Titre
EPITRE Présentée à M. le Prince de Soubise, par le sieur Baratte, soldat au Régiment de Penthievre Infanterie.
Titre d'après la table
Epître présentée à M. le Prince de Soubise ; par Sr Baratte, soldat au Régiment de Penthievre Infanterie,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
5
Page de début dans la numérisation
12
Page de fin
7
Page de fin dans la numérisation
14
Incipit
PRINCE, dont la grandeur sur la vertu se fonde,
Texte
EPITRE
Préfentée à M. le Prince de Soubife , par le
fieur Baratte , foldat au Régiment de Penthievre
Infanterie.
PRINCE, RINCE , dont la grandeur fur la vertu fe
fonde ,
Qui partage avec tant d'éclat
Pour être exact , il faudroit dire qui partages;
mais c'eft une licence permife à un poëtefoldat qui
verfifie militairement.
A iij
6 MERCURE DE FRANCE.
Les auguftes faveurs du plus grand Roi dumonde
:
Digne héros , pere du vrai foldat ,
Soubife , ta bonté m'anime & m'encourage.
J'ofe efperer que tes regards
Ne
dédaigneront pas l'hommage
D'un jeune nouriffon de Bellone & de Mars..
Je ne fuis pas une Mufe polie ,
Admife à la table des Dieux :
Et le Nectar & l'ambroifie
Sont des mets délicats inconnus à mes yeux ..
Je fuis une Mufe guerriere ,
Qui fe plait au milieu du tumulte & des cris ,
Et qui n'ofa jamais paroître à la lumiere ,
Crainte d'effuyer des mépris.
Ami fecret de Virgile & d'Horace ,
Avec eux je paffe mes jours ,
Sans prétendre arriver par de fâcheux détours
jufques au fommet du Parnaſſe.
Lorfque je fuis en faction
Sur la pointe triangulaire
D'un rédoutable baftion ,
Et mon fufil en bandoliere ,
Je me crois fur le double mont.
L'onde fale & marécageuſe ,
Qui remplit le foffé profond ,
Eft pour moi la fontaine heureuſe
Qui baigne le facré vallon.
Quand au Pégale qui me meine
OCTOBRE. 1755. 7.
Près de ce nouvel Hypocrene ,
Et fur ce Parnaſſe charmant :
C'eft un Caporal Allemand.
A tourner un fufil , briller à l'exercice ,
Marcher différens pas , tons au fon du tambour !
M'occuper la nuit & lejour
A bien m'acquitter da fervice ;
Préférer le bruit du canon
Aux fons harmonieux des enfans d'Apollon ,
L'odeur du foufré & du falpêtre
A celle des lauriers plantés fur l'Hélicon ;
Je l'avouerai , telle doit être
Ma plus chere occupation.
Ne crains donc pas qué d'un ftyle emphatique ;
Et le plus fouvent ennuyeux ,
J'aille d'un long panégyrique
Etourdir ton oreille ou fatiguer tes yeux.
Pour un Auteur le champ fans doute eft magnifique
;
Et je n'aurois qu'à répéter
Tout ce que dit la voix publique ;
Mais la raifon me force à m'arrêter.
L'honneur de parcourir cette noble carriere
Eft réservé pour de plus grands efprits ;
Je n'ofe paffer la barriere ,
Et crains de t'ennuyer par mes foibles écrits .
Cette entreprife eft digne de Voltaire .
Pour moi fans me charger d'un emploi fi hardi :
Te voir , t'admirer , & me taire ,
Voilà mon plus fage parti.
Préfentée à M. le Prince de Soubife , par le
fieur Baratte , foldat au Régiment de Penthievre
Infanterie.
PRINCE, RINCE , dont la grandeur fur la vertu fe
fonde ,
Qui partage avec tant d'éclat
Pour être exact , il faudroit dire qui partages;
mais c'eft une licence permife à un poëtefoldat qui
verfifie militairement.
A iij
6 MERCURE DE FRANCE.
Les auguftes faveurs du plus grand Roi dumonde
:
Digne héros , pere du vrai foldat ,
Soubife , ta bonté m'anime & m'encourage.
J'ofe efperer que tes regards
Ne
dédaigneront pas l'hommage
D'un jeune nouriffon de Bellone & de Mars..
Je ne fuis pas une Mufe polie ,
Admife à la table des Dieux :
Et le Nectar & l'ambroifie
Sont des mets délicats inconnus à mes yeux ..
Je fuis une Mufe guerriere ,
Qui fe plait au milieu du tumulte & des cris ,
Et qui n'ofa jamais paroître à la lumiere ,
Crainte d'effuyer des mépris.
Ami fecret de Virgile & d'Horace ,
Avec eux je paffe mes jours ,
Sans prétendre arriver par de fâcheux détours
jufques au fommet du Parnaſſe.
Lorfque je fuis en faction
Sur la pointe triangulaire
D'un rédoutable baftion ,
Et mon fufil en bandoliere ,
Je me crois fur le double mont.
L'onde fale & marécageuſe ,
Qui remplit le foffé profond ,
Eft pour moi la fontaine heureuſe
Qui baigne le facré vallon.
Quand au Pégale qui me meine
OCTOBRE. 1755. 7.
Près de ce nouvel Hypocrene ,
Et fur ce Parnaſſe charmant :
C'eft un Caporal Allemand.
A tourner un fufil , briller à l'exercice ,
Marcher différens pas , tons au fon du tambour !
M'occuper la nuit & lejour
A bien m'acquitter da fervice ;
Préférer le bruit du canon
Aux fons harmonieux des enfans d'Apollon ,
L'odeur du foufré & du falpêtre
A celle des lauriers plantés fur l'Hélicon ;
Je l'avouerai , telle doit être
Ma plus chere occupation.
Ne crains donc pas qué d'un ftyle emphatique ;
Et le plus fouvent ennuyeux ,
J'aille d'un long panégyrique
Etourdir ton oreille ou fatiguer tes yeux.
Pour un Auteur le champ fans doute eft magnifique
;
Et je n'aurois qu'à répéter
Tout ce que dit la voix publique ;
Mais la raifon me force à m'arrêter.
L'honneur de parcourir cette noble carriere
Eft réservé pour de plus grands efprits ;
Je n'ofe paffer la barriere ,
Et crains de t'ennuyer par mes foibles écrits .
Cette entreprife eft digne de Voltaire .
Pour moi fans me charger d'un emploi fi hardi :
Te voir , t'admirer , & me taire ,
Voilà mon plus fage parti.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Domaine
Est adressé ou dédié à une personne