Titre
EPITRE A ZÉLIDE. PAR M. RENOUT. Notre bonheur dépend de nous-mêmes.
Titre d'après la table
Epître à Zelide,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
7
Page de début dans la numérisation
230
Page de fin
9
Page de fin dans la numérisation
232
Incipit
Un jour, Zélide, un seul instant d'allarmes ;
Texte
EPITRE A ZÉLID E.
PAR M. RENOUT.
Notre bonheur dépend de nous -mêmes.
Njour , Zélide , un feul inftant d'allarmes ;
jour ,
De vos attraits peut ravir la fraîcheur ;
C'eft un poifon : l'on ne voit point les charmes
Croître & fleurir au fein de la douleur.
Suivez les ris , la beauté fuit leurs traces ,
Elle languit fans le feu des defirs ;
C'est l'enjoument qui fait naître les graces ;
Animez -les par la voix des plaifirs.
Dans vos tifons , que la flamme confume,
De votre fort vous lifez l'avenir ? .....
Hé quoi des feux qu'un tendre amour allume ,
Retracez-vous le charmant fouvenir.
Quand les frimats femblent vieillir la terre
Pourquoi penfer au nombre de vos ans ?
Songez plutôt que la neige refferre ,
Couve & nourrit les germes du printems.
Fuyez les bois dépouillés de verdure ,
Prenez le beau de toutes les faifons ,
Voyez nos champs reprendre leur parure
Nous annonçer de nouvelles moiffons.
D'un grand danger la fievre vous menace ...
A iv
8
MERCURE DE FRANCE.
Dans l'opiat qui coule en votre ſein ,
Voyez toujours un remede efficace ;
Un ferme efpoir vaut prefque un médecin.
> Si vous vivez d'un petit héritage
C'en eft affez : qui peut tenter vos voeux ?
Promenez - vous fur le riche appanage
De vos voisins ; c'eft en jouir comme eux.
Contens du fort où nous avons pris Pêtre ,
Des vains defirs évitons le tourment ;
D'un fatisfait , mille autres vont renaître ,
Et l'abondance en devient Paliment.
Par les plaifirs qu'un fpectacle raffemble ,
Dites , c'eft moi qu'on veut feule amufer ;
Vous en goutez autant que tous enſemble;
Tout appartient à qui fçait s'abufer.
N'écoutez pas une folle triftefle
Qui peut ravir le repos fans retour ;
Songez , hélas ! que le trait qui vous blefle
Va par fon poids s'enfoncer chaque jour..
Non , il n'eft point de malheur véritable ,
Nous voyons tout par les yeux de l'erreur ;
Et tout peut prendre une face agréable ,
L'homme fait feul fa peine ou fon bonheur.
C'eft fe voler l'inftant où l'on s'ennuie ..
En vous traçant l'art charmant de jouir ,
Voilà déja deux heures de ma vie
Que je confacre aux attraits du plaifir.
MAI.
517553
9
Bientôt après votre flateufe image
Peut à mon coeur offrir d'autres appas :
Il eft des biens qu'un rêve nous ménage ,
Il fait jouir de ceux que l'on n'a pas.
Pour être heureux , la plus fûre fcience...
Eft de fçavoir ennivrer la raiſon.
La vérité fert bien moins qu'on ne penfe ;
On doit fouvent tout à l'illufion.
PAR M. RENOUT.
Notre bonheur dépend de nous -mêmes.
Njour , Zélide , un feul inftant d'allarmes ;
jour ,
De vos attraits peut ravir la fraîcheur ;
C'eft un poifon : l'on ne voit point les charmes
Croître & fleurir au fein de la douleur.
Suivez les ris , la beauté fuit leurs traces ,
Elle languit fans le feu des defirs ;
C'est l'enjoument qui fait naître les graces ;
Animez -les par la voix des plaifirs.
Dans vos tifons , que la flamme confume,
De votre fort vous lifez l'avenir ? .....
Hé quoi des feux qu'un tendre amour allume ,
Retracez-vous le charmant fouvenir.
Quand les frimats femblent vieillir la terre
Pourquoi penfer au nombre de vos ans ?
Songez plutôt que la neige refferre ,
Couve & nourrit les germes du printems.
Fuyez les bois dépouillés de verdure ,
Prenez le beau de toutes les faifons ,
Voyez nos champs reprendre leur parure
Nous annonçer de nouvelles moiffons.
D'un grand danger la fievre vous menace ...
A iv
8
MERCURE DE FRANCE.
Dans l'opiat qui coule en votre ſein ,
Voyez toujours un remede efficace ;
Un ferme efpoir vaut prefque un médecin.
> Si vous vivez d'un petit héritage
C'en eft affez : qui peut tenter vos voeux ?
Promenez - vous fur le riche appanage
De vos voisins ; c'eft en jouir comme eux.
Contens du fort où nous avons pris Pêtre ,
Des vains defirs évitons le tourment ;
D'un fatisfait , mille autres vont renaître ,
Et l'abondance en devient Paliment.
Par les plaifirs qu'un fpectacle raffemble ,
Dites , c'eft moi qu'on veut feule amufer ;
Vous en goutez autant que tous enſemble;
Tout appartient à qui fçait s'abufer.
N'écoutez pas une folle triftefle
Qui peut ravir le repos fans retour ;
Songez , hélas ! que le trait qui vous blefle
Va par fon poids s'enfoncer chaque jour..
Non , il n'eft point de malheur véritable ,
Nous voyons tout par les yeux de l'erreur ;
Et tout peut prendre une face agréable ,
L'homme fait feul fa peine ou fon bonheur.
C'eft fe voler l'inftant où l'on s'ennuie ..
En vous traçant l'art charmant de jouir ,
Voilà déja deux heures de ma vie
Que je confacre aux attraits du plaifir.
MAI.
517553
9
Bientôt après votre flateufe image
Peut à mon coeur offrir d'autres appas :
Il eft des biens qu'un rêve nous ménage ,
Il fait jouir de ceux que l'on n'a pas.
Pour être heureux , la plus fûre fcience...
Eft de fçavoir ennivrer la raiſon.
La vérité fert bien moins qu'on ne penfe ;
On doit fouvent tout à l'illufion.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs