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Page de début
83
Page de début dans la numérisation
316
Page de fin
85
Page de fin dans la numérisation
318
Incipit
JOURNAL ÉTRANGER, ouvrage périodique, Janvier 1755, qui a pour épigraphe,
Texte
OURNAL ÉTRANGER , ouvrage périodique
, Janvier 1755 , qui a pour épigraphe
, Externo robore crefcit , Claud . &
qui fe vend à Paris , au Bureau du Journal
Étranger , rue Saint Louis au Marais ,
vis-à - vis le Bureau de la Régie des cartes ;
chez Piffot , quai de Conti ; Sangrain le
fils , & Duchefne , rue Saint Jacques.
M. l'Abbé Prévôt eft à préſent à la tête
de ce Journal , qui ne peut être rédigé
par une plume plus élégante ; elle embellit
tout ce qu'elle traite . Son Avertiffement
eft une pièce d'éloquence , les promeffes
qu'il y fait au public font magnifiques , &
perfonne n'eft plus en état de les remplir
que lui. Cet éloge de ma part eft d'autant,
moins fufpect , que je le loue à mon préjudice.
C'eft un nouveau Journal qui s'éleve
, pour ainfi dire , à mes frais & dépens
; il prend la même forme , il embraffe
, comme moi , tous les genres : il ne
fe borne pas à la littérature fçavante , il
étend fes courfes fur toute la partie agréable
, & même fur celle des fpectacles , qui
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
font mon domaine particulier. Comme il
ufurpe ainfi tous mes droits , il ne doit
pas trouver mauvais que je m'enrichie
quelquefois de fon butin , & que je falſe
ufage des extraits qu'il donnera des piéces
de Théatre , ou des Romans étrangers
pour les oppofer aux nôtres. Mon but eft
de mettre par là le lecteur françois à portée
de connoître l'efprit des autres nations ,
& de comparer leur goût avec le fien pour
en mieux fentir la différence ; c'eſt le plus
fûr moyen
de guérir les préventions trop
fortes pour ou contre les étrangers . Les
uns trouvent les feuls ouvrages anglois
admirables , ils font le fruit du génie :
les autres n'approuvent que les écrits françois
; ils font le modele du goût. Je crois
que ce goût pur & vrai reffemble à la
vertu , qu'il fuit les extrêmités , qu'il
n'eft ni en-deça ni au- delà , & qu'il refide
, comme elle , dans un milieu raifonnable.
N'en ayons jamais d'exclufif ; eftimons
les étrangers par où ils font eftimables
; fans nous déprimer , louons encore
moins notre efprit aux dépens du
leur ; ne les étudions que pour nous perfectionner
enrichiffons notre littérature
de leurs tréfors , & profitons de leurs beautés
fans imiter leurs défauts. Je com -
mence par le précis ou le programme de
FEVRIER. 1755. 85
Philoclée , tragédie angloife , dont M.
l'Abbé Prévôt a fait un extrait détaillé :
mais je le porte à l'article des Spectacles ,
il fera là mieux à fa place. Les piéces de
comparaifon y feront plus voifines ; j'y
renvoye le lecteur , il y trouvera Philoclée
après le Triumvirat .
, Janvier 1755 , qui a pour épigraphe
, Externo robore crefcit , Claud . &
qui fe vend à Paris , au Bureau du Journal
Étranger , rue Saint Louis au Marais ,
vis-à - vis le Bureau de la Régie des cartes ;
chez Piffot , quai de Conti ; Sangrain le
fils , & Duchefne , rue Saint Jacques.
M. l'Abbé Prévôt eft à préſent à la tête
de ce Journal , qui ne peut être rédigé
par une plume plus élégante ; elle embellit
tout ce qu'elle traite . Son Avertiffement
eft une pièce d'éloquence , les promeffes
qu'il y fait au public font magnifiques , &
perfonne n'eft plus en état de les remplir
que lui. Cet éloge de ma part eft d'autant,
moins fufpect , que je le loue à mon préjudice.
C'eft un nouveau Journal qui s'éleve
, pour ainfi dire , à mes frais & dépens
; il prend la même forme , il embraffe
, comme moi , tous les genres : il ne
fe borne pas à la littérature fçavante , il
étend fes courfes fur toute la partie agréable
, & même fur celle des fpectacles , qui
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
font mon domaine particulier. Comme il
ufurpe ainfi tous mes droits , il ne doit
pas trouver mauvais que je m'enrichie
quelquefois de fon butin , & que je falſe
ufage des extraits qu'il donnera des piéces
de Théatre , ou des Romans étrangers
pour les oppofer aux nôtres. Mon but eft
de mettre par là le lecteur françois à portée
de connoître l'efprit des autres nations ,
& de comparer leur goût avec le fien pour
en mieux fentir la différence ; c'eſt le plus
fûr moyen
de guérir les préventions trop
fortes pour ou contre les étrangers . Les
uns trouvent les feuls ouvrages anglois
admirables , ils font le fruit du génie :
les autres n'approuvent que les écrits françois
; ils font le modele du goût. Je crois
que ce goût pur & vrai reffemble à la
vertu , qu'il fuit les extrêmités , qu'il
n'eft ni en-deça ni au- delà , & qu'il refide
, comme elle , dans un milieu raifonnable.
N'en ayons jamais d'exclufif ; eftimons
les étrangers par où ils font eftimables
; fans nous déprimer , louons encore
moins notre efprit aux dépens du
leur ; ne les étudions que pour nous perfectionner
enrichiffons notre littérature
de leurs tréfors , & profitons de leurs beautés
fans imiter leurs défauts. Je com -
mence par le précis ou le programme de
FEVRIER. 1755. 85
Philoclée , tragédie angloife , dont M.
l'Abbé Prévôt a fait un extrait détaillé :
mais je le porte à l'article des Spectacles ,
il fera là mieux à fa place. Les piéces de
comparaifon y feront plus voifines ; j'y
renvoye le lecteur , il y trouvera Philoclée
après le Triumvirat .
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Domaine
Concerne une oeuvre