.
Les Consuls de la Ville demanderent
à estre Parrains du
Neophite. Mrde Saint Marc,
Gouverneur des Isles de Sainte
Marguerite, demandoit la
mesme chose, & MrdeGrasse
qui évite toujours, & particulierement
dans les fonctions
de son ministere
,
l'éclat
& la pompe du siecle,
jugea à propos de prefererles
Consuls3a condition qu'il n'y
,
auroit point d'excès dans la
dépensequ'ils fé préparoient
à faire. Toutes choses ayant
estéainsidisposées? ce Prélat
sedisposa à faire la ceremonie
du Baptermeplus de
quinze jours auparavant
>
par
des jeûnes & par des prières
extraordinaires.Le jour choisi
estant arrivée le Chapitre&
le Clergé allerent le prendre
pour le conduire à l'Eglise,
ou plus de dix mille personnes
s'estoient assemblées dés
le grand matin. La cérémonie
se fit à la porte, où M1
l'Evesque, aprèsavoirparlé
auCathecumene, parlaaussi à
son Peuple avec une force qui
faisoit fondre tout le monde
enlarmes.On ne peut dire jusqu'à
quel point le tendre respect
que lesHabitans deGrasse
ôi de tout le Diocese ont pour
ce Prélat,a encore augmenté
par cette action, ny combien
ils furentrouchez de le voir
luy-mesmeenflaméd'un saint
zele, preschant &t baptisant
ce nouveau Chrestien.
Madame laDauphine,qui
depuis long-temps se trouvoit
incommodée sans recevoir
de soulagement des Remedes
ordinaires, en avoit
pris d'un Particulier, qu'on
luy avoit proposé devoir la
guerir, mais après les avoir
éprouvez pendant trois mois
sans aucun effet, au contraire
s'en trouvant plus mal
,
mesmc
jusqu'à un crachement,
de fang
3
elle a jugé à propos
de le congédier avec un present
de cinq cens Louis d'or,
& de se remettre entre les
mains de ses Medecins, qui
en peu de jours ont commencé
à la bien rétablir, & à
la mettre dans un estat d'en
bien esperer. Cette generosité
& cette maniéré de rccompenser
sont sans exemple.
Quene conçoit on pas d'un
coeursi noble& si grand., &
quels voeux ne doiton pas
faire pour une santésipretieuse?
pour un mérité si rare > & pour tant devertus qui ne
font point nouvelles à tout
le monde, qui les a veues
dans toutes les occasions.
qu'elle a eues de les montrer?
J'en ay parlé dans la
pluspart de mes Lettres
, &
avec cette matiere je ne manqueray
jamais de les bien
remplir.
Vous sçavez, Madamey
qu'il y a quatre Secrétaires
d'Estat,dont l'un est pour les
Affaires Etrangères l'autre
pour celles de la Guerre,& les
deux autres pour la Maison
du Roy, & pour les Affaires
du Clergé. La Commission
dela Marine s'estans trouvéer
depuis quelque temps atta..
chée au Secrétariat d'Estat
dans la Maison du Roy
2
feu
MrColbert commença à la
mettre au point où elle effc
prefentemenr ; car elle n'a
commencé à fleurir en France
que depuis le mariage de Sz
Majesté; c'est à dire députai
que ce Prince a commencéas
gouverner seul. : M. de Sei-i
gnelay ayant succedé auxxi
Emplois de M. Colbert sonn
Pere
5
suivit ses traces,& s'appliqua
avec un foin excraordinaire
à tout ce qui regardent
la Marine, de forte qu'elle creil
aujourd'huy si florissante, quen
quand mesme le Roy auro
l'Esté prochain toutes les for-i
ces maritimes de l'Europes
contre luy,les siennes suffiroientpour
leur resistier. M4ls
de Seignelaya non seulement
ordonné fous les ordres duui
Roy, mais il s'est fouvenc
tran sporté sur les lieux pour
y voir restat des choses. Il a
mesme fait plus, il aagy, s'estant trouvé à l'affaire de
Gennes, & il auroit esté cette
année témoind'un grand
Combat, si les D , ventsne sussent
pas devenus contraires,
ousi les Angloiseussentvoulu
accepter le deffy. Tous les
services de M. de Seignelay
en ce qui regarde la Marine,
& ce qui concerne fcs autres
Emplois, luy ont fait men.
ter d'estre nomméMinistre
* d'Estat par Sa Majesté
) ce
qui cit d'autant plus confi--
derable, qu'il n'yenavoit que
trois,& qu'il fait feu lement le 3
quacneme. C'est dans lésa:
Conseils qu'ils ne tiennent
qu'avec leRoy qu'on prend les*:
resolutions les pluscachées
tant sur les Affaires Ecran- -
geres, que sur celles du de- - dans du Royaume dont il i
n'y a que ces quatre Ministres
qui sçachent le secret.
Mrl'Abbé Fleury a elle à
nommé Sous Précepteur de
Monseigneur leDucdeBour- -
gogne. Comme.il a unegran..
de connoissànce de ce qu'on t
appelle Humanitez ,&un talent
parriculierPour lesenseigner,
il futmis d'abord auprès
de Messîeurs les Princes
)dc Conty. On luy remarxjuoit
en mesme temps une
lPiete: solide,quipersuadoit
qu'ilavoit des sentimens tresporthodoxes
sur ce qui regar- de la Religion. Lors qu'il
sortit d'auprès de ces Princes,
Ile Roy bien informé de ses
qualitez, qui se trouvent rai
rement dans un mesme sujet,
le donna pour Précepteur à
[ Monsieur le Comte de Vermandois.
Apré la mort de
ce Prince, Sa Majelte luy
donna une Abbaye,& d'autres
gratifications qui firent
connoistre qu'Elle l'honoroit
de son estime. Depuis ce
temps- là, il a aidé Mr l'Eveiouc
de Meaux dans lesvisites
qu'il a faitesen son Diocefe,
& dans les Missionsqu'il
a envoyées aux lieux où il y
avoit des Prétendus Reformez
plus difficiles à reduire.
Nous avons de cet Abbéplusieurs
Ouvrages dignes de
l'estime de tous les habiles
gens,& l'on y trouve par tout
l'Homme sçavant
)
l'Hommede
bon goust, & l'honmessehomme.
Ces jours partez le Roydonna
l'Abbaye de Beaumont lez
Tours à Madame de Mortemar,
Religieuse à Fontevraur,
ùU elle a esté élevée auprès
de Madame sa Tante qui en
sft Abbesse. C'est une perfonme
d'une vertu singuliere
, &
d'un merite si fort au dessus
decelles de son Sexe,qu'on
peut l'appeller une des merveilles
de nostrsiecle. Elle
joint une pieté admirable aux
[plus grandes qualitez qu'on
f~ppuui1iffeleaavvooiirr. .EElUlee.ecsfttFFilIlllee
de feu Mr le Maréchal Duc
de Vivonne, qui fut premier
Gentilhomme de la Chambre
presqueaussitost qu'il futné,
Colonel de trois Regimens
de Cavalerie, Maréchal de
Camp à Gigeri, General
des Galeres, Maréchal de
France, Viceroy de Sicile,
ôc Gouverneur de Champagne.
Sa Mere est Dame
Antoinette-Louise de Mesme,
Fille de Messîre Henry
de Mesme; President au
Mortier,&Petite-fille de Mr
deMesmele RoitE, fameux
dans lesConseils des Rois fous
le regne desquels il a vescu,
& Chancelier de la Reine Caterine
de Medicis. Je n'encre
point- dans le détail de ce
qu'ont fait ces grnds Hommes.
Il n'y a qu'à les nommer,
tout le monde sçait les.
grandes choses qu'ils ontfaites.
Monsieur le Duc de Chartres
n'ayant point de Gouverneur
depuis la mortdeMr
le Duc de la Vieuville, M-I:
Martel,Comte d'Arey aesté
nommé pour remplir., cette
place. Il s'cft acquité avec
beaucoup de capacité & de
zele des Emplois d'Envoyé
du Royen Sivoye, à l'Electeur
de Mayence, aux Princes
de Bronswic,& il est presentement
Ambassadeur en
Savove ; il a esté Mestre de
Campdu Regiment deConty.
la diversité de ces- Emplois
fait voir que ce Comte sçait:
toutes les c hofes necessaires
pour l'éducation d'un jeune
Prince. bqjo
Nous avons perdu depuis
peuM. de Montiers, Comte:
de Merinville
, & de Rieu,
cy-devant Capitaine de Che-
-
vaux Légers de Monseigneur :
le Dauphin, & Gouverneur
: de Narbonne. U;cftoicFds
de François de Montiers
Comte de Merinville, & de
Rieu, Baron de la Liviniere
Chevalier des Ordres du Roy,,,
Lieutenant General en Provvence,
&de Marguerite de
la Jugie
?
Comtesse de Rieu
Le Roy a donnéle Gouvernement
de Narbonne à M. le
Comte de Merinville, son
Frere , Mestre de Camp de
Cavalerie.- i
On a eu icy avis de la mort
de Mr le Cardinal Ranuzzi,

N,p,pce,.cn France. Il avoit
este auparavant en Pologne
en la mesme qualité, & le
Pape Innocent XI. l'envoya
en France pour aporter les
Langes bènits à Monseigneur
le Duc de Bourgogne. Il
estoit de Boulogne, & d'une
Famille du nombre de celles;
qu'on appelle les quarante.
On leura donnécenom ,i
cause que les quarante princi
pales Familles de la Ville la
gouvernent. M. Ranuzzi
estoit Evesque de Fano lors
qu'il vint en France
,
& l'Archevesché
de Boulogne ayant
vaqué pendant sa Nonciamre)
le Pape le luyconsera.»
de force qu'il se vit Archevesque
du lieu de sanaissance.
Le Pape le nomma aussi Cardinal
à la.derniere promotion,
& il receut à Versailles le
Bonnet de la main du Roy.
C'est. un honneur que Sa.
Majesté fait à tous les Cardinaux)
tant François qu'E.£.
trangers qui se trouvent en
France lors qu'ils font nommez
au Cardinalat. Les Cardinaux
Etrangers ont ci eluy
de dîner ce jour-là avec
le Roy, mais ceux qui font
Sujets de sa Majesté,n'ont pas lemesmeavantage. Ce CaL:
dinal cir mort à Fano. qui
setoit son premier Evesché,
en continuant sa route vers
Rome, pour se trouver au
Conclave. Il avoit eu beaucoup
de chagrin de ce que
les Vaudois avoient pris ion
équipage, où estoient les Papiers
de sa Nonciature. Le
bruit a couru qu'ils l'avoient
dépouillé,ce qui ne peut estre
vray ,
puis qu'il avoit pris les
devans ; mais il a écrit qu'il
ne doutoit point qu'il ne
l'eust esté comme ceux de les
Domestiques qui açcompagnoienteet
quipage.Onaefté
surpris que les Vaudois en
ayent use de la forte
, avec le
Nonce d'un Pape pour lequel
ils avoient beaucoup d'estime.
Les grands projets des Religionnaires
ont eu le fort que
meritoit leur temerité, & la
guerre que les derniers avoient
commencéeenSavoye
avec toute forted'inhumanité
, a esté terminée
en huit jours. La faim qui les
pressoit dans les montagnes
où ils,s"érolcnt engagez;l'impossibilité
d'en forcer les par:
sages, dont les uns estoient
entièrement coupez, les autres
rres- bien gardez par les
bons ordres que Mrle Comte
de Bernex avoir donnez
sur les avis qu'il avoit receus
du lieu où se devoit faire la
descente; la division qui eCtoit
entre les Fran çois & les
Suisses; le peu de soumission
des uns& des autres aux ordres
de leurs Chefs,& enfin
lacrainte de se voir enfermez
dans ces montagnes par les
Troupes que Mr de Bernex
affembloit; toutcela obligea
les Révoltez de songerà la.
retraite dés le quatrième jour
de leur defcenre. Ils rebrousserent
ferent chemin, & prirentla
route de la plaine de Chablais
pour chercher des Bateaux
le long du Lac; mais
n'yen trouvant point, les
Suisses commencerent à fis
débander, & ils furent bientost
suivis des François. Les
uns & les autres se rendirent
par petites troupes aux porJ
tes de Geneve
>
demandant
des Bateaux pour s'en retourner.
M" de Geneve craignant
que Mr de Bernex ne les vinft
attaquer jusque sous leur
Canon, se hâterent de leur
en fournir,& tous ceux qui
estoient arrivez furentembarquez
sur les Barques de
la Ville. Aussi tost après leur
débarquement, Bourgeois &
Couteau
,
leurs deux principaux
Chefs, leur firent rendre
les armes, fous pretexte
que Mrs de Berne feroient *
offensez si l'on marchoit ar- 1
mé dans leursEtats. Le lendemain
,
Bourgeois fut arresté,&
Couteau prit la fuite.
Je vous envoye une Medaille
du Prince d'Orange.
Je ne sçay point où elle a elle
frapée, mais il n'y a qu'à
jecter les yeux sur le travail
lT't7Úu.ar..féL-.æ

pour connoistre que ce n'etf
point un travail de France.
Ceux qui en ont examiné les
Médailles en argent, font
persuadez qu'elles ont esté
fabriquées en Hollande. Enfin,
de quelque pays qu'elles
viennent, ce font des monu-
, mens qui marqueront a jamais
le caractere du Prince
d'Orange. Un Tiran a
beau estre loüé pendant son
regne par ceux à qui il fait
du bien, & par ceux qui le
craignent, la posterité lereconnoist
toujours pour ce
qu'il est
, & la mémoire du
Prince d'Orange ne peut
manquer d'y estre en horreur,
parce qu'il n'y a pas une circonstancedans
son usurpation
qui n'en augmente le
crime. Ses perfidies font en
si grand nombre, que dix
volumes des Affaires du Temps
n'ont pas suffi pour les décrire
,
& pour rapporter les
Pieces originales qui les justifient.
On travaille à denouvelles
levées
,
& ceux qui ont
eu des Regimens de Dragons, ~c.
MrGrevaudan,Lieutenant
Colonel du Regiment d'Affeld.
MI" deBertoncel,Lieutenant
Colonel du Colonel General.
MrOuartigny
3
Capitaine
dans le Dauphin.
Mr du Heron, cy-devant
Envoyé à Cologne.
Mrdu Breüil, Lieutenant
Colonel du Regiment des
Dragons de Languedoc.
Mrdu Gray, dans le General
des Dragons,
On leve aussi des Regimens
de Cavalerie, & ceux
qui en ont esté nommez Co- lonclsifonc>
Mrde Presle, qui estoit Colonel
incorporé dans Orléans.
Mr de Ligny
,
Colonel incorporé
dans Melac.
Mr de Vaillac, Colonel
incorporé dans Loemaria.
M de Goas
,
Colonel incorporé
dans les Cuirassiers.
MrdeLigondez) Colonel
incorporé dans Vivans.
On a arresté la Paix avec
le Bacha & la République
d'Alger, & le Royen a
prescrit les conditions? qui
ont esté acceptees, malgré
les efforts qu'ont fait les
Anglois pour l'empescher.
Ils ont répandu pour cela
plus de vingt mille piastres
parmy les Soldats, mais le
Bacha plein de respect pour
Sa Majesté
,
n'a point eu d'égard
aux sollicitations qu'ils
luy ont faites. Le Traité fut
signé le 25. du dernier mois.
Ce Bacha estMezo Mono,'
auparavant Dey. Quoy que le
Dey tienne la lerang de Roy,
il n'est néanmoins que le fécond
J
le Bacha
,
qui est
l'homme du Grand Seigneur,
estant au dessus deluy.
La Cour est de retour dç
la promenade qu'elle a faite
à Fontainebleau. Jamais le
Roy ne s'est si bien porté;il
ne s'est point passé de jour
qu'il n'y ait eu Chasse
>
&
souvent plûtost deux qu'une.
Sa Majesté a pris plusieurs
fois ce divertissement,
malgré la fatigue que cet
exercice donne. C'est une
marque de sa parfaite santé.
Ce Prince a traité magnifiquement
les Dames qui avoient
esté nommées pour
estre de ce voyage, Il y a eu
tous les soirs Comedie ou
Appartement. Ces plaisirs
estoient alternatifs.
Voicy la Saison qui devroit
enfanter des modes,
mais la guerre qui apparemment
ne finira passitost,
en empefchera beaucoup d'éclore.
Je puis vous assurer
avec certitude de la continuation
d'une, & vous dire
que le Roya declaré qu'il
porteroit tout cet Hiver du
drap raye. Les premiers habits
de Femmes qui ont paru,
donnent lieu de croire qu'elles
porteront beaucoup de
Damas.Quant aux Manchons
d'obufer du ifeur du Trexn-;
ble , qui demeure au boutI
de la ruë Dauphine,& dont
je vous parlay l'année derniere,
ils font toujours à la
mode. Cette forte de fourrure
estassez rare pour cela,
puis qu'il n'en a encore pa- :
ru que l'hiver pasle. Ce qu'il
y a de surprenant, c'est que j
depuisuneannée on n'a en- :
core pu découvrir quelle est
la nature de l'Obuser, & si |
c'est un animal terrestre, ou
un oiseau. Quoy qu'il en soit,
cette nouvelle espece de pelleterie,
efl: fort agreable par
sa finesse>& par sa jaspure, i
& fort commode pour sa legereté.
Elle ne laisse pas d'estre
fort chaude, ce qui fait
qu'elle est recherchée des
personnes qui en connoissent a propriété.
Mr des Granges, Geographe
: du Roy,après avoir mis au
jour plusieurs Cartes de Geobgraatipohnie
avec l'entiere approdu
public, en a mis
nouvellement une en vente,
qui est extrememenr de faison.
C'est une Carte gencrale
des trois Royaumesd'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande»
la plus ample, la plus jufte*
& la plus particulière qu'on
ait encore veüe. Elle contient
plus de positions que
celles qui ont esté faites,
non feulement en une &
deux feuilles, maismefme en
quatre feüillets. Cependant
cela n'empesche point qu'elle
ne foit d'une tres-grande netteté.
Il y a aussi une Carte
particulière de la Manche,
où font les Costes de France
>
d'Angleterre & d'Irlande.
Cette Carte fait voir
les mouvemens que peuvent
faire les Armées Navales Françoises
,Angloises, & Hollandoises.
Ony a aussi tracé
les Routes depuis Paris jusqu'àLondres
d'un costé,& de
l'autre jusqu'à Brest. Toutes
ces particularitez suffiroient
pour contenter les Personnes,
curieuses, mais comme l'Auteur
nes'est pas moins attaché
à tout ce qui pouvoir
rendre une Carte necessaire,
& dont on se peut aisément
servir, qu'à ce qui la doit
rendre curieuse, il y a joint
un Alphabet, par le moyen
duquel on peut trouver en un
instant
,
& avec une tresgrandefacilité
, toutes les
Provinces, Villes, Rivieres;
Lacs, Ports, Caps
J
Bayes,
& generalemenc tout ce qui
est marqué sur la Carte dans
les trois Royaumes. L'ufagc
des Alphabets est d'une utilité
admirable. Il abrege bien
du temps, non feulement à
ceux qui ne font pas bien
sçavans dans la Geographie,
mais mesme à ceux qui y
font les plus versez. Quelques
Auteurs s'en font servis, mais
ils retranchoienr une chose
essentielleà la Carte, qui est
la connoissance des Degrcz.
L'Auteur de celle cy a si
bien trouve le moyen de
joindre ces deux choses qu'il
fait servir le Degré à l'Ai-1
phabet. Elle se vend à Paris
à l'entrée du Quay de l'Horloge
du Palais, du cossé
du Pont au Change» à
la Renommée. Les autres
Cartes qu'il a mises au jour,
font la Grece, tirée des mémoires
de Mr l'Abbé Baudran,
avec les Plans & Profils
des principales Villes; le
Palatinat du Rhin, avec les
Plans & les Places fortes qui
s'y trouvent; le Cours du
Rhin avec les Villes fortes
qui font sur ce Fleuve, ou
sur les autres Rivieres qui
s'y déchargenr. Cette Carte
est fort étenduë. Mr des Granges
promet de donner dans
peu un Cours du Danube fort
correct & fort ample
9
ôc
comme il a resolu de faire
plusieurs Ouvrages de Geographie,
il fera sensiblement
obligé auxpersonnes qui voudront
bienluy fournir quelques
Mémoires pour contribuer
à son dessein.
Sur l'avis qui fut receu à
Rome le 20. du mois passé,
que Mrs les Cardinaux de
Boüillon
,
de Bonzi & de
Furilemberg, & Mrle Duc
> de Chaunes estoient arrivez
à Lerice, petite Ville d'Italie
sur la Coste de Gennes,
;
à quatre ou cinqmillesde
Sarzano, & qu'ils devoient se
rendre de là par Mer à Civitavechia
> on fit aussi-tost
partir des Caleches & des
Carrosses pour les y aller attendre.
On les y receut aux
décharges du Canon
,
& le
Peuple accourut en foule en
criant,Viva Francia. Le 23. ils
arrivèrentà Rome sur lescinq
heures du matin,& ilsdescendirent
au Palais de M' le
Cardinal d'Estrées,& en estant
ensuite fortis pour aller à S.
Pierre,le concours du Peuple
qui s'amassa pour les
voir, fut aussî grand qu'ill'est
d'ordinaire aux Couronnemens
des Papes.Mrle Cardinal
de Furstembergjetta beaucoup
de pieces d'argent. Ils
furent traitez au Palais de
Mr d'Estrées avec beaucoup
de magnificence, & receurent
les Complimens de tous les ;
Princes & de toutes les personnes
considerables, & mes- j
me de Dom Livio. M' le 1
Cardinal de Bouillon s'alla, j
trafraifchir à la Vigne de
le Cardinal Barberin,& a vçû
jours mangé separément coaime
Prince, ainsi que MT de
Furstemberg. Ils entrerent au
Conclave le 25. après que le
sacré College les eut envoyé
complimenter. Tous les Cardinaux
envoyerent aussivisiter
M. le Duc de Chaunes
par leurs Gentilshommes. Le
3. de ce mois, ce Duc alla à
l'Audience du sacré College,
avec un Cortège de plus de
cent Carrosses. Il y exposa
le sujet de sa commission
> & M. Iz Cardinal Cibo,
Doyen, n'estant pas present
à cause d'une indisposition
,
il fut remercié par
M. le Cardinal Occoboni,
Sous- Doyen, qui fit un grand
éloge du Roy. On resolut
presque tout d'une voix dans
cette Assemblée, que M. le
Duc de Chaunes seroit receu
commeAmbassadeur de France.
Le 6. on alla au Scrutin
> & M. le Cardinal Ottoboni
ayant eu le nombre de voix
necessaire, fut reconnu Pape.
Cela arriva à onze heures du
matin.
-
Le mesme jour il prit
possession de cetteeminente
Dignité avecles ceremonies
accoutumées. On ouvrit une
Fenestre du Conclave qui
estoit murée,&quidonnoit
sur la place de Saint Pierre.
Ony passa la Croix pour marquer
que l'élection estoit
faite, & M.le Cardinal Maidalchini,
comme Chef des
Cardinaux Diacres, dit au
Peuple;Annunciovobis gaudium
magnum; habemus fum..,
mum Pontificem Eminentissimum
Cardinatem Ottobonium,
qui fibi nomen assumpsit Alexandrioctavi.
Aussi-tostlePeuple
cria, mva il Papa Alessandro,
il Re di Francia. Cela se fie
au son des Haut-bois, Flûtes
& Trompettes, & au
bruic du Canon. J'ay oublié
de vous dire que dés que
le Pape cft éleu,on le met sur
l'Autel delaChappelle Pauline
dans le Conclave, & que
tous les Cardinaux & tous les
Ambassadeurs viennent à l'adoration,
après quoy il se
paflfe beaucoup de temps pour
préparer la descente du Pape,
qui est porte dans un fauteüil
sur les épaules de douze Estafiers
dans l'Eglise de Saint
Pierre. On le pose sur l'Autel,
§c tous les Cardinaux & Ambassadeurs
vont de nouveau
luy baiser les pieds, & le Pape
les embrasse. Tout cela fut
fait pour celuy qu'on vient
d'élire. M. de Chaunes, comme
Ambassadeur Extraordinaire
de France, porta la
queuë de sa Chape dans toute
cette Ceremonie. L'Ambassadeur
d'Espagne ne s'y trouva
point, par ce qu'il n'a point
le pas. La joye que fotv
élection a causée ,s'est trouvée
universelle. Sa[agclfc,&.
une experience acquise par de
tres-longues années, donnent
lieu de croire qu'on ne pouvoit
choisir un sujet plus casptaibenletéde
procurer à laChretous
les avantages qu'-
elle peut attendre d'un Pape
éclairé, & d'une grande vertu.
Il est né en 1610. le 157. Avril, &s'appelle PierreOctobon.
Ceux qui veulent donner
un Censà la Prophetie,
Poenitentiagloriosa, qu'il doit
remplir, le trouvent en ce
qu'il porte le nom de Pierre,
Penitent illustre. D'autres
prétendent que cette Prophetie
luy convient à cause
qu'il a esté éleu le 6. Octobre
,jour de la Feste de Saint
-- - --- ----- -., Bruno*
Bruno, dont la Penitence a
cité celébre. Ils rapportenr
l'exemple d'Innocent X. auquel
la Prophetie de Jucunditas
Crucis convenoit,
parce qu'il fut éluPape
le 14. Septembre 1644. jour
où l'on celebre la Feste de
l'Exalcation de la Croix. Il
reste encore vingt-quatre Prophéties
à accomplir) dont la
premiere est, Rastrum in porta.
On les attribuë à Saint
Malachie Archevesque d'Armac
& Primat d'Irlande, &
elles se trouvent dans un Livre
intitulé
>
Liçnum vit*»
composé par Arnoult Wion
Benediction Flamand. Elles :
ont commencéàCelestinII. ¡
nomméGuy duChastel, qui
fut élevé au Pontificat le zy. «
Septembre de l'année 1143. ôc;
l'on y voit que le der- j
nier Pape portera le nom de )
Pierre II. à quoy l'on ne
doit ajouter aucune foy.f
Saint Malachie est mort en *
France en 1148.dansl'Abbaye
de Clairvaux, entre les
bras de S.Bernard qui a écrit
sa vie. Quant au nouveau
Pape qui vient d'estre éleu,
il a pris le nom d'Alexandre
VIII. à cause de l'étroite amitié
qui l'avoituny avec le Cardinal
FabioChigidepuis Alexandre
VII. & qu'ils avoient
esté faitscardinauxensemble.
C'est une fort bonne telle.
Il est droit, actif, vigilant,
& très- propre à gouverner
sagement l'Eglise. Il n'a pas
plûtost elle éleu Pape, qu'il
a fait son Neveu Prince. Il
s'appelle Ottobon, & promet
beaucoup ; il n'a encore que
vingt-quatre ans. Il a fait aussi
Mr Panciatici Dataire,&un
Frere de Mrle Cardinal Nerli,
Dépositaire des deniers de la
Chambre Apostolique. Ce
font tous habiles gens & de
beaucou p de merite. Ce nouveau
Pape est Fils de Marc
Ottoboni, grand Chancelier
delaRepublique de Venise,
& de VictoireTornielli. Il
fit ses premieres études à
Venise
,
où il estné, & s'appliqua
à celles de la Philosophie
& du Droit Civil &
Canon dans l'Université de
Padouë. Il y prit ses degrez
de Maistre és Arts& de Docteur
en Droit Civil & Canon.
Lors qu'il eut atteint
l'âge de vingt ans, il alla à
Rome pour se former aux
affaires Ecclesiastiques. Il fut
fait Prelat, Referendaire de
l'une & de l'autre Signature,
Gouverneur de Terni, de
Rietti, & deCitta Castellan,
fous le Pontificat d'Urbain
VIII. qui le choisit pour accommoder
les differens de
ceux de Spolette & de leurs
Voisins. Enfin on le fit Auditeur
de Rote à la nomination
de la Republique de Venise.
Urbain estant mort, le
CardinalPamphile qui luy
succeda fous le nom d'Innocent
X. le fit Cardinal Prestre
en i6ji. du titre deS.Sal
vatore in Lauro. Deux ans
après on luy donna l'Evesché
de Bresse dans l'Estat de Venise.
Alexandre VII. le luy
fit quitter,l'ayant choisi pour
Dataire aussi-tost qu'il fut
monté sur le Trône de Saint
Pierre. Ille tint toujours auprès
de luy,&le fie passer du
titre de S. Sauveur du Laurier
à celuy de S. Marc. Depuis
ce temps-là, il a exercé
tous les emp lois les plus
importans du Cardinalat, &
s'est trouvé aux cinq derniers
Conclaves. Marc Ottobon?
son Pere, qui comme je vous
l'ay dit, estoit grand Chancelier
de Venise, qui estla
premiere Charge desCitadins,
acheta laNoblesse cent mille
Ducats en 1646. dans les pressans
besoins de l'Estat, & la
Republique
j en reconnoissance
de son grand merite,
luy permit l'exercice de cette
Charge de grand Chancelier
tout le reste de sa vie,quoy
qu'il fust aggregè à la Noblesse.
Il y a plus de deux
cens ans qu'on n'avoit fait
aucun Vénitien Pape il yen
eut trois dans le quinzième
siecle ; sçavoir Ange Cormaro
>
qu'on mit à la place d'Innocent
VII. en 1406,.9 sous
le nom de Gregoire XII.
dans le temps que l'Eglise
cftoit affligée d'un facheux
Schisme; Gabriel Condolmerio,
en 1431. fous le nom
d'Eugene I V. ( Il estoit Fils
d'une Soeur de Gregoire XII.)
& Pierre Barbo, en 1464.sous
le nom de Paul II. Celuy-cy
(fiait aussi Fils d'une Soeur
d'Eugene IV.
Messire François Pericard,
Evesque d' Angoulesms, est
mort dans son Diocese sur la
fin du dernier mois. Il avoit
cftc Capitaine de Cavalerie-,
&si on l'aveu bonOfficier
& brave Soldat, il a esté
encore meilleur Evesque,
n'ayant jamais oublié aucun
de ses devoirs. Il a laissé son
Diocese bien reglé, & on
peur dire qu'il y est regretté
detout lemonde,
Mr le Marquis de Gamaches,
Chevalier des Ordres du
Roy, est mort à Beauchamp
en Picardie, âgé de 68. ans.
Il estoit de la Maison de
Rouaut, qui tire son origine
de Clement Rouaut. Celuycy
vivoit en 1327. & fut le
trisayeul de Joachim Rouaut
Sieur de Boifmenard, de Gamaches.,
& de Chastillon ,i
Maréchal de France en 1461.
qui estoit premier Ecuyer du
Corps
1
& Maistre de l'Ecurie
duRoy, cequi est aujourd'huy
Grand Ecuyer de France.
Joachim
,
Maréchal de
France, eut pour Fils Adolph,
I. dunom,Ayeul de Joachim,
Rouaut Sieur de Gamaches &
de Thiembrune,qui embrassà
leParty desHuguenots,oùil se
rendit considerable. Ilfutun
des quatre à qui le Roy Char- *
les IX. sauva la vie à la Saint 1 Barthelemy l'an 1572.. Il mourut
en 1583.laissant de Claude 1
de Maricour, Fille de Jean
Sieur de Maricour & de
Mouchy le Chastel, Maistre
d'Hostel du Roy) Nicolas
Rouaut Sieur de Gamaches,
qui épousa en 1607 Françoise
Mangot
,
Fille de Jacques
9 Avocat General au Parlement
de Paris, dont il eut entre
autres enfansFrançoisRouaut
Sieur de Gamachcs tué en
Lorraine en 1635.Nicolas
Joachim Marquis de Gamaches
,
dont je vous apprens
la mort, & Ignace, Marquis
d'Acy, qui a eu des Enfans
de Charlote de Lorraine.,
Fille uniqued'Achille,Comte
de Romoratin. M.leMarquis
de Gamaches épousaen1642.
MarieAntoinettedeLomenie,
Fille d'Henry AugustedeLomenie
) Comte de Brienne &
de Montberon, Ministre &
Premier Secretaire d'Estat. Il
en a eu Nicolas Henry mort
jeune,Joseph Emanuel Joachïm.
Mestrede Camp d'un
Regiment de Cavalerie) &
Claude Jean Baptiste Hyacinthc,
Comte de Cayeu. Vous
sçâvez dans quelle réputation
estoit ce Ministre, qui avoir
choisy M. le Marquis de
Gamaches pour son Gendre
[par la connoissance & par
l'estime qu'il faisoit desa
Maison.
Ces morts ont esté suivies
de celle de Messire Nicolas
de Flecellcs,Comte de Bregy,
Vicomte de Corbeil
)
Seigneur
deTigery, Flecelles,
& autres lieux) Lieutenant
général des Armées du Roy,
& cy-devant son Ambassadeur
Extraordinaire en Pologne
,arrivéele22. de ce mois.
Il avoit aussi esté Capitaine
aux Gardes, Capitaine des
Gardes de la Reine Christine
de Suede, &l'undeshommes
les mieux faits de son temps.
Illaisse deux Fils qui ont pris
tous deux le nom de Bregy.
Le Cadetavoit épousé la Veu- 1
ve de Mr Foucaut, Lieutenant
general des Armées du Roy. i
Madame laComtesse deBre- j
gy leur Mere, honoréedetou- 1
tes les personnes d'esprit, &
si estimée de la feue Reine-
Mere,est encore aujourd'huy
fort considerée du Roy & de
Monsieur. Quelque figure
qu'elle ait faite par son rang, :
elle s'est encore bien plus distinguée
par son esprit. J
LeMardy II. de ce mois,
on fit aux Cordeliers de Poitiers
le Service du bout de
l'an de feu M' le Maréchal
Duc de Vivonne L'Eglise se
trouva parée avec beaucoup
de magnificence. M l'Evesque
de Treguier, nommé à
l'Evelché de Poitiers
, célebra
la Messe
3
& le Pere Gardien
qui prononça l'Oraison
Funebre s'attira l'applaudissement
d'une nombreuseAssemblée.
Ce mesme
jour, toutes les Messes des
Communautez de la Ville furent
ditets pour le repos de
l'ame de cet Illustre Défunr.
Tous les Corps assisterent à
cette lugubre Ceremonie, &
il y eut un grand concours des
Gentilshommes des environs,
qui vinrent donner des marques
de la vénération qu'ils
avoientpour la mémoire de
ce grand Homme, l'héritier
de tant d'hommes celebres
par les actions du plus grand
éclat, de cette grande Maison
de Rochechoüart-Mortemar,
qui ont esté dans les
temps passez les Protecteurs
de leur Province. Cette Ceremonie
a esté faite par les
soins & par les ordres de
Madame de Montespan.
Quoy que toutes les Forces
Maritimes d'Angleterre &
de Hollande furent jointes,
ces deux Nations, dont chacune
separément croit estre
plus puissante sur Mer que
toutes les autres Nations de
l'Europe ensemble
J
n'ont
osé accepter le Combat que
nous leur avons presenté depuis
l'arrivée de M. de Tour.
ville. Ils auroient bien voulu
nous attirer dans la Manche
5
parce qu'ils y ont une infinité
de Ports pour se retirer,
& que nostre Coste ne vous
estant pas favorable, le mais.
vais temps auroit fait perir
nostre Armée Navale; mais
nos Commandans ne connoissant
pas moins la Mer
que nos Ennemis,aiment
mieux les combattre que le
mauvais temps. Il y a une
chose sans répliqué touchant
ce que je viens de dire du
Combat que les Ennemis ont
évité, c'est que M. de Seignelay
les a attendus longtemps
&
j
qu'il ne pouvoit aller
à eux pendant qu'ils pouvoient
venir à luy
,
& toutefois
ces deux formidables
Puissancesn'ont fait aucun
pas qu'en reculant. Elles ne
sçauroient le nier, ny se vanter
que leur Armée Navale
ait avancé pour nous chercher
, commeafait lanostre
dans le dessein d'attirer la leur
au combat, qu'elle ne pouvoit
donner
,
faute d'avoir aiïez
de vent. Nous aurons deux
Escadres en Mer pendant
tout l'Hiver, siconsiderables,
qu'elles pourroient passer
pour une Armée. Voicy les
noms des Vaisseaux & des-
Commandans de la premiere.
LtElephant.
Mrs le Marqaisd'Amfreville
& de Ribere, Capitaines.
Le Confiant.
Mrs le Marquis de Nemond
& de Monbeau.
Le Glorieux.
Mrsle Chevalier de Flacour
& de Rouvroy.
L*Ardent.
Mrs de Septeme
>
& d'Hericour.
Le çJMarquis.
Mrs de Belle-Isle Herard, &
deRicou.
Le Prince.
Mr le Chevalier de Belle-
Fontaine.
L)Arrogant.
Mrs De l'Arteloire, & le
Chevalier de Chaulieu.
L.Entreprenant.
Mrs de Sepeville, & le
Comte de Chavigny.
L'Apollon.
Mrs Bidaut,& le Chevalier
dela Luzerne.
Le VermandoÍJ.
Mrs du Chalard, & le Chevalier
d'Haire.
Le Bon.
Mrs le Chevalier d'Igoine >3c
le Chevalier de Mongon.
Le Precieux.
Mrs de Sallampart, & le
Moraux.
1
Le Maure.
Mrs le Chevalierde la Galisfonniere,
& le Comte de
Blenac.
Le Trident.
Mrs des Francs, & dela
Roche-Allard.
Le Cheval-Marin.
Mrs de Champigny, & le
Comte de Bethune.
Le Comte.
Mrs le Marquis de Blenac,
& de S. Clair.
L'Eole.
Mrs de Serquigny, & Clavier.
L'Arc en-ciel.
Mrsle Chevalier de Sainte-
~4j --- -
Maure, & le Chevalier
d'Arginy.
Le Leger.
Mrs de Villars & le Cheval
lier de Chafteaurenaud.
Le Fidelle. -
Mrs le Chevalier de la Rongere
,&de Lanion.
On croit que la feconde
Escadre croisera dans les mers
de Dunkerque. Les Vaisseaus
qui la composent font ceux
qui suivent.
Le Serieux.
Mrs de Relingue & Raguenu,
Le Sage.
Mrs de S. Mars & Pâcouiec.
Le François.
Mrs le Chevalierd'Ally& del
Lery.
Le Neptune.
Mrs le Chevalier Fourbin,
&Fourbin Gardanne.
1 Le Capable.
Mrs leChevalier des Adrets,
&Beaugé le Goux.
L'Indien.
Mss le Chevalier de Genlis,&
le Vicomte de Coëtlogon.
Le Solide.
Mrs de Chasteaumorant, &
le Chevalier de Modene,
Le Bizarre.
Mrs le Baron des Adrets,
d'Elcampe. Le
Le Modtré.
Mr Darnault Chamelain.
L"EmportE.
Mrs le Chevalier de la Guiche,
& du Ruisseau-Varenne.
On a laisseen mex le plus
long-temps qu'on a pû les
autres Vaisseaux du Roy, qui
font allez desarmer à Rochefort
& à Brest.C'est, une chose
incroyable que les Prises
que font nos Armateurs. Elles
font en si grand nombre,
que lesEnnemis ne sçauroient
nier que nous n'enfassions
quatre pour une qu'ilsfont.
Aprés la mort de Mrle Duc
de Beaufort, Grand Maistre,
Chef & Sur-Intendant de la
Navigation & Commerce de
France, le Roy resolut de
faireun Vice Amiral du Levant
, & un autre du Ponant.
Il ne fit alors que le dernier,
qui fut Mrle Comte d'Ettrées,
aujourd'huy Maréchal de
France.Sa Majesté vient de
faire le Vice- Amiral du Levant
,
qui est Mr de Tourville.
Elle a fait en mesme
temps deux nouveaux Lieutenans
Generaux, & cinq
nouveaux Chefs d'Escadre.
LesLieucenansGénéraux [ont)
Mr Gabaret.
MrdeVillette.
Chefs d'Escadre.
Mr Pannetier.
Mrle Marquis deLangeron.
Mr de Relingues.
Mr le Marquis de la Porte.
Mr leMarq. de Coëtlogon.
Major Gerural.
Mr Raimondi.
Major du Levant.
Mr lje Cehevaulier d.e Beau- Major du Ponant.
M. deBlenac deRomajeux.
Sa Majestea fait encore
dix-neuf Capitaines deVaisseaux.,
douze Capitaines de
Fregates, &trente-sept Lieutenans.
Je vous manderay
leurs noms quand je les sçauray.
Jen-e vous parleray point
des Victoires du Prince Louis
de Bade. Jecroy que dans
quelques mois la verité pourra
commencer à s'éclaircir.
L'ordinaire des Princes de la
Maison d'Autriche est de la
déguiser, quand ils voyent
quecedéguisement leur peut
estre avantageux. Pendant le
ConctavC) l'Envoyé de rErn-,
pereur & l'Ambassadeur
d'Espagne faisoient sortir de
leurs gens par une porte de
Rome. Ils alloient s'habiller
en Courriers, & croter leurs
bottes., & rentroient ensuite
1 par une autre porte comme
venant de l'A rmée, d'ôii ils
aportoient de fausses nouvelles
des défaitescontinuelles
desTroupes de France.Je veux
croire que ce qu'on débite
des Victoires du Prince de
Bade est veritable, mais on
peut douter de tout,aprés.
qu'on a publiéhautement que
les Espagnolsavoientrepris
Campredon, quoy qu'on en
puisse plus facilement sçavoit
des nouvelles que de l'Armée
du Prince deBade.Ainsi
il y a beaucoup à diminuer
des avantages qu'on prétend
que ce Prince ait remportez.
Le mot de l'Enigme du
mois passé estoit le Pain.
Ceux qui l'ont trouvé font
Mrs Duranché deLongueil,
ancien Maistre d'Hostel de la
MaisonduRoy;Roussel, Curé
de S. Estienne de Conches;
Lambert Baudot de Besançon,
pcla rue Grenier S. Lazare;
de Lavau d'Orléans; le Tourangeau
; le Spirituel Parisien
Normand; le Grand ncx
de la rue de la Harpe; Bon
Parent de la rue S. Honoré.
Mesdemoiselles de Seveux,
de la Maison de Marmier
,
de
Gray en Franche-Comté; là
Veuve sans pareille de la rue
de Tournon; l'Unique de la
rue Grenier S. Lazare, & l'A,l
mante de la rue Comtesse
d'Artois.
L'Enigme nouvelle que je
vous envoye cft de Mr de
Beaujour, S' de Guilleranchc
de Mascon,Contrôleur General
des Finances de Lyon.
ENIGME.
JE marche après toutes mes Soeurs
Et ne vais jamais laprtmiere :
Mais quoy que jefois la derniere>
CC'eesfil aà mmooyycecependant qu'enrend
tous les honneurs.
Lirs qu'on m'cntlnd venir, onfait
un grandfilence,
Jî>uand j'arrive^chacun me levefin
chapeau
EtftJe me trouve au Barreau -
Le
frise
aux Avocats refuse l'Audience.
Jefuis d'unfccours tout divin
Four faire voir des mets en abondance
>
Et l'on voit* quand chacun mafait
lareverence,
; Couler des millions de Fontaines et*
'Uln.
fayftpare fondent Tircis de sa LJsette
Et troublé de tendres ardeNrs;
Naispour affimbler desBeuveurs
Jefersquelquefois de Trompette.
Quoy que la Chanson que
je vous envoye ne foit pas
nouvelle, elle a presentement
un si grand cours à Paris,
qu'elle ne peut estreque favorablement
receuë en Province.
Les paroles font de
l'illustre Mr de la Fontaine,,
& l'air est. du fameux M'
Charpentier, qui a une n
grande connoissance de toutes
les beautez de la Musique.
AIR
BRillantesfleurs, naiffiZ7
Herbe tendre, croij&z,
Le long de ces Rivages,
rene'{JpetitsOiseaux,
Accorder vos ramages
Au doux bruit de ces eaux*
Climentsircef bords
rient chercher les tresors
De la Saijon nouvelle.
MlJàgtrs du matin,
J>)uand vous verrez, U Belle
Chantezsurfin chemin4(
7) 'f ¡'¡ , ,
Srdlati^t&ffleioxriiaissezJierBeten~dre croissez Ú lorui de ci\rzrl
ILa-9^ ve—n&^petiùroy-J'eau,æaccor-der ro-P ra=-
/?1ac,7ep CULdauacbimitd&rMURJEAUAR,
£t vouscharmantesfleurs>
Doucesfillesdespleurs
:!>e la charmante Aurore>
M(ritex* que la main
De celle que j'adore
Vous moijfinne en chemin.
!
Dans tout ce qui arrive en
la vie qui peut avoir du pour
5& du contre , on doit regarder
les temps & la situation
des affaires pour en juger, &
quelquefois en faisant de protfondes
reflexions sur la chose
dont il s'agit, on trouve, lors
qu'il est question de guerre,
qu'il y a des pertes plus desavantageusesaux
Vainqueurs
qu'aux Vaincus; car à l'égard
de la gloire;, on ne peut douter
que ce partage ne se ren..q,
contre souvent. Cela n'eftftî
pas difficile à croire, puisait
qu'un homme qui se défend
genereusement:, contre utrni
grand nombre,remporte or—n
dinairement la gloire dcuëëi
au Vainqueur, encore qu'il
foit forcé de se rendre
, &&
que le Vainqueur au milieux:
de son triomphe demeure ex- «2
posé à la honte du Vaincu,
Ceux qui examineront avec a;
reflexion le Siege de Bonn, et
prouveront que ce que je dis-il
ly peut rapporter. Cette
idlace n'a jamaispassé pour
une Place capable de resister ; lle estoit feulement hors
l'insulte
,
& dans les dernieres
guerres elle a esté occupée
par les François& par
ses Allemans. Commeelleest
Capitale de l'Electorat deColognecjuc
cet Electeur,
injustement persecuté
>
estoit
sous la protection du Roy,
on y avoit mis des Troupes
Françoises,pour garantir
Eletteur d'une entiere op„
pression
y
& empcfcher que
La Place nefust surprise..On
sçait que le Prince d'Orange
vouloit que la Guerre fuf
portée en ce Païs-là ,afirm
quelesArmes deFranceest
détournées , ilpust execute
l'entreprise qu'il avoit formée
sur l'Angleterre. Il fit pour
cela tout ce qu'il faut pour
brouiller les affaires. La Mai-il
son d'Autriche y„trouvoit
son compre, & TÉlefteur dcot
Bavière le sien, de sorte qu'ils
donnèrent dans ses propoiîtions
, sans vouloir examiner,
ny souffrir qu'on leur sistj
voir ce que la Religion en n:
pouvoir craindre. Il fut rc-o
ïïblu que l'Electeur de Brandebourg
feroit le Siege dç
Bonn. C'estceluy de tous les
)Confederez qui avoit le plus
xie correspondance avec le
IPrince d'Orange. Il avoit
ceu son secret
,
& n'oublia
rien pour mettre sur pied une
belle Armée. Ily réüssit ; elle
nettoie de dix-huitmillehommes.
C'estoit beaucoup pour
un Prince comme luy
, mais
sonArtillerieégaloit celle
t des plus grands Monarques, il avoit vingt quatre Mortiers,
ce qu'aucun Souverain
n'avoit encore eu dans une
mc(mc Armée. Toutes 1er
Troupes de l'Evesque de
Munster assez nombreuses
.&,assez aguerries, (on sçait
que ces Evesques en ont toûjours
entretenu d'assez bonnes
) se joignirent à celles de
Brandebourg, & comme si
ce n'avoit pas esté assez pour
assieger une Place aussi petite
Ôc aussi foible que Bonn > un
grand Corps de Hollandois
renforça ces deux Armées.
Tout le Pays s'engagea d'ailleurs
de fournir aux frais &
aux provisions necessaires
pour ce Siège, & particulierement
la Ville de CologJne
qui s'y trouvoit fort interressée,
àcause des incommoditez
quellesouffroit de la
1 Garnison de Bonn. Les trois
Armées dont je viens de vous
: parler se rendirent devant
» cette Place. Elles ne man-
>
quoient de rien
,
& non seulementelles
estoient seures
>
de tous les secours qu'elles
[pouvoient esperer du Pays,
comme vous venez de voir;
mais l'Electeur de Brandebourg
devoit aussi toucher
de l'argent de la Ville de
Cologneo. Cependant toutes
Ces Troupes sibien pourveuës
de toutes choses & dans un
Pays amy, n'oserent regarder
Bonn que de loin, & sont
demeurées quatre mois devant
la Place à essuyer les incommoditez
d'un long campement,
sansentreprendre de
l'attaquer qu'avec du Canon
& avec des Bombes. Enfin,
après la prise de Mayence, les
,:Tf01r1peslmperiales estantaussi
venues devant Bonn, on crut
qu'avec quatre Armées' on
pouvoir assîeger une Place,
dont les fréquentes sorties des
Assiegez devoientavoir affojU
bly la Garnison, qui estoit
beaucoup diminuée par les
inaladics,
J outre que Bonn
estoit dis- ja toute ruinée par
les Bombes qui luy avoient
consumé beaucoup de provisions
par les incendies qu'elles
y avoient causez, & qui en
avoient endommagéd'autres,
& qu'enfin elleavoitestérefferrée
de si prés pendant quatre
mois qu'il n'yestoitrien
entré.Voilà l'estat de la Pla.
ce.) attaquée & prise par quatre
Puissances.Comme le Blocus
avoit estéfaitau nom de
rElcûcur de Brandebourgs
parce qu'il avoit le plus de
Troupes, le Siege s'estcontixiué
en son nom, quoy que
l'Armée Imperiale y soit vc-
IlUeJ & c'est en son nom quela
Capitulation a cité faite.
On a ouvert la Tranchée le
24. de Septembre, & la Garnison
est forcie le 12.. d'oao..
bre
,
c'est à dire que pendant
ce temps- là les Ennemis ont
fait tous les jours de grandes
pertes a la Tranchée, & qu'ils
en ont fait aussi beaucoup aux
attaques des dehors. Ils ont
outre cela perdu deux mille
hommes aux derniers affautse,
iêc lors qu'on les a veus malstres
de la Contrescarpe) la
Place a capitulé. Il estoit impossible
qu'aprés un Blocus
de quatre mois, un Siege de
dix-huit jours, le domimage
qu'avoient fait les Bombes
aux provisions, & aux
Medicamens, ainsi qu'au
xorps de la Place, une Garnison
qui n'avoit point d'autre
couvert que les dehors de
fla Ville, ne se vist contrainte
àcapituler. Elle l'a fait, & a
obtenu sans aucune exception
toutes les marques d'honneur
qu'on peut accorderaux plus
braves. La Capitulation sur
signéele12.& elle portoit
que deux jours aprés la Garnison
fortiroit avec armes &.
Tbaagmagbeosu,Ernseignes déployées,
battant, méche allumée,
balle en bouche, la
Cavalerie à cheval l'épée à la
main,& les Dragons aussià
cheval i. qu'on luy donneroit
une escorte suffisante qui la
conduiroit àThionville, &
uneautre escorte avec les voitures
& lesBateauxnecessaires
pour transporter les Officiers
& Soldats malades à Montroyal;
que ceux qu'on trouveroit
hors d'estat d'estre transportez
seroient en pouvoir de
demeurer dans la Place jusqu'à
ce qu'ils fussent tout à
fait guéris; auquel temps on
leur donnerait des passeports
pour se retirer en seureté. La
Garnison sortitle 14.&alors
deux mille cinq cens hommes
des Troupes de l'Empereur
& de celles de Brandebourg,
de Munster & de
Hollande, prirent possession
de la Place. Je vous donneray
le mois prochain une lifte
de ceux qui ont esté tuez &
blessez pendantce Siege. On
peut dire que Mayence &
Bonn ont affoibly les Ennemis
de plus de trente mille
hommes
, & que leur
Armée est tellement déperie,
qu'ils n'ont presque plus
d'Infanterie. Mrle Maréchal de Lorge
ayant eu avis que la Ville de
Bonn capituloit, donna des
ordres pour commencer à
faire assemblerl'Armée qu'il
doit commander, afind'estre
enestat de s'opposer aux desfeins
que les Ennemis pourroient
avoir. Il les envoya à
Mr*
-
les Comtes deTallard &
- -". de
de Tesse
,
afin qu'ils le vfnffent
joindre avec septBataillons
& sept Escadrons qui eftoient
du costé des Deux-
Ponts, & tira de Sartoüis le
second Bataillon de Normandie
,
& le Regiment d'Artois
Il devoit faire sortir de Luxembourg
les premiers Bataillons
de Normandie & du
Royal de la Marine avec le
second de Languedoc, &
estre joint par le Regiment
de Cavalerie de Morinaux, &
par les Dragons de Gramont,
& de Tessé; ainsi que par huit
Bataillons de l'Armée de
Flandre, de sorte que ces
Troupes formoient déja un
Corps de vingt Bataillons &
de soixante Escadrons, sans la
Maison du Roy, & un Corps
considerable qu'il attendoit
encore de Mont-Royal, &
de quelques autres endroits.
Toutes les Troupes ont té..
moigné beaucoup de joye de
se voir commandées par ce
Maréchal. C'est un homme
extrémement prudent, qui
comme je vous l'ay déja dit,
a fort étudié les manieres de
feu Mr de Turenne son Oncle,&
qui fit fair-e à-l'Armée'J
du Roy une si belle retraite
a prés la mort de ce grand
homme,qu'il en merita le
baston de Maréchal de France
, & l'estime de toute l'Europe.
:
t
On ne croit pas que le Roy
de Hongrie foit si tost éleu
Roy des Romains, parce qu'il
survienttous les jours de nouvelles
difficultez. Les Electeurs
Protestans demandent
qu'on en crée encore deux
autres à cause que depuis
la mort de l'Electeur
Palatin, dont l'Electorat est
presentement remply par un
Prince Catholique, ils ne sont
plus que deux Electeurs Prorestans,
Ils voudroienc qu"
on donnast un Electorat
à la Maisonde Lunebourg,
& qu'on secularisast Ofna*
bruc
,
Evesché Lutherien.
Voilà l'effet de la Guerre
d'aujourd'huy, & ce qui commence
à faire voir que la Religion
en souffrira. Cependant
l'Empereur, pour ne pas <
laisser voir que son voyage
d'Ausbourg a esté inutile,
y fera couronner l'Impera- -
trice avant sondépart.
Les Etats de Bretagne se i]
sont tenus. M. de Pomereüil
y aassisté pour le Roy. Le
don gratuit qu'ilsaccordoient
ordinairement à Sa Majesté,
estoit de deux millions, mais
ils l'ont augmenté cette année
de huit cens mille livres,
en consideration de la guerre
que le Roy soutient pour l'interest
de la Religion. Comme
tous ses Sujets concourent
à luy fournir les moyens
de la faire avec éclat, il efl
hors de doute que les Finances
de ses Ennemis feronc
plûtost épuisées que les fiennes.
Il n'y a point eu dans ce
siecle d'Armées si nombreuses
de part & d'aurre en Flandre
, & qui ayent moins fait
d'expeditions que celles qui y
font presentement. Les Ennemis
ont toûjours dit qu'ils
vouloient combattre, nous
les avons toûjours suivis,& ils
se sont toûjours éloignez. M.
le Maréchal de Humiercs
ayant sceu que le Prince de
Valdec avoit dessein de couper
& d'enfermer nostre Armée
j en occupant le poste
de Leuze, le prevint avec une
diligence incroyable, & après
avoir quitéfon Camp de Lessines,
il vint camper à Leuze
le 30. du mois passé. Le 2. de
ce mois M. de Calvojoignit
l'Armée avec le Corps qu'il
commandoit.Le 3. les Gardes
Françoises & quelques Bataillons
qu'avoit amenez M. de
Cal vo, partirent pouraller en
Allemagne.Le 4. M.de Gournay
avec dix-huit Escadrons,
alla camper à Queurin. Le
5. on eut avis que les Ennemis
estoient venus à Cambron
, où est le quartier de
M. de Caftanaga
> ayant la.
droite &la gauche vers Lens.
Le 6. M. d'Artagnan,Major
General de l'Armée, alla à celle
des Ennemis avec passeport,
pourregler les contributions.
Il voulut aller voir M. de
Valdec,mais M. de Castanaga
luy dit, que c'estoit luy qu;.
commandoit
s & que M. de
Valdec luy faisoit l'honneur de
venir quelquefois prendre l'ordre
che^luy.Le 7.un de nos partis
de Cavalerie un d Infanterie
se chargerent,ne s'étant
pas reconnus, & la Cavalerie
n'ayant pas voulu répondre
au Qui vive de l'Infanterie.
M. de Monroy commandoit
la Cavalerie. Son
Frere fut tué en cette occasion
avec un Lieutenant de
Dragons, & six Cavaliers. Le
Commandant de l'Infanterie
estoit un Capitaine de Greder
Allemand
,
qui eut un
Enseigne & six Soldats tuez,
& autant de blessez. Ce Cam.
bat se fit à la teste de l'Armée
ennemie. On apprit le lendemain
à deux heures du ma- tin, que les Ennemis publioient
qu'ils avoient receu
ordre d'attaquer la nostre.
M. le Maréchal de Humieres
fit aussi-tost applanir le dedevant
de son Camp
, remplir
les Fossez
) couper les
hayes,poster le Canon;de
forte qu'il leur estoit aisé de
venir. Rien ne les en empeschoit
,
le terrein estant de
plein-pied; mais la joye des
Troupes Françoises fut moderée
; les Ennemis firent ce
qu'ils avoient fair jusque-là,
& prirent autant de foin à
éviter le Combat, qu'ils ont
toûjours affecté de dire qu'ils
avoient resol u de le donner.
Depuis ce temps-là, l'Armée
Ennemie a beaucoup diminué
par les desertions, les
Cavalierstout montez, & le*
Officiers mesmesestant venus
se rendre dans celle du Roy;
de forte que pour empescher
ces desertions, on a mis la
plus grande partie des Trou
pes en quartier dans lesPlaces
de la Flandre Espagnole. On
dit que la crainte des mauvais
quartiers d'Hiver les a
ainsi fait deserter.
Rien n'a mieux encore marqué
le mépris que le Prince
d'Orange fait des deux Religions
dominantes en Angleterre,
que d'avoir nommé le
Docteur Burnet Chef des
Commissaires des Evesques
pour la réunion de ces deux
Religions. Cela a plus de l'air
d'une Comedieque d'une Af..
faire serieuse. On voit un
criminel d'Estar au premier
chef envers le feu Royd'Angleterre
prescher dans les
Chaires de Londres, au lieu
que selon lesLoix divines &
humaines,
il ne devoit haranguer
que sur un Echafaur.
OnvoitunPresbiterien, Pasteur
d'une Religion qu'il ne
professe pas, ou plustost un
homme sans Religion qui par
des raisonnemens que luy a
dictez un Usurpateur, tâche
d'unir deux Religions. Ce
n'est pas qu'on puisse trouver
à les rendre compatibles) mais
cette union estnecessaire pour
le faireregner en seureté. Ainsi
cette affaireest purement
politique, & cependant quant
elle aura esté reglée par les
Créatures du Prince d'Orange,
on fera croire à la Nation
qu'elle y aura confenty, ôcon
punira severement ceux donc
laconscience dclicate ne voudra
pas suivre ces Reglemens
politiques. Si ce mélange de
Religion passe, il n'y aura pas
une grande- seureté pour les
consciences de suivre une Religion
dictée par un homme
du caractere du Prince d'Orange&
approuvée par unaussi
grand criminel que Burner,
Auteur des faussetez, donc le
Manifestedu Prince d'Orange
estremply. Voilà la malheureusesituation
des Affaires
de la Religion en Angleterre.
Quant à celles de l'Estat,
tant qu'un Tiran a la
force en main, tout cft soumis.
& ion regne paroist paisible
; dés qu'il commence
à chanceler, tout se déclare
contreluy. Ainlï on ne doit
point conclure que parce que
son regne paroist tranquille,
& absolu, il ne foit pas toujours
prest de tomber du Trône.
Il y a si peu decertitudeà
parler des Affaires d'Irlande,
que je ne vous diray rien autre
chose, sinon que le temps fait
voir que ce qu'on a publié des
deux partis n'est pointveritable.
Si le Roy d'Angleterre
avoit défait un si grand nombre
de Troupes, cette nouvelle
seroit confirmée, & si
M. de Schomberg estoitaussi
puissant que les Partisans du
Prince d'Orange ont voulu le
<
faire croire, il ne seroit pas
demeuré si long temps (ans
remporter quelquesavantages
considerables.
Ilon me donne la Liste des
nouveaux Capitaines & Lieutenans
qui ont esté faits lesVaisseaux pour & pourlesFre>
gates, &je vous en.envoye
une Copie.
Capitaines de Vaisseaux.
Mrs de Liste.
De Leau.
Dela Peaudiere,
De Pontac.
DLe CohevraolierdgeVneicnse,.-i*
De la Varenne.
Le Chevalier de Courbon de Blenac.
Le Chevalier de Blenac.
De Mons.
S. Simphorin.
Le Chevalier de Pradine.
<1 Huraut.
Le Chevalier de Savion.
Le Chevalier du Plessis.
Le Chevalier d'Osmont.
Le Chevalier de Lery,
Le Chevalier de la Treille.
Turgy Colbert.
CAPITAIMESDE FREGATES.
Mrs Roland.
Du Vivaux.
Languiller.
De la Tour.Neuille.
Pontac de Beautiran.
De Fremicourt.
Cleron,
Du Coffé.
De Septem.
De S. Simon.
De Sainte Marie.
D'Archeville.
LIEVTENANS?
Mrs de la Bondiniere,
Norus.
Anroine Caffaro.
De Budifnar.
Le Chevalier de Rivière.
Le Chevalier Daigrefin.
Vigreuxse de Certe.
Dulion.
Courcelles.
Le Chevalier de Bonnemée
La Roche Visancé.
De Mericourt.
De la Teviniere.
Le Chevalier de Buffi.
Le Chevalier de Longueruë.
Le Chevalier de Villeray.
D'Atival.
De Livermont.
De Chammoreau.
Francine-Grand-maison.
Mimars.
De Tourougau.
De Liste.
Du Pont.
De Gremonville.
Le Chevalier de Cource.
De Tercet t\z Savion.
Le Chevalier de Verdillc.
De Herbaut.
Lanctot.
Le Chevalier d'Harcourt.
De Loubis.
1/î beroute.
Le Chevalier de Marolles,
Carguerasmes.
Beauchair de Saron.
Le Chevalierde Pas-Massancourt.
Les Ennemis qui dés l'ouverturc
de la Campagne avoient
cru pouvoir passer en
francs ,s'en trouvent encore
plus éloignez aprés l'avoir
finie. Ils sont obligez d'aller
prendre des quartiers d'hiver
chez eux,& il y a beaucoup
d'apparence qu'ils n'y
feront pas commodement.
MrleBaron d'Alsfeld,Maréchal
des Camps & Armées
du Roy, ayant esté blessé
pendant le Siege de Bonru JL- <t-~
pour s'estre trop expose, alla
aux Eaux d'Aix-la Chapelle,
si-tost que cette Place fut
rendue,& il y est mort d'une
blessure à la cuisse. Le Roy
a marqué beaucoup de regret
de sa perte, & d'estime pour
sa personne. Il n'avoit pas
feulement de la bravoure,mais
beaucoup d'esprit, & une fort
grande intelligence dans les
Négociations. Il estoit Fils
de feu MrleBaron d'Asfeld,
à qui la Reine Christine de
Suede avoit donné cette Baronnie.
Les Armateurs de S. Malo
ont pris trois Vaisseaux Anglois
venant de la Virginie,
dont il y en avoit deux chargez
de Tabac. Ceux de Dunkerque
se font emparez d'un
Hollandois de sept cens tonneaux
>
chargé de Mats venant
de Norweguc ) & un
des Vaisseaux du Roy commandé
par Mr Gabaret, en
ayant attaqué trois Anglois,
de l'Escadre du Milord Barcla
y, deux prirent la fUIte,
& il se saisit du troisiéme,
monté de cinquante pieces
de Canon,aprèsavoiresté à
l'abordage. Ce Vaisseau estoit
chargé de Soldats & de munitions
pour l'Irlande.
On a enfin des nouvelles
de ce Royaume qui détruisent
toutes les Fables qu'on
en a contées. Elles rapportent
que l'Armée du Roy, &
celle du Maréchal de Schomberg
font à quelques milles
l'une de l'autre ,qu'elles font
separées par une Riviere;
que celle du Roy est de 17,
millehommes;&celle de M,
de Schomberg de 15. milles
mais que ce dernier s'estrétranché
afin de pouvoir par
ce moyen attendre du ren'
fort.Jesuis., Madame,Vostre,
&c.
A Paris ce31. Ottobre rÓSJ.
62
Lettre de Madame la riguiere d-Atbyà
Mejjîeurs de l'Academie des
Âitourati de Padoué.66
TABLE.
Ce qui sejl pnjfe en quelques Villes
du Royaume le jour de ta Fesle
de Saiut Lotits. 77
EOde.glogue.102PI Dcf.cri'ption très-curieuje touchant ce
quifc paffetous les ans au mois
de Septembre dans la Ville d'Autun.
jOJ
Songe d'Iris par Madame Deshouliercs
14].
Receptionfaite à Verneuil à Madame
la Princcjfed'Enrichemont Ifr
Nouvelles de laChine
M. Bouret cfi Eleu Profjfeur en
Ecriture Sainte IjÓ
Ceremonie faite à Cbzftillon (ùr-
Loin Ifl
HijI,ire i65
Nouvelle découverte dans la Médecine
210
TABLE.
Armorial Historique où on voit toutes
les créations des chevaliers de
l'ordre du Saiut Ffpritfaites par
leRoy 1[4
CélébréConversîon d'un luis 21s
Iftat df la fanté de Madame la
Dauphine 222
M. le Marquis de Seignelay ejl nommé
Minifire d'Ejlat 225
Le Roy nomme M. l'Abbé Fleury
-
fous Précepteur de Monseigneur !e
Duc de Bourgogne nS
Abbayedonnée à Madame de Mortemar
2]l
M- le ComteTV/?;'y (IJ ncrnmé Gou- ..JI: "',f,¡" 1. 1 J 1'Il,f'' .,.
CMvJehrneauor rdetrJr.\j'toe:,::ès/tï2le 3Duc3de 234
Re/oltf de la ca'r,-?:erc Troupe de
RRe!eiol'ilO~¡'i'j?ol.;:!~Ys, s eqfuiflait,eenntéldé*dp-e\(f-rr
en Sa-voye i_-o
TABLE.
NouveauxColonels nommezJar le
Roy 44
Voyage de la Cour à Fontaine-
Bleau 247
Modes nouvelles 249
Nouvelle Carte dAngleterre, d'E..
coJlè & d'Irlande 251
Election du Pape avec les Ceremonies
faites àfinexaltation 156
Autres Morts 271
Service du Bout de VAn de Mr le
Maréchal Duc de Vivonne fait a
Poitiers 279
Nouvelles de Mer2Si Avantages remportez par le Prince
Louis de Bade, 293
Article des Enigmes
y 194
prifl de la Ville de Bonn, 299
Nouvelles de fArmée commandée
par M. le Maréchal de Lorge. j'
Nouvelles de la Cour Impériale. 31s
TABLE.
Etats de lJrttllgne.J17
Nouvelles desarmé-es deFlmdre.)ll
NativellesdAngleterre. 321
Nouveauxofficiers de Marine. 321
Mort àM.le Baron d'Alsfeld. 332
VaiJJeauxpris sur les Ennemis,333
LAir qui commence par, Ingrate
quej'ay tant aimée, doit regarder
la page 61.
La Médaille doit regarder la
page 242.
L'Air qui commence par, Brillantesfleurs
y
naissez, doit regarder
kl page z.98
cÀTALOGVE DES LIVRES
nouveaux qui fie débitent chez le
Sieur Guerout , Cour-neuve du
Palais. AFfaires du Temps. 10. vol. in
douze. 15. liv.
Panegyrique de Saint Loüis, prononcé
par M.l'AbbédeRiqueti.I.l.10.s.
Recüeil dedivers Discours prononcez
à l'Academie Françoisedepuis
l'année1687. 1. liv. 10. f.
Eleonor d'Yvrée, par Mademoiselle
Bernard. I- l. 10. C
Le Conte d'Amboise par la mesme.
2. vol. 3- liv.
Relation du Voyage de Naples en
[ *654. L liv-
Entretien de l'Astrologie judiciaire,
1
où l'un repond à tout ce qu'on peut
,
dire en sa faveur, S: où l'on fait voir
1 en mesme temps lasupersticieusevat
nité de sa pratique, 1.-1.liv.
Réflexions&maximes sur divers
sujets dl Morale, de Religion & de
politique. I. Iiv.10.f.
Histoire
du
Monde. 5.vol.in11. 9 l.
Etat nouveau de la France. 2. vol.
in douze. 3. liv.
Histoire de - l'établissement de la
Republique de Hollande, ou sa revolté.
1. vol. in 12.. 2. liv.
Bbliotheque choisie de Colomiez.
I, vol in-od. 1.liv. 10. f..
Ordonnances de Loüis, XIV. sur
le fait des Eaux & Forests, nouvelle
Edition. in 14, 1. l.
Ambassades de Mons. le Comte de
Guilleragues,& de M. Girardin,auprés
du Grand Seigneur,avec plusieurs
Pieces curieuses, tirées des Mémoires
de tous les Ambassadeurs de France à
laPorce, qui font connoistre les grands j
avantages que la Religion & tous les
Princes de l'Europe ont tirez des alliances
faites par les François avec Sa
Hautesse depuis le regne de François I.
& principalement sous le regne du
Roy,àl'égarddela Religion,enfembleplusieurs
descriptions deFestes &
Cavalcades à la maniéré des Turcs,
qui n'ont. point encore estédonnéesail
Public, ainsi que celle des Tentes
du Grand Seigneur-. 1.1o. s
Histoire des Troubles de Hongrie,
contenant tout ce qui s'y efl pasle de
remarquable jusqu'àlafindel'année
1687. 6. vol. in douze, 9.1.
Le Grand Visir Cara Mustapha.
Histoirecontenant son élévation
,
ses
amours dans le Serrail, ses divers
emplois, le viay sujet qui luya fait
entreprendre le Siege de Vienne, de
les particularitez de la mort 1. 1. 10. f.
Le Secretaire Turc, contenant l'ait
d'exprimer ses pensées sans se voir.
sans se parler, & sans s'écrire, avec
les circonstances d'une avanture Turque
, &une Relation tres-curieuse de
plusieurs particularitez du Serrail qui
n'ont pas encoreestveucs. 1.1.10. s.
Le Serasicier Bacha. 1.1.io. f.
OEUVRES DE t,'41'r
de Fontenelie^
Dialogues des Morts, 2. vol. indouze.
3. 1.
Jugement de Pluton sur les Dialogues
des Morts. i. l. 10. s.
Entretiens sur là pluralité des Mondes,
augmentez en plusieurs endroits,
avec un sixiémeSoir qui n'a point en..
core paru, contenant les dernieres
découvertes qui ont esté faites dans
lé CieV 1. 1. 10. f.
Histoire des Oracles. 1. liv. 10 f.
Poësies Pastorales avec unTraité de
la Nature de l'Eglogue, & une Drgression
sur les Anciens & les Modernes.
1. li. 10. s.
Lettres galantes deM. le Chevalierd'Her.
2vol: 3.1.
Academie galante. 2. vol. 3.liv.
LaDuchened'EAramene. z.vol.r.1.
Les Dames Galantes. 3. 1.
Relation duVoyage du Royen Flandre
en 1680. 1.l.io.f.
La Negociation du Mariage de
Monsieur le Duc de SavoycavecFin*
fante dsPortugal. I.-I.Io.f.
Relation du MariagedeMademoiseile
avec le Roy d'Espagne. 1.1.10.s.
Relation du Mariage de Monsieur
le Prince de ContyavecMademoiselle
de Blois.1.1. jo. f.
Relation du Mariage de Monseigneur
le Dauphin, avec la Princesse
Anne - Chrestenne-Victoire de Bavière.
l.1.Io.f.
Journal du Voyage du Roy à Luxembourg
, contenant la description
des Placesde la haute & barde Alsace,
& de celles de la Province de la
Sarc & de Luxembourg. 1. liv. JO. f.
Relation du Siege de Luxembourg
1. l.10. f.
Relation de cequi a esté fait devant
Genesen 1684.. par l'Armée Navale
de Sa Majcfté. 1. 1. 10. s.
LaFestedeChantilly. 1.liv.10.f.
Caracteres de l'Amour i. i. 10. il
Sentimens sur les Lettres & sur
SPHifttoiirel,ea.ve1c d.es1Sc.r1upul0es s.ur le f.
Le Mary Jaloux. 1. 1.10. f.
L'Illustre Gerioifr. 1.l.1G. f-i
L'Arioste moderne.4. v. 6.1.
Secrets concernant la, beauté & la
sante, 2. vol. in oCb.vo. 6. 1*
Dialogues Satyriques & Moraux.
2.. vol. 3. 1:
Discours Satyriques & Moraux en Vers. 1. 1.
Fables nouvelles.. 1. 1.
Epistres en Vers de M. Sabatier
de l'Academie Royale d'Arles. 1.1.
Le Chevalier àla Mode. 1. 1. 10. f.
La Désolation desJoueuses. 10. fé
La Devinerellei.. 10. f-
Aitaxerxe. 10. f.
La Comete. 10. s.
La MechodeduBlasondu PereMenestrier,
avec les Armes de la pluspart
des plus considerables Maisonsde
France, imprimée en 1688. 1. liv..
@,C[.*-valcrleaiicie-,lne&moderiie,avec
la manière de faire la preuve pourtous
les Ordres de C hevalerie i. u. U
Eclaircissementnouveau & tres-utile surprest,& l'interest. i,liv.
Histoiré de l'Afrique ancienne de
moderne, enrichie de 80.lignes, 4.
volumes in douze. 8liv.
Histoire de Normandie, i.l. io". f.
Eloges des Perionnes 1Huîtres<le
l'ancien Testament, par M. Doujat
1.h5.s.
<
Traité de la Transpiration dusang.
I.l.lO.f.
,
Réflexitionsur l'Acide & surl'Al
EKsaslia. is ï. liv.1o. s. de Morale Se de Poiltique,
p, où il cft .traité des D(.:vo;'!'j de l Hr\ime
consideré comme ]artir lier
,
6c
commevivantenSociété,2.vis. t.1.
I1|| Observation de M, Spon Iiir Les
Fièvres & les Febiifuges. I Antiquitezdu raefme M. 1. L vrageenrichy Spon, Ou- de plusieurs Figures.
7•
Notes de M. Corneille sur les Remarques
de M. de Vaugclas, suivant
le sentiment du PereBouhours,&
de Meilleurs Chapelain & Ménige
avec les Remarques mesmes. 2. vol.
indouze. 4.liv.10. s.
Arithmétique raisonnée
,
enrichie
de plusierus figures pour en faire mieux
comprendreles demonstrations, avec
l'art de toiser&de jauger, 1.1.10. f.
L'Art de laver, ou nouvelle manière
de peindre sur le papier, suivant le
coloris des Desseins qu'on euvoye àla
Cour, par M.Gautietd1e Nis.mes. 1.
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