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Titre

ELEGIE.

Titre d'après la table

Elegie de M. Ferier Autheur de l'Adieu aux Muses.

Page de début
121
Page de début dans la numérisation
141
Page de fin
131
Page de fin dans la numérisation
151
Incipit

Prendre ce party est une maniere fort honneste de dire

Texte
Pren- dre ce party eſt une maniere fort honneſte de dire adieu au
Monde apres avoir expoſe ſa vie pour fon Prince , pendant un fort grand nombre d'années.
Des Adieux de cette forte ne
me paroiſtront jamais devoir eſtre retractez ; mais vous allez
voir, Madame, quej'avoisquel- que ſujetde n'en pas croire en- tierement celuy qui pretendoit l'avoir dit pour toûjours aux Muſes. Ses Amis n'ont pû ſoû- frir qu'il ſe dérobât plus long- temps lagloire qui luyeſt deuë.
Ils l'ont fait connoiſtre , & j'ay àvous apprendre qu'il s'appelle
GALANT. 81I
M.Ferrier. Les loüanges qu'il a
reçeuës ſur le tour aiſe qu'il donne à ſes Vers , l'ont engagé à faire un Ouvrage Galant qu'on croit déja ſous la Preffe.
On ne m'en a pû dire le Titre,
mais vous pouvez juger de quelle beauté il ſera par cette Elegie qui en doit faire le com- mencement. Elle donne lieu
de conjecturer que cet Ouvrage contiendra les manieres qui peuvent faire acquerir l'eftime du beau Sexe aux honneſtes
Gens , &on ne peut douter que cette matiere ne ſoit traitéedelicatement par un Homme qui penſe juſte , & qui écrit avec une fortgrande netteté.
Dv
82. LE MERCVRE
LIO THE
好好好好好好好好好好好好好好
1893 ELEGIE
.
Maistrefubtiles de tousflames les Dieux dont
Nebrûlentpoint les cœursfans éclairer
lesames ,
Amour, c'est àtoy ſeul que confacrant
mes Vers ,
Ievay de tes fecrets instruire l'Univers.
:
Ainsi, dans mes écrits revelant la Science ,
Detes droits ſur les cœurs j'étendray la puiſſance ,
Et ma Muse àton Temple appellant les Mortels,
Fera de toutes parts encenfer tes Au- tels ;
Ces Vers dontjetefais un heureuxfas
crifice ,
Am'en récompenser engagent ta ju- ffice.
Quoy,pourrois-tu me voir Esclave re- buté
GALANT. 83
D'une ingrate Maiſtreſſe effuyer la fierté ,
Moy, qui par desavis auſſi ſeurs que fidelles,
Montre l'art de toucher les Maiſtreſſes
cruelles?
Non,Amour, tu le vois, qu'ileſt de ton honneur A
D'employertous tesſoinsauſoin demon bonheur.
Ienedemandepas qu'à mes vœux fam vorable ,
Atoutes les Beauteztu me rendes ai- mable , T
Jen'étenspassiloin mes projets amou
reux ,
Etce n'est que Philis que demandent
mesvœux ,
Philis que j'aime envain , &dont l'indifference
Par de longues froideurs éprouve ma
constance.
Mais cette ame inſenſible auxpreuves
demafoy ,
Lefera-t-elle encorefi tu combatspour
moy ?
Dvj
84 LE MERCVRE Si i'obtiensfurſon cœurune entierevi- Etoire,
Lefruit que i'en auray t'en aſſure la gloire.
Pourtoy plus que pour moyfois ialoux de tesdroits ,
Aux cœurs indifferens fais réverer tes
Loix ,
Et foûmettant l'orgueil d'une Beauté rebelle ,
Fay luy sentirpourmoy ce que je sens pour elle.
Pendant que je pouffois ces regrets
amoureux ,
L'Amour vint me promettre un destin plusheureux.
•Toy qu'un zele fi fort attache à mon fervice,
Espere tous , dit-il , quand je te ſuis
propice :
Tum'as fait une offrande à n'oublier
jamais.
Et mesgracespourtoy préviendront tes Soubaits.
Des Dieuxpour les Mortel's la bonné Sans mesure,
D'unpeu d'encens brûlé les payeaves usures
GALANT. 85 Mais en est-il aucun de ces Dieux bienfaifans ,
Qui puiſſe parses dons égaler mes pre- Sens?
Helene,de Paris fut ledigne ſalaire
Désqu'on l'eut veu juger enfaveur de
ma Mere.
Iulie, aux yeuxde Rome , au milieude La Cour ,
D'Ovide ,par mes foins favoriſa l'amour.
Crois- tu que maintenant à tes veux
moins propice ,
Iemanque de puiſſance ,oumanquede justice,
Moy qui ſans borne juste,& puiſſant en tous lieux ,
Aurang de mes Sujets compte mesme les Dieux?
Ainsi,que ta Philis s'arme d'indiference ,
Elle doit sa tendreſſe à ta perſeverance.
Necrains rien , &fidelle aux yeux qui
t'ontcharmé,
Aime,le Dieud'Amour t'affure d'estre aimé. L
86 LE MERCVRE
Ah , Philis , vondrois-tudémentirfes
Oracles ,
Aux biens qu'il me promet oposer des obstacles?
Non,Sans doute, & ton cœur moinsrebelle àfes loix ,
Suivra l'avis d'un Dieu qui parle par
mavoix.
Si tu n'écoutes point fon fidelle Interprete,
Aumoins de ta raiſon entens la voix Secrete ,
Quitefollicitant de te laiſſer charmer ,
Te dit tout bas qu'un cœur n'est fait
quepouraimer.
Auxdouceurs de l'amourne fois donc
plus contraire ,
On ne peut en joüir qu'autant que l'on Sçait plaire ,
Etle Soleil,d'ailleursfijuſte dansfon
cours,
D'un plusrapide pas mesure nos beaux
jours.
LaNature,que regle une haute Prudence ,
En joignant de ſi prés la mort à ta naiſſance,
GALANT. 87 Semble nous avertir qu'il nous faut ménager
Iusqu'aumoindre moment d'un tempsſe paſſager.
Quelque courte en effet que paiſſe eſtre lavie,
Elle pourroit fuffire à remplir nostre envie ,
Sidonnant libre effor ànos jeunes defirs,
Désquel'onpeut lesprendre on prenoit les plaisirs.
Mais loin que la raison regte nos de ſtinées ,
Nous perdonsſans aimer nos plus bel- les années ,
Et lors que la vieilleffe efface nos
appas,
Nous cherchons les Amours &ne les
trouvonspas.
Ne croy point que des ans l'injurieux
• outrage Epargnepar respect les lis de ton vi- Sage.
Non, Philis , la beauté doit unjour te quitter.
Avant qu'elle te quitte il en fautpro five
Nom
Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est probablement rédigé par une personne
Soumis par delpedroa le