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Ay palais.
ON donnera toujours un Volume
nouveau
-
du
-
Mercure Galant le
lperemier jour de chaque Mois, & on
vendra, aussi-bien que l'Extraordinaire
, Trente sols relié en Veau,
& Vingt-tinq fols enPharmachemin.
A PARIS,
Chez G.DELUYNE,au Palais, dansla
Salledes Merciers, à la Justice.
Chez C. BLAGEART, Rue S. Jacques,
à l'entrée de la Ruedu Plâtre,
Et en sa Boutique Court-Neuve du Palais,
AU DAUPHIN.
Et T. GIRARD,au Palais,dansla Grande
Salk',àl'Envie,
M. D.C. LXXX.
JVECPRirtLiGE DVROY.
TABLE DES MATIERES
contenues dans ce Volume. -, AV, mt1-grtfQf, ;l
RéjOHiffances sa'tes à Marseille
pendant leCa~nc.val, 6 ¡'Avocat conçelê, 19
Avyr,àCiirmivd,eu1eD2-3
Jlio-t--htePr' jt lr Contjs,, JlîoriduCa-Snal Nitard, 3f
M>-t de Ai. de Marolles, Abbé de
Wlelom, -'$7
La Tubércufe&le Pap'llon.Fable, ;J8
Troyage de ta ReyriCt deA4oqfeignenrle
Daphin, & dt Madame la Danphinr
à Paris,& les DhPehejJètwi'ns
cju:'sy ont p'is,44 M. de f,etons efiJreçenlibyen Jhonneur,
de:,>dt\Droit de
Parts, 50
M. de laReynie est reftu DoBeur hoQnouraiaretdarna;
laimnessm,e•Facuité,5t 55
Lftlre M Von voit queceqitcUs Dames
.;¡.plNIienr, estime
",
eJJ: biçn souvent
amourdèguisè, 57 F'Â^4fCiVJV'J, l)Abeille&lePapillon. Fabte, 109
Jtyouijfapcufaites Çkafleau.deJar-.
rffac, v 120*
Sçnnmens sur lq Yotslmpvcanx"
rmanieresdepariçr%QHVç}les^
AÎArtsde-M. 153 :dfJ; ^r^çlqme,Premier^
J^rcfid^t^J'arïem^nt^^et^142
Àfoxtde A4.le (j'oux ^eJ&fiexfhere> cy- dtpant^Prenier.furent au Parle-.,
iififitt d Grenoble, 145
M.ç~rtIfdJzlM',:t,U'ComytaPikHr de Mar ÂwH,, :.,-r"v-v, 1(1
VI.:.-t-:'V).t'1
-,1. i ';},,}'-.:-'J¡\; j -
RfpqnfeacequttnCavalier
avaitdit,V1 flf".ifrfon
6,amour, queen qmoins de pariéefefpri^,fitoutesles éllei,:
jfuandons'expliguçfy (# lSS j.<kpénèon,L.fùalj Ig9
Députearr.xU^kXomepourune CertAfmfaoirrenaerHriv'évealkpxtAim,
bafad.iu:.!r~S("tLe
FranceenPologm, **9-
Mariage d^AÇ.,<te
,
S-A*
<.. 14). ,. zJ^Wm¡y:,~:.'\!^\',~'**'J ,>:, ,.. ce
IfUjet, llf M.CduÔùêehp reaçt» Pré;sl-eiellt tn U «.f Pt#W'>
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FçïaupiïpW'; ;117 FautTU"dans le
cliJ,dernierMer- :, 'fl,
Trâàumonwfàfê®dtrfïlorhei^
MdeRubantel est rtfeu en
latteute- 1hanceColonelleJhRegimentde*\
y~~'r.~ rv 't\' ;"• ; '1~-
<J<<rs,
JtecépiïondéCxtfiïaîbts *#*
;:GardAe~-'s,, ''- J.,6 or,*^8o
M:2eci [desqaïpMCom.\yV-*-*9 De-x~prMliquerld& les
le commencement du Monde jufcjua
Charlemagne, 140
Origine de CImprimerie Royale du Louvre,
1+3 Mort deM. Danz m, JVicÇtrede Camp
de Cavalerie, & Conn/uinieur ae
: VOrdre de S-La^a--ey 147
Ai-deCaftej/t estpoivrveit de laCommanderie
deAi. Danton, 247
Entréede M, Delpb'm,Pro-:iï'Ate\r' 4e
S.Aiarc aVttnfc.247
DtvertijftmemduCarnaval de Vinifc,
H9
ChutedunepartiedelAbbaye de
Nofire-Dame de 'T,(I"if'J) ave les
grands Prt-vikges de cette Abbaye,
161.
LettreenVersdeDaphnieàIris, 171
Réponse d' Jru, iSj
Billet de Madame laTréfilent? de
Fonmort,pdr lequel clic fè rc^.fpte elle-mefime,28j Conversions, 292
M. leAiaréchaldeVtvcnneobtient de
Sa Aiajeftc, le Commandement des
Galères, pour M, le Duc de biorteM.-,.
rfonFils,;-cFeu enfurvlvance, 299
Explications des Enigmesdu demcr
alois, 30S
Enigme, 31I
.AutreEnignte, 3U
Entrée de M. £jimbajfadeur de Savoye,
& toutce qui s'etf passé a son
udianceà S. Germain, 314
Mort de M. le Rue de Charost -Bethune,
BQ
M. de VduboiirffyNeveude M. Colbert,
reçciiMaistredesRequestes, 535
Maison de la Vrilliere, 339
M. de la Tnurrolo
,
Trésorier de .:."vNtê
dame laDaypJjine, 341
À-'f. de Gosé-Matignon, actordé 4 h/ademoiselle
Berthelot, 344
Mariage de M. Roses, & de AfademçifHleleBaillent,
344
Mariage de M.delaVienne, Premier
Valet de Chambredu Roy,345
MRadrigaol suryle gro,s L3otga4gné p$an le
Fin de la Table.
ON trouve toujours chaque mois
chez le Sr Blageau un nouveau
Journal de Medecine;& l'on y trouve
encore tous les autres Ouvrages de
Mr de Blegny, qui en estFABt&eur.
On y trouve encor la Comédie de
la Devineresse.
La Comédie de la Comete.
Observations sur les Fiévres & les!
Fébrifuges,
Et un Livre de Chifres gravé en i
Taille-douce.
)
'/iERC:VBE,
CALAl~4i~~t, i~r(i~iTt'
,¡ AiAS 168J.
:, "";, -~ yê
'JlSnL
E l'avoüe,Madame. Il
seroit surprenantque
je commençasse. toutes
mes Lettres par le mcfrne
Article, si un autre que le
Roy m'enfournissoit la matiere.
Tous les Héros de
l'Antiquité ont fait quelqu'une
de ces Actions d'éclat,
dont la mémoire ne
péritjamais; maisnous n'en:
connoissonspoint qui en ait
fait de continuelles. Il n'y a
que ce Grand Prince qui
donne sans cesse de nouveaux
sujets de l'admirer.
N'attendez point quejevous
explique icytoutes les choses
extraordinairesque la bonté
qu'il a pour Tes Peuples luy
fait entreprendre chaque
Mois. Il me seroit plus difsicile
de les compter, qu'il
ne luy cil mal-aisé d'en venir
à bout. Aufu le nombre en
est-il si grand, que laplûpart
ne sont connues que de ceux
à qui elles sont utiles.Que
les Souverains fassent quelque
chose qui soit remarque,
on traitecela debelle
aétion, quand mesme cette
action ne regarderoit que
leur interest. Il n'en est pas
de la mesme forte de ce
qu'onvoixfaire àLouis LE
GRAND. Il a toûjours le bien
de les Sujets pour objet, &
croit avoir beaucoup fait
pour luy,quand il a tout fait
pour eux. Quel avantage ne
trouvent-ils point dans l'Edit
qui porte Que les voix
des Officiers des Cours&Sieges,
tantTitulaires, Honoraires, que
Vetérans
,
qui seront Parens
aux degrez mentionnez dans
l'Edit, ne feront comptées que
pour unefeule
,
lors qu'elles se
ront uniformes, à peine de nullité
des Règlemens &Arrests?
Ces degrez sont de Pere &
Fils, de Frere, Oncle, &
Neveu, & de Beaupere,
Gendre, ôc Beaufrere. Cela
marque la haute prudence
du Roy, & la vigilante application
qu'il a pour les af;
faires du dedans,aussi-bien
que pour celles du dehors. Il
oste par là à les Sujets toute
,
la crainte qu'ilspourroient
avoir qu'une Parenté si proche
n'entraînastquelques
-
suffrages, &neprévalust sur
cetterigideseverité,
avec laquelle
on doit s'attacher uniquement
a ce qu on croit
juste. Sa Majesté a encor fait
une Déclaration pour empcfcher
que les Benefices
:
situez dans les Païs qui luy
ont esté cédez, ne se conferent
à des Etrangers. Cet
,
Edit & cette Déclaration,
furent registrez en Parlement
le douziéme du dernier
Mois. Les bontez du
Roy y éclatent trop, pour
avoir besoin qu'on lesmette
dans leur jour par un discours
étendu.Ainsi la hm.
ple exposition du Fait portera
plus loin vos refléxions,
quene pourroient faire toutes
mes remarques.
, Je vous fis part la derniere
fois des réjouissances
qu'on a veues icy ce Carnaval.
Comme c'est un temps
où tout le monde est en
joye, l'exemple de la Cap,,
tale du Royaume a efteiuivy
dans les Provinces, &il ne
se peut rien de plus agrcable
ny de plus galant, que la
maniere dont on s' y est diverty.
Sur tout on peut dire
qu'en Provence, ces jours de
plaisir ont esté marquez par
autant de Festes dignes de
ceux qui en ont pris soin.
Huit Gentilshommes des
plus riches & des plus qualisiez
de Marseille, ayant
résolu de faire les honneurs
de leur Ville par de superbes
Régals donnez au beau
Sexe,choisirent une Malson
de campagne, à unquart de
lieuë des Murailles, pour y
étaler toutes les magnificences
qu'ils avoient dessein
defaire; & le lendemain
des Roys, Mr le Marquis
d'Alain, que le Sortavoit désigné
le premier Roy, y
mena saReyne, accompagnée
de neuf ou dix Femmes
de qualité. Cette Reyne
estcoit Mademoiselle de Foresta.
Elle a de l'esprit,
chante, dance, & joüe du
Theorbeadmirablement.Sitost
queces Dames furent
descenduës de Carrosse à la
porte de cette agreable Maison
qu'on appelle la Fleuride
, elles furent salüées
par quatre Trompetes
, par
un Timbalier, & par cent
Boëtes que l'on tira. En
fuite elles entrerent dans le
Jardin, qui sans contredit
est un des plus beaux de la
Province. La Déesse Flore,
ayant à sasuite quatre Nymphes
& quatre Zéphirs
joüans de la Flûte douce,
s'avança vers elles, & leur
présentade riches Corbeilles
remplies de Bouquets, & de
Guirlandes de toutes fortes
de Fleurs, attachées par des;
Rubans tissus d'or. Mademoiselle
de Foresta trouva
ces Versau milieu desFleurs
qui estoient dans sa Corbeille.
Ces vives &belles couleurs
Jjhù brillentJurv&jtrevisage,.
Jris,ontfeules l'avantage
De ternircelles deces Fleurs.
Cette belle Troupe vint
de là fous un Berceau couvert
de Laurier, & fut régalée
du gazoüillement de
mille petits Oiseaux, dont
les Cages estoient attachées
aux branches sans quelles
parussent. Six Hautbois que
les Dames trouverent postez
dans unCabinet deverdure
au bout du Berceau, les divertirent
pendant quelque
temps, apres quoy elles prirent
le plaisir de lapromenade
,
qu'elles quiterent
pour un Dîné magnifique
qui les attendoit. On avoit
dressé le Bufet & la Table
dans le mesme lieu. Le
premier estoitextrêmement
riche, & bien garny. On
y voyoit au milieu un Jet
d'eau de fleur d'Orange,
qui ne cessa point pendant
leRepas.LaTable futservie
de trois grands Plats, &
de huit petits. On lesreleva
cinq fois. Des Pyramides
de fleurs remplissoient les
vuides. Surces Pyramides,
estoient des Giroüetes avec
ces deux Vers.
SansleVinl'ame des Beuverfïs
Nepeut avoir, Iris, quede foibles
ardeurs.
Apres que l'on eut dîné,
la Compagnie vint dans une
Salle qu'on avoit eu foin de
pré parer pour le Bal. Elle
estoitéclairée de plus de
deux cens Bougies. Toutes
les Dames qu on avoit
priées de s'y trouverestant
arrivées, on le commença.
Mrle Marquis d'Alain Roy
de cette Feste, estoit en
Habit noir avec un Manteau,
& les autres Hommes
en Julte-à-corps ou brodez,
ou galonnez. Le Bal fut interrompu
par le Dieu Cornus,
à qui on fit place, pour
entendre quelques Recits
qu'il chanta à la gloire de la
Reyne. Ceux de sa fuite portaient
des Bassins de Confitures
&d'Oranges de Portugal,
& des Corbeilles de
diférentes Liqueurs. Onre-
,
prit la Dance, à laquelle succeda un Ambigu d'une
profusion extraordinaire de
Viandes, qui furent servies
dans la mesmeSalle, où la
Compagnie avoit dîné. On
croyoit la Feste terminée
par là, mais en sortant pour
retourner à la Ville, on fut
fort surpris de voir le dehors
de la Maison tout illuminé.
Le feu prit incontinent au
papierhuilé quiestoit devant
les Fenestres,&en mesme
téps on en vit sortir un nombre
incroyable deFusées.
Quelques jours apres le
Sort estant tombé sur Mr le
Marquis de Mison,il choisit
Madame la Marquise
d'AlainpourlaReyne. C'est
une Dame d'une beauté
surprenante. Cette Feste
eut les mesmes agrémens
quelapremiere,& fut suivie
de celles dont le Sort continua
de décider dans l'ordre
qui fuit.
Mr Daudrifet, avec Ma";
dame la Marquise de Mison.
Je vous ay déjaparlé
dU mérite de cette Dame
dans quelqu'une de mes
Lettres.
Mr de Foresta de ColBonguae,
auvec sMaedamte .de
Mr deForville Capitaine
de Galere, avec Mademoi- ;
selle de Mirabeau. Elle est
Nièce du Chevalier de ce
nom,& sort dd,'une Mere,
qui peut passer avec beaucoup
de justice pour une diziéme
Muse.
Mr de Barras la Peine,
avec Madame la Comtesse
dePeiroubie. Cette Dame
cft genéralement estimée
pour ses belles qualitez.
- Mr le Commandeur de
Bucus, avec Madame de
Puget. C'est une Veuve qui
a beaucoup de mérite.
Mr le Commandeur de
Felix, avec Mademoiselle de
Moustier. Elle a de l'esprit,
& de la beauté autant qu'il
en faut pour plaire.
Je vous ay nommé Mrde
Forefta de Colongue, parmy
les Autheurs de ces galantes
Parties. C'estun jeune Gentilhomme
d'une des meilleures
MaisonsdeProvence,
dont l'esprit vous est
connu par plusieurs Ouvrages
que vous avez veus de
L'AVOCAT
CONGELE'.
JAdù ixivoit(Uns un Bourg de
Provence
Un Sexagénaire Avocat,
Dont le tempérament eJloitpltU
délicat.
jQuel'ejpritér la confcicnce.
£)wyqu'ilfust ignorant de l'un 'rr'
l'autre Droit,
II nemanquoitjamais d'alleril
l'Audiancei
Atifft cefut là que lefroid
Vnjourd'Hyverlivrant àfachaleurla
guerre,
Lefit tomber roide par terre.
On ditbien qu'ilparloity mais qu'il nepouvoitpas
Remuerlespieds &les bras.
En cet état deux Sergens charitables
(Chojeajijfi rare alors quelle test
aujourd'huy
Qu'ilsfont tons millefoisplus cruels
que des Diables)
SurunBrancardleportèrent chez,
luy.
Désqu'ilyfit, il dit d'une-voix
casse,
Que peuvent faire, h- el-as! en
leur Convent
Par ce grand froid ces Moines
à besace,
Qui font maigre tout l'an, font
deschaux, ôefouvenc
N'ont dans le ventre que du
vent?
MaFemme,ajoû.tAa-t-il,de grace,
Envoyez quelqu'un à la Place
Acheter un cent de Cotrets, ; Deux cens Pains bis, deux cens
Harangsforets,
Et faites-les porter au plutost
chez ces Moines.
Apres ces mots nolïre Avocat cbtut
Ne tarda pas d'ejîre mis dans un
Lit
£lue deux Bafflnoirs ou deux Moines
Avoientchaufêde la bellefaçon.
Adieu lefioid& lefrijfom
LeurEnnemyle chaud les oblige au
plusvisse,
Afaire gillè de leurgifle*
lU luy cedentla placem -grand cmtentement
De cet humble Dévot de la nélfi ,Aflrée*
J$ui n'apluslamepénétrée
.tue du chagrin d'avoirsiprécis
• pitamment
Fait (félonsonhumeur) une large
i gesse outrée.
-
J
Cent Cotrets, deux cens Pains,1
deux cens Harangs forets;
Quelle prosusion! elleest digne
de blâme,
poursuit-ila-part-foy; mais un
moment apres
Venant à refléchir que peut-estre
sa Femme
N'apas executésesordres indiscretiy
*
LAjOJe en mesmetemps s'empare
deson ame, Ils'eninforme avec empressement.-.
La réponse n'estpas àses desirscontraire.
Elle luy dit, Mon Cher, on va
dans un moment
Travailler à vous satisfaire.
Ah non, dit-il, il n'est plusnecessaire
Qu'on songe à cela; Dieu
mercy,
Je trouveque letemps s'est beaucoup
adoucy.
Comme dans fin Miroirje te vois
dans cc Conte.
Tfunpérilprcjjant menace,
Tufs des voeux au Cieldont tu ne
tinsml conte
Dés le momentquilfutfAjfe.
J'auroistropà dire, si jten;
trois dans le détail des, divers
plaisirs dont le Carnavala
esté la cause. Il faut pourtant
vousapprendre une
JLA -—
Avanture de cette iaiion.
Elle a eu tant de témoins
dans une Ville aussi polie
que peuplée, que peut-estre
ne fera-ce rien de nouveau
pour vous. Le Mardy-gras
approchait, & chacun cherchant
à se divertir à sa maniere,
il y avoit fort peu de
Maisons où l'on ne fust difposé
à quelque Partie de réjoüissance.
Dans ce tempslà,
un Cavalier des plus con- sidérables des environs, estant
allé voir ce que faisoit
une Dame qui recevoir afsez
de visites, trouva dans
sa
sa Court quatre jeunes Demoiselles
qui avoient un engagement
de jeu pour toute
l'apresdînée. Le Soupe en
devoir estre,& elles sortoient
pour aller au rendez-vous.
Le Cavalier s'estant prié du
Régal, les arresta quelque
temps,leur dit des folies, &
pour s'en vanger, la Court
estant couverte de neige qui
estoit tombée toute lanuit
en grande abondance, elles
commencerent à le peloter
par enjoüement, Apres
qu'elles furent lasses de le
donner ceplaisir, le Cavalier
leur dit en riant qu'elles prifsent
garde à elles, & que
peut-estre le jour ne se parteroit-
il pas, sans qu'il tirait
raison de l'insulte. Elles répondirent
en riant ainsi que
luy, que la menace les étonnoit
peu,& qu'elles alloient
toujours se divertir à bon
compte. Cette réponse estant
une espece de désy,
il résolut de les aller surprendre
le soir dans quelque
déguisement qui les,
effrayeroit, ou qui du moins
autoriseroit les plaisanteries
qu'on sçavoit estre de son
caractere. Il ne trouva rien
de plus propre pour cela
quc de s'habiller en Diable. Ilavoirchez luy toutccqu"ll
falloir pour cette metamor- phose;&comme les Masca-
:
rades avoient dîe de tout
temps un de ses plus gran ds
plaisirs, il auroit fourny en
un besoin toute sortedecpipages.
Tous les Domestiques
de la Maison où
joüoient les Belles, estant aitez à gagnerparce qu'ils le
connoissoient,il fit dcfluu
de ne se montrer que quand
le Soupé seroit sur la Table.
Lanuit venuë, il-sedéguisa,
& estant sortypourexecuter
sonentreprise, il ne put pasfer
devant la Maison d'uri
Gentilhomme de sa - connoissance,
sans y entrer un
moment. La porte en estoit
ouverte, ôc la Dame du Lofgoisrt
estant d'une humeur
énjoüée, il fut ravy
d'essayer par elle ce que
produiroit son déguisèment.
Le Gentilhomme marié depuis
quatre ans, marquoit
beaucoup d'amour à sa Femme,
& leur union passoit
-
dans la Ville pour un exemple
qu'il y avoit de la gloire a
imiter. Cependant comme
ilarrive toujours quelque diférent
dans le ménage, un
peu de mauvaise humeur les
ayant pris l'un & l'autre depuis
un quart-d'heure,ils
estoient venus ensemble à
des paroles d'aigreur. La
Femmeavoit faitason Mary
des reproches chagrinans,
&le Mary, quelquefoisun,
peu trop bruique, la donnoit
au Diabledans le moment
mesme que le Cavalier
entra vétu en Démon. La
Dame effrayée, fit un fort
grand cry en le voyant, &
le Cavalier s'avança vers
elle, fort éloigné de penser
que la vouë d'un Masque
eust pû l'effrayer véritablement
; mais il fut bien étonné
quand elle tomba à la
renverse sans aucune marque
de connoissance. Elle
avoit esté frapéc de ce qui
estoit échapé à son Mary.
& l'entrée si juste de cefaux
Démon,luy persuadant que
son imprécationluy en attiroit
un veritable, elle perdit
tout- à-coup l'usage des sens
& de la parole. Le Mary de
son costé aussi épouvanté
qu'elle, demeuracomme immobile
& au lieu de prendre
au corps le prétendu
Diable, il ne sçeut luy-mesme
ce qu'il devoit croire de
cette sou daine apparition.
Le Cavalier fort surpris de ce
désordre qu'il avoit causé
innocemment,cria au secours
, ôc se fit connoistre.
On fit venir aussi-tost un
Chirurgien pour saigner la
Dame, & peu à peu on
trouva moyen de la faire revenir
Le Gentilhomme fut
aussi saigné, mais cette précaution
ne détourna pas une
forte fievre dont tous les
deux ont pensé mourir. Ce
malheur rompitle dessein du
Cavalier, qui ne sortit de
chez Ion Amy, que pour
aller se défaire de l'habit de
Diable qui luyavoit si mal
reiiiïy* Ainsi, ce qu'il avoit
médité contre les Belles
n'eutaucun effet, & il les
laissa. jouir fort paisiblement
du plaisir de leur partie.
En vous apprénant la mort
du Pere le Cointte vous
voyez, Madame, qu'on ne
vous a rien appris, puis que
deux grands Hommes,l'un
de l'Oratoire, & l'autre Jcfuite,
portant le nomde Pere
le Cointre, on a négligé de
vous mander duquel des
deux nous tommes privez.
C'est du Prestre de l'O ratoire,
qui eitoit à Muniter
avec feuM Servien
,
& auquel
on peut dire que la
France avoit obligation. Il
travailla aux Préliminaires
de la Paix qui s'y conclut,&
fournit des Mémoires pour
le Traité, Comme il s'estoit
employé avec grand zele à
soûtenir les droits de Sa Majesté,
MonsieurColbert qui
a toujours eu une cofidération
particulière pour ceux
qui fervent l'Etat, luy fit
avoir une Pension de feu Mr
le CardinalMazarin. Trois -
ans apres le Roy le gracinaj
d'une autre. Il s'estoit acquis .j
grande réputation par IcsAn..
nales Ecclesiastiques qu'il a
donnéesauPublic. L'estime j
dont le Pape Alexandre VII..
l'a honoré tant qu'ilavécu>
estoit une marque de son
mérire. Il l'avoit veu Nonce
à Munster.
Puis que cette mort me
mene en quelque raçon à
Rome, il faut vous dire que
le Sacré Collège a une
vingt-cinquième Place vacante,
par la mort de Mr le
CirdinalNitard arrivée le
premier du dernier Mois^
dans la 73. année de son âge.
Il estoit Allemand, avoit l'esprit
d'une pénétration- surprenante,
&vivoit de la maniere
du monde la plus,
exemplaire. Il avoit esté Jesuite.
Confesseur delaReyne
Mere d'Efpagne>&Grand-
Inquisiteur de ce Royaume.
Les diferés qu'il eut avec feuDom
Juan d'Autriche, & la
plûpart des Grands, l'ayant
faitrésudre à venir à Rome,
il fut fait quelque temps
apres Archevcfque'd'Edessè, 1
qui est un titre in Partibus,
Ambaffadeur ordinaired'Espagne
en cette Cour, & en 1
suite Cardinal. Ce fut ClementX.
dont il estoit Créature,
qui l'éleva au Cardinalat.
Outre les qualitez de
grand Politique & d'Homme
de bien, il estoit très,
bon Prédicateur, & sçavant
Theologien, &entre les Livres
que l'on a de luy
,
son
Traité de l'Immaculee Conception
en est une preuve. Il
a laissé de grands biens aux
Jesuites, qu'il
a déclaré ses
Héritiers.
Mrde Marolles, quiatant
écrit, & qui estoit Abbéde
Villeloin & de Beaugerais,
est mort aussi depuis trois
semaines. Il nous a donné
la Traduction de tous les
Poëtes Latins, &les Impressions
reïterées qu'il a salu
faire dela plûpart, font assez
connoistre combien ce Travail
s'est trouvé utile. Tous
ses Ouvrages se vendent
chez le Sr de Luynes au Palais.
Il a vécu un tres-grand
nombre d'années, 6cla derniere
est venuë enfin pour
luy. Le temps détruit tout, &:
c'est ce qui devroit consoler
la vieille Coquete qui veut
qu'on la plaigne de ce
qu'elle est sans Amans.Vous
sçavez qu'elle a prié le Public,
par le Billet que vous J
vistes d'elle il y a deux mois, jj
de luy vouloir enseigner1
quelques moyens d'adoucirI
soninsorcune. Si ses chagrins t
la laissent capable d'entendreraison,
ellen'a qu'àécouter
ce cpe dit le Papillon à la
Tubéreuse dans la Fable que
voicy. MrPelegrin en est
l'Autheur. --
LA TVBEREVSE,
ET LE PAPILLON.
FABLE. DAns un desjardins de
Provence,
-ZI-le mille diferentcsFleurs
Par leurs agréables odeurs
Rendent unvrty Lieu deplai-
Jance;
Vat Tllbmufl, dit-on,
.Bi.lie,par-Fj-par-idi, mats d'un ejprrt
tres-bon
Aménager une Intriguegalante,
ycyoit avec plaisir maintgentil
Papillon
Abandonner toute autre plante
Pourluy venirfaire l'amour.
Maispour commencerfin hifloirè,
Des lespremiers momensquellepartit
aujoury
Mefondafin bonheur&sagloire
Asifaire unegrosse Cour.
Cela n'estoit pas impcjfible.
Ayant quelque peu de bi ,'ute,
Etrenonçantà fauflcrcjitrté
£hiun coeur neuf trouvesi terrible.
En peudetempsj^fqueauplm infienfible
Luy vint offrirsi liberté.
Teln'/t'Voitjam¡fúfréquenté
Que le Thym crla Marjolaine,
J^iljevoyoit rtçeusanspeine.
Attlfi delamoindte douceur
LaVolage tenoit bon compte.
Elleapprenottà tow,fansfcrupule
&fins hontey
Lefilntdetoucherson coeur.
Mai* helas,cequ'unefeurs
c'ne beautéquiplaisi, pour laquelle
on s'eryprejjc
Tâût-squ'elleefi danssafraîcheur,
Et qnonrieftimeplifc^quq'uoonnmméépprirsise,e,
qu'on laiffi,
Des que l'âge a détruit sa, beauté,
fin ediur.
Si nofircTubéreuse eut le mefne
malheur,
N'efip<ts une demande àfairei
Elleplut tant qu'elle putplaire,
Tant qu'avecle teintfrais elle eutde
U^7çueur.
rMeains dté,s qquueeffisesfofreotrscmeasnmquaen-qtie-
Tomles Papillons defirtercnt,
Etporurent ailleurs leur amoureux
soucy.
Ld Tubéreuse alors d'un air morne
& transy
En vainptujieursfiù les appclla
En vain pour paroifire encor
belley
Surunbasson voisin ellefoutientfon
corps,
Etfait millepetits efforts,
Pasunneretourne auprès d'elle.
Ce qui fut encorplmfacheux,
C'ejl qu'un de ceux qui montroient
plits de zele,
Luy tint "en laquitant ce difeturs
dédaigneux.
Qu'avez-vous donc, noi-tre
vieilleMaîtresse?
D'où vient tant de trifteffè-? -
Prétendiez-vous plaire toûjours?
Quoy, vous ne songiez pas que
l'affreusevieillesse
Estletombeau des plus tendres
amours?
Le temps (vous sçavez le Proverbe)
Détruit ce qu'on voit de plus
fort.
Oüy, nous allons suçer de
l'herbe
Où paroissoir jadis ce Bâtiment
superbe
Qui témoignoit des ans ne craindre
point l'effort.
Et vous, qui n'estes rien qu'une
chétive Plante
Que le plus doux Zéphir tourmente,
Vous auriez prétendurésister à
les coups?
Adieu vousdisconsolez-vous.
La Reyne, accompagnée
de Monseigneur le DaUrphin,
& de Madame la Dauphine
,
vint à Paris au commencementde
ce Mois. Elle
sur reçeuëauPalais Royal
par Son Altesse Royale, qui
luy donna un magnifique
Repas. Toutes ces augustes
Personnes allerent de là à la
Foire. Comme la clarté des
lumieres luy donne un brillant
particulier, onavoit eu
loin de fermer tous les endroits
par où le jour auroit
pû entrer. LaReyne joüa
beaucoup de Bijoux, & ne
les joüa que pour en faire
autant de Présens. C'est un
effet de cette noble inclination,
qui la portant à donner,
soûtient avec tant de gloire
les sentimens de grandeur
que sa Naissance luy a inspirez.
Cette Princesseallavoir
ensuitel'Opéra deProserpine.
Il ne devoit pas luy ellre
nouveau, puis qu'il a servy
- toutun Hyver deDivertissement
à Saint Germain. Cel.
pendant cet Opéra n'éstant
-
-
représentény par les mesmes
Acteurs, ny avec les mesimes
Décorations, Elle y trouva
quantité de choses qui eurent
pourelle toute la grace
de la nouveauté. Le Theatre
des Champs Elifées parut
magnifique,aussibien que le
Palais dePluton,& on donna
beaucoup de loüanges aux
principaux de ceux qui chanterent.
Sa Majesté admira
nonfeulement l'entiere juftesse
avec laquelle ils sçavent
conduire leurs voix, mais encor
leur agréable maniere
d'exprimer au naturel par
leurs actions & par les divers
mouvemens de leur visage,
toutce que les Personnages
qu'ils représentent peuvent
avoir de passionné. Nous
devons voir incontinent apres
Pasques sur le mesme
Theatre de l'Académie
Royale de Musique, Le
Triomphe de l'Amour, qui a
diverty Leurs Majestez pendant
tout le Carnaval. Je
croy vous avoir déja marque
que ce Spéctacle ne doit
eltre regardé que comme
une Mascarade qu'on avoit
eu dessein de faire à la Saint
Hubert, & que la maladie
de Monseigneur le Dauphin
empefcha. C'est un Balet
qui ne contient que des Entrées
mestées de Recits, sans
Piece de Theatre, & pour
lequel le Roy n'a point fait
ces grandes dépenses qu'on
luy voit faire pour les Opéra
dont ilrégale sa Cour. Mr
de Lully, qui est bien aise
que son Theatre ne demeure
point sans nouveauté, &
qui veut que le Public joüis.
se de cette Musique, beaucoup
plus belle que n'ont
voulu faire croire les Ennemis
mis de Paris qui en ont four.
ny de mechansMémoires
aux Nouvelles Etrangeres,
fait de grands apprests pour
cet Ouvrage. Il yadjoûte
beaucoup de Machines &
de Décorations, & a fait
venir d'Italie un celebre
Machiniste qui a travaillé
longtemps aux somptueux
Opéra qui attirent tous les
ans un nombre infiny de
Curieux àVenise. Ce Ma.-
chiniste promet des choses
extraordinaires, & s'ilexécute
tout ceque je sçay qu'il
a entrepris, peut-estre n'au:+
ra-t-on encor rien veu en
France de plus surprenant.
Comme plusieurs Femmes
de qualité dançoient à la
Cour dans ce Balet, Mr de
Lulljr a choisy beaucoup de
Filles afin de remplir les
mesmes Entrées.Ainsi on
peut s'assurer qu'on verra
sur son Theatre une nouveauté
toute singuliere,
M' le Pelletier, Doyen
d'honneurde la Faculté de
Droit de Paris, ayant souhaité
se démettre de cette
Charge, qu'il a exercée avec
beaucoup d'avantagependant
quatre ans a la pricre
des Docteurs, Regens,&
Honoraires, qui l'avoient
toujours continué, Mr de
Bezons,Conseiller d'Etat
ordinaire, sur nomme pour
remplir la mesme Charge,
par les suffrages detous ceux
qui se trouverent à rA'ifemblée.
Mr lePelletier avoit
procuréàlaVille, ôckl'Univerfité
de Paris, le rétablissement
de la Profession
publique du Droit, & la
Graduation,c'est à dire, pouvoir
de donner des degrez
en Droit Civil, qui avoir esté
retranchée il y a cent ans par
l'Ordonnance de Blois. Il
avoit aussi obtenu du Roy,
fit l'entremise & les sages
conseils de MrleChancelier,
le rétablissement d'un temps
d'étude compétent dans
toutes les F:àcuItcz deDroit,
La tnefme Faculté de
Droit Civil & Canonique,
s'estant assemblée le 24. de
l'autre mois, reçeut Mr dela
Réynie Conseiller d'Etat, au
nombre de Te5 Docteurs Honoraires.
Quoy que je vous
aye souvent parlé de ce zelé
Magistrat,jauroistoujours
quelque chose de nouveau
àvousen dire, si jene fça.
vois que la justice qu'on luy
rend par les loüanges fait
soufrirsamodestie.Maisj'ay
beau me taire. Ses actions
parlent hautement pour luy,
& il fait beaucoupmieux son
éloge par rexaéte & continuelle
vigilance avec Ia<
quelle il s'applique au bien
public, que ne le feroient les
termes les mieux choisis que
jepourroisemployer. Ilaun
foin extraordinaire de faire
observer la Déclaration du
Roy. touchant les Malades
de la ReligionPrétenduë
RéforméeC'est pour cela
que le 27. de Fevrier il fit
publier une Ordonnance
portant que les Commissaires,
felon leurs divers quartiers,
ne cesseront point de
se transporter chez ces Ma.,
lades, pour sçavoird'eux s'ils
veulent mourir dans ces erreurs
de Calvin. Il en est
beaucoup qui ayant liberté
des'expliquer, demandentà
estre in struits des veritez Catholiques.
Le Quatrain qui suit mériteroit
fort d'estrenoté. La
réponse qu'on y a faitesur les
mesmes rimes, luy serviroit
de second Couplet. Une
jeune Demoiselle devant qui
soûpiroitunCavalier, exigea
de luy une Chanson, qui luy
fist connoistre ce quil'obligeoit
àsoûpirer. Il satisfit à
cetordre parcesquatreVers. sIjesoûpire, bêlas! et tfeftp** ¡afiSfitjl'" -et.
^ua}':a on vous aime, Ires, Q1Jquonn'oft
le dire7
N'cjl-ce.p-u un cruelmartyre
Jjhtc defoupirtr el1flcral
Voicy la Réponse de la Demoiselle.
cRoy-moy, mon cber Tyrcts, tu tefhinsfansfrjct.
Si mesyeuxfontçnArme,nepeux-tu
pas le dire?
Commentfçaiiron-j£ ton martyre,
si tu ne me dis tonifcret?
Puis que nous sommes
sur les affaires de coeur, j'ay
àvous apprendre que la
belle Brune qui a passé chez
vous quelque temps, dans,
les dernieres Vandanges, &
qui étendoit la severité de
sa vertu, jusqu'à dire qu'on
pouvoit estimer un honnette
Homme; mais que les Personnes
raisonnables n'alloient
jamais au delà, elfe
enfin sortie d'erreur, &a reconnu
par sa propre expérience,
que ce que les Dames
appellent Estime,est
bien souvent Amour déguisé.
Ce quil'apersuadée de
l'abus où elleestoit elt fort
singulier. Vous le trouverez
dans cette Lettre, où 1ort
peut dire qu'elle a peint ses.
sentimens d'apres Nature.
LETTRE. J 3Aydoute pendant quelque
tempsyma chere Sylvie, f
ce que jeJentois pour Tyrcïs effortvéritablementce
que l'an.
appelle amour. Je m'ejhis fouvent
consultéemoy-mesme.sur
cette matiere3 mats mon coeur riavoitjamais ose s'expliquer
tantma raisonl'ejfrayoit.Cette:
jalouse de ma liberté me cachoit
mesfers avec tout lefoinpojjîble;
& quand mon coeur vouloit
m'enfaireappercevoirpar quelquesJoupirs
qui luy échapoient
maigre toutes les défenses quelle
lftYen anjoitfaites, cette mejme
raiJsoneJJffayoit de m'éblouir> en
r*•xi'r, i.mputant cet joupirsa une naturelle
mélancolie. Elle ne pourvoitse
réfoudre à approuver ma
tendrejje, &. ne pouvant empefeberaujjique
laveuëde Tyr-
*ct's ne caufift une émotionsi
flble a mon coeur, elle m'enfaifoip
rougir de honte
x
&voulotfencor
me perfuadtr que ce n'efloit
laque l'effetdunepudeur commune
a tout noflre Sexe. Afati
il neftoitplus enson pouvoir
de me déguifer ce que messeni
ne me faisoient que trop decou*
vrir3 lors quelefiommeil achcvx
de me convaincre. Tyras me
parut ily a trois nuits dans un
de meJ fiongeé, dangereufiem:nt
blefifié.Je viss machereSylvie,,
sortirJon fàng d gros bouillons
defies playes3 & mon coeur ne
craignant plus alors ma raison.
qui àormoit> nejefit aucune
'Violence pour cacher fies sèntimens.
Je le sentis percépar
lemefimefierquiavoit mis mon'
eher Tyrcis dans un état sifu-
Hesse.Ah! que je connois bien,
ma chere Sylviequ'amoins que
de l'aimertendremention nepouvoit
prendre autant depart afies
maux que sen pris! Quelle inquiétude
neferais-je pasdans ce
songes De quelledouleur ne
fus-je pas pénétré> lors que je
leuts expirer après quelques pas
*chancelans? Peut-estre en ferois-
jemorte effettivementmoymesme
x si la violence de mon
déplaisir neufl interrompu mon
fonge. Tout imaginairequ'il estoit,
il me fitverser des pleurs
avec abondance,je men trouvay
toute moiiillee a mon rêveil,
Ma raison quis'éveilla
,dans le mesmetemps, tacha de
la cffuyer, & voulutfaire dédire
mon coeur desa tendra mot*-
alemensj maïs tous mu sensse
revolterent contrelie. Elle Je 1
noya dans mes larmes,&fut
enfinobligée de céder au panchant
quelle avoit toujours si
fortement-combatu. Tu nefçauroïs
croirej ma chere Sylvie, les
maux que j'ayJouJfirtspendant
llaadjuréedd'u-unnfosonnge qui avoit
osiélavie àTyrcis. Maïs je ne
fçaurois texprimer la joye qui
s'empara de mon coeur3 quandje
connusse ce n'estoit qu'un mensonge
j
qui ma pourtant appris
unevéritéque je voulois me déguiser
à moy-mesme,puisquii
ne mefera plus permis dedouter
d-iflrnais de ma tendrejje
pour-.., Adieu;, ma chere
Sylvie. Tu ne me recormoiflras
ylujj tantjefuischangée depuis
ce funrjle fonge.
t
;
Rienne marque mieux la
grandeur des Villes que la
magnificence des Feâesqui
l'on y fait, & c'est par là que
Vicenze a soûtenu glorieusement
depuisquelques mois
lerang qu'elle tient parmy
les plusconsidérables d'Italie.
Peu de Spéctacles
passenten beauté ceux qu'on
ft yaveus.J'en dois la deicnp--
tion à MrPatin, célebre par
son sçavoir, & qui a elletémoin
oculaire de toutce que
vous allez apprendre.Voicy
en quels termes il l'a faite en
nostre Langue, apresl'avoir
fait en Italien.
FESTES
DEVICENZE LEs Spettackspublics ont
esteprejquede tous lu
temps. Les anciens Monarques
d'Orient syfontplû, &auay
1";/y eufi bien de /4 bafoaric
attachée acesgrandsDiieniffemens
s
ils riont pas laissié de
servir d'exemple aux Egiptiens,
aux Grecs, aux Romains, aux-
Mores3 & enfin a rom les autres
Peuples,qui a proportion de
leur lumiere &de leur inclination}
y ont adjoûtédes;exercices
& desgalanteries: particuliern.
Il y a apparence queces titresde
Grands Roys, &de Roys
des Roys, leuraboientsifort*
enflé lecoeur qu'ilsJeJervirent
de lagrandeur de cet appareil,;
pour faire éclater léur autoritf
& lettrricheffi. Mais la Posterité
qui a encbery sur ces exemfiesy
a bienfaitconnoijlrej<uil
y avoit alorsplus de vanité que
de bon sens. EUe a trouvé lejecret
de joindrel'efj>rit&le coeur}
en émouvant lesrejjorts de lame
lesplus cachezpar desObjets qui
auparavant Jembloient ne fraper
que lesyeux & les oreilles.
Les Athéniensfurent fort longtemps
ch.rmtz de la Comédie
que le hasard avoitfait naître
chez eux plutofl qu'un dejJein",
prémédité, & s'appliquerent.)
mefrne avecdesdépenses infiniuJ
4faireréùffirdansleurCapitale
ce que des Païjanséebaufe^ de
lavapeur du Vin, avoient in"
vente dans le temps des Vandanges
pour leur divertissement
particulier. Les Romains, ces
MairlreJ du Monde3 s'occupèrent
aux Combats de Gladiateurs&
de Besse; farouches, aux,
Naumachies
3 & à beaucoup
d'autresfortes de Spectaclesqu'ils
rcglerent avecautantd'ordre que
de politejje. Ilsycréerent mesme
des AIigiftrats ; &- les Parueuliers
qui en eurent lefoin.,feaisoientsouventgloire
deJe ruiner
pourJatisfaire a la coutume,&
au luxe quiy ejloitattaché. On
y employa enfin ce que les trois
plus illullres conditions de laRépublique
y pouvaient contribuer d~'exfce~lle.nt.E~n/jooi»gna~Mn/t- /l~ewsmyyp
tens de la Religion, l'adresse des
Armes> & le bon gouss des
Sciences, on rendit ces Spectacles
tout-ensemble venérables, divertifJans)
& inftruElifsAinsi on
sen fit avec une étude délicate
Un plaisir en temps depaix>une
prtp irttion a la guerre 3
& une
cerémonieJacrée.
On réduisit enfin tous cesJeux
a trois especesfortdiférentes. Les
unsJe faisoient a cheval
,
.et.
pour cela efioientappeUezLudi
Equeftrcs & Curules, ou Decurfio.
Les Effagnols les appellent
Carozels. Les Allemam
leurontdorme le nom de Tournois,
qu'on croit venirde Torneamencum,
@r peut-efbrede
1 Troïa, à cause des Troyens qui,
en portèrent
l'exercice
en Italie,
tomme Virgile le marque. D'au.
très Peuples les ont appeliez
Barrières^prmeipalementquand
onyjoint quelque efjiece de combat.
Les François @f les Anglois
les nomment Courses.
Les autresJeuxs'appelaient
Agonales&Gymnici. C'eftJien--
t—dTe—sComba~ts—" ;—' -' 3 des Luttes,
st) desJoujles de bien des manicres.
On lesfaisoit ordinaire*
ment dans le Cirque @r dansl'j4mpkitheatre3
qu'on dédioit
exprés au Soleilya Neptune} a
Mars,dr àDiane. LaPolitique
des Romainsestoitsifort
attachée à la Religion, que leursgrands
deffiins rouloientpresque
égalementsur tune surl'autre.
AujJi ne r/üJfiIlÕi,fJlt-ils jamais
mieux que 1rsqu'ils estoient
afporyez deprétextesfpécteuXj
qui trompant ingénieusement
les Peuples, les retenoient idam l'obeïjjance.C'efl
ce quia
faitdire- a Tacite que cessoient
Artes Imperatoriar quibus
decipiebantur Populi.
Le Theatre fournissoitles der-,
niers Jeux. On Us appelloit
Sccnici, Poëtici, & Mufici,
4 cause des Recits qu'onyfaifoit,
(iy qui furent difiinguez par la
diverftté des Sujets en Comédiesr
Tragédies3Balets, st) Mafca-,
radesyd'oul'on a enfinformé ces
fameuxOpéraqu'on'voitprincipalement
à Paris st) à Venifc.
C'efl marquer en quelque forte
la liberté de ces jeux
3 que dénommer
les Divinité oui-YPre-,
fidoient. Bacchus Vénus en
efloient les principalesj à qui OMjoignit
Apollon (gjr Minerve,
peut-rjlre pour rendre le defordre
plus Juportable & moins
éclatant. Mais enfin la Religion
Chreflienne n'eut pas plutoftlevé
l'Erandard., quelle condamna
la licence
de
ces Jeux,
st) fit connoistre aux Fidelles
que lajoje qu'onsefiaifoitd'exposer
le vice sur le Theatre
.,
allaittien
audelà duprétexte qu'on
prenoit de le vouloir corriger.
L'Eglijesedéclara aujJi contre
les Spectacles de l'Amphitheatre3
(jtp les condamna comme des
Fureurs qui ne donnoient du
plaisir que parle majjacre e la
cruauté. Quant aux Jeux du
Cirque, après en avoir osié les
Sacrifices
Sacrifices, les Idoles, c& les autres
marques de la fuperflition
Payenneelle ne les regarda que
comme des Jeux innocent, n'cftant
en effetque des exerc:c?s de
'valeur} dJadrejJè
j * d'effrit.
,Ig!rtajn'disfPornitn-cceesceux dont les plus
ontde tout temps
donnéle Spêélacle.Ily en a une
infinitéd'exemples, on n'oubliera
jamais lefupcrbe C.=rozel
qu'on vit a Paris en 1662 ,*
que lesJçanjantes Grarceures de
Chauveauontrendupublic. Le
RoyyejloitChefidelaQuadrille
des Romains; Monficurrefloit
de celle des Persans; Monrieur
le Prince
}
de celle dcs Turcs;
Monsieur le Duc, de celle des
Mcfcovites;(èf MC le Duc
deCuire
3
de celle des Mores.
"Il ne s'est jamais rien rueu qui
Jégoalaful larmnagénifiecen.ce de cette ordonnée
par leplus Grand Rqydu mondes
qui outreune applicationsinguliere
3yfit une dépenje incroyable.
Ce riefl pas une petite gloire
pour des Gentilshommes particuliers,
de bien imiter un siglorieuxexemple.
En effet, le Spéflacle
que la Ville de Vicenze
vient de donner3 * eslési éclatant,
qu'il a mesmefurpanélattente
des SpéflateurJ. ily a peu
de Gens qui ne sçachent que
Vicenze est une Ville de la•-
JMMarcbe-T-rr.évifiinfe3furj:cte a lla '~I*,
République de Venise) r qui
po;irs'ejlresoûmise à elle volon-
-tairement la premiere de toutes
les Villes de Terre-ferme, a merjé
le nom dea Fille aînée;
qu'elleeflencorplusconsidérable
par tabondance &par la délicatesse
defies Vins> que parJa
grandeur; qu'jleeft aufjipeuplée
que leportejronétendue, 0j quelle
eftremplie de Gentilshom ries
4u(ïi fbintuels
)
au/Ji braves, &
aujjigalans quily en ait en ati-
,cune Villedumonde. C'eftcerte
dermerecirconfiance qui a donné
lieu aux Fcjhsdontj'ay entre-
1 pris la dejcr.pt.on, gff qui nont
esi.é l,'effetque d'un entretienjvr- l,tlt quune rencontre impréveuë
fit avoir à quelques-uns de ces
Gentilshommes avec les deux
Rjeéleurs de lafille. L'un a le
titre de Podefia, l'autre de Capitaine
Grand, & tous deux
y représentent la Majesté de la
SeréniJJtme République. Celuy
qui est aujourd'huy Podesta;,
s'appelle Marino Zor%i. Pour
faireconnoistre combien il est
genereux er bienfaijant, il me
Juffira de dire qu'il fait acheter
le Bled à cinq livres la mefurey
pour la revendre au Peuple a
trois demie.Réglant, comme
il fait toutessesactionssurce
pied-lajilrienfrapasplusriche
3
maisaujji les bénédictions
ne lujimanquent pas. Le Capitaine
Grand s'appelle Benedetto
Capello. On /'-ime a Vicenze
comme a Venise>parce
qu'on connoijljes rares talenspar
tout ou il est: Ceux qui aiment ïAntiquité3 feront peut-ejlre
bien aise-r d'apprendre qu'il esi
poJJ.JJèur de ce renomme Cabinet
de A4édailles du sçavant
Erizzpj qu'il en connoistparfaitement
~?~f~.,.~f qu'il
t'enrichitauxoccafons. Ces
deux font d'une Nobltjfe
des plus anciennes, richesj
bnfaitsyfçj,vans, rnaznifiques-,
si) en nrutal;on}quoy quefort,
jeun?sj d'ejlreaussi prudens que
fyirituels.
Ce fut avec ces Seigneurs
que les Nobles de Vicenze concertèrent
la Pompe de leur Caro%?
l,Lejour en ayant effé
choify3la Ville3 fentens les Dix
Nobles qui la repréfentcnt.) dr
qui pourcela enfont appeliez les
Député^j eutfoin de toutes Les
feurete%&de toutes les commc-r
ditez qu'on pouvoit attendre.
Onferma les avenues. On mit
des Gardes par tout, mais ces
Gardes eurent plus d'égard à
faire honneur aux Etrangers,
qu'a mettre objlacle à la curiojité
aun nombre infiny de Gens qui
accoururent de toutes parts. Le
plus bel eIface de la grandePlace
avoit eslé ménagé pourfcrvir
de Scene a ce Spéélacle, & on
en ossa toutes les Briques dont
elle ejlpavée, afin que les Che--
vaux courantsurlefable, fournissent
leurs courses plus commodement.
Ceux quinefont jamais
1Jenus a VicenKe., en peuvent
concevoir la beauté, en simarinant
que l'une desesfaces
fft occupée par le Palais de la
fujlice, cefameux morceau <%ArchitecturedePalïadie
; dr que
le AJont depleté,dr lePalais du
CapitaineGrande occupent tautreElle
efloit ornée des quatre
côtez dum espec: dJAmphithettt.
':)tpas moinspropre a
fairetcïtvoir3qu'a donner lieu
d' -:1. T r (:Jt"oc vou. Il y auoitpartout
d1: ric.rhes TTapis .¡:; l, ,
>
& ce fut la où
les D..ves se placeront sur les
vingt heures, qui font en France
quatre heures apres midy.Aucune
d'elles riygardoit de rang,
&ainsi on peut dire que lagalanterie
Italienne tenoit bien de
la Françoije cejour-la3 puis qu'il
riy avoitpoint de place diflingufa
pour les Sexes., que les Cavaliers
efloient comme ait Lou*
vre confusément avec les Damleess
se} r&virdqauns'itlosust'eesfforçaient de
les occaftons
de bicnfeance. Les uns & les
autres efloient habille^avectous
les avantages que demandoit
féclat de la Fesle. On ne vit
peut-efhrejamais plus de Perles
en un seul endroit; gjrpouren
marquer la profit/ton,ilfujfit de
dire que tonycompta jusques à
cent DamesVenitiennes. Ceux
quifontinjîruits de leurrichefjïe3
& du plaijîrqu'elles ont a je
parer3comprendrontsanspeine
la quantité qu'ony en fut voir.
Les Dames de Padouë3 de Verone
j de Bresse
J
de Mtntouë,
& des autres Villes du voisinageyJe
trouvèrent auJJi à cette
Fesle avec une infinité de Pierreries.
Les Nobles Venitiens,
qui font là comme les Dieux
Tutelaires du PaïsJ eurentgrand,
foin de bien soutenir leur cara-
Berepar la ricbejfe de leursMahits.
Ily en avoit quantitébrodez
enseHallages d'or, furhauffez
de Perles. Quand ces Seigneurs
font hors de leur Capitale
3
ils font difjpenfe^ de la
Robenoire3 & du Bonnet de
laine,a»quoy les oblige la maxime
de tEtat; £r alors
>
comme
neJe fouvenant-plus de cette
modérationprescritepar la Loy*
ilriefl aucune forte de magni-,
ifcercequ'ils ne se permettent.
L'heure de commencer le Spe-
Dacle efiantarrivée>onvitauffi*
tofl paroifireunsuperbe Char de
Triomphe, dans lequel estoit
Medéefous lafigure du sr Baltarin,
Adufisien de Aionfieur le
Duc de Mantoué: Ce Charrftoit
précédé de huit Trompetés,
dont les Habits&les ornemens
sembloientn-eflre qu'or &pierreries.
D'autres Trompetesfuivoient
avec plusieurs Estafiers
fort lefies. Ceux-cyavoient des
Livrées tres-éclatantesJquipourtant
arreflerentpeu lesyeux des
SpéélateurSj parce qu'ilsefloiententierementattachez
aux C'hevaux
de main qu'ils conduisoient.
Cefioient les meilleurs
& les plus finsqu'on eufl pû,
trouver en Italie. ¡Tingt Cavaliers
paroijjbient enfuite3 rentant
ces illuflres Argots
dont"Antiquité ajait
de bruit. Ils estoient divicn
quatreQuadrilles3 qui
quelles eujjent une. erpece
ijvrmitéj ne laijjoient pas
re distinguées par des ajufns&
des couleurs diférenpeut-
estre pour imiter les
s & les Romains> qui au
ignage de Cajjtodore3 orneleurs
Quadrilles de vert3
)u,o,e-, debleu3 & deblanc,
allusion aux quatre Saijons
année. Ce Char de A/ledée,
*es Argonautes, font repré-
£ dans cette Plarlche. En
examinantce quellecontient-, on
peutaifiémentfiefigurerune par.
tie des beautez de cette Feste.
UExcellentijjime Seigneur
BenedettoGapello,Capitaine
Grand,&qui pour ne pas tY»nmettre
la Majeftépublique>paroissoit
là comme incognito,
cess-dSre-yavec unpetitMafqUl
fitr Ie-nez;efloitChefde lapreme"
c Quadrille.Quatreautres
Seigneurs l'acco"noient.,(çanjoir;
Ai les Comtes Maximilien
Goddi, LmiiItalie3 Coriolan
Porto, BonifiacePoiar
ma. Leur Ouadrille anjoit le
élanc & le gris-de-lin pourfil
couleur. La feconde qui az,o,t
choisy l'aurore &le violet, estoitcompojee
de M:s les Comtes
Antonio-MariaPorto, Antonio
Trento, Vicenzo Scroffa> Scipion
Porto,&Ottavio Trento. Ceux
qui formoient la troisieme, cf
toientM% les ComtesLeonardo
Trejfino,ThomafoPiovene, le
Si Jacques Cavalerizzo; qui
tenoit la place de M[ le Comte
Camillo Trento) & M[s les
Comtes Loiiis Calda^no3&
LconardoPorto. Leur couleur
cftoit se bleu. La quatrième
Quadrille parut errcouleur de
feu> & avoit ententeAd^le
Comte Jean-BaptijlePorta>1
fui'vy de M"les Comtes Leo- I
nidû Porto,Francqco Volpe,
Qttaviano Garzadore,& Antonio
Porto.
CV-irquatreQuadrilles firent
quelques tours dans le Parterre)
tant pourvoir commodement
tous les Spectateurs3 que pourse |
montrer a 4ux pins aucun tumulte
; après quoy sejlant rendues
au milieu3 où elfe. forme-
:
rent un magnifiqueEscadron,
Medée qui efloit a latesie, arrsfta
fun Char DIS-a-njts du
Theatre, ou les Musiciens estoient
placek,CY chanta3 non
pas de ces Airs tendres dont elle
s'efioit Jervie pour amolir le
cçeurde7aron,mats de ces Airs
militaireS-quiem^loyoient les
Ancienspouranimer-leurs Trou*.
pes au combat. Quoy que la voix
Je ce luy qui représentoitAiedee
fist une des plus belles d'Italie,
on ne laijjoitpas d'entendre; avec,
beaucoup de plaisir l'harrllonie.
des Infrrumens, qui ne clJarmoit.
pasmoins enfon\<renreque l'appareil
du Spéélacle.
Le Récit ne fut pas plutofl
finy, quon vit difyaroiflre le
Char & les Argonautes. La.
Place se trouva toute libre3 &
commepar une especed'enchantement,
onydécouvrit auxqua*
tre coins les Afonflres que ces
braves Champions avoient a
combatre. L'un efloit ce Taureau
aux pieds d'airain, que
l'oracle avoitétablypourgar~
dien de la Toison d'or. L'autre,
ce Dragon épouvantable qui
défendoitl'entrée du Jardin
des Hejjféndes. On voyoit là
JVJJhs lè Centaure3beaucoup
plus terrib le que lors qu'il contoit
des douceurs a Dejanire.
La Stymphalide enfin sembloit
en état de lancersesplumes qui
ejloient autant defléchés, contre
ceuxqui lavoudraient attaquer.
CefutsurcesMonflres que nos
Guerriers éprouvèrent leur valeur,
au Dard>au Pistolet,&
à l'Epee; .@J comme desMonstres
ne s'abatent pas du premier
coup, il leurfalutfaire beaucoupdé
passades avant qu'ilspussent
venir à bout de leur entreprise.-
Les Chefs de Quadrille les at--
taquèrent d'abord taquerent ;(èf lespetites*
Troupes qui venoient en fuite,,
achevoient de défaire ces jaux
Monflres de la mesmeforte
ait,. si. 'efles en~-
quelles auroientfaitsielles en:
eussent cvmbatu de véritables.
On remarquoitdans toutes leurs.-
actions cette intrépiditéfnecef
faire danslesAttaches, &cette
précaution siutile dans la Petraitey
qui unifientagréablement
la-ualeur& laprudence. Les
Quadrilles qui essaient opposées
au commencement,sijoignirent
(êf Je Jeparerent plusieurs fois,
jufquà ce que le Combat fut
finy. Les Eflâfiers de chaque
Cavalier fourniffoient de nouveaux
Dards à leurs Maistres
pour toutes les Courfs, e la
ponûuahté des uns fecondoit
bien l'adreffi des autres. Enfin
les lvfonjlresayantfuccomhé,
on emporta leurs Cadavres> @r
les Vainqueurs commencèrent t
celébrer leur viéîoire par une
Dance a cheval. Cefutun Spé-
Bacle biensuperbe,&qui mef
loit l'antique au moderne3 de la
maniere du mondelaplus agreable.
PlineditquelesSybarites
furent les premiers qui firent des
Balets st) des Dances de Chevaux
j & que toute leur Cavaleneyrf/
oit merveilleusement
drejJée. Cefut ce qui obligea les
Crotoniates leurs Ennemis3 à
recourir à la rufè pour les défaire.
Ils donnerent à leurs
Trompetes un ordre secret de.
sonner au commencement du
Combatlesmesmes Airs de
Baletauxquels ils sçavoient que
les Chevaux des Sybarites estoient
exercez j
(gjr alors il ne
leur fut pas malaisé de mettre
en desordre leur Cavalerie.
Tout le monde fiait que les
Chevaux aiment l' harmonie,.
& quefiant les plus nobles de
tous les Brutes, &felon Aristote,
les plus grands Amis de
tHomme3 on a trouvé le moyen
delesdresserparfaitement; mats
peut-ejlrey a-t-il fort peu de
Gens qui[oientinformez des
quatrefortes d'Airsausquels on
aréduit toutes leurscadences. Ce
font l'Air de terre à terre,
quand le Cheval ne séleve.
point, mais qu'il se porte en
avant, en arriere, a voltesur
la droite &sur la gauche, &
à demy -volte en mouvemens
égauxj l'Air des Courbetes,
qui font des-mouvemens courbes
& à demy éleve%; l'Air
des CCaapprriioolleess,, quifont des
sauts hauts & éleuck, toxt
d'un temps; e enfinceluy
d'un Pas & d'un Saut, quand
cet Air est composé d'une Capriole(
gjr d'une Courbete fort
bajJè. Toutes ces manieres ont
leurspajjades> quifont comme
les temps de la Mujique, dans
hjquelsilneparutpoint que les
Chevaux de nos Argonautes
manquaient un Jeul moment,
tantils sêlenjoientjufle, tournoient,
&se remettoient a mesme
temps.
Apres que les Qtvaliers qui
les montoient les eurent 1'naniez1
pasapasjils les pouffèrentau.
galop, en rond, en
ligne,
en
triangle3siUn les figures concertées-,
e on remarquadans
leurs mowvemens toute la juftejfie
qui denjoitaccompagner la
gayeté ou la gravité des Airs
que iformoit le ChoeurdesInf
trumens.
trumens. Cette merveilleuje dis-
Aciplin.exdes Cheva,ux, fera de la peineaceuxquineennoonnttJjaareritaaits)
entendu parler; mais pourpeu
que l'on aitlu3 on doitfçavoir
par ce que raportent les Hifloriens)
que Von a drcjfiédes
Chiens, des Singes> des Ours,
&desEléphans,&qu'on les
a rendus capables desexercices
qui veulent le plus de docilité.
je vis ily a quelques mois un
Lievre,batrelaCaijje àVenist
aussi artiflement qu'un Tambour
auroit pu faire. LaNattire ne
mesemble pas moins violentée
par là dans un Animal si fimiàe,
qu'elle l'a ejlé dans laplus
pesante de toutes les Befles que
l'on a fait autrefois dancersur
la corde. Ceflce que Pline raconte
d'un Eléphant que Germanicus
fit paroiflredans ce
somptueux Spectacle dont il régala
le Peuple Romain.
Les ÇavahersVkentins s'acquirent
dans ce faro^el une
gloire à laquelle les Héros les
<r~
plus gcalans ddee1l'anti"quitAé n'ont pas 7
mesmeprétendu. Ceux-cy
ne sefontservis de Chevaux
dans les Lices, aujjt^hien que
dans la Guerre3 que pour tirer
leurs Chariots.Aussi toute leur
adrejje les faijoitplutost piJJer
pour de bonsCochers, que pour
de braves Gensdarmes, & on
ne remarque point qu'ils ayent
jamais fait un exploit confidétable
a cheval. Ils enatteloient
deuxy trois, quatrt)six)&mesme
huitdefront,& ilfujfifoitpour
emporter le Prix
deleursfeux*
de les pouffer avec plus de 'Vîtesse
que les autresy & de les
faire tourner court dans les dltours
des Cirques, évitant ainji
que le Char ne je jracoejjajt
contre les Buttu. Il en refle
d'affe% beaux monumens dans
les Médailles des anciens Em->
pereurs Romains.
Lee Baalec.tdeecetteiHujirc Ca- ~, t 1- t.f) ,,{ ..:. - valerie ne futpasplutofi finy}
que Medée parut encor dansJon
Char. Elle y chanta une Ode
triomphale au son des Inflrumens,
ne pouvant moins faire
pour ses Argonautes que de celébrer
l'inrrépide ardeur avec
laquelle on les avoit vais combatre.
Cefutpar cette harmonie
que finit le Divertissement de
cetteJournée. Les CurieuxpourrontJe
représenter3 en jettant les
yeux jur cette fécondePlanche,
de quelle maniéré ces galans
Avanturiers se firent voir au
milieu des Monstres.
Le lendemainyily eut trots
FestesajJeZ diférentes. EllesJe
firent dans les trois-plus grands
Edifices de la Ville,&pourtant
ils parurent fortpetits a cause
du concours inconcevable des
Etrangers. LEghfe de S. Laurens
fut choisie pour la Messe
fllemnel/e que le Prince de l'Académieacoutume
de faire
chanter-en prenantpossession de
sa Dignité. A41 le Comte Leonardo
Trejfino senacquita avec
t~oou~t~e la mwa~g~niyficenc~ecpeossible. Il
avoit fait orner tEglife desplusriches
Tapifferles; & desplus
cmfidérables Tableaux. du Pais.
La Symphonie estoit extraordinaire3par
lernuitec-la quantité
desAfufïciens; mais ce qui donna
tout l'éclat à cette Fesle
3
fut la
foule des Personnes de qualité
qui sy trouvèrent. Onprétend
qu'ily avoitplusdemilleGentilshommes,
outre trois cens Nobles
Venitiens. Les Recleurs de
la Ville, qui ne manquentguére
aux fondionsfolemnelles, eurent
d'autantp.us de foin d'affifierà
cetle-cy, quelle regardoit
la dévotion. Les Damesyparurent
dans leurs Habits lesplus
magnifiques)&onpeut dire que
tout le beau monde de la Lombardie
s'estoit ajJèmblé là tout
exprès, pour faire honneur ace
nouveau Prince d'académie.
Toutes les fois que ces iUuftres.
Académiciens en changent, ils
fOnt un Banquet dans la Salle
mejmedeïAcadémie3 au pied
de jonJuperbe Theatre. Cette
coutume fut observée ce jour-la
avec une JomptuoJîtésurprenante.
Ony vit tout ce qu'on
peutJouhaiter dans un Repatde
cette nature> cejl a dire3 une
profujîonmagnifiquej une délieatjcje
exqui(r) & une propreté
qui
êgaloitlune
& l'autre.
Les Députez de la Ville, que
fay dêja dit qui larepréjentent,
auoientdessinéle Diuertijjement
de l'aprefdînée dans la
grande Salie du Palais public.
Leurs foins parurent par l'orchp
admirablequi yfut gardé. Les
Soldatsqu'on anjoit mis aux entrées-,
ne s'opposerentqu'au menu
Peupley oupourmieux dire, à la
confusion & au desordre. Les
Dames} les Cavaliers, er tout
les konneflesGens3yavoient la
liberté de dancer
3.
de Je reposer,
ou de Je promener3 a peu pres
comme s'ils euljent eslé dans
quelque AjJèmbÍfe particulière,
On avoit êleve au bout de Io
Salle une espece de Theatre pour
les Musiciens; &bienqu'iln'y
en eust. qu'environ cinquante,
la
Symphonieparoissoit
eflre de
plus de cinq cens. Ce Divertifsement
duraenvironcinq heures
j
sans qu'on s'apperreuft de : j l'arrivéedelanuit, à fc~ause de
la quantité de Flambeaux dont
ce grand Lieu essais éclairé. En
France on aime les Branles, les
Courantes3 & les Dancesfigurées.
Les Sarabandes Jont, au
goussdes EfPaznols. LesDances
dallemagnefontplus impétueufès3pournepas
dire mi/¡taires;p
chaqueNationretenant,mesme
dans ce qui faits°splaijtrs,quelque
caraclere defon inclination.
La Dance Italienne rieft proprement
qu'une maniere depromenade
j pendant laquelle le
Cavalier & la Dame qui se
tiennent par la main) s'entretiennent
de ce que bon lexrfimble
entre deux rangs de Spéélateurs,
qui font d'ordinaire aJFs.
On peutla considèrercomme une
fuite de la prudence du Pais. On
'Voit toutsans peine. OnJefait
njoirfnsaffiliation. OnJepromenesans
laJFtude. On caufi librementsansfout,
son, & enfin
en. n'j ejlpas obligé d'assujetir
Jon plaifbr à la cadence des Instrumens,
ny des Pas mejure
qu'on napprend qu'avec beaucoup
detempssansaucune utilité
considérable.
C'esttordinairedans ces Fesses
d'appareily defaire dresser un
Bufet dans un heu c~~wo~~r
dj presenterà la Compagnie de
délicieux rafraîchissemens, qui
font des Liqueurs a la glaee, des
fins prétieux) & de toute forte
de Sorbets. Ce fut a quoy le
Podesta donna ordre dans cellecy
avec une magnificence quifut
admirée. Il ny eut pas jusques
aux Palets pourqui il neufljait
préparer dès Tonnéaux de Vin
qu'on leurprodiguolt-surle Perron
de la Salle. Comme les Dames
auraient eu tropaembarras
des Confituresj si on leur en eust
prejentéjur le lieu3 il jugeaplus
a propos de leur en envoyer à
chacune un grand B.ajJin dans
leurPalais.Ainsi on léur épargna
jujques à la moindre incommodité.
Cette dépenje eufi esié
considérable dans une petite Af
femblée. EUe le jut beaucoup
plus dans le concours d'un si
grand nombre de Pilles; main
ceux qui connoissentle génie du*
Podefla qui en voulut, prendre
Join,{étonneront peu de cette
gençrofité particulière. Ils(çatjenp
qu'il efl nepour la gloire,
& que-l'estimantcomme leJeul
partage des grandes Ames3 il
renonçcroit\<yolontiersenfafa-~
njeur à toutes.lesautresdouceurs
de lanie. KM ,tt\"
1
Je vousenvoyeune Fable
qui enferme une tres-utile
moralité pour ces Amans du
bel air, dont le mérite le
plus éclatant, consiste dans
la dépense qu'ils font pour
leurs Belles.Elleest de Mr
vPhileibernt, d'Acntiebe e.n Profy
ET LE PAPILLON.
FABLE. DEs que laste duJourparfis
clartez, nouvelles
Venoit eclairer lematin,
UnPapillon dam unJardin
Etalait 4Wfoinses ailes
Surla Rosc &sur le,min.
Mais pourquey,dircz.vom:jr.neit-il
tantdepeine?
L'Amourl'avaitfousfon domainep
Et de tout temps l'ajufiement
Eut d'un grandsecours à l'Ami.t$
ilfoâpiroitpour une Salitaire:
Faire la dédaratiln
Desa naijjantepajjlon,
Efloitlkfaplus grande affaire.
Unjourpourtantl'occasion s'offrit,
&Abeille qu'ilaimoitvintavec une
Amie
En cette Campagnefleurie,
Elley trouvoit desFleursJeIonfin
appétit.
NofireAmoureux ravy defavanture,
.roltig¿'ftr les Eleurs,puis s^arrefit
un moment
Tourpréparer un Compliment;
Enfuite isse met enpofiure
D'aborder un Objetàfisyeuxsicharmant.
En cet étatjamais Amant
N'avaitfaitsi bonneifgure,
Tout efioitmagnifiqueenfin ajufiement.
Surfit,petite tesie une Aigrek. élevée
D'une parure enlttydùtoutpoint
achevée,
Faiflit leplusbelornement.
Concorps briileit descouleurs les
l plusvives,' eirarrangementsanségal,
Rendoit les Bejles attentives
Sur cet ag-reabk Animal.
Ses atUs efîoicntd'écatlnte^
Ou la Natureavoitplacé
D'une maniéré délicate
Ce que la Broderie auroitde mieux
tracé.
En cet équipageilS.éicve.,
VAversles fleurs oltfin Abeille
enlevé
Ce quipeut méritersonchoix,
L*approchepourfalut, hlltde l'aile
troisfois.
Faites justice àmon amour extréme,
iuy dit-il del'airleplus doux; -
Vous sçaurez, Belle, que si
j'aime,
Jk ne dois m'en prendre qu'à
vous.
Vosappas ont sçeume surprendre,
Ils sçavent trop l'art de charmer,
Etmonjeune coeur est trop
tendre,
Pour pouvoir s'empescher
d'aimer. y
Papillon, ditlaMémgere,
Remettez à. quelque autre
jour
A me parler de vostre amour,
Pour aujourd'huy j'ay trop
affaire.
Si vous sçaviez, ma Mere est
en colere,
Et me reproche chaquejour
De ne pas haster mon retour,
Retirezvouslaiffez-moy faire;
Uneautre fois ayant plus de
Ioiftr,
Je vous diray, comme Abeille
bien née,
Que les foibles appas dont je
paroisornée Ne méritent pas un soûpir.
Si vostre ame pour moy se sent
pa/ïkmnée,
Peu dechose fait rondeur.
ÎVTaeeufer, dit-il, de foiblesse,
C'efi renoncer à-vos puissans
appas.
,
mai-Smoncqeur-kpeut-il>
feela^ï
- Il fènttrop le coup qui le blesse,enelevoudrois
Et quandje ne le voudrois ppaaes,,
Vous auriez toute sa tendrefie.
Pendant qu'il Ipuiflitsa voix
A vouloir convaincre l'Abeille
JïWil ne mourroit quefeusses
toixy
EUefaiflit lafourde ortiOt,
Et s'occupoit toujours à choijir le
mtilleur
De ce que porte chaque Fleur.
L'Amantfansccjfc ayantlesyeux
: sur eOe,
Admire tout ce qu'ellefait,
Etpourmarquer lagrandeurdeJôjy-
Z,¡(le)
Forme, enfoupirant, cefiNhait.
QueNature fut inhumaine,-
Et qu'elle eut bien peu de
raison!
Pourquoy me faire Papillon?
Ne pouvoit-elle pas me faire
Marjolaine?
Helas, helas! à ce moment
Queje serois heureux Amant!
J'auiois mille baisers, j'aurois
mille carêmes,
Je verrois sur mon corps faire
mille souplesses,
Et le tour, pour un peu de suc
que je rendrois.
Ah, chere Abeille,je voudrois
Estre Fleur, mais Fleursucculente,
Je serois plus content,yous feriez
plus contente;
Mais pour n'estre point Fleur,
ne me croyez pas moins
Capable de pourvoir à vos pressans
besoins;
Je sçaisun lieu queFloreméme
Cultive avec un foin extréme.
Pour toute faison, pour tout
temps^
Il n'y regne q\le le Printemps.
On n'y voit que des Plantes
fieres,
Les Fleurs,mesme enHyver, s'y
trouvent printanieres.
Disposez-en, car il n'est rien
Dont je ne fois ravy de faire
vostre bien.
Si l'Abeilleessaisfc-rupuleufc,
Sa Compagneygrande rieuje,
Bit Compliment neperdit pas m
mot.
L'ofre dit Papillon U rendant cu'
rieuse,
Ma Chere, luy dit-elle, il faut
duper ce Sot,
Faites tant-foit-peu lVtmoureuse.
Quand ilaura les yeux sur
vous,
Laissez aller un regard dIS
plus doux.
S'il vous surprend, paroissez-en
troublée.
Il croira que ce trouble est une
occasion
A parler de sa passion.
De tout ce qu'il dira feignez
d'estre ébranlée,
Et ne répondez oiiy, ny non.
Cen'est pas un defaut qu'estre
dissimulée,
Par là dans ce beau Lieu qu'il
nous a tantvanté
Nous aurons sur les Fleurs entiere
autorité.
Parfis confeitsl'Abeille enfinplut:
complaisante,
FÙtant du TapiUonlesamoureux
defirsy
Pouffa quelquestendresfonpirs
3ui fcmbloient partir d'u*e
Amante.
Le jardin proposén'efioit patloin
de là,
Cet illuflre Trio promptementy
vola.
Comme l'affaireetfaffez,bien conduite,
Sans la Compagne on en crailldroit
/afuite.
Ajuficmenî,Compliment,&Régal,
peuvent bienfaire une conquefie.
Le Papillon ne s'y prenoïtpAs mal.
Enamouriln'efipointde Befic.
Cependant nos AheiUusint
En cet agreable ?atterre.
Dieufiait quelravage ellesfant!
Chaque Fleur fins leur rude
guerre;
Tout efiant défloré,sansrien dire,
agrande erre
Les deuxftnu Mouches s'envont,
Papillon refiefculfam fleurs dr
fins xaîlret.
Ah,cruelle,dit-il, devois-tu mabuser?
Je me consoleroisde ma follelargesse,
Situ m'avois donne, tout-aumoins,
un baiser.
Expliquez,,belle Iris,vaut en estes
capable,
ce que le Papillon cache dans cette
FAble.
Votulesçavez,, maisentre nous,
Tyrculesçaitbien mieuxquevou*.
foccafion d'un Convent de
Recolets qu'il a étably pour
travailler à laconversion des
Prétendus Reformez. Le
zele qu'il a pour toutes les
choies qui regardent l'intereit
de Dieu, & qu'on luy
voit ioûtenir avec la m©fine
application qu'il le donne à
bien remplir tous les devoirs
de sa Cliarge,n1ci-nl-pcfche
pas que dans les occasions
de joye
,
&: de divertissernent,
il ne ie fasse autant
admirerque dans les choses
essentkllesôc importantes.
La manieredont il arec3eu
ce Carnaval la Noblesse du
Païs, & plusieurs Personnes
de la première qualité, en
cft une preuve.Lenombre
des Gentilshommes qui se
rendirent chez luy à l'envy
les uns des autres, fut si
grand, que le Chasteau de
Jarnac,qquuooyyquqt'iul,n.nee des
plus commodes Maisons qui
soient par delà la Loire, eut
peine à les contenir. Pendant
huit jours, il yeut trois
Tables, chacune de vingt
Couverts, servies avec tutant
de délicatesse, que de
propreré ôc d'abondance.
Lesaprefdînées efioient employées
au Jeu, ou bien à la
Chaise; &ceux qui estoient
de ce dernier goust. trouvoient
ailément à se satis,
faire, félon que la Vénerie,
ou la Fauconnerie, leur donnoit
plus de plaisir.On delta
noit le foir à la Dance, &les
Tables nestoient pas plûtost
levées, que l'on commençoit
le Bal dans une
Salle aussispatieuse que fuperbement
meublée. Le
grand nombre de Luftrcs
de cristal qui l'éclairoient,
faisoit admirablemét briller
les riches ajustemens de diverfcsTroupes
de Masques,
qui ne manquoient jamais
à s'y rendre. Parmy celles
qui y vinrent,iln'y eut rien
de plus galant, ny de mieux
imaginé qu'une Mascarade
qu'y menaMadame laComtessed'Aubigny,
Femme de
Mr d'Aubigny, Gouverneur
de Coig,nac,&Frere deMa- ?
dans le temps qu'on l'y attendent
le moins, de forte
qu'à la lueur de plusieurs
Flambeaux, on vit arriver un
foir un Cortege de Carrosses,
accompagnez de plufleurs
Personnes à cheval.
Chacun estant descendu
ceux quicomposoient la
Mascarade, se mirent en
ordre, &entrerent dans ia
Salle de la manière que je
vay vous dire. On vit paroistre d'ab-ord
une Troupe de Hautbois &
de Musetes, qui dans leur
Musique champestre nelais
Tante maternelle,de la Maison
de Pons, dont le Mary
estoit Frere de M'le Maréchal
d'Albret. Ensuite dece
petit Cupidon, venoient des
Egiptiennes d'une propreté
qui ne se peut exprimer, menées
par des Hommes tresgalamment
habillez. Madame
la Comtessed'Aubignyetl-
oitl'une d'elles,&ne
le rai(oie pas moins remarquer
par la bonne grace,que
par l'or& les pierreries dont
ellebrilloit. Cen'estoit que
Point (fE[pagne d'or & d'argent,
Brocard, TiÍFJ, Broderie,
avec des Points de
France admirables,& le tout
placé si à propos, & d'une
invention si nouvelle, que
l'agrément de l'Habit en
surpassoit encor la richesse.
De jeunes Bergers & Bergeres
suivoient à leur tour.
Quoy que leur équipage répondit
à la simplicité des.
Villageois, il estoit accompagné
d'un air de magnificence
qui leur attira bien
des regards. Ces Bergers
estoient suivis de Vieilles
& de Vieillards, avec des
Habits de plusieurssiecles,
& derrière eux paroissoient
des Espagnols, qui en finissant
la Mascarade avec la
gravité de leur Nation, donnerent
plusieurs Sarabandes
réjoüissantes. Ce ne furent
que Menüets de Poitou, où
1 Madame d'Aubigny ex-
:
cella, meslant avec le bon
*
air de Patis la justesse &:
l'agrément de Xaintonge.
Mademoiselle ChabotSoeur
de MrleComtede
-
Jarnac,
parut beaucoup dans cette
Assemblée, soit par sa bonne
mine & son air de qualité,
soit par la maniere dont elle
dança. Mrle Chevalier Chabot
son Frere, ne sedistingua
pas moins; mais rien
n'approcha du petit
,
Comte
deChabot,Filsaîné de M'
le Comte delarnac. Ce
jeune Enfant, quoy que sèulement
âgé de cinq ans, ne
laisse pas de dancer le plus
agréablement du monde-, &
si la force de ses jam bes répondoità
la justesse de (on
oreille, on ne verroit rien
de plus accomply. Il est
beau, bien fait, & d'une
taille qu'onpeut dire surprenante.
Parmy les Personnes de
qualité qui faisoient le plus
: bel ornement de ce Bal,
celles qui tenoient les premières
places, estoient Madame
la Comtesse de Miossens,
Madame d'Au
Madame laPrésidente d'Angoulefme,
& deux de ses
Soeurs, Filles de MrleComte
deBranac.&Petites-Niéces
- de feu Mrle Comte deBranac
,
Gouverneur de Xaintonge&
d'Angoulmois,dont
la Femme estoit Premiere
Dame d' Honneur de la
Reyne Mere, &Tante de
smeomdeb, léunee. fort grosse As-
Le Billet, tout composé
de termes nouveaux, dont
je vous fis part la derniere
fois, vous a fait connoistre
que le mot de gros est un de
<
ceux qu'on employé à tout
le plus indiféremment. Cependant
on ne peut pas dire
qu'il iok nouveau, puis qu'il atoûjours esté en ufàcre
& que s'ila quelque nouveauté,
elle ne consisteque
dans l'application que l'on
en fait. C'est ce qui donne
beaucoup d'embarras aux
Etrangers, qui ayant appris
la Langue avec soin, n'ont
jamais veu ce motemployé
que pour une chose qui a
véritablement de la gros
seur. En parlant d'un Homme
riche, on dit aujourd'huy
qu'il a un gros Bien. On dit
de la mesme sorte un gros
Seigneur, comme sile mot
de grandestoit condamné,
& on ne fait pas de refléxion
que ceux à qui cette mode
peut estre inconnuë, font
persuadez que c'est d'un
grosHomme qu'on veutleur
parler. Ce que cette mode
a d'insu portable, c'est que
dans le dessein de paroistre
du bel air, on a si souvent le
mot de gros à la bouche,
qu'on l'applique mesme à
tout ce qui est petit. Rien
n'est plus léger que la Gaze,
6c j'ay veu des Gens dire une
grosse Gaze, à cause qu'elle
estoit chere. J'ayoüy dire,
un gros chaud & un gros
froid,poursignifier que l'un
& l'autre estoit excelsis. En
cela on imite en quelque
façon les Matelots, qui ont
accoutumé de dire un gros
temps, quand ils veulent
1.
faire entendre que le temps
se met au frais, & que l'on
est menacé de pluye. On
dit encor, pour dire un bon
Homme & un honneste
Homme, ce sont lesmeilleures
entrailles d'Homme,&c. Les
Etrangers qui voyent les
mots écrits, ne doivent-ils
pas les pren dre à la lettre;
& quand on ignore à quoy
on applique ces méchantes
manieres de parler, commentpeut-
onconcevoir que
de bonnes entrailles d'Homme
veulent marquer un
Homme sincere?Joignez à
cela, desoler & desolant, dont
on iè serten toutes rencontres,
sans considérer que la
desolation ne convient qu'à
ceux qui sont dans les plus
grandes disgraces. Comme
ces choses n'ont qu'un certain
temps, quelle peine
n'aura-t-on point à en dé..-
chifrer le galimatias, lors
qu'on les trouvera écrites,
& qu'on ne s'en servira plus
en parlant, parce que la
mode en fera passée? Ces
, fortes de modes ne font bonnes
que pour les Habits. Ils
font usez avatqu'elles changent,
& ainsi ils ne sont jamais
sujets à blesser les yeux.
Y a-t-il rien qui choque plus
le bon sens que le mot de
violent appliqué à tout, &
aux choses mesmes de douceurs,
comme celuy de gros
aux plus délicates? Ce que
je remarque des unsdoit
estre entendu des autres,
dont je ne dis rien. Gell à
quoy il faudroit tâcher de
couper cours, comme on a
fait au Langage prétieux en
le joüant. Si on n'en eust
pas étalé le ridicule, ileust
insensiblement corrompu la
Langue, & on nous diroit
encor aujourd'huy qu'une
chose seroit surieusement
belle, quand on envoudroit
exagérer la beauté. Les mots
nouveaux sont fort diférens
de ceux qui ayant toûjours
esté en usage, ne sont proprement
que des manieres
de parler nouvelles. Un mot
nouveau est un mot dont on
ne s'est point encor servy
dans la Langue, qui est nouveau&
par luy-mesme, &
pour l'usage auquel on le
fait servir, & qui exprimant
une chose en une seu le parole,
épargne la peine de
recourir au détour. Destination
& impraticable, sont de
ce genre. Ce n'est point à
moy à décider si ces mots
sont bons, & s'ils expliquent
assez ce que l'on veut qu'ils
fassent entendre; mais je
croy en genéral, que le plus
méchant mot nouveau qui
expliquera en une feule parole,
ce qui sans luy ne
pourroitestre entendu que
par plusieurs, fera toûj ours
préferable aux nouvelles
manieres de parler dont la
plûpart blessent toûjours
autant le bon sens que celles
que je viens de vous
marquer. Il y a une seconde
espece de maniere
de parler d'autant plus condamnabe,
que ne signifiant
rien, elle ne sert qu'à faire
employer des mots inutiles.
On peut mettre du nombre
de ces mots, ilfautvoir,
il faut sçanjoir, & par toute
terre. Il est vray que ce n'cft
guére que par enjouement
qu'on employe lesdeux premiers
; mais pour l'autre, il
se dit presque toujours dans
le sérieux.
C'est trop pousser un Article
qui ne consiste qu'en
mots. Le temps nous fera
raison du caprice de laMode.
Tout y est sujet, commeje
l'ay déjà dit, & Mr de Bragelonne
Premier Président
au Parlement de Mets, l'a
éprouvédepuis peu de jours.
:Il est mort le 6. de ce mois, âgéde64ans.CeMagiftrac
estoit Fils de Mr de BragelonneConseiller
au Parlement,&
fut reçeu Conseiller
en la mesme Cour en 1637.
Il fut en suite Président en
la Seconde Chambre des
Enquestes, & apres avoir
exercé plusieurs années ces
deux Charges avec gloire,
le Roy le fit Premier Président
de son Parlement de
Mets. IlavoitépousélaFille
deMr de Marle, Chevalier,
Seigneur de Versigny, Pré,
sident en la Chambre des
Comptes, sortie d'une Soeur
de Mrd—e S.Poüoange,Maistre desComptes. Cett-e? Famille
de_Mar]e est des plus anciennes
de la Robe. Mr de
Bragelonne a laiddé sept Car.
çons, dont l'Aîné est Conseilier
à la Seconde des E-nquelles.
Lesecond a pris le
party del'Eglise,&s'applique
entierement,à l'Etude.
-
Je vous <pa~-~tj:y a deux
mois d'undesesSermons.
Le troisièmeestconseiller
au Parlement de Mets. Le
quatrième,qui est Lieutenant
aur, Gardes, s'est fort
distingué en plusieurs occasions.
L'Aînédes trois autres,
travaille fous Monsieur
Colbert avec une application
digneduPosteoùest;
& les deux Cadets, quoy
qu'encor fortjeunes, font
espérer beaucoup d'eux. Ces
Messieurs
Messieurs ont une Soeur,
mariée à MrdeValgran Concilier
au Grand Conseil. La
Famille desBragelonnes est
une des plusgrandes & des
plus anciennes de Paris. Elle
a possedé plusieurs Charges
dans l'Epée& dans la Robe,
&tire son originede Martin
deBragelonne, qui fut Prevost
des Marchands sous le
Regne de Henry II. Il y a
eu dans cetteMaison plusieurs
Présidens aux Enquestes,&
un Evesque de
Luçon.
Il est mort icy dans le
mesme temps un autre Premier
Président. C'estMrle
Goux de la Berchere, Marquis
deSantenay. Je vous
parlay amplement de luy &
de sa Famille, quand je vous
appris la Demission qu'il
avoit faitc de la Charge de
Premier Président au Parlement
de Grenoble, que Mr
le Marquis deSaintAndré-
Virieu possedeaujourd'huy.
Il avoirsoixante &treize ans.
Son Testament fait beaucoup
de bruit. Je pourray
vous en dire quelque chose
la premiere fois.
Nous avons aussi perdu
MrleCommandeur deMachault.
Voicy les qualitez
qu'il prenoit;ReligieuxSeigneur
Frere Charles de Machault,
Chevalier de l'Ordre
de Saint Jean de Jérusalem,
Commandeur de Fontaine
sousMondidier de Coulours,&
d'Amboise, Grand-
Vicaire, & Lieutenant de
Monsieur le Grand-Prieur
de France. Il a cité cinquante
ans Chevalier de
Malte, & pourrécompense
de plusieurs services considérables
qu'il avoir rendus
a l' Ordre, Mr le Grand-
Mailtre luy donnauneCommanderie.
Il en eue-une autre
par droit d'ancienneté,
& Mr le Grand-Prieur luy
donna latroisiéme. Ilestoit
Fils de Mrde Machault, qui
aprèsavoirservy leRoy avec
grand succés pendant plus
de soixante années,tantdans
les Charges deConseiller au
Parlement& de Maistre des
Requestes, que dans plusieurs
Commissions & Intendances,
futfaitConseiller
d'Etat, & môurnr-'fcnfin
Doyendu Conseil. Il laissa
plusieursEnfans,dontl'Aîné
estoitAbbé de S. Pierre, &
ConseillerauParlement à
la Premiere desEnquestes.
Le secondest Mr d'Elevane
ConseillerauGrandConseil.
Mrle Commandeur de Machault
dont je vous apprens
la mort,estoitle troisiéme;
& le quatriéme est Mr de
Machault, Seigneur d'Arnouville
, Conseiller en la
Seconde des Requestes. Mr
de Machault quia.cite Maistre
des Requestes & Président
au Grand Conseil, &
qui a eu plusieurs Emplois
des plus importans de la
Robe pendant plus de quarante
ans,estoit Frere de ce
Doyen du Conseil,&alaissé
un Filsqui est àprésent Intendant
de Justicedans la
Généralité de Soissons. La
Famille de Machaultestoit
illustre dés le Regne de
François I. & depuis ce
temps, on y aveu plusieurs
Maistres des Requestes,
Présidens aux Enquestes, &
Conseillers d'Etat. Elle est
entrée dans des Alliances
fort considérables ,sur-lefquelles
on peut voir Blanchard
& M:le Laboureur.
,,Tout-es cesmorts ontesté
précedées de celle de Madame
d'Ormesson, Femme
de M'leFebvredOr-tues-Qn,
Seigneur d'Ambroille,Maistre
des Requestes,arrivée
le 3. de ce mois. Elle estoit
Fillede Mrle Maistre Président
auxEnquestes,&Veuve
de Mrlç Roy Conseiller au
Parlement,lors qu'elle épou-
£1 Mr d'Ormesson. On fait ~~, grand tort au beau
Sexe, quand on l'accuse d'avoir
peu de fermeté dans ses
résolutions. L'Histoire qui
suit le tera connoistre.
Unejolie V~e~ve~ainmnt
le monde, -&' eii-hyàtbus,
les airs, m^nôft^rfe^teTautant
plus douc£,é{ue nese failantaucuireaffaitode(
c*ceurr
elle estok tôiîjdii^'dhumeur
à ledivertir,&acceptoit
toute sortede Parties,
plaisantes, sans songer ;,à.
autre chose qu'à parler les.
jours agréablement.Ses manieres
engageantes & honneftes^
luy-aVô8£hc donné
beaucoupd'Amies,&comme
elle ~cfîèkàuflîfpirituelle
que bienfaite, ôc que son
Bien répondoit à sa naissance,
on peut dire qu'elle
eust eu fort peu d'Amis, f);
elle eust voulu soufrir des
Amans;mais la liberté dont
le Veuvage la faisoit joüir,
luy semblant d'un prixinestimable,
elle s'estoit sihautement
déclarée contre tout
ce qui pouvoit avoir l'air
d'engagement, que parler
d'amour chez elle,c'estoit
assez pour estre banny. Par-.
my ceux que cette déclaration
n'étonna point, un Officier
revétu d'une des plus
belles Charges, de laRobe,
futundes plusassidus. Illuy
donnoit tout le temps dont
il pouvoit disposer, & disoit
les choses d'une maniere si
fine, qu'il estoit toûjours
écouté avec plaisir. Il demeura
quelques moisdans
un état de tranquilitéqui
plaisoit fort à la Dame.
Quelque entretien qu'il
eust avec elle, c'estoitl'esprit
seul qui y fournissoit. Elle
eut pour luy le procedé le
plus obligeant, & par les
marques d'estime dont elle
paya ses complaisances, il
luy fut aisé de voir qu'elle
n'estoit pas aveugle sur ses
bonnes qualitez. Ce fut ce
qui leperdit. Il crut avoir
assezdemérité pourvenir à
bout de toucher ion coeur,
& s'abandonnant à des sentimens
d'amour,qu'il navoit
encorosé se permette,
il s'en trouva tellement remply,
que ne pouvant plus
en estre lemaistre, il fut
contraint de se déclarer. Il
le fit dans les termes les
plus tendres &les plus respectueux
,&en jurant à la
Dame qu'il ne vivroit jamais
que pour elle, il luy offrit
enfin le sien, ôeluy fit entendre
faiu aucundétour,
qu'elle cesseroit d'estre vifibleppuioiuy:/
is>d prétendoit
[el mettre aupresd'elle
surlepiedd'Amante Lamenace
luyfitpeur. Ilpromit
de suiwim.CDcr4 qui déplaisoit,&
qUOyi que de temps
en temps il trouvast laDame
seule,ilsecontraignitsi bien,
qu'il demeura dansles teF-i
mes qu'elle luy avoitprescrits.
Cependantsisa bouche
se taisoitsesyeuxparloientendépitdeluy.
Ildeyiru:
'irefvcuiN:&*>tmelancoi
x» 1
lique,&lechangement de
son humeur découvrit bientost
ce qu'il tâchoit de ca- cher,LaDamequiavoit sa
politiquene voulut rien
voir de ce changement. Elle
espera que le temps le guériroit.
Aucun de ceux qui venoientchez
elle, n'estoit
mieux traitéque luy, &c'estoit
adfez pour l'obliger,d'entendre
raison. Il l'eust peurestre
enfinentenduë,si pour
son malheur un Cavalier fort
bien fait ne luy eust donné
de la j alousie. C'estoitun de
cesCoquets de profession,
qui disantce qui leur plaist,
ne' pensent rien de toutce
qu'ils disent. Il sçeutde quel
caractereeitoitla Dame, ôc
trouvant qu'illuy seroit glorieux
de venir parler d'amour
dans un lieu, où les
mieux reçeusn'avoient pas
ce privilege, il s'introduisit
chez elle, luy conta mille
douceurs, & dés la premiere
fois [et déclara son Adorateur.
Tout ce qu'il disoit
estoitremply d'enj oüement,
& cet enjoüenient empeschantdecroire
qu'il eust
dessein de persuader, il eust
salu sçavoir peu le monde
pour se fâcher de son badinage.
LaDameque lemot
d'amour épouvantoit,voulut
l'obliger à s'en défaire, mais
illuy soûtint qu'aimer autrementles
Belles, c'estoit peu
les estimer,&quelquepeine
qu'elle eust àsoufrir ce terme,
il salut enfinqu'elle s'en
accommodast. Ce qu'il y
avoit de particulier c'est
iu'il ne cherchoit jamais le
teste à teste pour l'entretenir
de son prétendu amour. Il
s'en expliquoit devant tout
le monde,&cela n'aidoit pas
peu à faire connoistre que
c'estoit un jeu d'esprit où le
coeur ne prenoit aucune part.
Quoy qu'ilfust peu assidu,
l'Officier ne laissa pas de le
chagriner de ses visites. Le
langagequ'il parloit luy
estoit infuportable. Ils'attachoit
aux paroles sans examiner
le ton, & jamais commerce
étably sur de vrays
soins, ne fit naître plus d'alarmes.
Sa raison avoit beau
luy faire voir que les airs badins
du Cavalier, rendoient
ses douceurs sans conséquences.
Ilprétendoitqu'en
feignant debadiner, on ae*"
coûtumoit insensiblement
les Gens à écouter desprotestations
detendresse
,
&
préoccupé de cesentit-nent.,
il s'abandonna si fort à sa
jalousie, qu'il fit mille plaintes
à la Dame deslibertez
qu'elle laissoit prendreàion
Rival. La Dame qui n'efl
toit pas faite pour les remontrances,
luy dit d'unairassez
froid, qu'il s'y prenoit mal
pour faire bannir le Cavalier;
que soit qu'elle fust
bienaise de s'en voir aimée,
soit qu'en l'écoutant elle
cherchastà s'en divertir, il
suffisoit que ses visites luy
plussent pouio les recevoir
toujoursagreablement, &
que se mesler de luy donner
des leçons, ce n'estoit pas le
moyendeluy faire changer
de conduire.Deux ou trois
Personnes qui survinrent,
empescherent que la convention
ne continuait. Il se
passa quelque téps sans que roncier osait témoigner
son désespoir; mais s'il cessa
de le plaindre, il ne cessa pas
d'estre jaloux, & parconséquent
de se rendre haïssable.
Sitostque leCavalier entroit,
c'estoit un chagrin qu'il ne
pouvoit déguiser.Il ne parloit
plus, & à l'humeur noire qui
le saisissoit,on remarquoit aisemés
que son silence venoit
de la jalousie.LaDame qu'il
commençoit a importuner,
résolut d'y donner ordre.
Voicy pour cela l'occasion
qu'elle prit. Il y avoit trois
semaines que -
le Cavalier
estoit en Province,où quelquesaffaires
l'avoient appelle.
L'aimable Veuve que
son absenceinquiétoit peu,
n'en passoit pas moins d'agreablesl>
eurç§.>Eli9^Qybit„
sesAmis, cherchoit les plaidrs
à Ton ordinaire, & rOssi.
cier que l'éloignemet de.
son RivalAvoitdélivre d'un
objet fâcheuxparoissoit
guéry deses visions,quand
estant u#j,our entré, dans la
Chambre delaDame., qui
achevoit une Lettre dans son
Cabinet, il en prouva une sur
la Table, quece.jour-làmeC
me .cUe avoitreçeuc du Cavalier.
Illuyécrivoitdu mes,
me stile dont ille servoit en
luyparlant; I/x comme elle
Hayoitpas.dèfleiad'en, faire
mistere, elle avoic cru de peu
d'importance de l'abandonner
aux Curieux. L'Officier
la prit, & leutces Paroles. N'Appréhenderrien pour
m&s (oûpirs. Ilssçavent
trop bien leur -chemin*four s'égarer
&je leur ay si bien appris
la route qu'il faut qu'ils
tiennent, lui; arrivent toujoursseûrementouje
le$enioye.
Il ne s'agit feulement que de
leur faire une meilleure reception
,
&de ne les pasfaire attendre
longtemps a la porte. Le
moind,re peti- t soûp*irdé7p~esché
vers euxde njojwe pdrt, leur
firoit merveilleusement bien loi
bonnearsde che^vous; g de
bonnejvyjquoyp'quevous cr&yti^
peut-estre qu'ils font peu timides}
ilsauraient ajje% bejoïn
d'unjtmblable Conducteuryour
s'introduireavec mains de crainte.
Ce n'cft pas la vous obliger
L a grandedépenfi
>
fé) vous ne
fçaurie^ ce meJemble> lesrecevoiramoindre
jhâs;makpour
leurmalheur> 'VOUJ efltsavare3
& je crains bien que vous ne
l()t!)¡ez quelquefois ces pauvre.
soûpirs fort ma-'lx à leuraise. Irl/
ejl vrayquils nefont pas trop
fatiguez, quoy que le voyage
sist ajJeZ long, dr qu'ilsl'ayent
fait tout d'une haleine. Ils volentvers<
vom auxmoindres ordres
de mon coeur 3 & partent
toujours sans qu'ilssefajjent
prier. Ilyen a mesme de tons
prefis,félon les occaJions) aJe
relayer les uns les autres
„ &
jamaissoupirs ne furent demeil-.
leure volonté, ny pluspropres a lacquiter des commissions dont
ilsfont chargez.Si vous leur
vouliez donneraudience3chacun
afon message à vousfaire. Cefoy-
cy vous apporte des nouvellesdel'attachementquej'aypour
vous,
- ,.J
'vous. Celuy-lavous doit rendre
Compte du chagrin que me cauje
njoftreahjence3 si) ainsi du refit.
Makily en a toujours quelqu'un
parmy :eux quia l'adreffi
deJe détacherdes autres, & qui
furete par tout sans eflre apperçeu
3
pour mavertïr-de ce qui Je
ptijje. Iltachemesmelemieux
i'U'il peut aseglijjer dansvOfl,re
*oeurj quoyque l'entrée luy en
^aroijfèdiffic/ir'le. Ilyemjïloye
toutce que ia irufe a pu
luyapprendre, depuis qu'ilfait
lemcÉier desoupir. Comme il
Doudrcit bienjefaire écouter, il
prend un ton des plus tendrez
mais grâce a la dureté de l'ofhr
~s'~r~ cesi du tempsperdu, @r
Dieu ffait- comme issait malsa
cour aupres de moy 3
quand je
découvrequ'il a sipeu fait la
mienne aupres de vous.
ila
beau
dire. Ilfujfit qu'il ne me rapporte
pas unsoupir de njoflrepart.
Je le querelle d'importance, &
j'en dépesche auffitojl un autre
encor mieux ,escorté., quefinf
truis toutde nouveau qui
semble me repondre de mieux
réÙssir. Je ne jfçaysia lafin leur
negotiation ne fera point plus
beureufie.J'attens de leurs nouvelles
a tous momens avçcgrande
inquiétude3 mais je nepuis
4Jez vous ledire.
Recevezmieux leur doux
message.
Ils vous diront toâjours ce qui se
patteenmoy.
Vous pouvez sans façonécouter
ieurménage,
Iris, ils fontde bonne foy.
Mon coeur de Ces secrêts les fait
dépositaires,
Sur eux il peut sereposer,
Etdans leurs tendres minis.
teres,
Ce ne furent jamais Témoins
à récuser.
CetteLettre fit retomber
l'Officier dans sespremieres
foibleiTes." Quand ilcftam
entré chez la Dame-,-On luy
avoir ditqu'elle ecrivoit.
Il Vijnagiria' qùé^ftoit
au Cavalier, & cette pensée
le laissa si peu maitre de
luy- mesme; iqu aussi-tost
qu'elle parut, ill'accabla de
reproches, La Dame ravie
qu'un pareil emportement
autorifailla rupturq, luy dit
sans trop s'émouvoir, que
puis que l'amour du Cavalier
leblessoir, il feroitfort logement
de renoncer à lavoir,
parce que n'estantplus d'humeur
à se contraindre , elle
avoitfort résolu de faire écla- - ter à sonretour l'intelligence
qu'il ne connoissoit encor
qu'inparfaitement. Elle tint
parole, & le Cavalier futà
peinerevenu,que luy apprenint..
la bizarre,jalousie de
l'officier, ellele pria de la
voir assiduement, afin que
le rencontrant toujours; le
dépit qu'ilenauroitlefor-
- çait àdéserrer, &la dertit
d'un Extravagant qui ne la
voyoitque pour luy faire des
plaintes. Le Cavalier reçeut
cetordre- avec joye, & fut
ponctuel à rexecucer. Ainsi
l'Officierne venoit plus chez,
l'aimable Veuve qu'iln'y.
trouvait ce fâcheux Rival,,
ou qu'il ne survinst un moment
après. Jamais Jaloux,
n'eut tant à soufrir. La Dame
& le Cavalier estant de con.,
cert pour joüir de ses cha-,
grins, plus il en faisoit paroistre,
plus l'un & l'autre;
estoit enjolie. Ils se faisoient,
un plaisir de toutes ses peines
, & leur belle humeur le
mettantau-désespoir, il jura.
vingt fois en quittant la.
Dame qu'il ne la verroit ja-.
mais, &vingt fois l'amour,
le tamenamalgréluy. Enfin
âpres avoiréprouvé pendant^
deux^moisij tout ce
qu'un Rivaluiavorifë fait soufrir de plus cruelà un
Amant-malheureuxils'arma
d'unesi forterésolution,qu'il
rompirentierement. LaDame
quin'avoitrien souhaité
avec plus d'ardeur, rendit
grâce au Cavalier de la coniw
pl-aifanèe qu'il avoir euë, de
luy marquer de rempressement
quand les apparences
Kiy en avoient esténecessaires
;e&.. par reconnoissance
de lacontrainte qu'il avoÍtbien
voulu s'imposer, elle
luy permit d'estre quinze
jours sans la revoir.Apparemment
elle devinoit que
1re Cavalier ne prendroit pas
ce party. En effet, il s'estoit
si bien accoûtumé au tour
d'esprit & aux manieres engageanres-
dela Dame, que
l'habitude de luy conter des
douceurs tournapour luy en
necessité.Leplaisir qu'il y
trouvoit luy estant sensible,
il s'examina sur ce plaisir, &
à force de luyvoir dit
qu'elle estoit aimable, il
s'enreconnutvéritablement
charmé. Son coeur ne luy
eut pas plûtost appris cette
vericé, qu'avec sa liberté ordinaire
il en instruisitlaDame.
Quoy qu'il luy juraft
que c'estoit tout de bon qu'il
luy parloit, elle ne voulut
point démester si la délarationestoitsérieuse.
Le Cavalier
luy ayant le lendemain,
non feulement tenu le mes.
me langage, mais protesté
qu'il seroit ravy de luy témoigner
en l'épousant qu'il
n'y avoit qu'elle qui puii
faire son bonheur, elle rougit,
demeura tpuce interdire,
& le contentaMe le prier
d'estre sage sansqu'elle eust
la force de (efâcher. Ce fu&-
caoloerusrà(qounc'eolulere.xamina son
cet examen
ne servit qu'à'luyapprendre
combien il dl dangereuxde
hazarder une feintepaillon
avec un Homme digne
d'estre aimé. Ellesentit qu'il
ne feroitpas enson pouvoir
de bannirleCavalierde chez
ellecomme elle en. avoit
banny l'Officiery&se défiant
de sa foiblessès'il continuoieà
luypàrfepférieufèment,
elle luy tfftatoutes les
occasions du. teste à telle
qu'il commençoit à chercher.
Elle fit plus. Elle forcit:
fort souvent pour enrecevoir
de moins fréquentes
vinces; maiscette contrainte
augmentant lc" mal qu'elle,
croyoitaffoiblir, elle résolut
d'y employer un plus seûr
remede. Elle estoit alliée
d'une Maison quiluy,donnoit
beaucoup de crédit aupres.
desPuissances, & le
- Cavalier: ayanttdu service;
elle obtintpour lûys sans,
qu'il en sçeustrien, un Em-*
ployconsidérable. qui 1-éloi*
gnoit de Paris. Jugez de la*
surprise qu^lei&enj^£e^4i\c
L'expéditiond'unechose
qu'il n'avait pomcjdemaa^
dée. Ilallatrouver la Dame,
luy parla du Porte qu'on luy
avoittdeftiné,' pourluy
prouver que l'ambition ne
pouvoir rien, sur son cccuc
depuisquel'amour s'en
estoit rendu le maistre, il
l'assuraqu'il renonçoit à.
l'Employ, & qu'il estoit incapable
d'accepter, ce qui,
devoit le séparer d'elle. Ce
sentiment obligeant ne put
ébranler la Dame. Plus il
luyfitvoirde veritable ten-
«dferted1plusi4'a&rmii dans
le dessein^dè> remedier au
désordredeson coeurpar l'éloignement
duCavalier.Elle •
> luy^pprk-quàyaEM:cherché
deîjempsàrendre ferviceà'fus-
lAmis sans qu'ils
iTenfoUicicafieHt^elleavoit
fait demander l'Employ
dont ilseplaignoit, qu'ilne
pouvoirluy donner de plus
fortes marquesde son esti-
:« toie, qu'envoulant bien luy
'devoirdecom111encement
«de safortune;quelletâcheroirde
Taugmeater,quand
l'occasion s'en offriroit;&
que ne pouvantrépondre
àsapassion, ellen'avoit rien
trouvé deplus propreà l'en
guérir, quede luy rédre l'absenced'une
necessité indispensable.
Le Cavalier résista
longtemps. Il luyprotesta
cent fois qu'iln'estoit point
de fortune qu'il considérast
s'il falloit se priver d'elle, &
laconjura dans les termes
les plus tendres, de disposer
de l'Employ qu'elle avoit
brigué pour luy; mais il eut
beau faire. Elle voulut absolumentqu'il
partist,& luy
fit si bien comprendre que
la connoissance qu'elle avoit
de son amourl'obligeroit à
!le le plusvoir, qu'il fut enfin
contraint d'obéir. Illa quita
apres lesadieux les plus touchant,&
dans sonmalheur
il eut la joye deconnoistre
que ce n'estoit pas sans se
faire violence qu'elle consentoit
à[on départ. On m'a
appris qu'ilsentretiennent
commerce de Lettres.Iln'y
a rien de plus dangereux
entre Gens quis'aiment. Si
le Cavalier vient à bout par
là de fléchir la Dame, je
vous instruiray de ce changement.
Je vous envoye à mon ordinaire,
uneChanson d'un
grand Maistre. Il meseroit
inutile de rien dire davantage
à unePerfonne qui s'y
connoist aussibien que vous.
CHANSON. TVmai promis centfois-,
JVuct:i viendrasfeulete
Btiiar de(Jus ihcrbete
Avecmoy dans nos Boi!.
Ah, <iljyvicïisdonc, maiietgerc,
Notu n'avons que tîop attendit;
Songe qu'unflaijîr qu'on diferc>
Souvent cftunfiaiftrperdit.
J'adjoûtelaRéponse d'une
Dame à ce qu'avoit dit un
Cavalier, que laPoësie n'estoit
qu'un jargon d'amour,
& que le coeur avoit bien
moins de part que l'esprit
à toutes les protestations
qu'on faisoit aux Belles,
quand on s'expliquoit en
Vers. Ceux-cy sont du Fils
d'un Auditeur des Comptes
de Dijon,quiarépondu
au nom de la Dame.
REPONSE A DAMON. QVAnd oncfl comme vous F&-
vory d'Apollon,
On peutjoindreAijcment l'ejprit
avec la rime;
MaüJij'ojë rimer, je crois commettre
un crime,
Moyqu'on ne vitjamais dam,le
sacréVallon.
Cependantje mefins dans unepeine
extrêmey
Vostre Musi,pamony a
brillédarts
vos Fers;
Ets'ilfaut a mon tourluy répondre
de mifWJt, Jt rifijueenlefaisant, deparlerde
travers.
J1tVfUlXtvous mettre mal avec tout PArnaj¡;" -'
Vousfaire des NeufSoeurs encourir
hdtfgraeCy
Etvomvoir en querelle avccque le
boasens.
£>Moy donc? vous appeliez,un
d'amourette,
Cequifait en,toutlieu, ce quifait•
en tout temps
Lclangagt des DÙ//x;.& celuy des-
Amans?
Scachez, quepourparler defaflkmt -
fecrcte,
L'Art de lu Poesie ej1 d'un tresgrandfeceursi
J$Mefejprit injfïred'um Musi•
difcretc,
Trouvepours'exprimermille charmltns
détours.
Telainftbiensouventexpliquât
sa tendreffi)'
Seaitfléchir en amourkcoeur d'twt
MattrejJcy
JHhùmalgré tom sesfoinseson
empressement,
Ne le toucheroitpoint, s'ilparbit
autrement.
FVooyyeez,rssiiddeeTTyyrrccitss jJee ne fuis ppttU4
charmée,
Jïluandpar les doux tranfiorts de fit,,
Mufe animée
il vient me raconterfin bonheur
sans égal,
Ousiplaindre des maux que luy
eausi ltii Rival.
Damm, enamitiéjevouscwis fathabile,
Maisfans~dwtêl'4v*OMV9H* efi
, fortpeu connu, te*nCfdtfllruyequi deane aux Versun tour &facile,
Sans lay,pour engager, l'efirit efi
inTltile.
sS--iijjnt4fe.frià ïêcnHtvw*<~pwvenu,
Çicntolfensa faveur vomferiez.
prévenu.
Mats quelle efimon err't:? ût'k vjy4t<
v.ojheftUty,
Nc doit-je pas, scavoir que l'Art di
bienrimer,
Vota n'avez, pu,DamQïi, l'apprendrec
finsaimfrr-
On vous aura peut-estre
déjà fait sçavoir le Mpiage.-
de Mrle Marquis de Laval,
dont je n'eus pointdeMémoire
le dernier Mois. Il
a épousé Mademoiselle de
Fennelon, Fille de Mr te
Marquis deFennelon,Ue~
tenant deRoy de la Marche.
Le nom de Laval estassez
connu, & parl'Histoire,&
par l'illustre Famille dont ce
Marquis estsorty, pour me
dispenser de vous en faire
un fort grand détail. Tout
le monde sçait que les Comtes
de Laval font aussi anciens
que célebres. Mathieu
de Montmorency, premier
Gonnestabledesa Maison,
croyantne pouvoir choisir
une plus belle alliance pour
un desesFils,illuyfitépouser
l'Heritiere de Laval, à
condition qu'il en porteroir
leNom&lesArmes. Il ne
les prit pourtant pas pleines
comme elles estoient de
gueules à cinq Coquilles
d'argent, & se contenta de
charger la Croixde Montmorency
des cinq Coquilles,
cantonnéedesseize Alérions
d'azur, comme nous
les voyons encor aujourd'huy.
Depuis ce temps-là,
cette Branche a toûjours
continué de Pereen Fils
fous le nom de Laval, jusques
à celuy dont je vous
parle, qui représente l'Aîné
de cette Maison. Il attend
de fort grands Biens, qui ne
peuvent luy manquer apres
la mort de deux Doüairières,
à qui il fournit de tresfortes
Pensions. Il a esté
élevé par une Mere qui luy
a inspiré les sentimens d'une
oeconomic aussi bien reglée
que le peut estre celle de la
,- maison 01) il s'allie, Mr de
Fennelon ayant augmente
ses Revenus de plus de la
moitié, tant par ses propres
foins, que par le bon niénage
de Mademoiselle de
Fennelon sa Fille. Ainsi ces
deux Maisons estant confonduës
fonduës en une parce Mariage,
rendront un jour Mr
de Laval aussi puissant à l'égard
des Biens ,que les
avantages de sa Naissance le
rendent conifdérable. Il a
un Frere Abbé dont le mérite
ne peut longtemps demeurer
fafts récompense, &
uneSoeur, Fille de Madame
la Dauphine, qui par la
bohne grace& les agrémens
de sa Personne, a droit d'cC.
perer toute la Forrune dont
elleest digne. Mrle Marquis
dejjoineiçn Beaupcre
de Mr de Laval, luya fait
donner la iurvivance de la
Lieutenance de laMarche,
quiquoy que la plus petite
du Royaume, a neantmoins
de fort grands appointemens.
Onpeutremarquer
dansce Mariage la verité de
ce qu'on dit ordinairement
detousles autres engeneral
selon leurdiversedestinée. A
ne regarder que les apparences
la rupture sembloit en
estreinfaillible. La longueur
mesme de deux années qu'il
a traîné, paroissoit avoir entierement
détaché le coeur
4e l'Amant de celuy de sa.
Maîtresse. Cependant leur
tendresse,&leur confiance
ont prévalu sur tous le obstacles,
& le mérite de Mademoisellede
Fennelon l'a
emporté (ùr la froideur de
MadamedeLaval sa Belle-
Mere, qui enfin y a donné
son consentement , sans
quoy le Mariage ne se pouvoit
faire, Mr deLaval
n'ayant pas encor atteint
l'âge de majoricé.Quoy
qu'il soit jeune, il ne laisse
pas d'avoirl'air posé & retenu.
Il est blond, de bonne
rnine.) & de ces tailles avantagcuies
que l'on estime par
tout. Il a l'ame noble& élevée,
voulant vivre en grand
Seigneur, & soûtenir lerang
&le titre du nom qu'il porte.
Il paroist avoireu une tresbelle
éducation, & pour
n'estre point sorty de la Province,
il est surprenant de
voir combien ila les grands
airs, & les belles manieres
de la Cour. Aussi y est-il
tous les joursavec un agrément
fort satisfaisant pour
luy, & dans une distinction
qui promet qu'il y tiendra dignement
sa place.Surtout
il est ne avec un il grand
fond de civilité & d'honnesteté,
qu'on peut dire qu'il
sefaitunplaisir de s'abaisser
avec ceux qui sont d'un
rang au dessous du sien.
Il les comble de milletémoignages
de bonté, qui
luy acquierent une estime
generale. Madame sa
Femme le Secondemerveilleusement
bien en toutes ces
choses. Elle avoit jusques à
son mariage cachécomme
sous la cendre plusieursbelles
qualitez pour le monde,
qui ont brillé tout d'un coup
Gline maniere étonnante. Il
avoit paru qu'elle se mettoit
peu en peine de se montrer
à la Cour, foit que la douceur
de la vie privée luy pluft
davantage qu'un Poste d'éclat,
soit qu'elle crustlaProvince
un sej our plus propre
à mettre en pratique la devotion
&la pieté, soit qu'enfin
elle fust bien aise de se
confcrver dans la modestie
qui est si séante à une Fille
bien née;maisdepuis elle a
trouvé le moyen de concilier
toutes ces choses. Elle s' est
fait présenter à la Reyne ôc
à Madame la Dauphine, &
a continué àleur rendre ses
visitesréglées comme toutes
les autres Dames de la
Cour. Elle s'yest déja si bien
façonnée, qu'ondiroit en la
voyant qu'elle y a esté élevée
dés la plus grande jeunese.
Aussi a-t-elle tous les
avantages qu'une Personne
de qualité peutavoir. Ell
est degrande tille, d'un air
noble, d'un esprit fort meûr.3,
a les manieres les plus engageantes
,?'& sçait parfaitement
bienchoisirlesajustemens
qui luy convienncnt.
Mais ce qu'on admire
en elle plus que toutes choses,
c'est qu'apres avoir témoigné
longtemps de l'indiférence
pour le mariage,
elle vit avec Mrle Marquis
deLaval dans la plus tendre
union qu'on ait jamais
veuë.
nal Mazarinsous le Regne
de Philippe IV. Roy d'Efpagne,
dont il estoit le Premier
Ministre,a trouvé mauvais
que l'Ambassadeur Extraordinaire
de Malte ait visité
celuy de France avant
luy, qui a la mesme qualité
d'Ambassadeur pour le Roy
son Maistre aupres de Sa
Sainteté; & pour luy ea
marquer son ressentiment,
Mr l'Ambassadeur de Malte
l'estant allé voir apres un
jour pris pour en avoir audience,
lors qu'il eut appris
qu'il estoit sur l'Escalier,il
luy fit dire par le Doyende
ses Estafiers, qu'un grand
mal de reste ne luy permettoit
pas de le recevoir. 1Cet'
Ambassadeur ne fut pas plutost
forty, qu'il rencontra
celuy d'Espagne enCarrosse.
Le sujet d'un procedési peu
juste fut au ssitostpublié ce
qui fit dire à tous ceuxqui
sont de-intéressez,que Mr
le Marquis de Liche avoit
trouvé un tres-seûr moyen
de faire éckter_fn peu dé
temps- auxyeux de toutela
Terre le glorieux avantage
quelesRoys de France ont -------------
toûjours eu de précéder tous
lesautresRoys. Cedroitest
tellement étably dans la
Cour de Rome, que vouloir
le disputer, c'est non-seulement
vouloir se déclarer
contre la jufiice,nlais encor
contre tout ce qui se pratique
dans cette Capitale du
Monde Chrestien. Vous aurez
sans-doute entendu parler
des Cérémonies du Soglio.
Le Soglio veut dire le
Trône où se metlePape,
lorsqu'il tientChapelle Les
Ambassadeurs sont tous aux
deux costez de ce Trône, &
celuy de France y a toûjours
précedé ceux de tous les
Roys qui s'y sont trouvez.
Philippe IV. Roy d'Espagne.,
Mr le Maréchal d'Estrades,
&: Mrle Baron deVatevifij^i^:
estoient alors Ambassadeurs
en Angleterre, l'un pour le
Roy de France, & l'autre
pour SaMajesté Catholique.
Ils se devoient rencontrer
ensemble à l'entrée d'un
Ambassadeur. Mrle Baron
deVateville qui sçavoit que leCarrosse de l'Ambassadeur
de France devoit préceder
le fien, &que le droit
& l'usage reconnus dans
toutes les Cours estant contre
luy, illuy auroit esté inutile
d'employer des raisons
pour obtenir ce qu'on ne
luy auroit pas accordé, résolut
de se servir de la force,
ôc fit attacher son Carrosse
avec descrampons de fer
au Carrosse qui devoit précéder
celuy de
Monsieur
le Maréchald'Estrades,
afin d'empescher par - là
cet Ambassadeur d'avoir la
place qui luy estoit deue.
Cette violence fit beaucoup
de bruit. Le Roy s'en plaignit,
& avec justice. Toute
l'Europe entra dans ses interests,
ôe Philippe IV. Pere
du Roy d'Espagne qui regne
aujourd'huy, reconnoissant
•que le droitde précederappartenoit
auxAmbassadeurs
deFrance), le fit déclarer publiquement:
encetteCour,
entensa la Cour de Loüis
.leGrand,le 24. Mars de
l'année 1662. par Mr le Marquis
de la Fuenteson Ambassadeur
Extraordinaire, en
presence de huit Ambauadeurs,&
de vingt-deux Résidens
ou Agens. Mrle Marquis
de Liche, convaincu
par toute forte de raisons,
s'estexcusé sur une prétention
imaginaire,,quiestque
les Ambassadeurs de Malte
doivent leur premiere visite
à celuy d'Espagne,parce que
cette Isle est un Fief du
Royaume de Sicile. C'est
avoüer nettement que le
droit des Ambassadeurs de
France ne peut estre contesté,
que de ne prétendre
les honneurs en préfèrenee
quedeceux deMalte;ce qui
cependant est disputé aux
Ambassadenrs d Espagne
par le droit & par l'usage,
puis que l'on fait voir que leCérémonial Romain est
pour les François,&: que les
Grands-Maistres de Malte
se sont de tout temps reglé
sur ce Cérémonial. Ainsile
droit de France est reconnu
de toutes manieres. Ill'est
par rusage;ill'est par le Cerémonial
Romain, & il l'est.
logne. Elle a fait connoistre
que la valeur des François
elt redoutable par tout, &
que le nombre ne peut rien
contre eux quand lajustice
soûtient leur bravoure naturelle.
Ces Ambassadeurs revenant
un soir assez tard à
leurHôtel,passerent proche
de celuy du Palatin de Po~
losck; où un Dragon de ce
Palatin voulut desarmerun
Page de Mr le Marquis de
Vitry. Le Page qui ne se connoissoit
point à rendre l'Epée,
se mit en état de se défendre
sanss'étonner de
plus de -foixal-ite Dragons
armez de Sabres & de Haches
d'armes, qui joignirent
leur Camarade dans le
mesme temps. Il fut soûtenu
des Gens de Livrée, & de
quatre Gentilshommes de la
Suite des Ambassadeurs, qui
sortirent de Carrossé, & malgré
l'inégalité du nombre &
desarmes, ilsrepousserent
l'insulte avec tant de promptitude
& de vigueur, qu'ils
tuerent un Dragon, & er
blesserent dangereusement
trois autres, avant que Mrle
Marquis deVitry eust pu
mettre pied à terre pourempécher
ce désordre. Mr le
Marquis de Janson,Neveu
de M:r l'Evesque de Beau,
vais, eut le menton abatu
d'uncoup de Sabre, & trois
Gentilshommes & deuxPagesreçeurentquelquesblesseures.
Le lendemain lePalatin
de Polofckalla, trouver
les Ambassadeurs,parordre
de SaMajesté Polonoise, &
leur offrit toute la fatisfaéfcïon
qu'ils souhaiteroienr.
Elle fera grande, s'ils la veulent
accepter proportionnée
à l'injure. Je vous manderay
la premicre fois ce que j'en
fçauray.
Le Roy déclara ces jours
partez le Mariage de Mr le
Duc4es,Aignan,
avec Madeinoifelle
de Rancé. Elle
avoit esté élevée aupres de
feu Madame la Duchésse de
S. Aignan,qui l'aimoitavec
beaucoup de tendresse, &
la traitoit avec une grande
distinction. Des raisons de
Famille avoient obligé feu
Madame de Rancé sa Mere,
à. la mettre aupres de cette
Duchesse,& à cacher son
véritablenom sousceluyde
Lucé. Elle jouit de la Terre
de Rancé, Maison noble &
ancienne, prés de Chastillon
sur Indre, dont les Armes
font de gueules au chef d'or,
charge d'un Lion partant
d'azur. Cette nouvelle Duchesse
est fort agreable, a
beaucoup d'esprit, & s'est
toujours fait fortestimer par
sa pieté & sa vertu. Le Mariage
se fit à la Ferté S. Aignan
au commencement du
mois de Juillet dernier, &
elle est présèntement dans
le neuvième mois de sa grossesse,
Comme la Lettre que
MrdeS.Aignan a écrite à Sa
Majestéle15deceluy-cy,a.
Veilé vûe de plusieurs Personnes,&
que ce grand Monarque,
quiconnoistlezele&la
fidélité dece Duc, aussibien
quesonmérite, s'estdonné
la peine de la lire luymesme
aux principaux de sa Cour,
j'ay crû la devoir donner
icy.
LETTRE DE M'
LE DUCDE S.AIGNANr
AU ROY.
S IRE,
- Que les Sujets font heureux,
qui nvrvenpfous le Regne d'un
Monarque jufle, puiffant3 viclorieux
& dont les grandes
qualitez attirent Vadmiration
de toute la Terre! NIais, SIRE,
que les DomejTiques de Voflre
Majesté font bien encor plus
fortuneK,, puis qu'ayant l'honneur
neur dapprocherdeJaPerjonne
sacrée
,
ils peuvent voir deplus
près ses lumieres, les bien considérer
quoy qu'ils en foitnt
éblouisj & luy voyant joindre
des bontek si tendres avec un
pouvoirinfiny
j
ils trouvent
dans la majesté d'un GrandRoy
le meilleur detous les Àdaiftres!
Cess
,
SIRE,parceque j'en
fuis bien perfuadé\ que je prens
la liberté de luy rendrecompte
de la plus importante araire de
ma vie. JefaySIRE,qu'à
parlersincérement, je ne fçaurois
estre tout-a-fait excusable d'une
faute que faycommifejedevois,
maigre les rai]uns qm 'Vontsans
doute la diminuer de beaucoup,
me tenir plus exactement dans
les fermes
, &donner lieu à la
yijlice de V. AL d'approuver
avant l'exécution de mon de
•" pin
, ce que je crojois bien
'lu'EUe approuveront en Ju.te;
mais, SIRE, leplusJolideefj?rit
du monde peut-il raisonner toujours
également; & quand on a
comme moy le coeur trcs-sensible
lagloreaeK.tendre pour
amour, souffre-t-on patiemment
de voir la premiere outragée, &
l'autrejrms espérancet V.M.
SIRE, à laquellesavois oje en
c.vjf? n'en ejioitp.is cf+ctâ:c. Une
ratjon bien plusfortesyj1o. ignit
encore. Le Clelacheva de
TvaincreIce q'ue les raisons de la Terrecombatoient a1e/Ja avecpeu
desucces,&1*njigneur de mon
tempéramentvenant aJejoindre
aux chagrins de mon espr.t, je
ne crûs pas qu'il sufl en mon
pouvoir de vivre bien longtemps
comme j>avois fait depuis jix
mots; & craignant d'eflre contraint
d'offencer Dieu, je jettay
les yeux sur une Demoiselle que
par des raisonsde Famille feue
Madame de Ransé sa Mere
avoit mtje des l'âge de cinq ans
auprès de ma Femme dans un
ranr bien au dessousdesa naissance
; d'une fïlle que plus de
quinze ans avantsa mort, feue
ma Femme qui la connoissoit
parfaitement3quiïaimoit
avec tendresse> mavoitsouhaitée
si je venois à la sur-vivre;
de qui la pieté est exemplaire,
laverl'U folide3 tesprit doux ér
agreable;) -le naturel tendre: Et
V. M. SIRE) va connoistre sa
modération; d'me Pcrfonne
connue& eflimee de moy depuis
plusdevingtansJ dequi ïefprlt
eftmeûr,& qui enpaffant trente
>
n'est plusfufceptwle d? ces
kgeretczqtÚ emportent quel-,
qurfois la grandejeunesse,après.
s'eflre longtemps formce surun
modclle plein de vertu; d'une
Fille que j'ay eu peine a refondre
a me donner la main> de
crainte que son choix ne me
nuifijlauprès^de V. M; quia
si peu d'ambition @r tant de
YllOdeftieJ que quand elle auroit
pû cjTpérer les honneurs du Louvre
)
elleauroitdemande à genoux
a V.M de ne les luypas
accorder; qui l'ajjure par moy
qu'elle n'y veut jamais prétendre
j C- qui bien loin devouloir
faire la Bde-mere de Monfient
CT Madame deBeauvillier,&
de Afonfieur($yMadame de
Liyryne veut que les efhmer;
les honorery &1 ivre avec eux
comme auparavant; qui ne
veut fonderenfinqu'amerendre
la vie agreable> & parsa
complaisance & parses foins
peur mon meIn, ace3 equi veut
trouver toute sa félicité dans
l*établissement de la mienne.
Ce fut, SIRE.) lep.deJuillet
d:rmcr que ce Mariage je fit à
la Ferté S. Aignan.) avec toutes
les formes nxeffaim, st) toutes
lescérémonies de l'Eglise. Le * Ciel le bcnit incontinent après
parsanrffcy(oj1 le temps de
fis coud)esm'apreffémefme d'en
informer V. M. comme je prens
l,a lib, erté dde f{a;i,re aUJoudr.'/JttY.
On connoist) SIRE, leNorit
st) les Armes de Rance3 celuy
de Luce quelle portoitnejlant
pas le sten) & e^ejolïitpaifblement
de Ci:tt: Terre. La lâche
envie de ceux qui ont fait pour
elle une Généalogie ridicule qui
la-fait sortir des plus grands
Princes du Monde) a eu pour
eux dans la 'V7rÙ.é unsuccesencor
plus ndicule que ce
qu'ils en
avaient invente.EEllIel ne,:fsildJonc>
SIREj ny aune nàffsncc a me
faire beaucoup ahonneur> iy
d'un rang à me causer aucune
honte. Ceux qui malgré leur
mente & leurs diznitez
3
ont
épousédis Femmes dont lajeule
vertu & la beautéfaijoient
tonte lanoblejJè, riontpaslaijje
de les voirqilvre dans le monde
avec beaucoupclat.Celle-cy
ne demande que l'obscurités quoy
qutlriy en ait point dans sa
Raæ. J'ofc donc me persuader,
SIRE, queje neferay blâmé
de V. M. que pour avoir eslé
un peu trop L-isle, & non pour
avoir coum mal a propos. Si
pourtant quelque
chofc
luy a
déplu en cette occfion;je luyen
demande pardon avec une 1
jOû-j
mijjîon égale au Zele avec lequel
je fuis toujoursx
SIRE, 1
DE V. M.
Le tres-humble, tres-obeïssant
&très-fidclieSuja & Serviteur,
LE DUC DE S. AIGNAN.
MrduGué, Conseiller
au
1. Grand Conseil ,a esté reçeu
le dernier Mois Président en
la Chambre des COlnpres,
en la place de feu Mr de la
Coure. Il en- Fils de Mrdu
Gué Conseiller d'Etat ordinaire,
& porte d'azurau Chevron
d'or, accompagané de
troisEtoilles de mesme,
deux en chef, & une en
pointe, celle de la pointe
surmontée d'une Couronne
d'or.
MrBignon,Fils de MrBi-
920n Conseïller d'Etat, qui
sert acquis tant de gloire
dans la Charge d'AvocatGeneral
au Parlement de Paris,,
est présentement Avocat du
Roy au Châtelet. Il a lue-,
cédé dans cetEmploy à feu
Mr Brigallier
,
qui l'a possedépendantplus
de quarante
ans, & quiavoit deux Frc r:s,
l'unConsellier en la Cour
des Aydes, & l'autreÀiimônier
de Mlle d'Orléans.
Envous apprenant la mort
deMrde laBerchere,Premier
PrésidentauParlement
de Grenoble,j'ay oublié
de vous dire qu'il estoit
Oncle de Mrle Goux de la
Berchere Maitre des Requelles,&
deMr l'Evesque
de Lavaur. Le Goux de la
Berchere porte d'argent à -:
une Telle de More de seble
tortillée d'argent,accompaggnéeudeetruois
lMeolests .de
Je me suis trompe au nom,
en vous parlant d'un Docteur
de Sorbonne tres-estimé,
à qui le Roy a donné
l'Abbaye d'Hermieres. Il
s'appelle Mr Pirot, .& non
Picot, & Ion Abbaye n'est
qu'à six lieues de Paris.
Comme je m'attache ex, actement
à la veriré, je fuis
obligé de me dédire de ce
que je vous manday la dernicre
fois, du Service solemnel
que Madame l'Abbesse
du Sauvoir avoir fait faire
dans son Eglise, pour feue
S Madame la Maréchale
-
du
PlessissaMere. liaesté fait
le6. de ce Mois, & non le
10. de Février, comme je
vous l'ay marquésur le faux
Mémoire que j'en avois eu. 1
Il n'y a point eu d'Oraison
funebre, cette Abbesse fai- -
sant profession d'une humilité
qui luy fait haïr l'eclat,
& quin'apû luy permettre
d'écoutercequ'on auroit dit
de glorieux de [on illustre Famille.
Ceux qui ont dresse
le premier Mémoire onteu
leur dessein. Je puis aisement
estre surpris, quand ce qu'on
m'envoye n'est point de natureàestresuspect.
Ilestdes
Articles qui estant outrez,
me font avoir la précaution
d'écrire aux lieux qu'on me
marque, pour estre instruit
de la vérité. C'est ce que
j'ay fait depuis deux mois à
l'occasion d'un Mariage de
Rheims. Ceux qui m'en
donnoient l'avis, devroient
, bien se reprocher d'avoir inventédes
circostances qu'ils
n'ont point eu le plaisir de
;
^voir publiées. J'auray encor
plus d'exactitude à l'avenir,
'.&, defavoüray toûjours jusqu'aux
moindres choses
dont on m'apprendra la fausseté.
L'Ode d'Horace que je
vousay envoyée depuis quelques
mois de la Traduction
de Mademoiselle deCastille,
a donné lieu àune jeune Personne
de son Sexe, d'essayer
le talent qu'elle a pour la
IJoëúe, en traduisant la
33. Ode du premier Livre
de ce mesme Autheur. Cette
jeune & spirituelle Perlonne
s'appelle Mademoiselle de
Ramié.ElleestdeMarseille,
tres-bien faite,& d'un mérite
qui luy fait rendre justice
par tous ceux qui la connoissent.
TRADUCTION DE
l'Ode d'Horace, qui commence
par Albi ne doleas,
éc• cEffi de t'affliger des rigueurs
de Glyccre,
Ne te plains plus que cette ame
finsfoy
Par capricepréfère
Un GalantplIMjeune que toy.
LÙorü quefinfront fûtparoistre
Ji/1dit,
Bruled'uneflâmeimmortelle
Fourlejeune Cyrw, tmdùquecet
Ingrat
Adore une Cruelle
J>hti n'enfaitnul état.
Avantquedefcsbelles k7-"-CS
Il reçoive un baiftr tendre & délicieux,
On verra les Loupsfurieux
S'associer avecles chcvres.
Telcft lepfaijir de Cyprin
Elle aime à voir brûler des mtfines
firmes,
Par unjeu rigoureux, les ames
De mente iNégal, &dediférent
prix.
Pour moy,je mobjlwou a languir
pour Myrtale,
plu: mutine centfoisque lesflotsde
laMer,
Dans le hmps qttejipetsjellicite
d'aimer
Tar iesyeux(Sune D,wc en beauté
sit*s é^nlc,
J)ainjQuleitefircsaRinjaU.
Ma derniere Lettre vous
apprit que le Roy avoir donné
laLieutenanceColonelle
du Regiment des Gardes
Françoises à Mr de Rubantel,
ancien Capitaine de ce
Regiment, & Maréchal des
Camps & Armées Il a elle
reçeu dans cette nouvelle
Charge à la teste du Regiment
des Gardes, dans une
Reveuë que SaMajesté en
fit au commencement de ce
Mois dans la Plaine deNanterre.
Le choix du Roy fut
.- fortapplaudy; mais quoy
qu'il soit tres-avantageux à
MrdeRubantel, la maniere
obligeante dontila plûàSa
Majesté de luy faire ce Présent,
luy a donné beaucoup
plus de joye que le Présent
mesme,quoy que ce Prince
l'ait accompagnéd'unePension
considérable.
MrdeCayavel, fort connu
pour sa bravoure, a esté reçeu
Capitaine aux Gardes,
dont auparavant il estoit
Aidé-Major. Mrde Varennes
qui en estoit Lieutenant,
enaaussi esté reçeu Capitaine.
Mr de S. Dié, second
Fils de Mr le Président de
Brétonvilliers
, a pareillement
esté reçeu Capitainedans
le mesme Corps. Il a
acheté cette Charge de Mr
de Refuges. Mr deS.Dié
a servy quelque temps de
Volontaire dans les Gardes
du Corps, ôc avoit
esté ensuite Lieutenant dans
la Compagnie de Monsieur
de Creil, Capitaine aux
Gardes.
4
MrdeChabot, Chevalier,
Seigneur delaSerre, Mestre
de Camp, Lieutenant des
Gardes du Corps du Roy, ôc
Brigadier General de la Cavalerie,
est mort apres avoir
servy Sa Majesté pendant
quarante-huit années. Ses
Emplois ont esté des preuves
de savaleur.On n'ena donné
qu'aux Gens de mérite fous
le Regne de Loüis XIV. &
sur tout dans les Gardes du
Corps. MrdeSerignan, premier
Aide Major,auroit
remplycetteplace s'il Teull
souhaité, mais il a mieux
aimé demeurer dans son
Employ,parce qu'estant de
service toute l'année, il a
tous les joursl'honneur de
voir ce grand Prince, &: que
l'avantage d'approcher de sa
Personne luy tient lieu de
toutes choses. Sa Majesté
qui a connu son zele par là,
luya dit que ses services ne
luy seroient pas moins agrea.,
bles en qualité d'Aide-Major,
que de Lieutenant. Mr
de Reyneville qui estoit second
Aide-Major, a eu la
Lieutenance de Mrjde.la.
Serre.
On ne parle depuis quelques
jours que d'un Livre
nouveau fait par Mr l'Evesque
de Condom. Il est
adressé à Monseigneur le
Dauphin. Je ne dis pas dédié,
car il n'y a point d'Epiftre.
Il l'adresse feulement
à ce Prince qu'il apostrophe
en beaucoup d'endroits.
C'est une maniere nouvelle
dont on s'est servy depuis
quelque temps dans ces fortes
d'Ouvrages qui semblent
estre faits expréspourl'inftruction
des Princes Ce Livre
est intitulé,Discours sur
-
l'Histoire
-
lHijloireVniruerJelle> pour expliquer
lasuite de laReligion,
& leschangemens des Empires
depuis le çommencement du
monde jusqu à Charlemagne.
Ce n'est qu'une premiere
Partie. Je ne prétons
point vous en faire le
détail. Je le laisse à d'autres
qui s'en acquiteront mieux
que je ne ferois; mais vous
pouvez juger par son Tirre
de ce qu'ilcontient, & combien
peut estre utile une
chose d'une aussi grande
étendue,traitée par un aussi
habile Homme que l'est Mr
de Condom. Jecroy vous
devoirkukmcnt dire apres
luy, Que cette manière d'Histoire
Universelle efl à l'égard
des Hijloiresdechaque Pais &
de chaque Peuple3 ce qu'efl une
Carte!/n!r1ale a l'e'^e-aarrdd des
O <> Cartes particulières. Dans les
Cartes particulières-&ousvoye%
tout le détail d'un Royaume,ou
d'une Province en clic-mefine.
Dans les Canes umverfellts
<vo;;s apprenez a situer ces Parties
du Monde dans leur tout.
Vous voye- ce queParis ou L'lfle
deFrance cft dans le Royaume,
ce
queleRoyaumeejldans l'Eu.
rope, & ce que l'Europe eftdans
l>rUnivers.
Ce Livre se vend chez
Sebastien Mabre-Cramoisy
Imprimeur du Roy, &
Directeur de l'Imprimerie
Royale du Louvre«établie
par les soinsdeMrle Carnédienalde
Richelieuenl'an- 1640. Le feuRoyen
donna d'abord la Direction
au SieurSebastienCramoisy
son Imprimeur or^înaire^
[ auquel a succedé dans le
mesme Employ leSrScbaftien
Mabre-Cramoisy son
) Petit-Fils, qui travaille fous
les ordres de Mr Colbert, ce
grand Ministre prenant foin
de ce qui regarde cette Imprimerie,
comme Surintendant
des Bâtimens, & Protecteur
des Arts. C'est là
qu on a imprimé tous ces
beaux Ouvrages qui font
l'ornement des Bibliotheques,
les Conciles, laBible,
l'Hilloire Bizantine, & tant
d'autres, & nouvellement
tous ces grands Livres de
Figuresdont je vous ay parlé
dans quelqu'une de mes
Lettres. On y imprime présentement,
aux despens du
Roy-'- lehuitiéme Volume
des Annales Ecclesiastiques
de France du Pere le Cointre,
qu'ilavoit achevé peu de
temps avant sa mort. Les sept
autres y sont déja imprimez.
Ainsi ce feront huit Volumes
infolioenLatin,que contiendracet
Ouvrage, qu'on peut
regarder comme un des plus
considérables qui ait parlJ,
de nos jours. Il y travailloit
depuis vingt ans. J'adjoûte
à ce que je vous ay dit de ce
grand Homme au commencement
de cette Lettre, qu'il
estoit de Troyes; qu'il cft
entré jeune dans les Peres
de l'Oratoire, où il a professé
quelques années les Huma-
~nitez avec applaudissement;
&: que l'applicationqu'il s'estoit
donnée pour acquérir
une entiersconnoissance de
l'Histoire, l'y avoir rendu
y/fi éclairé, que rvr Colbert
qui l'honoroit de son ami*,
tjé, s'est servy de luy dans
toutes les occasions où il a
esté necessaire pour les Affaires
de l'Etat de foüiller
dans l'Antiquité, & de-consulter
l'Histoire. Il a vescu
soixante & dix ans .rioJ
Mercy, il entra dans la Place
qui estoit parée tout-à-l'entour
de magnifiques Tableaux.
On y avoit dressé
un très- beau Berceau, qui
conduisoitàS.Marc, où l'on
celébra la Messe en cerémonie.
Le 14. du mesme mois,
on fit combatreun Taureau
contre desDogues. Le Taureau
estoit attaché à un Anneau
passé dans une grande
corde, qui s'étendoit d'un
~bouu de la Place à l'autre.
Il y eut plusieurs Personnes
blessées. A ce Combat succedaceluy
d'un Ours, qi:ï
fut plus fort que les Dogues.
Monsieur le Duc de Man-
~vtouë, Mr le Chevalier de
Soissons, Mrsles Ambassadeurs,
& plusieurs Etrangers
de qualité, estoient conviez
àceSpéctacle. LeDogele
fit réïterer dans son Palais le
Dimanche gras. Ce mesme
jour on coupa la tefb à trois
Boeufs vifs dans la Place, &
en suite on vit une chose tressurprenante.
UnHomme
qui monta l'année derniers
sur un Cheval par le moyen
d'une corde, depuis le bord.
de la Mer jusques au haut du
Clocher de l'Eglise de Saint
Marc, plus élevé que ne sont
les Tours de Nostre Dame
de Paris, y a monté celle-cy
dans une Barque ou Gondoledécouverte.
Il estoit
debout sur le derriere, à la
maniere de ceux qui condussent
les Gondoles dans
Venise, & avoir un Aviron
qu'il remuoit comme s'il en
eust ramé.Aumilieu du
chemin qu'il fit sur cette
corde, il s'arresta, quitta le
derriere de sa Barque, ôc
ayant mis bas son Aviron, il
dépouilla la chemisepour
en prendre une autre. Chacun
trembloit de frayeur,
lors qu'il estoit intrépide.
Ce changement de chemise
fait, il reprit son premier
poste, monta jusques au
Clocher, dans lequel il descendit,
& de là sur une
Echelle de corde, il s'éleva
jusque sur la pointe de la
Pyramide, où l'on nesçauroit
aller que par dehors.
Là, il se mit droit sur les
épaules d'un Ange de ~brÓzc
qui est placéau dessus de la
Pyramide, &ou à cause de
la haure élevation, ilneparut
grand que d'une coudée.
Il y avoit une corde au pied
de cet Ange, sur laquelle il
devoit descendre par dessus
toute la Place de S. Marc
jusque dans laMer, mais elle
se trouva trop moüillée de la
pluye pour pouvoir couler
dessus. Ainsi il se contenta
de batre une Enseigne qu'il
avoit portée, apres quoy il
revint dans le Clocher, d'où
ayant volé sur une autre corde
jusques en bas vers une
Galerie du Sénat,oùestoit le
Doge,illuyprésentaunBouquet
de Fkurs.Ilavoit des~ailes
attachées aux deux épaules,
avec lesquellesilsembloit
avoir volé, tant il y eut de rapidité
dans cette descente.
Il y a eu beaucoup d'autres
Divertissemens ce Carnaval
dans cette superbe
Ville. J'attens à vous en
parler que j'aye reçeu les
Opéra que l'on me promet.
On en aveu sur quatre
Theatres. Joignez à cela
deux Theatres de Comédiens,
un de Bamboches en
Musqué, & un autre où
l'on représentoit moitié en
Musique, moitié en Recit.
Tous ces Theatres estoient
ouverts tous lesjours; ôc
comme il y en avoit à diférent
prix, chacun trouvoit à
sesatisfaire. LesLieux où
l'on jouë sont tres-spatieux.
Rien n'est plus beau nyplus
magnifique que le Theatre
de S. JeanChrysostome, qui
cfi: tres- profond
,
&autour
duquel on voit trente-cinq
LogwS à chaque rang. Les
Décorations sont d'une hauteur
& d'une longueur furprenante,
&les Perspéctives
admirables.Il n'y a que
deux Femmes,ou trois tout
au plus, qui chantent aux
Opéra, mais ce sont des voix
fortes, douces, & qu'on a
raison de nommer divines.
S'ils avoient des Basses, leur
Musique seroit quelque
chose de parfait.On est
charmé de leur Symphonie,
mais ils n'ont ny Ballets, ny
Violons, ny Flûtes douces.
Au lieu de Machines, ce
sont de grandes & somptueuses
Décorations. Ainsi
à l'Opéra de Crésus, qui est
un de ceux de cet Hyver, il
y avoit des deux costez du
Palais du Roy, soixante degrez
pour y monter, & ces
degrez estoient ornez par
tout de Statues sur des Piédessaux.
Cela faisoit un tresbel
effet. Les Loges ne se
loüent pas comme en France.
Elles font à des Familles
quis'en accommodent souvent
avec d'autres, & qui en
payent une certaine somme
tous les ans, outre le premier
prix de l'achapt. Tout le
monde prend des Billets
pour entrer. Ceux qui ont
des Loges payentl'ordinaire.
Ceux qui n'en onc
point, vont au Parterre,&
louent un Siege qui leurest
fourny à bon marché. Les
honnestes Gens y vont librement.
D'ailleurs, l'ordinaire
est d'aller masqué aux
Spéctacles, c'est à dire avec
un Habit de Ville ou une
Robe de Chambre, & un
petit Masque. On a grand
égard pour tous ceux qui
sontmasquez. Cela est permistout
le Carnaval. Pendant
ce temps on va tout le
jour en masque.Le concours
en est fort grand dans
laPlace deS.Marc.LesAmbassadeurs
& autresPersonnes
dequalité, y vont selon
la coûtume.L'apresdînée
on va aussi masqué aux Convents
des Religieuses,On
entredans les Parloirs. On
)',oouiè;on y mène:les,Vio-»
lons, on y dance; & comme
cela est fort divertissant,
beaucoup y viennent dans
le seul desseinde voir les
Masques. Quand la nuit approche,
il y aun Lieu our
vert pour le Jeu. On y va
aussi masqué, &: les Etrangers
n'y peuvent aller que
pendant leCarnaval. On
y trouve vingt Bureaux diférens,
pourjoüer si gros&
si petit jeu qu'on veut, &
tout cela (ans dire, un seul
mot. C'est quelque chose
de fort difficile à concevoir
que ce grand silence. Les
Religieux dans leurs Dortoirs
ne sont pas plus paisiblement
que dans des Lieux
d'Assemblée. Tout le monde
y est masqué, & comme
on porte grand rcfpell aux
Masques, on leur laisse toute
liberté de se divertir. Outre
cela, il ya souvent des Festins
le soir. C'estlà que viennent
les plusbelles Courtifanes.
Il s'en fait d'autres où
l'on nevoit quedes Gentildonnes.
Le 17.
qlii estoit le
Lundy gras, il y eut dans la
Place de S. Marc une Mascarade,
qui satisfit fort les
S pectateurs. C'estoient Gens
de qualité, la plupart François,
déguisez en Diables.
Je croy vous avoir déja
dit dans l'un des Articles de
cette Lettre, qu'iln'y a rien
que l'on ne voye enfin détruit
par le temps. Ce qui elt
arrivé le premier jour de ce
mois dans l'Abbaye de N.
Dame deTroyes, en est une
marque. C'est une Abbaye
de Filles de l'Ordre de Saint
Benoist, dont l'Eglise cft la
plus ancienne de la Ville, &
aussi considérable pour la
beauté que pour la grandeur
du Vaisseau qui renferme
tous le mesmeToit 1Eglile
des Religieuses, & celle
d'une des premieres.Paroisses
du Diocese.Lejour
que je viens devousmarquer,
une partie de cette
Eglise tomba une heure
apres que l'office fut ache,-
vé, &cela, par le defaut d'un
Piliiermetoytn, quien tombant'
entraîna la moitié du
Choeur des Dames, &' celuy
de:la Paroissetoutentier,
en fortes que leur Choeur
cftant ouvert de tous costez
par la chûte dUI Toit quia
faivy celle des Voûtes, elles
lié pevvent plus à présent
faire l'Officr) dont elles s'acquitoient
auparavant jour
& Huit' avec autant de pieté
que d'exaétitude. Heureusement
tout ce grand fracas
s'dt fait sans qu'aucune des
Religicufes ait esté envelopée
dans cette chûte, qui ne
donna que le temps de se
iàuver à cellesquiestoient
restées dans l'Eglise. Cette
Abbaye, fondée il y a plus
de neuf cens ans,ayant esté
réduite en cendres partiedelaVille,fuatvréetcabulniee
en lisi. par les bienfaitsde
Henry II. Comte de Champagne
& Brie. Depuis, en
considération de son ancienneté,
nos Roys, outre les
Lettres par lesquelles ils l'ont
toûjours reconnue pour estre
de leur fondation,luy
ont accordé une protection
singuliere, Les Droits :cn
- font
font grands& fort honorables.
L'Abbessea puissance
temporelle dans une partie
de la Ville. Elle nomme à
deux des principales Cures,
& ce qui cil beaucoup plus
cõsi dérab1c,c)cil que quand
les Evesques de ce Diocese
font leur Entrée, ils doivent
aller descen dre la veille à la
Porte de cette Abbaye, où
l'Abbesse accompagnée de
les Religieuses vient les recevoir.
Elle les conduit en
suite au Chapitre, les y revest
de leurs Habits Pontiifi-
aux, leur met la Mitre lut
lateste, &laCvodc dans la
main; & là ilssontobligez
de faireserment sur les Evau..
giles de garder tous les Pfivileges,
Droits,&Franchises
de l'Abbaye, ôcledonnent.'
par écrit à TAbbefTt% qui less
ramènejusqu'au mesme licinr
où elle les a reçeus. De là
ils sont conduits ou par ellcmesme,
ou par quelqu'autre
Personne de sa part, dans
rApjrcemenc quileuraesté
préparé pour cette nail. Le
Litoù ils ont couché, & la
Mule ou Cheval sur lequel;
ilssontvenus, appartiennent
à l'Abbesse, qui le lendemain,
jour de leur Entrée,
doit encor les conduire au
grand Autel de l'Eglise de
l'Abbaye,les yrevestirde
leurs Habits Pontificaux, ôc.
les présenterau Clergé pour
leurs Evesques. Apresqu'ils
ont fait un second serment
au Chapitre de l'Eglise tte
Troyes, sur les Evangiles
que le Doyen leur présente;
ils sont portez Procession
nellement dans une Chaire
couverte d'un Poësle, depuis
l'Eglise de l'Abbaye, jusqu'à
la Cathédrale,
par les Barons
Seigneurs d'Anglure, de
S. susi:) de Marget, & de
Poussey,doncils reçoivent
la soy & hommage qu'ils
sont obligez de rendre à
genoux. Je ne parle point
des autres Privilèges de cette
Abbaye, qui la rendent une
des plus célébrés de tout le
Royaume. Aussi a-t-elle toûjours
estepossedée par des
Filles de la premiere qualité,
dont il y a eu deux Princesses,
& sans remonter plus
haut, parmy celles qui en
ont esté Abbessesdepuis six'-
venges ans,on en trouvedeux
Je la Maison de Luxembourg.
MadamedeDinteville
dont la Famille estassez
connue, leur a succedé. Madame
de Choiseul qui a eu
cette Abbaye apres elle, l'a
gardée quarante neufans,&
elle cft préséntement gouvernée
par Madame Anne
deClioifeuLPrafljinla Soeur,
toutesdeux Filles du grand
Maréchal de Prassin, qui par
sa fidesité, sa valeur, & lessi-
Sgnalez services qu'ilarendus
la France fous trois de nos
Itc\ys,' Henry III. Henry IV.
&: Loüis XIII. en a mérité
l'estime,&, l'amitié particuliere
de Henry le Grand,
dont il estoit le Favory & le
Confident. Il me seroit inutile
de vous marquer l'an,
: cienneté de cette Maison, &
la grandeur de sesalliances. 4
Tout le monde sçait qu'elle
compte des Ducs & Pairs,
plusieurs Maréchaux de-
France,plusieurs Chevaliers |
des Ordres du Roy, plu- :
sieurs Lieutenans Généraux
des Armées, & une infinité
d'autres Personnes duprettîierrang.
Quelque gloire
que ces avantagespuissent !
donner à l'illustre AbbefTfe
dont je vous parle >elk est
beaucoup au dessous decelle
que luy afak; acaucrirl'exmaacitne.
tienrétdgeuplaurisitpél,uqsui'eeullres
années dans son. Manafteje.
Jevous envoyedeuxLettrès
en Vers, qui vous feront
souhaiter; que je reçoive
fouven&tdepetitsOuvragesdecette,
nature. Qn
sn'affjîfe queceluy-cy- auça
ée lasuite, & je croy,. Madame,
quecette assurance
vousréjouira. Ilfautcependantvousdire
ce quiadonné
occasion à ces Vers. Un Ca,
valier & une fort aimable
Personne,ont fait une liaiion
decoeur,laplus sincerequi
se puisse imaginer; mais ce
qu'il y a d'assezextraordinaire
, c'est qu'ils y ont admis
l'un & l'autre un Confident,
à qui ilssesontaccoutumez
à ne rien cacher. Ce
Confident qui connoist leur
mutuelletendresse ,estle témoindes
innocentes protestations
qu'ils s'en sont, &
loin de chercher à la détruire,
ilprend interest à.l)cntretenir,
il al'esprit fin &
délicat, quoy que Philosophe
, laconversation douce
& insinuante, &unemêlancolieagréable,
qu'on préfereroit
volontiersà l'enjouément.
Rienneluyparoist si
digne d'amourque la Belle
dont son Amy estcbaiyn^-
S'il avoit à aimer,cé seroit
elle qu'il aimeroit,mais,ij.la.
regardecomme une Personneàlaquelle
il ne peut
rien prétendre sansuneespece
de crime, & à force,de
la.regarderairrfi, il vicuujî
bout de l'entreprise. qu'il a
faite de ne l'aimer point.
Comme il n'ose suivre les
mouvemens de son COCUE
en faveur de la seulePersonne
qui luy sembleaimable
,
il est tom bé dans une
fort grande indiférence,&
c'est en vain qu'elleluyest
reprochée par une autre
Belle, quiauroitses raisons.
pour vouloir qu'il en sortist.
Cependant il a toujoursun
panchant assez ten d re pour
celledontestleConfident,
& il n'a pû s'empêcher de
luy en donner des marques,
en luy envoyantces Y,ers,e;
D APHNIS
AIRIS. I
Risy riavez-vom pohïtd<j,eur
Juu.je mquitteenfin cette langui irelre
OHmon coeurftrepafe avec tatitdet
fangUlurr
gutlcnnuypournnjeunecoeuri
JOuc de n'avoirpointde te.Yldriffl!
Vota tenez, cependantle mien
,
Vans me cfyeeed'efilavage.,
Tourquoy le gardiz-vous,sitfit
vcm /htàrÙnr
Cénltjlp'%*m'enfavir, qued'tvoir
enpartage
Le (cul droitde voustje.wly;
:.' '- P e- V" jenenpuisf.nre union ltÍ.!J".
Sijeaem'enfersdouyiiïm<r.
C'eji'decfHOjpris devonsontjlbicxtfijî'idpJlc,
On ne 1f;:/f. guère à de si do-rx
app.rs;
Matsjefuis (lui, rH: vous twi\wt
-, ,- -:/ r'*4~1 l"¡ '1. w.. \.-' ~;. J (,:~ .( ¿, aimable,
Ofe tien ùcv> la n'me> pas.
Afh!ulpa.r la:tipenrrt'oasvou,s dé- Si cé c r(~ î M!' 1 t~y 11 C/,, Slcejfinccre avihvom matoit en
cottroux,
Irû,vcm,zpp.\iferiez,-vcm*
J$umdje vous dirois le ',cntrai,,?
Vous ne meJlmbLcz. pa4 craindre
tropceretour,*
MAUpourm\jlrc logiempsdéfendit
de l'amour, -
Crûjcz-vou* que ses traits ne puiffentplus
matteindre?
Isse moque detout nosfiins,
Et c'tfiquad on le craint le moins,
J^ilejlfouventleplusacraindre.
,)
Si votu n'appréhendez vojtrcpropre
beauté,
AJerz du moins quelquesaUrmes,
Jgjteje n'engage ailleurs ma liberté.
Les BLlies avectom leurs charmes-
N'ontpas toutes de laJïerlê.
Vousme charmez, d'ejtretoujours
tranquilc, >, tranqu*i*t 1
Etde ne prendrepoint dijoupeons, demafoj.
Ilvaut mieux pres dt vous demeurer
inutile
.f<.!!/ chercher ailiems de l'employ.
Ouv, belle Insy vous devez, croire
-9,ueje borne toute magllJire
A celmledefçeavnoirlsesfecrctssenti-
DuBerger qui !b'(tY'¥(JoUJsiconfiamtnentupire,
Et defeavoirartjji cequ'Amour vom inftire
Pourkflut tendre dts Amans-,
Voyez, quel bonheur efilenofirey
^uêfiant tot,4iroé unis, nom fuiffienscjhc
heureux.
Vous efiéj 1014-4 deux ne&jMUYllf':()JU
aimerl'unl'antrei
MoJ, pour voué efiimermadeux.
jegardedonc,Ira, 1ancienne-in- dêlcittt
DontClimenc mefaitreproche chaque
jmrs
Jjhiellen'cfjxrcplm que mon coeur
s'en ojfcnce,
Jeprisievoflrecênfdence
Tlusque je nefaisfin amour.
tQwy queputj]efaireUBtUe
Pour me rendrefyinfible à l'armai, <;1 <</<~
a,fiscoupsy
Je ne veuxpoint Ceflrepourvoi#,
Et je ne puis l'estrepour elle.
]A ïba&se uûjhe tftiwtsavtcmunt
d'ardeur
--Z_iiejefadeporterfitchaiw,
J'aime
mieux
fllre auprès devoflre
coeur,
1-
.fE//,(lre dans celuy de Climene.
Tant que four(vous Tyrcùfiwpirera,
,",'. < Jjht'Irisson aim.dU
!Vi;trele
Ailumoralefudo.>1foncoeurbrûlera,
Baphnisn'aurapoint de.tendnffei
Nia s'il arriventquelquejour
£)uc l'amour de Tyrcufc ehangeatf
en eflimc,
Vcjlimc tmre nous deuxy nom le
pourrionsfanscrime,
Se changerait.eUc enamour?
Voicyceque l'on prétend
que la Belle aitrépondu.
vIRISA DAPHNIS. Om ne veut plaignez* donc
quedevo/îreindolencei
He/tU! Daphnts, que vous estes
hcureux!
Tyrcissiplaintdutourment awm~
YLUXy
Vous voy;z deses maux toute lè
violence;
Cependant vrjhecoeur ejl encore en
balancey
Et nefçanroit quelmalchoijtr desdeux.
Slilfautdire et quej'enpensè
TturiMJis enépargnerla trifie experzena,
Le dernierde ces maux donne le
moins d'ennuy.
Onnefefttpointsapropreinmfe->
rtncty
MdÙ mfrnrbttnlelk dr**rtf#y**
leVCUX que vom trouviez queUJ-c
: Zctlefeufthlc, '•
-,
La ebofe n'eftpas impejfiid**
¡/:;JvtJtfdeJ eon Initetronuvtepwavtoitti
MM; vers mêst coeur vom avez,
faitdespas,
Mnfij'ay des droits sur le yoftm
Qu'il nefongequam'ejiiwer,
~~N<~ptmlCts, les douceurs qttt
toute autre
Employroit pmefi se faire,aimer.
Qtma du »mfeu\jtvty rMk*
vouidire,
Ctfwôusmaintehaï*iknsMrdéterminer;
,.
SMïfiufrirks chwgrinsquel'amâAr
peut donner9
V9tts%Hà)reji>dûttctiwentfat*mQï>
petitempire.
Peur aumer,dites-vcm^vousattendfZ.
qu'Iris
I>efinBergeraitperd»l*ten>drejjk,
Fomdricz-voivi dtmtn carapace
; pi»?* ,'.
Pour mWyfauroùplusd&dUica-
"jirMârt£
Zi*tvûusd'un emur avau*
- 1 danné,
A~~eula v/lllgtace donnep-
Vous mérittz mieux queferfonne
ZJrp coeurcruel'Amour ait donné*
Il eftvray qu'ence temps nous ai.-1)
werimssans crime;
MAU quoyfvousm'apprenez, qu'on'
n',ai.me,poe.sto,âjourr. -
Sil'rfmourdeTyrctt peut devenir
(Jïime,
6) fj J l' "!/ v jQuedtvieadrohnt vost:CHUlies • amoursf
Vous pouvez donner une
grande joye à vostre Amie,
, en luy apprenant que Ma- dame deFonmort, dont ma
Lettre de Févrierluy a fait
pleurer la perte, n'a point
songé à mourir, & queV:
m'a fait l'honneur de m'en
assurer elle-mesme par le
Billet que vous allez voir.
A Nyortle 18. Mars1681.
J '.L('VQÍs cm*Monsieur,c^un
voyage de Poitou a S..Germain>
@r de S. Germaint" en
Poitou
, au plus fort des, neige*
gj?desglaces d'un tm-rigotéreux
Hyvcr (feefroaiittffuujjjjiiffaânnt..r.
P r; 1 pourfi^nncrmon courage, f0ia,i)s f' •
qu'on pnfl lapeine de membatquer
dansun autrevoyage enèor
plus d'lfcile, comme celuy, dv
pdfjer en l'autre monde en moms
de six"heur"es. Je-fuis'b'ien aisi de vous pouvoir apprendremoym.
efm&monretour de ce
Païs-ld*
&destre en état de vous remercierd'unplaisir
quej'aytoujours
soubassé,&quejenejpérotspas>
qui cfi de Jçavùir cequ'on dirait
de mayapra ma mon,
Yom me favez. appris si ag&»*
blâmentj & par des louanges
quitouchent si vivement mm
coeursquil s'en faut peu que je
m me perfmde que je leur dois
mt refurreéfatm.,Dhrmins jt
tew dévray les avantage* de
tvflre cenfJOijJante &devojbre
commelte, que je memgemy si
bien tontemavie, cptejf nepour*
reanyJfpactuki*e%mdwenrsans qtfe 1»»$
Jeêrcs nonvdk*.
Jejutê fortJerieufement^Aéaflr
fieMTjvostreervt%
,volte tre -. }
-
&C, ri -~ f'-w,uràgQ|i)
Je ne doute point,Madame,
quevous n'appreniez
avec plaisir qu'une Personne
aussi cônsidérable: que MadamelaPrésidente
de Fonmort,
soit ressuscitéesVous
avez le coeur trop sensible au
vray mérite, pour nâi'ayon:
pas touchédela legerepeinture
que je vous fis la dfr:.;
niere fois de ses belles qua-
1km Cettepeinture ne peut
vous estre suspecte, puis que
les avis qu'on m'avoit donnezme
la saissantcroire morte)
je n'ay, point cherche à
l'obliger,&que parlant d'elle
cconle d'une Dame qui n'en
pouvoirrien sçavoir, jeme
fùis, réglé surla voix publique,..
On s'est sans
-
doute
hastede me donner ces avis
fur- quelques bruits répandusqu'onn'a
point examinez,]
IIcil vray queversle
mois. de Novembre, Madame
de Fonmortmena de
Poitou àParis & a Saint
Germain Mesdemoisellesde
-
Caumont & deSamtcii^raîune
ses Nièces,& qu'oft
n'a.
n'a pû les persuader de se
faire Catholiques, maisil
n'est point vray quà son retourelle
ait estéattaquée
d'apopléxie. On l'a toûjours
veuë en pleine santé,& cet
accident a esté imaginaire.
de MrdeVillette, l'un des
plus honnestesHommes de ;
France, mais malheureufement
trop attaché pour sa
fortune & pour son salut,
aux erreurs de la Religion
prétenduë Reformée. Il a
plusdevingt-cinq années
de service, & par un zele
1ù'i\ est bien-aise de communiquer
aux fiens, depuis
quelque tempsil a presque
toujours eu dans son Vaisseau
deux de sesFils,ausquels
il a fait faire leurapprentifage,&
leur premiere Campagne,
avant qu'ils eussent
dix ans. C'est un Homme
d'un mérite singulier, & qui
n'a rien que de noble dans
tout ce qu'ilfait. Luy &
Madame de Fonmort sa
Soeur, ont eu la mesme éducation
que Madame de
Maintenon, dont ils font
Cousins germains. Mrd'Aubigny,
leur Ayeul à tous,
estoit un Génie extraordinaire,
& d'une pénétration
si profonde, que peu de Personnes
en ont approché.
C'estoit un des plus fidelles
favoris de Henry IV.
-
Je ne fçaurois quiter le
Poitou?ou-illel'ait tous les
jours des Conversons en si
grand nombre, (ans vous
parler de celle de Madame
de Pontieu, quidepuis fort
peude tCtllpS, a faitLabjuration;
de- les erreur?;,dans
lEgUfe des Pers de l'Oratoire
de Niort. Le mérité de
cette Dame, rend cechangement
fortimportant. Eilç
rua quitésa Religion qu'après
un long examen, car il
y adéjà plusieurs années
qu'elle cherchoit às'éclaircirdeses
doutes. Aussi ne
s'entretenoit
-
elle presque
jamais d'autre chose quand
elle trouvok d'habiles Gens
de Fim!ôc>l'autre party,
avec qui entrer en
conférence.
Si elle eustvoulu
changeril y a cinq ou fis.
m©lsr ç'eustesté peut-estre
avec de grands avantagesy
mais ellen'estoitpas
encor assez bien persuadée
pdiir se convertir fincéremens,
& elleasuivy les ve-
Hriz. Catholiques knsnul
intereil,(Ltolt qu'elleaeu
toutes les lumieres qu'elle
fOuhaitOic. Mr le Président
de Fanmort. si persuasif&
si zelé, n'a rien oublié pour
ce grand ouvrage. UneReligieuse
Ursuline de beaucoup
d'esprit , & Parente
fort proche de Mr Maboul
Procureur General des Requestes,
n'y a pas peu contribué
de ion costé par ses
exhortations tendres &pieuses
& par le conseil qu'elle
Poitiers. C'estun détaildont
je ne fuis pointassezinformé.
Tour ce que je;,içay^
ci estque ce zelé-Rrélat,
qu'une fiévre au/lifacheufe
que longue avoir, clflpeièbé;
d'agir parluy-mesme, ne
s"en est pasveu plûtost foulage,
qu'ils'est transporcé
djlns lesmesmes lieux oùii
avoir envoyé, [Qn, Grande
Vicaire.Lefruitqu'il a,faûk
par sa. présence a esté; fort,
grand, & continue tous les
jours par l'ordre qu'il a donné
aux Miflionnauvs--.ôcauxy
Curez, deveillerinceffamrucnràrinftru&
ion de ceux
qui1feroit< capablesde la
re'Çfcybir;
^iU'cïlfkicauilî-pluficurS'
1..1" aburations à S:Quentin,
sbit deMaladesà l'article de
la^fnort,'foie de Personnes
qui-doucoient depuis longtemps.
L'exemple leur en a
estédonné par Mr Benard
qui'a'presr plusieurs remifes-
IlaP'Lili enfin sedéfendre
d'embrasser la verité.Il a un
Frere quiay ant reconnu
avant luyla fausseté des ma-;
ximesde Calvin,luy a fort
aidé àexecuter ioneiurer>
prises Il est premier Secre- !
taire de Mrl'Evesque de :
Tournay ,
&ce futentreles j
mains de ce grand Prélir.
que Mr Benard fit sa profcision
publique de Foy, sur la
fin du dernier Mois. A peine -
fut-il de retour à S. Quentin,
qu'il fit connoistre à la
Femme toutes les raisons
qui l'avoient portéa ce changement.
Elle y trouvatantî
de force,que se sentant convaincue,
elle résolut de l'imiter.
Ainsi elle abjura le i
7. deceMois,entre lesmains i
de Mr Bendier, Docteur de
-—— *
la Maison de Sorbonne,Chanoine
de l'Eglise Royale Ôc.
Collegiale de S. Quentin, &
Officiai du Chapitre.
La santéde MrleMaréchal
DucdeVivonne,ne luy
permettant pas d'aller commander
les Galeres cette
Campagne, il aobtenu de
Sa Majore, que Mr le Duc
deMortemarsonFils, reçeu
en survivance de sa Charge,
les commanderoit en saplace.
Vous n'aurez pas fansdoute
oublié ce que je sçay
qu'on vous a dit bien des
fois àl'avantage de ce jeune
Duc, &la fuite de sa vie vous
aura souvent faitressouvenir
de ses premierscommencemens.
Il doit vous estrerevenu
une infinité de choses
remarquables de tous ks?
Lieux oùil a passe,&c'ç%
à dire, de presquetoutesles
Provinces de l'Europe. Il n'atoutefois que dix sept
ans,&il n'en avoit guerçs
que quinze, lors que ses
AAmmiiss,,àll'o'coccacassioionn dee sOo!nl
Mariage, seréjoüissant de sa
bonne fortune dont il devoit
estre content, & le voulant
flater de ce qu'à,cetâge il
avoit,avec beaucoup d'applaudissement,
l'avantage
d'estre revétu des plus grandesDignitez,
& celuyd'apartenir
aux premieres Personnes
de l'Etat, il répondit
qu'ilconnoissoittoute l'étendue
de son bonheur, mais
que pour estre entièrement
satisfait, il faudroit qu'il eult
mérité par ses actions, ce que sabonne fortune feule Itijr*
saisoit obtenir des bontez du
Roy. Vous pouvez connoîtrepar
la ce qu'on a lieli'
d'attendre d'un Hommequi
joint à de si beau sentimens
un courage éprouvé des le
berceau, & a un esprit, &
une sagessequi ont toujours
surpris, &qui continuënt à
étonner; mais quand on :
vient à penser à celuy dont
il tire sa naissance,on ne peut -
s'empêcher de donner beaucoup
deces grandes qualitez j
au sang dont il fort, & à l'e- j
xemplequ'il a presques toûjours
eu devant les yeux,
aussibien qu'à son excellent
naturel. Il a esté instruit
<
en voyant agir continuellement
un Pere qui n'a jamais
pûsouffrirqu'il y eust dans
savie une année inutile au
service du Roy, non pas
mesme dans un temps où les
plus braves & les pluszelez,
pouvoient joüir sans aucun
reproche des douceurs d'une
tranquille Paix; & dans les
Exploits,militaires de Mrle
Maréchal deVivonne,qu'un
grand Prince a dit qui set
sembloient à des avions de
Roman , Mrde Mortemar a
deû voir tout ce que la valeur
accompagnée de la prudence
peut faire executer.
Il n'a pas trouvé de moindres
leçons dans son gouverncmcnt
politique, maisil a
trouvé dans cet illustre Generalune
chosequi est presque
inimitable. C'est une
passion pourSaMajesté, si
grande & si desintéressée
que l'amour que les Héros
ont pour la gloire n'y a pas
mesme esté méfié, & il a fait
la plus grande partie de ce
qui nous étonne, pilJ1 la fèt-.Ie
envie de servir&de p1,iircà
unMaître si justement admiré
de toutes les Nations,
:& que son coeur préfere à la
"gloire, ëc àtout ce qui peut
flater davantage une grande
ame. Quandles plus intimes
Amisluy ontfait quelquefois
des reproches,dece
qu'il ne faisoit point aifcz,
de choses pour faire valoir
ses Avions,& leur donner
tou*l'éclatqu'elles radrisoient
; il leura repondu
qu'il déroberoit quelque
chose au Roy, pour qui{ci1
il travailloit,&quiestoittropjuste
& trop générer, pour
ne donner pas àsesActions,
si ellesestoienttelles qu'on
duy disoit,tout le prix qu'elles
méritoient, & que n'estant
faites quepour luy,il luy UiC.
soit le foin de sa gloire.
Voicy encor une fuite de
ce que Mr Charpentier a
commencé.
TROISIEME COUPLET
DES STANCES DU CID,
mis en Air. pEte, MaÎtrejfl, honneur,
amour.
Noble & dure contrainte,aimable
tyranniet
Tous mes plaijîrsfont morts, ou ma
gloire ternie,
L'unmerend malheureux) Cautre
indignedujottf\
Cher 6 cruel ejpoir d'une ame gtreufey
"! Mais tnfemblcAmoureufe^
Digne Ennemy de mon plus grapd
bonheur,
Ferquicnufcsmxpeine,
M\s-tn ci-nnépourvanger mon
honneur?
yCis-tuds;?nepourperdre ma
CÍ)j¡n.,'je?
Puis que vos Amies ont
mparience de sçavoir quels
ont les vrais Mots des deux
dernieres Enigmes en Vers.
je ne puis me dispenser de
les satisfaire.Voicy deux
Madrigaux qui leur apprendront
ce qu'on a voulu entendre
par l'une & par l'autre.
Celuy qui explique la
premiere est de Mr
-
de la
Couldre de Caën.
VOstreEnigmefent, bien
t
.,Ja Corde..,, 1 -
, tattesgr^ceaj'expnJJicn,, v;-•
Avecqueiûmpaient de diforde?
Ventcns Corde d'urtVieh#*-,
Duh Luih, ou actju< iqft'fiujfe Iftf
trumentd'Apollon,-
L'Explicationdelaseconde 1
est dans ces Vers. Mrdes
VtabuxedeuRoüren.-enes1tl'Au- Q;'-0}ft'cftdonetMtdï'hûûlUi< 1
Dieux commeUsHemmts
SepUifentfurU terreafairefkbons
coups,
Soint àhumeurfcélerutcainjique* ouslefommes, , ,"
Sont en un mot aujji fripions fjne^,
heus?
Vraymentilefl nouvealt, lefaitefjt
anf:. /ex.,v-itre"ysi
De voir Mercufi?V une Divinité
ÙJ/~ ,> )fJ' ¡~" 1 ue,aitgufe qualité
'D'n'lM, tous'iesHommesfépdre,
>
Tendant,(puefoies le nom de Itejfagc r
dcPDfeutc,*" f
D-e~Pais in Pais ilvafairesa courfc, entouslieux%en tout ttmps^ 1
- -
Etlltur couperimpunément ¡la:' le:)
BO'ur'(~ r .-1. j >,
= Í iBuurse.' - v, ¡
,",' <.• i
Voila, Madame, toutceH
que,vousaurez surcet Ar~
ticlejusques au 15. d'Avoir
que ma treiziéme Lettre Extraordinaire
vousfera part
des autres Explications qui
m'ontesté envoyées sur ces
Enigmes, ausquelles je ne
manqueray pas d'adjoûter
les noms de tous ceux qui en
ont trouvé le sens. Je remets
aussijusque-là ce que j'ay à
vous dire des deux Geans &
du Nain qui font l'Enigme
en figure. Vous vous attacherez,
s'il vous plaist,à chercher
le Mot des deux nouvelles
en Vers que je vous
envoye. MrGrillonD. M.2
fait la premiere.
ENIGME.
APres avoirservy d'aile &
de retraite
AdesPeuplesentiers, & conjcrvt
, leurRoyy
Je nepuis ncantmoins empefeher leur
d1cIfrlltCy 1
Lors ejne aavaresmains s'animenf
c&nmmoy.
,La mine d'eux tous nefinitpoe* ma
peine;
C,tr comme ils m'antcommis un
dépoflprétkux,
Pourme lefaire rendre,onmeprejje,
on me gesne,
Et bienfouventenfuiteon mecondamneauxfeux.
I'aypourtantfavantage aufort de
mes myÙes
De conserver taùjoursd'asti
tres rangs,
Tuisquejefuisfrefaiteauxfus
fierez, mjfïcres,
Etqwfappuyéenf-i l'autorité des
Grands.
AUTRE ENIGME. QVoy qw je fois du Sexe
féminin
Toujoursaparler trop enclin, ilfautquon m'aitfaitviolence
Lors qu'à me faire entendre enfin
je me réfous,
Apionfiin>qtauuadxacvoeeumposy,l'on n'envient
Jamaisje nerompslefileme*
Suivant
»
SuivantlespafJlons aautfuy,
A lajoye,auchagrin,jetede OU
c resiste.
le pleurlray demain, sijeris aumir
,!'hÍ'f/'v jïw'td'itiiy,
Maisonmp>.utfcavâïrsijèfuis
gayeou trffiey -•
Si lors que deparleronmedomine
Çemfloy,•, D'datresenpnettct
nveemoy.
Commeay lavoix lèlatiMl:
B,¿t!hOlt! d¡e ceux l.cts'qi!t cetl1eLit
, laconduit,
VenàhiprefqueTe,t monattente;
, Mais(fuclquèfolsj'ay bèau yak é
grand bruit,"
, ileiïdesGens <Jthumeurrebelle.
J*>upyqt*Atris redoubler Longtemps
- jelesappelle.
De quije nepourraisjamais rien
obtenir,
sSil'onnalloitchez,euspourlesfaire 1 'on n'all'oit ci,e -
venir*
LeDimanche 2.3. de ce
Mois, MessireThomas-Félix
Ferrero, Comte de Buriane
& Beatin, Marquisde la
Marmora, & de Chanois,
fit son Entréepublique à
Paris, en qualité d'Ambassadeur
de Savoye au pres de Sa
MajestéC'est uncaractere
qu'il avoit déja remply en
cette Cour pendantquatre
ans avec tant de gloire,
qu'il semble qu'il n'aitabandonne
quelque temps ce
Poste, que pour le venir reprendre
avec plus d'éclat. Il
est Gouverneur pour Son
Altesse Royale de Savoye de
la Ville & Province cl'Yvrée,
& du Duché d'Acuste,
Chevalier Grand -Croly,,&
Grand-Hospitalier de la Rcligion
des Saints Maurice &
Lazare,Chevalier de l'Ordre
de l'Annonciade, & sort de
l'illustreFamille des Fcn-cro
d'Italie, qui s'estsouvent
distinguée par les grands
Emplois, & par les rangs les
plus élevez, soit dans l'Eglise,
à qui elle a donné cinq
Cardinaux, dont deux Freres
ont esté revestus dela Pourpre
en mesme temps, soit
<lans le monde, où elle a
possedé & possedeencor les
Principautez de Masseran,
& de Crevecoeur; soit dans
la guerre, où deux de ses
Predecesseurs ont servy les
Roys de France en qualité
de Capitaines de Gendarmes,&
ont esté Chevaliers
des Ordres, &: un autre.
Gouverneur du Milanois
apres avoir commandé les
Armees de France en Italie,
lors que ce Duchéestoitsous
la domination de nos Roys.
On voit dans plusieurs Histoires
que beaucoup d'entreux
ont eu les premieresDignitez
dans la Cour desDucs
deSavoye leurs Souverains,
pour récompense de leurs
grands services.
Cet Ambassadeur s'estant
rendu à Picpus le jour que
je viens de vous marquer,
y reçeut les Complimens de
tous les Princes&Princesses
du Sang,& Ministres Etrangers;
ensuite dequoy Mr
le Maréchal de Créquy vint
le prendre dansles Carrosses
du Roy & de la Reyne, accompagnéde
Mr de BonneüilIntroducteur
des Ambassadeurs.
Son Cortege es
toit de trente Gentilshommes
Savoyars ou Piémontois,
tres-propres & trèsbien
mis. Il avoic des Carrosses
aussi magnifiquesque
bien attelez. Le premier
qu'on vit paroistre attira l'admiration
de tout le monde.
C'estoit un fort grand Carrosse;
dont tout le Corps
avoit este peint par les' plus
excellens Ouvriersde Paris.
La Sculptureestoit desplus
délicates;le fond duCorps,
tout doré; &: l'Impériale,
couverte d'une espcce de
housse de cuivre doré cizelé,
& à grands ramages, qui
partant tous du centrealloient
aboutir aux extrémitez,
qu'on voyoit garnies de
plusieurs Bouquets tres-riches&
fort élevez. Ily avoit entre les grands clous des
goutieres & les petits,une
Catnpane de cuivre dorécizelé,
entre des Festons de
mesme matiere,qui faisoient
un effet des plus brillans. Le
Train qu'on avoitaussidoré,
estoit d'une Sculptureadmirable,
les Moutons & l'Entretoise
de mesme, avec une
grande Statue dans le milieu
qui soûtenoit deux Enfans.
Il n'y avoit du verd dans ce
Train, qu'autant qu'il fal
loit pour en faire éclater l'or.
Les Harnois faits d'un cuir
verd bordé d' aurore, êc conformas
au dedans du Carrosse
& du Siege du Cocher,
qquuiie--esl toitd'unVeloursà oitd'un
,«
veloti rs a.
fond d'or&lieursvertes/e£;
toient semez de quantitéde
<t
Clous & de Plaques decuivre
doré tres- bien façonnées,
avec les Armes de Mr
l'Ambassadeur. Il n'y avoit
• pas moins de propreté dans
les Brides, quiestoient garnics
d'Aigretes aurore &
verd, & à trois tuyaux, &:
de plusieurs grosses Houpes
de soye verte & or, ainsi
f que les Guides, toutes les
Rênes, & le reste de la Gai>
nicure. Enfin on peut dire
que ce Carrosse estoit des
mieux entendus, & aussi
particulier qu'on en ait veu depuis fort longtemps. Ily
avoit encor une Calèchedo-
1 rée,peinte & tres-propre. j
Le dedans estoit: d'un Velours
aurore & cramoisy
,
le
reste afforty de mesme, tant
pour le Harnois que pour les
Aigretes.Elleestoitattelée
j
de six beaux Chevaux gris
sale, & chaque Carrosse, de
six Chevaux gris pommelez.
if) La Livrée de Mr l'Am-
< bassadeur estoit d'un fond<
feuillemorte, avec des Ga-
Ions fort larges, dont le mi-i
lieu estoit un Velours cra-j
moisy onde, bordé de blanc,
»» d'aurore&de violet. Les Va., 1
meura, pendant qu'ilreçeut
les Complimens du Roy par
Mrle Duc de S. Aignan Prem-
ier Gentilhomme de la Chambre; de la Reyne, par
M de Montignac son Premier
Ecuyer; de Madame
la Dauphine, parM le Maréchal
deBellefond son Chevalier
d'honneur; de Monsieur,
par Mrle Comte du
Plessis Premier Gentilhomme
de sa Chambre; & de ~l
Madame, par Mdj
son Premier Ecuyer; & comme
les dernieres Visites se
firent de nuit, toute la Maiion
estoitéclairée, à l'entrée,
sur l'Escalier, & dans les
Chambres, par une fort
grande quantité de Bougies
.', dans des Lustres, des Plaques,&
des Girandoles. Ces
Cerémoniesestant ache-
, vées, on servit un magnifique
Soupé pour tout le
Correge de Mr l'Ambassadeur,
ainsi qu'on avoit déjà
servyleDîné. - LeRoyayantdestinéle
jour suivant pourl'Audience
:.' de Cerémonie,Mrle Ma-•
rechal deC'réciuv le vint
;
prendre de nouveau dans
* «.—«. « .-.
les Carrosses de Leurs Majestez,
avec Mr deBonneuil,
& le conduisit à S.Germain.
Sa Suite estoit la mesme qui
avoit paru dans son Entrée.
Il passa dans la premiere
Court entre le Regiment
des Gardes rangées en haye
des deux costez, & le Tambour
a pella, comme ilLe pratique
quand les Ainbailàdeursdes
Testes couronnées
passent. Il fut en fuite mené
à laChambre des Ambaffadeurs,
& de là à l'Audience
chez le Roy, lesCentSuiffes
estant rangez en haye au
, travers de la Court, & sur les
degrez
,
jusquesà la Porte
de la Salle des Gardes, où
Mrle Duc deNoailles, Capitainede
laPremiere Compagnie,
lereçeut, l'accompagnajusqu'a
la Chambre
de Sa Majeflé. Ce grand
Monarque luy fit un accueil
fort obligeant, & luy donna
f de très -
fortes marques de
1 son estime pour la Maison
Royale de Savoye, & de sa
considération en particulier
I poursa personne. lleutaussi
Audience de la Reyne, de
Monseigneur le Dauphin,
la propretény pour la délicatesse.
Apres le Dîné, ill
se rendit dans la Court du
Chasteau,où les Carrosses du
Roy & de laReyne l'attendoient
pour le remener à Paris.
Ceux decetAmbassadeur.-
arriverent dans lamesme
Court,&furentcause que de
fort grandes Princesses, &.:
d'autres Dames tresconfidérables)
demeurerent quelque
temps sur les Balcons,,
pour voir la beauté de son:
Equipage. Il fut remené;
de S. Germain à (sonHôtel,
- avec tous les Gentilshom
nies,enlixuarroiies.,, .--:, LesGrandsOfficiers de
la Couronnedont siconnus,
& tout ce qui leur arrive est
si remarquable,que d'autres
que moy vousaurontdéja
appris la mort de Mrle Duc
deBethune, Pair deFrance,
qu'on a
longtemps appelle
Comte deCharost,&quia
esté Capitaine des Gardés
du Corps pendant un fort
grand nombre dannées. Il
estoitChevalier des Ordres
de Sa Majesté, Gouverneur
de la Ville &CitadeLe^de
Calais, duFort deNieulay,
& du Pais reconquis, Lieirtenant
General pourleRoy
dans les Provinces. de Picardie,
Hainaut,&Boulenois,
& dans les Armées.
LaMaisondeBethune,aussi
illustre qu'elle estancienne,
tire son origine duRobertIII
dit de Bethune, Comte de
Flandres, Fils de Guy, & de
Mahaut de Beth,,jnie,-,-qui
épousa Blanche deSicile,
Niéce du Roy S. Louis.. Je
laisse une longue fuite de (es.
Descendans, tous renommez
par leurs belles actions,.
pour venir à Maximilien de
sentement Duchesse du
Lude.
François de Bethune,
Comte d'Orval, depuis Duc,
qui épousa Jacqueline de
Caumont-la-Force, fut son
seçond Fils. De ce Mariage
sont fortis Mrle Marquis de
Bcthune, &Mt leVicomte
de Meaux.
Le mesme Maximilien de
Bethune, Duc de Sully, eut
Philippes de Bethune, Baiéfi
de Selles en Berry, & de
Charost, Chevalier des Ordres
du Roy, pour troisiéme
Fils.C'efi: de ce Philippes &
de Catherine de Bouteiller-
Senlis, qu'est forty Loüis de
Bccliune-Cliaroit dont je
vous apprens aujourd'huy
la mort. Il laisse pour Fils
Mrle Duc de Gharost. Je
n'entreray point dansle détail
de ses actions, & vous,
dirayseulementqu'il a rendu
de fort grands services
dans toutesles occasions de
guerre qui se font ofertes
depuis pres de soixante ans,
tant en qualité de Mestre
de Camp du Regimentde
Picardie aux Sieges dela
Rochelle, de Privas; dePignerol
& Alets; à l'Attaque
du Pont de Carignan, & au
Combat de Veillane, qu'en
celle de Gouverneur des
Villes de Srenay,d'Un, & de
Jamets en Lorraine, où ila
souvent signalé son courage
& sa valeur, ainsi qu'il a fait
depuis dans le Luxembourg
en qualité de Maréchal de.
Camp fous Mlle Comte de
Soissons, Frere de Madame
la Princesse de Carignan.
Rien ne sçauroit estre plus
glorieux'
- que la Retraite
qu'il fit en cette rencontre.
Quoy qu'iln'eust que trois
» cens Chevaux & trois cens
Fantassins devant une. Ar-
-
méede Polonois Ôç. de Cravates.,
composée de;,' neuf
mille Chevaux, il ensoûtint
les Attaques avec tajçu:cie
fermeté & de vigueur,que
sans s'étonner de voir son !Chevaltué de neuf coups
;
fous luy, il essuya toutlefeu
i des Ennemis, & se retiraen
très-bonordre à la,tefte de
son Infanterie qu'il rallia.
: En 1636. il secourut les Villes
d'Amiens & d'Abbevilleà
la veuë de l'Armée d'Espagne,
composée de quarante
mille
mille Hommes, & commandée
par le Cardinal Insant;
ce qui luy fit mériter le Gouvernement
de Calais, Fort
de Nieulay, & Païs reconquis,
dont il fut alors pourveu.
Depuis, il se distingua
aux Sieges d'Aire & deGraveline,
& en fuite à la Prise
-du Fort Philippe, qui pendant
leSiege d'Arras, causa
une diversion d'Armée aux
Espagnols, tres-avantageuse à la France. Il fut honoré
en 1651. de la qualité de Duc
& Pair, & acheva de s'en
montrerdigne par un fervice
important qu'il rendit
encoren1657&quiluy acquit
beaucoup de gloire.
Calais estant dépourveu de
la plus grande partie de la
Garnison, qu'on avoitelle
contraint d'en tirer pour la
seûreté d' Ardres, & autres
Villes qui sembloient en
avoir plus de besoin, pendant
que l'Année du Roy
estoitcampée devant Montmedy,
le~s Lipiacmols allem- .1'-.1
blerent toutes leurs forces
pour surprendre cette Place
ainsi dégarnie; mais Mr de
Charost soûtint si vailiammepnetuled'uHormAmtteasqquueialvueycelsetoient
demeurez, que ce fut
particulieremet par son courage
&par sa bonne conduite,
que leur entreprisen'eut
aucun succes. A pres une
longue vie passée toujours
avec grand éclat, il est mort
le 20.de
annee1cdeemsooisnbdaânsglae77. Mr de. Vaubourg, Neveu
de Mr Colbert, sous qui il
travailledepuis huit ans avec
une application inconcevable,
aesté fait Maistredes
Requestes en la place de Mr
Forcoal. Leutnie qu'il s' est
acquit eltiigénérale, que
pour estre convaincu de ses
bellesqualicez, il ne faut
qu'écouterla voix publique.
IlestFrere(Je Mr l'Intendant
Desmaretz,&futreçeu ConjSillcrauTarlementavingtdeuxans.
Il n'en a présentementquevingt-
cinq,le
luyayant donné la dispense
d'âge&de service, en colt- ,sidération des vives lumières
iqnustiroucnttipornésvdeunteumepns.Ilulyles , est généreuxAmy,fait.tousKsr
plaisirs de son devoir,&a
les manieres du monde les
plus bonnestes, & qui satisfont
le plus. On ne doit
point en estre surpris. C'est
le caractere de tous ceuxde saFamille.
J'aydemandé ce quevous
voulez sçavoir touchant Madame
laComtesse de Tonné-
Charance, dont je vous ap
pris la 010rr il y a un mois.
Elle a laisse une Fille d'environ
douze ans, qui est
belle, bien faite, & qui pond ré- fort aux soins qu'elle a
toujours pris de luy donner
une éducation digne de son
rang&de sanaissance C'est
son unique Heriticre. Quant
à sa Maison, je vous ay marqué
que cette Dame estoit
Fille de Mr deJaJ/nlliejre,
Ministre & Secretaire d'Etat,
qui ierc depuis cinquante
ans dans cette Charge avec
tout le zele &toute la fidelité
possible. Il a quatreFils,
dont Mr le Marquis de Châteauneu
feil1 Aîné. Tout le
monde sçait qu'après avoir
donné d'éclatantes marques
de sa capacité & de sa juftice
dans laCharge de Con-
-[ciller au Parlement de Paris
Eglisesen bon état, & les
Prestres'* cjai les déservent,
en leur devoir.Il fait pour
ce-l1a- ll"' a' tiff~ [l'lent d un Se- rëiàblîflèaientdun Seminaire.
Les deux derniers
suivent depuis fort logtemps
laprofession de l'Epée,&
servent dans les Armées de }
SaMaj esté en qualitéde éa":
pitaine,de Colonel de Cavalerie,&
autrescharges,dans
lesquelles ilsn'ontlaidec-,1 lefqjcUcsilsn~on!:Uluecchaper
aucune occasionde
signaler leur courage.
MrdelaTourrolo aachetée lachargede Tresorier de
Madame la Dauphine, çjuç
1
pôssedoit.cy-devantMrBerthelot,
&cc dernier à eu
cëllë de Secretaire des Com-7
: mandemens de cette mesme ;
Princesse, en payant quatre !
censsoixante mille livres à"
• plusieurs Personnes qiiele
* Roy a eu la bonté d'en e'ratifier,
ce ) grand Monarque
ayant continué parlà àfaire1
deslibéralitez déplusieurs
missionsqu'il auroit- pû re-
! tirer s'il avoit voulu vendre;
;lesChargesdelaMaison de MadamelaD^uphine.Dans
leiïiefirietempsque MrBerthelotaestépourveu
de
celle-cy, il a accordé Maae~
moiselle deS. Mars la secode
Fille, à Mr leComte dçjÇaçé-
Mangnon,Onde detvrJe
Segnelay Quad ce Mann~e
fera consommé, je vous en
apprendray davantage. •LeFils de M PvoL
s Se
cretaire duCabinetduRoy,
ayant estéreçeu en i.ryivance
de cette Charge a
épousé la seconde Fiile. de
Mrle President leBailleul.
Vous sçavez quecePrésident
a toûjours esté un tresardent
Serviteur du Roy, &
je vous ay déja parlé de Mr
Roles en plusieurs occafions.
Jenedoute point que
Mr Rotes son Filsne (uive
lès traces, & n'ait le meime
zele pour Sa Majesté.
MrdelaVienne, Premier
Val r de Chambre du Roy,
a épouté la Fille de MrOrccau
des Postes, d'une des
meilleures Familles deTouraine,
& tres- bien alliée
dans Paris. SaMajestévoulant
luy marquer sa bienveillance,
luy a donné en
faveur de ce Mariage un
Brevet de retenuë de cent
mille livres sur sa Charge.
Toute la Cour doit aller
passer, huit jours à S. Cloud
incontinent apres les Festes
de Pasques. Il y aura plusieurs
Divertissemenspendant
le sejour qu'elleyFera,
Elleretournera dela à Saint
Germain, & enpartira sur
lafin du mois pourBourbon,
où Monseigneur le Daupl^un.
doitprendre des Eaux.
Je croyois vous envoyer la
Lifte des nomsde tous ceux
que la Fortune a favorifez
a la Loterie du Roy; -,rnais
beaucoup deBoëtes quine
font point revenuës dela
Campagne ,
estantcause
qu'ilreste encor plusieurs
Lots à délivrer, je fuis obligé
de remettre cet Article.
En vousl'envoyant, je vous
feray part de quelquechose
sur cesujet qui vous surprendra
agreablement.
Voicy
cependant un Madrigal de
Mr Guyonnetde Vertron,
surce que le Roy ayant gagné
le gros Lot,le doitremettre
à une fecodeLoterie
enfaveur de ceux qui n'ont
xieri eu. Ce Lot en fera plu-
^fîéffrs*,fcla Loterie sera tirée
âpres Pasques.Jevous parleloraeymdeesmtoetuetmesplse.
s deux dans :: JJ les Sia!t;.i./Í't¡,'-",.:ilJ t1i¿- Z.y,lesSaiUsjm.vans aierontpeine
a ledoÏï. ;
LiJtiftice, l'Honnc:;r, S.:gJjl,U
.J "}'" ,-" .1.1 Accompagnent k Roy, (Glvirt)
si h .., Toutlféchitjuiss/.<(~ L(:'}',
Le ciel le favorisi ,
o s* la
Forante,
Tourlefururt par to.'tt) luyparoiss
importanei
Son grand(tvur, &fisyeux, ont les
me/mes objets,
Il vondroit quesonfort tombatffur
fis Sujits-,
Maispour nepatjouir defin bonheurextrême,
LOVIS, leGrandLOVISfculfimblable
a Lîiy-mcfûie,
J>)ui nevainc que pourpardonner>
Negagne aujji que pour donner.
Je suis si presse de finir ma
Lettre, que je ne puis vous parler
41y de la Réception de Mr le
Premier Président à l'Académie
Françoise, ny de Mr le Comte
ci'Errrées nommé par le Roy
Maréchal de France. SaMajesté
a aussi donné plusieurs Benéfices.
Je remets le tout jusqu'an
Mois prochain, &vousenvoyeray
dans ce mesme temps une
Planche qui regardeceMonarque.-
1:11ea pour titre, Sijttmc
Royal. Il ne le peut rien de plus
curieux, ny deplus utile pour
l'Histoire.Je n'en connoy point
l'Autheur. S'il s'obftme àlecacher
il m'obligeroitdemedonner
les moyens deluy écrire. Les
Modes nouvelles n'ont point
encor commencé, à cause du
froid. Ma Lettre Extraordi
naire que je vous envoyera)
dans quinze jours vous les ap.
prendra, si le temps est aflej
beau pour les amener. Je lui;
vostre, &c.
A Paris ce JI. Mars 1681. 1 Avis pour placer les Figures.
LA Planche dans laquelle il y a UJ1
,
Char, doit regarder la page 85
La Planche qui est remplie d(
Monstres,doit regarderla page 100
La Chanson qui commence par Tu
mas promis centfois, doit regarder la
page 184.
ON donnera toujours un Volume
nouveau
-
du
-
Mercure Galant le
lperemier jour de chaque Mois, & on
vendra, aussi-bien que l'Extraordinaire
, Trente sols relié en Veau,
& Vingt-tinq fols enPharmachemin.
A PARIS,
Chez G.DELUYNE,au Palais, dansla
Salledes Merciers, à la Justice.
Chez C. BLAGEART, Rue S. Jacques,
à l'entrée de la Ruedu Plâtre,
Et en sa Boutique Court-Neuve du Palais,
AU DAUPHIN.
Et T. GIRARD,au Palais,dansla Grande
Salk',àl'Envie,
M. D.C. LXXX.
JVECPRirtLiGE DVROY.
TABLE DES MATIERES
contenues dans ce Volume. -, AV, mt1-grtfQf, ;l
RéjOHiffances sa'tes à Marseille
pendant leCa~nc.val, 6 ¡'Avocat conçelê, 19
Avyr,àCiirmivd,eu1eD2-3
Jlio-t--htePr' jt lr Contjs,, JlîoriduCa-Snal Nitard, 3f
M>-t de Ai. de Marolles, Abbé de
Wlelom, -'$7
La Tubércufe&le Pap'llon.Fable, ;J8
Troyage de ta ReyriCt deA4oqfeignenrle
Daphin, & dt Madame la Danphinr
à Paris,& les DhPehejJètwi'ns
cju:'sy ont p'is,44 M. de f,etons efiJreçenlibyen Jhonneur,
de:,>dt\Droit de
Parts, 50
M. de laReynie est reftu DoBeur hoQnouraiaretdarna;
laimnessm,e•Facuité,5t 55
Lftlre M Von voit queceqitcUs Dames
.;¡.plNIienr, estime
",
eJJ: biçn souvent
amourdèguisè, 57 F'Â^4fCiVJV'J, l)Abeille&lePapillon. Fabte, 109
Jtyouijfapcufaites Çkafleau.deJar-.
rffac, v 120*
Sçnnmens sur lq Yotslmpvcanx"
rmanieresdepariçr%QHVç}les^
AÎArtsde-M. 153 :dfJ; ^r^çlqme,Premier^
J^rcfid^t^J'arïem^nt^^et^142
Àfoxtde A4.le (j'oux ^eJ&fiexfhere> cy- dtpant^Prenier.furent au Parle-.,
iififitt d Grenoble, 145
M.ç~rtIfdJzlM',:t,U'ComytaPikHr de Mar ÂwH,, :.,-r"v-v, 1(1
VI.:.-t-:'V).t'1
-,1. i ';},,}'-.:-'J¡\; j -
RfpqnfeacequttnCavalier
avaitdit,V1 flf".ifrfon
6,amour, queen qmoins de pariéefefpri^,fitoutesles éllei,:
jfuandons'expliguçfy (# lSS j.<kpénèon,L.fùalj Ig9
Députearr.xU^kXomepourune CertAfmfaoirrenaerHriv'évealkpxtAim,
bafad.iu:.!r~S("tLe
FranceenPologm, **9-
Mariage d^AÇ.,<te
,
S-A*
<.. 14). ,. zJ^Wm¡y:,~:.'\!^\',~'**'J ,>:, ,.. ce
IfUjet, llf M.CduÔùêehp reaçt» Pré;sl-eiellt tn U «.f Pt#W'>
-of;
111.{'
1 'or- 'f.n.;. dIl
FçïaupiïpW'; ;117 FautTU"dans le
cliJ,dernierMer- :, 'fl,
Trâàumonwfàfê®dtrfïlorhei^
MdeRubantel est rtfeu en
latteute- 1hanceColonelleJhRegimentde*\
y~~'r.~ rv 't\' ;"• ; '1~-
<J<<rs,
JtecépiïondéCxtfiïaîbts *#*
;:GardAe~-'s,, ''- J.,6 or,*^8o
M:2eci [desqaïpMCom.\yV-*-*9 De-x~prMliquerld& les
le commencement du Monde jufcjua
Charlemagne, 140
Origine de CImprimerie Royale du Louvre,
1+3 Mort deM. Danz m, JVicÇtrede Camp
de Cavalerie, & Conn/uinieur ae
: VOrdre de S-La^a--ey 147
Ai-deCaftej/t estpoivrveit de laCommanderie
deAi. Danton, 247
Entréede M, Delpb'm,Pro-:iï'Ate\r' 4e
S.Aiarc aVttnfc.247
DtvertijftmemduCarnaval de Vinifc,
H9
ChutedunepartiedelAbbaye de
Nofire-Dame de 'T,(I"if'J) ave les
grands Prt-vikges de cette Abbaye,
161.
LettreenVersdeDaphnieàIris, 171
Réponse d' Jru, iSj
Billet de Madame laTréfilent? de
Fonmort,pdr lequel clic fè rc^.fpte elle-mefime,28j Conversions, 292
M. leAiaréchaldeVtvcnneobtient de
Sa Aiajeftc, le Commandement des
Galères, pour M, le Duc de biorteM.-,.
rfonFils,;-cFeu enfurvlvance, 299
Explications des Enigmesdu demcr
alois, 30S
Enigme, 31I
.AutreEnignte, 3U
Entrée de M. £jimbajfadeur de Savoye,
& toutce qui s'etf passé a son
udianceà S. Germain, 314
Mort de M. le Rue de Charost -Bethune,
BQ
M. de VduboiirffyNeveude M. Colbert,
reçciiMaistredesRequestes, 535
Maison de la Vrilliere, 339
M. de la Tnurrolo
,
Trésorier de .:."vNtê
dame laDaypJjine, 341
À-'f. de Gosé-Matignon, actordé 4 h/ademoiselle
Berthelot, 344
Mariage de M. Roses, & de AfademçifHleleBaillent,
344
Mariage de M.delaVienne, Premier
Valet de Chambredu Roy,345
MRadrigaol suryle gro,s L3otga4gné p$an le
Fin de la Table.
ON trouve toujours chaque mois
chez le Sr Blageau un nouveau
Journal de Medecine;& l'on y trouve
encore tous les autres Ouvrages de
Mr de Blegny, qui en estFABt&eur.
On y trouve encor la Comédie de
la Devineresse.
La Comédie de la Comete.
Observations sur les Fiévres & les!
Fébrifuges,
Et un Livre de Chifres gravé en i
Taille-douce.
)
'/iERC:VBE,
CALAl~4i~~t, i~r(i~iTt'
,¡ AiAS 168J.
:, "";, -~ yê
'JlSnL
E l'avoüe,Madame. Il
seroit surprenantque
je commençasse. toutes
mes Lettres par le mcfrne
Article, si un autre que le
Roy m'enfournissoit la matiere.
Tous les Héros de
l'Antiquité ont fait quelqu'une
de ces Actions d'éclat,
dont la mémoire ne
péritjamais; maisnous n'en:
connoissonspoint qui en ait
fait de continuelles. Il n'y a
que ce Grand Prince qui
donne sans cesse de nouveaux
sujets de l'admirer.
N'attendez point quejevous
explique icytoutes les choses
extraordinairesque la bonté
qu'il a pour Tes Peuples luy
fait entreprendre chaque
Mois. Il me seroit plus difsicile
de les compter, qu'il
ne luy cil mal-aisé d'en venir
à bout. Aufu le nombre en
est-il si grand, que laplûpart
ne sont connues que de ceux
à qui elles sont utiles.Que
les Souverains fassent quelque
chose qui soit remarque,
on traitecela debelle
aétion, quand mesme cette
action ne regarderoit que
leur interest. Il n'en est pas
de la mesme forte de ce
qu'onvoixfaire àLouis LE
GRAND. Il a toûjours le bien
de les Sujets pour objet, &
croit avoir beaucoup fait
pour luy,quand il a tout fait
pour eux. Quel avantage ne
trouvent-ils point dans l'Edit
qui porte Que les voix
des Officiers des Cours&Sieges,
tantTitulaires, Honoraires, que
Vetérans
,
qui seront Parens
aux degrez mentionnez dans
l'Edit, ne feront comptées que
pour unefeule
,
lors qu'elles se
ront uniformes, à peine de nullité
des Règlemens &Arrests?
Ces degrez sont de Pere &
Fils, de Frere, Oncle, &
Neveu, & de Beaupere,
Gendre, ôc Beaufrere. Cela
marque la haute prudence
du Roy, & la vigilante application
qu'il a pour les af;
faires du dedans,aussi-bien
que pour celles du dehors. Il
oste par là à les Sujets toute
,
la crainte qu'ilspourroient
avoir qu'une Parenté si proche
n'entraînastquelques
-
suffrages, &neprévalust sur
cetterigideseverité,
avec laquelle
on doit s'attacher uniquement
a ce qu on croit
juste. Sa Majesté a encor fait
une Déclaration pour empcfcher
que les Benefices
:
situez dans les Païs qui luy
ont esté cédez, ne se conferent
à des Etrangers. Cet
,
Edit & cette Déclaration,
furent registrez en Parlement
le douziéme du dernier
Mois. Les bontez du
Roy y éclatent trop, pour
avoir besoin qu'on lesmette
dans leur jour par un discours
étendu.Ainsi la hm.
ple exposition du Fait portera
plus loin vos refléxions,
quene pourroient faire toutes
mes remarques.
, Je vous fis part la derniere
fois des réjouissances
qu'on a veues icy ce Carnaval.
Comme c'est un temps
où tout le monde est en
joye, l'exemple de la Cap,,
tale du Royaume a efteiuivy
dans les Provinces, &il ne
se peut rien de plus agrcable
ny de plus galant, que la
maniere dont on s' y est diverty.
Sur tout on peut dire
qu'en Provence, ces jours de
plaisir ont esté marquez par
autant de Festes dignes de
ceux qui en ont pris soin.
Huit Gentilshommes des
plus riches & des plus qualisiez
de Marseille, ayant
résolu de faire les honneurs
de leur Ville par de superbes
Régals donnez au beau
Sexe,choisirent une Malson
de campagne, à unquart de
lieuë des Murailles, pour y
étaler toutes les magnificences
qu'ils avoient dessein
defaire; & le lendemain
des Roys, Mr le Marquis
d'Alain, que le Sortavoit désigné
le premier Roy, y
mena saReyne, accompagnée
de neuf ou dix Femmes
de qualité. Cette Reyne
estcoit Mademoiselle de Foresta.
Elle a de l'esprit,
chante, dance, & joüe du
Theorbeadmirablement.Sitost
queces Dames furent
descenduës de Carrosse à la
porte de cette agreable Maison
qu'on appelle la Fleuride
, elles furent salüées
par quatre Trompetes
, par
un Timbalier, & par cent
Boëtes que l'on tira. En
fuite elles entrerent dans le
Jardin, qui sans contredit
est un des plus beaux de la
Province. La Déesse Flore,
ayant à sasuite quatre Nymphes
& quatre Zéphirs
joüans de la Flûte douce,
s'avança vers elles, & leur
présentade riches Corbeilles
remplies de Bouquets, & de
Guirlandes de toutes fortes
de Fleurs, attachées par des;
Rubans tissus d'or. Mademoiselle
de Foresta trouva
ces Versau milieu desFleurs
qui estoient dans sa Corbeille.
Ces vives &belles couleurs
Jjhù brillentJurv&jtrevisage,.
Jris,ontfeules l'avantage
De ternircelles deces Fleurs.
Cette belle Troupe vint
de là fous un Berceau couvert
de Laurier, & fut régalée
du gazoüillement de
mille petits Oiseaux, dont
les Cages estoient attachées
aux branches sans quelles
parussent. Six Hautbois que
les Dames trouverent postez
dans unCabinet deverdure
au bout du Berceau, les divertirent
pendant quelque
temps, apres quoy elles prirent
le plaisir de lapromenade
,
qu'elles quiterent
pour un Dîné magnifique
qui les attendoit. On avoit
dressé le Bufet & la Table
dans le mesme lieu. Le
premier estoitextrêmement
riche, & bien garny. On
y voyoit au milieu un Jet
d'eau de fleur d'Orange,
qui ne cessa point pendant
leRepas.LaTable futservie
de trois grands Plats, &
de huit petits. On lesreleva
cinq fois. Des Pyramides
de fleurs remplissoient les
vuides. Surces Pyramides,
estoient des Giroüetes avec
ces deux Vers.
SansleVinl'ame des Beuverfïs
Nepeut avoir, Iris, quede foibles
ardeurs.
Apres que l'on eut dîné,
la Compagnie vint dans une
Salle qu'on avoit eu foin de
pré parer pour le Bal. Elle
estoitéclairée de plus de
deux cens Bougies. Toutes
les Dames qu on avoit
priées de s'y trouverestant
arrivées, on le commença.
Mrle Marquis d'Alain Roy
de cette Feste, estoit en
Habit noir avec un Manteau,
& les autres Hommes
en Julte-à-corps ou brodez,
ou galonnez. Le Bal fut interrompu
par le Dieu Cornus,
à qui on fit place, pour
entendre quelques Recits
qu'il chanta à la gloire de la
Reyne. Ceux de sa fuite portaient
des Bassins de Confitures
&d'Oranges de Portugal,
& des Corbeilles de
diférentes Liqueurs. Onre-
,
prit la Dance, à laquelle succeda un Ambigu d'une
profusion extraordinaire de
Viandes, qui furent servies
dans la mesmeSalle, où la
Compagnie avoit dîné. On
croyoit la Feste terminée
par là, mais en sortant pour
retourner à la Ville, on fut
fort surpris de voir le dehors
de la Maison tout illuminé.
Le feu prit incontinent au
papierhuilé quiestoit devant
les Fenestres,&en mesme
téps on en vit sortir un nombre
incroyable deFusées.
Quelques jours apres le
Sort estant tombé sur Mr le
Marquis de Mison,il choisit
Madame la Marquise
d'AlainpourlaReyne. C'est
une Dame d'une beauté
surprenante. Cette Feste
eut les mesmes agrémens
quelapremiere,& fut suivie
de celles dont le Sort continua
de décider dans l'ordre
qui fuit.
Mr Daudrifet, avec Ma";
dame la Marquise de Mison.
Je vous ay déjaparlé
dU mérite de cette Dame
dans quelqu'une de mes
Lettres.
Mr de Foresta de ColBonguae,
auvec sMaedamte .de
Mr deForville Capitaine
de Galere, avec Mademoi- ;
selle de Mirabeau. Elle est
Nièce du Chevalier de ce
nom,& sort dd,'une Mere,
qui peut passer avec beaucoup
de justice pour une diziéme
Muse.
Mr de Barras la Peine,
avec Madame la Comtesse
dePeiroubie. Cette Dame
cft genéralement estimée
pour ses belles qualitez.
- Mr le Commandeur de
Bucus, avec Madame de
Puget. C'est une Veuve qui
a beaucoup de mérite.
Mr le Commandeur de
Felix, avec Mademoiselle de
Moustier. Elle a de l'esprit,
& de la beauté autant qu'il
en faut pour plaire.
Je vous ay nommé Mrde
Forefta de Colongue, parmy
les Autheurs de ces galantes
Parties. C'estun jeune Gentilhomme
d'une des meilleures
MaisonsdeProvence,
dont l'esprit vous est
connu par plusieurs Ouvrages
que vous avez veus de
L'AVOCAT
CONGELE'.
JAdù ixivoit(Uns un Bourg de
Provence
Un Sexagénaire Avocat,
Dont le tempérament eJloitpltU
délicat.
jQuel'ejpritér la confcicnce.
£)wyqu'ilfust ignorant de l'un 'rr'
l'autre Droit,
II nemanquoitjamais d'alleril
l'Audiancei
Atifft cefut là que lefroid
Vnjourd'Hyverlivrant àfachaleurla
guerre,
Lefit tomber roide par terre.
On ditbien qu'ilparloity mais qu'il nepouvoitpas
Remuerlespieds &les bras.
En cet état deux Sergens charitables
(Chojeajijfi rare alors quelle test
aujourd'huy
Qu'ilsfont tons millefoisplus cruels
que des Diables)
SurunBrancardleportèrent chez,
luy.
Désqu'ilyfit, il dit d'une-voix
casse,
Que peuvent faire, h- el-as! en
leur Convent
Par ce grand froid ces Moines
à besace,
Qui font maigre tout l'an, font
deschaux, ôefouvenc
N'ont dans le ventre que du
vent?
MaFemme,ajoû.tAa-t-il,de grace,
Envoyez quelqu'un à la Place
Acheter un cent de Cotrets, ; Deux cens Pains bis, deux cens
Harangsforets,
Et faites-les porter au plutost
chez ces Moines.
Apres ces mots nolïre Avocat cbtut
Ne tarda pas d'ejîre mis dans un
Lit
£lue deux Bafflnoirs ou deux Moines
Avoientchaufêde la bellefaçon.
Adieu lefioid& lefrijfom
LeurEnnemyle chaud les oblige au
plusvisse,
Afaire gillè de leurgifle*
lU luy cedentla placem -grand cmtentement
De cet humble Dévot de la nélfi ,Aflrée*
J$ui n'apluslamepénétrée
.tue du chagrin d'avoirsiprécis
• pitamment
Fait (félonsonhumeur) une large
i gesse outrée.
-
J
Cent Cotrets, deux cens Pains,1
deux cens Harangs forets;
Quelle prosusion! elleest digne
de blâme,
poursuit-ila-part-foy; mais un
moment apres
Venant à refléchir que peut-estre
sa Femme
N'apas executésesordres indiscretiy
*
LAjOJe en mesmetemps s'empare
deson ame, Ils'eninforme avec empressement.-.
La réponse n'estpas àses desirscontraire.
Elle luy dit, Mon Cher, on va
dans un moment
Travailler à vous satisfaire.
Ah non, dit-il, il n'est plusnecessaire
Qu'on songe à cela; Dieu
mercy,
Je trouveque letemps s'est beaucoup
adoucy.
Comme dans fin Miroirje te vois
dans cc Conte.
Tfunpérilprcjjant menace,
Tufs des voeux au Cieldont tu ne
tinsml conte
Dés le momentquilfutfAjfe.
J'auroistropà dire, si jten;
trois dans le détail des, divers
plaisirs dont le Carnavala
esté la cause. Il faut pourtant
vousapprendre une
JLA -—
Avanture de cette iaiion.
Elle a eu tant de témoins
dans une Ville aussi polie
que peuplée, que peut-estre
ne fera-ce rien de nouveau
pour vous. Le Mardy-gras
approchait, & chacun cherchant
à se divertir à sa maniere,
il y avoit fort peu de
Maisons où l'on ne fust difposé
à quelque Partie de réjoüissance.
Dans ce tempslà,
un Cavalier des plus con- sidérables des environs, estant
allé voir ce que faisoit
une Dame qui recevoir afsez
de visites, trouva dans
sa
sa Court quatre jeunes Demoiselles
qui avoient un engagement
de jeu pour toute
l'apresdînée. Le Soupe en
devoir estre,& elles sortoient
pour aller au rendez-vous.
Le Cavalier s'estant prié du
Régal, les arresta quelque
temps,leur dit des folies, &
pour s'en vanger, la Court
estant couverte de neige qui
estoit tombée toute lanuit
en grande abondance, elles
commencerent à le peloter
par enjoüement, Apres
qu'elles furent lasses de le
donner ceplaisir, le Cavalier
leur dit en riant qu'elles prifsent
garde à elles, & que
peut-estre le jour ne se parteroit-
il pas, sans qu'il tirait
raison de l'insulte. Elles répondirent
en riant ainsi que
luy, que la menace les étonnoit
peu,& qu'elles alloient
toujours se divertir à bon
compte. Cette réponse estant
une espece de désy,
il résolut de les aller surprendre
le soir dans quelque
déguisement qui les,
effrayeroit, ou qui du moins
autoriseroit les plaisanteries
qu'on sçavoit estre de son
caractere. Il ne trouva rien
de plus propre pour cela
quc de s'habiller en Diable. Ilavoirchez luy toutccqu"ll
falloir pour cette metamor- phose;&comme les Masca-
:
rades avoient dîe de tout
temps un de ses plus gran ds
plaisirs, il auroit fourny en
un besoin toute sortedecpipages.
Tous les Domestiques
de la Maison où
joüoient les Belles, estant aitez à gagnerparce qu'ils le
connoissoient,il fit dcfluu
de ne se montrer que quand
le Soupé seroit sur la Table.
Lanuit venuë, il-sedéguisa,
& estant sortypourexecuter
sonentreprise, il ne put pasfer
devant la Maison d'uri
Gentilhomme de sa - connoissance,
sans y entrer un
moment. La porte en estoit
ouverte, ôc la Dame du Lofgoisrt
estant d'une humeur
énjoüée, il fut ravy
d'essayer par elle ce que
produiroit son déguisèment.
Le Gentilhomme marié depuis
quatre ans, marquoit
beaucoup d'amour à sa Femme,
& leur union passoit
-
dans la Ville pour un exemple
qu'il y avoit de la gloire a
imiter. Cependant comme
ilarrive toujours quelque diférent
dans le ménage, un
peu de mauvaise humeur les
ayant pris l'un & l'autre depuis
un quart-d'heure,ils
estoient venus ensemble à
des paroles d'aigreur. La
Femmeavoit faitason Mary
des reproches chagrinans,
&le Mary, quelquefoisun,
peu trop bruique, la donnoit
au Diabledans le moment
mesme que le Cavalier
entra vétu en Démon. La
Dame effrayée, fit un fort
grand cry en le voyant, &
le Cavalier s'avança vers
elle, fort éloigné de penser
que la vouë d'un Masque
eust pû l'effrayer véritablement
; mais il fut bien étonné
quand elle tomba à la
renverse sans aucune marque
de connoissance. Elle
avoit esté frapéc de ce qui
estoit échapé à son Mary.
& l'entrée si juste de cefaux
Démon,luy persuadant que
son imprécationluy en attiroit
un veritable, elle perdit
tout- à-coup l'usage des sens
& de la parole. Le Mary de
son costé aussi épouvanté
qu'elle, demeuracomme immobile
& au lieu de prendre
au corps le prétendu
Diable, il ne sçeut luy-mesme
ce qu'il devoit croire de
cette sou daine apparition.
Le Cavalier fort surpris de ce
désordre qu'il avoit causé
innocemment,cria au secours
, ôc se fit connoistre.
On fit venir aussi-tost un
Chirurgien pour saigner la
Dame, & peu à peu on
trouva moyen de la faire revenir
Le Gentilhomme fut
aussi saigné, mais cette précaution
ne détourna pas une
forte fievre dont tous les
deux ont pensé mourir. Ce
malheur rompitle dessein du
Cavalier, qui ne sortit de
chez Ion Amy, que pour
aller se défaire de l'habit de
Diable qui luyavoit si mal
reiiiïy* Ainsi, ce qu'il avoit
médité contre les Belles
n'eutaucun effet, & il les
laissa. jouir fort paisiblement
du plaisir de leur partie.
En vous apprénant la mort
du Pere le Cointte vous
voyez, Madame, qu'on ne
vous a rien appris, puis que
deux grands Hommes,l'un
de l'Oratoire, & l'autre Jcfuite,
portant le nomde Pere
le Cointre, on a négligé de
vous mander duquel des
deux nous tommes privez.
C'est du Prestre de l'O ratoire,
qui eitoit à Muniter
avec feuM Servien
,
& auquel
on peut dire que la
France avoit obligation. Il
travailla aux Préliminaires
de la Paix qui s'y conclut,&
fournit des Mémoires pour
le Traité, Comme il s'estoit
employé avec grand zele à
soûtenir les droits de Sa Majesté,
MonsieurColbert qui
a toujours eu une cofidération
particulière pour ceux
qui fervent l'Etat, luy fit
avoir une Pension de feu Mr
le CardinalMazarin. Trois -
ans apres le Roy le gracinaj
d'une autre. Il s'estoit acquis .j
grande réputation par IcsAn..
nales Ecclesiastiques qu'il a
donnéesauPublic. L'estime j
dont le Pape Alexandre VII..
l'a honoré tant qu'ilavécu>
estoit une marque de son
mérire. Il l'avoit veu Nonce
à Munster.
Puis que cette mort me
mene en quelque raçon à
Rome, il faut vous dire que
le Sacré Collège a une
vingt-cinquième Place vacante,
par la mort de Mr le
CirdinalNitard arrivée le
premier du dernier Mois^
dans la 73. année de son âge.
Il estoit Allemand, avoit l'esprit
d'une pénétration- surprenante,
&vivoit de la maniere
du monde la plus,
exemplaire. Il avoit esté Jesuite.
Confesseur delaReyne
Mere d'Efpagne>&Grand-
Inquisiteur de ce Royaume.
Les diferés qu'il eut avec feuDom
Juan d'Autriche, & la
plûpart des Grands, l'ayant
faitrésudre à venir à Rome,
il fut fait quelque temps
apres Archevcfque'd'Edessè, 1
qui est un titre in Partibus,
Ambaffadeur ordinaired'Espagne
en cette Cour, & en 1
suite Cardinal. Ce fut ClementX.
dont il estoit Créature,
qui l'éleva au Cardinalat.
Outre les qualitez de
grand Politique & d'Homme
de bien, il estoit très,
bon Prédicateur, & sçavant
Theologien, &entre les Livres
que l'on a de luy
,
son
Traité de l'Immaculee Conception
en est une preuve. Il
a laissé de grands biens aux
Jesuites, qu'il
a déclaré ses
Héritiers.
Mrde Marolles, quiatant
écrit, & qui estoit Abbéde
Villeloin & de Beaugerais,
est mort aussi depuis trois
semaines. Il nous a donné
la Traduction de tous les
Poëtes Latins, &les Impressions
reïterées qu'il a salu
faire dela plûpart, font assez
connoistre combien ce Travail
s'est trouvé utile. Tous
ses Ouvrages se vendent
chez le Sr de Luynes au Palais.
Il a vécu un tres-grand
nombre d'années, 6cla derniere
est venuë enfin pour
luy. Le temps détruit tout, &:
c'est ce qui devroit consoler
la vieille Coquete qui veut
qu'on la plaigne de ce
qu'elle est sans Amans.Vous
sçavez qu'elle a prié le Public,
par le Billet que vous J
vistes d'elle il y a deux mois, jj
de luy vouloir enseigner1
quelques moyens d'adoucirI
soninsorcune. Si ses chagrins t
la laissent capable d'entendreraison,
ellen'a qu'àécouter
ce cpe dit le Papillon à la
Tubéreuse dans la Fable que
voicy. MrPelegrin en est
l'Autheur. --
LA TVBEREVSE,
ET LE PAPILLON.
FABLE. DAns un desjardins de
Provence,
-ZI-le mille diferentcsFleurs
Par leurs agréables odeurs
Rendent unvrty Lieu deplai-
Jance;
Vat Tllbmufl, dit-on,
.Bi.lie,par-Fj-par-idi, mats d'un ejprrt
tres-bon
Aménager une Intriguegalante,
ycyoit avec plaisir maintgentil
Papillon
Abandonner toute autre plante
Pourluy venirfaire l'amour.
Maispour commencerfin hifloirè,
Des lespremiers momensquellepartit
aujoury
Mefondafin bonheur&sagloire
Asifaire unegrosse Cour.
Cela n'estoit pas impcjfible.
Ayant quelque peu de bi ,'ute,
Etrenonçantà fauflcrcjitrté
£hiun coeur neuf trouvesi terrible.
En peudetempsj^fqueauplm infienfible
Luy vint offrirsi liberté.
Teln'/t'Voitjam¡fúfréquenté
Que le Thym crla Marjolaine,
J^iljevoyoit rtçeusanspeine.
Attlfi delamoindte douceur
LaVolage tenoit bon compte.
Elleapprenottà tow,fansfcrupule
&fins hontey
Lefilntdetoucherson coeur.
Mai* helas,cequ'unefeurs
c'ne beautéquiplaisi, pour laquelle
on s'eryprejjc
Tâût-squ'elleefi danssafraîcheur,
Et qnonrieftimeplifc^quq'uoonnmméépprirsise,e,
qu'on laiffi,
Des que l'âge a détruit sa, beauté,
fin ediur.
Si nofircTubéreuse eut le mefne
malheur,
N'efip<ts une demande àfairei
Elleplut tant qu'elle putplaire,
Tant qu'avecle teintfrais elle eutde
U^7çueur.
rMeains dté,s qquueeffisesfofreotrscmeasnmquaen-qtie-
Tomles Papillons defirtercnt,
Etporurent ailleurs leur amoureux
soucy.
Ld Tubéreuse alors d'un air morne
& transy
En vainptujieursfiù les appclla
En vain pour paroifire encor
belley
Surunbasson voisin ellefoutientfon
corps,
Etfait millepetits efforts,
Pasunneretourne auprès d'elle.
Ce qui fut encorplmfacheux,
C'ejl qu'un de ceux qui montroient
plits de zele,
Luy tint "en laquitant ce difeturs
dédaigneux.
Qu'avez-vous donc, noi-tre
vieilleMaîtresse?
D'où vient tant de trifteffè-? -
Prétendiez-vous plaire toûjours?
Quoy, vous ne songiez pas que
l'affreusevieillesse
Estletombeau des plus tendres
amours?
Le temps (vous sçavez le Proverbe)
Détruit ce qu'on voit de plus
fort.
Oüy, nous allons suçer de
l'herbe
Où paroissoir jadis ce Bâtiment
superbe
Qui témoignoit des ans ne craindre
point l'effort.
Et vous, qui n'estes rien qu'une
chétive Plante
Que le plus doux Zéphir tourmente,
Vous auriez prétendurésister à
les coups?
Adieu vousdisconsolez-vous.
La Reyne, accompagnée
de Monseigneur le DaUrphin,
& de Madame la Dauphine
,
vint à Paris au commencementde
ce Mois. Elle
sur reçeuëauPalais Royal
par Son Altesse Royale, qui
luy donna un magnifique
Repas. Toutes ces augustes
Personnes allerent de là à la
Foire. Comme la clarté des
lumieres luy donne un brillant
particulier, onavoit eu
loin de fermer tous les endroits
par où le jour auroit
pû entrer. LaReyne joüa
beaucoup de Bijoux, & ne
les joüa que pour en faire
autant de Présens. C'est un
effet de cette noble inclination,
qui la portant à donner,
soûtient avec tant de gloire
les sentimens de grandeur
que sa Naissance luy a inspirez.
Cette Princesseallavoir
ensuitel'Opéra deProserpine.
Il ne devoit pas luy ellre
nouveau, puis qu'il a servy
- toutun Hyver deDivertissement
à Saint Germain. Cel.
pendant cet Opéra n'éstant
-
-
représentény par les mesmes
Acteurs, ny avec les mesimes
Décorations, Elle y trouva
quantité de choses qui eurent
pourelle toute la grace
de la nouveauté. Le Theatre
des Champs Elifées parut
magnifique,aussibien que le
Palais dePluton,& on donna
beaucoup de loüanges aux
principaux de ceux qui chanterent.
Sa Majesté admira
nonfeulement l'entiere juftesse
avec laquelle ils sçavent
conduire leurs voix, mais encor
leur agréable maniere
d'exprimer au naturel par
leurs actions & par les divers
mouvemens de leur visage,
toutce que les Personnages
qu'ils représentent peuvent
avoir de passionné. Nous
devons voir incontinent apres
Pasques sur le mesme
Theatre de l'Académie
Royale de Musique, Le
Triomphe de l'Amour, qui a
diverty Leurs Majestez pendant
tout le Carnaval. Je
croy vous avoir déja marque
que ce Spéctacle ne doit
eltre regardé que comme
une Mascarade qu'on avoit
eu dessein de faire à la Saint
Hubert, & que la maladie
de Monseigneur le Dauphin
empefcha. C'est un Balet
qui ne contient que des Entrées
mestées de Recits, sans
Piece de Theatre, & pour
lequel le Roy n'a point fait
ces grandes dépenses qu'on
luy voit faire pour les Opéra
dont ilrégale sa Cour. Mr
de Lully, qui est bien aise
que son Theatre ne demeure
point sans nouveauté, &
qui veut que le Public joüis.
se de cette Musique, beaucoup
plus belle que n'ont
voulu faire croire les Ennemis
mis de Paris qui en ont four.
ny de mechansMémoires
aux Nouvelles Etrangeres,
fait de grands apprests pour
cet Ouvrage. Il yadjoûte
beaucoup de Machines &
de Décorations, & a fait
venir d'Italie un celebre
Machiniste qui a travaillé
longtemps aux somptueux
Opéra qui attirent tous les
ans un nombre infiny de
Curieux àVenise. Ce Ma.-
chiniste promet des choses
extraordinaires, & s'ilexécute
tout ceque je sçay qu'il
a entrepris, peut-estre n'au:+
ra-t-on encor rien veu en
France de plus surprenant.
Comme plusieurs Femmes
de qualité dançoient à la
Cour dans ce Balet, Mr de
Lulljr a choisy beaucoup de
Filles afin de remplir les
mesmes Entrées.Ainsi on
peut s'assurer qu'on verra
sur son Theatre une nouveauté
toute singuliere,
M' le Pelletier, Doyen
d'honneurde la Faculté de
Droit de Paris, ayant souhaité
se démettre de cette
Charge, qu'il a exercée avec
beaucoup d'avantagependant
quatre ans a la pricre
des Docteurs, Regens,&
Honoraires, qui l'avoient
toujours continué, Mr de
Bezons,Conseiller d'Etat
ordinaire, sur nomme pour
remplir la mesme Charge,
par les suffrages detous ceux
qui se trouverent à rA'ifemblée.
Mr lePelletier avoit
procuréàlaVille, ôckl'Univerfité
de Paris, le rétablissement
de la Profession
publique du Droit, & la
Graduation,c'est à dire, pouvoir
de donner des degrez
en Droit Civil, qui avoir esté
retranchée il y a cent ans par
l'Ordonnance de Blois. Il
avoit aussi obtenu du Roy,
fit l'entremise & les sages
conseils de MrleChancelier,
le rétablissement d'un temps
d'étude compétent dans
toutes les F:àcuItcz deDroit,
La tnefme Faculté de
Droit Civil & Canonique,
s'estant assemblée le 24. de
l'autre mois, reçeut Mr dela
Réynie Conseiller d'Etat, au
nombre de Te5 Docteurs Honoraires.
Quoy que je vous
aye souvent parlé de ce zelé
Magistrat,jauroistoujours
quelque chose de nouveau
àvousen dire, si jene fça.
vois que la justice qu'on luy
rend par les loüanges fait
soufrirsamodestie.Maisj'ay
beau me taire. Ses actions
parlent hautement pour luy,
& il fait beaucoupmieux son
éloge par rexaéte & continuelle
vigilance avec Ia<
quelle il s'applique au bien
public, que ne le feroient les
termes les mieux choisis que
jepourroisemployer. Ilaun
foin extraordinaire de faire
observer la Déclaration du
Roy. touchant les Malades
de la ReligionPrétenduë
RéforméeC'est pour cela
que le 27. de Fevrier il fit
publier une Ordonnance
portant que les Commissaires,
felon leurs divers quartiers,
ne cesseront point de
se transporter chez ces Ma.,
lades, pour sçavoird'eux s'ils
veulent mourir dans ces erreurs
de Calvin. Il en est
beaucoup qui ayant liberté
des'expliquer, demandentà
estre in struits des veritez Catholiques.
Le Quatrain qui suit mériteroit
fort d'estrenoté. La
réponse qu'on y a faitesur les
mesmes rimes, luy serviroit
de second Couplet. Une
jeune Demoiselle devant qui
soûpiroitunCavalier, exigea
de luy une Chanson, qui luy
fist connoistre ce quil'obligeoit
àsoûpirer. Il satisfit à
cetordre parcesquatreVers. sIjesoûpire, bêlas! et tfeftp** ¡afiSfitjl'" -et.
^ua}':a on vous aime, Ires, Q1Jquonn'oft
le dire7
N'cjl-ce.p-u un cruelmartyre
Jjhtc defoupirtr el1flcral
Voicy la Réponse de la Demoiselle.
cRoy-moy, mon cber Tyrcts, tu tefhinsfansfrjct.
Si mesyeuxfontçnArme,nepeux-tu
pas le dire?
Commentfçaiiron-j£ ton martyre,
si tu ne me dis tonifcret?
Puis que nous sommes
sur les affaires de coeur, j'ay
àvous apprendre que la
belle Brune qui a passé chez
vous quelque temps, dans,
les dernieres Vandanges, &
qui étendoit la severité de
sa vertu, jusqu'à dire qu'on
pouvoit estimer un honnette
Homme; mais que les Personnes
raisonnables n'alloient
jamais au delà, elfe
enfin sortie d'erreur, &a reconnu
par sa propre expérience,
que ce que les Dames
appellent Estime,est
bien souvent Amour déguisé.
Ce quil'apersuadée de
l'abus où elleestoit elt fort
singulier. Vous le trouverez
dans cette Lettre, où 1ort
peut dire qu'elle a peint ses.
sentimens d'apres Nature.
LETTRE. J 3Aydoute pendant quelque
tempsyma chere Sylvie, f
ce que jeJentois pour Tyrcïs effortvéritablementce
que l'an.
appelle amour. Je m'ejhis fouvent
consultéemoy-mesme.sur
cette matiere3 mats mon coeur riavoitjamais ose s'expliquer
tantma raisonl'ejfrayoit.Cette:
jalouse de ma liberté me cachoit
mesfers avec tout lefoinpojjîble;
& quand mon coeur vouloit
m'enfaireappercevoirpar quelquesJoupirs
qui luy échapoient
maigre toutes les défenses quelle
lftYen anjoitfaites, cette mejme
raiJsoneJJffayoit de m'éblouir> en
r*•xi'r, i.mputant cet joupirsa une naturelle
mélancolie. Elle ne pourvoitse
réfoudre à approuver ma
tendrejje, &. ne pouvant empefeberaujjique
laveuëde Tyr-
*ct's ne caufift une émotionsi
flble a mon coeur, elle m'enfaifoip
rougir de honte
x
&voulotfencor
me perfuadtr que ce n'efloit
laque l'effetdunepudeur commune
a tout noflre Sexe. Afati
il neftoitplus enson pouvoir
de me déguifer ce que messeni
ne me faisoient que trop decou*
vrir3 lors quelefiommeil achcvx
de me convaincre. Tyras me
parut ily a trois nuits dans un
de meJ fiongeé, dangereufiem:nt
blefifié.Je viss machereSylvie,,
sortirJon fàng d gros bouillons
defies playes3 & mon coeur ne
craignant plus alors ma raison.
qui àormoit> nejefit aucune
'Violence pour cacher fies sèntimens.
Je le sentis percépar
lemefimefierquiavoit mis mon'
eher Tyrcis dans un état sifu-
Hesse.Ah! que je connois bien,
ma chere Sylviequ'amoins que
de l'aimertendremention nepouvoit
prendre autant depart afies
maux que sen pris! Quelle inquiétude
neferais-je pasdans ce
songes De quelledouleur ne
fus-je pas pénétré> lors que je
leuts expirer après quelques pas
*chancelans? Peut-estre en ferois-
jemorte effettivementmoymesme
x si la violence de mon
déplaisir neufl interrompu mon
fonge. Tout imaginairequ'il estoit,
il me fitverser des pleurs
avec abondance,je men trouvay
toute moiiillee a mon rêveil,
Ma raison quis'éveilla
,dans le mesmetemps, tacha de
la cffuyer, & voulutfaire dédire
mon coeur desa tendra mot*-
alemensj maïs tous mu sensse
revolterent contrelie. Elle Je 1
noya dans mes larmes,&fut
enfinobligée de céder au panchant
quelle avoit toujours si
fortement-combatu. Tu nefçauroïs
croirej ma chere Sylvie, les
maux que j'ayJouJfirtspendant
llaadjuréedd'u-unnfosonnge qui avoit
osiélavie àTyrcis. Maïs je ne
fçaurois texprimer la joye qui
s'empara de mon coeur3 quandje
connusse ce n'estoit qu'un mensonge
j
qui ma pourtant appris
unevéritéque je voulois me déguiser
à moy-mesme,puisquii
ne mefera plus permis dedouter
d-iflrnais de ma tendrejje
pour-.., Adieu;, ma chere
Sylvie. Tu ne me recormoiflras
ylujj tantjefuischangée depuis
ce funrjle fonge.
t
;
Rienne marque mieux la
grandeur des Villes que la
magnificence des Feâesqui
l'on y fait, & c'est par là que
Vicenze a soûtenu glorieusement
depuisquelques mois
lerang qu'elle tient parmy
les plusconsidérables d'Italie.
Peu de Spéctacles
passenten beauté ceux qu'on
ft yaveus.J'en dois la deicnp--
tion à MrPatin, célebre par
son sçavoir, & qui a elletémoin
oculaire de toutce que
vous allez apprendre.Voicy
en quels termes il l'a faite en
nostre Langue, apresl'avoir
fait en Italien.
FESTES
DEVICENZE LEs Spettackspublics ont
esteprejquede tous lu
temps. Les anciens Monarques
d'Orient syfontplû, &auay
1";/y eufi bien de /4 bafoaric
attachée acesgrandsDiieniffemens
s
ils riont pas laissié de
servir d'exemple aux Egiptiens,
aux Grecs, aux Romains, aux-
Mores3 & enfin a rom les autres
Peuples,qui a proportion de
leur lumiere &de leur inclination}
y ont adjoûtédes;exercices
& desgalanteries: particuliern.
Il y a apparence queces titresde
Grands Roys, &de Roys
des Roys, leuraboientsifort*
enflé lecoeur qu'ilsJeJervirent
de lagrandeur de cet appareil,;
pour faire éclater léur autoritf
& lettrricheffi. Mais la Posterité
qui a encbery sur ces exemfiesy
a bienfaitconnoijlrej<uil
y avoit alorsplus de vanité que
de bon sens. EUe a trouvé lejecret
de joindrel'efj>rit&le coeur}
en émouvant lesrejjorts de lame
lesplus cachezpar desObjets qui
auparavant Jembloient ne fraper
que lesyeux & les oreilles.
Les Athéniensfurent fort longtemps
ch.rmtz de la Comédie
que le hasard avoitfait naître
chez eux plutofl qu'un dejJein",
prémédité, & s'appliquerent.)
mefrne avecdesdépenses infiniuJ
4faireréùffirdansleurCapitale
ce que des Païjanséebaufe^ de
lavapeur du Vin, avoient in"
vente dans le temps des Vandanges
pour leur divertissement
particulier. Les Romains, ces
MairlreJ du Monde3 s'occupèrent
aux Combats de Gladiateurs&
de Besse; farouches, aux,
Naumachies
3 & à beaucoup
d'autresfortes de Spectaclesqu'ils
rcglerent avecautantd'ordre que
de politejje. Ilsycréerent mesme
des AIigiftrats ; &- les Parueuliers
qui en eurent lefoin.,feaisoientsouventgloire
deJe ruiner
pourJatisfaire a la coutume,&
au luxe quiy ejloitattaché. On
y employa enfin ce que les trois
plus illullres conditions de laRépublique
y pouvaient contribuer d~'exfce~lle.nt.E~n/jooi»gna~Mn/t- /l~ewsmyyp
tens de la Religion, l'adresse des
Armes> & le bon gouss des
Sciences, on rendit ces Spectacles
tout-ensemble venérables, divertifJans)
& inftruElifsAinsi on
sen fit avec une étude délicate
Un plaisir en temps depaix>une
prtp irttion a la guerre 3
& une
cerémonieJacrée.
On réduisit enfin tous cesJeux
a trois especesfortdiférentes. Les
unsJe faisoient a cheval
,
.et.
pour cela efioientappeUezLudi
Equeftrcs & Curules, ou Decurfio.
Les Effagnols les appellent
Carozels. Les Allemam
leurontdorme le nom de Tournois,
qu'on croit venirde Torneamencum,
@r peut-efbrede
1 Troïa, à cause des Troyens qui,
en portèrent
l'exercice
en Italie,
tomme Virgile le marque. D'au.
très Peuples les ont appeliez
Barrières^prmeipalementquand
onyjoint quelque efjiece de combat.
Les François @f les Anglois
les nomment Courses.
Les autresJeuxs'appelaient
Agonales&Gymnici. C'eftJien--
t—dTe—sComba~ts—" ;—' -' 3 des Luttes,
st) desJoujles de bien des manicres.
On lesfaisoit ordinaire*
ment dans le Cirque @r dansl'j4mpkitheatre3
qu'on dédioit
exprés au Soleilya Neptune} a
Mars,dr àDiane. LaPolitique
des Romainsestoitsifort
attachée à la Religion, que leursgrands
deffiins rouloientpresque
égalementsur tune surl'autre.
AujJi ne r/üJfiIlÕi,fJlt-ils jamais
mieux que 1rsqu'ils estoient
afporyez deprétextesfpécteuXj
qui trompant ingénieusement
les Peuples, les retenoient idam l'obeïjjance.C'efl
ce quia
faitdire- a Tacite que cessoient
Artes Imperatoriar quibus
decipiebantur Populi.
Le Theatre fournissoitles der-,
niers Jeux. On Us appelloit
Sccnici, Poëtici, & Mufici,
4 cause des Recits qu'onyfaifoit,
(iy qui furent difiinguez par la
diverftté des Sujets en Comédiesr
Tragédies3Balets, st) Mafca-,
radesyd'oul'on a enfinformé ces
fameuxOpéraqu'on'voitprincipalement
à Paris st) à Venifc.
C'efl marquer en quelque forte
la liberté de ces jeux
3 que dénommer
les Divinité oui-YPre-,
fidoient. Bacchus Vénus en
efloient les principalesj à qui OMjoignit
Apollon (gjr Minerve,
peut-rjlre pour rendre le defordre
plus Juportable & moins
éclatant. Mais enfin la Religion
Chreflienne n'eut pas plutoftlevé
l'Erandard., quelle condamna
la licence
de
ces Jeux,
st) fit connoistre aux Fidelles
que lajoje qu'onsefiaifoitd'exposer
le vice sur le Theatre
.,
allaittien
audelà duprétexte qu'on
prenoit de le vouloir corriger.
L'Eglijesedéclara aujJi contre
les Spectacles de l'Amphitheatre3
(jtp les condamna comme des
Fureurs qui ne donnoient du
plaisir que parle majjacre e la
cruauté. Quant aux Jeux du
Cirque, après en avoir osié les
Sacrifices
Sacrifices, les Idoles, c& les autres
marques de la fuperflition
Payenneelle ne les regarda que
comme des Jeux innocent, n'cftant
en effetque des exerc:c?s de
'valeur} dJadrejJè
j * d'effrit.
,Ig!rtajn'disfPornitn-cceesceux dont les plus
ontde tout temps
donnéle Spêélacle.Ily en a une
infinitéd'exemples, on n'oubliera
jamais lefupcrbe C.=rozel
qu'on vit a Paris en 1662 ,*
que lesJçanjantes Grarceures de
Chauveauontrendupublic. Le
RoyyejloitChefidelaQuadrille
des Romains; Monficurrefloit
de celle des Persans; Monrieur
le Prince
}
de celle dcs Turcs;
Monsieur le Duc, de celle des
Mcfcovites;(èf MC le Duc
deCuire
3
de celle des Mores.
"Il ne s'est jamais rien rueu qui
Jégoalaful larmnagénifiecen.ce de cette ordonnée
par leplus Grand Rqydu mondes
qui outreune applicationsinguliere
3yfit une dépenje incroyable.
Ce riefl pas une petite gloire
pour des Gentilshommes particuliers,
de bien imiter un siglorieuxexemple.
En effet, le Spéflacle
que la Ville de Vicenze
vient de donner3 * eslési éclatant,
qu'il a mesmefurpanélattente
des SpéflateurJ. ily a peu
de Gens qui ne sçachent que
Vicenze est une Ville de la•-
JMMarcbe-T-rr.évifiinfe3furj:cte a lla '~I*,
République de Venise) r qui
po;irs'ejlresoûmise à elle volon-
-tairement la premiere de toutes
les Villes de Terre-ferme, a merjé
le nom dea Fille aînée;
qu'elleeflencorplusconsidérable
par tabondance &par la délicatesse
defies Vins> que parJa
grandeur; qu'jleeft aufjipeuplée
que leportejronétendue, 0j quelle
eftremplie de Gentilshom ries
4u(ïi fbintuels
)
au/Ji braves, &
aujjigalans quily en ait en ati-
,cune Villedumonde. C'eftcerte
dermerecirconfiance qui a donné
lieu aux Fcjhsdontj'ay entre-
1 pris la dejcr.pt.on, gff qui nont
esi.é l,'effetque d'un entretienjvr- l,tlt quune rencontre impréveuë
fit avoir à quelques-uns de ces
Gentilshommes avec les deux
Rjeéleurs de lafille. L'un a le
titre de Podefia, l'autre de Capitaine
Grand, & tous deux
y représentent la Majesté de la
SeréniJJtme République. Celuy
qui est aujourd'huy Podesta;,
s'appelle Marino Zor%i. Pour
faireconnoistre combien il est
genereux er bienfaijant, il me
Juffira de dire qu'il fait acheter
le Bled à cinq livres la mefurey
pour la revendre au Peuple a
trois demie.Réglant, comme
il fait toutessesactionssurce
pied-lajilrienfrapasplusriche
3
maisaujji les bénédictions
ne lujimanquent pas. Le Capitaine
Grand s'appelle Benedetto
Capello. On /'-ime a Vicenze
comme a Venise>parce
qu'on connoijljes rares talenspar
tout ou il est: Ceux qui aiment ïAntiquité3 feront peut-ejlre
bien aise-r d'apprendre qu'il esi
poJJ.JJèur de ce renomme Cabinet
de A4édailles du sçavant
Erizzpj qu'il en connoistparfaitement
~?~f~.,.~f qu'il
t'enrichitauxoccafons. Ces
deux font d'une Nobltjfe
des plus anciennes, richesj
bnfaitsyfçj,vans, rnaznifiques-,
si) en nrutal;on}quoy quefort,
jeun?sj d'ejlreaussi prudens que
fyirituels.
Ce fut avec ces Seigneurs
que les Nobles de Vicenze concertèrent
la Pompe de leur Caro%?
l,Lejour en ayant effé
choify3la Ville3 fentens les Dix
Nobles qui la repréfentcnt.) dr
qui pourcela enfont appeliez les
Député^j eutfoin de toutes Les
feurete%&de toutes les commc-r
ditez qu'on pouvoit attendre.
Onferma les avenues. On mit
des Gardes par tout, mais ces
Gardes eurent plus d'égard à
faire honneur aux Etrangers,
qu'a mettre objlacle à la curiojité
aun nombre infiny de Gens qui
accoururent de toutes parts. Le
plus bel eIface de la grandePlace
avoit eslé ménagé pourfcrvir
de Scene a ce Spéélacle, & on
en ossa toutes les Briques dont
elle ejlpavée, afin que les Che--
vaux courantsurlefable, fournissent
leurs courses plus commodement.
Ceux quinefont jamais
1Jenus a VicenKe., en peuvent
concevoir la beauté, en simarinant
que l'une desesfaces
fft occupée par le Palais de la
fujlice, cefameux morceau <%ArchitecturedePalïadie
; dr que
le AJont depleté,dr lePalais du
CapitaineGrande occupent tautreElle
efloit ornée des quatre
côtez dum espec: dJAmphithettt.
':)tpas moinspropre a
fairetcïtvoir3qu'a donner lieu
d' -:1. T r (:Jt"oc vou. Il y auoitpartout
d1: ric.rhes TTapis .¡:; l, ,
>
& ce fut la où
les D..ves se placeront sur les
vingt heures, qui font en France
quatre heures apres midy.Aucune
d'elles riygardoit de rang,
&ainsi on peut dire que lagalanterie
Italienne tenoit bien de
la Françoije cejour-la3 puis qu'il
riy avoitpoint de place diflingufa
pour les Sexes., que les Cavaliers
efloient comme ait Lou*
vre confusément avec les Damleess
se} r&virdqauns'itlosust'eesfforçaient de
les occaftons
de bicnfeance. Les uns & les
autres efloient habille^avectous
les avantages que demandoit
féclat de la Fesle. On ne vit
peut-efhrejamais plus de Perles
en un seul endroit; gjrpouren
marquer la profit/ton,ilfujfit de
dire que tonycompta jusques à
cent DamesVenitiennes. Ceux
quifontinjîruits de leurrichefjïe3
& du plaijîrqu'elles ont a je
parer3comprendrontsanspeine
la quantité qu'ony en fut voir.
Les Dames de Padouë3 de Verone
j de Bresse
J
de Mtntouë,
& des autres Villes du voisinageyJe
trouvèrent auJJi à cette
Fesle avec une infinité de Pierreries.
Les Nobles Venitiens,
qui font là comme les Dieux
Tutelaires du PaïsJ eurentgrand,
foin de bien soutenir leur cara-
Berepar la ricbejfe de leursMahits.
Ily en avoit quantitébrodez
enseHallages d'or, furhauffez
de Perles. Quand ces Seigneurs
font hors de leur Capitale
3
ils font difjpenfe^ de la
Robenoire3 & du Bonnet de
laine,a»quoy les oblige la maxime
de tEtat; £r alors
>
comme
neJe fouvenant-plus de cette
modérationprescritepar la Loy*
ilriefl aucune forte de magni-,
ifcercequ'ils ne se permettent.
L'heure de commencer le Spe-
Dacle efiantarrivée>onvitauffi*
tofl paroifireunsuperbe Char de
Triomphe, dans lequel estoit
Medéefous lafigure du sr Baltarin,
Adufisien de Aionfieur le
Duc de Mantoué: Ce Charrftoit
précédé de huit Trompetés,
dont les Habits&les ornemens
sembloientn-eflre qu'or &pierreries.
D'autres Trompetesfuivoient
avec plusieurs Estafiers
fort lefies. Ceux-cyavoient des
Livrées tres-éclatantesJquipourtant
arreflerentpeu lesyeux des
SpéélateurSj parce qu'ilsefloiententierementattachez
aux C'hevaux
de main qu'ils conduisoient.
Cefioient les meilleurs
& les plus finsqu'on eufl pû,
trouver en Italie. ¡Tingt Cavaliers
paroijjbient enfuite3 rentant
ces illuflres Argots
dont"Antiquité ajait
de bruit. Ils estoient divicn
quatreQuadrilles3 qui
quelles eujjent une. erpece
ijvrmitéj ne laijjoient pas
re distinguées par des ajufns&
des couleurs diférenpeut-
estre pour imiter les
s & les Romains> qui au
ignage de Cajjtodore3 orneleurs
Quadrilles de vert3
)u,o,e-, debleu3 & deblanc,
allusion aux quatre Saijons
année. Ce Char de A/ledée,
*es Argonautes, font repré-
£ dans cette Plarlche. En
examinantce quellecontient-, on
peutaifiémentfiefigurerune par.
tie des beautez de cette Feste.
UExcellentijjime Seigneur
BenedettoGapello,Capitaine
Grand,&qui pour ne pas tY»nmettre
la Majeftépublique>paroissoit
là comme incognito,
cess-dSre-yavec unpetitMafqUl
fitr Ie-nez;efloitChefde lapreme"
c Quadrille.Quatreautres
Seigneurs l'acco"noient.,(çanjoir;
Ai les Comtes Maximilien
Goddi, LmiiItalie3 Coriolan
Porto, BonifiacePoiar
ma. Leur Ouadrille anjoit le
élanc & le gris-de-lin pourfil
couleur. La feconde qui az,o,t
choisy l'aurore &le violet, estoitcompojee
de M:s les Comtes
Antonio-MariaPorto, Antonio
Trento, Vicenzo Scroffa> Scipion
Porto,&Ottavio Trento. Ceux
qui formoient la troisieme, cf
toientM% les ComtesLeonardo
Trejfino,ThomafoPiovene, le
Si Jacques Cavalerizzo; qui
tenoit la place de M[ le Comte
Camillo Trento) & M[s les
Comtes Loiiis Calda^no3&
LconardoPorto. Leur couleur
cftoit se bleu. La quatrième
Quadrille parut errcouleur de
feu> & avoit ententeAd^le
Comte Jean-BaptijlePorta>1
fui'vy de M"les Comtes Leo- I
nidû Porto,Francqco Volpe,
Qttaviano Garzadore,& Antonio
Porto.
CV-irquatreQuadrilles firent
quelques tours dans le Parterre)
tant pourvoir commodement
tous les Spectateurs3 que pourse |
montrer a 4ux pins aucun tumulte
; après quoy sejlant rendues
au milieu3 où elfe. forme-
:
rent un magnifiqueEscadron,
Medée qui efloit a latesie, arrsfta
fun Char DIS-a-njts du
Theatre, ou les Musiciens estoient
placek,CY chanta3 non
pas de ces Airs tendres dont elle
s'efioit Jervie pour amolir le
cçeurde7aron,mats de ces Airs
militaireS-quiem^loyoient les
Ancienspouranimer-leurs Trou*.
pes au combat. Quoy que la voix
Je ce luy qui représentoitAiedee
fist une des plus belles d'Italie,
on ne laijjoitpas d'entendre; avec,
beaucoup de plaisir l'harrllonie.
des Infrrumens, qui ne clJarmoit.
pasmoins enfon\<renreque l'appareil
du Spéélacle.
Le Récit ne fut pas plutofl
finy, quon vit difyaroiflre le
Char & les Argonautes. La.
Place se trouva toute libre3 &
commepar une especed'enchantement,
onydécouvrit auxqua*
tre coins les Afonflres que ces
braves Champions avoient a
combatre. L'un efloit ce Taureau
aux pieds d'airain, que
l'oracle avoitétablypourgar~
dien de la Toison d'or. L'autre,
ce Dragon épouvantable qui
défendoitl'entrée du Jardin
des Hejjféndes. On voyoit là
JVJJhs lè Centaure3beaucoup
plus terrib le que lors qu'il contoit
des douceurs a Dejanire.
La Stymphalide enfin sembloit
en état de lancersesplumes qui
ejloient autant defléchés, contre
ceuxqui lavoudraient attaquer.
CefutsurcesMonflres que nos
Guerriers éprouvèrent leur valeur,
au Dard>au Pistolet,&
à l'Epee; .@J comme desMonstres
ne s'abatent pas du premier
coup, il leurfalutfaire beaucoupdé
passades avant qu'ilspussent
venir à bout de leur entreprise.-
Les Chefs de Quadrille les at--
taquèrent d'abord taquerent ;(èf lespetites*
Troupes qui venoient en fuite,,
achevoient de défaire ces jaux
Monflres de la mesmeforte
ait,. si. 'efles en~-
quelles auroientfaitsielles en:
eussent cvmbatu de véritables.
On remarquoitdans toutes leurs.-
actions cette intrépiditéfnecef
faire danslesAttaches, &cette
précaution siutile dans la Petraitey
qui unifientagréablement
la-ualeur& laprudence. Les
Quadrilles qui essaient opposées
au commencement,sijoignirent
(êf Je Jeparerent plusieurs fois,
jufquà ce que le Combat fut
finy. Les Eflâfiers de chaque
Cavalier fourniffoient de nouveaux
Dards à leurs Maistres
pour toutes les Courfs, e la
ponûuahté des uns fecondoit
bien l'adreffi des autres. Enfin
les lvfonjlresayantfuccomhé,
on emporta leurs Cadavres> @r
les Vainqueurs commencèrent t
celébrer leur viéîoire par une
Dance a cheval. Cefutun Spé-
Bacle biensuperbe,&qui mef
loit l'antique au moderne3 de la
maniere du mondelaplus agreable.
PlineditquelesSybarites
furent les premiers qui firent des
Balets st) des Dances de Chevaux
j & que toute leur Cavaleneyrf/
oit merveilleusement
drejJée. Cefut ce qui obligea les
Crotoniates leurs Ennemis3 à
recourir à la rufè pour les défaire.
Ils donnerent à leurs
Trompetes un ordre secret de.
sonner au commencement du
Combatlesmesmes Airs de
Baletauxquels ils sçavoient que
les Chevaux des Sybarites estoient
exercez j
(gjr alors il ne
leur fut pas malaisé de mettre
en desordre leur Cavalerie.
Tout le monde fiait que les
Chevaux aiment l' harmonie,.
& quefiant les plus nobles de
tous les Brutes, &felon Aristote,
les plus grands Amis de
tHomme3 on a trouvé le moyen
delesdresserparfaitement; mats
peut-ejlrey a-t-il fort peu de
Gens qui[oientinformez des
quatrefortes d'Airsausquels on
aréduit toutes leurscadences. Ce
font l'Air de terre à terre,
quand le Cheval ne séleve.
point, mais qu'il se porte en
avant, en arriere, a voltesur
la droite &sur la gauche, &
à demy -volte en mouvemens
égauxj l'Air des Courbetes,
qui font des-mouvemens courbes
& à demy éleve%; l'Air
des CCaapprriioolleess,, quifont des
sauts hauts & éleuck, toxt
d'un temps; e enfinceluy
d'un Pas & d'un Saut, quand
cet Air est composé d'une Capriole(
gjr d'une Courbete fort
bajJè. Toutes ces manieres ont
leurspajjades> quifont comme
les temps de la Mujique, dans
hjquelsilneparutpoint que les
Chevaux de nos Argonautes
manquaient un Jeul moment,
tantils sêlenjoientjufle, tournoient,
&se remettoient a mesme
temps.
Apres que les Qtvaliers qui
les montoient les eurent 1'naniez1
pasapasjils les pouffèrentau.
galop, en rond, en
ligne,
en
triangle3siUn les figures concertées-,
e on remarquadans
leurs mowvemens toute la juftejfie
qui denjoitaccompagner la
gayeté ou la gravité des Airs
que iformoit le ChoeurdesInf
trumens.
trumens. Cette merveilleuje dis-
Aciplin.exdes Cheva,ux, fera de la peineaceuxquineennoonnttJjaareritaaits)
entendu parler; mais pourpeu
que l'on aitlu3 on doitfçavoir
par ce que raportent les Hifloriens)
que Von a drcjfiédes
Chiens, des Singes> des Ours,
&desEléphans,&qu'on les
a rendus capables desexercices
qui veulent le plus de docilité.
je vis ily a quelques mois un
Lievre,batrelaCaijje àVenist
aussi artiflement qu'un Tambour
auroit pu faire. LaNattire ne
mesemble pas moins violentée
par là dans un Animal si fimiàe,
qu'elle l'a ejlé dans laplus
pesante de toutes les Befles que
l'on a fait autrefois dancersur
la corde. Ceflce que Pline raconte
d'un Eléphant que Germanicus
fit paroiflredans ce
somptueux Spectacle dont il régala
le Peuple Romain.
Les ÇavahersVkentins s'acquirent
dans ce faro^el une
gloire à laquelle les Héros les
<r~
plus gcalans ddee1l'anti"quitAé n'ont pas 7
mesmeprétendu. Ceux-cy
ne sefontservis de Chevaux
dans les Lices, aujjt^hien que
dans la Guerre3 que pour tirer
leurs Chariots.Aussi toute leur
adrejje les faijoitplutost piJJer
pour de bonsCochers, que pour
de braves Gensdarmes, & on
ne remarque point qu'ils ayent
jamais fait un exploit confidétable
a cheval. Ils enatteloient
deuxy trois, quatrt)six)&mesme
huitdefront,& ilfujfifoitpour
emporter le Prix
deleursfeux*
de les pouffer avec plus de 'Vîtesse
que les autresy & de les
faire tourner court dans les dltours
des Cirques, évitant ainji
que le Char ne je jracoejjajt
contre les Buttu. Il en refle
d'affe% beaux monumens dans
les Médailles des anciens Em->
pereurs Romains.
Lee Baalec.tdeecetteiHujirc Ca- ~, t 1- t.f) ,,{ ..:. - valerie ne futpasplutofi finy}
que Medée parut encor dansJon
Char. Elle y chanta une Ode
triomphale au son des Inflrumens,
ne pouvant moins faire
pour ses Argonautes que de celébrer
l'inrrépide ardeur avec
laquelle on les avoit vais combatre.
Cefutpar cette harmonie
que finit le Divertissement de
cetteJournée. Les CurieuxpourrontJe
représenter3 en jettant les
yeux jur cette fécondePlanche,
de quelle maniéré ces galans
Avanturiers se firent voir au
milieu des Monstres.
Le lendemainyily eut trots
FestesajJeZ diférentes. EllesJe
firent dans les trois-plus grands
Edifices de la Ville,&pourtant
ils parurent fortpetits a cause
du concours inconcevable des
Etrangers. LEghfe de S. Laurens
fut choisie pour la Messe
fllemnel/e que le Prince de l'Académieacoutume
de faire
chanter-en prenantpossession de
sa Dignité. A41 le Comte Leonardo
Trejfino senacquita avec
t~oou~t~e la mwa~g~niyficenc~ecpeossible. Il
avoit fait orner tEglife desplusriches
Tapifferles; & desplus
cmfidérables Tableaux. du Pais.
La Symphonie estoit extraordinaire3par
lernuitec-la quantité
desAfufïciens; mais ce qui donna
tout l'éclat à cette Fesle
3
fut la
foule des Personnes de qualité
qui sy trouvèrent. Onprétend
qu'ily avoitplusdemilleGentilshommes,
outre trois cens Nobles
Venitiens. Les Recleurs de
la Ville, qui ne manquentguére
aux fondionsfolemnelles, eurent
d'autantp.us de foin d'affifierà
cetle-cy, quelle regardoit
la dévotion. Les Damesyparurent
dans leurs Habits lesplus
magnifiques)&onpeut dire que
tout le beau monde de la Lombardie
s'estoit ajJèmblé là tout
exprès, pour faire honneur ace
nouveau Prince d'académie.
Toutes les fois que ces iUuftres.
Académiciens en changent, ils
fOnt un Banquet dans la Salle
mejmedeïAcadémie3 au pied
de jonJuperbe Theatre. Cette
coutume fut observée ce jour-la
avec une JomptuoJîtésurprenante.
Ony vit tout ce qu'on
peutJouhaiter dans un Repatde
cette nature> cejl a dire3 une
profujîonmagnifiquej une délieatjcje
exqui(r) & une propreté
qui
êgaloitlune
& l'autre.
Les Députez de la Ville, que
fay dêja dit qui larepréjentent,
auoientdessinéle Diuertijjement
de l'aprefdînée dans la
grande Salie du Palais public.
Leurs foins parurent par l'orchp
admirablequi yfut gardé. Les
Soldatsqu'on anjoit mis aux entrées-,
ne s'opposerentqu'au menu
Peupley oupourmieux dire, à la
confusion & au desordre. Les
Dames} les Cavaliers, er tout
les konneflesGens3yavoient la
liberté de dancer
3.
de Je reposer,
ou de Je promener3 a peu pres
comme s'ils euljent eslé dans
quelque AjJèmbÍfe particulière,
On avoit êleve au bout de Io
Salle une espece de Theatre pour
les Musiciens; &bienqu'iln'y
en eust. qu'environ cinquante,
la
Symphonieparoissoit
eflre de
plus de cinq cens. Ce Divertifsement
duraenvironcinq heures
j
sans qu'on s'apperreuft de : j l'arrivéedelanuit, à fc~ause de
la quantité de Flambeaux dont
ce grand Lieu essais éclairé. En
France on aime les Branles, les
Courantes3 & les Dancesfigurées.
Les Sarabandes Jont, au
goussdes EfPaznols. LesDances
dallemagnefontplus impétueufès3pournepas
dire mi/¡taires;p
chaqueNationretenant,mesme
dans ce qui faits°splaijtrs,quelque
caraclere defon inclination.
La Dance Italienne rieft proprement
qu'une maniere depromenade
j pendant laquelle le
Cavalier & la Dame qui se
tiennent par la main) s'entretiennent
de ce que bon lexrfimble
entre deux rangs de Spéélateurs,
qui font d'ordinaire aJFs.
On peutla considèrercomme une
fuite de la prudence du Pais. On
'Voit toutsans peine. OnJefait
njoirfnsaffiliation. OnJepromenesans
laJFtude. On caufi librementsansfout,
son, & enfin
en. n'j ejlpas obligé d'assujetir
Jon plaifbr à la cadence des Instrumens,
ny des Pas mejure
qu'on napprend qu'avec beaucoup
detempssansaucune utilité
considérable.
C'esttordinairedans ces Fesses
d'appareily defaire dresser un
Bufet dans un heu c~~wo~~r
dj presenterà la Compagnie de
délicieux rafraîchissemens, qui
font des Liqueurs a la glaee, des
fins prétieux) & de toute forte
de Sorbets. Ce fut a quoy le
Podesta donna ordre dans cellecy
avec une magnificence quifut
admirée. Il ny eut pas jusques
aux Palets pourqui il neufljait
préparer dès Tonnéaux de Vin
qu'on leurprodiguolt-surle Perron
de la Salle. Comme les Dames
auraient eu tropaembarras
des Confituresj si on leur en eust
prejentéjur le lieu3 il jugeaplus
a propos de leur en envoyer à
chacune un grand B.ajJin dans
leurPalais.Ainsi on léur épargna
jujques à la moindre incommodité.
Cette dépenje eufi esié
considérable dans une petite Af
femblée. EUe le jut beaucoup
plus dans le concours d'un si
grand nombre de Pilles; main
ceux qui connoissentle génie du*
Podefla qui en voulut, prendre
Join,{étonneront peu de cette
gençrofité particulière. Ils(çatjenp
qu'il efl nepour la gloire,
& que-l'estimantcomme leJeul
partage des grandes Ames3 il
renonçcroit\<yolontiersenfafa-~
njeur à toutes.lesautresdouceurs
de lanie. KM ,tt\"
1
Je vousenvoyeune Fable
qui enferme une tres-utile
moralité pour ces Amans du
bel air, dont le mérite le
plus éclatant, consiste dans
la dépense qu'ils font pour
leurs Belles.Elleest de Mr
vPhileibernt, d'Acntiebe e.n Profy
ET LE PAPILLON.
FABLE. DEs que laste duJourparfis
clartez, nouvelles
Venoit eclairer lematin,
UnPapillon dam unJardin
Etalait 4Wfoinses ailes
Surla Rosc &sur le,min.
Mais pourquey,dircz.vom:jr.neit-il
tantdepeine?
L'Amourl'avaitfousfon domainep
Et de tout temps l'ajufiement
Eut d'un grandsecours à l'Ami.t$
ilfoâpiroitpour une Salitaire:
Faire la dédaratiln
Desa naijjantepajjlon,
Efloitlkfaplus grande affaire.
Unjourpourtantl'occasion s'offrit,
&Abeille qu'ilaimoitvintavec une
Amie
En cette Campagnefleurie,
Elley trouvoit desFleursJeIonfin
appétit.
NofireAmoureux ravy defavanture,
.roltig¿'ftr les Eleurs,puis s^arrefit
un moment
Tourpréparer un Compliment;
Enfuite isse met enpofiure
D'aborder un Objetàfisyeuxsicharmant.
En cet étatjamais Amant
N'avaitfaitsi bonneifgure,
Tout efioitmagnifiqueenfin ajufiement.
Surfit,petite tesie une Aigrek. élevée
D'une parure enlttydùtoutpoint
achevée,
Faiflit leplusbelornement.
Concorps briileit descouleurs les
l plusvives,' eirarrangementsanségal,
Rendoit les Bejles attentives
Sur cet ag-reabk Animal.
Ses atUs efîoicntd'écatlnte^
Ou la Natureavoitplacé
D'une maniéré délicate
Ce que la Broderie auroitde mieux
tracé.
En cet équipageilS.éicve.,
VAversles fleurs oltfin Abeille
enlevé
Ce quipeut méritersonchoix,
L*approchepourfalut, hlltde l'aile
troisfois.
Faites justice àmon amour extréme,
iuy dit-il del'airleplus doux; -
Vous sçaurez, Belle, que si
j'aime,
Jk ne dois m'en prendre qu'à
vous.
Vosappas ont sçeume surprendre,
Ils sçavent trop l'art de charmer,
Etmonjeune coeur est trop
tendre,
Pour pouvoir s'empescher
d'aimer. y
Papillon, ditlaMémgere,
Remettez à. quelque autre
jour
A me parler de vostre amour,
Pour aujourd'huy j'ay trop
affaire.
Si vous sçaviez, ma Mere est
en colere,
Et me reproche chaquejour
De ne pas haster mon retour,
Retirezvouslaiffez-moy faire;
Uneautre fois ayant plus de
Ioiftr,
Je vous diray, comme Abeille
bien née,
Que les foibles appas dont je
paroisornée Ne méritent pas un soûpir.
Si vostre ame pour moy se sent
pa/ïkmnée,
Peu dechose fait rondeur.
ÎVTaeeufer, dit-il, de foiblesse,
C'efi renoncer à-vos puissans
appas.
,
mai-Smoncqeur-kpeut-il>
feela^ï
- Il fènttrop le coup qui le blesse,enelevoudrois
Et quandje ne le voudrois ppaaes,,
Vous auriez toute sa tendrefie.
Pendant qu'il Ipuiflitsa voix
A vouloir convaincre l'Abeille
JïWil ne mourroit quefeusses
toixy
EUefaiflit lafourde ortiOt,
Et s'occupoit toujours à choijir le
mtilleur
De ce que porte chaque Fleur.
L'Amantfansccjfc ayantlesyeux
: sur eOe,
Admire tout ce qu'ellefait,
Etpourmarquer lagrandeurdeJôjy-
Z,¡(le)
Forme, enfoupirant, cefiNhait.
QueNature fut inhumaine,-
Et qu'elle eut bien peu de
raison!
Pourquoy me faire Papillon?
Ne pouvoit-elle pas me faire
Marjolaine?
Helas, helas! à ce moment
Queje serois heureux Amant!
J'auiois mille baisers, j'aurois
mille carêmes,
Je verrois sur mon corps faire
mille souplesses,
Et le tour, pour un peu de suc
que je rendrois.
Ah, chere Abeille,je voudrois
Estre Fleur, mais Fleursucculente,
Je serois plus content,yous feriez
plus contente;
Mais pour n'estre point Fleur,
ne me croyez pas moins
Capable de pourvoir à vos pressans
besoins;
Je sçaisun lieu queFloreméme
Cultive avec un foin extréme.
Pour toute faison, pour tout
temps^
Il n'y regne q\le le Printemps.
On n'y voit que des Plantes
fieres,
Les Fleurs,mesme enHyver, s'y
trouvent printanieres.
Disposez-en, car il n'est rien
Dont je ne fois ravy de faire
vostre bien.
Si l'Abeilleessaisfc-rupuleufc,
Sa Compagneygrande rieuje,
Bit Compliment neperdit pas m
mot.
L'ofre dit Papillon U rendant cu'
rieuse,
Ma Chere, luy dit-elle, il faut
duper ce Sot,
Faites tant-foit-peu lVtmoureuse.
Quand ilaura les yeux sur
vous,
Laissez aller un regard dIS
plus doux.
S'il vous surprend, paroissez-en
troublée.
Il croira que ce trouble est une
occasion
A parler de sa passion.
De tout ce qu'il dira feignez
d'estre ébranlée,
Et ne répondez oiiy, ny non.
Cen'est pas un defaut qu'estre
dissimulée,
Par là dans ce beau Lieu qu'il
nous a tantvanté
Nous aurons sur les Fleurs entiere
autorité.
Parfis confeitsl'Abeille enfinplut:
complaisante,
FÙtant du TapiUonlesamoureux
defirsy
Pouffa quelquestendresfonpirs
3ui fcmbloient partir d'u*e
Amante.
Le jardin proposén'efioit patloin
de là,
Cet illuflre Trio promptementy
vola.
Comme l'affaireetfaffez,bien conduite,
Sans la Compagne on en crailldroit
/afuite.
Ajuficmenî,Compliment,&Régal,
peuvent bienfaire une conquefie.
Le Papillon ne s'y prenoïtpAs mal.
Enamouriln'efipointde Befic.
Cependant nos AheiUusint
En cet agreable ?atterre.
Dieufiait quelravage ellesfant!
Chaque Fleur fins leur rude
guerre;
Tout efiant défloré,sansrien dire,
agrande erre
Les deuxftnu Mouches s'envont,
Papillon refiefculfam fleurs dr
fins xaîlret.
Ah,cruelle,dit-il, devois-tu mabuser?
Je me consoleroisde ma follelargesse,
Situ m'avois donne, tout-aumoins,
un baiser.
Expliquez,,belle Iris,vaut en estes
capable,
ce que le Papillon cache dans cette
FAble.
Votulesçavez,, maisentre nous,
Tyrculesçaitbien mieuxquevou*.
foccafion d'un Convent de
Recolets qu'il a étably pour
travailler à laconversion des
Prétendus Reformez. Le
zele qu'il a pour toutes les
choies qui regardent l'intereit
de Dieu, & qu'on luy
voit ioûtenir avec la m©fine
application qu'il le donne à
bien remplir tous les devoirs
de sa Cliarge,n1ci-nl-pcfche
pas que dans les occasions
de joye
,
&: de divertissernent,
il ne ie fasse autant
admirerque dans les choses
essentkllesôc importantes.
La manieredont il arec3eu
ce Carnaval la Noblesse du
Païs, & plusieurs Personnes
de la première qualité, en
cft une preuve.Lenombre
des Gentilshommes qui se
rendirent chez luy à l'envy
les uns des autres, fut si
grand, que le Chasteau de
Jarnac,qquuooyyquqt'iul,n.nee des
plus commodes Maisons qui
soient par delà la Loire, eut
peine à les contenir. Pendant
huit jours, il yeut trois
Tables, chacune de vingt
Couverts, servies avec tutant
de délicatesse, que de
propreré ôc d'abondance.
Lesaprefdînées efioient employées
au Jeu, ou bien à la
Chaise; &ceux qui estoient
de ce dernier goust. trouvoient
ailément à se satis,
faire, félon que la Vénerie,
ou la Fauconnerie, leur donnoit
plus de plaisir.On delta
noit le foir à la Dance, &les
Tables nestoient pas plûtost
levées, que l'on commençoit
le Bal dans une
Salle aussispatieuse que fuperbement
meublée. Le
grand nombre de Luftrcs
de cristal qui l'éclairoient,
faisoit admirablemét briller
les riches ajustemens de diverfcsTroupes
de Masques,
qui ne manquoient jamais
à s'y rendre. Parmy celles
qui y vinrent,iln'y eut rien
de plus galant, ny de mieux
imaginé qu'une Mascarade
qu'y menaMadame laComtessed'Aubigny,
Femme de
Mr d'Aubigny, Gouverneur
de Coig,nac,&Frere deMa- ?
dans le temps qu'on l'y attendent
le moins, de forte
qu'à la lueur de plusieurs
Flambeaux, on vit arriver un
foir un Cortege de Carrosses,
accompagnez de plufleurs
Personnes à cheval.
Chacun estant descendu
ceux quicomposoient la
Mascarade, se mirent en
ordre, &entrerent dans ia
Salle de la manière que je
vay vous dire. On vit paroistre d'ab-ord
une Troupe de Hautbois &
de Musetes, qui dans leur
Musique champestre nelais
Tante maternelle,de la Maison
de Pons, dont le Mary
estoit Frere de M'le Maréchal
d'Albret. Ensuite dece
petit Cupidon, venoient des
Egiptiennes d'une propreté
qui ne se peut exprimer, menées
par des Hommes tresgalamment
habillez. Madame
la Comtessed'Aubignyetl-
oitl'une d'elles,&ne
le rai(oie pas moins remarquer
par la bonne grace,que
par l'or& les pierreries dont
ellebrilloit. Cen'estoit que
Point (fE[pagne d'or & d'argent,
Brocard, TiÍFJ, Broderie,
avec des Points de
France admirables,& le tout
placé si à propos, & d'une
invention si nouvelle, que
l'agrément de l'Habit en
surpassoit encor la richesse.
De jeunes Bergers & Bergeres
suivoient à leur tour.
Quoy que leur équipage répondit
à la simplicité des.
Villageois, il estoit accompagné
d'un air de magnificence
qui leur attira bien
des regards. Ces Bergers
estoient suivis de Vieilles
& de Vieillards, avec des
Habits de plusieurssiecles,
& derrière eux paroissoient
des Espagnols, qui en finissant
la Mascarade avec la
gravité de leur Nation, donnerent
plusieurs Sarabandes
réjoüissantes. Ce ne furent
que Menüets de Poitou, où
1 Madame d'Aubigny ex-
:
cella, meslant avec le bon
*
air de Patis la justesse &:
l'agrément de Xaintonge.
Mademoiselle ChabotSoeur
de MrleComtede
-
Jarnac,
parut beaucoup dans cette
Assemblée, soit par sa bonne
mine & son air de qualité,
soit par la maniere dont elle
dança. Mrle Chevalier Chabot
son Frere, ne sedistingua
pas moins; mais rien
n'approcha du petit
,
Comte
deChabot,Filsaîné de M'
le Comte delarnac. Ce
jeune Enfant, quoy que sèulement
âgé de cinq ans, ne
laisse pas de dancer le plus
agréablement du monde-, &
si la force de ses jam bes répondoità
la justesse de (on
oreille, on ne verroit rien
de plus accomply. Il est
beau, bien fait, & d'une
taille qu'onpeut dire surprenante.
Parmy les Personnes de
qualité qui faisoient le plus
: bel ornement de ce Bal,
celles qui tenoient les premières
places, estoient Madame
la Comtesse de Miossens,
Madame d'Au
Madame laPrésidente d'Angoulefme,
& deux de ses
Soeurs, Filles de MrleComte
deBranac.&Petites-Niéces
- de feu Mrle Comte deBranac
,
Gouverneur de Xaintonge&
d'Angoulmois,dont
la Femme estoit Premiere
Dame d' Honneur de la
Reyne Mere, &Tante de
smeomdeb, léunee. fort grosse As-
Le Billet, tout composé
de termes nouveaux, dont
je vous fis part la derniere
fois, vous a fait connoistre
que le mot de gros est un de
<
ceux qu'on employé à tout
le plus indiféremment. Cependant
on ne peut pas dire
qu'il iok nouveau, puis qu'il atoûjours esté en ufàcre
& que s'ila quelque nouveauté,
elle ne consisteque
dans l'application que l'on
en fait. C'est ce qui donne
beaucoup d'embarras aux
Etrangers, qui ayant appris
la Langue avec soin, n'ont
jamais veu ce motemployé
que pour une chose qui a
véritablement de la gros
seur. En parlant d'un Homme
riche, on dit aujourd'huy
qu'il a un gros Bien. On dit
de la mesme sorte un gros
Seigneur, comme sile mot
de grandestoit condamné,
& on ne fait pas de refléxion
que ceux à qui cette mode
peut estre inconnuë, font
persuadez que c'est d'un
grosHomme qu'on veutleur
parler. Ce que cette mode
a d'insu portable, c'est que
dans le dessein de paroistre
du bel air, on a si souvent le
mot de gros à la bouche,
qu'on l'applique mesme à
tout ce qui est petit. Rien
n'est plus léger que la Gaze,
6c j'ay veu des Gens dire une
grosse Gaze, à cause qu'elle
estoit chere. J'ayoüy dire,
un gros chaud & un gros
froid,poursignifier que l'un
& l'autre estoit excelsis. En
cela on imite en quelque
façon les Matelots, qui ont
accoutumé de dire un gros
temps, quand ils veulent
1.
faire entendre que le temps
se met au frais, & que l'on
est menacé de pluye. On
dit encor, pour dire un bon
Homme & un honneste
Homme, ce sont lesmeilleures
entrailles d'Homme,&c. Les
Etrangers qui voyent les
mots écrits, ne doivent-ils
pas les pren dre à la lettre;
& quand on ignore à quoy
on applique ces méchantes
manieres de parler, commentpeut-
onconcevoir que
de bonnes entrailles d'Homme
veulent marquer un
Homme sincere?Joignez à
cela, desoler & desolant, dont
on iè serten toutes rencontres,
sans considérer que la
desolation ne convient qu'à
ceux qui sont dans les plus
grandes disgraces. Comme
ces choses n'ont qu'un certain
temps, quelle peine
n'aura-t-on point à en dé..-
chifrer le galimatias, lors
qu'on les trouvera écrites,
& qu'on ne s'en servira plus
en parlant, parce que la
mode en fera passée? Ces
, fortes de modes ne font bonnes
que pour les Habits. Ils
font usez avatqu'elles changent,
& ainsi ils ne sont jamais
sujets à blesser les yeux.
Y a-t-il rien qui choque plus
le bon sens que le mot de
violent appliqué à tout, &
aux choses mesmes de douceurs,
comme celuy de gros
aux plus délicates? Ce que
je remarque des unsdoit
estre entendu des autres,
dont je ne dis rien. Gell à
quoy il faudroit tâcher de
couper cours, comme on a
fait au Langage prétieux en
le joüant. Si on n'en eust
pas étalé le ridicule, ileust
insensiblement corrompu la
Langue, & on nous diroit
encor aujourd'huy qu'une
chose seroit surieusement
belle, quand on envoudroit
exagérer la beauté. Les mots
nouveaux sont fort diférens
de ceux qui ayant toûjours
esté en usage, ne sont proprement
que des manieres
de parler nouvelles. Un mot
nouveau est un mot dont on
ne s'est point encor servy
dans la Langue, qui est nouveau&
par luy-mesme, &
pour l'usage auquel on le
fait servir, & qui exprimant
une chose en une seu le parole,
épargne la peine de
recourir au détour. Destination
& impraticable, sont de
ce genre. Ce n'est point à
moy à décider si ces mots
sont bons, & s'ils expliquent
assez ce que l'on veut qu'ils
fassent entendre; mais je
croy en genéral, que le plus
méchant mot nouveau qui
expliquera en une feule parole,
ce qui sans luy ne
pourroitestre entendu que
par plusieurs, fera toûj ours
préferable aux nouvelles
manieres de parler dont la
plûpart blessent toûjours
autant le bon sens que celles
que je viens de vous
marquer. Il y a une seconde
espece de maniere
de parler d'autant plus condamnabe,
que ne signifiant
rien, elle ne sert qu'à faire
employer des mots inutiles.
On peut mettre du nombre
de ces mots, ilfautvoir,
il faut sçanjoir, & par toute
terre. Il est vray que ce n'cft
guére que par enjouement
qu'on employe lesdeux premiers
; mais pour l'autre, il
se dit presque toujours dans
le sérieux.
C'est trop pousser un Article
qui ne consiste qu'en
mots. Le temps nous fera
raison du caprice de laMode.
Tout y est sujet, commeje
l'ay déjà dit, & Mr de Bragelonne
Premier Président
au Parlement de Mets, l'a
éprouvédepuis peu de jours.
:Il est mort le 6. de ce mois, âgéde64ans.CeMagiftrac
estoit Fils de Mr de BragelonneConseiller
au Parlement,&
fut reçeu Conseiller
en la mesme Cour en 1637.
Il fut en suite Président en
la Seconde Chambre des
Enquestes, & apres avoir
exercé plusieurs années ces
deux Charges avec gloire,
le Roy le fit Premier Président
de son Parlement de
Mets. IlavoitépousélaFille
deMr de Marle, Chevalier,
Seigneur de Versigny, Pré,
sident en la Chambre des
Comptes, sortie d'une Soeur
de Mrd—e S.Poüoange,Maistre desComptes. Cett-e? Famille
de_Mar]e est des plus anciennes
de la Robe. Mr de
Bragelonne a laiddé sept Car.
çons, dont l'Aîné est Conseilier
à la Seconde des E-nquelles.
Lesecond a pris le
party del'Eglise,&s'applique
entierement,à l'Etude.
-
Je vous <pa~-~tj:y a deux
mois d'undesesSermons.
Le troisièmeestconseiller
au Parlement de Mets. Le
quatrième,qui est Lieutenant
aur, Gardes, s'est fort
distingué en plusieurs occasions.
L'Aînédes trois autres,
travaille fous Monsieur
Colbert avec une application
digneduPosteoùest;
& les deux Cadets, quoy
qu'encor fortjeunes, font
espérer beaucoup d'eux. Ces
Messieurs
Messieurs ont une Soeur,
mariée à MrdeValgran Concilier
au Grand Conseil. La
Famille desBragelonnes est
une des plusgrandes & des
plus anciennes de Paris. Elle
a possedé plusieurs Charges
dans l'Epée& dans la Robe,
&tire son originede Martin
deBragelonne, qui fut Prevost
des Marchands sous le
Regne de Henry II. Il y a
eu dans cetteMaison plusieurs
Présidens aux Enquestes,&
un Evesque de
Luçon.
Il est mort icy dans le
mesme temps un autre Premier
Président. C'estMrle
Goux de la Berchere, Marquis
deSantenay. Je vous
parlay amplement de luy &
de sa Famille, quand je vous
appris la Demission qu'il
avoit faitc de la Charge de
Premier Président au Parlement
de Grenoble, que Mr
le Marquis deSaintAndré-
Virieu possedeaujourd'huy.
Il avoirsoixante &treize ans.
Son Testament fait beaucoup
de bruit. Je pourray
vous en dire quelque chose
la premiere fois.
Nous avons aussi perdu
MrleCommandeur deMachault.
Voicy les qualitez
qu'il prenoit;ReligieuxSeigneur
Frere Charles de Machault,
Chevalier de l'Ordre
de Saint Jean de Jérusalem,
Commandeur de Fontaine
sousMondidier de Coulours,&
d'Amboise, Grand-
Vicaire, & Lieutenant de
Monsieur le Grand-Prieur
de France. Il a cité cinquante
ans Chevalier de
Malte, & pourrécompense
de plusieurs services considérables
qu'il avoir rendus
a l' Ordre, Mr le Grand-
Mailtre luy donnauneCommanderie.
Il en eue-une autre
par droit d'ancienneté,
& Mr le Grand-Prieur luy
donna latroisiéme. Ilestoit
Fils de Mrde Machault, qui
aprèsavoirservy leRoy avec
grand succés pendant plus
de soixante années,tantdans
les Charges deConseiller au
Parlement& de Maistre des
Requestes, que dans plusieurs
Commissions & Intendances,
futfaitConseiller
d'Etat, & môurnr-'fcnfin
Doyendu Conseil. Il laissa
plusieursEnfans,dontl'Aîné
estoitAbbé de S. Pierre, &
ConseillerauParlement à
la Premiere desEnquestes.
Le secondest Mr d'Elevane
ConseillerauGrandConseil.
Mrle Commandeur de Machault
dont je vous apprens
la mort,estoitle troisiéme;
& le quatriéme est Mr de
Machault, Seigneur d'Arnouville
, Conseiller en la
Seconde des Requestes. Mr
de Machault quia.cite Maistre
des Requestes & Président
au Grand Conseil, &
qui a eu plusieurs Emplois
des plus importans de la
Robe pendant plus de quarante
ans,estoit Frere de ce
Doyen du Conseil,&alaissé
un Filsqui est àprésent Intendant
de Justicedans la
Généralité de Soissons. La
Famille de Machaultestoit
illustre dés le Regne de
François I. & depuis ce
temps, on y aveu plusieurs
Maistres des Requestes,
Présidens aux Enquestes, &
Conseillers d'Etat. Elle est
entrée dans des Alliances
fort considérables ,sur-lefquelles
on peut voir Blanchard
& M:le Laboureur.
,,Tout-es cesmorts ontesté
précedées de celle de Madame
d'Ormesson, Femme
de M'leFebvredOr-tues-Qn,
Seigneur d'Ambroille,Maistre
des Requestes,arrivée
le 3. de ce mois. Elle estoit
Fillede Mrle Maistre Président
auxEnquestes,&Veuve
de Mrlç Roy Conseiller au
Parlement,lors qu'elle épou-
£1 Mr d'Ormesson. On fait ~~, grand tort au beau
Sexe, quand on l'accuse d'avoir
peu de fermeté dans ses
résolutions. L'Histoire qui
suit le tera connoistre.
Unejolie V~e~ve~ainmnt
le monde, -&' eii-hyàtbus,
les airs, m^nôft^rfe^teTautant
plus douc£,é{ue nese failantaucuireaffaitode(
c*ceurr
elle estok tôiîjdii^'dhumeur
à ledivertir,&acceptoit
toute sortede Parties,
plaisantes, sans songer ;,à.
autre chose qu'à parler les.
jours agréablement.Ses manieres
engageantes & honneftes^
luy-aVô8£hc donné
beaucoupd'Amies,&comme
elle ~cfîèkàuflîfpirituelle
que bienfaite, ôc que son
Bien répondoit à sa naissance,
on peut dire qu'elle
eust eu fort peu d'Amis, f);
elle eust voulu soufrir des
Amans;mais la liberté dont
le Veuvage la faisoit joüir,
luy semblant d'un prixinestimable,
elle s'estoit sihautement
déclarée contre tout
ce qui pouvoit avoir l'air
d'engagement, que parler
d'amour chez elle,c'estoit
assez pour estre banny. Par-.
my ceux que cette déclaration
n'étonna point, un Officier
revétu d'une des plus
belles Charges, de laRobe,
futundes plusassidus. Illuy
donnoit tout le temps dont
il pouvoit disposer, & disoit
les choses d'une maniere si
fine, qu'il estoit toûjours
écouté avec plaisir. Il demeura
quelques moisdans
un état de tranquilitéqui
plaisoit fort à la Dame.
Quelque entretien qu'il
eust avec elle, c'estoitl'esprit
seul qui y fournissoit. Elle
eut pour luy le procedé le
plus obligeant, & par les
marques d'estime dont elle
paya ses complaisances, il
luy fut aisé de voir qu'elle
n'estoit pas aveugle sur ses
bonnes qualitez. Ce fut ce
qui leperdit. Il crut avoir
assezdemérité pourvenir à
bout de toucher ion coeur,
& s'abandonnant à des sentimens
d'amour,qu'il navoit
encorosé se permette,
il s'en trouva tellement remply,
que ne pouvant plus
en estre lemaistre, il fut
contraint de se déclarer. Il
le fit dans les termes les
plus tendres &les plus respectueux
,&en jurant à la
Dame qu'il ne vivroit jamais
que pour elle, il luy offrit
enfin le sien, ôeluy fit entendre
faiu aucundétour,
qu'elle cesseroit d'estre vifibleppuioiuy:/
is>d prétendoit
[el mettre aupresd'elle
surlepiedd'Amante Lamenace
luyfitpeur. Ilpromit
de suiwim.CDcr4 qui déplaisoit,&
qUOyi que de temps
en temps il trouvast laDame
seule,ilsecontraignitsi bien,
qu'il demeura dansles teF-i
mes qu'elle luy avoitprescrits.
Cependantsisa bouche
se taisoitsesyeuxparloientendépitdeluy.
Ildeyiru:
'irefvcuiN:&*>tmelancoi
x» 1
lique,&lechangement de
son humeur découvrit bientost
ce qu'il tâchoit de ca- cher,LaDamequiavoit sa
politiquene voulut rien
voir de ce changement. Elle
espera que le temps le guériroit.
Aucun de ceux qui venoientchez
elle, n'estoit
mieux traitéque luy, &c'estoit
adfez pour l'obliger,d'entendre
raison. Il l'eust peurestre
enfinentenduë,si pour
son malheur un Cavalier fort
bien fait ne luy eust donné
de la j alousie. C'estoitun de
cesCoquets de profession,
qui disantce qui leur plaist,
ne' pensent rien de toutce
qu'ils disent. Il sçeutde quel
caractereeitoitla Dame, ôc
trouvant qu'illuy seroit glorieux
de venir parler d'amour
dans un lieu, où les
mieux reçeusn'avoient pas
ce privilege, il s'introduisit
chez elle, luy conta mille
douceurs, & dés la premiere
fois [et déclara son Adorateur.
Tout ce qu'il disoit
estoitremply d'enj oüement,
& cet enjoüenient empeschantdecroire
qu'il eust
dessein de persuader, il eust
salu sçavoir peu le monde
pour se fâcher de son badinage.
LaDameque lemot
d'amour épouvantoit,voulut
l'obliger à s'en défaire, mais
illuy soûtint qu'aimer autrementles
Belles, c'estoit peu
les estimer,&quelquepeine
qu'elle eust àsoufrir ce terme,
il salut enfinqu'elle s'en
accommodast. Ce qu'il y
avoit de particulier c'est
iu'il ne cherchoit jamais le
teste à teste pour l'entretenir
de son prétendu amour. Il
s'en expliquoit devant tout
le monde,&cela n'aidoit pas
peu à faire connoistre que
c'estoit un jeu d'esprit où le
coeur ne prenoit aucune part.
Quoy qu'ilfust peu assidu,
l'Officier ne laissa pas de le
chagriner de ses visites. Le
langagequ'il parloit luy
estoit infuportable. Ils'attachoit
aux paroles sans examiner
le ton, & jamais commerce
étably sur de vrays
soins, ne fit naître plus d'alarmes.
Sa raison avoit beau
luy faire voir que les airs badins
du Cavalier, rendoient
ses douceurs sans conséquences.
Ilprétendoitqu'en
feignant debadiner, on ae*"
coûtumoit insensiblement
les Gens à écouter desprotestations
detendresse
,
&
préoccupé de cesentit-nent.,
il s'abandonna si fort à sa
jalousie, qu'il fit mille plaintes
à la Dame deslibertez
qu'elle laissoit prendreàion
Rival. La Dame qui n'efl
toit pas faite pour les remontrances,
luy dit d'unairassez
froid, qu'il s'y prenoit mal
pour faire bannir le Cavalier;
que soit qu'elle fust
bienaise de s'en voir aimée,
soit qu'en l'écoutant elle
cherchastà s'en divertir, il
suffisoit que ses visites luy
plussent pouio les recevoir
toujoursagreablement, &
que se mesler de luy donner
des leçons, ce n'estoit pas le
moyendeluy faire changer
de conduire.Deux ou trois
Personnes qui survinrent,
empescherent que la convention
ne continuait. Il se
passa quelque téps sans que roncier osait témoigner
son désespoir; mais s'il cessa
de le plaindre, il ne cessa pas
d'estre jaloux, & parconséquent
de se rendre haïssable.
Sitostque leCavalier entroit,
c'estoit un chagrin qu'il ne
pouvoit déguiser.Il ne parloit
plus, & à l'humeur noire qui
le saisissoit,on remarquoit aisemés
que son silence venoit
de la jalousie.LaDame qu'il
commençoit a importuner,
résolut d'y donner ordre.
Voicy pour cela l'occasion
qu'elle prit. Il y avoit trois
semaines que -
le Cavalier
estoit en Province,où quelquesaffaires
l'avoient appelle.
L'aimable Veuve que
son absenceinquiétoit peu,
n'en passoit pas moins d'agreablesl>
eurç§.>Eli9^Qybit„
sesAmis, cherchoit les plaidrs
à Ton ordinaire, & rOssi.
cier que l'éloignemet de.
son RivalAvoitdélivre d'un
objet fâcheuxparoissoit
guéry deses visions,quand
estant u#j,our entré, dans la
Chambre delaDame., qui
achevoit une Lettre dans son
Cabinet, il en prouva une sur
la Table, quece.jour-làmeC
me .cUe avoitreçeuc du Cavalier.
Illuyécrivoitdu mes,
me stile dont ille servoit en
luyparlant; I/x comme elle
Hayoitpas.dèfleiad'en, faire
mistere, elle avoic cru de peu
d'importance de l'abandonner
aux Curieux. L'Officier
la prit, & leutces Paroles. N'Appréhenderrien pour
m&s (oûpirs. Ilssçavent
trop bien leur -chemin*four s'égarer
&je leur ay si bien appris
la route qu'il faut qu'ils
tiennent, lui; arrivent toujoursseûrementouje
le$enioye.
Il ne s'agit feulement que de
leur faire une meilleure reception
,
&de ne les pasfaire attendre
longtemps a la porte. Le
moind,re peti- t soûp*irdé7p~esché
vers euxde njojwe pdrt, leur
firoit merveilleusement bien loi
bonnearsde che^vous; g de
bonnejvyjquoyp'quevous cr&yti^
peut-estre qu'ils font peu timides}
ilsauraient ajje% bejoïn
d'unjtmblable Conducteuryour
s'introduireavec mains de crainte.
Ce n'cft pas la vous obliger
L a grandedépenfi
>
fé) vous ne
fçaurie^ ce meJemble> lesrecevoiramoindre
jhâs;makpour
leurmalheur> 'VOUJ efltsavare3
& je crains bien que vous ne
l()t!)¡ez quelquefois ces pauvre.
soûpirs fort ma-'lx à leuraise. Irl/
ejl vrayquils nefont pas trop
fatiguez, quoy que le voyage
sist ajJeZ long, dr qu'ilsl'ayent
fait tout d'une haleine. Ils volentvers<
vom auxmoindres ordres
de mon coeur 3 & partent
toujours sans qu'ilssefajjent
prier. Ilyen a mesme de tons
prefis,félon les occaJions) aJe
relayer les uns les autres
„ &
jamaissoupirs ne furent demeil-.
leure volonté, ny pluspropres a lacquiter des commissions dont
ilsfont chargez.Si vous leur
vouliez donneraudience3chacun
afon message à vousfaire. Cefoy-
cy vous apporte des nouvellesdel'attachementquej'aypour
vous,
- ,.J
'vous. Celuy-lavous doit rendre
Compte du chagrin que me cauje
njoftreahjence3 si) ainsi du refit.
Makily en a toujours quelqu'un
parmy :eux quia l'adreffi
deJe détacherdes autres, & qui
furete par tout sans eflre apperçeu
3
pour mavertïr-de ce qui Je
ptijje. Iltachemesmelemieux
i'U'il peut aseglijjer dansvOfl,re
*oeurj quoyque l'entrée luy en
^aroijfèdiffic/ir'le. Ilyemjïloye
toutce que ia irufe a pu
luyapprendre, depuis qu'ilfait
lemcÉier desoupir. Comme il
Doudrcit bienjefaire écouter, il
prend un ton des plus tendrez
mais grâce a la dureté de l'ofhr
~s'~r~ cesi du tempsperdu, @r
Dieu ffait- comme issait malsa
cour aupres de moy 3
quand je
découvrequ'il a sipeu fait la
mienne aupres de vous.
ila
beau
dire. Ilfujfit qu'il ne me rapporte
pas unsoupir de njoflrepart.
Je le querelle d'importance, &
j'en dépesche auffitojl un autre
encor mieux ,escorté., quefinf
truis toutde nouveau qui
semble me repondre de mieux
réÙssir. Je ne jfçaysia lafin leur
negotiation ne fera point plus
beureufie.J'attens de leurs nouvelles
a tous momens avçcgrande
inquiétude3 mais je nepuis
4Jez vous ledire.
Recevezmieux leur doux
message.
Ils vous diront toâjours ce qui se
patteenmoy.
Vous pouvez sans façonécouter
ieurménage,
Iris, ils fontde bonne foy.
Mon coeur de Ces secrêts les fait
dépositaires,
Sur eux il peut sereposer,
Etdans leurs tendres minis.
teres,
Ce ne furent jamais Témoins
à récuser.
CetteLettre fit retomber
l'Officier dans sespremieres
foibleiTes." Quand ilcftam
entré chez la Dame-,-On luy
avoir ditqu'elle ecrivoit.
Il Vijnagiria' qùé^ftoit
au Cavalier, & cette pensée
le laissa si peu maitre de
luy- mesme; iqu aussi-tost
qu'elle parut, ill'accabla de
reproches, La Dame ravie
qu'un pareil emportement
autorifailla rupturq, luy dit
sans trop s'émouvoir, que
puis que l'amour du Cavalier
leblessoir, il feroitfort logement
de renoncer à lavoir,
parce que n'estantplus d'humeur
à se contraindre , elle
avoitfort résolu de faire écla- - ter à sonretour l'intelligence
qu'il ne connoissoit encor
qu'inparfaitement. Elle tint
parole, & le Cavalier futà
peinerevenu,que luy apprenint..
la bizarre,jalousie de
l'officier, ellele pria de la
voir assiduement, afin que
le rencontrant toujours; le
dépit qu'ilenauroitlefor-
- çait àdéserrer, &la dertit
d'un Extravagant qui ne la
voyoitque pour luy faire des
plaintes. Le Cavalier reçeut
cetordre- avec joye, & fut
ponctuel à rexecucer. Ainsi
l'Officierne venoit plus chez,
l'aimable Veuve qu'iln'y.
trouvait ce fâcheux Rival,,
ou qu'il ne survinst un moment
après. Jamais Jaloux,
n'eut tant à soufrir. La Dame
& le Cavalier estant de con.,
cert pour joüir de ses cha-,
grins, plus il en faisoit paroistre,
plus l'un & l'autre;
estoit enjolie. Ils se faisoient,
un plaisir de toutes ses peines
, & leur belle humeur le
mettantau-désespoir, il jura.
vingt fois en quittant la.
Dame qu'il ne la verroit ja-.
mais, &vingt fois l'amour,
le tamenamalgréluy. Enfin
âpres avoiréprouvé pendant^
deux^moisij tout ce
qu'un Rivaluiavorifë fait soufrir de plus cruelà un
Amant-malheureuxils'arma
d'unesi forterésolution,qu'il
rompirentierement. LaDame
quin'avoitrien souhaité
avec plus d'ardeur, rendit
grâce au Cavalier de la coniw
pl-aifanèe qu'il avoir euë, de
luy marquer de rempressement
quand les apparences
Kiy en avoient esténecessaires
;e&.. par reconnoissance
de lacontrainte qu'il avoÍtbien
voulu s'imposer, elle
luy permit d'estre quinze
jours sans la revoir.Apparemment
elle devinoit que
1re Cavalier ne prendroit pas
ce party. En effet, il s'estoit
si bien accoûtumé au tour
d'esprit & aux manieres engageanres-
dela Dame, que
l'habitude de luy conter des
douceurs tournapour luy en
necessité.Leplaisir qu'il y
trouvoit luy estant sensible,
il s'examina sur ce plaisir, &
à force de luyvoir dit
qu'elle estoit aimable, il
s'enreconnutvéritablement
charmé. Son coeur ne luy
eut pas plûtost appris cette
vericé, qu'avec sa liberté ordinaire
il en instruisitlaDame.
Quoy qu'il luy juraft
que c'estoit tout de bon qu'il
luy parloit, elle ne voulut
point démester si la délarationestoitsérieuse.
Le Cavalier
luy ayant le lendemain,
non feulement tenu le mes.
me langage, mais protesté
qu'il seroit ravy de luy témoigner
en l'épousant qu'il
n'y avoit qu'elle qui puii
faire son bonheur, elle rougit,
demeura tpuce interdire,
& le contentaMe le prier
d'estre sage sansqu'elle eust
la force de (efâcher. Ce fu&-
caoloerusrà(qounc'eolulere.xamina son
cet examen
ne servit qu'à'luyapprendre
combien il dl dangereuxde
hazarder une feintepaillon
avec un Homme digne
d'estre aimé. Ellesentit qu'il
ne feroitpas enson pouvoir
de bannirleCavalierde chez
ellecomme elle en. avoit
banny l'Officiery&se défiant
de sa foiblessès'il continuoieà
luypàrfepférieufèment,
elle luy tfftatoutes les
occasions du. teste à telle
qu'il commençoit à chercher.
Elle fit plus. Elle forcit:
fort souvent pour enrecevoir
de moins fréquentes
vinces; maiscette contrainte
augmentant lc" mal qu'elle,
croyoitaffoiblir, elle résolut
d'y employer un plus seûr
remede. Elle estoit alliée
d'une Maison quiluy,donnoit
beaucoup de crédit aupres.
desPuissances, & le
- Cavalier: ayanttdu service;
elle obtintpour lûys sans,
qu'il en sçeustrien, un Em-*
ployconsidérable. qui 1-éloi*
gnoit de Paris. Jugez de la*
surprise qu^lei&enj^£e^4i\c
L'expéditiond'unechose
qu'il n'avait pomcjdemaa^
dée. Ilallatrouver la Dame,
luy parla du Porte qu'on luy
avoittdeftiné,' pourluy
prouver que l'ambition ne
pouvoir rien, sur son cccuc
depuisquel'amour s'en
estoit rendu le maistre, il
l'assuraqu'il renonçoit à.
l'Employ, & qu'il estoit incapable
d'accepter, ce qui,
devoit le séparer d'elle. Ce
sentiment obligeant ne put
ébranler la Dame. Plus il
luyfitvoirde veritable ten-
«dferted1plusi4'a&rmii dans
le dessein^dè> remedier au
désordredeson coeurpar l'éloignement
duCavalier.Elle •
> luy^pprk-quàyaEM:cherché
deîjempsàrendre ferviceà'fus-
lAmis sans qu'ils
iTenfoUicicafieHt^elleavoit
fait demander l'Employ
dont ilseplaignoit, qu'ilne
pouvoirluy donner de plus
fortes marquesde son esti-
:« toie, qu'envoulant bien luy
'devoirdecom111encement
«de safortune;quelletâcheroirde
Taugmeater,quand
l'occasion s'en offriroit;&
que ne pouvantrépondre
àsapassion, ellen'avoit rien
trouvé deplus propreà l'en
guérir, quede luy rédre l'absenced'une
necessité indispensable.
Le Cavalier résista
longtemps. Il luyprotesta
cent fois qu'iln'estoit point
de fortune qu'il considérast
s'il falloit se priver d'elle, &
laconjura dans les termes
les plus tendres, de disposer
de l'Employ qu'elle avoit
brigué pour luy; mais il eut
beau faire. Elle voulut absolumentqu'il
partist,& luy
fit si bien comprendre que
la connoissance qu'elle avoit
de son amourl'obligeroit à
!le le plusvoir, qu'il fut enfin
contraint d'obéir. Illa quita
apres lesadieux les plus touchant,&
dans sonmalheur
il eut la joye deconnoistre
que ce n'estoit pas sans se
faire violence qu'elle consentoit
à[on départ. On m'a
appris qu'ilsentretiennent
commerce de Lettres.Iln'y
a rien de plus dangereux
entre Gens quis'aiment. Si
le Cavalier vient à bout par
là de fléchir la Dame, je
vous instruiray de ce changement.
Je vous envoye à mon ordinaire,
uneChanson d'un
grand Maistre. Il meseroit
inutile de rien dire davantage
à unePerfonne qui s'y
connoist aussibien que vous.
CHANSON. TVmai promis centfois-,
JVuct:i viendrasfeulete
Btiiar de(Jus ihcrbete
Avecmoy dans nos Boi!.
Ah, <iljyvicïisdonc, maiietgerc,
Notu n'avons que tîop attendit;
Songe qu'unflaijîr qu'on diferc>
Souvent cftunfiaiftrperdit.
J'adjoûtelaRéponse d'une
Dame à ce qu'avoit dit un
Cavalier, que laPoësie n'estoit
qu'un jargon d'amour,
& que le coeur avoit bien
moins de part que l'esprit
à toutes les protestations
qu'on faisoit aux Belles,
quand on s'expliquoit en
Vers. Ceux-cy sont du Fils
d'un Auditeur des Comptes
de Dijon,quiarépondu
au nom de la Dame.
REPONSE A DAMON. QVAnd oncfl comme vous F&-
vory d'Apollon,
On peutjoindreAijcment l'ejprit
avec la rime;
MaüJij'ojë rimer, je crois commettre
un crime,
Moyqu'on ne vitjamais dam,le
sacréVallon.
Cependantje mefins dans unepeine
extrêmey
Vostre Musi,pamony a
brillédarts
vos Fers;
Ets'ilfaut a mon tourluy répondre
de mifWJt, Jt rifijueenlefaisant, deparlerde
travers.
J1tVfUlXtvous mettre mal avec tout PArnaj¡;" -'
Vousfaire des NeufSoeurs encourir
hdtfgraeCy
Etvomvoir en querelle avccque le
boasens.
£>Moy donc? vous appeliez,un
d'amourette,
Cequifait en,toutlieu, ce quifait•
en tout temps
Lclangagt des DÙ//x;.& celuy des-
Amans?
Scachez, quepourparler defaflkmt -
fecrcte,
L'Art de lu Poesie ej1 d'un tresgrandfeceursi
J$Mefejprit injfïred'um Musi•
difcretc,
Trouvepours'exprimermille charmltns
détours.
Telainftbiensouventexpliquât
sa tendreffi)'
Seaitfléchir en amourkcoeur d'twt
MattrejJcy
JHhùmalgré tom sesfoinseson
empressement,
Ne le toucheroitpoint, s'ilparbit
autrement.
FVooyyeez,rssiiddeeTTyyrrccitss jJee ne fuis ppttU4
charmée,
Jïluandpar les doux tranfiorts de fit,,
Mufe animée
il vient me raconterfin bonheur
sans égal,
Ousiplaindre des maux que luy
eausi ltii Rival.
Damm, enamitiéjevouscwis fathabile,
Maisfans~dwtêl'4v*OMV9H* efi
, fortpeu connu, te*nCfdtfllruyequi deane aux Versun tour &facile,
Sans lay,pour engager, l'efirit efi
inTltile.
sS--iijjnt4fe.frià ïêcnHtvw*<~pwvenu,
Çicntolfensa faveur vomferiez.
prévenu.
Mats quelle efimon err't:? ût'k vjy4t<
v.ojheftUty,
Nc doit-je pas, scavoir que l'Art di
bienrimer,
Vota n'avez, pu,DamQïi, l'apprendrec
finsaimfrr-
On vous aura peut-estre
déjà fait sçavoir le Mpiage.-
de Mrle Marquis de Laval,
dont je n'eus pointdeMémoire
le dernier Mois. Il
a épousé Mademoiselle de
Fennelon, Fille de Mr te
Marquis deFennelon,Ue~
tenant deRoy de la Marche.
Le nom de Laval estassez
connu, & parl'Histoire,&
par l'illustre Famille dont ce
Marquis estsorty, pour me
dispenser de vous en faire
un fort grand détail. Tout
le monde sçait que les Comtes
de Laval font aussi anciens
que célebres. Mathieu
de Montmorency, premier
Gonnestabledesa Maison,
croyantne pouvoir choisir
une plus belle alliance pour
un desesFils,illuyfitépouser
l'Heritiere de Laval, à
condition qu'il en porteroir
leNom&lesArmes. Il ne
les prit pourtant pas pleines
comme elles estoient de
gueules à cinq Coquilles
d'argent, & se contenta de
charger la Croixde Montmorency
des cinq Coquilles,
cantonnéedesseize Alérions
d'azur, comme nous
les voyons encor aujourd'huy.
Depuis ce temps-là,
cette Branche a toûjours
continué de Pereen Fils
fous le nom de Laval, jusques
à celuy dont je vous
parle, qui représente l'Aîné
de cette Maison. Il attend
de fort grands Biens, qui ne
peuvent luy manquer apres
la mort de deux Doüairières,
à qui il fournit de tresfortes
Pensions. Il a esté
élevé par une Mere qui luy
a inspiré les sentimens d'une
oeconomic aussi bien reglée
que le peut estre celle de la
,- maison 01) il s'allie, Mr de
Fennelon ayant augmente
ses Revenus de plus de la
moitié, tant par ses propres
foins, que par le bon niénage
de Mademoiselle de
Fennelon sa Fille. Ainsi ces
deux Maisons estant confonduës
fonduës en une parce Mariage,
rendront un jour Mr
de Laval aussi puissant à l'égard
des Biens ,que les
avantages de sa Naissance le
rendent conifdérable. Il a
un Frere Abbé dont le mérite
ne peut longtemps demeurer
fafts récompense, &
uneSoeur, Fille de Madame
la Dauphine, qui par la
bohne grace& les agrémens
de sa Personne, a droit d'cC.
perer toute la Forrune dont
elleest digne. Mrle Marquis
dejjoineiçn Beaupcre
de Mr de Laval, luya fait
donner la iurvivance de la
Lieutenance de laMarche,
quiquoy que la plus petite
du Royaume, a neantmoins
de fort grands appointemens.
Onpeutremarquer
dansce Mariage la verité de
ce qu'on dit ordinairement
detousles autres engeneral
selon leurdiversedestinée. A
ne regarder que les apparences
la rupture sembloit en
estreinfaillible. La longueur
mesme de deux années qu'il
a traîné, paroissoit avoir entierement
détaché le coeur
4e l'Amant de celuy de sa.
Maîtresse. Cependant leur
tendresse,&leur confiance
ont prévalu sur tous le obstacles,
& le mérite de Mademoisellede
Fennelon l'a
emporté (ùr la froideur de
MadamedeLaval sa Belle-
Mere, qui enfin y a donné
son consentement , sans
quoy le Mariage ne se pouvoit
faire, Mr deLaval
n'ayant pas encor atteint
l'âge de majoricé.Quoy
qu'il soit jeune, il ne laisse
pas d'avoirl'air posé & retenu.
Il est blond, de bonne
rnine.) & de ces tailles avantagcuies
que l'on estime par
tout. Il a l'ame noble& élevée,
voulant vivre en grand
Seigneur, & soûtenir lerang
&le titre du nom qu'il porte.
Il paroist avoireu une tresbelle
éducation, & pour
n'estre point sorty de la Province,
il est surprenant de
voir combien ila les grands
airs, & les belles manieres
de la Cour. Aussi y est-il
tous les joursavec un agrément
fort satisfaisant pour
luy, & dans une distinction
qui promet qu'il y tiendra dignement
sa place.Surtout
il est ne avec un il grand
fond de civilité & d'honnesteté,
qu'on peut dire qu'il
sefaitunplaisir de s'abaisser
avec ceux qui sont d'un
rang au dessous du sien.
Il les comble de milletémoignages
de bonté, qui
luy acquierent une estime
generale. Madame sa
Femme le Secondemerveilleusement
bien en toutes ces
choses. Elle avoit jusques à
son mariage cachécomme
sous la cendre plusieursbelles
qualitez pour le monde,
qui ont brillé tout d'un coup
Gline maniere étonnante. Il
avoit paru qu'elle se mettoit
peu en peine de se montrer
à la Cour, foit que la douceur
de la vie privée luy pluft
davantage qu'un Poste d'éclat,
soit qu'elle crustlaProvince
un sej our plus propre
à mettre en pratique la devotion
&la pieté, soit qu'enfin
elle fust bien aise de se
confcrver dans la modestie
qui est si séante à une Fille
bien née;maisdepuis elle a
trouvé le moyen de concilier
toutes ces choses. Elle s' est
fait présenter à la Reyne ôc
à Madame la Dauphine, &
a continué àleur rendre ses
visitesréglées comme toutes
les autres Dames de la
Cour. Elle s'yest déja si bien
façonnée, qu'ondiroit en la
voyant qu'elle y a esté élevée
dés la plus grande jeunese.
Aussi a-t-elle tous les
avantages qu'une Personne
de qualité peutavoir. Ell
est degrande tille, d'un air
noble, d'un esprit fort meûr.3,
a les manieres les plus engageantes
,?'& sçait parfaitement
bienchoisirlesajustemens
qui luy convienncnt.
Mais ce qu'on admire
en elle plus que toutes choses,
c'est qu'apres avoir témoigné
longtemps de l'indiférence
pour le mariage,
elle vit avec Mrle Marquis
deLaval dans la plus tendre
union qu'on ait jamais
veuë.
nal Mazarinsous le Regne
de Philippe IV. Roy d'Efpagne,
dont il estoit le Premier
Ministre,a trouvé mauvais
que l'Ambassadeur Extraordinaire
de Malte ait visité
celuy de France avant
luy, qui a la mesme qualité
d'Ambassadeur pour le Roy
son Maistre aupres de Sa
Sainteté; & pour luy ea
marquer son ressentiment,
Mr l'Ambassadeur de Malte
l'estant allé voir apres un
jour pris pour en avoir audience,
lors qu'il eut appris
qu'il estoit sur l'Escalier,il
luy fit dire par le Doyende
ses Estafiers, qu'un grand
mal de reste ne luy permettoit
pas de le recevoir. 1Cet'
Ambassadeur ne fut pas plutost
forty, qu'il rencontra
celuy d'Espagne enCarrosse.
Le sujet d'un procedési peu
juste fut au ssitostpublié ce
qui fit dire à tous ceuxqui
sont de-intéressez,que Mr
le Marquis de Liche avoit
trouvé un tres-seûr moyen
de faire éckter_fn peu dé
temps- auxyeux de toutela
Terre le glorieux avantage
quelesRoys de France ont -------------
toûjours eu de précéder tous
lesautresRoys. Cedroitest
tellement étably dans la
Cour de Rome, que vouloir
le disputer, c'est non-seulement
vouloir se déclarer
contre la jufiice,nlais encor
contre tout ce qui se pratique
dans cette Capitale du
Monde Chrestien. Vous aurez
sans-doute entendu parler
des Cérémonies du Soglio.
Le Soglio veut dire le
Trône où se metlePape,
lorsqu'il tientChapelle Les
Ambassadeurs sont tous aux
deux costez de ce Trône, &
celuy de France y a toûjours
précedé ceux de tous les
Roys qui s'y sont trouvez.
Philippe IV. Roy d'Espagne.,
Mr le Maréchal d'Estrades,
&: Mrle Baron deVatevifij^i^:
estoient alors Ambassadeurs
en Angleterre, l'un pour le
Roy de France, & l'autre
pour SaMajesté Catholique.
Ils se devoient rencontrer
ensemble à l'entrée d'un
Ambassadeur. Mrle Baron
deVateville qui sçavoit que leCarrosse de l'Ambassadeur
de France devoit préceder
le fien, &que le droit
& l'usage reconnus dans
toutes les Cours estant contre
luy, illuy auroit esté inutile
d'employer des raisons
pour obtenir ce qu'on ne
luy auroit pas accordé, résolut
de se servir de la force,
ôc fit attacher son Carrosse
avec descrampons de fer
au Carrosse qui devoit précéder
celuy de
Monsieur
le Maréchald'Estrades,
afin d'empescher par - là
cet Ambassadeur d'avoir la
place qui luy estoit deue.
Cette violence fit beaucoup
de bruit. Le Roy s'en plaignit,
& avec justice. Toute
l'Europe entra dans ses interests,
ôe Philippe IV. Pere
du Roy d'Espagne qui regne
aujourd'huy, reconnoissant
•que le droitde précederappartenoit
auxAmbassadeurs
deFrance), le fit déclarer publiquement:
encetteCour,
entensa la Cour de Loüis
.leGrand,le 24. Mars de
l'année 1662. par Mr le Marquis
de la Fuenteson Ambassadeur
Extraordinaire, en
presence de huit Ambauadeurs,&
de vingt-deux Résidens
ou Agens. Mrle Marquis
de Liche, convaincu
par toute forte de raisons,
s'estexcusé sur une prétention
imaginaire,,quiestque
les Ambassadeurs de Malte
doivent leur premiere visite
à celuy d'Espagne,parce que
cette Isle est un Fief du
Royaume de Sicile. C'est
avoüer nettement que le
droit des Ambassadeurs de
France ne peut estre contesté,
que de ne prétendre
les honneurs en préfèrenee
quedeceux deMalte;ce qui
cependant est disputé aux
Ambassadenrs d Espagne
par le droit & par l'usage,
puis que l'on fait voir que leCérémonial Romain est
pour les François,&: que les
Grands-Maistres de Malte
se sont de tout temps reglé
sur ce Cérémonial. Ainsile
droit de France est reconnu
de toutes manieres. Ill'est
par rusage;ill'est par le Cerémonial
Romain, & il l'est.
logne. Elle a fait connoistre
que la valeur des François
elt redoutable par tout, &
que le nombre ne peut rien
contre eux quand lajustice
soûtient leur bravoure naturelle.
Ces Ambassadeurs revenant
un soir assez tard à
leurHôtel,passerent proche
de celuy du Palatin de Po~
losck; où un Dragon de ce
Palatin voulut desarmerun
Page de Mr le Marquis de
Vitry. Le Page qui ne se connoissoit
point à rendre l'Epée,
se mit en état de se défendre
sanss'étonner de
plus de -foixal-ite Dragons
armez de Sabres & de Haches
d'armes, qui joignirent
leur Camarade dans le
mesme temps. Il fut soûtenu
des Gens de Livrée, & de
quatre Gentilshommes de la
Suite des Ambassadeurs, qui
sortirent de Carrossé, & malgré
l'inégalité du nombre &
desarmes, ilsrepousserent
l'insulte avec tant de promptitude
& de vigueur, qu'ils
tuerent un Dragon, & er
blesserent dangereusement
trois autres, avant que Mrle
Marquis deVitry eust pu
mettre pied à terre pourempécher
ce désordre. Mr le
Marquis de Janson,Neveu
de M:r l'Evesque de Beau,
vais, eut le menton abatu
d'uncoup de Sabre, & trois
Gentilshommes & deuxPagesreçeurentquelquesblesseures.
Le lendemain lePalatin
de Polofckalla, trouver
les Ambassadeurs,parordre
de SaMajesté Polonoise, &
leur offrit toute la fatisfaéfcïon
qu'ils souhaiteroienr.
Elle fera grande, s'ils la veulent
accepter proportionnée
à l'injure. Je vous manderay
la premicre fois ce que j'en
fçauray.
Le Roy déclara ces jours
partez le Mariage de Mr le
Duc4es,Aignan,
avec Madeinoifelle
de Rancé. Elle
avoit esté élevée aupres de
feu Madame la Duchésse de
S. Aignan,qui l'aimoitavec
beaucoup de tendresse, &
la traitoit avec une grande
distinction. Des raisons de
Famille avoient obligé feu
Madame de Rancé sa Mere,
à. la mettre aupres de cette
Duchesse,& à cacher son
véritablenom sousceluyde
Lucé. Elle jouit de la Terre
de Rancé, Maison noble &
ancienne, prés de Chastillon
sur Indre, dont les Armes
font de gueules au chef d'or,
charge d'un Lion partant
d'azur. Cette nouvelle Duchesse
est fort agreable, a
beaucoup d'esprit, & s'est
toujours fait fortestimer par
sa pieté & sa vertu. Le Mariage
se fit à la Ferté S. Aignan
au commencement du
mois de Juillet dernier, &
elle est présèntement dans
le neuvième mois de sa grossesse,
Comme la Lettre que
MrdeS.Aignan a écrite à Sa
Majestéle15deceluy-cy,a.
Veilé vûe de plusieurs Personnes,&
que ce grand Monarque,
quiconnoistlezele&la
fidélité dece Duc, aussibien
quesonmérite, s'estdonné
la peine de la lire luymesme
aux principaux de sa Cour,
j'ay crû la devoir donner
icy.
LETTRE DE M'
LE DUCDE S.AIGNANr
AU ROY.
S IRE,
- Que les Sujets font heureux,
qui nvrvenpfous le Regne d'un
Monarque jufle, puiffant3 viclorieux
& dont les grandes
qualitez attirent Vadmiration
de toute la Terre! NIais, SIRE,
que les DomejTiques de Voflre
Majesté font bien encor plus
fortuneK,, puis qu'ayant l'honneur
neur dapprocherdeJaPerjonne
sacrée
,
ils peuvent voir deplus
près ses lumieres, les bien considérer
quoy qu'ils en foitnt
éblouisj & luy voyant joindre
des bontek si tendres avec un
pouvoirinfiny
j
ils trouvent
dans la majesté d'un GrandRoy
le meilleur detous les Àdaiftres!
Cess
,
SIRE,parceque j'en
fuis bien perfuadé\ que je prens
la liberté de luy rendrecompte
de la plus importante araire de
ma vie. JefaySIRE,qu'à
parlersincérement, je ne fçaurois
estre tout-a-fait excusable d'une
faute que faycommifejedevois,
maigre les rai]uns qm 'Vontsans
doute la diminuer de beaucoup,
me tenir plus exactement dans
les fermes
, &donner lieu à la
yijlice de V. AL d'approuver
avant l'exécution de mon de
•" pin
, ce que je crojois bien
'lu'EUe approuveront en Ju.te;
mais, SIRE, leplusJolideefj?rit
du monde peut-il raisonner toujours
également; & quand on a
comme moy le coeur trcs-sensible
lagloreaeK.tendre pour
amour, souffre-t-on patiemment
de voir la premiere outragée, &
l'autrejrms espérancet V.M.
SIRE, à laquellesavois oje en
c.vjf? n'en ejioitp.is cf+ctâ:c. Une
ratjon bien plusfortesyj1o. ignit
encore. Le Clelacheva de
TvaincreIce q'ue les raisons de la Terrecombatoient a1e/Ja avecpeu
desucces,&1*njigneur de mon
tempéramentvenant aJejoindre
aux chagrins de mon espr.t, je
ne crûs pas qu'il sufl en mon
pouvoir de vivre bien longtemps
comme j>avois fait depuis jix
mots; & craignant d'eflre contraint
d'offencer Dieu, je jettay
les yeux sur une Demoiselle que
par des raisonsde Famille feue
Madame de Ransé sa Mere
avoit mtje des l'âge de cinq ans
auprès de ma Femme dans un
ranr bien au dessousdesa naissance
; d'une fïlle que plus de
quinze ans avantsa mort, feue
ma Femme qui la connoissoit
parfaitement3quiïaimoit
avec tendresse> mavoitsouhaitée
si je venois à la sur-vivre;
de qui la pieté est exemplaire,
laverl'U folide3 tesprit doux ér
agreable;) -le naturel tendre: Et
V. M. SIRE) va connoistre sa
modération; d'me Pcrfonne
connue& eflimee de moy depuis
plusdevingtansJ dequi ïefprlt
eftmeûr,& qui enpaffant trente
>
n'est plusfufceptwle d? ces
kgeretczqtÚ emportent quel-,
qurfois la grandejeunesse,après.
s'eflre longtemps formce surun
modclle plein de vertu; d'une
Fille que j'ay eu peine a refondre
a me donner la main> de
crainte que son choix ne me
nuifijlauprès^de V. M; quia
si peu d'ambition @r tant de
YllOdeftieJ que quand elle auroit
pû cjTpérer les honneurs du Louvre
)
elleauroitdemande à genoux
a V.M de ne les luypas
accorder; qui l'ajjure par moy
qu'elle n'y veut jamais prétendre
j C- qui bien loin devouloir
faire la Bde-mere de Monfient
CT Madame deBeauvillier,&
de Afonfieur($yMadame de
Liyryne veut que les efhmer;
les honorery &1 ivre avec eux
comme auparavant; qui ne
veut fonderenfinqu'amerendre
la vie agreable> & parsa
complaisance & parses foins
peur mon meIn, ace3 equi veut
trouver toute sa félicité dans
l*établissement de la mienne.
Ce fut, SIRE.) lep.deJuillet
d:rmcr que ce Mariage je fit à
la Ferté S. Aignan.) avec toutes
les formes nxeffaim, st) toutes
lescérémonies de l'Eglise. Le * Ciel le bcnit incontinent après
parsanrffcy(oj1 le temps de
fis coud)esm'apreffémefme d'en
informer V. M. comme je prens
l,a lib, erté dde f{a;i,re aUJoudr.'/JttY.
On connoist) SIRE, leNorit
st) les Armes de Rance3 celuy
de Luce quelle portoitnejlant
pas le sten) & e^ejolïitpaifblement
de Ci:tt: Terre. La lâche
envie de ceux qui ont fait pour
elle une Généalogie ridicule qui
la-fait sortir des plus grands
Princes du Monde) a eu pour
eux dans la 'V7rÙ.é unsuccesencor
plus ndicule que ce
qu'ils en
avaient invente.EEllIel ne,:fsildJonc>
SIREj ny aune nàffsncc a me
faire beaucoup ahonneur> iy
d'un rang à me causer aucune
honte. Ceux qui malgré leur
mente & leurs diznitez
3
ont
épousédis Femmes dont lajeule
vertu & la beautéfaijoient
tonte lanoblejJè, riontpaslaijje
de les voirqilvre dans le monde
avec beaucoupclat.Celle-cy
ne demande que l'obscurités quoy
qutlriy en ait point dans sa
Raæ. J'ofc donc me persuader,
SIRE, queje neferay blâmé
de V. M. que pour avoir eslé
un peu trop L-isle, & non pour
avoir coum mal a propos. Si
pourtant quelque
chofc
luy a
déplu en cette occfion;je luyen
demande pardon avec une 1
jOû-j
mijjîon égale au Zele avec lequel
je fuis toujoursx
SIRE, 1
DE V. M.
Le tres-humble, tres-obeïssant
&très-fidclieSuja & Serviteur,
LE DUC DE S. AIGNAN.
MrduGué, Conseiller
au
1. Grand Conseil ,a esté reçeu
le dernier Mois Président en
la Chambre des COlnpres,
en la place de feu Mr de la
Coure. Il en- Fils de Mrdu
Gué Conseiller d'Etat ordinaire,
& porte d'azurau Chevron
d'or, accompagané de
troisEtoilles de mesme,
deux en chef, & une en
pointe, celle de la pointe
surmontée d'une Couronne
d'or.
MrBignon,Fils de MrBi-
920n Conseïller d'Etat, qui
sert acquis tant de gloire
dans la Charge d'AvocatGeneral
au Parlement de Paris,,
est présentement Avocat du
Roy au Châtelet. Il a lue-,
cédé dans cetEmploy à feu
Mr Brigallier
,
qui l'a possedépendantplus
de quarante
ans, & quiavoit deux Frc r:s,
l'unConsellier en la Cour
des Aydes, & l'autreÀiimônier
de Mlle d'Orléans.
Envous apprenant la mort
deMrde laBerchere,Premier
PrésidentauParlement
de Grenoble,j'ay oublié
de vous dire qu'il estoit
Oncle de Mrle Goux de la
Berchere Maitre des Requelles,&
deMr l'Evesque
de Lavaur. Le Goux de la
Berchere porte d'argent à -:
une Telle de More de seble
tortillée d'argent,accompaggnéeudeetruois
lMeolests .de
Je me suis trompe au nom,
en vous parlant d'un Docteur
de Sorbonne tres-estimé,
à qui le Roy a donné
l'Abbaye d'Hermieres. Il
s'appelle Mr Pirot, .& non
Picot, & Ion Abbaye n'est
qu'à six lieues de Paris.
Comme je m'attache ex, actement
à la veriré, je fuis
obligé de me dédire de ce
que je vous manday la dernicre
fois, du Service solemnel
que Madame l'Abbesse
du Sauvoir avoir fait faire
dans son Eglise, pour feue
S Madame la Maréchale
-
du
PlessissaMere. liaesté fait
le6. de ce Mois, & non le
10. de Février, comme je
vous l'ay marquésur le faux
Mémoire que j'en avois eu. 1
Il n'y a point eu d'Oraison
funebre, cette Abbesse fai- -
sant profession d'une humilité
qui luy fait haïr l'eclat,
& quin'apû luy permettre
d'écoutercequ'on auroit dit
de glorieux de [on illustre Famille.
Ceux qui ont dresse
le premier Mémoire onteu
leur dessein. Je puis aisement
estre surpris, quand ce qu'on
m'envoye n'est point de natureàestresuspect.
Ilestdes
Articles qui estant outrez,
me font avoir la précaution
d'écrire aux lieux qu'on me
marque, pour estre instruit
de la vérité. C'est ce que
j'ay fait depuis deux mois à
l'occasion d'un Mariage de
Rheims. Ceux qui m'en
donnoient l'avis, devroient
, bien se reprocher d'avoir inventédes
circostances qu'ils
n'ont point eu le plaisir de
;
^voir publiées. J'auray encor
plus d'exactitude à l'avenir,
'.&, defavoüray toûjours jusqu'aux
moindres choses
dont on m'apprendra la fausseté.
L'Ode d'Horace que je
vousay envoyée depuis quelques
mois de la Traduction
de Mademoiselle deCastille,
a donné lieu àune jeune Personne
de son Sexe, d'essayer
le talent qu'elle a pour la
IJoëúe, en traduisant la
33. Ode du premier Livre
de ce mesme Autheur. Cette
jeune & spirituelle Perlonne
s'appelle Mademoiselle de
Ramié.ElleestdeMarseille,
tres-bien faite,& d'un mérite
qui luy fait rendre justice
par tous ceux qui la connoissent.
TRADUCTION DE
l'Ode d'Horace, qui commence
par Albi ne doleas,
éc• cEffi de t'affliger des rigueurs
de Glyccre,
Ne te plains plus que cette ame
finsfoy
Par capricepréfère
Un GalantplIMjeune que toy.
LÙorü quefinfront fûtparoistre
Ji/1dit,
Bruled'uneflâmeimmortelle
Fourlejeune Cyrw, tmdùquecet
Ingrat
Adore une Cruelle
J>hti n'enfaitnul état.
Avantquedefcsbelles k7-"-CS
Il reçoive un baiftr tendre & délicieux,
On verra les Loupsfurieux
S'associer avecles chcvres.
Telcft lepfaijir de Cyprin
Elle aime à voir brûler des mtfines
firmes,
Par unjeu rigoureux, les ames
De mente iNégal, &dediférent
prix.
Pour moy,je mobjlwou a languir
pour Myrtale,
plu: mutine centfoisque lesflotsde
laMer,
Dans le hmps qttejipetsjellicite
d'aimer
Tar iesyeux(Sune D,wc en beauté
sit*s é^nlc,
J)ainjQuleitefircsaRinjaU.
Ma derniere Lettre vous
apprit que le Roy avoir donné
laLieutenanceColonelle
du Regiment des Gardes
Françoises à Mr de Rubantel,
ancien Capitaine de ce
Regiment, & Maréchal des
Camps & Armées Il a elle
reçeu dans cette nouvelle
Charge à la teste du Regiment
des Gardes, dans une
Reveuë que SaMajesté en
fit au commencement de ce
Mois dans la Plaine deNanterre.
Le choix du Roy fut
.- fortapplaudy; mais quoy
qu'il soit tres-avantageux à
MrdeRubantel, la maniere
obligeante dontila plûàSa
Majesté de luy faire ce Présent,
luy a donné beaucoup
plus de joye que le Présent
mesme,quoy que ce Prince
l'ait accompagnéd'unePension
considérable.
MrdeCayavel, fort connu
pour sa bravoure, a esté reçeu
Capitaine aux Gardes,
dont auparavant il estoit
Aidé-Major. Mrde Varennes
qui en estoit Lieutenant,
enaaussi esté reçeu Capitaine.
Mr de S. Dié, second
Fils de Mr le Président de
Brétonvilliers
, a pareillement
esté reçeu Capitainedans
le mesme Corps. Il a
acheté cette Charge de Mr
de Refuges. Mr deS.Dié
a servy quelque temps de
Volontaire dans les Gardes
du Corps, ôc avoit
esté ensuite Lieutenant dans
la Compagnie de Monsieur
de Creil, Capitaine aux
Gardes.
4
MrdeChabot, Chevalier,
Seigneur delaSerre, Mestre
de Camp, Lieutenant des
Gardes du Corps du Roy, ôc
Brigadier General de la Cavalerie,
est mort apres avoir
servy Sa Majesté pendant
quarante-huit années. Ses
Emplois ont esté des preuves
de savaleur.On n'ena donné
qu'aux Gens de mérite fous
le Regne de Loüis XIV. &
sur tout dans les Gardes du
Corps. MrdeSerignan, premier
Aide Major,auroit
remplycetteplace s'il Teull
souhaité, mais il a mieux
aimé demeurer dans son
Employ,parce qu'estant de
service toute l'année, il a
tous les joursl'honneur de
voir ce grand Prince, &: que
l'avantage d'approcher de sa
Personne luy tient lieu de
toutes choses. Sa Majesté
qui a connu son zele par là,
luya dit que ses services ne
luy seroient pas moins agrea.,
bles en qualité d'Aide-Major,
que de Lieutenant. Mr
de Reyneville qui estoit second
Aide-Major, a eu la
Lieutenance de Mrjde.la.
Serre.
On ne parle depuis quelques
jours que d'un Livre
nouveau fait par Mr l'Evesque
de Condom. Il est
adressé à Monseigneur le
Dauphin. Je ne dis pas dédié,
car il n'y a point d'Epiftre.
Il l'adresse feulement
à ce Prince qu'il apostrophe
en beaucoup d'endroits.
C'est une maniere nouvelle
dont on s'est servy depuis
quelque temps dans ces fortes
d'Ouvrages qui semblent
estre faits expréspourl'inftruction
des Princes Ce Livre
est intitulé,Discours sur
-
l'Histoire
-
lHijloireVniruerJelle> pour expliquer
lasuite de laReligion,
& leschangemens des Empires
depuis le çommencement du
monde jusqu à Charlemagne.
Ce n'est qu'une premiere
Partie. Je ne prétons
point vous en faire le
détail. Je le laisse à d'autres
qui s'en acquiteront mieux
que je ne ferois; mais vous
pouvez juger par son Tirre
de ce qu'ilcontient, & combien
peut estre utile une
chose d'une aussi grande
étendue,traitée par un aussi
habile Homme que l'est Mr
de Condom. Jecroy vous
devoirkukmcnt dire apres
luy, Que cette manière d'Histoire
Universelle efl à l'égard
des Hijloiresdechaque Pais &
de chaque Peuple3 ce qu'efl une
Carte!/n!r1ale a l'e'^e-aarrdd des
O <> Cartes particulières. Dans les
Cartes particulières-&ousvoye%
tout le détail d'un Royaume,ou
d'une Province en clic-mefine.
Dans les Canes umverfellts
<vo;;s apprenez a situer ces Parties
du Monde dans leur tout.
Vous voye- ce queParis ou L'lfle
deFrance cft dans le Royaume,
ce
queleRoyaumeejldans l'Eu.
rope, & ce que l'Europe eftdans
l>rUnivers.
Ce Livre se vend chez
Sebastien Mabre-Cramoisy
Imprimeur du Roy, &
Directeur de l'Imprimerie
Royale du Louvre«établie
par les soinsdeMrle Carnédienalde
Richelieuenl'an- 1640. Le feuRoyen
donna d'abord la Direction
au SieurSebastienCramoisy
son Imprimeur or^înaire^
[ auquel a succedé dans le
mesme Employ leSrScbaftien
Mabre-Cramoisy son
) Petit-Fils, qui travaille fous
les ordres de Mr Colbert, ce
grand Ministre prenant foin
de ce qui regarde cette Imprimerie,
comme Surintendant
des Bâtimens, & Protecteur
des Arts. C'est là
qu on a imprimé tous ces
beaux Ouvrages qui font
l'ornement des Bibliotheques,
les Conciles, laBible,
l'Hilloire Bizantine, & tant
d'autres, & nouvellement
tous ces grands Livres de
Figuresdont je vous ay parlé
dans quelqu'une de mes
Lettres. On y imprime présentement,
aux despens du
Roy-'- lehuitiéme Volume
des Annales Ecclesiastiques
de France du Pere le Cointre,
qu'ilavoit achevé peu de
temps avant sa mort. Les sept
autres y sont déja imprimez.
Ainsi ce feront huit Volumes
infolioenLatin,que contiendracet
Ouvrage, qu'on peut
regarder comme un des plus
considérables qui ait parlJ,
de nos jours. Il y travailloit
depuis vingt ans. J'adjoûte
à ce que je vous ay dit de ce
grand Homme au commencement
de cette Lettre, qu'il
estoit de Troyes; qu'il cft
entré jeune dans les Peres
de l'Oratoire, où il a professé
quelques années les Huma-
~nitez avec applaudissement;
&: que l'applicationqu'il s'estoit
donnée pour acquérir
une entiersconnoissance de
l'Histoire, l'y avoir rendu
y/fi éclairé, que rvr Colbert
qui l'honoroit de son ami*,
tjé, s'est servy de luy dans
toutes les occasions où il a
esté necessaire pour les Affaires
de l'Etat de foüiller
dans l'Antiquité, & de-consulter
l'Histoire. Il a vescu
soixante & dix ans .rioJ
Mercy, il entra dans la Place
qui estoit parée tout-à-l'entour
de magnifiques Tableaux.
On y avoit dressé
un très- beau Berceau, qui
conduisoitàS.Marc, où l'on
celébra la Messe en cerémonie.
Le 14. du mesme mois,
on fit combatreun Taureau
contre desDogues. Le Taureau
estoit attaché à un Anneau
passé dans une grande
corde, qui s'étendoit d'un
~bouu de la Place à l'autre.
Il y eut plusieurs Personnes
blessées. A ce Combat succedaceluy
d'un Ours, qi:ï
fut plus fort que les Dogues.
Monsieur le Duc de Man-
~vtouë, Mr le Chevalier de
Soissons, Mrsles Ambassadeurs,
& plusieurs Etrangers
de qualité, estoient conviez
àceSpéctacle. LeDogele
fit réïterer dans son Palais le
Dimanche gras. Ce mesme
jour on coupa la tefb à trois
Boeufs vifs dans la Place, &
en suite on vit une chose tressurprenante.
UnHomme
qui monta l'année derniers
sur un Cheval par le moyen
d'une corde, depuis le bord.
de la Mer jusques au haut du
Clocher de l'Eglise de Saint
Marc, plus élevé que ne sont
les Tours de Nostre Dame
de Paris, y a monté celle-cy
dans une Barque ou Gondoledécouverte.
Il estoit
debout sur le derriere, à la
maniere de ceux qui condussent
les Gondoles dans
Venise, & avoir un Aviron
qu'il remuoit comme s'il en
eust ramé.Aumilieu du
chemin qu'il fit sur cette
corde, il s'arresta, quitta le
derriere de sa Barque, ôc
ayant mis bas son Aviron, il
dépouilla la chemisepour
en prendre une autre. Chacun
trembloit de frayeur,
lors qu'il estoit intrépide.
Ce changement de chemise
fait, il reprit son premier
poste, monta jusques au
Clocher, dans lequel il descendit,
& de là sur une
Echelle de corde, il s'éleva
jusque sur la pointe de la
Pyramide, où l'on nesçauroit
aller que par dehors.
Là, il se mit droit sur les
épaules d'un Ange de ~brÓzc
qui est placéau dessus de la
Pyramide, &ou à cause de
la haure élevation, ilneparut
grand que d'une coudée.
Il y avoit une corde au pied
de cet Ange, sur laquelle il
devoit descendre par dessus
toute la Place de S. Marc
jusque dans laMer, mais elle
se trouva trop moüillée de la
pluye pour pouvoir couler
dessus. Ainsi il se contenta
de batre une Enseigne qu'il
avoit portée, apres quoy il
revint dans le Clocher, d'où
ayant volé sur une autre corde
jusques en bas vers une
Galerie du Sénat,oùestoit le
Doge,illuyprésentaunBouquet
de Fkurs.Ilavoit des~ailes
attachées aux deux épaules,
avec lesquellesilsembloit
avoir volé, tant il y eut de rapidité
dans cette descente.
Il y a eu beaucoup d'autres
Divertissemens ce Carnaval
dans cette superbe
Ville. J'attens à vous en
parler que j'aye reçeu les
Opéra que l'on me promet.
On en aveu sur quatre
Theatres. Joignez à cela
deux Theatres de Comédiens,
un de Bamboches en
Musqué, & un autre où
l'on représentoit moitié en
Musique, moitié en Recit.
Tous ces Theatres estoient
ouverts tous lesjours; ôc
comme il y en avoit à diférent
prix, chacun trouvoit à
sesatisfaire. LesLieux où
l'on jouë sont tres-spatieux.
Rien n'est plus beau nyplus
magnifique que le Theatre
de S. JeanChrysostome, qui
cfi: tres- profond
,
&autour
duquel on voit trente-cinq
LogwS à chaque rang. Les
Décorations sont d'une hauteur
& d'une longueur furprenante,
&les Perspéctives
admirables.Il n'y a que
deux Femmes,ou trois tout
au plus, qui chantent aux
Opéra, mais ce sont des voix
fortes, douces, & qu'on a
raison de nommer divines.
S'ils avoient des Basses, leur
Musique seroit quelque
chose de parfait.On est
charmé de leur Symphonie,
mais ils n'ont ny Ballets, ny
Violons, ny Flûtes douces.
Au lieu de Machines, ce
sont de grandes & somptueuses
Décorations. Ainsi
à l'Opéra de Crésus, qui est
un de ceux de cet Hyver, il
y avoit des deux costez du
Palais du Roy, soixante degrez
pour y monter, & ces
degrez estoient ornez par
tout de Statues sur des Piédessaux.
Cela faisoit un tresbel
effet. Les Loges ne se
loüent pas comme en France.
Elles font à des Familles
quis'en accommodent souvent
avec d'autres, & qui en
payent une certaine somme
tous les ans, outre le premier
prix de l'achapt. Tout le
monde prend des Billets
pour entrer. Ceux qui ont
des Loges payentl'ordinaire.
Ceux qui n'en onc
point, vont au Parterre,&
louent un Siege qui leurest
fourny à bon marché. Les
honnestes Gens y vont librement.
D'ailleurs, l'ordinaire
est d'aller masqué aux
Spéctacles, c'est à dire avec
un Habit de Ville ou une
Robe de Chambre, & un
petit Masque. On a grand
égard pour tous ceux qui
sontmasquez. Cela est permistout
le Carnaval. Pendant
ce temps on va tout le
jour en masque.Le concours
en est fort grand dans
laPlace deS.Marc.LesAmbassadeurs
& autresPersonnes
dequalité, y vont selon
la coûtume.L'apresdînée
on va aussi masqué aux Convents
des Religieuses,On
entredans les Parloirs. On
)',oouiè;on y mène:les,Vio-»
lons, on y dance; & comme
cela est fort divertissant,
beaucoup y viennent dans
le seul desseinde voir les
Masques. Quand la nuit approche,
il y aun Lieu our
vert pour le Jeu. On y va
aussi masqué, &: les Etrangers
n'y peuvent aller que
pendant leCarnaval. On
y trouve vingt Bureaux diférens,
pourjoüer si gros&
si petit jeu qu'on veut, &
tout cela (ans dire, un seul
mot. C'est quelque chose
de fort difficile à concevoir
que ce grand silence. Les
Religieux dans leurs Dortoirs
ne sont pas plus paisiblement
que dans des Lieux
d'Assemblée. Tout le monde
y est masqué, & comme
on porte grand rcfpell aux
Masques, on leur laisse toute
liberté de se divertir. Outre
cela, il ya souvent des Festins
le soir. C'estlà que viennent
les plusbelles Courtifanes.
Il s'en fait d'autres où
l'on nevoit quedes Gentildonnes.
Le 17.
qlii estoit le
Lundy gras, il y eut dans la
Place de S. Marc une Mascarade,
qui satisfit fort les
S pectateurs. C'estoient Gens
de qualité, la plupart François,
déguisez en Diables.
Je croy vous avoir déja
dit dans l'un des Articles de
cette Lettre, qu'iln'y a rien
que l'on ne voye enfin détruit
par le temps. Ce qui elt
arrivé le premier jour de ce
mois dans l'Abbaye de N.
Dame deTroyes, en est une
marque. C'est une Abbaye
de Filles de l'Ordre de Saint
Benoist, dont l'Eglise cft la
plus ancienne de la Ville, &
aussi considérable pour la
beauté que pour la grandeur
du Vaisseau qui renferme
tous le mesmeToit 1Eglile
des Religieuses, & celle
d'une des premieres.Paroisses
du Diocese.Lejour
que je viens devousmarquer,
une partie de cette
Eglise tomba une heure
apres que l'office fut ache,-
vé, &cela, par le defaut d'un
Piliiermetoytn, quien tombant'
entraîna la moitié du
Choeur des Dames, &' celuy
de:la Paroissetoutentier,
en fortes que leur Choeur
cftant ouvert de tous costez
par la chûte dUI Toit quia
faivy celle des Voûtes, elles
lié pevvent plus à présent
faire l'Officr) dont elles s'acquitoient
auparavant jour
& Huit' avec autant de pieté
que d'exaétitude. Heureusement
tout ce grand fracas
s'dt fait sans qu'aucune des
Religicufes ait esté envelopée
dans cette chûte, qui ne
donna que le temps de se
iàuver à cellesquiestoient
restées dans l'Eglise. Cette
Abbaye, fondée il y a plus
de neuf cens ans,ayant esté
réduite en cendres partiedelaVille,fuatvréetcabulniee
en lisi. par les bienfaitsde
Henry II. Comte de Champagne
& Brie. Depuis, en
considération de son ancienneté,
nos Roys, outre les
Lettres par lesquelles ils l'ont
toûjours reconnue pour estre
de leur fondation,luy
ont accordé une protection
singuliere, Les Droits :cn
- font
font grands& fort honorables.
L'Abbessea puissance
temporelle dans une partie
de la Ville. Elle nomme à
deux des principales Cures,
& ce qui cil beaucoup plus
cõsi dérab1c,c)cil que quand
les Evesques de ce Diocese
font leur Entrée, ils doivent
aller descen dre la veille à la
Porte de cette Abbaye, où
l'Abbesse accompagnée de
les Religieuses vient les recevoir.
Elle les conduit en
suite au Chapitre, les y revest
de leurs Habits Pontiifi-
aux, leur met la Mitre lut
lateste, &laCvodc dans la
main; & là ilssontobligez
de faireserment sur les Evau..
giles de garder tous les Pfivileges,
Droits,&Franchises
de l'Abbaye, ôcledonnent.'
par écrit à TAbbefTt% qui less
ramènejusqu'au mesme licinr
où elle les a reçeus. De là
ils sont conduits ou par ellcmesme,
ou par quelqu'autre
Personne de sa part, dans
rApjrcemenc quileuraesté
préparé pour cette nail. Le
Litoù ils ont couché, & la
Mule ou Cheval sur lequel;
ilssontvenus, appartiennent
à l'Abbesse, qui le lendemain,
jour de leur Entrée,
doit encor les conduire au
grand Autel de l'Eglise de
l'Abbaye,les yrevestirde
leurs Habits Pontificaux, ôc.
les présenterau Clergé pour
leurs Evesques. Apresqu'ils
ont fait un second serment
au Chapitre de l'Eglise tte
Troyes, sur les Evangiles
que le Doyen leur présente;
ils sont portez Procession
nellement dans une Chaire
couverte d'un Poësle, depuis
l'Eglise de l'Abbaye, jusqu'à
la Cathédrale,
par les Barons
Seigneurs d'Anglure, de
S. susi:) de Marget, & de
Poussey,doncils reçoivent
la soy & hommage qu'ils
sont obligez de rendre à
genoux. Je ne parle point
des autres Privilèges de cette
Abbaye, qui la rendent une
des plus célébrés de tout le
Royaume. Aussi a-t-elle toûjours
estepossedée par des
Filles de la premiere qualité,
dont il y a eu deux Princesses,
& sans remonter plus
haut, parmy celles qui en
ont esté Abbessesdepuis six'-
venges ans,on en trouvedeux
Je la Maison de Luxembourg.
MadamedeDinteville
dont la Famille estassez
connue, leur a succedé. Madame
de Choiseul qui a eu
cette Abbaye apres elle, l'a
gardée quarante neufans,&
elle cft préséntement gouvernée
par Madame Anne
deClioifeuLPrafljinla Soeur,
toutesdeux Filles du grand
Maréchal de Prassin, qui par
sa fidesité, sa valeur, & lessi-
Sgnalez services qu'ilarendus
la France fous trois de nos
Itc\ys,' Henry III. Henry IV.
&: Loüis XIII. en a mérité
l'estime,&, l'amitié particuliere
de Henry le Grand,
dont il estoit le Favory & le
Confident. Il me seroit inutile
de vous marquer l'an,
: cienneté de cette Maison, &
la grandeur de sesalliances. 4
Tout le monde sçait qu'elle
compte des Ducs & Pairs,
plusieurs Maréchaux de-
France,plusieurs Chevaliers |
des Ordres du Roy, plu- :
sieurs Lieutenans Généraux
des Armées, & une infinité
d'autres Personnes duprettîierrang.
Quelque gloire
que ces avantagespuissent !
donner à l'illustre AbbefTfe
dont je vous parle >elk est
beaucoup au dessous decelle
que luy afak; acaucrirl'exmaacitne.
tienrétdgeuplaurisitpél,uqsui'eeullres
années dans son. Manafteje.
Jevous envoyedeuxLettrès
en Vers, qui vous feront
souhaiter; que je reçoive
fouven&tdepetitsOuvragesdecette,
nature. Qn
sn'affjîfe queceluy-cy- auça
ée lasuite, & je croy,. Madame,
quecette assurance
vousréjouira. Ilfautcependantvousdire
ce quiadonné
occasion à ces Vers. Un Ca,
valier & une fort aimable
Personne,ont fait une liaiion
decoeur,laplus sincerequi
se puisse imaginer; mais ce
qu'il y a d'assezextraordinaire
, c'est qu'ils y ont admis
l'un & l'autre un Confident,
à qui ilssesontaccoutumez
à ne rien cacher. Ce
Confident qui connoist leur
mutuelletendresse ,estle témoindes
innocentes protestations
qu'ils s'en sont, &
loin de chercher à la détruire,
ilprend interest à.l)cntretenir,
il al'esprit fin &
délicat, quoy que Philosophe
, laconversation douce
& insinuante, &unemêlancolieagréable,
qu'on préfereroit
volontiersà l'enjouément.
Rienneluyparoist si
digne d'amourque la Belle
dont son Amy estcbaiyn^-
S'il avoit à aimer,cé seroit
elle qu'il aimeroit,mais,ij.la.
regardecomme une Personneàlaquelle
il ne peut
rien prétendre sansuneespece
de crime, & à force,de
la.regarderairrfi, il vicuujî
bout de l'entreprise. qu'il a
faite de ne l'aimer point.
Comme il n'ose suivre les
mouvemens de son COCUE
en faveur de la seulePersonne
qui luy sembleaimable
,
il est tom bé dans une
fort grande indiférence,&
c'est en vain qu'elleluyest
reprochée par une autre
Belle, quiauroitses raisons.
pour vouloir qu'il en sortist.
Cependant il a toujoursun
panchant assez ten d re pour
celledontestleConfident,
& il n'a pû s'empêcher de
luy en donner des marques,
en luy envoyantces Y,ers,e;
D APHNIS
AIRIS. I
Risy riavez-vom pohïtd<j,eur
Juu.je mquitteenfin cette langui irelre
OHmon coeurftrepafe avec tatitdet
fangUlurr
gutlcnnuypournnjeunecoeuri
JOuc de n'avoirpointde te.Yldriffl!
Vota tenez, cependantle mien
,
Vans me cfyeeed'efilavage.,
Tourquoy le gardiz-vous,sitfit
vcm /htàrÙnr
Cénltjlp'%*m'enfavir, qued'tvoir
enpartage
Le (cul droitde voustje.wly;
:.' '- P e- V" jenenpuisf.nre union ltÍ.!J".
Sijeaem'enfersdouyiiïm<r.
C'eji'decfHOjpris devonsontjlbicxtfijî'idpJlc,
On ne 1f;:/f. guère à de si do-rx
app.rs;
Matsjefuis (lui, rH: vous twi\wt
-, ,- -:/ r'*4~1 l"¡ '1. w.. \.-' ~;. J (,:~ .( ¿, aimable,
Ofe tien ùcv> la n'me> pas.
Afh!ulpa.r la:tipenrrt'oasvou,s dé- Si cé c r(~ î M!' 1 t~y 11 C/,, Slcejfinccre avihvom matoit en
cottroux,
Irû,vcm,zpp.\iferiez,-vcm*
J$umdje vous dirois le ',cntrai,,?
Vous ne meJlmbLcz. pa4 craindre
tropceretour,*
MAUpourm\jlrc logiempsdéfendit
de l'amour, -
Crûjcz-vou* que ses traits ne puiffentplus
matteindre?
Isse moque detout nosfiins,
Et c'tfiquad on le craint le moins,
J^ilejlfouventleplusacraindre.
,)
Si votu n'appréhendez vojtrcpropre
beauté,
AJerz du moins quelquesaUrmes,
Jgjteje n'engage ailleurs ma liberté.
Les BLlies avectom leurs charmes-
N'ontpas toutes de laJïerlê.
Vousme charmez, d'ejtretoujours
tranquilc, >, tranqu*i*t 1
Etde ne prendrepoint dijoupeons, demafoj.
Ilvaut mieux pres dt vous demeurer
inutile
.f<.!!/ chercher ailiems de l'employ.
Ouv, belle Insy vous devez, croire
-9,ueje borne toute magllJire
A celmledefçeavnoirlsesfecrctssenti-
DuBerger qui !b'(tY'¥(JoUJsiconfiamtnentupire,
Et defeavoirartjji cequ'Amour vom inftire
Pourkflut tendre dts Amans-,
Voyez, quel bonheur efilenofirey
^uêfiant tot,4iroé unis, nom fuiffienscjhc
heureux.
Vous efiéj 1014-4 deux ne&jMUYllf':()JU
aimerl'unl'antrei
MoJ, pour voué efiimermadeux.
jegardedonc,Ira, 1ancienne-in- dêlcittt
DontClimenc mefaitreproche chaque
jmrs
Jjhiellen'cfjxrcplm que mon coeur
s'en ojfcnce,
Jeprisievoflrecênfdence
Tlusque je nefaisfin amour.
tQwy queputj]efaireUBtUe
Pour me rendrefyinfible à l'armai, <;1 <</<~
a,fiscoupsy
Je ne veuxpoint Ceflrepourvoi#,
Et je ne puis l'estrepour elle.
]A ïba&se uûjhe tftiwtsavtcmunt
d'ardeur
--Z_iiejefadeporterfitchaiw,
J'aime
mieux
fllre auprès devoflre
coeur,
1-
.fE//,(lre dans celuy de Climene.
Tant que four(vous Tyrcùfiwpirera,
,",'. < Jjht'Irisson aim.dU
!Vi;trele
Ailumoralefudo.>1foncoeurbrûlera,
Baphnisn'aurapoint de.tendnffei
Nia s'il arriventquelquejour
£)uc l'amour de Tyrcufc ehangeatf
en eflimc,
Vcjlimc tmre nous deuxy nom le
pourrionsfanscrime,
Se changerait.eUc enamour?
Voicyceque l'on prétend
que la Belle aitrépondu.
vIRISA DAPHNIS. Om ne veut plaignez* donc
quedevo/îreindolencei
He/tU! Daphnts, que vous estes
hcureux!
Tyrcissiplaintdutourment awm~
YLUXy
Vous voy;z deses maux toute lè
violence;
Cependant vrjhecoeur ejl encore en
balancey
Et nefçanroit quelmalchoijtr desdeux.
Slilfautdire et quej'enpensè
TturiMJis enépargnerla trifie experzena,
Le dernierde ces maux donne le
moins d'ennuy.
Onnefefttpointsapropreinmfe->
rtncty
MdÙ mfrnrbttnlelk dr**rtf#y**
leVCUX que vom trouviez queUJ-c
: Zctlefeufthlc, '•
-,
La ebofe n'eftpas impejfiid**
¡/:;JvtJtfdeJ eon Initetronuvtepwavtoitti
MM; vers mêst coeur vom avez,
faitdespas,
Mnfij'ay des droits sur le yoftm
Qu'il nefongequam'ejiiwer,
~~N<~ptmlCts, les douceurs qttt
toute autre
Employroit pmefi se faire,aimer.
Qtma du »mfeu\jtvty rMk*
vouidire,
Ctfwôusmaintehaï*iknsMrdéterminer;
,.
SMïfiufrirks chwgrinsquel'amâAr
peut donner9
V9tts%Hà)reji>dûttctiwentfat*mQï>
petitempire.
Peur aumer,dites-vcm^vousattendfZ.
qu'Iris
I>efinBergeraitperd»l*ten>drejjk,
Fomdricz-voivi dtmtn carapace
; pi»?* ,'.
Pour mWyfauroùplusd&dUica-
"jirMârt£
Zi*tvûusd'un emur avau*
- 1 danné,
A~~eula v/lllgtace donnep-
Vous mérittz mieux queferfonne
ZJrp coeurcruel'Amour ait donné*
Il eftvray qu'ence temps nous ai.-1)
werimssans crime;
MAU quoyfvousm'apprenez, qu'on'
n',ai.me,poe.sto,âjourr. -
Sil'rfmourdeTyrctt peut devenir
(Jïime,
6) fj J l' "!/ v jQuedtvieadrohnt vost:CHUlies • amoursf
Vous pouvez donner une
grande joye à vostre Amie,
, en luy apprenant que Ma- dame deFonmort, dont ma
Lettre de Févrierluy a fait
pleurer la perte, n'a point
songé à mourir, & queV:
m'a fait l'honneur de m'en
assurer elle-mesme par le
Billet que vous allez voir.
A Nyortle 18. Mars1681.
J '.L('VQÍs cm*Monsieur,c^un
voyage de Poitou a S..Germain>
@r de S. Germaint" en
Poitou
, au plus fort des, neige*
gj?desglaces d'un tm-rigotéreux
Hyvcr (feefroaiittffuujjjjiiffaânnt..r.
P r; 1 pourfi^nncrmon courage, f0ia,i)s f' •
qu'on pnfl lapeine de membatquer
dansun autrevoyage enèor
plus d'lfcile, comme celuy, dv
pdfjer en l'autre monde en moms
de six"heur"es. Je-fuis'b'ien aisi de vous pouvoir apprendremoym.
efm&monretour de ce
Païs-ld*
&destre en état de vous remercierd'unplaisir
quej'aytoujours
soubassé,&quejenejpérotspas>
qui cfi de Jçavùir cequ'on dirait
de mayapra ma mon,
Yom me favez. appris si ag&»*
blâmentj & par des louanges
quitouchent si vivement mm
coeursquil s'en faut peu que je
m me perfmde que je leur dois
mt refurreéfatm.,Dhrmins jt
tew dévray les avantage* de
tvflre cenfJOijJante &devojbre
commelte, que je memgemy si
bien tontemavie, cptejf nepour*
reanyJfpactuki*e%mdwenrsans qtfe 1»»$
Jeêrcs nonvdk*.
Jejutê fortJerieufement^Aéaflr
fieMTjvostreervt%
,volte tre -. }
-
&C, ri -~ f'-w,uràgQ|i)
Je ne doute point,Madame,
quevous n'appreniez
avec plaisir qu'une Personne
aussi cônsidérable: que MadamelaPrésidente
de Fonmort,
soit ressuscitéesVous
avez le coeur trop sensible au
vray mérite, pour nâi'ayon:
pas touchédela legerepeinture
que je vous fis la dfr:.;
niere fois de ses belles qua-
1km Cettepeinture ne peut
vous estre suspecte, puis que
les avis qu'on m'avoit donnezme
la saissantcroire morte)
je n'ay, point cherche à
l'obliger,&que parlant d'elle
cconle d'une Dame qui n'en
pouvoirrien sçavoir, jeme
fùis, réglé surla voix publique,..
On s'est sans
-
doute
hastede me donner ces avis
fur- quelques bruits répandusqu'onn'a
point examinez,]
IIcil vray queversle
mois. de Novembre, Madame
de Fonmortmena de
Poitou àParis & a Saint
Germain Mesdemoisellesde
-
Caumont & deSamtcii^raîune
ses Nièces,& qu'oft
n'a.
n'a pû les persuader de se
faire Catholiques, maisil
n'est point vray quà son retourelle
ait estéattaquée
d'apopléxie. On l'a toûjours
veuë en pleine santé,& cet
accident a esté imaginaire.
de MrdeVillette, l'un des
plus honnestesHommes de ;
France, mais malheureufement
trop attaché pour sa
fortune & pour son salut,
aux erreurs de la Religion
prétenduë Reformée. Il a
plusdevingt-cinq années
de service, & par un zele
1ù'i\ est bien-aise de communiquer
aux fiens, depuis
quelque tempsil a presque
toujours eu dans son Vaisseau
deux de sesFils,ausquels
il a fait faire leurapprentifage,&
leur premiere Campagne,
avant qu'ils eussent
dix ans. C'est un Homme
d'un mérite singulier, & qui
n'a rien que de noble dans
tout ce qu'ilfait. Luy &
Madame de Fonmort sa
Soeur, ont eu la mesme éducation
que Madame de
Maintenon, dont ils font
Cousins germains. Mrd'Aubigny,
leur Ayeul à tous,
estoit un Génie extraordinaire,
& d'une pénétration
si profonde, que peu de Personnes
en ont approché.
C'estoit un des plus fidelles
favoris de Henry IV.
-
Je ne fçaurois quiter le
Poitou?ou-illel'ait tous les
jours des Conversons en si
grand nombre, (ans vous
parler de celle de Madame
de Pontieu, quidepuis fort
peude tCtllpS, a faitLabjuration;
de- les erreur?;,dans
lEgUfe des Pers de l'Oratoire
de Niort. Le mérité de
cette Dame, rend cechangement
fortimportant. Eilç
rua quitésa Religion qu'après
un long examen, car il
y adéjà plusieurs années
qu'elle cherchoit às'éclaircirdeses
doutes. Aussi ne
s'entretenoit
-
elle presque
jamais d'autre chose quand
elle trouvok d'habiles Gens
de Fim!ôc>l'autre party,
avec qui entrer en
conférence.
Si elle eustvoulu
changeril y a cinq ou fis.
m©lsr ç'eustesté peut-estre
avec de grands avantagesy
mais ellen'estoitpas
encor assez bien persuadée
pdiir se convertir fincéremens,
& elleasuivy les ve-
Hriz. Catholiques knsnul
intereil,(Ltolt qu'elleaeu
toutes les lumieres qu'elle
fOuhaitOic. Mr le Président
de Fanmort. si persuasif&
si zelé, n'a rien oublié pour
ce grand ouvrage. UneReligieuse
Ursuline de beaucoup
d'esprit , & Parente
fort proche de Mr Maboul
Procureur General des Requestes,
n'y a pas peu contribué
de ion costé par ses
exhortations tendres &pieuses
& par le conseil qu'elle
Poitiers. C'estun détaildont
je ne fuis pointassezinformé.
Tour ce que je;,içay^
ci estque ce zelé-Rrélat,
qu'une fiévre au/lifacheufe
que longue avoir, clflpeièbé;
d'agir parluy-mesme, ne
s"en est pasveu plûtost foulage,
qu'ils'est transporcé
djlns lesmesmes lieux oùii
avoir envoyé, [Qn, Grande
Vicaire.Lefruitqu'il a,faûk
par sa. présence a esté; fort,
grand, & continue tous les
jours par l'ordre qu'il a donné
aux Miflionnauvs--.ôcauxy
Curez, deveillerinceffamrucnràrinftru&
ion de ceux
qui1feroit< capablesde la
re'Çfcybir;
^iU'cïlfkicauilî-pluficurS'
1..1" aburations à S:Quentin,
sbit deMaladesà l'article de
la^fnort,'foie de Personnes
qui-doucoient depuis longtemps.
L'exemple leur en a
estédonné par Mr Benard
qui'a'presr plusieurs remifes-
IlaP'Lili enfin sedéfendre
d'embrasser la verité.Il a un
Frere quiay ant reconnu
avant luyla fausseté des ma-;
ximesde Calvin,luy a fort
aidé àexecuter ioneiurer>
prises Il est premier Secre- !
taire de Mrl'Evesque de :
Tournay ,
&ce futentreles j
mains de ce grand Prélir.
que Mr Benard fit sa profcision
publique de Foy, sur la
fin du dernier Mois. A peine -
fut-il de retour à S. Quentin,
qu'il fit connoistre à la
Femme toutes les raisons
qui l'avoient portéa ce changement.
Elle y trouvatantî
de force,que se sentant convaincue,
elle résolut de l'imiter.
Ainsi elle abjura le i
7. deceMois,entre lesmains i
de Mr Bendier, Docteur de
-—— *
la Maison de Sorbonne,Chanoine
de l'Eglise Royale Ôc.
Collegiale de S. Quentin, &
Officiai du Chapitre.
La santéde MrleMaréchal
DucdeVivonne,ne luy
permettant pas d'aller commander
les Galeres cette
Campagne, il aobtenu de
Sa Majore, que Mr le Duc
deMortemarsonFils, reçeu
en survivance de sa Charge,
les commanderoit en saplace.
Vous n'aurez pas fansdoute
oublié ce que je sçay
qu'on vous a dit bien des
fois àl'avantage de ce jeune
Duc, &la fuite de sa vie vous
aura souvent faitressouvenir
de ses premierscommencemens.
Il doit vous estrerevenu
une infinité de choses
remarquables de tous ks?
Lieux oùil a passe,&c'ç%
à dire, de presquetoutesles
Provinces de l'Europe. Il n'atoutefois que dix sept
ans,&il n'en avoit guerçs
que quinze, lors que ses
AAmmiiss,,àll'o'coccacassioionn dee sOo!nl
Mariage, seréjoüissant de sa
bonne fortune dont il devoit
estre content, & le voulant
flater de ce qu'à,cetâge il
avoit,avec beaucoup d'applaudissement,
l'avantage
d'estre revétu des plus grandesDignitez,
& celuyd'apartenir
aux premieres Personnes
de l'Etat, il répondit
qu'ilconnoissoittoute l'étendue
de son bonheur, mais
que pour estre entièrement
satisfait, il faudroit qu'il eult
mérité par ses actions, ce que sabonne fortune feule Itijr*
saisoit obtenir des bontez du
Roy. Vous pouvez connoîtrepar
la ce qu'on a lieli'
d'attendre d'un Hommequi
joint à de si beau sentimens
un courage éprouvé des le
berceau, & a un esprit, &
une sagessequi ont toujours
surpris, &qui continuënt à
étonner; mais quand on :
vient à penser à celuy dont
il tire sa naissance,on ne peut -
s'empêcher de donner beaucoup
deces grandes qualitez j
au sang dont il fort, & à l'e- j
xemplequ'il a presques toûjours
eu devant les yeux,
aussibien qu'à son excellent
naturel. Il a esté instruit
<
en voyant agir continuellement
un Pere qui n'a jamais
pûsouffrirqu'il y eust dans
savie une année inutile au
service du Roy, non pas
mesme dans un temps où les
plus braves & les pluszelez,
pouvoient joüir sans aucun
reproche des douceurs d'une
tranquille Paix; & dans les
Exploits,militaires de Mrle
Maréchal deVivonne,qu'un
grand Prince a dit qui set
sembloient à des avions de
Roman , Mrde Mortemar a
deû voir tout ce que la valeur
accompagnée de la prudence
peut faire executer.
Il n'a pas trouvé de moindres
leçons dans son gouverncmcnt
politique, maisil a
trouvé dans cet illustre Generalune
chosequi est presque
inimitable. C'est une
passion pourSaMajesté, si
grande & si desintéressée
que l'amour que les Héros
ont pour la gloire n'y a pas
mesme esté méfié, & il a fait
la plus grande partie de ce
qui nous étonne, pilJ1 la fèt-.Ie
envie de servir&de p1,iircà
unMaître si justement admiré
de toutes les Nations,
:& que son coeur préfere à la
"gloire, ëc àtout ce qui peut
flater davantage une grande
ame. Quandles plus intimes
Amisluy ontfait quelquefois
des reproches,dece
qu'il ne faisoit point aifcz,
de choses pour faire valoir
ses Avions,& leur donner
tou*l'éclatqu'elles radrisoient
; il leura repondu
qu'il déroberoit quelque
chose au Roy, pour qui{ci1
il travailloit,&quiestoittropjuste
& trop générer, pour
ne donner pas àsesActions,
si ellesestoienttelles qu'on
duy disoit,tout le prix qu'elles
méritoient, & que n'estant
faites quepour luy,il luy UiC.
soit le foin de sa gloire.
Voicy encor une fuite de
ce que Mr Charpentier a
commencé.
TROISIEME COUPLET
DES STANCES DU CID,
mis en Air. pEte, MaÎtrejfl, honneur,
amour.
Noble & dure contrainte,aimable
tyranniet
Tous mes plaijîrsfont morts, ou ma
gloire ternie,
L'unmerend malheureux) Cautre
indignedujottf\
Cher 6 cruel ejpoir d'une ame gtreufey
"! Mais tnfemblcAmoureufe^
Digne Ennemy de mon plus grapd
bonheur,
Ferquicnufcsmxpeine,
M\s-tn ci-nnépourvanger mon
honneur?
yCis-tuds;?nepourperdre ma
CÍ)j¡n.,'je?
Puis que vos Amies ont
mparience de sçavoir quels
ont les vrais Mots des deux
dernieres Enigmes en Vers.
je ne puis me dispenser de
les satisfaire.Voicy deux
Madrigaux qui leur apprendront
ce qu'on a voulu entendre
par l'une & par l'autre.
Celuy qui explique la
premiere est de Mr
-
de la
Couldre de Caën.
VOstreEnigmefent, bien
t
.,Ja Corde..,, 1 -
, tattesgr^ceaj'expnJJicn,, v;-•
Avecqueiûmpaient de diforde?
Ventcns Corde d'urtVieh#*-,
Duh Luih, ou actju< iqft'fiujfe Iftf
trumentd'Apollon,-
L'Explicationdelaseconde 1
est dans ces Vers. Mrdes
VtabuxedeuRoüren.-enes1tl'Au- Q;'-0}ft'cftdonetMtdï'hûûlUi< 1
Dieux commeUsHemmts
SepUifentfurU terreafairefkbons
coups,
Soint àhumeurfcélerutcainjique* ouslefommes, , ,"
Sont en un mot aujji fripions fjne^,
heus?
Vraymentilefl nouvealt, lefaitefjt
anf:. /ex.,v-itre"ysi
De voir Mercufi?V une Divinité
ÙJ/~ ,> )fJ' ¡~" 1 ue,aitgufe qualité
'D'n'lM, tous'iesHommesfépdre,
>
Tendant,(puefoies le nom de Itejfagc r
dcPDfeutc,*" f
D-e~Pais in Pais ilvafairesa courfc, entouslieux%en tout ttmps^ 1
- -
Etlltur couperimpunément ¡la:' le:)
BO'ur'(~ r .-1. j >,
= Í iBuurse.' - v, ¡
,",' <.• i
Voila, Madame, toutceH
que,vousaurez surcet Ar~
ticlejusques au 15. d'Avoir
que ma treiziéme Lettre Extraordinaire
vousfera part
des autres Explications qui
m'ontesté envoyées sur ces
Enigmes, ausquelles je ne
manqueray pas d'adjoûter
les noms de tous ceux qui en
ont trouvé le sens. Je remets
aussijusque-là ce que j'ay à
vous dire des deux Geans &
du Nain qui font l'Enigme
en figure. Vous vous attacherez,
s'il vous plaist,à chercher
le Mot des deux nouvelles
en Vers que je vous
envoye. MrGrillonD. M.2
fait la premiere.
ENIGME.
APres avoirservy d'aile &
de retraite
AdesPeuplesentiers, & conjcrvt
, leurRoyy
Je nepuis ncantmoins empefeher leur
d1cIfrlltCy 1
Lors ejne aavaresmains s'animenf
c&nmmoy.
,La mine d'eux tous nefinitpoe* ma
peine;
C,tr comme ils m'antcommis un
dépoflprétkux,
Pourme lefaire rendre,onmeprejje,
on me gesne,
Et bienfouventenfuiteon mecondamneauxfeux.
I'aypourtantfavantage aufort de
mes myÙes
De conserver taùjoursd'asti
tres rangs,
Tuisquejefuisfrefaiteauxfus
fierez, mjfïcres,
Etqwfappuyéenf-i l'autorité des
Grands.
AUTRE ENIGME. QVoy qw je fois du Sexe
féminin
Toujoursaparler trop enclin, ilfautquon m'aitfaitviolence
Lors qu'à me faire entendre enfin
je me réfous,
Apionfiin>qtauuadxacvoeeumposy,l'on n'envient
Jamaisje nerompslefileme*
Suivant
»
SuivantlespafJlons aautfuy,
A lajoye,auchagrin,jetede OU
c resiste.
le pleurlray demain, sijeris aumir
,!'hÍ'f/'v jïw'td'itiiy,
Maisonmp>.utfcavâïrsijèfuis
gayeou trffiey -•
Si lors que deparleronmedomine
Çemfloy,•, D'datresenpnettct
nveemoy.
Commeay lavoix lèlatiMl:
B,¿t!hOlt! d¡e ceux l.cts'qi!t cetl1eLit
, laconduit,
VenàhiprefqueTe,t monattente;
, Mais(fuclquèfolsj'ay bèau yak é
grand bruit,"
, ileiïdesGens <Jthumeurrebelle.
J*>upyqt*Atris redoubler Longtemps
- jelesappelle.
De quije nepourraisjamais rien
obtenir,
sSil'onnalloitchez,euspourlesfaire 1 'on n'all'oit ci,e -
venir*
LeDimanche 2.3. de ce
Mois, MessireThomas-Félix
Ferrero, Comte de Buriane
& Beatin, Marquisde la
Marmora, & de Chanois,
fit son Entréepublique à
Paris, en qualité d'Ambassadeur
de Savoye au pres de Sa
MajestéC'est uncaractere
qu'il avoit déja remply en
cette Cour pendantquatre
ans avec tant de gloire,
qu'il semble qu'il n'aitabandonne
quelque temps ce
Poste, que pour le venir reprendre
avec plus d'éclat. Il
est Gouverneur pour Son
Altesse Royale de Savoye de
la Ville & Province cl'Yvrée,
& du Duché d'Acuste,
Chevalier Grand -Croly,,&
Grand-Hospitalier de la Rcligion
des Saints Maurice &
Lazare,Chevalier de l'Ordre
de l'Annonciade, & sort de
l'illustreFamille des Fcn-cro
d'Italie, qui s'estsouvent
distinguée par les grands
Emplois, & par les rangs les
plus élevez, soit dans l'Eglise,
à qui elle a donné cinq
Cardinaux, dont deux Freres
ont esté revestus dela Pourpre
en mesme temps, soit
<lans le monde, où elle a
possedé & possedeencor les
Principautez de Masseran,
& de Crevecoeur; soit dans
la guerre, où deux de ses
Predecesseurs ont servy les
Roys de France en qualité
de Capitaines de Gendarmes,&
ont esté Chevaliers
des Ordres, &: un autre.
Gouverneur du Milanois
apres avoir commandé les
Armees de France en Italie,
lors que ce Duchéestoitsous
la domination de nos Roys.
On voit dans plusieurs Histoires
que beaucoup d'entreux
ont eu les premieresDignitez
dans la Cour desDucs
deSavoye leurs Souverains,
pour récompense de leurs
grands services.
Cet Ambassadeur s'estant
rendu à Picpus le jour que
je viens de vous marquer,
y reçeut les Complimens de
tous les Princes&Princesses
du Sang,& Ministres Etrangers;
ensuite dequoy Mr
le Maréchal de Créquy vint
le prendre dansles Carrosses
du Roy & de la Reyne, accompagnéde
Mr de BonneüilIntroducteur
des Ambassadeurs.
Son Cortege es
toit de trente Gentilshommes
Savoyars ou Piémontois,
tres-propres & trèsbien
mis. Il avoic des Carrosses
aussi magnifiquesque
bien attelez. Le premier
qu'on vit paroistre attira l'admiration
de tout le monde.
C'estoit un fort grand Carrosse;
dont tout le Corps
avoit este peint par les' plus
excellens Ouvriersde Paris.
La Sculptureestoit desplus
délicates;le fond duCorps,
tout doré; &: l'Impériale,
couverte d'une espcce de
housse de cuivre doré cizelé,
& à grands ramages, qui
partant tous du centrealloient
aboutir aux extrémitez,
qu'on voyoit garnies de
plusieurs Bouquets tres-riches&
fort élevez. Ily avoit entre les grands clous des
goutieres & les petits,une
Catnpane de cuivre dorécizelé,
entre des Festons de
mesme matiere,qui faisoient
un effet des plus brillans. Le
Train qu'on avoitaussidoré,
estoit d'une Sculptureadmirable,
les Moutons & l'Entretoise
de mesme, avec une
grande Statue dans le milieu
qui soûtenoit deux Enfans.
Il n'y avoit du verd dans ce
Train, qu'autant qu'il fal
loit pour en faire éclater l'or.
Les Harnois faits d'un cuir
verd bordé d' aurore, êc conformas
au dedans du Carrosse
& du Siege du Cocher,
qquuiie--esl toitd'unVeloursà oitd'un
,«
veloti rs a.
fond d'or&lieursvertes/e£;
toient semez de quantitéde
<t
Clous & de Plaques decuivre
doré tres- bien façonnées,
avec les Armes de Mr
l'Ambassadeur. Il n'y avoit
• pas moins de propreté dans
les Brides, quiestoient garnics
d'Aigretes aurore &
verd, & à trois tuyaux, &:
de plusieurs grosses Houpes
de soye verte & or, ainsi
f que les Guides, toutes les
Rênes, & le reste de la Gai>
nicure. Enfin on peut dire
que ce Carrosse estoit des
mieux entendus, & aussi
particulier qu'on en ait veu depuis fort longtemps. Ily
avoit encor une Calèchedo-
1 rée,peinte & tres-propre. j
Le dedans estoit: d'un Velours
aurore & cramoisy
,
le
reste afforty de mesme, tant
pour le Harnois que pour les
Aigretes.Elleestoitattelée
j
de six beaux Chevaux gris
sale, & chaque Carrosse, de
six Chevaux gris pommelez.
if) La Livrée de Mr l'Am-
< bassadeur estoit d'un fond<
feuillemorte, avec des Ga-
Ions fort larges, dont le mi-i
lieu estoit un Velours cra-j
moisy onde, bordé de blanc,
»» d'aurore&de violet. Les Va., 1
meura, pendant qu'ilreçeut
les Complimens du Roy par
Mrle Duc de S. Aignan Prem-
ier Gentilhomme de la Chambre; de la Reyne, par
M de Montignac son Premier
Ecuyer; de Madame
la Dauphine, parM le Maréchal
deBellefond son Chevalier
d'honneur; de Monsieur,
par Mrle Comte du
Plessis Premier Gentilhomme
de sa Chambre; & de ~l
Madame, par Mdj
son Premier Ecuyer; & comme
les dernieres Visites se
firent de nuit, toute la Maiion
estoitéclairée, à l'entrée,
sur l'Escalier, & dans les
Chambres, par une fort
grande quantité de Bougies
.', dans des Lustres, des Plaques,&
des Girandoles. Ces
Cerémoniesestant ache-
, vées, on servit un magnifique
Soupé pour tout le
Correge de Mr l'Ambassadeur,
ainsi qu'on avoit déjà
servyleDîné. - LeRoyayantdestinéle
jour suivant pourl'Audience
:.' de Cerémonie,Mrle Ma-•
rechal deC'réciuv le vint
;
prendre de nouveau dans
* «.—«. « .-.
les Carrosses de Leurs Majestez,
avec Mr deBonneuil,
& le conduisit à S.Germain.
Sa Suite estoit la mesme qui
avoit paru dans son Entrée.
Il passa dans la premiere
Court entre le Regiment
des Gardes rangées en haye
des deux costez, & le Tambour
a pella, comme ilLe pratique
quand les Ainbailàdeursdes
Testes couronnées
passent. Il fut en fuite mené
à laChambre des Ambaffadeurs,
& de là à l'Audience
chez le Roy, lesCentSuiffes
estant rangez en haye au
, travers de la Court, & sur les
degrez
,
jusquesà la Porte
de la Salle des Gardes, où
Mrle Duc deNoailles, Capitainede
laPremiere Compagnie,
lereçeut, l'accompagnajusqu'a
la Chambre
de Sa Majeflé. Ce grand
Monarque luy fit un accueil
fort obligeant, & luy donna
f de très -
fortes marques de
1 son estime pour la Maison
Royale de Savoye, & de sa
considération en particulier
I poursa personne. lleutaussi
Audience de la Reyne, de
Monseigneur le Dauphin,
la propretény pour la délicatesse.
Apres le Dîné, ill
se rendit dans la Court du
Chasteau,où les Carrosses du
Roy & de laReyne l'attendoient
pour le remener à Paris.
Ceux decetAmbassadeur.-
arriverent dans lamesme
Court,&furentcause que de
fort grandes Princesses, &.:
d'autres Dames tresconfidérables)
demeurerent quelque
temps sur les Balcons,,
pour voir la beauté de son:
Equipage. Il fut remené;
de S. Germain à (sonHôtel,
- avec tous les Gentilshom
nies,enlixuarroiies.,, .--:, LesGrandsOfficiers de
la Couronnedont siconnus,
& tout ce qui leur arrive est
si remarquable,que d'autres
que moy vousaurontdéja
appris la mort de Mrle Duc
deBethune, Pair deFrance,
qu'on a
longtemps appelle
Comte deCharost,&quia
esté Capitaine des Gardés
du Corps pendant un fort
grand nombre dannées. Il
estoitChevalier des Ordres
de Sa Majesté, Gouverneur
de la Ville &CitadeLe^de
Calais, duFort deNieulay,
& du Pais reconquis, Lieirtenant
General pourleRoy
dans les Provinces. de Picardie,
Hainaut,&Boulenois,
& dans les Armées.
LaMaisondeBethune,aussi
illustre qu'elle estancienne,
tire son origine duRobertIII
dit de Bethune, Comte de
Flandres, Fils de Guy, & de
Mahaut de Beth,,jnie,-,-qui
épousa Blanche deSicile,
Niéce du Roy S. Louis.. Je
laisse une longue fuite de (es.
Descendans, tous renommez
par leurs belles actions,.
pour venir à Maximilien de
sentement Duchesse du
Lude.
François de Bethune,
Comte d'Orval, depuis Duc,
qui épousa Jacqueline de
Caumont-la-Force, fut son
seçond Fils. De ce Mariage
sont fortis Mrle Marquis de
Bcthune, &Mt leVicomte
de Meaux.
Le mesme Maximilien de
Bethune, Duc de Sully, eut
Philippes de Bethune, Baiéfi
de Selles en Berry, & de
Charost, Chevalier des Ordres
du Roy, pour troisiéme
Fils.C'efi: de ce Philippes &
de Catherine de Bouteiller-
Senlis, qu'est forty Loüis de
Bccliune-Cliaroit dont je
vous apprens aujourd'huy
la mort. Il laisse pour Fils
Mrle Duc de Gharost. Je
n'entreray point dansle détail
de ses actions, & vous,
dirayseulementqu'il a rendu
de fort grands services
dans toutesles occasions de
guerre qui se font ofertes
depuis pres de soixante ans,
tant en qualité de Mestre
de Camp du Regimentde
Picardie aux Sieges dela
Rochelle, de Privas; dePignerol
& Alets; à l'Attaque
du Pont de Carignan, & au
Combat de Veillane, qu'en
celle de Gouverneur des
Villes de Srenay,d'Un, & de
Jamets en Lorraine, où ila
souvent signalé son courage
& sa valeur, ainsi qu'il a fait
depuis dans le Luxembourg
en qualité de Maréchal de.
Camp fous Mlle Comte de
Soissons, Frere de Madame
la Princesse de Carignan.
Rien ne sçauroit estre plus
glorieux'
- que la Retraite
qu'il fit en cette rencontre.
Quoy qu'iln'eust que trois
» cens Chevaux & trois cens
Fantassins devant une. Ar-
-
méede Polonois Ôç. de Cravates.,
composée de;,' neuf
mille Chevaux, il ensoûtint
les Attaques avec tajçu:cie
fermeté & de vigueur,que
sans s'étonner de voir son !Chevaltué de neuf coups
;
fous luy, il essuya toutlefeu
i des Ennemis, & se retiraen
très-bonordre à la,tefte de
son Infanterie qu'il rallia.
: En 1636. il secourut les Villes
d'Amiens & d'Abbevilleà
la veuë de l'Armée d'Espagne,
composée de quarante
mille
mille Hommes, & commandée
par le Cardinal Insant;
ce qui luy fit mériter le Gouvernement
de Calais, Fort
de Nieulay, & Païs reconquis,
dont il fut alors pourveu.
Depuis, il se distingua
aux Sieges d'Aire & deGraveline,
& en fuite à la Prise
-du Fort Philippe, qui pendant
leSiege d'Arras, causa
une diversion d'Armée aux
Espagnols, tres-avantageuse à la France. Il fut honoré
en 1651. de la qualité de Duc
& Pair, & acheva de s'en
montrerdigne par un fervice
important qu'il rendit
encoren1657&quiluy acquit
beaucoup de gloire.
Calais estant dépourveu de
la plus grande partie de la
Garnison, qu'on avoitelle
contraint d'en tirer pour la
seûreté d' Ardres, & autres
Villes qui sembloient en
avoir plus de besoin, pendant
que l'Année du Roy
estoitcampée devant Montmedy,
le~s Lipiacmols allem- .1'-.1
blerent toutes leurs forces
pour surprendre cette Place
ainsi dégarnie; mais Mr de
Charost soûtint si vailiammepnetuled'uHormAmtteasqquueialvueycelsetoient
demeurez, que ce fut
particulieremet par son courage
&par sa bonne conduite,
que leur entreprisen'eut
aucun succes. A pres une
longue vie passée toujours
avec grand éclat, il est mort
le 20.de
annee1cdeemsooisnbdaânsglae77. Mr de. Vaubourg, Neveu
de Mr Colbert, sous qui il
travailledepuis huit ans avec
une application inconcevable,
aesté fait Maistredes
Requestes en la place de Mr
Forcoal. Leutnie qu'il s' est
acquit eltiigénérale, que
pour estre convaincu de ses
bellesqualicez, il ne faut
qu'écouterla voix publique.
IlestFrere(Je Mr l'Intendant
Desmaretz,&futreçeu ConjSillcrauTarlementavingtdeuxans.
Il n'en a présentementquevingt-
cinq,le
luyayant donné la dispense
d'âge&de service, en colt- ,sidération des vives lumières
iqnustiroucnttipornésvdeunteumepns.Ilulyles , est généreuxAmy,fait.tousKsr
plaisirs de son devoir,&a
les manieres du monde les
plus bonnestes, & qui satisfont
le plus. On ne doit
point en estre surpris. C'est
le caractere de tous ceuxde saFamille.
J'aydemandé ce quevous
voulez sçavoir touchant Madame
laComtesse de Tonné-
Charance, dont je vous ap
pris la 010rr il y a un mois.
Elle a laisse une Fille d'environ
douze ans, qui est
belle, bien faite, & qui pond ré- fort aux soins qu'elle a
toujours pris de luy donner
une éducation digne de son
rang&de sanaissance C'est
son unique Heriticre. Quant
à sa Maison, je vous ay marqué
que cette Dame estoit
Fille de Mr deJaJ/nlliejre,
Ministre & Secretaire d'Etat,
qui ierc depuis cinquante
ans dans cette Charge avec
tout le zele &toute la fidelité
possible. Il a quatreFils,
dont Mr le Marquis de Châteauneu
feil1 Aîné. Tout le
monde sçait qu'après avoir
donné d'éclatantes marques
de sa capacité & de sa juftice
dans laCharge de Con-
-[ciller au Parlement de Paris
Eglisesen bon état, & les
Prestres'* cjai les déservent,
en leur devoir.Il fait pour
ce-l1a- ll"' a' tiff~ [l'lent d un Se- rëiàblîflèaientdun Seminaire.
Les deux derniers
suivent depuis fort logtemps
laprofession de l'Epée,&
servent dans les Armées de }
SaMaj esté en qualitéde éa":
pitaine,de Colonel de Cavalerie,&
autrescharges,dans
lesquelles ilsn'ontlaidec-,1 lefqjcUcsilsn~on!:Uluecchaper
aucune occasionde
signaler leur courage.
MrdelaTourrolo aachetée lachargede Tresorier de
Madame la Dauphine, çjuç
1
pôssedoit.cy-devantMrBerthelot,
&cc dernier à eu
cëllë de Secretaire des Com-7
: mandemens de cette mesme ;
Princesse, en payant quatre !
censsoixante mille livres à"
• plusieurs Personnes qiiele
* Roy a eu la bonté d'en e'ratifier,
ce ) grand Monarque
ayant continué parlà àfaire1
deslibéralitez déplusieurs
missionsqu'il auroit- pû re-
! tirer s'il avoit voulu vendre;
;lesChargesdelaMaison de MadamelaD^uphine.Dans
leiïiefirietempsque MrBerthelotaestépourveu
de
celle-cy, il a accordé Maae~
moiselle deS. Mars la secode
Fille, à Mr leComte dçjÇaçé-
Mangnon,Onde detvrJe
Segnelay Quad ce Mann~e
fera consommé, je vous en
apprendray davantage. •LeFils de M PvoL
s Se
cretaire duCabinetduRoy,
ayant estéreçeu en i.ryivance
de cette Charge a
épousé la seconde Fiile. de
Mrle President leBailleul.
Vous sçavez quecePrésident
a toûjours esté un tresardent
Serviteur du Roy, &
je vous ay déja parlé de Mr
Roles en plusieurs occafions.
Jenedoute point que
Mr Rotes son Filsne (uive
lès traces, & n'ait le meime
zele pour Sa Majesté.
MrdelaVienne, Premier
Val r de Chambre du Roy,
a épouté la Fille de MrOrccau
des Postes, d'une des
meilleures Familles deTouraine,
& tres- bien alliée
dans Paris. SaMajestévoulant
luy marquer sa bienveillance,
luy a donné en
faveur de ce Mariage un
Brevet de retenuë de cent
mille livres sur sa Charge.
Toute la Cour doit aller
passer, huit jours à S. Cloud
incontinent apres les Festes
de Pasques. Il y aura plusieurs
Divertissemenspendant
le sejour qu'elleyFera,
Elleretournera dela à Saint
Germain, & enpartira sur
lafin du mois pourBourbon,
où Monseigneur le Daupl^un.
doitprendre des Eaux.
Je croyois vous envoyer la
Lifte des nomsde tous ceux
que la Fortune a favorifez
a la Loterie du Roy; -,rnais
beaucoup deBoëtes quine
font point revenuës dela
Campagne ,
estantcause
qu'ilreste encor plusieurs
Lots à délivrer, je fuis obligé
de remettre cet Article.
En vousl'envoyant, je vous
feray part de quelquechose
sur cesujet qui vous surprendra
agreablement.
Voicy
cependant un Madrigal de
Mr Guyonnetde Vertron,
surce que le Roy ayant gagné
le gros Lot,le doitremettre
à une fecodeLoterie
enfaveur de ceux qui n'ont
xieri eu. Ce Lot en fera plu-
^fîéffrs*,fcla Loterie sera tirée
âpres Pasques.Jevous parleloraeymdeesmtoetuetmesplse.
s deux dans :: JJ les Sia!t;.i./Í't¡,'-",.:ilJ t1i¿- Z.y,lesSaiUsjm.vans aierontpeine
a ledoÏï. ;
LiJtiftice, l'Honnc:;r, S.:gJjl,U
.J "}'" ,-" .1.1 Accompagnent k Roy, (Glvirt)
si h .., Toutlféchitjuiss/.<(~ L(:'}',
Le ciel le favorisi ,
o s* la
Forante,
Tourlefururt par to.'tt) luyparoiss
importanei
Son grand(tvur, &fisyeux, ont les
me/mes objets,
Il vondroit quesonfort tombatffur
fis Sujits-,
Maispour nepatjouir defin bonheurextrême,
LOVIS, leGrandLOVISfculfimblable
a Lîiy-mcfûie,
J>)ui nevainc que pourpardonner>
Negagne aujji que pour donner.
Je suis si presse de finir ma
Lettre, que je ne puis vous parler
41y de la Réception de Mr le
Premier Président à l'Académie
Françoise, ny de Mr le Comte
ci'Errrées nommé par le Roy
Maréchal de France. SaMajesté
a aussi donné plusieurs Benéfices.
Je remets le tout jusqu'an
Mois prochain, &vousenvoyeray
dans ce mesme temps une
Planche qui regardeceMonarque.-
1:11ea pour titre, Sijttmc
Royal. Il ne le peut rien de plus
curieux, ny deplus utile pour
l'Histoire.Je n'en connoy point
l'Autheur. S'il s'obftme àlecacher
il m'obligeroitdemedonner
les moyens deluy écrire. Les
Modes nouvelles n'ont point
encor commencé, à cause du
froid. Ma Lettre Extraordi
naire que je vous envoyera)
dans quinze jours vous les ap.
prendra, si le temps est aflej
beau pour les amener. Je lui;
vostre, &c.
A Paris ce JI. Mars 1681. 1 Avis pour placer les Figures.
LA Planche dans laquelle il y a UJ1
,
Char, doit regarder la page 85
La Planche qui est remplie d(
Monstres,doit regarderla page 100
La Chanson qui commence par Tu
mas promis centfois, doit regarder la
page 184.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères