Titre
RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
Titre d'après la table
Réponse du P. Tournemine, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1919
Page de début dans la numérisation
28
Page de fin
1924
Page de fin dans la numérisation
33
Incipit
MONSIEUR, J'ai lû votre sçavante Dissertation sur le 10e verset
Texte
REPONSE du R. P. Tournemine , à
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Domaine
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