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<36611715550015
Bayer. Staatsbibliothek

MERCURE
CALANT
DEDIE A MONSEIGNEUR
LE DAVPHIN.
JANVIER 1679.
A PARIS.
AV PALAIS.
O
Ndonnera toujours un Volume
nouveau du Mercure Galant le
premier jour de chaque Mois, & on
le vendra , auffi bien que l'Extraordinaire
, Trente fols relié en
Vingt-cinq fols en parchemin.
MA PARIS ,
eau , &
Chez G. DE LUYNE, au Palais , dans la
Salle des Merciers, à la Juftice .
Chez C. BLAGEART , Rue S. Jacques
a l'entrée de la Rue du Plâtre,
Et en fa Boutique Court - Neuve du Palais ,
AU DAUPHIN
T. GIRARD , au Palais , dans la Grande
Salle , à l'Envie .
M. D. LXXIXe
JAVEC PRIVILEGE DV ROI.
BIBLIOTHECA
MONATENSIS
A MONSEIGNEUR
LE DAVPHIN.
S
I dans la Paix ou das la Guerre
LOUIS ne fait rien que de
grand,
Et fi l'heureux fuccés de ce qu'il entreprend,
Le rend fi formidable aux Princes de
la Terre
S'il eft feul digne d'enſeigner
Legrand & bel Art de Régner ;
Enfin fi fa conduite en miracles fé
conde,
Le fait regarder aujourd'huy
Comele plus grand Roy du monde,
PRINCE , combien eft grand un Fils
digne de luy!
DE HAUTEVILLE,
"
ij
EPISTRE.
J
Ce Madrigal , MONSEIGNEUR
, renferme
un Eloge qui répond parfaitement
à ce qu'on voit tous
les jours éclater de grand,
d'extraordinaire dans
Voftre Augufte Perfonne ,
& j'ay peine à croire que
le Panégyrique le plus étendu
puft faire concevoir
davantage. Auffi n'ajouteray
je rien à cette penfée.
Je vous diray feulement,
MONSEIGNEUR
,
que comme le Mercure ne
cherche à fe conferverl'accés
favorable qu'il trouve , &
ÉPISTRE.
dans toute la France , &dans
les Cours Etrangeres , que
pour avoir l'avantage de continuer
à y publier les merveilles
de voftre Vie , il va
redoublerfes foins dans cette
nouvelle Année, pour n'estre
pas tout àfait indigne de la
protection dont vous l'hono
rez Sa fortune ne peut
qu'eftre fort glorieufe , fi
vous avez la bonté de le regarder
toûjours du mefme
ail que vous avez fait , &
je n'auray rien à foubaicer
tint que vous agréerez la
refpectuenfe proteftation que
á iij
EPISTRE.
je fais deftre toute ma vie
avec une entiere foúmiſſion,
MONSEIGNEUR,
Voftre tres -humble & tresobeiffant
Serviteur, D.
CORSAVPS.
PL
les
Lufieurs eftans perfuadez que
Extraordinaires ne font que desabregez
de ce qui eft contenu dans les
trois derniers Volumes du Mercure
qui les précedent , on a efté prié de
faire connoiftre dans le premier Volume
de chaque Mercure qui fuivra
chaque Extraordinaire , les matieres
qui compoferont ces mefmes Extraordinaires
qui auront precedé le Mercure
qui en parlera. On verra par là
que dans ces Livres qui paroiffent au
commencement de chaque Quartier
de l'Année, iln'y a pas uneligne tirée
de ceux qui fe diftribuent le premier
jour de chaque Mois . On en va juger
par les Ouvrages que contient lequatriéme
& dernier Extraordinaire qui
a parule 15.jour de Janvier .
Il eft dedié au Roy. L'Epiftren'eft
AVIS.
point de la maniere ordinaire . Elle eſt
au milieu de toutes les Conqueftes du
Roy,gravées par M. le Paultre, reprefentées
au naturel, & environnées de
Devifes & d'Infcriptions . Le Volume
contient
Un Eloge en Vers de plufieurs
Pieces faites par les meilleurs Autheurs,
& imprimées dans le Mercure .
Un Edit d'Amour , de dix - neuf
Stances.
Une Fefte galante donnée par l'Amour,
au fujet de la Paix .
-Des Stances Morales faites par le
Fils d'un Auditeur des Comptes.
Huit Fictions diférentes fur l'ori
gine de l'Horloge de Sable , traitées.
par métamorphofe & par invention ..
La huitième en Vers par un Académicien
d'Arles .
Une Lettre galante qui accompagnoit
un petit Amour de cire donné
pour Etrennes.
Deux Lettres galantes de Madrid .
Une Lettre de Veniſe, oùl'on voit
AVIS.
l'origine des Mouches galantes, &-les
fentimens de lafçavanteMademoiſelle
Cornaro,fur la confidence deMadame
de Cleyes à fon Mary.
Six Lettres pleines d'é u lition , de
M. l'Abbé de la Valt , fur l'ufage des
Fictions .
Une Lettre fur les indices qu'on
peur tirer pour connoiftre l'Efprit,
fur la maniere dont chacun forme fon
écriture . 1
Une nouvelle Lettre en chiffre.
Des Madrigaux fur divers fujets , &
des Sonnets fur l'Amour & fur l'Indiférence..
Deux Difcours à la louange des
Cheveux , pour répondre à la Satire
contre les Cheveux qui eftoit dans le
troifiéme Extraordinaire .
Quatre Traductions en Vers François
, des Vers Latins de M. de Sanreuil,
qui fe lifent fur la Pompe du
Pont Noftre- Dame .
Plufieurs Madrigaux fervant d'explication
aux Enigmes du Coeur, de
AVIS.
la Nefle , de l'Efprit , de la Mouche
galante, de la Calote, & de quelques
Enigmes en figure . Lehrstei
Un Cadran Solaire en taille- douce,
d'une nouvelle invention , dans lequel
treize des principales Actions de Sa
Majefté font marquées par autant”
d'effets du Soleil.
Une Galanterie en forme de Confeil
, fur un mal d'amour,been s
Plufieurs Ouvrages en Vers à la
gloire du Roy.
Une nouvelle Hiftoire Enigmati
que.
L'Hiftoire des Amours de Grifette ,
Chate de Madame des Houlieres ,
contenue en huit Pieces de Vers compofées
par les plus beaux Efprits du
Siecle.
Un Difcours fur les Devifes, Emblêmes,
& Revers de Medailles .
Quarante- deux Revers de Medailles
à la gloire du Roy, gravées dans une
feule Planche, & tous expliquez dan s
l'Extraordinaire par autant d'Articles
féparez.
AVIS.

Plufieurs Questions proposées pour
le cinquième Extraordinaire, qui fera
le premier de l'Année 1679. les quatre
premiers faisant l'Année complète de
1678 .
Tousles Ouvrages de ce quatrième
Extraordinaire fe montent à plus de
cent cinquante Pieces tant de galanterie
que d'érudition.
Ce grand nombre d'Ouvrages diférens
faitvoir que les Extraordinaires
font des Recueils de tout ce que l'on
peut s'imaginer, & où l'on peut avoir
recours, fuivant les matieres dont on
veut etre éclaircy
On ne propofera pas ſeulement au
Public des Queftions galantes pour
tous les Extraordinaires , mais encor
tous les Sujets qui feront envoyez, où
l'érudition poura paroistre.
22
"

MERCVRE
GALANT
JANVIER 1679.
'EST avec bien du
plaifir , Madame,
que dans cette nouvelle
Année , je continuë à
vous donner des marques
de celuy que je trouve à
vous entretenir tous les
Fanvier 1679.
A

2 MERCVRE
Mois de ce qui fe paffe de
plus curieux en France . Les
prodiges de prudence & de
valeur dont je vous ay fait
part dans les deux dernieres,
ont quelque chofe de fi éclatant
, que comme le temps
que les Siecles
2
V
paffé ne revient jamais , on
peut
affurer
à venir ne feront rien voir
de pareil. Ce font de ces
Miracles qui n'ont point
d'exemple, & qu'on admire
fans les concevoir. Il n'y
avoit que la Paix qui puſt
en interrompre le cours . La
Ratification de celle d'Ef
GALANT. "S 3
pagne arriva fur la fin du
derniers Mois , & memet
dans l'obligation de vous
en parler au commencement
de celuy - cy : mais
qu'en puis -je dire qui réponde
à ce qu'elle a de glo .
le Roy ? On a
rieux
pour
veu de tout
temps
des Guerres
, mais
on n'a point
veu
des
Conquérans
comme
Luy. Il y a eu des Potentats
qui ont fait la Paix , mais
il
eft inoüy
qu'il
y
end
jamais
eu qui l'ayent donnée
dans le fein mefme de la
Victoire. Permettez - moy
A ij
4 MERCVRE
de me taire . Quelque portrait
qu'on fe falle de tout
ce qu'on peut penfer de
grand , on doit eftre perfuadé
que l'imagination ne
fçauroit aller affez loin fur
les merveilles qui feront
diftinguer noftre Siecle de
tous les autres. Combien
d'Etats ont eftenen guerre,
qui apres de longues an
nées n'ont perdus que dés
Hommes & de l'argent ?
Ils ne faifoient que conquérir
dans un temps , ce
qu'on regagnoit fur eux
dans un autre. Mais ce qui
A.
GALANTS
nous refte par les Traitez
de Paix avec l'Espagne eft
the chofe incroyable. Le
nombre & la force des Places
s'y rencontrent , & il y
a mefmedes Provinces tou
tes entieres. Ainfi avec
beaucoup de conqueſtes,
le Roy y trouve la gloire
d'un Vainqueur moderé,
mais une gloire dont tant
d'extraordinaires circonf
tances augmentent l'éclat,
qu'on peut dire qu'elle n'apartient
qu'à LoüISLE
GRAND. Les réjoüiffances
de cette Paix font grandes
A iij
6 MERCVRE
La
dans l'un & dans l'autre
Royaume, mais par des raifons
bien diférentes .
joye qu'en font paroiſtre
les Eſpagnols , vient des Places
qu'on a bien voulu leur
rendre , de la confervation
de celles qu'ils craignoient
de perdre , & du befoin
qu'ils avoient qu'on finift
une Guerre qui les accabloit
, au lieu que les François
s'en réjouiffent , non
pas pour les maux que la
continuation de cette Guerre
leur faifoit appréhender,
( elle ne leur a jamais ofté
P :A
GALANT. 7
l'abondance de toutes chofes
) mais pour la gloire que
leur augufte Monarque a
fait rejallir fur luy & fur la
France, en donnant la Paix
au milieu de tous fes triomphes.
Toute l'Europe confeffe
que c'eft Luy qui l'a
donnée , & comment poutroit-
on n'en pas demeurer
d'accord puis qu'elle a esté
conclue aux mefmes conditions
qu'il l'a offerte ?
Jugez par là , Madame,
combien la feconde Infcription
que les Hollandois
ont fait mettre en leur Lan
A iiij
8 MERCVRE
י ז
gue à la mefme Medaille
dont je vous ay déja envoyé
la Figure , regarde la
gloire de ce Grand Prince .
Voicy ce qu'elle contient.
mad sou nɔ ɔɔ81t
15
A LA MEMOIRE DE LA
PAIX TANT DESIREE , SI
LONGTEMPS RETARDE E,
ET A LA FIN SINGAILLARDEMENT
EXECYTEE . DIEV
EN FASSE VIVRE LONGTEMPS
LES AVTHEYRS ..
Astro
& Sip engs.
Le mot de gaillardement
vous furprendra , mais on
n'a pû traduire autrement
GALANT g
Te mot Hollandois dans fa
propre fignification, Chaque
Peuple a fa maniere de
s'exprimer, qui luy eft particuliere
; & ce qui a bonne
grace en une Langue , paroift
quelquefois rampant,
lors qu'il eft rendu literalementien
une autrer ƉИOI
AAJe viens à la Publication
de Cette Paix qui fut faite
icyavec les ceremonies accoutumées,
quelques jours
apres que la Ratification
eur efté receue. Lamarche
fut fort sétendue , eftant
compofée de Meffieurs du
10 MERCVRE
Châtelet, du Corps de Ville ,
& de tous les Officiers &
Archers de ces deux grands
Corps , auffi bien que des
Fifres , Hautbois , Tambours
, & Trompetes de la
grande Ecurie du Roy. Ce
font les Hérauts qui publient
la Paix . Ils font fept,
du Titre de Touraine , Normandie
, Angoulefme , Picardie
, Rouffillon , Xaintonge
, & Charolois . Le Roy
d'Armes eft du Titre de
Mont - joye S. Denys , &
marche feul apres les autres
Hérauts , ce rang eftant le
GALANT. II
poſte d'honneur. Il ne pu
blie jamais la Paix , & fait
feulement ce que je vay
vous apprendre . Quand on
eft arrivé aux lieux où les
Publications fe doivent fai !
re , il ordonne aux Trompetes
de fonner trois Chamades
avee les Clochette's
d'Armes de Sa Majefté, lef
quelles finies , il ofte fa Toque
, & la tenant à la main ,
il crie trois fois , De par le
Roy . Cela fait, il remet l'or.
dre de Sa Majefté entre les
mains d'un Héraut d'Armes
, & luy dit à haute voix ;
12 MERCVRE
Vous Heraut d'Armes de
France du Titre de *** faites
voftre Office. Le Héraut
prend l'ordre & fait la
publication
, laquelle finie, le
Roy d'Armes oftefa Toque
& crie trois fois Vive le Roy ,
aufquels cris le Peuple ne
manque jamais de répondre
. Le Roy d'Armes ordonne
enfuite aux Trompetes
de fonner des Fanfa
res . Apres quoy les Proclamations
fe font dans la
Court du Palais , & aux lieux
accoûtumez par chacun des
Hérauts alternativement.
GALANT. 13
Ils font revétus de Cotes
d'Armes, avec des Toques
garnies de plumes , des
Trouffes, & des Brodequins,
& un Caducée à la main .
leurs Chevaux font capa
raçonnez de Tabit violet
frangé d'or.
-
Quelques jours apres
qu'on cut publié la Paix
d'Espagne , on fit les réjoüiffances
ordinaires en
ces fortes d'occafions . Le
Canon fe fit entendre dés
le matin. On chanta le Te
les Com-
Deum , où toutes les C
pagnies affifterent ; & le foir
14 MERCVRE
rs
on fit un Feu devant l'Hô
tel de Ville , & enfuite on
en alluma dans toutes les
Ruës. Ilyen eut un d'Artifice
que M les Prevoſt
des Marchands & Echevins
avoient fait dreffer. Il reprefentoit
le celebre Temple
de Janus , foûtenu de
plufieurs piliers . Ce Dieu
eftoit élevé fur un pieddeltal
au milieu de cette
grande Machine , tenant
d'une main les Clefs du
Temple , & de l'autre un
Sceptre. Ce Temple avoit
plufieurs Portes , & deux
GALANT. 15
degrez régnoient tout autour
. Quatre Figures propres
au fujet, faifoient l'ornement
des quatre coins.
On reconnoiffoit Thétis &
Cerés , aux deux premieres.
L'une marquoit le
Commerce de Mer ; & la
feconde fembloit promettre
que pendant la Paix
elle rendroit la fertilité aux
Campagnes que la Guerre
avoit empefchez de cultiver.
On voyoit Mercure
dans l'un des deux autres
coins . Une Bourfe qu'il tenoit
, faifoit connoiftre le
16 MERCVRE
fruit que nous devons re
tirer du Commerce
de
Terre & de Mer. La quatriéme
Figure reprefentoit
les Arts Libéraux. C'eftoit
une Femme qui tenoit une
Paletre & des Pinceaux
d'une main , & de l'autre
un Globe & des Inftru.
mens de Mathématique
,
pour montrer que la Paix
rétablit les Sciences & les
Arts . Le refte eftoit orné
3
D
de
Peintures ,
de
de
Feftons
,
&
de
Trophées
, comme
dans la
vous pouvez voir dans
Feu
Figure
gravée de ce fell
GALANT. 17
que je vous envoye. P
Je quitte les réjouiflances
generales pour vous entretenir
des particulieres . Je
vous ay parlé dans une de
mes dernieres Lettres de
celles qui furent faites icy
à l'Hôtel
de Lefdiguieres
pour la naiſſance de l'Heritier
de cette IlluftreMaifon
.
Vous fçavez dans qu
quelle
confidération
elle eft en
France, & particulierement
dans le Dauphiné, dont Mª
le Duc de Lefdiguieres
eft
le Gouverneur
. A peine la
nouvelle de la naiffance de
B
Janvier 1679.
ell
18 MERCVRE
ce premier Fils fut- elle
fçeue à Grenoble , que toute
la Ville s'empreffa de faire
une Feſte . C'eſt la Capitale
de cette Province . Les Habitans
en font fort civils ;
ce qui eſt cauſe que la politeffe
y regne univerſellement.
Ainfi les Etrangers
y admirent un abregé de la
Cour à plus de cent lieuës
de Paris. Ils font charmez.
des honneftetez
qu'ils y reçoivent,
& fur tout des Perfonnes
de qualité de l'un
& de l'autre ſexe, qui y font:
en auffi grand nombre.
silst alia simang s
nid ob orgmsla ellov a
alivio 16ì not no ancud
og at sup dues as in so
lehtovinu sagen y bibond
gas ] 291 îA Jnom
slabègɔida nu inbuiriboy
Susilab zulq 100
samarsdə not all arm Toh
1 yell'up softɔanod zab
-19
Taboulvio
nul ǝb builsup ob zvanot
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Admon bang due
CU SACHUS
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sb unf&Lou Bro.
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a asia
eb
27
crâncea ? gestropis un
ATUGO
joc mic i bengue t
CHC À CXCLOs pres
1 sqoil stanseva en bjjem ?
Case qourfrieburgo.
CLONAS
UCG . ( À LLOпke qez
O
GALANT. 19
qu'en aucune Ville de
France. On y trouve des
Sçavans dont la réputation
s'étend en plufieurs endroits
de l'Europe . Le Parlement
y exerce la Juſtice
avec une fi parfaite intégrité
, qu'on y court en
foule des Provinces les plus
éloignées ; & noſtre augufte
Monarque, à la connoiffance
duquel rien n'échape
de ce qui regarde le
bien general ou particulier
de fon Royaume, eft fi bien
inftruit de cette intégrité,
qu'il y renvoye plufieurs
Bij
20 MERCVRE
Affaires de la plus grande
importance. Cette Ville a
un Prélat dont le zele extraordinaire
eft d'un exemple
& d'une édification
merveilleufe. Il eſt Frere
de Mle Camus Premier
Préfident à la Cour des
Aydes, & de M' le Lieutenant
Civil , qui porte ce
nom. La vifite de fon Diocefe
eft une de fes plus affidues
occupations . Il y fait
des fruits furprenans par ſa
pieté , & on n'a pas moins
d'admiration pour la vertu ,
que de refpect pour fa di
GALANT 21
16170946
gnité . A regarder la Pro-
§ vince en general , on peut
dire qu'il n'y a point de
Peuple plus fidelle au Roy,
ny qui ait plus de venération
pour ceux qui en exercent
l'Autorité. Elle eft
frontiere
à l'Etat de Savoye,
& voifine de l'Italie . Les
obligations qu'elle a à la
Famille de M le Duc de
Lefdiguieres font grandes.
Le Conneftable
de ce nom
la défendit plufieurs fois
contre les invafions des Ef
pagnols & de la Savoye,
quiavoient uny leurs for &
22 MERCVRE
pour profiter des troubles
que la Religion cauſoit en
France fur la fin du dernier
Siecle . Henry le Grand qui
avoit de l'eftime pour fa valeur
& pour fa prudence
, &
qui mefme l'honoroit d'une
bienveillance
particuliere
,.
trouva toûjours en luy une
fidelité inébranlable
, non
feulement
en la garde de
cette Frontiere , & de toute
celle de Provence
, mais encor
en tout ce qui regardoit
les interefts
de ce
Grand Monarque. Ce fut
y qui par fa vigilance
&
GALANT. 23
par le crédit qu'il avoit
dans ce Pais - là , dont il ef
toit originaire, vint à bout
de découvrir & de renverfer
en mefme temps divers
deffeins que le Party de la
Ligue avoit formez . Il en
fut récompenfé par l'Epée
de Conneftable dont Sa
Majefté l'honora , & par le
Gouvernement de la Province
, qu'il avoit fçeu fi
bien garder au dedans &
au dehors. La Ville de Grenoble
luy eftoit déja obligée
en particulier des foins
de fon agrandiffement &
24 MERCVRE
de fes embelliffemens . M
le Marefchal de Créquy fon
Gendre, Ayeul de M le Duc
de Lefdiguieres , de M' le
Duc de Créquy , & de M
le Marefchal de Créquy,
feconda cet illuftre Conneftable
par fon incomparable
bravoure , avec le
zele & le fuccés que l'Hiftoire
nous apprend . M'le
Duc de Lefdiguieres fon
Fils , dernier mort , qui a
gouverné la mefme Pro.
vince jufqu'à l'âge de quatre-
vingts ans , luy a fair
ffentir les effets de fa prudence
GALANT 25
dence & de fa fidelité pour
le Roy pendant les malheureux
troubles qu'on appelloit
Guerres de Paris . La
France eftoit alors unCorps
dont il y avoit peu de parties
qui ne fuffent infectées
de la contagion de ce mal;
mais ce fage Gouverneur
fçeur toûjours fi bien penétrer
les obfcuritez du
temps , que rien ne luy
ayant pûfaire perdre le bon
Party de veue , il maintint
perpétuellement la Province
dans l'état heureux
du devoir & de la tran-
Fanvier1679.
C
26 MERCVRE
quillité. Noftre invincible
Monarque l'a loué durant
fa vie & apres fa mort. On
ne fçauroit demander une
plus glorieufe preuve de
fon mérite. Celuy de M ' le
Duc de Lefdiguieres fon
Fils vous eft connu , & il n'y
perfonne qui ne fçache
l'attachement
qu'il a pour
le Roy , & fa fermeté inébranlable
pour ſon ſervice .
J'aurois trop à vous dire, fi
je vous parlois des marques
d'adreffe & de courage qu'il
a données fous le nom de
Comte de Sault , dans les
GALANT. 27
Carrouſels, en Hongrie, au
- Paffage du Rhin , & ailleurs.
Il a épousé l'unique
: Heritiere de l'Illuftre Maiefon
de Rets. C'eft une
Dame qui pendant le fejour
qu'elle a fait à Grenoble
en 1676. & en 1677. a
charmé toute la Ville par
fa pieté, par fa douceur, &
par fes autres grandes qualitez
. Le Dauphiné fut uny
à laCouronne en 1343. par le
don qu'en fit Umbert Dauphin
de Viennois , à Philipe
de Valois , à la charge que
tous les Fils aînez de France
Cij
28 MERCVRE
ן י
porteroient le nom de Dauphin
. Cette Province eſt
d'autant plus redevable à la
Maiſon de Lefdiguieres
, que
c'eft elle qui luy a formé les
tables moeurs Françoifes.
L'avantage eft grand ,
puisqu'on peut dire qu'eftre
François , eft aujourd'huy
un bien incomparablement
plus grand que ne fut autrefois
celuy d'eftre né Romain
. Vous jugez bien,
Madame, que ceux de Grenoble
eftant du caractere
dont je vous les ay dépeins ,
ne manquerent pas de don-
I
GALANT. 29
ner tous les témoignages
poffibles de joye , fi - toft
qu'ils eurent appris que
Madame la Ducheffe de
Lefdiguieres eftoit accouchée
d'un Fils . Dés le foir
du jour que cette nouvelle
fut reçeue , les Capitaines
des Quartiers parurent avec
une partie de la Milice .
On eut de la peine à contenir
les Bourgeois. Tous
vouloient s'armer. Neantmoins
il n'y en eut que fept
à huit cens , qui allerent
faire une Salve devant l'Hôtel
de M' le Duc de Lefdi-
Ciij
30 MERCVRE
guieres . Plufieurs Boëtes
& Petards que les Officiers
du mefine Hôtel avoient
fait ranger fur les terraffes
du Parterre , répondirent à
cette Salve , & la nuit ef
tant venue , toutes les Feneftres
furent éclairées par
des Flambeaux
. Il y eut des
Feux d'artifice en divers endroits
, & on n'oublia rien
de ce qui pouvoit faire
connoiftre l'extréme fatisfaction
que toute la Ville
reffentoit. Le lendemain ,
la plus grande partie de ce
qu'il y avoit de Perſonnes
GALANT.
31ZI
de qualité à Grenoble , fur
conviée à difner
!
a
difner par ces
mefmes Officiers . Le Repas
fut magnifique, & les fantez
de M' le Duc de Lefdiguieres,
de Madame la Ducheffe
, de M le Cardinal
de Rers , & du jeune Comte
de Sault , y furent beues
avec de grands cris de réjouillance.
Ce jour- là & les
fuivans , l'Hôtel fut ouvert
à tout le monde qui s'empreffoit
pour apprendre des
nouvelles de cette heureufe
naiffance. Pendant plus de
trois femaines , perfonne ne
Ci
32 MERCVRE
vouloit confentir qu'il fuft
un jour de travail. Tout
eftoit Feſte pour les Artifans.
Les Violons , les Fifres,
les Hautbois , les Mufetes ,
& plufieurs autres Inftrumens
, retentiffoient dans
tous les Quartiers ; & en
quefque lieu qu'on allaſt ,
on n'entendoit parler que
de divertiſſemens & de plaifirs
.
Les Chevaliers du Jeu de
l'Harquebufe parurent fous
les armes un des derniers.
jours du Mois de Novembre.
Jamais on n'avoit veu
GALANT. 33
dans leur
Compagnie ny
tant de parure ny un fi
grand nombre d'Hommes
.
M' du Savel Gentilhomme
de mérite, qui en eft Capitaine,
mit cette Compagnie
dans un tres bon ordre. Il
la fit marcher au fon des
Hautbois , des Mufetés , &
d'autres
Inftrumens , qui
s ' accordant
avec de bruit
des Tambours
, faifoient
un
effet tres agreable. Il y avoit
d'autres
fingularitez
de Moufquets à croc montez
fur deux Affuts en forme
d'Orgues de guerre
, &
34 MERCVRE
desSauvages qui donnoient
beaucoup d'éclat à cette
marche . Ils formerent deux
Bataillons dans la Place de
S. André, où ils firent plufieurs
décharges , & le foir
ils vinrent faire la derniere
fur le grand Pont de l'Ifere,
où Mile Clerc, un des Officiers
des Pénonnages
, avoit
fait dreffer un petit Feu
d'artifice , qui termina agreablement
les réjoüif
fances de cette Journée.
Le 30. du mefme Mois,
la grande Fefte fe fit . Comme
perfonne ne vouloit fe
GALANT. 35
2
reprocher d'avoir efté pareffeux
dans une fibelle occafion
, les onze Pénonnages
de la Ville fe trouverent
de grand matin fous les armes
. Leurs Officiers font
des Gentilshommes &
d'autres Perfonnes confidérables
de la Ville. M
Baudet, qui a un Frere &
un Fils Confeillers au Parlement
, en eft le plus ancien
Capitaine , & fait la
fonction de Colonel avec
le mefme honneur qu'il s'eft
acquis en plufieurs autres
Emplois. Toutes ces Com
36 MERCVRE
pagnies fe rendirent hors
La Ville , où elles furent rangées
en bataille par M ' de
la Frey, Major , & par M'le
Clerc, qui outre fa fonction
d'Officier de Pénonnage,
faifoit encor celle d'Ayde-
Major. Les Plumes , les
Echarpes, & autres parures,
brilloient de tous coftez .
Chaque Compagnie avoit
fa couleur particuliere . La
premiere , le gris de lin ; la .
feconde , le bleu , & les autres
, le vert , le violet , le
rouge, le jaune, & c. Comme
quelques - unes
eftoient
GALANT. 37
compofées de trois ou quatre
cens Soldats , cette uniformité
faifoit un tres - bel
effet dans un fi grand nombre
. Ces onze Compagnies
prirent leur marche , ayant
leur Colonel à leur tefte.
Chaque Officier ordonnoit
à fes Tambours la baterie
que bon luy fembloit , comme
celle des Moufquetaires
du Roy , la Dragone, la
Rovargue , ou la marche
ordinaire. Celle des Mouf
quetaires de concert avec
les Hautbois , produifit un
effer bien nouveau , qui fut

38 MERCVRE
de faire danfer les Dames,
foit par la préoccupation de
la joye , ou par la gayeté de
la baterie. M' Aubin Enſeigne
du Quartier de la
nouvelle Enceinte , qui eft
une des plus belles Compagnies
de la Ville, portoit
un Drapeau qui attiroit les
regards de tout le monde .
Il eftoit parfemé de Fleurs
de Lys d'or , & enrichy de
plufieurs autres ornemens;
& comme ce Drapeau eftoit
fort grand, il pria une jeune
Fille tres - bien faite , & de
fort bonne Famille , d'en
GALANT. 39
3
qu
vouloir porter le bout . Elle
eftoit veftuë en Pallas . Il
n'y avoit rien de plus riche
que la parure. La modeftie
' elle faifoit éclater fur
fon viſage , avoit un je ne
fçay quel mélange de fierté,
quien reprefentant celle
du Soldat,faifoit connoiftre
que
la vertu le devoit toû
jours accompagner. On
avoit un empreffement incroyable
pour la voir , &
pour fçavoir le miftere dé
l'Employ qu'elle avoit bien
voulu accepter. Cette nouveauté
fut furprenante,
40 MERCVRE
quoy qu'en ufage chez
quelques Peuples de nos
Alliez , à l'imitation
def
quels cette belle Perfonne
confentit fans peine à faire
paroiftre fon zele , dans une
occafion de joye auffi publique
que celle où toute
la Ville s'intéreffoit . Ce
qui acheva de charmer les
Spectateurs , fut un Char de
Triomphe, traîné au milieu
de la mefme Compagnie . Il
eftoit peint & orné de plufieurs
Couronnes ,Fleurons,
& Bouquets , haut de quatorze
pieds , large de neuf
GALANT. 41
& demy , & long de dixhuit.
Un Enfant qui reprefentoit
le jeune Comte de
Sault , y eftoit affis , ayant
à fes coftez deux autres Enfans
, habillez , l'un comme
l'Amour , & l'autre comme
Mars , & à fes pieds eftoit la
Force abatuë figurée par un
Lyon couché. Le fiege de
l'Enfant avoit un Aigle &
un Cygne pour fupports,
avec ces paroles.
Propre à l'Amour, & vaillant à
la Guerre.
Dans ce mefme Char ef
toient neuf autres Perfon
Fanvie 1679. Ꭰ
42 MERCVRE
"
nes magnifiquement
vétuës
à la Romaine . Elles repreſentoient
les neuf Mufes
, & jouoient toutes de
quelques Inftrument, dont
la diverfité faifoit une tresagreable
mélodie . Plufieurs
Hommes vétus en Sauvages
, qui font les Armes de
M' le Duc de Lefdiguieres,
tiroient ce fuperbe Chariot.
Dans une autre Compa
gnie , il y avoit un Athlete
armé à la Romaine , portant
un Bouclier & l'Epée
nuë , comme s'il cuft invité
GALANT. 43
au combat tous les Braves
qu'il rencontroit . Il marchoit
immédiatement avant
le Drapeau .
#
Pendant que toute cette
Milice fe rangeoit dans les
Prairies de la Porte de Bonne
, les Officiers de l'Hôtel
de Lefdiguieres tenoient
Table ouverte , & l'aprefdi
née il y eut de leur part une
Fontaine de Vin à trois
tuyaux , qui coula tout le
refte du jour. Les Compagnies
s'eftant mifes en ordre,
elles vinrent faire leurs
décharges devant cet Hô-
Dij
44 MERCVRE
tel , & pafferent enfuite de
vant le Logis de M le Préfident
de S. André, quia efté
Ambaffadeur à Venife , &
à qui le Roy a commis le
Gouvernement de la Province
en l'abſence de M ' le
Duc de Lefdiguieres , & de
M'le Comte de Tallard qui
en eft Lieutenant General.
Ces honneurs rendus , elles
allerent fe pofter dans la
Place du Breüil , avec la
Compagnie de la Jeuneffe,
commandée par le mefme
M' du Savel dont je vous
viens de parler. Ileftoit
GALANT 45
magnifiquement vétu , &
fort bien monté , ainfi que
M Pellat Lieutenant de
cette Compagnie , & les autres
Officiers.
Lefoir on fit joüerun Feu
d'artifice , conftruit par M
du Clot , Ingénieur de la
Ville . Le Bâtiment eftoit
octogone , ouvert par huit
endroits , rehauffé par un
tour de balustrades , & furmonté
par un Soleil lui
fant. L'Infcription qui ef
toit au Frontispice faifoit
connoiftre que les Confuls
de Grenoble fouhaitoient
46 MERCVRE
au jeune Comte de Sault la
gloire, & les grandes qualitez
d'Achille . Aux autres
endroits on voyoit peintes
diverfes Actions de ce fameux
Grec , telles qu'Homere
les a décrites . Elles
eftoient accompagnées de
plufieurs autres Infcriptions
Grecques , Larines, &
Italiennes , qui les appliquoient
à la gloire future
du jeune Comte de Sault.
Il y avoit fix Emblêmes en
fix endroits diférens . Le
premier eftoit un Enfant
dans le berceau , aupres du
GALANT. 47
quelles Parques filoient le
tiffu de fa vie, avec ce Vers
au deffus.
Veridicos Parcæ coeperunt edere
cantus.
Trois autres Vers Latins
eftoient au deffous, qui faifoient
connoiftre qu'il ve
noit de naiftre un Achille
qui n'auroit point fon égal,
& dont toute la Terre parleroit
un jour. Un Aigle à
vol étendu , regardant avec
mépris une Colombe perchée
fur un Arbre, faifoit le .
fecond Emblême, avec ces
mots.
48. MERCVRE
Non imbellem ProgenerätAquile
Columban du 2015 Too
Le troifiéme eftoit une
Carriere , au bout de laquelle
il y avoit une Couronne
de Lauriers , & ces
2
paroles
au deffous
Virtuti gloria merces.
paro
La Figure du Pantheon ,
qu'on voyoit dans le qua!!
triéme eftoit accompagnée
de ces mots.
Nuðum numen abeft,fifit pruz.) ;)
dentia
b norilog
noɔ alabagnies
Dans le cinquième
, eftoit i
reprefenté 1
GALANT. 49
reprefenté un grand Lyon,
combatant un Eléphant en
prefence d'un Lyonceau,
avec ce Vers.
Difce , puer, virtutem ex me, vel
rumque laboren .
Le fixiéme faifoit voir
une épaifle Foreft , d'où un
Créquier fortoit pardeſſus
les autres Arbres. On y
lifoit ces paroles.
Crefcent illa, crefcetis, honores.
'
Ces Emblèmes auſſi bien
que les Inferiptions , eftoient
de la compofition de
M l'Horier , Avocat de la
1
Ianvier1679.
E
1
TO MERCVRE
Ville De cette Machine
(fl'on peut appeller ainfi
cette maniere de Bâtiment)
fortirent plufieurs Fufées en
diverfes figures au commencement
de la nuit. Ce
Spectacle dura plus d'une
heure. La clarté que ces
Fulées répandirent , diffipa
les tenebres des environs,
& le bruit qu'elles firent retentir
dans les airs fut fi
grand , que plus de cinquante
Tambours qui batoient
inceffamment lavoient
de la peine à fe faire
entendre.
GALANT SI
1
La Milice qui environ
noit le Feu dans la fpacieufe
Place du Breuil , augmenta
ce bruit par la décharge de
fa Moufqueterie, & s'eſtant
rangée chacune fous fon
Drapeau apres que tout fut
achevé , elle fe retira à la
lueur des Flambeaux
, qui
avoient efté mis avec profufion
à toutes les Feneftres
de la Ville. Il y eut des
Quartiers où les Femmes receurent
les Compagnies
qui en eftoient , le Piftoler
à la main, qu'elles tirerent
à leur arrivée . Les plaifirs
E ij
52 MERCVRE
durerent toute la nuit &
les H Officiers de l'Hôtel les
continuerent le lendemain,
en régalant magnifique,
ment un tres - grand nombre
de Perfonnes de Qualité,
tant de la Ville que des
environs
2552520886
Voila , Madame , ce que
la douceur du Gouvernement
de Mile Duc de Lef
diguieres a produit . Tout
le Dauphiné a pour luy un
zele incroyable , & cette
Feſte en eſt une marque,
Je croy ne vous en pouvoir
donner une plus grande du
W 3
GALANT.
e
e
plain
que je me
ST 1910H
chercher
d'agréables
cho!
fes a vous envoyer , qu'en
vous faifant part de la Piece
emon
basta
allez voir . Elle ent
de M Saurin.
sup sv el ab met di
SESESESEESSESE
SE
VIEPLLE
budɔl"Μsh jasm
WET LED UGAT,
yul Buelquest
slow 277958 , oldevora
1:0
PTN Ducat, tes plus beaux
Holoog Rucatov sa vo Vieill
Avoit gagne le coeur d'une vieille
Dragonne, a nob
E iij
54 MERCVRE
ue l'or gagne des Coeurs, ce n'eft
pas nouveau cas,
Que
Ilne doitfurprendre perfonne.
La Vieille aimoit uniquement
Du prétieux métal la couleur écla
tante,
HETU_BA_SUREQ
Etjamais tendreffe d'Amante
Ne fit plusfouffrir un Amant.
Se
Par un excés de jaloufie,
Le Ducat , malheureux àforce
• l'eftre aime, stab pouptwoI
Sous double & triple clef, dans un
Coffre enfermera
Paffoit obfcurement fa vie.
La Dame l'alloit vifiter,
Il eft vray, tous les jours de plus en
Plus
charmée; 19] 98 KO
Mais les foins n'avoient rien qui
puft le contenter;.
GALANT 55
Rarement d'unBlondin une Vieille
eft aimée.
$2
Par ces mots à la fienne il fe
Splaint defon fort.
Quoy , fans ceffe enprison, toûjours
dans l'esclavage?
Mains captif eft l'Oyfeau dansfa
Enpetite Cage, NOT
Queje ne le fuis, moy, fous ce maudit
reffert aves me th
Pourquoy defedre qu'on mevoye?
Ayje comis quelque noir artetat?
Suu-je un Empoisonneur ? ay-je
trahy l'Etat ?
Enfin de ma prifon que veut- on
que je croyers omaaI
On ne fçauroit me reprocher
Que defaire trop l'agreable;
¿ E iiij
16 MERCVRE
Mais efire auxyeux de tous paly;
bienfait, aimable,
en
Eff-ce un crème à vouloir &
qu'il me
confte fi cheritafstrz
awwa zai sidæobs:
Que jepers de belles conqueftes,
De beaux emplois de grands
honneurst
Mon or pourroit brider før de
Royales Telesalg xat
Et fervir d'ornement aux Conquérans
des Cour
s Coeurstrojmu unM
Se rol 2006
depourrais fà. Cielquellegloirel)
Avoir place au Palais duplus
puiffant des Roys,
Et dere grandHéros chery deVa
ens havan
Victoire,
Aux Siecles à venir apprendre les
exploits, stindo anou ab
L
)
GALANT 37
57
(noQg z2mKootiadb આeકejna g3ri5js u&n>
ને કરત
D'un honneur fans pareilla perte
irréparable
d
Redouble les ennuis de ma captivités
Ekſjemourroi icy das man opftucté,
Sidemourirj'effon umpable.
La Vieille à cela,pas un mər
Aux plaifirs du Ducar elleferme
TENTO TOTS EL
Mais un jour Wayant re &mettre
dans fon Po
Lafaim shaffa Dangour, & çen'eft
anipak merveillan salg riout
Elle prendfan ingret your fatez
fatisfait,
Luy dis elle, an Orfeore aura fain
de vous plaire. tiolqxa
18 MERCVRE
Le Ducat, de l'Orfevre eftoit bien
style vrayfait,
Car ilavoit dorure àfaire.
Sur l'Enclume aufitoft ce beau Roy
des Métaux (aka mas(153
Souffre d'un Fer pefantla cruelle
Torture. doing aS
Il avoit murmuré dans fa retraite
obfcure;
On l'enfait repentir à grands coups
demarteaux
૨૦ માં
tot 2
rostidas I
es
છે
Pour redoubler encor fonfuplice &
fa honte,
Ze Feufuccede du Fer, OleBlödin
fondu,
Plus noir que Steropes, moins
poly que Bronte,
Dans le Mercure eft confondu..
GALANT. 59
te
word to th
Tamais un Criminél fut- il traité
de
mefme?
Les plaintes à ce coupferoiët mieux
de faifon.
Le Ducat,dansfa peine extréme,
Regrete, mais trop tard,fa Vieille,
&fa prifon . 978110T
Ainfi nous plaignons nous d'effre
otrop à noftre aife.
L'ambition flate &feduits
Elle n'offre rien qui ne plaife,
Mais fouvent ce qui plaiſt nous
nuit . o
S&
Heureux qui peut enpaix, fans fe
faire connoiftre,
Loin des honeurs vivre &mourir:
Lorsque nous cherchos àparoiftre,
Nous cherchos toujours àfouffrir.
60 MERCVRE
saluo 200 based but s
Vous m'avez furpris en
me
Sley
velles de ce qui s'eft paſſe
à Turin le dernier Mois
198 Jom 90 HD
touchant le Sapate. Ceft
VOR U par 2019 260
avoir bonne memoire que
9119ag am 200v. ILS
de vous eltre fouvenue que
2009 29 Tupuxa 20
Je vous appris il y a un
29124
an , que cette Felte arrivoit
toûjours le cinquième
295 200 angsaid ↳ 9013
de Decembre. La Lettre
Storm : 919 up.. 201913throo
qui fuit va vous apprendre
en quoy elle a confiſté cette
volve um 70919 97AT JUSY
année mais elle ne vous
20 Go up & 29195.00
apprendra pas pourquoy
on luy a donne le nom de
༡ བྱ
Sapate, & vous m'embaral
1SVUGU
e
GALANTO. 61
voulez
fez fort quando . 61
115 211915
fuis
251197
que je fatisfaffe là - deſſus
voftre curiofite. Je men
is informe
à bien des
Gens , a qui ce mN NEON
mot n'eft
pas plus connu qua moy
119
Tiib 91 Au
Juliomem énн00 110 & li
Vous me permettez de-
Sup SunSJON 91119 200 20
vous expliquer mes conjectures
tures le vous diray que
cette Felte tirant fon ori-
193790 SUO
gine d'Espagne, & une des
conditions qu'elle
eftant que les préfens qu'on
veut faire foient mis en lieu
ou celles à qui on les fait ne
Youping eq, sbrig06
doivent pas s'attendre de
les trouver , il le peut que
món sĩ án 6 vu do
Panns
sisoms m'alloys
62 MERCVRE
ceux qui en ont inventé la
galanterie, ayent fait met
tre d'abord quelques Bijoux
dans les Souliers des
Dames à qui ils avoient
deffein de plaire , & que
les ayant trouvez le matin
en fe chauffant , elles ayent
donné le nom de Sapate
à cette Fefte , du mot çapato
, qui fignifie Soulier
en Efpagnol. Souvenezvous
, s'il vous plaiſt , que
ce n'eft qu'une fimple conjecture
que je vous explique.
Elle obligera peuteftre
ceux qui fçavent l'oGALANT.
63
$
rigine de ce que vous me
demandez, à me faire part
de leurs lumieres. Je les recevray
avec beaucoup de
plaifir, & vous laiffe lire,
en les attendant , ce qui a
efté écrit de Savoye fur cer
Articlello , unsholds & M
msgs2 ab mon al baneb
-ag jou phoftel om £
motivoz i up ong e
up ,fialq anoz li 2 , znov k
2007
-no siqmilsoup fo'n so
-ilqxe zov o sup fo
Jeg giddo al sup
< oʻl snavegi imp xurad vala
64 MERCVRE
5252525252225252

LETTRE
DE
M DE L'ESCHERAINE
Secretaire du Cabinet de
L.A. Royales, THE
AM 1 Abbed Eftrees.
MONSI ONSIEUR,
s?
Il estjuste de vous rendre
compte de temps en temps de
ce quife paffe dans noftre
Cour, & ce foin me regarde
particulierement
que plus
perfonne, puis quej'ay une
૫૧૩૫૩50
EGALANT 6
connoiſſance plusparticuliere
de la veneration que vous
ta
avez vez pour noftre incomparable
Souveraine, & de la part
qu'elle vous donne àson e
me. Je vous
estiso
fine
avoue pourtant
, Monfieur
, que je fens
quelque
répugnance
à pous
faire la rélation
du dernier
Sapate. Celle que vous ge
çeûtes l'année paffée ,fut d'un
prix qui vous fera trouver
peu de gouft à tout ce qui ne
fera pas de la même main.
le veux bien neantmoins
rif
quer quelque chofe pour obetr
l'ordre
que MR.m
Fanvier
1679.
F
66 MERCVRE
donnéde vous écrire, & pour
ne pas perdre une occaſion
favorable
de vous renouveller
mes tres- bumbles fervices
. $80 . laro.com
Vous n'avez pas oublié,
Monfieur, que l'ufage du sapate
nous eft venu d'Espagne
avec l'Infante Catherine,
Femme de Charles - Emmanuel
premier MR. Chref
tienne de France l'a continué,
on le continuë encor aujourd'huy
carilfuffit qu'une
coustume ait esté une fois introduite
dans noftre Cour,
poury estre toujours obfer.
GALANT. 67
mée, fi elle va à la grandeur,
au plaiſir, & àla policeffe.
Tant de Filles de Roys , qui
font entrées dans cette Maifon
Royale , y ont apporté
chacune quelque maniere de
Feftes galantes. Elles nous
opt toutes plû, & nous avons
fait un mélange du François ,
de l'Espagnol , de l'Italien,
qui n'a rien de barbare , &)
qui réüffit admirablement
bien pour la galanterie , &)
pour la magnificence. Je m'engage
trop avant , Monfieur,
je ne dois vous parler que
du Sapate de Lundy dernier,
Fij
68 MERCVRE
cinquième de ce moisip Vory
Feste commença fur ves ſix
da foir , par celay que
beures
S. A. R. donna afon Augufte
Mere. Il l'aborda dans fon
Cabinet , & lay prefenta un
paquet en forme de Lettres,
où elle trouva des Sonnets,
& des Epigrammes affex galamment
tournez ſur lefajet.
Paftorelineft & Autheur;
c'eſt un ancien Poëtë de noftre
Cour , dont les Ouvrages ont
Souvent en l'approbation des
M™ de l'Académie Françoife.
Enlifantes Poefies, onentra
dans la Chambre de M. R. ës
M.
P
GALANTM69)
quòy qu'onneſefusipas étu.
dié à cacher le sapate . Selon
La conftume , elle we laiſſa pas
d'eftre furprise , voyant fom
Alcove fermé par un magnifique
Baluftre d'argent, que
eftoit chargé de quatregrands
Baffins rempli de Gands
d'Eſpagne , d'Evantails , de
Rubans, de Bas de Laye
de quantité d'autres Bijoux,
qué MS. R.§ distribua ettemefme
aux Dames. Elle découvrit
en faifant ces liberalitez
une Agraffe de Dia
mano , eftimée trois mille Riftobes,
Mais à monfens ,ce
70 MERCVRE
La
qui valut encor mieux, fut
a maniere tendre , honneste,
& reconnoiffante , dont noftre
•jeune Prince excufa la petiteffe
de fon prefent. M. R.
luy en avoit auffi deſtiné un
proportionné à fon age, &)
conforme au deffein qu'elle a
de mefler à fes divertiffemens
des inftructions capables de
cultiver les femences degloi
re & de vertu qui croiffent
avec luy, Comme elle luy don
na l'année paẞée des Tentes,
elle a voulu luy faire vair
celle cy une Armée. On avoit
dreſſe une Table baute de
I
GALANT. 71
trois pieds , qui occupoit la
moitié de la largeur , & toute
la longueur de la Galerie
des Peintures du Palais de
S. lean que vous connoiffez.
L'ony conduifit §. A. R. fergrant
que c'estoit le paffage.
pour aller a la Comédie Le
bruit des Trompettes , des
Timbales , des Tambours,
formerent à l'entrée une bar
for encor
monie , qui ne déplut pas à
l'humeur vive de noftrejeune
Maistre. Il
plus
agreablement
furpris , felon
fon gouft , quand il découvrit
le long de la Galerie,für
72 MERCVRE
ane efpece de hauteurcouver–
te de mouffe , les Troupes de
fa Maifon campées àunbout,
& rangées en bataille à l'au
trefurune ligne . Le Campement
eftoit tres -bien entendu,
& difpofé en tout ,felon les
Regles. La Tente de S. A. R.
eftoit au milieu de celles de
fes Officiers , entre deux gros
d'Infanterie, la Cavale
rie fur les deux Aiftes. Trois
Pavillons fort propres en
faifoient la face , & celuy du
milieu renfermoir une Veste
de peau d'Espagne , vec
les Boutons de Diamans , &
une
GALANT 73
• une Bourfe pleine de Piftos
Les. eftoit une partie effen
tielle au Sapate d'un jeune
Prince genereux , commè lê
- noftre qui a l'inclination du
monde la plus liberale. On
• n'y avoit pas oublié le Parc
des Wickes nonplus que telay
des Munitions, & de & Artille
rie: Cesapotiva Arméë eftoit
en tres bon ordre. Toutes les
figures eflatent vendës de Páris
, armées & destues fort
proprement , felon les cou-
Leurs codes ppaarruarmeèssdes Coms
pagnies , des Régimens,
comme raous les avez veuës
*Janvier 1679.
G
74 MERCVRE
eftant icy . Je vous affure
qu'il n'estoit rien de plus joly
que cette petite Armée , compofee
de petits Hommes , &
de petits Chevaux. Apres
qu'on l'euft confiderée à loifir
, & que S. A. R. s'en fut
diverty à fon gré , on paſſa
dans la grande Salle des Provinces
, magnifiquement ornée
, & éclairée de quantité
de Luftres. Leurs AĄ. RR .
s'y placerent fous un Dais,
où les Comédiens François reprefenterent
la Berenice de
M Racine. Leur action ne
diminua rien de la beauté de
7
GALANT 75
1
cette Piece. Un Concert de
La compofition de M. Lalouette,
digne Eleve de M de
Lully, enfutcomme le Prologue
; & une fomptueufe Col
lation de vingt- quatre Baffins
de toutes fortes de Confitures,
de Fruits, fervit d'Intermede
entre le premier & le
Second Acte. M. R.
donna
cette Comédie au lieu de l'Opéra
, dont nous n'aurons la
premiere Reprefentation que
น dans huit jours. Eftant retournée
dans fon Appartement,
elle y trouvale Sapate
de Madame la Princeffe . C'ef
Gij
76 MERCVRE
toit quantité de Peaux , & de
Gands d'Espagne , cachez entre
deux Toilettes qui convroient
fon Deshabillé. La
Fefte finit par là , & chacun
fe retira fort-fatisfait de ce
qu'on avoit veu , & de ce
qu'on avoit oùy. Je vous conjure
, Monfieur, de l'eftre un
peu plus de moy , que vous
ne le ferez du méchant fiile
de ma Relation ; car fije ne
fçay pas écrire avec beaucoup
de jufteffe , j'ay l'avantage
d'eftre avec beaucoup depaf
fion, Monfieur, Voſtre, €56.
A Turin le 10. Decembre 1678,
ah porst of om
1
Od velași de
te dociler Four Torgilme gr
s,tabo
tambo
>
Crag? 9 Elprawo crops.^e.
s, trompettes , & moufquets,Vo refufz
rs , trompettes , & mousquets,Vo? refu-
DGALANT.
7 .
"
L'Air qui fuit eft fur la
Paix. C'eft une matiere
qui exerce également la
Mufique & la Poëfie . Les
Paroles font de M' Chefnon
de Tours . M ' Loyfeau ,
Organiſte de S. Martin de
la mefme Ville , les a notées.
AIR SUR LA PAIX .
Anons, Tambours, Trompetes,
& Moufquets,
Vous refufezde celebrer la Paix,
Et vous croyez qu'il eft de voftre
gloire
D'eftre muets,
G iij
78 MERCVRE
Hors d'un Combat, ou bien d'une
Victoires vor 9a:m79p3 26
Canons,Tambours, reprenez votre
employ,
Feftez la victoire du Roy,
LOVIS a terminé la Guerre;
¿Mais d'eft vaincre 1outelaTerre,
Que la forcerde recevoirfa Loy.
Vous avez fçeu que le
Roy accorda , il y a quel
e
mois
, à M le Comte
de Thorigny la Charge de
Lieutenant de Roy en Normandie,
fur la démiffion de
M' le Comte de Matignon,
fon Frere. Comme il eft
de l'ordre que fes Lettres
foient enregistrées dans
GALANT 79
tous les Sieges Préfidiaux
de cette Province, M Chevallot
de la Magdelaine
,
Avocat au Parlement de.
Paris , fut prié de faire la
prefentation de fes Lettres,
au Bailliage & Siege Préfidial
d'Evreux. Cette Cerémonie
fe fit le troifiéme de
ce mois , dans le lieu ordi
naire des Audiances, qui fut
remply de tout ce qu'il y a
de Perfonnes de qualité &
de mérite dans la Ville. Son
Difcours fut plein d'éloquence
& d'érudition , &
il le prononça avec tant de
G
iiij
80 MERCVRE
grace , qu'il s'attira l'admiration
de tous ceux qui l'entendirent.
Il fit paroiftre
d'abord l'Illuftre Maifon de
&
Matignon comme un agreable
labyrinthe , où ſon
efprit trouvant continuel,
lement , & de nouvelles
grandeurs , & de nouvelles
vertus , fe perdoit dans le
nombre furprenant des
grands Perfonnages qu'elle
avoit donnez à l'Etat. Il
dir , Qu'elle eftoit fi Noble,
& fi Ancienne , que les
Annales de Bretagne en raportoient
bien la grandeur
4
GALANT. 81
dans la fuite des temps.
mais non pas le commenceà
ce grand
ment
fe
Fleuve du Nil que les Anciens
avoient admiré avec
weneration, non pas tantpour
les merveilleux effets de fes
débordemens , que pour n'en
avoir pú trouver la Source,
quelque exacte recherche
qu'ils en euffent faite ; que
cependant au milieu de cette
incertitude il faloit fixer an
temps , & que l'Hiftoire faifoit
connoiftre combien cette
Maifon avoit efté Illuftrefous
le Nom de Goujon dés le di82
MERCVRE
xiéme Siecle , dans la Province
de Bretagne. Il ajoûta,
Quefous le Regne de Charles
VII. ceux de cette Maifon
avoient paffé en France pour
fecourir le Royaume , & pour
en chaffer les Ennemis, Il
parla des grands Hommes
quien eftoient fortis , & en
élevant leur valeur & leur
vertu , il fit voir qu'ils en
avoient elté récompenfez
par les premieres Charges
du Royaume. Il dit qu'il y
avoit eu des Marefchaux de
France , des Chevaliers de
l'Ordre du Roy , des Grands
1
GALANT. 83
Chambellans , des Grands
Ecuyers , & huit Lieutenans
Generaux pour le Roy, fucceffivement
dans la Province
de Normandie du
Nom de Matignon . Il montra
enfuite les grandes Alliances
que cette Maiſon
s'eftoit faites , & finit par
l'Eloge de M' le Comte de
Thorigny, dont les glorieux
fervices avoient merité de
Sa Majeſté , la Charge de
Lieutenant General pour
le Roy dans la Province de
zob.com ? Normandie
Ce Difcours reçeut de
84 MERCVRE
grands applaudiffemens.
Celuy qui le prononça eft
Fils de M Chevallot , Préfident
au Bailliage & Siege
Préfidial d'Evreux , qui foûtint
avec beaucoup de merite
l'eftime qu'on fait de
luy dans le monde. plang
La mefine Cerémonie
s'eft auffi faite depuis peu
au mefme Préfidial , pour
M le Marquis d'Harcourt,
en faveur duquel Sa Majefté
a bien voulu agréer la
démiffion que M' le le Mar
quis
de Beuvron
fon Pere
a
faite
, tant
de la Charge
GALANT. &
de Lieutenant General au
Gouvernement de Normandie
, que de celle de
Capitaine & Gouverneur
Particulier du Vieil Châ
téau de Rouen . Cet agré,
J
ment fait d'autant plus connoiftre
la bienveillance
dont le Roy les honore l'un
e & l'autre , qu'il eft accompagné
d'une claufe fort extraordinaire
. Elle porte
que fi par un ordre renverfé
de la Nature , le Fils
meurt avant le Pere , Mle
Marquis de Beuvron demeurera
maintenu dans les
86 MERCVRE
mefmes Charges, fans qu'il
foit befoin de nouvelles
Proviſions. Mile Marquis
d'Harcourt fon Fils , a toutes
les qualitez qui luy pouvoient
faire meriter un
Pofte fi avantageux . En
1673.n'eftant âgé que de dixhuit
ans , il fut mis à l'Académie
, qui eſt une Ecole
où la Nobleffe apprenant
le meftier dela Guerre , s'inftruit
& fe forme pour la défenfe
de l'Etat . L'année
fuivante , il fe jetta dans
l'Armée , où d'abord il fer-
A
vit en qualité de Cornete
GALANT. 87
dans le Regiment de M' le
Marquis de Thury fon On.
cle , qui dans les dernieres
Guerres a donné tant de
marques de fa bravoure.
M' de Turenne le fit fon
Ayde de Camp à l'âge de
vingt ans dans cette belle
Armée qu'il commandoit
für le Rhin en
Allemagne.
Il foûtint
dignement le
choix que ce grand Homme
avoit fait de lay , & ne
perdit aucune occafion de
le fignaler. Le Roy ayant
efté informé de la
glorieufe
part qu'il avoit que aux
88 MERCVRE
avantages que nous avions
remportez
de ce cofté- là er
diferentes Batailles , comla
en
mença de récompenſer fon
mérite en luy donnant le
Regiment de M le Marquis
de Souches qu'il com.
manda en 1675. & 1676. avec
toute la vigueur qui eft neceffaire
dans cet Employ.
vintau Siege de Valencien
nes , oùtout ce qu'il y avoit
de Braves dans le Royaume
fe rencontrerent . Il y fit
des chofes fi furprenantes
,
que le Roy, à la veuë de
toute l'Armée , luy donna
GALANT. 89
5
la Charge de Mestre de
Regiment Pi
,
cardie , vacante par la mort
de M le Marquis de Boutlemont.
C'eftoit un des
plus grands Capitaines du
temps. Il s'eftoit acquis
beaucoup de gloire , & fut
tuéà la tefte de ce fameux
Regiment dans l'expédi
tion de ce Siege Vale
ciennes ayant efté emporté
d'affaut , M le Marquis
Me
d'Harcourt fuivit les Trouqui
furent envoyées
à
Cambray, où Sa Majefté en
perfonne luy ordonna d'al-
Fanvier 1679
pes qui
H
90 MERCVRE
.
ler attaquer une Demylune
qu'il emporta l'épée à
la main à la tefte du Regiment
qu'il venoit de recevoir
de la main du Roy.
Le Gouverneur & les Bourgeois
de Cambray, fürént fi
effrayez de la hardieffe de
cette actions, que peu de
temps apres ils batirent la
Chamade , & demanderent
à capituler. Ainfi on peut
dire que l'avancement de la
prife de Cambray eft deuë
à l'intrépidité de M'le Marquis
d'Harcourt , quiby fut
bleffé à la jambe. Toutes
4
GALANT or
ces chofes furent mifes
dans leur jour avec beau
coup d'art & d'efprit par
Midu Vaucel , fameux Avo
cat du Préfidial d'Evreux ,
l'Audiance feante, oùprefi .
doit Mode Lenglade Lieutenant
General. Il divifa
fon Difcours en trois Parties.
Dans la premiere , il fit
voirpar une éloquence vive
& animée , combien le Roy
eftoit glorieux , foit qu'on
le confideraft dans fes Conqueſtes,
foit qu'on le regardaft
dans le don genereux
qu'il avoit fait de la Paix.
Hij
92 MERCVRE
Il employa la feconde à
exagerer l'excellence de la
Charge de Lieutenant Ge.
neral , c'eft à dire de Vice-
Roy de la vafte Province
de Normandie , réunie à la
Couronne fous le Regne de
Philippe Augufte , par la
felonnie de Jean , furnommé
Sans- Terre, Roy d'Angleterre
& le dernier Duc
de Normandie , qui perdit
cette belle Duché par confifcation
pour avoir mé
chamment tué fon Neveu
Artus, Vaffal de la Couronne
de France. Ces termes
GALANT 93
ge
de felonnie & de méchammentfont
de l'ancienne Hif
toire , & ont une force que
peut eftre de plus choifis
n'auroient pas. Il paffa de
là à l'importance de la Charde
Capitaine & Gouverneur
Particulier du Vieil
Château de Rouen , ancien
fejour des Souverains Ducs
de Normandie , où ils tenoient
leur Lit de Juftice
dans leur Echiquier , érigé
depuis en Parlement . La
troifiéme partie de fon Difcours
regardoit ce que je
vous ay dit du mérite de M
94 MERCVRE

Le Comte d'Harcourt.bl
montranfur l'article de fa
Naiffance, qu'il eftoit iffu
des anciens Ducs de Nor
mandie ,
aufquels appartenoit
da Comté d'Harcourt
dont il porte le nom , & qui
eft venue par
acquifition
aux Cadets de la Maifon de
· Lorraine qui la poſſedent
prefentement. OVA 197
Cette Cerémonie attira
une fi grande affluence de
monde , que pour empef
cher la confufion on fur
obligé de pofer les Gardes
de l'Hôtel de Ville au Por
GALANT. 95
& en
tes du Prétoire Royal Tou
e tela Nobleffe des environs ?
yaffifta , & les Dames mef
mes qui voulurent l'hono
ren depleur prefence styr
trouverent en grand nom
bre. M' du Vaucel leur fit.
un compliment fort fpirituel
, & fort agreable ; & en
fuite Male Marefchal, Pre
mier Avocat du Roy, apres
un Difcours fort éloquent,
confentit pour Sa Majeſté
l'Enregistrement des Leta
tres de Provifion dans touter?
l'étendue du Bailliage d'E
vreux , ce qui fut ainfi jugé,
96 MERCVRE
& prononcé par M' de Lenglade
Lieutenant General.
Comme nous fommes
dans un Siecle où le vray
mérite ne demeure point
fans récompenfe
, le Roya
rendu juftice à celuy de M
le Marquis de Tilladet,
Maistre de la Garderobe &
Lieutenant General de fes
Armées , en luy donnant
fon agréement pour la
Charge de Capitaine des
Cent Suiffes de la Garde,
vacante par la démiflion de
M le Marquis de Vardes .
Le Pere & le Grand- Pere
de
GALANT. 97
3
de M' de Tilladet ont efté
CapitainesauxGardes.C'eſt
un Employ qui leur a fait
acquerir beaucoup de gloire
à l'un & à l'autre. Le
dernier en a merité le Gouvernement
de Briffac . H
avoit épousé une Soeur de
M' le Tellier. , M" de Tilla-,
det font fortis de ce Mariage.
Vous fçavez qu'ils .
fe diftinguent tous les jours
avec grand éclat , & que
celuy qui vient d'eftre receu
Capitaine des Cent
Suiffes, a monté par tous les
degrez au Pofte glorieux
Fanvier 1679.
I
R
98 MERCVRE
de Lieutenant General, On
ne l'acquert point fans
avoir donné de grandes
marques de valeur & de
courage. ,
Le Roy voulant faire
connoiftre combien il eft
fatisfait des grands fervices
que M' le Duc de Luxembourg
luy a rendus pendant
la derniere Campagne
, a gratifié fon ſecond
fils de l'Abbaye de Montier
- Ramey. Cette Abbaye
eft dans le Diocefe de
Troyes.st15
Made Mimur & de la
GALANT 99
T
Chefnaye,Pages d'honneur
de Monfeigneur le Dauphin
, s'eſtant attiré l'eſtime
& la bienveillance du
Roy par leur merite & par
leur bonne conduite , Sa
Majefté a eu la bonté de
témoigner la fatisfaction
qu'Elle avoit reçeuë d'eux,
en difant qu'ils n'avoient
point agy en jeunes Gens.
Ce témoignage leur eft
d'autant plus glorieux à l'un
& à l'autre , qu'Elle ne leur
a fait quitter la Livrée que
pour les attacher de nouveau
à la Perfonne de Mon-
I ij
100 MERCVRE
feigneur le Dauphin , en
leur donnant mille écus de
penfion à chacun, & toutes
les entrées.!
Il eft difficile que vous
ignoriez la mort de M le
Marquis de Montaut , Fils
unique de Mi le Marefchal
Duc de Navailles , puis que
la nouvelle en arriva dés les
derniers jours de l'autre
Mois. Il n'avoit que vingt
& deux ans. La
I emporta maladie qui
fut fi violente
,
qu'il ne refifta qu'une feule
nuit. Son courage & fes
fervices luy avoient fait meGALANT.
101
riter d'eftre Officier Gene
ral ddaannss unâgefi peuavan.
cé. Il avoit efté nommé
Madame la
Brigadier dans la derniere
Campagne.
Marquile de Roitelin eſt
fa Soeur. C'eft la feconde . Il
en laiffe encor deux autres
qui vont eftré des tres
grands Partis.bu
Quoy qu'on foit accoû
tumé de voir faire au Roy
des Actions de grandeur
dont les exemples font rares
dans toutes lesHiftoires
,
on ne laiffe pas d'eftre furpris
de la maniere honneſte
T
Liij
102 MERCVRE
dont il les fair. Elle augmente
le prix de ce qu'il
donne , & quelques grands
que foient fes Préfens, ceux
qui les reçoivent font plus
touchez des marques de
bonté dont ce grand Prince
les accompagne , qu'ils ne
font fenfibles aux avantages
qu'ils en retirent. Il
n'eftpoint befoin de follicitations
aupres de lûy.1011
fuffit que les fervices & le
merite parlent , & c'eſt la
feule recomandation qu'il
faut avoir pour le voir hon
noré de fes bienfaits . M le
GALANT. [ 103
Premier Président de Novionvient
d'en recevoir des
marques , par deux Préfens
de cent mille écus chacun,
lors qu'il s'y attendoit le
moins L'un eft un don de
cent mille écus comptant,
& l'autre un Brevet de retenuë
de la mefme fomme fur
la Charge de Premier Préfident
, Ces deux Bréfens
ont efté faits de cette maniere
noble &
engageante ,
qui a faitgagner au Roy juf
qu'au coeur de fes Ennemis ,
Comme mes Lettres font
leues apres vous par beau-
45
1 iiij
104 MERCVRE
coup de Gens qui auront
entendu parler de Brevet
de retenue, fans fçavoir précifement
ce que c'eft , vous
voulez bien que je les éclairciffe
en deux mots , en leur
apprenant que les Charges
fur lefquelles il y a de ces
fortes de Brevets ne peuvent
eftre remplies apres la
mort de ceux qui ont eu le
credit de les obtenir , qu'en
payant à leurs Heritiers les
fommes qui y font portées.
M' le Comte d'Eftrées
Vice-Amirah de France , a
cité furpris aufli agreable.
GALANT +105
ment que M de Novion ;
& le Roy qui fe fouvient
de l'intrepidité qu'il a fait
-paroiftre dans toutes les
occafions oùil a pû fignaler
fon zele pour fon ſervice,
ca augmenté les appointe
mens de douze mille livres
parang 219v9ia sh 29ol
J'ay acvous faire voir une
chofe affez extraordinaire.
C'eft une Lettre par la
quelle l'Amour demande
grace , luy qui eft fi peu
accoûtumé à prier . Il eſt
vray que c'eſt un Amour
qui fe pique d'eftre raiſon106
MERCVRE
nable , & qui fçait app
remment qu'il ne trouveroit
pas fon compte à faire
le fier avec la Belle qui eft
l'objet de fes foins. La Lettre
eft de Mile Coq de
Boifrivey.
STOJITS STUTO DIS
Sese seses 2 S25252
697330MNOJ
LETTRE
DEPAR
DE L'AMOVR,
A MAD. DE B *** e
Imable, Iris, jefuis l'AA"
mour, stars
Mais un Amour dont vous etes
Sesla Mert. man ang analor a
ESTIDY
GALANT. 107
C'est un fecret que je ne puis plus
taire, on liu
Etqu'ilfautque je mette aujour.
Je ne crois point vousfaire injure,
ba
Ny qu'estant Amour de fix ans ,
Et par confequent de bon fens,
le doive vivre encor avec vous de
meſure.
S&
Vous ne pouvez plus deformais
Feindre de ne me pas connoiftres
Carfé l'on confalte vortraits,
On ne poura douter que je tiens de
vous l'eftre.
t
Vous ne rougirez point de me l'avoir
donné ;
Car quoy que vous m'ayez comme
unefauffe Meres
Ingratement abandonné,
Je nefuis pas un Amour du valgaires
108 MERCVRE
Et pour vous faire voir comme je
me croisfait,
ju
Je vais ingenûment vous faire mon
portrait .
Se
le fuis tendre, ardet plein de zele,
Refpectueux, fage , fidelle ,
Prudet , difcret, honefte ,genéreux;
Et quoy que d'ungenre amoureux
L'ay peudepart à la folie
Dotprefque on nous accufe tous.
Il ef vray que tout comme vous
Te pache unpeu vers la mélacoltes
l'ay le tempérament affez paifible
& doux
On m'accufe d'eftrejaloux;
Mais , charmante Iris , quand on
aime,
Je crois qu'un chacun eft de
mefme.
GALANT. 109
De la Raifon, ueft aïfe de voir,
( Si jamais des Amours elle fut le
partage )
Que j'en ay, graces à mon age,
Autant quel'en en peut avoir.
Pour de l'efprit, je veux m'en
taire ;
Si j'en ay , je tiens de ma Mere.
Vous en avez infiniment,
Et moy (dit on ) paffablement.
Aprescela me pourayje promettre
Resfeld,
D'apaifer, bele Iris , votre longue
rigueur,
Et de poffeder voftre coeur ?
Car c'eft où bute cette Lettre.
Ne me repliquez point que je fuis
odieux,
Vous me l'avez trop fait connoiftre,
TO MERCVRE
Puis que jamais devāt vosyeux
Vous ne m'avezluiffe paroiftre, laiſſe
Et me chaffiez comme un pernicieux.
Oüy, désmespremiersjours, ingrate
fans feconde,
Vous me doniez à tout le monde,
Et récompenfiez de mépris
Les Malheureux qui m'avoient
pris.
20190 288
Qu'on avoit bien raifon de ne me
garder guere!
Car qui donne un piedfeulement
A l'amour d'une telle Mere,
Ne s'en défait pas aifément :
Et cependat l'infortune Lifandre,
Qui contoitfur votre amitié,
Me prit , mais à deffein d'eftre
quitte pour rendre,"
S'il ne pouvoit vous toucher de
pitié.
he
GALANT. II
643
Voffre cruautéfut extreme
Et luy fit plus de mal qu'à tous,
Pourme vouloir mettre bien avec
Ilfe penfa perdre luy mefme.
Soit qu'ilvous aimafitëdrement,
Ou bien qu'il felaiffaft amuserd'ef
perance,
l'acquis fur luy rat de puiffance,
Quejamais onnevit de plus parfait
Amante
st
Mais belas j'apperçais par fon
inquiétude ,
Et par un autre traitement ,
Que ce dangereux changement
Provient de votre ingratitude.
Lifandre ne m'écoute plus
Celle que j'euspeine à feduire,
Cette fiere Raifon, va gagner le
deffus
,
tot
Et s'efforcede me détruire.
112 MERCVRE

Sa
Degrace, ne le ſoufrezpas,H
Ou vous mecausez le trepas.
Ouy belle Iris, ma mort eft feure,
Et ne me croyez point de cesfolets
d'amours
Dont on dit que la vie eft dure,
Et qui renaiffent tous les jours;
Helas , quand je mourray, ce fera
pour toujours. bang an
Quoy,pourriez vous sas nulle cauſe
Laiſſer mourir un Amourfi conftant?
Dans un age qui promet tant,
Etdans l'état enfin defairequelque
chofe? got d store
Ne me rendez plus malheureux,
Pour un moment ceffez d'eftre infenfible,
Vn Fils eft il fi dangereux?
Etl'Amour est il fi terrible?
GALANT. 113
S&
Hé bien, fi je fais tant de peur,
Ne me donnez point voftre coeur;
Et le changez à celuy de Lifandre.
Belle Iris ,foyd'honnefte Amour,
le vais vousfigner dés ce jour
Que je n'ay plus rien àprétendre,
Enfin voila monfentirent,
l'aurois bien ofe vous le dire,
Mais quand celafe peut écrire,
On s'explique plus nettement.
Il ne me reste plus, pourfinir cette
Lettre,
Qu'à vous prier de mepermettre
D'effre, charmante Iris, jufqu'à
mon dernier jour,
Votre tres -humble Fils & Servi
teur, L'Amour.
M' l'Abbé de Grançey,
Janvier1679 .
K
1
1
114 MERCVRE
Fils de Monfieur le Maref
chal de Grancey , qui s'eſt
acquis tant de réputation,
eft Grand Vicaire de l'Of
ficial de Pontoife . Toute la
Ville en a témoigné beaucoup
de joye. Cet Illuftre
Abbé fait prefentement fa
Licence, & a déja paru plufieurs
fois en Sorbonne avec
grand éclat. C'eſt par là
qu'il le rend digne de poffeder
bientoft les plus émi
nentes Dignitez de l'Eglife,
& qu'il fuit les traces glorieufes
de Monfieur l'Archevefque
de Rouen fon
GALANT IK
Ca
Oncle, qui luy a donné les
deux Charges dont je vous
parle. Il en prit poſſeſſion
ces derniers jours ; & apres
que toutesides formalitez
ordinaires dans ces rencontres
furent faites , il prononça
un Difcours fort éloquent
& fort poly, qui luy
attira l'admiration de tous
ceux qui fe trouverent
cette Cerémonie, Il feroit
difficile d'en faire un plus
jufte. Les penſées en eftoient
fortes , l'expreſſion
vive & l'ordre agreable
qu'il leur donna , fit con-
K ij
116 MERCVRE
noistre qu'avec l'étude de
la Theologie , & la rudeffe
des termes de l'Ecole , on
peut joindre les belles Lettres,
& toutes les délicatef
fes de noftre Langueu
Je me fouviens de vous
avoir parlé le dernier Mois
du fuccés qu'avoit cu M ' le
Coadjuteur d'Arlesion prêchant
devant le Roy le jour
de la Felte de tous lesSaints .
J'aurois aujourd'huy beaucoup
à vous dire, fij'entreprenois
de vous marquer
combien toute la Cour a
donné d'applaudiffemens
à
GALANT. 117
fesbderniers Sermons de
Al eft que
l'Avent de
long-
=
Sa Majefté n'avoir de longtemps
entendu un Prédicateursny
avec tant d'affiduité,
ny avec tant de fatisfaction.
Auffica - trelle dit
plufieurs fois à fon avantage,
qu'elle n'avoit jamais
oüy mieux prêcher. Tous
les Complimens que luy a
faits ce digne Prélat , ont
eftédauffi juftes que bien
tournez , & dans les louangesqu'il
a données au Roy,
il a confervé toûjours un
certain air grave & d'auto18
MERCVRE
sité que infpire auxe Prédi
cateurs la dignité de leur
Caractere. Vous fçavez
qu'il eft de la Maifon de
Grignan . Ha pour Freres
Mder Comte de Grignan
Lieutenant de Roy en Provence
, Mile Chevalier
de
Grignan, Meftre de Camp,
& Brigadier de Cavalerie,
quius efts
of de
dans plufieurs
occafions pendant
cette derniere guerre , &
Ml'Abbé de Grignan , que
nous avons ven Agent du
Clergé. Ils font tous Neveux
de M l'Archevefque
GALANT. 119

d'Arles, Commandeur des
Ordre's du Roy. Perfonne
n ignore le mérite de ce
grand Prélat. Il est d'une
vertu confommée , & tour
aveugle qu'il eft , on peut
dire
qu'il y a peu d'Homdire
gle
mes en France auffi éclairé
que luy Jirois loin , fi je
m'engageois à vous faire
icy l'élogesen particulier
de tous ceux queje viens
de vous nommer. Je vous
diray feulement une chofe
quiles fait admirer de toute
la Terres ; c'eft la parfaite
union qu'on leur voit gar129
MERCVRE
der entr'eux. Ils ont tous
unenfi tendre & fi cordiale
amitié l'un pour l'autre , &
ils vivent dans une fi étroite
correfpondance, qu'il fem
ble qu'ils n'ayenliqu'un
coeur & qu'une ame.p Ceft
ce qui fera toûjoursiɗubfilter
cette Illuftre Famille
dans le mefme réclangi
qu'on peut prendre pour
un préfage affure d'une
profperité eternellent st
Jay interrompu ma Let
tre pour lire des Memojtes
de Province qu'on m'a ap
portez . Quoy que ce qu'ils
contiennent
L
GALANT 121
contiennent foit fort extraordinaire,
on m' affure
qu'on n'adjoûte rien àla
verité. La chofe s'eft paf.
fée dans une des plus celebres
Villes de France. [Voicy
ce que c'eſt up 2 un
Trois Dames, toutes trois
mariées , & qu'une longue
amitié rendoit prefque inféparables
ne cherchoient
qu'à paffer agreablement
feur temps. Elles avoient
de l'efprit recevoient des
Soûpirans , & fe laiffoient
volontiers conter des dou
ceurs, pourveu que les Gens
Lanvier1679.
L
122 MERCVRE
fe
montraffent propres
quelque chofe . La bonne
chere eftoit leur paffion
dominante , & un Repas
bien ordonné avoit de
grands charmes pour les
mettre de belle humeur.
Ainfi il eftoit dangereux de
leur faire quelque avance
fur cet article, fi on n'avoit
deffein d'eftre pris au mot,
Elles prévenoient
mefme
le plus fouvent ceux qui
avoient de la complaifance
pour elles ; & pour peu qu'ils
paruffent avoir deffein de
les régaler , elles témoi
my
1001
adroitement la
GALANT. 123
difpofition quelles eftoient
gnoient
fi
de le foufrir , que c'eſtoit
toûjours une affaire faite,
L'une d'elles ne lioit jamais
une Partie de cette nature,
qu'elle n'y appellat les deux
autres ; & comme
elles eftoient
trois, unies d'intereft
pour ce commerce
, il alloit
le mieux du monde, & elles
fe trouvoient
dans des Fef
tes continuelles
. Un jour
qu'elles
revenoient
enfemble
d'une vifite , elles rencontrerent
un jeune Cavalier
qui avoit échapé
juſque
Lij
124 MERCVRE
la a
leurs
at
nogles
Moll Top
DAYS
s'en firent une honte , & en
Heréfolurent
l'appellant
, elles réfolurent
de le preffer fi vivement
,
qu'il ne puft fe difpenfer
de
fe mettre en frais . Apres les
premieres
civilitez
, à peine
eut -il demandé
à quoy elles
avoient
deffein
d'employer
le reſte du jour , que la plus
hardierépondit
pour
t
qu'elles en eftoient embaraffées
, & qu'il qu'il eſtoir een
pouvoir de les tirer de cet
embarras, en leur
la Collation .
deur
donnant
197
Les termes
eftoient fignificatifs . Il fal
GALANT, 125
loit répondre précilement,
29up8376 2109 )
& le Cavalier qui eftoit
honnefte, ne balança point
à leur dire , qu'il fe feroit
e
feroit
un fort grand plaifir de ce
qu'on luy propofoit ; mais
que n'ofant les mener chez
luy , à caufe d'un Pere fur
l'âge qu'aucune vifite de
Femmes n accommodoit, i
craignoit fort que la Maifon
d'un Traiteur , qui eftoit
la ſeule qu'il avoit à leur
offrir , ne les dégouftaft
d'une Partie qui luy devoit
eftre fi agreable. Les Dames
qui prirent cela pour
up to ub₁
1511 291 .
Lij
126 MERCVRE
une défaite (elles n'avoient
peut-eftre pas tort d'en juger
ainfi ) ne voulurent
point laiffer échaper l'oc
cafion. Leur panchant l'emporta
fur le ſcrupule, Elles
accepterent le party, & dirent
au Cavalier qu'il les
conduifift . Un moment de
refvérie que cette réfolution
luy caufa , acheva de
leur faire croire qu'il ne
leur avoit parlé d'un Trai
teurs que pour trouver
& moyen de ſe dégager
comme elles agiffoient du
mefme efprit , & qu'elles
GALANT. 127
s'imaginerent bien qu'il ne
leurferbit pas aiſé d'en ob
utenir un fecond Régal, el-
Iles fe mirent de concert
pour profiter largement des
avantages de cette journée,
Le Cavalier qui voulu fe
tirer de bonne grace de ce
mauvais pas, les mena chez
un Traiteur de fa connoif.
fance, qui eftoit le plus fa
meux de la Ville
donna une Collation fort
honnefte & les fit entrer
dans une Chambre trespropre.
Tandis que la Collation
ſe préparoit , une de
Ihor
Liiij
128 MERCVRE
ces Dâmes , avouée des deux
autres ,fortit de la Chambre
fur quelque prétexte, & alla
donner des ordres nouveaux
qui furent fi bien executeż,
que rien n'a jamais efté fervy
ny avec plus de profufion
, ny avec plus degmagnificence
. Ce furent des
Baffins en pyramides de
tout ce qui peut faire un
tres- fplendide Deffert . Les
Confitures feches tendient
leur place aupres des liquides
, & on apporta de toutes
fortes de Liqueurs sen
abondance. Le Cavalier qui
GALANT. 129
n'avoit fongé qu'à fe tirer
ddaffaires honneſtement,
fut fort furpris de fervoir fi
libéral lors qu'il y penfoit
le moins Les Dames remarquerent
que tantude
dépenfe ne luy plaiſoit pas ,
& pour jouir avec plus de
¿joyen du trouble que luy
caufoir la veuë de tant de
Baffins, elles s'écrierent fur
adal magnificence du Régal,
& luy demanderent freeftoit
les traiter en Amies,
que de des faire fervir, avec
tantudepfomptuofitel Ces
paroles & furcht accompa130
MERCVRE
gnées d'un foûrire malicieux
qui acheva de ¶choquer
le Cavalier. Il vit bien
qu'on prétendoit le prendre
pour dupe , & fe refolvant
tout- à - coup à repouſfer
la piece par une autre
piece , il fe mit de la plus
belle humeur où il cult ja
mais eſté. Il mangea, ilbut,
il chanta, & dés qu'une des
Dames temoignoit fouhaiter
quelque chofe , il l'envoyoit
chercher auffitoft.
Les Baffins furent abandonnez
au pillage , & cha
cune d'elles fit un magazin
GALANT. 131
de Confitures feches pour
l'emporter. Cependant
l'heure approchant où ce
qu'elles devoient à leurs
Marys les obligeoit de fe
féparer , il fut queftion de
fortir. Le Cavalier les quita
pour aller compter avec le
Traiteur & tandis qu'il
arreftoit la fomme avecluy,
& qu'il difoit tout exprés
fort haut qu'il y avoit de
l'excés , il entendit les Dames
fur l'Escalier qui faifoient
de tres grands éclats
de rire. Il baiſſa alors la
voix , ſepara la ſomme en
t
132 MERCVRE
quatre parts , en paya une,
& apres avoir dit au Traiteur
que les Dames
teroient les trois autres , il
mesacqui
OUD
fortit fans fe mettre en
peine de leur dire adieu ,
Elles
l'attendirent longtemps
, & voyant que c'eftoit
inutilement
, elles crûrent
que le chagrin de fe
voir dupé l'avoit obligé à
eftre incivil. Ainfi elles fe
préparerent à s'en retour
ner fans eſcorte , & comme
elles prenoient leurs gands
& leurs coifes , elles reçeuent
le compliment du Trai
GALANT 133
teur. Jamais rien ne les fur-
AFIKUS 1075 29106
310
prit tant . Elles le perfuaderent
d'abord qu'il fe moquoit
d'elles , & prétendirent
que les Femmes ne
payoient jamais où il ya
voit des Hommes , mais il
leur dit fi déterminément
qu'il n'avoit reçeu que la
quatrième partie de la fomarreftée
par le Cavalier
,
& qu'il ne les laifferoit pas
fortir fi elles n'achevoient
de le fatisfaire
, qu'elles fe
regarderent longtemps fans
fçavoir à quoy fe détermi
ner. Par malheur , aucune
me
134 MERCVRE
des trois ne s'eftoit munie
d'argent. Il n'y avoit que
le crédit qui les puſt tirer
d'embarras. Elles fe nommerent
pour
l'obtenir ,
mais le Traiteur fut inéxorable,
la fomme eftoit groffe
pour des Femmes , & il
falut que l'une d'elles fe réfoluft
à laiffer un Diamant
de vingt Louis qu'elle avoit
au doigt.
croire qu'elles ne fortirent
pas avec la meſme joye qu’-
elles avoient marquée en
entrant , & qu'elles peſterent
de bonne forte contre
Vous pouvez
GALANT. 135
le Cavalier qui leur avoit
fait la
piece. own
Holls
29
20
21013 2
y en eut
pourtant une qui ne pût
s'empeſcher de dire qu'elles
fe l'eftoient attirée, & qu'il
n’eſtoit jamais plaiſant à un
galant Homme de paffer
pour dupe. Elles retournerent
chacune chez elles. Le
Mary de celle imp ce qui avoit
Jaiffe fon Diamant
, remarqua
le foir qu'elle ne l'avoit
point au doigt, & demanda
ce qu'il eſtoit devenu . E le
répondit
qu'une de ſes Amics
l'avoit pris en badinant,
& qu'elle la viendroit
136 MERCVRE
voir le lendemain pour le
raporter. L'Amie ne ving
point. Le Mary fe mit de
méchante humeur, dans la
penfée que le Diamant eftoit
perdu ; & comme la
Dame ne ſe trouva pas en
pouvoir de le dégager parce
que les Amies furent pa
reffeufes à luy envoyer de
l'argent, elle en effuya quel
quegronderie , Pendant ce
temps , ce Mary grondeur
s'eftant trouvé avec trois
ou quatre de fes Amis, l'un
d'entr'eux qui leur devoit
un Repas , les mena au
M
GALANT 137
qu
a
mefme lieu où les Dames
s'eftoiefit régalées à leurs
dépens. Un peu apres
[' ils furent à table, le
Traiteur effant entré pour
quelque chofe qu'on luy
demandoit, celuy qurdonnoit
13 Feſte vir une Bague
fort propre , & d'un grand
brillant, au bout de l'un de
fes doigts . Illa demanda
pour l'examiner ; & tous les
autres ayant jetté les yeux
Mary la
Ple recon . deffus
fine
nut , s'en faifit &
?
que c'eftoit un Diamant
qui luy avoit cfté volé de-
Fanvier 1679.
M
}
138 MERCVRE
puis quatre jours. Le Trai
teur monta fursfes grands
chevaux, cdit qu'il n'eftoit
point an Voleur , & de
mandap avec ogrand bruit
que fon Diamant luy fuft
rendus La conteftation fut
grande , & pour rendre juf
ticesau Traiteur qui crioit
toûjours au meurtre , il fut
queftion de fçavoir zipar
quelle avanture une Bague
-qui paroiffoir eftrede Fem
me , luy eftoit tombée entre
les mains. Ibconta la chofe
¿comme elle s'eftoit paffée ;
& ne connoiffant point le
GALANT. 139
Mary, il nommates Dames
quis luy avoient daifféle
Diamant, auffi bien que le
Cavalier qui les avoit amenées.
Ils ajoûta , qu'en artendant
qu'on leuft retiré,
il avoit crueftre en droit
de s'en parer pour l'intereſt
de l'argent qui luy eftort
deu. Le Mary fut fort fur-
V
pris
d'apprendreur
quer fa
Femme eftoit meflée dans
l'affaire, il entendit raillerie
avec fes Amis, rit le premier
de la piece que le Cavalier
avoit faite aux Belles,
paya le Traiteur, & em
M ij
140 MERCVRE
porta le Diamant qu'il
croyoit perdu.
Je vous avois bien dit,
Madame , que les Sentimens
du Médecin employez
dans ma Lettre du
Mois paffé , ne demeureroient
pas fans Réponſe.
Voicy ce qui m'eft tombé
entre les mains ſur cette
matiere de la part des Peres
Capucins du Louvre. C'eſt
une feconde Lettre adreffée
au mefme Evefque à qui ils
ont écrit la premiere..
missbo tib51iupmaging2
PRAFF_ I કુંવર
Bug

GALANT. G
141
зnside sidq
SENTIMENT
- nissDES ub anom
PERESI CAPUCINS
Sieg zioM
Du
LOUVRE
,
blogs 26 26 insion
Sur la Lettre d'un prétendu Medecin,
M
u znie zal 91109
ONSEIGNEURSTE
Those
crosses pa qken eci
pant hiftoriquement une Lettre,
elle du efre la matiere d'un Brocés
Cependant comme il fe trouve tour,
jours des Efprits querelleux , il en
4 paru un qui fe dit Medecin , &
qui paroift par là ennemy de la
142 MERCVRE
Medecine, d'autantplu
dangereux
qu'il en est moins fuſpelt au Public.
Aufi ne fe nomme- t - ilpoint,
pour eftre plus en droit de cacher
la verité fous le faux nom qu'il
emprunte. Son deffein feroit plus
injurieux s'il eftoit moins grofier :
mais tout ce qu'il écris eftfi pitoyable
,que nous ne voudrions pas vous
en dire nos fentimens , fi Voftre
Grandeur ne nous y engageoit par
l'obeiffance que nous luy avons
vouée. Ainft , Monfeigneur , ce
n'est pas poury répondre que nous
prenons la liberté de vous écrire,
mais pour fatisfaire à la fidelité
que vous demander de nous car
nous manquerions dans la judicialre
dont ce prétenda Medecin parle
dans fa Lettre , d'efcrimer contre
un Phantofme , fans nom , & fans
A
GALANT. 143
aven , & qui difparoiftroit des
qu'on le prefferois tant fait peu.
Cette Lettre contient beaucoup
d'injures , & encor plus de fauſſetez.
Elle eft feconde en invectives:
mais elle ne l'eft pas tant du cofé
de la fcience car elle eft fi pauvre
& fifterile , que nous ne pouvons
croire qu'elle fait fortie du Cabinet
d'un Medecin où il y a tant de
doctrine enfermée. Seroit il poffi
ble qu'un Docteur de la Faculté
de Paris , où on a tant écrit pour l'on
contre l'Antimoine , en parlaft
d'une maniere aulli pitoyable , &
aufi peu concluante qu'ilfait ? Il y
a done beaucoup d'apparence, quece
qu'il en écrit ne paſſant point la
portée d'un Garçon Apotiquaire,
il ne fait que par des raports,
Hiftoire de cette fameuſe Dif
144 MERCVRE
pule qui paringea longtemps des
fentimens de ces Docteurs qu'il
ignore les raisons des deux Parties:
car's il avoit ki quelqu'un des
Ecrits qui furent faits fur cette
Matiere , il auroit pû emprunter
des raisonnemens qui l'auroient,
mieux tiré d'affaire que les Arreſty
du Parlement qu'il allegue pour
fupléer au defaut de fa ference , &
que les Alles de Motaire dont ile
parle pour foutenir fes impostures.
Car enfin que pouvoit chercher des
Parlement dans uneaffaire où tout
le monde eftoit d'accord ? Eft- ce
qu'il craignoit qu'on ne concluſt
dans la Faculté la perte du Genre
humain, on convenant d'un Poiſon
qu'on devoit ordonnerpour Médi»
cament? ou bien eft- ce que quelquesuns
oriçient contre cette déciſion, &
GALANT. 145
vouloient foutenir que l ' Emetique
eftoit chauds Ilfemble quetefort
cette raifon qui obligea le Parlement
d'intervenir pour calmer un
Diferent dont le trouble auroit efté
tres-honteux à cette Faculté remplie
de fi beaux Efpries , puis que
des Perfonnes dont l'étude n'eft
point la Medecine , auroient efte
plus éclairées en cette Science que
les Medecins mefmes, & auroient
déterminé un Fait de Nature que
ces mefmes Docteurs de la Faculté
euffent declaré ignorer. L' Autheur
de l' Ecrit dont il est icy question,
auroit encorfçeu quefi l'Emétique
afes Partifans dans cette Faculté,
ilya aulli fes Ennemis , comme laymefme
to confeffe enfa Lettre, lors
qu'il parle des conteftations que
M'de Mauvilain fit ceffer, quoy
Fanvier 1679. N
146 MERCVRE
qu'il enft dit fix lignes auparavant
que toute la Faculté eftoit a'ar
cord ; ce qui eft la marque d'un
parfaite judiciaire de fe dement
· on fix lignes.
Ain bien toin qu'on puiffe croire
qu'ilfait Medecin, ilya plus d'a
parence qu'il eft un Emisfaire de nos
Ennemis , qui voudroient nous en.
gager à des difputes inutiles , &
nous faire confumer un temps que
Dieu & noftre confcience nous abli
gent d'employer aufervice du Roy
& du Public, & non pas à refuter
ce quife detruit par fa propre foi
bleffe, & qui eft deja fans doute
cenfuré par ceux là mefmes du nom
defquels ilfe couvren for ab
Vous avez leufans doute, Monfeigneur,
le bel endroit de la Lettre
de ce pretends Medecin, où pueriGALANT.
147
-
= lement it dit que vous ne gxeriffons
il
que des Soldats & des Laquais,
Quand cela feroit, eft ce que l'A-
= natomie luy a fait faire quelque
nouvelle découverte dans le Corps
d'un Riche , qui ne foit pas dans
celuy d'an Pauvre ? Cependant s'il
estour beſoin de preuve , Madame
La Princeffe de Chevrcafe , M³ le
Duc de Berbune, Mile Marefchal
de Bellefons, Monfieur & Madame
de Pompone, My Abbe Chamil
lard Docteur de Sorbonne , - Mª
Abbe Laudait de l'Hostel de
Soiffons, & beaucoup d'autres, ne
dédaigneroient peut- eftre pas de
témoigner lefoulagement qu'ils ont
receu de nos Remedes. Nous ne
vous difons point que Sa Majesté
mefme y a eu affez de confiance pour
en ufer. C'est une chofe de fait dont
Nij
18 MERCVRE
démentir
a
il eft aife de s'éclaircir ; mais il l'eft
3mars
beaucoup davantage de fçavoir que
ceuxque ce prétendu Medecin nomme,
commen'ayant point effe gueris
par nous , font des Gens dont nous
n'avons jamais entendu parler, &
qui ne nous font connus que par fa
Lettre. Mais il eftfi accoûtumé à
mentir la verité , qu'il dit que
nos Remedes jetterent Monfieur de
Chartres dans des convulfions, quoy
que Madame & plufieurs autres
Perfonnes de qualite foient témoins
du contraire , & qu'ils fçachent
que quand nous fumes appellex
pour foulager ce Prince, il eftoit
dans une letargie dont il ne revint
que par l'efficace de nos Reme Remedes.
Mais comme nous ne voulons
pointrépondre à la Lettre de ce prétendu
Medecin , máis feulement
GALANT 149
faire voir du Public la bonté de
ces Remedes qu'ils tâchent de decrier
, la difpure eftant d'ailleurs
inutile, fi elle ne donne quelque nouvelle
lumiere qui foit profitable,
nous croyons, Monseigneur, que fi
Autheur de ce Libelle eft
ef Me
.
decin & Depute, ou Avoué de la
Faculte , il ne doit pas refufer la
propofition que nous luyfaifons de
prendre chacun cinquante Malades
, de maladies diferentes. Nous
nous engageons de prendre autant Tensordonnede
Remedes que nous en ordonne-
Tons a ces cinquante Malades que a
Cestos
nous entreprendrons de guerir. Qu'il
en prenneautant qu'il
nordonnera
aux fiens , de forte que s'il ordonne
cinquante Medecines de demy. feptier
chacune, autant de Lavemens,
de Saignées, de Cauteres, de Van
2800
N
150 MERCVRE
Loufes , & d'Apofemes , il fe foùsmette
d'en prendre le mefme nombres
&comme il prétend que l'Emétique
foit froid , sil ven pourra
prendre apres tout cela cinquante
prifes pour fe rafraichir. Par là
Le Roy & le Publicauront leplaiſir
de voir qui de luy ou de nous quexiraplus
de Maledes,&fera moins
échauffe Ceferont des épreuves in-
> conteftables de la bonté&benignité
des Remedes des ans ou des autres,
&onconnaifira fi ceprétendu Medecin
azuraifon de cenfurexles intentions
qu'a evës Sa Majefté dans
nofre établiſſement in Louore. Ce
fera la pierre de touche qui empefchera
qu'onne confonde le veritable
Medecin avec celuy qui en ufurpe
le nomfans merite. Le den que l' Ecriture
promet par les mains des
GALANT KI
-Roys , fera du à celuy que l'expérience
aura diftingué, & que de
grand Hipocrate appelle récompenfe,
lors qu'ildit au Livrede fes
Preceptes que celuy là fera reconne
pourtres-babile dans l'Art de la
Medecine, quifans détruire la naturedefon
Malade, en confervera
la vigueur entiere & parfaite par
une connoiffance neceffaire àun veritable
Medecin, qui luy procurera
la récompenfe & Beſtime des Peu
ples; mais qu'au contraire celuy- là
fera traité comme un Fourbe & un
Menteur qui bien loin de guevir
Jon Malade , en affoiblira la nasure,
& luy caufera la mort.
NewMais comme ce prétendu Medecin
ne pourra peut -eftre s'élever
au deffus de la baffeffe defon efprit
pour former une apparente objec
N iiij
152 MERCVRE
sion, nous confentons de luy prefter
lamain, par la charité qui eft deve
aux Ignorans, & nous luy perme
tons de dire que noftre propofition
eft trompeufe, & que nous impofons
au Public, en difant que nos Remedes
font fi benins , que nous en
pouvons prendre tant de prifes en
un jour fans en efire incommodez ny
alterez , car il y a bien de la diférence
entre un Malade & unHomme
plein defanté, comme il paroift
par l'ufage du Vin qui fera bon
pour un Homme qui ſe porte bien,
mais qui fera tres nuifible à un
Grateux & à un Bleffe. A cela
nous répondons premierement , que
file Vin eftoit nuifible aux fains,
comme par exemple un Vinfurieux
oufumeux, ou Emétique , il leferois.
encor plus aux Mulades ; qu'ainfi
GALANT. 153
c'eſt déja une démonſtration que nos
Remedes ont une benignite generale,
puis qu'ils nefont point d'effet
far ceux qui fe portent bien ce
qu'on ne voit point arriver des mé
dicamens de la Pharmacie ordi
naire qui agiffent toûjoursfur tous
les Hommes fains ou malades .
mais nous ajoutons de plus que
nous en donnerons aux Malades
meſmes , quoy que ce ne foit pas
ceux quifont propres pour leurs ma
ladies ; &non feulement ilsne leur
feront point demal,mais mefme its
n'en fentirent aucun effet. Par
exemple , laColoquinteferadubien
à un Hydropique , & la Brioyne
auli, luyfaifant évacuerdes eauxs
& fi on en donne a un Aſthma-`
tique , il n'en fentirà aucun effet
(c'eft à dire apres que nous l'aurons
154 MERCVRE
prepares de plus Opium
donné à l Hydropique avec Brioyne
, n'empefchera pas l'effet de la
Brioyne, non plus que la Brioyne
n'empefchera pas l'effet de l'Opium
fur l'Afthmatique mais ce qui eft
de plus particulier, l'Opium & les
Hiebles (preparêz comme nous les
•fçavons preparer ) queriffent les
Diffenteries & les Flux bepatiques
, dont la vertu ne fera point
empefchée par noſtre Coloquinte &
noftre Briones, quoy que ces Remedes
foient des plus grands évacuans
du monde, qu'ils gueriffent
les Hydropiques par l'évacuation
des urines, de meſme que la Brioyne
ne laiffera pas d'évacuer les urines
d'un Hydropique , quoy qu'on la
donne avec noftre Opium , qui arreſte
l'évacuation des Flux hepa.
GALANT. 155
tiques. D'où il paroifra lefquels
nosRemedes,
ou
de la Pharmacie
ordinaire, feront les plus innocens
, & qui de nous ou de nos
jaloux à mieux penetré dans la
fcience de la preparation des Medicamens,
On verra par là , qui
fçait le mieuxfaire le veritable dif
cernement du pur & de l'impur,
du venin & de l'effence , qui eft
cachéeYous cette écorce venenenfes
& c'est ce que nous exhortons d'é
tudier, afin qu'on ne décrie & qu'on
ne condamne pas chez nous , ce que
L'an benira peut eftre quand nous
L'aurons donné au Public, & que
nous auronsfaitvoirque c'eſt un des
principaux objets de la Medecine.
Voila Monfeigneur , ce que
Voftre Grandeur a fouhaité de nos
foumiffions, luy proteftant que nous
156 MERCVRE
ife paffera deforelle
ne manquerons jamans de l'informerde
tout ce qui
mais à nofire occafion, puis qu
tant de bonté pour nous , que d'y
Sibnos
vouloir prendre partup Sibп133
monal sup 22109
a
260Comme c'eft entre mes
mains qu'on remet tour ce
qui s'écrit touchant ce Procés
, je dois me taire & demeurer
defintereffe fur tou
tes les pPièces qui fleste.
gardent Je vous les envoye
telles que je les reçois ,
C'eft à vous & ranceux qui
s'en veulent faire les Juges,
à examiner qui a raiſon. Ce
luy qui a écrit la Lettre qui
GALANT 157
fuit ne décide pas en faveur
des Medecins , mais ils auront
quelque raifon de prétendre
qu'elle doive eftre
ap
rejettée , parce que le nom
d'Hermocrates ne fait pas
connoiftre d'où elle vient.
Jay fait difficulté par là de
la recevoir , & je ne me fe
rois point rendu fi on one
m'eult oppofé qu'apres
vous avoir fait part de la
Lettre d'un Medecin qui
ne fe nomme pas , je devois
rendre les choſes égales , fi
je ne voulois me faire accufer
d'eftre plus d'un party
11
158 MERCVRE
de l'autre. C'eſt cette fetler
Lo mazares
que jay
fait grace au nom d'Her.
mocrate. Ce fera fans Ce fera fans tirer
à confequence
. Les Peres
Capucins fe noment quand
ils écrivent , & à l'avenir
il fera inutile de m'envoyer
aucune Piece foit pour ou
contre , à moins qu'elle ne
foit fignée des Autheurs,
& ils n'affurent
qu'ils qu
font avouez de ceux au nom
Home HU SHE
defquels ils auront écrit . StoreM
sby ality trot ob stoda explose
-Dankucao-x225 aldnargwar
25YT
GALANT, 159
5252525252 SESESE
LETTRE
D'HERMOCRATE
,
A UN DE SES AMIS,
Sur la Réponse d'un Medecin inferée
dans le Mercure Galant du Mois
der Decembre 1678. tonchant les
RR. Peres Capucins du Louvre,
ll'up zniem besinos
MIDOIN'S REVRavi) 316 M
Ie vous fuisfort obligé dufoin
que vous prenez
de m
Mercure Galanta faltoyer
le
Il y a toujours
quelque chofe de fort utile & de
fort agreable dans cet Ouvrage.
le vous ay déja écrit ce que jepen-›
160 MERCVRE for
de
la
Lettre
des
RR
. Peres
Capucins
du
Louvre
. Voicy
ce
que
je
penfe
de
celle
du
Medecin
qui
luy
fert
de
Réponse
.
Les
termes
dont
il
fe
fert
font
affez
connoiftre
qu'il
ne
fait
pas
feulement
parler
ce
ne
font
que
des
expreffions
barbares
&
pedantefques
.
Les
alterations
implacables
,
la
plébecule
,
&
les
halenées
de
vieux
Fumier
font
de
ce
nombres
mais
les
hiftorieties
qu'il
nous
raconte
font
fur
tout
des
marques
de
fon
ignorance
&
de
fa
for
bleſſe
. Il
mer
en
jeu
Meſſieurs
les
Abbez
Fayol
&
Sanguin
, qui
n'y
ont
aucune
part
. Il
ne
les
diftingue Medecin
de
Baufs
pas
mesme
ne
fait
pas
de Rabel ; &
mieux la diference des maux que
e des Gens de merite , fes .
lades courent grand riſque de leur
GALANT. 161
vie. Il die qu'il y a de certains
Ignorans en Medecine qui ne laiffent
pas d'y jouer leur rolle. Mais
je voudrois bienfçavoir s'il y eut
jamais de Sçavant en cet Art, où,
be bazard a plus de part que la
Science. Lay veu des Medecins
fort employez , qui m'ont avouéde
bonne foy que s'ily avoit des peines
ordonnées contre ceux de leur Profeffion
, ils ne l'exerceroient pas ft
librement qu'ils font. Vous ferez.
peut - eftre ſurpris, Monfieur, de cè
que je vous écris de la forte. Mais
fi vous prenez la peine de lire les
Loix d'Hypocrate , vous y trouverez
la mefme choſe & vousy
verrez mesme qu'il compare les
Medecins aux Comédiens . Vous
me direz fans doute que ce grand
Homme n'a parlé que des Igno ±
Fanvier 1679.
162 MERCVRE
rs
rans ; mais je vous affure apres luy
dans la Lettre qu'il a écrite à Gra.
terze, que la verité eft fi cachée,
la Nature ft obfcure, &la Science
bornée, qu'il n'y a point d Hom
me qui ofe fe vanter de Scaveir
quelque chose de bon é de réel.
Faites , s'il vous plaiſ , reflexion
aux diferentes opinions du temps.
Les uns font remplis de Vanhelmont
ou de Villis , les autres de
Descartes ou de Fachenius. Suiwant
caesss Autheurs modernes „ Ltees
uns tiennent le party des quatre
bumeurs , ou d'unefeule, qui ſe briſe
en plufieurs petites parties diferentes
les autres tiennent celuy des
Acides & des Alkalis, Chacunfait
des experiences , & chacun les explique
felonfon Sistemequi eſtétably
fur des principes diferens les uns
GALANT. 163
des autres. Cependant it eft conf
tant que la verite eft une , & que
la maladie qu'on doit détruire eft
aufftune. Ilfaut defcendre du genre
aux fubalternes , & des fubalternes
ala derniere diférence
pour
la
bien
en connoifire , & je ne vois pas
que ces Sistemes foient des voyes
affarées pour y parvenir. Ainfi
tout n'eft qu'opinion , & felon le
mefme Hipocrate au Livre De
decenti ornatu , l'opinion eſtant
an crime en Medecine , ilfaut s'en
abftenir, de crainte de devenir criminel.
Il m'apprend encor qu'ily a
deux chofes à confiderer , qui font
la fcience & l'opinions que celle cy
nous jette dans la confufion & dans
l'ignorance , celle la doit
avoir des principes univerfels, pour
nous guider dans le chemin de la
a
&
que
O ij
164 MERCVRE
verité. Kanavoyez pouriant qu'il
n'y apoint d'Homme qui la poſ
fede , & qu'ainfi l'erreux eftd'at
panage du Medecins Elleluy eft ft
•naturelle quede mefme Autheur
ne fait pas difficulté d'avoüër fa
foibleffe, & celle d' Efculape mefme
queles Anciens ont appelléle Dieu
dela Medecine. Je pourrois vous
dire icy que les principes de cet Art
nefont que les obfervations du bien
&du mul, &que sesobfervations
ne regar deur que desfujets particu
liers qui n'établiffent aucune feien
ce mais je retranche cette difcuf
fion, pourvous dire que ces opinions
qu'on pretend nouvelles fons plus
vieilles qu'Hipocrate mefmed En
effer , il combat des Acides & des
Alkalis dansfanLionededa vieille
Medecine: lafeule humeur qui fe»
EGADANT. 165
brife un fepare en plufieurs petites
partiesde diverfesfigures foryouvas
détruite dans for Livre de la na.
ture de l'Homme , & les quatre
humeurs ne fontpoint admifes dans
for Livre des Vents, où il n'admet
qu'un feal principe pour toutes les
maladies , qu'il appelle air au de
hors, refprit au dedans de nous.
Ce Siſteme eft leplus beau du mon
de, njeneſtay par quel esprit ce
grand komme ne l'a parpourfuis
vy, pourquos auscontraire it as
affecte de le cachen one sleft
étendu que fur celuy des quatre hua
meurs, qui eft le fondement de ta
doctrine qu'on profeffe aujourd'huy
dans les niverfiser. La jalousies
regnott de fon temps de mesme qu'as
prèſent, en forte qu'il avoué inger
namens qu'ilva d'aquis plus de me
166 MERCVRE
pris que d'honneur à faire la Me
decine. C'eſt fans doute ce qui l'a
empefché depoursuivrefes Ouorages
, felonfon Sisteme de fon Livre
des Vents, & c'est ce qu'il nous vent
infinuer dans un autre endroit, où
il dit, res facræ , facris hominisbus,
comme\s'il n'avoit pas eftimé
fes Succeffeurs dignes de connoiſire
cette verité. Ainfi nous voila bien
malheureux d'eſtre réduits au Sifteme
des quatre humeurs qui embarraffe
les plus habiles Profef
feurs de l'Art ; car lors qu'ils font
malades , ils fe trouvent aui empefchez
que les autress Ils font
abliges d'appeller leurs Confreres
leur fecours, & de confier lear
Die à leur conduite. La foibleffe de
lear Art neparviftjamais tant que
dans ces occafions , parce que s'ils
GALANT. 167
feavoient fe connoifire , its fçanroient
fe guerir, fuivant le fentiment
de leur Maire. L'ayobfervé
de fort pres leurs manieres , &je
n'en aypoint efté furpris , parceque
pour diſtinguer les maux, ilfaut
connoiftre lesdiverfes proprietez de
la Nature, & ils ne les connoiffent
pas affurément Galien nous dit
dans le troisième Livre de fa Methode
, qu'elles font au deffus de
toutes les Sciences , & par confequent
que nous ne\ ſçaurions connoiſire
nos propres maux. Je crois
donc qu'un Medecin que la Nature
a formé, vaut mieux que ceux
que les Vniverfitez fant tous les
jours avec du parchemin. Hipe
trate, dont j'affecte de citer les
fentimens , puis que j'écris contre
un Medecin , n'eſt pas éloigné de
168 MERCVRE
ce que je dis , lors qu'il compare un
bon naturel à une bonne terre , où
pen de culture fait des chofes fur
prenantes. L'eus quelques confe
rences eftant à Paris avec ces Mef
feurs les Abbez Fayol& Sanguin.
Ils me donnerent tant defatisfa
Elion par leurs manieres de traiter
la Medecine, que je compris aife-·
ment qu'ils eftoient du nombre de
ceux que la Nature aformez : outre
qu'ils ont joint à leur inclination
naturelle, l'érudition, la do-
Etrine , le defintereffement , & la
fincerite. Vous ne trouverez pas
qu'ils ayent reduit tout le fecours.
de la Medecine à une Seringue &
à une Lancette. Ilsfefervent de
tout ce que la Nature a de bon,
pour appliquer un Remede parti
sulier à chaque mal, felon la ma
GALANT. 169

xime generale qu'il n'y a qu'une
feule chose qui foit directement contraire
à une autre. De forte que je
ne crois pas que l'Autheur de la
Réponse ait rien diminué da merite
des RR. Peres Capucins, lors
qu'il les a mis de la Claffe de ces
Meffieurs. Tl feroit à fouhaiter,
= pour détromper une bonne fois le
Public, que ce Docteur se trouvaft
avec eux devant des Gens habiles
& def intereffez, il changeroit
bientoft de langage . Mais ditesmoy
, s'il vous plaist , Meffieurs,
d'où vient que cet Homme s'acharne
fi fort contre ces pan
ces pauvres
Religieux ? Ils ont eu l'honneur
deplaire an Roy. Ils travaillent
non feulement par fes ordres , mais
encor Sa Majesté leur fait des liberaliter
confiderables. Ie trouve
Fanvier1679.
P
170 MERCVRE
7
la conduite de ie Medecin jaloux
bienhardie bien lache. S'il eftoit
& Sileftoit
bien informé des fervices que ces
bons Peres rendent au Public , &
s'il avoit autant de fincerité que
Theffalicus , il s'écrieroit avec luy,
non tantùm lætatus fum de falute
ægroti, quam triftatus quòd
in mala doctrina fuerim educatus.
Theffalicus eftoit un Medecin
fameux , qui vivoit à Rome du
temps de Galien. Il fut appellé
pour guerir une Carie- à- los , mais
apresy avoir employé beaucoup de
temps inutilement, on fit venir Ga-
Lien qui la guerit dans fix jours.
Cette cure furprenante fit dire à
Theffalicus qu'il n'avoit pas tant
de joye de la guerifon du Malade,
h
que de déplaifir d'avoir efté élevé
dans une mefchante doctrine. On
GALANT. 171
ne voit point de pareilles finceritez
parmy les Medecins de ce temps.
Chacun eft amoureux de fes fauiès.
Mais fe corrige qui voudra. le
vous ay dit franchement mes penfeesfur
un Art queje n'ignore pas
tout- à -fait , & je feray content,
poarven qu'elles vous donnent quelque
plaifir. Lefuis vofire , &c.
1
A Montpellier le 15. Janvier 1679.
Ce que je vous ay dit de
la Fefte de Grenoble , n'a
pas terminé les réjouiffances
qui fe font faites pour
la naiffance
d'un premier
Fils de M le Duc de Lef
diguieres. Auffi toſt que
Pij
172 MERCVRE
le Gouverneur du Château
de la Tour d'Aigues en eut
la nouvelle , il fit faire un
grand Feu de joye dans la
Place de ce Château : l'artifice
en eftoit admirable.
Pendant qu'il joüoit les
Trompetes, les Choches, les
Tambours , & le Canon, fe
faifoient entendre de tous
coftez. Le Château eftoit
éclairé d'un nombre infiny
de flambeaux , qui de loin
le faifoit paroistre tout en
feu. Plufieurs perfonnes des
environs accoururent pour
jouir de ce Spectacle . Apres
GALANT. 173
que le Feu eut ceffé , le Peuple
commença de marquer
fa joye par
ove par fes danfes
, &
dans ce temps on vit fortir
du Château un Bacchus
affis fur un tonneau de Vin,
dans un Chartraîné
par
deux Sauvages , & precedé
de quatre Trompetes . Ce
Char's'arrelta dans la Place,
& le Bacchus verſa du Vin
à tous ceux qui en voulurent
, tandis qu'un Char de
mefme ftructure rouloit par
la Ville ; ce qui dura juf
qu'au lendemain midy.
Deux Seigneurs Anglois
D iij
174 MERCVRE
7
' on avoit invitez à cette
qu'on
Fefte , prirent leur part de
cet agreablen divertiffement.
Il fut fuivy d'un magnifique
Repas où plufieurs
Santez furent bues chacunes
au bruit de trois décharges
de tout les Canon .
Les Députez d'Artois
ont eſté preſentez au Roy
par M le Duc d'Elbeuf,
Gouverneur demlag Próvince
. M'Evefque de
S.Omer eftoit député du
Clergé , & M le Vicomte
de la Thieuloye parut au
nom de la Nobleſſe qui l'ar
GALANT 175
voit choify. M Paliflot S
d'Incour , nommé par le
Tiers Etat , ne s'y put trouver
, à cauſe d'une dangereufe
maladie qui l'avoit
réduit à l'extremité. M
l'Evefque de S. Omer porta
la parole . Il garda un jufte
temperament entre le fublime
de la Harangue , &
l'honneffe liberté d'un
Compliment refpectueux.
Le Roy témoigna en eftre
fort fatisfait , & il eut de
grands applaudiffemens de
Illuftre & nombreufe Af
femblée qui l'entendit.on
P iiij
176 MERCVRE
SubL'Abbaye de Saint Jean
d'Angely,vacante pár la démiflion
pure & fimple de
Meffire Valentin du Roynier
de Droüé, Confeiller
& Aumônier ordinaire du
Roy , a efté donnée à M' le
Chevalier de la Ferté , troifiéme
Fils de Mle Maref
chal Duc de la Ferté Sennecterre
. Elle eft de l'Or
dre de S. Benoit , dans le
Diocefe de Xaintes. Ce
jeune Abbé n'a encor que
treize ans , & il y en a déja
douze qu'il a efté reçeu
Chevalier de Malthe . Com
GALANT. 177
fang
mel dans ce grand Ordre
on a de fréquentes occafions
de donner des marques
de fon courage , on n'a
point à douter qu'il ne s'y
diftingue , eftant d'un fa
qui luy fournit de glorieux
exemples de fe fignaler. Il
n'a pour cela qu'à fuivre les
traces de M le Marefchal
fon Pere, & de M le Duc de
la Ferté fon Aîné. Je vous
fait l'histoire de toutes
les grandes actions dupremier
dans une de mes Let
tres & vous y avez appris
des chofes que nous ne croîay
178 MERCVRE
rions pas , fi elles n'eſtoient
arrivées de nos jours . Quant
àM' le Duc de la Ferté, fon
Fils , quoy qu'il foit encor
fort jeune , il ne laiffe pas
d'avoir déja fait plufieurs
Campagnes dans lefquelles
il s'eft acquis beaucoup
de réputation . Je vous en
ay fouvent entretenue, &
vous n'avez pas fans doute
oublié , qu'il ne s'eft paffé
aucune occafion importan
te en Allemagne , où il n'ait
donné occafion de parler
de luy. Il n'a pas feulement
du coeur , toutes les actions
GALANT. 179
ont fait voir que le meſtier
-de la guerre luy eftoit par
faitement connu , & il en
écrit fi jufte, que je fuis obligé
d'avouer que tout ce
que vous avez trouvé de
beau dans mes Relations
des Campagnes d'Allemagne
eftoit tiré de celles
qu'il envoyoit à fes Amis .
On a fait icy un accueil
tres favorable aux Ambaffadeurs
de Hollande, & la
joye de les voir a éclaté en
diférentes rencontres . Ils
ont mangé chez plufieurs
Perfonnes de la plus haute
180 MERCVRE
Qualité , & M le Préfident
de Mefme les a traitez avec
། 210036H
une tres- grande magnificence.
Il y eut quatre Services
de neuf Plats chacun.
Ceux qui furent invitez à ce
Repas, eftoient M de Straf
bourg , M™ les Marquis de
Soyecourt & de Bouflers,
M Courtin , M' le Chevalier
Tamboneau , & M' de
Vaffinard , Gentilhomme
Hollandois d'un grand mérite.
Il y avoit auffi des Dames
, & ce furent Mefda
mes les Marquifes de Gouverné
& de Doré, & Mefde-
HO HO HO
Your 200
GALANT. 181
moifelles de Pouffe &
ManNote 20
& de
Doré. Les Hautbois , les
Flutes douces , & les Violons,
le tout au nombre de
quarante , formerent un
agreable Concert , & les
Ambaffadeurs s'en retournerent
fort fatisfaits & du
Régal , & de la maniere
dont le tout s'eftoit paſſe.
Vous jugez bien , Madame,
e dans ces fortes de
que
Feftes on n'oublie pas à
parler de ce qu'on doit aux
bontez du Roy , qui dans
le temps où il eftoit le plus
en pouvoir de vaincre, s'eft
upenod
182 MERCVRE
fait une gloire particuliere
de travailler au repos de
toute l'Europe. Voicy un
Madrigal qu'a fait là deffus
M le Préfident Nicole de
Chartres , fameux par un
tres - grand nombre de Vers
aifez & galans , qu'il a donnez
au Public.
C
A MONSEIGNEUR
LE DAVPHIN,
SUR LA PAIX QUE LE ROY
a donnée à l'Europe.
F
MADRIGAL.
Ils du plus Grand Roy de la
·Terre,
Si LOVIS fait ceder les fureurs
de la Guerre
GALANT. 183
Aux douceurs d'une heureufe
Sistryconceurs,
Qu'il accordé àl' Europe après tant
de fouhaits, 200
Admirezfa tendreffe extréme.
Pour épargner lefangdefesfameux
Guerriers,
Preft de fe fignaler par de nou ·
bio veaux Lauriers ,
Ce Vainqueur met fa gloire à fe
vaincrefoy mefme,
M'Ferrer , d'Amiens , s'eft
fervy tres- ingénieuſement
de cette mefme penſée dans
le Madrigal fuivant .
(@matar) cud vaba. Just 2yN
184 MERCVRE
SVR LA PAIX
C
MADRIGAL
Ef en vain.
que
parise
detoutes
On chante quela Paix nouvelle
Donne à mon Roy le pas au deſſus
des Cefars,
Et comble fon grand Nom d'une
gloire immortelle.
Pour moyjefais tout convaincu
Que cette Paix àfa gloire eft nuifible;
Car puis qu'en la donnant, Laymefme
il s'eft vaincu ,
Qui voudrale croire invincible?
Quoy qu'on n'ait rien
veu faire au Roy qui ne
GALANT 485

puiffe tenir lieu de prodiges
, il eft certain que la
Paix eft un de fes plus
grands Ouvrages. Il n'y a
rien de plus jufte que la
Devife qu'elle a fair faire
à l'Illuftre M Clement,
compofée d'un Arc en Ciel,
avec ces mots , Solis opus.
Tout le monde en parle,
& on a raifon de l'admirer,
mais ce qui vous furprendra,
c'eft que ce mefme Arc
en Ciel , & ce mefme Solis
opus , ayent eſté employez
par M Perraut en 1673. pour
une Devile fur les Bafti-
4
Fanvier 1679.
Q
186 MERCVRE
mens. Sa penfea eftoit que
comme il n'y a queble Soleil
qui puifle produire ce
beau Métcore de l'Arcien
Ciel , il n'y avoit auffi que
le Roy qui puft entreprendres
des Baftimens d'une
magnificence pareilles à
celle du Louvre. Il eft vray
que dans cette annéet on
Kavoit élevé le modèle d'un
Arc de Triomphe à la Porte
S. Antoine , & que cet Afc
pouvoit cftreVfigurépar
' Arden Ciel de la Devife .
Deux grands Hommes qui
fe font rencontrez dans la
GALANT. 187
mefme penfée fun deux Sujets
diférens , nous font
connoiftre que file bon
fens Adonduifoit toûjours
Pefprit , nous ne verrions
pas cette infuportable diverfité
de refveries mal digerées
, qui font le fuplice
des Gens raifonnables.o
Do Jeonepuis quiter l'Article
de la Paix fans vous parler
des réjouiffances qui ont
faivy fa Publication dans
toutesles Villes. Je me contenterois
de vous dire en
general qu'elles ont eſté
grandes par tour, fi on n'a-
1
+
Qij
188 MERCVRE
voit faits qu'allumer des
Feux , mais comme dans la
plûpárt de ces réjouiffances
on a employé des Machines
où l'invention & la magnificence
ont eu part , je
croy avoir autant de Feftes
galantes à vous conter , que
j'ay de chofes diférentes à
vous apprendre furb cette
matiere , & vje ne doute
point que la diverfité de
tant de Spectacles qui ont
rous eu leurs beautez parti
culieres dans chaque Ville,
ne vous rempliffe l'efprit
d'idées agreables.old dus
GALANT 189
Je commence par les Ha
bitans du Havre de Grace,
qui ayant l'ordre de Mle
Duc de S. Aignan leur Gou-
1 verneur, de rendre cette
Publication la plus folemnelle
qu'ils pourroient,
n'oublierent rien pour fatisfaire
dignement à un ſi
jufte devoir bhe jour qui
préceda celuy qu'on avoit
choify pour cette Céremonie
, ils firent allumer des
Feux par tout, & attacher
des Flambeaux à toutes les
Fenestres & aux Mafts de
leurs Navires , & le lende,
196 MERCVRE
main ils ſe trouverent à la
Porte de la principale Eglife
, les Echevins à leur tefte,
accópagnez de Tambours,
Trompetes , Hautbois , Fifres,
Fluftes douces , & Violons
. Une Fontaine de Vin
coula tout le jour jufqu'à
2
minuit. Elles fortoit d'un
Piedeſtal , fur lequel eftoit
élevée une Statue de Pallas,
ayant à fes pieds une Salamandre
, qui fait partie des
Armes de la Viller Cette
Statue eftoit environnée
de Palmes & de Lauriers,
aufquels on avoit attaché
GALANT. 191
quantité de Citrons & d'Oranges
avec ces mots au
deſſous , Pax æterna . Le Feu
qui avoit efté preparé , fut
allumé le foir au bruit des
acclamations du Peuple,
des décharges du Canon,
& de la Moufquererie de la
Garde des Habitans . Je dis
des Habitans , car le Roy
s'affure tellement fur leur
fidelité , qu'il leur laiſſe à
eux mefmes le foin de le foin de garder
deur Ville. En fuite le
Premier Echevin traita
fplendidement tous les autres
, & le Bal termina les
192 MERCVRE
réjoüiffances de cette Journée
.
Elles n'ont pas eftémoins
grandes à Chartres. Les
Fontaines de Vin ont coulé
en plufieurs Quartiers . Il
y a eu deux Feux principaux
, dont l'un fut allumé
devant la belle Eglife de
Noftre- Dame, en préfence .
de tout le Clergé . La Mufique
qui s'y fit entendre,
& qui peut paffer pour une
nouveauté en pareil rencontre
, augmenta la joye
des Habitans . L'autre Feu
fe fit devant l'Hoftel de
Ville .
GALANT 193
Ville aur bruit des Trom
petes & dès Canons . Tous
les Bourgeois eftoient fous
les armes, & toutes les Rues.
furent illuminées pendant
la nuit. Hy eut un magni
fique Repas à l'Hoſtel de
Ville. linon
La mefme Cerémonie
s'eft faite à Epernon avec
grand éclat. On y a diſtri
bué plufieurs Tonneaux de
Vin au Peuple.
Plufieurs autres Villes
ont accompagné la Publis
cation de la Paix, des mef
mes témoignages de joye;
R
Fanvier 1679.
194 MERCVRE
mais rien n'eft plus galant
que ce qui s'eft fait à Bourges.
Pendant qu'on chantoit
le Te - Deum dans la
Cathédrale , où affifterent
tout le Clergé, l'Intendant,
le Préfidial, les Officiers de
Ville, & les autres Compagnies,
toute la Bourgeoifie
eftoit fous les armes, & formoit
quatre Bataillons au
devant du grand Portail de
l'Eglife . Au milieu de ces
Bataillons on voyoit un
Char de Triomphe couvert
de Laurier, & environné de
Devifes. Il y avoit un Ton
GALANT. 195
neau de Vin au milieu de
ce Char, d'une groffeur extraordinaire
; & de chaque
cofté du Tonneau , deux
Hommes magnifiquement
veftus , l'un à la Françoife ,
& l'autre à l'Eſpagnole
. Ils
s'embraffoient
de temps en
temps , fe touchoient dans
la main en figne d'amitié,
& buvoient à la fanté l'un
de l'autre au bruit des décharges
de toute la Moufqueterie.
Toutes ces Troupes
défilerent enfuite avec
la Maréchauffée
, & fe rendirent
dans la Place de
Rij
196 MERCVRE
Bourbon, où l'on avoit preparé
un Feu que M' l'Intentendant
& les Magiftrats
allumerent. Ces réjouiffances
durerent toute la
nuit.
Comme il s'en est fait
de particulieres à Caën,
vous les apprendrez par
une Relation particuliere
que j'en ay reçeue. Elle eft
de M de Berigny. Vous
avez déja veu de luy de
fort galantes Defcriptions
de quelques Feftes , qui
vous doivent perfuader que
vous ne regreterez point
GALANT. 197
le temps que vous employerez
à la lecture de
celle- cy .
5252525252525252
LETTRE
DE M DE BERIGNY,
Confeiller au Préfidial
de Caën,
Sur les Réjouiffances qui s'y font faites
pour la Publication de la Paix .
Voy que nous foyons
Q éloignez de la Cour, &
que toutes les magnificences
que l'on peut faire icy n'approchent
point de celles de
R iij
198 MERCVRE
Paris, qui eft
e centre de la
Galanterie & de la Richeffe ,
nous avons pourtant publié
La Paix avec des folemnitez
fi publiques & fi galantes ,
que j'ay crû que vous ne ſeriez
pas fâché d'en appren
dre les particularitez. Vous
Scaurez donc que cette Ville ,
qui n'eft pas moins intereßée
à la gloire de noftre Grand
Monarque, qu'elle efféconde
en beaux Esprits , n'a voulu
rien épargner pour donner
des marques de fon zele à
Sa Majefié, faire éclater
La joye que nous avons de
GALANT. 199
woirfesglorienfes Conqueftes
couronnées par une fi beureufe
Paix. M Meliand nof
tre Intendant, dont le merite
£5 la magnificencefont connus
de tout le Royaume, n'oublia
rien de tout ce qui pouvoit
rendre cette Publication plus
fameufe , tant par les Repas
magnifiques qu'il a donnez à
nos Dames, que par les réjoüiffances
publiques dont il
regla luy mefme les crémonies.

Apres avoir donné fes ordres
neceffaires
Pour la pompe d'un fi beau
jour,
200 MERCVRE
Il voulut que les Jeux, les Plai
firs, & l'Amour ,
Priffent la place des Affaires,
Et que pendant deux jours on
jouiſt du repos
Que vient de nous doner noftre
augufte Héros.
Le destin des belles chofes
eftant de durer peu de temps,
M Meliand trouva cette folemnité
trop confidérable,
pour foufrir qu'elle euft le
mefmefort, & que le mefme
jour en vift le commencement
la fin. Ayant donc ordonné
que pendant deux jours on
cefferoit tout commerce , &
qu'on ne les emploiroit qu'en
GALANT. 201
les
réjouiffance's publiques , le
premier fe paffa en Repas
Somptueux, & l'on en donna
mefme au milieu des Ruës ,
où l'on voyoit couler le Vin
de tous coftez. Apres que
Officiers de la Ville conduits
parnoftre Lieutenät General,
& précedez de nos Trompetes
, curent fait unefuperbe
Cavalcade , ils fe rendirent à
THoftel de Ville , qu'on avoit
orné de Tableaux, de Feftons,
d'Emblémes, & de Trophées,
qui marquoient les glorieufes
Actions de nostre invincible
Héros qui y estoit repreſenté
à cheval.
202 MERCVRE
On voyoit fous fespieds la Reyne
de la Guerre,
Bellone , quine craint ny Dieux
ny Souverains ,
Recevoir des fers de fes mains,
Et refpecter en luy l'Arbitre de
la Terre.
S2
D'autre cofté la Paix couronnant
ce Héros ,
Sembloit au nom de tout le
monde
Luy rendre grace du repos ,
Qu'ilvenoit d'établir fur la terre
& fur l'onde .
25
La Déeffe à cent voix publiant
fes Combats,
Y faifoit remarquer fes plus
grandes Victoires,
GALANT. 203
Et mieux que toutes nos Hil
toires,
Elle mefme y peignoit la valeur
de fon Bras .
Sa
La Déeffe de l'Abondance
Dans un fuperbe Char tiré par
les Amours ,
Nous faifoit efperer que deformais
la France
N'alloit avoir que de beaux
jours.
$2
Enfin ce n'eftoient que Trophées
,
Et qu'Emblêmes où le Dieu
Mars
Peignoit du Grand LOUIS les
glorieux hazards,
Et de fes Ennemis les Ligues
étouffées.
204 MERCVRE
Ce jour s'estantpaßé dans
les divertiffemens les plus
galans , la nuit eut auffi fes
plaifirs, & l'on donna le Bal
en plufieurs Maifons , où nos
Dames , que l'on sçait eftre
des mieuxfaites du Royaume,
firent également paroistre
Leur beauté & leur adreſſe d
la Danfe. Pendant cette nuit
les Rues furent éclairées
d'une infinité de Flambeaux ,
à la clarté defquels tout le
Peuple prenoitfa part de la
joye publique ; mais comme
tous ces divertiffemens n'ef
toient que le prélude du
GALANT. 205
grand Régal que M² Meliand
avoit donné ordre qu'on préparaft
pour toutes les Per-
Jonnes de qualité, & qu'il
devoit donner le lendemain
aufoir, avec un Feu d'artifice
des plus beaux qui puiffent
eftre inventez, je ne
m'arresteray
point à vous
dire les particularitez
de toutes
les ceremonies que l'on fit
pendant cejour. Je vous di
ray feulement que ce foir on
chanta le Te - Déum dans
noftre principale Eglife , où
Monfieur de Bayeux noftre
Evefque officia avec ſa ma206
MERCVRE
jefté € fapieté ordinaire, &
où tout ce que nous avons de
belles Voix fe fignalerent . Ce
Te - Deum estant finy , on
allama le Feu dejoye au bruit
de noftre Canon, de la Mouf
queterie de nos Bourgeois qui
estoient fous les armes , au
nombre de fept à huit mille;
apres quoy on fe rendit à
Hoftel preparépour le Soupé.
Quoy quefes Apartemens
foient d'unegrandaur magnifique
, on en avoit preparé
plufieurs, unfeul n'eftant pas
affez grand pour contenir
tant de Perfonnes de marque,
GALANT. 207
Celuy qui eftoit destiné pour
Les Dames , eftoit fuperbement
meublé & éclairé d'une
quantité de Lustres dont l'éclat
celuy des Vafes qui
fervoient d'ornement aux
Bufets, faifoient un effet admirable
; mais quoy que cet
éclatfurprift les yeux, ilfallut
qu'il cedaft à celuy de la
beauté de nos Dames. Quoy
qu'elles foient generalement
belles, & que la magnificence
des Habits n'adjoûte rien à
leur beauté naturelle , à les
voir fi enjoüécs,
208 MERCVRE
On eft dit que la Paix en fufpendant
les Armes,
Leur euft donné de nouveaux
charmes,
Et que l'espoir
De revoir
Les objets de leurs flâmes ,
Avoit rallumé das leurs ames
Un feu plus glorieux ,
Que celuy dont leurs yeux
Brilloient pendant le temps que
le Dieu de la Guerre
Sembloit avoir bany les Amours
de la terre .
Le -commencement de ce
Repas fut le plus tranquille
que l'on puiffe voir, par le
refpect qu'on devoit aux Belles
& aux Perfonnes qui en efGALANT.
209
toient ; mais comme les plaifirs
les plus grands ne font
pas les plus longs ny les plus
paifibles , & qu'il ne faut
que le moindre incident pour
troubler la plus grande joye,
celle- cy ne pût fe paffer fans.
quelque petit defordre.
Ce furentBacchus & l'Amour
Qui fe firent mille querelles .
Ces deux petits Jaloux troublerent
tour à tour
Nos Galans & nos Belles ,
Et voulant préfider tous deux à
ce Régal ,
Cauferent un defordre égal.
Mais la fuite n'en fut ny triſte
་།
ny fanglante,
Ianvier1679.
S
210
MERCVRE
Et quoy que bien des cours en
paruffent bleffez ,
Ils ne s'en
tinrent pas
toutefois
offencez ,
Et tout ce
démeflé n'eut qu'une
fin
galante.
S&
Bacchus, comme Dieu des
Feftins ,
De ce fameux Repas
prétendoit
feul la
gloire ,
Et que ce jour n'eftant deſtiné
que pour boire,
L'Amour ne devoit pas y mefler
fes
chagrins;
Que c'eftoit à luy feul de préfi
der aux Tables ;
Que fes Liqueurs eftoient mille
fois plus aimables
Que tous les charmes de l'Amour,
GALANT 211
Et que dans ce Repas dont il ¸-
eftoit le maiſtre,
Perfonne ne devoit paroiftre,
S'il ne vouloit le fuivre, & luy
faire la Cour,
$2
D'autre cofté l'Amour, comme
le Dieu des Ames,
Soûtenoit qu'ayant droit de régner
dans les Cieux,
Il pouvoit bien auffi comander
dans ces lieux ;
Que ce pompeux Régal eſtant
fait pour les Dames ,
Perfonne ne devoit brûler que
de fes flâmes ,
Et qu'eftant le Fils de la Paix
Dés le moment qu'il n'eftoit
plus de guerre,
C'étoit à luy de régner fur la
terre ,
·
Sij
212 MERCVRE
Et que l'on n'y devoit adorer
que fes traits.
se
Le party du Dieu des Bouteilles
Faifant le plus de bruit , d'abord
fut le plus grand .
Chacun s'y fit valoir, chacun y
tint fon rang,
Les plus férieux mefme
des merveilles.
y firent
Le bruit des Trompetes, des
Voix ,
DesViolons
& des Hautbois
,
Se meflant
à celuy du Verre,
Anima fi bien tous les cours,
Que tous fe fignalant
dans cette
douce guerre,
+
Voulurent s'aquerir le titre de
Vainqueurs.
GALANT. 213
$ 2
Ce bruit fit tant d'éclat, que les
Nymphes de l'Orne
Sortant d'entre les bras de leur
Dieu froid & morne,
Quitterent leur lit de criftal
Pourvenirvoir ce grãdRégal,
Er pour ouir nos Serenades.
Mais Bacchus de tout temps
ennemy des Nayades,
Ferma la porte à ces Reynes
de l'eau ,
Et de crainteque leur préféce
Netroublât un Repas fi beau,
Il les fit retirer mefme avec violence.
Se
L'Amour qui n'aime pas le
bruit,
Quoy qu'il duft préfider à cette
belle nuit,
214 MERCVRE
N'avoit pendant ce trouble en
cor ofé rien dire ;
Mais voyant que Bacchus ufur
poit fon Empire,
Et luy déroboit fes plaifirs,
Il regagna les cours par fes tendres
foupirs,
Etrapellant les moins fidelles,
On vit tous les Galans par un
heureux retour
Seräger aupres de leurs Belles,
Et Bacchus interdit refta feulà
fon tour.
S&
Pour renverler toutes les Ta
bles ,
L'Amour n'eut qu'un figneà
donner.
Ces Pompes que la Joye avoit
fait ordonner ,
Ces Fruits en pyramide, & ces
mets délectables
GALANT. 215
Dont la profufion & dot l'ordre
charmant
Satisfaifoit les yeux par leur
feule abondance,
Diſparurent en un moment,
Pour faire place au Dieu qui
préfide à la Dance .
Pendant qu'on fe difpofuit
pour le Bal, M' Meliand qui
veilloit à toutes chofes , crût
que ce n'eftoit pas affez que
les Perfonnes de qualité euffent
leur part de lajoye ,
qu'il faloit encor que le Peuple
y participaft. Ainfi il
donna ordre que l'on défongaft
plufieurs Pieces de Vin
dans noftre Place Royale, où
216 MERCVRE
a
tout ce Peuple eftoit accounus
en foule pour voir des Feu
d'artifice , qu'on eut à peine
La liberté de faire jouer , d
cauſe de l'embaras §5 du bruit
que fit d'abord cette grande
affluence de monde } may b13
Ces rumeurs eftant par
apaifees
On vit voler mille Fufées
Où les Chifres du Grand
STDEC
LOUIS
Brilloient avec tat d'adreffe,
tất
Et mefme avecque tant de
vîteffe,
Que tous les yeux en
yeux en furent
éblouis
35 90191 5.4
floisg am
S&
danb9215
En voyant s'élever de terre
Tant de Feuxbrillas & divers,
200099 50 20BO HIMOD,
Qui
GALANT. 217
Qui perçoientjuſque dans les
airs,
On euft dit qu'ils alloient leur
déclarer la guerre.
$2
Les Aftrès étonnez de voir ces
Feux nouveaux,
Et d'entendre le bruit de mille
Serpenteaux ,
Quifembloit imiter laFoudre,
Furent quelque temps à réfoudre,
Pour éviter ce cobat furieux,
S'ils devoient fe cacher, ou def
cendre des Cieux.
$3
La Reyne de la Nuit n'ofa mel
me paroiſtre ,
Et cedant fon Empire à cesFeux
éclatans,
Reconnut dans ce temps
Fanvier 1679 .
T
218 MEROVRE
Que de tout l'Univers LOUIS
eftoit le Maiftre ,
Et qu'elle ne pouvoit troubler
fans attentat
Les honneurs qu'on rendoit à ce
Grand Potentat.
LD
Ce plaifir estant finy , on
commença le Bal.
Ce fut là que l'Amour, ce fut là
que nos Dames
Firet briller bie d'autresflâmes.
Ce fut là que leurs yeux enchaî
nant tous les coeurs ,
Se firent mille adorateurs."
Chacune pendant cette Feſte
Fift quelque nouvelle conquefte,
Et par mille plaifirs enfin le Dieu
d'Amour
Couronna ce beau jour
GALANT 219
N
Les Habitans d'Abbéville
n'ont pas efté moins
zelez à faire éclater leur
joye pour la Paix d'Efpagne
, qu'on l'a efté dans les
Villes que je viens de vous
nommer. Outre les réjoüiffances
publiques , il s'en eft
fait une particulier chez
M du Bureau des Fermes
Royales , qui ont toûjours
fait des divertiſſemens chez
eux pour les conqueftes de
Sa Majefté. On avoit dreffé
un Theatre au bout de leur
Court, fur le bord d'un bras
de la Riviere de Somme. Il
Us
Tij
220 MERCVRE
eftoit en façon de Pyrami
de, & couvert de tous coftez
de tant de Feftons , qu'on
l'euft pris de loin pour une
veritable verdure de Prin
temps . Toute la Machine,
depuis le bas jufqu'en haut,
eftoit femée de Fleurs-de-
Lys d'or , éclairées de cent
Lances à feu, au deffus defquelles
paroiffoit un grand
Soleil qui jettoit du feu en
tournant , avec cette Dewife,
SolSuper Lilia Solus.
Is Aux deux coftez du Thea
tre , deux Mufes jettoient
fort loin une groffe flam
J
GALANT. 221
1
& l'on voyoit une Fontaine
au milieu , qui changeoit
dejets de temps en temps,
fans qu'on pût s'apercevoir
d'où elle venoit. On fit
joüer pluſieurs Pots-à-feu ,
avec quantité de Petards.
diférens qui faifoient un
bruit continuel , & on tira
un tres- grand nombre de
groffes Fufées volante's ,fans
compter les petites qui partant
toutes enfemble , formoient
un tres agreable
Spectacle. Il y en eut quelques.
unes , qui venant à la
rencontre les unes des au-
Tiij
222 MERCVRE
tres de diférens endroitsfur
des fils d'archal, divertirent
fort l'Affemblée par une efpece
de combat qu'elles firent
en l'air pendant tout
le temps qu'elles duferent.
Le Portrait du Roy eftoit
fur une élevation au milieu
de la Court , environné de
plus de cent lumieres , avec
ces Vers écrits en lettres
d'orpions 296 Dave
Rien ne peut fans Los briller
21en aucun lieu , 29
Il est plus éclatant que ce qui l'environne,
Song Jo
On reconnoit en Luy les traits d'un
Demy- Dieu ,
GALANT. 223
Et ce qu'on voit de grand, c'eft luy
1 feulqui le donne .
} ½ Pendant qu'on faifoit
jouer le Feu d'artifice , les
Trompetes & les Violons
fe répondoient , & Bacchus
qui regnoit dans toute la
Court affez fpaticufe , &
remplie d'un tres - grand
nombre de Spectateurs,faifoit
fort fouvent crier, Vive
le Roy , avec des acclamations
foutenues à l'envy de
toutes parts. Vis - à - vis du
Theatre , il y avoit une Table
fort propre, & qui eftoit
plus éclairée par les belles
T iiij
224 MERCVRE
Perfonnes, qu'on y voyoit,
que par les lumieres quoy
qu'ily en cuft quantité. Ce
fut de là que les Dames pri
rent le divertiffement du
Feu d'artifice Enfuite il y
eut un Bal qui dura toute la
nuit, avec une fuperbe Maf
carade. Madame la Marquife
& M le Chevalier de
Mailly s'y trouverent , avec
Madame la Comteffe de
Fontenelle , M le Marquis
de Nel Colonel du Regiment
de Condé , & Mademoiſelle
de Nel fa Soeur,
dont la grace & l'enjoüeB
GALANT! 225
ment fe firent également
admirer. Sur la fin du Bal,
on tira encor quelques Pa
fées volantes qui termine.
rent la Fefte.svib pl 1797
Voyez,Madame , comme
la Paix a mis toute la France
en joye . Celle qu'on fait .
ordinairement éclater dans
le temps des Roys , en a redoublé,
& ces paroles nouvellemento
miles en Air
vous l'apprendrontpainol
994 ub lenoloƆ. I ob
AIR NOUVEAU.
ville Mafique agreable
O Retentit dans les airs? not
226 MERCVRE
le croy que comme nous tout le
monde eft à table,
Qu'on mange, qu'on boit, qu'on
fait des Concerts;
L'accord en eft admirable,
Ab qu'il eft doux! qu'il eft aimable!
Chacuny chante comme il doit.
Homme, Femme, Garçon & Fille,
Tout s'égofille
A crier le Roy boit.
Que de chofes j'ay à vous
dire fur le premier jour de
l'Année ! Ileft jufte de commencer
par ce qui regarde
la Maifon du Roy. Ce jour
là , M ' le Duc de Gefvres ,
Premier Gentilhomme de
la Chambre , entra en anfatos
amar empatos surp ven al
aldus a toy change
tich
valamirer cousuun qpan
*
1
shonqus
སྶ ུ, ' , ཀ ར ཏི
SIGUL 2 DUE RISTORA
?
maxpfungen
GALANT. 227
ée. Vous fçavez, Madame ,
u'il y a quatre Premiers
Gentilshomes de la Cham-.
bre , qui au lieu de fervir
par quartier comme font la
plupart des Officiers de Sa
Majefté , fervent alternativement
un an entier , &
c'eſt par cette raison qu'on
dit d'eux , entrer en année.
Ce Due prefenta au Roy
vingt & deux Pages de la
Chambre , fi propres &
fi magnifiquement veſtus,
que Sa Majesté ne put s'empefcher
d'en témoigner fa
fatisfaction en préſence de
228 MERCVRE
toute la Cour. Ils avoient
des Jufte- à- corps en broderie
d'or & d'argent, avec des
Veftes encor plus riches par
la broderie qui eftoit beau
coup mieux travaillée . La
mefme broderie fervoit
d'ornement à leurs trouffes.
On y avoit attaché les plus
beaux canons de foye qu'on
euft pû trouver , & l'éclat
de la petite - oye foûtenoit
merveilleufement la magnificence
de leur équipa
ge. Il y a cette diférence à
remarquer entre eux, & les
autres deLivrée,que ceux-là
·
GALANT. 229
7910
n'ont que du galon, & ceuxcy
toute broderie. LeRoy
neles put voir dans un ajuftement
fi éclatant fans s'informer
de leurs noms . Ils
font affez Illuftres pour meriter
que vous les fçachiez.
Les voicy.
du
M' de Foucaut , Neveu
u Lieutenant
JO III SVOT SE
porte ce nom.
General qui
M'le Chevalier de Cammon,
Fils de M' le Marquis
de Cammon , Gouverneur
de Vannes & d'Avray en
Bretagne. Il a un Frere qui
commande les Gendarmes
de la Reyne.
230 MERCVRE
M' de Neuchel , Fils de
M' de Neuchel Lieutenant
des Gardes du Corps.
M de Ricoüart, Fils d'un
Maiftre des Requeſtes , &
Neveu de M d'Herouville
Maiftre d'Hoftel du Roy.
Ces quatre Pages ont déja
fervy un Quartier , & ' de.
meurent à l'Hoftel de Gef
a
vres , auffi - bien que ceux
qui me reftent à vous nommer.
Ils font fervis par trois
Valets portans les Couleuts
du Roy, & traitez fplendi
dement aux defpens de
M' le Duc de Gefvres . Ils
""
GALANT 231

ont Gouverneur & Sous-
Gouverneur , aprennent le
Latin & les Matématiques
,
& font les Exercices ordinaires
d'Armes & de Cheval.
Il y en a parmy eux qui
ne font âgez que de fix à
fept ans.
Mrs les Chevaliers de Parifis
- Fontaine . Ce font deux
Freres, dont le Pere a commandé
les Gendarmes de
Trefmes . Il eft Brigadier,
& a efté autrefois Maiftred'Hoftel
de Sa Majeſté. →
M' le Comte de Thieux,
Fils de M' de Thieux, Che-
T
232 MERCVRE
valier des Ordres du Roy,
& Gouverneur du Crot.
toy.
M' le Marquis & M' le
Chevalier de Lufanffy, Fils
du Capitaine aux Gardes
qui fut tué à Senef, sb zi
M' de Bachivilliers , Fils
du Marquis de ce nom. Now
M de Gefdoin , Fils de
M' de Gefdoin Gouverneur
de M' lePrince de Vermandois,
gah Malabella
Mile Marquis de S. Proget,
Parent de Madame de
Noailles, Neveu de feu M
le Comte de Bioulle. - :
EROX સ E ATT rdingly
GALANT. 233
M de Frereville de Normandie
, Fils de M' de Fres
teville Maiſtre- d'Hoftel de
Monfieur. M DỊ M
Mle Chevalier de Montmorency,
Fils de M' le Mar
quis de Fauffeufe
6134
M. de Chevalier de Novion
- petit- Fils de Mon
fieur de Novion Premier
Préfident! Hioboob M
Mile Marquis de Fonte
nille , de laMaiſon de Ram
bure . Il eft de Picardie
55 Misles Chevaliers de
Froullay, tous deux Fils de
M' de Froullay Grand Ma-
Fanvier 1679. V
218 MERCVRE
Que de tout l'Univers LOUIS
eftoit le Maiftre, ९
Et qu'elle ne pouvoit troubler
fans attentat
Les honneurs qu'on rendoit à ce
Grand Potentat.
1:0
Ce plaifir estant finy , on
commença le Bal.
Ce fut là que l'Amour, ce fut là
que nos Dames
Firet briller bie d'autres flâmes.
Ce fut là que leurs yeux enchaînant
tous les coeurs ,
Se firent mille adorateurs.
Chacune pendant cette Fefte
Fift quelque nouvelle conquefte,
Et par mille plaifirs enfin leDieu
d'Amour
Couronna ce beau jour.
GALANT
219
Les
Habitans
d'Abbeville
n'ont pas e pas eflé moins
7
zelez à faire éclater leur
joye pour la Paix d'Efpagne
, qu'on l'a efté dans les
Villes que je viens de vous
nommer . Outre les réjoüiffances
publiques , il s'en eft
fait une
particulier chez
M™ du
Burcau du
Bureau des
Fermes
Royales , qui ont toûjours
fait des
divertiffemens chez
eux pour les conqueftes de
Sa Majefté. On avoit dreſſé
un Theatre au bout de leur
Court, fur le bord d'un bras
de la Riviere de
Somme . Il
911
Tij
220 MERCVRE
eftoit en façon de Pyrami
de, & couvert de tous coftez
de tant de Feftons , qu'on
l'euft pris de loin pour une
veritable verdure de Printemps
. Toute la Machine,
depuisle bas jufqu'en haut,
eftoit femée de Fleurs - de-
Lys d'or , éclairées de cent
Lances à feu, au deffus defquelles
paroiffoit un grand
Soleil qui jettoit du feu en
tournant , avec cette Devife,
Solfuper Lilia Solus.
Aux deux coftez du Thea
tre deux Mufes jettoient
fort loin une grofſe flame,
I
GALANT. 221
1
& l'on voyoit une Fontaine
au milieu , qui changeoit
dejets de temps en temps,
fans qu'on pût s'apercevoir
d'où elle venoit. On fit
jouer pluſieurs Pots à feu ,
avec quantité de Petards
diférens qui faifoient un
bruit continuel , & on tira
un tres grand nombre de
groffes Fufées volantes , fans
compter les petites qui partant
toutes enfemble , formoient
un tres agreable
I Spectacle. Il y en eut quelques.
unes , qui venant à la
rencontre les unes des au-
Tiij
222 MERCVRE
tres de diférens endroitsfur
des fils d'archal,
divertirent
fort
l'Affemblée par une efpece
de combat qu'elles fi
rent en l'air pendant tout
le temps qu'elles durerent.
Le Portrait du Roy eftoit
fur une élevation au milieu
de la Court , environné de
plus de cent lumieres , avec
ces Vers écrits en lettres
d'or, tros 290 DOVA
Rien ne peut fans Lubriller
ben aucun lieu, Q
Il eft plus éclatant que ce qui l'environne.
On reconnoit en Luy les traits d'un
Demy- Dieu ,
GALANT. 223
411
(
Et ce qu'on voit de grand , c'est luy
11 feulquile donne.
Pendant qu'on faifoid
jouer le Feu d'artifice , les
Trompetes & les Violons
fe répondoient , & Bacchus
qui regnoit dans toute la
Court affez fpatieuſe , &
remplie d'un tres - grand
nombre de Spectateurs , faifoit
fort fouvent crier, Vive
le Roy , avec des acclamations
foûtenues à l'envy de
toutes parts. Vis- à - vis du
Theatre , il y avoit une Table
fort propre, & qui eftoit
plus éclairée par les belles
Tiiij
224 MERCVRE
Perfonnes, qu'on y voyoit,
que par les lumieres quoy
qu'ily en euft quantité. Ce
fut de là que les Dames pri
rent le divertiffement du
Feu d'artifices Enfuite il y
eut un Bal qui dura toute la
nuit, avec une fuperbe Maf
carade. Madame la Marquife
& Mc le Chevalier de
Mailly s'y trouverent , avec
Madame la Comteffe de
Fontenelle , Mile Marquis
de Nel Colonel du Reginent
de Condé,
Mademoiſelle
de Nel fa Soeur,
dont la grace & l'enjoüeM
GALANT 225
ment fe firent également
admirer? Sur la fin du Bal,
on tira encor quelques Fufées
volantes qui termine .
rent la Fefte, vib pi 1791
Voyez Madame , comme
la Paix mis toute la France
en joye . Celle qu'on fait .
ordinairement éclater dans
le temps des Roys , en a re
doublé, & ces paroles nou
vellement mifes en Air
vous l'apprendrontgome
1994 ub lenoloƆ. I ob
AIR NOUVEAU,
velle Musique agreable
Retentit dans les airs? rob
226 MERCVRE
le croy que comme nous tout le
monde eft à table,
Qu'on mange, qu'on boit, qu'on
fait des Concerts ;
L'accord en eft admirable,
Ab qu'il eft doux! qu'il eft aimable!
Chacuny chante comme il doit.
Homme, Femme, Garçon & Fille,
Tout s'égofille
A crierle Roy boit.
Que de chofes j'ay à vous
dire fur le premier jour de
l'Année ! Ileft jufte de commencer
par ce qui regarde
la Maifon du Roy. Ce jour
là , M ' le Duc de Gefvres ,
Premier Gentilhomme de
la Chambre , entra en anསི་-
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GALANT. 227
née . Vous fçavez, Madame,
qu'il y a quatre Premiers
Gentilshomes de la Chambre
, qui au lieu de fervir
par quartier comme font la
plupart des Officiers de Sa
Majefté , fervent alternativement
un an entier , &
c'eſt par cette raison qu'on
dit d'eux , entrer en année.
Ce Duc prefenta au Roy
vingt & deux Pages de la
Chambre
, fi propres &
fi magnifiquement veftus,
que Sa Majefté ne put s'empefcher
d'en témoigner fa
fatisfaction
en préſence de
228 MERCVRE
129
toute la Cour. Ils avoient
des Jufte - à - corps en brode .
rie d'or & d'argent, avec des
Veftes encor plus riches par
la broderie qui eftoit beau.
coup mieux travaillée . La
mefme broderie fervoit
d'ornement à leurs trouffes,
On y avoit attaché les plus
beaux canons de foye qu'on
euſt pû trouver , & l'éclat
mon
de la petite - oye
foûtenoit
merveilleufement
la magnificence
de leur équipa
ge. Il y a cette diférence
à
remarquer
entre eux, & les
autres deLivrée
, que ceux-là
·
GALANT. 229
7510
10 49
n'ont que du galon , & ceuxcy
toute broderie . LeRoy
neles put voir dans un ajuftement
fi éclatant fans s'informer
de leurs noms. Ils
1 font affez Illuftres pour me
riter que vous les fçachiez ,
Les voicy.
M' de Foucaut , Neveu
du Lieutenant General qui
porte ce nom.
M'le Chevalier de Cammon,
Fils de M ' le Marquis
de Cammon , Gouverneur
de Vannes & d'Avray en
Bretagne. Il a un Frere qui
commande les Gendarmes
de la Reyne.
230 MERCVRE
M' de Neuchel , Fils de
Mr de Neuchel Lieutenant
des Gardes du Corps .
M de Ricoüart, Fils d'un
Maiftre des Requestes , &
Neveu de M d'Herouville
Maistre d'Hoftel du Roy.
Ces quatre Pages ont déja
fervy un Quartier , & de.
meurent à l'Hoftel de Gef
vres , auffi- bien que ceux
qui me reftent à vous nommer.
Ils font fervis par trois
Valets portans les Couleuts
du Roy, & traitez fplendi
dement aux defpens de
M le Duc de Gefvres . Ils
GALANT 231

ont Gouverneur & Sous-
Gouverneur , aprennent le
Latin & les
Matématiques
,
& font les Exercices ordinaires
d'Armes & de Cheval.
Ily en a parmy eux qui
ne font âgez que de fix à
fept ans.
MS les Chevaliers de Parifis-
Fontaine . Ce font deux
Freres, dont le Pere a commandé
les Gendarmes de
Trefmes . Il eſt Brigadier,
& a efté autrefois Maiftred'Hoftel
de Sa Majesté .
Mile Comte de Thieux,
Fils de M' de Thieux , Che232
MERCVRE
valier des Ordres du Roy,
& Gouverneur du Crot.
toy.forbo M
M' le Marquis & M' le
Chevalier de Lufanffy , Fils
du Capitaine aux Gardes
qui fut tué à Senef ship sb
M' de Bachivilliers , Fils
du Marquis de ce nom . mo
M de Gefdoin , Fils de
M' de Gefdoin Gouverneur
de M' le Prince de Vermandois.
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M ' le Marquis de S. Proget,
Parent de Madame de
Noailles, Neveu de feu M
le Comte de Bioulle. sh
GALANT 233
S
Mde Frereville de Nor
mandie, Fils de M' de Fres
teville Maiftre- d'Hoſtel de
Monfieur. & pMA of "M
Mle Chevalier de Montmorency,
Fils de M' le Mar
quis de Fauffeufe
Mi le Chevalier de Novion
- petit- Fils de Mon
fieur de Novion Premier
Préfident! nioboob M
Mle Marquis de Fonte->
nille, de laMaiſon de Ram
bure. Il eſt de Picardie, i
5. Misles Chevaliers de
Froullay, tous deux Fils de
M' de Froullay Grand Ma-
Fanvier 1679. V
234 MERCVRE
refchal des Logismodej la
Maifon du Roybusius ?&a
Mile Comte de Criquetot,
de Normandie.
M le Comte d'Auteuil,
petit- Fils du Comte du
mefme nom,qui a efté Gouverneur
de Monfieur, le
Prince.
M de Briffae , Fils du
Major des Gardes duCorps.
M'le Comte de Montiers,
Fils de M' de la Tour Gou-
$ J verneur de S. Dizier.
Ce mefme jour, premier
de l'Année , on fit icy une
Cerémonie d'autant plus
GALANT. 235
furprenante, qu'elle n'eftoit
pas attendue. Elle fut fi
magnifique, qu'on n'auroit
pas laiffé d'en eftre furpris ,
quand mefme on l'auroit
- publiée deux mois auparavant.
Cette Cerémonie fut
faite pour la Benediction
des Drapeaux du Regiment
des Gardes . Voicy de quelle
maniere ils furent conduits
à Noftre Dame ."
Le Tambour Major ef
toit à la tefte de foixante
autres qui marchoient quatreà
quatre. M'd'Artagnan
Major du Regiment des
Vij
236 MERCVRE
rs
Gardess, paroiffoit en fuite,
& précedoit les quatre Aydes
- Majors , qui font M
de Traverfone , Defragny,
Caillavet & Varenneills
eftoient fuivis de foixante
Sergens , qui marchoient
quatre à quatre de front.
On voyoit en fuite trente
Officiers à cheval, marchant
deux à deux, & portant cha
cunoun Drapeau. Trente
Sergens venoient encat aprés
eux , dans le mefme
ordre que les premiers.
Trente autres Tambours
les fuivoient, & certe Mar
GALANT 237
સે
che eftoit fermée par qua
tre Officiers Garçons Ma
jors , qui font Md'Arta
gnan, Malicy , Cheviré, &
Lufancy. Tous les Officiers
eftoient
magnifiquement
veftus, & avoient des Jufte ?
à corps fi converts de bro
derie, qu'à peine la couleur
de l'Erofe pouvoiteellede
trdǝdiftinguée
. xTbúsulés
Tambours
eftoient veftus
de bleu . Leurs Habits eftoient
couverts d'un galon
deslasLivrée du Ray Edu
premiers joursde d'Année,
carMvous fçavezie qu'elle
238 MERCVRE
change tous les ans, & que
bien que le fonds foit toû
jours bleu , le galon n'eſt
jamais fait de la mefme
forte. Entre ces galons il
y en avoit un d'argent , &
ces Habits eftoient garnis
de boutons à queue. Leurs
Tambours eftoient peints
& dorez , & l'on voyoit fur
chacun les Armes de leurs
Capitaines. Les Sergens
avoient des Cuiraffes, avec
des filets d'or , & des Jufte -à
corps d'écarlate , galonez
d'argent. Les revers de leurs
manches eftoient des ve
GALANT. 239
lours de plufieurs couleurs ,
feloni celles des Compagnies
dont ils eftoient . Ils
avoient tous des Plumes
blanches ; & les Etrangers
qui les virent paffer avec
tant de pompe , en furent
tellement furpris , qu'ils
avouerent que les François
eftoient feuls capables de
cette magnificence . Cependant
on a pris fi peu de
foin d'informer le Public
de cette fuperbe Marche,
que li je ne vous en entretendis
,on n'en fçauroit peut
eſtre jamais rien. asdontoz
240MERCVRE
C'eft icy le lieu de vous
apprendre quelques particularitez
des Etrennes. Le
premier Jour de l'Année eft
folemnel par là pour beau,
coup de Gens. Les Amans
y font des Préfens à leurs
Maiftreffes, & il y en a roû
jours quelques - uns où l'on
voit briller l'efprit & l'in
vention , par la maniere gas
lante dont ils font faits .
Celuy dont je vous vay par
ler eft du nombre .
Amant fort paffionné pour
une Belle, voulant luy faire
un Préſent plus conſidéra-
Un
ble
GALANT: 241
ble qu'elle ne devoit l'attendre
de luy , & craignant
que le prix ne l'obligeaft à
faire difficulté de l'accepter,
fit prendre l'équipage d'un
Crocheteur là un Homme:
intelligent , & luy mit fur
le dos une Caiffe mal em
ballée, afin qu'on cruft plus
facilement qu'elleli eſtoit »
envoyée de loins Le faux
Crocheteur laiffe la Caiffe.
Elle s'adreffoit au Pere,
mais elle en renfermoit
uneo feconde , fur laquelle
le nom de la Belle eftoits
écrit De cette feconde
X
Fanvier1679:
242 MERCVRE
Caifle adre
felle ,
Demoi- i
on tira une tresgrande
Manne toute matelaffee
, dans laquelle on
trouva d'un cofté un Manchon
de veritable Marte
Zibeline , avec un gros
Noeud de Ruban or & argent
, une Paire de Gands
garnis de la mefme Marte,
plufieurs autres Paires de
Gands de fenteur , autant
de Paires de Bas de foye
d'Angleterre , trois Paires
de Jartieres de broderie
plate, avec de la frange ; &
un tres-grand nombre de
GALANT. 243
Pieces de Ruban de toute
forte de largeurs & de diférentes
couleurs. J'oubliois
à vous dire que les
bouts de la première Paire
de Jartieres eftoient brodez
d'or , ceux de la feconde ,
d'argent , & ceux de la troifiéme,
or & argent . Dans
l'autre bout de la Manne ,
il y avoit avoit une Ecritoire,
dont la ferrure , la clef, &
les plaqués de deffus , ef
toient de veriñeil , auffibien
que le Cornet, le Poudrier
, & les manches du
Canif & du Poinçon . Il y
X ij
244 MERCVRE
avoit encor dans la mefme
Ecritoire des Tabletes de
chagrin , garnies d'or, &
deux Cachets ,
eftoit dor, & dont
l'un
l'autre d'ar
gent. Chaque Cachet avoit
fa Devife. On voyoit fur le
premier un Coeur qui s'ouvroit
, & d'où fortoit un
Amour avec une fléche à la
main . Ces paroles luy fervoient
d'ame.
Le ne m'ouvre que pour vous.
La graveure du fecond Cachet
reprefentoit une Montre,
avec ces paroles autour .
GALANT. 245
Mes mouvemensfont cachezovs
Un petit Coffre fe fit remarquer
à coſté de l'Ecritoire
. Il eftoit tout garny
de Filigrane , & enrichy
de Rubis. On trouva de-
10
dans
deux
petitsts
de fenteur, avec des Chifres
relevez de Perles , & deux
Bources qui n'eftoient pas
moins riches. Il y avoit un
cent de Jetons de Filigrane
d'argent dans l'une , & l'autre
eftoit remplie de cin,
quante Fiches de la mefme
matiere. Les unes eftoient
X iij
246 MERCVRE
longues , les autres faites
en triangle , & quelquesunes
quarrées .
Vous croirez fans - doute
que ce Préſent a eſté fait,
ou par un Homme de la
premiere qualité , ou par
quelqu'un de ces riches
Financiers qui fe font un
plaifir de la dépenſe . Cependant
il eft d'un Bourgeois
de Paris , & s'eft fait
à la Rue S , Denys. Je croy
le devoir publier pour la
gloire de la France . Je n'y
ay rien ajoûté , & la chofe
2: eft publique en ce quartier;
GALANT. 247
là . Les Citoyens Romains
qui s'eftimoient tant autrefois
, n'eftoient peut - eftre
ny plus galans , ny plus en
état de bien s'acquiter des
chofes , que les François,
qui ont l'avantage de vivre
fous le Regne de Louis
LE GRAND.On
3
Ce n'est pas feulement à
Paris que Amour infpire
la libéralité. Il la fait régner
dans les Provinces , &
les Etrennes qu'envoya un
jeune Cavalier de Dijon à
fa Maîtreffe le premier jour
de l'Année , vous feront
X
iiij
248 MERCVRE
connoiftre que la galanterie
eft de tout Pais . Elles confiftoient
en une Agraffe,
une Bufquiere, & des Boucles
de Souliers de Diamans.
Tout cela eftoit dans
une Boëte , autour de laquelle
on avoit peint les
Chifres du Cavalier & de
la Belle, en miniature . Ces
Chifres eftoient entrelacez
enfemble , avec ces mots
écrits en petites lettres d'or,
qui fervoient comme de
bordure.
PA
Quando còfifarano i chori ?
GALANT
249
Les Vers ſuivans eftorent
fous la Boëtë
Je ne puis regarder d'un oeil indiferent
Mon Chifre avec celuy de la Belle
Ny m'empefcher de dire en foùpirant,
Helas ! quand verrons nous nos
coeurs unis de mefme?
Il y avoit une Devife fur la
mefine Boete , qui reprefentoit
un More adorant le
Soleil , ce qui faifoit allufion
au nom & aux armes
du Cavalier. L'ame de cette
Deviſe eftoit,
Adoro chi mi arde.
250 MERCVRE
}
Sous laDevife, c'eft a dire au
fonds du couvercle de la
Boete, on lifoit ces Vers.
Le fens que j'aime, Iris ; mais pour
pour bien l'exprimer,
C'est troppeu que le motd'aimer.
Dans la Boëte; au deffus des
Pierreries ,on trouva ces autres
Vers.
Pour renouveller tous les ans
Saflame,&fes empreffemens ,
Voicy le jour où chaque coeur étale
Tout ce que peut l'Amour inspirer
spaux Amansooo grflon gapd
Mais, belle Iris , pour vous , vous
fcavezqu'entout temps
Matendreffe eft toujours égale.
GALANT. 251
Les deux qui fuivent eftoient
dans le papier qui
envelopoit l'Agraffe de
Diamans.
Encor que noftre éclat nous rende
prêtieux,
Il cedera toujours à celuy de vos
byeux."
Le Billet qui eftoit avec la
Bufquiere, contenoit ceuxcy
.
Que noftre fort, belle Iris, fera
doux !
Et que noftre bonheur va faire de
soojaloux frog , and login
Ces derniers fe trouverent
252 MERCVRE
dans l'envelope des Boucles
de Souliers .
parler les Diamans, serta
Ils faifoient
Vous n'avez pour charmer aucun
beſoin de nous a
Mais quoy que tout fait beau
chez nous,
Et doive s'attirer conquefte fur conqueſte
on
Peut eftre qu'avectant d'appas
Sans nous vous ne brilleriezpas
Depuis lespiedsjufqu'à la teſte,
Le Roy fit au commencement
de ce Mois une
Reveuë des Regimens des
Gardes Françoifes & Suiffes
dans la Plaine de Nanterre.
Les François furent rangez
GALANT. 253
en fix Bataillons fur une Ligne
. Cinquante Grenadiers
armez de Haches , de Fufils ,
& de Grenades , eftoient à la
tefte de chaque Bataillon.
Les Rubans de couleur de
feu qui faifoient l'ornement
de leurs Chapeaux , eftoient
accómodez d'une maniere
qui les faifoit paroiftre tous
garnis de Plumes . Les Sergens
avoient des Habits
d'écarlate , avec un galon
d'argent ; & l'Etofe qui
débordoit autour de leurs
Cuiraffes , eftoit toute couverte
d'un galon d'or. Les
254 MERCVRE
Soldats eftoient veftus d'un
drap gris , avec des Veſtes
d'écarlate , fur lefquelles il
Y avoit un galon d argent.
Le mefme galon bordoit
leurs Chapeaux, qui eftoient
garnis de Plumes blanches.
Ils avoient des Baudriers de
Bufle, bordez auffi d'un galon
d'argent de chaque côté
, & des Gands à frange.
Leurs Bas eſtoient rouges,
& leurs Gibecieres ornées
d'un Soleil, avec des rayons
d'argent. M' le M
tM' le Marefchal
a
Duc de la Feüillade marchoit
à leur tefte , & falua
GALANT. 255
le Roy avec cet air noble
& martial qui luy eft fi naturel.
Les Gardes Suiffes
faifoient trois Bataillons.
Les Moufquetaires eftoient
veſtus de rouge , & les Piquiers
de bleu. Ils avoient
des Jufte- à- corps garnis de
boutons d'or, avec des man.
ches toutes couvertes de
galon . Monfieur le Duc
du Maine, Colonel General
des Suiffes & Grifons, eftoit
à leur tefte. Il falua Sa Majefté
de la meilleure grace
du monde ; & comme on
ne doute point qu'il ne faffe
256 MERCVRE
un jour paroiftre autant de
coeur qu'il a fait voir d'efprit
dés ſon plus bas âge, il
y a lieu de le regarder comme
un Prince tres- accomply
onCelto
C'eftoit la premiere
fois qu'ilparoiffoit à la teste
de ces Troupes , dont il
traita tous les Capitaines
avec beaucoup de magnificence
.
f Rien n'egale celle que
paroiftre M le Chevalier Me
de Lorraine ,
Leurs
en traitant
Altefles
Royales
la veille des Roys Pour
vous faire comprendre la
GALANT. 257
fomptuofité du Repas , il
fuffit de vous dire qu'il fut
digne des Conviez. Monfieur
donna à fouper le lendemain
à Mefdames les
Ducheffes de Vantadour,
de Foix , de la Trimouille
& de Gramont , à Madame
la Marefchale de Clerambault,
àaMefdames les Comteffes
de Maré, de Brégy, &
de Fiennes , à Madame la
Marquife de Clerambault,
à Madame de Flamarin , &
à quelques autres dont je
n'ay pas fçeu le nom . Les
Services eftoient d'onze
Fanvier 1679.
Y
258 MERCVRE
Plats , & le Régal fut aufh
magnifique , que bien entendu
. Madame la Comteffe
de Maré trouva la Féve
dans fa part de Gafteau . Il
y eut un grand Bal apres le
Soupé. Tous les Maſques
Y furent reçcus . Monfei
gneur le Dauphin, & Meffieurs
les Princes de Conty
& de la Roche- fur-Yon , y
parurent veftus en Perfans.
Plufieurs Perfonnes de la
plus haute qualité s'y trou
verent , & quelques Ambaſ
fadeurs y vinrent incognito
pour admirer la magnifiGALANT.
259
Gence & la galanterie de
nos François . updager ,
Le mefme jour M' le Marquis
de Chappes , Fils de
Mle Duc d'Aumont , fut
prié d'affilter à la premiere
Meffe du R. Pere de Mine,
Auguftin du Grand Convent,
en qualité de Parrain .
H choifit pour Marraine
Mademoiſelle de Vantadour
, Fille du Duc de ce
nom ; & comme ils font
prefque de mefme âge , &
tous deux fort accomplis,
cela donna occafion à quelqu'un
qui eftoit dans l'Af-
2
Y ij
260 MERCVRE
femblée , de faire ce Ma
drigal.cbr OKIE
Vous voir, IlluftresEnfans,
ADéja fi beaux &fi char
mans
Il n'eft point de bonheur qui fait
égal au voftre.
La Nature a pris foin de vous ret
dre parfaits,fuvolf abun
Et pour comble de fes bienfaits,
Elle a fait vos coeurs l'un pour
l'autres
Vous avez ce qu'il faut tous
deux
Pour redre des Mortels heureux,
Lebien, les höneurs, la naiſſance,
La beauté, de l'efprit & du corps
pour charmer,
Des vertus pour fe faire aimer,
Et mille qualitez au deffus de l'Enfance.
GALANT. 261
Vous pouvez mesme encor vous
aimer tendrement,
Et fans obftacle &fans miftere.
Heureux Enfans, ab vivezfeulement,
C'est l'unique fouhait quepour vous
on peutfaire, a aming kam
Nous avons perdu deux
grands Hommes ce Moiscy.
L'un eft le R. Pere du
Bled , Chanoine Régulièr
de S. Auguftin de l'ordre
du Petit S. Antoine, & Supérieur
de cette Maifon ;
& l'autre , M de Monthelon
, Doyen des Avocats .
Le premier avoit un talent
tout particulier pour la
s
262 MERCVRE
conduite des Ames , & cela
luycavoit attiré un 2 tresgrand
nombre de Gens de
qualitépour Amis . Hy avoit
plus de trente ans qu'il demeuroit
à Paris , contre la
coûtumé de cet Ordre, qui
eft de changer tous les trois
ans , mais à la priere de M
de Lezeau Confeiller d'Etat
, & d'autres Perfonnes
de marque dont il eftoit
Confeffeur , on l'avoit dif
penfé de ce changement.
C'eftoit un parfait Reli
gieux. Monfieur le Premier
Préfident l'avoit fait prier
GALANT. 263
de le venir voir le jour des
Roys , & à peine eſtoit il
à deux cens pas de fon Convent,
qu'il mourut d'apopléxie
dans le Carroffe qui
le menoit , entre les bras
d'un Frere de la Maifon , &
fort regreté de tous ceuxdont
ilavoit la conduite .
Pour Mide Monthelon,
il n'y a perfonne qui ne
fçache que c'eftoit un des
plus grands Perfonnages
de noftre temps. Il eft mort
le 24. de ce mois , âgé de
79 ans . La patience avec
laquelle il a foufert les dou
264 MERCVRE
leurs de fon mal pendant
un mois , & la réfignation
aux ordres de Dieu, accom
pagnée d'une prefence d'ef
prit admirable , ont efté les
dernieres marques de fa
vertu. Encor qu'il fut petit
Fils de deux Gardes des
Sceaux de France , qui ont
laiffé de fameux exemples
de courage & d'intégrité;
qu'il defcendift des plus
illuftres & anciennes Maifons
du Royaume , ayant eu
dans la fienne un Cardinal
il
y a pres de quatre cens
ans des Commandeurs &
** des
J
GALANT. 265
des
Chevaliers qui fe font
fignalez pour la Religion;"
un grand nombre de Préfidens
&
d'Officiers dans
les Compagnies
Souveraines,
& M de Monthelon
fon Pere
Confeiller d'Etat ,
on peut dire que fon mé
rite
foûtenu d'une pieté &
d'une probité infignes , eſtoit
encor au deffus des
honneurs de fa naiffance.
Il avoit étably fur un fond
tres-rare
d'humilité , une
capacité peu
commune, qui
pouvoit luy faire remplir
les plus grandes Charges de
Fanvier 1679.
Z
266 MERCVRE
I'Etat. Sa Majesté l'avoit
honoré d'un Brevet de Confeiller
ordinaire en fes Con
feils , mais ayant embraſſé
fort jeune la Profeflion d'Avocar
, fa modeftic ne luy a
point permis de la quiter.
Les Roys & les Princes ont
pris & fuivy fes fentimens,
qui ont toûjours donné le
repos à ceux qui l'ont confulte
fur les Affaires les plus
importantes.

L'occafion des Fefles
m'obligea le dernier Mois
de finir ma Lettre de fi
bonne heure, que je ne pûs
GALANT.
267
4.
s
vou
vous
parler de la
juftice
que le Roy a rendue à plufieurs
Officiers qui fe font
diftinguez
dans fes Armées
par les
fervices qu'ils luy
ont
rendus. Il leur avoit
donné des
Gouvernemens ;
&
comme la Paix les en
dépouilloit , il n'a pas
lu qu'ils en fortiffent
fans
leuren
donner
d'autres , ou
des
récompenfes proportionnées
à ce
qu'ils per.
doient. M de
Monbron
qui s'eft
fouvent
fignalé à
la tefte de la
feconde Compagnie
des
Moufquetaires,
Z ij ·
268 MERCVRE
?
& en beaucoup d'autres oc
cafions , & qui eftoit Gouverneur
de Gand , a efté
fait Lieutenant General de
Flandres , fous M' le Maref
chal de Humieres . Nous
n'avions point veu jufqu'icy
de Lieutenant General en
le Roy
AU
Flandre , parce que
n'avoit
point encor eſté
maiftre de tant de Places das
ce beau Pais. M' de Pertuys
Gouverneur
de Courtray,
a eu le Gouvernement
de
Menein. Il a efté Capitaine
des Gardes de M de Turenne
& ayant apris le
GALANT. 269
meftier de la guerre fous un
fi grand Maiſtre, on ne peut
douter qu'il n'y foit habile .
M de Chamilly Gouver
neur d'Oudenarde, l'eft devenu
de Fribourg. Il eſt
Frere du feu Lieutenant
General de ce nom. Il fuffit
de dire qu'il a défendu Grafaire
concevoir
ve
qu'on doit efperer de luy
tout ce qu'on peut attendre
d'un Capitaine intrépide, &
tres - expérimenté. Mle
Comte de Nancre Gouver-
Meet for
neur d'Ath, & qui s'eft tant
de fois fait diftinguer eftant
Z iij
270 MERCVRE
Capitaine aux Gardes , a eu
le Gouvernement de Longvy
; Et M le Comte de
Montal Gouverneur de
Charleroy celuy de Dinant.
Lenom de ce dernier
en fait l'éloge. On a donné
la Lieutenance de la Franche-
Comté fous Me Marefchal
de Duras , à Mle
Marquis de Montauban . Il
a efté Gouverneur de Nimegue,
deZutphen , & de
Puicerda , & nous l'avons
veu Lieutenant General en
Franche - Comté avant qu'il
allaft à Meffine. Il a beauGALANT.
271
coup de coeur & de pru
dence, & s'eft fait aimer par
tout où il a commandé.
M' d'Aubaréde Officier General,
& d'une valeur éprouvée,
a efté pourveu du Gouvernement
de Salins qu'a
voit feu M d'Afpremont ,
Mile Marquis de Pierrefite
qui a acquis tant de gloire
à la tefte du Regiment du
Roy,& qui commande dans
Douay, a eu le Gouvernement
de Gravelines vacant
par la mort de M' le Marquis
de Flavacour. Le Roy
a en mefme temps donné
Z iiij
272 MERCVRE
douze mille livres de pen
fion à M' le Marquis de
S. Géran . Je vous ay fi fouvent
parlé des occafions où
il s'eft trouvé , que vous ne
pouvez douter de fa conduite
& de fa valeur.
Un Article de Triomphe
peut fuivre celuy des Guerriers
que je viens de vous
nommer . Il est vray que ce
Triomphe eft d'une autre
efpece que ceux dont ils
ontefté les témoins. Voyez
en la
defcription dans la galante
Piece qui fuiramus
GALANT 273
best allim son
ES52525252525252
LE TRIOMPHE
DE L'AMOVR.
£! 9b. 191310b $97uoq
'AM OVR avoit enfin
Lupouffé le coeur, de la
belle Iris jufqu'à un endroit
où il ne pouvoit plus recu-
Ier & dou
ler & d'où il faloit qu'il
defcendift infenfiblement
dans le Palais du Vainqueur,
adio
Vnjeune Coeurfait d'abord refiftance
hd mp997 visi
Mais il s'ément , il s'ébranle à
lafins
*
274 MERCVRE
Et quand il est unefou en chemin,
De quelques pas chaque jour il
avance.
Cependant on va loin en allantpas
à
pas ,
On
touche
prefque
au
bat
que
n'y
fange
pas
.
L'or
L'Amour alors preffe encor da
vantage;
Et comment s'opposer à ce doux
Ennemy??
Beaucoup de Coeurs ne font pas
Le voyage,
Mais pas un Coeur ne lefait à
demy.
L'Amour fit dire à fes
petits Freres les Amours,
qu'il arrivoit vainqueur
d'Iris , & leur ordonna de
GALANT. 275
luy faire une Entrée triomphante.
On n'en fait pas
de femblables à tous les
Amours qui reviennent avec
des priſes , cet honneur
eft refervé à leur aîné. Mais
il ne prend pas ſouvent la
peine de le mériter , car il
fe repofe prefque toûjours
fur fes Cadets du foin d'augmenter
fon empire , & il
ne s'employe que dans les
grandes occafions .
Il eft tant de Coeurs tous les
jours
Quife rendent d'abord, ou ne refiftent
guere,
7
2
276 MERCVRE
Qu'on laiffe conquerir ceux quifont
du vulgaire
Au petit Peuple des Amours.
Pour les rares Beautez que le Ciel
a fait naiftre
9
Avec une extremefroideur,
Le Maitre Amour en eft feul le
vainqueur
,
Carpour lesvaincreilfaut des coups
de Maifretoned Leto
Comme les Petits Amours
s'eftoient depuis quelque
temps préparez à cette reception,
fi toft qu'ils furent
avertis, ils ne manquerent
pas de venir, & apres avoir
témoigné à leur Frere aîné
& à Iris la joye qu'ils aGALANT.
277
voient de les voir arrivez
enſemble , ils donnerent
ordre à la ceremonie de
l'Entrée.
Les Petits Soins parurent
d'abord. Leur marche n'ef
toit pas bien reglée . Ils al
loient tantoft d'un coſté, &
tantoft d'un autre , & ils
avoient un certain air inquiet
qui marquoit affez
Pempreffement qu'ils ont
de tout faire.
La tendreffe d'abord nefefaitpas
connoifre,
Elle choifit fon temps pourfe motrer
au jours
278 MERCVRE
Mais dés que Petits Soins commencent
à paroiftre,
On voit bientoftfuivre l' Amour.
2
Les Soupirs marchoient
en fuite. Ils obfervoient
encor moins d'ordre que les
Petits Soins . D'abord on
les voyoit marcher un à un,
& un moment apres ils alloient
en foule de forte
qu'ils s'empefchoient
quel
quefois de paffer les uns les
autres , par l'envie qu'ils en
avoient tous .
Dès que l'onfouffre en l'amoureux
Empire,
Quoy que le mal quelquefois foit
preſſant,
GALANT: 279
Iln'eftpas permis de le dire;
Mais on prendun air laguiffant,
Et l'on explique affez ce que l'on
Sent,
Quand onfoùpire.
Enfin apres les Soupirs,
on voyoit les Déclarations ,
qui marchoient affez lentement.
Ilfaut que dans un Coeur un Amant
Je prépare
Vnheureux, un facile accès ,
Et quefonfeu ne fe déclare
Que quand il eftfeûr dufuccés.
L'Amour fuivoit les De
clarations. Ileftoit dans un
280 MERCVRE
Char de Triomphe. On
voyoit Iris à ſon cofte ce
qu'on devoit trouver aſſez
extraordinaire , puis que
c'eftoitsà selle à paroiftre
comme vaincue. Mais l'Amour
& Mars n'ont pas
n'on
les
mefmes maximes ; l'un
triomphe de ceux qu'il foû
met, & l'autre triomphe
quelquefois avec celle qu'il
a foûmifes. Cela pourtant
n'arrive pas toûjours.
Des honeurs du Triomphe une Belle
eft comblée,
Quad elle alongtemps tenu bon.
On nefaitpas tant defaçon
GALANT. 281
Avec les Coeurs que l'on a pris
d'emblées
Mais quad à de charmans appas
On eft preft d'ajouter une tendresse
extréme,
Qu'on ne dit point, je n'aime pas,
Et qu'on ne ditpas nõplus,j'aime,
L'Amour pour achever de coquerir
ce Coeur, fgloire,
Offre de luy ceder la moitié de la
Il quitte fans regret le bean nom
de Vainqueur,
Pourvea qu'il ait les fruits de la
Victoire.
L'Indiférence eftoit attachée
derriere le Char de
Triomphe,
Apres que dans un Coeur a regné
L'indolence,
Ianvier1679:
y
A a
282 MERCVRE
Knfentiment plus doux le remplit
à fon tour;
Quad on n'a plus d'indiference,
Aufitoft on a del'amour. A
I JMVAY
Enfin les Plaifirs fermoient
18728 M3 , TYAS
la
Marche.
T
Ce qu'Amour a de moins tendre
Eft le premier en chemin,
Les Plaisirsfefont entendre,
Mais ils viennent à lafin.
гята
TIAN
& I
10
A l'entrée de la Place qui
eft devant la Porte du Paais
de l'Amour , on avoit
dreffé un Arc de Triomphe,
qui reprefentoit l'Histoire
des Combats d'Iris & de
#DA
GALANT 283
l'Amour. Il y avoit cette
Inſcription
.
A L'AMOVR TOVJOVRS VICTORIEVX ,
LA IEVNE IRIS
QVI N'AVOIT POINT SA PAREILLE ,
EN BEAVTE , EN ESPRIT, EN DOVCEVR,
ET EN
INSENSIBILITE ,
APRES VNE LONGVE ET GENEREVSE
RESISTANCE,
A BIEN VO VIV
J... SE RENDRE A L'AMOVR.
C'EST POVR APPRENDRE AVX
COEVRS IN SENSIBLES
LA DEFAITE D'IRIS ,
OVE LONA DRESSE CET ARC
DE TRIOMPHE.
Apres que l'on eut paſſé
cet Arc de Triomphe , on
entra dans la Place, au milieu
de laquelle il y avoir
A a ij
284 MERCVRE
<
unTrophée de Billets doux,
de Vers galans, & de petits
Préfens.
Enfin on arriva à la Porte
du Palais , à l'entrée de la
quelle les Petits Soins , les
Soupirs,& les Declarations,
s'arrefterent. Iris , l'Amour,
& les Plaifirs , entrerent
Hista ob asq fie mor :
feuls.
Le Roy d'Angleterre a
prorogé fon Parlement jufqu'au
quatorziéme de Fe
vrier. Je croy vous devoir
marquer icy la diférence
qu'il y a entre proroger &
GALANT. 285
adjourner. Quand on proroge
le Parlement , toutes
les Affaires qu'on a traitées
fans qu'elles ayent efté terminées,
demeurent à neant
& comme fi l'on n'en avoit
jamais parlé , & fi on veut
les poursuivre , il faut recommencer
les Procedures .
Il n'en eft pas de mefme
quand le Roy dit qu'il adjourne
le Parlement , puis
qu'en recommençant fes
Seances , it acheve de pourfuivre
les Affaires qui n'eftoient
pas terminées . Le
Roy a le pouvoir d'adjour
286 MERCVRE
ner , de proroger , & de
caffer le Parlement. Quand
il eft caffé,tous ceux qui ont
droit d'élire les Membres,
font de nouvelles Elections
pour en compofer un nouveau.
Chacun a fes brigues
pour tâcher de fe faire nommer
à caufe des grands Privileges
qu'ont les Membresqulgol
alux əl me ,
11. Vous avez veu par ce que
je vous ay déja dit des réjoüiffances
de la Paix avec
quelles acclamations la Pu
blication en a efté faite
dans toutes nos Villes, Il
GALANT. 287
faut vous
apprendre prefentement
les
témoignages
particuliers
de joye qu'en
ont donné les nouveaux
Sujets du Roy. Je parle des
Habitans de S. Omer , qui
eftant devenus François du
conſentement
mefme de
l'Espagne , ont fait paroiftre
dans cette éclatante occafion
le zele le plus empreffé
qu'on puiffe marquer à un
Souverain auffi augufte que
LOUIS LE GRAND
fentimens
fembloient
vavoir
prévenu les ordres de
Mi le Marquis de S. Geniez
Leurs
288 MERCVRE
leys Gouverneur ,qui vou
lut eftre préfentàcette Puw
blication. Il eftoit fuivy du
Lieutenant de Roy , dẹl'E
tat Major , des Officiers de
la Garniſon , du Clergé,pde
la Nobleffe , & de tout le
Magiftrat. Le carillon des
Cloches fe mefloir de tou
tes parts au fon des Trom
petes, des Timbales, &codes
Tambours. Le réſte de la
Cerémonie fut remisiau
Dimanche fuivant. Eller
commença vfur les neuf
heures du matin. Tous les
Officiers de la Garnifon fe
trouverent
GALANT. 289
trouverent chez Mile Gouverneur
, pour l'accompagner
en l'Eglife Cathé
drale, & aſſiſter à une grande
Meffe chantée par
r
trois
Choeurs de Mufique , à laquelle
il avoit efté invité au
nom du Chapitre par M
de Lierre qui en eft Doyen .
Vous fçavez que Sa Majeſté
l'a nommé à l'Evefché d'Y
pres. Les décharges de l'Ar
tillerie attirerent tant de
Fanvier1679.
monde de la Campagne,
qu'à peine pouvoit- on paſferi
dans quelques Rues
pour entrer dans la Cathe
Bb
1
290 MERCVRE
drale. Elle eſtoit éclairée
depuis le haut jufqu'au bas,
d'un nombre infiny de
Flambeaux. Mile Marquis
de S Geniez s'y rendit fur
les quatre heures , accom
pagné de plus de fix vingts
Officiers, Le Te Deum fut
entonné par M l'Evefque
d'Ypres , & pourfuiyy par
2
quatre Choeurs de Muſique
qui cédoient quelquefois
aux Orgues , quelquefois à
une Symphonie de toutes
fortes d'Inftrumens , & quel
quefois à un Concert de
douze Violons ſeuls, c
Up
On
jda
GALANT 291

bruit des
alluma le Feu au fortir du
Te - Deum. Il y avoit des Fuzées
d'une maniere extraordinaire
, qui laiffoient
voir en l'air des Couronnes,
de Fleurs de Lys . Je ne
parle point
e point du bi
Tambours , des Timbales,
& des Trompetes , ny des
cris de Vive le Roy, qui durerent
autant que leu
Jevous diray feulement que
la Fefte n'en demeura pas
là , & qu'apres trois decharges
du Canon , des Boetes,
& de toute l'Infanterie ,
aufquelles la Garnifon du
H
Bb ij
292 MERCVRE
2923
Fort de S. Michel ! & les
Hautponnois
, répondirent
de leur mieux von alla fou
ου
per à la Maifon
de Ville,
où quatre- vingts Perfonnes
furent traitées. Il y avoit
plufieurs
Tables qui furent
magnifiquement
fervies.
Les Santez
du Roy , & de
Rovn
& de
toute la Maifon
Royale
,
furent bues avec grand
éclat . Ce fuperbe
Feſtin
n'eftant
que pour les Hommes
, Meffieurs
deVille voulurent
que les Dames
qui
avoient
affifté au Te - Deum,
fuflent auffi régalées
. Ainfi
༑་ ཡ་
GALANT. 293
apres le Soupé , ils leur firent
donner la Comédie,
qui fut fuivie d'un grand
Bal M le Baron de Berneville,
comme Chef du
Magiftrat en qualité de
Majeur , en fit les hon
neurs. Il s'en acquita fort
dignement. Ce Bal fut accompagné
d'une Collation
tres magnifique , Il ne finit
qu'à trois heures apres mi
nuit , M ' le Gouverneur eut
la complaifance d'y demeurer
jufques à la fin.
Tout le monde s'intéreffe
fi fortement à la gloire
Bb
iij
294 MERCVRE
que noftre augufte Monarque
sieſt acquiſe par cette
Paix,queles Peres Capucins
de la Rue S. Honoré en ont
chanté un Te - Deum avec
une magnificence digne de
leun zele. Hy avoit un Feu
dreffé dans leur Court , où
cinquante Suiffes eftoient
en haye , la méche allumée,
& le Moufquet fur l'épaule.
Ils furent quelque temps
en cet état, pendant que le
bruit des Trompetes invitoit
ceux quindſtoient les
plus proches de leur Convent,
à venir partager leur
GALANT 295
joye. Cent Capucifis fortp
rentenfuite de leurEglife,
marchant deux à deux. Les
Trompetes fe turent alors
pour daiffer sentendre sun
tres beau Concert de Hautbois,
& de Flutes douces!
Les Fifres & les Tambours
furent auffiemployez dans
certe Fefte Pendant tour
ce temps , les Capucins fi
rent le tour de leur Court,
apres quoy, l'Officiant environné
de fix grands Flambeaux,
calluma lex Feui &
entonnal le Te- Deum. ¿ Les
Suiffes firent auffitoft une
Bb iiij
296 MERCVRE
Salve qui tint lieu d'Inftru
mens pour la repriſe.ch Un
nombre infiny de Fuzées
volantes parurent en mef
me temps dans les airs. Le
Te- Deum finy, les Capucins
Vde
recommencerent trois
fois les cris de Vive le Roy,
& cette Fefte finit par une
quatrieme décharge des
Suiffes , qui s'en retournerent
tres fatisfaits de ces
bons Peres IDDI
-
$ 1023)
On celebre la gloire de
cette Paix en toute forte de
Langues . Voicy desStances
Italiennes
qu'elle a fait faire
GALANT. 297
à MT'Abbé
Mallement de
Meſſange , dont vous avez
veu la nouvelle maniere
qu'il a trouvée de faire des
Cadrans , dans ma dans ma derniere
Lettre Extraordinaire
. -T
21093 $ 302733HSHMC09 %
5252525252525252
CALAURICONCILIAZIONE
DE I POPOLI
-1971 03
Alla gloria immortale
72 3091
DI
LUIGGI
MAGNO , d
Vittore Pacifico .
eb suola of 519319 a
STANZE LIBERE
ab tortuos 190
M
Entre France Guerrier I
può facilmente
Perder affatto la nemica gente,
298 MERCVRE
Miracol di pietade ! in mezzo
Sardore & orienta
De' vinti'l trifte dan vince'l vittore.
$3
Lafciate hormai , Spagnuoli , i
lunghi Sdegni
ab of
Cocetti contro'l bel Fracefe regno.
Se i voftri fervatori baurete
Sdegnos
Di quanto odio pur voi farete
degnicki 194 com
cibo no on Sojninong ma
Quelle pallate notestrifug
Vaftra pur elezzione flate fonoz
Ma le prefenti gioiek
Del gran LIGGI fon dona.
Sa
Affin ch'a voi benigno losentifte,
Di quante palme ba fprezzato
a l'honore? on ub 21
GALANT 299
Cedite al fuo gran cuore,
Alqual, per voftro ben" , effo
refifte.
S&
Cedite alla fua man , ch' egli hà
Veripreffa.
Quefto da voi l'honor voftro richiede.
Con gloria fi cede
A chi vince cofi la gloria feffa .
Se
Venga, per i favori
D'un propizio nemico , ogni odio
eftinto
La Guerra i corpi ha vinto;
Vinca la pace i cuori.

Je vous ay fait voir une
ample defcription dans ma
Lettre du mois paffé , des
300 MERCVRE
moyens dont on s'eſt ſervy
à Marſeille pour conftruire
une Galere en moins d'un
jour. Je vous envoye le deffein
de cette mefme Galere .
Je l'ay fait graver fur la furprife
que vous m'avez témoignée
de ce prodige , ne
doutant point que vous ne
foyez bien-aife d'examiner
à loifir en quoy conſiſte ce
Bâtiment.
M' le Duc de Vendofme
aprêté le ferment de fidelité
entre les mains du Roy,
pour fon Gouvernement de
Provence. Ce Prince a non
WEK CAKE.
BONE LOU CONAGLUCIUCUI (Ə )
-liɔbit ab inamış) əlbiâqs
A ub enism es! eine
W.Is Dac qe Acugotos
13nimax9'59lis-neid sayol
C
inɔmpla
gotur bort dne Aona
&
eng
erinfos og allis
rubeniom no rola
Jabal ayovno znov Di Juaj
levolaə əmismatrao ob miót
-zut al 10 19varg at yo'l of
bu save'm way up sing
ea , ɔgibouq aɔ ɔbɔɔngiom
woleue qour ou goiƒforað
#TMAJAD
-waad ɔavo qvial anaz.
alas ab å ruslav ob
(qui conica jez Chibirllans 201ist & ll'ep
25.1 Sriubills obasıg
je te your bois Esot
WC'шUSTE EUCOL SALE CHE
31.qx9 znovuol fla y'all ;
qual buibiqbuniɔnua
s ; & vul ɔa no 3. ¿ 9: 1
toy al raganom vev ai
ineí dosuq
re yelament
qe perse
yaron quja
-are sup uobasfil za
ao: limAb M sobas
17 ,dmtolsı šilə im
GALANT. 301
feulement fervy avec beaucoup
de valeur & de zele
pendant toutes les Campagnes
qu'il a faites en Alle
magne,mais encoravec une
tres - grande affiduité. Les
périls ne l'ont point étonné.
Ils'y eft fouvent exposé
avec une intrépidité furpre
nante ; & on ne luy a jamais
veu ménager fa perfonne
, quand il y a eu de la
gloire àacquerir.
Le Regiment
de ſeize
cens Irlandois
que commandoit
M d'Amilton
,
ayant eſté reformé, on luy
302 MERCVRE
adonné celuy de Mile
Marquis de Montaut . Vous
voyez par là, Madame , quel
plaifir il y a de fervir le
Roy, puis qu'il ne laiffe jamais
de overitable avaleur
fans récompenfe . so moo
an Mile Marquis de Villars
prefentement Ambaſſadeur
en Savoye na efté nommé
par le Roy à l'Ambaffade
d'Eſpagne . Il y a déja efté
en qualité d'Envoyé extraordinaire
, & d'Ambaffadeur
, & c'est pour la troi
fiéme fois qu'il y doits retourner.
Je ne vous parle
GALANT 303
point de fon intelligence
pour les affaires . On ne luy
confieroit pas un pareil Employ,
s'il m'en avoit beaucoup.
Ibeft affable, galant,
& tres lagreable dans la
Cour où on l'envoye. Il feroit
difficile d'y plaire fans
avoir de l'efprit , les Efpagnols
en ayant beaucoup,
& fe connoiffant parfaitement
en galanterie.
Encor un mot de guerre ,
Madame. On parle toujours
deroVictoires avec
grand plaifin, & je croy que
je vous en entretiendray
304 MERCVRE
Ho
jufqu'à la Paix generale.
Vous avez ouy dire que
nous avons pris la Ville de
Nuits , c'eſt peut- eftre tout
ce que le Public en fait. Il
faut vous en aprendre da
vantage, ob sỊ Lf
M' de Calvo ayant affem.
blé un Corps de Cavalerie,
d'Infanterie & de Dragons,
le premier de Janvier , il arriva
devant Nuis le quatre
du mefme Mois. Son def
fein eftoit d'établir des
Troupes dans cette Place.
Ily avoit fixcens Hommes
d'Infanterie, & la CompaGALANT.
305
gnie des Gardes à cheval
de M de Cologne , avec
un Gouverneur opiniaftre
,
Toutes ces chofes obligerent
Mª de Calvo à diſpoſer
plufieurs attaques , & une
fauffe dont il chargea M
le Marquis de Longueval,
à la Citadelle . Elle eft
de quatre bons Baltions
bien palliffadez, & fraiſez,
avec un large Foffé d'eau
courante . Monfieur de
Longueval ayant pris fes
mefures pour faire réüffir
cette attaque , fes Dragons
pafferent
le Foffe quoyque
Fanvier 1679.
Cc
306 MERCVRE
fortdreux , & les Pallillades
layant efte auffi - tofti coupées
avec des haches , M
de Longueval fe rendit
Maiftre de la Citadelle , de
Ja Ville , de la Garnifon Cavalerie
& Infanterie du
Gouverneur
,des Drapeaux,
9 & Etendarts , & d'environ
deux cens Chevaux Les
Maifons furent quelquetemps
pillées , l'Infanterie à
qui on ouvrit les Portes,
ayant profité d'une fi belle
soccafion Voila un récit de
• Action comme elle s'eft
paffée fans y rien éxagerer.
GALANT. 307
Mais comme youseftes des
Amies de Mide Longueval,
je croy que vous ne ferez
pas fachée d'aprendre ce
qu'écrit de luy um Officier
des Dragons Dauphins.
J'employe les propres termes
de fa Lettre.Mde
CO
Longueval a fait dans cette
& occafion des merveilles à fon
ordinaire & fà conduite, &
Sabraoane luy ont attiré
toute la gloire de l'Affaire,
estant entré l'épée à la main
dans cette Place à la tefte de
Scent Dragons moitié de noftre
Regiment , moitié de Bar-
Cc ij
308 MERCVRE
beziers , non fans counirplus
d'un rifque, caril éprouva
Le feu & L'eau en påffant un
Föße , où ilfe mitjufques à
la ceinture , ce qui eft fort
incommode en cette faifun.
Cependant il fe porte bien,
& ilsemble que la guerre &
le's occafions n'ayent efté faites
que pour luy. Nuis.cft
une Place affez confidérable
; & quand on partit en
1672. pour commencer la
guerre de Hollande on y
avoit étably nos Magaſins.
Mi de Calvo en a donné le
Commandement à Mole
X
EGALANT! 309
Marquis de Refuge . Apres
avoir pris Nuts , son fe rent
dit maitre de la Ville de
Zons , qui ne ſe défendit
pas. Ainfi en attendant
l'ouverture de la Campas
gne nous nous sommes
emparez de trois Poftes fur
le Rhin, & de quantité de
Chateaux aux ™ environs ,
qui font trembler Tréves
& Cologne . M de Calvo,
(qui depuis qu'il a en chefle
Commandement d'une Armées
n'a preſque pas laiſſé
paffer un feubjour fans faire
quelque chofe de remar
310 MERCVRE
a
9:19 100
quable ) a fait détourner le
cours de la Roër qui paſſe
à Juliers. L'ouvrage eftoit
difficile , fur tout en cette
faifon , mais les François
comptent cela pour rien.
On n'eſt pas moins alarmé
à Strasbourg que dans le
Pais de Juliers , & tous les
Villages qui font en deça
de cette grade Ville payent
contribution à M' le Baron
de Monclar, Les François
fes fignalent en mefme
temps par tour , & Mode
Guenegaud qui a déja fait
parler de luy en Hongrie,
a
GALANT. ZIE
a défendu un Paſſage contre
vingt Elcadrons ennemis
avec fon feul Regiment,
& leur a tuépres de
cinq cens Hommesses .
T
Le Jeu de la Baffette, & les
Bals ont efté les deux principaux
Divertiffemens de la Cour ,
depuis
s que le Carnaval eſt
commencéroLa grandeur de la
France paroift dans l'un & dans
l'autre , dans le Jeu , par les fommes
confiderables que l'on
joue & dans les Bals , par la
magnificence des Habits , & le
hombre infiny des Pierreries, la
Cour eftant auffi nombreuſe
que magnifique . Le Roy a fait
parqueter la Salle des Opéra à
312 MERCVRE
S. Germain , pour les Bals qui
siy donnent tous les Vendredys .
Qoy qu'elle foit fort grande,
elle ne peut encor fuffire à consenir
tous ceux qui s'y preſentent
pour y entrer . Les Hommes
eſtoient veftus à la Cavaliere au
premier Bal qui s'y eft donné,
& dans les faivans la parure y a
cft é extraordinaire . Nos jeunes
Braves accoûtumez à fe batre
tout Hyver , fe fouvenoient
mieux dans ce premier Bal des
détours de la guerre , que des
pas mefurez de la dance. Ce.
pendant le Roy , qui durant
les autres Hyvers avoit plusentendu
le bruit du Canon quele
fon des Violons, a dancé dans
tous ces Bals avec cette grace
pleine de majefté qui eft inféparable
GALANT
313
rable de toutes les Actions , &
qui a eſté le charmen des nom.
breuſes Affemblées qui ont eu
le plaifir de le voir. Ces grands
Bals feront remis le Mois pro
chain aux Samedis , à caufe des
Media noche. Il y a eu trois ou
quatre, Bals fort confidérables
chez M. de Strasbourg au nom
de Madame de Fuftemberg la
Niece, Monfieur y eft venu des
guile, avec Madame M de
Strasbourg a auffi donné plus
fieurs Soupez magnifiques , à
l'iffae defquels les Mafques ont
efté reçeus. Vous fçavez , Mas
dame, me, que je vous parle tous les
ans de la magnificence de M
de Manevillette , touchant la
Collation
accompagnée de
Violons qu'il donne chaque
Dd
Janvier1679.
314 MERCVRE
Carnaval à Leurs Alteffes
Royales tout
sy
paffé
cette année avec l'éclat ordi .
naire . Monfieur & Madame
ont efté chez luy accompagnez
de Mademoiſelle , & de plufieurs
Perfonnes de
lamiere
e
Qualité , tant à vifage décou
vert que maſquées . Leurs Alteffes
Royales, &Mademoiſelle ,
ont efté auffi au Bal qu'a donne
M de Pommereuil Capitaine
aux Gardes , Freré de M' de
Pommereüil Prevon d OLUN
chands . Elles avoient avec Elles
Madame la Comteffe de Maré,
Mademoiſelle de Grancé , &
toutes les Filles d'honneur de
Madame. Les Hommes qui les
accompagnerent eftoient Mle
Chevalier de Lorraine , M de
GALANT. 315
la Trimoüille , & M¹ le Chevalier
de Chaftillon . Les Dames
parées du Bal furent Mefdames
les Ducheffes de Bouillon , &
de Foix , Madame la Princeffe
de Fuftemberg , Madame la
Marquife de Livry, Mefdames
de Villacerre , de S. Poüange,
de Gargan , & de Verveviete,
& Mefdemoiselles Gargan , de
Fouqueux , de l'lfle , de Sourdis
, & de Pommereüil. Les
Hommes eftoient M ' le Grand ,
M'de Vandofine , M le Duc de
Villeroy , Meffieurs les Princes
de Commercy , & de Lignes ,
Meffieurs de Comminges , &
de Rhodes La Salle eftoit
éclairée d'un grand nombre de
Luftres , & ornée de plufieurs
Miroirs d'argent. Il n'y avoit
Dd ij
316 MERCVRE
de Violons que la feule Troupe
de Mode Pommereüil , qui eſt
admirable , & que le Roy entend
quelquefois en Campagne.
Il y a eu encor plufieurs autres
Bals à Paris , & des Hautbois
dans la plupart pour dancer des
Menuets qui font fort à la mode
cet Hyver , builaup na wa
4
M Chaſtelain de Tilly , Fils
de M Chaſtelain Seigneur de
Montaumer , cy- devant Secretaire
du Confeil d'Etat , defcendu
de l'ancienne Famille des
Chaftelains de Forests , a époufe
Mademoiſelle Héron, ba
Le Roy a donné le Gouver,
nement de Feſcamp, vacant par
la mort de M ' de Longueil , à
M' de la Touche- Belleviere,
Capitaine des Gardes de M ' le
50
GALANT 317
Duc de S. Aignan , en confide
ration des fidelles fervices qu'il
a rendus à Sa Majesté , & à la
tres humble fuplication que ce
Duca pris la liberté de luy en
faire. Ce nouveau Gouver
neurial fait plufieurs Campagnes
en qualité d'Enſeigne Co.
Jonelle & de Capitaine dans le
Regiment d'Amboife . Il s'eft
trouvé àpluſieurs Sieges , & fut
bleffé à celuy de Leucate en
commandant un Détachement.
Is'eftoit depuis attaché au fervice
de M le Duc de S. Aignan.
Rien n'égale la genérofité de ce
Duc , on ne le fert point fans
récompenfe , & vous en voyez
des marques.T
J'avois commencé à fuprimer
tous les faux noms dont le fer-
Dd iij
218 MERCVRE
vent une partie de ce
de ceux qui fe
divertiffent a expliquer les Enigmes
; mais puis que vous me
dires qu'on s'en plaint das voſtre
Province, il faut faire ceffer ce
murmure , & laiffer jouir les
Particuliers du plaifir qu'ils
prennent à ne fe produire que
a
déguifez. M ' deSaurin a trouvé
le vray fens de la premiere du
dernier Mois , en l'expliquant
ainfi fur la Plume.
CE
10M 2917
10200 A
E Corps inanimé qu'il faut
fouiller & fendre,
Pour s'enfervir utilement,
Eft un mistere aurément
Qui n'eftpasfacile à coprendre.
Mais fans refverjufqu'à demain,
Si pour former les traits d'un Billet
plein de fame
ץ כ
GALANT. 319
Vous aviez la Plume à la main,
Ce Corps , belle Philis , neferoit pas
fans ame.
Ceux qui l'ont expliquée
fur ce mefme Mot , font Meffieurs
le Chevalier de Tury; Le
Cog , d'Orleans , De Manfec,
S ' de Pontdouble , Sonmans , de
Roterdam en Hollande ; LáLa
jeune Acidalie , de Troyes , Le
Secretaire des Dames du Quartier
de l'Hoftel de Ville ; &
l'Amant fidelle , ce dernier en
Vers. Les autres Mots qu'on
Juy a donnez font , la Parole, les
Lettres de l'Alphabet, l'Ecriture,
une Trompete, un Port de Mer, la
fauffe Monnoye, un Livre imprimé,
& une Bouteille pleine de Vin.
Le vray Mot de la feconde
Enigme eft dans le Madrigal
D'd iiij
320 MERCVRE
fuivant . L'aimable Alexandre
en eft Autheur, you
1 A
E Mercure plaift en tous
Lelieux
C'est pour les beaux Efprits un mets
délicieux, A ob xasha
Et comme tel onle regarde;
Maispour cotenter chaquegouft,
Depuis longtemps à ce Ragouft
Il manquoit un grain de Moutarde.
Plufieurs ont trouvé ce mefme
fens , & ce font Meffieurs
de Chaudel , Cofeiller à Troyes;
Du Montier, de Beauvais , Le
Febvre, Greffier de la Prevoſté
d'Amiens ; Blanchard le jeune,
de Beauvais , Rouffel, Aumônier
du Roy à Conches , Tour.
GALANT. 321
nois , Directeur des Aydes à
Beauvais , Loyfelier, de Beau
mont; Ferret, Notaire ; L'Abbé
de la Hierviays ; La Foreft, de
Beauvais , De Noré , pres de
Caën , Des Rofiers & de Gar,
tous deux de Rennes . Mefde .
moifelles Ange, de Paris ; Cailly,
de Rhetel ; Breval , Le Tellier,
de Rouen , Fredinie , de Pontoife
; L'Illufte Veuve , devant
S. Lo , La Dame des Quatre-
Vents, d'Orleans ; La Voifine
des Celeftins , La Belle imagi
maire , de Troyes , La Communauté
des Creteniftes, de Lyon,.
& le Gemeau , de la Rue S. Denys.
Meffieurs Broffard de Montaney
, Confeiller au Préfidial
de Bourg ; Baffetard ; Horde,
Secretaire de M' le Comte de L
322 MERCVRE
.
Parabere , Houppin le jeune,
Hugo, de Gournay , De la Ren.
rdiere , & Giblou , Marchand
de Troyes , l'ont expliquée en
Vers.
J'adjoûte les noms de ceux
qui ont trouvé le fens de toutes
les deux . Meffieurs le Chevalier
du Terrie , Capitaine au Regi
ment du Roy , Hinfelin , Cor
recteur des Comptes ; Gardien ;
De S. Sory, Confeiller au Par
lement de Mets , Le Marquis
de Champron, âgé de quatorze
ans , De Langes- Montmiral ,
Gentilhomme d'Orange , Da
guinet - Deramville , de Lyon ;
B. Keller , Suiffe de nation , &
Commiffaire ordinaire des Fontes
de l'Artillerie de France,
Panthor; Du Cour , de Rouen,
GALANT. 323
2
Le Bon Clercide Châlons for
Saône , Le Mauvileu de Chauven
; Defmaifons , de la Rue
Grenier S. Lazare ; De Bonnecamp,
de Quimper ; De la Hu.
berdiere . Gilbert , de Rouen;
Miconer , Avocat à Châlons,
Veurdiez , de Compiegne; Baizé
le jeupe ; Frolant , Avocat en
Parlement, Coufinet; De Montigny
, du Quay des Celeftins ;
Du Blictry, de Troyes ; Portin,
Avocat, Rue de la Harpe , Aubin
, de Grenoble ; Du Poirier,
Officier du Roy à Amboife;
Fredin , autrefois le Solitaire
de Pontoife ; De la Tournelle;
L'Abbé de la Coudoliere ; Du
Champer, de Clermont , Meldemoiſelles
de la Coudre , de
Bourges, Du Four; DePréfond
324 MERCVRE
lajeune, de Clamecy en Nevir
noisy Raince , Couteror ; Joly,,
L'enfant , Breton ; Sophie &
Odelle , de la Petite Pierre, dit
Luzelstein en Allemagne , Dar
ronville, de Mets ; De Guimo
nets d'Orleans ; Fredinie , de
Pontoife Le Confident d'Apollon
; Les deux Freres, d'Or
leans , Le Chevalier, de la Porte
Paris , Le Miffionnaire de Vierzon
; La Societé de Gournay ,
& la Societé Cloiſtrée de Paris.
L'une & l'autre a efté expliquée
en Vers par Meffieurs
l'Abbé de Sacy , de Rouen ,
Rault & du Perche, de Rouen,
Du Boifroger , Lieutenant Affeffeur
du Criminel à Evreux;
De Saurin, Du Perroy,de Paris;
Aymés le Fils, de Beziers ; De
GALANT. 325
Chantleu , Ferret , d'Amiens ;
De la Coudre, de Caën , Colinet
de S. Saulge , D'Abloville ;
Aubery, Avocat à Gifors ; Faneuil
le jeune , de Marennes,
Polymene , Les Inféparables
d'aupres S. Etienne du Mont ,
Les Boulangers de Goneffe;
Le Solitaire de Caën, Neptune;
Les Captifs volontaires ; L'aimable
Turlis , & l'aimable Catine
de Senlis Soeur Anfelme,
deVienne, La petite Margoton,
& l'Amie du Zephire, 602 si 22
;
Le Poivre, l'Oignon, & la Roquembole,
font des Mots fur lef
quels on a expliqué la feconde
Enigme. Je vous en envoye deux
nouvelles, dont la premiere eft
de M'de Valné Controlleur de
la Maifon du Roy. Vous en ferez
part àvos Amies,
326 MERCVRE
:
ENIGME.
Es i EsPrinces & les Grands
viënent fouvet me voir,
Etfans manquer à mon
devoir,
swiftte
Je ne rends vifite à perfonne.
Il nefaut pas qu'on s'en étonne ,
Il eft des Roys qui dépèdent de moy.
A perfonne jamais je ne ferme la
porte.
Lefuis bonnestefur ce point.
Je vous également des Gens de toute
forte,
Autant que je le puis je n'en rebutt
point.
Plufieurs me trouvět admirable.
LesdeuxSexesforment moCorps.
Zors que je fuis chez moy jeparois
agreable,
GALANT. 327
"
Et je fuis du commun lors quejefuis
dehors.
le mets le chagrin en déroute,
Et merite bien qu'on m'écoute.
AUTRE ENIGME .
On ambition m'eft fa-

M
tale,
Tejouis peu d'un deftin
glorieux,
Et tout le brillant que j'étale
N'éblouit qu'un moment lesyeux.
Condamnée à périr,fans eftre criminelle,
Le caufe duplaifir par mon malheureux
fort,
Et toujours le jourde ma mort
Eft une Fefte folemnelle .
D'abord affez patiemment
le foufre un cruel traitement
328
MERCVRE
Dont le Peuple nefait que rire.
A la finfi j'éclate, & me plains
hautement, st 5 .
C'eft das le moment quej'expire.
Mon trepas eft reply d'attraits,
Souvent les efforts quejefais
En mourant,merendentféconde;
Maisje mets des Enfans aumode
Qui ne mefurvivent jamais.
• Promethée en Figure , dé
fendu par Hercule qui ruë l'Aigle
qui luy venoit déchirer le
cocur , a fait faire beaucoup
d'Explications fur la Guerre
que nous avons avec l'Empire.
Ily en a auffi fur la Victoire , le
Canon , le Bled en èpy' , le Grain
femé,le Dépit amoureux, la Mort,
Te Cristal , la Reconnoiſſance , un
Homme endormy qu'on éveille, le

GALANT. 329
T
Sel, l'Eclypfe, un Fagotverd, la
Force, le Feftin des Courtisans, &
l'Innocence reconnue. Le feul
M' de Bonnecamp de Quimper
qui l'a expliqué fur le Bouclier,
en a trouvé le vray fens . L'ufage
& l'effet en fontmarquez par la
poſture ou l'on voit Hercule
reveſtu de fa peau de Lyon , &
défendant Promethée. On peut
mefme ajoûter qu'il en marque
Ja matiere , puis que les Boucliers
eftoient faits autrefois de
peaux & de cuir. Je vous laiffe
maintenant examiner Phaëton,
pour nouvelle Enigme. Cha
cun fçait que pour avoir imprudemment
demandé au So-
Teilfon Pere , la conduite de fon
Char, & s'eftre mal acquité de
cet employ , il fut foudroyé
Ee
Fanvier1679.
330 MERCVRE
par Jupiter. On voit ce teme:
raire tomber en terre , & la foudre
qui femble encor le pourfuivre.
La Troade , Tragédie nou
velle de M' Pradon , a paru depuis
quinze jours ſur le Theatre
de l'Hôtel de Bourgogne.
Leurs Alteffes Royales en ont
honoré une Reprefentation de
leur prefence. C'eft un avanta
ge que s'attirent ordinairement
les Pieces qui font du bruit.
La Troupe du Roy qui joue
au Fauxbourg S. Germain , a
remis pour nouveauté l'Inconnu,
de M' de Corneille le jeune,
Cette galante Piece a des agré
mens fi particuliers, qu'on commence
d'y courir en foule, com
me on faifoit il y a trois ans. Le
$ 1101 50 1.5 1.08
ཏི
Fund Lb 23
!
135290 a 550rAstarleg ..
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3
!
F
PHAETON ENIGME .
GALANT. 331
cinquième Acte en eſt changé,
& a efté pris d'une autre Piece
du mefme Autheur , qui n'ayant
aucune part à ce changement,
ne doit pas répondre du manque
de jufteffe qui s'y peut trouver.
On préparoit à Venife dés la
fin de l'autre Mois trois Opéra
qu'on y devoit repreſenter tout
le Carnaval. Il y avoit déja plus
de fix mille Etrangers dans la
Ville , venus exprés pour en
prendre le divertiffement . On
m'a promis de me faire fçavoir
les beautez des Sujets, des Décorations
, & des Machines.
J'efpere qu'on me tiendra parole
, & ne manqueray point de
yous en faire un Article. On
peut fe promettre un tres - grand
plaifir de ces Spectacles , s'ils ap
E e ij
332 MEROVRE
prochent de celuy de Bellero
phon , qui aeſté repreſenté aujourd'huy
pour la premiere fois
fur le Theatre de l'Académie
Royale de Mufique. On peut
dire que tout Paris y eftoit , &
que jamais Affemblée ne fut ny
plus nombreuſe ny plus illuftre.
J'entens crier miracle de tous
coftez. Chacun convient que
M' de Lully s'eft furpaffé luymefme
, & que ce dernier Ou
vrage eft fon Chefd'oeuvre. Je
vous en entretiendray plus amplement
dans la premiere Let
tre que vous recevrez de moy.
Cet Article de Mufique me fait
fouvenir d'un toifiéme Air nouveau
que j'ay à vous faire voir
obenq siftola ad
oh ne ob tip sa 3
GALANT. 333
od eb vulgo sb Jaunuol
AIR NOUVEAU
OmbresForeſts, & vous tendres
Zephirs,
Qui fuftes les témoins des innocens
10plaifirs
4
Que je goûtois envoyatCélimene,
Devenez aujourd'huy Confidens
de ma peine,
i
Partagez avec moy mon amoureux
Soucy,
Celimene n'eft plus icy.
} ;
17
La Paix eft un Ouvrage fi
glorieux pour le Roy , que tour
ce qui en parle mérite voltre
curiofité. Ainfi quoy qu'une
Paraphrafe de l'Exaudiat femble
n'eftre pas du caractere de
ce qui doit entrer dans ma Let334
MERCVRE
tre , je ne puis m'empêcher de
vous l'envoyer. Outre le mérite
de M' le Préfident Nicole
de Chartres qui en eft l'Antheur
, des confidérations tréspuiffantes
m'obligent à vous
faire part de cette Piece . Je ne
doute point que vous n'y trouviez
affez de beautez pour
prendre plaifir à la lire plus
d'une fois.
བ།
ན་
2
202A
20 %
GALANT. 335
PARAPHRASE
DE L'EXAUDIAT,
Accommodée aux Campagnes de Sa
Majefté , & à la Paix qu'il donne
à l'Europe.
EN VERS LIBRES.
Eigneur, de qui la Providence
, Sig
Par tant de miracles divers,
Se répand dans tout l'Vnivers,
Etfait éclater ta puiſſance;
Arbitre Souverain des Couronnes
des
Roys,
Qui maintiens la justice , & lavi
gueur des Loixs
1
336 MERCVRE
Appuy d'un Trone légitime,
Et qui dans la bouillante ardeur
Des Peuples foulevezque la Dif.
corde anime,
Affermis fon pouvoir,& foûtiens
fa grandeur.
Sa
ཀི
Ecoute d'un Prince équitable
Les voeux reconnoiffans , & les juftes
fouhaits;
Soit qu'ilfaffe la Guerre, ouqu'il
donne la Paix,
Afes intentionsfois toûjours favorable.
Seigneur, accorde àfes defirs
Les charmantes douceurs, lesfolides
plaifirs,
Qui font le bobeur d'un Empires
Tous fes deffeinsfont généreux,
La Vertu lesfait naiftre, & l'hon
neur les infpire,
GALANT. 337
1
Fais que par ton concours ilsforent
toûjours heureux.
Souviens- toy des parsfacrifices
Quefon deurtefait tous lesjours;
Donne- luy ces puiffans fecours
Dont tufais lesfuccésfi grands &
propices,
Ne luy refufe point ces vifibles
faveurs,
Comble - le de tous les honneurs
Qui confacrent les Roys au Temple
de memoires
SoisfonGuidepartout,foispartour
fon appuy
Et s'il marche aux Combats, commande
à la Victoire,
Le Laurier àla main, de marcher
avecluy,
Tant que ta Divine Saree
25
Fanvier1679.
Ff
1
338 MERCVRE
1
I
Fera reulir fes projets
Surle tranquillefrot defes heureux
Sujets,
Tu verras éclaterdes marques d'a-
Légreffe
Nos coeurs pleinementfatisfaits
De tant de fignalez bienfaits
Qu'il reçoit tous les jours de ta
main magnifique,
Par des tranfports de joye, & des
raviffemens
Où l'extreme plaifir fe déploye &
s'explique,
Feront voir la grandeur de nos
reffentimens,
$2
Ces Princes orgueilleux , qu'unfu
perbe équipage
De Chars & de Chevaux enfle de
vanité,
Et dontla violence & la temérité
GALANT 339
Rempliffent l'Vnivers de deuil &
de carnage
;
Ces Vainqneurs infolens , de qui
L'impiete
}
Ofant mefme infulter à ta Divinité,
Voyent fouvent périr leurs injuftes
conquefes,
Et cegrand appareil que la Foudre
détruit, h
Voitfletrir &fecher des Palmes
toutes preftes
Dont ils s'effoiet flatez de recueillir
** le fruit.***
L'Invincible LOV IS n'en ufe pas
de mefme;
"Il eft perfuadé que les progrés heureux
Qui rempliffent enfoule &fesfoins
& fes voeux,
Ff iij
340 MERCVRE
Son't deas à tonpouvoirfupreme,
Ilfçait que c'eſtà ta bonté
Qu'il doit souse la majeſtë k
Et tout l'éclat qui l'environne,
Etfon reffentiment publie à haute

Qu'il ne doit qu'à toyfeul laplus
et belle Couronne ab trocarspro)
Quijamais ait brillefur laTeſte
des Roys.
Sa
brielyalah teoma ismpzra!A.
Targely
« Ilfçaitqu'il doit à sa conduite
Les progrès furprenans de tant
d'heureux Exploits,canvi v
Qui chez le Belge ingrat ont fait
en moins d'un mois ) ual tera I
De Triomphes fréquens une incrayablefaitesM
÷ 40
Yeait que par ton ordre, & la
Menfe & le Bhin, wo
GALANT 341
Surpris du nouveau poids defes
Barquesd dinaingting]√1
N'oferentfoulever le courant de
gwrteurs ondes, tabs tuotta
Et que cesFleaves ennamis, A
Loin de s'en irriter,dās leursGrottes
profondeses s'ap tieb sw li
Conceurent du plaifir de wain leurs
flatsformis & the simrany in19
SZYCH 19b
Alorsquel'amour delagloire
Quiregne toujours dansfonfein,
Xformakehardy deffermany 23.3
De tenterfürMaßrich une illuftre
victoire,ni sploă si asc in Ch
Dans lesfanglans bagands d'un
Siege dungercu
Où ce Monarque genéreux
S'expofait nuit & jaurpour baßer
fa conqurfte,
9149
M
Ff ij.
342 MERCVRE
Il fçait bien que tes foins ne l'abandonnoient
pas,
·Et qu'ils écartoient de fa Tefte
Lesfoudroyans Boulets qui portoiët
le trépas. ㄓ
$ 2
Dans la périlleuse Campagne
Qu'il fit de la Franche - Comté,
Où le Douxfut témoin de fa noble
fierté,
Qui porta la terreur juſqu'au coeur
de l'Espagne, BLO
An Campde Besançon, où la Par-
"que enfureure
Etaloit des portraits de carnage
& d'horreur,
Ilfait que tu pris fa defence,
Et que tu foumis àfes Loix,
Apres beaucoup de refiftance,
Gray, Dole, & Besançon, pour la
fecondefois.
GALANT
343
Se
abrad
Il connoift que Valencienne,
S.Omer & Cambray pris rendus
François,
Sont de tes grands fecours éprouvez
tant defois ,
Et la
marque infaillible , & la
preuve certaine
Il est perfuadé que ces évenemens
Seront d'eternels monumens
De ton amour qui veille au bien de
fa Couronne,
Et que pourfoutenirfon Empire &
fes droits,
Tapoarveus en naiffantfon augufte
Perfonne
Du plus noble des Coeurs que leCiel
donne aux Roys.
Il fait que les grads avantages
Ff iiij
344 MERCVRE
Quifuivët tque lesjours nos Armes
& nos Lys
Surles bords effrayez de l'Efcant
& du Lysgaming
I of
De ton affection font les visibles
gegesi zimat TIFTO)
OsXpre & Gand inveßis, asta-
Qu'X
quez & rendused
,A
Sontde hardisprojets dontlesfuccés
font deus
Alaprotection queta bonté luy
donne. sti
Et que fesfuccés glorien
Set bienmoins les effets defon Canon
qui tonne,
Que desfecours Divins qui luy
viennent des Cieux.
Ilfçaitque l'embaras de sant de
divers Princes hairdeal
GALANT
345
Pour la conclusion d'une profonde
Paix,
281 20829
Venoit du noir chagrin de voirt.
de Provincese w "
Paſſer au jougdes Lys, pour n'en
fortir jamais.
Ilfçait que ce chagrin quefufcitoit
L'Envie
Contre l'eclat brillant d'une fibelle
vie,
Servoit fouvent d'obstacle à ces
fameuxTraiter
Et que la gloire defes Armes
Que tu comblois d'honneurs & de
profperitez cet ip
Nyformait que des cris , dèsfureurs
& des larmes,

Ilfait que cette Paix tant defois
fouhaitée,
346 MERCVRE
Dont les douceurs & les appas-
S'épanchans en divers Climas ,
Promettent le repos à l'Europe
agitée.
It fçait que ce bonheur qui va
charmer les fens
De tant de Peuplesgémiffans
Dans les defordres de la Guerre,
Eft un Ouvrage de tes mains,
Qui vont répandrefur la terre
Ce bien dont tu peuxſeul enrichir
les Humains.
Sa
Apres tant de reconnoiſſances ,
Tant depreuves defa vertu,
Seigneur, luy refuferas- tu
De répondre à fes efpérances ?
De ton Trone éclatant qui brille
fur les Cieux,
hin
Iettefurluy toujours lesyeux,
GALANT . 347
Par de tendres foupirs fon Peuple,
t'en convie...
S'il avoit moins de zele, il devien
droit ingrat
,
Puis que tous les momens de fon
illuftre Vie
Nefontfacrifiez qu'aux foins de
fon Etat.
25
C'est donc à ce Peuple fidelle
A demander pour luy ta grace &
ton fecours.
Seigneur, benyfon Sceptre, & con-
Serve Ses jours;
Benytous les travaux où fongrand
Coeur l'appelle ;
Fay quefon Regne floriſſant,
D'unboheur toujours renaiffant
Eprouve lesfuites conftantes ;
Et comblant defaveurs fes deffeins
genéreux,
348MER GAL: S
Seigneur, fay reüffir les prieres
2 hardentesM 230 J18AT
Queforment tous lesjours nosfoúpirs
&nos voeux.
Jefuis , Madame, voſtre, &c.
45:05
AParis se 31. Janvier 1679,0
{ % a6 ,??oc € ? ?t€
અન rac ¢ E JA
dida , o al salini I &
spore2 shimwo) al 6 dqaqNǝs imp s')
„Ainja2màsijs¶sexetså ol í
" મે
བྲ 6 N ? S
erumu? Ȍ 36. al parita I sob teemarig
FoT is inansiasiI sh „ErginodT sa
13 brota ,sibiramtrola g
AHS MOT *
33
ah zimpta sJ.M.
com.s' ently bomaata ye ju Cúmido qe
merend en leurs megstand
એ ર
2553325252525252
estaing 298vilkår pot , Tarptoc BRC કક
TABLE DES MATIERES
contenuës en ce Volume. >
A
Vant-propos,
Second Revers de la Medaille des
Hollandois,
@
8
9
13
Ceremoniesparticulieres obſervées aux
Publications de Paix,
Rejomfancesfaites à Paris,
Réjouifuncesfaites à Grenoblepour la
naiſſance de M.le Comte de Sault, 17
La Vieille le Ducat, Fable, 53
Ce qui s'eftpassé à la Cour de Savoye
La derniere Fefte du Sapate, 60
Ce qui s'eftpassé auBailliage Siege
Prefidial d'Evreux, pour l'Enregiftrementdes
Lettres de M. le Comte
de Thorigny, de Lieutenant de Roy
de Normandie , pour celles de
M. le Marquis de Buvron d'Harcourt,
auffi pourveu de la Charge de
Lieutenant General au Gouverne
TABLE.
+
ment de Normandie, & de celle de
Capitaine & Gouverneur particulierdu
VieilChateau de Rouen, 78
M. le Marquis de Tilladet eft fourveu
de la Charge de Capitaine des Cent
Suiffes de la Garde,
*Abbaye donnée au fecond Fils de M.
le Duc de Luxembourg,
Penfions données à Meffieurs deMimur
& de la Chefuaye,
96
98
99
Mortde M. le Marquis de Montaut,
100
Préfens faits par le Roy à M. le Pre-
* mier Préfident,
101
Le Roy augmente à M. le Comte d'Eftrées
les Appointemens de Vice-Admiral,
104
Lettre de l'Amour à Mad, de B. 106
Aplaudiffemens donnez à la Cour aux
Sermons de M. leCoadjuteur d'Arles,
116
121
Les Belles dupées, Hiftoire, ✨
Sentimens des Peres Capucins du Louvre
fur la Lettre d'un prétendu
Medecin,
* 141
TABLE .
Lettre d'Hermocrate fur le mefme
fujet, 159
171
Réjouiffances faites au Chateau de
la Tour d'Aigues pour la naissance
de M. le Comte de Sault,
"Les Députez d'Artois font prefentez
au Roy,
Abbaye donnée par le Roy à M. le
Chevalier de la Ferté,
174
176
Regalfait par M. de Mefme à Meffieurs
les Ambaffadeurs de Hol
lande,
Madrigal,
Autre,
179
182
184
Devifes de M. Clement, & de M. Pe-
185 rault,
Réjouiances faites pour la Paix au
Havre de Grace, à Chartres, & à
7
Epe non,
189
Lettre en Profe en Vers de M. de
197
219
Berigny,
Réjouiſances
faites à Abbeville fur
le fajet de la Paix,
Vingt- deuxPagesde la Chambre prefentez
au Roy par M. le Duc de
TABLE.
Gefvres lepremierjourde lº Année,
226
Defcription de la Marche faite à N.
Damepour laBenediction des DrapeauxduRegiment
des Gardes, 134
Galantes Etrennes données à Paris,
I
240
Autres données à Dijon,

247
Reveue duRegiment des GardesFrancoifes
Suiffes, 252
M. le Chevalier de Lorraine donne à
Jouper à Leurs Alteffes Royales,
elles en donnent le lendemain à un
grand nombre de Perfonnes de ta
premiere Qualité. Monfeigneur le
Dauphin y vient en mafque le mefme
jour, les Mafques y font bien
172256
regeus,
Vers pour M. le Marquis de Chapes
& Mademoiſelle de Fantadour, 159
Mortdu Reverend Pere du Bled, 161
Mortde M. de Montbelon, 263
Charges Gouvernemens donnez par
le Roy,
Triomphe
de l'Amour
,
266
273
TAPLE.
Le Roy d'Angleterre proroge le Para
lement, 284.
286
Réjouidances pour la Paix faites à
S.Omer,
Autres réjouißäcesfaitespar les R.P.
Capucins de laRuě S.Honoré, 293
Vers Italiens, 297
M. le Duc de Vendofme prefte le ferm
ment defidelitepour le Gouvernement
de Provence, 300
Le Roy donne à M. d'Amilton leRegiment
que commandoit M. le Marquis
deMontaut,
Article de la Guerre,
Bals
301
¿Por
304
·328
Mariage de M. Chafelain de Tilly
avec Mademoiselle Héron, 3·16-
Le Roy donne `la Gouvernement de
Fefcamp à M. de la Touche-Belleviere,
316
318
Explication an Vers de la premiere .
Enigme,
Noms deceux quil'ontdevinée, 319
Explication en Vers de lafeconde
Enigme
Lanvier 1679.
320
Gg
TABLE.NDAN
Noms de ceux qui l'ont devinée, 320
Noms de ceux qui ont trouvé les deux,
12322
Enigme,
Autre Enigme,
326
327
Nom deceluy qui a expliqué l'Enigme
enfigure, 329
330
La Troade, Tragédie nouvelle de M.
Pradon , reprefentée au Theatre de
1'Hoftelde Bourgogne,
L'Inconnu , de M.de Corneille lejeune,
: reprefenté par la Troupe du Roy au
FauxbourgSaint Germain, 330
Trois Opera preparez à Venife ,
qui fe doivent reprefenter tout le
Carnaval, 331
Aca
332
Bellerophon , reprefente pour lapremiere
foisfur le Theatre de
demie Royale de Mufique,
Paraphraf de l'Exaudiat, accommodée
aux Campagnes de Sa Majefté,
a la Paix qu'il donne à l'Europe,
Fin de la Table
355
Avis pour toûjours.
N.prie ceux qui envoyer ont des
Memoires où il y aura des
Noms propres , d'écrire ces Noms en
caracteres tres- bien formez & qui
imitent l'Impreffion , s'il fe.
s'il fe peut,
afin qu'on ne foit plus fujet à s'y
tromper.
On prie auffi qu'on mette . fur des
papiers diférens toutes les Pieces
qu'on envoyera .
1
On reçoit tout ce qu'on envoye,
& l'on fait plaifir d'envoyer.
Ceux qui ne trouvent point leurs
Ouvrages dans le Mercure , les doi
vent chercher dans l'Extraordinaire ;
& s'ils ne font dans l'un ny dans l'au
tre, ils ne fe doivent pas croire oubliez
pour cela. Chacun aura fon
tour, & les premiers envoyez feront
les premiers mis, à moins que la nouvelle
matiere qu'on recevra ne foit
tellement du temps , qu'on ne puiffe
differer $
Gg ij
AVIS.
On ne fait réponſe à perfonne,
faute de temps, manned
On ne met point les Pieces trop
difficiles à lire.
les
On recevra les Ouvrages de tou Pofernes
Etrangers
, & on
pro
pofera leurs Queftions.
Si les Etrangers envoyent quelques
Relations de Feftes ou de Ga
lanteries qui fe feront paffées che
eux on les mettra dans les Extraor
dinaires .
On avertit que le Sieur Blageart
a prefentement une Boutique dans la
Court Neuve du Palais , vis - à- vis la
Place Dauphine , AU DAUPHIN,
où l'on ne manquera jamais de trouver
toute forte de Volumes en telle
Reliure qu'on les voudra .
Il donnera tous les Volumes de
Tannée 1678. & les Extraordinaires
Trente fols reliez en veau, & à vingtinq
reliez en parchemin. da
Les dix Volumes de l'année 1677.
donneront toujours à Vingt pls en
C
veau , & à Quinze en parchemin.
On donnera un Volume nouveau
du
Galant
lesa .
jour
de chaque Mois fans aucun retarde ment. V
2009 21-2008-3
L'Extraordinaire du Quartier de
PLAVO X
Janvier fe diftribuerate 15 , Avril 1679 .
On prie gu on affranchiffe les
Ports de Lettres, & qu'on les adrefle
toujours chez ledit Sieur , Blageart,
Imprimeur- Libraire, Rue S.Jacques,
à l'entrée de la Rue du Plaftre .
1955On ne met point d'Hiftoires qui
puiffent bleffer la modeftie des Da
mes , ou defobliger les Particuliers
par quelques traits fatyriques,
On a beaucoup a de Chanlons. Elles
autont toutes leur tour, fi on apprend
qu'elles n'ayent pas efté chantées .
C'eft pourquoy ceux par qui elles
ont efte faites veulent qu'on s'en fer
veils les doivent garder fans les
chanter & fans en donner de copie
jufqu'à ce qu'ils les voyent dans je
Mercure aivotul de
Extrait du Privilege du Roy.
Ar Grace & Privilege du Roy, Donné à
S. Germain en Laye le 31.Decembre 1677.
Signé, Par le Roy en fon Confeil , JuNQUIERES.
Heft permis à J. D. Ecuyer, Sieur de Vizé,
de faire imprimer par Mois un Livre intitulé
MERCURE GALANT, preſenté à Monfeigneur
LE DAUPHIN , & tout ce qui concerne
ledit Mercure, pendant le temps & efpace de
fix années, à compter du jour que chacun defd ,
Volumes fera achevé d'imprimer pour la premierefois
: Comme auffi defenſes font faites
à tous Libraires , Imprimeurs, Graveurs & au.
tres, d'imprimer, graver & debiter fedit Livre
fans le confentement de l'Expofant , ny d'en
extraire aucune Piece , ny Planches fervant à
l'ornement dudit Livre, mefme d'en vendre feparément,
& de donner à lire fedit Livre, let
tout à peine de fix mille livres d'amende , &
confifcation des Exemplaires contrefaits , ainfi
que plus au long il eft porté audit Privilege
Regiftré fur le Livre de la Communauté les.
Janvier 1678. Signé, E.CoUTEROг , Syndic ,
Et ledit Sieur D. Ecuyer, Sieur de Vizé,
á cedé & tranfporté fon droit de Privilege à
C. Bl geart , Imprimeur - Libraire , pour en
jouir fuivant l'accord fait entr'eux.
chevé d'imprimer pour la premiere fois
le 31-lanvier 1672.
Avis pour placer les Figures.
I AFigure du Feu doit regarder la - page 16
La Chanfon qui commence par
Canons , Tambours , Trompetes , &.
Moufquets, doit regarder la page 77
L'Air qui commence par Quelle
Mufique agreable , doit regarder la
page 225
L'Enigme en Figure doit regarder
Ja page 329
I
La Galere doit regarde la page 300
L'Air qui commence par Sombres
Forefts, vous, tendres Žéphirs, doit
regarder la page 333
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le