Licurgue blessé dans une sedition : [estampe] (1769)
Données de base
Type de notice et de document: Monographie : ImageTitre et date: Licurgue blessé dans une sedition : [estampe] (1769) Mention de responsabilité: C. N. Cochin filius inv. et delin. 1760 / Gravé par Demarteau l'AinéÉdition, état: [État décrit dans l'Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIIe siècle]Adresse: [S.l.]Description matérielle: 1 est. ; manière de crayon, tirage en bistre ; 26,2 x 38,1 cm.Bibliothèque nationale de France: Notice no 44547361, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44547361fSource: Catalogue général de la Bibliothèque nationale de FranceRelations
Remarques et validité
Remarque du Catalogue général de la Bibliothèque nationale de France:
Date : [1769]. / Le jeune Alcander vient de lui crever l'œil droit d'un coup de bâton. En marge, notice de 5 lignes : "Il fit une ordonnance...", empruntée à "Plutarque Vie de Licurgue ; Tradu.on d'Amyot" / Cette estampe n'a pas de numéro d'ordre. Au catalogue de 1788, elle est mentionnée entre les n. 142 et 143. Leymarie lui a donné le n° 142 bis" / Jombert, qui fait figurer cette pièce dans son "Catalogue de l'œuvre de Cochin" (n° 312), dit que "pour être sûr de la beaute des epreuves... il faut en avoir avant que M. Demarteau y ait fait ajouter ces mots : "Pour sa reception à l'Académie." Le "Lycurgue blessé" comporte donc 3 états : 1° avant la lettre ; 2° avec la lettre, mais avant les mots : "pour sa reception à l'Académie" ; 3° avec cette mention" / C'est en effet le morceau de réception de Demarteau. Agréé le 26 avril 1766, le graveur fut reçu le 2 septembre 1769 : "Le S.r Gilles de Marteau, graveur dans le genre qui imite le crayon... a présenté l'un des deux ouvrages qui lui ont été ordonnés pour sa reception, dont le sujet est Lycurgue blessé dans une sédition, d'après le dessein de M. Cochin. Il a supplié l'Académie de vouloir bien le recevoir sur ce premier morceau, promettant de graver le second aussitôt que le dessein original lui sera remis, ce que la Compagnie a accordé..." ("Procès-verbaux", VIII, p. 21) / La pl. faisait partie du fonds de l'Académie (Fontaine, "Collections de l'Académie", p. 240 et 257). Elle est aujourd'hui à la Chalcographie du Louvre (n° 76) [Information 1949]" / Le dessin de Cochin, autrefois dans les collections de l'Académie royale, comme la gravure, est également au Louvre (n° 2276) [Information 1949]. Daté de 1760, il fut exposé au Salon de 1761 (n° 148), où il obtint un succès sans précédent. Ce fut un concert de louanges. Un rédacteur du "Mercure" (octobre 1761, p. 167) le considère comme "un tableau du genre le plus sublime, auquel il ne manque que la couleur". L'"Observateur littéraire" ne lui consacre pas moins d'une page d'éloges. Et Gabriel de Saint-Aubin, visitant le Salon, s'arrête longuement devant le n° 148 si admiré et le dessine au bas de la page 33 de son Livret. Diderot lui-même, qui ne goûtait pas tellement Cochin, est conquis, non toutefois sans faire des réserves au sujet du personnage principal : "Il y a [dans ce dessin], écrit-il ("Salon de 1761"), une diversité étonnante d'attitudes, de visages et de caractères, cela me semble de grand goût, c'est un magnifique tableau dans un petit espace. Mais le Lycurgue est manqué ; c'est une figure campée une jambe en avant et l'autre en arrière. Cette action de montrer son œil crevé, fût-elle de l'histoire, n'en serait ni moins petite, ni moins puérile. Un homme comme Lycurgue, qui sait se posséder dans un pareil instant, s'arrête tout court, laisse tomber ses bras, a les deux jambes parallèles et se laisse voir plutôt qu'il ne se montre ; toute action plus marquée serait fausse et mesquine. Je suis fâché de ce défaut, qui gâte un très beau dessin." / Nous avons peine à comprendre aujourd'hui l'engouement des contemporains pour cette composition théâtrale. Il s'explique cependant. Le dessin de Cochin arrivait à son heure et répondait à une évolution du goût. On aspirait au grand art. Et Cochin, l'un des initiateurs de ce mouvement de réaction vers le classicisme antique qui s'ébauchait et qui devait aboutir à l'art de David, Cochin s'efforçait, depuis son retour d'Italie, de mettre dans ses dessins ce que Mariette appelle "de la grande manière". Et il se fourvoie dans l'histoire ancienne. Cette seconde manière de l'artiste, applaudie par les tenants de l'esthétique nouvelle, ne fut pas appréciée par tous les amateurs. "Il y a des gens, dit encore Mariette, qui regrettent celle qu'il s'étoit faite autrefois et qui, pleine de gentillesse, paroissoit lui avoir été dictée par la nature seule." ("Abecedario", I, p. 384.) / Cochin, qui n'avait jamais eu le temps d'exécuter son morceau de réception, offrit son dessin à l'Académie, en la priant d'agréer ce morceau "comme acquit de sa promesse". Des collections de l'Académie il passa au Musée du Louvre / La gravure de Demarteau obtint au Salon de 1769 le même succès que l'original au Salon de 1761. Expression d'une tendance qui s'était accentuée, elle plut autant que le dessin, dont elle était d'ailleurs une transcription "faite à tromper", dit un contemporain ("Lettre sur le Salon" dans le "Journal encyclopédique", 1769, p. 272). Ses défauts sont donc ceux de l'original, qui n'a d'ailleurs perdu dans la traduction sur le cuivre aucune de ses qualités. L'éloge fut unanime. Écoutons Bachaumont : "L'estampe... qui attire l'attention générale, est de M. Demarteau, agréé. Elle est gravée dans la manière qui imite le crayon et représente Lycurgue blessé dans une sédition. C'est d'une chaleur, d'une beauté, d'une harmonie, d'une précision, d'un "faire" qui enlèvent." ("Lettre III sur le Salon de 1769" dans les "Mémoires secrets", XIII, p. 74.) Et Gabriel de Saint-Aubin, que nous avons vu croquer le dessin de Cochin dans son livret du Salon de 1761, dessina la gravure de Demarteau en marge de son livret du Salon de 1769 / Un indice de l'estime où l'on tenait cette estampe est son prix inusité. Tandis qu'il vendait 3 livres les compositions les plus aimables de Boucher, Demarteau ne demandait pas moins de 12 livres pour sa reproduction du dessin de Cochin. Elle fut annoncée au "Mercure" en avril 1770 (II, p. 162). La planche fut donnée à l'Académie par le récipiendaire, mais Demarteau s'était réservé le droit d'en tirer des épreuves et de les vendre à son profit. C'est pourquoi, dans le catalogue publié par Demarteau le jeune en 1788, après la mort de son oncle, elle est mentionnée sans numéro d'ordre, pour indiquer qu'elle n'était plus la propriété du graveur / Demarteau considérait le "Lycurgue blessé" comme son chef-d'œuvre et il l'est, considéré du point de vue professionnel. Il en avait tout particulièrement soigné la gravure. Tandis que les états de ses autres estampes sont rares, le "Lycurgue", en comporte exceptionnellement trois. Demarteau avait pour cette pièce une véritable prédilection : une épreuve montée sous verre, dans une bordure de bois doré, ornait un des panneaux de son appartement, et il en a légué d'autres épreuves à plusieurs de ses amis / Consulter l'article de M. Emile Dacier : "Le Lycurgue blessé de C.-N. Cochin le fils, gravé par Gilles Demarteau, fonds de la Chalcographie du Louvre", dans "Byblis", printemps de 1923, p. 39-48, avec reproduction / Notice chargée sans modification à partir de l'Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIIe siècle.
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