Titre
SUITE de la Lettre de M. D. B.*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la Circulation de la Séve dans les Plantes, &c.
Titre d'après la table
Lettre sur la circulation de la Séve,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
222
Page de début dans la numérisation
255
Page de fin
232
Page de fin dans la numérisation
265
Incipit
ART. 4. / pag. 24 / Mr de la Baïsse avoit résolu de suivre, s'il étoit possible,
Texte
SUITE de la Lettre de M. D. B. ***
contenant l'Analyse de la Dissertation
sur la Circulation de la Séve dans les
Plantes , &c.
ART. 4.
pag. 24
R de la Baïsse avoit résolu
Mde suivre, s'il étoit
possible,
dans les Plantes le cours de la Séve d'une
maniere
FEVRIER 1734. 223
>
maniere aussi précise qu'on fait le cours
du Chyle dans les animaux , il vouloit en
déterminer les visieres , les veines , les ar--
teres , les glandes , et les vaisseaux , parce
qu'il avoit cru les voir distinctement
dans quelques Plantes ; il entreprit pour
executer ce projet plusieurs dissections ;
mais comme il ne retiroit de ce travail
aucun fruit , il jugea l'entreprise impossible
, du moins de la maniere dont il avoit
arrangé son plan , c'est pourquoi il l'abandonna
entierement , et il se contenta
d'examiner en general comment et ent
quelles parties de la Plante se dégorgent
les premiers tuyaux par lesquels monte
d'abord le suc nourricier ; notre Auteur
a toûjours mis tremper dans une liqueur.
colorée les parties des Plantes qu'il a voulu
examiner , et cette voye lui a paru suffisante
pour découvrir la route de la
séve.
La premiere partie de la Plante dans laquelle
il a observé le cours de la liqueur, a
été les fleurs ; il a jugé par ses observations
que le suc monte fort vîte et fort aisément
jusqu'au sommet des tiges , mais qu'il se
trouve ensuite arrêté aux plis et extrê
mitez des fleurs ; il pense que c'est peutêtre
en ces Endroits que le suc dépose ce
qu'il a de plus grossier ; il a aussi remar-
Bij qué
224 MERCURE DE FRANCE.
qué que le suc passe de ces premiers canaux
dans les parties charnues de la fleur
comme au travers d'un filtre , ce qui fait
qu'il n'y a que la portion du suc la plus
subtile qui y puisse être ; il prétend que les
sacs , ( il entend par sacs les utricules de
Malpighi ) tirent le suc immédiatement
de ces vaisseaux le long desquels ils sont
apparemment attachez ; peut- être bien ,
ajoûte-t'il , le suc nourricier se filtre par
côté , et passe dans de petits canaux collateraux
qui servent de communication
pour le porter dans les Kistes charnus , les
mêmes que ce qui vient d'être appellez
sacs. M. de la Baïsse seroit fort embarrassé
de trouver ces vaisseaux de communication
, même avec le secours du microscope.
.ART. 5. p. 30. Art . 6. ibid. Notre Auteur
n'ayant pû observer la route du suc
dans les fruits , passa la distribution de la
liqueur dans les feuilles , il a découvert
que les canaux destinez à porter la premiere
nourriture dans les feuilles sont situez
dans les nervures , que ces canaux ne
sont qu'une continuation des fibres de la
portion Higneuse , que le suc passe de
ces tuyaux dans les parties charnuës des
feuilles de la même maniere que dans celles
des fleurs , enfin qu'à mesure que le
Suc
FEVRIER. 1734. 225
suc monte dans les nervures , il s'y débarasse
de sa portion la plus grossiere. Pour
ne rien avancer gratis , voici la preuve de
cette derniere proposition , mettant une
feuille tremper par le pidicale dans une liqueur
colorée , la teinture devenoit moins
chargée à proportion qu'elle montoit plus
haut dans les tuyaux de la feiiille ; il falloit
donc qu'elle se dépoüillât de ses parties
heterogenes , par consequent la même
députation doit arriver à la seve qui
se meut dans ces canaux . Il faut avouer
qu'il est impossible de se refuser à de telles
preuves
.
ART. 7. p. 34. M. de la Baïsse mit pendant
deux ou trois jours en experience
dans la liqueur colorée l'écorce de quelques
Plantes , il observa que dans la partie
superieure et inferieure de l'écorce , la
teinture s'étoit répandue , et que la couleur
étoit très- visible vers le bas environ
jusqu'à la hauteur où s'élevoient en dedans
de la Plante des veines sensiblement rouges
, et vers le haut dans l'endroit où le suc
continuellement poussé avoit eu le loisir
de se ramasser jusqu'à répandre une couleur
rougeâtre dans presque tout l'interieur
de la plante ; il n'apperçût aucune
alteration de couleur au milieu de la tige,
et il conclut que ce n'est que quand la
B iij partie
226 MERCURE DE FRANCE
partie ligneuse de la plante a été imbuë de
la couleur du suc dont elle s'est nourrie ,
que l'écorce s'en est aussi trouvée colorée
quelque temps après , et par consequent
que c'est immédiatement du bois que l'écorce
tire sa premiere nourriture ; enfin
comme notre Auteur n'a pû distinguer
de rameaux rouges dans la substance de
l'écorce comme dans celle du bois , quoique
la teinture se répandit dans l'écorce toujours
assez uniformement , il lui a paru démontré
que la seve qui nourrit l'écorce passe immédiatement
des fibres de la portion ligneuse
dans les utricules de l'écorce.
Ordinairement le signe caracteriastique
d'un systême vrai est la facilité qu'il donne
pour expliquer tous les faits qui se présentent
, c'est pourquoi M. de la Baïsse
tâchá de rendre raison selon ses principes
de plusieurs phénomenes qui appartiennent
à la Physique des Plantes. Comme
je crois , Monsieur , que vous ne serez pas
fâché de voir un essai des applications de
son systême à differens cas particuliers , je
vais vous en rendre compte en peu de
mots.
P. 35. M. de la Baïsse se propose d'abord
d'examiner d'où vient cette abondance
de suc qu'on trouve au Printems
entre l'écorce et le bois des Arbres , et
l'explication
FEVRIER 1734 227
l'explication de ce fait lui paroît plutôt
une consequence qu'une nouvelle preuve
de son sentiment , tant elle est ( selon
lui ) naturelle ; au renouvellement de la saison
les premiers canaux situez dans la portion
ligneuse de l'arbre abondent en sucs,
dont ils se déchargent par tous leurs dégorgemens
; bientôt les vessicules de l'écorce
en sont remplies ; et ne pouvant plus
contenir celui qui survient , il faut de necessité
qu'il sorte hors de ses vaisseaux , et
qu'il se jette entre l'écorce et le bois dans
les endroits où l'écorce est trop adhérente
au bois , les fibres ligneuses se replient sur
elles -mêmes, et poussées au dehors par l'effort
continuel des sucs nouveaux , elles
fendent l'écorce et forment de nouveaux
jes. Notre auteur ajoûte que s'il est permis
de se livrer aux conjectures , il dira
encore que cet excès de séve venant à
rompre , les petites attaches qui lioient
les utricules de l'écorce aux fibres les plus
voisines de l'écorce , presse par dehors
ces letricules et les force à s'étendre suivant
la direction la plus facile , c'est- à dire
, selon la longueur de l'Arbre , bientôt
ces utricules ainsi pressez et étendus
en longueur s'ouvrent les uns dans les autres
et deviennent par - là des canaux
longs et contigus ; en un mot , de vrayes
و
B iiij
fibres
228 MERCURE DE FRANCE
fibres ligneuses , c'est aux approches de
l'hyver que le froid doit le presser ,
assez pour les faire coller au corps de
l'Arbre.
et
M. de la Baïsse après cette explication
qui est certainement toute neuve , employe
encore une preuve de fait qui lui
paroît décisive pour démontrer que le
nouveau bois se forme de l'écorce , et il
termine cet article par une question qu'il
se propose , et qu'il résout ensuite ; on lui
demandera peut être , dit-il , comment
l'écorce répare la perte qu'elle fait chaque
année de la portion de substance qui devient
partie ligneuse , il répond qu'il se
travaille dans l'interieur même de l'écorce
une substance propre à reparer ses pertes
et il appuye cette réponse par une obser
vation à peu près aussi juste et aussi concluante
que la réponse elle -même est instructive.
ART. 8. p. 41. La moëlle , selon notre
Auteur , tire sa nourriture de la partie
superieure de la portion ligneuse , et un
de ses usages lui paroît être de filtrer et de
préparer les sucs qui doivent nourrir l'embryon
, parce que dans la dissection des
fruits de plusieurs Arbres on voit une
communication sensible du coeur du jeune
fruit avec la moëlle du nouveau jet.
ART.
FEVRIER. 1734. 229
ART. 9. p. 43. ART. 10. p. 44. Il ne
suffit pas de connoître que la séve monte
jusqu'aux extrêmitez des Plantes , il faut
sçavoir encore si cette séve redescend , les
Plantes poussent des racines de la même
maniere qu'elles poussent des feuilles et
des branches ; ainsi comme il y a un suc
•qui en montant fait rejetter les plantes par
le haut , il doit y en avoir un autre qui en
descendant les fasse croître par le bas . M.
de la Baïsse n'a regardé ce Phénomene que
.comme une simple indication , et afin de
découvrir la verité il s'est engagé dans
plusieurs experiences que je vais rappor
ter dans le même ordre qu'il les a exposées.
1 °. Dans les fleurs et branches opposées
qui ont trempé dans la liqueur de
Phytolaus par une de leurs extrêmitez superieures
et dans une situation renversée
le premier suc ne s'est élevé que très- peu ,
quoique les parties inferieures , les bran
ches et les fleurs collaterales se soient bien
conservées , ce qui fait penser à M. de la
Baisse( et qui peut le penser que lui ? )qu'il
faut qu'il se fasse dans les feuilles et
sommitez où s'arrête ce premier suc une
digestion qui donne naissance à un suc - secondaire
, propre à porter en descendant
la fraîcheur dans les parties inferieures et
collaterales de la fleur ou de la branche
By
230 MERCURE DE FRANCE
-2 ° . Il monte du suc des racines des jeunes
Plantes aux feuilles seminales , et il en
descend des feuilles seminales aux racines,
comme il est facile de le prouver par les
experiences de Malpighi qui démontrent
la nécessité de ses feuilles seminales pour
la vegetation de la tige et des racines naissantes.
3 ° . Si on fait une ligature à une
tige de titrimale , il se forme un bourelet
au dessus de la ligature. Preuve sensible .
d'un suc descendant , et de la verité de
cette experience faite par M. Perrault. 4° .
Dans un gros tronc de noyer vers le couronnement
, sous une des plus considerables
branches , M. de la Baïsse a vû une
grande carité du milieu de laquelle sortoit
une racine de quatre lignes de diametre
à sa naissance , et longue de huit
ces , cette racine n'a pû être formée que
par un suc descendant . 5 ° . Dans les Greffes
la direction des fibres ligneuses est irréguliere
, du moins suivant notre Auteur ,
et à la pluspart il se forme des bourelets ,
les fibres du sujet au contraire ne sont
que peu ou point dérangées , ce qui lut
paroît prouver qu'il descend de la greffe
au sujet un suc qui ne pouvant passer alsement
dans le sujet est repoussé dans la
greffe , où il se replie sur lui même . M. Du
amel a avancé dans les Memoires de l'A
poucadémi
FEVRIER. 1734. 231
cadémie Royale des Sciences 1728. que la
qualité des fruits se perfectionne par la
greffe , parce que le suc se travaille dans
les plis et replis qui se forment au-dessus
de la jonction , M. de la Baïsse pensant
que les observations de cet Academicien
pourroient faire contre son sentiment une
obection assez forte , du moins en apparence
, a jugé à propos pour y répondre
de faire observer que le premier suc montant
se façonne très peu dans les tuyaux
par lesquels il passe et qu'il faut de necessité
que ce suc ait fait plusieurs circulations
dans la Plante , ce qui est alors supposer
un suc descendant. M. de la Bisse
pour prouver que ce n'est pas sans fondement
qu'il prétend qu'il y a des fibres voisines
, dont les unes portent le suc montant
, et les autres le descendant , se sert
de l'experience suivante qu'il croit bien
écisive dans le cas present ; il mit au
Printemps dans la teinture de Phytolacca
une branche de Tilleul longue d'environ
trois pieds la cinture s' leva jusqu'au
haut de la branche , il coupa cette bran
che obliquement en differens endroits , il
en regard less ctions avec une loupe , et
il distingua dans toutes des cercles concentriques
alternativement rouges et
blancs. 6. Si on coupe l'éclaire,le suc jau-
B vj
ne
232 MERCURE DE FRANCE
ne , suivant notre Auteur , sort en plus
grande abondance de la partie superieure
que
de l'inferieure , souvent même il n'en
découle pas une seule goutte de la section
inferieure , ce qui lui semble prouver que
ce suc vient des parties superieures de la
Plante , et par consequent que c'est au suc
descendant . M. de la Baïsse avoue que cette
experience ne lui a pas toujours également
réussi. 7. Enfin notre Auteur a fait
les mêmes observations sur le suc des tithimales
que sur celui de l'éclaire .
ART. II . p. 55. Il s'agit présentement
de déterminer d'où vient ce suc descendant
, et de découvrir si c'est la séve de
la Plante , ou un suc fourni par l'air , M.
de la Baïsse adopte le premier sentiment
et dit que le dernier ne mérite pas qu'on
s'arrête à le refuter par de longs raisonnemens
, et en consequence il conclut qu'il
ya dans les Plantes une vraye circulatio
de la séve ; au reste , s'il entre à rebours
par les extrêmitez des fibres ligneuses des
feuilles ou des tiges , quelques sucs étrangers
, notre Auteur pense qu'ils y reçoivent
bientôt une digestion, qui en les faisant
passer dans d'autres canaux , les réduit
au cours naturel des liquides ordinaires.
contenant l'Analyse de la Dissertation
sur la Circulation de la Séve dans les
Plantes , &c.
ART. 4.
pag. 24
R de la Baïsse avoit résolu
Mde suivre, s'il étoit
possible,
dans les Plantes le cours de la Séve d'une
maniere
FEVRIER 1734. 223
>
maniere aussi précise qu'on fait le cours
du Chyle dans les animaux , il vouloit en
déterminer les visieres , les veines , les ar--
teres , les glandes , et les vaisseaux , parce
qu'il avoit cru les voir distinctement
dans quelques Plantes ; il entreprit pour
executer ce projet plusieurs dissections ;
mais comme il ne retiroit de ce travail
aucun fruit , il jugea l'entreprise impossible
, du moins de la maniere dont il avoit
arrangé son plan , c'est pourquoi il l'abandonna
entierement , et il se contenta
d'examiner en general comment et ent
quelles parties de la Plante se dégorgent
les premiers tuyaux par lesquels monte
d'abord le suc nourricier ; notre Auteur
a toûjours mis tremper dans une liqueur.
colorée les parties des Plantes qu'il a voulu
examiner , et cette voye lui a paru suffisante
pour découvrir la route de la
séve.
La premiere partie de la Plante dans laquelle
il a observé le cours de la liqueur, a
été les fleurs ; il a jugé par ses observations
que le suc monte fort vîte et fort aisément
jusqu'au sommet des tiges , mais qu'il se
trouve ensuite arrêté aux plis et extrê
mitez des fleurs ; il pense que c'est peutêtre
en ces Endroits que le suc dépose ce
qu'il a de plus grossier ; il a aussi remar-
Bij qué
224 MERCURE DE FRANCE.
qué que le suc passe de ces premiers canaux
dans les parties charnues de la fleur
comme au travers d'un filtre , ce qui fait
qu'il n'y a que la portion du suc la plus
subtile qui y puisse être ; il prétend que les
sacs , ( il entend par sacs les utricules de
Malpighi ) tirent le suc immédiatement
de ces vaisseaux le long desquels ils sont
apparemment attachez ; peut- être bien ,
ajoûte-t'il , le suc nourricier se filtre par
côté , et passe dans de petits canaux collateraux
qui servent de communication
pour le porter dans les Kistes charnus , les
mêmes que ce qui vient d'être appellez
sacs. M. de la Baïsse seroit fort embarrassé
de trouver ces vaisseaux de communication
, même avec le secours du microscope.
.ART. 5. p. 30. Art . 6. ibid. Notre Auteur
n'ayant pû observer la route du suc
dans les fruits , passa la distribution de la
liqueur dans les feuilles , il a découvert
que les canaux destinez à porter la premiere
nourriture dans les feuilles sont situez
dans les nervures , que ces canaux ne
sont qu'une continuation des fibres de la
portion Higneuse , que le suc passe de
ces tuyaux dans les parties charnuës des
feuilles de la même maniere que dans celles
des fleurs , enfin qu'à mesure que le
Suc
FEVRIER. 1734. 225
suc monte dans les nervures , il s'y débarasse
de sa portion la plus grossiere. Pour
ne rien avancer gratis , voici la preuve de
cette derniere proposition , mettant une
feuille tremper par le pidicale dans une liqueur
colorée , la teinture devenoit moins
chargée à proportion qu'elle montoit plus
haut dans les tuyaux de la feiiille ; il falloit
donc qu'elle se dépoüillât de ses parties
heterogenes , par consequent la même
députation doit arriver à la seve qui
se meut dans ces canaux . Il faut avouer
qu'il est impossible de se refuser à de telles
preuves
.
ART. 7. p. 34. M. de la Baïsse mit pendant
deux ou trois jours en experience
dans la liqueur colorée l'écorce de quelques
Plantes , il observa que dans la partie
superieure et inferieure de l'écorce , la
teinture s'étoit répandue , et que la couleur
étoit très- visible vers le bas environ
jusqu'à la hauteur où s'élevoient en dedans
de la Plante des veines sensiblement rouges
, et vers le haut dans l'endroit où le suc
continuellement poussé avoit eu le loisir
de se ramasser jusqu'à répandre une couleur
rougeâtre dans presque tout l'interieur
de la plante ; il n'apperçût aucune
alteration de couleur au milieu de la tige,
et il conclut que ce n'est que quand la
B iij partie
226 MERCURE DE FRANCE
partie ligneuse de la plante a été imbuë de
la couleur du suc dont elle s'est nourrie ,
que l'écorce s'en est aussi trouvée colorée
quelque temps après , et par consequent
que c'est immédiatement du bois que l'écorce
tire sa premiere nourriture ; enfin
comme notre Auteur n'a pû distinguer
de rameaux rouges dans la substance de
l'écorce comme dans celle du bois , quoique
la teinture se répandit dans l'écorce toujours
assez uniformement , il lui a paru démontré
que la seve qui nourrit l'écorce passe immédiatement
des fibres de la portion ligneuse
dans les utricules de l'écorce.
Ordinairement le signe caracteriastique
d'un systême vrai est la facilité qu'il donne
pour expliquer tous les faits qui se présentent
, c'est pourquoi M. de la Baïsse
tâchá de rendre raison selon ses principes
de plusieurs phénomenes qui appartiennent
à la Physique des Plantes. Comme
je crois , Monsieur , que vous ne serez pas
fâché de voir un essai des applications de
son systême à differens cas particuliers , je
vais vous en rendre compte en peu de
mots.
P. 35. M. de la Baïsse se propose d'abord
d'examiner d'où vient cette abondance
de suc qu'on trouve au Printems
entre l'écorce et le bois des Arbres , et
l'explication
FEVRIER 1734 227
l'explication de ce fait lui paroît plutôt
une consequence qu'une nouvelle preuve
de son sentiment , tant elle est ( selon
lui ) naturelle ; au renouvellement de la saison
les premiers canaux situez dans la portion
ligneuse de l'arbre abondent en sucs,
dont ils se déchargent par tous leurs dégorgemens
; bientôt les vessicules de l'écorce
en sont remplies ; et ne pouvant plus
contenir celui qui survient , il faut de necessité
qu'il sorte hors de ses vaisseaux , et
qu'il se jette entre l'écorce et le bois dans
les endroits où l'écorce est trop adhérente
au bois , les fibres ligneuses se replient sur
elles -mêmes, et poussées au dehors par l'effort
continuel des sucs nouveaux , elles
fendent l'écorce et forment de nouveaux
jes. Notre auteur ajoûte que s'il est permis
de se livrer aux conjectures , il dira
encore que cet excès de séve venant à
rompre , les petites attaches qui lioient
les utricules de l'écorce aux fibres les plus
voisines de l'écorce , presse par dehors
ces letricules et les force à s'étendre suivant
la direction la plus facile , c'est- à dire
, selon la longueur de l'Arbre , bientôt
ces utricules ainsi pressez et étendus
en longueur s'ouvrent les uns dans les autres
et deviennent par - là des canaux
longs et contigus ; en un mot , de vrayes
و
B iiij
fibres
228 MERCURE DE FRANCE
fibres ligneuses , c'est aux approches de
l'hyver que le froid doit le presser ,
assez pour les faire coller au corps de
l'Arbre.
et
M. de la Baïsse après cette explication
qui est certainement toute neuve , employe
encore une preuve de fait qui lui
paroît décisive pour démontrer que le
nouveau bois se forme de l'écorce , et il
termine cet article par une question qu'il
se propose , et qu'il résout ensuite ; on lui
demandera peut être , dit-il , comment
l'écorce répare la perte qu'elle fait chaque
année de la portion de substance qui devient
partie ligneuse , il répond qu'il se
travaille dans l'interieur même de l'écorce
une substance propre à reparer ses pertes
et il appuye cette réponse par une obser
vation à peu près aussi juste et aussi concluante
que la réponse elle -même est instructive.
ART. 8. p. 41. La moëlle , selon notre
Auteur , tire sa nourriture de la partie
superieure de la portion ligneuse , et un
de ses usages lui paroît être de filtrer et de
préparer les sucs qui doivent nourrir l'embryon
, parce que dans la dissection des
fruits de plusieurs Arbres on voit une
communication sensible du coeur du jeune
fruit avec la moëlle du nouveau jet.
ART.
FEVRIER. 1734. 229
ART. 9. p. 43. ART. 10. p. 44. Il ne
suffit pas de connoître que la séve monte
jusqu'aux extrêmitez des Plantes , il faut
sçavoir encore si cette séve redescend , les
Plantes poussent des racines de la même
maniere qu'elles poussent des feuilles et
des branches ; ainsi comme il y a un suc
•qui en montant fait rejetter les plantes par
le haut , il doit y en avoir un autre qui en
descendant les fasse croître par le bas . M.
de la Baïsse n'a regardé ce Phénomene que
.comme une simple indication , et afin de
découvrir la verité il s'est engagé dans
plusieurs experiences que je vais rappor
ter dans le même ordre qu'il les a exposées.
1 °. Dans les fleurs et branches opposées
qui ont trempé dans la liqueur de
Phytolaus par une de leurs extrêmitez superieures
et dans une situation renversée
le premier suc ne s'est élevé que très- peu ,
quoique les parties inferieures , les bran
ches et les fleurs collaterales se soient bien
conservées , ce qui fait penser à M. de la
Baisse( et qui peut le penser que lui ? )qu'il
faut qu'il se fasse dans les feuilles et
sommitez où s'arrête ce premier suc une
digestion qui donne naissance à un suc - secondaire
, propre à porter en descendant
la fraîcheur dans les parties inferieures et
collaterales de la fleur ou de la branche
By
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-2 ° . Il monte du suc des racines des jeunes
Plantes aux feuilles seminales , et il en
descend des feuilles seminales aux racines,
comme il est facile de le prouver par les
experiences de Malpighi qui démontrent
la nécessité de ses feuilles seminales pour
la vegetation de la tige et des racines naissantes.
3 ° . Si on fait une ligature à une
tige de titrimale , il se forme un bourelet
au dessus de la ligature. Preuve sensible .
d'un suc descendant , et de la verité de
cette experience faite par M. Perrault. 4° .
Dans un gros tronc de noyer vers le couronnement
, sous une des plus considerables
branches , M. de la Baïsse a vû une
grande carité du milieu de laquelle sortoit
une racine de quatre lignes de diametre
à sa naissance , et longue de huit
ces , cette racine n'a pû être formée que
par un suc descendant . 5 ° . Dans les Greffes
la direction des fibres ligneuses est irréguliere
, du moins suivant notre Auteur ,
et à la pluspart il se forme des bourelets ,
les fibres du sujet au contraire ne sont
que peu ou point dérangées , ce qui lut
paroît prouver qu'il descend de la greffe
au sujet un suc qui ne pouvant passer alsement
dans le sujet est repoussé dans la
greffe , où il se replie sur lui même . M. Du
amel a avancé dans les Memoires de l'A
poucadémi
FEVRIER. 1734. 231
cadémie Royale des Sciences 1728. que la
qualité des fruits se perfectionne par la
greffe , parce que le suc se travaille dans
les plis et replis qui se forment au-dessus
de la jonction , M. de la Baïsse pensant
que les observations de cet Academicien
pourroient faire contre son sentiment une
obection assez forte , du moins en apparence
, a jugé à propos pour y répondre
de faire observer que le premier suc montant
se façonne très peu dans les tuyaux
par lesquels il passe et qu'il faut de necessité
que ce suc ait fait plusieurs circulations
dans la Plante , ce qui est alors supposer
un suc descendant. M. de la Bisse
pour prouver que ce n'est pas sans fondement
qu'il prétend qu'il y a des fibres voisines
, dont les unes portent le suc montant
, et les autres le descendant , se sert
de l'experience suivante qu'il croit bien
écisive dans le cas present ; il mit au
Printemps dans la teinture de Phytolacca
une branche de Tilleul longue d'environ
trois pieds la cinture s' leva jusqu'au
haut de la branche , il coupa cette bran
che obliquement en differens endroits , il
en regard less ctions avec une loupe , et
il distingua dans toutes des cercles concentriques
alternativement rouges et
blancs. 6. Si on coupe l'éclaire,le suc jau-
B vj
ne
232 MERCURE DE FRANCE
ne , suivant notre Auteur , sort en plus
grande abondance de la partie superieure
que
de l'inferieure , souvent même il n'en
découle pas une seule goutte de la section
inferieure , ce qui lui semble prouver que
ce suc vient des parties superieures de la
Plante , et par consequent que c'est au suc
descendant . M. de la Baïsse avoue que cette
experience ne lui a pas toujours également
réussi. 7. Enfin notre Auteur a fait
les mêmes observations sur le suc des tithimales
que sur celui de l'éclaire .
ART. II . p. 55. Il s'agit présentement
de déterminer d'où vient ce suc descendant
, et de découvrir si c'est la séve de
la Plante , ou un suc fourni par l'air , M.
de la Baïsse adopte le premier sentiment
et dit que le dernier ne mérite pas qu'on
s'arrête à le refuter par de longs raisonnemens
, et en consequence il conclut qu'il
ya dans les Plantes une vraye circulatio
de la séve ; au reste , s'il entre à rebours
par les extrêmitez des fibres ligneuses des
feuilles ou des tiges , quelques sucs étrangers
, notre Auteur pense qu'ils y reçoivent
bientôt une digestion, qui en les faisant
passer dans d'autres canaux , les réduit
au cours naturel des liquides ordinaires.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Domaine
Constitue la suite d'un autre texte
Remarque
L'auteur est « M. Du Breüil », d'après la première partie de la lettre parue dans le Mercure de janvier 1734, p. 97-106.