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1
p. 1983-1988
MEMOIRE de M.... sur le Lieu de la Sépulture de S. Aignan, Evêque d'Orleans.
Début :
On lit dans les Actes de S. Aignan, Evêque d'Orleans, recueillis par la [...]
Mots clefs :
Saint Aignan, Orléans, Évêque, Église, Corps, Sépulture, Enterrer, Clovis, Translation
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE de M.... sur le Lieu de la Sépulture de S. Aignan, Evêque d'Orleans.
MEMOIRE de M.... sur le Liew
de la Sépulture de S. Aignan , Evêque
d'Orleans.
N lit dans les Actes de S. Aignan ,
Evêqued'Orleans , recueillis par la
Saussaye ( 1 ) et par Hubert , dans
ses Preuves sur les Antiquitez de saint
Aignan , et inserées en partie dans le Ŕecueil
de Surius , que ce saint Evêque
qui mourut en 453. fut d'abord enterré
dans l'Eglise de S. Laurent des Orgerils
et y fut long- temps l'objet de la veneration
des Fideles , jusqu'à ce qu'on le
transporta de l'autre côté de la Ville
dans l'Eglise qui porte aujourd'hui son
nom ( 2 ) et qui étoit alors dédiée à l'Apôtre
S. Pierre.
Ce fait néanmoins n'est rien moins que
probable ; et sans vouloir s'inscrire en
faux contre les Actes qui le rapportent ,
et qui ne sont pas d'une authenticité
irreprochable ,il suffit de lire les Auteurs:
anciens qui nous ont parlé de S. Aignan,
(1) Annal. Eccles . Aurel.
(2 ) Autrefois cette Eglise qui se trouve mains
tenant dans la Ville , en étoit hors.
D vj pour
1984 MERCURE DE FRANCE
pour voir que le Corps de ce grand Saint
n'a jamais changé de place , et qu'il a tou
jours été dans l'Eglise ( 1 ) qui porte son
nom , et où l'on conserve encore ce qui
* pû échapper de ses précieuses Reliques.
à l'impieté des Calvinistes, dans les troubles
de 1562 .
Le silence de quelques uns de ces Au
teurs sur le lieu de la sépulture de notre
Saint , ne prouve rien pour l'Eglise
de S. Laurent , au contraire ce silence
n'auroit- il pas quelque chose de surprenant
, si en effet le Corps de S. Aignan
eût été d'abord enterré ailleurs que dans
PEglise qui portoit son nom de leur
temps ? et ce temps étoit- il si éloigné de
celui du saint Evêque , qu'ils eussent pû
ignorer un fait de cette nature ?
Car enfin ces précieuses Reliques n'ont
pû changer ainsi de place sans bruit et
sans éclat. Il falloit traverser la Ville
dans toute sa longueur d'Occident en
Orient , et la Tranflation dut être fort
solemnelle ; supposé donc , ce qui n'est
gueres croyable , qu'on en fût venu jusqu'à
ignorer le temps de cette Tranflation
, comment auroit- on pû perdre st
tôt le souvenir de la Tranflation même
(1) Cette Eglise est dans le Fauxbourg Ocoi
dental de la Ville, sur le bord de la Loire.
CeSEPTEMBRE
. 1733. 1989
Cependant il se trouve non- seulement
que personne n'en fait mention , mais
'on ne nous en dit pas même le moindre
mot qui puisse faire rien conjecturer
de semblable .( 1 ) Leodebod , Abbé de
S. Aignan et Fondateur de l'Abbaye de
S. Benoît sur Loire , sous le Regne de
Clovis II. parle ainsi de l'Eglise de saint
Aignan Dum me divina pietas Basilica
Domini Aniani , ubi ipse Dominus in corpore
requiescit , Abbati sublimatum honore,
& c. et plus bas : Monasterium sancti
Petri adificare delibero , ubi jam dictus vir
Dei sanctus videlicet Prasul Anianus , con
dignè jacet tumulatus . ( 2 ) Fredegaire , parlant
du Serment de fidelité que Godin
fils de Warnachaire , Maire du Palais
de Bourgogne sous Clotaire II . devoit
prêter sur les Reliques de S. Aignan ,
dit simplement : Ut Aurelianis in Ecclesia
sancti Aniani .... sacramentum impleturus
adiret. Gregoire ( 3 ) de Tours dit
que Namatius , Evêque d'Orleans , mort
à la fin du sixiéme siecle , fut enterré
dans l'Eglise de S. Aignan : Corpusculum
ejus ad urbem suam delatum in Basilica
* ( 1 ) Duchesne , Tom. 4. Hist. Franc. page
39. c.
(2 ) N. 54. p. 63.2.
(3) Lag. & 18: p. 437
saneta
1936 MERCURE DE FRANCE
...
sancti Aniani Confessoris sepultum est. ( 1)
L'Auteur anonime de la Vie de S. Mesmin
, qui écrivoit , comme l'on croit
au septiéme siecle , dit que S. Euspice
fut enterré dans l'Eglise de S. Aignan ,
auprès du Corps de S. Aignan même
et à sa droite : Visum est . ut in bea
tissimi Aniani Ecclesiam Corpus ejus transferretur
, et ad dextram partem corporis ejus
dem sanctissimi viri poneretur. Il ajoûte :
Quum placuisset ut per medium civitatis
sancia Reliquia portarentur.... et ventum
esset ad portam Orientalem ejuslem urbis .
que transmittit ad Monasterium sancti
Aniani , & c.
On voit clairement ici et sans équivoque
, que le Corps de S. Aignan étoit
dans l'Eglise de S. Aignan , et que cette
Eglise étoit à l'Orient de la Ville d'Or
léans , du côté diametramelement opposé
à celle de S Laurent , qui est à
Occident. Or S. Euspice vivoit sous.
Clovis I. Donc le Corps de S. Aignan
reposoit dès ce temps - là dans l'Eglise
qui porte aujourd'hui son ' nom , sans
qu'il paroisse encore qu'il y eût été
transporté d'ailleurs . Un témoignage du
même temps , quoique peut- être moins
recevable dans l'esprit de plusieurs , se
(4) Mabill. Act. SS . Ben. T. 1. p. 535. n. 18.
tire
SEPTEMBRE. 1733. 1987
tire de la vie de sainte Geneviève , ( 1 )
écrite dix - huit ans après sa mort et du
Mile que cette Sainte fit à Orleans
dans l'Eglise de S. Aignan : In sancti
Antani Basilica. Quand on voudroit
s'inscrire en faux contre le Miracle , il
demeureroit toujours vrai que du temps
de cet Historien , l'Eglise qui porte aujour
d'hui le nom de S. Aignan , renfermoit
le Corps de ce saint Evêque.. Dans quel
temps donc y aura - t'il été transporté ?
On ne peut guere compter que cinquante
ans d'intervalle entre la mort de saint
Aignan et le commencement du Regne
de Clovis I. Sera -ce du temps de Clovis
même , et par les ordres de ce Prince ,
comme le prétend Gubert ? Mais quelle
preuve en a- t'on ? aucune . Disons mieux,
il n'y a aucune preuve , pas même le
moindre indice de Tranflation ,
soit depuis
, soit devant Clovis ; mais on a contre
ce sentiment quelque chose de plus
positif, et il est aisé de prouver que ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'il est combattu
par une Tradition contraire .
Un ancien Manuscrit ( 2 ) parlant de
la Translation de S. Baudifle à Orleans ,
( 1) Manuscrit de l'Abbaye de sainte Geneviève..
(2 ) Manuscrit de la Bibliotheque du Roy , N° ..
XXXVIII, qui a appartenu à M. Duchesne...
dit
1988 MERCURE DE FRANCE
dit que S. Aignan en apporta le Corps
de Nismes à Orleans , et qu'il le déposa
dans l'Eglise de S. Pierre , où il
même enterré depuis : Anianus... Baudelii..
Corpus.... in Ecclesia Beati Petri extra
muros civitatis Aureliana recondit in qua
et ipse post modum repositus est . Or , jamais
l'Eglise de S. Laurent n'a porté le
nom de S. Pierre ; c'est donc dans celle
de S. Aignan que l'Auteur veut dire que
S.Baudille a été transporté , et par conséquent
il croyoit que S. Aignan lui -même
n'avoit point été enterré ailleurs. C'en est
assez pour récuser l'autorité des Actes
de ce S. Evêque , lorsqu'ils avancent qu'il
fut enterré dans l'Eglise de S. Laurent.
Aussi les Freres de sainte Marthe, qui ont
suivi exactement la Saussaye et Guyon
dans leur Catalogue des Evêques d'Or-
Jeans , se sont bien gardez de s'en rapporter
à eux au sujet de la sépulture
de S. Aignan : Tumulatus est , disent ces
Illustres Freres , in ade sancti Petri Apos
toli , nunc dicta ab ejus nomine Regalis
Collegiata sancti Aniani in urbe.
de la Sépulture de S. Aignan , Evêque
d'Orleans.
N lit dans les Actes de S. Aignan ,
Evêqued'Orleans , recueillis par la
Saussaye ( 1 ) et par Hubert , dans
ses Preuves sur les Antiquitez de saint
Aignan , et inserées en partie dans le Ŕecueil
de Surius , que ce saint Evêque
qui mourut en 453. fut d'abord enterré
dans l'Eglise de S. Laurent des Orgerils
et y fut long- temps l'objet de la veneration
des Fideles , jusqu'à ce qu'on le
transporta de l'autre côté de la Ville
dans l'Eglise qui porte aujourd'hui son
nom ( 2 ) et qui étoit alors dédiée à l'Apôtre
S. Pierre.
Ce fait néanmoins n'est rien moins que
probable ; et sans vouloir s'inscrire en
faux contre les Actes qui le rapportent ,
et qui ne sont pas d'une authenticité
irreprochable ,il suffit de lire les Auteurs:
anciens qui nous ont parlé de S. Aignan,
(1) Annal. Eccles . Aurel.
(2 ) Autrefois cette Eglise qui se trouve mains
tenant dans la Ville , en étoit hors.
D vj pour
1984 MERCURE DE FRANCE
pour voir que le Corps de ce grand Saint
n'a jamais changé de place , et qu'il a tou
jours été dans l'Eglise ( 1 ) qui porte son
nom , et où l'on conserve encore ce qui
* pû échapper de ses précieuses Reliques.
à l'impieté des Calvinistes, dans les troubles
de 1562 .
Le silence de quelques uns de ces Au
teurs sur le lieu de la sépulture de notre
Saint , ne prouve rien pour l'Eglise
de S. Laurent , au contraire ce silence
n'auroit- il pas quelque chose de surprenant
, si en effet le Corps de S. Aignan
eût été d'abord enterré ailleurs que dans
PEglise qui portoit son nom de leur
temps ? et ce temps étoit- il si éloigné de
celui du saint Evêque , qu'ils eussent pû
ignorer un fait de cette nature ?
Car enfin ces précieuses Reliques n'ont
pû changer ainsi de place sans bruit et
sans éclat. Il falloit traverser la Ville
dans toute sa longueur d'Occident en
Orient , et la Tranflation dut être fort
solemnelle ; supposé donc , ce qui n'est
gueres croyable , qu'on en fût venu jusqu'à
ignorer le temps de cette Tranflation
, comment auroit- on pû perdre st
tôt le souvenir de la Tranflation même
(1) Cette Eglise est dans le Fauxbourg Ocoi
dental de la Ville, sur le bord de la Loire.
CeSEPTEMBRE
. 1733. 1989
Cependant il se trouve non- seulement
que personne n'en fait mention , mais
'on ne nous en dit pas même le moindre
mot qui puisse faire rien conjecturer
de semblable .( 1 ) Leodebod , Abbé de
S. Aignan et Fondateur de l'Abbaye de
S. Benoît sur Loire , sous le Regne de
Clovis II. parle ainsi de l'Eglise de saint
Aignan Dum me divina pietas Basilica
Domini Aniani , ubi ipse Dominus in corpore
requiescit , Abbati sublimatum honore,
& c. et plus bas : Monasterium sancti
Petri adificare delibero , ubi jam dictus vir
Dei sanctus videlicet Prasul Anianus , con
dignè jacet tumulatus . ( 2 ) Fredegaire , parlant
du Serment de fidelité que Godin
fils de Warnachaire , Maire du Palais
de Bourgogne sous Clotaire II . devoit
prêter sur les Reliques de S. Aignan ,
dit simplement : Ut Aurelianis in Ecclesia
sancti Aniani .... sacramentum impleturus
adiret. Gregoire ( 3 ) de Tours dit
que Namatius , Evêque d'Orleans , mort
à la fin du sixiéme siecle , fut enterré
dans l'Eglise de S. Aignan : Corpusculum
ejus ad urbem suam delatum in Basilica
* ( 1 ) Duchesne , Tom. 4. Hist. Franc. page
39. c.
(2 ) N. 54. p. 63.2.
(3) Lag. & 18: p. 437
saneta
1936 MERCURE DE FRANCE
...
sancti Aniani Confessoris sepultum est. ( 1)
L'Auteur anonime de la Vie de S. Mesmin
, qui écrivoit , comme l'on croit
au septiéme siecle , dit que S. Euspice
fut enterré dans l'Eglise de S. Aignan ,
auprès du Corps de S. Aignan même
et à sa droite : Visum est . ut in bea
tissimi Aniani Ecclesiam Corpus ejus transferretur
, et ad dextram partem corporis ejus
dem sanctissimi viri poneretur. Il ajoûte :
Quum placuisset ut per medium civitatis
sancia Reliquia portarentur.... et ventum
esset ad portam Orientalem ejuslem urbis .
que transmittit ad Monasterium sancti
Aniani , & c.
On voit clairement ici et sans équivoque
, que le Corps de S. Aignan étoit
dans l'Eglise de S. Aignan , et que cette
Eglise étoit à l'Orient de la Ville d'Or
léans , du côté diametramelement opposé
à celle de S Laurent , qui est à
Occident. Or S. Euspice vivoit sous.
Clovis I. Donc le Corps de S. Aignan
reposoit dès ce temps - là dans l'Eglise
qui porte aujourd'hui son ' nom , sans
qu'il paroisse encore qu'il y eût été
transporté d'ailleurs . Un témoignage du
même temps , quoique peut- être moins
recevable dans l'esprit de plusieurs , se
(4) Mabill. Act. SS . Ben. T. 1. p. 535. n. 18.
tire
SEPTEMBRE. 1733. 1987
tire de la vie de sainte Geneviève , ( 1 )
écrite dix - huit ans après sa mort et du
Mile que cette Sainte fit à Orleans
dans l'Eglise de S. Aignan : In sancti
Antani Basilica. Quand on voudroit
s'inscrire en faux contre le Miracle , il
demeureroit toujours vrai que du temps
de cet Historien , l'Eglise qui porte aujour
d'hui le nom de S. Aignan , renfermoit
le Corps de ce saint Evêque.. Dans quel
temps donc y aura - t'il été transporté ?
On ne peut guere compter que cinquante
ans d'intervalle entre la mort de saint
Aignan et le commencement du Regne
de Clovis I. Sera -ce du temps de Clovis
même , et par les ordres de ce Prince ,
comme le prétend Gubert ? Mais quelle
preuve en a- t'on ? aucune . Disons mieux,
il n'y a aucune preuve , pas même le
moindre indice de Tranflation ,
soit depuis
, soit devant Clovis ; mais on a contre
ce sentiment quelque chose de plus
positif, et il est aisé de prouver que ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'il est combattu
par une Tradition contraire .
Un ancien Manuscrit ( 2 ) parlant de
la Translation de S. Baudifle à Orleans ,
( 1) Manuscrit de l'Abbaye de sainte Geneviève..
(2 ) Manuscrit de la Bibliotheque du Roy , N° ..
XXXVIII, qui a appartenu à M. Duchesne...
dit
1988 MERCURE DE FRANCE
dit que S. Aignan en apporta le Corps
de Nismes à Orleans , et qu'il le déposa
dans l'Eglise de S. Pierre , où il
même enterré depuis : Anianus... Baudelii..
Corpus.... in Ecclesia Beati Petri extra
muros civitatis Aureliana recondit in qua
et ipse post modum repositus est . Or , jamais
l'Eglise de S. Laurent n'a porté le
nom de S. Pierre ; c'est donc dans celle
de S. Aignan que l'Auteur veut dire que
S.Baudille a été transporté , et par conséquent
il croyoit que S. Aignan lui -même
n'avoit point été enterré ailleurs. C'en est
assez pour récuser l'autorité des Actes
de ce S. Evêque , lorsqu'ils avancent qu'il
fut enterré dans l'Eglise de S. Laurent.
Aussi les Freres de sainte Marthe, qui ont
suivi exactement la Saussaye et Guyon
dans leur Catalogue des Evêques d'Or-
Jeans , se sont bien gardez de s'en rapporter
à eux au sujet de la sépulture
de S. Aignan : Tumulatus est , disent ces
Illustres Freres , in ade sancti Petri Apos
toli , nunc dicta ab ejus nomine Regalis
Collegiata sancti Aniani in urbe.
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Résumé : MEMOIRE de M.... sur le Lieu de la Sépulture de S. Aignan, Evêque d'Orleans.
Le texte traite de la sépulture de saint Aignan, évêque d'Orléans, décédé en 453. Selon les Actes de saint Aignan, recueillis par la Saussaye et Hubert, le saint aurait été initialement inhumé dans l'église de Saint-Laurent des Orgerils avant d'être transféré dans l'église dédiée à saint Pierre, aujourd'hui connue sous le nom de saint Aignan. Toutefois, cette version est contestée par un mémorialiste qui affirme que le corps de saint Aignan n'a jamais été déplacé et a toujours reposé dans l'église portant son nom. Plusieurs auteurs anciens, tels que Leodebod, abbé de Saint-Aignan, et Grégoire de Tours, confirment que les reliques de saint Aignan se trouvaient dans l'église Saint-Aignan. Le silence de certains auteurs sur un éventuel transfert est interprété comme une preuve que le corps du saint n'a jamais été déplacé. Un ancien manuscrit mentionne que saint Aignan a apporté le corps de saint Baudille à Orléans et l'a déposé dans l'église de Saint-Pierre, où il aurait lui-même été enterré. Cela renforce l'idée que l'église de Saint-Laurent n'a jamais été impliquée. Les Frères de Sainte-Marthe, dans leur catalogue des évêques d'Orléans, confirment également que saint Aignan a été enterré dans l'église Saint-Pierre, aujourd'hui connue sous le nom de Saint-Aignan. Ces témoignages convergent pour affirmer que la sépulture de saint Aignan n'a pas été déplacée et se trouve dans l'église dédiée à son nom.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 838-849
LETTRE de M. L*** Ch. et S. d'Auxerre, aux Auteurs du Mercure de France, touchant la Sépulture de saint Agnan, Evêque d'Orleans.
Début :
Il y a, Messieurs, plus de trente ans qu'un sçavant Ecclesiastique d'Orleans, [...]
Mots clefs :
Saint Aignan, Sépulture, Orléans, Évêque, Église, Saint Laurent, Nom, Translation, Saint Pierre, Saints, Églises, Roi Robert
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. L*** Ch. et S. d'Auxerre, aux Auteurs du Mercure de France, touchant la Sépulture de saint Agnan, Evêque d'Orleans.
LETTRE de M. L *** Ch . et S.
d'Auxerre , aux Auteurs du Mercure de
France , touchant la Sépulture de saint
Agnan , Evêque d'Orleans.
Lya , Messieurs , plus de trente ans
leans , nommé M. le Brun , avoit composé
une ample Dissertation sur la Sépulture
de S. Agnan , dont on vous a envoyé
un Extrait , que vous avez publié
dans
MAY
839
་
1734
dans le Mercure de Septembre dernier .
Ainsi je ne croi pas que celui de qui vous
tenez cet Extrair , se fasse honneur de
la Dissertation. Je la conserve écrite de
la main de l'Auteur , avec la copie d'une
Lettre que M. Baillet lui écrivit en conséquence
de la communication qu'il lui
en donna. Certe Piece servit aussi à Orleans
à détromper tous ceux qui voulurent
en prendre communication . Je
suis bien aise que vous en ayez publié
l'essentiel.
C'est en effet une erreur grossiere de
croire que S. Agnan ait été inhumé dans
l'Eglise de S Laurent , qui est située à
l'Occident de la Ville d'Orleans . Outre
Is témoignages tirez du Testament de
eodebode , de la Vie de S. Mémin , de
celle de S. Euspice , que M. le Brun a
fait valoir , il s'en présente encore un
plus formel , qui n'est pas venu à sa
connoissance , et dont on ne peut éluder
la force , quelque antiquité qu'on s'avise
de donner à la Tranflation prétenduë
du Saint Corps d'une Eglise de S Laurent
, bâtie à l'Occident d'Orleans , en
celle de S. Pierre , bâtie à l'Orient. Cette
Tranflation doit passer pour chimerique,
dès-là qu'on lit dans une Vie authentique
de S. Agnan , qu'après son décès
A iiij un
842 MERCURE DE FRANCE
de S. Laurent à l'Occid.nt d'Orleans ,
laquelle est appellée S. Laurent des Orge
rils ,mais je me croi assez fondé pour soutenir
qu'il y en a eu une autre du nom
du même Saint , du côté Oriental. Si
dans Orleans il a existé jusqu'à cinq ou
six Eglises du nom de Saint Pierre ,
deux sous le titre de Saint Jean , et deux
sous celui de S. Germain d'Auxerre ;
quelle impossibilité y a-t'il qu'il n'y ait
aussi existé deux Eglises du nom de saint
Laurent N'y a- t'il pas eû de- même à
Paris deux Eglises du nom de S. Vincent,
Martyr d'Espagne ? Combien de Villes
où il y a plus d'une Eglise du titre de
S. Martin ou de quelqu'autre Saint célebre
?
Une preuve qu'il y a eu pendant quelques
siecles une Eglise ou Oratoire de
S. Laurent dans le Champ de Tétrade à
l'Orient d'Orleans et sur le Territoire de
l'Eglise qui a porté depuis le nom de
S. Agnan , est , que la memoire de ce saint
Martyr est distinguée de temps immémorial
de celle des autres Saints étrangers
, dans l'Eglise de S. Agnan même.
Dans le Catalogue des dix- neuf Autels
que l'on y érigea lorsque le Roy Robert
fit rebâtir à neuf cette Eglise , on voit
qu'après l'Autel principal sous l'invoca
tion
MAY. 1734.
843
tion de S. Pierre et S. Paul , celui de
S. Benoît et celui de S. Euverte , c'est
celui de S. Laurent qui suit immédiate
ment , par distinction au dessus de ceux
qui portoient le nom de S. Sauveur , de
Notre- Dame , de S. Jean , de S. Michel,
qui ne sont nommez qu'après. Je ne
prétens point qu'il y ait eu dans l'étenduë
du Champ de Tétrade , ni autour
de l'Eglise de S. Pierre , dite depuis saint
Agnan , autant d'Eglises qu'on érigea
d'Autels dans le nouvel Edifice achevé
l'an 1029. mais au moins y en avoit- il
eu d'érigez sous l'invocation de ceux qui
y sont nommez les premiers avant Notre
-Seigneur et la Sainte Vierge .
Helgaud , Moine de Fleury , ne parlet'il
pas d'une Eglise de S. Martin comme
existante sous le Roy Robert , laquelle
étoit une Chapelle à l'extremité du Cloftre
de S. Agnan , et qui n'existe plus ? Il
ne faut donc pasjuger des siecles passez par
les choses qui subsistent de nos jours , ni
croire qu'il n'y a jamais eu à Orleans
qu'une seule Eglise de S. Laurent , parce
qu'on n'en voit qu'une aujourd'hui . Il
doit y en avoir existé une autre à l'Orient
de la Cité ; et c'est cette Eglise aujourd'ui
inconnue et dans l'oubli , qui
sert de fondement à la Tradition d'Or-
A vj leans
844 MERCURE DE FRANCE
leans , que le Corps de S. Agnan a été
transferé de l'Eglise de S. Laurent en celle
qui a depuis porté son nom.
Lorsque le Corps de ce saint Evêque furt
remué pour la premiere fois , il a pû se
faire qu'il reposoit alors dans un Oratoire
ou petite Eglise de S. Laurent , bâtie
dans le Champ de Tétrade , et que
de- là , vû le peu d'éloignement , le Tombeau
tel qu'il étoit , ait été transporté dans
l'Eglise de S. Pierre , qui étoit le principal
Edifice entre ceux de ce Champ . La
petite Eglise de S. Laurent ayant ensuite
été détruite comme inutile , ou étant tombée
de vétusté , il sera arrivé depuis , lorsqu'on
parloit de la Tranflation du Corps.
de S. Agnan , que le Peuple aura attribué
à l'Eglise de S. Laurent des Orgerils ,
ce qui ne convenoit , dans la verité , qu'à
P'Oratoire de S. Laurent , qui avoit été
situé dans la partie toute opposée . Ainsi
se forment souvent les Traditions populaires.
On attribuë à l'objet existant , ce
qui n'avoit été dit ou écrit que de l'objet
détruit ou anéanti ; et pendant que personne
ne produit des preuves de la méprise
, l'erreur prend racine , elle s'autorise
ensuite de son antiquité , trouve
des Protecteurs dans les Habitans du Lieu
qu le nom se conserve , et il faur user
après
MAY. 1734 845
après cela de mille ménagemens pour les
faire revenir de la bévûe où la simplicité
de leurs prédécesseurs les avoit jettez.
M. Baillet n'a pas voulu adopter la nouvelle
Tradition de S. Laurent au Fauxbourg
Occidental d'Orleans . Le Pere de
Longueval , Jesuite , ne déterminant
point la situation de l'Eglise de S. Laurent
, a évité de la favoriser ouvertement.
Quoique la Tranflation du Corps de
S. Agnan du premier lieu de sa Sépulture
dans le lieu qui portoit le nom de
Basilique de S. Pierre , n'eût pas été d'un
grand trajet , et qu'elle n'ait peut- être
été que d'un jet de pierre , elle a cependant
été écrite dans les anciens Martyrologes
et Calendriers , parce qu'elle a été
assez remarquable pour ces temps - là où
les remuemens des Corps des Saints ne
se faisoient gueres que lorsqu'une Eglise
menaçoit ruine ou qu'elle étoit trop petite
pour le concours qui se faisoit à leurs
Tombeaux. On la croit du commencement
du septiéme siecle. L'Ombre de
M. Thiers auroit pû l'ajouter aux exemples
de Tranflations de Saints Confesseurs
qui autorisent sa rétractation * sur celle
de S. Firmin le Confès d'Amiens , outre
1
Cette rétractation est imprimée dans le Mersure:
de Juin x7.3.1 IĮ. volume.
celles
846 MERCURE DE FRANCE
celles de S. Vaast d'Arras , qui fut faite
dans le même siecle par S. Aubert , l'un
de ses Successeurs , et celle de S. Maximin
, Evêque de Tréves , faite aussi alors
par S. Hidulfe , Corevêque de ce Siege.
Je ne parle pas de quelques autres plus
anciennes , telle que celle des Saints Evêques
de Verdun , prédecesseurs de S. Airy
, faite par lui -même au sixiéme siecle ,
ni de celle de S. Gatien , premier Evêque
de Tours , faite par S. Martin.
On doit compter parmi les Martyrologes
où la premiere Tranfiation du Corps
de S. Agnan se trouve , outre celui de
Bede , deux autres qui ont été publiez
par Dom Martene , l'un au troisiéme vofume
de ses Anecdotes , page 1556. où
on lit Aurelianis Translatio S. Aniani ;
l'autre au sixième tome de son ample Col
lection , page 708. où se lit ce qui suit :
In civitate Aurelianis Tranflatio Corporis
S. Aniani Episcopi , et liberatio civitatis
ipsius à Hunnis. Les deux premiers sont
anterieurs au Roy Robert. Le troisiéme
a été écrit de son temps ; mais il copie
le fait de la premiére Transflation , et
non pas celle qui fut faite sous son Regne
l'an 1029. M. de Tillemont s'étonnoit
en 1697. que dans le Breviaire d'Orleans
, publié en 1693 , par M. de Coiſlin ,
l'on
MAY. 1734. 847
l'on ne parlât au XIV. Juin , que de la
Tranflation faite sous le Roy Robert :
et sa surprise étoit bien fondée . Il auroit
fallu en effet parler en ce jour d'abord
de la délivrance de la Ville d'Orleans
des mains des Huns , qui est le premier
Evenement remarquable , par rapport à
ce qui regarde S. Agnan . Puisque la Tradition
étoit il y a neuf cent ans ou mille
ans , que cette délivrance étoit arrivée
le 14. Juin , il étoit bon d'en conserver
la memoire à ce jour et de ne la pas porter
au 17. de Novembre , jour de la mort
du saint Evêque , comme on m'a assuré
qu'elle y a été portée avec son ancien
nom de Fête du Miracle. Secondement ,
il étoit à propos d'y inserer le souvenir
de la premiere Tranflation , au moins
d'une maniere generale ; puisque c'est
elle probablement qui a été la cause pour
laquelle on choisit en 1029. le 14 , et le
Is. Juin faire la seconde et pour
pour
proceder à la Dédicace de la nouvelle
Basilique , dont il ne reste plus aujourd'hui
que les Souterrains.
Ce sont autant de corrections qu'on
auroit pû faire dans la nouvelle Edition
du Breviaire d'Orleans de l'an 1731. mais
au lieu de cela , les Réviseurs ont mieux
aimé rétablir dans la Legende de S. Agnan
l'expres
848 MERCURE DE FRANCE
l'expression , qui avoit fait naître ancien
nement l'erreur populaire , que M. le
Brun des Marettes a combattuë et queje
combats après lui par un texte dont
on aura de la peine à éluder la force.
Ce deffaut d'exactitude dans les Légendes
locales , se trouve aussi accompagné
du retranchement de l'Office de plusieurs
Saints Locaux . Je me contenterai pour
le présent de nommer S. Aunaire , fameux
Evêque , né au VI . siecle dans la
Ville d'Orleans , mort le 25. Septembre ,
et d'y ajoûter une Fête que les Auteurs
du IX. siecle qualifioient de celebre dans
toutes les Eglises des Gaules au 1. Octobre,
laquelle étoit en memoire d'un Saint ,
qui en passant par Orleans au V.- siecle ,
y avoit operé deux Miracles rapportez
dans les Manuscrits de la Cathédrale
même. Tant que les Calendriers des nouveaux
Breviaires particuliers , ne seront
pas fondez sur les Histoires locales , les
imperfections y seront inévitables .
Il est temps maintenant de vous donner
la Lettre que M. Baillet écrivoit
le 16. Décembre 1703. à M. le Brun ,
duquel je vous ai parlé ; les plus petites
Productions de la plume des grands
Hommes , sont toujours bonnes à recueillir..
»Ja
MAY. 1734. 849
t
it
es
To
33
» Je suis fâché , M. que le mois de
» Novembre soit achevé pour la réim-
» pression , car je me serois fait un plai-
» sir et un devoir de profiter de ce que
» vous remarquez au sujet du lieu de la
Sépulture de S. Agnan , et de l'emploi
qu'il eut à S. Laurent avant son Epis-
» copat ; et je n'aurois point fait difficul-
» té de changer le titre équivoque d'A-
» bé , quoique l'on pût l'entendre d'un
» Superieur ou Pasteur de Paroisse , sans
prétendre qu'il y eût des Moines. Il
>> me paroît que les autres endroits sur
»quoi tombent vos Remarques , peuvent
» s'expliquer favorablement et subsister
»comme je les ai mis sans préjudice de
la verité des faits , autant qu'on peut
» faire foy sur l'autorité humaine. Je
n suis , &c .
と
2
Ce 17. Novembre 1733 .
d'Auxerre , aux Auteurs du Mercure de
France , touchant la Sépulture de saint
Agnan , Evêque d'Orleans.
Lya , Messieurs , plus de trente ans
leans , nommé M. le Brun , avoit composé
une ample Dissertation sur la Sépulture
de S. Agnan , dont on vous a envoyé
un Extrait , que vous avez publié
dans
MAY
839
་
1734
dans le Mercure de Septembre dernier .
Ainsi je ne croi pas que celui de qui vous
tenez cet Extrair , se fasse honneur de
la Dissertation. Je la conserve écrite de
la main de l'Auteur , avec la copie d'une
Lettre que M. Baillet lui écrivit en conséquence
de la communication qu'il lui
en donna. Certe Piece servit aussi à Orleans
à détromper tous ceux qui voulurent
en prendre communication . Je
suis bien aise que vous en ayez publié
l'essentiel.
C'est en effet une erreur grossiere de
croire que S. Agnan ait été inhumé dans
l'Eglise de S Laurent , qui est située à
l'Occident de la Ville d'Orleans . Outre
Is témoignages tirez du Testament de
eodebode , de la Vie de S. Mémin , de
celle de S. Euspice , que M. le Brun a
fait valoir , il s'en présente encore un
plus formel , qui n'est pas venu à sa
connoissance , et dont on ne peut éluder
la force , quelque antiquité qu'on s'avise
de donner à la Tranflation prétenduë
du Saint Corps d'une Eglise de S Laurent
, bâtie à l'Occident d'Orleans , en
celle de S. Pierre , bâtie à l'Orient. Cette
Tranflation doit passer pour chimerique,
dès-là qu'on lit dans une Vie authentique
de S. Agnan , qu'après son décès
A iiij un
842 MERCURE DE FRANCE
de S. Laurent à l'Occid.nt d'Orleans ,
laquelle est appellée S. Laurent des Orge
rils ,mais je me croi assez fondé pour soutenir
qu'il y en a eu une autre du nom
du même Saint , du côté Oriental. Si
dans Orleans il a existé jusqu'à cinq ou
six Eglises du nom de Saint Pierre ,
deux sous le titre de Saint Jean , et deux
sous celui de S. Germain d'Auxerre ;
quelle impossibilité y a-t'il qu'il n'y ait
aussi existé deux Eglises du nom de saint
Laurent N'y a- t'il pas eû de- même à
Paris deux Eglises du nom de S. Vincent,
Martyr d'Espagne ? Combien de Villes
où il y a plus d'une Eglise du titre de
S. Martin ou de quelqu'autre Saint célebre
?
Une preuve qu'il y a eu pendant quelques
siecles une Eglise ou Oratoire de
S. Laurent dans le Champ de Tétrade à
l'Orient d'Orleans et sur le Territoire de
l'Eglise qui a porté depuis le nom de
S. Agnan , est , que la memoire de ce saint
Martyr est distinguée de temps immémorial
de celle des autres Saints étrangers
, dans l'Eglise de S. Agnan même.
Dans le Catalogue des dix- neuf Autels
que l'on y érigea lorsque le Roy Robert
fit rebâtir à neuf cette Eglise , on voit
qu'après l'Autel principal sous l'invoca
tion
MAY. 1734.
843
tion de S. Pierre et S. Paul , celui de
S. Benoît et celui de S. Euverte , c'est
celui de S. Laurent qui suit immédiate
ment , par distinction au dessus de ceux
qui portoient le nom de S. Sauveur , de
Notre- Dame , de S. Jean , de S. Michel,
qui ne sont nommez qu'après. Je ne
prétens point qu'il y ait eu dans l'étenduë
du Champ de Tétrade , ni autour
de l'Eglise de S. Pierre , dite depuis saint
Agnan , autant d'Eglises qu'on érigea
d'Autels dans le nouvel Edifice achevé
l'an 1029. mais au moins y en avoit- il
eu d'érigez sous l'invocation de ceux qui
y sont nommez les premiers avant Notre
-Seigneur et la Sainte Vierge .
Helgaud , Moine de Fleury , ne parlet'il
pas d'une Eglise de S. Martin comme
existante sous le Roy Robert , laquelle
étoit une Chapelle à l'extremité du Cloftre
de S. Agnan , et qui n'existe plus ? Il
ne faut donc pasjuger des siecles passez par
les choses qui subsistent de nos jours , ni
croire qu'il n'y a jamais eu à Orleans
qu'une seule Eglise de S. Laurent , parce
qu'on n'en voit qu'une aujourd'hui . Il
doit y en avoir existé une autre à l'Orient
de la Cité ; et c'est cette Eglise aujourd'ui
inconnue et dans l'oubli , qui
sert de fondement à la Tradition d'Or-
A vj leans
844 MERCURE DE FRANCE
leans , que le Corps de S. Agnan a été
transferé de l'Eglise de S. Laurent en celle
qui a depuis porté son nom.
Lorsque le Corps de ce saint Evêque furt
remué pour la premiere fois , il a pû se
faire qu'il reposoit alors dans un Oratoire
ou petite Eglise de S. Laurent , bâtie
dans le Champ de Tétrade , et que
de- là , vû le peu d'éloignement , le Tombeau
tel qu'il étoit , ait été transporté dans
l'Eglise de S. Pierre , qui étoit le principal
Edifice entre ceux de ce Champ . La
petite Eglise de S. Laurent ayant ensuite
été détruite comme inutile , ou étant tombée
de vétusté , il sera arrivé depuis , lorsqu'on
parloit de la Tranflation du Corps.
de S. Agnan , que le Peuple aura attribué
à l'Eglise de S. Laurent des Orgerils ,
ce qui ne convenoit , dans la verité , qu'à
P'Oratoire de S. Laurent , qui avoit été
situé dans la partie toute opposée . Ainsi
se forment souvent les Traditions populaires.
On attribuë à l'objet existant , ce
qui n'avoit été dit ou écrit que de l'objet
détruit ou anéanti ; et pendant que personne
ne produit des preuves de la méprise
, l'erreur prend racine , elle s'autorise
ensuite de son antiquité , trouve
des Protecteurs dans les Habitans du Lieu
qu le nom se conserve , et il faur user
après
MAY. 1734 845
après cela de mille ménagemens pour les
faire revenir de la bévûe où la simplicité
de leurs prédécesseurs les avoit jettez.
M. Baillet n'a pas voulu adopter la nouvelle
Tradition de S. Laurent au Fauxbourg
Occidental d'Orleans . Le Pere de
Longueval , Jesuite , ne déterminant
point la situation de l'Eglise de S. Laurent
, a évité de la favoriser ouvertement.
Quoique la Tranflation du Corps de
S. Agnan du premier lieu de sa Sépulture
dans le lieu qui portoit le nom de
Basilique de S. Pierre , n'eût pas été d'un
grand trajet , et qu'elle n'ait peut- être
été que d'un jet de pierre , elle a cependant
été écrite dans les anciens Martyrologes
et Calendriers , parce qu'elle a été
assez remarquable pour ces temps - là où
les remuemens des Corps des Saints ne
se faisoient gueres que lorsqu'une Eglise
menaçoit ruine ou qu'elle étoit trop petite
pour le concours qui se faisoit à leurs
Tombeaux. On la croit du commencement
du septiéme siecle. L'Ombre de
M. Thiers auroit pû l'ajouter aux exemples
de Tranflations de Saints Confesseurs
qui autorisent sa rétractation * sur celle
de S. Firmin le Confès d'Amiens , outre
1
Cette rétractation est imprimée dans le Mersure:
de Juin x7.3.1 IĮ. volume.
celles
846 MERCURE DE FRANCE
celles de S. Vaast d'Arras , qui fut faite
dans le même siecle par S. Aubert , l'un
de ses Successeurs , et celle de S. Maximin
, Evêque de Tréves , faite aussi alors
par S. Hidulfe , Corevêque de ce Siege.
Je ne parle pas de quelques autres plus
anciennes , telle que celle des Saints Evêques
de Verdun , prédecesseurs de S. Airy
, faite par lui -même au sixiéme siecle ,
ni de celle de S. Gatien , premier Evêque
de Tours , faite par S. Martin.
On doit compter parmi les Martyrologes
où la premiere Tranfiation du Corps
de S. Agnan se trouve , outre celui de
Bede , deux autres qui ont été publiez
par Dom Martene , l'un au troisiéme vofume
de ses Anecdotes , page 1556. où
on lit Aurelianis Translatio S. Aniani ;
l'autre au sixième tome de son ample Col
lection , page 708. où se lit ce qui suit :
In civitate Aurelianis Tranflatio Corporis
S. Aniani Episcopi , et liberatio civitatis
ipsius à Hunnis. Les deux premiers sont
anterieurs au Roy Robert. Le troisiéme
a été écrit de son temps ; mais il copie
le fait de la premiére Transflation , et
non pas celle qui fut faite sous son Regne
l'an 1029. M. de Tillemont s'étonnoit
en 1697. que dans le Breviaire d'Orleans
, publié en 1693 , par M. de Coiſlin ,
l'on
MAY. 1734. 847
l'on ne parlât au XIV. Juin , que de la
Tranflation faite sous le Roy Robert :
et sa surprise étoit bien fondée . Il auroit
fallu en effet parler en ce jour d'abord
de la délivrance de la Ville d'Orleans
des mains des Huns , qui est le premier
Evenement remarquable , par rapport à
ce qui regarde S. Agnan . Puisque la Tradition
étoit il y a neuf cent ans ou mille
ans , que cette délivrance étoit arrivée
le 14. Juin , il étoit bon d'en conserver
la memoire à ce jour et de ne la pas porter
au 17. de Novembre , jour de la mort
du saint Evêque , comme on m'a assuré
qu'elle y a été portée avec son ancien
nom de Fête du Miracle. Secondement ,
il étoit à propos d'y inserer le souvenir
de la premiere Tranflation , au moins
d'une maniere generale ; puisque c'est
elle probablement qui a été la cause pour
laquelle on choisit en 1029. le 14 , et le
Is. Juin faire la seconde et pour
pour
proceder à la Dédicace de la nouvelle
Basilique , dont il ne reste plus aujourd'hui
que les Souterrains.
Ce sont autant de corrections qu'on
auroit pû faire dans la nouvelle Edition
du Breviaire d'Orleans de l'an 1731. mais
au lieu de cela , les Réviseurs ont mieux
aimé rétablir dans la Legende de S. Agnan
l'expres
848 MERCURE DE FRANCE
l'expression , qui avoit fait naître ancien
nement l'erreur populaire , que M. le
Brun des Marettes a combattuë et queje
combats après lui par un texte dont
on aura de la peine à éluder la force.
Ce deffaut d'exactitude dans les Légendes
locales , se trouve aussi accompagné
du retranchement de l'Office de plusieurs
Saints Locaux . Je me contenterai pour
le présent de nommer S. Aunaire , fameux
Evêque , né au VI . siecle dans la
Ville d'Orleans , mort le 25. Septembre ,
et d'y ajoûter une Fête que les Auteurs
du IX. siecle qualifioient de celebre dans
toutes les Eglises des Gaules au 1. Octobre,
laquelle étoit en memoire d'un Saint ,
qui en passant par Orleans au V.- siecle ,
y avoit operé deux Miracles rapportez
dans les Manuscrits de la Cathédrale
même. Tant que les Calendriers des nouveaux
Breviaires particuliers , ne seront
pas fondez sur les Histoires locales , les
imperfections y seront inévitables .
Il est temps maintenant de vous donner
la Lettre que M. Baillet écrivoit
le 16. Décembre 1703. à M. le Brun ,
duquel je vous ai parlé ; les plus petites
Productions de la plume des grands
Hommes , sont toujours bonnes à recueillir..
»Ja
MAY. 1734. 849
t
it
es
To
33
» Je suis fâché , M. que le mois de
» Novembre soit achevé pour la réim-
» pression , car je me serois fait un plai-
» sir et un devoir de profiter de ce que
» vous remarquez au sujet du lieu de la
Sépulture de S. Agnan , et de l'emploi
qu'il eut à S. Laurent avant son Epis-
» copat ; et je n'aurois point fait difficul-
» té de changer le titre équivoque d'A-
» bé , quoique l'on pût l'entendre d'un
» Superieur ou Pasteur de Paroisse , sans
prétendre qu'il y eût des Moines. Il
>> me paroît que les autres endroits sur
»quoi tombent vos Remarques , peuvent
» s'expliquer favorablement et subsister
»comme je les ai mis sans préjudice de
la verité des faits , autant qu'on peut
» faire foy sur l'autorité humaine. Je
n suis , &c .
と
2
Ce 17. Novembre 1733 .
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Résumé : LETTRE de M. L*** Ch. et S. d'Auxerre, aux Auteurs du Mercure de France, touchant la Sépulture de saint Agnan, Evêque d'Orleans.
M. L*** répond à une publication du Mercure de France concernant la sépulture de saint Agnan, évêque d'Orléans. Il mentionne que M. le Brun avait rédigé une dissertation sur ce sujet, dont un extrait avait été publié dans le Mercure de Septembre 1734. M. L*** possède cette dissertation manuscrite ainsi qu'une lettre de M. Baillet à ce sujet. La lettre rectifie une erreur selon laquelle saint Agnan aurait été inhumé dans l'église de Saint-Laurent à l'ouest d'Orléans. Plusieurs témoignages, dont ceux du testament de Chrodebode, de la vie de saint Mémin et de saint Euspice, ainsi qu'une vie authentique de saint Agnan, démontrent que cette croyance est erronée. Une église de Saint-Laurent existait également à l'est d'Orléans, et il était courant qu'une ville possède plusieurs églises portant le même nom. L'auteur soutient que le corps de saint Agnan a été transféré d'un oratoire de Saint-Laurent situé dans le champ de Tétrade à l'église de Saint-Pierre, qui est devenue par la suite l'église Saint-Agnan. Cette translation est attestée par des martyrologes et calendriers anciens, et elle est datée du début du septième siècle. La confusion populaire a attribué cette translation à l'église de Saint-Laurent des Orgerils, située à l'ouest, alors qu'elle concernait un oratoire à l'est. M. Baillet et le père de Longueval n'ont pas adopté la tradition erronée de la translation du corps de saint Agnan. L'auteur critique également le Breviaire d'Orléans de 1731 pour avoir omis de mentionner la première translation et la délivrance de la ville d'Orléans des Huns, événements liés à saint Agnan. Il conclut en mentionnant une lettre de M. Baillet à M. le Brun, datée du 16 décembre 1703, qui reconnaît les remarques de M. le Brun sur la sépulture de saint Agnan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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