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Titre

SENTIMENS SUR TOUTES LES QUESTIONS PROPOSEES DANS LE DERNIER EXTRAORDINAIRE.

Titre d'après la table

Sentimens en Vers sur toutes les Questions du dernier Extraoedinaire ; par M. Diéreville,

Page de début
157
Page de début dans la numérisation
166
Page de fin
163
Page de fin dans la numérisation
172
Incipit

Quelle fortune est la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont

Texte
SENTIMENS
SUR TOUTES LES QUESTIONS
PROPOSEES DANS LE DERNIER
EXTRAORDINAIRE.
QUELLE FORTUNE EST
la plus fatisfaifante en Amour,
celle d'un Amant dont les foins
font receus d'abord agreablement
, & prefque auffi toft re.
compenfez , ou le bonheur de
celuy qui apres avoir aimé
quelque temps fans efpérance ,
trouve enfin le coeur de fa
Maiftreffe fenfible .
Lo
Ors que dans l'Amoureux Empire
Sans efpoir un Amant foûpire,
Et qu'enfin la Beauté qu'il aime tendrement
158
Extraordinaire
Paroiftfenfible à fon martyre,
Pour ce tendre & fidelle Amant
C'eft fans doute un plaifir charmant.
Cependant, ma chere Sylvie,
Ilne flatte point mon envies
Unplaifir en Amour trop long- temps
attendu
N'a pour moy que defoibles charmes ,
Je ne puis m'empêcher de fonger qu'il
m'eft dû
Apres de longs ennuis , des foûpirs, &.
des larmes.
Je commence à fentirpour vous
Tout ce qu'Amour a de plus doux,
Fen reffens en un mot toute la violence;
Si vous voulez de bonne intelligence
Me donner un plaifir divin,
C'eft de m'entémoigner voftre reconnoiffance
Aujourd'huyplûtoft que demain.
du Mercure Galant. 159
Si l'entiere liberté de le voir peut
long-temps entretenir l'Amour
dans toute fa force,
Quandje voyois Philis à toute heure
- Pour luy parlerde mon amour,
Rien ne s'oppofoit à ma flâme,
Je la voyoisfacilement,
Mais auffifentois-je en mon ame
Que c'eftoitfans empreſſement,
Et que l'amour que cette Belle
Avoitfçu m'inspirer pour elle,
Diminuoit fenfiblement.
Aujourd'huy c'est toute autre chofe,
Tout fait obftacle à mes plaifirs,
Et plus je reconnois qu'à mes voeux l'on
s'oppoſe,
Plus je fens croiftre mes defirs .
Un Amant eft bafty d'une certaine forte,
Qu'ilnepeut long-temps vivre enpaixi
Le trouble a pour luy tant d'attraits,
Qu'il rendfa paffion plusforte.
160 Extraordinaire
Il ne peut goufter la douceur
D'un bien qu'il poffe defans peine ;
Ilfaut qu'ilfoit traversé dans fa chaine,
Pour qu'il enfaffe fon bonheur.
Enfin je connois par moy-mefme,
Qu'un Amant dansfes fers vent eftre inquieté,
Et qu'il n'auroit jamais une conftance extréme
Parmy trop de tranquilité.
Si un honneſte Homme eft excufable
, d'eftre affez Efclave
de fa paffion pour continuer
d'aimér une Perfonne qui le
pouffe à faire une lâcheté.
J
Aime Philis de tout mon coeur,
Enfin autant qu'elle eſt aimable;
Mais malgré toute mon ardeur,
Je ne croiray jamais que jefuffe excufable,
Sipour tousfes appas je perdois mon bonneur.
Cetteperte eftindubitable
du Mercure Galant. 1611
Enfaifant une lâcheté,
Et qui plus eft, irréparable;
Ce n'eft pascomme une Beauté.
Je n'ay qu'un honneur en partage,
Des Maiftreffes, vingt ſi je veuxs :
Ainfi , lors que Philism'engage
A le perdre pourfesbeaux yeux,
Je ne puis, je croy , faire mieux,
Que de me titer d'esclavage.
Un Homme en mourant a deux
Amis auprés de luy , il en fait
retirer un parce que fa préfence
l'afflige , & il fait demeurer
l'autre , par ce que
préfence le confole . On demande
lequel il aime davantage.
J E ſuppoſe eſtre à l'agonie,
Car, Dieu-mercy, je mefens pleinde
vie;
Si j'eftois dans un bon Repas,
Q. de Fanvier 1685,
fa
162 Extraordinaire-
1
Ou-bien auprés de ma Sylvie,
Sans doute Lapétit ne me manqueroit pass
Enfin je ne croy point aller fi- teft là- bas.
Selon l'ordre de la Nature
Je franchirois trop vite un fi dangereux
Pas;
Mais toutes ces raisons ne me font rien.
conclure.
Ilfaut que je pofe le cas
Que la Parque me tend les bras ,
(O Ciel, quelle horrible figure! )
Et que deux bons Amis , Damon, & Licidas,
Sont les triftes Témoins dù tourment quej'endure.
Dans une telle occafion ·
Faygrand befoin de confolation,
Et quipeut m'en donner, m'obliges
C'eft Damon Licidas m'afflige,.
;
Lors que je n'ay déja que trop d'affliction.
Ainfi dans cet étatfunefte
Je lefais retirer, & l'autre feul me refte,.
L'en aimay-je mieux pour cela?
La Queftion eft difficiles
du Mercure Galant: 163
Je ne lefais demeurer là,
Que parce qu'il me femble utile .
Mon coeur pour Licidas s'intéreſſe plus
fort,
Jefens une Amitiéplus belle & plus conftante;
Et lors que je veux qu'il s'abfente,
C'est quedu coup tout preft à me donner la
mort
Je crains trop qu'il neſe reſſente.
DIEREVILLE
Signature

DIEREVILLE.

Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Résumé
Le texte, extrait du Mercure Galant de 1685, explore divers sentiments amoureux et dilemmes moraux. L'auteur compare deux types de bonheur en amour : celui d'un amant dont les désirs sont immédiatement satisfaits et celui qui, après avoir aimé sans espoir, voit finalement son amour réciproque. Il préfère le bonheur immédiat, trouvant peu d'attrait à un amour longuement attendu. L'auteur évoque ensuite sa relation avec Sylvie, exprimant son désir de voir sa reconnaissance sans délai. Il compare cette situation à son amour pour Philis, qu'il voyait librement mais sans empressement, contrairement à maintenant où les obstacles augmentent ses désirs. Il réfléchit sur la nature de l'amour, affirmant qu'un amant est troublé et que la passion est plus forte lorsqu'elle est contrariée. Il se demande si un homme est excusable de sacrifier son honneur pour l'amour, concluant qu'il ne le serait pas. Enfin, l'auteur utilise une métaphore de la mort pour illustrer la difficulté de choisir entre deux amis en fin de vie, soulignant que son cœur s'intéresse davantage à Licidas, malgré la présence de Damon. Il conclut que son choix est dicté par l'utilité et la crainte de blesser Licidas.
Est rédigé par une personne
Soumis par conusm le