Titre
LE PRINTEMPS, Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Titre d'après la table
Printemps,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
905
Page de début dans la numérisation
62
Page de fin
908
Page de fin dans la numérisation
65
Incipit
Que Printemps est beau, tout rit dans le Nature.
Texte
LE PRINTEMPS,
Par M" de Malerais de la Vigne ,
du Croific en Bretagne .
Q
Ue le Printemps eft beau , tout rit dans la
Nature.
Nos Prez font verts, nos Bois ont repris leur pa
rure ,
Les Ruiffeaux dégelez fur un gravier d'argent ,
Promenent d'un pas diligent ,
Une Onde claire qui murmure.
Les Oifeaux amoureux fous les Rameaux fleuris
Vont chercher les plus frais ombrages ;
C'est là qu'ils font parler dans leurs tendres ra¬
mages
Les feux dont l'un pour l'autre ils ont le coeur
épris.
Amintas
906 MERCURE DE FRANCE.
Amintas , que l'Amour dévore ,
Ne pouvant fermer l'oeil , abandonne fon lit.
Il fort comme en délire , & court au lieu prefcrit,
Attendre Cloris , qu'il adore
Le jour ne paroît point encore ;
Mille foupçons jaloux agitent fon efprit.
Du pareffeux Tithon , l'Epoufe matinale , ›
S'arrête en le voyant , & le prend pour Céphale..
La beauté du Berger la charme & l'ébloüit ;
Mais découvrant l'erreur dont fon ame jouit ;;
Sur fon front rougiffant , fa honte fe fignale , ·
Et bientôt les regrets la rendant trifte & pâle ,
Dans les Airs blanchiffans elle s'évanouit.
Mille frilleufes Hirondeles ,
Traverfant les Mers à la fois ,
Ramenent Zéphire avec elles ,
Et fe repofent fur nos toits..
Se becquetant , battant des aîles ,
Volant & revolant , fe fuivant tour -à- tour ,
Leur caquet enjoüé réveille ,
La jeune Cloris qui fommeille ,
Et l'avertit d'aller où l'attend fon amour..
Le Soleil careffe la Terre ,
Il la confole de la guerre ,,
D'un long Hyver , armé de frimats , de glaçons..
La
MAY. 1730 .. 907
La Terre rajeunie ouvre fon fein fertile ,
Au doux écoulement des celeftes rayons ;
Et Flore , à leurs ordres docile ,,
S'apprête avec Pomone à répandre fes dons.
Nos Brigantins & nos Frégates ,
Fendent le liquide Element ,,
Et ne craignent que les Pirates ,,
Garantis de l'effroi de la Mer & du vent.
Les Poiffons fous un mur de glace ,
Depuis trop long-temps retenus,
Dans leur froide prifon ne fe captivent plus
Thétis les voit bondir fur fa verte furface..
L'Amour que nul effort n'a jamais arrêté ,
Prend fon vol & fe gliffe avec agilité ,
Dans leurs demeures tranfparentes
Ses flammes dans l'eau pétillantes ,
En penetrent l'humidité ,,
Et leurs écailles palpitantes ,,
Expriment le raviffement ,,
D.
Du plaifir dont ils font tourmentez doucement",
Le beau Mirtil fous la feuillée ,,
Danfe au clair de la Lune , au fon du Flageoler ,
Avec la blonde Iris , leftement habillée ;
Il voudroit dans un coin fecret ,
L'entretenir de fon martyre.
2
La
908 MERCURE DE FRANCE
Il a cent chofes à lui dire ;
Mais Corifque & Daphné , d'un regard inquiet ,
Semblent les obferver fans ceffe
Victime du reſpect humain ,
Mirtil lui dit tout bas , en lui ferrant la main ,
Adieu , l'unique objet de ma vive tendreffe ,
Trompons des yeux malins la curieuſe adreſſe ;
Nous nous retrouverons demain.
Jours charmans , faifon fortunée ,
Que vos beautez auroient d'appas !
Si, quand vous revenez, vous ne nous difiez pas ,
Qu'en nous vieilliffant d'une année ,
Vous nous faites marcher vers la nuit du trépas.
Par M" de Malerais de la Vigne ,
du Croific en Bretagne .
Q
Ue le Printemps eft beau , tout rit dans la
Nature.
Nos Prez font verts, nos Bois ont repris leur pa
rure ,
Les Ruiffeaux dégelez fur un gravier d'argent ,
Promenent d'un pas diligent ,
Une Onde claire qui murmure.
Les Oifeaux amoureux fous les Rameaux fleuris
Vont chercher les plus frais ombrages ;
C'est là qu'ils font parler dans leurs tendres ra¬
mages
Les feux dont l'un pour l'autre ils ont le coeur
épris.
Amintas
906 MERCURE DE FRANCE.
Amintas , que l'Amour dévore ,
Ne pouvant fermer l'oeil , abandonne fon lit.
Il fort comme en délire , & court au lieu prefcrit,
Attendre Cloris , qu'il adore
Le jour ne paroît point encore ;
Mille foupçons jaloux agitent fon efprit.
Du pareffeux Tithon , l'Epoufe matinale , ›
S'arrête en le voyant , & le prend pour Céphale..
La beauté du Berger la charme & l'ébloüit ;
Mais découvrant l'erreur dont fon ame jouit ;;
Sur fon front rougiffant , fa honte fe fignale , ·
Et bientôt les regrets la rendant trifte & pâle ,
Dans les Airs blanchiffans elle s'évanouit.
Mille frilleufes Hirondeles ,
Traverfant les Mers à la fois ,
Ramenent Zéphire avec elles ,
Et fe repofent fur nos toits..
Se becquetant , battant des aîles ,
Volant & revolant , fe fuivant tour -à- tour ,
Leur caquet enjoüé réveille ,
La jeune Cloris qui fommeille ,
Et l'avertit d'aller où l'attend fon amour..
Le Soleil careffe la Terre ,
Il la confole de la guerre ,,
D'un long Hyver , armé de frimats , de glaçons..
La
MAY. 1730 .. 907
La Terre rajeunie ouvre fon fein fertile ,
Au doux écoulement des celeftes rayons ;
Et Flore , à leurs ordres docile ,,
S'apprête avec Pomone à répandre fes dons.
Nos Brigantins & nos Frégates ,
Fendent le liquide Element ,,
Et ne craignent que les Pirates ,,
Garantis de l'effroi de la Mer & du vent.
Les Poiffons fous un mur de glace ,
Depuis trop long-temps retenus,
Dans leur froide prifon ne fe captivent plus
Thétis les voit bondir fur fa verte furface..
L'Amour que nul effort n'a jamais arrêté ,
Prend fon vol & fe gliffe avec agilité ,
Dans leurs demeures tranfparentes
Ses flammes dans l'eau pétillantes ,
En penetrent l'humidité ,,
Et leurs écailles palpitantes ,,
Expriment le raviffement ,,
D.
Du plaifir dont ils font tourmentez doucement",
Le beau Mirtil fous la feuillée ,,
Danfe au clair de la Lune , au fon du Flageoler ,
Avec la blonde Iris , leftement habillée ;
Il voudroit dans un coin fecret ,
L'entretenir de fon martyre.
2
La
908 MERCURE DE FRANCE
Il a cent chofes à lui dire ;
Mais Corifque & Daphné , d'un regard inquiet ,
Semblent les obferver fans ceffe
Victime du reſpect humain ,
Mirtil lui dit tout bas , en lui ferrant la main ,
Adieu , l'unique objet de ma vive tendreffe ,
Trompons des yeux malins la curieuſe adreſſe ;
Nous nous retrouverons demain.
Jours charmans , faifon fortunée ,
Que vos beautez auroient d'appas !
Si, quand vous revenez, vous ne nous difiez pas ,
Qu'en nous vieilliffant d'une année ,
Vous nous faites marcher vers la nuit du trépas.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Est rédigé par une personne
Provient d'un lieu
Remarque
Republié dans [Paul Desforges-Maillard], Poësies de Mademoiselle de Malcrais de La Vigne, Paris, veuve Pissot, Chaubert, Clousier, Neuilly, Ribou, 1735, p. 59-61 ; Poësies diverses de M. Desforges-Maillard [...], Amsterdam, Rey, 1750, 2nde partie, p. 213-215 ; Oeuvres en vers et en prose de M. Desforges-Maillard [...], Amsterdam, Jean Schreuder, Pierre Mortier le jeune, 1759, t. 1, p. 283-285 ; Poésies diverses de Desforges-Maillard [...], Honoré Bonhomme (éd.), Paris, A. Quantin, 1880, p. [42]-46.
Fait partie d'un dossier