Titre
DÉPIT CONTRE LE TEMS. ODE.
Titre d'après la table
Dépit contre le Temps, Ode,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
411
Page de début dans la numérisation
12
Page de fin
415
Page de fin dans la numérisation
16
Incipit
Source des Tourmens que j'endure,
Texte
DE'PIT CONTRE LE TEMS.
S
O D E.
Ource des Tourments que j'endure
,
Cruel ennemi des Mortels ,
Tyran de l'Art , de la Nature ,
Je viens renverser tes Autels .
En vain , tu reçois du vulgaire ,
A ij Des
412 MERCURE DE FRANCE
Des Noms , des Titres glorieux ,
Seroit- ce donc notre misére ,
Qui te rendroit si précieux ?
'Ainsi qu'un Pere impitoïable ,
Qui dévore es propres fruits ,
Je te vois , Temps inexorable ,
Détruire ce que tu produits ,
A moissonner ce qui respire ,
La mort borne ses attentats ;
Le Temps exerce son Empire ,
Sur tous les Etres d'icy-bas .
•
C'est la source toujours féconde ,
De mille changemens divers ;
Les premiers Citoyens du monde ,
Ne virent point notre Univers.
Plus inconstant que le nuage ,
Il est bien plus à redouter ;
Sans cesse il promene l'orage ,
Qui sur nos jours doit éclater.
Plus rapide que l'Hyrondelle ,
Que Flore rappelle à sa Cour ,
Maic
MARS.
413
1733.
s'en faut qu'il soit si fidelle
Quand il s'enfuit , c'est sans retour.
Ainsi que dans un gouffre immense
Mes jours , mes ans se sont perdus ;
Que reste-t-il en ma puissance ?
Un moment qui n'est déją plus .
Sur le teint brillant d'une Aurore ,
Je voïois germer mille fleurs ;
Elle ne faisoient que d'éclore ,
Le Temps a flétri leurs couleurs.
Ce qui fit jadis mes délices ,
N'a plus ni charme ni douceur ;
C'est toi , l'auteur de mes caprices
Qui fais ainsi tourner mon coeur,
Par mille plaintes criminelles
Que l'on n'outrage plus l'Amour ;
C'est toi qui lui prêtes tes aîles ,
Pour disparoître sans retour .
Nos Edifices , nos Portiques ,
Des Dieux prêchent la Majesté ;
Ce sont leurs ruines tragiques
Qui prouvent ta Divinité.
Awiij
414 MERCURE DE FRANCE
Fameux Héros , votre mémoire ,
Auroit triomphé de la mort ;
Le Temps plus sûr de sa victoire ,
L'anéantirà sans effort .
Le plaisir auquel je me livre ,
Vient bien- tôt à se démentir ;
Un moment ne peut garentir
L'autre moment qui le doit suivre.
Envain je cherche à pénétrer
De son avenir les Mysteres ;
Il veut nous cacher nos miseres ,
Il craint de nous y préparer.
Les Ris , les Jeux , troupe fidele ,
Egayoient mes tristes esprits ;
Mais le Temps passe , et cd'un coup d'aile
Dissipe les Jeux et les Ris.
A quelque chagrin suis - je en proye ?
Le cruel paroît s'arrêter ;
Mon coeur nag - t- il dans la joye ?
Il s'empresse de me quitter.
Si quelque fateuse esperance
Me, fait désirer l'avenir ,
Pour
MARS.
41 $ 1733•
Pour retarder ma jouissance ,
Son cours paroît se rallentir.
Sur le present , mon coeur soupire ;
Er l'avenir me fait trembler ;
Le passé même me déchire ;
Il reparoît pour me troubler.
Et quand le poids des ans m'accable ;
Pour me tourmenter de nouveau ,
Dans l'âge le plus vénerable ,
Il me fait rentrer au Berceau.
Cependant son humeur sauvage ,
Ne nous le fait point détester
Il fuit , il vole , et le volage ,
Se fait encore regretter.
Passe , vole , Temps homicide ,
Je n'en verserai point de pleurs ;
Plus ta course devient rapide ,
Plus elle abrége mes malheurs,
Si dans le portrait de tes crimes ,
Mes Vers paroissent sans appas ;
Je craignois de devoir mes Rimes ,
A l'ennemi que je combats.
LE CHAP
S
O D E.
Ource des Tourments que j'endure
,
Cruel ennemi des Mortels ,
Tyran de l'Art , de la Nature ,
Je viens renverser tes Autels .
En vain , tu reçois du vulgaire ,
A ij Des
412 MERCURE DE FRANCE
Des Noms , des Titres glorieux ,
Seroit- ce donc notre misére ,
Qui te rendroit si précieux ?
'Ainsi qu'un Pere impitoïable ,
Qui dévore es propres fruits ,
Je te vois , Temps inexorable ,
Détruire ce que tu produits ,
A moissonner ce qui respire ,
La mort borne ses attentats ;
Le Temps exerce son Empire ,
Sur tous les Etres d'icy-bas .
•
C'est la source toujours féconde ,
De mille changemens divers ;
Les premiers Citoyens du monde ,
Ne virent point notre Univers.
Plus inconstant que le nuage ,
Il est bien plus à redouter ;
Sans cesse il promene l'orage ,
Qui sur nos jours doit éclater.
Plus rapide que l'Hyrondelle ,
Que Flore rappelle à sa Cour ,
Maic
MARS.
413
1733.
s'en faut qu'il soit si fidelle
Quand il s'enfuit , c'est sans retour.
Ainsi que dans un gouffre immense
Mes jours , mes ans se sont perdus ;
Que reste-t-il en ma puissance ?
Un moment qui n'est déją plus .
Sur le teint brillant d'une Aurore ,
Je voïois germer mille fleurs ;
Elle ne faisoient que d'éclore ,
Le Temps a flétri leurs couleurs.
Ce qui fit jadis mes délices ,
N'a plus ni charme ni douceur ;
C'est toi , l'auteur de mes caprices
Qui fais ainsi tourner mon coeur,
Par mille plaintes criminelles
Que l'on n'outrage plus l'Amour ;
C'est toi qui lui prêtes tes aîles ,
Pour disparoître sans retour .
Nos Edifices , nos Portiques ,
Des Dieux prêchent la Majesté ;
Ce sont leurs ruines tragiques
Qui prouvent ta Divinité.
Awiij
414 MERCURE DE FRANCE
Fameux Héros , votre mémoire ,
Auroit triomphé de la mort ;
Le Temps plus sûr de sa victoire ,
L'anéantirà sans effort .
Le plaisir auquel je me livre ,
Vient bien- tôt à se démentir ;
Un moment ne peut garentir
L'autre moment qui le doit suivre.
Envain je cherche à pénétrer
De son avenir les Mysteres ;
Il veut nous cacher nos miseres ,
Il craint de nous y préparer.
Les Ris , les Jeux , troupe fidele ,
Egayoient mes tristes esprits ;
Mais le Temps passe , et cd'un coup d'aile
Dissipe les Jeux et les Ris.
A quelque chagrin suis - je en proye ?
Le cruel paroît s'arrêter ;
Mon coeur nag - t- il dans la joye ?
Il s'empresse de me quitter.
Si quelque fateuse esperance
Me, fait désirer l'avenir ,
Pour
MARS.
41 $ 1733•
Pour retarder ma jouissance ,
Son cours paroît se rallentir.
Sur le present , mon coeur soupire ;
Er l'avenir me fait trembler ;
Le passé même me déchire ;
Il reparoît pour me troubler.
Et quand le poids des ans m'accable ;
Pour me tourmenter de nouveau ,
Dans l'âge le plus vénerable ,
Il me fait rentrer au Berceau.
Cependant son humeur sauvage ,
Ne nous le fait point détester
Il fuit , il vole , et le volage ,
Se fait encore regretter.
Passe , vole , Temps homicide ,
Je n'en verserai point de pleurs ;
Plus ta course devient rapide ,
Plus elle abrége mes malheurs,
Si dans le portrait de tes crimes ,
Mes Vers paroissent sans appas ;
Je craignois de devoir mes Rimes ,
A l'ennemi que je combats.
LE CHAP
Signature
LE CHAPPELAIN.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire