Titre
LA FAUSSE VALEUR. Par M. l'Abbé Mommenet. Ode qui vient de remporter le prix de Poësie des Jeux Floraux. Quis pacis inennt consilia, cos sequitur gaudium. Prov. 12.
Titre d'après la table
La fausse Valeur,
Fait partie d'une livraison
Page de début
60
Page de début dans la numérisation
67
Page de fin
71
Page de fin dans la numérisation
78
Incipit
Princes, qu'une gloire frivole
Texte
LA FAUSSE VALEUR
Par M. l'Abbé Mommenet.
Ole qui vient de remporter le prix .
de Poelie des Jeux Floraux.
Quipacis ineunt confilia , eos fequi--
tar gaudium: Prov. 12.
PRinces , qu'une gloire
frivole
Anime à chercher les combats ,
Qu'attendez-vous de cette:
Idole ,
Qu'un vain nom aprés le
trépas ?
GALANT.
Ignorez - vous quelles mi
feres
Mars &Bellone fanguinaires
Traînent aprés leurs chars
poudreux ?
Queje vous plains , fi la na
{ sture: V
N'excite en vous aucun
murmure ,
Quand vousfaites des mal
heureux !
#?
Loin du bruit des combats
terribles
Vigilans , au fein du repos ,
Cultivez les vertus paifibles,
62 MERCURE
Elles forment les vraisHe
ros.
Pourquoy faut-il que vôtré
épée
Dans le fang humain ſoit
trempée ,
.
Pour porter le nom de
vainqueur ?
Serez-vous moins couverts
de gloire ,
Si vous remportez la vićtoire
Sur les defirs de vôtre cœur?
Dequel droit ce Grec qu'on
admire.
Enyvré de fes paffions ,
GALANT.
Alla til defoler l'Empire
Des plus tranquilles nations?
Aprés cent combats homil
cides ,
Au gré de ſes defirs avides
C'étoit peu qu'un monde
foûmisdo
Auroit - il manqué d'exercice ,
S'il avoit fçû compter le
vice e
Au nombre de fes ennemis?
Malgré les trompeuſes ma-
.ximes
64 MERCURE
De cent lâches adulateurs ,
Sous de beaux noms les plus
grands crimes
Nous cachent des ufurpa
teurs.
Pleins de l'orgueil qui les
dévore ,
Du couchantjufques à l'aucomb orprore HeronA
On craint ces Rois ambiSortieux
-tieux.
Dans leurs mains gronde le
antonnerre ,
Ce n'eft qu'en ravageant la
terre
Qu'ils ofent s'en croire les
Dieux.
À
GALANT. 65
Adeux Tyrans de leur patrie ,
Soulez du plus beau fang
Romain,
Qui ne fçait que la flaterie
A prodigué le nom d'hu
main ?
Infenfez nous jugeons encore
De ces fantômes qu'elle a
doré
Par un faux éclat qui forz
prend.
Nous admirons fans retenue ,
LeTyran échape à la vûë¸,
May1712.
F.
66 MERCURE
On ne voit que le Conque
ranta
Ainfi de cette ardeur bru
tale
Que n'infpire point le devoir
Nôtreeftime aveugle &fatale
Accredite encor le pouvoir.
Al'afpect des villes enpou
dre ,
Des murs écrafez par la
foudre,
En vain nos yeux font of
frayez.
Victimes d'un honneur bis
zarre
GALANT 67
Nous encenfons la main
barbare
Par qui ces murs font fou
droyez.
Il en eft peu dont la pru
dence
De concertavec labonté
Renferme l'aveugle puif
fance
Dans les bornes de l'équi
τέ;
Qui forcez de prendre les
armes
Pefent & le sag &les larmes
Qu'un triomphe leur va
coûter,
Fij
68 MERCURE.
Et qui retenant leur cou-,
rage ;
Songent à diffiper Forage
Avant qu'onl'entende écla
ter.
Jadis guidé par la fageffe
Salomon, l'amour des mortels , rela
Condamna Forgüeilleufe
yvreffe el ens
A qui nous dreffons dés autels.
Sans s'armer d'un fer redoutable , T
Content de fon cœuréqui
cable,
GALANT. F69
Ses bienfaits étoient fes ex
ploits.
Il fut grand fans être terri↓
ble ,
Et ne ceffa d'être invincible.
Qu'en ceffant d'obferver less
loix.
N'eſt-il plus de ces regnes
calmes
Où les loix fervent de rem
parts?
Oùl'on n'aime à cueillir desi
palmes
Que dans la lice des beaux)
ihearts ; mid s
Qu le commerce & l'abon
dance ,
79 MERCURE
Sources de la magnificen
ce ,
Du citoyen comblent les
vœux ;..
Où la justice revérée
Semble encor du regne:
d'Aftréé
Renouveller le temps heu
reux.
Rends nous cette vie innocente ,
Douce paix , montre à ces
guerriers
Que ton olive bienfaifante
Vaut bien leurs funeftes
lauriers.
GALANT 70:
Fais de la main de ta rivale,
Tomber cette torche fa
tale "
Dont tant de cœurs font
embrafez.
Toy feule en defarmant fa
rage
Effaceras la trifte image f
De tous les maux qu'elle a
caufez....
Par M. l'Abbé Mommenet.
Ole qui vient de remporter le prix .
de Poelie des Jeux Floraux.
Quipacis ineunt confilia , eos fequi--
tar gaudium: Prov. 12.
PRinces , qu'une gloire
frivole
Anime à chercher les combats ,
Qu'attendez-vous de cette:
Idole ,
Qu'un vain nom aprés le
trépas ?
GALANT.
Ignorez - vous quelles mi
feres
Mars &Bellone fanguinaires
Traînent aprés leurs chars
poudreux ?
Queje vous plains , fi la na
{ sture: V
N'excite en vous aucun
murmure ,
Quand vousfaites des mal
heureux !
#?
Loin du bruit des combats
terribles
Vigilans , au fein du repos ,
Cultivez les vertus paifibles,
62 MERCURE
Elles forment les vraisHe
ros.
Pourquoy faut-il que vôtré
épée
Dans le fang humain ſoit
trempée ,
.
Pour porter le nom de
vainqueur ?
Serez-vous moins couverts
de gloire ,
Si vous remportez la vićtoire
Sur les defirs de vôtre cœur?
Dequel droit ce Grec qu'on
admire.
Enyvré de fes paffions ,
GALANT.
Alla til defoler l'Empire
Des plus tranquilles nations?
Aprés cent combats homil
cides ,
Au gré de ſes defirs avides
C'étoit peu qu'un monde
foûmisdo
Auroit - il manqué d'exercice ,
S'il avoit fçû compter le
vice e
Au nombre de fes ennemis?
Malgré les trompeuſes ma-
.ximes
64 MERCURE
De cent lâches adulateurs ,
Sous de beaux noms les plus
grands crimes
Nous cachent des ufurpa
teurs.
Pleins de l'orgueil qui les
dévore ,
Du couchantjufques à l'aucomb orprore HeronA
On craint ces Rois ambiSortieux
-tieux.
Dans leurs mains gronde le
antonnerre ,
Ce n'eft qu'en ravageant la
terre
Qu'ils ofent s'en croire les
Dieux.
À
GALANT. 65
Adeux Tyrans de leur patrie ,
Soulez du plus beau fang
Romain,
Qui ne fçait que la flaterie
A prodigué le nom d'hu
main ?
Infenfez nous jugeons encore
De ces fantômes qu'elle a
doré
Par un faux éclat qui forz
prend.
Nous admirons fans retenue ,
LeTyran échape à la vûë¸,
May1712.
F.
66 MERCURE
On ne voit que le Conque
ranta
Ainfi de cette ardeur bru
tale
Que n'infpire point le devoir
Nôtreeftime aveugle &fatale
Accredite encor le pouvoir.
Al'afpect des villes enpou
dre ,
Des murs écrafez par la
foudre,
En vain nos yeux font of
frayez.
Victimes d'un honneur bis
zarre
GALANT 67
Nous encenfons la main
barbare
Par qui ces murs font fou
droyez.
Il en eft peu dont la pru
dence
De concertavec labonté
Renferme l'aveugle puif
fance
Dans les bornes de l'équi
τέ;
Qui forcez de prendre les
armes
Pefent & le sag &les larmes
Qu'un triomphe leur va
coûter,
Fij
68 MERCURE.
Et qui retenant leur cou-,
rage ;
Songent à diffiper Forage
Avant qu'onl'entende écla
ter.
Jadis guidé par la fageffe
Salomon, l'amour des mortels , rela
Condamna Forgüeilleufe
yvreffe el ens
A qui nous dreffons dés autels.
Sans s'armer d'un fer redoutable , T
Content de fon cœuréqui
cable,
GALANT. F69
Ses bienfaits étoient fes ex
ploits.
Il fut grand fans être terri↓
ble ,
Et ne ceffa d'être invincible.
Qu'en ceffant d'obferver less
loix.
N'eſt-il plus de ces regnes
calmes
Où les loix fervent de rem
parts?
Oùl'on n'aime à cueillir desi
palmes
Que dans la lice des beaux)
ihearts ; mid s
Qu le commerce & l'abon
dance ,
79 MERCURE
Sources de la magnificen
ce ,
Du citoyen comblent les
vœux ;..
Où la justice revérée
Semble encor du regne:
d'Aftréé
Renouveller le temps heu
reux.
Rends nous cette vie innocente ,
Douce paix , montre à ces
guerriers
Que ton olive bienfaifante
Vaut bien leurs funeftes
lauriers.
GALANT 70:
Fais de la main de ta rivale,
Tomber cette torche fa
tale "
Dont tant de cœurs font
embrafez.
Toy feule en defarmant fa
rage
Effaceras la trifte image f
De tous les maux qu'elle a
caufez....
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Résumé
Le poème 'La fausse valeur' de l'Abbé Mommenet, lauréat du prix de Poésie des Jeux Floraux, critique la quête de gloire frivole à travers les combats et les guerres. Il met en garde contre les conséquences destructrices de ces conflits et souligne que les véritables héros cultivent des vertus pacifiques. Le texte dénonce les tyrans ambitieux qui cherchent à dominer par la force, cachant leurs crimes sous des apparences trompeuses. Il exalte la sagesse et la justice, illustrées par des figures historiques comme Salomon. Le poème appelle à une vie paisible et juste, où la paix et l'abondance prévalent sur les lauriers de la guerre. Il se termine par un appel à la paix, présentée comme supérieure aux triomphes militaires.
Est rédigé par une personne