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MERCURE
GALANT.
0
A PARIS,
M.DCCX.
JSVCC Privilège du Roy.
M ERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F*..
Mois
de Decembre.
1710.
Leprix est 30.fols reliéen veau,£
2 5.fols, brochez.
A PARIS,
Chez DANIEL J 0 L LIT, au Livr
Royal,au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
FIIRRE RIBOU, à l'ImageS. Louis
sur le Quay des Augustins.
GILLES lAMinE, À l'entrée de la ru
du Foin, du côté de la rlJJ
Saint Jacques,
MERCURE
- GALANT.
E'TRENNES
DE
MERCURE.
D
ansun Sallon du Firmament
Où les Dieuxàffemblcz,
tenoientappartement>
On vit entrer Le Dieu
Mercure,
Qui d'unMarchand Forain
avoitprislafigure.
Dieutegard, dit Momusy
quas-tu dans ton
Balot,
Des Etrennes,sans doute?
Ouy,dit le Mercelot.
Fort bien. Tu nous <uts
donc étaler enparoles
Tout ce quun Mercelot
étale en babioles;
Ouvrgesdélicats, Bijoux
de Cabinet,
Orpur bien travaillé/ep
à direunSonnet,
Des Brillans endajfeZs
en naïve Epigrame,
-
:.Amours d'argent massif
dansunEpithalame
Eloges tout sucrez
, &
friands Madrigaux, Portraitsvrais oufardez
fatjriojues Tableaux,
Des Odes de clinquant,
des Tambours,des
Trompettes,
Nipes d'Eglogues,des
Houlettes,
Petits Chiens9 &petits
Montons,
Flûtes, Flageolets
,
geolets &
JHufettesy
Lyres d'adulateurs*
chantantfor tons les
tons.
Chut, dit le Mercelotr
un brillant étalage
JÎ plus que l'on ne peut
Je n'A.)etnpgrieafgrqeusoc dainsrmses
Que fideles petits Miroirsy
vit
Quifont voirles défunts,,
Fj
y
dit le Dieu comique.
Vnfidtle Miroir est un
garde-boutique;
jî Paris tu vendras bien
mieux
Lunettes à tromper les
jeux,
PourlesPrudesdutemps,
Eventails àlorgnettes,
Des Besicles pour leurs
Maris,
Rubllns à parer les Coquettes,
Noeudsgalands pour les
Favoris,
Noeuds coulans, &poignardspour
les Amans
trahis.
Veux-tusi ur,reprit Mercure,
Je n'ay que des riens.Je te
jure.
Petits Riens de hasard,
qu'on va mettre au
rabais:
Heureusement, les Ba.
gatelles
AuPArnaïe commeau
Palais
Plaisentquand ellessont
nouvelles,
Enfemme,en belesprit,
jeunesse & nouveaute,
Tiennent souvent lien de
D'accort,mais nouveauté
pour les Dieux est
usée,
De leurgoustsurle Beau
la pointeesle'mo'-ijjée;
Car ils en ont tant vû.
ça fais - donc de tOIJ;"
mieux,
Ondoitdes Et.rennesaux
Dieux
Dés le temps des Romains
, à ce que dit il-lieoire
JD'ejïreEtrenne^jlsfai*
Joientgloire,
Et par conséquentd'e'~
trenner9
Chezles Dieux recevoir
ne vapointsans donner.
Mercure,sois-doncmagnifique
Et déployé icy ta BoutH
que.
Tout beau! du peu que
j'ay j'en veuxfaire à
deux fois,
Tel quifait aujourd'huy
despresens à mains
pleinesy
Seroit moins libéral en
donnant des Etrennes,
S'il devoitcomme moyles
donner to/;* les mois,
LIVRE
Nouveau
Il paroist depuis peuun
Livre intitulé,, Réglés
pourformer un Avocat,
tirées des plusfameux
Auteurs , tant Anciens
que Modernes.
Dans le premier Chapitre
,
l'Auteur parle de
l'Eloquence en général.,
& montre que lanature
seule, toute éloquente
qu'elle est, ne suffit pas
pour former un parfait
Orateur.
Au second Chapitre,
de la noblesse &prérogative
de laproffession d'A..-
avocat,ilrapporte que
parmi les Grecs & les
Romains
,
les Conque.
rans même descendant
du char de leur triomphe
,
venoient immoler
aux pieds de la Justice,
l'ambition de perdre les
hommes
? pour suivre
celle de les deffendre.
C'estainsi que le Roya
rravaillé luy même à former
ce Chef- d'oeuvre de
nouvelles Ordonnances:
monument immortel de
la Ggcife & dela justice
de Louis LE GRAND.
Apres avoir parlé de
l'Eloquence en général.,
l'Auteur traite à fond celle
du Barreau, qui est
son objet particulier.
Je fais consister,dit il
l'Eloquence du Barreau dans
quatre principales choses.
La premiere ,
Sciencedan.s la
La seconde,à bien Composer.
nLaotroinsiémce,eà biren.proLaquatrième&
dernière,
à possederles vertus que
doit avoir un Avocar.
Sur chaque partie je rapporteray
les Regles qui y
conviennent
,
& voila tout
mon dessein.
L'Auteur marque enfuite
les differens carac.
teres de l'Eloquence
,
que chaque Avocat peut
chofir par rapport à ses
talens naturels, & à l'étenduë
de son esprit. Il
marque à ce propos les
differens genies de quelques
Orateurs anciens.
Cefary parloir avec force
&. vehemence.
Celius, se faisoit admirer
dans ses discours parunge
nietoutsingulier.
Calledus, estoit subtil dans
ses raisonnemens.
Brutus,avoit de la gravi
té en parlant en Public.
Sulpicius, avoir des poin
ces trésagréables.
Casseus,plaidoit avec
chaleur.
Pollion, composoit avc
majesté.
Calvus, avec scrupule &
circonspection.
Seneque, avoit la secondite
en partage.
Africain, l'énergie.
- Crispus) l'agrément.
Tracallus
, une belle déclamation.
Secundus, l'élegance.
Demosthene )cnlporroit la
piéce ( si on peut se sevir
de ce mot)
Ciceron, semble avoir luy;
fqculutouarels icetseémzine.ntes,¡
i,
Ensuite l'Auteuraprés
avoir établi plusieurs Regles
generales pour devenir
excellent Avocat,
convient que la grande
difficulté, est de mettre
ces Regles enusage.
Il faut, dit il, à un Avocat
un esprit profond pour
penecrerle fond des Regles,
son discernement les distingue,&
les compare,sa Justice
n'y voit que ce qu'il y
faut voir, sa droiture les
prend toûjours par le bon
costé,& sa délicatesse apperçoit
celles qui patoissent
imperceptibles ; tout cela
fait qu'on ne peut donner
pour l'usage
,
des Regles
fixes ôc immuables,
Eneffet les Regles generales
sont des écueils
pour les petits genies qui
les suivent à la lettre, les
genies fauxméprisent les
Regles- parce qu'ils n'en
sentent pas la justesse,&
les grands genies s'élevent
au-dessus des Regles,
parce qu'ils sçavent
- plus que les Regles.
Tout le reste du Livre
est conformement à son
titre,unreceüil avec ordre
de Regles, de Maximes
& de Conseils:
j'en rapporterai quelques
traits en abregé sans les
choisir, plutost pour
vous donner une idée
generale du Livre, que
pour vous en citer les plus
beaux endroits.
Le sublime & les ornemens
ne sont pas bons dans
toutes sortes de caures; il
fauttraiter les petits sujets
d&'un aircsimp.le& naturel,
, Vous allez voir une ma-
- xime qui paroist d'abord
un peu obscure,l'Auteur
la développe tres-sinement
& tres - nette..
ment; mais ce qu'il en
dit est trop étendu pour
estreplacé icy; clïofesexcellenteilsy^daodieist
on ne peut faite l'exerait
sans en diminuer la beauté
,
voici la maxime.
Il y a de l'art à paroistre
quelques fois douter de ce
que nous disons pour mieux
persuader la verité,&c.
Undes cas ou l'Avocat
peut utilement paroistre
douter de la bonté
de sa cause
,
c'est
quand il s'agit de prouver
aux Juges qu'il ne la
soûtient point paropiniâtreté,
& qu'il n'estpoint
aveuglé par la prévennon,.
Ce n'est pas peu dans
l'Eloquence de bien sçavoir
ce qui doit estre negligé,
&ce qui nele doit
pas estre.
Laveritable Eloquen
• ce doit estre proportionnée
à la capacité de ceux
à qui elle parle.
Que vostre stile foit pur
sans estre énervé parune
exactitude scrupuleuse.,
Lacomposition de l'AvocatDemandeur
doit
estredifférente decelle
du Dessendeur. Le premier
doit établir simplement
Ca.demande ; le second
est toûjours en action
,
il nie, il refute
,
il
excuse, il supplie, il adoucit
& diminuë. Atout
prendre il est bien plus
difficile de soûtenir le
Deffendeur, que le Demandeur.
:
Si Vous plaidezpour
unaccusateur,vostre
composition doit estre
1-iardic, feyerc.,&:vigoareuse,
reuse, parce que vous avez
à combattre la douceur
& la clemence des
Juges; sivous desfendez
un accusé, vostre composition
doit exciter &
soûtenir par sa douceur,
la clemence de ces mêmes
Juges combatuë par
la feyerité des Loix.
UnPlaidoyerqui manque
d'art doit se soûtenir
par l'assemblage deses
forces, par le poids &
par les secousses redoublées
des raisonnemens,
& des preuves.
Un Avocat doit si
bien ménager son Eloquence
qu'onimpute à
la bonté de sa cause, les
traits que son habileté
luy fournit..
Pour bien exprimer les
choses, le tour le plus
~~re!. çlt-J Jeplus cliffir
cile àtrouverà ceux qui
le cherchent, ceux qui
le trouvent sansle cherçker,
jfoAt ..prçjÇjqs les
seuls qui le trouvent. >u
Ce n'est pasassezàun.
Orateur d'estre Eloquent;
il doitconformer
son Eloquenceau goût
de (on siécle.
- La mode n'est. pas à
negliger dans leschofès*
où il est essentiel deplaire
au plus grand nombre.
Il cft dangereux de faire
voir les Factums aux Juges,
avant qu'on ait plaidé-la cause,
car se flatantqu'ils fçaventparavance
tout ceqi*±
on leur peut dire sur l'affaite,
ilsn'écouteront point
l'Avocat avec attention,&
vous perdrez le fruit de certains
traits d'éloquence, qui
touchent & qui émeuvent
les Juges; quand on les prononce
, & qui font peu d'esset
dans la lecture.
Le dernier conseil que
l'Auteur donneà unfameux
Avocat, c'efi; de
se retrancherauCabinet
quand il commence à
moins briller au Barreau,
Il cite là-dessusAsser, le
plus celcbre Orateur de
son siécle, qui à quatrevingt
ans, croyoit plaider
aussi bien qu'à trente;
on disoit de luy qu'il
aimoit mieux renoncerà
sa réputation
,
qu'à sa
profession. Cet exemple
doit rendre Cage les Auteurs
,
dont le feu & la
délicatesse commence à
s'émousser par le grand
âge, car la malignité se
plaist à juger d'un Auteur
par ses derniers 0Uf
vrages , ou par ses premiers
quelle injustice?
de condamner un bel et
prit par des essais qui luy
sont échappez en fortant
du College ; il est
moins injustedeblâmer
celuy qui ne peut se resoudre
à cesser d'êtreAuteur,
car il est plus pardonnable
à un jeune étourdy
de commencer
trop tost
,
qu'à unhomme
censé de finir trop
tard*
Il se vend à. Paris, chez
Daniel Joller, sur le Pont S.
Michel, ducosté du Marché-
Neuf, au Livre Royal. MORTS,
Charles Theodore Othon
Prince de Salm & du S. Empire,
Maréchal de Campgéneral
de l'Empereur ; cidevant
Gouverneurdel'Empereur
Joseph,& grand Maître
de sa Maison, quiestoit né le
27. Juillet
1 645, mourut le
10. Novembre à Aix la Chapelle
ch sa 66.année. Ilavoitépousé en premier
res noccs Godcfroidc Anne
Marie Agnés, fille de Walfgand
Comte de Glein, & de
Marie Comtesse de Amstenra£
fc, morte en couches le
2. Novembre i66j.
Ilenaeû Marie Christine
Godefroide Princesse de
Salm, née le 2. Novembre
1667.& mariée le 15Juillet
1687. à Lcopol Prince
deDietrichftein.
Sa seconde femme estoit
Louise Marie, fille d'Edouard
Comte Palatin du
Rhin;& d'Anne de Gonzague
, & soeur de Madame
la Princesse
, & de Madame
la Duchessed'Hanovre. -
Il en a eû Louise,née le
-1-3. May 1672.. Louis Ocon
né le 14. Octobre 1674.
Louise Apollonie,née le 21.
Janvier 1667. & Eleonore
Christine, née le 14. Mars
l$7$.
,
N. de Harlai,fille de Nicolas
Auguste de Harlai,
Comte de Cely,Conseiller -
ordinaire& Plenipotentiaire
au Traité de Rifwick
, &
de FrançoiseLouise Marie
Boucherat, fille de feu Mr
le Chancellier Boucherat
est , morte sans alliance le
cinquième Decembre.
N. Escart, épouse de
Mr Bclanger de Tourote,
BrigadierdesArmées du
Roy & Colonel deCavalerie,
est morte.
Mre Henri de Ghaisnes,
Comte dudit lieu & de
Monlmont, ci-devant Enseigne
des Gendarmes de
Berri, est mort le 10 Decembre
âgé de 45. ans. Il
avoit épousé Marie Helene
de Mailli
,
fille de Charles
Marquis de Jalesnes & de
Marie Madelaine de Broc.
N. Pecquotveuve deNicolas
Edouard Mier, Chevalier
Seigneur de Maisons
Verneüil ,
& Doyen du
Grand Conseil , mourut lC).
S. Decembre.
.;
Michel de Loy,Doyen des
Professeurs de Droit dans
l'Université de Paris, mourut
le 10. Decembre âgé de
./S5,. ans. MARI A G E.
Mr dePlanque, Brigadier
des Armées du Roy, & Infpecteur
General de l'Infanterie,
épousa,lepremier
jour de Novembre Mademoiselle
de Cadclan ,niéce
de feu Mr le iviaiftre de la
Maisonfort, Fermier Gencral
- Le pere de Mr Planque ,
qui cft d'une tres-ancienne
& tres bonne famillle du
Languedoc,est mort assez
, jeune, estant Brigadier &
Commandant à Bayonne.
-
Mr de Planque aeû laconfiance
de - Mr le Duc de
Noaillesdanscetteaction si
- bien concertée, qui obligea
lesEnnemis de se rembarquer
; ce fut Mr de Planque
qui conduisit le corps
d'Infanterie de Perpignan
à Cette.
L'affaire de Cette me rappelle
l'idée d'une circonstance
que j'ai apprise depuis &
qui regarde Mr poujet,dont
j'ai parlé dans mon premier
Mercure.
Il est bien vrai que le*
Anglois s'emparant de la
la Ville de Cette, où il est
Juge de l'Amirauté, voulurentle
forcer à prester ferment
entre leurs main; sa
fermeté à le refuser
, & les
services qu'il a rendus en cette
occasion lui ont attiré des
*
loüanges de Mrs de Roquelaure
& de Basville. De
pareils temoignages, & une
lettre de lui tres-autorisee,
m'obligent à lui rendre justice
; voici un Extrait de sa
Lettre.
Le 2. 8.Juillet, quifut la
veille du départ des Ennemis,
toutes les Troupesse rembarquerent
& sur les 4. heures
aprésmidi,il ne ressoit dans.
Cettequ'environ40. hommes,
distribuez en diferensposses. Il me parut que 50. Maî.
tres envore;C en diligence aurotentpusi
rendremaîtres du
lieu: lessuites d'uneaffaire con!*¡
certée me paroisoient à craindre,
Cela joint à donneravis
à. nos Généraux de cette jitua-,
tion
, je lefis parunBourgeoisque
j'envoyai &c., Sur les huit heures du matin
du 29. jefus prispar les
ordres du ChevalierNorisqui
estoit à terre; je fus mis dans
sa Chaloupe Joù ilJe mit luimême,
il me déposasur le
premier Vaisseauquise trouva
àsonpassage. C'estoituneFregatte
d'environ 40. Canons,
qui estoit à l'entrée du Port le
coPi 4 travers, quitira tçtitth
la matinée sur la Ville.C'est
là que j'appris la raison de ma
détention. Le Capitaine de ce
Bastiment me traita fort honnestement
, eaprès m'avoir
fait diner avec lui, il me dit
qu'il alloitsur l'amiral parler
pour moi, vers les six heures
au soir.MrNorism'envoya
sa Chaloupe avec un Officier;
jefus porte surson Vaisseau ,
M il mefitdire par l'Interprète
de l'Amiral Hollandois
, que
quoi qu'il pût me retenir
,
il
vouloit pourtant me renvoyer
àla consideration de Mrle Duc
de Roquelaure
,
En ce rcmps là on avoit
écrit de Cette, qu'il avoit
couru risque de la vie. Quoi
que la more soit glorieuse , quand elle est cau fée par le
zele & la fidélité d'un Sujet
pour son Prince, c'est toujours
une fin tragique. Aussi
n'est ce qu'en le (cachanc
renvoyéhonorablementque
j'ai pris la liberté deplaisanter
de son échange,&je citcrois
plusieurs exemples de
Magistrats
,
qui dans le
temps de la Ligue ont couru
mêmes risques pour pareille
fidélité à leur Prince ,
& qui ont plaisance les premiers
sur la maniere dont ils
s'estoient tirez d'affaire.
Madame la Presidente de
Bretonvilliers cil: morte le
Decembre
,
son nom
estoit Claude Perrot de Fercourt
: Elle estoit veuve de
BenigneleRagois, Seigneur
de Bretonvilliers,President
des Comptes; & fille de
Jean Perrot, Seigneur de
Saint Dié & de Fercourt
President , aux Enquestes du
Parlement
,
& de Madelaine
de Combaut Authcuilqb
Je tâcheray dans la suite
d'avoir quelques remarques
Historiques ou Géographiques
sur chaque Article;par
exemple,en voicy deux à
propos de la demierenomination.
:
-
Celle deLandeneou Liudevenech
, donnée au Pere
de Vau, en Latin Lindana
ou Lindanoe portus, fut fondée
vers l'an 480. par S,
Guinolé, autrement S. Guingalois
qm' en sur le premier
Abbé, cette Abbayedevins
très florissante parla discipline
qu'ilyétablie,-elk en>-
brassa la rcglc de S. Benoist
l'an 8 1 8.
Celle d'Arouaifeou d'Arouage
, donnée au Pere
,
d'Ambrine,en latin Aridagamantia
& Aroasia, est de
Chanoines Reguliers de S.
Augustin. Il y avoit autrefois
une grande Forest prés
de Bapaume, &c'estde cette
Forest que cette Abbaye
a retenu le nom.
Le grand Maistre dc l'Ordre
Teutonique, Evêque de
Bressu, a esté élu Coadjuteur
del'Archevêque & Electeur
de Mayence; il est
frere de l'Imperatrice Douairière.
Jacques-Fitz James, Duc
de Bervick
,
Chevalier dela
Jarretiere,dela Toisond'or
& de S. Louis, Maréchal de
France ; & Gouverneur du
Limosin, a estéreçû Duc &
Pair de France le 10. de ce
mois; il y a pris séanceavec
les ceremoniesaccoûtumées.
Donsfaitsparle Roy.
• Le Roy a nommé Mr de
Goesbriant, Chevalier du S.
Esprit
, & luy a donné une
pensionde douze mil livres
Il eil: d'une ancienne noblesse
,
& Gendre de Mr
Desmaretz.
Sa'Majdte a fait Lieutenant
General, Mr leComte
d'Estrades : Mrs de Beuil,
de Grimaldy, de Robelin,
& de Selve, Maréchaux de
Camp; Mrs.leMarquis de
Lyonne, & de Bellabre, Brigadiers;&
Mr de Ravignana
eu une pension de2000.liv.
Le Regiment du Fort ancien
, a esté donrté à Mr
le Marquis de Lyonne;il seraconservé
à la Paix,& portera
le nom de Lyonne.
Celuy de Lorraine ,
, a cfté
donné à Mr le Comte de
la Motte ,avec permisson
de le vendre.<
-
Ccluy d'Aulnix qtf'avoîtT
Mr le Marquis de, Lyonne,
a esté donné àMrle Comte
deBrancas.» *
MJKlAGE.
Mr le Comte de Boulainviller
a épouséle 23 Decembre
Mlle Dalegre, avec
l'agrémentdu Roy, qui a
signé son Contrat. La Maison
de Boulainviller & cet.,.
led'Alegre font si illustres
qu'ellessont connues de
tout le monde. Mr deBoulainviller
estl sans cnfans depuis
la Bataille deMalplaquet
,oùil perdit le Marquis
de Boulainviller, jeune
Seigneur de tres grande cc.
pcrance, & son filsunique
, pour lors; caril avoit perdu
six mois avanr t'Abbe de
Boulainviller
,
âgé de dixfcpt
ans, & dont à cet âge
la capacité tenoitduprodige.
La premiere femme de
Mr le Comte de Boulainviller
estoit Marie-Anne
Hurault du Marais , morte
en 1696.
EXTRAIT
DuDiscoursdeM.l'Abbé
Simon, dans la derniere
Assemblée de
l'Academie des Medailles
& lnscriptions.
SVRLESPRESAGES.
Ordre & Division du <
Discours. L'origine & les causes de
l'oblervation des Presages,
les diverses Efpcces
,
les
occasions ausquelles on y
avoit 1ccours & ce qui
estoit necessaire pour les
faire valoir ou pour les détruire.
Mr l'Abbé Simon trouve
la premiere Origine
de la superstition des Présages
dans la foiblesse de 0l'homme, dont la curiosité
veut penetrer l'avenir
, & dont l'orgüeil
veut abaisser jusques à
luy l'Estre suprême à qui
rien n'est caché.
Les Philosophes rcconnoi{
fJot uneintelligence suprême,
infinimentdistante
de la leur, luy subordonnerent
des Divinitecz éclairées
immediatement de ses
lumieres, qu'elles répandoienc
sur d'autres génies.
jnferieurs placez au -
dessous
d'elles dans tous les élemens ;
ceux-cy plus à portée d'entretenir
commerce avec les
hommes se plaisoient, disoient-
ils, à leurcommuniquer
ce qu'ilssçavoient de
l'avenir, & à leur donner
des pressentiments de ce qui
devoit leur arriver,&c.
La science des Presages
est apparemment aussi an
cienne que l'Idolâtrie ; cc
qu'il y a de certain c'est que
les anciens ~ha bitans de la
Palestine en estoient infectez
dés le temps de Moyse,qui
sir ~daffensc aux Israëlites de
suivre l'exemple des Nations,
dont ils alloient posseder
le pays, qui écoutoient,
dit-il, les Augures
& les Devins.
Mrl'AbbéSimon distingue
icy la confiance
du peupledeDieu en ses
Prophetes, d'avec la credulité
superstitieuse des
peuples idolâtres pour les
Presages. Il marqueainsi
le caractere des derniers.
Lorsque la prudence humaine
estl en défaut
,
elle a
recours à une intelligence
superieure capable de fixer
sonincertitude & de relever
son courage dans les occafions
embarasantes & dans:
les périlspressants.
AinsiUlisse ne sçachant si
tes Dieux qui l'avoient perfccuté
si long-temps sur
terre & sur mer, approuvoient
enfin son retour en
sa patrie & le dessein hasardeux
qu'il méditoit, prie Jupiter
de luy faire connoître
sa volonté par la voix de
quelqu'un de ceux qui veilloientalors
dans la maison,
& par un prodige au dehors.
Un cou p de tonnerre qui
éclata en même temps le
remplit de joye &fa crainte
se dissipa entierement, entendant
une femme qui
bluttoit de la farine
,
& qui
rebutée de ce travail souhaitoit
que le festin qu'on préparoit
aux Amans de Penclope,
fust le dernier de leur
vie. Ces imprécations luy
parurent un Presagecertain
de la fin malheureuse de ses
ennemis & du succés de sa
vangeance.
Des signes semblables
que le hasard faisoit quelquefois
paroître comme à
point nommé aux voeux
des Suppliants, les convainquirent
de la vigilance des
Dieux toûjours attentifs à
répondre à leurs constations,
& engagez pour ainsi
dire, par le devoir de leur
ministére à leur donner des
pressentiments de ce qui devoit
leur arriver.
Cette persuasion lesobligea
à observer plus religieusement
toutce qu'ils entendoient
& ce qui se presentoit
à eux dans le moment qu'ils
formoient quelque entreprise,&
leursespritsremplis
de leurs projets n'avaient
pas de peine à découvrir
dans tout ce qui paroissoit
des marques évidentes de
l'évenement dont ils vouloient
estre éclaircis; semblablcs
à ceux qui regardent
attentivement des nuages&
quiy voyent tout ce que
leur imagination leur represente.
Cependant pour s'assurer
de leurs conjectures ils ne
manquoient pas quand les
choses estoient arrivées de
confronter les évenements
avec les prognostics, & de
tâcher de les concilier en semble,
lors que la fortune ne
ses faisoit pas quadrcr assez
juste. En cette maniere on
interprétoit les Oracles ,
& encore au jourd'huy des
gens prévenus en faveur de
certaines pretendues Propheties
,
s'imaginent entrevoir
dans leur obscurité
affectée toutes les grandes
révolutions qui arrivent
dans le monde.
Je paffe icy une fuite
de Remarques judicieuses
, par où l'on voit l'é.
tablissement des Presages
dont les Egyptiens
ont fait un Art oùils
ontexcellé,&: qu'ils ont
transmis aux Grecs, 6c
qui a elle soutenu en.
suite par l'autorité des
hommes les plus graves
& les plus éclairez, qui
en faisoient un des articles
de leur religion. Pithagore
& ses Disciples,
Socrate , Platon, Xeno- phon,&c.
Ensuite les Hetrusques
ont appris cet Arc
aux Romains,&c.
Aprés avoir marque
l'origine & l'établissement
des Presages, Mr
l'Abbé Simon en explique
les especes. La necessité
d'abréger m'oblige
à ne dire qu'un
mot de chacune.
La première espece de
Presage se tiroit des paroles,
les voix qu'onentendoit
Anî sçavoir d'où elles venoient,
passoient pour divines,
telle sur celle qui arresta
leContul Mancinus,
prest de s'embarquer pour
l'expedition de Numance où iléchoüa. honteusement,.
On peut mettre au même
rang ces voix effroyantes &
ces cris lugubres qu'on
entendoit dans les bois,
on les attribuoit aux Faunes,
& l'on croyoit qu'elles annonçoient
des accidents funestes.
On prenoit aussi pour
présages les voix de ceux
qu'onrencontroit en sortant
des mai sons, & sur
des mots prononcez par
hasard, on prenoit quelque
fois des resolutions tresimportantes.
Le Sénat Romainle
détermina a retablir Rome
brûlépar les Gaulois, sur
la voix d'un Centurion qui
crioit à l'Enseigne de sa
Compagnie,de planter le
Drapeau,& de rester, où il
estoit, quoy que cette voix
n'eut qu'un rapport imaginaire
au sujet dont il s'agilfoir.
Les Grecs nettoient pas
moins attachez à cette manie
que les Romains. Il y
avoit dans l'Achaïe un Temple
de Mercure où on le
consultoit d'une maniere
assez singuliere. Celuy qui
desiroitestre éclairci de son
fort
,
sapprochoit de la
Statue. de ce Dieu, & luy
disoit tout bas à l'oreille
ce qu'il vouloir fqavolr>
bouchant les siennes avec
ses doigts.Il sortoit du
Temple en la même posture,
& ne débouchait ses oreilles
que lors qu'il estoit au milieu
de la grande Place publique.
Alors il prenoic
pour la réponse de Mercure
les premieres paroles qu'il
entendoit.
Une autre espece de presage
étoit les tressaillemens
du coeur, des yeux & des
sourcils, qu'on appelloit
SaflifJauo.!
Les Pal pitations de coeur
spassoiiengt pounr unemauv.ais
Les tressaillemens de
l'oeil droit, estoient au
contraire un signe heureux.
-
L'engourdissement du petit
doigt de la main droite
ou letressaillement du pouce
de la main gauche, ne
signifioit au contraire rien
de favorable.
Les teintemens d'oreilles
& les bruits qu'on s'imaginoit
entendre , estoient P,¡..
reillement desprésagesassez
ordinaires. Les Anciens
disoient, comme le Peuple
le dit encoreaujourd'huy
,
que des personnes absentes
partaient d'eux.
Mais les éternuëmens
estoient des presages encore
plus anciens & plus autorisez.
Penelope entendant
son fils éternuer dans le
temps qu'elle disoit que son
Mari estant de retour sçauroit
bien tirer vengeance
des desordres que ses Amants
interessezfaisoient
dans sa maison
, en conçut
une esperance certaine de
l'accomplissement de ses
desirs.C'estoit alors un
sïgne toûjours avantageux.
C'est pourquoy les Grecs
l'appelloient l'oy seau ou
l'augure de Jupiter
,
s'imaginant
qu'il en estoit l'Auteur
,
& qu'ils devoient luy
en rendre graces dans
l'instant.
Ils tenoientmême l'éternuëment
pour un Dieu ou
une chose divine
,
suivant
Aristote. La raison que ce
Philosophe en apporte, cest
qu'ilest produit par lemouvement
ducerveau, & qu'il
est la marque de la sante de
cette partie la plus excellente
qui soit dans l'homme,
le siege de l'ame & de la
raison. Cependant leScholiaste
de Theocrite prétend
que l'éternuëment estoitun
presage. équivoque, qui
pouvoit estre bon & mauvais.
C'est pourquoy les
assistans avoient coûtume
de saluer la personne qui
éternuoit en faisant des Cou'"
haits pour sa conservation,
afindedétourner ce qu'il
pouroit y avoir de fâcheux.
Les Grecs se servoient de lar
formule
, que Jupiter HJOUÏ
conserve,comme nous disons
Dieu vous assiste.
En cff.[ les éternuëmens
du matin; c'etf à dire depuis
minuit jusqu'à midy
,
n'êtoient
pas avantageux; ita
devenoient meilleurs lereste
du jour. Entre les éternucmens,
on estimoit davantage
ceux qui venoient du
côté droic ; mais l'Amour
les rendoit toujours favorables
aux Amants de quelque
costé qu'ils vinssent, si
l'on en croit Catulle.
L'Esprit familier de Socrate
se servoit de cc presage
en diverses manieres
pour luy donner de bons
conseils. Quand un autre
éternuoit à sa droite,c'étoit
un figne qu'il dévoit
agit, & une deffense de le
faire quand on éternuoit à
sa gauche, &c.
Il n'est pas trop seur que
Socrate setoittoûjours bien
trouvé de suivre ces présages
; mais il paroist que cc
n'estoit pas unsigneinfaillible
pour tous les autres:
témoin ce mary donc il cff
fait mention dans une ancienne
Epigrame de l'Anthologie,
qui se plaint qu'-
ayant éternué prés d'un
Tombeau, plein d'esperance
d'apprendre bien-tost la
mort de sa femme, les vents
avoient emporté le présage.
On peut joindre aux
éternuëmens des accidents
aussi naturels & aussi ordinaires
, sçavoir les chutes
imprévues, foit des hommes
,soit des choses inanimées
sur lesquelles on faisoie
des prognostics. Un
des plus remarquables fut
celle de Camille, aprés la
prise de Veïes; voyant la
grande quantité de butin
qu'on avoir ramassé, il pria
les Dieux que si sa bonne
fortune & celle du peuple
Romain leur paroissoit excessive
,
de vouloir bien
adoucir la jalousie qu'elle
pouvoir causer en leur envoyant
quelque legere disgrace
,
s'estant tourné en
même temps pour faire son
adoration, il tomba, & l'onprit
la fuite de cetaccident
comme un presage de son
exil & de la prise de Rome,
qui arrivérent peu de temps
aprés.
La chute de Neron, en
recitant en public ces Vers
de l'Oedipe
, ma Femme ,
ma Mere, mon Pere
m'obligent de périr ,
,
fut
remarquée comme le signal
fatal de sa mort. On fit
lemême jugement durenversement
de statuës de ses
Dieux domestiquesqu'on
trouva par terre le premier
jour de Janvier. Ces presages
qui comprenoient la
chute
chute du tonnerre,&dautres
chosessemblables,s'appeloient
caduca auspicia.
C'en estoit un de pareille
nature de heurter le pied
contre le feiïil de laporte en
forçant; de rompre les cordons
de ses souliers, & de
se sentir retenu par sa robbc
en voulant se lever de son
siege; tout cela étoit pris à
mauvais augure. On remarque
quele jour que Tiberius
Gracchus futtué, il
s'estoit fort blessée au pied
au sortir de sa Inaifon,
ensorte que son soulier en
fut tout ensanglanté.
Larencontre decertaines
personnes &de certains animaux,
ne faisoit pas moins
d'impression sur les esprits
foibles & super sticieux. Un
, Ethiopien, un Eunuque, un
Nain,unhomme contrefait
qu'ils trouvoient le matin au
sortir de leur maison, les
effrayoit. & les faisoit rc:n.
trer. Auguste ne pouvoit
dissimuler l'horreur qu'il
, avoit pour ces monstres de
nature.
Les animaux qui porroient
bonheur estoient le liôfti
les fourmis, les abeilles, &e. Les animaux qui
présageoient des malheurs
estoient les serpens, les crocodilles
,
les renards, les
chiens, les chats, les singes,
les rats, les souris, belettes, "'le. Il y avoit àussi des
noms heureux & malheureux
, &c.
Pompée se sauvant en
Egypte apréslaBataille de
Pharsale
,
vit de loin en
abordant à Paphos dans
l'isle de Chypre,un grand
édifice dont il demanda le
nom au Pilote;ayant appris
que ion nom signifoit
- lemauvaisRoy,ilen détourna
les yeux avec douleur, consterné
d'un si triste presage.
Auguste tout au contraire,
en eut un qui le remplit
d'esperance d'une prochaine
victoire
,
s'avançant
vers Actium avec son
Année) il rencontra un
homme nommé Eutychus,
c'est à dire heureux, qui
conduisoit un Asne nommé
Nicon
,
c'est à dire victorieux.
Après le gain de la
Batailleil fit representer l'un
tz l'autre en bronze dansle
Temple qu'il fit bâtir sur le
lieu oùil avoit campé & où
il avoit fait cette heurcufc
rencontre.
On peut joindre aux noms
les couleurs qui avoient leurs
significations & leurs prefages.
Le blanc estoit le
symbole de la joyc, de la selicité
,
de l'innocence; le
noir estoit un signe de mort,
de chagrin ,de malheur; la
pourpre estoit la marque de
l'Empire & de la souveraiue
Puissance.
L'observation de la lumiere
de lampe n'estoit pas moins
frivole:onen tiroit des prog-
Donies,tant des changemens
de temps que de divers accidents.
C'estoitunsignede
pluye &de quelque agréable
avanture lors qu'elle étincelloit,
&qu'il se formoit autour
de la méche des manieres
de champignons; c'est
pourquoy on mêloit quelquefois
un peu de vin avec
l'huile pour la faire pétiller.
Non seulement les Femmes
& les Amants s'amusoient
à ces badineries; mais Tibere
même, au rapport de
Suetone
, quoy que dailleurs
il eût peu de Religion,
hafardoit sans balancer le
combat, lors qu'estans à la
teste d'une Armée & travaillant
la nuit dans sa Tente,
la lampe venoit à s'éteindre
tout à coup, ayant
éprouvé, disoit-il
, que ce
presagequiestoit particulier
pour sa Maison
,
luy avoir
toûjours esté favorable aussi
bien qu'à ses Ancestres.
Il y avoit une espece de
Jeu dont les Amants se fervoient
pour éprouver s'ils
estoient aimez de leurs Maîtresses
; c'estoit de faire claquer
des feüilles dans leurs
mains. Si le son qu'elles rendoient
estoit clair & perçant
ils auguroient bien de
leurs amours. Ils estoient
aussi fort contens lors qu'en
pressant des pepins de pommes
entre leurs doigts
,
ils,
les faisoientsauter jusqu'au
plafond de la chambre.
Le bruit que faisoit le
laurierjetté sur un foyer sacréestoit
pareillement un
heureux presage.
:
Voyons maintenant les,
occasions qui exigeoient une
attention particuliere aux
présages.
La mort estant si redoutable
à tous les hommes, ils
ne pouvoient pasestretranquilles
sur ce qui sembloit
la leur annoncer. Ily avoit
peu de gens qui ne s'imaginassent
en avoir des pressentimens
;mais celles des Princes
& des hommes illustres
interessant tout l'Etat, on
étudioit avec foin toutcequi
la précedoit,&l'on ne manquoit
pas de découvrir des
signes funebres qui en passoient
pour les avant - coureurs.
Tels qu'estoient des
Comètes& semblablesPheflomenes)
des Hiboux entendus
dans leurs Appartemens,
l'ouverture subite de
leurs tombeaux, ou des voix
plaintives qui en sortoienr,
les appellant par leur nom,
la rencontre imprévuë de
victimes lugubres échapées
des mains du Sacrificateur
qui les couvroit de sang,
leurs Palais, leurs Statuës, &
autres Monumens Publics
frapez de la foudre; quelques
discours faisant mention
de leur mort ou de leur
derniere volonté, ou de leur
successeur. Ainsi Neton faisant
réciter dans le Senat
une Harangue qu'il avoit
faire contre Vindex & les
conjurez,qui finissoit par ces
mots que les scelerats porteroient
la peine de leurs crimes,
& seroient bien tost une fin
tragique. Les Senateurs voulant
luy applaudir,&l'exciter
à la vengeance, secrierent,
faites Seigneur. Il accomplit
la Prophetie & périt
peu de temps après comme
il avoit vêcu.
Le Confu! Petilius sur aussi
sans y penser le Prophete
de son malheur,exhortant
les Soldats à s'emparer d'une
hauteur dont le nom êtoit
équivoqueà celuy de la
mort,leur dit qu'il estoitresolu
à la gagner avant la fin
du jour. L'événement confirma
le présage
,
ayantesté
tué à l'attaque de ce Posse;c;
Toutes ces especes de présages
dont les uns annonçoient
des choses agréa bles
èc avantageuses, les autres
des accidens trisses & funestes
estant des signes qu'on
croyoit envoyez aux hommes
de la part des Dieux
pour les avertir de ce qu'ils
devoient esperer ou craindre,
paroissoient inutiles à
moins qu'ils ne les observassent
& ne s'en fissent l'aplication
necessaire.
-
C'est aussi à quoy ils ne
manquoient pas lorsque le
présagerépondoit à leurs
voeux. Ils l'acceptoient sur
le champ avec joye & en
rendoient graces aux Dieux
qu'ils en croyoient les Auteurs
,les suppliant de vouloir
accomplir ce qu'ils avoientla
bonté de leur promettre
, & pour s'assurer
davantage de leur bonne
volonté ils leurendemandoient
de nouveaux qui
confirmassent les premiers.
Ils estoient au defcfpoir
lorsque dans le temps qu'il
leur apparoissoit un signe
favorable, on faisoit quelque
chose qui en détruisist
le bon-heur, ce qu'on appeloit
vituperare omen.
Au contraire, s'il arri-
Voit quelque accident qui
leur fit de la peine, & leur
parût de mauvaifc augure
ils en rejettoient l'idée avec
horreur; & prioient les
Dieux de détourner le malheur
dont ils estoient menacez
, ou de les faire retomber
sur la teste de leurs
ennemis; mais ils n'estoient
en droitde le faireque lorsque
le présage s'estoit presenté
à eux,ce qu'onappelloit
omen oblatium
,
s'ils
l'avoient demandé, il falloit
se soûmettre avec résignation
à la volonté divine.
Ceux qui dans le fond
du coeeur reconnoissoient la
vanité de toutes ces observations,
ne pouvoient cependant
se difpenfcr de suivre
l'usage comme les autrès.
Tout ceque la prudence
pouvoit leur permettre
estoit de donner un tour favorable
aux accidens sâcheux
qui leur arrivoient
pour empêcher les mauvailes
impressionsqu'ils pouvoient
eau fer dans l'esprit
de ceux qui en estoienttémoins.
Ainsi Jules Cesar
estant tombé en descendant
duVaisseauqui l'avoit
porté en Affrique
,
où il
alloit faire la guerre au reste
du party de Pompée,&apprehendant
que sa chute
Dallarmjic ses Soldats,eût
assez de presenced'esprit
pour tirer avantage de ce
mauvais augure ;
il embrassa
la terre, en disant, je te
tiens
,
Affrique,LaVistoire
qu'il yremporta fitconnoître
que tous ces signes funestes
n'estoient efficaces
que pour ceuxqui avoient
la foiblesse de les craindre.
Il y en avoit donc on tâchoit
d'arrester la malignite
par des remedes aussi ridicules.
Lorfquc deux amis 1
se promenoient ensemble,
une pierre quitomboitentredeux,
un enfant ou un
chien qui les separoit, estoit
un prognostic de la rupturede
leuramitié.
Pour empêcher l'effet,ils
marchoient sur la pierre,
frappoient le chien, ou donnoient
un soufflet à l'en- fant. On remedioit à peu prés
de la même maniere à la
malédiction pretenduë qu'
une Belette laissoit dans un
chemin qu'elle avoit traversé.
Les Gens superstitieux
qui lavoient apperçû Ce
donnoient bien de garde de
paner les premiers par cet
endroit qu'ils nenstent jetté
au delà trois pierres pour
renvoyer par ce, nombre
misterieux sur ce maudit animal
le malheur, qu'il leur
annonçoit, C'est dans cette
mêmevueque l'on attachoitaux
portes des Maisonslesoiseaux
de mau--
vais augure que l'on pouvoit
attrapper
C'estoit une coutume
observée à Rome de nerien
dire que d'agreable le premier
jour de Janvier, de
se saluer les uns les autres
avec des souhaits obligeants
de se faire de petits presens,
sur tout de miel & d'autres
douceurs, non seulement
comme des rélTIoignageSt
d'amitié&de politesse ; mais
aussi comme d'heureux présages
qui annonçoient le
bon- heur & la douceur de
la vie dont on joüiroit le
reste de l'année. La pensée
où ils estoient qu'on la
continuëroit comme on
l'avoit commencée
,
estoit
cause que la solemnité de
la feste qui devoit faire
cesser toute forte de travail
3< n'empêchoit pas que chaoun
ne fit quelque légere
fonébon de son emploi
pouréviter le préjugé honteux
de paresse &doisiveté
&c.#
- De peur de faire un extrait
trop long, j'obmet
icy plusieurs détails sçavans
& agréables sur la
superstition ancienne des
Sacrificateurs, des Magistrats&
des Généraux
dJArlnéè; par exemple.
Le Consul Paulus en
rentrant dans sa maison au
sortir du Senat où l'on avoit
résolu la guerre contre Persée
dernier Roi de Macedoine,
une petite fille qu'il avoit
vint au devant de luy les
larmes aux yeux;luy ayant
demandé lesujet de sa tristesse
, mon pere ,
dit-elle,
c'en est fait de Persa, c'estoit
le nom de sa petite chienne
qui venoit de mourir, alors
embrassant tendrement cet
ensant, ma chere fille, luy
ditil, j'accepte le Présage,
fècC»•••«*••••#«
Si les Anciens ont observé
religieusement les presages
dans lesaffaires publiques,ils
n'y ont pas esté moins attachez
dans les particulières
comme la naissance des ensans,
les mariages,les voyages
,
le lever, les repas ,
&
la pluspart des actions importantes
de leur vie,&c.
Livie estant grosse de
Tibère
,
après diverses autres
experiences, fit éclorrc
un oeuf dans sa main ,il en
sortitun poussin ayant une
très-belle crête ; qui fut
ensuite le prognostique de
l'Empire qui luy efloie
destiné. Géra vint apporter
à l'Imperatrice Julie sa
mercj un oeuf couleur de
Pourpre, qu'on disoit clîre
nouvellement pondu dans
le Palais. Cette couleur
estant la livrée del'Empire,
sembloit le promettre au
nouveau Prince; c'estoit
aussi l'intention de ceuxqui
l'avaient presenté,&l'Impératrice
l'avoir accepté
dans ce même sens. Mais
Caracalle encore enfant
ayant pris cet oeuf,&l'ayant
caúé
,
Julies'écria, quoyqu'enriant,
mauditparricide
tu as tuëtonfrere On prétend
que Severe, qui estoit present
>
fort adonné aux Présages,
fut plus vivement
touché de ces paroles - ,
qu'aucun des assistans qui
n'en firent l'application, &
peut estre le récit que lorsque
Géra eut esté tue pas
son frere.
Mr l'Abbé Simon fait
ensuite le détail des superstitions
anciennes sur
les Mariages ; on peut
tous les presages heureux
, & que les Devins
habiles prédisoient plus
de malheur aux époux
que de bonheur
,
afin
queleur prédictions sur.
sent plus seurement accomplies
Voici quelques maximes
qu'on suivoit dans les repas,
par exemple de ne point parler
d'incendies, de ne point
laisser la table vuide ou sans
sel, prendre garde de ne le
point répandre ( superstition
qui ricflpas tricote abolie)de
ne point balayer la table
lorsque quelqu'un des conviez
se leveroit de table, &:
de ne point défervir lorsqu'il
buvoit, de regler le
nombre des Conviez, &
des coups quel'on buvoic
à trois ou à neuf en l'honneur
des Graces &des Muses
; mais cette rcglc n'é-
,.toit pas sans exception. Il
cfl: constant que les Romains
estoient souvent douze
à une même table, mais
ils ne pouvoient y estre gueres
davantage sans incommodité
; c'est peur estre l'arigine
de la fatalité qu'on
attribue encore aujourdhuy
au nombre de
1 3. &c.
Je passe pour abreger
sur les présages qu'ils
croyoient leur annoncer
la mort, lesCommettes
les Hiboux.
Ensuite Mr l'AbbéSimon
explique la manière
dont ils acceptaient
les bons présages,& celle
dont ils se servoient
pour détourner les maiw
vais, & finit en observant
que la superstition
des présàges ayant cessé
par letabliflement de la
Religion chrétienne,il
reste pourtant encore
parmy le Peuple, des vestiges
de ces observations
fuperftitieulcs
, qui étoient
en usage dans
l'Antiquité.
MARINE.
Avis de Prises.
De Toulon le premier Decembre
1 7 10.
Le sieur Desdons Capitaine
de Brulot qui avoit armé
encourse le Vaisseau la Marie
Anne, a pris trois Vais-
[caux, sçavoir, deux Anglois,
chargez de morüe &
de bled, & le troisiéme
Hollandois,venantde Moscovie
,
destiné pour Livourne,
à l'abordage duquel le
Sr Desdons a cité tué par le
dernier coup de Canon qui
en futtiré.
Cette prise est estimée
2.50000. livres.
De Calais le 5. Decembre
1710.
Le Capiraine Gavelle y a
amené un Batteau Anglois,
nommé le Samuel de Hastin
g.
Le Capitaine Guillaume
Cardon y a aussiamené une
Galliotte Hollandoise de 70
Tonneaux, nommée les
trois Amis dAmsterdam.
De Livourne le
1 g.. Novembre1710.
Le Capitaine Augier,
Commandant IcVaincau la
Fortune de la mer , a mené
à Livourne un Vaisseau
Hollandois, nommé la Galere
Sara-Maria, estimée
zjooo. écus.
Madame la Connestable
Doüairrere de Cologne. M.
le Connestable, M. son frere
& Mesdames leurs Epouses
qont presentement à Ligourne.
De Calais le 8. Decembre
1710.
Il yaesté amené 3. pri-.
qes, sçavoir
, une Barque
Suedoise de50 Tonneaux,
faice par les Capitaines
Marcq Teste
,
& Jean Hache.
La 2.
e. un Dogre de 50-
Tonneaux pris par les Capitaines
Bachelier & Live.
Et la 3 e.estune Galliotte
de
1 50 Tonneaux prispar
les Capitaines Dunet &autres
Corsairesde ce Port.
De Toulon le 2. Decembre
1710.
Le sieur de Pallas écrit
de Cadis qu'il y a conduit
deux prises, sçivoir un Vaisseau
de la Reine Anne de
30.Canons, dans lequelil
s'est trouve environ dix mil
piastres en or ,deux mil pia sstres
enmarchandises, 40.
bariques de vivres, & que
le corps du Vaisseau a esté
vendu 2010.piastres.
Et la 2e.un Vaisseau Anglois
de 70. Tonneaux.
Le sieur Grasson Commandant
le Faucon y a mené
aussi un Vaisseau Anglois
de 30. Canons chargé de
munitionsdeguerre,&un
Vaisseau Venitien,estimée
îjooo. piastres.
De Morlaix le 5. Decembre-
1710,
Les sieurs de Quernolle &£
Cambruah,Commandants
les Fregates la Couronne&
la Fidelle, y ont mené les prises
suivantes.
Le Henry de Bristol, le*
Vigilant de Montsara, le
Content de Falmouth
,
ô£
le Hopsvel de Guernezey.
Le ticur de Luzancy
Commandant une Fregate
du même nom, a conduit 4
prisesàl'Isle de Bas,
De Calais le 8. Decembre
1710.
Des Corsaires de Calais
y ont amené trois prises
nommées.
La Concorde de Christiania.
La Tour de Ahum.
L'Esperance de Drames.
C HA NSONS.
Detoutes mes Chansons,
lesdeux suivantes
sont les feules dont on m'ait derobé e-xa-âement
les airs, comme ils
font imprimez. Il seroit
inutilede les donner icy.
Je -joindray seulement
des paroles nouvelles aux
anciennes;cestainsi
qu'on fait passer le vin
vieux &: usé, en le rajeu-
;ai{Tant avec de la Tocane.
CHANSON
à boire.
Les Rois d'Egipte & de
Sirie.
Viuloientqu'on embaumât
leurscorps-
Pour durer plus longtemps
morts.
Quelle folie.
Avant que de nos corps
nostreamesoit partie
Avec du vin embaumons
nous,
Que ce baume el doux,
Embaumons nous, embaumons
nous ,
Pour durerplus longtemps
en vie.
NOUVEAU COUPLET.
Raison ? quand ce vin
nous anime
, Pourquoi vien tu compter
nos coups.
Tu nous dit moderez,
vous , Quelle maxime,
Toûjours de la raisonserons
nous la victime ,
Elle seule condamne en
nous>
Desexcèssidoux,
Enyvrons nous,en
nous, Nouspourons boireaprès
sans crime,
LES CLOCHES
Ton.tan. ton temps
ejlpajjé,
Vieille coquette,
Ton tin ton timbre rf1
cassé
Vieille pendule tu repette,
a cinquante ans.
Le carillon de la clochette
Qui sonnoit l'heure d'tt.
mourette Dans , ton Printemps ,
Tu n'avois qu'à; tinter
&ta doucesonette at..
tiroitun Amant,
JMaisaprejents
Ton toxin, tintant,
Ne reveillepersonne,
Dis moi quand sur le
tendreton,
Ta grossi clochesonne,
Tententon,
Non non non ,
Si l'on tentent,
Ce n'ejl qu'auson,
De ton argentcomptant.
PARO DIE
nouvelle.
Ton tantontemps cft
paf.,
Jidansauvage,
Ton tin ton timbre cft
- casse,
Tu veux qu'après leMa«
riage,
Aprés deux ans,
Ta femme pour toysoit
constante,
Et pour tout autre indiferente,
Dansson Printemps ,
Crois tu que ton couroux
que ton bruitéclatant,
Chassera sonAmant,
Elle l'attend,
Ton toxintintant,
N'éfrayera personne,
Dismoyquandsur le
tristeton,
Ta grole clochesonne,
Te plaint-on,
Non nonnon,
De tes tourmens,
Dansmachanson,
L'on. rira dans cent ans
Les airs des deux Chan-
, fons ci-dessus, sont imprimez&
connus.
R E' P O N SES
aux Anonimes.
LARCHE TURPIN
Lettre de Monsieur N* * sur
la Comedie de
RE' P O NS E
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
L A MUS E.
Naissante.
Sansdoute oint" il n4y apoint
au Parnllfft de muSesi
jeune que moy ,je riay
que dou;?:.;c ans &demjj
maisvostre Mercurem'a:
inspiré par avance tout
tejpriï
l'espritquej'aurayà tren..
te; si vous continuez ,
Mercure fera plus de
Poëtes qu'Apollon,j'ay
commencé à remplir vos
Bout-Rimez,je vousprie
de les achever pour moy.
Voici les quatre premiers
Vers.
Ma main tropfoible encor
pourceüillir ces
Lauriers
Dont Homerejadis couronna
les Guerriers
Ceüillelesfleursde Prez,
au son de la Musette
je ne suispoint Clio, je
m'appelle Lisette
REPONSE.
UneMuse naissanteen
l'honneurdes Cesars
Arbore <£Apollon, les
brillans Etendars
Lisette peut chanter le
Sceptre & la Houlette
jamais Musenefutplus
noblement Folette
Quellechante l'amour ou
l'intrepidité
Elle n'aqu'a choisirpour
l'immortalité
De lassere Trompette ou
destendres. ramages
Des superbes Palais ou
dessombres Bocages
F. J. G. B.
A bueno Entendor, Pocaspalabras.
R E P O N SE.
Par ce peu de paroles
j'entends & j'attends de
ve.us mille choses agreables,
que vostrecaractered'esprit
me rend
precieusespar avance.
mais je crains que..parefft
nefoit vostre devise
,
vos couplets, sur ce refrain
sont bons, mais le
sujet n'est pas propre au
Mercure. à buenoentendor
pocaspalabras, vous
qui citez l'Epagnol en
homme qui le sçait,n'auriez
vous point quelque
nouvelle Espagnole à
-
me donner,j'atens vôtre
dissertation, & vos
remarques.
L'A NON I ME
Folastre.
En lisant dans vostre
dernier Mercure l'article
des Araignées, jefisune
reflection morale,ensuite
vostre article Burlesque
me mit en humeur de
travestir burlesqnement
ma reflectionserieuse , voudriez vous la placer
quelque partfOus le nom
de Caprice Comique.
-
- REPONSE,
Tres-volontiers,cher Anonimefolastre,
vous ferez
la planche aux autres,
car je n'eusse jamais ole
placer dans mon article
burlesque la plaisanterie
"d"un bel esprit, de peur
qu'il ne se crut deshonoré
par le titre de burlesque;
mais., puisque vous entendez
raillerie,vostre reflexion
morale sur les Araignées
me tiendra lieu
icy d'article burlesque.
CAPRICE
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
BOUTS RIMEZ
DE CE MOIS,
remplis en Burlesque.
•
Vous pour qui croissent
les lauriers
Poëtes,Jambons, &
guerriers
Ecoutez, un Bergerchantantsursa
musette.
Les divers sentimens
qu'apourvoussalisette.
Vn Poetel'ennuye,elle
craintnos Cesars.
TlroP souvent en amour
ils changent d'Etendars.
Vnjambon, de bon vin,
son Bergersur
l'herbette.
C'est ce qui charme la
folette.
Lisette afronte un Broc,
quelle intrepidité.
Chez Baccus elle aJPire
à l'immortalité,
Pourellelesglouglousont
de tendres ramages.
Qui l'endormentaufrais
dans lessombres
bocages
LEMAUVAIS MENAGE.
Bouts-Rimez du Mois
precedent.
ParMrDaubicourt.
Cette Femme est, dit-on,
paisibleTourterelle,
EtJonjeune Mariparoît
unvray Mouton.
Ce n'estrienmoins, l'un
estétourdi Haneton,
L'autre , vive & legere
autantqu'une
Hirondelle.
La Femme toûjoursparle
&parle en Perroquet.
LeÎMoéarliaquisouvent a Linote,
Fait un bruit. C'est un
train
>
la Servante en
marmote,
Se chamaillant, ils font
abboyerleur roquet,
Aleur exemple on voit le
Singe&la Guenuche.
Faire entr'euxchaque
jour des chamaillis
nouveaux.
Il vont dans L'écurie,
èfrayentles Chevaux,
Etfontfuïrsurles toits
Sansonet&Guenuche.
Pendant ce tintamarre à
quoy pense le Chat,
Ilsautesur le croc, sepend
auxGelinotes.,
Puis dans un bacquet
d'eau tombantsurdes
Barbotes,
Enpêcheune&lagruge ,
ensuite ilchasse un Rat.
On crie aufeu, l'onvient,
pour lors ,
vache &
genisse
Toutestpillé, dindons ,
canars,poule,poulet,
Vn Soldatpar la queuë
entraînantun Mulet,
Veut le faire aprés luy,
marcheren Ecrevisse.
Ainsisur nosEpoux tirant
la Beccassine , Chacuncroit avoir droit
de plumerle Pigeon,
En tel ménageenfin, l'on
mangeoitl'Elturgeon,
L'onymange à present à
peineune Sardine.
NOUVELLES.
De Genes le 4.
Decembre.
On murmure ici fburdement
sur les affaires de
- Catalogne, depuis qu'on
y voie arriver Courrier
sur Courrier, & que les
* Officiers Impériaux paroissent
fort intriguez
icy
,
aussibienqu'à Final.
Ils ont traitédés le iy.du passé avec plusieurs
Marchands de cette
Ville pour quantité de
bled& d'avoine; mais
ceux-ci n'ont pas voulu
les fournir sans argent
comptant. Les Commissairesen
furent fort deconcertez;
mais Monsieur
Vander-Meer qui
arriva quelques jours auprés
avec quelquesremior
ses, renoüa et conclut le
marché. Il leur a donné
des assurances sur la Banque
d'Amsterdam
, ces
grains sont destinez pour
Barcelone
,
où il n'y a
point de Magasins de
vivres. - :y
:
Nous apprenonsde
Milan que l'Archiduchesepresse
fort la Regence
de cette Ville-là,
de faire ses remises; mais
que les Senateurs n'ont
pasencore travaillé àla *LA
*
répartition de l'augmentation
des taxes nouvellement
établies. t, l:5&
EXTRAIT "-)
d'une Lettre de Toulon du
> 28. Novembre. 'q
Le 14. il parut sur cette
Coste six Vaisseaux de Guerre
- Anglois , cm le lendemain à l"
pointe du jouril parutàla hauteur
de cetteVilleplusieursautres
Vaisseaux et Barquesqui
tenoient la routede Gènes. Ces
Vaïsseaux avaientejiémaltrai»
te? la veillepar une rude teim
pesle.
EXTRAIT
d'une Lettre de Bezançon
du 12.Decembre.
Il est arrivé ici deux Regimens
de Cavalerie,ettrois
Bataillons de l'armée d'Alemagnepourpasserl'Hiver
en
Franche-Comté.Ilyasix Escadrons
de Cavalerie, un R.egimentde
Dragons,et,. Ba,,-
taillons dans la Savoye.
SU ITE
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
REFLEXIONS
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
Nouvellesd'Allemagne.
L'Armée de l'Empiré
s'etf entièrement separée
;
partie des Troupes du Cercle
du Haut Rhin fontentrées
dans Landau & Philifbourg
; celles de l'Empereur
vont en Franconie
& en Bavière. On avoit
parlé dun détachement
pour leMilanez & delà en
Catalogne; mais il n'y a
- cncore rien de réfoin.
Mr leMarefchal de Bezons
a aussi separélarniéc
de France qu'il commandoit
; voicy la Lifte des
Lieux où ses Troupes vonc
en Quartier d'hyver. AWEYSSEMBOURG,
-
& le long des Lignes.
Les Regiments de Louville,
Condé, Perry, Roufset
, Plzençon, Peysac
Lachaud, S.Leger, un Bataillon
de Boucher, un de
Labour, Chevron, Maifonriers,
un de Berry.
A STRASBOURG.
Dauphin, Toulouse ;
Royal Artillerie4.Bataillons,
Royal Baviere, deux
Bataillons d'Enghien
, un
deBoucher, les Bombardiers
Duflyy la Fare tout
Infanterie ; la Cavalerie
consiste en Vaudemont , Dupuy, du Fief, un Escadron
de Forfat
, & partie
de Bretagne, Dragons.
A HAGUENAU.
Infanterie. Sourches;un
Bataillon) Daunay
,
Rohan.
Cavalerie. Rennepont
& les Houssàrds.
AU FORT LOUIS.
Infanterie. Blaisois; un
Bataillon d'Angoumois , Maumont,
MaumontCastelet, Murat,
Chalmazel
, Auxerrois,
Turbilly.
A SAVERNE.
Orleans, Infanterie, &
un Escadron dtHarcourt.
ABOUSSONVILLIERS
Rouvroy
>
Dragons.
A PHALSBOURG.
Un Escadron de Forfat.
A SAARLOUIS.
Froulay, Infanterie
S.Blimont, Cavalerie,,iz
partie de Bretagne.
A MOLSHEIM.
Un Escadron d'Harcourt.
A SCHLESTADT.
Monroques, Tavanes;
Infanterie, & Royal Cavalerie.
A COLMAR.
Rouergue Infanterie.
AUVIEUXBRISACK.
Tallart, Quercy
, un de
Toulouse, Boisset.
AU NEUF BRISACK.
Onze Compagnies détachées.
ABEFFORT.
Hocquart, Infanterie.
A ROUFFACK.
La Compagnie Connestable.
AHUNINGUE.
Brie) Orleanois
,
les
Cuirassiers
,
Mesire de
Camp General Dragons.
AREMBERVILLIERS.
Clermont, Cavalerie.
A DOLE.
S. Germain Beaupré.
A GRAI.
Chasteau Morant, Cavalerie.
A COLIGNI. 1
Montrevel, Cavalerie.
EN COMTES
Six Regiments de Cavalerie
qui font du Luc
d'Aubusson, Chepy, Paon,,
Bouzel
,
Marfillice.
EN SAVOYE.
Du Troncq
,
Bissy &
Languedoc, Dragons.
Mr Roy de qui je
vous ay donné le Mois
passéune petite Galanterie
intitulé lajoje,a
écrit une Lettre à une
lD'aimgeitsuurrcee rqu'elle ve- dans Tlfc
le. Voicy la Lettre.
-, .,'i * >,;.
.* ; -i. i.>•
j:> <'
veus prefere7 donc,Cli..
metne A , tous les autresfijours,
beJejourquenotre Seine
Forme au milieu defin
cours?
Vous trowve7 un lieu
tranquile
, Dans Paris une autre
Ville.
Broüillards5Vents conjurez
Contre les voisins de
tonde
,
Frimats (jf Bi^e qui
gronde,
PourrvousJeront tempereZ,
Ce n'efl que pour la canaille
Quefont faits les maurvats
temps.
QuelquepartquuneBelle
aille
Elle y trouve le Printemps.
0!J cette Isle va nous
rire!
Amoursfontfortréjouis
De voir quelle vous attire.
De leurpartjevais vous
dire
Tous leurs droits sur ce
pays.
Dans cejourdheureux
presàge
Où Venussortit desflots,
Elleeutfourson appanage
Amatonte avec Vaphos.
Deux Islessc'estpeupour
elle,
Eifiere autant quelleetl
belle,
Dejasur tout IVnivers
Elle a des dejjeinscouruerts.
La voila dans fin domarne.
Tout change de bien en
mteuX.
L'Ennuyfuit devantses
yeux.
Les femmes Jàns foin , sans peine
Renouvellent d'agréments
i
Les maris malgré leur
claine
T redeviennentAmants*
La iendrefje ressuscite , Etsi bien, qu'en peu de
temps
Lifte devient trop petite
Pourtenirfès habitants..
Quefaire? agrandirune
Ille
N'estoitpas (loftfacile.
Proposer aux Dieux des
Eaux
Que leur lit ils refferraf
sent
Zue leurs flots ils reculaient,
Inconveniensnouveaux!
Venus avec un Genie
Avisa qu'il conviendrait
Defaire une Colonie
Lesse, &e,uis-effabliroit
Dans le lieuqui luyplairoit.
Les Caravanes s'uniffents
Les deuxjêxes nj fournijfent
Que des objetsaccomplis.
Amours marchent a la
tefie.
Lonvoyage. L'ons'arrefle
Enfin, aux murs qu'a
bafis
LefameuxAmantd'Helene:
Le heau, le tendreParis.
Là s'eleve dans la Seine
Vn lieu desjlotsrecette,.
Et recemment habité.
Quenojtre courje incertaine
Se home icy
,
dit l'Amoury
Voyezcette IJle3 je conte
En faire une autre Amatonte.
Tous admiroientcesejour.
Tous enfort bel ordre entrerent
;
LesConducteursarborerem
L'Etendart bleu de Venus.
Ilsfurent les bien venus;
Jamaisbonsairsn'essuyerent
Defroideur ny de refus.
Nos Etrangers, par methode
Vont deployer leurs talens.
L'un d'eux invente la
mode
Du deshabille commodes
L'autre, en Falbalasvolans
Change les Robestrop
graves, Et les Corps,dures entraves,
Où lesgorgessontesclames3
En Corcets bien entr'ouverts.
Ilschantoient,faisoient
desVers.
Les premiersils ordonnerent
Le culte du Carnarval,
Etmesme le premierBal
Cesont eux qui le donnerent.
Parfois ils regloient les
moeurs; Ils guerissoient les humeurs.
Le chagrin, lajalousie,
Les baillemens, les vapeursy
Dont la jeunesseejîjai~
sie.
Uufàge de lafierté,
Le beau ton, dontonsou-
-
pire,
L'air timide&concerté
Dont il faut qu'une
Beauté
Ecoute un tendre martyre
:
L'art de pleurer & de
rire L'art , de plaire sans rien
dire,
L'art de tromper un jaloux,
Art qui tout autre surpaffe
,
Tous les tours de pajJepasse
Les plussubtils
,
les plus
doux,
Ces maistres d'humeur
civile
Alloient les montrer en
Ville.
Leursleçons ontpar degre{
Passedes meres aux filles,
Et vous enretrouverez
La
La trace dans nosfamilles.
Climeine vous les lirez
Sur lefront de mille Belles,
Dans lesJeux dans les
Ruelles.
Amoursl'Hyver, (S
tEsté,
Dans ces lieux faisant
leurronde,
Font presterà tout le monde
Serment defidélité.
Quand quelquesbelles
arrivent,
Sur leur Registre ils l'inf'
crivent,
Et l'Amantquifuitses
loix.
N'ont-elles point fait de
choix?
Un tendre Amour leur
annonce
Qu'ilfaut choisir dans le
mois.
Climeine en cas que leur
qJOtX
Vousfassetellesemonce,
Prepare{qjoftre reponse.
Suite des Nouvelles
d'Espagne depuisle
mois passé.
Du Camp de Casa
Texada le
15.
ISIovemb.
ParMrdeC***.
Nous sommes tousjours
icy dans la mesme
situation à reparer l'Armée
du Royde tout cequi luy
manquoit
,
& à remonter
laCavalerie. Les Ennemis
ont quitté Madrid.Ils marchent
pour passer le Tage
au pont d'Aranjuez. Ils seront
sur le chemin de retourner
en Arragon, & en
Catalogne. Leur retraite
eu: à prés de cent lieuës.
Nous mettrons quatre mille
Chevauxaprés eux, pendant
que le reste de l'Armée
les suivra. Par des Let.
tres que nous ayons interceptées
de l'Archiduc , d'hier,il se plaint à l'Archiduchese
de l'opiniastreté
de Mr de Staremberg
d'avoir voulu venir à Madrid
, & d'estre resté si
longtemps dans ce pays.
Il luy avouë qu'ils sont
dans là plus mauvaise situation
du monde, &
beaucoup plus mal que
quand ils estoient assiegez
dans Barcelone; que l'E£'
pagne a presentement un
bon General en la personne
deMr le Duc de Vendosme.
Lettre de Vittoria le 16.
Novembre.
I le/ï arrivé aprés rnidy,
un Gardedu l{oy. ,de l^Compagnied'ossone
, qui ayoit:
esté envoyé pour sçavoir ce
qui se passoit à Madrid. Il
en eflparty le12..& a rapportéqueleu.
lesEnnemis
avoiententièrementretire toutes
les Troupes quilsy avoient
après avoir enlevé tout ce qui
pouvoitJervira leursubsistance
j & pillé quelques Maisons.
Celles de Mr le Marquis
de Sant-Iago, de Mrs de
Mejorada
, & de Campo
Florido3font du nombre Ils
ont ordonné à tous les Conseils
ou Prefidios que l'Archiduc
àvoit establis
,
desuivrel'Armee.
Mr Ducasse a écrit a
Mr le C. de Lionne que la
Reine avoit esté informée
dés le 8. que les Ennemis
devoient se mettre en marche
le 10. qu'il seroit édifié
toute sa vie de la fidelité
des Espagnols dont il avoit
eu des témoignages dans
une grande estenduë de
pays qu'il avoit traversée
pour se rendre à l'Armée
de SaMajesté Catholique.
Les Ennemis avoient
surpris les Villes de Ciudad
Rodrigo& d'Almagro
dans la Manche, d'où
ils tiroient des vivres & des
fourages ; mais Mr de Figueroa,
à la teste de la Noblesse&
des Peuplesd'Andalousie,
les en chasserent
peu de temps aprésqu'ils
s'en furent emparez, & envoyerentà
SaMajesté Catholique
le Corregidor
d'Almagro,lié suruiiAfne,
pour le punir de sa rebellion.
Lesdétachements
que les Ennemis avoient
dans ces deux Postes, furent
faits prisonniers. Leur
Armée commença alors à
manquer de vivres & de
fourages,
fourages
, leRoyd'Espagne
ayant envoyé plusieurs
corps de Cavalerie pour
occuper les passages.
Le Comte de Starem-
)erg avoitdés le6. fait par-
~ir un grand nombre de
chariots pour conduire à
Daroca les malades qui esoient
à Madrid.
Les vivresestoient fort
:hers dans cette capitale;
nais les habitans loin d'en
:stre affligez
,
se réjeüisoient
par avance du reour
de leur Roy legitime,
persuadez que l'abondance
y seroit aussitostrestablie.
On ne peut trop loüer
la fermeté avec laquelle ils
avoient refusé non seulement
de donner leurs armes
à l'Archiduc; mais
aussi de les vendre.Ce Prince
n'avoit pas jugé a propos
de les ycontraindre
dans l'apprehension que ce
la ne causast quelque tumulte
dont les fuites lu)
auroient sans doute elle
desavantageuses. Il n'avoi
non plus osé donner de
ordres pour réprimer la
liberté que les habitan
prenoient de témoigner
laverfion qu'ils avoient
pour luy par leurs discours
& par leurs actions, & qui
alloit jusqu'au point que
les Marchands tenoient
leurs boutiques fermées.
Des queles Ennemis furent
sortis de Madrid, le
Peuple nonobstant la grande
cherté des vivres, voulut
donner des marques
publiques de sa joye; mais
Mr de Sanguinetto quien
est Corregidor -; que le
Roy d'Espagne y avoit
laissé, & qui n'en a point
fait là-fpticlion pendant le
sejour que les Ennemis y
ont fait, les obligea à differer
leurs réjoüissances
jusqu'àceque les Ennemis
fussent éloignez.
Le lendemain de leur
départ,Don Feliciano de
Bracatiiot-itie,queSa MajestéCatholiqueavoit
chargé
d'y conduire un grand
convoy de grains, & de
toutes fortes de provisions,
arriva prés du Pont appellé
de Segovie
,
où les Députez
de la Ville al crent audevant
de luy. On nedoit
point estre surpris de
cette diligence; on estoit
bien informé du jour que
les Ennemis devoient fortir
de cette capitale, & le
• Roy avoit donné tous les
ordres necessaires pour amasser
toutes ces provisions
, & pour les tenir à
portée de les y faireentrer
aussi-tost après leur départ,
afin d'y restablir l'abondance.
En effet
,
le pain qui
valoit douze fols avant
l'arrivée dece convoy, ne
se vendit plus le lendemain
quil fut entré que depuis
deux à trois fols. On n'entendit
aprés cela dans toutes
les rues que des cris
de VivatFélipo Quinto;on
sonnatoutes les Cloches ;
ce n'estoient dans toutes les
ruës que feux de joye &illuminations,
avec un grand
nombrede Portraits deSa
Majesté Catholique.
Du Quartier Royal de
Casa Texada le zz*
Novembre.
L
es Troupes Ennemies
ùrcupenr encore Tolede , San
Pozuelo
,
Chinchon
, ~&
quelques autres Lieux des environs.
Leurs Généraux ont
ordonné aux habitansde mener
à Tolede quatre -vingt
Chariots chargez de Fascines.
On ne doute point que ce ne
soit pour couvrir le dessein
qu'ilsont deseretirer Nostre
Cavalerie qui estois cantonnée
dans plusieurs Villages aux
environs de celuy-cy
,
marcha
ily a quatre jours pour aller
dans le voisinage de Talavera
de la Reyna. Le 19. le Royfit
la revûë de huitBataillons de
ses deux Regiments des Gardes
Espagnoles ~e Walones.
Le20. SaMajestépassaaussi
en revûë 2 1. autres Bataillons
qui estoient campez prés
d'Almaraz
, c- hier toutes
ces Troupes partirent pour se
rendre en quatre jours à Talavera.
Demain le Roy doitpartir
d'icy pour aller coucher à
Casalda
, ~& le lendemain à
Talaveraoù il trouveratoute
son Infanterie campée.
Sa Afajeflévient d'avoir
avis certain que les Ennemis
ont fait passer toute leur Armée
du costé de Chinchon,&
rompre le Pont de Zamora
pour assurer leu'" retraite; que
le Comte de Staremberg,pour
se decharger de l'Archiduc
dans une conjoncture si delicate
,
l'avoit envoyé devant
sous une escorte de mille Chevaux
pour se rendre en diligence
à Pastrana. Ainsion ne
doute plus de la retraite des
Ennemisen Catalogne.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu23.
L
es Ennemis ont enfin
abandonnéMadridsans avoir
osé ~fare de pillage general.
Ils ont neanmoins emmené
une grande quantité de v ivres
qu'ils avoient ramassez.., efe
sontsaisis de tous les Chevaux
~& autres bestes de charge, apparemment
pour emporter les
effets qu'ils ont enlevez dans
les Lieux des environs qu'ils
ontentièrement saccagez sans
avoirépargné les Eglisesoù
ils ont commis de grands sacrileges.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Casa Texada
du 19. Novembre.
L'ArméeduRoyquia
des vivrespourplusieursmoig
est en marche. Plusieurs detachements
de Cavaleriese sont
avancez pour incommoder les
Ennemisdans leurmarche. Le
reste de la Cavalerie est arrivé
à Talavera de la Reyna & le Roy marche à la , teste de
l'Infanterie, ~0* d'une partie
de ses Gardes du Corps. Tous
les Soldats font habillez de
nef&sontremplis de bonne
volonté.
Des Lettres de Barcelone,
venuës par Marseille,
portent qu'on avoit esté
plus de trois Semaines sans
avoir de nouvelles de l'Archiduc,
le Gouverneur de
Lerida ayant enlevé huit
Couriers de suite. Toutes
les Lettres qu'on leur a
trouvées marquoient le
mauvais estat de sesaffaires.)&
l'impossibilitéqu'il
yavoit de se maintenir en
Espagne
,
s'il ne recevoit
promptemenc un puissant
secours.
NoAvVeimttorbiarele.27.
'cft tout de bon que les
Ennemis se retirent. on a sçû
hier au soirqu'ils ont passé le
Xarama doitils ontfait rompre
les Ponts. L'Archiduc a
prisles devants avecmille chevaux.
Il coucha le 21. à Pastrana,
& il s'enva, à grandes
journées. Le Roy d'Espagne
a pajjé à Talavera de lte
Reyna,&s'estmesme avancé
pins
en deçà en remontant le
long du Tage. On a envoyé
plusieurs détachements aprés
l'Armée ennemiepourl'embarajjer
dans sa marche. Je ne
doutepoint queparl'ordinaire
prochain je ne vous mande le
jourde nostre departpourMadrid
: les chemins sont pourtant
bien mauvais
, mais la
ecine se déplaistfort icy.
P;>r/k/;-* ai:'
Pointd'Epouse dust-elle
estre
une.. Tourterelle
Loin du bruit sans Procezvoirpaistre
le Mouton
Verdirles -Bots,lesPreZ,,,
voler
le f Haneton
C'ejijouir duPrintemps
qu'amenne
l Hirondelle.
Laiijcrvarierlemonde
amji
qu'unPeroquet
Ne scr:irCÏLr /im.j"F en j''i'yt
-
la Linotte
N'entendre criailler ny
marmot
ny Marmote
Carj'aime ?meu;~enttndre
aboyer
un Roquet
T. Et
Et voir à claquedents
grimacer
la Guenuche
Dans une balÍè cournourrir
Vackes
f5 Veaux
Avoir à l'Ecurie un ou
deux
bons. Chevaux
Faire au coin de son feu
caqueter
sa • Peruche
Sauterson Ecureuil,son
petit Chien,
fba, Chat
jîu bout desonfusil trouver
des Gelinotes
S'amuser en servant à
pescher
-
des Barbotes
N'entreprendrepoint trop
de peur de prendre
un Rat
Ne pas vouloir tirer du
lait
d'une.. Genilïè
Donneràsonamy debon
coeur
son -- Poulet
Mais n'avoirpointd'amis
tetus comme
un Mulet
Dont la raison tousjours
va comme
une Ecrevisse
C'estvivre plus heureux
en mangeant
son Pigeon
Quun grand. Seigneur
qui mange
OOrrt~ollaannss,BBeeccaasfsfiinec
Et croitmourir de faim
s'ilne
voit.. Esturgeon.
Fiw, Sole,Saumon
C. Turbot,Truite,
f5 Sardine.
PAR
MRDE MESSANGE,
SURMEL.D.D. B.
en habit de Chasse.
Quand la brillante
Adelaide,
SurlefierCoursierqu'elle
guide,
Semblevoler dansce va*
lon,
Est-ceDiane, ejl-ceA
pollon.
Ah!jedevine le mystere,
La Soeur a pris l'habit
du Frere,
Ou le Frere à la Soeur a
derobé cesyeux
Qui font les delices des
Dieux.
tXi
Un Cerffuyantpour l'évitery
Semble d'un Dieucraindre
l'adresse ;
Un Chevreuilparoist
s'arrejter
Pour contempler Déesse. une
!?!
Enfin dansson Palais la
evoilàde retour,
Je la vois changerde pa,.
rure,
Ce nesi plus Apollon,
déja leDieu
aujour
Luy laijfiantfes rayons y
a reprissacoëffure*
Avanture no*uvelle.
Cette Avanture est du
- mois de Novembre dernier,
& tirée des Informations
d'un Procez
qu'on instruit à presents
je n'y mets rien du mien
que le tour des conversations
: je vous les rapporterois
mot à mot, si
j'y avois esté present
&quej'eussede la , memoire,
tant j'aime à estre
exact
,
dans les faits
que
que je donne pour veritables.
Les Bohemiennes. Vous-avez vû dans
le Discours des Presages
que plusieurs grands
Hommes de l'Antiquité
ajoustoient foy aux Di-,
seurs de bonne Avantuce
Grecs & Romains >
:el grand Capitaine qui
affronte avec intrépidité
les perilsréels, craindroit
peut-estre les perilsimaginaires
qu'une
Bohemienne verroit
dans sa main
,
& par
consequent espereroit
les bonnes fortunes qu'-
elle luy promettroit :
pardonnez - donc cette
foiblesse àune femme
dont je vais vous parler,
qui a un bon esprit, &
qui est tres - estimable
d'ailleurs.C'est une riche
Bourgeoise que je
nommeray Belise, &
qui est d'autant plus excusable
que la fourberie
qu'on luy a faiteest une
des moins grossieres en
ce genre-là. La Bohemienne
qui l'a filoutée,
& qui est presentement
au Chastelet, a de l'esprit
comme un Demon,
la langue bien penduë,
le babil, & l'accent Bohemien
tenant du Gas
con, langage propre à
raconter le merveilleux,
:.& à faire croire l'incroyable.
f Cette Bohemienne
sçachant que Belise alloitsouventchez
une
amie, la guette un jour,
&passe comme par hazard
auprésd-ellela
regarde à plusieurs reprises,
s'arreste, reèuletrois
pas & fait un cri
d'estonnement,&de
joye.Est-cequevousme
çonnoissez, luy dit BcJi4
se, en s'arrestant auai;
si je vous connois, répond
la Bohemienne,
dans son jargon: oliy
,
ma bonne Dame, oüy
, Se non, peut-estre &c
sans doute,je vous connois,&
si je ne vous connois
pas; mais je fuis
sure que vous ferez heureuse
de me connoistre.
Je vois bien, luy dit Belife
avec bonté, que
vous avez envie de gagner
la piece
, en me disant
ma bonne Avanture
; je n'y crois point,
mais ne laissez pas de me
la dire. Belise la fit entrer
avec elle chez son
amie, & les voilà toutes
trois à causer. Belise luy
presenta sa main
,
& la
Bohemienne,en l'observant,
feignoitd'estre de
plus en plus surprise&
rejoüie d'avoir rencontré,
disoit-elle, une personne
qu'elle cherchoit
depuis plusieursannées.
Elle devina par les régles
de son Art,plusieurs
singularitez dontelles'éstoit
fait instruire par
une Servante qui avoit
servi Belise:mais ce
qu'elle voyoit de plus
leur dans cette main
c'estoit, disoit-elle, , une
fortune subite & prochaine
; une fortune;
s'écria Belise > oüy
,
répondit
la Bohemienne,
&fortune bonne, bonne
fortune, fortune de richesses'entend,
& non
d'amour, car je vois
dans vostre main que
, vous ellesfage& fidele
à vostre mary qui pis7
est pour vos amants;
certes je voisbiendes
mains à Paris, mais j'en
nvoi.sp.e'uecomme la-vo- Par les circonstances
surprenantes qu'elle paroissoit
deviner,elle disposa
Belife à donner avec
confiance dans le
piege qu'elleluy tm-, doit.Aprés avoir persuadé
à nos Bourgeoises
qu'elle avoit des liaisons
tres - particulières avec
les Demons & les Génies,
elle leur conta Phistoire
d'une Princesse
Orientale qui étoit venu
mourir à Paris il y avoit
cent ans, & leurditque
cette Princesse eftranae-
- L:
reavoit enterre1 un r
tresor
dans une Cave, & qu'-
ensuitevoulant faire son
heritiere une certaine
Bourgeoise de ce tempslà
qu'elle avoit pris en
affection
,
elle avoit esté
surprise de mort subite
avant que d'avoir pû instruire
la Bourgeoise du
tresor caché; c'estceque
je sçaispar la Princesse
mesme,continualaBohemienne
:car quoyque
morte il y a cent ans „ elle est fort de mes amies,&
voicycomment.
Vous devez sçavoir,car
il est vray que nulle personne
de l'autre monde
ne peut parler ànulle de
celuy-cyque par l'entreluire
des Genies: or
est-il que le mien est amy
de celuy de la Princesse;
bref, je l'ayvûë tant de
fois que rien plus: &
je me fuis chargé de
luy chercher dans Paris
quelque femme qui soit
de la famille de la défunte
Bourgeoise
, que
la défunte Princesse vouloitfaire
son heritieredu
tresor caché,& je suis
bien trompé si vous n'estes
une de ces parentes;
que je cherche avec empressement;
A ce récit extravagant
l'amierioit de tout son
coeur, mais Belise ne
rioit que pour faire l'esprit
fort,carle desir d'estre
heritiere augmentoit
sa credulité. Il faut
estrefolle, dit-elle, pour
s'aller imaginer que je
sois parente de cette heritiere
; pas si folle mabonneDame,
pas si folle,
car je levoudrois detout
moncoeur ,
& je l'ay
soupçonné d'abord à
certain airdefamille qui
m'a frappé dans vostre
visage,car la Princesse
m'afaitvoir en songe
l'air de famille de l' heritiere
afin que je reconnoisse
à la phisionomie
quelqu'une de ses parentes.
Mais5 reprit Belise
5
comment sçavoir si jesuisparentede
cette
héritière qui vivoit il y
a cent ans. Oh dans Paris,
reprit la Bohemienne,
on est parent de plus
de gens qu'on ne pense,
car depuis le tems qu'on
s'y marie, & qu'on ne
nez-vous combien d'alliances
; toutes les Bourgeoises
de Paris sont
cousines, vous dis-je, il
n'y a que la difference
du degré, & si vous estes
cousine de l'heritiere
feulement au septantiéme
degré, j'ay tant de
credit sur la Princesse
que je vous fais heriter
de son tresor. C'a je
fuis impatiente d'affection
pour vous de sçavoir
si vous estes vrayement
la parente qu'ilme
faut.
,
Je vais l'éprouver
en un clein d'oeüil. Mais
si j estoisaussi parente, dit l'amie > la Bohémienne
n'y trouva point
d'apparence, mais fut
ravie pourtant de faire
l' épreuve double pour
mieuxjouer fbn jeu. A
l'instantelle demanda
deux grands verres de
cristal qu onalla chercher&
remplir d'eau
claire. Elle les mit sur
deux tables éloignées
l'unede l'autre
,
& dit
aux Bourgeoises de fermer
un oeil, .&" de regarder
attentivementavec
l'autre. Les voilà
donc observantchacune
leur verre d eau.Regardez-
bien
,
dez-bien, leur crioit la
fausse Magicienne, car
celle qui effc parente de
l'heritiere
,
doit voir
dans son verre un échantillon
du tresor dont elle
doit heriter, &C l'autre y
verra le Diable,c est-àdire,
rien. Il faut vous
dire - icy que la Bohe--
mienne avoit mis dans
chaque verre unepetite
racine, leur disant que
c estoit la racine d'enchantement
,
qui attiroit
les Genies, Se l'une
de ces racines estoit appresséeavec
unecomposition
chimique qui détrempée
par l'eau devoit
par une espece de fermentation
, former des
bubes d'air & force petits
brillants de differentes
couleurs avec de petites
pailletésdorées
y
ç'en est plus qu'il ne
faut pour faire, voir à
une femme prévenue ,
tout ce que son imagination
luy represente.
Belifecftoit si agitée
par le desir du tresor,
Se par la crainte de
ne rien voir,que la première
petite bubed'air
qui parut dans le verre,
elle criaquelle voyoit
quantité de perles. Noijre
rusée acheva de luy
tourner la teste en se réjoüissant
d'avoir deviné
juste. Vous en allez bienvoir
d'autres,s'écriat-
elle ;regardez;(bien.En*
estet
,
la fermentation
augmente ,
&C chaque
fois qu'on luy dit, voyezvous
cecy, voyez-vous
cela, Belise répond toujours
,
oüy
,
oiiy ; car
transportée,ébloüie,
troublée
,
elle vit enfin
tant de belles choses, que
charmée&convaincuë,
elle allasautes aucolde
celle qui .la.-fai[ait si-dri-,
chev^>li .VJiL'
L'autreBourgeoiseestoit
muette 'èc :bi(tll.fdt:a
chée de n'avoir vu que
de l'eau claire: mais Be--
lise croyant déjà tenir
des millions, luy promit
de l'enrichir & de
recompenser sa bienfaitrice
qui luy jura, foy
de Bohémienne, qu'elle
pollederoit ce tresor dans
- deux jours,maisqu'il y
avoitpourtant de grandesdiffcultezàvaincre:
car,dit-elle
y
le Diable ,
quiest.gardien - de tous
les tresors enterrez
?
en
doit prendre possession
au bout de cent années .à
c'estla regle des tresors
cachez, mais par bonheur
il n'y a que quatrevingts
dix-huit ans que
la Princesse a enterré le
lien, je crains pourtant
que le Diable ne nous
dispute la date, enragé
contre vous de ce qu'à
deux ans prés vous luy
enlevez des richesses qui
luy auraientserviàdamner
trente avaricieux
mais voyons encore voestre
main
,
je me trompe
fort si ce mesme Diable
la ne vous a déjàlutine.
justement, dit Belise
,. car cet Esté à la
campagne il revenoitun
esprit dans ma chambre.
Il faut estre Sorciere
pour avoir deviné cela.
La Sorciere sçavoit, en
effet, que la Servante
s'ennuyant de ne point
voir son Amant, s'estoit
avisée de lutiner la nuit
là Maistresse pour l'obliger
à revenir à Paris.
C'a menez-moy chez
vous, dit la Bohémienne
en regardant l'eau
du verre, car je remarque
icy que ce treior est
dans la cave de la maison
mefrne où vous demeurez
,
& je voisqu'il
consiste en deux cailles
dont l'une cil: pleine de
vieux Ducats, & l'autre
de Pierreries.
Belise ravie de ravoir
voir déja sa succession
dans sa cave, emmena
chez elle son amie & la
Bohémienne, qui l'avertit,
cheminfaisant, que
pour adoucir la férocité
.de l'esprit malin
,
elle
alloit faire des conjurations
,
des fumigations,
& qu'il falloit amorcer
d'abord le Diable par
une petite effusion d'or.
Avez-vous de l'or chez
vous, continua-t-elle ;
j'ay cinq Loüis d'or, repondit
Belise, fort bien,
reprit l'autre: mais je ne
veux toucher de vous
ni or ny argent que je
n'en aye rempli vos coffres.
Vous mettrez vousmesme
l'or dans le creuset
au fond de la cave,
& vous le verrez fondre
à vos yeux par un
feu infernal qui lortira
des entrailles de la terre
en vertu de certaine paroles
ignées que je prononceray.
Je veux que
vous soyez témoin de
cesmerveilles qui vous
prouverons mon pouvoir&
le droit quevous
avez déjà sur la succession.
Avec de pareils dis
cours ils arrivèrent enfin
chez Belise
,
où le
reste de la fourberie eC.
roit preparee, comme
vous l'allez voir. Les caves
en question estoient
comme on en voit encore
à Paris, pratiquées
dans des souterrains antiques,
en forte qu'elles
n'estoient separées de
plusieurs autres caves
que par un vieux mur,
caves fort propres à exercer
l'art des Magiciens
,
& des Marchands
de Vin. L'ancienne
Servante,au tems
qu'elle apparuten Lutin
à sa Maistresse, avoit fait
dans ce vieux mur une
petite ouverture à l'occasion
de ses amours ;
elle disposoit d'une de
ces caves voisînes.C'est
par son moyenque nôtre
Magicienne avoit composé
un spectre ressemblant
à peu prés à celuy
quiestoit apparu àBelise
à sa campagne. Elle joignit
à cela un appareil
affreux dontvous verrez
l'effet dans un moment.
Belisearrivée chez elle,
alla prendre dans son
tiroir les cinq Loüisd'or
pour faire fondre au feu
infernal.On la conduit
dans ses caves; un friC.
son la prend en entrant
dans la premiere. Ily en
avoit encore une autre a..
traverser quand elle vit
au fond de la troisiéme
une -
lueur qui luy fit;
appercevoir ce fpeétrel
de sa connoissânce
,
qui
sembloit [orrir de terre.
Elle ne fitqu'uncriqui
futsuivid'un évanouissement.
Aussi-tost la Magicienne
& ia compagne
la reporterent dans
là chambre,&dés qu'on
l'eust fait revenir à elle
,
ion premier mouvement
fut d'estre charméed'avoir
vû ce qui
l'assuroit de la realité du
tresor. Elle donna les
Louis d'or pour aller,
achever la ceremonie
dans la cave, &quelque
temps après on luy vint
rendre compte du bon
effet de l'or fondu ,cir
le demon dutresor avoit
promis de letrouver la
nuit suivante au rendezvous
quon luy avoit
donné de la part de la
Princesse, pour convenir
à l'amiable du droit
de celle qui en devoit
heriter. C'est ainsi que la
Bohémienne gagnacent
francs pour sa premiere
journée, & laissa l'heritiere
fort impatiente du
Succès qu'auroit pour
elle la conférence nocturne
du Demon&de la
Princesse
Le lendemain la Bohémienne
encurée vint
trouver Belife
,
& feignant
d'estre transportée
de joye luy dit, en
l'embralïant que la Princesses'estoit
rendue chez
elle dans une petite
chambre quelle luy avoit
fait tapisserde blanc,
& que le Diable y estoit
venu malgré luy. Je l'ay
bien contraint d'yvenir,
continua-t-elle dans son
jargon, je leur commande
à baguette àces .pe- titsMessieurs-là; au reste
j'ay dit tant de perfections
de vous à la Princesse,
jqu'ellevousaime
comme [on propre enfant.
Elle vous fait sa
legataire universelle. Le
Diable alleguoit que les
cent ans estoient accomplis,
il vouloit escamoter
parun faux calcul les
deux ans qui luy manquent.
Il a bien disputé
son droit contre nous":
mais tout Diable qu'il
est, il faut qu'il nous
cede en dispute à nous
autres femmes
,
& nous
l'avons fait convenir
qu'en luy donnant sa
paragouante, il renonceroit
à la succession
, & cette paragouante ce
ne sera que mille écus,
encore voulions
- nous
qu'il les prit sur l'argent
du tresor : mais il s'est.
mis en fureur disant
qu'on vouloit le trom-
1
per, & il a raison, car
dés qu'un tresor est déterré)
il n'y a plus de
droit; bref, nous luy avons
promis les mille écus
d'avance;il faut que
vous les trouviezaujourd'huy,
Belise écoutoitavec
plaisir les bontez
de la Princesse,mais
les mil écus luy tenoient
au coeur ; elle y révoit.
Je ne veux point toucher
cet argent, continua
la rusée; vous le
donnerez au Diable en
main propre. Il est enragé1
contre vous, car vous
estes si vertueuse, il voit
de plus que vous l'allez
déshériter
,
s'il vous tenoit,
il vous dechireroit
à belles dents; il faut
pourtant que vous luy
donniez vous-mesme les
mille écus. Ah ! s'écria
Belife, jeneveuxplusle
voir; voyez-le, voyezle
,
continual'autre,en
faisantunpeu lafaschée,
vous croyez peut-estre
que je veux gagner avec
luy sur ces milleécus-là,
c'est son dernier mot ,
voyez-le vous - mesme.
Belife luy protesta quelle
avoit toute confiance
en elle, mais qu'il luy
estoit impossible detrouver
mille écus,& qu'elle
auroit mesme de la peine àmettre ensemble cinq
cent livres, à quoy la
Bohémienne repartit
apres avoir revé un moment
;hé bien vous me
ferez vostre billet du reste,
& je feray le mien
au Diable, & cela je
vous le propose fous son
bon plaisir s'entend, car
il faut que j'aille luy
faire cette nouvelle proposition.
Après ce diC.
cours elle quitta Belise
qui passale reste du jour à ramassercinq cent livres
dans la bourse de
les amies.
Le lendemain la Bo-
.-
hemienne revint luy annoncer
que le jour suivant
elle la mettroit en
possession
,
& que le
marché se pourroit conclure
la nuitprochaine
dans la cave où le Diablegardoit
le tresor ;
que la Princesse devoit
s'y trouver sur le minuit,
& qu'elle vouloit
absolument que l'heritiere
fut presente : mais,
continua - t - elle
, en
voyant déjà pâlir Belise,
ne
ne craignez rien, vous
y ferez & vous n'y ferez
pas, car ce fera mon Genie
qui prendra vostre
ressemblance, & qui paroiftra
à vostre place avec
quatre Genies de ses
amis habillez en femmes
,car la Princessè est
entestée du cérémonial ;
elle veut que quatre ou
cinq Dames venerables
forment la bas un cercle
digne de la recevoir. Il
ne nous manque plus
rien que des habits pour
ce cercle; mais il en faut
trouver, car les Genies
ont bien le pouvoir d'imiter
au naturel des
creatures vivantes, mais
ils ne peuvent imiter ni
le fil, ni la soye, ni la
laine,rien qui soit ourdi, tramé,,t.is"su, ni tricoté,ce
sont les termes du Grimoire,
nous sçavons.
cela nous autres, & je
vous l'apprends, en forte
que pour les habiller
ilfaut des habits,réellement
eftoffez
,
& j'ay
imaginé que vous leur
presteriez les vostres. Ne
craignez point qu'ils les
salissent
: les Genies sont
propres. C'a, COlltinuat-
elle d'un ton badin, il
nous faut aussi quantié
de toiles: vous avenus
doute des. draps, des
nappes}c'estquelaPrincesse
ne peut paroiftrc
que dans unlieu rapiæ
deblanc,vostre CÍ'Te est
noire, elle n'y viendroit
point, & nous manquerions
vostre succession..
A tout ce détail, Belise
topoitde tout son coeur,
penetrée de rcconnoissance
pour sa bienfaictrice.
Après avoir donné
les cinq cens livres& son
bille du reste, elle fait
elle-mesme l'inventaire
deses habits & de son
linge.LaBohemienne ne
Cluive rien de trop beau
pour~ cercle de laPrincesse
,
& mesme elle
l'augmente encore de
deux Genies voyant des
juppes & des coëffures
de reste. A peine laisset-
elle à Belise un jupon
de toile avec sa chemise.
Cette pauvre femme dépouillée
aide elle-melme
à porter ses hardes jusqu'à
la porte dela cave,
& la Bohémienne
en y entrant recommande
à l'heritiere de
bien fermer la porte à
doubletour,depeur
que quelqu'un ne vienne
troubler lecercle. Belise
ne pouvoitavoir aucun
soupçon en enfermant
son bien dans sa
cave, car elle ignoroit la
communication des caves
voisines, par où les
Genies plierent toilette,
ainsi les Bohémiennes
eurent toute la nuit devant
elles pour sortir de
Paris avec leur butin,
& l'heritiere en chemise
fut secoucher en attendant
ses habits & la succession
de la Princesse.
Voicylefragmentd'une
Lettre qui acheve de #
me détailler la fin de
cette ayanture. L .-, e lendemain matin Belise
s'apercevant quelleavoit
etéfiloutéepurlesBohémiennes3envojta
deux hommes après
elles qui lessaisirent à Chantïlliavec
les hardes & 46Ov
livsur quoj les Bohemiennes
ayant estéarrestées & interrogées
elles denierent le fait du
tresor, reconnurent les bardes
pourappartenir à la Darne,
mais elles dirent quellesleur
avoient esté données en nantissement
de 1500. liv. quelles
luyavoientprestéesainsiquil
estoit justifié par la reconnoissance
de la Dame
,
inserée
dans la Lettre qu'elle representoit;
mais comme cette Lettre
écrite à une defunte estoit fort
équivoque
, que d'ailleurs
quand elle eust esté une reconnoissancepure
&simpledela
Dame duprests de 1500.elle
eufi
rust esté nulle parce que la Dame
efloit en puissance de Tlldry.
Voicy motpour mot la copie
de cette Lettre que la Bohémienne
avoit apparemment
diflee à la Dame en luy disant
quelledevaitparpolitejje écrire
a la Princejje.
MADAME,
* N'ayant point l'honneur
d'estre connu devous,
attendu que vous n'estes
plus en vie depuis longtemps
néanmoins la personne
qui vous doit rendre
celle-cy dans la cave, avec
mes respects,vous assurera,
de ma reconnoissance pour
la bonté que vous avez de
me fire vostre heritiere ,
& pour vous témoigner
que je veux satisfaire à vostre
volonté que vostre ame
a dite àla personne qui
vous rendra la presente,
j'ay voulu que vous vissiez
dans ma Lettre comme elle
ma presté la somme de
quinze cens livres,&
que je luy rendray avec
honneur. Jesuisse.
-
£,'$«rce comprendpas que
la Bohemienne ait pus'imaginer
que cette seureté seroit
suffisante pour elle ny que la
Dame,quin'apas voulu apparemmentfaire
un Billetsimple
à laBohemienne sesoitengagée
parune reconnoissance. En un
mot il y a peu de vraysemblance
a tout cela; mais la circonstance
est vraye &sivraye
qu'onn'a pas cru devoir en alterer
la vérité pour la rendre
plus croyable
;
les Jugesde
Chantillyn'ayant nul égard à
cette promesseinserée dans la
Lettre, ne firent point de
difficulté de faire rendre les
bardes au porteur de la procuration
du Mary de la DavIe,
sous le nom duquelelles
furent revendiquées. A l'égard
de l'argents il nefut point
rendu d'autant que les Bohémiennes
ne convinrent point
l'avoirexigé de la Dame
,
mais
pretendircnî: que c' efioit leur
pecule ; qu'Aies mont oient à
d.!?!-" à q;tan lté de personnes
de qualité qui les payaient
grassement
, que mefieelles
avoient receusept Louis d'orneufs
de Mr le Duc deBaviere
pour avoir dansé devant
lui a Cbantilti & àLiencourt.
Aurestecomme les Bohemienne
au nombre de trois a oient
deja esté reprises deJustice, &
qu'elles estoient fletries, l'une
d'une fleur de lis
,
l'autre de
deux & la troisiéme de trois
ce qui les devoitfaire jugerau
Chastelet comme vagabondes,
où elles avaient cleja estécondamnéescommes
telles
,
el/cs y
furentrenvoyées ; ellesyfont,
& on leuryfait actuellement
leur Procez.S'il n'y avoit cjue
lefaitdu tresor, il n'yauroit
pas matiere à condamnation ce
seroit untour de Bohemiennes.
dont il ny auroitqu'à rire,
mais ilaparu depuis un Bouloanntgfeorrçqéuuipnreetend
qu'elles luy
Armoire &y
ontpris1200.livres
, ce qui
estantprouvépourra les conduire
à la potence.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
I
-
e23.Novembre toute
l'Armée de Sa Majesté
Catholiqueestoitarrivée
à Talavera où elle séjourna
quelques jours pendant lesquels
elleavait esté augmentéede
présde quinze
cens Espagnols qui navoient
encore pu rejoindre
depuis la bataille de Saragosse.
Toutes les Troupes
témoienoient une grande
ardeur de combattre.
Plusieurs Officiers ont
écrit qu'elles n'avoient ja-
.,' mais esté mieux habillées,
mieux nourries,& mieux
payées; & qu'on ne pouvoit
trop loüer le zele Ôc
J'attention de Monsieur de
Vendosme & de Mr le
Comted'Aguilar qui avoient
donné tous leurs
soins pour que l'Armée
fut pourvûë abondamment
detoutes les choses
necessaires avant que de rienentreprendre.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu29.
Novembre.
U
n Courierarrivéle 28.
ausoir a rapportéque l'Archiduc
avec1000.Chevaux
avoitpassé a Pastrana, marchantàgrandes
journées vers
Saragosse ; que l'Infanterie
&lerestede son Armée le
suivoit ; que le IL. le Comte
deStaremberg qui avoit passé
le Xaramas, qui tombe dans le
Tage prés d'Aranjuez, en
avoit fait rompre tous les
Ponts &brisertoutes les Barquespourretarder
ceuxqui le
suivoient; il avo.-.t sa tenlever
toutes les munitions &
leurs vivres de Tolede ,y
ayantlaisséseulement quelques
Troupes pourcachersa retraite.
Tous les Rebelles qui estoient
venus avec l'Archiduc
s'enretournentdemesme suivis
de toutce qui rejîoit de
gens mal intentionnez ;de
maniere qu'il nendemeurait
aucun à Madrid. Onne peut
pas exprimer la haine que les
Castillans ont pour Archiducy
à OMise des sacrileges & des
cruautéz de ses Troupes.
Quelques jours avant leur
retraite de Tolede, ilyeut un
tumulte à la Comedie où quelques
Espagnols ne pouvant
souffrir des derisions que fai
-
soient de Philippe V. quelques
Auteurs; ils en tuernt
trois.
Au sortir de Madrid ils
ils avoient emmené Don Antonio
GordonezDirecteur de
la Doüanne decette Vaille
,
luy
demandant 6000. Pistoles
pour sa rançon que sa femme
ramassa; mais ceux qui les
emportoientfurent rencontrez
parun Partyde Don Feliciano
de Bracamonte qui les leur
enleva&lesenvoya au Roy*,
ilfitencore deuxColonels Prisonniers.
Lorsquel'onpresenta
les 6000. Pistoles à fit
A4.ijefie> Elle repondit qu'elle
les feroit rendre à celuy qui
avoit esté forcé de les donner
aux Ennemis'< Dés quelle fut
informée de leurretraitte xelle
envoya à leurpoursuite4000
Chevaux des meilleursqu'il
y eust dans son Armée, fouï
le Commandement de lvlrs de
Zerezed , de Carvillas
Mahoni ,
,
çjrVailejo.
Sa MajestéCatholique
a fait Lieutenant General
Mr le C heval ier de Croix
& luy a donnél'ancienneté
sur ses Cadets qui avoient
esté nommez i ieutenans
Generaux l'hyver dernier.
S. M. C. luya donne en
mesmetemps lecommandement
des Troupes de
Navarre fous Mr le Duc de
S. Jean qui en est Viceroy.
") Lettre d'un Officier Get-
neral de l'Armée du Royen Catalogne,
du 30. Novembre
,
à
Torreil de Montgri.
-.N
ous voicy dans le pays
ennemi; Ce n'est pas avoir
perdu le temps depuis que nos
preparatifsontpris date qui est
au commencement de ce mois ,
de s'estre mis en estat d'entrer
en action. La plus grande partièdenostre
artillerie est arrivée
à Rose ;nosfubfijlances.
ayantesté extremement traversées
par les temps affreux
qu'ilfait. NosTroupessont
repanduës dans des quartiers
des deux costésdu Ter&vivent
aux dépens du Païs ;
nous avons une teste de Cavaleriejusques
dans laplaine
de Calonge,Ilresteencore il.
Bataillons & 18. Escadrons
àjoindreLepaïs estfortabatu
&ce quilui arrive dansun
temps où il sembloitqu'il duft
avoir moinssujetde lecraindre
, l'abatra encore davrtntâge
; mais commeil n'asouffert
que des peines passageres depuis
la revolte )ilne faut pas
douter qu'il n'attende les En.
nemis pour donnerquelquessignes
de vie.Nous n'avons.
iry aucune nouvelle de Mr de
Staremberg
, ce qui me fait
croirequ'ilest encore en CajliL
le où il riy a pas long-temps
qu'il doit l'avoirquitté. Peu
de jours nous eclaircirons.
Un Courier qui arriva
le 3. Decembre àVictoria
rapporta que les Ennemis
avoient entierement évacuéTolede
le 29. Novembre;
que cette Ville qu'ils
,
avoient choisie pour faire
leur Place d'Armes, avoit
esté abandonnée avec tant
de précipitation
, que ne
pouvant sauver les Magasinsqu'ilsavoient
mis dans
l'Alcaçar & dans plusieurs
maisons, y avoient mis le
feu ,&placé une mèche
qui devoit faire fauter soixante
barils de poudre, ce
qui auroit detruitcePalais
magnifique. Mais que les
habitansy estant accourus
en dilip-enceavoient.osié
la meche ôc esteintlefeu ;
qu'ils
qu'iIs- furent si irritez contre
lés Ennemisqu'ils prirent
les armes&chargerent
leur arriere garde, enquoy
ils furent secondez par cinq
cens Chevaux que Dom
PedroRonquillo fasoit entrer
par une Porte pendant
que les
Ennemis
fuyoient
par l'autre.
Que Mr de Vallejo qui
commandoit un détachement
de Cavalerie pour les
incommoderavoitsurpris
parune march e forcée de
douze lieuës, un Régiment
deCavaleriePortugaise qui
estoit en Quartier àOcana 1a &àune pareille distance
de l'Armée ennemie ;
qu'il
avoit d'abord investi ce
Poste de tous les costez
afin que personne n'en pust
sortir; qu'ensuite il yestoit
entrél'épée à la main, &
avoit obligé ce Regiment
à serendre;que tout avoit
esté pris depuis le Colonel
jusqu'aux Trompettes ; a
présquoy il s'estoit retiré
avec beaucoup dediligence
; que le General Staremberg
qui en futinforméaussitost
envoya un détachement
pour chercher
les Bagages que Mr de Vallejo
n'avait pû faire emporter
&que les Habitants avoient
pillez; que ce détachement
lesobligea de
les rapporter dans la place;
mais qu'ils furent contraints
de les abandonner
& de se retirer avec une
grande précipitation, Mr
de Vallejoestant revenu
sur ses pas pourles charger.
Mr le Marquis de Lançarote
quis'estoit distigué
en plusieurs occasions
pendant le sejour que les
Ennemis ont fait à Madrid,
&entr'autres par la
défaite d'unParty de cent
quatre vingtChevaux, est
mort de maladieauCamp
deCasa Texada. Ce Marquis
est fort regreté.
Extrait d'une Lettre de
Vittoria du 4.
Décembre.
On vientd'apprendre
par un Courier arrivé de
l'ArméeduRoyquesaMajestédevoit
entrer hier 3.à
Madrid, &que les Ennemis
se retiraient en Arragon; que
quatreRegidors Deputé de la
Ville estoient arrivez au
Camp de Talavera le
2 7.
Novembre baiser la main de
sa Majesté& luy faire présent
desixmille Pistoles, &
qu'onyarresta le 16. le Marquis
d'Aracava
,
Partisan diton, de l'Archiduc. ,
De Bajome le 10.
Décembre,
n Courier qui a passe
icy ce matin a rapporté
que leRoy d'Espagneestoit
entréàMadrid le 3. qu'il
estoit allé d'abord à Nostre-
Damed'Atocha pour
rendre grâces à Dieu; que
peu de temps aprés la foule
estoit si grande qu'on ne
pouvoir passer dans lesruës
des environs ,en forte que
Sa Majesté Catholique
mesme fut obligée d'attendre
long-temps avant que
de pouvoir sortir,ne voulant
pas que ses Gardes firent
faire place estant tout
chée des larmes de joye
qu'Elle voyoir répandre à
ses fidelles sujets qu'enfin
on ne pouvoit exprimer
jusqu'à tel point ont esté
les réjoüissances des Peuples
de cette Capitale qui
pendantlesejour que les
Ennemis yont faitont tant
donné de marques de leur
fidélité & de le1 ur attachement
pourleur Roy legitime.
Toutes les Lettres d'Espagne
sont remplies d'exemplessur
ce sujet; & il
yenadetres-singulieres.;
; LesEnnemis estant dans
Madrid
,
& ayant reconnu
lafermeté du Peuple, voulurent
à force de caresses &
de menaces obliger les Enfants
à crier Vivat Carlos
terceros mais ils n'y purent
réüssir;& désqu'ils en furent
sortis ces mesmes Enfants
crierent par toute la
Ville, sans que leurs peres
& leurs meres le leur fissent
faire, Vivat Felipe quinto.
Un Particulier ayant en
presence des Ennemis parlé
avantageusement de
PhilippeV.&ditquel'Archiduc
n'estoit pas Roy
d'Efpagiie.,
d'Espagne
,
& qu'il ne le
feroit jamais, futconduit
en prison
,
après quoy on
le maltraita pour le faire
retracter; mais au lieu d'en
estre intimidé
,
à chaque
coup qu'on luy donnoit, il
crioit de toute sa force
, Vivat Felipe quinto.
-
Sa Majesté Catholique
a honoré Don Joseph de
Echarri, du titre de Marquis
de Salinas, pour le recompenser
de les services.
Mr du Rozel, Lieutenant
General, a chassé les
Ennemis de Sanguessa
, a
surpris Canfrane,&introduit
un Convoy dans Jaca.
Du Camp d'Exea le 3.
Décembre 1710.
N
Nous tentions entrer en
Espagne par Bayonne. On
nous afait marcher à Pompelune
Destols C, Persuit : ce
sont les passages qui communiquententre
les deux Royaumes.
Nous nous sommes assembles
à Pampelune22.Battaillons,&
14. Escadrons venus
des costes du Poitou &de
la Guienne&nous avons esté
jointsparquelques Troupes de
Dauphiné, le tout composant
une Armée 1 8000. hommes
effectifs qui ne manquent de
rien. Nousavons reçeuun
Courrier de MrdeVendosme;
il afaitchangernostre route
qui estoitd'aller droit à Afadrid.
Ce Courriernous a appris
que l'Archiduc avot
pris les devants pour gagner
Sarragoce afin d'y passerl'Ebre
(;;'se retirer en Catalogne;
&que le Comte de Staremberg
le suivoit avec le reste de
son Armée.Nostre ordre a esté
de marcherpromptement pour
prendre les devants & s,opposerà
leurs passages. Ona
fait prendre le devantàtoute
la Cavallerieque nous avons
suivie. Noussommes entrez
dans lArragon le z9. dupassé,
& nous avons marché
a
Exea
,
petite Ville dans laquelle
estoient 400. Miquelets
; (j qui a estéemportée
d'assaut le 2. de ce mois. Les
400 Miquelets ont esté passés
au fil de l'épée sans en
avoirépargné aucun. Nous
allons continuernostremarche
,,'1.)e.rs l'Ebre
,
&si nousy arrivons
avant que l'Archiduc
l'aitpassé nousenrendrons bon
compte.
Lettre d'un Officier General
de l'Armée du
-. RoyenCatalogne
, commandee par Mr
le Duc de Noailles, à
Torreil de Montgri le
6. Décembre.><,;
Il
y avoit lieu de croire
que le retour del Archiduc
en Catalogne yannonceroit
celuy de son armée;
mais on apprend qu'il ne
revient qu'avec 1500. Chevaux,
l'on ne scait encore
à quoyMr de Scaremberg
s'estdéterminé. Cette dé marche - si peu attendue de
l'Archiducest un premier
effet de la diversion qui se
fait de ce costé-cy
,
& fait
connoistre les raisons qui
l'ont obligé de se venir
montrer en ce pays.Ilestoit
necessaire qu'il y revint, à
moins de s'exposer à perdre
cette Province, où la
desolation & la consternation
sont au plus haut
point, le peuple ne menaçantpasmoins
que de Ce
revolter. On verra bientost
l'effet quela presence de ce
Princeauraproduit, & si
elle fera capable de calmer
inquiétude du Peuple, &
de lerassurer. Nous travaillons
le plus diligemment
qu'il est possible à
amasser des fafeines3 & à
achevertous les préparatifs
necessaires pour ce quel'on
se propose. Ils ont esté retardez
considerablement
par les grandes eaux, mais
nos subsistances commentât
a arriver,& 7. ou 8.
jours avanceront beaucoup.
Les Troupes achevent
d'arriver le7. &le 8.
& on espere qu'elles ne resteront
pas long-temps sans
entrer en action ; on vit
pendant ce temps aux dépens
du pays.
Ordre de Bataille de l'Armée
du Roy en Catalogne.
Mr le Duc de Noailles ,
General.
PREMIERE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX
Messieurs ; deGuerchy.
DeKercado.
De Siennes.
MARESCHAUX DECAMP.
Messieurs
De Belleporr.
Le Comte d'E(taire,
De Tournant.
D'Arpajou. 0'
Le Duc de Duras. ,,' BRIGADIERS.
Meffteurs
D'Ozeville.
De Sandricourt.
De Damas.
DeValouze.
DeCourten.
De Balincourt.
DePlanque.
De Parabere
De Vateville.
Dragons.
Dauphin. 3. Escadrons. Lailguedoc.3
AnjCaovaluerie.. PCarraobueyre..33 2
Infanterie.
Normandie. 3. Bataillons. Btaujollois. Artois. zLabour. zReding.. 1 t Noailles. 11
CLaCoouurtreonnn.e. 2, Vermandois. 3Valouze. zDV'Eivlgarirgenzy..1t1 Damas.2. Auvergne. - z
Cavalerie.
Berry. 3. Escadrons. Germinon. Valgrand. zz
Dragons.
Saumery. 3 Faix 3,
SECONDE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX.
Àdefjieurs
De Muret.
De Brancas.
MARESCHAUX DE CAMP.
Adcjjicurs
De Chastillon.
De Puynormand.
De Caylus.
BRIGADIERS.
Afejjieurs
De Bozelly.
De Bonas.
DeNisas.
De Barville.
DeSiougeat.
DeFleche.
De Bouville.
Dragons.
Bouville. 3. Escadrons, Chazel. 5
Cavalerie,
Fleche.
, 3 Vaudemont,, ;
Putange.
) , & Infanterie.
FLlandrée. o2.nBata.ill1ons. Oleron.
, , Perigord. , 1
La Force. , FSooiflroennzo.is.;z1
La Marche..„z Anogoumois.. 1 Champigny.. Noé. iThierache. 1
Cavalerie.
LaFeronnaye.L Efcadrons.
Noailles Duc.. z
Noailles Marquis.. z
Dragons.
La Lande. Bozelly. 3z
Total des Escadrons. 50.
Total des Bataillons. 45.
1 Artillerie.
Royal Artillerie. 1. Bataill.
Bombardiers. 1
Deux Compagnies deFerrand
Code. 100. hommes.
Une Compagnie de Mineurs
de Delorme, 60.
hommes.
On attend la fuite des
Nouvelles d'Espagne.
Onespere qu'elle viendra
ailes tost pour vous
la donner à la fin du Vo-
- lume où l'on mettra tous
les Mois des Nouvelles
recentes.
BOUTS RIMEZ
DU MO I S.
Remplisenstileburlesque
-
par M. de M.
A MeV.
Moyqui jamais ne sçus enmaschant les Lauriers
Macherà -t;uide envers lagloire
-
des Guerriers
Je
Je vais,berger chagrin
surma ,
triste Musette
Mascher & remacher
-
lafierté
de Lisette.
Quelle fiertl ? vouloir
que
d'amoureux Cesars
Aux pieds de ta vertu
baisse
les * Etendars.
Tu décrois bien mais
chut, du bout de
ta Houlette
Tu dmonne surleasdoigtsà Muse solette.
Ch crcL e quichantera
ion
intrépidité.
Sans amcur , par mes Vers
point d'immortalité.
Si tu n'écoute aux bois
que
d'innocents ramages
Tusecherassurpied dans
tes
sombres bocages.
AUTRES
BOUTSRIMEZ
Par Madame De.
Dialoguedu Guerrier&de
Lisette.
LE GUERRIER.
H
eureux celuy que
-dMaersc.ouronne Lauriers
la Trompette a sonne ,
suivons les
fiers Guerriers.
LISETTE.
Non,viensplustost danserauson
de
ma Musette
De Mirte tu feras couronné
par Lisette.
LE GUERRIER.
11Au Temple où sont gradvezeles
hsautsfaits Cesars
Marsgravera mon nom:
suivons
fis„ Etendars,
LISETTE.
Moy je grave à present
tonnomsur
ma Houlette.
Cela vaut mieux
3
croisenta
Bergere folette.
LE GUERRIER.
Dans les siecles futurs
monintrepidité. 4 LISETTE.
Tais toy .J je tereponds
de
l'immortalité.
Ouj
,
les Oiseauxfuturs,
par leurs
futurs.. ramages
Chanteront nos amours
dansles
futurs bocages.
Aulieu de Bouts rimez
simples à remplir,
on propose ce mois-cy
Ul1 Rondeau à faire sur
une chute donnée, &
l'on en choisit une qui
puisse avoir trois significations
differentes. La
voicy
,
Filis tient çeu, c'est la difficultédesRondeaux,
maisc'en est aussi
l'agrément. On donne
deplus les Bouts rimez
du Rondeau à ceux qui
voudront avoirdeux difficultez
à vaincre. Il y a
des genies qui ne font
excitez que par les grandes
difficultez ;ceux qui,
sont plus faciles à émouvoir,
ou plus paresseux
pourronts'assujettir ou,
à la chute seule du Ron-^
deau ou aux Bouts rimez
détachez de la chute, &
faire Amplement des
Vers sur lesBouts rimez.
Voicy la tache toute entière.
RONDEAU
A REMPLIR.
Filis tient peu.
el
0aalbicrac trac 006 seringue
brelingue
c..
» «••frac
OU
*• <* crac r-pibrac
tuigue.
Filis tient peu. -
-KXS 'ale balfaC 4 micmac
fringue
tringuc
•
sac.
Filistient peu.
ARTIC LE
des Queftwns.
Question badine.
On demande si dans
le monde on donne plus
qu'on nereçoit.
A parler exactement
on donne autant qu'on
reçoit, car donner &
recevoir sont termes relatifsqui
ne peuvent
subsister l'un sans Tautre.
Cependant on peut
dire quilyadeschoses
qui ne sont pasmoins
donnéesquoyquon ne
les reçoive pas. Par exemple
,beaucoupde
:ren,$ donnent des coneils,
peu de gens lesreçoivent.
Si les Maris recevoient
toutesles malesidioiis
queleursFemnes
leur donnent,sema-v
ier & estre maudit ce
eroitla mesme chese.
ITeft sur ces fortes de
ensbadinsqu'on peut
faire rouler ces ( -
stiond badines,& celS
aussi dans ce {ensquoi>
a répondu à celle-cy.
RFPONSE
PAR L'ARCH. TURPIN.
T Ont est égalà le btei
prendre,
Ce qi:crsotis me donne
y. le reçois 1ns?
i1 iVl.aIs non ,
tejidtleSi'lvaudre.
Vous a donné son coeur,
t¡J{)/îi ne a*ve7Pas
Attendezvous donnezle
-
't'ôtreJA
qui ne vous veut que :. du mal.
IJïinreçoit vos mépris,
evôu-s-,'en avel^aun
autre: J'j, retiensdonc, tout efi
JPR~Er~P~OvN~SEr Par l'Argumenteur en
forwe. cE n'est point donner
dit-on, que de donner
à contre-coeur. Peu de
gens aiment à donner
beaucoup aiment à recevoir.
Je conclus delà
que dans lemonde on
reçoit plus qu'on ne
donne. Ne peut-onpas
dire aussique ce n'est
point. recevoir que de
recevoirmalgrésoy.Arlequinconcluroîtdelà
que dans lesmonde il se
donne plus decoupsde
pointqu'ilnes'en reçoit. REPONSE ,:
ParMluDes -y.:;
-- N reçoit plus dans
le monde, qu'onn'y
donne;car ces hommes
reçoivent toutdesDieux
r&iiles nne le.ur donnent
IZL"PONSE
Par le Magicien.
vVousdemandez si en
cemonde on donne plus
qu'on ne reçoit.
Donner estplus commun,
moi grand Magicien,
Dans mon Art ainsi je
raisônne)
Au Diable cent choses it'cm,donne;.
Donc il nereçoitpresque
rien,
QJJ ESTION
Morale.
W e.st p,lus.genereuxde donnerquede recevoir.
REPONSE
-
Par le Critique Gaulois
line peut jamaisy
avoir de generosité à
recevoir> laquestion
efifaufl-e. .:':..
R E'P ONSE
A laRéponse.
L
a propositionseroit
fausse si le mot degénérosité
ne signifioit que
liberalité; car en effet
il n'y a jamais de liberalité
à recevoir,mais
generosité (z jointencore
mieux à l'idée devaiii.,
cre qu'à celle de donner.
C'estquelquefois
generosité de vaincre
ses passions pour contentercelles
d'un autre;
ainsiceluyquisçaitvaincre
son orgueüilen recevant
d'autruy,est plus
genereux que celuy qui
se laisse vaincre par la
vanitéde donner.
R£ PONSE a 1. „(j à la questw». r >' u n jour un Philofô--
phe Arabe disputoit de
gencrofitçavecuiiiKa.*
lise en :refúfant. fèspré-»
sensavecune gràndeuit
d'ame Pliilôfophique{
quoy donc s'écria le Kalife,
n'auray-je jamais le
plaisir queje désire le
plus ardemment, ce fcroit
de te faire accepter
seulement deux mille
Dragmes. Le Philosophe
révaluimoment
-& ditensuite au Kalife
hé bien soit
,
j'accepte
vôtre présent
,
afin de
pouvoirdireque je fuis
plusgénéreuxque vous;
car en recevantde vous
je vous donne un plaisir
que voussouhaitez ardemment,
& vous ne
;ne donnez que de l'argent
,
dOllt: nous ne
nous foutions ny l'un.,
iiyl'autre.
- -, '('.1 .- i, RE'PONSE
ParM. de Lafor* * *.
L'avare tousjours
prest a recevoir & jamais
à donner
,
le perfuadera
qu'il estplus genereux
de recevoir, &:
tafehera de persuader
aux autres qu'il est plus
genereux de donner.
-, ,
Questions pour le Mois
prochain.
Ondemande si - le
vinestune bonne chose,
Question galante.
PartiÙptfirejfftàfie.
Quepeut-on dire
pour blasmerou pour
justifier un homme @amoureux
d'une femme
qui n'auroitny beauté
ny esprit.
-
ArticledesEnigmes.
Explication d'une Enigme
qui a paru inexplicable. -
Je contiens celuy qui porte
Celle qui contient celuy&c.
C'est le Soulier d'une
femme grosse. Le Soulier
Contient lepied,qui porte
la femme qui contient l'enfant.
dont lastruturepeuforte
porte pourtant dés aujourd'hui.
Sa teste qui contient
l'oeil qui porteraplus loin
qu'aucun
qu'aucun Mousquet ne porte.
Ceux qui ont deviné cette
Enigme sont les femmes
steriles du quartier de la
Place Maubert. Le Mari
absent, s'en estdouté. Le
spirituel Cordonier
,
neJutorultra
crepidam,
Envoysurl'Enigmed'Alilçdont,
leengt ejq iw
Fagot/- ¡:, ParMRM.D.M.
». JEjJope la Fontaine
animant la machine
Faisoient raisonnerl'yifi-
,. ne &parlerl'Escargot
Mercure ton Enigme est
galante Ce badine
fait aimer,
une amede Fagot.
Noms de ceux qui ont
deviné.
L'aimable Chevalier
de la ruë Traversine. La
petite Frilleufe.
-
Fagotin
fils du Fagot a deviné
Mr son pere.Tamiriste.
Dans la chambre d'Alix
il y a Fagots & Fagots.
L'infante & .Tédatante
Rose de la ruëde
Guenegaut.
ENVOY.*
Par Mr de Vacena.
Apeineayje quité le
Coche
En Novembre de froit
trancy-
Que Mercure medonne
Un bori Fagot pourme- treenbroche.
Autres Noms.
Au feu, au feu, un
sceau d'eau sur le Fagot,
il mettra le feu à la cheminée.
Le petit Cerfde
la ruë S. Gilles. L de
Moineuse.
Mon rivalsansesprit c5
fait comme un Fagot
Parsimpathie enfin a
deviné le mot.
ENVOY.
Par MR des B.
Quand l'amed'un
Fàgot, s'enflame
V.n feu rvifbristfis liens
Le feu qui brusle dans
mon ame
Nefaitqueredmékrlei
miens.
ENIGME.
; ParMRde Souv.
Jesuis
au ciel, en l'air,
sur la îerfe&sur
ïonde„
Je nefuispourtantrienv,
jefuistout --
le monde.
AUTRE ENIGME.
([/<*/?parmojquefinit
,
l'oe5rleacaglmeeÇ;f
C'estpar moy quefinit un
cruelesclavage.
Pest'{icy les mots ne
vousytrompezpas , C'estsur moyque dansun
repas
On s'enyvre en disant
,- merveilles.
L'ardente soifme prend
en vuidant les
bouteilles. 1
Nul ne mevoit chacun
m'attend ; ',
Les Chiens prenent le
Lievre,&leLievre
meprend.
Dans leplaisirjefuis affreuse,
Et charmante dans la
douleurs;
Dans le malheur trespareffetefe3
Diligente dans le bonheur.
Enfin pour les mortels
tropprompte ou trop
tardive
jA'vaecrrlaivmeort.toujours toûjours
AVIS.
AVIS.
Les nouvelles d'Espagne
ont pris la place de
plusieurs bons ouvrages
quOlY111avoltenvoyez)
& que je suis contraint
de retrancher. J'avois
aussi promis dans le Mercure
dernier plusieurs
choses que je- ne you?
donne pointimais je vous
donne une Bataille gagnée
que je ne vous avois
point promise. Ne vous
fâchez point si j'en use
ainsi dans la fuire; j'espere
vous donner des
choses qui vaudront
mieux que celles que
j'aurai promises.J'ayranc
des Relations d'Espagne
à placer, qu'à peiné me
fuis- je laissé place pour
vous avertir icyqu'on
continuera à donner regulierement
le Mercure
le premier jour de chaquemois
»
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa CavalcTABLE.
fptrennes de Mercure> 3 Livrenouveau91i
^Morts, 31
Mariage, 35
Donsfaitspar le Roy, 45
Mariage, 47
Academie Royale des Médailles
&Infirmions ,
49
Marine, ici
Chansons, 1^9
RéponfesauxAnonimes> 117 Bouts-RimeT^13*
Nouvelles, 13^
Suite des Difeours Académiques
, 143
Nouvelles d'Allemagne, 166
•%
TABLE.
,Zettre de MrRoy, -173
iVouvellesd'Espagne, 187
Bouts-Rimez,, 207
M. L. D. D. B. en habit de Chafsi,
113
Avanttire nouvelle, 216
Vuite des Nouvellesd'Ejpagne
t
270
Jrdre de Bataille de l'Armée dit
Roy en Catalogne, 188
ïlouts-Rïmez,, z96 ondeauà remplir, 304
irticle des JOue(lions
3 ;14
GALANT.
0
A PARIS,
M.DCCX.
JSVCC Privilège du Roy.
M ERCURE
GALANT.
Par le Sieur Du F*..
Mois
de Decembre.
1710.
Leprix est 30.fols reliéen veau,£
2 5.fols, brochez.
A PARIS,
Chez DANIEL J 0 L LIT, au Livr
Royal,au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
FIIRRE RIBOU, à l'ImageS. Louis
sur le Quay des Augustins.
GILLES lAMinE, À l'entrée de la ru
du Foin, du côté de la rlJJ
Saint Jacques,
MERCURE
- GALANT.
E'TRENNES
DE
MERCURE.
D
ansun Sallon du Firmament
Où les Dieuxàffemblcz,
tenoientappartement>
On vit entrer Le Dieu
Mercure,
Qui d'unMarchand Forain
avoitprislafigure.
Dieutegard, dit Momusy
quas-tu dans ton
Balot,
Des Etrennes,sans doute?
Ouy,dit le Mercelot.
Fort bien. Tu nous <uts
donc étaler enparoles
Tout ce quun Mercelot
étale en babioles;
Ouvrgesdélicats, Bijoux
de Cabinet,
Orpur bien travaillé/ep
à direunSonnet,
Des Brillans endajfeZs
en naïve Epigrame,
-
:.Amours d'argent massif
dansunEpithalame
Eloges tout sucrez
, &
friands Madrigaux, Portraitsvrais oufardez
fatjriojues Tableaux,
Des Odes de clinquant,
des Tambours,des
Trompettes,
Nipes d'Eglogues,des
Houlettes,
Petits Chiens9 &petits
Montons,
Flûtes, Flageolets
,
geolets &
JHufettesy
Lyres d'adulateurs*
chantantfor tons les
tons.
Chut, dit le Mercelotr
un brillant étalage
JÎ plus que l'on ne peut
Je n'A.)etnpgrieafgrqeusoc dainsrmses
Que fideles petits Miroirsy
vit
Quifont voirles défunts,,
Fj
y
dit le Dieu comique.
Vnfidtle Miroir est un
garde-boutique;
jî Paris tu vendras bien
mieux
Lunettes à tromper les
jeux,
PourlesPrudesdutemps,
Eventails àlorgnettes,
Des Besicles pour leurs
Maris,
Rubllns à parer les Coquettes,
Noeudsgalands pour les
Favoris,
Noeuds coulans, &poignardspour
les Amans
trahis.
Veux-tusi ur,reprit Mercure,
Je n'ay que des riens.Je te
jure.
Petits Riens de hasard,
qu'on va mettre au
rabais:
Heureusement, les Ba.
gatelles
AuPArnaïe commeau
Palais
Plaisentquand ellessont
nouvelles,
Enfemme,en belesprit,
jeunesse & nouveaute,
Tiennent souvent lien de
D'accort,mais nouveauté
pour les Dieux est
usée,
De leurgoustsurle Beau
la pointeesle'mo'-ijjée;
Car ils en ont tant vû.
ça fais - donc de tOIJ;"
mieux,
Ondoitdes Et.rennesaux
Dieux
Dés le temps des Romains
, à ce que dit il-lieoire
JD'ejïreEtrenne^jlsfai*
Joientgloire,
Et par conséquentd'e'~
trenner9
Chezles Dieux recevoir
ne vapointsans donner.
Mercure,sois-doncmagnifique
Et déployé icy ta BoutH
que.
Tout beau! du peu que
j'ay j'en veuxfaire à
deux fois,
Tel quifait aujourd'huy
despresens à mains
pleinesy
Seroit moins libéral en
donnant des Etrennes,
S'il devoitcomme moyles
donner to/;* les mois,
LIVRE
Nouveau
Il paroist depuis peuun
Livre intitulé,, Réglés
pourformer un Avocat,
tirées des plusfameux
Auteurs , tant Anciens
que Modernes.
Dans le premier Chapitre
,
l'Auteur parle de
l'Eloquence en général.,
& montre que lanature
seule, toute éloquente
qu'elle est, ne suffit pas
pour former un parfait
Orateur.
Au second Chapitre,
de la noblesse &prérogative
de laproffession d'A..-
avocat,ilrapporte que
parmi les Grecs & les
Romains
,
les Conque.
rans même descendant
du char de leur triomphe
,
venoient immoler
aux pieds de la Justice,
l'ambition de perdre les
hommes
? pour suivre
celle de les deffendre.
C'estainsi que le Roya
rravaillé luy même à former
ce Chef- d'oeuvre de
nouvelles Ordonnances:
monument immortel de
la Ggcife & dela justice
de Louis LE GRAND.
Apres avoir parlé de
l'Eloquence en général.,
l'Auteur traite à fond celle
du Barreau, qui est
son objet particulier.
Je fais consister,dit il
l'Eloquence du Barreau dans
quatre principales choses.
La premiere ,
Sciencedan.s la
La seconde,à bien Composer.
nLaotroinsiémce,eà biren.proLaquatrième&
dernière,
à possederles vertus que
doit avoir un Avocar.
Sur chaque partie je rapporteray
les Regles qui y
conviennent
,
& voila tout
mon dessein.
L'Auteur marque enfuite
les differens carac.
teres de l'Eloquence
,
que chaque Avocat peut
chofir par rapport à ses
talens naturels, & à l'étenduë
de son esprit. Il
marque à ce propos les
differens genies de quelques
Orateurs anciens.
Cefary parloir avec force
&. vehemence.
Celius, se faisoit admirer
dans ses discours parunge
nietoutsingulier.
Calledus, estoit subtil dans
ses raisonnemens.
Brutus,avoit de la gravi
té en parlant en Public.
Sulpicius, avoir des poin
ces trésagréables.
Casseus,plaidoit avec
chaleur.
Pollion, composoit avc
majesté.
Calvus, avec scrupule &
circonspection.
Seneque, avoit la secondite
en partage.
Africain, l'énergie.
- Crispus) l'agrément.
Tracallus
, une belle déclamation.
Secundus, l'élegance.
Demosthene )cnlporroit la
piéce ( si on peut se sevir
de ce mot)
Ciceron, semble avoir luy;
fqculutouarels icetseémzine.ntes,¡
i,
Ensuite l'Auteuraprés
avoir établi plusieurs Regles
generales pour devenir
excellent Avocat,
convient que la grande
difficulté, est de mettre
ces Regles enusage.
Il faut, dit il, à un Avocat
un esprit profond pour
penecrerle fond des Regles,
son discernement les distingue,&
les compare,sa Justice
n'y voit que ce qu'il y
faut voir, sa droiture les
prend toûjours par le bon
costé,& sa délicatesse apperçoit
celles qui patoissent
imperceptibles ; tout cela
fait qu'on ne peut donner
pour l'usage
,
des Regles
fixes ôc immuables,
Eneffet les Regles generales
sont des écueils
pour les petits genies qui
les suivent à la lettre, les
genies fauxméprisent les
Regles- parce qu'ils n'en
sentent pas la justesse,&
les grands genies s'élevent
au-dessus des Regles,
parce qu'ils sçavent
- plus que les Regles.
Tout le reste du Livre
est conformement à son
titre,unreceüil avec ordre
de Regles, de Maximes
& de Conseils:
j'en rapporterai quelques
traits en abregé sans les
choisir, plutost pour
vous donner une idée
generale du Livre, que
pour vous en citer les plus
beaux endroits.
Le sublime & les ornemens
ne sont pas bons dans
toutes sortes de caures; il
fauttraiter les petits sujets
d&'un aircsimp.le& naturel,
, Vous allez voir une ma-
- xime qui paroist d'abord
un peu obscure,l'Auteur
la développe tres-sinement
& tres - nette..
ment; mais ce qu'il en
dit est trop étendu pour
estreplacé icy; clïofesexcellenteilsy^daodieist
on ne peut faite l'exerait
sans en diminuer la beauté
,
voici la maxime.
Il y a de l'art à paroistre
quelques fois douter de ce
que nous disons pour mieux
persuader la verité,&c.
Undes cas ou l'Avocat
peut utilement paroistre
douter de la bonté
de sa cause
,
c'est
quand il s'agit de prouver
aux Juges qu'il ne la
soûtient point paropiniâtreté,
& qu'il n'estpoint
aveuglé par la prévennon,.
Ce n'est pas peu dans
l'Eloquence de bien sçavoir
ce qui doit estre negligé,
&ce qui nele doit
pas estre.
Laveritable Eloquen
• ce doit estre proportionnée
à la capacité de ceux
à qui elle parle.
Que vostre stile foit pur
sans estre énervé parune
exactitude scrupuleuse.,
Lacomposition de l'AvocatDemandeur
doit
estredifférente decelle
du Dessendeur. Le premier
doit établir simplement
Ca.demande ; le second
est toûjours en action
,
il nie, il refute
,
il
excuse, il supplie, il adoucit
& diminuë. Atout
prendre il est bien plus
difficile de soûtenir le
Deffendeur, que le Demandeur.
:
Si Vous plaidezpour
unaccusateur,vostre
composition doit estre
1-iardic, feyerc.,&:vigoareuse,
reuse, parce que vous avez
à combattre la douceur
& la clemence des
Juges; sivous desfendez
un accusé, vostre composition
doit exciter &
soûtenir par sa douceur,
la clemence de ces mêmes
Juges combatuë par
la feyerité des Loix.
UnPlaidoyerqui manque
d'art doit se soûtenir
par l'assemblage deses
forces, par le poids &
par les secousses redoublées
des raisonnemens,
& des preuves.
Un Avocat doit si
bien ménager son Eloquence
qu'onimpute à
la bonté de sa cause, les
traits que son habileté
luy fournit..
Pour bien exprimer les
choses, le tour le plus
~~re!. çlt-J Jeplus cliffir
cile àtrouverà ceux qui
le cherchent, ceux qui
le trouvent sansle cherçker,
jfoAt ..prçjÇjqs les
seuls qui le trouvent. >u
Ce n'est pasassezàun.
Orateur d'estre Eloquent;
il doitconformer
son Eloquenceau goût
de (on siécle.
- La mode n'est. pas à
negliger dans leschofès*
où il est essentiel deplaire
au plus grand nombre.
Il cft dangereux de faire
voir les Factums aux Juges,
avant qu'on ait plaidé-la cause,
car se flatantqu'ils fçaventparavance
tout ceqi*±
on leur peut dire sur l'affaite,
ilsn'écouteront point
l'Avocat avec attention,&
vous perdrez le fruit de certains
traits d'éloquence, qui
touchent & qui émeuvent
les Juges; quand on les prononce
, & qui font peu d'esset
dans la lecture.
Le dernier conseil que
l'Auteur donneà unfameux
Avocat, c'efi; de
se retrancherauCabinet
quand il commence à
moins briller au Barreau,
Il cite là-dessusAsser, le
plus celcbre Orateur de
son siécle, qui à quatrevingt
ans, croyoit plaider
aussi bien qu'à trente;
on disoit de luy qu'il
aimoit mieux renoncerà
sa réputation
,
qu'à sa
profession. Cet exemple
doit rendre Cage les Auteurs
,
dont le feu & la
délicatesse commence à
s'émousser par le grand
âge, car la malignité se
plaist à juger d'un Auteur
par ses derniers 0Uf
vrages , ou par ses premiers
quelle injustice?
de condamner un bel et
prit par des essais qui luy
sont échappez en fortant
du College ; il est
moins injustedeblâmer
celuy qui ne peut se resoudre
à cesser d'êtreAuteur,
car il est plus pardonnable
à un jeune étourdy
de commencer
trop tost
,
qu'à unhomme
censé de finir trop
tard*
Il se vend à. Paris, chez
Daniel Joller, sur le Pont S.
Michel, ducosté du Marché-
Neuf, au Livre Royal. MORTS,
Charles Theodore Othon
Prince de Salm & du S. Empire,
Maréchal de Campgéneral
de l'Empereur ; cidevant
Gouverneurdel'Empereur
Joseph,& grand Maître
de sa Maison, quiestoit né le
27. Juillet
1 645, mourut le
10. Novembre à Aix la Chapelle
ch sa 66.année. Ilavoitépousé en premier
res noccs Godcfroidc Anne
Marie Agnés, fille de Walfgand
Comte de Glein, & de
Marie Comtesse de Amstenra£
fc, morte en couches le
2. Novembre i66j.
Ilenaeû Marie Christine
Godefroide Princesse de
Salm, née le 2. Novembre
1667.& mariée le 15Juillet
1687. à Lcopol Prince
deDietrichftein.
Sa seconde femme estoit
Louise Marie, fille d'Edouard
Comte Palatin du
Rhin;& d'Anne de Gonzague
, & soeur de Madame
la Princesse
, & de Madame
la Duchessed'Hanovre. -
Il en a eû Louise,née le
-1-3. May 1672.. Louis Ocon
né le 14. Octobre 1674.
Louise Apollonie,née le 21.
Janvier 1667. & Eleonore
Christine, née le 14. Mars
l$7$.
,
N. de Harlai,fille de Nicolas
Auguste de Harlai,
Comte de Cely,Conseiller -
ordinaire& Plenipotentiaire
au Traité de Rifwick
, &
de FrançoiseLouise Marie
Boucherat, fille de feu Mr
le Chancellier Boucherat
est , morte sans alliance le
cinquième Decembre.
N. Escart, épouse de
Mr Bclanger de Tourote,
BrigadierdesArmées du
Roy & Colonel deCavalerie,
est morte.
Mre Henri de Ghaisnes,
Comte dudit lieu & de
Monlmont, ci-devant Enseigne
des Gendarmes de
Berri, est mort le 10 Decembre
âgé de 45. ans. Il
avoit épousé Marie Helene
de Mailli
,
fille de Charles
Marquis de Jalesnes & de
Marie Madelaine de Broc.
N. Pecquotveuve deNicolas
Edouard Mier, Chevalier
Seigneur de Maisons
Verneüil ,
& Doyen du
Grand Conseil , mourut lC).
S. Decembre.
.;
Michel de Loy,Doyen des
Professeurs de Droit dans
l'Université de Paris, mourut
le 10. Decembre âgé de
./S5,. ans. MARI A G E.
Mr dePlanque, Brigadier
des Armées du Roy, & Infpecteur
General de l'Infanterie,
épousa,lepremier
jour de Novembre Mademoiselle
de Cadclan ,niéce
de feu Mr le iviaiftre de la
Maisonfort, Fermier Gencral
- Le pere de Mr Planque ,
qui cft d'une tres-ancienne
& tres bonne famillle du
Languedoc,est mort assez
, jeune, estant Brigadier &
Commandant à Bayonne.
-
Mr de Planque aeû laconfiance
de - Mr le Duc de
Noaillesdanscetteaction si
- bien concertée, qui obligea
lesEnnemis de se rembarquer
; ce fut Mr de Planque
qui conduisit le corps
d'Infanterie de Perpignan
à Cette.
L'affaire de Cette me rappelle
l'idée d'une circonstance
que j'ai apprise depuis &
qui regarde Mr poujet,dont
j'ai parlé dans mon premier
Mercure.
Il est bien vrai que le*
Anglois s'emparant de la
la Ville de Cette, où il est
Juge de l'Amirauté, voulurentle
forcer à prester ferment
entre leurs main; sa
fermeté à le refuser
, & les
services qu'il a rendus en cette
occasion lui ont attiré des
*
loüanges de Mrs de Roquelaure
& de Basville. De
pareils temoignages, & une
lettre de lui tres-autorisee,
m'obligent à lui rendre justice
; voici un Extrait de sa
Lettre.
Le 2. 8.Juillet, quifut la
veille du départ des Ennemis,
toutes les Troupesse rembarquerent
& sur les 4. heures
aprésmidi,il ne ressoit dans.
Cettequ'environ40. hommes,
distribuez en diferensposses. Il me parut que 50. Maî.
tres envore;C en diligence aurotentpusi
rendremaîtres du
lieu: lessuites d'uneaffaire con!*¡
certée me paroisoient à craindre,
Cela joint à donneravis
à. nos Généraux de cette jitua-,
tion
, je lefis parunBourgeoisque
j'envoyai &c., Sur les huit heures du matin
du 29. jefus prispar les
ordres du ChevalierNorisqui
estoit à terre; je fus mis dans
sa Chaloupe Joù ilJe mit luimême,
il me déposasur le
premier Vaisseauquise trouva
àsonpassage. C'estoituneFregatte
d'environ 40. Canons,
qui estoit à l'entrée du Port le
coPi 4 travers, quitira tçtitth
la matinée sur la Ville.C'est
là que j'appris la raison de ma
détention. Le Capitaine de ce
Bastiment me traita fort honnestement
, eaprès m'avoir
fait diner avec lui, il me dit
qu'il alloitsur l'amiral parler
pour moi, vers les six heures
au soir.MrNorism'envoya
sa Chaloupe avec un Officier;
jefus porte surson Vaisseau ,
M il mefitdire par l'Interprète
de l'Amiral Hollandois
, que
quoi qu'il pût me retenir
,
il
vouloit pourtant me renvoyer
àla consideration de Mrle Duc
de Roquelaure
,
En ce rcmps là on avoit
écrit de Cette, qu'il avoit
couru risque de la vie. Quoi
que la more soit glorieuse , quand elle est cau fée par le
zele & la fidélité d'un Sujet
pour son Prince, c'est toujours
une fin tragique. Aussi
n'est ce qu'en le (cachanc
renvoyéhonorablementque
j'ai pris la liberté deplaisanter
de son échange,&je citcrois
plusieurs exemples de
Magistrats
,
qui dans le
temps de la Ligue ont couru
mêmes risques pour pareille
fidélité à leur Prince ,
& qui ont plaisance les premiers
sur la maniere dont ils
s'estoient tirez d'affaire.
Madame la Presidente de
Bretonvilliers cil: morte le
Decembre
,
son nom
estoit Claude Perrot de Fercourt
: Elle estoit veuve de
BenigneleRagois, Seigneur
de Bretonvilliers,President
des Comptes; & fille de
Jean Perrot, Seigneur de
Saint Dié & de Fercourt
President , aux Enquestes du
Parlement
,
& de Madelaine
de Combaut Authcuilqb
Je tâcheray dans la suite
d'avoir quelques remarques
Historiques ou Géographiques
sur chaque Article;par
exemple,en voicy deux à
propos de la demierenomination.
:
-
Celle deLandeneou Liudevenech
, donnée au Pere
de Vau, en Latin Lindana
ou Lindanoe portus, fut fondée
vers l'an 480. par S,
Guinolé, autrement S. Guingalois
qm' en sur le premier
Abbé, cette Abbayedevins
très florissante parla discipline
qu'ilyétablie,-elk en>-
brassa la rcglc de S. Benoist
l'an 8 1 8.
Celle d'Arouaifeou d'Arouage
, donnée au Pere
,
d'Ambrine,en latin Aridagamantia
& Aroasia, est de
Chanoines Reguliers de S.
Augustin. Il y avoit autrefois
une grande Forest prés
de Bapaume, &c'estde cette
Forest que cette Abbaye
a retenu le nom.
Le grand Maistre dc l'Ordre
Teutonique, Evêque de
Bressu, a esté élu Coadjuteur
del'Archevêque & Electeur
de Mayence; il est
frere de l'Imperatrice Douairière.
Jacques-Fitz James, Duc
de Bervick
,
Chevalier dela
Jarretiere,dela Toisond'or
& de S. Louis, Maréchal de
France ; & Gouverneur du
Limosin, a estéreçû Duc &
Pair de France le 10. de ce
mois; il y a pris séanceavec
les ceremoniesaccoûtumées.
Donsfaitsparle Roy.
• Le Roy a nommé Mr de
Goesbriant, Chevalier du S.
Esprit
, & luy a donné une
pensionde douze mil livres
Il eil: d'une ancienne noblesse
,
& Gendre de Mr
Desmaretz.
Sa'Majdte a fait Lieutenant
General, Mr leComte
d'Estrades : Mrs de Beuil,
de Grimaldy, de Robelin,
& de Selve, Maréchaux de
Camp; Mrs.leMarquis de
Lyonne, & de Bellabre, Brigadiers;&
Mr de Ravignana
eu une pension de2000.liv.
Le Regiment du Fort ancien
, a esté donrté à Mr
le Marquis de Lyonne;il seraconservé
à la Paix,& portera
le nom de Lyonne.
Celuy de Lorraine ,
, a cfté
donné à Mr le Comte de
la Motte ,avec permisson
de le vendre.<
-
Ccluy d'Aulnix qtf'avoîtT
Mr le Marquis de, Lyonne,
a esté donné àMrle Comte
deBrancas.» *
MJKlAGE.
Mr le Comte de Boulainviller
a épouséle 23 Decembre
Mlle Dalegre, avec
l'agrémentdu Roy, qui a
signé son Contrat. La Maison
de Boulainviller & cet.,.
led'Alegre font si illustres
qu'ellessont connues de
tout le monde. Mr deBoulainviller
estl sans cnfans depuis
la Bataille deMalplaquet
,oùil perdit le Marquis
de Boulainviller, jeune
Seigneur de tres grande cc.
pcrance, & son filsunique
, pour lors; caril avoit perdu
six mois avanr t'Abbe de
Boulainviller
,
âgé de dixfcpt
ans, & dont à cet âge
la capacité tenoitduprodige.
La premiere femme de
Mr le Comte de Boulainviller
estoit Marie-Anne
Hurault du Marais , morte
en 1696.
EXTRAIT
DuDiscoursdeM.l'Abbé
Simon, dans la derniere
Assemblée de
l'Academie des Medailles
& lnscriptions.
SVRLESPRESAGES.
Ordre & Division du <
Discours. L'origine & les causes de
l'oblervation des Presages,
les diverses Efpcces
,
les
occasions ausquelles on y
avoit 1ccours & ce qui
estoit necessaire pour les
faire valoir ou pour les détruire.
Mr l'Abbé Simon trouve
la premiere Origine
de la superstition des Présages
dans la foiblesse de 0l'homme, dont la curiosité
veut penetrer l'avenir
, & dont l'orgüeil
veut abaisser jusques à
luy l'Estre suprême à qui
rien n'est caché.
Les Philosophes rcconnoi{
fJot uneintelligence suprême,
infinimentdistante
de la leur, luy subordonnerent
des Divinitecz éclairées
immediatement de ses
lumieres, qu'elles répandoienc
sur d'autres génies.
jnferieurs placez au -
dessous
d'elles dans tous les élemens ;
ceux-cy plus à portée d'entretenir
commerce avec les
hommes se plaisoient, disoient-
ils, à leurcommuniquer
ce qu'ilssçavoient de
l'avenir, & à leur donner
des pressentiments de ce qui
devoit leur arriver,&c.
La science des Presages
est apparemment aussi an
cienne que l'Idolâtrie ; cc
qu'il y a de certain c'est que
les anciens ~ha bitans de la
Palestine en estoient infectez
dés le temps de Moyse,qui
sir ~daffensc aux Israëlites de
suivre l'exemple des Nations,
dont ils alloient posseder
le pays, qui écoutoient,
dit-il, les Augures
& les Devins.
Mrl'AbbéSimon distingue
icy la confiance
du peupledeDieu en ses
Prophetes, d'avec la credulité
superstitieuse des
peuples idolâtres pour les
Presages. Il marqueainsi
le caractere des derniers.
Lorsque la prudence humaine
estl en défaut
,
elle a
recours à une intelligence
superieure capable de fixer
sonincertitude & de relever
son courage dans les occafions
embarasantes & dans:
les périlspressants.
AinsiUlisse ne sçachant si
tes Dieux qui l'avoient perfccuté
si long-temps sur
terre & sur mer, approuvoient
enfin son retour en
sa patrie & le dessein hasardeux
qu'il méditoit, prie Jupiter
de luy faire connoître
sa volonté par la voix de
quelqu'un de ceux qui veilloientalors
dans la maison,
& par un prodige au dehors.
Un cou p de tonnerre qui
éclata en même temps le
remplit de joye &fa crainte
se dissipa entierement, entendant
une femme qui
bluttoit de la farine
,
& qui
rebutée de ce travail souhaitoit
que le festin qu'on préparoit
aux Amans de Penclope,
fust le dernier de leur
vie. Ces imprécations luy
parurent un Presagecertain
de la fin malheureuse de ses
ennemis & du succés de sa
vangeance.
Des signes semblables
que le hasard faisoit quelquefois
paroître comme à
point nommé aux voeux
des Suppliants, les convainquirent
de la vigilance des
Dieux toûjours attentifs à
répondre à leurs constations,
& engagez pour ainsi
dire, par le devoir de leur
ministére à leur donner des
pressentiments de ce qui devoit
leur arriver.
Cette persuasion lesobligea
à observer plus religieusement
toutce qu'ils entendoient
& ce qui se presentoit
à eux dans le moment qu'ils
formoient quelque entreprise,&
leursespritsremplis
de leurs projets n'avaient
pas de peine à découvrir
dans tout ce qui paroissoit
des marques évidentes de
l'évenement dont ils vouloient
estre éclaircis; semblablcs
à ceux qui regardent
attentivement des nuages&
quiy voyent tout ce que
leur imagination leur represente.
Cependant pour s'assurer
de leurs conjectures ils ne
manquoient pas quand les
choses estoient arrivées de
confronter les évenements
avec les prognostics, & de
tâcher de les concilier en semble,
lors que la fortune ne
ses faisoit pas quadrcr assez
juste. En cette maniere on
interprétoit les Oracles ,
& encore au jourd'huy des
gens prévenus en faveur de
certaines pretendues Propheties
,
s'imaginent entrevoir
dans leur obscurité
affectée toutes les grandes
révolutions qui arrivent
dans le monde.
Je paffe icy une fuite
de Remarques judicieuses
, par où l'on voit l'é.
tablissement des Presages
dont les Egyptiens
ont fait un Art oùils
ontexcellé,&: qu'ils ont
transmis aux Grecs, 6c
qui a elle soutenu en.
suite par l'autorité des
hommes les plus graves
& les plus éclairez, qui
en faisoient un des articles
de leur religion. Pithagore
& ses Disciples,
Socrate , Platon, Xeno- phon,&c.
Ensuite les Hetrusques
ont appris cet Arc
aux Romains,&c.
Aprés avoir marque
l'origine & l'établissement
des Presages, Mr
l'Abbé Simon en explique
les especes. La necessité
d'abréger m'oblige
à ne dire qu'un
mot de chacune.
La première espece de
Presage se tiroit des paroles,
les voix qu'onentendoit
Anî sçavoir d'où elles venoient,
passoient pour divines,
telle sur celle qui arresta
leContul Mancinus,
prest de s'embarquer pour
l'expedition de Numance où iléchoüa. honteusement,.
On peut mettre au même
rang ces voix effroyantes &
ces cris lugubres qu'on
entendoit dans les bois,
on les attribuoit aux Faunes,
& l'on croyoit qu'elles annonçoient
des accidents funestes.
On prenoit aussi pour
présages les voix de ceux
qu'onrencontroit en sortant
des mai sons, & sur
des mots prononcez par
hasard, on prenoit quelque
fois des resolutions tresimportantes.
Le Sénat Romainle
détermina a retablir Rome
brûlépar les Gaulois, sur
la voix d'un Centurion qui
crioit à l'Enseigne de sa
Compagnie,de planter le
Drapeau,& de rester, où il
estoit, quoy que cette voix
n'eut qu'un rapport imaginaire
au sujet dont il s'agilfoir.
Les Grecs nettoient pas
moins attachez à cette manie
que les Romains. Il y
avoit dans l'Achaïe un Temple
de Mercure où on le
consultoit d'une maniere
assez singuliere. Celuy qui
desiroitestre éclairci de son
fort
,
sapprochoit de la
Statue. de ce Dieu, & luy
disoit tout bas à l'oreille
ce qu'il vouloir fqavolr>
bouchant les siennes avec
ses doigts.Il sortoit du
Temple en la même posture,
& ne débouchait ses oreilles
que lors qu'il estoit au milieu
de la grande Place publique.
Alors il prenoic
pour la réponse de Mercure
les premieres paroles qu'il
entendoit.
Une autre espece de presage
étoit les tressaillemens
du coeur, des yeux & des
sourcils, qu'on appelloit
SaflifJauo.!
Les Pal pitations de coeur
spassoiiengt pounr unemauv.ais
Les tressaillemens de
l'oeil droit, estoient au
contraire un signe heureux.
-
L'engourdissement du petit
doigt de la main droite
ou letressaillement du pouce
de la main gauche, ne
signifioit au contraire rien
de favorable.
Les teintemens d'oreilles
& les bruits qu'on s'imaginoit
entendre , estoient P,¡..
reillement desprésagesassez
ordinaires. Les Anciens
disoient, comme le Peuple
le dit encoreaujourd'huy
,
que des personnes absentes
partaient d'eux.
Mais les éternuëmens
estoient des presages encore
plus anciens & plus autorisez.
Penelope entendant
son fils éternuer dans le
temps qu'elle disoit que son
Mari estant de retour sçauroit
bien tirer vengeance
des desordres que ses Amants
interessezfaisoient
dans sa maison
, en conçut
une esperance certaine de
l'accomplissement de ses
desirs.C'estoit alors un
sïgne toûjours avantageux.
C'est pourquoy les Grecs
l'appelloient l'oy seau ou
l'augure de Jupiter
,
s'imaginant
qu'il en estoit l'Auteur
,
& qu'ils devoient luy
en rendre graces dans
l'instant.
Ils tenoientmême l'éternuëment
pour un Dieu ou
une chose divine
,
suivant
Aristote. La raison que ce
Philosophe en apporte, cest
qu'ilest produit par lemouvement
ducerveau, & qu'il
est la marque de la sante de
cette partie la plus excellente
qui soit dans l'homme,
le siege de l'ame & de la
raison. Cependant leScholiaste
de Theocrite prétend
que l'éternuëment estoitun
presage. équivoque, qui
pouvoit estre bon & mauvais.
C'est pourquoy les
assistans avoient coûtume
de saluer la personne qui
éternuoit en faisant des Cou'"
haits pour sa conservation,
afindedétourner ce qu'il
pouroit y avoir de fâcheux.
Les Grecs se servoient de lar
formule
, que Jupiter HJOUÏ
conserve,comme nous disons
Dieu vous assiste.
En cff.[ les éternuëmens
du matin; c'etf à dire depuis
minuit jusqu'à midy
,
n'êtoient
pas avantageux; ita
devenoient meilleurs lereste
du jour. Entre les éternucmens,
on estimoit davantage
ceux qui venoient du
côté droic ; mais l'Amour
les rendoit toujours favorables
aux Amants de quelque
costé qu'ils vinssent, si
l'on en croit Catulle.
L'Esprit familier de Socrate
se servoit de cc presage
en diverses manieres
pour luy donner de bons
conseils. Quand un autre
éternuoit à sa droite,c'étoit
un figne qu'il dévoit
agit, & une deffense de le
faire quand on éternuoit à
sa gauche, &c.
Il n'est pas trop seur que
Socrate setoittoûjours bien
trouvé de suivre ces présages
; mais il paroist que cc
n'estoit pas unsigneinfaillible
pour tous les autres:
témoin ce mary donc il cff
fait mention dans une ancienne
Epigrame de l'Anthologie,
qui se plaint qu'-
ayant éternué prés d'un
Tombeau, plein d'esperance
d'apprendre bien-tost la
mort de sa femme, les vents
avoient emporté le présage.
On peut joindre aux
éternuëmens des accidents
aussi naturels & aussi ordinaires
, sçavoir les chutes
imprévues, foit des hommes
,soit des choses inanimées
sur lesquelles on faisoie
des prognostics. Un
des plus remarquables fut
celle de Camille, aprés la
prise de Veïes; voyant la
grande quantité de butin
qu'on avoir ramassé, il pria
les Dieux que si sa bonne
fortune & celle du peuple
Romain leur paroissoit excessive
,
de vouloir bien
adoucir la jalousie qu'elle
pouvoir causer en leur envoyant
quelque legere disgrace
,
s'estant tourné en
même temps pour faire son
adoration, il tomba, & l'onprit
la fuite de cetaccident
comme un presage de son
exil & de la prise de Rome,
qui arrivérent peu de temps
aprés.
La chute de Neron, en
recitant en public ces Vers
de l'Oedipe
, ma Femme ,
ma Mere, mon Pere
m'obligent de périr ,
,
fut
remarquée comme le signal
fatal de sa mort. On fit
lemême jugement durenversement
de statuës de ses
Dieux domestiquesqu'on
trouva par terre le premier
jour de Janvier. Ces presages
qui comprenoient la
chute
chute du tonnerre,&dautres
chosessemblables,s'appeloient
caduca auspicia.
C'en estoit un de pareille
nature de heurter le pied
contre le feiïil de laporte en
forçant; de rompre les cordons
de ses souliers, & de
se sentir retenu par sa robbc
en voulant se lever de son
siege; tout cela étoit pris à
mauvais augure. On remarque
quele jour que Tiberius
Gracchus futtué, il
s'estoit fort blessée au pied
au sortir de sa Inaifon,
ensorte que son soulier en
fut tout ensanglanté.
Larencontre decertaines
personnes &de certains animaux,
ne faisoit pas moins
d'impression sur les esprits
foibles & super sticieux. Un
, Ethiopien, un Eunuque, un
Nain,unhomme contrefait
qu'ils trouvoient le matin au
sortir de leur maison, les
effrayoit. & les faisoit rc:n.
trer. Auguste ne pouvoit
dissimuler l'horreur qu'il
, avoit pour ces monstres de
nature.
Les animaux qui porroient
bonheur estoient le liôfti
les fourmis, les abeilles, &e. Les animaux qui
présageoient des malheurs
estoient les serpens, les crocodilles
,
les renards, les
chiens, les chats, les singes,
les rats, les souris, belettes, "'le. Il y avoit àussi des
noms heureux & malheureux
, &c.
Pompée se sauvant en
Egypte apréslaBataille de
Pharsale
,
vit de loin en
abordant à Paphos dans
l'isle de Chypre,un grand
édifice dont il demanda le
nom au Pilote;ayant appris
que ion nom signifoit
- lemauvaisRoy,ilen détourna
les yeux avec douleur, consterné
d'un si triste presage.
Auguste tout au contraire,
en eut un qui le remplit
d'esperance d'une prochaine
victoire
,
s'avançant
vers Actium avec son
Année) il rencontra un
homme nommé Eutychus,
c'est à dire heureux, qui
conduisoit un Asne nommé
Nicon
,
c'est à dire victorieux.
Après le gain de la
Batailleil fit representer l'un
tz l'autre en bronze dansle
Temple qu'il fit bâtir sur le
lieu oùil avoit campé & où
il avoit fait cette heurcufc
rencontre.
On peut joindre aux noms
les couleurs qui avoient leurs
significations & leurs prefages.
Le blanc estoit le
symbole de la joyc, de la selicité
,
de l'innocence; le
noir estoit un signe de mort,
de chagrin ,de malheur; la
pourpre estoit la marque de
l'Empire & de la souveraiue
Puissance.
L'observation de la lumiere
de lampe n'estoit pas moins
frivole:onen tiroit des prog-
Donies,tant des changemens
de temps que de divers accidents.
C'estoitunsignede
pluye &de quelque agréable
avanture lors qu'elle étincelloit,
&qu'il se formoit autour
de la méche des manieres
de champignons; c'est
pourquoy on mêloit quelquefois
un peu de vin avec
l'huile pour la faire pétiller.
Non seulement les Femmes
& les Amants s'amusoient
à ces badineries; mais Tibere
même, au rapport de
Suetone
, quoy que dailleurs
il eût peu de Religion,
hafardoit sans balancer le
combat, lors qu'estans à la
teste d'une Armée & travaillant
la nuit dans sa Tente,
la lampe venoit à s'éteindre
tout à coup, ayant
éprouvé, disoit-il
, que ce
presagequiestoit particulier
pour sa Maison
,
luy avoir
toûjours esté favorable aussi
bien qu'à ses Ancestres.
Il y avoit une espece de
Jeu dont les Amants se fervoient
pour éprouver s'ils
estoient aimez de leurs Maîtresses
; c'estoit de faire claquer
des feüilles dans leurs
mains. Si le son qu'elles rendoient
estoit clair & perçant
ils auguroient bien de
leurs amours. Ils estoient
aussi fort contens lors qu'en
pressant des pepins de pommes
entre leurs doigts
,
ils,
les faisoientsauter jusqu'au
plafond de la chambre.
Le bruit que faisoit le
laurierjetté sur un foyer sacréestoit
pareillement un
heureux presage.
:
Voyons maintenant les,
occasions qui exigeoient une
attention particuliere aux
présages.
La mort estant si redoutable
à tous les hommes, ils
ne pouvoient pasestretranquilles
sur ce qui sembloit
la leur annoncer. Ily avoit
peu de gens qui ne s'imaginassent
en avoir des pressentimens
;mais celles des Princes
& des hommes illustres
interessant tout l'Etat, on
étudioit avec foin toutcequi
la précedoit,&l'on ne manquoit
pas de découvrir des
signes funebres qui en passoient
pour les avant - coureurs.
Tels qu'estoient des
Comètes& semblablesPheflomenes)
des Hiboux entendus
dans leurs Appartemens,
l'ouverture subite de
leurs tombeaux, ou des voix
plaintives qui en sortoienr,
les appellant par leur nom,
la rencontre imprévuë de
victimes lugubres échapées
des mains du Sacrificateur
qui les couvroit de sang,
leurs Palais, leurs Statuës, &
autres Monumens Publics
frapez de la foudre; quelques
discours faisant mention
de leur mort ou de leur
derniere volonté, ou de leur
successeur. Ainsi Neton faisant
réciter dans le Senat
une Harangue qu'il avoit
faire contre Vindex & les
conjurez,qui finissoit par ces
mots que les scelerats porteroient
la peine de leurs crimes,
& seroient bien tost une fin
tragique. Les Senateurs voulant
luy applaudir,&l'exciter
à la vengeance, secrierent,
faites Seigneur. Il accomplit
la Prophetie & périt
peu de temps après comme
il avoit vêcu.
Le Confu! Petilius sur aussi
sans y penser le Prophete
de son malheur,exhortant
les Soldats à s'emparer d'une
hauteur dont le nom êtoit
équivoqueà celuy de la
mort,leur dit qu'il estoitresolu
à la gagner avant la fin
du jour. L'événement confirma
le présage
,
ayantesté
tué à l'attaque de ce Posse;c;
Toutes ces especes de présages
dont les uns annonçoient
des choses agréa bles
èc avantageuses, les autres
des accidens trisses & funestes
estant des signes qu'on
croyoit envoyez aux hommes
de la part des Dieux
pour les avertir de ce qu'ils
devoient esperer ou craindre,
paroissoient inutiles à
moins qu'ils ne les observassent
& ne s'en fissent l'aplication
necessaire.
-
C'est aussi à quoy ils ne
manquoient pas lorsque le
présagerépondoit à leurs
voeux. Ils l'acceptoient sur
le champ avec joye & en
rendoient graces aux Dieux
qu'ils en croyoient les Auteurs
,les suppliant de vouloir
accomplir ce qu'ils avoientla
bonté de leur promettre
, & pour s'assurer
davantage de leur bonne
volonté ils leurendemandoient
de nouveaux qui
confirmassent les premiers.
Ils estoient au defcfpoir
lorsque dans le temps qu'il
leur apparoissoit un signe
favorable, on faisoit quelque
chose qui en détruisist
le bon-heur, ce qu'on appeloit
vituperare omen.
Au contraire, s'il arri-
Voit quelque accident qui
leur fit de la peine, & leur
parût de mauvaifc augure
ils en rejettoient l'idée avec
horreur; & prioient les
Dieux de détourner le malheur
dont ils estoient menacez
, ou de les faire retomber
sur la teste de leurs
ennemis; mais ils n'estoient
en droitde le faireque lorsque
le présage s'estoit presenté
à eux,ce qu'onappelloit
omen oblatium
,
s'ils
l'avoient demandé, il falloit
se soûmettre avec résignation
à la volonté divine.
Ceux qui dans le fond
du coeeur reconnoissoient la
vanité de toutes ces observations,
ne pouvoient cependant
se difpenfcr de suivre
l'usage comme les autrès.
Tout ceque la prudence
pouvoit leur permettre
estoit de donner un tour favorable
aux accidens sâcheux
qui leur arrivoient
pour empêcher les mauvailes
impressionsqu'ils pouvoient
eau fer dans l'esprit
de ceux qui en estoienttémoins.
Ainsi Jules Cesar
estant tombé en descendant
duVaisseauqui l'avoit
porté en Affrique
,
où il
alloit faire la guerre au reste
du party de Pompée,&apprehendant
que sa chute
Dallarmjic ses Soldats,eût
assez de presenced'esprit
pour tirer avantage de ce
mauvais augure ;
il embrassa
la terre, en disant, je te
tiens
,
Affrique,LaVistoire
qu'il yremporta fitconnoître
que tous ces signes funestes
n'estoient efficaces
que pour ceuxqui avoient
la foiblesse de les craindre.
Il y en avoit donc on tâchoit
d'arrester la malignite
par des remedes aussi ridicules.
Lorfquc deux amis 1
se promenoient ensemble,
une pierre quitomboitentredeux,
un enfant ou un
chien qui les separoit, estoit
un prognostic de la rupturede
leuramitié.
Pour empêcher l'effet,ils
marchoient sur la pierre,
frappoient le chien, ou donnoient
un soufflet à l'en- fant. On remedioit à peu prés
de la même maniere à la
malédiction pretenduë qu'
une Belette laissoit dans un
chemin qu'elle avoit traversé.
Les Gens superstitieux
qui lavoient apperçû Ce
donnoient bien de garde de
paner les premiers par cet
endroit qu'ils nenstent jetté
au delà trois pierres pour
renvoyer par ce, nombre
misterieux sur ce maudit animal
le malheur, qu'il leur
annonçoit, C'est dans cette
mêmevueque l'on attachoitaux
portes des Maisonslesoiseaux
de mau--
vais augure que l'on pouvoit
attrapper
C'estoit une coutume
observée à Rome de nerien
dire que d'agreable le premier
jour de Janvier, de
se saluer les uns les autres
avec des souhaits obligeants
de se faire de petits presens,
sur tout de miel & d'autres
douceurs, non seulement
comme des rélTIoignageSt
d'amitié&de politesse ; mais
aussi comme d'heureux présages
qui annonçoient le
bon- heur & la douceur de
la vie dont on joüiroit le
reste de l'année. La pensée
où ils estoient qu'on la
continuëroit comme on
l'avoit commencée
,
estoit
cause que la solemnité de
la feste qui devoit faire
cesser toute forte de travail
3< n'empêchoit pas que chaoun
ne fit quelque légere
fonébon de son emploi
pouréviter le préjugé honteux
de paresse &doisiveté
&c.#
- De peur de faire un extrait
trop long, j'obmet
icy plusieurs détails sçavans
& agréables sur la
superstition ancienne des
Sacrificateurs, des Magistrats&
des Généraux
dJArlnéè; par exemple.
Le Consul Paulus en
rentrant dans sa maison au
sortir du Senat où l'on avoit
résolu la guerre contre Persée
dernier Roi de Macedoine,
une petite fille qu'il avoit
vint au devant de luy les
larmes aux yeux;luy ayant
demandé lesujet de sa tristesse
, mon pere ,
dit-elle,
c'en est fait de Persa, c'estoit
le nom de sa petite chienne
qui venoit de mourir, alors
embrassant tendrement cet
ensant, ma chere fille, luy
ditil, j'accepte le Présage,
fècC»•••«*••••#«
Si les Anciens ont observé
religieusement les presages
dans lesaffaires publiques,ils
n'y ont pas esté moins attachez
dans les particulières
comme la naissance des ensans,
les mariages,les voyages
,
le lever, les repas ,
&
la pluspart des actions importantes
de leur vie,&c.
Livie estant grosse de
Tibère
,
après diverses autres
experiences, fit éclorrc
un oeuf dans sa main ,il en
sortitun poussin ayant une
très-belle crête ; qui fut
ensuite le prognostique de
l'Empire qui luy efloie
destiné. Géra vint apporter
à l'Imperatrice Julie sa
mercj un oeuf couleur de
Pourpre, qu'on disoit clîre
nouvellement pondu dans
le Palais. Cette couleur
estant la livrée del'Empire,
sembloit le promettre au
nouveau Prince; c'estoit
aussi l'intention de ceuxqui
l'avaient presenté,&l'Impératrice
l'avoir accepté
dans ce même sens. Mais
Caracalle encore enfant
ayant pris cet oeuf,&l'ayant
caúé
,
Julies'écria, quoyqu'enriant,
mauditparricide
tu as tuëtonfrere On prétend
que Severe, qui estoit present
>
fort adonné aux Présages,
fut plus vivement
touché de ces paroles - ,
qu'aucun des assistans qui
n'en firent l'application, &
peut estre le récit que lorsque
Géra eut esté tue pas
son frere.
Mr l'Abbé Simon fait
ensuite le détail des superstitions
anciennes sur
les Mariages ; on peut
tous les presages heureux
, & que les Devins
habiles prédisoient plus
de malheur aux époux
que de bonheur
,
afin
queleur prédictions sur.
sent plus seurement accomplies
Voici quelques maximes
qu'on suivoit dans les repas,
par exemple de ne point parler
d'incendies, de ne point
laisser la table vuide ou sans
sel, prendre garde de ne le
point répandre ( superstition
qui ricflpas tricote abolie)de
ne point balayer la table
lorsque quelqu'un des conviez
se leveroit de table, &:
de ne point défervir lorsqu'il
buvoit, de regler le
nombre des Conviez, &
des coups quel'on buvoic
à trois ou à neuf en l'honneur
des Graces &des Muses
; mais cette rcglc n'é-
,.toit pas sans exception. Il
cfl: constant que les Romains
estoient souvent douze
à une même table, mais
ils ne pouvoient y estre gueres
davantage sans incommodité
; c'est peur estre l'arigine
de la fatalité qu'on
attribue encore aujourdhuy
au nombre de
1 3. &c.
Je passe pour abreger
sur les présages qu'ils
croyoient leur annoncer
la mort, lesCommettes
les Hiboux.
Ensuite Mr l'AbbéSimon
explique la manière
dont ils acceptaient
les bons présages,& celle
dont ils se servoient
pour détourner les maiw
vais, & finit en observant
que la superstition
des présàges ayant cessé
par letabliflement de la
Religion chrétienne,il
reste pourtant encore
parmy le Peuple, des vestiges
de ces observations
fuperftitieulcs
, qui étoient
en usage dans
l'Antiquité.
MARINE.
Avis de Prises.
De Toulon le premier Decembre
1 7 10.
Le sieur Desdons Capitaine
de Brulot qui avoit armé
encourse le Vaisseau la Marie
Anne, a pris trois Vais-
[caux, sçavoir, deux Anglois,
chargez de morüe &
de bled, & le troisiéme
Hollandois,venantde Moscovie
,
destiné pour Livourne,
à l'abordage duquel le
Sr Desdons a cité tué par le
dernier coup de Canon qui
en futtiré.
Cette prise est estimée
2.50000. livres.
De Calais le 5. Decembre
1710.
Le Capiraine Gavelle y a
amené un Batteau Anglois,
nommé le Samuel de Hastin
g.
Le Capitaine Guillaume
Cardon y a aussiamené une
Galliotte Hollandoise de 70
Tonneaux, nommée les
trois Amis dAmsterdam.
De Livourne le
1 g.. Novembre1710.
Le Capitaine Augier,
Commandant IcVaincau la
Fortune de la mer , a mené
à Livourne un Vaisseau
Hollandois, nommé la Galere
Sara-Maria, estimée
zjooo. écus.
Madame la Connestable
Doüairrere de Cologne. M.
le Connestable, M. son frere
& Mesdames leurs Epouses
qont presentement à Ligourne.
De Calais le 8. Decembre
1710.
Il yaesté amené 3. pri-.
qes, sçavoir
, une Barque
Suedoise de50 Tonneaux,
faice par les Capitaines
Marcq Teste
,
& Jean Hache.
La 2.
e. un Dogre de 50-
Tonneaux pris par les Capitaines
Bachelier & Live.
Et la 3 e.estune Galliotte
de
1 50 Tonneaux prispar
les Capitaines Dunet &autres
Corsairesde ce Port.
De Toulon le 2. Decembre
1710.
Le sieur de Pallas écrit
de Cadis qu'il y a conduit
deux prises, sçivoir un Vaisseau
de la Reine Anne de
30.Canons, dans lequelil
s'est trouve environ dix mil
piastres en or ,deux mil pia sstres
enmarchandises, 40.
bariques de vivres, & que
le corps du Vaisseau a esté
vendu 2010.piastres.
Et la 2e.un Vaisseau Anglois
de 70. Tonneaux.
Le sieur Grasson Commandant
le Faucon y a mené
aussi un Vaisseau Anglois
de 30. Canons chargé de
munitionsdeguerre,&un
Vaisseau Venitien,estimée
îjooo. piastres.
De Morlaix le 5. Decembre-
1710,
Les sieurs de Quernolle &£
Cambruah,Commandants
les Fregates la Couronne&
la Fidelle, y ont mené les prises
suivantes.
Le Henry de Bristol, le*
Vigilant de Montsara, le
Content de Falmouth
,
ô£
le Hopsvel de Guernezey.
Le ticur de Luzancy
Commandant une Fregate
du même nom, a conduit 4
prisesàl'Isle de Bas,
De Calais le 8. Decembre
1710.
Des Corsaires de Calais
y ont amené trois prises
nommées.
La Concorde de Christiania.
La Tour de Ahum.
L'Esperance de Drames.
C HA NSONS.
Detoutes mes Chansons,
lesdeux suivantes
sont les feules dont on m'ait derobé e-xa-âement
les airs, comme ils
font imprimez. Il seroit
inutilede les donner icy.
Je -joindray seulement
des paroles nouvelles aux
anciennes;cestainsi
qu'on fait passer le vin
vieux &: usé, en le rajeu-
;ai{Tant avec de la Tocane.
CHANSON
à boire.
Les Rois d'Egipte & de
Sirie.
Viuloientqu'on embaumât
leurscorps-
Pour durer plus longtemps
morts.
Quelle folie.
Avant que de nos corps
nostreamesoit partie
Avec du vin embaumons
nous,
Que ce baume el doux,
Embaumons nous, embaumons
nous ,
Pour durerplus longtemps
en vie.
NOUVEAU COUPLET.
Raison ? quand ce vin
nous anime
, Pourquoi vien tu compter
nos coups.
Tu nous dit moderez,
vous , Quelle maxime,
Toûjours de la raisonserons
nous la victime ,
Elle seule condamne en
nous>
Desexcèssidoux,
Enyvrons nous,en
nous, Nouspourons boireaprès
sans crime,
LES CLOCHES
Ton.tan. ton temps
ejlpajjé,
Vieille coquette,
Ton tin ton timbre rf1
cassé
Vieille pendule tu repette,
a cinquante ans.
Le carillon de la clochette
Qui sonnoit l'heure d'tt.
mourette Dans , ton Printemps ,
Tu n'avois qu'à; tinter
&ta doucesonette at..
tiroitun Amant,
JMaisaprejents
Ton toxin, tintant,
Ne reveillepersonne,
Dis moi quand sur le
tendreton,
Ta grossi clochesonne,
Tententon,
Non non non ,
Si l'on tentent,
Ce n'ejl qu'auson,
De ton argentcomptant.
PARO DIE
nouvelle.
Ton tantontemps cft
paf.,
Jidansauvage,
Ton tin ton timbre cft
- casse,
Tu veux qu'après leMa«
riage,
Aprés deux ans,
Ta femme pour toysoit
constante,
Et pour tout autre indiferente,
Dansson Printemps ,
Crois tu que ton couroux
que ton bruitéclatant,
Chassera sonAmant,
Elle l'attend,
Ton toxintintant,
N'éfrayera personne,
Dismoyquandsur le
tristeton,
Ta grole clochesonne,
Te plaint-on,
Non nonnon,
De tes tourmens,
Dansmachanson,
L'on. rira dans cent ans
Les airs des deux Chan-
, fons ci-dessus, sont imprimez&
connus.
R E' P O N SES
aux Anonimes.
LARCHE TURPIN
Lettre de Monsieur N* * sur
la Comedie de
RE' P O NS E
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
L A MUS E.
Naissante.
Sansdoute oint" il n4y apoint
au Parnllfft de muSesi
jeune que moy ,je riay
que dou;?:.;c ans &demjj
maisvostre Mercurem'a:
inspiré par avance tout
tejpriï
l'espritquej'aurayà tren..
te; si vous continuez ,
Mercure fera plus de
Poëtes qu'Apollon,j'ay
commencé à remplir vos
Bout-Rimez,je vousprie
de les achever pour moy.
Voici les quatre premiers
Vers.
Ma main tropfoible encor
pourceüillir ces
Lauriers
Dont Homerejadis couronna
les Guerriers
Ceüillelesfleursde Prez,
au son de la Musette
je ne suispoint Clio, je
m'appelle Lisette
REPONSE.
UneMuse naissanteen
l'honneurdes Cesars
Arbore <£Apollon, les
brillans Etendars
Lisette peut chanter le
Sceptre & la Houlette
jamais Musenefutplus
noblement Folette
Quellechante l'amour ou
l'intrepidité
Elle n'aqu'a choisirpour
l'immortalité
De lassere Trompette ou
destendres. ramages
Des superbes Palais ou
dessombres Bocages
F. J. G. B.
A bueno Entendor, Pocaspalabras.
R E P O N SE.
Par ce peu de paroles
j'entends & j'attends de
ve.us mille choses agreables,
que vostrecaractered'esprit
me rend
precieusespar avance.
mais je crains que..parefft
nefoit vostre devise
,
vos couplets, sur ce refrain
sont bons, mais le
sujet n'est pas propre au
Mercure. à buenoentendor
pocaspalabras, vous
qui citez l'Epagnol en
homme qui le sçait,n'auriez
vous point quelque
nouvelle Espagnole à
-
me donner,j'atens vôtre
dissertation, & vos
remarques.
L'A NON I ME
Folastre.
En lisant dans vostre
dernier Mercure l'article
des Araignées, jefisune
reflection morale,ensuite
vostre article Burlesque
me mit en humeur de
travestir burlesqnement
ma reflectionserieuse , voudriez vous la placer
quelque partfOus le nom
de Caprice Comique.
-
- REPONSE,
Tres-volontiers,cher Anonimefolastre,
vous ferez
la planche aux autres,
car je n'eusse jamais ole
placer dans mon article
burlesque la plaisanterie
"d"un bel esprit, de peur
qu'il ne se crut deshonoré
par le titre de burlesque;
mais., puisque vous entendez
raillerie,vostre reflexion
morale sur les Araignées
me tiendra lieu
icy d'article burlesque.
CAPRICE
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
BOUTS RIMEZ
DE CE MOIS,
remplis en Burlesque.
•
Vous pour qui croissent
les lauriers
Poëtes,Jambons, &
guerriers
Ecoutez, un Bergerchantantsursa
musette.
Les divers sentimens
qu'apourvoussalisette.
Vn Poetel'ennuye,elle
craintnos Cesars.
TlroP souvent en amour
ils changent d'Etendars.
Vnjambon, de bon vin,
son Bergersur
l'herbette.
C'est ce qui charme la
folette.
Lisette afronte un Broc,
quelle intrepidité.
Chez Baccus elle aJPire
à l'immortalité,
Pourellelesglouglousont
de tendres ramages.
Qui l'endormentaufrais
dans lessombres
bocages
LEMAUVAIS MENAGE.
Bouts-Rimez du Mois
precedent.
ParMrDaubicourt.
Cette Femme est, dit-on,
paisibleTourterelle,
EtJonjeune Mariparoît
unvray Mouton.
Ce n'estrienmoins, l'un
estétourdi Haneton,
L'autre , vive & legere
autantqu'une
Hirondelle.
La Femme toûjoursparle
&parle en Perroquet.
LeÎMoéarliaquisouvent a Linote,
Fait un bruit. C'est un
train
>
la Servante en
marmote,
Se chamaillant, ils font
abboyerleur roquet,
Aleur exemple on voit le
Singe&la Guenuche.
Faire entr'euxchaque
jour des chamaillis
nouveaux.
Il vont dans L'écurie,
èfrayentles Chevaux,
Etfontfuïrsurles toits
Sansonet&Guenuche.
Pendant ce tintamarre à
quoy pense le Chat,
Ilsautesur le croc, sepend
auxGelinotes.,
Puis dans un bacquet
d'eau tombantsurdes
Barbotes,
Enpêcheune&lagruge ,
ensuite ilchasse un Rat.
On crie aufeu, l'onvient,
pour lors ,
vache &
genisse
Toutestpillé, dindons ,
canars,poule,poulet,
Vn Soldatpar la queuë
entraînantun Mulet,
Veut le faire aprés luy,
marcheren Ecrevisse.
Ainsisur nosEpoux tirant
la Beccassine , Chacuncroit avoir droit
de plumerle Pigeon,
En tel ménageenfin, l'on
mangeoitl'Elturgeon,
L'onymange à present à
peineune Sardine.
NOUVELLES.
De Genes le 4.
Decembre.
On murmure ici fburdement
sur les affaires de
- Catalogne, depuis qu'on
y voie arriver Courrier
sur Courrier, & que les
* Officiers Impériaux paroissent
fort intriguez
icy
,
aussibienqu'à Final.
Ils ont traitédés le iy.du passé avec plusieurs
Marchands de cette
Ville pour quantité de
bled& d'avoine; mais
ceux-ci n'ont pas voulu
les fournir sans argent
comptant. Les Commissairesen
furent fort deconcertez;
mais Monsieur
Vander-Meer qui
arriva quelques jours auprés
avec quelquesremior
ses, renoüa et conclut le
marché. Il leur a donné
des assurances sur la Banque
d'Amsterdam
, ces
grains sont destinez pour
Barcelone
,
où il n'y a
point de Magasins de
vivres. - :y
:
Nous apprenonsde
Milan que l'Archiduchesepresse
fort la Regence
de cette Ville-là,
de faire ses remises; mais
que les Senateurs n'ont
pasencore travaillé àla *LA
*
répartition de l'augmentation
des taxes nouvellement
établies. t, l:5&
EXTRAIT "-)
d'une Lettre de Toulon du
> 28. Novembre. 'q
Le 14. il parut sur cette
Coste six Vaisseaux de Guerre
- Anglois , cm le lendemain à l"
pointe du jouril parutàla hauteur
de cetteVilleplusieursautres
Vaisseaux et Barquesqui
tenoient la routede Gènes. Ces
Vaïsseaux avaientejiémaltrai»
te? la veillepar une rude teim
pesle.
EXTRAIT
d'une Lettre de Bezançon
du 12.Decembre.
Il est arrivé ici deux Regimens
de Cavalerie,ettrois
Bataillons de l'armée d'Alemagnepourpasserl'Hiver
en
Franche-Comté.Ilyasix Escadrons
de Cavalerie, un R.egimentde
Dragons,et,. Ba,,-
taillons dans la Savoye.
SU ITE
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
REFLEXIONS
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
Nouvellesd'Allemagne.
L'Armée de l'Empiré
s'etf entièrement separée
;
partie des Troupes du Cercle
du Haut Rhin fontentrées
dans Landau & Philifbourg
; celles de l'Empereur
vont en Franconie
& en Bavière. On avoit
parlé dun détachement
pour leMilanez & delà en
Catalogne; mais il n'y a
- cncore rien de réfoin.
Mr leMarefchal de Bezons
a aussi separélarniéc
de France qu'il commandoit
; voicy la Lifte des
Lieux où ses Troupes vonc
en Quartier d'hyver. AWEYSSEMBOURG,
-
& le long des Lignes.
Les Regiments de Louville,
Condé, Perry, Roufset
, Plzençon, Peysac
Lachaud, S.Leger, un Bataillon
de Boucher, un de
Labour, Chevron, Maifonriers,
un de Berry.
A STRASBOURG.
Dauphin, Toulouse ;
Royal Artillerie4.Bataillons,
Royal Baviere, deux
Bataillons d'Enghien
, un
deBoucher, les Bombardiers
Duflyy la Fare tout
Infanterie ; la Cavalerie
consiste en Vaudemont , Dupuy, du Fief, un Escadron
de Forfat
, & partie
de Bretagne, Dragons.
A HAGUENAU.
Infanterie. Sourches;un
Bataillon) Daunay
,
Rohan.
Cavalerie. Rennepont
& les Houssàrds.
AU FORT LOUIS.
Infanterie. Blaisois; un
Bataillon d'Angoumois , Maumont,
MaumontCastelet, Murat,
Chalmazel
, Auxerrois,
Turbilly.
A SAVERNE.
Orleans, Infanterie, &
un Escadron dtHarcourt.
ABOUSSONVILLIERS
Rouvroy
>
Dragons.
A PHALSBOURG.
Un Escadron de Forfat.
A SAARLOUIS.
Froulay, Infanterie
S.Blimont, Cavalerie,,iz
partie de Bretagne.
A MOLSHEIM.
Un Escadron d'Harcourt.
A SCHLESTADT.
Monroques, Tavanes;
Infanterie, & Royal Cavalerie.
A COLMAR.
Rouergue Infanterie.
AUVIEUXBRISACK.
Tallart, Quercy
, un de
Toulouse, Boisset.
AU NEUF BRISACK.
Onze Compagnies détachées.
ABEFFORT.
Hocquart, Infanterie.
A ROUFFACK.
La Compagnie Connestable.
AHUNINGUE.
Brie) Orleanois
,
les
Cuirassiers
,
Mesire de
Camp General Dragons.
AREMBERVILLIERS.
Clermont, Cavalerie.
A DOLE.
S. Germain Beaupré.
A GRAI.
Chasteau Morant, Cavalerie.
A COLIGNI. 1
Montrevel, Cavalerie.
EN COMTES
Six Regiments de Cavalerie
qui font du Luc
d'Aubusson, Chepy, Paon,,
Bouzel
,
Marfillice.
EN SAVOYE.
Du Troncq
,
Bissy &
Languedoc, Dragons.
Mr Roy de qui je
vous ay donné le Mois
passéune petite Galanterie
intitulé lajoje,a
écrit une Lettre à une
lD'aimgeitsuurrcee rqu'elle ve- dans Tlfc
le. Voicy la Lettre.
-, .,'i * >,;.
.* ; -i. i.>•
j:> <'
veus prefere7 donc,Cli..
metne A , tous les autresfijours,
beJejourquenotre Seine
Forme au milieu defin
cours?
Vous trowve7 un lieu
tranquile
, Dans Paris une autre
Ville.
Broüillards5Vents conjurez
Contre les voisins de
tonde
,
Frimats (jf Bi^e qui
gronde,
PourrvousJeront tempereZ,
Ce n'efl que pour la canaille
Quefont faits les maurvats
temps.
QuelquepartquuneBelle
aille
Elle y trouve le Printemps.
0!J cette Isle va nous
rire!
Amoursfontfortréjouis
De voir quelle vous attire.
De leurpartjevais vous
dire
Tous leurs droits sur ce
pays.
Dans cejourdheureux
presàge
Où Venussortit desflots,
Elleeutfourson appanage
Amatonte avec Vaphos.
Deux Islessc'estpeupour
elle,
Eifiere autant quelleetl
belle,
Dejasur tout IVnivers
Elle a des dejjeinscouruerts.
La voila dans fin domarne.
Tout change de bien en
mteuX.
L'Ennuyfuit devantses
yeux.
Les femmes Jàns foin , sans peine
Renouvellent d'agréments
i
Les maris malgré leur
claine
T redeviennentAmants*
La iendrefje ressuscite , Etsi bien, qu'en peu de
temps
Lifte devient trop petite
Pourtenirfès habitants..
Quefaire? agrandirune
Ille
N'estoitpas (loftfacile.
Proposer aux Dieux des
Eaux
Que leur lit ils refferraf
sent
Zue leurs flots ils reculaient,
Inconveniensnouveaux!
Venus avec un Genie
Avisa qu'il conviendrait
Defaire une Colonie
Lesse, &e,uis-effabliroit
Dans le lieuqui luyplairoit.
Les Caravanes s'uniffents
Les deuxjêxes nj fournijfent
Que des objetsaccomplis.
Amours marchent a la
tefie.
Lonvoyage. L'ons'arrefle
Enfin, aux murs qu'a
bafis
LefameuxAmantd'Helene:
Le heau, le tendreParis.
Là s'eleve dans la Seine
Vn lieu desjlotsrecette,.
Et recemment habité.
Quenojtre courje incertaine
Se home icy
,
dit l'Amoury
Voyezcette IJle3 je conte
En faire une autre Amatonte.
Tous admiroientcesejour.
Tous enfort bel ordre entrerent
;
LesConducteursarborerem
L'Etendart bleu de Venus.
Ilsfurent les bien venus;
Jamaisbonsairsn'essuyerent
Defroideur ny de refus.
Nos Etrangers, par methode
Vont deployer leurs talens.
L'un d'eux invente la
mode
Du deshabille commodes
L'autre, en Falbalasvolans
Change les Robestrop
graves, Et les Corps,dures entraves,
Où lesgorgessontesclames3
En Corcets bien entr'ouverts.
Ilschantoient,faisoient
desVers.
Les premiersils ordonnerent
Le culte du Carnarval,
Etmesme le premierBal
Cesont eux qui le donnerent.
Parfois ils regloient les
moeurs; Ils guerissoient les humeurs.
Le chagrin, lajalousie,
Les baillemens, les vapeursy
Dont la jeunesseejîjai~
sie.
Uufàge de lafierté,
Le beau ton, dontonsou-
-
pire,
L'air timide&concerté
Dont il faut qu'une
Beauté
Ecoute un tendre martyre
:
L'art de pleurer & de
rire L'art , de plaire sans rien
dire,
L'art de tromper un jaloux,
Art qui tout autre surpaffe
,
Tous les tours de pajJepasse
Les plussubtils
,
les plus
doux,
Ces maistres d'humeur
civile
Alloient les montrer en
Ville.
Leursleçons ontpar degre{
Passedes meres aux filles,
Et vous enretrouverez
La
La trace dans nosfamilles.
Climeine vous les lirez
Sur lefront de mille Belles,
Dans lesJeux dans les
Ruelles.
Amoursl'Hyver, (S
tEsté,
Dans ces lieux faisant
leurronde,
Font presterà tout le monde
Serment defidélité.
Quand quelquesbelles
arrivent,
Sur leur Registre ils l'inf'
crivent,
Et l'Amantquifuitses
loix.
N'ont-elles point fait de
choix?
Un tendre Amour leur
annonce
Qu'ilfaut choisir dans le
mois.
Climeine en cas que leur
qJOtX
Vousfassetellesemonce,
Prepare{qjoftre reponse.
Suite des Nouvelles
d'Espagne depuisle
mois passé.
Du Camp de Casa
Texada le
15.
ISIovemb.
ParMrdeC***.
Nous sommes tousjours
icy dans la mesme
situation à reparer l'Armée
du Royde tout cequi luy
manquoit
,
& à remonter
laCavalerie. Les Ennemis
ont quitté Madrid.Ils marchent
pour passer le Tage
au pont d'Aranjuez. Ils seront
sur le chemin de retourner
en Arragon, & en
Catalogne. Leur retraite
eu: à prés de cent lieuës.
Nous mettrons quatre mille
Chevauxaprés eux, pendant
que le reste de l'Armée
les suivra. Par des Let.
tres que nous ayons interceptées
de l'Archiduc , d'hier,il se plaint à l'Archiduchese
de l'opiniastreté
de Mr de Staremberg
d'avoir voulu venir à Madrid
, & d'estre resté si
longtemps dans ce pays.
Il luy avouë qu'ils sont
dans là plus mauvaise situation
du monde, &
beaucoup plus mal que
quand ils estoient assiegez
dans Barcelone; que l'E£'
pagne a presentement un
bon General en la personne
deMr le Duc de Vendosme.
Lettre de Vittoria le 16.
Novembre.
I le/ï arrivé aprés rnidy,
un Gardedu l{oy. ,de l^Compagnied'ossone
, qui ayoit:
esté envoyé pour sçavoir ce
qui se passoit à Madrid. Il
en eflparty le12..& a rapportéqueleu.
lesEnnemis
avoiententièrementretire toutes
les Troupes quilsy avoient
après avoir enlevé tout ce qui
pouvoitJervira leursubsistance
j & pillé quelques Maisons.
Celles de Mr le Marquis
de Sant-Iago, de Mrs de
Mejorada
, & de Campo
Florido3font du nombre Ils
ont ordonné à tous les Conseils
ou Prefidios que l'Archiduc
àvoit establis
,
desuivrel'Armee.
Mr Ducasse a écrit a
Mr le C. de Lionne que la
Reine avoit esté informée
dés le 8. que les Ennemis
devoient se mettre en marche
le 10. qu'il seroit édifié
toute sa vie de la fidelité
des Espagnols dont il avoit
eu des témoignages dans
une grande estenduë de
pays qu'il avoit traversée
pour se rendre à l'Armée
de SaMajesté Catholique.
Les Ennemis avoient
surpris les Villes de Ciudad
Rodrigo& d'Almagro
dans la Manche, d'où
ils tiroient des vivres & des
fourages ; mais Mr de Figueroa,
à la teste de la Noblesse&
des Peuplesd'Andalousie,
les en chasserent
peu de temps aprésqu'ils
s'en furent emparez, & envoyerentà
SaMajesté Catholique
le Corregidor
d'Almagro,lié suruiiAfne,
pour le punir de sa rebellion.
Lesdétachements
que les Ennemis avoient
dans ces deux Postes, furent
faits prisonniers. Leur
Armée commença alors à
manquer de vivres & de
fourages,
fourages
, leRoyd'Espagne
ayant envoyé plusieurs
corps de Cavalerie pour
occuper les passages.
Le Comte de Starem-
)erg avoitdés le6. fait par-
~ir un grand nombre de
chariots pour conduire à
Daroca les malades qui esoient
à Madrid.
Les vivresestoient fort
:hers dans cette capitale;
nais les habitans loin d'en
:stre affligez
,
se réjeüisoient
par avance du reour
de leur Roy legitime,
persuadez que l'abondance
y seroit aussitostrestablie.
On ne peut trop loüer
la fermeté avec laquelle ils
avoient refusé non seulement
de donner leurs armes
à l'Archiduc; mais
aussi de les vendre.Ce Prince
n'avoit pas jugé a propos
de les ycontraindre
dans l'apprehension que ce
la ne causast quelque tumulte
dont les fuites lu)
auroient sans doute elle
desavantageuses. Il n'avoi
non plus osé donner de
ordres pour réprimer la
liberté que les habitan
prenoient de témoigner
laverfion qu'ils avoient
pour luy par leurs discours
& par leurs actions, & qui
alloit jusqu'au point que
les Marchands tenoient
leurs boutiques fermées.
Des queles Ennemis furent
sortis de Madrid, le
Peuple nonobstant la grande
cherté des vivres, voulut
donner des marques
publiques de sa joye; mais
Mr de Sanguinetto quien
est Corregidor -; que le
Roy d'Espagne y avoit
laissé, & qui n'en a point
fait là-fpticlion pendant le
sejour que les Ennemis y
ont fait, les obligea à differer
leurs réjoüissances
jusqu'àceque les Ennemis
fussent éloignez.
Le lendemain de leur
départ,Don Feliciano de
Bracatiiot-itie,queSa MajestéCatholiqueavoit
chargé
d'y conduire un grand
convoy de grains, & de
toutes fortes de provisions,
arriva prés du Pont appellé
de Segovie
,
où les Députez
de la Ville al crent audevant
de luy. On nedoit
point estre surpris de
cette diligence; on estoit
bien informé du jour que
les Ennemis devoient fortir
de cette capitale, & le
• Roy avoit donné tous les
ordres necessaires pour amasser
toutes ces provisions
, & pour les tenir à
portée de les y faireentrer
aussi-tost après leur départ,
afin d'y restablir l'abondance.
En effet
,
le pain qui
valoit douze fols avant
l'arrivée dece convoy, ne
se vendit plus le lendemain
quil fut entré que depuis
deux à trois fols. On n'entendit
aprés cela dans toutes
les rues que des cris
de VivatFélipo Quinto;on
sonnatoutes les Cloches ;
ce n'estoient dans toutes les
ruës que feux de joye &illuminations,
avec un grand
nombrede Portraits deSa
Majesté Catholique.
Du Quartier Royal de
Casa Texada le zz*
Novembre.
L
es Troupes Ennemies
ùrcupenr encore Tolede , San
Pozuelo
,
Chinchon
, ~&
quelques autres Lieux des environs.
Leurs Généraux ont
ordonné aux habitansde mener
à Tolede quatre -vingt
Chariots chargez de Fascines.
On ne doute point que ce ne
soit pour couvrir le dessein
qu'ilsont deseretirer Nostre
Cavalerie qui estois cantonnée
dans plusieurs Villages aux
environs de celuy-cy
,
marcha
ily a quatre jours pour aller
dans le voisinage de Talavera
de la Reyna. Le 19. le Royfit
la revûë de huitBataillons de
ses deux Regiments des Gardes
Espagnoles ~e Walones.
Le20. SaMajestépassaaussi
en revûë 2 1. autres Bataillons
qui estoient campez prés
d'Almaraz
, c- hier toutes
ces Troupes partirent pour se
rendre en quatre jours à Talavera.
Demain le Roy doitpartir
d'icy pour aller coucher à
Casalda
, ~& le lendemain à
Talaveraoù il trouveratoute
son Infanterie campée.
Sa Afajeflévient d'avoir
avis certain que les Ennemis
ont fait passer toute leur Armée
du costé de Chinchon,&
rompre le Pont de Zamora
pour assurer leu'" retraite; que
le Comte de Staremberg,pour
se decharger de l'Archiduc
dans une conjoncture si delicate
,
l'avoit envoyé devant
sous une escorte de mille Chevaux
pour se rendre en diligence
à Pastrana. Ainsion ne
doute plus de la retraite des
Ennemisen Catalogne.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu23.
L
es Ennemis ont enfin
abandonnéMadridsans avoir
osé ~fare de pillage general.
Ils ont neanmoins emmené
une grande quantité de v ivres
qu'ils avoient ramassez.., efe
sontsaisis de tous les Chevaux
~& autres bestes de charge, apparemment
pour emporter les
effets qu'ils ont enlevez dans
les Lieux des environs qu'ils
ontentièrement saccagez sans
avoirépargné les Eglisesoù
ils ont commis de grands sacrileges.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Casa Texada
du 19. Novembre.
L'ArméeduRoyquia
des vivrespourplusieursmoig
est en marche. Plusieurs detachements
de Cavaleriese sont
avancez pour incommoder les
Ennemisdans leurmarche. Le
reste de la Cavalerie est arrivé
à Talavera de la Reyna & le Roy marche à la , teste de
l'Infanterie, ~0* d'une partie
de ses Gardes du Corps. Tous
les Soldats font habillez de
nef&sontremplis de bonne
volonté.
Des Lettres de Barcelone,
venuës par Marseille,
portent qu'on avoit esté
plus de trois Semaines sans
avoir de nouvelles de l'Archiduc,
le Gouverneur de
Lerida ayant enlevé huit
Couriers de suite. Toutes
les Lettres qu'on leur a
trouvées marquoient le
mauvais estat de sesaffaires.)&
l'impossibilitéqu'il
yavoit de se maintenir en
Espagne
,
s'il ne recevoit
promptemenc un puissant
secours.
NoAvVeimttorbiarele.27.
'cft tout de bon que les
Ennemis se retirent. on a sçû
hier au soirqu'ils ont passé le
Xarama doitils ontfait rompre
les Ponts. L'Archiduc a
prisles devants avecmille chevaux.
Il coucha le 21. à Pastrana,
& il s'enva, à grandes
journées. Le Roy d'Espagne
a pajjé à Talavera de lte
Reyna,&s'estmesme avancé
pins
en deçà en remontant le
long du Tage. On a envoyé
plusieurs détachements aprés
l'Armée ennemiepourl'embarajjer
dans sa marche. Je ne
doutepoint queparl'ordinaire
prochain je ne vous mande le
jourde nostre departpourMadrid
: les chemins sont pourtant
bien mauvais
, mais la
ecine se déplaistfort icy.
P;>r/k/;-* ai:'
Pointd'Epouse dust-elle
estre
une.. Tourterelle
Loin du bruit sans Procezvoirpaistre
le Mouton
Verdirles -Bots,lesPreZ,,,
voler
le f Haneton
C'ejijouir duPrintemps
qu'amenne
l Hirondelle.
Laiijcrvarierlemonde
amji
qu'unPeroquet
Ne scr:irCÏLr /im.j"F en j''i'yt
-
la Linotte
N'entendre criailler ny
marmot
ny Marmote
Carj'aime ?meu;~enttndre
aboyer
un Roquet
T. Et
Et voir à claquedents
grimacer
la Guenuche
Dans une balÍè cournourrir
Vackes
f5 Veaux
Avoir à l'Ecurie un ou
deux
bons. Chevaux
Faire au coin de son feu
caqueter
sa • Peruche
Sauterson Ecureuil,son
petit Chien,
fba, Chat
jîu bout desonfusil trouver
des Gelinotes
S'amuser en servant à
pescher
-
des Barbotes
N'entreprendrepoint trop
de peur de prendre
un Rat
Ne pas vouloir tirer du
lait
d'une.. Genilïè
Donneràsonamy debon
coeur
son -- Poulet
Mais n'avoirpointd'amis
tetus comme
un Mulet
Dont la raison tousjours
va comme
une Ecrevisse
C'estvivre plus heureux
en mangeant
son Pigeon
Quun grand. Seigneur
qui mange
OOrrt~ollaannss,BBeeccaasfsfiinec
Et croitmourir de faim
s'ilne
voit.. Esturgeon.
Fiw, Sole,Saumon
C. Turbot,Truite,
f5 Sardine.
PAR
MRDE MESSANGE,
SURMEL.D.D. B.
en habit de Chasse.
Quand la brillante
Adelaide,
SurlefierCoursierqu'elle
guide,
Semblevoler dansce va*
lon,
Est-ceDiane, ejl-ceA
pollon.
Ah!jedevine le mystere,
La Soeur a pris l'habit
du Frere,
Ou le Frere à la Soeur a
derobé cesyeux
Qui font les delices des
Dieux.
tXi
Un Cerffuyantpour l'évitery
Semble d'un Dieucraindre
l'adresse ;
Un Chevreuilparoist
s'arrejter
Pour contempler Déesse. une
!?!
Enfin dansson Palais la
evoilàde retour,
Je la vois changerde pa,.
rure,
Ce nesi plus Apollon,
déja leDieu
aujour
Luy laijfiantfes rayons y
a reprissacoëffure*
Avanture no*uvelle.
Cette Avanture est du
- mois de Novembre dernier,
& tirée des Informations
d'un Procez
qu'on instruit à presents
je n'y mets rien du mien
que le tour des conversations
: je vous les rapporterois
mot à mot, si
j'y avois esté present
&quej'eussede la , memoire,
tant j'aime à estre
exact
,
dans les faits
que
que je donne pour veritables.
Les Bohemiennes. Vous-avez vû dans
le Discours des Presages
que plusieurs grands
Hommes de l'Antiquité
ajoustoient foy aux Di-,
seurs de bonne Avantuce
Grecs & Romains >
:el grand Capitaine qui
affronte avec intrépidité
les perilsréels, craindroit
peut-estre les perilsimaginaires
qu'une
Bohemienne verroit
dans sa main
,
& par
consequent espereroit
les bonnes fortunes qu'-
elle luy promettroit :
pardonnez - donc cette
foiblesse àune femme
dont je vais vous parler,
qui a un bon esprit, &
qui est tres - estimable
d'ailleurs.C'est une riche
Bourgeoise que je
nommeray Belise, &
qui est d'autant plus excusable
que la fourberie
qu'on luy a faiteest une
des moins grossieres en
ce genre-là. La Bohemienne
qui l'a filoutée,
& qui est presentement
au Chastelet, a de l'esprit
comme un Demon,
la langue bien penduë,
le babil, & l'accent Bohemien
tenant du Gas
con, langage propre à
raconter le merveilleux,
:.& à faire croire l'incroyable.
f Cette Bohemienne
sçachant que Belise alloitsouventchez
une
amie, la guette un jour,
&passe comme par hazard
auprésd-ellela
regarde à plusieurs reprises,
s'arreste, reèuletrois
pas & fait un cri
d'estonnement,&de
joye.Est-cequevousme
çonnoissez, luy dit BcJi4
se, en s'arrestant auai;
si je vous connois, répond
la Bohemienne,
dans son jargon: oliy
,
ma bonne Dame, oüy
, Se non, peut-estre &c
sans doute,je vous connois,&
si je ne vous connois
pas; mais je fuis
sure que vous ferez heureuse
de me connoistre.
Je vois bien, luy dit Belife
avec bonté, que
vous avez envie de gagner
la piece
, en me disant
ma bonne Avanture
; je n'y crois point,
mais ne laissez pas de me
la dire. Belise la fit entrer
avec elle chez son
amie, & les voilà toutes
trois à causer. Belise luy
presenta sa main
,
& la
Bohemienne,en l'observant,
feignoitd'estre de
plus en plus surprise&
rejoüie d'avoir rencontré,
disoit-elle, une personne
qu'elle cherchoit
depuis plusieursannées.
Elle devina par les régles
de son Art,plusieurs
singularitez dontelles'éstoit
fait instruire par
une Servante qui avoit
servi Belise:mais ce
qu'elle voyoit de plus
leur dans cette main
c'estoit, disoit-elle, , une
fortune subite & prochaine
; une fortune;
s'écria Belise > oüy
,
répondit
la Bohemienne,
&fortune bonne, bonne
fortune, fortune de richesses'entend,
& non
d'amour, car je vois
dans vostre main que
, vous ellesfage& fidele
à vostre mary qui pis7
est pour vos amants;
certes je voisbiendes
mains à Paris, mais j'en
nvoi.sp.e'uecomme la-vo- Par les circonstances
surprenantes qu'elle paroissoit
deviner,elle disposa
Belife à donner avec
confiance dans le
piege qu'elleluy tm-, doit.Aprés avoir persuadé
à nos Bourgeoises
qu'elle avoit des liaisons
tres - particulières avec
les Demons & les Génies,
elle leur conta Phistoire
d'une Princesse
Orientale qui étoit venu
mourir à Paris il y avoit
cent ans, & leurditque
cette Princesse eftranae-
- L:
reavoit enterre1 un r
tresor
dans une Cave, & qu'-
ensuitevoulant faire son
heritiere une certaine
Bourgeoise de ce tempslà
qu'elle avoit pris en
affection
,
elle avoit esté
surprise de mort subite
avant que d'avoir pû instruire
la Bourgeoise du
tresor caché; c'estceque
je sçaispar la Princesse
mesme,continualaBohemienne
:car quoyque
morte il y a cent ans „ elle est fort de mes amies,&
voicycomment.
Vous devez sçavoir,car
il est vray que nulle personne
de l'autre monde
ne peut parler ànulle de
celuy-cyque par l'entreluire
des Genies: or
est-il que le mien est amy
de celuy de la Princesse;
bref, je l'ayvûë tant de
fois que rien plus: &
je me fuis chargé de
luy chercher dans Paris
quelque femme qui soit
de la famille de la défunte
Bourgeoise
, que
la défunte Princesse vouloitfaire
son heritieredu
tresor caché,& je suis
bien trompé si vous n'estes
une de ces parentes;
que je cherche avec empressement;
A ce récit extravagant
l'amierioit de tout son
coeur, mais Belise ne
rioit que pour faire l'esprit
fort,carle desir d'estre
heritiere augmentoit
sa credulité. Il faut
estrefolle, dit-elle, pour
s'aller imaginer que je
sois parente de cette heritiere
; pas si folle mabonneDame,
pas si folle,
car je levoudrois detout
moncoeur ,
& je l'ay
soupçonné d'abord à
certain airdefamille qui
m'a frappé dans vostre
visage,car la Princesse
m'afaitvoir en songe
l'air de famille de l' heritiere
afin que je reconnoisse
à la phisionomie
quelqu'une de ses parentes.
Mais5 reprit Belise
5
comment sçavoir si jesuisparentede
cette
héritière qui vivoit il y
a cent ans. Oh dans Paris,
reprit la Bohemienne,
on est parent de plus
de gens qu'on ne pense,
car depuis le tems qu'on
s'y marie, & qu'on ne
nez-vous combien d'alliances
; toutes les Bourgeoises
de Paris sont
cousines, vous dis-je, il
n'y a que la difference
du degré, & si vous estes
cousine de l'heritiere
feulement au septantiéme
degré, j'ay tant de
credit sur la Princesse
que je vous fais heriter
de son tresor. C'a je
fuis impatiente d'affection
pour vous de sçavoir
si vous estes vrayement
la parente qu'ilme
faut.
,
Je vais l'éprouver
en un clein d'oeüil. Mais
si j estoisaussi parente, dit l'amie > la Bohémienne
n'y trouva point
d'apparence, mais fut
ravie pourtant de faire
l' épreuve double pour
mieuxjouer fbn jeu. A
l'instantelle demanda
deux grands verres de
cristal qu onalla chercher&
remplir d'eau
claire. Elle les mit sur
deux tables éloignées
l'unede l'autre
,
& dit
aux Bourgeoises de fermer
un oeil, .&" de regarder
attentivementavec
l'autre. Les voilà
donc observantchacune
leur verre d eau.Regardez-
bien
,
dez-bien, leur crioit la
fausse Magicienne, car
celle qui effc parente de
l'heritiere
,
doit voir
dans son verre un échantillon
du tresor dont elle
doit heriter, &C l'autre y
verra le Diable,c est-àdire,
rien. Il faut vous
dire - icy que la Bohe--
mienne avoit mis dans
chaque verre unepetite
racine, leur disant que
c estoit la racine d'enchantement
,
qui attiroit
les Genies, Se l'une
de ces racines estoit appresséeavec
unecomposition
chimique qui détrempée
par l'eau devoit
par une espece de fermentation
, former des
bubes d'air & force petits
brillants de differentes
couleurs avec de petites
pailletésdorées
y
ç'en est plus qu'il ne
faut pour faire, voir à
une femme prévenue ,
tout ce que son imagination
luy represente.
Belifecftoit si agitée
par le desir du tresor,
Se par la crainte de
ne rien voir,que la première
petite bubed'air
qui parut dans le verre,
elle criaquelle voyoit
quantité de perles. Noijre
rusée acheva de luy
tourner la teste en se réjoüissant
d'avoir deviné
juste. Vous en allez bienvoir
d'autres,s'écriat-
elle ;regardez;(bien.En*
estet
,
la fermentation
augmente ,
&C chaque
fois qu'on luy dit, voyezvous
cecy, voyez-vous
cela, Belise répond toujours
,
oüy
,
oiiy ; car
transportée,ébloüie,
troublée
,
elle vit enfin
tant de belles choses, que
charmée&convaincuë,
elle allasautes aucolde
celle qui .la.-fai[ait si-dri-,
chev^>li .VJiL'
L'autreBourgeoiseestoit
muette 'èc :bi(tll.fdt:a
chée de n'avoir vu que
de l'eau claire: mais Be--
lise croyant déjà tenir
des millions, luy promit
de l'enrichir & de
recompenser sa bienfaitrice
qui luy jura, foy
de Bohémienne, qu'elle
pollederoit ce tresor dans
- deux jours,maisqu'il y
avoitpourtant de grandesdiffcultezàvaincre:
car,dit-elle
y
le Diable ,
quiest.gardien - de tous
les tresors enterrez
?
en
doit prendre possession
au bout de cent années .à
c'estla regle des tresors
cachez, mais par bonheur
il n'y a que quatrevingts
dix-huit ans que
la Princesse a enterré le
lien, je crains pourtant
que le Diable ne nous
dispute la date, enragé
contre vous de ce qu'à
deux ans prés vous luy
enlevez des richesses qui
luy auraientserviàdamner
trente avaricieux
mais voyons encore voestre
main
,
je me trompe
fort si ce mesme Diable
la ne vous a déjàlutine.
justement, dit Belise
,. car cet Esté à la
campagne il revenoitun
esprit dans ma chambre.
Il faut estre Sorciere
pour avoir deviné cela.
La Sorciere sçavoit, en
effet, que la Servante
s'ennuyant de ne point
voir son Amant, s'estoit
avisée de lutiner la nuit
là Maistresse pour l'obliger
à revenir à Paris.
C'a menez-moy chez
vous, dit la Bohémienne
en regardant l'eau
du verre, car je remarque
icy que ce treior est
dans la cave de la maison
mefrne où vous demeurez
,
& je voisqu'il
consiste en deux cailles
dont l'une cil: pleine de
vieux Ducats, & l'autre
de Pierreries.
Belise ravie de ravoir
voir déja sa succession
dans sa cave, emmena
chez elle son amie & la
Bohémienne, qui l'avertit,
cheminfaisant, que
pour adoucir la férocité
.de l'esprit malin
,
elle
alloit faire des conjurations
,
des fumigations,
& qu'il falloit amorcer
d'abord le Diable par
une petite effusion d'or.
Avez-vous de l'or chez
vous, continua-t-elle ;
j'ay cinq Loüis d'or, repondit
Belise, fort bien,
reprit l'autre: mais je ne
veux toucher de vous
ni or ny argent que je
n'en aye rempli vos coffres.
Vous mettrez vousmesme
l'or dans le creuset
au fond de la cave,
& vous le verrez fondre
à vos yeux par un
feu infernal qui lortira
des entrailles de la terre
en vertu de certaine paroles
ignées que je prononceray.
Je veux que
vous soyez témoin de
cesmerveilles qui vous
prouverons mon pouvoir&
le droit quevous
avez déjà sur la succession.
Avec de pareils dis
cours ils arrivèrent enfin
chez Belise
,
où le
reste de la fourberie eC.
roit preparee, comme
vous l'allez voir. Les caves
en question estoient
comme on en voit encore
à Paris, pratiquées
dans des souterrains antiques,
en forte qu'elles
n'estoient separées de
plusieurs autres caves
que par un vieux mur,
caves fort propres à exercer
l'art des Magiciens
,
& des Marchands
de Vin. L'ancienne
Servante,au tems
qu'elle apparuten Lutin
à sa Maistresse, avoit fait
dans ce vieux mur une
petite ouverture à l'occasion
de ses amours ;
elle disposoit d'une de
ces caves voisînes.C'est
par son moyenque nôtre
Magicienne avoit composé
un spectre ressemblant
à peu prés à celuy
quiestoit apparu àBelise
à sa campagne. Elle joignit
à cela un appareil
affreux dontvous verrez
l'effet dans un moment.
Belisearrivée chez elle,
alla prendre dans son
tiroir les cinq Loüisd'or
pour faire fondre au feu
infernal.On la conduit
dans ses caves; un friC.
son la prend en entrant
dans la premiere. Ily en
avoit encore une autre a..
traverser quand elle vit
au fond de la troisiéme
une -
lueur qui luy fit;
appercevoir ce fpeétrel
de sa connoissânce
,
qui
sembloit [orrir de terre.
Elle ne fitqu'uncriqui
futsuivid'un évanouissement.
Aussi-tost la Magicienne
& ia compagne
la reporterent dans
là chambre,&dés qu'on
l'eust fait revenir à elle
,
ion premier mouvement
fut d'estre charméed'avoir
vû ce qui
l'assuroit de la realité du
tresor. Elle donna les
Louis d'or pour aller,
achever la ceremonie
dans la cave, &quelque
temps après on luy vint
rendre compte du bon
effet de l'or fondu ,cir
le demon dutresor avoit
promis de letrouver la
nuit suivante au rendezvous
quon luy avoit
donné de la part de la
Princesse, pour convenir
à l'amiable du droit
de celle qui en devoit
heriter. C'est ainsi que la
Bohémienne gagnacent
francs pour sa premiere
journée, & laissa l'heritiere
fort impatiente du
Succès qu'auroit pour
elle la conférence nocturne
du Demon&de la
Princesse
Le lendemain la Bohémienne
encurée vint
trouver Belife
,
& feignant
d'estre transportée
de joye luy dit, en
l'embralïant que la Princesses'estoit
rendue chez
elle dans une petite
chambre quelle luy avoit
fait tapisserde blanc,
& que le Diable y estoit
venu malgré luy. Je l'ay
bien contraint d'yvenir,
continua-t-elle dans son
jargon, je leur commande
à baguette àces .pe- titsMessieurs-là; au reste
j'ay dit tant de perfections
de vous à la Princesse,
jqu'ellevousaime
comme [on propre enfant.
Elle vous fait sa
legataire universelle. Le
Diable alleguoit que les
cent ans estoient accomplis,
il vouloit escamoter
parun faux calcul les
deux ans qui luy manquent.
Il a bien disputé
son droit contre nous":
mais tout Diable qu'il
est, il faut qu'il nous
cede en dispute à nous
autres femmes
,
& nous
l'avons fait convenir
qu'en luy donnant sa
paragouante, il renonceroit
à la succession
, & cette paragouante ce
ne sera que mille écus,
encore voulions
- nous
qu'il les prit sur l'argent
du tresor : mais il s'est.
mis en fureur disant
qu'on vouloit le trom-
1
per, & il a raison, car
dés qu'un tresor est déterré)
il n'y a plus de
droit; bref, nous luy avons
promis les mille écus
d'avance;il faut que
vous les trouviezaujourd'huy,
Belise écoutoitavec
plaisir les bontez
de la Princesse,mais
les mil écus luy tenoient
au coeur ; elle y révoit.
Je ne veux point toucher
cet argent, continua
la rusée; vous le
donnerez au Diable en
main propre. Il est enragé1
contre vous, car vous
estes si vertueuse, il voit
de plus que vous l'allez
déshériter
,
s'il vous tenoit,
il vous dechireroit
à belles dents; il faut
pourtant que vous luy
donniez vous-mesme les
mille écus. Ah ! s'écria
Belife, jeneveuxplusle
voir; voyez-le, voyezle
,
continual'autre,en
faisantunpeu lafaschée,
vous croyez peut-estre
que je veux gagner avec
luy sur ces milleécus-là,
c'est son dernier mot ,
voyez-le vous - mesme.
Belife luy protesta quelle
avoit toute confiance
en elle, mais qu'il luy
estoit impossible detrouver
mille écus,& qu'elle
auroit mesme de la peine àmettre ensemble cinq
cent livres, à quoy la
Bohémienne repartit
apres avoir revé un moment
;hé bien vous me
ferez vostre billet du reste,
& je feray le mien
au Diable, & cela je
vous le propose fous son
bon plaisir s'entend, car
il faut que j'aille luy
faire cette nouvelle proposition.
Après ce diC.
cours elle quitta Belise
qui passale reste du jour à ramassercinq cent livres
dans la bourse de
les amies.
Le lendemain la Bo-
.-
hemienne revint luy annoncer
que le jour suivant
elle la mettroit en
possession
,
& que le
marché se pourroit conclure
la nuitprochaine
dans la cave où le Diablegardoit
le tresor ;
que la Princesse devoit
s'y trouver sur le minuit,
& qu'elle vouloit
absolument que l'heritiere
fut presente : mais,
continua - t - elle
, en
voyant déjà pâlir Belise,
ne
ne craignez rien, vous
y ferez & vous n'y ferez
pas, car ce fera mon Genie
qui prendra vostre
ressemblance, & qui paroiftra
à vostre place avec
quatre Genies de ses
amis habillez en femmes
,car la Princessè est
entestée du cérémonial ;
elle veut que quatre ou
cinq Dames venerables
forment la bas un cercle
digne de la recevoir. Il
ne nous manque plus
rien que des habits pour
ce cercle; mais il en faut
trouver, car les Genies
ont bien le pouvoir d'imiter
au naturel des
creatures vivantes, mais
ils ne peuvent imiter ni
le fil, ni la soye, ni la
laine,rien qui soit ourdi, tramé,,t.is"su, ni tricoté,ce
sont les termes du Grimoire,
nous sçavons.
cela nous autres, & je
vous l'apprends, en forte
que pour les habiller
ilfaut des habits,réellement
eftoffez
,
& j'ay
imaginé que vous leur
presteriez les vostres. Ne
craignez point qu'ils les
salissent
: les Genies sont
propres. C'a, COlltinuat-
elle d'un ton badin, il
nous faut aussi quantié
de toiles: vous avenus
doute des. draps, des
nappes}c'estquelaPrincesse
ne peut paroiftrc
que dans unlieu rapiæ
deblanc,vostre CÍ'Te est
noire, elle n'y viendroit
point, & nous manquerions
vostre succession..
A tout ce détail, Belise
topoitde tout son coeur,
penetrée de rcconnoissance
pour sa bienfaictrice.
Après avoir donné
les cinq cens livres& son
bille du reste, elle fait
elle-mesme l'inventaire
deses habits & de son
linge.LaBohemienne ne
Cluive rien de trop beau
pour~ cercle de laPrincesse
,
& mesme elle
l'augmente encore de
deux Genies voyant des
juppes & des coëffures
de reste. A peine laisset-
elle à Belise un jupon
de toile avec sa chemise.
Cette pauvre femme dépouillée
aide elle-melme
à porter ses hardes jusqu'à
la porte dela cave,
& la Bohémienne
en y entrant recommande
à l'heritiere de
bien fermer la porte à
doubletour,depeur
que quelqu'un ne vienne
troubler lecercle. Belise
ne pouvoitavoir aucun
soupçon en enfermant
son bien dans sa
cave, car elle ignoroit la
communication des caves
voisines, par où les
Genies plierent toilette,
ainsi les Bohémiennes
eurent toute la nuit devant
elles pour sortir de
Paris avec leur butin,
& l'heritiere en chemise
fut secoucher en attendant
ses habits & la succession
de la Princesse.
Voicylefragmentd'une
Lettre qui acheve de #
me détailler la fin de
cette ayanture. L .-, e lendemain matin Belise
s'apercevant quelleavoit
etéfiloutéepurlesBohémiennes3envojta
deux hommes après
elles qui lessaisirent à Chantïlliavec
les hardes & 46Ov
livsur quoj les Bohemiennes
ayant estéarrestées & interrogées
elles denierent le fait du
tresor, reconnurent les bardes
pourappartenir à la Darne,
mais elles dirent quellesleur
avoient esté données en nantissement
de 1500. liv. quelles
luyavoientprestéesainsiquil
estoit justifié par la reconnoissance
de la Dame
,
inserée
dans la Lettre qu'elle representoit;
mais comme cette Lettre
écrite à une defunte estoit fort
équivoque
, que d'ailleurs
quand elle eust esté une reconnoissancepure
&simpledela
Dame duprests de 1500.elle
eufi
rust esté nulle parce que la Dame
efloit en puissance de Tlldry.
Voicy motpour mot la copie
de cette Lettre que la Bohémienne
avoit apparemment
diflee à la Dame en luy disant
quelledevaitparpolitejje écrire
a la Princejje.
MADAME,
* N'ayant point l'honneur
d'estre connu devous,
attendu que vous n'estes
plus en vie depuis longtemps
néanmoins la personne
qui vous doit rendre
celle-cy dans la cave, avec
mes respects,vous assurera,
de ma reconnoissance pour
la bonté que vous avez de
me fire vostre heritiere ,
& pour vous témoigner
que je veux satisfaire à vostre
volonté que vostre ame
a dite àla personne qui
vous rendra la presente,
j'ay voulu que vous vissiez
dans ma Lettre comme elle
ma presté la somme de
quinze cens livres,&
que je luy rendray avec
honneur. Jesuisse.
-
£,'$«rce comprendpas que
la Bohemienne ait pus'imaginer
que cette seureté seroit
suffisante pour elle ny que la
Dame,quin'apas voulu apparemmentfaire
un Billetsimple
à laBohemienne sesoitengagée
parune reconnoissance. En un
mot il y a peu de vraysemblance
a tout cela; mais la circonstance
est vraye &sivraye
qu'onn'a pas cru devoir en alterer
la vérité pour la rendre
plus croyable
;
les Jugesde
Chantillyn'ayant nul égard à
cette promesseinserée dans la
Lettre, ne firent point de
difficulté de faire rendre les
bardes au porteur de la procuration
du Mary de la DavIe,
sous le nom duquelelles
furent revendiquées. A l'égard
de l'argents il nefut point
rendu d'autant que les Bohémiennes
ne convinrent point
l'avoirexigé de la Dame
,
mais
pretendircnî: que c' efioit leur
pecule ; qu'Aies mont oient à
d.!?!-" à q;tan lté de personnes
de qualité qui les payaient
grassement
, que mefieelles
avoient receusept Louis d'orneufs
de Mr le Duc deBaviere
pour avoir dansé devant
lui a Cbantilti & àLiencourt.
Aurestecomme les Bohemienne
au nombre de trois a oient
deja esté reprises deJustice, &
qu'elles estoient fletries, l'une
d'une fleur de lis
,
l'autre de
deux & la troisiéme de trois
ce qui les devoitfaire jugerau
Chastelet comme vagabondes,
où elles avaient cleja estécondamnéescommes
telles
,
el/cs y
furentrenvoyées ; ellesyfont,
& on leuryfait actuellement
leur Procez.S'il n'y avoit cjue
lefaitdu tresor, il n'yauroit
pas matiere à condamnation ce
seroit untour de Bohemiennes.
dont il ny auroitqu'à rire,
mais ilaparu depuis un Bouloanntgfeorrçqéuuipnreetend
qu'elles luy
Armoire &y
ontpris1200.livres
, ce qui
estantprouvépourra les conduire
à la potence.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
I
-
e23.Novembre toute
l'Armée de Sa Majesté
Catholiqueestoitarrivée
à Talavera où elle séjourna
quelques jours pendant lesquels
elleavait esté augmentéede
présde quinze
cens Espagnols qui navoient
encore pu rejoindre
depuis la bataille de Saragosse.
Toutes les Troupes
témoienoient une grande
ardeur de combattre.
Plusieurs Officiers ont
écrit qu'elles n'avoient ja-
.,' mais esté mieux habillées,
mieux nourries,& mieux
payées; & qu'on ne pouvoit
trop loüer le zele Ôc
J'attention de Monsieur de
Vendosme & de Mr le
Comted'Aguilar qui avoient
donné tous leurs
soins pour que l'Armée
fut pourvûë abondamment
detoutes les choses
necessaires avant que de rienentreprendre.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu29.
Novembre.
U
n Courierarrivéle 28.
ausoir a rapportéque l'Archiduc
avec1000.Chevaux
avoitpassé a Pastrana, marchantàgrandes
journées vers
Saragosse ; que l'Infanterie
&lerestede son Armée le
suivoit ; que le IL. le Comte
deStaremberg qui avoit passé
le Xaramas, qui tombe dans le
Tage prés d'Aranjuez, en
avoit fait rompre tous les
Ponts &brisertoutes les Barquespourretarder
ceuxqui le
suivoient; il avo.-.t sa tenlever
toutes les munitions &
leurs vivres de Tolede ,y
ayantlaisséseulement quelques
Troupes pourcachersa retraite.
Tous les Rebelles qui estoient
venus avec l'Archiduc
s'enretournentdemesme suivis
de toutce qui rejîoit de
gens mal intentionnez ;de
maniere qu'il nendemeurait
aucun à Madrid. Onne peut
pas exprimer la haine que les
Castillans ont pour Archiducy
à OMise des sacrileges & des
cruautéz de ses Troupes.
Quelques jours avant leur
retraite de Tolede, ilyeut un
tumulte à la Comedie où quelques
Espagnols ne pouvant
souffrir des derisions que fai
-
soient de Philippe V. quelques
Auteurs; ils en tuernt
trois.
Au sortir de Madrid ils
ils avoient emmené Don Antonio
GordonezDirecteur de
la Doüanne decette Vaille
,
luy
demandant 6000. Pistoles
pour sa rançon que sa femme
ramassa; mais ceux qui les
emportoientfurent rencontrez
parun Partyde Don Feliciano
de Bracamonte qui les leur
enleva&lesenvoya au Roy*,
ilfitencore deuxColonels Prisonniers.
Lorsquel'onpresenta
les 6000. Pistoles à fit
A4.ijefie> Elle repondit qu'elle
les feroit rendre à celuy qui
avoit esté forcé de les donner
aux Ennemis'< Dés quelle fut
informée de leurretraitte xelle
envoya à leurpoursuite4000
Chevaux des meilleursqu'il
y eust dans son Armée, fouï
le Commandement de lvlrs de
Zerezed , de Carvillas
Mahoni ,
,
çjrVailejo.
Sa MajestéCatholique
a fait Lieutenant General
Mr le C heval ier de Croix
& luy a donnél'ancienneté
sur ses Cadets qui avoient
esté nommez i ieutenans
Generaux l'hyver dernier.
S. M. C. luya donne en
mesmetemps lecommandement
des Troupes de
Navarre fous Mr le Duc de
S. Jean qui en est Viceroy.
") Lettre d'un Officier Get-
neral de l'Armée du Royen Catalogne,
du 30. Novembre
,
à
Torreil de Montgri.
-.N
ous voicy dans le pays
ennemi; Ce n'est pas avoir
perdu le temps depuis que nos
preparatifsontpris date qui est
au commencement de ce mois ,
de s'estre mis en estat d'entrer
en action. La plus grande partièdenostre
artillerie est arrivée
à Rose ;nosfubfijlances.
ayantesté extremement traversées
par les temps affreux
qu'ilfait. NosTroupessont
repanduës dans des quartiers
des deux costésdu Ter&vivent
aux dépens du Païs ;
nous avons une teste de Cavaleriejusques
dans laplaine
de Calonge,Ilresteencore il.
Bataillons & 18. Escadrons
àjoindreLepaïs estfortabatu
&ce quilui arrive dansun
temps où il sembloitqu'il duft
avoir moinssujetde lecraindre
, l'abatra encore davrtntâge
; mais commeil n'asouffert
que des peines passageres depuis
la revolte )ilne faut pas
douter qu'il n'attende les En.
nemis pour donnerquelquessignes
de vie.Nous n'avons.
iry aucune nouvelle de Mr de
Staremberg
, ce qui me fait
croirequ'ilest encore en CajliL
le où il riy a pas long-temps
qu'il doit l'avoirquitté. Peu
de jours nous eclaircirons.
Un Courier qui arriva
le 3. Decembre àVictoria
rapporta que les Ennemis
avoient entierement évacuéTolede
le 29. Novembre;
que cette Ville qu'ils
,
avoient choisie pour faire
leur Place d'Armes, avoit
esté abandonnée avec tant
de précipitation
, que ne
pouvant sauver les Magasinsqu'ilsavoient
mis dans
l'Alcaçar & dans plusieurs
maisons, y avoient mis le
feu ,&placé une mèche
qui devoit faire fauter soixante
barils de poudre, ce
qui auroit detruitcePalais
magnifique. Mais que les
habitansy estant accourus
en dilip-enceavoient.osié
la meche ôc esteintlefeu ;
qu'ils
qu'iIs- furent si irritez contre
lés Ennemisqu'ils prirent
les armes&chargerent
leur arriere garde, enquoy
ils furent secondez par cinq
cens Chevaux que Dom
PedroRonquillo fasoit entrer
par une Porte pendant
que les
Ennemis
fuyoient
par l'autre.
Que Mr de Vallejo qui
commandoit un détachement
de Cavalerie pour les
incommoderavoitsurpris
parune march e forcée de
douze lieuës, un Régiment
deCavaleriePortugaise qui
estoit en Quartier àOcana 1a &àune pareille distance
de l'Armée ennemie ;
qu'il
avoit d'abord investi ce
Poste de tous les costez
afin que personne n'en pust
sortir; qu'ensuite il yestoit
entrél'épée à la main, &
avoit obligé ce Regiment
à serendre;que tout avoit
esté pris depuis le Colonel
jusqu'aux Trompettes ; a
présquoy il s'estoit retiré
avec beaucoup dediligence
; que le General Staremberg
qui en futinforméaussitost
envoya un détachement
pour chercher
les Bagages que Mr de Vallejo
n'avait pû faire emporter
&que les Habitants avoient
pillez; que ce détachement
lesobligea de
les rapporter dans la place;
mais qu'ils furent contraints
de les abandonner
& de se retirer avec une
grande précipitation, Mr
de Vallejoestant revenu
sur ses pas pourles charger.
Mr le Marquis de Lançarote
quis'estoit distigué
en plusieurs occasions
pendant le sejour que les
Ennemis ont fait à Madrid,
&entr'autres par la
défaite d'unParty de cent
quatre vingtChevaux, est
mort de maladieauCamp
deCasa Texada. Ce Marquis
est fort regreté.
Extrait d'une Lettre de
Vittoria du 4.
Décembre.
On vientd'apprendre
par un Courier arrivé de
l'ArméeduRoyquesaMajestédevoit
entrer hier 3.à
Madrid, &que les Ennemis
se retiraient en Arragon; que
quatreRegidors Deputé de la
Ville estoient arrivez au
Camp de Talavera le
2 7.
Novembre baiser la main de
sa Majesté& luy faire présent
desixmille Pistoles, &
qu'onyarresta le 16. le Marquis
d'Aracava
,
Partisan diton, de l'Archiduc. ,
De Bajome le 10.
Décembre,
n Courier qui a passe
icy ce matin a rapporté
que leRoy d'Espagneestoit
entréàMadrid le 3. qu'il
estoit allé d'abord à Nostre-
Damed'Atocha pour
rendre grâces à Dieu; que
peu de temps aprés la foule
estoit si grande qu'on ne
pouvoir passer dans lesruës
des environs ,en forte que
Sa Majesté Catholique
mesme fut obligée d'attendre
long-temps avant que
de pouvoir sortir,ne voulant
pas que ses Gardes firent
faire place estant tout
chée des larmes de joye
qu'Elle voyoir répandre à
ses fidelles sujets qu'enfin
on ne pouvoit exprimer
jusqu'à tel point ont esté
les réjoüissances des Peuples
de cette Capitale qui
pendantlesejour que les
Ennemis yont faitont tant
donné de marques de leur
fidélité & de le1 ur attachement
pourleur Roy legitime.
Toutes les Lettres d'Espagne
sont remplies d'exemplessur
ce sujet; & il
yenadetres-singulieres.;
; LesEnnemis estant dans
Madrid
,
& ayant reconnu
lafermeté du Peuple, voulurent
à force de caresses &
de menaces obliger les Enfants
à crier Vivat Carlos
terceros mais ils n'y purent
réüssir;& désqu'ils en furent
sortis ces mesmes Enfants
crierent par toute la
Ville, sans que leurs peres
& leurs meres le leur fissent
faire, Vivat Felipe quinto.
Un Particulier ayant en
presence des Ennemis parlé
avantageusement de
PhilippeV.&ditquel'Archiduc
n'estoit pas Roy
d'Efpagiie.,
d'Espagne
,
& qu'il ne le
feroit jamais, futconduit
en prison
,
après quoy on
le maltraita pour le faire
retracter; mais au lieu d'en
estre intimidé
,
à chaque
coup qu'on luy donnoit, il
crioit de toute sa force
, Vivat Felipe quinto.
-
Sa Majesté Catholique
a honoré Don Joseph de
Echarri, du titre de Marquis
de Salinas, pour le recompenser
de les services.
Mr du Rozel, Lieutenant
General, a chassé les
Ennemis de Sanguessa
, a
surpris Canfrane,&introduit
un Convoy dans Jaca.
Du Camp d'Exea le 3.
Décembre 1710.
N
Nous tentions entrer en
Espagne par Bayonne. On
nous afait marcher à Pompelune
Destols C, Persuit : ce
sont les passages qui communiquententre
les deux Royaumes.
Nous nous sommes assembles
à Pampelune22.Battaillons,&
14. Escadrons venus
des costes du Poitou &de
la Guienne&nous avons esté
jointsparquelques Troupes de
Dauphiné, le tout composant
une Armée 1 8000. hommes
effectifs qui ne manquent de
rien. Nousavons reçeuun
Courrier de MrdeVendosme;
il afaitchangernostre route
qui estoitd'aller droit à Afadrid.
Ce Courriernous a appris
que l'Archiduc avot
pris les devants pour gagner
Sarragoce afin d'y passerl'Ebre
(;;'se retirer en Catalogne;
&que le Comte de Staremberg
le suivoit avec le reste de
son Armée.Nostre ordre a esté
de marcherpromptement pour
prendre les devants & s,opposerà
leurs passages. Ona
fait prendre le devantàtoute
la Cavallerieque nous avons
suivie. Noussommes entrez
dans lArragon le z9. dupassé,
& nous avons marché
a
Exea
,
petite Ville dans laquelle
estoient 400. Miquelets
; (j qui a estéemportée
d'assaut le 2. de ce mois. Les
400 Miquelets ont esté passés
au fil de l'épée sans en
avoirépargné aucun. Nous
allons continuernostremarche
,,'1.)e.rs l'Ebre
,
&si nousy arrivons
avant que l'Archiduc
l'aitpassé nousenrendrons bon
compte.
Lettre d'un Officier General
de l'Armée du
-. RoyenCatalogne
, commandee par Mr
le Duc de Noailles, à
Torreil de Montgri le
6. Décembre.><,;
Il
y avoit lieu de croire
que le retour del Archiduc
en Catalogne yannonceroit
celuy de son armée;
mais on apprend qu'il ne
revient qu'avec 1500. Chevaux,
l'on ne scait encore
à quoyMr de Scaremberg
s'estdéterminé. Cette dé marche - si peu attendue de
l'Archiducest un premier
effet de la diversion qui se
fait de ce costé-cy
,
& fait
connoistre les raisons qui
l'ont obligé de se venir
montrer en ce pays.Ilestoit
necessaire qu'il y revint, à
moins de s'exposer à perdre
cette Province, où la
desolation & la consternation
sont au plus haut
point, le peuple ne menaçantpasmoins
que de Ce
revolter. On verra bientost
l'effet quela presence de ce
Princeauraproduit, & si
elle fera capable de calmer
inquiétude du Peuple, &
de lerassurer. Nous travaillons
le plus diligemment
qu'il est possible à
amasser des fafeines3 & à
achevertous les préparatifs
necessaires pour ce quel'on
se propose. Ils ont esté retardez
considerablement
par les grandes eaux, mais
nos subsistances commentât
a arriver,& 7. ou 8.
jours avanceront beaucoup.
Les Troupes achevent
d'arriver le7. &le 8.
& on espere qu'elles ne resteront
pas long-temps sans
entrer en action ; on vit
pendant ce temps aux dépens
du pays.
Ordre de Bataille de l'Armée
du Roy en Catalogne.
Mr le Duc de Noailles ,
General.
PREMIERE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX
Messieurs ; deGuerchy.
DeKercado.
De Siennes.
MARESCHAUX DECAMP.
Messieurs
De Belleporr.
Le Comte d'E(taire,
De Tournant.
D'Arpajou. 0'
Le Duc de Duras. ,,' BRIGADIERS.
Meffteurs
D'Ozeville.
De Sandricourt.
De Damas.
DeValouze.
DeCourten.
De Balincourt.
DePlanque.
De Parabere
De Vateville.
Dragons.
Dauphin. 3. Escadrons. Lailguedoc.3
AnjCaovaluerie.. PCarraobueyre..33 2
Infanterie.
Normandie. 3. Bataillons. Btaujollois. Artois. zLabour. zReding.. 1 t Noailles. 11
CLaCoouurtreonnn.e. 2, Vermandois. 3Valouze. zDV'Eivlgarirgenzy..1t1 Damas.2. Auvergne. - z
Cavalerie.
Berry. 3. Escadrons. Germinon. Valgrand. zz
Dragons.
Saumery. 3 Faix 3,
SECONDE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX.
Àdefjieurs
De Muret.
De Brancas.
MARESCHAUX DE CAMP.
Adcjjicurs
De Chastillon.
De Puynormand.
De Caylus.
BRIGADIERS.
Afejjieurs
De Bozelly.
De Bonas.
DeNisas.
De Barville.
DeSiougeat.
DeFleche.
De Bouville.
Dragons.
Bouville. 3. Escadrons, Chazel. 5
Cavalerie,
Fleche.
, 3 Vaudemont,, ;
Putange.
) , & Infanterie.
FLlandrée. o2.nBata.ill1ons. Oleron.
, , Perigord. , 1
La Force. , FSooiflroennzo.is.;z1
La Marche..„z Anogoumois.. 1 Champigny.. Noé. iThierache. 1
Cavalerie.
LaFeronnaye.L Efcadrons.
Noailles Duc.. z
Noailles Marquis.. z
Dragons.
La Lande. Bozelly. 3z
Total des Escadrons. 50.
Total des Bataillons. 45.
1 Artillerie.
Royal Artillerie. 1. Bataill.
Bombardiers. 1
Deux Compagnies deFerrand
Code. 100. hommes.
Une Compagnie de Mineurs
de Delorme, 60.
hommes.
On attend la fuite des
Nouvelles d'Espagne.
Onespere qu'elle viendra
ailes tost pour vous
la donner à la fin du Vo-
- lume où l'on mettra tous
les Mois des Nouvelles
recentes.
BOUTS RIMEZ
DU MO I S.
Remplisenstileburlesque
-
par M. de M.
A MeV.
Moyqui jamais ne sçus enmaschant les Lauriers
Macherà -t;uide envers lagloire
-
des Guerriers
Je
Je vais,berger chagrin
surma ,
triste Musette
Mascher & remacher
-
lafierté
de Lisette.
Quelle fiertl ? vouloir
que
d'amoureux Cesars
Aux pieds de ta vertu
baisse
les * Etendars.
Tu décrois bien mais
chut, du bout de
ta Houlette
Tu dmonne surleasdoigtsà Muse solette.
Ch crcL e quichantera
ion
intrépidité.
Sans amcur , par mes Vers
point d'immortalité.
Si tu n'écoute aux bois
que
d'innocents ramages
Tusecherassurpied dans
tes
sombres bocages.
AUTRES
BOUTSRIMEZ
Par Madame De.
Dialoguedu Guerrier&de
Lisette.
LE GUERRIER.
H
eureux celuy que
-dMaersc.ouronne Lauriers
la Trompette a sonne ,
suivons les
fiers Guerriers.
LISETTE.
Non,viensplustost danserauson
de
ma Musette
De Mirte tu feras couronné
par Lisette.
LE GUERRIER.
11Au Temple où sont gradvezeles
hsautsfaits Cesars
Marsgravera mon nom:
suivons
fis„ Etendars,
LISETTE.
Moy je grave à present
tonnomsur
ma Houlette.
Cela vaut mieux
3
croisenta
Bergere folette.
LE GUERRIER.
Dans les siecles futurs
monintrepidité. 4 LISETTE.
Tais toy .J je tereponds
de
l'immortalité.
Ouj
,
les Oiseauxfuturs,
par leurs
futurs.. ramages
Chanteront nos amours
dansles
futurs bocages.
Aulieu de Bouts rimez
simples à remplir,
on propose ce mois-cy
Ul1 Rondeau à faire sur
une chute donnée, &
l'on en choisit une qui
puisse avoir trois significations
differentes. La
voicy
,
Filis tient çeu, c'est la difficultédesRondeaux,
maisc'en est aussi
l'agrément. On donne
deplus les Bouts rimez
du Rondeau à ceux qui
voudront avoirdeux difficultez
à vaincre. Il y a
des genies qui ne font
excitez que par les grandes
difficultez ;ceux qui,
sont plus faciles à émouvoir,
ou plus paresseux
pourronts'assujettir ou,
à la chute seule du Ron-^
deau ou aux Bouts rimez
détachez de la chute, &
faire Amplement des
Vers sur lesBouts rimez.
Voicy la tache toute entière.
RONDEAU
A REMPLIR.
Filis tient peu.
el
0aalbicrac trac 006 seringue
brelingue
c..
» «••frac
OU
*• <* crac r-pibrac
tuigue.
Filis tient peu. -
-KXS 'ale balfaC 4 micmac
fringue
tringuc
•
sac.
Filistient peu.
ARTIC LE
des Queftwns.
Question badine.
On demande si dans
le monde on donne plus
qu'on nereçoit.
A parler exactement
on donne autant qu'on
reçoit, car donner &
recevoir sont termes relatifsqui
ne peuvent
subsister l'un sans Tautre.
Cependant on peut
dire quilyadeschoses
qui ne sont pasmoins
donnéesquoyquon ne
les reçoive pas. Par exemple
,beaucoupde
:ren,$ donnent des coneils,
peu de gens lesreçoivent.
Si les Maris recevoient
toutesles malesidioiis
queleursFemnes
leur donnent,sema-v
ier & estre maudit ce
eroitla mesme chese.
ITeft sur ces fortes de
ensbadinsqu'on peut
faire rouler ces ( -
stiond badines,& celS
aussi dans ce {ensquoi>
a répondu à celle-cy.
RFPONSE
PAR L'ARCH. TURPIN.
T Ont est égalà le btei
prendre,
Ce qi:crsotis me donne
y. le reçois 1ns?
i1 iVl.aIs non ,
tejidtleSi'lvaudre.
Vous a donné son coeur,
t¡J{)/îi ne a*ve7Pas
Attendezvous donnezle
-
't'ôtreJA
qui ne vous veut que :. du mal.
IJïinreçoit vos mépris,
evôu-s-,'en avel^aun
autre: J'j, retiensdonc, tout efi
JPR~Er~P~OvN~SEr Par l'Argumenteur en
forwe. cE n'est point donner
dit-on, que de donner
à contre-coeur. Peu de
gens aiment à donner
beaucoup aiment à recevoir.
Je conclus delà
que dans lemonde on
reçoit plus qu'on ne
donne. Ne peut-onpas
dire aussique ce n'est
point. recevoir que de
recevoirmalgrésoy.Arlequinconcluroîtdelà
que dans lesmonde il se
donne plus decoupsde
pointqu'ilnes'en reçoit. REPONSE ,:
ParMluDes -y.:;
-- N reçoit plus dans
le monde, qu'onn'y
donne;car ces hommes
reçoivent toutdesDieux
r&iiles nne le.ur donnent
IZL"PONSE
Par le Magicien.
vVousdemandez si en
cemonde on donne plus
qu'on ne reçoit.
Donner estplus commun,
moi grand Magicien,
Dans mon Art ainsi je
raisônne)
Au Diable cent choses it'cm,donne;.
Donc il nereçoitpresque
rien,
QJJ ESTION
Morale.
W e.st p,lus.genereuxde donnerquede recevoir.
REPONSE
-
Par le Critique Gaulois
line peut jamaisy
avoir de generosité à
recevoir> laquestion
efifaufl-e. .:':..
R E'P ONSE
A laRéponse.
L
a propositionseroit
fausse si le mot degénérosité
ne signifioit que
liberalité; car en effet
il n'y a jamais de liberalité
à recevoir,mais
generosité (z jointencore
mieux à l'idée devaiii.,
cre qu'à celle de donner.
C'estquelquefois
generosité de vaincre
ses passions pour contentercelles
d'un autre;
ainsiceluyquisçaitvaincre
son orgueüilen recevant
d'autruy,est plus
genereux que celuy qui
se laisse vaincre par la
vanitéde donner.
R£ PONSE a 1. „(j à la questw». r >' u n jour un Philofô--
phe Arabe disputoit de
gencrofitçavecuiiiKa.*
lise en :refúfant. fèspré-»
sensavecune gràndeuit
d'ame Pliilôfophique{
quoy donc s'écria le Kalife,
n'auray-je jamais le
plaisir queje désire le
plus ardemment, ce fcroit
de te faire accepter
seulement deux mille
Dragmes. Le Philosophe
révaluimoment
-& ditensuite au Kalife
hé bien soit
,
j'accepte
vôtre présent
,
afin de
pouvoirdireque je fuis
plusgénéreuxque vous;
car en recevantde vous
je vous donne un plaisir
que voussouhaitez ardemment,
& vous ne
;ne donnez que de l'argent
,
dOllt: nous ne
nous foutions ny l'un.,
iiyl'autre.
- -, '('.1 .- i, RE'PONSE
ParM. de Lafor* * *.
L'avare tousjours
prest a recevoir & jamais
à donner
,
le perfuadera
qu'il estplus genereux
de recevoir, &:
tafehera de persuader
aux autres qu'il est plus
genereux de donner.
-, ,
Questions pour le Mois
prochain.
Ondemande si - le
vinestune bonne chose,
Question galante.
PartiÙptfirejfftàfie.
Quepeut-on dire
pour blasmerou pour
justifier un homme @amoureux
d'une femme
qui n'auroitny beauté
ny esprit.
-
ArticledesEnigmes.
Explication d'une Enigme
qui a paru inexplicable. -
Je contiens celuy qui porte
Celle qui contient celuy&c.
C'est le Soulier d'une
femme grosse. Le Soulier
Contient lepied,qui porte
la femme qui contient l'enfant.
dont lastruturepeuforte
porte pourtant dés aujourd'hui.
Sa teste qui contient
l'oeil qui porteraplus loin
qu'aucun
qu'aucun Mousquet ne porte.
Ceux qui ont deviné cette
Enigme sont les femmes
steriles du quartier de la
Place Maubert. Le Mari
absent, s'en estdouté. Le
spirituel Cordonier
,
neJutorultra
crepidam,
Envoysurl'Enigmed'Alilçdont,
leengt ejq iw
Fagot/- ¡:, ParMRM.D.M.
». JEjJope la Fontaine
animant la machine
Faisoient raisonnerl'yifi-
,. ne &parlerl'Escargot
Mercure ton Enigme est
galante Ce badine
fait aimer,
une amede Fagot.
Noms de ceux qui ont
deviné.
L'aimable Chevalier
de la ruë Traversine. La
petite Frilleufe.
-
Fagotin
fils du Fagot a deviné
Mr son pere.Tamiriste.
Dans la chambre d'Alix
il y a Fagots & Fagots.
L'infante & .Tédatante
Rose de la ruëde
Guenegaut.
ENVOY.*
Par Mr de Vacena.
Apeineayje quité le
Coche
En Novembre de froit
trancy-
Que Mercure medonne
Un bori Fagot pourme- treenbroche.
Autres Noms.
Au feu, au feu, un
sceau d'eau sur le Fagot,
il mettra le feu à la cheminée.
Le petit Cerfde
la ruë S. Gilles. L de
Moineuse.
Mon rivalsansesprit c5
fait comme un Fagot
Parsimpathie enfin a
deviné le mot.
ENVOY.
Par MR des B.
Quand l'amed'un
Fàgot, s'enflame
V.n feu rvifbristfis liens
Le feu qui brusle dans
mon ame
Nefaitqueredmékrlei
miens.
ENIGME.
; ParMRde Souv.
Jesuis
au ciel, en l'air,
sur la îerfe&sur
ïonde„
Je nefuispourtantrienv,
jefuistout --
le monde.
AUTRE ENIGME.
([/<*/?parmojquefinit
,
l'oe5rleacaglmeeÇ;f
C'estpar moy quefinit un
cruelesclavage.
Pest'{icy les mots ne
vousytrompezpas , C'estsur moyque dansun
repas
On s'enyvre en disant
,- merveilles.
L'ardente soifme prend
en vuidant les
bouteilles. 1
Nul ne mevoit chacun
m'attend ; ',
Les Chiens prenent le
Lievre,&leLievre
meprend.
Dans leplaisirjefuis affreuse,
Et charmante dans la
douleurs;
Dans le malheur trespareffetefe3
Diligente dans le bonheur.
Enfin pour les mortels
tropprompte ou trop
tardive
jA'vaecrrlaivmeort.toujours toûjours
AVIS.
AVIS.
Les nouvelles d'Espagne
ont pris la place de
plusieurs bons ouvrages
quOlY111avoltenvoyez)
& que je suis contraint
de retrancher. J'avois
aussi promis dans le Mercure
dernier plusieurs
choses que je- ne you?
donne pointimais je vous
donne une Bataille gagnée
que je ne vous avois
point promise. Ne vous
fâchez point si j'en use
ainsi dans la fuire; j'espere
vous donner des
choses qui vaudront
mieux que celles que
j'aurai promises.J'ayranc
des Relations d'Espagne
à placer, qu'à peiné me
fuis- je laissé place pour
vous avertir icyqu'on
continuera à donner regulierement
le Mercure
le premier jour de chaquemois
»
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa CavalcTABLE.
fptrennes de Mercure> 3 Livrenouveau91i
^Morts, 31
Mariage, 35
Donsfaitspar le Roy, 45
Mariage, 47
Academie Royale des Médailles
&Infirmions ,
49
Marine, ici
Chansons, 1^9
RéponfesauxAnonimes> 117 Bouts-RimeT^13*
Nouvelles, 13^
Suite des Difeours Académiques
, 143
Nouvelles d'Allemagne, 166
•%
TABLE.
,Zettre de MrRoy, -173
iVouvellesd'Espagne, 187
Bouts-Rimez,, 207
M. L. D. D. B. en habit de Chafsi,
113
Avanttire nouvelle, 216
Vuite des Nouvellesd'Ejpagne
t
270
Jrdre de Bataille de l'Armée dit
Roy en Catalogne, 188
ïlouts-Rïmez,, z96 ondeauà remplir, 304
irticle des JOue(lions
3 ;14
Qualité de la reconnaissance optique de caractères