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MERCURE
,1,A PARIS,
': 1
,,',', M.DCCXIV.
diiecp',yri'te1,&e 4u Roy*
Le prix est 30.sols relié enveau,
'-
%liTols, broche.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET,au Li
Royal, au bout du Pont S.Mich
1
du côté du Palais.
PIERRERIBOU,àl'Imag
.",PII11lll.! ~IBOU, à l'Imagee S. LLOoiI surle QuaydesAugustins.
Gilles Lamesle, à l'entrée de la:
du-foitn du côté de la rue SaintJacques.; ,..- .-' AvccJ'tirointtiofr&brfoUeegcdnl
I on ne m'avoit
pas demandé pour
ce mois-ciune
Nouvelle
-
EfpaÊgnole
a-1 -- ,j'aurois donne àla
tête de ce Mercure FHiCtoire
galante d'une Molçqvire
avec un Lapon.:majs
oàne. perdra rien pour atte,
dre;& quoique queje
reponde que cette Nouvelle
vaut mieux que les
precedentes, j'ose encore : promettreque cellesqui j
suivront feront meilleures 2
quecelles que l'on aura
lûës.
Lemnoisprochain, pounj
rafraîchirmesiç£teurs auR
milieu- de la Canicule,je
-te| promènefaide Tiribira
{aiïCdprNéir,'qui' font dangn
-}è{ Fonddu Norddel'£u^
--îôj^petJealesprsie,en attenn trouvera
mauvaisr que- je*;;>
encore, un mois dans les
payscliauds.
Je continuerai, comme
je l'ai déjà dit, des remarquessur
les lieux donc je
parlerai danschaque Histoire,
jusquà ce qu'on s'ennuye
de les lire. ,:.
,
Me promenantunjour à
la Floridei, dans une des pe-,
tites mes du Manfanares1,*
un quart de lieuë de Mar
drid, le Chevalier de Mi-
- rador, Gentilhomme CaC.
tillan, avec qui j'etois, tira,
un papier de sa poche ,ôc
me lut à peu prés en çes-.
termes FHiAoire que je
vais raconter.l' HISTOIRE
nouvelle.
IL y a environ lîx femaines
que Don Alonzo de
Cordouë,qui aune fort
belle maison de campagne
dans le village àzLegane^
m'invita à aller passer les
quinze premiers jours du
printempschez lui. Sa soeur,
qui est une fort aimable
fille, & qui avoit pour moy
1
des;bontezi que jene meritois
pas,, ; dévoies nous y
tenir-compagnie ; samaîtrelie
y devoir être avec
elle,30c Fernando dtb Rio
nôtre intime ami 3à qui
nous avions proposé quelques
jours auparavant de
(e mettre de la partie, a3a.
voit consentià être des notrès,
qu'à condition que sa
maîtresse en feroit aussi, te
que nous ne sortirions de
chez nôtre hôte, que pour
aller passer une autre quinzaine
à la maison de Pinto4.
Nous lui promîmes tout cc
u'il voulut^ lc.jaalpcii;
pour cette panses,.a^&enak
barquâmes nosrrpikBaflaes
dans un même'caroflfc, &
nous les simes*parrir<de,Ma-,
drid;deuxL>heurfifn«.valu
nous,afin.qu'elkaeuffen£
le tempsdesemettreàleur
aise, & de ..fc':¿repQ{et. ea
nbuss.ittçn(Jant:riI>£nôtre
cbuà nousimontâiries aussi
en carosse, aprésavoir ordonne
à nos valetsdeiious
tenir à l'entrée de la tfiuifc
nos chevaux prêtsapports
de la Vegts. Nôtre intention
écoit de nouspromener
mPxmo Kiejp.f,juiquSL
ce que nous pûssions prositc$
jdu. clair deL'une, pour
nous rendre plus fraîchement
àLeganez, ou nous
devions-nous mettre à taille
en arrivant. n-croitmieux'!-;,.' concerte
en apparence., que
çpî:te«partie-cependant elle
tournatout de travers pour
mes amis, pour leurs maîtreflfes
, & fort heureuse- ipçjitp<?urt.moy.
LesDames., que nous
avions eu lafage precautipn
de faire partir deux
bonnes heures avant nous
pour leur commodité, avoient ordonné à leurcocher
de marcher doucementypour
serendre ense
promenant à Leganez. Elles
avoient même déja fait
plus de la moitié du chemin,
lorsque deux Cavaliers,
qui s'étoient mis en
embuscade derriere une petite
hauteur, pour les voir
passer sans être vus, àrriverent
àtoute bride à leur
carosse. Vous n'avez pas un
moment de temps à per- dre, Mesdames, pour retourner
en diligence à Madrid
, leur dirent ils tout
hors d'haleine. Alonzo de
Cordoue, Fernando del
Rio, & un de leurs amis
qui etolt avec eux, viennent
de se faire une des
plus cruelles affaires du
monde. ils ont, je ne sçai "-
comment, insusté deux Dîmes
qui se promenoient au
Prado;elles s'en sont plaintes
à Don Lope de Cereza
qu'elles ont renconrré.
Ce Cavalier, qui est sans
doutede leurs amis, a voulu
sur le champ tirer raisonde
cette insulte. Leurs carosses
se sont accrochez; ils se
sont donne parole, ils,o-nt
pris le chemin de Val/ecas *
& là, trois contre trois,ils
se sont battus à oucrance.
Nous ayons vu la fin de ce combat, dont le détail funeste
ne seviroit quaaugmenter
vosalarmes, ôc qu'à
retarder le prompr secours
qu'ils attendent apparemment
de vous. Si
nous ne vous avions pas
* C*ef}Hnvillage cjtiifournit da
f un à bla Irii
> comme Gomjfc en fournit à Parisrenconcréesen
chemin,
nous aurions été vous chercher
jusques à Leganez
,
pour vousramener à Madrid,
à leur prière:mais heifc
reufement/nous sommes
encoreiiprocheau,lieuoù
leicombacvient de -faîpaJa (, fer, îqiienvretQunnantJ fias
vos pas, & prenant lapremiererouteà
droite, vous
verrez! de vos propres yeux
ôc lecham de bataille,&
peut-être même les com- battans.: ':
¡!!'j Ces deux,.,tendres dépit*
tez.finireiuiieur recit d'un
air si touchant, qu'ils per.
suaderent nos pauvres Dames,
qui donnerent de si
bonne grace dans le panneau,
queleurs nouveaux
guides, pour éviternôtre
rencontre, leur firent abandonnerle
grancLxrhemin
de Leganez;&fan^:trouver
aucune trace de nôtre
avanture, les firent rentrer
dans Madriduninstant avpantoqur'onteery:
sfer.mât , lei
D'un autre côté, pendantque
nousrte,fongibns
qu'à nous proencmurâraw
4qililcme^(/i%u Prado,voici
cequi nou^.arriya,
Nous remarquâmes un
c^roflfe d^fts lequel ;4toieac
qu0tr&0^ti- ïpicfiçdetempsentemps
les rideaux dont elles se
"rorvoient ;.oôllr fç cacher
JprÉque gqvkctl aurjpîTjéscFçlles.
Laplushabile
deces Dames me parla discreçemencaveç
ses ,doigts?J
êçaussiclairement queje
vous parléavec la bouche.
:M$lJ.Uv,roYfJz ,Chevalier,
me dit : elle,-aller, souper
^jour^Tyûîtegancziî
niais, je^bu^èn?empccticrai
bien.Ne témoignezrien
à-vosamis-dè- la menace
•-«jue^jfc*vqas* -fivous vouiez*<^ie<jerv<ôfii
de'doiirt-
8)magêIl agrc&bletfieriÉ"1du
:.fouper que-jê~ivous1 ferai
perdre0.Jhlui''tjépondii lîir
-dé tëàêhite*iQti ]»pà"daâs'ftc
-inertie'laijga la maujreîTe de»nousjoüer
ct.el;courIqu'a'llui='plaireit',
pourveu1qu'elles»engageât
a me
tenir-àla. litfcrtJaîpâ-
,
rôle qu'elle^me»*dotm&ic. ,medire elfe
: 3&? pour
:
jEÛeusTeacfeerJtë'ijcu°iP|*Se
nous
nous venions dç^jouer,2clhî3
dit touthaut:Eloignonsnvoiluessd,
qeucie,sdeCpauvisaplileurss,idn'cuin:'
quart d'heurequ'ils ~jpj~b
menentà côtedenous
n'ont pas seulement eUiJaj
politesse de nous ,q,jfF u~!~
parole obligeante. Çc^
cher, quitte la filedescarosses,
& mene-nous hor» ldelaville.
encore un..
tour de promenade , §3
avant qu'on fermâtles pqç,.,
tes8 de la ville ,nous ga",
gnâmes celle def laVega,
f
où nous montâmes à cheval
pour nous rendre à Le ganez.
A deux cens pas de Madrid
un vieillard, qui depuis
plus de vingt ans demande
l'aumône sur le grand chemin,
nouscria de sa hute :
Dieu vousgarde, Chevaliers
..Alonzo de Cordouë, ta mere
-se meurt ; Fernando delRio,
ta maîtresse te trahit ; Mirador,
la tiennet'attend.Vieillard
,lui dis- je,qui t'a appris
ces étranges nouvelles?
Ne m'en demande pas davantage,
me répondit-il,
donne-moy feulement l'aumône
, & va-t-en ou ton
honneur t'appelle.Reçois
cette aumône, luidit atiffi
tôt Alonzo,&dis moy dé
qui tu sçais la nouvelle que
tu viens de m'apprendre?
Je ne veux pointde ton
aumône,reprit le vieillard;
d'abord que tu attaches une
condition au bienque tu
me dois faire. Et toy, dit il
à Fernando, qui as compté
de passer quinze jours à Leganez,
& autant àPinto,
croy-moy,va-t-en à Aranjikï('*
, ravir ou ceder ta
maîtresse à ton rival. Cet
oracle nous cau sa des mouyemens
fort differens.Nous
restâmessur legrand ~he~
min,comme trois :hommes
qui ne sçavent où don.
ner df^a tête, Alonzoapprehendtfyep
raison de
ne pouvoir pasrentrerdans
la ville,Fernando juroit
qu'il étoitsipeu amoureux,
quoy ,q.u'il.,,cmaîtres,
le9quïl ne craignoit presque
ni concurrencç,niinfi-,
delité; & je sçavois de mon
côté moins que pcrfpnneoù^
monhonneur mappellôic.
Quoique je ne doutasse
point que la situation où
nousnous trouvions alors
ne fût un effet de la menace
de l'invisible
,
qui s'étoit
(ervie à la promenade de
ses doigts pour m'annoncer
l'intention quelle avoit de
se divertir à nos dépens; je
n'envifageois encore dans
cet exploit ni honneur, ni
gloire à acquérir.,,, Cependant nous nous
déterminâmes à ne nous
soinsquitter en dépit qç;
oracle, ôç nous fûmesau
galop jusquesà L^ganez*
Nous trouvâmestoutesles
portes de la maison d'Alonzo
fermées. Nous fîmes
grand bruit pour nous les
faire ouvrir; personne ne
vint. A la finresolus d'en
enfoncer une, une vieille,
que nôtre vacarme avoit
arrachée de son grabat,
parut à la fenêtre, & nous
demanda d'une voix tremblante,
quinous étions. Qui
je suis, infâmeDuegna 10 !
lui dit A lonzo, ne connoistu
pas ton maître ? Non,
reprit la vieille,il ya longtempsqu'il
est mort. Sivous,
demandez des prieres, j'en1
vais dire, pour vous: adieu,
bonsoir. Nous nous mîmes
alors à rire, & a jurer en
gens qui trouvoient la plaisanterie
bonne & mauvaise.
A la finnéanmoins nous
fîmestantde bruit, qu'on
vint nous ouvrir, maisd'une
façon qui nous surprit encore
plus que le compila
ment de la vieille. Six
grands estaffiers, a4 rmez de
buffles, de brogueles11, & de
longues épées, tenant chacun
un grand flambeau de
cire jauneà leurmain droite,
le chapeau retapé fut
les yeux, les cheveux luisans
derriere l'oreille, la
moustache retroussée, & le
broquele à la main gauche,
faisant un demi cercle autour
de deux grandes Dames
vêtues de noir,voilées,
& qui accordoient douloureusement
les plaintifs accens
de leurs voix aux cen..,
dres sons de leurs guitarres,
nous ouvrirent enfin la
porte en cadence.
Il J'oubliai alors qu'on m'avoit
donné le mot pour
respecter, comme mescamarades,
marades,les acteurs& les
actrices de cette ceremonie,
& aprèsavoiradmiré.,
auffiimmobilequ'eux,toute
la gravitéde ce fpfél-acle,
Alonzoleur dit:Mesdames,
trouveriez - vous mauvais
quej'entrassechezmoy > Npsn1a;îtrk(ses,iluidirencelles-
tnf;cmbi-,&, assez nonchalament,
ne reçoivent
guer-csde-vjfîtesàpareille
heures.Et sansdaigner leu-
•temènt^faiireattention qu-
:AJonw&¥ehoit: d©fle4ir demander
lapermission d'entrer
dans sa maison :
Gomibien
êtes-vous, continuerent-
elles? Estes-vous gens
de paix & d'honneur? te
avez-vousautant de ressources
de gayété, que
nous avons desujets d'affliction?
Aussitôt elles recommencerent
à selamenter
;
elles nousfirent signe
de marcher gravementderriere
elles. Ellesnous tour:,
nerent le dos, & nous les
suivîmesjusques dans jine
grandesalle,ou nous trou-
1vâmes deuxautresDagie* sur des ejlems11 de
jonçsi.•* • .»
Voici, Mesdames, leur
dirent nos conductrices,
trois étrangers que nous
vous presentons : c'est apparemment
le droit d'hofpitalité
qu'ils vous demandent
pour cette nuit; si vous
les recevez, ou jugez, vous
à propos qu'on les mette?
Voyez, dit l'une de ces
Dames
,
si la Guitanaest
couchée; ( c'étoitjustement
la vieille qui nous
avoit parlé par la fenêtre)
si elle l'est
,
qu'on la fasse
lever, & qu'elle cede son
lit à ces Meilleurs. Elle est
,
de fort bonne conversation,
& je ne doute point
qu'elle ne les amuse agréablement
jusqu'au jour,de la
bizarrerie des contes qu'
elle leur fera. Elle a àsa
part autant d'années qu'eux
trois: mais qu'importe?
«ellelaelg'esperirtfiai.n.,jeune & , 1
Et Mesdames, leur dit
Alonzo,je consens que vous
soyiez lesmaîtresses dans
jna maison
;
elles rirent à ce
mot: mais de grâce ne m'ex
posez pas aux trois plus
fâcheux inconveniensdu
monde ; elles rirent encore
plus fort. J'amene mes amis
chez moy y
vôtre presence
m'ôte la liberté de les y
recevoir.Nous mourons de
faim, & vous avez l'inhumanité
de nous envoyer
coucher sans souper. Enfin,
pour me dédommager de
l'infortune de ne trouvet
ni mes domestiques, ni à
boire,nià manger dans ma
maison
, vous nous condamnez
à passer la nuit avec
vôtre Guitana. Ellesrirent
plus fort encore qu'elles
n'avoientri ,
elles le leverent
en un clin d'oeil3 elles
firent une piroüette sur la
pointe du pied, la reverence,
& s'enallerent.
Nos deux guides & les six
estaffiers qui nous avoient
amenezdans la salle, nous
abandonnerent comme elles
;
ainsi nous nousregardâmes
tous trois avec les
plus plaisantes figures du
monde, au milieu d'un
grand vestibule
,
qui, par
la desertion de la compa.
gnie, ne Ce trouva plus éclairé
que de la tremblante
lueur d'une misèrable lampe
quin'avoit au plus
iqu'tin«,,,demi-quart d'heure
:de, foible lumiere à nous
prêter.
VotoaDios*,dit Alonzo,
dont la tête commençoit à
s'échauffer de tout ce manege,
je ne me sens gueres
d'humeur à entendre raillene
plus long temps; & si
je ne vois bientôt la fin de
cet enchantement
,
malheurà
qui metombera sous
la main. Gardez-vous bien,
luidit Fernando, de faire
ici le fanfaron; il me paroît
*fc Tlil drmnf à Dieu.
que ces gensxhnerispenibaj.
rassent gucjesnioe;carillon
dont voarJesiiîieriacex
nous pourrions bien, dans
l'obscurité quinous talonne
, nous enteégorger au
milieu des tenebres, comme
les soldats de Cadmus.
Croyez-moy, prenons patience,
& préparons-nous
de bonnegrâce à quelque
nouvelle avanture. Je
suis
persuadé qu'on n'a point
ici de mauvaise intention
contre nous; on veut rire à
nos dépens, laissons lesgens
se divertir tout leur saoul,
cecitournera peut - erre a
bien. Ma foy, cUs-je à mon
tour,voila leseul parti que
nous ayons à prendre. Là
finirentnos propos &nôtre lampe;:<
A l'instant nous entendîmes
quelqu'un marcher
fort doucement vers le coin
ou nous nousétions retranchez.
Qui vive, dit Alonzo
? Ayez pitié de mes larmes
& de majeunesse, genereux
Chevaliers, nous
.-répondit' une voix languissante
,
& permettez - moy
de chercher auprès de vous
un azile contre l'ennemi
qui me poursuit. Où êtes
vous?Donnezmoy la main,
souffrez que je m'asseyeà
côté de vous, asseyez-vous
atusosi, &irapperen.ez mon his-
Il y a cinquante-quatre
ans, trois mois & dix sept
jours quej'epousai en secondes
t noces un, jeune
homme natif d'Aranjuez.
J'ai vécu en paix & en joye
avec luis pendant environ
dix huit ans. L'année desa
mort je pris un troisiéme
mari du même lieu
9- nous
passames dix-huit bonnes
années ensemble ,&il y a
dix-huit ans que je fuis veuve
: quelle pitié!
Maudite Guitana, lui dit
Alonzo! ( car à ce compte
c'est toy qui nous parles)
puises-tu crever tout à
l'heure. Que tes jours finis
Tent avec ce calcul, ajouta
Fernando. Guitana,lui disjje,
puissiez-vous vivre trente
sixansencore. Parbleu,
Mirador, reprit Alonzo,
voila de la complaisance &
des voeux bien employez!
Mirador, me dit la vieille
d'un ron tremblant,jevous
remercie du souhait obligeant
que vous faites pour
moy : aussîtôt me sentant
à côtéd'elle, & sûre de ne
se pas tromper, elle me prit
la main, dont en remuant
les doigts ; eHem'anura.
qu'elle n'étoit nila laide,
ni la décrepite Guitanaque
mes amis croyoient entendre.
Cependant en s'entre
renant avec moy d'une
façon qur donnoit à son
esprit la liberté de me dire
les plus jolies choses du j monde, elle nous conta feconte
que je vais vous lire.
Elle fitmalicieujemejtt&avec
Juccés ,pour endormirmescamarades,
cequebien des raconun.
f ontsans dessein.
Miguel Cervantes, : : avjCC
son vilain Chevalierde la
trillefigure, est encore ua
plaisant original, de pretendre
nous bercer des
impertinences de Sancho
& des sotoses de son maître.
SaDorothée,son avanture
de la Sierra Morena sa caverne
de Montefinos & ses
noces de Gamache, ne sont
ijuc des balivernes,en
comparaison de l'histoire
de mes troisièmes noces.
Je vins au monde il y a
quelques années dans le
village d'Aranjuez. Mon
nom est Guitana Pecarilla.
le fuis fille de Bartholomeo
Valisco
,
vieux Chrétien,
homme noble, & qui a
toujours vécu dans l'Ofcu,
rite, parce qu'il a toujours
été pauvre. J'ai été mariée
à quinze ans, veuve àdixneuf,
remariée à vingt,
veuve encore à trente-huit,
& mariée pour la derniere
fois à trente-neuf. C'el
justementl'histoire- de ce
dernier mariage que vous 1
allez entendre.
Lebienheureux Bertrand
de Fontcaral * vint un jour
à Aranjuez,où ilm'aima
des qu'il me vit. Il avoit
épousé est premières noces
Felicitana l-a Lavandera, ** à
Madrid. Felicianaavoit un
frère, qui dans les premieres
années de sa jeunesse
avoit été amoureux
de la fille de Martin d'Or-
* yiUdge.§ù sifait le meilleur
vinMufiéti qui je koive À M*-
Àrtd. '.; ** SUnckiJfcHfe* J
taleza. Ils'étoitmême battu
deux ou trois fois pour elle'
à la puerta del Sol. * Elle
s'appelloit en son jnotn
Maria Planta&j(otxl2,~
marie, qui e, 'toic>çommt
je vous l'aidéjàdit., le
b-erCr!de., FcliciapftjW?JL,a-.
validera,s^p^eiloii- Ptâro
MorentKV©ttsfç&Ur£$doiiC
que dés queMaria Planta
futassurée del'aîHQjW
que Pedro Jv4oçôap;
pour jslle., /Sisrçfôluijeai:
d'aller s'établiràVallado-
-.\01 1 -'; d* Prortieddit S.ole.il, Place de MYI" i.''1\ of.
lid.*
lid*Vous m'entendez bien.
Imaginez-vous donc qu'ils
crurent qu'on ne manque-
,foir, pas,de couriraprès
eux pour les ramenerà
Madrid:mais ils se tromperent
,
& on fc moqua
deux, & la preuve qu'on
s'en moqua, c'est qu'ils,ne
furent pas plutôt partis)
qu'on ne se souvint pas seulement
de les avoir jamais
jvûs,,êc oncques depuis on
n'a entendu parler d'eux;
iàrtt- yaqu'ils furentenc'*^
tile 'de la 'vieilleCaffilie, art*
cier-tieA'cptW/'e des Rois £E{pagne.
fuite à une Fête de Taureaux.
13 Vous m'entendez
bien?. Mais vous ne me
répondez pas. Je croy en
bonne foy que vous dormez
! Dieu soit loüé ! Mirador,
me dit-elleàl'orciJIeJ
une autre fois j'acheverai
mon histoire : ne
troublons point le repos de
ces Messieurs, & songeons
feulement à nous éloigner
d'eux le plus doucement
que nous pourrons.
Nous prî1\mes 'à1t\âton1le
chemin de la porre, nous
traversâmes le jardin, &
nous arrivâmes enfin dans
une petite chambre,où, à
la faveur deslumières dont
elle et-oic éclairée,je vis- la
plusbettepersonne qui ion:
en Espagne. Transporté du
plaisir d'une si heureuse
découverte,je me jecrai à
ses Pieds sans pouvoir
seulement lui dire une parole.
Cependant elle m'ordonna
de me lever, & elle
me dit: Le temps est maintenantsiprécieux
pour
nous, que vous ne fçauriez
vous imaginer combien il
'ïïoCre*-cft1- important d'en
profiter. Mangez vîte un
morceau, montons en carosse,
& ne vous informez
pas feulement du lieu où
j'ai envie de vous mener.
Je n'ai à present besoin de
rien, Madame,lui dis- je,
& je fuis prêt à aller avec
vous par tout où vous voudrez.
Elle fit monter dans
un carosse desuite les femmes
qui luiavoient servi à
jouer la comedie dans la
maison d'Alonzo., qui fut
vuide en un moment, &
elle monta avec moy dans
le sîen.Nousmarchâmes
le reste de la nuit, & environ
une heure aprés le
lever du Soleil, nous arrivâmes
au Puerto de las Salinas.
14
Chemin faisant elle me
conta,comment elle avoit
conduit cette entreprise,
dontmes camarades venoient
d'être, ôc dévoient
être encore bien plus embarassez
que moy.
.;; Jenesçai pas, me ditelle
, si vous; avez ajoute
beaucoup de foy à ce que
je vous ai dit du nombre
demesmariages &de mes
années. Vous m'avezvûe
assez en un moment,pour
sçavoir maintenant ce que
vous en devez croire ; aulïï
n'élit plus à preient ques-
-
tion que de vous expliquer
les motifs de la plaisanterie
quej'ai faite à vos amis
Monnomest DonaInes
~.deF,ucnteHermofk, Jesuis feule heritiere du nom ,
des armes-ôc desbiens de
ma famille, qui est une
des plus illustres de l'Andalousie.
Il y a trois mois
qoc'jeîpams deSevillt15,
pourmerendre à Madrid,
1
où les parens de mon mari,
dont je fuis veuve depuis
un an, m avoient intenté
un procés sur les articles
les plus considerables de sa
succession. Je fuis venuë (comme eux) solliciter mes
Juges. Mes intérêts leur
ont paru si legirimes,& ma
cause si claire &: si juste,que,
malgré la lenteur des procedures
de cette Cour,j'ai,
en six semaines & sans appel
, gagné mon procès
avec dépens, au souverain
ConseildeCamille.
:IIy,a - un moisqu'occupée
du foin de m'arranger pour
retourner en Andalousié',
j'entendis dire tant de bien
de vous chez la Comtesse
de Tavara mon amie,que
je resolus de vous faire
examiner desi prés pendant
le reste de mon séjour à
Madrid, que nulle de vos
démarches ne pût échaper
à ma connoissance.
Chaque jour mes espions
6deles, que j'entrerenois
jusques dans vôtre maison,
me rendoient compte indirectement
de vos pas, de
vos plaisirs, & de vos intentions.
tentions. J'ai sçû par leur
moyen la partie que vous
aviez concertée avec Alonzo
de Cordoüa&Fernando
del Rio. Enfin ce n'estqu'à.
vôtre consideration que j'ai
trouvé hier le secret de
m'emparer de la maison
d'Alonzo, & d'en écarter
les femmes qui devorent
s'y rendre.Je vous ai averti
demondesseinàla promenade,
j'ai député les cava- liers qui ont ramené vos
Dames a Madrid, j'ai fait
parler le vu illard que vous
avez rencontrésur le grand
chemin
,
j'ai joüé moymême
le rôle de la Guitana,
qui n'est qu'un fantôme de
mon invention;j'ai détaché
les six estaffiers & les deux
filles qui vous ont ouvert la
porte avec tant de ceremonie
: en un mot j'ai reüssi
dans le projet que j'avois
formé de vous arracher de
cette maison. Je vous ai
promis enfin de vous recompenser
du souper que
j'avois resolu de vous faire
perdre. Je suis prête à vous
tenir tria parole. Si ma
performe & monbien ont
de quoy flater vôtre amour
& vôtre ambition, je vous
sacrifiel'un & l'autre, pour
m',unir à*jamais à, vous.
Ravi de la tendresse de
cette belle veuve, je baisai
sa main avec transport
, lk
j'acceptai
, avec une joye
inexprimable, des conditions
si avantageuses. Je
lui demandai quinze jours
pour venir regler mesaffaiasaMadrid,
& je suisà
laveille d'allerlaretrouver
en Andalousie. Voila,
"m0tt ami > la nouvelle de
flàofc mariage, que je voulois
vous apprendre. Dieu
vous donne unefehimç
comme la mienne.
J'ai appris par une lettre,
que j'ai reçuedepuisquelques
jours de Madrid,que
le Chevalier de Mirador
avoir eu bien des obstacles
à surmonter avant que(1^
prompt hymen dont il se
flatoit, lors qu'il me conta
son histoire, l'unîtàla belle
veuve. Il y a une,intrigue
si particulière, & des mouvemens
si interessans dans
la suite, decetteavanture,
que je croy , ne pp.UYgjr
promettre rien de plus
arhufant que la secondé
partie de cette Nouvelle ,
que je donnerai une autre
fois. Je ne l'aurois point
partagee comme je fais, si
jen'avois pas crû les remarques
qu'on va lire, &
quine sont imprimées en
nulendroit,aussi divertissantes,
ôc plus utiles que
l'histoire.
REMARQVES.
1. La Floride est la plus
belle promenade qu'il y ait
aauuxxeennvviirroonnssddeeMMaaddrriidd.
Elle est dans un fond, sur
le bord de la riviere;elle
est de la largeur d'une des
plus étroites alléesduCours;
lesarbres dont elle est ornée
sont plantez assez irrégulièrement
:elle a environ
une demi lieuë de longueur.
Plusieurs François dela
Maison du Roy y ont fait
faire des maisons. de campagnefortjolies
;entr'autres,
le Sieur Riqueur
Chymiste , & Apotiquaire
de Sa Majesté Catholique
y a achetéun grandespace
de terre, dans le dessein
d'en faire un jardin des
simples,sur le modele du
Jardin du Roy qui est à
Paris. On me mande de
Madrid que ce dessein est
executé.
i. Mançanares est une petite
riviere qui descend des
montagnes de Guadarama.
Il seroit fort difficile dedire
où elle le perd en Eté. En
Hyver elle accroche quelque
bras du Tage ou du
Karama. Entouttempsce
n'est rien. Le pont de Segovie,
que le Roy Philippe
Eiiii
second fie bâtir sur ce ruiffèiu,
elt un des plus magnifiques
ponrs qu'il y ait
en Europe. Chacun sçait
qu'un ambassadeur dit un
jour, en considerant le
pont & la rivière
,
qu'il
Faudroit vendre le pont
pour acheter de l'eau. On
a propose plusieurs fois aux
Rois d'Espagne les moyens
de rendre le Mançanares
navigable. On m'a dit que
ces propositionsn'avoient, pas é1té1reAçu..es, parce que
l'abondance des eaux qui
auroient rempli le lit de
cette riviere auroit pendant
l'Eté privé les Dames & les
Cavaliers du plaisir de se
promener dans leurs carosses
au milieu du Mançanares.
Ce seroit bien dommage.
3. Leganezest un desplus
beaux villages qu'il y ait en
Espagne. Il est à deux lieuës
de Madrid, dans une plaine
,
sur la droite du chemin
de Madrid à Aranjuez.Les
melons, les figues, & L*s
raisins de Leganez sont excellens.
Ce village appartenoit
au Marquis de Leganez,
quimourutil y a
quelques années à Paris.
--
4. Pinto est un gros bourg
à quatre lieuës de Madrid,
appartenant au Comte de
Pinto, frere de M. le Duc
d'Ossone.
Laporte de la Vega est
une des plus belles portes
de Madrid.C'est par cette
porte que l'on fort pour
prendre la route des Royaumesde
Valence,de Murcie
, de Grenade & d'Andalousie.
6. PradoViejo. Il n'est
point de ville en Europe
dont l'entrée soit plus belle
& plus riante que celle de
Madrid par la porte d'Alcala.
Dés qu'on a passé cette
porte, on entre dans une
ruë grande, belle & propre:
au milieu de cette ruë est
une espece de carrefour,
qui presente de tous les
cotez le plus beau coup
d'oeil du monde. On voit
en perspective & à perte de
vûë la ruë d'Alcala, qui est
la plus belle ruë de Madrid.
C'est en dire peu de chose,
par rapport à l'idée qu'on
a mal à propos de cette
grande ville, dont les maiions
sont fort bien bâties,
& les ruës larges , claires
& bien percées, mais fore
sales. Celle d Alcala, dont
je parle, est si belle, que
je suis sûr qu'à Rome, nià
Paris il n'yen a pas une qui
lui ressemble. Dumilieu de
cette ruë on découvre à
droite & à gauche le Prado
Viejo. C'est une grande
promenade, revêtue du
côté du Buen Reciro de
quatre rangées de grands
arbres. Elle est ornée de
plusieurs fontaines, & sert
de promenade détiquete
auxDames&auxSeigneurs
Espagnols
,
depuis Pâques
jusqu'à la Fête-Dieu.Depuis
laFête-Dieu jusqu'à la
Touflainc on le promène à
la Floride ôc sur le Mançanares,
& depuis laToussaint
jusqu'a Pâques hors la ville;
entre les portes. Cette promenade
s'appelle, elpasseo
mr§pW**h -r.(- iipl::-7
<•7. Elle me passa açveç-Jes
doigts. La contrainteperpetuelle
dans laquelle les
Dénies Espagnoles fp,n|
forcées dp vivre, lcs jettç
dans la necenice de se faire
-
un langage des yeux & des
doi gts, que personne nattrape
comme elles. Les Irai
liennes, & sur-tout les Portugaises
qui ont beaucoup
d'esprit
, ne seroient que
leurs écolieres danscesfaçons
dexpiiqu#Jet*»rë.in4
tentions àleursatttutts.'Elletf
s'en fervent, fæm-tBoia;
presque toutes:;ni<tf& èllês
n'ontnil'art,nileguerre
desEspagnoles,&jeccoy
qu'on peut soutenir, fini
fairetortauxplusspiri
rucHes) aùx- pluèka'&ôitè*
& aux plus delicates, qu'il
n'est point de femmes dans
le monde qui ayent plus
d'industrie, plus de manege,
& plus de refolurion
qu'elles. Les avantures les
plus extraordinaires n'ont
jamais rien de difficile, lors
qu'elles sont conduites par
des Espagnoles, tant elles
ont d'intrigue, de ruse &
de génie. Pour arriver à
leur but,quelques obstacles
qui se presentent,elles n'ont
besoin que d'un homme
docile,&qui ait feulement
la complaisance de se laisser
conduire.
L'usage de se parler avec
les doigts, qui estmaintenant
aboli au Palais, étoit
autrefois si bien établi parmi
les Demoiselles & les
Camaristes des Reines,que
toute la journée leurs galans
les entretenoientde
cent pas. J'en ai vû qui entendoient
si bien ce langage
, qu'aprés avoir deviné
ce que leurs amans pouvoient
leur dire, elles leur
irépondoient sans les voir,
les mains derriere le dos.
8. Avant qu'on'fermàt les
fortes. Onferme ordinairement
rement les portes d'une
ville par dedans: il n'en
est pas de même à Madrid,
on les ferme par dehors.
Lorsquetout le monde est
rentré
, ou supposé l'être,
les Commis de la Doüane,
qui sont établis pour empêcher
les contrebandes,
sortent de la ville. Dés qu'ils
sont tous dehorsils ferment
dans l'étenduë de leur jurisdiction
les portes qu'ils
doivent fermer. Chacune
de ces portes est armée de
quatre ou cinq gros cadenats,
dont ces Messieurs
ont les clefs.Ilestvrai qu'il
n'y a aucun danger: mais
cela n'empêche pas que la
te
Capitale de l'Espagne ne
foit toutes les nuits un dépôt
confié à la vigilance de
cinquante ousoixante Car,
des au Tabac.
9.Aoranjuez.Jespere que
ce que j'en vais dire n'ennuyera
personne.
Aranjuezest un lieu que
l'Empereur Charles- Quint
choisitpour la demeure des
Flamansqu'ilavoit amenez
en Espagne. Il y fit bâtir
un Palais fort modique.,
auquel, par des galeries âc
des terrasses de communication
,
il fit attacher un
autre édifice, dont toutes
les chambres, qui font petites
& basses,sontjustement
construites comme
des dortoirs de Moines.
Elles étoient destinées aux
Seigneurs de sa Cour lors
qu'il y alloit. C'est encore
la même chose à present
lorsque les Rois y vont. On
appelle tout ce quartier,
qui eil: fort grand, la Pofàd*
de los Carvalleros.- Tout le terrain d'Aranjuez
est entre le Tage & le
Karama. Il peut avoir environ
trois lieuës de longueur
sur une &demie de
largeur. Il y a dans cet espace
plus de vingt allées
tirées au cordeau, beaucoup
plus longues & plus unies
que celles du Cours de la
Reine, revêtuës chacune
de quatre rangées d'arbres,
tous auni gros & aussi élevez
que les plus hauts & les
plus gros arbres de Fontai.
nebleau.Dans une Isle que
forment ces deux rivieres.
il ya un jardin fort curieux,
qui cil separé du Palais par
un petit pont de bois qui
est sur le Tage. A dix pas
au dessus ( mais à côté de
ce pont) on voit une nappe
d'eau, qui seroit plus belle
sans comparaison que toutes
celles qu'on voit en
France & en Italie, si les
Espagnols, pour profiter
de sa rapidité, ne s'étoient
pas avisez de bâtir un gros
moulin directement au milieu
de cette cascade,qui est
si pleine & si impetueuse,
que le volume d'eau qui
passe fous le moulin suffit
pour faire aller dix-huii
meules. En entrant dans cc jardin, la premiere figure
qu'on voit au milieu d'un
grand bassin de marbre
blanc, est celle d'Hercule
qui tient dans sa main les
pommesd'or du jardin des
Hesperides, & fous ses pieds
le monstrequiendéfendoit
l'encree.
Dans le second est la
figure d'Hercule tirant une
,.
de ses redoutables fleches
sur le Centaure qui lui enleve
Dejanire.
Au tcoisiéme est celle
d'un esclave, qui s'arrache
une épine qui lui étoit entrée
dans le pied au milieu
d'une course qu'il faisoit à
Rome: mais pour ne pas
retarder la joye que la
bonnenouvelle dont il
étoit porteur devoir causer
à la République, il garda
l'épine jusqu'à ce qu'il fût
arrivé. Une Divinité lui met
sur la tête une couronne de
lauriers, dont toutes les
feüilles jettent une assez
grande quantité d'eau. A
l'exception de cette derniere
circonstance, on voit
la même figure à Rome & à Versailles.
Au quatriéme, qu'on ap
pelle le bassin de Don Juan,
on voit la figure d'une belle
Princesse, fille d'un Roy
d'Afrique, qui fut menée
en triomphe à Aranjuez
fous le regne de Philippe
second.
Au cinquiémeest Ganimede,
assis sur,, Jupiter en
aigle, & tenant à sa main
la coupe dans laquelle il
verse l'ambroisie au Maître
-
des Dieux.
Dans le Cxiémebatirn
on
on voit Neptune avec tout
son équipage
,
élevé dans
un char de bronze, sur un
grand piéd'estal de marbre
doré. Le bassin où est
cette figure est orné d'une
balustrade de marbre, sur
laquelle sont enégale distance
six autres figures de
bronzeparfaites, dont deux
representent Cerés sur son
char, traînépar deux lyons,
.& deux Amours à ses pieds;
deuxautres celle de Juivon
anise sur son paon, & les
piedssuruneboule foatè-
.n.uë P4ç;d^iefçlàygëa
cinquiéme est celle de Ju
piter, le foudre à la main
& unpied sur une boule por
tée par quatre esclaves. L,
sixiéme est celle de Neptu
ne,son trident à la main
debout sur sa conque, traî
..née par deux-chevaux ma
rins, guidezpar deuxTri
tons, de mêmequ'il estsu
lepiéd'estal.Cessix prin
ci pales sigures,ausquelle
plusieurs autres font jointes
sonttoutes, en ce quelle
contiennent chacune,d'une piecede bronze. Tou
zoe bassinestun present que
le Duc de Terra Nueva,
ambassadeur à Rome, fit à
Philippe III. Ily a encore
dans ce jardin plus de mille
autres petitesfontaines ou
tuyaux, quelesEspagnols
appellent Burladores, parce
qu'ilsserventà moüiller les
jhjomtn~~ principalement
les femmes, qui se promenentsansy
songer dans les
allées, où îh sont.
Le parc de cette maison
estremplidelapins, ôc de
toutes sortes de bêtes fauves,
Il y a plus de 50. chameaux
, on y nourrit une
gratïaeqûahrke'de"paons :
maiscérquilyâdtpus ftff. re,c'est lamanière dont
deuxpetits marmotifetsap*
privôiferïttouste$jcjiflsunô
centaine de fanglier#r;Èly#
au-milieu du bois une plaçfc
femblablcàc'dles^éu-n^a
paysans barttent lêbtedfàtitt
des coins deïcetter,pla?<èeil
yraeunvpetêit qtuaurte dde<tdemi élevées jusqu'à petriprlsà
la hauteur du menton didnt
perifbnnc.C'eitl'endroitou
Renferment ceux qui font
Wfiéttx dit-vdioviiaina
bêrjçç.',Sitôt qu'on est arrive
Jà;; un. jies petits garçons
qui vous menent monte sur
le haut d'un arbre
,
d'où il
criç^ç.çpm^6saforcç>iïtco,
frico..,. machao. L'autre se
promene forttranquilement
dans le milieu de la
place avec un sac d'avoine
surson dos:aux cris de l'un
tous les sangliers arrivent
à travers les broussailles,
avec leur famille, pour
mangerla munition de
l'autre. Quand ils iont tous.
* Comme s'il crioit à-des d'tttàe>petit,petit.
dans la place, le distributeur
dccevade ouvre son
sac, dont il laisse couler,
chemin faisant, en forme
defillon
, toute la mafchariÀo
dise à terre. Ces animaux en
mangent autant qu'on veut
leur en donner:mais lorsque
leur perè nourricier en voit
de trop goulus,illeurdonne
par le museau de bons coups
de pied, qu'ilsreçoivér avec
tout le respect du monde Ils
ont la complaisance de rester
sur cette place,jusqu'à ce
qu'iln'y ait plus d'avoine,&
des que le sac est vuide,ils
1 prennent tous paisiblement
par différentesroutes le
chemin de chez eux.
Environ à trois quarts de
lieuë de là on voit une piece - d'eau, à peu prés de la forme
& de la grandeur de la
piece des Suisses de Verfailles.
On appelle ce bassin
lamard'Antigola. Il est entouré
de tous les cotez de
fort grands arbres, à l'exception
d'un endroit, où il y aunpetit bâtimentdechar
pente qu'on a élève à l'une
desextremitezdece bciilu\
Derricre ce petit édifice est:
une grandeplace,oùl'on tenoitaurrefois
des taureaux;
pour doner aux Rois,quand
ilsalloient à Aranjuez, le
divertissement d'une façon
de chasse assez particulière.
Cette petite maison de
charpenre , qui est sur le
bord du canal, n'est, à vrai
dire,qu'une façon de chambre
quia deux portes, l'une
du côté de la terre, l'autre
du côté de l'eau. Dés qu'on
a passé celle-ci, on trouve
une espece de plancher de
la largeur de six pieds, en
talud
,
qu'on a foin de favonner
& de graisser pour
l'usage que je vais dire.
Des payians habiles au
jeu dont il est question,
chassent devant eux plusieurs
taureaux, l'un aprés
l'autrey jusqu'à ce quils
soient arrivez dans la place,
où ils les poursuivent encore.
Les taureaux, qui ne
voyent point d'autre azile
que cette chambre, dont
les portes sont ouvertes,
s'y jettentavec impetuosité:
mais sitôt qu'ils ont mis les
pieds sur les planches favannées)
ilsglis-sent de la <,
hauteur d'environ vingtcinq
ou trente pieds dans le
bassin, où ils nagent, jusqu'à
ce que les chiens qu'on leur
lâche, & les coups de fusil
qu'on leur tire, leur ayenc
ôté & les forces & la vie.
Enfin, pour ne pas amuser
davantage less ledreurs
du détail d'une infinitéd'au,
tres bagatelles, j'ose assurer,
aprés tous les honnêtes gens
qui ont voyagé en Espagne
avec beaucou p de reste.
xions &de curiosité
,
qu'Aranjuez
est sans contredit
une des plus belles solitudes
du monde.
Duegna. Ce nom eÍr donne
en Espagne à celles qui
font l'employ des Matrones
Italiennes auprès des jeunes
femmes & des jeunes filles
dont les peres, les freres
& les maris jaloux leur
abandonnent le foin. Elles
épient) gardent, trompent,
suivent, & fonc ordinairement
enrager leurs maîtresses
autant qu'elles peuvent.
Le mot de Duegna
• est une des plus grosses injures
qu'on puisse dire à
celles qui ne le sont pas, ôc
souvent mêmeàcelles qui
le font. Duegna,.enchan
géant; laderniere tercreeï
o, fait Duegno,& devient
alors un des plus jolis moti
,,dont lesamans se servent. Braveles%:Cycik une et
pece de bouclier, que le:
guapos, qui veut dire le:
braves
, portent la nuit, &
souveutmême le jour, 11
sont faits d'un cuir fort
épais, tendu sur une tringle
de fer ployée en forme dovale
Jidont le diametre est
traversé d'une barre de fer
courbéalaquelle barre est
attachéun anneau de là
largeur de la main, pour
le renirpar le milieu lors
qu'on ena besoin. La plupart..
de ces brogeles sont
doubliezd'uneplaquede
fctrJL-fsÈfjbagnols:Les portenenxredeun1jjustaùcorps
&J?ur înanteaa, pour s'en
ie^Mir^iaris1'Qcaaiionvi.p:M
O'jJ2..?3Êfe eflmretf, de_.iones:
Gsi: sont;proprement des
natDea'^teijancsjtravaillées
fcYCCi tout/l'aircimaginable,
EirEte Ici Damessafleycnt
dchefefmuseénptloaurcêôtrteedp'Alufsrfirqauî-e
&!V£fpag^,foacqpki«d
de ces joncs. Il n'y a poin
de si petite maison en Es
pagne qui n'aie ses esterres
Elles ne durent ordinaire.
ment quedeux hyvers. On
commenceàles étendre
dans. les chambresà la
Toussaint,&oncles levéà Pâques.Onen
propret tatre's-ifnies,avec
des desseins, pour ics>faké
servir de mpiÍferiegJen.esié;
&de rienenhyvenNous
n'avonspointen France
l'usage ni la c®mmqdkerda
ces nattes quinecoambuentpaspeuyselon
leï
faisons,àdonner de la chaleur
ou de la fraîcheur partout
où l'on s'en fert.
13. Fête de Taureaux.Il
n'y a presque personne qui
ne croye avoir une idée assez
juste de ces fêtes. Ceux
qui ont lû Gulrnan d'Alfarache,
Don Quichotte, le
Voyage d'Espagne de Madame
Daunoy
,
& vingt autres
Ronians Espagnols,
s'imaginent avoirappris.,
surle témoignage de ces
Ecrivains) ce que c'est veriÇy||
ment qu'un combat
de-*ureaux; mais je pro-
::: !
mersd'en raconter quelque
jour une fête que j'ai vue
& dont le recit fidele fuf
lErae-, pomur déotronmpdereto.u
-> 14. Puerto de las Salinas
Comme qui diroit le pori
de Salines. C'est un petw
endroitàsix lieuës dc¡Ma.
drid
,
qui,du milieude l'Ef
pagne :où'iL est ,fournitdu à!toilte.iaiMatikhc. :&
ta^ix deuxCastilles;parl'a-
? tendance.;dès>rflàaoeïal&s
qu'on enripe.Ildtfitué/ur
: le pencliaryd'imeotorête
-
«nagnifique j.d'oiiiW jiecouvre
couvre un dcs'eaux
praaysaatgeisqcui'iilycaàietécneEaucpéfe-*
Mi uWevàfteplai-| ne,couverte d'arbres de
toutes forces d'especes, de
grains &deraisins que le
Tâgé'>:êâ leKarama arrofent6c
iiirJa droite on voit
à merveille les prez, les
bois,les ^pdihs', les eaux, lé-villas5^'Jce Palais d'A-
«ranjuiez.l:)cîo:*'
1u$;';Sénvifiée-,Cap.itale de grande^
Mîè^riéh'eydbnt les ruës
fOfltJc-croites.&; mal bâties.
Le commerce de la mer,
dont elle est voisine, faitsa
richesse.. Elle est frequemment
exposée aux debordemens
du Guadalquivir,
qui lui cause souvent de
grands dommages.
Je ne sçai pas si on me
fçaura aucun gré de ces
remarques: mais je sçai bien
que j'aicrû ne pouvoir
mieux faire,que,d'orienter,
le lecteur partout, d'une
maniere qui lui apprenne,
en l'amusant, toucçç^.qrôt
peut apprendre des lieux &
des choses dont il lira les
noms dans les nouvelles
que je lui donne.
•< L i; -
l,
-'
Ce que je dis de chaque
mois étant une fuite deremarques5
je croy que c'est
ici la place de cellesque je
vais écriresurl'origine du
mois de Juillet. - »
juilletestle septiéme mois
de l'année Romaine.LaCaaicule
commenceen Juillet,
quand le Soleil entre
dans le signe du Lyon. ; '•*
On ditproverbialement:
En Juillet la faucille au poi*
met.
Cemot vient du Lati
Julius, surnom de Caiu
Cesar Dictateur. Marc-An
toine dans son Consulat or.
donna quece mois,qui s'ap
pelloit auparavant Quintïlis,
portât le nom de jih
.JÙtS., parce que c'étoit ceIu:
de lanaissance de Jules Cesar.
-
rCjCipçtit article de l'étymologie
du mois amene à
propos, sije ne me trompe,
celui des nouvelles qui le
concernent.
I -_ Copie de ce quifut expoJepar
: M. le-Ducde Popoly dans le conjetl de guerretentf au
camp devant BarcelonneAs
3.
Juin1714.
;
Par un courier extraordinaire
arrivé de la Cour en
ce camp le premier de ce
mois,les dépêches du Roy
fontconnoîtrequeSaMajessé
compte non seulement
que ce bombardement
aété poussede toute
la force ordonnée en premier
l cU'i maisencore que
la tranchée que Sa Majest
avoit precedemment or
donné que l'on ouvrît se
roit actuellement avancée
de maniere que Sa Majeste
esperoit que la place seroit
incessamment reduite.
On n'a pas jusqu'a present
pris la resolution d'ouvrir
la tranchée, ni d'attaquer
la place en forme,
parce qu'onajugé qu'on
n'a pas ici assez de troupes,
sur-toutassezd'infanterie.
Comme on sçait que
quelques-uns de Messieurs
les Officiersgénéraux sont
d'opinion qu'on peut tirer
:aÍfez de troupes des detachemens,
&de celles de
M. desValdecanas& de
Thoy , pour faire ce siege,
j'ai jugé à propos de faire
remettre & communiquer
Jetât destroupes qui font
acrueHemcncaucamp, &
celles qui sont en detachement,
afin que chacun de
Messieursles Officiers ge.
neraux donne secretement
par éçrit son avis, sur une
affaire; de si grande importance,
expliquantla maniéré
&l'endroit par où il
saur attaquerlaplace,ga
der les postesnecessaires d
ce c~mp~ÔD veiller emirêïfi
Jfcmpszàla" tctehfeiVatiè<
desplaresdeilaG^akygnd
évltcr le©Jnûilt?cs^qu
dansletemps* du siege
rebeles pa:ys
de faire à cettearmée.
MessieurslesOfficier
Generaux diront aussileur
sentimens s'il>conjyiémîr4
commencer le siege auparavant
que les troupes de
nosdétachemensarrivent
au•camp,& ondemande
leurs opinions par écrit
pour
pour en être mieux éclaircis,
& qu'on puisse sur cette
affaire garder un inviolable
secret : rien n'est plus important.
Aucamp devant ;
Barcelone ce 3. Juin 1714.
Signé, Le Duc de Popoly.
<Copie d'unei lettre écrite au
camp-devant Barcelonne
le 14.Juin 1714.
Quoique mes instances
ayent été inutiles, lorsque
je fus à Madrid pour rassembler
toutes les trou pes,
les places de guerre, pour
se mettre en état de terminer
l'affaire de Barcelonne; ilparoît aujourd'hui que le
resultat d'un grand conseil
,
de guerre est qu'il faut assembler
,
sans perdre de
temps, toutes les troupes
qu'on pourra,quoique tard,
par les raisonsqu'entraîne
avec elle la longueur de
pareilles affaires, & ouvrir
latranchée. Ce Courierpart
pour porter au Roy nos
sentimens par écrit, & pour
supplierSaMajesté d'envoyer
ses ordres à Meilîeuçs
de Thoy & Valdecanas
,
pour qu'ils nous envoyenc
leurs troupes, après avoir
muni les places. Gonzales
a encore battu un corps de
rebeles proche S. Martin;
cent - cinquante hommes
ont été tuez, quarante prisonniers,&
en les poursuivant
nos gens se sont rendus
maîtres du château de
saint Martin;le Gouverneur
avec les principaux ont été
pendus à la porte,
Le bombardement continuë
assez favorablement;
plus de cinqà six mil maifons
sont déja abattuës:
mais je croy qu'il ne se terminera
pas sans que nous
ayons cinq cens hommes de
suez ou bleffiZ) compris l'af
faire des Capucins. Il paroît
que nous sommes assez
de sentiment,pour que l'atraque
se fasse depuisla
porte neuve jusquau bas-
{Íon du Levant. Si elle s'execute
ainG, tous les travaux
faits pour le bombardement
deviennent inutiles,
&l'on conserveraseulement
les Capucins. if,
Ces jours passez M. de
Verbonne a été blessépar
le feu d'une de nos bombes
: mais ce ne fera rien.
Le même jour, M. de
Grandpré, commandant
l'artillerie, après avoirreridu
compte de cet accident
à M. de.Popoli
, reçut lui
& son valet, en passant vis
à vis la tante d'un vivandier
,
quelques grains de
plomb dune arme qui le
lâcha aussi par malheur..
M. de Ribadeo a aussi été
blene d'une pierre à la tranchée,
mais legerement. Le
Comte de Vignolle,Brigadier
, est en danger de
mort de sa blessure, & depuis
ilest mort. Il êtoitCapitaine
aux GardesEspagnoles.
Copie d'une autre lettre écrits
au camp devant Barcelonne
le J4. Juin.
Je vous ai écrit, mosi
cher Monsieur, un peu à
la hâte le lendemain de la
prise des Capucins. M. de
Popoli m'avoir dit qu'il al.
loit faire partir son courier:
mais comme le paysest plus
révolté que jamais, je ne
sçai comment ils feront
pour le faire passer. Les ennemis
se [one emparez de
Villanueva, où nous avions
garnison, laquelle a été
obligée de l'abandonner ;
&nous avons plusieurs pof,
tesaveclefqueJsils nous
ont coupé les communications
sans beaucoup de
peine. Les volontaires ont
enlevé dans le fauxbourg
- de. Mataro trois compagnies
de cavalerie. Nous
avons vu1\ entrer ce matin
ddeeuuxxaâsssseezzggrroossbbââttiimnleennss
dans Barcelonne. Le feu
vient de prendre à une tretitaine
de bombes qu'on
chargeoic à la queuë de la
Tranchée
;
elles ont fauté
avec quelques barils de
poudre. On dit que c'est le
bombardier qui y a mis le
feu en enfonçant la fusee.
Je ne sçai point encore le
dérail de la perteque nous
aura causée cet accident; je
sçai feulement que huit de
nos soldars François, qui
servoient les bombardiers,
ont été tuez, & deux petits
corps de gardes Espagnols
qui écoient dans le voifinage,
ont été fort endommagez.
Voila bien du vilain
que je vous dis tout de suite
,
il faut vous dire le beau.
On fait monter tous les
jours un Maréchal de Camp
à la tranchée, avec six compagnies
de grenadiers &
six cens hommes d'infanterie.
Nous avons fait une
belle parallele à 120. toises
en avant des Capucins, qui
n'est pas à 400. toises de la
place. Meilleurs les- Artilleurs
de marine ont fait
derricre nôtre paralelleune
magnifique batterie à bombes
pour vingt mortiers, à
la gauche & à la droite de
laquelle nous avons deux
bonnes redoutes.. M. de
Grandpré n'a pas voulu
d'autres travailleurs que des
nos François pour faire sa
batterie. Je viens de la visiser
dans le moment ;
les
plattes- formes sont faites,
& l'on ameneactuellement
les mortiers : on fera en
état de tirer demain. La
ville ne peur éviter d'être
mise en poudre; ils le [ça.
vent, & n'en sont pas plus
dociles.
M. Orry me donna il y
a trois jours un gros paquet
pour le faire passer dans
Barcelonne, me disant:
Vous sçavez bien qu'ils ne
veulent rien entendre de
la part de M de Popoli. Je
vous prie de dire à M. de
Guerchy de ma part, que
ce ne sont que des lettres
,
de plusieurs particuliers ôc
gens de consideration qui
sont fortis de Barcelonne,
qui écrivenr à leurs amis;
pour leur faire ouvrir les
yeux sur leur situation, &
leur conseillent de prendre
le bon parti. Nous fîmes
passer le paquet par un de
- nos tambours. Le Jurât prit
le paquet, & le tambour
rapporta réponse à M. de
Guerchy, l'affuranr toujours
que rien ne les obligeroit
à se rendre qu'un
ordre de l'Empereur.
Je vous envoye un érat
present des troupes, en attendant
que l'arrivéede M.
le Duc de Bervick change
la disposition de nôtre armee.
Estat prejent des troupes de
l'armée de Catalogne.
L'infanterie du Roy
compris les detachemens
de Bracamonte ôc Gonzales,
& les autres deux petits,
un du côté de Calaf, ôc
l'autre de Bubernes
, compris
les malades & les blessez,
est de 10010.
Cinq compagnies de
Gardes Valones, 400.
L'infanterie de France,
compris le detachement
de Bracamonte
,
lespoftci
de S. Hierôme, de Mongat
& autres ,
est de 6000.
M. le Marquis de Valdecanas,
comprises les garnisons
de Tortose& Tarragone,
avoit au mois de Janvier
environ 5000.
M. le Marquisde Thoy,
comprises les garnirons de
Lerida., Balaguer, Ager,
Berga, Castel-Ciudad ôc
Cervera, avoit au mois d'Avril
environ 1000.
A Martoreil un bataillon
d'environ 100.
A Mataro deux bataillons,
qui sontd'environ600.
A Ostalrich un bataillon
, & un detachement de
deux bataillons de Mataro,
., 550.
A Vich, avec M. de Bracamonte,
outre les detachemens
de l'armée, deux
bataillons, qui font environ
700.
Total de l'infanterie, 24360.
i Cavalerie. »*1erie.
La cavalerie montée qui
1cil prelentement dans ce
camp , compris les deta,.
chemens de Bracamonte &
Gonzales, est de3141.
Celle qui est aux ordres
de M. de Valdecanas est
d'environ • 1100.
-' Celle qui est avec M. le
Marquis de Thoy est environ
de 700.
1 A Martoreil quatre efcadrons,
qui seront environ
de.350.
A Mataro deux escadrons,
quifont environ 160.
A Vich, outre les derachemens
de l'armée, cavalerie
demontée presente
aucamp,cy 207.
Le
Le regiment de Luquely
démonté fait cent hom-
[nés)CY .., 100%
Total de la cavalerie^5859.
Dragons.
Dragons montez au
camp, compris les detachemens
de Bracamontc-
& Gonzales
,
& les,esca-T
drons qui sont dehors, t66jï
Dragons remontez aacamp
font
tous 898.
M le Marquis de Valde-:
canas doit avoir àpied de
a cheval environ ,300.
1-< Total des dragonsy 3865.,
Les poftcs qu'il faut gar-'
der au camp font le sorts
du Llobregat, avec un magafin
de poudres.
Lamaison deNavarro,
Nacre Dame del Puerto, la.
Bergerie,& fcs retranche-,
mens,, fonc les magasins de,
poudres du parcde ladroite;
Les villages de Sartia ôc
Pedralras
3
ou font les de-.
pôrs des vivres., & un grand
magafin/de. poudres les
deux Hôpitaux de l'Hospitalet
& de Garcia; le parc
de l'artillerie de la gauche,
le fort du Befos, outre les
gardes de la ligne de contrevallation,
celles des Ge.
néraux, celles des drapeaux
& des piquets, sans compter
les travailleurs & les
detachemens qu'on fait
journellement pour lescon-
VOIS.
On ne commet point de
petites fautes avec le public
;- il ne s'embarasse ni
des obstacles
,
ni des rai.;
fons qui soppofent fouvenc
à l'exaaitude qu'il demande.
Les bonnes choses lui
plaisent toûjours, &les repétitions
l'ennuient. La piecede
poëlle que jai donnée
le mois paflfé,quelque
bonne qu'elle [oit)m'a prêt
que fait une querelle avec,
plusieurshonnêtes gens,
qui lisent le Mercure. Elle
avoit paru dans celui de
Mars. J'ai eu beau protester
que je n'en [çavois rien :!
Pourquoy, diicnt ils, ne le
* fçaviez-vous pas? Je vais
répondre en deux mots à
, cette objection. Je reçois
-
toutes les pièces qu'on me
donne,sur la bonne foy
des gens quime les apportene)
& je croy ,
lors qu'on
me les garantitneuves, que,
je ne fçaurois-medlfpçofer
de les donner pourtelles.
D'ailleursil y-sfïi peu -de
tems que.je fuis dans ce
pays ci, & j'ai lû si peu de
Mercures, que tout ce que
je lis àpresent me paroît
pprreessqquuee nnoouuvveeaauu, & [ou- , souvent
même étrange..
Voila mon apologie;ceux que qui ijnapporteflt de
vieilles pieces fassent la
leur. J'en ferai imprimer
autant qu'on men enverra,
pourveu quelles soient a.
peu près tournées dans leur
espece
,
sur le modèle de
celle qu'on va lire.
APOLOGIE D. P. D. C.
par /ui-m?rtle.
Qui Se des vers, des vers
encor fera;
C'est le moulin qui moulut&
moudra.
Contre l'étoile il n'est dé-
pit qui tienne,
Et je me cabre en vain contre
la mienne;
Malgré mes soins, ma Muse
prend l'essor
J'ai fait des , vers, & j'en
refais encor.
Que deleçons,&mêmeà
juste titre,
Ai-jeessuyé pourtant sur
cechapitre !
Aigres censeurs me l'ont
tant reproché,
Tant vrais amis m'ont sur
cela prêche:
Héquoy toûjours des vers?
êtes-vous sage?
Ah renoncez à ce vain badinage,
Occupez-vous, grave &
solide auteur,
D'un plus utile, & plus noble
labeur,
Et pour charmer nos coeurs
& nos oreilles,
Tournez ailleurs vos talens
& vos veilles.
Combien de fois, touché
derepentir,
Me suis- je vu prêt à me
convertir,
Honteux,' confus de mes
rimes passées,
Rimes
(Urïtep,cent fois par mes pkurs cffacecs?
J'avois jurecent fois d'un
coeur contr,
De ne tracer vers, ni grand ;, ni petit: Juré
:
àcent,fois, je l'avouë ma honte,
J'eus beau, jurer,Apol-
Ion nen tint conu
Fe.
Tyrancruel?il rit de nos
sermens,
Comme l'amour rit de
lemceeturxodveys ,aaimpeannitsen.t Je me trouvai penitent
infidèle,
En vray relais , embarque
de plus bel-
- le,
D'un nouveau feu je me
sentis bruler,
- -. Et malgré moy je vois
des vers couler.
Dans cet état de contrainte
cruelle,
- Plaignez-moy - vous dont
j'honore le zele,
Sages amis oJ , , j'écoute vos
leçons:
Mais j'en reviens toujours
à mes chan.
sons.
Pour vous, Censeurs, qui
de mes foibles rimes
Osez par tout me faire
autant de cri-
- mes
Exorcisez le démon qui
m'obsède
Ou , par pitié souffrez que
je lui cede.
Mais quoy rimer ainsi que
je l'ay fait,
Est-ce après tout un si
grave forfait ?
Vous écrivez ce qu'il
vous plaît en pro- se prof.,)
N'osay
- je en vers faire
la mêmechose?
Un sentiment par lui-meme
estimé
Est-il mauvais quand il
devient riméJ
Et dans des vers, d'ailleurs
- pleins d'innocence
L'ordre, le tour met -il
quelque indecence?
Censeurs malins) & peutêtre
jaloux,
Sidans mes vers j'offense
autre que vous,
Si la vertu, si l'austere
sagesse
- 1 » Y rrouve rien qui Ierfleureoulablesse,
Si froid auteur j'ennuie
enmesécrits
Condamnez-moy
,
j'ai tort,
& j'y souscris
:
Mais qu^rtd suivant uRç
injuste maxime,
Precisément sur ce point
- que je rime
Vous prétendrez me faire
mon procez,
Vous le ferez sans fruit &-
,
sans succez.
Or, rimez donc, dit cet
ami fidele:
Mais quel auteur prenezvous
pour modèle?
C'est une honte, y penfezvous,
Marot ?
Homme verreux & digne
du garrot,
Et dont jadis la Muse
évaporée
A grande peine échappa
la bourée : Défaites-vous de ce stile
badin,
Et laissant là Marot avec
dédain,
Dà'unlv'Ooldlegeer,elevezvous ; Pièce si noble & sifort à
,
la mode,
: Et dont le. chant h,ardi,
mélodieux, ,,', CharmelesRois,& Charme: les,Rois, &
touche jusqu'aux
Dieux.
Quiparle ainsicertes ne
connoît gueres
De l'Helicon lés loix &
les
mystees
; Esclaves nez du Dieu ca- ,.pricieux,
Dont le pouvoir règle
tout en ces lieux,.
Nous n'avons pas de
choixdans son Empire
, * Et nous chantons selon
qu'il nousinspire,'
Sans consultersur cela
nosfouhaitsy
Ce Dieu dispense à-
son
gré des bienfaits,
Donne à chacun en1le
faisant Poète
A l'un la lyre,àl'autrela
trcJmpette,1
A celuy-cichauffelebfbi
dequin,
Elevel'autre au Cothurne
f
diviny
Accorde à tel la force &
l'énergie,
Reduit tel autre à la tendre
etegie;
Dans lasatyre il rend l'unsans
égal,
Et borne l'autre au imple

Madrigal.
DDeetotouuss cc'eess' dons ',MMaarroott
n'eut en partage
Qu'un élégant & naïf ba-
¡ dinage,
Et si j'en aiquelque chose
hérité
Cest , un vernis de sa naïveté.
Sans m'égarer dansdes
routes sublimes,
De ce vernis je colore mes
rimes,
Et de ce simple & naïf
coloris
Mes-petits vers ont tire
tout leur prix.
Par ce recours,emprunte
si ma Mufe
Ne charme pas, pour le
moins elle amufe
»
Et per le
vray
qu'elle
joint au plaisant,
Quelquefois même instruit
en amusant.
e m'en tiens là sans toucher
à la lyre,
Qu'au Dieu des vers il
plut de m'interdire.
Pour ses cheris il reserve
ce don.
Laissons c hanter sur ce
sublimeton
Rousseau, la Mothe, &
tel autre génie
Qui de la lyre a conçu
l'harmonie,
Et n'allons pas, Poëtes
croassans,
De leurs concerts troubler
les doux accens.
De nos François, je ne
sçaurois m'en taire,
C'est la folie & l'écuëil
ordinaire;
Sriédanus unn gienere un auteur
D'imitateurs un nuage grossît.
Vous les voyez bienrôt,
quoy qu'il en coûre,
En vrais moutons suivre
la même route,
intrer en lice, & courant
au hazard
,
Le disputer presque aux
maîtres de l'art.
Depuis le. temps la Mothe
* que ta plume
Sçut nous donner d'Ol
des un beau volume,
Combien d'auteurs qupietans
sur tes
droits, - Au ton de l'Ode ont ajuste
leur voix?
Plus d'autres vers , tout
chez eux devient
Odes,
Et déformais comme autant
de pagodes,
A ce seul point fixez également,
Ils nont plus tousqu'-
un meAme mouvement.
Je ris de voir leurs Muses
pulmoniques,
Impudemment pour Odes
pindariques
, Nous fredonner sur des
tons presque usez
Des Madrigaux en tfrophes
divisez.
Que dans son volle Poëce
-;Ss'éegagrea,re, Tout est permis en invo..t
quant Pindare,
De ce démon tout paroîc
possedé,
Et le Parnasse est d'Odes
inondé.
Irois-je encor me perdant
dans la nuë
De ces Meilleurs augmenter
la cohuë?
Non, j'aime mieux avec
moins de fracas
Me contenter d'un étage
plus bas.
Quant: à Maroc, il me
plaît, je ravÓuë, j
Pour bon Poëte en tout
v lieux on leloue,
Je le voudrois encorfromme,
de' bien,
Et me déplaît qu'ilfût un
peu vaurien,
Vous,l'imitez, telqu'il est.
je limitey',
Dans.son.stile, oui,mais
non dans sa conduite
Et n'a-t-il pas ce Lstile
quoyque yieuXj
Je ne sçai quoyde fin,de
gracieux?
Depuis longtemps Marot
plaît,
plait, on le goutc,
Si je fais mal en marchant
sur saroute,
se fuis helas ! par un pareil
endroit
Bien plus coupable encor
que l'on ne croit.
Tant que je puis, avec la
même audace
rose imiter Virgile, Homere,
Horace,
Grecs & Romains,auteurs
qui dans leurs temps
Vecûrent tous Payens &
mecrcans.
Si je le fais sans en être
blâmable,
Pourquoy me rend-il plus
coupable?
Un Heretique est» il pis
qu'un Payen?
Marot du moins, Maroc
éroit Chrétien.
Qu'on le condamne & que
l'on se recrie
Et sur l'erreur & sur rido.
latrie,
J'en fais de même, Se ma
foy. ni mes moeurs
Ne prendront rien jamais
de tels auteurs:
Mais pourcet art, cette
noble sinesse
Prisée- en France, à Rome
&dans la Grece ,
Puissaijehelas, ! puissài-je
': ren mes écrits
Suivre deloin ces merveil- leuxesprits,
Et recueillant des beautez
chez eux nées,
• Mais dans leurs vers trop
souventprofanées,
Sur des meilleurs & plus
dignes sujets
D'un pinceau chaste en répandre
les traits.
Tel au printemps qu'on
,
voit la fage abeille,
En voltigeant sur la rose
vermeille,
Laisser l'épine, & du suc,
de la fleur
Tirer pour nous un miel
plein de douceur. ',-
Sur ces leçons que l'abeille
lui donne
A petit bruit ma Muse se
\) façonne,
Et d'un auteur dontelle
prend le ton,- N'imire rien quece qu'il
ade bon.
Qu'il soit méchant/celerar,
hypocrite
De ses talens sans risque
l'on profite,
Et n'y pûc-onreüssir qu'à
demi,
Toûjours autant de pris sur
l'ennemi.
Désormais donc sur Marot qu'on (e taise,
Je n'en prends point de
teinture mauvaise,
Qu'on me laisse avec foin
éIlcremer,
Et que sans trouble on me
laisse rimer;
J'y suis fort sobre, & quoique
l'on en dise
y Je n'en fais pas métier &
marchandée.
A ces petits) mais doux
amusemens,
Ce que j'ai mis quelquefois
demomens, Qu'on les rassemble en heures&
journées,
- Ne fera pas six mois dans
uneannee.
C" peu de remps n'est point
un
-
temps perdu,
L'esprir ne peur toujours
être tendu,
L'un se repose, un autre se
promene,
Fais-je pis qu'eux en exerçantmaveine?
rj
Las d'un travail plus noble
& pluschrétien, Je fais des vers quand d'autrès
ne font rien.
Changeant de grain la terre
le repose,
En travaillant je fais la même
choie.
Ce changement de travail
& d'employ
Fut de tout temps un vrai
repos pour moy.
Personne enfin n'est parfait
dans la vie,
J'aime à rimer quand il
m'en prend envie.
De maints défauts dont je
suis luriné
Pour , mon malheur c'est le
plus obUine,
Défaut pourtant,qui quoyque
l'onen gronde,
Ne déplaît pas pourtant à
tout le monde.
Je me fuis vü par tels rers
dénigré,
Dont en bon lieu l'on m'a
fçû quelque gré.
Si j'ose même ici pour ma
défense
Sur ce point-là dire ce que
je pense
Tel me censure & me
damne bien haut
Qui dans son coeur m'absout
de ce défaut.
Les
Les chaleurs excessives qu'il
a faites les deux premiereS' semairiesde
ce mois,m'bnrdé*'
terminé à préférer à plusieurs
MémoiresLittéraires qu'onm'a
donné, un Examen des
Eaux de Bourbon. J'ay crû
quequ'onpetit tirer
de leurs vertus, malgré la-i
connoissance & lexperience
qu'on en a déja, meritoit
qu'on fit le détail de leurs proprierez,
avant que la faifott*
où les bains font d'un usage
plus salutaire, fut plus avancée..
L'examen qu'onen va
lire est un ouvrage du sçavant
Monficur Burlet, de la Facul.
té de Paris, & premier Medecindu
Roy d'Espagne.
.'! i- Examen desEaux de Bourbonj
;, par MonjteurBurlct.
, LesEauxchaudes deBaurbon
n'estoient autrefois; en
ufogfi que pour baigner: peu
de personnes osoient en boire.
C'eû pour cela qu'on appelle
q-pcorc aujourd'huy Bourbon t/tfrrhambauhjBourbonlesBains
Ces Eaux avant Messieurs
«**Dc*lotme & Aubri, Medecins;
celebres de Moulins
n'estoient point dans cette
réputation où elles sontaujourd'huy.
Ce sont euxqui
en ont étendu, appuque
l'usageà un grand nombre de
maladies intérieures, & qui
ont appris à n'en pas redouter
l'abondante boisson.
Il y a trois puits à Bourbon
contigus, & placez sur la me*
me ligne,qui communiquent
les uns aux autres pardes
ouvertures, & unemême
source fournit également
l'eau à ces trois puits. Elle est
presque toûjours à la même
hauteur de sept pieds ou en*.
viron, & elle ne décroit pas
rume. dans les chaleurs & les
sécheresseslesplus, grandes.
L'eaudeces puitsbout dune
manieresensible,&elleexhale
une fuméeassez abondante.
Onremarque que la surface
decetteeauquand "cllq
n'estpointagitée paroistun
peu terne, & qu'il s'y forme
commeunepelliculegrasse&
onctueuse, si mince néanmoins
& si superficielle, que
quelques efforts qu'on fasse,
& quelque soin qu'on prenne,
on ne peut lareccuillir.
L'Eau de Bourbon en: çres-
»i
claire & tres limpide dans le
verre sans presque aucune
odeur, d'une chaleur vive,
mais qui n'a rien d'acre ni de
brûlant : d'une faveur qui tire
sur le falin lixiviel, bien
plus foible & bien moins sensible
que dans l'eau de Vichi.
Ayant plongélemême
Thcrmometre dont je me
fuis servi à Vichi dans le Puits
du milieu
,
la liqueur a monté
à prés de cinquante-quatre
lignes; de maniere que l'eau
de Bourbon à deux degrez de
chaleur sur l'eau la plus chaude
de VicbL
Cette chaleur des eaux de
Bourbon se conserve tres-longtemps,
& une eau commune
chauffée au mêmedegré,
& la plus boüillante même e si:
refroidie, quand celle cy est
encore plus que tiede.
Tout le monde sçait que
ces eaux tirées de leur source
& remisesincessamment sur
le feu ne boüillent pas plus
promptement que l'eau commune
la plus froide. Onsçait
encore que dans ces eaux,
quoique très chaudesles plances
ne s'y flétrissent point.
Pour découvrir le principe
,
minerai des eaux de Bourbon,
je me fuis fcrvi des mêmes
essais, & ay presque fait les
mêmes expériences quej'ay
faites sur les eaux de Vichi.
Voilà1la différence que j'ay trouve.
Ayant meslé de l'eau dans
des bains avec la dissolution
du sel de Nitre filtrée, il ne
s'y est fait ni lait virginal ni
caillé, ni précipitation, l'eau
est demeurée claire.
Ayant ajouté à ce mélange
quelques goûtes d'esprit de Vitriol
,il s'y en fair d'abord un
lait virginal, qui s'est précipité
enfuitc, en une cfpcccde
caillé blanc. La même chofc
est arrivée en faisant cette experience
sur les eaux de Vichi.
La dissolution de couperose
qui avoit la couleur d'un
vcrd naissant, meslée avec
l'eau des bains, l'a jaunie d'abord
y
puis y a fait un caillé
par floccons, lesquels se précipitant
peu à peu ont pris
une couleur rougeâtre. Le
même changement cft arrivé,
mais bien plus promptement
& plus fenfibleraent dans les
eaux de Viclit.
L'eau deBourbon, non plus
que celle de Vichin'a point
changé la couleur de sa rolution
du Tournefol.
L'eau de Bourbon menée
avec le vinaigre distillé,l'aigre
de souffre & les autres acides,
bouillonne & fomente, mais
plus obfcurcment que l'eau
de Vichi,
Le papier bleu rougi par
l'esprit de Vitriol, a repris
aussi sa couleur dans l'eau de
Bourbon.
La poudre de Noix de Galles
qui donne une couleur de
vin pailler à leau de Vichi n'a
point ou peu changé l'eau de
Bourbon,
L'eau de litchi verdit le
sirop violat, celle de Bouts
bon ne lui donnequ'une couleur
de gris de lin.
Cette mêmeeaumeslée avec
l'infusion de rosesrouges
sans acides ne la point changée,
mais l'ayanc meslée avec
la teinture de roses rougies par
l'esprit de Vitriol,elle l'a
rendued'un beau violet amarante.
Par tous ces premiers essais
la raison fait d'abord concevoir,
que le mineral qui domine
dans les eaux de Bourbon
ca aussi un sel alkali, qui
ne paroist gucres dirent du
sel alkali des eaux de Vichi.
Pour s'en affurcr davantage,
,& demesser les autres principes
de ces eaux, j'en ay fait faire
l'analise de la maniéré suivan.
te.
J'ay fait mettre douze liv.
d'eau de bains dans une ferrine
pourla faire évaporer lentement
sur le feu. Dés qu'ellc
a commencé à chauffer, elle
a donné une odeur de mout
de vin cuit; & à mesure qu'elle
s'est évaporée, l'eau s'est rendue
de plus en plus salée au goût. Il est relié aux bords
de la terrine une refidencq
blancbâcre, inlipide) & qu1
croquoit fous la dcnr.
L'eau conlumée & reduird
à huic ou neuf onces, je l'ay
fait filtrer, il s'en ca réparé 6^
attaché au papier gris une matierc
épaisse, grasse & comme
muctlagineufc, qui après la,
filtrationfinie pesoit une?
dragmc, & quinze grains
pour le moins.
La liqueur filtrée remisesur
le feu s'cil encore évaporée,
& quand elle a commencée à
faire une pellicule) je l'ay fait
porter à la cave:il s'est formé
quelques cristaux fort brilans,
tres..minces & qui paroislenttaillez
à facettes. Ce que
j'en ay pu ramasser quand ils
ont cfté dessechez, ne pesoit
que cinq ou six grains: leur
faveur estoit fort douceatrc,
&d'un vray goûclixiviet.
Enfin l'evaporation faite
jusqu'à siccité
,
il est resté au
fond de la terrine trois gros
& plus de deux scrupules de
residence saline.
J'ayexamine ensuite toutes
ces portions dont la somme
monte à cinqdragmes ou
environ:sçavoir
, une dragme
& quinze grains de matiere
mucilagineu se adhérente au
papier gris, cinq ou six grains
de cristau
,
trois dragmes, &
deux scru pules de residence,
& dix ou douze grains de
substance blanchâtre ratissée
sur les, parois de la terrine à
mesure que l'eau décroissoir.
Mr Duclos, par son examen
a trouve que ces eaux
transportées avoient cinquante
- neuf grains de residence
par pinte.
Mr Geoffroy, qui les aexaminées
sur les lieux en a trouvésoixante-
trois, ôcpar nôtre
calcul nous trouvons la
même chose à fort peu de
différence prés.
Par l'examen de ces portions
sé parées, il m'a paru
que cette substance blanchâtre
adherente & qui craque;
fous la dent, n'etf qu'une pu-f
re terre alKaline, car elle fermente
un peu avec les acides.
Que la matière mucilagineuse
attachée au papier gris,
est encore cette mêmeTerre,
mais meslée de matiere sulphureuse
& de quelque legere portion,
de fer.
La substance fulphurcufe
dans cette portion se mani
feste d'nne manièresensible
en engraissant le pa pier, &y
laissant une impression d'huile,
d'ailleurs jettée sur lescharbons
ardens, elle y rougit
d'abord,noircit ensuite en
cjetteanttquielcquess p.etites étwu ¡ Avec le coûteau émanté
j'ay enlevé quelques particules
de fer de la tetre noire qui
est restée aprèsl'avoir calcinée.
Les trois gros & deux scrupulesde
residence salines contenoient
un sel lixiviel,meslé
lé de quelque portion de
terre;& ce sel par tous les esfais
n'a pas paru différent du
sel des eaux de Vichi,tiré
aussi par évaporation. Il l'a
fermente violemmentavec les
acides de toutes especes.
Par cette analise on trouveroic
prcfque les mêmes principes
dans Les eaux de Bourbon
que dans celles de Vichi;
-mais dans des propositions. différentes*.
Mr Saignette, prétend qu'apres
avoir examiné avec une
grande attention la residence
saline des eaux de Bourbon,
& après avoir demeslé les différens
sels qui la composent, il
a trouvé, sans pouvoir en
douter,-presque portion égale
de sel marin& de sel alkali ;
que ces deux fcls luy ont
paru fort distincts & par leur
figure & par les épreuves qu'il
en a faites.
- Qu'ayant mis quatorze liv*
des eaux de Bourbon évaporer
il avoit eu après une suffisante
évaporation par la cristallisation
à froid, des cristaux
pentagones & hexagones
longs, de la figure & du goût
du sel sucrin, ou sel calcarius
décrit dans Mr Lister, faisant
le maroquin entre les dents,
d'une tegerc stipticité, douceatte,
& qui Ce bourfouffloient
au feu comme l'alun,
sans avoir d'acidité apparente,
non plus que de saveur alkaline.
Qu'ayant ensuite fait évaporer
la liqueur davantage,
il avoit eu descristaux de sel
alkalidistinct,& du sel falin
ou marin grumelé, qui se trou-
-
voient tels sans équivoque.
<
Je n'ay pû vérifier cette experience
dans toutes ces circonstances
marquées; & dans
les trois dragmes & deux
scrupules de residence saline
qui m'est restées je n'ay pû,
démesler par les essais & reconnoistre
qu'un sel alkali,
comme je viens de le dire,
dont le mélange avec toute
forted'acides excite de violentes
fermentations.
,,
Mr Geoffroi, dans le mémoire
qu'il m'acommuniqué,
assure qu'après beaucoup de
recherches,&après l'examen
le plus exact du sel contenu
dans la re sidence de ces eaux;
il avoit reconnu un peu de
fcl marin meslé avec le sel afc
kalimineral deeaux
-
, Il me relle encore quatre
ou cinqoncesde residence que
j'ay cû la précaution d'apporter;
je l'examinerai avec Mr
Geoffroi, quand il lui plaira,
afin de déterminer, s'il est possible,
fous quelle quantité &
fous quelle proportion ce sel
se trouve meslé dans les eaux
de Bourbon. Car qu'il y soit
presque en partie égale avec
l'alkali mineral; il y a beaucoup
lieu d'en doutèr, quoi
quendise Mr Saignette, & les
Medecins des lieux qui ont
souvent fait l'anali se de leurs
, eaux, le nientfort positive-
"lent.
Un Auteur moderne, qui
depuis quelquesannées fous
le nom de Pascal, a donné un
Traitédes Eaux de Bourbon., rejette
la pluspart des anahfes
de ces eaux faites par le secours
du feu. Il prétend que
si l'on fait évaporer ces caux
au Soleil, le sel tiré par cette
evaporation lente & douce,
est fort differenr de celui tiré
par le moyen du feu; qu'il
touche les acides, sans les exciter
à aucune fermentation
sensible; qu'il ne précipite aucune
dissolution faite par un
menstrueacide, & en un mot
qu'il n'cft point alkali. Il avance
que le sel des eaux de
Bourbonale caractered'un
sel Androgin,& qu'il est composé
d'unacide volatil & d'ul)
alkali sixe, dont l'alliage qui
n'est pas à l'épreuve du ftut
à cause qu'il est trop acre, &
trop penetrant, resiste à la
chaleur du Soleilqui évapore
ces eaux d'une maniere lente
de douce, & fait ou que ce
sel demeure dans son entier
ou qu'une partie de son volatil
s'y conserve
, & que ce
qu'ily a de fixe en demeurant
empreint, il n'est capable
d'aucuns de ces effets qui
conviennent aux fels lixivieux
que le feu a rendus ouverts,
vuides & permeables aux
acides.
Il ajoûte qquu'»i'ill y a dans les
eaux de Bourbon un autre
principe actifintimement répandu
,un souffrevif, mobile,
animé, quin'est sensible
que par la chaleur,que par subtilité
& sa dissipation prompte
échappe à toutes les recherchesanalitiques
de la Chimie,
qui pour la pluspart sont très*
infideles, & qui par consequent
ne peuvent nous rien
donner
donner que de fausses ou tresimparfaites
connoissances des
principes des mixtes.C'eû
donc selon luy un sel vitreux,
purifié rempli des parties volatiles,
qui eû le sel naturel
des eaux de Bourbon& non
ce sel alkali fixe qui nous
reste aprés l'évaporation, &
fqeuui.n'est tel que par l'aéèion du
Cet Auteur soûtient son
hypothcfe par beaucoup de
preuves & d'experiences bien
raisonnées.
Il seroit inutile de s'étendre
davantage sur la discussion &
la recherche des principes mineraux
des eaux de Bourbon.
Dans ces matières il est des
bornesqu'on ne peut gueres outre-passer. <
Il me reste àdire quelque
chose des vertus medecinales
deces eaux; maiselles font si
universellement reconnues,&
-orken a cléiaécrit.ique
jeme contenteray de rapporter
quelques observations que
@ j'ay eu lieu de faire, qui peuvent
estrede quelque utilité
dans la pratique deces eaux.
Comme elles sont fort peu
purgatives &qu'il estd'usage
de les aider, où par le me'
lange des eaux deVichi, qui
le sont beaucoup plus, ou par
l'addition de quelques fels
comme le sel vegetal, la crême
de Tartre, le sel Polychreste
de la Rochelle, &c.
j'aytrouvé que l'Arcanum duplicatum
de Mynsiche, qu'il
nomme autrement Sal è duobus,
Stl sapientioe
,
leur donnoit
une efficacité bien superieure
à celle de tous ces autres
sels,& que les per sonnes
qui n'estoient point purgées
avec le secours de ces fels ordinaires
,
l'estoient beaucoup
par l'addition de ccluy
- cy.
On ne le connoissoit point dia
toutàVichi,& à Bourbon&
aucun des Medecins n'en avoit
fait usage. On sçait que
ce sel cA: tiré de lateste morte
de la distillation de l'eau
forte
,
& que c'est par consequent
un sellixiviel bien alkasisé,
quiresultedela partie fixe
du nitre & du vitriol. Il y a
une legere stipticité meslée de
quelque amertume, qui le rend
sottsubtil & fort,pénétrant.
Illefond tres-aisement, il sallle
avec le sel naturel de ces
eaux, dont il augmenre de
beaucoup la vertu purgative
sans qu'elles en agissent moins
pour cela par les voyes des uunes,
& celles de la transpiration.
J'en aivû de merveilleux
effets, & je ne doure
point que dans la suite ce sel
ne devienne à Vichi & à Bourbon
d'un usage tres familier.
La dose est d'ordinaire d'un
gros & demi, à deux gros dans
les deux premiers verres de
boisson, deux jours l'un, ou
même tous les jours quand les
eaux sont lentes ou qu'elles ne
ptirgfnt point, comme il ar..
tive tres- souvent.
J'ay remarqué qu'on vomie
aisément ces eaux quand on
en boit, sur tout les premiers
jours, & qu'on en presse la
boisson.
L'eau de Bourbon prise en
lavement, adoucit beaucoup
elle resserre même, & on s'en
sert dans les diflfenteries, aussi
bien que dans les coliques. On
la donne chaude comme elle
fort des Puits, sans que les
Malades se plaignent de sa
trop grande chaleur. On ne
pourroit recevoir ny retenir
une eau commune chauffée au
mêmedegré.
Quand il faut fondre, redonner
auxliqueurs leur première
fluidité, ranimer dans le
fang & dans les visceres les levains
quis'y trouvent déprimer
& languissans; c'est pour
lors qu'elles agissent presqueà
coup sûr: mais si elles trouvent
des humeurs trop mobiles,
& des sermens agitez,
elles causent le plus souvent
du desordre, & on en obligé
d'en fairecesser l'usage. Elles
font cependant bien moins
vives, & ont quelque chose
de plus doux & de plus balsamique
que celles de Vichy,
Le merite de ces eaux, comme
de tous les autres remedes,
dépend beaucoup de la juficI:
se de leur application.
,
Il est bien important que
les malades qui ont bu & pris
les Bains de Bourbon, évitent
pendant quelque temps avec
toutes fortes de précautions
les injures de l'air, & sur tout
les vents du Nord, les pluyes,
les brouillards;parce que leurs
corps par l'action de ces eaux
animées, se trouvans tout ouverts
& comme percez à jour,
sû m'est permis de me servir
de cette expression, la xnoiadre
imprcffion du froid les
resserre, il se fait des reflux de
la matière transpirable, d'où
naissent de grandes & subites
maladies. C'est pour cette raison
que la saison printanniere
qui devance l'Eté ,est preferable
à celle de l'Automne,que
l'Hyver suit de si prés, & les
Malades n'ont pas les mêmes
accidens à craindre au retour
de ces eaux. Tous les Praticiens
qui ont manié les eaux,
n'ont pas manqué de fairecette
observation ; & elle m'a
bien esté confirmée par ce
qui arriva & que je ne pus
empêcherà l'illustre Malade
quej'avois l'honneur d'accompagner.
En revenant de Bourbon
il ne ressentit que trcs..,
legerement l'impressiond'un
broüillardpouravoir eu fort
peudetemps une des glaces
de son carosse baissée;&dans
le moment il eut une fluxion
considerable sur, le visage,
& la langue, qui ne cessa qua
mesure qu'on le réchauffa,
& que la transpiration interceptée
fcut rétabbJl"ie.
;
L'Articledes Morts peut
bien trouver sa place à la fuite
de l'examen des eaux de Bourbon
, puisque quelques sçavantes
Dissertations que les
plus sçavantsMedecins fafsent
sur les specifiquesles plus
souverains,toutl'Art d'Escu-
- lape est foible contre la necessité
de mourir.
Mrle Marquis de la Charce
est mort le 6. May à Nions
en Dauphiné,touché des plus
vifs sentimens de picté & de
religion. Il avoit esté élevé
dans l'heresie de Calvin; sa
conversion à la Religion Ca..
tholique avoit attiré celle de
sa Famille,& d'une partie de
son canton, & sa mort vient
d'estre pour eux un merveilkux
exemple d'édification.
Mrle Marquis de la Charce
estoit ce qu'on pouvoitappeller
uncaractereaccompli,
& pour l'esprit, & pour les
sentimens; personne n"jgno-i
roit les raresqualitez de son
coeur: ce (iul endroit meriteroit
un éloge particulier,si
tout ce que j'en pourrois dire
n'cfkic public, & fort audessous
de tout ce qu'il meritoit.
Il avoitcommencéàservirdéssaplus
tendre enfance,
& avoit donné des marques
de son zele pour le servicedu
Roy dans les occasions les
plus remarquables. Né pour
, les plusgrandes choses, si la
fortune luy eust esté un peu
plus favorable, tous les Emplois
luy paroissoient égaux
lorsqu'il s'agissoit du fervicc.
Le seul nom de la Charce fait
l'éloge de tous ceux qui le
portent:ils ont tous esté distingucz
par un merite particulier
& par un cfprit superieur.
Mre Pierre de laTour
son pere, Marquis de la Charce,
fut fait Lieutenant general
des Armées du Royà l'age de
vingt-huit ans; cette dilHnc.
tion particulière marque assez
son merite: il seroit parvenu
aux plus hautes dignitez si de
grandes blessures & ses incommodiccz
ne l'eussent mis
hors d'état de continuer le fervice.
Il avoit épousé Dame
Catherine de la Tour sa cousine
germaine;c'est cette Dame
qui parut à laCour, il y a
quelques années, quoy que
dans un agefort avancé: elle
y fit paroître autant d'esprit
que de politesse ; son merite
fut reconnu du Roy même,
qui l'honora de mille marques
>d'eftime&dedittin£tion.L'illustre
Mcde la Charce,qui a
..- tant fait d'honneur à son (exe,
&dont il en inutile derepeter
les éloges, estoit sa fille, &
soeurs du deffunt : il en reste
encore deuxsoeurs, Me la
Marquise de Bar,mariée en
Languedoc, où elle est en
grandeconsideration; & Mlle
Dalerac, dont l'esprit & le
merire font également cono
nus Les ouvrages de Poësie
1 qu'elle a laissé échaper au Public
ont toûjours paru des
Chefs-d'oeuvre par la délicatesse
des pensées & letour
ingénieux des expressions.
Mrs de laCharce font une
branche cadette de la Maison
de la Tour. Mr le Marquis
de laCharce qui avoit autant
d'amour pour son nom que
de noblesse & de dignité à le
soûtenir,avoit fait imprimer
peu de temps avant la mort,
la genealogie de cette Maison
, qui n'a point esté renduëpublique.
LeChefdecetteMaisonestaujourd'huyMr
le Marquis deGouverner jeune
Seigneur de beaucoup d'esperance.
Les aînez ont toûjours
porté ce nom depuis le
fameux
fameux René de la Tour, qui
s'est si fort distingué fous le
nom de Gouvernet : il estoit
contemporaindu Connêtable
de Lesdiguieres : sa naissance
& lesimportans fcrvices qu'il
avoit rendus à l'Etat,l'auroient
aussi-,, élevé aux plus
grandes dignitez
,
si-kl Religion
de Calvinqu'il professoit,
&qu'il ne voulutjamais
quittermalgré son zele pour
de Roy, n'avoit esté un obstacle
invincible. Mr le Marquis
dela Charce qui donne lieu à
l'cet article, avoit épouséDameClaudede
Mazel ,Dame
d'un merite , & d'une -vertu
distinguée. Elle estoitfillede
Mrc Jacq. de Mazel , ancien
Colonel de Cavalerie. Son
mérite & fâ reputation ont
rfte également connus dans le
Service. Il en avoit mêmerendus
d'importans à l'Etat. Il
avoitépousé Dame Catherine
Arnauld d'une branche de
la mêmeMaison que Mrs
dt Pompone daujourd'huy.
.C'efi une branche de cette
famille qui s'estoit établie
d'Auvergne en Languedoc
depuis plusieurs années. Feu
M. le Marquis de la Charce :*
n'a eu de ce mariage donc je
viens de vous parler, que deux
enfans, l'aîné connu fous le
nom de Comte de la Charce,
Colonel de Dragons aux
Troupes d'Espagne ; l'estime
dont M.•de Vendosmel'ho- noroît, & le cas qu''IiI.l. en faisoit
feroientassez son éloge, si
d'ailleurs il n'estoit connu par
un merite fingulicr, & par ce
même esprit qui est héréditaire
dans sa famille. Sa Majestéqui
se plaist à recompenser lemerite,
vient d'en donner une
marque en sa personne
l'honorant depuis , en peu de
jours d'une pension de1500.
livres:elle a accompagné cette
grace d'agrémens&dedistinction
pour luy & pourtoute
sa fanillc.
Le 21. Mars dernier Dame
Louise-Eugeniede Vieil châtel
de Montalant,épouse de
Mre Claude-Louis Lombard;
Chevalier, Seigneur d'Erme-
DOUville, & autres lieux, est
morte âgée de 24. ans. Elle
laisse un garçon &,. une fille:
Elle estoit fille de Mre Glaude
Charles de Viel Chastel, Chevalier,
Comte de Montalant,
& de Dame Geneviéve-Eugenie
de Vic.
Son Bisayeul du côté paternel
estoit Jean de VielChâtel,
Maquis de Montatanc,
Gouverneur de Barle Duc ÔC
Pays Barrois, qui a esté le premicr
CommandantdesMousquetaires
du Roy. Il avoit
épousé DameSufannede Bely
de Boulainvilliers, du côtépaternelelle
est encore petitenièce
de M. le Duc de S. Simon.
Ducôté maternel elle est
arriéré petitefille de Meryde
Vie, Garde des Sceaux de
-
France,&arriérépctite-niéce
de Dominique de Vie, Vice-
Amiral de France, Gouverneur
de Calais, & Pays re.
conquis,
-
Gaspard François Ménard
âcTissages., Prellre., Dozo.
teur de Sorbonne
,
Priçur de
Clairmont, grand- Archidiacre
de l'Eghie de Bordeaux,,
mourut à Bordeaux dans le
Seminaire le 2. 1. de Juin, âgé
de 2.6. ans 4. mois. Il estoit
alle, à Bordeaux y prendre
possession de ses Bénéfices que
Mr l'Abbé de Bourlemont lui
avoit. resigné ;& peu de jours
après il y a est enlevé d'une
fièvre maligne en six jours de
Dlaladie. Ilavoir parudansle
Public comme un prodige à
son âge. Né pour toutes tes
sciences, il fit icyl'annéederniere
pendant le cours de sa
licence le Panegiriqucde S.
Louis aux grands Jesuites, ccluy
de Sainte Anneaux Theatins,
& plusieurs autres Ser-
.jnons dans les Eglises les plus
célébrés de Paris; Il estoit fils
de François Ménard de Tisfanges,
Conseiller du Roy,
son Procureur General des
Eaux & Forests à laTable de
Marbrer à la Chambre de
l'Arsenal pour la reformation
llcs Eaux& Forests >&de Maçguerite
Deshayettes sa merc,
& neveu de M. l'Abbé Ménard.
Cette familleoriginaire
de Poitou 0 & de Touraine est
tres-ancienne & tres-distinguée
par elle-même, par es
alliances,& les belles LcttrCSi.
Labranche dontestoit le defr
funt cft. établie à Paris il ya
prés de deux cent ans. t*-
,
LouisCatinat,AbbédeS.
Julien deToursy,mourut le.'
Juillet. Il estoit fils deRené
Catinat, Seigneur de Courtraïe&
de S Mars-Cônfcific'-r
au Parlement de Paris, & de
Frasçoise Frozon,& frere de
Pierre
Pierre de Catinat, Seigneur de
S. Mars, aussiConleiller au
Parlement, & neveil de Ni- ,
colas Catinat, Seigneur de S.
Gratien, Maréchal de France;.
-
Messire Leonor de Matignon,
Evêque & Comte de
Lizieux
,
Abbé de Lassay &
de Torigny, mourut le 14.
Juillet,âgéde78. ans. Ilavoit
si, If esténommé a cet Evêchhél en
1677. par lademission d'Eleonor
Goyon deMatignon son
oncle;il étoit frerc aîné de Mr
le Comte de Matignon & de
Mr le Maréchal de Matignon,
& fils de Françoisde Matignon,
Comte de Marigny,
Torigny, Montmartin, & de
Gafley,Marquis de Lonré..
Chevalier des-Ordres du Roy,
Lieutenant Générât en haLTe
Normandie) & de Anne Malot
de Bercy, & petit fils de
Charles Sire de Moignon,
Comte de Torigny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
General de Normandie,
& d'Eleonorde Longuevile,
Dame deGaffey ,filled'Eleonor
Duc de Longueville
94
& de Marie do Bourbon, & arrierefils de Jacques
Sire de Matignon,Maréchal
de France, Gouverneur;de
Normandie &de Bordeaux.
Lieutenant General en Guyen
ne, & Chevalier des Ordres
du Roy. La Maison de Matignon,
l'une des plus Illustres
duRoyaume,estoriginaire de
Bretagne;Estienne Goyon.
Seigneur de la Goyemiere &
deChasseau Goyon, ayant é
poufé vers l'an mo. Lucie de
Matignon, sa posterité en prit
depuis le nom & les armes.
L'Eveschéde Lizieux en
Normandie est fuffraganc de
Rouen, l'Evesqueest Seigneur
de laVille,&leDiocesest
diviséen quatre Archidiaconnez
, & contient cinqcent
quatre vingt Paroisses ; se premier
EvesqueestThibault;
quiletrouvaaud3.4.&
Conciles d'Orléans en 1538.
**541.& 1J¡.9.. :';
'McfEre JoachimTrotti ad
sa Chetardie t, Docteur en
Theologie & Curé de S. Sulpice,
mourut le 19. Mr Lan.
guetde Gergy, Vicaire de ladire
Eglise,Juy a succedé. Le
mois prochain je parleray plus
amplement de Mre -de, là
Chetardie. ," Mrl'AbbédéGould,àqui
leRoya donne l'Abbaye
RojfaledeS. LaonàThouars
en-Poitou, vaccante par la
more deMr l'Abbé Régnier,
Secretaite de l'Académie Françoise
voulant donner des
parques publiquesde sa reconnoissance
à Mr le Comte
de Pont Charrrain, a fait faire
un Servicesolemnel dans
l'Eglise de. son Abbaye, pour
lerepos de l'Ame de feuë Madame
la Chancelliere,avec
toue le zele& toute la devotionconvenable
à la dignité
&al'a pieté démettevertueuse
Dame.Tous les Corps de
laVille de Thüarsy affistelent
encérémonieaussi-bien:
que toute laNoblesse des environs
qu'il avoir eu le foin d'y
convoquer.
Mrl'AbbédeGould,Gen
til homme Irlandois a quitts
son Pays & abandonné toué
ses biens pour la Religion Ca
tholique,il s'etf rendu fort recommandable
par la quantité
de per sonnes qu'ilaconverties
en Poitou & dans les Provinces
voisines.**
'* aclque peu de rapport
qu'il y ait entre mort & ma*
riage,l'un me paroist sijuste
pour dedomager de l'autre,
que, je croy que rien ne convient
mieux que de substituer
l'article des mariages à ccluy
des morts.
Mademoisellede Lanoy de
Châtillon
,
puifnée de Mr le
Marquisde Châtillon, de l'IllustreMaison
de ce nom, a
epousé le deux Mr le Marquis
de Bagueville, Colonel
du Régiment de Bagueville,
qui est un des plus riches Gentils-
hommes de France. La
cérémonie de ce mariage a été
célébrée avec toutela pompe
& toutela magnificence imaginable.
Monseigneur le Duc
d'Orleans à qui toute la Maison
de Châtillon est fort chere,
avoit donnéleSallonde S.
Cloud pour cette Feste, où
rien de ce que l'Art peut inventer
de plus propre & de
plus éclatant ne fut épargné.
Paul Edoüart Colbert.
Comte de Creüilly,aépousé
le MademoiselleSpinola,
soeur puisnée de Madame la
Princesse de Vergagne, & fille
de Mr le Prince de Spinola,
Grand d'Espagne, forti de la
Maison. deSpinola
,
l'une des
plus anciennes & des plus puissanteMaisons
de l'Etat de Genes.
Mr le Comte de Creüilly
cft fils de feu Mr le Marquis
de Seignelay, Secretaire d'Etat,
Commandeur & grand
Tresorier des Ordres du Roy,
& de Catherine Therese de
Matignon, remariéedepuis
à Mr le Comte de Marfan de
la Maison de Lorraine, & pe- tit fils defeu, Mr Colbert, Ministre
& Secretaire d'Etat,
Controlleur General des Finances,&
grand Tresorier des
Ordres du Roy, & petitneveu
de Mr le Comte de Maulevrier,
Chevalier de rOIdrc
du S. Esprit, & Lieutenant
General des Arméesdu Roy.
Mr d'Ormesson Maistre
des Requestes ordinairede
l'Hostel,aépousé le 1i. MaÀcmolfcllc
de Beauvais, fille
de Mr de Beauvais, premier
President des Tresoreries de
France d'Orleans, & de Dame
Marie Fontaine, fillede
MrFontaine des Montée,&
soeurde Madame de Megrigny
, &de Madame la Presidented'Aligre
& de Mr l'Abbé
Fontaine , Conseiller au
Parlement, & Doyen de EgliCc
Cathedrale d'Orleans, &
; niece de Mr Fontaine des Bordsees,
Diolye.n du grand Con-
)!
Mr d'Ormesson est fils de
Mre Antoine François de Pau- le,Seigneurd'Ormesson, de
Saeicre, des Tournelles & autres
lieux,Maistredes Requestes
& Intendant, premierement
dans la Généralité de
Rouen.>, enfuite dans celle
4'^uvcrgne, & en dernier
lieu dans celle de Soissons. 11 • « 4 moururdans1"cxcrcice4ccettc
Chargele 21.Février1712. La
Maison d'Ormessonestalliée
aux maisonsde Château-neuf,
de la Vrilliere, de Hennequin,
de Brûlart, deVerthamon, de
Pomercu, de Prevost,dela
Grange,dêBaillêul, d'Hinselin,
de Feideau, &c. & eu une
des meilleuresMai(oj1$;âe<lJ
Robe.
CesGénealo^iesïnftrùifeilt
quelques Lecteurs, en ennuyent
d'autres,& quelquefois
un mot de plusou dt
moins qui y introduit ^>ir
hazard
,
fait raisonnerceux
qu'ilinteresse d'une maniere
quipasavantageuse,
commcilm'estarrivé lemoi*
dernier aufujec dela mort
de Madame laDuchesse de:
Lorge, dont la Genealogie efl:
malheureusement défigurée
parl'imprudenced'unfaux
terme;mais outreque je previendraycesinconveniens
avectoute
l'exactitude&toute
la précaution imaginables; je
promets de ne m'étendre dorresnavant
sur les Genealogies,
qu'autant que je feray indispensablement
obligé de le faire,
ou qu'autant qu'il«plairaà peu pres~ à ceux qui m'envoyenc
leurs Memoires, que
je prie sur tout de les dresser
d'unefaçon qui ne me dérobe
point la place que je destine
aux évenemens du mois.
On aeuavisde Cadix du
18. Juin que les jours precedcns
il en estoit encore parti
vingt-deuxvaisseaux deguerre
bien équipez & chargezde
canon, de mortiers, boulets
& d'autresprovisionsde guerre,
& qu'un Vaisseau Portugais
en ayant rencontre un
Algerien, qui emmenoit un
BastimentAnglois
,
l'avait
attaqué & fait couler à fond:
On a receu de Lisbonne la
-'ê
confirmation des grandes réjoüissances
faites pour la naissance
d'un second Prince dont
la. Reine de Portugal est accouchée
le 6. &qui fera nomme
Louis au nom du Roy de
France & de la Reine d'Angleterre.
On ajouteaux Nouvelles
du Camp devant Barcelonne
du 11. Juin qui font dans la
Gazette derniere, que fuivanc
le rapport des Deserteurs fortis
de la Place depuis le 20.
il n'yavoit pas trois mille
hommes de Troupes reglées,
qui ne cherchoient que l'occasson
de deserter aussi. Depuisla
nouvelle de l'approche
du Maréchal de Berwick
,
les Barcelonnois
commençoientà paroistre
plus traitables qu'auparavant,
Lorsque le ficur de Caux fut
envoyé dans la Place pour
l'échange des Prisonniers,on
luy fit toutes sortes de bons
traitemens, & on le regala
magnifiquement en poisson,
& ensuite par des danses de
Dames &de jeunes filles;rien
n'est égal au fanatisme de ces
gens-cy qui comptent sur la
parole
parotedequelquesM~in~
qu'un Ange exterminateur va
les vanger des maux qu'on
leur fait, & de laruine donc
onles menace. Onajouteaussi aux nonvelles
de Perpignan du 17.
que le sieurde la Neuville, Intendant
du Roussillon,ayant
sçu-que-leMaréchal de Bervickvenoit
en poste sans équipagesavec
six chevaux sule-
'f :ment:.. luy enavoit fait pteparrer
vingtscinq de Selle avec
quatre-vingt- dix mulets pour
porter. les équipages qu'il
fournitàce Maréchal
,
& qui
'conMent en quatre-vingt
douzainesde serviettes &de
nappes, trente couvertsdargent,
les batteries de cuisine
nece[aires..,&huitcaiOès rctD
pliesde meilleursvins deFrance,
d'Italie & dEspagne, ~ck
jambons & d'autres provi- sions.•<
On écrit de Bade du L.A
ce mois que les Conferences
continuoient assidument entre
les Ministres deFrance &
del'Empereurle matin fcu.
lement depuis neuf heures
jusqu'à onze tous les jours,
excepté le Mercredy qui est
GcGiné. pour les depêches,
ainsi que le Dimanche. Le
secret n'y est pas moins grand
, qu'à Rastat; Cependant on
içatt que les premières COlt.
ferences ont roulé sur le rétablissement
des deux Electeurs,
dont les Ministresn'avoient
point encore paru à l'Hôtel de
Ville pour délivrer leur plcin
pouvoir, mais ils avoient de
fréquentés & secrettes confè*
- rences avec les Ministres de
1 France, ainsi que. le Marquis
Barette, Ambassadeur d'Espagne
en Suisse qui s'éroit rcrh
duà Badeincognito. On se
flatte que tout sera réglé avant
lafinde ce mois, auquel tems
le Prince Eugène & le Maré*
chal de Villars s'y rendront
pour assister aux conferences
générales, qui ne se tiendront
qu'après que les principaux
articles auront esté reglez &
pour signet le Traité avec les
autres Ministres. Ceux du
Roy & de l'Empereur se régalent
mutuellement, & font
grosse figure malgré la cherté
des vivres, particulièrement
Mr le Comte de Luques, qui
tient tous les jours deux tables
ouvertes également servies de
cinquante à soixante couverts
la sienne estant de quinzeà
dix-huit.
On a eu avis de Lyon que
le Maréchal de Villeroyaprès
avoir ôtéaux Bourgeois la garde
de laVille&,l'avoir donnée
aux Troupes qu'on y avoit
fair marcher d'un Camp qui
est sur la Saonne vers Dole, &
dont il a renvoyé la plus grande
partie depuis que la Ville
:
est tranquille, avoit fait publicr
fous derigoureuses peines
une Ordonnance du Roy
à tous les Bouchers de tuer
des Bestaux & vendre la viande
en détail,en payant les Droits
& les oaraim comme cy devant,
à quoi ils se font fournis,
On avoit d'abord arrestéquelqu'un
des plus coupables de
hi sédition, pour en faire un
chastiment exemplaire; mais
on les a relaschez aprés les a-
Vôir reprimandez. -ie,
Le 18. de ce mois, Mr le
leDuc d' Antin recalarnagni-
'Rqucmcnc Mr l'Electeur de
Bavière, quiestrevenudepuis
quelques joursde Compiegne,
eu il a tué avec une intrépidite
étonnante, un Loup Cf)-
:'ragé,
",
qm- -<kpuis qucJque
temps faisoit de grands ravages
dans tout le Pays.
Le iq; le Tonnere tomba
-
sur la Sacristie des Jacobins
dela,rueS. Dominique, entre
trois,Religieux, sans en
blesser aucun, ni causer aucundesordre.
LaLmeried'Hollande sera
tirée sans aucun délay le premier
Octobre prochaineainsi
ceux quivoudront y prendre
interest, ont encore le temps
d'y mettre.
Les Obseques de Monreigneur
le Duc Berry, furent
faites à S. Denis, le 16. de ce
mois.
Orr filè dira Péùé.;,Cftrc, que
tant de Nouvelles sans suites
Tcflèrriblent à des Pieces de
rapport,dont je devrois orner
d'une autre maniére l'assemblagequ'elles
fontdans
mon Livre;cela peut-estre;
mais doresna,va1nt .o,n.Jn,'a'ura rien à,mè reprocher 1dcffus
& jettes mettray, toutes en
forme d'Histoiredutemps,
dont je feray un Chapitre à
lafindu Mercure; -7 .,.',.
- Je fuis fort redevable à
Mr L. V. du present qu'on
vient de me faire de sa part,
& je ne doute point que
tout le monde ne luy fçaJ
che autant de gré que moy
; de la peine qu'il a prise de
décacher tous les Articles
; principaux d'un procez extraordinaire
qui vient d'cc.
trejugéà un des premiers
tribunaux de Paris, pouren
composer(sans s'écarter de
la vérité) l'histoire qui suit
sur les pieces originales qui
en font la matiere.
Mademoiselle Nassulvaved
estnée dans une des
plus considerables provinces
du Royaume; ses parens
qui y tenoient les premiers
rangs dans la robe, & qui
possedoient de grands
biens, luy donnerent une
éducation conforme à sa
naissance, leurs foins ne furent
pas infructueux. Elle
eut a peine quinze ansquelle
fut l'admiration de toute
sa province, les plus honnestes
gens luy rendirent
des soins; sa beauté, sa ieunesse,
& son esprit au dessus
de son âgeluy attirerent
bien-tost une grosse cour. De tous ceux qui s'empresserent
à la servir, le
seul Emselad son parent fut
celuy qui trouva le secret de
la rendre sensible
,
le libre
accez qu'il avoit dans la
maison de son pere ,
luy
fit faire en peu de temps
un progrez considerable
sur son coeur. Les premierres
inclinations sont viol
lentes, on oublie facilement
le devoir pour ne suivre
que les mouvements
d'unepassion agreable.
La pauvre Demoiselle fen*
tit bien-tost avec douleur;
ce que Forcez de sa complaisance
alloit lyy couster;
lacrainte que sa hontene;
le:, decouvrist, l'accabla
d'horreur & de tristiesse,
elle pressa, mais inutilement
,Emcelad à la demander
en mariage, des raisons
de famille luy servirent de
prpérétetexxttee ppoouurr ll''eesnlooii~gnneerr de
cette proposition. Lnnnuii
autre parti se presenta, ce
fut Lezariu magistrat illustre,
riche &connu, particulierement
du pere de
Nassulvaved, quifutécoute
ir- favorablement.Le pere
sans consulter sa fille regle
avec luy, & les conditions
Ôc le temps du mariage.
Quel coup de foudre pour
cette tendre amante ! de
quels mouvements ne futelle
pointagitée quand elle
,~
apprit cette fatale resolution.
Il falloit renoncer
pour cousjours à la feule
r personne qui luy estoirchere,
s'engager avec une àurre
qu'elle ne pouvoit souffris,
& plus que cela, s'exporer
à l'accablante confusion de
voir découvrir parun
les fuites d'un commerce
qu'elle auroit fouhairé pouvoir
se cacker à elle-mesme.
Quellesituation 1 daps le
fort de sa douleur, elle chercha
de la consolation dans
les conseils de ses alTIies.,
elles luy proposerent ( entre
autres une Religieuse )
de se jetter aux pieds de son
pere, & deluy avoüer l'estac
où elle estoit
, pour ledé-
-
tourner du dessein qu'il
avoit formé, enÍÙite de ne
pas s'éloigner, au cas que Lezariu
fit quelques démarches
pour obtenir des
1. faveurs,& enfin de prendre
desremedes qu'elle s'offrit
de luy faire avoir pour
| empescher raccroiflement,
, ou plustost pour étouffer le
fruit de son premier amour;
; mais s'estanttrouvédes ob
tfaclesinfurmontablesàcecexpedient,
ktrifte Nassulvaved
se determinaà envo-
: yer chercher Emcelad,elle
,
l'informa de ce qui se pas-
> soit,Iuy peignitsontion
avec les traits les plus
vifs)le conjura de rompre l'engagement que l'on avoit
projetté, & quiestoit sur le
point de se conclure. Ses
prieres& ses larmes furent
sans effet,cet amant lasche,
infidele
, ou degousté, demeura
dans l'inaction, la
victime fut menée à l'aucel,
& le mariage célébré avec
Lezariu, sans qu'Emcelad
fit le moindre mouvement
pours'y opposer.
Les premiers jours de ce
mariage qui paroissoit si
convenable,& qui l'estoit
si peu, se passerent en apparence
asseztranquillement
; mais ce calme dura
peu, l'époux s'a pperceut du
malheur de son épouse
,
il
s'abandonna aux fureurs de
la plus noire jalousîe,& de
la plus violente colere, il la
força de luy avouër son crime,
luy fit nommer son seducteur,&
Tengageaàfaire
le mesme aveu devant son
pere, qu'il avoit fait venir
chez luy pour cela. Le pere
au desespoir porta son resfentimeot
jusqu'à vouloir
faire enfermer sa fille; mais
le mary qui prévit l'éclat
que cela feroit dans lemonde,
& que la honte en réjailliroit
sur luy, prit le par.
ty que tous les hommes sages
devroient prendre en
pareille occasion
;
il opposa
la puissance maritale à la
paternelle,pria son beaupere
d'écouffer son chagrin,
& exigea feulement de luy
que l'enfant qui naistroit
de son épouse ne sust point
confideré comme le sien;
on prit sur cela des temperaments,
oti convint quimmediatement
après la naissance
de l'enfant, il feroit
secretement exposé
, &
qu'on feroit ensorte qu'il
ignorast toujours son origine.
-
Le mary cependant qui
portoit tousjours dans le
coeur le trait de la jalousie
dont il avoit esté blessé
n'eut depuis , pour son epouse
qu'un extrêmeéloignement.
Il ne la voulut plus
voir pendant plus de six
mois, il fit plusieurs voyages
,
fut prendre les eaux,
trop heureux s'il eust peu
trouver celles de l'oubli.
Dans le septiéme mois du
mariage, sonépouse accoucha
d'une fille à une maison
de campagne de son
mary; l'enfant fut misaussitost
dans un panier, &por.
téàdix lieuësde là par un
laquais chez une nourrice
qui s'en chargea, &le fit
baptiser le lendemain fous
lenom de Catherine ccinime
un enfant trouvé; il ne
fut point parlé du nom hy
du pere ny de la mere , on
tut mesmejusqu'à celuy du
parain & de la maraine, ce
furent deux enfans de paysans
quien servirent.
Le pere de l'épouse, qui
par un principe de charité
n'avoit pu le déterminerà
faire exposer l'enfant,voulutCependant
rassurer Tépouxsur
la creance qu'il auroit
eue,s'ilavoit seeu qu'on
lefit secretement élever,il
luy écrivit le mesme jour des
couches qu'ilpouvoir se
tranquiliser
, que l'enfant
estoit mort en naissant.Cela
luy fut confirmé à son retour
par tous les domestiques,
& toutes les personnes
Iqui pouvoient avoir con-
»rçoifTance des couches; le
mary qui
,
le croyoit fince-
'; rement n'enparla plus depuis,
il fut trois ans sans s'en
»
informer.
Le beaupere cependant
qui vouloit empescher quon
ne sceut quel estoit l'ensant,
le fit pendant ces trois
annéespromenerde province
en province, de village
en village, & enfin il
le fit revenir dans le lieu de
sa naissance. Tout cela se
fit tousjours avec un exrréme
mystere ,& ce ne fut
qu'à des personnes de la lie
du peuple,&en dernier lieu
à des femmes de mauvâise
vie que son éducation fut
confiée.
L'épouse qui ne voyoit
point de retour sincere pour
elle dans son époux,avait
paffé tout ce temps dans
une langueur qui ne luy laisfoit
qu'une santé fort imparfaite,
le temps ne diminuoit
rien de la violence de
son chagrin, il sembloit au
contraire l'augmenter: elle
en fut si accablée qu'elle
tomba malade,& mourut
sans avoir lainea sonmary
aucun autre enfant de son
mariage
Elle estoit une des plus riches
heritieres de la province.
Lemary qui par cette
mort estoit obligé de restituer
une dote considerable
qu'il avoit touchée:, & qui
d'un autre cofté se voyoit
privé de l'esperance des successions
opulentes de son
beaupere ou de sa bellemere,
marqua un extrême chagrin
de n'avoir point d'enfants.
Quelques uns desesamis
à qui il en parla, s'eftonnerent
du motifqu'il donnoit
a son chagrin, luy dirent
qu'il avoit un enfant, luy
indiquèrent le lieu oùil estoit.
Transporté de joye, il
«
le
le fut prendre, &le remit
dans la maison paternelle,
oùilademeuré tranquillement
pendant plusieurs-années.
•-Le beaupere devoit à l'époux
une rente pour le restant
de la dote de son épouse
qu'il navoit pas payé, il
en estoit esheu quelques
années d'arrerages, l'époux
.-les luy demanda, & faute
de payement le-fît ensuite
ussigner pourestrecondarn
aie à les luy payer*^ :
Uninterest aussi leger Ici
broüilla ensemble;le beaupere
que loin de
riendevoir à son gendre,
c'estoit son gendre qui luy
devoir, que la mort de sa
femme sans enfants le met.
toit dans l'obligation de restituer
sa doc.
< - Cela fit une contestation
entre eux, qui fut portée
dans un tribunal de la province.
Le gendre surpris de
la prétention de son beaupere,
soustint qu'elle n'estoit
pas légitime, il dit fay
un enfant,il le representa
ce fut , celuy dont nous
avons parlé.) il futquestion
:en premier lieu de sçavoir
si cet enfant representé eC:
toit celuy dont l'épouse estoit
accouchée,& duquel on
avoit si fort enveloppé la
naissance dans les trois premieres
années de sa vie;
mais ce systeme ayant été
abandonné par le beaupere.
il se retrancha ensuite à dire
que l'enfant n'estoit pas legiume,
parce qu'il avoit
esle conceu d'un autre que
de l'époux deux mois avant
son mariage. Cela donna
lieu à des enquestesqui furentfaites
de part &d autre,
plusieurs tesmoins y déposerent,
les uns qu'avant le
mariage la femme leur avoit
confié les chagrins qus-t
elle avoit au sujet de sa grossesse,
quelle leur en avoit
nommél'auteur
,
qu'elle
leur avoit dit que c'estoit
Emcelad son parentqui restoit
; d'autres dirent luy
avoir ouy dire ce qui s'estoit
passéà ce sujet immédiatement
après son mariage entre
son pere, son époux &
elle, & d'autres enfin expliquèrent
ce qui est arrive
dans le temps & depuis les
couches. Dit ces differentes
depositions on prétendoit
tirer la consequence que
¡ l'enfant n'estoitpaslegitime.
L'époux n'avoit pour
asseurer l'estat de l'enfant
que sa naissance dans le septiéme
mois du mariage, &
la possession où elle estoit
de sonestat dans la maison
;apanternnelleédepeuisspl.usieurs
Les premiers Juges ne
trouvèrent pas que ce fust
assez pour l'époux de justi-
1.
fier que l'enfant estoit né
dans le septiéme mois du
mariage, ils luy ordonnerent
de faire preuve qu'il
estoit conceu dumariage &
pendant le mariage
,
c'esta
dire de luy & depuis son
mariage.
Une pareille preuve n'estoit
pas facile,elle ne pouvoit
estre ny demandée ny
ordonnée;l'époux a interjette
appel de ce jugement.
Le tribunal auguste où cet
appel a esté porté,est composé
de Magistrarstrès-éclairez,
& justes dispensateurs
de la justice. En vain
on y a renouvelle fous le
nom de tierces personnes le
systemedesupposicion qu'-
onavoiraban donné devanr
les premiers Juges, inutilement
on a voulu employer
le testament du beaupere
,
& un écrit qu'il avoit fait
avant sa mort pour prouver
riitegicimice de l'enfant,
pour faire voir qu'il la tousjours
regardé comme tel,
qu'il la privé de sa succes-
, sion; on ya employé avec
aussipeu de succez les paroles
foudroyantes addressées
par le beaupere au gendre
un moment avant sa mort à
l'occasion de la renonciation
qu'on vouloir quise fit
entre eux: Je vous fAfidonne
en dieu, luy dit-il, mais je
ne vous pardonne point leton
que vous faites a ma famille
,
je vous adjourne devant Dieu,
il nous jugera jal/és.jè riay
,plus rien a vous dire. L'éloquence
& l'art des orateurs
,na pu faire d'impression sur
cesesprits su blimes,unique-.
mentattachez à l'observance
des loix
,
ils ontjudicieusement
separé tout ce qui
contre le droit public& la
saintetédu mariage , pouvoit
voit aller à faire douter de
lalegitimité de l'enfant; &
par un Arrest celebre ils ont
aÍfeuré l'estat de l'enfant,en
le déclarant légitimé.
Tout Paris, toute la pro-.
vince, attentifs à cette decision,
luy ont donné toutes
les loüanges qu'elle merireJ
& cette jeune, &belle
fille qui a prés de quatorze
ans, va estre un des riches 4partisduRoyaume.
A propos de procez ,
la
nuit du 16.au2.7. Juin dernier
entre minuit & une
heure, le feu prit chez Mr
Daguesseau Conseiller d'Estat,
par la négligence du
sieur Batincourt Secretaire
de Mr de Vallejoint Conseiller
au Parlement
, &
fÇrereedenMrelerParocu^reu,r.
Ce malheureux âged'environ
soixante & dix ans,
retire dans sa chambre au
troisiémeestage de la mai,,
son, approchasa chandelle
trop prés des papiers dont
sa table estoit couverte, &
le feu s'y communiquant
enuninstant, laflamme &
la fumée l'étoufferent dans
cette chambre qui estoit
remplie d'une infinité de
procez appartenantsadifférents
particuliers.
Les Religieux Augustins
s'apperceurent les premiers
de l'embrasement, ils sonnerent
d'abord letoscinqui
donna une sifurieuse allarme
à tout le quartier, qu'en
moins d'une heure tous les
voisins
,
les Commissaires
Bisoton,Deschau,Regnard,
& le Comte accoururentau
secours. Mr le Lieutenant
General de Police ,Mr le
Prevost des Marchands, 6c
Mrle Lieutenant Criminel
y arrivèrent presque en
mesmetemps.
4
Ces trois Magistracs donnèrent
aussi-tost des ordres
si justes, que les canaux des
ruës ouverts, les secours
d'eau & d'hommes multipliez,
les pompes de la ville
amenées, & le sieur Duperrier
tres- expert au ma";
niement desdites pompes,
arrivé, le remede fut presqueaussi
prompt que lemal.
:
Mrs Daguesseauquiont
perdu dans cetaccident
beaucoup de meubles, de
; beau linge, & des tapisse-
; ries de prix, sont infiniment
moins touchez de cette
perte, quedela mort mal-

heureuse de ce vieux Secrétaire,
que personne du" lo..
1 gis ne reconnoissoit plus,
j & dont le cadavre faifoic
-
horreur à voir.
Je ne doute point qu'on
1 ne détourne volontiers les
1 yeux de sur ces funestes objets
, pour lire avec plaisir
• les pieces suivantes.
:.
J'ay appris qu'un jeune
homme, qui meurt d'envie
d'estre bien tost aucheur;
comme moy , aux dépens
du public, se donne tous les,
foins imaginables pour ramasser
les pieces fugitives.
quin'ont point estéimprimées,
qu'il destine à lacomposition
d'un recueil qu'il
veut faire mettre fous la
presse. Il tire toute la matiere
de son ouvrage des fragments
de Mrs Vergier, Go-,
dart,Morfontaine, S.Gilles,
Pavillon,Lainé, Pradon,
Rochefort, le Conte, Mlle
Deshouillieres, & plusieurs
autres. Il peut faire ce qu'il
luy plaira des plus vifs endroits
des poësies de ces autheurs
;mais je luy promets (avant que son Livre paroisse,)
de détacher de ces ma.
nuscrits ( que j'ay heureusement
comme luy ) les pieces
qui me conviédront davantage,&
de ne luylaisser,
autant que je pourray ,
de
ces ouvrages, que pour l'impression
deHollande.Voicy
à bon compte deux Fables,
dont l'une est signée
dunom dePavillon,& autre
deLaine, jenerépondrois
pas que quelqu'un
n'eust contrefait leurs
seings.
LE ROSSIGNOL,
ET LE MOINEAU.
FABLE.
LErendre Rossîgnol,&
le galant Moineau,
L'un & l'autre charmez
d'une jeune Fauvette,
Sur la branche d'un arbrisseau
Parlerent un jour d'amou..
rette.
Le petit chanterel par des
airs doucereux
S'efforçoit d'amollir le coeur
de cette belle;
Je ferai, disoitil,tousjours
tendre& fidele,
Si vous voulez me rendre
heureux.
De mes douces chansons
vous sçavezl'harmonie.
Elles ont merirélesuffrage
des Dieux.
Deformais je les sacrifie
A chanter vostre nom , vos
beautez en tous lieux
Les échos de , ces bois les
rediront sans ce(Ie,
Et j'aurai tant de foin de les
rendre éclatants,
Que vostre coeur enfin fera
content.
Et moy, dit le Moineau, je
vous baiserai tant!
Acemotfutjugé le procez
à l'instant
En faveur de l'oiseau qui
porte gorge noire,
On renvoïa l'oiseau chantant.
Voila la fin de mon histoire.
PAVILLON.
LES DEUX FORTUNES.
FABLE.
DEux hommes voyageants
un jour,
- Enchemintrouvèrent Mercure,
Ce Dieu les attendoit au
bout d'un carrefour,
Sous son immortelle figure.
Les voiladevant luy dans
une humble posture:
Levez-vous, leur dit il,&
me faites sçavoir
En quel lieu vous allez, quel
desseinestlevostre?
Nous allons
,
dirent ils, à
Preneste pour voir
Quel doit estre le fort & de
l'un, & de l'autre.
Vous pouvez, leur répond
leDieu,
Le sçavoir aisement sans aller
à Preneste,
Sans partir mesme de ce
lieu.
Car je fuis envoyé de la
voute celeste
Par le maistre absolu du deC.
tin des humains,
Pour vous faire sçavoir que
de vostre fortune
Il remet le choix dans vos
mains.
Mais comme la race morcelle.,
Connoist deux fortunes
pour elle,
Et que les deux differents
noms,
Dont parmi vous on les appelle,
Ne sont pas ceux dont nous
usons.
Pour choisir avec connoifsance
,
Ecoutez de toutes les deux
La veritable difference.
La mauvaise fortune a des
dehors fascheux,
Aux méprix elle est exposée,
Et la vie avec elle est dure ôc
mal aisée;
Mais ce quelle a d'avance
geux
C'est qu'elle forme à lafa-,
gesse
;
Que pour la temperance, &I
pour la fermeté
C'efl: une excellente mai-f
trefle,
Qu'elle est contraire à lamolesTe,
Etquelle aime la vérité.
Quant à l'autre fortune à
qui lemonde donne
Le nom favorable de bon*
ne,
Elle a d'agreables dehors.
Elle dispose des trésors
,
Et l'abondancel'environne.
A sa fuite font les plaisirs,
Rien ne s'oppose à ses desirs>
Par tout elle a la préseance,
Autour d'elle tout est fournis;
Mais par malheur en recompense,
Elle est sujette à l'arrogance
, Elle n'a point de vrais amis,
D'ordinaire enfin pour tout
dire,
EUe n'a point de favoris
Dont le coeur ne devienne
pire.
Je n'en veux point estre à
ce prix
Dit l'un des voyageurs; l'autre dit au contraire,
J'en veux bien courir le hasard
, ---
Et des biens, & des maux du
choix qu'ils sçavent faire:
Ils eurent chacun d'eux
dans la suite leur part.
Mercure de leur choixchargéde
rendre compte,
,
Fend lesairs, & d'une aile
prompte
Enporte la nouvelle aux
Çieux,
deux,
Le bruit en mesmetemps
s'en répandentous lieux,
Et divers jugements des
choix divers se firent.
A l'un les Mortels applaudirent,
L'autre sur approuvé des
Dieux.
Laine.
J*aypromis le mois dernier
la harangue de Mr le
Mareschal de Villars, je la
donne, quoyque la façon
dont je la mene n'ait aucune
liaison avec ce qui précédé;
j'aurois trop de peine à en
faire une convenable, sur
un sujet à qui si peu de sujetsressemblent,
Onme dira
peut-estre qu'il y a un
mois qu'elle est imprimée,
&quelle est dans les mains
de tout le monde. Que
m'importe? Je croy que (es
paroles, & ses actions ne
sçauroient estre trop imprimées,
pour elles, pour luy
& pour ceux qui les lisent.
DISC0VRS
que Mr le Mareschal de
Villarsprononça dans VÀ
cadêmie Françoise à sa reception,
le Samedi 2.5.
Juin. 1714.
MESSIEURS,
Si l'honneur que vous avez
bien voulu me faire de
m'admettre dans vostre
compagnie comparée des
plus rares,& des plus sublimes
genies, m'avoit esté
destiné par les raisons les
plus propres à décider vcrstre
choix, j'aurois juste lieu
de craindre que ce premier
ppaass,, qquuii doit estre une preuve
d'éloquence, ne vous
portast à quelque repentir.
Mais j'ay pensé que voilre
assemblée desja remplie de
tout ce que l'esprit a de plus
illustre, & rassasiée de cette
gloire, pouvoitneplussonger
à l'augmenter,& que
principalement attentifs à
celle du Roy, vous avez
voulu avoir parmi vous un
des Generaux qui a le plus
servi fous un si grand maiGre,
& qui puisse par quelques
recits fortifier les idées
que vous avez desja de sa
gran deur & de sa gloire.
Et je croy devoir la grace
que vous me faites aujourd'huy
au bonheur que j'ay
eu devoir souvent, & dans
la guerre, & pour la paix;
résoudre
,
ordonner, ôc
quelquefois execurer, par
• ce grand Roy, ce qui luy a
-
si justement attiré nostre
amour,causë la jalousie des
Nations voisines,mais enfinl'admiration
de toute la
terre.
Dans la prosperité nous
avonsveu sa modération,
sa sagesse
; dans les revers
de la fortune sa fermeté à
dissiper les cra-intes, relever
les courages de toux ceux
qui par zele, prudence, ou
foiblesse
,
vouloient entrevoir
les plus grands malheurs.
Son inrrepidité dans
de tels moments , cette
grande science de penetrer
& renverser les projets de
ses ennemis
,
la véritable
gloire, la grandeur de courage
, ont elle portez ad
point le plus heroique ;
dela
paix glorieuse qui a terminé
cette longue & dangereuse
guerre, estla recompense,
aussi bien que l'effet
de toutes ses vertus.
Mais encore une fois,
Mrs, j'en parleray comme
tesmoin
J
& non comme
Orateur. Et en faveur de
ces recits qui n'ont pas befoin
d'estre relevez par le
merice de l'éloquence,vous
, me pardonnerez d'en manquer.
Ainsi, Mrs, daignez me
dispenser d'entreprendre
aucun éloge.Vostre choix
a desja fait celuy du Prélat:
auquel je succede;& vous
avez veu par vous-mesme
fan application à remplir
ses devoirs; la pureré de ses
moeurs, &cette régie dans
sa vie,souvent plus refpectable
que ce qui brille davantage.
Je sçay les obligations
qu'a vostre Compagnie à un
illustre Chancelier, qui
pour comble de merite, s'en
fit un de vous marquer la
plus haute confiderarioni &
qui en soustenantvostreeftabliifement,
cru.t augmenter
ter sa gloire, & lier par là
dans la posterité son nom à
celuy devostre illustrefondateur
le Cardinal de RICHELIEU,
donc la memoire
ne finira jamais, n'eust- il
laisse pour la rendre immortelle,
que cet ouvrage
si digned'un grand Ministre
: ce Testament politique
où brille l'élévation de
,
son genie
,
& l'ardeur de
son zele pour la gloire de
son Maistre, & pour celle
des François. Ilnedesiroit
à nostreNation qu'autant
de confiance & de fermeté
à souffrir patiemment les,
fatigues, la faim, les longues
peines de la guerre, qu'il luy connoissoit d'intrepidité
dans les plus
grands perils: Quellejoye
auroit eu ce grand Ministre,
s'ilavoit imaginé que de
nos jours, & fous le plus
grand des Roys, les François
par ces dernieres vertus,
jointes aux premieres,
l'emporteroient sur toutes
les Nations?
Nous les avonsveus pendant
une campagne entiere
souffrir sans murmurer le
manque d'argent & de
pain, jettermesme le pain
dont ils avoient manqué
pendant deux jours pour
courir plus legerement au
combat, & leur feule valeur
leur tenir lieu de force & de
nourriture.
.1 Dans une actionoù leur
retraite n'a pû estre imputée
qu'à la seule fatalité, on
les a veu couvrir la terre de
plus de vingt mille de nos
ennemis, & ne leur laisser
qu'un champ où les vivants
pouvoient à peine se placer
sur les corps morts de leurs
compagnons.
*
Pardonnez-moy
,
Mrs,
cçtte legere marque de reconnoissance
pour ces vaillants
kommcsaaufquelsl'E
stat&le General ont de si
grandes obligations. Ils
vous auront celle de rendra
leurs actions immortelles,
comme le fera tout ce qui
sort de ces plumes celebres,
& tout ce qui a le bonheur
d'estre consacré par lesouvrages
de cette assemblée,
si respectable par les grandes
qualitez de ceux quila
composent, & de laquelle
j'ai une si haute idée, que
mes expressions ne peuvent
f satisfaire ce que je pense de
son merite
, ny ma sensible
viveréconnoitîance dela
grace que j'en reçois.
DesqueMr le Afarefchal
de VilUrs eutcejjé de parler,
; Mr de la Cbappelle luy répondit
en des termes pleins de graces
: & d'éloquence, son difcottrs
fut fmvi de cette Fable de
-
MrdelaMotte. '-
LE CYGNE
FABLE ALLEGORIQUE.
LA Gent Cygne, & la
GentHèronne,
Pour un canal à sable d'or
Contestoient; la pesche estoitbonne;
Chacun vouloit avoir &
poisons,& trésor.
La guerre se declare
,
&!
tambours, & trompettes
Des Combats donnentle
signal;
Troupes bien lestes
,
bien!
& completres,
Desja des deux costez suivent
leur General.
Mais le Roy Cygne, habile
entre tous les Monarques,
A connoistre ses gents, à les
bien employer,
Se servoit d'un Hector,vray
substitut des Parques,
Ne tout exprés pour guerroyer.
L'Hector Cygne aux Herons
livre mainte bataille;
lJeoint eunsembrle rufe, & va- Les surprend, en pieces les
taille,
Est blessé cependant: Vulcain
de sa tenaille
N'avoit pas travaillé le harnois
du seigneur,
Mais au combat rentré, de
victoire en victoire,
Il reduit les Herons à souhaiter
la paix.
Le Roy Cygne consent à
combler leurs souhaits;
C'est son Hector qui traite;
& pourcomble de gloire
Il est tout à la fois & le
triomphateur,
Et l'heureux pacificateur.
Ainsi par cette paix insigne,
Où le Heron se vit fournis,
Le canal reste au peuple
--
Cygne,
D'ailleurs quittes & bons
amis.
Quant au Cygne guerrier,
ses faits,sa grandeur,
d'ame
»
Eurent leur prix, Apollon
le reclame,
D'olive & de laurier le couronne
à plaisir ;
De plus luy fait un doux
loisir.
Le voila transporté sur les
bords du Permesse,
Où tout est charmé de ses
fons.
La troupe desneuf soeurs
autour de luy s'empresse
Il rend caresse , pour caresse;
Leur plaisir est sa gloire &
le sien leurs chansons.
AU ROY
EIPCRAMME.
GRand Roy que l'Europe
revere,
Villars a fait pour vous d'une
bouche sincere
Un discours éloquent, fin,
juste, bien suivi,
Plus on le lit, plus on l'admire,
En un mot, Grand Roy,
c'est tout dire,
Villars vous a loüé, comme
il vous a servi.
DE LAMONOYE.
Je rendrois volontiers
compte à Mr Anceau des
raisons que j'ay euës de faire
imprimer & de supprimer
en mesme temps le Madrigalqu'il
ma envoyé le mois
passé; s'il n'y avoit pas souvent
beaucoup d'imprudenceà
trop parler de ses affaires.
Les reproches qu'il me
fait à ce sujet, peuvent 'é{..
tre justes par rapport à luy,
& ne l'estre pas par rapport
à moy; mais je suis persuadé
que nous ferions bien-tots
d'accord, si nostre raisonnement
pouvoit accorder
nos préjugez. Au reste voicy
pour sa satisfaction de
quelle maniere il se plaint
de l'aventure de son Madrigal.
A peine tu me laisses naître,
A peine deux feüillets contiennent
tout mon corps,
Que,comme l'avorton,dans
lenéantde l'estre
Jerentre au mesme instant
quetum'enmets dehors.
Ám-y, réponds à ce dilême,
Ou,tu n'as pas deu m'im-
- primer,
Ou
,
puisque tu l'as fait,
l'injusticeestextrême
D'avoir osé me supprimer,
Il joint à ces vers une
prose fort coulante & fort
vive, à laquelle il ajouste
cet Envoy sur le mot de la
ppremieare Esnigmse déu mo.is
E N V O Y.
NOus eflions ce matin
sur l'Enigme premiere
Cinq ousix reiflus afournirla
Carriéré:
Chacun defin cossés'alambiquoittefpnt>
Quand tout d)un coup
jimjnteaussi fine que
l'ambre
Se leve brufiJuement, f5
courant a fin lit s
Adroitement du pied range
jon P
{ Mr D. L. autheur de cette
Enigme,me mande qu'on
la luy a dérobée,&qu'il desavoüe
la lettre qu'on m'a
écrite fous son nom en me
l'envoyant.
Le mot de la seconde Enigme
estoit la Seringue,
les noms de ceux qui les ont
déviné font la petite Pierre
de touche des beaux esprits
du Palais Royal, le beau
noyau de cerise, le modele
des bien coëffez
,
le chat qui
dort, les rats de Mandane,
le malheureux Lizandre;
ma belle Prinasse, laSapho
de Versailles
,
la Poule
,
la
grande, la pupille, lePoulet,
MeDumesnil
,
Me de
Bourville, Fourcroy amy
des neuf soeurs dans le Parnasse
sur le mont Permesse
à l'enseigne du bel esprit,
Pierre Masset amy du Mercure
& de son autheur
LéonBouthillier de Chavi-,
gny & son aimable voisine,
le constant laGybeciere,& raimable charbonnée de la
ruë des Fossez.
L'Enigme suivante est de
la
labelle image
ENIGME.
LA main qui nous fait
nous destine
Amilleusagesdifférents,
Ellenous1 cuit, nous b7 at)
noustrempe f5 nous
rafine,
Pour nousfaireservir aux
petits comme aux
grands.
Nous femmes enfants de
laterre*
On nous arracie de [es
flancs:
Souvent notre merea la
guerre
Oste la vie a bien desgens.
Noussommes longs, aigus)
larges ,grands f5
petits,
Nousservons deux un mêmemaijîrey
1Et noussommes tous deux peut-estre
Leplusutiledes outils.
(,'estde nous que sifertla
hainede la Parque
Pour abbreger le fort des
malheureux mortels,
Enfin c'est nous (Ourvent
quon trattte de cruels,
Quandïimplacablemort
s'empare d'un Monarque.
AUTRE
Du bel emplastre, qui fait
plus devers qu'un autre
n'en peut lire.
J Efùis e5 faytousjours
esté, de laves des
mortels,
Le plus bel ornement du
monde,
Ma figure est ovale ou
ronde
Et les Lumainsf Jouvent
m'ont dressé des Autels.
Jefuis de tous leursJoins le
redoutablearbitre
Sages ou criminels pAr
moy>
Je leursfais en tout temps
laloy,
Et c'ejl enfin a moy quç
chacun doitJon titre.
Je fais mouvoir tous les ressorts
Des loix f5 de la Politique
Etcess par moyquesans
efforts
Tout le mondes'explique.
On me voit souventchanceler
Et tout J'ordre de mes
organes
Est enveloppéde membranes
Quon peut aisément é.
branler.
On raisonne & l'on se
croit en droit de raisonner
à son gré sur les plus grands
événements du monde, &
de donner carriéere à son
imagination, sur les preuves
les plus évidentes
d'un desinteressement parfait
; nous establissons le
principe de nostre erreur,
sur l'excez de nostre foiblesse,
& nous ne nous étonnons,
ou plustost nous ne
nous effrayons souvent des
actions heroïques, que parce
que nous n'en (oinmcs
pas capables, rien cependantn'lit
plus propreàdétruire
nos préjugez, & plus
digne de nostre admiration
quel'exemple de modération
que donne au jourd'huy
à laposterité Messire Loüis
Phelippeaux Comte de
Pontchartrain Chancelier
Garde des Sceaux de Francceei
,M¡finnisi*triIered'dE'Fs-itat, Commandeur
des Ordres du
Roy,cy-devant Secretaire
d'Estat, & Controlleur General
des Finances, qui s'ea
déterminé par de sages &
chrestiennesreflexions à
mettre un intervale entre la
Vie & la more, en portant ledeux de ce mois la demission
de sa Charge entre les
mains de SaMaesté, En cela
il a donné des preuves
d'une grandeur d'ame
,
&
d'une pieté sans exemple.
Quoyque dans les polIes
les plus importants du Royaume
,
il eust toujours
également mérité la confiance
du Roy, l'estime des
Grands,&l'amour des peuples,
il fera encore plus di£
tingué dans Tbiftoire par
cette derniere démarché.
Le public en a paru d'actant
tant7 édifié
, que ce
grandfemme n'a jamais eu
ny plus de santé , ny plus
de force d'esprit, ny plu
s
de consideration pour un e
famille digne detoute -
tendresse
,
& qui prouve
- que tous les égards humains
ontcedez à celuy de l'éte r- -nitéj
- Dés qu'il eut remis les
,
Sceaux entre les mains, du
Roy, Sa Majestéles donna
a Monsieur Voisin Ministre
& Secretaired'Estac,&le
fit Chancelier de France.
La haute (aceÛe, & lesproondes
lumieresdu Roy,&
s grandes qualitez de Mr
oiGn sont les garands du
erite de cechoix, & des
antages qu'on en doit
endre.
: Compliment qui fuit
luy fut présenté le %yf.
de ce mois par S. T. H.
C. T. O. S. de Caux. NE craignons plus de -iMars l'ïnjufieviolence,
L'équitable Themts dans ja droite balance,
Vapesertoussestraits.,
VOISIN par Ja wrturéunit
deuxgrands titres,
Et la Guerre e5 la Paix
Aujourd'huy dansun hommeont
trouvédeux Arbitres.
!
EXTRAIT.
Diune Lettre écrite le 15.
au Camp devantBarcelone.
Si nous en voulions croire
tous les bruits qui ont couru
,les Barcelonnois n'attendoient
que le départ de
M. le Duc de Popali pour
se rendre; aepfodant:Ürift
parti avant hier, & ces
gens-là n'ont envoyé aucune
députation. Ilestvray
qu'ils envoyerent le onze
un Tambour, fous prétexte
de repener un Cheval
voie par un Valetdéserteur.
M. leMaretchal deBerwik
fie renvoyer le Tambour,
& leur fie dire qu'il ne vouloit
aucun commerce avec
3eùx. Ilsenvoyerent hierun
Trompette à M.de Guerchy,
avec une Lettre. M.
le Maréchal fit renvoyer
Jun & l'autre,sansvouloir
qu'on ouvrist la Lettre, Ôc lemesmesoir fit ouvrirla
-tranchée par dix Battail-
Jans qui n'ont pu se loger
cematin dans la parallele,
attendu qu'on n'a paseu le
temps pendant lanuit de la
mettre enestat de recevoir
les troupes;on la va persectionner
,
& nos affaires
wontallerleurtrain. Nous
attendons encore huitBattaillons
le quatorze, &onze
le dix-huit. On prétend
queces gens-là n'ont que
douze cens hommes de
troupesreglées, les déferteurs
ne leur en donnent
pas plus de quatrecens,le
resteest comparé,d'Etudiants
, d'Artisans & de
Moines. Ilsont tirécette
nuit& ce matin assezde
cation, & n'ontblessépensonne
;nous yavonsresté
avec M.Je Mareschal jusqu'aminuit.
Il lileurvenoitun convoy
deMaillorque composé de
quatreVaisseaux & vingesept
Barques;mais il h'est
rntréque deux Vaisseaux&
quatre Barques dans laPlace.
AP.,IAGES.
.,..
M. Voisin filsduPrésident
Gilbert, petit fils de
M. Dongois a épousé le
vingt-cinq Mademoiselle
deFioubet.
M. DeBrassacaépousé
Mademoiselle de Tourville.
M. Fagon fils de M. Fagon
premier Medecin du
Roy, a succedé à M. Dubuisson
à la Charge d'incendant
des Finances.
Le mois prochain on s'etendra
davantage sur les
trois articles qui précédent,
& on donnera une Chanmesme
lUM
Examen deseaux de fioufton,
146
Morts '- 178 Mariage3199
Suplémentauxnouvelles, 106
Extrait curieux d'un Procès
qui a eslé depuis peu plaide
augrand Conseil 2.17
Incendie, 141 FMe de pAvillon, 1jo
FabledeLainÍ 251
Harangue de Air le Marcfchal
de Villars159
Fable allegorique de Mr de la ,Mottey 27O
Epigramme de Mrde la 414..
noye, 174
Envoy 178
Noms de ceux qui ont deviné
les Enigmes 281
Compliment fait a Mr le
ChancelierdeVoisin, 2.90
Extrait elune lettre du Camp
devant Barcelone1.91 Mariages,159
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le