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Incipit

TRAITÉ de la Diction, par M. Esteve, de la Société royale des Sciences de Montpellier

Texte
TRAITÉ de la Diction , par M. Eſteve ,
de la Société royale des Sciences de Montpellier
, vol. in - 12 , 1755. A Paris , chez
Duchefne , Libraire , rue S. Jacques , &c .
Il ne faut rien moins qu'un efprit exercé
dans les fciences abftraites pour faire de
nouvelles découvertes fur la diction . Arif.
rote , Ciceron , Quintilien ont également
écrit fur cette matiere . Au jugement de
M. de Fenelon , nous ne pouvons mieux
faire que de copier ce que ces Auteurs en
ont dit ; mais ce que nos écrivains modernes
n'avoient pas feulement vû , M.
Efteve vient de l'exécuter. Son ouvrage
-eft divifé en deux livres ; le premier traite
des principes effentiels de la diction , &
le fecond des différens ftyles . Il recherche
quelles font les vraies perfections des élémens
de la phrafe ; enfuite il examine la
phrafe en elle-même. Ce font là les matériaux
dont il fait ufage pour conftruire le
fyſtème général des diverfes manieres de
s'énoncer. Ce n'eft pas ici un ouvrage de
grammaire , mais plutôt un traité philofophique
fur l'art de bien parler & de bien
écrite dans toutes fortes de langues. On
164 MERCURE DE FRANCE.
trouve dans cette production antant de
méthode que dans un ouvrage de Géométrie
, & autant de clarté que dans un ouvrage
pur agrément : pour l'invention
on ne fçauroit la difputer à l'auteur , car
il n'y a aucun modele en ce genre.
de
Nous avons dit qu'il falloit diftinguer
cette production philofophique de tout ce
qu'on nous a donné jufqu'à préfent fur la
grammaire : nous allons rapporter ce qu'en
dit l'Auteur. Ce ne font point ici les
principes raifonnés de la grammaire ni
l'art de parler correctement ces con-
» noiffances préliminaires , je les fuppofe
» dans mes lecteurs, La déclinaifon des
» verbes & des noms , les irrégularités , en
» un mot tout ce qui appartient à la grammaire
doit être connu. Dans un traité de
la peinture il n'eft point néceffaire de re-
» chercher la nature des diverfes couleurs ,
il faut les fuppofer déja broyées & arrangées
fur la palette : nous en ufons de
même dans le traité de l'art de la diction.
Auffi tout ce que nous y difons
peut également convenir à la Langue La-
» tine , Françoife ou Allemande , ou plus
» généralement à toutes les langues anciennes
& modernes.
Le peu d'étendue que nous donnons à
mos extraits ne nous permet pas de fuivre
DECEMBRE. 1754. 165
l'Auteur dans toutes les réflexions qui naiffent
fous fa plume ; nous nous contenterons
de citer quelques morceaux , qui feront
connoître le ftyle & la maniere dont
cet ouvrage eft exécuté .
n
"
En parlant de l'harmonie du difcours ,
l'Auteur compare une période à un air de
mufique. » Ne faut-il point dans une pe-
»riode diftribuer certains repos pour la
voix , exprimer un fentiment , n'introduire
aucune difparate entre les fons qui
doivent fe fuivre , faire annoncer les
» dénominations les unes par les autres ,
ne préfenter les plus grands effets qu'après
ceux qui doivent les préparer , enfin
répandre un accord & une unité d'expreffion
? &c. « Cette comparaifon ainfi
détaillée , eft neuve , & retrace au jufte la
plus grande partie des regles que l'écrivain
doit fe prefcrire. Dans le premier livre
l'Auteur parle des images , de la chaleur
qu'on doit leur donner , des termes
figurés , de la métaphore , de l'allégorie ,
de la périphrafe , des termes négatifs , des
épithetes , des adjectifs , comme auffi des
inverfions & des tours de phrafe , de
l'harmonie du difcours , & de la variété
dans le ftyle. Le fecond Livre , ainſi que
nous l'avons déja dit , traite de toutes les
différentes efpéces de ſtyle qui ont du ca- `
166 MERCURE DE FRANCE.
ractere. Le premier dont il eſt queſtion , eſt
le ftyle fimple. Voici comme l'Auteur entre
en matiere.
»
n
30
» Les anciens ont fait des éloges éton-
» nans du ftyle fimple , qu'ils appelloient
Attique : ils lui donnerent ce nom , par-
» ce que c'étoit le feul territoire d'Athènes
» qui le produifoit . Lorfque les Athéniens
»repréfentoient les Graces , ils les laif-
»foient toutes nûes , fans aucune forte de
» vêtement ; voilà le modele de leur fty-
» le .... Le ftyle fimple pourroit être appellé
le langage de la pure raifon . Rempli
de fentimens nobles & vrais , il ne
»fe permet ni les antithèfes froides & érudiées
, ni les comparaifons fauffes & déplacées
, ni l'enchantement puerile des
figures brillantes d'une fauffe Rhétorique
la peinture exacte des objets , la
» nobleffe & l'élégance de la diction , la
force du raifonnement , la beauté effentielle
du fujet ; voilà la diftinction en-
» tiere du langage que devroient parler les
"
93
"
"
39
hommes.
Cé ftyle fimple eft divifé par l'Auteur
en ftyle fublime & ftyle naïf ; chacun de
ces ftyles eft traité dans un chapitre en particulier.
Dans celui qui traite du ftyle fublime
, l'Auteur compare la maniere d'écrire
de Racine avec celle de Corneille. Après
DECEMBRE. 1754. 167
»
avoir cité plufieurs exemples de l'un & de
l'autre écrivain , M. Efteve dit : » voilà
» encore une peinture ( il eft queftion de
quelques vers de Racine ) , mais faite
dans un autre goût que celle de Cor-
» neille. Ce dernier eft un torrent qui ravage
tout , & précipite fa courfe , la for-
» ce de fon
éloquence l'entraîne fans ceffe
» malgré lui même , on diroit que les mots
» ne font que le fuivre de loin ; mais Ra-
» cine
développe fes couleurs , il les étend ,
» il colorie , il
répréfente au vrai tout ce
» qu'il peint , il fait par les feuls mots des
répréfentations plus
parfaites que ce
» qu'on croiroit pouvoir jamais attendre
de l'art de la diction.
33
» Rien n'eft au -deffus des
fentimens
» élevés que Corneille donne à fes héros :
c'eft la nature dans fa plus grande force
» & dans fa plus belle
fimplicité ; car je
» ne parle ici que des grands traits de gé-
" nie , qui lui affurent
l'admiration de tous
» les fiécles ; il eft vrai que la vive lumiere
» de fon
éloquence s'eft
quelquefois éclip-
» fée. Ces hommes qu'il fait parler & dont
» l'ame paroît dans certains
intervalles fi
grande , fi éclairée , & fi fublime , nẹ
» fe
foutiennent pas
toujours dans cette
région élevée &
lumineufe : on les ap-
» perçoit affez ſouvent
defcendre parmi le
"
168 MERCURE DE FRANCE.
»vulgaire ; alors ils ne font plus une fource
de vive lumiere qui éclaire tout ce
qui les approche , on diroit plutôt qu'ils
» ne fe conduifent que par une lueur foi-
» ble & empruntée.
Nous ne pouvons qu'annoncer les idées
de l'Auteur. Il parcourt tous les ftyles , il
en montre les beautés & les défauts. Le
ftyle ingénieux , le ftyle brillant , le ſtyle
fleuri , le ftyle qui peint , le ftyle qui ne
peint point , le ftyle oriental , le ftyle découfu
, tout eft traité par ordre & avec
précifion . Nous nous contenterons de citer
un des traits qui terminent l'ouvrage , &
dont le lecteur pourra faire aisément l'application.
» S'il y avoit une nation qui , peu capable
de raifonnemens fuivis , ne recherchât
jamais la jufteffe dans la fucceffion
des idées ; fi une feule phrafe bien tour-
» née fuffifoit à la capacité de cette na-
» tion , le ſtyle découfu y paroîtroit avan-
» tageufement. Un écrivain , pour con-
» tenter le lecteur , négligeroit le plan &
la fuite de l'ouvrage , pour ne s'occuper
* que du tour brillant d'une penfée. A
cette premiere penfée , il feroit fuccéder
» celle qui fe préfenteroit d'abord à fon
imagination , quoiqu'elle n'eût fouvent
aucun rapport avec celle qui doit la pré-
33
céder
DECEMBRE. 1754. 169
céder ; ce feroit là le grand art d'amufer
»des efprits frivoles. Car une imagination
légere préferera toujours l'éclat d'une
phrafe ifolée à un difcours fuivi , dont
toutes les parties font faites les unes pour
les autres , & qui par- tout également vif
» & preffant , ne montre pas mal à propos
des ombres qui fervent à relever une
fauffe lumiere.
HISTOIRE & commerce des Colonies
'Angloifes dans l'Amérique feptentrionale.
ALondres ; & fe trouve à Paris , chez Lebreton
, Defaint , Piffot , Lambert. 1754
in-12. 1 vol.
Il nous paroît qu'on n'a pas faifi jufqu'ici
la vraie maniere d'écrire l'hiftoire des colonies
: on n'a prefque parlé que des guerres
qui avoient été entreprifes pour s'y établir
, ou qu'on a été forcé de foutenir pour
s'y maintenir. Comme le but de ces établiſſemens
eft moins la gloire que l'utilité ,
il auroit fallu paffer rapidement fur les événemens
militaires , & s'arrêter à la fituation
, aux productions , aux moeurs , au
gouvernement , à tous les avantages qu'on
retire & qu'on pourroit retirer des pays
éloignés dont on parle. L'Auteur de l'hiftoire
des Colonies Angloifes a parfaitement
rempli l'idée que nous propofons. Il dit
11. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
tout ce que les négocians & les politiques
peuvent defirer de fçavoir fur le fujet qu'il
traite , & il le dit d'une maniere convenable
à la matiere qu'il traite. Nous connoillons
affez les fources où il a puifé ,
pour affurer quelles font très bonnes. Cet
Ecrivain , ou quelqu'autre auffi inftruir ,
devroit bien nous donner dans le même.
goûtd'hiftoire de nos lles fous le vent , les
plus belles colonies de l'univers , fans en
excepter le Pérou & le Mexique.
NOUVEAU Commentaire fur les ordonhances
des mois d'Août 1669 , & Mars
1673 , enſemble fur l'édit du mois de
Mars 1673 , touchant les épices. Par M.
***. Confeiller au Préfidial d'Orléans. A
Paris , chez Debure l'aîné , quai des Auguftins.
1754. in- 12. 1 vol. Ce livre fe
vend liv. 12 fols.
L'Ordonnance de 1669 traite des évocations
, des réglemens de Juges en matiere
civile & criminelle , des Committimus ,
des Lettres d'Etat & de répit. L'Ordonnance
de 1673 a pour objet le commerce.
Elle traite des apprentifs négocians & marchands
, des agens de banque , & courtiers
, des livres & registres des négocians
, marchands & banquiers , des faciétés
, des lettres & billets de change & proDECEMBRE.
1754. 175
melles d'en fournir , des intérêts de change
& de rechange , des contraintes par
corps , des féparations de biens , des défenfes
& lettres de répi , des ceffions de
biens , des faillies & banqueroutes , de la
jurifdiction des Confuls. Le même auteur
nous a donné il y a deux ans des commentaires
courts , clairs , & très- inftructifs fur
les ordonnances civiles & criminelles.
Ces quatre ordonnances feront toujours
regardées comme un des plus beaux monumens
du regne de Louis XIV. L'Europe entiere
en a fenti le prix , & en a retiré les plus
grands avantages. Il faut efpérer que l'étude
de nos loix ne tardera pas à nous paroître un
objet digne de nous occuper. Notre nation
a pouffé fi loin depuis vingt ans la théorie
& la pratique des finances , du commerce
, de la guerre , de la politique ,, de toutes
les connoiffances qui peuvent intéreffer
fa gloire , fon bonheur ou fon opulence
, qu'elle est devenue dans les chofes importantes
, comme elle l'a toujours été dans
lés agréables , un objet d'émulation pour
les peuples qui fe conduifent avec le plus
de circonfpection & de fagefle . On nous
reproche cependant encore avec raifon l'ignorance
de notre droit public & de notre
jurifprudence. Les fecours fürs & faciles
qu'on nous préfente , nous détermineront
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
fans doute à acquerir des lumieres qu'il
eft honteux & très- dangereux de ne pas
avoir.
Le bon Jardinier , Almanach pour l'année
1755 , contenant une idée générale
des quatre fortes de jardins , les regles pour
les cultiver , & la maniere d'élever les plus
belles fleurs. A Paris , chez Guillin , quai
des Auguftins , au Lys d'or. 1755 .
Cet Almanach qui n'étoit prefque l'an
dernier qu'un catalogue , eft devenu un
Quvrage plein de recherches & de détails
agréables fur la matiere qui y eft traitée.
On y trouvera de l'inftruction & de l'amufement.
LE College des Jéfuites de Toulouſe , où
les études font excellentes , a faifi l'occafion
de la diftribution des prix pour faire
représenter une paftorale héroïque à la
louange du Roi. Le P. Badon qui , à ce
qu'il nous paroît , eft chargé ordinairement
de ces actions d'éclat , & qui juftifie
le choix qu'on fait de lui , fait célébrer par
les bergers qu'il introduit fur la fcene , la
juftice des armes du Roi , fa douceur , fa
modération dans la victoire , fes conquêtes
, la journée de Fontenoy , la paix d'Aix-
12- Chapelle , la nobleffe accordée aux Of
DECEMBRE. 1754. 173
ficiers , l'établiſſement de l'Ecole Militaire
, &c. Les éloges de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dau
phine , de Mefdames fuivent naturelle
ment. La paftorale eft terminée par la joie
générale que la naiffance de Monfeigneur
le Duc de Berri a répandu parmi les François
, & par des voeux pour la gloire de
ce jeune Prince.
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Soumis par kipfmullerl le