Titre
PAR Mr. V. A Mr. DE** Qui lui avoit envoyé un Remede pour la Fiévre.
Titre d'après la table
Par Mr V. à Mr de ***
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
20
Page de début dans la numérisation
218
Page de fin
33
Page de fin dans la numérisation
231
Incipit
Plus ne m'enquiers de quelle drogue avez
Texte
PAR Mr.V.AMr.DE**
Qui lui avoit envoyé un Remede
pour la Fièvre. P Lus ne m'enquiers de
quelle drogue avez
Formé ce bol, par qui feroient
bravez
Bien plus de maux, plus
de pestes encore,
Que parmi nous n'en apporta.
Pandore.
Nul mal ne tient contre
ce bol divin,
J'envoys enmoy la vertu
confirmée
Contre une Fiévre en mon
sang allumée,
Du Kinkina le secours.
étoit vain,
Point n'en étoit la fureur
allentie,
Vous dites:Parts, & lav
voila partie.
Mais à la fin le voïle: efl;
arraché,
Ainsi que vous, je sçai ce
qui compose
Ce bol, en qui tant de
force est enclose,
Pour un Poëte il n'est rien
de caché,
Lors qu'Apollon nôtre esprit
a touché, <
Comme les Dieux nous
voyons toute chose.
Que nous voulions penetrer
aux Enfers,
Tous leurs secrets à nos
- yeux font offerts,
Nous y voyons jufqui
l'ardeur farouche
Que pour sa femme a Pluton
dans sa couche;
s'il faut percer les mysteres
des Cieux,
Là, nous allons manger
avec les Dieux
,- Dans leur Conseil nous.
sommes reçus même,
Nous y voyons Jupin ce
Dieu suprême,
Pour cent Amours furtifs
se travailler,
Et son épouse après luy
criailler.
Dans son Palais, dans ses,
grotes profondes
Neptune en vain préreU-f
droit se cacher,
Tout au travers de l'abyme
des Ondes
Nos yeux perçans iroient
là le chercher.
Nous discernons les essences
premieres,
Rien, en un mot-, n'évite
nos lumieres,
Aviez-vouscrûpouvoir les
éviter
Adonc,afin quen'en puiffiez
douter
N'est-il pas vray que ce
bol salutaire
Par qui tout maux font
gueris ences lieux
N'est feulement qu'un magique
giquemystere
Qui de leur Ciel fait descendre
les Dieux,
Et les contraint de venir
en personne
Suivre la loy que vôtre bol
leur donne?
Carje l'ay veu clairement
de mes yeux,
Et ne suis point trop simple,
trop credule, Lorsque je pris ce philtre
merveilleux
Sur le sommet de ce puis
fant globule
Je vis s'asseoir la Deesse
Santé
Au teint vermeil, à ferme
corpulence,
A la dent
blanche, àl'oeil
plein de gayté, ':
Et telle enfin qu'au siécle
d'innocence
Toûjours les Dieux l'accordoient
aux humains, J
Ou telle encor que leurs
benignes mains
4 La font souvent dans le
siécle où noussommes,
, Briller au front de quel
ques bonnes gens,
Qui malgré l'air corrompu
denostemps
Ont le coeurpur commeles
premiers hommes,
sencens Abbez, Chanoines,
& Prieurs,
Gens indulgens pour leur
propre molesse,
Et contre autrui si severes
crieurs.
Mais revenons à la faine
Deesse,
Bacchus, l'Amour, les ris,
les enjouëmens
Sommeil aisé,confiance
-
en les forces,
Desirspuissants, delicates
amorces,
Tout en un mot ce que de
Dieux charmans
Compte l'Olimpe, étoient
lors à (a suite.
Ce n'estle tout; je vis fous
saconduite,
Et j'en frémis encore de
respect,
Je vis ces Dieux sur moy
fondre avec elle,
Je crus alors qu'une guerre
cruelle
S'alloit sur moy former à
son aspect,
Mais non,rienmoins,la redoutable
Fièvre
Fuit sans combatcomme
un timide Liévre
Fuit à rafpett du vîte Lévrier.
Apres cela la Deesse ravie
Marque à chacun des
Dieux qui l'ont suivie
Le Logement qu'il doit
s'approprier.
Bacchus daborddemon
Palais s'empare,
Pour poste Amour mon
coeur s'en va choisir,
Les enjouëmens mon ame
vont saisir,
Le doux sommeil aussitôt
se prepare
A se loger dans mes yeux
languissans,
Non pour toujours,convention
fut faite
Que du Soleil chaque
courie parfaite
Mise en trois parts, les pavots
ravissans
En auroient une, où serains
Se tranquilles
Mes yeux pour eux feroient
de {ûrs azy les,
Quedececours,pendant
les autres parts,
Mes yeux pourroienc,dans
leur mince irrutture,
Loger des Cieux,de toute
la nature
La vive image, & celle
des beaux arts,
Et pour Iris mille amoureux
regards.
La confiance ou l'abus de
ces forces
Courent remplir l'imagination
Jolis desirs , , delicates amorces
Prennent aussimême habitation
Puis d'autres Die)ux dont
ne fais mention
Selon leur rang à leur devoir
se rendent
Et la fanté de qui tous ils
dépendent
Ne voulut point prendre
un poste arrête,
Mais se logea dans toute
la Cité.
Ains, grace à vous, je me
vois en santé,
Mieux que ne fut oncques
le fort Hercule.
J'ai toutefois là-dessus un
scrupule,
Dont besoin est que vous
rnéclaircissiez.
Je craindrois fort que par
hazard n'eussîez
Fait -un mécompte a l'égard
de mon âge,
Et qu'enfaisant vôtre pa-
,
¿te enchanteur
Vous ne m'eussiez invoqué
par malheur
Quelque santé trop jeune
- & trop peu sage,
J'ai sur le front trente-sept
ans au mOlns-)
Or, si m'aviez, par vos
tragiques foins,
Toutde nouveau fait couler
dans les veines
Le même fang & les me.
mes esprits,
Qui m'arumoient à vingt.
ans, que de peines
J'aurois encor sous le joug,
de Cypris!
Qui lui avoit envoyé un Remede
pour la Fièvre. P Lus ne m'enquiers de
quelle drogue avez
Formé ce bol, par qui feroient
bravez
Bien plus de maux, plus
de pestes encore,
Que parmi nous n'en apporta.
Pandore.
Nul mal ne tient contre
ce bol divin,
J'envoys enmoy la vertu
confirmée
Contre une Fiévre en mon
sang allumée,
Du Kinkina le secours.
étoit vain,
Point n'en étoit la fureur
allentie,
Vous dites:Parts, & lav
voila partie.
Mais à la fin le voïle: efl;
arraché,
Ainsi que vous, je sçai ce
qui compose
Ce bol, en qui tant de
force est enclose,
Pour un Poëte il n'est rien
de caché,
Lors qu'Apollon nôtre esprit
a touché, <
Comme les Dieux nous
voyons toute chose.
Que nous voulions penetrer
aux Enfers,
Tous leurs secrets à nos
- yeux font offerts,
Nous y voyons jufqui
l'ardeur farouche
Que pour sa femme a Pluton
dans sa couche;
s'il faut percer les mysteres
des Cieux,
Là, nous allons manger
avec les Dieux
,- Dans leur Conseil nous.
sommes reçus même,
Nous y voyons Jupin ce
Dieu suprême,
Pour cent Amours furtifs
se travailler,
Et son épouse après luy
criailler.
Dans son Palais, dans ses,
grotes profondes
Neptune en vain préreU-f
droit se cacher,
Tout au travers de l'abyme
des Ondes
Nos yeux perçans iroient
là le chercher.
Nous discernons les essences
premieres,
Rien, en un mot-, n'évite
nos lumieres,
Aviez-vouscrûpouvoir les
éviter
Adonc,afin quen'en puiffiez
douter
N'est-il pas vray que ce
bol salutaire
Par qui tout maux font
gueris ences lieux
N'est feulement qu'un magique
giquemystere
Qui de leur Ciel fait descendre
les Dieux,
Et les contraint de venir
en personne
Suivre la loy que vôtre bol
leur donne?
Carje l'ay veu clairement
de mes yeux,
Et ne suis point trop simple,
trop credule, Lorsque je pris ce philtre
merveilleux
Sur le sommet de ce puis
fant globule
Je vis s'asseoir la Deesse
Santé
Au teint vermeil, à ferme
corpulence,
A la dent
blanche, àl'oeil
plein de gayté, ':
Et telle enfin qu'au siécle
d'innocence
Toûjours les Dieux l'accordoient
aux humains, J
Ou telle encor que leurs
benignes mains
4 La font souvent dans le
siécle où noussommes,
, Briller au front de quel
ques bonnes gens,
Qui malgré l'air corrompu
denostemps
Ont le coeurpur commeles
premiers hommes,
sencens Abbez, Chanoines,
& Prieurs,
Gens indulgens pour leur
propre molesse,
Et contre autrui si severes
crieurs.
Mais revenons à la faine
Deesse,
Bacchus, l'Amour, les ris,
les enjouëmens
Sommeil aisé,confiance
-
en les forces,
Desirspuissants, delicates
amorces,
Tout en un mot ce que de
Dieux charmans
Compte l'Olimpe, étoient
lors à (a suite.
Ce n'estle tout; je vis fous
saconduite,
Et j'en frémis encore de
respect,
Je vis ces Dieux sur moy
fondre avec elle,
Je crus alors qu'une guerre
cruelle
S'alloit sur moy former à
son aspect,
Mais non,rienmoins,la redoutable
Fièvre
Fuit sans combatcomme
un timide Liévre
Fuit à rafpett du vîte Lévrier.
Apres cela la Deesse ravie
Marque à chacun des
Dieux qui l'ont suivie
Le Logement qu'il doit
s'approprier.
Bacchus daborddemon
Palais s'empare,
Pour poste Amour mon
coeur s'en va choisir,
Les enjouëmens mon ame
vont saisir,
Le doux sommeil aussitôt
se prepare
A se loger dans mes yeux
languissans,
Non pour toujours,convention
fut faite
Que du Soleil chaque
courie parfaite
Mise en trois parts, les pavots
ravissans
En auroient une, où serains
Se tranquilles
Mes yeux pour eux feroient
de {ûrs azy les,
Quedececours,pendant
les autres parts,
Mes yeux pourroienc,dans
leur mince irrutture,
Loger des Cieux,de toute
la nature
La vive image, & celle
des beaux arts,
Et pour Iris mille amoureux
regards.
La confiance ou l'abus de
ces forces
Courent remplir l'imagination
Jolis desirs , , delicates amorces
Prennent aussimême habitation
Puis d'autres Die)ux dont
ne fais mention
Selon leur rang à leur devoir
se rendent
Et la fanté de qui tous ils
dépendent
Ne voulut point prendre
un poste arrête,
Mais se logea dans toute
la Cité.
Ains, grace à vous, je me
vois en santé,
Mieux que ne fut oncques
le fort Hercule.
J'ai toutefois là-dessus un
scrupule,
Dont besoin est que vous
rnéclaircissiez.
Je craindrois fort que par
hazard n'eussîez
Fait -un mécompte a l'égard
de mon âge,
Et qu'enfaisant vôtre pa-
,
¿te enchanteur
Vous ne m'eussiez invoqué
par malheur
Quelque santé trop jeune
- & trop peu sage,
J'ai sur le front trente-sept
ans au mOlns-)
Or, si m'aviez, par vos
tragiques foins,
Toutde nouveau fait couler
dans les veines
Le même fang & les me.
mes esprits,
Qui m'arumoient à vingt.
ans, que de peines
J'aurois encor sous le joug,
de Cypris!
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Est rédigé par une personne
Remarque
Ce texte est attribué à Jacques Vergier par François Moureau dans son ouvrage Le Mercure galant de Dufresny (1710-1714) ou le journalisme à la mode, Oxford, The Voltaire Foundation, 1982, p. 103.