Titre
POLOGNE. SUITE du Journal du Camp de Villa-Nova.
Titre d'après la table
De Pologne. Suîte du Journal du Camp de Villanova.
Titre simplifié de l'article récurrent
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2259
Page de début dans la numérisation
396
Page de fin
2267
Page de fin dans la numérisation
404
Incipit
Le 11 Août, tous les mouvemens militaires du Camp furent suspendus; ce spectacle
Texte
POLOGNE.
SUITE du Journal du Camp de
Villa-Nova.
E r Août , tous les mouvemens militaires
Ldu Camp furent suspendus. ; ce spectacle
pompeux et guerrier recommença le lendemain
par l'éxercice des Lanciers. Ils s'assemblerent au
nombre de neuf Compagnies, ou demi Escadrons
à la tête de leur Camp , et vinrent ensuite se
ranger à deux de hauteur devant le centre de
' Infanterie. Le Major Général Klingenberg.
commandoit cette Troupe , qui étoit en cuirasse
avec des Casques à aîles , et armée de Lances
garnies de flammes ; les Casques des Officiers
étoient ornés de plumes.
Au premier signal , les neufCompagnies se mi- rent en mouvement , et marcherent vers le Fa
villon sur trois colonnes. Les trois Compagnies
du centre formerent la colonne du centre , et les
trois Compagnies de chaque aîle , celles de la
droite et de la gauche : chaque Compagnie mar- choit par neuf, les Timbales et Trompettes étant
à la tête de la colonne du centre, i
Les colonnes étant arrivées à une certaine dis
tance , les Compagnies marcherent par trois jusqu'à une place marquée , où au deuxième signal ,
Les Compagnies de chaque colonne ayant fait la
conversion à gauche par Brigades , les colonnes
formerent trois lignes à deux de hauteur , qui
marcherent en même tems enavant.
Au troisiéme signal , les trois lignes firent demi tour à droite , et au quatrième signal , la
Compa
2260 MERCURE DE FRANCE
•
Compagnie du centre de chaque ligne ayant
marché so pas en avant , les trois lignes se mirent en mouvement dans cet ordre , et marche.
rent jusqu'à ce que celle du centre se trouvarsur
la ligne du Pavillon qu'elles avoient à gauche où elles firent alte.*
Au cinquiéme signal, chaque Compagnie ayant
fait un quart de conversion à gauche , elles se
retrouverent sur trois lignes , faisant face au Pavillon ; et au sixième signal , elles se remirent comme elles étoient , par une conversion
àdroite.
Au septiéme signal, les Compagnies se mirent
sur deux lignes : la seconde , ayant fait un demi
tour à droite , elles marcherent en avant jusqu'ài
une certaine distance , se tournant le dos ; ayant ensuite fait demi tour à droite , elles se trouve
rent vis-à-vis l'une de l'autre pour la charge.
Au huitiéme signal , les deux lignes marche→
rent l'une contre-l'autre, les Lances baissées, s'entrepasserent dans les intervalles , firent defnit
tour à droite , se chargerent de nouveau , et s'é-*
tant remises sur leur premier terrain , elles se
chargerent encore une fois.
;
- Au neuviéme signal , les deux lignes marche rent l'une contre l'autre la deuxième ayant
rempli les intervalles de la premiere , elles s'ar rêterent et se mirent en état de faire la conversion sur le centre ; ce qui s'éxécuta au dixiéme³
signal ; et au onziéme signal , la droite ayant fait le demi tour sur la Place , les neuf Compagnies parurent sur une ligne , faisant face au Pa→→ villon. ซี เ
Au douziéme signal , les cinq Compagnies
ayant marché so pas en avant , les Lanciers se
trouverent- sur-deux lignes. Et au treiziéme si→→
gnal ,
OCTOBRE. 1732. 2261
gnal , la premiere ligne marcha au grand trot vers le Pavillon , comme pour charger , baissa
les lances , et ayant fait demi tour à droite , passa dans les intervalles de la seconde , qui avançoit
pour faire la même manœuvre : chaque ligne la
fit deux fois , après quoi la seconde étant ren
ée dans la premiere , les Officiers de toute la
ne saluerent en même-tems le Roi , et on
Daissa les Etendarts et les Lances. Les Lanciers
ayant mis ensuite leurs Lances dans les PorteLances , et tiré l'épée , ils passerent devant le
Pavillon , et par une marche en échelle elles re
tournerent au Camp.
Le sur-lendemain , 14 Août , toute l'Armée
fit divers mouvemens , et après qu'elle eut été
en bataille quelques tems,à la tête du Camp , sur
une seule ligne , P'Infanterie par une contremarche à gauche et à droite vers le centre , se
joignit sans laisser d'intervalle entre les bataillons ; la Cavalerie par les mêmes contre- marches se joignit aux aîles de l'Infanterie : celle- ci partagea ensuite ses bataillons en deux ; le Colonel et les deux Majors se mettant avec deux drapeaux à la tête du premier demi- bataillon , et
le Lieutenant, Colonel et les deux Aides- Majors
avec deux Drapeaux à la tête du deuxième. Les
Compagnies deRutowski et de Promnitz formoient un demi bataillon derriere celui du
Centre.
La Cavalerie se partagea aussi par Compa
gnies ou demi-Escadrons. Toutes les premieres
Compagnies de chaque Escadron , et chaque
premier demi bataillon , avec les deux du centre,
ayant marché cent pas en avant , l'Armée se
forma sur deux lignes , le demi- bataillon de
Lutowski , ayant marché en avant pour occuPS
2262 MERCURE DE FRANCE
per le terrain que les deux du centre venoient de
quitter.
L'Armée étant en bataille , et le signal donné du Pavillon , elle se mit en marche sur treize
colonnes ; sçavoir , 8. de Cavalerie , et 5. d'Infanterie , qui s'avancerent vers le Pavillon jusqu'à une certaine distance. Chaque colonne de
Cavalerie étoit composée de deux Compagnies de
la premiere ligne , et de deux de la seconde.
Chaque colonne d'Infanterie de quatre demi
bataillons de la premiere ligne , et de deux de la
seconde , excepté la colonne du centre , qui n'avoit que les deux demi-bataillons de Frise et celui
de Rutowski et de Promnitz : le Régimentai- re et le Comte de Denhoff marchoient à la tête
de cette derniere , et les autres Généraux étoient
distribués aux autres colonnes.
Au deuxième signal , l'Armée se remit sur
deux lignes , les têtes des colonnes restant , et
les suites par des contre- marches à droite et à
gauche , venant se remettre dans l'ordre où elles
étoient avant que de partir de la tête du
Camp.
Au troisiéme signal , le feu coulant commença à la droite de la premiere ligne , et finit à la droite de la seconde ; et au quatriéme signal , les
deux lignes formerent le premier ordre de bataille mêlé , ce qui s'éxécuta de la maniere suivante: les quatre Compagnies de la droite et de
la gauche de la Cavalerie de l'une et de l'autre
ligne , resterent en place , aussi bien que les
quatre demi-bataillons du centre de la premiere
ligne , et les trois du centre de la seconde , mais
les quatre Compagnies de Cavalerie qui joigroient la droite et la gauche de l'Infanterie de Pune et de l'autre ligne , ayant marché 20 pas
-
en
OCTOBRE. 1732. 2263
en avant , firent une contre-marche à droite et á
gauche pour se former à la tête des trois bataillons de la droite et de la gauche de l'une et de
l'autre ligne. Ceux- ci firent en même tems leur contre-marche pour occnper le terrain que la Cavalerie qui les joignoit , venoit de quitter , et
toute l'Infanterie aussi -bien que les aîles de Ca
valerie de l'une et de l'autre ligne , ayant aussi
marché 20 pas en avant , toute l'Armée se trou
va en ordre de bataille mêlé d'Infanterie et de
Cavalerie.
L'Armée étant ainsi rangée , on ordonna le
signal pour le feu , qui se fit ainsi : la premiere,
Compagnie qui fermoit l'aîle droite de la premiere ligne , et celle qui fermoit l'aîle gauche , tirerent en même-tems : le feu continua ainsi par
une troupe de la droite et une de la gauche de la
premiere ligne en venant vers le centre , et suivit
par le centre de la seconde ligne en s'étendant vers les aîles..
Le feu étant fini , on donna le cinquiéme signal pour faire le second ordre de bataille mêlé
qui s'éxécuta ainsi : les quatre Brigades d'Infan
terie de la droite et de la gauche de l'une et de
Pautre ligne , et les deux bataillons de la droite
et de la gauche de chaque Brigade , par une contre-marche changerent de place avec les deux
Compagnies de Cavalerie , qui les joignoient , de
sorte que l'Armée se trouva aux aîles de deux
Compagnies de Cavalerie , avec un demi- Bataillon , et un Corps d'Infanterie au centre de chaque ligne.
Au sixième signal , le feu de chaine commença par les demi-Escadrons de la droite de la pre- miere ligne , et étant venu à la droite de la se
conde ligne, il recommença par demi batail- Lons
1
1
' ,
54 MERCURE DE FRANCE
ons de la droite de la premiere jusqu'à la droite
de la seconde.
Au septième signal , l'Arméese remit dans son
ordre de bataille non-mêlé , par les mêmes con- tre- marches , dont chaque Troupe s'étoit servie
pour se mettre en ordre mêlé ; ensuite l'Infanterie de la premiere ligne fit feu sur la Place par divisions , et ayant fait demi-tour à droite , se
retira par les intervalles de la seconde , et se forma derriere ; les deux lignes- firent successivement
cette manœuvre jusqu'au Camp , en continuant
leur feu , et la Cavalerie de chaque ligne se retira en même-tems que l'Infanterie.
Le 16. Août on fit l'attaque d'un retranchement qui s'étendoit depuis la hauteur de la gauche du Pavillon du Roi , jusqu'à cent pas vers la tête du Camp. Les quatre Compagnies de Gre- nadiers Rutowski , Promnitz , Denhoff et Flemming , bordoient le retranchement dans les intervalles de cinq Batteries de quatre piéces de Canon chacune , outre lesquelles on en avoit
placé huit plus petites sur les aîles du Retranchement.
Au premier signal , la Cavalerie de la droite ,
rangée par Compagnies , et commandée par le
Major-Général Klingnberg , se mit en marche
sur deux colonnes pour venir soutenir le Retran- chement , et se forma derriere l'Infanterie sur
deux lignes ; la premiere , composée des quatre Escadrons de Nassau, étoit à cent pas du Retranchement ; et la deuxième , composée des quatre Escadrons de Grenadiers de Gotha , étoit à 80.
pas derriere la premiere , dès qu'elles furent rangées , le Major- Général fit mettre pied à terre
aux Grenadiers de Gotha , qui vinrent renforcerLe
OCTOBRE. 1732. 2265
JeRetranchement où le Lieutenant- ColonelFranckenberg commandoit.
Pendant cette manœuvre , les huit Escadrons
de la gauche vinrent se former sur deux lignes ,
à l'extrêmité de la gauche de la Place d'Armes ,
qui étoit la face opposée à celle du Retranchement , et resterent dans l'inaction jusqu'à l'attaque du Quarré.
Pendant que la Cavalerie se rangeoit ainsi ,
toute l'Infanterie , partagée comme le jour des
divers mouvemens de l'Armée ,
marcha par divisions sur sept colonnes , formant une Phalange qui pouvoit faire face de tous côtez , figurée
en lozange ; et lorsqu'elle fut arrivée à une certaine distance , elle fit alte.
Au deuxième signal toutes les divisions ayant fait la Conversion à droite, la phalange parut sur
sept lignes , faisant face au Retranchement :
deux Compagnies de Grenadiers rangées en trois divisions faisoient la pointe de l'attaque.
Au troisiéme signal , la Phalange marcha vers
le Retranchement ; et quand elle fut à deux cent
pas , les Batteries qui le défendoient , commencerent à tirer , et furent servies avec tant de
promptitude , que chaque piéce tiroit au moins
cinq coups par minute , de sorte que le feu se
soutint pendant toute l'attaque avec la même vivacité. La Phalange étant arrivée à cinquante pas
du Retranchement , l'Infanterie qui attaquoit et
-celle qui défendoit , commencerent leur fen
chaque ligne de la Phalange faisant le sien en
-même-tems demi- divisions ; et dès qu'une
ligne avoit tiré , toutes les divisions qui la com
posoient se coupoient par le milieu pour se retirer par les intervalles de toute la Phalange , et se
reformerent sur le terrain qu'elles avoient occupé H avant
par
266 MERCURE DE FRANCE
avant l'attaque , ce qui fut répeté une seconde
fois la Phalange étant ensuite- retournée à son
premier terrain , on distribua 96 Piques à cha- demi-Bataillon , et pendant ce tems là les
Grenadiers de Gotha remonterent à cheval.
que
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
et forma un grand quarré autour d'un petit , le
premier rang de chaque quarré étant garni de
Piques ; la Cavalerie qui étoit derriere le Retranchement , en sortit par les deux extrêmitez
et vint se former sur deux lignes devant le Retranchement , au moyen de quoi le Quarré se trouva entre la Cavalerie de la droite et de la
gauche , rangée sur deux lignes,
9
Au cinquième signal , la premiere ligne de la
Cavalerie de la gauche , chargea le Quarré par
la face et les angles qui étoient de leur côté , et
se retira par les intervalles de la deuxième ligne
ayant été repoussée par le feu du Quarré , les
Grenades et les Piques que les Piquiers tenoient
présentées. La deuxième ligne fit la même manoeuvre; ce qui fut pareillement éxécuté par la
Cavalerie de la droite , et répeté plusieurs fois
par l'un et par l'autre chaque Troupe de Cavalerie faisoit deux charges ; après quoi le Quarré fut attaqué par la Cavalerie des aîles tout
la fois.
Au sixième signál , l'Infanterie se mit en marche pour rentrer dans le Camp , en conservant
toujours son Quarré. Elle fut attaquée pendant
sa retraite par la Cavalerie ; le feu , pour repousser ces attaques , se faisoit par rangs. L'Armée ,
en faisant cette manceuvre , arriva à la tête du
Camp , où chaque Corps se forma sur la Place
d'Armes , et rentra.
Le 17 , le Roi donna dans son Pavillon un magnifique
OCTOBRE. 1732. 2267
gnifique Souper , suivi d'un Bal , à tout ce qu'il
y avoit de Seigneurs et de Dames.
Le 18. jour destiné pour la séparation de l'Armée , les Trouples plierent leurs Tentes , et s'étant mises en bataille à la tête du Camp , le Roi
fit tirer la grande Batterie qui étoit au bas du Pavillon de S. M. pour leur donner le signal de
leur séparation. L'Artillerie de campagne y répondit , et l'on fit ensuite le feu coulant , ce qui fut éxécuté une seconde fois ; et à la troisiéme
fois , la grande Batterie fit une salve de ses 18.
piéces l'Armée y répondit par une salve générale avec toute son Artillerie ; après quoi toute
l'Armée se mit en marche sur cinq colonnes
chaque aîle de Cavalerie en formoit une. Les
Grenadiers détachez qui formoient deux Batail
lons , étoient rentrez dans leurs Régimens. Les
colonnes d'Infanterie de la droite et de la gauche étoient composées de trois Bataillons chacune ; celle du centre avoit le Régiment de Frise
à la tête , qui étoit suivi de l'Artillerie de campagne , et elle étoit fermée par les deux Compagnies de Grenadiers de Lublin et de Compenhau- son. L'Armée se rendit dans cet ordre au nouveau Camp qu'elle devoit occuper sur la hauteur , à la droite et à la gauche du Pavillon ,
le 20 Août , le Roi ayant quitté son Pavillon
pour retourner à Warsovie , les Régimens du
Camp se mirent en marche pour retourner dans
leurs anciens Quartiers. On a appris depuis que
ces Troupes sont arrivées à leurs Garnisons, fort satisfaites des liberalitez du Roi de Pologne , qui
a fait de forts beaux présens aux Officiers , et
donné à chaque Soldat deux mois de solde audeà de leur paye ordinaire.
SUITE du Journal du Camp de
Villa-Nova.
E r Août , tous les mouvemens militaires
Ldu Camp furent suspendus. ; ce spectacle
pompeux et guerrier recommença le lendemain
par l'éxercice des Lanciers. Ils s'assemblerent au
nombre de neuf Compagnies, ou demi Escadrons
à la tête de leur Camp , et vinrent ensuite se
ranger à deux de hauteur devant le centre de
' Infanterie. Le Major Général Klingenberg.
commandoit cette Troupe , qui étoit en cuirasse
avec des Casques à aîles , et armée de Lances
garnies de flammes ; les Casques des Officiers
étoient ornés de plumes.
Au premier signal , les neufCompagnies se mi- rent en mouvement , et marcherent vers le Fa
villon sur trois colonnes. Les trois Compagnies
du centre formerent la colonne du centre , et les
trois Compagnies de chaque aîle , celles de la
droite et de la gauche : chaque Compagnie mar- choit par neuf, les Timbales et Trompettes étant
à la tête de la colonne du centre, i
Les colonnes étant arrivées à une certaine dis
tance , les Compagnies marcherent par trois jusqu'à une place marquée , où au deuxième signal ,
Les Compagnies de chaque colonne ayant fait la
conversion à gauche par Brigades , les colonnes
formerent trois lignes à deux de hauteur , qui
marcherent en même tems enavant.
Au troisiéme signal , les trois lignes firent demi tour à droite , et au quatrième signal , la
Compa
2260 MERCURE DE FRANCE
•
Compagnie du centre de chaque ligne ayant
marché so pas en avant , les trois lignes se mirent en mouvement dans cet ordre , et marche.
rent jusqu'à ce que celle du centre se trouvarsur
la ligne du Pavillon qu'elles avoient à gauche où elles firent alte.*
Au cinquiéme signal, chaque Compagnie ayant
fait un quart de conversion à gauche , elles se
retrouverent sur trois lignes , faisant face au Pavillon ; et au sixième signal , elles se remirent comme elles étoient , par une conversion
àdroite.
Au septiéme signal, les Compagnies se mirent
sur deux lignes : la seconde , ayant fait un demi
tour à droite , elles marcherent en avant jusqu'ài
une certaine distance , se tournant le dos ; ayant ensuite fait demi tour à droite , elles se trouve
rent vis-à-vis l'une de l'autre pour la charge.
Au huitiéme signal , les deux lignes marche→
rent l'une contre-l'autre, les Lances baissées, s'entrepasserent dans les intervalles , firent defnit
tour à droite , se chargerent de nouveau , et s'é-*
tant remises sur leur premier terrain , elles se
chargerent encore une fois.
;
- Au neuviéme signal , les deux lignes marche rent l'une contre l'autre la deuxième ayant
rempli les intervalles de la premiere , elles s'ar rêterent et se mirent en état de faire la conversion sur le centre ; ce qui s'éxécuta au dixiéme³
signal ; et au onziéme signal , la droite ayant fait le demi tour sur la Place , les neuf Compagnies parurent sur une ligne , faisant face au Pa→→ villon. ซี เ
Au douziéme signal , les cinq Compagnies
ayant marché so pas en avant , les Lanciers se
trouverent- sur-deux lignes. Et au treiziéme si→→
gnal ,
OCTOBRE. 1732. 2261
gnal , la premiere ligne marcha au grand trot vers le Pavillon , comme pour charger , baissa
les lances , et ayant fait demi tour à droite , passa dans les intervalles de la seconde , qui avançoit
pour faire la même manœuvre : chaque ligne la
fit deux fois , après quoi la seconde étant ren
ée dans la premiere , les Officiers de toute la
ne saluerent en même-tems le Roi , et on
Daissa les Etendarts et les Lances. Les Lanciers
ayant mis ensuite leurs Lances dans les PorteLances , et tiré l'épée , ils passerent devant le
Pavillon , et par une marche en échelle elles re
tournerent au Camp.
Le sur-lendemain , 14 Août , toute l'Armée
fit divers mouvemens , et après qu'elle eut été
en bataille quelques tems,à la tête du Camp , sur
une seule ligne , P'Infanterie par une contremarche à gauche et à droite vers le centre , se
joignit sans laisser d'intervalle entre les bataillons ; la Cavalerie par les mêmes contre- marches se joignit aux aîles de l'Infanterie : celle- ci partagea ensuite ses bataillons en deux ; le Colonel et les deux Majors se mettant avec deux drapeaux à la tête du premier demi- bataillon , et
le Lieutenant, Colonel et les deux Aides- Majors
avec deux Drapeaux à la tête du deuxième. Les
Compagnies deRutowski et de Promnitz formoient un demi bataillon derriere celui du
Centre.
La Cavalerie se partagea aussi par Compa
gnies ou demi-Escadrons. Toutes les premieres
Compagnies de chaque Escadron , et chaque
premier demi bataillon , avec les deux du centre,
ayant marché cent pas en avant , l'Armée se
forma sur deux lignes , le demi- bataillon de
Lutowski , ayant marché en avant pour occuPS
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per le terrain que les deux du centre venoient de
quitter.
L'Armée étant en bataille , et le signal donné du Pavillon , elle se mit en marche sur treize
colonnes ; sçavoir , 8. de Cavalerie , et 5. d'Infanterie , qui s'avancerent vers le Pavillon jusqu'à une certaine distance. Chaque colonne de
Cavalerie étoit composée de deux Compagnies de
la premiere ligne , et de deux de la seconde.
Chaque colonne d'Infanterie de quatre demi
bataillons de la premiere ligne , et de deux de la
seconde , excepté la colonne du centre , qui n'avoit que les deux demi-bataillons de Frise et celui
de Rutowski et de Promnitz : le Régimentai- re et le Comte de Denhoff marchoient à la tête
de cette derniere , et les autres Généraux étoient
distribués aux autres colonnes.
Au deuxième signal , l'Armée se remit sur
deux lignes , les têtes des colonnes restant , et
les suites par des contre- marches à droite et à
gauche , venant se remettre dans l'ordre où elles
étoient avant que de partir de la tête du
Camp.
Au troisiéme signal , le feu coulant commença à la droite de la premiere ligne , et finit à la droite de la seconde ; et au quatriéme signal , les
deux lignes formerent le premier ordre de bataille mêlé , ce qui s'éxécuta de la maniere suivante: les quatre Compagnies de la droite et de
la gauche de la Cavalerie de l'une et de l'autre
ligne , resterent en place , aussi bien que les
quatre demi-bataillons du centre de la premiere
ligne , et les trois du centre de la seconde , mais
les quatre Compagnies de Cavalerie qui joigroient la droite et la gauche de l'Infanterie de Pune et de l'autre ligne , ayant marché 20 pas
-
en
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en avant , firent une contre-marche à droite et á
gauche pour se former à la tête des trois bataillons de la droite et de la gauche de l'une et de
l'autre ligne. Ceux- ci firent en même tems leur contre-marche pour occnper le terrain que la Cavalerie qui les joignoit , venoit de quitter , et
toute l'Infanterie aussi -bien que les aîles de Ca
valerie de l'une et de l'autre ligne , ayant aussi
marché 20 pas en avant , toute l'Armée se trou
va en ordre de bataille mêlé d'Infanterie et de
Cavalerie.
L'Armée étant ainsi rangée , on ordonna le
signal pour le feu , qui se fit ainsi : la premiere,
Compagnie qui fermoit l'aîle droite de la premiere ligne , et celle qui fermoit l'aîle gauche , tirerent en même-tems : le feu continua ainsi par
une troupe de la droite et une de la gauche de la
premiere ligne en venant vers le centre , et suivit
par le centre de la seconde ligne en s'étendant vers les aîles..
Le feu étant fini , on donna le cinquiéme signal pour faire le second ordre de bataille mêlé
qui s'éxécuta ainsi : les quatre Brigades d'Infan
terie de la droite et de la gauche de l'une et de
Pautre ligne , et les deux bataillons de la droite
et de la gauche de chaque Brigade , par une contre-marche changerent de place avec les deux
Compagnies de Cavalerie , qui les joignoient , de
sorte que l'Armée se trouva aux aîles de deux
Compagnies de Cavalerie , avec un demi- Bataillon , et un Corps d'Infanterie au centre de chaque ligne.
Au sixième signal , le feu de chaine commença par les demi-Escadrons de la droite de la pre- miere ligne , et étant venu à la droite de la se
conde ligne, il recommença par demi batail- Lons
1
1
' ,
54 MERCURE DE FRANCE
ons de la droite de la premiere jusqu'à la droite
de la seconde.
Au septième signal , l'Arméese remit dans son
ordre de bataille non-mêlé , par les mêmes con- tre- marches , dont chaque Troupe s'étoit servie
pour se mettre en ordre mêlé ; ensuite l'Infanterie de la premiere ligne fit feu sur la Place par divisions , et ayant fait demi-tour à droite , se
retira par les intervalles de la seconde , et se forma derriere ; les deux lignes- firent successivement
cette manœuvre jusqu'au Camp , en continuant
leur feu , et la Cavalerie de chaque ligne se retira en même-tems que l'Infanterie.
Le 16. Août on fit l'attaque d'un retranchement qui s'étendoit depuis la hauteur de la gauche du Pavillon du Roi , jusqu'à cent pas vers la tête du Camp. Les quatre Compagnies de Gre- nadiers Rutowski , Promnitz , Denhoff et Flemming , bordoient le retranchement dans les intervalles de cinq Batteries de quatre piéces de Canon chacune , outre lesquelles on en avoit
placé huit plus petites sur les aîles du Retranchement.
Au premier signal , la Cavalerie de la droite ,
rangée par Compagnies , et commandée par le
Major-Général Klingnberg , se mit en marche
sur deux colonnes pour venir soutenir le Retran- chement , et se forma derriere l'Infanterie sur
deux lignes ; la premiere , composée des quatre Escadrons de Nassau, étoit à cent pas du Retranchement ; et la deuxième , composée des quatre Escadrons de Grenadiers de Gotha , étoit à 80.
pas derriere la premiere , dès qu'elles furent rangées , le Major- Général fit mettre pied à terre
aux Grenadiers de Gotha , qui vinrent renforcerLe
OCTOBRE. 1732. 2265
JeRetranchement où le Lieutenant- ColonelFranckenberg commandoit.
Pendant cette manœuvre , les huit Escadrons
de la gauche vinrent se former sur deux lignes ,
à l'extrêmité de la gauche de la Place d'Armes ,
qui étoit la face opposée à celle du Retranchement , et resterent dans l'inaction jusqu'à l'attaque du Quarré.
Pendant que la Cavalerie se rangeoit ainsi ,
toute l'Infanterie , partagée comme le jour des
divers mouvemens de l'Armée ,
marcha par divisions sur sept colonnes , formant une Phalange qui pouvoit faire face de tous côtez , figurée
en lozange ; et lorsqu'elle fut arrivée à une certaine distance , elle fit alte.
Au deuxième signal toutes les divisions ayant fait la Conversion à droite, la phalange parut sur
sept lignes , faisant face au Retranchement :
deux Compagnies de Grenadiers rangées en trois divisions faisoient la pointe de l'attaque.
Au troisiéme signal , la Phalange marcha vers
le Retranchement ; et quand elle fut à deux cent
pas , les Batteries qui le défendoient , commencerent à tirer , et furent servies avec tant de
promptitude , que chaque piéce tiroit au moins
cinq coups par minute , de sorte que le feu se
soutint pendant toute l'attaque avec la même vivacité. La Phalange étant arrivée à cinquante pas
du Retranchement , l'Infanterie qui attaquoit et
-celle qui défendoit , commencerent leur fen
chaque ligne de la Phalange faisant le sien en
-même-tems demi- divisions ; et dès qu'une
ligne avoit tiré , toutes les divisions qui la com
posoient se coupoient par le milieu pour se retirer par les intervalles de toute la Phalange , et se
reformerent sur le terrain qu'elles avoient occupé H avant
par
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avant l'attaque , ce qui fut répeté une seconde
fois la Phalange étant ensuite- retournée à son
premier terrain , on distribua 96 Piques à cha- demi-Bataillon , et pendant ce tems là les
Grenadiers de Gotha remonterent à cheval.
que
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
et forma un grand quarré autour d'un petit , le
premier rang de chaque quarré étant garni de
Piques ; la Cavalerie qui étoit derriere le Retranchement , en sortit par les deux extrêmitez
et vint se former sur deux lignes devant le Retranchement , au moyen de quoi le Quarré se trouva entre la Cavalerie de la droite et de la
gauche , rangée sur deux lignes,
9
Au cinquième signal , la premiere ligne de la
Cavalerie de la gauche , chargea le Quarré par
la face et les angles qui étoient de leur côté , et
se retira par les intervalles de la deuxième ligne
ayant été repoussée par le feu du Quarré , les
Grenades et les Piques que les Piquiers tenoient
présentées. La deuxième ligne fit la même manoeuvre; ce qui fut pareillement éxécuté par la
Cavalerie de la droite , et répeté plusieurs fois
par l'un et par l'autre chaque Troupe de Cavalerie faisoit deux charges ; après quoi le Quarré fut attaqué par la Cavalerie des aîles tout
la fois.
Au sixième signál , l'Infanterie se mit en marche pour rentrer dans le Camp , en conservant
toujours son Quarré. Elle fut attaquée pendant
sa retraite par la Cavalerie ; le feu , pour repousser ces attaques , se faisoit par rangs. L'Armée ,
en faisant cette manceuvre , arriva à la tête du
Camp , où chaque Corps se forma sur la Place
d'Armes , et rentra.
Le 17 , le Roi donna dans son Pavillon un magnifique
OCTOBRE. 1732. 2267
gnifique Souper , suivi d'un Bal , à tout ce qu'il
y avoit de Seigneurs et de Dames.
Le 18. jour destiné pour la séparation de l'Armée , les Trouples plierent leurs Tentes , et s'étant mises en bataille à la tête du Camp , le Roi
fit tirer la grande Batterie qui étoit au bas du Pavillon de S. M. pour leur donner le signal de
leur séparation. L'Artillerie de campagne y répondit , et l'on fit ensuite le feu coulant , ce qui fut éxécuté une seconde fois ; et à la troisiéme
fois , la grande Batterie fit une salve de ses 18.
piéces l'Armée y répondit par une salve générale avec toute son Artillerie ; après quoi toute
l'Armée se mit en marche sur cinq colonnes
chaque aîle de Cavalerie en formoit une. Les
Grenadiers détachez qui formoient deux Batail
lons , étoient rentrez dans leurs Régimens. Les
colonnes d'Infanterie de la droite et de la gauche étoient composées de trois Bataillons chacune ; celle du centre avoit le Régiment de Frise
à la tête , qui étoit suivi de l'Artillerie de campagne , et elle étoit fermée par les deux Compagnies de Grenadiers de Lublin et de Compenhau- son. L'Armée se rendit dans cet ordre au nouveau Camp qu'elle devoit occuper sur la hauteur , à la droite et à la gauche du Pavillon ,
le 20 Août , le Roi ayant quitté son Pavillon
pour retourner à Warsovie , les Régimens du
Camp se mirent en marche pour retourner dans
leurs anciens Quartiers. On a appris depuis que
ces Troupes sont arrivées à leurs Garnisons, fort satisfaites des liberalitez du Roi de Pologne , qui
a fait de forts beaux présens aux Officiers , et
donné à chaque Soldat deux mois de solde audeà de leur paye ordinaire.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Constitue la suite d'un autre texte